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(Dix heures sept minutes)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mesdames et messieurs les
députés, si vous voulez vous asseoir, s'il vous plaît!
Affaires inscrites par les députés de
l'Opposition
Motion proposant que l'Assemblée
réaffirme la position du gouvernement
à l'effet de négocier à deux, et
non à onze, avec le gouvernement
canadien tout projet d'entente
constitutionnelle
En ce mercredi, 18 mars 1992, nous entreprenons les travaux de
l'Assemblée, à l'étape des affaires du jour et à
l'article 40 de notre feuilleton. Aux affaires inscrites par les
députés de l'Opposition, M. le whip de l'Opposition officielle et
député de Lac-Saint-Jean présente la motion suivante:
«Que l'Assemblée nationale réaffirme la position du
gouvernement exprimée solennellement par le premier ministre à
l'occasion d'un message à la population, le 23 juin 1990, à
l'effet de négocier dorénavant à 2 et non à 11,
avec le gouvernement canadien tout projet d'entente
constitutionnelle.»
Alors, avant que le débat sur cette motion du whip de
l'Opposition officielle ne s'engage, je vous informe de la répartition
du temps de parole établie pour la discussion de ladite motion. Mise
à part la réplique de 10 minutes accordée à
l'auteur de la motion, à savoir le député de
Lac-Saint-Jean, et les 10 minutes allouées à l'ensemble des
députés indépendants, les deux groupes parlementaires se
partageront également la période consacrée à ce
débat. Dans ce cadre, les interventions sont limitées à
une durée de 30 minutes chacune.
Je veux également vous rappeler qu'il a été convenu
que la motion sera en discussion pour un seul mercredi et, comme cette entente
est en dérogation à la règle habituelle voulant que les
motions du mercredi s'échelonnent sur deux mercredis, je comprends, M.
le leader ajoint, que vous souhaiteriez qu'on en fasse un ordre de la
Chambre.
M. Johnson: En effet, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, ce sera le cas. Je
suis prêt, à partir de maintenant, à reconnaître le
premier intervenant, à savoir M. le député de
Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition officielle.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. On me permettra
d'abord un peu d'histoire, probablement par déformation professionnelle,
sur le dossier constitutionnel, très rapidement, pour rappeler à
cette Chambre qu'au cours des 30 dernières années il y a eu trois
rondes de négociations constitutionnelles et que ces trois rondes ont
toutes échoué: la première, la plus lointaine, c'est celle
de 1968-1971 qui s'est soldée par l'échec de la conférence
de Victoria, on s'en rappellera, et où le premier ministre actuel
était à ce moment-là aux commandes. Il amorçait son
premier mandat comme premier ministre. Ça a été
l'échec encore une fois par incompréhension, le Québec
misant surtout sur le partage des compétences et le reste du Canada
étant préoccupé par d'autres sujets comme le rapatriement
de la Constitution, la réforme du Sénat, une charte des droits
qui était un peu l'obsession du premier ministre fédéral
d'alors, M. Trudeau.
Deuxième ronde, 1980-1981, celle qui a suivi le
référendum de 1980. Ça, c'a été pire encore
que la première. Un échec pour ce qui concerne le Québec,
bien sûr, puisqu'on se rappellera du coup de force de l'époque,
où l'on a, évidemment, fait fi des revendications et des
exigences du Québec et où on a procédé à des
changements majeurs à la Constitution canadienne en plus du
rapatriement, sans le consentement, sans l'assentiment du Québec. Cela a
donné lieu, d'ailleurs, à une motion quasi unanime ici, à
l'Assemblée nationale, condamnant ce procédé puisqu'on
réduisait, sans son consentement, les pouvoirs mêmes de
l'Assemblée nationale. Donc, deuxième ronde, échec.
Troisième ronde, 1987-1990. C'est la ronde qui porte sur ce qu'on
a appelé l'accord du lac Meech. Ça aussi, ça s'est
terminé - je n'ai pas besoin de vous le rappeler, c'est encore plus
récent - par un échec. Pourtant, le Québec avait
formulé ses demandes les plus modestes, cinq conditions très,
très modestes, selon les termes mêmes du premier ministre, mais,
malgré cela, le Canada anglais, l'opinion publique du Canada anglais
majoritairement a rejeté ces exigences, ces conditions modestes
demandées par le Québec et deux premiers ministres ont, en
quelque sorte, reflété cette opinion publique majoritaire et ont
fait échouer le processus.
Trois rondes constitutionnelles de négociations
constitutionnelles au cours des 30 dernières années. Trois
échecs, M. le Président. Les causes de ces échecs, bien
sûr, on peut accuser, à juste titre, le mode de
négociations. Je pense que, quand on réunit autour d'une table 11
représentants de 11 gouvernements, dont 10 représentent l'une des
deux nations, celle qui est majoritaire au Canada, et 1 seul de ces 11
gouvernements
représente l'autre nation, la nation québécoise,
c'est évident que la position du Québec est ce qu'on pourrait
appeler une position de faiblesse, d'une certaine façon, une position
constante de faiblesse puisqu'il n'y a qu'un seul gouvernement parmi 11 qui
représente l'une des deux nations, la nation
québécoise.
Donc, le mode de négociations, sans doute, explique largement
l'échec de ces trois rondes de négociations. Mais je pense que la
vraie raison ou la vraie cause de l'échec également se retrouve,
encore une fois, je me répète, mais ça me semble
essentiel, fondamental, la vraie cause de l'échec se retrouve dans ce
que le rapport Bélanger-Campeau appelait «le choc des visions, des
aspirations et des identités nationales».
Je me permets une citation, M. le Président, qui résume
bien cette cause de l'échec des négociations constitutionnelles
au Canada et au Québec. Je cite: «Mais une lecture historique de
l'expérience du fédéralisme canadien nous force à
reconnaître une antinomie entre la tendance à la centralisation et
à l'uniformisation du régime canadien, d'une part, et, d'autre
part, la volonté sans cesse grandissante du Québec d'affirmer son
autonomie et sa spécificité et d'être pleinement
maître de ses décisions et des choix qui le concernent. Telle est
donc là, fondamentalement, la raison première de l'impasse
actuelle.» M. le Président, je n'ai pas indiqué la source
de cette citation pour un peu m'amuser, d'une certaine façon. Il ne
s'agit pas du livre blanc du Parti québécois de 1980, il ne
s'agit pas du programme du Parti québécois, il s'agit du
«Québec libre de ses choix», communément
appelé le rapport Allaire. C'est là la façon dont, dans le
rapport Allaire, on explique l'impasse actuelle. Ça me semblait
important de le citer.
Mais je pourrais, également, citer le rapport
Bélanger-Campeau qui est aussi très clair, très lumineux
à ce sujet-là. On retrouve ce paragraphe dans
Bélanger-Campeau: «Après 25 ans de discussions
constitutionnelles, deux commissions d'enquête instituées par le
gouvernement fédéral, des modifications constitutionnelles
majeures apportées en 1982, sans le consentement du Québec, et,
enfin, l'échec d'une entreprise constitutionnelle qui abordait pour la
première fois, dans la perspective du Québec, la dimension
politique du problème québécois, il est légitime de
s'interroger, à tout le moins, sur la capacité du reste du Canada
d'accéder à des choix qui répondent vraiment aux besoins,
aspirations et visions propres au Québec. De tels choix ont
été jusqu'ici perçus ou traités comme
inconciliables avec d'autres besoins, aspirations et visions présents au
Canada ou incompatibles avec le bon fonctionnement de la
Fédération canadienne.» Rapport
Bélanger-Campeau.
Alors, M. le Président, je pense qu'il était important de
faire ce bref retour historique pour, à la fois, mesurer l'ampleur des
échecs dans les négociations constitutionnelles et essayer aussi
d'en percevoir et d'en identifier les causes véritables.
Voyons maintenant si les choses ont vraiment changé, s'il y a
vraiment eu évolution de la réalité. D'abord, prenons le
cas de cette conférence qui a eu lieu jeudi dernier, à Ottawa,
regroupant a la fois des premiers ministres et des ministres responsables du
dossier constitutionnel. Quelle conclusion, quelle leçon en tirer?
Premièrement, il apparaît évident que le rapport
Beaudoin-Dobbie a été carrément et définitivement
mis au rancart. Fini! Terminé! On n'en parle plus. Son existence a
été brève; il n'a pas réussi à atteindre
l'âge de la majorité. C'est un enfant mort-né. Remarquez
que je ne verserai pas de pleurs sur ce décès, compte tenu
évidemment de l'opinion que j'en avais, et de l'opinion que
l'Assemblée nationale en avait aussi; je fais référence au
vote de la semaine dernière à l'Assemblée nationale. Bon.
Mais c'est quand même un constat qu'il faut faire: la mise au rancart du
rapport Beaudoin-Dobbie. Enterrement de première classe.
Deuxièmement, ce qu'on a constaté également
à l'occasion de cette conférence des premiers ministres, tenue
à Ottawa jeudi dernier, c'est un refus très clair, très
net de toute forme de statut particulier qu'on pourrait octroyer au
Québec. Je pense qu'il faut décoder les choses telles qu'elles
sont. Il est clair qu'on est prêt maintenant, au Canada anglais, à
reconnaître de façon très symbolique le Québec comme
société distincte. Oui, mais à condition, donc, que ce ne
soit plus tout simplement qu'un ornement constitutionnel, mais sans pouvoirs.
Sans pouvoirs. Clyde Wells a répété sa position tout
récemment; on voyait ça dans les journaux d'aujourd'hui ou
d'hier: «Clyde Wells dit oui à la société distincte,
mais sans pouvoirs différents au Québec». Donc, que ce ne
soit qu'un simple bibelot constitutionnel.
Mais ce qui est aussi évidemment très important, c'est que
plusieurs premiers ministres ont exprimé de façon très
nette leur refus d'accorder au Québec des compétences exclusives
ou des pouvoirs particuliers, cela au nom, disaient-ils, ont-ils
répété, de l'égalité des provinces et aussi
parce qu'ils souhaitent un gouvernement central fort. Pour l'Alberta et pour
Terre-Neuve, c'est on ne peut plus clair, mais pour d'autres provinces aussi,
je pense au Manitoba et à la Colombie-Britannique, il est évident
que, pour elles, le principe de l'égalité des provinces est un
principe fondamental qui ne doit être violé d'aucune façon
ni sous quelque forme que ce soit et, donc, par conséquent, on en tire,
on déduit, à partir de ce principe-là, qu'on ne peut
accepter quelque forme que ce soit de statut particulier au Québec et,
aussi, qu'on ne peut pas accepter l'octroi d'un droit de veto pour le
Québec à partir de ce principe-là de
légalité des provinces. Alors, il n'y a pas de changement sur ce
plan. Il n'y a aucun progrès
qu'on a pu constater à cette conférence de jeudi
dernier.
(10 h 20)
On a cependant constaté une chose, c'est que c'est le premier
ministre de l'Ontario, Bob Rae, qui a pris les commandes de l'appareil. Il a
éjecté le pilote, Joe Clark, il l'a repoussé dans la
carlingue, en arrière, il a pris les commandes de l'appareil. Bob Rae.
Et c'est lui qui a imposé à la fois la forme des
négociations. Il a dit: C'est comme ça que ça va se passer
désormais, les provinces vont être là, on va former des
comités, quatre comités de fonctionnaires, et on va amorcer les
négociations et les pourparlers et c'est nous qui allons décider.
En plus, il a imposé son calendrier. Il a dit: Ça ne sera pas
avril, ça va être la fin mai. Et là, Clyde Wells dit que,
fin mai, c'est un peu tôt aussi. Alors, ce n'est pas sûr que
ça demeure fin mai. Mais, manifestement, jeudi dernier,
l'élément déterminant, l'élément, je dirais,
le plus important de cette conférence, c'est l'arrivée sur
l'avant-scène de Bob Rae, le premier ministre de l'Ontario, qui a
carrément écarté Joe Clark du dossier.
En plus, ce même Bob Rae a exigé et a obtenu que la table
constitutionnelle soit élargie. Il y en avait 11 avant. Il trouve que ce
n'était pas assez, il en fallait plus, le menu était assez
chargé pour qu'il y en ait plus, tout le monde pouvait y trouver
à manger, on ajoute du monde. Alors, on a ajouté les deux
gouvernements territoriaux et on a ajouté les quatre
représentants des grandes associations autochtones du Canada, de sorte
qu'on se retrouve 16, 17 si le Québec se retrouvait, comme gouvernement,
à cette table. Donc, on est passé de 11 à 16. Ça ne
marchait déjà pas bien à 11, ça n'a jamais
réussi à 11, imaginez-vous comment ça va se passer
à 16! C'est ce que Lise Bissonnette a appelé, à juste
titre, «une belle recette pour l'enlisement». C'est
carrément... On ajoute un étage de plus à la tour de Babel
qui existait déjà. On trouve qu'elle n'est pas assez haute - un
autre étage! - accentuant ainsi la confusion des langues et des esprits.
Voilà ce qui s'est passé, M. le Président, à cette
conférence de jeudi dernier.
Évidemment, ça a créé des mécontents,
des frustrés. On a vu, hier, la Fédération des
francophones hors Québec qui a dit: Écoutez, nous, on est 900 000
ou près de 1 000 000; pourquoi ne serait-on pas à la table?
pourquoi n'aurait-on pas un siège? les autochtones qui sont moins que
nous en ont quatre; pourquoi pas nous? Clark leur a fermé la porte au
nez. Il a dit: Non, non, il n'en est pas question. Mais c'est évident
qu'en élargissant la table on suscite des mécontentements et des
revendications. Alors, la thérapie de groupe est en route, mais
ça va ressembler beaucoup à de la cacophonie.
Deuxièmement, M. le Président, en fin de semaine
dernière, il y avait la conférence sur les autochtones, sur la
question autochtone, qui s'est déroulée à Ottawa. Je vous
signale d'abord et je vous rappelle que les autochtones avaient d'abord
refusé ce genre de conférence. Ils avaient d'abord dit non;
ensuite, ils se sont ravisés, ils ont exigé avoir leur propre
conférence. Clark a cédé et ça a eu lieu en fin de
semaine dernière.
Il ressort clairement de cette conférence que la question
autochtone est devenue au Canada la priorité no 1 sur le plan
constitutionnel dans le cadre de la présente ronde de
négociations, cette ronde Canada qui est en cours. C'est clair, c'est
évident, la priorité no 1 à l'agenda constitutionnel,
maintenant, au Canada, c'est la question autochtone. Il y a une sorte de vague
de sentimentalisme qui déferle actuellement au Canada anglais, une
espèce de grande bouffée de romantisme à l'égard
des autochtones, à l'égard des communautés autochtones.
Comme je le mentionnais à un journaliste récemment, ça
fait maintenant, au Canada anglais, bon chic, bon genre de considérer
avec beaucoup d'intérêt, d'émotion, les revendications des
communautés autochtones. Il y a donc une disposition d'esprit qui fait
en sorte qu'au Canada anglais, actuellement, on trouve toujours, ou à
peu près tout le temps, très équitable, très juste,
très justifiable à peu près n'importe quelle revendication
formulée par les autochtones. La moindre phrase qui est
proférée par l'un ou l'autre des leaders autochtones est
considérée un peu comme une révélation divine,
parole d'évangile, et il faut, évidemment, y accéder sans
plus de réserve.
Alors, évidemment, avec un tel état d'esprit, c'est clair
que la question autochtone est devenue la priorité constitutionnelle no
1 au Canada anglais, ce qui faisait dire à Ghislain Dufour qui a
participé à toutes les conférences - c'est un peu curieux
quand même que ce soit le Québécois qui ait
été le plus en vue à l'occasion de toutes ces
conférences, c'est le président du Conseil du patronat, enfin,
Ghislain Dufour qui disait: Écoutez, on a commencé le processus
avec la question du Québec en tête de liste et, après
ça, c'était la réforme du Sénat et la question
autochtone. Là, on est rendu que c'est complètement
inversé. C'est la question autochtone qui est en tête de liste, la
réforme du Sénat et la question du Québec est à peu
près évacuée ou, tout au plus, elle est inscrite
maintenant à varia, divers de l'agenda. C'est ça qui s'est
passé, finalement, et c'est ce qui a été confirmé,
en fin de semaine dernière, à la conférence sur la
question autochtone.
Le Canada est maintenant disposé à reconnaître un
droit inhérent à l'autonomie gouvernementale. Je ne sais pas si
ça suppose qu'il y ait un droit transcendant aussi à l'autonomie
gouvernementale, s'il y a son pendant, mais, en tout cas, un droit
inhérent à l'autonomie gouvernementale aux nations autochtones
sans trop savoir, d'ailleurs, ce que ça implique concrète-
ment, sauf qu'il y a peut-être lieu de s'inquiéter, mais
ça paraîtrait mal de s'inquiéter. Mme Bissonnette
s'inquiétait, elle, en tout cas, hier, en disant qu'il s'agit quand
même d'un gouvernement à fondement racial, d'un gouvernement
fondé sur le droit du sang. Est-ce que c'est vraiment souhaitable
d'arriver jusque-là? Enfin, c'est ce que réclament, ce que
revendiquent les leaders autochtones, mais c'est quand même un concept
vague, flou, assez nébuleux, qui génère beaucoup de
confusion parce que c'est clair qu'une fois qu'on a admis le principe, qu'on
essaie de le cerner, de le définir, bien, là, les contradictions
apparaissent, les divergences d'opinions apparaissent aussi. Alors, on n'est
pas sorti de l'auberge en ce qui concerne la définition du droit
à l'autonomie gouvernementale pour lesdits autochtones, mais c'est,
évidemment, la priorité du Canada anglais.
À partir de ce moment-là, les revendications du
Québec sont reléguées à l'arrière-plan des
enjeux constitutionnels. À partir de ce moment-la, qu'est-ce qui se
passe? Bien, là, on commence à multiplier les appels pressants
aussi bien chez les premiers ministres, Joe Clark, que chez les autochtones, au
Québec, pour qu'ils reviennent à la table qui serait maintenant
une table à 17 et non plus une table à 11. Alors, là,
c'est les appels pressants. Hier, là, c'était quasiment
indécent; M. Ovide Mercredi qui s'est fait flatteur, flagorneur à
l'égard du premier ministre du Québec pour l'inciter à
retourner à la table. Le sauveur du Canada, disait-il, vous êtes
le sauveur du Canada, vous êtes le seul capable de sauver le Canada. On
était dans la flagornerie la plus basse, mais ça s'ajoutait aux
appels pressants de Bob Rae, de Clyde Wells, d'à peu près tous
les premiers ministres, y compris Joe Clark, évidemment, qui disait au
Québec: Revenez, nous vous en prions. Revenez vite à la table
pour poursuivre cette ronde constitutionnelle.
Eh bien, M. le Président, je pense que le premier ministre du
Québec doit résister au chant des sirènes qui nous
arrivent du Canada anglais pour plusieurs raisons que je voudrais essayer
d'énumérer rapidement.
D'abord, premièrement, le gouvernement fédéral et
le Canada anglais n'ont aucune proposition sérieuse à soumettre
au Québec, susceptible de satisfaire les revendications,
particulièrement en regard du partage des compétences. Les
propositions fédérales, aussi bien que le rapport
Beaudoin-Dobbie, sont maintenant déjà des documents historiques,
des documents d'archives et tout au plus destinées à la
récupération et au recyclage du papier usagé. Je pense
qu'il n'y a pas eu progrès à ce niveau-là.
Donc, il n'y a aucune raison, sur ce plan-là, pour que le
Québec retourne à la table des négociations, d'autant
plus, M. le Président, je le dis, qu'on se retrouve avec un gouvernement
fédéral qui manifeste la pire des hypocrisies que j'aie vues
depuis bien longtemps. Il y a comme une fourberie, là, qu'on doit
constater actuellement du côté d'Ottawa. Et Joe Clark joue le
personnage de Tartuffe de façon exemplaire. Pendant qu'avec des airs
contrits il demande au Québec de revenir à la table, pendant
qu'avec des propos mielleux il affirme qu'il est tout disposé a prendre
en considération les aspirations et les revendications du Québec,
en même temps que Joe Clark joue au Tartuffe, en même temps ses
propres collègues, celui des Communications, celui de l'Environnement
sont en train de faire adopter par le Parlement fédéral des lois
qui expriment de façon tout à fait extraordinaire le
fédéralisme dominateur que condamnait récemment le premier
ministre du Québec.
Parce qu'il faut le faire! Joe Clark, lui, joue le rôle du
Tartuffe dans tout ça. Il y a l'expression d'une hypocrisie
incommensurable dans ce qui se passe présentement à Ottawa: Oui,
on est prêts à reconnaître vos aspirations. Oui, on est
prêts à une vaste décentralisation des pouvoirs. Et, en
même temps, le rouleau compresseur de la centralisation est en marche
à toute vapeur à Ottawa. Et on en parlait hier en cette Chambre
avec la loi sur l'environnement, l'évaluation environnementale.
Même le ministre de l'Environnement du Québec, M. Paradis,
dénonçait avec vigueur ce projet de loi carrément
centralisateur où le gouvernement fédéral
s'ingérerait dans des domaines de juridiction québécoise.
Même chose avec la loi sur les communications, exactement la même
chose. Là, vraiment, il faut, je pense, prendre conscience de cette
opération hypocrite du gouvernement fédéral et du
rôle de Tartuffe que joue dans cette opération le ministre
responsable du dossier, Joe Clark. (10 h 30)
Deuxième raison de ne pas participer, de ne pas répondre
à ces appels pressants, c'est qu'en élargissant le nombre des
intervenants à 16 et à 17, évidemment, si le gouvernement
du Québec s'y retrouvait, non seulement d'abord Ottawa abandonne son
leadership, toute sa capacité d'initiative, mais en plus, comme le
disait Lise Bissonnette et je la citais tantôt, il met en place tous les
ingrédients d'une recette pour l'enlisement, en reportant la date des
offres, le dépôt des offres à fin mai et peut-être
plus tard. Et, en faisant en sorte que maintenant on se retrouve 16 autour de
la table, c'est évident, c'est manifeste qu'on s'en va directement vers
le cul-de-sac.
M. le Président, autre raison qui m'apparaît esentielle. En
retournant à la table, sans aucun gain à l'égard de ses
revendications légitimes, le Québec serait appelé à
contribuer et à participer, à mettre l'épaule à la
roue, particulièrement à l'égard de la reconnaissance d'un
droit inhérent à l'autonomie gouvernementale des autochtones, qui
occupe désormais le premier rang du hit parade constitutionnel au
Canada. Et là, vrai-
ment, je pense qu'il faut dénoncer cela. J'écoutais, en
fin de semaine, les leaders autochtones, à la fois mielleux et
provocateurs. Ça alternait. Matthew Coon Come, le Cri, était
plutôt du genre provocateur. Mercredi, il a continué, lui,
plutôt le genre flagorneur, flatteur.
Mais il fallait voir ces messieurs inviter le Québec à
revenir s'asseoir à la table. Pas pour régler la question du
Québec, non non, non, non, non, pour régler la question
autochtone. Moi, ma grand-mère avait une expression tout à fait
savoureuse pour parler de ça. Elle disait de quelqu'un, dans ce
temps-là, qu'il était effronté comme un boeuf maigre. Un
boeuf maigre, c'est très effronté, M. le Président.
Ça saute le clos, ça va dans le champ du voisin, ça
fréquente les vaches du voisin. C'est très effronté, un
boeuf maigre. Mais là vraiment, il faut être effronté comme
un boeuf maigre pour dire des choses pareilles: Écoutez donc, venez, le
Québec, venez à la table, revenez à la table. Ah oui?
Pourquoi? Vous êtes prêts maintenant à régler la
question du Québec? Non non, non non, régler la question
autochtone. Là, je me retiens, M. le Président, je me retiens
parce que là, il y a des limites à l'effronterie. Et je pense que
la réponse du Québec est tout à fait pertinente de dire
non au retour à la table au moment même où la question du
Québec n'est plus à l'agenda, n'est plus à l'ordre du
jour. C'est la question autochtone qui est à l'ordre du jour.
Je ne veux pas dire par là que la question autochtone ne
mérite pas d'être réglée. Ce n'est pas ça que
je veux dire, comprenons-nous bien, mais je veux dire que la question du
Québec, elle, elle ne l'est pas, réglée. On a
essayé de la régler avec Meech, on n'a pas réussi. Et
là, tout d'un coup, ce n'est plus important de la régler. On
l'évacué du décor, on l'évacué du paysage,
on en ressort une autre, et celle-là, ça devient la
priorité qu'on essaie de régler maintenant. M. le
Président, je dirais également qu'en retournant à la
table, le Québec affaiblirait son pouvoir de négociation en
reconnaissant à nouveau un processus de révision
constitutionnelle que le premier ministre a condamné, a jugé tout
à fait discrédité.
Alors, M. le Président, je pense qu'il y a là un
piège dans lequel le gouvernement québécois ne doit pas
tomber. Et là-dessus, je me permettrais une digression, M. le
Président. J'écoutais, pas plus tard qu'aujourd'hui, un
commentaire à la radio, où on disait que l'Opposition officielle,
le Parti québécois, s'apprêtait a piéger le
gouvernement avec une motion. J'ai été complètement
renversé d'entendre ça. Le piège, M. le Président,
il n'est pas à l'Assemblée nationale, il est là-bas,
à Ottawa. La chausse-trappe, elle est là-bas. Le piège
n'est pas ici. Qu'est-ce que c'est que cette histoire-là, de
prétendre ou d'affirmer ou de conclure que l'Opposition officielle
essaie de piéger le gouvernement? Ce n'est pas l'Opposition officielle
qui essaie de piéger le gouverne- ment, c'est tout le Canada anglais,
c'est les premiers ministres des provinces, c'est Joe Clark, c'est les leaders
autochtones qui essaient de piéger le gouvernement en lui demandant de
revenir à la table, en l'invitant à revenir à la table. Le
piège n'est pas ici, je regrette, M. le Président. C'est en
retournant là-bas, en retournant à la table que le gouvernement
serait piégé, ce n'est pas en adoptant la motion
présentée par l'Opposition officielle, qui rejoint, qui reprend,
essentiellement, la position adoptée par le gouvernement et par le
premier ministre le 23 juin 1990. On reprend la position du gouvernement.
Où est le piège? Il n'est pas ici, le piège, il est
là-bas. Il est à Ottawa, le piège.
Le Bloc québécois a parfaitement raison: En retournant
à la table de négociation, le Québec deviendrait le bouc
émissaire idéal, parce que c'est loin d'être sûr que
ça va marcher, leurs négociations sur l'autonomie
gouvernementale; c'est loin d'être sûr que ça va aboutir au
succès. Mais, si le Québec revenait, alors voilà,
là, on aurait le bouc émissaire idéal. «Bouc
émissaire demandé», le Québec répond
parfaitement aux normes. Là, il reviendrait. Si ça
échouait - c'est fort possible que ça échoue sur cette
question-là, on voit que la confusion est apparue partout - alors
là, le Québec étant de nouveau à la table, on
aurait: Regardez, c'est lui, c'est sa faute; ça ne marche pas, c'est sa
faute, c'est la faute du Québec. Le bouc émissaire idéal!
Je pense qu'on doit être conscient de ça et refuser de participer
à cette opération, surtout quand on sait qu'on va devenir le bouc
émissaire rêvé qui manque et dont on a besoin
là-bas. C'est pour ça qu'on fait des appels tellement pressants
au gouvernement du Québec de réintégrer la table, c'est
parce qu'il manque un bouc émissaire et le Québec jouerait
très bien ce rôle-là.
Alors, M. le Président, je pense qu'il est essentiel que le
gouvernement québécois, comme l'a rappelé, d'ailleurs, le
premier ministre, M. Bourassa, lundi de cette semaine, sur les ondes de
Télémédia, et je cite: «On n'a pas l'intention de
changer d'attitude; on n'a pas l'intention, dis-je, de changer d'attitude sur
la participation du Québec aux négociations à 11 ou
à 17. La décision de juin 1990 de ne pas participer au niveau
politique est maintenue. On ne peut pas dire que les discussions
effectuées à date ont permis de dégager des progrès
importants.» Fin de la citation. (10 h 40)
Je me permets, M. le Président, de rappeler le discours solennel
prononcé par le premier ministre, le 23 juin 1990, à la suite de
l'échec de l'accord du lac Meech, et je cite M. le premier ministre:
«Le processus de révision constitutionnelle existant au Canada est
discrédité. Le gouvernement du Québec n'accepte pas de
retourner à la table de négociation sur le plan constitutionnel.
Pas question de discuter de la réforme du Sénat, pas question de
discuter de
la clause Canada et, malheureusement - écoutez bien - pas
question de discuter, également, de la réforme constitutionnelle
qui pourrait impliquer les Amérindiens. Comment voulez-vous que
j'accepte de retourner à la table constitutionnelle alors que j'ai
refusé de le faire en 1986, avant le début des
négociations sur l'accord du lac Meech? Comment pourrais-je y retourner
maintenant que les accords ont été rejetés après
avoir été ratifiés? En outre, c'est la position de mon
gouvernement de négocier dorénavant à 2 et non à 11
avec le gouvernement canadien.» Fin de la citation, M. le
Président.
Le jugement et la position apparaissent encore aujourd'hui tout à
fait pertinents et fondés; j'ai essayé de le démontrer. Le
premier ministre du Québec doit donc résister aux appels
répétés du Canada anglais de retourner à la table
de négociation, maintenant à 17, et, par cette motion
présentée par l'Opposition officielle, le premier ministre du
Québec peut, a l'occasion de réaffirmer de façon
officielle et non pas uniquement sur les ondes d'une station de radio,
même si ça a son importance, mais de réaffirmer de
façon officielle la politique de son gouvernement de ne plus participer
à des négociations constitutionnelles à 11 ou à 17,
surtout dans un contexte où aucun progrès n'a été
réalisé, mais, au contraire, où les revendications des
autochtones ont relégué la question du Québec en
arrière-plan pendant que les provinces du Canada anglais sont absolument
incapables de s'entendre entre elles sur des questions majeures comme la
formule d'amendement, la réforme du Sénat, le partage des
pouvoirs et l'union économique. Mais il y a une dynamique de groupe,
là, qui est enclenchée de leur côté et qui n'est
peut-être pas mauvaise en soi.
Mais, par cette motion que nous présentons, M. le
Président, qui devrait, à mon avis, être adoptée par
les deux grands partis politiques représentés à
l'Assemblée nationale - et, encore une fois, je répète que
notre intention n'est certainement pas de prendre au piège le
gouvernement, le piège étant ailleurs, le piège
étant dans l'acceptation de participer, de répondre positivement
aux appels venant d'Ottawa; c'est là qu'est le piège vraiment -
par cette motion adoptée, je l'espère, par les deux grands partis
politiques, pour reprendre les propos du premier ministre lui-même, le 23
juin 1990, «le Québec démontrerait qu'il est toujours plus
fort quand il est uni». Merci, M. le Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Toujours sur cette motion du
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition officielle, je
cède maintenant la parole à M. le ministre de la Justice et
délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. M. le
Président, j'ai eu l'occasion mercredi dernier, en cette Chambre,
d'exprimer les réserves que nous avons en ce qui regarde le rapport
Beaudoin-Dobbie sur le renouvellement de la Fédération
canadienne. Depuis la dernière semaine, donc à l'intérieur
d'une semaine, M. le Président, le dossier constitutionnel a encore
beaucoup évolué. Il a évolué sur deux aspects
principaux: tout d'abord, en ce qui regarde le processus qu'on entend
maintenant suivre et, ensuite, en ce qui regarde le nombre de membres à
la table de discussions constitutionnelles.
En ce qui regarde tout d'abord, M. le Président, le processus,
rappelons-nous qu'au mois de septembre dernier le gouvernement
fédéral déposait des propositions de réforme en
profondeur de la Fédération canadienne. C'était
présenté comme des propositions, non pas comme des offres, mais
des propositions qui, à la suite de certaines discussions qui avaient eu
lieu depuis l'échec de Meech, devaient, selon le gouvernement
fédéral, nous amener à une nouvelle entente qui se situe
dans un «round» Canada pour l'ensemble de la
Fédération canadienne. On se souvient que nous avons
étudié ce document, ces propositions fédérales en
commission parlementaire, la commission qui est responsable, qui est
chargée d'étudier les offres, et la conclusion a
été que ces propositions étaient nettement insuffisantes,
et un comité mixte a été formé, comité
présidé par le professeur Gérald Beaudoin, par le
sénateur Gérald Beaudoin, et par Mme la députée
Dobbie, un comité mixte Sénat-Chambre des communes, qui a rendu
son rapport, donc, il y a quelques jours. Et nous avons dit à quel
point, entre autres en ce qui regarde le partage des compétences
législatives, ce rapport est nettement insuffisant.
On nous avait informés, M. le Président, qu'il y aurait
une motion ou une résolution, une étape, disons, qui devait
être discutée à la Chambre des communes
fédérale pour qu'on puisse se référer à des
grands principes, les principales données qu'on entendait, au niveau du
gouvernement fédéral, inclure dans les offres qu'on voulait
présenter au Québec. On nous avait dit: Probablement avant
Pâques, peut-être après Pâques, on est en train
d'évaluer toutes les possibilités, mais il y aura ce document, il
y aura cette motion, cette résolution qu'on débattra à la
Chambre des communes et qui nous permettra, donc, d'exprimer très
clairement les principaux principes, les principales données qui
devraient nous amener, à la suite donc des commentaires que nous avons
reçus sur le rapport Beaudoin-Dobbie, à établir des offres
pour le gouvernement, pour le Québec, pour renouveler donc la
Fédération canadienne.
L'objectif d'un tel processus, M. le Président, d'avoir une telle
motion, c'était de pouvoir
avoir un consensus, d'avoir même le consentement des trois grands
partis représentés à la Chambre des communes - les
conservateurs, les libéraux et les néo-démocrates - que
ces trois grands partis puissent se prononcer sur les principaux
éléments qu'on doit retrouver dans une proposition de
réforme du fédéralisme canadien pour répondre aux
objectifs légitimes du Québec. C'est un objectif que nous
considérons comme très important parce qu'il est, à notre
avis, extrêmement important que l'on puisse avoir, au niveau des grands
partis politiques fédéraux, cette unanimité quant aux
principaux éléments qu'on doit retrouver dans les offres qu'on
pourrait nous faire.
M. le Président, lorsqu'on regarde le rapport du comité
Beaudoin-Dobbie, il faut se rendre compte qu'il y a là des dissidences
majeures en ce qui regarde certains des aspects les plus importants que nous
devons discuter quant à cette réforme constitutionnelle. Je pense
au partage des compétences législatives, je pense à la
réforme du Sénat, où vous avez une dissidence majeure du
Parti libéral fédéral quant aux pouvoirs qu'on dort donner
à un nouveau Sénat. Il est important que l'on puisse avoir, donc,
un consensus au niveau du Parlement canadien.
M. le Président, cette étape, elle disparaît. Elle
disparaît, et on nous informe maintenant, à la suite de cette
rencontre de jeudi dernier entre les ministres responsables du dossier
constitutionnel, à la suite aussi de la conférence sur les
autochtones de la fin de semaine dernière, que le processus est
changé et qu'il y aura quatre, ou peut-être plus, groupes de
travail qui seront créés. Le premier ministre de l'Ontario, M.
Rae, propose quatre groupes de travail, mais on dit: Peut-être bien qu'il
faudrait en avoir plus que quatre. On créera aussi des comités
techniques. On aura aussi d'autres réunions pour les ministres
responsables de ce dossier constitutionnel. Bref, M. le Président, un
nouveau processus. On ne connaît pas exactement tous les aspects de ce
nouveau processus. Combien y aura-t-il de groupes de travail? Quels seront les
sujets qui seront étudiés par ces groupes de travail? Quel sera
le rôle des comités techniques? Combien y aura-t-il de
réunions de ministres responsables du dossier constitutionnel? Mais on
nous dit que tout ça devrait amener le gouvernement
fédéral et les autres provinces à faire des offres au
Québec vers la fin du mois de mai.
M. le Président, ça signifie une chose pour nous.
Ça signifie que le processus ou que l'échéancier
établi dans la loi 150 est respecté. Ça signifie, M. le
Président, qu'on se rend compte que cet échéancier de la
loi 150 doit être respecté pour le bien du Québec et pour
le bien de l'ensemble du Canada. (10 h 50)
M. le Président, il apparaît de plus en plus évident
que pour les Québécois comme aussi pour l'ensemble des Canadiens,
il est important qu'on règle, une fois pour toutes, ce problème
constitutionnel. Lorsqu'on voit les problèmes économiques que
nous avons, il est important qu'on puisse régler ce problème
constitutionnel et qu'ensemble on travaille à trouver des solutions aux
problèmes économiques. Bien sûr qu'il y a cette relation
directe entre la Constitution et l'économie, et ce que nous recherchons,
c'est un fédéralisme plus efficace, capable de nous donner des
outils pour relever ce défi économique, défi, maintenant,
même au niveau international par la mondialisation des économies.
Mais, M. le Président, cet échéancier de la loi 150, ce
n'est pas une épée de Damoclès sur la tête du reste
du Canada. C'est un élément qui nous permet de travailler
ensemble et de pouvoir trouver une solution. L'objectif du gouvernement est
toujours d'avoir les offres les plus susceptibles de permettre au Québec
d'exprimer ce qu'il est, de pouvoir nous permettre d'être un partenaire
à part entière dans cette Fédération et de
permettre au Canada d'exprimer pleinement ce qu'il est comme pays, qu'il prenne
sa place sur la scène internationale, qu'il puisse refléter sa
réalité, sociale, politique et économique.
Donc, M. le Président, le nouveau processus qui est mis en place
peut être un processus qui apportera des résultats
intéressants, peut-être bien. Il y a beaucoup de questions,
beaucoup d'ambiguïtés qui se posent présentement. Mais il y
a toujours cette possibilité que ça aboutisse, finalement,
à des offres acceptables pour le Québec. Dans la mesure où
ces offres nous arrivent à la fin mai, il sera toujours possible
à la commission parlementaire qui est responsable du dossier
constitutionnel en ce qui regarde les offres qui pourraient nous arriver du
gouvernement fédéral et des autres provinces, il sera toujours
possible à cette commission de les étudier, de faire rapport, et,
comme Parti libéral dont le gouvernement est issu, il y aura un
congrès où on discutera de ces offres et des décisions
seront prises en toute démocratie.
M. le Président, en conclusion, en fonction de ce premier aspect
qui est très important, en ce qui regarde le processus et qui est
changé, il s'agit de changements majeurs, substantiels, mais,
malgré les questions et les ambiguïtés que nous pouvons
avoir, il demeure qu'on respecte l'échéancier de la loi 150.
L'autre aspect qui est changé, qui est aussi un aspect
très important et, je dirais même, fondamental, c'est le nombre de
partenaires assis à la table de discussions constitutionnelles. M. le
Président, depuis que le Canada existe comme Fédération,
depuis 1867, dans toutes les discussions de relations
fédérales-provinciales, on s'est toujours
référé aux institutions politiques gouvernementales qui
existent de par le texte même de la Constitution canadienne,
c'est-à-dire 10 provinces et le gouvernement fédéral.
Selon la formule d'amendement que nous avons dans la Loi constitutionnelle de
1982, cette formule
d'amendement se réfère à des gouvernements, se
réfère à des Assemblées législatives qui
doivent voter une résolution pour accepter un amendement
constitutionnel, un changement à la Constitution. Elle se
réfère à un Parlement canadien, Chambre des communes,
Sénat, qui doivent accepter, eux aussi, une résolution pour
changer la Constitution. C'est donc dire que les partenaires, les partenaires
politiques de la Fédération, c'est 10 provinces et le
gouvernement fédéral, le Parlement canadien.
M. le Président, ça vient de changer. Ça vient de
changer, et toute cette tradition suivie depuis 1867 est changée. Pour
la première fois dans un processus de discussions constitutionnelles, on
ajoute, premièrement, deux gouvernements territoriaux,
c'est-à-dire le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et le
gouvernement du Yukon. Ce sont des gouvernements, mais des gouvernements
administratifs qui dépendent d'Ottawa. Le Yukon et les Territoires du
Nord-Ouest ne sont pas des provinces canadiennes. Ils pourraient
peut-être le devenir, mais ils ne le sont pas et leurs gouvernements sont
là pour administrer, sous la gouverne du gouvernement
fédéral, le territoire du Yukon et les territoires qu'on appelle
les Territoires du Nord-Ouest canadien. M. le Président, on a
décidé que le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest seront
représentés à la table des discussions constitutionnelles,
de plein droit, au même titre que les gouvernements des autres provinces.
On vient d'ajouter aussi, M. le Président, qu'il y aura quatre
représentants des nations autochtones, quatre représentants qui
seront là, à la table des discussions constitutionnelles, pour
discuter de la réforme de la Constitution.
M. le Président, c'est un élément qui est nouveau.
Nous étions 11 à la table; nous serons 17. Il y a, là
encore, des questions, des ambiguïtés qui se posent. Par exemple,
je voyais M. Benoît Bouchard, ministre de la Santé, qui disait, je
crois que c'était hier ou même lundi peut-être: Bien, on
verra. Les autochtones devraient se prononcer sur des questions qui sont
reliées à leur statut. Est-ce que c'est ça qui est
prévu ou si on veut que les autochtones puissent se prononcer sur tous
les sujets de la réforme constitutionnelle? C'est une question qu'on
peut se poser, M. le Président.
M. le Président, le Québec a toujours été un
des alliés les plus sûrs des peuples autochtones, et notre
histoire est là pour le démontrer. D'une façon plus
précise, rappelons-nous la Convention de la Baie James en 1975. M. le
Président, quand cette entente a été signée en
1975, cette entente a été reconnue comme un modèle
à suivre, non seulement au Québec et au Canada, mais un
modèle à suivre partout au monde. Souvenons-nous, M. le
Président, qu'à ce moment-là, aux Nations Unies, on avait
fait de cette entente le modèle à suivre pour tous les groupes
autochtones au monde. On disait: Voici ce qu'un gouvernement, le gouvernement
du Québec, vient de réaliser avec ses autochtones. Il vient de
reconnaître leurs droits ancestraux. Il vient leur donner la
possibilité d'avoir des gouvernements autonomes d'une certaine
dimension. Il leur donne la possibilité de se développer en
fonction de leurs coutumes, de leurs traditions, mais aussi de profiter des
avantages d'une vie moderne: services publics, hôpitaux, éducation
et tout ce qui peut se référer aux conditions matérielles
de vie qui font en sorte que les autochtones peuvent profiter eux aussi de
services publics de grande qualité.
