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(Dix heures six minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons nous recueillir quelques instants. Veuillez vous asseoir. Aux
déclarations ministérielles, aux affaires courantes, M. le
ministre délégué aux Relations avec les citoyens.
Proclamation de la décennie 1983-1992
décennie des personnes
handicapées
M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, il y a quelques mois,
l'Organisation des Nations Unies a proclamé la décennie
1983-1992, décennie des personnes handicapées. Cette
décennie des personnes handicapées prend le relais de la
décennie de la femme qui s'est terminée récemment.
À l'occasion de cette nouvelle proclamation, l'Assemblée
générale de l'ONU a adopté un plan d'action mondial et
propose aux États membres de s'en inspirer pour établir leur
propre plan d'action.
Les objectifs du plan d'action mondial, rédigés en termes
généraux pour respecter la spécificité de chaque
État, sont les suivants. Le programme d'action mondial concernant les
personnes handicapées entend promouvoir les mesures propres à
assurer la prévention de l'incapacité, la réadaptation et
la poursuite des objectifs qui sont la participation pleine et entière
des personnes handicapées à la vie sociale, au
développement et à l'égalité. Par ce terme, le
dernier, on entend des chances égales à celles de l'ensemble de
la population et la faculté de bénéficier de la même
manière qu'eux de l'amélioration des conditions de vie dues au
développement social et économique. Ces concepts devraient avoir
la même portée et le même caractère d'urgence dans
tous les pays, quel que soit le niveau de développement.
Rappelant que l'on compte dans le monde plus de 500 000 000 de personnes
handicapées par des déficiences mentales, physiques ou
sensorielles, l'assemblée générale déclare que ces
personnes ont les mêmes droits que tout être humain. Grâce
à l'action de son gouvernement depuis 1976, le Québec est
nettement à l'avant-garde des sociétés
développées sur le plan des services, des lois, des politiques
gouvernementales et de la promotion des changements sociaux. Rares sont les
sociétés à pouvoir se targuer de législations et de
mesures aussi avancées que celles que nous avons adoptées.
Évidemment, un long chemin reste à parcourir pour
l'amélioration de la condition individuelle et collective des personnes
handicapées. Mais le gouvernement a mis le processus en branle et la
société, dans son ensemble, est mise à contribution. Cette
concertation exceptionnelle mise sur pied par la loi créant l'Office des
personnes handicapées du Québec est un modèle du genre et
le dialogue est constant avec plus de 500 associations de personnes
handicapées.
Au Canada, les gouvernements des provinces sont les seuls
détenteurs des pouvoirs constitutionnels dans plus de 90% des champs de
juridiction relatifs aux personnes handicapées, mais ni les provinces,
ni le gouvernement fédéral, pour la part qui le concerne, n'ont
parcouru le chemin accompli depuis que cette Assemblée nationale
adoptait, en juin 1978, à l'unanimité, la Loi assurant l'exercice
des droits des personnes handicapées.
Une fois de plus, grâce à sa spécificité
propre, reliée à son approche sociale, sa philosophie et sa
culture, le Québec a montré la voie.
Il n'était donc que normal que, le premier de tous les
gouvernements du Canada, le Québec proclame la décennie 1983-1992
décennie des personnes handicapées et se dote de son propre plan
d'action.
Je vous fais lecture, brièvement, du décret adopté
hier par le Conseil des ministres: "Rappelant les résolutions 35/37 et
37/53 par lesquelles l'Assemblée générale de
l'Organisation des Nations Unies a proclamé la période 1983-1992
décennie des personnes handicapées; "Rappelant les
déclarations des Nations Unies sur les droits des personnes
handicapées; "Rappelant la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne, qui interdit toute discrimination fondée
sur un handicap; "Rappelant aussi l'adoption, en 1978, de la Loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées; "Soulignant que les
objectifs du plan mondial d'action de l'ONU sont la promotion de mesures
propres à assurer la prévention des déficiences,
l'adaptation et la réadaptation; "Soulignant également que
l'Office des personnes handicapées a déposé, en janvier
1984, auprès du gouvernement et de la société
québécoise, une proposition de politique d'ensemble pour la
prévention des déficiences et l'intégration sociale qui
s'appelle "À part... égale"; "Soulignant aussi que cette
proposition
de politique d'ensemble a ses origines dans l'Année
internationale des personnes handicapées en 1981 et que ses objectifs,
essentiellement, épousent ceux de l'Assemblée des Nations Unies;
"Notant enfin l'émergence d'organismes de promotion des droits et
intérêts des personnes handicapées ainsi que le rôle
primordial que ces associations jouent pour favoriser l'intégration et
la participation des personnes handicapées dans la
société; "II est ordonné en conséquence, sur la
recommandation du ministre délégué aux Relations avec les
citoyens et responsable de l'Office des personnes handicapées, que la
décennie 1983-1992 soit proclamée au Québec
décennie des personnes handicapées." Merci.
Le Président: M. le député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, j'ai été
désigné pour répondre à la déclaration du
ministre délégué aux Relations avec les citoyens et
responsable de l'Office des personnes handicapées en raison de
l'intérêt particulier que je porte à la cause des personnes
handicapées en tant que père d'un enfant handicapé
intellectuel, atteint du syndrome de Down.
Nous nous associons avec la plus grande conviction à toute
initiative, surtout si cette initiative est à l'échelle mondiale
et promulguée par le plus grand forum international des nations,
l'Organisation des Nations Unies, à toute initiative, dis-je, qui aurait
pour but de promouvoir une participation plus réelle des
handicapés au sein de nos sociétés, où que ces
sociétés se trouvent.
Si nous sommes convaincus - et nous le sommes tous fermement, je pense,
d'un côté ou l'autre de la Chambre - qu'il nous faut
égaliser les chances des éléments de notre
société qui ont été défavorisés par
rapport à d'autres, que ces groupes soient les femmes, les
minorités ethniques, ou les plus démunis d'entre nous, avec
combien plus de conviction ne devrions-nous pas être
décidés à faire avancer les chances et la cause de nos
handicapés!
En 1966, lorsque mon fils Peter s'est joint à notre famille, je
suis allé visiter les rares centres d'hébergement qui existaient
alors pour les handicapés intellectuels. J'ai pu constater des
circonstances et des conditions tellement déprimantes et tristes
qu'elles sont presque impossibles à décrire fidèlement
ici. Toujours est-il que des tout-jeunes et des adolescents étaient en
plein jour garés dans des petits lits à barreaux de fer,
végétant de jour en jour dans un déclin progressivement
tragique et presque attendant la mort sans n'avoir rien fait de leur vie.
Aujourd'hui, les choses ont changé de façon remarquable.
Graduellement, nos handicapés retrouvent leur place au soleil. Par
exemple, mon fils Peter, qui est profondément handicapé, avec un
quotient intellectuel d'environ 30 ou 35, va lui-même à son
école; il marche pour se rendre à l'école tous les jours;
il revient par lui-même à 18 heures; il peut éviter la
circulation; il sait comment se débrouiller sur la route; il va au
centre d'entraînement; en somme, aujourd'hui, il peut fonctionner comme
une personne quasi normale.
Je pourrais citer l'exemple d'un homme de 38 ans qui avait
été gardé chez lui sans aucun soin spécial, sans
aucun entraînement et qui, à 38 ans, était un vrai
légume. Il ne pouvait pas s'habiller lui-même, ne pouvait aller
à la toilette, ne pouvait se raser, ne savait presque pas parler.
Après quelques mois dans un foyer de groupe, il pouvait s'habiller seul,
aller faire ses emplettes au magasin, sauter la voie ferrée pour aller
prendre l'autobus, travailler dans un atelier productif où il s'occupait
d'une machine électrique qui s'appelle une "shrink machine". Je pourrais
citer l'exemple d'un homme de 65 ans qui, lui aussi, avait été
gardé, cloisonné par sa famille. Lorsque ses parents sont morts,
il a été découvert par une association. À 65 ans,
il apprenait à travailler dans un atelier productif et, pendant la
grève des autobus, cet homme, un handicapé intellectuel profond,
a trouvé une façon de se rendre à l'atelier pour allertravailler et ce, malgré la grève. Je pourrais citer des
exemples nombreux de ce qui a été fait au Québec, et nous
nous en félicitons tous.
Si j'ai un petit reproche à faire au ministre, ce n'est pas qu'on
ne soit pas d'accord avec tous les objectifs, avec tout ce qui a
été fait au Québec, mais c'est de mettre une petite
partisanerie politique dans sa déclaration et de dire: Nous sommes
nettement à l'avant-garde des sociétés; nous sommes un
modèle du genre au Québec. C'est peut-être vrai, M. le
ministre, mais il me semble qu'il faut se dire, au contraire -peut-être
que nous le sommes, peut-être que nous ne le sommes pas - qu'il y a
encore beaucoup de travail à faire. Au lieu de dire que nous sommes
à l'avant-garde, que nous avons fait mieux que les autres, il faudrait
penser à ce que nous n'avons pas fait encore et qui reste à
faire. Il y a encore 500 000 handicapés au Québec, ou presque. Il
y a toute la question des services à domicile. En 1983, 112 personnes
attendaient des services à domicile, mais, en 1984, c'est 150 personnes
qui attendaient des services à domicile. Il faudrait demander au
gouvernement de se pencher sur cette question. Il y a le transport
adapté pour les personnes handicapées où les horaires ne
sont pas assez flexibles, où il y a des critères
d'accessibilité qui sont trop restreints. Il y a toute la
question de l'hébergement temporaire des personnes handicapées.
Nous-mêmes, quand nous essayons de trouver des places
d'hébergement temporaire, lorsque nous avons besoin d'un congé,
c'est très difficile. C'est un secteur où les provinces, comme la
Colombie britannique et l'Ontario, ont fait des pas de géant et que nous
devrions imiter. Il y a toute la question du bénévolat, du
soutien au bénévolat. Je sais que le ministre a parlé de
soutien aux associations, mais, en même temps, il faudrait faire plus
pour aider les bénévoles à prendre en main un secteur qui
est tellement crucial pour notre société.
Je voudrais terminer en approuvant toute initiative qui va valoriser le
sort des handicapés. L'autre jour, j'étais à une
exposition d'art et de peinture faite par des personnes handicapées.
C'était quelque chose de remarquable. Des handicapés avaient fait
des peintures et des objets d'art remarquables. Je me dirigeais vers une table
où il y avait une jeune fille qui était assise. Je croyais que
c'était une personne qui venait aider, parce qu'elle était
assise. Je n'avais pas remarqué que, derrière la table, elle
était assise dans un fauteuil roulant. J'ai posé des questions
ensuite. C'était une personne atteinte d'un handicap musculaire et elle
va sans doute mourir dans quelques années. Elle est atteinte d'un mal
presque incurable sans doute et cette personne était radieuse. J'ai
acheté son livre de poèmes. Elle s'appelle Carole Cloutier. Elle
écrit de la poésie. Je lui ai demandé de signer ce livre.
Elle peut à peine signer maintenant, la maladie musculaire étant
tellement grave.
Pour terminer, je lirai un bout de ce poème qui, peut-être,
va refléter ce que nous essaierons de penser pour les handicapés.
"Que de souvenirs, que de sentiments perdus. Fermez les yeux et imaginons qu'on
l'a comme au premier jour. C'était si beau, c'était si bon de se
rappeler que de bons moments. Mais les contes de fée ne sont pas vrais,
les princes charmants n'existent pas. Avoir mal tout au long, mais l'essentiel,
c'est d'éprouver quelque chose."
J'espère qu'ensemble nous allons éprouver quelque chose
pour les personnes handicapées et appuyer l'initiative qui va leur
donner une plus grande place au soleil. Merci.
Le Président: M. le ministre délégué
aux Relations avec les citoyens.
M. Denis Lazure (réplique)
M. Lazure: M. le Président, au nom du gouvernement et de
cette formation, je voudrais remercier le député de Nelligan et
le féliciter pour la contribution qu'il apporte à ce
mini-débat. Je pense que nous avons tous été
touchés par son témoignage personnel. Je peux renchérir
sur ce qu'il disait de ce progrès qui a été accompli
depuis environ 20 ans, non seulement ici au Québec, mais un peu partout.
Je me souviens aussi à l'époque, au début des
années soixante, d'être allé visiter certains pays d'Europe
du Nord, dont la Suède et le Danemark. J'avais été
frappé par la liberté dont jouissaient les adultes souffrant du
syndrome qu'on appelle mongolisme ou syndrome de Down. Ces adultes se
déplaçaient en autobus du transport public de Copenhague ou de
Stockholm alors qu'ici, à l'époque, on les gardait encore
enfermés. (10 h 20)
Je concours aux remarques du député de Nelligan lorsqu'il
dit qu'il nous reste encore beaucoup à faire. C'est le début du
troisième paragraphe de la déclaration: "Un long chemin reste
évidemment à parcourir..." D'autre part, je ne vois pas pourquoi,
en certains domaines, lorsque, comme société ou comme
gouvernement, les deux à la fois, nous avons progressé de
façon significative, nous ne pourrions pas le reconnaître de temps
à autre. Mme Thérèse Killens, qui est
députée libérale au Parlement canadien et qui a
été vice-présidente d'un comité d'étude sur
les personnes handicapées il y a quelques années,
déclarait devant moi publiquement et solennellement il y a environ un
an, à l'occasion de la cérémonie de lancement d'une revue
pour personnes handicapées: "De toutes les provinces du Canada, c'est au
Québec qu'on a fait le plus depuis quelques années pour
l'intégration sociale de la personne handicapée". Je ne vois pas
pourquoi on ne le reconnaîtrait pas si une députée
libérale le reconnaît publiquement, et je ne vois pas pourquoi on
ne se le dirait pas de temps en temps.
Je voudrais aussi souligner la participation de l'Office des personnes
handicapées, puisque cette résolution nous place dans un cadre
mondial. Au moment où on se parle, la présidente de l'Office des
personnes handicapées, Mme Laurette Champigny-Robillard, participe avec
quelques collègues au congrès mondial de la réadaptation
des personnes handicapées à Lisbonne, au Portugal. À cette
occasion, l'Office des personnes handicapées présente la
proposition de politique d'ensemble qui s'appelle "À part...
égale", aussi bien qu'un film qui a été lancé
publiquement tout récemment, qui s'appelle "La grande sortie" et qui
illustre justement l'évolution au Québec depuis quelques
années.
Je voudrais aussi, entre parenthèses, apporter une
précision quant à la décennie des femmes. La
décennie des femmes chevauche encore pour une année la
décennie des personnes handicapées. La décennie des femmes
se termine - et je remercie ma collègue de la Condition féminine
de me
l'avoir rappelé - l'an prochain.
En terminant, je voudrais aussi souligner, puisque cela n'a pas
été fait tellement dans les médias, l'honneur qui vient
d'être décerné à l'Office des personnes
handicapées, en la personne de sa présidente, mais qui s'adresse
à tout l'office. En effet, l'Association de paralysie
cérébrale a décerné à l'office tout
récemment le prix Gustave-Gingras. Le prix Gustave-Gingras est
décerné annuellement à une personne ou à un
organisme qui a fait le plus au cours de l'année pour
l'intégration sociale de la personne handicapée. Le prix
Gustave-Gingras vient d'être décerné, il y a quelques
jours, à l'Office des personnes handicapées et je veux, au nom de
cette Assemblée, féliciter la présidente, le conseil
d'administration de l'office et l'ensemble des employés de l'Office des
personnes handicapées. Merci.
Le Président: En nous associant à vos
félicitations, M. le ministre, je vous signale que, lorsqu'il s'agit de
féliciter au nom de l'Assemblée, cela prend une motion de
l'Assemblée.
À la présentation de projets de loi, M. le ministre des
Affaires municipales présente le projet de loi 92, Loi modifiant la Loi
sur la Communauté urbaine de Québec et d'autres dispositions
législatives. M. le ministre des Affaires municipales.
M. Lazure: Sur un point de règlement, M. le
Président, j'ai cru que, lorsqu'il s'agissait de personnes
handicapées, nous pouvions nous dispenser de formalités.
Le Président: Quelles que soient les circonstances, les
règlements de la Chambre continuent à s'appliquer.
Projet de loi 92
M. le ministre des Affaires municipales présente le projet de loi
92.
M. Alain Marcoux
M. Marcoux: M. le Président, le projet de loi 92, Loi
modifiant la Loi sur la Communauté urbaine de Québec et d'autres
dispositions législatives, porte principalement sur le comité
exécutif et le conseil de la communauté. Il vise de plus à
permettre au grand public de participer à la définition des
orientations de la Communauté urbaine de Québec et à
élargir la participation des villes de banlieue aux instances
décisionnelles de cette communauté urbaine. Le projet de loi
prévoit que le comité exécutif de la Communauté
urbaine de Québec sera constitué de neuf membres dont un
président permanent. Il prescrit en outre la mise sur pied de trois
commissions permanentes qui tiendront des séances publiques sur les
affaires de la communauté. Ces commissions sont celles de
l'aménagement et de l'environnement, celle de l'évaluation des
finances et du développement économique et celle du transport en
commun. Le projet de loi 92 permet également à la
Communauté urbaine de Québec de se joindre à une ou
plusieurs municipalités de son territoire afin d'effectuer des
regroupements d'achats de biens et de services par appels d'offres publics.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle de se
saisir du projet de loi 92?
M. Gratton: Adopté.
Le Président: II en est donc ainsi
décidé.
Au dépôt de documents, M. le président du Conseil du
trésor.
Rapport annuel de la CARRA
M. Clair: M. le Président, j'ai l'honneur de vous
présenter le rapport annuel de la Commission administrative des
régimes de retraite et d'assurances pour 1983.
Le Président: Rapport déposé. Au
dépôt de rapports de commissions, M. le député de
Vachon.
Vérification des engagements financiers
M. Payne: J'ai l'honneur de déposer le rapport de la
commission des institutions qui a siégé le 5 juin 1984 afin de
procéder à la vérification des engagements financiers du
ministère des Relations internationales, du ministère de la
Justice, du Conseil exécutif et du ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes pour les mois de février
et mars 1984.
Questions et réponses orales
Le Président: Rapport déposé.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions, ce qui nous
mène à la période des questions des députés.
Avant de commencer la période des questions, j'ai reçu, dans les
délais prescrits, l'avis du ministre de la Justice qu'il entend apporter
un complément de réponse à l'issue de la période
des questions à des questions qui lui ont été
posées la semaine dernière sur le document déposé
en cette Chambre par M. le député de Frontenac.
La période des questions des députés. M. le chef de
l'Opposition.
La résolution du congrès du
Parti québécois sur la
souveraineté
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
s'adresse à l'honorable
premier ministre. En fin de semaine dernière, le congrès
national du Parti québécois a adopté une résolution
dans le sens qu'aux prochaines élections générales un vote
pour un candidat péquiste sera un vote pour l'indépendance du
Québec. Le Conseil des ministres devait en discuter à sa
dernière réunion. Le premier ministre peut-il informer cette
Chambre si le Conseil des ministres a entériné cette
résolution du congrès?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je pense
que c'est assez connu qu'il y avait certaines réticences
vis-à-vis de ce genre d'amendement qui a été voté
au congrès, mais tout cela a été, c'est le moins qu'on
puisse dire, hyperdramatisé. Je pense qu'on a fini par en faire pendant
quelques jours quelque chose comme la souris qui accoucherait d'une montagne.
C'est exactement ce que le Conseil des ministres a conclu hier avec beaucoup de
réalisme et je pense que, si le chef de l'Opposition se donne la peine
de lire les journaux de ce matin, il verra que sur ce point, en tout cas... On
peut essayer de nouveau - c'est normal, c'est le rôle de l'Opposition -de
soulever une tempête dans un verre d'eau, mais cela n'ira pas plus loin
que cela.
Des voix: Oh! Oh!
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, la question
était pourtant claire. Tout ce que j'ai reçu comme
réponse, c'est une montagne et une souris. Le Conseil des ministres
a-t-il entériné la résolution du congrès?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, dans un
parti démocratique - ce qui surprendra peut-être le
député de Bonaventure - le Conseil des ministres n'a pas à
entériner les décisions du congrès. Il a simplement
à les évaluer et à s'ajuster à ces
décisions, mais ce n'est pas le Conseil des ministres qui reprend les
décisions du congrès de notre parti.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Pour être plus clair, lorsque le
premier ministre dit qu'il s'ajuste, est-il d'accord avec la résolution
du congrès et son Conseil des ministres est-il d'accord?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): On l'accepte, M. le
Président, en se disant, encore une fois, que cela ne change rien
d'essentiel et que, sauf pour ceux dont c'est le rôle - et l'Opposition
en particulier - de voir s'il n'y a pas moyen de tirer quelque avantage
politique de cela ou quelque avantage partisan, nous, on ne croit pas que cela
mérite tout ce tralala.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Qu'est-ce que le premier ministre veut dire quand il
dit que, de toute façon, cela ne change rien? Pensez-vous que c'est
très gentil pour les militants péquistes?
Des voix: Ah! Ah!
Le Président: M. le premier ministre. (10 h 30)
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, quand je
dis que cela ne change rien de vraiment fondamental, je pense qu'il est assez
connu que nous sommes de ce côté-ci - c'est comme cela que nous
nous baptisons légitimement - des souverainistes. Nous sommes pour la
souveraineté du Québec. Nous sommes convaincus de plus en plus -
et chaque année qui passe nous en convainc davantage - qu'il y a
beaucoup plus de risques pour l'avenir du Québec, pour les chances
d'avenir des nouvelles générations de ne pas faire face à
un changement dans le sens d'une affirmation du droit au "self-government" et
de l'exercice du "self-government" complet du Québec. Bon! Et je peux
vous dire une chose: cela va se savoir qu'on est convaincu de cela. Cela va se
savoir plus que jamais d'ici les prochaines élections, ce qui fait que
je n'ai pas le moindre doute que les citoyens, dans leur sagesse, sauront aussi
bien pourquoi que pour qui ils vont voter. J'espère que ce sera
également clair dans le cas du Parti libéral, parce que, parfois,
cela fait peur. Bon!
Le Président: Question principale, M. le
député de Laporte.
Le comité interprofessionnel de l'industrie des
baissons alcooliques
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Il a
été question, hier, de la création du comité
interprofessionnel de l'industrie des boissons alcooliques, un organisme qui
est une sorte de cour d'appel des décisions rendues par la
Société des alcools du Québec à l'endroit des
fabricants de vins du Québec.
À ce sujet, le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme a déclaré: "Le comité interprofessionnel a
été créé par la
loi 29. C'est un comité qui a été adopté
dans la loi 29 et cela a été inscrit dans la loi 29". Le ministre
a répété cette phrase à plusieurs reprises en nous
disant cavalièrement d'aller faire nos classes et de relire la loi
29.
La question que je voudrais poser au ministre ce matin est la suivante:
Le ministre peut-il nous dire quel article précis de la loi 29 a
créé le comité interprofessionnel de l'industrie des
boissons alcooliques?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme.
M. Biron: M. le Président, lors de l'étude du
projet de loi 29, on en a discuté à plusieurs reprises.
C'était même une pièce majeure de la libéralisation
de la Société des alcools du Québc. Je rappelle au
député de Laporte qu'il n'a pas pris le temps de lire toutes les
délibérations de ses collègues, notamment le
député d'Outremont, qui est intervenu comme porte-parole
principal, le député de Notre-Dame-de-Grâce et le
député de Mont-Royal. Ces derniers étaient d'accord avec
le projet de loi 29 et surtout avec une des préoccupations que nous
avions, c'est-à-dire de créer le comité interprofessionnel
qui pourrait, non pas agir comme tribunal, mais tout simplement répondre
aux demandes des entreprises privées qui se croyaient
lésées par une décision de la Société des
alcools du Québec.
Pour l'information du député de Laporte, je voudrais
déposer ici en cette Chambre... S'il avait tout simplement pris la peine
de lire les documents à l'occasion de l'étude du projet de loi 29
il aurait vu que j'avais résumé les 26 principales mesures qui
étaient annoncées dans le projet de loi 29, et qui pourraient
faire en sorte de répondre "présent" à la demande des
entreprises privées et des associations d'entreprises
privées.
Parmi ces mesures, la mesure no 17 créait le comité
interprofessionnel qui faisait en sorte de répondre à une demande
pressante de tous les intervenants du secteur privé pour que la
Société des alcools du Québec ne soit plus à la
fois juge et partie. Ce comité interprofessionnel a été
créé en fonction de l'article du projet de loi 29 qui nous donne
l'autorisation de faire des règlements et d'administrer convenablement
la Société des alcools du Québec.
Le Président: Y a-t-il consentement au dépôt
du document?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président.
Le Président: Document déposé. M. le chef de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je
m'élève contre le procédé qui est utilisé
présentement. Par la question déjà posée, on veut
savoir à quel article du projet de loi 29 on retrouve ce dont le
ministre parle. Or, M. le Président, je maintiens qu'il n'y a absolument
rien dans le projet de loi 29 qui permette au ministre de répondre de
cette façon.
Or, on sait fort bien, et je peux aller plus loin pour vous dire...
Le Président: Je m'excuse, M. le chef de l'Opposition.
Est-ce que vous vous levez pour poser une question complémentaire?
M. Levesque (Bonaventure): Pour un rappel au
règlement.
Le Président: Un rappel au règlement. Ah bon!
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président. Je vous
dis bien respectueusement, M. le Président, que...
Des voix: Quel article? M. Gratton: Article 35.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le leader du gouvernement
est satisfait? Je déclare respectueusement à la présidence
que ce que le ministre vient de dire est contraire aux faits. J'insiste
là-dessus. Ce comité interprofessionnel n'a jamais
été...
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
M. Levesque (Bonaventure): ...fondé en vertu du projet de
loi 29, mais en vertu des pouvoirs du ministre...
M. Bédard: Un rappel au règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, je veux bien
entendre un rappel au règlement, si tant est qu'il est fondé sur
le règlement. Le règlement de l'Assemblée nationale ne
prévoit pas la création d'un tel comité
interprofessionnel. Puisque vous argumentez sur le fond de la question, je ne
vois pas en quoi le règlement de l'Assemblée nationale est
impliqué dans la question.
M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: L'article 35.6: "Le député qui a la
parole ne peut imputer des motifs indignes à un député ou
refuser d'accepter sa parole." On ne peut refuser d'accepter la parole du
ministre de l'Industrie et du Commerce quand il nous réfère
à un article de la loi 29. Or, la loi 29 ne contient aucun article. On
veut bien accepter sa parole,
mais il faut quand même qu'il nous dise la
vérité.
Le Président: N'est-ce pas précisément le
but de la période des questions? Puisque vous y revenez ce matin,
j'imagine bien que c'est parce que, à vos yeux, vous avez pu
découvrir une faille et c'est par la période des questions et non
pas par des rappels au règlement que cela peut se faire. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Question additionnelle, M. le Président.
Puisque le ministre a répété à de très
nombreuses reprises que c'était inscrit dans la loi 29 et que même
le ministre de la Justice l'a compris ainsi, puisqu'il nous a dit que cette loi
prévoit le mécanisme décrit par le ministre, le ministre
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, plutôt d'essayer de noyer le
poisson, peut-il nous expliquer comment il se fait qu'on ne retrouve pas dans
la loi 29 la création du comité interprofessionnel? En d'autres
mots, est-ce volontairement ou par ignorance que le ministre induit la Chambre
en erreur?
Le Président: Votre question allait très bien
jusqu'à la toute dernière mention. M. le ministre de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: J'ai dit tout à l'heure que c'était une
pièce maîtresse de l'action qui veut libéraliser davantage
la Société des alcools du Québec, cela a été
demandé par tous les intervenants. À l'article 37 de la loi 29,
c'était bien compris avec les intervenants que nous pourrions, à
même le pouvoir de réglementation, créer un comité
interprofessionnel qui ferait rapport au ministre. Là-dessus, avant que
le député de Laporte aille trop loin, je voudrais déposer
ici la liste des membres du comité interprofessionnel des vins qui,
justement, fera rapport au ministre.
Au comité interprofessionnel des vins, vous avez le
président de la société SOPROVIN, pour la promotion du
vin, de l'association, le président de l'Association des distillateurs
du Québec, le président de l'Association du Québec des
représentants des vins et spiritueux, le président de
l'Association des fabricants de cidre du Québec, le président de
l'Association des détaillants en alimentation du Québec et deux
vice-présidents de la Société des alcools.
Ceux que nous avons choisis comme représentants, ce sont cinq
représentants qui étaient présidents d'associations
d'entreprises privées.
Le Président: M. le ministre...
M. Biron: Je comprends que vous en vouliez au président de
SOPROVIN, parce qu'il a écrit une lettre à votre chef...
Le Président: M. le ministre... Le règlement de
l'Assemblée nationale prévoit que la réponse doit se
rapporter à la question, doit être pertinente à la
question.
Y a-t-il consentement à ce nouveau dépôt de
document?
Des voix: Oui.
Le Président: Document déposé. M. le
député de Laporte.
La nomination de M. Laurent Vives
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais poser une autre
question principale au ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Au cours de la période des questions d'hier, j'ai demandé
au ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qui avait nommé
M. Laurent Vives, directeur général de la maison Verdi, à
la présidence du Comité interprofessionnel des vins. Le ministre
a répondu textuellement ce qui suit: R-9116: "Non pas le ministre mais
le gouvernement, en vertu de la loi 29, a nommé M. Vives." Un peu plus
loin, le ministre a dit: "J'ai justement dit auparavant que je n'ai pas
nommé M. Vives, M. Vives a été nommé en vertu de la
loi par le Conseil des ministres."
Or, le décret, adopté le 7 mars 1984, dit dans son
règlement, à l'article 2: "Le comité est composé
d'un président et de sept à neuf membres, dont un
président nommé par le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme."
Des voix: Ah!
M. Bourbeau: Du plus, lors de l'étude des crédits
du ministère, le 4 avril dernier, j'avais posé au ministre la
question suivante au sujet de cette nomination du président: "Est-ce que
ces nominations sont faites par le ministre?" M. Biron avait répondu:
"Par le ministre, après consultation avec le milieu." (10 h 40)
Le 4 avril, le ministre déclarait que c'est lui-même qui
avait nommé M. Vives et, hier, il disait que c'est le Conseil des
ministres. Ma question est la suivante: Quand le ministre dit-il la
vérité?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme.
M. Biron: M. le Président, en soumettant le projet de
règlement au Conseil des ministres, attachée au projet de
règlement il y avait la liste des membres recommandés par les
associations d'entreprises privées. Je comprends le
député
de Laporte de vouloir détruire le président de SOPROVIN
qui a dit que les propos du député de Laporte dénotent une
ignorance...
Le Président: Rappel au règlement, du leader de
l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, vous avez rappelé
vous-même au ministre tantôt, en l'empêchant de faire ce
qu'il tente de faire, que l'article 79 lui interdit de faire ce genre de
réponse. La réponse doit être formulée de
manière à ne susciter aucun débat.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Je voudrais que l'Opposition se rappelle aussi
un article de notre règlement qui dit que les questions ne doivent pas
prêter à débat non plus. Ce à quoi on assiste
régulièrement, c'est à des questions qui prêtent des
intentions, qui font des insinuations et qui prêtent à
débat. Je n'ai pas pris l'habitude de soulever des questions de
règlement...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre!
M. Bédard: ...mais je pourrais le faire, comme le fait le
leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Je ferai remarquer au leader du gouvernement qu'on ne
prête pas d'intention au ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme. On lit le journal des Débats et on s'aperçoit qu'une
journée il dit que c'est blanc et que, l'autre journée, il dit
que c'est noir. Ce n'est pas lui prêter des intentions que de dire qu'il
ne nous dit pas la vérité.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Sur la question de règlement, je pense
qu'on a un bel exemple de la part du leader de l'Opposition de prêter des
intentions, ou encore de se déclarer non satisfait d'une réponse
qui est interdite par notre règlement. Je pense que, si vous laissiez le
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme répondre
plutôt que de chahuter constamment lorsqu'il répond, vous auriez
peut-être l'occasion d'avoir vraiment des réponses à vos
questions.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Question additionnelle au premier ministre:
Étant donné la conduite du ministre dans l'affaire Biron et
frère, dans l'affaire Allard, dans l'affaire Roberge, et maintenant dans
l'affaire Vives, où il ne dit jamais la vérité et pour
sauvegarder le peu de crédibilité qui reste...
Le Président: Je me permets de vous souligner que
l'affirmation que vous avez faite dans votre question constitue une expression
tout à fait antiparlementaire. Je vous réfère à la
décision que j'ai rendue en cette Chambre au printemps dernier sur
l'aspect toujours subjectif - et relatif, par conséquent - de la
vérité: ce qui est la vérité pour l'un peut ne pas
l'être pour l'autre. Si vous permettez, c'est moi qui suis debout et je
vous prierais de bien vouloir m'écouter jusqu'à la fin,
même si vous n'êtes pas d'accord. Vous ne pouvez pas accuser un
député - pas plus qu'un député ne peut vous accuser
- de ne pas dire la vérité. Je vous prierais donc de bien vouloir
retirer cette partie de votre question.
M. Bourbeau: Très bien, M. le Président, je vais la
retirer. Étant donné que le ministre a une conception très
personnelle de la vérité, est-ce que le premier ministre a
l'intention de remplacer le député de Lotbinière à
la tête du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme?
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, très
rapidement, il me semble que je dois souligner que voilà un bel exemple
de pêche en eau trouble à propos de rien du tout. Il y a un
pouvoir réglementaire dans les lois en général; il y en a
dans celle-là aussi, je suppose. Deuxièmement, il était
entendu avec le milieu qu'il devait y avoir une espèce de cour de
révision, si vous voulez, ou de groupe de révision des
nominations. C'est venu au Conseil des ministres sur la recommandation normale
du ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Donc, d'une certaine
façon, c'est lui, bien sûr, mais très évidemment
c'est le Conseil des ministres qui l'a approuvée.
Une voix: Bien oui, c'est cela.
M. Lévesque (Taillon): Essayer de faire une montagne avec
cela comme avec bien d'autres choses, comme le fait le député de
Laporte... S'il est pour l'Opposition le critique en une matière aussi
importante que l'industrie, le commerce et le tourisme et que, depuis des
semaines, tout ce qu'il trouve, c'est d'essayer de grossir des chiures de
mouches, c'est lui qui devrait être
remplacé plutôt que le ministre qui fait son travail.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, laissant de
côté les interprétations - entre guillemets -
prétendues habiles du premier ministre, le premier ministre peut-il
accepter que son ministre nous ait dit, hier, en cette Chambre, qu'il n'a pas
nommé M. Vives et qu'en même temps on a la preuve qu'il l'a
nommé légalement et effectivement? Comment peut-on concilier une
telle attitude du ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et une
réponse comme celle que nous venons d'avoir du premier ministre?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je
comprends que le député de Laporte, qui n'a jamais
participé au travail normal d'un gouvernement, et j'espère bien
que, dans l'intérêt des citoyens, cela ne lui arrivera pas,
surtout dans le domaine de l'industrie, du commerce et du tourisme où on
voit à peu près la hauteur à laquelle il plane, mais cela
me surprend davantage de la part du chef de l'Opposition qui, Dieu sait, s'est
prélassé dans assez de gouvernements pour savoir que ce que j'ai
dit tout à l'heure, c'était strictement comme ça que cela
se passe et que ce sont eux qui essaient de mêler les citoyens.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, question additionnelle.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Le premier ministre nous parle du travail normal d'un
gouvernement. Est-ce que c'est le travail normal d'un de ses ministres que
d'affirmer, une journée, et de l'affirmer à quatre ou cinq
reprises, qu'il n'a pas nommé lui-même M. Vives, alors qu'il a
lui-même, en commission parlementaire, admis qu'il l'avait nommé,
et que le décret du Conseil des ministres indique bien qu'il est le seul
à avoir nommé M. Vives?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, on peut
bien continuer à essayer de "confusionner" les choses et les gens.
Une voix: Et les citoyens.
M. Lévesque (Taillon): C'est évident que le
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, qui connaît le
milieu, qui est en contact constant avec le milieu, a nommé, dans un
sens, des membres d'un comité qu'il devait recommander au Conseil des
ministres et c'est le Conseil des ministres qui endosse les nominations. Bien,
voyons!
Des voix: Ce n'est pas vrai.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
Une voix: Ce n'est pas vrai.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le premier ministre, pour
éclairer un peu sa lanterne, accepterait de jeter un coup d'oeil sur
quelque chose qui, sans doute, lui échappe? Qu'il prenne donc
connaissance du décret du 7 mars 19841 Je vais le lui envoyer et, s'il
persiste, à ce moment-là on pourra conclure à de la
mauvaise foi. Je pense que le premier ministre pourrait prendre connaissance du
décret et, à ce moment-là, il pourrait répondre en
connaissance de cause. On pourrait passer à autre chose en
attendant.
Le Président: Question principale, M. le
député de Duplessis.
Les affirmations de M. De Bané sur les centres
d'entreposage de la boette
M. Perron: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et se
rapporte à la pêche au Québec. Dans une déclaration
qui a été faite le 8 juin 1984 à Québec par le
ministre De Bané, il a mentionné, lors de cette rencontre avec la
presse, qu'à cause du refus du Québec Ottawa devra
dépenser 1 000 000 $ pour construire des centres d'entreposage et de
distribution de la boëte à l'extérieur des centres
industriels de pêche de Rivière-au-Tonnerre, de
Rivière-au-Renard et de Cap-aux-Meules, aux Îles-de-la-Madeleine.
Plus loin, il mentionne que Québec ne veut pas prêter le terrain
aux pêcheurs afin que nous puissions les aider à reconstruire.
Est-ce que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation pourrait commenter cette déclaration du ministre De
Bané et faire le point sur cette question?
Une voix: Sans commentaire.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, la loi 49 a été
adoptée au mois de décembre. En vertu de la loi 49, lorsqu'elle
sera mise en application, parce qu'on est en train de compléter les
règlements, les entreprises qui vont entreposer de la boëte,
puisqu'il s'agit de poissons qui ne vont pas à la consommation humaine,
devront détenir un permis d'entreposage de poissons qui ne vont pas
à la consommation humaine pour entreposer la boëte. Je suis en
pourparlers avec l'Association des pêcheurs hauturiers parce qu'on veut
faire une localisation rationnelle des entrepôts de boëte pour
qu'une fois pour toutes ce problème soit réglé. Il ne
s'agit pas actuellement d'improviser une solution, mais d'essayer d'avoir une
localisation d'entrepôts de la boëte sur le territoire. J'en ai
parlé avec les membres de l'Association des pêcheurs hauturiers
qui sont intéressés à prendre charge de ces
équipements puisqu'ils sont les principaux utilisateurs de la
boëte. J'ai demandé également à ces pêcheurs de
rencontrer les pêcheurs côtiers pour voir s'il n'y aurait pas moyen
d'avoir une entente au point de vue de l'entreposage de la boëte. (10 h
50)
M. De Bané veut, pour des raisons politiques, parce que les
élections s'en viennent, bâtir des entrepôts n'importe
où et, surtout, il voudrait qu'on donne nos terrains et lui, de son
côté, selon différentes formules à différents
endroits, voudrait sortir le Québec des pêches, par
l'intermédiaire des associations de pêcheurs, en reprenant les
terrains du gouvernement du Québec dans les différents havres de
pêche.
M. le Président, actuellement, nous sommes en train
d'élaborer une localisation rationnelle des entrepôts de
boëte. C'est là-dessus que nous voulons travailler, en association
avec les pêcheurs, pour régler le problème une fois pour
toutes et non pas avoir des solutions improvisées. M. De Bané
veut montrer qu'il a fait quelque chose dans le territoire en bâtissant
des bâtisses n'importe où dans le décor.
Le Président: M. le député de Duplessis.
M. Perron: Question additonnelle, M. le Président. Dans un
deuxième temps, M. De Bané a parlé des associations de
pêcheurs au Québec. Il a mentionné à la presse, en
particulier à M. Florent Plante du journal Le Soleil, qu'il entendait
subventionner les associations de pêcheurs au Québec pour les
regrouper sur une base nationale. Le ministre ne pourrait-il pas expliquer
à cette Chambre que cela sera sûrement un dédoublement?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, le gouvernement du
Québec subventionne déjà certaines associations de
pêcheurs, à condition qu'elles aient un caractère
représentatif, l'Association des pêcheurs hauturiers, par exemple,
l'Association québécoise et industrielle de la pêche. Quant
à l'Association des pêcheurs côtiers - la question a
déjà été posée en cette Chambre - elle ne
correspond pas à la norme d'un caractère
représentatif.
Le président, qui était à ce moment
président des pêcheurs côtiers de la soi-disant association,
et qui était en même temps président de l'Association
libérale fédérale de Gaspé, me disait
lui-même: Essayez de nous reconnaître, même si on n'a pas de
caractère représentatif, parce que si vous nous donnez de
l'argent peut-être qu'on l'aura. Je lui ai dit: Comment voulez-vous qu'on
choisisse tel ou tel groupe pour avoir un caractère
représentatif? Il faut d'abord que les gens du milieu se donnent un
caractère représentatif à une association que nous allons
reconnaître et aider financièrement, mais pas auparavant. Si M. De
Bané veut jouer dans ce sens et dire: On va faire comme d'habitude. Vous
donnerez des subventions à M. Cauvier. Autrefois, c'était
Été-Canada dans sa cave; maintenant, il pourra encore donner des
subventions à un organisateur politique pour "opérer" dans sa
cave.
Le Président: M. le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, j'aurais une autre question
additionnelle à poser au ministre délégué à
l'Aménagement et au Développement régional. Est-ce que le
ministre pourrait commenter le litige qui existe actuellement entre le
gouvernement du Québec et le fédéral en ce qui a trait au
bateau Le Lumaaq, le Kristina Logos et les huit bateaux de
Madelipêche?
M. le Président, est-ce qu'on pourrait avoir l'attention du Parti
libéral pour qu'on puisse poser notre question convenablement?
Le Président: Ce que je crois comprendre de la
réaction qui vient de ma gauche quant à la nature même de
votre question, la période de questions n'est pas une conférence
de presse, si on peut dire. Donc, elle ne vise pas à obtenir des
commentaires, des avis personnels et des avis professionnels - d'ailleurs,
c'est bien écrit dans le règlement - pas plus, d'ailleurs, et
c'était le cas de votre question précédente, de
suggérer la réponse à la question posée. Cela dit,
M. le député de Duplessis, question complémentaire.
M. Perron: M. le Président, au lieu de demander au
ministre de commenter, puisque c'est un litige assez important, d'une part,
et que, d'autre part, M. De Bané a mentionné ce litige
lors de la conférence de presse, est-ce que le ministre pourrait faire
le point sur la question des huit bateaux que je viens de mentionner?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, il n'y a pas vraiment de litige
entre Québec et Ottawa. Vous avez vu, même le ministre
fédéral des Pêches et des Océans s'invite pour venir
passer la fin de semaine chez nous. Mais, actuellement, je suis plutôt en
déménagement. Je ne voudrais pas le recevoir à travers des
caisses. Je voudrais vous dire, M. le Président, qu'il n'y a pas
vraiment de litige. Ce qu'il y a actuellement, c'est qu'il y a des permis pour
des bateaux de pêche qui existaient que M. De Bané ne renouvelle
pas et cela cause le maximum de problèmes. À Madelipêche,
par exemple, il exige que Madelipêche demande ses permis au voyage.
À chaque voyage, il faut demander un permis. Il n'y a pas une entreprise
qui est traitée comme cela dans tout l'ensemble du Canada, parce que
habituellement les permis sont délivrés pour une année,
pour une saison de pêche, et renouvelables automatiquement. Dans notre
cas, les fonctionnaires, quand il s'agit d'entreprises
québécoises, disent: Il faut que cela aille sur la table du
ministre. Cela n'est pas réglé administrativement. Ce sont des
décisions politiques. Concernant le Kristina Logos et le Lumaaq et les
permis de pêche de ces bateaux, actuellement, ceux-ci sont dans leur
période de radoub annuel et, dans quinze jours les radoubs vont
être terminés. Les bateaux devraient partir pour la pêche,
mais les permis de pêche à la crevette n'ont pas été
renouvelés.
Je comprends mal qu'on ne renouvelle pas les permis de pêche
à la crevette alors que chacune des provinces a même eu deux
permis de pêche. Le Labrador a eu trois permis de pêche. Dans le
cas du Labrador, on me dit qu'il y a eu une grande discussion entre les gens
qui détiennent des permis, parce qu'ils n'admettent pas qu'au point de
vue du Labrador, un individu nolise des bateaux européens, avec des
équipages européens, et puisse utiliser deux permis en se faisant
payer des redevances à plus ou moins 0,50 $ le kilo, ce qui lui donne
à peu près 400 000 $ par année, sans rapporter un seul
emploi au Canada. Il exploite deux permis au Labrador du même type que le
Kristina Logos ou le Lumaaq qui, eux, ne sont pas renouvelés parce
qu'ils sont entièrement québécois.
Une voix: C'est effrayant!
M. Garon: C'est inadmissible. Ce qu'on demande, c'est que M. De
Bané délivre les permis dans le cours normal des affaires parce
que le Québec est censé avoir deux permis de chalutage dans la
zone de 200 milles. Il s'agit du Kristina Logos et du Lumaaq.
Le Président: Dernière question
complémentaire, M. le député de Duplessis.
M. Perron: Dernière question additionnelle au ministre de
l'Aménagement et du Développement régional se rapportant
aux subventions du fédéral concernant les centres de pêche.
Est-ce qu'il est exact que les subventions du gouvernement
fédéral se rapportant aux centres de pêche du
Québec, à la suite de l'entente de 1974, et modifiée en
1977, est que le fédéral subventionnerait à 80%?
M. Gendron: La règle du financement des ententes...
Le Président: M. le ministre, je m'excuse. Un document
signé en 1974 et modifié en 1979, nous sommes présentement
en 1984, la période de questions ne vise pas cela. Si on veut savoir ce
qu'il y avait dans ce document, la bibliothèque de l'Assemblée
est à la disposition des honorables députés à cette
fin. Les questions, les périodes de questions sont régies par des
critères. J'invite les députés à lire le
règlement là-dessus. Il faut que ce soient des questions
d'actualité et revêtant un certain caractère d'urgence. Il
est de tradition et de longue jurisprudence qu'une question ne doit pas viser
à obtenir un renseignement qui est contenu dans un document qui est
accessible.
M. Perron: M. le Président, sur une question de
règlement, c'est que M. De Bané a déclaré que les
ententes fédérales-provinciales étaient que le
gouvernement fédéral subventionnait à 80%. Ces ententes
sont toujours en cours puisqu'il y a des fonds qui sont toujours
déboursés par les deux gouvernements. Ces ententes ne sont pas
terminées actuellement. La question que je pose c'est de savoir s'il est
exact que le fédéral, dans le cas des ententes, subventionne
à 80%. C'est d'actualité.
M. Gendron: Les questions régulièrement...
Le Président: Votre question vise-t-elle à savoir
si, dans le document, cela est marqué ou si, effectivement, c'est cela
qui se produit?
M. Perron: C'est cela.
Le Président: M. le ministre de l'Aménagement,
brièvement.
M. Gendron: La question qui est posée est simple. Est-ce
que ce qui est affirmé, c'est cela qui se produit dans les faits? Selon
la réponse du ministre responsable de l'entente, règle
générale, le financement dans les ententes était un
financement de 40%, 60%. Possiblement que même si notre collègue
disait qu'il n'y avait aucun problème, il y en a sûrement un qui
est plus dérangé que l'autre par l'attitude de l'un pour affirmer
de telles choses.
Le Président: Mme la députée de L'Acadie,
question principale.
L'aménagement de l'avenue McGill College
à Montréal
Mme Lavoie-Roux: Ma question s'adresse au premier ministre. Le
projet de développement prévu pour l'avenue McGill College de
Montréal et le projet révisé qui a été
présenté tout récemment soulèvent beaucoup
d'inquiétude dans la population puisque ce projet se situe au coeur
même de la ville de Montréal. Compte tenu que le ministre
Léonard affirmait, en commission parlementaire, en décembre
dernier, alors que ce sujet fut abordé: qu'il s'agissait d'un projet
conjoint de la ville de Montréal, du gouvernement du Québec et
surtout de Cadillac-Fairview, et que, vendredi dernier, le maire de
Montréal reprenait la même affirmation en disant que ce projet
émanait d'un accord solide entre le gouvernement du Québec, la
ville de Montréal, le promoteur Cadillac-Fairview et l'Orchestre
symphonique de Montréal, j'aimerais que le premier ministre nous dise
aujourd'hui quelle est l'implication réelle du gouvernement dans ce
dossier, et ceci depuis le début du projet jusqu'à aujourd'hui.
(11 heures)
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, il est
évident que le gouvernement est profondément
intéressé à ce qui se passe autour et alentour d'un projet
où se trouve impliquée l'éventuelle salle de concert de
l'Orchestre symphonique de Montréal qui maintenant - je pense que chacun
le sait -constitue un objet de fierté pour tous les
Québécois et un objet de fierté à l'échelle
internationale de plus en plus.
Pour ce qui est du projet lui-même et de notre implication, entre
guillemets, j'aimerais bien que le ministre des Finances, qui s'en est
occupé plus directement puisqu'il y a 30 000 000 $ d'impliqués,
puisse peut-être répondre à Mme la
députée.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, au départ, lorsque
Cadillac-Fairview a fait cette proposition d'une salle de concert
rattachée au projet qu'elle avait l'intention d'implanter entre
Sainte-Catherine et Maisonneuve, on nous a demandé dans quelle mesure
nous serions disposés à assurer une partie du financement de
cette salle de concert. Nous nous sommes - ce qui était d'ailleurs tout
à fait normal, je pense - engagés jusqu'à concurrence de
15 000 000 $, souhaitant que, comme d'habitude dans ce genre de projet, le
gouvernement fédéral y aille d'un montant équivalent. Je
vous rappelle, par exemple, que, dans le cas de la construction de la salle de
concert à Toronto, c'est ce qui s'était produit, le gouvernement
de la province de l'Ontario et le gouvernement fédéral avaient
partagé la subvention.
Pour des raisons que je n'ai pas à juger, nécessairement,
le gouvernement fédéral a refusé de placer ses 15 000 000
$ dans la salle de concert et, dans ces conditions, puisqu'il nous paraissait
important qu'une telle salle de concert soit construite, nous nous sommes
avancés jusqu'à 30 000 000 $. Cela veut dire que nous payons tout
ce qui aurait dû être la contribution des deux gouvernements
ensemble.
D'autre part, nous sommes évidemment profondément
intéressés à ce que le plus de constructions possible
démarrent à Montréal. Compte tenu de la situation du
chômage, je pense qu'on conviendra que c'est un objectif qui n'est pas
négligeable. Dans ces conditions, j'ai eu l'occasion de préparer
une sorte d'entente entre les parties à cet égard où,
effectivement, j'indiquais dans ce document qu'il faudrait que les travaux
commencent à une certaine date.
Le Président: En conclusion, M. le ministre.
M. Parizeau: Dans l'intervalle, Mme la députée de
L'Acadie avait posé une question en disant: Est-ce que vous tenez
absolument à cette date? Je lui avais répliqué que, bien
sûr, on peut toujours déplacer la date un peu, que je reste
toujours profondément intéressé à ce que la
construction apparaisse et qu'il ne fallait pas que des délais
demandés en ce sens puissent être simplement un moyen de renvoyer
tout cela aux calendes grecques.
Le Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, le gouvernement est
impliqué pour une somme de 30 000 000 $. La question additionnelle, M.
le Président: Est-ce que le premier ministre ou le ministre des
Finances, selon qui pourra donner la meilleure réponse,
pourrait nous dire si le gouvernement a pu consulter les plans et devis
de ce projet? Combien de plans et devis lui ont-ils été soumis?
Est-ce qu'il s'en est montré satisfait ou s'il a exprimé des
réserves?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: J'ai un peu de difficultés, M. le
Président, à comprendre ces applaudissements. Enfin, je ne sais
pas très bien à quoi ils s'appliquent.
On a soumis des maquettes de l'ensemble du projet dès le
départ, je pense. La première fois, en tout cas, que j'ai entendu
parler du projet, il y avait une maquette ou une esquisse. Je ne me souviens
plus si c'était une maquette montée ou une maquette simplement
dessinée. Enfin, effectivement, cela a été
présenté.
La partie qui nous intéressait comme gouvernement, bien
sûr, c'était la salle de concert. Ce qui a été
décidé à ce moment-là, c'est que la salle de
concert, autant qu'il est possible, en particulier pour toutes les
caractéristiques techniques, relèverait vraiment de l'Orchestre
symphonique de Montréal, en particulier pour l'acoustique. J'ai toujours
pensé que les gouvernements qui s'occupent d'acoustique ne sont pas
très bons. Un comité a été organisé par le
ministre des Affaires culturelles et l'Orchestre symphonique aux fins de
travailler le concept de la salle de concert avec les gens de Cadillac-Fairview
et de prendre un certain nombre de décisions quant à cela.
Pour le reste, en tout cas, je n'ai jamais vu de plans ou de devis pour
le projet Cadillac-Fairview, j'allais dire commercial ou plus gros. En
particulier, j'ai essayé de faire en sorte que le gouvernement soit
impliqué le moins possible dans la décision de savoir s'il est
bon à Montréal de fermer une rue ou de ne pas la fermer, de
mettre une passerelle ou de ne pas mettre de passerelle. Ce n'est pas le
rôle d'un gouvernement de faire cela.
M. Saintonge: Question complémentaire, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Puisque le président de Cadillac-Fairview a
mentionné que le projet de salle de concert a été soumis
à la considération du gouvernement et que ce dernier s'en
était déclaré satisfait et qu'on mentionnait
également, lors d'une conférence de presse la semaine
dernière, que quatre dessins avaient été soumis à
la considération de la municipalité et du gouvernement, je
voudrais savoir effectivement si le gouverne- ment s'est déclaré
satisfait du projet de salle de concert et si les quatre dessins ont vraiment
été soumis au gouvernement et à qui, au gouvernement. Dans
ce cas, est-il vrai que, dans les dessins soumis, le premier dessin respectait,
entre autres, l'aménagement urbain prévu de Montréal
depuis 40 ans de garder l'avenue McGill College à une largeur de 120
pieds?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je n'ai pas, depuis le
début... Je ne me suis pas posé la question de savoir si la ville
de Montréal a des engagements ou non de cette nature ou si la ville de
Montréal a raison d'accepter qu'une rue soit fermée ou non. On a
vu, d'ailleurs, comment le dossier a évolué, à mon sens,
tout à fait normalement. Les dessins originaux prévoyaient la
fermeture de McGill College. Bon! Si je me souviens bien, c'était
très clair dès le départ. Il y a eu des tas de pressions
faites par toutes espèces de milieux à Montréal pour qu'on
ouvre la rue McGill College. Une entente est intervenue entre la ville de
Montréal et Cadillac-Fairview pour décider que la rue serait
ouverte. Encore une fois, ce n'est pas au gouvernement du Québec de
faire cela. Ce sont des discussions qui se font normalement dans le cadre des
discussions entre une municipalité, des aménageurs et certains
groupes de l'opinion publique. Je verrais d'un très mauvais oeil que le
gouvernement commence à dicter la largeur des rues à la ville de
Montréal. Cela n'a pas de bon sens.
Le Président: M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, ma question est très
simple. Le gouvernement a-t-il approuvé des plans? Il semble que le
gouvernement aurait eu des plans soumis à sa considération et
qu'il aurait approuvé un plan. C'est cela, ma question. Les quatre
esquisses soumises au gouvernement l'ont-elles vraiment été?
Deuxièmement, outre la question des plans, le ministre peut-il me dire
quelle est la véritable implication financière du gouvernement?
On parle de 30 000 000 $. Est-ce une subvention directe du gouvernement, un
investissement direct du gouvernement ou si c'est plutôt une garantie
d'emprunt pour le projet?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Bon! Quant aux esquisses, M. le Président -
je ne parle pas de plans et devis ici - j'en ai vu plusieurs, oui, bien
sûr. Je n'ai pas... Il y a des choses là-dedans que nous devons
approuver. Tout ce qui concerne
la salle de concert, évidemment, on veut savoir comment cela
évolue. Le reste, on le regarde passer. On n'a pas d'approbation
formelle à faire; ce n'est pas notre rôle.
Quant à la deuxième partie de la question, nous sommes
engagés essentiellement en ceci: Nous mettons 30 000 000 $ sous la
forme... Ce sera probablement emprunté et comment dire? on lui
appliquera la formule de service de dette habituelle, mais cela, c'est le
gouvernement. Ce n'est pas une garantie de prêt. Le gouvernement
s'occupera de ce financement, quelle qu'en soit la forme.
D'autre part, il n'est pas question que nous payions davantage. Cela a
été très clair dès le début.
Troisièmement, une bonne partie des infrastructures nécessaires
pour la salle de concert seront construites en dehors des 30 000 000 $ par
Cadillac-Fairview, ce qui est extrêmement intéressant. Le garage
souterrain et les fondations seront assurés par Cadillac-Fairview. Donc,
nous avons une salle de concert d'une ampleur assez considérable pour un
prix, au gouvernement, qui est relativement faible par rapport à ce que
cela aurait coûté autrement. Dans ce sens, donc, la
réponse, c'est qu'il s'agit d'un engagement financier du gouvernement
qui le financera vraisemblablement par service de dette. Ce n'est pas une
garantie et l'entente que nous avons, c'est que ce sera 30 000 000 $ qui
viendront du gouvernement et pas plus.
Le Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Une question additionnelle. J'ai
écouté attentivement le ministre des Finances répondre
avec suffisamment de détails aux questions. Ce que j'ai de la
difficulté à comprendre, c'est comment le ministre des Finances
ou le gouvernement peut subventionner une salle de concert pour un montant de
30 000 000 $ et la considérer isolément de l'ensemble du complexe
dans laquelle elle va être intégrée, se détacher
totalement de tous les aspects qui sont touchés par l'ensemble de ce
complexe et toucher uniquement la salle de concert, comme si le reste
n'existait pas. Est-ce que le gouvernement se désintéresse tout
à fait de l'aménagement urbain de la plus grande ville du
Québec? (11 h 10)
M. le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: II y a deux parties à la question. Attention!
Ne glissons pas. L'aménagement urbain de la plus grande ville du
Québec relève des autorités municipales; on en conviendra.
Ce n'est pas parce qu'un dossier commence à être discuté
fermement ou virilement à Montréal que cela veut dire que le
gouvernement doit, sous prétexte qu'il y a des discussions dans le
public, commencer à intervenir sur la largeur des rues. Ce n'est pas
raisonnable. Donc, la question de l'aménagement urbain est une
chose.
Pour ce qui a trait à la salle de concert proprement dite, la
première partie de la question de Mme la députée de
L'Acadie, évidemment que nous sommes intéressés par la
salle de concert. On veut savoir quelle ampleur elle aura, si elle satisfera
les critères de l'Orchestre symphonique de Montréal sur le plan
de l'acoustique, dont je parlais tout à l'heure. Oui, et c'est à
cette fin que le ministre des Affaires culturelles a formé un
comité, a désigné un certain nombre de gens parmi lesquels
se trouvent aussi des représentants de l'orchestre symphonique. On est
intéressé par cet aspect de la question. Mais, là encore,
pensez-vous que le gouvernement va s'intéresser à savoir s'il
doit y avoir dix ou quinze étages dans l'immeuble à bureaux ou
bien si le centre commercial sera bâti autour d'une sorte d'atrium de
quatre étages ou pas? Ce n'est pas le rôle d'un gouvernement de
faire cela.
M. le Président: Fin de la période des questions.
M. le ministre de la Justice, un complément de réponse à
une question qui a été posée la semaine
dernière.
Les réponses du ministre de la
Justice aux questions sur le document du
député de Frontenac
M. Johnson (Anjou): M. le Président, le 5 juin dernier, le
député de Frontenac déposait ici même un document
qu'il qualifiait "d'intérêt public sur l'administration de la
justice".
J'ai eu l'occasion de parcourir ce document de quelque 80 pages.
En réponse à différentes questions qui m'ont
été adressées par des membres de l'Assemblée
nationale, j'ai fait savoir que je ferais le point sur ce dossier en temps
opportun. Nous y sommes. Vous me permettrez d'abord de demander quelque peu
d'indulgence de votre part et de la part de mes collègues, compte tenu
de la situation un peu baroque dans laquelle on se retrouve en période
de questions pour répondre à un document de cette nature.
Permettez-moi d'abord de faire une mise en garde. La séparation
des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire constitue un
pivot de notre société en assurant la protection des
libertés fondamentales des citoyens. Il m'apparaît utile de
réaffirmer ce principe en insistant sur l'indépendance du pouvoir
judiciaire qui ne saurait tolérer d'atteinte. Il n'appartient ni
à l'Assemblée nationale du Québec, ni au ministre de
la
Justice ou au Procureur général de s'arroger le pouvoir de
reprendre un procès qui a eu lieu. Il ne nous appartient pas non plus de
débattre publiquement de choses qui relèvent de la
compétence judiciaire et qui ont été traitées
à huis clos par les tribunaux.
Cela étant, il convient de commenter le document du
député de Frontenac quant à ses éléments
fondamentaux qui ont fait l'objet de vérifications abondantes depuis
neuf jours.
D'abord, au sujet de prétendues menaces qui auraient
été faites à l'avocat de M. Grégoire, s'il est vrai
que je puisse réaffirmer qu'aucun haut fonctionnaire du ministère
de la Justice du Québec n'est intervenu pour menacer ou faire quelque
pression sur le procureur de M. Grégoire, je peux, par ailleurs, relater
les faits suivants: Au printemps 1983, M. Grégoire a communiqué
avec Me Saint-Cyr, de la firme d'avocats Gaudreau, Saint-Cyr et
Associés, pour retenir ses services en défense. À cette
époque, Me Saint-Cyr occupait un poste à titre de procureur ad
hoc, à raison d'environ trois jours par semaine, auprès de la
Commission municipale du Québec, dans le dossier d'enquête sur les
finances de la ville de Rimouski. Il est utile aussi de se rappeler que cette
enquête concernait l'administration d'un ex-maire et ancien membre de
l'Assemblée nationale.
Me Saint-Cyr a alors référé M. Grégoire
à son associé, Me Gaudreau. Les membres de la commission, Mes
Lapalme et Labrecque, de même que le procureur principal, Me Bilodeau,
ont appris par Me Saint-Cyr que son bureau, par le biais de son associé,
Me Gaudreau, pouvait avoir le mandat de représenter M. Grégoire.
Ils ont alors manifesté leur désaccord devant cet état de
fait. Pour l'essentiel, les membres et le procureur principal de la commission
ont prétendu déceler là un possible conflit
d'intérêts ou une apparence de conflit d'intérêts
dans le fait que Me Gaudreau puisse occuper pour un membre de
l'Assemblée nationale, en l'occurrence M. Grégoire, alors que Me
Saint-Cyr occupait déjà pour fins d'enquête dans le dossier
de Rimouski, impliquant aussi un ancien membre de l'Assemblée nationale.
Ces membres de la Commission municipale cherchaient ainsi à faire en
sorte que la crédibilité, l'objectivité et la
neutralité politique dans cette enquête soient
préservées. C'est pourquoi ils ont conseillé à Me
Saint-Cyr d'éviter que son bureau occupe dans le dossier
Grégoire. Pour leur part, Me Gaudreau et Me Saint-Cyr ont trouvé
que les représentants de la commission allaient trop loin dans cette
prétention.
C'est donc par un souci de justice et en fonction d'une perception
peut-être un peu absolue de la notion de neutralité que des
représentations ont été faites à l'étude
Gaudreau, Saint-Cyr et Associés par les membres de la Commission
municipale du Québec. Ces représentations ont donné lieu
à une divergence de vues sur la notion de neutralité pour une
commission d'enquête et sûrement pas à des menaces.
D'ailleurs, comme question de fait, Me Saint-Cyr n'avait pas un contrat
de 100 000 $ pour occuper dans l'enquête de Rimouski; la somme de 100 000
$ représentait plutôt le montant total dégagé par le
Conseil du trésor pour le budget de la commission au chapitre des
honoraires d'avocat. À cet égard, il faut se rappeler que le
procureur principal de la commission était Me Bilodeau. C'est ce
dernier, d'ailleurs, qui avait demandé de retenir les services de Me
Saint-Cyr pour l'aider dans une partie de cette enquête. Effectivement,
Me Saint-Cyr a participé à une portion des travaux de
l'enquête, il a facturé l'ensemble des honoraires qui lui
étaient dus, dont approximativement 40% se rapportent à des
travaux effectués après les événements que je viens
de relater, alors que son associé, Me Gaudreau, agissait
déjà pour M. Grégoire.
Je puis donc affirmer que ni le ministre de la Justice de
l'époque, ni des membres de son personnel ou de quelque autre cabinet ne
sont intervenus auprès de Me Gaudreau pour faire quelque menace que ce
soit. Quant à la prise de position collégiale de la Commission
municipale du Québec, elle procédait d'une préoccupation
peut-être intransigeante du maintien de l'impartialité eu
égard aux fonctions quasi judiciaires qu'elle exerce.
Dans son document, M. Grégoire laisse croire qu'il a fait l'objet
de mesures inhabituelles, de choix téléguidés par des
personnes en autorité. D'abord, quant au choix du tribunal. M.
Grégoire a été poursuivi devant le Tribunal de la jeunesse
comme c'est régulièrement le cas en semblable matière. Le
Tribunal de la jeunesse n'est pas un tribunal de second ordre, il est un
tribunal de droit commun, constitué en vertu de la Loi sur les tribunaux
judiciaires, il exerce une juridiction criminelle selon les mêmes
règles de preuve que celles qui prévalent devant la Cour des
sessions de la paix pour les adultes.
Pour illustrer ce propos, il convient de rappeler que de nombreux cas
poursuivis devant la Cour des sessions de la paix ne font pas l'objet d'une
enquête préliminaire. De plus, il est inexact de prétendre
qu'un droit d'appel automatique existe dans un dossier porté devant la
Cour des sessions de la paix; au contraire, dans plusieurs cas devant ce
tribunal, l'accusé doit présenter une requête pour
permission d'en appeler et, au surcroît, dans tous les cas, s'il veut
recouvrer sa liberté, il doit présenter une requête en
cautionnement. En aucun temps le choix du tribunal n'a été
fixé dans le but de priver l'accusé de droits qu'il aurait
autrement eus devant la Cour des sessions de la paix, c'est plutôt
la présence de mineures dans le dossier qui a pu contribuer à
déterminer le forum approprié.
Ce n'est pas le fait de saisir le Tribunal de la jeunesse d'une cause
semblable qui modifie quoi que ce soit aux règles applicables en
matière de témoignage ou aux sanctions prévues en cas de
parjure, ces règles sont les mêmes que celles que l'on retrouve
devant la Cour des sessions de la paix.
Quant au choix de la loi, M. Grégoire mentionne qu'il a
été poursuivi en vertu de l'article 33 de la Loi sur les jeunes
délinquants, loi qui n'existe plus aujourd'hui. S'il est vrai que la Loi
sur les jeunes contrevenants remplace aujourd'hui celle sur les jeunes
délinquants, il n'en demeure pas moins qu'à l'époque de la
commission des actes reprochés à M. Grégoire, la loi en
vigueur était bel et bien celle sur les jeunes délinquants. Dans
notre système judiciaire, les poursuites sont prises en vertu des lois
en vigueur et non pas en vertu des intentions du législateur.
D'ailleurs, eu égard à l'éventualité de la mise en
vigueur de la Loi sur les jeunes contrevenants, il faut noter qu'il s'est
écoulé un délai de plus d'un an entre la date de son
adoption à Ottawa et celle de son entrée en vigueur et
qu'à l'époque des accusations portées contre M.
Grégoire, il était impossible de connaître la date
précise d'entrée en vigueur de la nouvelle loi
fédérale. (11 h 20)
De plus, M. Grégoire n'est pas le seul à avoir fait
l'objet de poursuites en vertu de ce même article 33 puisque, dans le
seul district de Québec, à la même époque, je peux
affirmer qu'au moins cinq adultes ont également été
poursuivis en vertu de cet article.
Quant au choix du procureur, M. Grégoire s'interroge sur la
présence au dossier d'un procureur ad hoc en provenance de la Cour des
sessions de la paix pour remplacer Me Lucie Rondeau, du Tribunal de la
jeunesse. Il mentionne qu'il s'agit là d'un précédent
établi dans le but de lui nuire. Il apparaît opportun ici de
préciser tout d'abord que, dans la trentaine de bureaux de la couronne
répartis sur le territoire du Québec, tous les procureurs
agissent devant toutes les cours et qu'il n'y a pas de procureur affecté
spécifiquement à une seule cour. Toutefois, dans le cas de
Montréal, Québec, Trois-Rivières et Hull, compte tenu du
volume des causes, la Direction générale des affaires criminelles
a constitué des équipes spécialisées au sein
desquelles on favorise, malgré tout, une politique de
mobilité.
Par ailleurs, à l'époque où des accusations ont
été portées contre M. Grégoire et contrairement
à ses prétentions, il n'y avait pas six procureurs
affectés au Tribunal de la jeunesse à Québec, mais
plutôt deux, dont un seul était disponible, en l'occurrence, Me
Lucie Rondeau. C'est Me Rondeau elle-même, après avoir
autorisé les plaintes, qui a demandé de ne pas occuper seule dans
cette affaire, puisqu'elle avait connu l'accusé dans le passé par
le biais de son père. Le procureur-chef de Québec, Me Robert
Sansfaçon, a alors désigné Me De La Sablonnière
pour diriger la cause. Un tel procédé ne constitue pas un
précédent, puisque dans la seule année
précédente, à Québec, on y a eu recours à au
moins trois reprises. Par ailleurs, Me Rondeau a oeuvré à toutes
les étapes du procès et c'est elle qui a plaidé la
requête pour permission d'en appeler de la sentence devant la Cour
supérieure.
Quant au déroulement du procès et de certains
événements qui l'ont entouré, le document de M.
Grégoire affirme catégoriquement que son compte de banque a fait
l'objet d'une fouille sans mandat de perquisition. Les vérifications
faites confirment qu'un mandat de perquisition à cette fin a
été autorisé par un juge de paix le 21 janvier 1983 dans
le dossier portant le no 200-26000095-83-7.
Le huis clos. Alors que M. Grégoire affirme que le huis clos a
été ordonné par le tribunal lors de la présentation
de sa défense et malgré ses objections, les vérifications
faites me permettent d'affirmer que le huis clos a été
ordonné par le juge au début de la deuxième journée
d'enquête, sans que la couronne ni la défense ne s'y soient
objectées. Sur trois jours et demi de procès, deux jours et demi
ont été entendus à huis clos. Sur ces deux jours et demi,
la preuve de la couronne s'est déroulée à huis clos
pendant une journée et demie. La preuve de la défense et les
plaidoiries des deux parties ont eu lieu, toujours sous huis clos, pendant une
journée. Sans m'ingérer dans les motifs qui ont pu guider le
tribunal dans cette décision, il peut être utile de rappeler le
traitement excessif qu'avaient accordé certains médias à
la couverture de la première journée d'enquête.
