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(Quatorze heures cinq minutes)
Le Secrétaire général: Si vous le voulez
bien, nous allons nous recueillir quelques instants.
Vous pouvez vous asseoir.
Dépôt de la liste des candidats
proclamés
élus à la suite des élections
générales
du 25 septembre 1989
J'ai reçu, le 11 octobre dernier, du Directeur
général des élections, la liste des candidats
proclamés élus à la suite des élections
générales du 25 septembre 1989. J'ai l'honneur de déposer
ce document.
M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le secrétaire général, je
vous informe que Son Excellence, le lieutenant-gouverneur demande que les
membres de l'Assemblée nationale élisent parmi eux un
président.
Le Secrétaire général: Merci. En
conséquence, j'invite le doyen de l'Assemblée, au sens de
l'article 6 du règlement, M. le député de la
circonscription électorale de Lévis, à présider
à l'élection du président de l'Assemblée
nationale.
M. Garon: C'est un jeune doyen. Des voix: Ha, ha, ha!
Élection du président, M. Jean-Pierre
Saintonge
M. Garon: L'élection du président est prévue
aux articles 5 à 8 du règlement de l'Assemblée nationale
et, en application de ces dispositions, je suis prêt à recevoir la
ou les propositions concernant la charge de président d'abord. Ensuite,
j'accorderai des droits de parole sur cette ou ces propositions.
M. le premier ministre.
M. Robert Bourassa
M. Bourassa: M. le Président par intérim, si je
puis dire, je voudrais vous féliciter d'assumer cette fonction de doyen.
Comme vous le savez, c'est une fonction qui confère toujours une
certaine sagesse. Et je suis convaincu que, malgré le bref passage comme
doyen, ceci saura vous inspirer l'objectivité de vos propos lorsqu'il
s'agira de critiquer l'action du gouvernement.
M. le Président, après consultation d'usage avec
l'Opposition, j'ai le plaisir de proposer que M. Jean-Pierre Saintonge,
député de la circonscription électorale de
Lapinière, soit élu président de l'Assemblée
nationale et prenne place au fauteuil en cette qualité. l'ouverture de
cette première session de la 34e législature m'apparaît
d'autant plus importante qu'elle nous renvoie au rôle essentiel...
M. Garon: Si vous voulez, on va attendre les propositions, on va
voir s'il y a d'autres propositions. Après ça, je vous redonnerai
la parole.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Avant, s'il y a d'autres propositions... Ceci ferme les
candidatures.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, si vous avez
été attentif à mes propos, j'ai bien mentionné:
"après consultation avec l'Opposition".
M. Garon: On ne peut pas présumer...
M. Bourassa: Alors, j'en ai conclu qu'il n'y avait pas d'autres
propositions.
Donc, ce rôle de président est important, mais il est
également fondamental, comme en témoignent les droits, les
privilèges et les immunités qui s'y rattachent. C'est la raison
pour laquelle son exercice doit s'appuyer quotidiennement sur les valeurs
sûres de la transparence, de l'ouverture, de la tolérance, de la
dignité et de la probité. Est-il nécessaire de rappeler
que c'est ici même, en cette auguste Assemblée, que se forge le
destin de notre peuple, d'où la nécessité, voire
l'obligation pour nous tous et toutes de conserver sans cesse le sens de
l'institution et de l'État et ce, d'autant plus qu'une institution ne
vaut que ce que valent ceux et celles qui sont appelés à
l'animer.
La fonction législative à laquelle nous sommes de nouveau
conviés, aujourd'hui, est la fonction suprême dans l'État.
Dans ce contexte, la présidence de l'Assemblée nationale
revêt une très grande importance. C'est la raison pour laquelle je
propose qu'elle soit assumée par un parlementaire qui a
siégé des deux côtés de cette Chambre et qui a
également présidé, à maintes occasions, les
travaux de cette Assemblée.
Élu en 1981, le député de Lapinière est un
parlementaire que nous avons tous été à même
d'apprécier, notamment pour ses compétences, sa capacité
de travail, sa disponibilité et son respect de l'institution. La
présidence est une tâche prestigieuse, certes, mais
également lourde de responsabilités. Et parce qu'elle se doit
d'être attentive, juste et équitable, je suis convaincu que le
député de Lapinière sera à la hauteur de la
fonction.
En terminant, je désire insister plus particulièrement sur
cette valeur fondamentale que
constitue le respect. Je ne fais pas ici référehce au
respect des droits et privilèges de la majorité
ministérielle, ni à ceux de l'Opposition. Je fais simplement
référence au respect des droits et privilèges de chacun
des membres de cette Chambre, car c'est là l'essence de notre
régime parlementaire et du règlement de cette Assemblée.
En ayant constamment à l'esprit ces valeurs, nous serons en mesure de
nous assurer que cette Assemblée continue d'être ce qu'elle est et
ce qu'elle doit être, une institution à laquelle tous nos
concitoyens et concitoyennes se reconnaissent. Merci, M. le
Président.
M. Garon: M. le chef de l'Opposition. M. Jacques
Parizeau
M. Parizeau: M. le doyen, je voudrais d'abord, au nom de la
formation que je représente et au nom, j'en suis sûr, de tous les
membres de cette Chambre, remercier M. Lorrain qui a présidé les
travaux de la Chambre pendant la 33e Législature. Je pense qu'il est
normal, non seulement que nous le remerciions, mais que nous lui souhaitions
nos meilleurs voeux dans les nouvelles fonctions qu'il occupera.
Au moment où une demi-douzaine de pays retrouvent ou trouvent
enfin le chemin de la liberté et de la démocratie, vous allez, M.
le député de Lapinière, présider l'un des vieux
Parlements du monde. Dans quelques années, dans trois ans, en fait, nous
allons célébrer le bicentenaire de ce Parlement. Un Parlement
à son origine, bien sûr, limité par des privilèges
de la couronne qui donneront lieu à bien des débats et bien des
tensions, aussi bien à Londres que chez nous, mais un Parlement qui,
déjà au départ, à sa création, reconnaissait
au fond que les Canadiens, disait-on à ce moment - les
Québécois, comme on dirait aujourd'hui - devaient avoir un
Parlement. Comme disait Edmund Burke, ce grand parlementaire, à
l'occasion de la création de ce Parlement, ici, à la Chambre'des
communes à Londres: "Essayer d'amalgamer deux peuples ayant des langues,
des lois, des moeurs différentes, ce serait une pure folie."
Déjà, en 1795, non seulement ce Parlement siégeait
mais il décidait. Il avait siégé quatre mois,
c'est-à-dire à peu près autant de temps que nous aurons
siégé en 1989.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parizeau: II votait les taxes et les impôts - ceci
intéressera le premier ministre - il a aussi voté pour la
première fois la détermination des taux de change de toutes les
monnaies que nous utilisions. Dans ce sens, le Parlement fédéral
est une sorte de "parvenu", si on peut me passer l'expression.
Évidemment, au fur et à mesure du passage de l'histoire, on nous
a associés à d'autres. On nous a amalgamés. Nous avons
connu l'union avec le Haut-Canada et donc le privilège de payer une
partie de la dette de l'Ontario. Nous avons connu la
Confédération, les chemins de fer, l'occupation du territoire
face à ce qui se faisait aux États-Unis. Encore en 1982, il n'y a
pas si longtemps, cette Assemblée nationale perdait une partie de ses
pouvoirs sur la langue et sur l'admission dans les écoles. Mais ce
Parlement, il est réduit, restreint, amputé peut-être, mais
il demeure notre Parlement.
La première session, celle qu'on présente dans cette
peinture, M. le doyen, portait sur la langue de la législation.
Déjà, deux siècles plus tard, nous parlons de la
même chose.
Vous aurez devant vous, M. le député de Lapinière,
un parti qui veut donner à ce Parlement la plénitude de ses
pouvoirs; aux citoyens, la plénitude de leurs droits; au Québec,
la plénitude de son existence. L'accélération de
l'histoire peut faire en sorte que ce soit sous votre présidence que des
étapes importantes soient franchies dans cette voie. Que le poids de
l'histoire vous soit léger. Que le sens de l'histoire vous guide. Que le
respect de notre vieux, de notre cher Parlement, en tout temps, vous
inspire.
M. Garon: M. le député de D'Arcy-McGee. M.
Robert Libman
M. Libman: M. le doyen, au nom de mes collègues du Parti
Égalité, il me fait plaisir d'appuyer le choix du
député de Lapinière comme président de
l'Assemblée nationale. Depuis le 25 septembre, nous avons eu l'occasion
d'apprécier sa gentillesse, sa compréhension et sa
compétence. De plus, nous avons appris de sources multiples que le
nouveau président est un homme indépendant, impartial et
juste.
The four members of our caucus look forward to working under the
authority of the incoming Speaker to whom we will be looking for guidance and
for the protection of our minority rights.
Il faut comprendre qu'une grande partie de la communauté que nous
représentons visionne les délibérations de
l'Assemblée nationale de façon très particulière.
Elle surveillera le traitement de notre minorité à
l'intérieur de l'Opposition et l'attitude de la majorité ici,
à l'Assemblée nationale, qui reflétera sur le
Québec tout entier.
We believe in a parliamentary system and we have full confidence that
the Speaker who represents all members will display that sense of fairness and
openness which must be the hallmark of every democratic Legislature.
Au nouveau président, nous disons "félicitations" et
ajoutons, en anglais, l'équivalent du mot de Cambronne..."Break a
leg".
