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(Quatorze heures huit minutes)
Le Président: Mmes et MM. les députés! Nous
allons nous recueillir quelques instants. Alors, je vous remercie. Veuillez
vous asseoir.
Présence de l'ambassadeur de la
République de Hongrie, M. Karoly Gedai
J'ai le très grand plaisir de souligner la présence dans
les tribunes de l'ambassadeur de la République de Hongrie, son
excellence M. Karoly Gedai.
Lettre du premier ministre informant
de la nomination de M. Pierre Paradis
à la fonction de leader du gouvernement
Avant de procéder aux affaires courantes, je vous avise que j'ai
reçu de M. le premier ministre une lettre m'informant de la nomination
de M. Pierre Paradis, député de Brome-Missisquoi et ministre de
l'Environnement et de la Faune, à titre de leader du gouvernement. Cette
nomination est effective à compter du 12 janvier 1994. Alors, je
dépose cette lettre.
Lettres du premier ministre informant
de nominations à certaines
fonctions parlementaires
J'ai également reçu de M. le premier ministre des lettres
m'informant des nominations suivantes: aux postes de leaders adjoints du
gouvernement, M. Roger Lefebvre, député de Frontenac, ministre de
la Justice et ministre délégué à la Réforme
électorale et M. Jean-Pierre Bélisle, député de
Mille-Îles; au poste de whip en chef du gouvernement, M. Yvon
Vallières, député de Richmond; aux postes de whip adjoint
du gouvernement, M. Real Gauvin, député de Montmagny-L'Islet et
M. Norman MacMillan, député de Papineau; au poste de
président du caucus du gouvernement, M. Robert Thérien,
député de Rousseau. Ces nominations sont effectives à
compter du 11 janvier 1994. Je dépose donc ces lettres.
Lettre de M. Yvon Lafrance annonçant sa
décision de siéger à titre d'indépendant
J'ai reçu de M. le député d'Iberville une lettre
datée du 9 février 1994 m'informant de sa décision de
quitter le groupe parlementaire des députés du Parti
libéral et de siéger à titre de député
indépendant.
Lettre de M. Yvon Lafrance confirmant son
adhésion au parti Action démocratique
J'ai également reçu de M. le député
d'Iberville une lettre datée du 2 mars 1994 m'informant qu'il avait
publiquement annoncé le 25 janvier dernier qu'il joignait les rangs du
parti Action démocratique du Québec et qu'il désire
siéger comme député de ce parti. Je dépose ces
lettres.
Lettres de démission de
députés
J'ai reçu les lettres de démission suivantes: en date du 2
janvier 1994, celle de M. Roger Paré, député de Shefford;
en date du 7 janvier 1994, celle de M. Albert Côté,
député de Rivière-du-Loup; en date du 10 janvier 1994,
celle de M. Claude Dauphin, député de Marquette; en date du 11
janvier 1994, celle de Mme Lise Bacon, députée de Chomedey et
celle de M. Marc-Yvan Côté, député de Charlesbourg;
en date du 31 janvier 1994, celle de M. Gil Rémillard,
député de Jean-Talon et celle de M. Lawrence Cannon,
député de La Peltrie. Je dépose donc ces lettres.
Présentation des députés
élus lors des
élections partielles du 13 décembre
1993,
et des 21 et 28 février 1994
Je vous avise que, le 20 décembre 1993, le Directeur
général des élections a fait parvenir au secrétaire
général de l'Assemblée nationale une lettre dont je vous
lis l'extrait suivant: «M. le secrétaire général,
conformément à l'article 380 de la Loi électorale, je vous
transmets le nom du candidat proclamé élu à la suite de
l'élection partielle tenue dans la circonscription électorale de
Laval-des-Rapides en vertu d'un décret du gouvernement pris le 27
octobre 1993.»
Je dépose cette lettre accompagnée d'un avis proclamant M.
Serge Ménard candidat élu dans la circonscription
électorale de Laval-des-Rapides. Et j'invite à ce moment-ci M. le
chef de l'Opposition officielle à accueillir M. le député
de Laval-des-Rapides.
Alors, je vous avise également que, le 28 février 1994, le
Directeur général des élections a fait parvenir au
secrétaire général de l'Assemblée nationale une
lettre dont je vous lis l'extrait suivant: «M. le secrétaire
général, conformément à l'article 380 de la Loi
électorale, je vous transmets le nom du candidat proclamé
élu à la suite de l'élection partielle tenue dans la
circonscription électorale de Bonaventure en vertu d'un décret du
gouvernement pris le 5 janvier 1994.»
Je dépose cette lettre accompagnée d'un avis
proclamant M. Marcel Landry candidat élu dans la circonscription
électorale de Bonaventure.
J'invite à nouveau le chef de l'Opposition officielle à
accueillir M. le député de Bonaventure. (14 h 10)
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, je vous avise finalement que, le 7
mars 1994, le Directeur général des élections a fait
parvenir au secrétaire général de l'Assemblée
nationale une lettre dont je vous lis l'extrait suivant: «M. le
secrétaire général, conformément à l'article
380 de la Loi électorale, je vous transmets le nom du candidat
proclamé élu à la suite de l'élection partielle
tenue dans la circonscription électorale de Shefford en vertu d'un
décret du gouvernement depuis le 6 janvier 1994.»
Je dépose cette lettre accompagnée d'un avis proclamant M.
Bernard Brodeur candidat élu dans la circonscription électorale
de Shefford.
J'invite donc M. le premier ministre à accueillir M. le
député de Shefford.
Des voix: Bravo! Bravo!
Souhaits de bienvenue Le Président
Le Président: Alors, M. le député de
Laval-des-Rapides, M. le député de Bonaventure et M. le
député de Shefford, au nom de tous mes collègues et en mon
nom personnel, je vous souhaite la bienvenue à l'Assemblée
nationale. À ce moment-ci, je vais reconnaître M. le chef de
l'Opposition.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais dire quelques
mots, d'abord, de l'élection du député de
Laval-dès-Rapides. Il a eu, on le sait, une brillante carrière
comme criminaliste, il a été bâtonnier du Québec. Il
s'engage, à l'heure actuelle, dans une vie politique dont nous savons
à quel point elle peut être parfois difficile, parfois, au
contraire, pleine de satisfaction, dans la mesure même ou le
dévouement à la chose publique est engageant et, finalement,
profondément intéressant. Je pense que c'est dans cet esprit
qu'il s'engage dans la carrière politique, et nos meilleurs voeux, bien
sûr, l'accompagnent.
J'espère aussi que sa présence va aider à
débloquer ces dossiers de la deuxième plus grande ville du
Québec, dont la vice-première ministre, il n'y a pas si longtemps
encore, dénonçait dans la presse qu'ils soient tous
bloqués au Conseil du trésor. Si tant est que d'ici les
élections il puisse faire aboutir un certain nombre de ces choses
auxquelles le gouvernement ne se range pas, il aura fait, je pense, oeuvre
très utile dans les mois, encore une fois, qui nous séparent des
élections.
Le député de Bonaventure a attiré beaucoup
l'attention, inévitablement. Il remplace un député,
ministre des Finances, qui était entouré de la sympathie de cette
Chambre, des deux côtés. Il a, à bien des égards, je
pense, remplacé son prédécesseur dans l'affection des
Gaspésiens. Il a, bien sûr, soulevé pendant sa campagne
tous ces thèmes nationaux, politiques mais économiques, au fond,
qui, à l'heure actuelle, marquent le débat
québécois. Et, fondamentalement, il a aussi convaincu les
Gaspésiens, qui, au fond, le savaient déjà jusqu'à
un certain point, que c'est en se prenant en charge, en se prenant en main, en
étant responsables d'eux-mêmes qu'ils vont assurer leur
développement. Je pense qu'à cet égard le nouveau
député de Bonaventure introduit une dimension en cette Chambre
que nous n'allons pas négliger ou oublier facilement. J'ai comme
l'intuition que cette espèce d'extraordinaire facilité qu'il a
à traduire les besoins des gens va laisser sa marque, et une marque
profonde, dans cette Assemblée nationale. (14 h 20)
Bien sûr, j'aurais préféré que nous gagnions
l'élection dans Shefford. Nous y présentions, je pense, un homme
de très grande valeur. Et il arrive que, en dépit de tous les
efforts qu'on fait, ça ne marche pas, ce qui démontre que nous
avons encore pas mal de travail à faire. Mais cela ne doit pas
m'empêcher de féliciter très chaleureusement le nouveau
député de Shefford. Il a mené une très belle
campagne électorale, et je pense que nous lui savons tous gré
d'avoir maintenu le débat politique au niveau où il l'a maintenu
pendant cette campagne.
En conclusion, M. le Président, vous comprendrez que, même
si le résultat des partielles, pour nous, n'est pas mauvais ? 2
à 1, c'est assez bien ? je souhaite que les élections
générales viennent le plus rapidement possible. Ne perdons pas
trop de temps à enfiler comme des perles sur un cordon des
élections partielles pendant tout l'été. Pourquoi ne pas,
le plus rapidement possible, aller en élection générale et
faire en sorte qu'un certain nombre de choix majeurs, importants pour notre
société, pour la prospérité de notre
société, pour les emplois dans la société, que ces
choix-là soient faits, et le plus rapidement possible? Merci, M. le
Président.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, je cède maintenant la parole
à M. le premier ministre.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, j'aimerais dire combien je
trouve significatif que mes premiers mots, à partir de ce siège
que j'occupe maintenant, soient pour souhaiter la bienvenue à trois de
nos concitoyens qui ont accepté de représenter leur comté.
Significatif parce que, comme moi très certainement et comme tous ceux
qui
sont ici, la première fois qu'on adresse la parole à ses
collègues, confrères et consoeurs de l'Assemblée
nationale, à partir d'un nouveau siège ou d'une nouvelle
fonction, il est évident qu'une certaine émotion charge quelque
peu l'atmosphère, et cette émotion, j'en suis convaincu, ils la
ressentent en ce moment.
Us ont réussi, contre vents et marées, à arriver
ici, à cette Assemblée nationale, pour occuper des postes que,
à un moment ou à un autre, pendant un mandat, des milliers de nos
concitoyens convoitent. Des milliers de nos concitoyens veulent communiquer
leur engagement au sein de leur communauté par un poste électif,
à toutes sortes de niveaux, et il y en a des milliers, on le sait
pertinemment dans nos partis, qui, à un moment ou à un autre,
aimeraient être députés à l'Assemblée
nationale. Il y en a des centaines qui affrontent, chacun dans leur
comté, des conventions pour l'un ou l'autre des partis sur la
scène politique québécoise. Il y en a,
éventuellement, 125 qui siègent ici. C'est donc,
évidemment, un fardeau passablement lourd, une très grande
responsabilité qu'assument, à partir de ce moment, ceux qui,
comme nos trois collègues, viennent se joindre à nous.
Ils réalisent ainsi une ambition très légitime,
celle de l'engagement total, je dirais intégral, au service de leurs
concitoyens. Dans chaque cas, ils ont su, chacun dans leur milieu de vie,
à l'âge qu'ils ont atteint, épouser des causes, donner de
leur temps pour une association, pour un groupement, pour une
municipalité, pour une association professionnelle ou pour leur milieu,
de façon générale. Us réalisent, aujourd'hui, une
autre ambition, celle de représenter les gens de leur comté,
d'être attentifs à leurs besoins et de les transmettre à
l'Assemblée nationale et dans toutes les occasions que ce poste leur
fournit maintenant.
Je connais de façon très inégale les trois
médaillés d'aujourd'hui. Je fréquentais la même
faculté de la même université en même temps que le
député de Laval-des-Rapides. Je m'en souviens surtout par ses
interventions comme directeur du Quartier Latin. Il avait, à
l'époque, le verbe haut, la plume acérée. Nous verrons ce
que cette expérience peut apporter à nos débats.
Je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer le nouveau
député de Bonaventure, mais il sait, comme tous ici, la lourde
tâche de succession qui l'attend. L'affection qu'évoquait le chef
de l'Opposition qu'avait à son endroit et à son mérite le
député de Bonaventure, Gérard D. Levesque, est
difficilement remplaçable. Je crois plutôt que le nouveau
député de Bonaventure succède à Gérard D.
Levesque plutôt qu'il ne le remplace. Je crois qu'il ne m'en voudra pas
de le formuler ainsi. (14 h 30)
Je connais bien le député de Shefford, depuis peu
longtemps, mais pour avoir, coude à coude, arpenté les centres
d'achats, les rues et les ruelles de son comté avec lui, à
quelques reprises, pendant cette campagne, j'ai pu comprendre l'engagement qui
est le sien, voir jusqu'à quel point il est attentif aux besoins de ses
concitoyens ? je le répète ? dans les moindres recoins
de la ville de Granby, d'où le fait que nous avons parcouru des ruelles
afin de ? absolument! ? nous rendre d'une rue à l'autre plus
rapidement, compte tenu des échéances qui étaient les
nôtres. Et on a vu que le député de Shefford connaît
intimement son comté. Ancré dans son milieu, il sera un
très digne représentant de cette population de Shefford dans les
semaines, les mois et, pourquoi pas, les années à venir.
J'aimerais également remercier nos candidats malheureux dans les
comtés de Bonaventure et Laval-des-Rapides, Mme Arbour et M. Monette. Je
remercie tous ceux qui ont épaulé tous les candidats. C'est un
engagement qui est toujours difficile à relever. Le poids est toujours
très réel. Les responsabilités sont énormes. La
tâche est toujours inachevée. On voit donc que c'est tout un
contrat qu'ont accepté de relever nos trois concitoyens, et je
m'abstiendrai ici de présumer de la longueur de temps que chacun pourra
représenter son comté. Vous me permettrez de croire que ce sera
d'inégale longueur que cette représentation des citoyens de
Bonaventure, Laval-des-Rapides et Shefford, représentation
assurée par ceux qui se joignent à nous aujourd'hui, mais il est
certain que la population de ces trois comtés aura très
prochainement, comme le souhaite le chef de l'Opposition, et en temps opportun
évidemment, l'occasion de se prononcer non seulement sur
l'élection de ces trois collègues, mais sur celle de 122 autres
candidats.
Le Président: À ce moment-ci, j'invite M. le
député de Laval-des-Rapides à prendre la parole. M. le
député de Laval-des-Rapides.
Allocution des nouveaux députés M. Serge
Ménard
M. Ménard: Merci, M. le Président. M. le
Président, il y a une triste ironie à nous voir trois hommes
pénétrer à l'Assemblée nationale lors de la
Journée internationale des femmes. Je n'ai pas choisi la date de mon
entrée à l'Assemblée nationale, pas plus d'ailleurs que je
n'avais choisi la date de mes élections. Et je suis conscient que nos
adversaires nous diront peut-être qu'ils nous avaient donné
l'occasion, que nous n'avons pas saisie, de faire pénétrer une
femme, mais c'est justement les traiter en égales que de leur livrer le
combat normal au cours d'élections en politique.
La consolation que je peux donner aux femmes, c'est que, certainement,
parmi les trois, elles ont en ma personne un féministe convaincu.
Convaincu. D'ailleurs, j'ai appliqué ces principes tant dans ma vie
professionnelle que dans ma vie personnelle et je dois dire que j'y ai
trouvé les plus grandes sources de bonheur et de soutien. Je sais que,
dans la défense de toutes les causes modernes, ou même anciennes,
il y a souvent des excès qui sont faits et que les hommes
n'apprécient pas toujours les excès de certains féministes
qui voudraient voir la similitude totale entre les sexes. Personnellement, j'ai
basé ma vie sur le principe que la différence et
l'égalité étaient deux choses, et que la différence
doit coexister
dans l'égalité. Je dis parfois à la blague, et
c'est vraiment à la blague, que de toutes les idées de gauche que
j'ai eues dans ma vie ? et Dieu sait que j'en ai eu plusieurs ? la
seule qui m'ait rapporté de l'argent, c'est justement
l'égalité des sexes parce que j'ai marié une égale.
Par conséquent, nous avons deux revenus équivalents. Mais je peux
dire plus grandement que j'ai constaté que les rapports
d'égalité sont les rapports qui apportent le plus de bonheur. Et
je suis convaincu que, si cette lutte est beaucoup plus longue que
prévu, une fois que cet objectif de l'égalité sera
réalisé, dans cette Chambre comme ailleurs dans la
société, ce sera un progrès irréversible de la
même façon que l'accessibilité aux services de santé
ou que l'éducation gratuite sont des progrès irréversibles
dans toute société.
On m'a beaucoup demandé, quand j'ai commencé à
faire de la politique, pourquoi, justement, je le faisais maintenant et
pourquoi j'interrompais une carrière au moment où, je dois le
dire, elle devenait de plus en plus facile et de plus en plus
rémunératrice. C'est vrai que, dans les principes
d'égalité qui m'ont inspiré, j'ai voulu accorder autant de
temps à mes enfants que mon épouse. Et aussi, j'avais
constaté, comme jeune criminaliste, que s'il y a bien une cause ?
ça n'est pas absolu ? qui est souvent à l'origine de la
délinquance, c'est l'absence du père. J'ai voulu m'occuper de mes
enfants autant que de ma femme, et que mon épouse réalise sa
carrière aussi bien que la mienne. J'ai eu la chance de pouvoir ralentir
ma pratique, et je dois dire que c'est un peu comme ce que nous promettait
l'Évangile, j'ai été récompensé au centuple
du temps que j'y ai mis.
Mais j'ai remarqué aussi que, rendus à l'adolescence, les
enfants ont besoin d'être inspirés par leurs parents, et je trouve
que l'activité politique, la poursuite d'un grand idéal peut
donner justement aux enfants ce besoin d'idéal qu'ils ont à cet
âge autant qu'ils avaient besoin de notre présence quand ils
étaient plus jeunes. De sorte que c'est vraiment un beau moment de la
vie, au moment où mes enfants sont adolescents, que de commencer
à servir le bien public. Et c'est par conséquent la seule de mes
ambitions à l'âge où j'entreprends cette nouvelle
carrière: fournir à mes enfants, comme à d'autres jeunes,
je l'espère, une certaine inspiration. C'est très orgueilleux,
mais c'est aussi la garantie, je pense, de maintenir l'intégrité
que je veux voir maintenue dans la fonction publique.
Je tiens à remercier beaucoup les électeurs de
Laval-des-Rapides qui m'ont donné la chance de réaliser cet
idéal. Laval-des-Rapides fait partie de la deuxième plus grande
ville du Québec. J'y ai trouvé des électeurs ouverts.
Probablement que, si Laval est si prospère malgré que les
gouvernements, hélas, l'aient pas mal négligée, surtout
ces dernières années, c'est justement parce qu'elle demeure
ouverte, comme ville, à l'accueil de tous ceux qui veulent servir et la
servir.
Je veux aussi remercier mon adversaire. Dès le début de la
campagne, nous avons voulu montrer que nous pouvions faire de la politique de
façon différente.
Nous avons maintenu le niveau de la discussion à un niveau
élevé. Je dois dire que je ne crois pas avoir plus de
mérite que lui d'avoir gagné cette élection. Elle est due
aux circonstances dans lesquelles elle a été plai-dée
? pardon, pas plaidée mais débattue; j'ai encore des lapsus
qui me viennent de mon ancienne carrière ? et puis dans la nature
des choix que les électeurs de Laval-des-Rapides estimaient qu'ils
devaient faire au moment où ils l'ont fait.
Je suis conscient aussi que j'entre dans cette nouvelle carrière
au moment où on vit un étrange paradoxe. Au moment où les
démocraties ont définitivement gagné la guerre froide
contre les régimes totalitaires, il semble que les électorats des
grandes démocraties n'aient jamais eu d'opinions aussi
défavorables à l'égard des gens qui les
représentent.
Je me suis évidemment questionné beaucoup. D'abord, je
dois dire que c'est toujours avec une certaine hésitation qu'on entre en
politique, à cause de ces raisons, entre autres, qui reste un
métier très ingrat même s'il est essentiel. Je me suis
évidemment questionné beaucoup. Je pense qu'il y a beaucoup de
raisons, notamment, entre autres, la démocratie joue son jeu. C'est
évident qu'il n'y a pas un gouvernement qui peut, dans une
démocratie, mener une conduite qui serait complètement
désapprouvée par l'ensemble de la population. Donc, les vraies
questions sont soulevées. Et, finalement, les mauvaises solutions sont
éliminées, de sorte qu'on discute entre les meilleures. Et puis,
si on ne réussit pas mieux, bien, ils ont l'impression que personne ne
peut réussir. Finalement, je pense que l'élec-torat nous respecte
peu aussi à cause de notre impuissance à résoudre les
problèmes qui ne sont pas encore résolus.
Mais je pense qu'il y a aussi quelque chose qu'il est inutile que nous
fassions. Il semble que la politique soit un métier où on passe
son temps à se combattre un peu inutilement. De l'extérieur, on a
l'impression que beaucoup des combats dans l'arène politique sont
puérils et, surtout, inutiles. Je pense que, pour remonter la valeur ou,
enfin, l'opinion des politiciens dans l'opinion publique, il faut remonter le
niveau des débats, sinon nous nous coulons tous.
Je suis, par contre, emballé d'entrer en politique au moment
présent de l'histoire du Québec, au moment où nous avons
un choix qui, à la fois, suscite de l'anxiété et de
l'enthousiasme: le choix véritablement entre la souveraineté ou
le statu quo. Et, dès le début de ma campagne électorale,
j'ai voulu dire que je croyais être dans un parti qui était ouvert
à tous ceux qui ont cru, à un moment donné, qu'il
était possible de bâtir un grand Canada, basé sur le
principe des deux peuples fondateurs, où se seraient épanouis
côte à côte et fraternellement des communautés
parlant français et anglais, ces deux langues qui permettent
l'accès à de grands héritages culturels, scientifiques,
philosophiques et juridiques, non seulement dans le respect mutuel, mais avec
la conviction que cette cohabitation était source d'enrichissement. Je
voyais un parti ouvert à tous ceux qui ont
cru que le fédéralisme canadien était assez souple
pour donner au seul gouvernement élu par une majorité francophone
les pouvoirs que cette majorité estimait essentiels. Ouvert, en somme,
à tous ceux qui ne pouvaient accepter le statu quo, et je crois qu'ils
sont la grande majorité des Québécois. (14 h 40)
Mais, depuis les échecs de l'accord du lac Meech comme de
l'accord de Charlottetown, le seul choix qu'il nous reste, c'est vraiment entre
la souveraineté et le statu quo. Il est inévitable qu'au cours
des luttes passées une certaine animosité se soit
développée entre les indépendantistes qu'on traite parfois
de purs et durs et ceux qui espéraient un Canada renouvelé. Je
crois que, dans les deux camps, la majorité partageait un idéal
commun: réaliser les meilleures conditions, non seulement pour la survie
mais pour l'épanouissement d'une communauté française en
Amérique. Et je suis convaincu que nos amis d'en face partagent ce
même idéal.
Je comprends, quant à moi, ceux qui rêvaient du Canada dont
je parlais tout à l'heure: un grand pays où se seraient
épanouies côte à côte et fraternellement deux
communautés parlant les deux plus grandes langues de la civilisation
occidentale. Ce n'était pas seulement un beau rêve, c'était
un grand idéal, un idéal que j'ai déjà
partagé et qui m'a longtemps séduit. Mais, si cet idéal
n'a pas été atteint, ce n'est pas faute d'avoir eu assez d'appuis
du côté de la minorité, mais faute d'en avoir eu
suffisamment du côté de la majorité, au point qu'aucun
homme politique du Canada anglais ne pouvait accepter les exigences minimales
du Québec sans s'assurer d'une défaite électorale. Je suis
d'ailleurs convaincu que, si cet idéal avait été mieux
partagé, le Canada aurait naturellement été plus sensible
aux injustices commises à l'égard des communautés
autochtones et de certains groupes d'immigrés. Les chances de les
corriger auraient été plus grandes.
Entre les partisans du fédéralisme renouvelé et les
souverainistes, il y a toujours eu un fond d'idéal commun, un même
attachement à l'originalité de notre culture, un même
désir de la transmettre aux générations futures, une
même fierté d'être Québécois. Ce qui nous
distinguait, c'était la façon dont nous percevions les
leçons de notre histoire. Les indépendantistes de la
première heure en avaient depuis longtemps conclu que la transformation
du Canada était impossible. Les partisans du fédéralisme
renouvelé espéraient une évolution plus rapide du Canada
anglais.
Maintenant que tout espoir de renouveler le fédéralisme
est éteint, il faut oublier les querelles passées et prendre
conscience de notre idéal commun. De part et d'autre, nous voulions le
bien de tous les Québécois, quelle que soit leur opinion. Nous ne
nous entendions pas sur les moyens. Si aucune des formes de renouvellement du
fédéralisme canadien n'a réussi, ce n'est pas à
cause des fédéralistes québécois, c'est parce que
leur idéal généreux n'a pas trouvé chez la
majorité anglophone suffisamment d'appuis. Je dis bien
«suffisamment», car je sais qu'il y en a eu, mais pas en
assez grand nombre pour assurer la réélection des hommes
politiques du Canada anglais qui partageaient cet idéal. Je suis
convaincu que les vrais indépendantistes, qu'ils soient de la
première ou de la dernière heure, sont prêts à
accueillir dans leurs rangs tous ceux qui, insatisfaits du statu quo, ont avec
honnêteté et générosité poursuivi une voie
qui leur est aujourd'hui fermée.
J'ai moi-même été souvent hésitant. Comme
beaucoup de Québécois, je me suis ouvert à la
réalité politique à l'époque de la
Révolution tranquille, et mes premiers héros s'appelaient Paul
Gérin-Lajoie, Éric Kierans, Georges-Emile Lapalme, Jean Lesage,
et, bien sûr, René Lévesque. Bien sûr,
également Daniel Johnson, que j'ai appris, comme beaucoup de
Québécois ? Daniel Johnson, père, oui! ?
à apprécier lorsqu'il a pris le pouvoir, et dont je crois qu'il
est... Après un certain moment de scepticisme, j'ai cru qu'il
était vraiment sérieux dans l'expression de son slogan
«Égalité ou indépendance». Je ne veux pas
spéculer sur ce qu'il aurait fait s'il s'était trouvé
devant la situation actuelle, à réaliser que
l'égalité était impossible.
Personnellement, j'ai joint les rangs du RIN. Mais le grand idéal
canadien dont je parlais tout à l'heure me faisait hésiter. C'est
pourquoi je me suis senti beaucoup plus à l'aise dans le Mouvement
souveraineté-association. Mais j'ai plus tard compris que le Canada
anglais ne serait jamais d'accord avec la souveraineté-association,
à moins d'être convaincu que nous étions prêts
à faire la souveraineté.
Je disais que j'entre dans une profession qui me semble être au
plus bas, actuellement, de l'appréciation. Hélas! à tort.
Remarquez que je viens d'une profession qui n'était pas tellement plus
élevée dans la popularité.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ménard: Je suis surpris moi-même, d'ailleurs,
d'avoir été élu après avoir pratiqué la
branche de cette profession qui était probablement la plus impopulaire.
Ha, ha, ha! J'ose espérer que c'est un peu à cause de la
façon dont je l'ai pratiquée. Mais on reconnaît à
cette profession une qualité qui, je pense, peut inspirer nos
débats: c'est celle de respecter les adversaires, d'avoir des
débats d'idées, de faire valoir chacun un point de vue adverse et
de pouvoir rester respectueux de ceux qui ont l'opinion contraire. En tout cas,
M. le Président, c'est le premier engagement que je prends pour ma
carrière politique. Je crois que cela aura l'avantage de rendre votre
travail un peu plus facile et peut-être un peu plus agréable.
Merci.
Le Président: Merci, M. le député de
Laval-des-Rapides. J'invite maintenant M. le député de
Bonaven-ture à prendre la parole. M. le député de
Bonaventure.
M. Marcel Landry
M. Landry: M. le Président, c'est avec émotion et
fierté que je m'adresse à vous, aujourd'hui, à titre
de
membre de l'Assemblée nationale représentant le
comté de Bonaventure. Permettez-moi d'abord de remercier les citoyennes
et citoyens du comté de cette marque de confiance. Je voudrais aussi
souligner la collaboration des militantes et militants qui, par leur travail,
ont rendu cette victoire possible. Je tiens à les assurer de mon
dévouement entier dans ce mandat de représentant de Bonaventure
à l'Assemblée nationale.
Cette élection partielle a été l'occasion de
manifester le refus d'une situation économique désastreuse dans
laquelle un citoyen sur trois seulement trouve du travail; le refus d'un
modèle de développement planifié d'en haut qui aboutit au
chômage, à la dépendance sociale ou à l'exode pour
un nombre croissant de personnes dans ce comté; le refus des coupures de
services publics, aussi, qui accentuent le déclin des régions et
leur désorganisation. Cette élection a été aussi
l'occasion d'affirmer une volonté des gens de chez nous de faire la
politique dans la dignité, dans le respect et dans la confiance en nos
possibilités; l'occasion de créer aussi de nouvelles
solidarités, de faire croître celles qui existent
déjà et de tendre la main pour en créer d'autres.
Cette élection a permis de proposer aux gens de Bonaventure un
certain cheminement: d'abord, une élection partielle, l'élection
d'un député pour remplacer celui qui, dignement et avec
dévouement, a représenté le comté durant 37 ans;
ensuite, élire un gouvernement à la hauteur des attentes des
gens; puis, la tenue d'un référendum sur le projet de
souveraineté et de décentralisation. Nous avons la réponse
à la première étape. (14 h 50)
Dans cette élection, aussi, nous avons proposé une
conception du développement basée sur la valorisation des
personnes, sur la mise en valeur des diverses ressources naturelles et leur
transformation et sur une revendication du droit à l'État dans
son rôle d'appui aux initiatives et de dispensation de certains services.
La proposition que nous faisions interpellait aussi les citoyennes et citoyens
à s'impliquer sur une base communautaire. Le résultat
électoral est une réponse, il me semble, assez claire.
Cette conception du développement mise aussi sur des
entrepreneurs locaux et régionaux impliqués dans leur
communauté, dynamiques et respectueux des gens qui leur permettent de
prospérer. C'est le type de développeurs responsables dont
s'accommodent fort bien les gens de la Gaspésie. Ils s'en accommodent
d'ailleurs bien mieux que du type de développeurs que furent les
marchands jersiais qui ont gardé, pendant un siècle et demi,
leurs employés dans un système de servage. Cette apologie des
marchands jersiais par le premier ministre a d'ailleurs choqué de
nombreux Gaspésiens durant la campagne, et je suis sûr que mon
confrère de Gaspé a dû lui aussi être fortement
secoué, sachant ses conceptions du développement. Le
développement local et régional passe par des solidarités
bâties autour d'intérêts communs, et le député
a un rôle d'animateur, de rassem-bleur à assumer.
Nous avons aussi insisté sur l'importance de placer la personne
au centre du projet politique, que ce soit au plan de la contribution des
milieux ruraux à l'avenir du Québec, que ce soit dans la
décentralisation des pouvoirs vers les régions et les
localités, que ce soit dans les liens interculturels à
développer, aussi, dans une société
québécoise souveraine. En ce sens, nous croyons que les gens de
la Gaspésie, malgré une pauvreté matérielle
relative, peuvent peut-être montrer la voie de l'harmonie entre les
diverses cultures. Il y a là des solidarité croissantes et, j'en
suis convaincu, fécondes. Voilà des défis auxquels
j'adhère personnellement.
Au lendemain de l'élection, mon père disait à cet
ami qui m'a appris à bûcher: La victoire de Marcel, c'est la
nôtre, celle des pauvres. Pour moi, par delà la
souveraineté, la décentralisation, le développement
régional, le développement durable, c'est la plus noble et la
plus profonde des responsabilités politiques que celle d'être
à la hauteur de ce mandat.
M. le Président, j'aimerais, avant de terminer, profiter de cette
occasion du 8 mars pour dire aux femmes du Québec mes respects les plus
sincères pour leur contribution à ce que nous devenons toutes et
tous ensemble. J'aimerais remercier Patricia, mon épouse, pour son appui
constant, mes enfants, aussi, pour leur compréhension de mes nombreuses
absences. Merci à mes supporters, à mes collègues aussi,
pour leur coup de main durant la campagne. Merci à M. Parizeau, aussi,
pour sa confiance et sa disponibilité.
Permettez-moi enfin, M. le Président, de prendre l'engagement
solennel de travailler assidûment avec mes concitoyennes et concitoyens
de Bonaventure et de les représenter dignement. M. le Président,
recevez aussi l'assurance de mon entière collaboration et de mon respect
des règles parlementaires. Merci.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, merci, M. le député de
Bonaventure. J'invite maintenant M. le député de Shefford
à prendre la parole. M. le député de Shefford.
M. Bernard Brodeur
M. Brodeur: M. le Président, lorsque je me suis
adressé aux citoyens et aux citoyennes de Shefford, lors de mon
assemblée d'investiture, je leur ai dit qu'ils auraient bientôt la
chance d'élire démocratiquement un homme issu de leur
comté, prêt à travailler pour le mieux-être de la
collectivité et surtout prêt à gagner. Eh bien,
après avoir remporté l'élection partielle le 28
février dernier, je peux vous dire que j'ai, moi aussi, de la chance, la
chance de pouvoir représenter une population de l'un des plus beaux
comtés du Québec, qui a adhéré au message du Parti
libéral et qui croit à la force de la nouvelle équipe de
M. Daniel Johnson, notre premier ministre.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
M. Brodeur: La chance aussi de représenter le Parti
libéral du Québec, le parti des intérêts
québécois, qui remportera les prochaines élections
générales.
Une voix: C'est sûr. Bravo!
M. Brodeur: Je peux vous affirmer que je suis fier de mon
engagement politique qui se manifeste à travers cette idéologie
libérale. Je suis fier d'être membre d'un parti politique qui n'a
pas peur de relever les défis, de s'attaquer aux vrais problèmes
et de servir les Québécoises et les Québécois. Je
suis extrêmement fier de faire maintenant partie de cette formidable
équipe qui a la capacité et qui désire par-dessus tout
améliorer le sort de ses concitoyens et concitoyennes. C'est avec une
vive émotion que je fais mon entrée ici à
l'Assemblée nationale en tant que député.
Aujourd'hui, je ne peux m'empêcher de songer à tous ceux et
celles qui m'ont témoigné leur confiance, qui m'ont fait part de
leurs aspirations les plus profondes, mais aussi les plus légitimes.
À tous ces électeurs qui m'ont encouragé, qui m'ont
supporté et appuyé, merci.
Je ne peux pas non plus passer sous silence l'incroyable support que
m'ont apporté mes proches. Ils ont été présents
dans la victoire, mais également tout au long de ma campagne, qui, pour
moi, fut l'un des moments les plus importants de ma vie professionnelle. Je
veux remercier ma conjointe, Chantale, qui a accompli un travail extraordinaire
en s'occupant du volet communications dans le comté.
Une voix: Bravo!
M. Brodeur: Elle a été pour moi une grande source
d'inspiration et de motivation. J'ai également une pensée toute
spéciale pour l'équipe de fidèles collaborateurs, sans
lesquels je ne serais pas ici aujourd'hui. Dans la victoire, comme dans la
défaite, il faut remercier ces hommes et ces femmes qui ont cru en vous
et qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour défendre une
même cause.
Je veux aussi remercier tous ceux qui sont devenus maintenant mes
collègues. Je veux leur témoigner ma reconnaissance pour le
support qu'ils m'ont offert et l'aide qu'ils m'ont apportée tout au long
de ma campagne. Leur expérience et leurs conseils m'ont guidé
plus d'une fois.
Enfin, je veux remercier un homme pour qui j'ai une profonde admiration,
un homme qui a mis en moi sa confiance pour gagner une élection
partielle qui sera, j'en suis certain, le prélude d'une grande victoire
électorale. Cet homme, c'est le premier ministre du Québec, notre
premier ministre, M. Daniel Johnson.
En ce moment précis, je ne peux oublier non plus les heures, les
journées, les semaines passées à parler aux gens de
Shefford, à serrer des mains, à visiter les usines, les
restaurants, les commerces, les résidences. Dans ces moments que je
qualifie de privilégiés, j'ai été à
même d'entendre le message que tous avaient à communiquer: On veut
de l'espoir, disaient-ils.
Cet espoir, vous l'aurez tous compris, se traduit inévitablement
par l'emploi, car c'est en lui que l'être humain trouve son honneur et sa
dignité. Le travail, c'est ce qui fait vivre les gens, c'est ce qui
apporte la nourriture sur la table, c'est ce qui fait qu'un être humain
participe au développement de la collectivité. Bref, c'est par le
travail qu'on édifie une société d'avenir.
Ce message, M. le Président, il a été compris,
à commencer par le gouvernement libéral du Québec, qui
entend faire de l'emploi sa priorité. Le développement de
l'emploi est au coeur du projet libéral. Notre parti a récemment
déposé un document qui démontre clairement notre
volonté de réduire d'au moins S % le taux de chômage au
Québec au cours du prochain mandat. Je veux donc assurer dès
maintenant les citoyens et les citoyennes de Shefford que la participation
à cet objectif de l'emploi sera notre priorité, notre obsession,
si j'ose dire.
À cela viennent se greffer d'autres orientations, toutes aussi
majeures, qui auront des conséquences heureuses et durables pour
l'avenir du Québec. Notre gouvernement entend concrétiser cette
vision de notre société autour du développement de nos
enfants et de nos jeunes, qui seront inévitablement appelés
à prendre en main le Québec de demain. Nous savons tous que, bien
préparés, ils sauront agir et prendre les décisions qui
s'imposeront dans un univers en pleine mutation. (15 heures)
Notre gouvernement entend aussi offrir de meilleurs services sociaux et
de santé à toute la population: jeunes, personnes
âgées, riches et pauvres. Garantir de meilleurs services au
meilleur coût qui soit, voilà le défi qui nous attend et
que nous relèverons pour le mieux-être de toute notre
population.
Enfin, la primauté des droits et libertés individuels. La
vitalité de notre diversité culturelle et la volonté
d'affirmer la place qui revient au Québec dans l'univers canadien sont
des grands axes pour lesquels nous ne ménagerons aucun effort. Nous
sommes là pour veiller aux intérêts de tous, petits et
grands, et c'est en misant sur l'enrichissement de l'identité
québécoise que nous le ferons. M. le Président, j'ai eu
l'occasion à maintes reprises, au cours des dernières semaines,
de livrer le fond de ma pensée aux gens de mon comté. Je leur ai
dit vouloir défendre leurs intérêts avec acharnement et
intelligence. C'est ce à quoi je me dévouerai à partir de
maintenant. Je connais bien mes concitoyens puisque j'habite ce comté
depuis toujours. Je sais qu'ils sont des gens fiers et honnêtes et qu'ils
sont prêts à relever les défis qui s'annoncent. En
m'élisant, ils m'ont donné le mandat de parler et d'agir en leur
nom. Ils m'ont confié la mission de faciliter la concertation et le
partenariat à tous les niveaux, notamment entre les employeurs et les
travailleurs, entre les élus locaux et les responsables
régionaux, entre l'école et l'usine. Us
m'ont chargé de faciliter les rapports entre tous ceux qui voient
en l'avenir l'occasion de concrétiser des projets exaltants. Je veux
assurer la jeunesse que je travaillerai, de concert avec mon gouvernement,
à ce que l'éducation et la formation soient recentrées sur
les exigences actuelles et futures.
Les dernières semaines ont été le
théâtre de nombreux changements, de nombreuses décisions
qui déboucheront sur des milliers d'emplois. À titre d'exemple,
le premier ministre annonçait récemment la mise en chantier de SM
3, qui procurera 4500 emplois. Je pourrais aussi vous parler de la
décision d'abaisser les taxes sur le tabac, décision qui a
provoqué la chute dramatique de la contrebande de cigarettes. Ce sont
là des preuves concrètes de la préoccupation de l'emploi
qu'affiche notre gouvernement. C'est le début d'une époque qui
marquera à jamais l'histoire et le progrès du Québec.
Mon engagement en tant que député se manifestera, à
partir de maintenant, à travers ces grandes orientations. J'assumerai au
meilleur de moi-même les nouvelles fonctions qui m'ont été
confiées. Je les assumerai avec sérieux, avec loyauté et
fidélité envers notre premier ministre et envers tous les
citoyens et citoyennes de l'un des plus beaux comtés de la province, le
comté de Shefford. Je veux enfin assurer mes commettants que je serai
désormais là pour leur donner non seulement de l'espoir mais
aussi des réalisations concrètes. Je serai là pour lutter
contre les inégalités, les iniquités sociales qui
mènent trop souvent au désordre. Je serai là, disponible
et à l'écoute de leurs besoins.
M. le Président, je m'en voudrais de ne pas souligner le travail
accompli par mon prédécesseur. Il a profondément
aimé le comté et a travaillé sans relâche. À
mon tour, je peux assurer les résidents du comté de ma
préoccupation constante pour le développement social et
économique du comté, mais aussi de la région. Je serai
à l'écoute des vrais besoins, avec toute l'attention et la
compassion requises pour mener à bien les défis qui nous
attendent. Et c'est à travers le Parti libéral et le gouvernement
libéral qu'ensemble, avec la population de Shefford et du Québec,
nous atteindrons nos objectifs.
Enfin, si je suis l'homme du comté pour mes électrices et
mes électeurs, laissez-moi vous dire que notre premier ministre, lui,
est indéniablement l'homme du Québec...
Des voix: Bravo!
M. Brodeur: ...l'homme qui saura améliorer la vie des
Québécoises et des Québécois et qui saura leur
donner ce qu'ils désirent le plus, de l'espoir en l'avenir. Je vous
remercie, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, merci, M. le député de
Shefford.