M. le Président, ce qui était un modèle en 1975 et
qui a été suivi par, entre autres, nos voisins américains
en 1978 et en 1981, avec des ententes qu'ils ont négociées avec
leurs autochtones, qui ont suivi ce que nous avons fait dans l'entente de la
Baie James de 1975, ce dossier a évolué et il évolue
toujours, M. le Président. Nous avons toujours des
éléments à mettre en place pour compléter cette
entente de 1975. Pour ma part, comme ministre de la Justice, lors du dernier
Sommet de la justice qui a eu lieu au mois de février dernier, il y a
à peine quelques semaines, nous avons fait une discussion avec tous les
groupes autochtones autour de la table et nous avons fait un consensus quant
à l'administration de la justice, au Québec, pour respecter les
droits, les coutumes, les traditions des autochtones. Il n'est pas question, M.
le Président, de créer deux systèmes de droit; un seul
système de droit, mais à l'intérieur de ce système
de droit, la possibilité d'administrer la justice respectant les
coutumes, les traditions, la façon de vivre de nos autochtones. (11
heures)
M. le Président, on a réussi, autour de la table, à
établir un consensus fort, un consensus qui marque une étape pour
l'administration de la justice, et je suis convaincu qu'on a là aussi un
modèle qu'on peut suivre dans bien d'autres secteurs d'activité
de notre société.
M. le Président, ce que je veux dire, c'est que le Québec
l'a exprimé à plusieurs reprises dans les dernières
années: Cette Assemblée, l'Assemblée nationale du
Québec a exprimé solennellement à plusieurs reprises
qu'elle reconnaissait le droit des autochtones à un gouvernement
autonome, dans le cadre d'ententes négociées avec les
autochtones, dans le cadre du respect des lois du gouvernement du
Québec. Elle reconnaissait ce droit des autochtones à un
gouvernement autonome. Et nous le mentionnons, nous le confirmons toujours. Mon
collègue responsable du dossier autochtone l'a mentionné à
plusieurs reprises. Nous sommes prêts à y travailler.
Toute cette négociation constitutionnelle, tout ce processus
constitutionnel actuellement, il a son origine en 1981-1982, et ça, il
ne faut pas l'oublier, parce qu'on semble l'avoir oublié. On semble
avoir oublié que ce que nous avons voulu
faire avec l'entente du lac Meech, c'est de corriger l'injustice qui
avait été faite au Québec en 1982 par le rapatriement de
la Constitution. Ce que nous avons essayé de faire, c'est de
compléter cette Loi constitutionnelle de 1982. Tout n'était pas
mauvais dans cette Loi constitutionnelle de 1982. Entre autres, la Charte des
droits qui était là. On n'est pas contre une charte des droits,
M. le Président, mais il reste quand même qu'on a enlevé au
Québec son droit de veto. Et ce qu'on a voulu récupérer
avec l'entente du lac Meech, ce que nous voulons récupérer, parce
que c'est un outil essentiel pour le Québec, c'est ce droit de veto, ce
droit de pouvoir consentir à tout changement aux pouvoirs, aux
privilèges, aux juridictions que nous avons comme société,
que nous avons aussi au niveau de l'Assemblée nationale.
Mais, M. le Président, en 1982, lorsque le Québec
n'était pas partie aux négociations constitutionnelles, on a
reconnu les droits des autochtones. Dans la Charte des droits, à
l'article 25, on a reconnu le fait que «la présente Charte
garantit certains droits et libertés, ne porte pas atteinte aux droits
ou libertés ances-traux issus de traités ou autres des peuples
autochtones du Canada». Et, là, on cite ces traités. On a
même ajouté l'article 35, toujours dans cette Loi
constitutionnelle de 1982, où on reconnaît les autochtones comme
des peuples. On dit: «Le droit des peuples autochtones du Canada».
On reconnaît leurs droits existants ances-traux ou issus de
traités.
M. le Président, en 1981-1982, les autochtones ont
été reconnus. On a reconnu leurs droits. Dans la Charte des
droits, on a mentionné que cette Charte devait s'appliquer en respect
avec leurs droits, leurs coutumes, leurs traditions. Malheureusement pour le
Québec, il n'y avait rien. Parce qu'il y avait quelque chose pour les
autochtones, il y avait quelque chose pour toutes les autres provinces
canadiennes, mais, pour le Québec, malheureusement, tout ce qu'il y
avait, c'est la perte du droit de veto.
M. le Président, ce que nous avons voulu faire avec l'entente du
lac Meech, c'est de récupérer ce droit de veto, donner au
Québec les garanties qu'il va pouvoir exprimer ce qu'il est pleinement
dans la Fédération canadienne et qu'il va jouer son rôle de
partenaire à part entière dans cette Fédération
canadienne. C'étaient cinq conditions que nous avions, M. le
Président. Les cinq conditions les plus raisonnables jamais
demandées par un gouvernement du Québec. Nous voulions partir de
ces cinq conditions et construire ensuite une réforme constitutionnelle
substantielle, capable de donner au fédéralisme canadien une
vigueur nouvelle, un souffle nouveau pour faire face au défi tellement
important que nous avons ici, au Canada, oui, mais sur la scène
internationale aussi, comme pays, pour prendre notre place sur le plan
économique, notamment.
M. le Président, n'oublions pas que cette ronde constitutionnelle
que nous avons présentement a donc pour origine l'échec de
l'entente du lac Meech, qui était là pour réparer
l'injustice de 1981-1982 avec le rapatriement et pour compléter
1981-1982. À la suite de l'échec de l'entente du lac Meech, on a
dit: C'est épouvantable. C'est une entente qui a été
négociée, qui a été faite d'une façon
confidentielle, en catimini. Le peuple a été mis de
côté. Ce sont les politiciens qui ont réglé cette
entente entre eux. On ne fera plus ça. On va avoir maintenant de grandes
discussions publiques et, surtout, on ne fera plus une ronde constitutionnelle
seulement pour le Québec. On va trouver des solutions pour tous les
partenaires fédéraux, pour toutes les provinces, et on va trouver
des solutions à tous nos problèmes au niveau de la
Fédération canadienne. Nous, tout simplement, on a dit:
Très bien. Vous voulez faire une ronde Canada? C'est très bien,
faites-la. C'est faux de dire que l'entente du lac Meech a été
faite en vase clos. C'est faux, M. le Président, parce qu'il n'y a pas
une entente constitutionnelle, dans toute l'histoire du Canada, qui a
été autant discutée ouvertement dans des commissions
parlementaires au niveau de toutes les provinces, au niveau du Parlement
canadien et de la Chambre des communes et du Sénat. Des commissions
parlementaires qui ont duré deux semaines, trois semaines, un mois,
même un mois et demi.
Le gouvernement de l'Ontario qui a produit, même, un rapport
substantiel, très bien fait. M. le Président, il n'y a pas une
entente constitutionnelle qui a été autant discutée. C'est
faux de dire que Meech a été une entente qui a été
rédigée en catimini par les politiciens sans que le peuple soit
impliqué. C'est complètement faux. Mais, M. le Président,
on nous dit: II faut maintenant une ronde Canada. Bon, c'est très bien.
Mais il demeure, M. le Président, que l'opération est
considérable: changement du partage des compétences
législatives, changement des institutions, droits des autochtones, et
tout ça, M. le Président, en fonction d'un
échéancier qui a été déterminé par la
loi 150 et qu'on doit respecter.
M. le Président, c'est à la suite de l'échec du lac
Meech que, le 23 juin 1990, le premier ministre du Québec, M. Bourassa,
disait que l'échec de Meech était l'échec d'un
système. L'échec d'une négociation qui s'était
faite, en dernier, avec 10 autres partenaires fédéraux du
Québec et des premiers ministres qui ont refusé d'honorer leur
propre signature, des législatures qui avaient voté une
résolution et qui sont revenues sur leur décision pour voter une
autre résolution pour annuler la première. En conclusion, le
premier ministre disait: Nous ne participerons plus aux tables de
négociation constitutionnelle. Nous allons discuter avec le gouvernement
fédéral. Nous allons discuter avec les autres provinces, mais on
ne retournera plus dans ces réunions qu'on appelle
multilatérales,
impliquant toutes les parties.
M. le Président, est-ce que les choses ont changé au point
où on devrait revenir sur cette décision? M. le Président,
avec les changements que nous venons d'avoir dans les derniers jours, avec
l'évolution du dossier, on ne voit rien qui devrait nous amener à
changer l'attitude du gouvernement du Québec. C'est une attitude qui est
dictée en fonction des intérêts supérieurs du
Québec. Toutes les décisions du gouvernement en ce qui regarde la
participation aux conférences fédérales-provinciales se
réfèrent, premièrement, à ce critère,
à ce principe du respect des intérêts supérieurs du
Québec.
M. le Président, dans les circonstances, on ne voit pas pourquoi
ce qui a été décidé par le chef du gouvernement, le
23 juin 1990, n'aurait pas maintenant son application. M. le Président,
certains nous disent: Les absents ont toujours tort. M. le Président,
imaginons-nous, quelques instants seulement, quelle aurait été la
situation si le Québec avait été présent jeudi
dernier? Est-ce que ça aurait changé les choses, M. le
Président? Non, absolument pas. Absolument pas. Je dois dire, je le
répète, que ce nouveau processus qui a été mis en
place avec les groupes de travail, les comités techniques, les
réunions de ministres, dans la mesure où on nous dit que
ça pourrait aboutir à des offres liant et le gouvernement
fédéral et les provinces à la fin mai, eh bien, tant
mieux. Tant mieux s'ils pensent arriver à ça. (11 h 10)
Mais, M. le Président, les ambiguïtés, les questions
que nous avons ne nous amènent pas, pour le moment, à
évaluer ce dossier de façon à nous dire: Très bien,
on devrait retourner à la table de discussions constitutionnelles. La
position du gouvernement est toujours la même et la position du
gouvernement n'a pas de raison d'être modifiée. Jeudi dernier,
nous avions deux fonctionnaires qui étaient là sur le plan
strictement technique, qui étaient des observateurs techniques. Le
Québec ne participait pas; il y avait des observateurs techniques. La
chaise du Québec était vide, mais il y avait des observateurs
techniques qui étaient là pour donner des informations techniques
et nous informer.
D'autre part, M. le Président, si nous ne sommes pas à la
table de négociations multilatérales avec les autres provinces et
les nouveaux membres à cette table, ça ne signifie pas que nous
ne sommes pas actifs. Nous rencontrons plusieurs gouvernements des autres
provinces. Le premier ministre est en contact constant avec les autres premiers
ministres. J'ai eu l'occasion - au niveau des fonctionnaires, c'est la
même chose - encore dernièrement, vendredi dernier, de rencontrer
M. Horsman, le ministre des Relations fédérales-provinciales de
l'Alberta; je rencontrais, il n'y a pas encore tellement longtemps, il y a
quelques jours, M. Sihota de la Colombie-Britannique; les fonctionnaires
rencontrent régulière- ment des fonctionnaires des autres
provinces et du gouvernement fédéral. Nous sommes actifs, oui.
Nous avons un objectif, M. le Président, comme gouvernement, c'est
d'avoir un fédéralisme profondément renouvelé. Nous
voulons qu'il y ait des offres capables de permettre au Québec
d'exprimer pleinement ce qu'il est comme société distincte, mais
aussi comme partenaire à part entière de cette
Fédération canadienne. Nous voulons un fédéralisme
efficace. Dans cette perspective-là, je le répète, dans
les circonstances, on ne voit pas comment on en arriverait à changer la
politique du gouvernement exprimée par le premier ministre, M. Bourassa,
le 23 juin 1990.
M. le Président, en terminant, vous me permettrez de souligner la
mémoire d'un grand Québécois, d'un grand Canadien, Roger
Lemelin. Je souligne la mémoire de Roger Lemelin en conclusion de ces
remarques que je viens de faire sur le débat constitutionnel. Roger
Lemelin était pour moi et pour ma femme Marie un grand ami. J'offre mes
condoléances à sa femme, à sa famille, à ses amis.
J'ai eu l'occasion de le rencontrer dans les derniers jours, de le rencontrer
lorsqu'il a eu cette nouvelle des médecins, qu'il était atteint
de ce cancer. Nous avons eu à discuter ensemble beaucoup du
Québec, du Canada. Roger m'a donné un message très clair
de détermination, d'ouverture, un message de confiance.
M. le Président, un grand Canadien, un grand
Québécois et, je devrais dire, avant tout, un grand humaniste
nous a quittés, mais il nous laisse un esprit par son oeuvre
littéraire, par son action. Il nous laisse un message qui, pour moi, est
un message de confiance; un message de confiance en nous comme
Québécoises, comme Québécois, en nous comme
Canadiens, comme Canadiennes, le message de nous dire: Trouvons quelque part la
raison qui va nous permettre d'atteindre cet objectif que nous avons et qui
nous permettra d'exprimer pleinement ce que nous sommes comme
Québécois, comme Québécoises à
l'intérieur d'une Fédération canadienne renouvelée,
profondément renouvelée.
Motion d'amendement
M. le Président, donc, en terminant, vous me permettrez de
présenter un amendement à la motion qui est déposée
aujourd'hui. La proposition d'amendement serait la suivante: Que la motion en
discussion soit amendée, premièrement, en remplaçant, dans
la première ligne, le mot «réaffirme» par les mots
«, dans les circonstances actuelles, appuie»; 2° en
retranchant, dans la quatrième ligne, après le mot
«onze», la virgule; 3° en remplaçant, dans la
cinquième ligne, le mot «canadien» par le mot
«fédéral»; 4° en remplaçant, dans la
cinquième ligne, les mots «tout projet d'entente
constitutionnelle» par les mots «le renouvellement du
fédéralisme canadien».
M. le Président, la motion telle qu'amendée se lirait
ainsi: «Que l'Assemblée nationale, dans les circonstances
actuelles, appuie la position du gouvernement exprimée solennellement
par le premier ministre à l'occasion d'un message à la
population, le 23 juin 1990, à l'effet de négocier
dorénavant à deux et non à onze avec le gouvernement
fédéral le renouvellement du fédéralisme
canadien.»
Le Vice-Président (M. Lefebvre): L'amendement est
déposé.
M. Rémillard: Voilà, M. le Président,
l'amendement que je dépose.
Une voix: Très bien.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre. Je
souhaiterais entendre les leaders des deux formations sur la
recevabilité des amendements déposés par M. le ministre.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Débat sur la recevabilité M. Daniel
Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Sur la
recevabilité, nous sommes persuadés, évidemment, que nous
respectons l'article 197 du règlement, la jurisprudence et la doctrine
qui s'y rapportent. D'abord, quant au texte, je le rappelle, «les
amendements doivent concerner le même sujet que la motion et ne peuvent
aller à rencontre de son principe. Ils ne visent qu'à retrancher,
à ajouter ou à remplacer des mots.»
À l'égard de la doctrine, des rappels habituels nous
amènent à citer Erskine May qui dit, et je cite: «Le but
d'un amendement peut être d'apporter un tel changement dans une question
qu'elle soit acceptée par ceux qui, sans ce changement, devraient voter
contre.» On ajoute dans «Parliamentary Practice», toujours
sous la plume d'Erskine May: «To modify a question in such a way as to
increase its acceptability and to present to the House a different proposition
as an alternative to the original question.»
À l'égard de la jurisprudence, de nombreuses
décisions ont été rendues à cet égard, M. le
Président, toujours dans le sens exprimé par la doctrine. Notre
recueil est rempli d'exemples et, plus récemment, trois autres
décisions se sont inscrites dans ce courant majoritaire que j'illustre.
D'abord, le 22 mars 1990, votre collègue, le vice-président
Bissonnet, sur la motion proposant des amendements à la motion de
l'Opposition qui portait sur le sentiment antifrancophone qui existait au
Canada, selon eux. Le 4 avril 1990, une autre décision dans le
même sens, de M. le vice-président Cannon, sur la motion
d'amendement du ministre délégué aux Affaires interna-
tionales canadiennes. Le 7 novembre 1990, décision de M. le
vice-président, vous-même, M. le Président, sur la
recevabilité de la motion d'amendement du député de
Saint-Hyacinthe. Et j'ajouterais la décision du 27 novembre 1991,
toujours une de vos décisions, M. le Président, sur la
recevabilité de la motion d'amendement du ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
Dans les deux premières décisions, on peut lire que
«la motion d'amendement - je cite - peut avoir pour objet d'apporter des
changements même importants qui permettent un débat plus large ou
encore qui permettent à un plus grand nombre d'y adhérer.»
Nous lisons, dans celle du 4 avril 1990, je cite: «En
résumé, pourvu que l'amendement touche à la même
question, on peut apporter à cette question toutes les retouches.»
Dans celle du 7 novembre 1990, je cite: «Alors, l'amendement vise
à rallier un plus grand nombre de parlementaires à la motion
principale. L'amendement proposé n'écarte pas la motion
principale.» Finalement, dans la décision du 27 novembre dernier:
«L'amendement proposé - peut-on lire - par le ministre tient
compte de ces deux idées maîtresses en ajoutant, illustrant ou
précisant ces idées. Le but d'un amendement n'est pas de viser
à dire la même chose avec d'autres mots, c'est-à-dire
rechercher à remplacer des mots par des synonymes. Amender, c'est
modifier, rendre plus acceptable une proposition, sans toutefois en
altérer le principe ou en changer le sens ou la nature. Si
l'Assemblée n'a pas cette compétence d'empêcher, elle peut
sûrement se manifester d'une certaine façon, exprimer cette
opposition ou s'objecter. Le but recherché apparaît le même;
c'est seulement la manière de le dire qui diffère.»
Je vous demande donc, M. le Président, à la lumière
de ces arguments, de déclarer recevable l'amendement du ministre. (11 h
20)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Sur la
recevabilité, M. le député de Lac-Saint-Jean et whip de
l'Opposition officielle.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Oui, M. le Président, très
brièvement. À mon humble point de vue, cet amendement n'est pas
recevable parce qu'il a pour effet de dénaturer, de façon
substantielle, l'essence même de la motion que j'ai
présentée, particulièrement le premier
élément de l'amendement où l'on remplace
«réaffirme» par «appui dans les circonstances
actuelles».
Voici, M. le Président. Il me semble, et non seulement il me
semble, mais je pense que l'engagement pris par le premier ministre, le 23 juin
1990, n'était d'aucune façon lié aux circonstances.
D'aucune façon n'était lié aux circonstances et... Au
contraire, il avait condamné le mode de négociations à 11
comme étant
carrément complètement discrédité,
dévalorisé. C'est le mode de négociations comme tel qu'il
fallait rejeter, quelles que soient les circonstances. Quelles que que soient
les circonstances! Là, évidemment, l'amendement introduit par le
ministre nous laisse croire que, si les circonstances changent - et Joe Clark
se tue à affirmer, à Ottawa, que les circonstances ne sont plus
les mêmes, que les circonstances changent - donc, si les circonstances
changent, eh bien, la condamnation du mode de négociations pourrait
être retirée. Là, le mode de négociations à
11, et maintenant peut-être à 17, retrouverait toute sa valeur,
deviendrait excellent, très efficace. Pourquoi faisait-on
référence, nous, dans notre motion, à cet engagement
très clair, très limpide qu'a pris le premier ministre, le 23
juin 1990? C'est justement parce que c'était un jugement sans appel.
C'était une condamnation sans appel qui n'avait rien à voir avec
les circonstances de l'époque ou les circonstances qui vont suivre.
Donc, relier la motion, je dirais, à une dimension temporelle ou
événementielle m'apparaît avoir pour effet de
dénaturer la substance même de la motion. C'est pourquoi, surtout
le premier élément, je le considère, à mon avis,
comme irrecevable, et je vous prie de le déclarer comme tel.
Quant au reste, on remplace «gouvernement canadien» par
«gouvernement fédéral». On a mis «gouvernement
canadien», nous, parce que c'est ça que le premier ministre a dit,
le 23 juin. Il a parlé du gouvernement canadien. Évidemment, en
tant qu'amendement, ça m'apparaît difficile de dire que c'est
irrecevable, mais on a mis «gouvernement canadien» parce que c'est
exactement l'expression qu'a utilisée le premier ministre, le 23 juin
1990. Ça ne concernait pas uniquement le renouvellement du
fédéralisme, cette condamnation du mode de négociations,
ça concernait tout projet d'entente constitutionnelle. Tout amendement
à caractère constitutionnel, même mineur, devait passer par
la négociation bilatérale avec le gouvernement
fédéral et non pas uniquement, comme le veut le ministre, le
projet de renouvellement du fédéralisme. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le whip de
l'Opposition officielle. Je vais prendre en délibéré,
quelques minutes, la recevabilité de la motion. Je suspends donc les
travaux quelques minutes. Je vais vous revenir le plus rapidement possible pour
rendre ma décision sur la recevabilité.
M. Brassard: On pourrait peut-être continuer le
débat.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): On va suspendre quelques
minutes, M. le whip.
(Suspension de la séance à 11 h 24)
(Reprise à 11 h 30)
Reprise du débat sur la motion
principale
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous reprenons le
débat avec l'intervention du député de
Pointe-aux-Trembles. Je serai remplacé par mon collègue, le
député de Jeanne-Mance, ce qui me permettra de
délibérer sur la question de la recevabilité de la motion
d'amendement.
M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, la semaine dernière,
cette Chambre a adopté, avec l'accord des deux grands partis
représentés dans cette Chambre, un désaveu de la
proposition Beaudoin-Dobbie qui venait du fédéral. Ça nous
met dans une situation où cette Chambre dit clairement que ce que les
trois grands partis fédéraux ont élaboré en
matière constitutionnelle ne peut, d'aucune façon, convenir au
Québec.
Il y a des gens que de telles positions bipartisanes étonnent ou
scandalisent. Je pense qu'il faut expliquer que la question de l'avenir du
Québec concerne tous les Québécois et qu'il est normal
qu'à l'occasion les deux grands partis s'entendent, dans
l'intérêt du Québec, dans l'intérêt des
Québécoises et des Québécois, sur des
éléments de cette question constitutionnelle.
Ce matin, il s'agit d'être conséquent avec le discours tenu
par le premier ministre après l'échec du lac Meech. Le discours
du premier ministre du Québec était clair: Essayer de
régler à 11 le retour du Québec dans la Constitution de
1981-1982 n'était pas possible. Le premier ministre disait clairement
que, pour le Québec, il n'était pas question de retourner
s'asseoir à une table où on serait 1 sur 11. Depuis ce
temps-là, M. le Président, la situation a changé, mais
dans le sens d'aller vers le pire, le pire dans le sens que le
fédéral, avec les 9 autres provinces, a décidé
qu'on ajoutait des joueurs à la table, ces joueurs étant les 2
territoires, c'est-à-dire le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest,
plus 4 sièges pour les associations représentant les autochtones
du Canada.
Donc, M. le Président, la table à 11 qui semblait
inacceptable pour le premier ministre du Québec, c'est devenu une table
à 17, à 16, pour l'instant, mais où on multiplie les
appels pour que le premier ministre du Québec retourne pour être,
d'une certaine façon, au banc des accusés à l'égard
des droits des autochtones. Je pense que, dans le processus constitutionnel, ce
qui commence à impatienter et même à exacerber les
Québécoises et les Québécois, c'est la façon
dont les 9 provinces et le fédéral veulent noyer le poisson. On
ne peut pas appeler autrement ce procédé qui consiste à
dire qu'en tête de liste des questions à discuter, il y a les
droits des autochtones et non pas la place du Québec et
que, deuxièmement, la réforme du Sénat est le
deuxième grand sujet. Tant qu'à faire, M. le Président, on
en a ajouté d'autres. On a ajouté la charte sociale qui vient du
premier ministre de l'Ontario qui est en train de jouer, dans ces pourparlers
constitutionnels, le même rôle qu'un autre nouveau venu dans le cas
du lac Meech, M. McKenna, du Nouveau-Brunswick, qui est arrivé avec ses
sabots.
Donc, M. le Président, en somme, le message est le suivant: On
veut bien parler des droits des autochtones, on veut bien parler de la
réforme du Sénat, on veut parler de la charte sociale; la
dernière chose dont on veut parler, c'est du Québec. Alors, je
pense que la motion de notre parti ce matin vient à point nommé
dire: Non, il n'est pas question que le premier ministre du Québec aille
humilier la population du Québec en se retrouvant dans un panel, dans
une instance où le Québec, au lieu d'être 1 sur 11 - on
sait l'humiliation que ça a été dans l'accord du lac Meech
- serait, là, 1 sur 17 et, qu'on le veuille ou non, un peu au banc des
accusés, on demanderait - et c'est récemment qu'on a dit
ça - est-ce que le Québec est prêt à faire quelque
chose pour que les 4 porte-parole des autochtones retirent leur nouvelle
demande - qu'ils n'avaient plus, mais qu'ils recommencent à avoir - soit
de les reconnaître comme société distincte?
M. le Président, je pense qu'il y a là quelque chose
d'irréel, de faux et de fou dans ce qui nous est proposé.
À cet égard, M. le Président, je voudrais dire qu'à
mon point de vue les hommes et les femmes politiques du Canada anglais sont
bien obligés, notamment, de tenir compte du sondage Gallup d'il y a deux
semaines où on posait la question au Canada anglais: Est-ce que, pour
garder le Québec dans la Confédération, vous seriez
prêts à ce que le Québec obtienne plus de pouvoirs? La
réponse, M. le Président, à 92 % a été non.
Alors, trouvez-moi une femme ou un homme politique qui puisse ne pas tenir
compte de l'opinion de 92 % de la population qu'il représente.
Ça, ça amène M. Joe Clark, par exemple, à venir
dire - ce qui est tout à fait sot - à Anjou, en plus de
ça, en plein est de Montréal: Beaudoin-Dobbie, c'est l'offre la
plus extraordinaire jamais faite au Québec depuis 125 ans. Ça a
mis le professeur Léon Dion en colère, et avec raison. Voyons
donc! On nous offre moins qu'en septembre et ce serait supposé
être exaltant. Et, là, la démarche qui nous est
suggérée, au gouvernement du Québec qui a rejeté
clairement, par une déclaration solennelle de son premier ministre,
l'idée d'aller négocier à 11, on dit: Vous n'aimiez pas
ça à 11 et, là, on vous supplie de venir le faire à
17.
M. le Président, juste un exemple de comment le milieu politique
du Canada anglais est décroché de la réalité, c'est
l'insistance à parler de la réforme du Sénat. Le
Québec, faut-il le rappeler, a déjà eu l'équivalent
du Sénat non élu qu'on a à Ottawa. Ça s'appelait le
Conseil législatif et on l'a aboli, au Québec, en 1968. Ça
fait maintenant 24 ans. Il y a déjà eu deux Chambres dans ce
Parlement: une Chambre élue et une Chambre non élue. La Chambre
non élue a disparu et les Québécois ne l'ont pas
pleurée parce que ça faisait offense à notre sens
démocratique. C'est devenu le salon rouge où on fait parfois des
réceptions et où des commissions parlementaires - je pense
à Bélanger-Campeau -siègent à l'occasion.
Donc, on nous propose, au fédéral, de parler du
Sénat, de parler des autochtones, de parler de charte sociale, de parler
de n'importe quoi, sauf de l'avenir du Québec. En bref, M. le
Président, je pense que la même chose se présente
maintenant, qui se présentait lors de l'accord du lac Meech,
c'est-à-dire que le premier ministre du Québec doit tenir bon
dans sa décision de ne pas aller faire humilier le Québec dans un
vaudeville comme celui qui prévaut à Ottawa au sujet de la
Constitution. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Sur cette même motion, je
reconnais M. le député de Vimont. M. le député de
Vimont, vous avez la parole.
M. Benoît Fradet
M. Fradet: Merci, M. le Président. Ça me fait
plaisir d'intervenir sur cette motion aujourd'hui, mais je me pose de
sérieuses questions sur l'honnêteté intellectuelle et
politique des gens d'en face, du Parti québécois. J'ai entendu le
député de Lac-Saint-Jean dire tout à l'heure que cette
motion amendée était irrecevable parce qu'elle précise
qu'il faut tenir compte des circonstances. Encore une preuve, M. le
Président, que le PQ est incapable de tenir compte des circonstances et
qu'il est incapable de tenir compte de la réalité. Et ça,
je pense que c'est important. J'ai l'impression de revoir le film «II
danse avec les loups». C'est ce que ça me donne un petit peu comme
impression.
J'ai aussi l'impression que le Parti québécois n'a pas lu
les journaux d'hier - il nous arrive avec une motion aujourd'hui, mais il n'a
pas lu les journaux d'hier, et je pense que c'était clair La position du
premier ministre Robert Bourassa était très claire en ce qui a
trait aux négociations constitutionnelles. Je pense que c'était
à la une de tous les journaux. Dans La Presse, par exemple:
«Bourassa: pas question de négocier à onze». Dans
Le Soleil: «Bourassa n'entend pas céder». Dans The
Gazette: «Bourassa rejects calls to return to table». Je pense
que c'est clair. M. Bourassa a toujours été très clair et,
aujourd'hui, le Parti québécois nous arrive avec une motion pour
réaffirmer ça. (11 h 40)
Ça donne quoi, M. le Président, d'avoir une
motion à toutes les semaines? On en a connu une la semaine
dernière. Aujourd'hui, le Parti québécois nous arrive avec
une motion sur les négociations bilatérales sur le renouvellement
du fédéralisme, de la Constitution, et l'article 1 du programme
du Parti québécois, c'est l'indépendance. Quelle
crédibilité pouvons-nous donner au Parti québécois
sur cette motion quand l'article 1 du programme de son propre parti est
l'indépendance du Québec, la sécession? Ça, je
pense que ça fait partie des questions que je me pose sur la motion que
présente le Parti québécois aujourd'hui. Il veut
défendre la position qu'a tenue le gouvernement du Québec quand,
lui, sa propre position, en tout cas, à mon avis, elle n'est même
pas claire. Le PQ n'est surtout pas crédible avec cette motion, surtout
dans le contexte où il propose, dans cette motion, de continuer des
négociations bilatérales sur le renouvellement de la
Constitution.
Le PQ ne veut pas de projet d'entente constitutionnelle. Il faut se
poser la question: Pourquoi propose-t-il ça aujourd'hui? Peut-être
parce qu'il veut faire de la fiction politique? Peut-être parce que le
Cyrano du Lac-Saint-Jean avait le goût d'une autre etite pièce
théâtrale aujourd'hui. Peut-être que c'est pour
ça...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député!
Des voix: Oh! Oh!
M. Fradet: Peut-être que...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député! je vous demanderais de retirer vos paroles à
l'endroit du député de lac-saint-jean, immédiatement.
M. Fradet: Je retire mes paroles, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Très bien, vous
pouvez poursuivre.
M. Fradet: J'ai l'impression que le PQ ne sait plus où
donner de la tête. Après avoir voté contre la loi 150,
après avoir sorti avec fracas de la commission sur les offres
constitutionnelles ne voulant plus étudier les propositions,
aujourd'hui, je pense qu'il est difficile de trouver honnête la motion du
Parti québécois. Il est difficile à suivre et même,
M. le Président, dans Le Soleil du 22 février dernier, on
disait: «Et si le PQ manquait d'idées...» Je pourrais
peut-être citer quelques passages de cet article-la signé par
Raymond Giroux: «En pleine crise constitutionnelle - et ça, c'est
les propos du chef de l'Opposition - il déplore une carence dangereuse
de son parti; le brassage d'idées fait défaut.» On en a une
preuve aujourd'hui. Il déclarait aussi que la souveraineté,
coûte que coûte, même si les Québécois
décidaient finalement d'accepter les offres fédérales, et
une malsaine indifférence volontaire envers les revendications
autochtones... Et, aujourd'hui, on voit un autre coup de pied aux
revendications autochtones. «Le PQ ne lève pas» - c'est
écrit dans l'article, M. le Président. «Quand un parti -
comme le Parti québécois - compte sur le défilé de
la Saint-Jean-Baptiste pour influencer le premier ministre, c'est que quelque
chose ne tourne pas rond.» Et ça, c'est écrit dans un
editorial du Soleil, M. le Président, signé de Raymond
Giroux.
Alors, ce sont toutes ces questions-là qui font qu'aujourd'hui je
me pose... Quand un parti politique ne sait plus où donner de la
tête, quand un parti politique ne sait plus quoi faire pour attirer
l'attention, quand un parti politique est rendu à faire de la fiction
politique et quand un parti politique comme le Parti québécois
manque carrément d'idées, qu'est-ce qu'il fait, M. le
Président? Il dépose une motion à l'Assemblée
nationale. Et c'est ce qu'il a fait aujourd'hui. Et à cause de tout
ça, M. le Président, je me pose toujours des questions sur
l'honnêteté du Parti québécois dans la
démarche qu'il entreprend aujourd'hui.
En terminant, je voudrais juste peut-être revenir sur cette motion
et dire que j'appuie la motion telle qu'amendée par le ministre des
affaires intergouvernementales. J'appuie mon premier ministre, M. Bourassa,
dans sa démarche. Je pense que c'était clair. Il faut se souvenir
pourquoi on ne renégocie plus à 11. Il faut se souvenir de ce qui
s'est passé dans l'accord du lac Meech. Il faut se souvenir qu'on a
discrédité le processus d'amendement constitutionnel et surtout
les rencontres constitutionnelles à 11. Et, aujourd'hui, je suis
convaincu qu'il faut maintenir notre position face à ça.
Le premier ministre l'a fait. Le gouvernement l'a fait. Et je ne vois
pas du tout, M. le Président, l'opportunité du Parti
québécois, et plus particulièrement du
député de Lac-Saint-Jean, de déposer une motion comme
celle-là à l'Assemblée nationale aujourd'hui. Je peux vous
dire que j'ai toujours été d'accord avec ce que mon premier
ministre a fait. Je vais continuer de travailler avec lui et, en équipe,
je suis convaincu qu'on va passer à travers cette période
très difficile face au dossier constitutionnel. Et gardons toujours
à l'esprit que le premier ministre du Québec défend les
intérêts supérieurs des Québécoises et des
Québécois. Il défend l'intérêt
économique et l'intégrité économique du
Québec. Nous serons derrière lui dans tout le dossier
constitutionnel. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Vimont de votre intervention. Sur cette même
motion, M. le député de D'Arcy-McGee. M. le
député.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci beaucoup, M. le Président. Notre
formation politique rejette catégoriquement la motion de ce matin,
même la motion amendée, car nous croyons qu'elle est destructive,
irréfléchie et nous croyons qu'elle ébranle le processus
de renouvellement de la Constitution.
M. le Président, notre parti frissonne quand nous entendons des
gens comme Ovide Mercredi, hier, dire que le premier ministre du Québec
est le dernier espoir du fédéralisme, le seul qui pourrait sauver
le pays. Si tel est le cas, M. le Président, il doit alors cesser de
jouer ce jeu dangereux qui consiste à laisser le reste du Canada devenir
ce qui satisferait le gouvernement du Québec.
Bill 150 is clear. It sets up a dynamic whereby Québec is
awaiting an offer. Yet, it never says what type of offer would be acceptable to
the Government of Québec. It is extremely difficult, M. le
Président, for the rest of Canada to read Quebec's smoke signals. Does
the Premier believe that the rest of Canada are mind readers? We have to ask
the question: How in the world can anyone negotiate a deal if they are not
there at the table negotiating? It is senseless to think that any good deal can
be worked out, that any deal in anyone's best interest can be reached, any
agreement, if one side is simply not at the negotiating table.
That empty chair at the constitutional conference, that ever present
empty chair sends out a very nasty and a very dangerous signal to the rest of
Canada. It hardens the resolve instead of stimulating an atmosphere of
compromise which is much needed for us to arrive at a deal that is in
everyone's best interest.
We also have to recognize that it is difficult enough for Quebeckers
themselves to decode the Premier of Québec who seems to be a federalist
on Tuesday, a sovereignist on Wednesday, he is undecided on Thursday. This is
not good for Canada. We have to stop playing these games and there is
absolutely no way for the rest of Canada to understand or to arrive at a deal
if this ridiculousness continues. We have to stop bowing to the pressure of the
sovereignists. The Premier's reflexive, poorly thought out announcement of this
boycott in June of 1990 is making a mockery of constitutional reform. It may
have sounded strong and firm and timely back in June 1990, but, now, it is
starting to haunt the process. It is a very silly game that he is playing, in
which the people of Québec lose out.
And we also have to recognize that the context itself for affirming the
boycott in June 1990 is tainted. Throwing all the blame on the rest of Canada
for the failure of Meech Lake ignores one of the events that damaged the Meech
Lake Accord more than anything else, and that was the Québec
Government's decision to override a Supreme Court decision in December of 1988
protecting freedom of expression. This decision inflicted greater damage upon
the Meech Lake Accord than anything else, than any other circumstance. This
decision by the Government of Québec broke the trust that was developing
in the rest of Canada.
En terminant, M. le Président, s'il est vrai que le premier choix
de notre premier ministre est de garder le Québec au sein du Canada, il
doit être prêt à faire ce qui est dans les meilleurs
intérêts du Canada et du Québec, et cela veut dire
s'asseoir à cette table. S'il est vrai que le premier choix de notre
premier ministre est de garder le Québec au sein du Canada, s'il
s'intéresse vraiment aux meilleurs intérêts du
Québec et du Canada, il doit oublier cette fierté artificielle et
ignorer la pression des souverainistes. Les souverainistes ne seront jamais
satisfaits, peu importe ce que le gouvernement négocie. Alors, cela
étant compris, il vaut mieux faire monter la pression sanguine des
souverainistes aujourd'hui que plus tard, alors que le contexte pourrait
être beaucoup plus fragile. Les souverainistes vont ramasser tous ces
votes hebdomadaires pour pouvoir encore mieux coincer le premier ministre. Nous
demandons au premier ministre, aujourd'hui, d'ignorer ce vote, d'être
ferme et de retourner à la table pour négocier, et de ne pas
faire attention à ceux qui veulent démolir, qui ne peuvent
même pas défendre la faisabilité de leur propre option.
This boycott may very well play into the hands of nationalist circles,
for those who revel in turning their backs on the enemy, but if Québec
continues to stay away from the discussion, letting others define the public
debate, it will severely jeopardize any successful deal. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de D'Arcy-McGee, de votre intervention. Sur cette
même motion, je reconnais maintenant M. le vice-président de la
commission du budget et de l'administration et député de La
Prairie. M. le député. (11 h 50)
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Il est bon,
peut-être, de rappeler le texte de cette motion qui est très
simple, présentée par notre whip en chef et député
de Lac-Saint-Jean. Elle se lit comme suit: «Que l'Assemblée
nationale réaffirme la position du gouvernement exprimée
solennellement par le premier ministre à l'occasion d'un message
à la population, le 23 juin 1990, à l'effet de négocier
dorénavant à 2 et non à 11 avec le gouvernement canadien
tout projet d'entente constitutionnelle.»
C'est simple, l'objet de cette motion, M. le Président; dans
l'esprit de l'Opposition, c'est
d'offrir notre appui au gouvernement du Québec pour qu'il
maintienne cette position. Au moment où le gouvernement
fédéral crée de la confusion, avec toutes les
contradictions dans son comportement vis-à-vis des provinces et
vis-à-vis du Québec en particulier, il est important que la
position du Québec demeure claire: le Québec, y compris le
gouvernement Bourassa, a défini bien clairement ce qu'il attendait du
gouvernement fédéral. Le Parti québécois l'a fait
aussi de façon encore plus claire, plus éclatante. Mais, M. le
Président, c'est au gouvernement fédéral de dire ce que le
Canada veut offrir au Québec. Le Québec a dit ce qu'il voulait et
il faut absolument que le premier ministre résiste à la tentation
de retourner à la table, non plus des 11, mais des 17. Non seulement il
avait raison de refuser de retourner a la table des 11, mais, M. le
Président, ce serait catastrophique s'il retournait à la table
des 17.
Le gouvernement fédéral, en paroles, prétend
vouloir décentraliser surtout en faveur du Québec pour
répondre à ses revendications traditionnelles depuis des
générations. Je voyais une annonce tantôt dans le
parlement, M. le Président, où le ministre Loiselle, du
fédéral, s'en vient cette semaine prononcer une conférence
sur la décentralisation. C'est une farce, M. le Président! Le
même ministre Loiselle s'apprête à voter ces jours-ci un
projet de loi, le projet de loi C-13, qui va permettre au gouvernement
fédéral de s'ingérer dans les compétences du
Québec en matière d'environnement. Et qui dit matière
d'environnement dit matière de développement économique
aussi bien, parce que, avec ce projet de loi odieux, le fédéral,
à cause du pouvoir de dépenser qu'il a dans tous les champs qu'on
peut imaginer, s'il finance une PME, par exemple, au Québec, il pourra
dire: Moi, puisque je finance cette PME, je vais envoyer mon agence
d'évaluation environnementale.
Il n'y a pas de fin, M. le Président, à tel point que le
ministre de l'Environnement - et je dois le féliciter au passage pour sa
prise de position - a appuyé une motion que j'ai présentée
hier soir à la commission de l'aménagement et des
équipements et cette commission parlementaire, en séance
régulière, a approuvé à l'unanimité une
motion qui désapprouve le geste que le gouvernement
fédéral s'apprête à poser, M. le Président.
Alors, de la même façon que les parlementaires du Québec
qui sont soucieux de l'environnement et du développement
économique du Québec ont fait front commun pour résister
à cette ingérence du fédéral, M. le
Président, nous demandons aujourd'hui, par cette motion, que le
gouvernement Bourassa maintienne sa position. Il n'y a rien de nouveau et, s'il
y a quelque chose, il a encore plus raison de maintenir sa position parce qu'il
y a plus de confusion, il y a plus de contradiction du côté du
gouvernement fédéral.
Encore aujourd'hui, un quotidien titre: «Ottawa envahit tous les
champs de compétence provinciale.» Je viens de parler de
l'environnement. On peut parler de l'éducation. Il n'y a pas si
longtemps, le fédéral, pour la première fois, posait un
geste officiel qui vient en complète contradiction avec l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique qui identifie la province comme
étant la responsable du champ de l'éducation. Ils ont fait la
même chose en télécommunications. Ils ont fait la
même chose au développement régional. M. le
Président, on a de moins en moins de raisons d'aller s'asseoir à
une table de 11 ou de 17 qui est devenue un cirque tout à fait
inacceptable, et la population en a assez. La population a le désir de
se prononcer le plus tôt possible sur l'avenir du Québec.
M. le Président, ces contradictions du gouvernement
fédéral, il serait temps que des députés du
Québec, notamment du parti ministériel, les députés
conservateurs du Québec - je pense à des Loiselle, à des
Suzanne Duplessis, à des Jean-Pierre Blackburn, Benoît Bouchard et
Marcel Masse - qui, à tout bout de champ, disent: Oui, oui, oui, nous
allons surveiller les intérêts du Québec, faites-nous
confiance... Mais, M. le Président, les actes ne suivent pas les paroles
et le projet de loi C-13 qu'ils sont sur le point d'adopter à Ottawa est
le pire exemple d'ingérence dans le domaine d'une compétence que
le Québec a toujours exercée. Le journal de ce matin dit ceci:
«Le gouvernement Mulroney est en train d'envahir, par la voie
législative, appuyé par son pouvoir de dépenser, tous les
champs reconnus de compétence provinciale depuis 1867». Et
ça, c'est une dénonciation faite non pas par un péquiste,
M. le Président, mais par le député de Brome-Missisquoi et
ministre de l'Environnement. Il est cité au texte ici et, encore une
fois, il faut reconnaître qu'il a eu le courage de dénoncer
vigoureusement, suite aux questions que je lui ai posées hier à
l'Assemblée nationale, cette tentative du fédéral.