Quant au contenu des témoignages, vous comprendrez, M. le
Président, qu'il n'est pas de mon intention d'en donner communication
ici. Je n'entends pas aller à l'encontre de l'ordonnance de huis clos
émise par un tribunal. Je dirai simplement que le processus judiciaire
habituel a suivi son cours. La cour a eu à trancher sur la
crédibilité de versions contradictoires, comme c'est son devoir
de le faire. Ce devoir lui appartient exclusivement à elle qui a entendu
toutes les parties et je ne ferai aucun commentaire eu égard aux
décisions rendues.
Je rappellerai que le député de Frontenac a eu l'occasion
de se présenter devant des instances d'appel. Si ces
tribunaux, de la Cour supérieure à la Cour suprême,
ont jugé ces demandes irrecevables en droit et ce, pour des motifs
exprimés dans les jugements, je ne crois pas que l'Assemblée
nationale doive devenir un forum approprié pour en appeler de ces
décisions.
Je ne crois pas non plus que le fait que les demandes de M.
Grégoire n'aient pas été accordées puisse lui
permettre de conclure à un complot. Se plaint-il de s'être
présenté devant plusieurs juges qu'il qualifie d'ennemis
politiques? Il a oublié, néanmoins, de dire s'il a fait motion
pour récusation de chacun de ces juges, ce que la loi l'autorisait
à faire.
Par ailleurs, à l'égard de l'affirmation voulant que M.
Grégoire soit "le premier citoyen adulte condamné à une
peine d'emprisonnement à n'avoir pas eu droit d'appel depuis 40 ans" -
fin de la citation -une recherche non exhaustive fait état d'au moins
quelques cas semblables depuis peu d'années où la permission
d'appeler a été refusée à des personnes
condamnées à la détention en vertu d'infractions à
la Loi sur les jeunes délinquants. De plus, dans les poursuites prises
en vertu du Code criminel, il n'y a rien d'exceptionnel à ce qu'une
requête pour permission d'en appeler soit refusée.
M. le Président, les vérifications qui ont
été faites à partir du document déposé en
cette Assemblée par le député de Frontenac, et dont je
viens de livrer la teneur quant à certains aspects apparaissant les plus
importants, démontrent, d'une façon évidente, qu'il
s'agit, pour l'essentiel, d'un faisceau d'allégations,
d'événements, d'opinions et d'insinuations qui, à
l'examen, sont loin d'être concluants. Il ne m'apparaît donc pas
opportun de commenter plus en détail ce document.
Par ailleurs, si M. Grégoire a des raisons de croire que des
personnes qu'il peut identifier ont commis des actes criminels, il peut alors
porter plainte auprès des instances appropriées en
énonçant les faits sur lesquels il s'appuie. Je pense ici,
notamment, à cette référence prétendue à
certains "parties" qui se seraient tenus dans la région de
Québec.
Si M. Grégoire considère qu'il a été victime
d'un traitement abusif ou excessif de la part d'un ou plusieurs policiers, il
peut en saisir la Commission de police du Québec, dont c'est le mandat
spécifique prévu par nos lois. D'ailleurs, j'ai fait transmettre
à la Commission de police le document qui est en examen en ce moment
à la Commission de police.
Troisièmement, si M. Grégoire prétend que le
comportement de certains juges a été reprehensible à son
égard, il lui est loisible, comme à tout citoyen du
Québec, de porter plainte devant le Conseil canadien ou devant le
Conseil québécois de la magistrature, suivant qu'il s'agit d'un
juge nommé par
Ottawa ou par Québec.
En somme, je le répète, M. le Président, il n'y a
eu, au niveau du ministère de la Justice, aucune intervention ayant pour
but ou pour effet de priver M. Grégoire de ses droits. Le
député de Frontenac est aussi le citoyen Grégoire devant
la loi. Le cheminement des poursuites a suivi son cours à son
égard comme à l'égard des autres citoyens du Québec
en semblable matière. Si je peux comprendre, M. le Président,
qu'un homme public, par le métier qu'il exerce ou par sa présence
à cette Assemblée, est exposé à des sanctions dans
l'opinion publique autant qu'aux sanctions imposées par un tribunal, je
dirai, par ailleurs, que M. Grégoire a, comme tous les citoyens, un
certain nombre de recours à exercer et des responsabilités
à assumer.
Le Président: La question principale avait
été posée par...
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que...
Le Président: Dans les cas de complément de
réponse, la question va à la personne qui a posé la
question principale.
M. Grégoire: Est-ce que j'ai le droit de poser une
question?
Le Président: M. le député de Frontenac, nos
règles sont très claires là-dessus. C'est la personne qui
a posé la question principale qui a le droit de poser la question
complémentaire. En l'occurrence, si ma mémoire est bonne, il y a
eu deux questions principales sur le sujet, la semaine dernière: l'une
par M. le député de Saint-Hyacinthe et, je pense, le lendemain,
par M. le député de D'Arcy McGee. L'un ou l'autre de ces
députés, puisque M. le ministre ne m'a pas précisé
nécessairement à laquelle de ces deux questions il
répondait, peut poser une question complémentaire, mais seulement
l'un ou l'autre de ces députés.
M. Grégoire: Ce qui veut dire, M. le Président, si
je comprends bien, que je n'ai pas le droit de poser...
Le Président: M. le député de Frontenac,
vous avez le droit de dire tout ce que vous voulez, mais, à
l'intérieur de cette Chambre, vous êtes régi par les
règles de cette Chambre, comme tout autre député.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que je
pourrais invoquer les articles 71 et 72 du règlement, lorsque des faits
ont été mal interprétés ou des déclarations
mal interprétées, ainsi que l'article 205 et l'article 69? Est-ce
que je pourrais invoquer ces quatre articles du...
Le Président: M. le député, tout
député peut invoquer l'un ou l'autre des articles du
règlement. Nous avons cherché, dans l'effort de rajeunissement de
l'Assemblée, à faire de ce règlement un règlement
clair et compréhensible. Vous pouvez l'invoquer si vous trouvez que
l'article est pertinent à la cause que vous voulez soulever.
M. Grégoire: Et la rectification de faits, en vertu de
l'article 69, je dirais que... (11 h 30)
Le Président: Non, non. Un instant. Vous n'avez pas pour
autant la parole sur le fond. Vous soulevez une question de règlement,
alors... Vous invoquez plusieurs articles du règlement en même
temps qui ne sont pas nécessairement reliés les uns aux autres.
J'aimerais savoir plus précisément lequel.
M. Grégoire: En vertu des articles 71 et 72 ainsi qu'en
vertu de l'article 205, je voudrais demander de pouvoir rectifier certains
faits qui ont été énoncés dans la
déclaration du ministre.
Le Président: Si vous voulez utiliser les articles 71 et
72 et la question de fait personnel, j'attire votre attention plus
particulièrement à l'article 72 puisqu'il est question d'un avis
qui doit me parvenir avant la période des affaires courantes, ce qui n'a
évidemment pas été le cas dans les circonstances. Quant
à l'article 205, il faudrait d'abord qu'il y ait eu un discours
prononcé pour que vous puissiez fournir des explications sur votre
propre discours. Or, il n'y a pas eu de discours de prononcé. Donc,
l'article 205 ne peut s'appliquer.
M. Grégoire: ...ce n'est pas celui-là que je
veux.
Le Président: M. le député, l'article 205 se
lit ainsi: "Tout député estimant que ses propos ont
été mal compris ou déformés..." il faut donc que
vous ayez eu des propos. L'article 205 vise à corriger l'impression que
quelqu'un, qu'un autre député donne de votre propre discours.
Encore faut-il qu'il y ait eu discours. Dans votre cas, il n'y a pas eu de
discours. Comment peut-on appliquer l'article 205?
M. Grégoire: ...document déposé et c'est ce
qui a été interprété, à mon avis, d'une
façon erronée.
Le Président: Un document déposé, qui l'a
été par le consentement de la Chambre de manière tout
à fait exceptionnelle, ne constitue pas un discours.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que je peux
demander le consentement unanime de ceux qui sont ici pour pouvoir, à
mon tour, faire mes observations et mes remarques sur la déclaration du
ministre de la Justice?
Le Président: Y a-t-il consentement à cette
demande?
Des voix: Oui.
Le Président: Je veux bien qu'il y ait consentement, mais
nous sommes à la période... J'attire l'attention des membres de
la Chambre sur cette façon d'accorder le consentement unanime. Cela a
été fait il y a quelques jours, quelques semaines. Sans vouloir
me prononcer sur le fond, je ne suis pas certain qu'a posteriori les membres de
l'Assemblée aient été tous heureux de l'avoir
donné.
Dans ce cas-ci, il s'agit de la période de questions, d'un
complément de réponse à la période de questions. Si
on me dit, par consentement, qu'on donne au député de Frontenac
un droit de parole non limité, non balisé, j'attire votre
attention sur le fait que nous pourrions être encore en train de discuter
la question tard ce soir.
M. Bédard: M. le Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Peut-être serait-il opportun, avec le
consentement de tous les membres de cette Chambre, d'accéder à la
demande du député de Frontenac de poser une question
supplémentaire. Nous n'y aurions pas d'objection. Je pense que... Une
question complémentaire. Nous n'avons pas d'objection
là-dessus.
Le Président: II y aurait donc consentement à ce
que la question complémentaire équivaille à un
complément de réponse...
M. Grégoire: Sans préambule.
Le Président: Sans préambule, en effet.
M. Grégoire: À la suite d'une déclaration de
quinze minutes du ministre de la Justice, M. le Président, vous
admettrez tout de même que la situation est un peu exceptionnelle qu'on
me permette une simple question supplémentaire. C'est pourquoi j'ai
demandé le consentement unanime pour...
Le Président: M. le député de Frontenac, je
me permets d'attirer votre attention sur le fait que le complément de
réponse du ministre de la Justice qui, en effet, a pu excéder le
temps habituellement alloué aux réponses en Chambre, a
été provoqué par un document de 80 pages que vous avez
déposé en 15 secondes sur la table
de l'Assemblée nationale sous le couvert de l'immunité
parlementaire. En conséquence de quoi, les règles étant ce
qu'elles sont et à moins que de nouveau, par consentement unanime, on
renvoie le règlement au calendes grecques, les règles sont
très claires. Vous avez droit à une question
complémentaire sans préambule.
M. Grégoire: Très bien, M. le Président. Je
vais poser une seule question complémentaire sans préambule
à trois volets. Je dois vous dire que je comprends parfois que
l'Opposition puisse se sentir frustrée des réponses qui sont
données par certains ministres.
Le Président: M. le député de Frontenac. Si
vous persistez à ne pas poser votre question, je vais devoir utiliser
les autres articles du règlement qui sont à ma disposition.
M. Grégoire: Je pose le premier volet de la question. Le
ministre de la Justice est-il au courant que mon avocat, Me Pierre Gaudreau, a
déclaré à son sous-ministre Jacoby au
téléphone qu'il a parlé non pas de s'interroger sur la
possibilité qu'un avocat participant à une telle commission
à Rimouski puisse en même temps défendre un
député, mais qu'il a parlé de pressions? Le ministre
est-il au courant que mon avocat a déclaré par la suite: On n'a
jamais refait une heure de travail à Rimouski. Ce qui veut indiquer plus
que des interrogations sur la neutralité possible.
Toujours dans ce même volet de la question, le ministre de la
Justice est-il au courant...
Le Président: Un instant! Je vous ai dit: "Vous avez droit
à une question complémentaire. Déjà, vous me dites
que votre question complémentaire est à trois volets et chacun
des volets semble comporter plusieurs sous-volets. Vous avez droit à une
question complémentaire, M. le député de Frontenac. Je n'y
peux rien. Les règlements sont ainsi faits. Je vous prierais de bien
vouloir l'observer.
M. Grégoire: Je vais rester simplement dans ce volet,
remarquant que c'est difficile un peu dans votre cas de me laisser
répondre complètement à la déclaration du ministre.
Le ministre est-il...
Le Président: M. le député de Frontenac,
vous venez de faire remarquer qu'il est difficile, dans ma position, de vous
laisser répondre. Dans ma position, j'applique le règlement de
l'Assemblée nationale tel qu'il a été adopté par
les membres de cette Assemblée à l'unanimité. Je vous
prierais de bien vouloir vous y conformer.
M. Grégoire: C'est pour cela que je trouve que c'est
difficile. Le ministre de la Justice est-il au courant que d'autres
députés de cette Assemblée ont des avocats pour plaider
leur cause, entre autres, le premier ministre lui-même dans sa cause
contre ...
Le Président: Si je comprends bien, la question que vous
avez posée porte sur la conversation qu'il y a eu avec le sous-ministre
de la Justice et que la même situation s'est produite lorsque d'autres
membres de l'Assemblée nationale ont eu recours à des services
d'avocat. M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, ma déclaration
est claire et le député en recevra une copie, elle est absolument
claire et je répète que Me Saint-Cyr était à
l'emploi contractuel trois jours par semaine de la Commission municipale du
Québec dans le cadre d'une enquête à Rimouski, qu'est
intervenue une divergence profonde et importante quant à la conception
de la neutralité et des exigences de cette notion de neutralité
pour un tribunal quasi judiciaire qui faisait enquête et qu'en
conséquence, il y a eu l'apparition, par des conversations entre les
membres de la commission et l'avocat ou les avocats, de cette divergence.
Je réitère cependant qu'environ 40% des honoraires totaux
versés à Me Saint-Cyr dans le cadre de ses travaux pour la
Commission municipale du Québec l'ont été pour des travaux
facturés qui ont été accomplis à la suite des
événements que j'ai relatés, c'est-à-dire alors que
Me Gaudreau, associé de Me Saint-Cyr, occupait pour M.
Grégoire.
M. Grégoire: M. le Président, je trouverai une
autre occasion pour répondre au texte du ministre de la Justice.
Le Président: C'est votre droit le plus strict, M. le
député. Ceci nous amène donc à l'issue de la
période des questions.
Aux motions sans préavis. Il n'y en a pas.
Aux avis touchant les travaux des commissions.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bédard: Je voudrais donner avis que les travaux de la
commission du budget et de l'administration, qui devaient commencer tout de
suite à la salle du Conseil législatif, commenceront à 15
heures, à condition que l'Opposition soit d'accord; nous voudrions que
les travaux de cette commission du budget et de l'administration commencent
à 15 heures à la salle du Conseil législatif. La
commission aura à se pencher sur le projet de loi 75, Loi modifiant la
Loi sur les
assurances et d'autres dispositions législatives. Je comprends
que cela va? (11 h 40)
Une voix: Cela va.
M. Bédard: Également, M. le Président, je
voudrais donner avis qu'à la salle 81 la commission de l'économie
et du travail entreprendra l'étude détaillée du projet de
loi 59, Loi modifiant la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux, et donner avis que cette commission devra
poursuivre ses travaux avec l'étude détaillée du projet de
loi 85, Loi modifiant la Loi sur les coopératives. Ce serait dès
maintenant pour celle-ci, jusqu'à 13 heures - je m'excuse, M. le
Président - ensuite de 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à minuit.
Le Président: D'autre part, immédiatement
après les affaires courantes, la commission des affaires sociales,
à la salle 80, procédera à la vérification
d'engagements financiers. Cette séance sera suivie d'une séance
de travail. À la salle du Conseil législatif, à 14 h 45,
la commission des institutions tiendra une séance de travail qui durera
forcément un quart d'heure, puisque le Conseil législatif est
pris à compter de 15 heures.
Des renseignements sur les travaux de l'Assemblée, il n'y en a
pas.
Aux affaires du jour, nous sommes à l'étape de l'adoption
du principe du projet de loi 80...
M. Bédard: M. le Président, avec votre
permission...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Après discussion avec l'Opposition, nous
préférerions poursuivre le débat pour l'adoption du projet
de loi 48 plutôt que le projet de loi 80.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, effectivement, il y a eu
consultation. Si je comprends bien, on commencera par l'adoption du projet de
loi 48, mais le leader du gouvernement pourrait-il nous dire dans l'ordre
comment on procédera aujourd'hui et demain également, s'il vous
plaît?
M. Bédard: Pour aujourd'hui, pour trois projets, nous
commencerions, tel que je viens de l'annoncer, par l'étude du projet de
loi 48, suivrait la prise en considération du rapport de la commission
du projet de loi 82 et, ensuite, nous continuerions nos travaux avec
l'étude du projet de loi 80. On verra par après si d'autres
projets doivent s'ajouter.
Pour ce qui est de demain, si vous le permettez, avant la fin des
travaux de ce matin, de cette partie de nos travaux, je serai en mesure de
donner tous les renseignements nécessaires.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, une question de
précision. Le leader du gouvernement n'a pas parlé du projet de
loi omnibus, le projet de loi 84. Pourtant, on a cru savoir que la commission
pourrait siéger après l'adoption du principe. Va-t-on
procéder à cela aujourd'hui?
M. Bédard: J'ai donné tout à l'heure, dans
l'ordre, les trois projets de loi que nous voulons adopter, que nous voulons
étudier tout en précisant qu'il pourrait s'en ajouter d'autres si
ces trois projets de loi devaient ne pas occuper tout le temps de nos travaux
de la journée, ce qui fait qu'à un moment donné, s'il y a
du temps qui se libère, il est clair que nous aborderions à ce
moment-là le projet de loi 84 dont fait état le leader de
l'Opposition.
Projet de loi 48 Reprise du débat sur
l'adoption
Le Président: On peut procéder avec les affaires du
jour. La reprise du débat sur l'adoption du projet de loi 48, Loi sur
les pêcheries et l'aquaculture commerciales et modifiant d'autres
dispositions législatives. M. le député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. M. le
Président, comme nous avons eu l'occasion de le dire
antérieurement en cette Chambre, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation arrive en fin de session pour faire
adopter à la vapeur un projet de loi qui traîne dans les passages
du parlement depuis sept mois.
M. le Président, lorqu'on connaît l'implication de ce
projet de loi, on peut se poser quelques questions. Le ministre a-t-il voulu y
donner toute l'importance qu'on y accorde dans les journaux ou veut-il tout
simplement, à la vapeur, encore une fois, faire passer un projet de loi
dont les pêcheurs ou les usagers ne connaîtront pas la
réglementation?
M. le Président, comme l'ont fait valoir mon collègue de
Nelligan et l'honorable chef de l'Opposition, le député de
Bonaventure, avant-hier, je pense que ce projet de loi qui s'avérait
fondamental pour les régions maritimes sera, à cause de
l'insouciance du
ministre, à cause de son entêtement, malheureusement
néfaste à l'ensemble des usagers. On n'a qu'à se rappeler
que déjà, au départ, le ministre nous amène un
projet de loi qui va susciter des conflits juridictionnels. Qu'est-ce que les
pêcheurs ont à foutre de cela? Qu'est-ce que les
propriétaires d'usine, qu'est-ce que les employés d'usine des
pêches ont à aller se placer dans des conflits juridictionnels par
la faute du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation? Nous avons eu l'occasion, au cours de ce très long
débat sur le projet de loi 48, de mettre le ministre en garde contre ses
objectifs. D'abord, si on regarde le premier article du projet de loi 48, c'est
l'objectif d'une loi de séparation. On va gérer les pêches
au Québec comme si on était les seuls en Amérique du Nord.
On ne tiendra pas compte de nos voisins naturels et on ne tiendra pas compte
non plus du fait qu'on fait encore partie d'un pays qui s'appelle le Canada.
Chaque fois que les Québécois ont l'occasion de s'exprimer
clairement là-dessus, ils le font très bien. Or, encore une fois,
voyez l'entêtement du ministre.
Ce qui est plus dangereux dans ce projet de loi, ce sont les pouvoirs
que le ministre s'accorde. Lorsqu'on connaît particulièrement le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, on ne peut
qu'avoir peur des pouvoirs abusifs qu'il s'accorde. Déjà, en
région, les gens de la Gaspésie, de la Côte-Nord et des
Îles-de-la-Madeleine ont une peur bleue du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, tout simplement parce que jamais au
Québec on n'a connu un ministre qui était capable en même
temps d'écraser les gens qui sont obligés de faire affaires avec
lui pour les empêcher de parler. On a des dizaines et des dizaines de
cas. Le député de Nelligan, le député de
Bonaventure et chef de l'Opposition ont exposé des cas bien
précis. On pourrait en exposer pendant des semaines de temps. Le
ministre, par les pouvoirs abusifs qu'il s'est donnés dans tous les
projets de loi qu'il a fait voter à l'Assemblée nationale depuis
un an et demi, contrôle le droit de parole des pêcheurs, des gens
d'usine et des propriétaires d'usine. Je pense que, lorsqu'on se donne
de pareils pouvoirs, c'est qu'on veut faire une chose; on ne veut pas que les
gens concernés du milieu puissent s'exprimer.
D'ailleurs, au tout début du dépôt du projet de loi,
nous avons demandé à l'Assemblée nationale et au ministre
une commission parlementaire. Pourquoi le ministre refuse-t-il une commission
parlementaire? Pourquoi le ministre refuse-t-il d'entendre les
véritables intervenants? Si le ministre avait eu la franchise,
même si c'est un projet de loi controversé, de l'ex-ministre de
l'Éducation et avait tenu une commission parlementaire sur le projet de
loi 40, comme le ministre responsable de la CSST l'a aussi fait pour le projet
de loi 42, je pense que cela aurait été l'occasion
rêvée pour l'ensemble des gens du milieu des pêches de
pouvoir exprimer véritablement leur opinion. Malheureusement, le
ministre a eu peur d'eux. Quand il va en région, il va voir ses petits
"patroneux" et ses petits amis. Il ne va pas voir les véritables
pêcheurs. On reçoit des lettres comme celles qu'on a reçues
depuis quinze jours, et les gens nous demandent qui est le véritable
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, si ce sont
de petits "patroneux" en région ou le député de
Lévis. Il faudra savoir, un jour, qui conduit véritablement dans
le domaine des pêcheries. Cette commission parlementaire aurait eu
l'avantage de permettre une étude plus approfondie des besoins
réels des pêcheurs, alors qu'on fait une loi qui n'a pas
été demandée par le milieu, une loi encore pondue au 35e
étage, et qui sera néfaste pour les gens du milieu. On aurait eu
une occasion en or et rêvée de préparer un plan de
développement des pêches au Québec avec les
véritables intervenants. (11 h 50)
Quand on demande au ministre qui il a consulté et qu'il nous sort
la liste de ces gens, cela fait rire. Quand on sait de quelle façon il
s'est lui-même pris et s'est pris aussi avec le député de
Gaspé, dans des tordages de bras à n'en plus finir pour se faire
envoyer des télégrammes d'appui, je ne pense pas que ce soit
là une véritable consultation. Des intervenants du milieu
auraient véritablement eu l'occasion de venir dire aux membres de
l'Assemblée nationale et au ministre de quelle façon, puisqu'ils
travaillent quotidiennement dans le milieu, il aurait été
préférable de régler une partie de leurs problèmes
de même que d'énoncer un plan de développement des
pêches.
Quand on regarde la façon dont le ministre persiste, par le
projet de loi 48, à développer les pêches encore comme
matière première, alors qu'il aurait une occasion en or, avec la
venue des Pêcheries Cartier et de Madelipêche, de développer
une usine secondaire et tertiaire, le ministre continue à exporter nos
produits bruts. Il continue à faire fabriquer des produits bruts, alors
qu'on sait très bien que les marchés mondiaux sont de plus en
plus ouverts aux produits de transformation secondaire et tertiaire. Le
ministre a oublié de dire cela. Le ministre ne veut pas le faire, tout
simplement parce que c'est quelque chose qui pourrait échapper à
son contrôle. Ce que veut le ministre, c'est le contrôle parfait
dans le domaine des pêcheries.
Il y a une mauvaise habitude qui se développe au ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
particulièrement dans la section des pêches maritimes,
c'est que les gens ont énormément de difficultés à
connaître la vérité. Un jour, le ministre fait des
énoncés; ses fonctionnaires, de temps en temps, font aussi leurs
propres énoncés; ses petits pions en région font des
énoncés parce qu'on est tous un peu ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation dans certains coins du Québec.
Tous ces gens-là sèment la confusion chez les pêcheurs, les
propriétaires d'usine et les travailleurs d'usine. Or, je pense qu'on
aurait eu avantage à avoir une politique claire, bien établie,
connue de tout le monde, si on l'avait faite en consultation.
À l'heure actuelle, on se prépare. Le ministre va faire
adopter son projet de loi 48. Il a une majorité de l'autre
côté de la Chambre. Cependant, il y a une chose qui demeure
ignoble, c'est dans le sens que ce projet de loi n'est pas voulu par l'ensemble
des gens des régions, des pêcheurs, des propriétaires
d'usine et des travailleurs d'usine. Si le ministre, qui vient souvent faire
son fanfaron à l'Assemblée nationale, n'avait pas eu peur de
rencontrer les pêcheurs, je pense que le projet de loi 48, avec les
amendements qu'on a suggérés, aurait des effets beaucoup plus
constructifs.
Tout au cours de ce long débat, depuis sept mois, l'Opposition
libérale s'est acharnée à demander au ministre
d'écouter d'abord les gens du milieu, de légiférer dans le
cadre canadien de nos lois actuelles pour éviter que les pêcheurs
aient à faire face à des problèmes magistraux
aussitôt que la loi 48 sera en vigueur. Malheureusement, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a complètement
ignoré ces choses-là. Comme je l'avais dit antérieurement,
le ministre profite de la fin de la session pour faire adopter à la
vapeur la troisième lecture de son projet de loi qui, pourtant, est
très important pour les pêcheurs et pour les gens du milieu.
Il faut se rappeler que, depuis sept mois, le député de
Nelligan, qui était responsable du dossier sur le projet de loi 48, a
fait un travail exceptionnel de recherche. Ce qui m'a souvent insulté,
c'est la façon dont le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation a rabroué mon collègue de Nelligan en lui
disant qu'il était un député d'asphalte et non pas un
député qui venait du secteur maritime. Je pense que le
député de Lévis et ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation n'a pas de leçon à donner
à mon collègue de Nelligan. Parce que mon collègue de
Nelligan a un avantage sur le ministre. Il consulte les gens. Il est
allé dans le milieu. On n'est pas allé manger du homard au mois
de février. Quand les députés libéraux vont en
région, c'est pour travailler.
D'ailleurs, on n'a qu'à regarder la ribambelle de petits espions
péquistes que le ministre envoyait auprès de nous. On se
demandait si on avait une délégation pour deux
députés puisqu'on avait un autobus de petits espions qui nous
suivait. On a eu l'occasion de les confronter dans différentes salles
publiques avec les gens du milieu. Lorsque l'on regardait le nom de ces
personnes et les subventions que le ministre leur avait accordées, on se
posait des questions. On a su à quel prix le ministre gardait ses
espions dans la région.
Ce n'est pas une façon normale et logique d'administrer les
pêcheries commerciales, particulièrement dans des régions
où l'économie ne va pas déjà trop bien. Les gens de
ces régions n'ont vécu depuis des années que des promesses
du ministre. Si on faisait l'addition des promesses du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour les comparer
à ses réalisations, on s'apercevrait que sauf écrire dans
les journaux et faire des déclarations, l'épaisseur de ses
réalisations se compare à l'épaisseur d'un journal; dans
le concret, il n'y a rien.
Lors de la commission parlementaire, pour vous dire jusqu'à quel
point le ministre est intéressé aux pêches maritimes, il
nous a accordé une heure et demie pour faire l'étude des
crédits d'un budget d'environ 45 000 000 $, si je ne m'abuse, et,
là-dessus, le ministre a utilisé une heure et quart pour
déblatérer sur le dos du fédéral.
M. Blouin: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement de la part du leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Je constate que le député de Saguenay
est relativement jeune dans sa carrière de député; je lui
rappelle que l'article 249 précise que, lorsque nous sommes à
l'adoption d'un projet de loi, le débat est restreint et les paroles
prononcées doivent être restreintes au contenu du projet de loi.
Or, depuis qu'il a pris la parole, le député a fait des
procès d'intention, il dit n'importe...
Le Vice-Président (M. Rancourt): D'accord. Donc, M. le
député de Saguenay, comme tous et chacun des membres de cette
Assemblée le savent, et sans préjudice pour qui que ce soit,
votre intervention doit être faite en accord avec le règlement. M.
le député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Je rappelle la
pertinence du débat au leader adjoint. S'il avait lu le projet de loi
48, il s'apercevrait que ce que je dis se relie entièrement au projet de
loi 48. D'ailleurs, je me demande bien où est le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ce matin; il
pourrait corroborer mes dires.
Avant que le leader adjoint ne m'interrompe, j'étais à
dire que le ministre québécois de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation a reçu une offre concrète du
gouvernement fédéral pour permettre un investissement de 250 000
000 $ au Québec dans le domaine des pêches. Encore là,
selon la presse, on voit que le ministre s'est déclaré contre
toute ingérence. Si le ministre ne veut pas d'ingérence, je le
supplie de prendre au moins les 250 000 000 $ pour les Québécois.
Tant et aussi longtemps que l'on gérera d'une façon
séparatiste, d'une façon unique, le secteur des pêches et
que l'on ne récupérera pas les sommes québécoises
d'argent qui proviennent d'Ottawa, on ne pourra jamais arriver à un
véritable développement des pêches.
Pour cette raison, parce que le projet de loi 48 ne permettra pas un
développement accru des pêches, nous voterons contre. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: Peut-être que mes collègues du
côté gouvernemental seront surpris de voir qu'un
"député d'asphalte", comme l'a dit le ministre, veut aussi parler
sur ce bill. Oui, c'est vrai, je suis un député de la ville de
Montréal, mais, comme tel, les pêcheries commerciales du
Québec m'intéressent aussi. Je suis un citoyen du Québec,
je fais partie des législateurs qui doivent discuter de tous les projets
de loi et doivent avoir de l'intérêt pour tous les secteurs du
Québec. Je ne suis pas limité à ma circonscription
électorale.
Même là, parlant de ma circonscription électorale,
je tiens à rappeler que nous sommes des consommateurs. Les plus grandes
poisonneries à Montréal sont situées dans mon
comté. Les gens de mon comté achètent des produits
maritimes du Québec ou veulent en acheter, s'ils peuvent en acheter. (12
heures)
Un des problèmes que je vais dégager de ce bill se situe
dans l'attitude du ministre et dans les constantes chicanes avec le
fédéral qu'on essaie d'entretenir avec ce bill... Quel est donc
le résultat de ces chicanes, de la réglementation, de deux
permis, de deux rapports, de deux ou trois juridictions? Quel est le
résultat? C'est l'augmentation du prix. Et qui va payer pour cette
augmentation? C'est nous, les consommateurs. On doit essayer de régler
ce problème des pêches maritimes avec bon sens, avec les solutions
les moins coûteuses pour les consommateurs. Le résultat final,
c'est le coût de ce poisson et des produits maritimes.
À cause des chicanes constantes entre le ministre de
l'Agriculture du Québec et les autorités fédérales,
on aboutit à un projet de loi qui suscite des doutes sur sa
constitutionnalité. On va voir vraiment s'il est légal ou non
quand le ministre rendra publics ses règlements. C'est la raison pour
laquelle il n'a pas encore dévoilé les règlements. On lui
demande, depuis sept mois que ce bill est déposé: Où sont
les règlements? Jusqu'à maintenant, il a refusé de les
faire connaître. Il y a des raisons. Il est possible qu'on voie la
véritable intention du ministre dans les règlements. On a assez
d'intentions dans le bill, mais les pires seront dans les règlements.
C'est là qu'on verra que ce projet de loi est fait expressément
pour créer des problèmes aux pêcheurs du Québec.
Cela fait sept mois que ce bill est devant cette Chambre. Comme le
député de Saguenay l'a dit, depuis un mois, on n'en a pas entendu
parler du tout. Pourquoi? C'est très facile à comprendre. Le
ministre attendait la fin de la session pour essayer de le faire adopter en
vitesse. On sait qu'avec les règlements de la Chambre, en fin de
session, on peut nous faire travailler 24 heures par jour, six jours par
semaine, pour être certain que le bill soit adopté. Il avait peur
de le présenter durant la période normale, parce qu'à ce
moment-là on aurait pu avoir des discussions ouvertes. Cela me surprend
même de trouver le bill aujourd'hui. Je pensais que le ministre voulait
le proposer durant la nuit. C'est intéressant. Depuis les quelques jours
que l'on en discute en Chambre, il y a des gens de l'Opposition qui ont
parlé ou qui vont parler au sujet de ce bill, mais on ne trouve pas le
ministre.
Une voix: Bien oui, il est là, le ministre.
M. Blank: Oui? Où est-il? Une voix: II
écoute.
M. Blank: II écoute les discours, mais il n'est pas en
Chambre. N'importe quelle personne peut regarder les débats à la
télévision, mais l'obligation du ministre, à mon avis,
c'est d'être en Chambre quand on discute de son projet de loi. C'est la
tradition parlementaire.
Une voix: II est dans l'antichambre.
M. Blank: II est dans l'antichambre, mais depuis...
Une voix: II n'y a même pas de quorum ici.
M. Blank: Non, il n'y a pas de quorum
en Chambre, mais ce n'est pas cette question qu'on soulève
à ce moment-ci. Le ministre doit être en Chambre lorsqu'on discute
de ce bill. Depuis le commencement de la discussion... Merci, le ministre
arrive.
Une voix: Bravo!
M. Blank: J'espérais que le ministre entende mon discours.
Il ne m'arrive pas souvent de parler sur les pêcheries mais, de temps en
temps, j'aimerais que le ministre m'entende.
M. Garon: Je vous entendais.
M. Blank: Oui. Je trouve dans ce bill des pouvoirs...
M. Garon: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Vous voulez
faire une question de règlement?
M. Garon: Oui.
Le Vice-Président (M. Jolivet): En vertu de quoi, M. le
ministre?
M. Garon: En vertu du règlement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): En vertu de quel article?
M. le ministre...
M. Garon: Je vous dis...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Non, non, je... Si c'est
pour donner des explications sur le fait que vous n'étiez pas en
Chambre, je pense qu'en aucune façon je ne vais le permettre. Vous aurez
un droit de réplique et vous l'utiliserez. M. le député de
Saint-Louis.
Une voix: II s'en va encore. Il va manger du homard.
M. Blank: Voilà! Le ministre part-il encore ou va-t-il
s'asseoir?
M. le Président, en tant que citoyen du Québec et aussi en
tant qu'avocat, je trouve que certaines dispositions de ce projet de loi sont
un peu troublantes, non seulement parce qu'on va avoir des
réglementations qu'on ne connaît pas, ou parce qu'on ne soit pas
de quelle façon le ministre va encore essayer d'empêcher les
Québécois de gagner leur vie, mais pour qu'on constate dans ce
bill, particulièrement dans certains paragraphes du du chapitre IV:
"Inspection, saisie et confiscation", qu'on donne à des inspecteurs et
à des gens du ministère, des droits et des pouvoirs absolument
incroyables. Ils ont le droit d'entrer partout, de saisir partout, à
n'importe quelle heure de la nuit, à n'importe quelle place. Ce sont des
pouvoirs que l'on trouve incroyables dans le domaine des pêcheries.
Qu'est-ce qu'on pense ici? Qu'on fait affaires avec des criminels, avec des
gens qui font le trafic des drogues ou d'autres produits complètement
illégaux? Ce sont des pêcheurs, de simples citoyens de notre
province, qui gagnent leur vie en faisant la pêche. Pour contrôler
ces gens-là, on donne ces pouvoirs au ministre.
It is far beyond my comprehension, Mr Speaker, to see these sections in
this law. We are not dealing here with drug addipts, criminals, all types of
people. We are dealing with simple fishermen situated on the Coast of
Québec, in the Gaspé area, and what do we have? Inspectors can
come and raid their houses, raid their ships, raid their boats, seize anything
inside, without getting prior permission from a judge. Even in the criminal
courts, if you want to have a seizure, you go to a judge first. But no, when
you are dealing with a simple fisherman, you can go directly and seize his
assets, enter his home, examine this, examine that, with complete immunity to
these inspectors.
I find that a little troubling, and that is another reason why, as a
member from Montreal, I am interested in this bill, in this fishing bill. The
minister says: No. He is waving his head, but I can read English and I can read
French. It is very simple, it is very clear. The minister wants me to read the
article? I will read it for him. "Any inspector or officer may board any
fishing boat to verify whether its occupants are in compliance with its Act or
regulations and, in particular, whether any part of the shore or bed of the
waters of the public domain used by them is used in accordance with this Act.
"Any inspector or officer may enter and, without a warrant, search any vehicle,
boat, fishing boat, aircraft, or any other premises, etc." Where do we see this
kind of powers being given in relation to simple fishermen?
I had the opportunity the other day, while flying up from Boston, to sit
beside a person in the fishing business from the part of Québec where
fishing is the main objective, and I had a chance to talk to this gentleman,
and I tell you they are scared, they do not know what to expect from this
minister. The minister is trying to impose his will on people who have been
doing business for hundreds of years, and he is going to try to tell them how
to live, eat, walk and do business. He is imposing his will upon them and, if
they disagree, they suffer the consequences. I have been in this House for many
years and it is the first time that any time anybody mentions something about a
fisherman or a producer in the area, the
minister is up on his feet, wanting to know who, who, who. Why does he
want to know who? Because he is the one that controls the grants, the permits.
In this bill, here, he wants to give himself absolute discretion on whom to
give permits. He is going to decide who can carry on business and who cannot.
Also, at the same time, he is nationalizing parts of the business. He himself
is going into business. He is going into business in the fishing industry. He
is going into the business of transformation of fish products and he is the one
that is going to decide who gets permits, and you can see what happens there.
You can see what is going to happen there. Any time the minister wishes to put
somebody out of business, it is very simple, in his discretion, he decides that
they do not get a permit, they cannot do this and they cannot do that. And who
are these? They are going to be his competitors.
One of the purposes of these bills, this whole series of bills that the
minister has before us now, including this bill 48, is to take absolute control
of the fishing industry into his hands. Who is going to suffer? Those people,
who are doing business today, will be there only under the whim and the
pleasure of the minister. That is no way to govern a province.
Pour ces raisons, je voterai contre le projet de loi. (12 h 10)
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Lac-Saint-Jean et whip du gouvernement.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, j'ai suivi ce débat
sur le projet de loi 48 depuis le début. Cela commence à durer
depuis un bon bout de temps. Je me dis et je me demande comment comprendre que
ce débat ait duré aussi longtemps. Quant à moi, j'ai la
réponse. Cela m'apparaît très clair, très simple
aussi. C'est qu'au fond, ce débat sur le projet de loi 48 s'inscrit dans
le cadre de cette vaste offensive fédérale centralisatrice qui a
cours au Québec depuis 1980, depuis en fait le
référendum.
C'est un peu d'ailleurs le fruit du référendum que cette
vaste offensive centralisatrice concertée, articulée et qui vise
à affaiblir le Québec, à réduire ses pouvoirs,
à réduire ses juridictions, à l'écraser, à
le rapetisser en quelque sorte. La liste des attaques fédérales
est très longue. C'est le cas dans le domaine des affaires sociales avec
le projet de loi C-3; c'est le cas également dans l'éducation
postsecondaire; cela a été le cas aussi et cela risque
d'être de nouveau le cas pour ce qui est de nos institutions
financières comme la Caisse de dépôt et placement du
Québec avec le fameux projet de loi S-31; c'est le cas dans le domaine
des loteries avec la rupture de l'entente fédérale-provinciale
sur cette question; c'est le cas dans le domaine du développement
régional avec le refus du fédéral de renouveler les
ententes-cadres et les ententes auxiliaires de développement; c'est le
cas dans le domaine municipal avec l'intrusion fédérale dans un
secteur qui relève exclusivement du Québec en vertu de la
constitution.
À mon avis, il m'apparaît très clair que cette
tentative de faire reculer le Québec dans le secteur des pêcheries
vient s'ajouter à cette longue liste d'intrusions, d'empiétements
et d'attaques du gouvernement fédéral contre le Québec
visant à affaiblir le Québec et à le rapetisser. Cette
offensive fédérale en matière de pêcheries s'inscrit
dans ce cadre.
Il faut dire que depuis quelques années, le Québec avait
connu des progrès considérables en matière de
pêcheries grâce, en particulier, au dynamisme du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui avait mis en place
des programmes, fait adopter des lois visant à moderniser le secteur des
pêches au Québec, en particulier, à renouveler la flotte,
à assurer une meilleure qualité des produits de la pêche et
également à accroître la production.
Il y a donc des progrès considérables qu'on a connus dans
le domaine des pêches au Québec depuis quelques années. Le
fédéral a voulu entraver, stopper ces progrès, d'abord en
dénonçant, comme on le sait, l'entente de 1922, entente qui
reconnaissait de façon très explicite les droits et les
juridictions du Québec en matière de pêcheries. On peut
dire que l'attitude fédérale, l'attaque fédérale,
s'inscrit dans cette offensive générale depuis quelques
années visant à affaiblir le Québec et à
réduire ses juridictions et ses pouvoirs.
La loi 48 est en quelque sorte la réponse du Québec
à cette agression fédérale en matière de
pêcheries, dans le secteur des pêches, puisque le projet de loi 48
vise tout simplement, le plus normalement du monde, à faire en sorte que
les juridictions et les droits territoriaux du Québec soient
respectés et reconnus de la façon la plus claire possible.
On comprend aussi la réaction des libéraux d'en face, de
l'Opposition. On la comprend très facilement aussi dans ce dossier,
parce que leur doctrine en matière constitutionnelle, leur vision des
choses en matière constitutionnelle m'apparaît très claire,
même lumineuse. Il s'agit d'un fédéralisme inconditionnel.
Le fédéralisme prôné, préconisé par
les gens d'en face est un fédéralisme inconditionnel,
c'est-à-dire que, lorsqu'il y a affrontement, controverse, opposition
entre le fédéral et le gouvernement du Québec sur toutes
sortes de
questions, dans toutes sortes de domaines, la position des
libéraux d'en face est très simple, elle est toujours très
claire. Cela m'étonne d'ailleurs qu'on dise qu'en face ils n'ont pas de
position constitutionnelle. Ils en ont une, elle est très simple, elle
est même lumineuse: lorsqu'il y a affrontement entre le Québec et
le fédéral, leur position est très simple, c'est le
fédéral qui a raison. C'est le fédéral qui a
toujours raison et c'est automatique. Cela se fait sans examen, sans analyse.
C'est automatique, c'est a priori. Le fédéral a raison. Cela
vient de leur doctrine en matière de fédéralisme, de leur
pratique. Ils pratiquent un fédéralisme inconditionnel, le
fédéralisme à tout prix.
Dans le domaine des pêcheries, c'est la même chose. Leur
position, leur attitude est un appui tacite aux fédéraux en
retardant - c'est ce qu'ils ont fait depuis plusieurs mois - en utilisant
toutes les ressources du règlement pour retarder le plus possible
l'adoption du projet de loi 48. Leur thèse est très simple. Cela
a été la même aussi qu'on a pu constater à
l'occasion du débat sur le projet de loi 38 concernant les
municipalités. Leur thèse est toujours la même,
c'est-à-dire qu'il faut s'entendre - c'est ça leur thèse
-il faut s'entendre avec le fédéral. Cessons les chicanes avec le
fédéral. Ce n'est pas bon. Ce n'est pas beau. Ce n'est pas gentil
de se chicaner avec le fédéral. Entendons-nous avec le
fédéral. Bien sûr. Tout le monde est d'accord avec cette
thèse. Entendons-nous avec le fédéral, mais cela
dépend à quelles conditions. Nous sommes prêts à
nous entendre avec le fédéral dans le respect des juridictions du
Québec, dans le respect de nos compétences reconnues par la
constitution. Nous sommes prêts à nous entendre. Mais, eux, c'est
l'entente sans condition. Ils sont prêts à s'entendre sans la
moindre condition puisqu'en vertu de leur thèse et de leur point de vue
le fédéral a toujours raison. Il n'est pas question d'imposer des
conditions au fédéral puisqu'il a toujours raison. Donc, c'est
une entente sans condition.
Quand le Québec occupe ses juridictions, quand le Québec
affirme ses droits, comme c'est le cas dans le projet de loi 48 - ce qu'on fait
tout simplement, c'est qu'on affirme nos droits, on affirme nos juridictions,
nos compétences - quand le Québec affirme ses droits et ses
compétences constitutionnelles, la réaction à la fois des
libéraux d'en face et des libéraux d'Ottawa, c'est de dire: Ce
sont là des chicanes stériles. Cessons ces chicanes
stériles. Ce sont de ridicules... - c'est l'expression utilisée
par De Bané - ce sont de ridicules guerres de drapeaux. Ce sont
là des guerres de drapeaux tout à fait ridicules, qui n'ont aucun
sens, aucune signification. C'est cela leur thèse. Quand on affirme nos
droits, quand on défend nos juridictions, nos compétences, la
réaction de l'autre côté c'est de dire: Arrêtons ces
chicanes et ces guerres de drapeaux, cela n'a aucune signification. Si cela n'a
aucune signification, si ce sont de vulgaires querelles de drapeaux, des
chicanes stériles, c'est bien évident qu'à ce moment dans
leur esprit s'entendre avec le fédéral veut dire céder au
fédéral puisque c'est stérile, inutile et sans
signification. C'est insignifiant de défendre ses juridictions, de
défendre ses droits. La conception d'une entente avec le
fédéral, cela va signifier aussi l'abandon de ses droits. Ce
n'est pas important ces droits-là, ces juridictions.
S'entendre avec le fédéral, cela veut dire de l'autre
côté laisser tomber ces droits, les abandonner, s'écraser
en quelque sorte devant le fédéral. Il faudrait qu'ils se
comprennent de l'autre côté parce qu'ils ont une réaction
assez contradictoire à ce chapitre. Quand on s'est fait avoir en
matière constitutionnelle, dans le cas, par exemple, du rapatriement
unilatéral de la constitution, leur réaction à eux, et ils
l'ont proclamée sur toutes les tribunes, les libéraux d'en face,
a été de dire: C'est effrayant, vous avez affaibli le
Québec. Ils nous accusaient d'avoir affaibli le Québec. C'est
vrai. Quand on défend les droits et les compétences du
Québec, la réaction, c'est de dire: Arrêtez donc les
chicanes. Il faudrait que vous vous compreniez. Il faudrait se comprendre. (12
h 20)
Est-ce important, les droits du Québec, les compétences et
les juridictions du Québec? Si c'est important, appuyez-nous, parce que
de l'autre côté, quand on se fait avoir effectivement comme on
s'est fait avoir à l'occasion du rapatriement unilatéral de la
constitution qui a eu pour effet de diminuer les pouvoirs mêmes de cette
Assemblée nationale, ils ont dit: C'est épouvantable! Vous avez
affaibli le Québec. Quand on défend avec acharnement, comme c'est
le cas du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
avec son projet de loi 48, les droits et juridictions du Québec,
là on dit: Arrêtez ces chicanes. Cela n'a aucun sens. C'est
insignifiant. Arrêtez ces vulgaires querelles de drapeaux.
Comprenez-vous, de l'autre côté? C'est quoi? Vous êtes pour
la défense des droits et des juridictions du Québec, ou alors,
cela ne veut rien dire? Faites votre choix.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: M. le Président, on vient d'entendre le
député de Lac-Saint-Jean qui nous a parlé de la
constitution. Il nous a parlé d'à peu près tout, sauf du
projet de loi 48. On voit et on a pu constater depuis le
dépôt de ce projet de loi qu'il a dû reprendre le
chemin des tablettes au mois de décembre dernier, parce que même
ce gouvernement ne s'entendait pas. Aujourd'hui, lorsqu'on constate à
l'intérieur du projet de loi 48 le nombre de chiures de mouche qu'on y
retrouve, à toutes fins utiles, quand on examine de plus près le
projet de loi 48, on dit une autre fois que ce sont des chicanes. Le
député de Lac-Saint-Jean en a traité longuement, à
savoir qu'effectivement, ce sont encore les guerres de drapeaux qui
éclatent. Elles éclatent, pourquoi? Dans le respect de l'option
indépendantiste que ce gouvernement tente de promouvoir depuis qu'il est
au pouvoir et même avant.
M. le Président, je considère que c'est un projet de loi
enfantin, en ce sens que l'on met en péril, non seulement les
pêcheries du Québec, mais celles des provinces voisines comme la
Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et le
Nouveau-Brunswick qui, en somme, ont tenté de conclure des ententes afin
de privilégier les pêcheurs de chacune de ces provinces.
Aujourd'hui, avec un taux de chômage aussi élevé que celui
qu'on connaît, avec de l'aide sociale qui dépasse toujours les
statistiques, on s'enfarge encore en tentant de créer davantage de
chômage et de créer davantage d'aide sociale.
Quand on parle de démocratie, quand on parle de consultation, on
a l'exemple du député de Nelligan qui a défendu longuement
ce dossier. Le député de Nelligan est allé consulter avec
le député de Saguenay, mon collègue, les gens du milieu et
les associations du milieu. Or, tous repoussent ce projet de loi, à
l'exception, bien entendu, du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation et sa majorité servile qui ne connaît même
pas le contenu de son projet de loi. L'Opposition avait demandé une
commission parlementaire où tous les intervenants du milieu auraient pu
être entendus, où le gouvernement aurait pu comprendre davantage
les préoccupations et les appréhensions des gens du milieu, plus
particulièrement les pêcheurs du Québec face à ce
projet de loi néfaste pour notre société. Non. Le
gouvernement a décidé, comme il le fait habituellement. C'est
peut-être une des raisons pour laquelle, aujourd'hui, et au cours de la
dernière année, on s'aperçoit de plus en plus que ce
gouvernement est à la dérive, il ne correspond plus aux attentes
du milieu. Il ne correspond plus non plus à ce que les gens
souhaiteraient. Il est complètement décroché de la
réalité. C'est une des raisons pour lesquelles on retrouve des
sondages qui l'appuient encore à 23%. J'aurais souhaité que ce
gouvernement comprenne les tracasseries que ce projet de loi cause dans le
milieu, en ce sens qu'on impose au Québec un dédoublement dans
l'émission des permis. Encore des tracasseries. Encore une fois, nos
pêcheurs seront obligés de se munir d'un permis
fédéral, comme ils l'ont déjà fait, et aussi d'un
permis provincial. Encore un chevauchement. Encore des coûts
additionnels. Tout cela pour satisfaire l'appétit indépendantiste
de ce gouvernement qui profite de toutes les occasions pour tenter de
dénigrer le fédéral.
J'aurais souhaité que le ministre comprenne les interventions
nombreuses de l'Opposition dans le but d'obtenir la réglementation qui
devrait accompagner ce projet de loi. Absolument pas. Ce n'est pas parce que le
ministre n'a pas eu le temps de déposer une réglementation, cela
fait sept mois qu'on insiste, en cette Chambre, auprès de ce
gouvernement pour qu'il clarifie ses positions, qu'il enlève la brume
qui couvre l'ensemble de ce projet de loi dans les articles qui le composent.
Non. Encore une fois, le gouvernement ne veut pas comprendre. Encore une fois,
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation va
saboter l'économie du Québec dans une sphère
drôlement importante, qui est celle des pêcheries. Quand on tient
compte du chômage en Gaspésie, dans les îles et dans
d'autres milieux où ces gens attendent de pratiquer leur profession, de
faire leur travail, on constate, encore une fois, qu'une fin de session nous
amène à parler de ce projet de loi que ce gouvernement veut faire
adopter à la sauvette.
Un des objectifs qu'il poursuit, par l'imposition de projets de loi
semblables, est toujours un pas de plus vers ce qu'il préconise, soit
l'indépendance du Québec, alors que la population a
indiqué très clairement, en 1980, qu'elle ne voulait plus
entendre parler de l'indépendance du Québec. Les derniers
sondages l'ont démontré d'une façon encore plus claire:
66% de la population a dit qu'il n'était plus question de parler de
l'indépendance. Ce gouvernement continue de tenter de poursuivre son
idée diabolique de séparer le Québec du Canada. Par des
projets de loi semblables, on peut constater une autre fois que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation nuit aux
Québécois et aux Québécoises. Il nuit terriblement
à l'économie, à la relance économique du
Québec. Les citoyens sont de plus en plus en attente d'une
élection générale afin, justement, de se
débarrasser une fois pour toutes d'un gouvernement qui a des
idées aussi arrêtées, aussi néfastes pour la relance
économique de notre province.
On a parlé des règlements. On a parlé de la
commission parlementaire. On lui a suggéré d'écouter les
gens du milieu. Absolument pas. On va nous demander maintenant d'endosser ce
projet de loi qui est néfaste pour le Québec. Jamais! M. le
Président. Jamais le Parti libéral du Québec n'endossera
un tel projet de loi qui va
complètement à l'encontre des intérêts du
Québec et de ses composantes.
En terminant, j'ose souhaiter que, dans les minutes qu'il nous reste
à discuter du projet de loi, un éclair de génie frappe le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, qu'il
retire ce projet de loi et qu'il soit conscient de ses
responsabilités.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Brome-Missisquoi. (12 h 30)
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, on se retrouve encore une
fois en fin de session avec un même projet de loi. Il s'agit d'un projet
de loi qui n'a pas réussi, à l'ajournement des fêtes,
à être adopté. Est-ce qu'on peut se demander pourquoi?
Est-ce qu'on peut se poser les vraies questions quant à ce projet de
loi? Le ministre, de son côté, et les députés
ministériels qui ont pris la parole nous disent qu'il s'agit d'un projet
de loi qui ne veut que le bien des pêcheurs, qu'il s'agit d'un projet de
loi qui vise à protéger des attributions constitutionnelles de la
province de Québec en matière de pêcheries. Alors, dans un
tel contexte, s'il s'agit d'un projet de loi qui veut aider les pêcheurs,
protéger les intérêts constitutionnels du Québec,
pourquoi l'Opposition s'oppose-t-elle à un tel projet de loi? Pourquoi
les députés de ce côté-ci de la Chambre
continuent-ils de tenter de ramener à la raison le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et le gouvernement du
Parti québécois quant à ce projet de loi 48?
On a demandé, dès le dépôt du projet de loi,
de ce côté-ci de la Chambre, au ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation d'avoir suffisamment de transparence,
d'être suffisamment ouvert pour déposer, avec son projet de loi,
les fameux règlements qui vont affecter les pêcheurs dans leurs
activités quotidiennes, dans leur vie quotidienne, qui vont affecter le
gagne-pain de centaines d'individus au Québec. Le ministre, depuis sept
mois, s'entête et dit: Non, vous ne les aurez pas, les règlements.
C'est la réponse qu'on a.
Devant une telle attitude du ministre, le chef de l'Opposition et
député de Bonaventure a mandaté deux députés
pour piloter ce dossier avec lui: le député de Saguenay et le
député de Nelligan. Ces gens ont demandé au ministre de
convoquer une commission parlementaire. Ce n'était pas tellement
compliqué; on voulait entendre les pêcheurs. Si c'est pour le bien
des pêcheurs, les pêcheurs vont nous le dire. Si cela va contre
leurs intérêts, les pêcheurs vont nous le dire. On a
répété cette demande mois après mois depuis sept
mois et le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
continue à s'entêter, à refuser la permission ou le droit
aux pêcheurs de venir se faire entendre ici, devant l'une de nos
commissions de l'Assemblée nationale.
Peut-être que le ministre a peur des arguments des pêcheurs,
peut-être que le ministre a peur que les arguments des pêcheurs
réussissent à convaincre les députés de l'autre
côté qui ne connaissent rien aux effets d'un tel projet de loi;
ils ne peuvent pas le savoir, on n'a pas les règlements.
Devant cet entêtement du ministre à refuser de porter
à la connaissance du public sa réglementation, à refuser
d'entendre ceux et celles qui sont visés par le projet de loi et les
règlements, les députés de Bonaventure, de Nelligan et de
Saguenay sont allés en région. Ils ont tenu une sorte de
commission parlementaire rogatoire. Ils sont allés rencontrer les gens
du milieu. Les gens qui ont pris la peine d'étudier le projet de loi,
d'en prendre connaissance, s'y opposent, parce qu'ils sont inquiets quant
à leurs droits et libertés fondamentaux; ils sont inquiets parce
que les dispositions contenues dans ce projet accordent au ministre un
contrôle absolu, un contrôle de vie ou de mort sur
l'activité économique qui leur permet de gagner leur vie.
Les pêcheurs sont inquiets spécialement des dispositions
des articles 35 et 36 du projet de loi. M. le Président, vous le seriez
également, si vous étiez un pêcheur, si vous trouviez dans
un projet de loi un article qui autorise tout inspecteur ou agent du ministre
à entrer et, sans mandat, à perquisitionner dans votre
véhicule, dans votre embarcation, dans votre bateau de pêche, dans
un aéronef et dans tout autre lieu, ouvrir ou faire ouvrir tout
réceptacle, s'il a des motifs -l'agent, l'inspecteur du ministre
raisonnables et probables de croire qu'il s'y trouve des produits aquatiques
obtenus ou détenus en infraction à la présente loi et aux
règlements. Et on ne nous dit pas quels sont les règlements.
Ces gens ont raison d'être inquiets. Si vous étiez des
pêcheurs, MM. les députés péquistes, et que vous
retrouviez dans un projet de loi qui affecte votre gagne-pain quotidien un
article qui autorise l'inspecteur ou l'agent du ministre, sans mandat, sans
aucune autorisation judiciaire, à saisir votre bien, votre gagne-pain
s'il a des motifs raisonnables et probables de croire qu'une infraction
à la présente loi et aux règlements qu'on ne connaît
pas a été commise, est-ce que vous ne seriez pas inquiets? Est-ce
que vous ne voudriez pas venir à l'Assemblée nationale du
Québec rencontrer les élus du peuple et leur dire: Donnez-nous au
moins les règlements pour qu'on sache à quelle violation possible
on peut s'exposer? Si vous voulez maintenir des pouvoirs de perquisition, de
saisie et de
confiscation de notre propriété privée, s'il vous
plaît, comme gouvernement, ayez donc suffisamment le sens du respect de
la propriété privée pour édicter que de telles
perquisitions et de telles saisies ne pourront pas s'effectuer sans
l'autorisation judiciaire préalable! Ce que le gouvernement fait, ce que
le ministre de l'Agriculture fait, ce que les députés
péquistes qui vont voter pour ce projet de loi font, c'est qu'ils
tentent de priver les pêcheurs d'un droit reconnu à l'ensemble de
la population, soit le droit d'être traité équitablement
par un système judiciaire.
Les députés péquistes d'en face vont voter pour que
les inspecteurs du ministre puissent entrer sans mandat de perquisition chez
les pêcheurs et y saisir sans mandat la propriété
privée des pêcheurs. Il n'est pas surprenant que, dans un tel
contexte, on retrouve, à la toute fin du projet de loi, à
l'article 67, un article qui suspend des dispositions de la Charte canadienne
des droits et libertés de la personne. Il n'est pas surprenant de
retrouver cette disposition parce que les autres Canadiens sont
protégés contre des saisies et des perquisitions sans mandat,
parce qu'ils peuvent se prévaloir des dispositions d'une Charte
canadienne des droits et libertés de la personne. Il n'est pas
surprenant que, dans un tel projet de loi, le ministre de l'Agriculture, avec
son gouvernement péquiste, suspende l'application de cette charte,
enlève des droits aux pêcheurs de façon à pouvoir
envoyer des inspecteurs perquisitionner leur propriété
privée et les déposséder de cette propriété
sans aucune autorisation judiciaire.
Le ministre de l'Agriculture a mené son combat jusqu'à la
toute fin, mais ce n'était pas un combat pour la défense des
droits du Québec, ce n'était pas un combat pour la défense
des droits des pêcheurs. C'était un combat pour la défense
de son obsession indépendantiste. C'était un combat pour
s'assurer que, pour faire avancer cette idéologie indépendantiste
ou séparatiste, il puisse davantage contrôler les gens, il puisse
davantage contrôler leur propriété privée.
Dans un tel contexte - et je tente un dernier appel à la raison -
si le ministre pense encore, malgré les discours qu'il a entendus, que
ce projet de loi vise le meilleur intérêt des pêcheurs,
qu'il leur permette de venir en commission parlementaire s'exprimer. Si le
ministre continue de s'entêter à refuser cette demande tout
à fait raisonnable des pêcheurs du Québec transmise par la
voie de l'Opposition, on aura compris que ce projet de loi ne vise qu'à
faire avancer sa cause indépendantiste et séparatiste qui a
été rejetée par la population du Québec et qui
continue de l'être davantage chaque jour. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Berthier.
M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. Cela va être le
temps d'envoyer notre ministre se faire soigner. Il disait la semaine
dernière qu'il préférait que le député de
Berthier aille se faire soigner. Pourquoi se faire soigner? Parce que le
ministre ne répondait pas aux questions claires, nettes et
précises. Ce n'est pas nouveau de sa part, il le fait quasiment
toujours. Il charrie de gauche à droite, mais la question
précise, on dirait qu'il ne l'a pas entendue. On ne sait pas pourquoi.
Peut-être qu'il serait bon qu'il aille se faire soigner. Quand le
député de Maskinongé lui posait des questions et lui
demandait de répondre par oui ou non, il ne répondait pas. C'est
pour cette raison que j'ai dit au ministre: Répondez donc aux questions,
M. le ministre. À ce sujet, il m'a répondu que le
député de Berthier devrait aller voir un neurologue, mais
peut-être que lui devrait aller voir un psychiatre. Ce serait
peut-être préférable pour le ministre de l'Agriculture.
Une voix: Très bien.
Une voix: Donnes-y la claque! (12 h 40)
M. Houde: M. le Président, lors de l'étude des
crédits - comme vous le savez, nous n'avons pas tellement de temps pour
l'étude des crédits - nous avions dix points à
débattre. Nous n'en avons débattu que quatre. Il a fallu faire
vite, encore là, sur les quatre que nous avons défendus. Le
ministre a su prendre du temps pour ne pas répondre aux questions. Le
député de Saguenay et le député de Nelligan lui
posaient la question: Combien y a-t-il d'usines financées? Ils ont
posé la question trois fois; il a parlé pendant environ quatre ou
cinq minutes à chaque occasion pour finir par dire: Il y en a tant.
Pourquoi n'a-t-il pas répondu la première fois? Si l'agriculture,
c'est aussi important qu'il le dit, il devrait arrêter de charrier et de
ricaner, être sérieux et répondre aux questions. Cela nous
permettrait d'avoir plus de réponses à nos questions.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député de Berthier, j'ai un appel au règlement de la part
du député de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue de Berthier, mais je pense qu'en vertu de l'article 205 de
notre règlement les débats doivent se faire sur le projet de loi
bien précis, non pas se faire sur les commissions parlementaires et sur
tout autre sujet.
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, M.
le député de Roberval, M. le député de Berthier
sait très bien de quel projet de loi on parle. Je suis sûr qu'il
va en faire mention.
M. Houde: M. le Président, je vous remercie de me ramener
à la pertinence. Le député de Roberval aurait dû
être ici quand le député de Lac-Saint-Jean a parlé;
il n'y avait pas de pertinence et on l'a laissé aller quand même.
Il avait quelque chose à dire, il l'a dit.
M. le Président, on voit, dans le projet de loi 48: "Inspection,
saisie et confiscation", à l'article 29. Je vais vous le lire, parce que
je pense que le ministre ne l'a pas lu. Autrement, il ne nous apporterait pas
le projet de loi à la dernière minute, à la fin de la
session, pour essayer encore de l'adopter à la vapeur, comme il a voulu
faire au mois de décembre. La même chose se répète,
le même scénario. Quand il y a quelque chose d'important, vite, on
va l'adopter pour qu'on n'ait pas le temps de le voir. Je suis pertinent,
j'imagine.
Je vais citer l'article 29: "Le ministre peut, pour l'application de la
présente loi et des règlements, et dans les limites
autorisées par le Conseil du trésor, nommer des inspecteurs, des
analystes et des agents et déterminer leur rémunération
ainsi que leurs autres conditions de travail."
Une voix: Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Houde: Je l'expliquerai au député de Rousseau
tout à l'heure, s'il le veut, en arrière. Je lui ferai un dessin,
s'il veut comprendre cela. Parfois vous êtes plus vite dans d'autres
communiqués que vous pouvez envoyer...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Un instant. D'abord, il
est prévu dans notre règlement qu'on ne doit, en aucune
façon, par des sons qui sont un peu violents, faire quelque intervention
que ce soit. Le député de Berthier a la parole. Je vous demande
tout simplement de la lui laisser. M. le député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. Je continue.
Après l'article 29, c'est l'article 30. "Dans l'exercice de leurs
fonctions, les inspecteurs et les agents ont les pouvoirs d'un agent de la
paix." J'aimerais que M. le ministre m'écoute religieusement. Il va
pouvoir, ensuite, appliquer le projet de loi 48 pour ne pas, encore une fois,
faire ce qu'il voudra avec qui il voudra et, en même temps, faire du
patronage. C'est ce que cela veut dire.
Une voix: C'est cela.
M. Houde: Toujours à l'article 30: "Sur demande, ils
doivent s'identifier et exhiber le certificat, signé par le ministre,
attestant leur qualité." L'article 31: "II est interdit de nuire aux
inspecteurs, aux analystes ou aux agents dans l'exercice de leurs fonctions, ou
de refuser de leur obéir." C'est cela. Prenez-le en
considération.
On parlait tantôt de chicane fédérale-provinciale.
Oui, on peut en parler parce qu'en fin de semaine dernière ceux qui ont
lu les journaux ont pu voir la version du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation qui se dit complètement
séparatiste. Moi, si je dis que je suis séparatiste, je
n'essaierai pas de travailler avec le fédéral honnêtement.
Hypocritement, oui, mais pas honnêtement, par exemple. C'est ce que le
ministre tente de faire aujourd'hui.
Le ministre veut nous présenter encore une fois, comme je le
disais tantôt, un projet de loi à la vapeur. Pourquoi le ministre
se refuse-t-il toujours d'instituer une commission pour entendre les parties?
D'abord, que je sache, vous n'êtes pas allé les voir dans le
champ, vous n'êtes pas intéressé à aller les voir et
vous êtes encore moins intéressé à les entendre. M.
le Président, le député de Rousseau...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui. Écoutez, M. le
député de Rousseau, effectivement, vous m'ennuyez. S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Oh! M. le député d'Outremont.
Il y a peut-être des gens aux cheveux blancs, j'ai un peu la barbe
blanche. M. le député de Berthier, en essayant de protéger
votre droit de parole.
M. Houde: Merci, M. le Président. Regardez de temps en
temps du côté du leader adjoint.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Regardez-moi et vous
n'aurez pas d'objection de ma part.
M. Houde: Mais que voulez-vous? La caméra est devant moi
et il est en dessous de moi. Que voulez-vous que j'y fasse? Il faut que je
l'endure comme cela.
M. le Président, je disais tantôt que le ministre refusait
toujours d'entendre les parties. Enfin, on pourrait les entendre, nous aussi.
On les a entendues, d'abord, dans le champ parce que le député de
Nelligan et le député de Saguenay sont allés rencontrer
les gens, les pêcheurs pour savoir quelles doléances ils avaient,
ce qu'ils voulaient qu'on demande au ministre. Mais le ministre n'y va pas, ni
ses acolytes. Comment va-t-il être adopté, le projet de loi 48?
À la vapeur, sans savoir ce qu'il peut faire dedans.
Plus que cela, M. le Président. Lorsqu'on voit un projet de loi
qui est
déposé devant la Chambre depuis déjà sept ou
huit mois et qu'on n'a même pas encore les règlements, comment
voulez-vous qu'on puisse travailler honnêtement et sérieusement
comme député responsable, surtout dans un comté rural?
Tantôt, il parlait des comtés urbains. Je comprends qu'il y a des
comtés urbains qui sont peut-être moins près. Par contre,
ils sont capables de se déplacer pour aller voir les pêcheurs dans
le champ. De votre côté, il y en a qui ne vont pas les voir.
Faites donc la même chose et reportez donc votre projet de loi 48 pour
que vous ayez le temps de les rencontrer. Ce n'est pas pour quelques semaines
ou quelques mois de plus... D'ailleurs, les pêcheurs ont commencé
pour la plupart. Ils vont continuer à travailler et ils auront
peut-être moins de problèmes en ayant seulement un permis pour
aller à la pêche. Vous voulez leur en imposer un deuxième.
Il me semble qu'il y a assez de règlements, de lois, etc. Il faudrait
arrêter de charrier.
C'est aussi le cas d'autres ministres, mais surtout vous, vous
êtes un expert pour multiplier les conditions, les règlements,
pour ennuyer les pauvres gens qui sont dans le champ, qui veulent travailler,
qui veulent gagner le pain pour leurs enfants pour être capables de les
faire manger et les instruire même s'ils sont loin des centres comme
Québec et Montréal. Ce sont des gens comme les autres, ce sont
des Québécois et des Québécoises comme nous et
j'aimerais bien que vous les entendiez, M. le ministre, une fois pour toutes.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Cela me fait de la peine. Je vois que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation s'apprêtait
à donner la réplique, je crois. Comme c'était un sujet
extrêmement important, M. le Président, j'ai voulu m'associer
à mes collègues pour défendre la démocratie et les
pêcheurs de la Gaspésie et ceux de la Côte-Nord.
Il est bien certain que nos demandes n'étaient pas
exagérées. Mes collègues en ont fait part à
l'Assemblée de façon répititive et continue depuis le
début de l'étude de ce projet de loi. Quelles étaient ces
demandes? Elles étaient bien simples. Nous avons demandé d'avoir
une commission parlementaire pour que les gens qui s'intéressaient
à ce sujet viennent s'exprimer, viennent dire au gouvernement, aux
parlementaires ce qu'ils voulaient bien nous dire. Nous avons également
demandé le dépôt de la réglementation qui nous
aurait permis d'en connaître davantage et de voir l'impact que la
réglementation et la loi auraient sur l'activité
économique des pêches en Gaspésie, sur la Côte-Nord
et pour tous ceux qui oeuvrent dans ce métier.
Il est bien évident que ce gouvernement est
débranché, déconnecté et que, malheureusement, on
doit le subir encore un certain temps. Il faut, quand même,
déplorer cette attitude arrogante, négative, cet enthousiasme
à perpétuer les chicanes fédérales-provinciales,
cette attitude d'un ministre qui s'inspire des temps lointains qu'on croyait
révolus. Pour s'assurer que les gens l'appuient, il va jusqu'à
les menacer de leur faire perdre des subventions. On se retrouve maintenant au
temps de Maurice Duplessis avec le crois ou meurs, toi tais-toi ou ne parle
pas, ce genre d'attitude. Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation reprend les attitudes de Maurice Duplessis, d'un temps tout
à fait révolu. Il ne faut pas se surprendre si la cote du Parti
québécois est en chute libre avec ce genre d'attitude
négative, arrogante, dépassée. Ce genre d'attitude, le
fait que le gouvernement n'est pas intéressé à
écouter la population du Québec et ceux qui veulent s'exprimer
font que sa cote chute constamment. (12 h 50)
En mars dernier, vous aviez ce titre du Soleil: "L'appui au PQ stagne
toujours. 26% contre 66% aux libéraux." On aurait cru qu'à la
suite du remaniement ministériel cela aurait pu changer. Mais
l'électorat n'est pas dupe de ce genre de stratégie parlementaire
de changer quelques ministres, quoique je dois admettre que, si le premier
ministre avait changé le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation, je crois que cela aurait peut-être
été le facteur qui aurait permis au PQ de remonter la côte
un peu. Il ne faut pas se surprendre parce que, vous savez, j'ai quelques
chiffres ici sur le degré de satisfaction de la population envers le
gouvernement qui nous dirige. En 1981, après les élections,
c'était 62%. En 1982, c'était 39%. En 1982, 43%, 36% et, comme je
l'ai dit, 26%.
