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(Quatorze heures trois minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Veuillez prendre vos places.
Communications du président
Changement d'affectation pour
MM. René Blondin et Pierre Duchesne
En vous souhaitant la plus cordiale bienvenue au début de cette
cinquième session de la 32e Législature, je désire faire
à la Chambre un certain nombre de communications dont la suivante: une
lettre que j'ai reçue le 13 septembre dernier. "M. le Président,
depuis près de vingt ans au service de la Table de l'Assemblée
nationale, dont quinze au poste de secrétaire général, je
crois le temps venu de demander un changement d'affectation. "Je vous saurais
donc gré, Monsieur le Président, de me relever de mes fonctions
de secrétaire général à compter du 8 octobre
prochain. "Soyez assuré que l'accomplissement de cette tâche fut
pour moi une source de grand honneur et de profonde satisfaction. "Je vous prie
de transmettre à tous ceux que j'ai eu le privilège de servir de
même qu'à tous mes collègues de l'Assemblée
nationale l'expression de ma sincère reconnaissance pour leur
compréhension et leur franche collaboration. "Veuillez agréer,
Monsieur le Président, l'expression de ma haute
considération.
Le secrétaire général, M. René Blondin"
à qui j'ai répondu le 19 septembre dernier: "M. le
secrétaire général, votre lettre du 13 septembre m'est
bien parvenue et je vous en remercie. "Tel que vous en manifestez le
désir, la fonction de secrétaire général sera
assumée à compter du 8 octobre par quelqu'un d'autre; en
l'occurrence, jusqu'à ce que l'Assemblée puisse elle-même
statuer sur la question, le secrétaire général adjoint, M.
Pierre Duchesne, assumera par intérim la fonction de secrétaire
général de l'Assemblée nationale." "À compter de
cette date également, vous continuerez à être au service de
l'Assemblée nationale en votre qualité de cadre-conseil,
chargé plus spécifiquement d'un projet de rédaction de
traité sur le parlementarisme québécois tel que vous avez
pu en observer l'évolution depuis bientôt vingt ans. "Ces
années ont en effet été fertiles en
événements qui ont mené à l'affirmation de la
personnalité propre du pouvoir législatif. Par la nature de vos
fonctions, vous avez été au coeur de l'évolution de
l'Assemblée nationale. Vous en fûtes également un de ses
principaux artisans. "Je sais que j'exprime l'opinion unanime des
députés, anciens comme actuels, en vous disant combien nous avons
apprécié vos services discrets, courtois et efficaces. "En tant
que responsable de l'administration de l'Assemblée, j'exprime
également toute la gratitude des gestionnaires et des fonctionnaires de
l'Assemblée pour toutes ces années passées en notre sein
à titre de secrétaire général. "Enfin, je sais
l'estime de vos collègues des autres Parlements au Canada et des
Législatures américaines. Dans les forums interparlementaires
où vos fonctions vous ont si souvent mené, votre absence sera
d'autant plus sentie. "Veuillez agréer, M. le secrétaire
général, l'expression de ma haute considération."
M. Jean-François Bertrand, leader
intérimaire du gouvernement
Je désire également vous faire part de deux lettres que
j'ai reçues du premier ministre. L'une se lit ainsi: "M. le
Président, je désire vous informer que le député de
Vanier et ministre des Communications, M. Jean-François Bertrand, agira
comme leader du gouvernement à l'Assemblée nationale et ce
pendant la période de convalescence de M. Marc-André
Bédard. "Veuillez agréer, M. le Président, l'expression de
mes sentiments les meilleurs."
M. Raynald Fréchette, leader adjoint
Et l'autre se lit ainsi: "Je désire vous informer que le
député de Sherbrooke et ministre du Travail, M. Raynald
Fréchette, agira à compter d'aujourd'hui comme leader adjoint du
gouvernement à l'Assemblée nationale."
En conséquence de quoi, à la suite des changements...
Des voix: ...
Le Président: S'il vous plaît! À la suite des
changements dans les...
Des voix: ...
Nouveau diagramme de l'Assemblée
Le Président: À la suite de changements au sein du
Conseil des ministres, des élections complémentaires qui ont eu
lieu et de l'entrée en Chambre qui se fera incessamment de trois
nouveaux députés, j'ai le plaisir de déposer le nouveau
diagramme de l'Assemblée nationale.
Liste des candidats proclamés élus aux
élections partielles du 18 juin
Enfin, le secrétaire général de l'Assemblée
a reçu la lettre suivante: "M. le secrétaire
général, conformément à l'article 134 de la Loi
électorale, je vous transmets une liste des candidats proclamés
élus à la suite des élections partielles du 18 juin 1984,
tenues en vertu d'un décret du gouvernement émis le 2 mai 1984.
"L'avis de proclamation d'élection est publié dans
l'édition de la Gazette officielle du Québec en date du 30 juin
1984." J'en dépose d'ailleurs deux copies.
Permettez-moi de vous souligner que le deuxième alinéa de
l'article 134 se lit comme suit: "À compter de la publication de cet
avis, le député est membre de l'Assemblée nationale."
Présentation des nouveaux
députés
J'inviterais le chef de l'Opposition à nous présenter le
premier député élu lors de ces élections
complémentaires, le député de Marguerite-Bourgeoys, M.
Gilles Fortin, pour le Parti libéral du Québec.
Il faut croire qu'il nous connaît déjà.
Dans la circonscription de Marie-Victorin, M. Guy Pratt, pour le Parti
libéral du Québec. M. le chef de l'Opposition.
Des voix: Bravo!
Le Président: Dans la circonscription de Sauvé, M.
Marcel Parent, pour le Parti libéral du Québec. M. le chef de
l'Opposition.
M. Côté (Charlesbourg): La prochaine partielle: les
Antilles!
Allocutions d'usage Le Président
Le Président: J'ai donc le très grand plaisir
d'accueillir en votre nom nos nouveaux collègues, les
députés de Marguerite-Bourgeoys, de Marie-Victorin et de
Sauvé. Ils apportent tous trois à cette Assemblée le fruit
d'expériences professionnelles diverses mais intéressantes.
De plus, ils ont tous trois été actifs dans plusieurs
mouvements de leur milieu respectif, ce qui les rend d'autant plus aptes
à exercer les fonctions que les électeurs de leur circonscription
leur ont confiées. Je formule l'espoir qu'ils s'adapteront facilement au
nouveau fonctionnement de l'Assemblée.
Je leur souhaite mes meilleurs voeux en vue d'un mandat fructueux,
d'abord comme législateurs. C'est, en effet, faut-il le rappeler, un
législateur que la population élit d'abord et avant tout. C'est
à ce titre, partagé en exclusivité avec 121 autres
personnes à la fois, que l'élu siège en cette
Assemblée nationale. Trop souvent, la fonction législative est
mise de côté au profit de l'autre volet du mandat d'un
député qu'est son rôle d'intermédiaire entre ses
commettants et l'administration publique.
Sans vouloir minimiser ce dernier aspect de notre travail, il est utile
de se souvenir qu'il est accessoire au premier et qu'en élisant un
député à l'Assemblée nationale, les
électeurs s'attendent de ce dernier qu'il soit présent en cette
Chambre et dans les commissions parlementaires, non pas dans le but banal de
tenir quorum, mais afin d'utiliser toutes les ressources que le
règlement met à la disposition des députés pour
provoquer des débats d'intérêt public ou participer
à ceux-ci afin de faire entendre la voix de la circonscription qu'ils
représentent. Ainsi peuvent-ils contribuer à améliorer la
législation dont l'Assemblée est saisie, voire en proposer
eux-mêmes.
La revalorisation du rôle du député, qui est au
coeur de la réforme parlementaire que nous vivons depuis quelques mois,
passe obligatoirement par l'acceptation de la part de l'élu qu'il est
d'abord un législateur et qu'il a, à cet égard, certes des
droits et des privilèges, mais aussi des obligations. Nul doute que nos
trois nouveaux collègues trouveront grand intérêt à
relever ce défi difficile mais passionnant.
M. le chef de l'Opposition.
M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je n'ai pas
l'impression de faire un discours inédit. En effet, je pense que c'est
la 21e fois que nous avons à souligner l'arrivée d'un
député libéral à la suite d'élections
partielles. Je suis très heureux et je pense bien qu'on ne
s'étonnera pas que, de ce côté-ci du moins, nous nous
réjouissions des résultats de ces trois élections
partielles qui, comme on le sait, ont eu lieu le 18 juin dernier.
Je voudrais immédiatement féliciter nos trois
collègues, le député de Marguerite-Bourgeoys, le
député de Marie-Victorin et le député de
Sauvé qui viendront s'ajouter à notre équipe. Ils ont
été élus évidemment à cause de leurs
qualités personnelles - j'aurai
un mot à dire à ce sujet dans quelques instants - mais
également à l'intérieur d'une formation politique qui
reçoit de plus en plus la faveur de l'électorat.
On me permettra simplement de nous resituer au 13 avril 1981 alors que
nous arrivions dans cette Chambre. Il y avait 80 députés
ministériels du Parti québécois, si ma mémoire est
fidèle, et 42 députés du côté de
l'Opposition. Les choses se sont modifiées quelque peu et nous nous
retrouvons maintenant avec 71 députés ministériels, 48
députés libéraux - ce serait 49, n'eût
été le décès tragique et prématuré de
notre collègue de Saint-Jacques - et deux députés
indépendants. Qu'est-ce qui a amené cela? Il faut bien le noter,
c'est la démission de plusieurs membres du gouvernement. D'ailleurs,
deux des comtés qui seront désormais représentés
par des députés libéraux l'étaient par des
ministres du gouvernement, non pas les moindres. On se rappellera que dans le
comté de Sauvé, c'était le vice-premier ministre et
ministre des Affaires intergouvernementales et dans le comté de
Marie-Victorin, il s'agissait du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Démission de six ministres,
également de l'ex-président de l'Assemblée nationale. Et
deux autres collègues des ministériels ont traversé de
l'autre côté de la Chambre.
Nous sommes maintenant à la veille d'une élection
générale et quelle est la situation? La situation est bien pire
que celle que je viens de décrire, M. le Président, parce que
nous n'avons eu l'occasion de consulter la population qu'une dizaine de fois
dans une dizaine de comtés. Nous aurons sans doute l'occasion, dans les
prochaines semaines, le plus tôt possible, d'aller consulter la
population dans son ensemble. Je vous assure que les 122 circonscriptions
attendent avec impatience le moment où la population de ces 122
circonscriptions aura l'occasion de se prononcer.
Je n'irai pas plus loin dans le sens de ces remarques. Je pense que vous
n'avez pas besoin, à ce moment-ci, d'une démonstration de
l'impopularité du gouvernement que nous avons devant nous. Je pense
qu'il jouit présentement du plus haut taux d'insatisfaction qu'aucun
gouvernement n'ait eu à subir depuis la Confédération. Et
le premier ministre semble ne pas être sûr de mes statistiques, M.
le Président.
Des voix: Ah! Ah! Ah! (14 h 20)
Une voix: II y en avait qui étaient pires.
M. Levesque (Bonaventure): II semble fouiller dans sa
mémoire pour essayer de trouver depuis 1867, M. le
Président...
Une voix: Un autre gouvernement qui était pire.
M. Levesque (Bonaventure): ...un autre gouvernement qui aurait
été pire que celui que nous avons devant nous.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'aimerais, en
souhaitant la bienvenue à nos trois nouveaux collègues, vous dire
un mot, d'abord du député libéral de Marguerite-Bourgeoys,
M. Gilles Fortin, qui est issu du milieu des affaires. Grâce à sa
formation académique, il lui a été possible d'aller puiser
sa riche expérience tant dans le domaine des ressources humaines que
dans le domaine de la mise en marché de produits à technologie
avancée. Malgré ses nombreuses responsabilités
professionnelles, M. Fortin a su s'impliquer dans sa circonscription
électorale de Marguerite-Bourgeoys, ce qui lui a permis de rester au
fait des besoins et des problèmes socio-économiques de ses
électeurs. Par l'intérêt qu'il porte à
l'environnement de sa région, M. Fortin sera une excellente contribution
dans le débat entourant le projet Archipel. Nul doute qu'avec son bagage
de connaissances et d'expérience, il saura sensibiliser le gouvernement
aux différents dossiers que lui soumettent ses électeurs.
Quant au député libéral de Marie-Victorin, M. Guy
Pratt, il a vécu tout au long de sa vie une riche expérience
sociale et humaine. Il a oeuvré comme animateur scolaire et
communautaire. Sa présence auprès des jeunes, comme des moins
jeunes d'ailleurs, lui aura permis de connaître les difficultés
auxquelles font face de plus en plus notre jeunesse et notre famille
d'aujourd'hui.
M. Pratt a de plus contribué pendant plusieurs années
à l'administration de l'hôpital Charles Lemoyne. Il possède
parfaitement les mécanismes administratifs d'un centre hospitalier de
même qu'il connaît très bien les problèmes qu'on y
rencontre. L'Assemblée nationale pourra compter sur la personne de M.
Pratt pour rechercher les solutions dévolues à ce dossier fort
complexe et à bien d'autres qui touchent particulièrement notre
jeunesse. En plus, on peut ajouter qu'il aura sans doute un oeil tout à
fait particulier pour son voisin de comté. Sans aucun doute que le
premier ministre, qui s'est intéressé particulièrement
à la campagne électorale dans le comté voisin,
évidemment, aura un collègue qui aura sûrement un oeil
vigilant et bienveillant sur lui.
M. le Président, vous me permettrez, à ce moment-ci, de
vous dire un mot également du député libéral de
Sauvé, M. Marcel Parent, qui a à son crédit plusieurs
réalisations au niveau des loisirs et de l'éducation. Sa
contribution professionnelle dans le monde des loisirs, sur la scène
municipale, provinciale, nationale et internationale a permis à M.
Parent de se bâtir une solide expertise en la matière au profit de
tous et de chacun. Je crois que tous savent avec quelle détermination M.
Parent a oeuvré dans le monde scolaire. À titre de
président de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, il a participé activement au débat sur le projet
de la restructuration scolaire. Son expérience dans le milieu scolaire
nous sera sans doute d'une grande utilité lorsque l'Assemblée
nationale reprendra ses travaux sur ce dossier si controversé.
En terminant, M. le Président, permettez-moi de
réitérer, au nom du Parti libéral du Québec, au nom
de nos collègues, au nom de notre chef, M. Robert Bourassa, nos
félicitations aux trois nouveaux élus et nos remerciements
sincères aux électeurs et électrices qui ont mis leur
confiance une fois de plus en nos candidats et en notre parti. Ce succès
nous incite à poursuivre la voie sensée que le Parti
libéral du Québec s'est tracée, la voie de la
réalité économique, la voie du retour des droits et des
libertés pour chacun des individus, la voie du bon sens, la voie de la
prospérité créatrice d'emplois et condition de la
poursuite de nos objectifs sociaux et culturels. Merci, M. le
Président.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le premier ministre. M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, moi aussi
hélas! comme le chef de l'Opposition, je commence à
connaître par coeur mon numéro en pareille circonstance. Mais pour
reprendre à ma façon le tableau de l'évolution
parlementaire depuis 1981 que traçait voluptueusement, il y a un
instant, le chef de l'Opposition, je me permettrais de lui rappeler que c'est
ce qui arrive également très souvent à l'évolution
de l'opinion publique. Elle a l'art de ramener, périodiquement, à
plus de modestie ceux qui se voient déjà, de façon
prématurée, parfois installés en haut de l'affiche. Elle
peut même, à l'occasion, leur donner de grandes et terribles
leçons.