Alors, nous disons, M. le Président, au gouvernement du
Québec: Demeurez sur votre position, ne vous laissez pas prendre dans un
piège préparé autant par les autorités
fédérales que par les autorités de l'Ontario et les chefs
des premières nations. De toute évidence, tout ce beau monde veut
attirer le Québec à la table de négociation et
répéter le même stratagème, le même
mécanisme qu'en 1981-1982, d'où le Québec se retirait
perdant.
M. le Président, en terminant, j'espère que cette
Assemblée va appuyer à l'unanimité, peut-être
à l'exception de deux ou trois députés, mais à
l'unanimité presque, cette proposition qui n'est, au fond, qu'un appui,
qu'un support pour les lignes de conduite déjà établies
par le gouvernement Bourassa depuis un an et demi. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de La Prairie. Avant de reconnaître le
prochain intervenant, je vais rendre ma décision...
M. Jolivet: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: ...vous me permettrez de prendre quelques instants de
répit pour demander à notre collègue qui est responsable,
qui est en réunion, de venir prendre place ici.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Dans les circonstances,
je vais reconnaître immédiatement le prochain député
qui veut intervenir, ce qui permettra au whip de l'Opposition officielle de se
rendre à l'Assemblée. Mme la députée de Vimont.
Mme Pelchat: Je ne veux pas vous corriger, M. le
Président, mais...
Une voix: Vachon, Vachon, Vachon. Mme Christiane Pelchat
Mme Pelchat: ...mon comté, c'est toujours le comté
de Vachon. Merci, M. le Président. Je dois vous dire que c'est avec joie
que j'interviens sur la motion présentée par l'Opposition
officielle et amendée par le ministre responsable, M. Gil
Rémillard. C'est assez rare, M. le Président, qu'on a l'occasion
de dire qu'un député ministériel est fier d'intervenir sur
la motion du mercredi qui est normalement toujours présentée par
l'Opposition officielle. Mais lorsque, comme vient de le dire le
député de La Prairie, il s'agit d'une motion de confiance au
premier ministre du Québec, je pense qu'il faut se joindre à ces
gens et accepter la fatalité, c'est-à-dire le bon travail du
premier ministre du Québec.
Mais pourquoi, M. le Président, le premier ministre n'a-t-il pas
changé de position depuis juin 1990? Pourquoi, pour le premier ministre
du Québec, il est important de ne pas retourner à la table de
négociation, comme il l'avait clairement dit en 1990 lorsque, suite
à l'accord du lac Meech, il disait: Comment voulez vous que j'accepte de
retourner à la table constitutionnelle alors que j'ai refusé de
le faire en 1986 avant le début des négociations sur l'accord du
lac Meech? Comment pourrais-je y retourner maintenant que les accords ont
été rejetés après avoir été
ratifiés? En outre, c'est la position de mon gouvernement de
négocier dorénavant à 2 et non à 11. Pourquoi ce
n'est pas changé, M. le Président? C'est parce qu'il n'y a rien
qui a changé depuis 1990, depuis juin 1990. Il n'y a aucun
élément nouveau qui justifierait la présence du
gouvernement du Québec à la table constitutionnelle. (12
heures)
Force est de constater, M. le Président, que les progrès
importants que l'on souhaitait et que l'on souhaite toujours - je pense que le
ministre responsable l'a bien démontré tout à l'heure - ne
se sont pas concrétisés. Le gouvernement a mis sur pied, suite
à ce rejet, la commission Bélan-ger-Campeau. Et les conclusions
de la commission Bélanger-Campeau se retrouvent intégralement
dans la loi 150 qui a été adoptée à cette
Assemblée et qui nous suggère de former deux commissions
parlementaires, ce que le gouvernement a fait. Et nous sommes en plein dans ce
processus.
Je vous rappellerais, M. le Président, si vous me permettez, une
citation du rapport Bélanger-Campeau qui suggérait au
gouvernement la création de ces deux commissions. Une tentative ultime
de renouvellement du fédéralisme n'a de sens que dans la mesure
où le Canada et les autres provinces sont disposés à y
participer effectivement. En ce sens, il leur appartient de faire
connaître au Québec la teneur d'arrangements éventuels
auxquels ils consentiraient à s'engager. C'est ça, la base
fondamentale de l'argumentation du premier ministre et du gouvernement du
Québec. Nous attendons des offres du gouvernement fédéral.
Nous n'avons pas ces offres. Semble-t-il qu'elles viendront fin mai. Pour
l'instant, il n'y a pas lieu que le premier ministre retourne s'asseoir
à la table constitutionnelle.
C'est la raison pour laquelle le premier ministre a
réaffirmé, le 16 mars dernier, c'est-à-dire lundi dernier,
sur les ondes de Télémédia, qu'il n'était
absolument pas question de retourner. Et ce n'est pas nouveau et le premier
ministre est tout à fait cohérent et il reste ferme sur sa
position de 1990. Les journaux du lendemain titraient d'ailleurs, et c'est
très éloquent: «Bourassa refuse de retourner à la
table constitutionnelle. Bourasse résiste à l'appel de Clark.
Toujours pas question de participer à une négociation à
11, à 15 ou à 17. Bourassa n'entend pas céder».
Et, M. le Président, le premier ministre ajoutait, lors de cette
entrevue: «La loi 150 qui a été adoptée et que l'on
doit respecter dit qu'après des décennies de propositions
constitutionnelles, nous croyons que c'est au tour de nos partenaires canadiens
de nous faire des propositions, étant donné que ça n'a pas
fonctionné».
Alors, M. le Président, il n'y a rien de nouveau sous le soleil,
rien non plus de la part du fédéral, mais la position du
Québec demeure inchangée. Le message du premier ministre n'a pas
changé depuis le 23 juin 1990. Il est toujours le même. Il l'a
réaffirmé le 16 mars 1992, c'est-à-dire il y a quelques
jours. Ce message, il est clair. Il est: Oui au fédéralisme
profondément renouvelé, oui à des discussions sur une base
bilatérale, oui à une obligation de résultats et
l'échéance demeure la même, celle de la loi 150.
M. le Président, le Québec ne ferme pas les
portes mais, dorénavant, il contrôle la circulation de
l'air, si vous me permettez l'expression. Il ne se fera plus emporter par un
courant d'air et, dorénavant, le Québec n'ouvrira qu'une porte
à la fois, que ce soit avec le fédéral ou que ce soit avec
chacune des provinces.
Il y a cependant un élément nouveau qui est accessoire,
qui n'est pas un élément principal, mais qu'il est quand
même important de signaler, c'est la confiance
réitérée du Parti québécois dans le
gouvernement du Québec. Et certains diront que je fais preuve de
naïveté. Peut-être, mais j'aime croire que ces gens-là
font preuve de bonne foi. On ne peut pas toujours faire des procès
d'intention, surtout des procès de mauvaise intention.
Quant à moi, M. le Président, c'est ça qui a
changé. Mais, en fait, c'a commencé avec 1990 lorsque M. le chef
de l'Opposition officielle témoignait d'une très forte
solidarité au premier ministre du Québec. Et le premier ministre
l'avait signalé en disant: «Je profite de l'occasion pour
remercier M. Jacques Parizeau de la manifestation de solidarité dont il
a fait preuve hier soir. Le Québec est toujours plus fort quand il est
uni.»
Quant à moi, la motion du PQ n'est rien d'autre qu'un aveu que le
Québec est bien dirigé et je remercie les gens du Parti
québécois de cette reconnaissance. C'est une véritable
déclaration du PQ à l'effet que notre premier ministre prend les
bonnes décisions, réaffirmées,
réitérées, entre autres, par le député de La
Prairie. C'est ni plus ni moins, M. le Président, qu'un vote de
confiance à l'égard du gouvernement du Parti libéral. Il
faut comprendre que notre premier ministre mérite la confiance du parti
ministériel, de toute la population, ça va de soi, mais il
mérite même la reconnaissance du Parti québécois qui
est un fait assez inusité. M. le Président, je peux vous dire que
cela est une grande preuve de la lucidité du premier ministre du
Québec et du gouvernement du Québec.
Je terminerai, M. le Président, en vous disant que, telle
qu'amendée, je voterai en faveur de cette motion. Il est très
réconfortant de penser que le Parti québécois
considère que le réalisme, le calme et la lucidité du
premier ministre du Québec, M. Robert Bourassa, sont encore la meilleure
garantie du Québec. Je trouve que c'est une profession de foi à
l'égard du premier ministre du Québec et je la partage.
Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Vachon.
Décision du président sur la
recevabilité de la motion d'amendement
Je vais maintenant rendre ma décision sur la recevabilité
de la motion d'amendement du ministre de la Justice.
Alors, le premier élément de la motion d'amendement, soit
le remplacement du mot «réaffirme» par les mots «dans
les circonstances actuelles, appuie» vient modifier, peut-être
atténuer la motion principale, mais ne vient pas la contredire ni la
dénaturer. La jurisprudence de notre Assemblée, de même que
la doctrine, a consacré à plusieurs reprises qu'est recevable un
amendement qui pourrait atténuer la portée d'une motion
principale sans la contredire. Cet élément de l'amendement
proposé ne me semble qu'un accessoire à la proposition
principale. Cet élément ne va sûrement pas à
rencontre du principe de ladite motion principale.
Quant à la dernière partie de l'amendement, soit le
remplacement des mots «tout projet d'entente constitutionnelle» par
les mots «le renouvellement du fédéralisme canadien»,
cette dernière partie de l'amendement vient situer le cadre dans lequel
les discussions dont on parle ont lieu. Encore là, cette partie de
l'amendement n'écarte pas et ne nie pas la motion principale. Pour ces
motifs, je déclare la motion d'amendement proposée par le
ministre de la Justice et délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes recevable.
Je vais maintenant reconnaître le député de
Westmount, en vous rappelant, M. le député de Westmount, que vous
disposez d'une période maximale de cinq minutes.
Reprise du débat sur la motion amendée
M. Richard B. Holden
M. Holden: Thank you, Mr. Speaker. Mr. Speaker, I can support the
amended motion because I understand the reasons why the Premier made his
statement on June 23rd and I do not blame him for making that statement. I
think it must be intolerable to negotiate with somebody like Clyde Wells, but I
certainly do not blame the Premier for not wanting to go back to the table
which now has a cast of hundreds around it, if you count all the hangers-on,
the advisors and the four members of the Native groups.
I do not blame the Premier for not going back there, but I do think that
he should send a more impressive team up to the meetings, not that I do not
think that Mme Wilhelmy, Mr. Tremblay and Mr. Rivest are impressive people,
but, politically speaking, I think the Premier should send the Minister of
Intergovernmental Affairs up there. I think he should send the Minister of
Public Security up there. The Minister of Public Security has a great following
in the rest of Canada, he is very very well looked upon. And, I think, on
occasion, he should send the Minister responsible for Native Affairs up there
because the rest of the country does not understand the fact that nobody who
can speak for the Government is at these meetings. It is
all very well to have high level civil servants there, but nobody is
there who can speak for the Government, even on an unofficial basis at these
meetings.
So, while I can support the motion that the Premier should not go up
there to this tower of Babel, I think that some of the ministers should go and
I hope the Premier will arrange that on some occasions. I do not think that all
these ministers should attend especially the minor meetings. I do not think
they are important, but the major meetings, with the Premiers or other
ministers should be attended by our high level ministers. As I say, I can
support this motion as amended and I think the Premier is perfectly justified
in doing what he is doing for the present time. Thank you, Mr. Speaker. (12 h
10)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Westmount. Sur la même motion, je cède
maintenant la parole à M. le député de Verdun. Je vous
rappelle, M. le député de Verdun, que vous disposez d'une
période maximale de sept minutes.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le Président. Je vais
intervenir sur deux niveaux: premier niveau, l'importance de l'amendement et
pourquoi la résolution telle qu'amendée devient une
résolution sur laquelle nous, du côté ministériel,
nous allons voter en faveur. Deuxième niveau, je voudrais intervenir sur
le fond de la question. Le fond de la question reste le principe
réaffirmé par le premier ministre du Québec, M. Robert
Bourassa, qu'il ne participera pas à des négociations à
11, pas plus qu'à des négociations à 17. Donc, deux
niveaux de mon intervention.
Première question, l'amendement. L'amendement vient ici utiliser
le terme «appuie» plutôt que «réaffirme».
Il est important, à l'heure actuelle, de bien comprendre la
différence. Il est important ici que cette Assemblée laisse au
premier ministre, au gouvernement, la totale liberté dans sa
décision et la manière de mener les négociations. Nous ne
voulons pas, à l'heure actuelle, comme Assemblée, gêner
celui qui, d'une manière magnifique, de main de maître, est en
train de jouer cette difficile partie d'échecs dans laquelle on cherche
à obtenir des offres acceptables pour le Québec, dans le
renouvellement du fédéralisme. Il ne s'agit pas de n'avoir qu'un
joueur; il ne s'agit pas de gêner à l'heure actuelle celui qui
gouverne le bateau; au contraire, nous devons tous ici l'appuyer dans ses
démarches et l'appuyer dans ce qu'il a déjà
affirmé: Qu'il ne participera pas à des négociations
à 11 ou à 17, mais lui laisser sa totale marge de manoeuvre,
parce qu'il a démontré d'une manière sans équivoque
qu'il est à la gouverne du bateau du Québec et qu'il va nous
amener réellement vers notre but très clair, à savoir
d'obtenir des offres acceptables pour le Québec et le renouvellement du
fédéralisme.
Donc, M. le Président, appui de cette Assemblée au premier
ministre qui cherche, et c'est le deuxième élément de
l'amendement, le renouvellement du fédéralisme canadien. Il est
très clair de savoir quel est notre objectif. Nous ne faisons pas
n'importe quoi, pas tout pacte constitutionnel. Notre objectif, c'est d'avoir
des offres acceptables pour le Québec. L'objectif du premier ministre
est très clair, c'est dans l'amendement. Ça vient rendre
l'amendement acceptable pour le parti ministériel, le troisième
élément de l'amendement. Dans les circonstances actuelles, il ne
faut pas qu'on se lie d'une manière indélébile. Le premier
ministre reste le maître de la stratégie. Aujourd'hui, la
stratégie, et je vais l'expliquer dans un instant, implique qu'il ne
faut pas participer à ces conférences à 11 ou à 17
ou à 150. La stratégie implique ça, mais il ne faut pas se
lier et c'est ce que la résolution vient dire très clairement:
Que, dans les circonstances actuelles, il est important de maintenir le cap, de
maintenir la décision, de maintenir ce vers quoi nous allons, ces
renouvellements du fédéralisme canadien, mais nous ne pouvons pas
participer dans des négociations à 11 ou à 17.
Deuxième élément, pourquoi, dans le fond, à
l'heure actuelle - et je pense qu'il est important de pouvoir répondre
aussi aux arguments du député de D'Arcy-McGee - pourquoi,
à l'heure actuelle, dit-il ne pas participer à ces
négociations constitutionnelles? Pour répondre à cette
question, on doit avoir un critère. Et le critère, c'est le
critère d'efficacité. Qu'est-ce qui est le plus efficace pour
atteindre notre but? Quelle est la démarche la plus efficace pour
permettre réellement au Québec d'obtenir les offres
substantielles, les offres de renouvellement du fédéralisme en
profondeur que tous ici, du moins du coté ministériel, nous
voulons avoir?
Nous pensons - et M. Bourassa l'a moult fois réaffirmé et
nous le pensons ici dans une totale unanimité, du côté de
l'aile ministérielle - nous pensons que participer à ces
négociations constitutionnelles, où les positions se figent
devant les caméras de télévision, ne fait pas avancer le
dossier actuellement. Les négociations, qui ont été
pendant trois ans, qui sont arrivées à l'échec du lac
Meech, ont clairement démontré que, devant les caméras de
télévision, avec ce qu'on appelle les négociations
constitutionnelles à 11, avec les 11 premiers ministres - maintenant, on
ajoute les 2 territoires du Nord-Ouest, les 4 représentants des peuples
autochtones - ceci ne permet pas réellement de faire avancer le
dossier.
C'est ça, la question de fond. Ceci ne permet pas de faire
réellement avancer le dossier. Alors, M. le Président,
strictement dans un objectif d'efficacité, pour permettre au
Québec d'avoir les meilleures offres possible, le
premier ministre l'a réaffirmé il y a peu de temps, il est
important pour le Québec de ne pas participer à ces
négociations à 11 parce qu'elles n'amènent rien. Cela ne
veut pas dire que, pour nous et pour le côté ministériel,
l'objectif fondamental, l'objectif de fond ne reste pas quand même
d'avoir ces offres acceptables.
En conclusion, M. le Président, je pense qu'on peut dire que la
motion, telle qu'amendée, devient une motion qui est tout à fait
acceptable et nécessaire pour ce côté de la Chambre. Elle
est acceptable parce qu'elle fait confiance au premier ministre du
Québec dans la stratégie qu'il a mise sur pied. Elle
réaffirme son total soutien au premier ministre du Québec, M.
Robert Bourassa, et, de ce côté-là, cette motion, sans lui
lier les mains, lui donne ce vote de confiance envers le premier ministre.
M. le Président, je reste profondément convaincu que cette
stratégie va nous permettre d'obtenir, dans les délais
raisonnables, les offres de renouvellement en profondeur du
fédéralisme canadien que nous attendons tous. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Verdun. Votre intervention met fin au débat,
sauf quant à la réplique de l'auteur de la motion, à
savoir M. le député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition
officielle. Je vous rappelle, M. le député, que vous disposez,
pour votre réplique, d'une période maximale de dix minutes.
M. Jacques Brassard (réplique) Motion de
sous-amendement
M. Brassard: M. le Président, avant de procéder
à ma réplique, je voudrais quand même déposer un
sous-amendement, qui se lirait comme suit: Que l'amendement
présenté soit sous-amendé en remplaçant, dans
l'avant-dernière ligne du paragraphe d, le mot «le» par le
mot «tout». Ce qui fait que le dernier amendement se lirait comme
suit: «...dorénavant à deux et non à onze avec le
gouvernement fédéral tout renouvellement du
fédéralisme canadien.»
Ceci étant dit, M. le Président, je...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant.
M. Brassard: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Votre sous-amendement est
déposé, M. le whip de l'Opposition officielle. Est-ce que M. le
leader adjoint du gouvernement, vous désirez intervenir sur la
recevabilité du sous-amendement? Si oui, je vous invite à le
faire rapidement, je n'ai pas l'intention de rendre la décision
immédiatement. On terminera le débat avec la réplique de
l'au- teur de la motion. La décision, quant à la
recevabilité, sera rendue probablement cet après-midi, avant
qu'on procède au vote sur la motion. Allez-y, M. le leader adjoint du
gouvernement. L'un ou l'autre, M. le ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Le
sous-amendement change l'amendement que nous avons proposé. J'ai bien
mentionné - et mes collègues qui sont intervenus en cette Chambre
l'ont bien mentionné - que l'objectif du gouvernement est toujours
d'avoir les offres les plus substantielles pour la réforme du
fédéralisme canadien en profondeur. L'objectif du gouvernement,
c'est de réformer le fédéralisme canadien. Par
conséquent, M. le Président, notre amendement est clair et il se
réfère au renouvellement du fédéralisme canadien,
non pas à tout...
M. Chevrette: Question de règlement. M.
Rémillard: ...renouvellement du...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le
ministre.
M. Rémillard: ...fédéralisme canadien.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le
ministre. M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: On n'est pas au stade de débattre le
bien-fondé de son amendement, on est au stade de savoir si c'est
recevable ou pas, l'amendement déposé. Le ministre n'a pas
répondu et je pense que l'amendement doit être jugé
recevable. (12 h 20)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non, un instant, un
instant! Je suis à écouter l'argumentation du parti
ministériel sur la recevabilité du sous-amendement qui a
été soumis par votre collègue, le whip en chef de
l'Opposition officielle. J'écoute, pour le moment, le ministre de la
Justice et je vous écouterai à votre tour.
M. Rémillard: M. le Président, je vais le dire
très clairement, à mon sens, ce n'est pas recevable parce que
ça dénature l'amendement qu'on a proposé et ça
dénature aussi l'ensemble de la motion qui est présentée.
Pour nous, il s'agit de se référer, essentiellement, au
renouvellement du fédéralisme canadien et non pas à tout
renouvellement de fédéralisme canadien. Il me semble, M. le
Président, que c'est clair qu'un tel sous-amendement vient changer,
vient dénaturer l'amendement que nous avons proposé et qui a
été jugé recevable par vous, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Sur la recevabilité du sous-amendement du whip de l'Opposition
officielle...
M. Chevrette: Je voudrais remercier...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: ...très sincèrement le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes qui
vient de faire la preuve quel'amen-dement est tout à fait recevable
parce que lui-même a changé les mots qui dénaturaient la
proposition principale. Si vous deviez vous rendre à son argumentation,
M. le Président, en disant que ça dénature, prima facie,
à première vue, à sa face même, vous auriez
accepté quelque chose qui dénaturait et vous refuseriez un
amendement à la motion qui dit «toute forme de renouvellement du
fédéralisme doit faire l'objet d'une négociation
bilatérale et non pas à 11».
Le ministre lui-même a changé des mots. Remarquez son
amendement, retournez à son amendement, M. le Président: En
remplaçant, dans la cinquième ligne, les mots «tout projet
d'entente». Il a enlevé ça, il a enlevé les mots
«tout projet d'entente» et, là, il nous reprocherait de
remplacer «le» par le mot «tout». C'est tout à
fait admissible dans nos règles. Il n'a pas plaidé du tout sur le
droit; au contraire, il a contribué à vous faire rendre une
décision dans les meilleurs délais, comme quoi c'est acceptable.
Je l'en remercie beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, ça va.
Allez-y, M. le whip, avec votre réplique.
M. Brassard: M. le Président, on s'y attendait un peu que
le gouvernement, par la voix du ministre, apporte des amendements qui,
évidemment, nuancent, apportent des nuances ou introduisent du
clair-obscur dans une motion qui, pourtant, était très claire,
très limpide, très transparente, puisqu'elle faisait
référence, qu'elle rappelait une position adoptée de
façon solennelle par le premier ministre le 23 juin 1990, et dont les
phrases mêmes qu'il a prononcées se retrouvent dans la motion que
j'ai présentée. Alors, c'était donc clair, la motion.
Mais, évidemment, comme à son habitude, le gouvernement a
tenté d'introduire, par des amendements, des nuances, et je dois dire,
M. le Président, que je le déplore, je le regrette vivement. La
motion aurait été plus limpide si on l'avait laissée telle
qu'elle. Est-ce que ça détruit ou est-ce que ça
anéantit le sens de la motion que j'ai présentée? Bien,
vous l'avez dit vous-même dans vos remarques concernant la
recevabilité des amendements; vous avez dit: Le sens de la motion n'est
pas dénaturé. Je pense qu'effectivement, aussi, le sens de la
motion n'est pas dénaturé, même si je déplore ces
amendements qui viennent apporter ou introduire du flou ou du clair-obscur dans
une motion qui était très claire.
Quel est le sens, quelle est la substance de la motion qu'on a
présentée? C'est important d'y revenir. C'est que
l'Assemblée nationale s'implique, devienne présente sur la place
publique pour dire au premier ministre: La position que vous avez
adoptée le 23 juin 1990 doit être maintenue, de ne pas
négocier à 11, et maintenant à 17, mais à 2.
Ça, ça doit être maintenu. C'est ça, le sens de la
motion. C'est ça, la substance de la motion.
On y introduit des nuances qui peuvent apparaître ou laisser
transparaître chez le gouvernement, évidemment, des divisions ou
les tensions qu'on connaît au sein du Parti libéral. On est au
courant de tout ça, là. C'est clair que le Parti libéral,
le premier ministre, le ministre a à composer avec des ailes, une plus
nationaliste, une autre fédéraliste - on a entendu un digne
représentant de l'aile fédéraliste tantôt, à
la toute fin. Il doit, évidemment, composer avec ça. Alors, les
amendements visent, évidemment, à apaiser les tensions au sein de
son parti, c'est manifeste. On n'est pas dupes. On sait de quoi il retourne,
évidemment. Bon. Mais la question première demeure: Est-ce que le
sens premier, fondamental de la motion est anéanti, est supprimé?
Je ne crois pas. Je ne pense pas.
D'autre part, je vous dirais, M. le Président, qu'il ne s'agit
pas, comme le signalait tantôt le député de Verdun, d'une
motion de confiance à l'égard du premier ministre. Bien non,
c'est le contraire. Si on avait une grande confiance à l'égard du
premier ministre, on n'aurait pas présenté la motion. Si on a
présenté une motion, c'est justement parce qu'on a des doutes
sérieux et fondés sur des comportements historiques du premier
ministre. On a des doutes sérieux sur sa solidité, sa
fermeté, sa détermination à maintenir la position qu'il a
solennellement prise le 23 juin 1990. Alors, ce n'est pas une motion de
confiance. Au contraire, c'est une motion pour dire au gouvernement, pour que
l'Assemblée nationale dise au gouvernement: Surtout, maintenez le cap,
maintenez la position que vous avez adoptée le 23 juin 1990, ne la
changez pas. C'est ce qu'il nous annonçait lundi de cette semaine. Mais
je pense qu'il est important que l'Assemblée nationale soit
présente dans le débat sur cette question-là, que
l'Assemblée nationale réaffirme très clairement que le
gouvernement ne doit pas, d'aucune façon, s'embourber dans le
marécage constitutionnel maintenant à 17, parce que
l'embourbement... C'est clair qu'il va se retrouver dans peu de temps avec tout
ce qu'on retrouve dans un marécage. Au-dessus de la tête, la
noyade, l'étouffement, l'asphyxie sont proches à ce
moment-là et prennent peu de temps. Par conséquent, ce que
l'Assemblée nationale doit faire, c'est qu'elle doit devenir, en quelque
sorte, la gardienne de la conduite du premier ministre et du gouvernement.
Je disais, il n'y a pas si longtemps, à la
clôture des débats de la commission
Bélanger-Campeau, qu'il fallait que le premier ministre soit tenu sous
surveillance. Oui, je maintiens qu'il faut toujours le surveiller. Il faut
toujours qu'il soit sous surveillance, constamment, parce qu'il y a toujours
danger que le premier ministre retrouve ou soit tenté par la
flexibilité, la souplesse, le fléchissement, soit toujours
tenté par ça, et il faut que l'Assemblée nationale lui
rappelle qu'il a pris l'engagement, le 23 juin 1990, d'être ferme,
déterminé, de se tenir debout et de considérer un mode de
négociation comme discrédité à tout jamais. Et
c'est dans ce sens-là que la motion que j'ai présentée
intervient, à mon avis, à juste titre et au moment opportun.
Je vous signale, M. le Président, qu'en devenant partie prenante
de ce qui se passe présentement sur la scène publique
l'Assemblée nationale aussi devient juge des circonstances et que les
circonstances actuelles nous incitent à indiquer au gouvernement qu'il
faut qu'il maintienne le cap, qu'il maintienne sa position adoptée en
juin 1990. Quant à nous, il est clair que la conjoncture ne changera
pas. Au contraire, ça va sans doute se détériorer. C'est
déjà le cas présentement. Dans son discours, le ministre
indiquait très clairement que les circonstances avaient changé,
mais pour le pire. Entre autres, au lieu de 11, on se retrouve 17. Les
circonstances ont changé effectivement et pour le pire, et je n'ai pas
l'impression que ça va s'améliorer par la suite. Mais ce qui est
important, c'est de maintenir la position et que l'Assemblée nationale
indique au gouvernement qu'on le surveille de très près, qu'on
surveille sa conduite et que s'il fait mine de changer de cap, de changer
d'orientation, il est clair qu'on reviendra à l'Assemblée
nationale. L'Assemblée nationale, en adoptant cette motion, se donne le
droit de revenir en tout temps, en toute circonstance, si elle juge que le
gouvernement ne se comporte pas de façon fidèle à la
position qu'il a adoptée en juin 1990. Si on juge qu'il est en train de
la trahir, cette position-là, l'Assemblée nationale se
réserve le droit et le pouvoir de revenir et de rappeler à
l'ordre le gouvernement.
Pour maintenant, je dirais que c'est un premier appel à l'ordre.
Le gouvernement semble vouloir maintenir sa position, mais ça ne
signifie pas que, dans l'avenir, si le gouvernement fait mine de modifier son
comportement, de se montrer plus souple et plus flexible et de vouloir
s'engager dans un cul-de-sac... L'Assemblée nationale aura, à ce
moment-là, le devoir et parfaitement le droit de revenir et de rappeler
de nouveau à l'ordre, par les voies appropriées, le
gouvernement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de l'Opposition
officielle. Votre intervention met fin au débat.
Décision du président sur la
recevabilité de la motion de sous-amendement
Je vais maintenant rendre ma décision sur la motion de
sous-amendement que vous avez vous-même suggérée. Alors, le
mot «tout» qui remplacerait le mot «le» ne contredit
pas l'amendement que j'ai déclaré recevable. Il ne fait que
l'élargir, donc ne le contredit pas et, pour ces raisons-là, je
déclare recevable le sous-amendement suggéré par le whip
en chef de l'Opposition officielle.
Je comprends que vous demandez le vote enregistré et sur le
sous-amendement, et sur l'amendement, et sur la motion principale. Vote
enregistré, M. le leader. Qu'on appelle les députés!
M. Johnson: M. le Président, je demanderais qu'on reporte
le vote.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le vote sur le
sous-amendement, l'amendement et la motion principale est reporté
à la séance de cet après-midi.
Je suspends donc les travaux de l'Assemblée jusqu'à 14
heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
(Reprise à 14 h 12)
Le Président: Mmes et MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants. Je vous remercie. Veuillez vous
asseoir.
Nous allons procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents.
Dépôt de rapports de commissions. Mme la présidente
de la commission des affaires sociales et députée de Taillon.
Dépôt de rapports de commissions
Vérification des engagements financiers
Mme Marois: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des affaires sociales qui a
siégé le 21 novembre 1991 et le 23 janvier 1992 afin de
procéder à la vérification des engagements financiers du
ministère de la Santé et des Services sociaux pour les mois
d'août 1990 à septembre 1991 et ceux relevant du ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle, pour les mois d'août 1990 à novembre 1991.
Le Président: Ce rapport est déposé. M.
le
président de la commission du budget et de l'administration et
député de Vanier.
Étude détaillée du projet de loi
418
M. Lemieux: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé les 17 et 18 mars 1992 afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 418, Loi modifiant la
Loi sur la Société immobilière du Québec. Le projet
de loi a été adopté.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions. M. le député de La
Prairie.
Dépôt de pétitions
Favoriser l'ouverture permanente
de l'estacade du pont Champlain
et en permettre l'utilisation pour le
transport en commun et le covoiturage
M. Lazure: M. le Président, je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale par
3691 pétitionnaires, citoyens et citoyennes du Québec, du
comté de La Prairie.
Les faits invoqués sont les suivants: «Considérant
que des milliers d'automobiles ont utilisé en toute
sécurité l'estacade du pont Champlain entre le 4 septembre et le
16 novembre 1990 et l'utilisaient en octobre dernier; «Considérant
que les fréquents travaux de réfection sur les ponts Champlain et
Mercier pénalisent grandement les automobilistes de la rive sud;
«Considérant que l'expérience de covoiturage s'avère
positive et qu'elle doit être encouragée;
«Considérant que l'utilisation en permanence de cette voie peut
jouer un rôle important dans la relance économique de la
région; «Considérant que l'estacade représente une
infrastructure publique qui a coûté plusieurs millions de dollars;
«Considérant que des incidents sur la réserve de Kahnawake
inquiètent les utilisateurs du transport en commun qui empruntent le
pont Mercier;»
L'intervention réclamée se résume ainsi:
«Nous, soussignées et soussignés, prions l'Assemblée
nationale d'intervenir auprès du ministre des Transports du
Québec afin de favoriser l'ouverture, en permanence, de l'estacade du
pont Champlain et d'en permettre son utilisation aux véhicules de
transport en commun de même qu'aux automobilistes respectant les
règles du covoiturage.»
Le Président: Votre pétition est
déposée. Maintenant, M. le député d'Ungava.
Consentir à Hydro-Québec une
majoration
des tarifs résidentiels
d'électricité qui n'excédera pas le taux
d'inflation
M. Claveau: Oui, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale du Québec par 745 pétitionnaires, citoyens et
citoyennes du comté d'Ungava.
Les faits invoqués sont les suivants: «Considérant
que les travailleurs et travailleuses de notre région sont durement
affectés par la récession; «Considérant que les
travailleurs et travailleuses ont déjà été
touchés par la TPS et que la TVQ viendra bientôt amoindrir leur
pouvoir d'achat; «Considérant que la hausse de prix de 5,9 %
demandée par Hydro-Québec pour les tarifs résidentiels est
deux fois plus élevée que l'inflation; «Considérant
que les contrats secrets conclus avec certaines grandes entreprises font perdre
des revenus importants à la société d'État et que
ce n'est pas aux consommateurs à payer pour cela;
«Considérant que depuis cinq ans le tiers des Amérindiens
de la réserve de Kahnawake reçoivent l'électricité
gratuitement de la société d'Etat;»
Et l'intervention réclamée, M. le Président, est
donc la suivante: «Nous demandons à l'Assemblée nationale
de consentir à la société d'État une majoration des
tarifs résidentiels d'électricité qui n'excédera
pas le taux d'inflation.»
Je certifie que l'extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Avant la période des questions et des réponses, je
voudrais vous aviser qu'après cette période de questions seront
tenus des votes reportés sur la motion de M. le député de
Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition officielle présentée aux
affaires inscrites par les députés de l'Opposition, sur la motion
d'amendement de M. le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes et sur la motion de sous-amendement de M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition officielle.
Nous allons donc maintenant procéder à la période
de questions et réponses orales et je vais reconnaître, en
première question, M. le chef de l'Opposition.
Questions et réponses orales
Intentions du gouvernement face à l'adoption
imminente d'un projet de loi fédéral sur l'environnement
M. Parizeau: M. le Président, hier, en réponse
à une question du député de La Prairie, le ministre de
l'Environnement, en cette Chambre, a dénoncé violemment le projet
de loi C-13 du gouvernement fédéral, mettant en valeur en
particulier les pouvoirs considérables que le gouvernement
fédéral se donnerait par ce projet de loi sur un plus grand
nombre, j'imagine, de projets d'investissements au Québec, aussi bien
privés d'ailleurs que dans certains secteurs publics. Il s'agit
effectivement d'une des tentatives de centralisation économique les plus
sérieuses, par le truchement de l'environnement, que l'on ait
constatées jusqu'à maintenant. Je ne vais pas élaborer
là-dessus. Je pense que le ministre de l'Environnement, hier, a
touché à l'essentiel de la question.
En raison de la gravité de ce projet de loi, en raison du fait,
d'autre part, que le vote en troisième lecture à la Chambre des
communes doit intervenir, si je comprends bien incessamment - ça
pourrait être ce soir, peut-être pas, ou alors demain - le premier
ministre du Québec a-t-il l'intention, de façon très
claire, très ferme, de demander au premier ministre du Canada
certainement de faire reporter le vote, ou bien de retirer ce projet de loi, ou
alors de le transformer dans un sens qui serait plus compatible avec les
intérêts du Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le secteur de
l'environnement est toujours un secteur qui implique des tensions
inévitables entre le gouvernement fédéral et les
gouvernements des provinces. Ce n'est pas un élément nouveau.
Nous avions eu à protester également auprès des
prédécesseurs de l'actuel ministre de l'Environnement,
auprès d'un, entre autres, que connaissent bien le chef de l'Opposition
et le critique constitutionnel qui siège derrière lui. (14 h
20)
J'endosse, par ailleurs, totalement les propos du ministre de
l'Environnement, les propos qui ont été tenus hier en Chambre, et
nous avons l'intention d'en discuter au Conseil des ministres cet
après-midi pour voir quels gestes pourraient être posés de
manière à protéger les intérêts du
Québec.
Le Président: En question complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, tout en déplorant que
ça soit à quelques heures, possiblement, de l'adoption d'un
projet de loi à la Chambre des communes que le Conseil des minis- tres
se penche sur cette question, tout en le déplorant, je dois demander au
premier ministre du Québec, parce que c'est le seul qui peut poser un
geste comme celui-là: Une fois que le Conseil des ministres aura
délibéré, a-t-il l'intention, publiquement, dès ce
soir, d'indiquer ce qu'il a l'intention de faire de façon à ce
que ceux qui cherchent à défendre les intérêts du
Québec à la Chambre des communes reçoivent un signal de ce
qui est susceptible de se passer?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, nous nous réunissons
dans une heure et trente, environ. Le chef de l'Opposition dit que la loi
devrait être adoptée en troisième lecture aujourd'hui. Je
n'ai pas reçu à date - et j'ai demandé qu'on
vérifie - une telle confirmation. J'ai entendu le ministre
fédéral de l'Environnement donner une interprétation
différente de celle que nous avons de ce côté-ci de la
Chambre sur la portée de la loi sur l'environnement, de la loi C-13. Je
dis au chef de l'Opposition que, très très bientôt, nous
allons discuter de cette question-là et nous aviserons par la suite. Je
ne me réfère pas à une réunion qui aura lieu dans
deux jours, dans trois jours, je me réfère à une
réunion qui aura lieu dans une heure et demie.
Le Président: Toujours en complémentaire.
M. Parizeau: Est-ce que le premier ministre, qui n'a pas l'air,
si je comprends bien sa dernière réponse, de saisir tout à
fait l'urgence de la chose, pourrait demander à son bureau de se
renseigner sur les échéances? Ce projet-là devait passer
à la Chambre des communes hier soir. Il a été
retardé, par quelques discours, probablement jusqu'à ce soir. Il
y en a qui cherchent à reporter le vote à demain. Ces
choses-là, à l'heure actuelle, sont assez bien connues. Est-ce
qu'au moins le Conseil des ministres pourrait être renseigné dans
une heure ou deux sur les échéances qui lui pendent au bout du
nez?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: C'est exactement ce que j'ai dit dans ma
réponse précédente. J'ai l'impression très souvent
que, quand je réponds, le chef de l'Opposition devient sourd. J'ai dit
que je m'informais, que j'attendais d'un moment à l'autre des
confirmations sur la procédure qui a été utilisée.
Mon chef de cabinet doit parler ou a peut-être déjà
parlé avec le chef de cabinet du premier ministre du Canada. Donc, nous
suivons l'évolution de la situation d'une façon aussi proche que
possible. Je ne vois pas pourquoi le chef de l'Opposition manifeste son
insatisfaction vis-à-vis de l'attitude du gouvernement, alors que le
ministre, parlant au nom du gouvernement, a exprimé un point de vue
très ferme, appuyé par
tout le gouvernement et les membres de l'Assemblée nationale,
alors que nous suivons la situation de très près. Et je ne vois
pas pourquoi le chef de l'Opposition n'exprime pas son accord avec la position
du gouvernement.
Le Président: Question complémentaire.
M. Parizeau: Est-ce que le premier ministre est conscient que la
raison pour laquelle j'insiste un peu, c'est qu'au cours de la dernière
année le gouvernement fédéral a annoncé des normes
et des standards dans l'éducation et le gouvernement du Québec a
à peine protesté? Le gouvernement fédéral a
annoncé la création d'un ministère du développement
régional du Québec et le gouvernement a à peine
protesté et c'est devenu un bureau.
La loi sur les communications, la centralisation des pouvoirs par Ottawa
dans la récente loi des communications, un ministre a protesté et
tout le monde lui en sait gré. Mais le gouvernement, non. Est-ce que le
premier ministre comprend pourquoi on peut être un peu inquiets à
le voir, comme ça, à la veille des échéances,
réunir son Conseil des ministres en se demandant: Qu'est-ce qu'on
pourrait bien faire, donc?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition sait fort bien que le
Conseil des ministres se réunit, quand nous sommes en session, le
mercredi après-midi à 16 heures. Donc, ce n'est pas une
réunion qui a pour but de parler de cette question-là. Je pense
que le chef de l'Opposition devrait être au courant de ce fait-là.
C'est son interprétation «a à peine protesté».
On ne protestera jamais assez pour le chef de l'Opposition, nous le savons.
Notre position est très claire et très ferme sur ce dossier. Nous
savons qu'il y a des chances, comme il l'a dit lui-même - on nous a
informés de cela - qu'il y a possibilité ou probabilité
que le projet de loi soit adopté aujourd'hui. Mais, à ce
moment-ci, ce n'est pas une différence d'une heure qui peut modifier le
point de vue et la volonté du gouvernement d'agir de la façon la
plus efficace.
Le Président: En question principale, M. le
député de Labelle.
Mesures pour rétablir la situation
financière du gouvernement et l'économie du Québec
M. Léonard: m. le président, après 2 433 000
000 $ de taxes de plus sur le dos des contribuables, voilà aujourd'hui
que le ministre des finances estime son déficit; au 31 décembre
dernier, à 4 125 000 000 $, soit 645 000 000 $ de plus que prévu
à son budget, une hausse de 18,5 %. l'économie n'est pas
repartie. les contribuables sont écrasés. le
fédéral n'est pas au rendez-vous, malgré ce qu'il a
déclaré il y a quelques semaines. Et l'économie n'est pas
repartie parce qu'on l'avait prévenu qu'avec son avalanche de taxes il
la bloquerait. Alors, après un résultat aussi déplorable,
aussi minable, que compte faire maintenant le ministre des Finances pour
rétablir la situation économique du Québec et la situation
financière du gouvernement?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: En effet, M. le Président, nous avons
déposé aujourd'hui, au ministère des Finances, sous la
signature du sous-ministre, la Synthèse des opérations
financières pour l'exercice se terminant le 31 décembre 1991. On
remarquera tout simplement que dans cette Synthèse, par rapport à
la Synthèse au 30 septembre 1991, il y a très peu de changements.
On veut dramatiser, mais regardons les chiffres. Il s'agit de deux
éléments qui s'ajoutent, c'est-à-dire les résultats
de fin d'année des sociétés d'État commerciales. Du
temps de mon honorable ami d'en face, on n'en tenait pas compte; aujourd'hui,
on en tient compte. Et c'est là l'élément principal de
cette différence. Quant à l'autre élément, il
s'agit des taxes à la consommation et ventes au détail qui
étaient plus faibles dans la période pré-Noël que
ça n'avait été prévu. C'est tout.
Le Président: En question complémentaire.
M. Léonard: M. le Président, le ministre des
Finances oublierait-il dans son enumeration qu'il vient de perdre 422 000 000 $
au titre des paiements de péréquation et que le gouvernement
fédéral, cette armée, a diminué ses paiements par
rapport à l'an dernier, entre autres raisons de son déficit?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je comprends, M. le Président, et vous
comprendrez fort bien que la question du fédéralisme semble
chicoter beaucoup plus le député de Labelle que d'autres
éléments bien importants de ce rapport. Mais je tiendrais
simplement à lui faire remarquer que, s'il veut regarder le
détail des transferts fédéraux, il verra, oui, en effet,
qu'il y a une diminution du côté de la péréquation.
