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(Quatorze heures huit minutes)
Le Président: Mmes et MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Alors, je vais immédiatement céder la parole à M.
le député de Mille-Îles.
Démission du député de
Mille-Îles, M. Jean-Pierre Bélisle
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Afin de me
conformer aux prescriptions de l'article 16 de la Loi sur l'Assemblée
nationale, je me suis demandé quel serait l'endroit le plus
approprié et la façon la plus respectueuse pour moi de remplir ce
dernier devoir. J'avais deux choix: par une lettre adressée à la
présidence, lue par celle-ci et, ensuite, devant les médias, dans
les corridors de l'Assemblée nationale, discrètement, sans faire
de bruit, presque en cachette, ou verbalement, publiquement, au salon bleu de
l'Assemblée nationale, devant mes pairs et mes collègues.
M. le Président, connaissant mon profond respect et attachement
à l'institution qu'est l'Assemblée nationale, je ne pouvais me
défiler à cette dernière occasion de vous parler à
tous, comme député et comme citoyen du Québec.
Je suis entré dans cette Assemblée en 1985 pour
émettre, d'abord, mes opinions et celles de mes électeurs du
comté de Mille-Iles sur les débats en commissions parlementaires
et dans tous les autres débats dans cette Assemblée.
Deuxièmement, pour apporter des corrections à la gestion de
l'État, suggérer les correctifs précis appropriés,
en somme pour être un élément positif de changement profond
et véritable. (14 h 10)
Pour atteindre ce double objectif, M. le Président, à
chaque intervention, vous le savez ? et Dieu sait qu'il y en a eu dans
cette Assemblée ? je me suis imposé les règles
suivantes: premièrement, d'apporter une vision des
événements, des lois et des programmes, à deux dimensions,
basée sur ma formation de juriste et d'économiste;
deuxièmement, de toujours privilégier le contenu à la
substance du message, la valeur de l'argumentation à la forme et aux
querelles partisanes stériles; troisièmement, de fouiller, de
rechercher chaque dossier en m'abreuvant à un outil absolument
exceptionnel que trop peu d'entre nous utilisent, la Bibliothèque de
l'Assemblée nationale.
Mes interventions, M. le Président, ont toutes tenté de
respecter les règles suivantes: exprimer mes opinions sans jamais les
compromettre; dire la vérité, en toutes circonstances, telle
qu'elle est, car il est faux le proverbe qui dit que toute vérité
n'est pas bonne à entendre, sauf pour ceux qui ne veulent rien entendre;
ne jamais prendre pour acquis que ce qui est acquis est acquis, que ce qui est
fait est correctement fait, que ce soit dans des décisions de
l'État, dans les lois ou dans les programmes existants. En somme, M. le
Président, vivre mon rôle de député, de
contrôleur, modeste contrôleur du peuple, des décisions de
l'Exécutif, non pas comme une machine à voter mais en exigeant de
l'Exécutif et de l'administration et des fonctionnaires, au nom de mes
concitoyens, au nom des payeurs de taxes, des comptes.
Oui, je l'avoue, M. le Président, j'ai été
têtu, j'ai été souvent embêtant. Oui, quelquefois,
pour ma formation politique, à plusieurs égards, pas toujours
commode. Oui, je l'avoue, j'ai toujours tenté de voir plus loin qu'un
seul arbre à la fois dans la forêt. J'ai toujours tenté de
voir la forêt dans son ensemble pour distinguer des tendances une
perspective, pour comprendre et apprendre de nos erreurs passées, dans
le but d'identifier des corrections pour faire aujourd'hui que nous soyons
mieux demain.
Ceux qui verront dans ma dernière intervention, par une analyse
superficielle, le rêve d'un idéaliste, n'auront rien compris. Dans
ce siècle où, pour les médias, l'émotion fait la
une, mon dernier discours se veut à l'opposé de cette tendance.
Mon dernier discours se veut une douche d'eau froide, une douche de raison.
Aujourd'hui, le jeu politique ne consiste plus à savoir qui gagne
ou qui perd, quel parti ou formation politique l'emporte, mais comment nous
pouvons, tous ensemble, ou plutôt comme société, moins
perdre comme collectivité. Pourtant, les constats sont incontournables
et non partisans, et les conclusions également sont incontournables. La
dette directe du Québec dépasse les 50 000 000 000 $. La dette
indirecte du Québec, avec celle d'Hydro-Québec, dépasse
les 100 000 000 000 $. Malgré les efforts louables du gouvernement
libéral de 1986 et 1987, dont je suis très fier, les
déficits de 3 000 000 000 $, 4 000 000 000 $, 5 000 000 000 $ par
année, provoqués par les périodes de récession,
entraînent une escalade sans fin dans l'escalier de l'endettement.
Les Québécoises et les Québécois ont atteint
un seuil d'intolérance fiscale, et certains optent pour une
économie souterraine, et récemment, même, pour la
désobéissance civile.
Dans un contexte de libre marché des biens et des services, le
Québec d'aujourd'hui et de demain ne peut ignorer ce que ses voisins
immédiats, sur le plan géographique, font. On n'a qu'à
penser, M. le Président, à la province voisine, le
Nouveau-Brunswick, qui est moins bien pourvue de ressources que nous et qui va
réussir presque l'impossible, équilibrer son budget en
l'espace
de quelques années, alors que, nous, nous continuons de grimper
les marches de l'escalier et nous serons bientôt rendus peut-être
au 17e ou au 18e étage.
La signature de l'ALENA, de ce grand marché qui s'ouvre à
nous. Nous avons, à trois ou quatre heures de distance de voiture, des
États américains, qui, en vertu de leur constitution interne,
n'ont pas le droit de faire de déficit. Qu'arrivera-t-il lorsque nous
serons en compétition avec ces gens dans trois ans, surtout pour les
produits et services? Nous nous préparons, M. le Président, et
c'est mon opinion, un avenir gris si nous ne corrigeons pas notre tir. Nous
serons vulnérables. Nous n'aurons plus de marge de manoeuvre pour
attirer des investissements importants et créer des emplois.
Faut-il rappeler un projet de loi qui a été
déposé à cette Assemblée par le
député de Saint-Louis, actuel ministre de l'Éducation, le
projet de loi 197, la Loi sur la limitation des dépenses
budgétaires? Personne, M. le Président, n'a le droit de vivre
au-dessus de ses moyens, pas même l'État du Québec.
M. le Président, je crois qu'emprunter pour créer de
l'activité économique est une illusion qui n'a plus sa place dans
la gestion d'un État moderne. Nous avons fait la preuve, depuis 1960,
depuis 34 ans, que la théorie de 1929-1930 de John Maynard Keynes ne
fonctionne pas. Alors, de quel mal, de quelle maladie chronique souffrent donc
tous nos gouvernements, de quelque parti que ce soit, pour que la
société retombe infailliblement, à chaque sept ou huit
ans, par période de récession, dans sa cohorte de vies
brisées, de jeunesses sacrifiées et de rêves
anéantis? Il doit y avoir quelque chose que nous ne faisons pas
correctement.
Le coupable facile à identifier: la fonction publique. Erreur!
Erreur! La fonction publique est productive. Oui, il y a peut-être
quelques petites «inefficiences» ici et là, mais elle n'est
pas plus improductive qu'ailleurs. N'oublions jamais que les véritables
mandataires qui passent les commandes à la fonction publique sont, M. le
Président, le Conseil des ministres de quelque gouvernement que ce soit
et l'Assemblée nationale, qui transforme les intentions executives dans
des lois qui deviennent, au meilleur des connaissances des serviteurs de
l'État, des mandats à exécuter.
La déficience fondamentale au Québec, depuis 1960, M. le
Président, se situe au niveau de la technique de la prise de
décisions. Comment pouvons-nous décider des lois et
règlements si nous, parlementaires, ignorons, lors de l'étude de
nos projets de loi, les impacts sur les clientèles visées ?
hommes, femmes, étudiants, entreprises, syndicats du Québec
? les hypothèses de comportement de chacun des agents
socio-économiques, les projections de bénéfices, les
projections de revenus, si nous ignorons, M. le Président, les
coûts pour le gouvernement ? bien que le Conseil du trésor
essaie de les estimer au meilleur de sa connaissance ? et surtout, M. le
Président, si personne ne fait l'évaluation des coûts pour
la société.
Quelques exemples, M. le Président: La Loi sur la
Société nationale de l'amiante, la loi concernant quebecair, la
loi sur la recherche des causes et des circonstances des décès,
votée en 1983, où joyeusement et allègrement les
parlementaires de cette salle, unanimement, ont transformé la loi sur
les coroners en ajoutant moult obligations et devoirs supplémentaires.
deux chiffres, messieurs: budget avant modification, en 1983, 2 011000$; budget
de 1993, 10 ans plus tard, 6 988 000 $ ? 324 % d'augmentation sur 10 ans,
32,4 % d'augmentation par année.
M. le Président, j'ai déposé en cette Chambre, en
octobre 1993, le projet de loi 195, projet de loi 195 qui modifie l'article 30
de la Loi sur l'Assemblée nationale, qui est l'article le plus
fondamental, qui est la raison d'être de l'élection d'un
député dans cette Assemblée, qui dit: Tout
député a le droit de déposer un projet de loi.
Je vous ai soumis trois nouvelles règles du jeu pour que le
peuple, le payeur de taxes reprenne sa souveraineté. Je vous ai soumis
que nous devrions tous, comme parlementaires, lors du dépôt d'un
projet de loi, avoir en nos mains, lors du dépôt d'un projet de
loi, les études d'impact, les bénéfices, les revenus, les
coûts pour le gouvernement, les coûts pour la
société, article par article ou par regroupement d'articles, pour
l'année de sanction et les deux années subséquentes. (14 h
20)
Je vous ai soumis également une règle qui existe dans au
moins une trentaine d'États américains, soit la revue
systématique de performance et de productivité de toutes nos lois
et de tous nos programmes. Nous vous citons quelques exemples: le Colorado, le
Connecticut, la Louisiane, le Maine, la Floride, le Tennessee, l'Oklahoma et 22
autres États ont une loi, dans chacun de ces États, qui n'est
qu'un calendrier où on établit spécifiquement qu'en 1994,
1995, 1996, 1997, telle et telle loi du ministère des Transports, telle
et telle loi du ministère de la Justice, telle et telle loi du
ministère des Finances doivent être revues pour voir si on a
atteint les objectifs qui ont été prévus par les
parlementaires, par ceux qui passent la commande à la machine
publique.
Enfin, je vous ai suggéré, dans le projet de loi 195, que
les véritables gestionnaires, les sous-ministres en titre et les
sous-ministres adjoints concernés, et les dirigeants d'organismes, le
président de la CSST, le président d'Hydro-Québec, que ces
gens-là, tout simplement, assument leurs responsabilités et
signent ces rapports: le premier rapport qui est déposé avec le
dépôt du projet de loi pour nous dire ce que ça va
coûter aux gens qu'on représente et ce que ça va leur
rapporter. Ce n'est pas à ceux qui occupent les fauteuils
ministériels, de quelque parti que ce soit, de les faire, ces calculs.
Il y a des gens qui sont là pour les faire, ces calculs. Et s'ils se
trompent, c'est à nous de demander des comptes.
Dernier point, M. le Président, les lois ne sont jamais faites
pour l'éternité, sauf qu'il semble qu'au Québec nous
n'avons pas compris ce point. À chacune des lois votées dans
cette Assemblée, nous terminons le texte de loi en disant: «La
présente loi entre en vigueur...», nous mettons deux belles
parenthèses et nous
mettons la date de la sanction, et nous mettons un point. Il nous manque
quatre mots ? parce que personne ne signe un chèque en blanc pour
la vie dans chacune de nos vies personnelles ? «et se termine
à telle date», pour forcer l'administration publique, pour forcer
ceux qui ont la responsabilité de la gestion des programmes, pour forcer
l'Exécutif, qui ne sera peut-être pas le même dans 15 ans ou
20 ans, aux six ans, à date fixe, pour forcer les parlementaires de
l'époque à revoir le bien-fondé de ce qui a
été fait.
M. le Président, si 195 était adopté, nous aurions
au Québec une Assemblée nationale mieux outillée pour
prendre des décisions et nous diminuerions sensiblement l'avalanche de
lois que nous adoptons. Sous le Parti québécois et sous le Parti
libéral, nous adoptons 500 lois environ sur une période de quatre
ans, et nos Conseils des ministres voguent à une vitesse de 1500
règlements en quatre ans. Est-ce que vous possédez dans vos
bureaux des ordinateurs pour être capable seulement de suivre la trace de
tout ce qui se fait? Il me semble, M. le Président, que ces
mesures-là, c'est du gros bon sens. Et c'est là où nous
sommes rendus.
C'est également du gros bon sens, M. le Président, pour un
autre projet de loi que j'ai déposé à l'Assemblée
au mois de décembre 1992, le projet de loi 194 sur la divulgation
d'activités inappropriées, plus communément connue aux
États-Unis sous le nom de «whistle-blowing», qui existe au
gouvernement fédéral américain depuis 1978, qui fonctionne
très bien dans 35 États aux États-Unis. Que nous
permettions à ceux qui travaillent pour l'État, ou qui sont en
contact avec l'État, de divulguer, sous le sceau de la
confidentialité, dans un affidavit, des situations qui mettent en
question la santé publique, qui constituent des
«inefficiences» ou des «déséconomies», ou
du gaspillage pur et simple.
M. le Président, un an moins trois jours après le 17
décembre 1992, après que j'eus déposé en cette
Assemblée ce projet de loi, la preuve que le proverbe «Nul n'est
prophète en son pays» est vrai, la Législature de
l'Ontario, notre voisine, le 14 décembre 1993, adoptait, par le projet
de loi 117, une telle loi. Pourquoi ça ne serait pas du gros bon sens
pour nous, et pourquoi ce serait du mauvais sens pour eux, ou de la mauvaise
gestion pour eux? Tous les éléments sont là pour corriger
la technique de la prise de décisions.
Vous ne m'en voudrez pas, M. le Président, en terminant, une
pensée pour l'ex-premier ministre, M. Robert Bourassa, qui m'a
donné le privilège ? je dis bien le privilège ?
de servir le Québec et mes concitoyens. À mon premier ministre
actuel, le député de Vaudreuil, à qui je reconnais une
expérience solide et une compétence exceptionnelle, à la
veille du congrès d'orientation du Parti libéral du
Québec, je suggère modestement et humblement qu'il emprunte la
voie des changements profonds dans le discours inaugural qu'il s'apprête
à déposer dans quelque temps à l'Assemblée. Je suis
assuré, M. le Président, que les Québécois et les
Québécoises reconnaîtront dans son audace leur
volonté ferme de changement. Et, plus précisément, pour
les gens de Laval, s'il avait l'audace de mettre en chantier l'usine
d'épuration La Pinière et le second hôpital dans l'ouest,
je suis assuré que les gens de Laval reconnaîtraient
également que son audace est justifiée.
M. le Président, à mon leader, le député de
Brome-Missisquoi, merci de sa compréhension, de son honnête et
amicale complicité dans le partage de notre tâche. J'ai
découvert un ami en lui au cours des deux dernières
années. À mes collègues députés, mon plus
profond attachement; mes pensées vous accompagneront au cours de vos
débats. Au leader de l'Opposition, le député de Joliette,
au leader adjoint de l'Opposition, le député d'Abitibi-Ouest,
merci de votre collaboration, de votre esprit de compréhension. À
vous, M. le Président, au personnel de l'Assemblée nationale, du
plus modeste employé, des pages jusqu'au secrétaire
général de l'Assemblée, merci pour la chaleur humaine que
vous m'avez témoignée au cours de ces huit dernières
années. Aux électeurs de Mille-Îles, un dernier message de
gratitude pour leur appui constant depuis 1985.
Ayant atteint la fin de ma route à l'Assemblée nationale
et envisageant de nouveaux défis, je vous remets, M. le
Président, à titre de député de Mille-Îles,
ma démission. Pour moi, ce n'est pas une démission au sens
où on l'entend habituellement, c'est plutôt un départ. Je
quitte sans regret, l'âme en paix, l'esprit serein, avec mes idées
et mes opinions, plus conscient que jamais que des changements profonds
à la technique de prise de décisions de l'État sont
absolument nécessaires et que ces changements, et seuls ces changements,
constituent la clé maîtresse du renouveau de l'État du
Québec. Je vous remercie.
Le Président: À ce moment-ci, je vais céder
la parole à M. le député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint
de l'Opposition.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. À titre de
vis-à-vis du député de Mille-Îles comme leader
adjoint de l'Opposition officielle et au nom de l'Opposition officielle, je
voudrais tout simplement saluer l'expression personnelle du
député de Mille-Îles sur ses dernières convictions
et les points de vue qu'il a exprimés lors de son dernier discours comme
parlementaire.
J'estime simplement que toute réflexion, dégagée
des éléments de partisanerie, mérite que d'autres
parlementaires, indépendants de nos allégeances politiques,
soient considérés, évalués, analysés, et que
noiis prenions le temps de regarder le point de vue d'un parlementaire, qui a
vécu l'expérience du parlementarisme d'une façon
objectivement significative, qui s'est impliqué, qui a poussé sa
réflexion même à aller jusqu'à exprimer ses
convictions dans des gestes de projet de loi pouvant proposer des
mécanismes changeant éventuellement les choses dans le sens qu'il
l'a exprimé, je pense qu'on doit s'imprégner de ça. On
doit évaluer ces considérations-là, comme
parlementaires.
Certains d'entre nous, pour les mêmes raisons qu'il a
évoquées, font le choix de demeurer en politique. Lui, il a fait
le choix inverse et il a décidé aujourd'hui de nous indiquer
qu'il ne démissionnait pas, mais qu'il partait. Il nous appartient de
respecter ce départ, de saluer le député de
Mille-Îles, de le remercier pour sa contribution parlementaire et de lui
souhaiter la meilleure des chances. (14 h 30)
Le Président: Alors, je cède maintenant la parole
à M. le premier ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, mes premiers mots sont pour
souligner quand même le caractère assez solennel de ce que le
député de Mille-Îles vient de faire. Je disais, il y a deux
jours, que c'est toujours émouvant et imposant que de prendre la parole
pour une première fois ici à l'Assemblée. Je suis
profondément convaincu que ça doit l'être autant, sinon
plus, lorsqu'on sait que c'est la dernière fois qu'on le fait. Le chef
de l'Opposition est à même, sans doute, de savoir ce que ça
signifie, dans la mesure où, moi aussi, j'ai été
témoin de certains députés qui ont
démissionné de leur siège, y compris le
député de L'Assomption, quand même il y a quelques
années.
Je dirais, à l'endroit du député de
Mille-Îles, qu'il n'a jamais péché par manque
d'enthousiasme dans l'exercice de ses fonctions. Je m'en souviendrai comme d'un
collègue très engagé dans toutes les étapes du
travail parlementaire. Ça m'apparaît important de souligner
ça à ce moment-ci. Il ne comptait pas ses heures, pas plus que
qui que ce soit ici d'ailleurs. Il a poussé son engagement politique
au-delà de ce que nous en savons, de ce côté-ci, par le
travail qu'il a fait dans son comté, dans les commissions politiques,
à commettre un livre dont nos amis d'en face se souviennent
peut-être avec un peu plus, je dirais, de caractère aigu que de ce
côté-ci, mais dans la mesure où il faisait l'objet de
certaines démonstrations que le député de Mille-Îles
s'était fait fort de monter pour la consommation de notre monde
politique.
Le député de Mille-Îles a pris ? nous en avions
quand même discuté quelques fois ? une décision
extrêmement importante aux points de vue personnel, familial ? on
peut le dire ? et professionnel. Je lui souhaite évidemment, dans
les circonstances, bonne chance dans ses nouvelles occupations, ses nouvelles
activités.
Je m'attarde quelques secondes, quelques instants pour dire aux gens de
la circonscription électorale de Mille-Îles qu'ils ont eu, depuis
ces nombreuses années, un député extrêmement
énergique et dévoué à leur cause, ça ne fait
aucun doute. Et je m'engage, dans la mesure où c'est pertinent de le
dire à ce moment-ci, à faire en sorte qu'un député
énergique, également, dans le comté de Mille-Îles
puisse représenter relativement prochainement les électeurs de ce
comté, afin que leurs droits à eux aussi puissent être
représentés ici à l'Assemblée.
C'est donc avec tous nos souhaits de bonne chance pour les prochaines
années que je termine cette intervention, pour souligner la contribution
qu'à tous égards le député de Mille-Îles a
faite à notre vie parlementaire.
Le Président: Alors, M. le député de
Mille-Îles, au nom de tous les collègues et en mon nom personnel,
nos salutations cordiales, et nos meilleurs voeux vous accompagnent dans vos
nouvelles fonctions.
Nomination de M. Réjean Doyon à la
fonction de leader adjoint du gouvernement
Alors, maintenant, j'ai reçu de M. le premier ministre une lettre
m'informant de la nomination de M. Réjean Doyon à la fonction de
leader parlementaire adjoint du gouvernement. Cette nomination est effective
à compter du 10 mars 1994. Je dépose donc cette lettre.
Des voix: Bravo! Bravo!
Affaires courantes
Le Président: Alors, nous allons donc maintenant
procéder aux affaires courantes.
Alors, aux affaires courantes, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
Maintenant, dépôt de documents. Mme la ministre de la
Culture et des Communications.
Rapports annuels de la Société du Grand
Théâtre et de la Société de la Place des
Arts
Mme Frulla: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1992-1993 de la Société du Grand
Théâtre de Québec et aussi le rapport annuel 1992-1993 de
la Société de la Place des Arts de Montréal.
Le Président: Alors, ces rapports sont donc
déposés.
Dépôt de rapports de commissions
Maintenant, dépôt de rapports de commissions. M. le
vice-président de la commission de l'éducation et
député de Sherbrooke.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 228
M. Hamel: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'éducation qui a
siégé le 10 mars 1994 afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
228, Loi modifiant la Loi sur la Corporation de l'École des hautes
études commerciales de Montréal. Le projet de loi a
été adopté.
Mise aux voix du rapport
Le Présidait: Alors, est-ce que ce rapport est
adopté? Adopté. Alors, M. le député de Sherbrooke,
à nouveau.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 272
M. Hamei: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'éducation qui a
siégé le 10 mars 1994 afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
272, Loi concernant certains immeubles des divisions d'enregistrement
d'Arthabaska, de Bécancour et de Nicolet. Le projet de loi a
été adopté avec des amendements.
Mise aux voix du rapport
Le Président: Ce rapport est-il également
adopté? Adopté. Maintenant, M. le vice-président de la
commission de l'éducation et député de La Prairie.
Vérification des engagements financiers
du ministre délégué aux
Services
gouvernementaux, du ministère des
Finances, de l'Inspecteur
général
des institutions financières et de
la Commission des valeurs mobilières
M. Lazure: Oui, M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé les 1er et 8 mars 1994 afin de procéder à
la vérification des engagements financiers du ministre
délégué aux Services gouvernementaux contenus dans les
listes de janvier 1993 à janvier 1994, du ministère des Finances
compris dans les listes de janvier 1992 à janvier 1994, ainsi que ceux
de l'Inspecteur général des institutions financières et de
la Commission des valeurs mobilières du Québec compris dans les
listes de septembre 1993 à janvier 1994.
Le Président: Alors, ce rapport est donc
déposé. Maintenant, Mme la députée de
Saint-Henri.
Consultation générale sur les
thérapies alternatives
Mme Loiselle: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des affaires sociales qui a
siégé les 9, 10, 11 et 12 mars, ainsi que le 21 avril 1993 afin
de procéder à une consultation générale et tenir
des auditions publiques sur les thérapies alternatives. Merci.
Le Président: Alors, ce rapport est donc
déposé. Maintenant, dépôt de pétitions. Il
n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Questions et réponses orales
Alors, nous allons, maintenant, procéder à la
période de questions et réponses orales. Je reconnais, en
première question principale, M. le chef de l'Opposition.
Révision du régime des pensions de
vieillesse par le gouvernement fédéral
M. Parizeau: M. le Président, en 1989, le gouvernement
fédéral décidait de récupérer les pensions
de vieillesse pour tous ceux dont les revenus excédaient 50 000 $. En
1992, pour la grande majorité des personnes âgées, le
gouvernement du Québec mettait fin à la gratuité des
médicaments. En 1993, dans le discours sur le budget à
Québec, on imposait une surtaxe de 1 % sur le revenu des pensions de
retraite et on abolissait le remboursement d'impôts fonciers additionnel
pour certaines des personnes âgées les plus démunies de
notre société.
En 1994, cette année, le gouvernement fédéral,
à l'occasion de son budget, commence à récupérer le
crédit d'impôt pour raison d'âge à partir de 26 000
$. Nous apprenons d'Ottawa que les REER vont être
réexaminés. Le gouvernement provincial, j'imagine, s'ajustera,
s'harmonisera, comme on dit. Et, là, hier soir, nous apprenons que le
système de base de tout ça, les pensions de vieillesse vont
être révisées à Ottawa, c'est-à-dire
baissées.
Puis-je demander au premier ministre du Québec de protester
auprès du premier ministre du Canada et de lui demander de ne pas
toucher aux pensions de vieillesse?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Johnson: Oui. M. le Président, j'ai indiqué ce
matin, à l'occasion d'une conférence de presse qui touchait un
tout autre sujet, sur lequel on pourra revenir si le chef de l'Opposition le
souhaite, qu'il m'apparaissait, à ce moment-ci, alors que nous avons
à remettre en cause les programmes sociaux, que ce sont les situations
des familles monoparentales, que ce sont les situations des personnes
âgées, que ce sont les situations des personnes qui,
généralement, sont dans le besoin en raison de circonstances qui
échappent à leur contrôle ? l'âge échappe
à notre contrôle, l'évolution de la société
et les charges qui peuvent peser sur les familles monoparentales à cause
des nouveaux modes de vie qui se sont instaurés échappent
largement au contrôle de l'État ? que
ces situations, donc, soient celles que nous protégions de
façon prioritaire.
Je suis à même de dire que certaines des décisions
que nous avons prises depuis quelques années ont consacré des
montants considérables au soutien de ces clientèles.
Malgré la liste des gestes fiscaux ou budgétaires que le
député de L'Assomption et chef de l'Opposition vient de faire, il
a évidemment commodément oublié toutes les
décisions qui ont été prises afin de réduire, et
c'est un fait, l'incidence de la pauvreté chez les personnes
âgées de 65 ans et plus, à faible revenu. L'écart
s'est amenuisé, dans cette clientèle, entre les personnes
âgées et les personnes qui sont âgées de moins de 65
ans. Le taux d'incidence de pauvreté: l'instauration du régime de
retraite du Québec et du supplément de revenu garanti a
également contribué à diminuer ce taux d'appauvrissement.
Il n'en reste pas moins qu'il est encore trop élevé, et il est
évident que, comme gouvernement, nous ferons tout en notre possible afin
d'assurer que les personnes âgées soient adéquatement
protégées et ne soient pas inquiétées.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition. (14 h 40)
M. Parizeau: M. le Président, devant le caractère
un peu évasif de la réponse du premier ministre, je pense qu'il
est important... Au nom de toutes les personnes âgées très
inquiètes aujourd'hui ? on s'en rend compte simplement en
écoutant les lignes ouvertes aujourd'hui, à la radio; il y a un
degré d'inquiétude dans la population, qui est très
considérable ? est-ce que je peux demander au premier ministre du
Québec de demander au premier ministre du Canada de ne pas toucher au
régime de base des pensions de vieillesse, de ne pas y toucher, de le
laisser tranquille? Est-ce que je peux demander au premier ministre de prendre
cet engagement?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Johnson: J'aurais pensé que l'engagement du
gouvernement du Québec était assez clair à l'endroit des
personnes âgées. Je ne sache pas que le gouvernement
fédéral est en train de décider qu'il touche aux personnes
âgées. Bien au contraire, le ministre responsable, M. Axworthy, a
indiqué d'une façon peut-être tardive que, par exemple,
l'universalité de certains programmes n'était pas remise en cause
nécessairement. Mais il est évident que, du point de vue du
gouvernement du Québec, il nous apparaît important que le
gouvernement canadien fasse en sorte que tous ensemble nous continuions
à protéger la situation des personnes âgées,
notamment à faible revenu. C'est cet engagement que je viens de
formuler, c'est cet engagement auquel nous donnerons suite.
Le Président: En question principale, M. le leader de
l'Opposition et député de Joliette.
Construction par Hydro-Québec d'une ligne de
transport d'électricité à haute tension
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Nous avions droit, ce
matin, à l'annonce de construction d'une ligne de transport
d'électricité entre Lévis et le poste des Cantons. Passons
sur le fait que ce type de projet est ordinairement annoncé par
Hydro-Québec à l'intérieur de son plan annuel
d'immobilisation, et tenons-nous-en spécifiquement aux chiffres.
L'annonce de ce matin, M. le Président, est de l'ordre de 407 000
000 $ sur trois ans. Je voudrais rappeler à cette Chambre qu'en 1993 le
budget d'immobilisation d'Hydro-Québec était de 4 400 000 000$,
et qu'Hydro-Québec a annoncé une réduction de ses
immobilisations pour 1994 de l'ordre de 500 000 000 $. Donc, en 1993, 4 400 000
000 $, et, en 1994, 3 900 000 000 $; une réduction, donc, de 500 000 000
$ dans les immobilisations. Est-ce que le ministre des Ressources naturelles
peut nous indiquer si l'investissement de 407 000 000 $ sur trois ans,
annoncé ce matin, sera puisé à même le budget
d'immobilisation de 3 900 000 000 $ pour 1994?
Le Président: Alors, M. le ministre des Ressources
naturelles.
M. Sirros: M. le Président, je prends comme constatation
de la part du député de Joliette qu'il est heureux de voir que le
gouvernement a annoncé ce matin le fait qu'il y aura 1000 autres emplois
cette année, et chaque année pour les trois années
à venir. Je pense que c'est important. Ça, ça veut dire
qu'il y a 3000 emplois qui ont été annoncés aujourd'hui
sur les trois prochaines années, qui viennent s'ajouter à ce
qu'on a déjà annoncé vis-à-vis les projets qu'on a
annoncés de SM 3; des investissements, donc, dans les trois premiers
mois de 1994, de tout près de 2 000 000 000 $. Et je prends ça
comme une constatation de la part du député de Joliette que le
gouvernement décide d'agir dans ce qui est très important, et,
à la fois, de s'assurer que notre réseau fonctionne correctement
en fonction de nos besoins et de son fonctionnement du réseau, et les
emplois.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Chevrette: Question à deux volets, M. le
Président. Faudrait-il rappeler au ministre qu'il y avait une question
précise: Tout d'abord, est-ce que les 407 000 000 $ sur trois ans sont
bien dans l'objectif, sont bien pris à même les 3 900 000 000 $ du
budget d'immobilisation 1994? Et n'est-il pas exact que, depuis le 29 juillet
1993, Hydro-Québec vous talonne quotidiennement pour avoir cette
décision, ce qui aurait pu permettre une immobilisation de 100 000 000 $
de plus en pleine récession, en 1993, que vous ne l'avez pas fait et que
ce ne sont que pour des raisons électoral istes que vous procédez
ce matin?
Le Président: M. le ministre des Ressources
naturelles.
M. Sirros: Oui, la députée des
Chutes-de-la-Chaudière dit quoi? Mais de quoi se plaint le
député au juste, M. le Président? Est-ce qu'il se plaint
des emplois qu'on vient d'annoncer? Est-ce qu'il se plaint du fait qu'on
s'occupe pour s'assurer que les besoins énergétiques soient
assurés, M. le Président? Je comprends qu'il est mal à
l'aise avec le fait qu'il y a des accords qu'on a convenus, les choses qu'il
fallait décider au sein du gouvernement pour annoncer ce projet. On l'a
annoncé, on est bien heureux de l'avoir annoncé, et je suis
certain que les travailleurs qui vont travailler vont être heureux
aussi.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien
d'emplois sont disparus par rapport à la réduction de 500 000 000
$, par rapport au programme d'immobilisation 1993?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Sirros: Je peux vous dire, M. le Président, comme je
disais, qu'on vient de créer des emplois que je vous ai annoncés.
Faire disparaître des emplois qui n'existent pas, c'est un peu,
peut-être, la magie que prétend faire le chef de l'Opposition et
son parti avec toutes les solutions qui vont passer par la séparation du
Québec.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, en question principale, maintenant,
M. le député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition.
Plan d'action du gouvernement sur la réussite
éducative
M. Brassard: oui, m. le président. selon des
données contenues dans le document «mise en oeuvre du plan
d'action sur la réussite éducative», chiffres sur lesquels
le ministre de l'éducation s'est bien gardé d'attirer l'attention
lors de sa dernière conférence de presse, la probabilité
d'obtenir un diplôme d'études secondaires chez les jeunes de moins
de 20 ans a baissé de 3 % en 1992-1993 et se situe à 65,8 %. son
silence contraste avec les tambours et trompettes de celle qu'il a
remplacée, qui, l'an dernier, se glorifiait d'une augmentation de 3 % du
taux de réussite. ça n'a pas duré longtemps. autrement
dit, en pleine application du plan gouvernemental pour réduire le
décrochage scolaire, celui-ci a augmenté au québec. c'est
toujours plus du tiers des jeunes québécois qui décrochent
sans diplôme secondaire.
Comment se fait-il que ça ne marche pas? Comment se fait-il que
ça ne décolle pas? Comment se fait-il que le gouvernement
connaisse un échec aussi lamentable dans sa lutte au décrochage
scolaire et qu'il ne réussisse pas à atteindre les objectifs
qu'il s'est lui-même fixés?
Le Président: Alors, M. le ministre de
l'Éducation.
M. Chagnon: M. le Président, c'est mon baptême du
feu. Je voudrais signaler, si vous me le permettez, peut-être deux choses
avant de répondre à la question du député.
La première, c'est que c'est avec beaucoup d'humilité,
mais aussi avec beaucoup, beaucoup de fierté et de motivation que j'ai
accepté le défi que m'a suggéré le premier ministre
du Québec, M. Johnson, et je l'en remercie.
Deuxièmement, je voudrais signaler que je me considère,
comme ministre de l'Éducation, comme le représentant de la
population au sein du ministère. Et, à ce fait, puisque nous
sommes tous des représentants de la population, je vous invite et je
vous annonce tout simplement que je suis à votre service et que mon
cabinet est aussi au service de tous les membres de l'Assemblée
nationale. (14 h 50)
M. le Président, je voudrais signaler au député que
la liste de la fréquence de la réussite scolaire pour les
étudiants ayant terminé leur secondaire V est un peu en
fréquence modulée. Si vous regardez l'année
précédente, c'est un peu plus haut. Si vous regardez quelques
années auparavant, c'est un peu plus bas. Mais ce qu'il y a d'important
dans le document que j'ai publié, que j'ai publié parce que je
voulais avoir le bilan de la réussite scolaire dans lequel nous
investissons plusieurs dizaines de millions de dollars par année, vous
remarquerez, M. le Président, ou le député remarquera, M.
le Président, que le taux de rétention, le taux de
rétention des étudiants dans les écoles secondaires au
Québec, lui, a augmenté et il a augmenté justement parce
que le gouvernement a mis sur pied, a pris ses responsabilités et a fait
en sorte d'investir dans la réussite scolaire... Il y a plus de 6000
projets, il y a plus de 6000 projets dans nos écoles qui fonctionnent
très bien actuellement et dont les enseignants et les étudiants
profitent largement.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Brassard: M. le Président, compte tenu de la
corrélation très forte entre la pauvreté et le
décrochage scolaire, le ministre entend-il répondre positivement
aux demandes pressantes du Conseil scolaire de l'île de Montréal,
que nous avons rencontré, plusieurs députés de
l'Opposition, la semaine dernière, demandes en faveur d'interventions
vigoureuses et adaptées pour lutter
contre le décrochage scolaire dans les milieux
défavorisés, particulièrement à Montréal
où le taux de décrochage se situe à 50 %. Est-ce qu'il
entend répondre favorablement aux demandes du Conseil scolaire de
l'île de Montréal?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Chagnon: M. le Président, j'ai aussi rencontré
le Conseil scolaire de l'île de Montréal. J'ai rencontré
les commissions scolaires de l'île de Montréal, et j'ai aussi
étudié la nouvelle carte de «défavorisation»
publiée par le Conseil scolaire de l'île de Montréal il y a
à peu près un mois. Il y a des tendances lourdes qui semblent se
dessiner dans l'agrandissement de certains secteurs socio-économiquement
plus défavorisés.