La pertinence, je vais vous le dire, c'est que ce gouvernement, sur la
loi 48, n'a pas voulu écouter les gens qui ont quelque chose à
dire. Il n'a pas voulu écouter la population qui voulait s'exprimer sur
ce projet de loi. Nous avons demandé une commission parlementaire. Nous
avons demandé que ceux qui veulent s'exprimer aient le loisir de le
faire. Si nous parlons maintenant, si le député d'Outremont, qui
n'est pas associé de très près au domaine des
pêcheries, s'exprime, c'est que je crois qu'il faut prendre la
défense de la démocratie et permettre à ceux qui le
veulent de s'exprimer. Nous n'avons pas de commission parlementaire. Nous
n'avons pas les règlements que nous avons demandés à
plusieurs reprises.
Comme je l'indiquais, il ne faut pas se surprendre si l'arrogance et
l'attitude du gouvernement dans ce domaine font en sorte que sa cote chute
toujours. Je vous dis pertinemment que, pour ma part, j'aimerais bien que la
cote du PQ remonte un peu. Cela m'ennuie un peu car, avec une cote qui baisse,
qui baisse et qui baisse, je me dis: Mon Dieu, ils vont attendre un an, ils
vont attendre deux ans avant de déclencher des élections. Ce que
j'aimerais, c'est que la cote du PQ remonte un peu, de 2% ou 3%, pas trop, mais
juste assez pour leur donner l'espoir que là, ils devraient
déclencher des élections.
Bien sûr, on nous dirait: Vous voyez, le Parti libéral
commence à chuter. Le chef du Parti libéral n'est pas aussi fort
que vous le croyiez. Bien sûr, mais cela me ferait plaisir. J'accepterais
les critiques, parce que cela me ferait plaisir. Je me dirais: S'ils croient
que cela commence à remonter un tout petit peu, si les
députés croient qu'ils ne perdront pas tous leur siège
à la prochaine élection, à ce moment-là, nous
aurons des élections immédiatement après les
élections fédérales, qui viendront, je crois, au mois
d'août, et à ce moment-là, cela permettrait au moins
à la population de s'exprimer d'une façon
démocratique.
C'est là le sens de mon intervention, M. le Président.
Nous déplorons le peu de transparence de ce gouvernement et nous le
disons d'une façon très claire et très libre. C'est
malheureux, car non seulement il s'agit de défendre la démocratie
pour un principe, mais il s'agit également de défendre un secteur
d'activité qui est extrêmement important pour la population de la
Gaspésie et de la Côte-Nord où on a un chômage de
l'ordre de 20% ou 22%. Je ne me souviens pas des statistiques exactement et,
d'ailleurs, les statistiques ne nous disent pas toute la vérité.
Elles ne nous disent qu'une partie de la vérité officielle et
quiconque est allé dans cette région du Québec sait que la
vérité est bien plus dure que cela.
M. le Président, c'est là le message que je veux laisser
à la population qui nous écoute. Nous, députés de
l'Opposition, lorsque nous voyageons dans ces régions, nous sommes
extrêmement sensibles à leurs doléances. La campagne que
nous avons faite sur le projet de loi 48 s'inscrit à l'intérieur
de ce débat que nous voulons animer pour prendre leur défense et
surtout empêcher le gouvernement - qui prendra une débarque au
plus tôt, bien sûr - de poser des gestes qui seraient à
l'encontre du développement économique de ces régions. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre, sur votre
droit de réplique.
M. Jean Garon (réplique)
M. Garon: M. le Président, évidemment, les
auditeurs qui ont écouté les derniers orateurs ont pu se rendre
compte que le domaine des pêches n'a pas été leur
principale préoccupation au cours des derniers mois. Le
député de Berthier, le député de Hull, le
député de Brome-Missisquoi et le député d'Outremont
ont parlé de sondages, ils ont parlé de n'importe quoi, sauf des
pêches. Pourtant, le projet de loi est déposé à
l'Assemblée nationale depuis le mois de novembre. On aurait pu
s'attendre que les députés d'un parti qui trouvaient que le
projet de loi méritait une grande étude en parlent quelque peu.
Le député de Berthier nous a dit qu'après l'article 29,
c'était l'article 30. J'ai constaté qu'on ne pouvait rien lui
cacher.
Des voix: Ah! Ah!
M. Garon: Je dois dire qu'il ne nous a pas appris grand-chose. Il
nous a lu deux articles. Le député de Saguenay a dit qu'on
voulait adopter le projet de loi à toute vapeur. Entre vous et moi, M.
le Président, c'est un projet de loi qui est devant le Parlement depuis
le mois de novembre.
M. Rocheleau: Question de règlement, M. le
Président, s'il vous plaît!
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
ministre. J'ai une question de règlement. Je vais l'entendre. M. le
député de Hull, en vertu de quel article du règlement?
M. Rocheleau: En vertu de l'article 36: qu'au moins ses
collègues viennent l'entendrel
Des voix: Quorum. Quorum.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Vous avez raison. Je vais
demander le quorum. Que l'on sonne.
Une voix: Très bien.
Une voix: Cinq minutes avant la fin.
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
Nous avons maintenant le quorum. M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, le député
d'Outremont pourra se pourfendre sur la démocratie, mais vous avez vu
qu'il a quitté immédiatement cette Chambre, qu'il n'est pas
intéressé au débat. On a fait une question de
règlement pour demander le quorum, puis on s'est
dépêché de faire des jeux, d'aller derrière votre
trône pour ne pas compter dans le quorum. Quand le
député
d'Outremont veut parler de la démocratie, il parle de la
démocratie des millionnaires d'Outremont. Il se fout du peuple.
M. Rocheleau: M. le Président, question de
règlement, s'il vous plaît!
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse. En vertu de
quel article du règlement, M. le député de Hull?
M. Rocheleau: En vertu de l'article 205, la pertinence du
débat.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je vais regarder pour
voir. Oui, je voulais vous le faire remarquer justement. En vertu de l'article
205, il n'y a pas de question de pertinence. Mais, effectivement,
c'était à l'article 204.
Des voix: Ah!
Le Vice-Président (M. Jolivet): D'un autre
côté, je dois vous dire que M. le ministre a le droit d'utiliser
l'argumentation qu'il veut pour se faire comprendre, comme d'autres l'ont,
d'ailleurs, fait. Quant à moi, je croyais que ses propos étaient
vraiment pertinents.
Comme il est 13 heures, je suspends nos travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise de la séance à 15 h 7)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Veuillez prendre place.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous complétons donc le
débat sur les pêcheries et l'aquaculture commerciales. Je vous
demande d'appeler l'article 22 de notre feuilleton, s'il vous plaît!
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous reprenons le
débat sur l'adoption du projet de loi 48, Loi sur les pêcheries et
l'aquaculture commerciales et modifiant d'autres dispositions
législatives.
Lors de la suspension, à 13 heures, M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation avait la parole, il
avait déjà utilisé deux minutes environ, il vous reste
donc 18 minutes.
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président. Ce matin,
évidemment, l'Opposition libérale a essayé de
m'empêcher de parler en utilisant toutes sortes de mesures dilatoires.
J'ai trouvé cela un peu amusant, surtout après avoir entendu le
député d'Outremont parler de la démocratie. Le Parti
libéral essaie, par toutes sortes de mesures, d'empêcher les
parlementaires de parler.
Mais je reprends le débat aujourd'hui. Les derniers orateurs que
nous avons entendus ont démontré qu'ils n'avaient pas
étudié le projet, qu'ils ne s'étaient pas
intéressés au sujet. Les derniers députés
libéraux qui ont parlé n'ont pas parlé
véritablement des pêches; ils ont parlé de toutes sortes
d'autres sujets, de sondages, etc. Malgré que le projet de loi soit au
feuilleton depuis le mois de novembre, en sept mois, ils n'ont pas
trouvé le tour de le regarder. Ils pensent que le voyage de leur chef
hors les murs aux Îles-de-la-Madeleine, pour aller manger du homard il y
a quelques jours, tient lieu de pensée politique dans le secteur des
pêches. Les gens des Îles-de-la-Madeleine connaissent très
bien la politique libérale; chaque année, ils viennent dans le
temps du homard, ils apportent quelques caisses de homard chez eux, qu'ils
essaient d'avoir à meilleur marché, et on ne les revoit que
l'année suivante, à la prochaine saison de pêche au
homard.
Même le député de Berthier - j'ai trouvé cela
un peu enfantin - m'a accusé de ne pas avoir d'appui sur ce projet de
loi. On a même des appuis de sa région; il n'y a pas beaucoup de
pêche dans sa région, mais il y en a même de sa
région. Je vais vous lire quelques télégrammes d'appui
venant de la Mauricie. C'est-tu assez fort! Je n'aurai pas le temps de vous
lire tous ceux que l'on a reçus de la Gaspésie, de la
Côte-Nord et des Îles-de-la-Madeleine, mais je vais vous lire ceux
de la Mauricie, puisque le député pense que je n'ai pas
d'appui.
Un télégramme de Pierre Leboeuf, président de
Pisciculture Haute-Mauricie Enr.: "Appuyons la loi 48, sommes prêts
à participer à la relance économique et participer
à l'autosuffisance en agro-alimentaire au Québec." Eux, ils ont
compris. Les libéraux ne comprennent pas, mais les gens de la Mauricie
comprennent.
J'en ai un autre ici de Luc Fortier, que je ne connais pas, qui est
président de la Société d'exploitation des ressources du
Haut-Saint-Maurice: "Appuyons la loi 48, sommes prêts à participer
à la relance économique et participer à l'autosuffisance
en agro-alimentaire du Québec."
Un autre du conseil de la municipalité régionale de
comté du Haut-Saint-Maurice, Guy Veilleux, préfet: "M. le
ministre, la MRC du Haut-Saint-Maurice ayant apporté son appui à
la Société d'exploitation des ressources du Haut-Saint-Maurice
relativement à la pêche commerciale et à l'installation de
piscicultures, la présente est un appui inconditionnel - ils font
confiance au ministre - à la commercialisation de la truite
mouchetée telle que décrite au projet
de loi 48 ainsi qu'à tout autre article se rapportant audit
projet." Existe-t-il une plus grande marque de confiance? Cela vient de la
Mauricie. Évidemment, le député de Berthier, auquel j'ai
conseillé plusieurs fois d'aller se faire soigner les nerfs, aurait
dû être témoin de ces témoignages de sa propre
région où il n'y a pas énormément de pêche,
mais où les gens qui en vivent veulent que ce secteur se
développe.
J'aurais pu aussi vous parler des témoignages des chambres de
commerce. On sait que dans le territoire de la Gaspésie, il y a
plusieurs chambres de commerce qui font des réunions. Il y a eu des
réunions au cours des dernières semaines et partout, selon les
rapports que j'ai eus, sauf pour une chambre de commerce à
Rivière-au-Renard, toutes les autres appuient la loi 48.
Évidemment, les députés ici essaient de faire
croire aux gens que ce n'est pas le cas. Pourtant, le député de
Nelligan est allé dans le territoire, à Gascons, à
Sainte-Thérèse. Qu'est-ce qui lui est arrivé? Il a failli
sortir sur la tête. Pourquoi? Parce que les gens sont favorables... Ils
savent en plus, dans le territoire, que les gens du Nouveau-Brunswick qui sont
venus faire des représentations à Québec ont dit, en
dehors de leur représentations officielles: Si on était des
Québécois, on voterait pour la loi 48, parce que cette loi va
véritablement protéger les Québécois. Mais comme on
est du Nouveau-Brunswick, on aimerait mieux que vous ne l'adoptiez pas. Je leur
ai dit: Ce que vous devriez faire, c'est que votre gouvernement adopte une loi
semblable à la loi 48 pour qu'on ait une loi 48 au Québec, une
loi 48 au Nouveau-Brunswick, une à l'Île-du-Prince-Édouard,
ainsi qu'en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve.
Pourquoi le ministre des Pêches et des Océans à
Ottawa pleure-t-il en pleine télévision? Il est rendu qu'il me
supplie de passer une fin de semaine avec lui. Il veut venir chez nous. Il
voudrait que je passe la fin de semaine avec lui, mais j'ai ma femme et mes
enfants et je n'ai déjà pas beaucoup de temps libre. Pourquoi se
plaint-il et ne veut-il pas qu'on adopte la loi 48? Pour une raison bien
simple: il a commis une gaffe monumentale avec son gouvernement en juillet 1983
en cassant l'entente de 1922. Une entente qui avait duré contre vents et
marées alors qu'il y a eu des partis libéraux, des partis de
l'Union Nationale à Québec, qu'il y a eu à Ottawa des
partis conservateurs, des partis libéraux qui n'étaient pas tous
très portés sur les Québécois. On sait qu'il y a eu
des gouvernements très durs pour les Québécois.
Malgré cela, ils ont enduré l'entente de 1922. Il fallait que ce
soit sous un gouvernement libéral à Ottawa, avec 74
députés sur 75, avec un premier ministre venant du Québec,
M. Trudeau, avec plusieurs ministres venant du Québec dont M.
Chrétien et M. De Bané, ministre des Pêches et des
Océans, qu'on décide qu'il n'y aurait plus d'entente. L'entente
qui avait duré 61 ans ne faisait plus l'affaire de M. De Bané; en
un seul mot, M. le Président. Pourquoi? C'est cela qui est inadmissible.
Aujourd'hui, le Parti libéral, au lieu de dire ce qu'il ferait, dit:
Nous sommes contre le projet de loi 48; nous sommes contre le fait que
Québec occupe ses droits dans le secteur des pêches; nous sommes
contre le fait que le Québec occupe sa juridiction dans le secteur des
fonds marins. Est-ce que c'est notre faute si M. De Bané, avec son
gouvernement, a décidé de casser l'entente qui était en
vigueur depuis 1922? Non, ce n'est pas notre faute. Aujourd'hui, cela nous a
permis, par ailleurs, de faire le tour de la question et de dire quelles sont
les juridictions actuelles du Québec dans ce secteur-là.
Nous pourrions dire un mot sur la question des fonds marins et celle de
l'aquaculture, sur lesquelles les gouvernements du Québec n'avaient pas
légiféré. Les gouvernements antérieurs n'avaient
jamais légiféré sur l'aquaculture. Pourtant, l'aquaculture
est un champ inoccupé. L'aquaculture n'est pas la pêche. La
constitution donne juridiction au gouvernement fédéral sur les
pêcheries, mais pas sur l'élevage du poisson. Il y a une grande
différence, M. le Président, entre l'élevage du poisson et
les pêches. Courir après le poisson, c'est une affaire;
l'élever dans un enclos, c'est une autre affaire, M. le
Président. Nous réalisons que, dans le domaine de l'aquaculture,
notre juridiction est totale. Nous occupons notre champ de juridiction. Nous
allons développer ces secteurs d'activité, mais pour ce faire il
faut un encadrement juridique. Ce n'est pas ma faute si, dans les années
passées, personne ne s'est intéressé aux pêches. On
ne s'est pas intéressé aux pêches. Il y avait un article,
c'est-à-dire une loi sur la préparation des produits de la mer.
Je vois le député de Sherbrooke, un grand légiste, un
grand juriste, qui connaît ce secteur. Je suis certain que, dans toute sa
carrière, il n'a jamais vu une loi qui contenait deux articles, un
article principal et un deuxième article pour la mise en vigueur.
C'était cela la loi du secteur des pêches. Cela
n'intéressait pas. On ne s'était même pas
préoccupé de faire une loi avec plus d'un article. Il fallait,
aujourd'hui, définir les règles du jeu, et c'est ce que nous
avons fait dans le projet de loi 48.
Le député de Saguenay dit: Un projet adopté
à toute vapeur. Je vous dis qu'il ne reste plus beaucoup de vapeur,
parce que la loi est au feuilleton depuis le début de novembre 1983. La
vapeur est... À moins que le Parti libéral soit dans les vapeurs,
c'est une autre chose, qu'il soit vaporisé, avec un
chef hors les murs, évidemment, cela complique la situation.
Je me suis dit que le fait de laisser la loi au feuilleton aussi
longtemps va peut-être nous donner un avantage. Cela va donner la chance
à leur nouveau chef, le chef hors les murs, de venir nous rencontrer ici
et discuter des pêches. J'aurais aimé cela que M. Bourassa vienne
nous parler des pêches. Mais non. Il a peur de l'Assemblée
nationale. Il a peur de venir présenter ses opinions en cette Chambre et
d'être évalué par l'ensemble de la population, car
lorsqu'on parle ici en cette Chambre on ne peut pas dire ce qu'on veut: les
gens nous écoutent, les gens ne sont pas fous.
Le chef du Parti libéral, a dit que le député de
Brome-Missisquoi ne représentait plus rien en agriculture mais, en
même temps, il l'a envoyé le représenter à
l'Association des meuniers qui tenait un congrès à La Malbaie. Le
député de Brome-Missisquoi, M. Paradis, représentait M.
Bourassa au congrès de l'Association des meuniers. M. Bourassa a-t-il
menti aux cultivateurs lorsqu'il a dit que M. Paradis, député de
Brome-Missisquoi, n'avait plus rien à dire au nom du Parti
libéral en matière agricole? C'est l'engagement qu'il a pris face
à l'Union des producteurs agricoles. Puis, le député de
Brome-Missisquoi est allé prendre des engagements à l'Association
des meuniers. Et, en temps et lieu - ce n'est pas le moment ici - nous rendrons
publics les engagements qu'il a pris, puisque le chef du Parti libéral
aurait honte de rendre publics ces engagements. C'est là le
débat. Le chef du Parti libéral pourrait être ici pour
franchement parler à la population à tous les jours. M. le
Président, il n'y avait pas de système
télévisé autrefois. Aujourd'hui, les gens pourront
évaluer quelle est sa pensée en matière de
pêches.
Le député de Saint-Louis, a eu un discours un peu
incohérent ce matin. Il disait: Je parle au nom des consommateurs, il
faut la qualité. Je suis d'accord avec vous qu'il faut la qualité
des produits. Puis ensuite, deux minutes plus tard, il dit: Je suis contre le
système d'inspection. Cela ne prend pas d'inspecteurs. Si les
inspecteurs y vont, je suis contre le fait qu'ils arrivent sans préavis.
Imaginez-vous un inspecteur qui arriverait avec un avis d'une semaine disant:
Je vais venir dans une semaine, apparemment il y a quelque chose qui ne va pas
dans votre usine. Avez-vous vu un tel système d'inspection? La
qualité d'un système d'inspection c'est d'arriver à
l'improviste pour voir si le travail se fait correctement, si le poisson est de
qualité. Nous avons mis en place un système de triage du poisson
pour que tout le poisson qui entre dans les usines rencontre les normes de
qualité. Nous avons aussi mis en place un système
d'inspection.
Dans les rapports que j'ai, on me dit que, grâce à notre
système d'inspection sur le territoire, le gouvernement
fédéral est un peu obligé de suivre ce qu'on fait et
améliore son service. Pourquoi? Pour ce que nous avons fait du
développement des pêches, une priorité pour le gouvernement
du Québec. C'est pour cela que nous avons prévu des budgets.
Dans quelques jours, je pourrai montrer la maquette de la future usine
de Newport. La maquette est faite. Les plans sont terminés. On est en
train de terminer le financement. Les travaux vont commencer avant longtemps.
Pourquoi? Le Parti libéral est contre l'usine qui coûtera, avec
des installations pour la glace, une quinzaine de millions à Newport, le
Parti québécois est pour. Les améliorations à
Madelipêche, le Parti libéral est contre. Le Parti
québécois est pour. Le gouvernement du Parti
québécois est favorable à ce qu'on ait sur le territoire
maritime les meilleurs équipements, les meilleurs bateaux et vendredi
nous lancerons des bateaux. Je regarde si c'est bien vendredi. Vendredi de la
semaine prochaine. (15 h 20)
Avec le premier ministre, nous lancerons de nouveaux bateaux. La
dernière catégorie des bateaux modernisés qu'on a faits au
Québec. Pourquoi? C'est sous l'impulsion du gouvernement actuel que
cette modernisation s'est faite. Maintenant, nous avons besoin de la loi 48
pour occuper le secteur, pour déterminer le cadre dans lequel nous
allons fonctionner dans le secteur des pêches. La loi 48, ce sera la loi
de base des pêches au Québec, de l'aquaculture au Québec.
Quand je dis des pêches, c'est la façon de procéder en
fonds marins en territoire maritime et aussi dans le secteur des eaux
douces.
Cela répartit aussi les responsabilités entre les
différents ministères. Pourquoi, aujourd'hui, arrive-t-il,
parfois, que les ministères se pilent sur les pieds les uns les autres?
Ils ont dit, dans l'affaire du lac Saint-Pierre, comment cela se fait-il?
Pourquoi? Parce que les juridictions ne sont pas complètement"
déterminées. Cette loi va viser à déterminer les
juridictions. Ce n'est pas un mince travail d'avoir à déterminer
que le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a telle
juridiction, que le ministère de l'Environnement a telle juridiction,
que le ministère des Affaires internationales a telle juridiction, que
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
a telle juridiction. Ce projet de loi détermine les juridictions de
chacun. Il dit aussi de quelle façon doit se faire l'aquaculture au
Québec.
C'est évident que si on part de grands élevages de
poisson, - c'est notre intention de le faire - au Québec on ne peut pas
faire
cela n'importe comment. Il faut que l'hygiène de la reproduction
des poissons soit respectée au maximum pour ne pas qu'il y ait diffusion
de la maladie. Ce projet de loi a pour but justement de préciser ces
choses. Il a aussi pour but d'indiquer dans quel cadre la production des
espèces, l'élevage des espèces va se faire. Les gens de la
faune ont toujours défendu le braconnage et ils ont toujours craint
l'élevage du poisson, parce qu'ils avaient peur que le braconnage
permette de mettre en marché des poissons braconnes. Il faut donner des
assurances à ces gens, parce qu'ils ont raison, et il ne faut pas que le
poisson commercialisé soit un poisson braconné. Toutes ces
dispositions sont dans le projet de loi 48 pour permettre au gouvernement
d'adopter les réglementations qui vont dans ce cadre-là.
Éventuellement, au Québec, on pourra manger
légalement dans des restaurants de la truite mouchetée produite
au Québec. On pourra la manger à l'état frais. On pourra
la manger fumée, marinée, sous différentes espèces,
et cela permettra à des dizaines et à des centaines de personnes
de gagner leur vie dans un secteur où ils aimeraient travailler. J'aurai
l'occasion dans les prochaines semaines d'aller inaugurer des piscicultures au
Québec qui se sont développées et qui sont fantastiques.
Je dois aller dans l'Abitibi, par exemple, pour inaugurer la pisciculture
Saint-Mathieu.
Je suis allé récemment tout près d'ici, à
Saint-Philémon, dans Bellechasse, avec le premier ministre visiter une
pisciculture moderne. Nous avons actuellement des projets pour le
développement de l'élevage des moules aux
Îles-de-la-Madeleine. Nous avons aussi des projets pour l'élevage
du saumon dans des rivières du Québec. Qu'y aurait-il de mal que
dans chacune des rivières à saumon du Québec il y ait des
"pouponnières" à saumon et l'élevage du saumon en circuit
fermé et en circuit ouvert pour qu'on puisse mettre en marché de
petits saumons au Québec? Actuellement, on les fait venir de l'Ouest des
États-Unis. Qu'y aurait-il de mal, au lieu de faire venir les saumons de
l'Ouest des États-Unis, de l'État de Washington, en particulier,
ou de l'Oregon, qu'on les produise ici dans nos rivières, qu'on produise
aussi les petits alevins, les saumoneaux qui vont aller ensuite faire un tour
dans les mers et revenir dans nos rivières?
Il est temps, dans le secteur des pêches, qu'on occupe notre
place. Je regrette... C'est pour cette raison que je souhaite que nous ayons un
vote enregistré en troisième lecture, parce que cette loi
fondamentale dans le secteur des pêches va servir au développement
du Québec dans le secteur des pêches, la pêche commerciale
en eau douce, en eau à marée et également l'aquaculture,
le développement de l'aquaculture de toutes les espèces aquacoles
au Québec puisqu'il y a un autre projet de loi que nous adopterons
prochainement sur le crédit aquacole pour permettre ce
développement, donner les crédits nécessaires à
ceux qui veulent développer ces secteurs. Tout cela ensemble va
permettre un développement dans le territoire maritime où les
secteurs de développement ne pleuvent pas. C'est pourquoi je propose
l'adoption de ces projets de loi au nom du gouvernement. J'aimerais que le
leader du gouvernement demande un vote enregistré pour que nous
permettions au Parti libéral de se prononcer.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: M. le Président, un recours à l'article
205 de notre règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui, M. le
député.
M. Blank: Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation semble avoir pris l'habitude du ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme. Il joue un peu avec la vérité. Il m'a
accusé d'avoir parlé au nom des consommateurs de la
qualité du poisson. Je n'ai jamais parlé de la qualité.
Dans mon brouillon, j'ai parlé de l'augmentation des prix pour les
consommateurs causée par votre loi. Deuxièmement, il m'a
accusé pour dire que j'étais contre l'inspection. En regardant le
même brouillon, je n'ai pas parlé contre l'inspection mais
plutôt que j'étais contre les saisies et les entrées des
inspecteurs sans mandat et traitant les pêcheurs comme des criminels.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît: Le
projet de loi 48, Loi sur les pêcheries et l'aquaculture commerciales et
modifiant d'autres dispositions législatives, est-il adopté?
M. Côté: Vote enregistré, M. le
Président. Si on prenait le vote maintenant, le PQ serait battu.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît; M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, conformément à
l'article 216 de notre règlement, je propose que ce vote
enregistré soit reporté à demain, à la fin de la
période des affaires courantes.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous allons
maintenant discuter de commercialisation des produits marins. À
cet égard, je vous demande d'appeler l'article 19 de notre feuilleton,
s'il vous plaît!
Projet de loi 82
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, prise en
considération du rapport de la commission qui a étudié le
projet de loi 82, Loi sur la commercialisation des produits marins. M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai une demi-heure à ma
disposition en vertu des règlements. J'ai l'intention de la prendre
parce que c'est un projet de loi important qui doit être expliqué.
Un projet de loi de cette nature est présenté à cette
période-ci parce que, de tous les gouvernements que nous avons eus
antérieurement au Québec, aucun ne s'est véritablement
préoccupé de la commercialisation des produits marins
québécois.
Nous avons mis en place un cadre juridique qui est prévu dans ce
projet de loi. Il indique de quelle façon pourront se regrouper les gens
du secteur des pêches. Même en fin de semaine, j'aurai l'occasion
de rencontrer des gens qui font partie du consortium Gaspé Cured pour
discuter avec eux, pour leur faire part du cheminement du projet de loi, leur
dire où nous en sommes. Aujourd'hui, c'est la prise en
considération du rapport, et il restera la troisième lecture.
Je sais que ce projet de loi est attendu des gens du secteur maritime.
Évidemment, le Parti libéral est un peu mal à l'aise
devant le grand nombre de projets de loi que nous avons soumis à
l'Assemblée nationale cette année. Il a d'abord fallu travailler
et préparer ces dossiers, car, dans le domaine des pêches, je peux
vous dire que les tiroirs étaient vides, il n'y avait pas grand-chose au
ministère, tout le monde le sait. On n'avait pas de politique dans le
secteur des pêches, mais on y faisait de la politique. On n'avait
même pas, dans le temps des libéraux, une politique de
délivrance des permis. On délivrait des permis au petit bonheur,
on faisait même le tirage des noms dans un chapeau. Je vous dis que dans
la deuxième partie du XXe siècle, délivrer les permis de
cette façon ce n'est pas utiliser un système très
sophistiqué. (15. h 30)
Les libéraux ne s'intéressaient pas à cette
question. Il a fallu travailler fort pour en arriver à établir un
système nouveau de commercialisation en travaillant avec les gens du
milieu. Je sais que les libéraux essaient de faire courir des rumeurs.
Ils vont dire que les gens de la Basse-Côte-Nord pensent ceci; que les
gens des Îles-de-la-Madeleine pensent cela. Et les gens qui nous
écoutent, qui ne vont pas nécessairement souvent dans ces
territoires, ne sont pas à même de vérifier ce qui est dit.
Sauf que sur la Basse-Côte-Nord, ils savent une chose, les gens de la
Basse-Côte-Nord ne sont pas des rêveurs: ils savent que lorsque
nous sommes arrivés au pouvoir, le revenu moyen sur la
Basse-Côte-Nord était de 2500 $ par année; en 1976, il
était de 2500 $ par année.
Jamais, dans toute l'histoire du Québec, un ministre des
Pêches n'était allé sur la Basse-Côte-Nord, jamais.
Le premier qui y est allé, c'est Rodrigue Tremblay, lorsqu'il
était ministre de l'Industrie, du Commerce et des Pêches. Les
pêches étaient rattachées à ce moment-là au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Le deuxième qui y est
allé, c'est moi. Un autre y est allé et a regardé la
question en passant aussi, c'est le ministre du Commerce extérieur et
des Relations internationales, M. Bernard Landry. Il y a eu aussi le ministre
Camille Laurin et son secrétaire à l'époque, David Payne,
aujourd'hui député du Parti québécois, qui ont
produit un rapport que l'on a appelé le rapport Payne. Auparavant,
personne ne s'y intéressait.
Aujourd'hui, les revenus qui étaient de 2500 $ en 1976 sur la
Basse-Côte-Nord sont passés à environ 10 000 $, soit quatre
fois plus dans l'espace de sept ans. Les députés du Parti
libéral pourront faire toutes les figures de style qu'ils voudront, ils
pourront essayer de patiner sur la pointe du patin, les gens de la
Basse-Côte-Nord qui sont des gens réalistes savent que leurs
revenus ont augmenté considérablement sous le gouvernement
actuel.
Si vous allez, entre autres, dans la Moyenne-Côte-Nord, si vous
allez à Rivière-au-Tonnerre, vous ne trouverez pas de
chômage, parce que avec l'entreprise qui a été bâtie
à Rivière-au-Tonnerre, modernisée en partie cette
année et dont les travaux vont continuer cet automne après la
saison de pêche, la reprise en main des gens du secteur, du milieu,
à Rivière-au-Tonnerre, de leurs institutions qu'ils n'avaient
jamais contrôlées eux-mêmes, avec l'aide du ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec,
avec les fonctionnaires de notre ministère qui suivent avec eux leurs
activités pour s'assurer qu'ils ont des activités rentables, pour
bien mettre sur pied la coopérative régionale... Les gens me
faisaient rapport récemment - au cours des dernières semaines, je
n'ai pas pu me rendre depuis l'ouverture de la pêche - qu'ils sont
heureux parce qu'à Rivière-au-Tonnerre, tout le monde travaille.
J'entends le député
de Saguenay qui dit Lorenzo. Il devrait savoir que Lorenzo demeure
à Newport; il ne demeure pas à Rivière-au-Tonnerre. Mais,
que voulez-vous?
À Natashquan, les gens sont impatients; ils ont hâte qu'on
bâtisse l'entreprise. Mais pourquoi avons-nous retardé à
bâtir une entreprise que nous pensions bâtir plus rapidement? Mme
Le Blanc-Bantey avait dit en 1980: Dans les prochains mois, nous avons
l'intention de bâtir une usine à Natashquan. Pourquoi avons-nous
retardé? Parce que toute la problématique des pêches dans
ce secteur est en train d'être transformée. On pêchait
exclusivement la morue qui courait après le caplan, morue qui est plus
molle, qui peut faire un poisson salé mais difficilement un poisson pour
fins de congélation ou pour fins de mise en marché de poisson
frais. C'était la seule espèce pêchée à ce
moment-là. Entre-temps, des bancs de crabe ont été
découverts grâce aux recherches de mon ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, dans
cette région. Nous avons également donné des permis
à des gens selon le voeu des pêcheurs. Au lieu de donner 150
permis aux mêmes pêcheurs, les pêcheurs nous ont dit: M.
Garon, notre pêche à la morue se termine vers le début du
mois d'août et on devrait, à ce moment, faire la deuxième
pêche au crabe pour compléter notre saison de pêche du
printemps pour faire en sorte qu'on ait deux saisons. Nous avons
acquiescé en donnant un certain nombre de permis -moins nombreux, de 30
ou 40 casiers - à des pêcheurs pour pêcher le crabe
lorsqu'il n'y aura plus de morue, en concertation avec la population.
Entre-temps, d'autres recherches ont démontré qu'il y
avait des bancs de crevettes à Anticosti - à chaque pointe de
l'Ile d'Anticosti, il y a des bancs de crevettes - qu'il y avait un autre banc
de crevettes à Esquiman, sur un territoire partagé entre
Terre-Neuve et Québec et à ce moment-là, le projet de
bâtir une saline devait être réévalué en
fonction d'une usine polyvalente. Autrement, s'il y avait seulement la
construction d'une saline à Natashquan, les gens n'auraient pas le
travail de la transformation sur place et les crabes et les crevettes seraient
transportés vers d'autres territoires, privant les gens de ce territoire
d'une des principales sources de revenus additionnels dont ils peuvent
bénéficier.
Si la transformation de la crevette et du crabe ne se fait pas à
Natashquan, les gens de Natashquan seront privés de ressources. Comme je
souhaite que les permis pour la pêche à Anticosti et à
Esquiman soient donnés à des pêcheurs
québécois, je n'ai pas le même objectif que le
député fédéral qui, lui, voudrait les donner
ailleurs. C'est pour cela qu'il voudrait que la saline soit bâtie au plus
vite pour qu'on puisse donner la pêche à la crevette et au crabe
ailleurs, pour que la transformation se fasse ailleurs. Nous - et le
député de Duplessis est un de ceux qui suivent ce dossier de
près - nous voulons avoir une usine polyvalente à Natashquan pour
avoir le maximum d'emplois, pour que la transformation de la ressource locale
ou régionale se fasse sur place dans le territoire de la
Moyenne-Côte-Nord. Cela prend un peu plus de temps. Pour bâtir une
saline, vous savez, cela ne prend pas un génie. Un plancher de ciment,
des murs et, après, vous empilez la morue là-dedans. Ce n'est pas
compliqué. On serait capable de bâtir une saline dans le temps de
le dire, sauf que si on veut exploiter la ressource du territoire, la crevette,
le crabe, la morue, la morue de caplan, qui pourrait être salée,
ou d'autres espèces qu'on pêche durant d'autres mois de
l'année et qui pourraient être congelées...
Il y a aussi les résultats des travaux de recherche qui se font
à La Tabatière. On laisse entendre aussi qu'il y aurait là
des espèces, comme le pétoncle, qui pourraient être
traitées. Nous pourrions faire à Natashquan une usine
polyvalente. Cela prend un peu plus de temps. Je sais que les gens de
Natashquan sont inquiets. Avec tous les bateaux qu'ils se font monter par le
nouvel agent fédéral, qui est spécialiste en cataplasme,
M. Berthiaume, c'est évident que les gens sont inquiets et se demandent
où est la vérité. Sauf, M. le Président, que nous
avons décidé que le développement des pêches
profiterait au territoire maritime et qu'il devrait y avoir la transformation
d'espèces sur place, ce dont ils ont besoin.
C'est la même chose à Blanc-Sablon. On aurait pu dire:
À Blanc-Sablon, on va se spécialiser dans le poisson salé
seulement. Nous avons dit non. Blanc-Sablon doit devenir un grand centre
polyvalent de pêche au Québec. Pour ce faire, il faut, sur place,
des usines de transformation qui peuvent traiter les différentes
espèces. C'est ce sur quoi nous travaillons. Évidemment, personne
ne s'est vraiment préoccupé de ces territoires depuis
l'arrivée des Vikings, en l'an 1000. Éric Le Rouge serait venu
dans le coin de Blanc-Sablon. On transforme actuellement le poisson, à
Blanc-Sablon, à peu près de la même façon qu'il y a
1000 ans, à l'époque d'Éric Le Rouge, en versant du sel
dessus.
Aujourd'hui, on connaît plusieurs espèces additionnelles
que l'on ne connaissait pas en ce temps-là. On sait aussi qu'on peut
faire sécher le poisson de façon artificielle et qu'on serait
mieux de le faire sécher au Québec que de le faire sécher
à Terre-Neuve. Actuellement, tout le poisson salé le long des
côtes du territoire est acheminé par l'Office canadien du poisson
salé vers Terre-Neuve, créant des emplois en usine à
Terre-Neuve. C'est là-dessus que M. De Bané et
moi divergeons. M. De Bané est satisfait que cela se fasse
à Terre-Neuve, parce qu'il dit qu'à Terre-Neuve, c'est un produit
canadien. Québec ou Terre-Neuve, pour lui, c'est canadien dans les deux
cas. Pour nous, le travail fait à Terre-Neuve avec notre poisson c'est
du travail que nous exportons, alors que nous devrions réaliser ce
travail chez nous. C'est évident. (15 h 40)
Vous allez nous demander ce que le projet sur la commercialisation des
produits marins vient faire dans tout cela. Pour réaliser ces projets,
pour faire en sorte que, dans chacune de ces localités, il puisse
exister des usines à dimension humaine, petites usines locales ou
régionales, il faut que la commercialisation soit assumée par des
organismes sans trous dans lesquels participent les différentes usines
de transformation.
C'est évident que chacun des villages ne pourrait assumer
lui-même sa commercialisation en obtenant les meilleurs prix pour le
produit commercialisé. Par ailleurs, si nous voulons regrouper les
entreprises dans des agences ou des offices de commercialisation, comme le
prévoit le projet de loi, à ce moment il faut prévoir les
structures nécessaires. Si je vends mon poisson sous ma marque de
commerce, je vends mon produit. Si mon voisin dans le village d'à
côté vend son produit sous une autre marque de commerce, c'est son
produit qui n'est pas nécessairement comme le mien.
Si on veut commercialiser le poisson de 30 ou 40 municipalités
différentes du territoire maritime, il faut des standards, des normes de
production pour que le produit qui va être vendu à partir de 30 ou
40 municipalités différentes, sous une seule marque de commerce,
avec un seul organisme de vente, ait des normes identiques dans chacune des
usines pour que, par exemple, lorsqu'on parlera du poisson du Québec,
qualité Québec, on dise: Nous avons un poisson dont la
qualité est assurée parce qu'on a des services d'inspection pour
assurer ces normes de qualité. Voilà la grande différence
entre notre projet et le projet du gouvernement fédéral qui, au
cours des années, a réussi à engendrer de
génération en génération un secteur des
pêches où règne la misère.
Nous voulons un secteur des pêches dynamique. Allez aujourd'hui,
et de façon impartiale, sur le territoire maritime visiter Les
crustacés de Gaspé ou Poisson salé gaspésien
à Grande-Rivière. Vous allez constater que vous êtes en
face d'usines modernes, équipées de façon moderne, parce
qu'elles respectent toutes les normes que le Québec a établies.
Vous remarquerez qu'il y a beaucoup plus d'emplois qu'autrefois. L'usine de
crustacés de Gaspé qui avait 150 160 employés, bon an mal
an, dans le temps, on me dit que depuis deux ans, le nombre d'employés a
augmenté considérablement et qu'actuellement elle compte entre
350 et 400 employés. La modernisation et la normalisation créent
des emplois, ne les réduisent pas. Madelipêche, aujourd'hui, est
une usine qui est plus moderne, dont la modernisation n'est pas
terminée, qui a aussi changé sa façon de commercialiser le
produit, qui va commercialiser le produit en fonction des besoins des
consommateurs.
J'aurai une annonce prochainement à faire, dans quelques heures,
où nous commencerons à faire la promotion du sébaste dans
le territoire québécois, de la morue et de la morue salée
et séchée, type de la Gaspésie. Les projets de
commercialisation, intensifiés dans le territoire
québécois, vont pouvoir maintenant démarrer d'une
façon beaucoup plus ferme parce que nous avons mis en place les
instruments de triage, parce que nous avons mis en place des services
d'inspection, parce que aujourd'hui nous pouvons dire, comme dans le protocole
d'entente que je dois signer dans quelques heures avec des organismes
importants: Le poisson qui sera commercialisé sera uniquement de la
qualité extra. Nous ne voulons pas que le poisson qui vient du
Québec, qui va aller sur les tables des consommateurs du Québec
soit autre chose que de l'extra. Les consommateurs québécois
sauront que le meilleur produit leur est réservé, que nos normes
de production font en sorte qu'on produise un produit supérieur et qu'on
commercialise un produit de qualité supérieure. Ils sauront que
quand ils mangent du poisson importé, ils mangent du poisson
inférieur par rapport au produit québécois.
Ils sauront aussi, dans les semaines qui viennent, qu'on va
arrêter de commercialiser la plie sous le nom de sole. La sole et la plie
sont des poissons différents. On n'a pas d'affaire à vendre aux
consommateurs de la plie sous le nom de sole. La plie est un excellent poisson
qui provient de nos eaux. Pourquoi dire que c'est un poisson qui vient de La
Manche? Ce n'est pas un poisson de La Manche. La sole de Douvres doit
être vendue comme de la sole de Douvres, parce que c'est de la sole de
Douvres. Mais de la plie, c'est de la plie qui doit être vendue sous le
nom de plie. Le hareng, c'est du hareng et on ne devrait pas vendre des petits
harengs sous le nom de sardines parce que la sardine et le hareng ce n'est pas
la même chose.
Le député d'Orford me dit qu'il sait cela, mais les
libéraux ont été au pouvoir pendant combien
d'années, depuis 1900? Ils ne se sont jamais occupé de cela.
Nous, nous avons les instruments légaux que nous sommes à adopter
pour faire en sorte qu'il ne pourra pas se commercialiser sur le territoire
québécois des poisson sous de fausses appellations. Le
consommateur québécois est un consommateur sophistiqué.
Il
faut absolument montrer au consommateur québécois nos
produits, mais une fois qu'on a réussi notre modernisation.
Actuellement, les instruments que l'on met en place nous permettent de
commencer la promotion qui va s'intensifier d'une façon fulgurante au
Québec. Pourquoi? Parce que la modernisation des usines est en cours sur
le territoire québécois. Les usines au Québec, à
partir de la saison de pêche de 1985, seront parmi les meilleures usines
au monde, n'en déplaise au député de Nelligan.
S'il veut qu'on lui paie un voyage dans d'autres pays pour qu'il puisse
le constater par lui-même, cela ne serait peut-être pas inutile. Il
pourrait amener son chef avec lui, puisqu'il n'est pas en Chambre. Le chef hors
les murs du Parti libéral pourrait l'accompagner dans un voyage dans
d'autres pays pour voir à quel point le secteur des pêches sur le
gouvernement actuel s'est développé. Évidemment, il va
falloir d'abord courir après.
Deuxièmement, quand on modernise les usines, il faut normaliser
le produit. On peut avoir la plus belle usine, mais faire du mauvais poisson.
Qu'est-ce qu'on a commencé par faire? C'est établir les
règles du triage qui s'appliquent de façon
généralisée sur le territoire québécois
depuis le 1er avril. C'est quoi un bon poisson? Vous regarderez les
règlements fédéraux; on disait: un poisson est bon ou
pourri. Sans jeu de mot, c'est un peu gros comme affirmation. C'est plus
raffiné que cela l'inspection. Si vous regardez aujourd'hui les
règles du triage au Québec, vous verrez qu'on dit de la morue: il
y a de l'extra, il y a du A , il y a du B et il y a du C. L'extra, c'est la
première qualité. Le A , c'est la deuxième. Le B, c'est la
troisième. Le C ne va pas pour la consommation humaine.
Vous savez qu'auparavant tout entrait. Au Québec, ça ne
rentrera plus. Le seul territoire au Québec, actuellement, où il
y a une garantie que le poisson qui n'est pas de qualité pour la
consommation humaine ne rentre pas dans les usines, le seul du territoire au
Canada, c'est au Québec. Il n'y a pas d'autre endroit au Canada
où vous avez l'assurance que du poisson qui n'est pas propre à la
consommation humaine n'entre pas dans la consommation humaine. Le seul endroit
où il y a une inspection à l'entrée des usines, c'est le
territoire québécois. Le fédéral fait actuellement
des projets pilotes ailleurs. (15 h 50)
Nous sommes plusieurs années en avance sur le gouvernement
fédéral à ce point de vue. Notre système, notre
réseau de triage est en place actuellement.
Notre système d'inspection est en place. Nos usines se
modernisent actuellement et c'est pourquoi il faut voter maintenant un nouveau
projet de loi sur la commercialisation des produits marins pour faire en sorte
qu'à partir du territoire maritime québécois, à
partir des instruments que nous nous sommes donnés, nous puissions
alimenter les consommateurs. Pour cette raison, il faut regrouper l'offre des
produits marins dans des offices de commercialisation pour pouvoir arriver aux
chaînes alimentaires du Québec qui n'ont pas de raison d'acheter
leur poisson à l'étranger si on peut les desservir en fonction de
ce qu'ils souhaitent. Nous pourrons, à ce moment-là, avec les
offices de commercialisation, rencontrer Métro-
Richelieu, Provigo, Steinberg, IGA Boniprix, Épiciers-Unis et les
différents groupes de magasins spécialisés. Je pense, par
exemple, à la distribution de services alimentaires, les restaurants.
Nous pourrons les rencontrer et leur dire: Comment voulez-vous être
approvisionnés en poisson québécois de première
qualité? Voici ce que nous pouvons garantir comme qualité. Voici
ce que nous pouvons garantir comme approvisionnement. À ce
moment-là, je suis convaincu que nous allons réorienter la
production des usines du territoire québécois vers nos
marchés, parce que nos marchés sont plus payants que les
marchés d'exportation, parce que nos marchés sont plus
sécuritaires que les marchés d'exportation, mais pour cela, il
faut posséder les instruments de commercialisation que donnent les
offices de commercialisation.
Quand le consortium Gaspé Cured s'est formé l'an dernier,
au printemps 1983, cela a été une grande fierté et encore
une plus grande fierté quand ils m'ont dit: Vous avez tellement
insisté là-dessus qu'on a décidé d'essayer votre
formule. J'ai été véritablement ému et je leur ai
dit: Je vous avais dit que je vous aiderais. Vous avez réussi à
former un consortium tous ensemble, sans exception et dès ce jour, je
vous donne l'assurance que nous allons vous appuyer financièrement. Nous
avons fait des mémoires pour appuyer le consortium Gaspé Cured de
la Gaspésie en leur fournissant une garantie de 4 000 000 $ qui s'est
continuée pour une partie ce printemps et je dois les rencontrer
justement pour régler la question, pour cette saison.
M. le Président, ce n'était pas une mince
réalisation. Il faut faire la même chose pour les produits
congelés. Il faut faire la même chose pour les produits frais pour
alimenter nos marchés. Le premier marché que nous devons
desservir, c'est le marché québécois; le deuxième,
le marché d'exportation et pour pouvoir le faire, il faut se donner des
instruments dont on n'a jamais disposé dans le passé. C'est
l'objet du projet de loi 82, pour faire en sorte que les produits
québécois soient consommés par des
Québécois.
Si le gouvernement fédéral s'oppose
avec tellement de vigueur à ce projet de loi, c'est parce qu'il
voudrait que nous achetions d'abord le poisson des Maritimes. Nous avons
l'intention de faire en sorte que ce soient d'abord les produits marins du
Québec qui fournissent les consommateurs québécois en leur
assurant d'abord et surtout une qualité supérieure et une
régularité dans les approvisionnements. Voilà l'objet du
projet de loi dont nous souhaitons l'adoption le plus rapidement possible.
Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Après avoir
entendu le discours du ministre, on se demande de quel projet de loi il parlait
exactement. Il a oublié de parler du projet de loi 82. Le ministre a
ressassé son vieux discours. Tout d'abord, on sent que le chef du Parti
libéral inquiète drôlement le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Il en a parlé pendant une
demi-heure de temps. Remarquez bien qu'il est normal que vous en fassiez sa
promotion parce que vous êtes convaincu que c'est lui qui sera le
prochain premier ministre du Québec. J'ai particulièrement
l'impression que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation ne le verra pas en Chambre, parce que lorsque M. Bourassa
arrivera en Chambre, M. Garon ne sera plus là.
M. le Président, l'objet du projet de loi 82 commence très
mal. Quand le ministre parle à peu près de n'importe quoi, sauf
de son projet de loi, il aurait peut-être fallu qu'il se
réfère au début de celui-ci: Ce projet de loi autorise le
gouvernement, par décret... Voyez-vous, on crée une loi et, tout
de suite, on parle de décret pour être certain que personne ne va
y échapper.
On sait que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation est connu comme étant un homme de gauche, un homme qui
veut la séparation immmédiate du Québec, un ministre qui
n'a pas compris la leçon du référendum, qui ne comprendra
certainement pas non plus la prochaine élection. Tout à l'heure,
il invitait M. Bourassa à être en Chambre. Qu'il convainque le
premier ministre de déclencher des élections et il sera ici dans
28 jours. Cela prendrait 28 jours à notre chef pour s'en venir à
l'Assemblée nationale.
Ce n'est quand même pas le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation qui a inventé l'office de
commercialisation. Faut-il se rappeler que, depuis des années, des
producteurs se regroupent ensemble pour vendre leurs produits. Ils se
regroupent ensemble à leurs conditions et non aux conditions du
ministre. Dans ce projet de loi, il y a des choses intéressantes. Mais
pourquoi le ministre le commence-t-il par les mots "par décret", si cela
ne fonctionne pas?
Cela veut dire que sept producteurs vont pouvoir demander la
création d'un office. S'il y a une dizaine d'autres producteurs qui ne
veulent pas de l'office, par décret, le ministre va les obliger à
faire partie de ce consortium, de cet office de commercialisation. Ces
gens-là n'auront même pas le droit de vote. Ils n'auront
même pas le droit d'exprimer leur opinion à l'intérieur de
l'office parce qu'ils n'auront pas signé l'entente. On est allé
les chercher de force. On les installe là et on leur dit: Vous n'avez
pas un mot à dire. Vous allez partager les coûts. On
s'aperçoit tout de suite que c'est un projet de loi
antidémocratique, un projet de loi qui va forcer des gens à faire
partie d'une association dont ils ne veulent pas au départ.
Il y a aussi le fait que dans ce projet de loi l'on retrouve,
malgré qu'il y ait environ 65 articles, à peu près 30
articles qui se rapportent à des pouvoirs du ministre. La moitié
du projet de loi concerne des pouvoirs nouveaux que le ministre se donne. Comme
s'il n'en avait pas assez. Tout à l'heure, j'écoutais
attentivement le ministre lorsqu'il disait qu'aucun ministre des
Pêcheries n'est allé sur la Côte-Nord. Malheureusement, le
député de Lévis et ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation ne connaît certainement pas sa
géographie. D'ailleurs, c'est un fait connu. Il ne connaît pas
l'histoire politique du Québec. C'est aussi un fait connu. Tout le monde
sait qu'il est complètement ignorant dans ce domaine. Faut-il se
rappeler que le chef de l'Opposition actuel a été ministre des
Pêcheries. Que je sache, il n'était pas député de
Lévis. Il était député de Bonaventure.
Je pense qu'il faudrait quand même que le ministre arrête de
raconter des blagues à l'Assemblée nationale. Le ministre peut
bien faire sa petite pièce de théâtre de trois sous.
D'ailleurs, des acteurs à trois sous, il y en a plein les rues par les
temps qui courent. Je pense qu'on n'a pas besoin de cela à
l'Assemblée nationale. On a besoin d'un ministre sérieux, qui va
s'occuper des pêcheries d'une façon sérieuse en tenant
compte des droits et des libertés des gens de ce milieu.
Lorsque le ministre parle de Gaspé Cured, de l'office de
commercialisation qui existe, ce n'est pas lui qui a inventé cela. Ce
sont les producteurs qui se sont regroupés. Ils ont trouvé que
cela avait du sens parce qu'ils faisaient la même sorte de produit. C'est
un produit, faut-il le rappeler, qui est vendu à l'extérieur du
Québec à 100%. Quand on parle de poisson salé et
séché, il y a très peu de consommateurs au monde
qui en achètent. Cela se vend dans certains pays comme le Portugal,
l'Italie et quelques petites républiques d'Amérique latine. Or,
il était normal que ces gens-là se regroupent pour vendre leur
produit à l'exportation en tenant compte naturellement des lois
canadiennes.
Faut-il rappeler que le ministre n'a pas inventé le "reculons sur
les homards" avec son projet de loi. Il y a déjà de l'exportation
de produits vivants qui se fait, comme des homards, en Hollande,
présentement. Ce n'est pas l'initiative de l'actuel ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, c'est une initiative
privée. (16 heures)
Lorsque l'on fait le portrait de l'ensemble des usiniers au
Québec dans le domaine des pêcheries, il y a 74 usines. Il y en
avait 58 en fonction; si on enlève Pêcheries Cartier,
Madelipêche, etc., il reste à peu près une quarantaine
d'usines dont 13 se sont regroupées. On ne fait pas un projet de loi
pour un si petit nombre de personnes; d'ailleurs, le ministre a
créé cet office encore une fois sans les consulter. Nous, nous
les avons tous consultés et savez-vous ce qu'ils nous disent du projet
de loi? On n'en a jamais entendu parler. Ce sont les producteurs qui nous l'ont
dit, les propriétaires d'usine. Le ministre a oublié de leur en
parler.
Ceux qui ont reçu par courrier le petit projet de loi du ministre
n'ont certainement pas eu le temps d'y donner suite parce que, à l'heure
actuelle, c'est la saison de pointe chez les propriétaires d'usine. Ce
n'est pas dans le mois de février qu'ils pêchent et font de la
transformation, c'est au courant de l'été.
Si on prend les articles de ce projet de loi un à un,
attentivement... C'est ce que je trouve bizarre, le ministre a parlé de
n'importe quoi, tout à l'heure, il a dit n'importe quoi. On lui a
parlé des gens de Natashquan, il n'en a pas parlé; on lui a
parlé des gens de Blanc-Sablon, il n'en a pas parlé. Vous ne
venez pas souvent. Pourquoi n'iriez-vous pas rencontrer les gens de
Blanc-Sablon? Ils auraient quelques choses à vous dire, M. le ministre.
Venez avec moi, on va aller les rencontrer. Je vous invite, demain matin, on
peut partir tout de suite après la séance.
Non, vous avez peur. Vous avez peur d'aller rencontrer ces gens en
pleine face et leur dire exactement quel coup de salaud vous leur faites. C'est
ça, votre politique, M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Vous n'êtes pas capable de
rencontrer la population. Lorsque vous rencontrez une population, vos petits
agents doubles, vos patroneux sont regroupés dans une salle pour vous
accueillir et vous flatter la bedaine. C'est comme ça que vous agissez
avec la population, M. le ministre. Cela peut vous faire sourire, de toute
façon, vous êtes un acteur de troisième classe, comme on
vous l'a dit tout à l'heure. Par contre, l'Assemblée nationale
n'est pas un théâtre de trois sous.
Le ministre se vante et se targue de ses réalisations et de
celles de son gouvernement: bâtir une usine de 15 000 000 $ à
Newport. Juste pour faire une petite parenthèse, il y a une usine de 15
000 000 $ qui appartenait au gouvernement du Québec et qui vient de
tomber en faillite, aujourd'hui. Cela s'appelle: Les produits forestiers
Saguenay Ltée. Parce que le ministre de l'Énergie et des
Ressources ne s'est pas occupé de son affaire, le gouvernement du
Québec a perdu 15 000 000 $ ce matin. Cela va donc faire 30 000 000 $;
15 000 000 $ plus 15 000 000 $, cela fait 30 000 000 $. Je suis sorti du
débat quelque peu, mais c'était pour replacer les propos du
ministre. Lui, tout à l'heure, il a oublié de parler de son
projet de loi.
La moitié du projet de loi est soumise à des
autorisations, à des pouvoirs du ministre. Les producteurs ne se
sentiront jamais à l'aise à l'intérieur d'un pareil projet
de loi. Jamais les producteurs n'accepteront, surtout ceux qui ont
bénéficié d'un prolongement par décret, jamais ils
n'accepteront cela. La spécialité de ce gouvernement, c'est les
décrets. On n'a qu'à penser aux employés d'hôpitaux,
aux enseignants, ils connaissent ce que c'est, un décret du
gouvernement. Le ministre se prépare déjà par ce projet de
loi; faut-il être fantasque! Le premier article stipule que ceux qui
n'adhèrent pas au projet de loi seront régis par
décret.
Nous, de ce côté-ci, de l'Opposition, avons toujours
prêché les libertés individuelles et les libertés de
groupe et jamais nous ne pourrons appuyer un projet de loi qui prévoit
déjà, avant qu'il ne soit en vigueur, que tout le monde doit en
faire partie. Personne ne peut y échapper. Ces gens n'ont pas
été consultés. Cela fait partie de la coiffe
péquiste, de l'idée souverainiste et séparatiste du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il n'y a
pas un parti d'Opposition respectable qui saurait souscrire au désir de
ce gouvernement parce que, faut-il le rappeler encore une fois, nous vivons
dans un territoire québécois, à l'intérieur d'une
fédération canadienne et nous ne sommes pas encore
séparés, le ministre l'a oublié.
Lorsque l'on parle de l'Office de commercialisation, il faut se rappeler
que 80% de notre production, de nos débarquements de pêche sont
vendus à l'extérieur du Québec. Le ministre ne
prévoit pas que les standards canadiens seront respectés. Il
prétend que, selon ses standards, cela va être le meilleur poisson
au monde.
Mais quand on sait de quelle façon le ministre, souvent, ne nous
dit pas toute la vérité, on va se ramasser avec des stocks non
vendus sur les quais. Ce n'est pas dans un projet de loi comme celui-là
que les producteurs d'usine vont embarquer. Il vient de faire adopter la loi
48, qui va délimiter les endroits spécifiques pour les
pêcheurs. Avec le projet de loi 49, on leur dit comment transformer le
poisson. Avec le projet de loi 82, on va leur dire comment l'emballer, à
qui le vendre et à quel prix. Que reste-t-il comme liberté dans
le domaine des pêches? Ce n'est pas tout: si vous ne voulez pas
embarquer, on va suspendre votre permis. Imaginez quand le ministre dit: On
renouvellera le permis, ou on pourra le suspendre s'il y va de
l'intérêt public. Quand on connaît le ministre actuel, c'est
un danger public, un ministre ayant un pareil pouvoir. Quand les gens
s'opposeront à ses politiques parfois aberrantes, le ministre pourra
suspendre sans aucune raison le permis de ces gens-là et ils n'auront
même pas le droit d'aller en appel. Il est juge, partie, policier, il est
tout là-dedans. Les gens vont être encadrés dans une loi et
ils vont avoir peur. Personne n'osera s'opposer, parce que tout le monde a
besoin de son gagne-pain.
Une voix: Ce n'est pas vrai.
M. Maltais: M. le ministre de l'Éducation, je pense que
vous n'avez pas dû lire souvent le projet de loi 82.
M. le Président, l'ensemble du projet est, sous certains aspects,
souhaitable. On est d'accord sur le principe du regroupement. Mais pourquoi, au
nom du ciel, comme dirait le ministre, aller mettre par décret,
c'est-à-dire englober tout le monde en se foutant totalement des
libertés? Les gens du milieu des pêches, on sait qu'ils n'ont pas
une saison extraordinairement longue pour se préparer. Actuellement le
ministre en profite, sans consultation, pour faire adopter son projet de loi,
tout simplement parce que les producteurs n'ont pas eu le temps de le lire, de
l'étudier, de donner leurs commentaires.
Même chose pour le projet de loi 48. Tout à l'heure, le
ministre disait qu'on lui reprochait ce matin de faire adopter le projet de loi
48 à pleine vapeur, en fin de session. Cela fait sept mois qu'il
traîne le projet de loi. Quand le ministre l'a-t-il ramené
à l'Assemblée nationale? Il a fait une tentative aux fêtes,
mais ses collègues l'ont empêché de le faire. Dans le Parti
québécois, il y a encore des gens sérieux. Ils ont dit:
Cela n'a pas de bon sens, mon Jeannot, tu vas nous remettre cela aux calendes
grecques. Mais Jeannot est revenu à la charge dans une période de
temps prévue à l'avance par le ministre. Pour faire adopter ses
petites lois en douce, il n'est pas battable. Vous savez que ce n'est pas la
première fois qu'il emploie ces méthodes qu'en démocratie
on appelle douteuses. C'est une spécialité du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Lorsqu'on regarde le nombre de personnes que cela va toucher, il y a des
points fondamentaux dans cette loi sur lesquels il faut se poser des questions.
Par exemple, pourquoi le ministre n'a-t-il pas inclus les usines de conserve
dans son projet de loi? On lui a posé la question à la
commission. Il n'a pas donné de réponse là-dessus. Il a
dit: C'est une espèce d'usinage, ce n'est pas pareil aux autres. Ce
n'est pas pareil aux autres: une belle réponse! Pourquoi aussi va-t-on
créer des offices de commercialisation alors qu'il y a des producteurs
spécifiques qui ne seront pas assez nombreux pour faire partie d'un
office de commercialisation? Par décret, le ministre va les englober
dans des offices où ces gens n'auront absolument rien en commun. Or, ces
gens n'auront pas le droit de parole; ils vont avoir le droit de payer, par
exemple. Mais ils ne pourront jamais discuter tant et aussi longtemps qu'ils
n'auront pas fait leur génuflexion devant le ministre.
C'est une liberté fondamentale que celle de s'associer. Pourtant,
eux, souvent l'apportent ici à l'Assemblée nationale, leur
fameuse liberté que, de temps en temps par décret, ils
n'hésitent pas à faire sauter. Qu'on se rappelle la loi 105 et
d'autres lois semblables qui ont fait sauter la charte québécoise
et la charte fédérale là-dessus. (16 h 10)
M. le Président, au nom de ce principe fondamental qu'ont les
gens de s'associer, que personne ne les force à s'associer. Je comprends
que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
veuille son projet de loi. C'est à l'image du Parti
québécois. Alors qu'environ 20% des gens sont pour
l'indépendance, il voudrait qu'on soit déjà dans un pays
indépendant. Quand il présente des projets de loi comme
celui-là, ce n'est pas de nature à rassurer nos industriels, ce
n'est pas de nature à rassurer les gens qui pourraient développer
des usines tertiaires et secondaires. La façon dont le ministre agit
présentement avec son projet de loi 82, ce n'est pas de nature à
rassurer l'ensemble des travailleurs dans ces usines de transformation. C'est
pour cette raison que le Parti libéral ne souscrira jamais à un
tel projet de loi. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Jean Garon (réplique) M. Garon: M. le Président,
j'ai écouté
le député de Saguenay et je dois vous dire que je suis
arrivé à la conclusion qu'il est plus à l'aise dans les
"sex bar" que dans les pêches, puisque tout ce qu'il a dit du
début jusqu'à la fin ne se retrouve pas dans le projet de loi.
C'est comme s'il avait lu un autre projet de loi. Démentir tout ce qu'il
a dit, c'est impossible, puisqu'il n'y a rien de vrai. Je vais donner quelques
exemples.
Il a dit que les gens n'auraient pas un mot à dire. C'est faux,
parce que le conseil d'administration va être formé de tous les
membres du consortium. C'est prévu dans le projet de loi. Tous les
membres du consortium vont faire partie du conseil d'administration. Tous les
gens qui vont faire partie de l'office de la commercialisation vont faire
partie du conseil d'administration. Par exemple, après l'adoption du
projet de loi, les quatorze industriels du secteur des pêches, en
Gaspésie, qui ont formé un regroupement dans le secteur du
poisson salé et séché, formeront un office de la
commercialisation dans le secteur du poisson salé et
séché. Les quatorze font faire partie du conseil d'administration
en vertu du projet de loi et s'ils le veulent seulement, ils pourront
constituer un comité exécutif. La loi le permet, mais ils ne sont
pas obligés de le faire. S'ils veulent fonctionner à quatorze et
avoir tous le droit de voter sur chacune des décisions, le projet de loi
le permettra.
Une voix: Mais ceux qui...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saguenay, s'il vous plaît!
M. Garon: Évidemment, le député de Saguenay
n'a pas compris le projet de loi. Quand on a fait l'étude en commission
parlementaire, il a posé quelques questions et je me suis retenu
à plusieurs reprises pour ne pas rire afin de ne pas l'insulter. Il a
donné dans son discours d'aujourd'hui la preuve qu'il ne comprend pas le
projet de loi, qu'il ne l'a pas étudié ou qu'il ne le comprend
pas. D'une façon très simple, le projet de loi permet aux gens du
territoire, en trois groupes distincts, pas des gens tout mêlés
comme il l'a dit, cela est faux aussi - les gens du poisson salé et
séché ensemble, congelé ensemble, frais ensemble - de
former des consortiums différents ou des offices de la commercialisation
différents. Si un office de la commercialisation regroupe les gens dans
un secteur et qu'ils demandent au gouvernement de les reconnaître, le
gouvernement peut les reconnaître. S'ils sont presque tous ensemble et
qu'ils demandent la formation d'un office de la commercialisation pour un
groupe restreint, cela pourrait être accepté aussi. S'ils
demandent l'extension des pouvoirs à l'ensemble du secteur, le
gouvernement pourra donner un délai, jusqu'à deux ans, pour
qu'ils convainquent les autres groupes du secteur de se joindre à leur
groupe pour former un office de la commercialisation.
Évidemment, je ne blâme pas le député de
Saguenay; il n'est pas familier avec les offices de la commercialisation dans
le secteur agricole, il n'est pas familier avec leurs méthodes et il n'a
pas compris le projet de loi. C'est pourquoi, vous l'avez remarqué, il
sera le seul porte-parole de son parti à intervenir dans la prise en
considération du rapport parce qu'ils ne connaissent pas assez le projet
de loi pour en parler. Lorsque nous avons étudié le projet de loi
en commission parlementaire, le député de Saguenay était
le seul présent. Aucune autre personne du Parti libéral
n'était présente. C'est un secteur qui ne les intéresse
pas. Cela n'intéresse pas les députés du Parti
libéral qui n'étaient pas présents en commission
parlementaire lorsqu'on a étudié le projet de loi. Il
était seul. Cela n'intéresse pas les services de recherche, parce
qu'on constate qu'ils n'ont consacré aucun temps à faire de la
recherche sur ce projet de loi, parce qu'ils ne le comprennent pas. C'est
pourquoi je dis que leur chef n'a pas donné de directives ou,
étant hors les murs du parlement, hors l'Assemblée nationale, il
n'a pas donné de directives à ses troupes qui ne
s'intéressent pas - ou lui-même, le chef du Parti libéral
-au secteur des pêches, de sorte qu'on arrive devant un discours
totalement incohérent qui démontre que ce projet de loi n'a pas
été étudié par l'Opposition.
Je dois dire que nous avons consulté les gens du milieu. Les gens
du regroupement, le seul regroupement qui existe dans ce secteur des
pêches, poisson salé et séché, ce sont eux qui nous
ont demandé en 1983 d'adopter une structure juridique qui permette un
meilleur fonctionnement au regrouprement et qui va aussi empêcher des
concurrents de briser le consortium ou le regroupement, parce qu'il pourrait
arriver qu'un des partenaires qui a une situation financière plus
serrée se fasse serrer davantage par des concurrents pour briser le
regroupement.
Le regroupement est assez bon que je vous dirai que Pêcheries
Cartier a voulu se retirer du consortium il y a quelques semaines. Selon ce que
j'ai appris, le ministre fédéral responsable des déficits
de Pêcheries Cartier leur a donné l'ordre de
réintégrer le consortium malgré le fait que M. De
Bané aurait voulu les faire sortir parce qu'il a dit: C'est moi qui
aurai à payer le déficit. Le consortium, le regroupement dans le
poisson salé et séché de la Gaspésie est une
excellente affaire parce que les gens du territoire maritime
québécois peuvent négocier leurs prix tous ensemble au
lieu de se couper la gorge les uns les autres.
Ce projet de loi permet une solidarité,
permet aux gens de la Gaspésie de faire ce qu'ils n'ont jamais pu
faire dans le passé: se regrouper tous ensemble pour vendre leur poisson
tous ensemble, sous une seule marque de commerce. Cela a été
réalisé dans le territoire maritime, déjà, dans le
poisson séché.
M. De Bané aurait voulu qu'ils vendent par l'entremise de
Terre-Neuve. Quand M. De Bané les a rencontrés, il leur a
demandé: Pourquoi ne faites-vous pas vendre votre poisson par les gens
de Terre-Neuve? Les gens de la Gaspésie ont dit: Non. Nous sommes assez
fiers pour vendre notre poisson nous-mêmes. Nous avons la fierté
d'avoir une qualité supérieure et le poisson séché
de la Gaspésie, qui est un produit spécial, qu'on ne produit
nulle part ailleurs parce qu'il dépend du climat de la Gaspésie,
on veut l'avoir sous notre marque de commerce et le vendre tous ensemble au
meilleur prix possible. Ils ont refusé la proposition de M. De
Bané de le faire vendre par des entreprises de Terre-Neuve. Est-ce assez
fort, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Rancourt): ...M. le ministre.
M. Garon: Si le député de Saguenay n'est pas au
courant, qu'il essaie de nous faire conter des chansons, je dis simplement aux
gens du territoire maritime: Appelez Léo Nicolas, appelez Gaston
Langlais, appelez M. Sheehan, appelez M. Curadeau, appelez tous ceux qui sont
dans le consortium. Demandez-le-leur. Ne me le demandez pas. Ne le demandez pas
au député de Saguenay. Demandez-leur s'ils sont pour le
regroupement, un office de commercialisation dans le secteur des pêches
pour le poisson salé et séché. Demandez-le-leur.
Demandez-leur si je les ai rencontrés; demandez-leur s'ils n'ont pas
été consultés sur le projet de loi. Ensuite, vous
établirez si c'est le député libéral de Saguenay
qui dit la vérité ou le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec. Ils vous diront
d'eux-mêmes que ce qu'il a dit c'est de la foutaise.
Le Vice-Président (M. Rancourt): La prise en
considération du rapport de la commission qui a étudié le
projet de loi 82, Loi sur la commercialisation des produits marins, est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté. Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous aborderons maintenant
divers sujets afin de modifier un certain nombre de lois. Je vous demande
d'appeler l'article 6 de notre feuilleton, s'il vous plaît!