Ça avait été, d'ailleurs, annoncé l'automne dernier
par une révision qui avait été faite, mais, par contre,
nous avions dit à ce moment-là qu'il fallait attendre, non pas
arriver à des conclusions prématurées, mais attendre
l'ensemble des transferts. Et là on voit qu'il y a une augmentation
sensible du côté du financement des programmes établis et
également du côté des transferts relatifs à l'aide
sociale. (14 h 30)
Le Président: En question principale maintenant, M. le
leader de l'Opposition et député de Joliette.
Gel des tarifications d'Hydro-Québec
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Après 2 400 000
000 $ de taxes, on aurait cru que c'était assez. La semaine
dernière, Hydro-Québec a déposé sa proposition
tarifaire et, dans cette proposition tarifaire, M. le Président, Hydro
va chercher 203 000 000 $ additionnels dans les poches des contribuables pour
l'année 1992. De ces 203 000 000 $ pour l'année 1992, M. le
Président, 180 000 000 $ sont directement la cause de taxes du
gouvernement, à savoir la taxe sur les frais de garantie et
l'augmentation de la taxe sur le capital. Donc, 90 % de l'argent que demande
Hydro-Québec pour 1992 est la responsabilité directe, par des
taxes déguisées, du gouvernement actuel. Comme le gouvernement
doit se prononcer sur les tarifs, est-ce que le gouvernement ne devrait pas
demander à HydroQuébec d'assumer les 23 000 000 $ de sa partie et
au gouvernement d'effacer ses revendications de taxes ou ses demandes de taxes
de 180 000 000 $ pour permettre aux contribuables québécois de
respirer et d'avoir un gel des tarifications en 1992?
Le Président: Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: Je dois dire, M. le Président, que
j'apprécie l'intervention fort positive de mon collègue, le
leader de l'Opposition. C'est un peu plus positif que certaines choses qu'il a
dites à la commission parlementaire la semaine dernière, mais
j'apprécie ce qu'il vient de nous dire. Depuis la commission
parlementaire, qui n'est pas une commission pour la frime, M. le
Président, nous avons quand même questionné, lui comme moi,
Hydro-Québec sur non seulement les frais d'exploitation, parce qu'il y a
aussi les frais d'exploitation dont il faut tenir compte, mais il y a aussi la
faible hydraulicité dont il faut tenir compte. Quand la faible
hydraulicité existe, il faut qu'on aille acheter ailleurs
l'énergie dont nous avons besoin, et il faut tenir compte de ces
centaines de millions de dollars qu'il faut dépenser - le
député n'en parie pas. En plus, M. le Président, nous
avons encore quelque temps pour bien analyser en profondeur ce dossier. Nous
allons tenir compte qu'il y a, au Québec, des consommateurs. Il y a
aussi, au Québec, des contribuables. Nous allons tenir compte aussi
qu'à Hydro-Québec il peut y avoir encore de la place, comme je
l'ai dit la semaine dernière, pour faire en sorte que les frais
d'exploitation soient davantage diminués. Je pense qu'eux aussi, comme
nous, comme les fonctionnaires, doivent faire leur part et nous allons aviser
le gouvernement de la recommandation qui doit être faite, M. le
Président.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: ...tout d'abord, je voudrais remercier la ministre
de ses félicitations et je voudrais lui demander: Est-ce que Mme la
ministre reconnaît que les 180 000 000 $ sur les 203 000 000 $
demandés pour l'année 1992 par Hydro-Québec sont
causés directement par l'imposition des frais de garantie par le
ministre des Finances, qui va chercher 150 000 000 $, et, pour 30 000 000 $
additionnels, sont dus à l'augmentation de la taxation sur le capital?
Est-ce que la ministre ne reconnaît pas que vous êtes allé
chercher, comme gouvernement, 180 000 000 $ sur 203 000 000 $
qu'Hydro-Québec demande? À ce compte-là, est-ce que la
ministre peut nier ces faits devant cette Assemblée et est-ce qu'elle
peut prendre l'engagement de demander au ministre des Finances de retirer ces
frais de garantie qui ne devaient pas, l'an passé, soit dit en passant,
affecter la tarification? C'est ce que vous nous aviez dit en cette
Chambre.
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: Je n'avais pas dit qu'ils ne devaient pas affecter la
tarification. J'avais dit que les chiffres que vous soumettiez à
l'époque étaient beaucoup trop élevés par rapport
aux chiffres qui doivent être considérés dans les frais de
garantie.
M. le Président, j'ai questionné moi-même le
président d'Hydro-Québec, la semaine dernière, sur ces
frais de garantie et lui-même dit qu'il serait désastreux que le
gouvernement ne serve pas de garantie à Hydro-Québec lorsqu'elle
va sur le marché des emprunts. Il serait désastreux aussi, M. le
Président...
Le chef de l'Opposition s'amuse. Il pourrait peut-être
écouter la réponse.
Il serait aussi désastreux, M. le Président, si nous
chargions 1 % comme certaines autres provinces le font. Alors, je pense qu'il
faut tenir compte de ça avant de lancer n'importe quels chiffres
ici.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président: Question complémentaire.
M. Chevrette: Est-ce que Mme la ministre pourrait dire à
cette Chambre que vous avez toujours donné cette garantie à
Hydro-Québec, sans imposer une taxe indirecte comme vous le faites
présentement?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Bacon: Ça ne dit pas le contraire de ce que je viens
de dire, M. le Président. Je dis qu'il serait désastreux que le
gouvernement n'accorde pas une garantie à Hydro-Québec quand elle
va sur le marché des emprunts. Je
comprends que le chef de l'Opposition se bidonne, M. le
Président. C'est drôlement important quand Hydro-Québec va
emprunter.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Duplessis.
Études sur le projet SM 3
d'Hydro-Québec
M. Perron: Merci, M. le Président. Au début des
années quatre-vingt, au plan d'aménagement d'Hydro-Québec,
nous retrouvions, à ce moment-là, la rivière
Sainte-Marguerite 3, dans le comté de Duplessis, où il y avait
une puissance possible de 544 MW, et ce, sans détournement des
rivières Carheil et aux Pékans, dans le nord du comté de
Duplessis. En 1987, est apparu un nouveau plan d'aménagement où
on fait, justement, le détournement des rivières Carheil et aux
Pékans qui sont tributaires de l'actuelle rivière Moisie, la plus
belle rivière à saumon au monde, et ce, pour un montant de
puissance de 822 MW en moyenne. Depuis cette annonce d'Hydro-Québec, au
cours des derniers mois en particulier, il y a, dans le milieu, confrontation
au lieu de concertation. Ma question à la ministre de l'Énergie
et des Ressources: Est-ce que la ministre de l'Énergie et des Ressources
peut s'engager devant cette Chambre à l'effet que la
société Hydro-Québec dépose, dans de très
courts délais, toutes les études concernant le projet SM 3 afin
qu'on arrête de se chicaner dans le milieu et qu'on sache où on
s'en va?
Le Président: Mme la ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Mme Bacon: II ne me semble pas qu'on se chicane tant que
ça dans le milieu, M. le Président. Je rencontre, demain, des
maires et des représentants de chambres de commerce qui sont tout
à fait d'accord avec le dossier. Je ne sens pas de chicane chez eux, M.
le Président. Au contraire, ils viennent discuter avec nous de ce
dossier-là. Il y a un processus d'évaluation environnementale qui
est en marche. HydroQuébec continue de discuter avec les Montagnais. Il
n'y a jamais eu d'arrêt dans les discussions avec le conseil de bande de
Sept-îles. Il y a aussi des discussions avec les gens. Laissons le
processus se poursuivre, M. le Président. J'aurai, demain, cette
rencontre avec les gens du milieu pour connaître leur position dans le
dossier, qui me semble une position assez homogène. Compte tenu des
développements d'autres dossiers, je suis persuadée que tous les
intervenants qui sont impliqués dans ce projet-là pourront en
arriver à une entente qui va être une entente
négociée, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire.
M. Perron: M. le Président, une question au ministre de
l'Environnement. Est-ce que le ministre de l'Environnement peut déposer
devant cette Chambre le rapport de recevabilité de son ministère,
c'est-à-dire les 33 pages de questions portant surtout sur la
rivière Moisie, rapport qui était déposé devant la
société Hydro-Québec le 17 février dernier?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
Des voix: Quand? Quand?
Le Président: M. le député de Duplessis, en
complémentaire.
M. Perron: Oui, M. le Président. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire quand il va le déposer? Est-ce que ça va
être dans la semaine des quatre jeudis, ou cette semaine, ou la semaine
prochaine?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La réponse étant
positive, M. le Président, le ministre de l'Environnement, compte tenu
de la tradition de transparence au ministère de l'Environnement, va
s'exécuter dans les meilleurs délais, au maximum d'ici à
une semaine, M. le député de Duplessis.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
leader adjoint de l'Opposition et député d'Abitibi-Ouest.
Plan d'action pour contrer le phénomène
de l'abandon scolaire
M. Gendron: Ma question s'adresse au ministre de
l'Éducation et je ne le vois pas.
Une voix: C'est ça qui est le problème, on ne le
voit pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Allez-y, M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gendron: Pourtant, je n'ai pas publié d'avis de
recherche. M. le Président, le 10 septembre dernier, le ministre de
l'Éducation annonçait, avec raison, je pense, un document majeur
sur les orientations qu'il entendait prendre concernant l'obligation pour son
ministère de centrer, comme objectif majeur au cours de l'année,
un plan pour contrer le phénomène toujours effarant et
grandissant de l'abandon scolaire. Il a convié tous les agents de
l'éduca-
tion au Québec à tenir différents colloques dans
toutes les régions du Québec, lesquels ont très bien
fonctionné et, par la suite, il s'est engagé à rendre
public un plan d'action pour contrer le phénomène
évoqué tantôt. Or, dans Le Devoir, le 27 janvier
dernier, le ministre annonçait un premier report de son plan d'action.
Il a annoncé par la suite un deuxième report en disant:
Malheureusement, je ne pourrai pas le produire à la fin février,
début mars. Il a parlé de fin mars, début avril. Nous
sommes à la mi-mars et nous n'avons toujours rien devant nous. (14 h
40)
Ma question très simple au ministre de l'Éducation: Est-ce
que vous avez toujours l'intention de présenter votre plan d'action au
cours du mois de mars, tel que promis, et croyez-vous toujours pouvoir
convaincre les différents intervenants de votre volonté de
combattre efficacement le problème des abandons scolaires si l'argent
nécessaire à la réalisation de cet objectif ne suit
toujours pas? Parce que je suis au courant de vos problèmes.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: m. le président, effectivement, le plan
d'action pour mettre en place des mécanismes davantage porteurs de
garanties pour la réussite éducative au québec a
été bien élaboré. il a fait l'objet de vastes
consultations. au lendemain de la tournée des colloques
régionaux, il a fait l'objet de précisions, de modifications, tel
que je l'ai déjà invoqué. nous avons eu
l'opportunité, au cours des dernières semaines, de valider le
tout auprès des agents, celles et ceux qui vivent l'éducation via
les grandes associations qui les représentent. j'ai indiqué mon
intention pour mars ou avril. nous sommes le 18 mars. avril est
après-demain et après-demain. je vous invite à être
confiant. je vous invite à souscrire, à m'appuyer dans cette
démarche et, si vous êtes au courant de mes problèmes, vous
devriez me supporter dans les solutions.
Le Président: En question complémentaire.
M. Gendron: C'est justement le but de la question, M. le
Président. Comment allez-vous faire pour le livrer, ce fameux plan que
tout le monde souhaite avoir? Parce que ça urge d'avoir un plan pour
contrer le phénomène grandissant des 36 % de décrocheurs,
alors que vous avez promis de l'argent neuf pour actualiser votre plan. Et, pas
plus tard que vendredi dernier, quand vous avez rencontré les agents de
l'éducation, vous leur avez annoncé encore que, dans le prochain
budget de l'Éducation, malheureusement il y aura des coupures. Alors, ma
question très simple: Est-ce qu'on peut encore croire au plan
nécessaire contre le décrochage scolaire avec l'apport de
l'argent neuf si, déjà, vous avez commencé à
annoncer des coupures?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: M. le Président, la pratique, la coutume
veut que le ministère de l'Éducation publie, pour fins de
consultation, ses règles budgétaires avant le début de
l'exercice financier qui s'en vient, premièrement. Ça se fait
dans le cadre de la Commission nationale de financement que j'ai
rencontrée, que j'ai réunie vendredi soir dernier. Vous parlez de
coupures, ce n'est pas le cas, M. le député. Vous en avez
parié l'année passée et, finalement, ultimement, il n'y en
a pas eu. On a ergoté un peu partout de ce côté-là,
M. le Président: On a 100 000 000 $ de coupures, et ça s'est
soldé par l'indexation plus 131 000 000 $. Vous devriez le dire,
ça, aujourd'hui. Vous ne le dites pas, cependant.
Des voix: Bravo!
M. Pagé: À la rencontre de vendredi dernier, je
vous invite à vérifier auprès de celles et ceux qui y ont
participé, la Fédération des commissions scolaires,
l'Association des commissions scolaires protestantes, les cadres scolaires, les
directeurs généraux, les gestionnaires, etc., ces gens-là
ont exprimé de la très grande satisfaction à
l'égard des crédits qui seront éventuellement
déposés ici, à l'Assemblée nationale, et
probablement la semaine prochaine; indexation, certaines modulations pour un
montant d'environ 20 000 000 $. Mais ces gens-là sont très,
très, très satisfaits. Appelez-les! Je vais leur demander qu'ils
vous recherchent pour qu'ils puissent vous le dire.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Gendron: Comment expliquez-vous le degré de
satisfaction alors que, le lendemain de cette rencontre-là, la
présidente écrit et elle communique au public
québécois: «La présidente de la
Fédération s'inquiète des restrictions
budgétaires»? Il y a toujours un bout, là! Elle
était là, elle, à la rencontre. Oui, j'ai
vérifié. Le lendemain, elle s'inquiète. Vous le savez bien
qu'il y a des coupures. Deuxièmement, comment se fait-il qu'ils ont le
dépôt des crédits avant nous autres, à
l'Assemblée nationale? C'est ça que vous venez de dire.
M. Pagé: Je m'excuse, non.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Pagé: Ils n'ont pas eu de dépôt de
crédits. Ils ont eu des indications d'affectations budgétaires
par certains programmes, et ça, ça s'est toujours fait, et si
vous ne l'avez pas fait quand vous étiez ministre de l'Éducation,
c'est parce que vous n'avez pas rempli vos responsabilités.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Transformation de l'Hôtel-Dieu de
Montréal en centre de soins palliatifs
M. Atkinson: Merci, M. le Président. En ce qui concerne la
fermeture imminente de l'hôpital Hôtel-Dieu de Montréal et
la construction de nouveaux locaux ailleurs, ma question, M. le
Président, s'adresse au ministre de la Santé et des Services
sociaux. Dans la grande région de Montréal, qui est au service de
plus de 2 000 000 de personnes, il y a un manque sérieux de lits pour
soins palliatifs. Avec une population vieillissante, il y aura, dans un avenir
prévisible, un besoin de beaucoup plus de lits pour soins palliatifs. Ma
question est la suivante: Est-ce que le ministre a examiné la
possibilité de convertir l'Hôtel-Dieu de Montréal en un
centre pour soins palliatifs pour faire face au nombre croissant de la
demande?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
remercie le député de Notre-Dame-de-Grâce pour sa question.
Elle s'inscrit parfaitement dans la logique du dossier qui veut voir
réaffecter des locaux qui, dans la mesure où le gouvernement
déciderait de la relocalisation, puisque ce n'est pas le cas
maintenant... Dans la mesure où le gouvernement le déciderait, il
y aurait des hypothèses qui feraient que les locaux de
l'Hôtel-Dieu pourraient être affectés à une mission
apparentée à la santé, tel que le souhaite la corporation
de la communauté religieuse. Et, dans ce sens-là, oui, il y a eu
examen de ces possibilités-là, et, oui, effectivement, il
pourrait y avoir dans les solutions alternatives un certain nombre de lits qui
pourraient être affectés aux soins palliatifs, sans pour autant
concentrer les lits sur l'île de Montréal, mais davantage ajouter
un peu à l'offre pour être capable de satisfaire les exigences de
notre société.
Le Président: Alors, question principale maintenant, Mme
la députée de Terrebonne.
Financement des frais d'appel du jugement rejetant la
demande des victimes de la MIUF
Mme Caron: Merci, M. le Président. Le 13 décembre
1991, le juge Hurtubise rejetait la demande des six familles, causes types,
victimes de la MIUF et, dans les conclusions...
Le Président: Oui. Un instant. Oui, effectivement. On
m'avise qu'on ne comprend pas. Donc, je vais demander la collaboration de tous
les collègues, s'il vous plaît. Alors, allez-y, madame.
Mme Caron: Le 13 décembre 1991, le juge Hurtubise rejetait
la demande des six familles, causes types, victimes de la MIUF et, dans les
conclusions du jugement, les condamnait aux dépens. Cette
décision venait détruire les attentes de quelque 18 000 familles
québécoises.
Le 9 janvier dernier, M. le Président, tout juste à la
veille de la date limite pour l'inscription en appel, le ministre de la
Justice, responsable de la protection du consommateur, permettait le
dépôt de ladite inscription sans toutefois prendre de
décision quant au financement de l'ensemble des frais de l'appel par
l'Office de la protection du consommateur. Depuis, grand silence du
ministre.
Est-ce que le ministre a enfin pris sa décision concernant le
financement de l'ensemble des frais de l'appel puisque, il faut le rappeler, la
date limite pour le dépôt du mémoire des appelants est
mardi prochain, le 24 mars?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: Oui, M. le Président, donc à
la suite du jugement du juge Hurtubise, ce jugement a été
étudié et nous avons fait ce que nous devions faire pour
permettre que les droits d'appel soient respectés. À partir de
là, M. le Président, avec l'Office de la protection du
consommateur et les différents groupes et intervenants, il y a des
discussions qui ont eu lieu.
Comme ministre de la Justice, pour ma part, je vois l'aspect juridique,
oui, et je vois à ce que ce jugement ait toute son implication sur le
plan juridique, sur le plan de la légalité. Mais, au-delà
du juridisme, M. le Président, je dois dire que je suis aussi
très préoccupé par l'aspect humain, et de voir comment
nous pourrions trouver une solution qui pourrait satisfaire les intervenants
sur l'aspect juridique et surtout, je me permets d'insister, sur l'aspect
humain.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Caron: Justement, sur l'aspect humain, M. le
Président, est-ce que le ministre se rend compte que son
indécision chronique a permis à des compagnies de faire des
pressions indues en attendant sa décision juridique, ou humaine, ou
politique, et que les victimes, dont l'âge moyen est de 60 ans, ont subi
des pressions pour se désister de leur recours? Est-ce qu'il peut
prendre sa décision avant le 24 mars, qui est la date limite, et est-ce
qu'il va les rencontrer pour ce règlement humain et politique?
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, j'ai pris les
décisions quand il fallait les prendre, et les droits de tout le monde
sont protégés. A partir de là, la décision qui
reste à prendre maintenant,
quand je fais référence à l'aspect humain, c'est de
savoir: est-ce qu'on investit des millions de dollars en frais judiciaires, en
frais légaux, etc., ou si on prend cet argent et on trouve d'autres
moyens pour pouvoir combler des besoins dans une situation qui peut être
difficile à certains niveaux?
Donc, c'est sous étude. L'Office de la protection du consommateur
est impliqué et je prendrai mes décisions en temps et lieu,
toujours pour moi comme priorité de faire en sorte qu'on puisse trouver
la solution la plus humaine et la plus judicieuse possible.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Mesures pour préserver les emplois dans
l'industrie du tabac
M. Boulerice: Oui, M. le Président. L'industrie de
transformation des produits du tabac représente 2000 emplois directs au
Canada et 80 % de ces emplois sont au Québec. La moyenne des salaires
peut s'évaluer à environ 45 000 $ par année, la moyenne
d'ancienneté des travailleurs est de plus de 24 ans, pour une moyenne
d'âge de 45 ans. (14 h 50)
Ma question au ministre de l'Industrie et du Commerce: Qu'est-ce que le
ministre a fait de concret ou qu'entend-il faire d'utile pour préserver
ces emplois québécois et les marchés considérables
que cette industrie trouve ailleurs dans le monde alors que ses amis,
c'est-à-dire le gouvernement fédéral, taxe l'exportation
de ces produits.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): L'information que j'ai, M. le
Président, c'est que cette industrie n'a jamais été aussi
prospère, n'a jamais produit autant de tabac. Alors, si jamais les
intervenants sont prêts à me rencontrer et si le
député a des représentations particulières à
faire, comme dans tous les cas où il y a une possibilité de perte
d'emplois, je suis prêt à rencontrer tous les intervenants pour en
discuter, mais je n'ai pas été approché par aucune de ces
entreprises pour en discuter et pour m'informer de supposés
problèmes comme le laisse entendre le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Le Président: En question complémentaire.
M. Boulerice: M. le Président, est-ce que je pourrais
informer le ministre que 100 emplois ont été perdus ici, à
Québec, dans le comté de Taschereau? Est-ce que je pourrais
informer le ministre que de la machinerie a été enlevée
d'une usine de Montréal pour être transportée à
Puerto Rico parce que la taxe à l'exportation ne leur permet plus de
produire, donc leur marché est bloqué tant et aussi longtemps
qu'ils produisent au Québec? D'où les pertes d'emplois possibles
et je me permets d'ajouter qu'ils vont venir vous rencontrer si vous avez
quelques disponibilités à votre agenda.
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je note, M. le Président, que
l'Opposition est à court de questions. On recycle des dossiers.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Tremblay (Outremont): Non, non. Alors, la nouvelle, c'est une
vieille nouvelle. Il y a des rationalisations qui peuvent se comprendre dans
certains secteurs plus vulnérables que d'autres et, pour répondre
à la deuxième partie de la question, je suis prêt, j'ai
toujours été prêt à rencontrer des intervenants pour
essayer de trouver des solutions concrètes à des problèmes
importants au Québec, surtout lorsqu'on parle de protection et de
création d'emplois.
M. Chevrette: Question additionnelle.
Le Président: En question additionnelle, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre sait
que c'est la semaine dernière que les travailleurs ont manifesté
à Ottawa? Est-ce qu'il sait que ce n'est pas un vieux dossier? C'est un
dossier tout neuf qui risque carrément de voir les produits
québécois, avec cette taxe-là, être tout simplement
à la baisse sur le marché américain et, de facto, mettre
en péril les emplois québécois et même la production
du tabac québécois, où le comté de Joliette en
particulier serait durement touché?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Alors, au lieu de lire les journaux,
est-ce que le leader de l'Opposition, s'il est si bien informé, pourrait
dire aux travailleurs, au lieu d'aller faire des démonstrations à
Ottawa, que le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie est
prêt à les rencontrer pour trouver des solutions concrètes
au dossier?
Le Président: En question complémentaire ou
principale?
Une voix: Principale.
Le Président: Alors, en question principale, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Moratoire sur les surplus des caisses de
retraite
Mme Harel: Le 15 novembre 1988, le gouvernement libéral
imposait un moratoire sur les surplus des caisses de retraite. Le moratoire ne
devait durer qu'un an et l'actuel ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle promettait
rapidement une loi sur la propriété des excédents qui
totalisent maintenant 1 000 000 000 $. Il y a 40 mois de cela. Entre-temps, des
dizaines de milliers de travailleurs et de travailleuses âgés
licenciés ont été privés de ce surplus, leur
modeste rente de retraite non indexée en attente du bon vouloir du
ministre. M. le Président, quand le ministre va-t-il enfin se
décider à arbitrer dans ce dossier? Quand va-t-il enfin prendre
ses responsabilités? Et peut-il nous assurer qu'il déposera un
projet de loi d'ici à la fin de la présente session pour enfin
mettre un terme à ce dossier, M. le Président?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
M. Bourbeau: M. le Président, s'il y a une chose qui est
évidente, c'est que c'est plus facile d'imposer un moratoire que de le
lever. Ça, je l'ai appris il y a quelques années. C'est encore
vrai aujourd'hui.
M. le Président, c'est facile de trancher comme nous dit de le
faire la députée de Hoche-laga-Maisonneuve, mais il y a des
sommes considérables en cause et il y a des intérêts
importants aussi en cause. Ces intérêts-là concernent,
d'une part, les travailleurs et, d'autre part, aussi les entreprises. On ne
peut pas, comme ça, du revers de la main, prendre une décision
qui est sujette à brimer soit les travailleurs, soit les entreprises,
sans avoir tenté le maximum pour faire en sorte que les parties soient
d'accord avec la solution recherchée. J'ai proposé, dans un
premier temps, une solution que je croyais équitable. Les deux parties
m'ont dit qu'elles n'en voulaient pas. M. le Président, en bon
démocrate, j'ai retiré la proposition.
Dans un deuxième temps, M. le Président, j'ai
amorcé une consultation exhaustive avec les parties et j'ai requis la
collaboration d'un expert en la matière, le sénateur Claude
Castonguay, qui, à ce moment-là, a fait une proposition qui
tournait autour d'un arbitrage. Ça n'a pas encore rencontré un
enthousiasme délirant et disons que ça n'a pas non plus
suscité assez d'adhésion pour apporter une décision.
Présentement, nous sommes en train de tester une nouvelle solution,
toujours avec l'aide du sénateur Castonguay. Je crois déceler,
cette fois-ci, un intérêt de la part de toutes les parties,
intérêt qui fait en sorte que j'ai bon espoir. Mais je ne veux pas
aller plus loin que ça. Dans les prochaines semaines, possiblement qu'on
pourra arriver à une solution qui rencontre l'adhésion de la
majorité des gens raisonnables dans ce dossier.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Harel: Est-ce que le ministre reconnaît que c'est la 6e
fois en 40 mois que je lui pose la question en Chambre et qu'il me
répond qu'il a bon espoir d'en arriver à une solution? M. le
Président, le ministre reconnaît-il que, le 16 décembre
dernier, le ministre disait à cette Chambre: J'ai l'intention, au cours
des prochaines semaines, de faire le point sur ce dossier. M. le
Président, la question est simple: D'ici à la fin de cette
session de printemps, peut-on avoir la garantie que le ministre va enfin
arbitrer?
Le Président: M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai appris, quand
j'étais jeune, qu'il fallait 20 fois sur le métier remettre
l'ouvrage. La députée vient de nous dire que ça fait 6
fois seulement qu'elle la pose la question, il me reste encore quelques
fois.
M. le Président, c'est facile, c'est très facile de
trancher comme ça, péremptoirement, du haut d'une statue et dire:
C'est ça, la solution, arrangez-vous avec. Ce n'est pas ma façon
de procéder. M. le Président, s'il y a moyen d'en arriver
à un consensus entre les parties, c'est de beaucoup
préférable. J'ai la réputation d'être tenace.
Certains de mes collègues sont au courant. Et je n'ai pas l'intention de
lâcher ce dossier-là rapidement. Cependant, si la
députée de Maisonneuve a une solution facile, qu'elle sait
rencontrer l'adhésion des parties, qu'elle nous la donne donc, sa
solution. Je m'attends qu'elle l'ait et qu'elle nous la donne.
Le Président: En question principale, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
Orientation de Radio-Canada quant à sa
chaîne d'information News World
M. Bourdon: Le ministère des Communications attend
toujours la permission de son gouvernement pour formuler des exigences en
matière...
Le Président: un instant, s'il vous plaît. je vais
demander la collaboration des collègues pour qu'on puisse entendre
très bien le député de pointe-aux-trembles. allez-y.
M. Bourdon: M. le Président, le ministère des
Communications attend toujours la permission de son gouvernement pour formuler
des exigences en matière de radiotélévision. Pendant ce
temps, Radio-Canada nie l'existence du Québec français en
opérant, depuis 1987, une chaîne d'information
continue qui s'appelle News World et qui diffuse exclusivement en
anglais. Comble d'injustice, les Québécois francophones se voient
imposer un tarif pour ce service qui n'est pas disponible dans leur langue.
Pire encore, Radio-Canada a demandé récemment au CRTC, dans une
requête rédigée exclusivement en anglais, pour faire bonne
mesure, la permission d'augmenter le tarif de 50 %. Enfin, News World
condescendra à traduire en anglais des reportages d'affaires publiques
de la télévision francophone. Ainsi, si le ministre manque une
émission du «Point», il pourra toujours l'entendre en
traduction anglaise à News World. Ma question au ministre: Convient-il
que cette orientation de CBC et du CRTC est carrément insultante pour la
majorité de la population du Québec?
Le Président: M. le ministre des Communications. (15
heures)
M. Cannon: Oui, merci, M. le Président. Il est
évident que le dossier auquel se réfère mon
collègue, le député de Pointe-aux-Trembles, est un peu
difficile à expliquer et ce n'est pas celui qui vous parie qui va
expliquer l'incohérence parfois exagérée des
décisions qui sont rendues par le CRTC, et aussi l'incohérence
des fois dans les politiques du gouvernement fédéral à
l'égard du comportement du CRTC.
J'ai eu l'opportunité, M. le Président,
précisément de dénoncer ce que le député,
deux mois plus tard, dénonce. Je l'ai fait non seulement ici, je l'ai
également fait à Toronto, et j'ai également avisé
le ministre fédéral que ça n'avait pas de bon sens. Et je
continue, M. le Président, à travailler avec les autorités
de mon ministère afin que nous puissions justement, aussi avec les gens
du milieu, les télédiffuseurs publics et privés, trouver
une solution afin que notre entreprise télévisuelle
québécoise puisse fonctionner pleinement.
Le Président: En question complémentaire.
M. Bourdon: Le ministre espère-t-il pouvoir bientôt
avoir l'autorisation de formuler des exigences au nom du Québec en
matière de communications, en particulier, en matière de
radiotélévision?
Le Président: M. le ministre.
M. Cannon: II serait peut-être important, M. le
Président, d'indiquer à mon collègue, le
député de Pointe-aux-Trembles, que celui qui fait des
propositions au nom du gouvernement du Québec et qui est chargé
du dossier constitutionnel est le ministre responsable des affaires
canadiennes. Ici, il y a de l'ordre et il y a de la discipline dans les
façons de faire les choses, contrairement à la position de
l'Opposition, alors que nous ne savons pas s'ils sont pour, s'ils sont contre,
ça dépend parfois de la façon dont ils se lèvent le
matin.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période des
questions. Tel qu'annoncé précédemment, nous allons
maintenant procéder aux votes reportés sur la motion principale
et les motions d'amendement et de sous-amendement introduites ce matin.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Tel qu'annoncé, je
mets aux voix la motion de M. le député de Lac-Saint-Jean...
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ça va?
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...la motion de M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition officielle
proposant que l'Assemblée nationale réaffirme la position du
gouvernement exprimée solennellement par le premier ministre à
l'occasion d'un message à la population, le 23 juin 1990, à
l'effet de négocier dorénavant à deux, et non à
onze, avec le gouvernement canadien tout projet d'entente constitutionnelle; la
motion d'amendement de M. le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes et la motion de sous-amendement de M. le
député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition officielle.
Mise aux voix de la motion de sous-amendement
à l'amendement à la motion de
l'Opposition
proposant que l'Assemblée réaffirme la
position
du gouvernement à l'effet de négocier a
deux,
et non à onze, avec le gouvernement
canadien
tout projet d'entente constitutionnelle
Conformément à l'article 201 du règlement de
l'Assemblée, je mets d'abord aux voix la motion de sous-amendement de M.
le député de Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition officielle.
Cette motion de sous-amendement se lit comme suit: «Que l'amendement
présenté soit sous-amendé en remplaçant, dans
l'avant-dernière ligne du paragraphe d, le mot "le" par le mot
"tout"»».
Que les députés qui sont en faveur de cette motion de
sous-amendement veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), M. Perron (Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M.
Blais (Masson), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M.
Go-din (Mercier), Mme Juneau (Johnson), M. Claveau (Ungava), M. Dufour
(Jonquière), M. Lazure (La
Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Léonard (Labelle), Mme Vermette (Marie-Victorin), M. Paré
(Shefford), M. Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), M.
Filion (Montmorency), Mme Caron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles), M. Trudel (Rouyn-Noran-da-Témiscamingue), Mme
Dupuis (Verchères), M. Beaulne (Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière), M. Bélanger (Anjou). M. Holden
(Westmount).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que les
députés qui sont contre cette motion veuillent bien se lever,
s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Bourassa (Saint-Laurent), M.
Pagé (Portneuf), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan
(Argenteuil), M. Côté (Charlesbourg), M. Bourbeau (Laporte), M.
Dutil (Beauce-Sud), M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Sir-ros
(Laurier), M. Vallières (Richmond), M. Valle-rand (Crémazie), M.
Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay (Outremont), M. Rémillard
(Jean-Talon), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss
(Pontiac), Mme Frulla-Hébert (Mar-guerite-Bourgeoys), M. Cherry
(Sainte-Anne), M. Bélisle (Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M.
Cusano (Viau), M. Picotte (Maskinongé), Mme Robillard (Chambly), M.
Blackburn (Roberval), Mme Bleau (Groulx), M. Maciocia (Viger), M. Maltais
(Saguenay), M. Savoie (Abitibi-Est), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon
(La Peltrie), M. Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé),
M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon (Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond),
Mme Pelchat (Vachon), M. Paradis (Matapédia), M. Marcil
(Salaberry-Soulanges), M. Leclerc (Taschereau), M. Poulin (Chauveau), M.
Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M.
Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Chapleau), M. Fradet (Vimont), M. Lemieux
(Vanier), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M.
Charbonneau (Saint-Jean), Mme Bégin (Belle-chasse), M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail
(Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun), M. Forget (Prévost), M.
Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine), Mme Hovington (Matane), M.
Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau
(Acadie), M. Audet (Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), M. Brouillette
(Champlain), M. Bradet (Charlevoix), M. Després (Limoilou), Mme Loiselle
(Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M.
MacMillan (Papineau).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
abstentions? Aucune abstention.
Le Secrétaire: pour: 32 contre: 80 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, la motion de
sous-amendement est rejetée.
Mise aux voix de la motion d'amendement
Je mets maintenant aux voix la motion d'amendement de M. le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes,
motion qui se lit comme suit: «Que la motion en discussion soit
amendée en remplaçant, dans la première ligne, le mot
"réaffirme" par les mots "dans les circonstances actuelles, appuie"; en
retranchant, dans la quatrième ligne, après le mot "onze", la
virgule; en remplaçant, dans la cinquième ligne, le mot
"canadien" par le mot "fédéral"; en remplaçant, dans la
cinquième ligne, les mots "le projet d'entente constitutionnelle" par
les mots "le renouvellement du fédéralisme canadien". »
La motion ainsi amendée se lirait comme suit: «Que
l'Assemblée nationale, dans les circonstances actuelles, appuie la
position du gouvernement exprimée solennellement par le premier ministre
à l'occasion d'un message à la population, le 23 juin 1990,
à l'effet de négocier dorénavant à deux, et non
à onze, avec le gouvernement fédéral le renouvellement du
fédéralisme canadien. »
Que les députés qui sont en faveur de cette motion
d'amendement veuillent bien se lever. (15 h 10)
Le Secrétaire adjoint: M. Bourassa (Saint-Laurent).
Des voix: Bravo!
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), M.
Côté (Charlesbourg), M. Bourbeau (Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M.
Vallières (Richmond), M. Vallerand (Crémazie), M. Elkas
(Robert-Baldwin), M. Tremblay (Outremont), M. Rémillard (Jean-Talon), M.
Rivard (Rosemont), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac), Mme
Frulla-Hébert (Marguerite-Bourgeoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M.
Bélisle (Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M.
Picotte (Maskinongé), Mme Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval),
Mme Bleau (Groulx), M. Maciocia (Viger), M. Maltais (Saguenay), M. Savoie
(Abitibi-Est), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M.
Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), M. Hamel
(Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M.
Paradis (Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Leclerc
(Tasche-reau), M. Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M. Tremblay
(Rimouski), M. Benoit (Or-ford), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Cha-pleau),
M. Fradet (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M.
Richard (Nico-let-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean), Mme Bégin
(Bellechasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun),
M. Forget (Prévost), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine),
Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Aca-die), M. Audet (Beauce-Nord), M. Parent
(Sauvé), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden
(Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M. Bra-det (Charlevoix), M.
Després (Limoilou), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière
(Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau). M. Holden
(Westmount).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que les
députés qui sont contre cette motion d'amendement veuillent bien
se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), M. Perron (Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M.
Blais (Masson), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M.
Go-din (Mercier), Mme Juneau (Johnson), M. Claveau (Ungava), M. Dufour
(Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), Mme Vermette
(Marie-Victorin), M. Paré (Shefford), M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), Mme
Caron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M.
Trudel (Rouyn-Noran-da-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M.
Beaulne (Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière),
M. Bélanger (Anjou).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier), M. Atkinson
(Notre-Dame-de-Grâce).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
abstentions?
Le Secrétaire: pour: 79 contre: 34 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Lefebvre): La motion d'amendement
est adoptée.
Mise aux voix de la motion amendée
Je mets maintenant aux voix la motion du député de
Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition officielle telle qu'amendée.
Cette motion se lit désormais comme suit: «Que l'Assemblée
nationale, dans les circonstances actuelles, appuie la position du gouvernement
exprimée solennellement par le premier ministre à l'occasion d'un
message à la population, le 23 juin 1990, à l'effet de
négocier dorénavant à deux, et non à onze, avec le
gouvernement fédéral le renouvellement du
fédéralisme canadien. »
Que les députés qui sont en faveur de cette motion, telle
qu'amendée, veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), M. Perron (Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M.
Blais (Masson), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme Harel
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M.
Go-din (Mercier), Mme Juneau (Johnson), M. Claveau (Ungava), M. Dufour
(Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), Mme Vermette
(Marie-Victorin), M. Paré (Shefford), M. Boulerice
(Sainte-Marie-Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), Mme
Caron (Terrebonne), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M.
Trudel (Rouyn-Noran-da-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M.
Beaulne (Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière),
M. Bélanger (Anjou).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que les
députés qui sont contre... Vous êtes pour, allez- y!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Secrétaire adjoint: M. Bourassa (Saint-Laurent), M.
Pagé (Portneuf), Mme Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Levesque (Bonaventure), Mme Bacon (Chomedey), M. Ryan
(Argenteuil), M. Côté (Charlesbourg), M. Bourbeau (Laporte), M.
Dutil (Beauce-Sud)...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît! Un
instant! Un instant! S'il vous plaît, j'aimerais bien qu'on puisse faire
le décompte du vote dans un ordre relatif. Allez-y, continuez.
Le Secrétaire adjoint:... M. Côté
(Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M. Vallières (Richmond),
M. Vallerand (Crémazie), M. Elkas (Ro-bert-BaldwIn), M. Tremblay
(Outremont), M. Rémillard (Jean-Talon), M. Rivard (Rosemont), Mme Robic
(Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla-Hébert
(Marguerite-Bourgeoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M. Bélisle
(Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Picotte
(Maskinongé), Mme Robillard (Chambly), M. Blackburn (Roberval), Mme
Bleau (Groulx), M. Maciocia (Vi-
ger), M. Maltais (Saguenay), M. Savoie (Abitibi-Est), Mme
Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M. Philibert
(Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), M. Hamel (Sherbrooke), M.
Doyon (Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M.
Paradis (Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Leclerc
(Tasche-reau), M. Poulin (Chauveau), M. Thérien (Rousseau), M. Tremblay
(Rimouski), M. Benoit (Or-ford), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Cha-pleau),
M. Fradet (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M.
Richard (Nico-let-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean), Mme Bégin
(Bellechasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun),
M. Forget (Prévost), M. Khelfa (Richelieu), M. Gobé (LaFontaine),
Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Aca-die), M. Audet (Beauce-Nord), M. Parent
(Sauvé), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden
(Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M. Bra-det (Charlevoix), M.
Després (Limoilou), Mme Loiselle (Saint-Henri), M. Lafrenière
(Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau).
M. Holden (Westmount). (15 h 20)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que les
députés qui sont contre cette motion, telle qu'amendée,
veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Libman (D'Arcy McGee), M.
Cameron (Jacques-Cartier), M. Atkinson (Notre-Dame-de-Grâce).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
abstentions? Pas d'abstention.
Le Secrétaire: pour: 110 contre: 3 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, la motion telle
qu'amendée est adoptée.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous continuons les
travaux de l'Assemblée. Un instant... Mmes et MM. les
députés, que ceux et celles qui ont des travaux en commission
parlementaire veuillent bien laisser le parquet de l'Assemblée le plus
rapidement possible.
Alors, tel que je viens de l'indiquer, nous continuons les travaux
à l'étape toujours des affaires courantes. Aux motions sans
préavis, je vais maintenant céder la parole à M. le
ministre de l'Éducation.
Motions sans préavis
M. Pagé: M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Chambre pour présenter la motion suivante... Cela
veut dire que nous aurons deux motions sans préavis... Un certain nombre
de motions sans préavis, mais deux qui sont susceptibles de
revêtir un caractère particulier...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député.
M. Pagé: Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci de votre
collaboration. M. le ministre, si vous voulez poursuivre. M. le sergent, si
vous voulez bien fermer les portes, s'il vous plaît. Alors, nous en
sommes aux motions sans préavis. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Nous aurons un
certain nombre de motions sans préavis à étudier cet
après-midi, dont une portant, évidemment, sur la Semaine du
français et l'autre sur la Journée de la francophonie.
Souligner la tenue de la Semaine du
français
Alors, je demanderais le consentement pour que la motion suivante puisse
être adoptée: «Que l'Assemblée nationale souligne la
tenue de la Semaine du français qui se déroule du 16 au 20 mars,
réaffirmant ainsi son attachement à la langue française,
en encourageant toutes les Québécoises et tous les
Québécois a poursuivre leurs efforts pour l'épanouissement
de leur langue.»
Le Vice-Président (M. Bissonnet): y a-t-il consentement
des membres de cette assemblée pour débattre cette motion?
consentement? m. le leader du gouvernement et ministre de
l'éducation.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Alors, merci, M. le Président. Je suis
heureux, comme ministre de l'Éducation du Québec et au nom du
gouvernement de présenter cette motion sur la Semaine du
français, une semaine qui a été élaborée et
qui fait suite à l'initiative de l'Office de la langue française
et du Conseil interdisciplinaire du Québec d'organiser de nouveau en
1992 cette année, la Semaine du français, et de souligner ici
à l'Assemblée nationale cette semaine, cette semaine qui doit
nous réunir. C'est le moment privilégié pour nous,
finalement, de nous ressourcer et de revoir cet engagement entier et profond
que nous avons à l'égard de cette langue de communication qui
nous réunit ici au Québec.
M. le Président, on doit constater que la qualité autant
du français parlé que du français écrit, la
qualité du français exprimé par les arts
d'interprétation, par l'écriture, par le roman, par la
poésie doit faire l'objet d'une très grande fierté de
notre part.
Mon collègue, le député de Rimouski, au nom de mon
collègue, le député d'Argenteuil et ministre responsable
de l'application de la Charte de la langue française, interviendra, dans
quelques minutes, plus particulièrement à l'égard de cette
amélioration, combien formidable qu'on peut sentir, qu'on peut palper et
qu'on peut vivre, qu'on peut voir dans le vécu quotidien,
c'est-à-dire des travailleurs et des travailleuses du Québec dans
leur milieu de travail.