M. Garon: M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Vous me permettrez
également un mot sur le rôle fondamental qu'a le président
dans cette Chambre quant à la sauvegarde des droits de tous les
parlementaires, non seulement individuellement mais collectivement,
vis-à-vis l'appareil administratif comme vis-à-vis le pouvoir
exécutif. De plus en plus, on tente de réduire les pouvoirs du
Parlement et on en a des exemples quotidiens. Des exemples qui se sont produits
dans d'autres Parlements ont été réprimés avec
beaucoup de vigueur par la présidence de ces Parlements. Je veux parler
d'Ottawa où M. Fraser, tout dernièrement, a été
appelé à se prononcer sur des publicités faites par
anticipation aux décisions qu'avait à prendre le Parlement.
Je voudrais donc donner un exemple, M. le Président, au futur
président, un exemple qui s'est produit ici même, au mois
d'octobre, au Québec, et qui démontre jusqu'à quel point
dès son entrée, dès son arrivée sur le trône,
il aura, comme président de l'Assemblée nationale, à
considérer ce geste que je voudrais soulever aujourd'hui, ce geste qui a
été posé par une société d'État,
société d'État ou organisme d'État, qui est la
CSST.
Je voudrais juste vous lire un petit paragraphe, M. le Président.
À la page 3 du petit document il est bien indiqué: Le nouveau
mode de tarification qui entrera en vigueur en janvier 1990 a été
conçu pour telle chose ou telle ou telle chose. Cette /publicité
a été tirée en quelque 300 000 exemplaires, sur papier
glacé. 170 000 lettres ont été envoyées à
des employeurs par la poste, ce qui représente des coûts
astronomiques, tout en présumant que l'Assemblée nationale du
Québec déciderait exactement ce qu'une assemblée ou un
conseil d'administration aurait décidé. C'est présumer
d'une décision finale qu'ont à prendre et que seuls les
élus peuvent prendre. (14 h 20)
Qu'arrivera-t-il si l'on changeait un iota? À quoi servirait
toute cette publicité qui présume d'une décision du
Parlement? Je voudrais vous citer ce que M. Fraser disait dans une situation
similaire. Il disait ceci: "Je rappelle à tous, dans la fonction, que
nous sommes une démocratie parlementaire et non une démocratie de
type exécutif ou de type administratif." Et M. Fraser d'ajouter: "Ce
genre d'annonce publicitaire ne constitue peut-être pas un outrage
à la Chambre, dans les limites étroites établies par une
définition de procédures, mais elle est mal conçue
à mon sens et elle dessert les grandes traditions de la Chambre. Si nous
ne préservons pas ces grandes traditions, nos libertés seront
menacées et nos conventions seront bafouées."
C'est un peu ce que je voulais confier au président de
l'Assemblée nationale avant qu'il accède à la
présidence et que, dans les prochaines heures ou dans les prochains
jours, il statue, comme l'a fait M. Fraser à la Chambre des communes,
pour que les droits les plus fondamentaux de tous les parlementaires, de
quelque côté de la Chambre, soient gardés intacts, qu'on
prenne les décisions et que l'appareil administratif s'ajuste par la
suite. Merci, M. le Président.
M. Garon: M. le leader du gouvernement. M. Michel
Pagé
M. Pagé: Merci beaucoup, M. le député de
Lévis, M. le doyen de l'Assemblée nationale du Québec,
pour la séance d'aujourd'hui. Je ne m'étais pas proposé
d'intervenir, mais vous comprendrez que, par déférence pour mon
collègue, le député de Joliette et leader de l'Opposition,
je me dois d'intervenir à la suite de son propos qui, je dois en
convenir, n'était pas initialement prévu.
Tout comme, M. le doyen, j'aurais pu, en vertu de la procédure
prévue à notre règlement, soulever le fait que la question
- sans qualifier ou sans juger de sa pertinence - à laquelle vient de
référer le leader de l'Opposition en référant,
quoi, à ce document de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail... Je me permets de vous soumettre
respectueusement, M. le doyen, que j'aurais pu soulever une question de
règlement à ce moment-ci et vous obliger à changer votre
mandat d'aujourd'hui qui en est un, il faut en convenir, d'élire le
président de l'Assemblée nationale du Québec et non pas de
statuer sur les divergences qui pourraient poindre entre le leader de
l'Opposition et le leader du gouvernement.
Une voix: Très bien.
M. Pagé: Ceci étant dit, je me limiterai à
faire part au député de Joliette qu'il aura beaucoup d'autres
opportunités, à compter de demain et des jours suivants, pour
soulever l'ensemble des questions qui le préoccupent, dont celle
à laquelle il a référé cet après-midi.
Or, M. le Président, nous en sommes à décider
ensemble aujourd'hui, les 125 membres de l'Assemblée nationale du
Québec élus par nos populations respectives dans chacun de nos
comtés, nous avons à décider, à procéder,
quoi! à la nomination de celui qui aura à assumer l'importante
responsabilité, la très lourde responsabilité de
présider nos débats.
J'apprécie au plus haut point, vous allez en convenir, ce
consensus général qui se dégage à l'égard du
député de Lapinière et, en référant à
ses lourdes responsabilités, pour être député depuis
quelques années déjà, mes pensées vont, avec
beaucoup de respect, beaucoup d'appréciation, non seulement à
l'égard de la fonction et de l'exercice de la fonction mais aussi... Je
pense au président Lavoie, je pense au président Richard, je
réfère évidemment au président Guay
qui a procédé, lui aussi, à une réforme
majeure du règlement de l'Assemblée nationale et au
président Pierre Lorrain qui a quitté, auxquels s'ajoute
évidemment le président Vaillancourt qui, comme on le sait, a eu
l'opportunité d'assumer ces lourdes responsabilités avec
doigté, dignité et avec la confiance de l'Assemblée
nationale du Québec.
Un mot seulement. Le président de l'Assemblée nationale
doit être le gardien, le gardien des droits, des privilèges de
l'Assemblée, comme assemblée délibérante, comme
assemblée souveraine dans le cadre de juridictions, etc. Mais le
président doit être aussi le gardien des droits et des
privilèges de chacun des députés parce que, ici, quelle
que soit la fonction occupée par un député, un
député n'a pas plus de droits qu'un autre député.
Ce député n'a pas moins de droits cependant aussi. Et que nous
soyons 29 . dans un groupe, que nous soyons regroupés comme
indépendants à cinq, à quatre, à trois, à
deux, peu importe, que nous soyons 92 de notre côté, chacun des
députés a les mêmes droits, les mêmes
privilèges ici à l'Assemblée nationale.
Je crois... Et là, je vais vous donner une opinion qui est bien
personnelle, je me permets de le faire parce que c'est quand même
l'ouverture, je termine là-dessus, une opinion qui réfère
à mon expérience. Le fait que le député de
Lapinière ait été élu membre de l'Assemblée
nationale du Québec en 1981, qu'il art occupé ces fonctions
depuis, qu'il ait siégé d'ailleurs comme vice-président,
témoignant d'une certaine autorité, d'une capacité de
faire, ces éléments doivent s'ajouter à un autre
élément qui, pour moi, est important et qui devrait d'ailleurs
sécuriser non seulement l'ensemble des députés, mais plus
particulièrement les députés qui sont dans l'Opposition,
parce que le député de Lapinière ayant déjà
eu l'opportunité, pour ne pas dire la chance, de siéger dans
l'Opposition pendant quatre ans, pendant presque cinq ans, cette
expérience saura très certainement le guider dans une
compréhension que le président doit avoir à l'égard
de l'ensemble des députés et particulièrement des
députés siégeant dans l'Opposition dans cette Chambre.
Alors, M. le doyen, je vous remercie de m'avoir reconnu; je trouve
ça très délicat, j'apprécie au plus haut point. Je
présume que les interventions sont maintenant complétées
et procédons enfin à l'élection de celui que nous .
attendons avec intérêt, impatience, mais aussi avec
sécurité. Merci, M. le Président.
M. Garon: ce n'est pas adopté. m. le premier ministre, il
faudrait d'abord.... m. le premier ministre, je dois demander si votre
proposition est adoptée.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: La motion de M. le premier ministre est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Garon: Adopté. Alors, je proclame que M. Jean-Pierre
Saintonge, député de la circonscription électorale de
Lapinière, est élu à l'unanimité président
de l'Assemblée nationale du Québec.
Des voix: Bravo! Bravo!
Allocution du président
Le Président: M. le premier ministre, M. le chef de
l'Opposition officielle, mesdames et messieurs les députés.
Celles et ceux parmi nous qui ont pris place dans cette salle pour la
première fois aujourd'hui et celles et ceux également qui, pour
la première fois, viennent de participer au choix d'un président
auront sans doute été surpris par mon hésitation, voire ma
résistance au moment d'être conduit à ce fauteuil par les
deux membres les plus éminents de notre Assemblée.
Au contraire, celles et ceux qui, suivant l'exemple du ministre des
Finances, ont additionné de brillants états de service
parlementaire mesurent sans peine à quel point l'honneur que vous me
faites en m'appelant à la présidence de l'Assemblée
nationale du Québec est à la fois grand et redoutable. Aussi, les
sentiments qui sont les miens en acceptant cette charge tant/ convoitée
sont-ils mélangés de crainte, de fierté, de
témérité, peut-être, mais surtout d'un immense
respect pour les femmes et les hommes dont je dirigerai les travaux, pour
l'institution qu'ils perpétuent une 34e fois et pour les citoyens qu'ils
représentent.