Projet de loi 84 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, nous allons
étudier le principe du projet de loi 84, Loi modifiant diverses
dispositions législatives. M. le ministre de la Justice.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, le 15 mai, je
présentais à l'Assemblée un projet de loi qui visait
à modifier diverses dispositions législatives. C'est celui que
nous avons devant nous en ce moment. Comme les notes explicatives de ce projet
l'indiquent, il s'agit essentiellement de modifications de nature technique.
Quant aux autres modifications, même si certaines se rapportent à
des questions de fond, leur nature ne justifie par a priori la
présentation de projets de loi autonomes. (16 h 20)
À la suite de la présentation de ce projet de loi omnibus,
j'ai tenu à observer les règles établies entre
l'Opposition et mon prédécesseur afin que toutes les informations
utiles soient transmises au critique de l'Opposition en matière de
justice de manière qu'il puisse bien saisir le sens des modifications
proposées dans ce projet de loi et puisse y être
préparé. J'ajouterai, d'ailleurs, que nous lui avons
également transmis pour l'essentiel, à l'exception de deux cas
sur lesquels je reviendrai tout à l'heure, l'ensemble des amendements
qui étaient prêts pour ce projet de loi. Je me limiterai donc ici
à apporter quelques commentaires très rapides sur ces
propositions, principalement sur celles qui sont les plus significatives.
Tout d'abord, le projet propose des modifications à la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels. Celles-ci visent à permettre à un
organisme public de communiquer, à l'occasion de la remise d'une
cotisation établie par la loi, un renseignement nominatif ou à un
autre organisme public pour lui permettre d'imputer au compte de la personne
qui est concernée un montant dont la loi oblige la retenue ou le
versement. Toutefois, afin de garantir l'intégrité du processus
de transmission, l'organisme public qui voudrait se prévaloir de cette
disposition devra établir les types de renseignements nominatifs
nécessaires à l'identification des personnes qui sont
concernées en vue d'en informer la Commission d'accès à
l'information.
Je propose également dans ce projet de
loi des modifications à la Loi sur l'aide sociale qui visent
notamment à étendre le versement de l'aide sociale aux cas
prévus par règlement où un enfant peut constituer une
famille avec une autre personne que son père ou sa mère ainsi
qu'à étendre le versement de l'aide conditionnelle qui est
accordée à une personne dans l'attente de la réalisation
d'un droit au cas où il s'agit d'un droit personnel tel qu'une
indemnité pour blessure corporelle et non plus seulement aux droits qui
ne sont pas rattachés à la personne.
Je propose, en outre, des modifications à la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme afin d'abolir la Commission nationale de
l'aménagement et de confier ces tâches à la Commission
municipale du Québec. Cette loi est aussi modifiée de
manière que le conseil d'une municipalité régionale de
comté puisse établir, sur le modèle du Code municipal, la
rémunération de ses élus non seulement pour leurs
fonctions reliées à l'exercice des pouvoirs de la
municipalité régionale de comté en tant que successeur
d'une corporation de comté, mais également pour leurs fonctions
reliées à l'exercice des autres pouvoirs de la
municipalité régionale de comté.
D'autre part, des modifications à la Loi sur les cités et
villes, au Code municipal et à la charte de la ville de Montréal
permettraient d'établir des catégories d'immeubles aux fins de
l'exercice des pouvoirs de subvention d'une municipalité relativement
aux mesures de revitalisation du domaine foncier. Je reviendrai tout à
l'heure quand il s'agira d'amendements.
Il est aussi proposé de modifier la Loi sur le Barreau de
manière à permettre au comité administratif de
déléguer à un comité des requêtes certains
pouvoirs que lui confère la loi telle l'audition d'une requête en
reprise d'exercice ou en réinscription au tableau de l'ordre.
Je propose également de modifier la Loi sur les médecins
vétérinaires afin de prévoir que l'Office des professions
devra désormais dresser une liste de médicaments qui ne pourront
être vendus que sur ordonnance d'un médecin
vétérinaire. Il apparaît également opportun que la
Loi sur l'assurance-maladie soit modifiée afin d'interdire aux dentistes
de facturer les bénéficiaires pour des services rendus en cabinet
privé lorsque ces services sont reliés à un service
déjà assuré en vertu des ententes ou des décrets
antérieurs ou de la loi.
Par ailleurs, je propose de modifier la Loi sur la protection du
consommateur afin de permettre que le contrat de prêt d'argent et le
contrat assorti d'un crédit prévoient, sous réserve des
conditions prescrites par règlement, que le taux de crédit puisse
varier. Ce projet comporte d'autres modifications de nature technique qui ont
pour but de faciliter l'administration des lois visées.
Enfin, je proposerai quelques modifications supplémentaires lors
de l'étude du projet en commission parlementaire, notamment, une qui
prévoira que le 25 juin 1984 sera un jour chômé à
titre de congé compensatoire compte tenu que le 24 juin, jour de la
fête nationale, tombe un dimanche. Ces modifications auront aussi pour
objet de permettre aux villes de Montréal, de Québec ainsi
qu'à d'autres d'accorder des crédits de taxes foncières
dans les secteurs qui font l'objet d'un programme de revitalisation. Toutefois,
et conformément aux règles mentionnées plus tôt,
j'ai fait en sorte que l'information utile à la bonne
compréhension de ces propositions puisse être transmise à
l'Opposition.
Compte tenu de ce qui précède, je recommanderai
très rapidement l'adoption de ce projet de loi, mais je dois, pour les
fins du journal des Débats, mentionner ici que les amendements suivants
seront apportés au projet de loi et ils ont déjà
été transmis pour la plupart, je crois, aux
députés. Il y aura des dispositions qui viseront à
modifier la Loi sur l'aide sociale afin de consacrer la confidentialité
de certains renseignements nominatifs dans certaines circonstances; des
modifications à l'article visant la Loi sur le Barreau au sujet du
comité administratif du Barreau, qui doit déterminer la
procédure de fonctionnement du nouveau comité des requêtes
qu'on institue à la suite de la demande du Barreau; l'ajout d'un
paragraphe à la Loi sur le Barreau visant à retirer aux membres
du Barreau du Québec l'exclusivité de la représentation
d'un client devant les instances quasi-judiciaires instituées par la Loi
sur les relations du travail dans l'industrie de la construction, ceci à
la suite d'une décision très récente qui, à toutes
fins utiles, venait mettre fin à quelque chose qui durait depuis 1967,
je crois donc, ce qu'on fait pour l'essentiel, c'est qu'on restaure le statu
quo en cette matière;
II y aura des modifications à la Loi sur la Communauté
urbaine de Québec, de manière que la loi ne prévoie plus
que le directeur du service d'évaluation de la communauté soit
nommé conformément à la Loi sur la fiscalité
municipale et constitue l'évaluateur de la communauté au sens de
cette loi. La CUM désire, en effet, nommer un directeur du service
d'évaluation qui ne rencontre pas les exigences pour être
l'évaluateur de la communauté au sens de la Loi sur la
fiscalité municipale. Deux modifications à la Loi sur les
loteries et courses seront apportées, une concernant les concours
publicitaires et les appareils d'amusement, à l'article 24, de
manière à préciser le rôle du juge des courses dans
l'application de cette loi ainsi que les
règlements et les règles adoptées en vertu de cette
loi dans le domaine des courses par l'ajout, par ailleurs, d'un nouvel article
45.1 qui vise à restreindre l'obligation pour une personne de se
soumettre à la prise d'empreintes digitales au seul cas où elle a
été condamnée pour une infraction punissable sur
poursuites sommaires ou pour un acte criminel, s'il y a doute sur son
identité. Dans le cas des requérants de licences en
matière d'appareils d'amusement, ils ne sont plus soumis à cette
exigence.
Il y aura également une modification à la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction de manière
à rendre possible la nomination d'un commissaire adjoint de la
construction. Ceci permettra d'accroître l'efficacité du
commissariat à la construction par le remplacement éventuel du
commissaire en cas d'absence, ce qui s'est déjà produit et ce
qui, dans le cas de la construction, on le sait, est un endroit assez
névralgique dans la mesure où c'est le commissaire qui
décide du champ d'application du décret de la construction. Il y
aura également une modification à la Loi sur la
sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris, qui
sont bénéficiaires de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois, de manière à rendre insaisissables en
totalité les prestations versées aux bénéficiaires
en vertu de cette loi, prestations qui sont destinées à assurer
la subsistance de ceux-ci, et également dans le but de permettre au
gouvernement de fixer par décret une limite supérieure de jours
consacrés aux activités visées par la loi et donnant droit
aux prestations à ceux qui sont prévus par l'article 48.
Par ailleurs, les modifications suivantes seront appelées.
Peut-être que le député de D'Arcy McGee n'en a pas encore
été saisi, mais je crois qu'un de ses collègues, critique
en matière municipale, a été saisi d'une modification
à l'article 20 de la Loi sur les affaires intergouvernementales, de
telle sorte que nous puissions établir les concordances
nécessaires quant au fait que nous visons des tiers dans le cadre du
concordat anticipé entre l'Union des municipalités, l'Union des
municipalités régionales de comté et le gouvernement du
Québec. Par ailleurs, une modification à la Loi sur
l'Exécutif sera introduite ainsi qu'à la Loi sur la fonction
publique, le Régime de retraite des enseignants et le Régime de
retraite des fonctionnaires et ce, à la demande du lieutenant-gouverneur
lui-même, afin de lui permettre de nommer lui-même les membres de
son cabinet de sorte que nous le soustrayons des obligations imposées
par ces autres lois quant au personnel du lieutenant-gouverneur puisque, comme
on le sait, les dispositions actuelles qui s'appliquent à l'embauche du
personnel du lieutenant- gouverneur relèvent de la Loi sur la fonction
publique.
(16 h 30)
M. le Président, c'est l'essentiel de ce que j'avais à
présenter. Je puis assurer mes collègues de l'Assemblée
nationale que les ministres touchés par les différentes
dispositions du projet de loi omnibus seront disponibles pour faire des
commentaires ou répondre aux députés de l'Opposition, que
ce soit ici ou en commission, qui pourrait être une commission
plénière, je présume, comme à l'habitude. Je
recommande donc l'adoption du principe de ce projet de loi omnibus. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: Merci, M. le Président. Comme le ministre vient
de le dire, le projet de loi 84 est un projet de loi omnibus. On peut dire que
c'est un fourre-tout à la fin de la session, c'est-à-dire qu'il
arrive qu'il faille corriger des lois ou faire des changements techniques. Cela
ne demande pas d'adopter une loi spéciale pour amender chaque loi. Avec
ce projet de loi, nous allons apporter certaines modifications à un
certain nombre de lois.
J'aimerais dire tout de suite que les 35 lois que nous allons modifier
ne sont pas de la responsabilité du ministre de la Justice. En effet, il
y a d'autres ministres qui sont responsables des lois que nous allons modifier.
Le ministre de la Justice rend service au gouvernement en général
en déposant un projet de loi omnibus.
Comme je viens de le dire, nous allons adopter un certain nombre de
modifications techniques aux lois existantes mais aussi il y a certaines
modifications qui touchent le fond de certaines lois. Pour cette raison, nous
avons demandé la présence en commission parlementaire d'un
certain nombre de ministres qui vont expliquer la nécessité et le
fond des changements qu'on va adopter pour des lois dont ils ont la
responsabilité.
En conclusion, j'aimerais dire simplement que, pour ceux qui aimeraient
comprendre la portée des modifications qu'on adoptera, je pense qu'il
sera nécessaire pour ces personnes de consulter le journal des
Débats qui traite de la commission des institutions et elles verront
pourquoi nous avons adopté certaines modifications durant la session.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Mme la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Marx: Avant de l'oublier, M. le Président, j'aimerais
ajouter que nous
sommes en principe pour ce projet de loi mais, étant donné
que le projet de loi couvre 35 autres lois, il sera possible que nous ne soyons
pas d'accord avec certaines modifications. Ce sera à voir lors de
l'étude article par article de ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Mme la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. Si j'interviens
à ce moment-ci dans le débat, c'est qu'on y traite, un peu comme
l'a souligné mon collègue, le ministre de la Justice, de lois
dont j'ai à répondre ou d'organismes qui administrent des lois
qui sont sous ma responsabilité. À cet égard, comme
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
certaines de ces lois se trouvent incluses dans le projet de loi omnibus que
nous étudions aujourd'hui. Donc, comme ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu, je souhaite intervenir à ce
moment-ci du débat de sorte que je puisse expliciter davantage, que ne
l'a fait mon collègue, le ministre de la Justice, ces amendements ou ces
correctifs que nous voulons apporter à certaines de nos lois.
Dans ce débat, je n'ai pas l'intention de reprendre des
éléments qui sont peut-être davantage d'ordre très
technique ou d'ordre de concordance, puisqu'on aura l'occasion de le faire au
moment de la commission parlementaire, lorsque nous étudierons article
par article ce projet de loi. À ce moment-là, on pourra
s'attarder à des aspects beaucoup plus techniques. Même si sur le
fond, cependant, l'ensemble des modifications que nous apportons, qu'il
s'agisse de la Loi sur l'aide sociale, de la Loi sur le ministère de la
Main-d'Oeuvre et la Sécurité du revenu, de la loi sur les
chasseurs et les piégeurs cris, de la Loi sur la fête nationale,
ce sont, dans les faits, des corrections qui ne touchent pas au fond de chacune
des ces lois mais viennent se conformer à une certaine jurisprudence qui
a pu être établie au moment de représentations faites
auprès de la Commission des affaires sociales, qui ont
démontré que nos articles de loi ou les règlements
découlant de ces articles de loi ont été remis en question
parce que pas très clairs quant à la volonté qu'on voulait
y exprimer. Donc, par cette loi qui est à l'étude devant nous
aujourd'hui, on permet de clarifier un certain nombre de choses comme
celles-là.
Je vais quand même m'attarder à certains de ces articles
que nous proposons d'amender dans les différentes lois dont je viens de
faire état. Je laisserai aussi le soin à mon collègue et
adjoint parlementaire, le député de Rivière-du-Loup, de
faire le point sur deux améliorations très importantes que nous
apportons, nous semble-t-il, par ces amendements que l'on étudie
aujourd'hui et qui concernent particulièrement la définition de
la famille quant à l'inclusion ou à l'exclusion de certains de
ses membres, particulièrement des enfants, par filiation ou autrement.
Il entrera sûrement plus dans les détails que moi à ce
sujet.
Une autre correction que nous apportons aussi à la Loi sur l'aide
sociale concerne la carence qui existe entre certaines interprétations
quant à une loi administrée par le gouvernement d'Ottawa et qui
concerne l'assurance-chômage et un trou que nous ne pouvions combler ou
une aide que nous ne pouvions apporter, de la façon dont la loi
était libellée, dans le cas de l'aide sociale.
Cependant, j'aimerais souligner que ces deux éléments,
dont le député de Rivière-du-Loup parlera
particulièrement, ont été soulevés par des groupes
ou par des organismes qui ont été aux prises avec un certain
nombre de problèmes que contenaient nos lois à cause de certains
éléments qui manquaient de clarté, si on veut, ou certains
ajustements qui n'avaient pas été faits depuis un certain temps.
Cela me permettra de souligner par la même occasion le fait que, comme
membres d'un gouvernement et comme législateurs, on est très
attentifs à ces représentations que nous font ces personnes, nous
soulignant de façon très concrète les difficultés
qu'on pouvait leur causer à l'égard, par exemple, de l'aide
sociale ou à l'égard de certains autres éléments
des lois que l'on va amender, donc, nous rendant sensibles à ces
difficultés que leur causaient nos lois pas suffisamment claires.
Nous avons aussi la capacité, dans les postes que nous occupons,
de recevoir ces représentations et surtout de faire en sorte que cela
ait des effets très concrets, ce que nous nous apprêtons à
faire par l'étude et, éventuellement - j'imagine, si on peut y
arriver - l'adoption de ce projet de loi. Il en va de même d'ailleurs
d'un autre élément du projet de loi qui viendra en amendement au
moment de l'étude article par article et qui concerne la fête
nationale où la volonté du législateur avait
été très claire que la fête nationale puisse
être un jour chômé et que le jour chômé
lui-même puisse être reporté. Même si l'intention du
législateur était claire, on a, dans la rédaction comme
telle de notre loi, fait en sorte que l'interprétation qu'on en a faite
par la suite devenait, elle, moins claire.
C'est rapidement, au moment où on nous a souligné la
difficulté que cela représentait pour des dizaines de milliers de
travailleurs et de travailleuses à travers le Québec, à
partir de la représentation qu'on nous a faite à cet
égard, que l'on a consulté
nos légistes, les gens gui se préoccupent de la
législation, qui ont cette tâche et cette responsabilité
à l'intérieur de l'appareil gouvernemental, pour leur demander de
nous préparer les amendements nécessaires à la Loi sur la
fête nationale de même qu'à la loi sur les heures d'affaires
de telle sorte que l'on puisse aujourd'hui en parler, les proposer et,
éventuellement, ensemble, les adopter. (16 h 40)
Cela dit, j'aimerais maintenant revenir à certains articles de
façon un peu plus précise de telle sorte qu'on puisse en discuter
ici et voir exactement de quoi il s'agit. Nous modifions, par exemple, dans
notre loi omnibus, certains articles de la Loi sur l'aide sociale et, en
particulier, l'article 13 que nous tentons de clarifier. Par cet amendement
qu'on retrouve au projet de loi 84, on confirme une pratique qui avait cours
depuis déjà très longtemps, mais qui avait
été récemment infirmée par un jugement sur la base
d'un texte ne trouvait pas suffisamment clair pour que nous ayons la pratique
que nous avions eue et que la Commission des affaires sociales avait eue aussi
quant à l'application de cet article. Il s'agit, entre autres, de l'aide
conditionnelle. Cela me permettra d'expliquer un peu en quoi consiste l'aide
conditionnelle à l'aide sociale. Si une personne est qu'on en attente
d'un droit, c'est-à-dire qu'elle a eu, par exemple, un accident
d'automobile et elle sait qu'elle recevra une indemnité. Elle est en
chômage et elle sait qu'elle recevra effectivement de
l'assurance-chômage, mais elle n'arrive pas maintenant. Cette personne,
qui est bénéficiaire d'aide sociale ou qui ne l'est pas mais qui
risque de le devenir, a un héritage mais n'a pas cet héritage
immédiatement en sa possession. Nous pouvons nous permettre, si
effectivement cette personne n'a aucun autre moyen pour vivre et assumer une
réponse correcte à ses besoins, de lui verser une aide
conditionnelle, c'est-à-dire une aide remboursable par la suite, au
moment où le droit sera réalisé, c'est-à-dire au
moment où elle recevra l'assurance-chômage, où elle
touchera cet héritage, où elle aura cette indemnité qui
lui est due par une autre loi et qui concerne, par exemple, un accident d'auto.
Nous modifions donc l'article 13 de telle sorte que nous clarifiions les
notions concernant cette aide conditionnelle dans le cas de la
possibilité de la réalisation d'un droit.
Par ce projet de loi 84, nous retouchons aussi la Loi sur l'aide sociale
de telle sorte que nous puissions nous permettre de reconnaître
différemment un enfant dans la famille et ceci, très largement
à l'avantage des bénéficiaires de l'aide sociale. Je
n'insiste pas davantage et mon collègue, le député de
Rivière-du-Loup, pourra y revenir.
Nous amendons aussi par la loi qui est devant nous la Loi sur le
Barreau, de même que la Loi sur la Commission des affaires sociales de
telle sorte qu'il soit possible pour notre ministère d'être
représenté, c'est-à-dire de faire valoir son point de vue
dans les cas où une plainte est déposée devant la
Commission des affaires sociales concernant une prestation versée et
pour laquelle le bénéficiaire considère qu'il a
été lésé, ou qu'on a mal répondu à
son besoin. Donc, ce bénéficiaire se présente à la
Commission des affaires sociales pour faire valoir son droit et nous, au
ministère, nous avons, évidemment, à faire valoir notre
point de vue à savoir sur quel règlement, sur quel article de la
loi nous nous sommes appuyés pour décider que l'aide serait plus
ou moins importante, ou qu'elle couvrirait tel besoin spécial. C'est
souvent dans le cas des besoins spéciaux que des personnes vont se
présenter à la Commission des affaires sociales pour faire valoir
leur point de vue.
Nous faisons en sorte de confirmer une pratique qui existait
déjà, exercée par le ministère de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu de se faire représenter par
des personnes qui n'étaient pas nécessairement des personnes
membres du barreau de telle sorte que cela puisse être des
professionnels, ou des intervenants, des agents du bien-être qui ont une
grande expérience de l'application de la Loi sur l'aide sociale, qui la
connaissent très bien tant dans son libellé que dans sa pratique
ou dans son application.
Ceci nous permet aussi de maintenir un autre principe qu'on a voulu
avoir en instaurant un certain nombre de commissions, comme la Commission des
affaires sociales, pour faire en sorte qu'on évite de judiciariser trop
largement ces commissions qui se veulent plus ouvertes, qui se veulent,
à la limite, je dirais, moins "encarcanantes" ou moins
réglementaires, ce gui fait gue cela permet une plus grande souplesse,
nous apparaît-il, et une moins grande judiciarisation de ces organismes.
Nous confirmons donc, par le projet de loi 84 et les amendements qui s'y
trouvent, cette pratique qui semblait devoir être infirmée.
Nous proposons aussi, à l'article 61, de modifier la Loi sur le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour faire en sorte que nous puissions enfin, M. le Président, nous
permettre de rendre possibles, tel que les amendements à la Charte des
droits et libertés de la personne le prévoient, des programmes
d'accès à l'égalité. À quelques reprises,
j'ai posé la question à mon ministère en disant: Je
souhaiterais que nous puissions faire des programmes d'aide à l'emploi,
des programmes d'aide à l'emploi ciblés, c'est-à-dire
s'adressant particulièrement aux femmes. Je n'ai pas besoin de revenir
sur cette
question et ce débat; on sait mes convictions en cette
matière et on sait l'énergie que je mets - enfin, du moins je
pense y mettre tout ce que je peux d'énergie à cet égard
-pour défendre ce dossier qui me tient encore énormément
à coeur. Donc, en modifiant la Loi sur le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, nous rendons possible
l'application ou la mise en oeuvre de programmes d'accès à
l'égalité qui peuvent s'adresser aux femmes, mais qui peuvent
aussi, évidemment, s'adresser à d'autres clientèles, en
appliquant des critères d'âge, par exemple, en se disant que les
personnes de plus de 40 ans qui n'ont jamais été sur le
marché du travail ou qui n'ont jamais eu d'expérience de travail,
on pourrait leur réserver certains types de programmes. Je sais que si
nous acceptons un programme comme celui-là, il est évident que ce
seront largement les femmes qui seront concernées par de tels
programmes. C'est ce que nous permet la modification que nous apportons en
utilisant la notion de l'âge dans les programmes d'aide à
l'emploi.
Enfin, nous corrigeons aussi la Loi sur l'aide sociale en abrogeant
l'article 37.1 qui venait décrire de façon précise les
règlements que nous pouvions, si je ne m'abuse, donner à d'autres
organismes et concernant des bénéficiaires. Nous abrogeons cet
article pour la raison qu'à partir du moment où nous avons une
loi générale qui a instauré entre autres la Commission
d'accès à l'information, les mécanismes concernant les
transferts d'information ou de renseignements qu'on peut avoir sur les
bénéficiaires sont déjà touchés par cette
loi générale et il n'est donc plus nécessaire d'avoir cet
article dans une loi particulière qui est celle de l'aide sociale.
Nous modifions aussi la Loi concernant la sécurité du
revenu chez les chasseurs et les piégeurs cris. D'une part, il y a des
modifications d'ordre tehnique, mais significatives, puisqu'elles permettent
d'introduire le terme "inuits" dans la loi, et sûrement significatives
quant à la reconnaissance de cette communauté. D'autre part, nous
améliorons, c'est-à-dire que nous modifions un article qui a fait
l'objet de nombreux débats depuis un certain temps et qui concerne le
respect des activités traditionnelles des chasseurs et des
piégeurs cris de telle sorte que la loi rend un peu plus clair le nombre
de jours qu'on peut réserver pour les activités traditionnelles
chez les chasseurs et piégeurs inuits et cris, de telle sorte que la
discussion soit peut-être facilitée. Nous prévoyons y
instaurer un plancher du nombre de jours et, par réglementation,
prévoir un plafond qui ferait en sorte qu'on saurait, d'une année
à l'autre, à combien de jours on a droit et comment ces jours
sont répartis pour les personnes qui se prévalent de la loi.
Enfin, nous rendons les prestations versées par l'aide sociale aux
Inuits et aux Cris insaisissables comme c'est déjà prévu
dans nos autres codes généraux.
Ce sont à peu près, à ce moment-ci, les
éléments qui m'apparaissaient les plus importants à
souligner dans ce projet de loi que nous étudions et qui vient amender,
comme je le disais au départ, certaines autres lois, comme la Loi sur
l'aide sociale, la loi sur le ministère, la Loi sur la Commission des
affaires sociales et les autres que j'ai déjà mentionnées
ou que mon collègue, le ministre de la Justice a lui aussi
identifiées aux membres de cette Assemblée. Je souhaite donc que
nous puissions adopter le principe de ce projet de loi. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Alain Marcoux
M. Marcoux: M. le Président, il me fait plaisir de
participer à ce débat concernant le projet de loi 84 où il
y a plusieurs amendements qui proviennent du ministère des Affaires
municipales. En fait, il y a sept sujets abordés dans ce projet de loi
omnibus et dont la matière vient du ministère des Affaires
municipales. Je veux les reprendre dans l'ordre pour bien informer les membres
de cette Chambre de la nature de chacun de ces sujets.
Le premier point que cette loi veut modifier a trait à la
rémunération des élus des municipalités
régionales de comté, c'est-à-dire les maires membres des
municipalités régionales de comté et le préfet.
Actuellement, c'est une réglementation provinciale qui régit
cette rémunération qui est fixée à 100 $ par
présence, par séance, pour un maire et 150 $ pour le
préfet; le paiement est fait selon le nombre de réunions
réellement tenues, ce qui entraîne beaucoup de paperasse et,
deuxièmement, un manque de souplesse de la part des municipalités
régionales de comté qui doivent adapter leur fonctionnement
à leur situation locale.
C'est pourquoi je propose une modification à la loi pour que
chaque municipalité régionale de comté puisse
elle-même établir la rémunération de ses élus
au titre du fonctionnement de la municipalité régionale de
comté et qu'elle puisse même établir des
rémunérations spéciales pour un certain nombre de maires
membres de la municipalité régionale de comté qui
participent à des comités ou des commissions d'étude ou
d'analyse. On sait que dans la mise en oeuvre de la loi 125, la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, il y a des comités de consultation,
des audiences qui doivent être retenues, etc., ce qui fait que les maires
peuvent être appelés à participer de façon
différente à l'activité, au fonctionnement de
la municipalité régionale de comté.
Nous apportons une souplesse indiquant que le gouvernement va donner un
montant global à la municipalité régionale de
comté, montant qu'il va payer en deux ou trois versements au cours de
l'année. La municipalité régionale de comté
déterminera elle-même le montant de remboursement qu'elle fait au
maire et au préfet pour leur participation aux activités.
Deuxièmement, elle déterminera des rémunérations
possibles pour la participation aux différents comités ou
commissions de la municipalité régionale de comté, ce qui
fait que les montants pourront varier d'une municipalité
régionale de comté à une autre et aussi compte tenu des
activités de chaque MRC.
En faisant ceci, il y a un avantage financier supplémentaire pour
les maires et les préfets en ce sens que la rémunération
à ce moment devient une partie composante de leur
rémunération globale comme maire. Le tiers de cette
rémunération ne sera plus imposable alors que jusqu'à
maintenant le tiers de la rémunération des maires et des
préfets, pour leur participation à la municipalité
régionale de comté, était imposable. À ce moment,
cette rémunération sera dorénavant
considérée sur le plan fiscal comme les
rémunérations des conseillers ou des maires au niveau du conseil
municipal ou du conseil de ville. Cette rémunération ne sera plus
imposable pour le tiers de cette rémunération. C'est une chose
qui nous était demandée depuis longtemps. Je pense que c'est
parfaitement normal que ce soit accordé.
Le deuxième sujet qu'aborde ce projet de loi a trait au pouvoir
habilitant toutes les municipalités d'octroyer des subventions selon des
catégories d'immeubles et ou des secteurs de la municipalité.
Nous voulons de plus en plus que les municipalités participent à
la revitalisation de leurs centres-villes, participent à la
revitalisation de leurs communautés, de certains secteurs de leurs
municipalités. Déjà les municipalités ont eu, dans
la loi 45, le pouvoir de subventionner la rénovation, la construction,
en somme, des travaux permettant la revalorisation du bâti dans leur
milieu municipal. Ce que nous ajoutons aujourd'hui, c'est le pouvoir, pour la
municipalité, de faire des catégories d'immeubles et de
déterminer des secteurs de la municipalité où les montants
des subventions pourront varier; de déterminer que dans tel secteur de
la municipalité il y a des subventions et que dans un autre secteur il
n'y en a pas. Entre autres, si j'introduis cet amendement qui s'appliquera
autant au Code municipal qu'à la Loi sur les cités et villes,
c'est à la demande de mon collègue, le ministre de l'Habitation
et de la Protection du consommateur, qui a instauré un programme de
subventions visant en particulier la disparition des hangars dans certaines
villes du Québec. À cette occasion, nous
généralisons ce pouvoir pour l'ensemble des municipalités.
On sait que les municipalités ont actuellement le pouvoir d'octroyer des
subventions, mais n'ont pas la marge discrétionnaire nécessaire
pour établir des catégories ou réserver des subventions
à des secteurs de municipalité, ce qu'elles pourront faire
à partir de l'adoption de cette loi, ce qui permettra au programme de
rénovation des hangars, en particulier, de pouvoir se
concrétiser.
Un troisième changement, mineur cette fois, aux lois municipales:
c'est que lorsque les municipalités feront des emprunts à
l'étranger à l'avenir, au lieu que ce soit le Conseil des
ministres dans son ensemble qui doive approuver ces emprunts à
l'étranger, ce sera le ministre sectoriel concerné, le ministre
des Affaires municipales, le ministre de l'Éducation en ce qui concerne
les commissions scolaires, le ministre des Finances dans tous les cas.
Évidemment, lorsqu'on contracte des emprunts à l'étranger,
c'est le genre de choses qui se font très rapidement, qui exigent des
ratifications très rapides, et il fallait à l'occasion
réunir le Conseil des ministres de façon urgente ou faire un
Conseil des ministres par téléphone pour pouvoir donner les
signatures d'autorisation du Conseil des ministres pour ratifier les emprunts
à l'étranger des municipalités. Cette procédure
sera considérablement simplifiée puisqu'il suffira maintenant de
la signature du ministre des Affaires municipales et du ministre des
Finances.
Un quatrième changement proposé dans ce projet de loi
omnibus, changement qui est plus considérable, c'est la disparition,
l'abolition de la Commission nationale de l'aménagement qui avait
été créée lors de l'adoption de la loi 125, la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme, et le fait de confier les fonctions
remplies par cette Commission nationale de l'aménagement à la
Commission municipale du Québec. Les motifs qui nous incitent à
proposer l'abolition de la Commission nationale de l'aménagement sont
très simples. La Commission nationale de l'aménagement est
là pour enregistrer les règlements des municipalités
relatifs à l'aménagement et est là également pour
donner des avis de conformité lorsque des groupes, des citoyens, des
individus peuvent contester la conformité, par exemple, d'un
règlement de zonage par rapport à un règlement d'urbanisme
ou un plan d'urbanisme, ou contester la conformité du plan d'urbanisme
par rapport au schéma d'aménagement.
On avait prévu que le rôle de la Commission nationale de
l'aménagement était de donner des avis de conformité
disant: Votre règlement de zonage est conforme à votre plan
d'urbanisme ou l'inverse. Elle ne décidait rien. C'était une
structure très
légère, qui ne remplaçait aucunement les
élus et qui simplement donnait" un avis de conformité. Comme il y
a eu très peu de cas jusqu'à maintenant - c'est normal,
c'était au début de l'application de la loi 125, il y a eu
très peu de cas - et que de toute façon nous ne prévoyons
pas une énormité de dossiers sur lesquels cette commission aurait
pu, dans l'avenir, avoir à donner des avis de conformité, nous
pensons que la Commission municipale du Québec peut très bien
remplir cette fonction prévue par la Loi sur l'aménagement.
Ainsi, cela nous permettra de faire des économies de personnel et
d'argent. (17 heures)
Pourquoi avoir choisi la Commission municipale du Québec plus
qu'un autre organisme? C'est que les municipalités sont
familières avec la Commission municipale du Québec, qui est un
organisme quasi judiciaire, et elles sont habituées de fonctionner avec
cette commission. Les municipalités du Québec ont une très
grande confiance dans les avis, les décisions et les jugements de la
Commission municipale du Québec. Nous avons cru qu'il était tout
naturel de confier ce mandat de la Commission nationale de
l'aménagement, que nous abolirons, à la Commission municipale du
Québec. Les fonctionnaires de la Commission nationale de
l'aménagement seront intégrés -sept ou huit fonctionnaires
- au ministère des Affaires municipales. Quant aux dirigeants de la
Commission nationale de l'aménagement, le gouvernement va respecter ses
engagements à leur égard jusqu'au terme de leur contrat ou leur
trouver d'autres fonctions dans l'appareil gouvernemental qui puissent leur
convenir.
Un cinquième sujet très important est abordé dans
les projets soumis dans le cadre de la loi omnibus. Nous allons confier un
nouveau pouvoir aux municipalités du Québec, c'est-à-dire
le pouvoir d'octroyer des crédits de taxe foncière. On sait que
nous avons accordé aux municipalités, en décembre dernier,
le pouvoir de donner des subventions pour fins de rénovation urbaine, de
construction domiciliaire, etc., des pouvoirs de subventions pour faciliter la
rénovation des centres-villes, en particulier. Nous ajoutons aujourd'hui
un nouveau pouvoir pour l'ensemble des municipalités du Québec,
à la fois celles qui relèvent du Code municipal, de la Loi sur
les cités et villes, la ville de Québec et la ville de
Montréal. Ce pouvoir est à l'effet de permettre à ces
municipalités de donner un crédit de taxes foncières qui
permette, en somme, de faire en sorte, si quelqu'un investit 100 000 $ pour
rénover un bâtiment qui en valait 100 000 $ et que son
évaluation foncière augmente à 190 000 $ ou 200 000 $, que
l'accroissement des taxes en conséquence soit échelonné
dans le temps. Ce crédit de taxes ou ce pouvoir sera octroyé
à l'ensemble des municipalités. Il a pour but de permettre aux
municipalités de donner des crédits de taxes foncières
pour inciter les citoyens à effectuer des travaux de rénovation,
de transformation ou de construction dans le cadre d'un programme de
revitalisation ou d'intervention. Assorti à ce pouvoir,
évidemment, il y aura le pouvoir de créer des catégories
d'immeubles et de secteurs de la municipalité où ces
crédits de taxes pourront être accordés.
Un sixième amendement est proposé dans le cadre de cette
loi omnibus. Il vise à permettre à la Communauté urbaine
de Montréal de diviser en deux le poste de directeur de
l'évaluation. Selon la Loi sur la fiscalité municipale, le
directeur de l'évaluation est en même temps le directeur du
service de l'évaluation. Il est un peu, en somme, le directeur
administratif et le directeur du point de vue professionnel. La
Communauté urbaine de Montréal nous a demandé le pouvoir
de scinder le poste en deux puisque son service d'évaluation est
composé de 200 personnes et que le directeur de l'évaluation, du
point de vue professionnel, n'a peut-être pas toujours le temps ou n'est
peut-être pas la personne la plus compétente ou appropriée
pour diriger le service du point de vue administratif, car c'est un très
gros service. Il y a quand même 200 personnes. Nous amendons la loi pour
répondre à une demande de la Communauté urbaine de
Montréal, ce qui va lui permettre de distinguer le poste de directeur
des services de l'évaluation du directeur de l'évaluation comme
tel.
Un septième amendement a été proposé par le
ministère des Affaires municipales au Conseil des ministres, a
été accepté et est devant cette Chambre. Il vise à
modifier l'article 20 de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales. Cet amendement est proposé dans le cadre des
discussions, des négociations que j'ai eues avec le monde municipal
depuis trois mois concernant la loi 38 et la possibilité que, par un
concordat, l'ensemble des municipalités du Québec par l'Union des
municipalités du Québec et l'Union des municipalités
régionales de comté, réaffirment de façon
très nette la compétence exclusive du Québec par rapport
au monde municipal et par rapport aux communautés locales, qu'elles
réaffirment leur volonté de voir le gouvernement
fédéral, dans la mesure où il veut aider
financièrement les municipalités du Québec, accorder des
subventions, soit en payant des "en lieu" de taxes aux municipalités ou
soit en accordant des subventions aux municipalités mais dans le cadre
d'ententes intervenues ou à intervenir entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement fédéral et de faire en sorte que
ces ententes soient respectées.
Dans le cadre des discussions
concernant ce concordat, les deux unions des municipalités du
Québec ont reconnu qu'il ne serait pas normal que les
municipalités puissent faire indirectement ce qu'elles ne peuvent pas
faire directement. Un des articles de ce concordat prévoit que les
municipalités ne peuvent pas faire faire par un organisme tiers ce
qu'elles ne peuvent pas faire directement, c'est-à-dire accepter de
l'argent d'un gouvernement étranger ou du gouvernement
fédéral. Cela doit être fait à l'intérieur,
en respectant la compétence du Québec.
J'ai déposé un amendement qui vise à amender
l'article 20 de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales afin qu'il ne soit pas possible de faire indirectement ce
qu'on ne peut faire directement. En ce sens-là, pour couvrir les tiers,
lorsqu'on parle de subventions, soit aux commissions scolaires ou soit aux
organismes d'affaires municipales ou aux différents organismes qui
dépendent de la juridiction du Québec.
Donc, l'amendement à l'article 20 de la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales est là pour
signifier aux municipalités qu'elles ne peuvent contracter avec le
gouvernement fédéral, le gouvernement d'une autre province ou
tout autre gouvernement étranger. Cette disposition s'applique
également aux organismes tiers. C'est ce que nous voulons clarifier par
cet amendement. Je dois indiquer que, dans le concordat que nous nous
apprêtons à signer d'ici peu avec l'Union des municipalités
du Québec et l'Union des municipalités régionales de
comté, il est clairement affirmé par l'ensemble des parties qu'il
serait anormal et incorrect que les municipalités puissent faire
indirectement ce qu'elles ne peuvent pas faire directement.
Voilà les sept sujets abordés dans ce projet de loi
omnibus lors des travaux de l'Assemblée nationale pour faciliter de
façon générale le travail des municipalités au
Québec et faire en sorte que dans certains secteurs, lorsqu'on peut
apporter des ajustements pour simplifier le fonctionnement des
municipalités, on le fasse. Entre autres, je pense que par rapport
à la relance de l'économie du Québec, il y a un article
qui peut être très intéressant pour les
municipalités; c'est le pouvoir habilitant de donner des crédits
de taxe foncière. Je sais que plusieurs de mes collègues
attendaient ce changement législatif avec impatience, en particulier le
député de Trois-Rivières qui souhaitait que ce pouvoir
soit donné aux municipalités dans une perspective de
revitalisation des centres-villes. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: J'interviendrai donc sur le projet de loi 84, Loi
modifiant diverses dispositions législatives, présenté par
le ministre de la Justice. Au début de mon intervention, je voudrais
quand même souligner qu'il ne me paraît peut-être pas tout
à fait dans les règles ou peut-être pas tout à fait
normal que, dans le cadre d'un tel projet de loi présenté par le
ministre de la Justice, on en arrive à modifier un nombre important de
lois municipales. Le ministre a parlé de sept amendements devant nous
mais ce sont quand même des amendements assez importants. Entre autres,
celui qui concerne la question de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales.
De mon côté, et je pense que mes confrères de
l'Opposition seront également de mon avis, j'aurais
préféré que ces amendements soient contenus dans un projet
de loi omnibus municipal, présenté par le ministre des Affaires
municipales lui-même. Cela aurait été beaucoup plus
convenable et beaucoup plus respectueux de la tradition parlementaire qui doit
régir les débats dans cette Chambre. Quoi qu'il en soit, nous
devons utiliser ce que nous avons devant nous et discuter du projet de loi 84.
Je m'attarderai à certaines dispositions concernant le monde municipal.
(17 h 10)
M. le Président, disons que je vais commencer par la fin de
l'intervention du ministre, car cela me paraît le point le plus
fondamental à l'heure actuelle: toute la question de la modification
à la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales. Le
ministre nous a parlé d'un concordat signé entre les
municipalités, entre l'Union des municipalités du Québec,
l'Union des municipalités régionales de comté et le
gouvernement. Je ne sais pas si, à ce moment-ci, les deux unions ont
signé le concordat; avant de signer un tel document, les unions devaient
le faire ratifier par leur conseil d'administration et je ne sais pas si c'est
fait.
Une chose que je sais cependant, c'est que ce concordat venait mettre
fin à une querelle entre le gouvernement actuel et les
municipalités du Québec, une espèce de chicane qui a
commencé à la suite du dépôt, il y a pratiquement un
an maintenant, du fameux projet de loi 38 que le gouvernement a tenté de
passer en douceur au mois de décembre dernier, à la fin de la
session, mais que l'Opposition, après un travail acharné, a
réussi à bloquer, je pense, dans le meilleur intérêt
des municipalités du Québec.
Nous nous retrouvons aujourd'hui dans la situation où le nouveau
ministre des Affaires municipales a tenté de régler le
problème en s'adressant aux municipalités pour leur proposer un
concordat; finalement, on soumet aussi des amendements à la Loi
sur le ministère des Affaires intergouvernementales. Je vous
ferai part de mon opinion personnelle sur le concordat que le gouvernement veut
faire signer par les municipalités, le concordat que le gouvernement
vient de négocier avec les municipalités du Québec en leur
disant: Signez-nous un concordat et on retirera le projet de loi 38, qui
était néfaste pour les municipalités du Québec,
discrétionnaire et discriminatoire à l'égard des
municipalités.
De ce point de vue, cela me paraît un jeu d'enfant pour le
gouvernement de vouloir faire signer un concordat reconnaissant la
compétence du Québec en matière municipale. Celle-ci est
reconnue partout; toutes les municipalités du Québec l'ont
reconnue, les deux unions l'ont reconnue, l'Opposition libérale l'a
d'ailleurs reconnue lors du débat sur la loi 38; c'est aussi
l'Opposition qui l'avait intégrée au niveau des affaires
intergouvernementales en 1961 dans le projet de loi 59 de l'époque.
Soit, le concordat existe. Nous nous retrouvons aujourd'hui avec la
signature d'un concordat par lequel, soit dit en passant, on lance un coup de
gant à la face du gouvernement fédéral. On a voulu, en
douceur, dire que le gouvernement fédéral était intervenu
d'une façon indirecte. On a tenté de faire reconnaître
ainsi par les unions des municipalités que le gouvernement
fédéral avait posé un mauvais geste. Le gouvernement
devrait faire preuve d'un peu plus de maturité et d'un peu plus de
leadership envers les municipalités; il aurait pu facilement se passer
d'un tel concordat puisque dans la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales, tout comme dans la constitution, on reconnaît le
principe de la compétence constitutionnelle du Québec en
matière d'affaires municipales.
Sur l'amendement même proposé par le ministre à
l'article 20 de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales, je dirai que cela reprend l'ancien texte en partie. On
n'a fait qu'ajouter la question des tiers. Je vous dirai honnêtement que
je n'ai pu avoir la réaction des représentants du monde
municipal, des représentants des deux unions de municipalités -
l'Union des municipalités du Québec et l'Union des
municipalités régionales de comté - pour la bonne raison
que cet amendement n'a été connu que ce matin et je n'ai pu avoir
le retour d'une conversation que j'aurais voulu tenir avec les
présidents des unions. J'aurais aimé discuter également de
la possibilité de soumettre aux membres des unions un tel nouvel
article.
Ce que je retiens d'une première lecture que j'ai faite cet
après-midi de ce nouvel article, c'est que sur un point particulier, on
impose encore une fois le fardeau de la preuve aux municipalités. Dans
le paragraphe 2 du nouvel article 20, on dit: "Une commission, une corporation,
une com- munauté ou un organisme ne contrevient pas au paragraphe 2 du
premier alinéa s'il prouve qu'il a pris tous les moyens raisonnables
pour empêcher que l'entente visée à ce paragraphe soit
conclue, ou qu'il soit contenu toute stipulation qui l'affecte pour rendre
inopérante une telle stipulation ou en neutraliser les effets à
son égard." Une telle disposition met un fardeau de preuve important sur
le dos des municipalités du Québec. C'est la municipalité
qui doit prouver qu'elle a pris tous les moyens raisonnables. On l'oblige non
seulement à venir faire la preuve, mais c'est elle qui doit prendre tous
les moyens raisonnables si, par exemple, une subvention peut être
donnée à un tiers qui, indirectement, pourrait venir favoriser
une municipalité. Je maintiendrai que, dans un tel cas, il s'agit encore
une fois pour le gouvernement de transférer sur le dos des
municipalités, un devoir qu'il a d'assumer un leadership dans la
question des relations fédérales-provinciales et d'assurer aussi
le leadership dans le respect de sa compétence au niveau des
municipalités du Québec. Nous y reviendrons plus amplement lors
de la discussion article par article de ce projet de loi.
Un autre point de la loi omnibus concerne la question que nous
retrouvons aux articles 23 et suivants et qui regardent la
rémunération au niveau des municipalités régionales
de comté. Il est important de souligner que, lors de la création
des MRC par la loi 125, le gouvernement avait convenu avec les
municipalités qu'il n'y aurait aucuns frais supplémentaires qui
seraient dévolus aux municipalités à cet égard.
Cela comprenait clairement pour chacune des municipalités du
Québec que leur appartenance à une MRC, les salaires qui seraient
versés au préfet ou à tout autre membre seraient
assumés par le gouvernement.
Nous arrivons aujourd'hui avec une modification importante puisque
l'ancien article était édicté par règlement du
gouvernement qui fixait la rémunération et transmettait le
montant aux municipalités. C'est peut-être une certaine
façon pour le ministre de nous dire qu'il y a un gain d'autonomie pour
les municipalités puisque, dorénavant, elles feront
elles-mêmes leurs règlements - pas les municipalités, mais
les MRC. La MRC fera elle-même son règlement. Je maintiendrai
toutefois qu'avec les stipulations dans l'article 23 et dans l'article 204 et
suivants de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, les
municipalités pourront se retrouver avec un fardeau
supplémentaire. C'est-à-dire que la MRC devra payer, par un
règlement, suivant un montant global encore une fois dévolu par
le gouvernement aux municipalités pour payer les émoluments que
les MRC décideront de payer, soit au préfet, ou aux membres
du
comité administratif, aux délégués du
comté, ou même toute rémunération additionnelle qui
sera prévue, soit pour le préfet ou pour certaines fonctions
prévues par un article spécifique de la loi. Dans un tel cas, si
on fixe un montant, quelles garanties les MRC ont-elles actuellement que le
montant fixé par le gouvernement pourra couvrir l'ensemble des frais
qu'elles devront encourir pour payer ces rémunérations
régulières et les rémunérations additionnelles que
la loi permet de verser? Il n'existe aucune garantie à cette fin.
Je rappellerai ici qu'à la fin de décembre 1982 et au
début de 1983, le gouvernement a procédé à une
diminution des montants d'argent transférés aux MRC. Si mon
souvenir est exact - je n'ai malheureusement pu le vérifier cet
après-midi - c'était de l'ordre de près de 1 500 000 $, je
crois, sur l'ensemble de l'enveloppe qui était diminuée
concernant les différents montants transférés aux MRC.
Quelles garanties les municipalités régionales de comté
ont-elles aujourd'hui? Quelles garanties chacune des municipalités qui
composent ces MRC - puisqu'on sait que le montant doit être
déboursé par chacune des municipalités au prorata de leur
participation ou suivant leur population. Quelles garanties ces
municipalités régionales et ces municipalités du
Québec ont-elles que le gouvernement maintiendra le montant fixé
préalablement, c'est-à-dire le montant qui pourrait couvrir
l'ensemble des dépenses? que ce sera respecté par le gouvernement
et qu'une charge supplémentaire ne viendra pas les affecter? J'en doute
énormément dans le cadre actuel de la loi telle que
présentée. Je pense que les MRC se poseront de sérieuses
questions à cet égard.
Un autre point que je voudrais aborder dans le projet de loi, c'est la
question de l'abolition de la Commission nationale de l'aménagement. Je
sais que mon collègue de Hull en discutera principalement dans son
intervention tantôt. Je voudrais quand même dire un mot
là-dessus. Depuis trois ans, à chaque étude des
crédits où je suis présent en cette Chambre, l'Opposition,
par ses différents représentants, interroge le ministre sur le
bien-fondé du maintien de la Commission nationale de
l'aménagement, étant donné les coûts assez
importants qu'elle a engendrés pour les contribuables du Québec.
(17 h 20)
Au cours des dernières années jusqu'à cette
année, le budget de fonctionnement de la Commission nationale de
l'aménagement a été de 1 263 900 $ et le budget
prévu pour l'année courante est de 418 300 $. C'est un montant
important puisque le ministre reconnaissait lui-même tantôt la
fonction actuelle de la Commission nationale de l'aménagement
était très peu effective, c'est-à-dire qu'il y a
très peu d'interventions que la Commission nationale de
l'aménagement a réalisées jusqu'à maintenant. C'est
un budget assez élevé et mon confrère, le
député de Hull, comme je l'ai dit tantôt, y reviendra.
Ce que je sais, M. le Président, c'est qu'on arrive à
dissoudre la Commission nationale de l'aménagement. Les fonctionnaires
seront intégrés au ministère des Affaires municipales;
cela va de soi. Concernant les principaux directeurs, les administrateurs, les
membres de la Commission nationale de l'aménagement, une chose est
prévue. La commission est dissoute, mais le gouvernement peut nommer
à un autre poste toute personne qui est membre de la Commission
nationale de l'aménagement et cette personne continue d'être
régie par les conditions de son engagement à titre de membre de
la commission durant la période de son engagement qui était
prévu, en vertu de la loi, pour un maximum de cinq ans. Donc, cela va
jusqu'en novembre 1985. Je vous dirai mon étonnement que le gouvernement
puisse protéger ces gens-là de cette façon. Donc, on peut
se retrouver avec des fonctionnaires qui vont être sur les tablettes. Ils
auront un bon salaire à ne rien faire ou on pourra les affecter à
certaines conditions.
J'ai fait une recherche tantôt, brièvement, à la
lecture de l'article 86, puisqu'on protège les fonctionnaires en vertu
de 4a loi. Je me souviens qu'en juin 1981, nous avions une commission
semblable. C'est un paradoxe et j'aimerais avoir une réponse du
côté ministériel. Pourquoi une telle différence? Il
y avait la Commission des transports du Québec et certains commissaires
étaient nommés pour des mandats de cinq ans avec un salaire fixe.
C'était la loi 5, à l'époque, en juin 1981. Il y avait une
disposition dans la loi, à l'article 37, qui disait que les membres de
la Commission des transports du Québec dont le mandat n'est pas
expiré à la date de l'entrée en vigueur du présent
article le demeurent pour la durée déterminée par le
gouvernement. Donc, des membres étaient en fonction et l'entrée
en vigueur de cette loi donnait la possibilité au gouvernement de mettre
fin au mandat de certains commissaires de la Commission des transports du
Québec. Je sais qu'on a utilisé ce pouvoir en vertu de l'article
37 dans certains cas pour mettre fin à des mandats de certains
commissaires de la Commission des transports du Québec. Dans le cas
présent, le gouvernement n'a pas, dans son projet de loi, la même
disposition. Il n'a pas intégré la même disposition pour ce
qui est de la Commission nationale de l'aménagement, puisque le mandat
des membres a été protégé, dans le cas de la
Commission nationale de l'aménagement,
jusqu'à l'expiration de ce mandat. C'est une question importante
et j'attendrai une réponse du ministre, lors de la discussion article
par article, sur la raison d'une telle modification, différente de celle
qu'on avait intégrée à la Commission des transports du
Québec.
Quant aux autres amendements que le ministre nous a mentionnés,
dans certains cas, je suis d'accord avec lut. Par exemple, concernant les
subventions qui vont servir surtout à la démolition de certains
hangars, cela va collaborer à la revitalisation des centres-villes.
À mon point de vue, c'est une bonne disposition qui va permettre
d'accélérer certains travaux de rénovation dans les
municipalités. De même, sur les emprunts à
l'étranger, on en vient à simplifier, si vous voulez,
l'espèce d'accord que le gouvernement doit donner à cette fin. Je
pense que cette simplification administrative fait preuve d'un réalisme
dans le cadre actuel des négociations qui peuvent avoir lieu entre les
municipalités concernant les emprunts à l'étranger.
C'est à peu près les principaux commentaires que j'avais
à formuler concernant les dispositions du projet de loi omnibus du
ministre de la Justice qui touchent le domaine des affaires municipales. Je
déplore, encore une fois, que les éléments de ce projet de
loi omnibus qui touchent les affaires municipales n'aient pu être
intégrés dans un projet de loi omnibus réel du ministre
des Affaires municipales afin que le monde municipal puisse en discuter d'une
façon beaucoup plus dégagée, en étant plus
informé, que la façon dont on procède présentement.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Rivière-du-Loup.
M. Jules Boucher
M. Boucher: Merci, M. le Président. Le projet de loi 84
que nous étudions aujourd'hui vient modifier différentes lois
pour y faire des ajustements législatifs mineurs, ajouter des
précisions ou des articles de concordance, afin de permettre une
meilleure application des lois concernées. Ainsi, le projet de loi 84
apporte des amendements à 35 lois différentes. Certains de ces
amendements permettront de préciser certaines définitions dont
l'interprétation peut créer de l'ambiguïté et priver
parfois des citoyens de certains avantages auxquels ils auraient droit
autrement.
Je m'attarderai à parler de deux amendements qui touchent
à la Loi sur l'aide sociale et qui se retrouvent dans le projet de loi
aux articles 11 et 12. Ces amendements m'apparaissent importants malgré
que les autres aussi peuvent l'être. Ainsi, à l'article 11 du
projet de loi il est question de préciser ce que l'on entend par enfant
à charge à l'article 1 de la Loi sur l'aide sociale. Cette
nouvelle définition vient préciser considérablement ce que
la Loi sur l'aide sociale pourra désormais inclure comme enfant à
charge. L'ancien article de la loi limitait la définition d'enfant
à charge à celui qui dépendait de son père ou de sa
mère aux fins de l'attribution de l'aide sociale.
Une jurisprudence constante de la Commission des affaires sociales a
confirmé la nécessité de l'existence d'un lien de
filiation entre l'enfant et l'adulte qui en a la charge aux fins de
l'attribution de l'aide sociale. Or, il arrive fréquemment qu'un enfant
soit recueilli par un frère, une soeur, un grand-parent, en l'absence
d'un lien de filiation. L'enfant ne peut être considéré
comme étant à la charge de cet adulte qui ne peut alors recevoir
d'aide sociale pour l'enfant. De plus, les centres de services sociaux se
refusent à faire le placement d'un enfant ou d'enfants en famille
d'accueil pour des raisons purement financières.
En amendant l'article 1 de la loi, nous permettrons de reconnaître
comme enfant à charge l'enfant qui dépend d'un adulte autre que
son père ou sa mère pour sa subsistance si ces derniers n'en sont
pas responsables. Nous ajoutons au pouvoir habilitant et permettons au
gouvernement de déterminer par règlement les cas où un
adulte autre que le père ou la mère est réputé
assurer la subsistance d'un enfant.
D'autre part, en vertu des dispositions actuelles de la loi et du
règlement sur l'aide sociale, lorsqu'un enfant à charge
reçoit une indemnité de la Régie de l'assurance
automobile, le montant qui lui est versé doit être inclus dans les
revenus de sa famille, ce qui vient diminuer d'autant le montant d'aide sociale
accordé. La solution qui avait été proposée afin de
ne pas pénaliser les bénéficiaires était d'exclure
l'enfant à charge de la taille de la famille pour la période pour
laquelle l'indemnité était versée. Cependant, plusieurs
décisions de la Commission des affaires sociales ont renversé la
position de l'administration, affirmant que l'enfant dépendait toujours
de ses parents pour sa subsistance et que l'indemnité constituait un
revenu pour la famille.
En amendant la Loi sur l'aide sociale, nous permettons au gouvernement
de déterminer par règlement quand un enfant sera
considéré ne plus dépendre d'un adulte pour sa
subsistance. En cela, M. le Président, nous visons à confirmer la
pratique actuelle.
D'autre part, à l'article 12 du projet de loi 84, un autre
amendement important vient préciser à quel moment un adulte d'une
famille ou une personne seule pourrait être déclarée
admissible à l'aide sociale à la suite de la perte de son emploi
à cause d'un conflit de travail. Ainsi, une jurisprudence
bien établie, des conseils arbitraux et des juges arbitres
nommés en vertu de la Loi de 1971 sur l'assurance-chômage veut
qu'au moins 85% des travailleurs en grève doivent être
retournés au travail pour qu'un conflit collectif soit
considéré comme terminé au sens de cette loi. Un
pourcentage aussi élevé a pour effet de retarder
considérablement le moment de la fin du conflit et risque de
pénaliser des employés qui ne sont pas rappelés rapidement
par leur employeur malgré la fin d'une grève. Ces employés
devraient avoir droit à l'aide sociale en attendant d'être
rappelés au travail puisqu'ils sont privés de moyens de
subsistance et qu'ils n'ont pas droit à l'assurance-chômage. En
amendant l'article 8 de la Loi sur l'aide sociale, nous ajoutons un pouvoir
habilitant à cette loi pour permettre au gouvernement de
déterminer par règlement le moment où les conflits
collectifs sont considérés comme terminés. (17 h 30)
Ainsi, lorsqu'un protocole de retour au travail est signé, il
m'apparaît qu'un conflit peut être terminé, mais lorsqu'il
n'y a que 50% ou 60% des employés qui reprennent le travail
immédiatement en attendant que, dans le protocole de retour au travail,
d'autres employés puissent reprendre graduellement leur emploi, ces
derniers, si l'on considère uniquement la Loi sur
l'assurance-chômage, ne peuvent bénéficier de l'aide
sociale en attendant de reprendre le travail, puisqu'il faut qu'il y ait 85%
des employés qui soient retournés.
Je pense que ces deux amendements proposés dans le projet de loi
sont de nature à rendre l'application de la Loi sur l'aide sociale
encore plus flexible et encore plus adaptée aux besoins actuels des
bénéficiaires. Pour avoir eu dans le passé à
travailler avec cette loi comme fonctionnaire, je crois aussi que ces
amendements sont de nature à faciliter grandement le travail des
fonctionnaires qui ont à appliquer cette loi. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci. Disons que nous traitons effectivement en
deuxième lecture du projet de loi omnibus déposé par le
ministre de la Justice et qui contient diverses dispositions à plusieurs
lois et qui touche plus particulièrement le monde municipal.
J'aimerais, pour le bénéfice de la population du
Québec, pour le bénéfice des maires et des conseillers et
des conseillères du Québec, pouvoir traiter pendant quelques
instants de ce projet de loi omnibus. Premièrement, je trouve
regrettable que le ministre des Affaires municipales n'ait pas jugé bon,
comme la coutume le veut, de déposer un projet de loi omnibus en cette
Assemblée nationale pour traiter plus particulièrement du monde
municipal et qui permette à toutes fins utiles au monde municipal
représenté par ses unions, soit l'Union des municipalités
du Québec et l'Union des municipalités régionales de
comté, d'intervenir en commission parlementaire sur les
différents articles traités.
On se rend compte quand même qu'il y a là certains des
articles qui nous préoccupent, nous de l'Opposition, et cela depuis
plusieurs années. Nous avons à plusieurs reprises fait appel au
gouvernement afin qu'il mette fin à des dépenses excessives, au
gaspillage éhonté des fonds publics des contribuables du
Québec. Je voudrais toucher plus particulièrement à
l'abolition de la Commission nationale de l'aménagement, qui a
été créée au mois de novembre 1980; et on se
souvient pourquoi cette date avait été choisie. C'est que cela
suivait de quelques mois le référendum du Québec,
c'est-à-dire le référendum de mai 1980, où le
gouvernement avait engagé la population du Québec à lui
donner un mandat lui permettant, à toutes fins utiles, d'amorcer
l'indépendance du Québec. On sait que la population, par un
pourcentage très élevé, avait refusé de donner ce
mandat au gouvernement du Québec, au gouvernement péquiste.
Afin de remercier certains amis politiques, le gouvernement a dû
privilégier des nominations. Entre autres choses, on avait
créé la Commission nationale de l'aménagement, qui suivait
de quelque peu l'adoption de la loi 125 sur l'aménagement du territoire
et qui obligeait les municipalités à se doter d'un plan
directeur. Mais l'on sait, M. le Président, qu'avant d'établir un
plan directeur, les municipalités devaient se regrouper en
municipalités régionales de comté.
À toutes fins utiles, les municipalités régionales
de comté ont été créées - cela vient
à peine d'être terminé ou d'être officialisé
par les décrets - dans les derniers mois. Cette Commission nationale de
l'aménagement, qui avait été créée pour
favoriser les amis du régime, entre autres, était allée
chercher son président, qui était l'ex-président de la
Communauté régionale de l'Outaouais, dans la région
immédiate où je vis et où je représente une
circonscription à cette Assemblée nationale. Eh bien oui, le
président de la Communauté régionale de l'Outaouais du
temps avait été le président du comité du oui au
référendum en 1980. Il s'était impliqué très
activement dans la défense de son gouvernement afin de promouvoir le oui
au référendum. Le oui étant défait, il fallait que
le gouvernement
passe ses bonbons et remercie ceux qui l'avaient aidé. M. Rivest
avait été nommé président de la Commission
nationale de l'aménagement au mois de novembre 1980. On avait
affecté à ce moment-là...
Je veux dire au député de Rousseau qui commence à
me fatiguer un peu, M. le Président, que je suis particulièrement
dans la pertinence étant donné que nous traitons de la Commission
nationale de l'aménagement et de ses membres alors que l'article 86 ne
dit pas exactement ce qui va advenir de ces membres. Je dis au
député de Rousseau que je suis bien dans la pertinence, d'autant
plus dans la pertinence que c'est ce gouvernement qui a créé la
Commission nationale de l'aménagement. C'est ce gouvernement qui a
permis aux Québécois et aux Québécoises depuis 1980
de gaspiller, à l'intérieur de cette commission, parce qu'elle a
été mise en place prématurément... Elle n'a pas eu
de fonctions ou à peu près pas jusqu'à maintenant, et on
retrouve dans les crédits de 1980-1981 un montant de 150 000 $ pour
défrayer le coût des premiers employés arrivés; en
1981-1982, on retrouve dans les crédits 357 600 $; dans les
crédits de 1982-1983, 352 200 $; dans les crédits 1983-1984, on
retrouve 404 100 $ et dans les crédits que nous avons votés tout
dernièrement ici à l'Assemblée nationale, on retrouve un
montant de 418 300 $. Cela totalisait, avant les dépenses courantes de
cette année, un montant de 1 263 000 $ de fonds publics payés par
les citoyens et les citoyennes du Québec, payés par les
impôts. On a tout simplement envoyé cela dans l'entonnoir, une
autre fois, en gaspillant l'argent des contribuables du Québec. Nous, du
Parti libéral, combien de fois en commission parlementaire, combien de
fois à l'étude des crédits avons-nous mis en garde le
gouvernement contre des dépenses folichonnes de la sorte.
Nous avons demandé à plusieurs reprises au gouvernement
d'abolir tout simplement cette commission qui n'était pas
utilisée. La preuve, on peut vous la donner de la part même de
cette Commission nationale de l'aménagement dans son rapport annuel
1982-1983 où, à la page 14, on peut lire: "La commission, au
cours du dernier exercice, n'a été saisie d'aucune demande d'avis
de conformité et a rendu une seule décision le 6 avril 1982."
Cela a-t-il du maudit bon sens qu'on dépense autant d'argent pour se
faire dire dans un rapport qu'on ne fait rien? Et là, le gouvernement
décide d'abolir la Commission nationale de l'aménagement,
d'intégrer ses membres à la Commission municipale, alors que la
même Commission municipale aurait pu, au cours des dernières
années, faire ce travail, faire le peu de travail qui était
occasionné par l'adoption de la loi 125, pour la bonne et simple raison
qu'il y a deux articles dans la loi 125, les articles 11 et 16, pour lesquels
les municipalités régionales de comté ont à
déposer ou devraient déposer à la Commission municipale
l'examen de leurs règlements pour voir s'ils étaient conformes.
(17 h 40)
Quand on sait que les municipalités régionales de
comté commencent à peine leur schéma d'aménagement
et qu'on avait créé cette commission uniquement pour satisfaire
le bon plaisir du gouvernement en y nommant des membres bien
rémunérés pour y faire absolument rien, quand on examine
le projet de loi 84 et qu'on tient compte plus particulièrement de
l'article 86, on peut se poser de sérieuses questions à savoir
qu'est-ce qu'il adviendra des trois membres nommés par ce gouvernement
à cette Commission nationale de l'aménagement? Est-ce qu'on va
tout simplement les "tabletter", comme c'est arrivé à plusieurs
hauts fonctionnaires du Québec au cours des dernières
années? Est-ce qu'on va les placer sur une tablette à des
salaires élevés? Est-ce qu'on va les réaffecter à
d'autres postes? Est-ce qu'on va les reconduire tout simplement à la
Commission municipale? Dieu le sait. Peut-être que le gouvernement ne le
sait pas. Je suis convaincu que le ministre qui présente ce projet de
loi ne le sait pas.
Le ministre des Affaires municipales, avec le peu d'expérience
qu'il a dans ce domaine veut sûrement corriger des points excessifs qui
ont été adoptés par ce gouvernement antérieurement,
alors que nous avions dit dans le temps, au ministre des Affaires municipales,
le député de Crémazie, alors qu'on a dit au
prédécesseur du ministre actuel, le député de
Labelle, qu'il était absolument inutile et qu'il n'était pas
souhaitable, premièrement, que cette commission soit
créée; deuxièmement, de poursuivre les
pseudo-activités pour lesquelles on ne retrouve même pas de
décision à l'intérieur d'un document.
Aujourd'hui, l'Opposition va sûrement souscrire à ces
articles qui touchent la Commission nationale de l'aménagement.
Après l'avoir demandée pendant quatre ans, finalement, on a un
certain résultat de la part du gouvernement. Après avoirgaspillé 1 263 000 $, ils se sont rendu compte finalement que
c'était du gaspillage. Je ne sais pas si l'ex-président du
Conseil du trésor avait pu parcourir dans les divers crédits des
différents ministères des montants similaires et pour lesquels il
aurait dû s'apercevoir sûrement que c'était du gaspillage.
C'est peut-être parce qu'il ne s'en est pas aperçu, qu'on a
décidé de le nommer aujourd'hui ministre de l'Éducation.
Finalement, à toutes fins utiles, cela n'a pas empêché le
même gouvernement de créer d'autres maisons du Québec,
à Ottawa, entre autres, et de gaspiller encore une fois d'une
façon éhontée les deniers publics.
Nous allons sûrement avoir des questions à poser, en
commission parlementaire, au ministre des Affaires municipales. Nous souhaitons
qu'il soit présent afin de nous expliquer davantage ce qui va advenir
des membres qui sont encore officiellement aujourd'hui membres de cette
commission nationale, des employés qui en font partie, de quelle
façon on va faire le recyclage de ces personnes, de ces membres et si on
va les utiliser à bon escient jusqu'à la fin du mandat qui leur a
été confié?
D'autre part, nous avons à plusieurs reprises indiqué
à ce même gouvernement péquiste, lors de la création
des municipalités régionales de comté, à la suite
de l'adoption de la loi 125, que les municipalités régionales de
comté avaient été créées principalement pour
se doter d'un schéma d'aménagement. Le gouvernement, par des
subventions, défrayait le coût des per diem des maires des
municipalités se trouvant à l'intérieur d'une
municipalité régionale de comté. On payait un jeton de
présence et c'était effectivement subventionné par le
gouvernement du Québec.
Dans le projet de loi 84, M. le Président - je suis convaincu que
vous l'avez lu - on retrouve de nouvelles modalités qui vont permettre
de défrayer le coût de la représentativité des
membres à la table de la municipalité régionale de
comté. Fait cocasse, ce sont maintenant les membres qui vont
décider de leur salaire, de leur rémunération, de leurs
dépenses de voyage. Cela veut dire quoi? Cela veut dire que très
prochainement les municipalités vont se retrouver avec des subventions
en moins et que les municipalités régionales de comté
devront faire absorber ces nouvelles dépenses par l'ensemble des
municipalités qu'elles représentent. Cela va devenir un nouveau
fardeau fiscal pour l'ensemble des municipalités du Québec.
Le chat commence à sortir du sac tranquillement. On a
utilisé le ministre de la Justice, dans sa candeur, pour nous
présenter ce ramassis d'articles de loi modifiant diverses lois. Le
ministre des Affaires municipales, comme je le disais tantôt, aurait pu
aussi bien nous présenter un projet de loi omnibus traitant de
l'ensemble des municipalités, et les municipalités, par le biais
de leurs représentants, de leurs unions, auraient pu faire des
représentations.
Plusieurs articles chatouillent un peu. Il y a plusieurs articles sur
lesquels l'Opposition a demandé à ce gouvernement de
réagir depuis au moins les quatre dernières années.
Après quatre ans, finalement, on a un certain résultat. Est-ce
que le gouvernement vient de s'apercevoir subitement qu'il gaspille d'une
façon éhontée les fonds publics et tente aujourd'hui de
faire une certaine récupération? Est-ce qu'il tente de faire
passer le fardeau de certaines autres dépenses aux municipalités,
qui devront éventuellement en subir les coûts?
Nous aurons à discuter avec le ministre parrain du bill.
J'espère que le parrain de ce bill invitera aussi ses collègues
des différents ministères qui nous préoccupent, entre
autres celui des Affaires municipales, afin que nous puissions discuter et
approfondir davantage chacun des éléments sur lesquels nous
trouvons des points à discuter.