Comme ministre de l'Éducation, M. le Président, je dois
assumer des responsabilités, notamment à l'égard du
français qui est enseigné dans nos réseaux public et
privé d'enseignement au Québec. Je dois vous dire, M. le
Président, toute la fierté qui m'anime à plusieurs
égards, malgré le fait que, je dois en convenir, nous ayons des
corrections, des réorientations ou des modifications importantes
à amener et à conduire à terme dans certains
programmes.
Globalement, M. le Président, si on se réfère
à nos jeunes, celles et ceux qui, somme toute, constituent notre avenir,
nos jeunes qui, à l'heure où on se parle, sont dans nos
écoles, qui sont au nombre, dans le réseau primaire et
secondaire, de 1 400 000 élèves, on doit constater que ces jeunes
ont une maîtrise des pratiques langagières qui est beaucoup plus
développée, beaucoup plus accentuée que la nôtre,
à titre d'exemple, à pareil âge ou à pareille
époque.
Vous savez lorsqu'on échange, aujourd'hui, avec un enfant de 12
ans, de 13 ans, on constate qu'il s'exprime beaucoup plus ouvertement, qu'il a
une capacité de conceptualiser certaines situations et s'y
référer via ses réactions, ses émotions, sa
sensibilité, dans un langage qui se veut plus raffiné, plus exact
que ça ne pouvait être le cas pour nous. Et, je pense que mon
collègue, le député d'Abitibi-Ouest, va abonder dans le
même sens que moi.
On doit reconnaître que l'accent qui a été mis sur
l'expression orale, dans le cadre de nos cours de formation en français,
donne de très bons résultats. Certains questionneront, j'en
conviens, la qualité du français écrit. Je pense, comme
ministre de l'Éducation, ne pas être le seul à me
préoccuper de cette situation, de cet état de fait. C'est vrai
qu'on doit revoir certaines de nos pratiques. Je voudrais profiter de cette
Semaine du français pour indiquer très clairement à cette
Chambre la volonté très claire, très ferme, et
déjà bien arrêtée qui m'anime, comme ministre de
l'Éducation, de proposer éventuellement, probablement d'ici
à l'automne, des modifications pour fin de consultation. J'espère
qu'on aura un débat ou un échange le plus large possible sur une
question aussi importante, à savoir la maîtrise d'un
français bien écrit tout le temps, par chacun et chacune de nos
concitoyens et concitoyennes, et plus particulièrement mieux
campé au niveau de l'école québécoise.
M. le Président, comme je l'indique souvent dans mes
interventions, une langue maternelle, c'est beaucoup plus qu'un véhicule
d'expression. Ça doit transporter en même temps tout le bagage
culturel où sont puisées les racines les plus fortes de cette
langue. À cet égard, j'ai déjà eu
l'opportunité d'indiquer ma préoccupation et ma volonté de
revoir le contenu de nos programmes d'enseignement du français, langue
maternelle, et aussi, pourquoi pas, de l'enseignement du français,
langue seconde, de revoir le contenu de ces programmes de façon à
revenir à davantage de lectures, davantage de contacts avec ce que notre
langue, cette grande langue qui est la nôtre, véhicule comme
bagage culturel en référence, entre autres, aux grands
auteurs.
Bien supporter notre langue maternelle, c'est aussi, évidemment,
supporter l'école québécoise. À cet égard,
je dois vous dire que, suite à la commission de la culture, avec ma
collègue, Mme la ministre des Affaires culturelles, on a l'intention
d'élaborer ensemble une intervention qui nous permettra
véritablement de concrétiser le retour, somme toute, le retour
des artistes à l'école. En ce qui nous concerne, c'est notre
objectif. Mais, en ce faisant aussi, on va définitivement toucher la
langue française puisque la langue est au coeur même non seulement
de notre vécu quotidien, mais de tout ce que cette langue transporte en
termes de bagage, d'histoire, de culture, de coutumes, de racines et de
traditions. (15 h 30)
Le député d'Abitibi-Ouest, avant qu'il s'y
réfère, je dois lui dire que j'ai l'intention aussi de revoir,
comme ministre de l'Éducation, nos interventions dans les
bibliothèques scolaires au Québec, et ce dès la prochaine
année. Pour moi, la meilleure garantie d'être capable de bien
écrire sa langue, c'est d'avoir un contact quotidien, régulier,
constant avec la lecture des grands auteurs. Et c'est un peu avec le sourire en
coin, comme ça m'arrive à l'occasion quand j'entends les
critiques qui me sont adressées par mon honorable collègue
pendant la période de questions. Je crois que la satisfaction que j'ai
vue vendredi soir s'appuie entre autres sur des démarches comme
celles-là au niveau des bibliothèques, alors qu'un rapport avait
été rendu public il y a quelques années, interpellant
directement le ministère de l'Éducation. Et j'entends, à
compter de la prochaine année financière, amorcer
véritablement la mise en place des mesures adéquates
nécessaires pour donner suite à ce rapport.
M. le Président, voilà essentiellement ce que j'avais
à vous indiquer, et je dois vous indiquer que, dans l'école
québécoise, dans nos écoles au Québec, il y a de
belles expériences. Vous savez, nous sommes davantage sujets à
critique parfois qu'à témoignage d'appréciation.
Nous discutions il y a quelques minutes de toute la question de
l'abandon scolaire, du décrochage. Cependant, on doit constater, si on
veut être honnête - c'est loyal - envers celles et ceux qui vivent
l'éducation quotidiennement, on doit reconnaître qu'il se fait de
belles choses dans nos écoles. Je dois dire que c'est avec fierté
que je m'associais, il y a quelques semaines, au lancement d'une revue, le
Magazine jeunesse, en collaboration avec l'équipe du Salon de la
jeunesse et l'équipe du Mouvement Desjardins, où on rendait
publics certains documents et on procédait à la publication d'un
magazine.
Vous savez, M. le Président, que dans nos écoles
secondaires, on a quand même un nombre très appréciable
d'élèves qui suivent un cours en journalisme. J'espère que
les membres de l'Assemblée nationale liront avec beaucoup d'attention ce
magazine qui a été rendu public et qui sera publié
à un rythme régulier pendant l'année.
Je lisais un texte d'une élève. D'abord, c'est un magazine
qui est écrit uniquement par des jeunes, en français. Je lisais
un texte, dans ce magazine: «Le français à
améliorer?» d'une élève de la polyvalente d'Arvida,
commission scolaire de Jonquière, Mlle Pascale Bergeron, qui disait,
dans son texte qui est très beau, et je le cite en partie: «Le
français de l'avenir, cela sera ce que nous autres, nous aurons bien
voulu qu'il soit. On récolte ce que l'on a semé. Certes,
l'avènement des ordinateurs de plus en plus perfectionnés
facilitera la tâche d'un français écrit correctement, mais
ce n'est là qu'un outil. Je crois que la fierté de
posséder et de conserver sa langue doit nous pousser à faire de
plus grands efforts pour y parvenir. En connaissant mieux notre
français, nous serons mieux armés pour le
défendre.»
M. le Président, quand je vois l'engagement de nos jeunes dans
nos écoles, quand je vois autant d'attachement à l'égard
de ce qui nous réunit et de ce qui constitue un élément
essentiel de notre tissu culturel au Québec, je me dis qu'on doit avoir
confiance en l'avenir, on doit avoir confiance en notre langue et on doit
être fiers de notre culture, ce pourquoi je vous invite à voter
pour cette motion, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
l'Éducation, pour votre intervention. Sur cette même motion, je
reconnais maintenant M. le leader adjoint de l'Opposition officielle et
député d'Abitibi-Ouest. M. le député.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Comme critique, comme
porte-parole en matière d'éducation et comme leader adjoint, au
nom de ma formation politique, c'est évident que nous allons concourir
à la présentation de la motion pour souligner la Semaine du
français qui vient d'être présentée par le ministre
de l'Éducation. C'est important, je pense, de rappeler qu'il s'agit, M.
le Président, pour la cinquième année consécutive,
de cette initiative pour souligner la Semaine du français. Cette
initiative origine du Conseil pédagogique interdisciplinaire du
Québec, et je l'en félicite. Avec son concours «Le
français, ça compte», il décerne à chaque
année des prix méritants, venant ainsi souligner les efforts des
professeurs de tous les ordres d'enseignement afin d'améliorer, par le
biais d'activités spécifiques, la qualité du
français.
Le Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec publie
également à chaque année, M. le Président, un
recueil des différentes activités qui se déroulent dans
chacune des commissions scolaires, parce qu'il y a beaucoup plus de commissions
scolaires qu'on le pense qui tiennent des initiatives heureuses et des
activités pour souligner cette nécessaire promotion du fait
français. Cette année, entre autres, le Conseil
pédagogique interdisciplinaire du Québec remettra ces prix et
rendra public ce recueil le 20 mars prochain - donc, on n'est pas loin -
à l'occasion de la Journée de la francophonie. L'Office de la
langue française s'est joint, depuis quelques années, au Conseil
interdisciplinaire et il souligne, pour sa part, davantage les efforts de
francisation réalisés en milieu de travail. Cet aspect-là
sera touché par ma collègue. je voudrais juste faire quelques
commentaires. parce qu'il me semble que, quand on a à souligner la
semaine du français, il faut le faire assez rapidement, en
évoquant les principaux éléments sur lesquels il y a lieu
d'insister. c'est sûr que nous, m. le président, on est heureux de
s'associer à cette motion, puisqu'en même temps on a l'occasion de
souligner le 15e anniversaire de la loi 101, 15 années d'existence d'une
loi-cadre, majeure, importante qui, malheureusement, a été
triturée sous le gouvernement actuel, mais qui, globalement, a permis
énormément d'application et de progrès dans le domaine de
la francisation tout court. on pourrait aller dans chacune des
activités, mais, dans le domaine de la francisation tout court, je pense
que la loi 101 a permis d'accomplir des progrès importants, notamment,
m. le président, au niveau scolaire. parce que, je ne sais pas si vous
le savez, c'est bon de le rappeler, avant l'adoption de la loi 101, 85 % des
immigrants s'intégraient à l'école anglaise, alors
qu'aujourd'hui 73 % d'entre eux fréquentent l'école
française. je répète: 85 % à l'école
anglaise il y a 15 ans; aujourd'hui presque autant, mais à
l'école française. donc, c'est un avantage majeur et important.
de plus, parmi celles et ceux qui fréquentent l'école secondaire
française, 80 % choisissent le collégial ou des études
collégiales en français.
J'écoutais le ministre tantôt qui disait: On a, vous savez,
dans le monde de l'éducation, mis l'accent sur toute la question qu'on
appelait communément «l'expression orale». C'est beau,
c'est bien et c'est vrai, il n'y a pas de nuance. Mais, en mettant
parfois trop l'accent à un seul endroit, ça crée les
inconvénients que nous vivons actuellement. Oui, l'accent a
été mis sur l'expression orale. Oui, l'expression orale de nos
jeunes, gars et filles du Québec, est pas mal plus intéressante
en 1992 qu'elle ne l'était il y a quelques années. Mais combien
de fois encore a-t-on recours à l'usage trop fréquent du jouai,
de l'ellipse et de l'écriture phonétique, sans connaître
adéquatement la bonne signification du fait français?
Il me semble, M. le Président, qu'on ne peut pas parler de la
Semaine du français sans rappeler, malheureusement, qu'en 1990,
c'étaient encore nos jeunes du secondaire qui faisaient en moyenne une
faute à tous les 10 mots. Et quand je rappelle ça, ce n'est pas
parce que j'aime ça, M. le Président, c'est parce qu'il reste
énormément de malaise. Alors, une faute à tous les 10
mots. L'an dernier, à Montréal, à peine 52 % des
élèves du secondaire V des écoles publiques ont
réussi l'épreuve de français écrit du
ministère et le tiers des étudiants admis à
l'Université du Québec à Trois-Rivières en 1990 ont
échoué un test obligatoire de français dont le seuil de
réussite était d'environ une erreur à tous les 30 mots.
Donc, la situation est passablement encore critique au niveau du fait
français, au niveau de la phrase complète, au niveau du bon
usage.
Et comme je n'ai pas énormément de temps, puisque j'ai une
autre obligation, je dois dire que, bien sûr, M. le Président, on
doit se réjouir du succès remporté à certains
égards, mais des efforts majeurs de redressement s'imposent, et je ne
sens pas toujours que ce gouvernement-là les pose. Je
répète, des efforts majeurs s'imposent, et d'une façon
très urgente. Et on doit encourager les enseignants et les enseignantes
à faire ces efforts, eux qui, année après année,
dans le cadre de la Semaine du français, tentent de tenir des
activités de promotion de la qualité du fait français.
C'est sûr que je les félicite d'avance, toutes celles et ceux qui
seront récompensés lors de la remise des prix du concours
«Le français, ça compte», organisé par le
Conseil pédagogique interdisciplinaire du Québec. Bravo à
celles et ceux qui prendront des initiatives. (15 h 40)
En guise de conclusion, M. le Président, je ne peux pas faire
autrement, en ce qui me concerne, que de dire qu'il est toujours de très
grande actualité au Québec que tout soit mis en oeuvre afin de
préserver et d'enrichir davantage à la contribution et au
rayonnement de la langue et de la culture françaises. C'est beau, la
Semaine du français. C'est fantastique. La Semaine du français,
ça compte, mais ça devrait compter à l'année, dans
nos familles, dans l'entreprise, partout dans nos milieux de travail, parce que
la dégradation progressive du français dans l'usage que nous en
faisons est un problème de société, et on devrait profiter
de cette journée, M. le Président, pour s'en convaincre tous
qu'il appartient à chacun et chacune d'entre nous, dans cette
société, de ne rien négliger afin de maximiser le bon
usage du fait français et fa promotion de la langue française.
Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Sur cette même motion, je reconnais
maintenant M. l'adjoint parlementaire au ministre des Affaires municipales et
député de Rimouski. M. le député.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je suis
honoré d'ajouter ma voix à celle du leader du gouvernement et
ministre de l'Éducation pour souligner la tenue de la Semaine du
français. Le gouvernement se réjouit de l'initiative qu'ont pris
conjointement l'Office de la langue française et le Conseil
interdisciplinaire du Québec d'organiser de nouveau, en 1992, la Semaine
du français. Grâce à la collaboration de plusieurs
partenaires gouvernementaux et privés qui ont reçu l'appui des
milieux patronal et syndical, de nombreuses activités se
dérouleront du 16 au 20 mars dans l'ensemble des régions du
Québec pour souligner l'importance du français dans la vie de
tous les citoyens du Québec.
La Semaine du français vise à sensibiliser le public en
général, et le monde du travail et de l'éducation, en
particulier, à l'importance de promouvoir la diffusion et la
qualité du français. La tenue de cet événement
rappelle la place capitale du français dans l'ensemble des
activités de la vie collective. Il est indéniable qu'au cours des
20 dernières années, le français a fait de nets
progrès dans de nombreux secteurs, notamment dans les milieux du travail
et de l'éducation.
Malgré ces progrès impressionnants, il est évident
qu'il y a encore du travail à faire et que le gouvernement entend
continuer à favoriser l'atteinte des objectifs de la Charte de la langue
française. Dans le domaine du travail, ainsi que l'exprimait
récemment dans une allocution le ministre responsable de l'application
de la Charte de la langue française, M. Claude Ryan, la qualité
du français dans l'entreprise traduit une volonté que n'ont
cessé de proclamer les gouvernements qui se sont succédé
au pouvoir depuis l'entrée en vigueur de la Charte de la langue
française.
À bien des égards, c'est dans les milieux du travail et
des affaires que se jouera en longue période l'avenir du français
au Québec. Tout ce qui peut être accompli pour rendre le
français davantage présent et plus dynamique dans la vie des
entreprises est, pour notre société, souverainement important.
Grâce à l'effort soutenu de l'Office de la langue française
et de ses partenaires dans les entreprises, il y a lieu d'être optimiste
quant à l'évolution de la place du
français comme langue de communication dans les milieux de
travail.
Dans le contexte actuel de la mondialisation des marchés et du
libre-échange, nous devons nous assurer que la qualité de notre
langue accompagne la recherche de la qualité totale de nos produits. Ces
enjeux sont indissociables. Il faut viser à les promouvoir de pair.
C'est peut-être dans le secteur de l'éducation où les
progrès les plus sensibles ont été réalisés
en matière de promotion du français. En effet, on observe depuis
le début des années quatre-vingt un accroissement significatif du
pourcentage d'élèves québécois inscrits dans les
écoles françaises. Durant cette période, nous sommes
passés de 86 %à90 %.
Plus récemment, au niveau collégial, on constate une
tendance croissante chez des élèves allophones à
s'inscrire dans les établissements de langue française. Il est
clair que, chez les enfants de foyers immigrants, l'intégration au
Québec français est en bonne voie. Nous sommes toutefois
conscients qu'en éducation nos jeunes font face à de
sérieux problèmes de motivation et d'orientation. Le gouvernement
et ses partenaires du milieu éducatif prennent les correctifs qui
s'imposent. Il faut nous assurer, entre autres, qu'au plan de la formation
fondamentale, nos enfants acquièrent la maîtrise d'un
français de qualité. C'est là un outil essentiel de
développement individuel et social.
Un événement comme la Semaine du français
s'inscrit, croyons-nous, comme un temps de réflexion et d'action sur les
valeurs profondes de notre société. La responsabilité de
promouvoir la qualité de la langue française revient non
seulement au gouvernement et aux organismes qui s'y rattachent, mais aussi
à chaque personne, à chaque entreprise et à chaque
institution qui est appelée à prendre des décisions en
matière linguistique. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Rimouski, de votre intervention. Sur cette même
question, je reconnais Mme la députée de Chicoutimi. Mme la
députée, la parole est à vous.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
de m'associer à la motion présentée par le ministre de
l'Éducation pour souligner la Semaine du français. Cette motion
veut nous donner l'occasion de réaffirmer notre attachement à la
langue française, encourager les Québécoises et les
Québécois à poursuivre leur effort pour corriger et
améliorer la langue écrite et parlée.
Je veux me joindre à la motion du ministre pour exprimer mon
attachement et notre attachement collectif à la langue française,
la fierté que nous éprouvons de parler français, de parler
français plus de quatre siècles après l'arrivée des
premiers explorateurs français et en dépit des pressions
exercées par l'environnement linguistique, entourés que nous
sommes de quelque 300 000 000 d'anglophones.
Le Conseil de la langue française nous propose de faire la
promotion du français au travail. Il faut le souligner, des
progrès remarquables ont été réalisés dans
les secteurs publics, particulièrement dans le secteur public de
compétence provinciale. Cependant, les établissements et les
services, de même que les institutions relevant de la compétence
du fédéral... Pour ces institutions et établissements, les
résultats tardent à venir, pour ne pas dire que dans certains
cas, il y a carrément de l'obstruction.
Qu'en est-il, par ailleurs, du français au travail à
Montréal et, plus particulièrement, dans le secteur privé?
«L'usage du français au travail - situation et tendances»,
c'est le titre d'un document paru au printemps 1991 et publié par le
Conseil de la langue française. Ce document nous apprend qu'au 31 mars
1990, 63 % de l'ensemble des grandes entreprises de 100 employés et plus
et 76 % des petites et moyennes entreprises de 55 à 99 personnes avaient
un certificat ou détenaient un certificat de francisation. C'est un
progrès remarquable. si on regarde les secteurs d'activité, on se
rend compte qu'en ce qui concerne le secteur manufacturier, près de 50 %
des grandes entreprises n'ont toujours pas de certificat de francisation. on
sait qu'il s'agit d'un secteur où se retrouve une forte proportion de la
main-d'oeuvre immigrante. dans ce contexte, on doit encore aujourd'hui
multiplier les efforts. il faut également se pencher le plus tôt
possible sur le cas des petites entreprises de 10 à 50 employés,
parce que ces entreprises ne sont toujours pas soumises aux dispositions de la
loi 101 en ce qui concerne le français au travail.
Par ailleurs, un autre objet de préoccupation est la situation
des entreprises du secteur manufacturier qui utilisent la technologie parce
qu'on constatera que plus il y a utilisation de haute technologie, moins le
français fait de progrès, pour ne pas dire qu'il effectue des
reculs. A cet égard, les chiffres du Conseil de la langue
française sont très éloquents. Ainsi, 67 % des grandes
entreprises du secteur manufacturier qui utilisent fortement les nouvelles
technologies ne sont pas certifiées. On comprendra que c'est
énorme si on pense que ça peut aller jusqu'à 76 % dans les
grandes entreprises, alors que vous retrouvez, à l'inverse, dans les
entreprises à haut contenu technologique, 67 % qui n'ont toujours pas de
certificat de francisation. On sait que ce sont ces entreprises qui se
sortiront le plus aisément de la crise économique actuelle, et il
est dommage de constater que la majorité d'entre elles n'ont pas encore
de certificat de francisation. (15 h 50)
Par ailleurs, il faut le rappeler, toujours dans le document du Conseil
de la langue française, l'anglais domine encore largement le secteur
privé, à Montréal en particulier, dans les entreprises
privées. L'étude du Conseil de la langue nous apprend que
près de 65 % des métiers manuels peuvent travailler en
français, mais la proportion s'inverse totalement lorsqu'il s'agit des
cadres, des gérants, des administrateurs, des professionnels ou des
techniciens spécialisés. Ces personnes ne parlent français
au travail que dans une proportion de 32 % à 36 %. Vous constatez que si
vous êtes manoeuvre et ouvrier, vous parlez français, mais si vous
avez des ordres à donner, deux fois sur trois ils seront, dans le
secteur privé de Montréal, donnés en anglais. Donc, les
personnes qui administrent, gèrent, dirigent les entreprises
privées à Montréal le font en anglais, deux fois sur
trois.
M. le Président, que nous disent les données quant
à l'utilisation des logiciels et de l'informatique au travail? Le
Conseil de la langue nous fournit des informations intéressantes
à cet égard mais, ici, les données sont
intéressantes et méritent un peu qu'on s'y arrête. Si on a
réalisé des progrès quant aux logiciels - ce dont je me
réjouis - en 1989, 41 % des logiciels utilisés par les
francophones étaient en anglais. En 1986, le pourcentage était de
54 %. Cependant, il faut se demander ce qu'il advient des manuels d'utilisation
des appareils. On avait, en 1989, 41 % des manuels d'utilisation qui
étaient en français contre 43 % en 1986. On constate, à
cet égard, un léger recul. S'il y a des progrès
réalisés à certains égards, il demeure que dans ce
secteur en particulier, en ce qui a trait à l'utilisation des manuels
d'instruction ou d'utilisation, nous constatons un recul.
Les progrès du français au travail sont très
fragiles et ne peuvent être considérés comme des acquis
permanents. Dans cette perspective - je dois le dire pour le regretter - les
déclarations du maire Doré ont de quoi nous inquiéter.
Comment parier d'attachement et de fierté à l'endroit de la
langue française si le premier citoyen de Montréal propose que la
métropole du Québec, sa ville, deuxième ville
française au monde, se bilinguise, devienne une ville bilingue? Comment
convaincre nos jeunes qu'ils ont intérêt à mieux
maîtriser le français, écrit et parié? Comment
inculquer aux jeunes immigrants le goût du français et comment
développer chez eux un attachement à la langue française
dans ces circonstances?
Montréal doit demeurer une ville francophone. On ne pourrait
soutenir une politique linguistique qui minimiserait l'influence de la grande
région de Montréal sur la perception que les
Québécois et les Québécoises ont ou auraient de
l'importance de la langue française dans leur vie quotidienne. Les
déclarations de M. Doré manifestent, je dirais, un certain
désarroi devant la situation économique de Montréal qui
peut pratiquement être qualifiée de désastreuse, mais ce
n'est pas en niant ce qui fait notre spécificité culturelle, en
oubliant que, pour de nombreux francophones qui oeuvrent dans le milieu des
affaires et de l'industrie, dans le monde économique de façon
générale, le français a soutenu leur promotion, ce n'est
pas en oubliant ces faits qu'on va relancer l'économie de
Montréal.
Il faut toutefois comprendre que le débat linguistique touche
d'abord Montréal, pour ne pas dire exclusivement ou quasi exclusivement
Montréal. La loi 178, cette loi toute croche, finalement, est devenue un
symbole d'oppression pour la communauté anglophone, un cheval de
bataille pour tout antisouverainiste à tous crins, j'allais dire un cri
de ralliement. La loi 178, et je le dis, malheureusement, a servi de
prétexte à un discours démagogique largement
exploité par les adversaires de la souveraineté qui,
malheureusement, je le redis, a terni l'image du Québec à
l'étranger.
On ne peut pas, en dépit de cela, envisager des modifications
à la loi 101 à la pièce. L'Opposition avait invité,
l'automne dernier, le ministre à reporter toute modification à la
loi 101 après un examen plus exhaustif de la situation actuelle. Nous
avons réclamé à cet égard la tenue d'un large
débat public, un débat de société sur la langue au
Québec, débat qui devrait se tenir une fois terminé... le
débat constitutionnel. Toute discussion touchant une disposition ou
l'autre de la loi 101, que ça soit de la loi 101, de la loi 178 ou de
ses règlements, dans le contexte actuel, ça demeure une
espèce de baril de poudre, et on n'aurait pas, me semble-t-il, la
sérénité requise pour examiner cette loi avec
sérieux et sans émotion.
M. le Président, la question de l'affichage, les lois 178 et 101
ne peuvent pas - il faut le répéter - être examinées
dans le contexte actuel, mais on ne pourrait pas examiner cette loi sans
égard au statut constitutionnel du Québec. Dans un Québec,
province canadienne, où la loi 101 a été jugée
inconstitutionnelle dans ses dispositions, le débat ne peut pas se faire
de la même façon. Dans un Québec, province canadienne,
où le Québec ne participe pas à la sélection des
immigrants à l'étranger, la question ne se pose pas de la
même manière. Les immigrants qui viennent au Québec sont
accueillis à l'étranger en anglais. La situation et la question
ne se posent pas de la même manière. Dans un Québec,
province canadienne, où le français au travail demeure fragile et
demeure encore, faut-il le dire, dans deux cas sur trois, organisé et
dirigé en anglais, la question de la révision ou de
l'adoucissement ou de modifications à la loi 101 ne se pose pas dans la
même perspective. Tout assouplissement à la loi 101 risquerait,
dans les circonstances actuelles, d'entraîner des reculs, car dans
certains secteurs, les gains demeurent fragiles. Seul un débat large,
public, un débat de société nous permettra
d'évaluer, s'il y a lieu,
d'adoucir ou d'assouplir certaines dispositions de la loi 101 ou d'en
renforcer d'autres, mais après que ce débat aura
été tenu.
Cependant - il faut le dire, je pense - le débat linguistique
pourrait prendre une autre dimension ou se poser différemment dans un
Québec souverain. Dans un Québec souverain - l'État du
Québec, qui aurait le français comme langue officielle - sa
présence internationale serait reconnue comme celle d'un pays
francophone. Le Québec accueillerait ses immigrants en français,
et celui qui immigrerait au Québec saurait qu'il entre dans un pays
francophone. La situation ne se poserait pas de la même manière
puisque les messages seraient clairs. Si vous voulez participer à la vie
culturelle, sociale, économique du Québec, vous devez parler
français. Cette perspective d'un débat linguistique, dans le
cadre d'un Québec souverain, se poserait différemment, et on
pourrait envisager certains assouplissements à la loi 101, pour ne pas
dire certains resserrements des droits de la communauté anglophone, de
manière à ce qu'ils ne soient pas niés.
M. le Président, c'est dans la perspective d'un Québec
souverain et dans cette perspective seulement que l'on pourra envisager des
assouplissements à la loi 101. On peut envisager qu'un Québec
souverain pourrait faire preuve de plus de souplesse, mais jamais nous ne
pourrons faire abstraction du fait que nous sommes entourés de quelque
300 000 000 d'anglophones.
Parlant de l'affichage bilingue, M. René Lévesque disait,
et je cite de mémoire: Chaque affiche bilingue dit à l'immigrant:
Vous avez le choix de parler français ou anglais. Et elle dit à
l'anglophone: Tu n'es pas obligé d'apprendre le français. Ces
paroles demeurent d'actualité. Aussi longtemps que le Québec ne
pourra affirmer sa personnalité internationale de pays francophone, tout
comme le Québec ne pourra faire reconnaître comme légitime
et légal le statut du français comme langue nationale, nous
devrons demeurer vigilants. (16 heures)
Pour le moment, il faut se rappeler que l'anglais demeure la langue de
travail de 66 % des cadres professionnels, techniciens
spécialisés et administrateurs. Il faut se rappeler que ce sont
eux qui décident encore pour deux travailleurs sur trois à
Montréal, dans le secteur privé, de l'organisation du travail, du
déploiement, de la progression de l'entreprise et de la progression dans
la profession. Le message qui est livré ici: Si vous voulez avoir des
promotions au travail, vous devez le faire en anglais. C'est le message qu'on
livre à deux travailleurs sur trois dans le secteur privé
à Montréal.
L'analyse de M. Doré m'apparaît un peu courte et, si je me
fie aux déclarations rapportées dans le journal La Presse,
l'anglais domine encore largement - je le disais - dans le secteur
privé à Montréal. Le 12 février dernier, M.
Doré suggérait devant des hommes d'affaires, plus
précisément le 11 février dernier, que les commerces
à vocation touristique devaient être bilingues. On peut
difficilement imputer aux affiches françaises le déclin de
l'industrie touristique à Montréal, parce que l'industrie
touristique est en déclin dans tout le Québec.
Le dépaysement et le caractère français du
Québec ont, nous semble-t-il, une valeur économique pour le
touriste en particulier. Généralement, lorsque vous voyagez
à l'étranger, ce n'est pas pour retrouver exactement ce que vous
avez chez vous. Sinon, vous demeurez chez vous. Le déclin du tourisme
à Montréal pourrait, me semble-t-il, mieux s'expliquer par
l'avalanche de taxes qui a frappé cette industrie.
Par ailleurs, quand M. Doré réclame que les affiches des
petits commerces pourraient être bilingues, comment expliquer cette
demande avec le fait que ça pourrait encourager l'installation de gros
investisseurs dans la région de Montréal puisque ces derniers,
les gros investisseurs, ne sont pour ainsi dire pas touchés par les
affiches commerciales dans les petits commerces et que, par ailleurs, on le
sait déjà, les deux tiers des entreprises dans le secteur
privé à Montréal, dans les cadres, ça se passe
déjà en anglais? Qu'est-ce qu'on y gagnerait au plan des
investisseurs?
Le maire s'inquiète comme beaucoup d'autres, comme moi-même
d'ailleurs, de l'exode des jeunes. Actuellement, l'exode des jeunes frappe les
anglophones, mais il frappe aussi les francophones, les allophones
également, mais il frappe tous les jeunes de toutes les régions
du Québec. Ce n'est pas le débat linguistique, M. le
Président, qui fait quitter les jeunes, qui fait que les jeunes quittent
la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Gaspésie, de
l'Abitibi et de la Côte-Nord. Ils quittent et ils quittent pour des
raisons économiques, pour les mêmes raisons que la
majorité, qu'une proportion importante de jeunes anglophones quittent
Montréal. Il faut se le rappeler. L'exode des jeunes anglophones,
ça a toujours existé.
Je termine une tournée des milieux anglophones à
Montréal, et c'est connu, ce phénomène. Ils sont plus
mobiles parce qu'anglophones et ils cherchaient des possibilités de
promotion professionnelle plus intéressantes dans d'autres entreprises
un peu à travers l'Amérique, tant au Canada qu'aux
États-Unis. C'est un fait connu et ça a peu à voir avec la
loi 178. Cependant, par le passé, on le remarquait moins parce que
l'exode des jeunes anglophones était immédiatement
compensé par l'arrivée des immigrants qui rejoignaient la
communauté anglophone. On s'en inquiète depuis que les jeunes
immigrants sont obligés de s'inscrire dans les écoles
françaises, donc, se rapprochent de la communauté francophone. Ce
n'est pas un phénomène nouveau. Cependant, les jeunes
anglophones, on nous l'a dit, on nous l'a répété, quittent
pour des raisons
économiques d'abord. L'affichage et la loi 178 jouent de
façon tout à fait marginale dans leur décision. Il faut
relancer l'économie. C'est une solution pour contrer l'exode des
jeunes.
M. le Président, je terminerai là-dessus, proposer la
bilinguisation de Montréal comme solution aux problèmes
économiques m'apparaît bien ténu. Il me semble qu'on
devrait y privilégier une véritable relance économique et
des mesures fiscales, tant municipales que provinciales, qui pourraient
favoriser à la fois le maintien des Montréalais sur l'île
de Montréal et l'installation des entreprises sur l'île de
Montréal. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi, de votre intervention. Alors, est-ce que
la motion présentée par le ministre de l'Éducation qui se
lit comme suit: «Que l'Assemblée nationale souligne la tenue de la
Semaine du français qui se déroule du 16 au 20 mars,
réaffirmant ainsi son attachement à la langue française,
en encourageant toutes les Québécoises et les
Québécois à poursuivre leurs efforts pour
l'épanouissement de leur langue.» Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté à
l'unanimité. M. le député de La Prairie.
Motion proposant d'exprimer l'opposition
de l'Assemblée à l'adoption d'un
projet
de loi fédéral sur
l'environnement
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux remercier le
leader gouvernemental d'avoir donné son consentement pour que je
présente une motion sans préavis et sans débat, et c'est
véritablement une motion conjointe du ministre de l'Environnement et
député de Brome-Missisquoi et de votre serviteur. Elle se lit
comme suit, M. le Président: «Que, tel que requis par une motion
unanime de la commission de l'aménagement et des équipements,
l'Assemblée nationale désapprouve vivement le projet de loi C-13
du gouvernement fédéral, Loi de mise en oeuvre du processus
fédéral d'évaluation environnementale, puisque projet de
loi contraire aux intérêts supérieurs du Québec, et
s'oppose à son adoption par le Parlement
fédéral.»
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement des membres
de cette Assemblée pour débattre cette motion? Consentement?
Une voix: Sans débat.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sans débat. Strictement
pour indiquer à la Chambre...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...qu'il s'agit d'une motion
conjointe...
Une voix:...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et de l'Opposition
officielle.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le ministre de
l'Environnement, sur la motion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Strictement pour confirmer
à cette Chambre qu'il s'agit d'une motion conjointe du parti
ministériel et de l'Opposition officielle.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté.
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une motion conjointe. M.
le ministre délégué à la Francophonie.
Souligner la Journée de la francophonie
M. Rivard: M. le Président, je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de proposer la motion sans préavis
suivante: «Que l'Assemblée nationale souligne la Journée de
la francophonie qui sera célébrée le 20 mars prochain,
pour la deuxième année consécutive au
Québec.»
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. M. le
ministre délégué a la Francophonie.
M. Guy Rivard
M. Rivard: M. le Président, pour la deuxième
année consécutive, nous célébrons au Québec
la Journée de la francophonie. À l'heure où il n'a d'autre
choix que de s'ouvrir à un monde de plus en plus interdépendant
et en profonde mutation, le Québec s'affirme chaque jour davantage comme
un partenaire essentiel de la francophonie internationale. La Journée de
la francophonie, c'est l'occasion privilégiée pour nous,
Québécoises et Québécois, de reconnaître avec
fierté notre appartenance à cet ensemble
d'une quarantaine de pays et d'États où on utilise le
français et de voir comment nous pouvons tous en tirer partie dans une
perspective de codéveloppement.
La francophonie, M. le Président, constitue, en effet, une
réalité vivante, une opportunité de rayonnement et de
développement à la fois pour le Québec et pour tous les
pays qui en sont membres. Cette Journée de la francophonie doit donc
servir à intéresser un nombre croissant de partenaires
éventuels ici même, au Québec, et ailleurs. Ainsi, à
l'occasion de cette journée du 20 mars, je suis heureux de constater
que, dans plusieurs régions du Québec, des activités sont
prévues et que la plupart de celles-ci toucheront les jeunes,
ceux-là même à qui il faut inculquer, aussitôt que
possible dans la vie, le goût de l'international. Par exemple,
grâce notamment à la collaboration précieuse du Club 2/3,
un organisme de coopération internationale, et de l'Association
québécoise des professeurs de français, plus d'une
centaine d'écoles secondaires au Québec souligneront, chacune
à sa manière, cette journée du 20 mars.
Je m'en voudrais de ne pas souligner une première,
résultant d'une concertation avec les députés
ministériels et l'Opposition officielle. Il s'agit d'un jumelage avec
des pays francophones, grâce à la visite des ambassadeurs de ces
pays dans huit comtés du Québec. Les députés
impliqués ont préparé un programme qui comprend des
activités dans les milieux de l'éducation, de la culture, de
l'industrie et des affaires. Ces activités sont sûrement
susceptibles de faire naître des projets prometteurs, conjoints, en plus
de contribuer à une meilleure reconnaissance commune. Souhaitons
vivement que cette expérience devienne une tradition. Les
députés de cette Assemblée contribuent ainsi a mettre
directement en contact les gens d'ici et les francophones qui vivent ailleurs.
(16 h 10)
Dans cette opération de sensibilisation, car c'en est une, nous
ne sommes pas seuls, M. le Président. M. Jean-Louis Roy,
secrétaire général de l'Agence de coopération
culturelle et technique, nous annonce, dans un message qu'il adresse aux
Québécois à cette occasion, que plus de 15 pays
célébreront la Journée de la francophonie. Nos
célébrations sont ainsi reliées à celles qui se
déroulent ailleurs dans notre espace francophone commun.
J'aimerais profiter de cette dernière journée, tout
probablement, de session de la présente Législature pour rappeler
qu'en octobre 1989, au moment du discours d'ouverture, le gouvernement
annonçait son intention de travailler à la consolidation de
l'espace francophone international: 28 mois plus tard, nous avons plusieurs
raisons d'être fiers du chemin parcouru.
Les initiatives de notre gouvernement furent nombreuses, et je me
contenterai très simplement de n'en donner que quelques exem- ples:
l'élection de M. Jean-Louis Roy à l'Agence de coopération
culturelle et technique; la publication d'une politique en matière de
francophonie élaborée en concertation avec des partenaires
québécois; la consolidation de TV5, une vitrine unique de
l'espace télévisuel francophone; le maintien, aussi, de l'effort
budgétaire gouvernemental à l'égard des programmes et
institutions francophones. Ces gestes sont en continuité avec ceux du
passé, et il est heureux qu'il en soit ainsi.
En 1991, la participation québécoise au renforcement de la
francophonie a été centrée sur la préparation et la
participation du Québec au quatrième Sommet de la francophonie,
à Paris, en novembre dernier; et je puis vous assurer, M. le
Président, que le Québec a été un acteur majeur de
ce Sommet que l'on appelle le Sommet de Chaillot.
Nous avions comme objectif, dans le processus de réforme
institutionnelle, de renforcer l'Agence de coopération culturelle et
technique. Elle est devenue, dans les faits, le secrétariat de la
francophonie. Nous avions comme objectif de participer concrètement aux
changements démocratiques en cours dans plusieurs de nos États
membres. Le Québec a annoncé à cet effet un programme de
coopération que l'École nationale d'administration publique et le
Directeur général des élections du Québec sont
à préparer, en collaboration avec notre ministère et celui
de la Justice. Nous avions comme objectif de
«multilatéraliser» notre programmation et son financement.
Nous avons proposé l'adoption à l'ACCT d'une programmation de
base financée par des fonds multilatéraux déliés en
grande partie et confiés à l'Agence. Cette approche a
été retenue et elle est sous-tendue au Québec par une
large concertation entre les partenaires de tous les secteurs impliqués
dans la coopération internationale francophone.
Nous avions aussi comme objectif de consolider la programmation
économique de la francophonie. Nous avons à cet effet
augmenté les moyens mis à la disposition du forum francophone des
affaires, une invention québécoise au Sommet de Québec en
1987, et nous avons mandaté l'ACCT pour préparer un plan d'action
en matière de coopération économique.
Finalement, nous avions aussi - comme c'est toujours le cas en
matière d'affaires internationales - comme objectif de faire rayonner le
Québec. Nous n'étions pas peu fiers lorsque à Chaillot, en
présence d'une vingtaine de chefs d'État et d'une douzaine de
premiers ministres, le président de la France s'est adressé en
ces termes à notre premier ministre, M. Robert Bourassa, qui venait de
faire rapport des travaux du Sommet, et je cite: «J'apprécie
toujours, M. le premier ministre, votre contribution, non seulement pour ce que
vous représentez mais encore en raison de votre autorité
personnelle» a dit M. Mitterrand. En deux mots, M. le
Président, mission accomplie.
Je terminerai en rappelant les propos que je tenais lors du
dévoilement de notre politique francophone l'automne dernier, à
quelques jours du Sommet. Le Québec, M. le Président, a choisi
d'assurer son développement en français, dans le respect des
diverses composantes de sa société, et avec l'ambition de tenir
son rang parmi les sociétés les plus avancées. Ce
défi ne peut être relevé sans une collaboration
étroite et fructueuse avec ses divers partenaires étrangers qui
partagent avec lui l'usage du français comme langue de ('administration
ou de l'éducation, comme langue des affaires ou des communications.
L'avenir des francophones ne dépend pas seulement de leur nombre. Il
repose sur la volonté des pays de s'engager dans une action commune
favorisant l'établissement des conditions fondamentales au
développement de chacun des pays. C'est la conscience du
caractère vital des enjeux reliés à l'avenir de la
francophonie qui a amené le Québec à jouer un rôle
de premier plan dans la création et le développement des
institutions intergouvernementales francophones, et dans la promotion d'une
action en réseau dans les secteurs névralgiques pour l'avenir des
parlant français.
Le gouvernement du Québec, M. le Président, est
résolu a assumer la responsabilité qu'il partage avec ses
partenaires de faire de la francophonie l'une des alliances qui saura relever
les défis de notre temps et apporter une contribution originale au
nouvel ordre mondial. Je souhaite vivement que cet engagement du Québec
soit celui de toutes les Québécoises et de tous les
Québécois. Avec nos partenaires étrangers, nous pouvons
ainsi assurer l'un des volets importants de notre avenir. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
délégué à la Francophonie, de votre intervention.
Sur cette même motion, je reconnais maintenant M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques. M. le député, la parole est
à vous.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Je vous remercie, M. le Président. C'est
avec un plaisir certain, M. le Président, que l'Opposition officielle
appuie cette motion, présentée par le ministre
délégué à la Francophonie et député
de Rosemont, visant à souligner pour une deuxième année
consécutive cette Journée de la francophonie. Le plaisir est
double, M. le Président, d'appuyer le ministre
délégué à la Francophonie puisque - je me dois
quand même de le souligner, il faut respecter la justice et surtout ses
droits - le ministre a eu la délicatesse, M. le Président,
d'associer, dans l'élaboration d'une partie de la programmation de cette
journée, a eu la délicatesse, je vous dis, d'inviter son
vis-à-vis en cette Chambre, votre humble serviteur, M. le
Président.
Donc, nous la célébrons d'abord, aujourd'hui, en cette
Assemblée nationale, qui est le plus vieux Parlement de langue
française au monde, M. le Président, puisque nous
célébrons, vous le savez tous, notre 200e anniversaire.