Avant toute chose, je désire remercier M. le premier ministre
pour le témoignage d'appréciation dont il m'a gratifié
comme député de la nouvelle circonscription électorale de
Lapinière en me proposant pour remplir cette importante fonction. Mes
remerciements vont aussi à M. le chef de l'Opposition officielle et
à M. le député de D'Arcy-McGee qui, par leur appui
à la motion du premier ministre, ont renouvelé à
l'ex-vice-président la confiance que lui avait accordée la
précédente Assemblée.
Ma reconnaissance s'adresse enfin à vous tous, chers
collègues, anciens et nouveaux, qui, en toute conscience ou dans un acte
de foi, mais unanimement, avez jugé sage de désigner votre
serviteur pour être, ainsi qu'on le dit à Westminster, "the first
commoner". Soyez assurés que je reçois et que je conçois
cette responsabilité avec tout le dévouement et le sérieux
dont je suis capable, car j'ai toujours cru que le respect qu'un peuple voue
à son Parlement n'est pas sans rapport avec la considération dont
jouit son président. (14 h 30)
En 1884, après son élection comme Speaker à la
Chambre des communes de Londres, Arthur Wellesley Peel déclara: "I know
how necessary it
is for any man who aspires to fill that great office to be aside ail
that is personal, ail that is of party, ail that savours of political
prédilection and to subordinate everything to the great interest of the
House at large." En traduction libre: "Je sais combien il est important pour
celui qui aspire à cette noble fonction d'être capable de faire
abstraction de ses opinions personnelles, de ses idées partisanes, de
ses choix politiques et de subordonner toute chose aux intérêts
supérieurs de l'Assemblée.
Cette profession d'impartialité que je fais mienne, je m'engage
solennellement à la mettre en pratique et j'invite les
vice-présidents que vous désignerez dans les prochaines minutes
à mettre ce principe au premier plan de leur action.
Mais là n'arrête pas le devoir de celui qui,
président ou vice-président, dirige les travaux d'une
Assemblée comme la nôtre. Sur lui repose l'obligation, notamment,
de favoriser le plus possible l'étude de chaque affaire, de permettre
à chaque député d'exprimer son opinion; dans la mesure
où nos règles et le décorum sont observés et toute
perte de temps évitée; et de voir à ce que les affaires
qui sont soumises à l'Assemblée soient traitées de
façon ordonnée.
Dès lors, celui qui occupe ce fauteuil devient le protecteur
attitré des droits et des privilèges que la population du
Québec, le 25 septembre dernier, a consentis individuellement à
tous les membres de l'Assemblée, qu'ils appartiennent à la
majorité gouvernementale, se réclament d'un parti d'opposition ou
siègent comme indépendants. Ce souci de chacune et de chacun
d'entre vous sera aussi au premier rang de mes préoccupations.
En contrepartie, je me montrerai - et vous le constaterez - exigeant en
ce qui a trait au respect du décorum et des règles de
procédure.
Depuis quelques années déjà, l'institution
éminemment démocratique à laquelle nous avons le
privilège d'appartenir et que bien des peuples nous envient, fait face
à un désenchantement croissant au sein de la population.
Nous laisserons aux politicologues le soin de dégager les causes
externes de ce phénomène, mais convenons, entre nous, que nos
comportements et nos propos n'ont pas toujours été empreints de
la gravité et de la profondeur appropriées à l'ampleur de
notre tâche et aux attentes de celles et ceux qui nous l'ont
confiée.
Trop souvent, en effet, l'Assemblée nationale donne à
notre opinion publique l'image d'une institution bloquée où les
députés se livrent à des querelles partisanes.
Comme il est naturel et normal dans une assemblée
démocratique telle que la nôtre, nous divergeons par les
programmes que nous souhaitons mettre en oeuvre, par les idées que nous
voulons défendre et même par la conception que nous avons de notre
société. Cependant, quelles que soient nos différences de
sensibilité, gardons-nous du travers qui nous conduirait à faire
de cette enceinte la tribune où s'expriment de stériles
rivalités.
Notre Assemblée aura pleinement satisfait les espoirs qu'elle a
fait naître il y aura bientôt 200 ans si, loin d'être le lieu
de résonnance de nos seules divisions, elle demeure un forum
indispensable où se déroulent des débats
éclairés et productifs pour l'ensemble de la nation. Je suis
convaincu que le pluralisme de l'Assemblée nationale constitue un
facteur d'enrichissement et non un frein à la progression du
Québec.
En ce qui me concerne, j'entends me consacrer en totalité
à la tâche qui est devant nous. J'y parviendrai à la
condition que la présidence demeure à l'abri de toute influence
partisane et que ses décisions ne servent pas de prétexte pour
remettre en question sa neutralité.
Comme le disait Peei à l'occasion de sa réélection
en 1892: "Without the support of the House, a Speaker can do nothing; with that
support, there is little ne cannot do." "Sans l'appui de l'Assemblée, le
président ne peut rien faire. Avec cet appui, il peut pratiquement tout
faire."
C'est dans cet esprit que je vous invite à aborder les travaux
qui nous attendent.
Merci à nouveau de la confiance que vous me témoignez.
Nous allons maintenant procéder à l'élection des
vice-présidents. Je suis prêt à recevoir les propositions
concernant la charge de vice-président.
M. le premier ministre.
Élection des vice-présidents M. Lawrence
Cannon
M. Bourassa: m. le président, toujours après
consultation avec l'opposition suivant la tradition, je suis très
heureux de proposer que m. lawrence cannon, député de la
circonscription électorale de la peltrie, soit élu
vice-président de l'assemblée nationale. je suis convaincu qu'il
est tout à fait préparé pour assumer cette fonction.
Le Président: Y a-t-il d'autres interventions? Est-ce que
la motion de M. le premier ministre est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. J'ai donc le plaisir de
proclamer que M. Lawrence Cannon, député de la circonscription
électorale de La Peltrie, est élu à l'unanimité
vice-président de l'Assemblée nationale.
Des voix: Bravo!
Le Président: Nous allons maintenant procéder
à l'élection de l'autre vice-président. Je
suis prêt à recevoir les propositions concernant la charge
de vice-président. M. le premier ministre.
M. Michel Bissonnet
M. Bourassa: M. le Président, à la suite d'une
consultation avec l'Opposition également, je propose que M. Michel
Bissonnet, député de la circonscription électorale de
Jeanne-Mance, soit élu vice-président de l'Assemblée
nationale. Sûrement qu'il sera, lui aussi, très apte pour assumer
ces fonctions.
Le Président: Est-ce qu'il y a d'autres propositions?
Est-ce que la motion de M. le premier ministre est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. J'ai donc le plaisir de
proclamer que M. Michel Bissonnet, député de la circonscription
électorale de Jeanne-Mance, est élu à l'unanimité
vice-président de l'Assemblée nationale.
Des voix: Bravo!
Le Président: Mmes et MM. les députés, nous
allons suspendre nos travaux pendant quelques instants. Je vous prie,
cependant, de bien vouloir demeurer à vos places jusqu'à
l'arrivée de Son Excellence le lieutenant-gouverneur.
(Suspension de la séance à 14 h 37)
(Reprise à 14 h 38)
Le Président: mesdames et messieurs les
députés, vous êtes priés de vous lever pour
accueillir son excellence le lieutenant-gouverneur.
Le Sergent d'armes. Son Excellence le
lieutenant-gouverneur.
Allocution d'ouverture du
lieutenant-gouverneur
Le Lieutenant-Gouverneur: M. le ministre, M. le chef de
l'Opposition, veuillez vous asseoir. M. le Président de
l'Assemblée nationale, M. le premier ministre, M. le chef de
l'Opposition, mesdames et messieurs les députés, dès le
début de cette 34e Législature, vous me permettrez de vous
offrir, au nom de tous les Québécois et de toutes les
Québécoises, mes plus sincères félicitations pour
votre engagement à servir le Québec. Cet engagement comporte, en
même temps qu'une fierté bien légitime d'avoir
été élus, une multitude de défis que vous devrez
relever tout au long de votre mandat et ceci dans une société en
constante mutation et continuelle évolution. Je suis assuré
qu'avec les qualifications qui vous ont été récemment
reconnues, vous saurez relever ces défis avec compétence et
équité.
For those less familiar with the French language, I would like to tell
them that my congratulations were most sincere and the warm by which I
expressed them in French is of the same quality, as warm and as strongly felt
in the language of Shakespeare.
Je voudrais aussi associer mes voeux à ceux qui ont
déjà été adressés au nouveau chef de
l'Opposition, le député de L'Assomption, M. Jacques Parizeau,
dont votre Assemblée connaît l'expérience et le
dévouement.
Toujours à l'enseigne de la croissance et du développement
économique, les défis du Québec moderne sont ceux de la
concurrence internationale, de l'innovation, de la démographie et de
l'environnement.
Pour les relever avec succès, le gouvernement entend mobiliser
les compétences et le dynamisme de tous ceux et celles qui ont à
coeur l'épanouissement et le rayonnement de notre
société.
Cette société québécoise va donc continuer
d'accorder au développement économique la toute première
priorité. Cette société québécoise doit
demeurer une société de langue et de culture françaises en
même temps qu'une terre d'accueil pour les nouveaux arrivants et le lieu
d'une solidarité féconde entre les Québécois
d'expression française et les Québécois d'expression
anglaise.
Cette Assemblée a formellement ratifié, par voie de
résolution, le 23 juin 1987, l'accord constitutionnel du lac Meech. Cet
accord constituant la condition essentielle à l'adhésion du
Québec à la Loi constitutionnelle de 1982 et à la
participation du gouvernement du Québec aux étapes à venir
du processus de révision constitutionnelle au Canada, une attention
prioritaire y sera encore accordée.