Actuellement, le ministère de l'Éducation dépense
plus de 12 000 000 $ en transferts directs au Conseil scolaire de l'île
de Montréal pour permettre, d'une part, l'ouverture de maternelles pour
des enfants de quatre ans, l'ouverture de maternelles, cinq ans, plein temps,
pour les enfants de cet âge-là, pour permettre, justement,
l'insertion de jeunes de milieux défavorisés dans les classes de
nos écoles.
Nous avons aussi, M. le Président, investi plus de 2 000 000 $
pour nous assurer que les jeunes de Montréal en milieux
défavorisés ? non seulement de Montréal mais aussi de
Québec et d'autres régions, comme Sherbrooke ? puissent au
moins avoir un repas substantif au moment où ils entrent à
l'école. Nous avons aussi investi plus de 2 000 000 $, et nous le
faisons encore. Nous allons le refaire pour permettre à ces jeunes de
pouvoir profiter de temps et aussi de moyens pour leur permettre
d'améliorer leur succès en leur donnant des animateurs qui leur
permettent de faire leurs devoirs et leurs leçons.
La nouvelle demande du Conseil scolaire de l'île de
Montréal m'amène à considérer une nouvelle demande
de 8 000 000$ dans laquelle... Je faisais la remarque au président du
Conseil scolaire de l'île qu'elle était très
paramétrique: 300 enseignants de plus...
Le Président: M. le ministre, oui, en conclusion, s'il
vous plaît, rapidement. Une brève conclusion. Non, écoutez,
s'il vous plaît! Alors, je demande au ministre de conclure en quelques
mots, s'il vous plaît. Alors, s'il vous plaît! M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
simplement...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...simplement pour vous rappeler,
M. le Président, qu'au moment où le député
d'Abitibi-Ouest était ministre de l'Éducation il était
encore plus long.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors, brièvement, quelques mots, M.
le ministre. Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Quelques mots, M.
le ministre.
M. Chagnon: C'est une période de questions, M. le
Président. J'espère qu'on va me donner la chance de pouvoir
donner les réponses. Je trouve le sujet extrêmement important.
M. le Président, les services de mon ministère,
actuellement, regardent et prendront tous les moyens pour tenter d'aider les
jeunes de Montréal où, effectivement, le niveau de
réussite scolaire a été plus bas dans certains secteurs
défavorisés. Nous allons tout faire pour les aider.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, en question principale maintenant, M.
le député de Masson.
Subvention versée à M. Raymond
Malenfant, ex-propriétaire du Manoir Richelieu
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. En
réponse aux questions que je lui adressais hier concernant le versement
d'une subvention de 200 000 $ au Manoir Richelieu, subvention qui constituait,
dans les faits, selon le témoignage sous serment de M. Raymond
Malenfant, un véhicule pour remplir une vieille promesse du gouvernement
libéral à son endroit et l'inciter à compléter les
travaux du centre de ski Pin rouge, le ministre du Tourisme a
déposé un document hier, qui, selon ses dires et sa
présentation, constituerait la demande de subvention du Manoir Richelieu
dans le cadre d'un programme de promotion touristique à
l'étranger. Mais il n'en était rien. Après
vérification, il est clair que ce document déposé hier ne
constitue pas la copie de la demande de subvention mais qu'il s'agissait tout
simplement d'une demande de paiement de la part du Manoir Richelieu, de M.
Malenfant.
Je demande encore une fois, et pour la quatrième fois en trois
jours: Dans un souci de transparence, le ministre peut-il cette fois-ci
déposer la véritable demande de subvention, le rapport d'analyse
et les recommandations positives produites par ses fonctionnaires au sujet de
cette subvention, de même que l'avis que le Conseil du trésor
avait donné pour son approbation?
Le Président: Alors, M. le ministre responsable du
Tourisme.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Pour la
troisième journée consécutive, mon critique, le
député de Masson, s'acharne sur un dossier où on a
démontré une collaboration exemplaire en soumettant et en donnant
tous les documents requis, M. le Président. Je me serais attendu
aujourd'hui, M. le Président, à ce que le
député de Masson me félicite pour ma collaboration,
d'une part, dans ce dossier-là.
Des voix: Bravo!
M. Farrah: Et, deuxièmement, s'il est concerné par
le développement de l'industrie touristique au Québec, j'aurais
aimé qu'il nous félicite, M. le Président, sur une somme
de 102 600 000 $ qui est consentie à l'industrie touristique au
Québec pour les trois prochaines années, ce qui va engendrer, M.
le Président, des injections de fonds du privé de l'ordre de 400
000 000 $ et créer 3300 emplois.
Des voix: Bravo!
M. Farrah: C'est avec fierté que je fais partie d'un
gouvernement qui agit...
Le Président: Alors, en question complémentaire, M.
le député de Masson.
M. Blais: Ma grand-tante est en santé et j'en suis
content, mais ça n'a rien à voir avec le dossier.
Le Président: Alors, votre question.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors, votre question. Alors, M. le
député de Masson....
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors, M. le député de Masson,
je... S'il vous plaît! Alors, je vous invite à poser une question
complémentaire sans préambule, M. le député.
M. Blais: M. le Président, tout d'abord, j'aimerais
déposer une lettre, si vous me le permettez, signée par M.
Raymond Malenfant; ? objet: subvention pour le centre de ski de Pin rouge
? disant qu'il ne reçoit pas sa subvention, et elle est
datée du mois de décembre 1990. Et elle dit, s'il n'a pas cette
subvention, que le Pin rouge ne sera pas fait. J'aimerais déposer cette
lettre, si vous le permettez.
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement au
dépôt du document?
Une voix: Consentement.
Document déposé
Le Président: Consentement? Donc, le document est
déposé. Donc, votre question, M. le député de
Masson.
M. Blais: M. le Président, le ministre n'ayant pas
répondu à la première question que je lui ai posée
tantôt mais parlant plutôt de ses états d'âme et de ce
qui se passe à son ministère, je redemande pour une
cinquième fois, et j'insiste: J'aimerais que le ministre du Tourisme,
comme le ministre de l'Éducation, soit au service des
députés. Nous avons le droit de voir la demande de subvention de
M. Malenfant pour le Manoir Richelieu. J'aimerais qu'il la dépose.
Le Président: Alors, M. le ministre responsable du
Tourisme.
M. Farrah: Oui. M. le Président, quand on me dit
d'être au service des députés, je pense que j'ai
démontré une collaboration tout à fait exceptionnelle au
cours des derniers jours. Tous les documents qu'on m'a demandés, je les
ai déposés, M. le Président.
Des voix: Bravo!
M. Farrah: Est-ce que vous êtes contre le
développement économique des régions, les investissements
dans Charlevoix? Vous étiez contre le casino à Charle-voix? Nous
avons appuyé...
Le Président: Un instant, M. le député, s'il
vous plaît. M. le ministre! À l'ordre! À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je vous invite à répondre, M. le ministre, en vous
adressant à la présidence et non directement à un
député, donc, et sur la question posée. Allez-y, M. le
ministre.
M. Farrah: Alors, oui, M. le Président. Je disais que,
nous, le développement régional, c'est important pour nous. Le
Manoir Richelieu est un moteur au niveau économique dans Charlevoix.
Ça fait en sorte aujourd'hui de générer un casino qui va
générer des touristes dans Charlevoix. Allez dire aux gens de
Charlevoix que vous êtes contre le développement du Manoir
Richelieu, allez le leur dire!
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, en question principale, maintenant,
M. le député d'Arthabaska.
Administration des casinos dans les foires
agricoles
M. Baril: Oui, M. le Président. Hier, le ministre de
l'Agriculture a déposé des documents qui apportent bien peu de
réponses aux questions que nous lui avons posées sur le
détournement de fonds provenant des profits de casinos forains.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président...
Le Président: Bon. Alors, M. le leader du gouvernement sur
une question de règlement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...compte tenu des mauvaises
habitudes développées par le député d'Arthabaska,
je serai très vigilant. Je vous demande, M. le Président, de lui
rappeler les dispositions du premier alinéa de l'article 77 de notre
règlement. (15 heures)
Le Président: Effectivement, je demanderais au
député, et ça s'applique autant en question qu'en
réponse... C'est un sujet très délicat. On a justement
fait allusion, hier, qu'on était, dans certains cas, à la limite
du permissible. Alors, vous pouvez poser une question. Maintenant, si vous avez
des accusations à porter contre quelqu'un, quand vous parlez des
détournements de fonds, vous comprendrez que c'est très
litigieux, ça s'approche d'une accusation formelle. En ce
sens-là, vous devez procéder suivant les articles 77 et suivants
du règlement. Autrement, je vous demanderai de poser votre question en
respectant les prescriptions du règlement, et la même chose
s'appliquera pour les réponses. Votre question, s'il vous
plaît.
M. Baril: M. le Président, est-ce que je peux finir mon
préambule?
Le Président: Oui. Ce que je vous dis, M. le
député, vous avez droit à un préambule, vous avez
droit à une question, mais je vous invite à la poser dans le
respect du règlement.
M. Baril: O.K. Le ministre n'a pas dit si tous les casinos
agricoles doivent mettre des montants en réserve pour le ministre ni le
montant total de cette réserve. En prenant connaissance des documents,
on s'aperçoit que, des fois, c'est le ministre des Finances qui paie et,
d'autres fois, c'est l'organisme central qui paie les organismes
désignés par le ministre. On apprend aussi que, des fois, c'est
le MAPAQ qui perçoit les fonds, mais que c'est le ministère des
Finances qui paie. Donc, M. le Président, est-ce que le ministre de
l'Agriculture a demandé à tous les casinos qu'il a
autorisés ? environ 28 par année ? de mettre en
réserve un montant d'argent à la disposition du ministre, et
à combien s'est élevée cette somme, cette réserve,
en 1992 et en 1993, pour tous les casinos qu'il a autorisés?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Picotte: M. le Président, je répète au
député d'Arthabaska qu'il n'y a aucune somme qui a
été mise en réserve à la disposition du ministre;
je le répète ? c'est peine perdue, évidemment, pour
la compréhension. Mais je voudrais vous souligner ceci: quand on
connaît bien le monde agricole, les casinos dans le domaine agricole, je
vais vous donner un exemple qui va répondre à la question du
député d'Arthabaska. Dans l'exposition de district d'Arthabaska,
qui est dans le comté du député d'Arthabaska, dont il est
producteur agricole lui-même ? donc, il devrait savoir ce qui se
passe dans le domaine agricole, si ce domaine-là l'intéresse
? ils ont fait un profit, en 1991, de 44 678 $, M. le Président. Il
n'y a personne qui leur demande de mettre des sommes de côté pour
aider d'autres casinos.
Un deuxième exemple. Dans le monde agricole, on devrait savoir
ça. Dans l'exposition locale de Papineau, M. le Président, le
casino a généré un montant de 1032 $ pour l'exposition
agricole. Il faut être vraiment tordu, M. le Président, pour
croire que des gens pourraient mettre un montant d'argent, quand on en fait
uniquement 1032 $, pour aider d'autres casinos. Et je répète, M.
le Président, qu'en ce qui concerne l'aide apportée par des
casinos à d'autres organismes agricoles, c'est dans le cadre de ceux qui
se tiennent à Montréal, où il y a un bassin de population
où on peut aller chercher plusieurs centaines de milliers de places et
qu'on fait partager avec d'autres qui ne peuvent pas tenir de casino dans la
même fin de semaine parce qu'il y a cet
événement-là. C'est aussi simple que ça à
comprendre, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Baril: M. le Président, si vous me permettez, si j'ai
le consentement, j'aimerais déposer une lettre qui confirme que le
député d'Arthabaska n'est pas si tordu que ça. Et je cite
la phrase qui intéresse, pour ne pas être trop long. C'est une
lettre signée par le sous-ministre adjoint, M. Robert Lemieux. C'est une
lettre qui est adressée à M. Lucien Paiement, président du
Salon québécois du cheval...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président.
Le Président: Un instant. Pour un rappel au
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme à la période
des questions à l'Assemblée nationale du Québec, je le
rappelle tout simplement à mon bon ami le député
d'Arthabaska, à la période des questions, il y a deux
façons de poser des questions, en question principale ou en question
additionnelle. Si le député d'Arthabaska est en question
additionnelle, il n'a pas droit à un préambule; s'il est en
question principale, il a le droit à un préambule qui se doit
d'être bref et de se rapporter à un sujet précis.
Le Président: Effectivement, sauf que, simplement, le
député d'Arthabaska veut déposer un document. Donc, il y a
demande de dépôt d'un document. Je vous demande simplement
d'identifier le document, on demandera s'il y a consentement au
dépôt, et vous posez votre question. Alors, pour votre document,
M. le député.
M. Baril: M. le Président, je voudrais déposer le
document où il est écrit, ici, en toutes lettres, il dit:
«Je vous saurais gré de nous faire parvenir un chèque de
100 000$...»
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président.
Le Président: Je vous demanderai simplement d'identifier,
vous devez identifier le document: une lettre, telle date, adressée
à telle personne. S'il y a consentement, le document pourra être
déposé. Après ça, vous posez votre question. Alors,
vous identifiez votre document. M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, le
ministre de l'Agriculture est au courant du contenu de la lettre. Il n'y a
aucune objection au dépôt. C'est le ministre de l'Agriculture qui
l'a donnée au député d'Arthabaska...
Des voix: Ha, ha, ha!
Document déposé
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, vous avez votre document. Je comprends qu'il y a consentement au
dépôt du document, donc si vous voulez donner votre document.
Donc, le document est déposé pour... À l'ordre, s'il vous
plaît! Mmes, MM. les députés, s'il vous plaît! S'il
vous plaît! Un instant! Alors, pour une question complémentaire,
M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: J'aimerais savoir, M. le Président, si le
ministre a pris la peine de lire ses documents avant de les déposer,
parce qu'il y en a un qui spécifie très clairement que le
chèque doit être fait au nom du ministre de l'Agriculture: 100 000
$ au nom du ministre de l'Agriculture.
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je réfute ce que dit
le député d'Arthabaska. Les chèques ont été
demandés au nom du ministère de l'Agriculture, et, si jamais le
député d'Arthabaska veut démontrer qu'il y a des
chèques qui ont été faits à celui qui vous parle,
je l'invite à mettre son siège en jeu n'importe quel temps. C'est
la deuxième journée... Mettez votre siège en jeu, faites
un débat là-dessus n'importe quel temps, n'importe quelle
circonstance. Je vous défie de prouver que le ministre de l'Agriculture
a reçu un chèque de qui que ce soit dans le domaine des casinos.
Mettez votre siège en jeu. C'est le temps, M. le Président,
d'être courageux, c'est le temps d'être cohérent et c'est le
temps de démontrer qu'on a quelque chose qui est valable, quand on
essaie de charrier, de lâcher n'importe quelle insinuation à
l'intérieur de cette Chambre, M. le Président.
Le Président: S'il vous plaît! MM. les
députés, s'il vous plaît! MM. les députés!
Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
Simplement, et je sollicite le consentement de mon bon ami, le leader de
l'Opposition officielle, de façon à ce que les auditeurs
comprennent bien. Lorsqu'un contribuable fait un chèque au nom du
ministre des Finances...
Des voix: ...
Le Président: Écoutez... Donc, un instant! Alors,
question... À l'ordre, s'il vous plaît! MM. les
députés, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! En question principale, M. le député de...
Additionnelle? Bon, d'accord. S'il vous plaît, là! Alors, en
question additionnelle, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui, ma question à la présidente
du Conseil du trésor: Si des organisateurs des casinos forains
déposent des sommes au gouvernement et qu'elles sont remises, en vertu
de quel programme du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation ou des Finances ces sommes ont été
dépensées et, surtout, en vertu de quelles règles de la
loi de l'administration financière de telles dépenses peuvent
être réalisées sans que l'Assemblée nationale ne les
ait autorisées?
Le Président: Mme la présidente du Conseil du
trésor.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, il s'agit d'une
entente qui a été consentie par le Contrôleur des
finances.
Des voix: Ah!
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire, M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, est-ce que la ministre
peut déposer cette entente, étant donné qu'il s'agit de
dépôts au fonds consolidé du revenu et que
l'Assemblée nationale doit intervenir par la suite?
Le Président: Alors, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je n'ai aucun
problème, sauf que je pense que le ministre de l'Agriculture l'a
déjà en main.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Picotte: M. le Président, j'aimerais déposer une
lettre du 3 septembre 1992 qui demande la création d'un programme
extrabudgétaire. J'aimerais déposer
aussi une lettre du 16 septembre 1992 qui autorise la création du
programme extrabudgétaire avec le compte 1350 dans la transaction, avec
les comptes 560, 561, 562, signée par M. Michel Bujold. Et, M. le
Président, je dépose aussi une lettre du 23 novembre, de M.
André Abgral au sous-ministre Guy Jacob, qui démontre
jusqu'à quel point nous sommes autorisés par le Contrôleur
des finances à faire le transit, M. le Président. M. Bujold est
le directeur de la normalisation et de la recherche en comptabilité,
Direction générale de la normalisation et de la
comptabilité gouvernementale, ministère des Finances,
Contrôleur des finances. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Documents déposés
Le Président: II y a consentement au dépôt
des documents? Consentement. Les documents sont donc déposés.
À l'ordre, s'il vous plaît! Donc, à l'ordre, s'il vous
plaît!
Question principale, M. le député de D'Arcy-McGee. (15 h
10)
M. Libman: Merci, M. le Président.
Le Président: Alors, pour une question principale, M. le
député de D'Arcy-McGee.
Litige entre Montréal et Côte-Saint-Luc
concernant l'annexion de terrains
M. Libman: La ville de Montréal s'est engagée, en
1982, et ça a été entériné dans la loi 200,
en échange d'une importante partie du territoire de la cité de
Côte-Saint-Luc, à prolonger le chemin Kildare jusqu'à
Jean-Talon dans un délai de quatre ans. À ce jour, l'engagement
n'a pas été respecté par la ville de Montréal.
Le mois passé, l'assemblée du conseil de la
Conférence des maires de la banlieue de Montréal a adopté
la résolution suivante: Qu'elle exprime au ministère des Affaires
municipales son appui inconditionnel à la position de
Côte-Saint-Luc et demande au ministre d'ordonner que la ville de
Montréal remette à la cité de Côte-Saint-Luc tous
les terrains annexés, et ce, dans les plus brefs délais, sujet
à ce que la Commission municipale détermine la compensation,
à défaut de quoi le ministre devrait faire adopter, à la
présente session de l'Assemblée nationale, un projet de loi qui
donnerait effet à la rétrocession totale recommandée par
son médiateur, le tout afin que la cité de Côte-Saint-Luc
puisse, après plus de 10 ans, avoir justice dans cette affaire.
M. le Président, ça fait deux ans que le ministre me dit
d'attendre, alors je veux savoir, aujourd'hui: Qu'est-ce qui se passe dans ce
dossier?
Le Président: Alors, M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Ryan: M. le Président, le député de
D'Arcy-McGee comprend très bien qu'il y a parfois avantage
à laisser mûrir certaines questions, de manière qu'elles
puissent être acheminées vers des solutions comme celles qu'on a
connues dans le domaine du tabac.
Une voix: Et voilà! Et voilà!
M. Ryan: Dans le cas du litige entre la ville de Montréal
et la cité de Côte-Saint-Luc, j'ai multiplié les
démarches depuis deux ans pour rapprocher les parties. C'était
mon devoir, comme ministre, de chercher à promouvoir une solution qui
serait mutuellement acceptable.
Il me fait plaisir de dire au député de D'Arcy-McGee qu'un
rapprochement substantiel s'est fait, à mon avis, au cours des
dernières semaines. Je crois que le principe de la rétrocession
dans ce cas-ci est à peu près accepté par les deux
parties, en particulier par celle qui aurait à effectuer la
rétrocession. Il reste à préciser certaines
modalités financières qui devront accompagner la
rétrocession. J'ai soumis des perspectives aux deux parties au cours des
dernières semaines, et j'attends des réactions finales avant
d'indiquer aux parties quelle sera la ligne que le gouvernement leur proposera
si elles ne sont pas capables de s'entendre. Alors, je pense qu'on peut
envisager, à moins d'un accident de parcours tout à fait
imprévu pour l'instant, un règlement de ce conflit au cours des
prochaines semaines.
Le Président: Alors, en question complémentaire, M.
le député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: M. le Président, for two years, the Minister
has been speaking of the imminence of a solution. Why should I believe him now
if he has been saying this for two years? What is different now? What is the
solution that is about to be made? And why should we believe that the solution
will come about in the next few weeks?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Ryan: I never said in this House that a solution was imminent.
I said I was working towards helping to work out a solution, but I never went
to the extent that was suggested in the Member's words.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
M. Libman: If a consensus is reached, as he says, it is just a
question of modalities, how will it be legislated if there is a possibility
that within a month this House will be dissolved for an election? How can he
give us an assurance or the City of Côte-Saint-Luc an assurance that this
will be resolved as soon as possible?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: In speculating about the imminence of an election, you
are trampling upon the Premier's grounds, and I won't do that, I won't follow
you. So, I have every reason to hope that we have the time we need to work out
a solution that will be confirmed by this House, if necessary.
Le Président: Alors, question principale, M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition.
Contrat de production de plants des Serres
coopératives de Guyenne
M. Gendron: II y a environ deux semaines, M. le Président,
les Serres coopératives de Guyenne d'Abibiti-Ouest perdaient, au profit
d'un compétiteur montréalais, un contrat de production de plants
de plus de 1 000 000 $ du ministère de l'Énergie et des
Ressources. Le président de la coopérative de Guyenne
déclarait à cet effet, et je le cite ? je cite ce qu'il a
déclaré pour commenter cette brillante situation: Le gouvernement
pourri que nous avons a tout fait pour nous faire sortir les contrats de la
région. De plus, l'ancien ministre des Forêts, le roi Albert,
avait promis que notre contrat serait retardé jusqu'au début de
l'été.
Ma question, M. le Président, très simple: Est-ce que le
ministre des Ressources peut nous indiquer et indiquer à cette Chambre
pourquoi il n'a pas respecté l'engagement pris par l'ex-ministre des
Forêts quant au report de l'appel d'offres, ce qui aurait permis aux
serres de Guyenne de se sortir des difficultés financières
qu'elles avaient?
Le Président: M. le ministre des Ressources
naturelles.
M. Sirros: M. le Président, je pense que je servirais
mieux le député et l'ensemble des électeurs si je prenais
avis de la question pour revenir avec des détails exacts la semaine
prochaine.
Le Président: Alors, question complémentaire.
M. Gendron: Ou additionnelle. Puisque le ministre prend avis,
puis je pense qu'il fait bien, peut-il nous indiquer, dans l'avis qu'il va
prendre, également s'il entend revoir cette décision aberrante et
s'engager dans l'avenir pour assurer que les régions puissent avoir
accès à des volumes de contrats de plants sur invitation, comme
d'autres ministères le font, afin de permettre aux régions qui
sont engagées dans la production de plants d'avoir un minimum de
garantie de travail?
Le Président: M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président, j'accepte les
félicitations du député et je suis sûr qu'il va
continuer comme ça.
J'aimerais tout simplement dire, au niveau des appels d'offres pour les
plants, M. le Président, vous savez que nous sommes dans une situation
où il y a effectivement moins et qu'il faut qu'on trouve une
façon équitable à la fois, mais aussi qui assure la
meilleure utilisation des fonds publics, et c'est dans cette
perspective-là qu'on examine l'octroi de ces contrats.
Le Président: En question principale maintenant, Mme la
députée de Chicoutimi.
liste d'attente en chirurgie à l'hôpital
de Chicoutimi
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Lundi dernier, le
Dr Alain Battikha, chef de chirurgie à l'hôpital de Chicoutimi,
déclarait que plus de 500 personnes étaient en attente d'une
chirurgie. Pendant ce temps, l'hôpital, victime de compressions de
l'ordre de 600 000 $, a fermé, depuis le 21 février, plus de 50
lits.
Ma question à la ministre de la Santé et des Services
sociaux: La ministre trouve-t-elle cette situation normale et, si non, quelles
mesures entend-elle prendre pour corriger la situation et mettre fin à
l'angoisse et à l'inquiétude de patients et de patientes en
attente d'une chirurgie, et ce, parfois depuis plusieurs mois?
Le Président: Alors, Mme la ministre de la Santé et
des Services sociaux.
Mme Robillard: M. le Président, il est très clair
que le réseau de la santé et des services sociaux fait face
à des pressions croissantes au niveau des besoins de la population.
Quant aux disponibilités dans le réseau à l'heure
actuelle, M. le Président, on ne m'a pas signalé de situation
problématique qui ne pouvait pas être solutionnée
directement par le milieu. Ce matin même, j'ai même
rencontré le président de la régie régionale de la
région concernée, et il ne m'a pas soulevé de
problème insoluble en regard de cette problématique.
Il faut souligner aussi que, dans différents centres hospitaliers
présentement, on est en train de faire des virages au niveau des
services ambulatoires, de sorte qu'on veut réduire la durée de
séjour au niveau des centres hospitaliers et on veut offrir aussi plus
de chirurgies d'un jour.
Alors, je ne sais pas si c'est le cas dans l'hôpital
concerné, mais, M. le Président, soyez assuré que tous les
efforts sont faits présentement pour répondre aux besoins des
patients qui sont en attente d'hospitalisation au niveau de nos hôpitaux
de l'ensemble de la province de Québec. Mais, encore une fois, il est
très clair que nos hôpitaux se doivent absolument de
réduire leur durée de séjour et d'offrir davantage de
programmes de chirurgie d'un jour pour permettre des services
développés à l'ensemble de la population.
Le Président: En question complémentaire. Mme
Blackburn: Ma question est simple, M. le
Président. La ministre trouve-t-elle normal, normal, que plus de
500 personnes, à l'hôpital de Chicoutimi, soient en attente de
chirurgie, soit pour le cancer, des problèmes cardiaques, comme pour les
amygdales, ou encore une simple biopsie? Est-ce qu'elle trouve ça
normal, et qu'est-ce qu'elle entend faire?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, c'est une situation
à regarder de très près. Je suis assurée que la
direction de l'hôpital doit regarder ce qu'il est possible de faire si la
demande est si croissante. Mais, au niveau des listes d'attente, il faut
très bien regarder de quoi est composée la liste d'attente et
quelles sont les urgences et les priorités. Et nous sommes ouverts, M.
le Président, au niveau du ministère de la Santé et des
Services sociaux, à regarder toute situation problématique, si
tel est le cas, dans une région en particulier.
Le Président: En question principale, M. le
député de Laviolette.
Appareils de radiothérapie à
l'hôpital Cloutier
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Lors de notre
tournée dans la Mauricie, nous avons réappris, pour certains, que
des personnes de la Mauricie qui sont atteintes de cancer doivent se rendre
à Québec ou à Montréal pour recevoir des
traitements de radiothérapie. (15 h 20)
J'aimerais savoir de la ministre de la Santé si elle peut me dire
quelle réponse elle a l'intention de donner au centre hospitalier
Cloutier, du Cap-de-la-Madeleine, qui demande l'argent nécessaire pour
que les gens de la Mauricie puissent avoir des appareils de
radiothérapie.
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Robillard: M. le Président, tout le domaine de la
radiothérapie a été un domaine qui a été
analysé au niveau du ministère de la Santé et des Services
sociaux.
M. le Président, je m'aperçois que j'ai plusieurs
critiques dans le domaine de la santé et des services sociaux par
rapport à l'Opposition. Je vois qu'il y a de l'intérêt pour
ce dossier-là. J'en suis fière, parce que je pense que c'est un
réseau essentiel à notre population.
Ceci étant dit, M. le Président, c'est un dossier qui a
été analysé, dans lequel il y a des fonds
supplémentaires, à l'heure actuelle, qui sont injectés
pour répondre aux listes d'attente au niveau des problèmes de
radiothérapie, et ce, dans plusieurs régions du
Québec.
Le Président: Question principale, M. le
député de Rouyn-Noranda?Témiscamingue.
Présence de médecins omnipraticiens
à Rouyn-Noranda
M. Trudel: Et, en Abitibi-Témiscamingue, Mme la ministre,
à Rouyn-Noranda en particulier, 6000 familles n'ont pas accès
à un médecin de famille, à un omni-praticien,
malgré les propositions qui ont été faites dans la loi 120
et malgré le refus, ici, à l'Assemblée nationale, des
amendements que j'ai proposés pour corriger la répartition des
médecins omnipraticiens à travers le Québec. La ministre
de la Santé a-t-elle l'intention de se pencher sur des solutions
très concrètes et d'en amener pour que 6000 familles de
Rouyn-Noranda aient un minimum: avoir accès à un médecin
de famille?
Le Président: Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Robillard: M. le Président, il est très clair
que nous travaillons présentement pour que l'accessibilité aux
services médicaux, l'accessibilité aux services des
médecins soit dans toutes les régions du Québec non
seulement au niveau des omnipraticiens, mais au niveau des spécialistes.
Il y a des actions en cours présentement, il y a des discussions avec
les fédérations de médecins, et soyez assuré, M. le
Président, que c'est toujours l'orientation du ministère de
fournir l'ensemble des services dans chacune des régions du
Québec.
Le Président: Alors, ceci met fin à la
période de questions.
Il n'y a pas de votes reportés.
Motions sans préavis
Motions sans préavis.
Alors, motions sans préavis.
Il n'y a pas de motions sans préavis? Non?
Des voix: Oui, oui.
Le Président: Oui, M. le député de
Vimont.
M. Fradet: Merci.
Le Président: Alors...
M. Fradet: M. le Président.
Le Président: Allez-y.
Souligner la Semaine des guides et scouts du
Québec
M. Fradet: Oui. M. le Président, je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante: «Que cette Assemblée souligne la Semaine des
guides et scouts du Québec, qui s'est tenue du 20 au 26 février
dernier, nous donnant
ainsi l'occasion de reconnaître l'oeuvre que poursuivent les 40
000 membres de la fédération.»
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement
à ce que nous débattions de cette motion? M. le leader...
M. Chevrette: II y a une entente...
Le Président: Simplement, je vais demander, là...
Je vais demander la collaboration des collègues, s'il vous plaît.
Mmes, MM. les députés.
Alors, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, il y a entente à la
condition qu'il n'y ait pas de débat. On s'est compris de
même.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, c'est exact. Je confirme
l'entente avec le leader de l'Opposition officielle.
Mise aux voix
Le Président: Très bien. Alors, est-ce que la
motion présentée par M. le député de Vimont est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Alors, très bien.
Maintenant, au niveau des motions sans préavis, est-ce qu'il y a
d'autres motions?
M. le leader du gouvernement.
Déterminer la composition
numérique
de certaines commissions parlementaires
permanentes
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
propose que, malgré les articles 122 et 127 du règlement,
l'Assemblée nationale puisse déterminer elle-même la
composition numérique de certaines commissions parlementaires
permanentes et, à cette fin, que la commission de l'économie et
du travail soit composée de 13 membres avec droit de vote issus du
groupe parlementaire formant le gouvernement, de sept membres issus du groupe
parlementaire formant l'Opposition officielle, dont cinq avec droit de vote, et
d'un membre du groupe des députés indépendants avec droit
de vote; que la commission de l'aménagement et des équipements
soit composée de 11 membres avec droit de vote issus du groupe
parlementaire formant le gouvernement, de six membres issus du groupe
parlementaire formant l'Opposition officielle, dont quatre avec droit de vote,
et d'un membre du groupe des députés indépendants avec
droit de vote.
Le Président: Alors, est-ce que cette motion est
adoptée?
M. St-Roch: M. le Président...
Le Président: Oui? Alors, M. le député de
Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président. Strictement pour
clarification. Étant un député indépendant,
étant membre de la commission de l'économie au travail, je veux
avoir l'assurance de vous ou du leader du gouvernement que, tel que
libellé, «un membre du groupe des députés
indépendants», vu qu'on est six députés
indépendants au sens de la loi, ce député
indépendant représente le député de Drummond; et
c'est vrai aussi pour la commission de l'aménagement et des
équipements pour mon collègue d'Iberville.
Le Président: Effectivement, il n'y a pas de changement au
niveau de votre statut, M. le député de Drummond. Quant à
la modification proposée pour la commission de l'aménagement et
des équipements, effectivement, pour les députés
indépendants, c'est pour faire place à M. le député
d'Iberville dans cette commission. D'accord? Il est donc nommé, à
ce moment-ci, membre de cette dite commission. Par la même motion, M. le
député d'Iberville devient membre de la commission de
l'aménagement et des équipements.
Mise aux voix
Alors, la motion est-elle adoptée? Des voix:
Adopté.
Le Président: Adopté. Toujours aux motions sans
préavis, M. le leader du gouvernement.
Motion proposant que la commission de
l'économie et du travail procède
à l'examen du rapport général de suivi de l'Engagement de
performance 1993-1995 d'Hydro-Québec ainsi que des rapports particuliers
sur l'efficacité énergétique, les pratiques commerciales
et l'équilibre énergétique, et entende les membres du
conseil de direction d'Hydro-Québec
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
propose: «Que la commission de l'économie et du travail
procède à l'examen du rapport général de suivi au
31 décembre 1993 de l'Engagement de performance 1993-1995
d'Hydro-Québec ainsi que des rapports particuliers au 31 décembre
1993 sur l'efficacité énergétique, les pratiques
commerciales et l'équilibre énergétique, le ministre des
Ressources naturelles étant membre de ladite commission pour la
durée du mandat, et, à cette
fin, entende, à la salle du Conseil législatif: «Le
mercredi 23 mars 1994, de 10 heures à 13 heures, pour une durée
maximale de 15 minutes chacun, les remarques préliminaires du ministre
des Ressources naturelles, du porte-parole de l'Opposition officielle et du
député de Drummond; «Pour une durée maximale de 15
minutes, la présentation des membres du conseil de direction
d'Hydro-Québec concernant le rapport général de suivi au
31 décembre 1993 de l'Engagement de performance 1993-1995, suivie d'un
échange avec les membres de la commission d'une durée maximale de
deux heures, partagées également entre les députés
membres du groupe parlementaire formant le gouvernement et ceux formant
l'Opposition; «Le jeudi 24 mars 1994, de 10 heures à 12 h 30, pour
une durée maximale de 10 minutes, la présentation des membres du
conseil de direction d'Hydro-Québec concernant le rapport particulier au
31 décembre 1993 sur l'efficacité énergétique,
suivie d'un échange avec les membres de la commission d'une durée
maximale de 1 h 20 min, partagées également entre les
députés membres du groupe parlementaire formant le gouvernement
et ceux formant l'Opposition; «Pour une durée maximale de 10
minutes, la présentation des membres du conseil de direction
d'Hydro-Québec concernant le rapport particulier au 31 décembre
1993 sur les pratiques commerciales, suivie d'un échange avec les
membres de la commission d'une durée maximale de 50 minutes,
partagées également entre les députés membres du
groupe parlementaire formant le gouvernement et ceux formant l'Opposition;
«Le même jour, de 15 heures à 18 heures, pour une
durée maximale de 10 minutes, la présentation des membres du
conseil de direction d'Hydro-Québec concernant le rapport particulier au
31 décembre 1993 sur l'équilibre énergétique,
suivie d'un échange avec les membres de la commission, d'une
durée maximale de 1 h 20 min, partagées également entre
les députés membres du groupe parlementaire formant le
gouvernement et ceux formant l'Opposition; «Pour une durée
maximale de 45 minutes partagées également entre les
députés membres du groupe parlementaire formant le gouvernement
et ceux formant l'Opposition, un échange d'ordre général
avec les membres du conseil de direction d'Hydro-Québec et, pour une
durée maximale de 15 minutes chacun, les remarques finales du
député de Drummond, du porte-parole de l'Opposition officielle et
du ministre des Ressources naturelles; «L'Assemblée nationale
décide, conformément à l'article 47 du règlement de
l'Assemblée nationale, de maintenir l'ordre découlant de
l'adoption de la présente motion malgré la clôture
éventuelle de la deuxième session de la 34e
Législature.»
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement pour la
présentation de cette motion? Consentement.
Mise aux voix
La motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Alors, M. le whip du
gouvernement.
Liste des membres des commissions
pour le groupe parlementaire
formant le gouvernement
M. Vallières: M. le Président, je propose que la
liste des membres des commissions pour le groupe parlementaire formant le
gouvernement soit celle que je dépose maintenant en deux copies.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Alors, M. le whip de
l'Opposition.