Quoi qu'il en soit, c'est d'une voix un peu mélancolique, on le
comprendra, un peu éraillée aussi par de récentes
pérégrinations, mais très sincèrement que je
souhaite, au nom de toute la majorité ministérielle, j'en suis
sûr, la bienvenue, que je félicite nos trois nouveaux
collègues, que nous leur souhaitons une excellente carrière
parlementaire aussi fructueuse que possible, d'une longueur raisonnable, et en
particulier à mon nouveau voisin le député de
Marie-Victorin.
J'en profite pour remercier, pour féliciter aussi nos
équipes, candidats, militants, qui ont dû travailler dur dans un
contexte que tout le monde savait très difficile et pour remercier aussi
les électeurs non pas tout à fait assez nombreux qui leur ont
quand même donné leur appui.
En terminant, je me permets simplement de rappeler cette vieille et
réconfortante leçon de l'expérience: Il y a toujours une
autre fois.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Gilles Fortin
M. Fortin: M. le Président, M. le premier ministre, MM.
les collègues de ma formation politique, Mmes et MM. les
députés du parti ministériel, invités de la
galerie, citoyens et citoyennes du Québec, vous me pardonnerez sans
aucun doute d'adresser mes premières paroles en cette Chambre à
mes électeurs du comté de Marguerite-Bourgeoys. Je leur suis
redevable d'avoir parlé aussi fort et d'avoir indiqué aussi
clairement leur désaveu à l'égard de ce gouvernement
agonisant et aussi peu respectueux des citoyens de mon comté, en
particulieur de ceux de la ville de La Salle.
Je m'en voudrais également de ne pas remercier tous et chacun de
ceux qui ont oeuvré bénévolement au cours de la campagne
électorale qui a conservé le comté au Parti libéral
du Québec.
Je suis particulièrement fier aujourd'hui de faire mon
entrée officielle en cette Chambre en qualité de
représentant des 51 725 citoyens et citoyennes de la circonscription
électorale de Marguerite-Bourgeoys. Ce comté que j'aurai
l'honneur de représenter ici est composé de francophones, de
nombreux groupes ethniques et d'anglophones.
Comme vous pouvez vous en douter, M. le Président, les
problèmes du comté sont très diversifiés et
requièrent des solutions tout aussi variées. C'est avec plaisir
que j'entends relever les défis soulevés par la nature même
de la composition démographique du comté.
Je tiens en ce moment à m'engager envers tous les citoyens et
citoyennes du comté de Marguerite-Bourgeoys que je serai à leur
entière disposition et surtout à l'écoute de tout ce qui
les préoccupe. Je m'engage également à continuer à
me battre en leur nom contre le projet d'une prison à La Salle et
à surveiller de très près l'évolution du projet
Archipel dans les rapides de Lachine.
Dans le cas du projet Archipel, le gouvernement s'apprête
déjà à réaliser la
partie récréative, tant contestée depuis ses
débuts en raison de la destruction de l'environnement. Il est
inacceptable d'investir des fonds publics déjà
évalués à près de 50 000 000 $ dans des
études de faisabilité et se retrouver devant l'aménagement
du plus beau site naturel au Canada. Les rapides de Lachine doivent garder leur
cachet et continuer d'être la fierté de tous les citoyens et
citoyennes de l'archipel. (14 h 30)
Je suis également fier, M. le Président, de faire mon
entrée en cette Chambre au moment où les électeurs ont
servi un vingt et unième avertissement au gouvernement par la voie
d'élections partielles. Je savais qu'il existait sur cette terre des
gens qui prennent plus de temps que d'autres à déchiffrer et
à comprendre un message, mais je n'aurais jamais imaginé qu'un
gouvernement qui a subi trois défaites, les plus humiliantes de toute
son histoire comme les dernières élections partielles de juin, ne
comprenne pas encore qu'il ne représente plus l'ensemble des
Québécois, qu'il est devenu illégitime et qu'il doit
déclencher au plus tôt des élections
générales.
Permettez-moi, M. le Président, de dire au gouvernement que ces
trois défaites constituent plus qu'un avertissement. Les
électeurs vous ont fait savoir que vous avez échoué,
échec à votre gestion, échec à votre option
constitutionnelle. Toute la gestion du gouvernement ne correspond plus à
leur slogan de relance économique et de meilleure performance du
Québec en 1983, une relance et une performance économique dont
les citoyens du Québec cherchent encore les manifestations.
Quant à l'option constitutionnelle de ce gouvernement,
après une défaite sans équivoque au
référendum de 1980, elle refait toujours surface après des
élections générales ou partielles et est mise en veilleuse
à l'approche des élections.
Les citoyens du Québec sont fatigués de danser depuis huit
ans au rythme de votre samba souveraineté-association.
Certains voudront probablement savoir pourquoi un homme d'affaires comme
moi décide de venir en politique. Évidemment, j'aurais pu me
contenter de continuer à diriger mon entreprise et à demeurer un
spectateur passif de la politique québécoise. J'aurais alors
été obligé de subir, comme tous les autres chefs de
petites et moyennes entreprises, les défaillances économiques
provoquées par le gouvernement actuel. J'ai préféré
me lancer dans l'action politique.
Plusieurs raisons peuvent expliquer mes premiers engagements politiques
et ma venue dans la politique active. Il y a d'abord l'arrivée au
pouvoir du Parti québécois qui a réveillé en moi le
désir de monter dans l'arène politique pour y mener les combats
nécessaires au mieux-être de tous les citoyens de la province.
Dès ce moment-là, je savais, en ma qualité d'homme
d'affaires, que l'économie du Québec en prendrait pour son rhume.
J'avais vu juste puisque plusieurs entreprises ont vu leur chiffre d'affaires
chuter au cours des dernières années à la suite de
l'instabilité économique créée par le gouvernement
actuel. Je suis donc venu en politique active parce que je voulais participer
activement à la renaissance économique de ma province. Je crois
humblement que mes expériences passées dans le monde industriel
sont de nature à aider à résoudre certains de nos
problèmes économiques.
J'ai cru dès le début que seul le Parti libéral du
Québec m'offrait la pensée et les moyens qui me permettraient de
réaliser mes objectifs politiques. En effet, j'ai vite fait mien
l'objectif même du Parti libéral du Québec qui consiste
à promouvoir le progrès politique, économique, social et
culturel au Québec. Le Parti libéral du Québec me
fournissait le véhicule privilégié pour exprimer mes
convictions concernant les libertés civiles et individuelles, le
changement progressif de toutes nos institutions québécoises. De
plus, le Parti libéral du Québec me proposait un passé
politique enviable. Je me souviens en effet que, de 1970 à 1976, la
performance économique sous un gouvernement libéral a permis aux
Québécois d'augmenter leur revenu personnel de 55%, soit 13,8%
par année, alors que depuis 1976, la gestion péquiste nous a valu
un maigre 9%, représentant une augmentation du revenu personnel de 1,8%
par année.
Comme homme d'affaires, je suis particulièrement
préoccupé par l'activité économique que je trouve
actuellement déplorable au Québec. Voilà une autre raison
de ma venue en politique active. Cette économie, dont toute notre vie en
société dépend tellement, s'est de plus en plus
détériorée depuis l'arrivée du Parti
québécois en 1976. C'est un dossier urgent dans toute la
province. En dépit de toutes les ressources matérielles et des
compétences voulues dont le Québec dispose, les investisseurs se
font rares, des compagnies ferment leurs portes ou fuient le Québec
tandis que dans un secteur économique aussi complexe et important que
l'agriculture, les producteurs agricoles s'endettent pendant qu'autour d'eux
des cultivateurs déclarent faillite.
Et que dire, M. le Président, des PME du Québec? Nous
entendons souvent répéter que les PME sont le moteur de notre
économie. Ce moteur est actuellement étouffé. Il ne faut
donc pas se surprendre que notre économie soit au point mort. Les PME
étouffent, en particulier sous l'amoncellement des lois et des
règlements dont nous fait cadeau le gouvernement actuel. Depuis qu'il
est au pouvoir, le Parti
québécois a adopté 721 lois, s'ingérant de
cette façon dans tous les secteurs de l'activité
économique et dans certains aspects de la vie privée des
citoyens. En 1983 seulement, le gouvernement péquiste a émis 350
règlements et en a modifié 450 qui étaient
déjà en vigueur. Cette multiplication étouffante de lois,
de réglementation et de contrôles a limité dangereusement
le pouvoir des propriétaires et des gérants de nos
entreprises.
Je suis venu en politique active parce que je crois que les
expériences économiques du Parti québécois doivent
cesser avant qu'il ne soit trop tard et que la farce a assez duré. J'ai
voulu participer personnellement en venant dans cette Chambre à
rebâtir le Québec grâce à un réalisme
économique basé sur une renaissance de l'"entrepreneurship".
Personnellement, je crois qu'il faudra moins tenter de tout gérer et
revenir à la raison première de tout gouvernement,
c'est-à-dire gouverner. Or, gouverner, selon un dictionnaire de termes
administratifs plutôt que selon un dictionnaire péquiste, c'est
pouvoir. Il ne s'agit pas d'administrer la chose publique par crise et par
catastrophe comme le fait le gouvernement actuel. Il s'agit plutôt pour
un gouvernement d'assurer un juste équilibre entre le besoin de
légiférer ou de réglementer et le besoin de favoriser
l'initiative individuelle de nos chefs d'entreprises industrielles, agricoles
et même nos entreprises de services.
Le Président: Est-ce que je pourrais vous inviter à
conclure, M. le député?
M. Fortin: Je suis encore venu en politique active afin de
pouvoir me battre en cette Chambre contre l'option constitutionnelle du
gouvernement actuel. Ce gouvernement passera à l'histoire comme celui
qui aura investi le plus sur la vanité nationale et dans
l'idéologie séparatiste indépendantiste, selon le
dictionnaire péquiste.
Le gouvernement péquiste prêche l'indépendance alors
que nous vivons dans un monde d'interdépendance. C'est de
l'égoïsme collectif. Ce sentiment d'éternels
persécutés par les gros méchants d'Ottawa, entretenu par
le Parti québécois, a fait du Québec une
société repliée sur elle-même, une province
sous-développée, un quasi ghetto. On voit de plus en plus
clairement où tout cela nous a menés: à une
économie provinciale qui se meurt et à une économie locale
agonisante.
Le long cortège d'affrontements stériles qui
découlent de l'impasse péquiste, agrémenté de son
esprit revenchard, nous a fait perdre en 1981 notre droit de veto à la
suite d'une alliance tactique entre notre premier ministre avec ceux des autres
provinces.
À ceux qui douteraient encore que le
Québec jouissait avant 1981 d'un droit de veto, je leur
rappellerai que M. Robert Bourassa, chef du Parti libéral du
Québec et prochain premier ministre, s'était servi du droit de
veto du Québec pour dire non, à la conférence
constitutionnelle de Victoria, en 1971.
Le Président: M. le député, s'il vous
plaît:
M. Fortin: Le "non" du premier ministre d'alors avait
été respecté. Je suis donc venu en politique active afin
de travailler à mettre fin à la polarisation des forces
politiques au Québec et à l'entêtement du Parti
québécois à tenter d'imposer son option
indépendantiste qui a pourtant été clairement
désavouée lors du référendum de 1980. Je veux
contribuer ardemment au rétablissement au Québec d'un climat plus
serein qui puisse permettre au Québec de projeter une image de confiance
en lui-même, une image d'ouverture et d'accueil qu'il a perdue dans le
débat complètement stérile de l'indépendance. Je ne
crains pas du tout de porter bien haut le flambeau de l'identité
québécoise... (14 h 40)
Le Président: M. le député, s'il vous
plaît! Une des règles fondamentales dans cette Assemblée
c'est, lorsque le président demande de conclure, qu'on s'empresse de le
faire. Cela fait environ cinq minutes que je vous ai demandé de bien
vouloir conclure. Je comprends que c'est votre première intervention et
je veux bien être généreux, mais je dois vous inviter
à conclure sans quoi vous risquez de "manger" du temps sur les
interventions de vos deux nouveaux collègues.
M. Fortin: Merci, M. le Président. Voilà les
principales raisons qui m'ont amené à briguer les suffrages dans
Marguerite-Bourgeoys et à accepter le défi des
responsabilités que les électeurs de ce comté ont bien
voulu me confier.
À l'occasion de mon entrée officielle en cette illustre
Chambre, j'ai également voulu vous faire part des sentiments qui
m'animent et des idées politiques que j'entends défendre dans
l'avenir.
Comme tout parti politique qui se respecte, le Parti libéral du
Québec veut fermement prendre le pouvoir. Je sais que nous serons
bientôt prêts à proposer à nos citoyens un programme
électoral qui soit de nature à obtenir l'appui d'une
majorité des électeurs. Je serai alors fier de faire partie d'un
gouvernement qui exercera au Québec un nouveau leadership et qui visera
non seulement à reprendre le temps perdu mais également à
prendre les devants. Merci.
Le Président: M. le député de Marie-
Victorin.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo! M. Guy Pratt
M. Pratt: M. le Président, M. le premier ministre, M. le
chef de l'Opposition, chers collègues des deux côtés de la
Chambre, je tiens à vous remercier pour l'accueil chaleureux que vous me
prodiguez cet après-midi. Il me fait plaisir de venir siéger ici,
d'apporter le meilleur de moi-même pour travailler au mieux-être de
mon comté de Marie-Victorin et du Québec tout entier.
Je tiens à saluer et à remercier les électeurs de
Marie-Victorin qui m'ont fait confiance. Je peux les assurer de mes loyaux
services. Il me fera plaisir de les défendre et de les
représenter le plus dignement possible en cette Chambre.
Marie-Victorin c'est à la fois la moitié de Longueuil, ma
ville natale, cette ville pour laquelle mon père s'est
dévoué pendant 30 années consécutives comme maire,
pour les intérêts des Longueuillois. Je continue à
travailler pour les meilleurs intérêts des Longueuillois.
Malheureusement on me demande une tâche impossible, M. le chef de
l'Opposition, c'est-à-dire avoir l'oeil sur mon voisin de comté
immédiat, lequel est très difficile à suivre parce qu'il
n'est pas souvent dans le comté. On le comprend. C'est une constatation
que je fais parce que c'est un pèlerin de grande classe. Je le vois
surtout à la télévision et dans les journaux.
Je pense cependant qu'on se rencontrera bientôt, parce qu'il est
question d'élections pour bientôt. On fera encore du
porte-à-porte sur le grand territoire de Longueuil. Il me fera plaisir
de le rencontrer à cette occasion-là principalement.
Marie-Victorin c'est également le nom d'un frère des
Écoles chrétiennes qui a oeuvré pendant 25 ans dans
Longueuil, de 1904 à 1929 et qui a été pour la jeunesse du
Québec, un modèle, un guide et une inspiration. Il a su inculquer
à ces jeunes le sens de l'idéal et le sens de l'excellence.
En venant dans cette Chambre, je suis porteur d'un message. Figurez-vous
que dans mon comté de Marie-Victorin, 40% de la population est
âgée de moins de 30 ans et ils m'ont dit: En allant à
Québec, essayez de parler pour nous autres; on a des problèmes;
on a des problèmes de chômage; on cherche des emplois. Pour nous,
la plupart du temps, c'est l'impasse; on est à la veille de se
décourager; essayez de faire quelque chose pour nous.
Mes amis, ce que je vais faire aujourd'hui et au cours de cette session,
c'est lancer un cri d'alarme. Les jeunes comptent sur nous. Ils veulent que
nous soyons solidaires de leurs attentes et de leurs préoccupations. Je
vous invite à ce qu'ensemble on trouve les solutions les meilleures, les
plus adéquates et les plus efficaces pour ouvrir des portes, ouvrir des
avenues, pour que les jeunes puissent avoir des raisons d'espérer en
demain. C'est pour cela que je fais cette intervention cet après-midi.