Élection de M. Michel Tremblay à la
vice-présidence
Nous allons maintenant procéder à l'élection du
vice-président de l'Assemblée nationale, en remplacement du
député de Frontenac. Alors, je suis prêt à recevoir
les propositions concernant la charge de vice-président. M. le premier
ministre.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Après
consultation, je propose que M. Michel Tremblay, député de la
circonscription électorale de Rimouski, soit élu
vice-président de l'Assemblée nationale.
Le Président: Alors, y a-t-il d'autres propositions? S'il
vous plaît! Alors, l'Assemblée étant saisie d'une seule
proposition... S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, l'Assemblée étant saisie d'une seule proposition,
dès lors, conformément à l'article 8 du règlement,
je proclame M. le député de Rimouski élu au poste de
vice-président de l'Assemblée nationale.
Des voix: Bravo!
Le Président: Au nom de tous les collègues, mes
félicitations au député de Rimouski. Je cède
maintenant la parole à M. le premier ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Le député
de Rimouski est un fils de Charlevoix. Il a mené toute sa
carrière professionnelle, d'abord comme professeur, enseignant; ensuite,
à titre de collaborateur et employé du ministère de
l'Éducation dans le Bas-Saint-Laurent? Gaspésie, les
îles-de-la-Madeleine; éventuellement, a été actif et
a dirigé un mouvement associatif avant de se diriger vers l'entreprise
privée et d'assumer des fonctions de direction générale
dans des entreprises de son milieu, et a été élu, on le
sait, en décembre 198S. On connaît le député de
Rimouski dans sa région et ici même comme étant
profondément impliqué, profondément engagé dans
toutes les causes auxquelles il a touché. Il a toujours travaillé
avec acharnement dans les postes qu'il a occupés comme adjoint
parlementaire, soit à l'Éducation, soit à l'Enseignement
supérieur, soit aux Affaires municipales. Il a su toujours apporter
l'entièreté de son temps et de son engagement au service des
dossiers qui lui avaient été confiés. Nous le connaissons
davantage, de ce côté-ci, sans doute, comme un travailleur
acharné. Il est estimé de l'ensemble de ses collègues
entre autres pour la raison suivante, c'est que, au-delà de son travail
et de son engagement, il est profondément respectueux des individus et,
évidemment, des institutions.
Ce que nous attendons de nos présidents et
vice-présidents, M. le Président, vous le savez, c'est
évidemment cet engagement auprès de l'institution
démocratique qu'est l'Assemblée nationale. Le
député
de Rimouski aura, dans les semaines et les mois qui viennent, à
assumer une tâche passablement exigeante. On connaît la
délicatesse avec laquelle on doit manoeuvrer de votre fauteuil, alors
qu'on s'aproche des élections générales, M. le
Président. Le député de Rimouski a l'expérience, la
maturité, le soin attentif aux expressions de ses collègues, la
fidélité à l'institution et la connaissance de ses rouages
qui en feront, M. le Président, un de vos appuis dans les semaines et
les mois qui viennent, au même titre d'ailleurs que le
député de Jeanne-Mance. Le député de Rimouski sera
cependant privé de son droit de parole à partir de son fauteuil
de député. Espérons, comme parlementaires, qu'il ne s'en
privera pas, le cas échéant, pour nous bien guider à
l'occasion de nos débats à partir du fauteuil que,
occasionnellement, vous lui céderez. C'est donc au nom de la
majorité ministérielle, avec beaucoup de plaisir, que j'ai
logé cette proposition et que, quant à nous, nous savons que nous
aurons sur le fauteuil, dans la personne du député de Rimouski,
un député de tout premier rang, respectueux de ses
collègues et de l'institution.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, merci, M. le premier ministre. Je
reconnais maintenant M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, au nom de ma formation, je
souhaite bonne chance au vice-président qui vient d'être
élu par nous. Je veux lui offrir aussi nos voeux. Nous cherchons, avec
nos amis d'en face, à être dociles, M. le Président,
à votre égard et à celui de vos vice-présidents.
Nous n'y arrivons pas toujours, mais nous cherchons. (15 h 10)
Je ne connais pas beaucoup le député de Rimouski, mais
tout ce que j'entends à son sujet me porte à croire qu'il fera un
excellent vice-président, dans la tradition de ceux que nous connaissons
depuis déjà passablement de temps dans cette Chambre. Encore une
fois, meilleurs voeux et bonne chance.
Le Président: Alors, merci, M. le chef de
l'Opposition.
Nouveau diagramme de l'Assemblée
Je dépose maintenant le nouveau diagramme de l'Assemblée
nationale, daté du 8 mars 1994.
Affaires courantes
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
Dépôt de documents. Mme la ministre de la Santé et
des Services sociaux.
Rapport annuel du Conseil régional
Kativik
de la santé et des services sociaux et
entente entre la Société de
l'assurance
automobile du Québec et la Régie
de l'assurance-maladie du Québec
Mme Robillard: Oui, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1992-1993 du Conseil régional Kativik
de la santé et des services sociaux. Et, M. le Président, en
vertu de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur
la protection des renseignements personnels, je dépose une entente
intervenue entre la Société de l'assurance automobile du
Québec et la Régie de Tassurance-maladie du Québec.
Le Président: Alors, ces documents sont donc
déposés. Maintenant, M. le ministre responsable de l'application
des lois professionnelles.
Rapports annuels de l'Ordre des
audioprothésistes, de l'Ordre
des chiropraticiens, de la
Corporation des urbanistes
et du Barreau du Québec
M. Chagnon: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer les rapports annuels 1992-1993 des corporations professionnelles
suivantes: de l'Ordre des audioprothésistes du Québec, de l'Ordre
des chiropraticiens du Québec, de la Corporation des urbanistes du
Québec et, finalement, du Barreau du Québec.
Rapports détaillés des résultats
du scrutin pour les élections partielles
du 13 décembre 1993, et
des 21 et 28 février 1994
Le Président: Alors, ces rapports sont donc
déposés. Maintenant, je dépose le rapport du Directeur
général des élections concernant les résultats
officiels du scrutin pour l'élection partielle qui s'est tenue le 13
décembre 1993 dans la circonscription électorale de
Laval-des-Rapides.
Je dépose également le rapport du Directeur
général des élections concernant les résultats
officiels des scrutins pour les élections partielles qui se sont tenues,
le 21 février 1994, dans la circonscription électorale de
Bonaventure et, le 28 février 1994, dans la circonscription
électorale de Shefford.
Deuxième rapport quinquennal sur la mise en
oeuvre de la Loi sur les valeurs mobilières
Je dépose le deuxième rapport quinquennal sur la mise en
oeuvre de la Loi sur les valeurs mobilières. Ce rapport n'a pas
été transmis en décembre 1993 par Mme la ministre
déléguée aux Finances conformément à
l'article 352 de la Loi sur les valeurs mobilières. La commission de
l'Assemblée nationale désignera la commission qui fera
l'étude de ce rapport... C'est-à-dire, ce rapport m'a
été transmis en décembre 1993 par Mme la ministre. Et,
donc, conformément à l'article 352 de la Loi sur les valeurs
mobilières, la commission de l'Assemblée nationale
désignera la commission qui fera l'étude de ce rapport.
Décisions du Bureau de l'Assemblée
nationale
Et, finalement, je dépose les décisions 643 à 646
et 652 à 656 du Bureau de l'Assemblée nationale.
Dépôt de rapports de commissions
Maintenant, dépôt de rapports de commissions. M. le
président de la commission de la culture et député de
Louis-Hébert.
Consultations particulières et étude
détaillée du projet de loi 135
M. Doyon: Oui. Merci, M. le Président, de me permettre de
déposer le rapport de la commission de la culture, qui a
siégé les 7, 8, 9, 13, 15 et 16 décembre 1993 afin de
procéder à des consultations particulières et à
l'étude détaillée du projet de loi 135, Loi sur le
Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec. Le projet de loi
a été adopté avec des amendements.
Le Président: Donc, ce rapport est déposé.
Maintenant, M. le président de la commission de l'économie et du
travail et député de Fabre.
Examen des orientations, des activités
et de la gestion de la Commission de
la santé et de la sécurité du
travail
M. Joly: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'économie et du travail,
qui a siégé le 2 et le 3 février 1994 afin d'examiner,
conformément à l'article 294 du règlement de
l'Assemblée nationale, les orientations, les activités et la
gestion de la Commission de la santé et de la sécurité du
travail. Merci, M. le Président.
Le Président: Ce rapport est donc déposé.
Maintenant, M. le président de la commission des institutions.
Élection du président de la commission
des institutions
M. Parent: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des institutions, qui a
siégé le 26 janvier 1994 afin de procéder à
l'élection du président de cette commission.
Le Président: Alors, ce rapport est donc
déposé. Maintenant, M. le président de la commission de
l'aménagement et des équipements et député de
Lévis.
Election du vice-président de la commission de
l'aménagement et des équipements
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements, qui a
siégé le 15 février 1994 afin de procéder à
l'élection du vice-président de la commission.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 264
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements, qui a
siégé le 15 février 1994 afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
264, Loi modifiant la charte de la ville de Québec. Le projet de loi a
été adopté avec des amendements.
Mise aux voix du rapport
Le Président: Alors, est-ce que ce rapport est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le député de
Lévis.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 271
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements, qui a
siégé le 16 février 1994 afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
271, Loi modifiant la charte de la ville de Montréal. Le projet de loi a
été adopté avec des amendements.
Mise aux voix du rapport
Le Président: Est-ce que ce rapport est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Présidait: Adopté. M. le député de
Lévis.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 230
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements, qui a
siégé le 17 février 1994 afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
230, Loi concernant la ville de Port-Cartier. Le projet de loi a
été adopté avec des amendements.
Mise aux voix du rapport
Le Président: Ce rapport est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 268
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements, qui a
siégé le 17 février 1994 afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
268, Loi concernant la ville de Waterloo. Le projet de loi a été
adopté.
Mise aux voix du rapport
Le Président: Alors, est-ce que ce rapport est
également adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 273
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements, qui a
siégé le 17 février 1994 afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
273, Loi concernant la ville de Saint-Léonard. Le projet de loi a
été adopté avec des amendements.
Mise aux voix du rapport
Le Président: Ce rapport est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 275
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements, qui a
siégé le 17 février 1994 afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
275, Loi concernant la ville de Saint-Laurent. Le projet de loi a
été adopté avec des amendements.
Mise aux voix du rapport
Le Président: Ce rapport est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Auditions et étude détaillée du
projet de loi 276
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements, qui a
siégé le 17 février 1994 afin d'entendre les
intéressés et de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé
276, Loi concernant la ville de La Prairie. Le projet de loi a
été adopté.
Mise aux voix du rapport
Le Président: Est-ce que ce rapport est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Alors, merci, M. le
député de Lévis.
Maintenant, dépôt de pétitions.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Questions et réponses orales
Nous allons procéder à la période de questions et
réponses orales. Je reconnais en première question principale M.
le chef de l'Opposition.
Fermeture du Collège militaire royal de
Saint-Jean
M. Parizeau: M. le Président, vous me permettrez, j'en
suis sûr, avant de passer à ma question, de dire quelques mots
à l'occasion de la Journée internationale des femmes. On fera des
déclarations de toutes espèces à ce sujet aujourd'hui,
j'en suis sûr, mais je voudrais simplement, moi, me limiter à
présenter mes hommages et mes voeux aux femmes, des deux
côtés, qui siègent avec nous dans cette
Assemblée.
La fermeture du Collège militaire de Saint-Jean va provoquer la
perte de 1000 emplois directs et à peu près le même nombre
d'emplois indirects. Le général Allard, qui a été
le premier francophone chef d'état major des Forces armées, a dit
de cela il y a quelques jours que c'était une honte pour le Canada que
cette fermeture. Le premier ministre, après bien des hésitations,
décrivait ce collège, il y a quelques jours, mercredi dernier,
comme utile et nécessaire et demandait que la décision soit
revue. Ce matin, le premier ministre, à l'occasion d'un
«scrum», ne semblait pas vouloir abandonner le collège
militaire. Dimanche, à Saint-Jean, des gens de toutes espèces
d'horizons politiques et de toutes espèces d'horizons qui ne sont pas
politiques vont se rassembler derrière le maire de Saint-Jean, qui a
été candidat libéral fédéral à la
dernière élection, le député libéral qui
siège ici, en cette Chambre, des gens du Bloc québécois
qui poursuivent la défense des intérêts du Québec
à Ottawa, des gens du Parti québécois, mais surtout,
surtout, des anciens élèves de cette institution et des tas de
gens qui sont menacés de perdre leur emploi là-bas.
Est-ce que le premier ministre accepterait de faire quelques pas avec
nous dimanche pour manifester cette solidarité à l'égard
de cette question?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Johnson: Oui, M. le Président. D'entrée de jeu,
au même titre que le chef de l'Opposition, j'en profite également
pour souligner cette Journée des femmes en souhaitant non seulement
à toutes nos collègues féminines de l'Assemblée
mais à toutes les femmes du Québec que nous en arrivions, comme
société, à un degré d'égalité que
nous recherchons, qui fera en sorte qu'on ne serait plus obligé, sauf
tous les jours, de saluer toutes les femmes. (15 h 20) quant à la
position gouvernementale sur le collège militaire royal de saint-jean,
depuis le vendredi qui a suivi le discours sur le budget fédéral,
il est extrêmement clair de notre côté que, d'une part, il
est impératif qu'au canada il y ait, pour les francophones
désireux d'accéder aux plus hauts rangs de l'armée
canadienne, une porte d'entrée efficace qui soit... si, à partir
du moment où le gouvernement fédéral prétend que le
collège militaire royal de saint-jean ne peut plus être cette
porte, il lui incombe, je le répète, de démontrer une
alternative crédible qui permette à des francophones, non
seulement d'utiliser la filière universitaire qui existe, ou
collégiale... elles existent toujours; 85 % des officiers francophones
de l'armée canadienne ne sont pas allés au collège
militaire royal. ça, évidemment, c'est un fait, mais quant
à ceux qui décident que c'est cette filière qui devrait
être disponible, où qu'elle soit au canada, le gouvernement
fédéral doit démontrer une alternative
crédible.
Deuxièmement, quant à la région de Saint-Jean,
dès le départ, j'ai indiqué, et on me l'a même
reproché, qu'il s'agissait là d'un actif extrêmement
important pour la région et pour le Québec en raison de la
qualité de l'enseignement collégial et universitaire qu'on y
retrouve. Il m'apparaît qu'il ne fallait pas mêler les deux
dossiers. La vocation précise du Collège militaire royal est en
cause à ce moment-ci, et nous préférons, nous l'avons
indiqué, qu'elle soit maintenue, du côté militaire. Mais
les activités de niveaux collégial et universitaire sont
également en cause, et c'est, surtout si on parle de création
d'emplois et de maintien de l'emploi, ce qui nous préoccupe d'abord et
avant tout. C'est sur ce créneau, sur cet élément que nous
devons agir, et agir pour l'emploi, le maintien d'une institution
collégiale et universitaire à Saint-Jean.
Le Président: Alors, en question complémentaire, M.
le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Dans l'esprit du premier ministre, devant qui est-ce
que le gouvernement fédéral devra démontrer une
alternative crédible? Qui va en juger?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Johnson: M. le Président, comme n'importe quelle, je
dirais, manifestation d'une décision politique, il incombe au
gouvernement fédéral de démontrer, de façon
crédible, le point de vue politique, donc, de façon
éventuellement acceptable par ceux qui jugent ces choses-là, et
c'est le peuple, c'est les instances, c'est les institutions. Absolument. On
est dans le marché politique. Je pense bien que le chef de l'Opposition
n'ignore pas ça. On est dans le marché politique. Il n'y a pas de
cour devant laquelle ça pourrait se faire valoir. Il n'y a pas de
référendum, quoiqu'il aime beaucoup ces choses... À moins
qu'il nous suggère un référendum! À moins qu'il
suggère un référendum, là aussi, pour
décider du sort du Collège militaire royal, mais c'est le
gouvernement fédéral, dans le marché qu'il occupe, qui
devra le justifier, à la satisfaction des gens, ne mêlant pas la
vocation militaire du collège et le maintien d'une institution
collégiale et universitaire dans cette région.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Parizeau: J'ai bien compris, M. le Président.
J'interprète bien la pensée du premier ministre en disant qu'il
vient de nous dire que, quant au Collège militaire de Saint-Jean,
à toutes fins pratiques, il s'en lave les mains, l'opinion publique
jugera.
Des voix: Ah!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Johnson: M. le Président, je désespère
de
faire comprendre au chef de l'Opposition qu'il est important de
distinguer, dans ce dossier, la vocation militaire de cet établissement
et le maintien de cet établissement de niveaux collégial et
universitaire. Il m'apparaît beaucoup plus productif, quel que soit le
résultat ultime des décisions et des démarches, de faire
en sorte qu'il existe, à Saint-Jean, un établissement qui a
maintenant une tradition de 40 ans dans l'enseignement de certaines
matières spécialisées, de pointe, qui font l'envie, depuis
que je m'en souviens et que... J'étais au secondaire, et je savais que
le Collège militaire royal existait, qu'au titre du génie, au
titre de certains enseignements, c'était de toute première force,
dans les toutes premières années de sa fondation. Il n'y a aucune
raison de souhaiter quelque disparition ou étiolement que ce soit de
cette mission, mais la mission militaire, militaire que, évidemment, le
chef de l'Opposition maintiendrait, si je comprends bien, pour sa propre
armée, n'est pas nécessairement...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: ...n'est pas nécessairement le facteur qui
explique la qualité de l'enseignement collégial et
universitaire.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, toujours en question
complémentaire, M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Est-ce qu'il y a un projet quelconque, M. le
Président? Est-ce qu'il y a un projet quelconque de maison
d'enseignement à Saint-Jean? Est-ce que le premier ministre vient de
nous annoncer la création d'une nouvelle faculté de génie
au Québec? Est-ce qu'il y a un contenu quelconque, sauf des intentions
pieuses, dans ce qu'il vient de nous dire?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Johnson: M. le Président, nous agissons de façon
concrète, et déjà, le ministre... Absolument! Le
ministère et le ministre de l'Éducation examinent de façon
précise quelles sont les pistes que nous pouvons suivre afin de
maintenir ? et ça m'apparaît important pour Saint-Jean et
pour le Québec ? à Saint-Jean un établissement de
très haut niveau collégial et universitaire dans les disciplines
qu'on y connaît, et il m'appa-raît encore une fois ? j'y
reviens ? qu'on ne doit pas mêler les vocations ou les
activités de ces vocations qu'on retrouve à Saint-Jean.
La question de savoir combien de collèges militaires ça
prend au Canada, compte tenu de la grosseur et de l'ampleur de l'armée
canadienne, c'est une chose. Nous persistons à maintenir que,
jusqu'à plus informé et mieux informé par le gouvernement
fédéral... et mieux expliqué... que la vocation que nous
connaissons aujourd'hui soit maintenue, à défaut de quoi,
à tout le moins, cet établissement collégial et
universitaire doit, lui, être maintenu, et c'est ce à quoi nous
nous employons.
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire, M. le député d'Iberville.
M. Lafrance: Oui. Merci, M. le Président. Pour
l'information du premier ministre, on n'enseigne pas le génie à
Saint-Jean. Deuxièmement, M. le premier ministre a mentionné une
alternative crédible.
Le Président: Un instant, s'il vous plaît. S'il vous
plaît! Un instant, s'il vous plaît! Alors, j'invite le
député d'Iberville, en complémentaire, à poser
directement sa question.
M. Lafrance: J'aimerais que le premier ministre commente
l'observation des anciens du Collège militaire. On sait qu'il y a 7000
jeunes qui ont passé par là, et le Club des anciens du
Collège militaire, qui représente 700 à 800 membres, a
déclaré: II est illusoire de prétendre que
l'égalité des chances sera préservée en offrant une
formation académique soit...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît, M. le
député. M. le député! S'il vous plaît!
Alors, sur un rappel au règlement, M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. La façon de poser la
question de mon bon ami le député d'Iberville illustre bien la
façon de poser une question principale. Maintenant, ça, ça
se retrouve, cette façon-là, à l'article 77. La
façon de poser une question additionnelle se retrouve à l'article
78 de notre règlement, et c'est bien spécifié, M. le
Président, que les questions complémentaires ne peuvent comporter
de préambule et qu'elles doivent être brèves,
précises. J'inviterais M. le député d'Iberville à
se conformer à l'article 78 de notre règlement.
Le Président: S'il vous plaît, oui! Donc, à
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, j'invite... S'il vous plaît!
J'invite le député d'Iberville à formuler sa question
directement. S'il vous plaît! À l'ordre! MM. les
députés, s'il vous plaît!
Alors, allez-y.
M. Lafrance: M. le premier ministre pourrait-t-il commenter
l'observation qu'a faite le Club des anciens du Collège militaire
à l'effet qu'il était illusoire de prétendre à
l'égalité des chances, à Kingston, pour les
francophones?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Johnson: M. le Président, quant à la mise au
point du député d'Iberville, écoutez, tout ce que je sais,
moi... Je n'ai pas prétendu, d'abord, qu'on n'enseignait
que le génie et que c'était une école polytechnique
à Saint-Jean. Mais tout ce que je constate, c'est que, si on va à
Saint-Jean, qu'on finit deux ans à Kingston, on devient un
ingénieur. Bien, à partir de ce moment-là, il doit
s'enseigner quelque chose qui ressemble au génie, même s'il ne
s'enseigne pas que ça. (15 h 30)
Deuxièmement, quant au commentaire du député
d'Iberville, c'est précisément l'objet de l'intervention et des
demandes que nous faisons actuellement au gouvernement fédéral,
que la démonstration doit être faite ? et, dans ce
sens-là, je rejoins les propos du député ? la
démonstration doit être faite qu'une porte d'entrée pour
des jeunes officiers francophones, notamment Québécois, vers
l'armée canadienne, avec l'entraînement qu'un collège
militaire peut représenter par opposition au programme régulier
pour les officiers dans les universités, ça demeure quelque chose
qui est à démontrer.
Alors, dans ce sens-là, c'est évident qu'on rejoint les
préoccupations de tous les anciens, les Québécois qui sont
passés par le Collège militaire royal. On comprend leur
attachement. J'en connais personnellement. Tout le monde ici en connaît.
On comprend leur attachement. On connaît la qualité de
l'enseignement qui est dispensé, d'où mon insistance qu'on
maintienne sur les lieux une qualité d'enseignement collégial et
universitaire comme celui qu'on y dispense actuellement.
Le Président: Alors, en question principale, maintenant,
M. le député de Lévis.
Appui au plan d'affaires de la MIL Davie
M. Garon: M. le Président, au rythme où vont les
choses, en décembre 1994, il ne restera plus au chantier maritime MIL
Davie de Lévis qu'environ 300 des 3500 personnes qui y travaillaient il
y a moins d'un an. Il s'agit d'une catastrophe économique que le premier
ministre actuel semble contempler du même oeil serein que la fermeture du
Collège militaire de Saint-Jean. N'oublions pas qu'il a une très
grande part dans ce désastre puisqu'il était le ministre
chargé du dossier lorsque le Québec a vu lui échapper le
deuxième contrat de six frégates alors que, sous le gouvernement
du Parti québécois, nous avions obtenu trois frégates sur
six et la réparation de quatre destroyers, travaux qui se terminent.
Pourtant, il y a sur la table des projets concrets et réalistes,
en mesure de créer des milliers d'emplois et d'assurer à la MIL
Davie un rôle majeur de développement économique: la
construction d'un traversier pour desservir les îles-de-la-Madeleine et
la mise au point et la construction d'un prototype d'un navire de soutien aux
missions de paix et d'intervention en cas de désastre écologique
qui a un grand potentiel d'exportation.
Je termine, M. le Président. Faut-il rappeler la très
grande solidarité à l'endroit de la MIL Davie de la part du monde
des affaires et des syndicats québécois qui, à deux
reprises à l'automne dernier, lors du Rendez-vous économique 1993
à Montréal et du forum économique de Québec, ont
identifié ces projets de construction navale comme les priorités
numéro un pour la relance de l'emploi au Québec. Les
débats sont faits. Ce qu'il faut maintenant, ce sont des
décisions.
Ma question au ministre de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de
la Technologie: Le ministre peut-il faire acte de leadership et appuyer
fermement le plan d'affaires de la MIL Davie? Parce que son silence constitue
présentement le principal obstacle à un déblocage de
différents dossiers.
Le Président: Alors, M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce, de la Science et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): Bon, M. le Président, j'ai cru
comprendre, il y a certaines semaines, que ce dossier est devenu très
important pour le chef de l'Opposition parce que, pour la première fois,
il a commencé à parler des emplois des chantiers maritimes au
Québec. Alors, je suis très heureux de voir que le
député de Lévis commence à avoir une certaine
influence sur le chef de l'Opposition.
Ce que je voudrais rappeler au député de Lévis,
c'est qu'en 1986 il n'y avait que 300 travailleurs dans les chantiers
maritimes, et, grâce à l'intervention personnelle du ministre de
l'Industrie et du Commerce d'alors, aujourd'hui premier ministre du
Québec, il y au-delà de 2500 travailleurs, ces mêmes
travailleurs qui ont réussi au cours des dernières années
à améliorer la productivité du chantier maritime de plus
de 50 %. C'est grâce à ces efforts que le gouvernement du
Québec a injecté 100 000 000 $ pour assurer la finition des
destroyers et, également, de tous les équipements qui ont
été confiés à ce chantier.
Alors, le député de Lévis sait très bien que
le gouvernement du Québec s'est engagé à assurer la
réussite des chantiers maritimes, et nous ne ménagerons aucun
effort pour que le gouvernement fédéral nous octroie le plus
rapidement possible le Lucy-Maud-Montgomery.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Garon: M. le Président, le ministre de l'Industrie et
du Commerce sait-il que le chef de l'Opposition est allé au chantier
presque à chaque année depuis 1989? Et, réalise-t-il que
le gouvernement, qui est l'actionnaire principal de l'entreprise, doit prendre
des engagements sur le plan d'affaires de la MIL Davie qu'il a sur son bureau
depuis plus d'un an, et qu'il disait en commission parlementaire qu'il
bougerait, il y a un an, et qu'il est utopique de penser trouver un partenaire
international et garnir le carnet de commandes de la MIL Davie autrement?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, il y a deux
débats qui sont importants. Le premier, c'est d'assurer la transition
jusqu'à temps qu'on puisse donner suite au plan d'affaires. Il y a
quelques heures, j'étais avec le ministre de l'Industrie du Canada, M.
John Manley, pour annoncer un projet d'investissement de 168 000 000 $ par
Canadair et la création de 350 emplois.
Des voix: Bravo!
M. Tremblay (Outremont): Les représentations sont faites
à tous les paliers d'intervention au niveau du gouvernement
fédéral, et nous anticipons une réponse positive le plus
rapidement possible sur le Lucy-Maud-Montgomery.
Parallèlement à ces efforts, nous sommes en train
d'actualiser un plan de relance des chantiers qui doit reposer sur un
partenariat, sur une expertise technique internationale, sur un réseau
de distribution et également sur la rentabilité. Lorsque nous
aurons en main ces éléments, on pourra donner suite aux attentes
légitimes des travailleurs et des travailleuses des chantiers
maritimes.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, en question principale, Mme la
députée de Chutes-de-la-Chaudière.
Congédiements illégaux pour
grossesse
Mme Carrier-Perreault: Oui. Merci, M. le Président.
Parlant d'emploi ou de maintien à l'emploi, la nouvelle priorité
que semble venir de découvrir le premier ministre, on constate
aujourd'hui que les femmes qui ont réussi, malgré le contexte et
malgré de nombreuses contraintes, à se tailler une place sur le
marché du travail ont aussi à y vivre des situations tout
à fait inacceptables.
En 1993, la Commission des normes du travail a enregistré pas
moins de 1500 plaintes reliées à la grossesse, dont 515 pour
congédiement. Toujours selon la Commission des normes, la grossesse est
la principale cause de congédiement illégal.
Comment le ministre de l'Emploi peut-il nous expliquer que, plus de 20
ans après la reconnaissance du droit au congé de
maternité, les femmes soient toujours aux prises avec ce genre de
discrimination, ce genre de problème flagrant?
Le Président: Alors, M. le ministre de l'Emploi.
M. Marcil: M. le Président, j'aurais
préféré que Mme la députée puisse poser la
question à ma collègue à la Condition féminine.
Cependant, ce que je pourrais ajouter, c'est tout simplement qu'il y a la Loi
sur les normes du travail, il y a une procédure qui est établie
dans ce sens-là, on a un article qui permet justement à toutes
les personnes qui font face à des causes de congédiement ?
pas seulement les femmes, mais tous les genres de travailleurs qui peuvent
exister au Québec ? de faire appel à ce comité. Donc,
à ce moment-ci, ce que je peux vous dire, c'est que les causes sont
toujours bien traitées. Malheureusement, malheureusement, c'est qu'il y
a une catégorie de personnes qui sont souvent... On a le cas au niveau
des avocates; c'est un sujet qui est d'actualité présentement. Il
s'agirait que l'ensemble des employeurs au Québec puissent
considérer naturellement les gens au travail sur le même pied
d'égalité et faire en sorte que les femmes au Québec
puissent être traitées de la même façon que
l'ensemble des travailleurs du Québec.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que le ministre de l'Emploi trouve
acceptable ce genre de situation, qu'on soit face à ce genre de
problème encore en 1994? Et, ce que j'aimerais savoir: Est-ce qu'il
compte, lui, mettre des mesures en place, des mesures concrètes pour que
cette situation-là cesse dans les plus brefs délais?
Le Président: M. le ministre.
M. Marcil: Pas seulement en tant que ministre de l'Emploi, mais en
tant que député et en tant que citoyen du Canada, en tant que
citoyen du Québec, c'est tout à fait inacceptable qu'on puisse
procéder de cette façon-là.
Le Président: En question principale, M. le leader de
l'Opposition et député de Joliette.
Contrats à partage de risques
d'Hydro-Québec
M. Chevrette: Oui, M. le Président. L'aventure
libérale dans les contrats à partage de risques ou les contrats
dits secrets est en train de devenir le plus grand fiasco du siècle au
Québec. En fait, le gouvernement libéral, en forçant
Hydro-Québec à signer ces contrats, a littéralement
piégé la société d'État, et, pour des
dizaines d'années, on a peu d'espoir de rendre ces contrats un jour
rentables. D'ici l'an 2010, par exemple, on prévoit qu'il y aura tout
près de 3 000 000 000 $ en pertes. (15 h 40)
Est-il exact ? et ma question s'adresse au ministre des Ressources
naturelles ? ou peut-il nous confirmer que les prévisions
qu'Hydro-Québec avait pour l'an passé, de l'ordre de 300 000 000
$, sont largement dépassées, et c'est même tout près
de 320 000 000 $, la perte réelle?
Le Président: M. le ministre des Ressources
naturelles.
M. Sirros: M. le Président, non, je ne suis pas en mesure
de confirmer ça, M. le Président. J'attends
effectivement de recevoir des calculs de la part d'Hydro-Québec
sur ça. Mais il faudrait, M. le Président, qu'on dise au moins un
certain nombre de choses sur la façon dont on analyse
présentement les contrats à partage de risques dans le domaine de
l'aluminium. Ça me fait penser un peu, comme si on essaie, M.
le Président, de comprendre ce qu'il y a derrière une porte en
regardant à travers le trou de la serrure. L'image serait très
différente si on ouvrait la porte. Et, la porte, elle va ouvrir au bout
de ces contrats, M. le Président. Ce sont des contrats de 25 ans. Si on
s'attarde strictement, à partir d'aujourd'hui, au niveau du prix de
l'aluminium, avec la situation qu'on connaît sur le marché mondial
de l'aluminium, à décrier ce qui va arriver d'ici les 20
prochaines années, il me semble qu'on se prête des
capacités de prévoyance que personne, ici, n'a pu
démontrer jusqu'à maintenant, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre des
Ressources naturelles a pris connaissance des papiers émanant
d'Hydro-Québec, qui ne regarde sans doute pas par le trou de la serrure
et qui prévoit que ces contrats ne seront jamais rentables et
qu'à la fin et à l'échéance il y aura des pertes
énormes parce que le gouvernement libéral auquel vous appartenez
a forcé Hydro-Québec à signer ces dits contrats
catastrophiques?
Le Président: M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président. J'aimerais aussi dire que si
ces contrats sont strictement examinés en fonction de l'impact qu'ils
ont sur les revenus d'Hydro-Québec comme tels, il y a une autre partie
que les gens manquent. Parce que, effectivement, M. le Président, ces
contrats ont permis de consolider et de s'assurer qu'au Québec nous
aurons des producteurs d'aluminium, un métal d'avenir, M. le
Président, qui nous permet de s'assurer que la production de cet
aluminium sera fait ici. Il nous restera donc à être en bonne
position pour s'assurer qu'on peut aussi faire des efforts afin que la
transformation puisse se faire ici aussi, M. le Président. Alors, dans
ce sens-là, M. le Président, il me semble qu'il est bien trop
tôt, dans ces contrats-là, pour juger le tout d'ici l'avenir.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre a
pris deux minutes de son temps depuis qu'il a été nommé
à ce poste pour vérifier les conditions des contrats secrets?
Est-il exact, M. le ministre, qu'il n'existe aucune obligation de quelque
nature que ce soit de transformer ici au Québec, mais que vous avez
littéralement signé des contrats en donnant notre
électricité?
Le Président: M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président, que le député se
calme. Nous sommes également partenaires dans au moins deux alumineries
avec la SGF, la Société générale de financement, et
c'est justement parce que nous sommes intéressés à
travailler... Nous travaillons avec le ministre de l'Industrie, du Commerce, de
la Science et de la Technologie pour qu'on puisse se positionner pour l'avenir,
en termes de l'emploi, M. le Président, en termes de la relance de
l'économie, des choses qui nous intéressent. Si le
député, de l'autre côté, veut strictement chercher
les choses qui, dans sa boule de cristal, lui diront ce qui va arriver d'ici 25
ans, libre à lui. Nous, on sait que ces contrats ont quand même
conduit à 45 000 emplois directs et indirects, que ça nous place
dans une excellente position pour l'avenir vis-à-vis la transformation
de l'aluminium. Et ils ont encore des années à courir, M. le
Président, ces contrats-là.
Le Président: Pour une question additionnelle, M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci, M. le Président. Does the minister not
recognize that with the energy conservation initiatives in the United States,
with the improbable recovery of the price of aluminum, even in the next 20
years, does he not recognize the importance of reviewing some of these
contracts, number one? And, number two, seriously questionning the economic
viability of the future development plans at James Bay, does he not, at least,
aknowledge that this should be a major consideration of the Government?
Le Président: M. le ministre.
M. Sirros: M. le Président, on peut dire tout ce qu'on
veut de ces contrats-là, une chose est claire: Ces contrats sont
signés. Ils ne sont pas renégociables avant un certain nombre
d'années. Il n'y a pas d'horizon avant l'an 2000, d'après les
informations que j'ai, pour qu'on puisse les réexaminer, et, dans ce
sens-là, je pense que le député me demande de faire
quelque chose que je pourrais peut-être m'engager à faire dans
l'an 2000 à, mais, à ce moment-ci, ce n'est pas dans les
possibilités.
Dernière additionnelle, M. le Président...
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député d'Arthabaska.
Disposition d'une part des revenus du Salon
québécois du cheval
M. Baril: Merci. M. le Président, au Québec, c'est
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui a
l'autorité pour accorder la tenue de casinos forains dans le monde
agricole et alimentaire. Depuis 1991, le ministre a autorisé à
chaque année un permis de casino pour la tenue du Salon
québécois du cheval, qui est dirigé par M. Lucien
Paiement, que l'on connaît, entre autres, par son implication dans le
dossier
Blue Bonnets. Ces casinos sont excessivement lucratifs. Ils rapportent
plus de 2 000 000 $, argent qui, selon les statuts, doit être remis aux
membres. Or, fait anormal, on a appris qu'au cours des deux dernières
années une petite caisse s'élevant à 100 000 $ par
année a été constituée à même le
revenu du casino pour que l'on en dispose selon la discrétion du
ministre.
M. le Président, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation...
Le Président: Donc, à l'ordre, s'il vous
plaît! Alors, votre question, M. le député
d'Artha-baska.
M. Baril: Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation sait-il qu'un officier de son ministère a demandé
à M. Paiement, président du Salon québécois du
cheval, de verser une somme de 20 000 $, à même les 100 000 $ de
la petite caisse, à un organisme situé dans le comté du
ministre?
Le Président: Alors, M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Picotte: M. le Président, oui, je sais ça...
Une voix: Ah!
M. Picotte: Oui, je sais ça, et je pense que la
vérité est toute différente. Ce que le
député d'Arthabaska devrait savoir, c'est: quand il y a des
casinos forains qui se tiennent à travers le Québec, parfois, les
dates de casino qui sont déterminées pour des casinos provinciaux
arrivent et empiètent sur d'autres casinos qui devraient être
donnés dans des expositions agricoles. Et, la seule chose que nous
faisons à ce moment-là: nous faisons une entente écrite
avec les dirigeants de ce casino-là pour qu'aux endroits où ils
ne peuvent tenir de casino parce que le casino provincial a lieu et que les
gens sont dans les régions du Québec... Et je prends acte que
ça ne vous intéresse pas, les gens des régions du
Québec, je prends acte que les expositions agricoles dans les petites
municipalités ne vous intéressent pas. On demande aux casinos
forains d'envergure provinciale de partager la facture avec les petites
expositions...
Des voix: Ah!
M. Picotte: ...plutôt que de les laisser crever, comme
c'est votre intention de le faire.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Baril: M. le Président, me permettriez-vous de demander
au ministre de ne pas prendre le mors aux dents là, de parler calmement,
hein?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Qu'on ne s'excite pas avec ça. Comprenez-vous?
Et, en complémentaire, de quel droit, de quel pouvoir, où c'est
écrit dans la loi que le ministre peut justement demander à un
société à but non lucratif de verser une partie de ses
revenus à un autre organisme?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, c'est une entente qu'on signe
avant de donner un casino à des responsables parce que ça vient
nuire à d'autres casinos. C'est uniquement... Puis c'est le gros bon
sens, M. le Président, parce que, au moment où se tient un casino
à Montréal pour tout le groupe des chevaux ? exemple,
l'exposition de Saint-Barnabé-Nord à laquelle vous faites
allusion ? ils ne peuvent pas obtenir de journée de casino et, par
le fait même, il y a un manque à gagner de 20 000 $ d'avec
l'année précédente. Ce que nous exigeons, c'est: compte
tenu du fait que ces gens-là ne peuvent tenir un casino à cause
de ce casino-là, nous exigeons et nous demandons, par entente
signée, qu'au moins la valeur qui avait été
récoltée l'année d'avant par les gens de l'exposition de
Saint-Barnabe ou d'ailleurs, et c'est de là que passent les 100 000 $...
que ces gens-là soient compensés pour la même valeur de
l'année avant. En consentant que, peut-être, ils auraient pu faire
un peu plus d'argent, bien, on fait consentir même aux gens de se limiter
au même montant d'avant. Ce n'est pas une question de prendre le mors aux
dents, mais, M. le Président, avant de toucher à la
réputation des gens, vous seriez peut-être mieux de vous informer
de ce que ça veut dire, la réputation, au député de
Duplessis et à la députée de Marie-Victorin. C'est pas mal
cher, une réputation. Laissez donc ça aux charognards de
l'information.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, en question complémentaire, M.
le député d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, je veux simplement demander le
dépôt d'une copie de l'entente dont le ministre a fait
mention.
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, vous comprendrez que je n'ai
pas l'entente avec moi, mais je m'engage, à la première occasion,
à déposer l'entente, les pièces justificatives et les
montants, où ils ont été dépensés. Le
député d'Arthabaska va apprendre à ce moment-là que
ce n'est pas une petite caisse du ministre, comme il l'a laissé
entendre, et je ne voudrais pas qu'il retrouve le groupe que j'ai
qualifié tantôt. (15 h 50)
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Montmorency.
Perception de la taxe de vente dans les
stations-service en territoire mohawk
M. Filion: Le président de l'Association des
stations-service du sud-ouest de la région de Kahnawake dénonce
avec vigueur, M. le Président, la concurrence économique
déloyale des Mohawks, qui ne remettent pas au gouvernement les taxes de
vente perçues. Des appropriations de fonds publics dignes des grands
fraudeurs de notre société.
Dans ce contexte de fraude, M. le Président, est-ce que le
ministre du Revenu peut nous dire à combien il estime le nombre de
stations-service en territoire mohawk qui ont violé nos lois fiscales,
à combien es-time-t-il le montant des taxes non versées, et,
finalement, les a-t-il cotisées?
Le Président: M. le ministre du Revenu.
M. Vallerand: Merci, M. le Président. Premièrement,
permettez-moi, dans un premier temps, de remercier le député de
Montmorency, critique fiscal de l'Opposition, pour sa question, de le remercier
également pour l'enthousiasme, je dirais, la façon
élogieuse avec laquelle il a cautionné les décisions du
gouvernement récemment, eu égard à la diminution de la
contrebande sur la cigarette. Dans ce sens-là, je lui prête et lui
offre toute ma collaboration.
M. le Président, je pense qu'il nous faut prendre acte que dans
la perception populaire, à certains égards, pas dans tous les
égards, mais à certains égards, s'accrédite le fait
que le traitement fiscal au Québec souffre d'un certain malaise, pour ne
pas dire d'une certaine iniquité.