Nominations de membres de l'Opposition à des
commissions parlementaires
M. Brassard: M. le Président, je voudrais proposer,
conformément au règlement de l'Assemblée nationale:
D'abord, premièrement, la nomination de M. Francis Dufour,
député de Jonquière, comme membre permanent à la
commission de la culture pour combler une vacance;
La nomination de M. Serge Ménard, député de
Laval-des-Rapides, comme membre permanent à la commission de
l'économie et du travail à la suite de la nouvelle composition de
la commission;
Troisièmement, la nomination de M. Marcel Landry,
député de Bonaventure, à la commission de
l'aménagement et des équipements pour combler une vacance;
Et, enfin, la nomination de M. Marcel Landry, député de
Bonaventure, comme membre permanent en remplacement du député de
Jonquière, M. Dufour, à la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que cette motion est
adoptée?
Une voix: Adopté. (15 h 30)
Le Président: Adopté.
Nomination du député de Sauvé
à la commission de l'Assemblée nationale
Également, pour se conformer au règlement de
l'Assemblée, durant l'intersession, il y avait eu une séance du
comité directeur de la commission de l'Assemblée nationale afin
de nommer le député de Sauvé membre de cette commission.
Alors, le rapport de la CAN doit être déposé. La CAN ne
s'est pas réunie.
Document déposé
Est-ce qu'il y a consentement à ce que le rapport verbal du
comité directeur soit accepté par l'Assemblée
nationale?
Une voix: Consentement.
Mise aux voix
Le Président: Adopté?
Une voix: Oui, adopté.
Le Président: Donc, adopté. Alors, motions sans
préavis, toujours. M. le leader du gouvernement.
Motion proposant que, malgré une
clôture
de la session, les commissions puissent
poursuivre les mandats prévus
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Toujours aux motions sans
préavis, M. le Président, conformément à l'article
47 du règlement de l'Assemblée nationale, je propose que,
malgré une clôture de la session: «La commission des
institutions puisse poursuivre, les 29, 30 et 31 mars 1994, ses auditions
publiques dans le cadre de la consultation générale sur le
régime d'aide juridique et sur le document intitulé «L'aide
juridique au Québec: une question de choix, une question de
moyens», complétant ainsi le mandat qui lui était
confié par un ordre de l'Assemblée le 18 juin 1993; «Ladite
commission puisse également, le 24 mars 1994, procéder, telle que
convoquée, à la vérification des engagements financiers du
ministère des Affaires internationales; «La commission du budget
et de l'administration puisse procéder, les 22, 23 et 24 mars, à
l'exécution du mandat concernant l'Office des ressources humaines,
adopté en vertu de l'article 294 du règlement de
l'Assemblée nationale; «Elle puisse également
procéder, le 29 mars 1994, à l'audition de la sous-ministre du
Revenu en vertu de l'article 8 de la loi sur la réduction du personnel
dans les organismes publics et Pimputabilité des sous-ministres et
dirigeants d'organismes.»
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que cette dernière
motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Donc, adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
Alors, maintenant, nous allons procéder aux avis touchant les
travaux des commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. À ce moment-ci, M. le
Président, j'avise donc cette Assemblée qu'aujourd'hui, de 15
heures à 18 heures et de 20 heures à 22 heures, à la salle
du Conseil législatif, la commission des institutions poursuivra ses
auditions publiques dans le cadre de la consultation générale sur
le régime d'aide juridique et sur le document intitulé
«L'aide juridique au Québec: une question de choix, une question
de moyens».
De 15 heures à 17 heures et de 19 heures à 21 heures,
à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission de l'économie et
du travail poursuivra ses consultations particulières dans le cadre de
l'étude détaillée du projet de loi 116, Loi modifiant le
Code du travail.
Le Président: Alors, très bien. Maintenant, je vous
avise qu'aujourd'hui, jeudi 10 mars 1994, la commission d'étude des
questions afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté se réunira en séance de travail, après
les affaires courantes, à la salle 1.38 de l'édifice Pamphile-Le
May. L'objet de cette séance est de poursuivre l'étude d'une
demande d'accès à un document.
Également, s'il y a consentement pour déroger à
l'article 139 du règlement, je convoque la commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation, la commission des affaires sociales
et la commission de la culture pour l'élection d'un
vice-président. Ces commissions seront présidées par un
vice-président de l'Assemblée nationale. Est-ce qu'il y a
consentement? Il y a consentement. Très bien.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Maintenant, renseignements sur les travaux de l'Assemblée. M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président. J'aimerais solliciter la
collaboration du leader du gouvernement. En étant très nombreux,
comme le député indépendant de Drummond, nous aurons
à poursuivre ? et je suis membre de la commission de
l'économie et du travail ? jusque tard ce soir. Suite au
libellé de la dernière motion sans préavis, est-ce qu'il
serait agréable au député et au leader de l'Opposition de
nous donner une
idée de la convocation de l'Assemblée pour la semaine
prochaine, en vue de faciliter l'organisation de notre agenda?
Le Président: Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Nous ferons de façon
un peu plus officielle, plus tard au cours de la journée, les annonces
qui s'imposent dans de telles circonstances. Mais, si vous voulez avoir un avis
personnel du leader du gouvernement et non un avis officiel, je vous invite
à me rencontrer à l'arrière du trône dans quelques
minutes.
Le Président: Maintenant, toujours aux renseignements sur
les travaux de l'Assemblée, je vous avise que l'interpellation
prévue pour le vendredi 18 mars 1994 portera sur le sujet suivant: les
relations Québec-Ottawa. M. le whip en chef de l'Opposition officielle
et député de Lac-Saint-Jean s'adressera alors à M. le
premier ministre.
Avis de sanction
Je vous avise également que ce soir, après l'ajournement
des travaux de l'Assemblée, il y aura sanction de projets de loi au
cabinet de Son Excellence le lieutenant-gouverneur.
Alors, ceci met donc fin à la période des affaires
courantes.
Affaires du jour Affaires prioritaires
Motion de censure proposant que
l'Assemblée
condamne l'échec des politiques
budgétaires
et économiques du gouvernement
Nous allons maintenant procéder aux affaires du jour et, aux
affaires du jour, il y a une affaire prioritaire, soit la motion de censure
présentée par M. le chef de l'Opposition officielle en vertu de
l'article 304 du règlement. Cette motion se lit comme suit: «Que
l'Assemblée nationale, prenant acte de la déclaration du ministre
des Finances du jeudi 3 mars dernier, condamne l'échec flagrant des
politiques budgétaires et économiques du gouvernement
libéral qui ont amené, depuis le début de la
récession, des augmentations de taxes et d'impôts qui
représentent maintenant plus de quatre milliards de dollars par
année, entraîné des coupures aveugles de dépenses
productives et qui ont ainsi freiné l'emploi et appauvri des centaines
de milliers de Québécois tout en triplant le
déficit.»
Donc, avant que ne débute le débat sur cette motion de
censure, je vous informe de la répartition du temps qui a
été convenu après une rencontre avec les leaders des deux
formations politiques, du gouvernement et de l'Opposition officielle. Alors, je
vous informe de la répartition du temps de parole établi pour la
discussion de cette motion: une réplique de 20 minutes sera
accordée à l'auteur de la motion; 20 minutes également
seront allouées à l'ensemble des députés
indépendants; le reste du temps sera partagé également
entre les deux groupes parlementaires. Dans ce cadre, les interventions seront
limitées à une durée de 20 minutes chacune, sauf pour une
intervention principale d'une heure de chaque côté, soit celle du
chef de l'Opposition ou celle du premier ministre ou de son
représentant. Alors, je suis donc maintenant prêt à
reconnaître le premier intervenant, soit l'auteur de la motion, M. le
chef de l'Opposition.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, le 3 mars dernier, le
ministre des Finances décrivait le niveau du déficit actuel du
gouvernement du Québec, c'est-à-dire 5 000 000 000 $ ou presque,
comme tolerable. L'expression a fait scandale, pas seulement dans cette Chambre
? pas surtout même, j'allais dire, à l'Assemblée
nationale ? mais un peu partout chez les commentateurs, chez les
éditorialistes, dans les journaux qui, d'habitude, sont plutôt
d'accord avec certaines des positions gouvernementales, disons. Il y avait de
quoi!
Je comprends que le ministre des Finances, depuis ce temps, a dit que
ça dépassait sa pensée, mais ça correspondait quand
même à quelque chose de très profond, c'est-à-dire
un constat d'échec, un constat d'échec, qui n'est pas
l'échec de six mois, qui n'est pas l'échec d'un an, qui est
l'échec d'un gouvernement qui s'est trouvé placé, en 1990,
à partir du milieu de l'année 1990, devant une récession
et qui a posé une série de gestes tels qu'au bout de quelques
années il faut bien constater que la reprise est la plus lente de toutes
celles qu'on ait connues depuis, bien, la Deuxième Guerre mondiale
chaque fois qu'il y a eu une récession; deuxièmement, qu'on a
à ce point augmenté les impôts qu'on a, en collaboration
avec le gouvernement fédéral, ramassé, en augmentations de
taxes et d'impôts, autant que la totalité de l'augmentation,
pendant cette année ? et Dieu sait si elle n'était pas forte
l'augmentation ? de la production nationale, tout en s'étonnant que
les gens n'augmentent pas leur consommation ou n'achètent pas davantage
pour faire reprendre l'économie. On a mis en chômage, à
cause des politiques suivies, une foule de Québécois et de
Québécoises, à cause des politiques qu'on a suivies.
Ce que je vais essayer de montrer cet après-midi, M. le
Président, c'est que, en un certain sens, il aurait mieux valu que le
gouvernement ne bouge pas. Il a empiré la situation avec ce qu'il a
fait. Il y a des gens qui, à l'heure actuelle, sont en chômage au
Québec et qui peuvent se dire: Je dois ça à mon
gouvernement, c'est lui qui m'a mis dehors. Et, comme les élections
viennent, comme il faut donner une nouvelle image à ce gouvernement,
alors le ministre des Finances ne faisait, le 3 mars, que traduire ce que ce
gouvernement cherche
au fond à répandre, à l'heure actuelle,
c'est-à-dire que, bien, ça ne va pas si mal, non, il n'y a pas
d'échec, la reprise va bien, et d'ailleurs, vous voyez, on fait des
emplois, et puis il n'y a pas de problème de financement pour le
gouvernement en général, et les services de santé en
particulier. Tout va très bien, madame la Marquise! (15 h 40)
Depuis le début de cette récession, ce gouvernement est
dominé ? il l'a dit, il l'a répété ? par
cette idée qu'il ne faut pas que le déficit s'accroisse. Or, le
déficit, au moment où la récession a commencé,
était à peu près de 1 700 000 000 $. Il a tout fait pour
l'empêcher de monter. Je vais essayer de démontrer que, en fait,
il l'a triplé en posant ces gestes-là, parce que, à
l'heure actuelle, on est rendu pas loin de 5 000 000 000 $ de déficit.
On a triplé le déficit en cherchant à l'éliminer et
en matraquant l'économie autant qu'on pouvait.
D'abord, au départ, le gouvernement dit: Écoutez, pour que
ça ne s'accroisse pas, le déficit, je vais augmenter les
impôts un peu et je vais couper les dépenses. Ça paraissait
raisonnable. On peut comprendre, à la rigueur, que l'on fasse ça,
à condition de le faire avec une certaine modération. Encore
qu'on aurait pu attendre un peu pour l'augmentation des impôts, ce
n'était peut-être pas le moment, mais, enfin, on peut, à la
limite, comprendre que des gens un peu affolés par l'augmentation du
déficit cherchent dans ces voies-là. Ce qui s'est passé a
été assez différent.
Commençons par les revenus. Plus on augmentait les taxes et les
impôts, plus le déficit s'accroissait, plus on augmentait le
déficit et les impôts. On s'est embarqué dans un cercle
vicieux qui fait que, de 1990 à aujourd'hui, sur une base annuelle, les
impôts et les taxes des Québécois ont augmenté de 4
200 000 000 $. C'est beaucoup, c'est 600 $ par homme, femme et enfant,
ça, au Québec. 4 200 000 000 $ d'augmentation de taxes, c'est
ça que ça fait.
Et il augmentait toujours, le déficit, parce que, en même
temps, le gouvernement fédéral, lui, pour s'adresser à son
propre déficit, augmentait aussi les taxes et les impôts sur les
Québécois. Pendant ce temps-là, le gouvernement
fédéral augmentait les taxes et les impôts de 2 500 000 000
$. Et, comme, tout de même, on se rendait compte, à chaque palier
de gouvernement, qu'il fallait quand même essayer de passer la
tâche ou l'image de l'augmentation des impôts au gouvernement qui
est en dessous de soi, le fédéral a roulé ses factures sur
Québec, Québec a roulé ses factures sur les
municipalités et, au bout de compte, les municipalités ont
été forcées d'augmenter elles aussi leurs taxes. Parce que
les municipalités ou les commissions scolaires, c'est le bout de la
ligne. Ça ne va pas descendre plus loin. Ça veut dire que, au
cours des dernières années, en pleine récession, les taxes
et les impôts des trois paliers de gouvernement ont augmenté
d'à peu près 7 000 000 000 $ au Québec. Du jamais vu, du
jamais vu!
Mais ce n'était pas suffisant, il fallait aller aussi vider les
caisses qui étaient disponibles. On a sorti, pendant ce temps-là,
1 500 000 000 $ de la caisse de la Société de l'assurance
automobile du Québec, 1 500 000 000 $ qui devaient, normalement,
être ristournés aux assurés, soit sous forme d'une baisse
de prime ou bien d'une augmentation des compensations, des pensions. L'un ou
l'autre, ou les deux. Bien, c'est le gouvernement qui a été les
prendre dans la caisse pour ajouter ça aux augmentations de taxes et
d'impôts que, chaque année, il nous annonçait.
Bien sûr, une économie ne peut pas résister à
ça. Ce n'est simplement pas possible. C'est évident que, dans ces
conditions, la consommation ne remonterait pas. C'est évident qu'en
procédant de cette façon-là des gens perdraient leur
emploi, parce que les achats des consommateurs n'augmenteraient pas, parce que
les investissements ne repartiraient pas, parce que des emplois
disparaîtraient. C'était inévitable. Et remarquons bien
que, jusqu'à tout récemment, ça restait la pratique
annuelle du gouvernement que nous avons devant nous. Le dernier budget de 1993,
c'était quoi? Encore une flopée de taxes et d'impôts. Sur
les grandes entreprises qui, habituellement, n'en paient pas? Non. Sur les gens
les plus à l'aise de notre société? Non. L'année
dernière, là, vraiment, on ne les a pas ratés, les petits
revenus et les personnes âgées, de la même façon,
soit dit en passant, que le fédéral n'a pas raté les
chômeurs et les personnes âgées dans son dernier budget.
Parce qu'on en est là. Quand on a taxé les classes moyennes
jusqu'à ce que ce soit sur le bord de la révolte, bien, il faut
tomber là. Ce qu'on a fait ici, au Québec, l'année
dernière, sans beaucoup de vergogne, en disant: II faut ça pour
empêcher le déficit.
On est rendu plus sophistiqué encore. Il n'y a pas longtemps, M.
le Président, on disait: II faut faire ça pour garder les cotes
de crédit du Québec. Vous vous souvenez? Puis on ne les a
même pas gardées. Ce qui démontre que la vie est injuste,
M. le Président. On taxe les gens autant qu'on peut pour garder ses
cotes de crédit auprès de Moody's et Standard & Poor's, et
Moody's et Standard & Poor's ne veulent même pas reconnaître
les efforts qu'on fait. Probablement parce que Moody's et Standard & Poor's
ont un sens un peu plus aiguisé de ce que doit être une politique
économique à peu près correcte en période de
récession, c'est-à-dire qu'on ne taxe pas les gens jusqu'à
plus soif en s'imaginant qu'on va faire repartir l'économie. Ils
comprennent ça, chez Moody's et Standard & Poor's; le gouvernement
du Québec, lui, ne comprend pas, puis il continue de faire la cour
à ces deux sociétés de crédit en disant: Si je peux
taxer encore davantage, peut-être qu'ils vont m'aimer plus. Mais non! Ils
comprennent ça, eux.
Du côté des dépenses, on s'attendait aussi,
évidemment, à ce que le gouvernement fasse des coupes sombres. Il
les avait annoncées. Il allait geler l'embauche des fonctionnaires. Il
nous répète ça depuis trois, quatre ans. Il allait
pourchasser toutes les dépenses frivoles... s'il en restait encore dans
ce gouvernement si bien administré. On est parti avec ça. Et, M.
le
Président, pendant trois années de suite, 1990-1991,
1991-1992, 1992-1993, les dépenses du gouvernement du Québec ont
augmenté de 3 % par an; 3 % de plus que le taux d'inflation. Du jamais
vu au cours des 15 dernières années; 3 % de plus que l'inflation
trois ans de suite, ça ne s'était pas vu. D'un gouvernement qui
avait toutes les bonnes paroles: Ah oui! je vais réduire les
dépenses les plus aberrantes, les plus inutiles, je vais rationaliser
les opérations gouvernementales; 3 % de plus que l'inflation trois ans
de suite.
Évidemment, quand vous augmentez les dépenses, en trois
ans, de 10 % de plus que l'inflation, ça a tendance à
accroître le déficit et, donc, à entretenir la panique.
Alors, par exemple, on a vu... Et je voudrais ici traduire ce que ça a
voulu dire en pratique, 3 % de plus que l'inflation. Ça paraît
abstrait, cette affaire-là. Ça a voulu dire, par exemple, que le
gouvernement du Québec, à une époque où, à
la bouche, il n'avait que l'idée du gel des effectifs dans la fonction
publique, a réussi le tour de force d'augmenter les effectifs de la
fonction publique de 5000 en quatre ans: de 1988 à 1992, selon le
portrait statistique que je cite ici, le portrait statistique des effectifs
réguliers et occasionnels de la fonction publique du Québec, nous
sommes partis d'un effectif global de 64 482 en 1988 pour monter à 69
247 en 1992: 5000. Concrètement parlant, c'est ça que ça
veut dire, une croissance de 3 % par année pendant trois ans au-dessus
de l'inflation. (15 h 50)
Si au moins, pendant ce temps, ces augmentations de dépenses
avaient été des investissements, avaient servi à
accroître des immobilisations, non seulement on aurait pu comprendre,
ça aurait été si intelligent. En période de
récession, quand on sait qu'on est en face de travaux qu'on devra faire
de toute façon, aussi bien les faire au moment où les
contracteurs ont faim, où les prix de construction sont les plus bas.
C'est à ce moment-là qu'on fait ça. Il y en a qui vont
dire: Bien oui, mais ça va accroître le déficit, il va
falloir emprunter. Bien oui, emprunter pour investir, tout le monde fait
ça, c'est parfaitement normal. C'est emprunter pour payer
l'épicerie qui n'est pas normal, ce n'est pas emprunter pour faire des
investissements. Et, alors là, parce que... Au fond, c'est ce qu'il y
avait de plus facile à retarder. Ne pas commencer un investissement,
ça, c'est très simple, il suffit que, au Conseil du
trésor, on dise: On ne commencera pas, puis ça ne commence pas,
c'est tout.
On les a suppliés, nous, en Chambre, depuis trois ans, de ne pas
bloquer un certain nombre de projets, de les laisser passer, de les
réaliser. Le programme d'épuration des eaux, M. le
Président, il va être complété, personne n'a le
moindre doute. Ça va prendre quelques années ou plusieurs
années, mais ça va être fini. Il est clair que les villes
qui n'ont pas encore d'usine d'épuration des eaux, elles vont en avoir,
comme toutes les autres qui les ont précédées. Au lieu
d'accélérer le programme d'épuration des eaux, ils l'ont
ralenti. À plusieurs reprises, on a soulevé cette question ici,
en
Chambre. Le ministre de l'Environnement cherchait à justifier
qu'on reporte à plus tard la construction d'usines d'épuration
des eaux. Plus tard, ça veut dire quoi? Plus tard, ça va
être à un moment où les coûts de construction auront
augmenté et on va payer plus cher qu'on aurait payé
autrement.
L'organisation, le prolongement du transport en commun autour de
Montréal, il y a des centaines de millions de dollars à mettre
là-dedans. Mais est-ce qu'ils ont pu taponner, M. le Président,
si vous me passez l'expression un peu familière, taponner! Et on ne sait
toujours pas exactement ce qu'ils vont faire. On ne sait pas ce qu'ils vont
faire avec les trains de banlieue ou une bonne partie d'entre eux. On ne sait
pas ce qu'ils vont faire avec le transport en commun sur l'île
Jésus. Ils taponnent encore après trois ans de
récession.
Un jour, nous avons décidé, il y a longtemps, il y a des
années, c'était en 1984, que ce serait extraordinai-rement utile,
à la fois pour la formation des jeunes et pour le tourisme, d'avoir un
musée de la science et de la technologie à Montréal.
Là, ça a été envoyé dans le moratoire que le
gouvernement a décidé sur tous les équipements culturels,
c'est tombé dans un grand trou noir et ce n'est jamais
réapparu.
On leur a dit: Vous savez, beaucoup de travaux, municipaux sans doute,
mais beaucoup aussi de travaux d'hôpitaux, d'écoles,
d'universités, de cégeps, d'immobilisations dans ce
domaine-là, ça ne coûte pas cher au gouvernement, ce sont
ces corps publics là qui empruntent. La première année,
vous ne payez pas d'argent au titre... Ça ne change pas votre
déficit. L'année suivante, ça le change très peu,
c'est juste six mois d'intérêt sur la dette. Allez-y
jusqu'à ce que vos finances publiques se redressent. Permettez à
tous ces corps publics d'accélérer leurs investissements. On leur
a dit ça, quoi, 10 fois en cette Chambre. Non, c'était non.
Ah! des fois, ils faisaient... À certains moments, ils ont fait
des bruits comme quoi il essaieraient de le faire. Oui, oui, bien sûr.
Alors, par exemple, en 1990-1991, ils nous ont dit: Vous allez voir, on va
accélérer les investissements locaux comme ça de 279 000
000 $. L'année s'est terminée, puis, finalement, ce
n'était pas 279 000 000 $, c'était 150 000 000 $. On a dit: Quand
même, ils font un effort, on va essayer de voir. En 1991-1992, ils ont
dit: On va accélérer de 311 000 000 $ les investissements du type
dont je viens de parler. Et, en fait, ils ont tombé, ces
investissements-là, de 300 000 000 $, cette année, par rapport au
niveau de l'année antérieure. Non seulement ils n'ont pas fait
300 000 000 $ de plus, ils ont fait 300 000 000 $ de moins. En 1992-1993, ils
nous ont dit: On va accélérer de 200 000 000 $ les
investissements. On a dit: À tout péché
miséricorde. Essayez encore! Eh bien, les investissements ont
baissé de 100 000 000 $ par rapport à ce qu'ils étaient
l'année précédente. Us ont tout raté, ils ont tout
raté!
Évidemment, là, cette année, en 1993-1994, ils ont
paniqué. Là, ils se garrochent pour essayer de baisser les
dépenses un peu partout, des dépenses courantes.
Us sont tentés, même, par l'horrible. Vous étiez ici
dans cette Chambre, M. le Président, quand on s'est rendu compte qu'ils
avaient eu la tentation de mettre un ticket modérateur sur la chimio,
les soins de chimiothérapie, pour ceux qui sont atteints de cancer, ou
qu'on allait supprimer des traitements, ne pas rendre gratuits des traitements
pour ceux qui sont atteints de fibrose kystique, ou des choses pareilles. Ils
ont été tentés par ça. Quand la panique prend, la
panique prend!
Et puis, là, le ministre des Finances s'est échappé
à un moment donné. Quand on pense qu'on était tenté
de mettre 20 $ par traitement de chimiothérapie, pour ceux qui sont
atteints de cancer, pour réduire le déficit, pour faire
disparaître ce déficit! Puis, le ministre des Finances conclut:
Bien, il est tolerable à ce niveau-là. Je comprends que ça
ait scandalisé, M. le Président, puis je comprends qu'il ait
cherché à s'excuser depuis ce temps-là. C'était
inqualifiable comme déclaration.
Alors, ce qu'on aurait pu avoir par des investissements, on ne l'a pas
eu en termes d'emplois. Non seulement on a perdu des emplois à cause des
augmentations d'impôts, non seulement on n'a pas eu des emplois par des
travaux publics qui n'ont pas été faits, mais, à part
ça, on a commencé, pour essayer de régulariser la
situation, jusqu'à tout récemment, jusqu'à ce qu'ils se
décident d'aller en élection, à dire qu'il fallait menacer
certains des groupes les plus vulnérables qu'il peut y avoir dans notre
société.
En même temps se développait autre chose. Et ça,
ça sera plus difficile, j'imagine, dans l'avenir, d'expliquer ce qui
s'est passé au juste. Ça commence, M. le Président, par
des augmentations fabuleuses, dont on voit à quel point elles
étaient stupides, d'ailleurs, par le gouvernement fédéral
et le gouvernement du Québec: des taxes sur le paquet de cigarettes de
plus de 3 $. Une augmentation de 3 $ en l'espace de quelque chose comme 18
mois. Ça, tous ceux qui ont eu, à un moment donné, la
responsabilité d'un ministère des finances savent que, des taxes
comme ça, on peut les augmenter assez régulièrement, mais
il ne faut pas le faire trop à la fois, parce qu'il y a toujours le
danger de la contrebande. Il a toujours été là, le danger
de la contrebande, on le sait bien.
Effectivement, le système n'a pas résisté. La
contrebande s'est organisée sur une très grande échelle.
Le trésor public a perdu des centaines de millions par année. Le
trésor public a probablement perdu, au total, sur quelque chose comme
deux ans et demi, 1000 000 000 $. On en finance des choses avec 1 000 000 000
$. On en évite, des augmentations d'impôts, avec 1 000 000 000 $.
Le gouvernement s'est rendu compte très vite, presque aussi vite que les
journalistes, que 80 % de toute la contrebande de tabac passait par Akwesasne
puis Kahnawake. Ils ont pris les nerfs. Ils se sont dit: Ce n'est pas possible,
on ne va pas rentrer... Après ce qui est arrivé en 1990, il faut
les laisser tranquilles.
Et, donc, la contrebande s'est organisée sur une échelle
extraordinaire, avec, aussi bien à Ottawa qu'à Québec, des
corps policiers à qui on demandait de fermer les yeux et qui s'en
expliquaient devant les journaux. Us disaient, d'ailleurs: On nous demande de
ne pas regarder. Et les journaux, les postes de télévision
envoyaient, l'automne dernier, des photographes photographier, la nuit, les
embarcations de contrebandiers chargées de caisses. On était sur
le point d'organiser des tours guidés, à l'usage des touristes,
de la contrebande! Et le gouvernement ne voyait rien, ne voulait rien voir. (16
heures)
La police du tabac a été une rigolade, mais une rigolade!
C'aurait été, en fait, drôle, si ça n'avait pas
été aussi triste, parce que c'est par les augmentations
d'impôts du dernier budget qu'on a remplacé, au Québec,
l'argent qu'on ne collectait plus sur les cigarettes. À une
époque où il n'y avait pas de contrebande puis où les
taxes étaient moins élevées, on ramassait en taxes sur les
cigarettes, au Québec ? je parle d'il y a quatre ans, cinq ans, six
ans, avant ça ? 500 000 000 $ ou 600 000 000 $ par
année.
Et, là, maintenant, le gouvernement s'est rangé, a dit:
Les contrebandiers ont gagné, je descends mes prix à leur niveau.
Et l'année prochaine, ça va rapporter 150 000 000 $. Et la
différence, ça va être quoi? Bien, ça va être
les augmentations d'impôts sur le revenu, que vous avez
décrétées dans le dernier budget, qui remplacent l'argent
que vous n'avez pu ramasser sur le tabac, parce qu'ils ont fait une erreur
invraisemblable. On n'a pas idée de faire ça! Et, là,
ça recommence, parce que, une fois que la contrebande est
organisée, elle passe de l'un à l'autre.
Alors, on entend dire, hier, par le vice-président de la SAQ, que
la moitié de tous les spiritueux qui rentrent au Québec rentrent
en contrebande. Qu'est-ce qu'on va faire? Est-ce que le gouvernement va
maintenant baisser le prix des spiritueux vendus dans les magasins de la SAQ au
niveau des contrebandiers, comme il l'a fait pour les cigarettes? C'est
ça, la prochaine étape? Ah! Bravo! Bravo!
Et puis il y a le ministre du Revenu, qui dit au critique de
l'Opposition dans ces matières depuis deux jours que, effectivement,
là, il y a pas mal d'argent qui est collecté en taxes par les
stations-service de Kahnawake et que le ministère cotise, mais que le
paiement ne se fait pas, ça ne se fait pas depuis longtemps, puis
ça porte sur des grosses sommes et puis, bon, bien, il ne peut rien en
dire parce que c'est confidentiel au ministère du Revenu. C'est
évident. Il n'y a jamais de procès au ministère du Revenu.
On n'a jamais fait de procès à qui que ce soit, tout le monde
sait ça. On ne lit pas les journaux. On ne sait pas de quoi il s'agit.
Non, non, non. Au fond, à certains moments, ils nous prennent pour des
imbéciles. Mais c'est la tolérance. On ne touche pas à
ça, on ne touche pas à ça.
Et les montants s'accumulent. La Cour suprême décide, il y
a quelque temps, il y a trois ans, en fait, trois ans que les appareils de
vidéopoker, là, c'est illégal. Alors, le gouvernement, il
ne peut pas collecter des
permis, il ne peut pas collecter des impôts sur une
activité illégale. Alors, donc, il y a des vidéopokers
partout qui sont tous illégaux. Alors, le gouvernement ne ramasse pas
les taxes qu'il devrait ramasser dessus. Savez-vous combien il perd
là-dessus, juste là-dessus, M. le Président? 150 000 000 $
par année! Pas grave.
À l'opposé, on entend parler de toutes espèces de
choses. À l'opposé, on entend dire aussi que les 500 fiducies
familiales qui existent au Canada, dont probablement quelque chose comme une
centaine au Québec, qui sont vraiment réservées pour les
gens très, très riches, leur privilège de ne pas payer de
taxe sur le gain de capital est prolongé, comme il l'a été
en mai dernier, pour 40 ans, pour 40 ans. Je ne donne ça que comme
exemple. On entend dire que certaines des plus grandes compagnies de notre
société n'ont pas payé d'impôts depuis 10 ans et
n'en paieront pas pour les 10 années qui viennent. Et on se trouve
devant des gens à qui ont dit: Croyez dans le système, respectez
vos gouvernements, respectez la société dans laquelle vous
vivez.
Et ça aussi, M. le Président, c'est un échec majeur
de ce gouvernement, non seulement de tous les gouvernements qui ont eu à
faire face à une récession depuis la Deuxième Guerre
mondiale c'est celui qui a été le plus inepte, mais, en plus de
ça, il a réussi à rompre, à défaire ce qui
restait du lien de confiance des citoyens à l'égard de leurs
institutions, et ça, c'est impardonnable parce que ça ne va pas
se rattraper rapidement.
Le gaspillage, a-t-il au moins réussi à freiner ça?
600 000 000 $ de pertes à la Société de
développement industriel, essentiellement parce que la
Société de développement industriel a suivi les
instructions qu'elle recevait du Conseil des ministres. Dans le jargon, on les
appelle les articles 7. Les contrats secrets de partage de risques
d'Hydro-Québec que le gouvernement leur a imposés, à
Hydro-Québec: 300 000 000 $ de pertes par an, par an. Le
Vérificateur général qui dénonce les contrats du
ministère des Transports sur l'île de Montréal, en disant:
En moyenne, c'est 30 % de dépassement. Non. Le gaspillage, il a pris une
ampleur qu'on n'avait pas vue.
Alors, pour aboutir à quoi? Pour aboutir, en 1993, à 6000
emplois créés au Québec, 6000. Ah! le premier ministre va
dire: Le mois de janvier 1994 par rapport à janvier 1993, là,
ça montre un peu plus. Bien oui! Bien oui! Je sais. Et, son
prédécesseur: Novembre 1993 par rapport à novembre 1992,
c'était très bon. Bien oui, mais, décembre 1993 par
rapport à décembre 1992, c'était bien mauvais. Le fait
est, M. le Président, qu'en 1993 il s'est créé 6000
emplois au Québec, au total, et que juste sur les dossiers du
Collège militaire de Saint-Jean et du chantier de Lauzon, on parle de
5000 emplois.
Les investissements. C'était pathétique, mais
pathétique d'entendre aujourd'hui le ministre des Ressources naturelles
venir appuyer le premier ministre qui annonçait ce matin 2700
emplois-année, au cours des trois prochaines années, pour quelque
chose qui était déjà inclus dans la programmation, pour
1994, d'Hydro-Québec et qui, au total, représente des
investissements d'Hydro-Québec de 500 000 000 $ inférieurs
à ceux de 1993. C'est-à-dire qu'ils en sont... Évidemment,
ils ne nous annoncent pas, ceux d'en face, les réductions
d'investissement, ils nous annoncent ce qu'il y a dans le nouveau total des
investissements plus bas que l'année dernière. Et ils disent: Ah!
on est bons. On est remarquables. Ça s'appelle gérer la
décroissance, ça, M. le Président, quand on en est rendu
à se vanter de ce qu'on fait dans les résidus.
Il faut absolument montrer les emplois, mais oui, montrer les emplois.
Je veux bien qu'on montre des emplois, mais qu'ils les montrent donc avec un
peu plus d'habileté qu'ils l'ont fait à Canadair. Alors, on s'est
fait photographier, créant 368 emplois, et puis, là, la compagnie
dit: Non, non, non, on s'excuse, vous avez mal compris, il n'y aura pas un
emploi de créé. Ah non! dit le gouvernement, ça n'a pas de
bon sens que vous nous mettiez dans une situation comme ça.
Certainement, dit la compagnie, je vais vous dire qu'il y en aura 368, mais
graduellement. Voyons! Voyons! Et, pendant ce temps-là, on n'est pas
capable d'avoir de réponse de ce gouvernement au sujet du contrat de
traversier des îles-de-la-Madeleine pour MIL Davie, en face. Il y a
quelque chose de pathétique dans tout ça.
Je voudrais terminer simplement de la façon suivante. Le
gouvernement, manifestement, ces jours-ci, est très
intéressé par les investissements. Le ministre de l'Industrie et
du Commerce continue de promener ses grappes. Qu'on s'entende sur une chose
? et ça, c'est des statistiques fédérales, il n'y a
pas de raison de...?les investissements au Québec, privés,
ont baissé quatre ans de suite. Ces investissements privés, si
chers au gouvernement, ils ont baissé pendant quatre ans. Quatre ans.
Cette année ? ça, ça ne s'était jamais vu, on
se comprend bien; depuis que les chiffres existent, ça ne s'était
jamais vu ? les investissements manufacturiers ont baissé pendant
trois ans, les investissements en outillage et en machinerie ? et Dieu
sait si c'est important pour la modernisation d'une industrie et la
modernisation d'une économie ? ont baissé pendant quatre
ans. là, en 1994, on vient tout juste ? c'est tout chaud ? de
recevoir les projections, c'est-à-dire le relevé, l'espèce
de recensement que fait statistique canada des intentions d'investissement de
tout le monde, des gouvernements, des entrepreneurs, des entreprises pour 1994.
pour les investissements totaux au québec, ça va monter de 281
000 000 $ par rapport à 1993, c'est-à-dire de 1,1 %, mais
ça va augmenter de 8,6 % en ontario, 3 700 000 000 $. je comprends que
l'ontario était descendu bien bas, mais quand même, 281 000 000 $
au québec, 1,1 % d'augmentation! c'est vrai, c'est la reprise
économique la plus lente qu'on ait connue. (16 h 10)
Les investissements privés. Les investissements privés au
Québec vont augmenter de 2,6 %,
445 000 000$. En Ontario, ça va être 7,4 %. Et là
comprenons bien ce que ça veut dire. Je comprends que c'est des
chiffres, puis c'est des gros montants. Mais comprenons bien ce que ça
veut dire. En 1989, quand ces gens-là se sont fait
réélire, au moment de la dernière élection, les
investissements privés au Québec, les investissements
privés qu'ils adorent, quand ils sont arrivés au pouvoir à
nouveau, en 1989, étaient de 23 000 000 000 $ au Québec, pour
l'ensemble du Québec. Cette année, en 1994, en dépit de la
hausse dont je viens de parler, là, ils vont être de 17 700 000
000 $, un peu moins que 18 000 000 000 $, c'est-à-dire 23 % de moins!