Après sept années de croissance ininterrompue,
l'économie nord-américaine sera marquée par un
ralentissement au cours des prochains mois.
Ce ralentissement aura inévitablement des conséquences sur
le contexte financier dans lequel le gouvernement évoluera.
En ce qui concerne les mesures de développement qu'il compte
introduire, le gouvernement entend privilégier, dans toute la mesure du
possible, la réallocation de budgets plutôt que l'injection de
nouveaux crédits qui aurait pour conséquence d'accroître
indûment son déficit budgétaire.
Soucieux de poursuivre sa gestion rigoureuse et efficace des finances
publiques, le gouvernement entend soumettre à l'Assemblée
nationale un projet de loi visant à permettre d'effectuer, sous forme
regroupée, les emprunts des institutions des réseaux de
l'éducation, de la santé et des services sociaux, et de certaines
sociétés d'État.
Cette approche novatrice permettra à ces organismes de
réduire leurs coûts d'emprunt et d'avoir accès à de
nouveaux marchés financiers.
De plus, il devient impératif d'adapter le cadre de
réglementation à la réalité du
décloisonnement des institutions financières et des
intermédiaires de marché afin que ceux-ci puissent oeuvrer
efficacement dans ce nouveau contexte.
Vous serez donc informés des mesures que le gouvernement
privilégiera afin d'harmoniser les réglementations existantes et
de permettre aux institutions financières faisant affaire au
Québec, et plus particulièrement aux institutions à charte
québécoise, d'accroître l'efficacité de la mise en
marché de leurs produits, tout en améliorant la qualité
des services offerts à la population québécoise. y/le
gouvernement suit de près les profondes iwations qui s'opèrent
présentement sur la f/bène internationale et qui, sur le plan
économique notamment, nous ouvrent d'énormes perspectives de
développement.
The Québec business leaders are firmly committed to taking
advantage of the Canada-US Free Trade Agreement and the Government is
determined to support them.
In this respect, the Government will insure its active participation in
the wake of this treaty and this Assembly will be kept informed of the modes of
Quebec's participation in the . Canadian federal context.
D'une façon particulière, tout en contribuant à
l'élaboration de la position canadienne dans les pourparlers du GATT, le
gouvernement est bien déterminé à maintenir le
développement du secteur agricole. Pour lui, la protection de
l'économie agricole doit passer par des structures de mise en
marché et de stabilisation des revenus que le Canada s'est
données et auxquelles les producteurs québécois et leur
gouvernement ont contribué de façon significative.
Par ailleurs, face à l'unification prochaine du marché
européen, le gouvernement est à se doter d'une stratégie
d'action précise et à planifier une démarche de
sensibilisation des intervenants concernés pour que le Québec
puisse pleinement profiter des nouvelles possibilités de ce
marché.
Le développement du Québec étant maintenant
conditionné par son ouverture au monde extérieur, le gouvernement
révisera en profondeur son approche et dégagera une
stratégie qui consolidera le rôle des relations internationales
comme instrument majeur de ce développement.
Au cours des dernières années, le gouvernement a mis en
place un important dispositif de stimulants et de supports financiers à
la recherche scientifique et à l'innovation dont le Fonds de
développement technologique, en vertu duquel des projets mobilisateurs
en voie de concrétisation seront annoncés sous peu.
Pour aller encore plus loin dans cette voie, le gouvernement annonce
à cette Assemblée qu'il procédera à la mise en
place de deux instruments additionnels.
En premier lieu, un Fonds d'assistance au développement
technologique, spécialement dédié à la recherche et
au développement en matière d'environnement, sera
institué.
En deuxième lieu, un nouvel incitatif fiscal sera
élaboré afin de canaliser l'épargne individuelle vers le
financement de projets moteurs pour l'économie, c'est-à-dire
d'initiatives majeures d'entreprises renommées dans leur secteur et
visant, ici même au Québec, le développement ainsi que la
commercialisation de produits ou procédés innovateurs.
Au cours des années quatre-vingt-dix, le développement des
ressources humaines et la formation de la main-d'oeuvre constitueront les
nouveaux objectifs prioritaires du gouvernement en vue d'assurer la croissance
économique, la justice sociale ainsi que la lutte au
sous-développement et à la pauvreté.
Le gouvernement déposera donc à l'Assemblée
nationale un document majeur d'orientation sur la formation permanente de la
main-d'oeuvre et sur les moyens de la favoriser pour l'ensemble des
travailleurs du Québec.
Il élaborera également une politique d'apprentissage pour
faciliter l'intégration professionnelle, le perfectionnement des
travailleurs, de même que l'adaptation et le recyclage des travailleurs
sans emploi et des bénéficiaires de la sécurité du
revenu aptes au travail.
Vous aurez également à vous pencher sur la révision
de la loi sur ia formation et sur la qualification de la main-d'oeuvre, le
mandat et les responsabilités des commissions de formation
professionnelle devant être adaptés aux réalités
d'aujourd'hui.
Dans le cadre de la stratégie d'adaptation au
libre-échange, cette Assemblée sera invitée à faire
de ces commissions des guichets régionaux uniques d'accès aux
programmes de main-d'oeuvre et de concertation en matière
d'adaptation.
Le gouvernement envisage également le recours à la
fiscalité pour stimuler l'investissement dans le développement
des ressources humaines, sujet qui fera également l'objet d'un important
sommet.
The high importance given to human resources and manpower will therefore
translate into major governmental interventions.
L'éducation demeurant le moteur premier de la croissance
économique d'une société moderne, le gouvernement invitera
cette Assemblée à poursuivre ses efforts pour valoriser ce
secteur-clé de notre développement.
Des propositions vous seront donc soumises pour améliorer la
formation de base et les apprentissages.
Le gouvernement prendra des mesures afin d'améliorer les
programmes d'alphabétisation et donnera suite aux recommandations du
groupe de travail sur les bibliothèques scolaires.
De même, l'Assemblée nationale aura à
adopter des modifications à la Loi sur l'instruction
publique de façon à tenir compte d'un récent jugement de
la Cour suprême.
De plus, les importantes améliorations au
régime des prêts et bourses déjà annoncées
par le gouvernement, lesquelles permettront aux étudiants de financer
plus facilement le coût de leurs études, feront l'objet d'un
projet de loi.
Des mesures concrètes et significatives concernant
le financement des universités seront également
instituées. L'ensemble de ces mesures viendra concrétiser la
volonté du gouvernement de former une main-d'oeuvre instruite et de
préparer une génération de Québécois
disposant d'une solide formation de base et capables de relever le défi
du progrès scientifique et technologique.
Dans le domaine du travail, le gouvernement vous invitera
à revoir les domaines de compétence et les modalités de
fonctionnement de la Commission des relations du travail à la
lumière des recommandations du rapport Blain, ainsi qu'à
réviser les responsabilités du ConseH consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre, entre autres dans le processus de sélection des
arbitres. (14 h 50)
L'Assemblée nationale sera saisie d'un projet de
réforme sur la tarification de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail pour la rendre plus équitable, plus
conforme aux règles de l'assurance et pour inciter les entreprises
à faire de la prévention.
Des modifications à la Loi sur le Régime de
rentes du Québec et la levée du moratoire sur la disposition des
surplus accumulés dans les régimes complémentaires de
retraite seront aussi soumises à l'attention des
députés.
Le dossier des heures d'ouverture des commerces retiendra
également l'attention du gouvernement qui s'appuiera sur les
critères fondamentaux que sont l'équité entre les
commerçants, la satisfaction des besoins réels des consommateurs
ainsi que la qualité de vie de la population, notamment celle des
travailleurs et des travailleuses.
La famille constituant la pierre d'assise de notre
société, le gouvernement est d'avis qu'une prise de conscience
collective s'impose sur la valeur de la famille et que notre choix de
société à cet égard doit traduire une grande
confiance en l'avenir.
Il va donc vous inviter à prendre dès
à présent des mesures concrètes qui donneront des
fondements solides à sa politique en matière de population.
L'Assemblée nationale aura à adopter
d'importants projets de loi qui viendront confirmer la volonté du
gouvernement de contribuer au soutien de la famille.
La réconciliation des responsabilités
parentales et professionnelles fera également l'objet d'actions
concrètes. À cet effet, les parlementaires seront invités
à modifier la loi sur les normes minimales de travail et à
examiner des mesures visant à garantir un meilleur niveau de
remplacement du revenu pendant le congé de naissance.
À la suite de la publication d'une nouvelle
politique en cette matière, la révision de la loi et des
règlements sur les services de garde occupera une partie des travaux de
cette Assemblée.
Par ailleurs, les réalités sociales actuelles
démontrent que la promotion de la famille ne peut se faire au
détriment des droits des individus qui la composent et doit être
basée sur des rapports égalitaires entre les hommes et les
femmes.
La situation économique des femmes et la place
qu'elles occupent sur le marché du travail continueront d'être des
priorités pour le gouvernement.
De plus, vous serez appelés à donner suite
aux dispositions prévues à la loi qui a institué le
patrimoine familial, dont le contenu regroupe notamment des droits
accumulés au titre d'un régime de retraite.
Ces régimes devront prévoir des mesures
visant l'établissement, l'évaluation et l'acquittement des droits
attribués aux époux.
De plus, compte tenu de sa volonté d'accroître
l'immigration et de favoriser le rapprochement avec les communautés
culturelles, le gouvernement entend soumettre un important énoncé
de politique sur l'immigration et l'intégration des immigrants.