Un autre élément important, c'est la fameuse loi 38
où on retrouve un amendement à l'intérieur du projet de
loi. Quand on entendait cette majorité servile en face de nous
décrier le projet de loi 38 et dire que jamais le gouvernement ne
reculerait d'un iota, jamais le gouvernement ne retirerait sa loi 38, on se
souvient que le 23 décembre dernier, ce même gouvernement battait
en retraite, était obligé de mettre de côté
certaines lois, entre autres la loi 48 dont nous avons encore discuté
aujourd'hui et la loi 38 qu'ils avaient retirées. Nous souhaitions
à ce moment-là qu'il y ait une entente. Premièrement, on
traitait du monde municipal. On avait sorti le gros bâton contre le monde
municipal et on voulait les marteler pour imposer sa volonté
péquiste et indépendantiste et, en même temps, frapper sur
le gouvernement fédéral qui osait faire intrusion de par
certaines subventions accordées à certaines municipalités
parce que, malheureusement, le gouvernement du Québec n'acceptait pas de
conclure d'entente avec le gouvernement fédéral. On retrouve cela
dans plusieurs projets de lois déposés ici. C'est toujours
d'engendrer des chicanes avec le gouvernement fédéral. (17 h
50)
Au cours des dernières semaines, il y a eu rencontre entre les
municipalités régionales de comté, leur président,
ainsi que l'Union des municipalités du Québec et on a
accepté un certain concordat afin, premièrement, d'obliger le
gouvernement du Québec à retirer son projet de loi 38 et apporter
certaines modifications à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales à l'article 20 afin de tenter de sauver quelque
peu la face de ce gouvernement qui venait de battre en retraite sur le projet
de loi 38. Il est évident que nous assistons à un ramassis
d'articles, de modifications qui ne vont sûrement pas couronner l'exploit
que se propose de faire ce gouvernement en l'adoptant, mais que, de toute
façon, nous serons sûrement intéressés à nous
retrouver en commission parlementaire avec les ministres concernés afin
d'étudier article par article ce projet de loi 84. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre de
l'Éducation.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Merci, M. le Président. En fait,
je ne corrigerai qu'un point que le député de Hull a
soulevé pour le cas où quelqu'un nous écouterait à
la télévision et aurait pu être surpris. Il a
dénoncé l'augmentation du nombre d'employés de
l'État travaillant pour le gouvernement en faisant
référence plus spécifiquement à une décision
que nous prenons dans ce projet de loi d'abolir une commission
d'aménagement. Il a souligné avec raison que cette commission
avait coûté environ 300 000 $ par année durant quatre ou
cinq ans sans avoir beaucoup de travail à faire et, effectivement, nous
avons décidé de la supprimer. Il a cependant laissé
l'impression que la gestion de ce gouvernement avait fait en sorte qu'on avait
augmenté de façon substantielle le nombre de fonctionnaires, le
nombre d'organismes et c'est contraire à la réalité.
Il suffit simplement de regarder l'évolution du nombre de
fonctionnaires travaillant pour le gouvernement du Québec au cours d'une
période, de 1970 à nos jours, par exemple. On constate que, de
1970 à 1976, à l'époque de M. Bourassa, on augmentait le
nombre de fonctionnaires d'environ 4000 nouveaux fonctionnaires par
année, ce qui est considérable; que, de 1976 à 1979, on a
augmenté de 1000 fonctionnaires en moyenne par année, donc quatre
fois moins vite, et qu'à partir de 1979, on a diminué le nombre
d'employés de l'État. Donc, aujourd'hui, nous sommes environ 3000
employés de l'État de moins que ce qui existait quand nous sommes
arrivés en 1976. Cela veut donc dire qu'en dépit de toutes les
créations d'organismes dont parle le député de Hull, il y
a 3000 employés de l'État de moins que ce qu'il y avait en 1976.
Juste cette économie représente, à environ 25 000 $
à 30 000 $ par fonctionnaire, grosso modo, près de 75 000 000 $
en termes de dépenses publiques. Il est donc incorrect de dire que ce
gouvernement a multiplié les organismes, a multiplié la taille de
l'appareil de l'État. M. le Président, c'est exactement le
contraire qu'on observe. Aujourd'hui, il y a presque 4000 fonctionnaires ou
employés de l'État, dans tous les domaines, de moins que ce qu'il
y avait quand nous sommes arrivés au pouvoir. Cela représente
facilement, une économie de 75 000 000 $ à 100 000 000 $. Donc,
c'est le contraire de ce que le député de Hull a voulu insinuer.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, compte tenu de la
nature de ce projet de loi qui - on le sait - est, d'une part, assez technique
et, deuxièmement, qui touche plusieurs ministères par
définition, puisque c'est un projet de loi omnibus, je pense que nous
aurons l'occasion, lors de la session en commission plénière, ce
soir, je crois, d'aborder chacun de ces sujets plus
précisément.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que le principe du
projet de loi 84, Loi modifiant diverses dispositions législatives, est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, comme l'indiquait le ministre
de la Justice, je propose donc qu'à compter de 20 heures, ce soir,
conformément aux articles 254 et 106 de notre règlement, cette
Assemblée se constitue en commission plénière afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 84.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, je propose donc que nous
suspendions nos travaux jusqu'à 20 heures.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Un instant. M. le
député de Hull a une question, je pense.
M. Rocheleau: Simplement à titre d'information, M. le
Président. On défère habituellement un projet de loi en
commission parlementaire. Est-ce qu'on pourrait m'expliquer les raisons pour
lesquelles on défère ce projet de loi à la commission
plénière plutôt qu'à une commission parlementaire
constituée des membres?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Avec plaisir, M. le Président. J'indique au
député de Hull que l'article 254 de notre règlement
prévoit que les projets de loi omnibus sont toujours
déférés à des commissions spéciales et, en
l'occurrence, en utilisant l'article 106, nous faisons du comité
plénier cette commission spéciale qui étudiera ce projet
de loi.
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Hull.
M. Rocheleau: Cela veut dire que ce soir à 20 heures et,
si on ne terminait pas les travaux ce soir, ce sera reporté à la
semaine prochaine, quoi?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint.
M. Blouin: Voilà une bonne question, M. le
Président. Nous poursuivrons de toute façon cette étude
détaillée demain matin puisque le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche doit participer à ces débats et qu'il
est à Gaspé ce soir.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Dans ce cas, je suspends
les travaux jusqu'à 20 heures...
M. Blouin: Jusqu'à 20 heures.
Le Vice-Président (M. Jolivet):...et nous reviendrons en
commission plénière.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise de la séance à 20 h 5)
Le Vice-Président (M. Jolivet): Vous pouvez vous asseoir.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, je vais prendre le
risque de vous formuler des motions sous l'empire de l'ancien règlement
et si je violais le règlement, vous me l'indiquerez. Je fais motion pour
que vous quittiez le fauteuil et que la Chambre se forme en commission
plénière pour l'étude détaillée du projet de
loi 84.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Donc, je
descends.
Commission plénière
M. Jolivet (président de la commission
plénière): Nous sommes prêts à commencer. C'est
le projet de loi 84, Loi modifiant diverses dispositions législatives,
présenté par le ministre de la Justice. Est-ce que M. le ministre
veut faire une intervention de base?
M. Johnson (Anjou): Je pense que pour les fins de l'organisation
de nos travaux, étant donné qu'il y a plusieurs ministres qui
sont impliqués dans ce projet de loi omnibus, un peu par
définition, nous pourrions procéder. Compte tenu de la
disponibilité de nos collègues d'en face, critiques en
matière des affaires municipales, ainsi que du ministre des Affaires
municipales et de ses collaborateurs, nous pourrions peut-être profiter
de cette présence des deux côtés pour aborder l'article 17
et toucher, dans le fond, l'ensemble de ce qui relève des affaires
municipales.
Le Président (M. Jolivet): Pour les besoins de la cause,
je vais donc appeler d'abord l'article 1, mais ensuite passer à
l'article 17 avec M. le ministre des Affaires municipales. Est-ce que vous avez
des remarques préliminaires?
M. Marcoux: Les remarques préliminaires seront assez
brèves. Tout le long du projet de loi, il y a des articles qui
concernent... Le premier article 17 concerne la Commission nationale de
l'aménagement dont nous proposons l'abolition. Il y a des articles qui
vont de 17 à 22, 24 à 27, 49, 67 et 84 à 88 qui concernent
ce sujet. Je ne sais pas si les membres de la commission
préfèrent qu'on procède dans l'ordre de la
numérotation parce qu'entre les deux, par exemple, à 23, entre 22
et 24, il y a un article qui concerne le financement des municipalités
régionales de comté. Ce sont les techniques législatives
qui font que les articles concernant la Commission nationale de
l'aménagement sont dispersés dans tout le projet de loi
omnibus.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, si nous amorçons
l'étude article par article du projet de loi et si, pour le profit de
notre Assemblée, nous ne commençons pas par l'étude de
l'article 1, mais procédons plutôt avec le ministre des Affaires
municipales à apporter des points ou à approfondir certains de
ces articles, est-ce qu'on devra renuméroter l'ensemble du projet de
loi, étant donné qu'on peut sauter d'un article à un
autre, qu'on peut en enlever un en cours de route et que des amendements sont
possibles?
Le Président (M. Jolivet): Non, tout cela sera de
concordance si jamais en cours de route des articles étaient
refusés. D'un autre côté, nous allons étudier les
articles qui concernent le ministre des Affaires municipales, si vous le voulez
bien. Ce que le ministre semblait dire, c'est qu'on pourrait procéder
par article. Il y a certains articles sur la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. Il y a ensuite d'autres articles. Je pense que c'est la
façon de procéder.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, pour des fins de
clarification et afin de savoir comment on pourrait procéder, je
comprends la préoccupation du député de Hull, mais je
pense que la suggestion faite par le ministre des Affaires municipales est tout
à fait adéquate. Dans le fond, il faudrait traiter les articles
de ce projet de loi qui touchent le secteur dirigé par mon
collègue, un peu comme si c'était un bill omnibus, section
municipale. Comment aborderait-on cela? On aborderait cela par les
thèmes qui y sont et le regroupement dans le sens où il se pose.
Je pense que ce serait peut-être préférable comme cela.
M. Marcoux: M. le Président, s'il y avait des
amendements...
Le Président (M. Jolivet): Oui, seulement un instant!
M. Marcoux: ...je pense qu'il pourrait toujours y avoir à
la fin du projet de loi omnibus une proposition de renumérotation pour
répondre au problème, comme on le fait pour les autres projets de
loi. Si des articles sautent et que d'autres sont ajoutés, il y a
toujours une proposition de renumérotation qui peut se faire à la
fin, lors de l'adoption de l'ensemble du projet de loi omnibus.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou d'une
autre, la renumérotation de l'ensemble, s'il y a des changements, cela
se fait par concordance ailleurs qu'ici. Je ne pense pas que cela occasionne
des problèmes. M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Le ministre a proposé qu'on commence avec la
section qui traite du droit municipal. Nous sommes entièrement d'accord
avec cette suggestion, mais vous savez, M. le Président, que
l'étude article par article de ce projet de loi était
prévue pour lundi après-midi et le gouvernement a changé
d'opinion à la dernière minute aujourd'hui. J'aimerais savoir si
les autres ministres seront présents ce soir, c'est-à-dire que
nous avons demandé que le ministre des Finances soit ici, par
exemple...
M. Johnson (Anjou): Pour quel article, s'il vous plaît?
M. Marx: Pour la section du projet de loi qui touche le ministre
des Finances. Je pense que c'est l'article 9 de la Loi sur... si je peux le
trouver. On modifie ici 35 lois.
Le Président (M. Jolivet): ...administration
financière.
M. Johnson (Anjou): Nous avons avec nous ce soir certains
ministres et nous pourrions procéder aux affaires municipales, à
l'aide sociale...
M. Marx: À l'aide sociale, oui.
M. Johnson (Anjou): Oui, la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu étant disponible. Dans le cas de notre
collègue du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, on sait qu'il est
absent mais il sera là demain, cependant. Il pourra vous être
sûrement de quelque utilité. Dans le cas du ministère des
Finances, quelles dispositions particulières vous
intéressaient?
M. Marx: Je pense que c'était la Loi sur l'administration
financière.
M. Johnson (Anjou): Oui.
Le Président (M. Jolivet): À la page 8.
M. Johnson (Anjou): On me dit que le ministre des Finances est
actuellement en commission.
M. Marx: Ah! D'accord.
M. Johnson (Anjou): Mais on pourra sûrement, au cours de la
soirée, s'organiser pour qu'il soit présent. Nous allons faire le
nécessaire pour voir quel genre d'arrimage on peut faire. Disons qu'on
peut commencer avec les affaires municipales et tenir pour acquis que, dans le
cas de l'aide sociale, on peut procéder également ce soir.
M. Marx: Parfait!
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Si je comprends bien, M. le Président, on va
étudier tous les articles du projet de loi omnibus concernant les
Affaires municipales, article par article, tout en passant les articles
correspondants.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela. En étudiant
d'abord l'article 17.
Modifications à la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme
M. Saintonge: Mais au départ, on tient pour acquis qu'on
procède aux Affaires municipales. Je voudrais simplement faire remarquer
ici, comme je l'ai dit cet après-midi dans le discours sur l'adoption du
principe du projet de loi, que je déplore le fait que nous en soyons
à un projet de loi omnibus présenté par le ministre de la
Justice qui concerne en partie les Affaires municipales, pour une raison
principale. C'est que, traditionnellement, on sait que dans les amendements qui
sont apportés au stade d'un projet de loi omnibus dans les Affaires
municipales, on a toujours l'occasion d'entendre les interventions des
représentants des deux unions, l'Union des municipalités du
Québec et l'Union des municipalités régionales de
comté.
Dans le cas présent, je vous dirai que le projet de loi
étant déposé quand même depuis un certain temps, le
15 mai, il reste que les amendements nous sont parvenus seulement hier dans le
cas présent et certains autres amendements nous sont parvenus
aujourd'hui même. Je dirai que nous n'avons pu avoir les impressions du
monde municipal sur des articles qui sont censés être
apportés à leur demande la plupart du temps et pour corriger des
situations qui, au niveau des Affaires municipales, pourraient causer des
problèmes ou pourraient améliorer, si on veut, l'administration
municipale.
Au départ, je voulais simplement clarifier ce point. Il y a
surtout un point sur lequel nous reviendrons. C'est celui de la loi modifiant
la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales et qui a un
effet particulier, à mon point de vue, à ce moment-ci. On sait
que cette loi a pour but de clore le débat avec la fameuse loi 38. Cela
suit également un concordat négocié entre les Affaires
municipales et les unions de municipalités. Malheureusement, à ce
point de vue, l'amendement apporté étant tout récent, je
ne sais pas quelle a été la teneur des discussions entre le
ministre et le monde municipal, dans ce cas précis, avec les
représentants des unions. Dans le cas du concordat, cela fait
pratiquement deux mois qu'on est en négociation entre le
ministère et les unions pour en arriver à un texte précis
et le concordat, je pense, n'est pas encore signé. On apporte ici un
article qui affecte directement toute la question et du concordat et de
l'amendement pour clore le débat sur la loi 38. Je sens que nous sommes
un peu pressés par le temps puisque cette étude doit se faire
rapidement et au niveau de la deuxième lecture et de l'étude
article par article, avec les amendements qui ont été
portés à notre connaissance hier après-midi et
aujourd'hui.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, sur l'article
17, auriez-vous des choses à dire?
M. Marcoux: On dit: L'article 1 de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme est modifié par le remplacement du
paragraphe 3 par le suivant: "commission", c'est la Commission municipale du
Québec qui serait visée, à la place de la Commission
nationale de l'aménagement. Adopté?
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 18?
M. Marcoux: L'article 46 de cette loi est modifié par la
suppression, dans la quatrième ligne du troisième alinéa,
des mots "municipale du Québec". C'est de la concordance avec la
définition.
Le Président (M. Jolivet): Adopté? M. Saintonge:
Adopté.
M. Marcoux: Chaque fois qu'on va parler de "la commission", ce
sera la Commission municipale du Québec.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 19?
M. Marcoux: L'article 74 de cette loi est modifié par la
suppression, dans la quatrième ligne du troisième alinéa,
des mots "municipale du Québec". C'est de la concordance
également.
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 20?
M. Marcoux: L'article 115 de cette loi est modifié par la
suppression, dans la vingt-deuxième ligne du paragraphe huitième
du deuxième alinéa, des mots "municipale du Québec".
Encore là, c'est la même concordance. Chaque fois qu'on parle de
la commission, c'est la Commission municipale du Québec.
Le Président (M. Jolivet): Adopté? M. Saintonge:
Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 21?
M. Marcoux: L'article 168 de cette loi est modifié par la
suppression, dans la première ligne du cinquième alinéa,
des mots "municipale du Québec" et par la suppression dans la
première ligne du deuxième alinéa des mots "municipale du
Québec". Même explication.
Le Président (M. Jolivet): Même chose,
adopté?
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 22.
M. Marcoux: L'article 183 de cette loi est modifié par la
suppression, dans la première et la deuxième ligne du premier
alinéa, des mots "municipale du Québec". Même
explication.
Le Président (M. Jolivet): Adopté?
M. Saintonge: Juste un instant, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Laprairie.
M. Marcoux: Partout où l'on retrouvait le mot "commission"
dans la loi 125, cela voulait dire Commission nationale d'aménagement.
Là, le mot "commission" est défini comme étant la
Commission municipale du Québec. Chaque fois qu'il est question de la
Commission municipale du Québec, on dit "la commission".
M. Rocheleau: Les articles 18, 19, 20 et 21 ont tous trait, en
somme, à l'intégration, si l'on veut, de la Commission nationale
d'aménagement à la Commission municipale du Québec,
c'est-à-dire intégrer ses membres, etc.
M. Marcoux: Le mandat en somme -c'est une autre façon de
le dire - de la Commission nationale de l'aménagement, tel que
défini dans la loi 125, va être rempli à l'avenir par la
Commission municipale du Québec. Il faut prévoir que dans la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme, chaque fois qu'on parlait de la
commission, on visait la Commission nationale de l'aménagement. Chaque
fois qu'on va parler de la "commission", cela va être la Commission
municipale du Québec.
M. Rocheleau: Je veux simplement mentionner pour le ministre des
Affaires municipales que cet après-midi, en deuxième lecture, on
a eu l'occasion de traiter de l'ensemble du projet de loi omnibus. Comme mon
collègue le rappelait au ministre, il est peut-être un peu
malheureux qu'on n'ait pas eu l'occasion de rencontrer les unions pour en
discuter. Par contre, nous savons d'ores et déjà que les unions
n'avaient aucunement objection que la Commission nationale de
l'aménagement disparaisse du portrait et que cela relève
éventuellement ou prochainement de la Commission municipale du
Québec. D'autant plus que je suis quand même heureux de constater
que cet après-midi, l'ex-président du Conseil du trésor,
en réponse à mon discours, faisait allusion - je me permets de le
citer, parce que c'est à l'avantage de cette commission et de celui du
ministre des Affaires municipales, puisqu'il est quand même relativement
nouveau dans ce ministère... Le ministre, au ruban 9283, mentionnait que
"le député de Hull a souligné avec raison que cette
commission a coûté environ 300 000 $ par année durant
quatre ou cinq ans, sans avoir beaucoup de travail à faire et
effectivement, nous avons décidé de la supprimer."
C'est l'ex-président du Conseil du trésor qui
réaffirme le fait que cette commission, malheureusement, n'a pas
apporté... En tout cas, elle avait été créée
prématurément et le gouvernement a accepté effectivement
de gaspiller des fonds publics qui totalisent 1 263 000 $ pour, finalement,
accepter les nombreuses interventions de l'Opposition au cours des
dernières années, à savoir que nous trouvions quand
même révoltant que la loi 125 - comme le mentionnait le ministre
des Affaires municipales tantôt - approuvée en 1978 et qui a mis
un bout de temps à démarrer, d'une part, créait des
municipalités régionales de comté qui se devaient de
produire un schéma d'aménagement dans les trois années qui
suivraient alors qu'on sait aujourd'hui que les municipalités
régionales de comté vont sûrement produire, dans leur phase
finale, leur schéma d'aménagement, et cela va arriver en 1986 ou
1987. (20 h 20)
Je suis très heureux que le nouveau ministre des Affaires
municipales soit conscient du fait que ce fut un gaspillage. En tout cas, ce
n'est peut-être pas dit dans ces termes, mais c'est le sens des paroles
de l'ex-président du Conseil du trésor. On ne connaît
peut-être plus aujourd'hui l'entêtement de son
prédécesseur qui ne voulait pas bouger d'un iota quand nousavions, au cours des dernières années, lors des derniers
crédits, demandé de supprimer la Commission nationale de
l'aménagement.
Je m'aperçois, M. le Président, que les articles que nous
venons de traiter sont modifiés concernant la Commission municipale du
Québec. Nous retrouvons, beaucoup plus loin dans le projet de loi,d'autres articles qui traitent des membres de l'actuelle Commission
nationale de l'aménagement. Pour avoir une suite dans les idées,
est-ce qu'on a l'impression de procéder à l'examen du devenir de
ces membres dans leurs fonctions actuelles ou futures ou si on a simplement
l'intention de revenir plus tard, en soirée, pour traiter plus
spécifiquement de ce qui va advenir de ces membres qui ont quand
même des mandats pour une durée de cinq ans, dans certains cas?
J'aimerais avoir les commentaires du ministre là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Marcoux: On pourra y revenir - je pense que ce sera bref - au
moment de l'étude des articles qui concernent le personnel. Je pourrai
répondre à vos questions à ce moment-là.
J'ai deux commentaires généraux. Le premier pour confirmer
ce que vous avez indiqué, à savoir que l'Union des
municipalités du Québec et l'Union des municipalités
régionales de comté ont été
consultées à la première réunion de la table
Québec-municipalités, le 4 avril, sur l'abolition de la
Commission nationale de l'aménagement. Les deux unions se sont dites
d'accord avec cette proposition que je leur ai faite.
Quant au jugement global que vous portez, possiblement, et même
certainement, cette commission a... Ce n'est probablement pas une erreur de
l'avoir conçue, d'en avoir fait une, mais elle a été mise
en oeuvre probablement trop rapidement, ce qui fait que, comme je l'ai
indiqué en commission parlementaire - il n'y a aucun problème
à le répéter ici - la première année, elle a
eu à se prononcer sur trois dossiers seulement d'avis de
conformité de règlements. Cela ne signifie pas que les personnes
qui étaient là n'ont pas travaillé puisque la plupart ont
participé à des efforts d'information auprès de l'ensemble
des municipalités régionales de comté sur la loi 125 en ce
qui les concernait puis sur la loi 125 en général. Depuis le
départ, même s'il n'y a pas eu beaucoup d'avis de
conformité à donner, il y a quand même eu l'enregistrement
des plans d'urbanisme, des règlements de zonage. Ce travail est
commencé depuis le point départ et disons que c'est là
davantage un travail bureaucratique jusqu'à maintenant mais qui va
continuer à se faire au niveau de la commission.
Évidemment, si le gouvernement propose aujourd'hui l'abolition de
la Commission nationale de l'aménagement, c'est qu'il en tire -
peut-être qu'on peut l'exprimer différemment - les mêmes
conclusions que vous. D'ailleurs, j'avais sollicité votre opinion en
commission parlementaire lors de l'étude des crédits des affaires
municipales. J'avais bien compris à ce moment, que vous étiez
d'accord pour l'abolition de la Commission nationale de l'aménagement.
À ce moment, je n'avais pu vous indiquer que telle était la
volonté du gouvernement parce que le projet de loi omnibus
n'était pas encore adopté au Conseil des ministres, mais
j'envisageais déjà de façon positive cette orientation. Je
constate que nos points de vue se rencontrent.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Oui, M. le Président. Nos points de vue se
rencontrent. Je pense que cela fait trois ans que mon confrère de Hull
et moi-même, lors de l'étude des crédits, mentionnons que
le travail de la Commission nationale de l'aménagement nous semblait un
travail assez onéreux pour faire fonction de greffe. Si on regarde, en
principe, de novembre 1980 à la fin du budget 1984, les coûts de
fonctionnement de cette commission ont été de 1 263 900 $. C'est
un peu dispendieux pour faire pratiquement uniquement fonction de greffe et
certaines consultations. Disons qu'on est finalement d'accord avec l'abolition
de la Commission nationale de l'aménagement pour refondre cela au niveau
de la Commission municipale du Québec.
Comme mon confrère de Hull l'a mentionné, nous pourrons
revenir puisque les articles 17 à 22 sont de concordance pour enlever
simplement "Commission municipale" ou remplacer le mot par "commission" ce qui
était "Commission nationale de l'aménagement". À ce
moment, nous reviendrons à l'article 86 plus particulièrement
lors de la discussion sur ce qui va effectivement advenir. On est content que
la commission soit abolie actuellement, mais ce qui nous inquiète, ce
sont les coûts qui vont continuer de s'accumuler et les membres qui
resteront en fonction ou qui n'auront pas de fonction. Je pense que les
questions qu'on va poser au ministre sont surtout à ce point de vue.
Qu'advient-il des membres de la Commission nationale de l'aménagement
qui vont se retrouver avec une fonction qu'ils n'ont plus à remplir? Au
niveau de l'article 86 on retient le sujet pour revenir à ce moment.
Le Président (M. Jolivet): L'article 22 serait
adopté? Adopté. L'article 23?
M. Marcoux: C'est sur un autre sujet, mais on peut l'aborder tout
de suite. C'est un seul sujet pour un seul article. Si vous
préférez l'aborder tout de suite, je peux décrire la
situation. C'est concernant la rémunération des maires et des
préfets des MRC. L'article fait trois choses. Au lieu que ce soit, comme
actuellement, le gouvernement qui détermine que c'est 100 $ par
réunion pour le maire, 150 $ pour le préfet et qu'ils ont droit
à tant de réunions par année pour l'étude du
schéma, etc., on donne l'argent globalement à chacune des MRC qui
va déterminer le montant qui va être donné au maire ou au
préfet - cela pourrait être 75 $ la réunion ou 100 $ au
lieu de 100 $ et 150 $ - et qui va pouvoir également déterminer
les rémunérations supplémentaires pour ceux des maires et
des préfets qui font partie de comités.
Par exemple, il y a des audiences sur le schéma
d'aménagement. Ce ne sont pas tous les maires qui vont y assister chaque
fois. Il y a des commissions qui entendent des mémoires. Il pourrait y
avoir des rémunérations supplémentaires pour ceux qui
remplissent certaines fonctions plus actives dans les MRC. La troisième
chose, la conséquence de ces changements, c'est que cette
rémunération devient au tiers non imposable, contrairement
à la situation actuelle où la totalité de la
rémunération versée aux maires et aux préfets,
lorsqu'ils siègent à la municipalité régionale de
comté,
est imposable. En faisant ce changement, on obtient le même statut
de rémunération que le maire reçoit comme maire de sa
municipalité. C'est considéré comme un autre revenu de
fonction et le tiers est non imposable. C'est ce que fait l'article 23.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: J'aimerais savoir ce qui a guidé le ministre
pour changer cet état de chose. Deuxièmement, actuellement c'est
par règlement que le gouvernement pouvait fixer les montants, les jetons
de présence pour les préfets, avec tant par année.
Là, l'impact au niveau de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, c'était convenu que les municipalités locales
n'assumeraient pas de frais supplémentaires. Actuellement, on se
retrouve avec un règlement... le ministre a annoncé cet
après-midi qu'il verrait à donner en deux ou trois versements par
année aux MRC un montant pour couvrir les dépenses qui seront
visées par les articles 204 et suivants au niveau de la
rémunération. On va se retrouver avec quel genre de montant?
Quels seront les guides sur lesquels le ministre se basera pour établir
le montant des subventions données aux municipalités? Finalement,
on va arriver à une subvention d'appoint par le ministère des
Affaires municipales aux MRC pour couvrir les montants de
rémunération.
M. Marcoux: Je dirais que c'est un peu dans le nouvel esprit
qu'on veut faire la plus grande confiance aux élus municipaux. Au lieu
de leur dire c'est tant d'argent pour tant de réunions, on paie sur la
tenue de ces réunions. On va donner un montant global chaque
année, le même qu'actuellement, qui pourra être
indexé dans le futur au rythme de l'évolution des choses, mais
qui va être le même qu'actuellement. C'est un objectif de
simplification des choses, que ce ne soit plus un règlement qui
dépende du gouvernement, qui enlève de la souplesse. En fait,
l'objectif fondamental, c'est de permettre plus de souplesse dans chaque MRC
pour déterminer les montants qui vont être donnés à
chaque maire et préfet selon le type de travail qui est
décidé par la MRC et le pouvoir aussi de rétribuer ceux
qui vont participer à des comités spéciaux. (20 h 30)
C'est une représentation qui avait été faite par
les préfets. Cela fait trois mois à peine que je suis ministre
des Affaires municipales. J'ai entendu cette représentation de la part
de plusieurs préfets et maires. Je sais que des résolutions ont
déjà été adoptées dans le passé dans
le même sens. Cela fait suite à une demande des maires et des
préfets dans le sens d'avoir plus de souplesse dans la
détermination des montants donnés pour chaque réunion et
aussi au niveau des réclamations, parce que actuellement, comme on paie
simplement sur réclamation, si une municipalité régionale
faisait onze réunions au lieu de douze, le montant est coupé,
etc.
Par contre, ceux qui participaient à des comités de
façon supplémentaire souvent ne pouvaient pas avoir une
indemnité qui correspondait au travail supplémentaire qu'ils
faisaient par rapport à d'autres de leurs collègues. Cela
répond simplement à une demande des MRC du Québec dans le
but d'avoir plus de souplesse. Cela ne coûte pas plus cher au
gouvernement ni moins cher non plus. Ce n'est pas moins cher, ni plus cher,
c'est tout simplement de la souplesse supplémentaire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais émettre
certains commentaires.
M. Saintonge: Seulement une seconde, M. le Président.
Avant que mon...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je ne veux pas couper la parole, mais j'aimerais
que le ministre réponde à ma question avant qu'on aille plus loin
et qu'il me dise sur quel barème il va se baser pour donner des montants
en subvention. Je pense que c'est important. Qu'est-ce qui va garantir aux MRC
qu'elles pourront récupérer les montants d'argent qu'elles auront
à débourser au point de vue de la rémunération
surtout si on considère le fait qu'il y a environ un an, un an et demi,
il y a eu une baisse au niveau du financement des MRC? Je le disais de
mémoire cet après-midi, et je n'ai pas eu le temps de retrouver
cela dans mes dossiers, mais ce montant était de l'ordre, je pense, de
presque 1 500 000 $ au niveau du financement de l'ensemble des MRC et il avait
été diminué.
M. Marcoux: Je n'ai pas tout l'historique. J'en connais qui ont
été coupées à ce moment-là. Je me souviens
que certains avaient interprété des choses comme étant des
réductions. Ces municipalités étaient devenues une MRC
durant l'année et elles pensaient avoir droit au montant total de
l'année alors que, par rapport au moment où elles avaient
reçu leurs lettres patentes, un certain nombre de mois s'était
écoulé ce qui a entraîné des compressions en
fonction de cela en plus des compressions générales qu'il y a eu.
Mais à la lecture des journaux, je constate que beaucoup de MRC ont
déjà des surplus budgétaires, même si elles sont
très
jeunes. Je peux vous assurer que l'objectif de cette mesure n'est
aucunement de pénaliser les MRC, au contraire, c'est de leur donner le
même montant d'argent avec la même souplesse.
Quant à l'avenir, globalement, l'engagement pris par le
gouvernement face aux municipalités régionales de comté
est respecté. C'est le gouvernement qui assume l'essentiel des
coûts de la mise en oeuvre de la loi 125.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. J'ai
énormément d'appréhension sur cet article. Je tiens
à dire immédiatement...
M. Marcoux: Je peux indiquer que j'ai soumis cette question aux
deux unions des municipalités en même temps qu'à la
Commission nationale de l'aménagement et que les deux unions ont
salué avec une très grande satisfaction cette diminution des
contrôles du ministère des Affaires municipales et l'accroissent
de la souplesse que cela entraîne pour elles. Il n'y a eu aucune
hésitation, aucun doute, elles étaient très satisfaites de
cette décision.
M. Rocheleau: M. le Président, si je peux me le
permettre...
Le Président (M. Jolivet): Enfin!
M. Rocheleau: ...j'étais à dire au ministre des
Affaires municipales que j'avais une certaine appréhension sur cette
libéralisation de l'autonomie municipale dans son sens propre en ce qui
touche plus particulièrement la rémunération
accordée aux élus.
Je me permettrai de dire, sans prendre trop de temps, sans non plus
faire un historique complet, que lorsque ce gouvernement a modifié, en
1980, la loi 105, si je me rappelle bien, qui était la loi sur la
revalorisation du monde municipal ou des élus municipaux, je pense qu'il
était important à ce moment-là de souligner qu'avant cela,
un élu était payé selon la population de sa
municipalité. Il y avait un genre de per capita. Je comprends que les
élus devaient, s'ils dépassaient les montants prescrits dans la
loi qui prévoyait un per capita, si un règlement était
adopté le soumettre à la population sous forme de
référendum pour avoir l'approbation de la population. La loi 105
a modifié considérablement le salaire payé aux élus
municipaux dans tout le Québec. On sait, entre autres, que
c'était en vertu de la loi 105 que le salaire du maire était
déterminé. C'est-à-dire que si un élu gagnait,
disons, pour la forme, 10 000 $ ou se donnait un salaire de 10 000 $ par
année, le maire se voyait accorder trois fois le salaire payé
à un conseiller municipal. Cela lui donnait un salaire de 30 000 $.
Antérieurement à cela, le salaire devait être
accepté par l'ensemble de la population si cela dépassait les
normes d'encadrement du per capita. Il devenait donc intéressant pour
l'ensemble des conseillers de se voter un salaire assez intéressant et
le maire se voyait même dans l'obligation de recommander à ses
conseillers d'y aller mollo sur la question des salaires. Cela a
été mon cas dans le temps, même si mon salaire personnel se
voyait triplé à chaque tranche de 1000 $ qu'on pouvait accorder.
C'est ce qui me fait dire aujourd'hui que, autant j'ai du respect pour
l'autonomie municipale, pour la démocratie municipale, autant je
souhaiterais une certaine libéralisation dans plusieurs autres domaines.
Je pense à la gestion, aux règlements. Cela me laisse quand
même une petite appréhension dans le sens que le salaire de
l'élu municipal n'est pas nécessairement pour le mieux-être
de la collectivité ou pour la qualité de vie de l'ensemble de ses
citoyens. Il devient juge et partie parce que c'est lui qui décide du
salaire qu'il va se donner.
C'est comme si on donnait à tous nos fonctionnaires à
l'Assemblée nationale et à tous les employés du
gouvernement la possibilité de fixer leur propre salaire. Il y en a
sûrement certains qui n'en abuseraient pas, mais peut-être que
d'autres en abuseraient. Si je prends le salaire payé aux élus du
peuple à l'Assemblée nationale du Québec, c'est inscrit
dans une loi. C'est une loi qui modifie les salaires. Alors qu'ici on permet
que les salaires soient modifiés par règlement et on n'a plus
besoin de consulter la population pour savoir si elle accepte de
défrayer tel ou tel salaire.
Ce qui me préoccupe dans cette modification, c'est que n'importe
quelle MRC pourrait dorénavant se fixer n'importe quel salaire en vertu
de la table de la MRC qui le déciderait. C'est elle qui va
décider du salaire qu'elle va payer à ses membres qui sont, en
général, maires de chacune de leur propre municipalité.
Cela va créer des dépenses additionnelles, étant
donné qu'actuellement ils sont payés par jetons de
présence et que, dans certaines municipalités régionales
de comté, on a eu plusieurs assemblées où, dans certains
cas, on a même dépassé minuit pour amorcer une autre
journée et se gagner un deuxième jeton de présence.
Je ne sais pas si le ministre est conscient de cela. On fait confiance
à tout le monde et je suis d'accord. On veut donner des
responsabilités additionnelles et je suis d'accord. Mais quand vient le
temps de traiter de son propre salaire, je pense que cela prend quand
même un certain
encadrement. Je regrette qu'il soit inexistant depuis la loi 105
adoptée en 1980. Cela fait un peu curieux quand le ministre nous dit
qu'il y a un tiers des dépenses qui ne sont pas imposables. Si je me
souviens bien, dans la loi 105, il y avait un plafonnement des dépenses
non imposables équivalant aux dépenses non imposables,
accordé aux élus à l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire un montant d'environ 7800 $ par année. Il est
peut-être faux de prétendre que c'est toujours basé sur la
combinaison du salaire payé tant à la MRC plus le salaire
perçu dans la municipalité; que le tiers des dépenses de
ce salaire ne soient pas taxables. Dans l'hypothèse où le salaire
serait de 30 000 $, il n'y aurait pas 10 000 $ non imposables, mais un
plafonnement à 7800 $. Je pense qu'il est important de le souligner.
(20 h 40)
Cela nous a inquiétés longuement avant votre
présence à ce ministère, M. le ministre des Affaires
municipales. Là où on s'est posé des questions, c'est
à savoir si on n'était pas en train de transférer
graduellement certaines responsabilités, certains coûts nouveaux
aux municipalités régionales de comté étant
donné qu'à leur création, par la loi 125, lors de leur
formation en MRC à l'intérieur de chacun des territoires du
Québec, on a donné des bonbons pour attirer les maires à
la table des MRC, on leur a donné un jeton de présence. On a mis
un peu de miel sur le bout du bâton pour les attirer.
Cela provenait d'une subvention du ministère des Affaires
municipales. Jusque là,
Il ne coûtait rien à la municipalité membre de la
MRC; c'est le ministre, dans sa candeur, qui payait les émoluments des
membres des MRC. Mais en autorisant les membres des MRC à se donner un
salaire ou à se payer une rémunération, le ministre peut
dire: Maintenant que vous êtes des grands garçons, vous n'aurez
plus de subvention. C'est un peu comme mon collègue de Laprairie l'a
mentionné tantôt. L'an passé, vous avez diminué
votre participation aux municipalités régionales de comté
d'au-delà de 1 000 000 $ et vous pourriez, l'an prochain, faire la
même chose. Je ne sais pas si cela est dans votre intention, M. le
ministre, ou si vous avez planifié la longueur de votre mandat aux
Affaires municipales pour éventuellement en arriver à un
processus de changement dans cette orientation, mais il n'en demeure pas moins
que si ce n'est pas vous, il y en a d'autres qui devront corriger la
situation.
Je vous avoue que cela me préoccupe parce qu'une MRC peut
être un peu plus en moyen qu'une autre, dans cette hypothèse; il y
en a, au Québec, des disparités régionales. Certaines
d'entre elles pourraient, parce qu'elles vont plus vite que les autres, parce
qu'elles tiennent plus d'assemblées que d'autres, se doter de salaires
plus élevés que des municipalités régionales de
comté voisines. Il pourrait arriver que les municipalités
régionales de comté voisines aient l'air de parents pauvres et
tentent d'augmenter les salaires indûment afin de suivre les autres ou
même de les dépasser, comme cela se présente dans certains
cas.
Je pense qu'on n'est pas arrivé encore à ce point. Vous
avez dit tantôt que plusieurs MRC avaient des surplus, c'est vrai, c'est
parce qu'elles ne veulent pas s'aventurer trop loin dans leurs dépenses.
Éventuellement, M. le ministre, vous le savez, ce sont les
municipalités membres qui recevront la facture; cette facture sera
appliquée sur le compte de taxes de chacun des citoyens regroupés
à l'intérieur d'une MRC. Cela va devenir une espèce de
double taxation. En plus de la taxe foncière municipale, il y aura une
taxe MRC, comme on a dans l'Outaouais, chez nous, une taxe CRO,
Communauté régionale de l'Outaouais. On voit augmenter
annuellement ce fardeau pour les contribuables.
Vous avez sûrement pris connaissance de certains documents qui ont
été déposés dernièrement à la
commission Robidas qui demande, en gros, des changements très
importants. Votre formation politique demandait la fusion des principales
municipalités de Hull, Gatineau et Aylmer; nous allions un peu moins
loin parce que nous pensions davantage à une communauté urbaine.
Tout cela pour dire qu'il faut réexaminer davantage toutes les
implications.
Autant je peux faire confiance à tout ce monde, autant il est
souhaitable de leur faire confiance, autant nous, ici, à
l'Assemblée nationale, devons adopter une loi pour modifier nos
salaires... Si on fait une comparaison, M. le Président - je tenterai de
terminer là-dessus - je regarde ce qui se fait chez nous, dans la
région, et je ne me cache pas de le dire; s'il y en a qui ne sont pas
contents, ils viendront me le dire à l'extérieur. Je ne profite
pas de mon immunité parlementaire pour le dire non plus, je peux aller
le dire sur le parquet demain matin. Je considère que la
Communauté régionale de l'Outaouais, qui siégeait
déjà deux jours par mois, c'est-à-dire deux
après-midis par mois, les jeudis, et qui, depuis trois ans, siège
deux soirées par mois, de 20 heures à 22 heures ou 22 h 30, et,
au mois de juillet et août, une soirée par mois, se paie un
salaire annuel de 11 500 $... Quand on regarde un peu plus loin et qu'on dit
que le maire de La Pêche, ou que le maire de Pontiac se retrouve à
la table de la communauté régionale, et est payé à
peine 5000 $ par année pour être maire de sa municipalité
toute l'année mais, va se chercher un chèque de 11 500 $ pour
deux heures toutes les deux semaines, ne
nous posons pas la question pourquoi ces maires ne veulent pas sortir de
la CRO. Mais, même le maire de Pontiac - vous ne vous en souvenez
peut-être pas vous, M. le ministre, l'autre s'en souvient - est venu
intercéder l'année dernière auprès du ministre des
Affaires municipales pour sortir sa municipalité de la CRO parce qu'il
ne voyait pas d'appartenance et il voulait être regroupé dans une
MRC de Pontiac. Finalement, il a été obligé d'aller
chercher son chèque de paie toutes les deux semaines.
Je trouve cela un peu aberrant. Je trouve que dans cet article vous
libéralisez complètement et que, par règlement qui ne sera
pas contrôlé par la population ni par l'ensemble des
échevins, des conseillers ou conseillères de chacune des
municipalités... ce ne sont pas eux qui vont décider que leur MRC
doit se payer tant de salaires, c'est la MRC qui va le décider. Il y a
seulement un représentant par municipalité, exception faite des
grandes municipalités, qui siège à la MRC. Par contre, la
facture va rebondir dans la municipalité éventuellement et c'est
la municipalité qui devra prendre le fardeau de la dépense
nouvelle occasionnée. Quand le ministre dit: Je leur envoie encore une
enveloppe, une subvention, et ils vont piger à même cela, je me
pose la question: pour combien de temps? Quand le coût viendra, il sera
trop tard, parce qu'on les aura habitués à se payer des jetons de
présence importants.
En terminant, je veux simplement dire au ministre que si on examine
l'ensemble des organismes régionaux, par exemple, les CRD, les Conseils
régionaux de développement, c'est du bénévolat. Ils
s'en vont siéger au Conseil régional de développement, ils
n'ont pas de jetons de présence, n'ont pas de salaire et ils regardent
dans les municipalités grossir les salaires d'une façon assez
importante comparativement aux commissions scolaires. On se pose la question
à savoir pourquoi il n'y a plus de commissaires ou plus de candidats aux
commissions scolaires, c'est parce qu'ils sont payés 1500 $ par
année et le conseiller dans sa municipalité reçoit
peut-être 10 000 $, et par ailleurs dans les commissions scolaires ils
ont peut-être trois, quatre ou cinq fois plus d'assemblées qu'il y
en a au niveau municipal.
Je m'oppose très fortement à cet article et j'aurais
souhaité que nous ayons pu en discuter très ouvertement et
très librement avec les deux unions pour avoir de bons arguments
là-dessus. Je ne suis pas convaincu que les unions de
municipalités souhaiteraient cet article à tout point de vue,
parce que cela peut leur créer énormément de
problèmes dans les mois ou les années à venir.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Marcoux: Je vais être très bref. J'ai
écouté avec attention l'argumentation du député de
Hull. Il y a beaucoup de choses intéressantes dans ce qu'il a dit, mais
il y a des choses qui ne sont pas en rapport direct, qui ne touchent
qu'indirectement le sujet, les projets d'amendements.
Je crois que, quant à la préoccupation de la connaissance
du public, on y a pensé nous aussi. On a prévu à l'article
204.4 qu'il doit y avoir un avis de motion, que le contenu du règlement
doit être publié dans les journaux du secteur et que,
évidemment, ce sont des rémunérations qui seront
publiques. La crainte du député de Hull que ce soit à
l'avenir un prétexte pour dire que le gouvernement du Québec ne
participe plus à cette rémunération, "assumez-la
vous-mêmes"... c'est une question de confiance. Est-ce que le
gouvernement va respecter son engagement d'assumer les dépenses
reliées à la mise en oeuvre du schéma d'aménagement
et au travail des municipalités régionales de comté? Cela
fait déjà quelques années que les municipalités
régionales de comté sont en place et le gouvernement a
respecté son engagement à cet égard. (20 h 50)
Quant aux craintes d'abus financiers, je pense à l'ampleur des
montants indiqués, si on considère que c'était normalement
une douzaine de réunions par année à 100 $, qu'on
prévoyait rembourser, plus celles du maire à 150 $, le jeu
possible entre donner 75 $ pour trois ou quatre réunions de plus ou
donner 125 $ pour deux ou trois réunions de moins, c'est une demande qui
nous a été faite. On répond à une demande. Le
député de Hull a dit qu'il aurait aimé entendre
l'argumentation des deux unions à ce sujet. Ce projet a
déjà été déposé il y a quelques
semaines. J'en ai discuté avec les unions. J'ai écouté
leurs représentations. J'ai pris connaissance des résolutions et
j'ai lu des lettres des municipalités à ce sujet. J'ai eu des
rencontres avec les préfets et les maires. De façon
générale, j'ai senti qu'on souhaitait pouvoir
rémunérer, je dirais, avec plus de justesse, les maires et les
préfets de chacune des MRC, selon les circonstances, selon le type de
comité de travail qu'on met en place et selon la façon qu'on a
choisi de vivre la mise en oeuvre du schéma d'aménagement. En ce
qui me concerne, je n'ai pas de crainte quant au bon usage que feront, de ce
pouvoir, les municipalités régionales de comté.
Évidemment, le discours sur l'autonomie, tout le monde est
d'accord, ainsi que sur la souplesse administrative, la diminution des
contrôles bureaucratiques, etc. Quand vient le temps de trouver des
exemples concrets et de donner suite, c'est toujours plus difficile. Je peux
vous assurer
que je ne vois pas la nécessité de faire un débat,
je dirais, d'orientation idéologique par rapport à cet article
qui est proposé. Je pense que cela correspond bien davantage à
la... Au ministère aussi, on était tannés de compiler des
papiers pour compiler des papiers, régulièrement, les rapports
des secrétaires-trésoriers de chacune des MRC
révélant: On a tant de réunions de faites; remboursez-nous
tant; cela nous a coûté tant; il y a eu tant de présences,
etc. Beaucoup de paperasse, beaucoup de contrôle bureaucratique, pour,
finalement... Dans une première phase de mise en oeuvre des MRC,
c'était peut-être utile, mais je peux vous assurer, quand je
rencontre les préfets, qu'ils sont embarqués drôlement dans
la mise en application de la loi 125. Je pense que la plupart sont
passionnés par ce travail et par les autres responsabilités
qu'ils ont. Je fais confiance aux 94 MRC du Québec quant au bon usage de
cette marge de manoeuvre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, il reste que votre
prédécesseur avait fait certaines allusions, à un moment
donné - je me souviens, c'était dans le coin de Granby
-relativement au financement des MRC par le gouvernement, qu'il y avait une
possibilité que le financement soit diminué ou même
abandonné éventuellement pour les municipalités
régionales de comté. Il y avait eu des échos à ce
sujet, l'an dernier, dans certains journaux locaux, lors du passage de votre
prédécesseur dans la région de Granby.
On parle de l'accord des unions là-dessus, que cela a
été accueilli avec enthousiasme, lors des tables
Québec-municipalités. Malheureusement, on n'est pas
présent à ces discussions, mais il y a parfois des choses qu'on
peut apprendre. Ce que je sais depuis le dépôt du projet de loi,
ce ne sont peut-être pas les contacts nombreux, mais il reste que, dans
le milieu, lors de la discussion à ce sujet dans le monde municipal, il
y a quand même certaines difficultés entre ce qu'on peut appeler
les élus locaux et les régionaux, comme mon confrère l'a
mentionné tantôt. Dans certains cas, au niveau local, puisqu'on a
la possibilité d'assumer éventuellement, au niveau des
municipalités, le coût supplémentaire qui pourrait
être encouru, selon l'article 204, par rapport à la subvention qui
peut venir du gouvernement, on voudrait que les dépenses soient faites
au niveau local. C'est à même les quotes-parts que chaque
municipalité est obligée de payer à la MRC qu'ils pourront
être compensés, je pense. Il reste que, suivant ce que j'ai
compris, dans le cas de certains préfets ou dans le cas où il y a
des maires ou des conseillers, évidemment, la plupart du temps, les
maires ou des conseillers. Évidemment, la plupart du temps, les maires
sont représentants de leur municipalité à la MRC. Ils se
trouvent un petit peu à être précisément ce qu'on
appelle les régionaux par rapport aux locaux qui seraient plutôt
le conseil municipal comme tel. Mais, à la suite d'une discussion dans
le milieu, il y a un problème qui semble se faire jour actuellement. On
n'a pu l'approfondir très fortement mais, comme mon confrère de
Hull le mentionne, il aurait pu être bon en tout cas qu'au niveau des
unions on ait un son de cloche là-dessus et qu'on ait aussi le son de
cloche des municipalités, des conseils municipaux comme tels et celui
des MRC. C'est évident que lorsqu'on parle aux préfets, il y en a
peut-être qui sont regroupés au niveau de la MRC. Ils sont
précisément ce qu'on appelle les régionaux. Ce sont ceux
qui sont responsables au niveau de la région comme telle. Ils ont deux
implications: l'implication à la MRC et l'implication au niveau
municipal également. Éventuellement, c'est le monde municipal qui
a le contrôle des dépenses au niveau de la taxation; c'est le
local qui l'a et non pas le régional.
De ce côté, je pense que la situation n'est peut-être
pas aussi arrêtée et l'enthousiasme n'est peut-être pas
aussi grand, en tout cas selon les informations que j'ai eues cette semaine et
la semaine dernière là-dessus. On n'a pas eu le temps de pousser
le débat pour savoir exactement où cela s'en va. J'aurais
aimé qu'on puisse avoir une consultation plus grande du monde municipal.
Je ne sais pas à partir de quel moment cela pourra s'appliquer. Je pense
que c'est dès la fin de juin que la nouvelle rénumération
va s'appliquer. C'est cela?
M. Marcoux: Notre désir, c'est que cela s'applique dès le
1er juillet. Pour voir la juste position de cette question, je pense qu'il faut
se rappeler que les conseils de comté ont toujours eu le pouvoir dans le
passé, pour les fins des conseils de comté, de fixer des
rémunérations et de fixer des quotes-parts à chacune des
municipalités pour payer ces rémunérations. Lorsque la loi
125 est arrivée et qu'il y a eu de nouveaux pouvoirs, le gouvernement a
dit: Je vais assumer le coût de la réalisation de ces nouveaux
pouvoirs. Mais pour les fonctions habituelles des conseils de comté qui
ont existé depuis des années, les conseils de comté
avaient déjà le pouvoir d'établir des
rémunérations - ce n'était pas le gouvernement qui les
fixait - et, en conséquence, des quotes-parts à chaque
municipalité pour assurer le coût de ces
rémunérations.
Dans le fond, cela va me permettre de mettre une certaine
cohérence dans cet ensemble. En ce sens, je ne pense pas que cela
constitue... Cela ne veut pas dire que les maires et les préfets vont
être inhabiles
à faire cela; ils le font déjà ou ils avaient
déjà le pouvoir de le faire pour les autres fonctions du conseil
de comté depuis des années. Je constate que l'Opposition n'est
pas d'accord. Elle a le droit de différer d'opinion. Elle a ses raisons.
En ce qui me concerne, M. le Président, je proposerais que l'article 23
soit adopté.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai seulement une autre
petite chose. Je ne suis pas capable de tenter le ministre à
peut-être mettre de côté cet article pour un petit bout de
temps encore et y réfléchir peut-être plus
sérieusement. Je sais que dernièrement en commission de
l'aménagement et des équipements on a tenté d'obtenir pour
des municipalités, à l'intérieur soit de leur charte ou
à l'intérieur de la Loi sur les cités et villes, certains
pouvoirs nouveaux - cela a été refusé, entre autres,
à la ville de Québec - des pouvoirs très importants pour
une municipalité.
On semble subitement jouer au gouvernement, parce que pourquoi nous
opposerions-nous subitement à une affaire comme cela alors qu'on est
l'Opposition? On devrait plutôt intervenir pour le monde municipal,
décrier le ministre et dire que cela n'a pas de bon sens, que le
ministre ne donne pas ceci, ne donne pas cela. En tout cas, pour ma part, j'ai
une expérience vécue durant quatorze années dans le monde
municipal et je n'appartiens pas à une région tellement
différente des autres, même si on se dit plus beau et plus fin
chez nous. Je veux dire au ministre des Affaires municipales qu'aujourd'hui, au
jour où on se parle, à la Communauté régionale de
l'Outaouais on a environ 120 heures de travail par année en tout. Je
suis très libéral quand je dis 120 heures. Cela coûte, en
salaires seulement, pour la Communauté régionale de l'Outaouais,
incluant le salaire du président, 300 000 $ par année. Si on
divise cela par le nombre d'heures, dans un calcul rapide, cela fait environ
2000 $ l'heure pour délibérer à la Communauté
régionale de l'Outaouais. Pour 120 heures. Quand je prends globalement
300 000 $... (21 heures)
M. Marcoux: Par personne, cela veut dire à peu près
100 $ l'heure. C'est le prix d'un bon avocat.
M. Rocheleau: Je dois vous avouer qu'on ne se prend pas pour des
avocats à la table du conseil M. le ministre, parce qu'on a tous besoin
dans les municipalités d'avocats pour nous conseiller pour ne pas faire
d'erreur avec les lois que vous imposez au monde municipal. Simplement pour
vous dire que dans une région comme la nôtre, quand cela
coûte 300 000 $ par année, en salaires le comté de Hull ou
la ville de Hull, par exemple, qui défraie 46% du coût des
dépenses de la CRO, ça lui coûte 150 000 $ par année
pour appartenir à une communauté régionale et pour
défrayer l'ensemble des salaires de ceux qui sont regroupés
là. Si on parle d'un salaire de 11 500 $ par année, le même
salaire est payé au conseiller municipal qui siège à la
CRO. Il a aussi 11 500 $ par année comme conseiller municipal. Cela fait
23 000 $ par année pour du "part time job". Ce n'est pas un salaire au
seuil de la pauvreté. Dans mon comté, ce n'est pas la
majorité qui gagne 23 000 $ par année. C'est une très
faible minorité qui dépasse les 30 000 $. On paie nos conseillers
municipaux qui étaient déjà... Je me rappelle, quand j'ai
commencé ma carrière politique municipale, on avait de 800 $
à 900 $ par année. Je veux simplement tenter de faire comprendre
au ministre que si cet article pouvait être retiré afin de vous
permettre et de nous permettre de l'examiner un peu plus en profondeur, d'avoir
une excellente discussion avec les unions et d'examiner les conséquences
probables que cela peut entraîner auprès des contribuables dans
chacune des municipalités, je vous avoue que ce serait sérieux et
de notre part et de la part du gouvernement de surseoir à cet article.
Ce n'est pas qu'on n'aimerait pas le considérer ou peut-être le
modifier ou l'améliorer, mais je dis que c'est prématuré
de faire cela, d'autant plus que nos MRC au Québec, qui ont
été créées tout dernièrement par le
gouvernement, remplacent les anciens conseils de comté et doivent se
retrouver un peu dans leurs régions d'appartenance. Elles ont tellement
de choses à faire, à part de penser à corriger
peut-être certaines anomalies au niveau des salaires.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: L'exemple sur lequel revient constamment le
député de Hull n'a aucun rapport avec l'ampleur de la question
dont nous parlons. Il parle des conseillers municipaux de la Communauté
régionale de l'Outaouais qui regroupe essentiellement des villes, de
leurs salaires comme conseillers à la ville et de leurs salaires
à la Communauté régionale de l'Outaouais, alors qu'on
parle ici des 94 municipalités régionales de comté,
composées essentiellement d'élus, pour une bonne part, du monde
rural, et de ce que cela va ajouter même pour les urbains. Ce n'est pas
ce que ça ajoute, c'est le même argent qu'actuellement. C'est de
1000 $ à 1200 $ ou 1500 $ par année, et pour les maires, on parle
d'environ 2000 $ par année qu'ils ont déjà. On n'ajoute
pas. On dit: Vous pouvez le distribuer différemment. C'est
simplement pour ajouter de la souplesse. Je regrette, mais compte tenu
de mes discussions avec les partenaires du monde municipal depuis
déjà quelques semaines, j'ai rencontré des élus
municipaux dans huit MRC dans les récentes semaines, j'ai parlé
à cette occasion de ce projet et chaque fois les réactions ont
été positives. En dehors aussi des rencontres officielles avec
les groupes, j'ai eu l'occasion d'en entendre parler. Cela rejoint un besoin,
une demande des municipalités régionales de comté. Cela
rejoint une volonté de diminuer la bureaucratie. Je proposerais
l'adoption de l'article 23, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 23 est
adopté?
M. Rocheleau: Sur division.
Le Président (M. Rancourt): Sur division. Nous allons
maintenant à l'article 24. L'article 24 est-il adopté? M. le
ministre.
M. Marcoux: Oui, adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'article 25
est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté. C'est le remplacement de tout le
chapitre de la Commission nationale de l'aménagement par de nouvelles
règles de fonctionnement, des pouvoirs de la commission en les
déférant à la Commission municipale.
M. Marcoux: C'est cela.
M. Saintonge: C'est cela. Adopté.
M. Marcoux: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'article 25
est adopté. J'appelle l'article 26. Est-il adopté.
M. Marcoux: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 27. Est-il
adopté?
M. Marcoux: Adopté.
M. Saintonge: Un instant, M. le Président! Dans le cadre
du débat, M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: ...disons que l'article 27, c'est l'article qui
concerne la Commission nationale de l'aménagement avec les nominations,
celles du président et du vice-président, la question du mandat,
celle du traitement qui ne peut être réduit, les fonctions
à temps plein, etc. Nous allons adopter cet article, mais ce que nous
avons à dire à propos de cela, nous y reviendrons lors de la
discussion sur l'article 86.
Le Président (M. Rancourt): L'article 27 est donc
adopté.
M. Saintonge: Adopté. M. Marcoux: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): J'appelle maintenant l'article
28. L'article 28 est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté. M. Marcoux:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 29. Est-il
adopté?
M. Marcoux: Adopté. M. Saintonge:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 29 est
adopté. L'article 30?
M. Saintonge: Adopté. M. Marcoux:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 30 est
adopté. L'article 31 est-il adopté?
M. Marcoux: Adopté. M. Saintonge:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 31 est
adopté.
M. Marcoux: Après cela, nous allons...
M. Saintonge: À l'article 45, je pense, M. le
ministre.
Le Président (M. Rancourt): Quel article?
M. Marcoux: Un instant! J'ai dit: Un instant!
M. Saintonge: L'article 45.
Modifications à la Loi sur les cités et
villes
Le Président (M. Rancourt): L'article 45, la Loi sur les
cités et villes.
M. Marcoux: On les prend dans l'ordre qu'ils sont
écrits.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Marcoux: À l'article 45... Une voix: II y a un
amendement.
M. Marcoux: ...c'est une modification à la Loi sur les
cités et villes. C'est l'article dont je disais qu'il était
inscrit à la demande du ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur qui a préparé un programme pour
subventionner la démolition des hangars. Pour permettre aux
municipalités de donner des subventions, dans cet article on a permis
aux municipalités de créer des catégories et des secteurs
de la municipalité où des subventions pourront être
données. C'est pour permettre de créer des catégories
d'immeubles dont la démolition pourrait être subventionnée
et de créer des secteurs de la municipalité où ceci
pourrait être fait. On m'indique que nous avons un projet
d'amendement.
Le Président (M. Rancourt): J'ai ici des amendements.
Est-ce que ce sont ceux dont vous parlez?
M. Marcoux: Ah! Mon Dieu! d'accord. Je ne l'avais pas devant
moi.
Le Président (M. Rancourt): L'article 45.
M. Saintonge: C'est un amendement à venir, ou avez-vous un
amendement directement à l'article 45?
M. Marcoux: C'est l'article 45 qui se trouve à
être...
M. Saintonge: ...amendé.
M. Marcoux: ...amendé pour ajouter à l'article
42.6.
M. Saintonge: À l'article 42.6.
M. Marcoux: Je vais le relire au complet.
M. Rocheleau: Est-ce qu'on pourrait nous faire parvenir les
amendements?
M. Saintonge: On ne les a pas eus.
M. Marcoux: Oui, je pensais que...
M. Saintonge: Nous avons eu l'amendement 46.1, M. le
Président, concernant la Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal, mais à l'article 45 nous n'avons pas eu d'amendement
proposé.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Je n'avais pas parlé du deuxième
aspect, mais c'est très important que je l'indique. À l'article
542.6, ce qu'on ajoute, c'est ce dont je parlais cet après-midi,
c'est-à-dire la possibilité pour les municipalités de
donner le crédit de taxe foncière. Évidemment, c'est
très important comme nouveau pouvoir aux municipalités, ce qui va
permettre d'étaler la croissance de l'impôt foncier à des
immeubles à la suite de rénovations, de constructions, etc., et
d'étaler dans le temps les effets de l'augmentation des taxes
foncières à la suite de rénovations et de constructions.
Je pense que cela vaut peut-être la peine de lire l'article 542.6. "Le
conseil peut par règlement, aux conditions et dans les secteurs de la
municipalité qu'il détermine, décréter que la
municipalité accorde des crédits aux débiteurs de taxe
foncière imposée à l'égard de bâtiments
faisant ou ayant fait l'objet de travaux de construction, de reconstruction, de
rénovation, de restauration, d'agrandissement ou de transformation
conformément à un programme de revitalisation. "Le conseil peut
établir des catégories de débiteurs de taxes
foncières, de bâtiments ou de travaux ou combiner plusieurs de ces
catégories. Il peut décréter que le crédit n'est
accordé qu'à l'égard d'une ou de plusieurs de ces
catégories ou combinaisons de catégories. Il peut établir
des conditions différentes selon les catégories ou combinaisons
de catégories. "Le conseil peut également se prévaloir du
deuxième alinéa d'une façon différente selon les
secteurs de la municipalité qu'il détermine. "Le présent
article s'applique malgré la Loi sur l'interdiction des subventions
municipales".
C'est un pouvoir habilitant les municipalités de donner des
crédits de taxe foncière.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Si vous permettez, je...
M. Marcoux: Mais ce que j'ai indiqué tantôt reste
vrai sur la création de catégories d'immeubles et de
catégories de secteurs.
Le Président (M. Rancourt): Avant de vous donner la
parole, M. le député de Hull,
je ferai remarquer au ministre qu'il s'agit de remplacer l'article 45
par le suivant et au complet. Parce que si on lit bien l'article dans la Loi
sur les cités et villes: "Le chapitre est modifié par
l'insertion, après l'article 580, des suivants...", alors que dans la
loi, c'est "du suivant".
M. Marcoux: D'accord. Je voulais lire la partie du texte qui
n'était pas dans le projet de loi omnibus déposé
originalement.
Le Président (M. Rancourt): Nous allons remplacer
l'article 45 par un nouvel article 45.
M. Saintonge: C'est un amendement à l'article 45 du projet
de loi, en fait.
Le Président (M. Rancourt): C'est un nouvel article 45 qui
le remplace en totalité, avec l'ajout qui a été
donné par le ministre. M. le député de Hull, vous aviez
demandé la parole.
M. Rocheleau: Alors, on appelle...
M. Marcoux: Est-ce que je peux ajouter quelque chose...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: ...sur les crédits de la taxe foncière.
Très brièvement. On a rendu public le programme de revitalisation
des centres-villes, il y a cinq ou six semaines environ. À ce
moment-là, on avait dit que les villes de Montréal et de
Québec étaient exclues et qu'on envisageait une autre
méthode pour aider ou favoriser la revitalisation des centres-villes
à Québec et à Montréal, particulièrement
pour susciter davantage les investissements privés. Prenons l'option
suivante. C'est que dans les autres villes du Québec, ce seront,
à notre point de vue, les villes qui seront le moteur de la
revitalisation des centres-villes. Dans les villes de Montréal et de
Québec, comme il y a déjà eu pas mal de travaux publics
faits dans les municipalités par les gouvernements dans le sens de la
revitalisation des centres-villes, l'effort doit être maintenant fait
essentiellement, en tout cas, en grande partie, par les investissements
privés qui doivent être suscités et favorisés.
C'est dans ce sens que nous avons eu des discussions avec les
responsables des villes de Montréal et de Québec. Cela nous a
menés à trouver que la méthode du crédit de la taxe
foncière serait certainement une excellente façon de
procéder. Nous avons décidé d'amender la loi de
façon générale pour qu'elle s'applique à l'ensemble
des municipalités.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Pour autant que je sois certain de commencer
vraiment. J'excuse le ministre mais il m'a interrompu deux fois. Jamais deux
sans trois. Est-ce que je peux parler?
M. Marcoux: D'accord.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Disons que j'aurais
souhaité, d'une part, que le ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur soit présent à cette discussion parce
que c'est un article qui relève du ministère de l'Habitation, qui
favorise l'habitation et qui utilise le ministère des Affaires
municipales pour amender sa loi afin de permettre aux municipalités de
développer des catégories dans le sens de la revitalisation des
centres-villes, de bâtisses désuètes, d'appartements. Avec
tous les programmes qu'on a créés au cours des derniers mois et
de la dernière année, je pense qu'on a souligné que le
programme Corvée-habitation avait été
bénéfique et qu'il l'est toujours aujourd'hui. Même si je
prétends que c'est une certaine béquille qui sert à la
relance économique, mais cela oblige le gouvernement à
subventionner pour activer sa relance.
Dans le cas présent, c'est qu'on permet aux municipalités
de soustraire la taxation sur les réparations ou sur les
améliorations pour un nombre d'années à déterminer.
Cela peut aller jusqu'à trois ans, quatre ans, cinq ans, je crois. Je
pense que c'est un élément important.
J'aurais quand même voulu souligner, pour le
bénéfice du ministre des Affaires municipales, que, même si
cette pratique est souhaitable, il aurait peut-être été
aussi souhaitable, de la part du ministre de l'Habitation, lui aussi de son
côté, de faire sa part dans des programmes. On sait que le
programme Corvée-habitation, au niveau du plafonnement des
intérêts, a été reporté au mois de
décembre 1984. Pour trois ans, les gens vont bénéficier
d'un plafond des intérêts.
On se souvient de l'ancienne loi qui avait été
adoptée dans les années soixante. C'était la Loi sur le
crédit agricole. Avec la Société canadienne
d'hypothèques et de logement qui finançait à
l'époque la quasi-totalité de l'habitation unifamiliale et
bifamiliale, il y avait la Loi sur le crédit agricole qui remboursait
une partie des intérêts encourus et maintenait un taux
d'intérêt pour des périodes peut-être excessives, car
cela allait jusqu'à 35 ans à cette époque.
Quand on examine la Loi sur l'habitation familiale et quand on permet,
par une loi municipale, de donner une espèce
de dégrèvement d'impôt sur les améliorations,
il y aurait peut-être lieu que le ministre considère la
possibilité de prolonger, pour un nombre d'années plus important
que trois, un plafonnement des taux d'intérêt, ce qui faciliterait
davantage la relance économique. La subvention de 3000 $ est disparue au
mois de janvier 1984 et, après cela, on a eu une période de
tranches de 1000 $ qui viennent de disparaître aussi. On continue le
programme avec un plafonnement de l'intérêt pour trois ans.
Le ministre devrait suggérer que si la municipalité, d'une
part, fait un effort en n'allant pas chercher dans la même année
la taxe sur l'évaluation ou la différence d'évaluation, il
y aurait peut-être lieu que le ministère de l'Habitation aussi
fasse un effort conjoint afin de favoriser justement cette ampleur dont nous
avons besoin au niveau de l'habitation au Québec. Je suis toujours ma
ligne de pensée: il y a plusieurs régions - en tout cas, une
région comme chez nous - où le taux de vacance est de 0,4%. C'est
évident que cela commande de la réflexion, de
l'amélioration au niveau du logement et que cela doit aussi correspondre
à de la nouvelle habitation.
Le ministre des Affaires municipales, tout en acceptant d'inclure dans
la loi omnibus cet important article pour les municipalités, devrait
suggérer au ministre de l'Habitation d'en faire autant de son
côté par des programmes qui pourraient nous être
présentés pour discussion. C'est tout.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Je retiens la suggestion du député de
Hull, je la transmettrai à mon collègue. Je dois indiquer
cependant que quand on parle du programme des hangars, il y a des subventions
à cet effet. Ce dont le député de Hull a parlé
davantage, c'est la possibilité de maintenir des taux
d'intérêt garantis ou des subventions dans le domaine de
l'habitation. Je suis convaincu que mon collègue de l'Habitation
continue de réfléchir sur l'utilisation des sommes qui resteront
peut-être dans le programme Corvée-habitation. Il faut bien savoir
que le gouvernement s'est engagé; le gouvernement ne
récupérera pas cet argent. Tant qu'il va rester de l'argent dans
l'organisme sans but lucratif chargé de gérer les fonds qui
proviennent des travailleurs, des entrepreneurs et du gouvernement dans
Corvée-habitation, ces sommes serviront soit pour des programmes de
construction, des programmes de garantie de prêt ou des mesures
semblables. Je transmettrai sûrement votre suggestion à mon
collègue pour réflexion.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 45 sera
adopté? Tel qu'amendé?
M. Marcoux: Tel qu'amendé?
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article...
M. Saintonge: D'accord, adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Nous allons
passer maintenant à l'article 46.
M. Saintonge: II y a un amendement à l'article 46.1 qui a
été ajouté, je pense. Cela concerne les Affaires
municipales et la Communauté urbaine de Montréal.
M. Marcoux: Les articles 46.1 à 46.6.
Le Président (M. Rancourt): Exact. M. le ministre.
M. Marcoux: Vous avez le projet d'amendement, bon. Cet article a
pour but de donner le pouvoir à la Communauté urbaine de
Montréal de scinder le poste de directeur du service de
l'évaluation par rapport au directeur de l'évaluation. On sait
que c'est actuellement la même personne qui occupe les deux fonctions.
Or, le service d'évaluation de Montréal comporte environ 200
employés. Il peut arriver que le directeur de l'évaluation, qui
doit exercer son rôle à titre de professionnel, n'ait pas le temps
de le faire ou ne soit pas nécessairement la personne la plus apte
à la fois à diriger un service, du point de vue d'une bonne
administration d'un service d'évaluation. La Communauté urbaine
de Montréal nous a demandé la possibilité de scinder les
deux fonctions. L'article proposé, de 46.1 à 46.6, a pour but de
prévoir cette possibilité. (21 h 20)
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Est-ce que le ministre a eu une réaction de
la Corporation professionnelle des évaluateurs agréés du
Québec là-dessus?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Marcoux: II n'y a pas eu de représentations et cela ne
peut causer aucun problème, parce que les fonctions professionnelles
d'évaluateurs seront exercées par la deuxième personne.
Alors, le directeur du service n'aura pas à porter de jugement ni
à poser de geste professionnel quant à
l'évaluation.