Ils sont fiers de leur coup! Ils s'imaginent que c'est comme ça qu'on va
créer de l'emploi? Ils s'imaginent que c'est avec des petites annonces
de morceau par morceau de l'enveloppe qu'il a déjà à
Hydro-Québec qu'ils vont faire disparaître les conséquences
de quelque chose comme ça?
Je vais rentrer dans quelque chose de plus spécifique dont je
parlais tout à l'heure: les investissements en machinerie et en
outillage. Ça, c'est fondamental dans une société.
Qu'est-ce que vous voulez, c'est comme... C'est les investissements que vous
faites dans la machinerie, dans vos usines, puis en outillage d'informatique,
puis des machins comme ça qui déterminent le rythme de croissance
que vous avez. On se comprend bien, là! Ce n'est pas...
Ça, ça va. On va comparer là encore; cette fois-ci,
la proportion des investissements prévus pour 1994 en outillage puis en
machinerie au Québec par rapport à l'Ontario. On est toujours
plus bas que l'Ontario; c'est normal, notre économie est plus petite que
celle de l'Ontario. Bon. Mais, là, cette année, en outillage et
en machinerie, on va investir seulement 42 %, moins de la moitié de ce
qu'investit l'Ontario, 42 %, en dépit du fait que ça ait
été bien mal en Ontario. Puis ça continue à aller
assez mal en Ontario. En dépit de tout ça, en dépit de la
récession très profonde en Ontario, cette année,
là, on va investir 42 % seulement de ce que l'Ontario investit en
outillage et en machinerie. C'est le plus bas niveau, la plus basse proportion
depuis que les statistiques existent, M. le Président!
Ah non! Ça, vraiment... Ils ont suffisamment raté de
choses. Il y a suffisamment de gens qui, à l'heure actuelle, sont en
chômage au Québec à cause des politiques qu'ils ont
suivies. Il y a suffisamment de gens qui pâtissent de ce qu'ils ont fait.
Il y a suffisamment de nouveaux pauvres au Québec, à cause des
politiques qu'ils ont suivies, pour qu'on leur demande instamment: Faites des
élections le plus vite possible de façon à ce qu'on soit
certains que vous ne soyez plus là, que vous disparaissiez. Ils ont fait
assez de tort pour qu'on puisse leur dire: Allez-vous-en! Ça suffit.
L'économie du Québec, les emplois au Québec, la
prospérité des Québécois leur demandent, exigent
que ces gens-là s'en aillent. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le chef de
l'Opposition. Je cède maintenant la parole à M. le premier
ministre pour son intervention. J'avise toutefois l'Assemblée que,
conformément aux informations qui m'ont été transmises,
votre intervention sera de 20 minutes et qu'un autre membre de votre groupe
parlementaire prendra l'heure qui est attribuée par la période de
temps qui est allouée à ce débat. M. le premier
ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. Pour reprendre un
vocabulaire qu'affectionne le chef de l'Opposition, je trouve souvent navrants
les procédés auxquels il doit recourir lui-même, comme chef
de l'Opposition, condamné ou peut-être enfermé dans le
rôle qu'il occupe maintenant, lorsqu'il s'adonne à des critiques
de nature économique, budgétaire, ou financière, ou
fiscale.
Pour un ancien ministre des Finances et ministre du Revenu, ministre des
institutions financières, président du comité
ministériel de développement économique, qui sont les
quatre postes qu'à un moment donné le député de
L'Assomption et chef de l'Opposition a cumulés, c'est assez
extraordinaire d'avoir une mémoire sélective comme
celle-là, et je dois le relever. Je dois le relever, dès le
départ.
Je le relève à l'égard de ses critiques qui portent
sur le déficit. Une mesure quand même raisonnable,
acceptée, du déficit vise à mettre ce chiffre en regard de
la capacité de l'économie à supporter l'endettement
public. Je veux faire remarquer au député de L'Assomption et chef
de l'Opposition qu'alors qu'il occupait les postes que j'ai mentionnés
un peu plus tôt il avait réussi, alors que la conjoncture
était haute plutôt que basse ? mais je comprends qu'elle
était préélectorale et
préréférendaire ? que le déficit du
Québec avait triplé, pour se loger à une hauteur qui
correspondait à près de S % de la production intérieure
brute du Québec. C'est le double du chiffre et du pourcentage que le
déficit représente maintenant au Québec. Alors, je veux
qu'on soit le plus clair possible. Ces chiffres-là ne sont pas sans
importance, M. le Président, et il m'appa-raît que le chef de
l'Opposition devrait s'y attarder quelque peu plutôt que de choisir dans
des chiffres qui, ma foi, sont passablement nombreux...
Il y a une perspective, ici, de 20 ans qui a été
publiée en février dernier, des finances publiques du
Québec, depuis 1970 jusqu'à 1993; donc, 23 ans. Les chiffres sont
disponibles publiquement. Us ne mentent pas. Ils sont écrits noir sur
blanc et démontrent précisément que, lorsqu'il
était ministre des Finances, le chef de l'Opposition a
présidé à un endettement, à une rapidité
d'endettement absolument phénoménale, et c'est ça qui est
sans égal dans l'histoire des finances publiques du Québec.
La même chose vaut à l'égard de sa critique de la
croissance des dépenses publiques. Encore une fois, dans une bonne
conjoncture et non pas dans une mauvaise conjoncture ? et j'y reviendrai
? le chef de l'Opposition a présidé, à tous les
titres, y compris président du
Conseil du trésor... J'ai oublié tout à l'heure de
mentionner que non seulement il était responsable des revenus, de la
politique économique, des institutions financières, mais des
programmes de dépenses, également. Homme-orchestre, s'il en
était un, et qui, donc, ne peut pas plaider l'ignorance ou l'absence
totale de responsabilité à l'endroit des décisions et des
résultats que j'ai évoqués tout à l'heure.
Donc, la croissance des dépenses. Le chef de l'Opposition a
prétendu que la croissance des dépenses ici, au Québec,
depuis quelques années, par rapport à l'inflation où elle
se trouve, est sans égale. Je regrette de le corriger. Les mêmes
chiffres que nous avons publiés, qui sont du domaine public,
vérifiés par le Vérificateur général du
Québec, démontrent que c'est de 1976 à 1980 ?
période préélectorale et
préréférendaire ? que la plus haute croissance des
dépenses, par rapport à l'inflation, a été connue
au Québec. Et c'est du temps, évidemment, des
responsabilités qu'exerçait le chef de l'Opposition. C'est comme
ministre, donc, des Finances, et il m'apparaît qu'il a fait quelques
oublis.
Comme ancien ministre, président du Conseil du trésor, il
en a fait d'autres. C'est comme ministre du Revenu que ça
m'inquiète passablement plus. Lorsque le chef de l'Opposition indique,
par exemple, que des sociétés ne paient pas d'impôts et
qu'il semble s'en scandaliser, il oublie deux choses qu'il connaît, ou
alors il les a oubliées, et là, je ne le comprends pas. Il
oublie, d'une part, que c'est au Québec, à l'égard des
sociétés et du fardeau fiscal des sociétés, que la
plus haute progression de ce fardeau fiscal s'est produite depuis cinq ans.
C'est une réalité, c'est un fait; il est mesurable, les chiffres
sont connus. Je n'y reviendrai pas. Le ministre des Finances aura sans doute,
dans la réplique qu'il réserve, au nom du gouvernement,
l'occasion de détailler ces chiffres.
D'autre part, à l'égard des entreprises, et je suis
toujours absolument renversé de voir que le chef de l'Opposition
épouse le discours de gens de gauche pas tellement informés, dans
le fond, qui trouvent épouvantable que les sociétés ne
paient pas d'impôts sur leurs revenus, sur leurs profits. Cette
année, oui, c'est fort possible, mais pendant des années... Il
faut savoir que, lorsqu'il y a une récession, pendant des années,
les sociétés perdent de l'argent. Elles font des pertes, M. le
Président. Elles ne paient pas d'impôts sur leurs profits; elles
n'en font pas, de profits. Et toutes les dispositions fiscales, y compris
celles auxquelles a présidé, et a amendé et a
amélioré, certaines fois, le député de L'Assomption
et chef de l'Opposition, lorsque, finalement, les sociétés font
des profits, il n'y a aucun gouvernement que je connaisse, nulle part en
Amérique du Nord, qui décide que c'est à ce moment,
malgré les pertes accumulées considérables, qu'on commence
à leur faire payer des impôts sur les profits. (16 h 20)
On sait qu'on doit, de façon cumulative, examiner le compte de
profit des sociétés avant de leur imposer certains fardeaux
fiscaux. C'est l'évidence même, c'est de cette
façon-là que ça fonctionne depuis des
générations, et un ancien ministre du Revenu vient nous expliquer
ici qu'il trouve ça scandaleux! Bien, pendant quelques années, il
a présidé lui-même à ce scandale et il n'y a rien
changé. Je dois donc conclure qu'il accepte que c'est la façon
normale, si on ne veut pas totalement enfouir nos entreprises sous un fardeau
fiscal absolument intolérable et qui est invisible, qui n'existe pas
nulle part, en Amérique du Nord, je dois donc conclure qu'il se rallie
à cette façon de faire nord-américaine que nous avons de
taxer les entreprises et que, à ce titre-là, ses arguments
portent absolument à faux.
Mais je suis sûr que, tout aussi importants que soient ces
quelques faits que j'ai relevés, et ils seront relevés davantage
par certains de mes collègues, je suis sûr qu'il est de loin
préférable pour nos concitoyens d'entendre dire que tout n'est
pas perdu, contrairement à ce que le chef de l'Opposition dit, et que,
par ailleurs, la solution à nos maux, car ils sont réels ?
le taux de chômage est très réel, le sous-emploi est
très réel, la situation des familles québécoises,
difficile, est tout aussi réelle ? la solution est passablement
plus compliquée que celle que le chef de l'Opposition et ses troupes
veulent nous réserver ou veulent nous faire croire»
M. le Président, d'abord pour l'espoir, il y a des choses que les
gouvernements peuvent faire. Nous sommes tous inquiets, comme élus, que
le sentiment de confiance que les citoyens doivent éprouver à
l'endroit de leurs institutions soit complètement battu en
brèche. Il nous est important de restaurer ce lien entre les citoyens
contribuables et leurs institutions, surtout les gouvernements, qui rassure nos
concitoyens et les contribuables sur la capacité des gouvernements
d'agir lorsque c'est le moment, de faire en sorte que nous pouvons appuyer la
création d'emplois, que nous pouvons créer des emplois, que nous
pouvons améliorer l'environnement dans lequel la création
d'emplois se déploie, dirais-je, et se réalise.
Nous avons, comme gouvernement, depuis deux mois... Et je ne reviens pas
à dessein sur les quelques chiffres passablement épars dans les
finances publiques depuis 10 ans sur lesquelles le chef de l'Opposition s'est
attardé. Il m'apparaît plus important, pour nos concitoyens, que
ceux-ci sachent, aujourd'hui et pour demain, ce que le gouvernement fait
maintenant. Et ce que le gouvernement a fait depuis deux mois est très
concret, c'est d'apporter des réponses à des problèmes
véritables. Un problème de 600 000 000 $ d'échanges
commerciaux pour les entreprises québécoises avec notre voisin
onta-rien, un problème de 600 000 000 $ de chiffre d'affaires que nous
avons réglé en décembre et en janvier, des milliers de
travailleurs de l'Outaouais, notamment, qui, quotidiennement, peuvent payer
leur loyer et faire vivre leur famille grâce à l'emploi qu'on
trouve dans la région de l'Outaouais. Des deux côtés de la
frontière Ontario-Québec, des milliers de travailleurs, des
dizaines de milliers de Québécois peuvent maintenant, grâce
à des décisions concrètes que nous avons prises, regarder
l'avenir et envisager l'avenir avec plus d'espoir.
Nous avons réussi, avec le gouvernement fédéral,
à nous entendre sur un programme d'infrastructures et
d'amélioration des infrastructures, au Québec, qui
représente, à l'endroit de 20 000 travailleurs ? des gestes
concrets, d'ici 3 ans, que nous avons posés ? des activités
pour 1 600 000 000 $ au Québec, dont 15 % la première
année, environ 800 000 000 $ la deuxième année et le solde
dans la troisième année, des dépenses, des investissements
de 1 600 000 000 $ qui créent une dizaine de milliers d'emplois et en
maintiennent tout autant. Vingt mille familles québécoises
peuvent envisager l'avenir avec plus de confiance.
Nous avons, à l'égard des projets d'Hydro-Québec,
qui demeure un moteur de développement, accéléré
les prises de décision. J'entendais tout à l'heure le
député de Joliette, leader de l'Opposition, dire: Ça fait
longtemps qu'Hydro vous talonne. Ça ne fait pas longtemps qu'Hydro
talonne, ça fait 2 mois que nous sommes ici, que je suis ici, et il y a,
en quelques semaines, à l'intérieur, des cartons, dirions-nous,
des différentes sociétés d'État, y compris
d'Hydro-Québec, un inventaire de ces projets que nous avons tenu
à faire pour accélérer davantage des décisions qui
avaient déjà été prises. Je n'ai jamais nié.
Au contraire, c'est moi-même qui l'ai précisé ce matin, en
conférence de presse, que c'est en 1989, par exemple, pour la ligne
Lévis-des Cantons ? un investissement de 407 000 000 $, 3000
emplois ? oui, il y a environ cinq ans qu'Hydro s'est penchée de
façon préliminaire sur ce dossier. Et c'est vrai que c'est en
juillet l'an dernier que les dernières auditions, les derniers rapports
à l'égard de l'environnement ont été
livrés.
Mais encore faut-il décider. Encore faut-il la volonté
politique de régler un dossier entre les différents
ministères. Encore faut-il trouver une formule, négocier avec le
promoteur pour que le projet démarre le plus rapidement possible. Il est
facile de ne rien faire. Nous avons décidé de faire quelque
chose, d'agir pour l'emploi au Québec.
C'est de cette façon que, autant pour la Sainte-Marguerite, que
pour la ligne Lévis-des Cantons, que pour les infrastructures, que pour
les différends commerciaux avec l'Ontario, que pour le programme de
rénovation résidentielle, qui représente environ 5000
emplois, là aussi, dans les prochaines années, nous avons
décidé d'agir rapidement. Ce sont là des gestes concrets
qui peuvent, à mon sens, restaurer la confiance de nos concitoyens dans
leurs institutions gouvernementales.
Mais il y a plus. Nous pouvons faire plus. Nous pouvons, comme
gouvernement, assurer un environnement qui permet aux gens qui créent
des emplois, aux entreprises, petites, moyennes et grandes, de sentir que le
gouvernement appuie leurs démarches, et ça, ça
m'ap-paraît encore plus important que de faire des chèques de
subvention. Ça m'apparaît important que nous dénotions, par
nos gestes, qu'il s'agisse du comité que le ministre du Revenu a mis sur
pied afin de diminuer les irritants avec l'ensemble des contribuables, y
compris les petites entreprises, qu'il s'agisse du geste de
dérégle- mentation dont nous avons confié le travail
à trois de nos collègues et à trois personnes, hommes et
femmes, du secteur privé, de la petite et de la moyenne entreprise du
Québec, la déréglementation pour alléger le fardeau
qui pèse sur ceux et celles qui créent des emplois au
Québec, que nous avons, à l'endroit des investissements
étrangers, consacré des efforts considérables afin de
convaincre les gens qui ont déjà investi au Québec qu'il
est intéressant d'investir à nouveau au Québec... Pour ma
part, lorsque j'ai rencontré les représentants d'entreprises
étrangères établies au Québec qui emploient ici 150
000 personnes, j'ai trouvé que c'était là, de la part du
chef du gouvernement, une action prioritaire.
Le chef de l'Opposition, pour sa part, a dit publiquement à la
télévision que, pour lui, c'était une opération
futile. M. le Président, je déplore encore une fois les
approches, la façon d'approcher ces problèmes que l'Opposition
manifeste constamment, la façon de frotter le nez des chômeurs
dans leur malheur, de dire: Ah oui! Bien oui! On sait bien qu'il y a 23 000
personnes de plus qui travaillent au Québec, puis il y en a
peut-être 41 000 de plus que l'an dernier à pareille date. Oui, il
y en a 23 000 et il y en a 41 000. Et, dans le même souffle, le chef de
l'Opposition dit: Oui, mais des entreprises ont également fermé
pendant ce temps-là.
Je veux juste qu'encore une fois, comme ancien président du
Comité de développement économique du gouvernement du
Québec pendant de nombreuses années... Ces chiffres de
création d'emplois sont des chiffres nets. Si 40 000 personnes de plus
au Québec, aujourd'hui, travaillent par opposition au nombre qui
travaillait l'an dernier et qu'on dénonce qu'il y a eu 5000 mises
à pied dans quelque région que ce soit au Québec, ce que
je suis forcé de constater, c'est qu'il y a eu une création de 45
000 emplois et une perte de 5000, pour un résultat net de plus 40 000.
On ne peut pas dénoncer des mises à pied et reconnaître en
même temps qu'il y a eu une création nette d'emplois. C'est
l'illogisme le plus complet.
Il m'apparaît qu'un parlementaire qui veut faire avancer le
dossier de création d'emplois au Québec, qui veut restaurer la
confiance des Québécois dans leur avenir doit cesser de rappeler
à des gens qui n'ont plus de travail qu'ils en doivent une à
quelqu'un. Au contraire, on doit éveiller des perspectives de reprise de
l'emploi. On doit souhaiter que la reprise économique que nous
connaissons actuellement puisse se traduire en création d'emploi. (16 h
30)
II y a un phénomène absolument nouveau, M. le
Président, qui maintenant est la caractéristique, je dirais, de
la reprise économique du monde occidental. Nous produisons, par exemple,
au Canada, actuellement, le même volume, la même quantité de
biens. Nous produisons dans nos manufactures autant de biens qu'il y a une
dizaine d'années, avec 400 000 personnes de moins, 400 000 Canadiens de
moins. Évidemment, des dizaines de milliers de Québécois
de moins également se retrouvent dans les entreprises aujourd'hui, qui
produisent au
même volume, quelquefois beaucoup plus qu'il y a une dizaine
d'années. Il y a eu un déplacement, de toute évidence, de
la capacité des entreprises à faire participer les travailleurs
à la reprise économique.
Nous avons, à ce moment-là, comme gouvernement, une
obligation de recycler le maximum de nos ressources financières dans la
préparation de nos travailleurs à de nouvelles sortes d'emplois.
Si la production de biens traditionnels ne se fait plus de façon
traditionnelle et que des dizaines de milliers de travailleurs risquent de
rester sur le carreau, on doit néanmoins constater qu'il y a d'autres
changements du côté des entreprises de services, du
côté de l'échange d'informations de toutes sortes, du
côté des programmes de santé et de services sociaux qui
continuent à représenter en Amérique du Nord, depuis 10
ans, le domaine d'activité où il y a la plus forte croissance
continue de l'emploi. Le domaine de la santé, aux États-Unis
comme au Canada, connaît de façon constante une augmentation de
l'emploi. Il faut que les travailleurs soient prêts à s'occuper de
leurs concitoyens plutôt qu'à fabriquer des biens. Et nous avons,
comme gouvernement, la responsabilité, je le répète, de
faire en sorte que les ressources financières que nous déployons
aillent dans le sens de la formation, de l'éducation, de la formation
permanente, de la formation en entreprise, autant d'actions que nous avons
déjà menées et que, j'en suis sûr, certains de mes
collègues rappelleront ici à nos concitoyens.
Alors, ce n'est pas si simple que voudrait nous le faire croire le chef
de l'Opposition qui se rabat constamment sur sa solution à lui. Il
m'apparaît ? en terminant, je dois le mentionner ? qu'il y a un
bilan gouvernemental, d'une part, qu'il y a des mutations profondes qui
affectent notre société, que les solutions sont extrêmement
complexes et demandent de l'imagination, oui, de l'audace, mais surtout
efforts, longueur de temps et persistance, et non pas l'application de la
pensée magique. Parce que c'est de ça que je veux parler en
terminant, je dirais le cynisme de l'Opposition qui dit à des
Québécois qu'ils n'ont rien à perdre en raison de la
situation difficile dans laquelle ils vivent, qu'ils ont tout à gagner
à épouser la cause aventureuse qu'enfin on appelle par son nom,
de nos amis d'en face, la séparation politique du Canada, la
souveraineté du Québec, euphémisme, disait Lucien Bouchard
il y a quelques jours à Washington. Euphémisme ? mot
à mot. On ne peut pas laisser croire aux Québécois que le
Collège militaire royal de Saint-Jean ne fermerait jamais parce que
Bernard Landry veut absolument y entraîner ses soldats. On ne peut pas
faire croire aux gens de Lévis que le chantier naval ne fermerait jamais
dans un Québec souverain parce qu'on y construirait nos navires de
guerre. C'est d'un cynisme très partisan, de la politi-caillerie,
à toutes fins pratiques, pure et simple.
C'est plus compliqué que ça. Il faut s'employer, comme
gouvernement, à faire retourner les véritables moteurs de la
création d'emplois. Nous avons a nous pencher sur une relance de la
consommation, nous avons à nous pencher sur une relance de
l'investissement et nous avons à nous pencher sur une relance des
exportations. Ce sont les trois véritables volets qui vont créer
des emplois. C'est d'ailleurs sur quoi nos militants, tous, de partout au
Québec, se pencheront pendant trois jours en fin de semaine: la relance
de l'emploi par la relance de la consommation, de l'investissement et de
l'exportation. C'est la clé de l'avenir, c'est la façon dont,
d'une façon constante, insistante, ce gouvernement veut relancer
l'emploi, non par des solutions faciles, imaginées ailleurs,
théoriques, livresques, mais par l'application ordonnée de
l'esprit de travail, du sens des responsabilités et de la
créativité des Québécois.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, sur cette motion
de censure du chef de l'Opposition, je cède la parole à M. le
leader de l'Opposition officielle et député de Joliette. M. le
leader, la parole est à vous.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. À
écouter le nouveau premier ministre, M. le Président, on dirait
que le Parti libéral n'a pas existé depuis 1985. Avez-vous
remarqué qu'il n'a pas fait une allusion à son
prédécesseur, avec lequel il a travaillé, pourtant, et qui
semble avoir fait exclusivement des gaffes? Mais où était-il, ce
premier ministre, dans le cabinet Bourassa? Que faisait-il, M. le
Président? Est-ce qu'il se tenait debout?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Un instant, M. le
député.
M. Chevrette: Je n'ai pas dit un mot tantôt, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): C'est pour ça que
je vais demander à tous les députés, ici, de respecter
strictement le règlement. Que ce soit dit. M. le député,
si vous voulez poursuivre.
M. Chevrette: M. le Président, pendant 10 minutes, au
début de son exposé, il n'a parlé que contre le chef de
l'Opposition et je n'ai pas dit un mot.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez
poursuivre, M. le député.
M. Chevrette: Donc, j'ai l'intention de dire ce que j'ai à
dire. Je disais donc, M. le Président, que ce nouveau sorti de
boîte de surprise semble vouloir oublier qu'il appartenait à une
équipe. Il était ministre de l'Industrie et du Commerce pendant
quatre ans, dans le premier mandat Bourassa. Qu'a-t-il dit? Qu'a-t-il fait?
Est-ce qu'il s'objectait? Qu'est-ce qu'il a dit, par exemple, vis-à-vis
de l'Hôtel-Dieu de Montréal quand le gouvernement Bourassa l'a
voté? Comment ça se fait
qu'il a voté contre une motion pour empêcher de
déménager l'Hôtel-Dieu et que, après son
arrivée, c'était une gaffe de Marc-Yvan Côté et du
gouvernement Bourassa? D'où sort-il, ce nouveau premier ministre, M. le
Président? Est-ce qu'il était en politique depuis 1985, lui qui a
participé au déménagement de son ministère à
17 000 000$, du G, c'est-à-dire de l'édifice à aller
jusqu'au bunker? Où était-il, cet homme, quand ils ont
décidé des impôts rétroactifs au mois de juillet
dernier? Rétroactifs à janvier? Il n'était pas dans le
gouvernement Bourassa, M. le Président? On dirait que le monde vient de
naître avec la venue de ce monsieur.
Et il nous parlait de la pensée magique. Je voudrais lui
rappeler, M. le Président, que son propre père, du nom de Daniel,
le même nom, avait exigé l'égalité ou
l'indépendance. Au lieu de rire de notre option politique, qui est la
souveraineté du Québec, il devrait se rappeler la douce
mémoire de son père qui recherchait l'égalité et
qui ne voulait pas marcher à genoux devant le fédéralisme.
Ça, il devrait au moins faire ça, comme chef, s'il veut
être respectueux des options politiques des autres. On peut ne pas les
partager, mais on peut les respecter. Et de la façon qu'il s'est
comporté, il ne la respecte pas, notre option, que son père
exigeait en cas de non-égalité vis-à-vis du
fédéral. Il y a des limites à laisser charrier un homme
sous prétexte qu'il veut faire de la politique à titre de chef.
M. le Président, on ne peut pas juger, en plus de ça, de l'option
politique d'un autre parti quand on n'en a pas. Il n'en a aucune, il est pour
le statu quo; à tout prix, à tout craindre, c'est le statu quo le
plus complet.
Où était M. Johnson, M. le Président, le mois de
mai dernier, quand le ministre des Finances, ici, a
décrété des impôts rétroactifs? Où
était-il? Où était ce même ministre,
président du Conseil du trésor, qui parlait de rigueur dans la
fonction publique québécoise et qui laissait augmenter de 4,1 %,
en moyenne, la croissance des dépenses publiques? Où
était-il, ce monsieur, ce nouveau ancien? Qu'est-ce qu'il faisait au
Conseil des ministres? Il ne donnait pas son opinion, M. le Président?
Comment ça se fait, ça? Comment ça se fait qu'il ne disait
pas ce qu'il pensait, dans un ministère aussi important que l'Industrie
et le Commerce et dans une fonction aussi importante que président du
Conseil du trésor?
M. le Président, voici ce que le Vérificateur
général écrivait, par rapport au Conseil du trésor,
l'évaluation des programmes du gouvernement. Qui était chef?
C'était M. Johnson. «Les objectifs ne sont pas clairs ? c'est
le nouveau premier ministre mais ancien membre du cabinet Bourassa qui
était là ? les résultats escomptés ne sont pas
précisés et les éléments de mesure et/ou les
indicateurs sont absents. Aucune indication ne vient baliser l'importance
relative des activités des programmes qui devraient être
évalués. Aucun échéancier n'est exigé. Cela
entraîne des coûts de 50 000 000 $ par année au seul
chapitre de la surclassification.» C'est le Vérificateur qui dit
ça. Du très renouveau qui semble avoir oublié son
passé. (16 h 40) m. le président, ça fait neuf ans qu'ils
sont là, presque, et on dirait que ce jeunot frais moulu va essayer de
nous faire oublier son passé comme membre d'un cabinet politique
où il s'est pris des décisions. où était-il au
conseil du trésor quand il a autorisé une route sur laquelle il
n'y a aucune maison pour jean-noël lavoie, ex-président sur votre
fauteuil, m. le président? où était-il, le
président du conseil du trésor, pour faire ça? il veut
nous faire oublier ça? c'est lui qui les sanctionnait au conseil du
trésor. où était-il, sa grande rigueur, pour faire payer
200 000 $ au groupe malenfant pour réaliser pin rouge en passant par le
programme de crédits touristiques, de prêts par le tourisme, de
subventions par le ministère du tourisme, sans qu'il n'y ait aucune
demande écrite déposée en cette chambre? où
était-il, ce président-là du trésor, sa grande
rigueur, m. le président, cet homme qui voulait couper 12 % de
fonctionnaires, 20 % de cadres au moment où il était ministre du
conseil du trésor, qui, aujourd'hui, oups! est contre les tickets
modérateurs? tant mieux pour les personnes âgées. tant
mieux pour les malades.
Là, sa nouvelle fonction lui a enlevé sa tendance à
couper. Là, il a une vertu très suspecte, M. le Président.
Là, il est devenu compréhensif vis-à-vis des malades,
vis-à-vis des personnes âgées. Tant mieux pour les gens du
Québec, mais n'essayons pas d'oublier ce qu'il a été. Un
homme qui renie son propre chef, comme il l'a fait antérieurement, qui
essaie de se distancer, de se dissocier même des décisions que le
gouvernement Bourassa a prises et auquel il appartenait, c'est un homme qui,
à mon point de vue, n'a pas le respect de celui qui l'a même
emmené en politique, qui l'a peut-être mis au monde, entre vous et
moi. Je comprends qu'il peut être en désaccord avec le
gouvernement Bourassa sur certains points, comme individu, mais il y a une
solidarité ministérielle qui existe et qui oblige un premier
ministre, à plus forte raison un gars qui a été dans sa
propre équipe, à avoir au moins une délicatesse minimale
pour celui qui lui a permis de venir en politique, soit dit en passant, M. le
Président.
M. le premier ministre a longuement essayé de ridiculiser M.
Parizeau. M. le Président, quand ce jeunot aura créé des
REER... Qui est à l'origine de la création des REER, au
Québec? C'est M. Parizeau. Qui est à l'origine de la
création des REA? M. Parizeau. Qui est à l'origine de la Caisse
de dépôt et placement, qui a constitué un capital de
quelque 40 000 000 000 $ et qui est un outil de développement
économique extraordinaire pour le Québec? M. Parizeau. Ce n'est
pas de la pensée magique, c'est des outils de développement.
Durant notre temps, à part ça, la SDI, qui avait contribué
à la mettre sur pied? C'est nous autres et M. Parizeau. Et on essaie de
dire qu'il y a une pensée magique dans ça? Non. L'imagination au
service du pouvoir, ça existe, c'est vrai, M. le Président, mais,
quand on n'a plus d'imagination pour aller même collecter l'argent qui
nous est dû et que la seule imagination que l'on a, c'est de couper dans
les services comme vous faites présentement, M. le Président,
ça, c'est vrai que les citoyens ne
sont pas dupes, puis j'espère qu'ils ne le seront pas, M. le
Président, en plus de ça. quand je vois ces gens-là dire,
m. le président: aïe! on vient de régler la question du
tabac, ils n'étaient même plus concurrents avec les
contrebandiers. il y avait 70 % de contrebande puis 30 % de perception. puis on
se gonfle le torse, on se pète les bretelles, en disant: on a
réglé la question du tabac. je comprends, on a abdiqué
devant les contrebandiers! depuis trois ans nous avons harcelé le
ministre de la sécurité publique en cette chambre pour lui dire:
écoutez, ouvrez-vous les yeux. les kodaks, les caméras, tout le
monde les voit faire des transactions illégales, puis vous n'en
arrêtez pas un. ils ont dit: on a réglé la question du
tabac. c'est qui qui a payé la facture, m. le président? des
impôts rétroactifs puis des taxes de 1 000 000 000 $. ce
gouvernement-là abdiquait devant ses responsabilités, puis sous
prétexte qu'il était fort, qu'il avait réglé le
tabac, il a imposé des taxes pour 1 000 000 000 $ aux citoyens. essayez
d'aller faire croire ça aux citoyens. on s'en va en élection
prochainement. essayez de leur dire que ça a été correct
de couper dans les services ou bien d'imposer des taxes, plutôt que de
percevoir les sommes dues.
C'est la même chose dans l'alcool présentement. Le
président de la SAQ, la Société des alcools, dit: Une
bouteille sur deux est vendue illégalement. Donc, c'est 350 000 000 $.
Vous allez couper dans quoi là, ou vous allez imposer quelle taxe?
À qui vous appartenez, ce gouvernement-là? Ça fait trois
ans qu'on vous dit ça. C'est rendu dans les parfums, c'est rendu dans
l'essence, M. le Président. On ouvre des postes d'essence: pas de
permis, pas de perception de taxes. On étudie. Nous allons le
régler. Quand la contrebande aura pris le dessus, on baissera les taxes,
puis on dira: On a réglé le problème. Qui va payer la note
entre-temps? Les citoyens du Québec.
On n'a plus les moyens d'avoir un gouvernement de même, M. le
Président. Et, quand je vois le nouveau premier ministre
désigné ? et non pas élu ? venir essayer de se
dissocier de l'image de ce gouvernement qui est en place depuis presque neuf
ans, je trouve que ça fait pitié, M. le Président.
Ça fait pitié! Et ça fait d'autant plus pitié qu'il
se dissocie ? manque de solidarité des décisions prises
antérieurement, à part ça, par le gouvernement Bourassa,
auquel il a appartenu ? et il n'était pas un junior, M. le
Président: il était à la fois, dans un premier mandat,
ministre de l'Industrie et du Commerce et, dans un second mandat,
président du Conseil du trésor. C'est des postes majeurs dans un
gouvernement. Et toutes ces folies qui se sont faites, là: Ah, c'est
Marc-Yvan Côté! C'est Lise Bacon! C'étaient tous des pas
bons, ça. Ils sont partis. Voilà, moi, j'ai repris le pouvoir. La
gang de pas bons est partie, je suis un homme neuf et j'ai une équipe
neuve.
Voyons, M. le Président! Le président du ministère
du Revenu, là, il était quoi, lui, avant? Il était au
Tourisme. C'est lui qui était là quand ils ont émis le
chèque de 200 000 $ au groupe Malenfant pour Pin rouge, alors qu'ils ont
pris ça dans un programme de promotion touristique. Où
était le ministre des Finances? Il était à la
Sécurité du revenu, et il a inventé tous ses boubous
macoutes pour aller poigner les petits fraudeurs, tout petits, mais il a
laissé faire tous les gros. C'est le même homme, ça, M. le
Président; il n'a pas changé de fraise, il n'a pas changé
de nom. C'est les mêmes personnes. Le ministre de la
Sécurité publique était aux Transports, à la
Voirie, à la «garnotte». Il est quoi, aujourd'hui? Il est
à la Sécurité publique. Il fait quoi pour les
contrebandiers? Avez-vous remarqué que c'est le même esprit? On
attend, on attend; le temps arrangera les choses, M. le Président. Mais
pire encore!
Dans le temps de M. Bourassa, on disait: Le gouvernement libéral
ne prend pas de décisions. C'était vrai, M. Bourassa avait cette
tendance à ne pas être trop vite pour prendre des
décisions. Actuellement, ils sont vites: le Collège de
Saint-Jean, il n'y a rien là, ce n'est pas grave; le lendemain, il y a
peut-être quelque chose à faire là; et le mercredi, ah,
là, il y a quelque chose à faire là! Ça, c'est noir
lundi, gris mardi, blanc mercredi. Qui a fait ça? Votre propre chef,
votre nouveau, celui qui a la pureté incarnée, qui n'a pas
participé à rien depuis neuf ans. Voyons, il est tout neuf!
M. le Président, le déficit, c'est catastrophique. Le
lendemain, c'est tolerable. Ça revient catastrophique.
«Maudine», où est-ce qu'on s'en va? C'est quoi? Vous seriez
mieux de revenir au moins à ce que M. Bourassa faisait, au moins vous
n'auriez pas eu l'air fou. Là, c'est volte-face par-dessus volte-face.
Les parcs et réserves, on s'en va en gestion. Hop! Les élections
s'en viennent. En septembre seulement, peut-être en octobre;
élisez-nous, et, après ça, on vous organisera la photo
dans les parcs et réserves. Ticket modérateur: il n'y en a plus.
Élisez-nous, après ça on en mettra à la tonne.
C'est ça que vous êtes en train de faire passer comme message, et
on n'est pas dupes.
On va le dire aux Québécois, et ce, quotidiennement, M. le
Président. Et on va leur dire, on va leur dire qu'il y en a un qui
renie; ou il a peur, ou il a honte de son passé dans une équipe,
pour certains qui ont peut-être honte de leur passé. C'est
peut-être vrai, après tout, qu'ils ont été neuf ans
mous à ce point-là et qu'ils n'osaient pas dire un mot. Mais
ça «peut-u» déceler quelle sorte d'hommes ou de
femmes que c'est, ça, quelqu'un qui, pendant huit ans, a subi les
contraintes d'un Robert Bourassa, ou encore d'une Lise Bacon, ou d'un Marc-Yvan
Côté? Ils étaient écrasés par ces gens, ils
ne pouvaient plus s'exprimer. Voyez-vous comment ils sont forts aujourd'hui?