Cet énoncé sera accompagné de mesures
concrètes en matière de recrutement et de sélection des
immigrants de même qu'en matière d'intégration des
immigrants et des membres des communautés culturelles à la
communauté francophone.
Le gouvernement invitera également cette
Assemblée à prendre des mesures décisives de
manière à soutenir les communautés culturelles du
Québec et à développer des relations interculturelles plus
fécondes.
Il logera ses actions à l'enseigne des
intérêts particuliers de la jeunesse québécoise,
notamment au niveau de sa formation et de la qualité de
l'éducation.
En ce qui a trait plus particulièrement à
l'intégration de nos jeunes, il réitère sa ferme
volonté de réduire le décrochage scolaire.
Par ailleurs, le gouvernement entend accroître ses
efforts de négociation avec les nations autochtones afin de faciliter le
développement économique et social de leurs communautés et
de poursuivre l'harmonisation de ses relations avec chacune des nations
concernées.
Poursuivant l'affirmation de l'identité culturelle
québécoise, il entend travailler à améliorer
l'accessibilité des Québécois et des
Québécoises à la culture et à poursuivre son aide
et son soutien aux créateurs.
C'est ainsi qu'il continuera d'améliorer et
d'élaborer l'infrastructure d'équipements nécessaires
à une plus grande diffusion des oeuvres et
des produits culturels.
Il saisira également l'Assemblée nationale
d'un projet de révision de la Loi sur les bibliothèques publiques
qui fera suite au rapport de la commission Sauvageau sur le sujet. De
même, il soumettra des propositions d'orientation en matière de
cinéma pour actualiser l'action gouvernementale en fonction de
l'évolution du milieu cinématographique.
Dans une monde marqué par une ouverture de plus en
plus grande des frontières politiques, économiques et sociales,
les communications constituent des enjeux stratégiques. Le secteur des
technologies de pointe revêtant, dans ce contexte, une grande importance,
le gouvernement "priorisera" des actions susceptibles d'accroître son
expertise ainsi que les retombées en cette matière, notamment
dans les secteurs de l'informatique et des
télécommunications.
Outre la protection et la promotion de sa
spécificité culturelle, il informera cette Assemblée des
actions qu'il prendra afin de contribuer à la consolidation de l'espace
francophone international.
Le défi environnemental exige du gouvernement qu'il
assure à tous les citoyens et citoyennes une qualité de vie sans
cesse meilleure, notamment par le maintien et l'accroissement de la
salubrité publique. Pour ce faire, tout en favorisant la convergence des
actions de tous les intervenants concernés vers le développement
durable, le gouvernement est fermement résolu à
privilégier une approche globale en matière environnementale et '
à concrétiser l'application rigoureuse du principe du
pollueur-payeur. Il saisira cette Assemblée des moyens qu'il compte
adopter pour renforcer substantiellement le secteur de l'environnement,
notamment par l'addition de ressources humaines et financières ainsi que
d'éventuelles modifications aux structures administratives internes du
ministère.
La gestion de la qualité de l'eau potable ainsi que
celle des matières et des déchets dangereux vont faire l'objet de
mesures spécifiques qui seront soumises à cette Assemblée,
dont celles du renforcement des mécanismes de contrôle et de
prévention, de même que des initiatives pour nettoyer les sites
à risque, pour éviter leur prolifération et pour
prévoir une capacité d'intervention efficace en cas d'accident
écologique.
À ta lumière de travaux de la commission
Charbonneau sur la gestion des déchets dangereux, le gouvernement vous
proposera des choix socio-économiques et techniques pour solutionner les
problèmes de transport, d'entreposage et d'élimination des
déchets dangereux.
Enjeu majeur de la politique de développement
économique, la protection de l'environnement passera également
par la réduction des déchets et des effluents.
En matière d'eau potable, vous serez appelés
à renforcer les normes de qualité et leur mise en application, en
particulier en ce qui concerne les micro-polluants et la réglementation
touchant l'eau embouteillée.
Les entreprises seront, par ailleurs, conviées
à se joindre à l'État afin de modeler leurs habitudes et
leurs décisions aux exigences inhérentes à la conservation
et à la protection de notre patrimoine naturel.
Dans le cadre des travaux de la table ronde
québécoise sur l'environnement et l'économie, le
gouvernement participé actuellement à l'élaboration d'un
plan d'action comprenant des projets qui intégreront les
préoccupations qui caractérisent le développement durable.
Compte tenu de l'expérience fructueuse vécue à cette
table, il proposera de la rendre permanente.
De plus, afin de disposer des boues et régler le
problème du débordement des réseaux d'égout, il
évaluera la possibilité d'élargir, avec la collaboration
des autres paliers de gouvernement, le programme d'assainissement des eaux.
Des mesures seront également
privilégiées pour garantir une couverture environnementale
basée sur une approche intégrée eau-air-sol et pour
s'attaquer aux secteurs les plus polluants, soit les rejets industriels -
incluant ceux des usines de pâtes et papiers - les pesticides, les
déchets solides, l'évacuation des eaux usées et les
polluants du milieu agricole.
As a major part of his environment policy, the Government
will invite you to privilege the diffusion of adequate information, such as
thorough assessments of the state of our environnement.
In this respect, it will make sure that enterprises take
into account the environmental assessements wich concern them, detect the
problems related to the environment and develop their own technologies.
De plus, les déchets biomédicaux et la
gestion des pneux hors d'usage feront l'objet de mesures destinées
à protéger l'environnement.
À la demande du gouvernement, le projet de mise en
valeur du Saint-Laurent a été élaboré afin de
redonner au fleuve sa qualité. Diverses interventions et actions
découleront des propositions en vue de mettre à contribution tous
les intervenants concernés.
À la suite du rapport du comité Lacoste, le
gouvernement vous proposera de réviser la procédure
environnementale. De plus, il tiendra compte de la dimension environnementale
dans ses critères d'achat. Enfin, il continuera d'apporter des
correctifs afin de contrer les perturbations environnementales découlant
du drainage minier acide qu'occasionnent les sites principalement
concentrés dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue. (15
heures)
Le gouvernement entend par ailleurs poursuivre ses efforts
pour assurer aux Québécois et aux Québécoises des
services sociaux et de santé efficaces et de qualité.
Ayant fait connaître ses orientations suite au
rapport de la commission Rochon et déposé un
avant-projet de loi, il entend associer l'Assemblée nationale
à la consultation des principaux intervenants avant de lui demander
d'adopter le projet de réforme final.
Un projet de loi sur la pratique des sages-femmes dans le cadre de
projets pilotes vous sera également soumis.
De plus, des modifications à la Loi sur la protection de la
jeunesse dans le but d'assouplir la procédure permettant à des
parents québécois d'adopter des enfants étrangers, vous
seront proposées.
Les députés seront en outre appelés à
étudier la création d'un conseil des aînés
susceptible d'améliorer nos programmes d'aide aux personnes
âgées.
Le gouvernement entend également créer une commission
chargée d'étudier la mise sur pied éventuelle d'un fonds
de compensation pour les personnes handicapées dans le but de favoriser
une meilleure intégration sociale.
Vous serez appelés à réviser la Loi sur la
protection du malade mental pour la rendre conforme aux orientations
ministérielles énoncées en janvier dernier, de même
que la Loi sur la protection de la santé publique pour la moderniser et
assurer une meilleure concertation entre les divers intervenants.
Pour assurer son avenir, le Québec a besoin d'un
développement harmonieux et dynamique de toutes ses régions.
Tel que mentionné dans la politique de développement
régional rendue publique l'an dernier, le gouvernement ne veut pas se
substituer à l'esprit créateur et entrepreneur de l'individu et
des groupes en régions, mais plutôt l'encourager et créer
des conditions favorables à son développement.
Afin que la prise en compte des spécificités
régionales se manifeste dans l'élaboration des politiques et des
programmes, le gouvernement renforcera les éléments de la
modulation régionale de ses initiatives.
De plus, dans la continuité de son action de partenariat avec les
régions, le gouvernement participera à la préparation et
à la tenue de conférences socio-économiques et prolongera
cette démarche de concertation et de partenariat au niveau local.
Ainsi, d'autres contrats de relance seront conclus avec des
municipalités régionales de comté et des
municipalités à économie simple.
Pour la région de Québec, le gouvernement a
déjà procédé à l'implantation d'un
Secrétariat à la capitale et prévu la mise sur pied d'une
table de concertation Québec-capitale.
Le gouvernement améliorera la coordination de ces interventions
et contribuera à l'élaboration d'un plan de mise en valeur de sa
capitale.
Pour la région de Montréal qui est, de toute
évidence, la locomotive du développement économique du
Québec tout entier, l'implantation du Comité ministériel
permanent du développe- ment de la région métropolitaine
de Montréal permettra de favoriser une juste évaluation de la
situation socio-économique de la région et de formuler une
stratégie ainsi que des propositions concrètes pour assurer son
développement dynamique et équilibré.
L'Assemblée nationale sera également amenée
à étudier un projet de loi sur l'assurance-responsabilité
des municipalités afin que ces dernières soient davantage
prémunies contre les cycles du marché de l'assurance et contre
les problèmes de disponibilité de certaines protections.
De plus, la refonte des lois municipales sera poursuivie.
Dans la foulée de la récente annonce de la mise en place
d'une table de concertation en habitation, le gouvernement entend poursuivre
les efforts qu'il a entrepris dans ce domaine, notamment, afin de
répondre adéquatement aux besoins de logements pour les personnes
et les ménages financièrement démunis.