M. le Président, je voudrais rassurer cette Assemblée pour
vous dire que le ministère du Revenu et son titulaire prendront tous les
moyens à leur disposition, en vertu de ses lois et de ses
règlements, pour contrer l'évasion fiscale au Québec. Que
ceux qui pratiquent cette évasion, preuve à l'appui, de
façon systématique et délibérée se le
tiennent pour dit, nous agirons avec beaucoup de diligence et nous serons
intraitables.
Il est évident, dans ces circonstances, M. le Président,
et le député de l'Opposition le sait très bien, que le
ministre du Revenu est tenu à une certaine confidentialité
vis-à-vis les actions que son ministère peut entreprendre eu
égard à l'évasion fiscale, mais je peux assurer cette
Chambre, encore une fois, que les moyens que nous prendrons en vertu des
pouvoirs et des lois du ministère nous permettront de rétablir et
de dédouaner cette perception d'iniquité fiscale au
Québec.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Filion: M. le Président, le ministre n'a pas
répondu à mes petites questions, qui étaient très
simples. À combien estime-t-il le montant des taxes non versées,
et, finalement, les a-t-il cotisées, ces stations-service
délinquantes?
Le Président: M. le ministre du Revenu.
M. Vallerand: M. le Président, j'ai pris la peine de dire
au député de Montmorency, tout à l'heure, que les
employés du ministère et, au premier chef, son titulaire sont
tenus à une confidentialité eu égard à
l'information fiscale. Et, M. le Président, vous comprendrez très
bien pourquoi, et j'en suis. L'essence même du régime fiscal
québécois repose sur l'autocotisation, M. le Président,
c'est facile à comprendre. Et l'autocotisa-tion du régime fiscal,
c'est une invitation à tous les contribuables du Québec de nous
déclarer leur rapport d'impôt, la déclaration, et cette
invitation repose sur une assise extrêmement importante qui est la
confidentialité de l'information.
On ne m'amènera jamais, et que ce soit dit dans cette Chambre, M.
le Président, pour le bénéfice de l'Opposition, qu'on
n'amènera pas le ministre du Revenu à faire le procès
fiscal de qui que ce soit, mais nous agirons là où nous saurons,
preuve à l'appui, qu'il y a iniquité, soyez sans crainte.
Le Président: Alors, question additionnelle, M. le
député de... M. le député de La Prairie, question
additionnelle.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Compte tenu qu'un grand
nombre de propriétaires de stations d'essence entourant Kahnawake sont
dans le comté de La Prairie, compte tenu que ces propriétaires
ont rencontré l'ex-premier ministre Bourassa et quatre de ses ministres
il y a déjà quelque temps sans aucun résultat, est-ce que
le ministre peut prendre l'engagement de rencontrer ces propriétaires le
plus tôt possible et d'apporter des correctifs aux injustices dont ils
sont les victimes actuellement?
Le Président: M. le ministre du Revenu.
M. Vallerand: M. le Président, comme plusieurs d'entre
nous, j'ai pris connaissance dans les journaux qu'il était de
l'intention du président de l'association de ces stations de service de
me rencontrer. D me fera grand plaisir de le rencontrer, M. le
Président.
Le Président: En question principale, M. le
député de Jonquière.
Contrebande de l'alcool
M. Dufour: M. le Président, même avec un nouveau
ministre, la contrebande de l'alcool entraîne des
pertes de 300 000 000 $ à 500 000 000 $ annuellement à la
Société des alcools du Québec, tandis qu'elle prive le
gouvernement québécois de 250 000 000 $ en taxes
impayées.
Comme pour la contrebande de cigarettes, il est de
notoriété publique qu'une majeure partie du commerce
illégal de l'alcool se fait à partir des territoires mohawks
d'Akwesasne et de Kahnawake. La police le sait, le gouvernement aussi. Le
ministre de la Sécurité publique peut-il nous indiquer quelles
sont les mesures qui ont été prises pour contrer la contrebande
de l'alcool?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Middlemiss: M. le Président, je remercie le critique de
l'Opposition pour cette question, et je vais lui dire qu'il aurait dû
certainement nous féliciter de la façon dont on a
réglé le dossier de contrebande de la cigarette.
Des voix: Bravo!
M. Middlemiss: M. le Président, dans ce dossier, le
gouvernement a pris ses responsabilités et il a agi. De la même
façon, M. le Président, concernant la contrebande de l'alcool, on
prendra les mesures nécessaires. Et, comme on l'avait indiqué au
moment de la conférence de presse sur la contrebande du tabac, on disait
qu'on couvrait tous les genres de contrebande et que les forces
policières s'organisaient pour faire les vérifications et se
donner les pouvoirs nécessaires pour être capables d'appliquer la
loi de Douanes et Accise, M. le Président. Et, au moment propice, on
posera les gestes nécessaires.
Le Président: En question complémentaire.
M. Dufour: Le ministre ne peut pas prétendre qu'on le
félicite de son inertie et de celle du gouvernement durant les trois
dernières années.
Le Président: Votre remarque, M. le député
de Jonquière, est à rencontre des prescriptions du
règlement. En question complémentaire, vous devez poser une
question. Allez-y avec une question.
M. Dufour: M. le Président, la justice est la même
pour tous. Le ministre de la Sécurité publique a-t-il l'intention
de prendre les mesures nécessaires pour arrêter tous les
contrebandiers, y compris ceux qui opèrent à partir de Kahnawake
et d'Akwesasne?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Middlemiss: M. le Président, regardez, 24 heures
à peine après l'annonce de la baisse des prix des cigarettes,
dans la région de Montréal, sur 40 établissements, il en
restait trois. Donc, c'est pour ça que j'indi- quais tantôt qu'on
avait certainement besoin de se faire féliciter.
Ceci étant dit, M. le Président, les forces
policières enquêtent présentement sur différentes
pistes pouvant conduire à l'arrestation de trafiquants qui pourraient
être impliqués dans d'autres formes de contrebande. Nous laissons
agir les policiers et, comme dans le cas de la contrebande des cigarettes, le
gouvernement prendra ses responsabilités et agira s'il y a lieu, M. le
Président.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député de Masson. (16 heures)
Subvention versée à
l'ex-propriétaire du Manoir Richelieu
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Nous avons
appris qu'une subvention de 200 000 $ versée au Manoir Richelieu pour
faire de la promotion touristique à l'étranger constituait, dans
les faits, un véhicule pour remplir une vieille promesse de 1 000 000 $
du gouvernement libéral à l'endroit de Raymond Malenfant et, de
cette façon, l'amener à compléter les travaux du centre de
ski Pin rouge. Interrogé à ce sujet, M. le Président, le
premier ministre, M. Daniel Johnson, qui avait approuvé, d'ailleurs,
cette subvention à titre de président du Conseil du
trésor, a affirmé que le versement de ladite subvention avait
été fait conformément aux normes et programmes du
ministère du Tourisme, c'est-à-dire, et je le cite, «sur
présentation de factures pour dépenses à
l'étranger». ma question: le ministre responsable du tourisme
peut-il déposer des documents écrits, le projet et les devis
présentés par le manoir richelieu à l'appui de sa demande
de subvention et les pièces justificatives qui auraient permis à
la direction générale du marketing du défunt
ministère du tourisme de rembourser 50 % des dépenses en
promotion du manoir richelieu à l'étranger, soit des factures
pour un total de 400 000 $?
Le Président: M. le ministre responsable du Tourisme.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Je remercie le
député de Masson de sa question. Évidemment, dans ce
dossier-là, tout a été fait conformément au
programme du ministère du Tourisme, c'est-à-dire le Programme de
publicité coopérative, c'est-à-dire une intervention de 50
% du ministère et 50 % du Manoir Richelieu, et ce, M. le
Président, avec toute la limpidité et la transparence dont notre
gouvernement a fait preuve jusqu'à présent. C'est avec beaucoup
de plaisir que je vais déposer, aujourd'hui même, toutes les
factures requises, ce qui va faire en sorte de prouver...
Des voix: Ah!
M. Farrah: ...l'action gouvernementale.
Le Président: S'il vous plaît! Alors, M. le
ministre.
M. Farrah: J'aimerais avoir le consentement de l'Opposition pour
déposer lesdites factures.
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement au
dépôt des documents? Il y a consentement.
Documents déposés
Les documents sont donc déposés. À l'ordre, s'il
vous plaît!
Pour une question complémentaire.
M. Blais: Est-il exact, M. le ministre, sans les avoir vues une
à une, ces factures que vous venez de déposer, que plusieurs de
ces pièces justificatives remontent aux années 1986, 1987 et
1988, soit avant même que la demande de subvention éventuelle de
ces activités de promotion ait été faite à votre
ministère?
Le Président: M. le ministre responsable du Tourisme.
M. Farrah: Alors, M. le Président, tel que je l'ai
mentionné tantôt, tout a été fait selon les
règles de l'art, selon les normes du programme en vigueur, et j'invite
le député à prendre connaissance des documents. Il verra
bien. Tout s'est fait conformément au programme du ministère.
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions.
À l'ordre, s'il vous plaît, là!
Il n'y a pas de votes reportés.
À l'ordre, s'il vous plaît! Mesdames, messieurs les
députés, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
Motions sans préavis
Nous poursuivons donc aux motions sans préavis, si j'ai, s'il
vous plaît, l'attention des collègues de l'Assemblée.
Alors, motions sans préavis. M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Il
s'agirait, avec le consentement des membres...
Le Président: Alors, j'appelle à l'ordre, s'il vous
plaît, les collègues! Mesdames, messieurs les
députés, s'il vous plaît! M. le député!
Alors, aux motions sans préavis. M. le leader du
gouvernement.
Motion proposant que le nom de M. Serge Marcil
soit substitué à celui de M. Normand
Cherry
comme parrain du projet de loi 116
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Avec
le consentement des membres de cette Assemblée, je proposerais la motion
suivante: «Que le nom de M. Serge Marcil soit substitué à
celui de M. Normand Cherry comme parrain du projet de loi 116, Loi modifiant le
Code du travail».
Mise aux voix
Le Président: Alors, cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Toujours au niveau des motions sans préavis, à nouveau, M.
le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
J'avise cette Assemblée qu'aujourd'hui, à compter de maintenant
jusqu'à 18 heures...
Le Président: Au niveau des motions sans préavis,
M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Motions... Consultations
particulières, M. le Président, dans les circonstances.
Le Président: C'est ça, exactement.
Motion proposant que la commission de
l'économie
et du travail procède à des
consultations
particulières dans le cadre de
l'étude
détaillée du projet de loi 116
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Que la commission de
l'économie et du travail, dans le cadre de l'étude
détaillée du projet de loi 116, Loi modifiant le Code du travail,
procède à des consultations particulières et tienne des
auditions publiques à la salle Louis-Joseph-Papineau, et à cette
fin, entende, le mercredi 9 mars 1994, de 10 heures à 13 heures, pour
une durée maximale de 20 minutes chacun, les remarques
préliminaires du ministre de l'Emploi, celles du porte-parole de
l'Opposition officielle et celles du député de Drummond; pour une
durée maximale respective d'une heure, et ce, dans l'ordre
ci-après indiqué, l'Association des manufacturiers canadiens,
division du Québec, et la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec, le jeudi 10 mars 1994, de 10 à 12
heures, de 15 heures à 18 heures et de 19 heures à 22 heures;
pour une durée maximale respective d'une heure, et ce, dans l'ordre
ci-après indiqué, le Conseil du patronat du Québec, la
Confédération des syndicats nationaux, la Centrale des syndicats
démocratiques, la Chambre de commerce du Québec, la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la
Centrale de l'enseignement du Québec et M. Fernand Morin, professeur
au Département des relations industrielles de l'Université
Laval; pour une durée respective de 20 minutes chacun, des remarques
finales du député de Drummond, celles du porte-parole de
l'Opposition officielle et celles du ministre de l'Emploi; la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme, soit de 20 minutes, et
l'échange avec les membres de la commission, soit d'une durée
maximale de 40 minutes partagées également entre les membres du
groupe parlementaire formant le gouvernement et des députés
formant l'Opposition, en respectant le principe de l'alternance, le ministre de
l'Emploi, soit membre de ladite commission pour la durée dudit
mandat.
Le Président: Merci, M. le leader du gouvernement. Je
demanderais l'attention des collègues. Y a-t-il consentement pour la
présentation de cette motion en dérogation de l'article 244 du
règlement? Il y a consentement?
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée? Adopté. Maintenant,
toujours au niveau des motions sans préavis. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je demanderais, à ce
moment-ci, M. le Président, le consentement des membres de cette
Assemblée pour que nous donnions les avis touchant les travaux des
commissions immédiatement, avant de procéder aux autres motions
sans préavis.
Le Président: II y a consentement à ce que nous
procédions immédiatement aux avis touchant les travaux des
commissions.
Avis touchant les travaux des commissions
Donc, très bien, M. le leader du gouvernement, pour les avis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. M. le Président,
j'avise donc cette Assemblée qu'aujourd'hui, à compter de
maintenant jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 22 heures ainsi
que demain, le mercredi 9 mars 1994, de 10 heures à 13 heures, à
la salle du Conseil législatif, la commission des institutions
poursuivra ses auditions publiques dans le cadre de la consultation
générale sur le régime d'aide juridique et sur le document
intitulé «L'aide juridique au Québec, une question de
choix, une question de moyens».
J'avise également cette Assemblée que, demain, de 10
heures à 13 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la
commission de l'économie et du travail procédera à des
consultations particulières dans le cadre de l'étude
détaillée du projet de loi 116, Loi modifiant le Code du travail,
conformément à la motion précédemment
adoptée.
Le Président: Vos avis sont déposés.
À l'ordre, s'il vous plaît! Je vous avise qu'aujourd'hui, mardi le
8 mars 1994, la commission du budget et de l'administration se réunira,
après les affaires courantes, jusqu'à 18 heures à la salle
Louis-Joseph-Papineau. L'objet de cette séance est de procéder
à la vérification des engagements financiers du ministère
des Finances pour les mois de janvier 1992 à janvier 1994 ainsi que de
ceux de l'Inspecteur général des institutions financières
et de la Commission des valeurs mobilières du Québec pour les
mois de septembre 1993 à janvier 1994.
Motions sans préavis
Nous revenons donc maintenant aux motions sans préavis, et je
cède la parole à M. le ministre des Affaires municipales,
responsable de la Régie de la sécurité dans les sports. M.
le ministre.
Féliciter les athlètes,
entraîneurs, cadres,
membres du personnel médical et
officiels
québécois ayant représenté
le Canada
aux Jeux olympiques de Lillehammer
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de proposer
que cette Assemblée félicite les athlètes,
entraîneurs, cadres, membres du personnel médical et officiels
québécois qui représentaient le Canada aux Jeux olympiques
d'hiver tenus à Lillehammer du 13 au 27 février 1994 et souligne
la performance exceptionnelle des athlètes québécois qui
ont fait honneur au Québec et au Canada en remportant trois
médailles d'or, trois médailles d'argent et trois
médailles de bronze.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion?
Une voix: Consentement.
Le Président: Consentement. M. le ministre des Affaires
municipales et responsable de la Régie de la sécurité dans
les sports.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, l'Assemblée nationale
aura l'occasion, un peu plus tard, de célébrer, avec toute la
dignité qui convient, les magnifiques succès remportés par
nos athlètes québécois à l'occasion des derniers
Jeux olympiques d'hiver tenus à Lillehammer en Norvège. Nous
aurons une réception ici même à laquelle sera
associé le premier ministre et à laquelle pourront participer, je
pense bien, tous les députés. Mais il convient que, dès
aujourd'hui, nous exprimions ensemble notre fierté devant la performance
magnifique de nos athlètes qui représentaient le Québec au
sein de la délégation canadienne aux Jeux olympiques d'hiver.
Comme nous le savons tous, les représentants
québécois au sein de la délégation canadienne
ont
remporté neuf des 12 médailles individuelles
remportées par des athlètes canadiens, soit trois
médailles d'or, trois médailles d'argent et trois
médailles de bronze. (16 h 10)
Je voudrais signaler plus particulièrement les succès
remportés par Myriam Bédard, avec ses deux médailles d'or
dans la discipline très ardue du biathlon 15 km et 7,5 km, la
performance de Jean-Luc Brassard dans une autre discipline très
exigeante, le ski acrobatique, les résultats magnifiques
remportés par nos patineurs de vitesse et nos patineurs artistiques
également, les Isabelle Brasseur, Nathalie Lambert, Marc Gagnon, Lloyd
Langlois, Lloyd Eisler et autres. Je pense que nous avons raison de saluer tous
ces noms parce que les succès qu'ils ont remportés
témoignent d'efforts considérables. Pour arriver à de
telles performances, ça prend des années de discipline,
d'entraînement, de continuité, de courage, de
persévérance. Je pense que nous soulignons ces qualités
aujourd'hui parce qu'elles sont une leçon pour toute la population
québécoise.
Ces succès sont d'abord attribuables aux individus qui les ont
remportés. Ça ne sert à rien de vouloir se les annexer.
Mais, d'autre part, nous reconnaîtrons tous qu'ils sont attribuables
également aux politiques mises en oeuvre par le gouvernement au cours
des 10 dernières années; au cours des 10 dernières
années. La politique d'excellence sportive avait été
instituée par le gouvernement précédent. Nous ne cherchons
pas à nous approprier le mérite de cette initiative. Mais le
gouvernement actuel la continue depuis neuf ans. Nous la continuons depuis neuf
ans.
Je me souviens, moi, quand j'étais ministre de
l'Éducation. Quand j'étais ministre de l'Éducation, j'ai
fortement appuyé le programme sports-études. Le programme
sports^études, je ne sais pas si les députés sont au
courant de ce qu'il comporte, mais c'est un programme qui permet de concevoir
un régime d'études flexible, de manière que celui ou celle
qui se destine à une carrière athlétique puisse poursuivre
sa formation intellectuelle en même temps qu'il s'adonne à sa
discipline. Or, je remarquais, M. le Président, que dans les
athlètes qui nous représentaient à Lillehammer, les noms
suivants ont bénéficié du programme sports-études:
Myriam Bédard ? elle a bénéficié du programme
sports-études ? Christine Boudrias, Isabelle Brasseur,
Sébastien Britten, Josée Chouinard, Marc Gagnon, Caroline
Olivier, et plusieurs autres. Sur les quelque 25 représentants que
comptait le Québec au sein de la délégation canadienne,
au-delà d'une douzaine ont bénéficié du programme
sports-études.
C'est quand même le gouvernement qui subventionne les
fédérations sportives. Grâce aux fédérations
sportives, on peut avoir des normes pour chaque discipline, on peut avoir des
garanties de qualité. Il y a des exercices de surveillance, d'inspection
qui sont accomplis régulièrement. Nous avons soutenu ces
fédérations, et je pense qu'il est légitime que la
collectivité tire aussi une source de fierté des résultats
que procurent ces politiques.
Nous donnons des bourses aux athlètes qui suivent le programme
sports-études. Ils doivent se qualifier pour le programme d'excellence
canadienne, et le Québec ajoute également un supplément
d'aide financière pour faciliter l'expérience de ces
personnes.
Devant toutes ces choses, je pense qu'il y a lieu de renouveler
l'engagement du gouvernement et de l'Assemblée nationale à
promouvoir, moyennant toutes les conditions nécessaires, suivant les
conditions d'équilibre qui sont absolument essentielles de
développement du sport... Le sport fait partie de ces
éléments qui contribuent à la formation d'une
société en santé, d'un peuple vigoureux, et les Olympiques
sont l'occasion de mesurer la performance de chaque nation, de la confronter
à celle des autres dans des exercices où les règles
d'émulation et d'excellence sont au niveau le plus élevé
qu'on puisse concevoir. Que des athlètes québécois
puissent se présenter aux dernières olympiades d'hiver et y
remporter des succès qui sont les meilleurs que nous ayons
remportés depuis le début des Jeux d'hiver, je pense que c'est
une source d'encouragement pour nous tous.
Encore une fois, j'adresse les félicitations les plus
chaleureuses du gouvernement à ces athlètes qui nous ont
représentés avec dignité, avec excellence aux Jeux
olympiques d'hiver, et je souhaite que la performance du Québec continue
de s'améliorer sans cesse. Je souligne que nous avons atteint... On a
parlé de toutes sortes de problèmes dans la composition de la
délégation canadienne. Il y a quelques années à
peine, le Québec obtenait avec difficulté 10 %, 12 %, 15 % de la
représentation au sein des délégations canadiennes. Cette
année, c'était 29 %, c'est-à-dire quatre points de plus
que notre proportion dans la population canadienne. Il a pu y avoir des
erreurs, il a pu y avoir des problèmes particuliers ici ou là,
mais dans l'ensemble, nous avons accompli des progrès
considérables, et je pense que le Canada doit se compter chanceux. On
aime souvent critiquer le Québec à l'extérieur du
Québec. Je pense que le Canada doit se considérer très
chanceux, cette année, d'avoir pu s'appuyer sur une performance aussi
exceptionnelle des athlètes québécois qui faisaient partie
de la délégation canadienne. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
ministre des Affaires municipales et responsable de la Régie de la
sécurité dans les sports. Et, sur ce même sujet, je
cède la parole à Mme la députée de Johnson. Mme la
députée, la parole est à vous.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Je reprendrai
les dernières paroles du ministre. Je pense que, aujourd'hui, le Canada
doit se trouver très heureux et très chanceux d'avoir eu ses
médaillés, de façon aussi importante, qui venaient du
Québec. Sur 13 médailles qui ont été gagnées
aux Jeux olympiques de Lillehammer, il y avait neuf athlètes
québécois. Donc, je pense
qu'il faut être, tous et chacun, très fiers de la
performance de nos athlètes québécois.
Mais il y a toujours un «mais» à tout ça, M.
le Président. Parce que, ça fait plusieurs années que je
suis responsable du dossier des loisirs et sports ici, à
l'Assemblée nationale, et j'ai vu dangereusement baisser les budgets
alloués aux fédérations sportives ou à tous les
intervenants1 qui travaillent au niveau du sport. Je les ai vu
diminuer, fondre comme de la neige au soleil, et ça m'inquiète
drôlement. Je ne suis pas seule à m'inquiéter. Toutes ces
personnes qui travaillent au niveau des athlètes, qu'ils soient jeunes
ou un petit peu moins jeunes, M. le Président, c'est drôlement
important que nos athlètes puissent avoir quelqu'un sur qui compter. Us
ne peuvent aller de leur propre cru, comme ça, sans avoir une aide
technique de la part de personnes qui sont habilitées à leur
fournir cette aide dont ils ont besoin pour avancer dans leur discipline.
Malheureusement, il y a eu des coupures extrêmement importantes,
et les perspectives d'avenir, pour les fédérations sportives,
sont presque nulles. Elles sont presque nulles. Cette année, M. le
Président, on a diminué de 375 000 $ aux
fédérations sportives. C'est une diminution, en tout, au niveau
du loisir, de 2 500 000 $ au niveau des sports. Et on a même aboli le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, et le loisir et
les sports sont rendus maintenant au niveau des Affaires municipales. Donc,
c'est dire à quel point le gouvernement que nous avons en face de nous y
croit. Je ne pense pas, M. le Président, que la croyance soit si intense
que ça aux fédérations sportives, et qui fait
qu'aujourd'hui, si nous avons eu une performance aussi éclatante, il
faut le dire, aussi éclatante de nos athlètes
québécois, c'est parce qu'il y avait, je suis persuadée,
des gens en autorité, des gens d'expérience et des gens
habilités à leur aider à faire les pas dans la bonne
direction et à performer dans leur discipline respective afin, un jour,
de monter sur la plus haute marche du podium pour récolter cette
médaille pour laquelle ils avaient tellement travaillé fort
durant plusieurs années.
On sait qu'être médaillé olympique signifie beaucoup
de sacrifices, signifie une intensité extraordinaire à se vouer
à sa discipline et à ne pas se laisser distraire par quoi que ce
soit afin d'être capable de monter en haut, et très haut. Et on
sait combien les parents de ces jeunes athlètes, aussi, travaillent
très fort pour faire en sorte que leur jeune puisse monter sur cette
plus haute marche du podium. Et on sait aussi comment les entraîneurs,
aussi, ont un travail à faire au niveau de cette performance que nous
ont offerte nos athlètes. (16 h 20)
Je pense, M. le Président, qu'il faudrait, de tout instant, que
le gouvernement puisse prendre en considération l'éclatante
victoire de nos athlètes québécois, cette année
précisément, parce qu'ils ont performé davantage. Il y en
a beaucoup plus qui se sont rendus très haut. Je pense qu'il faudrait
d'ores et déjà s'appliquer à remettre les choses en place
et à remettre le financement nécessaire aux
fédérations sportives dans lesquelles nos athlè- tes vont
pour les Jeux olympiques. Ces fédérations-là, tout
particulièrement, devraient avoir toute l'attention du gouvernement et
recevoir l'aide financière nécessaire pour être capables de
conduire encore nos jeunes vers les plus hauts sommets de la gloire,
c'est-à-dire les médailles olympiques.
Nous sommes fiers d'eux, bien sûr, tout le monde. Je pense qu'il
n'y a personne ici qui peut dire qu'il n'est pas fier de la performance de nos
athlètes. Mais, en plus de cette fierté, il faut absolument qu'on
comprenne l'importance des fédérations qui, à ce point,
sont là pour diriger nos athlètes dans la bonne voie. Elles ont
besoin, ces fédérations sportives, celles, entre autres, qui se
sont exprimées lors des Jeux olympiques, ces fédérations
sportives là ont besoin qu'on leur porte attention et qu'on leur donne
le financement nécessaire pour continuer de produire des gens de
qualité, des athlètes de qualité.
Neuf médailles au Québec sur 13, c'est vraiment
extraordinaire, et nous souhaitons, M. le Président, nous, de notre
formation politique, j'en suis persuadée, et le gouvernement qui est en
place, en avoir davantage lorsque les prochains jeux se produiront. Moi, ce que
j'espère, c'est que, lorsqu'il y aura des prochains Jeux d'hiver, les
athlètes québécois pourront se promener plutôt sous
une fédération québécoise que sous la
fédération canadienne, se représenter avec la fleur de lys
plutôt que la feuille d'érable. Remarquez bien, je serais
très fière que ça se fasse aux prochains Jeux olympiques,
mais je pense que, si on veut qu'il y ait le plus d'athlètes possible du
Québec qui puissent se rendre à ce haut niveau, il faut
absolument que le gouvernement, que les gouvernements comprennent que les
fédérations doivent avoir ce qu'il faut, c'est-à-dire
financièrement la capacité, et avoir des hommes et des femmes qui
ont aussi les qualités nécessaires pour être en mesure
d'aider nos athlètes.
Donc, M. le Président, je remercie ces jeunes hommes et ces
jeunes femmes athlètes qui ont donné tant d'années de leur
vie pour se préparer à aller nous faire honneur. Je les remercie
de ce renoncement à toute autre chose qu'il y avait dans leur vie pour
se consacrer tout spécialement à leur discipline, et je veux dire
aussi à leurs parents, à leurs entraîneurs, à tous
ceux et celles qui, de près ou de loin, les ont aidés à
gravir le podium: Merci beaucoup de tout ce que vous avez fait. Nous sommes
fiers de vous et nous espérons que le gouvernement comprendra
l'importance d'aider les fédérations à pouvoir faire en
sorte que nos athlètes soient encore plus nombreux à monter sur
les plus hautes marches des Jeux olympiques. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, Mme la
députée. Sur ce même sujet, je reconnais maintenant M. le
ministre de l'Emploi. M. le ministre.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Merci beaucoup, M. le Président. Je joins ma
voix également à celle de mes collègues de
l'Assemblée nationale pour rendre hommage, justement, à
nos athlètes du Québec qui ont performé de façon
toute spéciale aux Jeux olympiques de Lillehammer. Et, plus
particulièrement, j'aimerais offrir toutes mes félicitations les
plus chaleureuses à un garçon de chez nous, un gars de
Grande-Île, M. Jean-Luc Brassard, qui, après avoir
participé aux jeux d'exhibition ? à l'époque, vous
vous souvenez des anciens Jeux olympiques, et il avait terminé
quatrième... Mais, à ce moment-là, ça
n'était qu'une discipline d'exhibition, et, aux derniers Jeux
olympiques, bien, c'est devenu une discipline officielle. Et, Jean-Luc s'est
classé premier, a fait un tracé extraordinaire, une performance
extraordinaire. Un jeune de 21 ans qui est un modèle, dans le fond, pour
la jeunesse du Québec. Et, naturellement, je profite aussi de l'occasion
pour rendre hommage à tous nos athlètes québécois,
qu'ils soient de toutes les régions du Québec. On en a eu
plusieurs qui ont participé à ces Jeux olympiques. Sur les 13
médailles remportées par le Canada, on peut être fiers; au
moins, on en a neuf qui viennent de nos athlètes de chez nous.
Comme vous le savez, Jean-Luc Brassard est originaire de
Grande-Île, dans le comté de Salaberry-Soulanges, dans le
comté que j'ai l'honneur de représenter à
l'Assemblée nationale. C'est un honneur pour le Québec, c'est un
honneur pour le comté de Salaberry-Soulanges de compter dans ses rangs
une personne de cette trempe. Toute la population du comté de
Salaberry-Soulanges et de la grande région du suroît, de la grande
région de Québec, lui rend hommage aujourd'hui. Et, si nous
pouvions continuer à supporter ces jeunes qui sont des modèles
pour notre jeunesse québécoise, je crois que nous pourrions
encore faire des surprises aux prochains Jeux olympiques, Jeux olympiques
d'Atlanta, Jeux olympiques d'été et aux prochains Jeux olympiques
d'hiver. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
ministre de l'Emploi, de votre intervention. Sur ce même sujet, je
cède la parole à M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce. M. le député.
M. Gordon Atkinson
M. Atkinson: M. le Président, c'est avec un grand honneur
que j'appuie cette motion. Dans mes 35 ans de carrière à la radio
et à la télévision, souvent aux quatre coins du monde pour
des reportages à quelconque Jeux olympiques, panaméricains, du
Commonwealth ou canadiens, je peux honnêtement dire qu'aucune performance
d'athlètes du Canada m'a autant ému, à part les Jeux
olympiques de Mexico en 1968.
At the Mexico Olympics, I was privileged to have been the equestrian
commentator when Canada won its only gold medal. One of the members of the team
was from Québec, «Torchy» Miller. At the Montréal
Olympics of 1976, I was again in a position to report on the silver medal won
in the equestrian competition by yet another Quebecker, Michel
Vaillancourt.
Donc, c'est avec fierté que je félicite tous nos jeunes
athlètes pour leur performance incroyable à Lillehammer le mois
passé, et j'attends avec impatience la même performance quand ces
athlètes se rencontreront à Nagano, au Japon.
Il serait injuste de souligner quelconque individu ou groupe de
participants canadiens, mais une attention toute spéciale doit
être apportée à notre double médaillée d'or,
Myriam Bédard. Pour moi, elle a démontré beaucoup de cran
et elle est de loin l'athlète qui a fait le plus de sacrifices. Cette
jeune femme de Loretteville a réussi d'une manière grandiose,
quand tous étaient contre elle. Jamais je n'oublierai ses derniers 200 m
épuisants où elle a rassemblé tout son courage et sa
détermination pour continuer afin de gagner sa deuxième
médaille d'or par une fraction de seconde.
Myriam Bédard went on to distinguish herself through the
unselfishness of her spirit by visiting the Canadian hockey team and giving
them the pep talk that encouraged their momentum towards the silver medal in
the showdown game on the final day of competition.
À tous ces athlètes, aux médaillés ainsi
qu'à ceux qui ont participé de leur mieux, je ne peux que
rajouter: Merci pour les souvenirs. La nation toute entière est
fière de vous.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Sur cette même motion,
je cède la parole à M. le député de Sherbrooke. M.
le député, la parole est à vous.
M. André J. Hamel
M. Hamel: Merci, M. le Président. M. le Président,
c'est avec beaucoup de fierté que je joins ma voix à celle de mes
collègues de l'Assemblée nationale pour féliciter les
athlètes québécois qui nous ont si brillamment
représentés aux Jeux olympiques d'hiver de Lillehammer, en
Norvège. Ces Jeux ont été, pour l'ensemble de la
population québécoise, une occasion unique de se familiariser
avec des disciplines sportives toutes aussi différentes les unes des
autres. (16 h 30)
Nous avons tous été à même de voir performer
nos athlètes les plus talentueux, les plus prometteurs. C'est
l'élite du sport québécois que nous avons vu
évoluer sous nos yeux à Lillehammer. Ces athlètes, nous ne
sommes pas prêts de les oublier, M. le Président. Les Myriam
Bédard, Jean-Luc Brassard, Isabelle Brasseur, Lloyd Langlois, Philippe
Laroche, Sylvie Daigle et tous les autres. Ils nous ont fait vivre des moments
inoubliables qui seront à jamais gravés dans notre
mémoire, mais aussi dans les annales du sport québécois.
En effet, leur immense talent a permis au Québec de récolter,
lors de ces Jeux, le plus grand nombre de médailles olympiques de son
histoire. C'est donc dire que la très grande qualité de nos
athlètes n'est plus à démontrer.
Mais je voudrais, si vous me le permettez, M. le
Président, souligner d'une façon toute spéciale le
travail accompli par l'une de nos plus grandes athlètes, une femme qui
se donne tout entière à son sport depuis maintenant plusieurs
années et qui a grandement contribué à le faire
connaître sur la scène mondiale. Il s'agit, bien entendu, d'une
athlète de Sherbrooke, Mme Sylvie Daigle, patineuse de vitesse sur
courte piste. Mme Daigle, on s'en souviendra, évolue depuis plusieurs
années au sein de l'équipe canadienne de patinage de vitesse sur
courte piste. Quintuple championne du monde, elle a prouvé plus d'une
fois la maîtrise et la connaissance de son sport. Notre Sherbrookoise,
Sylvie Daigle, devrait servir d'exemple non seulement pour tous les
athlètes, mais pour la jeunesse québécoise.
À son départ pour la Norvège, elle a simplement
promis de faire de son mieux, de faire tout son possible. Pas de promesse de
médailles, même pas dans l'épreuve du relais où les
Canadiennes sont pourtant championnes du monde depuis plusieurs années.
Il y a quelques jours, elle est revenue des Jeux olympiques médaille
d'argent au cou. Voilà un exemple de courage, de ténacité
et de volonté que tous devraient suivre. En effet, on oublie trop
souvent que ces athlètes ont dû travailler très fort,
très fort pour atteindre ces plus hauts sommets, et c'est souvent au
prix d'incroyables sacrifices. Des journées entières, très
tôt le matin, tard le soir, des fins de semaine consacrées
à l'entraînement, des périodes d'entraînement souvent
effectuées entre deux cours de cégep ou d'université,
voilà qui demande une force de caractère exceptionnelle, une
détermination et une concentration hors du commun. Pourtant, c'est ce
qui forge, ce qui façonne un athlète: des milliers d'heures
d'entraînement qui mènent l'infime minorité d'entre eux aux
Jeux olympiques, la consécration d'une carrière. C'est tout cela,
les Jeux olympiques. C'est l'aboutissement d'une jeunesse, d'une vie
consacrée à la pratique d'un sport.
Je veux donc féliciter chaleureusement Mme Sylvie Daigle pour sa
performance aux Jeux olympiques de Lillehammer. Elle a fait honneur non
seulement à son sport, mais aussi à la ville de Sherbrooke,
à sa province et à son pays. Elle a démontré
à tous et à chacun d'entre nous son immense talent et sa force de
caractère. Mais elle nous a également montré autre chose:
son amour pour son sport. On ne peut consacrer autant d'énergie, de
temps et d'effort à la pratique d'une activité sans lui vouer un
profond attachement. Toutes ces années consacrées au patinage de
vitesse feront d'elle, j'en suis sûr, une femme et une athlète
respectées et admirées de tous. Pour toutes les
Québécoises et tous les Québécois, elle est un
exemple qui nous démontre que, lorsqu'on aime véritablement
quelque chose, on peut accomplir de grandes choses.
Merci à Mme Daigle ainsi qu'à tous ces athlètes
québécois qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour
le Québec, qui ont puisé dans toutes leurs énergies pour
démontrer quels grands athlètes ils sont. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Sherbrooke, sur la motion. Sur ce même sujet, je
cède la parole à M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, la parole est à vous.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. C'est avec un immense
plaisir et surtout une grande fierté que je me joins à mes
collègues pour féliciter nos athlètes
québécois qui se sont distingués aux Jeux olympiques de
Lillehammer. Ils nous ont fait honneur, et c'est unanimement que, nous,
représentants élus du peuple du Québec, désirons
souligner leur performance exceptionnelle. C'est avec joie, enthousiasme et
émotion aussi que la population du Québec a vécu avec
complicité leurs efforts pour nous représenter dignement.
Je désire attirer votre attention sur la performance enlevante de
nos patineurs artistiques qui ont adopté la ville de Boucherville comme
lieu de formation, d'entraînement et, pour certains d'entre eux, de
résidence. En la personne d'Isabelle Brasseur et de Lloyd Eisler, de
Victor Kraatz et de sa compagne Shae-Lynn Bourne, notre jeunesse s'est
reconnue. En cette période de morosité économique et
d'incertitude, mes concitoyens et mes concitoyennes pourront sans doute
s'inspirer de leur détermination, de leur ténacité et de
leur courage. La médaille de bronze qu'ont conquise Isabelle Brasseur et
Lloyd Eisler, le Lys d'or que se sont mérité le jeune Victor
Kraatz et sa compagne, Shae-Lynn Bourne sont un appel au dépassement en
tant qu'individus et comme peuple. La population québécoise,
celle du comté de Bertrand et particulièrement les Bouchervillois
et Bouchervilloises voient désormais en eux un modèle de
réussite, une invitation à l'excellence et une source de
fierté.
À tous nos athlètes québécois, à tous
nos patineurs artistiques que j'ai l'honneur de représenter à
l'Assemblée nationale, je dis 7 000 000 de fois: Bravo! Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Bertrand. Sur cette même motion, je cède
la parole à M. le député de Chauveau.
M. Rémy Poulin
M. Poulin: Merci, M. le Président. C'est certain que je me
joins à la voix de tous mes collègues de l'Assemblée
nationale et de chacun de ces athlètes qui nous ont
représentés aux derniers Jeux. Mais l'orgueil étant ainsi
fait, avec trois médailles dans le comté de Chauveau, dont deux
médailles d'or avec Myriam Bédard et une avec Philippe LaRoche,
je pense que je me dois d'être encore plus satisfait et, aujourd'hui, de
me servir un peu de l'égoïsme qui nous tient, chacun des
députés, dans nos comtés.
D'autant plus que Myriam Bédard, M. le Président, est de
ma ville, de Loretteville. Et je pense que, dans les derniers moments... Et je
m'en souviendrai, parce que j'avais beaucoup de temps, à
l'hôpital, pour regarder ces Jeux. À 6 heures du matin, quand on a
confirmé Myriam Bédard pour la première médaille,
et à 6 h 15 pour la deuxième médaille, je pense que
j'avais plein de sentiments, mais aussi plein de joie pour ces gens-là,
mais aussi pour les gens de Loretteville. Et on l'a vu quand elle revenue des
Jeux: plus de 5000 personnes se sont réunies à l'hôtel de
ville de Loretteville. C'était de voir cette présence qu'elle
avait, M. le Président, un peu partout. Mais, devant ses concitoyens qui
sont venus un peu l'admirer, je pense, c'est ces jeunes dont l'exemple
parfait... ces jeunes qui, aujourd'hui, ont un souvenir de Myriam
Bédard, qui ont compris probablement ? et on l'a vu par des
témoignages à la télévision de ces jeunes ?
qu'un rêve peut se réaliser à coups de bras.
M. le Président, aussi un autre athlète. Il faut se
souvenir de la famille LaRoche, de Lac-Beauport, cette famille dont je dirais
qu'elle a construit le ski acrobatique. Parce que ces gens-là, toute la
famille LaRoche, ont contribué à faire officialiser le ski
acrobatique cette année, aux Jeux. Et pourquoi pas, un des LaRoche,
remporter une médaille? Donc, Philippe nous a ramené la
médaille d'argent.
M. le Président, j'écoutais les députés tout
à l'heure. Oui, le gouvernement du Québec soutient, par ses
fédérations, ses athlètes. Il faudrait se souvenir aussi
que, quand on a l'orgueil de recevoir une femme comme Myriam Bédard dans
sa ville et de l'accueillir, on se doit aussi de la supporter et de supporter
nos jeunes.
Aussi, un autre athlète de Loretteville, Sylvain Bouchard, un
jeune que j'ai eu la chance d'entraîner au hockey aussi, a fini
cinquième aux Jeux. Mais je pense qu'on ne doit pas avoir que l'orgueil
d'avoir ces jeunes-là chez nous, mais qu'il faut aussi les aider. Et je
pense que la municipalité de Loretteville leur a donné aussi,
à ces jeunes-là, Myriam et Sylvain, l'appui nécessaire
pour continuer.
M. le Président, je voudrais tout simplement dire merci à
ces athlètes, merci au courage qu'ils démontrent à notre
jeunesse. Et je pense qu'il n'y a pas de meilleurs porte-parole que ces
athlètes pour faire rêver un peu un jour nos jeunes d'accomplir
des sommets. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Chauveau. Sur cette même question, je cède
la parole à M. le député de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Je serai bref. Je sais
qu'il y a déjà plusieurs intervenants avant moi qui ont eu la
chance de s'exprimer. Je tiens à joindre ma voix aussi à celle de
mes collègues pour féliciter tous ces athlètes
québécois et canadiens pour cette grande leçon qu'ils nous
ont donnée de ténacité et de courage. (16 h 40)
Ceci étant dit, M. le Président, j'ai écouté
aussi avec attention M. le ministre dire que nous, les politiciens, nous ne
devrions pas prendre le crédit des résultats. Mais je pense, moi,
que ce message qui nous a été donné de Lillehammer,
ça a peut-être été un message pour nous, les
Québécois et Québécoises, de nous
réconcilier avec notre hiver. Parce que, depuis des années, on
sait qu'on se laisse abattre facilement avec la météo et les
tempêtes de neige. On a eu la chance aussi, par l'entremise de ces
jeunes-là qui nous ont représentés, de voir qu'il y a
encore quelque chose d'actif qu'on peut faire et qu'on peut capitaliser.