D'ailleurs, vous connaissez tous cette toile qui orne ce salon où c'est
le débat sur la langue, où, effectivement, en 1792, on
décrétait que le français était la langue de ce
Parlement. Donc, nous célébrons cette journée en la
débutant à Québec, M. le Président. Nous la
poursuivrons vendredi, à Montréal: Montréal,
deuxième ville de langue française au monde, une ville qui doit
résister à des tentatives de bilinguisation comme,
malheureusement, semble vouloir nous imposer le maire de Montréal, M.
Doré, je ne sais piqué par quelle mouche.
M. le Président, le ministre y a fait allusion également,
plusieurs députés seront associés à cette
fête par un système de parrainage fort judicieux qui permettra
à bien de nos concitoyens et concitoyennes de comprendre l'importance et
les grands enjeux de cet espace francophone que nous sommes en train de
créer, puisque son avenir est quand même récent. J'aurai,
pour ma part, l'immense plaisir de recevoir vendredi, dans la belle
circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Son Excellence, l'ambassadeur de
la république du Burundi, M. Philippe Kanonko.
Relativement méconnues, malheureusement encore, je pense que les
actions conjointes que nous entreprenons feront en sorte que ce mot
disparaîtra de nos allocutions respectives à chaque année.
L'espace francophone, c'est plus de 40 pays ou États membres ayant en
commun l'usage du français. C'est plus de 420 000 000 de personnes, si
l'on parle de francophilie, comme j'aime aborder ce thème, et 120 000
000 de pariant français quotidiennement. (16 h 20)
M. le Président - l'exemple étonne toujours mes
interlocuteurs - c'est la Roumanie qui comporte plus de personnes parlant
français qu'il n'y en a au Québec, puisque 42 % du peuple roumain
s'exprime dans un français plus qu'excellent. C'est donc un espace
linguistique, c'est un espace culturel, c'est un espace social, et c'est
également, M. le Président, un espace économique
considérable pour le Québec. Pour renforcer son identité
culturelle comme seule enclave majoritairement francophone en Amérique
du Nord, et contribuer au rayonnement de la culture et de la langue
française, le Canada, dis-je, le Québec plutôt, doit miser
sur la francophonie et en être un acteur politique important. Le cadre
multilatéral de la francophonie doit être l'un des fondements de
la politique de relations internationales du Québec. L'histoire,
d'ailleurs, est là pour nous le démontrer. L'ouverture du
Québec sur le monde s'est amorcée au
début des années 1960 et s'est concrétisée
avec la France, M. le Président, partenaire principal et majeur de
l'émergence d'un forum multilatéral francophone. Et, cette
francophonie, au cours des années, M. le Président, s'est
dotée progressivement d'institutions propres à assurer son
développement.
Créée au début des années 1970 - et
j'étais heureux d'entendre le ministre en parler -l'Agence de
coopération culturelle et technique, avec comme premier
secrétaire, M. Jean-Marc Léger, que je tiens à saluer
personnellement et à lui renouveler ma fidèle amitié, est
devenue l'outil de mise en oeuvre des décisions prises lors des Sommets
de la francophonie.
Et puis ce fut la mise sur pied de TV5, la télévision
internationale francophone. M. le Président, vous qui connaissez bien ma
modestie lorsqu'il s'agit de parler de ma circonscription, je vous rappellerai
que la télévision francophone internationale est un diffuseur qui
s'est installé dans la belle circonscription de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, plus précisément dans le centre-sud
de Montréal.
Il y a eu la création - et cela est très important - du
Forum francophone des affaires, dont le siège social est à Paris,
et l'Institut de l'énergie des pays ayant en commun l'usage du
français, un institut fort important, M. le Président. J'ai bien
peur là aussi, malheureusement, que ses travaux ne soient connus que
d'une infime minorité de personnes. Il y aurait lieu de publiciser plus
à fond l'importance de cet Institut et sa présence, entre
parenthèses, dans nos murs.
Il y a également une autre institution, M. le Président,
qui est née il y a fort longtemps, qui est l'AIPLF, qui est
l'Assemblée internationale des parlementaires de langue
française. J'ai le plaisir d'ailleurs de vous rappeler que je suis le
rapporteur de cette Assemblée internationale pour ce qui est des
questions des droits de la personne et de l'accès au multipartisme.
Mais, l'Assemblée internationale des parlementaires de langue
française, M. le Président, qui regroupe un nombre de pays aussi
important que ceux qui siègent aux Sommets de la francophonie, voit son
rôle remis un peu en question par ce Sommet de la francophonie. Je serais
particulièrement déçu, M. le Président, et sachant
l'importance que le Président de notre l'Assemblée nationale, qui
est vice-président international de cette Association... Nous serions,
autant notre Président de l'Assemblée nationale que
moi-même, passablement déçus que le Québec ne se
porte pas à la défense de cette institution regroupant les
parlementaires d'au-delà d'une quarantaine de pays, et qui, je crois, a
son rôle à jouer dans l'avenir de la francophonie. Alors, M. le
Président, sans paraphraser une phrase qui n'est plus d'actualité
dans certains pays d'Europe de l'Est, je dirai: Parlementaires de tous les pays
du monde francophone, unissez-vous!
Bon nombre de réalisations, si je continue, M. le
Président, découlent des Sommets de la francophonie. Par la tenue
en février 1986 à Paris du premier Sommet de la francophonie, les
pays francophones se sont donné un forum intergouvernemental en vue de
poser des gestes susceptibles de contribuer à l'émergence de cet
espace francophone sur le plan économique, et au rayonnement de la
culture et de la langue française. L'on doit se réjouir à
juste titre, M. le Président, du succès du récent et
quatrième Sommet de la francophonie, tenu à Chaillot en novembre
dernier, comme une étape importante sur le plan de
l'institutionnalisation et de l'enracinement de ce forum multilatéral
auquel ont participé 47 États faisant usage du
français.
L'on me permettra de déplorer, malheureusement, M. le
Président - et je ne comprends pas l'éloge dithyrambique
tantôt de mon collègue - la discrétion absolue du
Québec lors de ce Sommet de Chaillot, pendant que le premier ministre
canadien, M. Brian Mulroney, tenait le haut du pavé et qu'il a
affirmé à Paris, mais le plus sérieusement du monde, M. le
Président - et je vous permets de sourire, d'ailleurs, il est
évident à votre figure - que l'on pouvait vivre et travailler en
français au Canada d'un océan à l'autre. M. Bourassa a
laissé passer une belle ineptie, et je trouve cela navrant de la part de
notre premier ministre. Pourquoi? Parce que le premier ministre du
Québec ne veut pas indisposer le Canada anglais dans le contexte de la
crise constitutionnelle qui perdure, d'ailleurs, depuis 1989. La
discrétion affichée - et c'était là l'objet de mon
étonnement de voir le ministre faire ce long dithyrambe sur notre
premier ministre - par le premier ministre du Québec, lors du
troisième Sommet de la francophonie tenu à Dakar, en 1989, s'est
amplifiée lors du Sommet de Chaillot, malheureusement. Dommage que le
Québec refuse d'occuper toute la place et la marge de manoeuvre que lui
confère son statut de gouvernement participant.
Enfin, M. le Président, le ministre délégué
à la Francophonie, collègue en cette Chambre mais
néanmoins ami, aura beau, aujourd'hui, se faire chantre de la
francophonie - je ne lui en voudrai quand même pas, je suis heureux -
mais je ne comprends toujours pas qu'il ait pu cautionner la décision de
son gouvernement. Je sais qu'il est tenu à la solidarité
ministérielle, et que de crimes commet-on en son nom, M. le
Président, mais qu'il ait pu cautionner la décision de son
gouvernement de mettre fin à l'aide financière qu'il consentait
au Secrétariat des peuples francophones et qui provoquera
inévitablement la fermeture de ce Secrétariat, c'est une
décision - et l'occasion est fort belle pour moi d'en parler -
regrettable et inacceptable d'un gouvernement qui prétend, dans un
énoncé de politique «Le Québec et
l'interdépendance»: L'horizon de la francophonie internationale
accordera une
autre priorité à la dimension francophone comme axe
fondamental de l'action internationale du Québec. La décision du
gouvernement qui conduit à la fermeture du Secrétariat des
peuples francophones va à rencontre de cette prétention et
constitue, vous en conviendrez avec moi, M. le Président, un
désengagement du Québec au chapitre de son action dans le cadre
multilatéral de la francophonie. Incompréhensible, M. le
Président, inqualifiable, d'autant plus que cette décision prive
Québec, la capitale, notre capitale, notre capitale nationale, d'un
outil, d'un organisme international qui contribuait à son rayonnement
international. Il nous faudra revoir ces choses rapidement. Si ce n'est pas par
l'actuel, ce sera par le suivant, je vous en donne l'engagement en cette
Chambre.
M. le Président, après ces critiques, mais critiques que
le ministre ne pouvait pas éviter - il est partie prenante d'un
gouvernement - je vais quand même le remercier d'avoir
présenté cette motion en cette Chambre aujourd'hui et souhaiter
bonne journée dans la francophonie! Bonne journée quand
même! en espérant que les gestes du gouvernement soient davantage
conformes à son discours sur les avantages pour le Québec de
s'engager et d'investir dans la francophonie comme partenaire responsable.
Ceci dit, M. le Président, nous aurons, vendredi, cette
journée internationale. Elle sera célébrée dans de
nombreuses écoles. La visite d'ambassadeurs de pays francophones et,
forcément, de pays amis permettra d'animer cette discussion, de susciter
une curiosité également dans nos usines, dans nos entreprises,
dans nos laboratoires, puisque nous serons dans différents milieux de
vie. Je suis persuadé que cette journée aura une amplitude
supérieure à la première et, j'ose espérer, une
amplitude moindre que celle que nous aurons à la troisième
Journée de la francophonie que le Québec célèbre
toujours avec beaucoup de joie et beaucoup de fierté. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, pour votre intervention. En
vertu de votre droit de réplique, M. le ministre. Il n'y a pas de
réplique. Alors, est-ce que la motion présentée par M. le
ministre délégué à la Francophonie, qui se lit
comme suit: «Que l'Assemblée nationale souligne la Journée
de la francophonie, qui sera célébrée le 20 mars prochain
pour la deuxième année consécutive au
Québec», est adoptée? Adopté. M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Bélisle: Oui. M. le Président, avec le
consentement de l'Opposition, j'aimerais donner les avis touchant les travaux
des commissions, pour permettre aux commissions de siéger. (16 h 30)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement des membres de cette Assemblée pour passer à la
rubrique, à l'item «avis touchant les travaux des
commissions»? J'ai une demande de passer immédiatement à la
rubrique des affaires courantes, aux avis touchant les travaux des commissions.
Je reviendrai, s'il y a consentement, aux motions sans préavis. Est-ce
qu'il y a consentement?
Une voix: Oui.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: Merci, M. le Président. J'avise cette
Assemblée qu'aujourd'hui, de 16 h 30 à 18 h 30 et, si
nécessaire, de 20 heures à 22 heures, à la salle
louis-hippolyte-lafontaine, la commission de l'aménagement et des
équipements poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi d'intérêt privé 281, loi concernant la ville de
saint-laurent. enfin, m. le président, de 19 heures à 21 heures,
à la salle louis-joseph-papineau, la commission des institutions
complétera ses consultations particulières dans le cadre de
l'étude du projet de loi 404, loi modifiant la loi sur les conditions de
travail et le régime de pension des membres de l'assemblée
nationale et d'autres dispositions législatives. je fais
dépôt de ces avis, m. le président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement pour déroger, en vertu de l'article 143, quant à
l'heure de la commission des institutions qui siégera ce soir à
compter de 19 heures? est-ce qu'il y a consentement? consentement.
Alors, je vous avise que, demain, le jeudi 19 mars 1992, de 9 h 30
à 12 h 30, à la salle RC-161, la commission de
l'aménagement et des équipements se réunira en
séance de travail. L'objet de cette séance est de procéder
à l'étude du projet de rapport sur l'examen des orientations, des
activités et de la gestion du Bureau de révision de
l'évaluation foncière du Québec et à l'étude
du projet de rapport sur la procédure d'évaluation des impacts
sur l'environnement.
Je vous avise qu'il y aura, aujourd'hui, sanction d'un projet de loi au
cabinet du lieutenant-gouverneur. Conformément à un ordre
adopté le 17 mars dernier, il sera tenu un débat de fin de
séance entre M. le député d'Artha-baska et le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sur une question
concernant les négociations du GATT. Ceci termine les avis.
Nous poursuivons avec les motions sans préavis. Je reconnais Mme
la ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration. Mme la
ministre.
Motions sans préavis
Souligner la Journée internationale pour
l'élimination de la discrimination raciale
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je désire
présenter la motion suivante à cette Assemblée: «Que
l'Assemblée nationale du Québec souligne la Journée
internationale pour l'élimination de la discrimination raciale et
réitère son engagement à lutter contre toute forme de
racisme et de discrimination raciale.»
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement des membres de cette Assemblée sur cet avis de motion? Il y
a consentement. Mme la ministre, si vous voulez procéder.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, le 21 mars a
été choisi Journée internationale pour
l'élimination de la discrimination raciale par les Nations unies, pour
commémorer les événements sanglants survenus en 1960,
à Sharpeville, en Afrique du Sud, lors d'une marche pacifique contre
l'apartheid. Cette journée, M. le Président, permet aux
différents intervenants de mieux sensibiliser les peuples du monde
entier à l'importance de la lutte contre l'exclusion et
l'intolérance basées sur la race. Malheureusement, le racisme et
la discrimination raciale ne disparaissent pas aussitôt que leur
caractère inacceptable est dénoncé. Il faut, sans
relâche, reprendre le bâton du pèlerin et rappeler aux
personnes tentées d'adhérer à des idéologies
d'exclusion et d'intolérance que leur attitude ne saurait être
acceptée, et que tous les membres de notre société ont les
mêmes droits et les mêmes obligations.
Nous, députés, représentants élus par
l'ensemble de la population, avons une responsabilité
particulière. Il nous incombe de faire en sorte que les droits de chaque
citoyen soient respectés dans leur totalité. Mais, pour y
arriver, il faut que l'ensemble de la population se sente concerné et y
contribue.
Dans ce sens, il importe aussi que nous fassions de façon
personnelle un examen de conscience pour être bien sûrs que nous
n'adoptions pas, inconsciemment ou par imitation, des comportements racistes.
La cohésion de notre société et sa capacité de
relever les défis auxquels elle doit faire face à
l'échelle mondiale dépendent en grande partie de la collaboration
que nous aurons su développer entre nous, Québécois et
Québécoises de toutes origines et de toutes classes sociales.
L'histoire nous a appris que les sociétés qui
s'entredéchirent, à l'intérieur desquelles vivent des
communautés séparées par la haine, sont incapables de
progresser et stagnent, trop préoccupées par leurs luttes
fratricides et futiles.
Tous les jours, les médias nous montrent des exemples de telles
situations survenant dans différents coins du monde. Le Parti
libéral du Québec et le gouvernement ont depuis longtemps compris
le rôle qui leur incombe en matière de lutte contre la
discrimination raciale et pour le rapprochement intercommunautaire. Un geste
important fut, sans nul doute, l'adoption, en décembre 1986, par
l'Assemblée nationale, de la Déclaration gouvernementale sur les
relations interethniques et interraciales. Cette Déclaration venait
ainsi appuyer la Charte québécoise des droits et libertés,
un texte fondamental qui établit les droits reconnus à chaque
citoyen du Québec. En décembre 1990, l'énoncé de
politique en matière d'immigration et d'intégration
prévoyait une foule de mesures faisant des relations intercommunautaires
un élément central, et nous y proposons des façons claires
de voir et de faire pour permettre à l'ensemble des
Québécois de toutes origines d'occuper la place qui leur revient
et de contribuer activement à l'avancement du Québec.
De même, la Semaine interculturelle nationale, organisée
par le ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration,
qui se tiendra du 4 au 11 avril prochain, est aussi un outil original de
rapprochement qui permet de mieux sensibiliser la population
québécoise à la richesse de l'apport des membres des
communautés culturelles. Comme on peut le constater, M. le
Président, le gouvernement contribue activement et de différentes
façons à la lutte contre le racisme et la discrimination raciale.
Mais je le répète, c'est une responsabilité qui incombe
à tous les Québécois.
C'est seulement ici que nous serons capables d'édifier un
Québec de plus en plus fort et ouvert et de léguer à nos
enfants une société tolérante et respectueuse des
différences qui la composent. Au cours de cette Journée
internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, j'invite
la population du Québec à poursuivre la réflexion et
à échanger sur le sujet avec leurs proches. C'est en dialoguant
que nous apprenons à mieux connaître l'autre et, ce faisant, que
les tabous tombent et les stéréotypes disparaissent.
Notre message doit être clair et sans équivoque pour qu'il
porte fruit et c'est pourquoi j'invite tous mes collègues à voter
en faveur de cette motion. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la ministre,
de votre intervention. Sur cette même motion, je reconnais maintenant M.
le député de Pointe-aux-Trembles. M. le député, la
parole est à vous.
M. Michel Bourdon M. Bourdon: Alors, M. le Président,
l'Oppo-
sition officielle est heureuse de souscrire à la motion que M. le
ministre a déposée dans cette Chambre. On sait que c'est en
décembre 1986 qu'à l'unanimité l'Assemblée
nationale du Québec a adopté la Déclaration sur les
relations interethniques et interraciales. J'ajoute qu'aujourd'hui il y a un
motif supplémentaire pour parler de cette question puisqu'à
l'origine, ce sont les troupes de Sharpeville en Afrique du Sud qui avaient
amené l'Assemblée générale des Nations unies
à décréter une journée internationale pour
l'élimination de la discrimination raciale et qu'en 1990 le ministre
délégué aux Communautés culturelles rappelait dans
cette Chambre la joie qu'on pouvait éprouver de voir que l'Afrique du
Sud venait de libérer M. Nelson Mandela. Aujourd'hui, on a la joie aussi
d'accueillir la nouvelle que le référendum en Afrique du Sud du
président De Klerk a recueilli la majorité des suffrages dans un
État qui était auparavant, qui était jusqu'ici
fondé sur la notion raciale et où les droits sont basés
sur la couleur de la peau des personnes.
Inutile de rappeler, M. le Président, que jusqu'ici, en Afrique
du Sud, le suffrage universel a été réservé aux 3
000 000 de Blancs au détriment des 28 000 000 de Noirs qui composent la
société sud-africaine. Je pense qu'on peut noter avec beaucoup de
satisfaction que, pour une rare fois dans l'histoire de l'humanité, la
minorité dominante vote démocratiquement la fin d'un
système basé sur des privilèges indus basés sur la
couleur de la peau. On sait, M. le Président, qu'en Afrique du Sud il
n'y a pas que le suffrage universel qui était refusé à la
majorité noire, mais que la politique d'apartheid voulait dire aussi le
refus des mariages mixtes, la ségrégation dans l'habitation et de
nombreuses discriminations d'ordre économique.
Alors, je pense qu'on peut se réjouir de ce que le gouvernement
d'Afrique du Sud, où la discrimination raciale a trouvé longtemps
son expression la plus étatique dans le monde sans doute, se dirige vers
un régime où «une personne, un vote» va être la
règle et où tout le monde va reparticiper à la vie
nationale. (16 h 40)
M. le Président, je m'en voudrais de ne pas mentionner, dans ce
que nous avons adopté comme Assemblée en 1986, quelques-uns des
principes qui sous-tendaient cette Déclaration sur les relations
interethniques et interraciales. On y parlait, premièrement, de la
volonté de combattre le racisme et la discrimination raciale sous toutes
leurs formes; deuxièmement, de la promotion du respect mutuel entre tous
les groupes de la société; de la représentation des
différents groupes ethniques, raciaux et culturels dans les divers
secteurs de la vie nationale; de la pleine participation des personnes,
indépendamment de leur origine ethnique; du progrès
économique, social et culturel du Québec et, finalement, du droit
des personnes à l'égalité dans les différents
domaines de la vie collective et, notamment, du développement des
programmes d'accès à l'égalité.
Bien sûr, M. le Président, au Québec comme ailleurs,
on doit déplorer des manifestations sporadiques de racisme ou de
discrimination raciale, mais je voudrais rappeler que dans l'histoire
même du parlementarisme québécois... Et il y a quelqu'un
qui le soulignait tout à l'heure, on est un des plus vieux Parlements du
monde, et le plus vieux Parlement francophone du monde. Je voudrais rappeler
à cet égard, pour ce qui est de combattre le racisme et la
discrimination raciale, le comportement exemplaire des électeurs du
comté de Trois-Rivières qui, en 1807, avaient élu M.
Ézékiel Hart comme député, M. Hart étant
juif. Et on sait qu'il n'a pas pu siéger pour des raisons de prestation
de serment - que sa religion l'empêchait de prêter - mais que la
population de Trois-Rivières l'a néanmoins réélu en
1808, dans une élection générale, sa première
élection étant survenue dans une élection partielle. C'est
le gouvernement de Londres qui avait décrété
qu'étant juif il ne pouvait pas siéger dans notre
Assemblée. Cependant, les électeurs québécois, eux,
l'ont élu et réélu et n'ont pas participé à
la discrimination fondée sur la religion ou la race qui avait cours
à cette époque-là.
Je voudrais, M. le Président, brièvement, revenir sur la
promotion du respect mutuel entre tous les groupes de la société
et dire qu'à cet égard M. Mordecai Richier fait l'inverse. Par
ses outrances, il a adopté un comportement très provocateur
à l'endroit des Québécois francophones. J'ai lu, comme
d'autres aujourd'hui, l'édito-rial indigné - avec raison - de Mme
Lise Bissonnette dans Le Devoir, puisque M. Mordecai Richier, dans une
entrevue au réseau anglais de Radio-Canada, a comparé Le
Devoir des années trente à un journal nazi, à un
journal fasciste allemand. Je partage l'indignation de Mme Bissonnette. Il ne
s'agit pas de donner à M. Richier une importance qu'il n'a pas, mais
juste de dire que le respect entre les différents groupes de notre
société devrait l'empêcher non pas d'avoir ses opinions -
il a droit à ses opinions comme tout le monde - mais de dire, par
exemple, que les Québécois francophones ne constituent pas un
peuple mais une tribu paranoïaque, ou que nos ancêtres, nos
grands-mères qui avaient beaucoup d'enfants pouvaient être
comparées à des truies. Je trouve que la littérature
haineuse, d'où qu'elle vienne, doit être dénoncée et
que M. Richier a tort de faire des sentiments, de la suspicion et presque de la
haine à l'endroit des Québécois francophones un facteur de
marketing quelconque. Je trouve que ça doit être dit que, dans les
rapports entre les différents groupes, c'est la tolérance qui
doit prévaloir.
Maintenant, M. le Président, cette Assemblée a
adopté des déclarations de principe sur les
relations interethniques et interraciales et on n'accepte pas que
d'aucuns disent que le Québec serait plus porté à ces
formes de discrimination que d'autres sociétés. Le racisme et la
discrimination raciale doivent être combattus en tout lieu et sous toutes
les latitudes et ils le sont au Québec. À cet égard, il y
a unanimité de vue, je pense, en cette Chambre, sur la
nécessité de combattre toutes les manifestations
d'intolérance basées sur la race, l'origine ethnique ou la
religion.
Je voudrais également dire, M. le Président, que si je
parle des communautés culturelles du Québec, il y a des pas
supplémentaires à franchir en termes d'embauché dans la
fonction publique, par exemple. On sait qu'en mars 1988 la fonction publique
québécoise comptait 12 fonctionnaires issus des
communautés culturelles de plus qu'en 1987 et que, toujours en 1988, il
y avait, dans la fonction publique québécoise, 3,9 % des
personnes qui provenaient des minorités culturelles. Quand notre parti
formait le gouvernement, nous avions manifesté l'intention d'essayer
d'obtenir une participation à la fonction publique des personnes issues
des communautés culturelles de 9,5 %, ce qui correspond à leur
pourcentage de la population.
Donc, on sait que la déclaration de principe de cette
Assemblée est bonne, mais que dans des cas concrets comme l'embauche
dans la fonction publique, la discrimination dans le logement, ou la
discrimination dans l'embauche, il y a encore un travail considérable
à faire. Je pense que la société québécoise,
tout au long de son histoire, a manifesté son ouverture et il est vrai
de dire que le Québec est une terre de liberté pour toutes les
composantes de la société québécoise.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député. Sur cette même motion, je reconnais M. le
député de D'Arcy-McGee. M. le député de
D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci, M. le Président. M. le Président,
notre formation politique appuie totalement, fortement la motion du
gouvernement. Malheureusement, M. le Président, trop de personnes dans
trop de pays sont encore méprisées et réprouvées
parce qu'elles ont une couleur de peau, des croyances religieuses, une langue
ou des coutumes qui les distinguent des autres.
Like most countries, Canada has a mixed record, both as a State and as a
society, when judged for the treatment of racial minorities throughout its
history. Relations with indigenous Native populations were sometimes quite good
in New France and were not always bad in the later colonial era, but usually
involved the casual assumption of European superiority at the best of times and
a suffocating and destructive paternalism for the past century.
The Chinese who came here to build the railway were subject to terrific
hardships and to highly discriminatory acts of exclusion. Almost all other
racial minorities encountered at least initial hostility from many elements in
the longer established population, both English and French-speaking.
On the other hand, M. le Président, it has been broadly true that
only the Natives and the Oriental minorities have had to face much
discrimination originating in actual government legislation. The combination of
political and economic freedom and social stability that has generally
characterized Canadian history has given countless peoples of many backgrounds
and origins the possibility of becoming not only the coworkers, but partners,
friends, even lovers and spouses as well. There seems to be some danger today
in Canada, and in other countries as well, that racial bigotry of the worst
kind is flaring up again in groups like the youthful skinheads, for
example.
Même sur une petite échelle, cela semble être de
malheureuses tentatives d'individus qui ont peu de sens de l'identité et
qui pensent se rehausser en calomniant les autres. La meilleure chose à
faire pour les personnes au pouvoir, pour les politiciens, est de mettre
constamment plus d'emphase sur le principe d'une société libre et
ouverte et d'encourager les projets sociaux et éducatifs qui font
avancer la compréhension et la tolérance parmi la jeunesse.
Beyond that, we can only advocate respect for the law. We will never be
able to eliminate some forms of prejudice. There will always be some unhappy
and unfortunate individuals who feud on their irrational hatreds, but it is not
that difficult for us to limit their destructive-ness. Our party, the Equality
Party of Québec, is dedicated to the most important principle of all in
this regard, which is the concept of equal rights before the law. (16 h 50)
M. le Président, l'État, par l'entremise d'institutions,
du Parlement, de la Commission des droits de la personne et de la Charte des
droits, est apte à contrer la discrimination raciale. Nous devons
éviter la xénophobie évidente et apparente et la
paranoïa vis-à-vis de ceux qui sont dissemblables. Nous, membres du
Parti Égalité, croyons farouchement au-delà de tout au
concept de l'égalité des droits. Lorsque l'élite politique
transpire des idéologies, des politiques et des lois qui vont à
rencontre de ce concept, nous nous devons de répliquer et de nous battre
afin que tous puissent vivre réellement en harmonie au Québec et
que chaque personne qui habite sur le territoire de notre province soit
considérée pleinement comme Québécois ou
Québécoise. Merci, M. le Président.
Le Président: II n'y a pas d'autre intervention. Est-ce
que cette motion présentée par Mme
la ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration, qui
se lit comme suit: «Que l'Assemblée nationale du Québec
souligne la Journée internationale pour l'élimination de la
discrimination raciale et réitère son engagement à lutter
contre toute forme de racisme ou de discrimination raciale», est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Toujours aux motions sans
préavis, M. le leader de l'Opposition.
Motion proposant de maintenir l'avis
relatif à l'interpellation du
vendredi 20 mars 1992
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais proposer que
l'Assemblée nationale décide, conformément à
l'article 47 de nos règles de procédure, de maintenir,
malgré la clôture de la première session de la
trente-quatrième Législature, les avis relatifs à
l'interpellation prévue le vendredi 20 mars 1992. Ça fait l'objet
d'une entente entre les partis.
Le Président: Je comprends que c'est l'avis relatif
à l'interpellation prévue pour le vendredi 20 mars 1992 et
permettre aussi la tenue de cette interpellation. C'est bien ça?
Il y a consentement à la présentation de cette motion et
cette motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Toujours aux motions sans
préavis.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je sais que vous ne pouvez pas présumer de
la programmation de la session qui va s'amorcer demain après-midi. Vous
ne pouvez donc pas donner l'avis pour l'interpellation du 27 mars prochain.
Cependant, lorsque nous déposerons la motion pour l'interpellation du 20
mars, il y aurait lieu de mentionner publiquement et pour enregistrement qu'il
y a une entente entre les leaders du gouvernement et de l'Opposition, à
l'effet que l'avis sur l'interpellation du 27 mars portant sur les assurances
apparaîtra au feuilleton de mardi prochain pour avoir lieu, comme
prévu, le vendredi 27 mars.
Le Président: Très bien. Donc, j'en prends acte
purement et simplement, à ce moment-ci. C'est bien ça?
Aux motions sans préavis, toujours. Il n'y a pas d'acte de
procédure là-dessus. C'est pour l'interpellation du vendredi, non
pas cette semaine, mais la semaine prochaine. Donc, on constate qu'il y a
consentement, mais, pour la procédure de l'assemblée, nous y
reviendrons la semaine prochaine avec le consentement établi et l'avis
particulier pour ce débat de l'interpellation du vendredi. aux motions
sans préavis toujours, m. le député de lévis.
Motion proposant que la commission de
l'aménagement et des équipements
se
réunisse le jeudi 19 mars 1992
malgré la clôture de la session
M. Garon: M. le Président, sur cette motion sans
préavis, advenant la proclamation du décret annonçant la
clôture de la présente session, je fais motion pour que la
commission de l'aménagement et des équipements tienne une
séance de travail demain, le jeudi 19 mars 1992, tel que prévu,
de 9 h 30 à 12 h 30, et ce, malgré la clôture de la
session.
Le Président: Y a-t-il consentement à la
présentation de cette motion? Consentement. Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: II n'y a pas d'autres motions sans
préavis?
Maintenant, aux avis touchant les travaux des commissions, je pense que
ça a déjà été donné.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Moi-même, j'aurais un avis à vous transmettre à ce
moment-ci. Je vous avise qu'il y aura aujourd'hui sanction de projets de loi au
cabinet du lieutenant-gouverneur, à la fin des travaux de cet
après-midi.
Je voudrais également aviser l'Assemblée que je rendrai
une décision ultérieurement sur la question qui m'avait
été posée relativement au refus du ministre de
répondre à une question en vertu de l'article 82 du
règlement. La décision sera rendue immédiatement avant
l'ajournement de cet après-midi, juste avant le débat de fin de
séance qui est prévu entre le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et le député d'Arthabaska.
Ça va?
Donc, ceci met fin à la période des affaires courantes.
Nous arrivons maintenant aux affaires du jour. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, si vous le permettez,
tout simplement à titre d'information générale, j'aimerais
aviser cette Chambre que le premier ministre du Québec ainsi que le
leader du gouvernement m'ont demandé d'informer et d'aviser cette
Chambre qu'il y aura prorogation
de cette session ce soir, à 23 heures, par décret. Je vous
demanderais d'appeler, M. le Président, l'article 14 aux affaires de
l'Assemblée.
Le Président: Très bien.
M. Bélisle: Pardon, M. le Président. Aux affaires
du jour, vous avez une note concernant le ministre des Finances qui doit
remettre un message du lieutenant-gouverneur.
Le Président: très bien. dans un premier temps,
nous mettons fin aux affaires courantes. nous passons maintenant aux affaires
du jour. effectivement, je reconnais, à ce moment-ci, m. le ministre des
finances.
Message du lieutenant-gouverneur
M. Levesque: Alors, M. le Président, un message de son
honneur le lieutenant-gouverneur du Québec, message signé de sa
main.
Le Président: Veuillez vous lever, s'il vous plaît.
Alors, l'honorable lieutenant-gouverneur du Québec soumet à
l'Assemblée nationale, conformément aux dispositions de l'article
54 de la Loi constitutionnelle de 1867, une partie des crédits pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1993,
représentant un douzième des crédits du programme
Sécurité du revenu du ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et un quart
des crédits du programme Sécurité du revenu des chasseurs
et piégeurs cris du même ministère, soit une somme de 282
668 750 $ et recommande ces crédits à la considération de
l'Assemblée.» Signé, l'honorable Martial Asselin,
lieutenant-gouverneur du Québec.
Alors, je dépose ce message. Alors, est-ce qu'il y a
consentement... Vous pouvez vous asseoir. Merci. Alors, y a-t-il consentement
de l'Assemblée pour déroger à la section de
règlements concernant les crédits budgétaires?
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...je voudrais faire part à la Chambre qu'il
y a eu une entente entre les leaders à l'effet qu'il y aura un projet de
loi adopté en première, deuxième et troisième
lecture pour ce douzième des crédits et ce quart pour ce qui est
des Cris. Il y aura un exposé maximum de 10 minutes de chaque
côté, si ma mémoire est fidèle.
Le Président: Oui, M. le leader.
M. Bélisle: Je confirme l'entente intervenue, M. le
Président.
Dépôt du projet de loi 419
Le Président: Alors, très bien. Il y a donc
consentement et M. le ministre des Finances, à ce moment-ci, propose la
présentation, l'adoption du principe ainsi que l'adoption du projet de
loi 419, Loi no 1 sur les crédits 1992-1993. Donc, je vais
reconnaître comme premier intervenant M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Alors, M. le Président, avant de donner les
explications d'usage sur le projet de loi, comme je dois quitter pour aller au
Conseil des ministres, j'aimerais que la Chambre accepte que je propose
présentement l'adoption du principe et l'adoption du projet de loi a la
fin des interventions mentionnées par le leader parlementaire de
l'Opposition officielle. Alors, ce sera comme si ça avait
été fait au moment opportun.
Le Président: Oui, très bien. Alors, ça va
comme ça. Oui. Disons qu'on accepte dans le fond les trois
étapes. C'est ça que vous disiez, M. le ministre des Finances,
tel que convenu?
M. Levesque:...
Le Président: O.K., donc, vous serez absent après
les interventions, mais vous faites votre intervention principale.
Après, il y aura l'intervention de l'Opposition officielle et,
ultérieurement, il y aura l'adoption sans que vous soyez obligé
d'être ici. Très bien. Ça va?
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: Ça va. Merci. Alors, ce projet de loi a pour
objet d'autoriser le gouvernement à payer sur le fonds consolidé
du revenu une somme de 282 668 750 $ représentant un douzième des
crédits du programme Sécurité du revenu du
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle et un quart des crédits du programme
Sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris du
même ministère. Cette somme apparaîtra au budget des
dépenses du Québec pour l'année financière
1992-1993. Je vous remercie, M. le Président, et je remercie les
collègues de leur bonne collaboration.
Le Président: Alors, merci, M. le ministre des Finances.
Est-ce qu'il y a un prochain intervenant? Oui, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: Écoutez, étant donné que
le ministre des Finances vient de faire sa présentation, peut-être
que ce serait plutôt à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve à prononcer un discours immédiatement
après la présentation du ministre des Finances. C'est comme
ça que je
l'avais compris, M. le Président, depuis le départ,
là. Je ne veux pas créer d'incident, mais il me semble.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: II n'y a pas eu de... À ce niveau-là,
il n'y a pas eu de discussion pour savoir qui commençait. Moi, on m'a
dit: Dix minutes de chaque côté.
Le Président: Bon.
M. Levesque: Si ça peut aider...
Le Président: Oui, alors, M. le ministre des Finances.
M. Levesque: ...on m'a remis ici une indication des travaux et si
ça peut aider, c'est qu'on dit ici: Le leader indique que dans les
termes de l'entente avec l'Opposition, il a été convenu qu'une
intervention de dix minutes serait accordée à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, suivi d'une intervention de dix
minutes du ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle. (17 heures)
Le Président: Écoutez, moi, je suis prêt
à reconnaître un intervenant s'il y en a un. Bon, très
bien. Alors, à ce moment-ci, je vais donc donner la parole, pour une
période de dix minutes, à Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président. Alors, M. le
Président, permettez-moi de lire quelques phrases seulement du
communiqué de presse qui était transmis à tous les
médias d'information par ceux-là mêmes qui ont à
gérer les programmes de sécurité du revenu et les mesures
d'employabilité au Québec. Évidemment, je parle des agents
d'aide socio-économique et je parle des fonctionnaires qui, dans les
centres Travail-Québec dans les régions du Québec
présentement, dans toutes les régions, dans toutes les
localités du Québec, sont à même de constater les
problèmes croissants de la clientèle à la
sécurité du revenu.
Ce que disent les personnes qui, pour le ministère et le
gouvernement, administrent les programmes, c'est ceci, et je cite: «La
situation est catastrophique. La surcharge de travail, l'organisation du
travail, la formation du personnel, l'information, tout est défaillant
et tout doit être repensé. Le ministère n'a pas tenu compte
de l'impact de la prise en charge des programmes d'employabilité. Il
ferme les yeux sur l'augmentation du taux de chômage, reste insensible
à une situation déplorable partout, mais encore plus aiguë
quand on se rapproche des grands centres comme Montréal et
Québec, plus touchés par l'ampleur de la crise économique.
Les charges de travail atteignent une ampleur inhumaine.» Et les
employés de l'État continuent, M. le Président: «Le
désengagement de l'État québécois,
l'incohérence des politiques de formation, les programmes
inachevés, le manque de perspectives liées au plein emploi et,
finalement, l'ensemble des politiques néoconservatrices du gouvernement
nous portent à croire que le mépris affiché à
l'égard des personnes assistées sociales n'a d'égal que
celui manifesté à l'endroit du personnel du réseau qui
doit gérer des programmes et des services sans vision
d'ensemble.»
M. le Président, cet après-midi, j'aurais pu
évidemment, dans ces dix minutes qui me sont imparties, vous parler de
la progression de la clientèle à l'aide sociale: 114 000 000 $ de
plus, principalement dûs à cette augmentation de clientèle.
C'est ce qui justifie la motion que le ministre des Finances déposait
tantôt. J'aurais pu vous parler des banques alimentaires, entre autres de
Jeunesse au soleil qui a écrit à chacun des 125
députés de cette Assemblée pour lancer un cri du coeur en
disant: Nous sommes en mars 1992 - et non pas à la veille des paniers de
Noël de décembre prochain - nous sommes en mars 1992, nous
écrit Jeunesse au soleil qui fait de la distribution alimentaire, et,
déjà, nous sommes coincés. Aidez-nous, parce que nous ne
serons plus en mesure, même durant les mois d'été, de
distribuer aux personnes qui sont privées de nourriture ce qu'il leur
faut pour subsister.
J'aurais pu, évidemment, M. le Président, mais si vous me
permettez, compte tenu du peu de temps, je veux vous parler surtout à
partir du point de vue des gens qui ont à offrir un service et qui ne
peuvent pas l'offrir, M. le Président, compte tenu des conditions qui
leur sont faites par le ministère. Évidemment, le ministre va
certainement, tout de suite je vous en informe, me signaler qu'il a obtenu du
Conseil du trésor, la semaine passée, une augmentation des
effectifs et qu'il va pouvoir distribuer à travers les différents
centres Travail-Québec un total de 354 postes supplémentaires,
dont 266 dans le réseau des régions et, finalement, 88 dans les
services administrés par la ville de Montréal.
Mais, M. le Président, moi, ce que je veux interroger... Une fois
informée de cette nouvelle, de ces postes, j'ai pensé que les
problèmes seraient réglés. Et en contactant les personnes
concernées, je leur ai dit: Écoutez, si je comprends bien, avec
ces postes supplémentaires, malgré l'augmentation de
clientèle, vous allez peut-être maintenant être capables de
faire face aux problèmes qui se sont présentés et qui se
sont aggravés durant les dernières semaines. Il faut vraiment, M.
le Président, que la situation soit assez catastrophique pour qu'il y en
ait 800 d'entre eux et elles qui aient décidé de se rassembler au
Palais des congrès de Montréal un
soir de semaine, il y a peu de temps, pour dire au ministre: C'est
assez, il faut que ça change, ça ne peut plus durer. Vous savez
ce qu'on m'a dit, M. le Président? C'est que ces postes-là
n'allaient pas régler un certain nombre de problèmes qui
continuent à se présenter. Un des problèmes majeurs
auxquels fait face tout le réseau de la sécurité du
revenu, et pas simplement le réseau en termes bureaucratiques mais les
gens aussi, les personnes qui font appel à de l'aide, c'est qu'il s'agit
essentiellement de postes occasionnels.
Quand vous pensez que le ministère est en train de participer
à une sorte de refonte et joue à la réorganisation totale
de tous ses dossiers sans qu'il y ait une heure, une seule heure de formation
qui soit offerte au personnel pour pouvoir, de façon adéquate,
rendre service à la population qui vient le lui demander... Vous savez,
M. le Président, j'ai trouvé ça paradoxal que le ministre
de la Formation professionnelle, le même que de la Sécurité
du revenu, oublie, en matière de gestion de la sécurité du
revenu, que là aussi il faut de la formation du personnel.
M. le Président, ces 354 postes supplémentaires, c'est des
personnes à temps plein qui auront à consacrer des heures
considérables pour tenter de leur apprendre, compte tenu de la
complexité et de l'hypercatégorisation que l'on retrouve depuis
la réforme introduite par la loi 37, au-delà de 42
catégories différentes qui évoluent dépendamment de
la situation conjugale, familiale, maritale et qui, à chaque mois,
peuvent changer la situation des personnes.
M. le Président, ce qui est extrêmement inquiétant,
c'est cette impression que le gouvernement assiste impuissant à cette
progression à l'aide sociale. Le ministre pourra bien essayer de brandir
le fait qu'on n'en a pas encore autant qu'on en avait lors de la
récession de 1983-1984. Vous savez pourquoi, M. le Président, on
n'en a pas autant? Moi, j'ai vérifié le taux d'activité.
On n'en a pas autant parce qu'il y a plus de gens découragés et
parce qu'il y a moins de gens qui s'inscrivent.
Vous savez, le taux d'activité en 1984... Le taux
d'activité, c'est ce qui est bien plus représentatif que le taux
de chômage parce que le taux de chômage, ça ne tient compte
que des personnes inscrites à l'assurance-chômage. Quand on lit
dans le journal qu'il y a 18 % de chômage à Montréal ou
qu'il y en a 24,5 % dans le Bas-Saint-Laurent, il faut comprendre que c'est
seulement le pourcentage des personnes inscrites à
l'assurance-chômage. Le taux de chômage, ça ne prend pas en
considération les personnes sans emploi qui, par exemple, seraient
inscrites à l'aide sociale ou celles sans emploi qui ne peuvent pas
être inscrites parce que leur conjoint travaille et qu'elles n'y ont pas
accès. Alors, c'est bien plus le taux des sans-emploi qui est
important.