Outre l'aide à la restauration du parc immobilier et à
l'accès des jeunes familles à la propriété, le
gouvernement compte maintenir, en collaboration avec les autres paliers de
gouvernement, le rythme de ses interventions en matière d'habitation
sociale.
De plus, compte tenu du rôle majeur du tourisme dans
l'économie québécoise, le gouvernement vous informera des
efforts qu'il entend déployer afin de soutenir ce secteur de
première importance pour le développement économique du
Québec et de ses régions.
Dans le domaine de la voirie et des transports, le Québec a des
défis particulièrement exigeants à relever et le
gouvernement entend associer à cette tâche les membres de
l'Assemblée nationale. À cet effet, des mesures concernant le
réseau routier et les ponts seront dévoilées.
La sécurité routière fera également l'objet
d'une attention particulière.
Par ailleurs, cette Assemblée aura à poursuivre sa
tâche en ce qui concerne le problème de la réglementation
sur le camionnage ainsi que sur le transport par autobus et par taxi.
Des mesures vous seront également soumises dans le domaine du
transport en commun.
Enfin, le gouvernement invitera cette Assemblée à
étudier un projet de loi sur la création d'un organisme
régional de transport dans la région de Montréal afin de
favoriser l'intégration et le financement des services sur le territoire
de la communauté urbaine de Montréal, de Laval et de la rive sud
métropolitaine.
Le gouvernement est déjà engagé activement dans la
poursuite des objectifs énoncés dans La politique
énergétique rendue publique en 1988.
Hydro-Québec a déposé un plan de
développement qui comporte des investissements de 47 000 000 000 $. Ce
plan prévoit des sommes
importantes pour améliorer la qualité des
services et la fiabilité du réseau de distribution.
Cette Assemblée sera informée des mesures qui
seront privilégiées en vue d'assurer que ces travaux auront le
plus de retombées économiques possible au Québec et qu'ils
s'effectueront dans le respect des exigences environnementales.
Furthermore, the government intends to establish measures
of harmonization in the procedure of examination of the environmental impacts
and to ensure the respect and the implementation of the agreements with the
Aboriginals.
Il vous informera d'un programme d'aide à la
recherche et au développement en technologie énergétique
et favorisera davantage la valorisation de la biomasse.
De plus, il continuera à promouvoir les exportations
d'électricité.
Cette Assemblée sera informée des
dispositions que le gouvernement prendra au cours des prochains mois pour
permettre l'acheminement au Québec, à un coût
compétitif, des liquides de gaz naturel en provenance de l'Ouest
canadien et, de ce fait, pour assurer la concrétisation du projet
Soligaz et des autres investissements majeurs qui y sont reliés.
Le Québec se dirige ainsi vers une véritable
renaissance de son industrie pétrochimique et vers la revitalisation de
l'est de Montréal.
Le cadre de gestion du nouveau régime forestier sera
complété par la signature de 175 contrats d'approvisionnement et
d'aménagement forestiers.
De plus, ie gouvernement entend appuyer la mise en valeur
des forêts ainsi que leur reboisement. Toujours dans la perspective du
développement durable, des dispositions seront prises pour permettre au
Québec d'accroître sa capacité en matière de
désencrage.
Finalement, le gouvernement invitera les principaux
intervenants de l'industrie des pâtes et papiers à se pencher sur
des questions d'actualité, dont la modernisation des installations
existantes, le contrôle de la pollution, l'élimination graduelle
du flottage du bois et l'utilisation accrue des fibres secondaires.
Parce qu'elle est partie intégrante de nos
ressources naturelles, le gouvernement entend aussi valoriser le potentiel
économique de la faune. Il présentera un document d'orientation
afin de préciser les modalités de la mise en oeuvre de la
politique sur les espèces menacées ou vulnérables.
De plus, une politique de gestion intégrée
des ressources dans les réserves sera élaborée afin
d'assurer la pérennité de notre patrimoine faunique.
Le gouvernement entend améliorer de nouveau les
programmes d'aide à la production agricole, après consultation
des milieux concernés.
Cette Assemblée sera appelée à adopter
une nouvelle législation sur la mise en marché des produits
agricoles et alimentaires.
Dans une perspective de protection du territoire et de
respect de l'environnement, une rationalisation de l'usage des produits
chimiques agricoles sera instaurée tout en favorisant le
développement de l'agriculture biologique et la mise en oeuvre de
nouveaux programmes de contrôle de la qualité.
Pour le Québec, le secteur des pêches
maritimes et de l'aquiculture constitue un outil de développement
régional à fort potentiel. En raison des fluctuations des prix du
marché et de la ressource au cours des dernières années,
cette industrie fait face à des difficultés qui l'empêchent
de relever efficacement les défis auxquels elle est conviée. Le
gouvernement informera donc cette Assemblée des efforts qu'il entend
déployer dans ce secteur afin de doter l'industrie des moyens lui
permettant de rationaliser et de consolider ses assises et d'améliorer
sa position économique dans l'Est canadien.
Finalement, en matière de justice,
l'Assemblée nationale aura à adopter le projet d'ensemble de
réforme du Code civil et à assurer la mise à jour du Code
de procédure civile.
Le gouvernement vous soumettra également un
important projet de réforme de la justice administrative et produira un
document d'orientation sur la protection de la vie privée.
En terminant, le gouvernement tient à
réitérer à cette Assemblée sa volonté de
s'associer à elle afin que l'ensemble des députés puissent
utiliser pleinement les outils qui sont à leur disposition, dont celui
des commissions parlementaires.
(15 h 10)
À cet égard, il est important de rappeler que
la réforme parlementaire entreprise depuis plusieurs années est
une oeuvre perfectible et que, de ce fait, elle revêt un caractère
perpétuel. C'est la raison pour laquelle le gouvernement invite tous les
membres de cette Assemblée à poursuivre cette réforme qui
s'inscrit dans la consolidation des acquis sur lesquels s'appuie la
démocratie parlementaire.
Voilà donc, mesdames et messieurs les
députés, les grandes lignes des actions que le gouvernement
entend privilégier afin de mieux assurer l'avenir du Québec.
This is a demanding task, but it constitutes, for the
Government, a duty which it intends to accomplish with the support of all
Quebeckers, with respect to their capacity of paying as well as the highest
interests of our society.
Cette tâche est certes exigeante, mais elle
constitue, pour le gouvernement, un devoir qu'il a l'intention d'accomplir avec
le concours des Québécois et des Québécoises dans
le respect de leur capacité de payer ainsi que dans celui des
intérêts supérieurs de notre nation.
Mesdames et messieurs de l'Assemblée nationale, en
ouvrant cette première session de la 34e Législature, je forme le
voeu que ce Parlement soit parmi les meilleurs qu'aura connus
notre province et que vous ferez en sotte qu'il soit permis au
Québec de progresser et de se développer afin d'accroître
la qualité de vie des citoyens et permettre à notre
collectivité de continuer de s'affirmer. Que Dieu vous soit en aide.
Le Président: MM. les députés, nous allons
suspendre nos travaux pendant quelques instants. Je vous invite toutefois
à demeurer à vos places jusqu'à la reprise de la
séance.
(Suspension de la séance à 15 h 12)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mesdames, messieurs les députés, vous êtes
priés de vous asseoir. S'il vous plaît, mesdames, messieurs les
députés, veuillez vous asseoir.
J'invite maintenant M. le premier ministre à prononcer le
discours d'ouverture de cette première session de la 34e
Législature. M. le premier ministre.
Discours d'ouverture M. Robert Bourassa
M. Bourassa: M. le Président, je voudrais tout d'abord
féliciter les nouveaux élus de la 34e Législature et leur
souhaiter un fructueux mandat, remercier également les
députés de la 33e Législature en mentionnant,
évidemment, comme l'a fait le chef de l'Opposition, le travail du
président de l'Assemblée nationale. J'étais très
heureux d'entendre ces éloges à son endroit, appuyés sans
doute par tous ses collègues, y compris le leader parlementaire. Et je
veux également souligner le travail qui a été fait- par la
députée de Bellechasse comme vice-présidente.
Vous me permettrez, en ce début de mandat, de remercier une
nouvelle fois les Québécois et les Québécoises qui,
pour un quatrième mandat, assorti encore une fois d'une énorme
majorité, m'ont fait confiance. Je voudrais aussi souligner
l'entrée dans cette Assemblée nationale du chef de l'Opposition,
que je veux saluer très chaleureusement. Je compte sur sa collaboration
pour contribuer à la qualité des débats. En fait, le
député de L'Assomption est le sixième chef de l'Opposition
que j'ai l'honneur d'accueillir à titre de premier ministre en cette
Assemblée nationale. Je ne peux présumer s'il sera le plus
efficace, mais il ne sera certainement pas le moins intéressant.
Le lieutenant-gouverneur, M. le Président, vient d'indiquer
à cette Chambre le programme législatif détaillé du
gouvernement et ses orientations. Pour ma part, je voudrais élaborer sur
certains aspects de l'action du gouvernement. Si nous avons été
réélus une nouvelle fois, c'est que, pour le Parti
libéral, la toute première priorité est le
développement économique. À cet égard, on constate
actuellement, au Québec, plusieurs signes encourageants. Nous savons
tous les atouts que nous possédons, notamment nos ressources naturelles
abondantes, nos forêts, nos mines et l'hydroélectricité,
dont les faibles coûts confèrent au Québec des avantages
concurrentiels importants pour attirer des industries.