M. Saintonge: ...qu'il doit conserver. D'accord.
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Nous allons considérer
les articles 46.1, 2, 3, 4, 5 et 6. Adopté?
M. Marcoux: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Marcoux: L'article 48.
Le Président (M. Rancourt): Article 48, M. le
ministre.
Modifications à la Loi sur
les dettes et les emprunts
municipaux et scolaires
M. Marcoux: L'article 48 a pour but de permettre au ministre des
Affaires municipales et au ministre des Finances de confirmer ou de ratifier
les emprunts à l'étranger des municipalités.
Jusqu'à maintenant, c'est le Conseil des ministres qui doit
entériner ou accepter ces emprunts à l'étranger de la part
des municipalités, ce qui fait qu'on est obligé de convoquer des
réunions du Conseil des ministres à des heures et à des
jours impromptus, parce que souvent les délais de ratification sont des
transactions qui se font de façon très rapide et qui doivent
être confirmées sur les marchés financiers très
rapidement. On demande que ce soit tout simplement le ministre des Affaires
municipales et le ministre des Finances qui ratifient ces emprunts pour le
monde municipal et le même article prévoit que, dans le domaine
scolaire, ce sera le ministre de l'Éducation et le ministre des
Finances.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 48 est
adopté. Article 49? M. le ministre.
M. Marcoux: C'est la concordance avec les amendements à la
Loi sur l'aménagement. Étant donné qu'on abolit la
Commission nationale de l'aménagement, on enlève une
référence à la Commission nationale de
l'aménagement dans la Loi sur les élections dans certaines
municipalités.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Rocheleau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 49 est
adopté. L'article 78, M. le ministre?
M. Marcoux: Article 61.1.
Le Président (M. Rancourt): Je m'excuse. Article 61.1?
M. Marcoux: Est-ce qu'on peut le garder...
M. Saintonge: On peut le garder pour plus tard.
M. Marcoux: Oui? On soumet les autres sujets, parce que ce sont
les mêmes sujets qui reviennent pour la plupart.
M. Saintonge: L'article 67. Nous reviendrons au papillon pour
l'article 61.1 plus tard.
Modification à la Loi sur le régime de
retraite des
employés du gouvernement et des organismes
publics
M. Marcoux: L'article 67 en est un de concordance puisque la
Commission nationale de l'aménagement disparaît. Il faut faire la
concordance dans le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 67 est
adopté. Si vous voulez m'indiquer à quel article nous allons
maintenant passer.
M. Saintonge: Article 80. M. Marcoux: Article 80, oui.
Modifications au Code municipal
Le Président (M. Rancourt): J'appelle l'article 80, M. le
ministre.
M. Marcoux: D'accord. Vu que la rémunération en ce
qui concerne les MRC est prévue dans la Loi sur l'aménagement, il
est inutile de la conserver comme référence dans la Loi sur le
Code municipal. C'est de la concordance.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Adopté, M. le Président. Le
Président (M. Rancourt): L'article 80
est adopté.
M. Marcoux: Article 82.
Le Président (M. Rancourt): Article 81, M. le
ministre.
M. Marcoux: L'article 81, c'est la même chose que
tantôt. C'est pour le Code municipal. C'est la même chose qu'on a
adopté pour la Loi sur les cités et villes concernant le pouvoir
de créer des catégories et des secteurs de la municipalité
aux fins de subventions pour différents programmes. C'est le même
pouvoir qu'on donne dans le Code municipal. Le programme de crédit de
taxes foncières également. C'est la même chose. Je ne sais
pas si vous avez reçu l'amendement concernant le crédit de taxes
foncières.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: J'essaie de le vérifier dans ce qu'on m'a
transmis tantôt, si j'ai cela à l'article 81.
M. Marcoux: Je vais vous le remettre.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que vous nous remettez
l'amendement, M. le ministre?
M. Marcoux: Vous l'avez. D'accord. C'est l'article 81.
Le Président (M. Rancourt): Remplacer l'article 81 par le
suivant...
M. Marcoux: Au complet.
Le Président (M. Rancourt): Au complet.
M. Marcoux: C'est la même chose que pour la Loi sur les
cités et villes.
M. Saintonge: J'ai cela, M. le Président. On adopte
l'amendement et on adopte l'article tel qu'amendé.
M. Marcoux: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 81 tel
qu'amendé est adopté.
M. Saintonge: Adopté.
M. Marcoux: La charte de la ville de Montréal, article
82.
Modifications à la charte de la ville de
Québec
M. Saintonge: La charte de la ville de
Québec, article 81.1, M. le Président.
M. Marcoux: L'article 81.1, c'est la même chose. C'est le
crédit de taxes foncières pour Québec.
Le Président (M. Rancourt): Nous appelons maintenant
l'article 81.1...
M. Marcoux: C'est cela.
Le Président (M. Rancourt): ...qui est dans le groupe des
amendements.
M. Marcoux: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Saintonge: Un instant, M. le Président.
M. Rocheleau: Consultation, M. le Président, si vous le
permettez.
Le Président (M. Rancourt): Très bien.
M. Saintonge: La charte de la ville de Québec...
M. Marcoux: Crédit de taxes foncières pour la ville
de Québec. On l'a adopté pour la Loi sur les cités et
villes, le Code municipal. Maintenant, c'est pour la ville de
Québec.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie, est-ce que c'est adopté?
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Insérer, après
l'article 81, ce qui suit: Charte de la ville de Québec, 81.1.
Adopté.
Modifications à la charte de la ville de
Montréal
Remplacer l'article 82 par un nouvel article. M. le ministre.
M. Marcoux: C'est- le même objectif, mais pour la charte de
la ville de Montréal. Le pouvoir de subventions par catégorie
d'immeubles et de secteurs de la ville et également le crédit de
taxes foncières qu'on intègre à la charte de la ville de
Montréal comme possibilité fiscale.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Le nouvel article 82 est
adopté.
Dispositions transitoires et finales
M. Marcoux: Aux articles 84 à 88, ce sont les dispositions
transitoires concernant la disparition, à la suite de l'abolition de la
Commission nationale de l'aménagement. C'est simplement un article de
conformité. Lorsqu'un avis a été demandé à
la Commission nationale de l'aménagement avant telle date et qu'à
cette date il n'a pas été donné, la demande est
réputée être faite à cette date à la
Commission municipale du Québec. Adopté.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie, l'article 84 est adopté. Article 85?
M. Marcoux: Les fonctionnaires de la Commission nationale de
l'aménagement en fonction à la date de l'entrée en vigueur
de la présente loi deviennent, sans autre formalité, des
fonctionnaires du ministère des Affaires municipales, dans la mesure que
détermine le gouvernement. C'est également une
formalité.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: La Loi sur la fonction publique. Est-ce que c'est
cela?
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge: D'accord.
M. Marcoux: Les sept ou huit fonctionnaires. Ce ne sont pas les
membres de la commission. Ce sont les fonctionnaires. Ces fonctionnaires
deviennent des fonctionnaires du ministère des Affaires municipales.
M. Saintonge: Adopté.
M. Marcoux: Quand on ajoute "dans la mesure que détermine
le gouvernement", c'est parce que le Conseil du trésor veut toujours
conserver la possibilité de définir le nombre.
Le Président (M. Rancourt): L'article 85 est
adopté.
M. Saintonge: Un instant, M. le Président.
Qu'adviendra-t-il, s'il se réserve le pouvoir de déterminer le
nombre?
M. Marcoux: S'il y a huit postes et qu'il y en a six
d'occupés, il peut dire: On vous accorde les six postes occupés.
Pour ce qui est des deux postes qui ne sont pas occupés, il peut dire:
On les supprime. C'est simplement pour dire que c'est le pouvoir...
C'est habituel; il n'y a rien de neuf. Lorsqu'un organisme
gouvernemental disparaît et que ses membres sont "versés"... on
dit que c'est dans la mesure que prévoit le gouvernement. Cela veut dire
que le Conseil du trésor peut... Mais il n'y a aucun problème.
(21 h 30)
M. Saintonge: Qu'arriverait-il si, sur huit postes, il y en avait
seulement six qui étaient acceptés au niveau du ministère
des Affaires municipales? Les deux autres qui étaient en fonction
à la Commission nationale de l'aménagement...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Marcoux: Ah non! Si c'étaient des postes
occupés, évidemment, il vont rester aux affaires municipales. Je
parlais dans le cas où il y aurait des postes autorisés mais non
occupés.
M. Saintonge: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 85 est
adopté?
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Nous avons un ajout à
l'article 86. M. le ministre.
M. Marcoux: Alors, on a un amendement à l'article 86 que
vous avez dû recevoir. L'article 86 prévoit que: "Le gouvernement
peut nommer à un autre poste toute personne qui est un membre de la
Commission nationale de l'aménagement en fonction à la date
d'entrée en vigueur de la loi. "Cette personne continue d'être
régie par les conditions de son engagement à titre de membre de
la commission durant la période qui se termine à la
première des dates suivantes: la date où elle est nommée
à un autre poste par le gouvernement ou commence autrement à
occuper un emploi ou une charge rémunérée, ou le 11
novembre 1985." Le 11 novembre 1985 est la date où finissent les
contrats des membres de la commission actuellement. "Si cette personne est
nommée à un autre poste par le gouvernement avant le 11 novembre
1985, les conditions de son engagement à cet autre poste doivent
être, jusqu'à cette date, au moins aussi avantageuses que celles
de son engagement à titre de membre de la commission. "Les
deuxième et troisième alinéas s'appliquent sous
réserve de tout accord que peuvent conclure le gouvernement et une
personne visée au premier alinéa."
Ce qu'on ajouterait: Durant la période visée au
deuxième alinéa, le ministre des
Affaires municipales peut confier toute tâche appropriée
à une personne visée au premier alinéa.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: On sait que parmi ces personnes - je ne conteste
pas la compétence que peuvent avoir les membres de la Commission
nationale de l'aménagement. Je peux difficilement contester la
compétence, entre autres, du président parce que c'est moi qui
l'avais engagé comme directeur du service de la planification de la
Communauté régionale de l'Outaouais. Quand il avait
été retenu comme directeur du service de la planification, le
président, entre autres, avait été celui qui avait
préparé, avec ses aides, le schéma d'aménagement de
la Communauté régionale de l'Outaouais qui était quand
même devenu un projet pilote au Québec au niveau de la
planification.
Alors, je ne conteste pas sa compétence. Par la suite, en vertu
de la loi, il avait été nommé président de la CRO
parce qu'on sait que la Communauté régionale de l'Outaouais
était la seule parmi les trois communautés - les deux autres
étant Québec et Montréal - où le président
était nommé par Québec. Apparemment, dans le temps, les
gens de l'Outaouais n'étaient pas assez matures pour nommer leur propre
président parmi un élu comme cela se fait à Québec
et comme cela se faisait à Montréal anciennement.
Ce qui me préoccupe et ce que j'aimerais savoir du ministre,
étant donné qu'il y a trois membres plus spécifiquement
qui sont à la Commission nationale de l'aménagement, qui sont
peut-être un peu rouilles par les circonstances parce que depuis quatre
ans ils n'ont pas fait grand-chose... Même s'ils avaient voulu faire
plus, on ne leur a même pas confié de mandat précis dans
les quatre dernières années. Votre prédécesseur
aurait pu leur confier des mandats d'enquêtes particulières dans
certaines régions du Québec où il y avait des litiges sur
la formation d'une MRC ou autre. Il aurait pu les envoyer dans le champ
examiner le litige et peut-être arriver avec des recommandations
quelconques. Sûrement que ces gens avaient certaines compétences
pour suggérer au ministre des Affaires municipales de l'époque
certaines modifications qui auraient peut-être pris bien moins de temps
que cela n'en a pris pour corriger le fait que certaines MRC n'étaient
pas heureuses à l'intérieur de leur découpage.
Je prends pour exemple la commission Robidas qui a été
créée avec un commissaire de la Commission municipale, commission
qui a été créée par le gouvernement. On aurait pu
tout aussi bien mandater la Commission nationale de l'aménagement dans
un mandat spécial et lui confier l'ensemble du territoire, du
découpage, et voir les litiges et de faire des recommandations
d'usage.
Le ministre a dit qu'il pourrait affecter ces personnes à des
travaux particuliers. Cela me laisse penser que, quand on confie à
quelqu'un un travail particulier, à un moment donné, on le
décroche de sa tablette et on l'envoie en mission quelque part.
J'aimerais que le ministre soit plus spécifique. Il y a trois
commissaires. Même s'ils y avaient des affinités avec le
gouvernement, c'est peut-être un peu normal qu'on nomme ses amis, pourvu
que les amis soient compétents. On ne conteste pas cet aspect.
J'aimerais savoir si le ministre a aujourd'hui des intentions
arrêtées sur ce que pourrait devenir le travail de ces trois
membres en particulier pour qu'on puisse bénéficier au moins de
leurs compétences, d'une part. Deuxièmement, compte tenu du
salaire qu'on leur a payé depuis qu'elles sont là, je pense qu'on
devrait tenter d'obtenir le maximum d'efficacité de ces personnes.
J'aimerais que le ministre m'éclaire un peu là-dessus. Je
reviendrai peut-être après, M. le Président, avec d'autres
questions à l'intention du ministre.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Marcoux: Je n'ai pas l'intention de préciser. Ce sont
quand même, je pense, des choses assez délicates, parce qu'on
parle des fonctions que ces personnes pourront être appelées
à remplir. Ce que je dois dire, c'est que la décision d'abolir la
Commission nationale de l'aménagement est très récente.
J'ai déjà eu des discussions, des pourparlers avec le
président de la Commission nationale de l'aménagement. Des
démarches sont actuellement faites, par lui et moi conjointement, pour
étudier différentes fonctions que celui-ci pourrait remplir et
qui seraient à notre satisfaction réciproque. Je ne suis pas en
mesure, actuellement, de préciser quelles fonctions le président
actuel de la Commission nationale de l'aménagement occuperait à
l'avenir. Des démarches semblables ont lieu entre l'adjoint au
secrétaire général associé du gouvernement, M.
Jean-Noël Poulin, et ces personnes pour leur trouver une tâche qui
corresponde à leurs qualifications.
Il y a un des commissaires qui est déjà
prêté, en pratique, à un autre ministère et qui
remplit une fonction dans un autre ministère depuis déjà
plusieurs mois. Sur cinq commissaires que la loi permettait de nommer, il n'y
en a eu que trois de nommés. L'un de ceux-ci travaille dans un autre
ministère depuis quelques mois. À ce moment, il reste le
président et la vice-présidente, en tout cas, une commissaire,
avec lesquels nous discutons de fonctions
qu'ils pourraient remplir et qui correspondent à leurs
goûts, à leurs aptitudes et à leurs compétences. Je
ne peux pas en dire plus long aujourd'hui. Si c'était plus
précis, je n'aurais aucune objection. Différentes
possibilités sont examinées. Je peux assurer le
député de Hull que nous allons tout faire pour utiliser au
maximum les possibilités, les capacités et les aptitudes de ces
personnes.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Remarquez que je ne
me porte pas nécessairement à la défense de ces
commissaires parce qu'à l'occasion on a eu à leur "passer la
poêle". C'était de bonne guerre, je pense, d'interroger le
ministre des Affaires municipales sur l'orientation qu'aurait pu prendre dans
le temps la Commission nationale de l'aménagement et de voir le peu de
travail qui se faisait là. Ce n'était sûrement pas la faute
des gens qui étaient là. C'est parce que le gouvernement, le
ministère des Affaires municipales ou le responsable de cette commission
ne jugeaient pas opportun de leur donner plus de travail à faire. J'ai
trouvé cela malheureux. Cela coûte déjà assez cher
pour vivre au Québec. Quand on peut économiser de l'argent, on le
fait. (21 h 40)
Je suis heureux que, même si on recommandait cinq postes à
la Commission nationale de l'aménagement, il y en ait eu simplement
trois de comblés. Au moins, il y en a deux de moins qu'on est
obligé de replacer quelque part ailleurs. Il n'en demeure pas moins, M.
le Président, qu'il serait important pour nous que l'on sache le plus
rapidement possible de quelle façon on a l'intention de régler
ces cas particuliers. Ces trois commissaires avaient un mandat de cinq ans.
Quand les services de ces personnes ont été retenus avec un
mandat de cinq ans, elles ne s'attendaient pas à aller plus loin, mais
elles pensaient pouvoir finir leur mandat au poste qu'on leur avait
confié. Aujourd'hui, le gouvernement - on l'indique dans le projet de
loi - doit leur donner des avantages aussi intéressants que ce qu'ils
ont actuellement. Cela veut dire que, pour autant, le salaire de ces gens ne
sera pas diminué, même s'ils devaient être affectés
à des postes inférieurs.
Je souhaiterais, dans le même ordre d'idées, savoir - je
comprends qu'on puisse difficilement demander l'avis de la Commission
municipale, parce que ce n'est pas elle qui décide, c'est le
gouvernement et c'est le ministre; si ces gens sont affectés à la
Commission municipale, c'est une commission indépendante, c'est une
commission juridique - si ces gens peuvent espérer continuer à
travailler là dans les circonstances, étant donné que les
articles 11 et 16 vont sûrement commencer à "débouler", car
les avis de règlement vont sûrement commencer à être
donnés un jour. De 1980 à aujourd'hui, à cause des
lenteurs de toutes sortes, elles n'ont pas eu à fonctionner, mais j'ai
quand même l'impression que, si le mandat est confié à la
Commission municipale, certaines MRC vont devoir commencer bientôt
à demander des avis en vertu de l'article 11 et, éventuellement,
de l'article 16. Je comprends qu'il ne semble pas y avoir de décision de
prise, mais j'aimerais que le ministre nous dise s'il a l'intention de
maintenir ces gens dans le travail qu'ils avaient amorcé et s'il a
l'intention, justement, de les affecter à la Commission municipale pour
y continuer ce travail.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Actuellement, il y a quinze postes à la
Commission municipale, le président, trois vice-présidents et
onze commissaires. Il y a un poste vacant actuellement à la suite du
décès de M. Jean-Marie Moreau. Je ne vous dis pas que cette
hypothèse est éliminée, mais je ne peux pas vous dire
aujourd'hui que l'hypothèse d'affecter un des trois commissaires
à cette fonction sera retenue. Je ne peux ni confirmer ni nier.
Théoriquement, il y a une possibilité.
Le Président (M. Rancourt): L'article 86 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Saintonge: Seulement une question, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je me souviens qu'en 1981 on a
présenté le projet de loi 5 qui apportait des modifications
à la Loi sur les transports. On y mentionnait que les membres de la
Commission des transports dont le mandat n'était pas expiré
à la date de l'entrée en vigueur de l'article en question le
demeuraient pour la durée déterminée par le gouvernement,
c'est-à-dire que le gouvernement pouvait mettre fin à des mandats
de cinq ans qui étaient accordés aux membres de la Commission des
transports du Québec. Dans le cas présent, on a une attitude
contraire. On maintient le mandat, on ne met pas fin au mandat par un
décret gouvernemental, ni plus ni moins. Le ministre s'est-il
penché sur cette question? Est-ce qu'il y a des considérations
qui ont fait qu'on n'adopte pas un article de loi du même genre que celui
qu'on avait adopté pour la Commission des transports du
Québec?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Marcoux: Je ne me souviens pas du cas précis que vous
indiquez, mais, dans ce cas-ci, comme on a des contrats d'une durée de
cinq ans, qui vont jusqu'au 11 novembre 1985 pour ces personnes, ce que la loi
prévoit, c'est que le gouvernement respecte ses engagements
jusqu'à la fin des contrats. Je ne sais pas si, dans le cas que vous
indiquez de la Commission des transports, c'étaient des nominations sans
délai ou...
M. Saintonge: C'étaient effectivement des nominations de
cinq ans. Par amendement à la loi, alors que le mandat de la Commission
des transports n'était même pas expiré, que la Commission
des transports continuait, on stipulait que le gouvernement...
M. Marcoux: Est-ce que c'étaient des mandats de cinq ans
par contrat?
M. Saintonge: Des mandats de cinq ans, exactement. Ce que la Loi
sur les transports prévoyait, c'étaient des mandats de cinq
ans.
M. Marcoux: Ce que j'ai présenté dans mon
mémoire au Conseil des ministres, c'était cette hypothèse
qui a été étudiée au Comité de
législation qui, ordinairement, essaie d'harmoniser les
possibilités. Je ne peux pas porter de jugement sur l'autre situation
que je ne connais pas. Comme c'est une solution qui me paraît juste, je
souhaiterais qu'elle soit adoptée.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: En fait, votre position était de
protéger...
M. Marcoux: ...les contrats.
M. Saintonge: ...le mandat ou le contrat accordé pour cinq
ans, de garder la personne sur la même...
M. Marcoux: Mais pas de façon absolue. On indique bien
que, si on trouve une autre entente ou une autre possibilité d'ici ce
temps-là, que la personne considère aussi avantageuse, le contrat
prendra fin.
M. Saintonge: Au moins, vous protégiez le mandat
accordé, à ce moment-là. C'est la position que vous aviez
prise...
M. Marcoux: Oui, oui. De façon absolue. Ce sera dans la
loi.
M. Saintonge: ...et le Conseil des ministres a également
adopté la position que vous lui présentiez de conserver ces
mandats.
M. Marcoux: Exactement.
M. Saintonge: D'accord. Je suis heureux d'entendre cela.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 86 tel
qu'amendé est adopté?
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Marcoux: Article 86 tel qu'amendé?
Le Président (M. Rancourt): Tel qu'amendé,
exactement. J'appelle maintenant l'article 87.
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 87, adopté.
L'article 88 est-il adopté?
M. Marcoux: Adopté. M. Saintonge:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Article 89
adopté?
M. Marcoux: Adopté. M. Saintonge:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 89, adopté. Il
faut ajouter un nouvel article à l'article 89. "Insérer,
après l'article 89, les articles suivants: 89.1". M. le ministre.
M. Saintonge: Les articles 89.1 et 89.2 sont des articles de
concordance. Quant à nous, ils sont adoptés.
M. Marcoux: C'est cela. Ce sont des articles de concordance par
rapport au directeur de l'évaluation de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. Saintonge: De l'évaluation de Montréal.
M. Marcoux: Alors, les articles 89.1 et 89.2 sont-ils
adoptés?
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, tel que
mentionné: "Insérer, après l'article 89, les articles 89.1
et 89.2". Adopté.
M. Saintonge: Adopté.
Modifications à la Loi sur le ministère
des Affaires intergouvemementales
Le Président (M. Rancourt): Nous revenons maintenant
à l'article 61.1, si je ne m'abuse.
M. Marcoux: Oui.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Marcoux: L'article 61.1 a pour but d'amender l'article 20 de
la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales. C'est pour
prévoir qu'en plus des municipalités comme telles, des organismes
contrôlés par les municipalités ou dont les
municipalités nomment plus de 50% des membres les organismes tiers ne
peuvent faire bénéficier indirectement une corporation municipale
d'avantages financiers dont la corporation municipale n'aurait pu
bénéficier autrement dans le cadre de contrats avec le
gouvernement fédéral ou avec le gouvernement d'une autre province
ou avec un gouvernement étranger. Ce qu'il y a de différent par
rapport à l'article 20 actuel de la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales, c'est que les tiers sont couverts par la
prohibition, si vous voulez. (21 h 50)
Le deuxième aspect qu'il est important de noter, c'est
qu'à la suite des discussions qui ont eu lieu lors de l'étude de
la loi 38 et des représentations qui ont été faites par
l'Union des municipalités régionales de comté à ce
moment on voulait que les municipalités, dont les gestes pourraient
être visés par un acte de nullité, puissent avoir un
recours devant les tribunaux et faire la preuve qu'elles n'étaient pas
partie liées à une entente dont elles auraient été
indirectement les bénéficiaires, en contravention de l'article 20
de la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales. On
voulait qu'elles puissent être entendues devant les tribunaux, ce qui est
prévu au quatrième alinéa de l'article 20. Voilà,
en ce qui concerne le texte comme tel, le contexte dans lequel se situe la
présentation de cet article.
Des discussions ont eu lieu entre l'Union des municipalités du
Québec et l'Union des municipalités régionales de
comté depuis deux mois pour arriver à conclure un concordat qui
réaffirme les principes qui doivent régir le financement des
municipalités dans le cadre de la constitution canadienne. Si le
gouvernement fédéral veut aider financièrement les
municipalités du Québec, il peut le faire de deux façons:
soit en payant des "en lieu" de taxes aux municipalités ou en
subventionnant les municipalités dans le cadre d'ententes entre le
gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral,
ententes qui peuvent prévoir différents programmes dont
pourraient bénéficier les municipalités.
Ce concordat affirme très clairement qu'il ne serait pas normal
que les députés fédéraux et le gouvernement
fédéral essaient de faire indirectement ce qu'ils ne peuvent pas
faire directement, en procédant par des tiers. Par exemple, donner une
subvention de 1 000 000 $ à une chambre de commerce pour qu'elle fasse
des travaux d'aqueduc et d'égout, des constructions de trottoirs, etc.,
ce serait faire indirectement, par un tiers, ce que la municipalité ne
pourrait pas faire directement, c'est-à-dire recevoir des subventions du
gouvernement fédéral directement au lieu de le faire par la voie
d'une entente avec le gouvernement du Québec.
Dans le cadre des discussions qui ont eu lieu autour du concordat, le
gouvernement du Québec a accepté de faire ce que j'ai
appelé, en reprenant les mots du président ex officio de l'Union
des municipalités du Québec, le pari de la confiance. Si les deux
unions de municipalités, c'est-à-dire l'Union des
municipalités régionales de comté et l'Union des
municipalités du Québec, étaient solidaires et faisaient
front commun avec le gouvernement du Québec, on était convaincu
que l'ensemble des municipalités du Québec, d'une part, et le
gouvernement fédéral, d'autre part, respecteraient la
compétence du Québec en matières locales, face aux
communautés locales, face aux municipalités.
Dans ce concordat, un certain nombre de choses sont indiquées
très clairement. En particulier, il est dit que les municipalités
ne peuvent faire indirectement, par des tiers, ce qu'elles ne pourraient pas
faire directement, c'est-à-dire conclure des ententes avec un
gouvernement d'une autre province, un gouvernement étranger ou le
gouvernement fédéral. Les deux unions sont d'accord pour que la
Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales soit
amendée pour couvrir cet aspect des choses.
En termes de temps, évidemment, tout arrive un peu en même
temps. Ce que je viens de dire, je pense, correspond à l'esprit des
discussions et au projet de concordat qui a déjà
été accepté par l'Union des municipalités du
Québec et qui sera, je l'espère, signé la semaine
prochaine par le gouvernement et les deux unions de municipalités, soit
l'Union des municipalités régionales de comté et l'Union
des municipalités du Québec.
L'amendement qui est proposé, en somme, pour me résumer
clairement, a pour effet d'ajouter un élément important à
la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales, à
l'article 20, pour couvrir les tiers et permettre à une commission, une
corporation ou une communauté qui aurait contrevenu à la loi et
contre laquelle le gouvernement aurait pris des recours d'en appeler devant les
tribunaux de cet acte de
nullité qui aurait été demandé.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, je comprends que le
ministre a dit qu'il avait été accepté par l'Union des
municipalités du Québec. Est-ce que je dois comprendre que
l'acceptation par l'UMRCQ n'est pas encore parvenue au ministre?
M. Marcoux: La réunion de son conseil d'administration a
lieu demain matin, mais, selon les dernières discussions que j'ai eues
avec le président de l'Union des municipalités régionales
de comté, on ne prévoyait aucune difficulté.
Techniquement, l'Union des municipalités du Québec a
convoqué un congrès spécial, il y a deux semaines, qui a
ratifié le concordat. Évidemment, elles ont chacune leurs
instances et chacune procède à sa façon. De toute
façon, il devait y avoir une réunion du conseil d'administration
de l'Union des municipalités régionales de comté, mais je
suis persuadé que le projet de concordat sera ratifié par le
conseil d'administration de l'Union des municipalités régionales
de comté. C'est pourquoi, même si ce n'est pas encore fait
concrètement, je n'ai aucune hésitation, compte tenu de
l'ensemble des discussions que nous avons eues, à proposer cet
amendement à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Si je comprends bien, si on veut faire un portrait
global de toute la situation, je pense que le concordat qui a été
proposé par le ministre, est en discussion avec les unions et
semble-t-il, sera signé la semaine prochaine, comme le ministre vient de
le dire, si c'est agréé par les unions. L'UMQ l'a
déjà fait et l'UMRCQ pourrait le faire demain. Il reste un fait
que je dois déplorer au départ, c'est que l'article 20
modifié n'a pas été soumis encore aux deux unions. Cet
article est dans la suite logique du concordat, d'une part, et,
également, dans la suite logique de tout le débat qui s'est
déroulé autour du projet de loi 38 sur la participation
gouvernementale au financement des municipalités qui, en décembre
dernier, a occupé une bonne partie du temps de la Chambre et qui a
été arrêté avant la troisième lecture, ayant
été bloqué par l'Opposition. Si, effectivement,
l'amendement à l'article 20 fait suite au concordat et au débat
entourant la loi 38, qu'adviendra-t-il de la loi 38? Est-ce que le ministre
peut nous donner des informations précises sur ce qu'il adviendra de la
loi 38?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Je pense que les premiers à être
informés de cette orientation doivent être l'Union des
municipalités du Québec et l'Union des municipalités
régionales de comté. J'avais indiqué - et le
président de l'Union des municipalités du Québec les a
rendues publiques - qu'il y avait quatre hypothèses. II y a une
hypothèse qui a été rejetée par l'Union des
municipalités du Québec, c'est-à-dire de conserver la loi
38, mais en l'amendant de façon majeure, en enlevant l'aspect des
sanctions financières. Cette hypothèse a été
rejetée par l'Union des municipalités du Québec. Je crois
que les trois autres hypothèses...
M. Saintonge: Par le gouvernement également à ce
moment-ci?
M. Marcoux: Pardon?
M. Saintonge: Est-ce que le gouvernement a abandonné cette
hypothèse?
M. Marcoux: Je pense que le geste que nous posons aujourd'hui est
la suite de ces discussions. Quant aux trois autres hypothèses, il peut
y avoir des préférences pour l'une ou l'autre, mais elles
étaient toutes les trois acceptables à nos partenaires du monde
municipal.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Est-ce que je dois comprendre que le projet de loi
38 sera ou bien retiré par le gouvernement ou laissé au
feuilleton pour mourir de sa belle mort?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales. (22 heures)
M. Marcoux: J'ai déjà indiqué tantôt
que je ne pouvais pas faire une réponse plus précise que ce que
je viens d'indiquer, M. le député de Laprairie. Nous avons eu des
discussions avec les deux unions du Québec. Nous avons eu ces
discussions ensemble et, je pense, dans la plus grande franchise. Je crois que
le geste que cette Assemblée est appelée à poser ce soir
correspond aux discussions que nous avons eues ensemble, aux engagements qui
ont été pris à ce moment-là et à la
démarche qui a été faite.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Vous permettrez que je revienne sur la même
question que mon collègue de Laprairie. Vous avez eu, depuis quelques
mois, des discussions avec l'Union
des municipalités et l'Union des municipalités
régionales de comté. Certaines hypothèses ont
été mises sur la table et une a été refusée
catégoriquement par les unions. C'était celle de modifier, d'une
façon importante, le projet de loi 38 existant. On n'a pas
été partie à ces discussions. Étant donné
que nous retrouvons une modification, un ajout à la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales, à l'article 20, on
voudrait que vous nous précisiez davantage, par un oui ou par non, pour
notre information et également pour l'information des unions, si, pour
autant, vous retirez tout simplement le projet de loi 38 qui, effectivement,
est remplacé, dans une forme très différente, par cet
amendement à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales.
C'est parce qu'il y a toujours cette épée qui pourrait
pendre éventuellement dans le sens que, si le projet de loi 38 reste
toujours là, cela attise toujours un peu le feu. Le ministre a
semblé nous dire, tantôt, qu'il avait opté pour cette
façon-ci qui atteignait ou semblait atteindre les objectifs des unions.
Le ministre peut-il nous dire si le projet de loi 38 est retiré par ce
nouvel amendement qui touche davantage les Affaires intergouvernementales?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Techniquement, je l'ai indiqué, le projet de
loi 38 n'est pas retiré par l'adoption de cet amendement. Ce que j'ai
indiqué tantôt au député de Laprairie -je pense
avoir été très clair - c'est que, la table
Québec-municipalités s'est entendue sur un projet de concordat
qui a déjà été ratifié par l'Union des
municipalités du Québec et qui, selon toutes les
probabilités, toutes les informations que j'ai, le sera demain par le
conseil d'administration de l'Union des municipalités régionales
de comté. J'avais indiqué quatre hypothèses concernant
l'avenir du projet de loi 38. Une de ces hypothèses a été
rejetée par l'Union des municipalités du Québec,
c'est-à-dire des amendements majeurs au projet de loi 38, en retirant,
en particulier, l'aspect des sanctions financières. Comme l'Union des
municipalités du Québec a rejeté cette hypothèse et
qu'elle la trouvait inacceptable, il restait trois autres hypothèses
acceptables. Nous en sommes là. Dès que le concordat sera
signé, que l'ensemble de cette question sera réglé, je
peux vous assurer qu'elle sera réglée dans le même esprit
qu'on a adopté depuis deux mois, c'est-à-dire de façon
positive et dans un esprit de consensus.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, si vous me le permettez,
nous sommes actuellement à étudier le projet de loi 84 qui
comporte des éléments importants pour les municipalités.
On sait que des discussions ont eu lieu entre les unions, le ministre des
Affaires municipales et ses hauts fonctionnaires. Le concordat comme tel doit
être entériné par le conseil d'administration de l'Union
des municipalités régionales de comté demain, vendredi. On
est en train de décider aujourd'hui, jeudi, du concordat qui va
recevoir, demain, l'approbation du conseil d'administration de l'union. Ce qui
est important pour nous afin de discuter de ces articles, c'est de savoir si,
dans l'entente qu'il y a eu en rapport avec les quatre hypothèses qui
ont été présentées aux unions, le ministre a conclu
que, si l'option retenue par les unions est celle qui apparaît ici, si,
par le fait même, le projet de loi 38 était tout simplement
retiré.
Si on avait, de la part du ministre, une affirmation dans ce sens, cela
nous permettrait d'aller plus loin et d'examiner chacun des alinéas des
amendements qui sont présentés ce soir à la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales. Je pense, M. le ministre,
que c'est aussi simple que cela, dans le fond. Si vous avez garanti aux unions
de municipalités que vous alliez retirer le projet de loi 38 pour le
remplacer par une modification à la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales, je pense que vous pourriez candidement nous
dire: Bien oui! Le projet de loi 38 va être retiré ou il va mourir
de sa belle mort. On ne le garderait plus en suspens au cas où les
municipalités oseraient, pour une raison ou pour une autre, avoir des
difficultés à se conformer à cela. C'est un peu dans ce
sens. Si le ministre nous le disait tout simplement, cela pourrait nous
permettre de continuer à discuter de certains points, car j'aimerais
quand même amorcer avec lui certaines discussions.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Je comprends l'intention.
M. Rocheleau: Simplement pour terminer, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Sachant, M. le Président, que plusieurs de
nos collègues attendent pour amorcer des discussions sur l'ensemble du
projet de loi qui concerne plusieurs ministères, plusieurs changements,
je pense que c'est bien simple à nous dire parce que c'est important
pour nous. On voit cela "flyer en l'air" un petit peu et on ne sait
pas si la poussière ne tombera pas de cela un jour. On voudrait
savoir si cela est disparu. Pour l'ensemble des municipalités du
Québec, je pense qu'il est important de savoir qu'elles sont
soulagées vu que le ministre est arrivé à un accord
quelconque avec les unions de municipalités, ce qui lui permet de
retirer effectivement son projet de loi qui est remplacé par ce qu'on a
devant nous ce soir.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Ce que je peux indiquer au député de
Hull dont je comprends les intentions, c'est que les deux unions sont d'accord
pour que la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales
couvre les tiers, pour que les municipalités ne puissent faire
directement ce qu'elles ne peuvent pas faire indirectement. C'est très
clair dans le texte du concordat que nous avons rédigé ensemble.
En ce sens, l'adoption ce soir par la commission plénière de ce
projet d'amendement à l'article 20 de la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales ne fait que s'inscrire dans la suite logique du
contenu des discussions et des décisions du monde municipal à la
table Québec-municipalités.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, je comprends que la
modification apportée par l'article 20, qui vient couvrir les tiers, est
acceptée par le monde municipal, par les deux unions. Le ministre me l'a
dit, et je comprends cela. Je comprends également, cependant, que cette
modification de l'article 20 pour couvrir les tiers était aussi dans la
foulée des conclusions du concordat. Je comprends aussi que
c'était aussi dans le "package deal", la même enveloppe qui
faisait en sorte que la loi 38 devait être retirée.
À cet égard, à la suite des discussions que le
ministre a pu avoir avec le monde municipal - j'ai quand même lu les
journaux et j'ai quand même eu certaines informations par moi-même;
on discute avec des gens du monde municipal, mais je ne veux
référer à personne en particulier - j'ai quand même
compris clairement, même lors du passage du ministre au dernier
congrès de l'UMQ, que son pari de la confiance, c'était la
signature du concordat, le retrait de la loi 38, l'amendement de la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales. C'était un
"package". C'était un tout.
Aujourd'hui, je peux rappeler la réponse du ministre, il y a
peut-être un mois, à une question que je lui posais lors de
l'étude des crédits. Face au projet de loi 38, qui a quand
même un effet rétroactif à la date de son
dépôt qui remonte à juin dernier, il y a exactement un an,
les paroles du ministre étaient qu'il trouverait indécent qu'un
tel projet de loi ne soit pas adopté plus d'un an après son
dépôt et qu'il demeure toujours au feuilleton. (22 h 10)
Dans le cadre présent, ce qui m'occupe, c'est que la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales peut être
amendée ici ce soir par l'article 20, modifié pour inclure les
tiers. Le concordat a été accepté de bonne foi par l'Union
des municipalités du Québec. D'après ce que j'ai pu
comprendre, elle s'est engagée à le signer la semaine prochaine.
L'UMRCQ l'acceptera probablement demain à son conseil de direction et
s'engagera probablement à le signer la semaine prochaine, en
contrepartie d'une modification à la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales qu'on a ici ce soir.
Je rappellerai, cependant, au ministre que, si c'était un
"package", si c'était un tout, il reste que la modification à
l'article 20, qui va venir affecter directement les municipalités et qui
contient encore, à mon point de vue, des éléments de
discrétion, certains éléments que je trouve même
abusifs à l'égard des municipalités, une certaine
largesse, en tout cas, beaucoup trop grande à mon point de vue - on
pourrait en discuter tantôt - n'a pas été soumise à
ce moment-ci aux deux unions. On accepte le concordat. On devait regarder si la
modification proposée faisait consensus, puisque c'est la suite logique
du concordat, c'est dans la même foulée, et, évidemment,
arriver au bout du compte à retirer le 38.
Est-ce que le ministre pourrait, à tout le moins, confirmer non
seulement pour les unions, mais pour les municipalités du Québec,
tous les maires, tous les conseillers municipaux et l'ensemble de la
population, si effectivement, à la suite du pari de la confiance qu'il a
fait avec les unions et qu'il avait annoncé au congrès de l'Union
des municipalités du Québec, pari de la confiance qui consistait
à signer un concordat, à apporter un amendement à la Loi
sur le ministère des Affaires intergouvernementales, pour couvrir les
tiers, le projet de loi 38 comme tel n'a plus sa raison d'être? Ce
serait, à mon point de vue, indécent, pour reprendre les paroles
du ministre, de maintenir encore cette épée de Damoclès
au-dessus de la tête des municipalités. Cela dure depuis plus d'un
an. Est-ce que le ministre peut nous dire aujourd'hui vraiment s'il va le
retirer?
La session va se terminer la semaine prochaine. À ce jour, je ne
sais pas encore si cette session sera prorogée ou simplement
continuée en octobre prochain. Si c'était le cas, si la session
n'était pas prorogée, mais
simplement ajournée, on pourrait demeurer, encore une fois, avec
le même projet de loi 38 comme une épée de Damoclès
au-dessus de la tête des municipalités. Cela fait trop longtemps
que cela dure, à mon point de vue. Cela ne contribue nullement à
assainir le climat des relations du monde municipal avec le gouvernement.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Sans répondre de façon
définitive à votre question, puisque cette démarche doit
se poursuivre - elle n'est pas encore arrivée complètement
à terme avec l'Union des municipalités et l'Union des conseils de
comté - je dois indiquer, pour être très clair, que je ne
pourrais pas considérer comme correct par rapport à la
démarche faite avec les partenaires municipaux qu'une fois le concordat
signé le projet de loi 38 reste encore là, avec l'amendement que
je viens d'apporter. Je pense avoir déjà suffisamment
indiqué l'ensemble des éléments de la décision et
de la démarche pour que nous puissions procéder à
l'analyse de cet article.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Je vous avoue franchement qu'on a
énormément de difficulté à sortir les paroles de la
bouche du ministre des Affaires municipales. Je ne sais pas s'il y a une
brindille quelque part qui l'en empêche. J'ai pu comprendre - parce que
ça s'en vient, l'affaire - mais je voudrais que le ministre me le
confirme, que, la semaine prochaine, entre autres, l'Union des
municipalités régionales de comté consultera son conseil
d'administration. Il se pourrait que le conseil d'administration le refuse. Si
on tenait compte de cette hypothèse, il est vrai que le ministre
pourrait revenir avec le projet de loi 38 intégral; cela est un fait.
Dans l'hypothèse où le concordat est accepté par l'Union
des municipalités régionales de comté, est signé,
à ce moment, c'est fait, c'est signé, c'est accepté. Si
j'ai bien compris, le ministre a dit que cela ne serait pas correct de
maintenir quand même dans les parages le projet de loi 38. Est-ce que
cela veut dire qu'une fois le concordat signé par toutes les parties en
cause le ministre va, tout simplement, retirer du feuilleton le projet de loi
38?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: J'ai très bien répondu au porte-parole
de l'Opposition que je considérais qu'une fois la démarche
complétée, c'est-à-dire que la signature du concordat
serait faite, compte tenu de l'ensemble de la démarche et des
discussions que j'ai eues avec le monde municipal, il ne serait pas correct que
le projet de loi 38 demeure. Dans cette perspective, comme
élément dans cette démarche, l'adoption de cet article
modifiant l'article 20 de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales fait partie de cette démarche. Je pense que c'est
normal que l'Assemblée l'adopte.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, si on pouvait fermer la
télévision, si on pouvait discuter seul à seul, le
ministre, mon collègue et moi, on pourrait avoir beaucoup plus
d'assurance qu'on a là... Vous allez comprendre, M. le Président,
que le ministre nous confirme que ce ne serait pas correct, mais nous savons
que ce gouvernement fait des choses pas correctes parfois. En affirmant que ce
ne serait pas correct, cela ne veut pas dire pour autant qu'il ne se
permettrait pas de faire une chose qui n'est pas correcte, mais s'il nous
disait que son projet de loi 38 - non pas le sien, parce que ce n'est pas
à lui ce projet de loi; le ministre qui était là n'est
plus là. Il a hérité des pots cassés d'un autre -
mais le ministre des Affaires municipales actuel, je pense, pourrait quand
même nous dire - on pourrait même promettre de ne pas le dire - que
le sacré projet de loi 38 ne restera quand même pas dans l'ombre
si le concordat est signé. En tout cas, vous avez conclu une entente
avec les unions, qui ne sont pas présentes dans les galeries ce soir,
qui n'ont pas de représentants. Si celles-ci en étaient
arrivées à la conclusion que l'amendement que vous
présentez à l'article 20 de la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales était conditionnel à ce que la loi
38 disparaisse, à ce qu'elle soit éliminée, à ce
qu'elle soit retirée... J'espère qu'elles au moins en sont
convaincues et qu'on ne la reverra pas apparaître dans le portrait.
M. le Président, vous discutez avec environ 20 personnes qui sont
autour de l'exécutif et du conseil d'administration de chacune des
unions, mais ces gens représentent plus de 1700 municipalités du
Québec. L'ensemble des municipalités du Québec, qui n'ont
pas la connexion jour après jour avec l'union et ses
représentants, vont certainement se rendre compte que le ministre,
à la suite de l'accord qu'il a conclu avec les deux unions, a
confirmé le fait que la loi 38 n'était plus nécessaire,
elle a été retirée et remplacée par l'amendement
à la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales
à l'article 20, et cela va l'affaire. À ce moment-là, je
pense que les
municipalités vont respirer d'aise et vont dire: On n'a plus
cette épée qui pend sur nous. C'est cela.
Le ministre est quand même allé au congrès et,
devant tout le monde, il a parié par rapport à sa confiance.
Parfois on parie et on perd. Je ne voudrais pas que le monde municipal pour
autant ait perdu la confiance qu'il avait dans le ministre des Affaires
municipales depuis que le nouveau ministre des Affaires municipales lui a fait
cet énoncé. C'est dans cette foulée qu'on vous demande
uniquement de nous le confirmer. Si on reprenait votre discours, on pourrait
détecter sûrement que vous êtes d'accord avec le fait qu'il
faille que ce soit retiré, mais vous laissez un suspense, M. le
ministre. M. le Président, vous avez entendu le ministre tantôt;
il laisse un suspense. Le suspense a terrifié le monde municipal au
cours de la dernière année. Je pense que ce serait tout à
fait opportun de clarifier la question une fois pour toutes, parce qu'il est
évident... Je ne veux pas recommencer tout cela. Je ne voudrais pas
être obligé de reprendre demain matin toutes les paroles que le
ministre nous a dites ce soir à mon collègue et moi et tenter de
trouver dans une phrase une mesure qui nous laisserait croire que le projet de
loi a été retiré. Le ministre pourrait dire: Je le sais,
j'ai eu un accord avec les unions et on a conclu que le projet de loi 38 allait
être remplacé par les modifications qu'on apporte. En tout cas,
j'ai l'impression que mon collègue a demandé au ministre... Moi
aussi, j'ai demandé au ministre... Je sais qu'il y en a d'autres qui
attendent dans le passage pour nous remplacer afin de discuter d'autre chose,
mais j'aimerais que l'on puisse clarifier. (22 h 20)
M. le ministre, vous le savez et vous aussi, M. le Président,
vous avez été ici pendant des heures et des heures et même
des nuits à discuter du fameux projet de loi 38. On sait toutes les
misères, toutes les difficultés qu'on a eues. On sait que tous
les parlementaires dans cette Chambre ont parlé tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition.
Finalement, il y a eu un éclair de génie. Des rencontres ont
été amorcées entre les unions. Il semble y avoir une
entente possible. On voudrait tout simplement savoir, quant à nous,
d'après le travail que nous avons fait de façon très
positive, où nous sommes rendus. On est à adopter un projet de
loi avant même que les municipalités n'aient confirmé leur
accord.
Je suis conscient du fait que le ministre doit se réserver une
carte et dire: Tout à coup elles ne l'adopteraient pas, elles ne
signeraient pas le concordat. Je serais obligé d'être d'accord
avec le ministre pour dire: Si elles ne signent pas le concordat, même si
on n'aime pas le projet de loi 38, qu'on se battrait encore là-dessus,
il aurait la carte pour revenir avec ce projet de loi. Mais, si le concordat
est signé, le projet de loi 38 tombe. C'est tout ce qu'on veut savoir,
pas plus.
Le Président (M. Rancourt): Avant de donner la parole au
ministre des Affaires municipales, je veux souligner que le temps de parole
accordé en étude sur un article est sur le point de se terminer
pour chacun des intervenants, ou presque. M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Je serai très bref en ce qui me concerne. J'ai
déjà répondu à la question du député
de Hull et à celle du député de Laprairie.
Le Président (M. Rancourt): Donc, j'appelle le nouvel
article 61.1. Est-ce que cet article est adopté?
M. Saintonge: M. le Président, j'aurais une question
à l'alinéa 1, paragraphe 2.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Donc, à l'alinéa 1 du paragraphe 2 du
nouvel article 20, on dit: Contourner la prohibition prévue par le
paragraphe 1 en étant affecté par une entente conclue entre un
tiers et un gouvernement, un ministère ou un organisme visé
à ce paragraphe. Je voudrais avoir le sens exact des mots "étant
affecté" que le ministre veut ajouter dans sa loi.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Marcoux: Les mots "étant affecté" veulent dire
tout effet qui touche la municipalité directement ou indirectement.
C'est ce que cela veut dire.
M. Saintonge: Si je comprends le terme, justement, "étant
affecté" directement ou indirectement, c'est un terme extrêmement
large et qui apporte une discrétion assez grande, à mon point de
vue. Au fond, ce qu'on veut faire par l'article modifié, c'est de
couvrir les tiers ou la municipalité. On peut couvrir l'acte des tiers.
Selon moi, si on veut couvrir l'acte des tiers, ce sont les
municipalités qui pourraient participer de façon indirecte
à un acte des tiers qui pourrait favoriser la municipalité. Je
pense que c'est cela. Je verrais davantage...
M. Marcoux: Pouvez-vous reprendre votre dernière
phrase?
M. Saintonge: Oui. Je dis que la disposition en question, ce
qu'on veut couvrir, ce sont les actes des tiers par
lesquels les municipalités pourraient bénéficier
davantage. Donc, c'est une question indirecte. En disant "étant
affecté", on entre dans un domaine assez large. Je pense que ce qu'il
serait important de couvrir - je ne sais pas si c'est l'intention du ministre -
mais, à mon point de vue, ce qu'il est important de couvrir, c'est
l'acte d'un tiers auquel la municipalité pourrait participer pour
contrevenir indirectement à la prohibition de la loi, dans le premier
paragraphe de l'alinéa 1 de l'article 20.
Je pense qu'on pourrait délimiter clairement le débat.
Pour faire en sorte que les municipalités sachent exactement où
on loge, il serait préférable de dire: de contourner la
prohibition prévue par le paragraphe 1 en participant à une
entente conclue. Il faudrait sanctionner l'acte d'une municipalité qui
vient participer indirectement à une entente. Quand on dit "étant
affecté", la municipalité peut n'être concernée
d'aucune façon dans les discussions ou dans la contravention d'une
façon indirecte. Par exemple, si une subvention est donnée
à un Club optimiste pour un terrain de loisirs qui appartient à
la municipalité, la municipalité n'a peut-être pas son mot
à dire, sauf le fait que, vue que le Club optimiste utilise un terrain
municipal, on peut dire: Vous êtes affectés par cela et vous devez
faire en sorte de barrer cette subvention qui est accordée sur votre
territoire parce que vous en profitez indirectement.
Donc, je pense que ce qu'on devrait couvrir, selon moi, vis-à-vis
de l'acte des tiers ou d'un tiers auquel la municipalité participerait,
c'est justement en employant le mot "participer" et non pas "étant
affecté". Il peut arriver que ce ne soit pas à sa connaissance
qu'elle soit affectée par un acte quelconque entre un tiers et le
gouvernement fédéral, par exemple, sur une question de
subvention.
M. Marcoux: Oui, mais à ce moment-là...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Marcoux: ...c'est l'article suivant qui répond à
votre préoccupation. La municipalité pourra justement le faire.
Si on inclus l'alinéa qui suit, c'est à la demande de l'Union des
municipalités régionales de comté qui avait
participé aux débats sur la loi 38 en indiquant qu'il fallait
donner la possibilité à la municipalité de prouver qu'elle
n'avait pas participé aux actes qui auraient pu être commis.
Quand vous parlez d'affecter versus participer, je pense qu'il y a une
différence très importante. Je vais vous donner un exemple
très flagrant: le gouvernement fédéral donne une
subvention de 1 000 000 $ à une chambre de commerce ou à une
association de marchands pour refaire les aqueducs et les égouts au
centre-ville. Cela s'est passé dans une municipalité du
Québec. Il n'y avait pas d'entente écrite, il n'y avait pas de
document écrit, donc, elle n'a pas participé; bien voyons! Elle a
été touchée par cela car 1 000 000 $ d'investissement
s'est fait dans le secteur des aqueducs et des égouts de la
municipalité. Cela s'est fait par un tiers.
Ce qui va se passer à l'avenir, selon l'article ici
proposé, c'est qu'il pourra y avoir une démarche de faite
auprès des tribunaux pour invoquer la nullité de cette entente ou
la nullité de l'acte qui a été posé indirectement
en faveur de la municipalité et la municipalité pourra faire
valoir, selon l'alinéa suivant, qu'elle n'était pas partie, ni
directement ni indirectement, et qu'elle a fait des démarches pour
respecter la loi.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Mon point de vue sur l'exemple que le ministre a
donné est qu'il ne faut pas faire preuve d'innocence et de
naïveté non plus. Dans le cas que vous avez souligné,
à supposer que cela ait pu se produire ou que cela se produirait, dans
le cas d'une chambre de commerce qui accepterait une subvention de 1 000 000 $
du gouvernement fédéral pour faire des aqueducs et des
égouts pour la municipalité, il est évident que la
municipalité aurait son mot à dire là-dedans.
Même si la subvention n'est pas donnée directement à
la municipalité, indirectement, la municipalité va participer
à cet acte. Il est évident qu'il n'y a pas une chambre de
commerce qui va se permettre d'aller creuser sur les terrains publics des
municipalités, dans les rues municipales, pour faire des raccordements
avec les maisons privées, faire des aqueducs et des égouts; cela
n'a pas d'allure, c'est évident. Il ne faut pas être naïf
à ce point. Si on dit "participe", elles vont dire qu'elles ne
participent pas dans tous les détails. Une preuve de participation, ce
n'est pas d'écrire sur un papier: Oui, je suis d'accord et je participe
à cela. Il est évident qu'il y aura eu des consultations
préalables à cet effet, il y aura eu un accord de la
municipalité et c'est dans ce sens qu'elle aura participé
à un acte précis.
L'autre problème qui peut se poser en disant "étant
affecté", c'est celui, par exemple, d'un club de l'âge d'or qui
est situé dans un local communautaire propriété de la
municipalité. Si un club de l'âge d'or retire une subvention du
gouvernement afin de faire l'aménagement de son local, non pas
l'aménagement physique, mais pour l'achat de
matériel, on dirait simplement que la municipalité est
affectée parce que les gens, dans leur propre local, pourront utiliser
le matériel en disponibilité dans le local de la
municipalité. La municipalité est affectée par cela, donc,
la municipalité devra, selon l'alinéa 2, prouver qu'elle a pris
tous les moyens raisonnables pour empêcher l'âge d'or d'aller
chercher cette subvention. On sait que la subvention n'est pas destinée
à la municipalité, elle vise le club de l'âge d'or. La
municipalité ne participe pas à cela et n'a pas à se
mêler de cela, à mon avis.
M. Marcoux: D'accord.
M. Saintonge: Cependant, si la municipalité participe
directement, par un à-côté, à la dépense
d'une subvention par le biais d'un organisme quelconque, elle sera clairement
en contravention du paragraphe 1 de la loi. À ce moment, un geste
précis est posé. Ce que je pense qu'il faut sanctionner, c'est un
geste positif, c'est une municipalité qui aura posé un geste
allant en contravention de l'alinéa 1. S'il n'y a pas de geste positif
et qu'elle subit les conséquences de l'affectation d'une somme par le
fédéral, c'est rendu trop large; il est évident que les
municipalités seront dans une situation instable et impossible à
contrôler. Le ministère sera inondé de demandes pour savoir
si telle chose est permise ou pas et ce qui va arriver. Attendez, on
réglera cela à la cour, attendez l'action en nullité, mes
amis. Cela va durer une couple de mois, les subventions vont passer et on va
attendre encore.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales. (22 h 30)
M. Marcoux: Je pense qu'il faut aussi faire confiance au jugement
de ceux qui seraient appelés à prendre des actes en
nullité, puisque ce sera...
M. Saintonge: Oui.
M. Marcoux: Non. La confiance aussi aux gens des
municipalités impliquées pour savoir si l'acte qu'ils vont poser
est susceptible d'être déclaré nul. Contrairement à
ce qui était prévu dans la loi 38, comme il n'y avait pas de
recours possible de la municipalité pour indiquer qu'elle n'a pas
été partie liée, ni directement ni indirectement à
cet acte, je pense qu'il y a un équilibre qui est atteint.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Le ministre vient justement de parler de l'acte que
la municipalité va poser. En employant les mots "étant
affecté", jamais la municipalité n'a besoin de poser un acte pour
être prise dans le dédale du paragraphe 2 de l'alinéa 1.
C'est cela qui est malsain à mon point de vue et qui fait en sorte que
l'interprétation qu'on veut donner, la discrétion trop grande
qu'on laisse... Qui va déterminer si oui ou non cela a été
affecté. Quand va-t-on le décider? De quelle façon le
maire d'une municipalité pourra-t-il décider? En disant: Si le
député fédéral a accordé une subvention au
Club optimiste, par exemple - dans mon comté, c'est arrivé - pour
un service de lumières que la municipalité ne pouvait pas
fournir. Le Club optimiste a dit aux gars qui jouent à la balle: On vous
le paie. Si c'est le Club optimiste, cela va être correct, mais si c'est
le gouvernement fédéral, ce ne sera pas correct, parce que cela
influence la compétence du gouvernement provincial en matière de
subventions. Je pense que cela ne fonctionne pas. Si le gouvernement
fédéral subventionnait dans un cas semblable un système de
réflecteurs pour un club de balle qui serait sur un terrain municipal,
la municipalité donne le terrain, mais la municipalité ne
participe pas directement à cet acte. Tant mieux si le Club optimiste
aménage un terrain et si c'est permis dans ce cadre, d'accord. Ce n'est
pas une question d'empêcher tout acte du gouvernement
fédéral de cette façon. Ce que je voudrais qu'on couvre -
c'était l'objet que le ministre visait, je crois - c'est que cela prend
un acte de la municipalité pour participer à l'acte d'un tiers.
En disant "en étant affecté", c'est beaucoup trop large à
mon point de vue et on ouvre une porte tellement grande qu'on va être
dans l'imprécision absolue.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, sans resituer tout
cela dans son contexte général, tout en comprenant la plaidoirie
du député qui trouve que le mot "affecté" est plus large
que les mots "ayant participé" - c'est évident - je pense qu'il
ne faut pas être naïf de part et d'autre. Les municipalités
se sont vues placées dans une position extrêmement difficile pour
des élus municipaux, compte tenu du bar ouvert qui provenait du
gouvernement fédéral dans des circonstances qu'on connaît
et, en fin de compte, on faisait miroiter la possibilité d'augmenter des
services aux citoyens. Évidemment, nous aussi, on veut que les services
aux citoyens augmentent; on trouve cela parfait. On se dit que, dans le fond,
il y a une façon bien simple de faire cela d'une façon
ordonnée sur le territoire du Québec, c'est de respecter les
dispositions de la constitution et de faire en sorte que par voie d'entente on
puisse les distribuer et que
les municipalités entre elles fassent des arbitrages dans le
cadre des attributions constitutionnelles normales. Dans ce contexte, on en
arrive à ce concordat que mon collègue a fort bien
expliqué et le ministère des Affaires intergouvernementales voit
sa loi modifiée. Il faut que cette modification, encore une fois, tout
en tenant compte du fait que nous faisons a priori confiance aux
municipalités... Il faut quand même se donner un certain nombre de
moyens en tenant pour acquis que l'immense majorité des
municipalités du Québec respectera la lettre comme l'esprit du
concordat. J'en suis convaincu. J'en suis convaincu, d'autant plus que j'ai eu
l'occasion de rencontrer les présidents des deux unions avec mon
collègue. Je suis convaincu qu'il y a, chez les municipalités,
une volonté très ferme, très précise de faire en
sorte qu'on puisse, par voie d'entente, distribuer l'argent des contribuables
du Québec en matière municipale par l'intermédiaire des
structures québécoises.
Prenons l'exemple d'un parc. Il peut arriver que des équipements
considérables impliquant pour la municipalité des frais de
fonctionnement éventuels fassent l'objet d'un transit par un tiers, sans
pour autant qu'il y ait stipulation précise pour la municipalité.
Il ne faut pas être naïf. Cela pourrait arriver à certains
endroits et la loi telle que rédigée permettra d'intervenir. Je
pense qu'elle aura surtout un caractère préventif compte tenu des
circonstances. Mais on ne peut pas se priver, comme État, du moyen de
faire respecter la loi dans les circonstances où serait fait
indirectement non seulement ce que la loi interdit directement de faire, mais
ce que le concordat vise à empêcher de faire. Il faut
évidemment, encore une fois, faire confiance au jugement et à
l'attitude des municipalités, mais il faut aussi faire un minimum de
confiance aux instruments que l'État se donne pour s'assurer que les
règles du jeu soient respectées par tout le monde. Il est
évident que le texte qu'aurait peut-être souhaité le
député, à nos yeux, pourrait être trop restrictif et
limiter l'appareil des moyens. Il est évident que ce texte donne plus
d'instruments, mais, encore une fois, c'est une affaire d'équilibre dans
l'exercice du jugement, que ce soit par le Procureur général ou
le ministre responsable de l'application de la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Est-ce que le ministre est d'accord avec ce qu'on
veut viser face aux dispositions au paragraphe 2 de l'alinéa 1? Au lieu
de retirer directement, c'est indirectement que la municipalité en
bénéficie, mais, à ce moment-là, il faut qu'elle
participe. Il faut sanctionner, pour les municipalités, un acte
quelconque. Je pense que c'est cela.
M. Johnson (Anjou): Ce n'est pas...
M. Saintonge: Ce n'est pas que la municipalité va fermer
les yeux. Dans certaines circonstances, il pourrait arriver que la
municipalité n'ait absolument rien à faire avec une subvention
qui peut être accordée sur son territoire. Puisque c'est sur un
territoire municipal, puisque cela touche des citoyens, des contribuables de la
municipalité, on peut, en élargissant l'interprétation
évidemment, dire que la municipalité va être
affectée par cette subvention.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais, par contre...
M. Saintonge: Même si la municipalité, le conseil
municipal n'a d'aucune façon trempé là-dedans, n'a
nullement été consulté et n'a nullement participé
à quelque négociation ou quelque entente que ce soit,
étant affecté, il va se sentir visé par le paragraphe 2 de
l'alinéa 1. Cela m'apparaît invraisemblable qu'on vienne
sanctionner un conseil municipal de cette façon, surtout quand on dit
que c'est un partenaire majeur du gouvernement et surtout quand le ministre
parle de confiance dans ce cas-là.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président,
précisément, cette confiance doit être réciproque.
Ce qu'on dit, c'est que, dans un tel cas, si jamais le Procureur
général qui est responsable de l'application de la loi ou le
ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes décidait d'intervenir, il y a moyen de plaider, en vertu du
paragraphe suivant, la bonne foi de la municipalité. On peut
présumer que le Procureur général n'aime pas perdre en
cour, pas plus que n'importe quel autre, et qu'il va s'arranger pour s'asseoir
sur un bon dossier. Par contre, le paragraphe 2, qui parle de contourner la
prohibition prévue par le paragraphe premier en étant
affecté, nous permet de nous donner une certaine assurance que
l'opération de se fermer les yeux ne devienne pas systématique
à certains endroits. Il y a là un instrument très clair
pour faire en sorte que, là où l'esprit et la lettre du concordat
comme de nos lois, comme des principes qui sont en cause à
l'égard de la distribution des assiettes fiscales des
Québécois, il n'y a pas ouverture à ce que, par
passivité, on change les règles du jeu.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, on va arriver à
l'alinéa 2 et le ministre de la Justice pourra quand même convenir
avec moi, immédiatement, que l'alinéa 2 tel que
rédigé est quand même un régime d'exception au point
de vue de la preuve. On transfère ici le fardeau de la preuve à
la municipalité. Je trouve vraiment dommage que le gouvernement agisse
de cette façon, en modifiant le système de droit usuel et en
transférant le fardeau de la preuve aux municipalités dans un tel
cas. La façon dont on l'entend, l'épée de Damoclès
qu'on reproche d'être présente, dans le projet de loi 38,
au-dessus de la tête des municipalités va rester avec une telle
rédaction de l'article 20 de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales.
Vous avez une situation qui, pour une municipalité, n'est pas
claire et qui, pour un conseil municipal, n'est pas claire. Il y aura toujours
la menace que le Procureur général ou le ministre responsable de
l'application de la loi prenne une action contre la municipalité. On se
retrouvera trop souvent, dans le domaine municipal, dans un cas qu'on a connu
au cours de la dernière année, où les gens du monde
municipal qui ne sont pas les conseils municipaux, soit les maires ou les
conseillers, des gens qui ont une formation juridique, et même si
c'étaient des personnes qui avaient une formation juridique... On veut
quand même obtenir la sanction du ministère des Affaires
municipales sur certaines données, sur certaines subventions qui ont pu
être accordées à des organismes. (22 h 40)
Je pourrais vous nommer des municipalités qui sont aux prises
avec ce phénomène. On attend. On ne demande pas au gouvernement
ce qui arrive dans ce cas-là, si oui ou non, dans de telles
circonstances, on tombe sous la coupe de la loi 38. On dirait: Est-ce que, oui
ou non, dans de telles circonstances, on tombe sous la coupe de l'article 20,
alinéa 1, paragrahe 2 et alinéa 2? On ne le saura pas
jusqu'à ce qu'on ait été à la cour. Il n'y aura pas
de disposition. Le ministère ne nous dira pas: Non, il n'y a pas de
problème. Il n'y a aucun mécanisme qui dira à ce moment
que le ministre responsable ou le ministre des Affaires municipales pourra
arriver à dire aux municipalités: D'accord, je reconnais que vous
ne pouvez tomber sous la coupe de la loi dans ce cas. Vous êtes dans une
situation qui est claire pour nous et qui ne porte pas à
réprimande. C'est là le problème. Je ne sais pas ce que le
ministre de la Justice a à me dire là-dessus.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je ne voudrais pas
reprendre des arguments à n'en plus finir. Il s'agit d'arrêter de
se faire des procès d'intention de part et d'autre. Le gouvernement n'en
fait pas aux municipalités et on présume que les
municipalités n'en font pas à l'Etat. Nous n'avons pas
l'intention d'en faire à l'Opposition et on espère que c'est
réciproque.
Ceci dit, il s'agit de se donner un minimum d'instruments qui sont
parfaitement légitimes pour un État qui a la
responsabilité, face à l'ensemble de la population, de faire
respecter un certain nombre de dispositions en matière de droit
constitutionnel et à l'égard du maintien des institutions
municipales, de leur évolution et de leur développement au
Québec depuis un certain nombre d'années.
Encore une fois, cet article n'est pas abusif. Il aurait pu y avoir des
alternatives, on n'en disconvient pas. Il s'agit de retenir le principe que
cette loi, on le sait, n'a pas à être appliquée souvent et
l'État ne peut abdiquer sa responsabilité de coucher dans la loi,
notamment cette Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales,
un certain nombre de dispositions et d'instruments qui puissent être
efficaces en cas de sanctions.
Je pense que l'équilibre général de la loi,
l'équilibre particulier, vu l'évolution de ce dossier depuis un
certain nombre de mois, fait qu'il y a là une sorte de compromis normal
entre les intérêts tels que compris comme étant les
intérêts de l'État en général et les
intérêts parfaitement légitimes des municipalités de
se voir traitées avec confiance. C'est ce que je pense que cette loi
fait.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, je pense que la question
n'est pas de demander à l'État d'abdiquer ses
responsabilités. Ce n'est absolument pas cela. Ce que je voudrais, c'est
qu'on clarifie la situation pour que le monde municipal comprenne ce qui en
est. Puis, si on veut maintenir le terme "étant affecté" au
paragraphe 2 de l'alinéa 1, à mon point de vue, ce serait
à tout le moins de rétablir, à l'alinéa 2, le
régime de preuves usuelles qu'on rencontre dans le droit normal,
c'est-à-dire de ne pas faire un renversement du fardeau de la
preuve.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): II faut bien se comprendre. Je ne pense pas
qu'on puisse parler des droits individuels et le reste. La notion de
renversement du fardeau de la
preuve est une chose qui, a priori, répugne, au sens juridique du
mot "répugner", au droit coutumier, mais en matière de droits
individuels... Nous sommes dans du droit administratif, dans des circonstances
particulières, entre corps publics, l'un d'un niveau qui procède
de l'autre dans la mesure où l'État est l'émanateur des
municipalités qui en émanent. Je pense que c'est bien
évident qu'on ne peut présenter cela avec une vision civiliste ou
une vision de droit criminel ou de droit pénal. Dans les circonstances,
dans la mesure où il s'agit de droit administratif et de rapport entre
deux ordres de gouvernement dont l'un procède de l'autre, je ne pense
pas que les arguments généraux à l'égard du
renversement du fardeau de la preuve ici puissent avoir tout à fait la
même résonance. Ceci dit, je prends bonne note des commentaires du
député.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je comprends qu'il n'est pas question d'apporter de
modifications à l'article tel que présenté. C'est bien
cela?
M. Johnson (Anjou): Si vous le désirez, je n'ai pas
d'objection, à consulter mon collègue des Affaires municipales,
puis à suspendre l'article jusqu'à demain, si vous voulez que, de
part et d'autre, si vous pensez qu'il y a des solutions. Qu'on se comprenne
bien sur les principes qui sont en cause. S'il y a du raffinement à
apporter à un des paragraphes, on peut bien regarder cela,
jusqu'à demain.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Avant de suspendre cet article, je voudrais
simplement poser une question soit au ministre de la Justice ou au ministre des
Affaires municipales pour savoir, au sujet des amendements qu'on discute ce
soir, si les unions ont accepté ou si c'est un projet modifié
qu'on nous présente ici ce soir dans le concordat à être
signé par les deux unions. Est-ce que c'est le texte intégral que
nous avons ce soir ou est-ce que c'est un texte modifié?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: II n'y a eu aucune discussion de texte légal
à la table de Québec-municipalités. Il y a eu la
reconnaissance de principe qu'il devrait y avoir un amendement à la Loi
sur le ministère des Affaires intergouvernementales, pour que les tiers
soient couverts et que ce ne soit pas couvert pour la forme, mais qu'il puisse
y avoir véritablement des actions légales qui puissent être
entretenues, qui puissent être prises puisque, dans le concordat
lui-même, on inscrit que les unions et nous acceptons que, y compris par
le recours aux tribunaux, le gouvernement puisse faire respecter la
compétence du Québec et le fait qu'il ne puisse y avoir de
dépenses directes faites par le gouvernement fédéral, par
une municipalité, un organisme ou un tiers qui agirait en son nom. Il
n'y a pas eu de discussion. Il n'y a pas eu de projet légal, de texte de
loi présenté aux unions. Je pense que ce n'est pas l'habitude.