Présentement, le taux d'activité dans la
société québécoise est à 62,5 % et il
était, en 1984, M. le Président, à 61,5 %. Et c'est en
chute constante. Il y a deux ans le taux d'activité était
à 64 %. On voit une diminution constante de ce taux d'activité et
on voit la progression des sans-emploi. C'est ça, finalement, M. le
Président, qui est le plus inquiétant. Ce qu'on devrait recevoir
aujourd'hui quand on est devant une motion pour faire progresser les
crédits en matière de sécurité du revenu, c'est
évidemment quelles mesures le gouvernement entend prendre pour cesser de
faire tourner en rond les personnes inscrites à l'aide sociale dans des
programmes d'employabilité qui, finalement, ne les entraînent que
dans le cercle vicieux des programmes eux-mêmes.
C'est évidemment pour toutes ces raisons que nous souhaitons
qu'il puisse y avoir un débat public, un débat de fond, dans
notre société, sur toute cette question des personnes aptes au
travail et sans emploi. Ce n'est pas parce que le ministre a réussi, en
changeant de nom, puisqu'il s'agissait auparavant de personnes en chômage
qui recevaient de l'aide sociale... Il les a appelées «aptes au
travail» comme si, de façon magique, elles allaient être
tenues responsables de se trouver de l'ouvrage. Ce n'est pas parce qu'elles ont
changé de nom que la situation s'est pour autant
améliorée, M. le Président. (17 h 10)
II y a présentement un bassin de 700 000 personnes sans emploi.
Des personnes adultes. Je ne parie pas de leurs dépendants. Je ne parie
pas des enfants de ces hommes et de ces femmes. Il y a un bassin de sans-emploi
de 700 000 personnes adultes. La question de fond, c'est: Qu'est-ce que le
gouvernement, qu'est-ce que le ministre de la Main-d'oeuvre attend pour
présenter une politique de l'emploi? Qu'est-ce que le ministre attend
pour présenter un véritable remaniement des programmes qui ont
simplement été modifiés quant au nom? On retrouve les
mêmes programmes qui, avant 1984, s'adressaient aux moins de 30 ans. De
façon presque magique, le ministre a élargi ses programmes aux
plus de 30 ans, dans un bassin de 225 000 nouveaux ménages. M. le
Président, la constatation qu'on peut faire, c'est que, parmi ces
personnes, une sur deux a une expérience de travail continu de plus de
six ans. Parfois, chez le quart d'entre elles, de plus de 20 ans de travail. Ce
n'est pas des mesures d'employabilité dont elles ont d'abord besoin,
mais du soutien d'une formation qualifiante pour occuper les nouveaux emplois
dont les exigences sont haussées. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve et présidente de la
commission de l'éducation. Alors, suite au consentement, j'appellerais
maintenant M. le ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle, en lui indiquant qu'il a un
temps
maximal de dix minutes. M. le ministre. M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Nous sommes en
présence d'une proposition du ministre des Finances pour faire en sorte
que les budgets de l'année prochaine soient votés dans une
proportion de un douzième, dès aujourd'hui, pour permettre au
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle de pouvoir payer, dès le 1er avril
prochain, les prestations d'aide sociale à la clientèle. Comme
vous le savez, on paie toujours, parfois quelques jours avant le début
du mois, ça dépend. Si le premier du mois arrive une fin de
semaine, par exemple, on va payer le vendredi.
Alors, on doit avoir les crédits autorisés dès
maintenant pour éviter, bien sûr, que nos clients ne puissent pas
avoir leurs chèques en temps. Or, c'est un montant substantiel. Le
ministre des Finances propose que, pour le mois d'avril, on vote des
crédits de 282 000 000 $. Évidemment, c'est beaucoup d'argent, on
doit le reconnaître.
C'est comme ça, M. le Président. Le programme d'aide
sociale, c'est un programme ouvert. C'est un programme qui fait en sorte qu'on
admet à la Sécurité du revenu, à l'aide de derniers
recours, tous ceux qui y ont droit. On ne contingente pas le programme. On ne
refuse l'entrée à personne. Tous ceux qui y ont droit peuvent y
venir. C'est très sécurisant dans notre société de
savoir que, quand on est mal pris, quand on est rendu dans un état de
dénuement, on peut compter sur l'État. Bien sûr,
l'État ne peut pas donner des sommes d'argent à tout le monde,
simplement en le demandant. Il faut faire certains contrôles, puisque
ça coûte très cher et que tout le monde y a droit, bien
sûr, si les gens rencontrent les critères.
Alors, M. le Président, nous avons devant nous, ici, cette
proposition, et la députée de Hochelaga-Maisonneuve vient de
faire état de l'augmentation de clientèle. Eh bien, oui, la
clientèle augmente. Elle augmente, M. le Président. C'est pour
ça que, la semaine dernière, le Conseil du trésor m'a
autorisé 354 postes additionnels à l'aide sociale. C'est
beaucoup, mais comme la clientèle a augmenté de 20 % depuis deux
ans, il commençait à y avoir un certain essoufflement chez nos
fonctionnaires. Nos fonctionnaires, qui travaillent déjà
passablement fort, avaient un surcroît de travail. Je dois leur rendre
hommage, M. le Président, aujourd'hui, d'avoir tenu le coup pendant
cette période de travail accru. Au moment où on est encore en
train d'implanter la réforme de l'aide sociale, de nouvelles
méthodes de travail, on est en train de faire une refonte de
l'informatique. Tout ça arrive au même moment où la
clientèle augmente. M. le Président, on pourra ajouter ces
postes-là.
La députée de Maisonneuve semble se scandaliser que ce
soient des postes occasionnels. Moi, M. le Président, je dis: Tant
mieux, ce sont des postes occasionnels. J'espère qu'ils vont être
très occasionnels et que, le plutôt possible, on pourra voir la
clientèle de l'aide sociale baisser, baisser à un tel point qu'on
n'aura plus besoin de ces fonctionnaires. Quant à moi, M. le
Président, d'une certaine façon, j'aimerais bien que le nombre de
fonctionnaires diminue encore, de façon à ce que la
clientèle diminue encore aussi. Enfin, la clientèle faisant
diminuer les fonctionnaires, et non pas l'inverse, bien sûr.
M. le Président, ce n'est pas un objectif d'augmenter la
clientèle pour avoir le plaisir d'avoir plus de fonctionnaires. Voyons
donc! C'est un système de dernier recours. Il est là tant qu'on
en a besoin. Notre objectif, c'est de faire en sorte de trouver des emplois
afin que les gens qui sont à l'aide sociale et qui sont aptes au travail
puissent s'en sortir et retourner sur le marché du travail, retrouver
leur autonomie par l'emploi. Le jour où tous les assistés sociaux
du Québec auront réussi à s'en sortir, M. le
Président, à se trouver un emploi, je serai l'homme le plus
heureux du monde. Et j'espère qu'on pourra trouver à nos
fonctionnaires d'autres fonctions à l'intérieur de la fonction
publique de façon à ce qu'ils ne soient pas eux-mêmes sans
emploi.
M. le Président, la clientèle de l'aide sociale, quand on
regarde son évolution, on se rend compte qu'entre 1981 et 1986, c'avait
augmenté continuellement. C'avait augmenté continuellement et
c'est un peu étonnant que la clientèle ait augmenté
jusqu'en 1986. Je comprends qu'en 1982-1983 on sortait de la crise de 1981-1982
et qu'il y avait eu une recrudescence de clientèle à l'aide
sociale. Mais comment se fait-il qu'en 1984 la clientèle augmentait
encore alors qu'on était en pleine reprise économique? En 1985,
alors que l'économie commençait même à surchauffer,
la clientèle à l'aide sociale augmentait encore. Et ce n'est
qu'à l'arrivée du Parti libéral, on doit le dire, que la
clientèle a commencé à baisser, à partir de 1986.
C'a baissé pendant quatre années, M. le Président. C'a
baissé de 20 % pendant 4 ans, jusqu'en 1990. Et depuis 2 ans, depuis la
récession, on a repris ces 20 % de sorte qu'aujourd'hui, ne dramatisons
rien, il y a le même nombre d'assistés sociaux au Québec
qu'il y avait en 1986. Il n'y en a pas plus. On est au même point qu'en
1986. Ce n'est donc pas aussi dramatique que semblent vouloir le faire croire
certaines âmes charitables, M. le Président.
Je ne suis pas content d'avoir autant d'assistés sociaux qu'en
1986. J'aimerais mieux en avoir moins. Mais il n'y en a pas plus. Bon,
possiblement que si la récession se poursuit il y en aura un peu plus.
On est au même stade. Et si on se compare à l'Ontario, M. le
Président - je sais qu'on n'aime pas toujours se comparer à
l'Ontario - eh bien, je peux vous
dire que l'Ontario, eux, en ont deux fois plus aujourd'hui qu'en 1986.
Ça vous donne une petite idée de la situation ici et
là-bas. Depuis 2 ans, je viens de le dire, on a augmenté de 20 %
la clientèle au Québec. En Ontario, on a augmenté de 74,5
% depuis 2 ans.
M. le Président, il ne faut pas se réjouir du malheur des
autres, mais il faut au moins réaliser qu'au Québec on a fait une
gestion du dossier qui est correcte, je pense. Le Québec a
été généreux, en ce sens que le programme est
ouvert à tous, mais on contrôle, aussi. On s'arrange pour faire en
sorte de s'assurer que ceux qui y ont droit y viennent, mais que ceux qui n'y
ont pas droit n'y viennent pas. Et ça, M. le Président, de la
bonne gestion, je pense que c'est ce que souhaitent les
Québécois. Le programme est ouvert à tous, mais il faut y
avoir droit. Et ça nous a permis, je pense, en tous les cas,
d'économiser pas mal d'argent en exerçant ces contrôles qui
sont essentiels quand on parle de fonds publics.
La députée de Hochelaga-Maisonneuve a administré
plusieurs blâmes au gouvernement dans son allocution tout à
l'heure. Je pense qu'elle a la mémoire un peu courte, M. le
Président. Moi, je me souviens que, quand nous sommes arrivés au
pouvoir, le Parti québécois avait gelé le salaire minimum
pendant cinq années, de 1981 à 1985, disons quatre années
et demie. Nous avons indexé le salaire minimum à chaque
année depuis ce temps-là, et c'est pour ça que nous
réussissons à garder une clientèle à l'aide sociale
qui est moins nombreuse. Entre 1981 et 1985, en gelant le salaire minimum et en
indexant les prestations d'aide sociale à tous les trois mois, on
attirait littéralement à l'aide sociale des gens, des
travailleurs à faibles revenus qui trouvaient que c'était plus
payant de revenir à l'aide sociale indexée à tous les
trois mois que de gagner un salaire minimum gelé pendant cinq ans. C'est
évident. Ça crève d'évidence. Et, M. le
Président, cela a fait en sorte que la clientèle a
augmenté continuellement, comme je l'ai dit tout à l'heure.
Je me souviens également, M. le Président, que nous avons
haussé les barèmes du programme de soutien financier; nous avons
tenu compte de la situation particulière de ceux qui ont de
sévères contraintes à l'emploi alors que, sous l'ancien
gouvernement, selon l'ancienne façon de procéder, je ne peux pas
oublier qu'on traitait de la même façon ceux qui avaient de
sévères contraintes à l'emploi que les autres qui
étaient aptes au travail. Il n'y avait aucune reconnaissance de statut
particulier à l'égard de cette clientèle-là avant
la réforme de l'aide sociale. (17 h 20)
M. le Président, nous avons indexé annuellement les
barèmes de l'aide sociale depuis que nous sommes arrivés au
pouvoir. Nous avons également donné la parité à
ceux qui ont moins de 30 ans par rapport à ceux qui ont plus de 30 ans.
Sous l'ancien système et l'ancien gouverne- ment, ceux qui avaient moins
de 30 ans recevaient des prestations qui étaient à peu
près du tiers de celles des autres. Vous aviez un jeune de 28 ans, il
avait le tiers de la même prestation qu'un autre de 30 ans. Ce
n'était pas très logique et pas très équitable.
Nous avons mis fin à cette iniquité-là en donnant la
parité à tout le monde.
M. le Président, je vois que vous me faites signe que mon temps
achève.
Nous avons également, M. le Président, indexé les
allocations familiales à chaque année et j'ai souvenance que sous
l'ancien gouvernement, pendant trois années, on n'a pas indexé
les allocations familiales correctement. Une année, on les a
indexées à peu près à la moitié - en 1983 -
du coût de la vie; en 1984, à peu près aux deux tiers du
coût de la vie et, en 1985, on a gelé complètement les
allocations familiales du Québec. Ça, c'est le gouvernement qui
nous blâme aujourd'hui de ne pas nous occuper des pauvres. Nous, nous
avons indexé à chaque année les allocations d'aide
familiale depuis que nous sommes au pouvoir, même si nous vivons une
récession, M. le Président. Le gouvernement n'a pas
lésiné sur l'aide à apporter aux pauvres.
Nous avons introduit de nouveaux programmes également:
allocations-logement, qui vient apporter, cette année, 41 000 000 $ de
plus pour les familles pauvres, les plus pauvres, qui sont à la
Sécurité du revenu et qui ont de gros problèmes pour se
loger. Les grands bénéficiaires de ce programme-là sont
les familles monoparentales. Dans une proportion de presque 80 %, ce sont des
familles monoparentales qui bénéficient du programme
d'allocations-logement.
M. le Président, je pourrais continuer comme ça... J'ai
toute une liste ici. J'ai à peu près 20 items. Vous me faites
signe que mon temps est écoulé, M. le Président. C'est
triste de le dire. J'aurais aimé continuer à vous dire comment le
présent gouvernement a fait beaucoup pour venir en aide aux pauvres,
à ceux qui sont démunis, M. le Président. Je suis fier de
ce que le Parti libéral du Québec a fait dans ce
domaine-là depuis qu'il est au pouvoir et je peux vous assurer que nous
allons continuer à faire le maximum d'efforts pour être juste et
équitable envers tous les citoyens et surtout ceux qui en ont le plus
besoin. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle. Ceci met fin au débat.
Adoption du principe et adoption
Est-ce que les motions de M. le ministre des Finances proposant la
présentation, l'adoption du principe ainsi que l'adoption du projet de
loi 419, Loi no° 1 sur les crédits 1992-1993, sont
adoptées?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Je vous demanderais, M. le Président,
d'appeler l'article 14 de notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 418
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Bissonnet): L'article 14.
L'Assemblée prend en considération le rapport de la commission du
budget et de l'administration sur le projet de loi 418, Loi modifiant la Loi
sur la Société immobilière du Québec. Y a-t-il
consentement pour déroger à l'article 253 du règlement
parce que ce n'est pas une séance distincte? Est-ce qu'il y a
consentement?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement. Est-ce
qu'il y a des interventions sur ce rapport? N'ayant pas d'intervention, le
rapport de la commission du budget et de l'administration portant sur le projet
de loi 418, Loi modifiant la Loi sur la Société
immobilière du Québec, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
ministre des Approvisionnements et Services propose l'adoption du projet de loi
418, Loi modifiant la Loi sur la Société immobilière du
Québec. Y a-t-il consentement pour déroger à l'article 230
du règlement?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II y a consentement?
Consentement. Adoption du projet de loi 418, Loi modifiant la Loi sur la
Société immobilière du Québec. Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le ministre des Approvisionnements et Services.
M. Robert Dutil
M. Dutil: Merci, M. le Président. Il s'agit d'une loi
relativement brève qui a pour effet de nous permettre de vendre 49 % des
actions qui étaient détenues par la Société
immobilière du Québec dans Place Desjardins, à
Montréal, à Place Desjardins et à diverses constituantes
du Mouvement Desjardins, au Québec. Nous avons discuté de cette
loi-là en commission parlementaire. Il est important de préciser
que la discussion a beaucoup plus porté sur la transaction, le prix de
la transaction et l'opportunité de la transaction, que sur la loi
elle-même, qui permettait d'y donner effet, puisque la loi
elle-même n'était que d'ajouter les noms de ceux à qui nous
vendons, ce qui n'était pas prévu et permis par la loi
initialement et qui était de permettre à la SIQ d'être sur
le conseil d'administration de Place Desjardins alors qu'actuellement elle doit
en faire partie. Elle devait en faire partie selon la loi qui avait
été adoptée au moment de la construction de ce vaste
complexe, ce complexe qui est le deuxième plus important au
Québec.
Quant au prix, je pense qu'il est important de revenir sur cette
question-là. Nous avons établi, je pense, d'une façon
très claire, que le prix s'est fait à la juste valeur marchande.
L'évaluation de la bâtisse a été faite à 355
000 000 $. Je pense avoir fait la démonstration, à la commission
parlementaire, que ce prix-là pouvait être ajusté - si on
voulait voir la véritable valeur de la transaction - à 423 000
000 $, si l'on tient compte du fait que nous détenons un bail qui nous
permet d'obtenir un prix de base du loyer de 5 $ le pied carré pour 590
000 pieds carrés, jusqu'en l'an 2005.
C'est un avantage que nous avons eu, lors de la construction du complexe
Desjardins, jusqu'en l'an 2005. C'est un avantage que nous gardons jusqu'en
l'an 2005 et qui a donc sa valeur. Il est évident qu'en faisant cette
transaction-là on ne demande pas à Place Desjardins de nous payer
deux fois l'avantage qu'il nous donne. Ou nous avons un avantage du prix du
loyer qui se maintient jusqu'en 2005 - à ce moment-là, la valeur
de la bâtisse, la valeur de la transaction est moins élevée
- ou nous perdons cet avantage et nous payons le prix du marché -
à ce moment-là, le prix de la transaction sera plus
élevé. Nous avons estimé...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, Mme la
députée de Terrebonne.
Mme Caron: M. le Président, est-ce qu'il y a quorum?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui. A votre demande, je
vais vérifier le quorum. Alors, qu'on appelle les
députés.
Si vous voulez prendre place, s'il vous plaît. Il y a maintenant
quorum. L'Assemblée poursuit ses travaux. Nous sommes à la motion
du ministre... S'il vous plaît! Nous sommes à l'adoption du projet
418, Loi modifiant la Loi sur la Société immobilière du
Québec. Je reconnais M. le ministre des Approvisionnements et Services
qui poursuit son intervention. M. le ministre.
M. Dutil: Merci, M. le Président. Nous en
étions donc à parler de la transaction qui implique la
Société immobilière du Québec et Place Desjardins.
Je parlais de la discussion qui s'est faite, sur le prix, lors de la commission
parlementaire, et où nous avons établi que le prix, à
toutes fins pratiques, était évalué à la juste
valeur marchande. Je voudrais dissiper tout de suite, ici, un malentendu. Quand
on évalue une bâtisse à un montant de cette ampleur, sur
laquelle nous détenons 49 % des actions, on ne peut pas faire la
règle aussi simple que de diviser la valeur, le prix de la bâtisse
en deux pour déterminer ce que recevra le gouvernement. (17 h 30)
Je le mentionne, M. le Président, parce que dans les journaux on
a parlé d'une transaction qui devrait rapporter 200 000 000 $ au
gouvernement du Québec. Ce qui est faux évidemment. Il faut
d'abord et avant tout soustraire du montant de la valeur établie de la
bâtisse les dettes, le passif, les créances qui sont à
payer, pour estimer la véritable valeur. Après avoir soustrait
ces dettes-là, après avoir additionné la valeur au livre,
avoir additionné les bénéfices non répartis, avoir
soustrait une portion du calcul d'impôt et en avoir additionné une
autre, donc, des chiffres sur lesquels nous avons eu l'occasion de nous
expliquer en commission parlementaire, le montant résiduel est
plutôt de 209 000 000 $ que de 355 000 000 $, montant à partager
que l'on divise en 49 %-51 % et duquel est soustrait un montant de 4 400 000 $
pour dépréciation d'escompte suite au fait que nous sommes
minoritaires dans cette transaction-là. Ce qui laisse au gouvernement,
à la Société immobilière du Québec un
montant de 98 300 000 $ de la transaction globale.
La question du prix, à mon avis, a été pleinement
clarifiée. On verra ce que l'Opposition dira dans ses commentaires de
fin du projet de loi, suite à la commission parlementaire et en vue de
l'adoption. Ce qui a été également discuté et sur
lequel on ne s'est pas entendu, c'est sur l'opportunité d'agir à
ce moment-ci. Pour ma part, M. le Président, je conçois
qu'à partir du moment où nous avons un prix valable, un prix
intéressant - et c'est ce que nous prétendons avoir obtenu dans
cette négociation-là qui s'est déroulée sur
plusieurs mois, qui s'est déroulée d'une façon correcte et
qui se conclut à un prix qui nous apparaît avantageux - il est
intéressant pour le gouvernement, à partir de l'entente de
principe que nous avons, de conclure le plus rapidement possible, puisque 98
300 000 $ qui entrent dans les coffres de la SIQ rapportent quand même un
intérêt ou empêchent la Société
immobilière ou le gouvernement de payer un intérêt qui est
considérable. Le litige là-dessus, la différence d'opinion
sera certainement exprimée par l'Opposition. Je lui laisse le soin de le
faire.
Pour ma part, je crois qu'après avoir participé à
la construction du complexe Desjar- dins dans les années soixante-dix,
complexe qui a été terminé en 1976, après avoir
permis que ce projet se réalise, puisque je pense qu'à
l'époque, si le gouvernement n'avait pas été
présent, il est possible que ce complexe n'ait pas vu le jour, il est
intéressant de voir, ayant réussi à établir un
pareil complexe au Québec, il est important de se rendre compte que nous
avons là une mission accomplie et que les priorités
gouvernementales peuvent changer.
Il n'est pas de notre rôle d'être un actionnaire minoritaire
dans un grand complexe où il n'y a pas que des bureaux et où nous
ne sommes pas, loin de là, les seuls locataires puisque nous occupons
environ 24 % des espaces globaux qui sont occupés par l'ensemble des
diverses fonctions de ce complexe-là qui ne sont pas que des espaces
à bureaux, je le précise. Il y a également un hôtel,
l'hôtel Méridien, comme on le sait; il y a également
beaucoup de commerces dans le complexe Desjardins, comme on le sait
également. Alors, ayant donc accompli cette chose-là, les
diverses sociétés Desjardins et Place Desjardins étant
prêtes à acquérir notre participation à un prix
convenable, nous avons décidé de nous en départir et c'est
la raison du projet de loi que je souhaite voir adopter ici par
l'Assemblée nationale. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je vous rappelle que nous en sommes à l'étude de l'adoption du
projet de loi 418, Loi modifiant la Loi sur la Société
immobilière du Québec, et je reconnais Mme la
députée de Verchères. Mme la députée.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Le projet de loi 418,
Loi modifiant la Loi sur la Société immobilière du
Québec, fait en sorte de permettre à la Société
immobilière du Québec, qui détient les
intérêts du gouvernement dans Place Desjardins, de vendre ses
actions à Desjardins ou à ses filiales.
C'est un projet de loi de deux articles qui semble anodin, qui semble
sans importance. Le gouvernement, par le biais de son ministre, a fait en sorte
que ça ait l'air d'un projet pas important du tout. Quand on pense qu'en
cinq minutes, lors de la deuxième lecture sur l'adoption du principe, le
ministre a expliqué cette transaction qui est tout de même...
Là, il y a des millions en jeu, on vend nos actions, les actions du
gouvernement - en fait, l'argent des contribuables investi dans la Place
Desjardins pour des millions - et on prend cinq minutes pour expliquer tout
ça, cette transaction-là. En commission, je vais y revenir
tantôt comment ça s'est passé... C'est à
dénoncer, M. le Président. Le ministre, en troisième
lecture, prend encore cinq minutes alors qu'il aurait droit peut-être
à une heure, une demi-heure... Je ne connais pas
les règles exactement. Chose certaine, c'est que ça
dénote, dans la manière de faire, un mépris. Ça
dénote un mépris de l'Assemblée nationale. Ça
dénote un mépris envers les élus...
M. Bélisle: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît...
Sur une question de règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Oui, M. le Président. J'aimerais
que vous rappeliez la députée à l'ordre, à l'effet
qu'on ne peut imputer aucun motif à un député en cette
Chambre, et surtout pas que le ministre a un mépris de quelque membre
que ce soit ou de l'institution qu'est l'Assemblée nationale. Je vous
demanderais de lui demander de retirer ses paroles.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez
poursuivre votre intervention, Mme la députée.
Mme Dupuis: Merci, M. le Président. Je dis simplement que
je trouve ça regrettable qu'on traite à la légère
des transactions où c'est l'argent des contribuables, et qu'on essaie de
nous passer ça à la vapeur. Pour nous, pour faire notre travail
de l'Opposition, si on veut le faire sérieusement, on a besoin d'un peu
plus de temps et il faut aller soutirer les informations. Il faut pratiquement
se battre pour avoir les informations nécessaires pour prendre une
décision éclairée, tout simplement. On ne veut pas se
faire reléguer au rôle d'estampilleur. C'est tout simplement
ça, et je pense que c'est important de le noter, de le signaler. Ce
n'est pas la première fois, je m'aperçois que c'est une
constante. Je suis une nouvelle députée et je trouve ça
indécent parce que je n'aurais jamais pensé que ça pouvait
se passer de même dans un Parlement. C'est important que les
contribuables le sachent aussi.
M. le Président, en commission parlementaire, nous avons
apporté trois motions. Ce n'était pas du
«filibuster», on n'a pas «filibusté». On a
présenté trois motions: une qui demandait à la
Société immobilière du Québec, qui est un organisme
gouvernemental, d'être présente, d'être entendue. Il me
semble que ça aurait été éclairant pour
l'Assemblée, pour la commission, de savoir ce qui s'est passé
dans cette transaction. Quels sont les motifs pour lesquels on l'a vendu, quels
sont les motifs de... qu'est-ce qu'il y avait dans cette entente? Des
informations tout simplement.
Quand on pense que le président était absent, que le
vice-président qui a signé l'entente, M. Prémont,
était absent. On a donc déposé une motion pour demander
qu'il soit entendu. La commission, par le biais des députés de
l'aile parlementaire, a dit: Non. Le ministre a endossé, le ministre en
tête. Selon moi, M. le Président, il aurait été
normal et de bon aloi que le ministre lui-même demande aux dirigeants de
la Société immobilière du Québec, qui est un
organisme gouvernemental sous la juridiction du ministre, qu'ils soient
présents. Est-ce qu'il peut y avoir quelque chose de plus normal? C'est
demandé dans le rapport Bernard, que le ministre endosse aussi,
où on demande plus de transparence, plus d'efficacité. On a eu
une belle occasion d'impliquer et de demander aux sociétés, aux
organismes qui relèvent du ministère, de venir s'expliquer, de
venir jeter au moins une lumière pour que les gens de la commission,
s'ils prennent position pour ou contre, au moins le fassent d'une façon
éclairée, et qu'ils ne votent sur n'importe quoi, n'importe
comment.
La deuxième motion, M. le Président, c'était pour
demander que les dirigeants de Desjardins, qui est l'autre partie dans cette
transaction, soient présents. Il me semble que c'est normal, tu sais. Il
me semble que ça aurait été utile qu'ils soient là,
pour répondre aussi aux questions, nous donner une information qui
aurait pu être très pertinente, éclairante, surtout que ce
n'était pas évident. La démonstration n'a pas
été faite que, dans ce dossier, le gouvernement et le
ministère des Approvisionnements et Services avaient le plein
contrôle de cette transaction. On a des signes qui se sont
manifestés et qui nous ont porté à croire le contraire. M.
Coulombe, qui est le signataire de l'entente de Desjardins, aurait pu nous
apporter une lumière éclairante. Ça aurait peut-être
été intéressant aussi, à travers ce qu'il aurait pu
nous dire, de voir jusqu'à quel point ce sont de bons administrateurs.
(17 h 40)
En passant, si vous me le permettez, M. le Président, je voudrais
rendre hommage au Mouvement Desjardins. Ça a parti tout petit, dans une
cuisine, et je voudrais leur rendre hommage parce qu'ils ont su
développer une solidarité. Ça a commencé par des
0,10 $ puis après ça des 10 $, puis on a mis des zéros au
bout, puis, finalement, la caisse Desjardins... Si je pense aux caisses
populaires Desjardins, par exemple, qui sont des fonds de nos
Québécois, ils ont su gagner la confiance de nos
Québécois. Ça aurait pu être intéressant de
les entendre. Ils ont su développer le sentiment d'appartenance.
Et ça, M. le Président, c'est peut-être ce qui
manque dans notre Chambre ici, de développer un gouvernement capable de
développer le sentiment d'appartenance pour que les contribuables aient
l'impression qu'ils ne se font pas avoir par le gouvernement. Mais, pour
ça, il faut être transparent. Pour ça, il faut être
limpide. Pour ça, il faut prendre le temps de faire notre travail
sérieusement.
Je reviens au sentiment d'appartenance. Peut-être que si ça
se développait un peu plus,
ça serait peut-être intéressant de voir la
réaction des Québécois. Tu sais, ils n'essaieraient
peut-être pas de payer le moins d'impôt, si on n'exagère
pas, bien sûr, mais de donner leur dû avec ce sentiment que le
gouvernement, les fonds publics, c'est leurs fonds, c'est leur
propriété. Et là, j'y reviens à Place Desjardins.
Finalement, c'est des actifs. Ça appartient à tout le monde,
ça, là. C'est l'argent du gouvernement. C'est l'argent des
contribuables.
On a fait une autre motion, M. le Président. On a demandé
que le service d'évaluation de la Communauté urbaine de
Montréal vienne nous donner son point de vue. Objectif: il
n'était pas partie là-dedans, il n'était pas partie
prenante dans ce dossier. Ça aurait pu être intéressant de
les entendre dire, par exemple, sur quelle base, sur quel niveau ils se
basaient pour évaluer la Place Desjardins à 414 000 000 $. C'est
les chiffres qui nous ont été fournis, alors que
l'évaluation de base du gouvernement est de 355 000 000 $. Il y a une
marge, là. Ça aurait été intéressant de les
entendre.
On aurait eu d'autres questions à poser, par exemple, la valeur,
s'il y a moyen de comparer la Place Desjardins à la Place Ville-Marie.
Je comprends - je ne fais pas de reproches au ministre - qu'il y ait des
éléments au niveau du service d'évaluation, au niveau de
l'évaluation foncière qui lui échappent. Mais pourquoi
refuser une information qui aurait pu être pertinente, objective? La
commission a dit non par le biais des députés présents. Et
le ministre en tête, ils ont encore voté non. Ça n'aurait
pas du tout retardé les travaux de la commission, si ça avait
été prévu aussi.
Alors, les demandes de motions. Les motions qui ont été
déposées par l'Opposition n'ont pas été des
demandes farfelues. Ce n'était pas un blocage systématique. On
était deux. On ne pouvait tout de même pas essayer de les tenir 50
heures à deux. Ça n'a pas été... on n'a pas envahi
la commission. On a eu un non.
M. le Président, je pense aussi qu'à ce moment-là
je reviens au rapport Bernard, un rapport qui relève du ministère
des Approvisionnements et Services, qui concerne les Approvisionnements et
Services et où on parlait de l'efficacité dans la transparence.
Je pense que là, le ministre a raté une très belle
occasion de démontrer qu'il était disposé à
effectuer un travail sérieux dans la transparence. Il a raté une
belle occasion de donner un appui à ce rapport-là. On l'a
favorisé, on lui a pratiquement donné tous les outils pour qu'il
le fasse. Le ministre a dit non. Pourquoi après ne serait-on pas
légitimés de penser que ça ressemble à une vente de
feu? L'urgence avec laquelle on l'a passé, le manque de transparence
dans la manière de faire, ça ressemble à une vente de feu.
Ça ressemble à un gouvernement qui veut nous passer cette
loi-là pour aller chercher de l'argent et l'injecter dans les coffres
pour boucler l'année financière avec un déficit un peu
moins gros. Sinon, qu'est-ce qui presse? Quelques jours d'intérêt,
peut-être? Nous avons même donné l'opportunité au
ministre de se dédouaner face à cette opinion publique, face
à l'opinion de l'Opposition, en apportant une motion pour dire: Pourquoi
ne pas effectuer la transaction le 1er avril? Ce n'est pas une journée
de différence qui va faire tant. Encore là, la commission a dit
non. Des membres de la commission ont dit: Non, motion rejetée, avec le
ministre en tête.
M. le Président, nous avons demandé tout ce qu'il
était possible de demander pour prendre une décision
éclairée. Nous avons eu deux documents de déposés,
des documents sur lesquels nous avons demandé un éclairage, des
renseignements, deux petits documents. Sur toute cette transaction de plusieurs
millions, nous avons eu droit à deux petites feuilles minces, pour ne
pas dire maigrichonnes, qui ne nous donnaient pas grand-chose. Je pense que
nous avons fait notre travail et je pense que nous l'avons fait
honnêtement en refusant le rôle d'estampilleurs.
Moi, je pars avec l'idée - et à date ça ne m'a pas
menti - qu'il faut d'abord se respecter soi-même si on veut que les
autres nous respectent. Je pense que faire un travail consciencieux en
commission et refuser d'endosser n'importe quoi, de venir simplement mettre
l'estampe, c'est se respecter soi-même, c'est respecter le vote de la
population, la confiance que la population nous a donnée et c'est ce
rôle-là qu'on a essayé de jouer. Mais la manière de
faire du gouvernement nous en a empêchés, ce qui fait en sorte
qu'on n'est pas tellement plus éclairés après la
commission qu'on ne l'était au début de la commission.
Nous avons la très nette impression, M. le Président, que
le ministre est victime du ministre des Finances, qui lui aurait placé
une commande, et que la Société immobilière n'a pas eu
grand-chose à dire là-dedans et le ministre des
Approvisionnements et Services non plus. Petite anecdote: il y avait deux
membres, il y avait le sous-ministre adjoint en arrière du ministre des
Approvisionnements et Services. Il y a eu une réaction spontanée
à la motion qu'on a apportée, à savoir: Pourquoi ne pas
faire la transaction le 1er avril? Ils avaient l'oeil et de très
près, ce qui nous porte à croire, et avec raison, que c'est une
commande du ministre des Finances. Je trouve ça blessant pour le
ministre des Approvisionnements et Services. Je le dis comme je le pense, je
trouve ça blessant. Peut-être que le ministre des
Approvisionnements et Services ne le voit pas comme ça mais, moi, je
trouve ça un petit peu blessant.
En fait, il s'agit d'une passe de pas loin de 100 000 000 $. C'est
ça, les faits. Il faut tout de même arrêter de se conter des
histoires. C'est une passe de pas loin de 100 000 000 $. Alors, on n'est pas
capable de boucler son budget. J'administre mal mon budget, mais je ne veux
pas
que ça paraisse, je ne veux pas que papa me dispute, alors je
vends l'immeuble. En l'occurrence, on vend les immeubles. Après
ça, on dit qu'on est un bon gouvernement, on gère bien. Surtout,
ils se sont fait élire là-dessus, M. le Président. (17 h
50)
Parlons du fonds maintenant. Un des arguments qui est revenu le plus
souvent, c'est qu'on avait négocié à 5 $ le pied
carré pour jusqu'à l'an 2005. C'est de la gestion de courte vue.
Après 2005, quel genre de contrat on va être obligé de
signer? Ou est-ce qu'on va être obligé de déménager?
On a sauvé combien là-dedans?
Une gestion de courte vue. On n'arrive pas dans le budget, on
déclare un déficit plus haut que prévu, mais sans
prévoir les conséquences. Et il peut y avoir des
conséquences passablement importantes et négatives à une
transaction comme celle-là. Si le gouvernement ne voulait pas qu'on
aille sur des hypothèses ou sur des peut-être, il n'avait, en
commission parlementaire, qu'à amener tous les documents, qu'à
mettre les chiffres sur la table et qu'à jouer ouvert. On ouvre les
livres. À ce moment-là, il n'y a pas de spéculation.
Pourquoi cacher si on n'a rien a cacher?
De toute évidence, M. le Président, le gouvernement a
perdu le contrôle de ses dépenses, et à la toute
dernière minute: Dépêchons-nous, ça urge, vendons
les meubles, puis essayons de boucler l'année avec un déficit pas
trop gros. Parce qu'à aucun moment en commission parlementaire, M. le
Président, la démonstration n'a été faite que
c'était une bonne transaction. Je vais être honnête et je
vais le dire, la démonstration n'a pas été faite non plus
que c'était une mauvaise transaction. Ni l'une ni l'autre. Donc, on
n'est pas plus avancé qu'on l'était. Le ministre nous dit qu'il
pense qu'il a fait une bonne transaction. J'espère qu'il a raison.
J'espère. Je ne suis tout de même pas assez diabolique pour
souhaiter qu'il ait fait une mauvaise transaction. Je l'espère et je le
lui souhaite de tout coeur.
Mais comment se fait-il que ce même gouvernement - et je pense
que, pour l'Opposition, lorsqu'elle était au pouvoir, c'était la
même chose - a toujours essayé de mettre en oeuvre des politiques
pour permettre l'accès à la propriété? Qu'on pense
à Mon taux, mon toit, par exemple. Vous allez me dire que c'était
pour contrer la récession et que c'était pour relancer la
construction. Si la construction va bien, l'économie va bien, mais
peut-être. Mais il me semble que c'est un acquis d'être
propriétaire. Il me semble que c'est un objectif qu'un particulier peut
avoir, si je reviens à un particulier. Il me semble que c'est un
objectif souhaitable, que tous les gouvernements souhaitent. Puis on encourage
l'accès à la propriété. Au moment où le
gouvernement fait ça d'un côté de la bouche, de l'autre
côté de la bouche, bien, eux autres, ils passent de
propriétaires à locataires. Comme ça. Ce n'est pas grave.
On vend. C'est payant, mais on vend.
M. le Président, on n'a pas pu avoir de réponse, ou
c'était encore très vague. On m'a dit: Bien, je ne le sais pas,
peut-être que... Bon. Dans les faits, ce qui va revenir dans les coffres
du gouvernement, c'est 98 300 000 $. Ça a été
confirmé tantôt par le ministre des Approvisionnements et
Services. On a demandé au ministre: Où vont-ils aller, les fonds?
Est-ce que ça va dans le fonds consolidé? Il a dit:
«Peut-être, pourquoi pas?» ou quelque chose du genre. Il dit:
C'est possible. Ce n'est pas impossible.
On lui a fait une petite suggestion. Puisque c'est un investissement
qu'on avait fait à Montréal, on lui a proposé de prendre
ces 98 300 000 $ et de les réinvestir à Montréal, pas
forcément dans des immeubles - puisqu'on vend, on n'est pas pour aller
acheter ailleurs - mais peut-être, quel que soit le projet, de les
réinvestir dans Montréal. Pourquoi pas à
Montréal-Est, qui a des problèmes, où ça se
déserte, où tout ferme? Les gens de Montréal s'en viennent
en Montérégie, puis ils s'en viennent en banlieue. Il y a des
problèmes économiques à Montréal. Alors, on a fait
- de bonne foi, je pense - cette proposition-là au gouvernement, en
espérant, bien sûr, qu'il saura la prendre en considération
et tout mettre en oeuvre pour essayer de remonter l'économie de
Montréal.
Puisque je parle de Montréal et qu'on n'a pas été
capable de me faire la démonstration des impacts négatifs que
ça pourrait avoir, parce qu'il peut y en avoir... Par exemple, une
transaction de cette envergure peut peut-être apporter des perturbations
ou apporter des modifications dans le marché immobilier, à
Montréal. Et, si ça dévalue les autres immeubles, par
effet secondaire il va y avoir moins de taxes dans les coffres de
Montréal. Donc, il peut y avoir des protestations. On peut être
pris avec ça aussi. Est-ce qu'on a pensé à ça dans
une transaction? Est-ce qu'on a pensé à tout? Peut-être que
Montréal ne sera pas très heureuse d'apprendre qu'il y a une
transaction qui s'est faite. Peut-être, je dis bien peut-être. La
lumière n'a pas été faite. À un prix
peut-être en bas du marché. si je compare, par exemple -
peut-être que ça ne se fait pas de la même façon -
mais, si je compare à une maison privée, on sait très bien
que, dans une rue, s'ils se basent, pour le taux d'évaluation, sur les
ventes qui se sont faites durant l'année... on ne sait pas. bon. et
là, s'il y a trois maisons qui se sont vendues à des prix
exorbitants, par une chance ou un concours de circonstances, bien, l'ensemble
du prix des autres maisons monte. l'inverse se fait de la même
façon. si, pour une raison x, quelqu'un est obligé de vendre
rapidement et qu'il va en rabais, bien, ça fait baisser le prix des
autres évaluations. on n'a pas pu savoir non plus la
date de la dernière évaluation. Donc, c'est un chiffre
approximatif. Est-ce que c'est une bonne transaction, est-ce que c'est une
mauvaise? On n'est pas en mesure de le dire.
Ça m'amène à dire, M. le Président, que ce
gouvernement manque, dans sa manière de faire, dans ses
prévisions, de fondement. Quand on vend, quand on fait une transaction,
est-ce que c'est appuyé sur une politique, sur une orientation, par
exemple? Est-ce qu'on a une politique, par exemple, dans le champ des
immeubles? Est-ce qu'on a une politique? Et elle va vers quoi? On n'en a pas
parlé.
Pas de plan d'action, pas d'orientation, pas de politique de fond, une
vue très courte de la gestion des fonds publics, des projets à
court terme et à très court terme. Sauvons la face et laissons
croire à tout le monde, surtout aux contribuables, qu'on est de bons
gestionnaires en donnant les chiffres à la fin seulement. C'est
là que je pense que c'est un petit peu plus grave, surtout que ce
gouvernement, M. le Président, s'est fait élire sous
l'étiquette de bon gestionnaire. C'est toujours le maquillage en
surface. Sauvons les apparences pour le moment. Au lieu d'aller un petit peu
plus en fondement, d'essayer de trouver des solutions à un peu plus long
terme, à moyen terme et à long terme, exactement comme les
politiques qui ont été mises en place pour contrer la
récession... Est-ce qu'il y en a? Si peu.
M. le Président, ma courte intervention était simplement
pour rappeler ces quelques faits, sur la manière de faire, et que, sur
le fond même, il est difficile de dire si c'est une bonne ou une mauvaise
transaction. Ce qui me console un peu, c'est le fait que peut-être ce
soit au Mouvement Desjardins. Il est sympathique. Peut-être que j'aurais
eu une réaction beaucoup plus agressive si on avait vendu à Power
Corporation, je ne m'en cache pas et j'ai l'honnêteté de le dire.
Mais il reste que, si les caisses Desjardins sont de bons gestionnaires pour
leurs membres, le gouvernement, lui, doit être un bon gestionnaire pour
l'ensemble des contribuables québécois, et je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Verchères. Sur cette même motion, M. le
député de Labelle. Le temps maximum d'intervention est de dix
minutes, en troisième lecture.
M. Léonard: Ah! c'est dix minutes? Le
Vice-Président (M. Bissonnet): Oui. M. Jacques
Léonard
M. Léonard: Oh! M. le Président, je vous remercie.
(18 heures)
Nous en sommes à ce projet de loi 418, en troisième
lecture, et j'ai participé hier à la deuxième lecture de
ce projet de loi. Je voudrais nous rappeler à tous que le ministre a
fait une deuxième lecture en moins de cinq minutes - moins de cinq
minutes - parce qu'il a... Au fond, lorsqu'on relit son document ou sa
déclaration, il a un seul principe: mission accomplie. Il n'a pas
explicité la mission qu'il avait accomplie, mais c'est mission accomplie
et il est passé à autre chose. Je crois que c'était un peu
court, mais nous allons y revenir.