Mais, tout en étant bref, M. le Président, j'aimerais dire
à M. le ministre que, dans l'état actuel des choses, oui, on a
raison d'être fiers de ces jeunes-là, mais on se doit de les
supporter. Moi, une chose qui m'a étonné, au-delà des
performances athlétiques de ces jeunes-là, hommes ou femmes qui
nous ont représentés là-bas, ça a été
lorsqu'on les interviewait, M. le Président, de voir la qualité
de l'expression. Et il y a un message qui est revenu dans chacune des
expressions: Je me suis consacré, je l'ai fait pour mon sport, pour ma
discipline.
Et, aujourd'hui, M. le Président, lorsque je regarde les
médailles que nous avons remportées à Lillehammer, qui
font notre fierté, ici, tous ensemble, et avec justesse, et quand je
regarde les prochains Jeux olympiques à Nagano, M. le Président,
j'espère, moi, lorsqu'on accueillera, ici dans cette Assemblée,
comme M. le ministre l'a indiqué tout à l'heure, ces
athlètes-là, qu'on sera capables de leur donner des bonnes
nouvelles. Parce que M. le ministre a dit avec justesse à
sports-études qu'il fallait se réjouir, mais les nouvelles que
nous avons maintenant de sports-études, avec le retrait d'une grande
multinationale de ce programme-là, on peut voir déjà
vaciller ce programme-là. J'aimerais ça voir le ministre
responsable, lorsque ces jeunes viendront ici, dire: Le gouvernement du
Québec va prendre la relève et on mettra les sommes d'argent
nécessaires pour supporter la relève et ceux qui viendront.
Il y a une deuxième chose, M. le Président, qui
m'inquiète. Mon collègue de Chauveau l'a souligné, le
sport de ski acrobatique et de ski de bosses est originaire de chez nous. C'est
ici au Québec qu'on a été les maîtres d'oeuvre pour
faire ces disciplines-là, pour porter le flambeau et les amener aux
Olympiques. Encore là, M. le Président, lorsque je regarde les
années devant nous... Oui, on a mentionné avec justesse tout
à l'heure une famille où les athlètes eux-mêmes se
sont donné des facilités d'équipement et, parce qu'on en a
fait nous, les Québécois et Québécoises, un sport
international maintenant reconnu aux Olympiques, on voit déjà les
Américains investir 3 000 000 $ pour se donner un centre
d'entraînement à la fine pointe de la technologie, on voit les
Français, on voit l'Allemagne le faire. Et nous, ici
au Québec, M. le Président, on est encore à
s'entraîner avec des équipements de bois. Alors, j'espère
et je souhaite, lorsque nos athlètes, on les accueillera ici dans ce
salon rouge, lors de l'allocution de M. le ministre, que le gouvernement du
Québec ? et on ne parle pas de sommes faramineuses, M. le
Président ? puisse annoncer un centre d'entraînement ici,
dans la région de Québec, où on a été
à l'origine de ces sports-là, un centre d'entraînement
où nos athlètes pourront continuer à transmettre à
ceux qui vont les suivre maintenant leurs compétences et leurs
acquis.
Je conclurai, M. le Président, en disant que, dans cette
société, trop souvent, hélas, notre jeunesse n'a aucun
modèle. Les seuls modèles qu'on lui laisse, c'est des
modèles de professionnels où c'est l'appât du gain et
seulement le dieu dollar qui comptent pour eux. Puis on a vu encore, dans nos
sports professionnels, souvent, qu'on n'a pas d'allégeance, qu'on n'a
pas de loyauté dans le milieu où on vit. Et, par contre, on a la
chance de voir nos Olympiens et nos Olympiennes développer cette
fierté, M. le Président, où ils peuvent être un
modèle d'acquis et d'appoint pour notre jeunesse, pour dire: Oui,
lorsqu'on met de l'effort, lorsqu'on met de la ténacité,
lorsqu'on met du vouloir, il y a moyen de faire des choses. Et il y aura moyen
de faire des choses à Nagano, M. le Président, si nous, ici les
législateurs, appuyons le ministre responsable. Puis on a un discours du
trône qui s'en vient, un budget qui s'en vient, pour qu'on puisse
débloquer l'argent nécessaire pour faire en sorte que, lorsqu'on
recevra nos athlètes, on leur dira: Oui, voici, nous, les
législateurs, ce que maintenant nous sommes prêts à vous
offrir.
Et je conclurai, M. le Président, en vous rappelant que, si on
pense aujourd'hui que le député de Drummond demande beaucoup pour
ces jeunes Olympiens et Olympiennes, rappelez-vous qu'une médaille d'or
en France vaut 50 000$ à un athlète, rappelez-vous que, dans la
plupart des pays européens, c'est de 40 000 $ à 45 000 $ qu'on
donne à chacun des athlètes qui reviennent avec une
médaille, suivant sa couleur. Rappelons-nous, M. le Président,
qu'en Corée, lorsqu'un athlète reçoit une médaille
d'or, il reçoit automatiquement une pension à vie. Pourquoi?
Parce que ces pays-là ont compris que ces jeunes-là sont nos
ambassadeurs; c'est eux qui nous représentent sur une scène
mondiale, c'est eux qui retransmettent à la face de la grande
collectivité de la planète ce que nous sommes
réellement.
Or, en conclusion, félicitations à ces merveilleux
athlètes qui ont été notre fierté, M. le
Président. Et, surtout, j'espère que toute notre jeunesse pourra
regarder ces jeunes comme modèles et dire: Oui avec
ténacité, oui avec un objectif, on peut bâtir le
Québec de demain. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député. Sur cette même motion, je cède la parole
à M. le président de la commission de l'aménagement et des
institutions et député de Lévis. M. le
député, vous avez la parole.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai entendu avec beaucoup de
plaisir les discours de mes collègues, particulièrement le
député de Drummond, qui vient de faire un discours
éloquent, quand il dit qu'il faut investir dans la jeunesse. J'aimerais
tout simplement dire, au point de départ, à quel point les
victoires qui ont été remportées par des jeunes du
Québec aux Jeux olympiques sont la victoire de gens qui se sont
imposé une discipline, qui ont travaillé fort, qui se sont
fixé un objectif, qui ont eu de la force de caractère, de la
détermination et de la volonté, et que d'abord ? et je pense
qu'ils l'ont dit un par un ? c'était une victoire pour
eux-mêmes, d'essayer d'aller chercher le meilleur d'eux-mêmes
à travers des années d'entraînement. Je pense que c'est un
modèle pour la jeunesse, comme d'autres l'ont souligné. Le
problème, au Québec, c'est justement qu'on ne donne pas assez de
modèles à notre jeunesse et d'avoir des modèles sur le
plan sportif, ça veut dire des modèles pour tout ce que ça
entraîne de capacité de faire en sorte que les gens se
développent, que des jeunes se développent.
Je me rappelle, lorsque j'étais au ministère de
l'Agriculture, lorsque Gaétan Boucher avait gagné, j'avais
souligné aux producteurs de lait que ce ne serait pas une mauvaise
idée de faire la promotion du lait avec des sportifs, plutôt que
ce soit les brasseries qui s'accaparent les sportifs, parce que j'ai
l'impression qu'on devient peut-être un meilleur sportif en buvant du
lait qu'autrement. Si je pouvais suggérer ceci au ministre: lors de la
réception, si on pouvait faire une réception particulière
au lait, aux jus de fruits et aux jus de légumes et avec des produits
québécois, peut-être qu'en même temps on indiquerait
également qu'on serait plus cohérents dans la réception
qu'on veut leur faire.
Mais je pense que ça ne doit pas se limiter à une
réception, M. le Président. Si on fait seulement une
réception, c'est quelque chose, mais ce n'est pas suffisant. Je pense
que ça doit être en même temps un moment de réflexion
sur ce qu'on doit faire pour investir dans la jeunesse, en voyant ce que des
jeunes ont réussi et ce qu'il est possible de faire. Ce que les jeunes
ont démontré surtout en étant aussi nombreux à
gagner, c'est ce qu'il est possible de faire face à des pays qui ont
autant l'hiver que nous autres, qui sont la Russie qui a 250 000 000 ou 260 000
000 de population ? l'URSS en avait plus, 250 000 000, 260 000 000 ?
quand on voit les États-Unis qui ont, encore là, 250 000 000 de
population. Quand on voit, face à d'autres pays, que les jeunes de chez
nous, du Québec, ont neuf médailles sur 13 au Canada et que la
Norvège ? je vais revenir là-dessus ? elle, elle en a
remporté le plus, 27 médailles, si on tient compte des 10
médailles d'or, 11 médailles d'argent et cinq médailles de
bronze, 26 médailles pour un pays qui a à peu près 5 000
000 de population...
Essentiellement, je pense, M. le Président, qu'il faut offrir
à nos jeunes des choix de modèles. Il y a des gens qui sont plus
sportifs, il y en a d'autres qui ne le
sont pas. Il y en a qui veulent performer dans le domaine culturel,
d'autres dans le domaine sportif. Moi, je pense que c'est important pour des
jeunes. Au Québec, on a le sentiment qu'il n'y a plus de modèles.
Moi, je m'en rappelle, quand on était jeunes, il y en avait un,
c'était Dollard des Ormeaux. Après ça, ils l'ont assez
descendu qu'on n'était plus sûrs si c'était un
modèle. Mais on n'offre pas de modèles à notre jeunesse au
Québec. Je pense que la plus grande leçon qu'on doit prendre des
Jeux olympiques, c'est de ces jeunes, par leur ténacité, par leur
volonté.
Je remarquais, je pense que c'est M. LaRoche, quand on l'interviewait,
le père: Vous avez dû encourager vos enfants? Je le regardais et
je me demandais quelle réponse il ferait. Il a dit: Je ne peux pas dire
que je les ai encouragés, mais je ne les ai pas
découragés. Quand je voyais son fils qui sautait, il a dû
tomber quelques fois, pas toujours sur les skis, en faisant des sauts
périlleux. Il a dit: Je ne l'ai pas encouragé, mais je ne l'ai
pas découragé. Au fond, dans des disciplines comme
celles-là, qui ne sont pas évidentes, ça prend de la
ténacité. Quand un enfant apprend, par exemple, à faire du
ski, du patinage artistique, du patinage de fantaisie, il tombe souvent sur le
derrière. Mais le problème, ce n'est pas de tomber sur le
derrière; c'est de se relever et de recommencer, d'avoir de la
volonté, puis de la détermination. (16 h 50)
Moi, je pense, actuellement, si on veut montrer qu'on croit vraiment
à ce qu'ils ont fait, qu'on doit encourager davantage les loisirs
sportifs, les loisirs culturels. Actuellement, on ne peut pas dire que les
fédérations canadiennes ont beaucoup aidé nos sportifs. On
a vu les démêlés qu'a eus Myriam Bédard avec la
Fédération canadienne du biathlon. Ils ont tout fait ce qu'il y
avait moyen de faire pour ne pas qu'elle puisse gagner. Mais elle a
gagné pareil, par sa volonté, puis sa détermination. On
regarde les équipes de hockey, on a vu qu'il n'y a pas beaucoup de
Québécois dans l'équipe de hockey du Canada, alors que,
quand on regarde dans le hockey professionnel, on est peut-être le peuple
qui fournit le plus de grandes vedettes dans le hockey professionnel. Quelles
que soient les ligues, américaine ou nationale, on en fournit un grand
nombre. Quand arrive le temps de nous choisir, on a plus de
difficulté.
Myriam Bédard, qu'on ne l'oublie pas, a été
obligée de se faire financer par une compagnie, La
Métropolitaine. C'est quand même quelque chose, c'est quand
même indicatif. J'en vois combien, moi, de gens qui viennent dans nos
bureaux de comté, puis qui doivent aller nous représenter soit en
taekwondo en Asie ou dans différentes disciplines, qui ne peuvent pas
obtenir les fonds, qui doivent vendre des barres de chocolat, faire toutes
sortes de simagrées pour obtenir des fonds pour aller représenter
le Québec à l'étranger. Ils ont gagné et sont
devenus les meilleurs chez eux, puis, après ça, il n'y a pas de
fonds, il n'y a pas d'aide, on n'est pas organisé pour les aider. Je
pense qu'on fait une erreur.
Vous savez, aux États-Unis, les compagnies privées le font
parce que ces commandites-là sont déductibles, pour fins de
promotion, de l'impôt. Nous, on a développé beaucoup de
sociétés d'État. Les sociétés d'État,
comme ce n'est pas déductible pour les fins d'impôt parce qu'elles
ne paient pas d'impôt, ne s'impliquent pas suffisamment. Regardons dans
des territoires comme le nôtre, par exemple, où, pour toutes
sortes de fins, quand on essaie de solliciter des sociétés
d'État, ah, elles se vantent bien d'avoir aidé! Quand on regarde
le total par rapport à ce que donnent les compagnies privées aux
États-Unis, on voit que c'est insignifiant.
Et on a choisi un modèle. On a imposé, il y a quelques
années, par exemple, quand on fait des constructions, d'avoir un
pourcentage pour des oeuvres d'art, pour aider à avoir des oeuvres d'art
dans les édifices qui sont bâtis, les édifices publics.
Mais on ne fait pas la même chose au point de vue... Les
sociétés d'État devraient être obligées
d'avoir une certaine partie de leur budget qui irait sous forme de promotion et
qui serait faite normalement par des entreprises privées, parce qu'elles
le feraient pour les fins d'impôt. Comme, individuellement, les
Québécois ne sont pas très riches, ils se sont
donné des institutions collectives, sociétés d'État
ou autres, mais ces sociétés d'État là ne peuvent
pas oublier le rôle social qu'elles ont par rapport au financement d'un
certain nombre d'activités qui se font aux États-Unis.
Le meilleur exemple, encore là, je pense, c'est La
Métropolitaine qui finance Myriam Bédard. C'est quelque chose,
quand on y pense une minute. C'est quelque chose! Les Américains, eux,
ont vu... Je comprends que La Métropolitaine, sans doute, opère
ici, mais elle a vu que ça serait bon de le faire. J'ai trouvé
qu'elle a bien fait également de prendre tous les moyens possibles pour
faire la promotion de l'entreprise qui l'avait aidée. Encore là,
on a essayé de lui créer des problèmes; on ne voulait pas
qu'on mette le symbole de La Métropolitaine sur ses vêtements
parce qu'on n'aimait pas ça, sauf qu'elle a dit: Ils m'ont aidée,
bien, je suis prête à le faire, moi aussi, pour des fins de
promotion également.
Moi, je pense que, légalement, les coupures dans les loisirs
sportifs, avec les coupures du MLCP... J'ai rencontré récemment
les fédérations à Montréal, au Stade olympique,
avec d'autres députés du Parti québécois, et elles
nous ont indiqué à quel point il n'y aura plus d'aide du
gouvernement. On dit: Organisez-vous privément. Mais le gouvernement a
un rôle à jouer également là-dedans. Le
ministère de l'Éducation, on a beau, aujourd'hui, en parler,
mais, quand on regarde le ministère de l'Éducation, l'an dernier,
les cours d'éducation physique, le gouvernement a coupé
là-dedans. Le ministère de l'Éducation encourageait
l'enseignement physique. Et la ministre vient de rentrer justement, elle qui
était à l'Éducation; elle a coupé là-dedans.
Elle a coupé là-dedans comme si ce n'était pas bon.
Moi, je me rappelle quand j'étais étudiant au
collège classique. Ça fait un certain nombre d'années.
J'étais à peu près au seul collège qui encourageait
les
sports; bien, le seul, non, mais il les encourageait plus que les autres
parce que les jésuites croyaient à ça. On avait des choses
pour l'hébertisme et on encourageait les sports. Souvent, notre
collège gagnait plus que les autres, parce qu'on encourageait davantage.
Mais, dans la plupart de nos écoles, on n'encourageait pas les sports.
On n'encourageait pas les sports. Je me rappelle que, quand j'ai essayé
d'obtenir une subvention de 12 000 $ pour avoir une petite cour de
récréation, j'avais été blâmé. Parce
que les enfants, tout ce qu'ils avaient, c'était six pieds autour de
l'école. Ils n'avaient pas de cour de récréation
seulement. Comprenez-vous? Alors, on n'a pas encouragé,
traditionnellement.
Moi, je ne voudrais pas qu'on revienne à ces jours-là,
parce que, dans l'éducation, on a dit, à un moment donné:
Oui, mais, à Gaspé, ils enseignaient la pêche à la
mouche. C'est peut-être la meilleure place pour l'enseigner, en passant,
parce que c'est là qu'il y a le plus de poissons. C'est pour vous dire
que, si vous le faites dans la région de Montréal, vous enseignez
plus la pêche au ver. Il n'y a plus de poissons qui mordent à la
mouche à cause de la pollution, sans doute. Sauf qu'on ne peut pas
prendre prétexte, parce qu'il y avait un cour de pêche à la
mouche, pour dire: On va couper l'éducation physique. Il faut, au
contraire, encourager les sports comme une discipline parce que,
habituellement, les sportifs sont des gens disciplinés.
Moi, je pense que le gouvernement, là-dedans, a manqué en
coupant. Et quand je vois, actuellement... Je pensais que le
député de Chauveau en parlerait; il n'en a pas parlé, mais
on parle de Québec 2002, possibilité de Jeux olympiques à
Québec. Je pense que ça serait une bonne chose. Si ce n'est pas
2002, ça pourrait être 2006 ou 2010 mais, peu importe, qu'on se
prépare pour faire éventuellement des Jeux d'hiver à
Québec. Pour quelle raison? Parce que nous sommes une capitale de la
neige dans le monde, M. le Président. Il tombe, à moins que les
chiffres n'aient changé, mais, moi, si je me rappelle les chiffres que
j'apprenais à l'école, c'était 155 po de neige à
Québec, dans la région de Québec; 155 po de neige, c'est
de la neige, M. le Président. Je sais que, vous, vous venez de Rimouski.
Comme vous avez un territoire maritime, il tombe moins de neige, beaucoup moins
de neige, mais à Québec, c'est vraiment une région de la
neige. On est dans la neige par-dessus la tête. Il s'agit de se promener
un peu au Québec pour voir à quel point il y a de la neige dans
la région de Québec. Et 2002, c'est, au fond, pour Québec,
une fête de la neige.
Si les Norvégiens, avec 5 000 000 de population...
Évidemment, c'est un pays indépendant. Ça aide. Ça
aide. Mais, nous, nous sommes 7 000 000 de population au Québec. Faire
des Jeux d'hiver à Québec, c'est normal. Et c'est pour ça
que le gouvernement, actuellement, qui laisse aller le dossier comme s'il ne
s'en occupait pas, alors qu'on propose toutes sortes de choses, devrait tout de
suite discuter du projet pour faire en sorte qu'on n'arrive pas, quand on est
rendu à la dernière minute, pour dire: Bien, là, dans
votre projet, il y a telle chose qui ne devrait pas être ou qui devrait
être faite différemment, parce qu'on ne veut pas contribuer
financièrement à de telles activités, faites de telle ou
telle façon.
Ça pourrait être une perspective de développement
économique importante. Je pense que, quand on parle de trouver la
montagne de ski la plus haute ? on parle des Chic-Chocs, en
Gaspésie ? si ça peut être l'occasion pour
développer une montagne qui va compléter avec du tourisme d'hiver
un tourisme qui est déjà un tourisme d'été,
ça serait une bonne chose. Alors, on aurait un équipement
permanent et on ne ferait pas une piste de ski qui aboutirait dans le fleuve,
M. le Président. Bien, pourquoi pas?
Préparons-nous comme il faut pour nous organiser pour que,
contrairement à ce qu'on dit... Je ne l'accepte pas, moi, quand on dit:
Oui, mais, quand même on gaspillerait 25 000 000 $ sur 700 000 000 $, ce
n'est pas important. Pourquoi dépenser 25 000 000 $ s'ils ne sont pas
bien dépensés? Pourquoi ne pas faire en sorte qu'ils soient bien
dépensés, les 25 000 000 $ aussi? Pensons en termes de rendre les
Jeux d'hiver possibles, mais que tout l'investissement soit placé
à la bonne place.
J'ai été un de ceux qui ont suggéré, entre
autres, qu'au lieu de faire un pensionnat de 100 000 000 $ à
l'Université Laval et d'essayer, après ça, de remplir le
pensionnat en vidant les régions du Québec des institutions
universitaires qui y sont ? parce qu'il y a près de 40 000
étudiants, à Laval, qui y sont logés; ils sont tous
logés, actuellement ? on serait peut-être mieux de penser
à loger les athlètes à Valcartier. Ça ne
coûterait pas cher de sécurité. Et, deuxièmement, on
est déjà dans un territoire où il y a beaucoup
d'activités sportives. Qu'on pense à Stoneham, qu'on pense
à Valcartier, il y a beaucoup d'activités. À ce
moment-là, on va utiliser au maximum des équipements existants
qu'il s'agira peut-être d'améliorer, mais qui vont servir de
façon utile et qui ne dénatureront pas, après ça,
tout notre avenir sur le plan d'équipements qui auront été
mal choisis parce qu'ils auront été choisis seulement en fonction
de 15 jours.
Je pense que les Norvégiens ont fait quelque chose
d'extraordinaire. Moi, tous les commentaires que j'ai entendus ont dit que
ça a été les plus beaux Jeux d'hiver qu'ils aient jamais
vus. C'est un pays de 5 000 000 de population qui les a faits. Et on a vu que
le Québec, pas aidé beaucoup, a eu des athlètes qui ont
réussi par la force de leur volonté, en imposant même, en
convainquant même des pays d'accepter de nouvelles disciplines dans le
cadre des Jeux olympiques et en gagnant dans ces disciplines-là. Je
pense que le Québec est en train de faire sa marque sur le plan des Jeux
d'hiver, et c'est normal parce qu'on est une région d'hiver. (17
heures)
Mais il faudrait, en même temps, penser à tout ce qu'on
pourrait faire pour l'avenir en termes d'objectifs, en se disant: Oui, il nous
faut les Jeux d'hiver en 2002.
Si ce n'est pas possible en 2002, parce que les organismes
internationaux vont choisir, bien, qu'on revienne en 2006 ou en 2010, mais il
faudrait se préparer tous ensemble à faire la promotion du
Québec sur le plan d'une station internationale d'hiver, de loisirs
d'hiver. Et je pense qu'à ce moment-là on ne verra pas les choses
de la même façon qu'on les voit actuellement. Moi, je pense que,
dans les écoles au primaire, au secondaire, au collégial,
à l'universitaire, l'activité physique doit être importante
également parce que, pour un athlète qui gagne, il peut y avoir
une exception pour quelqu'un qui a gagné par la force de son
caractère, mais il y a aussi que c'est le produit, au fond, d'une
société.
Le ministre de l'Éducation, je suis content qu'il ait
parlé des sports-études. Pourquoi on ne permettrait pas à
des jeunes, qui ont envie de faire du sport et de «performer», de
pouvoir combiner les études et le sport ? ça motive dans les
deux cas ? comme d'autres aimeraient mieux «performer» dans
les arts-études, aussi pour performer dans des domaines qui leur sont
chers, qu'ils aiment, où ils aiment s'exercer? M. le Président,
je ne voudrais pas que cette motion du ministre soit seulement une motion et
qu'on dise: Bon, après ça, on passe à d'autres choses,
mais que, cette année, ce soit un temps de réflexion pour faire
en sorte qu'on ait la volonté de s'occuper davantage de notre jeunesse,
d'une jeunesse qui veut performer, qui veut exceller, qui veut faire le
meilleur d'elle-même.
Et, pour ça, il faut s'impliquer collectivement. Puis on va
réussir à le faire si ceux qui l'ont déjà
réussi sont vus comme des modèles et qu'on est fiers de les
présenter comme des modèles à notre société,
pas seulement dans une réception, puis, après ça, c'est
fini, on a fait notre ouvrage, puis c'est terminé. Non! Que ça
dure. Que ces jeunes qui ont déjà maintenant établi leur
réputation puissent contribuer à faire en sorte que d'autres,
dans notre jeunesse, soient motivés, puis excellent. C'est de cette
façon-là qu'on aura des jeunes qui sont préoccupés
de leur avenir, qui sont préoccupés de sortir le meilleur
d'eux-mêmes, plutôt que de nous demander comment ça se fait
qu'ils prennent un coup, qu'ils prennent de la drogue, qu'ils font n'importe
quoi ou qu'ils font de la délinquance. Quand des jeunes sont
occupés, quand des jeunes ont des objectifs, quand des jeunes ont des
modèles, habituellement, il n'y en a pas de problèmes de
délinquance. Et, quand le gouvernement aussi collectivement, qui, on l'a
dit jusqu'à il y a plusieurs années, peut être le plus fort
des nôtres, contribue à faire en sorte que la jeunesse soit
considérée comme un groupe important de notre population, puis
qu'on n'ait pas honte d'investir dans notre jeunesse. Au contraire, qu'on
investisse pour en faire des gens qui vont exceller, qui vont vouloir
être les meilleurs, puis, en le faisant, qui vont tracer la voie à
d'autres.
Je félicite tous ceux qui nous ont représentés,
ceux qui ont gagné, puis ceux qui n'ont pas gagné de
médaille, parce que ceux qui n'en ont pas gagné, cette
année, j'en ai vu qui ont dit: On va y être la prochaine
fois, hein? Puis il y en a qui sont encore très jeunes. Mais j'aimerais
que, collectivement, on se prépare tous ensemble à faire en sorte
que ce qui est arrivé à la Norvège ? qui n'a pas
été improvisé, moi, j'en suis sûr ? en 1994
soit le cas du Québec dans quelques années, avec des Jeux d'hiver
à Québec, puis avec des jeunes qui vont pouvoir participer.
Pourquoi la Norvège a gagné autant de médailles? Sans
doute une des raisons ?j'en suis persuadé ? c'est que
ça ne coûtait pas trop cher à la Norvège de
«performer». Je suis persuadé que, parce qu'ils savaient que
les Jeux d'hiver s'en venaient chez eux, qu'ils pouvaient se présenter,
bien, il y en a plusieurs qui ont pu le faire qui n'auraient pas pu le faire
autrement, surtout ceux dont les parents n'étaient pas fortunés
ou ceux qui ne pouvaient pas trouver de financement facilement.
Je suis persuadé, moi, qu'on peut faire un objectif national des
prochains Jeux d'hiver de Québec en disant que 2002, c'est notre premier
objectif. Si ce n'est pas réalisé en 2002, c'est la prochaine
fois, mais que, tous ensemble, nous allons établir le Québec
comme un des endroits importants dans les sports d'hiver, avec une jeunesse qui
veut puis, en même temps, qu'on accapare l'hiver, qu'on acclimate
l'hiver, qu'on ne pense pas que l'hiver, c'est quelque chose dont on doit se
débarrasser en allant passer l'hiver en Floride. Au contraire, qu'on
manifeste qu'on est heureux comme les Norvégiens ont l'air d'être
heureux en Norvège l'hiver, de sorte que les gens d'ailleurs viendront
ici. Puis on développera un tourisme d'hiver pour notre plus grand
bénéfice à tous, M. le Président.
Félicitations à tous les athlètes
québécois qui ont participé! Félicitations aux
gagnants, puis faisons en sorte de continuer d'encourager les jeunes à
suivre votre exemple! Je vous remercie.
Une voix: Bravo!
Avis de débats de fin de séance
Le Vice-Président (M. Tremblay): Alors, avant de
reconnaître le second intervenant, je voudrais faire part à
l'Assemblée que la présidence a reçu des avis pour la
tenue d'un débat de fin de séance de la part de M. le
député de Montmorency, et ce débat de fin de séance
est adressé au ministre du Revenu concernant la taxe sur l'essence. Un
deuxième débat de fin de séance a été
demandé par le leader de l'Opposition officielle, M. Guy Chevrette,
concernant le ministre des Ressources naturelles et portant sur les contrats de
partage de risques. Un troisième débat de fin de séance a
été demandé par le député de Lévis
s'adressant au ministre de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la
Technologie et concernant les chantiers maritimes de Lévis. Alors, ces
trois débats de séance se tiendront forcément en
soirée, à la fin de la séance.
Reprise du débat sur la motion
Maintenant, je vais reconnaître le député
d'Iber-ville. M. le député, vous avez 20 minutes.
M. Yvon Lafrance
M. Lafrance: Oui, merci, M. le Président. Je serai bref
parce que je réalise que le temps file rapidement et qu'il y a eu
plusieurs intervenants sur cette question. Mais je tenais, néanmoins,
comme tous les Québécois et Québécoises, à
souligner cet événement tout à fait exceptionnel qu'on a
vécu voilà quelques jours. Et c'est sûrement avec grand
intérêt que j'ai suivi, moi aussi, le déroulement des Jeux
d'hiver de Lillehammer. Comme il a déjà été
mentionné, le Canada y a effectué la plus importante
récolte de médailles de l'histoire des Jeux olympiques d'hiver,
soit 13 dont trois d'or et six d'argent. Et le Québec, comme on a
mentionné, s'est vu décerner neuf médailles.
M. le Président, parfois, on surestime la place qu'occupe le
sport dans notre société, avec raison. «Du pain et des
jeux» ne peut constituer l'unique façon de vivre. Il y a beaucoup
d'autres valeurs qui composent évidemment notre vie tant personnelle que
collective. Mais, lorsque de jeunes athlètes deviennent des exemples
d'endurance, de courage, d'effort, de persévérance, ils
créent l'espoir, l'enthousiasme, le désir d'atteindre leurs
objectifs chez des centaines de milliers de leurs semblables qui ont leurs
propres défis. Ce sont donc des leaders en puissance.
M. le Président, nos médaillés ont fait davantage
que réussir un exploit sportif. Les Myriam Bédard, Jean-Luc
Brassard, Isabelle Brasseur ? qui, soit dit en passant, est originaire de
ma région et nous en sommes tous particulièrement très
fiers; Isabelle Brasseur fait honneur au Haut-Richelieu depuis plusieurs
années et est sûrement le point de mire de milliers de jeunes
filles exerçant le patin artistique ? et aussi d'autres
médaillés ont magnifiquement représenté le
Québec et le Canada par leurs performances. Au nom du parti de l'Action
démocratique du Québec, je les félicite très
sincèrement.
Mais je m'en voudrais de ne pas souligner la participation des autres
membres de la délégation d'athlètes du Québec
formant l'équipe canadienne. Même s'ils n'ont peut-être pas
obtenu les résultats escomptés, tous sans exception en sont
revenus enrichis, j'en suis certain. Car ce qui est important, selon moi, ce
n'est pas tant les résultats qui sont très vite oubliés,
mais plutôt la formation et la discipline personnelles qu'ont acquises
les athlètes à l'entraînement. Cette formation personnelle
demeure toujours et est une richesse inestimable. Je pense principalement
à des qualités fondamentales comme la confiance en soi, la
recherche de l'excellence, la persévérance, le goût de se
dépasser, la fierté et l'esprit de corps.
Enfin, on se doit de féliciter les entraîneurs et surtout
les parents qui, bien souvent, ont investi des sommes considérables
d'argent et de temps au développement de leur enfant. Et je remarquais
tout à l'heure qu'on a parlé d'argent, de subventions à
nos athlètes. Il y a peut-être un aspect que j'aimerais soulever,
M. le ministre, et ça serait de regarder la possibilité ? et
ça, ce sont des parents qui m'ont soulevé le point,
déjà, dans le passé ? d'introduire des
dépenses déductibles pour fins d'impôt aux parents dont les
enfants ont atteint un certain degré d'excellence. Ça serait une
façon, je pense, d'aider ces parents-là qui, bien souvent,
dépensent des sommes considérables en transport et en frais
divers pour amener à un niveau d'excellence leur enfant qui, par la
suite, représente, comme on l'a vu, notre Québec et aussi notre
pays. (17 h 10)
À tous, donc, athlètes médaillés,
athlètes participants, entraîneurs, accompagnateurs et parents, au
nom du parti Action démocratique du Québec et en mon nom
personnel, je dis: Félicitations! Votre succès a rejailli sur
tous les Québécois. Merci.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
député. Maintenant, je vais reconnaître Mme la
députée de Chicoutimi et critique officielle pour le
ministère de la Science et de la Technologie. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Vous allez me
permettre de féliciter le tout nouveau président,
vice-président, en fait, mais qui occupe le siège du
président.
M. le Président, il me fait plaisir de joindre ma parole à
celle de mes collègues pour féliciter les athlètes et les
médaillés des derniers Jeux olympiques tenus à
Lillehammer, en Norvège, ces jours derniers. La délégation
québécoise représentait, en fait, 29 % des athlètes
présents à Lillehammer, et ils ont remporté tout
près de 70 % des médailles, c'est-à-dire neuf
médailles sur 13. C'est une performance sans équivalent dans
l'histoire des Jeux olympiques, et québécoise et canadienne.
C'est une performance qu'on peut attribuer à différents
facteurs mais, au premier titre, il faut se dire que, lorsqu'on met notre
confiance dans les jeunes, ils savent la mériter. On a retrouvé
là, sur les pistes de ski, au patinage de vitesse, au biathlon, si on
pense à Mme Bédard, des jeunes qui avaient une volonté
féroce de réussir, de prouver qu'ils étaient les meilleurs
et qu'ils étaient capables. Et, effectivement, ils l'ont
démontré. Parce que devenir le meilleur dans le monde dans une
discipline, ça suppose des heures, des heures et des heures
d'entraînement. Il faut que l'entraînement devienne une obsession,
mais qu'en même temps ? et c'est ce qui fait que ces jeunes sont
remarquables ? ils puissent poursuivre leurs études. Parce que vous
aurez remarqué que ces jeunes, ils mènent une carrière
athlétique, mais, en même temps, des études remarquables.
Rares sont les jeunes qui négligent leurs études pour poursuivre
une discipline ou «performer» dans une discipline; ils savent mener
de front les deux. Les jeunes Québécois, lorsqu'on leur en donne
l'occasion, lorsqu'on leur fournit l'occasion, sont capables de se surpasser.
Je pense que c'est ça qu'il faut remarquer.
Est-ce que les jeunes Québécois et même
Canadiens pourront «performer» autant dans les années
à venir? Il y a des questions qui se posent, effectivement. Le
gouvernement canadien a réduit ses subventions en matière de
soutien au sport amateur; le gouvernement du Québec également. Et
on sabre de façon joyeuse dans le soutien aux fédérations
québécoises. Est-ce qu'on pourra, à ce rythme-là,
continuer de maintenir une équipe solide et performante, susceptible de
remporter de nombreuses médailles au cours des prochains Jeux? Je pense
que la question se pose et se pose sérieusement. Mais, tout n'est pas
irréversible. On a en face de nous un gouvernement qui a pris des
décisions douloureuses; il est toujours temps qu'il révise ses
décisions et qu'il reconsidère les subventions à accorder
aux différentes fédérations sportives
québécoises.
Je reviens donc à ces jeunes athlètes que je voudrais
nommer pour ceux et celles qui se joignent peut-être à nous et qui
écoutent ces débats et qui ont oublié qui sont ces jeunes
athlètes québécois qui ont remporté des
médailles. D'abord, Mme Isabelle Brasseur, le 15 février, qui,
avec Lloyd Eisler de l'Ontario, remportait la médaille de bronze en
patinage artistique; Jean-Luc Brassard qui remporte la médaille d'or au
ski acrobatique; Myriam Bédard, deux fois médaillée d'or
? c'est vraiment une exception, c'est un fait ? au biathlon
féminin, première course de 15 km et la seconde fois aux 7,50 km.
Et rappelons que Mme Bédard a connu, sinon de l'adversité, des
difficultés réelles, constantes, qui lui ont été
faites de la part de la Fédération canadienne.
Et il faut ouvrir la parenthèse ici pour dire que nos jeunes
athlètes québécois trouvent rarement le soutien auquel ils
seraient en droit de s'attendre de la part des fédérations
canadiennes. Chaque fois qu'il y a des Jeux, chaque fois qu'il y a
compétition, on revient avec cette histoire que nos jeunes
athlètes québécois éprouvent des difficultés
à se faire comprendre et à composer avec les règles des
fédérations canadiennes. Pour ça, ils sont bons, il y en a
neuf sur 13, qui, en dépit de ces difficultés, l'ont
remporté. Je le dis en même temps pour le déplorer. Parce
que, s'il y a un endroit où on ne devrait pas faire preuve de
mesquinerie, où on devrait faire preuve de ce qu'on appelle le
fair-play, où on devrait faire preuve d'ouverture, de
réceptivité, c'est bien dans le sport amateur. Il est toujours
regrettable qu'on ait ce genre d'attitude qui frise la mesquinerie.
Et je passerai sous silence les propos d'un chroniqueur sportif canadien
à l'endroit de Mme Bédard à l'occasion de ces
Jeux-là. Mais ça venait simplement illustrer comment on peut
tomber dans la démagogie tout simplement pour des questions qui, il me
semble, ne devraient pas être prises en compte à cette occasion,
des questions linguistiques. Québec et Canada, là-dessus, le
tiraillement est constant et perpétuel. Et, comme c'est normal, dans les
fédérations canadiennes, il y a plus de Canadiens anglais que de
Québécois francophones ou de Franco-Canadiens. Évidemment,
ils sont plus nombreux, donc ils possèdent le pouvoir dans ces
fédérations et ça pose des problèmes à nos
jeunes.
Alors, Philippe LaRoche, médaillé d'argent avec Lloyd
Langlois, qui a obtenu le bronze, et Nathalie Lambert, médaillée
d'argent, aux 100 mètres. Alors, neuf médailles sur 13, une
performance tout à fait remarquable. Une performance remarquable pour un
petit pays. Nous avons 7 000 000 d'habitants au Québec. Mais il faut se
rappeler que le pays qui a été le plus performant, c'est la
Norvège. La Norvège, c'est un pays de 4 200 000 habitants. On
parlait de 5 000 000 tantôt, c'est moins que ça. C'est 4 200 000
habitants. C'est 30 % de moins que le Québec. Et, pourtant, il a
remporté plus de médailles que les États-Unis qui en ont
260 000 000. Il en a remporté plus que la Russie avec ses 185 000 000,
que la France, l'Italie, l'Allemagne, des pays qui ont tous plus de 60 000 000
d'habitants. L'Allemagne réunifiée, ça doit faire 125 000
000.
Pourquoi est-ce qu'ils ont remporté autant de médailles,
les Norvégiens, dans les disciplines des Jeux d'hiver? D'abord, parce
que le sport, chez eux, et les sports d'hiver de façon
particulière, ça fait partie du quotidien. Ça fait partie
de leur vie. Ça fait partie de leur paysage, de leur décor, comme
ça devrait faire partie du nôtre. Et je lisais avec amusement et
intérêt les propos de M. Laplante dans Le Soleil, qui,
parlant de Lillehammer et de la Norvège, disait, et je me permets de le
citer: Habiter un pays, ça veut dire aimer son décor et son
climat. C'est, en effet, la connivence entre les Norvégiens et leur
environnement qui a permis à Lillehammer de résister aux
simagrées olympiques. Et c'est cette même connivence qui a permis
à cette culture de nous offrir plusieurs superbes affrontements entre
les humains et les hivers. Et il dit: La Norvège est, en effet, un Nord
qui ne rêve pas du Sud. On a tous été témoins de ces
campagnes de publicité touristique, de promotion touristique qui
vendaient le soleil plutôt que de vendre la neige. La Norvège,
c'est un pays nordique qui s'aime et qui s'apprécie comme pays nordique.
Alors, évidemment, ce pays-là a été
particulièrement performant aux Jeux olympiques.
La performance des jeunes athlètes québécois... Je
voudrais souligner celle de Marc Gagnon de façon toute
particulière. C'est un garçon originaire de Chicoutimi, avec
Frédéric Blackburn, qui, finalement, n'a pas remporté de
médaille, mais était partie de l'équipe olympique. Ce sont
deux garçons de Chicoutimi qui ont réussi, envers et contre tous,
je dirais, à imposer une nouvelle discipline: le patinage de vitesse.
Ça a été accepté tout récemment; donc,
ça pose des problèmes d'encadrement, des problèmes de
structure, des problèmes de compétition, également, nous
l'avons vu. J'ai rencontré à la fois ces jeunes et leurs parents.
Ce sont des jeunes, d'abord, qui sont déterminés. Ils ont, je le
dis, cette espèce de fureur de gagner, d'être les meilleurs. Je
dirais qu'à la fois leurs études, leur famille, leurs amis, leurs
copines, leur conjoint, tout tourne autour de: les études et le sport ou
encore, aussi, le travail. Mais ils le font avec efficacité, avec
détermination, avec courage. (17 h 20)
Mais j'ai aussi rencontré les parents, et les parents, je dirais,
y mettent au moins autant de coeur que les enfants et ils mettent surtout
beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent. Ça coûte cher, soutenir la
performance des jeunes athlètes, quelle que soit la discipline choisie.