Je vous invite, de votre côté comme de ce côté-ci de
la Chambre, à mettre de côté toute préoccupation
partisane, toute visée électoraliste, afin qu'on puisse vraiment
ensemble donner aux jeunes des motifs d'espérer en demain. Mes amis,
nous n'avons pas à nous inquiéter plus qu'il ne le faut.
Je terminerai avec cette phrase non moins célèbre de cet
homme de Québec, Mgr Félix-Antoine Savard, qui disait: "Nous
n'avons pas à nous inquiéter de l'avenir; nous avons mieux
à faire; nous avons à le bâtir." Merci.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Sauvé.
M. Marcel Parent
M. Parent: M. le Président, M. le premier ministre, M. le
chef de l'Opposition, M. le leader du Parti libéral, vous me permettrez,
à l'occasion de ma première intervention à
l'Assemblée nationale du Québec, de remercier les citoyens du
comté de Sauvé qui, le 18 juin dernier, ont choisi de me
déléguer comme leur représentant à
l'Assemblée nationale du Québec. Avant d'aller plus loin, je
voudrais dès maintenant les assurer que je mettrai tout en oeuvre pour
répondre à leurs aspirations et je suis certain qu'ils
répondront et qu'ils sauront renouveler avec enthousiasme leur geste, le
moment voulu.
Ayant été élu démocratiquement, je veux
m'employer à défendre les intérêts de tous mes
commettants, nonobstant leur appartenance politique, et à faire en sorte
que la parcelle du territoire québécois dont j'ai le grand
privilège de sauvegarder les intérêts tant sur le plan
économique, social que culturel, reçoive un traitement
égal aux 121 autres circonscriptions électorales de la province
de Québec.
Depuis mon élection, M. le Président, je me suis
assigné comme tâche d'examiner sous tous ses angles la situation
de la circonscription de Sauvé et je peux affirmer dès maintenant
qu'elle n'a pas reçu toute l'attention méritée.
Sur le plan géographique, elle est composée de 56 249
personnes et on y décèle une densité de population de 7064
personnes par kilomètre carré, ce qui en fait une des plus denses
au Canada. La seule artère pour desservir tous ces gens-là, qui
les relie d'une façon fonctionnelle à la ville de
Saint-Léonard, est la rue Lacordaire.
Donc, on réalise que dans le comté de Sauvé, on
manque de ponts sur la rivière des Prairies et des voies sont
pratiquement inexistantes pour les gens qui veulent se diriger vers le
centre-sud. La population du comté de Sauvé est une population
qui souffre d'un certain isolement et, depuis près de 20 ans, elle paie
des taxes et elle attend toujours un système de transport adéquat
et efficace. Tout ce qu'elle a reçu de la part de ce gouvernement, ce
sont des promesses et un métro de surface avorté. Ce que veut la
population du comté de Sauvé, c'est un système de
transport, c'est un métro souterrain, comme tous les citoyens de
Montréal et comme les citoyens des autres banlieues.
Puisque les autorités locales et régionales sont d'accord
pour donner aux citoyens du comté de Sauvé un métro
souterrain, que le gouvernement fasse donc preuve de bonne foi, qu'il
réponde à leurs aspirations et qu'il cesse de se chicaner et de
trouver des faux-fuyants pour ne pas donner à la population du
comté de Sauvé ce qu'elle est en droit d'exiger. (14 h 50)
Sur le plan démographique, on constate que la circonscription de
Sauvé compte un certain nombre de minorités ethniques, mais ce
qui frappe davantage c'est que chez nous aussi, dans Sauvé, près
de 35% de la population se situe entre 18 et 35 ans. 20% de la population est
composée de personnes de 45 ans et plus. De ces données, il est
facile de réaliser que la population est relativement jeune et que les
problèmes d'emploi et de chômage y sont nombreux. Â cela
s'ajoute que les citoyens de Sauvé, dans un ordre de 70%, sont des
locataires. De toutes ces données: taux de chômage
élevé, fragilité de l'emploi, faible revenu,
majorité de locataires, il est facile de conclure que les
problèmes sont nombreux.
Depuis quelques années, j'ai la certitude que les citoyens de
Sauvé, la circonscription de Sauvé n'a pas reçu toute
l'attention que l'acuité de la situation aurait dû lui valoir. Son
ancien représentant était préoccupé par la chose
nationale, par la chose internationale. Il y consacrait beaucoup de temps,
beaucoup d'énergie et aussi de longs voyages. Mais les chômeurs
pendant ce temps, les assistés sociaux, les gens à faible revenu,
ont été laissés pour compte et attendent toujours de la
part du gouvernement un soulagement à leur sort. La circonscription de
Sauvé, avec 17 000 jeunes de 18 à 30 ans, les mal aimés du
régime péquiste, attend que le gouvernement au pouvoir prenne des
dispositions et prenne les moyens pour répondre à leurs
besoins.
Le gouvernement devra rendre des comptes si la situation ne change pas,
pour que toute une génération ne soit pas sacrifiée sur
l'autel d'une vague idéologie souverainiste. Le gouvernement du
Québec actuel n'ayant pas répondu aux attentes de notre jeunesse,
le Parti libéral relèvera le défi.
Vous comprendrez aussi qu'ayant oeuvré dans le domaine du sport,
des loisirs et de l'éducation, à titre de commissaire
d'école et président de la commission scolaire, ces deux dossiers
vont recevoir de ma part une attention toute particulière. Nous avons
hâte d'interroger le gouvernement sur le mode d'attribution des
subventions aux fédérations sportives. Nous avons hâte
aussi de voir comment va continuer d'agir le gouvernement en tentant, sans
l'avouer, de brimer l'autonomie des commissions scolaires. Ce sont là
d'autres dossiers auxquels nous porterons une attention toute
particulière.
Durant ma carrière dans la fonction publique, j'ai eu souvent
à déplorer et à constater que le gouvernement actuel
s'ingéniait à créer des conflits stériles avec les
autres niveaux de gouvernement, avec les gouvernements municipaux, les
gouvernements scolaires. Aujourd'hui, j'incite les gens d'en face à
faire un effort de concertation, cette concertation obligatoire qui se doit
d'exister entre tous les niveaux de gouvernement pour que chacun, dans
l'harmonie, y reçoive son avantage et aussi pour le plus grand bien de
la population du Québec.
Un autre petit message pour les gens du travail. J'ai eu la chance, au
cours de ma vie, d'agir comme président du Syndicat des cadres
administratifs de la ville de Montréal et de la communauté
urbaine. Vous comprendrez facilement que je continuerai à
m'intéresser au sort des employés de la fonction publique.
D'autant plus qu'au cours des dernières années on a tenu la
dragée haute à ces gens et le gouvernement a été
pour ceux-ci beaucoup plus tortionnaire que gestionnaire.
Mes collègues de l'Assemblée nationale peuvent compter sur
ma collaboration, mes collègues de l'Assemblée nationale d'en
face et mes collègues qui siègent de mon côté
à l'Assemblée nationale. Je les assure de mon entière
collaboration. Je me ferai toujours un plaisir de leur venir en aide. Mais
aussi je veux ajouter une chose, par exemple: c'est que je ne me ferai pas le
thuriféraire du gouvernement. Ma critique sera toujours constructive et
jamais outrancière. Avec mes collègues du Parti libéral -
je conclus - je veux travailler à bonifier les projets de loi qui seront
présentés ici à l'Assemblée nationale en ayant
toujours comme objectif le mieux-être de la population du Québec.
Considérer l'ensemble du Québec, penser plutôt aux plus
défavorisés, venir en aide à ceux qui peuvent
momentanément être en détresse, redonner aux jeunes la
confiance en l'avenir et permettre aux gens du troisième âge de
couler encore des jours heureux, de raviver l'espoir à tous ceux qui
désespèrent
de notre avenir collectif. Voilà les buts que je veux atteindre
par mon engagement en politique comme député à
l'Assemblée nationale. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président: Ce sur quoi nous allons suspendre
très exactement cinq minutes, le temps que son excellence le
lieutenant-gouvernement vienne ouvrir officiellement la session.
(Suspension de la séance à 14 h 56)
(Reprise de la séance à 15 h 1)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît! Veuillez prendre vos places. S'il vous plaît! S'il vous
plaît, veuillez prendre vos places. S'il vous plaît! S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Vos places s'il vous plaît! M. le
ministre de l'Énergie et des Ressources.
À l'ordre, s'il vous plaît! Veuillez prendre vos places et
vous lever. Veuillez vous lever s'il vous plaît.
Allocution d'ouverture de la cinquième
session
Le lieutenant-gouverneur
Le lieutenant-gouverneur: Veuillez vous asseoir.
Mesdames et messieurs de l'Assemblée nationale, j'ai l'honneur
aujourd'hui de vous souhaiter la bienvenue à la cinquième session
de la trente-deuxième Législature.
Lors de la prorogation de la quatrième session de la
trente-deuxième Législature, je vous ai souhaité un repos
et une détente bien mérités dans l'ambiance des
festivités communautaires du 450e anniversaire de l'arrivée de
Jacques Cartier à Gaspé.
J'ose espérer que mon voeu a été exaucé et
que nous revenons tous dans cette enceinte avec un enthousiasme et une
motivation qui inspireront les décisions à être prises dans
les semaines et les mois qui suivront.
D'après les témoignages entendus dans toutes les parties
du Québec que j'ai visitées durant les derniers mois,
l'été 1984 en aura été un où les
Québécois ont bien mis en pratique cette joie de vivre qui les
caractérise si bien et pour laquelle le Québec est devenu un site
choyé des nombreux visiteurs venant tant des Amériques que de
l'Europe.
Je tiens également à rappeler une visite exceptionnelle,
celle du Souverain Pontife, Sa Sainteté Jean-Paul II. Cette visite a de
toute évidence laissé sa marque profonde dans l'esprit de chacun
de nous et de tous ceux et celles qui l'ont vu et entendu, surtout lorsque la
rencontre de la foi et de la culture a été l'un des thèmes
majeurs de sa pensée et l'orientation qu'il a voulu donner à sa
visite. Il convenait que ce soit à Québec, porte d'entrée
du catholicisme en Amérique, que le pape Jean-Paul II vienne parler de
foi et de culture. Encore là, les Québécois ont
été privilégiés. Ils ont su faire un grand
succès de tous les aspects de cette visite.
Je m'en voudrais aussi de passer sous silence les succès de nos
athlètes québécois aux Jeux olympiques de Los Angeles. La
réception que la population leur a réservée lors de
manifestations depuis leur retour témoigne bien de la fierté des
Québécois envers ces jeunes qui ont réussi de façon
héroïque à certains moments, non seulement durant les Jeux,
mais surtout durant leur entraînement rigoureux, ce qui a exigé
d'eux beaucoup de sacrifices, de ténacité et de caractère.
Félicitations pour les succès obtenus et bonne chance pour
l'avenir dans leur carrière respective.
Plus récemment encore, nous avons eu une autre raison, parmi
encore bien d'autres, d'être fiers en constatant qu'un des nôtres,
Marc Garneau, a été choisi pour faire un séjour dans
l'espace. Il est normal que le lancement spectaculaire ait suscité chez
nous tous admiration, envie et fierté.
Maintenant, avec l'ouverture de cette session, le travail
législatif doit reprendre. J'espère qu'il sera productif et
s'attaquera aux domaines qui sont les plus cruciaux et les plus valorisants
pour les Québécois, afin de les aider à poursuivre leur
propre épanouissement et la réalisation de leurs aspirations les
plus chères. Je sais qu'il y en a plusieurs qui ont travaillé
laborieusement durant l'intersession et qui reviennent ici à
l'Assemblée nationale avec le désir de matérialiser dans
les plus brefs délais ce travail de réflexion et de planification
préparé durant l'été, notamment afin
d'améliorer la situation sociale et économique de notre jeunesse
québécoise. J'ose espérer que des solutions
adéquates seront trouvées et que ce sera un sujet sur lequel nous
verrons une coordination d'efforts, une collaboration et une volonté
commune d'agir de la part de l'ensemble de cette Assemblée et aussi de
la part du gouvernement fédéral.
Car il est évident que l'atmosphère des relations
mutuelles qui semblent se dessiner devrait être propice à des
gestes qui amorceront un mode de relations intergouvernementales qui
permettront à tous les Québécois de profiter de cette
relance économique et ceci, sans scepticisme et avec beaucoup
d'espérance pour l'avenir, et de pouvoir enfin vivre une entente
cordiale par des compromis honorables et constructifs que nous désirons
tous.
En terminant, j'aimerais vous rappeler qu'il y a quelques jours,
c'était le jour de
l'Action de grâces. Jetant un regard sur tout ce qui se passe sur
cette planète, il serait peut-être approprié, je crois, de
réfléchir quelques instants pour remercier la Providence de nous
avoir privilégiés si généreusement en nous faisant
héritiers d'un territoire immense, d'institutions démocratiques,
de ressources inépuisables et d'un patrimoine chèrement acquis
par ceux qui nous ont précédés. Il faut constamment
s'efforcer de ne jamais tenir pour acquis ce territoire d'abondance et de
liberté que les catastrophes n'ont jamais vraiment effleuré. Bien
au contraire, il faut, par nos actes et nos pensées, vouloir le
mériter.
Mesdames et messieurs de l'Assemblée nationale, en ouvrant
aujourd'hui la cinquième session de la 32e Législature et en
offrant mes voeux de prompt rétablissement au leader du gouvernement,
l'honorable Marc-André Bédard, ainsi qu'à tous ceux dont
la santé ne leur permet pas d'être avec nous aujourd'hui, je vous
souhaite à tous une session fructueuse, que vos débats soient
imprégnés de tolérance, de compréhension, de
lucidité et de franchise et que la divine Providence vous guide dans vos
délibérations.
Le Président: Veuillez vous asseoir. M. le premier
ministre. (15 h 10)
Des voix: Bravo! Bravo!
Discours d'ouverture M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, depuis que
nous nous sommes quittés en juin, nous avons vécu au
Québec de beaux moments à propos desquels je m'aperçois
que j'emboîte le pas à M. le lieutenant-gouverneur, mais de belles
choses méritent bien qu'on en parle deux fois, de beaux moments, donc,
de rapprochement entre nous, des moments qui nous ont aussi procuré une
très grande visibilité face à tous ces amis et
témoins de l'étranger qui regardent ce qui se passe ici et qui
apprennent de la sorte à mieux nous connaître.
Il y a eu d'abord les fêtes du 450e, inaugurées à
Gaspé et célébrées partout au Québec.
Même les difficultés de la Corporation Québec 1534-1984 ne
doivent pas nous faire oublier l'immense succès des deux temps forts de
ces événements nautiques internationaux que furent le
Rassemblement des grands voiliers et la Transat Québec-Saint-Malo ni la
réussite des activités de notre propre commissariat
général aux fêtes.
Plus près de nous, en septembre, nous avons aussi eu l'honneur de
recevoir la visite de Sa Sainteté le pape Jean-Paul II. Une "grande
rencontre" qui eut l'heur de rassembler une multitude de
Québécois et de Québécoises qui tenaient à
réserver au Saint-
Père un accueil d'une chaleur vraiment sans
précédent. Le message de paix, de fraternité et de justice
que nous a livré le pape n'a pu laisser personne indifférent.
Tous auront été marqués plus encore probablement par la
disponibilité, la franchise et la bonhommie souriante de cet homme
exceptionnel.
Nous pouvons être fiers de ces événements qui
avaient l'un et l'autre exigé beaucoup de préparation, mais dont
le succès mérité soulignait avec éclat la
façon dont le Québec sait faire les choses.
Enfin, cette présence québécoise, hors
frontières cette fois, a également accompli un grand pas de plus,
quoique de toute autre nature, avec cette longue tournée que je viens
d'effectuer en compagnie de mon collègue, le ministre des Relations
internationales et du Commerce extérieur, ainsi que d'une
impressionnante délégation de nos dirigeants d'entreprise, dont
les uns connaissaient déjà et les autres allaient, comme nous,
découvrir cette vaste région qu'on appelle couramment
l'Asie-Pacifique.