Deuxièmement, M. le Président, en commission
parlementaire, nous avons demandé à entendre des groupes. Vous
remarquerez que le gouvernement est juge et partie dans ce projet de loi. C'est
lui qui est propriétaire et c'est lui, maintenant, qui se donne, par un
projet de loi, certains pouvoirs dans la loi. Dans ce contexte, il nous
apparaissait important, à nous, de l'Opposition officielle, d'entendre
des tierces parties, d'autres personnes au dossier, si l'on veut, mais de
façon moins impliquée. Nous avons demandé à
entendre le président de la Société immobilière du
Québec pour nous expliquer ce qu'il pensait de la transaction. Il a un
conseil d'administration de 11 personnes. Ils en ont probablement
discuté à leur conseil d'administration; normalement, il devrait
y avoir une résolution. Il demeurait tout proche du parlement, rue
Saint-Amable - c'est là que sont ses bureaux - et le ministre a dit:
Non, pas question de faire venir à la commission le président de
la Société immobilière du Québec. Je suppose qu'il
devait penser, en son for intérieur, que lui-même pouvait
répondre aux questions. Mais, encore une fois, je rappelle qu'il
était juge et partie. Il représentait le gouvernement alors qu'il
aurait été important d'entendre le témoignage d'un
président, du président de la Société
immobilière du Québec.
Nous avons aussi demandé à entendre la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins. Il nous semblait aussi intéressant d'entendre ce que pensait
la Confédération Desjardins. Le ministre nous a lancé des
chiffres à la volée au début de ses notes
préliminaires, sa déclaration préliminaire à la
commission, et il me semble que la Confédération Desjardins
aurait pu venir aussi nous exposer son point de vue. C'était l'autre
partie à la transaction. Non. Tout ce à quoi nous avons eu droit,
c'est aux commentaires du ministre, aux remarques du ministre, aux
déclarations du ministre. Encore une fois, ce n'est pas que je veuille
mettre en doute sa parole, mais encore faut-il vérifier le
bien-fondé de ce qu'il dit vis-à-vis d'autres personnes. Il nous
a dit non. Bon. Remarquez que le processus démocratique en prend un
coup, parce qu'on ne doit entendre personne, même pas les parties
impliquées. Chose que l'on fait, d'ailleurs, dans les projets de loi
privés. Nous en sommes à un projet de loi public; on n'a pas eu
droit à cela. La Confédération Desjardins n'est pas venue
ici, à l'Assemblée nationale, alors qu'il s'agissait d'un
projet de loi qui la concernait, parce que le ministre ne l'a pas
jugé utile et que les députés se sont rangés
à l'avis du ministre. Bon. l_a commission a décidé qu'on
n'entendrait pas la Confédération Desjardins. Je vois, M. le
Président, le ministre de l'Industrie et du Commerce qui fait des
grimaces. Alors, il les retiendra pour son projet de loi tout à
l'heure.
M. le Président, après cette décision de la
commission, nous avons demandé au moins une chose: entendre le Service
de l'évaluation foncière de la Communauté urbaine de
Montréal. Les évaluations foncières, actuellement, de par
la loi du Québec, doivent se rapprocher de la valeur au marché
des actifs. Dans le contexte de la Communauté urbaine de
Montréal, il s'est fait un immense travail en ce sens. Nous aurions
aimé vérifier la base sur laquelle reposait la transaction, voir
si l'évaluation de la Communauté urbaine de Montréal, de
414 000 000 $, était fondée, si elle remontait à
l'année 1989 ou 1990. Parce que, normalement, dans le rôle
déposé à l'automne 1991 il est question de valeur
établie selon le marché de l'année 1990, donc
l'évaluation de 414 000 000 $ remonte pratiquement à deux ans.
Est-ce que cette valeur tient encore aujourd'hui par rapport à la
transaction? Les gens qui auraient pu nous en parler étaient, à
mon sens, ou pouvaient être ceux du service de l'évaluation
foncière de la Communauté urbaine de Montréal. Il me
semble que, là, nous avions une tierce partie, des personnes
indépendantes qui auraient pu nous renseigner, nous, de la commission
parlementaire, sur la valeur exacte de cet actif dont le gouvernement veut se
départir.
Peine perdue. Rien, M. le Président, et nous n'avons eu droit
qu'aux explications du ministre, uniquement, sans jamais pouvoir
contrevérifier les données qu'il avançait.
Voilà pour la manière. Pour le fond, M. le
Président, le seul principe qui a été émis,
énoncé par le ministre, ça a été: mission
accomplie. Je comprends qu'il n'ait pas parlé longtemps, parce qu'il
n'en avait pas, de principe. C'est ça, sa position. Il ne peut pas
parler longtemps. Mission accomplie! Je voudrais simplement rappeler la mission
que devait remplir cet investissement du gouvernement, lorsqu'il a
été fait, autour des années 1975. Le centre-ville de
Montréal, en face de la Place des Arts, comportait de nombreux terrains
vacants. À partir du début des années soixante-dix, il y a
eu une politique systématique de meubler le centre-ville de
Montréal, en termes d'investissements immobiliers. Il y a eu la Place
des Arts au début des années soixante.
Par la suite, le premier gros investissement qui s'est annoncé,
ça a été celui de la Place Desjardins, début des
années soixante-dix, avec une implication de la ville de Montréal
qui, en passant, est toujours le bénéficiaire du bail
emphytéotique du terrain de la Place Desjardins. Je pense que la Place
Desjardins a été un succès. D'ailleurs, il faut
reconnaître à l'ancien maire de montréal, m. jean drapeau,
qu'il a bien donné des directives urbanistiques pour en faire un
succès. ,
Troisième élément qui a été
impliqué dans le mobilier du centre-ville: le Palais des congrès
que nous avons construit lorsque nous étions au pouvoir, le Palais des
congrès au-dessus de l'autoroute Ville-Marie pour rejoindre cet ensemble
au Vieux-Montréal. Finalement, s'est construite aussi la place
Guy-Favreau, par le gouvernement fédéral, cette fois. Donc, nous
avons vu un centre-ville beaucoup mieux meublé maintenant qu'auparavant.
l'implication du gouvernement a été d'être le partenaire de
la confédération desjardins pour construire place desjardins, et
ça a été un succès. maintenant, le ministre dit:
«mission accomplie.» je lui ai dit qu'il ne s'était pas
promené à montréal, parce qu'il y en a d'autres, terrains
vacants à montréal. à mon sens, l'action d'un
gouvernement, dans le cadre de l'urbanisme d'une ville, c'est: lorsqu'il se
retire d'un dossier, lorsqu'il se sort d'un dossier, ce n'est pas pour
récupérer la mise de fonds qu'il avait investie à
l'origine, mais plutôt pour s'embarquer dans une autre action qui va
aussi faire étendre le développement urbain au centre-ville.
Or, ceci nous amènerait à demander au ministre ce qu'il va
faire des 98 300 000 $ qu'il va récupérer de la transaction. Nous
n'avons eu aucune explication à ce sujet, M. le Président. Vous
me faites déjà signe que c'est terminé ou presque, mais je
dois dire que c'est triste de voir qu'il n'a aucune intention, puisqu'il a dit:
«Mission accomplie. On retire nos billes.»
Ils retirent leurs billes en ne spécifiant pas s'ils viennent de
changer leur politique gouvernementale d'être propriétaires ou
locataires des locaux qu'ils occupent. C'est une question de fonds. S'ils se
retirent du dossier au moment où le marché est
déprimé, ce qui est le cas, ça nous amène à
dire qu'ils font une vente de feu en ce qui concerne la Place Desjardins. Mais,
au fond, le chat est sorti du sac lorsque nous avons proposé un
amendement au dernier article de la loi qui dit que cette loi entre en vigueur
au moment de sa sanction. Nous leur avons proposé que cette loi entre en
vigueur le 1er avril. Le sous-ministre des Finances, derrière les
tables, s'agitait, parce que ce qu'ils veulent, c'est 100 000 000 $ pour
réduire le déficit qu'ils ont annoncé aujourd'hui à
4 125 000 000 $ et qui devrait être, finalement, à 4 225 000 000
$, si cette transaction n'avait pas lieu. C'est ça. C'est ça,
l'orientation, l'intention profonde qu'ils ont derrière ce projet de
loi. Ils vendent leur maison pour payer leur déficit. (18 h 10)
Une voix: Ah! ça n'a pas de bon sens!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Labelle, de votre intervention. Sur cette même
motion, je reconnais maintenant M.
le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'écoutais parier le
député de Labelle et je ne pensais jamais qu'on en arriverait
à une situation où on serait en train de débiter la
galerie pour chauffer le poêle. On est dans la situation, au fond,
où le ministre qui a coûté le plus cher au gouvernement
dans le secteur des ambulances - qu'on se rappelle: 1500 $ du voyage quand
c'est pour le bien-être social ou encore pour l'assurance-automobile,
plus le kilométrage, peu importe la distance - aujourd'hui, il est en
train de nous faire une vente de feu des actifs du gouvernement, en pleine
période de récession économique, comme vient de l'indiquer
M. le député de Labelle. Et qui va payer pour ça, M. le
Président? Les citoyens. On agit avec l'argent du gouvernement comme si
c'était de l'argent de monopoly et on se demande, à ce moment-ci,
comment ça se fait qu'on arrive avec des déficits de plus de 4
000 000 000 $, alors qu'on a tout taxé. Puis là on est rendus
à vendre les immeubles. On est en train de débiter la galerie
pour chauffer le poêle-Une voix: Ça n'a pas de bon
sens.
M. Garon: ...et tantôt on va se retrouver tout seul avec la
fournaise, plus de maison. On aura la fournaise; on aura débité
la galerie, débité la maison et on aura chauffé le
poêle, M. le Président. Voilà la situation dans laquelle on
se retrouve avec le député de Beauce-Sud, qui nous a donné
un bel exemple de sa façon de faire dans le domaine des ambulances
où il a été le ministre le plus dispendieux, qui a
coûté le plus cher au gouvernement. Là, aujourd'hui, on est
en train d'assister à une vente de feu, en pleine récession
économique, non pas par quelqu'un qui est en faillite mais par le
gouvernement lui-même, M. le Président. Pas besoin de se demander
comment il se fait qu'on assiste à des augmentations de taxes, avec la
demande d'Hy-dro-Québec de cette année, de 32,9 % sur deux ans,
M. le Président. Le gouvernement est rendu dangereux. On a un
gouvernement dangereux, M. le Président, qui est en train de nous mener
à la banqueroute avec des taxes, des tarifs, des impôts, des taxes
scolaires, des taxes municipales, des tarifs d'Hydro. En plus, le
déficit augmente d'une façon vertigineuse, puis là on est
en train de vendre les actifs.
Écoutez, M. le Président, ça nous prend quoi pour
réaliser à quel point on a un gouvernement d'administrateurs
à la petite semaine? Un gouvernement d'administrateurs à la
petite semaine, «pogné» dans les grappes, M. le
Président. «Pogné» dans les grappes, un peu comme
Tarzan qui se promenait de liane en liane. Mais on a le résultat quand
on regarde ce qui se passe devant nous, M. le Président. On a le
résultat quand on regarde ce qui se passe devant nous. Oui, M. le
Président, parce qu'on n'a pas eu besoin du ministre de l'Industrie et
du Commerce pour faire, par exemple, un développement dans
l'agro-alimentaire en regroupant tout ça ensemble. On n'a pas
appelé ça des grappes, parce qu'on ne pensait pas qu'on avait
besoin de raisins et de pépins. On a appelé ça un secteur
agro-alimentaire, et le résultat, c'est que le Québec, au cours
des dernières années, a été premier au Canada
grâce à des politiques qui ont été adoptées
par l'ancien gouvernement.
On ne faisait pas des ventes de feu, M. le Président. On ne
vendait pas les principaux actifs du gouvernement en pleine dépression
économique; pas en récession économique, on est en
dépression économique, M. le Président. Là,
aujourd'hui on ne veut pas, en commission parlementaire, faire venir les
principaux intervenants qui peuvent dire quelle est l'évaluation des
actifs. Pourquoi? Est-ce qu'il est normal qu'on soit dans la vente d'actifs de
centaines de millions sans même s'interroger sur les gens qui sont
à même de donner l'évaluation? Et même le fait qu'on
ne veuille pas qu'ils soient là, M. le Président, c'est un
mauvais signe en soi. En soi c'est un mauvais signe.
Ce n'est pas normal qu'on adopte ça aujourd'hui, en fin de
session. On finit la session. On me dit qu'à 18 h 30 on peut finir la
session. Qu'on soit en train de vendre des actifs de centaines de millions de
dollars en fin de session, comme ça, pour boucler le budget de fin
d'année, est-ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce, qui est
ici présent, ferait ça dans ses entreprises? Est-ce qu'il
conseillerait, aux gens qui viennent demander son expertise, de faire
ça? Est-ce qu'il demanderait à des gens, normalement, dans les
affaires, de faire ce qu'il est en train de faire avec les actifs du
gouvernement, l'actif de l'ensemble des citoyens?
M. le Président, ce n'est pas normal. Ce n'est pas normal, ce
qu'on est en train de faire là, actuellement. On aura beau dire que
ça va au Mouvement Desjardins, que le Mouvement Desjardins a ses
actionnaires ou ses sociétaires, mais les citoyens ont le droit, comme
contribuables, eux aussi, d'être protégés, parce que
tantôt il y aura des taxes. Le résultat de ça, ça va
être des taxes, des taxes, des taxes, des hausses
d'électricité, des hausses d'électricité, des
hausses d'électricité. Est-ce que c'est normal, M. le
Président? C'est ça, ia question fondamentale qu'il faut se
demander. Est-ce qu'on peut agir de cette façon-là?
M. le Président, demandons-nous pas pourquoi nos consommateurs
s'en vont faire leurs achats aux États-Unis. Demandons-nous pas pourquoi
la solidarité est en train de disparaître. Qui peut être
solidaire, avec une façon de gouverner comme ça? Les gens sont
à la veille de se mettre des zippeurs après les poches,
comprenez-vous, avec des cadenas, pour ne pas que le gouvernement vienne
fouiller dans leurs poches quand ils dorment. Pourquoi? Parce c'est rendu,
actuellement, que ce qu'il y a de plus dangereux dans le Québec, ce
n'est pas la mafia, c'est le gouvernement! C'est le gouvernement qui est en
train...
On ne peut pas écouter les nouvelles sans entendre un malheur, M.
le Président. Tantôt, le budget va arriver sans augmentation de
taxes, puis on verra dans l'annexe iiii que, là, dans un bas de note, il
est écrit - il faut prendre une loupe pour le lire - que les revenus de
l'immatriculation auront doublé, parce qu'on augmentera les frais
d'immatriculation des automobiles comme on a fait, je suppose, un vendredi
après-midi, à 17 h 15, avant la fin de semaine de la
Confédération, pour qu'il n'y ait plus personne à la
galerie de la presse et que plus personne ne puisse réagir.
M. le Président, on assiste à un gouvernement où il
n'y a plus de débat public, où on a mis des taxes dans toutes les
municipalités au Québec. Comment? Avec un bâillon
après quelques articles. On a assisté à ça avec le
ministre. Comprenez-vous, quand il était directeur du Devoir,
qu'il faisait la morale à tout le monde alors qu'il n'est même
pas capable de pratiquer la morale, que lui-même pourfendait tous les
gens au Québec dans ses beaux éditoriaux? Oui, M. le
Président, la vertu était dans la théorie, mais le vice
dans la pratique.
Le jupon dépasse. Le jupon dépasse, M. le
Président, et je le dis sans sexisme, parce que ça n'a pas de bon
sens qu'on voie ce genre de comportement là. Les gens sont
effrayés quand ils regardent le gouvernement agir. Ils sont
effrayés, et les gens doivent agir aussi, puis ils doivent
réagir. La ligue de protection des contribuables contre le gouvernement,
il va falloir qu'elle soit plus active, parce que le gouvernement est
dangereux.
On verra un discours inaugural demain, après ça un
discours du budget, alors qu'on est en train de vendre les actifs, qu'on est en
train de débiter la galerie pour chauffer le poêle.
Est-ce que c'est normal, M. le Président? Auriez-vous confiance
à un gestionnaire qui se comporterait comme ça? Je conseillerais
à tous de relire la parabole du bon et du mauvais intendant. Vous vous
rappelez le bon ou le mauvais intendant quand celui qui lui demande des comptes
dit: Qu'est-ce que tu as fait avec ce que je t'avais confié? Il voulait
que les gens se comportent correctement par rapport aux biens qu'il leur avait
confiés.
Le gouvernement, les électeurs du Québec lui ont
confié temporairement la gestion du gouvernement. Tantôt, il va y
avoir des élections. Les gens vont vous demander: Qu'est-ce que vous
avez fait avec l'argent que je vous ai confié, avec la gestion du
Québec que je vous ai confiée? Comment vous êtes-vous
comporté, M. le Président? Ils vont demander au ministre,
député de Beauce-Sud: Qu'est-ce que tu as fait avec les
ambulances? 1500 $ le voyage quand c'est l'assurance-automobile; 1500 $ le
voyage quand c'est le bien-être social, puis quand c'est d'autres, 70 $
le voyage plus le kilométrage. Est-ce que c'est ça, un bon
intendant? Est-ce que c'est ça? Est-ce que les députés qui
sont ici présents, dans cette Chambre, vous auriez confié la
gestion de vos biens? M. le député, qui êtes ici, de votre
ferme laitière? Puis il aurait fait des ventes de feu comme ça!
Qu'est-ce que vous diriez de cet intendant-là? Vous diriez que ça
n'a pas de bon sens!
Puis là, actuellement, l'intendant, maintenant, n'est plus dans
les ambulances; là il est rendu dans les actifs du gouvernement et puis
il est en train de vendre à la course, à la dernière
minute, en pleine récession économique, des biens que,
normalement, on ne vend pas en récession économique alors que le
taux d'inoccupation des bureaux est condisérable. Ce n'est pas le temps
de vendre. Tout le monde sait ça. Tout le monde sait ça. Mais
là, le gouvernement est en train de faire ça, M. le
Président, et c'est pourquoi ça n'a pas de bon sens.
Et puis, je suis d'accord à 100 % avec mes collègues, la
députée de Verchères qui a fait un discours
extraordinaire, le député de Labelle aussi qui est en train de
faire comprendre au ministre des Finances... Évidemment, faire
comprendre au ministre des Finances, c'est quelque chose comme une mission
impossible. J'aimerais mieux essayer de me mordre le front avec les dents d'en
haut que d'essayer de convaincre le ministre des Finances! Ça serait
peut-être plus faisable. (18 h 20)
Mais, M. le Président, j'aimerais vous dire simplement que c'est
un projet de loi qui n'a pas de bon sens. On est en fin de session puis on n'a
pas d'affaire à liquider le gouvernement comme on est en train de le
faire. Alors que les citoyens paient les taxes qu'ils paient actuellement, les
tarifs qu'ils paient actuellement, avec les déficits qu'on a
actuellement, en plus, on vend les actifs, M. le Président. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Alors, sur votre droit de
réplique, M. le ministre des Approvisionnements et Services.
M. Robert Dutil (réplique)
M. Dutil: M. le Président, rapidement, en réplique,
je tiens à préciser que la Société
immobilière du Québec, évidemment, a été
impliquée tout au long du processus de négociations avec les
caisses populaires Desjardins, et que la loi qui avait à être
adoptée était la loi
qui devait être présentée par le ministre titulaire,
le ministre des Approvisionnements et Services. Et laisser croire, du fait
qu'il n'y ait pas eu de présence du président de la
Société immobilière à la commission parlementaire
que ça veut dire qu'elle n'était pas impliquée et que les
informations n'ont pas été données, ce n'est pas
exact.
Deuxièmement, l'évaluation municipale était connue.
C'est un chiffre qui monte à 414 000 000 $. Et nous avons fait des
comparaisons entre le prix de vente et les réajustements à faire
étant donné le fait que nous bénéficions d'un loyer
extrêmement bas de 5 $ le pied carré, pour la majorité de
nos espaces, jusqu'en l'an 2005; ça devait être pris en compte. Et
si on le prenait en compte, la transaction se faisait véritablement
à la valeur marchande. Je pense que cette
démonstration-là, elle a été faite face à
l'Opposition, et il n'était donc pas nécessaire d'avoir le
directeur de l'évaluation de la municipalité, de la CUM de
Montréal pour venir expliquer davantage.
Et, évidemment, quand j'ai parlé de mission accomplie, je
ne parlais pas des divers autres problèmes que l'on peut rencontrer
partout, y inclus au centre-ville de Montréal. Je parlais du fait que
l'objectif du gouvernement était de participer à la construction
du complexe Desjardins. Il l'a fait. C'est réalisé. Le complexe
Desjardins peut voler de ses propres ailes et nous vendons notre actif pour
cette raison-là. Je fais une différence entre le fait que nous
ayons des actions minoritaires dans un complexe où il y a une partie
commerces, une partie hôtellerie et le fait que nous possédions
des espaces à bureaux à 100 % ailleurs et que nous n'avons pas
l'intention, quand nous sommes le propriétaire d'espaces à
bureaux, de vendre. Il n'y a pas de changement de notre politique de ce
côté-là.
Je ne puis pas m'empêcher, M. le Président, rapidement, de
vous dire, quant à la performance du député de
Lévis tout a fait improvisée, qu'il est un critique coloré
de tout ce qui se fait, mais évidemment superficiel. Je voudrais juste
lui rappeler qu'il s'est un jour promené avec un chèque de 11 000
000 $ dans ses poches en provenance du fédéral, de l'argent des
citoyens du Québec, pendant une semaine. Alors, quand il fait des
leçons de gestion, il devrait se rappeler ce petit
événement assez scandaleux en soi. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin au
débat. Est-ce que le projet de loi 418, Loi modifiant la Loi sur la
société immobilière du Québec, est
adopté?
Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le Président.
Décision du président sur une
demande
de directive concernant le refus de
répondre de la part d'un ministre
lors de la période de questions
Le Président: Alors, tel que je m'y suis engagé cet
après-midi, au moment des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, je vais maintenant rendre une décision concernant la
demande de directive que m'avait soumise le leader de l'Opposition.
Jeudi dernier, à la fin de la période de questions, le
leader de l'Opposition officielle a adressé une demande de directive
à la présidence. L'objet de cette demande porte sur la
régularité d'une absence de réponse à la suite
d'une question dûment formulée à la période de
questions orales. Il évoquait alors le cas survenu à cette
séance où la ministre de l'Énergie et des Ressources s'est
abstenue de toute réponse à une question posée par le
député de D'Arcy-McGee. J'ai pris cette question en
délibéré et je suis maintenant prêt à rendre
ma décision. Je statuerai sur la question soulevée par le leader
de l'Opposition officielle en me fondant non seulement sur le règlement,
mais également sur la tradition parlementaire et les usages de notre
Assemblée. En outre, j'indiquerai ce qu'en disent les auteurs et
relaterai la situation sur ce point à la Chambre des communes
d'Ottawa.
Afin de savoir si le refus de répondre mentionné à
l'article 82 peut être implicite ou explicite et comporter ou non un
énoncé de motif du refus, il est indispensable de retourner aux
sources de cet article. L'article 82 tire son origine de l'article 171 du
règlement précédent de l'Assemblée qui, à
son tour, tire la sienne de l'article 686 du règlement Geoffrion. Le
paragraphe 2 de l'article 171 du règlement précédent se
lisait comme suit: «Un ministre ou un député peut toujours
refuser de répondre à une question sans donner de raison et son
refus ne peut être discuté d'aucune façon.» Le
paragraphe 2 de l'article 686 du règlement Geoffrion
s'énonçait de la façon suivante: «Un ministre peut
refuser de répondre à une question sans donner de raison.»
Sous cet article, les deux premières notes infrapaginales indiquent ce
qui suit: «1. Quand un ministre refuse de répondre, il n'est pas
permis à un député d'insister pour avoir une
réponse. 2. L'orateur ne peut obliger qui que ce soit à
répondre à une question.»
Ces deux anciennes dispositions des règlements
précédents ont en commun qu'elles prévoient
spécifiquement le refus de répondre à une question et
qu'au surplus on indiquait que cela pouvait se faire sans donner de raison.
Tous les éléments de ces anciennes dispositions n'ont pas
été repris dans l'article 82 du règlement actuel,
notamment, le fait de refuser sans donner de raison. Cependant, même si
cet article a été rédigé autrement, cette nouvelle
formulation impose-t-elle au ministre une nouvelle obligation?
Je dois constater que ce n'est pas le cas et il faut alors s'en
référer aux usages antérieurs de l'Assemblée en
pareil cas. en effet, la nouvelle disposition n'a rien changé au
principe applicable à cette procédure particulière. s'il y
a un changement outre la forme de la disposition actuelle, c'est par
l'introduction du mot «notamment» au début de l'article 82.
ce terme indique qu'on n'a pas voulu i limiter, mais plutôt
élargir les circonstances dans lesquelles un ministre peut refuser de
répondre à une question. La nouvelle formulation m'apparaît
même moins restrictive que la précédente.
Examinons maintenant la pratique prévalant à la Chambre
des communes d'Ottawa en cette matière. Celle-ci a fait l'objet de
quelques décisions dont la plus récente, celle du
président James Jerome, rendue le 15 avril 1975, a fixé l'usage
actuellement en vigueur. Permettez-moi de vous citer l'extrait suivant de cette
décision, et je cite: «Naturellement, les ministres peuvent
répondre à une question, mais ils peuvent aussi la prendre en
délibéré ou comme préavis. Ils peuvent aussi donner
une explication si, pour une raison ou pour une autre, ils ne peuvent
répondre immédiatement, ou, enfin, ils peuvent ne rien dire du
tout.» Fin de la citation.
Quant aux auteurs, Erskine May, à la page 293 de la 21e
édition de son traité, énonce ce qui suit, et je cite:
«An answer to a question cannot be insisted upon if the answer be refused
by a minister and the Speaker has refused to allow supplementary questions in
these circumstances.» Fin de la citation.
Beauchesne, dans la sixième édition de Règlements
annotés des formulaires de la Chambre des communes, à la page
125, s'exprime comme suit, et je cite: «Un ministre peut refuser de
répondre à une question sans avoir à motiver son refus et
il est contraire au règlement d'insister pour obtenir une
réponse, aucun débat n'étant permis. Le refus de
répondre ne peut donner lieu à la question de
privilège.» Le règlement interdit de commenter ce refus.
«Un député peut poser une question, mais il n'a pas le
droit d'insister pour qu'on y réponde.»
Également, on retrouve dans le traité australien de J.A.
Pettrfer, à la page 526, sous la rubrique "No obligation to answer", le
principe suivant, et je cite: "It is the established practice of the House, as
it is in the House of Commons, that ministers cannot be required to answer
questions." On peut donc retenir les grandes lignes suivantes relativement au
fonctionnement des Assemblées sur ce sujet particulier. Un ministre peut
toujours refuser de répondre à une question. Il n'est pas permis
à un député d'insister pour avoir une réponse. Le
ministre peut refuser de répondre sans donner de motif, en donnant un
motif ou en ne disant rien.
Le président ne peut obliger qui que ce soit à
répondre à une question. En résumé, à la
lumière des règlements, des diverses pratiques dans notre type de
Parlement ainsi que des auteurs consultes, j'en conclus que le refus de
répondre peut être explicite - le ministre dit qu'il refuse, en
indiquant le motif de son refus - ou le refus de répondre peut aussi
être implicite - le ministre ne dit rien. Cependant, vous comprendrez
qu'il m'apparaîtrait souhaitable, pour faciliter le déroulement
des travaux, que le refus d'un ministre de répondre à une
question soit manifesté de façon expresse. Dans le cas contraire,
je devrai constater qu'il n'y a aucune réponse et passer à une
autre question. (18 h 30)
J'ajouterai en corollaire que, quoi qu'il en soit, pour la
présidence, le refus de répondre, implicite ou explicite,
motivé ou non, ne pourrait donner application à l'article 80 du
règlement et permettre une réponse différée.
Débat de fin de séance
Alors, voilà. Maintenant, avant que nous ajournions nos travaux,
il a été convenu qu'un débat de fin de séance
devrait se tenir à ce moment-ci entre le député
d'Arthabaska et le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation concernant une question posée la semaine dernière
sur les négociations du GATT. Donc, à ce moment-ci, je vais
reconnaître, comme premier intervenant, M. le député
d'Arthabaska.
Négociations du GATT en matière
agro-alimentaire
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président. Comme vous l'avez dit,
mercredi dernier, je posais une question au ministre de l'Agriculture, à
savoir s'il était d'accord ou s'il approuvait les propos de son
sous-ministre adjoint aux affaires économiques à l'effet que si
les quatre piliers de l'agriculture québécoise ne faisaient pas
partie ou étaient rejetés des ententes, des négociations
du GATT, que ce ne serait pas un drame au Québec, et que le gouvernement
du Québec appuierait quand même la position du gouvernement
fédéral de signer cette entente-là.
J'ai été étonné de cette déclaration
du sous-ministre adjoint dans Le Devoir du 28 février parce que
ça contrevient ou ça contredit exactement la position du
gouvernement du Québec qui, depuis deux ans, s'acharne, s'évertue
à dire qu'il va défendre d'une façon acharnée la
protection de nos offices de commercialisation au Québec. Cette position
ambiguë du gouvernement du Québec est semblable à celle du
gouvernement fédéral. Malgré qu'il dise qu'il
défend les piliers de notre agriculture québécoise, il va
défendre ça à l'étranger et c'est tout à
fait contradictoire avec ses propres propositions. Donc, je demanderais au
ministre, à savoir: Est-ce qu'il était
d'accord avec ça?
Comme on connaît le ministre de l'Agriculture, c'est plutôt
- je ne sais pas le mot français - un «showman». C'est un
gars de théâtre, en français, je ne sais pas quoi. Ici,
pour la caméra, il est parti sur une virée en disant qu'il ne
comprenait pas d'abord, de toute façon, ce que, moi, je disais et c'est
ça qui est le drame. C'est ça qui est grave parce que c'est le
ministre de l'Agriculture du Québec. Ce n'est quand même pas
n'importe qui. C'est quand même le ministre de l'Agriculture du
Québec qui est là pour défendre les agriculteurs et les
agricultrices québécois et qui dit: II n'y a rien là et il
fait une farce ici, en cette Chambre, pour s'en tirer ou s'en sortir, à
l'effet de dire: J'aime mieux que mes fonctionnaires, au lieu de regarder par
la fenêtre, regardent vers l'avenir. Ça, un coup qu'il a dit
ça, c'est beau ça. Mais pour les agriculteurs qui, eux autres,
travaillent dans le champ, c'est quoi que ça représente?
C'est cette façon que je déplore du ministre de toujours
revirer un peu en ridicule celui qui pose des questions, de le revirer en
ridicule, à savoir que, lui, il ne connaît rien, en parlant de
moi-même. Moi, je ne connais rien là-dedans. Pendant que
lui-même, par ses réponses, souvent, il démontre qu'il ne
connaît rien en agriculture. Parce que là, il défendait la
position de son sous-ministre en signalant que le vice-président du
Parti québécois, Bernard Landry, était lui-même
contre toute subvention à l'agriculture, et c'est là qu'est le
danger. C'est ça qui est dangereux, M. le Président, et c'est
ça que je n'admets pas.
C'est pour ça que j'ai demandé ce débat de fin de
séance. Le ministre ne semble même pas faire la différence
entre ce que Bernard Landry, vice-président du Parti
québécois, dénonçait, les innombrables, les
incalculables subventions que le gouvernement fédéral donne
à l'agriculture de l'Ouest - 4 000 000 000 $ cette année, entre
autres, 4 200 000 000 $ au niveau des céréales - qui ne font pas
partie des offices de commercialisation, pendant que ces mêmes offices,
chez nous, ne coûtent pas un sou au gouvernement du Québec ni au
gouvernement d'Ottawa.
Et c'est ça le drame, M. le Président, que le ministre de
l'Agriculture doit être là à agir comme leader, à
agir comme motivateur des agriculteurs, à supporter les agriculteurs et
les agricultrices. J'allais dire, pratiquement, qu'il les méprise, parce
que tous les outils qu'on s'est donnés depuis des années, il
compare ça en disant: «II n'y a absolument rien là»,
parce que son sous-ministre a dit que, si des ententes étaient
signées tel qu'on le préconise au niveau des négociations
du GATT, il n'y aurait rien là. Les producteurs laitiers auraient deux,
trois ans sans sortir, mais, au niveau des producteurs de volaille et de
dindon, ils seraient lavés, et c'est les expressions que le
sous-ministre a utilisées.
Ils seraient littéralement lavés.
C'est ça que je reproche, et je demande au ministre de
l'Agriculture: Comment se fait-il qu'il appuie son sous-ministre, qui est
responsable des affaires économiques, qu'il a lui-même
délégué au moins deux fois à Bruxelles pour
défendre notre agriculture alors que son sous-ministre n'y croit
même pas, aux piliers des agricultures québécoises, soit
nos offices de commercialisation, les assurances-stabilisation, les
assurances-récoltes, notre financement agricole et nos systèmes
de quotas, pour que les gens comprennent mieux au lieu des offices de
commercialisation? Comment se fait-il que le ministre approuve la position de
son sous-ministre?
Il a beau faire un spectacle, ici, en cette Chambre, les agriculteurs,
les agricultrices, les producteurs d'oeufs et les producteurs de volaille,
depuis la déclaration du sous-ministre, sont dans l'incertitude et,
juste en terminant, ça a un impact économique, M. le
Président, de 400 000 000 $ au Québec, et il n'y a rien
là, ils vont être lavés et il n'y a aucune position, puis
le ministre appuie ça.
Le Président: Je cède maintenant la parole à
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, je veux bien,
évidemment, accepter tous les qualificatifs que mon collègue le
député d'Arthabaska veut bien coller à mon nom, mais il y
a une chose que je vous dirai bien honnêtement. En ce qui me concerne,
moi - et je ne parie pas nécessairement pour les autres, mais en ce qui
me concerne - je me refuserai toujours, M. le Président, à me
comporter en sépulcre blanchi, en Ponce Pilate et en quelqu'un qui veut
justement maquiller la vérité.
Ceci étant dit, M. le Président, la seule façon de
savoir exactement ce que les gens ont dit, c'est de prendre les paroles
textuelles, exactes, rapportées par les individus eux-mêmes. Mon
sous-ministre à l'Agriculture, mon sous-ministre adjoint, M. le
Président, dit ceci: Le gouvernement québécois croit
toujours que le GATT devrait accepter les quatre piliers de l'industrie
bioalimentaire défendus par le front commun dont il fait partie avec
l'UPA et la Coopérative fédérée. Ça, c'est
mon sous-ministre qui a dit ça. Donc, on ne met aucunement en
péril, on ne change aucunement la façon de défendre ce
qu'on appelle l'agriculture.
Ça, ce sont les premiers mots, les premières phrases de ce
qu'a dit mon sous-ministre adjoint. Je n'expliquerai pas davantage pourquoi il
a dit, par la suite: Advenant le cas où on ne serait pas satisfait, on
ne néglige pas de regarder ce qui pourrait être fait. Allons
maintenant voir, M. le Président... Ça, ça parle par
soi-même. Ces
phrases-là sont explicites. Devoir expliquer ça une minute
de plus, c'est faire injure à l'intelligence de ceux qui
m'écoutent. Donc, je n'ai pas besoin d'aller plus loin.
Prenons maintenant exactement ce que dit M. Bernard Landry. Lui, je dois
vous dire que ce gars-là est comme moi; il ne se comporte pas en
sépulcre blanchi, en Ponce Pilate, pour maquiller la
vérité. Lui, il est sincère. Je suis obligé de vous
dire ça parce que je le lis au texte. Et Bernard Landry n'est pas un
membre du Parti libéral, donc on ne me calculera pas partisan, M. le
Président.
Bernard Landry, sur les réseaux SRC à CKTM-TV, à
Trois-Rivières, à 17 h 30, «En Mauricie ce soir,» dit
textuellement ceci. À une question qui lui est posée en ce qui
concerne le GATT, il dit ceci, textuellement. C'est de la bouche de M. Bernard
Landry, qui se comporte en honnête citoyen, qui ne maquille pas la
vérité: Mais ça ne veut pas dire que le Québec peut
s'isoler, évidemment, que le Canada pourrait quitter le GATT ou que le
Québec pourrait - le Québec souverain - ne pas être membre
du GATT. Donc, il faut s'ajuster et les agriculteurs québécois
ont fait la preuve de capacités d'«ajustation» fantastiques
- je dis «d'ajusta-tion», c'est lui qui l'a dit, pour se reprendre
après ça et dire «d'ajustement» - depuis 25 ans et je
n'ai aucune crainte pour eux.
Plus loin, M. Bernard Landry dit ceci: Dans le porc, évidemment,
on exporte. Alors, là, il faut jouer la règle internationale -
donc, Bernard Landry dit ce que certains de mes collègues d'en face
oublient de dire, M. le Président, c'est qu'il ne faudrait pas
défendre uniquement les producteurs d'oeufs, les producteurs de volaille
et les producteurs de lait. Il dit: Dans le porc, évidemment, on
exporte. Alors, là, il faut jouer la règle internationale - donc,
il est prêt à jouer la règle internationale. Maintenant, ce
que nos collègues d'en face oublient, c'est qu'il y a d'autres
agriculteurs qui ont besoin d'être défendus. Autrement, on cesse
d'exporter puis on exporte pour 300 000 000 $. Mais dans les autres
productions, je ne suis pas plus pessimiste que ça. D'ailleurs, on va
avoir le droit, pendant des années, de mettre des droits de douane
très élevés - donc, il pense exactement comme mon
sous-ministre, M. Bernard Landry. Il ne trimballe pas la vérité
sans précautions dans notre langage. Plus de 100 % et plus sur les
productions essentielles, ça nous donne le temps de voir venir et je ne
suis pas - trois petits points de suspension - pessimiste. Ça, M. le
Président, c'est Bernard Landry qui dit ça. Il fait
peut-être un peu de théâtre, comme moi, mais il se comporte
en honnête citoyen, M. le Président.
Et je termine en disant ceci: Même si j'étais en Europe
à ce moment-là, j'ai fait sortir ce qu'a dit M. Jacques Proulx
quand on lui a posé la question au «Point» en ce qui
concerne la signature des accords du GATT. M. Jacques
Proulx a dit ceci: Oui, je répondrai à M. Mul-roney par
l'absurde. C'est bien évident qu'il faut qu'il y ait un organisme
mondial qui va gérer le commerce. On ne peut pas garder le statu quo.
À l'heure actuelle, c'est l'anarchie la plus totale. Je termine par
ça. Oui, c'est évident. Écoutez, il n'y a pas le
moindrement une personne sensée qui pourrait affirmer qu'il ne faut pas
signer le GATT. C'est M. Jacques Proulx qui dit ça.
On pourra bien faire tous les spectacles qu'on voudra, on pourra se
comporter comme on voudra, mais on n'a pas le droit de tromper la classe
agricole, M. le Président. Je ne voudrais pas que vous
considériez mes paroles, là-dedans, parce que je n'ai dit
qu'à peu près trois phrases qui relèvent du ministre de
l'Agriculture. J'ai cité des gens au texte, le vice-président du
Parti québécois et mon sous-ministre. À toutes fins
utiles, ces gens-là sont sur la même longueur d'onde, M. le
Président.
Le Président: Merci. Alors, je cède maintenant la
parole au député d'Arthabaska pour sa réplique.
M. Jacques Baril (réplique)
M. Baril: Comme vous avez pu le constater, M. le
Président, même avec un débat de fin de séance, le
ministre ne nous a absolument pas donné sa position. Il a pris cinq
minutes pour nous expliquer la position des autres: la position du
président de l'UPA, la position du vice-président de l'UPA et la
position de son sous-ministre. Il ne nous a pas dit la sienne, laquelle. Il
n'en a pas parlé de la sienne, de sa position.
Ça fait deux ans qu'il ment. Excusez, ça fait deux ans, M.
le Président - je sais que ce n'est pas parlementaire, je vais me
reprendre avant que vous me le disiez - ça fait deux ans qu'il trompe
les producteurs en disant: On vous défend à tous crins. Son
sous-ministre dit: Ce n'est pas grave. Même si le GATT passe, les
agriculteurs, les producteurs de volaille, les producteurs d'oeufs, ils sont
lavés. 700 producteurs...
Dans sa déclaration sur les perspectives économiques...
L'an prochain, il va y avoir 700 producteurs de moins au Québec. C'est
pas grave, comprends-tu. C'est ça l'avenir de l'agriculture. C'est pas
grave, on s'en foute comme de l'an quarante! C'est quoi la réaction du
ministre là-dessus? Il ne dit rien. Il fait son spectacle ici, en cette
Chambre. Quand le sous-ministre dit que les producteurs de poulet vont
être lavés, j'ai des prix ici. Les producteurs de lait... Le
coût de production des producteurs de poulet au Québec, c'est
seulement 0,17 $. Il y a seulement 0,17 $ le kilo d'écart avec les
États-Unis. Il y a une étude qui vient de sortir comme quoi 7
États américains seulement... Le gouvernement
fédéral, pour une bonne chose qu'il a faite... Il a fait calculer
les coûts de production américains. Ils n'ont pas
eu le temps de faire les 51 États. C'est trop compliqué
parce qu'ils subventionnent ça de toute façon: 9 000 000 000 $ de
subventions dans 7 États américains! On s'en vient dire, le
sous-ministre responsable des affaires économiques dit: Ils vont
être lavés nos producteurs, il n'y a plus rien là. 700
producteurs de moins, ce n'est pas rien.
M. le Président, en terminant, je dirais que le ministre de
l'Agriculture, c'est un fossoyeur de l'agriculture québécoise. Il
a mis un frein à l'établissement des jeunes agriculteurs. Il les
a traités de voleurs et de bandits, l'automne passé, parce qu'ils
se sauvaient avec 15 000 $ - selon lui - des investissements qui devaient se
terminer en agriculture.
Donc, M. le Président, en terminant, je n'ai pas eu plus de
réponse que je n'en ai eu l'autre jour. Le ministre vient de nous faire
la démonstration qu'il n'est pas un leader, qu'il n'est pas un chef de
file, qu'il n'est pas un motivateur pour les agriculteurs et les agricultrices
québécois. Il est plutôt un fossoyeur, un
éteigneur.
Le Président: Alors, ceci met donc fin à ce
débat de fin de séance. Je vais reconnaître M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, je fais motion pour
ajourner nos travaux au jeudi 19 mars 1992, à 14 heures.
Le Président: très bien. est-ce que cette motion
est adoptée? adopté. en conséquence, nos travaux sont donc
ajournés à demain, le jeudi 19 mars, à 14 heures.
(Fin de la séance à 18 h 44)