Ça coûte cher, choisir de suivre ses enfants, quelle que soit la
discipline choisie, et c'est vrai lorsqu'ils choisissent des disciplines
culturelles. Je pense aux arts de la scène, à la musique,
à la danse, aux arts picturaux. Quelle que soit la discipline dans
laquelle un enfant veut s'investir, les parents qui décident de
l'appuyer, ça leur coûte du temps, de l'argent et de
l'énergie. C'est ça que ces parents me disaient, les parents de
Marc Gagnon, de même que les parents de Frédéric Blackburn:
Oui, nous sommes fiers, oui, nous pensons que nous avons le droit aussi
d'être fiers, parce que nous avons contribué au succès et
à la performance de nos jeunes.
Ces jeunes Québécois, nous les avons tous regardés,
à un moment ou à un autre ? certains plus, d'autres moins
? à la télévision. On les a vus interviewés
par les chroniqueurs, et chaque fois j'ai été tout à fait
ravie à la fois par leur aisance, par la qualité de leurs propos,
par la qualité du français aussi. Ils s'expriment bien. Alors, ce
sont des ambassadeurs tout à fait remarquables. J'ai la conviction,
comme le disait Mme Bédard, que, dorénavant, au moins en
Norvège, ils savent qu'il y a un petit pays, quelque part en
Amérique du Nord, qui s'appelle le Québec. Parce que Mme
Bédard disait: Dès que je sors dans la rue, j'entends les gens
qui m'interpellent et ils me reconnaissent. Alors, je pense que ça
constitue et que ça représente des ambassadeurs tout à
fait exceptionnels. On ne leur rendra jamais suffisamment hommage. On ne leur
rendra jamais suffisamment hommage pour ce qu'ils représentent pour le
Québec, pour l'image qu'ils présentent du Québec à
l'étranger.
Le gouvernement du Québec a pris un certain nombre de
décisions qui risquent d'avoir un effet sur la performance de nos
jeunes. On a parlé un petit peu, tout à l'heure, du financement
des fédérations. Je voudrais parler de l'abolition de ce cours
d'éducation physique dans les cégeps. Sous prétexte
qu'effectivement il y avait peut-être des cours qui n'étaient pas
tout à fait adaptés, on a dit ni plus ni moins: On sabre dans la
formation. Pourtant, on commence à connaître des résultats
intéressants, on commence à avoir une jeunesse un peu plus en
santé, une jeunesse qui pratique un peu plus de sport. On pense que ce
n'était pas le temps de modifier un programme qui était en train
de donner des résultats.
M. le Président, je retiens de ces derniers Jeux que les jeunes,
lorsqu'ils décident de «performer», ils en sont capables. Je
retiens également de ces derniers Jeux que les parents ont certainement,
dans une très large mesure, contribué au succès de leurs
enfants. Et c'est ce qu'on devrait tous souhaiter qu'il se passe; quel que soit
l'effort que l'enfant veuille tenter, que ça soit dans ses
études, dans les sports ou dans le travail, qu'il puisse retrouver cet
appui au sein de la famille.
Cette année, c'est l'Année internationale de la famille.
On ne peut passer à côté de cette envie de souhaiter que ce
qui s'est passé dans la famille, pour ces jeunes athlètes,
ça puisse se passer dans nos familles de façon
générale. Je retiens de ces Jeux qu'en dépit d'une
certaine forme d'adversité, de difficultés posées dans
différents échelons d'encadrement des jeunes athlètes, les
jeunes Québécois et les jeunes Québécoises ont
«performé» de façon remarquable.
Et, en ce 8 mars, je ne peux pas terminer sans remarquer la performance
tout à fait exceptionnelle des femmes: cinq médailles sur neuf au
Québec, ce sont des jeunes femmes. À ces femmes, je dis:
Félicitations, bravo, et aux prochains Jeux.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, Mme la
députée. Maintenant, je vais reconnaître un prochain
intervenant. Alors, M. le député de Montmorency. À vous la
parole, M. le député.
M. Jean Filion
M. Filion: Merci, M. le Président. Je profite de
l'occasion, M. le Président, pour m'associer aux parlementaires en cette
Chambre pour féliciter les athlètes, bien sûr, canadiens,
mais particulièrement nos athlètes québécois. Nous
avons assisté à des Jeux exceptionnels où nous avons vu
qu'au Québec nous avons une population jeune, en santé, avec un
potentiel extraordinaire. Et ils ont démontré avec succès
tout ce qu'ils pouvaient faire comme athlètes et tout ce qu'ils ont
dû faire pour arriver à ce stade de l'excellence.
Nous avons plusieurs athlètes. Rapidement, M. le
Président, c'est pour eux qu'on s'adresse à cette Chambre, et
j'aimerais quand même mentionner les athlètes qui ont gagné
ces médailles. Rapidement, M. le Président, vous savez, si c'est
notre fierté aujourd'hui de s'adresser à cette Chambre, c'est
parce qu'eux nous ont donné la fierté de nous représenter
avec toute la dignité et, comme le soulignait la députée
de Chicoutimi tout à l'heure, avec une personnalité et une
représentation d'ambassadeurs exemplaires.
Vous avez Isabelle Brasseur, de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui a
effectivement gagné la médaille de bronze en patinage artistique.
Jean-Luc Brassard de Grande-Île. Moi, je me souviens qu'on parlait
effectivement de sa médaille d'or en ski acrobatique, de ce qu'il a pu
soulever comme enthousiasme chez nos jeunes suite, effectivement, à sa
médaille. Pour avoir fait du ski moi-même au Mont-Sainte-Anne, les
gens parlaient de son style, les gens voulaient copier son style. Il
était vraiment devenu une idole et quelqu'un qui représentait un
objectif pour nos jeunes, M. le Président.
Bien sûr, Myriam Bédard, celle qui a fait vibrer le
Québec, celle qui, à toutes fins pratiques, a montré le
Québec à l'échelle du monde avec ses deux médailles
d'or, une première dans les Jeux olympiques d'hiver pour le Canada. Et,
pour avoir assisté personnellement à sa fête qu'on a faite
samedi dernier, je vous avoue que
c'était très émouvant de constater jusqu'à
quel point les gens de la grande région de Québec accueillaient
cette athlète avec toute la reconnaissance qu'on lui doit pour tout ce
qu'elle a pu, effectivement, projeter comme image à l'échelle
mondiale. Les gens l'ont applaudie, c'est la moindre des choses, au minimum de
10 à 15 minutes au Colisée de Québec. C'était
quelque chose de vraiment exceptionnel.
Également, Nathalie Lambert, Sylvie Daigle, Isabelle Charest et
Christine Boudrias qui ont gagné la médaille d'argent au relais
en patinage de vitesse. Vous avez Marc Gagnon, de Chicoutimi, qui gagne la
médaille de bronze aux 1000 mètres, masculin, de patinage de
vitesse. Vous avez également, bien sûr, Philippe LaRoche, une
autre personne de la région de Québec. Tout le monde
connaît dans la région une famille de LaRoche, une famille
d'athlètes; sa soeur également a souvent représenté
le Québec à une multitude de compétitions. On sait que,
question de santé, elle a dû abandonner le sport, mais la famille
des LaRoche, ce sont des gens qui ont toujours «performé» et
ils nous ont toujours représentés de façon extraordinaire
lors des compétitions sportives.
Nathalie Lambert, de Montréal, qui gagne la médaille
d'argent aux 1000 mètres, féminin, en patinage de vitesse courte
piste. Et, bien sûr, l'équipe de hockey, M. le Président,
qui gagne la médaille d'argent. On sait comment ça s'est
passé en finale, une espèce de défaite crève-coeur,
mais, qu'est-ce que vous voulez, nous avons quand même gagné la
médaille d'argent, et toute l'équipe canadienne, au niveau du
hockey, nous a représentés avec une ferveur, une
ténacité au jeu, des gens qui ont démontré vraiment
qu'ils auraient pu remporter la médaille d'or.
M. le Président, trois médailles d'or remportées
à ces Jeux, trois médailles d'or du Québec. Inutile de
vous dire qu'avec trois médailles d'or du Québec, on a de quoi,
aujourd'hui, en cette Chambre, se lever et dire: Oui, on est fiers de nos
athlètes; oui, nos athlètes ont fait de ces Jeux les Jeux qui ont
donné l'engouement à la grande région de Québec,
qui ont suscité chez les gens de la région de Québec un
goût additionnel de revoir ces athlètes-là, peut-être
chez nous, M. le Président, en 2002. (17 h 30)
Je souhaite qu'on revoie nos athlètes chez nous et d'autres qui,
actuellement, sont en plein potentiel, une jeunesse extraordinaire. Je pense
à Mélanie Turgeon, M. le Président, qui a remporté
aux Jeux, bien sûr... Elle a 17 ans, une jeune athlète, encore de
la région de Québec, qui a participé pour la
première fois, aux Jeux olympiques de Lillehammer et qui, à
toutes fins pratiques, pour toutes sortes de raisons, n'a pu vraiment se
manifester à sa juste capacité, mais qui, d'ores et
déjà ? et elle-même le soulignait lorsqu'elle est
revenue de sa médaille d'or au niveau de la Coupe du monde d'Europe,
elle disait qu'aux prochains Jeux elle serait présente et qu'aux
prochains Jeux, M. le Président, on aura des surprises. Parce que la
région de Québec four- mille de potentiel, fourmille
d'athlètes, et, chez nous, on se doit, nous, comme parlementaires,
représentants de chacun des comtés à travers le
Québec, on se doit d'être avec eux et on se doit de les
encourager, de les stimuler et d'être derrière eux.
M. le Président, tout à l'heure, on parlait, en cette
Chambre, de l'aide financière, que ces athlètes-là ont de
la difficulté. Je pense que nous, les élus, on se doit
d'être conscients de cette problématique-là, on se doit de
dégager et d'aider à dégager des fonds, que ce soit par
des modifications à nos lois, que ce soit par des incitatifs fiscaux. M.
le Président, on a une responsabilité, nous, parlementaires, et
j'espère qu'on va faciliter, qu'on va vraiment faciliter la
possibilité de rémunération et aider ces
athlètes-là à toujours se développer d'une
façon à être toujours meilleurs.
Ils sont devenus des modèles de discipline pour nos jeunes.
Moi-même, qui ai un jeune qui aime le ski, je peux vous dire que
depuis... Et je pense que ça a pu se manifester partout, dans tous les
foyers au Québec, M. le Président. Les gens se levaient, mon fils
se levait le matin très tôt, 6 heures, 6 h 30, il ouvrait la
télévision ? parce qu'il y avait le décalage horaire
? et il écoutait les Jeux qui nous provenaient de Lillehammer. Il
les écoutait d'une façon religieuse, et c'était devenu
pour lui l'événement qui le stimulait à continuer
lui-même dans sa performance sportive, à son niveau d'amateur,
mais peu importe, c'était devenu l'occasion pour nos jeunes de
s'accrocher à l'espoir de gagner, un jour, un jour, d'être un
gagnant.
Ces Jeux-là, M. le Président, nos athlètes nous ont
livré un message de gagnant, ils nous ont livré un message
où il est possible de gagner, où il est possible de
réaliser ses rêves, en quelque sorte, et de toujours atteindre le
maximum de l'excellence.
M. le Président, ces Jeux-là nous apportent beaucoup parce
que ces Jeux-là arrivent à un moment où la grande
région de Québec doit réfléchir, doit se
positionner pour la tenue de prochains Jeux qui, à toutes fins
pratiques, seraient en 2002.
M. le Président, cette réussite et cette fierté
qu'ils nous ont communiquées, les athlètes, je peux vous dire
que, personnellement, j'étais excessivement fier de voir à quel
point, samedi soir dernier, les gens ont accueilli Myriam Bédard.
C'était vraiment impressionnant, et je pense que même les joueurs,
d'ailleurs, les deux capitaines d'équipe... C'était une image un
peu particulière parce que, quand on parle d'argent pour le sport
amateur... Myriam Bédard était portée par les deux
capitaines des deux équipes de hockey. Vous aviez le capitaine des Maple
Leafs de Toronto et le capitaine des Nordiques de Québec qui portaient
Myriam Bédard, et ils lui ont fait faire un tour de patinoire.
Inutile de vous dire, M. le Président, quand on sait l'image
financière contrastante, que ces joueurs-là gagnent des millions
de dollars, qu'ils portaient dans leurs bras la fierté du Québec
à ces derniers Jeux qui, elle, à toutes fins pratiques, a
dû travailler d'arrache-pied pour aller chercher les quelques milliers de
dollars
dont elle avait besoin pour se donner effectivement tous les outils pour
se développer, M. le Président, je pense que, quand on voit des
images comme celle-là, on se doit de le réaliser et on se doit de
comprendre que notre sport amateur au Québec a un potentiel immense,
mais ce potentiel-là, M. le Président, a besoin d'être
aidé, a besoin d'être aidé sur le plan financier. Et
j'espère que ces Jeux-là permettront à l'Assemblée
nationale de revoir sa politique de financement et de revoir l'aide qu'on peut
donner au sport amateur.
Bien sûr, M. le Président, quand on regarde Lillehammer,
avec la population de la ville ? Lillehammer, à toutes fins
pratiques, c'est 20 000, autour de 20 000 de population ? ils ont tenu des
Jeux modestes, ils ont tenu des Jeux où tout le monde est d'accord pour
dire que ce sont des Jeux d'hiver exemplaires, des Jeux d'hiver où on a
vraiment connu un franc succès. Et, moi, je pense que la région
de Québec, avec tous les gagnants qu'on a chez nous, le potentiel de
gagnants qu'on a chez nous, on se doit d'avoir également un esprit de
gagnant pour obtenir les Jeux de 2002. Les Jeux de 2002, M. le
Président, peuvent se faire, quant à moi, d'une façon
modeste, d'une façon où, effectivement, on pourra dégager
des petits surplus ou les autofinancer. Et au stade où on est rendu,
j'espère que l'équipe qui, actuellement, défend la grande
région de Québec et le Québec tout entier, M. le
Président ? les Jeux d'hiver, c'est une activité
internationale qui a des retombées sur tout le Québec et, bien
sûr, le Canada, M. le Président ? que cette
équipe-là va continuer à avoir l'appui de la population et
qu'elle va pouvoir déposer des études d'impact globales où
on aura vraiment l'information financière juste pour que l'on puisse
prendre une décision positive, M. le Président, pour aller de
l'avant dans l'obtention de ces Jeux. On sait qu'actuellement, et c'est
important, la population de la grande région de Québec doit
donner un appui au comité de 2002 pour qu'on puisse déposer un
rapport qui soit positif et que l'on puisse espérer, M. le
Président, d'ici juin 1995, obtenir les Jeux d'hiver de 2002.
M. le Président, si vous saviez les retombées
économiques de tels Jeux pour la région de Québec et le
Québec tout entier, les gens, quand ils auront connu et qu'ils sauront
le contenu du rapport financier... On arrêtera d'étudier de
façon isolée la fameuse montagne de cap du Salut, où on a
présenté une espèce de situation, à mon point de
vue à moi, M. le Président, qui était un peu un
dérapage médiatique, mais je pense qu'on est capable chez nous,
au Québec, comme d'ailleurs nos athlètes nous l'ont
démontré... Nous sommes des gagnants. Nous sommes des gens
capables, et on ne peut pas faire pire que Calgary, M. le Président,
où ils ont tenu des Jeux d'hiver avec un surplus de 125 000 000 $.
Alors, le Québec tout entier, la région de Québec, M. le
Président, on est effectivement en mesure d'obtenir ces Jeux-là
et d'analyser financièrement, de façon rigoureuse, la gestion.
Et, à ce moment-là, on sera capable d'être à la
hauteur, nous aussi, de nos athlètes qui nous représentent
dignement à l'étranger.
M. le Président, écoutez, c'était pour moi quelque
chose d'essentiel d'avoir à prendre la parole en cette Chambre pour
féliciter les gens de la région de Québec. Et, M. le
Président, c'est bien sûr que, près de chez nous, c'est
bien sûr la famille LaRoche et c'est la famille Bédard qui nous
ont honorés, mais je pense qu'on a été honorés par
tous les athlètes du Québec et, bien sûr, par tous les
athlètes canadiens.
M. le Président, moi, ce que j'aimerais rajouter en terminant,
j'aimerais simplement leur dire que je les remercie. Je les remercie, nos
athlètes, de nous avoir représentés de façon aussi
digne et surtout aussi d'avoir servi de modèles à notre jeunesse
qui, actuellement, est laissée pour compte dans beaucoup de domaines. Et
je peux vous dire que les retombées de ces Jeux-là et des images
qu'ont envoyées les athlètes du Québec aux Jeux de
Lillehammer, M. le Président, sont plus que positives. Et je vous dirai
qu'elles sont même plus que positives, elles sont très
intéressantes et donnent vraiment un encouragement à notre
jeunesse de continuer à développer ses capacités pour
mieux nous représenter dans le futur. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien. Je vous
remercie, M. le député.
Je vais maintenant reconnaître un nouveau venu en cette Chambre,
le député de Bonaventure, et permettez-moi de vous souhaiter la
bienvenue dans cette auguste enceinte. M. le député de
Bonaventure.
M. Marcel Landry
M. Landry: Merci, M. le Président, et félicitations
aussi pour votre nomination.
M. le Président, je voudrais adresser mes félicitations
à tous les athlètes québécois, les athlètes
canadiens aussi, qui ont participé aux Jeux olympiques. Ayant
commencé ma carrière professionnelle justement dans le domaine
des loisirs et de la culture, il m'apparaît important qu'on
célèbre, justement en cette occasion, l'espèce de
réalisation que ces jeunes citoyennes et citoyens ont manifestée
à Lillehammer. M. le ministre responsable des Affaires municipales et
des Loisirs a souligné tout à l'heure l'impact du programme
sports-études. Or, au moment où nous travaillions en
éducation, on avait à cette époque ce qu'on appelait des
«activités étudiantes intégrées à
l'horaire», qui permettaient de développer, dans le curriculum des
jeunes, des savoirs au niveau des arts, des sports, des sciences aussi. Donc,
des clubs de perfectionnement. (17 h 40)
On a eu aussi, au cours des années 1970-1980, des programmes
qu'on a appelés les «programmes de développement de clubs
sportifs, des programmes d'ateliers socioculturels». Or, à cette
époque, ça nous a permis aussi de développer beaucoup de
talents, tant dans les sports que dans les différentes disciplines
artistiques
ou scientifiques. On avait aussi une place pour ce qu'on appelait
«l'initiation», parce que, pour arriver à des
athlètes de pointe, qu'ils deviennent en quelque sorte des
représentants de la patrie, des serviteurs de la patrie au niveau
international, il faut aussi avoir des niveaux préalables de
développement, des niveaux d'initiation, des niveaux de
développement et des occasions aussi de se confronter, de se
dépasser.
On a connu aussi l'époque du mouvement Kino-Québec, qui
travaillait bien gros sur le développement d'activités
récréatives et qui permettait en même temps, je pense,
d'atteindre un certain niveau de santé, un certain niveau de
bien-être physique et mental. Malheureusement, ça fait partie
peut-être des secteurs qu'on a échappés, qu'on a
coupés. Bien sûr, on a mis en place une structure
sports-études qui, pour moi, s'avère très
intéressante au niveau des jeunes, sauf qu'elle est si peu accessible,
au Québec. Il y a quelques collèges, il y a quelques
écoles secondaires qui permettent à des jeunes de
bénéficier de cet encadrement spécial. Il faudrait les
multiplier dans les différentes régions du Québec.
Comme vous le savez, je viens d'une région
périphérique où les clubs sportifs... les clubs
d'excellence au niveau des scientifiques ou au niveau culturel ne sont pas
légion. Alors, il m'apparaît important qu'on trouve une place,
qu'on fasse une place à la fois dans nos régimes
d'éducation et aussi dans nos programmes de support aux activités
communautaires pour les différentes manifestations sportives,
culturelles, pour le développement de gens qui veulent pousser plus
loin, qui veulent se dépasser là-dedans.
Je pense que, dans le fond, lorsqu'on parle de programmes de support aux
activités sportives et artistiques, ça suppose une
accessibilité, ça suppose un encadrement adéquat,
ça suppose une formation des gens qui vont encadrer les athlètes
ou les jeunes artistes, ça suppose aussi la possibilité de
générer des événements qui permettent de manifester
ces talents-là, qui permettent aussi de célébrer une
certaine joie de vivre. Et je pense que c'est un peu ça qu'on retrouve
dans les athlètes qui sont allés à Lillehammer. C'est une
façon, pour nous autres, de fêter, de nous retrouver à
travers eux puis de nous retrouver un petit peu grandis. Alors, je pense que
cet aspect-là, c'est important de le valoriser. Merci.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
député. Maintenant, je vais reconnaître le
député de Laval-des-Rapides, nouvel élu à
l'Assemblée nationale, et je vous souhaite la bienvenue dans cette
auguste Assemblée. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Serge Ménard
M. Ménard: Merci, M. le Vice-Président. Avec un nom
comme le vôtre, il faut avoir le sens du drame, ha, ha, ha! et le sens de
la langue. Je vous félicite également de votre nomination; elle
est bien accueillie.
Beaucoup de choses ont été dites, et c'est difficile d'en
ajouter encore plus. J'ai quand même trouvé quelques idées
nouvelles. En lisant les reportages qui étaient écrits sur les
médailles que nous avons obtenues, il y avait un article qui n'allait
pas tout à fait dans le même sens que nous allons tous, qui
signalait que l'inflation des médailles était due au fait que
beaucoup de nouvelles disciplines avaient été ajoutées aux
Olympiques d'hiver et que, en fait, si on comparait les médailles qu'on
a obtenues dans les disciplines qui existaient dans les Olympiques
antérieures, la progression était moins significative. Je ne sais
pas si vraiment c'est une façon de s'inquiéter. Bien au
contraire, je pense que ça rejoint une des qualités du
Québec d'aujourd'hui que d'exceller dans les nouvelles disciplines, dans
les nouveaux champs d'action. On sait que, dans d'autres domaines, comme
l'informatique, par exemple, le Québec a su développer une
compétence particulière. Pour moi, en fait, c'est
réjouissant de voir que... parce que, si on a eu une inflation des
médailles grâce aux nouvelles disciplines, c'est qu'on a vraiment
obtenu plus que notre part de la proportion qui est allouée à ces
nouvelles disciplines.
J'ai remarqué aussi que c'est une belle occasion de faire un
constat plus positif sur la jeunesse d'aujourd'hui. Il me semble que, trop
souvent dans les médias, on parle de la jeunesse d'aujourd'hui d'un air
désespéré, en ne voyant que les ravages faits par la
drogue, la paresse. On parle aussi de la pauvre qualité de la langue; on
voudrait revenir à des méthodes anciennes d'éducation,
croyant qu'elles étaient meilleures. Eh bien! est-ce que nos
médaillés ne nous donnent pas une image totalement
différente et beaucoup plus optimiste de la jeunesse d'aujourd'hui?
C'est frappant de voir que les médaillés olympiques du
Québec maîtrisent leur langue. De l'exubérance sympathique
de Jean-Luc Brassard, n'est-ce pas? à l'élégance de Myriam
Bédard, ces gens-là nous font honneur non seulement sur le
podium, mais ils nous font honneur lorsqu'ils communiquent avec les
médias. Ils semblent avoir acquis très indépendamment...
et, donc, je trouve qu'ils sont très représentatifs de la
jeunesse d'aujourd'hui qui ne se livre pas à des excès,
même si, eux, ils ont excellé dans leur domaine, parce que, au
fond, ils ont probablement la même éducation, la même
facilité d'expression que d'autres jeunes d'aujourd'hui qui, justement,
ne sont pas dans la drogue et ne font pas, par conséquent, l'objet des
relevés des journaux, hein. Ça en prend quelques-uns comme
ça pour nous rappeler de temps en temps que, peut-être que la
société s'améliore, contrairement à ce qu'on pense
toujours. En tout cas, le Québec s'améliore.
Ce qui est frappant aussi dans les médailles qui sont
gagnées et qui se trouvent encore là à rejoindre une
nouvelle qualité du Québec, c'est que, dans plusieurs des
disciplines, ce sont des disciplines qui allient non seulement l'excellence
purement sportive, mais je dirais l'élégance et la maîtrise
de soi.
Dans le cas de Myriam Bédard, c'est encore plus évident.
C'est un sport étrange qui faisait d'ailleurs, je me souviens, les
gorges chaudes de certains humoristes.
Pourquoi arrêter de skier pour tirer? Mais, en fait, quand on
comprend bien le sport, quand on se le fait expliquer comme on se l'est fait
expliquer récemment, on voit que ça demande une discipline
absolument extraordinaire de se vider complètement physiquement pour
atteindre le maximum de vitesse, pour ensuite s'interrompre et atteindre, cette
fois-là, le maximum de concentration, le maximum de maîtrise de
soi, immobile.
Dans le cas du patinage artistique qui, moi, restera toujours mon sport
olympique préféré, justement, là, c'est plus
évident qu'on allie l'excellence sportive avec l'élégance.
Et je suis particulièrement heureux qu'au Québec et même
dans le reste du Canada on ait atteint des sommets dans un sport comme
celui-là. Cela me rappelle, dans d'autres domaines encore, l'excellence
que nous avons atteinte dans le cirque, avec le Cirque du Soleil, qui est
justement un groupe de jeunes Québécois qui ont renouvelé
complètement une discipline qui pouvait, de par son essence même,
s'exprimer avec fantaisie et qui s'était enfermée, jusqu'au
Cirque du Soleil, dans des stéréotypes absolument ridicules et
qui n'avaient rien à voir avec les exploits qui y étaient faits.
Le Cirque du Soleil a trouvé une façon de présenter avec
originalité, élégance, des exploits sportifs qui n'ont pas
besoin d'être vantés avant qu'on les admire soi-même. Et je
remarque, que ce soient Jean-Luc Brassard ou, évidemment, Isabelle
Brasseur et Lloyd Eisler, encore là, c'est la maîtrise de sports
ou d'exploits sportifs qui sont plus que des exploits sportifs, mais qui vont
dans le sens d'un équilibre artistique. (17 h 50)
Ça aussi, je trouve que c'est un motif de joie et de
fierté pour la jeunesse d'aujourd'hui, enfin, pour nous qui admirons la
jeunesse d'aujourd'hui. Je pense aussi que, si on doit les fêter, il
faudrait penser aux perdants et aux participants. On avait beaucoup
parlé, à l'occasion des Olympiques à Montréal, que
l'esprit olympique devait encourager la participation. On ne peut
s'empêcher de penser que si nous avons atteint de tels sommets avec
quelques individus, c'est qu'effectivement depuis quelques années il y
en a beaucoup d'autres qui se sont entraînés. C'est
extraordinaire, dans le sport olympique par rapport au sport professionnel, que
de s'entraîner pendant des heures, des heures et des heures pour avoir
à performer pendant, dans certains cas ? je regarde Jean-Luc
Brassard ? un maximum de 30 secondes, où tout doit être
absolument parfait. Mais, on sait qu'il y en a beaucoup d'autres qui se sont
entraînés avec le même acharnement, la même
détermination, et qui n'ont peut-être pas atteint le podium pour,
peut-être, une faute de maîtrise psychologique à la
dernière minute. Je pense qu'il faudrait penser à eux aussi et,
au fond, recevoir presque tous les participants.
Je rejoins aussi ma collègue de... Chicoutimi, oui, pas de
Jonquière. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ménard: ...qui mentionnait ? moi, je l'ai
déjà signalé, et ça tombe drôlement que nous
entrions, trois hommes, dans un sport trop, je dirais, traditionnel ? que,
justement, cinq des neuf médailles gagnées par le Québec
sont des médailles féminines. Il y a peut-être autre chose
qu'on pourrait signaler. Elle signalait aussi que la Norvège, qui est un
petit pays, encore plus petit que le serait le Québec, a raflé un
nombre de médailles extraordinaire. Faut-il rappeler qu'en
Norvège l'égalité des sexes semble avoir été
atteinte en politique. Ils ont une femme premier ministre, et la moitié
du cabinet, au moins ? et je me demande si ce n'est pas la majorité
? est féminine, et vous voyez, ils ont atteint aussi
l'excellence.
Enfin, je pense que, justement... Je reviens sur cette idée que,
la majorité du temps, les médias, comme nous-mêmes, ont
à s'exprimer sur la jeunesse qui... On oublie les qualités de la
jeunesse. On passe la plupart du temps à s'exprimer sur les
problèmes de la jeunesse. On exprime des doutes sur l'éducation
qu'on lui a donnée. Je pense que ces jeunes nous rappellent
qu'effectivement la jeunesse d'aujourd'hui est ? et, cela est normal, je
crois ? meilleure que celle que nous étions. Et j'espère que
leurs enfants atteindront des sommets qu'eux n'ont pas atteints.
C'est donc un grand message, non seulement de fierté, et ces
médailles leur appartienne à eux d'abord... Je pense que le
ministre des Affaires municipales et député d'Argenteuil avait
raison d'ouvrir ce débat en disant: II faut que personne ne cherche
à s'approprier leurs médailles. C'est d'abord leur travail, mais
il reste qu'on ne peut s'empêcher d'être tellement fiers et
tellement heureux de les voir réussir. Mais, il faut penser que non
seulement ils sont un symbole pour le Québec, mais ils sont aussi un
symbole de l'excellence que peut atteindre la jeunesse d'aujourd'hui, et ils
peuvent nous redonner de l'optimisme. Merci.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Alors, je vous remercie,
M. le député. Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres intervenants,
d'autres députés? Alors, je vais reconnaître maintenant le
ministre des Affaires municipales et responsable du sport, M. le
député d'Argenteuil. M. le ministre.
M. Claude Ryan (réplique)
M. Ryan: Je vous voyais hésiter, M. le
Vice-Président. Je me demandais si c'est par nostalgie, que vous
regretteriez déjà d'avoir quitté le secteur municipal pour
le confort doré de la vice-présidence.. Nous vous accueillerons
toujours volontiers dans nos rangs si jamais vous voulez retrouver la verdeur
de l'action. Mes félicitations, au passage. Nous sommes très
heureux de vous compter à la vice-présidence de la Chambre, et je
sais que, dès que vous serez familiarisé avec les
éléments que vous devez contrôler, vous nous ferez
bénéficier de votre humour. Il n'y en a pas toujours eu assez
dans ce fauteuil-là, et je pense que c'est une
façon de diriger les travaux qui peut être très
saine pour la démocratie. Alors, mes meilleurs voeux de succès
dans vos travaux, et nous essaierons de vous obéir, après avoir
désobéi pour commencer, dans certains cas. On prend le plus de
libertés possible, puis ensuite, on obéit.
M. le Président, j'ai écouté les
députés qui sont intervenus. Je les remercie tous. Je
m'aperçois que les députés de toutes les formations
politiques ont parlé, y compris la toute dernière. Je ne sais pas
si je dois être rassuré de savoir qu'elle s'intéresse au
loisir. J'espère qu'il n'y aura pas trop de serments obligatoires dans
ce secteur-là. Mais, j'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt tout ce qui a été dit. Je remarque qu'il y
a un point que je n'avais pas souligné, qui a été
mentionné par plusieurs: ces succès remportés aux Jeux
olympiques sont une illustration de ce dont sont capables nos jeunes; et, dans
la mesure où nous savons leur faire confiance, ils peuvent produire de
grandes choses. Même si leurs valeurs ne sont pas toujours celles que
nous avons appris à cultiver dans nos années de formation, je
pense qu'ils ont des réserves d'énergie, de
spontanéité, de générosité et d'engagement
aussi qui se sont traduites, là, dans une expérience comme celle
des olympiades.
J'ai écouté attentivement le député de
Bonaven-ture quand il a parlé, puis je voudrais le remercier d'un petit
mot délicat qu'il a eu dans son intervention, et j'espère ne
point mal l'interpréter. Il a adressé ses félicitations
aux athlètes québécois, il a adressé
également des félicitations aux autres athlètes canadiens
qui ont participé aux olympiades. Ça, je l'apprécie
énormément, surtout étant donné que, suivant la
rumeur, son option constitutionnelle ne serait pas la même que la
nôtre. J'apprécie énormément ce geste de courtoisie
qui est digne de l'esprit olympique dans sa meilleure acception. Et je profite
de l'occasion pour faire de même et pour dire à tous les
athlètes qui formaient la délégation canadienne que,
quelles que soient nos opinions politiques particulières, nous sommes
heureux de les avoir vu évoluer ensemble. Et nous sommes très
fiers des succès qu'ils ont remportés, souvent, d'ailleurs, en
faisant équipe.
Je pense que le thème principal qui a été
dégagé, cet après-midi, c'est celui du rôle des
fédérations sportives. Je ne voudrais pas que ce débat se
termine sans que j'aie dit un mot à ce sujet. Je ne pense pas que la
motion dont nous discutions aujourd'hui soit le forum le plus approprié
pour engager, de manière prématurée, le débat sur
les crédits budgétaires du gouvernement pour le prochain
exercice. Nous aurons l'occasion de le faire avant longtemps. Mais, je voudrais
d'ores et déjà assurer les membres de cette Chambre que je suis
très conscient du rôle indispensable que jouent les
fédérations, les fédérations qui regroupent,
là, chaque discipline spécialisée dans un encadrement qui
permet d'assurer des normes de discipline, des normes de qualité,
d'excellence aussi, un minimum d'organisation sans lequel la compétition
le moindrement évoluée ne pourrait même pas exister. Alors,
de ce point de vue là, je vou- drais rassurer la députée
de Johnson, en particulier, qui est critique de l'Opposition pour le secteur du
loisir et du sport, que nous examinons très attentivement cette
question. Et je souhaite vivement que nous puissions trouver des arrangements
qui permettront à nos fédérations sportives et aussi
à nos fédérations de loisirs d'exercer un rôle
très utile dans l'avenir, comme elles l'ont fait dans le passé.
Je ne peux pas promettre que nous ne demanderons aucun sacrifice à ces
fédérations.
Je pense que, dans une époque où il faut mettre plus de
discipline dans l'appareil étatique, c'est la politique fondamentale de
ce gouvernement de dire au Québec qu'il doit apprendre à vivre
selon ses moyens. Nous ne pouvons pas dire à un secteur en particulier:
Vous serez épargnés parce que vous êtes allés
remporter des médailles en Norvège. Nous ne pouvons pas dire de
choses comme celle-là. Mais nous pouvons dire, cependant, que nous
reconnaissons le rôle fondamental que jouent les
fédérations et la responsabilité qui en découle
pour le gouvernement. Et, ceci étant dit, nous établirons au
cours des prochaines semaines, en consultation avec ces organismes,
évidemment, les grandes lignes de l'action pour l'année
1994-1995.
J'ai déjà rencontré les organismes qui oeuvrent du
côté des loisirs. J'ai rencontré les
fédérations, j'ai rencontré également l'organisme
qui regroupe les conseils régionaux de loisirs. J'ai eu des rencontres
d'une couple d'heures avec chacun de ces secteurs, où chacun a pu mettre
sur la table toutes les choses qu'il voulait porter à l'attention du
ministre. Je dois faire la même chose avec les fédérations
sportives d'ici une semaine ou deux. Je prendrai tout le temps voulu pour les
écouter. (18 heures)
Évidemment, en démocratie, tant qu'on n'a pas
écouté les gens, on ne peut pas tirer de conclusion. Puis, je me
rappelle qu'au sortir d'une des rencontres avec le secteur des loisirs on m'a
dit justement: C'est bien beau, ça, vous nous avez
écoutés, mais nous ne savons pas ce que vous allez faire. J'ai
dit: C'est remarquable que vous me disiez ça. Vous pourrez au moins
rentrer chez vous en disant que vous avez été
écoutés. Puis, j'ai un autre principe, moi, qui est bien simple,
c'est que, quand j'entre dans une réunion, je ne sais pas comment je
vais en sortir. Même cet après-midi, je ne savais pas ce qu'on
allait dire ici. On écoute et on essaie d'évoluer en même
temps que les opinions qu'on entend. On va faire ça dans le secteur du
loisir et du sport.
Je suis convaincu que les personnes très nombreuses qui oeuvrent
d'abord à titre de bénévoles, il y en a des milliers, je
tiens à souligner que c'est grâce à eux que nous avons des
athlètes qui peuvent performer de manière excellente. Tous ces
athlètes ont commencé grâce à l'action de
bénévoles qui se sont intéressés à leur
talent, qui les ont engagés dans l'action, et je peux assurer tous ces
bénévoles, également ceux qui font de la pratique sportive
un exercice plus intensif, que nous sommes confiants de l'appui dont ils ont
besoin de la part de la société et que nous trouverons, à
cette fin, des modalités d'intervention compatibles avec les
ressources
de l'État, évidemment, compatibles avec les besoins qu'on
nous aura fait valoir clairement. Je pense que nous trouverons ce terrain
d'entente qui est très important pour que le Québec continue sa
marche ascendante vers une excellence de plus en plus grande dans le monde du
sport, et j'ajouterais, dans le monde du loisir en général.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
ministre. Ceci met fin au débat sur cette motion sans préavis. Je
vais demander qu'on se prononce là-dessus, et je vais vous lire cette
motion sans préavis: «Que cette Assemblée félicite
les athlètes, entraîneurs, cadres, membres du personnel
médical et officiels québécois qui représentaient
le Canada aux Jeux olympiques d'hiver tenus à Lillehammer, du 13 au 27
février 1994, et souligne la performance exceptionnelle des
athlètes québécois qui ont fait honneur au Québec
et au Canada en remportant trois médailles d'or, trois médailles
d'argent et trois médailles de bronze.»
Mise aux voix
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien. Compte
tenu de l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 20 heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 7)
Le Vice-Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il
vous plaît! Alors, mesdames et messieurs, nous allons reprendre nos
travaux. Nous sommes toujours à la période des motions sans
préavis, et je vais reconnaître Mme la ministre responsable de la
Condition féminine. Mme la ministre.
Souligner la Journée internationale des
femmes
Mme Trépanier: M. le Président, je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante: «Que l'Assemblée nationale participe à la
réflexion collective à l'occasion de la Journée
internationale des femmes, décrétée le 8 mars.»
Le Vice-Président (M. Tremblay): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté...
Le Vice-Président (M. Tremblay): Non. Excusez-moi. Est-ce
que cette motion... Est-ce qu'il y a des intervenants eu égard à
cette motion? Alors, le président reprend. Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion?
Des voix: Oui.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Alors, je suis prêt
à reconnaître un premier intervenant, et je reconnais Mme la
ministre.
Mme Violette Trépanier
Mme Trépanier: Merci, M. le Président. Aujourd'hui,
le 8 mars 1994, est la 23e Journée internationale des femmes
soulignée au Québec. En effet, c'est le 8 mars 1972 que la
Journée internationale des femmes a été fêtée
ici pour la première fois. Encore une fois cette année, le
thème est prometteur et porteur d'avenir: «Féministes
cherchent partenaires... pour changer le monde». L'avancement de la cause
des femmes ne peut plus être du seul ressort de la population
féminine. C'est pourquoi je trouve le thème de cette année
particulièrement intéressant. Les femmes demandent aux hommes de
les épauler pour changer les mentalités. Elles leur demandent
d'être de véritables partenaires dans la recherche d'un
Québec plus juste, d'une société plus équitable.
(20 h 10)
C'est toujours avec la même conviction et la même
détermination que j'invite les membres de l'Assemblée nationale
non seulement à rendre hommage à toutes les
Québécoises, mais surtout à réfléchir sur
leur inestimable contribution à l'édification de la
société d'aujourd'hui et de celle de demain. Je voudrais profiter
de cette occasion pour rendre hommage à une athlète
exceptionnelle qui a fait vibrer le Québec et le Canada il y a quelques
jours. Mme Myriam Bédard est devenue la première
Québécoise et Canadienne à remporter deux médailles
d'or dans l'histoire des Jeux olympiques d'hiver. Elle présente des
qualités de détermination et de courage propres aux femmes, et
son exploit est une inspiration pour toutes celles qui voudront la suivre dans
la voie de la réussite.
M. le Président, la cause des femmes a beaucoup avancé
depuis les dernières décennies, diront certains et certaines. On
ne peut nier que des pas de géant ont été accomplis, mais
notre satisfaction devant ces résultats ne saurait nous cacher la longue
route qu'il nous reste à parcourir. Les revendications des femmes ont
énormément évolué au cours des ans. Pendant
plusieurs décennies, elles se sont battues, entre autres pour un
meilleur accès au marché du travail. Maintenant, elles aspirent
à l'équité en emploi et à une amélioration
de leur condition de femmes, de travailleuses et de mères. Au cours des
dernières décennies, nous avons vu s'opérer de profondes
mutations sociales et familiales: le déclin démographique,
l'augmentation des divorces, la monoparenta-lité, les crises
économiques sont quelques-unes des raisons qui ont amené les
femmes à devenir elles-mêmes des pourvoyeuses et, par
conséquent, à entrer massivement et
de façon irréversible sur le marché du travail. les
femmes ont toujours joué un rôle déterminant dans notre
développement collectif, et ce, en dépit du fait qu'elles ont
constamment dû dépasser les nombreux obstacles à leur
émancipation et lutter pour le respect de leurs droits, pour
l'amélioration de leurs conditions de vie et pour prendre la place qui
leur revient dans la société. aujourd'hui, les femmes
représentent 44 % de la main-d'oeuvre et, en l'an 2000, c'est la
moitié de cette main-d'oeuvre qu'elles représenteront, mais elles
ont encore peu accès aux postes décisionnels et sont encore
beaucoup moins bien traitées financièrement que leurs
collègues masculins.
M. le Président, la compétence des femmes et leur
créativité ne devraient pourtant plus faire aucun doute. Selon
Statistique Canada, entre 1981 et 1990, les femmes ont lancé des
entreprises à un taux quatre fois plus élevé que celui des
hommes. De plus, leurs chances de voir leur entreprise prospérer
après cinq années d'existence sont deux fois plus
élevées que pour les entreprises qui ont été
fondées par des hommes.