C'est par là, en particulier dans les quatre pays que nous avons
parcourus trop rapidement, de la Corée à Hong-Kong en passant par
le Japon et la Chine populaire, que résident les trois cinquièmes
du genre humain et, déjà, 40% de toute la richesse mondiale.
C'est là, par conséquent, sans compter de très anciennes
et très riches cultures, que se trouvera avant longtemps le
véritable centre économique de l'univers.
Ce que je puis dire brièvement de ce voyage, des invitations qui
l'avait précédé, de l'accueil chaleureux que nous avons
reçu, c'est que le Québec a tout à gagner à
être présent là-bas, à se faire bien connaître
et comme aussi à trouver patiemment des longueurs d'onde communes avec
ces amis de nos antipodes. D'ailleurs, cette ouverture de
l'Extrême-Orient ou cette ouverture sur l'Extrême-Orient, si on
préfère, notre société en a déjà
produit depuis longtemps de très efficaces pionniers. Ce furent d'abord
et, dans certains cas ce sont toujours, bien sûr, nos missionnaires
présents aux quatre coins du monde. Ce sont désormais et de plus
en plus nos gens d'affaires, nos entreprises, nos travailleurs qui abordent de
plus en plus sûrement tous les continents. Ce sont nos artistes, nos
athlètes, nos intellectuels qui se taillent une place enviable parmi
leurs collègues à l'étranger.
Et s'il est un bénéficiaire direct de la multiplication et
de l'intensification de ces échanges, à la fois lorsque nous
accueillons le monde chez nous et lorsque le monde nous ouvre ses portes, c'est
le Québec tout entier.
Il en découle des avantages matériels, c'est bien
évident, qui se reflètent dans les comptes du commerce
extérieur et des relations économiques internationales. Mais il
en résulte aussi cet apport excessivement précieux d'être
reconnu par d'autres dans
notre identité propre, d'être accepté comme tel et
d'être considéré comme des partenaires valables.
Ai-je besoin d'ajouter que tous et chacun des Québécois
qui assument aujourd'hui leur part de responsabilité dans ces relations
extérieures du Québec peuvent être assurés de
l'appui ferme et constant de leur gouvernement.
Nous aurons d'autre part d'autant plus de chances de réussite sur
ce terrain des interdépendances inévitables et sans cesse plus
nombreuses entre les nations du monde que nous saurons accroître
sensiblement la vitalité et la qualité de notre action nationale
dans chacune de ses entreprises et notamment dans tous ces domaines où
nous pouvons être les meilleurs. Car c'est à partir de ces
terrains d'excellence que nous pourrons faire entendre notre voix dans le
dialogue international - nous le pouvons déjà d'ailleurs de plus
en plus - et avec la chance la plus sérieuse d'être entendus et
surtout appréciés.
Ce défi-là qui est celui de l'excellence, nous n'y
échapperons pas. C'est en fait le défi de notre époque, de
notre génération qui passe. C'est le défi de toutes les
sociétés du monde comme de la nôtre. Et nous avons
commencé à le relever avec suffisamment de succès
déjà pour savoir qu'il est à notre taille, pour peu qu'on
ait nous-mêmes la confiance en soi nécessaire et la volonté
de réussir.
Voilà, en fait, l'environnement complexe et férocement
concurrentiel dans lequel le Québec est placé et qui nous dicte
les conditions auxquelles nous pouvons réaliser un développement
vraiment contemporain. Voilà du même coup le cadre
général du travail qu'il nous faut accomplir ici à
l'Assemblée nationale comme au gouvernement.
C'est d'ailleurs sur cette voie de la modernité, dont nous vivons
les exigences depuis un quart de siècle maintenant, que se situent la
besogne essentielle et les principaux accomplissements des deux
dernières années. La chronique en retiendra surtout l'effort
persistant de toute notre société et de son État pour
appuyer aussi bien et aussi fort que possible des mesures de relance qui nous
permettaient non seulement de sortir de la crise économique qui a
secoué si fortement les pays d'Occident à compter de 1981, mais
aussi et en même temps de jeter les bases d'un développement
susceptible de placer désormais le Québec dans le peloton de
tête des provinces canadiennes.
L'image par excellence de cet effort de tous, de tous ceux en tout cas
qui pouvaient mettre l'épaule à la roue, au-delà
même de la stricte poursuite de leurs seuls avantages personnels et
immédiats, c'est Corvée-habitation. Parce que des dizaines et des
dizaines de milliers de Québécois et de
Québécoises ont pu en voir et en sentir les effets
concrets partout, dans toutes nos régions. Mais cette image, si
brillante soit-elle, est loin de résumer à elle seule tout ce qui
a été mis et qui demeure en place pour intensifier la relance et
le développement de notre économie.
Le Québec est en effet entré dans la reprise
économique plus tôt et avec plus de vigueur que l'ensemble
canadien. J'en veux pour preuve des données très simples et
déjà largement diffusées sur le taux de chômage et
sur l'investissement, qui témoignent de ce qui est en train de se
passer.
Comparons-nous un instant à l'ensemble canadien qui vit le
même environnement international et le même environnement
fédéral que nous. Alors qu'il y avait toujours eu de 25% à
50% de chômeurs de plus au Québec que dans le reste du Canada et
ce, depuis plus d'un quart de siècle, quels que fussent les
gouvernements, l'écart n'était plus que de 14% au dernier
trimestre. Il est vrai que cela reflète en partie là stagnation
profonde qui étreint malheureusement l'Ouest canadien et les provinces
atlantiques. Mais cela reflète encore et surtout les efforts d'entraide
et de relance économique déployés par tous les
Québécois, efforts que le gouvernement a appuyés avec tous
les instruments à sa disposition. Car, contrairement aux Ontariens, qui
ont pu bénéficier notamment du grand boom nord-américain
tout récent dans la vente d'automobiles, nous, au Québec, avons
surtout dû compter sur nos propres moyens. (15 h 20)
Les résultats acquis à ce jour en sont d'autant plus
méritoires. Ces résultats, ils sont particulièrement
spectaculaires sur le plan de l'investissement privé. Hormis
l'habitation, où nous avons récolté les résultats
encourageants que l'on sait, on prévoit, en effet, que l'investissement
privé aura augmenté en 1984, cette année, de 22,5% au
Québec par comparaison avec 2% dans le reste du Canada. En somme, les
deux tiers de la hausse au Canada cette année sont concentrés au
Québec. Le rendement est particulièrement impressionnant dans le
secteur manufacturier, où l'on prévoit une croissance des
investissements de plus de 40% cette année, l'aluminium, le papier et la
chimie constituant les principales locomotives. Nous ne sommes pas peu fiers,
comme gouvernement, d'avoir donné dans plusieurs cas le coup de pouce
nécessaire qui a aidé nos entreprises à réaliser
cette remarquable performance.
Bien sûr, nous n'avons pas l'intention d'en rester là, ni
à nous féliciter des succès passés ou
présents. La situation de l'emploi s'est améliorée et le
taux de chômage a baissé sensiblement depuis deux ans. Mais le
chemin qu'il reste à parcourir avant qu'il ne soit redescendu à
un niveau humainement
tolérable est encore long. Ce qui importe le plus pour nous,
c'est d'aider l'économie à créer des emplois pour les
chômeurs qui restent. C'est qu'on finisse par arriver à une
situation où, dès que possible - et c'est possible - il y aura
moins de chômeurs ici que n'importe où ailleurs au Canada. 11
s'agit, encore une fois, d'une entreprise collective dans laquelle tous les
Québécois sont partenaires. Mais le gouvernement doit
évidemment fournir tout l'appui qui est requis. Comment concevons-nous
le sens de notre action dans l'économie? Il y aurait plusieurs
manières de l'exprimer, mais je crois pouvoir le résumer, en tout
cas au départ, dans cet objectif très simple, mais pas facile
à réaliser qui est de maintenir l'équilibre, de maintenir
l'équilibre à un moment où les extrêmes essaient de
nous faire basculer dans des solutions miracles, utopiques comme toutes les
solutions miracles, inapplicables et le plus souvent contradictoires.
Il y a, par exemple, ceux qui pensent que deux années de reprise,
même limitée, sont suffisantes pour permettre de recommencer
l'extraction à outrance de tous les fruits de l'activité
économique. D'autres, au contraire, se confinant à une vision
défaitiste, croient que le profil de l'emploi et de la croissance
demeurera plat dans tout l'avenir prévisible, et ils se contenteraient,
pour ainsi dire, de mieux partager les restes. Entre ces deux extrêmes,
nous pensons que la reprise de l'emploi et du niveau de vie est encore trop
fragile, que les contraintes économiques sont trop lourdes et que les
défis du changement et de la concurrence extérieure sont trop
importants pour que nous nous mettions à tous recommencer "comme avant".
Mais nous sommes, cependant, résolument optimistes face à
l'avenir. Nous avons l'audace de croire fermement que le Québec, en
collaboration avec ses partenaires, c'est-à-dire le gouvernement avec
les travailleurs, les entreprises, les municipalités et les autres
gouvernements du Canada, peut exercer une action déterminante sur la
création de nouveaux emplois par l'usage éclairé de ces
instruments d'action que sont, par exemple, la fiscalité, la
sécurité du revenu, l'éducation, la formation
professionnelle et l'aide à l'investissement.
Par ailleurs, malgré les difficultés que subit encore
l'économie, certains continuent de limiter leur discours à la
bonification indéfinie des programmes sociaux. D'autres, au contraire,
nous invitent à oublier pour l'instant le progrès social, voire
à sabrer carrément dans les acquis des 25 dernières
années. Entre ces deux extrêmes, nous pensons que notre
responsabilité est double et indivisible. Nous devons agir par tous les
moyens afin d'aider l'économie à créer l'emploi et la
richesse, mais nous avons le devoir de continuer aussi à veiller
à ce que cette richesse soit partagée adéquatement et
à ce que la lutte contre la pauvreté passe plus directement par
la préparation à l'emploi et par l'offre d'emplois nouveaux.
Enfin, face à la lenteur de la croissance de l'emploi, d'aucuns
voudraient que l'État accentue son intervention directe dans
l'économie en créant lui-même massivement de nouveaux
emplois publics et en orientant l'investissement industriel de façon
dirigiste. D'autres, très simplement, nous invitent plutôt
à revenir à un laisser-faire intégral. Entre ces deux
extrêmes, nous croyons que l'État a pratiquement atteint sa taille
de croisière et que la création d'emplois revient primordialement
à l'économie privée. Mais nous pensons que nous devons, en
revanche, jouer un rôle plus actif que jamais dans la création
d'un environnement fiscal, éducatif, législatif et financier
propre à libérer le secteur privé de certaines
rigidités économiques et sociales, à promouvoir la
résolution rapide et honorable des divergences entre les groupes et
à mousser ainsi la capacité concurrentielle de nos entreprises
qui seule permet d'augmenter l'embauche de façon durable.
Bref, il faut savoir dégager au plus tôt les lignes
directrices d'une action commune -État, entreprises et travailleurs -
pour affronter avec les meilleures chances de succès le défi de
la concurrence extérieure. Au Québec, on peut le réussir
à condition de le faire en rang serré comme ça se fait
déjà ailleurs dans le monde.
Dans ce contexte, avec ces impératifs et ces contraintes, quel
programme d'action avons-nous préparé pour les mois qui viennent?
J'aimerais d'abord indiquer deux axes auxquels le gouvernement, à la
suite de sa réunion spéciale à Fort-Prével, le mois
dernier, a décidé d'accorder la plus haute priorité: le
programme d'action que nous avons baptisé "Place aux jeunes" et qui aura
pour objectif de mobiliser les efforts de tous, à commencer par ceux de
l'État, pour créer de l'emploi pour notre jeunesse et le
programme de mise en valeur du milieu aquatique et tout spécialement de
nos "bords de l'eau" qui viendra améliorer de façon sensible la
qualité de notre environnement.
Rappelons brièvement cette triste constatation fondamentale: les
jeunes ont traditionnellement à subir un taux de chômage plus
élevé que les autres et ils essuient en période de
récession des pertes d'emplois plus nombreuses que la moyenne. En
1981-1982, par exemple, 60% des emplois perdus l'ont été par des
jeunes de 15 à 24 ans.
Nous avons cependant plusieurs raisons d'être optimistes pour
l'avenir du côté de l'emploi des jeunes. D'une part, leur
situation étant particulièrement sensible à la conjoncture
générale, toute amélioration de
l'emploi dans l'ensemble de l'économie a des répercussions
favorables bien supérieures à la moyenne pour les jeunes
justement. Pendant la période de reprise qui s'est amorcée, par
exemple, leur taux de chômage est passé de 27% à
l'été 1982 à 19% l'été dernier,
l'été qui s'achève.
D'autre part, les jeunes Québécois persistent - on parle
beaucoup de "dropout", de décrocheurs - si on regarde l'ensemble de la
situation, de plus en plus dans leurs études et à des niveaux de
plus en plus avancés. La tendance, bien sûr, est en partie
reliée à la situation économique. Mais elle constitue
encore et surtout une véritable vague de fond. Elle se manifeste avec
une vigueur particulière parmi les jeunes femmes qui envahissent en
nombre sans cesse croissant les collèges et les universités. Or,
ce qui fait partout la différence dans le nombre, la qualité et
la stabilité des emplois, c'est la qualité des ressources
humaines des nations. C'est pourquoi il y a lieu de se réjouir de ce
développement extraordinaire de la fréquentation et de la
continuation scolaire au Québec.
Si l'avenir s'annonce plus favorable que le présent pour l'emploi
des jeunes, il ne faut pas oublier tout de même que nous vivons dans le
présent. Malgré l'amélioration récente de la
situation, encore trop de jeunes - tout près d'un sur cinq - sont en
chômage. C'est notamment le cas de ceux qui sont peu scolarisés et
qui éprouvent de graves difficultés à passer de
l'école - de l'école inachevée surtout - au travail. Leur
situation exige donc une attention toute spéciale. (15 h 30)
Ce problème n'est pas particulier au Québec. Il est commun
à toutes les sociétés occidentales et toutes font des
efforts pour y remédier. S'il est un enseignement qui se dégage
des expériences multiples faites dans le monde entier, c'est que le
succès à cet égard vient de l'addition de toute une gamme
de mesures - autrement dit, il n'y a pas de recette miracle - s'adressant
à des clientèles diversifiées et faisant appel à
l'ensemble des agents économiques.
Au Québec, nous avons pris une certaine longueur d'avance sur nos
voisins en ce qui concerne la création de cette indispensable panoplie
de mesures. En effet, une partie importante de notre plan de relance avait
précisément cet objectif en vue. Les programmes les mieux connus
en sont probablement ceux qui s'adressent d'abord aux jeunes assistés
sociaux: le retour aux études, les stages de formation et les travaux
communautaires, socialement utiles. Mais il y en a plusieurs autres, comme le
programme de soutien à l'emploi scientifique, le programme Jeunes
volontaires, l'intégration de stagiaires en science dans les
entreprises, l'aide aux jeunes professionnels de la culture, le programme
UNI-PME, les bourses d'affaires pour les jeunes entrepreneurs, etc. Tous ces
programmes sont maintenant bien en marche; ils ont d'ailleurs
déjà rejoint - ce sont les derniers chiffres que j'ai pu me
procurer - quelque 20 000 jeunes. Nous commençons donc à avoir
dans ce domaine toute une variété d'instruments
intéressants, dont nous avons pu commencer à tester
l'efficacité et que nous pouvons désormais améliorer et
amplifier de façon à donner des résultats encore
meilleurs, bien sûr. C'est ce que nous allons faire au cours de
l'année qui commence et, en fin de compte, cela devrait dégager
une politique d'ensemble dont voici les trois objectifs principaux:
premièrement, préparer les jeunes à l'emploi en augmentant
au maximum ce qu'on pourrait appeler leur "employabilité";
deuxièmement, créer de nouveaux emplois qui, dans toute la mesure
du possible, soient des emplois permanents; troisièmement, aider au
partage de l'emploi existant de façon à faire une place plus
importante aux jeunes au sein de notre main-d'oeuvre active.