Il y a aussi la structure industrielle du Québec, qui est plus
diversifiée qu'il y a quinze ans et qui a rendu notre économie
moins dépendante des fluctuations du cours des matières
premières que la majorité des autres provinces canadiennes. Il y
a tous les investissements dans le secteur non résidentiel, en 1989 et
en 1990, notamment, principalement par les alumineries et Hydro-Québec.
Il y a quelques jours, on annonçait par exemple, qu'il y aurait à
Sept-îles, au cours de l'été, 2000 travailleurs qui
pourront se trouver de l'emploi. Il y a le dynamisme retrouvé de notre
secteur manufacturier, en termes d'investissements et d'emplois, grâce
à la modernisation et à l'expansion de l'appareil productif. Il y
a également la renaissance de l'industrie pétrochimique avec le
projet Soligaz et ses milliards de dollars en retombées.
Il y a aussi le secteur de services qui est bien développé
et le secteur industriel qui peut s'appuyer sur un tertiaire moteur efficace et
de calibre mondial. À cet égard, on n'a qu'à constater le
succès de nos grandes firmes d'ingénieurs et de consultants qui
peuvent non seulement conquérir des marchés sur le plan
québécois et canadien, mais également sur le plan
international. Il y a la disponibilité, au Québec, de
travailleurs compétents et scolarisés, 40 % de notre
main-d'oeuvre disposant d'un niveau de scolarisation supérieur à
treize années d'études. Finalement, il y a la productivité
des Québécois qui, depuis deux ans, augmente plus rapidement que
celle des Ontariens et de la moyenne canadienne: alors qu'elle a
augmenté, depuis deux ans, de 1 % en Ontario, la productivité au
Québec a augmenté de 1,7 % il y a un an et de 2,4 % cette
année. À ces signes très encourageants pour l'avenir
s'ajoute notre marché financier efficace, bien organisé, comme en
témoigne une réglementation avant-gardiste en matière de
décloisonnement, à laquelle a évidemment contribué,
d'une façon particulière, le chef de l'Opposition. Il y a
l'augmentation de la disponibilité du capital de risque et la
présence de sociétés comme la Caisse de dépôt
et placement et la Société de développement industriel. Il
y a l'émergence au cours des dernières années d'une
nouvelle classe d'entrepreneurs compétents et dynamiques.
Il y a aussi notre régime fiscal, l'un des plus
compétitifs, et les mesures que nous avons introduites pour favoriser la
recherche et le développement, ainsi que l'accès au capital de
risque. Il convient de souligner à cet égard que, selon des
études très objectives, le Québec est l'un des meilleurs
endroits en ce qui a trait aux
avantages fiscaux en matière de recherche et de
développement, dépassant l'Ontario, l'État de New York, le
Massachusetts et d'autres États américains. Il y a
également la présence d'une grande métropole qui dispose
de nombreux avantages en termes de coûts d'opération, de
disponibilité de services, de présence multicul-turelle et de
qualité de vie. Finalement, il y a l'amélioration des relations
du travail qui, depuis le milieu des années quatre-vingt, assurent un
climat plus stable et plus sain. On peut, à cet égard, mentionner
la situation qui existe dans l'industrie de la construction. Depuis quatre ans,
nous avons connu, dans le secteur de la construction, une paix ouvrière
qui a favorisé sûrement le dynamisme économique du
Québec.
(15 h 20)
Malgré ces acquis importants et ces signes
encourageants, il n'en demeure pas moins qu'il y en a d'autres qui sont
préoccupants. Je fais référence notamment au
ralentissement de l'économie. Si nous comparons le niveau de la
création d'emplois depuis quelques années avec le niveau de la
création d'emplois depuis le début de l'année 1989, nous
constatons, évidemment, une réduction importante. Il y a la
dimininution des mises en chantier au Québec et son impact sur
l'industrie de la construction, les taux d'intérêt très
élevés qui sont pratiqués au Canada et la
dépréciation du dollar canadien qui en découle, au point
d'ailleurs de briser l'élan de l'économie. Sous le leadership du
Québec, tous les premiers ministres sont d'accord pour réclamer
du gouvernement fédéral une politique plus réaliste des
taux d'intérêt, qui tienne compte du ralentissement de l'inflation
que nous connaissons depuis quelques mois, qui tienne compte également
du ralentissement de l'économie, qui tienne compte de l'écart
entre les taux d'intérêt américains et les taux
d'intérêt canadiens - qui sont maintenant presque à un
sommet - et qui tienne compte, évidemment, des réserves de la
Banque du Canada pour protéger le dollar canadien.
Il est difficile de concevoir qu'on puisse avoir une
politique qui, à la fois, implique des taux d'intérêt
élevés, un taux du dollar qui est également très
élevé et, en même temps, un ralentissement
économique. Il y a aussi les coupures budgétaires du gouvernement
fédéral, sa politique fiscale, l'impact négatif de la taxe
fédérale sur les produits et services et le coût de
transition que cette réforme implique.
Le gouvernement du Québec, comme l'ensemble des
gouvernements, se trouve devant une politique fédérale qui
réduit l'espace fiscal et qui, en même temps, transfère aux
provinces des sommes additionnelles dans des dépenses comme
l'éducation et la santé.
En plus, on doit constater que cette taxe
fédérale va certainement contribuer au niveau de l'inflation, au
taux tel que proposé et de ce fait, participer à l'augmentation
du déficit fédéral, à cause du service de la
dette.
Ce qu'on peut donc aller chercher en revenus additionnels
grâce à l'extension de la taxation ou de la fiscalité, on
risque de le perdre dans la recherche des équilibres financiers, avec
l'augmentation du service de la dette. tous ces défis sérieux
auxquels nous devons faire face contraignent le québec à une
mobilisation autour d'un grand objectif d'avenir. cet objectif, aux yeux de mon
gouvernement, consiste à accroître la force concurrentielle du
québec. il est évident que nous devrons continuer de gérer
rigoureusement nos finances publiques, continuer d'améliorer nos
relations du travail afin de consolider la viabilité de notre climat
social, pouvoir compter sur une fonction publique encore plus productive,
c'est-à-dire capable de rendre des services accrus à moindre
coût, consolider la compétitivité de notre
fiscalité, notamment par des sources de financement qui ne compromettent
pas la force concurrentielle de notre économie, continuer à
privilégier une approche pragmatique du rôle de l'état et
non pas une approche étroitement idéologique et, finalement
pouvoir compter aussi sur l'apport de capitaux internationaux.
Le gouvernement du Québec, depuis quelques
années, a réussi à attirer d'importants capitaux
internationaux et nous savons tous qu'il est préférable
d'importer des capitaux plutôt que d'exporter des travailleurs. Ces
capitaux internationaux apportent également des retombées
fiscales au gouvernement du Québec par la création d'emplois qui
s'ensuit. Ces capitaux internationaux favorisent également les
entreprises du Québec avec toutes les filiales et toutes les entreprises
associées à ces grandes entreprises qui investissent au
Québec.
On pourrait donner des exemples d'investisseurs japonais,
allemands ou autrichiens qui sont intéressés au Québec
depuis quelques mois et qui constituent un réseau d'entreprises et de
filiales qui peuvent favoriser des entreprises québécoises. Donc,
un Québec plus concurrentiel. Voilà un grand défi de
société à l'heure du libre échange, à
l'heure du marché unique européen en 1992, à l'heure du
bloc de l'Asie. La seule voie réaliste, c'est d'être productif
pour augmenter la croissance économique.
Le Québec a démontré qu'il a de
nombreux atouts pour être productif, et c'est dans ce contexte qu'il doit
renforcer son économie. Il ne m'apparatt certes pas opportun de
privilégier, dans un tel cadre, des solutions comme celle de
l'augmentation du déficit qui constitue une . solution purement à
court terme.
Donc, les objectifs sont simples. Si nous voulons
créer des emplois, il nous faut exporter. Si nous voulons exporter, il
nous faut être productifs. Si nous voulons être productifs, il nous
faut une fiscalité responsable et compétitive. Autrement c'est
l'impasse et le recul. Nous sommes d'avis que le véritable défi
que doit relever le gouvernement consiste à respecter son objectif de
déficit et de dépenses, mais à un
niveau qui maximise la croissance économique,
particulièrement dans les régions les plus
défavorisées. Ce défi consiste aussi à
répondre aux besoins de la population tout en respectant la
capacité de payer des contribuables québécois. Une gestion
rigoureuse des dépenses gouvernementales s'impose donc pour offrir des
services de qualité et produits de la façon la plus efficace
possible.
Afin de limiter la croissance globale des dépenses, le
gouvernement se doit de répondre aux nouveaux besoins en
procédant d'abord par voie de réallocation des ressources
existantes. En procédant de la sorte, le gouvernement évite un
empilage improductif des programmes. Dans le budget de 1989-1990, par exemple,
les activités prioritaires mises en oeuvre par mon gouvernement depuis
1986-1987 représentent près de 2 200 000 000 $. Une hausse du
déficit est synonyme d'accroissement de l'endettement et donc
d'augmentation du coût du service de la dette. Dans les faits, le
gouvernement, qui devient plus vulnérable à une récession,
à une hausse des taux d'intérêt, à un resserrement
des marchés financiers voit sa marge réduite à moyen et
à long terme.