Si le visage du marché du travail a beaucoup changé, les
conditions de travail n'ont, pour leur part, malheureusement pas
évolué au même rythme que la main-d'oeuvre et ne
répondent pas aux besoins réels des nouveaux travailleurs et des
nouvelles travailleuses. Certaines mesures de conciliation travail-famille ont
été mises en place par les organismes gouvernementaux et les
entreprises privées tels les congés parentaux, les horaires
flexibles, etc. Mais ce n'est pas encore assez. Et, surtout, ce sont encore
majoritairement les femmes qui en profitent, comme si les hommes
n'étaient pas concernés par la naissance et l'éducation de
leurs enfants. Nous le savons, les revendications d'ordre familial sont surtout
le fait des femmes. Ce sont elles qui continuent de réclamer un meilleur
système de services de garde, ce sont elles qui se battent pour une
répartition plus équitable des tâches
ménagères et des responsabilités parentales.
L'instauration de mesures de conciliation travail-famille demeure encore trop
souvent une préoccupation davantage féminine.
M. le Président, la conciliation devrait pourtant être un
objectif partagé par l'ensemble de la société.
Malgré tout, des progrès commencent à poindre. Ainsi, le
Secrétariat à la condition féminine et le Fonds pour la
formation de chercheurs et l'aide à la recherche ont rendu publiques, la
semaine dernière, trois recherches qui démontrent que des mesures
de conciliation travail-famille, des mesures adéquates, permettent
d'augmenter l'efficacité et la productivité des travailleuses et
des travailleurs dans les entreprises et dans les organismes. Ces recherches
ont été réalisées grâce à la
collaboration de la Chambre de commerce de Montréal, de la
Fédération des caisses populaires Desjardins de Montréal
et de l'ouest du Québec et de la ville de Québec, qui font figure
de pionnières dans le domaine de la conciliation travail-famille.
J'aimerais, M, le Président, citer la présidente du
Conseil du statut de la femme, Mme Marie Lavigne, et l'appuyer quand elle dit
que «le grand défi des années quatre-vingt-dix sera de
faire en sorte que la société s'ajuste à ce que les femmes
sont devenues». c'est en effet un énorme défi.
l'étiquette féministe a elle aussi beaucoup évolué
au cours des ans. si, pour la majorité de la population, une
féministe est d'abord une personne qui préconise
l'égalité entre les hommes et les femmes, certains y voient
encore une connotation péjorative. selon un récent sondage du
conseil du statut de la femme, 85 % de la population dit appuyer le mouvement
des femmes et pourtant seulement 51 % des femmes osent se dire
féministes. ce sondage nous a également appris qu'une grande
majorité de la population pense que la situation des femmes s'est
beaucoup ou assez améliorée au cours des 20 dernières
années. selon les répondants, la situation a surtout
changé dans le domaine du travail, tandis que leur situation dans le
domaine des droits en général, de l'autonomie financière
ou de la répartition des tâches domestiques semble presque
inchangée. les gens qui ont répondu à ce sondage ont
identifié plusieurs moyens liés à la vie quotidienne qui
pourraient améliorer la situation des femmes tels qu'un meilleur partage
des responsabilités parentales, une éducation non sexiste et la
division des tâches ménagères. le paiement régulier
de pensions alimentaires est également un moyen identifié par une
très forte majorité de gens interrogés. la conciliation
travail-famille figure au premier rang des priorités identifiées
par ce sondage. malheureusement, peu de mesures concrètes sont mises en
place dans les entreprises.
Au chapitre de l'équité en emploi, 80 % des patrons
reconnaissaient que la discrimination à l'endroit des femmes
compromettait leurs chances d'accès et de promotion dans les
entreprises. Pourtant, moins de 1 % était disposé à faire
de la lutte à cette inégalité une priorité dans
leur propre entreprise. Tous reconnaissent les problèmes
d'inéquité et de discrimination, mais peu de gens sont
prêts à essayer de trouver des solutions concrètes. Les
attitudes, les valeurs et les mentalités doivent se modifier pour
renforcer nos assises démocratiques et conduire à une plus grande
justice sociale.
M. le Président, en octobre dernier, je rendais publique la
politique en matière de condition féminine intitulée
«Un avenir à partager». Cette politique contient quatre
orientations majeures qui me tiennent particulièrement à coeur,
soit l'autonomie économique des femmes, le respect de leur
intégrité physique et psychologique, l'élimination de la
violence faite aux femmes et, finalement, la reconnaissance et la valorisation
de l'apport collectif des femmes. Soyez assuré que je continuerai
à oeuvrer pour que tous ces objectifs soient atteints et que toutes ces
orientations soient suivies.
M. le Président, le Québec est plus que jamais
confronté à des enjeux économiques et sociaux lourds de
conséquences. Ces enjeux, tels que la mondialisation des marchés
et la nécessité d'une meilleure compétitivité et
d'une meilleure productivité, sont déterminants pour l'avenir.
Parce qu'elles constituent la moitié du genre humain et qu'elles seront
bientôt chez nous la moitié de
la main-d'oeuvre, les femmes doivent être au coeur de toute
stratégie de développement économique. D faut mettre
à profit la force vive et le dynamisme qui caractérisent les
femmes et les associer à toutes les décisions et actions prises
en faveur de la collectivité.
En terminant, M. le Président, je voudrais emprunter une phrase
à un jeune du Conseil permanent de la jeunesse et me faire le
porte-parole des femmes pour lancer un message à tous les hommes: nous,
les femmes, nous ne voulons pas prendre votre place; nous voulons simplement
que vous ajoutiez des chaises pour nous. La place des femmes est au centre
même des grands débats, mais surtout au coeur des défis
auxquels le Québec devra faire face au cours des prochaines
décennies. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Merci, Mme la ministre.
Nous sommes toujours au débat de la motion sans préavis. Cette
motion se lit comme suit: «Que l'Assemblée nationale participe
à la réflexion collective à l'occasion de la
Journée internationale des femmes, décrétée le 8
mars.» Je suis prêt à reconnaître une deuxième
intervenante, et je reconnais Mme la députée de Johnson. (20 h
20)
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Le 8 mars,
Journée internationale des femmes, est une journée de bilan.
Bilan de ce que nous avons eu par les années passées et ce que
nous souhaiterions qui se passe dans les semaines, les mois et les
années à venir. Avons-nous avancé dans la cause des
femmes? À quel rythme l'avons-nous fait? Est-ce satisfaisant, pour
l'ensemble de la gent féminine, ce qui a été fait?
Pouvons-nous faire plus? Je pense que ce sont toutes des questions que nous
devons nous poser chacune d'entre nous. Et ces questions-là ne sont pas
seulement réservées aux femmes. Nous sommes ici, à
l'Assemblée nationale, tous et chacun de nous élus par une
population donnée, et nous avons, par conséquent, des comptes
à rendre sur le travail que nous faisons ici, à
l'Assemblée nationale. Et nous avons aussi le privilège, je
pense, de pouvoir, par des législations, aider à faire avancer la
cause des femmes, toutes les causes, je dirais bien, mais surtout, je pense,
mettre l'accent sur les besoins que les femmes peuvent avoir à travers
leur vie.
Bien sûr, quand on fait le bilan, on se dit: On a avancé,
les femmes ont avancé. Je sais, de vous en avoir déjà
parlé ici... Ma grand-mère n'avait aucun droit légal. Elle
bossait mon grand-père dans la maison, mais, dès qu'elle sortait
dehors, elle n'avait plus aucun droit. Elle n'était même pas
considérée comme une personne au niveau de la loi. À
l'âge de 40 ans, ma mère a eu le droit de vote, puis, moi, je suis
députée. Ça fait qu'on a avancé. Quand je suis
arrivée ici, à l'Assemblée nationale, je me souviens, on
était très peu de femmes. On était quatre femmes du
côté du pouvoir à l'époque, en 1981, et puis il y
avait deux femmes du côté de l'Opposition, qui était le
Parti libéral. Aujourd'hui, nous sommes 23. On a évolué.
Ça a avancé. Pas suffisamment, bien sûr, parce qu'on
souhaiterait qu'il y ait autant de femmes que d'hommes ici, et je suis
persuadée qu'il y aurait peut-être une façon
différente de regarder les lois, d'y apporter des choses que,
peut-être, on ne fait pas aujourd'hui et qui seraient bienfaisantes pour
les personnes, parce qu'on pense différemment, parce qu'on voit
différemment et parce que, peut-être, dans des lois qui touchent
précisément la famille, précisément les femmes, et
d'autres lois aussi, on pourrait y mettre un accent très personnel, et
je suis persuadée, M. le Président, qu'il y aurait une nette
amélioration sur la façon de voir et de pouvoir faire des lois
qui seraient peut-être plus près des gens.
C'est une évolution, comme je vous le disais, de voir qu'on a
progressé, mais aussi il y a de très grandes lacunes au niveau
des femmes. Si on pense aux femmes qui sont chefs de famille monoparentale et
qui sont obligées d'avoir recours à une aide pour faire vivre
leur famille, de dernier recours, il y a un très grand nombre de
personnes, de familles, sinon presque la totalité de ces
familles-là qui sont des familles pauvres, M. le Président. Et je
pense qu'il faudrait faire en sorte que ces familles-là puissent avoir
la possibilité de retourner au travail, peut-être des
facilités aussi pour la garde des enfants, parce qu'on sait que, du
côté des garderies, il y a beaucoup de demandes et pas
suffisamment de ressources. On sait aussi, M. le Président, que les
salaires de ces femmes qui sont sur le marché du travail sont pour ainsi
dire presque 30 % plus bas que les salaires des hommes pour des postes
équivalents. Donc, je pense qu'il y a du chemin à faire. On n'est
pas rendu au point où on doit se baisser les bras et dire que tout a
été fait, nous pouvons dormir sur nos deux oreilles et ne plus
nous inquiéter de ce qui se passe à travers le peuple du
Québec, la gent féminine.
Et puis, je pense que nous avons un devoir tout particulier, nous, ici,
à l'Assemblée nationale, qui faisons les lois, la
législation, de faire en sorte qu'il y ait une pensée très
ouverte lorsqu'on parle d'une loi qui est en relation avec les besoins de nos
familles, et principalement de nos familles qui sont dirigées par une
femme.
Est-ce qu'il faudrait mettre une énergie supplémentaire
pour être capable de mettre les bouchées doubles? La ministre
parlait tout à l'heure qu'elle tenait beaucoup à sa politique
qu'elle avait déposée. Je pense que les principes
énoncés dans sa politique, qui est d'enrayer la violence faite
aux femmes, je pense qu'il n'y a personne qui peut être contre ça.
Bien au contraire, il faut multiplier les efforts pour qu'une chose semblable
s'arrête. Elle a parlé de l'autonomie des femmes, de l'autonomie
grandissante des femmes, de l'autonomie personnelle, de l'autonomie aussi au
niveau financier. Je pense que c'est des principes extrêmement valables,
mais il faut faire en sorte que ces principes-là deviennent des choses
concrètes et palpables dont elles vont pouvoir se prévaloir pour
améliorer leur situation et pour faire
en sorte aussi qu'elles se sentent bien dans leur peau, qu'elles se
sentent bien et qu'elles puissent avancer aussi, puis s'investir.
Parce que, vous savez, M. le Président, on dit toujours: Ah, moi,
je ne suis pas capable. Je ne suis pas pour aller là, je ne serai pas
capable de faire ça. Il faudrait bannir ça, les mots «pas
capable» du vocabulaire des femmes. Il faudrait dire: Je suis capable,
j'y vais, je me lance, je me présente, soit au municipal, soit à
la commission scolaire, soit comme présidente d'association, soit ici,
à l'Assemblée nationale. Il faut absolument qu'il y ait davantage
de femmes qui prennent ce virage-là, je dirais, M. le Président.
C'est important pour la société qu'elles fassent ce pas qui va
les conduire vers une voie différente, un élargissement de leurs
pouvoirs.
Je pense que, quand on commence, c'est toujours très
insécurisant. Quand on arrive ici, supposons, à
l'Assemblée nationale, il ne faut pas croire que les hommes qui arrivent
ici, à l'Assemblée nationale, sont plus sécurisés
qu'on puisse l'être. Ils sont inquiets eux autres aussi. Ils se
demandent: Bon, bien, comment ça va se passer, puis tout ça. Je
pense qu'on n'est pas les seules. Il ne faut pas prendre pour acquis que ce
n'est que les femmes qui s'inquiètent; les hommes aussi. Je pense que
les premiers pas qu'on fait dans une direction ou dans une autre, quand on
prend une décision, c'est toujours des pas assez insécurisants.
Mais après on voit qu'on est capables comme bien d'autres.
Et je terminerai, M. le Président, par une invitation toute
spéciale aux femmes de se présenter dans différents
milieux électifs, et qu'elles ne doutent pas de leurs capacités.
Je suis persuadée que, s'il y a plus de femmes qui se présentent
dans différents milieux comme ça, il y aura, bien sûr, une
amélioration de leur propre situation. Et je dirai que les hommes qui
pensent encore que les femmes doivent marcher à quelques pas
derrière eux, je voudrais simplement leur dire que, quand la femme
accepte de marcher quelques pas derrière eux, c'est pour les pousser
pour qu'ils aillent un petit peu plus vite en avant. Ça fait que ne nous
en faisons pas trop. Ceux qui acceptent cette condition-là, je suis
persuadée que c'est pour pousser. Donc, à ce moment-là, si
elle pousse assez, peut-être que, s'il n'avance pas assez vite, elle
pourra le contourner et passer en avant.
Donc, bonne fête, bonne célébration à toutes
les femmes du Québec et puis je souhaite de tout mon coeur que l'an
prochain nous aurons ? parce qu'il va y avoir une élection cette
année, M. le Président ? donc, je souhaite qu'à la
prochaine Législature, la prochaine élection, il y aura encore le
double de femmes que ce que nous sommes présentement à
l'Assemblée nationale ? Nous sommes 23... 22 parce que Mme Bacon a
démissionné ? que nous aurons une cinquantaine de femmes au
moins ici à l'Assemblée nationale. Je vous jure, M. le
Président, que ça va être une amélioration au niveau
des débats en tout cas. Je vous remercie. (20 h 30)
Le Vice-Président (M. Tremblay): Alors, merci Mme la
députée de Johnson. Je vais maintenant recon- naître le
député de Trois-Rivières. M. le député.
M. Paul Philibert
M. Philibert: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup
de plaisir que je m'adresse à cette Assemblée dans le cadre de la
Journée internationale des femmes, d'autant plus que j'ai l'honneur
d'être l'adjoint parlementaire de Mme la ministre de la
Sécurité du revenu et ministre déléguée
à la Condition féminine et à la Famille. C'est très
valorisant pour moi, même, c'est une jeune expérience que j'ai aux
côtés de la ministre et je constate que c'est très
agréable de travailler avec une femme dynamique.
M. le Président, nous célébrons aujourd'hui la
Journée internationale des femmes, une journée qui nous donne
l'occasion de faire le point sur les progrès réalisés par
les femmes et sur les défis auxquels elles sont confrontées dans
leur vie de tous les jours, que ce soit face aux changements sociaux,
économiques et culturels.
C'est avec grand plaisir que je m'associe aujourd'hui à la
ministre de la Sécurité du revenu et ministre
déléguée à la Condition féminine et à
la Famille pour souligner la Journée internationale des femmes dont le
thème est cette année «Féministes cherchent
partenaires... pour changer le monde».
C'est sur la base des revendications reliées au monde du travail
que sont nées les manifestations du 8 mars: droit à
l'éducation, droit de vote, égalité économique dans
le mariage, droits parentaux égaux, sans compter la Charte des droits et
libertés de la personne qui interdit toute discrimination fondée
sur le sexe. On peut le dire, nous sommes, hommes et femmes, égaux
devant la loi. Cependant, derrière les apparences, les chiffres et les
statistiques, le grand jeu de société se joue encore selon les
règles définies, plus souvent qu'autrement, au masculin. M. le
Président, les traditions et les valeurs dans notre
société tendent heureusement vers le changement, mais trop
lentement. Bien sûr, rien n'est facile entre les hommes et les femmes.
Quelque chose de beaucoup plus satisfaisant, quelque chose de
bénéfique de part et d'autre est désormais possible,
disait une journaliste et commentatrice. En effet, on se parle davantage, et
surtout parce que le respect, la liberté et l'autonomie des deux parties
sont plus admises qu'elles ne l'ont jamais été. Les femmes
contribuent de façon importante et diversifiée à
l'économie, même si cette contribution est parfois passée
sous silence. Il est vrai qu'à l'heure des grands débats
économiques les femmes sont souvent une présence trop
discrète mais, tout de même, il reste que plusieurs, si elles le
veulent, atteignent les lieux décisionnels. M. le Président, nous
retrouvons les femmes maintenant en politique, à la tête
d'entreprises internationales, à la tête de PME, reconnaissant
ainsi leur valeur, leur compétence de gestionnaires et leur contribution
essentielle à l'économie du Québec.
Pour leur part, les actions de notre gouvernement au cours des
dernières années ont eu pour effet d'aider
les femmes dans une démarche vers l'atteinte de
l'égalité. Rappelons-nous quelques-unes de ces mesures prises par
notre gouvernement à l'endroit des femmes pour les aider à
améliorer leurs conditions de vie. Parmi ces mesures, notons les
modifications législatives apportées à la Loi sur les
normes du travail, la mise sur pied de programmes d'accès à
l'égalité et l'obligation contractuelle; on sait que l'obligation
contractuelle, c'est pour les entreprises de plus de 100 employés et qui
ont des contrats avec le gouvernement. Egalement l'élargissement de
l'accès aux mesures de développement de l'em-ployabilité
pour l'ensemble des prestataires de la sécurité du revenu.
Ajoutons à cela le programme d'aide aux parents pour leur revenu de
travail, le programme APPORT. Mentionnons aussi les hausses successives du
salaire minimum, la politique sur les services de garde, la réforme des
prêts et bourses, les primes à l'établissement pour les
femmes agricultrices. Autant de mesures, M. le Président, prises par
notre gouvernement pour tenir compte des nouveaux rôles des femmes et de
leur place sur le marché du travail.
Le mouvement féministe continue d'être intimement
lié aux grands débats économiques et sociaux qui tissent
la toile de fond de la problématique de la condition féminine
contemporaine et, aujourd'hui, les revendications des femmes visent à ce
qu'elles puissent atteindre l'autonomie nécessaire à leur plein
épanouissement.
On a trop souvent offert aux femmes des conditions de travail de seconde
zone tout en les tenant à l'écart des débats sur les choix
et les orientations économiques. Femme et économie sont deux
réalités qui peuvent, mais surtout qui doivent s'accorder. Bref,
les gains des femmes en matière de représentation professionnelle
n'ont pas été que quantitatifs mais ils ont été
aussi qualitatifs. En effet, à l'intérieur des groupes
professionnels, des femmes occupent maintenant plus souvent des postes mieux
situés dans la hiérarchie des emplois. Le Québec est en
profonde transformation et il importe de se rappeler les valeurs fondamentales
de notre société qui a tout à gagner à voir les
femmes participer pleinement à son développement.
La politique en matière de condition féminine illustre
bien la volonté de notre gouvernement libéral d'assurer le
leadership qui lui revient dans ce domaine. Dans cette perspective, notre
gouvernement a adopté une politique élaborée au cours de
quatre orientations majeures, qui permettra d'agir sur les causes
économiques, sociales et culturelles à la source des
différends entre les sexes. M. le Président, un consensus social
semble se profiler, et cela mérite d'être souligné. Ce que
le mouvement féministe a tant souhaité commence lentement
à se concrétiser. Les mentalités changent, trop lentement,
mais elles changent.
En conclusion, permettez-moi de dire que la situation actuelle nous
démontre qu'une intervention cohérente de l'État est
encore souhaitable pour permettre aux femmes d'atteindre des conditions de vie
équitables et une autonomie accrue. C'est tout le mouvement
féministe qui nous a permis de corriger certaines
inégalités qui existaient entre les hommes et les femmes. Notre
objectif commun est d'identifier, à la lumière de certaines
difficultés que peuvent connaître les femmes dans le
système actuel, des pistes de solutions durables et des approches qui
répondront le plus adéquatement possible aux besoins et aux
droits de l'ensemble des femmes afin qu'elles aient accès à
l'égalité. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Je vous remercie, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Marie-Victorin. Mme la députée.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Merci, M. le Président. C'est heureux, M. le
Président, depuis, en fait, que je suis députée, nous
reprenons toujours nos travaux au moment du 8 mars pour célébrer,
en fait, cet événement majeur dans le monde féminin,
c'est-à-dire le 8 mars qui est la fête des femmes, la
reconnaissance du travail des femmes dans notre société pour leur
évolution et leur quête d'autonomie. Et je crois que c'est tout
à fait à notre honneur de pouvoir prendre la parole à une
occasion aussi importante, M. le Président, de notre histoire. (20 h
40)
Oui, il y a un nouveau féminisme à l'heure actuelle, et ce
nouveau féminisme là se reflète par une volonté
d'autonomie et de conquête de la part des femmes. Et je crois, M. le
Président, qu'il faut, d'entrée de jeu, le dire très haut
et très fort; ce n'est pas nécessairement à cause des
politiques du gouvernement en place que cette volonté d'autonomie ou ces
conquêtes ont pu, en fait, supporter l'appui généreux de ce
gouvernement. Non, la volonté vient et émane davantage de ce
goût des femmes de prendre leur place dans la société,
parce qu'elles y croient et parce qu'elles ont les compétences
nécessaires pour occuper, justement, les banquettes et les sièges
dans le milieu décisionnel.
Si on se rapporte au bilan du gouvernement, M. le Président, nous
allons nous apercevoir que nous avons eu affaire à beaucoup plus de
voeux pieux d'intentions d'analyse que de mesures concrètes. Et,
notamment, si on se souvient de certaines promesses qu'a faites le gouvernement
libéral en 1989, on se souviendra très bien que, parmi ses
promesses, on avait l'intention de faire un fonds de 500 000 $ pour permettre
au gouvernement de venir en aide aux groupes de promotion des droits des
femmes. Et à cette minute-ci, M. le Président, on attend
toujours, en fait, la formation de ce comité. Premier voeu pieux, en
fait. C'est oui au niveau du discours, on est très fort dans les
intentions, mais on est loin de la coupe aux lèvres au niveau de
l'action, M. le Président. Eh bien, évidemment, on est à
la vitesse ralentie et, même, je dirais presque qu'on est au point mort,
dans certains cas.
Et aussi le gouvernement libéral s'engageait également
à adopter diverses mesures visant à protéger la
santé des femmes. Ici encore, on se rend compte que le gouvernement n'a
pas vraiment livré la marchandise,
puisque la plupart de ces mesures se retrouvent sous forme d'engagement
dans la politique en matière de condition féminine lancée
par la ministre en septembre 1993. Ces mesures prennent, plus souvent
qu'autrement, la forme de recherche et de formation de groupes de travail,
mais, au plan de l'action concrète, on ne retrouve, pour ainsi dire,
presque rien.
Du côté de l'aide aux travailleuses enceintes, et nous
l'avons vu cet après-midi par les questions de notre critique en
matière de condition féminine, qui n'est malheureusement pas
présente actuellement parce qu'elle avait des choses à faire dans
son comté, mais qui se joint à nous en pensée pour
réellement, elle aussi, apporter son témoignage à l'apport
des femmes dans notre société ? et je reprends ? notre
critique posait, cet après-midi, au ministre de l'Emploi, la question en
ce qui concerne les travailleuses enceintes et qui sont l'objet de
congédiements encore fréquents dans un grand nombre d'entreprises
sur le milieu du travail. Le gouvernement libéral est revenu sur ses
engagements. Il souhaitait augmenter l'allocation versée aux
travailleuses pendant les deux semaines de carence du programme
d'assurance-chômage. Or, qu'en est-il advenu, M. le Président?
L'allocation a été haussée, mais la mesure n'est plus
universelle ? on donne d'une main et on retire de l'autre, M. le
Président, on est habitués à ce genre de politique de la
part de ce gouvernement, malheureusement: seules les travailleuses dont le
revenu familial n'excède pas 55 000 $. Le gouvernement est toujours
à l'étape des recherches.
Du côté, maintenant, des places de garderie ? et,
ça, c'est très important, parce que, effectivement, les garderies
sont une clé essentielle pour que les femmes puissent rester sur le
marché du travail et permettre justement cette quête, cette
volonté d'autonomie et arriver à pouvoir aussi progresser dans
les échelons dans le milieu du travail ? eh bien, encore là,
M. le Président, au niveau des places en garderie, nous devons noter que
le gouvernement n'a pas non plus livré la marchandise. On se rappellera,
lors du lancement de la politique en 1988, le gouvernement s'engageait à
créer 60 000 nouvelles places en cinq ans. L'objectif a
été révisé en 1989, suite à l'abandon par le
fédéral de ses promesses électorales, et c'était
maintenant sur sept ans que l'on misait, en fait, les places en garderie. En
1992-1993, quatre ans après la mise en oeuvre de la politique, c'est 24
073 places qui ont été créées, en tenant compte des
places dans les services à but lucratif.
En ce qui a trait aux services gérés par les parents, eh
bien là, M. le Président, encore là, en fait,
évidemment, il n'y a eu que 2000 places qui ont été
créées. On est loin des attentes qui étaient
escomptées de la part des différents parents. Et il nous
semblerait, M. le Président, que malgré les batailles
répétitives des femmes et même, maintenant, des hommes et
des femmes pour l'avancement de la cause des femmes, pour la reconnaissance de
leur place au-delà des discours... Parce que c'est bien beau faire les
discours le 8 mars, mais, après le 8 mars, il y a une année qui
est en cours, il y a une année, en fait, où on devrait voir la
réalisation de projets ou de nouvelles politiques qui favorisent, en
fait, l'essor et la place des femmes dans notre société.
Bien sûr, M. le Président, nous savons que les valeurs, en
fait, dites féministes ont changé parce que ces valeurs qui
faisaient peur à certaines femmes dans les années soixante-dix et
quatre-vingt font place maintenant à une reconnaissance de la femme dans
son intégrité. Et ce que le débat des femmes, maintenant,
propose, c'est d'accepter la femme inconditionnellement dans toute sa valeur
intrinsèque, c'est-à-dire avec tous les attributs
féminins. Et, de plus en plus, on s'aperçoit... Et d'ailleurs
? ça a été mentionné lors d'un sondage qui a
été fait par le Conseil du statut de la femme ? si la
plupart des femmes partagent les valeurs féministes, elles ont peur de
s'affirmer pour autant comme étant féministes.
Mais il semblerait qu'un progrès est en train de s'exercer parce
que, justement, les féministes, en fait, dont on disait qu'elles
étaient acharnées, sont revenues un petit peu sur leur position
et, maintenant, on fait largement une place à l'ensemble des femmes. Et
ce qui a aidé vraiment à cette nouvelle tendance, c'est la
position, en fait, aux États-Unis de cette juriste, qui est Mme Anita
Hill, qui a vraiment pris cause, pour harcèlement sexuel, contre son
patron qui était juge. Et ça a démontré
qu'effectivement les femmes pouvaient gagner, même contre, finalement,
une instance très importante qui est la magistrature. Et ça a
été un mouvement d'encouragement pour l'ensemble des femmes, et
ça a démontré que, oui, il y avait espoir pour les femmes
et que, oui, lorsqu'elles prenaient vraiment en main le combat jusqu'au bout,
elles avaient des chances de gagner.
Les femmes, vous savez, dans la plupart des cas, sous-estiment leur
pouvoir. Mais, voilà, cette démonstration démontre
maintenant que les femmes ne doivent pas sous-estimer ce pouvoir. Et l'effet
positif qu'a eu cette démarche de cette juriste, Mme Anita Hill, aux
États-Unis a permis à plusieurs femmes de vouloir se
présenter, en fait, au niveau des élections, au niveau du
gouvernement des États-Unis, et ça a favorisé plusieurs
d'entre elles.
Donc, j'ose croire que cette influence se traduira aussi chez nous
? parce que vous savez toujours qu'on regarde ce qui se passe chez nos
voisins du Sud ? et que cette influence se manifestera d'une façon
vraiment concrète lors des prochaines élections et laissera
l'espoir à ces femmes que, oui, il y a une place pour elles et que les
jeux du pouvoir ne sont pas qu'au masculin mais, quand nous sommes vraiment
déterminées à occuper une place et le fauteuil à
l'Assemblée nationale, oui, il y a une possibilité. Et c'est
possible, en fait, de croire aussi qu'il y a une justice dans cette
société, une justice d'égalité, autant pour les
hommes que pour les femmes.
Il faut aussi soulever que les femmes ne veulent pas entreprendre qu'un
débat négatif, parce qu'il y a danger. Il ne faut pas miser, en
fait, que tous les hommes sont du pareil au même. Je pense qu'on ne
rendrait
service ni aux femmes ni aux hommes, bien sûr. Et c'est pourquoi
aussi les nouvelles tendances, c'est: cherchons des partenaires dignes de
confiance, capables eux aussi de supporter cette démarche que les femmes
font actuellement pour mettre, si vous voulez, ces valeurs des femmes, l'apport
qu'elles peuvent apporter à notre société et concourir
à améliorer cette même société. (20 h 50)
Si on a fait des progrès dans le domaine du travail, vous savez
très bien, M. le Président, que les femmes et les conditions de
travail des femmes ne se sont pas féminisées. Malheureusement,
encore même aujourd'hui, nous sommes obligés de constater que,
dans une période où le travail est de plus en plus difficile, 75
% des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes. Et
quand on voit ce qui se passe actuellement au niveau du gouvernement, bien,
ça fait peur. Ça fait peur parce que, dans la fonction publique,
au niveau parapublic, 76 % des emplois sont occupés par des femmes. Et
je comprends pourquoi grand nombre de femmes, par rapport à l'attitude
du gouvernement, se sentent un petit peu menacés et pris de court, M. le
Président. Et, seulement dans le domaine de la santé, un emploi
sur deux est occupé par des femmes. Alors, vous comprenez bien que,
quand on parle d'égalité, je pense qu'on n'est pas rendus encore
tout à fait dans cette égalité, dans cette reconnaissance,
parce que, encore une fois, lorsqu'on arrive à faire des compressions,
des coupures, des rationalisations, eh bien, c'est toujours les femmes qui sont
les premières à être mises sur le carreau ou, finalement,
à occuper des emplois à temps partiel, à un salaire moins
bien rémunéré que celui des hommes. Par contre, les femmes
représentent dans notre société 45 % de la main-d'oeuvre.
Je pense qu'il y a de quoi réfléchir longtemps et, en fait,
vraiment arrimer notre discours avec cette réalité que les femmes
occupent une grande part du marché du travail.
Les conditions des femmes sont loin d'être reluisantes. Nous
n'avons qu'à mentionner, en fait, le manque de garderies, le
congé préventif pour les femmes enceintes, avec tous les
problèmes que ça peut leur occasionner; ça va aussi loin
que, dans certains cas, les pertes d'emplois. Bien sûr, M. le
Président, qu'il reste encore beaucoup de chemin à faire et
à parcourir pour que les femmes puissent penser occuper une place assez
importante dans notre société sur le marché du travail.
Et, même encore aujourd'hui, malgré les progrès
escomptés, le salaire des femmes est 30 % de moins que celui des hommes.
Donc, il y a encore beaucoup de chemin à faire, beaucoup de chemin
à courir, et surtout, je crois, c'est au changement de mentalité
que nous aurons le plus à nous attaquer pour arriver à cette
égalité dans les faits.
Il faudra parler de générosité des hommes à
l'endroit des femmes et des femmes à l'endroit des hommes, parce que,
sans cet esprit de générosité, je pense qu'il sera
toujours difficile d'arriver à un juste équilibre entre les
hommes et les femmes. Et, ma foi, si nous voulons que notre
société fonctionne convenable- ment, que nous puissions
être un modèle pour les générations futures, c'est
à nous, les adultes, qui occupons cet espace, d'être assez dignes
et assez courageux pour entreprendre ces changements et favoriser cette
égalité, cette fraternité entre les uns et les autres pour
permettre justement de créer un avenir des plus décents pour les
générations qui nous suivent.
Si, actuellement, l'école, c'est l'affaire des filles, je crois
que nous sommes sur la bonne voie. Oui, les filles réussissent de mieux
en mieux au niveau scolaire. Sur le plan universitaire, nous voyons qu'elles
occupent une large place. Elles ont aussi accès de plus en plus à
des milieux décisionnels. Et, pour ce qui est du futur, M. le
Président, je m'en réjouis pour nos filles et pour nos
petites-filles, parce qu'elles auront cette place pour laquelle nous nous
sommes tant défendues. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Je vous remercie, Mme la
députée. Je rappelle à cette Assemblée que nous
sommes toujours à l'étude de la motion sans préavis, qui
se lit comme suit: «Que l'Assemblée nationale participe à
la réflexion collective à l'occasion de la Journée
internationale des femmes, décrétée le 8 mars.» Je
suis prêt à reconnaître un autre intervenant, le
député de Nicolet-Yamaska. M. le député.
M. Maurice Richard
M. Richard: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
me joindre à cette motion portant sur la Journée internationale
des femmes. Le gouvernement du Québec, en plus d'appuyer sans
réserve une telle motion, a démontré au fil des ans son
engagement envers la condition féminine et poursuivi ses objectifs en
vue d'améliorer la qualité de vie des familles
québécoises.
Les femmes ont réussi non seulement à prendre leur place,
mais à occuper des postes de commande importants au sein de la fonction
publique et parapubli-que. Et, pour faire image, M. le Président, je
voudrais citer des exemples d'implication de femmes dans mon propre milieu,
dans le comté de Nicolet-Yamaska. On n'a qu'à citer en exemple
soeur Rita Leclerc, soeur Réjeanne Letendre, toutes deux directrices de
foyer d'hébergement; Mme Ginette Montplaisir, directrice
générale d'un centre hospitalier; Mme Pâquerette Gagnon,
directrice générale de la commission scolaire; Mme Henriette
Guévin, directrice d'une école primaire; Mme Michelle Paradis,
directrice de musée ? et, ça, c'est aux niveaux public et
parapublic, au niveau de femmes occupant des postes clés dans les
mouvements sociaux, et elles sont multiples ? Mme Jocelyne Daoust, qui est
présidente du Syndicat des agricultrices; Mme Diane Proulx, qui est
responsable de Rêves d'enfants; Mme Pierrette Carbonneau qui est en
charge de l'âge d'or; Mme Murielle Brochu, qui est au conseil
d'administration de notre université régionale,
l'Université du Québec à Trois-Rivières; Mme
Claudette Hébert, présidente de la Chambre de commerce de
Nicolet; Mme
Louise Savoie, qui est en charge d'une association d'aide aux petites et
moyennes entreprises; Mme Morvan-Guévin, Mme Lorraine Duval, qui sont au
conseil d'administration de notre CLSC Nicolet-Yamaska; Mme Jeannine Bouvet,
qui est au niveau de l'AFEAS régional. Dans le monde municipal, inutile
de vous mentionner combien et heureusement nous avons d'implications
féminines: Mme Colette Lacourse, maire de Saint-Wenceslas; Mme Murielle
Fontaine, maire de Notre-Dame-de-Pierreville; Mme Carmen Pratte,
conseillère de la ville de Bécancour.
En politique, M. le Président, nous en avons des exemples
multiples ici à l'Assemblée nationale. Nous n'avons qu'à
penser, entre autres, à Mme la vice-première ministre du
Québec, Mme Monique Gagnon-Tremblay, à Mme la ministre
responsable de la Condition féminine et à plusieurs
collègues, ministres et députées de l'Assemblée
nationale. Au niveau d'entreprises, au niveau de ce qu'on appelle les affaires
en général, Mme Ginette Lebel, qui est propriétaire d'un
restaurant trois étoiles dans notre région; Mme Claudette
Thibault, qui est propriétaire d'une entreprise de construction de
camions à incendie, Mme Francine Clermont, qui est dans le domaine du
bois ouvré. Dans le domaine des sports, nous avons même une
entraîneure de hockey, Mme Gaétane Désilets.
C'est bien certain, M. le Président, qu'on ne peut pas penser aux
femmes impliquées sans penser aux mères de famille, et
particulièrement à ma propre mère, Louisette Roy-Richard,
qui a eu 14 enfants. Alors, par elle et à travers elle, je veux aussi,
M. le Président, rendre hommage à l'ensemble des mères de
famille qui, elles aussi, ont bâti à leur façon notre
société.
Historiquement, les femmes du Québec défendent des valeurs
traditionnelles comme la démocratie, l'affirmation des droits de la
personne et la justice sociale. Des valeurs qui demeurent et qui demeureront
toujours les fondements mêmes de notre société. Des
orientations, des objectifs clairs axés autour de quatre
priorités par notre gouvernement, selon l'énoncé de Mme la
ministre, Mme Violette Trépanier... énoncé qui
était identifié comme «avenir à partager»,
à partir duquel il s'agit: d'assurer l'autonomie économique des
femmes; deuxièmement, le respect de l'intégrité physique
et psychologique de l'ensemble des femmes; troisièmement, le
gouvernement doit faire en sorte d'éliminer la violence faite aux
femmes, mais il s'agit là également d'une responsabilité,
vous comprendrez, M. le Président, non pas seulement individuelle, mais
au niveau de l'ensemble de la société; enfin,
quatrièmement, il faut reconnaître et valoriser l'apport des
femmes à la société. De cet énoncé et de ce
plan d'action du gouvernement découle une programmation triennale
comprenant 135 engagements pris par 44 ministères et organismes
gouvernementaux qui devront être réalisés à court et
à moyen terme.
M. le Président, aujourd'hui il me fait plaisir de rendre un
hommage respectueux et sincère à toutes les
Québécoises, et principalement aux femmes du comté de
Nicolet-Yamaska, pour leur engagement et leur contribution constante
à l'évolution de leur condition de vie dans notre
société. Cette Journée internationale des femmes demeure
donc un moment privilégié pour prendre un temps d'arrêt et
de réflexion sur les progrès réalisés par les
femmes dans tous les secteurs d'activité et sur les actions futures dans
leurs démarches personnelles et collectives.
Mesdames, je veux que cette Journée internationale des femmes
soit un jour mémorable pour chacune d'entre vous, et je terminerai, M.
le Président, en citant une grande dame du Québec, Mme
Françoise Gaudet-Smet, qui est décédée il y a
quelques années et qui était une résidente de mon
comté, et qui disait et vivait ça, M. le Président. Elle
disait et elle citait régulièrement: «On n'attend pas les
temps meilleurs; on les invente et on les fait». Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Je vous remercie, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Mme la députée.
(21 heures)
Mme Louise Harel
Mme Harel: merci, m. le président. je suis contente de
m'associer à cette motion. je crois que c'est la première
année, depuis bientôt 14 ans que je siège dans ce
parlement, que nous ouvrons nos travaux la journée même de la
fête internationale des femmes. et je crois que l'occasion est d'autant
plus importante qu'il faut souligner que, cette année, cela correspond
avec le 20e anniversaire du conseil du statut de la femme. et, à
l'occasion de ce 20e anniversaire, le conseil du statut a fait procéder
à une enquête-sondage auprès de la population, qui nous
permet de constater que le message du mouvement des femmes a gagné bien
des adhérents et des adhérentes, puisque le travail du mouvement
des femmes reçoit un appui non équivoque de presque 85 % de la
population dans ce sondage. ça témoigne évidemment d'une
reconnaissance dans la population des gestes importants posés suite aux
revendications du mouvement des femmes.
Autre sujet de réjouissance, près de la moitié, 51
% des femmes québécoises se disent féministes, M. le
Président. Et, comme moi, j'ai toujours considéré le
féminisme comme une forme d'humanisme, le fait que le message ait
été compris par une majorité de femmes qui appuient,
finalement, les revendications féministes, je considère qu'il y a
certainement des sujets de réjouissance importants qui ont dû
être célébrés aujourd'hui à travers les
quartiers des villes et des villages du Québec où se sont
déroulées des activités pour souligner la Journée
internationale des femmes.
C'est d'ailleurs quelque chose d'extrêmement important maintenant
que d'assister, dans toutes les régions... Qu'on soit au
Témiscamingue, en Gaspésie, au Lac-Saint-Jean, en Abitibi ou
à Montréal, il y a, au
moment où on se parle, des femmes qui ont complété
une journée à l'occasion de laquelle elles ont fait le bilan,
elles aussi, et à l'occasion de laquelle journée elles ont aussi
voulu fêter ensemble, pour, sans doute, se donner encore plus
d'enthousiasme pour continuer, parce qu'il faut continuer, M. le
Président.
Et je voudrais profiter de l'occasion pour rappeler aujourd'hui que si,
en partie, le combat pour l'égalité est presque terminé,
ce combat pour l'égalité ne doit pas se faire sans
équité et sans justice sociale. Et pourtant, le combat pour
l'égalité n'est pas pour autant une garantie
d'équité et de justice sociale, et je vais m'expliquer, M. le
Président. C'est vrai qu'on partait de loin et que la remise en question
fondamentale à laquelle on a pu assister dans notre
société, ça restera certainement la révolution la
plus importante, la plus profonde de notre époque. Qu'on pense
simplement qu'il y a à peine 50 ans, non seulement on réclamait
encore le droit de vote et les femmes étaient traitées comme des
citoyennes de seconde zone, et quand on pense, par exemple, qu'on est encore
à la génération... Moi, par exemple, qui aurai 50 ans
d'ici quelques années à peine...