D'habitude, on s'entend sur les principes. Je veux dire que c'est au
législateur de convenir de la formulation à lui donner.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Dans le cadre du principe global qui doit
s'inscrire à l'intérieur du concordat, il n'en demeure pas moins
qu'il y a la phraséologie de chacun des articles qui fait en sorte qu'on
retrouve aujourd'hui ce que mon collègue mentionnait tantôt, que
le fardeau de la preuve, c'est la municipalité qui l'a. Nous
souhaiterions peut-être laisser de côté cet article pour le
moment afin de permettre à nos autres collègues d'y aller et on
pourra revenir, autant avec nos suggestions qu'avec les vôtres, si vous
trouvez une modification qui pourrait satisfaire davantage les deux
parties.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Demain...
M. Johnson (Anjou): Demain matin?
M. Saintonge: Pour autant qu'on peut avoir une garantie qu'il y a
une ouverture possible. On ne travaillera pas là-dessus s'il n'y a pas
d'ouverture possible de votre côté.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: Vous savez comment fonctionnent les commissions
parlementaires. Il peut y avoir des ajustements possibles, mais il faut
être très clair que c'est évidemment dans le sens où
la loi peut avoir des conséquences pratiques. Cela ne donne rien de
légiférer pour dire que, théoriquement, il peut y avoir
des actes ou ne pas y avoir d'actes. D'accord.
M. Saintonge: Suspendu, M. le Président, jusqu'à
demain.
Le Président (M. Rancourt): Donc, il y a entente pour que
l'article 61.1 soit suspendu jusqu'à demain.
M. Marcoux: Un instant!
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Affaires
municipales.
Une voix: L'article 20 est suspendu.
Le Président (M. Rancourt): L'article 61.1.
M. Marcoux: C'est cela, l'article 61.1.
M. Saintonge: L'article 61.1 du projet de loi omnibus est
suspendu. Cela concerne l'article 20 de la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales. C'est cela?
M. Marcoux: Là, on me demande de demander à la
commission de se prononcer favorablement sur le fait qu'une partie de l'article
93 du projet de loi 84 qui sera étudiée plus tard dira que
l'article 46.1 a effet à compter de la date où sera
remplacé le directeur actuel du service de l'évaluation de la
communauté urbaine par un nouveau directeur. L'explication, c'est que
l'article 46 est l'article qui modifie la définition de l'expression
"directeur de service" dans la Loi sur la communauté urbaine de
Montréal pour y enlever, par concordance, la mention de "directeur du
service de l'évaluation nommé en vertu de la Loi sur la
fiscalité municipale". Or, on voudrait avoir l'accord pour que, lorsque
l'article 93 du projet de loi 84 sera étudié, vous acceptiez de
modifier l'article 46.1.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: C'est tout simplement pour qu'il y ait concordance
entre la nomination et la date de l'entrée en vigueur? (22 h 50)
M. Marcoux: C'est cela.
M. Saintonge: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): Cette modification à
l'article 93, non...
M. Saintonge: Adopté, quant à nous. Ce sera
adopté éventuellement.
Le Président (M. Rancourt): Demain, à une
prochaine...
M. Saintonge: Au niveau des Affaires municipales, on est d'accord
avec le principe.
Le Président (M. Rancourt): D'accord. Il y a un accord
entre les deux partis ici, mais on l'adoptera demain à un moment
donné ou à une prochaine occasion.
M. Saintonge: Ce sera repris dans le cadre de l'article 93, mais
il y a concordance. Quant à nous; c'est adopté.
Le Président (M. Rancourt): Parfait. Merci. Nous allons
donc revenir à l'article 1.
M. Marx: Peut-on appeler le ministre dans le fumoir?
Le Président (M. Rancourt): Nous allons permettre à
ceux qui sont ici de quitter et nous allons accueillir les autres.
M. Marx: Nous sommes prêts, M. le Président.
Une voix: Nous sommes prêts aussi.
M. Marx: Mais on veut commencer avec le député
d'Anjou. Est-ce qu'on commence avec le ministre de la Justice? J'ai des
remarques générales à faire. M. le Président,
est-ce que le parrain de ce projet de loi est ici? Sinon, on peut ajourner.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: M. le Président, comme ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, je suis
présente et disponible et, comme ce projet de loi concerne largement mon
ministère, si on souhaite procéder maintenant, je suis
disponible.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: On étudie le projet de loi 84
présenté par M. Pierre-Marc Johnson, ministre de la Justice. Je
pense qu'il faut qu'il soit là. Il est difficile de discuter son projet
de loi sans lui.
Modifications à la Loi sur
l'accès
aux documents des organismes
publics et sur la protection des
renseignements personnels
Le Président (M. Rancourt):
Effectivement, je viens d'appeler l'article 1. M. le ministre de la
Justice est présent. M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Nous avons devant nous la Loi modifiant diverses
dispositions législatives. Si on lit les notes explicatives...
J'aimerais ne lire que les premier et dernier paragraphes: "Ce projet de loi
modifie plusieurs dispositions législatives. Parmi ces modifications,
certaines sont de nature technique et d'autres n'ont pour but que de faciliter
l'application des lois visées, notamment dans les domaines qui suivent."
Et il y a une liste.
Le dernier paragraphe des notes
explicatives: "Enfin, ce projet comporte d'autres modifications qui sont
principalement de nature technique et qui ont pour but de faciliter
l'administration des lois visées."
Je soutiens que les dispositions, les articles qu'on vient de discuter
sur le droit municipal sont des articles de fond. Le ministre des Affaires
municipales aurait dû présenter un projet de loi
séparé. Les lois omnibus ne servent pas à faire adopter en
cachette d'autres lois. Je ne comprends pas pourquoi le ministre des Affaires
municipales n'a pas présenté ou déposé son propre
projet de loi sur les Affaires municipales. Pourquoi nous fait-il perdre...
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous
permettez...
M. Marx: Un instant!
M. Johnson (Anjou): Sur une question de règlement, M. le
Président.
M. Marx: Je ne sais pas pourquoi...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre... S'il vous
plaît!
M. Marx: II n'y a pas de question de règlement ici, M. le
ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous
permettez...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Marx: J'espère que vous avez déjà appris
cela.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Johnson (Anjou): M. le Président, est-ce que je
pourrais vous demander de rappeler à l'ordre le député de
D'Arcy McGee? Nous sommes en ce moment à l'étude
détaillée du projet de loi.
M. Marx: Quel article, M. le Président?
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! M. le
député de D'Arcy McGee a posé un certain nombre de
questions. Le ministre de la Justice me demande la parole pour pouvoir
répondre à ces mêmes questions. Je crois qu'il est normal
que je laisse parler le ministre de la Justice.
M. Marx: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Rancourt): Si vous n'avez pas
terminé, je vous entendrai.
M. Marx: C'est cela. Voulez-vous expliquer au ministre de la
Justice qu'il n'y a pas de...
Le Président (M. Rancourt): Je n'ai pas donné de
question de règlement, absolument rien.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): J'ai tout simplement dit qu'il
était normal que vous posiez des questions et que le ministre de la
Justice puisse y répondre. Vous me dites, M. le député de
D'Arcy McGee, que vous n'avez pas terminé. Donc, je vous redonne la
parole.
M. Marx: Je voulais vous demander de rappeler au ministre qu'il
n'y a pas de question de règlement dans cette commission.
Le Président (M. Rancourt): C'est déjà fait,
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Johnson (Anjou): Come on. Get on with it.
M. Marx: Voici la question que j'aimerais poser au ministre.
Étant donné tout ce que j'ai dit, pourquoi n'a-t-il pas
demandé au ministre des Affaires sociales de déposer son propre
projet de loi?
M. Johnson (Anjou): On a parlé des Affaires municipales,
tout à l'heure.
M. Marx: Des Affaires municipales, je m'excuse.
M. Johnson (Anjou): Bon, d'accord.
M. Marx: Pourquoi le ministre des Affaires municipales n'a-t-il
pas déposé son propre projet de loi, étant donné
que ce n'étaient pas des modifications techniques, mais bien des
modifications de fond? Nous avons pris trois heures, tout le monde ici, et je
pense que ce n'est pas dans l'ordre normal des choses de procéder de
cette façon. Son prédécesseur, l'ancien ministre de la
Justice, le député de Chicoutimi, a toujours évité
qu'on fasse, dans ces projets de loi omnibus, des sections qui couvriraient une
autre matière tout en étant des articles de fond.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Je ne veux pas m'engager dans cette voie. Je
pense que le député a eu l'occasion, en deuxième lecture,
de faire ses affirmations. Nous sommes en ce moment à l'étude du
projet de loi article par article ou, enfin, à l'étude
détaillée, comme on le dit dans le nouveau règlement. Il
est exact qu'un certain nombre de dispositions législatives en
matière de droit
municipal sont affectées par ce projet de loi omnibus, comme cela
peut arriver. C'est considéré comme un instrument utile, c'est
considéré comme un instrument adéquat conformément
au règlement. Je pense que le long et fructueux échange qui a eu
lieu entre les collègues du député de D'Arcy McGee, de ce
côté de la Chambre, et mon collègue des Affaires
municipales ont démontré que ces choses pouvaient se
régler. Je ne vois pas l'utilité de rechigner sur ce qui aurait
dû être au subjonctif, au conditionnel ou au passé.
Pour l'essentiel, nous avons terminé l'étude
détaillée des articles en matière municipale. Je pense que
ma collègue de la Sécurité du revenu et de la
Main-d'Oeuvre est prête à procéder à l'étude
des autres articles du projet de loi.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Si le ministre a voulu présenter un projet de loi
qui contient des articles de fond en matière municipale, il aurait
dû le dire dans ses notes explicatives. Pourquoi, dans les notes
explicatives, parle-ton de modifications techniques, etc.? Pourquoi n'a-t-il
pas dit, dans les notes explicatives, ce qu'il veut vraiment faire? Si c'est
trop tard pour corriger ce projet de loi, pour demander au ministre des
Affaires municipales de déposer un autre projet de loi, mais j'aimerais
demander au ministre qu'à l'avenir, quand il déposera un projet
de loi omnibus, ce soit vraiment un projet de loi omnibus qui ne fasse pas
perdre le temps à tout le monde; que ce soit un projet de loi omnibus
qui touche des modifications techniques, des corrections, etc., et qu'il ne
revienne pas avec un projet de loi semblable à la prochaine session. Je
pense que son prédécesseur a pris toutes les précautions
pour éviter ce genre de loi et je pense que c'est au ministre de le
faire aussi.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, brièvement,
sur les vertus des projets de loi omnibus en général, il y a un
précédent remarquable dans l'histoire législative
canadienne, lequel a permis à l'État fédéral
d'abolir l'aspect criminel de l'homosexualité dans notre
société par un projet de loi omnibus. Je pense que quelques
dispositions, dans le projet de loi omnibus, concernant les affaires
municipales à l'égard de la concordance quant à certains
programmes, quant à certaines décisions gouvernementales qui ont
été prises, ainsi que la clarification d'un certain nombre de
projets de loi constituent malgré tout la limite raisonnable de ce que
peut faire un projet de loi omnibus. Je prends cependant bonne note des
préoccupations du député qui, sans doute, nous aurait
reproché de déposer un projet de loi en matière municipale
trop mince, si on avait fait ce projet de loi.
M. Marx: ...
M. Johnson (Anjou): ...mais qui, par contre, trouve ce projet de
loi omnibus trop complexe à son goût. Comme on sait qu'on ne peut
jamais avoir raison avec le député de D'Arcy McGee, à un
moment donné, on se branche. Cela dit, je prends acte des
préoccupations du député de D'Arcy McGee. Je l'assure de
notre pleine collaboration dans la mesure où cela sera possible dans la
préparation du prochain projet de loi omnibus, quelque part à la
fin de l'année ou l'an prochain.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee. (23 heures)
M. Marx: Je prends note, M. le Président, que le
modèle maintenant pour le député d'Anjou, ministre de la
Justice, c'est le gouvernement fédéral et sa façon de
procéder. Je trouve qu'il devient plus mou que je n'aurais pensé
en ce qui concerne l'indépendance du Québec. On sait qu'il est
pour le statu quo, mais on ne savait pas qu'il prend le fédéral
comme modèle.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, est-ce que nous
pourrions appeler...
M. Marx: On est prêt à procéder avec le
ministère des Affaires sociales.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît'
M. Johnson (Anjou): Est-ce que vous pourriez appeler
l'article...
Une voix: L'article 10.
M. Johnson (Anjou): ...10, M. le Président?
Une voix: Non, c'est l'article 11.
Le Président (M. Rancourt): Donc, nous passons maintenant
à l'article 11.
M. Johnson (Anjou): L'article 11.
Modifications à la Loi sur l'aide
sociale
Le Président (M. Rancourt): Loi sur l'aide sociale.
Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, avez-vous des remarques préliminaires à l'article 11?
Mme Marois: Merci, M. le Président. On a eu l'occasion, au
cours des débats d'aujourd'hui, de faire valoir les bases ou les assises
sur lesquelles s'appuyaient les changements qu'on propose. On pourrait
procéder à l'étude article par article.
Le Président (M. Rancourt): J'appelle l'article 11.
Mme la ministre.
Mme Marois: L'article 11 vient modifier l'article 1 de la Loi sur
l'aide sociale en remplaçant un paragraphe à cet article pour ce
qui concerne la notion de définition d'enfant à charge. Il y a
eu, de façon régulière, depuis un certain nombre
d'années, une jurisprudence qui a confirmé, de la part de la
Commission des affaires sociales, la nécessité de l'existence
d'un lien de filiation entre l'enfant et l'adulte qui en a la charge et ceci
aux fins de l'attribution de l'aide sociale. Or, il arrive très
fréquemment qu'un enfant puisse être placé ou recueilli par
un frère, une soeur, un grand-père, une grand-mère.
À ce moment-là, l'enfant ne peut être
considéré comme étant à la charge de cet adulte qui
le recueille et on ne peut recevoir d'aide sociale pour cet enfant qui se
trouve dans la famille. C'est ce que cet article vient dire ici, M. le
Président.
M. Marx: M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: La modification vise à étendre le
versement de l'aide sociale aux cas déterminés par
règlement où un enfant peut constituer une famille avec une
personne autre que son père ou sa mère. J'aimerais savoir
pourquoi le ministre veut garder le pouvoir de réglementer dans ce cas.
Pourquoi ne pas spécifier, à l'article 11, les cas qui sont
couverts?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Cette définition nous apparaissait plus
conforme à ce qu'on souhaitait faire. II y a également d'autres
événements - et j'en soulignerai un - qui viennent encore
davantage rendre plus clair le fait qu'on veuille procéder par
règlement. On sait, par exemple, qu'en vertu des dispositions actuelles
de la loi et du règlement de l'aide sociale, lorsqu'un enfant à
charge reçoit une indemnité de la Régie de l'assurance
automobile, le montant qui lui est versé doit être inclus dans les
revenus de sa famille, ce qui vient diminuer d'autant le montant de l'aide
sociale accordé. La solution qui apparaît ici, afin de ne pas
pénaliser les bénéficiaires, ce serait d'exclure l'enfant
à charge de la taille de la famille de telle sorte que la famille puisse
continuer à bénéficier de prestations d'aide sociale sans
être pénalisée parce que l'enfant a lui-même une
compensation pour un accident qu'il a eu.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Ce n'est pas cela que l'article 11 dit. À
l'article 11, on parle de son père ou de sa mère ou, dans les cas
prévus par règlement, d'un autre adulte. Mais quels sont les
adultes que le ministre vise à reconnaître ou plutôt
à couvrir par règlement?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Je m'excuse. J'ai mal compris le début de la
question du député de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: La modification à l'article 11, paragraphe e.
D'accord?
Mme Marois: D'accord.
M. Marx: Je lis le dernier bout de la phrase: "de son père
ou de sa mère ou - ce sont les mots clés - dans les cas
prévus par règlement, d'un autre adulte". Quels sont les autres
adultes que vous allez ajouter, dans les cas prévus par
règlement? Est-ce que vous allez ajouter, par exemple, la soeur, le
frère, le cousin?
Mme Marois: J'ai déjà répondu en partie
à cette question que le député de D'Arcy McGee pose
maintenant. On songe à un frère, une soeur; cela peut être
un grand-père, une grand-mère et cela pourrait être,
à la limite, un cousin ou une cousine. C'est imaginable que,
effectivement, cela puisse être possible. Pour avoir longuement
travaillé dans les services sociaux, par exemple, et avoir
été responsable des services à l'enfance au Centre de
services sociaux du Montréal métropolitain, on sait que le
problème du placement des enfants ou de l'accueil des enfants dans les
familles d'accueil ne se posait pas pour bon nombre d'enfants concernés
puisque c'était une parenté très directe, le
grand-père ou la grand-mère, mais souvent aussi il pouvait s'agir
de gens de la famille qui étaient un peu plus éloignés
quant à la filiation directe, si on veut, et donc pas couverts par ce
type d'article de loi qui nous permet de le faire maintenant par
règlement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Pour avoir une définition de la filiation, on
peut s'inspirer du Code civil, en premier lieu. Mais pourquoi ne pas
énumérer à la fin de ce paragraphe les parents qu'on veut
couvrir? Il ne serait pas nécessaire de faire cela par règlement.
Deuxièmement, si nécessaire, si la liste n'est pas
complète, il serait possible, par le truchement du projet de loi
omnibus, qu'on en adopte au moins deux par année, si ce n'est pas
quatre. Il serait possible d'apporter des modifications chaque année, le
cas échéant, parce que j'imagine que la ministre pourrait trouver
une liste assez exhaustive. C'est toute cette idée de toujours prendre
la porte facile. On ne sait pas ce qu'on veut faire. On n'est pas sûr. On
va procéder par règlement. Je pense que ce serait mieux d'en
mettre le plus possible dans les lois et de laisser plus de discrétion
au gouvernement. Je pense que c'est le bon sens même.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: On sait fort bien que la réglementation,
évidemment, et je pense que le député de D'Arcy McGee le
sait tout aussi bien que moi, peut se modifier plus rapidement. Je puis vous
dire qu'il y a un certain nombre d'expériences vécues depuis que
je suis à ce ministère qui m'ont largement convaincue du fait que
j'aurais préféré pouvoir agir par règlement pour
autant que la loi l'aurait permis dans certaines situations, de telle sorte que
nous puissions agir peut-être de façon plus rapide et de
façon plus souple. Dans l'ensemble des articles de la Loi sur l'aide
sociale, si on devait énumérer qu'il s'agit dans le cas
présent des personnes pouvant être concernées ou, dans
d'autres cas, des événements, à la limite, pouvant
être concernés, je pense que la Loi sur l'aide sociale ne serait
peut-être pas ce cahier que j'ai maintenant devant moi, mais
constituerait un tome. Je ne pense pas qu'il soit de l'intérêt, de
l'intention du législateur d'en arriver à prévoir toute
espèce de situation parfaitement et de façon complètement
exhaustive.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je ne vois pas la différence, pour le lecteur qui
veut comprendre la loi, s'il doit prendre le tome 1 qui est la loi, et le tome
2, qui groupe les règlements. C'est la même chose. Pour comprendre
ce qu'est la Loi sur l'aide sociale, il faut lire la loi et surtout les
règlements. J'espère que la ministre est au courant que,
aujourd'hui, son gouvernement adopte quatre fois plus de règlements que
de lois, c'est-à-dire que nous avons maintenant au Québec 19 000
pages de règlements. Cela devient un peu impossible de se retrouver dans
les lois.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: J'ai un peu de difficulté à comprendre
l'objection du député de D'Arcy McGee puisqu'il me dit: On a de
la difficulté à se retrouver. Je ne vois pas pourquoi on aurait
plus de difficulté à se retrouver dans un règlement que
dans une loi. À ce moment, au lieu d'avoir 19 000 pages de
règlements, on aurait 19 000 pages de lois de plus. On pourrait
probablement les ajouter aux milliers de pages qu'on a déjà. Je
pense qu'on va s'entendre. (23 h 10)
M. Marx: C'est un autre...
Mme Marois: Ce n'est pas le nombre de pages qui est en cause; ce
que je souhaiterais entendre du député de D'arcy McGee, c'est
s'il considère que cette amélioration que nous apportons en
modifiant l'article 1 de la Loi sur l'aide sociale va venir davantage
répondre aux besoins des personnes ou aux difficultés de
personnes en état de besoin.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: J'ai voulu faire référence au
deuxième problème. C'est évident qu'on a trop de
règlements et qu'il faut réduire le nombre de pages de 19 000
à 9000, ce qui est le nombre de pages en Ontario. C'est un autre
problème. On a au moins 30% plus de règlements au Québec
par rapport à d'autres juridictions, mais le député de
Brome-Missisquoi aimerait poser certaines questions concernant cet article.
Le Président (M. Rancourt): Sur le même article? M.
le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Mme la ministre semble, par l'exposé qu'elle
nous a fait, savoir justement quels seront les autres adultes qu'on
prévoira dans le règlement. Votre règlement est-il
prêt au moment où on se parle?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: J'ai bien pris garde, M. le Président, de
mentionner à titre d'exemple le cas des personnes qu'on souhaitait
pouvoir couvrir. Non, M. le Président, le règlement n'est pas
prêt à ce moment-ci.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Mais, si votre règlement n'est pas prêt,
comment pouvez-vous affirmer que c'est là pour élargir le cadre
actuel? Avez-vous au moins l'intention de réglementer? Avez-vous des
documents préliminaires? Avez-vous quelque chose? Vous nous demandez
d'adopter cet article les yeux fermés en nous expliquant que
peut-être, cela va élargir la portée de la
définition alors que nous n'avons aucune garantie de ce
côté-ci, comme législateurs, qu'effectivement cela va
élargir cette portée.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: M. le Président, c'est dommage, mais je pense
que le député n'a pas entendu mon intervention de départ.
Je pourrais peut-être la reprendre.
M. Paradis: J'étais là.
Mme Marois: II y a un mécanisme d'appel en ce qui concerne
la Loi sur l'aide sociale, de même que son application, qui est rendu
possible grâce à l'existence de la Commission des affaires
sociales. Je dois dire, M. le Président...
M. Paradis: ...les délais d'appel?
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Un instant!
Mme Marois: Je pense que le député veut soulever un
certain nombre de questions quant aux délais. On pourra en reparler
à la Commission des affaires sociales. Je dois dire que c'est à
la suite de l'expérience vécue à la Commission des
affaires sociales qu'une jurisprudence s'est établie de façon
constante, ce qui a confirmé la nécessité de l'existence
d'un lien de filiation, tel que notre loi est rédigée maintenant,
entre l'enfant et l'adulte qui en a la charge et ce, aux fins de pouvoir
bénéficier de l'aide sociale. C'est donc à la suite d'une
longue expérience vécue que nous souhaitons maintenant amender
cet article de loi.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je comprends, M. le Président, que c'est
à la suite d'une longue expérience vécue qu'on ne sait pas
quels vont être les règlements, que les règlements ne sont
pas prêts et qu'on est obligé de faire confiance au gouvernement
qui nous dit que cela va élargir le cadre. Étant donné
l'heure tardive, je n'ajouterai pas de commentaires sur cet article, mais je
préviens la ministre qu'à défaut de connaître la
réglementation, comme législateurs, on ne peut pas adopter cet
article, sauf en mentionnant que c'est sur division.
Mme Marois: Cet article...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! Avant
de dire qu'on l'adopte, je poserai la question comme président de cette
commission. J'appelle l'article 11. L'article 11 est-il adopté?
M. Marx: J'ai seulement un autre commentaire, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je peux peut-être concilier le point de vue de la
ministre et le nôtre. Peut-être peut-on améliorer l'article
pour pouvoir allonger la liste en l'appliquant à son père,
à sa mère, à sa soeur, à son frère et dans
les cas prévus par règlement. On pourrait au moins aller à
mi-chemin avec nous.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
M. Paradis: Je suis prêt, M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! Un
instant:
M. Marx: On peut suspendre les travaux si la ministre veut
consulter ses conseillers.
Mme Marois: On ne les suspendra pas, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît, M. le
député de D'Arcy McGee! C'est Mme la ministre qui a la parole.
S'il vous plaît!
Mme Marois: II y a un autre élément qui peut
être prévu par règlement dans le sens où, par
exemple, un frère ou une soeur pourrait fort bien recevoir un jeune de
moins de 18 ans, mais pour un mois ou quelques semaines à peine. Il nous
paraît important aussi de relier cela à un certain nombre de
critères de cet ordre, de telle sorte que ce nouveau droit, puisqu'on
l'élargit, finalement, que cette nouvelle possibilité puisse
contenir un certain nombre de balises.
À ce moment-ci, quand on souhaite allonger des listes et surtout
sur la base d'un amendement qui est proposé maintenant, comme cela, sans
qu'on en ait très longuement discuté, je ne crois pas que je
serais disposée à recevoir cet amendement.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: ...pour relever l'offre de conciliation de mon
collègue de D'Arcy McGee et dans le sens même des propos de Mme la
ministre, je comprends son souci de saine administration et son désir
d'appliquer des critères, mais, si on lit l'article attentivement, Mme
la ministre, on se rend compte que les critères sont déjà
là. Le critère qui s'applique à l'enfant à charge
et le fait qu'il dépend, pour sa subsistance, de son père ou de
sa mère ou, dans les cas prévus par règlement, d'un autre
adulte, ce critère est qu'il doit dépendre de son frère ou
de sa soeur pour sa subsistance, il doit dépendre de son cousin ou de sa
cousine.
L'offre avancée par le député de D'Arcy McGee
était, je crois, strictement au niveau du frère et de la soeur.
Cela nous donnerait vraiment une indication que le ministère souhaite
élargir la définition. Présentement, notre
inquiétude est que le ministère ne souhaite absolument pas
l'élargir et ce sont les bénéficiaires qui sont
pénalisés.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi, en faites-vous un amendement formel?
M. Paradis: L'amendement a été
suggéré par mon collègue...
Le Président (M. Rancourt): Je vous demande si vous en
faites un amendement formel.
M. Paradis: ...le député de D'Arcy McGee. Si vous
me le permettez, je prendrai quelques instants de discussion parce que je ne
voudrais pas lui enlever la paternité d'un amendement qui bonifierait la
loi. Cela va prendre quelques secondes, M. le Président, et je vais vous
faire rapport.
Mme Marois: Dois-je comprendre que l'on suspend pour l'instant
les discussions?
M. Paradis: Les consultations ont été rapides et
sont terminées. On en fait au ministre une suggestion formelle qui
ferait en sorte qu'on pourrait l'adopter d'une façon unanime, si elle le
proposait.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
M. Johnson (Anjou): De votre côté, c'est
réglé, l'unanimité, j'entends?
M. Paradis: De notre côté, ce que l'on fait, c'est
une suggestion formelle à Mme la ministre d'ajouter frère ou
soeur, ce qui permettrait...
M. Marx: Et d'autres, si elle le veut.
M. Paradis: Et d'autres, si elle le veut, ce qui lui permettrait
de faire adopter l'article de façon unanime.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi, si j'ai bien compris, vous en faites une suggestion. Mme la
ministre.
Mme Marois: C'est une suggestion que nous pourrons regarder ou
considérer. J'ai compris que c'était une suggestion, c'est bien
cela?
Le Président (M. Rancourt): J'ai bien compris que
c'était une suggestion.
Mme Marois: Si je comprends bien, vous allez appeler maintenant
l'adoption de l'article?
M. Marx: M. le Président, on peut suspendre cet article,
si la ministre est prête à faire des modifications d'ici quinze ou
vingt minutes.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Je suis prête à suspendre l'adoption de
cet article pour le considérer éventuellement plus tard; on
pourra, à ce moment-là, reprendre le débat.
Le Président (M. Rancourt): L'article 11 est suspendu,
j'appelle maintenant l'article 12.
Mme la ministre.
Mme Marois: Par l'article 12, on modifie l'article 8 concernant
la Loi sur l'aide sociale par l'insertion, après le deuxième
alinéa, du suivant: "L'aide peut être accordée à
partir du moment où la personne seule ou l'adulte d'une famille pourrait
être déclaré admissible par la Commission de l'emploi et de
l'immigration du Canada aux prestations visées au deuxième
alinéa ou lorsque le ministre peut conclure que le conflit collectif de
travail peut être considéré comme terminé selon les
critères déterminés par règlement." (23 h 20)
II y a, encore là, une jurisprudence bien établie, des
conseils arbitraux et des juges-arbitres nommés en vertu de la loi de
1971 sur l'assurance-chômage à savoir qu'au moins 85% des
travailleurs et travailleuses en grève
doivent être retournés au travail pour qu'un conflit
collectif soit considéré comme terminé au sens de cette
loi. Un pourcentage aussi élevé a pour effet de retarder
considérablement le moment de la fin du conflit et risque de
pénaliser des employés qui ne sont pas rappelés rapidement
par leur employeur malgré la fin d'une grève et malgré une
signature de convention de retour au travail. Il nous est apparu que ces
employés devaient avoir droit à l'aide sociale en attendant
d'être rappelés au travail puisqu'ils sont privés de moyens
de subsistance et qu'ils n'ont pas droit à
l'assurance-chômage.
Je dois dire qu'en plus de cette jurisprudence, on a vécu un cas
très concret, 11 y a quelques mois, où des travailleurs et des
travailleuses se trouvaient dans un état complet et total de besoins.
Nous ne pouvions absolument pas intervenir, vu que cette entreprise, en plus
d'avoir vécu un conflit de travail, avait, elle aussi, traversé
la crise. Ce n'était pas à cause du conflit de travail qu'elle
n'avait pas rappelé les personnes à l'emploi, mais plutôt
à cause de cette situation économique pénible à
travers laquelle elle était passée, ce qui fait qu'on a
trouvé des hommes et des femmes qui ont été
pénalisés par l'existence de cet article. On l'amende donc tel
que prévu à l'article 12 de cette loi omnibus.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, on constate à cet
article que le gouvernement conserve le pouvoir de déterminer, encore
une fois, par règlement le moment où les conflits collectifs sont
considérés comme étant terminés. Sans avoir vu les
règlements, je suis la proposition de la ministre qui me dit: C'est pour
permettre à des gens qui se retrouvent dans une situation pénible
où 85% des travailleurs n'ont pas été rappelés...
C'est pour me permettre de rendre ces gens admissibles à l'aide sociale,
finalement, c'est l'intention que j'ai lorsque je réglementerai. Est-ce
qu'on peut demander à la ministre si, au niveau de son ministère,
elle a une évaluation des coûts que peut entraîner une telle
mesure et si les crédits nécessaires à englober ces gens
ont déjà été adoptés par le
gouvernement.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: M. le Président, ce sont des cas qui restent
effectivement des cas, je ne. dirais pas complètement exceptionnels,
mais relativement rares et que la crise économique a rendus
peut-être plus fréquents. À ce moment-ci, je ne dispose pas
d'évaluation d'ordre pécuniaire concernant cette loi, mais
l'évaluation qui en avait été faite, je me le rappelle, a
sûrement été poussée plus loin. Je n'ai pas ces
informations avec moi. Elle n'entraînait pas de coûts d'ordre
très important puisque c'était souvent versé de
façon très temporaire dans le sens où l'entreprise reprend
progressivement l'ensemble de ses activités, ce qui fait que ces
travailleurs et ces travailleuses peuvent réintégrer les
fonctions qu'ils occupaient auparavant dans l'entreprise.
M. Paradis: M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Ma prochaine question, Mme la ministre, est la
suivante. Il est clair que, par règlement, si cet article est
adopté, le gouvernement pourra décider de rendre admissibles aux
prestations de l'aide sociale des gens qui, pris dans un conflit de travail, ne
l'étaient pas auparavant. Mais, si l'on prend à la lettre le
règlement ou l'article de loi qui autorise le gouvernement à
réglementer, il permet également au gouvernement d'en rendre
admissibles un plus petit nombre. Est-ce que la ministre a entrevu cette
possibilité? Et, si l'article le permet, est-ce que la ministre
accepterait de modifier l'article dans le sens d'empêcher le gouvernement
d'en admettre moins, parce que ce que vous dites, finalement, c'est que les
critères vont être déterminés par règlement?
Vous nous dites que votre intention dans l'immédiat est d'admettre plus
de gens, ceux qui sont dans le besoin, ceux qui ne sont pas retournés au
travail, tant que 85% ne sont pas retournés au travail, mais, si vous
utilisiez le règlement pour dire: Ce n'est pas 85%, c'est 90% et que
vous soyez forcés de le faire par le ministre des Finances ou par le
gouvernement en place, est-ce que cela ne risque pas d'enlever des droits
à ces travailleurs?
Mme Marois: Bon! M. le Président, il faudrait
peut-être lire le début de l'article; on répète dans
le fond ce qui était déjà dans l'article
précédent. L'aide peut être accordée à partir
du moment où la personne seule ou l'adulte d'une famille pourrait
être déclaré admissible, ou lorsque le ministre peut
conclure que le conflit collectif de travail peut être
considéré comme terminé selon les critères
déterminés par règlement. Il y a évidemment une
possibilité ou l'autre, mais ce que j'en comprends, sans être
juriste, mais pour avoir quand même discuté de cet article, de la
façon que je l'interprète à partir du moment où on
se propose de l'adopter, il m'apparaît assez évident que l'aide
peut être accordée dans un cas ou dans l'autre et qu'à ce
moment, tel que
libellé, si on devait limiter l'accès, on pourrait se
référer à la première partie de l'article. Ceci,
compte tenu que la Loi sur l'aide sociale vise quand même à
répondre à la couverture des besoins des personnes en situation
de difficulté et que cette Loi sur l'aide sociale ne vise pas à
aller en deçà d'une certaine situation de besoins, tel qu'un
certain nombre d'autres articles dans la loi le précisent,
d'ailleurs.
L'intention du législateur est ici très claire, et j'en ai
fait mention au départ. Elle est dans une perspective de pouvoir
élargir la possibilité d'avoir accès à des
ressources au moment où cette situation prévaut.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Disons que je ne doute pas des bonnes intentions de
Mme la ministre, mais tel que rédigé... Je le relis pour qu'on se
comprenne bien, M. le Président: "L'aide peut être accordée
à partir du moment où la personne seule ou l'adulte d'une famille
pourrait être déclaré admissible par la Commission de
l'emploi et de l'immigration du Canada aux prestations visées au
deuxième alinéa - cela est un cas - ou - et là le "ou" est
très significatif et la jurisprudence est constante des tribunaux de
droit commun d'interpréter le "ou" comme étant alternatif -
lorsque le ministre peut conclure que le conflit collectif de travail peut
être considéré comme terminé selon les
critères déterminés par règlement."
Le seul point de mon intervention, c'est de m'assurer que le
gouvernement en place, que le président du Conseil du trésor et
que le ministre des Finances, qui sont assoiffés d'argent, n'utiliseront
pas la deuxième partie pour pénaliser les gens qui ont besoin de
ces prestations pour vivre. Mme la ministre a mentionné dans son
argumentation qu'elle avait posé des questions sur
l'interprétation qu'on devait donner au mot "ou". Est-ce qu'elle a
obtenu un avis juridique? Ou, est-ce que, si elle ne l'a pas obtenu, elle peut
nous produire un avis du ministre de la Justice qui n'est pas tellement loin,
en ce sens que le "ou" n'est pas interprété comme étant
alternatif tel que l'ont fait constamment les tribunaux de droit commun au
cours des dernières années?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: II faut bien comprendre que ceci est relié
aussi à un certain nombre d'autres articles de la loi et que la personne
de façon générale, dans les cas comme ceux-là, est
couverte par l'assurance-chômage. On s'entend? À ce moment, c'est
très clairement l'intention du législateur d'ouvrir et
d'élargir cette possibilité à un plus grand nombre de
personnes parce que, justement, celles-ci sont privées de moyens de
répondre à leurs besoins. À partir du moment où,
dans les autres parties de la loi, on établit la notion de besoins, je
pense qu'il faudrait aussi se référer aux autres parties de la
loi puisque cette loi permet d'encadrer le versement de prestations à
des personnes qui n'ont aucun autre revenu. On conviendra qu'à partir du
fond même de la loi, ayant ses assises à cet égard au
niveau de ce principe de fond, je comprendrais très mal que l'on puisse
dire ici qu'une personne en état de besoin ou de difficulté
puisse se faire refuser l'aide à laquelle elle aurait droit autrement.
Cet article vient finalement prévoir des cas qui arrivent et qui se
passent, puisqu'on les a vécus, de telle sorte qu'on puisse les couvrir,
alors que nous ne pouvions pas le faire autrement. (23 h 30)
J'ai beaucoup de difficulté à comprendre l'argumentation
du député de Brome-Missisquoi. C'est évident que, s'il ne
s'attarde qu'à cet article et qu'il perd de vue, puisqu'on vient amender
une loi qui est plus large, les principes de la loi qu'on vient amender, je
comprendrais qu'il interprète de façon étroite cet
article, mais il faut se référer aussi à l'ensemble de la
Loi sur l'aide sociale qui définit le principe que des personnes en
situation de besoin ont le droit d'obtenir réponse à leurs
besoins par des prestations que l'État leur verse.
Le Président (M. Rancourt): L'article 12 est-il
adopté? M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Si Mme la ministre ne veut pas accorder aux
bénéficiaires les garanties auxquelles ils ont droit, y aurait-il
possibilité - c'est une suggestion que je fais à Mme la ministre
- de changer le mot "peut" par le mot "doit"? Ce ne serait pas encore
satisfaisant, mais ce serait un pas de l'avant: L'aide doit être
accordée à partir du moment... À ce moment-là, on
pourrait mitiger l'interprétation du mot "ou".
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre, encore une
suggestion.
Mme Marois: Je vais consulter, M. le Président.
M. Paradis: Pour aider à la consultation, je suis
disponible.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
Mme Marois: M. le Président, je pourrais moi-même
proposer un amendement qui pourrait peut-être satisfaire les
préoccupations de mon collègue de Brome-
Missisquoi et qui répondrait parfaitement à l'intention
que j'ai en proposant cet amendement. D'ailleurs, il y a des gens de la
Centrale des syndicats démocratiques qui s'en souviennent sûrement
puisqu'on a eu l'occasion de s'en parler à quelques reprises. On
pourrait tout simplement, ajouter au deuxième alinéa,
après "ou", "plus tôt", lorsque le ministre peut conclure que le
conflit de travail peut être considéré comme terminé
selon les critères déterminés par règlement. On dit
que l'aide peut être accordée à partir du moment
où la personne seule ou l'adulte pourrait être
déclaré admissible et on ajouterait "ou plus tôt".
Le Président (M. Rancourt): Donc, il y a un amendement de
Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
qui se lirait comme suit: Insérer le mot "plus tôt", entre
parenthèses, après le mot "ou" qui suit le deuxième
alinéa. Cet amendement est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'amendement est
adopté. L'article 12 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 12, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle maintenant l'article 13. Mme la
ministre.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Par l'article 13 de la
loi 84, nous venons remplacer l'article 13 de la Loi sur l'aide sociale. Cet
article a pour but de préciser que l'aide conditionnelle accordée
à une personne dans l'attente de la réalisation d'un droit
s'applique tant aux droits rattachés à la personne qu'aux droits
personnels, c'est-à-dire qu'un certain nombre de personnes en attente de
réalisation d'un droit peuvent obtenir et obtiennent de l'aide
conditionnelle, mais cette notion de condition fait en sorte, effectivement,
que, lorsque le droit se réalise, par exemple, lorsqu'une personne
reçoit un héritage, elle rembourse l'aide qui lui a
été versée en attendant que cet héritage lui soit
versé. Cela vient donc essentiellement clarifier l'article 13, tel qu'il
était rédigé.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Est-ce que Mme la ministre pourrait m'éclairer
si je lui soumettais, dans les circonstances, un exemple d'application
pratique?
Mme Marois: Je l'espère, M. le Président.
M. Paradis: Je vous remercie, Mme la ministre. Si une personne
à l'emploi d'une industrie est congédiée ou perd son
emploi et que les 4% ne sont pas versés à cette personne qui a
perdu son emploi, qu'une plainte est portée à la Commission des
normes du travail, que la Commission des normes du travail donne raison
à cette personne et que les 4% sont versés au moment où la
personne reçoit des prestations d'aide sociale, est-ce que, avec
l'amendement que vous produisez, on va continuer à enlever à
cette personne ces 4% auxquels elle avait droit?
Pour que la ministre comprenne encore davantage, il faut comprendre que,
si la personne avait reçu, comme elle en avait le droit, ses 4%
dès qu'elle a quitté l'emploi, on ne les aurait pas soustraits de
son aide sociale au moment où elle les aurait reçus. Cela
m'apparaît être un cas qui mérite qu'on s'y attarde parce
que, à ce moment-là, le travailleur est pénalisé
par la faute de l'employeur qui n'a pas payé les 4% et il est
pénalisé par la suite, même s'il avait droit à ce
montant, lorsqu'il reçoit l'aide sociale.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Cet amendement ne concerne pas des situations comme
ça qui sont couvertes de toute façon par la loi. Effectivement,
la Loi sur l'aide sociale, telle qu'elle est conçue, établit une
situation de besoin et l'ordre des moyens pour répondre à ces
besoins. Tout revenu en sus de ce montant versé est
décompensé, c'est-à-dire qu'il vient rabaisser le montant
de l'aide versée. À ce moment-là, si la personne
reçoit des montants, par exemple, lorsqu'une personne reçoit de
l'assurance-chômage, elle peut fort bien, en même temps, recevoir
l'aide sociale si le montant de l'assurance-chômage qui lui est
versé n'est pas satisfaisant pour couvrir ses besoins et si elle
répond aux autres critères. Elle peut donc obtenir un
supplément à son assurance-chômage pour couvrir ses
besoins.
Par contre, des personnes peuvent retirer des prestations
d'assurance-chômage sans avoir à réclamer de l'aide sociale
pour autant.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: La ministre a raison. Je n'avais peut-être pas
donné suffisamment de détails dans le cas que je lui soumettais.
On sait qu'une personne peut être admissible à l'aide sociale
suivant les divers critères à la condition que ce montant soit
inférieur à 1500 $, dans son compte de banque. Un travailleur est
congédié, l'employeur ne lui paie pas ses 4% qui sont
évalués, pour les
fins de notre exemple, à 600 $. Cette personne n'a pas d'argent
en banque. Si son employeur l'avait payé suivant la loi, cette personne
aurait 600 $ en banque et pourrait quand même jouir de prestations de
l'aide sociale.
Mais, parce que son employeur ne l'a pas payée, la personne porte
plainte à la Commission des normes du travail. La commission fait
enquête et condamne l'employeur à payer les fameux 600 $ mais,
parce que les 600 $ seront reçus pendant la période où la
personne reçoit des prestations d'aide sociale, l'aide sociale lui dit:
Ces 600 $ nous appartiennent, on les soustrait de l'argent qu'on va vous
donner. C'est la façon dont ça fonctionne présentement. En
tout cas, c'est la façon dont c'est appliqué présentement.
(23 h 40)
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: La question que vous soulevez, par exemple, le fait
que cette personne puisse recevoir 600 $, si elle les place à son compte
de banque ou à son compte de caisse populaire, elle y a droit et il n'y
a pas de problème. Elle ne sera pas pénalisée pour autant.
Elle a droit à ce montant de base.
M. Paradis: Mais parce que l'employeur ne l'a pas versé
à ce moment-là, la personne porte plainte devant la Commission
des normes du travail et à cela il y a un certain délai. À
ce moment-là, la personne est-récipiendaire de l'aide sociale et
lorsqu'elle signe ses formules, on lui dit: L'argent que vous recevrez de votre
employeur, soit vos 4%, vous devrez nous le rembourser. Si la personne l'avait
reçu au moment où elle a quitté son emploi, elle n'aurait
pas eu plus de 1500 $. Elle aurait donc été admissible, quand
même. Est-ce que votre article prévoit corriger cette
injustice?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: J'ai un peu de difficulté à comprendre
la question du député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Vous voulez que je recommence l'exemple?
Mme Marois: Oui, certainement, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Donc, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Marx: Je l'ai comprise, moi.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! M. le
député de D'Arcy McGee! M. le député de
Brome-Missisquoi.
Mme Marois: Voulez-vous répondre, M. le
député de D'Arcy McGee?
Le Président (M. Rancourt): Non, je m'excuse. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: L'exemple que je donne à Mme la ministre est
le suivant: une personne est congédiée. Lorsqu'elle est
congédiée, elle a droit à 4%. Au moment où elle est
congédiée, elle n'a pas d'argent en banque. Les 4%, cela
équivaut à peu près à 600 $. Donc, normalement,
avec un employeur qui suivrait les dispositions de la loi, cette personne
recevrait 600 $ dès ce moment-là et elle serait, quand
même, admissible aux prestations de l'aide sociale parce qu'elle a moins
de 600 $ dans son compte de banque.
Maintenant, parce que l'employeur refuse de les payer, la personne porte
plainte à la Commission des normes du travail. La Commission des normes
du travail fait enquête et décrète que l'employeur doit
payer ces 4%. Mais parce que ces 4% sont payés au moment où la
personne reçoit des prestations de l'aide sociale, le gouvernement
arrache cet argent à quelqu'un qui est sous le seuil de la
pauvreté.
Ma question à la ministre est bien simple: Est-ce que
l'amendement que vous nous proposez va corriger de telles injustices?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
M. Paradis: M. le Président, avant de céder mon
droit de parole...
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paradis: Je tiens à le souligner parce que, pendant que
j'ai fait mon exposé, il y a quelqu'un qui en a fait un autre à
Mme la ministre.
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paradis: Je suis prêt à recommencer...
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paradis: ...parce qu'elle ne peut pas avoir entendu les deux
en même temps.
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît! Vous avez eu votre droit de parole.
M. Paradis: M. le Président, j'ai le droit de le
compléter.
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît! Mme la ministre.
Mme Marois: M. le Président, je vais revenir
essentiellement à la réponse que je donnais tout à l'heure
et je vais essayer d'être encore plus précise. Un droit qui se
réalise dans le temps et auquel le député de
Brome-Missiquoi fait référence, s'il avait comme effet, par
exemple, de verser un montant plus élevé - je vais le prendre de
cette façon-là - que 1500 $, oui, la tranche dépassant
1500 $ pourrait être appliquée contre l'aide reçue, si l'on
veut, ou être reversée au gouvernement compte tenu d'un certain
nombre d'ententes qu'on fait, de toute façon, ou selon que la personne
est bénéficiaire ou non de l'aide sociale à ce
moment-là. Ce qu'on dit, c'est ceci: Cependant, même si cette
personne reçoit un montant relativement important résultant d'un
droit, ce montant de 600 $ est couvert dans les autres éléments
de la loi qui prévoient qu'on peut avoir en argent liquide, si l'on
veut, des montants pouvant aller jusqu'à 1500 $. La personne pourrait
donc le conserver si elle n'a que 900 $, ou 200 $, ou 300 $, en argent
liquide.
Le Président (M. Rancourt): L'article 13 est-il
adopté?
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: ...je remercie Mme la ministre de ses explications.
Je souhaite les avoir bien comprises et, pour m'en assurer, je lui soumettrai,
dès demain, trois applications de cas pratiques.
Le Président (M. Rancourt): L'artice 13 est-il
adopté, M. le député? S'il vous plaît!
M. Paradis: M. le Président, si on ne peut pas
terminer nos phrases, on va parler longuement.
Le Président (M. Rancourt): Si vous avez de nouvelles
choses à dire sur des cas personnels, vous pourrez le faire à
d'autres occasions. Je vous demande si l'article 13 est adopté.
M. Paradis: M. le Président, il s'agit de cas pour tenter
d'appliquer la réglementation. On est devant une réglementation
d'aide sociale qui s'applique à plus de 750 000 personnes au
Québec. Je pense qu'il est important qu'on s'assure, comme Opposition
dans cette Chambre, que les mesures qu'on nous suggère comme amendements
ne seront pas là pour pénaliser ces bénéficiaires
de l'aide sociale, mais pour les aider. Chaque fois qu'on prend la parole, M.
le Président, je vous souligne que notre droit de parole prévu
par le règlement est de vingt minutes. Si vous continuez à nous
interrompre - je le dis avec tout le respect que je vous dois - il faudra
soulever des questions de règlement chaque fois et cela va prolonger les
débats.
Le Président (M. Rancourt): J'ai simplement
demandé, M. le député de Brome-Missisquoi, si l'article 13
était adopté. Je le demande de nouveau: Est-ce que l'article 13
est adopté?
M. Paradis: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Adopté sur division.
Article 14?
Mme Marois: L'article 14 vient modifier toujours ce même
article 13 pour insérer, après l'article 13.2, un article 13.3.
Ce qu'il faut dire, c'est que le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu a conclu, il y a déjà quelques
années, un protocole d'entente avec la Commission de l'immigration et de
l'emploi du Canada par lequel il obtient une cession de l'aide sociale
versée en attente des prestations d'assurance-chômage. Ce
programme de cession nécessite, pour s'appliquer de manière
efficace, des règles particulières d'attribution qui
dérogent quelque peu aux règles normales qui sont prévues
à la loi et au règlement de l'aide sociale. On se permet de
corriger un certain nombre de problèmes reliés à l'aide
conditionnelle, vu qu'il y avait un certain nombre de difficultés dans
les remboursements.
Ce qui est prévu par ceci, c'est que, toujours dans l'attente,
par exemple, des prestations d'assurance-chômage, l'aide sociale peut
être accordée si cette personne se trouve dans une situation qui
peut constituer un danger ou un risque pour elle de se retrouver dans un
dénuement total. Cette aide sociale peut être accordée
aussi pendant la période visée au premier alinéa pour
autant qu'elle demeure admissible. Je l'expliquais au moment de l'article
précédent: si, recevant des prestations
d'assurance-chômage, ces prestations ne réussissent pas à
couvrir l'ensemble des besoins que cette personne a l'aide sociale vient donc
suppléer à cet écart qui existe entre la prestation
d'assurance-chômage et la prestation d'aide sociale que cette personne
recevrait si elle devait se prévaloir de l'aide sociale.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Est-ce que Mme la ministre peut me dire si
l'énoncé que je vais prononcer est exact ou non? Est-il exact
qu'auparavant l'aide sociale comblait, de manière systématique,
le délai de carence de ce régime et que peu de
bénéficiaires remboursaient l'aide reçue? Les
modalités d'attribution de l'aide sociale en attente de
l'assurance-chômage sont l'objet d'attaques régulières de
la part des comités de citoyens et d'avocats de l'aide juridique. La
modification a donc pour but de donner une assise légale aux
modalités administratives d'attribution de l'aide sociale en attente
d'assurance-chômage. Est-ce que l'affirmation que je viens de faire est
exacte?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre. (23 h 50)
Mme Marois: En fait, je dois dire que cela ne prive aucune
personne de quelque ressource à laquelle elle aurait autrement droit.
Cependant, cela évite qu'on n'ait à verser de très petits
montants et que, d'autre part, on ne doive, par la suite, les
récupérer alors qu'on sait les difficultés que cela peut
causer dans certaines situations. Par cet amendement, nous corrigeons les
difficultés vécues.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je vais répéter ma question à
Mme la ministre, peut-être plus brièvement. J'ai lu un extrait
d'une note que j'avais devant moi. J'ai demandé à Mme la ministre
de me confirmer s'il s'agissait d'une remarque exacte ou inexacte. Je n'ai pas
obtenu de réponse. Dans le cas où c'est exact, est-ce que Mme la
ministre peut me dire s'il s'agit d'un durcissement de la position du
ministère face aux bénéficiaires ou s'il s'agit d'un
élargissement du ministère face aux
bénéficiaires?
Mme Marois: Cela ne correspond pas à un durcissement, M.
le Président. Cela correspond à une pratique qui existait sur la
base des ententes que nous avons passées, d'ailleurs, avec la Commission
de l'emploi et de l'immigration du Canada (CEIC) concernant
l'assurance-chômage. Ce sont donc des ententes qui existaient, c'est une
pratique qui est régulière. Cela ne vient donc pas enlever des
avantages aux personnes concernées, cela vient confirmer quelque chose
qu'on faisait déjà.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Les notes explicatives qu'on m'a soumises et qui
doivent venir de votre ministère, Mme la ministre, indiquent que les
modalités d'attribution de l'aide sociale en attente de
l'assurance-chômage sont, toutefois, l'objet d'attaques
régulières de la part des comités de citoyens et d'avocats
de l'aide juridique. J'imagine que les avocats de l'aide juridique ne plaident
pas pour le ministère contre les bénéficiaires, mais
plaident pour les bénéficiaires contre le ministère.
À ce moment, est-ce que vous ne tentez pas de régler par une voie
législative le cas des personnes qui ont des prétentions devant
la Commission de l'aide sociale ou autrement? Est-ce que vous ne visez pas
à empêcher ces comités de citoyens et ces avocats de l'aide
juridique de prendre ou de continuer à prendre la défense des
bénéficiaires?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Dans le fond, la critique des personnes qui se
trouvaient à l'aide juridique portait sur le manque d'assises juridiques
de ces ententes, ce qu'on tente maintenant de confirmer par la loi qui est
devant nous ou par l'amendement qui est devant nous.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Ce que vous dites, finalement, aux
bénéficiaires, c'est: Avant, vous aviez des recours contre le
ministère; avec mon amendement, je vous enlève ces recours. C'est
ce que vous leur dites?
Mme Marois: C'est-à-dire que ce n'était pas clair
auparavant. Actuellement, ce qu'on dit, c'est que, compte tenu des
règles sur lesquelles on s'est entendu et qu'il y a possibilité
que ces bénéficiaires puissent, cependant, en attente de
l'assurance-chômage, recevoir quand même de l'aide s'ils sont en
situation de besoin, on vient tout simplement le confirmer par cet article.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Est-ce exact de dire que la pratique existait au
ministère, mais que votre base juridique n'était pas claire
lorsque vous intentiez ces poursuites contre les bénéficiaires et
que vous vous donnez présentement les outils juridiques
nécessaires de façon à vous assurer que le
bénéficiaire n'aura plus de défense?
Mme Marois: Cela n'a jamais été tranché, M.
le Président, par les tribunaux. On a tenté de le remettre en
question, de le critiquer. Cependant, ce règlement existait bel et bien
et on ne vient donc pas modifier quelque chose qu'on ne faisait
déjà. C'est
déjà une entente qui existait et cet article vient
essentiellement le confirmer de façon très claire.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: C'est là-dessus que j'aimerais qu'on s'entende
avant que M. le président appelle le vote. Est-ce que par l'amendement
que vous apportez ici, Mme la ministre, vous enlevez au
bénéficiaire une partie de sa défense ou sa défense
totale? C'est-à-dire qu'à partir du moment où cet article
est adopté cela légalise complètement votre pratique et
cela laisse le bénéficiaire sans défense face à un
ministère.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: M. le Président, on a vécu un certain
nombre de situations, avant que ces règlements existent, qui ont fait
qu'on a été amenés à verser des sommes à des
gens qui, ne l'oublions pas, avaient un travail. Ce sont donc des gens en
attente de l'aide sociale, mais qui ont souvent des ressources pour combler
leurs besoins pendant les premières semaines en attente de
l'assurance-chômage. Ils venaient donc réclamer de tout petits
montants. Cela a été la pratique et cette pratique nous a
amenés à conclure des ententes pour clarifier dans le temps
à quel moment on commençait à intervenir. Cependant, et
très clairement dans notre article de loi tel que proposé ici, si
cette famille ou ces personnes se trouvent dans une situation de besoin telle
que cela puisse présenter un danger pour la santé ou risquer de
les conduire à un dénuement total, tel que le dit l'article,
elles peuvent toujours avoir recours à l'aide sociale. Ce droit leur est
confirmé ici.
M. le Président, il faudrait peut-être, non pas me poser la
question à la limite, mais poser effectivement la question à la
Commission d'assurance-chômage pour savoir si elle ne pourrait pas
accélérer, à la limite, le versement d'un droit et faire
en sorte que ces gens puissent bénéficier plus rapidement d'une
prestation à laquelle, d'ailleurs, ils ont contribué à
partir du salaire qu'ils ont gagné.
Comme je le dis, c'était déjà cette pratique qui
existait. On ne change pas les règles du jeu. On dit: Un certain nombre
de personnes venaient - et cela fait partie des remarques que vous avez,
d'ailleurs, lues tout à l'heure - et pouvaient obtenir de tout petits
montants et, par la suite, cela engendrait, si on a une préoccupation
des coûts, en termes de modalités de récupération,
des coûts énormes en ce qui a trait à l'administration.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Mme la ministre, vous nous proposez des
critères dans cette période, qui ne s'avèrent même
pas un filet de sécurité décent pour quelqu'un qui se
retrouve dans le besoin. Vous avez écrit dans le projet de loi que le
ministère donnerait l'aide nécessaire pour éviter que
cette personne seule ou cette famille ne se retrouve dans une situation qui
constitue un danger pour la santé ou risque de la conduire au
dénuement total. Ne trouvez-vous pas que ces barèmes sur le plan
social sont vraiment très bas?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Enfin, ce qu'on identifie par cet article, c'est que
la personne peut se trouver dans une situation qui constitue un danger pour sa
santé. Évidemment, un danger pour la santé peut signifier
qu'on doive pouvoir bénéficier de prestations nous permettant de
pouvoir nous nourrir et nous loger. À ce moment-là, si cela peut
présenter un risque pour la santé, à la base, il y a des
besoins minimaux à cet égard - je pense ne pas avoir à le
répéter à ce moment-ci, M. le Président - et que
cet article prévoit, tel que libellé.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Oui, mais, Mme la Présidente, vous allez
demander à des fonctionnaires d'appliquer... Ah, excusez-moi, M. le
Président. Mme la ministre, vous allez demander à des
fonctionnaires d'appliquer ou d'interpréter dans la pratique quotidienne
un article de loi qui, à mon avis, place le citoyen dans une situation
intolérable dans une société moderne, en 1984. On dit
qu'il sera apte à bénéficier de ces sommes d'argent s'il
est dans une situation qui constitue un danger pour la santé ou qui
risque de le conduire au dénuement total. Est-ce que vous ne trouvez pas
ça très sévère comme critère
d'application? (minuit)
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Écoutez, peut-être pour tenter d'aller
plus loin sur cette question, on doit dire que c'est le même
critère que celui sur lequel se base la Commission des affaires sociales
pour déterminer si un bénéficiaire, par exemple, peut
recevoir de l'aide pendant que sa cause est en appel. Je veux bien entendre le
député de Brome-Missisquoi soulever toutes espèces de
questions en essayant de dramatiser ce dont on parle maintenant, sauf qu'il est
prévu - et, de la même façon, la commission utilise aussi
ces
critères - que nous puissions couvrir des besoins qui font en
sorte que la santé des personnes puisse être en danger et qu'un
certain minimum vital puisse donc être obtenu pour ces pesonnes qui sont
en situation de besoin.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Mme la ministre, il faut bien comprendre que la
personne n'a pas le temps d'aller à la Commission des affaires sociales.
Elle se trouve dans une situation difficile, pénible, elle est sans le
sou, elle attend ses prestations d'assurance-chômage. Comme vous, je
souhaiterais qu'elles arrivent plus tôt. Mais les critères que
vous demandez à vos fonctionnaires d'appliquer, sur le plan social, en
1984, dans une société dite moderne, lorsque vous parlez de
danger pour la santé ou de dénuement total, ne les trouvez-vous
pas, vous, non pas la Commission des affaires sociales, non pas le gouvernement
fédéral, mais vous, comme ministre de la Sécurité
du revenu, exagérément sévères?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Je ne le crois pas, compte tenu de l'expertise que
nous avons. C'est vrai, je n'ai pas l'intention de rejeter le blâme
nécessairement sur le gouvernement fédéral, sauf qu'il
faut bien comprendre que nous nous substituons à lui dans ce cas - il
faut bien être conscient de cela - pour venir remplacer le revenu des
personnes en état de besoin et de difficulté. Effectivement, dans
les interventions que nous faisons - la discussion sur l'article
précédent en est sûrement la meilleure preuve - on tente,
au contraire, d'améliorer cela le plus clairement possible afin de mieux
couvrir les besoins des personnes en difficulté. Tel que libellé
ici, ça nous permet de répondre aux besoins de ces personnes.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi, avez-vous une dernière intervention ou si j'appelle
l'article 15? Est-ce adopté?
M. Paradis: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 14 est adopté
sur division. J'appelle maintenant l'article 15. Mme la ministre.
Mme Marois: Nous passons à l'article 15 de notre projet de
loi qui dit que l'article 25 de cette loi est modifié par le
remplacement du paragraphe a) du deuxième alinéa pas le suivant:
"a) l'aide a été accordée alors que l'article 13
s'appliquait ou lorsque l'aide a été accordée sous forme
de garantie du remboursement d'un emprunt."
C'est essentiellement de concordance par rapport à l'article 13
que nous avons adopté tout à l'heure.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
Mme Marois: Encore là, c'est sous forme de garantie du
remboursement d'un emprunt. Quelqu'un, à ce moment-là, peut
attendre le remboursement d'un emprunt et voir ses besoins couverts sous forme
conditionnelle.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Si j'ai bien compris, il s'agit d'un article de
concordance, finalement, avec l'article 13. J'aimerais indiquer à Mme la
ministre, dans ce cas, que l'exemple que j'ai cité tantôt à
l'article 13 s'appliquerait mutatis mutandis. On pourrait le citer au complet
à cet article-ci comme un exemple de concordance.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Je m'excuse, M. le Président. J'imagine que
l'heure tardive à laquelle nous siégeons rend nos débats
un peu plus difficiles. Peut-être que le député de
Brome-Missiquoi pourrait répéter la question qu'il m'a
posée?
M. Paradis: Oui. Comme il s'agit strictement d'un article de
concordance avec l'article 13, finalement, je disais à Mme la ministre
que je pourrais lui citer, à cet article 15, le même exemple
qu'à l'article 13.
Mme Marois: Je m'excuse.
M. Paradis: II s'agirait d'un exemple de concordance.
Mme Marois: Cela va, je pense qu'on peut... Comme on en a
longuement discuté, j'imagine qu'on s'est compris mutuellement et qu'on
n'a pas à reprendre maintenant ce débat à moins qu'on
veuille le prolonger indûment, M. le Président.
M. Paradis: Non, je voulais simplement m'assurer que Mme la
ministre n'oubliera pas les trois cas pratiques que je lui ai soumis ce soir et
que je lui remettrai demain matin.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Article 16?
Mme Marois: Alors, l'article 16 vient modifier l'article 31 de la
Loi sur l'aide sociale. Le premier alinéa, c'est le remplacement du mot
"esquimaux" par le mot "inuit"; à deuxièmement: "par l'addition,
au premier alinéa, des paragraphes suivants:" - là il y a un
certain nombre d'éléments de concordance - "les cas où un
enfant doit être considéré ne pas dépendre d'un
adulte pour sa subsistance;". J'en ai fait état tout à l'heure au
moment du débat sur l'autre article qui concernait l'affiliation. "Les
cas où un enfant est considéré comme dépendant d'un
adulte autre que le père ou la mère pour assurer sa
subsistance;". C'est essentiellement de concordance. "Les critères selon
lesquels le ministre peut conclure qu'un conflit collectif de travail peut
être considéré comme terminé;". Essentiellement de
concordance. "La fixation de la période de temps visée à
l'article 13.3." Ce que nous venons, d'ailleurs, de discuter.
Dans le cas de l'article 16, deuxièmement, élément
x), j'expliquais tout à l'heure, dans l'article qui concernait les liens
avec la famille, qu'un jeune dans une famille pouvait avoir vécu un
événement malheureux, tel un accident, et avoir droit à
une prestation couvrant le fait qu'il ait des handicaps ou des
difficultés à se réintégrer. Le cas
échéant, tel que la loi est actuellement libellée, elle ne
permet pas d'exclure ce montant d'argent de l'ensemble des moyens ou des
revenus dont peut disposer la famille et, donc, risque de pénaliser cet
enfant qui a droit, d'autre part, à cette prestation.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missiquoi.
M. Paradis: J'aimerais bien vous dire immédiatement -
étant donné l'heure tardive - d'adopter, M. le Président,
puisqu'il s'agit d'un article de concordance. J'ai besoin de quelques
éclaircissements de la part de Mme la ministre. Est-ce que Mme la
ministre peut nous dire avec quoi concorde justement l'article 16...
Mme Marois: Excusez, j'ai...
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
M. Paradis: L'article 16.2x qu'elle vient de nous expliquer.
L'article 16.2 nous dit: "par l'addition, au premier alinéa, des
paragraphes suivants:".
Mme Marois: Non.
M. Paradis: "Les cas où un enfant doit être
considéré ne pas dépendre d'un adulte pour sa
subsistance;" c'est-à-dire que, par règlement, le gouvernement va
décider des cas où un enfant doit être
considéré ne pas dépendre d'un adulte pour sa subsistance.
Avec quoi cela concorde-t-il d'après ce qu'on a déjà vu?
J'ai tenté de le raccrocher à l'article 11e "enfant à
charge" et je n'y arrive pas.
Mme Marais: Alors, un peu comme moi tout à l'heure qui
n'avais malencontreusement pas entendu l'ensemble des énoncés ou
des débats en ce qui concernait une question, je pense que le
député de Brome-Missisquoi ne m'a pas entendue au moment
où je me suis reprise pour dire qu'effectivement celui-là n'en
était pas un de concordance, alors que les autres en étaient. (0
h 10)
Je vais tenter de revenir à l'explication que je donnais tout
à l'heure. On pourrait reprendre l'exemple que je donnais. Dans ce
cas-ci, c'est toujours dans une perspective d'élargir ou de mieux
couvrir certaines personnes, ou d'en exclure, mais pour qu'elles aient un
meilleur respect de leurs droits. Alors, j'explicite. Par exemple, en vertu des
dispositions actuelles de la loi et du règlement de l'aide sociale,
lorsqu'un enfant à charge reçoit une indemnité de la
Régie de l'assurance automobile, le montant qui lui est versé -
dans le fond, c'est pour couvrir l'accident que cette personne a eu, le
handicap avec lequel elle se retrouve - tel que la loi est libellée,
doit être inclus dans les revenus de la famille, ce qui vient diminuer
d'autant le montant d'aide sociale accordé.
On avait déjà proposé, afin de ne pas
pénaliser les bénéficiaires ainsi concernés par de
telles situations, différentes hypothèses. Cependant - on avait
procédé adminis-trativement comme cela, on doit le dire -
c'était d'exclure l'enfant à charge de la taille de la famille
pour la période pendant laquelle l'indemnité était
versée au jeune bénéficiaire. Or, plusieurs
décisions de la Commission des affaires sociales ont renversé les
positions qu'on avait prises dans ces cas-là, affirmant que l'enfant
dépend toujours de ses parents pour sa subsistance et que
l'indemnité constituait un revenu pour la famille, alors que
c'était un peu injuste compte tenu que cette personne avait encouru un
risque d'accident et s'en était trouvée blessée ou
handicapée et recevait une prestation pour couvrir le tout. Ce n'est pas
une prestation comme un avantage relié à l'assurance
automobile.
M. Paradis: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: ...je suis d'accord que, dans l'exemple donné
par Mme la ministre, il s'agit d'un cas où l'on couvre mieux,
finalement. Ma question est très précise: Est-ce que le
libellé de l'article que vous proposez ne vous permet pas
également de rétrécir le champ d'application,
c'est-à-dire de diminuer les revenus d'une famille en statuant par
règlement certains cas où un enfant doit être
considéré comme ne dépendant pas d'un adulte pour sa
subsistance? Est-ce que le libellé de cet article ne permet pas au
gouvernement de diminuer les prestations auxquelles une famille a droit?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Je ne peux imaginer une situation comme
celle-là. Cependant, je vais quand même tenter d'expliciter.
M. Paradis: Non, non, mais...
Mme Marois: S'il ne dépend pas de sa famille, c'est qu'il
a, à ce moment-là, d'autres moyens de subsistance; sans cela, la
Loi sur l'aide sociale fait en sorte que l'on doit considérer l'ensemble
de la famille, des personnes de moins de 18 ans qui vivent ensemble. Là,
on a même élargi la notion d'enfant pouvant vivre autrement que
dans sa famille, en lien direct de père ou de mère. Enfin,
j'imagine qu'on le fera si on peut adopter cet article plus tard. Je ne vois
pas quels exemples le député de Brome-Missisquoi pourrait
m'apporter pour que l'on puisse conclure ensemble à une
possibilité de réduire l'aide versée par un article comme
celui-là.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je peux tenter de lui apporter...
Mme Marois: Parce que je...
M. Paradis: ...un exemple. J'ai compris tantôt, de
l'exemple qu'elle nous a donné, que cet article autorise le gouvernement
à dire que tel enfant, qui reçoit des prestations de la
Régie de l'assurance automobile du Québec, est
considéré comme ne dépendant pas d'un adulte pour sa
subsistance, de façon à ne pas baisser les prestations de la
famille. Si j'accepte cet exemple et l'interprétation que la ministre
peut en faire, elle pourrait également, par règlement, dire que,
pour les fins de compilation du revenu familial minimum dont la famille a
besoin pour vivre, les deux plus jeunes de la famille ne comptent pas. Est-ce
que cet article vous permet oui ou non de faire cela?
Mme Marois: Je ne crois pas parce que, d'autre part, il y a des
définitions, je l'affirme, et on pourrait sûrement les retrouver.
Quant aux notions de famille: précisément, on en a parlé,
et on peut revenir à la loi de base, à ce moment, en disant:
famille, conjoint ou le conjoint survivant ainsi qu'un enfant à charge,
conjoint séparé judiciairement de fait ainsi qu'un enfant
à sa charge, les conjoints sans enfant à charge, une personne
célibataire ainsi qu'un enfant à sa charge. Et, enfant à
charge: tout enfant non marié, quelle que soit sa filiation - et,
là, si on le modifie, cela le modifiera - qui est âgé de
moins dix-huit ans ou s'il a dix-huit ou, plus même, qui fréquente
une institution d'enseignement et qui dépend d'un adulte pour sa
subsistance. Déjà, la notion "qui dépend d'un adulte pour
sa subsistance" vient encadrer cette notion de famille et d'enfant à
charge.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Mme la ministre... Mme Marois: Parce qu'on
n'exclut...
M. Paradis: ...cet article de règlement vous donne un
pouvoir déclaratoire et moi je suis d'accord avec la première
interprétation que vous en avez donnée. Si le gouvernement, par
règlement, peut déclarer, pour avantager la famille, que l'enfant
n'est pas considéré comme enfant à charge, par le biais du
même article, on peut faire le raisonnement exactement a contrario. Le
même gouvernement, en vertu du même article, qui a la même
formulation - si on s'accorde à lui donner l'interprétation que
vous lui avez donnée plus tôt, il faut s'accorder à lui
donner l'interprétation que j'y donne maintenant - peut également
pénaliser la famille. Est-ce que, pour donner des garanties minimales
aux gens qui vivent sur l'aide sociale, 750 000 au Québec, vous ne
pourriez pas vous assurer, dans la rédaction, que ce que vous voulez
faire précisément, c'est d'en accorder davantage et vous
assurer que vous ne pouvez pas diminuer?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Est-ce que je comprends? M. le Président, je
peux faire un amendement, si le député de Brome-Missisquoi le
veut, pour suspendre l'article et finalement qu'il n'existe pas cet article,
sauf que je vais priver un certain nombre de
personnes de droits. La façon dont on l'a rédigé
nous apparaît permettre, vu que nous nous appuyons, d'autre part, sur un
certain nombre d'autres définitions que comporte la loi
générale de l'aide sociale qui définit la notion de
subsistance... Si, donc, la subsistance n'est pas assurée pour cet
enfant, il est considéré dans la famille dans les
définitions générales. Si le député de
Brome-Missisquoi veut me suggérer que nous n'adoptions pas cet article
ou l'amender, bien, on peut le regarder, sûrement y
réfléchir. Est-ce que c'est ce qu'il propose, M. le
Président?