Ils sont sortis de sous le joug de ce monde-là; ils sont devenus forts,
puissants, M. le Président. Et ça fait comme des alouettes; je ne
définirai pas la phrase, mais comme mon grand-père appelait:
C'est gris, c'est blanc, c'est noir, pas de problème; ça se
promène du noir, au blanc, au gris. Ils ont du plaisir comme des petits
fous, et ils s'imaginent que les Québécois ne remarquent pas
ça, ces folies-là? (16 h 50)
Vous êtes là depuis neuf ans, l'économie est
à terre. Vous avez coupé dans les services au lieu de
percevoir les taxes là où elles devaient être
perçues. Vous avez laissé instaurer une économie au noir
dans la construction, dans la contrebande de cigarettes, d'alcool, de parfum,
d'essence et de cocaïne, à part de ça. Vous avez peur de
cette gang de petits maffiosi, à toutes fins pratiques, qui terrorisent
même leur propre réserve. Vous craignez de donner l'image d'un
gouvernement dont la responsabilité doit avoir l'application de la
justice égale pour tous. On ne peut pas, quel que soit le gouvernement,
on n'a pas le droit de donner l'image de deux poids, deux mesures dans
l'application de la justice. Et vous avez laissé instaurer ça
depuis plusieurs, plusieurs mois, pour ne pas dire plusieurs années, M.
le Président. Et, aujourd'hui, ça vient faire les purs devant
notre motion de censure et ça s'en vient dire aux citoyens:
Écoutez, depuis le 11 janvier, voici comme on est grands, beaux, et
fiers, et forts. Bien, depuis le 11 janvier, tout ce qui a bougé, c'est
le nombre de chaises, puis c'est des sièges qui ont changé de
titulaire, mais c'est les mêmes personnes qui, depuis neuf ans, M. le
Président, ont laissé la situation se détériorer au
point où on en est rendu aujourd'hui.
Je regardais le premier ministre, sur le dernier point, annoncer avec
pompe ce matin 407 000000$ d'Hydro-Québec. Il était tout fier de
nous dire qu'il avait un projet. Il est prêt depuis 1989 à Hydro.
Il est fini, à tous les niveaux, depuis juillet 1993.
Hydro-Québec leur a poussé dans le dos à la mort.
Là, aujourd'hui, il arrive puis il dit: Voici 407 000 000 $ pour
créer des jobs. M. le Président, Hydro-Québec investira
500 000 000$ de moins en 1994 qu'elle n'a investis en 1993. Savez-vous
ça? Et ça, ça a l'air à de la pensée
magique. C'en est de la pensée magique, ça: 500 000 000$ de moins
que l'an passé. Il se gonfle le torse en disant: Je viens de
créer des jobs. S'il voulait créer des jobs additionnelles,
c'était à lui d'annoncer 500 000 000$ de plus que le montant des
immobilisations de 1993. Là, on l'aurait cru. Je ne suis pas contre le
projet, mais, M. le Président, il faut arrêter de berner les gens,
il faut arrêter de leur faire croire qu'ils sont des valises, puis qu'ils
ne comprennent rien, puis qu'ils sont bouchés. m. le président,
on a vu un petit peu neiger, nous aussi. et je peux vous dire une chose: si
c'est ce genre de discours d'un futur premier ministre qu'on entendra, en
essayant de s'approprier des idées neuves alors que c'est ressasser du
vieux en essayant de descendre le chef de l'opposition qui, lui, a fait preuve
d'imagination, de créativité, puis qui a doté le
québec d'outils... demandez aux gens de l'abitibi qui a
créé les accréditives puis qui a créé...
ça a baissé jusqu'à 3 % de chômage en abitibi, m. le
président, quand le ministre parizeau, ministre des finances, a mis sur
pied le régime des accréditives. aujourd'hui, on est à
plus de 20 % de chômeurs en abitibi. vous allez faire croire, m. le
président, qu'on a la pensée magique. on n'a pas la pensée
magique mais on a la volonté d'agir, nous, pas de l'écrire, pas
de l'écrire puis s'enfarger dans des engagements de 200 000 emplois
quand ça en prend 418 000 pour baisser le chômage de 5 %.
M. le Président, vous comprendrez que j'ai peut-être
été piqué au vif par le discours du premier ministre
désigné. Et j'ai hâte, j'ai très hâte,
très, très hâte qu'il en appelle au peuple, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le leader de
l'Opposition officielle, de votre intervention. Je rappelle aux membres de
cette assemblée que nous en sommes sur la motion de censure
présentée par M. le chef de l'Opposition officielle, et je
cède la parole à M. le ministre des Finances. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec attention l'intervention du chef de l'Opposition et
du leader de l'Opposition aussi. J'ai été surpris, M. le
Président, à plusieurs reprises, par ces propos qui
démontrent une analyse biaisée, partisane et même
erronée de la situation. J'ai donc l'intention, après ces longues
minutes de désinformation qu'on vient de nous servir, de remettre les
pendules à l'heure, comme on dit tout simplement au Québec, et de
dire très simplement aux Québécois et aux
Québécoises le fin fond de la vérité sur la gestion
de l'économie et des finances publiques réalisée par le
gouvernement libéral depuis 1985. On constatera, M. le Président,
que, ce qui va en ressortir, c'est une image nettement plus positive que celle
que s'est acharné à nous présenter le chef de
l'Opposition. d'entrée de jeu, m. le président, je crois
essentiel de rectifier l'interprétation que le chef de l'opposition a
faite de mes propos de la semaine dernière concernant le niveau du
déficit. d'abord, j'ai affirmé que, si le déficit
budgétaire de 4 700 000 000 $ maintenant prévu pour 1993-1994
m'apparaissait tolerable ? c'est le mot que j'ai utilisé dans les
circonstances ? c'est qu'il représente 2,9 % du produit
intérieur brut et qu'il s'agit là d'un pourcentage nettement
inférieur à celui observé ailleurs. par exemple, à
titre de comparaison, m. le président, le déficit
fédéral représente cette année 6,3 % du pib, et le
gouvernement fédéral nous a annoncé son intention de le
réduire, d'ici trois ans, à 3 % du pib. je vous signale, m. le
président, que nous sommes à 2,9 % du pib. de plus, m. le
président, à 2,9 % du pib, le déficit du gouvernement du
québec est également inférieur, en termes relatifs,
à celui de quatre autres provinces canadiennes: la nouvelle-ecosse
à 3,9 %, l'ontario à 3,4 %, l'alberta à 3,2 % et le
nouveau-brunswick, dont on parle, à 3,1 % du pib; et le québec,
vous vous en souviendrez, m. le président, il se situe, lui, à
2,9 % du pib, son déficit. le déficit du québec, m. le
président, est également inférieur, en termes relatifs, au
déficit du gouvernement américain qui, lui, se situe à 3,5
% du pib.
Mais, ce qui me surprend le plus, M. le Président, c'est
l'indignation manifestée par le chef de
l'opposition face au déficit actuel de 2,9 % du pib. lorsqu'ils
formaient le gouvernement, m. le président, les péquistes ont
enregistré les déficits les plus élevés de toute
l'histoire du québec. le déficit, m. le président, a
atteint, en 1980-1981, le niveau record de 4,8 % du pib et, en 1984-1985, de
3,8 % du pib. en fait, m. le président, quand on regarde les
statistiques pour les 24 dernières années ? on ne dira pas,
là, qu'on se limite à quelques années, là ? on
se rend compte que, si on va chercher là-dedans les 10 années
où le déficit a été le plus élevé par
rapport au pib, on se rend compte que le parti québécois, m. le
président, dans ses neuf années de gouvernement, a réussi
l'exploit d'en faire sept. sept des 10 plus élevés
déficits de l'histoire du québec ont été sous le
parti québécois. faut le faire, m. le président! en neuf
ans, ils ont réussi à faire sept des 10 plus élevés
déficits de l'histoire du québec, en termes de pourcentage par
rapport au pib. m. le président, heureusement que les
québécois ont maintenu le parti libéral au pouvoir pendant
15 ans au cours des 24 dernières années parce que, à ce
moment-là, m. le président, on serait littéralement en
faillite. sous le parti libéral, il n'y a eu que trois fois, dans ces 24
années, où nous avons fait partie des 10 déficits les plus
élevés en termes de pourcentage du pib. et, encore là, m.
le président, nous, on était dans la phase inférieure des
10, parce que les cinq plus gros déficits, premier, deuxième,
troisième, quatrième et cinquième, c'est sous le parti
québécois, m. le président, qu'on a connu ça, entre
1976 et 1985. faut le faire, m. le président! ils ont le championnat du
premier déficit, du deuxième, du troisième, du
quatrième et du cinquième. et le plus haut déficit qui ait
jamais été fait sous le parti libéral, on est en
sixième place, m. le président. alors, on n'a pas de
leçons à prendre de ce parti-là, m. le président.
il est assez contradictoire de voir que le chef de l'opposition et ses
collègues déchirent leur chemise, m. le président, devant
un déficit qui représente 2,9 % du pib, alors que c'est leur chef
lui-même qui est le père de tous les déficits records de
l'histoire du québec.
Mais nous n'en sommes pas là, M. le Président, à
une contradiction près avec le Parti québécois. Le chef de
l'Opposition se plaint du fait que le déficit du gouvernement du
Québec est trop élevé. Or, à plusieurs reprises
dans le passé, l'Opposition a reproché au gouvernement de nuire
à l'économie en réduisant justement trop le
déficit. Une porte, M. le Président, doit être
fermée ou bien elle doit être ouverte. L'Opposition ne semble pas
comprendre ça. Il va falloir que nos collègues d'en face
décident quelle est leur véritable position sur le
déficit. On ne peut pas à la fois blâmer le gouvernement,
M. le Président, d'avoir un déficit trop élevé et
s'opposer à ce qu'on prenne des mesures pour réduire le
déficit. Il faudrait peut-être, M. le Président, qu'on ait
un minimum de logique de l'autre côté de cette salle. (17
heures)
Nous avons assisté, au cours de la dernière heure,
à un exercice qui constitue, à toutes fins prati- ques, M. le
Président, un exercice de chiâler pour chiâ-ler, de la part
de l'Opposition. C'est peut-être amusant à regarder, mais ce n'est
certainement pas de cette façon-là, M. le Président, qu'on
va bâtir une société dynamique et prospère. Et la
population du Québec saura, j'en suis convaincu, le reconnaître au
moment voulu.
Comme je l'ai indiqué, M. le Président, jeudi dernier
devant la commission parlementaire du budget de l'administration, le
déficit budgétaire de 4 700 000 000 $ qui est maintenant
prévu pour l'année courante est essentiellement attribuable
à des revenus budgétaires inférieurs aux prévisions
qui avaient été faites lors du dernier discours sur le budget. M.
le Président, par ailleurs, je le rappelle, le niveau des
dépenses, quant à lui, est identique à celui qui avait
été prévu lors du dernier budget. Il s'agit là
d'une preuve additionnelle de la bonne gestion des finances de l'État
réalisée par notre gouvernement.
Nous avons tout mis en oeuvre pour autofinancer les dépassements
qui ont été observés au cours de l'année, de sorte
que le montant des dépenses dans le dernier budget sera respecté,
M. le Président. Selon toutes les vérifications que j'ai pu
faire, il n'y aura pas de dépassement dans les dépenses du
gouvernement pour l'année courante.
J'aimerais maintenant, M. le Président, si vous le voulez bien,
consacrer quelques minutes de mon intervention aux conclusions qu'on a
tirées sur les intentions du gouvernement concernant le déficit
budgétaire pour les prochaines années. Lors du budget de mai
dernier, mai 1993, le gouvernement a proposé à la population un
plan rigoureux visant à éliminer le déficit des
opérations courantes en quatre ans et à atteindre même
l'équilibre budgétaire en cinq ans. Cette politique
découlait de consultations intensives réalisées au cours
de l'hiver dernier dans le cadre, notamment, d'une commission parlementaire
spéciale sur le financement des services publics au Québec.
Contrairement à l'interprétation que certains ont faite de
mes déclarations de la semaine dernière, si le déficit de
4 700 000 000$ apparaissait tolerable en 1993-1994, cela ne signifie aucunement
que le gouvernement a l'intention de laisser le déficit à ce
niveau pour l'an prochain ou même jusqu'à la fin des temps; bien
au contraire, M. le Président, c'est notre conviction, de ce
côté-ci de la Chambre, que le maintien des finances publiques en
bon ordre demeure la contribution la plus importante qu'un gouvernement puisse
apporter à la croissance économique, afin qu'elle soit solide et
durable. C'est cette conviction-là qui a guidé nos
décisions depuis le 2 décembre 1985 et c'est cette
conviction-là qui va nous guider lorsque nous prendrons nos
décisions lors de la préparation du prochain budget.
Au risque de déplaire aux représentants de l'Opposition
officielle qui ont entrepris, il faut le dire, M. le Président, une
campagne de désinformation sur les intentions du gouvernement en
matière de gestion de l'économie et des finances publiques,
j'aimerais réaffirmer l'engagement pris par notre gouvernement, l'an
dernier, d'équilibrer le plus rapidement possible le solde des
opérations courantes, c'est-à-dire de cesser d'emprunter pour
payer l'épicerie, d'éliminer le déficit budgétaire
et, ensuite, de réaliser des surplus afin de commencer à
rembourser la dette du gouvernement. Je le répète, M. le
Président, pour ceux qui n'ont pas compris, notre gouvernement prendra
les décisions et posera les gestes nécessaires afin de laisser en
héritage à nos enfants et à nos petits-enfants des
finances publiques saines.
Cependant, M. le Président, comme nous en sommes à la
première année de notre plan quinquennal et que nous ne voulions
pas risquer de nuire à la reprise économique encore si fragile
jusqu'à tout récemment, nous avons décidé, pour
l'année courante, devant des rentrées fiscales moins
élevées que prévu, de laisser augmenter le déficit
par rapport à l'objectif du dernier budget plutôt que de prendre
des mesures additionnelles de réduction des dépenses ou
d'augmentation d'impôt ou de taxes. Je suis convaincu qu'il s'agit
là de la décision la plus appropriée dans les
circonstances. Les coupures de dépenses de 1 800 000 000 $
réalisées en 1993-1994, c'est-à-dire cette année,
sont déjà les plus élevées de toute l'histoire du
Québec, et le fardeau fiscal ne saurait être augmenté
davantage.
Ose-t-on nous blâmer d'avoir tenu compte de la situation de
l'économie et de ne pas avoir accru les coupures de dépenses ou
de ne pas avoir augmenté les impôts comme l'avait fait le Parti
québécois en novembre 1981? Rappelons que le chef de
l'Opposition, M. le Président, qui était alors ministre des
Finances, avait doublé la taxe ascenseur sur l'essence, la faisant
passer de20%à40%.
J'ai dit tantôt que nous maintenons notre engagement
d'éliminer le déficit. Lors du dernier discours sur le budget, le
gouvernement s'était fixé comme objectif de réduire le
déficit à 4 100 000 000 $ cette année et à 3 300
000 000 $ l'an prochain. Compte tenu que le déficit sera plus
élevé que prévu cette année, nous devrons sans
doute revoir notre objectif pour l'an prochain. Mais il demeure clair que le
déficit sera réduit l'an prochain par rapport à
l'année courante. Il reste à déterminer l'ampleur de la
réduction qui devrait être substantielle mais qui devra tenir
compte de l'état de l'économie et du niveau actuel du fardeau
fiscal. Cela fait partie des décisions que nous aurons à prendre
dans le cadre de la préparation du prochain budget, et qui seront
rendues publiques à ce moment-là.
La motion de censure, M. le Président, qui a été
déposée par l'Opposition, mentionne que les politiques
économiques et budgétaires de notre gouvernement depuis 1985
auraient été un échec. Voilà encore, M. le
Président, un bel exemple de l'offensive de désinformation
menée par l'Opposition à des fins strictement partisanes et
électoralistes. Comme je vais le démontrer, les politiques
économiques et budgétaires de notre gouvernement sont un franc
succès, et les déclarations de l'Opposition reflètent le
vent de panique qui souffle présentement sur le Parti
québécois suite à la défaite cuisante de leur
candidat vedette dans le comté de Shefford il y a deux semaines. Nos
collègues d'en face sentent que le vent est en train de tourner, M. le
Président, que le tapis se dérobe sous leurs pieds, et ça
leur fait dire des choses qui ne sont tout simplement pas vraies, M. le
Président. Et ça, la population le sait, et elle aura l'occasion
de le reconnaître haut et fort au moment opportun.
Mais attardons-nous un moment, M. le Président, sur les
politiques économiques mises de l'avant par le gouvernement. Bien que,
dans une économie ouverte comme celle du Québec, il soit
difficile de réduire le chômage sans une amélioration de la
conjoncture canadienne, et internationale, même, le gouvernement a,
à maintes reprises depuis 1990-1991, pris des mesures pour soutenir
l'emploi et l'économie. Par exemple, le gouvernement a
accéléré à plusieurs reprises l'investissement
public pour soutenir l'emploi, particulièrement dans les secteurs les
plus touchés par la conjoncture difficile qui prévalait alors,
comme, par exemple, l'industrie de la construction. Ces mesures ont permis
d'injecter 1 000 000 000 $ additionnels pour réaliser des travaux
d'investissement, notamment dans les réseaux de la santé, des
services sociaux, de l'enseignement supérieur et dans les
équipements culturels. Je vous le rappelle, M. le Président, 279
000 000$ dans le budget de 1990-1991, 311 000 000 $ en janvier 1991 et 395 000
000 $ additionnels en novembre 1992. (17 h 10) m. le président, ces
initiatives-là, elles ont porté fruit. les données que
statistique canada a publiées la semaine dernière
démontrent que ces politiques ont porté fruit. en effet, à
l'inverse de ce qui s'est produit dans le reste du pays, au québec les
investissements publics ont contribué à atténuer la
réduction des investissements et à soutenir l'économie et
l'emploi. ainsi, entre 1987 et 1993, les investissements du secteur public se
sont accrus de 10,9 % par année au québec, alors que, durant
cette même période, ils n'ont progressé que de 4 % par
année en ontario et de 2,7 % ailleurs au pays.
Les divers plans d'accélération des investissements
publics ont notamment permis de plus que doubler les dépenses de capital
réalisées par les institutions publiques
québécoises, soit de 731 000 000 $ en 1987 à 1 504 000 000
$ pour 1993. de plus, grâce aux investissements d'hydro-québec,
les investissements des entreprises publiques à vocation commerciale ont
également plus que doublé au québec de 1987 à 1993,
passant de 2 100 000 000 $ à près de 4 700 000 000 $. depuis
1985, le gouvernement a, de plus, consacré des énergies
considérables pour appuyer la modernisation de l'économie. par
ses actions, le gouvernement a accentué sa politique économique
pour réduire le chômage sur une base durable, accroître le
niveau de vie des travailleurs et aussi créer des emplois.
À cette fin, malgré le contexte budgétaire
difficile, des ressources financières importantes ont été
consacrées au soutien de l'économie et de l'emploi. Des mesures
majeures, la plupart inédites, ont été introduites
année après année. Elles ont pour but d'inciter les
entreprises à relever le défi de la compétitivité,
en investissant dans la formation de leurs employés, dans la recherche
et le développement, l'automatisation, le design, la commercialisation,
la qualité totale ou la participation des travailleurs.
Parallèlement, M. le Président, le gouvernement s'est
donné un ensemble de politiques, de stratégies, de plans d'action
et de mesures pour stimuler le développement industriel et technologique
et aider les travailleurs à s'adapter aux changements de
l'économie. Grâce aux gestes posés, le Québec
dispose maintenant d'un environnement très favorable au
développement de l'économie et de l'emploi et qui confère
aux entreprises qui investissent au Québec des avantages
indéniables. En matière de politiques économiques, le
bilan est impressionnant et la justesse des orientations prises est reconnue au
Canada et aux États-Unis. Les politiques du gouvernement produisent des
résultats encourageants, qui montrent la justesse de nos choix et qui
invitent à faire preuve d'optimisme quant à notre capacité
de résoudre nos problèmes économiques si nous maintenons
nos efforts et si nous unissons nos forces. grâce, m. le
président, notamment au crédit d'impôt à la
recherche et au développement, au fonds de développement
technologique et à innovatech du grand montréal, le québec
dispose d'une politique particulièrement vigoureuse en matière de
recherche et de développement. les données disponibles montrent
que ces interventions majeures donnent des résultats concrets. les
investissements des entreprises en recherche-développement ont
augmenté à un rythme deux fois plus rapide au québec qu'en
ontario, de 1986 à 1991, soit à un taux annuel moyen de 10,5 %.
le ratio des dépenses en recherche-développement est passé
de 1,39 en 1986 à 1,68 en 1991, alors qu'il a stagné en ontario
et au canada. le nombre d'entreprises qui réclament le crédit
d'impôt et, donc, qui réalisent des activités de recherche
a presque doublé entre 1987 et 1992 pour atteindre environ 2000. face
à ces bons résultats, il n'est pas surprenant que le conseil de
la science et de la technologie affirme, dans son rapport intitulé
«urgence technologie», qu'un des meilleurs appuis que l'état
peut donner aux entreprises en matière de recherche et de
développement est encore l'instrument fiscal, tel que le fait le
québec, m. le président.
Maintenant, au niveau de la main-d'oeuvre. Un des secteurs où le
gouvernement est intervenu le plus résolument est celui de la formation
des travailleurs. En accordant un crédit d'impôt aux entreprises
qui offrent de la formation à leurs employés, le gouvernement a
innové et a démontré sa nette détermination de
mettre fin au sous-investissement chronique des entreprises dans ce domaine.
Les résultats montrent que le gouvernement a effectué un bon
choix. Ainsi, près de 3000 entreprises se sont prévalues du
crédit d'impôt en 1992, soit près du double de 1991, la
première année complète d'application de la mesure. Les
données recueillies par la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre mon- trent
que cette tendance s'est poursuivie en 1993, alors que le nombre
d'autorisations émises a augmenté de 25 %. Entre 1990 et 1993, on
estime que près de 5 000 000 d'heures de formation auront
été ainsi données à près de 335 000
Québécois et Québécoises.
Pour compléter son action en matière économique, M.
le Président, le gouvernement a décidé d'intensifier son
appui à la création d'emplois. À cette fin, trois
initiatives majeures ont été annoncées dans le cadre d'une
offensive pour réduire les problèmes causés par la
persistance du chômage, qui affecte de trop nombreux
Québécois. C'est dans cette perspective qu'au cours des derniers
mois le gouvernement a pris des mesures d'envergure avec ses partenaires pour
appuyer la création d'emplois dès cette année et au cours
des prochaines années.
Le 30 novembre dernier, le gouvernement a rendu publiques une
série de mesures majeures pour remettre le Québec au travail.
À cette fin, en association avec ses partenaires
socio-économiques, le gouvernement a annoncé qu'il investirait
plus de 1 000 000 000 $ au cours des trois prochaines années en vue de
créer ou de soutenir 47 000 emplois. Les mesures proposées visent
un très large éventail de personnes et proposent des actions qui
font l'objet d'un large consensus. Elles accordent la priorité aux
projets qui respectent les priorités du développement
économique en région, créent des emplois pour les
chômeurs de longue durée et les travailleurs touchés par la
restructuration, favorisent l'emploi pour les jeunes et facilitent leur
transition sur le marché du travail, rehaussent les compétences
de la main-d'oeuvre, renforcent la politique québécoise
d'amélioration de la compétitivité de l'économie
par un soutien accru aux secteurs à forte valeur ajoutée et
à l'innovation technologique, facilitent l'accès des entreprises
aux marchés extérieurs.
Le plan d'action, M. le Président, a reçu l'appui quasi
unanime de la plupart des observateurs, des intervenants régionaux, des
représentants municipaux et aussi du milieu des affaires. Grâce
à la collaboration et à l'implication de tous les intervenants,
les mesures du plan d'action ont déjà presque toutes
été implantées, ce qui constitue une performance
remarquable, lorsque l'on considère que, dans les circonstances
habituelles, il faut compter au moins le double du temps pour mettre en place
de telles mesures. Bien plus, les projets déjà acceptés
dans le cadre des diverses mesures ont permis jusqu'ici de créer et de
soutenir directement près de 1000 emplois.
À cet égard, il faut souligner la contribution des fonds
décentralisés de création d'emplois qui sont responsables,
à eux seuls, de plus de la moitié de ces emplois. À la fin
de février, plus de 260 projets avaient déjà
été soumis aux fonds décentralisés dans les
régions. La performance des fonds décentralisés
démontre une fois de plus que le gouvernement a raison de faire
confiance aux régions et à ses partenaires pour remettre le
Québec au travail. (17 h 20)
De plus, M. le Président, en janvier dernier, le premier ministre
dévoilait un nouveau programme visant à encourager la
rénovation résidentielle, autant en milieu rural qu'en milieu
urbain. Selon la Société d'habitation du Québec, le
programme Virage Rénovation, d'une durée de un an, permettra
à 78 000 ménages d'effectuer des rénovations à leur
résidence, entraînera des investissements de l'ordre de 293 000
000 $ en travaux de rénovation et contribuera au soutien ou à la
création de près de 5000 emplois.
D'autre part, le 7 février dernier, le gouvernement du
Québec concluait une entente avec le gouvernement canadien pour la mise
en oeuvre au Québec du programme national d'infrastructures. Cette
entente est le fruit d'un effort concerté de la part des trois paliers
de gouvernement pour stimuler la création d'emplois au Québec. Le
programme infrastructures Québec permettra ainsi de réaliser des
travaux d'investissement urbain de près de 1 600 000 000 $, M. le
Président, répartis sur trois ans. Il permettra également
de stimuler rapidement et de manière significative la croissance
économique au Québec et de créer ou de soutenir plus de 20
000 emplois. j'ai dit, m. le président, la semaine dernière que
notre gouvernement était obsédé par la création
d'emplois. je crois que les gestes que nous avons posés depuis 1985 pour
mettre en place les conditions d'une croissance économique soutenue et
durable sont une preuve tangible de la détermination de notre
gouvernement de travailler au mieux-être de nos concitoyens. à cet
égard, l'évolution récente de l'économie a de quoi
nous encourager. en effet, m. le président, au cours des 12 derniers
mois, l'économie a continué de se raffermir graduellement. au
canada, le rythme de croissance économique s'est
accéléré de 0,07 % en 1992 à 2,4 % en 1993.
après avoir connu une croissance économique de 1,1 % en 1992, le
québec a également bénéficié d'une
accélération du rythme de son activité économique
en 1993. on estime en effet que l'économie québécoise a
connu une performance d'ensemble comparable à celle du pays,
c'est-à-dire environ 2,5 %, de même que celle qui avait
été anticipée lors du discours sur le budget de
l'année courante, c'est-à-dire de 2,6 %. globalement donc, la
situation économique se redresse graduellement, et le québec,
comme le canada d'ailleurs, connaît une performance supérieure
à celle de la plupart des grands pays industrialisés, à
l'exception des états-unis qui, eux, connaissent une croissance
économique de 3 % pour l'année 1993. la production a en effet
reculé, m. le président, en allemagne, en france et en italie,
alors qu'elle stagnait au japon. en outre, la remontée qui a
été observée au royaume-uni, de 2 %, est plus modeste que
celle observée au canada et au québec, qui se situe autour de 2,5
%.
Maintenant, M. le Président, sur le marché du travail, des
progrès ont également été enregistrés,
même si des gains de productivité ont effectivement freiné
la progression de l'emploi en 1993. Ainsi, depuis les creux atteints en 1992,
72 000 emplois ont été créés au québec, un
rythme qui se compare favorablement à celui de nos voisins, comme
l'ontario. cette province, avec une économie bien plus grande que la
nôtre, a, en effet, récupéré quelque 82 000 emplois
depuis la récession, c'est-à-dire à peine plus que le
québec. en d'autres mots, le québec a
récupéré jusqu'à maintenant 43 % des emplois perdus
depuis le début de la récession, alors que l'ontario n'en a
récupéré que 26 %. c'est une performance, m. le
président, que je qualifierais de remarquable. malgré les
progrès réalisés du côté de l'emploi, le taux
de chômage, quant à lui, demeure encore très
élevé, l'amélioration des occasions d'emploi et la
croissance démographique ayant accru la main-d'oeuvre. le taux de
chômage s'établissait à 12,9 % en janvier dernier, 0,2 % de
moins qu'en 1993. le maintien du chômage à un niveau
élevé n'est toutefois pas un phénomène unique au
québec. ce problème, il afflige la plupart des économies
industrialisées. ainsi, par exemple, le taux de chômage
dépasse 11 % au canada et atteint 10 % au royaume-uni, 12 % en france et
9 % en allemagne. maintenant, m. le président, quelles sont les
perspectives? la stratégie économique mise en place par notre
gouvernement viendra appuyer le renforcement additionnel de la croissance
économique que les experts du secteur privé anticipent pour 1994.
avec la baisse importante du dollar canadien, avec des taux
d'intérêt les plus faibles en 30 ans, avec la poursuite de
l'expansion américaine, avec, m. le président, l'inflation la
plus basse qu'on ait connue depuis une génération et l'amorce
d'une reprise outre-mer, les spécialistes prévoient, en effet,
que la croissance pourrait dépasser 3 % l'an prochain au québec
et au canada. des organismes internationaux des plus crédibles, tels que
l'ocde et le fonds monétaire international, prévoient même
une croissance de 3,8 % et de 3,7 %, respectivement. cette performance, qui
continuerait de placer le québec et le canada dans le peloton de
tête des pays industrialisés, contribuera à renforcer
davantage la création d'emplois et à réduire le
chômage. maintenant, sur le plan de la politique budgétaire, la
politique de notre gouvernement, depuis 1985-1986, est loin d'être un
échec, comme le prétendent les représentants de
l'opposition. je dirais même plutôt, m. le président, que
c'est un franc succès. de 1985-1986 à 1989-1990, notre
gouvernement a profité de la croissance économique favorable pour
accomplir des progrès significatifs au plan du déficit et de la
dette. ces progrès, ils ont été réalisés
grâce à une gestion serrée des dépenses, dont la
croissance a alors été limitée à seulement 0,7 %
au-dessus du taux d'inflation. ainsi, le déficit a été
réduit de 50 %, passant de 3 344 000 000 $ en 1985-1986 à 1 659
000 000 $ en 1989-1990. les besoins financiers nets du gouvernement ont subi
alors une diminution du même ordre, passant de 1671000 000$ en 1985-1986
à 816 000 000$ en 1989-1990. le solde des opérations courantes,
qui représente la partie dite des dépenses d'épicerie,
financées par
emprunts, a été pratiquement ramené à
l'équilibre en 1989-1990, alors qu'il était en déficit de
plus de 2 000 000 000 $ lorsque nous avons pris le pouvoir en 1985. C'est
ça que le chef de l'Opposition appelle un échec? Lui et moi, M.
le Président, nous ne consultons certainement pas le même
dictionnaire. (17 h 30) un autre exemple de succès. pour la
première fois depuis 1976-1977, notre gouvernement a réduit le
ratio de la dette par rapport au produit intérieur brut. sous le
précédent gouvernement, le ratio de la dette par rapport au pib
avait été en augmentation constante. il était de 13,4 % du
pib le 31 mars 1977 et il se situait à 29,4 % du pib le 31 mars 1986,
lors de notre prise du pouvoir, m. le président. on comprend mieux
pourquoi la population nous a confié la gestion des affaires de
l'état en décembre 1985. il fallait un gouvernement responsable,
et c'est précisément ce que nous avons donné au
québec. pour la première fois en plus de 10 ans, grâce
à la gestion rigoureuse des finances publiques effectuée par
notre gouvernement, le ratio de la dette par rapport au pib a été
réduit. il est passé de 29,4 % en 1986 à 27,9 % en
1989.
Cependant, M. le Président, en 1990, une récession a
frappé notre économie; pas seulement l'économie du
Québec mais aussi celle de l'ensemble du Canada, et l'économie
américaine aussi. Devant cette situation, notre gouvernement a
profité de la marge de manoeuvre que notre saine gestion nous avait
permis de rétablir de 1985-1986 à 1989-1990 pour mettre en place
une série de mesures de relance de l'économie. De plus, le niveau
du déficit a été ajusté de façon à
absorber l'impact de la récession sur les revenus et les dépenses
plutôt que de poser d'autres gestes qui auraient eu pour effet d'empirer
davantage la récession et de nuire à la reprise, au moins
à ses débuts. En conséquence, le déficit a
été augmenté de 1 659 000 000 $ en 1989-1990 à 4
932 000 000$ en 1992-1993. Cette année, M. le Président, en
1993-1994, avec la reprise économique, nous avions prévu
réduire le déficit à 4 145 000 000 $. À la
synthèse des opérations financières le 31 décembre
dernier, nous avons annoncé que le déficit s'établirait
plutôt à 4 700 000 000 $ pour l'année courante, soit une
réduction tout de même appréciable de 232 000 000 $ par
rapport à l'année précédente. Voilà une
gestion responsable des finances publiques. Avoir une marge de manoeuvre ne
signifie pas que le déficit n'augmentera pas lors d'une
récession. Avoir une marge de manoeuvre signifie plutôt que le
gouvernement est en mesure d'ajuster le niveau du déficit au contexte
économique en temps opportun.
J'avoue humblement que j'ai de la difficulté à comprendre
la logique de l'Opposition qui nous reproche, d'un côté, et c'est
écrit noir sur blanc dans la motion présentée devant cette
Chambre, d'avoir triplé le déficit et qui, d'autre part, nous
reproche de n'avoir pas assez fait pour aider la reprise économique au
Québec. Nos amis d'en face devraient consulter leur chef qui
déclarait en septembre dernier, selon un article du
Nouvelliste du 24 septembre, que ce n'était pas le moment
de réduire les déficits. Et, M. le Président, c'est le
même chef qui déclarait en 1989 qu'il fallait augmenter le
déficit.
Et, M. le Président, c'est quand même assez drôle de
voir cette déclaration du chef de l'Opposition; et j'ai ici la coupure
de journal, qui ne date pas des années quatre-vingt, M. le
Président, ça date du 23 septembre 1993, il y a à peine
cinq mois et demi: Jacques Parizeau est formel, dit le journal. Et on cite: Ce
n'est pas le temps de réduire les déficits. Et, M. le
Président, dans la conclusion, on citait M. Parizeau: Vous voyez
ça, le fédéral et le provincial, tous les deux ensemble,
en train de battre le déficit à mort. Ce n'est pas le moment. Ils
auraient dû faire ça il y a trois ans. Il faudrait qu'ils le
fassent dans deux ans, mais pas maintenant, a-t-il
réitéré. L'économie, c'est comme bien d'autres
choses, selon lui, ce n'est pas du dogme ou de la religion, mais du timing.
M. le Président, si je comprends bien ce que nous dit le chef de
l'Opposition, il faudra attendre encore deux ans avant de commencer à
réduire le déficit, ce qui va nous mettre en 1995-1996. Je ne
crois pas, M. le Président, que c'est ce que souhaitent les
Québécois. Et il nous dit également: Vous auriez dû
réduire le déficit il y a trois ans. M. le Président
? ha, ha, ha! ? il y a trois ans, le déficit, il était
réduit. C'est la plus grosse réduction. On était
pratiquement au déficit zéro, M. le Président, il y a
trois ans, exclusion faite, bien sûr, des dépenses capitales.
Alors, nous avons réduit le déficit il y a trois ans, M. le
Président, quand la conjoncture était bonne, mais, aujourd'hui,
nous n'attendrons pas deux ans avant de commencer à réduire le
déficit, puisque la conjoncture est en train de se replacer.
De toute évidence, M. le Président, il y a là un
manque de consensus sur les banquettes de l'Opposition. Je dirais même
que nos amis d'en face n'ont pas une idée très claire de ce
qu'ils veulent faire avec le Québec. Quant à nous, nous avons une
vision claire de ce que nous voulons offrir aux Québécois: un
gouvernement responsable, à l'écoute de la population,
obsédé par la création d'emplois et la croissance
économique, un gouvernement qui gère les finances publiques de
façon rigoureuse.