Une voix: ...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Alors, quand on constate qu'on est encore à
l'époque où on souligne qu'on a connu la première femme
nommée au Sénat, la première femme nommée à
la Cour suprême, la première femme nommée juge, la
première femme nommée ministre, la première femme
nommée vice-première ministre et celle qui fut première
ministre, même si ce fut pour un court laps de temps, on en est encore
à une époque de premières. Et c'est finalement des femmes
qui ont défriché, qui ont défriché avec, souvent,
l'appui des femmes derrière elles, M. le Président. Et, je le dis
comme je l'ai répété à maintes reprises à
l'occasion de cette motion du 8 mars, il est d'autant plus important que nous,
femmes, qui arrivons dans un Parlement qui a même le pouvoir de
transformer, comme on le sait, par des bills privés, les hommes en
femmes, on doit démontrer hors de tout doute que le Parlement ne nous
transformera pas, nous, les femmes, en hommes. Et j'entends par là, M.
le Président, qu'il ne s'agit pas non plus d'adopter les règles
du jeu qui, jusqu'à maintenant, ont exclu les femmes. C'est un
changement plus profond, n'est-ce pas, que simplement une présence de
femmes à l'intérieur de structures qui, jusqu'à
maintenant, les en ont exclues. Et c'est donc dire que l'objectif est de les
modifier, de les modifier profondément, en modifiant profondément
les relations hommes-femmes, puisque, pour les modifier, cela suppose,
évidemment, qu'on devienne des partenaires égaux dans la vie
privée, dans le cadre des relations conjugales, des relations
familiales, des relations parentales, et pas seulement dans le cadre des
relations de travail.
Quand je dis, M. le Président, que ce combat pour
l'égalité juridique a fait des pas de géant,
évidemment, je fais référence à ce que l'on sait,
c'est-à-dire... Mais ce n'est pas mauvais de le répéter,
parce que, finalement, on doit comprendre que ça ne fait pas si
longtemps, à peine 24 ans maintenant que les femmes ne pouvaient pas
devenir jurés, et c'est finalement en 1956 seulement, il y a à
peine quelques années, qu'elles deviendront notaires, et ainsi de suite.
Et c'est évidemment encore plus récent qu'on cessera de parler de
responsabilité paternelle, pour, au contraire, aborder la famille en
termes de responsabilité parentale partagée, hommes et femmes. Et
on complétera une réforme du Code civil, un Code civil qui, je le
rappelle, en 1866, était venu serrer la vis aux femmes. Le Code civil de
1866 avait introduit un paternalisme à l'égard des femmes qui
n'existait même pas auparavant dans la société, dans la
société dans laquelle on évoluait ici, au Québec.
Puis le Code civil fera de nous, comme on le sait, sur le plan juridique,
l'équivalent des enfants, l'équivalent des personnes sans
responsabilités, l'équivalent de personnes, M. le
Président, qui n'ont pas à s'assumer. Et on verra donc un grand
ménage qui prendra essentiellement l'aspect de modifications profondes
au Code civil durant les années quatre-vingt et le début des
années quatre-vingt-dix.
Mais, au point où nous en sommes maintenant, il faut comprendre
que le paradoxe énorme qu'on a à relever comme
société, c'est justement au moment où le grand
ménage juridique dans les stéréotypes et la discrimination
dans les lois a permis, finalement, un changement... Au même moment, les
femmes n'ont jamais été aussi pauvres dans notre
société. Et le grand défi qu'on a à relever, c'est
que cette égalité juridique sur papier se transforme maintenant
en équité et en justice sociale, parce que, finalement, les
femmes se rendent compte que la pauvreté se conjugue avec la
maternité. Et moi qui ai une adolescente qui a 18 ans et qui a un
contact fréquent avec des jeunes femmes de 20 ans, qui ont l'impression,
à raison, de toute façon, parce que, dans lés institutions
d'enseignement, les changements sont considérables... pensez
présentement que l'ensemble des collèges de filles qui
n'étaient pas subventionnés avant 1961... vous saviez ça
sans doute, m. le président, que les collèges de garçons
l'avaient toujours été par les pouvoirs publics, par les
gouvernements qui s'étaient succédé depuis tous les temps,
mais que l'enseignement supérieur chez les filles, ça,
c'était laissé uniquement aux soins des familles. les
collèges de filles n'étaient pas subventionnés il y a
à peine 30 ans. c'est évident que quand on constate, comme les
médias l'ont fait à l'occasion de ce 8 mars, que,
dorénavant, les filles se retrouvent très majoritaires dans les
universités, que, finalement, il y a 57 % de femmes actuellement dans
les universités ? 57 %, c'est donc dire qu'il y a 43 % de
garçons seulement ? et qu'il y a à peine 20 ans elles
constituaient seulement 20 % de la population universitaire, alors, vous vous
imaginez, ça a triplé. ça a triplé en moins de 20
ans. c'est considérable. puis c'est dans
tous les secteurs, y compris dans les facultés
contingentées, celles où il est le plus difficile d'entrer et
où la sélection est la plus impitoyable. Et c'est là,
finalement, où elles perforaient. Et ça vaut aussi dans les
cégeps, puisque, cette année, c'est 55 % des jeunes filles de 17
ans et plus qui sont inscrites dans un cégep, comparativement à
38 % pour les garçons. (21 h 10)
Puis, on pourrait ajouter comme ça des statistiques absolument
impressionnantes qui nous révèlent que le fossé
s'élargit entre la fréquentation des filles et la
fréquentation des garçons au niveau universitaire, au niveau
collégial et encore plus au niveau secondaire, puisque le
décrochage est deux fois plus important chez les garçons que chez
les filles, au point même où les garçons sont en train de
tomber, de s'engouffrer au niveau de la fréquentation d'avant la
Révolution tranquille, tandis que les filles sont en ascension
constante, continuellement. mais ça nous indique quoi? ça nous
indique que, si la progression est considérable, il n'en reste pas moins
? et c'est là, finalement, l'obstacle à franchir ? que,
lorsqu'elles arrivent sur le marché du travail, ça ne se passe
plus exactement comme ça se passait dans l'école soit primaire,
secondaire, collégiale ou universitaire. là, les choses changent,
m. le président, beaucoup, tellement qu'encore maintenant le salaire
à diplôme égal d'une femme qui travaille à plein
temps équivaut à peine à 68 % de celui d'un homme. et
pourtant, les femmes ne sont pas nombreuses à travailler à plein
temps, autant qu'elles le souhaitent en tout cas, parce que c'est 75 % qui
occupent des emplois à temps partiel, et ce n'est pas par choix tout le
temps, c'est bien le moins qu'on puisse dire. et ça veut donc dire que
65 %... peut-être, certains d'entre vous pensez: bien, c'est
déjà pas si mal. moi, je croyais aussi que ce n'était pas
si mal jusqu'à ce que j'apprenne, en lisant des documents, qu'au
début du siècle c'était 51 %. ça veut dire qu'en 90
ans on aurait amélioré le salaire des femmes d'environ 17 % puis
qu'à ce rythme-là il faudrait se rendre quasiment en l'an 3000
pour qu'il y ait une certaine égalité salariale.
Il y a donc un virage important à prendre, et d'autant plus
important qu'au fil de leurs réflexions les femmes ont compris qu'il ne
s'agissait pas non plus d'aller occuper des emplois traditionnellement
dévolus aux hommes pour essayer de se faire reconnaître comme
travailleuses dans la société. Les femmes ont voulu, tout en
souhaitant que plusieurs d'entre elles et de plus en plus nombreuses occupent
des emplois traditionnellement masculins, les femmes, maintenant, veulent faire
reconnaître l'héritage de la culture des femmes dans des emplois
qui ont été déconsidérés,
dépréciés sur le plan salarial, mais qui sont des emplois
importants dans notre société et traditionnellement
occupés par des femmes. Je pense aux secrétaires, je pense aux
infirmières, je pense à tous ces métiers de femmes... Ce
sont des métiers qu'hommes et femmes peuvent occuper, mais qui l'ont
été par des femmes, souvent parce qu'ils étaient les moins
bien payés, mais aussi occupés par des femmes, parce que les
femmes sont préparées, depuis des millénaires, à
s'occuper des autres, pas payées, M. le Président. Mais c'est ce
qu'elles ont décidé profondément de changer, puis elles
ont décidé que c'était la seule façon qu'elles
pouvaient transmettre à leurs filles et à leurs petites-filles le
goût, aussi, des métiers féminins dans la mesure où
il y a une reconnaissance sociale.
Et, M. le Président, quand je disais tantôt que la
pauvreté se conjugue avec la féminité, dois-je vous
rappeler que 60 % des personnes pauvres dans notre société sont
des femmes, que cette pauvreté s'élargit encore plus avec la
maternité et que toutes ces jeunes femmes qui sont maintenant dans les
universités et qui se considèrent à
l'égalité de leurs confrères auront à rencontrer
des obstacles importants à un moment donné et
découvriront, comme, moi-même, j'ai eu à le
découvrir, découvriront qu'il y en a qui sont plus égaux
et égales que d'autres dans la société, et que la
maternité suppose aussi dans notre société un coup de
pouce important, un coup de pouce en matière de services de garde?
Dois-je rappeler que le gouvernement avait annoncé, il y a cinq ans, 60
000 places nouvelles en services de garde, que 25 000 à peine auront
été complétées? Un coup de pouce important aussi en
matière de programmes concertés de partage du temps de travail.
Il y a certainement des hommes et des femmes, et je ne parle pas qu'aux femmes
sur cette question-là, mais il y a sûrement également des
hommes qui souhaiteraient améliorer leur qualité de vie en
partageant avec des personnes sans emploi dans notre société une
partie du temps de travail. Je déplore, moi, M. le Président, que
le programme concerté du temps de travail ait été aboli
pendant huit années, et que, tout récemment, en décembre
seulement, dans un plan de relance du ministre de l'Industrie et du Commerce,
on en faisait mention à nouveau. Mais ça devrait être un
objectif important présentement, le partage du temps de travail,
d'autant plus que le fédéral avait, jusqu'à tout
dernièrement, un programme au niveau des prestations de
Fassurance-chômage qui permettait le partage du temps de travail, et je
dois malheureusement constater que ce programme a été
coupé de moitié. Des 35 000 000 $ qui étaient
injectés au Québec pour ce programme concerté de temps de
travail, il n'en reste plus que 17 000 000 $. Puis il est trop associé
au fait que c'est juste quand ça va mal, quand les entreprises ne
marchent pas, que, finalement, elles peuvent avoir accès à un
programme comme celui-là.
Et faut-il également, M. le Président, insister sur les
conséquences qu'une mesure comme l'ouverture des commerces le dimanche a
pu avoir sur la qualité de vie des familles, des femmes et, en
particulier, des mères de famille? Moi, il m'arrive, là... Il n'y
a pas de semaine où je ne me fais pas dire sur le trottoir ou dans une
épicerie ou à quelque endroit, par une personne, vendeuse de son
métier: Quand est-ce que ça va changer? Puis il y en a plusieurs,
d'ailleurs, qui souhaitent qu'on soit au gouvernement pour que ça change
rapidement. Quand est-ce que vous allez revenir? Quand est-ce qu'on
va pouvoir, nous aussi, avoir une vie de famille le dimanche? est-ce que
les garderies vont ouvrir le dimanche? et c'est la question la plus importante,
parce qu'il y a 54 % seulement des travailleurs, des travailleuses qui peuvent
bénéficier d'un horaire de neuf à cinq. ça,
ça veut dire que la moitié des femmes qui travaillent le font
après les heures habituelles, et elles ont besoin, m. le
président, elles ont besoin qu'on les aide justement, parce que la
période que l'on vit actuellement exige très souvent du surtemps,
surtemps qu'elles ne peuvent pas offrir, compte tenu de leurs
responsabilités et qui leur fait souvent quitter le milieu de travail
où elles pourraient être bien payées.
Faut-il également rappeler l'importance d'agir en matière
de pensions alimentaires et l'importance d'appliquer simplement des mesures,
qui, pourtant, ont l'air de donner des résultats en Ontario, aux
États-Unis, en Europe, et qui consistent simplement à faire en
sorte que le créancier paie la pension alimentaire qu'il est
censé payer, M. le Président? Quand on pense que c'est en
diminution, il y a quelque chose d'inquiétant, surtout qu'à peine
60 % des personnes à qui on doit une pension alimentaire la
reçoivent.
Et vous me faites signe, je termine donc en vous disant combien il est
important qu'on reconnaisse le rôle des sages-femmes. Ça reste
encore un dossier sur lequel il y a énormément de flottement et
de confusion, M. le Président, et il faut clairement engager l'ensemble
de l'opinion publique vers une reconnaissance qui s'incarne dans une
présence dans les établissements hospitaliers. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Alors, je vous remercie,
Mme la députée. Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Bourget. Mme la députée, vous pouvez y
aller, s'il vous plaît. (21 h 20)
Mme Huguette Boucher Bacon
Mme Boucher Bacon: Merci, M. le Président. C'est pour moi
un vif plaisir que de pouvoir parler avec les collègues ici, à
l'Assemblée nationale, sur le 8 mars, journée où on
privilégie la femme, mais aussi l'Année internationale des
femmes, les femmes dans le monde. Et je ne voudrais pas, M. le
Président, me limiter uniquement au Québec. J'aimerais pouvoir
vous expliquer ce soir que, lorsqu'on parle du 8 mars et qu'on dit que c'est
une occasion privilégiée, c'est pour défendre toutes ces
femmes qui, elles, ont été à la défense de la
justice sociale et qui cherchent l'égalité entre les hommes et
les femmes, c'est-à-dire l'être humain.
On peut citer beaucoup de personnes, mais la première personne
qui me vient à l'esprit, c'est feue Mme Melina Mercouri. Depuis ma
petite enfance, M. le Président, à la suite d'une
opération où j'ai été hospitalisée, je
n'avais qu'à regarder les journaux et à faire des
découpures. Et cette femme, au cours des années, j'ai su la
suivre, et, malheureusement, je suis peinée par son décès,
et on va célébrer une entrée triomphale, parce qu'elle
avait quitté son pays et était rentras en Grèce. Elle a
été l'exemple, comme je vous disais tantôt, d'une justice
sociale. Elle a su défendre les femmes et la démocratie, la
défense des droits des personnes, sans regarder ni l'homme, ni la femme,
mais de l'humanité dans son pays. Elle a su faire avancer les causes des
femmes aussi par son courage.
Je tiens aussi à citer Mme Gandhi, en Inde, Mme Golda Meir,
première ministre d'Israël. Et lorsqu'elle était de passage
aux États-Unis, un jour, un journaliste lui a demandé: Quand, Mme
Golda Meir, la paix va-t-elle revenir en Israël? Elle a dit: Le jour
où les Arabes aimeront leurs enfants plus qu'ils nous haïssent,
alors la paix sera possible. C'est par des gestes comme ceux de Mme Golda Meir
qu'on peut apprécier l'histoire et qu'on peut voir la justice sociale
qui se situe bien au-delà, bien des fois, du débat
d'égalité homme-femme, à savoir qui va être
supérieur ou pas.
D'autres femmes ont marqué l'histoire: Mme Thatcher, en
Angleterre, mais, ici, on a eu Mme Sauvé. Première... Oui, comme
le mentionnait la députée de Hochelaga-Maisonneuve, qui disait:
Quand, à un moment donné, va-t-on arrêter de dire qui est
la première? Mais il faut se fier à l'histoire; 50 ans, ça
ne fait pas longtemps, ça, dans l'histoire. Alors, il a fallu que des
gens cheminent et arrivent et grandissent et fassent leur marque. Alors, Mme
Jeanne Sauvé a été à la Chambre des communes, a
été aussi lieutenant-gouverneur. Je pense que feue l'honorable
Jeanne Sauvé a été aussi un modèle de
ténacité, de combat, de courage. Il y a eu aussi au
Québec, dans cette Assemblée, une première dame, Claire
Kirkland-Casgrain, première parlementaire. Et, oui, 50 ans, ça ne
fait pas longtemps.
De plus, M. le Président ? vous me permettrez d'être
un peu partisane ? nous avons eu, au Parti libéral, une
première présidente du Parti libéral, Mme Lise Bacon, qui
fut aussi vice-première ministre. Et on a l'honneur d'avoir aussi une
vice-première ministre femme, Mme Gagnon-Tremblay.
On a aussi plusieurs exemples qui sont venus découler de ces
femmes qui ont été derrière ou devant. Je voudrais citer
celles qui ont été un peu derrière, mais qui ont
marqué aussi le Québec. On n'a qu'à penser au rôle
qu'a joué Mme Dorimène Desjardins dans la fondation qui est
devenue aujourd'hui la plus importante entreprise financière
québécoise, le Mouvement des caisses populaires Desjardins.
J'aimerais aussi citer des femmes qui ont été
derrière: Yvonne Bombardier, l'épouse de J.-Armand Bombardier, ou
encore la mère de Sam Steinberg, lequel fut à l'origine de l'une
de nos plus grandes chaînes alimentaires du Québec contemporain.
Ce sont des femmes qui ont marqué l'histoire. L'histoire, c'est quelque
chose qui nous appartient. Et, quand on marque l'histoire, c'est parce qu'on
est premier dans le domaine.
On a d'autres exemples de courage, de justice, de défense des
droits, de ténacité qui sont les enjeux de notre
société. J'ai simplement à parler de Mme Lise
Watier qui est une des premières pour les cosmétiques au
Québec. Dans le meuble, il y a plusieurs femmes, j'en suis sûre,
dans différents comtés. J'entendais mon collègue, ici,
citer quelques exemples de son comté. Alors, je fais
référence à Mme Clermont, des meubles; à Mme
Bouthillier, de la mode, qui a su sortir du Québec et aller jusqu'au
Japon et défendre... ou encore par sa ténacité... Ce
n'était pas facile, M. le Président, de partir avec ses
vêtements d'enfants et d'aller dire: Je suis la meilleure dans le domaine
de l'enfance pour que vous puissiez acheter mes vêtements. Dans le
textile. Même dans la haute technologie. On a eu aussi une femme
astronaute. Alors, tous ces exemples-là, M. le Président, c'est
les enjeux de l'avenir, c'est la conciliation des responsabilités
familiales et du travail qui sera un enjeu de demain, pour les années
2000. C'est très déterminant, les années qu'on va
vivre.
Finalement, M. le Président, ce n'est pas facile, même pour
une femme députée comme moi qui ai quatre enfants, quitter ma
famille le mardi matin pour m'en venir siéger au Parlement. Il faut
concilier famille, école et responsabilités aussi. C'est un choix
qu'on a fait, comme femmes députées, de venir à
l'Assemblée nationale, de venir défendre, pas uniquement la cause
des femmes, mais, comme je le disais tout à l'heure, la justice sociale,
l'égalité entre les êtres humains.
Maintenant, vous me permettrez, au chapitre du progrès accompli,
de dire que les faits sont remarquables. Au cours des décennies
précédentes, les femmes qui ont comblé un retard qu'elles
accusaient en matière de scolarité... Je crois que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve y a fait
référence, à l'article de La Presse, de Montréal,
le 8 mars, par Michèle Ouimet: «L'école, c'est l'affaire
des filles». Et oui, elle a cité les chiffres exacts. C'est exact
que, selon le Conseil supérieur de l'éducation, il y a 57 % de
femmes pour 43 % d'hommes dans les universités... M. le
Président, l'écart entre les garçons et les filles se
creuse très vite. Mais, si on veut arriver à une justice, il ne
faudrait pas non plus basculer, parce que ce qu'on citait dans cet article,
c'est que ça risque de devenir un problème social, le
déséquilibre.
Oui, c'est vrai, M. le Président, que nous, les femmes, on n'a
pas tout atteint ce qu'on devrait atteindre. Mais, lorsqu'on lit que «les
gars vont vivre au prochain millénaire et ils n'auront pas la formation
nécessaire pour bien gagner leur vie», comme l'affirme Pierre
DePastillé, je pense qu'on doit toujours défendre
l'équité, mais aussi l'égalité. «Où
sont les gars?», demande, de son côté, le directeur du
Service régional d'admission. On dit aussi que «les filles sont
plus fortes que les garçons, elles sont plus présentes dans les
réseaux scolaires, elles décrochent moins, elles sont plus
persévérantes, puis, à la petite école, les gars
ont des modèles presque exclusivement féminins». Alors, il
faudrait, encore une fois, M. le Président, je le dis, ne pas basculer
non plus, parce qu'on doit être à l'écoute des
problèmes d'une société.
Oui, c'est vrai que la pauvreté se situe au niveau des femmes, et
des femmes monoparentales. Mais, si on regarde en comparaison avec ce qui se
passe en Iran, ou encore au Pakistan, ou dans d'autres pays, où on vend
des jeunes filles de 10 et 11 ans, où on les vend pour la prostitution,
où on les vend à peine matures, pour s'acheter une maison, je
pense que le progrès qu'on a fait ici... Oui, c'est vrai qu'on a des
problèmes, mais il ne faudrait pas non plus, M. le Président,
verser dans le drame. Je pense que le Parti libéral, le parti que nous
gouvernons, M. le Président, est un parti qui a su grandir et faire
grandir les femmes du Québec. (21 h 30)
M. le Président, si l'on considère le rôle
déterminant de l'accès au marché du travail dans
l'affirmation et la promotion des femmes, nous avons là des raisons
d'être pleinement optimistes. Ce ne sont là que des exemples que
je vous ai donnés en faisant un parallèle avec différents
pays par rapport à ce que nous avons ici. Nous avons un beau et grand
pays, nous avons une belle province, et je pense que les efforts que nous
mettons à améliorer la condition des femmes, c'est grâce
à notre gouvernement.
Je pense en particulier aussi au rôle que jouent les femmes dans
la création d'emplois. À ce chapitre, les femmes ont toujours
occupé une place appréciable. Mais cette place est devenue plus
importante au cours des dernières années, en particulier des 10
dernières années. Les 10 dernières années, M. le
Président, c'est nous, comme gouvernement, qui les avons faites. Les
exemples passés illustrant les rôles des femmes dans la
création d'emplois en entreprise sont nombreux, bien qu'il s'agisse de
contributions indirectes, en raison, comme on le sait, d'un Code civil
retardataire. On signalait un peu avant moi... Oui, c'est vrai, M. le
Président, que les femmes n'avaient pas le droit de signer pour leur
mari lorsqu'ils voulaient envoyer leur femme ou leurs enfants à
l'hôpital. Mais, si on regarde... Les femmes ont le droit de faire leur
rapport d'impôt. En France, on vient simplement de donner le droit aux
femmes mariées de produire un rapport d'impôt distinct de celui de
leur conjoint. M. le Président, je pense que nous, nos femmes ici au
Québec, on a dépassé ce stade-là. Les exemples
passés illustrant le rôle des femmes, comme je vous le disais, on
n'a qu'à penser à d'autres exemples que notre ministre de la
Condition féminine a su adopter.
M. le Président, il ne faudrait pas oublier les femmes
fermières, les femmes qui étaient de véritables petites
PME, où les femmes, parallèlement, assuraient des fonctions qui
vont bien au-delà de la simple éducation, qui touchaient au
domaine des affaires. La plupart du temps, le mari était aux champs;
c'étaient les femmes qui tenaient la comptabilité. Aujourd'hui et
depuis une dizaine d'années, on assiste, M. le Président,
à une véritable éclosion de l'entrepreneurship.
Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve situait le
débat au niveau des garderies: on n'en a pas assez. Mais toutes ces
femmes, ces bâtisseuses de garderies, ce sont des femmes, M. le
Président. Même dans le secteur privé, ce sont des femmes.
L'entrepreneurship, on l'a
ancré en nous. Et la création d'emplois chez les femmes,
c'est quelque chose dont on a su donner le goût aux femmes dans leur
avancement. Il est de plus en plus courant de voir les femmes élever
leurs enfants et se lancer en même temps en affaires. Nombreuses sont les
directrices de garderies qui élèvent leurs enfants à
travers leur travail. C'est privilégié, dit-on, pour les gens en
garderie, ceux qui travaillent en garderie, mais notre gouvernement a su faire
très bien en donnant des garderies en milieu de travail, et on sait
très bien que les femmes privilégient... C'est eux qui vont
chercher les enfants, vous allez me dire, mais ils vont les chercher
près de leur milieu de travail. Il y a beaucoup d'hommes qui
participent, maintenant, à aller chercher les enfants dans leur milieu
de travail.
En effet, il n'est pas rare de voir des entreprises aussi, M. le
Président, dans une foule de secteurs, qui sont le résultat du
dynamisme et de la détermination des femmes à vouloir s'affirmer
dans le domaine des affaires. On voit la présidente de la Chambre des
notaires, c'est une femme, M. le Président. Maintenant, des
ingénieurs, on en voit plusieurs, des femmes, qui ont su marquer. Dans
le domaine de la comptabilité, dans le domaine aussi du droit, on voit
des femmes de plus en plus s'affirmer. M. le Président, dans le domaine
aussi des micro-entreprises qui apparaissent, c'est fondé par des
travailleuses autonomes. On retrouve énormément de femmes qui,
à côté des responsabilités parentales, oeuvrent de
plus en plus dans des professions reliées au domaine des affaires, et
j'en citais: des femmes à la tête des chambres de commerce.
Ces exemples de progrès économiques sont le reflet d'une
société, M. le Président, qui n'a rien à envier aux
autres sociétés modernes, et je le citais un peu plus tôt.
La pauvreté, c'est sûr, M. le Président, c'est quelque
chose qu'il faut s'acharner à aider. Il faut avoir cette
responsabilité-là, en tant que députés, d'abord,
mais aussi en tant que société. La pauvreté qui frappe
durement les femmes des sociétés en voie de développement,
comme je l'expliquais, provoque des situations particulières. Mais, ici
aussi, c'est des situations particulières qu'il faut aider. Ce qui me
permet de vous dire, M. le Président, qu'on a apprécié
à sa juste valeur les gains des femmes québécoises. C'est
sûr et certain qu'il y a des choses qui ont été faites,
qu'il reste des choses à faire, et nous continuerons, comme
gouvernement, à favoriser, entre autres, le développement des
infrastructures de services de garde afin de permettre aux femmes qui le
désirent d'occuper ou de créer un ou plusieurs emplois. Je pense
également à celles qui désirent se consacrer exclusivement
à l'éducation de leurs enfants. M. le Président, c'est
important, là aussi, le progrès qu'on peut faire. L'aide fournie
par l'État est significative et, en particulier, depuis les 10
dernières années.
Enfin, M. le Président, vous me faites signe qu'il ne me reste
pas grand temps, et j'aimerais... Vous avez le consentement pour que je
poursuive?
Le Vice-Président (M. Tremblay): Madame, vous continuez
votre intervention. Il vous reste 30 secondes.
Mme Boucher Bacon: Bon. Alors, M. le Président,
écoutez, je pense que j'aimerais simplement souhaiter bonne fête
à toutes les femmes de mon comté qui oeuvrent, celles qui sont
à la tête, les femmes, Mme Audy, du CLSC, Katleen Johnson, Nicole
Vincent, les conseillères municipales ? ce sont des femmes ?
celles de l'âge d'or, comme le disait mon collègue, et les
présidentes des conseils d'administration des centres hospitaliers.
Alors, une bonne fête à toutes. Tout n'est pas fini. Il reste
à bâtir. Merci.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Merci, Mme la
députée. Nous sommes toujours à l'étude de la
motion sans préavis, qui se lit comme suit: «Que
l'Assemblée nationale participe à la réflexion collective
à l'occasion de la Journée internationale des femmes,
décrétée le 8 mars.» Et je vais reconnaître un
prochain intervenant, le député de Portneuf. M. le
député.
M. Roger Bertrand
M. Bertrand: Merci, M. le Président. Il me fait donc
plaisir de m'associer également à cette motion, en ce 8 mars. Je
dois vous dire, M. le Président, sans vouloir vous froisser de quelque
façon, que j'aurais donc justement aimé, en ce 8 mars, m'adresser
à Mme la présidente. Donc, commencer cette allocution en
expliquant à Mme la présidente, en lui disant très
sérieusement, M. le Président, que cette mère abattue, il
y a quelques mois, tout près de chez moi, ce n'était qu'un
mauvais rêve; en soulignant à Mme la présidente que mes
collègues femmes, globalement et graduellement depuis 20 ans, ont pu
accéder enfin aux mêmes chances de promotion que vous et moi; en
lui expliquant également que les travailleuses ont acquis en cette
société, enfin, à travail équivalent, salaire
égal.
J'aurais aimé lui expliquer également que les
harcèlements d'hier ne sont plus le quotidien de nos consoeurs; que les
femmes qui deviennent mère peuvent compter sur tout l'appui
nécessaire de la part de leur communauté; qu'il n'y aura plus
bientôt de discrimination dans l'emploi, plus de métiers
traditionnellement réservés aux femmes. J'aurais aimé
expliquer également, M. le Président, que la pauvreté ne
frappe plus autant et davantage aujourd'hui les femmes que les hommes. J'aurais
aimé démontrer que la violence à l'égard de nos
soeurs est en nette régression; que les services qui leur sont
adressés sont vraiment adaptés en fonction de leurs besoins, dans
le domaine de la santé, notamment. Bref, que nous sommes devenus, tous
et toutes, enfin, égaux dans cette société.
J'aurais aimé, M. le Président, que Mme la
présidente constate que ce monde avait changé. Ce monde, s'il a
pu progresser au cours des dernières années, que de chemin
cependant nous reste-t-il à parcourir, et que
d'acquis nous reste-t-il à consolider. Ma collègue de
Hochelaga-Maisonneuve mentionnait très pertinemment tout à
l'heure cette reconnaissance minimale qu'enfin on avait faite, en 1940, en
pleine guerre mondiale, alors que les femmes du Québec obtenaient le
droit de vote au niveau provincial. (21 h 40)
Est-il nécessaire de rappeler, M. le Président, que
presque 100 ans auparavant, ce même droit de vote avait été
retiré aux femmes? Donc, rien ne doit être considéré
comme acquis. Il nous reste donc beaucoup de chemin à parcourir avec
celles qui nous tendent la main en ce jour du 8 mars, avec celles qui cherchent
des partenaires pour changer ce monde. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Mégantic-Compton et adjointe parlementaire au
ministre des Affaires municipales. Mme la députée.
Mme Madeleine Bélanger
Mme Bélanger: Merci, M. le Président. En cette
Journée internationale des femmes, je voudrais profiter de l'occasion
qui m'est offerte pour rendre hommage à toutes celles qui ont
contribué à faire du Québec ce qu'il est devenu
aujourd'hui. Je fais référence, M. le Président, à
ces femmes qui ont ouvert la voie à l'autonomie, à
l'égalité entre les sexes, bref, à celles qui ont
posé les premiers jalons d'une société plus juste et plus
humaine. Je voudrais dire aujourd'hui merci à celles qui ont
incité les femmes d'aujourd'hui à se dépasser, à
aller au bout de leurs aspirations et à concrétiser leur
potentiel et leurs rêves. Enfin, merci à celles qui ont
été pour nous des modèles à suivre.
Mais cette journée du 8 mars, M. le Président, en plus
d'être l'occasion de faire une rétrospective, nous permet
également de réfléchir sur le sort réservé
aux femmes en 1994 et de faire le point sur ce qui a été fait,
mais aussi sur ce qu'il reste à accomplir. Pour y parvenir, il faut se
poser bon nombre de questions. D'abord, avons-nous parcouru beaucoup de chemin
depuis l'année où nous avons acquis le droit de vote? Avons-nous
atteint l'équité salariale avec les hommes? Avons-nous aussi
accès aux mêmes emplois que les hommes? Sommes-nous tout aussi
présentes dans les autres sphères de décision? Est-ce que
nous assistons à une meilleure répartition des
responsabilités parentales au foyer? Voilà autant de questions,
M. le Président, auxquelles nous devons tenter de répondre pour
bien mesurer l'évolution des mentalités non seulement au
Québec, mais ailleurs au pays et dans le monde. Si nous voulons
être justes, nous devons répondre que d'immenses progrès
ont été réalisés. M. le Président, nous
sommes loin de l'époque où les femmes étaient
confinées aux traditionnels rôles de mère au foyer,
d'épouse, d'institutrice, d'infirmière ou de religieuse.
Actuellement, et fort heureusement d'ailleurs, les femmes ont la
possibilité d'accéder à des carrières prometteuses,
à des postes de décision, bref, à des sphères
d'activité traditionnellement réservées presque
exclusivement aux hommes. Il n'est pas rare aujourd'hui de voir un nombre plus
important de femmes que d'hommes inscrites dans des facultés où
seule une infime minorité de femmes pouvaient auparavant évoluer.
C'est le cas particulièrement dans des facultés de
médecine, de droit, d'ingénierie, d'architecture, de
médecine dentaire. Nous voyons donc de plus en plus de femmes qui se
dirigent dans des domaines où les hommes régnent en très
grand nombre. La mécanique, l'informatique, l'aérospatial, la
robotique en sont d'autres exemples. M. le Président, nous pouvons
êtres fiers des progrès réalisés depuis quelques
années, car ceux-ci ont permis d'établir une certaine
équité, une certaine égalité fortement
souhaitée, nettement urgente pour le mieux-être de notre
société.
Il faut souligner également, M. le Président, que les
femmes ont maintenant le pouvoir de choisir et de décider ce qu'elles
veulent accomplir, notamment en termes d'emploi et en ce qui a trait, aussi,
à leur vie privée. En effet, la liberté de choix est
dorénavant accessible aux femmes, ce qui leur permet de demeurer au
foyer si elles le désirent, de s'occuper des enfants, de se consacrer
exclusivement ou en partie à leur carrière. Les pressions
sociales sont devenues beaucoup moins présentes, ce qui a certainement
contribué à l'émergence des femmes dans des domaines
traditionnellement réservés aux hommes. Mais ces progrès
ne sont toutefois pas suffisants. Si les femmes font désormais partie de
la main-d'oeuvre dans des secteurs garants d'avenir, il n'en demeure pas moins
que nous sommes sous-représentées, et ce, à bien des
niveaux. Les postes de décision sont encore occupés en grande
majorité par des hommes, et la question de l'équité
salariale traduit souvent la différence qui existe entre le rêve
et la réalité. Dans les faits, il arrive plus souvent
qu'autrement que la femme reçoive un salaire inférieur à
l'homme pour l'exécution d'un travail équivalent. Il s'agit
là, M. le Président, vous l'aurez compris, d'un problème
que toutes les sociétés se doivent de régler, car ce sont
des réalités qu'on ne saurait justifier en 1994.
Toutefois, je suis fière de témoigner de l'engagement du
gouvernement libéral du Québec envers les conditions de vie des
femmes. Les efforts que nous déployons d'année en année
donnent des résultats tangibles dans la vie de tous les jours. Je fais
ici référence aux lois que nous votons en matière de
condition féminine. À cet égard, je voudrais simplement
porter à votre attention des gestes que nous avons posés
récemment, des gestes qui démontrent tout l'intérêt
que nous manifestons à l'égard des femmes dans notre
société. Ainsi, je vous rappellerai que c'est notre gouvernement
qui a adopté la loi 146 sur le partage du patrimoine familial et qui a
établi un mécanisme d'indexation des déductions pour frais
de garde. C'est notre gouvernement qui a augmenté les crédits de
l'Office des services de garde et
qui a permis le développement accru de nouvelles places en
services de garde. C'est aussi notre gouvernement qui a instauré un plan
d'action gouvernemental pour les familles, lequel démontre notre
volonté de continuer d'agir dans l'intérêt des familles
québécoises et notre désir de relever le défi de
s'adapter aux nouvelles réalités familiales.
En termes de réalisations, nous avons également
créé le Bureau québécois de l'Année
internationale de la famille et lancé le Fonds famille. Il s'agit d'un
programme de subventions destiné à soutenir des projets novateurs
qui rejoignent les réalités familiales des années
quatre-vingt-dix.
Enfin, c'est notre gouvernement qui a rendu publique la toute
première politique en matière de condition féminine qui
s'articule autour d'orientations diverses, tels l'autonomie économique
des femmes, le respect de l'intégrité physique et psychologique
des femmes, l'élimination de la violence faite aux femmes ainsi que la
reconnaissance et la valorisation de l'apport collectif des femmes.
Ce n'est là, M. le Président, qu'un léger
aperçu des actions entreprises par le gouvernement libéral du
Québec en matière de condition féminine, mais je suis
persuadée qu'à elles seules, ces actions démontrent
à quel point nous nous soucions du mieux-être de toutes ¦
les femmes du Québec.
En terminant, M. le Président, j'aimerais simplement vous
souligner que, fort heureusement, les conditions de vie des femmes se sont
grandement améliorées au cours des dernières
années. Et je ne crois pas être dans l'erreur en disant que notre
gouvernement y est pour quelque chose. Toutefois, malgré des gains
substantiels, malgré une législation qui répond grandement
aux besoins des femmes, nous pouvons encore contribuer à
améliorer les choses. Il faudra poursuivre dans cette voie que le
gouvernement libéral du Québec s'est tracée, celle d'un
meilleur équilibre entre les hommes et les femmes, du respect des
différences et de l'unité, ce qui est la base d'une
société plus humaine. C'est en effet la responsabilité du
gouvernement d'assumer le leadership qui lui revient dans ce domaine et d'aider
les femmes à atteindre des conditions de vie équitables et une
autonomie accrue.
C'est pourquoi les prochaines années seront déterminantes
en ce qui a trait à l'avenir des femmes et de toute la
collectivité, et ce, non seulement au Québec, mais ailleurs dans
le monde. Il faut réaliser l'importance de la reconnaissance et de la
valorisation de l'apport des femmes dans notre société. Ce n'est
qu'à ce moment-là, M. le Président, que l'on pourra dire
que nous vivons dans une société égalitaire, une
société qui épouse parfaitement des valeurs aussi
fondamentales que l'affirmation des droits de la personne, la démocratie
et la justice sociale. Je vous remercie, M. le Président. (21 h 50)
Le Vice-Président (M. Tremblay): Alors, je vous remercie,
Mme la députée. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, la motion se lit comme suit:
«Que l'Assemblée nationale participe à la réflexion
collective à l'occasion de la Journée internationale des femmes,
décrétée le 8 mars.» J'ai remarqué dans
certains discours qui ont précédé qu'on a l'habitude de
trop souvent penser que les rôles importants joués par les femmes
ont commencé il y a 30 ou 40 ans avec les partis politiques actuels ou
antérieurs. Qu'on se rappelle le début de la colonie. Ici, il y a
des noms de femmes célèbres qui ont joué un rôle
fondamental, qui ont été les piliers de la fondation de la
colonie. Qu'on pense à Marie Guyart, gérante d'une entreprise de
transport en France, qui a fondé, à Québec, le couvent des
Ursuli-nes, connue sous le nom de Marie de l'Incarnation. Qu'on pense à
Jeanne Mance, à Marguerite d'Youville, à un grand nombre de
femmes qui ont joué un rôle très important dans des
domaines qu'on considère encore importants aujourd'hui. Qu'il s'agisse
dans le domaine de l'administration de la santé, dans le domaine de
l'administration de l'éducation, les femmes ont toujours joué, au
Québec, un rôle très important. On est portés,
parfois, à dire que ça a commencé il n'y a pas longtemps.
Ce n'est pas exact. Je pense que les femmes ont toujours joué sur le
plan administratif, au Québec, un rôle fondamental.
Le point qu'il faut souligner, c'est le point, je pense, de
l'égalité juridique. L'égalité juridique n'est pas
reconnue depuis très longtemps et, même si elle est reconnue dans
les textes, elle n'est pas pratiquée de façon constante. On a
parlé d'égalité salariale, qui n'existe pas en
réalité, dans notre société, puisque, trop souvent,
si telle fonction est occupée par un homme, c'est tel salaire, et si
c'est occupé par une femme, c'est un salaire inférieur. On se
rend compte actuellement qu'aujourd'hui, puis on le voit dans les journaux de
ce temps-ci régulièrement, souvent, des employeurs prennent
prétexte, parce qu'une femme est enceinte, pour la congédier.
Puis on se rend compte que le grand nombre des congédiements aujourd'hui
dans les entreprises sont faits au détriment de femmes enceintes, au
fond, qui rendent un service à toute la société en
contribuant à mettre sur pied, au fond, la relève de demain. on
se rend compte également, m. le président, que 30 % des enfants
au québec sont élevés par des familles monoparentales.
dans 95 % et au-delà des cas, ce sont des femmes qui sont les familles
monoparentales, c'est-à-dire qui sont en charge seules d'enfants. trente
pour cent, c'est considérable. et, dans un nombre très
élevé de cas, dans un très fort pourcentage, elles
élèvent leurs enfants avec des revenus minables parce que les
conjoints ne paient pas leur pension alimentaire. qu'on nous dise qu'on a fait
de grands progrès sur certains aspects, oui; sur certains autres, non.
je pense que sur le plan familial, actuellement, dans l'éducation des
enfants, le fait qu'il y ait autant d'enfants qui soient élevés
par des familles monoparentales où le chef de famille est une femme qui
a des revenus insuffisants, ce n'est pas un
progrès, c'est un recul. Actuellement, sur ce plan-là, la
société est moins avancée qu'autrefois. On va me dire que
le mariage n'est pas aussi durable aujourd'hui qu'autrefois; peu importent les
raisons, une société civilisée devrait faire en sorte que
les enfants qui sont élevés par des mères de famille,
à plus forte raison seules, devraient connaître des conditions
beaucoup supérieures à celles qu'ils connaissent
actuellement.
M. le Président, essentiellement, quand on regarde aussi nos
journaux, on voit à quel point il y a de la violence faite aux femmes.
Il y a de la violence faite aux femmes; on voit ça
régulièrement dans les journaux. Et je pense, je suis un de ceux
qui pensent que nos tribunaux traitent cette question beaucoup trop
légèrement, que les tribunaux prennent des chances trop
fréquemment en libérant des hommes violents, qui, à la
première occasion, essaient de se venger de leur épouse, pour une
raison ou pour une autre.