Jusqu'à maintenant, nous avons surtout mis l'accent sur le
premier et le deuxième de ces objectifs; désormais, tout en
consolidant et en accélérant nos efforts sur la formation et la
création, sur la formation des personnes et la création d'emplois
nouveaux, nous amorcerons avec nos partenaires certaines actions visant
à un meilleur partage de l'emploi.
Les mesures concrètes que nous avons mises au point - je peux
vous dire que c'est laborieux comme exercice, parce qu'il s'agit quasiment d'un
changement de mentalités jusqu'à un certain point - pour
atteindre ces objectifs seront annoncées d'ici peu par les ministres
concernés et responsables. Elles exigeront, bien sûr, un effort
additionnel de la part de l'État, mais elles requerront surtout une
mobilisation des agents sociaux et, comme je viens de le dire, un certain
changement des mentalités. Si nous voulons vraiment faire place à
nos jeunes, nous devrons tous collectivement en prendre les moyens.
Je suis heureux de pouvoir dire à cet égard qu'à la
suite des consultations conduites par notre collègue, Mme Pauline
Marois, nous avons reçu des associations, tant syndicales que
patronales, un accord de principe pour engager un dialogue de concertation
productif sur la création d'emplois pour les jeunes...
Merci... Nous sommes assurés que cet effort concerté
pourra, selon la volonté des partenaires, donner lieu
éventuellement à d'autres discussions touchant les
problèmes d'emploi qui affectent encore de trop nombreux citoyens des
autres groupes d'âge.
Cela dit, à la toute veille de cette
Année internationale de la jeunesse, dont les seuls vrais
propriétaires sont les jeunes eux-mêmes, et d'ores et
déjà les concepteurs et les artisans, nous nous trouverons dans
un contexte éminemment favorable pour agir au coude-à-coude avec
eux, avec tous ceux et celles en tout cas qui le voudront bien,
c'est-à-dire non seulement en considérant nos jeunes comme des
partenaires de plein droit dès aujourd'hui, mais aussi comme ceux et
celles qui sont destinés à assumer la direction et tout le destin
du Québec de demain. C'est une occasion à saisir pour s'engager
à agir ensemble sur des choses durables et qui auront un impact bien
au-delà de 1985.
Le gouvernement, pour sa part, compte bien ne rien ménager pour
faire de cette année internationale non seulement une occasion de
souligner un événement qui passe, mais une chance unique de
commencer sérieusement à mettre l'avenir sur les rails.
Le deuxième projet majeur ou le deuxième axe majeur que
nous avons défini pour les 12 ou 18 prochains mois sera
l'amélioration de la qualité de l'environnement au moyen d'un
vaste programme de mise en valeur du milieu aquatique. Car, d'une
manière générale, la qualité de l'environnement
dépend en bonne partie sinon pour la plus grande partie de la
qualité de l'eau et des zones riveraines et de leur utilisation à
de multiples usages. C'est dans l'eau que la pollution se remarque plus vite et
que la dépollution se voit aussi le plus rapidement. Autant nous nous
sommes mis à dédaigner nos rivières et nos lacs
pollués, autant nous y revenons vite dès que la couleur et
l'odeur de l'eau redeviennent naturelles. Nombre d'expériences locales
le prouvent déjà d'ailleurs.
Le programme d'assainissement des eaux, de même que la diminution
à la source de la pollution de sources industrielle et agricole, est une
condition préalable de toute évidence à cette
réappropriation. Or le rythme de mise en oeuvre de ce programme s'est
dramatiquement accéléré; sur le total estimatif du
coût du programme de 4 700 000 000 $, les conventions déjà
signées avec les municipalités s'élèvent à 3
500 000 000 $. Il est donc grand temps de passer à la mise en valeur de
toutes ces eaux qui sont déjà ou qui seront très
bientôt dépolluées.
Ce n'est pas d'hier qu'il existe une très forte demande pour un
tel programme. Dans certains bassins versants, des organismes sans but lucratif
ont commencé à susciter des projets et à sensibiliser la
population aux pertes qu'engendre l'impossibilité d'utiliser l'eau
à des fins multiples, notamment dans le bassin de la rivière
Saint-François, dans ceux de la Jacques-Cartier et, comme chacun sait -
on en a assez entendu parler - dans celui de la rivière l'Assomption. En
outre, plusieurs municipalités ont des projets visant
l'amélioration de la qualité des rives et de l'accès
à l'eau que, seules, elles ne peuvent réaliser que très
timidement. Dans ces conditions, on peut prévoir un démarrage
rapide. Le besoin d'un grand nettoyage de nos rives est largement reconnu et
des projets d'aménagement peuvent sûrement être
réalisés dès l'an prochain.
Le programme visera à améliorer l'état des rives,
à en faciliter l'accès et à y installer certains
équipements de base, de manière que le plus grand nombre possible
de nos concitoyens puissent enfin jouir du milieu aquatique exceptionnel qui
est le nôtre, mais qu'on a trop et trop longtemps négligé.
Ce qui est en cause ici, c'est tout l'accès à nos espaces bleus.
La maîtrise d'oeuvre de ce programme sera confiée principalement
aux municipalités et aux communautés urbaines et les lois
municipales seront donc amendées en conséquence. La plus grande
part du financement sera assumée par le gouvernement. Les
dépenses d'ordre immobilier qui peuvent être capitalisées
seront incluses dans le coût des projets d'assainissement des eaux
là où ces projets existent.
En ce qui concerne le nettoyage des rives, le gouvernement entend faire
appel non seulement à l'appui des municipalités, mais aussi au
dynamisme des initiatives communautaires et à celui de la jeunesse tout
particulièrement qui manifeste depuis plusieurs années la
volonté de s'y impliquer.
Il va sans dire que cette action s'intégrera dans la
région de Montréal - je le dis en particulier pour le nouveau
député de Sauvé qui en parlait curieusement tout à
l'heure - au projet du parc national de l'Archipel.
Je m'excuse - j'ai confondu - il s'agissait du député de
Marguerite-Bourgeoys. C'était curieux quand même. (15 h 40)
Voilà maintenant plus de deux ans que la réflexion est
sérieusement engagée sur ce projet qui vise à garantir la
mise en valeur optimale des eaux et des rives de la région de
Montréal, de la métropole. Très bientôt, donc, nous
serons en mesure d'intervenir pour assurer la protection et la mise en valeur
d'un site géographique, l'ensemble de cet archipel qui, en plus
d'être vraiment l'un des plus merveilleux du continent, est celui
où se concentre la population urbaine à la fois la plus dense et,
hélas, la moins favorisée du Québec en termes d'espaces
verts ou bleus.
J'en viens maintenant, M. le Président, au programme
économique général du gouvernement. J'en fixerai d'abord
l'objectif d'ensemble, pour dire ensuite les moyens que nous comptons employer
pour y parvenir.
S'il fallait caractériser d'un seul mot l'objectif principal de
notre tâche pour toute l'année qui vient, il en est un que je
choisirais sans hésitation: c'est tout bonnement - et chacun
l'aura deviné: l'emploi. La lutte contre le chômage demeure
l'obsession centrale du gouvernement et de la majorité parlementaire,
tout comme elle est inévitablement celle de nos concitoyens et de nos
concitoyennes, tout comme elle doit être la préoccupation
numéro un de tous les élus du peuple sans exception.
Or, toute politique sérieuse de création d'emplois
implique à nos yeux un objectif central qui est celui de la
compétitivité de l'économie du Québec, ce qui
requiert un mode d'action privilégié: la coopération entre
les partenaires socio-économiques. Et enfin, il faut viser des cibles
immédiates, c'est-à-dire les jeunes chômeurs et l'ensemble
des jeunes sans emploi dont je parlais il y a un instant, les travailleurs
déclassés par le changement technologique et les femmes dont
l'accès à toute la gamme des métiers et des professions a
encore besoin - et très grandement besoin - d'être
élargi.
Il y a à ce propos quelques vérités de La Palice
qu'on doit toujours garder à l'esprit.
Pour créer plus d'emplois, il faut que les entreprises produisent
plus de biens et de services. Pour produire plus, elles doivent susciter une
demande pour leurs produits, demande à laquelle il faut pouvoir
répondre au meilleur prix; sans oublier, évidemment, l'impact
souvent imprévisible de l'environnement international, des taux
d'intérêt, du taux de change et du budget fédéral,
à propos desquels nous pouvons désormais à tout le moins
discuter de façon constructive avec nos interlocuteurs
fédéraux.
Mais le soutien à la compétitivité industrielle
exige aussi une toute nouvelle conception du rôle économique de
l'État. Toute action économique de l'État, si
désirable soit-elle, doit éviter d'imposer aux entreprises
québécoises un gonflement de leurs coûts qui risque de les
déclasser par rapport à la concurrence, ce qui ne servirait
qu'à détruire des emplois.
Il découle de là des conséquences qui touchent
toute l'activité gouvernementale: la fiscalité des particuliers
comme des entreprises, les charges fiscales sur les salaires, les
réglementations du travail, de la santé et de l'environnement;
l'éducation, la formation professionnelle et le recyclage, la recherche
et le développement, le changement technologique, le climat social et
tout le reste. Dans ces matières, toutes ces matières, le
gouvernement est prêt à toute mesure raisonnable qui permette
à la compétitivité économique de devenir vraiment
l'objectif primordial qu'elle doit être. Ce qui implique à
l'évidence aussi que toutes les parties concernées se parlent, se
comprennent et s'efforcent sans cesse de coopérer les unes avec les
autres.
Pour sa part, en toute occasion, le gouvernement va s'employer à
aider les partenaires sociaux à aplanir leurs divergences et à
renforcer la collaboration; ce qui s'appliquera tout aussi bien aux relations
fédérales-provinciales qu'aux relations patronales-syndicales et
aux relations de travail que l'État entretient avec ses employés
ou qu'il établit avec les entreprises.
Par ailleurs, une des grandes difficultés que rencontre un effort
de productivité maximale est la contradiction apparente entre la
poursuite du plein emploi, qui doit demeurer l'objectif central de toute
société civilisée, et cette nécessité du
progrès technologique qui tend, si j'ose dire, à
"économiser" les travailleurs.
Au niveau de l'ensemble de l'économie, il n'y a pas de
contradiction, car la réduction des coûts qui découle d'une
meilleure productivité libère un pouvoir d'achat que les
consommateurs peuvent alors employer ailleurs tout en permettant une expansion
des exportations ou une réduction des achats à l'étranger.
Mais pour l'entreprise qui est directement affectée par le changement,
l'économie d'emplois déplace forcément des travailleurs
qui doivent tâcher de se trouver une nouvelle occupation. Ce qui implique
nécessairement le recyclage des travailleurs, recyclage qui
nécessite l'aide appropriée de l'État, du monde de
l'éducation et de l'entreprise elle-même en plus, bien sûr,
de l'acceptation du changement par les travailleurs. Car le refus
systématique du changement n'aurait pour résultat que de conduire
tout bêtement à la perte de tous les emplois et non pas d'une
partie et au déclassement de l'entreprise.
Nous devons donc absolument continuer à
régénérer, dans toute la mesure du possible et avec la
plus grande persistance, bon nombre de nos secteurs économiques. Une
régénération qui passe nécessairement par quatre
voies aussi essentielles qu'étroitement interreliées:
l'utilisation optimale de nos richesses naturelles, l'ouverture dynamique aux
technologies nouvelles, le développement accéléré
de notre aptitude à exporter et, finalement, la mise en place d'une
fiscalité des particuliers qui reconnaisse plus équitablement
l'effort productif de chacun.
D'abord, la pleine utilisation de l'atout déterminant que
constituent nos richesses naturelles. Contentons-nous pour l'instant de
quelques mots au sujet de ce que nous comptons faire dans les domaines de
l'agriculture, des pêcheries, de l'hydroélectricité, des
mines, des transports et du tourisme.
Dans le domaine de l'agriculture, nous allons accentuer nos efforts
touchant la culture des céréales et l'élevage du boeuf de
boucherie, tout en mettant au point un programme nouveau de culture
horticole.
Nous croyons notamment être en mesure de rééditer,
dans le domaine de la serriculture, l'exploit sans précédent
d'avoir réussi à peu près à tripler notre
production céréalière entre 1977 et 1984. Les
Québécois ont développé au cours des
dernières années une expertise originale dans le domaine de la
production en serre, une production, faut-il le rappeler, qui apporte une
réponse adéquate aux limites que nous impose notre climat. Pour
connaître sa pleine expansion, ce secteur a maintenant besoin d'un
accès privilégié et d'un accès sûr à
une source d'énergie économique, fiable et dont les coûts
soient stables sur une longue période. Ai-je besoin de vous faire
deviner qu'il s'agit tout bonnement de l'électricité? On va donc
s'appliquer à définir une nouvelle politique de tarifs
préférentiels pour tout ce secteur de notre production
agro-alimentaire afin d'en appuyer solidement la croissance.
Dans le secteur des pêches, nous poursuivrons notre action de
modernisation des usines et des bateaux, et les efforts constants pour
améliorer la qualité de nos produits, ce qui est la condition
absolument sine qua non d'une pénétration solide des
marchés extérieurs de même que de notre propre
marché d'ailleurs. Nous allons donc nous doter d'instruments
adéquats de commercialisation en espérant d'autre part qu'on aura
bientôt réglé le chaos administratif créé par
l'ancien gouvernement fédéral.
Du côté des forêts, nous continuerons la mise en
place, bien sûr, du programme intensif de reboisement que nous avons
annoncé l'an dernier. D'autre part, après avoir publié en
juin une problématique d'ensemble au sujet d'une nouvelle politique
forestière, le ministre de l'Énergie et des Ressources poursuit
actuellement des consultations avec tous les principaux intervenants du
secteur. Dès les prochains mois, le gouvernement fera connaître
les éléments majeurs de cette nouvelle politique axée sur
la pérennité et le rendement continu de la ressource afin
d'assurer la vitalité économique et surtout la confiance en
l'avenir de notre industrie forestière.
En outre, il est de notre intention d'entreprendre sans tarder des
discussions avec le nouveau gouvernement fédéral pour en arriver
au renouvellement de l'entente auxiliaire sur le développement forestier
qui nous permettrait de disposer des moyens supplémentaires qui sont
requis pour accélérer encore la mise en valeur de notre
énorme potentiel forestier. (15 h 50)
En matière d'hydro-électricité maintenant, notre
politique de mise en valeur de cet énorme avantage comparatif du
Québec à des fins de développement industriel commence
déjà à porter ses fruits - je pense que tout le monde le
sait - notamment, comme nous l'avons vu, dans le secteur de l'aluminium; et
nous avons pleine confiance que d'autres grands utilisateurs profiteront de
plus en plus nombreux de la politique innovatrice que nous venons de rendre
publique en ce qui a trait à la stabilisation à long terme des
tarifs industriels. Après les années soixante et soixante-dix,
qui furent les grandes périodes de construction, jusqu'à nouvel
ordre, les années quatre-vingt se présentent jusqu'à
présent comme celles de la vente et de l'écoulement de notre
électricité, d'abord et avant tout pour stimuler notre propre
développement économique, mais aussi, quand les conditions sont
acceptables, sur les marchés extérieurs. Nous avons connu de
francs succès dans cette campagne de vente. En 1979 - il y a cinq ans -
Hydro-Québec avait exporté quelque 16 500 000 000 de
kilowattheures d'électricité et encaissé des revenus de
221 000 000 $. En 1983, quatre ans plus tard, nos ventes à
l'extérieur atteignaient 19 500 000 000 de kilowattheures et, compte
tenu de bien meilleurs prix, elles nous ont procuré plus que le double
des recettes de 1979, soit 528 000 000 $.