Notre vision du Québec, c'est une société
prospère, dynamique, mais en même temps compatissante à
l'égard des plus démunis, un Québec qui prend sa place
à l'intérieur du Canada et qui parle haut et fort pour
défendre les intérêts de ses concitoyens. C'est ça,
M. le Président, la vision de société que le Parti
libéral offre à la population du Québec. C'est une vision
du Québec dans la tradition du Parti libéral, un parti qui a
donné aux Québécois l'éducation gratuite, le
développement de nos richesses hydroélectriques,
l'assurance-hospitalisation, l'assurance-maladie, ainsi qu'une foule de
programmes sociaux qui définissent notre identité
québécoise et canadienne.
Alors que le Parti québécois nous dit que nos politiques
économiques et budgétaires ont été un
échec,
qu'en est-il des politiques qu'il a lui-même appliquées
lors de la récession du début des années quatre-vingt? en
1980-1981, m. le président, bien avant que la récession de
1981-1982 ne commence, le déficit budgétaire atteignait
déjà 4,8 % du pib, le record de tous les temps de tous les
déficits du québec. visiblement, m. le président, le
gouvernement d'alors n'avait plus aucune marge de manoeuvre pour faire face
à la récession. en 1981-1982, alors que la récession
commençait à faire sentir ses effets, le gouvernement a alors
imposé des hausses d'impôts et de taxes de plus de 1 000 000 000
$. peut-on appeler ça une politique responsable de gestion de
l'économie et des finances publiques?
Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, en 1985, nous avons
décidé d'adopter une politique budgétaire responsable et
mieux adaptée à la conjoncture économique d'alors. Le
déficit a donc été réduit à 1,1 % du PIB en
1989-1990, à la faveur de la reprise économique, de sorte que,
lorsque la récession est arrivée, la dernière, nous avions
la marge de manoeuvre nécessaire pour ajuster le déficit à
la situation de l'économie, et c'est ce que nous avons
décidé de faire. D'ailleurs, j'aimerais rappeler à nos
collègues d'en face, qui nous reprochent d'avoir laissé augmenter
le déficit, que le Québec n'est pas la seule province où
cela s'est produit. L'Ontario est passé d'un surplus budgétaire
de 90 000 000 $ en 1989-1990 à un déficit de 11900 000 000$ en
1992-1993. En 1993-1994, c'est-à-dire dans l'année courante, le
déficit ontarien sera encore à un niveau élevé,
soit à 9 500 000 000 $, ce qui représente 3,4 % du PIB.
Ça, c'est plus élevé que les 2,9 % du Québec, M. le
Président. (17 h 40) la colombie-britannique avait un surplus de 359 000
000 $ en 1989-1990. en 1991-1992, le déficit atteignait 2 400 000 000 $
et, pour l'année courante, il sera de 1 500 000 000 $. d'ailleurs, je le
répète, pour l'année courante, à 2,9 % du pib, le
déficit du gouvernement du québec est inférieur, en termes
relatifs, à ceux de la nouvelle-ecosse, qui est de 3,9 %, de l'ontario
à 3,4 %, de l'alberta à 3,2 %, du nouveau-brunswick à 3,1
% et du gouvernement américain à 3,5 %, m. le
président.
Maintenant, sur le plan de la gestion des dépenses, je crois
qu'il est important de rectifier les affirmations erronées et
exagérées de l'Opposition. La motion déposée par
l'Opposition parle d'une politique budgétaire qui a
entraîné des coupures aveugles de dépenses productives. M.
le Président, pour l'année courante, notre gouvernement a
appliqué des mesures de réduction des dépenses de 1 900
000 000 $ de façon à contenir leur croissance à 1,2 %.
Malgré l'ampleur de ces réductions, notre politique de
dépenses a été légèrement moins restrictive
que dans les autres provinces canadiennes. Je tiens à préciser
qu'il ne s'agit pas là de coupures de dépenses aveugles.
Dès janvier 1993, notre gouvernement a publié un document
intitulé «Vivre selon nos moyens» dans lequel il a
indiqué les grandes orientations à privilégier pour
réduire le fardeau... ou le niveau, plutôt, des dépenses
publiques. En mars 1993, le président du Conseil du trésor, et
maintenant premier ministre du Québec, M. Daniel Johnson,
précisait, au moment du dépôt des crédits, les
principales composantes de l'opération de réalignement des
dépenses et de l'administration publique mise en oeuvre par notre
gouvernement.
Compte tenu de ce que je viens de dire, on ne peut affirmer que notre
gouvernement applique des coupures aveugles. Notre gouvernement a
consulté la population. Le consensus qui s'est dégagé,
lors de la commission parlementaire sur le financement des services publics
tenue en février 1993, était à l'effet qu'il fallait
réduire les dépenses. En conséquence, nous avons
proposé à la population un objectif raisonnable pour les
prochaines années, c'est-à-dire de limiter la croissance des
dépenses de programmes à 1 % par année sur une
période de cinq ans, et ce, afin de redresser la situation
financière du gouvernement. nous avons aussi annoncé des gestes
précis, à court terme, et nous avons énoncé des
orientations précises pour les années à venir. nous avons
demandé une contribution des employés du secteur public, tant au
niveau salarial qu'en termes d'évolution des effectifs. nous avons
réduit de 30 % la taille du conseil des ministres. grâce à
l'application de ce plan quinquennal, il devrait être possible de ramener
l'importance des dépenses dans le pib à 21 % en l'année
1997-1998. c'est l'approche que nous privilégions pour assurer une
situation financière plus avantageuse et une croissance
économique plus rigoureuse et plus vigoureuse pour nos enfants.
Je suis vraiment surpris, M. le Président, d'entendre
l'Opposition nous parler de coupures aveugles de dépenses, alors que le
chef de l'Opposition représente un parti qui, pris de panique devant une
situation budgétaire qu'il ne pouvait plus contrôler, a
coupé les salaires des employés du secteur public de 20 % au
début de 1983 et a ramené les échelles salariales à
un niveau inférieur à celui existant à la fin de la
convention collective. Nos amis d'en face, M. le Président, c'est bien
évident, ont la mémoire bien courte. en terminant, m. le
président, j'aimerais souligner que la performance du québec sur
le plan de la gestion des dépenses se compare avantageusement à
celle des autres provinces. de 1985-1986 à 1992-1993, les
dépenses ont augmenté de 5,7 %, en moyenne, par année au
québec. dans les autres provinces canadiennes, elles ont augmenté
de 6,4 % par année. c'est grâce à notre gouvernement que
l'importance des dépenses budgétaires dans le pib, qui avait
atteint un sommet de 26 % en 1983-1984 sous le parti québécois, a
pu être réduite à seulement 22 % en 1988-1989. bien
sûr, sous l'effet de la récession, le ratio dépenses-pib a
augmenté à nouveau, mais nous avons pris les actions requises
pour le maintenir à un niveau inférieur au sommet atteint sous
l'ancien gouvernement.
Dans sa motion et dans son intervention de tout à l'heure, le
chef de l'Opposition fait les gorges chaudes sur les augmentations
d'impôt et de taxes que notre
gouvernement aurait imposées à la population. m. le
président, le chef de l'opposition serait plus crédible s'il ne
représentait pas un parti qui a fait bien pire que le gouvernement
actuel et qui a fait bien plus de dommages à l'économie du
québec. je prendrai pour exemple les hausses d'impôts et de taxes
annoncées par le chef de l'opposition officielle en 1981, alors qu'il
était ministre des finances. ces hausses d'impôts et de taxes
totalisaient 1 080 000 000 $, m. le président, à l'époque,
soit 1,27 % du pib. vous vous en souvenez, m. le président, de la taxe
ascenseur sur l'essence, doublée de 20 % à 40 %, de la taxe sur
la masse salariale payée par les employeurs, doublée de 1,5 %
à 3 %, de la taxe sur le capital augmentée de la moitié,
le taux est passé de 0,3 % à 0,45 %. sur une base comparable,
pour l'année courante, ces hausses d'impôts et de taxes
représenteraient 2 086 000 000 $, c'est-à-dire 1,27 % du pib du
québec en 1993. pour le bénéfice de tous ceux qui seraient
tentés de croire les exagérations de l'opposition, les mesures
d'augmentation des revenus annoncées en mai dernier par mon
prédécesseur, le très regretté gérard d.
levesque, représentaient 0,8 % du pib, soit un montant bien
inférieur à ce que le précédent gouvernement a fait
au pire moment d'un cycle économique, soit au début d'une
récession. d'ailleurs, m. le président, la plus grande partie des
mesures annoncées en mai dernier constituaient un resserrement de
dépenses fiscales et non pas une hausse générale du niveau
des impôts et des taxes, comme celle annoncée par le chef de
l'opposition en 1981, alors qu'il avait doublé la taxe ascenseur sur
l'essence, ou encore, comme en 1982, alors qu'il avait fait passer le taux de
la taxe de vente de 8 % à 9 %. il avait dit, à l'époque,
que c'était une mesure temporaire, sauf que c'est devenu une mesure
permanente au budget suivant. et c'est notre gouvernement qui a ramené
le taux de la taxe de vente à 8 %.
Par ailleurs, M. le Président, j'aimerais souligner les efforts
faits par notre gouvernement depuis 1985 pour favoriser les contribuables
à faibles revenus. Ainsi, le niveau de revenu à partir duquel
l'impôt commence à s'appliquer a été relevé
sensiblement depuis 1985. Par exemple, un couple avec deux enfants, qui devait,
en 1985, payer de l'impôt à compter d'un revenu de 10 000 $,
commence à en payer aujourd'hui seulement à compter de 26 320 $.
De plus, le régime d'imposition des particuliers a été
amélioré pour le rendre nettement plus compétitif qu'en
1985, tout en demeurant plus progressif que celui des autres provinces. Par
exemple, en 1985, un couple avec deux enfants devait payer plus d'impôt
au Québec qu'en Ontario dès qu'il gagnait plus de 19 492 $. En
1994, ce même couple québécois avec deux enfants paie plus
d'impôt au Québec qu'en Ontario, mais seulement s'il gagne plus de
47 701 $.
Il s'agit là de deux petits exemples qui illustrent très
bien, et d'une façon on ne peut plus percutante, la préoccupation
du gouvernement du Parti libéral pour les contribuables à faibles
revenus. (17 h 50)
Notre gouvernement a également pris, depuis 1985, de nombreuses
mesures fiscales qui témoignent de son engagement envers les familles
québécoises. C'est ainsi, M. le Président, qu'en 1994 les
familles québécoises avec enfants bénéficieront de
réductions d'impôt totalisant 1 265 000 000 $. En 1985, elles
bénéficiaient de réductions d'impôt pour un montant
de seulement 196 000 000 $. Le présent gouvernement a donc
multiplié par plus de six les réductions d'impôt consenties
aux familles québécoises depuis son arrivée au pouvoir.
Ces réductions d'impôt ont permis de faire passer le soutien
financier total du gouvernement du Québec à l'égard des
enfants de 814 000 000 $ en 1985 à 2 575 000 000 $ en 1994.
M. le Président, notre gouvernement, puis-je le rappeler, a
également mis en place tout un train de mesures fiscales qui favorisent
l'investissement, la recherche et le développement, la formation de la
main-d'oeuvre et le capital de risque. Ces mesures structurantes stimulent les
investissements des entreprises et constituent un apport capital pour le
développement économique du Québec. Enfin, il est
important de rappeler la réduction substantielle des taxes sur les
cigarettes qui a été annoncée il y a quelques semaines,
tout juste après l'entrée en fonction du nouveau premier
ministre. La réduction de plus de 11 $ des taxes provinciales sur une
cartouche de 200 cigarettes, jumelée à la réduction des
taxes fédérales, a permis de réduire le prix légal
de la cartouche de 47 $ à 22,73 $ et ainsi d'enrayer substantiellement
la contrebande du tabac sur le territoire du Québec, un problème
qui nécessitait une action vigoureuse et déterminée.
En conclusion, M. le Président, comme la population du
Québec est en mesure de le constater au terme de mon intervention, la
motion de censure présentée par l'Opposition officielle n'est
qu'un écran de fumée pour masquer la panique qui s'est
emparée de nos amis d'en face depuis leur défaite dans Shefford.
L'Opposition nous parle d'échec flagrant des politiques
économiques et budgétaires du gouvernement. J'ai
démontré que c'était plutôt l'inverse qui
était vrai. Nos politiques sont un franc succès, et elles
renforceront la reprise économique que l'on sent de plus en plus
robuste. L'Opposition a agité des épouvantails et accusé
le gouvernement d'avoir augmenté les impôts et les taxes, mais les
squelettes du gouvernement du Parti québécois sont sortis des
placards et sont venus les hanter, hanter l'Opposition. Nous avons vu que les
hausses de taxes imposées par le chef de l'Opposition officielle alors
qu'il était ministre des Finances étaient encore bien pires et
qu'elles avaient été imposées au pire moment qui soit,
c'est-à-dire au début de la récession, en 1981-1982.
Je termine, M. le Président, j'en ai pour 10 secondes.
L'Opposition nous parle de coupures aveugles dans les dépenses alors
qu'eux-mêmes, en 1983, ont coupé les salaires des employés
de l'État de plus de 20 %. L'Opposition nous accuse d'avoir
laissé augmenter le déficit alors que chef de l'Opposition
lui-même s'évertue depuis des mois à dire que le
déficit est trop
bas. M. le Président, il y a un manque de consensus et de logique
de l'autre côté de la Chambre. Quant à moi, je suis
heureux, M. le Président, d'avoir pu, pendant ces quelques minutes,
entretenir mes concitoyens des réalisations de notre gouvernement aux
plans de la gestion de l'économie et des finances publiques.
Et, en conclusion, M. le Président, je vous dirais que, ce qui
nous distingue de l'Opposition, c'est notre vision du Québec et notre
détermination à poser, jour après jour, les gestes qui
permettront à nos enfants et à nos petits-enfants de vivre un
avenir meilleur. C'est ça, M. le Président, agir dans
l'intérêt du Québec. Et je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
ministre des Finances. Alors, compte tenu de l'heure, les travaux de cette
Assemblée sont suspendus jusqu'à 20 heures, où nous
poursuivrons le débat sur cette motion de censure avec un
représentant de l'Opposition officielle.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président: Veuillez prendre place, s'il vous
plaît. Avant de poursuivre le débat, nous allons procéder
à la décision que j'avais annoncé que je rendrais
aujourd'hui.
Décision du président sur la
question
de privilège soulevée la veille
par le député de Lévis
Je vais maintenant rendre ma décision relative à la
question de privilège soulevée hier par le député
de Lévis.
Dans un avis qu'il transmettait à la présidence
conformément à l'article 69 du règlement, le
député de Lévis mentionnait que la députée
de Bellechasse et le député de Montmagny-L'Islet auraient commis
un outrage au Parlement en informant la population de sommes qui seraient
allouées par le ministère des Transports pour la programmation
1994-1995 concernant la construction du réseau routier et l'entretien
des infrastructures de communication dans leur circonscription respective, et
ce, alors que les crédits du ministère n'ont pas
été adoptés par l'Assemblée nationale.
Comme la question de privilège concerne deux
députés et que le député de Lévis a soumis,
à l'appui de sa question de privilège, des éléments
distincts pour chacun de ces députés, je traiterai distinctement
ces deux cas.
Afin de démontrer que la députée de Bellechasse a
commis un outrage au Parlement, le député de Lévis a joint
à son avis une copie d'un entrefilet du journal Le Soleil du 7
mars 1994. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un élément suffisant
permettant à la présidence de décider que la
députée de Bellechasse a commis, prima facie, une inconduite
outrageante pour l'Assemblée nationale et ses membres. De telles
allégations sont sérieuses et, même s'il revient à
l'Assemblée de déclarer s'il y a effectivement outrage au
Parlement, la présidence doit bénéficier de suffisamment
d'éléments pour déterminer si la question de
privilège paraît fondée à première vue. Un
article de presse qui ne rapporte pas intégralement les paroles d'un
député ne peut constituer un élément assez
sérieux pour appuyer une accusation d'une telle gravité.
Quant aux faits reprochés au député de
Montmagny-L'Islet, le député de Lévis a joint à son
avis un communiqué de presse émis par une attachée
politique de celui-ci, ainsi qu'un article paru dans le journal Le Soleil
du 7 mars 1994. L'article de journal mentionne notamment, et je cite:
«Quelque 2 000 000 $ en subventions viennent d'être versés
aux chapitres du développement économique et de la
réfection des routes dans Montmagny-Sud, a fait savoir le
député de Montmagny-L'Islet...» Fin de la citation.
Cependant, le communiqué de presse est libellé fort
différemment. Il y est mentionné, entre autres, et je cite:
«Le député de Montmagny-L'Islet [...] souhaite informer la
population des montants alloués pour la programmation 1994-1995
concernant la construction du réseau routier et l'entretien des
infrastructures de communication dans le secteur de Montmagny-Sud.» Fin
de la citation.
C'est pourquoi je ne m'en remettrai qu'au communiqué de presse
émanant du bureau du député de Montmagny-L'Islet, qui est
le seul document auquel j'attribue une valeur probante. Il ressort de ce
communiqué de presse que le député de Montmagny-L'Islet a
informé la population des prévisions de dépenses du
ministère des Transports dans sa circonscription électorale pour
l'exercice financier 1994-1995.
Dans des décisions antérieures de la présidence de
l'Assemblée nationale, il a été établi que le
gouvernement peut informer la population des orientations qu'il entend prendre
et les soumettre ensuite à la considération de l'Assemblée
nationale. La présidence a déjà soulevé la
distinction entre l'étape de la prise de décision par le
gouvernement et l'étape de l'examen d'une décision de
l'exécutif par l'Assemblée nationale. Je vous
réfère à une décision rendue le 14 décembre
1990, au Journal des débats, les pages 6410 à 6412, et
à une décision rendue le 4 mai 1992, au Journal des
débats, pages 863 et 864.
Dans les circonstances présentes, nous sommes à
l'étape de la prise de décision par le ministère des
Transports et le député de Montmagny-L'Islet a informé la
population des intentions du ministère. Le ministère a
arrêté ses projets. Puis il les a dévoilés. Il reste
à l'Assemblée à lui accorder des crédits pour les
réaliser. Les mesures annoncées par le député de
Montmagny-L'Islet devront donc, pour se concrétiser, faire l'objet d'un
examen à l'Assemblée nationale lors de l'étude des
crédits budgétaires. Les députés devront alors
décider
s'ils appuient ou non les prévisions de dépenses du
gouvernement, y compris celles du ministère des Transports.
Dans une décision rendue le 19 mai 1992, je déclarais
prima facie irrecevable une question de privilège concernant la
Régie de l'assurance-maladie. La Régie avait émis un
communiqué s'adressant à des professionnels de la santé
pour leur faire part de modifications au Régime d'assurance-maladie
contenues dans un projet de loi encore à l'étude devant
l'Assemblée nationale. Je crois qu'il ne s'agit pas d'un
précédent pertinent pour les fins de la présente question
de privilège; les faits sont passablement différents. Dans le cas
de la Régie de l'assurance-maladie, cette dernière avait fait
l'annonce de mesures figurant dans un projet de loi encore à
l'étude à l'Assemblée nationale. Pour ce qui est du
présent cas, nous en sommes encore à l'étape de la prise
de décision par le gouvernement. Le député concerné
n'est donc pas intervenu de manière à entraver les
délibérations de l'Assemblée. Cette dernière aura,
au moment opportun, la possibilité de se prononcer en toute
liberté sur des crédits budgétaires que lui soumettra le
gouvernement pour l'année financière 1994-1995. (20 h 10)
En somme, on ne peut assimiler l'initiative du député de
Montmagny-L'Islet à un acte ou à une omission qui entrave
l'Assemblée ou ses membres dans l'exercice de leurs fonctions ou qui
tend à produire un tel résultat. Certes, le communiqué
émis par le bureau du député peut créer une
certaine confusion par manque de précisions sur les modalités
d'attribution définitive des crédits et pourrait même
s'avérer inexact dans la réalisation des travaux annoncés.
Mais de là à reconnaître prima facie qu'un tel geste puisse
constituer un outrage au Parlement, il y aurait un grand pas à franchir.
Il serait cependant souhaitable, dans des cas semblables, de mentionner
clairement qu'il s'agit de prévisions budgétaires du gouvernement
qui devront être adoptées par l'Assemblée nationale pour
être effectives.
Alors, pour les motifs énoncés précédemment,
la question de privilège soulevée par le député de
Lévis est, en conséquence, déclarée
irrecevable.
Affaires prioritaires Reprise du débat sur la
motion de censure
Et, sur ce, nous allons poursuivre le débat sur la motion de
censure présentée par M. le chef de l'Opposition et je vais
reconnaître immédiatement Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. À la fin de nos
travaux cet après-midi, M. le Président, nous avons eu droit
à un discours d'une heure du ministre des Finances qui, je ne sais pas
s'il l'a remarqué, avait réussi à faire fuir à peu
près toute l'assistance, y compris ses propres collègues, ici
à l'Assemblée. Mais, à cette occasion-là, le
ministre des Finances s'interrogeait sur la logique qui présidait
à cette motion de censure et il la remettait en cause, M. le
Président. Je voudrais simplement lui dire qu'une photo,
évidemment, une image, dit-on, vaut 1000 mots et vaut bien un discours
d'une heure. Et cette image a été publiée aujourd'hui par
le journal La Presse qui fait état de ce tollé de
protestation qui a suivi les déclarations complètement
contradictoires du ministre des Finances sur la nature du déficit
québécois, et je cite tout simplement ceci: «Le
déficit selon Bourbeau: la semaine dernière, tolerable; cette
semaine, inacceptable.» Ça, M. le Président, je crois que
ce n'est pas l'Opposition ou l'Assemblée; c'est toute la population du
Québec et les médias, l'opinion publique, finalement, qui a de la
difficulté à comprendre la logique du ministre des Finances et la
logique du gouvernement.
Le ministre des Finances a choisi la voie du «jovialisme».
J'ai pris en note quelques-unes de ses affirmations. Ça peut se
résumer à ceci: Les politiques économiques sont un franc
succès, ça va bien. Je cite les mots entendus: Tout est parfait,
résultats remarquables, performance encourageante, croissance
économique soutenue, croissance économique durable. Et,
évidemment, mon intention, ce n'est pas de prendre les 10 minutes que
j'ai pour essayer de répéter ce que, pendant une heure, on a
entendu. C'était lénifiant. C'est le mot exact, je crois, qui
qualifie le mieux ce que l'on nous a dit, M. le Président, sauf que, si
le gouvernement choisit de vivre dans les limbes, le drame, c'est qu'on
comprend que pas mal de nos concitoyens sont en enfer présentement. Et
ils sont en enfer parce qu'ils vivent une tragédie qui s'appelle le
chômage. Et ça, ça n'avait absolument pas l'air
d'intéresser de près le ministre des Finances. Je ne crois pas
qu'il en ait parlé quelques minutes seulement dans cette heure de
discours ronflant, et c'est là le drame.
Le drame, c'est ce dérapage qui se continue depuis des
années et ce dérapage qui nous a conduits à un douteux
championnat parce que, finalement, le reproche que l'on fait, et autant
l'Opposition que le chef de l'Opposition, ce n'est pas tant le niveau du
déficit; c'est qu'il n'a servi à rien parce que, finalement, le
championnat douteux qu'on détient, c'est celui du déficit, plus
celui des taxes et des impôts, plus celui du chômage. C'est le trio
qui devient insupportable dans une société, finalement, M. le
Président. Je le reprends: un déficit record de 5 000 000 000 $,
des taxes et des impôts records, un fardeau comme jamais auparavant les
Québécois n'ont eu à en porter, un chômage record,
445 000 prestataires de l'assurance-chômage à chaque mois, des
pertes d'emplois records.
Alors, faut-il parler de la région de Montréal et de
Laval, région que présidait l'actuel premier ministre? De cela,
il ne pourra quand même pas se dégager en prétendant que
c'était seulement le premier ministre précédent qui
portait des responsabilités. Il était le ministre responsable de
la région de Montréal. Il ne l'est plus depuis deux mois
seulement. Et quel est le bilan du premier ministre pendant ces quatre
années et demie? Une perte d'emplois nette de 103 000 emplois sur
l'île
de Montréal et l'île Jésus. Je vous parle, M. le
Président, d'emplois perdus. Au moment où on se parle, on compte
103 000 emplois de moins maintenant qu'il y a quatre ans. Y a-t-il un bilan
plus accablant que celui-là? Puis c'est celui qu'il ne peut pas remettre
à un autre. C'est ce bilan même qui est là pendant les
années où il a à présider les destinées du
Comité ministériel permanent de développement du Grand
Montréal.
Et s'ajoute à ça une situation absolument
désastreuse sur le plan de l'aide sociale: un record de 740 000
personnes à chaque mois. C'est, malheureusement, un championnat
inégalé que ce nombre de personnes sur l'aide sociale, qui
s'additionne à un nombre inégalé de prestataires
d'assurance-chômage. Et ça mène à quoi? Bien,
ça mène à ce que l'on sait: de la contrebande, du travail
au noir, de la fraude fiscale et puis du décrochage scolaire parce que
l'incidence de la pauvreté et du décrochage, elle est à 99
% dans toutes les études qui ont été
réalisées jusqu'à maintenant. C'est quoi, le
résultat à Montréal? Cinquante pour cent, un
élève sur deux qui ne termine pas son secondaire. Bien, c'est un
drame, ça, M. le Président, un drame!
Et encore faut-il simplement appeler le ministre des Finances et le
gouvernement à plus de compassion à l'égard des personnes
dont, justement, l'ensemble des forces vives du Québec. Et je parle de
ce nouveau mouvement qui, aujourd'hui même, a lancé un appel
à la mobilisation pour sortir le Québec de l'appauvrissement,
mouvement dans lequel on retrouve de l'Assemblée des
évêques aux syndicalistes, aux chefs d'entreprises qui disent:
C'est assez, ça ne peut plus durer, et qui nous tracent un portrait
complètement sombre de la situation en constatant que le
phénomène de l'appauvrissement ne cesse de s'étendre dans
notre société.
M. le Président, le gouvernement prétend qu'il n'y est
pour rien maintenant. Ça ne pourra pas durer, puis on comprend que,
dès que la population va pouvoir retirer au gouvernement la gestion des
affaires publiques, dès que l'occasion va lui en être
donnée, c'est évident qu'elle va en profiter, parce que ça
ne peut pas continuer au rythme où c'est parti maintenant.
Imaginez-vous que, depuis trois ans, après un recul de l'emploi,
en 1991, 68 000 de moins, en 1992, 33 000 de moins, la situation actuelle,
là, c'est encore plus décevant; c'est un troisième recul
consécutif de l'emploi à temps plein. Et la perte nette,
là, pour le Québec tout entier, depuis trois ans, de l'emploi
à temps plein, c'est 139 000, emplois disparus. Avez-vous idée de
ce que ça peut représenter? Bien, c'est l'équivalent d'une
ville comme Sherbrooke au complet. C'est l'équivalent de la
Côte-Nord en entier. C'est une partie importante de la Gaspésie.
Ça, c'est dès emplois qui sont disparus depuis trois ans, des
emplois à temps plein.
Et, finalement, on se rend compte qu'il y a des secteurs encore plus
touchés que d'autres: celui de la construction, avec, seulement l'an
dernier, une baisse de 12 000 emplois; celui du commerce, une baisse de 35 000
emplois, M. le Président. Et on comprend que l'ouverture des commerces
le dimanche, qui, prétendait le ministre de l'Industrie et du Commerce,
devait créer au moins 8000 emplois, n'a pas eu l'effet escompté.
Le moins qu'on puisse dire, au contraire, l'effet pervers, c'est que ça
a été une perte de 35 000 emplois pour l'année 1993
seulement. C'est évidemment une catastrophe qui est à porter sur
l'échec flagrant des politiques budgétaires, économiques
du gouvernement. Il ne peut quand même pas s'en laver les mains et
prétendre complètement à se déresponsabiliser d'une
situation qui a pourri depuis trois ans et demi. Je vous remercie, M. le
Président. (20 h 20)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, Mme la
députée. Voici, en ce qui a trait au droit de parole, la
répartition du temps. Il reste au parti formant le gouvernement 15
minutes; à l'Opposition officielle, il reste 30 minutes. Il reste
également 20 minutes à répartir si elles ne sont pas
utilisées par les députés indépendants et 20
minutes pour le droit de réplique. Quant aux indépendants, s'ils
ne s'expriment pas, à 21 h 5, je répartirai le temps de 20
minutes entre les deux formations politiques.
Je suis prêt à reconnaître un prochain intervenant.
M. le ministre de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la
Technologie.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. le Président.
En 1989, je me suis engagé en politique avec l'équipe
libérale de Robert Bourassa pour restructurer l'économie
québécoise. Avec détermination et courage, j'ai
consacré, comme tous mes collègues, toutes mes énergies
à mes fonctions de député, mais également à
celles de ministre de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la
Technologie. Comme député, j'ai été près des
gens. J'ai voulu être à l'écoute des besoins réels
des jeunes et des moins jeunes, des chômeurs, des différentes
personnes qui forment les familles monoparentales. Et j'ai entendu, de
façon très claire, ce que les gens nous demandaient à
court terme: du pain et du beurre. On voulait l'essentiel. Tous les
députés nous ont fait valoir les attentes légitimes de la
population.
Mais j'étais également, M. le Président, ministre
de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie. J'avais la
responsabilité, avec l'équipe ministérielle,
d'éviter que de cycle économique en cycle économique, sous
tous les gouvernements, on soit pris à créer encore, à
cause de décisions qui n'ont jamais été prises, du
chômage et du chômage. C'est ça, la réalité.
C'est ce qui s'est passé autant sous le Parti québécois,
en 1980-1981, lors de la crise économique. Donc, ce qu'on a
oublié trop souvent, et l'Opposition en a fait la démonstration,
aujourd'hui, dans ses critiques: encore des statistiques, toujours des
chiffres, mais on oublie, M. le Président, que, derrière des
statistiques et derrière des chiffres, il y a des personnes, des
personnes qui veulent regagner leur dignité et leur fierté.
C'est vrai que la durée du ralentissement économique que
nous vivons présentement, ça a été long; c'est vrai
que le taux de chômage est totalement inacceptable; c'est
également vrai qu'il y a 450 000 familles sur la sécurité
du revenu, 750 000 personnes, au total 1 200 000 personnes qui ne contribuent
pas à l'effort collectif. On voudrait nous faire croire que cette
nouvelle préoccupation de société, c'est uniquement une
préoccupation du Québec; c'est une préoccupation des
autres provinces canadiennes, c'est une préoccupation
nord-américaine, c'est une préoccupation européenne et
ça s'en vient, M. le Président, une préoccupation
asiatique.
Donc, il y a des questions de fond que nous avions à nous poser
pas uniquement au niveau d'une croissance économique; il y avait
l'équilibre à atteindre avec les finances publiques. Comme tout
ménage, comme toute personne dans la société doit regarder
ses dépenses, doit assurer des revenus, doit, dans la mesure du
possible, convaincre une institution financière ou, des fois, un ami
afin d'avoir accès à des ressources financières pour
passer à travers des moments difficiles, bien, le gouvernement est
obligé de vivre la même situation. Et ça n'a pas
été facile. Ça n'a pas été facile de tenter
d'équilibrer des dépenses, des revenus et, évidemment,
parce qu'il y avait trop de dépenses, un déficit.
Et nous en sommes arrivés à la conclusion, comme
gouvernement, que c'était important, les équilibres des finances
publiques, mais la seule façon dont on pouvait les atteindre, c'est en
créant de la richesse, c'est de créer un environnement favorable
pour que le Québec puisse se remettre au travail. Pas que le
gouvernement remette le Québec au travail, mais que le gouvernement
crée un environnement favorable pour que le Québec puisse se
remettre au travail. Et on a réussi, quoi qu'en dise l'Opposition,
à inculquer l'importance à la population de comprendre que
l'État-providence doit céder sa place à un nouvel
État qui va accompagner les partenaires économiques dans une
nouvelle croissance. donc, on a également réussi à
inculquer des nouvelles valeurs dans la société, des valeurs qui
nous ont permis d'être ce que nous étions: l'entraide, la
solidarité, le respect, la confiance, la discipline et le travail bien
fait. et nous avons réussi. c'est vrai qu'il y a eu de la taxation, m.
le président, on le reconnaît. c'est vrai également que la
taxation est rendue à l'extrême limite. mais ce qu'on oublie de
dire, c'est que la très grande partie de cette taxation, de ces
ressources financières additionnelles, le gouvernement l'a
redistribuée à la population. entre 1990 et 1993, le gouvernement
a injecté 3 000 000 000 $ dans l'économie
québécoise, et ceci, dans toutes les régions du
québec. il faut ajouter à ceci un accroissement de 30 % des
investissements d'hydro-québec, lesquels ont atteint 4 100 000 000 $ en
1992 et 4 400 000 000$ en 1993. pourquoi, m. le président? pour soutenir
31 000 emplois. l'aide à la construction et à la
rénovation domiciliaire: 1 900 000 000 $ d'investissements
générés et 20 000 emplois soutenus. les investissements
dans les entrepri- ses en difficulté: des aides financières
totalisant près de 200 000 000 $, allouées à plus de 500
entreprises maintenant et créant 23 000 emplois. on a parlé
beaucoup également du grand montréal, m. le président,
mais on a voulu valoriser pleinement les ressources humaines. notre
gouvernement a été sensible à des initiatives de promotion
locale par la création de 3650 emplois dans le grand montréal. et
l'expérience a été tellement concluante qu'elle a
été étendue récemment à l'ensemble de la
province, et nous anticipons une augmentation de 25 %.
Les travailleurs licenciés. On a été sensibles, M.
le Président, aux travailleurs licenciés. La preuve, c'est qu'en
1993-1994 2561 travailleurs licenciés ont participé à au
moins une activité pour leur permettre une période de
réadaptation.
Le 30 novembre 1993, M. le Président, de nouvelles mesures de
soutien et de création d'emplois dans un contexte budgétaire
excessivement difficile. La taxation a servi, entre autres, à annoncer
un programme de 1 000 000 000 $ qui va assurer, au cours des trois prochaines
années, la création de 47 000 emplois, dont 35 000 la
première année. Depuis un mois, il y a déjà plus de
1000 emplois de créés dans le Fonds décentralisé de
création d'emplois, dans le Programme de soutien à l'emploi
scientifique et également dans le programme Jeunes Promoteurs.
Le 7 février 1994, le Québec et le gouvernement
fédéral ont signé une entente d'une valeur de 1 600 000
000 $ en vue de réaliser des travaux d'infrastructures qui permettront
le maintien de 8000 emplois et la création de 12 000 nouveaux emplois
sur une période de trois ans.
Et, parallèlement à tous ces efforts à court terme,
pour répondre aux attentes légitimes des travailleurs et des
travailleuses, le gouvernement du Québec a posé des gestes
concrets pour améliorer la compétitivité des entreprises
en privilégiant la capitalisation des entreprises, la formation des
ressources humaines, la qualité totale, un meilleur climat de travail,
le développement technologique, le développement des
marchés, le tout dans le respect de l'environnement. (20 h 30)
Et on a su, M. le Président, le faire avec la complicité
de tous les intervenants économiques, que ce soit les
représentants des travailleurs et des travailleuses, les travailleurs et
les travailleuses, les représentants des associations patronales, le
milieu universitaire, le milieu de l'enseignement, que ce soit le primaire, le
secondaire et le collégial. Pourquoi? Parce que c'était important
de changer la culture et de dire aux intervenants que l'attitude, les
mentalités devaient changer pour ne pas que les gens comptent toujours
et éternellement sur le gouvernement. C'est ça qui explique la
situation dans laquelle nous sommes. C'est que, dans le passé, quels que
soient les partis politiques, toutes les fois que quelqu'un demandait quelque
chose au gouvernement, on disait: Oui, voici. On émettait des
programmes, des chèques, des aides financières.
Aujourd'hui, ce que nous disons à nos partenaires, en plus des
mesures concrètes de création d'emplois, c'est que nous sommes
toujours prêts à vous aider, mais, maintenant, l'évolution
rapide doit venir de la base. Et, ce qui est encourageant, M. le
Président... C'est ça qui a été difficile, parce
que l'équipe ministérielle, pendant quatre ans, a su, envers et
contre l'Opposition, maintenir un discours positif de création d'emplois
? je viens d'en faire la preuve ? mais, surtout, un discours qui a
créé des effets bénéfiques en ce moment. Les
entreprises s'intéressent davantage à la formation. Plus de 8000
entreprises ont adhéré à la charte de la qualité
totale. Les contrats sociaux que l'Opposition a ridiculisés font boule
de neige, plus d'une trentaine ont été signés. La culture
technologique est assurée maintenant au Québec. En 1993, les
exportations, pour cette seule année, ont augmenté de 20,4 %, et
les entreprises comprennent davantage que c'est important de moderniser les
équipements de production.