M. le Président, sur le respect des droits des femmes en tant
qu'individus, en tant que personnes humaines, on a encore beaucoup de chemin
à faire. On a beau se péter les bretelles, M. le
Président, notre société n'est pas une
société qui fait la vie aussi facile qu'on aime bien le dire aux
femmes, au contraire. Il ne faut pas regarder les résultats dans les
statistiques seulement. Il s'agit de regarder les journaux à tous les
jours pour voir, dans une société de plus en plus violente,
combien il y a de femmes qui ont peur de sortir le soir, combien il y a de
femmes, quand elles se promènent sur le trottoir, ont peur d'être
suivies par quelqu'un. Parce qu'il y a un climat de beaucoup plus grande
insécurité que c'était le cas autrefois. Sous certains
aspects, la situation s'est améliorée, mais, sur d'autres, elle
ne s'est pas améliorée, elle s'est dégradée, M. le
Président.
Je pense que l'ambition d'un Parlement, l'objectif d'un Parlement serait
de faire une véritable société égali-taire, de
travailler à ce que, dans notre société, il n'y ait pas de
désavantage à être d'un sexe ou l'autre, une
société qui serait parfaitement égalitaire. Et la seule
façon de le faire, M. le Président, c'est, comme le dit la
motion, «que l'Assemblée nationale participe à la
réflexion collective à l'occasion de la Journée
internationale des femmes, décrétée le 8 mars».
Réflexion. Non pas réflexion pour se péter les bretelles,
puis dire que, parce que notre parti était là, les choses se sont
améliorées, mais réflexion pour dire: Qu'est-ce qu'il faut
faire maintenant, en 1994, pour contribuer à rendre notre
société plus heureuse? Pour faire en sorte que nous vivions d'une
façon plus égalitaire dans la société dans laquelle
nous vivons?
Je pense que nous ne sommes pas tous des féministes de naissance
ou des gens qui sont préoccupés par ces questions de façon
naturelle. Personnellement, j'ai été plus intéressé
par ces questions parce que, qu'est-ce que vous voulez, je suis père de
famille, de trois filles. Alors, j'aimerais qu'elles puissent vivre dans une
société meilleure que celle que j'ai connue quand j'ai
commencé à participer à la vie publique de cette
société. Je souhaiterais que notre société, au lieu
de se vanter des progrès accomplis, pense beaucoup plus à ce
qu'il faudrait faire pour que la société dans laquelle nous
voulons vivre soit une société où le bonheur national brut
est plus élevé. Le bonheur d'une société ne peut
pas être très élevé quand on voit de plus en plus de
pauvreté, quand on voit de plus en plus d'enfants élevés
dans la pauvreté et quand on voit de plus en plus de familles où
les femmes doivent s'occuper des enfants seules parce que trop de pères
de famille les ont abandonnées.
M. le Président, c'est une réalité
épouvantable de voir autant d'enfants élevés par des
mères de famille qui tirent le diable par la queue. On se demande
pourquoi il y une société violente, pourquoi il y a des gens qui
sont frustrés, pourquoi il y a des gens qui n'acceptent pas une
société comme celle-là et qui se révoltent. Parce
que c'est inacceptable, intolérable, que, dans une société
comme la nôtre, autant d'enfants voient leur mère se priver
même de choses essentielles parce qu'elle doit donner davantage à
ses enfants ou parce qu'elle veut donner davantage à ses enfants. Une
société qui tolère ça est une société
à qui il manque quelque chose. Et, dans notre société,
c'est trop souvent le cas, M. le Président.
Comme député de comté depuis plusieurs
années, moi, j'ai vu souvent des femmes venir dans mon bureau, puis
demander un peu plus, non pas pour elles-mêmes, mais pour leurs enfants.
Mais notre société n'a pas accompli tant de progrès quand
elle ne règle pas ses problèmes fondamentaux, faire en sorte que
les mères de famille puissent élever... On aura beau parler de
promotions, de femmes premières ci, premières ça... Quand
des femmes qui élèvent des enfants sont seules pour les
élever, sans revenus, abandonnées, et que la
société leur prévoit une pitance en termes de revenus pour
élever leurs enfants parce qu'elles ont eu assez de coeur pour garder
les enfants que le père a abandonnés, je pense que,
là-dessus, notre société n'est pas plus avancée
qu'elle l'était il y a 30 puis 40 ans, qu'on n'a pas à se taper
la bedaine ou à se péter les bretelles d'avoir
réalisé quelque chose d'extraordinaire. (22 heures)
Trente pour cent des enfants au Québec sont élevés
par des familles monoparentales. Quand je vois des gens qui me disent
qu'à Montréal, par exemple, on devrait donner un oeuf ou un verre
de lait ou du lait à chaque jour à des femmes enceintes pour que
leurs enfants ne viennent pas au monde déséquilibrés,
fragiles, parce que la mère enceinte n'a pas eu assez de nourriture pour
se nourrir correctement lorsqu'elle était enceinte, parce qu'elle
était trop pauvre. M. le Président, il faut arrêter de se
péter les bretelles et commencer à regarder l'avenir en fonction
de projets et non pas avec la satisfaction du devoir accompli, parce que le
devoir accompli n'a pas été accompli. Il y a encore
énormément de choses à faire.
M. le Président, je vois que vous regardez l'heure, et je
voudrais demander la suspension du débat, l'ajournement du
débat.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Est-ce que cette
Assemblée... Est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix: Adopté.
Une voix: Non, mais attendez, il y a un droit de réplique,
là.
Une voix: Bien non, il y a une suspension.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Ah non. On a suspendu le
débat. Alors, ça reprendra demain matin.
Une voix: M. le Président... faire part d'une entente qui
est intervenue avec l'Opposition à l'effet que, demain matin...
M. Jolivet: Le problème, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député.
M. Jolivet: ...c'est que, si mon collègue avait
terminé, je pourrais comprendre ça, mais il n'a pas
terminé. On fera ça demain. Ah, excusez-moi.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Alors, le débat
est ajourné. Alors, je vais suspendre temporairement cette
Assemblée, cette séance.
(Suspension de la séance à 22 h 2)
(Reprise à 22 h 7)
Le Vice-Président (M. Tremblay): MM., Mmes les
députés, nous reprenons cette séance, et je vais
reconnaître Mme la ministre de la Condition féminine. Mme la
ministre.
Motion proposant de poursuivre le débat
à la prochaine séance
Mme Violette Trépanier
Mme Trépanier: M. le Président, j'aimerais demander
le consentement pour l'adoption de la motion suivante: «Que le
présent débat se poursuive à la prochaine séance,
avec une intervention de la députée des
Chutes-de-la-Chaudière et une réplique de l'auteur de la motion
avant sa mise aux voix.» J'aimerais que cette motion constitue un ordre
de la Chambre.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Tremblay): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien.
Mesdames, messieurs, je me dois, en vertu de l'article 97, aux affaires
inscrites par les députés de l'Opposition, de vous faire part du
communiqué suivant.
Je vous informe que, demain, lors des affaires inscrites par les
députés de l'Opposition, sera débattue la motion inscrite
par M. le Whip en chef de l'Opposition officielle et député de
Lac-Saint-Jean. Cette motion se lit comme suit: «Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement fédéral qu'il renonce à sa
décision de fermer le Collège militaire de Saint-Jean.»
Voilà pour le communiqué.
Débats de fin de séance
Maintenant, nous allons procéder avec les débats de fin de
séance, et, en vertu de l'article 302 ? si vous pouvez m'apporter,
M. le secrétaire, l'article que je vais répéter, l'article
310... Et je mets en garde tous les intervenants: «Le
député qui a soulevé le débat et le ministre qui
lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes. «Le
député a droit à une réplique de deux
minutes».
Alors, le débat est ouvert sur le premier débat de
séance. Le débat de séance qui se passe entre le ministre
du Revenu et le député de... le critique officiel de
Montmorency.
Alors, compte tenu que, M. le ministre, vous êtes là et que
tous les intervenants... Je vais, dans un premier temps, reconnaître le
député de Montmorency. M. le député.
Perception de la taxe de vente dans les
stations-service en territoire mohawk
M. Jean Filion
M. Filion: Merci, M. le Président. M. le Président,
cet après-midi, je questionnais le ministre du Revenu sur une
problématique qui est devenue, quand même, M. le Président,
depuis plusieurs mois, une situation intolérable pour la
société. On sait qu'il y a des stations de service en territoire
mohawk, au moment où on se parle, M. le Président, qui
perçoivent la TVQ et ne la remettent pas, M. le Président, au
gouvernement.
Cet après-midi, je posais des questions très simples au
ministre, et il est parti dans une espèce d'exposé où il
nous a expliqué la confidentialité, M. le Président. Le
ministre du Revenu peut répondre sans donner d'information nominative.
Il peut répondre, effectivement, en disant: Oui, il y a des
vérifications fiscales qui se font; oui, effectivement, on a reçu
une information; oui, nous avons vérifié à l'ordinateur et
on s'est rendu compte... M. le Président, simplement à actionner
l'ordinateur, et on se rend compte que des versements mensuels ne se font pas;
la TVQ n'est pas remise. (22 h 10)
M. le Président, le président de l'Association des
stations-service du Sud-Ouest, de la région de Kahnawake, a fait
lui-même une déclaration à l'effet que, actuellement, il y
avait une concurrence déloyale qui était faite par les
stationsrservice en territoire mo-hawk par rapport aux stations-service qui
sont autour du territoire autochtone, M. le Président.
Cette situation est déplorable, et, actuellement, la population
se demande si les lois fiscales sont appliquées de façon uniforme
sur le territoire, de façon juste et équitable, M. le
Président. Et je demandais au ministre, justement, d'informer la
population à l'effet que les lois fiscales étaient
appliquées de façon juste et équitable; je lui demandais
s'il avait cotisé les stations-service délinquantes. Et, à
toutes ces questions, on n'a eu aucune réponse, M. le
Président.
Et, le ministre également, M. le Président, son
prédécesseur, avait pris position publiquement, il y a six mois,
alors qu'il avait signifié publiquement qu'il suspendrait,
révoquerait les permis d'opération, en vertu de la loi sur les
carburants, M. le Président, si on continuait à ne pas verser des
taxes perçues au gouvernement du Québec.
Alors, ma question était très simple, M. le
Président, à savoir c'était quoi, le montant, combien il y
avait de délinquants, et s'il les avait cotisés. Et, j'ajouterais
une question, M. le Président ? j'espère que, cette fois-ci,
il va répondre ? est-ce qu'il a l'intention d'exercer son pouvoir
de ministre et de révoquer les permis ? il peut le faire
sur-le-champ, M. le Président ? d'opération, en vertu de la
loi sur les carburants, et mettre fin à ce scénario qui n'a pas
sa place et qui crée des irritants et des incitatifs à
défier nos lois et à ne pas verser nos impôts au
ministère du Revenu, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
député. M. le ministre, votre temps de réplique.
M. André Vallerand
M. Vallerand: Merci, M. le Président. Je pense qu'il
importe, M. le Président, dans les circonstances, de bien rappeler le
rôle du ministère du Revenu en ce qui a trait à
l'inobservation fiscale. Je comprends très bien les
préoccupations du député de l'Opposition, et, aujourd'hui,
à la période de questions, j'ai bien dit que le gouvernement, que
le ministère du Revenu, que son titulaire étaient conscients que,
dans la population, on semblait de plus en plus considérer que
l'iniquité fiscale s'accentuait. Il y a une perception qu'on ne peut pas
nier, M. le Président, je l'ai admis; pas dans toutes les circonstances;
dans certaines circonstances bien spécifiques, il y a une perception qui
s'accrédite à l'effet que l'équité fiscale est
peut-être, à certains égards, plus ou moins bafouée.
Cette perception, il y va, à mon avis, du devoir du gouvernement de la
dédouaner le plus rapidement possible. Vous le savez aussi bien que moi,
M. le Président, et le député de l'Opposition
également, le régime fiscal québécois, entre
autres, en particulier, comme tous les régimes fiscaux à travers
le monde, repose d'abord et avant tout sur la confiance que les contribuables
peuvent avoir dans le système, dans le régime. Une des pierres
d'assise les plus importantes du régime fiscal, dit d'autocotisation,
parce qu'on invite la population à faire elle-même ses
déclarations d'impôt, repose sur la confidentialité. C'est
un principe extrêmement important, au-delà duquel principe, dans
la mesure où il est transgressé, l'ensemble du système
fiscal ne répond plus à l'élément de
confidentialité, devient plus ou moins difficile d'opération et
permet de croire que tout le régime peut être mis en péril.
Je n'ai pas l'intention, je l'ai dit ouvertement cet après-midi et je le
répète dans ce débat, M. le Président, je n'ai
absolument pas l'intention de transgresser cet élément
indispensable à l'exercice d'un régime fiscal qui se veut
d'autocotisation.
C'est évident, et le député de l'Opposition y
faisait référence tout à l'heure dans son débat...
à la période de questions de cet après-midi, le
ministère du Revenu possède les éléments, les
instruments pour s'assurer que l'observation fiscale est faite par tous les
contribuables, et de façon équitable. Nous avons, en vertu de nos
lois du ministère, en vertu de nos règlements, tous les moyens et
les dispositions pour faire respecter l'observation fiscale et, ce faisant,
d'être équitables pour l'ensemble de la population. Et je le
rejoins. Je le rejoins dans la mesure où s'accrédite l'impression
que certaines catégories de citoyens peuvent
délibérément, systématiquement, quasiment à
la vue de tout le monde, éviter les impôts et les taxes qui sont
leur responsabilité. Je pense qu'il est du devoir du gouvernement de
rétablir le plus rapidement possible cette intégrité et
cette équité au niveau du régime fiscal.
Dans le cas qui est mentionné par le député de
l'Opposition, les moyens sont connus, M. le Président, pour autant
? et je pense que le député de l'Opposition va le
reconnaître ? que, preuves à l'appui, on puisse, pour une
catégorie de citoyens, pour un citoyen en particulier, non pas de
façon... nommément, sans être nominatif... on peut, par
exemple, à la suite de preuves à l'appui, faire parvenir des avis
de cotisation ? des preuves qui nous démontrent que, dans certains
cas, il y a eu évasion fiscale, que le mandataire du gouvernement ne
s'est pas conformé à son mandat, n'a pas remis les sommes
d'argent dont il était mandataire. On envoie les avis de cotisation; le
contrevenant a 30 jours pour répondre. Dans les 30 jours où il ne
fait pas réponse, il nous est permis de demander, ce faisant, des
cautions sur les avis de cotisations qui sont exigées. Dans la mesure
où le contrevenant fait défaut à ces demandes de
cotisations, à l'assurance du paiement de ces cotisations, il est permis
au ministère du Revenu de suspendre le permis de taxe de vente, ce qu'on
appelle le «certificat d'inscription» et le «certificat
d'enregistrement» en vertu de la loi concernant le pétrole.
Donc, je rejoins, en conclusion, M. le Président, les
préoccupations exprimées par le député de
l'Opposition, mais on ne peut pas, et il comprend très bien le
rôle du ministère du Revenu... Je pense qu'on se doit de
faire en sorte que l'élément confidentiel de l'ensemble des
dossiers soit bien protégé parce que, ce faisant, on
protège l'ensemble de la population vis-à-vis ses relations avec
le ministère. Mais, je termine en disant que, dans les circonstances
où il y aura des situations qui sont prouvées comme quoi on
évite systématiquement de payer ses impôts, le
ministère du Revenu prendra tous les moyens à sa disposition pour
faire en sorte qu'équité et justice soient rendues à tous
les contribuables, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien.
Très bien, M. le ministre. Je vais maintenant reconnaître le
député dé Montmorency pour un temps de réplique de
deux minutes. M. le député.
M. Jean Filion (réplique)
M. Filion: Merci, M. le Président. Le ministre du Revenu,
M. le Président, doit quand même être conscient qu'il a les
éléments de preuve en main. Ils ont émis des permis
d'exploitation, il y a à peine six mois, à des stations-service
qui vendent de l'essence, et, quand il consulte ses ordinateurs, il se rend
compte qu'il n'y a aucun paiement de taxes depuis ce temps-là, M. le
Président, des taxes qui sont perçues depuis au moins six mois,
et où il est conscient qu'il y a eu un permis d'exploitation
émis, M. le Président. La preuve est là, à la
portée de la main, M. le Président. Il pourrait simplement
émettre des cotisations sur-le-champ et demander le paiement, M. le
Président.
Mais, au-delà du débat des cotisations, parce qu'on sait
qu'elles vont être contestées, ça va aller devant les
tribunaux là, les autochtones vont revendiquer les traités
ancestraux pour dire qu'ils ne doivent pas d'argent, M. le Président. Il
peut immédiatement, s'il le veut, comme l'a fait son
prédécesseur, suspendre les permis d'exploitation, M. le
Président. Et, ça, ça va avoir pour effet de couper
l'approvisionnement des fournisseurs en réserves autochtones et, M. le
Président, ça, c'est une pression économique qui va,
effectivement, permettre qu'on arrête d'approvisionner des
stations-service qui perçoivent des taxes au Québec et qui ne les
remettent pas au gouvernement, M. le Président.
Ces taxes-là qui ne reviennent pas au trésor public sont
des sources, justement, des irritants qui créent le marché au
noir que l'on a et des irritants, M. le Président... qu'il y a un manque
à gagner au trésor public, et c'est ce manque à gagner
là que les gens paient par de la surtaxation. À chaque fois que
vous faites un budget, vous êtes devenus les experts des déficits
et de la surtaxation, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
député. Nous allons maintenant entreprendre un deuxième
débat de fin de séance entre le ministre des Ressources
naturelles et le leader de l'Opposition officielle concernant les contrats
à partage de risques.
Je rappelle aux députés l'article 310 du règlement
qui se lit comme suit: «Le député qui a soulevé le
débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole
de cinq minutes. (22 h 20) «Le député a droit à une
réplique de deux minutes.»
Alors, je vais reconnaître M. le leader de l'Opposition. M. le
leader.
Contrats à partage de risques
d'Hydro-Québec M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. M. le
Président, on pouvait lire, dans La Presse du 29 janvier: Johnson
commence à désenchanter sur la formule des contrats à
partage de risques d'Hydro-Québec. On pouvait lire également, M.
le Président, dans La Presse du samedi 5 mars:
Hydro-Québec piégée ? les alumine-ries.
M. le Président, cet après-midi, je demandais au ministre
des Ressources naturelles de nous dire, de nous confirmer s'il était
exact que les prévisions d'Hydro-Québec ? la perte de 300
000 000 $ ? l'an dernier, n'étaient pas dépassées par
quelques dizaines de millions de dollars. Et, dans les faits, le ministre a
dit: Je refuse de le confirmer. Et, à partir des tableaux mêmes
d'Hydro-Québec, M. le Président, en 1993, HydroQuébec
prévoyait 320 000 000 $ de pertes pour cette année avec les
contrats secrets ou les contrats dits «à partage de
risques».
M. le Président, le ministre a de plus, cet après-midi,
confirmé de façon très explicite que, d'ici l'an 2000, il
est absolument impossible de réviser ces dits contrats. Or, lorsque l'on
prend les fameux tableaux préparés par Hydro-Québec
elle-même, nous prouvant ou anticipant les pertes, c'est catastrophique,
c'est un fiasco épouvantable.
M. le Président, j'aimerais, pendant cette minute qui suit, lire
un des articles de Claude Picher, dans La Presse d'aujourd'hui. «Le
drame, dans toute cette histoire, écrit Claude Picher, c'est que la
direction d'Hydro-Québec ne se serait jamais aventurée
d'elle-même dans ce maelstrom financier. «Premièrement,
parce que ce ne sont pas ses oignons. Le mandat d'Hydro-Québec est
d'assurer l'approvisionnement énergétique aux
Québécois, en visant le meilleur rapport qualité-prix
possible. Elle n'a pas à partager des risques industriels, surtout pas
dans des secteurs aussi volatils que l'aluminium. Les risques, ce sont les
alumineries qui les prennent, qui font de l'argent si les prix montent, qui en
perdent s'ils descendent. Ce sont elles qui sont le mieux placées pour
les évaluer. «Deuxièmement, parce qu'il y a chez Hydro des
gens qui savent compter. Ceux qui connaissent bien la petite histoire des
contrats secrets disent que la haute direction de la société
avait d'énormes réticences à
signer, sur la base de chiffres qui paraissaient loin d'être
rassurants. «Si, malgré cela, les contrats ont été
signés, c'est parce que le gouvernement du Québec, unique
actionnaire d'Hydro-Québec, lui a tordu le bras. Par "gouvernement du
Québec", il faut entendre ici Robert Bourassa, qui est personnellement
intervenu dans le dossier. Hydro n'a pas vraiment eu le choix: elle s'est fait
imposer un détournement de mandat.»
M. le Président, ce que M. Picher dit, à toutes fins
pratiques, c'est que jamais Hydro-Québec aurait signé une telle
folie, elle n'aurait jamais conclu un contrat qui présente un tel fiasco
si elle avait eu l'autonomie de décision, sans être forcée
par le gouvernement actuel de signer un tel contrat. Le ministre disait cet
après-midi, M. le Président: Le leader de l'Opposition voit dans
sa boule de cristal, il anticipe pour des dizaines d'années.
M. le Président, j'espère que le ministre a enlevé
ses culottes courtes. Administrer, c'est l'art de prévoir. S'il ne
prévoyait pas, comment peut-il avoir signé des contrats aussi
catastrophiques pour le Québec sans avoir pris la moindre
précaution, sans avoir pris un minimum d'assurance de garanties?
Il a tenté, même, cet après-midi, de faire croire
qu'au niveau des contrats il y avait des clauses nous assurant la
possibilité de transformation. Franchement! Franchement! Ne prenez pas
les Québécois pour des dupes. On n'est pas dupes. On n'est pas
cons. On n'est pas fous. On a tout fait, M. le Président, pour
créer une rareté dans l'électricité parce qu'on
voulait s'aligner sur les barrages. Ça, c'est du Robert Bourassa tout
cuit. On a tout fait, M. le Président, pour essayer de se garrocher
immédiatement dans la construction d'immenses barrages alors que, M. le
Président, on a signé des contrats. On a même remis en
question des contrats qui, eux, ne pouvaient pas avoir de pertes. Je pense
à Pechiney, je pense à Reynolds. On a même rouvert ces
contrats qui nous assuraient au moins un minimum. C'est pire que Duplessis, M.
le Président, à une cent la tonne, parce que, au moins, dans le
temps de Duplessis, on avait une cent pour la tonne alors que, actuellement, on
donne notre électricité.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
député. Je vais reconnaître maintenant M. le ministre des
Ressources naturelles.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président. M. le Président,
le député de Joliette nous a fait la démonstration ce soir
qu'il peut lire La Presse. Bravo! Bravo! Vous avez de longs extraits de
La Presse. On savait, on présumait qu'il pouvait lire. On en a eu
la confirmation ici, M. le Président. Il nous a en plus fait la
démonstration qu'il ne sait pas et ne connaît pas la
différence, à moins qu'il la connaisse et qu'il le fasse
sciemment et consciemment, entre une perte et un manque à gagner.
Le député utilise toujours, en l'écoutant, la
notion que, ces contrats, c'est des pertes de 320 000 000$ cette année,
M. le Président. Et, sur la vie du contrat, ça va être des
pertes de 1 500 000 000 $, disait-il. Effectivement, le tableau qu'il me
demandait de voir, M. le Président, on l'a. Ça fait un an qu'il
l'a. Ça fait un an qu'il l'a. M. le Président,
Hydro-Québec lui a envoyé ça au mois d'avril 1993. Alors,
aujourd'hui, il a lu La Presse en fin de semaine, et il a décidé
de faire un show. bon, son show, ça manque. ça manque pour
plusieurs raisons, m. le président. premièrement, parce que,
comme je le disais, il persiste à regarder à travers le trou de
la serrure pour comprendre ce qu'il y a derrière la porte. on va ouvrir
la porte, à un moment donné, et on va voir. le tableau complet,
on va l'avoir au bout du contrat. mais, entre-temps, on peut déjà
dire un certain nombre de choses. et, si le député veut
être honnête, il va arrêter de crier et de faire son scandale
et de parler de culottes courtes et il va mettre les faits sur la table. il va
être obligé de dire que ces contrats ont contribué et
contribuent actuellement à l'existence de 45 000 emplois, 45 000 emplois
avec des rentrées, en termes de masse salariale, d'au-delà de 600
000 000 $ par année. faites un calcul rapide et vous allez voir que,
juste en termes de rentrées fiscales, ça représente,
grosso modo ? prenons un chiffre très bas ? 20 % sur le revenu
de taxes, 120 000 000 $ par année, m. le président, de
rentrées fiscales. par année. multipliez ça par 25,
ça fait beaucoup d'argent. beaucoup plus que les pertes, les manques
à gagner, parce que... c'est quoi, la différence entre une perte
et un manque à gagner? le manque à gagner par rapport à un
tarif théorique qui équivaut à un tarif qu'on appelle
«l grande puissance»... alors, sur la vie du contrat, tel que les
prix sont actuellement, oui, il va y avoir un manque à gagner de 1 500
000 000 $ par rapport à un prix qui correspond à un tarif l.
mais, m. le président, sur la même vie du contrat, il n'y aura pas
de pertes, même avec les prévisions du prix de l'aluminium, parce
que, selon les indices qui nous sont fournis par des spécialistes ?
et, moi, je ne suis pas un spécialiste de la prévision du prix de
l'aluminium pour les prochaines années, je suis sûr que le
député de joliette non plus... mais, sur la base de ces
prévisions, on peut déjà dire qu'au bout du contrat il n'y
aura pas de pertes. le contrat initial prévoyait un rendement de 22 %,
m. le président, de 22 %. alors, au bout de la ligne, on estime qu'on va
être à un rendement de 7 %. c'est toujours un rendement. (22 h
30)
Mais, prenez la pire des hypothèses. Prenez l'hypothèse
que, oui, ça ne donne pas un sou, ces contrats, en termes de
bénéfices nets. Qu'est-ce que vous faites avec les 45 000 emplois
que ça crée? Qu'est-ce que vous faites avec les 120 000 000 $ au
moins par année de fiscalité, de rentrées fiscales?
Qu'est-ce que vous faites avec ça? Ça ne compte pas, ça?
Les gens qui travaillent dans les régions, ça ne compte pas? Pour
vous, peut-être non parce que, effectivement, vous vous
bornez à voir les choses de façon très
étroite. Et, effectivement, si vous le regardez strictement en fonction
de l'impact financier que ça a sur Hydro-Québec, par rapport
à un tarif grande puissance, vous avez raison de dire qu'il y a un
manque à gagner, tel qu'on le dit; pas une perte, un manque à
gagner. Mais, si vous êtes aussi représentants à
l'Assemblée nationale pour l'ensemble de la population
québécoise, vous devez aussi tenir compte de tous les autres
impacts positifs de ces contrats-là. L'aluminium, on n'a pas
prévu que la Russie inonderait le marché. On n'a pas
prévu, à l'époque, que l'Union soviétique allait
s'effondrer. Vous avez raison sur ça. Par contre, on sait qu'il y a des
milliers et des milliers de gens qui, aujourd'hui, travaillent à cause
de ces alumineries-là et que c'est aussi un métal qui va nous
permettre d'être bien positionnés, comme j'ai dit, pour l'avenir.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le leader de l'Opposition
officielle pour un temps de réplique de deux minutes.
M. Guy Chevrette (réplique)
M. Chevrette: M. le Président, si le ministre constate que
je sais lire La Presse, je suis obligé de constater qu'il ne
savait pas lire ces contrats. Parce que, quand on signe un contrat et qu'on se
lie exclusivement à un prix du métal, comme ce fut le cas, puis
qu'on a même ouvert des contrats comme Reynolds, comme Pechiney, qui
assuraient un rendement aux Québécois, aux actionnaires
québécois qui constituent l'ensemble des utilisateurs
d'hydroélectricité, je pense que non seulement on ne sait pas
lire, M. le Président, mais on ne sait pas calculer et on ne sait pas
envisager des risques.
Deuxièmement, M. le Président, le ministre ne sait
même pas lire les colonnes de chiffres non plus que lui offre
Hydro-Québec. Quand il dit que ça va arriver à un
résultat net, un résultat positif, dans le meilleur
scénario envisagé par Hydro-Québec, c'est 1 500 000 000 $
de pertes, dans les dossiers mêmes d'Hydro-Québec, M. le
Président! Imaginez-vous! Ça se lit, ça, des chiffres.
Deux et deux, ça fait quatre, M. le ministre, et quatre et deux,
ça fait six. Et, quand vous comptez les colonnes, vous arrivez à
1 500 000 000 $ de déficit, dit par Hydro-Québec elle-même.
Franchement! Ça ne prend pas deux mois, ordinairement, pour calculer des
colonnes de chiffres situant de... 20 chiffres à additionner, M. le
Président.
D'autre part, M. le Président, quand le ministre me dit:
Ça crée 45 000 emplois, il faudrait bien voir comment on va
calculer, aluminerie par aluminerie, combien il y a d'emplois, M. le
Président. On peut compter des emplois temporaires dans la construction.
Mais comptons aluminerie par aluminerie, on va se parler du petit nombre
d'emplois, et, à 2 000 000 000 $ d'argent, M. le Président, pour
le peu d'emplois que ça crée, on aurait créé des
centaines de milliers d'emplois au québec, pour votre information, et
vous, vous seriez exempt de vous tromper en disant que vous baissez votre taux
de chômage de 5 % en créant 200 000 emplois sur cinq ans. pour
votre information, ça en prend quelque 400 000 et plus pour baisser le
chômage de 5 %, et avec ce 2 000 000 000 $, vous auriez eu plus de
chances de réaliser vos promesses un peu farfelues.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
député. Nous allons maintenant entreprendre le troisième
débat de fin de séance entre le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie et le député de Lévis.
Alors, je rappelle aux députés l'article 310, qui se lit comme
suit: «Le député qui a soulevé le débat et le
ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes.
«Le député a droit à une réplique de deux
minutes.»
Et je vais reconnaître immédiatement le
député de Lévis. M. le député.
Appui au plan d'affaires de MIL Davie M. Jean
Garon
M. Garon: M. le Président, si j'ai demandé un
débat de fin de séance, c'est que, dans ses explications, le
ministre a fait fausse route. Et j'aimerais lui poser la question telle
qu'elle, lui reposer la question parce qu'il laisse entendre qu'en 1986 il y
avait telle situation où il y avait très peu d'emplois au
chantier Davie. La situation, ce n'est pas ça. C'est que, au
début des années 1980, le gouvernement fédéral
avait attribué une frégate et demie à Vickers ? parce
qu'il y avait trois chantiers maritimes au Québec ? une et demie
à Vickers, une et demie à Marine, à Sorel, Vickers
à Montréal, une et demie à Marine, donc trois
frégates au Québec et quatre destroyers à Davie. Puis le
gouvernement... c'est-à-dire qu'il y avait, à ce
moment-là, dans les chantiers, au-dessus de 3000 employés. Le
gouvernement fédéral, en 1986, avec le gouvernement
libéral actuel, veut faire une rationalisation. On dit: On va
rationaliser les chantiers au Canada, il y en a trop. Alors, il fait
disparaître au Québec deux chantiers: Vickers et Marine. Il reste
seulement Lauzon, en disant: Bien là, avec Lauzon, il n'y en a pas trop.
On va rationaliser ailleurs.
Alors, qu'est-ce qui est arrivé? C'est qu'il reste un seul
chantier maritime au Québec, mais, pendant ce temps-là, le
gouvernement n'a pas fait de rationalisation ailleurs, le gouvernement
fédéral. Le gouvernement actuel n'avait pas pris, je suppose, de
garantie de quelque façon que ce soit. Mais, depuis ce temps-là,
le gouvernement fédéral, à coups de centaines de millions,
développe des chantiers maritimes à Terre-Neuve, au
Nouveau-Brunswick puis en Nouvelle-Ecosse. Et on se retrouve aujourd'hui avec
un... On s'est retrouvé avec un deuxième contrat de
frégates, sous le gouvernement actuel, alors que le premier ministre
actuel était le
ministre de l'Industrie et du Commerce et qu'il a obtenu exactement
zéro frégate sur six.
Aujourd'hui, quand on nous dit qu'on a amélioré notre
sort, ce n'est pas vrai. Quand on dit que, d'ici la fin de l'année, il y
aura possiblement 300 travailleurs au lieu de 3500 comme l'an dernier... 3500,
c'est à peu près le chiffre qu'il y avait en 1986, dans
l'ensemble du Québec, pour les grands chantiers. On s'est
retrouvé avec 300 travailleurs dans les chantiers maritimes à la
fin de décembre, à Davie, parce que les deux autres chantiers ont
été fermés et que les frégates continuent puis ont
fait la prospérité de St. John's Shipbuilding alors que le
gouvernement actuel s'est fait faire complètement par le gouvernement
conservateur, malgré sa confiance totale.
Aujourd'hui, de quoi il est question? On dit: Maintenant que les travaux
sur les frégates sont finis ? à toutes fins pratiques, ils
vont finir cette année ? les travaux sur les destroyers, qu'est-ce
qu'on fait pour l'avenir? Il est question d'un traversier aux
îles-de-la-Madeleine pour lequel le fédéral taponne
à tour de bras. Bien qu'il paie 150 000 000 $ de subventions dans les
Maritimes pour les traversiers, à peine 2 000 000 $ pour le
Québec sur 150 000 000 $, on paie le quart des taxes à Ottawa, et
puis que le bateau SMART ship, qui est un projet pour la construction, le
développement et la mise au point d'un prototype de bateau de soutien
aux missions de paix et d'intervention en cas de désastres
écologiques, qui a un grand potentiel d'exportation, il n'y a aucune
réponse. L'entreprise a fait un plan, a fait un plan d'affaires
où elle fait une proposition au gouvernement concernant un plan
d'affaires qui est dans les mains de la Société
générale de financement et du ministre de l'Industrie et du
Commerce depuis plus d'un an.
Maintenant, sous le gouvernement actuel ? je ne sais pas quelle est
l'intention du ministre ? on a vu qu'à Québec il y avait
trois chantiers maritimes majeurs et, à la fin de l'année, il
peut y avoir peut-être zéro chantier maritime au Québec.
Une industrie qui sera complètement disparue alors que,
traditionnellement, plus de 50 % des travailleurs de la construction maritime
se retrouvaient au Québec. Est-ce que c'est ça, l'oeuvre du
gouvernement actuel? C'est ce que je lui demande alors que, tant au Rendez-vous
économique de 1993, l'automne dernier, à Montréal, qu'au
forum économique de Québec, l'automne dernier, on a convenu que
ces projets étaient classés numéro un pour la relance et
pour le développement économique du Québec.
Le ministre a sur son bureau un plan d'affaires présenté
par MIL Davie, avec un ensemble de propositions. Tout le monde attend une
réponse à ce point de vue là. Est-ce que le ministre a
l'intention de bouger pour faire acte de leadership et dire: Oui, on embarque
dans le plan d'affaires et on fait quelque chose, ou bien s'il a l'intention
d'avoir, comme bilan du gouvernement libéral, la destruction de
l'industrie de la construction navale au Québec? Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
député. Je vais maintenant reconnaître M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie. M. le
ministre.
M. Gérald Tremblay
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup, M. le Président.
Je comprends très bien l'importance du chantier maritime pour le
député de Lévis, le chantier étant situé
dans son comté. J'aimerais rappeler, par contre, au député
de Lévis que, en 1986, 300 travailleurs étaient à l'emploi
du chantier de MIL Davie. C'est à la suite des efforts du ministre de
l'Industrie et du Commerce d'alors, aujourd'hui premier ministre du
Québec, M. Daniel Johnson, que le chantier a employé
jusqu'à 3500 travailleurs et travailleuses.
Je reconnais qu'au cours des dernières années, le
gouvernement du Québec a dû ? ceci, encouragé par le
gouvernement fédéral ? procéder à une
rationalisation importante de ses chantiers maritimes, réduisant sa
capacité de construction de 50 % et celle de la réparation
d'environ 65 %. Il n'y a plus au Québec que deux chantiers maritimes
d'importance: MIL Davie, propriété de la Société
générale de financement, donc du gouvernement du Québec,
ainsi qu'un autre chantier de moindre importance, Verreault navigation inc.,
qui est la propriété du secteur privé.
L'équipe de direction du chantier maritime, les
représentants des travailleurs et des travailleuses, les travailleurs
également, ont fait des efforts considérables pour augmenter la
productivité du chantier. Et, aujourd'hui, dans un contexte
d'insécurité, les travailleurs et les travailleuses continuent
à améliorer cette productivité, et c'est à leur
honneur. Le chantier maritime MIL Davie est aussi compétitif que le
chantier St. John's, situé au Nouveau-Brunswick. Et, le gouvernement du
Québec, dans cette optique, a accepté d'injecter 100 000 000 $
pour assurer la livraison des frégates et des destroyers. (22 h 40)
Historiquement, le gouvernement fédéral était le
plus important client des chantiers maritimes au Canada, donnant jusqu'à
95 % du chiffre d'affaires. Nous avons par contre anticipé le climat de
détente et le désengagement du gouvernement
fédéral. La direction de la Société
générale de financement, les représentants des
travailleurs et le gouvernement souhaitent la conversion du chantier maritime
en un chantier à vocation commerciale. Un plan d'affaires a
été préparé, mais sa réalisation est
conditionnelle à l'identification d'un créneau d'avenir, à
une injection de 125 000 000 $ de nouveaux fonds, d'où l'importance de
la venue d'un nouveau partenaire du secteur privé qui va partager le
risque, qui aura une compétence technique, qui aura accès
à un carnet de commandes et, également, à un réseau
de distribution.
Par contre, avant de mettre en application ce plan
d'affaires, on doit assurer le maintien du maximum d'emplois, une masse
critique au chantier, d'où l'importance des contrats transitoires. Le
gouvernement a fait des représentations à tous les niveaux: pour
un traver-sier, le Lucy-Maud-Montgomery, et également pour d'autres
contrats que le gouvernement fédéral pourrait nous donner en
compensation des décisions qu'il a encouragé le gouvernement
provincial à prendre au cours des dernières années. Et
c'est dans cette optique que de nombreuses représentations ont
été faites.
Et, c'est vrai, j'ai également rencontré tous les
intervenants, que ce soient la Chambre de commerce, la coalition qui veut
maintenir ce chantier, les représentants des travailleurs et des
travailleuses et également les conjointes des travailleurs. Je suis
très sensibilisé à l'importance du chantier pour la grande
région de Québec.
J'ai participé à Rendez-vous économique 1993,
où la décision unanime de tous les intervenants pour le maintien
des chantiers a été prise. J'ai affirmé publiquement
à de nombreuses reprises et également à la Chambre de
commerce du Québec mon appui inconditionnel au chantier maritime MIL
Davie. J'ai reçu positivement les suggestions du député de
Lévis; je les analyse à toutes les fois qu'il y a une suggestion.
Nous allons continuer, comme gouvernement, d'agir pour maintenir le maximum
d'emplois au chantier maritime MIL Davie puisqu'il s'agit d'un secteur
industriel très important pour le Québec.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
ministre. Maintenant, je vais reconnaître le député de
Lévis pour un temps de réplique de deux minutes. M. le
député.
M. Jean Garon (réplique)
M. Garon: M. le Président, la réponse du ministre
nous indique clairement que le gouvernement libéral du Québec
s'est fait flouer, s'est fait frauder par le gouvernement fédéral
qui, alors qu'il rationalisait les entreprises au Québec, fermait,
à toutes fins pratiques, Vickers et Marine, avec les milliers
d'employés qui y étaient, et, en même temps, au lieu de
rationaliser l'industrie de la construction navale dans les provinces
maritimes, contribuait à la développer à coups de
centaines et de centaines de millions de subventions, en créant
même de toutes pièces des chantiers maritimes inexistants comme
à Bull Arm, en développant Marystown, en développant St.
John avec un deuxième contrat de frégates?il ne l'a pas
mentionné ? qui était négocié par son premier
ministre qui était aussi bon dans les frégates comme il semble
être bon dans les collèges militaires, où il s'est fait
faire royalement: on a eu zéro frégate sur six. Dans le temps du
Parti québécois, avec Trudeau à Ottawa, on en a eu trois
sur six au moins, au Québec.
Alors, M. le Président, on s'est fait faire par le gouvernement
fédéral, qui a développé St. John, qui est en train
de développer Halifax-Dartmouth et qui, actuel- lement, donne des
contrats à la pièce dans les contrats, même à pictou
drydock aussi, pour développer les chantiers maritimes des provinces
maritimes en partie avec les 25 % de taxes que nous lui payons.
Pendant ce temps-là, sous le gouvernement actuel, on est en train
de tuer, on l'a tuée aux deux tiers, on est en train de vouloir tuer le
dernier tiers, de tuer totalement l'industrie de la construction navale au
Québec.
M. le Président, si c'est ça, la solution du
fédéralisme, il n'y a qu'une seule hypothèse: la
souveraineté du Québec. Et vous pouvez être certain qu'aux
prochaines élections les gens vont comprendre très bien que la
seule possibilité d'avenir maritime, avec le fleuve Saint-Laurent qui
est une voie maritime extraordinaire comme pénétration du
continent américain... Avec un Québec indépendant, on
serait capable de bâtir une industrie navale, la construction navale, la
réparation navale, la navigation navale, puis avec une politique
maritime québécoise, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Tremblay): Très bien, M. le
député.
L'Assemblée met fin à ses travaux et ajourne à
demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 22 h 45)