Des voix: Merci, Robert!
M. Lévesque (Taillon): Pendant ce temps, depuis 1981, nous
avons signé plusieurs grands contrats d'exportation ferme avec les Etats
de New-York, du Vermont et de la Nouvelle-Angleterre. On prévoit que ces
contrats engendreront des recettes presque triplées, soit d'environ 1
500 000 000 $ en 1988.
Cet effort de vente, nous entendons le poursuivre avec vigueur et
prudence à la fois, compte tenu des besoins propres - qui, on
l'espère, vont augmenter sans cesse - du marché
québécois lui-même. Car, pour pouvoir construire encore, il
nous faut être assurés de pouvoir vendre davantage. Encore une
vérité de La Palice mais que d'aucuns ont tendance parfois
à oublier. Faire l'inverse serait mettre la charrue devant les boeufs et
entraînerait un risque financier trop considérable pour
Hydro-Québec, pour le gouvernement et pour les contribuables
québécois.
Dans cette perspective, nous avons demandé à
Hydro-Québec de revoir sa stratégie de développement en
tenant compte non seulement du marché québécois dans son
ensemble mais aussi de tous nos marchés potentiels.
M. Fortier: C'est dans la loi.
M. Lévesque (Taillon): Le résultat de cette
opération fera l'objet d'un débat public au cours du printemps
prochain.
Quant au secteur minier, le Québec y traverse depuis quelques
années une crise
majeure, comme la plupart des autres pays producteurs. En fait, le
déclin de l'industrie minérale au Québec aurait
été catastrophique si le gouvernement n'était intervenu
par des politiques fiscales qui favorisent tout particulièrement
l'exploration minière de même que par d'importantes subventions au
développement de l'industrie dans le cadre du programme
d'accélération des investissements privés. Ainsi, au cours
des 18 derniers mois, ces efforts ont permis le déclenchement de plus de
700 000 000 $ de projets, dont 530 000 000 $ dans les seuls secteurs du cuivre,
du zinc et du fer titane.
Des voix: À Gagnon.
M. Lévesque (Taillon): De même les programmes
d'exploration minière et les avantages fiscaux ont permis de relancer
l'industrie de l'or qui est devenue la première production
minérale du Québec pour l'instant. Afin d'appuyer encore
davantage ce segment vital de notre économie, le gouvernement
entreprendra une refonte de sa Loi des droits sur les mines, de façon
à éliminer certaines contraintes qui freinent le
développement, et on publiera aussi les éléments d'une
nouvelle politique générale mise au point en étroite
collaboration avec l'industrie privée.
Pour ce qui est des transports, le gouvernement continuera de favoriser
la rationalisation des transports aériens au niveau régional et
favorisera une déréglementation ordonnée du transport par
camion. À la suite du rapport du Projet Saint-Laurent, on verra
également à mettre en valeur comme jamais l'atout exceptionnel
que constitue notre grande voie de communication qui situe le Québec au
coeur des échanges entre l'Europe et la vaste région industrielle
des Grands Lacs.
Déjà, le Québec participe depuis plus d'un an aux
réunions du Great Lakes Council of Governors, qui regroupe huit
États américains et l'Ontario, ainsi qu'au Forum maritime
Saint-Laurent-Grands Lacs qui travaille à la promotion du Saint-Laurent
et des Grands Lacs comme axe de commerce international. Il faut
maintenant...
M. Bisaillon: M. le Président, question de
privilège. Je m'excuse, M. le Président...
Le Président: Vous connaissez les règles concernant
la question de privilège en ce lieu. Il n'y a rien à l'heure
actuelle qui porte atteinte à vos privilèges et on n'interrompt
pas le discours d'ouverture de la session de cette manière-là,
à moins que vous ayez un privilège dans la loi, dans la coutume,
sur lequel vous vous basez et je vous prierais de m'indiquer quel est ce
privilège à l'heure actuelle.
M. Bisaillon: Le privilège, M. le Président, qui
existe dans la coutume, c'est qu'au moment où le premier ministre lit le
message inaugural, tous...
Le Président: Ce n'est absolument pas un privilège,
M. le député, et vous le savez très bien. M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je regrette
que le nombre de copies disponibles n'ait pas été suffisant, mais
cela devrait être réparé dans quelques instants.
Cela dit, je rappelle que, depuis plus d'un an, le Québec
participe aux réunions de ce qu'on appelle le Great Lakes Council of
Governors, avec huit États américains et l'Ontario, et aussi au
Forum maritime Saint-Laurent-Grands Lacs qui travaille à cette promotion
que j'évoquais du Saint-Laurent et des Grands Lacs comme axe de commerce
international. Il faut maintenant nous assurer que le Québec disposera
de l'expertise nécessaire pour jouer son rôle de promoteur du
Saint-Laurent en nous donnant les outils d'information, de promotion et de mise
en valeur d'un atout que nous envieraient et que nous envient d'ailleurs bien
des régions du monde.
Un mot, enfin, de cette ressource naturelle, car c'en est une, qui a
été dans le passé et qui est encore aujourd'hui - mais on
espère corriger cela rapidement - largement inexploitée, et c'est
notre potentiel touristique. Il s'agit d'un domaine hautement créateur
d'emplois, d'un domaine qui met en valeur non seulement la beauté de
notre pays, mais aussi l'hospitalité et l'originalité de notre
peuple. La création prochaine d'un véritable ministère du
Tourisme devrait s'avérer un puissant levier dans la mesure où il
épaulera les efforts multiples des gens qui, dans toutes les
régions, oeuvrent déjà à divers titres au
développement de l'industrie touristique.
Voilà pour cet ensemble de secteurs qu'on peut qualifier de
traditionnels, à condition de ne pas oublier l'importance
déterminante qu'ils conservent dans toute économie qui se veut
bien équilibrée.
Brièvement, passons maintenant à notre deuxième
grande perspective de développement économique, celle que nous
dictent les activités nouvelles et proprement révolutionnaires
d'un monde qui abordera aux rives du XXIe siècle dans à peine
quinze ans. Et là, il y a tout un défi, pour nous comme pour tous
les gens du monde, celui de se mettre aux nouvelles techniques, aux nouvelles
façons de faire, aux nouveaux tours de main et aux nouveaux tours de
pensée, à toutes ces prospections qui se poursuivent partout dans
le monde, à un rythme et en nombre sans cesse croissants.
Nous pouvons d'ailleurs heureusement compter sur plusieurs acquis de
taille qui
sont d'ores et déjà des retombées
concrètes.
Les diverses mesures de notre plan de relance concernant la recherche et
l'innovation sont toutes réalisées ou en voie de l'être. En
particulier, l'objectif de doubler le personnel scientifique et technique
disponible pour les PME du Québec en quatre ans sera
réalisé plus rapidement que prévu, puisque après
six mois, 80% de l'objectif de l'année en cours est déjà
atteint. Quant aux sept nouveaux centres de recherche appliquée que nous
annoncions, que nous évoquions, le Centre québécois
d'informatisation de la production a déjà commencé ses
activités. La Société de la Maison des sciences et des
techniques vient également d'être constituée et doit
commencer ses activités dès la fin de ce mois-ci, la fin du mois
d'octobre.
Du côté des secteurs traditionnels, par ailleurs, nous
avons mis en place des centres de productivité dans les secteurs du
vêtement, du textile, du meuble et du bois ouvré, ainsi que, tout
récemment, le Centre de promotion de la mode de Montréal. Ces
centres regroupent les industriels du milieu et seront des outils pour
améliorer la compétitivité de ces secteurs en termes de
qualité et de prix sur les marchés extérieurs. (16
heures)
Pour sa part, la Société de développement
industriel a été chargée, en outre, de stimuler la
recherche et l'innovation et d'orienter les entreprises vers les technologies
de pointe. Après 18 mois seulement, au-delà de 100 projets de
développement, de nouveaux procédés, de nouveaux produits
totalisant 150 000 000 $ sont présentement en cours dans plusieurs
secteurs industriels, principalement dans ceux des
télécommunications, de la micro-électronique et des
logiciels.
Mais cela étant dit, il ne faut jamais oublier que, tout en
plongeant dans cette grande mutation, le défi, c'est aussi de savoir se
ménager aux uns et aux autres une transition qui soit
véritablement humaine. Qui sache respecter notamment ceux et celles pour
qui, à un moment donné, ça peut représenter le
danger terrible de devenir des laissés pour compte du progrès.
Cela nous ramène à l'absolue nécessité d'un bon
programme, d'une bonne politique de recyclage dans le monde du travail.
Enfin, le troisième axe essentiel de notre développement,
c'est celui de notre aptitude à exporter nos produits et nos services
sur tous les marchés accessibles, jusqu'aux plus nouveaux comme aux plus
lointains. Nous ne devons pas ignorer que, sur ce plan, la concurrence
internationale sera de plus en plus féroce; mais nous avons
vigoureusement poussé, depuis quelques années surtout, notre
entraînement à cette lutte économique essentielle, assez en
tout cas pour avoir désormais une solide confiance en nous-mêmes.
Sans jamais oublier que c'est un maximum d'effort et d'efficacité qu'il
va falloir déployer en permanence, pour remplir - en permanence aussi -
chaque année l'énorme obligation que nous avons d'exporter 45% de
notre production totale.
Ainsi, de toutes les façons possibles et de toute notre
volonté, nous devons viser à nous enrichir collectivement. Car ce
sont le niveau et la solidité de notre richesse nationale qui
conditionnent directement le niveau et la solidité des services publics
que nous pouvons nous offrir comme société. Est-il besoin de dire
justement que c'est à cette source et à cette source exclusive
que s'alimente le Trésor public.
Comme cette richesse ne pousse pas dans les arbres, qu'elle
dépend de l'effort d'investissement et du travail incessant des
citoyens, nous sommes absolument tenus, comme gouvernement, de remplir au mieux
deux grandes responsabilités: une rigueur constamment
améliorée dans la gestion des finances publiques, et
périodiquement une soigneuse réévaluation de la structure
et du niveau de la fiscalité.
Sur le plan de la gestion des fonds publics, le gouvernement s'engage
à continuer sur la route des choix rigoureux qu'il a dû emprunter
depuis 1977. Ce qui veut dire non seulement l'identification et
l'élimination des dépenses non seulement superflues, mais aussi
non nécessaires, et le refus de tout grossissement automatique des
effectifs de la fonction publique et du secteur public, mais également
une politique budgétaire assez souple pour s'adapter aux
réalités nouvelles, et, le cas échéant, marier
l'imagination avec l'efficacité.
Quant à la fiscalité, la réforme amorcée
depuis quelques années a touché les entreprises et les
municipalités. Elle aboutira cette année, bientôt, à
la publication par le gouvernement d'un livre blanc sur la fiscalité des
particuliers. Il s'y agira de viser à redistribuer plus
équitablement le revenu national entre les personnes et les groupes.
Mais tout en protégeant et en stimulant d'abord la création de la
richesse avant de prétendre la partager. Notre gouvernement a toujours
maintenu, depuis 1976, l'absolue nécessité d'alléger le
poids de nos impôts, afin de rendre ce poids aussi concurrentiel que
possible avec celui de nos voisins. Je rappelerai que jusqu'en 1980-1981, nous
avions d'ailleurs fait un bon bout de chemin dans ce sens-là en
réduisant l'écart que nous avions trouvé avec l'Ontario,
avec lequel on se compare toujours, dans les livres de nos
prédécesseurs.
Maintenant, après que la récession et son effet
dévastateur sur les finances publiques soient venus nous retarder
douloureusement, nous retrouvons l'occasion de faire quelques pas
décisifs. Il est bon d'ailleurs de noter à ce propos que nous
sommes de nouveau en marche, puisque
l'écart Québec-Ontario du fardeau fiscal des particuliers
- c'est normal, j'ai vu cela encore ces jours-ci; si quelque augmentation se
produit au Québec, c'est comme si c'était sur une planète
séparée, mais cela se produit aussi ailleurs - a
recommencé à se refermer, puisqu'il est passé de 17%
où il était remonté en 1982, à 11%, en 1984.
Ce livre blanc sur la fiscalité viendra renforcer aussi la lutte
contre la pauvreté des chômeurs et des petits salariés du
Québec. Nous sommes convaincus que la meilleure façon de lutter
contre la pauvreté, c'est d'aider les Québécois à
se bien préparer aux emplois disponibles et aussi de récompenser,
plutôt que de décourager, comme on le fait depuis trop longtemps,
leur accession à ces emplois, ce qui veut dire notamment qu'il faut
harmoniser la fiscalité avec les régimes de transfert comme
l'aide sociale, afin d'empêcher que le retour à l'emploi ne
continue - parce que c'est ce qu'il fait - de pénaliser indûment
l'effort de travail des petits salariés. Le livre blanc viendra donc
concrétiser à la fois notre engagement à alléger la
fiscalité des particuliers et à la rendre plus concurrentielle,
à mieux lutter contre la pauvreté et à mieux
reconnaître la valeur du travail.
Nous avons bon espoir que ce projet suscitera assez
d'intérêt dans l'opinion publique pour que des éclairages
additionnels nous aident à le parfaire jusqu'au moment où
l'Assemblée nationale sera appelée à en examiner la
traduction budgétaire.
Cela m'amène, M. le Président, à parler du
programme législatif proprement dit et des travaux parlementaires. Bien
sûr -on vient de le constater, peut-être excessivement - ce n'est
pas d'abord par des lois qu'on peut accélérer le progrès
économique. On ne peut pas "légiférer" la
prospérité comme on peut, jusqu'à un certain point,
"légiférer" l'ordre social ou la justice. Mais il n'empêche
que le Parlement demeure toujours la seule instance démocratique qui
puisse fixer le cadre général dans lequel doivent s'inscrire
l'action du gouvernement et le développement de la
société.
La session qui s'ouvre aujourd'hui sera sans aucun doute la
dernière de la présente Législature. Et à cet
égard, je voudrais, si on me le permet, faire deux remarques. D'abord,
on peut s'attendre que cette session ait une durée normale 12 à
18 mois, comme c'est maintenant devenu la coutume.
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre!
M. Lévesque (Taillon): Je comprends...
Le Président: À l'ordre!
M. Lévesque (Taillon): ...que nos amis d'en face pensent
surtout à quelqu'un de l'extérieur que cela va bien
décevoir. Donc-Une voix: II peut venir...
M. Lévesque (Taillon): ...ce sera une session normale,
parce que les politiques que nous avons mises en oeuvre n'ont pas encore
donné tous leurs résultats et que nous sommes bien
déterminés également à poursuivre sans
relâche, pendant tout le temps qui reste, tout le temps qui reste
légitimement, le redressement économique que nous avons
amorcé.
Une voix: Bravo!
M. Lévesque (Taillon): Et l'on est en droit, à ce
propos, de regretter que le chef du Parti libéral...
Des voix: Ah!
M. Lévesque (Taillon): ...revenant sur une promesse
explicite, ait décidé de ne pas briguer le siège qu'il
devrait normalement occuper en cette Chambre. L'année qui vient sera
déterminante pour le Québec. Non seulement discuterons-nous dans
cette Assemblée de réformes extrêmement importantes de nos
lois et de notre fiscalité, mais les relations du Québec avec
Ottawa et le reste du Canada feront l'objet d'une attention toute
spéciale en vue de rétablir le climat de dialogue et de
coopération indispensable au bon fonctionnement des institutions
politiques, comme aussi de réparer les injustices dont le Québec
a été victime lors de l'adoption du "Canada Bill". Dans un tel
contexte, il est plutôt malheureux de voir le véritable chef de
l'Opposition, quels que soient par ailleurs les indiscutables et très
grands mérites de son loyal bras droit, le député de
Bonaventure...