M. le Président, des exemples concrets, est-ce qu'il en existe?
Oui, il en existe, des exemples concrets, des entreprises qui ont compris
l'importance de la création d'emplois. Récemment, il y a quelques
jours, on annonçait un projet majeur de 168 000 000 $ avec Cana-dair, la
création de 350 emplois, sans compter les 100 emplois additionnels qui
vont être créés, M. le Président, par les petites et
moyennes entreprises, dans toutes les régions du Québec. La
veille, nous annoncions une multinationale suédoise qui créait 70
emplois. C'est tellement important, M. le Président, cette
multinationale, que je voudrais rappeler au chef de l'Opposition que, pour lui,
c'est futile de parler à des investisseurs, parce qu'on n'a pas besoin
d'investissement au Québec. La compagnie Camco, la consolidation de 800
emplois. La compagnie Inglis, la création de 125 emplois additionnels
dans Montmagny. Les jeunes, on en a parlé souvent, des jeunes, mais
comment se fait-il que, dans le sud-ouest de Montréal et dans l'est de
Montréal, les jeunes peuvent nous dire, de façon très
claire aujourd'hui, que les PME, grâce aux sociétés d'aide
aux jeunes entrepreneurs du nord et de l'est de Montréal, ont
réussi à créer 153 emplois au cours de la dernière
année, dont 130 à temps plein, M. le Président?
Et laissons parler les médias. Qu'est-ce qu'on a dit
récemment? Un boom économique en Gaspésie. L'endroit que
vous ridiculisez trop souvent. Boom économique en Gaspésie, 575
emplois créés ou maintenus sur la rive nord de la
péninsule. L'industrie bioalimentaire, dans toutes les régions du
Québec, qu'est-ce qu'on dit de l'industrie bioalimentaire? Elle a
enregistré, en 1993, son meilleur bilan des 10 dernières
années. Pourquoi? Une augmentation d'emplois de 2 %, uniquement au cours
de la dernière année, M. le Président. Et ce qu'il y a de
plus encourageant, c'est que la mobilisation, maintenant, vient de la base,
parce qu'on a su, comme gouvernement, maintenir à court terme la
création d'emplois et, surtout, de permettre à des intervenants
régionaux de se prendre en main. La preuve, aujourd'hui, dans le
journal: La Fondation de l'entrepreneurship,
Défi Emplois. C'est une initiative où le gouvernement
accompagne, avec une contribution de 150 000 $ du ministère de
l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie, la Fondation pour
la création d'emplois.
Et, M. le Président, combien de fois l'Opposition a
ridiculisé les grappes industrielles? Et, aujourd'hui,
l'Assemblée des évêques ainsi que 20 personnalités
de la province, vos amis d'en face, associés avec les
évêques du Québec, le porte-parole, un des auteurs du
document, Mgr Bertrand Blanchet, l'archevêque de Rimouski, avec
compassion, avec détermination et avec dynamisme, a dit ceci, M. le
Président: Je crois que le gouvernement est là pour essayer de
créer des conditions favorables. Le gouvernement a sorti de ses missions
traditionnelles, et le ministre de l'Industrie, Gérald Tremblay, essaie
de donner, à travers ces grappes industrielles, des grandes
orientations, M. le Président.
M. le Président, ce n'est plus nous qui parlons, ce sont les gens
qui représentent les petites gens. Et nous allons continuer d'agir avec
l'équipe libérale de Daniel Johnson pour la création
d'emplois et, surtout, pour permettre à toute la population du
Québec de contribuer avec dignité et avec fierté à
l'édification d'une société porteuse d'avenir.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, nous poursuivons
le débat sur cette motion de censure du chef de l'Opposition officielle,
et je cède la parole à M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. M. le
Président, depuis le début de ce débat sur cette motion de
blâme que le chef de l'Opposition a mise devant l'Assemblée pour
condamner l'échec flagrant des politiques budgétaires et
économiques du gouvernement libéral, nous avons eu droit
d'entendre un trio; le premier ministre, l'actuel premier ministre qui
était le président du Conseil du trésor du gouvernement
jusqu'à il y a deux mois; le ministre des Finances, qui vient d'arriver
à son poste depuis deux mois, lui aussi, qui en remplace un autre qui a
infligé son fardeau de taxes aux Québécois; et le ministre
de l'Industrie et du Commerce qui vient de nous parler mais qui était
responsable de la SDI et responsable du ministère de l'Industrie et du
Commerce. Vous avez là un trio qui a touché aux affaires
économiques du gouvernement depuis quatre ans et demi. Ces
trois-là ont été au coeur de l'action économique du
gouvernement depuis trois ans et demi.
M. le Président, quand j'écoutais tout cela, je voyais
qu'on essayait de traduire une espèce d'attitude jovialiste par rapport
à la situation. Je la sens depuis quelques semaines dans les rangs
libéraux. Oui, je les vois, tout va bien tout à coup. Ils sont
devenus jovialis-tes. Oui, mais, M. le Président, je pense que la
population du Québec ne devrait pas se laisser prendre à cette
attitude de dernière minute et juger le gouvernement
actuel sortant sur son bilan des dernières années. En
quelque sorte, ce à quoi nous assistons, c'est au chant du cygne de ce
gouvernement. Et c'est ce que traduit cette attitude jovialiste, un chant du
cygne. alors, m. le président, prenons-les les trois ensemble, ou un par
un si l'on veut. l'actuel premier ministre, qui a été aux
commandes du gouvernement comme président du conseil du trésor,
quel est son bilan? j'ai ici un tableau tiré de la page 58 de
«vivre selon nos moyens», qui a été sa bible au cours
des mois de janvier, février 1993. qu'est-ce que ça donne?
ça donne que les dépenses du gouvernement ont augmenté de
l'inflation plus 3 % pendant qu'il était là comme
président du conseil du trésor; 3,4 % alors que, dans le mandat
précédent, elles avaient augmenté de moins de 1 %, que
dans le dernier mandat du parti québécois elles avaient
augmenté de moins de 1 %. et il faut retourner aux années
soixante-dix pour retrouver un tel bilan. on pourrait trouver toutes sortes de
chiffres pour démontrer la mauvaise gestion du président du
conseil du trésor, qui vient de devenir premier ministre du
québec, premier ministre désigné, pas élu encore,
parce qu'on attendra pour ça. (20 h 40)
Mais il y a eu plein d'éléments que nous pourrions
relever, par exemple qu'il a augmenté le nombre de fonctionnaires de
5000 à l'intérieur du gouvernement à l'heure actuelle tout
en confiant des contrats de gestion à des firmes privées,
à côté. C'est ce qui fait que les dépenses ont
continué d'augmenter. Et les dépenses ont augmenté,
d'ailleurs, encore plus dans les dépenses non salariales, autres que
salariales, que dans les salaires. C'est peu dire, M. le Président,
parce que ça veut dire que ça a augmenté de façon
considérable, et, à chaque fois, il nous parle évidemment
de l'assistance sociale, puis du service de la dette. Le service de la dette
qui a augmenté, c'est leur responsabilité; la question de la
reprise économique, c'est aussi, en bonne partie, leur
responsabilité, quoique je ne la leur attribue pas toute, mais en bonne
partie. Et, le reste, c'est très typiquement leur mauvaise gestion. On
pourrait faire le tour.
M. le Président, le président du Conseil du trésor
a un triste bilan. Il est heureux pour lui qu'il soit sorti, lui-même, de
son dossier comme président du Conseil du trésor, parce qu'il
aurait à faire face à son propre bilan.
J'entendais il y a deux minutes, cinq minutes à peine, le
ministre de l'Industrie et du Commerce, lui aussi très jovialiste. Il a
commencé son discours en parlant d'un beau succès, un beau
succès. M. le Président, on va lui en parler de son beau
succès. Il y a eu un rapport du Vérificateur
général en 1990-1991 sur l'administration de la SDI. J'ai
rarement vu, rarement vu, sinon jamais vu, un rapport du Vérificateur
général du Québec aussi accablant, pour la gestion d'une
société d'État et pour le ministère, que celui que
nous avons eu à ce moment-là. Le ministre n'aime pas que je lui
lise des passages de ce document, mais il est toujours là aux archives,
et il est toujours présent. Il fera partie du bilan actuel du
gouvernement. Il a réorienté lui-même la SDI pendant qu'il
en était le président-directeur général, entre 1985
et 1989. C'est lui qui est responsable avec son titulaire d'alors, l'actuel
premier ministre du Québec, ex-président du Conseil du
trésor. Toujours le même trio à l'oeuvre, M. le
Président. Nous y reviendrons. Le même trio à l'oeuvre!
Qu'est-ce qu'ils ont fait? Les articles 7, les décisions
gouvernementales administrées par la SDI sont passées de 30 %
à 70 %, des grosses affaires politiques, des décisions du Conseil
des ministres. Par exemple, la subvention à M. Malenfant est
passée par là. La subvention à Donohue Matane est
passée par là. Donohue Matane, beau cas, beau cas que tous les
Gaspésiens connaissent. Il en parlait tout à l'heure, de Donohue
Matane: usine neuve dans la ouate. À l'heure actuelle, elle ne
fonctionne pas. Ça a coûté au moins 125 000 000 $ au
gouvernement, plus d'autres affaires à REXFOR et d'autres pertes non
encore enregistrées.
Aujourd'hui, les prêts à la PME, d'ailleurs faits sur des
bases non rationnelles économiquement, de la façon dont ils les
font, de la façon dont ils les administrent, sont passés de 70 %
à 30 % du bilan de la SDI. Quel est le résultat, M. le
Président? Des dettes à la SDI qui atteignent maintenant 1 200
000 000 $ sur 1 500 000 000 $ d'actifs. C'est ça, son bilan, au ministre
de l'Industrie et du Commerce! Des mauvaises créances difficiles
à chiffrer, mais au moins 500 000 000 $, probablement plus près
de 700 000 000 $, parce que le prêt fait à la Donohue, qui n'est
pas enregistré encore comme mauvaise créance, est-ce qu'il sera
vraiment récupéré quand on vendra la Donohue Matane, si on
arrive à la vendre? Entre 500 000 000$ et 700 000 000 $ de mauvaises
créances sous la direction, la gestion de ce ministre de l'Industrie et
du Commerce, titulaire de la SDI. C'est ça, son bilan, M. le
Président!
Le ministre des Finances, M. le Président, le ministre des
Finances, je l'ai entendu avant le souper qui disait qu'il y avait une panique.
Bien, M. le Président, s'il y en a un qui est paniqué, c'est lui.
C'est lui! Il l'a montré depuis une semaine. Jeudi, le déficit,
c'était tolerable, ce n'était pas grave. On a eu un ministre des
Finances jovialiste. En fin de semaine, quand la presse financière a
pris conscience de ce qu'il avait dit, ça a été un
tollé dans tous les journaux du Québec. Partout, partout! Il y a
quelqu'un qui lui a parlé, il y a quelqu'un qui l'a mis au courant des
orientations de son chef, parce que, comme tout le monde l'a vu à la
télévision avant Noël, il ne les connaissait pas. Mais il y
a quelqu'un qui l'a mis au courant des orientations de son chef, de ce document
gouvernemental qui a été étudié en commission
parlementaire et qui disait que, le déficit, il fallait le baisser, le
régler. Alors, attitude jovialiste, jeudi, mais il s'est repris cette
semaine à la sauvette en disant que non, maintenant, c'était
inacceptable. Vous aviez un ministre version jovialiste, la semaine
dernière; cette semaine, on a un ministre version poquée. C'est
ce qu'on a vu dans les journaux ce matin.
M. le Président, quand il parle du déficit,
5000000000$, 4700000000$, 5000000000$ l'an dernier, ça finira
très probablement au-dessus de 5 000 000 000 $ ? on entend parler
de 5 300 000 000 $, disons 5 000 000 000 $ ? on oublie de dire que le
fardeau fiscal des Québécois a augmenté de 4 200 000 000$
depuis quatre ans, 4 200 000 000 $, dû au prédécesseur du
ministre des Finances actuel. Et, lorsque l'on comptabilise tout cela, on
s'explique pourquoi l'économie du Québec prend autant de temps
à se sortir de la récession, récession qui a
commencé en 1990, que le gouvernement actuel a niée
jusqu'à la fin de 1991. Ce n'est qu'en décembre 1991 qu'ils ont
admis que, finalement, il commençait à y avoir une
récession. Durant tout ce temps-là, ils se sont
traîné les pieds.
Et, un mois ou deux avant les élections, ils vont venir essayer
de faire croire qu'ils font quelque chose. Exactement comme aujourd'hui, grosse
annonce de 407 000 000$ pour Hydro-Québec, mais après avoir
réduit le plan d'immobilisations, cette année, de 4 400 000 000 $
à 3 900 000 000 $. Et les 400 700 000 $ sont inclus, eux, dans les
dépenses de l'année de 3 900 000 000 $, mais sur trois ans.
M. le Président, c'est un chant du cygne auquel nous assistons,
c'est un trio jovialiste qui essaie de dire aux Québécois que,
malgré leur situation de chômage, à l'heure actuelle, tout
va bien. Eh bien, c'est faux, M. le Président. Qu'ils aillent en
élection, on verra. On verra bien.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Labelle. Alors, sur cette même question je
cède la parole, maintenant, à M. le vice-président de la
commission des institutions et député de Rouyn-Noranda?
Témiscamingue. M. le député, la parole est à
vous.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Il est important,
aujourd'hui, au moment où on vit les dernières heures avant la
prorogation de cette session, que nous puissions effectivement, à l'aide
de la motion déposée par le chef de l'Opposition, tirer un
certain bilan, M. le Président, parce qu'on va faire un trait sur une
certaine période de l'histoire qui a débuté en 1989, et on
va tenter, là, pour les jours ou pour les semaines à venir, de
compléter l'opération maquillage, l'opération de tenter de
redresser, de corriger l'image qui souffre de bien des difficultés.
M. le Président, lorsque je suis entré ici, à
l'Assemblée nationale, en 1989, nous venions de publier, au Conseil des
affaires sociales et de la famille du Québec, un document qui s'appelait
«Deux Québec dans un». Nous avions mis le doigt sur un
certain nombre de situations vécues par la population. Pas de la
théorie, pas des aperçus, pas de l'approximation, la situation
réelle vécue par l'ensemble des régions du Québec
ou encore par des milieux urbains qui étaient affectés par des
situations dramatiques d'un Québec qui littéralement se
brisait.
Le diagnostic que nous avons porté en 1989, M. le
Président, nous pourrions aujourd'hui refaire l'étude... nous
pourrions réinjecter dans ce document, à l'aide des mêmes
paramètres, les statistiques de 1993, et nous y trouverions un tableau
encore plus sombre.
M. le Président, il nous a été donné, la
semaine passée, à Montréal, de rencontrer le
président et l'équipe du Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Et qu'est-ce qu'on nous a présenté? Le ministre
de l'Éducation y a lui-même fait allusion aujourd'hui, je dirais
cette nouvelle carte de la «défavorisation» à
Montréal.
M. le Président, il n'y a rien d'amélioré dans la
situation. Nous sommes en face d'un gouvernement usé, d'un gouvernement
qui n'en finit plus de sortir les bouteilles de maquillage pour faire accroire
à la population que ça va bien, Mme la marquise, que le
chômage n'affecte pas les jeunes, qu'il n'y a pas d'agrandissement des
poches de pauvreté au Québec, que les milieux urbains sont pris
avec des situations de chômage dramatique. Vingt-trois districts sur 54
sur l'île de Montréal souffrent d'un taux de chômage
au-delà de 16 %, et nous n'avons pas encore parlé du taux
d'inoccupation, M. le Président.
Ce qu'il est convenu d'appeler, depuis les travaux de la commission
Rochon, le «t» de la pauvreté à Montréal s'est
transformé en un «U» majuscule, M. le Président.
Ça s'étend. Le mal s'étend. Le constat des forces
progressistes de la Conférence des évêques d'hier et les
discussions qui ont pris place aujourd'hui nous indiquent qu'il y a aggravation
du phénomène. Le Québec cassé en deux continue de
se détériorer. (20 h 50)
Le nouveau député de Bonaventure pourra nous parler de la
situation des jeunes, de la situation de l'emploi dans ce comté. Il
pourra nous dire comment ils continuent inexorablement de quitter les
régions du Québec, comment les régions se vident
littéralement, comment on vit des taux de chômage de 16 %, 17 % et
20 %. Du chômage, sans qu'on y additionne, M. le Président, les
individus qui sont aptes au travail et qui sont sans travail, qui n'ont pas
d'emploi. Le niveau de sous-emploi, M. le Président, dans les
régions du Québec, c'est 30 %. Les gens qui nous écoutent
ne croient plus aux balivernes, ne croient plus à ces beaux discours, ne
croient plus au maquillage de la réalité. m. le président,
on ne veut pas, dans ce gouvernement, lire la réalité comme il le
faut. on ne veut pas lire qu'à montréal, le taux moyen de
chômage, il est bien au-delà des 13 % de la moyenne. il y a des
poches de pauvreté. sur l'île jésus, il y a des poches de
pauvreté. allez à pont-viau, allez voir c'est quoi, les
véritables taux d'occupation. allez dans la région des
laurentides, dans le nord, vous allez voir les véritables poches de
pauvreté. allez en gaspésie. allez au saguenay-lac-saint-jean.
des taux, pour la région, de 17 % de chômage, qui cachent en
réalité des taux de 30 % d'inoccupation.
M. le Président, ce gouvernement a failli à la
tâche. Il n'y a pas une trousse de maquillage qui va
réussir à cacher la réalité, à
redresser, à corriger une situation dramatique. M. le Président,
on n'a pas corrigé les inéquités. On n'a pas
créé les emplois. On ne s'est pas comporté comme des bons
gestionnaires, comme on l'avait dit lorsqu'on s'est présenté
devant l'électorat en 1989. M. le Président, l'heure de la
sanction est arrivée. Nous devons non seulement dire ici, à
l'Assemblée nationale, la vérité des chiffres mais la
réalité de l'expression des personnes qui sont sans emploi, qui
ont perdu espoir dans notre société.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce peut bien nous dire que,
déjà, son super nouveau fabuleux programme de subventions de
relance a créé 1000 emplois à temps partiel dans le
Québec au cours des dernières semaines, M. le Président,
il ne s'agit que de recyclage. Pourquoi? Dans le domaine de la santé et
des services sociaux, on se rendra compte dans les heures qui viennent
qu'au-delà de 2000 personnes vont perdre leur emploi dans le domaine de
la santé et des services sociaux. Le Défi
qualité-performance, l'application de la simple loi 198, M. le
Président, dans le domaine de la santé et des services sociaux,
dans toutes les régions du Québec, je relève la gageure,
M. le Président, il y aura 2000 personnes qui vont être
affectées par des pertes d'emploi dans le réseau de la
santé et des services sociaux par la simple application de la loi
198.
Et on ne touchera pas n'importe qui, M. le Président. Vous allez
voir. On va découvrir dans les heures qui viennent, quand on aura
gratté le maquillage, que c'est les femmes, les statuts
précaires, les gens qui sont à temps partiel, qui n'ont pas de
sécurité d'emploi, qui n'ont pas de régime de
sécurité sociale, qui sont, la plupart du temps, dans un
très grand nombre de cas, en responsabilité de situation
parentale qui vont perdre leur emploi, qui vont se retrouver à la rue,
qui ne pourront plus compter sur un revenu dans le domaine de la santé
et des services sociaux parce que l'on a commencé à aller
récupérer de ce côté ce qu'on pense pouvoir donner
pour cacher la vérité et la réalité dans un autre
secteur d'activité, via le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. le Président, nous sommes en face d'un gouvernement de vire
capot. Nous sommes en face d'un gouvernement qui veut constamment tourner le
dos à la vérité. Il veut se faire accroire que la
population ne peut pas juger. M. le Président, on annonce, comme
première décision ? vous voyez, ça décrit
l'ensemble de la situation, la duplicité de ce gouvernement ? qu'on
ne déménagera plus l'Hôtel-Dieu. Pourtant, ce même
gouvernement s'était prononcé en avril 1992 de façon
unanime au Conseil des ministres, y compris le président du Conseil du
trésor d'alors. M. le Président, non seulement on dit qu'on ne
déménagera plus mais, 15 jours plus tard, on fait écrire
son sous-ministre à la Régie régionale de la santé
de Montréal-Centre et on dit: Ce n'est pas vrai. Ce n'était
qu'une blague. Non seulement on ne déménagera pas
l'Hôtel-Dieu mais, quant à sa rénovation, il faudra
attendre que nous décidions de son statut. Quand on l'envoyait dans le
champ à Rivière-des-Prairies, un statut universitaire, ça
nous permettait de développer le super bijou pour les amis, mais,
lorsqu'il demeure au centre-ville, ça devient une excuse pour
créer un comité pour étudier pourquoi on a pris la
décision de ne pas le déménager.
M. le Président, les Québécois et les
Québécoises auront bientôt à juger. La motion de
censure du chef de l'Opposition est un signal de ce que pense la population: 4
000 000 000 $ d'impôts; des coupures de services au niveau des soins
dentaires, des examens de la vue; des frais et des tickets modérateurs
dans la santé pour les personnes âgées au niveau des
médicaments; des coupures au niveau des services de
physiothérapie; des ententes secrètes qui permettent de couper
des services assurés. Ce gouvernement, M. le Président, doit
rendre compte au peuple. La motion du chef de l'Opposition décrit la
triste situation, et nous devons être en mesure de dire à cette
population: Tout cela, ce n'est qu'une opération maquillage, ce n'est
qu'une opération qui vise à redresser une image. Mais, M. le
Président, dans les sociétés, dans l'ensemble des
sociétés, dans l'histoire, on ne trompe pas le peuple
impunément et trop longtemps. Le verdict viendra bien tôt ou tard,
M. le Président, et nous souhaitons, pour notre part, que ce soit
bientôt. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député de Rouyn-Noranda?Témiscamingue. Et, sur cette
même motion de censure, je cède la parole à M. le
député de Portneuf.
M. Roger Bertrand
M. Bertrand: M. le Président, il me fait plaisir,
effectivement, de m'associer à l'Opposition pour appuyer cette motion de
censure inscrite par le chef de l'Opposition officielle à l'effet,
notamment, de condamner l'échec flagrant des politiques
budgétaires et économiques du gouvernement libéral, et qui
ont amené, au cours des dernières années, tout ce qui a
été déjà longuement décrit avec beaucoup de
pertinence par mes prédécesseurs.
M. le Président, le bilan dont on parle, et dont on a fait
état depuis maintenant quelques heures, résulte de ce que
j'estime être le leurre qu'a constitué l'orientation des
libéraux au pouvoir depuis maintenant neuf ans, ou presque, en ce qui
regarde la façon de faire ou d'envisager le développement
économique et social au Québec. Cette façon de faire,
cette orientation, ce leurre consistait, pour beaucoup, à s'appuyer,
semble-t-il, davantage sur les lois du marché et à parier que,
par la réduction du rôle de l'État notamment, on aurait au
Québec, finalement, en bout de course, plus de richesse, plus de vigueur
sur le plan économique, au bénéfice de l'ensemble des
Québécoises et des Québécois. Et on en retrouve des
indices de ce choix, je dirais a priori et presque idéologique, dans le
vocabulaire même que tiennent nos amis d'en face ? et l'exemple
vient de haut, puisque le premier ministre lui-même est le premier
à transporter un certain nombre de mots qui sont
révélateurs de son approche ? donc, dans le
vocabulaire de tous les jours, d'une espèce d'approche
néo-libérale, ou néo-conservatrice, on ne sait plus.
Le premier ministre nous parle, par exemple, imaginez, M. le
Président, du marché politique. Je pense que c'est
révélateur de l'esprit dans lequel travaille le premier ministre
et ex-président du Conseil du trésor dans le gouvernement
précédent, toujours libéral. De parler de marché
politique, ça me semble être vraiment décrire une
réalité pour le moins réductionniste dans la
société. Ce que d'ailleurs Michel David, dans une chronique du
Soleil d'aujourd'hui même, soulignait avec beaucoup de pertinence,
en disant: «Le premier ministre a utilisé mardi une expression
très révélatrice de sa personnalité et de la
façon dont il conçoit son rôle.» Et là il cite
le premier ministre: «"On est dans le marché politique" a-t-il
expliqué à l'Assemblée nationale.» Imaginez.
«C'est le même réflexe, continue M. David, qui lui avait
d'abord fait dire que le Collège ? on parle à ce
moment-là du Collège de Saint-Jean ? était avant tout
un actif qu'il importait de rentabiliser.» Alors, on parle
également qu'il a soutenu qu'il serait plus productif de s'assurer telle
et telle chose. (21 heures)
J'ai l'impression, souvent, M. le Président, et ce n'est pas que
j'en ai contre les comptables, au contraire, ils font très bien leur
travail, mais la gestion des affaires de l'État est beaucoup plus qu'une
question de comptabilité. Un autre indice, M. le Président, du
caractère très réductionniste de la façon dont on
voit le rôle de l'État dans la relance de l'économie et de
l'emploi, et dans la relance, également, sociale du Québec, c'est
une phrase que mentionnait le premier ministre, pas plus tard qu'aujourd'hui.
À une question que posait le chef de l'Opposition, le premier ministre
commençait sa réponse, et je cite, de la façon suivante:
Alors que nous avons à mettre en cause nos programmes sociaux...
Imaginez, encore là, cette seule phrase, ce seul petit bout de phrase,
jusqu'à quel point ça peut être l'indice de ce qui
constitue le choix fondamental de ce gouvernement et sur lequel il croit
pouvoir s'appuyer pour relancer le Québec sur le plan
économique.
On pourrait également évoquer, M. le Président, les
projets de ce gouvernement en ce qui regarde la privatisation. On voit
là, encore, la conséquence d'un choix de fond, d'une orientation
de fond, quant à la conduite de nos affaires. Encore là, quand on
parle de privatisation à tout prix, tel qu'en parle, semble-t-il, le
présent gouvernement, qu'on nous présente sous le signe de la
rationalité plutôt que pour ce que c'est, quand on en entend
parler de la part de ce gouvernement-là, c'est-à-dire de
l'idéologie... Je citerai simplement, M. le Président, un extrait
d'un article tout récent dans la Revue de droit d'Ottawa. On ne
peut pas dire que c'est une publication du Parti québécois, ou
d'un gouvernement, ou d'une opposition souverainiste: on parle de la Revue
de droit d'Ottawa. Un monsieur, Michael D. Wright, à propos d'une
critique, justement, d'exemple de privatisation, et je cite, M. le
Président, si vous me permettez: «Privatization as a policy
instrument is very much an ideological battleground, and a decision to
privatize can be interpreted as sending a clear ideological signal to a society
[...] It is the apparent neutrality of privatization [...] mat makes it such a
rhetorically powerful instrument. But privatization is more than just a
technical debate. Despite the veil of neutrality, even some neo-conservatives
agree that privatization "is more a political than an economic act".» On
se retrouve donc, essentiellement, M. le Président, devant un
gouvernement avant tout, je dirais, idéologique. jusque-là,
ça irait bien si les conséquences n'étaient pas aussi
dramatiques pour le québec. c'est un réductionnisme qui,
après neuf ans de régime libéral, nous a conduits, certes,
à des sommets, mais à des sommets de chômage, m. le
président: 13 %, à toutes fins pratiques au québec,
actuellement, alors que la reprise est bien prise ailleurs, de façon
vigoureuse. on stagne toujours, on amorce à peine une récession.
des sommets de déficit comme on n'en a jamais vu au québec, des
sommets, également, quant à la taxation. encore là, c'est
le fruit de l'action de ce gouvernement depuis tant d'années. des
sommets, également, je dirais, de démotivation, notamment chez
ceux-là mêmes qui devraient être les principaux partenaires
d'un gouvernement dans la relance de l'économie et de l'emploi. et je
parle, bien sûr, de toutes les compétences disponibles dans la
fonction publique, pour aider, justement, un gouvernement à voir clair
et à relancer l'économie. donc, des sommets partout, mais des
sommets dont il n'y a certainement pas lieu d'être fier.
En fait, M. le Président, le fond de ma pensée, quand je
fais le bilan, justement, de l'action libérale, depuis maintenant
presque neuf ans, je pense qu'on est devant une farce monumentale. Une farce
monumentale, comme disait, ou comme a déjà dit, à quelques
reprises, le chef de l'Opposition, pendant qu'on fait saigner les pierres,
qu'on fait peur à tout le monde, au niveau de la réduction, par
exemple, des dépenses de l'État, on se ramasse, en quelques
années seulement, en quelque quatre ans, avec 5000 fonctionnaires de
plus au niveau de la fonction publique. Alors, on tient un discours d'un
côté, mais on constate une réalité de l'autre. Des
dépenses d'épicerie qu'on continue, encore plus que jamais
auparavant, à financer à crédit, une croissance des
dépenses qui, malgré tous les discours qu'on nous a tenus, dans
les faits, représente IPC plus 3 % pendant trois ans. Des taxes qui,
bien sûr, de par leur nature et de par leur ampleur, empêchent la
reprise. Des revenus qu'on néglige d'escompter: imaginez, uniquement au
niveau de ce qui s'est passé du côté du tabac, de ce qu'on
perd comme argent du côté des alcools; regardez, uniquement le
travail au noir dans le domaine de la construction, on dépasse
déjà le 1 000 000 000 $. Je pense, M. le Président, qu'on
est devant un gouvernement pas très sérieux.
Un plan de relance qui est venu trop tard, au début de la
quatrième année d'une récession. Alors, c'est encore un
sommet, mais un sommet d'immobilisme. Un plan de relance qui comporte pour 30
000 000 $
de mesures, imaginez donc, pour relancer l'économie, alors que
dans les seuls ministères à vocation économique, cette
année, c'est plusieurs dizaines de millions de dollars qui ont
été effectivement enlevés des programmes qui servaient
essentiellement à relancer l'économie ou qui auraient pu
contribuer à le faire de façon notable. Et le premier ministre
sortant, juste avant les fêtes, nous disait, à sa manière
habituelle: Après, on verra. Le même genre, la même approche
de laxisme à laquelle nous avons assisté pendant tant
d'années.
Par-dessus tout ça, imaginez, M. le Président, que le
ministre de l'Industrie ? une minute seulement ? nous parle de
l'approche qualité, de l'excellence, de la qualité totale, et, en
même temps, on est le premier, dans ce gouvernement-là, à
carrément taper sur la tête de tout ce qui peut ressembler
à du public ou du parapublic, à taper sur la tête des gens
qui, normalement, devraient travailler et seconder ce gouvernement-là.
Je pense qu'on est loin, à ce moment-là, d'une véritable
approche qualité.
Donc, M. le Président, une véritable farce. Une
véritable farce parce que, quand on regarde les résultats par
rapport à ce qu'on prêchait, on constate que les deux choses ne se
ressemblent pas du tout. On va même plus loin, M. le Président.
Jusqu'à présent, on annonçait une chose et on faisait
souvent, sinon le contraire, des choses bien différentes, on
réalisait des choses bien différentes. Le ministre des Finances,
récemment, non seulement fait partie d'un gouvernement qui nous produit
ce genre de résultats, mais, en même temps, désormais,
commence à dire une chose et, en même temps, son contraire,
à l'intérieur, grosso modo, d'à peu près 48 heures
ou à peine davantage.
M. le Président, je pense que la motion inscrite par le chef de
l'Opposition est tout à fait justifiable, et il me fera plaisir, bien
sûr, d'y souscrire généreusement. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Portneuf. Alors, selon la répartition du temps
de parole, vu qu'il y a 20 minutes qui sont allouées aux
députés indépendants et je remarque qu'aucun
député indépendant n'a demandé la parole à
la présidence, alors je vais diviser le temps de parole de 20 minutes
entre les deux partis, soit la formation du gouvernement et la formation de
l'Opposition officielle, et je cède la parole à M. le ministre
délégué aux Services gouvernementaux et
vice-président du Conseil du trésor. M. le ministre.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président. J'aurai cinq minutes
pour parler sur cette motion, puisque je vais laisser cinq autres minutes
à notre collègue de Vimont. Évidemment, c'est très
peu de temps pour parler du fond de la motion, mais c'est minimalement le temps
dont j'ai besoin pour mettre en relief certaines des affirmations de ceux qui
m'ont précédé du côté de l'Opposition.
D'abord, le député de Portneuf nous disait que, de
façon idéologique, nous voulions privatiser, alors que, si on
regarde ce qu'on a fait, en termes de privatisation, depuis huit ans et
quelques mois, c'est fort peu de choses. Nous avons privatisé la
raffinerie de sucre du Québec, qui était un gouffre financier.
Nous avons privatisé Quebecair, qui était un autre gouffre
financier, alors, M. le Président, que nos adversaires, à la fin
de leur mandat, en 1984-1985, en étaient à privatiser la
Société des alcools. Je pense qu'on ne se rappelle pas trop de
ça, de leur côté. Nous nous sommes attardés à
privatiser des entreprises qui étaient des gouffres financiers, alors
qu'eux, de leur côté, le peu d'idées de privatisation
qu'ils ont eues au cours de leurs deux mandats, ça a été
de privatiser, de tenter de privatiser, parce que ça ne s'est jamais
concrétisé, la Société des alcools, qui est, M. le
Président, comme vous le savez, une des sociétés les plus
rentables au Québec, en termes de rendement et en termes de taxation.
Donc, M. le Président, ils sont bien mal placés, à ce
moment-ci, pour nous faire des leçons d'idéologie et encore moins
pour nous faire des leçons de privatisation.
Le député de Labelle nous a dit, de son côté,
que nous avions augmenté le nombre de fonctionnaires par 5000, mais il
ne nous a pas dit que nous avions été à Ottawa chercher de
nouveaux pouvoirs en matière d'immigration. Il ne nous a pas dit qu'on
avait été à Ottawa chercher de nouveaux pouvoirs quant
à la perception de la TPS. M. le Président, nos adversaires
péquistes, qui réclament tous les pouvoirs d'Ottawa, lorsque nous
négocions de bonne foi avec le gouvernement fédéral pour
rapatrier des pouvoirs, ils nous reprochent d'embaucher les gens pour faire le
travail. C'est de toute beauté! Ça a du bon sens, M. le
Président, c'est de toute beauté! Allez chercher des pouvoirs
mais n'engagez pas le monde pour faire le travail. C'est ça qu'ils nous
disent. Ils nous félicitent quand on règle avec Ottawa, ils nous
félicitent, mais ils nous reprochent d'engager les gens pour faire le
travail. C'est de toute beauté! (21 h 10)
M. le Président, le député de Rouyn-Noranda, de son
côté, lui, il disait que nous sommes un gouvernement qui change
d'idée parce que, dans le cas de l'Hôtel-Dieu, nous avons
changé d'idée. Mais, en y pensant bien, je pense qu'on peut dire
que ce sont eux qui ont, au Québec, le record en cette matière.
Rappelons-nous un petit peu ce qui s'est passé, M. le Président:
1980, 1981, surtout 1980, un référendum s'en venait, une
élection générale. Ils ont donné aux fonctionnaires
du Québec, à ce moment-là, 7 % d'augmentation par
année. Il fallait les garder de bonne humeur. perdu le
référendum, gagné l'élection, «slash»!
moins 20 %, m. le président, sur trois mois. ça, on appelle
ça changer d'idée pas à peu près, là, hein!
on appelle ça changer d'idée, m. le président, donner 7 %,
l'enlever. mais c'est encore mieux. eux, ils ont bouclé la boucle. es
ont donné 7 %, ils ont enlevé 20 % sur trois mois, mais, à
la veille de la dernière élection, ils se sont excusés
d'avoir fait ça. ils ont dit: on a donné
7 %, on a enlevé 20 %, on n'aurait pas dû enlever 20 %,
laisser 7 %. c'est ça qu'ils nous ont dit, à la veille de la
dernière élection, m. le président.
On n'a pas de leçon, à cet égard, à recevoir
d'eux, alors que de bonne foi nous prenons des décisions que nous
croyons les meilleures, M. le Président.