Il ne faut pas oublier que de 1976 à 1986, le coût du
service de la dette est passé de quelque 500 000 000 $ à 3 400
000 000 $, soit de 5,2 % à 14 % des revenus budgétaires. Au cours
de la même période, le pourcentage de la dette par rapport au
produit intérieur brut est passé de 13 % à 29 %. À
la suite de l'importante réduction du déficit que nous avons
opérée au cours des dernières années, cette
proportion a commencé à diminuer. Outre l'exemple du passé
récent, celui du gouvernement du Canada est tout aussi
révélateur et doit nous inciter à la plus grande vigilance
dans l'augmentation du déficit. En effet, le gouvernement
fédéral, contrairement au Québec, n'a pas encore
réussi à enrayer la progression de sa dette, cette
dernière étant susceptible de représenter 35 % du produit
intérieur brut en 1989-1990. C'est pourquoi le coût de son service
de la dette continue d'augmenter en proportion de ses revenus.
Je crois que la démonstration est claire, M. le Président:
recourir à l'augmentation du déficit pour faire face au
ralentissement économique, c'est hypothéquer l'avenir de la
jeunesse québécoise, puisque ce sont nos jeunes qui devront
assumer ces impôts. Parce que nous croyons aux vertus du pragmatisme,
nous sommes bien conscients que les recettes miracles n'existent pas pour faire
face au ralentissement de l'économie.
Essentiellement, mon gouvernement continuera à privilégier
l'approche dont j'ai parlé il y a quelques minutes et qui consiste
à ne pas compromettre nos équilibres financiers. Nous
déploierons principalement nos efforts vers une gestion rigoureuse et
efficace des finances publiques, un ciblage de nos priorités
d'intervention ainsi que des sources de financement qui ne mettent pas en
danger la force concurrentielle de notre économie. Pour ce faire, mon
gouvernement va privilégier, notamment, une augmentation des
investissements publics aussi importants que ceux d'Hydro-Québec, de
Soligaz ou des alumineries. De plus, nous procéderons vraisemblablement
à une accélération de certains investissements publics
dans les secteurs de la santé et des services sociaux, de
l'éducation, de l'environnement et des affaires culturelles. (15 h
30)
Comme vous pouvez le constater, nous sommes prêts à assurer
le maintien du dynamisme économique du Québec. Ce dynamisme
économique étant également subordonné à la
question constitutionnelle, M. le Président, je crois que la
ratification de l'accord du lac Meech aura une influence positive sur le
développement économique du Canada, notamment en nous permettant
de concentrer nos énergies sur les éléments essentiels
à ce développement.
Il convient d'ailleurs, à ce stade-ci, de rappeler l'origine de
l'accord du lac Meech. Essentiellement, cet accord a pour but de réparer
des erreurs historiques: la première, commise en 1981, alors que le
droit de veto du Québec sur la réforme des institutions
fédérales, notamment le Sénat et la Cour suprême, a
été maladroitement abandonné. Dans ce cas, cette
réparation consiste à récupérer ce droit de veto
abandonné. La seconde, commise en 1982, alors que la constitution
canadienne a été rapatriée unilatéralement sans
l'accord du Québec; une démarche qui, il convient de le rappeler,
a été condamnée par tous les partis à
l'Assemblée nationale, y compris les partis
fédéralistes.
Compte tenu du contexte démographique qui prévaut
présentement au Québec et compte tenu des difficultés que
représente l'intégration des immigrants à la
société québécoise, la ratification de l'accord du
lac Meech revêt également une grande importance parce qu'il
permet, en matière d'immigration, de sécuriser les pouvoirs que
le Québec détient en vertu de l'entente Cullen-Couture. Il ne
sera plus possible, si l'accord du lac Meech est ratifié, de subordonner
ces pouvoirs au bon vouloir d'un gouvernement. Il y aura donc une
sécurité absolue pour l'avenir de la francophonie
québécoise. Toujours dans le même contexte, cet accord est
également important parce qu'il confère au Québec des
pouvoirs additionnels qui permettent un contrôle et une planification de
l'immigration compatibles avec ses besoins.
Quand on examine de près l'évolution de ce dossier, on est
inévitablement frappé par la logique pour le moins imparfaite de
quelques-uns des opposants de l'accord.
En premier lieu, il est ironique de constater que certaines personnes,
qui ont proposé ou accepté l'inclusion de la clause "nonobstant"
dans la constitution (qui, rappelons-le, est un moyen qui permet de suspendre
l'article 2 de la charte qui a trait à la liberté d'expression),
s'opposent à la clause de la société distincte qui, elle,
est
une clause d'interprétation qui ne permet pas de suspendre un des
articles de la charte.
En second lieu, il est encore plus singulier de constater le paradoxe de
la position de ceux qui s'opposent, au nom de la nécessité d'un
gouvernement central fort, à l'article sur le pouvoir de dépenser
de l'accord et qui, en même temps, réclament une réforme du
Sénat qui, elle, risque de se faire au détriment du gouvernement
central.
En troisième lieu, il est fort difficile de suivre ceux qui
s'opposent à la reconnaissance du caractère distinct du
Québec, alors qu'en cas de non-ratification de l'accord, le
Québec sera, dans les circonstances, sur le plan politique, plus
distinct et isolé du reste du Canada.
De plus, il convient de souligner que fa population
québécoise sera moins portée à appuyer des ententes
ou des mesures favorisant la solidarité canadienne, alors que des
revendications légitimes du Québec auraient été
refu-
Pourquoi le Québec tient-il tant à cet accord du lac
Meech? D'abord, parce qu'il modernise le fédéralisme canadien,
c'est-à-dire qu'il l'adapte à la réalité
contemporaine du pays. Ensuite, parce qu'il permet la
réintégration du Québec ainsi que la poursuite de la
réforme constitutionnelle. Finalement, parce qu'il respecte
intégralement la déclaration d'Edmonton, laquelle disait qu'avant
d'aborder d'autres questions ayant trait à une éventuelle
réforme constitutionnelle, on doit régler la question du
Québec.
Dans les faits, l'accord du lac Meech constitue sans aucun doute la plus
importante entente de l'histoire constitutionnelle de notre pays. Or, il a
fallu 122 ans pour arriver à cette entente. On peut dès lors
s'interroger sérieusement sur le temps qui sera nécessaire pour
en conclure une autre, si cette première devait échouer.
Quant à la reconnaissance du caractère distinct du
Québec, il convient de rappeler qu'elle ne fait que traduire la
réalité déjà consacrée par la loi
constitutionnelle actuelle, notamment aux articles 92, 93, 94, et qu'elle n'est
nullement la recherche d'un privilège.
La non-ratification de l'accord du lac Meech constituerait, sans le
moindre doute, une erreur historique aux conséquences
imprévisibles. Il est cependant clair que le Québec ne pourra pas
accepter, avec passivité et indifférence, le rejet de sa
volonté politique de réintégrer la
fédération canadienne avec des demandes particulièrement
modérées.
Évidemment, ces questions ne doivent pas nous faire oublier la
qualité de vie des Québécois. Cette qualité
réside aussi dans une justice sociale de mieux en mieux assurée.
Il a été fait référence à la volonté
très ferme du gouvernement de combattre, entre autres, les
déséquilibres régionaux, la pauvreté et
l'incapacité d'un trop grand nombre de citoyens de lire et
d'écrire. Cette volonté est d'autant plus ferme que je ne puis
accepter, comme premier ministre, que des gens soient présentement
privés de toit et de nourriture ou que d'autres ne puissent avoir
accès à l'appareil judiciaire pour revendiquer leurs droits, tout
comme je ne puis accepter qu'un nombre grandissant de jeunes consomment des
drogues de plus en plus nocives et qu'ils se marginalisent encore davantage.
Les multiples conséquences de la consommation et du trafic de drogues de
même que les coûts considérables qu'ils engendrent pour la
société nous obligent à mettre en place les ressources et
les structures nécessaires pour empêcher la
détérioration de notre tissu social. La justice sociale est donc
un défi de société qui consiste aussi à
éliminer les fléaux qui compromettent à la fois notre
qualité de vie collective et l'avenir personnel des plus démunis
de notre société. Beaucoup plus qu'un défi de
société, elle est donc, en pareille circonstance, un devoir de
solidarité que mon gouvernement entend bien remplir.
En terminant, M. le Président, je ne puis m'empêcher de
constater avec beaucoup de satisfaction le rayonnement sans cesse grandissant
des valeurs fondamentales que constituent l'égalité et la
liberté des citoyens, ces pierres d'assise de la démocratie. Je
pense notamment aux citoyens de l'Europe de l'Est qui vivent
présentement une période cruciale de leur histoire. Cet exemple
remarquable, M. le Président, met de nouveau en évidence
l'importance de la démocratie comme fondement de notre civilisation. Or,
cette valeur que nous tenons pour acquise depuis fort longtemps, des citoyens
commencent à peine à la retrouver. C'est la raison pour laquelle
il me semble opportun, en ce début de session, de rappeler la chance que
nous avons, à titre de parlementaires et de citoyens, de pouvoir compter
sur la présence de cette institution qui est le symbole même de
cette démocratie que nous chérissons tous.
Je viens de vous décrire brièvement, M. le
Président, quelques-unes des priorités qui retiendront
l'attention de mon gouvernement. Ces défis, tout comme ceux qu'a
soulignés le lieutenant-gouverneur, seront exigeants. Forts des acquis
de notre premier mandat et de la détermination des députés
ministériels, je suis convaincu que nous les relèverons avec
succès et que nous répondrons adéquatement aux aspirations
profondes des Québécois qui attendent de notre gouvernement qu'il
assure leur avenir. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président: Alors, conformément à notre
règlement, la séance est maintenant levée et les travaux
de l'Assemblée sont ajournés à demain matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 15 h 40)