Des voix: Bravo! (16 h 10)
M. Bertrand: Ce n'est pas le vrai chef, c'est le couvre-chef.
M. Lévesque (Taillon): Mais il est malheureux quand
même de voir le chef du Parti libéral manquer l'occasion de
démontrer à la fois son leadership et sa connaissance des
dossiers, tâchant d'éviter ainsi ce double test éminemment
sain et démocratique jusqu'aux élections
générales.
Quoi qu'il en soit, notre première tâche au cours de cette
session sera de poursuivre et de mener à terme les travaux que la
prorogation avait interrompus. Je pense notamment à la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles, la Loi modifiant le Code
de la sécurité routière, la Loi sur la
société des établissements de plein air du Québec,
la Loi
sur le Vérificateur général et la Loi modifiant
diverses dispositions législatives concernant les travailleurs au
pourboire de la restauration et de l'hôtellerie. Quant aux trois projets
de loi sur la réforme du Code civil, aux chapitres des personnes, des
successions et des biens, ils feront l'objet d'un nouveau projet,
consolidé cette fois, qui tiendra compte des travaux de la commission
parlementaire qui les a longuement étudiés.
De même, la réforme impatiemment attendue de nos structures
scolaires fera, elle aussi, l'objet d'un nouveau projet de loi, remanié
par suite d'une commission parlementaire et des nombreuses consultations
menées depuis lors par le ministre de l'Éducation.
Plusieurs autres mesures législatives seront soumises à
l'attention de cette Chambre bien entendu, dont celles qui seront
nécessaires pour donner suite aux programmes que
j'évoquais tout à l'heure: par exemple, pour créer le
ministère du Tourisme ou pour habiliter les municipalités
à mettre en oeuvre les projets de mise en valeur du milieu aquatique. Il
faudra également modifier la Loi sur l'assurance automobile pour
l'ajuster à la nouvelle Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles.
Dans un but de simplification des lois et aussi de
déréglementation, l'Assemblée nationale sera
invitée aussi à amorcer un vaste travail de refonte et de
révision des lois municipales. L'Union des municipalités et
l'Union des municipalités régionales de comté nous ont
déjà fait savoir leur ferme intention de collaborer à
cette besogne qui, compte tenu de son ampleur, devra s'échelonner sur
quelques années. Il s'agit en effet de regrouper des textes
législatifs - croyez-le ou non, M. le Président - actuellement
dispersés dans une quarantaine de lois générales et 269
chartes particulières. Un premier volet de cette refonte, portant sur le
régime électoral municipal, sera déposé
bientôt par le ministre des Affaires municipales.
En ce qui a trait aux transports en commun, nous serons bientôt
invités à considérer un projet de loi concernant la
Commission des transports de Laval, dont l'objet principal sera de confier aux
élus de cette ville les pouvoirs qui leur permettront de contrôler
ce service municipal sur leur territoire. Ce qui sera fait
ultérieurement également pour la Commission de transport de la
Rive-Sud de Montréal.
Comme d'habitude, un certain nombre de projets de loi toucheront le
domaine de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation, notamment
pour reconnaître le mérite de nos meilleurs producteurs et pour
améliorer la qualité de nos produits. Des ajustements seront
faits à la Loi sur la protection du territoire agricole.
Des voix: Très bien. Bravo! Bravo!
M. Lévesque (Taillon): Cette loi fondamentale, essentielle
à tout l'avenir à la fois urbain aussi bien que rural du
Québec, comme toute bonne loi, a besoin à l'occasion d'être
révisée. On créera également une
société pour administrer le Parc des expositions
agro-alimentaires dont la mise en chantier se fera dès cette
année, sur l'île Notre-Dame, avec la collaboration de la ville de
Montréal.
Le gouvernement annonce également qu'il entend poursuivre le
processus de revitalisation des lois qui régissent les institutions
financières, processus en cours depuis trois ans et que l'on identifie
maintenant comme celui du grand décloisonnement. 11 s'agit là de
changements majeurs dont bénéficient ou
bénéficieront tous les citoyens en leur permettant de mieux
gérer leurs épargnes et de mieux planifier leur avenir
financier.
En effet, devant la modernisation accélérée des
moyens informatiques, devant un consommateur de mieux en mieux averti, devant
des taux d'intérêt aussi fluctuants que ceux que nous connaissons
depuis quelques années et devant des produits financiers de plus en plus
diversifiés, il apparaît souhaitable de modifier les règles
de fonctionnement de nos institutions financières.
Il apparaît clairement que la traditionnelle séparation
entre les compagnies d'assurances, les compagnies de fiducie et les courtiers
en valeurs mobilières ne correspond plus guère à une
réalité aussi changeante. De plus, il est important de
revitaliser ces trois secteurs en regard d'une concurrence plus soutenue des
banques à charte qui, elles, ont bénéficié au fil
des révisions obligatoires de leurs lois, d'ouvertures et
d'élargissements substantiels. Ainsi, cette réforme aura un
double effet: d'une part, le consommateur se verra assuré de services
répondant mieux à ses besoins et d'autre part, les institutions
financières pourront opérer dans un contexte leur permettant de
maximiser leurs opérations. Le gouvernement entend donc déposer
et adopter des lois qui moderniseront dans des proportions importantes les
règles gouvernant les caisses d'épargne et de crédit, les
compagnies de fidéicommis et certains secteurs des assurances qui
n'étaient pas concernés par les modifications introduites
à la dernière session.
Dans un tout autre ordre d'idées, je m'en voudrais de ne pas
mentionner spécifiquement un projet qui nous tient à coeur,
c'est-à-dire l'instauration d'un Conseil des communautés
culturelles et de l'immigration. Il s'agit là de doter nos concitoyens
de diverses origines ethniques qui sont venus au cours des ans si bien
enrichir
notre société, d'un organisme à la fois autonome;
représentatif et muni de pouvoirs qui lui permettent de jouer un
rôle actif et bien concret.
Ai-je besoin d'ajouter, d'autre part, M. le Président, que bien
avant l'arrivée d'immigrants des quatre coins du monde, bien avant
même la naissance de l'Amérique française que nous
commémorions cette année, s'étaient établies en ce
pays les premières nations indiennes et le peuple inuit. Comme nous
tous, ils entendent participer de plus en plus à l'édification du
Québec contemporain, tout en maintenant fermement leurs traditions et
leurs cultures.
Les 22, 23 et 24 novembre 1983 notre Assemblée recevait leurs
dirigeants en commission parlementaire. À cette occasion, on s'en
souviendra, le gouvernement avait pris envers eux des engagements dont certains
se sont réalisés depuis et d'autres sont en voie de l'être
peu à peu. Là-dessus, l'Assemblée nationale sera
invitée, au cours de la présente session, à
conférer un caractère solennel et en quelque sorte permanent aux
principes sur lesquels doivent se fonder les relations entre l'État
québécois et les nations autochtones du Québec. Nous
comptons soumettre aussi à votre approbation certaines mesures qui
permettront la conclusion d'ententes négociées entre le
gouvernement et les nations autochtones, surtout pour favoriser notre
participation à leur développement économique.
L'année qui vient, en outre, pourrait être
déterminante aussi en matière de condition féminine,
puisqu'elle clôturera la décennie des femmes, que l'Organisation
des Nations-Unies décrétait il y a dix ans, lors de
l'Année internationale de la femme. Tous les pays membres de l'ONU
souligneront d'ailleurs cet événement dont le point culminant
sera la conférence mondiale de Nairobi, au Kenya, en juillet prochain.
Notre gouvernement a donc retenu un plan d'activités spéciales
où l'on fera d'abord le point sur les progrès des derniers dix
ans, afin d'en dégager aussi des priorités d'action pour
l'avenir. Ce qui se fera, bien entendu, de concert avec les principaux
organismes concernés, en centrant l'intérêt d'abord et
avant tout sur la question de la sécurité économique des
femmes.
Enfin, avant de clore le chapitre parlementaire, je veux souligner que
nos travaux devront tenir compte de plusieurs activités
intersessionnelles qui aboutiront devant nous. Je pense, évidemment,
à la commission parlementaire qui étudiera le livre blanc sur la
fiscalité dont j'ai parlé tantôt, mais aussi au rapport de
la commission Robidas sur l'Outaouais; à celui de la commission Marceau
sur Madelipêche et Pêcheurs-Unis qui devrait être public
d'ici très bientôt, cette semaine et aussi au rapport de la
commission Saucier sur la capitalisation des entreprises. Nous verrons tous
également, avec l'espoir qu'elle soit heureuse, l'issue du dialogue qui
s'est engagé entre nos interlocuteurs syndicaux et le président
du Conseil du trésor sur le régime de négociation dans le
secteur public. (16 h 20)
D'ici à la fin de l'année 1984, le gouvernement
établira le bilan de cet effort de renouveau et de "responsabilisation"
mutelle, si j'ose dire, dans l'espérance de pouvoir conclure un
accord-cadre sur le sujet - comme la chose est déjà publique. Si
par malheur on n'y arrivait pas, alors on proposerait à
l'Assemblée nationale les amendements nécessaires à
l'atteinte de l'objectif que nous nous sommes fixé de sortir des
vieilles ornières de l'affrontement systématique.
Quant à la réforme du mode de scrutin, si souvent et si
vertueusement et si diversement promise depuis 14 ans, le rapport de la
commission Côté vient d'être l'objet, ces tout derniers
jours, d'un examen parlementaire plutôt déprimant - c'est le moins
qu'on puisse dire - et qui semble avoir tourné plutôt en queue de
poisson. Est-il encore possible d'arriver à dépasser suffisamment
les intérêts à court terme, pour se rallier enfin, avant
qu'il ne soit trop tard, à une réforme qui soit raisonnablement
efficace? Ce serait tellement plus sain pour l'avenir et ce serait tellement
à l'honneur du Parlement lui-même, que nous allons examiner la
chose une dernière fois, à la "lumière", si l'on peut
dire, de la commission parlementaire, avant de prendre une décision
finale, très bientôt.
Ce qui m'amène à souligner aussi que l'ensemble des
citoyens ne peuvent presque jamais s'exprimer directement sur une foule de
sujets susceptibles de les préoccuper, même ceux qui peuvent
affecter lourdement la santé démocratique de leur
société. La Loi sur la consultation populaire, la loi sur les
référendums, adoptée en 1978, n'a servi qu'une seule fois
et on s'est bien rendu compte que ses mécanismes étaient
compliqués et dispendieux. C'est pourquoi nous proposerons des
modifications à cette loi afin que, désormais, le recours
à cette procédure éminemment démocratique soit
largement facilité. Nous pourrons ainsi donner, à l'occasion,
à tous les citoyens la chance de participer directement aux grandes
orientations de notre société.
Parmi quelques autres sujets nouveaux qui solliciteront aussi notre
attention, je soulignerai la parution toute prochaine d'un livre vert sur la
politique familiale et r!ont découlera sûrement une large
consultation. Comme pour le livre de même couleur, dont la publication
est imminente elle aussi, qui permettra au gouvernement de mettre au point sa
politique générale en matière d'habitation. Sans oublier
non plus les suites
qu'il nous faudra donner à la consultation que mène
présentement le ministre de l'Habitation et de la Protection du
consommateur sur l'ensemble du système d'inspection et de
sécurité dans le domaine du bâtiment.
Ce ne sera donc pas le travail qui manquera. Mais grâce à
nos nouvelles règles parlementaires, le tout pourra se faire dans
l'ordre et de façon planifiée, si nous le voulons, puisque tous
les projets de loi que le gouvernement désire voir approuvés
avant Noël devront avoir été présentés
à la Chambre au plus tard le 15 novembre prochain.
Avant de terminer, je crois de mon devoir de faire part aux
parlementaires comme à tous nos concitoyens, qui veulent bien être
à l'écoute, de notre position en ce qui concerne les relations du
Québec avec le gouvernement d'Ottawa et ceux des autres provinces.
Les élections fédérales du 4 septembre dernier sont
un événement majeur - tout le monde le sait - de l'histoire
politique canadienne. Avant de marquer le triomphe d'un nouveau gouvernement
conservateur, ces élections ont d'abord signifié - tout le monde
en est conscient - un impitoyable rejet de l'ancien gouvernement
libéral. J'ai bien dit "l'ancien", c'est-à-dire celui dont M.
John Turner a dû endosser la responsabilité in extremis.
Ce rejet sans précédent par toutes les provinces
canadiennes, y compris le Québec, aura eu forcément, entre autres
effets, celui de priver de toute sanction démocratique
l'opération constitutionnelle qui fut menée sans l'ombre d'aucun
mandat en 1981. Le gouvernement et l'Assemblée nationale du
Québec avaient alors dénoncé ce coup de force qui nous
était imposé sans aucun consentement, bien sûr, de notre
part. Maintenant que le peuple québécois en a rejeté les
auteurs, il ne pourrait à son tour, logiquement, qu'exiger
réparation de cet abus.
Par ailleurs, le nouveau gouvernement de M. Mulroney a été
élu sur la foi d'engagements explicites à renouer le dialogue
intergouvernemental et remplacer une stérile politique d'affrontement
par une ouverture à la collaboration. Nous sommes, pour notre part, tout
à fait désireux de participer de bonne foi à
établir ce nouveau climat, en nous réjouissant de constater que,
déjà, des signes de changement se sont fait sentir.
Le retrait fédéral du domaine des loteries, les
engagements précis qui permettent la continuation des activités
de Pétromont qui, par conséquent, ne ferment pas l'avenir de tout
le secteur pétrochimique au Québec, en attendant de mettre au
point des arrangements plus définitifs, voilà, on l'admettra,
deux décisions positives et concrètes qui augurent bien de
l'avenir. Des contacts très cordiaux ont déjà
été établis relativement, par exemple, à la
Cité du cinéma, dans le domaine des communications, dans le
dossier des programmes d'emploi et dans celui des expropriés de Mirabel.
Tout cela nous donne espoir que nous pourrons enfin trouver à Ottawa,
après tant d'années de portes closes et de refus
catégoriques de tout et de rien, des interlocuteurs valables, capables
de joindre leurs efforts aux nôtres pour le plus grand bien de nos
concitoyens.
À cet égard, je tiens à redire tout de même
que nos premiers objectifs à nous demeurent d'ordre économique et
concernent tout spécialement le programme de création d'emplois
et de lutte au chômage, surtout pour les jeunes, dont j'ai parlé
tout à l'heure. C'est sur ce plan qu'il faudra d'abord essayer de
rétablir au plus tôt les communications et renforcer les moyens
d'action.
Mais je crois, je suis sûr même, qu'il nous faudra aussi
rouvrir le dossier constitutionnel dès que, de part et d'autre, nous
jugerons la conjoncture favorable. Cet objectif requerra inévitablement
la correction de l'injustice à la suite de laquelle notre statut a
été littéralement banalisé, en contradiction
flagrante avec notre réalité et toute notre histoire
constitutionnelle. C'est là, bien sûr, un processus délicat
qui, pour réussir, doit être bien préparé. Nous
sommes, quant à nous, disposés à y consacrer les
énergies nécessaires.
Le gouvernement fédéral trouvera.... Je comprends que cela
puisse être décevant pour nos amis d'en face, mais enfin, je dois
dire...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je suis
dans l'obligation de dire que ce que nous pensons...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): ...c'est que le gouvernement
fédéral trouvera à Québec un interlocuteur
disposé à entretenir avec lui des relations harmonieuses. Cela
est d'ailleurs conforme - je le rappellerai, M. le Président - à
notre programme politique qui stipule que, tant que la population du
Québec n'aura pas démocratiquement décidé de
changer de régime, un gouvernement dirigé par notre parti doit
agir pour protéger et défendre les intérêts du
Québec à l'intérieur du système
fédéral.