Le député de Labelle nous traite de jovialistes. Il faut
être jovialiste un peu, admettons-le, pour dépenser 700 000 000 $
dans l'amiante. Il faut être un peu jovialiste. M. le Président,
ces gens-là nous offraient, pendant la crise économique de
1981-1982, Opération solidarité économique, qui
était une opération de publicité à la
télévision, ils nous offraient Biron II, Biron I qui ne donnaient
pas grand-chose, tant et si bien, M. le Président, qu'il y a un de leurs
ministres, à l'époque, qui s'est appelé
«Panneau» Bertrand parce que ce qu'ils offraient aux
Québécoises et aux Québécois, c'étaient des
affiches un peu partout au Québec pour dire: On a créé
huit emplois parce qu'on a peinturé un pont.
M. le Président, c'est malheureusement tout le temps que j'ai,
mais j'aurais bien des exemples à donner pour réfuter les
allégations de ceux qui m'ont précédé.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
délégué aux Services gouvernementaux. Et, sur ce
même sujet, je cède maintenant la parole à M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, nos amis d'en face ont
commencé, depuis quelques jours, à parler du nouveau
gouvernement. Comme si on n'avait pas devant nous toujours la même
équipe qui essaie de nous faire croire que, de changer de chaise un
certain nombre de personnes, c'est faire qu'il y a autre chose que ce vieux
gouvernement qui essaie par tous les moyens de cacher ses échecs
économiques nombreux. Et ils en sont tellement convaincus, de leur
échec, qu'ils ont passé la barre des quatre ans de mandat; ils se
dirigent allègrement vers les cinq ans parce qu'ils savent bien ce que
la population pense d'eux, puis ils savent bien ce que la population a
l'intention de faire quand elle aura l'occasion de s'exprimer.
L'orateur qui m'a précédé a parlé de
privatisation. Je voudrais souligner, M. le Président, que ce n'est pas
rien de vouloir privatiser toute l'informatique du gouvernement, avec les
données que ça contient, et de ne fournir à la population
aucune étude sérieuse, de cacher les études qui
mènent à cette privatisation. D'ailleurs, le signe que ça
comporte des dangers, c'est que la Commission d'accès à
l'information s'inquiète de voir les données de la Régie
de l'assurance-maladie, de la Société de l'assurance automobile,
de Revenu Québec et de toutes ces données que le gouvernement
détient sur les personnes s'en aller en sous-traitance au privé
sans aucune garantie que les données confidentielles vont rester
confidentielles.
Et l'autre affaire qui n'est pas mince, ce sont les parcs qu'on veut
donner aux amis. Parce que c'est une fausse privatisation qu'on nous a
planifiée. C'est une privatisation que le gouvernement va continuer de
financer, mais les octrois de contrats puis les embauches vont cesser
d'être assujettis à des règles. Alors, dans ce
sens-là, ce gouvernement-là montre ses vraies couleurs et essaie
par tous les moyens, depuis quelques jours, de cacher son échec
économique patent.
J'ai eu l'occasion, récemment, de consulter un tableau de
Statistique Canada sur le nombre d'emplois à Montréal et à
Laval. On met Montréal et Laval ensemble à Statistique Canada. Le
nombre d'emplois disponibles en 1985 était de 980 000 et, à la
fin de 1993, c'était réduit à 884 000: une perte de 100
000 emplois, et ça affecte près d'un quart de million de
personnes. C'est ça, le résultat de la gestion que ce
gouvernement a faite. et la motion du chef de l'opposition parle des
échecs budgétaires aussi. on a augmenté les
dépenses de l'état de l'inflation plus 3 %, puis on s'achemine
vers un déficit de 5 000 000 000 $. et pas un seul orateur
ministériel n'a mentionné qu'une des sources du déficit du
gouvernement, c'est le trop grand nombre de chômeurs, parce que, un
chômage aussi considérable, ça prend des centaines de
milliers de personnes de la colonne des revenus de l'état, des gens qui
paient de l'impôt, et ça devient des personnes que l'état
doit assister, soit par l'assurance-chômage, soit par l'aide sociale.
dans l'est de montréal, ça se vit de façon cruelle depuis
nombre d'années. la pétrochimie a perdu quatre raffineries, puis
il faut faire du porte-à-porte dans montréal-est pour voir
l'appauvrissement que ça a causé de la population
environnante.
Le président du Conseil du trésor, désormais
nouveau premier ministre d'un nouveau gouvernement amélioré, un
peu comme les marques de savon ? là, où on nous dit
«le nouveau Tide» pour nous faire oublier peut-être que le
savon d'avant avait quelque inconvénient ? a fermé le
chantier naval de Vickers. Puis, là, à l'époque où
il était responsable de ce dossier, il a quasiment acheté le
chantier pour le fermer. Ça a été un nombre restreint de
mois avant de le fermer. Et, le résultat, c'est que le nombre de
chômeurs s'est accru dans l'est de Montréal comme dans toute
l'île, comme dans Laval, comme dans tout le Québec, dans le
fond.
Et, à cet égard-là, c'est un échec. Et,
chaque fois qu'un ministre vient faire du tourisme dans l'est de
Montréal, c'est pour nous dire, comme depuis des années, que
l'est de Montréal vit une reconversion industrielle. Bon, une fois qu'on
a dit ça, on n'a rien dit parce que, dans «reconversion», il
y a l'idée de passer à autre chose, puis le gouvernement n'a
manifestement aucune stratégie pour fortifier, par exemple, la
pétrochimie, pour avoir des industries de l'environnement qui fassent du
recyclage, pour trouver des créneaux puis se donner une
stratégie. Non, il n'y a pas de stratégie. Puis, dans la
population, la conséquence, c'est qu'il y a de moins en moins d'espoir
et que 24 des SI districts municipaux de Montréal comptent plus de 16 %
de chômage. Ça, c'est la réalité qu'on vit. Et
quelques
annonces, quelques discours jovialistes ne nous feront pas oublier que
ce gouvernement-là nous a mis dans la dèche au plan
économique, dans la dèche au plan budgétaire et que la
condition sociale des hommes et des femmes de cette société se
dégrade. Il faut faire du porte-à-porte dans une ville comme
Montréal pour s'en rendre compte, rencontrer des personnes où le
mari et la femme, tous les deux, ont perdu leur emploi dans la même
fermeture d'entreprise. Et, tranquillement, les gens s'acheminent d'abord vers
l'assurance-chômage où le fédéral coupe, puis
à l'aide sociale.
Il faut voir des gens, dans le porte-à-porte, du milieu de la
construction nous dire que, dans leur métier, il y a maintenant 500
personnes à l'aide sociale, ce qui est une situation inédite. Les
travailleurs de la construction ont toujours connu un chômage saisonnier,
mais ils connaissent maintenant la misère de l'absence de politiques de
ce gouvernement qui fait qu'ils en arrachent. (21 h 20)
Alors, M. le Président, je pense qu'on ne nous convaincra pas que
le nouvel ancien gouvernement du président du Conseil du trésor
rendu premier ministre, c'est quelque chose de nouveau qu'on a devant nous.
C'est le même gouvernement depuis quatre ans et demi, qui cherche
à nous faire oublier l'échec patent de ses politiques
économiques et budgétaires, échec qui fait qu'un grand
nombre de personnes se retrouvent au chômage, d'une façon
très considérable. Et je me joins à d'autres qui disent
que ce gouvernement-là, la dernière chose qu'il devrait faire,
c'est éteindre la lumière derrière lui puis aller au
peuple pour avoir le jugement de ceux qui prennent les décisions en
régime démocratique.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Alors, il reste cinq minutes de
temps de parole, avant la période de réplique, à l'auteur
de la motion, soit le chef de l'Opposition officielle, et je cède la
parole à M. l'adjoint parlementaire du premier ministre et
député de Vimont. M. le député, la parole est
à vous.
M. Benoît Fradet
M. Fradet: Merci, M. le Président. M. le Président,
j'entendais le député de Pointe-aux-Trembles parler du vieux, de
l'ancien, du nouveau et du renouveau du gouvernement. Je pourrais
peut-être dire au député de Pointe-aux-Trembles de regarder
la liste de candidats du Parti québécois et de voir quels sont
ceux et celles qui faisaient partie du vieux de l'ancien du nouveau
gouvernement du Parti québécois, et peut-être qu'on
pourrait se poser les questions, à savoir...
Des voix: ...
M. Fradet: On pourrait se poser les questions, à savoir
quel est le plus vieux gouvernement et quel est celui qui a le plus
endetté le Québec et qui a le plus mis le Québec dans la
dèche, comme vous dites, vos propres paroles, M. le Président,
les propres paroles du député de Pointe-aux-Trembles.
M. le député de Pointe-aux-Trembles disait qu'on est mieux
d'éteindre la lumière en arrière de nous. Je regarde la
motion du chef de l'Opposition, la motion de censure, et je me dis qu'encore
une fois les députés du Parti québécois se
promènent avec une lanterne dans le dos pour éclairer le
passé, mais, cette fois-ci, ils n'éclairent pas assez loin. Et,
si on regarde juste les statistiques à l'époque, on peut savoir
que, lorsque le Parti québécois a pris le pouvoir, il y avait une
dette accumulée de 5 000 000 000 $. Elle a quintuplé, le temps
que le Parti québécois était au pouvoir. Et, aujourd'hui,
on a le culot de venir nous dire qu'on fait une mauvaise administration et
qu'on a des mauvaises politiques budgétaires et économiques.
Alors, je pense qu'il faut regarder ce qu'on a fait aussi dans le passé
pour pouvoir mieux analyser ce qu'on fait aujourd'hui. Et, ça, c'est
important.
Et j'ai des découpures de journaux, M. le Président,
où le chef du Parti québécois, qui aspire à
être premier ministre et former le prochain gouvernement, nous dit que ce
n'est pas le temps de réduire les déficits, ce n'est pas le temps
de réduire les déficits. Il nous disait ça il n'y a pas
tellement longtemps. Il nous disait ça le 24 septembre 1993. Et, encore
là, il nous disait ça au mois de mai 1989: Parizeau aurait
haussé le déficit. Et, aujourd'hui, il vient nous critiquer sur
les politiques budgétaires et économiques que le gouvernement
libéral a mises en place pour la création d'emplois, pour
remettre le Québec au travail. Je trouve ça assez difficile
à comprendre.
J'écoutais le député de Joliette, qu'on appelle
ici, dans la Revue parlementaire, le «char d'assaut de Joliette et
le digne adjoint du chef de l'Opposition», qui nous disait que, de toute
façon, avec la souveraineté, la séparation ou
l'indépendance, on viendrait régler tous les problèmes, on
créerait, de toute façon, 800 000 emplois, minimum, qu'il n'y
aurait plus de problèmes budgétaires, et qui disait que, de toute
façon, l'indépendance, la séparation ou la
souveraineté, ça voulait tout dire la même chose. Alors,
j'ai pris une page du dictionnaire Petit Robert et j'ai regardé
ce que ça voulait dire, «séparer». Et
«séparer», ça veut dire: couper, détacher,
disjoindre, écarter et isoler, M. le Président.
Alors, ce n'est sûrement pas ce que le gouvernement libéral
veut faire, isoler les Québécoises et les
Québécois. Le gouvernement libéral ne veut pas isoler ces
gens-là; il veut plutôt leur redonner leur dignité. Parce
qu'il y a eu une conjoncture économique difficile qui ne se vivait pas
juste au Québec, mais partout au Canada et partout dans le monde, on ne
veut pas isoler les Québécoises et les Québécois,
mais, plutôt, on veut faire en sorte qu'ils retournent au travail et non
pas par la souveraineté, non pas en rapatriant toutes les dettes et tous
les déficits, mais en faisant en sorte qu'on ait des politiques fiscales
concurrentielles ici, au Québec, pour qu'il y ait des investissements
étrangers et en faisant en
sorte que, avec ces politiques fiscales là, nos entreprises
puissent concurrencer sur les marchés étrangers, que ce soit les
États-Unis ou autres. Parce qu'on sait que d'ici peu il y aura le
libre-échange, l'ALENA qui sera en vigueur, et nos entreprises devront
être concurrentes si on veut faire travailler nos
Québécoises et nos Québécois et non pas en brisant,
en isolant le Québec, comme M. le député de Joliette veut
le faire.
Et je pense que pour ma génération, M. le
Président, c'est important, parce qu'on va en payer, des dettes et des
déficits accumulés pour bien longtemps encore. Et ce qu'il faut
faire aujourd'hui, c'est redresser la situation directement. Et j'entendais
certains députés de l'Opposition qui nous disaient: On oublie les
politiques gouvernementales, on oublie notre chef. C'est complètement
faux. On n'oublie pas les chefs qui nous ont précédés. Ce
qu'on dit, c'est que, aujourd'hui, il y a un nouveau premier ministre, un
nouveau chef du gouvernement. Il a sa façon à lui d'administrer.
Il a sa façon à lui de diriger le Québec, et, nous, on va
aller avec Daniel Johnson aux prochaines élections et on sera fiers du
bilan et on sera fiers de redonner espoir aux Québécois et de les
refaire travailler encore une fois.
Alors, M. le Président, je sais que je n'avais pas grand temps,
mais c'est pour ces quelques raisons entre autres que je trouve que la motion
de censure du chef de l'Opposition n'a pas lieu d'être adoptée, et
c'est pour ça que je voterai contre.
Je vous remercie, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Vimont. Alors, ceci met fin au temps de parole sur la
motion. Je cède maintenant le droit de réplique à l'auteur
de la motion, M. le chef de l'Opposition officielle. M. le chef de
l'Opposition.
M. Jacques Parizeau (réplique)
M. Parizeau: Merci, M. le Président. À
écouter plusieurs de ceux qui ont pris la parole de l'autre
côté de la Chambre, on a vraiment l'impression, par la fascination
qu'exercent sur eux les années où le Parti
québécois était au pouvoir, qu'ils ont une terrible
nostalgie de l'Opposition. Ils n'auront pas à la garder très
longtemps, ils vont y retourner.
Mais, avant de revenir à certains des éléments de
cette nostalgie ? je ne pourrais pas éviter de revenir sur le
début des années quatre-vingt, M. le Président ? je
voudrais quand même rester dans une actualité tout à fait
immédiate, qui est importante pour, je pense, pas mal de
Québécois et qui a trait aux pensions de vieillesse. Je sais bien
qu'il est tard, qu'à cette heure-ci les colonnes des journaux sont
fermées, qu'il est trop tard pour les nouvelles, mais je pense qu'il est
important de souligner ce qui s'est passé depuis quelques heures
à cet égard.
J'ai demandé à la période des questions,
aujourd'hui, au premier ministre d'intervenir auprès du pre- mier
ministre du Canada pour lui demander de ne pas toucher aux pensions de
vieillesse. Vous vous souviendrez, ma question était très simple,
elle était très claire: que le premier ministre du Québec
demande au premier ministre du Canada de ne pas toucher aux pensions de
vieillesse.
Le premier ministre du Québec ne savait manifestement pas ce que
le premier ministre du Canada dirait une demi-heure plus tard, alors, il a fait
des huit sur la glace. Il a refusé de se prononcer. Il a refusé
de s'engager à quoi que ce soit. Une demi-heure plus tard, le chef du
Bloc québécois à Ottawa posait la question suivante au
premier ministre du Canada: Pourquoi renie-t-il ? en parlant du premier
ministre du Canada ? son engagement de ne pas toucher aux pensions de
vieillesse? Vous voyez, c'est les mêmes mots que j'utilisais ici. Le
premier ministre du Canada a répondu: M. le Président, je l'ai
dit et je le répète, nous n'avons pas l'intention de toucher aux
pensions de vieillesse. Plus tard, deux questions supplémentaires plus
tard, le premier ministre du Canada revient sur la question, et je vais essayer
de retrouver ici l'extrait. Il répète exactement la même
chose: Nous n'avons pas l'intention de toucher aux pensions de vieillesse. Le
premier ministre du Canada se savait coincé. Il ne touchera pas aux
pensions de vieillesse.
Le premier ministre du Québec, à qui on demandait le
même type d'engagement, on lui demandait juste une chose, de s'engager
à dire au premier ministre du Canada: Ne touchez pas aux pensions de
vieillesse, il n'a pas voulu le faire. J'espère que des gens s'en
souviendront longtemps, M. le Président, longtemps.
Bon, cela étant dit, revenons à la nostalgie de nos amis
d'en face quant aux années quatre-vingt. Quand on leur dit, comme le dit
la motion de censure: vous avez géré d'une façon inepte,
allez-vous-en, ils disent: Oui, mais, au moment de la récession de 1982.
Bon, bien, très bien, parlons-en de la récession de 1982. En
1982, effectivement, je n'ai pas accordé plus d'importance ? je dis
«j'ai» parce que c'est largement moi qui l'ai menée, oui,
cette campagne contre la récession de 1982 ? je n'ai pas
accordé plus d'importance qu'il n'en fallait au déficit. Ce que
j'ai fait, c'est d'établir le déficit à un certain niveau,
et on l'a gardé comme ça à travers toute la
récession.
Je prends la comptabilité, les règles comptables qui
existaient à l'époque, oui, en 1980-1981, avant que la
récession ne commence, le déficit du Québec était
à 2900 000 000 $ et puis, l'année suivante, en 1981-1982,
là, vraiment on plonge, toujours 2 900000 000$. en 1982-1983, on est
vraiment dans le creux; le québec, vraiment, c'est la pire
récession qu'on ait connue depuis la grande crise. déficit, 3 000
000 000 $. en 1983-1984, 3 100 000 000 $. on est passé à travers
la récession sans augmenter le déficit.
(21 h 30)
Là, nos amis d'en face ont changé les règles
comptables en arrivant au pouvoir, puis ils sont remontés en
arrière. Ils ont inclus les profits d'Hydro-Québec
dans les revenus du gouvernement. ils ont fait toutes espèces de
changements, si bien que, là, ce dont on m'accuserait, c'est d'avoir eu
un déficit de 3 500 000 000 $ en 1980-1981, avant que la
récession commence, et là de l'avoir réduit à 2 600
000 000 $ en 1981-1982, et à 2 400 000 000$ en 1982-1983, et à 2
100 000 000 $ en 1983-1984. je n'ai jamais été bon comme
ça! non, il ne faut pas exagérer, quand même. ce n'est pas
vrai que ce gouvernement-là va m'accuser d'avoir réussi à
réduire de 40 % le déficit du québec en pleine
récession. je n'ai pas fait ça; je n'étais pas capable.
c'est leurs règles comptables qui m'ont fait faire ça.
Moi, tout ce que j'ai fait, ça a été de dire: Bon,
bien, écoutez, il y a une chose qui est grave, c'est qu'il y a un
chômage de tous les diables au Québec. L'économie du
Québec plonge, on va prendre des mesures pour relever l'économie
du Québec, et le déficit, bien, on va le garder constant. C'est
ça que j'ai fait. Bon. On a procédé comment? Bien, on a
procédé par toute espèce de modes d'intervention qui
créaient de l'activité économique, qui créaient de
l'emploi, qui créaient des jobs, et qui ne coûtaient pas cher, en
ce sens que ce que ça coûtait quand on dépensait, quand on
ouvrait le programme, on le récupérait. Corvée-Habitation,
tout le monde s'en souvient; Corvée-Habitation, ça a
été un succès absolument étonnant. Combien
ça a coûté au gouvernement? Rien. En fait, on a eu un
surplus de 12 000 000 $. On a fait un programme d'accélération
des investissements publics. Ça a été fait
entièrement par le service de la dette, emprunté, que le
gouvernement assumait au nom des municipalités, des hôpitaux, des
cégeps, etc. Us ont fait des investissements un peu partout. À
toutes fins pratiques, pendant deux ou trois ans, ça n'a à peu
près rien ajouté au déficit, ça en a ajouté
au fur et à mesure du service de la dette par la suite. on a fait un
programme d'investissements, d'accélération des investissements
privés. on offrait des subventions, jusqu'à 20 % du coût de
construction, à condition que les investissements commencent tout de
suite. pourquoi 20 %? pour la raison suivante: c'est que la structure de taxes
et d'impôts est ainsi faite que, pendant la phase de construction, juste
la phase de construction d'un projet, si le contenu est à 100 %
québécois, on récupère en taxes et en impôts
20 % de la valeur du projet. donc, on peut donner une subvention de 20 % pour
accélérer les travaux dans l'industrie privée, ça
n'ajoute pas un sou au déficit.
Toutes ces choses-là, on vous les a suggérées
depuis trois ans qu'on est en récession. Non. Vous étiez quoi?
Vous étiez braqués sur le déficit. Vous cherchez à
dire: Ah! mais le déficit, au début des années
quatre-vingt, c'était ceci et ça. Le problème n'est pas
là. Quand la récession a commencé au Québec, vous
vous êtes braqués là-dessus. Vous avez dit: Notre
déficit, on a réussi à le réduire à 1 700
000 000 $, on ne l'augmentera pas, quitte à foutre l'économie par
terre. Et vous avez réussi! Vous avez réussi! Et non seulement
vous avez tellement bien réussi, vous avez tellement bien réussi
à accentuer la récession que le déficit que vous vouliez
maintenir à ce niveau bas, bien, vous l'avez triplé. Vous auriez
été mieux d'aller tous en Floride pendant ce temps-là, de
ne pas toucher à l'économie du Québec. On ne serait pas
descendu aussi creux.
Plus que ça, votre déficit ne serait pas monté
aussi haut. D'aucune espèce de façon est-ce que j'accuse nos amis
d'en face d'avoir un déficit de tel ou tel niveau. Je dis seulement:
Vous vous êtes fixés un objectif au début de la
récession, c'est-à-dire de maintenir le déficit bas,
quitte à flanquer des dizaines de milliers de gens en chômage.
Vous avez réussi à mettre des dizaines de milliers de gens en
chômage. Vous n'avez pas réussi à maintenir votre
déficit, vous l'avez triplé. Vous vous êtes gourés!
Vous avez fait fausse route d'un bout à l'autre. Il n'y a à peu
près rien de ce que vous avez essayé qui a réussi.
Au moins, dans les années dont vous avez la nostalgie, le
début des années quatre-vingt, nous, on pouvait toujours se dire:
Le déficit est haut et stable, mais au moins, le Québec, de
toutes les régions canadiennes, est celle qui se relève le plus
rapidement de la récession. Oui, M. le Président, le
Québec est la région ? et c'était reconnu par tout le
monde ? qui s'est relevée de la récession de 1982 le plus
rapidement de toutes les régions canadiennes. Ça, au moins, on a
fait ça! Nous, quand on parlait de créer des jobs, on
créait des jobs.
Là, qu'est-ce que vous voulez, vous nous dites: Nous, on va en
créer, des emplois, pour plus longtemps, d'ailleurs, en procédant
à des choses majeures. On va aller à Davos. On va aller chercher
les investissements étrangers qui vont créer des emplois. M. le
Président, il faut dire que, depuis quelque temps, les résultats
de nos amis d'en face, avec les investissements étrangers, ça ne
va pas chercher très loin. En 1992, les investissements étrangers
? toujours des statistiques fédérales ? au
Québec, destinés à créer de nouvelles entreprises,
il en est rentré pour 22 000 000 $. On n'a jamais connu, dans les
années quatre-vingt, dont nos amis d'en face ont une telle nostalgie,
aussi peu de création d'entreprises avec des capitaux étrangers
qu'en 1992; 22 000 000 $,. on n'a pas connu ça, nous autres, dans les
années quatre-vingt: 87, 60, 83.
En 1993, l'année qui vient de se terminer, seulement 53 000 000
$. Ça, c'est inférieur à tous les chiffres qu'on a connus
à notre époque. Alors que, au contraire, ils ont un succès
considérable, nos amis d'en face, à amener des capitaux
étrangers pour prendre le contrôle d'entreprises
québécoises. Par exemple, en 1992, 2 000 000 000 $ de capitaux
étrangers sont entrés pour acquérir le contrôle de
l'entreprise québécoise. Soyez fiers, c'est une preuve de
confiance de l'étranger en vous! En 1993, 1 800 000 000 $ de capitaux
étrangers sont entrés au Québec pour contrôler les
entreprises québécoises. Soyez ravis! Tout ce que vous touchez
tombe en cendres, à l'heure actuelle.
Vous n'avez rien de positif à proposer, sauf une sorte... Comment
disait le chef du Parti libéral, le
premier ministre, cet après-midi? La pensée magique. Sauf
la souveraineté du Québec. Effectivement, M. le Président,
oui, je sais bien ce qu'on ferait avec la souveraineté du
Québec.
Pensons-y juste un instant. Imaginons que, actuellement, le
Québec soit souverain. Le Parti québécois a pris le
pouvoir. On a fait un référendum au bout de quelques mois, le
Québec est souverain. Et regardez bien, M. le Président, les
choses qu'on est capables de faire débloquer. Je vais commencer par
quelque chose qui me paraît le plus essentiel. Il y aurait quelqu'un,
dans le nouveau gouvernement, qui aurait le mandat, en 18 mois, d'envoyer ISO
000 à 200 000 personnes à la formation professionnelle. Fini les
querelles. Là, il faudrait enfin ouvrir des cours de mécaniciens,
et des cours d'électronique, et des cours de tourneurs de pièces
d'avion. Il y a, à l'heure actuelle, 10, 15, 20 demandes par place. Et
les deux gouvernements se querellent. Oui, oui. Et on me dira: Ce n'est pas
possible de faire ça. Allons donc! Notre collègue, la
députée de Taillon, dans les premières expériences
qu'on a faites dans les années quatre-vingt, dont nos amis d'en face ont
une telle nostalgie, avait flanqué 50 000 personnes, assistées
sociales, toutes, à l'enseignement professionnel, en 18 mois.
Toutes nos expériences, on les a faites. On sait qu'on est
capables, sur le plan des chômeurs, des assistés sociaux et, pas
seulement ça, des gens qui veulent changer d'emploi, d'en envoyer 150
000 ou 200 000 en formation professionnelle, en 18 mois. Ça serait en
train de se faire, M. le Président, au lieu de voir nos ministres
respectifs se battre pour savoir si leurs bureaux d'emploi et leurs bureaux du
travail vont être fesse à fesse ou face à face, comme ils
le font dans leurs ententes ridicules où il s'agit de savoir s'ils
occuperont dans le même immeuble des locaux voisins ou des locaux
superposés. On en est encore là, après trois ans de
récession. (21 h 40)
Si on était un pays, à l'heure actuelle, on aurait
cessé, comme des imbéciles, de taxer les crédits
d'impôt à la recherche et au développement. Tout le monde
ne sait peut-être pas ça, M. le Président, mais, à
l'heure actuelle, le gouvernement du Québec donne aux entreprises qui
font de la recherche et du développement des crédits
d'impôt pour en faire, et le gouvernement fédéral taxe
ça comme des revenus. Il faut le faire! Si on était un pays
indépendant, MIL, en face, le chantier, qui est le plus grand chantier,
la plus grande entreprise privée de la région de Québec,
aurait son contrat de construction d'un traversier pour les
îles-de-la-Madeleine, et il ne serait pas branché sur
FÎle-du-Prince-Édouard, il serait branché sur Chandler.
MIL, même chose, hein, ce modèle de bateau, imminemment
exportable, d'approvisionnement pour les missions de paix, de sauvetage ou de
désastre écologique qu'ils ont mis au point, il y a des
possibilités d'exportation extraordinaires. Évidemment, il y
aurait une commande. Ils font un démonstrateur.
Une voix: ...
M. Parizeau: Oui, oui. On veut encore des choses... Le
Collège militaire de Saint-Jean, il ne serait pas sur le point de
fermer, il opérerait. Savez-vous, M. le Président, on
arrêterait même les contrebandiers. Bien oui, on arrêterait
les contrebandiers, au lieu d'avoir ces deux gouvernements, face à face,
qui ne font rien, rien, rien. Le temps me manque...
Une voix: ...
M. Chevrette: M. le Président, un instant.
Le Président: Oui, effectivement. Écoutez, un
instant! Un rappel au règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je vous ferai remarquer que
c'est des ministres à part de ça.
Le Président: Alors, j'appelle simplement les
députés à prendre leur siège et à garder le
silence pendant l'exposé du chef de l'Opposition. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Simplement pour souligner que ce
que vous entendiez venait également de votre gauche et de votre
droite.
Des voix: Oh!
Le Président: Un instant! J'en appelle à la
collaboration de tous les parlementaires, s'il vous plaît. Ce que j'ai
constaté, ça venait de ma droite, je peux l'affirmer à ce
moment-ci, exactement. Alors, j'appelle tous les députés à
respecter l'ordre. M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Je pourrais allonger la liste, à la fois
localement et sur le plan des politiques nationales. Pensez-vous qu'on
laisserait le bout de Henri-Bourassa, dans l'est de Montréal, dans
l'état où c'est, avec un fédéral et un provincial
qui joue à Alphonse et Gaston. Non, non, allez-y donc d'abord. Mais non,
après vous, cher ami. Bon. Non.
Écoutez. Nous avons, à l'heure actuelle, deux
gouvernements complètement fossilisés, opposés l'un
à l'autre, stérilisés. Il n'y a plus rien qui se passe
dans ce pays-là, et on vient nous dire aujourd'hui: Non, la motion de
censure, nous ne l'accepterons pas parce que vous ne saviez pas comment bouger
au début des années quatre-vingt ? on savait comment bouger
au début des années quatre-vingt ? parce que, avec la
souveraineté, vous ne sauriez pas quoi faire avec. Oh oui! on saurait
quoi faire avec, et comment donc!
M. le Président, je reviens à la conclusion de ma
présentation cet après-midi. Ces gens-là ont tout
raté ce qu'ils ont essayé. Il est temps qu'ils s'en aillent et il
est temps que des élections consacrent ce que les
Québécois pensent de la gestion qu'ils ont apportée
à l'économie depuis le début de la récession.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, le débat étant
terminé, nous allons maintenant procéder à la mise aux
voix de cette motion de censure. S'il vous plaît!
Une voix: Question de règlement.
Le Président: Oui, monsieur. Un instant, s'il vous
plaît! Alors, M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Richard: M. le Président, est-ce que M. le chef de
l'Opposition me permettrait une question en fonction de l'article 213?
Le Président: Est-ce que vous acceptez une question, M. le
chef de l'Opposition?
M. Parizeau: M. le Président... Le Président:
Oui, alors...
M. Parizeau: ...si le député tient tout de suite
à occuper son rôle de député de l'Opposition, je
n'ai pas d'objection du tout.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: S'il vous plaît! À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, M. le
député de Nicolet-Yamaska, vous pouvez poser une question.
M. Richard: M. le Président, mon interrogation, c'est
à l'effet que les règles comptables qui ont été
modifiées en 1986 à la demande du Vérificateur
général du Québec et, à ce moment-là,
c'était à l'effet de refléter l'état
véritable des finances publiques... Ma question est à l'effet:
Est-ce que cette demande n'avait pas été demandée
auparavant, avant 1985, par le Vérificateur du Québec,
auprès des instances gouvernementales de l'époque, de la
même façon, de façon à refléter
véritablement les dépenses publiques du Québec?
Le Président: À la question, maintenant, M. le chef
de l'Opposition.
M. Parizeau: Je remercie M. le député de
l'Opposition d'avoir posé sa question.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: ...
M. Parizeau: Je pense que je vais donner la réponse.
Des voix: ...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Parizeau: Dans la mesure où les nouvelles règles
comptables sont justifiées, ont été demandées par
le Vérificateur et accordées au Vérificateur par le
gouvernement, alors elles démontrent qu'à travers la
récession la plus forte que le Québec ait connue depuis la grande
crise, le gouvernement a réduit le déficit de plus de 40 %. C'est
un excellent gouvernement.
Le Président: Donc, je vais mettre aux voix la motion
présentée par M. le chef de l'Opposition. Est-ce que cette motion
est adoptée?
Une voix: Adopté.
Une voix: Vote enregistré.
Le Président: Vote enregistré? Alors, vote
enregistré. Qu'on appelle les députés! (21 h 50 - 21 h
53)
Le Président: Mmes et MM. les députés,
veuillez prendre place, s'il vous plaît.
Mise aux voix
Alors, je mets donc aux voix la motion de censure
présentée par M. le chef de l'Opposition officielle en vertu de
l'article 304 du règlement. Cette motion se lit comme suit: «Que
l'Assemblée nationale, prenant acte de la déclaration du ministre
des Finances du jeudi 3 mars dernier, condamne l'échec flagrant des
politiques budgétaires et économiques du gouvernement
libéral qui ont amené, depuis le début de la
récession, des augmentations de taxes et d'impôts qui
représentent maintenant plus de 4 000 000 000 $ par année,
entraîné des coupures aveugles de dépenses productives et
qui ont ainsi freiné l'emploi et appauvri des centaines de milliers de
Québécois tout en triplant le déficit.»
Alors, que les députés en faveur de cette motion veuillent
bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), M. Garon (Lévis), Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M.
Bertrand (Portneuf), M. Claveau (Ungava), M. Landry (Bona-venture), Mme Caron
(Terrebonne), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron
(Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M.
Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Holden (Westmount), M. Boisclair (Gouin), M.
Ménard (Laval-des-Rapides), M. Trudel
(Rouyn-Noranda?Témiscamingue), M. Beaulne (Bertrand), Mme
Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière), M. Bélanger
(Anjou).
Le Président: Alors, que les députés qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Johnson (Vaudreuil), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Sirros (Laurier), M. Tremblay (Outremont), M. Bourbeau
(Laporte), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Picotte
(Maski-nongé), Mme Frulla (Marguerite-Bourgeoys), M. Blackburn
(Roberval), M. Gobé (Lafontaine), M. Lemire (Saint-Maurice), M.
Thérien (Rousseau), M. Leclerc (Taschereau), M. Middlemiss (Pontiac), M.
Paradis (Matapédia), M. Cusano (Viau), M. Cherry (Sainte-Anne), M.
Lefebvre (Frontenac), M. Vallières (Richmond), M. Chagnon (Saint-Louis),
M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), Mme Pelchat
(Vachon), M. Maltais (Saguenay), Mme Bélanger (Mégantic-Compton),
Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Houde (Berthier), Mme Hovington
(Matane), M. Parent (Sauvé), M. Fradet (Vimont), M. Gautrin (Verdun), M.
Lafrenière (Gatineau), M. Williams (Nelligan), M. MacMillan (Papineau),
M. Camden (Lotbinière), Mme Bleau (Groulx), M. Kehoe (Chapleau), Mme
Cardinal (Châteauguay), M. Forget (Prévost), M. Hamel
(Sherbrooke), M. Khelfa (Richelieu), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Richard
(Nicolet-Yamaska), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Charbonneau (Saint-Jean), Mme
Boucher Bacon (Bourget), M. LeSage (Hull), M. Brodeur (Shefford).
Le Président: Est-ce qu'il y a des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 23 contre: 48 abstentions: 0
Le Président: Alors, la motion est rejetée. S'il
vous plaît! Un instant! M. le leader du gouvernement.
Motion proposant que, malgré une
clôture
de la session, la commission des institutions
puisse poursuivre le mandat d'examen
des orientations, des activités et de
la gestion de la Commision de protection
des droits de la jeunesse
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
solliciterais le consentement de cette Chambre pour que l'on procède
à l'adoption de la motion suivante: «Conformément à
l'article 47 du règlement de l'Assemblée nationale, je propose
que, malgré une clôture de la session: «La commission des
institutions puisse poursuivre le mandat d'examen des orientations, des
activités et de la gestion de la Commission de protection des droits de
la jeunesse à une date à être déterminée par
le comité directeur.»
Le Président: II y a consentement à l'adoption de
cette motion.
Mise aux voix
Cette motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Donc, adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
À ce moment-ci, je profite de l'occasion pour informer cette
Assemblée qu'hier le gouvernement du Québec, sur proposition du
premier ministre, a adopté le décret suivant: «Que la
deuxième session de la Trente-quatrième Législature du
Québec prenne fin le 10 mars 1994 à 23 heures et que
l'Assemblée nationale soit convoquée pour une nouvelle session
débutant le 17 mars 1994 à 14 heures», et, dans les
circonstances, M. le Président, que nous ajournions nos travaux pour ce
jour et cette heure.
Le Président: Alors, est-ce que cette motion d'ajournement
de nos travaux au jeudi 17 mars à 14 heures est adoptée?
M. Chevrette: Est-ce qu'elle est débattable?
Le Président: Elle peut être débattable, M.
le leader de l'Opposition.
Une voix: ...
Le Président: Alors, est-ce que cette motion d'ajournement
est adoptée? La motion est adoptée. En conséquence, nos
travaux sont ajournés au jeudi 17 mars à 14 heures.
(Fin de la séance à 21 h 59)