Des voix: Bravo!
Le Président: Allons donc!
M. Lévesque (Taillon): Et, à partir de cette belle
et rare unanimité, c'est exactement ce que nous comptons continuer de
faire, comme nous l'avons fait dans le passé mais, cette fois, je
l'espère, sans la mauvaise foi et le négativisme
systématique qui étaient pour ainsi dire devenus des traits de
caractère de l'ancien gouvernement libéral.
Bien sûr, il y a encore plusieurs sujets que j'aurais pu
évoquer et qui ont aussi toute leur importance, parmi lesquels, vu la
longueur de ce discours, je me contenterai de mentionner, à titre
d'exemple, l'effort qui se poursuivra en vue de compléter nos grands
équipements culturels, d'abord, soit le début de la construction
du Musée de la civilisation à Québec, la relocalisation
toute prochaine du Musée d'art contemporain à Montréal, de
même que le projet que nous maintenons de doter la métropole d'une
nouvelle salle de concert.
Par ailleurs, que ce soit du côté des communications ou des
autres services aux citoyens, nous entendons bien en améliorer encore
aussi bien le rendement que l'accessibilité et ainsi, dès cet
automne, l'ensemble des bureaux gouvernementaux qui font affaires avec le
public seront ouverts en permanence, tous, sauf exception qui sera
corrigée bien vite, à l'heure du midi.
Enfin, je m'en voudrais de ne pas évoquer la tenue prochaine d'un
colloque qui portera sur le document "À part... égale" produit
par l'Office des personnes handicapées, afin d'en tirer une politique
concrète et complète si possible d'intégration
socio-économique pour ces membres si éprouvés de la
société.
Et voilà comment, par une foule de petits comme de grands
progrès, se crée, depuis 25 ans surtout, un Québec de plus
en plus moderne et de plus en plus dynamique. Si l'on me permet de terminer sur
une note plus personnelle, j'ai eu la chance justement pendant tout ce quart de
siècle, de voir et d'accompagner, avec d'extraordinaires équipes,
cette émergence peut-être bien tardive, mais si rapide et si
vigoureuse d'un peuple incomparablement doté de ressources naturelles et
plus encore, ce qui est autrement plus déterminant, de richesse humaine.
Avec des hauts et des bas, à travers des déceptions et bien des
affrontements, cela nous a menés à des résultats qui ne
peuvent que nous inspirer une inébranlable confiance en nous-mêmes
et surtout en notre capacité d'atteindre ce niveau d'excellence que
notre époque exige à tout prix. Comme ces jeunes athlètes
québécois qui nous faisaient vivre cet été
-c'était la première fois de l'histoire - le magnifique spectacle
de leurs triomphes si longuement et ardument préparés, le besoin
de dépassement et cette grande soif de l'or réservé aux
meilleurs, voilà ce qu'il nous faut acquérir dans tous les
domaines ou presque. Parce que pas plus que ses athlètes, un petit
peuple, évidemment, ne sera jamais champion dans toutes les disciplines.
Mais dans chaque domaine où nous avons des chances de réussir,
nous sommes capables désormais et nous avons donc le devoir de viser les
sommets, autant chez nous que partout dans le monde.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: Ce sur quoi...
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Si vous me permettez, avant qu'on n'ajourne nos
travaux, je pense que vous vous apprêtez à ajourner...
Le Président: Oui.
M. Gratton: ...la séance, j'aimerais que vous nous
indiquiez si, effectivement, demain ce sera le droit de parole du chef de
l'Opposition. Deuxièmement, compte tenu de ce qu'on vient d'entendre de
la part du premier ministre, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, avant d'ajourner
nos débats, qu'on chante "Au Canada"?
Le Président: Pour ce qui est du chant de l'hymne
national, je vous suggère de revenir là-dessus lors des motions
sans préavis demain. Après les affaires courantes demain ce sera
effectivement la réplique du chef de l'Opposition. Ce sur quoi
l'Assemblée ajourne ses travaux à demain 15 heures.
(Fin de la séance à 16 h 35)
Membres du Conseil des ministres
Premier ministre M. René Lévesque
Vice-premier ministre, ministre des Affaires sociales et
président du Comité permanent du développement social M.
Camille Laurin
Ministre des Finances et président du Comité de
développement économique M. Jacques Parizeau
Président du Conseil du trésor et ministre
délégué à l'Administration M. Michel Clair
Ministre de l'Éducation M. Yves Bérubé
Ministre de la Justice et ministre délégué aux
Affaires intergouvernementales canadiennes M. Pierre-Marc Johnson
Ministre délégué à l'Aménagement et
au Développement régional, président du Comité de
l'aménagement et du développement régional M.
François Gendron
Ministre délégué à la Réforme
électorale, leader parlementaire et président du Comité de
législation M. Marc-André Bédard
Ministre des Relations internationales et ministre du Commerce
extérieur M. Bernard Landry
Ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
et vice-présidente du Conseil du trésor Mme Pauline Marois
Ministre de l'Énergie et des Ressources M. Yves Duhaime
Ministre des Transports M. Jacques Léonard
Ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation M.
Jean Garon
Ministre des Communications M. Jean-François Bertrand
Ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur M. Guy
Tardif
Ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme M. Rodrigue
Biron
Ministre des Affaires culturelles M. Clément Richard
Ministre déléguée à la Condition
féminine et présidente du Comité de la condition
féminine Mme Denise Le Blanc-Bantey
Ministre délégué aux Relations avec les citoyens M.
Denis Lazure
Ministre des Affaires municipales et responsable de la
Société immobilière du Québec M. Alain Marcoux
Ministre des Affaires linguistiques M. Gérald Godin
Ministre du Travail M. Raynald Fréchette
Ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche M. Guy
Chevrette
Ministre de l'Environnement M. Adrien Ouellette
Ministre de la Science et de la Technologie M. Gilbert Paquette
Ministre du Revenu M. Robert Dean
Ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration Mme
Louise Harel
Ministre délégué au Tourisme M. Marcel
Léger
Octobre 1984
Membres de l'Assemblée nationale du
Québec
PRÉSIDENT: M. Richard Guay VICE-PRÉSIDENTS: M.
Jean-Pierre Jolivet M. Réal Rancourt
Affiliation
Nom, prénoms
politique
Profession
ou métier
District électoral
Assad, Mark PLQ Administrateur Papineau
Bacon, Lise PLQ Administratrice Chomedey
Baril, Gilles PQ Chroniqueur sportif
Rouyn-Noranda-Témiscamingue
Baril, Jacques PQ Agriculteur Arthabaska
Beaumier, Yves PQ Administrateur Nicolet
Beauséjour, Jacques PQ Éducateur Iberville
Bédard, Marc-André * PQ Avocat Chicoutimi
Bélanger, Madeleine PLQ Femme d'affaires
Mégantic-Compton
Bertrand, Jean-François * PQ Professeur Vanier
Bérubé, Yves * PQ Ingénieur Matane
Biron, Rodrigue * PQ Industriel Lotbinière
Bisaillon, Guy Ind. Conseiller technique Sainte-Marie
Bissonnet, Michel PLQ Avocat Jeanne-Mance
Blais, Yves PQ Administrateur Terrebonne
Blank, Harry PLQ Avocat Saint-Louis
Blouin, René PQ Éducateur Rousseau
Bordeleau, Jean-Paul PQ Technicien Abitibi-Est
Boucher, Jules PQ Directeur Rivière-du-Loup
Bourbeau, André PLQ Notaire Laporte
Brassard, Jacques PQ Professeur Lac-Saint-Jean
Brouillet, Raymond PQ Professeur Chauveau
Caron, Lucien PLQ Administrateur Verdun
Champagne, Jean-Paul PQ Professeur Mille-Îles
Charbonneau, Jean-Pierre PQ Journaliste Verchères
Chevrette, Guy * PQ Secrétaire général Joliette
Ciaccia, John PLQ Avocat Mont-Royal
Clair, Michel * PQ Avocat Drummond
Côté, Marc-Yvan PLQ Professeur Charlesbourg
Cusano, William PLQ Administrateur scolaire Viau
Dauphin, Claude PLQ Avocat Marquette
de Bellefeuille, Pierre PQ Journaliste Deux-Montagnes
Dean, Robert * PQ Syndicaliste Prévost
Desbiens, Hubert PQ Enseignant Dubuc
Dougherty, Joan PLQ Administratrice scolaire Jacques-Cartier
Doyon, Réjean PLQ Avocat Louis-Hébert
Dubois, Claude PLQ Commerçant Huntingdon
Duhaime, Yves * PQ Avocat Saint-Maurice
Dupré, Maurice PQ Administrateur Saint-Hyacinthe
Dussault, Roland PQ Enseignant Châteauguay
Fallu, Élie PQ Professeur Groulx
Fortier, Pierre-C. PLQ Ingénieur et administrateur Outremont
Fortin, Gilles PLQ Industriel Marguerite-Bourgeois
Fréchette, Raynald * PQ Avocat Sherbrooke
French, Richard PLQ Professeur d'université Westmount
Gagnon, Marcel PQ Aviculteur Champlain
Garon, Jean * PQ Économiste et avocat Lévis
Gauthier, Michel PQ Administrateur Roberval
Gendron, François * PQ Éducateur Abitibi-Ouest
Godin, Gérald * PQ Journaliste Mercier
Gratton, Michel PLQ Ingénieur Gatineau
Gravel, Raymond PQ Moniteur en réadaptation Limoilou
Grégoire, Gilles Ind. Homme d'affaires Frontenac
Guay, Richard PQ Avocat Taschereau
Hains, Roma PLQ Professeur Saint-Henri
Harel, Louise * PQ Avocate et sociologue Maisonneuve
Houde, Albert PLQ Administrateur Berthier
Johnson, Daniel PLQ Avocat Vaudreuil-Soulanges
Johnson, Pierre-Marc * PQ Médecin Anjou
Jolivet, Jean-Pierre PQ Agent syndical Laviolette
Juneau, Carmen PQ Mère de famille Johnson
Kehoe, John J. PLQ Avocat Chapleau
Lachance, Claude PQ Administrateur scolaire Bellechasse
Membres de l'Assemblée nationale
(suite)
Affiliation
Nom, prénoms
politique
Profession
ou métier
District électoral
Lachapelle, Huguette PQ Mère de famille Dorion
Lafrenière, Marcel PQ Agent d'affaires Ungava
Landry, Bernard * PQ Avocat Laval-des-Rapides
Laplante, Patrice PQ Commissaire administrateur Bourassa
Laurin, Camille * PQ Médecin Bourget
Lavigne, Laurent PQ Enseignant Beauharnois
Lavoie-Roux, Thérèse PLQ Administratrice scolaire
L'Acadie
Lazure, Denis * PQ Médecin-administrateur Bertrand
Le Blanc-Bantey, Denise * PQ Journaliste Îles-de-la-Madeleine
Le Blanc, Jacques PQ Administrateur Montmagny-L'Islet
Leduc, Germain PLQ Notaire Saint-Laurent
Leduc, Michel PQ Professeur Fabre
Léger, Marcel * PQ Administrateur Lafontaine
Le May, Henri PQ Administrateur scolaire Gaspé
Léonard, Jacques * PQ Comptable agréé Labelle
Levesque, Gérard D. PLQ Avocat et administrateur Bonaventure
Lévesque, Léonard PQ Cultivateur
Kamouraska-Témiscouata
Lévesque, René * PQ Journaliste Taillon
Lincoln, Clifford PLQ Courtier d'assurances Nelligan
Maciocia, Cosmo PLQ Courtier d'assurances Viger
Mailloux, Raymond PLQ Homme d'affaires Charlevoix
Maltais, Ghislain PLQ Courtier d'assurances Saguenay
Marcoux, Alain * PQ Administrateur scolaire Rimouski
Marois, Pauline * PQ Administratrice La Peltrie
Marquis, Léopold PQ Administrateur Matapédia
Martel, Maurice PQ Pharmacien Richelieu
Marx, Herbert PLQ Avocat D'Arcy McGee
Mathieu, Hermann PLQ Notaire Beauce-Sud
Middlemiss, Robert PLQ Ingénieur Pontiac
O'Gallagher, John PLQ Ingénieur civil Robert Baldwin
Ouellette, Adrien * PQ Professeur Beauce-Nord
Pagé, Michel PLQ Avocat Portneuf
Paquette, Gilbert * PQ Directeur pédagogique Rosemont
Paradis, Pierre-J. PLQ Avocat Brome-Missisquoi
Paré, Roger PQ Administrateur Shefford
Parent, Marcel PLQ Récréologue Sauvé
Parizeau, Jacques * PQ Économiste L'Assomption
Payne, David PQ Enseignant Vachon
Perron, Denis PQ Opérateur Duplessis
Picotte, Yvon PLQ Principal d'école Maskinongé
Polak, Maximilien PLQ Avocat Sainte-Anne
Pratt, Guy PLQ Administrateur Marie-Victorin
Proulx, Jérôme PQ Professeur Saint-Jean
Rancourt, Réal PQ Agriculteur Saint-François
Richard, Clément * PQ Avocat Montmorency
Rivest, Jean-Claude PLQ Avocat Jean-Talon
Rochefort, Jacques PQ Administrateur Gouin
Rocheleau, Gilles PLQ Homme d'affaires Hull
Rodrigue, Jean-Guy PQ Ingénieur Vimont
Ryan, Claude PLQ Journaliste Argenteuil
Saint-Amand, Aline PLQ Correctrice d'épreuves
Jonquière
Saintonge, Jean-Pierre PLQ Avocat Laprairie
Scowen, Reed PLQ Administrateur Notre-Dame-de-Grâce
Sirros, Christos PLQ Administrateur Laurier
Tardif, Guy * PQ Professeur Crémazie
Tremblay, Luc PQ Économiste Chambly
Vaillancourt, Georges PLQ Administrateur Orford
Vallières, Yvon PLQ Professeur Richmond
Vaugeois, Denis PQ Historien et éditeur Trois-Rivières
PQ - Parti québécois (71) Siège vacant:
Saint-Jacques
PLQ - Parti libéral du Québec (48)
Ind. - Indépendant (2)
* Membres du Conseil des ministres
Octobre 1984
Adjoints parlementaires
M. Jérôme Proulx Adjoint parlementaire au ministre des
Affaires culturelles
M. Michel Leduc Adjoint parlementaire au ministre de
l'Éducation
M. Pierre de Bellefeuille Adjoint parlementaire au ministre des
Relations internationales
M. Jacques Rochefort Adjoint parlementaire au ministre des Affaires
municipales
M. Jean-Paul Bordeleau Adjoint parlementaire au ministre de
l'Énergie et des Ressources
M. Jean-Guy Rodrigue Adjoint parlementaire au ministre des
Transports
M. Roland Dussault Adjoint parlementaire au ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme
M. Maurice Martel Adjoint parlementaire au ministre du Commerce
extérieur
M. Jules Boucher Adjoint parlementaire à la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
M. Michel Gauthier Adjoint parlementaire au ministre des Finances
M. Denis Perron Adjoint parlementaire au ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional
M. Yves Beaumier Adjoint parlementaire au ministre des Affaires
sociales
M. Henri Le May Adjoint parlementaire au ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation
M. Leopold Marquis Adjoint parlementaire au ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche
M. Marcel Gagnon Adjoint parlementaire au ministre de
l'Environnement
M. Hubert Desbiens Adjoint parlementaire au ministre de l'Habitation et
Protection du consommateur
M. Laurent Lavigne Adjoint parlementaire au ministre du Travail
Octobre 1984