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi?
M. Paradis: Mme la ministre, ce que je vous propose, c'est qu'on
regarde ensemble la définition à l'article 11, la nouvelle
définition qu'on vient d'adopter, d'enfant à charge. Enfant
à charge: un enfant non marié âgé de moins de
dix-huit ans...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi, l'article 11 a été suspendu.
M. Paradis: Je corrige donc, non pas adopté mais suspendu,
quitte à le revérifier mais qui se lit quand même comme
suit: "Enfant à charge: un enfant non marié, âgé de
moins de dix-huit ans ou, s'il a dix-huit ou plus, qui fréquente une
institution d'enseignement et qui dépend, pour sa subsistance, de son
père ou de sa mère ou, dans les cas prévus par
règlement, d'un autre adulte". Cela, c'est la règle d'application
générale.
Maintenant, vous arrivez à l'article 16, vous modifiez l'article
31 dans la loi et vous dites: par l'addition, au premier alinéa, des
paragraphes suivants. C'est un pouvoir de réglementation que vous vous
donnez. Vous pouvez réglementer les cas où un enfant doit
être considéré ne pas dépendre d'un adulte pour sa
subsistance. Et vous nous avez dit, dans votre exemple, qu'on peut
déclarer qu'un enfant qui reçoit des prestations de la
Régie de l'assurance automobile du Québec ne sera pas
considéré, donc le revenu familial ne sera pas affecté
à la baisse finalement. Et, en ce sens, je vous suis, je suis en faveur
de cette interprétation que vous faites de cet article. (0 h 20)
Ma question est la suivante: Est-ce que cet article - et c'est sur cela
que j'aimerais que vous me répondiez clairement - ne vous permet pas
également de dire qu'un enfant n'est pas considéré
dépendre d'un adulte pour sa subsistance parce que - je ne le sais pas -
c'est le deuxième plus jeune de la famille, par exemple? Vous avez un
pouvoir déclaratoire. Est-ce que vous ne pouvez pas l'utiliser autant
pour bonifier des situations que pour les empirer? Si c'est pour bonifier des
situations - et c'est la seule interprétation possible - nous en sommes,
nous voterons pour. Si cela vous permet également d'empirer des
situations qui sont déjà dramatiques, on a des réserves
sérieuses.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: L'intention du législateur est claire et
l'article, tel que libellé, se réfère aussi à la
loi générale de l'aide sociale qui doit assurer à
l'ensemble de la famille une réponse adéquate à un certain
nombre de besoins identifiés pour lui permettre de se nourrir, de se
loger, de s'habiller, d'avoir accès à un certain nombre de
services qui sont définis à l'intérieur de la loi
générale. Ceci nous permet - à la suite, d'ailleurs, de
tentatives que nous avons faites sur le plan administratif qui n'ont pas
été reconnues par la Commission des affaires sociales - au
contraire de pouvoir faire en sorte que des revenus ou des prestations
reçus par un enfant qui, autrement, tel que la loi est libellée,
seraient considérés comme les revenus de la famille...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je vais tenter de préciser la question.
À la suite des avis que la ministre a reçus quant à
l'interprétation de l'article qui nous est soumis, Mme la ministre
peut-elle nous assurer que cet article ne permet pas au gouvernement de
diminuer le revenu d'une famille bénéficiaire de l'aide sociale
en déclarant certains cas où un enfant doit être
considéré comme ne dépendant pas d'un adulte pour sa
subsistance? Est-ce que la ministre peut nous donner cette assurance?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Écoutez, cela ne serait pas permis et
apparaîtrait rapidement déraisonnable puisqu'on a toujours un
droit d'appel devant la commission sur des articles comme ceux-là. Il
apparaîtrait absolument déraisonnable qu'on puisse aller à
l'encontre, d'autre part, de l'esprit de fond de la loi, qui le reprend
d'ailleurs même dans l'article s'assurant que la subsistance des
personnes doit être en cause et que la Loi sur l'aide sociale doit
l'assurer. Les consultations -puisque le député de
Brome-Missisquoi pose la question - que nous avons eues ou que j'ai pu faire
à l'égard de cette question à l'intérieur de mon
ministère m'amènent à dire ce que j'affirme aujourd'hui
devant
cette commission.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Est-ce que j'ai bien compris que la ministre affirme
devant cette commission que cet article, tel que libellé, ne permet pas
de réduire les prestations dans aucun cas?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
M. Paradis: Si j'ai bien compris cela, on va procéder
à l'adoption, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: C'est, du moins, l'interprétation que j'en
fais. Cela apparaîtrait déraisonnable que cela puisse même
se produire, compte tenu de l'inclusion de cet article qui est quand même
une loi sur l'aide sociale, un dernier recours qui couvre les besoins de base
des personnes et, on le sait, non pas nécessairement très
généreusement.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 16 est
adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 16,
adopté.
Il y a un amendement qui se lit comme suit: "Insérer,
après l'article 16, l'article qui suit: 16.1."
Mme la ministre.
Mme Marois: L'article 16.1 se lit comme suit: "Cette loi est
modifiée par l'abrogation de l'article 37.1." Je reviens à
l'article 37.1 de la Loi sur l'aide sociale toujours. Il s'agit, en fait,
d'abroger un article qui prévoit la notion de confidentialité des
renseignements et la notion d'exception, puisque nous avons adopté une
loi d'ordre général en ce qui concerne la protection de
l'information ou l'accès à l'information. Nous avons même
mis sur pied une commission pour nous assurer que cette protection sera
très clairement assurée à l'ensemble des citoyens et des
citoyennes. Nous devons toujours avoir des avis de cette commission lorsque
nous voulons procéder à des transferts d'information ou à
des collectes d'information concernant les personnes. Est-ce adopté, M.
le Président?
Le Président (M. Rancourt): L'article 16.1 est-il
adopté?
M. Paradis: Comme d'habitude, lorsque la ministre se fait
très claire et très précise, on adopte, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 16.1 est
adopté. Acceptez-vous de revenir à l'article 11 tout de
suite?
Mme la ministre.
Mme Marois: Peut-on revenir effectivement à
l'article...
Le Président (M. Rancourt): Je posais la question tout
simplement.
Mme Marois: Je suis d'accord qu'on y revienne si on le
souhaite.
Le Président (M. Rancourt): Ou je peux tout simplement
demander: L'article 11 est-il adopté tel quel?
M. Paradis: On avait fait une suggestion, mon collège de
D'Arcy McGee et moi, d'élargir la définition à l'article
11 de façon que, dans le texte législatif comme tel, l'on ait
plus de garantie et que cela profite à plus de gens. Si Mme la ministre
adopte la ligne dure à cette heure-ci, en pleine nuit, à
l'égard des bénéficiaires de l'aide sociale, on n'aura pas
d'autres choix -étant donné qu'on est en minorité dans
l'Opposition - que de se plier.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 11 est-il
adopté?
Mme Marois: M. le Président, cet article est
adopté. Je ne crois pas avoir une ligne particulièrement dure
comme ministre, au contraire, mais je pense que tel qu'il est libellé,
l'article répond aux attentes que peut avoir le député de
Brome-Missisquoi.
Le Président (M. Rancourt): D'accord. L'article 11 est
adopté sur division.
Nous passons maintenant à l'article 51.1.
M. Marx: On commence avec l'article...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! Nous
allons à l'article 51.1. Mme la ministre.
Mme Marois: II y a les articles 42 et 44 aussi, M. le
Président. Pardon. Les articles 44 et 46.
Modification à la Loi sur le Barreau
Le Président (M. Rancourt): D'accord. Donc, article 44?
S'il vous plaît! Mme la ministre.
Mme Marois: Alors, nous modifions ainsi par l'article 44,
l'article 128 de la Loi sur le
Barreau, par l'addition à la fin du sous-paragraphe des
éléments suivants: "la division de l'aide et des allocations
sociales de la Commission des affaires sociales, dans la mesure où il
s'agit pour le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, ou pour un organisme qui a conclu un accord conformément
à l'article 35 de la Loi sur l'aide sociale de se faire
représenter pour plaider ou agir en son nom."
Ce que nous faisons par cet article, c'est pouvoir nous faire
représenter ou agir en notre nom comme ministère devant la
Commission des affaires sociales.
C'est d'ailleurs essentiellement en concordance qu'on retrouve l'article
46 un peu plus loin. Alors, cela permet que le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu puisse être
représenté par des personnes qui ont une longue expérience
des situations vécues à l'aide sociale, pour faire valoir le
point de vue du ministère et qui ne sont pas pour autant membres du
barreau. (0 h 30)
Le Président (M. Rancourt): Pour la bonne
compréhension de chacun et de chacune, c'est le nouvel article 44 qui a
été remplacé par un papillon. M. le député
de D'Arcy McGee.
M. Marx: C'est l'article 44, c'est ça. Mme Marois:
II est déjà...
M. Marx: Est-ce que le barreau a été
consulté sur cet article, M. le Président?
Le Président (M- Rancourt): Oui.
M. Johnson (Anjou): Est-ce que le président l'a?
Le Président (M. Rancourt): Je viens de le mentionner
comme tel.
Mme Marois: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je répète ma question, M. le
Président. Est-ce que le barreau a été consulté sur
cet article, sur cette modification?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'ai eu l'occasion
d'en discuter avec le bâtonnier dans un cadre un peu plus large que cet
article. Inutile de vous dire que le barreau a plutôt tendance à
s'y opposer, mais nous avons cependant limité l'étendue de ce que
le barreau aurait pu considérer être des dégâts, dans
la mesure où ce que nous faisons, c'est que nous restaurons le statu quo
ante d'une décision de la Cour supérieure, qui est relativement
récente. Il y a toujours eu historiquement cette présence de
non-membres du barreau pour représenter la section du Bien-Être
social, à l'époque, et par la suite la Sécurité du
revenu devant la Commission des affaires sociales. La Cour supérieure a
décidé qu'il fallait que ce soit des procureurs et nous avons
décidé de modifier la loi pour restaurer le statu quo ante.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: C'est-à-dire que la modification proposée,
ce n'est pour contourner la décision de la Cour supérieure, mais
c'est cela en fait.
M. Johnson (Anjou): C'est-à-dire pour infirmer les effets
anticipés de la décision de la Cour supérieure.
M. Marx: Vous pouvez décrire cela comme vous voulez.
M. Johnson (Anjou): Comme vous le savez, on ne se mêle pas
de porter des jugements sur des tribunaux.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Le ministre a dit qu'il ne porte pas de jugement sur les
décisions des tribunaux, je suis d'accord, mais il arrive souvent
qu'après un jugement de la Cour supérieure, de la Cour d'appel ou
même de la Cour suprême du Canada, l'Assemblée nationale se
retrouve dans la nécessité d'intervenir pour modifier la loi. On
a déjà fait ça dans d'autres cas.
M. Johnson (Anjou): C'est simplement ce que j'ai dit, nous
faisons cela. J'avais peut-être mal entendu ce que le
député avait dit.
M. Marx: C'est ça. Est-ce que le ministère n'a pas
assez d'avocats pour aller devant ces instances et plaider pour le
ministère?
M. Johnson (Anjou): II ne nous apparaît pas essentiel, dans
la mesure où il y a là une longue expertise au ministère
depuis de nombreuses années, d'introduire la notion de
représentation obligatoire par procureur.
M. Marx: D'accord, adopté.
Modification à la Loi sur la Commission des
affaires sociales
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Nous en sommes
maintenant à l'article 46.
Mme Marois: Article 46.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: C'est essentiellement une concordance avec l'article
que nous venons d'adopter, M. le Président.
M. Johnson (Anjou): C'est ça.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
de...
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 46 est
adopté. Nous allons maintenant à l'article 51.1.
Mme Marois: C'est ça, et 51.2.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre, sur l'article
51.1. Est-ce qu'il y a un amendement?
Mme Marois: C'est essentiellement cette question qui concerne la
Loi sur la fête nationale. Nous modifions l'article 2 de la Loi sur la
fête nationale.
M. Marx: Quel article? Je n'ai pas cet article ici.
Modifications à la Loi sur la fête
nationale
Le Président (M. Rancourt): Article 51.1.
M. Johnson (Anjou): C'est un amendement, c'est dans la liste des
amendements.
Mme Marois: C'est un amendement dans la liste des amendements que
vous avez reçue.
M. Marx: Je n'ai pas l'article 51.1. Puis-je en avoir une
copie?
M. Johnson (Anjou): On me dit que la copie vous a
été transmise.
Le Président (M. Rancourt): C'étaient ceux qui ont
étudié les affaires municipales tantôt, M. le
député.
M. Marx: J'ai l'article 51, mais pas l'article 51.1.
Le Président (M. Rancourt): Je peux me permettre de vous
le lire, M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Je vois que quelqu'un va m'en apporter une copie.
Merci.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que vous voulez
intervenir sur l'article 51.1 après en avoir pris connaissance,
évidemment?
M. Marx: Oui, j'en ai pris connaissance. Est-ce que la ministre a
des commentaires à faire?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Essentiellement, c'est même pour s'assurer que
la volonté initiale du législateur soit respectée,
c'est-à-dire qu'il y ait un congé compensatoire ou un jour
chômé lorsque la fête nationale, le 24 juin, tombe un jour
qui est déjà un jour considéré comme congé,
par exemple, le dimanche. Le problème ne s'était pas posé
jusqu'à ce jour depuis l'adoption de la Loi sur la fête nationale
puisque ce congé n'était jamais tombé un dimanche. C'est
la première fois cette année que cela arrive. Dès que cela
nous a été souligné... D'ailleurs, j'avais fait
connaître l'intention du gouvernement de tenir compte de cette anomalie
qu'on retrouvait dans la loi et qui correspond aussi, je pense, à une
tradition qu'on avait.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Nous sommes tout à fait d'accord, M. le
Président. J'aimerais poser la question suivante à la ministre.
Étant donné que la fête du Canada sera le dimanche suivant,
est-ce qu'on prévoit un congé compensatoire pour les
fonctionnaires au gouvernement, les travailleurs au Québec et ainsi de
suite?
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Alors, comme nous ne décidons pas de la
fête du Canada, j'imagine que cette fête prévoit...
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Marois: ...ou est déjà prévue par le
Canada. Cependant, nous avons une Loi sur les normes du travail qui
prévoit que cette journée peut être fériée ou
peut être chômée.
M. Marx: Je veux m'assurer que les fonctionnaires au
gouvernement, les fonctionnaires de votre ministère ne travailleront pas
le lundi après la fête du Canada. Ils vont avoir congé et
ils seront tous payés.
Mme Marois; Non, ce n'est pas tout à fait la même
chose.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Alors, effectivement la Loi sur les normes du travail
reconnaît ce congé et ce sera vrai dans mon ministère, dans
celui de mes collègues et pour l'ensemble des travailleurs et de
travailleuses du Québec.
M. Marx: Avec cette explication, nous sommes prêts à
adopter l'article.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 51...
M. Marx: Peut-être juste une autre question qui m'a
été suggérée par le député de
Jean-Talon.
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Marx: Est-ce que la permanence du Parti
québécois va avoir un congé payé pour la fête
du Canada?
Mme Marois: Comme la permanence respecte les lois que nous
adoptons au Québec, j'imagine que oui.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 51.1 est
adopté?
M. Marx: Est-ce qu'ils vont aussi fêter la fête du
Canada?
M. Johnson (Anjou): Non, mais ils vont choisir d'aller
travailler.
M. Marx: Au bureau du Parti québécois, c'est
cela?
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Johnson (Anjou): Est-ce que l'article est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Rancourt): L'article 51.1 est-il
adopté?
M. Marx: Pardon, M. le Président. Est-ce que le ministre
des affaires canadiennes a dit oui?
M. Johnson (Anjou): Ce sont les changements de nom. Pardon?
M. Marx: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 51.1 est
adopté. L'article 51.2. Mme la ministre.
Mme Marois: Oui, M. le Président. L'article 61...
Le Président (M. Rancourt): Article 51.2, s'il vous
plaît:
Mme Marois: Pardon? Non, l'article 51.2 est-il adopté?
Toujours là, cela prenait deux éléments d'article pour la
Loi sur la fête nationale.
M. Johnson (Anjou): C'est de la concordance.
Le Président (M. Rancourt): Donc, les articles 51.1 et
51.2 sont adoptés. Nous passons maintenant...
M. Marx: Mais parce que...
Le Président (M. Rancourt): Oui, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Mais l'article 51.2 modifie la même loi.
L'employeur doit accorder un congé compensatoire d'une durée...
La ministre a seulement dit que cela est couvert par la Loi sur les normes du
travail.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Pardon?
M. Marx: Est-ce que la ministre n'a pas dit qu'un congé
compensatoire est prévu dans une autre loi?
Mme Marois: C'est que...
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: ...dans le cas qui concernait la fête
nationale, il avait été prévu dans la Loi sur la
fête nationale. Dans la Loi sur les normes du travail on fait
référence à la Loi sur la fête nationale en ce qui a
trait au congé. (0 h 40)
M. Marx: Donc, c'est la même disposition dans deux lois
différentes.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre.
Mme Marois: Du moins, si j'ai bien compris la question, ce
que la Loi sur la fête nationale engendre comme congé,
comme jour chômé, soit le jour même ou le lendemain du jour
de la fête, était prévu dans la Loi sur la fête
nationale. D'accord? C'est par référence à cette Loi sur
la fête nationale que ce congé est considéré
parmi
les congés de base de la Loi sur les normes du travail, de
même que l'autre congé qu'on a évoqué tout à
l'heure.
M. Marx: Et, pour la fête du Canada, c'est prévu
dans la Loi sur les normes du travail; donc, il n'est pas nécessaire de
le prévoir ici.
Mme Marois: C'est cela. Cela revient au tout début du
débat où je disais...
M. Marx: D'accord.
Mme Marois: ...on adopte les lois qu'on peut.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 51.2 est
adopté. Nous allons maintenant à l'article 61, si je ne
m'abuse.
Modifications à la Loi sur le
ministère de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu
Mme Marois: Nous passons maintenant à l'article 61, M. le
Président...
Le Président (M. Rancourt): Je le crois.
Mme Marois: ...qui vient amender la Loi sur le ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pour permettre
d'établir des programmes en matière d'emploi ou de main-d'oeuvre
prévoyant des critères d'admissibilité basés sur
l'âge d'une personne et pouvant me permettre, comme ex-ministre
déléguée à la Condition féminine, d'imaginer
un certain nombre de programmes d'aide à l'emploi s'adressant, par
exemple, à des personnes qui ont tel ou tel âge, permettant donc
des programmes d'accès à l'égalité à cet
égard.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: C'est-à-dire que ce sera possible de faire des
distinctions basées sur l'âge ou de faire, en d'autres mots, de la
discrimination basée sur l'âge des personnes. La Charte des droits
et libertés de la personne du Québec prévoit qu'on ne peut
pas faire de discrimination sur l'âge; c'est illégal, sauf si
c'est prévu dans la loi. C'est cela.
Mme Marois: C'est exactement cela, M. le Président. On
veut pouvoir se prévaloir de cet article de la charte.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 61 est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Est-ce que c'est pour contrebalancer la discrimination
que l'on fait dans la Loi sur l'aide sociale concernant l'âge des
personnes, c'est-à-dire le fait d'avoir 30 ans?
Mme Marois: Cela peut nous permettre d'intervenir de façon
encore plus claire qu'on ne le fait maintenant auprès de personnes qui
se situent dans les mêmes groupes d'âge identifiés par la
Loi sur l'aide sociale, mais, à ce moment-là, dans une
perspective d'emploi ou de main-d'oeuvre.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Mais il y a un problème de fond ici. Ce n'est
peut-être pas dans le cadre de cette loi qu'il faut le traiter. La charte
québécoise prévoit que la discrimination est
illégale si elle est fondée sur l'âge, sauf si c'est permis
par la loi. Donc, cela prend une loi pour discriminer. La charte
fédérale, à la différence de la charte
québécoise, fait de la discrimination basée sur
l'âge une discrimination illégale, c'est-à-dire que le
Parlement fédéral ne peut pas adopter une disposition dans une
loi qui prévoit la discrimination basée sur l'âge. Ce sont
les cours qui vont décider si c'est une discrimination raisonnable ou
non, quoique, ici, c'est l'Assemblée nationale qui décide de le
faire. Je pense que la charte fédérale donne plus de garanties en
ce qui concerne la discrimination fondée sur l'âge que la charte
québécoise. J'espère que le ministre...
M. Johnson (Anjou): Sans refaire tout le débat qui a
préoccupé de nombreux constitu-tionnalistes depuis environ 40 ans
sur ces questions, le député de D'Arcy McGee - je me suis servi
abondamment d'un exposé qu'il a fait au sujet de la valeur
intrinsèque et remarquable de la Charte des droits et libertés du
Québec - reconnaîtra que le fait de constitutionnaliser la
convention à l'égard de la discrimination, si cela a l'avantage
-c'est une affaire de point de vue - de geler les deux pieds dans le ciment le
Parlement qui ne peut pas adopter avec souplesse et faire face à des
changements de société importants des lois qui tiennent compte de
l'âge des personnes, sans passer par le processus de l'amendement
constitutionnel à 7 et la majorité de 50% de la population, il
comprendra qu'à toutes fins utiles le gouvernement fédéral
a décidé de laisser cela à des juges, et nous, comme
société, avons décidé que c'était
l'Assemblée nationale qui décidait. Il y a là deux
théories d'égale
valeur dans une société démocratique; il ne
faudrait pas présenter la théorie du gel dans le ciment comme
étant nécessairement une vertu intrinsèque pour laquelle
il n'y a pas de contrepoids dans notre approche.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, j'apprécie le discours
politique du ministre, mais j'aimerais lui rappeler que, dans la charte
fédérale, une Législature provinciale ou même le
Parlement fédéral pourrait passer outre à cet article 15
qui prévoit l'égalité - l'égalité en
matière d'âge aussi - en mettant dans sa loi une clause
nonobstant. Le dernier mot reste aux législateurs.
Je pense que la garantie sur ce petit point est plus solide dans la
charte fédérale que dans la charte provinciale. Il serait
peut-être souhaitable un jour de revenir sur notre article 10 de la
charte québécoise pour voir si on peut l'améliorer sur ce
point. Cela dit, nous sommes d'accord avec...
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 61 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Modifications à la Loi sur la
sécurité
du revenu des chasseurs et piégeurs
cris
bénéficiaires de la Convention de
la
Baie James et du Nord québécois
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Nous passons
maintenant à un amendement qui dit: "Insérer après
l'article 72 ce qui suit: 72.1 et 72.2.
Mme la ministre.
Mme Marois: Nous venons, par les articles qui sont ici, modifier
la Loi sur la sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs
cris bénéficiaires de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois. Le premier article, 72.1, dit que les prestations de
sécurité du revenu sont insaisissables de la même
manière que le sont les traitements en vertu de l'article 553 du Code de
procédure civile.
M. Johnson (Anjou): Adopté, M. le Président?
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
Mme Marois: C'est sur l'insaisissabilité des prestations
de sécurité du revenu.
M. Johnson (Anjou): C'est considéré, dans le cadre
des lois de la Baie James, comme étant des revenus pour fins de
subsistance.
Le Président (M. Rancourt): Mme la ministre, vous voulez
intervenir?
Mme Marois: Est-ce qu'on peut appeler l'article 72.1, M. le
Président?
M. Marx: Je viens de recevoir l'article et je...
Le Président (M. Rancourt): Aussitôt que M. le
député de D'Arcy McGee nous en donnera l'autorisation.
M. Marx: Nous sommes d'accord. (0 h 50)
Le Président (M. Rancourt): L'article 72.1 est-il
adopté?
Mme Marois: C'est adopté. Cela va.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Et l'article
72.2 aussi, madame? M. le député de D'Arcy McGee.
Mme Marois: Est-ce que cela va pour l'article 72.2?
Le Président (M. Rancourt): Donc, les articles 72.1 et
72.2 sont adoptés.
M. Marx: On adopte l'article, mais on va vérifier avec
notre porte-parole, le cas échéant. S'il a des
représentations, il va les faire au ministre, mais on adopte l'article,
d'accord.
Mme Marois: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): Nous considérons
présentement que les articles sont adoptés.
M. Marx: On peut toujours...
Modifications aux conventions collectives et aux
décrets
Le Président (M. Rancourt): D'accord. Maintenant, Mme la
ministre, nous allons à l'article 91.1 et il y aurait un amendement.
Est-ce exact?
Mme Marois: Ah oui! C'est essentiellement de la concordance,
toujours en ce qui a trait à la Loi sur la fête nationale, pour
couvrir... "Toute disposition relative à la fête nationale
contenue dans une convention collective au sens du Code du travail ou dans un
décret pris en vertu de la Loi sur les décrets ou de la Loi sur
les relations du travail dans l'industrie de la construction, etc." Cet article
de loi fait en sorte qu'on s'assure que l'article que nous avons adopté
précédemment, on puisse y faire référence dans les
autres lois du travail qui ont trait à la notion de jour
chômé à
l'occasion de cette fête. M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 91.1 est donc
adopté. L'article 91.2?
M. Marx: Adopté.
Mme Marois: À l'article 91.2, c'est la même chose,
c'est par concordance.
M. Marx: C'est la même chose.
Le Président (M. Rancourt): D'accord.
M. Marx: La seule chose, à l'article 91.2, c'est qu'on
modifie une loi et on ne sait pas si la loi qu'on modifie sera adoptée,
mais on va le faire quand même.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
Mme Marois: C'est-à-dire... Oui, on modifie la loi
actuelle.
M. Marx: On va le faire.
Le Président (M. Rancourt): Les deux articles sont
adoptés. C'est donc adopté.
M. Johnson (Anjou): Présent.
Le Président (M. Rancourt): Nous reprenons à
l'article 1.
M. Johnson (Anjou): À l'article 1, avec plaisir, M. le
Président. Il est tôt, alors...
Le Président (M. Rancourt): Tôt ce matin, oui.
M. Johnson (Anjou): Tôt ce matin.
M. Marx: M. le Président, nous sommes à la
période intensive de nos travaux et nous avons une session très
chargée. C'est pourquoi il faut siéger à 1 heure du
matin.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Si je comprends bien, le
député veut qu'on puisse avancer passablement rapidement. Nous
sommes prêts, M. le Président. Vous nous donnez le signal et on
commence.
Modifications à la Loi sur
l'accès aux documents des organismes
publics et sur la protection des
renseignements personnels (suite)
Le Président (M. Rancourt): J'appelle l'article 1. M. le
ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): À moins que le député ne
veuille continuer demain après-midi, je ne sais pas... Je le
suggère.
M. Marx: Non, non, on continue maintenant.
M. Johnson (Anjou): Ah! Maintenant, très bien, aucun
problème.
M. Marx: Demain après-midi, il se pourrait qu'on ait une
autre...
M. Johnson (Anjou): Je voulais juste m'assurer...
M. Marx: ...loi à étudier ou cinq autres. Il faut
profiter de la nuit maintenant.
M. Johnson (Anjou): Oui, qui en général porte
conseil, d'ailleurs. Je voulais juste m'assurer, M. le Président, que le
député ne nous dise pas dans quelques jours que c'est bien
épouvantable de siéger à 1 heure du matin. Nous sommes
prêts à y aller demain après-midi s'il
préfère, mais on peut continuer. Cela va très bien.
M. Marx: Une autre loi est prévue pour demain
après-midi.
M. Johnson (Anjou): L'article 1, M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!:
L'article 1, M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Modification de concordance avec le nouvel
article 61.1...
M. Marx: Est-ce qu'on a adopté l'article 61.1? Je pense
que... Ce n'est pas adopté encore.
M. Johnson (Anjou): ...qui, en fait, se réfère
à l'article 2 du projet.
M. Marx: C'était suspendu?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la Justice,
l'article 61.1 a été suspendu.
M. Johnson (Anjou): Pardon? Je m'excuse. Nous sommes dans la Loi
sur l'accès aux documents. Quand je parle de l'article 61.1, je parle de
la loi originale que nous modifions, je m'excuse.
Le Président (M. Rancourt): Ah! M. Marx: Ah!
D'accord.
Le Président (M. Rancourt): Vous avez raison, M. le
ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): L'article que nous avons ici...
M. Marx: Adopté.
M. Johnson (Anjou): ...est une modification de concordance avec
l'article 2 du projet de loi. D'accord?
M. Marx: Adopté.
M. Johnson (Anjou): L'article 2 du projet de loi modifie
l'article 61.1 de la Loi sur l'accès aux documents, etc. Il permet
à un organisme public de transmettre à un autre organisme public
des renseignements nominatifs à l'occasion de la remise d'une cotisation
qui est établie par la loi et ce, sans être assujetti au
mécanisme qui est actuellement prévu par la loi, soit la
signature d'une entente. De plus, il prévoit que l'organisme public qui
voudra se prévaloir de cette disposition devra établir les types
de renseignements nominatifs qui sont nécessaires à
l'identification des personnes qui sont concernées en vue d'en informer
la Commission d'accès à l'information et à la protection
des renseignements personnels."
Le Président (M. Rancourt): L'article 2 est adopté.
J'appelle l'article 3. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Cela modifie l'article 67. C'est une
modification de concordance avec le précédent.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee, adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 3 est adopté.
J'appelle l'article 4.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, c'est de concordance
avec le suivant, l'article 5.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee, adopté?
M. Marx: Adopté, c'est un article de concordance.
Le Président (M. Rancourt): L'article 4 est adopté.
J'appelle l'article 5.
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'une modification, toujours
à la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics.
À la suite de l'adoption de nouvelles règles de procédure
à l'Assemblée nationale, certaines dispositions
législatives sont devenues incohérentes. Ainsi en est-il des
dispositions de la loi sur l'accès à l'information relativement
à l'étude, par une commission permanente de l'Assemblée
nationale, de rapports que la Commission d'accès à l'information
doit transmettre au ministre désigné par la loi sur
l'accès à l'information, notamment, des rapports
d'activités. L'article remédie à cet état de choses
en prévoyant que la commission de l'Assemblée nationale
désigne la commission qui fera l'étude du rapport
d'activités préparé par la Commission d'accès
à l'information, le tout à la suite d'une recommandation de nos
collègues de la commission de l'Assemblée nationale.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): L'article 5 est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rancourt): L'article 5 est adopté.
Article 6? M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): L'article 6 a le même objectif que le
précédent, mais eu égard au rapport spécial de la
Commission d'accès à l'information.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 6 est adopté.
J'appelle l'article 7.
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'une modification qui est de
concordance avec l'article 179, c'est-à-dire avec le suivant, 8, qui
lui-même établira les mêmes objectifs que l'article 5 que
nous avons adopté. Cela va?
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): L'article 7 est adopté.
J'appelle l'article 8.
M. Johnson (Anjou): Même chose que l'article 5.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 8 est adopté.
J'appelle l'article 9.
M. Johnson (Anjou): Cet article, M. le Président, en fait,
vise à permettre la restauration de crédits votés lors du
remboursement dans la même année financière. Est-ce qu'on
me permet deux minutes ou, enfin, trente secondes?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je vous demanderais
la suspension de l'article 9, s'il vous plaît.
Le Président (M. Rancourt): L'article 9 est suspendu.
L'article 10? M. le ministre.
Modification à la Loi sur l'administration
régionale crie
M. Johnson (Anjou): L'article 10 touche la Loi sur
l'administration régionale crie. L'article 25 de cette loi est
abrogé afin de permettre qu'une personne puisse exercer, pour plus de
deux mandats consécutifs, soit la charge de président du conseil
d'administration régional cri, soit celle de vice-président, soit
l'une suivie de l'autre. Cette solution retenue par les Cris permettrait de
laisser le processus démocratique jouer librement son rôle.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, puis-je demander au ministre qui
a proposé cet amendement? Est-ce que cela vient de lui-même ou
est-ce que cela vient d'ailleurs?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Non, cela vient du
SAGMAI, je crois. Cela vient de l'administration régionale crie
et cela a transité par le secrétariat.
M. Marx: C'est-à-dire que les Cris sont d'accord avec cet
amendement?
M. Johnson (Anjou): Oui, absolument. M. Marx:
Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 10 est
adopté. J'appelle l'article 32.
M. Johnson (Anjou): L'article 32, M. le Président?
Le Président (M. Rancourt): II semble que oui.
M. Johnson (Anjou): Non, M. le Président, les articles qui
touchent la Loi sur l'Assemblée nationale sont suspendus jusqu'à
nouvel ordre.
Le Président (M. Rancourt): Donc, les articles 32 et 33
sont suspendus.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): Nous passons maintenant
à l'article 34.
Modification à la Loi sur l'assurance
automobile
M. Johnson (Anjou): La Loi sur l'assurance automobile, M. le
Président. Le texte proposé vise à régler des
situations où il se présente des cas où un parent a
abandonné la victime et ou l'autre parent n'a jamais fait de
démarche légale afin d'obtenir que celui-ci soit
considéré comme déchu de son autorité parentale.
Or, il serait opportun, aux fins de l'application de l'article 39, que ce
parent soit assimilé à celui qui est déchu de son
autorité parentale. (1 heure)
Une voix: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 34 est
adopté.
Modification à la Loi sur
l'assurance-hospitalisation
J'appelle maintenant l'article 35, Loi sur
l'assurance-hospitalisation.
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'ajouter à l'article 3 ce
qu'il faut pour lier, par une entente conclue avec un organisme
représentatif des pharmaciens oeuvrant dans un centre hospitalier, non
seulement les membres de cet organisme, mais aussi les non-membres qui exercent
les mêmes activités professionnelles.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Le ministre peut-il nous expliquer le problème
qui survient en pratique? Pourquoi propose-t-on cet amendement?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): C'est parce qu'il y a un problème, en
pratique, de représentation des personnes qui pratiquent la pharmacie en
établissement. Certaines d'entre elles ont un statut de cadre, d'autres
ont un statut de salarié, certaines font cela à temps partiel,
alors qu'elles sont propriétaires d'une pharmacie. Par analogie, je
dirais que c'est un peu comme la Loi sur les décrets de convention
collective qu'on retrouve en droit du travail pour standardiser les conditions
de travail des pharmaciens à partir de la détermination de
l'établissement, une fois qu'on a négocié avec les
associations représentatives.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: C'est-à-dire que, dans un centre hospitalier, il
y a des pharmaciens qui travaillent à temps plein pour cette
institution, il y en a d'autres qui travaillent à mi-temps et vous
voulez que la loi couvre ceux qui travaillent à mi-temps par
l'entente
prévue dans cet article. Est-ce cela? M. Johnson (Anjou):
C'est cela.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Dans le fond, il s'agit de standardiser les
conditions de travail de ceux qui travaillent dans un établissement
donné.
M. Marx: Par qui cela a-t-il été demandé?
Par le ministre responsable de l'assurance-hospitalisation ou par les
pharmaciens?
M. Johnson (Anjou): Non, je pense que le ministère des
Affaires sociales a tranché dans une querelle qui dure depuis longtemps
sur cela.
Préférez-vous le suspendre?
Le Président (M. Rancourt): C'est que l'article 35...
M. Marx: Je ne veux pas le suspendre pour le plaisir de le
suspendre.
M. Johnson (Anjou): Non.
M. Marx: Mais on peut le suspendre et je vais demander à
notre porte-parole s'il en a pris connaissance.
M. Johnson (Anjou): D'accord.
Modifications à la Loi sur
l'assurance-maladie
Le Président (M. Rancourt): Donc l'article 35 est
suspendu. Nous passons maintenant à l'article 36, Loi sur
l'assurance-maladie.
M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): L'article 36, M. le Président, est-ce
bien cela?
Le Président (M. Rancourt): C'est exact, Loi sur
l'assurance-maladie.
M. Johnson (Anjou): L'article 4 de la Loi sur l'assurance-maladie
prévoit que le ministre dresse la liste des médicaments dont la
régie assume le coût. Il est aussi prévu que cette liste et
chacune de ses mises à jour entrent en vigueur à la date de leur
publication à la Gazette officielle du Québec. Or, une telle
publication entraîne des déboursés importants, alors que la
régie publie déjà cette liste sous forme de livre de poche
ou de vade-mecum. Il est donc proposé que la Régie de
l'assurance-maladie continue à publier la liste des médicaments
à l'intention des professionnels de la santé et qu'un avis de
publication de cette liste et de ses mises à jour paraisse à la
Gazette officielle du Québec.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 36 est
adopté.
J'appelle maintenant l'article 37.
M. Johnson (Anjou): Toujours dans la Loi sur l'assurance-maladie,
la modification vise à interdire aux dentistes de facturer les
bénéficiaires pour des services rendus en cabinet privé
lorsque ces services sont reliés à un service qui est
assuré. C'est l'antiticket modérateur.
M. Marx: Est-ce que le but est d'éviter la double
facturation?
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
M. Marx: Mais est-ce que ce n'est pas illégal en vertu de
cette loi ou d'une autre loi, de toute façon? Est-ce que la double
facturation est valide sans cette modification?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Oui. C'est pour cela que nous le
modifions.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): L'article 37,
adopté.
J'appelle l'article 38.
M. Johnson (Anjou): II s'agit de corrections de syntaxe et de
grammaire.
M. Marx: Bon! On veut que nos lois se lisent bien.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 38 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 39, Loi sur les autochtones cris,
inuits et naskapis. M. le ministre de la Justice.
Modifications à la Loi sur les autochtones
cris, inuits et naskapis
M. Johnson (Anjou): Alors, la Loi sur les autochtones cris,
inuits et naskapis prévoit, aux articles 18, paragraphes 8, 19,
paragraphes 8, et 19.1, que le gouvernement nomme un bénéficiaire
qualifié comme agent local d'inscription pour chacune de ces
communautés.
Les conditions particulières de vie au
Nord font en sorte que les personnes nommées agent local
d'inscription doivent souvent être remplacées. La seule
façon d'assurer une certaine permanence chez les responsables
d'inscription est de confier l'exercice de cette fonction à un organisme
qui représente la communauté. Les conseils de bande cris et
naskapis et les corporations foncières inuites sont des organismes dont
les membres sont exclusivement autochtones et assurent une permanence dans le
Nord.
Les articles énumérés plus haut visent donc
à modifier la Loi sur les autochotones cris, inuits et naskapis afin de
permettre au gouvernement de nommer les conseils de bande cris et naskapis,
ainsi que les corporations foncières inuites comme agents locaux
d'inscription pour assurer la permanence de la fonction.
M. le Président, je dois vous dire que cela me fait, d'ailleurs,
un très grand plaisir de voir ces dispositions, compte tenu du fait que,
la dernière fois où je me suis rendu dans le Grand-Nord, on
m'avait dit qu'on attendait cela.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Cela a été demandé par les Cris,
les Inuits et les Naskapis?
M. Johnson (Anjou): C'est cela. C'est une façon de rendre
les choses pratiques au niveau des inscriptions.
M. Marx: Et ils ont demandé cela. C'est cela?
M. Johnson (Anjou): Oui, oui.
M. Marx: Je veux seulement le savoir pour que ce soit clair pour
le journal des Débats.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 39 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 40. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Nous avons un amendement, M. le
Président, à l'article 40?
Le Président (M. Rancourt): Je n'ai pas d'amendement.
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, j'étais à
l'article 42. Alors, les articles 39, 40 et 41.
M. Marx: Un instant! L'article 39?
Le Président (M. Rancourt): L'article 39 a
été adopté.
M. Johnson (Anjou): Et l'article 40 est de concordance avec ce
que je viens de décrire.
M. Marx: L'article 39 est déjà adopté?
Le Président (M. Rancourt): Déjà
adopté. J'ai appelé l'article 40 qui est de concordance.
M. Marx: Je n'ai pas l'article 40.
M. Johnson (Anjou): II s'agit de un pour les Cris, un pour les
Inuits et un pour les Naskapis. D'accord?
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): L'article 40 est
adopté. L'article 41?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Nous passons
maintenant à l'article 42.
Modifications à la Loi sur le Barreau
(suite)
M. Johnson (Anjou): II y a un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): II y a un amendement.
M. Johnson (Anjou): Dois-je faire lecture de l'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Rancourt): Jusqu'à présent,
cela n'a pas été nécessaire puisque chacune des parties a
en sa possession le texte.
M. Johnson (Anjou): D'abord, le commentaire général
sur l'article et, ensuite, le commentaire sur l'amendement.
Le Président (M. Rancourt): C'est exact.
M. Johnson (Anjou): L'article lui-même a pour but de
permettre au Comité administratif du barreau de déléguer
à un comité des requêtes les pouvoirs que la loi lui
confère et ayant trait, notamment, aux demandes de réinscription
au tableau de l'ordre. Le nombre des demandes augmente continuellement et le
comité administratif en arriverait à consacrer trop de temps
à cette fonction au détriment de l'ensemble de ses
responsabilités. L'amendement que nous introduisons vise à
permettre au Comité administratif du barreau de déterminer
par
résolution la procédure de fonctionnement du Comité
des requêtes et d'établir l'autorité du bâtonnier de
décider si une requête doit être entendue ou
décidée par le comité administratif lui-même ou par
le Comité des requêtes.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: D'accord. Cela a été demandé par le
barreau, j'imagine.
M. Johnson (Anjou); Oui, oui, absolument.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): L'article 42, tel
qu'amendé, est adopté. Nous passons maintenant à l'article
43 sur lequel il y a un amendement. C'est plutôt le remplacement de
l'article 43 par le suivant...
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): La modification a pour but de prévoir
que l'avis d'intention de reprendre l'exercice du droit soit dorénavant
présenté sur une formule fournie par le barreau, dont le contenu
est déterminé par un règlement, afin que le barreau puisse
mieux juger s'il doit s'opposer à la demande de reprise d'exercice. De
plus, le délai de l'avis est porté d'un mois à 60
jours.
En effet, il est apparu que le délai d'un mois était trop
court pour informer les secrétaires de section, le syndic et obtenir
leur réponse, ainsi qu'aviser de la démarche à prendre
à l'égard de cette demande. Demandé par le barreau
également. (1 h 10)
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, je me demande s'il serait juste
de faire attendre pendant soixante jours les personnes qui veulent s'inscrire.
Je sais que le ministre a récemment démissionné de l'Ordre
des médecins et il s'est réinscrit au barreau pour reprendre la
pratique du droit en tant que Procureur général du Québec.
Il a attendu seulement trente jours, j'imagine.
M. Johnson (Anjou): Oui, effectivement.
M. Marx: II n'aurait pas voulu attendre soixante jours parce que,
en tant que Procureur général du Québec, il est important
d'être membre du barreau, voire, c'est peut-être même
exigé. Je ne vois pas vraiment la nécessité de forcer les
gens à attendre soixante jours au lieu de trente jours. Je pense qu'il
n'y a pas eu de difficulté en ce qui concerne le ministre et je ne vois
pas la nécessité de porter cela de trente à soixante
jours.
M. Johnson (Anjou): II faudrait présenter un amendement,
je serais ouvert à cela.
M. Marx: Je ne vois pas pourquoi on ne laisse pas cela à
trente jours.
M. Johnson (Anjou): Le barreau demande soixante jours. Je pense
qu'il nous expose des raisons et des motifs qui sont quand même valables.
De toute évidence, en ce moment, l'avis de trente jours, apparemment,
est difficile à respecter.
M. Marx: L'explication que le ministre nous a fournie est la
suivante: Le délai de l'avis est porté d'un mois à
soixante jours. En effet, il est apparu que le délai d'un mois
était trop court pour informer les secrétaires de section et les
syndics, obtenir leur réponse et aviser de la démarche à
prendre à l'égard de cette demande. Il me semble que trente
jours, ce devrait être une période assez raisonnable.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je suis sûr que
le député me permettra de réagir là-dessus.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Si je suivais juste sa logique, on pourrait
dire que c'est dix jours. Pourquoi trente, pas vingt-sept, pourquoi pas
trente-quatre? Le barreau demande soixante jours.
M. Marx: C'est trente jours depuis des années.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais on nous dit qu'il y a beaucoup plus
de demandes de réinscription. Peut-être chez les
députés, chaque fois qu'une élection approche au
fédéral ou à Québec, il y a une tendance à
la réinscription au barreau de part et d'autre dans chaque parti
politique. Je ne sais pas si c'est à cause de cela, mais on nous dit
qu'il y a plus de demandes de réinscription. J'avoue que je serais un
peu mal à l'aise ici de fournir les chiffres, le barreau nous en a fait
la demande, elle nous apparaissait a priori raisonnable.
M. Marx: II va sans dire que j'aimerais accommoder le barreau, le
problème n'est pas là. Le problème, c'est qu'on va forcer
les gens qui veulent se réinscrire à attendre un autre mois,
à ne pas travailler pendant un
mois de plus. C'est ça le problème. Priver quelqu'un de
travailler, je pense que c'est priver quelqu'un d'un droit assez important.
Avant de le faire, j'aimerais m'assurer que c'est vraiment essentiel.
M. Johnson (Anjou): Je peux dire au député que nous
tenterons de rejoindre le bâtonnier. À 1 h 15, c'est
peut-être un peu tard pour le rejoindre, mais peut-être demain
matin, ou enfin un peu plus tard, on pourra rejoindre le bâtonnier ou
quelqu'un de son bureau pour s'en assurer.
M. Marx: Ce n'est pas trop tard, c'est trop tôt.
M. Johnson (Anjou): On le suspend, M. le Président.
M. Marx: D'accord, c'est parfait!
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 43 est
suspendu. J'appelle maintenant l'article 47. M. le ministre.
Modifications à la Loi
sur les conditions de travail
et le régime de pension des
membres de l'Assemblée nationale
M. Johnson (Anjou): Oui. Article 47? On y arrive, M. le
Président. La Loi sur les conditions de travail et le régime de
pension des membres de l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Rancourt): C'est exact. Tantôt, la
Loi sur l'Assemblée nationale avait été suspendue. Est-ce
que c'est dans la même veine?
M. Johnson (Anjou): Non. Celle-ci, c'est la loi sur les
conditions de travail.
Le Président (M. Rancourt): D'accord.
M. Johnson (Anjou): Les modifications apportées aux
paragraphes 12° et 13° ont pour but de restreindre le versement
d'indemnités au président ou au vice-président de la
commission permanente seulement et non au président et au
vice-président de toute commission permanente ou spéciale. Le
nouveau paragraphe 13.2 a également pour but de conférer une
indemnité au président de séance d'une commission
permanente.
M. Marx: Adopté.
Modifications à la Loi
électorale
Le Président (M. Rancourt): L'article 47 est
adopté. J'appelle maintenant l'article -un instant, je vérifie -
50, loi électorale. M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Le coût très élevé
de la télédiffusion des débats de la commission concernant
les - oui, c'est cela -prévisions budgétaires du Directeur
général des élections, de même que
l'inopportunité de télédiffuser uniquement cette
commission concernant les prévisions budgétaires justifient
l'abrogation de cette obligation légale.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je vois que l'article 232.8 qui existe aujourd'hui a
été adopté il y a un an ou deux.
M. Johnson (Anjou): Pardon? M. Marx: Je vois que
l'article...
M. Johnson (Anjou): II a été édicté
en 1982.
M. Marx: L'article 232.8 se lit comme suit: Le débat de la
commission concernant les prévisions budgétaires est
télévisé. C'est dans la loi de 1982, chapitre 54, article
24. Je vois que cela a été adopté au mois de
décembre 1982. Je me demande pourquoi on l'abroge aujourd'hui.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, il semble que la
commission de l'Assemblée nationale ait changé d'idée.
M. Marx: Pardon?
M. Johnson (Anjou): II semble que la commission de
l'Assemblée nationale, qui nous le recommande, ait changé
d'idée.
M. Marx: Pas la commission, mais le bureau.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, cela a
été retenu à titre de compromis par les membres de la
commission à la suite de la proposition du député de
Gatineau de prévoir la tenue d'un débat limité à
cinq heures à l'Assemblée nationale sur le rapport
déposé par la commission parlementaire qui a approuvé les
prévisions budgétaires du DG.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Johnson (Anjou): D'ailleurs, j'ai ici, M. le Président,
le journal des Débats du 13 décembre 1982.
M. Marx: C'était pour avoir des débats
télévisés.
M. Johnson (Anjou): Oui.
M. Marx: M. Bédard, le leader du gouvernement, a
accepté que les débats soient télévisés.
M. Johnson (Anjou): Oui, mais on explique que cela coûte
les yeux de la tête. C'est pour cela qu'on abroge les dispositions et
l'obligation légale de télédiffuser.
M. Marx: Les raisons...
M. Johnson (Anjou): Oui, on nous dit d'ailleurs - le
député est friand de comparaisons - que c'est le seul endroit
où on est obligé de faire cela.
M. Marx: Oui, mais...
M. Johnson (Anjou): Par ailleurs, il faut bien le dire, c'est la
seule commission qui, en vertu de cette disposition de 1982 dans nos lois...
C'est la seule disposition qui oblige la télédiffusion d'une
commission parlementaire. Je suis sûr que le député de
D'Arcy McGee peut penser comme moi qu'il y a un tas de commissions
parlementaires aussi intéressantes qui pourraient être
diffusées. Au nom d'une non-discrimination entre la valeur des
commissions, il s'agit de supprimer cet impératif législatif.
M. Marx: M. le Président, je trouve que la commission
actuelle n'a pas de raison d'être télévisée.
M. Johnson (Anjou): Non, c'est parce qu'on siège en plein
milieu de l'Assemblée nationale, en commission
plénière.
M. Marx: On peut fermer les appareils. Je ne vois pas pourquoi on
télédiffuse cette commission. C'est un gaspillage d'argent, pour
moi. Normalement, quand on adopte des bills omnibus, on fait cela dans la salle
91 ou 81. Ce n'est pas télévisé. Ce n'est pas tellement
intéressant comme programme. Sur l'article 50, j'aimerais demander au
président d'en suspendre l'adoption pour que je puisse consulter notre
leader demain.
M. Johnson (Anjou): Très bien.
Modifications à la Loi sur
l'Exécutif
Le Président (M. Rancourt): Article 50, suspendu. Nous
avons des amendements qui se lisent comme suit: Insérer, après
l'article 50, ce qui suit: Loi sur l'Exécutif. M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, avez-vous dit l'article 51, M.
le Président?
Le Président (M. Rancourt): Non. J'ai dit, après
l'article 50, Loi sur l'Exécutif, les amendements se lisent comme suit.
C'est 50.1. (1 h 20)
M. Johnson (Anjou): Cela s'en vient, M. le Président.
Voilà! II s'agit, M. le Président, d'une demande de Son
Excellence le lieutenant-gouverneur afin qu'il puisse choisir son personnel
sans être soumis aux impératifs de la Loi sur la fonction
publique.
M. Marx: Nous sommes d'accord, M. le Président. On
aimerait cependant s'assurer que les droits des personnes qui se trouvent
là actuellement seront protégés.
M. Johnson (Anjou): Je présume qu'elles pourront
bénéficier de la grâce royale.
M. Marx: Pardon?
M. Johnson (Anjou): Je présume que ces personnes pourront
bénéficier de la grâce royale.
M. Marx: Non, non, ce n'est pas la réponse... Ce n'est pas
une blague que l'on veut. On veut s'assurer que les droits de ces personnes
seront protégés.
M. Johnson (Anjou): Ce personnel a la protection accordée
par la Loi sur la fonction publique, qui prévoyait leur nomination.
M. Marx: Donc, si elles sont renvoyées du cabinet du
lieutenant-gouverneur, elles peuvent retourner à la fonction publique,
le cas échéant.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. Mais, chose certaine, je pense
qu'on ne peut pas leur garantir un emploi au bureau du lieutenant-gouverneur.
Mais elles sont renvoyées dans la fonction publique.
M. Marx: Dans ce sens, leurs droits sont protégés,
j'imagine.
Modifications à la Loi
assurant l'exercice des droits
des personnes handicapées
Le Président (M. Rancourt): L'article 50.1 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 51, Loi assurant l'exercice des
droits des personnes handicapées. M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): Modifications qui visent à assurer la
présence et la participation du représentant du principal
décideur du gouvernement québécois en matière de
loisir au sein du conseil d'administration de l'office, c'est-à-dire le
sous-ministre du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
M. Marx: Adopté.
Modifications à la Loi sur la fonction
publique
Le Président (M. Rancourt): L'article 51, adopté.
Je passe maintenant aux amendements; l'article 51.3, qui se lit...
M. Johnson (Anjou): L'article 51.3...
Le Président (M. Rancourt): ...Loi sur la fonction
publique.
M. Johnson (Anjou): Cela s'en vient! On y arrive.
M. Marx: Concordance...
M. Johnson (Anjou): De concordance avec...
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article...
M. Johnson (Anjou): ...le lieutenant-gouverneur.
Le Président (M. Rancourt): ...51.3 est adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'article
51.4?
M. Marx: Concordance. Adopté. M. Johnson (Anjou):
Concordance.
Modifications à la Loi sur les
infirmières et les infirmiers
Le Président (M. Rancourt): Concordance. Adopté.
L'article 52, Loi sur les infirmières et les infirmiers.
M. Johnson (Anjou): L'article 52?
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): Voilà. La modification vise à
faire bénéficier les étudiants et étudiantes en
soins infirmiers ou en puériculture, dans un programme de formation de
personnes visées au règlement adopté en vertu du
paragraphe a de l'article 12 ou en vertu de l'article 13, de l'immunité
prévue dans la loi. Actuellement, ils posent des actes qui constituent
l'exercice de la profession d'infirmières et d'infirmiers sans
bénéficier d'aucune immunité.
C'est un peu par analogie à ce qui se fait dans le cas des
internes, par exemple.
M. Marx: Oui. Par qui est-ce que cet article a été
proposé?
M. Johnson (Anjou): L'Office des professions.
M. Marx: D'accord. Adopté.
Modifications à la Loi
sur les loteries, les courses,
les concours publicitaires et
les appareils d'amusement
Le Président (M. Rancourt): L'article 52, adopté.
Nous avons un amendement qui est inséré avant l'article 53,
l'article 52.1. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Alors, c'est un amendement qui vise à
préciser le rôle du juge de courses dans l'application de la Loi
sur les loteries, les courses...
M. Marx: Le rôle du juge de courses.
M. Johnson (Anjou): ...les concours publicitaires et les
appareils d'amusement, ainsi que des règlements et règles
adoptés en vertu de cette loi dans le domaine des courses.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: J'aimerais juste soulever un point, M. le
Président; peut-être est-ce le temps de le soulever. Il y a
quelques semaines, l'Opposition a demandé au ministre des Finances s'il
était d'accord avec la fausse publicité qui était
publiée par la Régie des loteries. Il a dit qu'il était en
désaccord, mais qu'il n'avait pas le pouvoir de contrôler une
telle publicité. Il y avait un éditorial dans la Gazette sur
cette question. J'aimerais demander au ministre, étant donné
qu'il est le ministre de la Justice, s'il a l'intention de faire cette
correction pour au moins donner au gouvernement le pouvoir d'empêcher la
Régie des loteries et courses du Québec de publier ou de faire
publier de la fausse publicité.
M. Johnson (Anjou): M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): ...si je comprends bien, le
député de D'Arcy McGee, au nom de la cohérence qui
caractérise habituellement ses propos en matière juridique, nous
mettrait dans une position qui, à toutes fins utiles, nous incite
à adopter une loi d'application générale quant au
contrôle gouvernemental sur la publicité de l'ensemble des
sociétés d'État. Dois-je comprendre qu'il
nous invite à le faire?
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Non, non. Apparemment, pour d'autres organismes, les
ministres ont ce pouvoir, mais pour la Régie des loteries et courses du
Québec, le pouvoir n'existe pas. Par exemple, j'imagine que, si la
commission de l'aide juridique publie de la fausse publicité, le
ministre pourrait intervenir. Le ministre des Finances nous a dit en Chambre
qu'il n'avait pas le pouvoir d'intervenir en ce qui concerne la fausse
publicité de la Régie des loteries et courses du Québec.
J'aimerais qu'on donne ce pouvoir au ministre d'intervenir...
M. Johnson (Anjou): M. le Président, est-ce que le
député...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Pardon. Est-ce que le député de
D'Arcy McGee pourrait me citer une loi ou un article de loi qui donne un
pouvoir spécifique à un ministre d'intervenir en matière
de publicité trompeuse d'un organisme qui dépend de lui en tant
que ministre titulaire?
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: La plainte vient du ministre des Finances.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, là-dessus,
j'ai compris...
M. Marx: On n'est pas en théorie ici, on est en...
M. Johnson (Anjou): M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! M. le
ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'étais ici
quand le ministre des Finances s'est exprimé. Peut-être
faudrait-il revenir à ce qu'il a dit. Je n'ai pas le texte devant moi,
mais mon souvenir, c'est que le ministre des Finances a expliqué que la
plupart du temps, quand il y avait des sociétés d'État ou
des organismes administratifs ou quasi judiciaires, il n'y avait pas de pouvoir
spécifique pour les ministres en général d'intervenir sur
des plans de publicité, mais qu'il arrivait qu'à l'occasion un
ministre puisse téléphoner à un président de
régie et dire: Vous savez, je trouve que votre publicité n'a pas
tellement d'allure. Maintenant, je comprends que le député de
D'Arcy McGee part de la déclaration du ministre des Finances; je pense
qu'il fait beaucoup d'interprétation. S'il avait fait cette
interprétation, je suis sûr, connaissant sa rigueur, qu'il serait
allé vérifier quel genre de libellé on peut avoir pour
permettre à un ministre de décider d'approuver chacune des
campagnes de publicité de tous les organismes d'État. Je
comprends que si cela n'a pas été fait, cela devrait être
fait. Si cela n'a pas été fait et que c'est indifférent au
député de D'Arcy McGee qui nous fait une invitation à
adopter une loi d'application générale permettant aux ministres
d'intervenir en matière de publicité des sociétés
d'État et organismes administratifs dépendant de ministres
titulaires, ma foi! je pense que nous pouvons prendre cette suggestion. Je ne
sais pas si elle fait l'objet d'un consensus dans l'Opposition, mais je tiens
pour acquis qu'il y a là un accord de principe pour un projet de loi en
deuxième lecture. Est-ce que je me trompe?
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Le ministre se trompe... M. Johnson (Anjou):
Ah!
M. Marx: ...rarement ou pas du tout; du moins, c'est ce qu'il
pense. Je peux proposer un article 52.2 pour donner le pouvoir au ministre des
Finances de contrôler la fausse publicité de la Régie des
loteries et courses du Québec, le cas échéant, pour donner
au ministre des Finances le pouvoir qu'il a dit ne pas avoir. On est prêt
à faire cela. Il n'y a pas de problème.
M. Johnson (Anjou): M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Sous réserve de vérification -
je dis bien - cela m'étonnerait qu'on trouve dans nos textes
législatifs des pouvoirs aussi spécifiques que ceux qui
habilitent un ministre à intervenir dans une campagne de
publicité spécifique d'un organisme qui en découle. Les
ministres ont un certain pouvoir moral et probablement, selon les années
et à l'occasion, peuvent exprimer leur insatisfaction à
l'égard des responsables d'organismes devant certaines campagnes de
publicité. Je peux vous dire pour ma part que j'ai eu l'occasion dediscuter en ces termes quand j'étais à un autre
ministère avec un organisme qui dépendait de ce ministère,
étant parfaitement conscient que je n'avais pas de pouvoir
spécifique pour ce faire.
M. Marx: Non, mais tout ce que... Je ne veux pas prolonger le
débat... (1 h 30)
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Le ministre a dit en Chambre: II y a une situation que
je n'approuve pas, mais j'ai les mains liées; je ne peux pas intervenir,
je ne peux rien faire. On est prêt - si vous ne voulez pas accepter cette
suggestion, cela vous regarde - à donner ce pouvoir au ministre des
Finances pour que, si cela arrive une autre fois, il lui sera possible de faire
en sorte d'éviter que de la fausse publicité soit publiée
par la Régie des loteries et courses du Québec. Si le ministre ne
veut pas accepter notre suggestion, qu'on passe à un autre article. S'il
veut que la Régie des loteries et courses du Québec puisse
continuer de publier...
M. Johnson (Anjou): M. le Président, est-ce que l'article
est adopté?
M. Marx: Si le ministre veut que la Régie des loteries et
courses du Québec continue à publier de la fausse
publicité, qu'on ne fasse pas d'amendement.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, vous me permettrez...
Malgré cette heure tardive et le fait que des êtres raisonnables
devraient avoir autre chose à faire, je ne peux pas laisser passer les
remarques du député qu'il aura lui-même sans doute
l'occasion de citer dans une conférence de presse éventuelle. Je
ferai la rectification. Je crois que les propos du député de
D'Arcy McGee sont abusifs à l'égard des propos tenus par le
ministre des Finances.
Deuxièmement, je considère que la suggestion que nous fait
le député de D'Arcy McGee est quelque peu frivole. Je ne crois
pas qu'il ait à portée de la main un texte sérieux sur le
plan juridique qui permettrait d'avoir un tel pouvoir spécifique. En
conclusion, je considère que le député de D'Arcy McGee
nous a livré une caricature de l'intervention du ministre des Finances
et une caricature d'amendement anticipé aux seules fins de remplir le
journal des Débats avec ses commentaires généraux sur le
gouvernement et la publicité et, surtout, la publicité de la
Régie des loteries et courses du Québec qui a fait l'objet des
remarques qu'on sait.
Est-ce que l'article est adopté, M. le Président?
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 52.1 est
adopté?
M. Marx: M. le Président, étant donné le
refus du ministre d'agir dans cette matière, nous sommes prêts
à adopter l'article tel quel. C'est la responsabilité du
ministre; ce n'est pas notre responsabilité.
M. Johnson (Anjou): Quoi?
Le Président (M. Rancourt): L'article 52.1 est-il
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): À l'article 53, il y a
un amendement qui se lit comme suit: "Remplacer les trois premières
lignes par les suivantes: "L'article 45 de cette loi est remplacé par le
suivant:".
Article 53, M. le ministre, tel qu'amendé.
M. Johnson (Anjou): L'obligation est faite à la
régie, par l'article 45, de fixer les cas où la prise de
photographies est requise ne lui permet pas d'en faire une règle
générale applicable à tous les requérants de
licences dans le domaine des courses. Toutefois, le besoin d'exercer un
contrôle serré sur l'identité de détenteurs de
licences, notamment de ceux qui circulent à l'intérieur des aires
réservées d'un hippodrome rend la prise de photographies
nécessaire dans tous les cas.
La modification est donc apportée pour permettre d'ajuster la
politique en matière de photographie aux besoins qu'imposent la
surveillance et le contrôle du domaine des courses tout en supprimant
cette possibilité dans le domaine des appareils d'amusement où ce
besoin n'existe pas.
M. Marx: C'est une question d'identification, d'accord.
Le Président (M. Rancourt): L'article 53 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. À
l'article 53, nous avons un amendement: l'article 53.1: "Insérer
après l'article 53, l'article suivant:".
M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Cette modification vise à restreindre
l'obligation pour une personne de se soumettre à la prise d'empreintes
digitales au seul cas où elle a été condamnée pour
une infraction punissable sur poursuite sommaire ou pour un acte criminel s'il
y a doute sur son identité. Dans le cas de requérants de licences
en matière d'appareils d'amusement, ils ne sont plus soumis à
cette exigence.
Le Président (M. Rancourt): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Je crois que c'est un amendement qui a été
fait de façon un peu rapide. Est-ce que le ministre a demandé...
Est-ce que le ministre qui est responsable de cette loi a demandé un
avis relatif à la validité de cet amendement vis-à-vis de
la charte des droits? Dans la charte des droits, il y a un article qui
empêche la discrimination contre quelqu'un parce qu'il a des
antécédents judiciaires.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Enfin, il faut bien comprendre que la
portée de l'amendement que nous apportons est de restreindre ce qui
existait déjà. On restreint la portée de l'article relatif
à l'utilisation des empreintes digitales dans certains cas.
M. Marx: Ce n'est pas parce que la charte...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: ... s'appliquerait aux lois adoptées
antérieurement à la charte et postérieurement à la
charte. Cela revient au même.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article...
M. Johnson (Anjou): Suspendu, M. le Président.
M. Marx: Si quelqu'un a déjà un...
M. Johnson (Anjou): Suspendu. Je suis convaincu qu'on a une
réponse quelque part.
Le Président (M. Rancourt): L'article 53.1 est suspendu.
Nous passons maintenant à l'article 54. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Toujours au sujet de loteries et courses, la
modification vise à restreindre aux cas prévus par les
règles de pouvoirs de la régie ou d'un juge de courses d'exiger
d'une personne qu'elle subisse un examen médical et à
prévoir qu'ils peuvent exiger, dans les cas prévus par les
règles, en plus de l'examen médical un examen sur l'acuité
visuelle, ceci en raison de la nature de l'activité que certaines
personnes exercent en matière de courses.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Est-ce que le ministre peut nous donner un exemple?
M. Johnson (Anjou): On prévoyait que l'examen
médical pouvait être exigé et maintenant on peut exiger
spécifiquement l'examen d'acuité visuelle, c'est-à-dire
les examens de nature optométrique, par exemple, qui ne sont pas
considérés comme des examens médicaux mais qui,
néanmoins peuvent être extrêmement importants. On s'imagine
le genre de problèmes qu'on peut avoir avec un courseur de sulky qui est
aux trois quarts aveugle. Ce sont des choses relatives à la
sécurité des gens qui sont impliqués et des gens qui
pourraient être victimes de quelqu'un qui a un handicap visuel et qui
peut, ainsi, mettre en cause la sécurité des autres dans ce type
d'activité.
M. Marx: Est-ce que la régie a eu des problèmes
avec des aveugles ou avec des gens qui sont partiellement aveugles? On demande
des restrictions...
M. Johnson (Anjou): Je présume que, si on nous a
demandé cela c'est que cela devait venir de difficultés à
l'égard de gens ayant des problèmes d'acuité visuelle et
qui, néanmoins, voulaient occuper un certain nombre de fonctions qui
exigent une vision parfaite aux fins de la sécurité des gens.
M. Marx: La charte québécoise prévoit qu'on
ne peut pas faire de discrimination à l'endroit de quelqu'un à
cause d'un handicap physique. Quelqu'un peut être un conducteur de sulky
sans avoir une vision de 20 sur 20.
M. Johnson (Anjou): Je trouve que cela ferait un débat
sûrement important et intéressant, pas nécessairement ici,
mais dans un cas particulier.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 54 est
adopté?
M. Marx: Adopté avec hésitation. M. Johnson
(Anjou): Avec hésitation?
M. Marx: Dans certains cas, nous avons une hésitation
parce qu'on ne voit pas le fondement de la disposition qu'on adopte. On pense
savoir pourquoi, mais on n'est pas tout à fait sûr et les
explications sont souvent un peu...
M. Johnson (Anjou): Je regrette, le ministre du Revenu n'est pas
présent; c'est lui qui administre cette loi. Je sais qu'il avait
préparé un mémoire considérable sur ces questions;
malheureusement, il ne pouvait pas être avec nous ce soir.
Le Président (M. Rancourt): L'article 54 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 55. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): II s'agit d'une modification qui vise
à accorder à la régie une discrétion en ce qui
concerne son pouvoir d'exiger la preuve de l'existence d'une police
d'assurance-responsabilité ou d'une autre prime de protection comme
condition de l'émission d'une licence ou de son maintien. En effet,
l'adoption des règles objectives qui visent à couvrir les cas
où la régie doit exiger une telle garantie est, à toutes
fins utiles, impossible, car une telle exigence ne peut découler que des
éléments particuliers à chaque dossier.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 55 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Article 56? M.
le ministre.
M. Johnson (Anjou): C'est une modification qui a pour but
d'éviter que les coûts administratifs de la politique de paiement
d'intérêt sur les sommes remboursées soient
disproportionnés par rapport au profit qu'en retirent les citoyens. (1 h
40)
M. Marx: D'accord.
Modifications à la Loi sur les médecins
vétérinaires
Le Président (M. Rancourt): L'article 56 est donc
adopté. J'appelle maintenant l'article 57. M. le ministre, sur la Loi
sur les médecins vétérinaires.
M. Johnson (Anjou): Suivant le paragraphe e de l'article 1 de la
Loi sur les médecins vétérinaires, à moins que le
contexte n'indique un sens différent, le mot "médicament"
signifie tout médicament dont le nom apparaît à la liste
visée par l'article 9. Par ailleurs, l'article 23 de cette même
loi énonce que tout médecin vétérinaire est
autorisé à utiliser les médicaments, les substances et les
appareils dont il peut avoir besoin dans l'exercice de sa profession de
même qu'à administrer des médicaments aux animaux et
à vendre des médicaments utilisés pour soigner des
animaux.
Les médicaments qui sont mentionnés à l'article 23
se limitent-ils uniquement aux médicaments qui apparaissent sur la liste
dressée par l'office? Dans l'affirmative, le Procureur
général ou l'Ordre des pharmaciens du Québec pourrait
intenter une poursuite relative à l'exercice illégal de la
profession de pharmacien contre tout médecin vétérinaire
qui s'aviserait de vendre des médicaments autres que ceux de la
liste.
La modification a donc pour objet de supprimer la définition du
mot "médicament" pour éviter une acception trop restrictive.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Le ministre peut-il nous dire qui a proposé cette
modification?
M. Johnson (Anjou): Elle vient de l'Office des professions
conjointement avec le ministère de l'Agriculture, si je me souviens
bien. Quand je parle de l'Office des professions, j'inclus là-dedans des
démarches interprofessionnelles, les médecins, les pharmaciens et
les vétérinaires qui sont également régis par une
loi spécifique et le ministère de l'Agriculture.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Article 58, M.
le ministre.
M. Johnson (Anjou): C'est un nouvel article qui vise à
accorder à l'Ordre des médecins vétérinaires du
Québec le pouvoir de réglementer la forme et le contenu d'une
ordonnance qui est faite par un médecin vétérinaire. On
sait que la Corporation professionnelle des médecins, l'Ordre des
dentistes du Québec et l'Ordre des optométristes possèdent
le pouvoir d'adopter un règlement sur la forme et le contenu des
ordonnances faites par leurs membres.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: La forme et le contenu, cela veut dire que ce doit
être écrit sur tel et tel papier. Qu'est-ce que cela veut dire "la
forme et le contenu"? En tant que médecin, peut-être que le
ministre peut me...
M. Johnson (Anjou): Enfin, la forme signifie non pas le bloc et
la couleur du papier, mais le fait qu'on doive y indiquer, par exemple, le nom
et l'adresse de la personne, que cela doit contenir le numéro de permis
de celui qui prescrit. Le contenu évoque sans doute la nature des choses
qui peuvent être prescrites et comment les choses prescrites doivent,
elles, faire l'objet d'une forme particulière...
M. Marx: Sans doute.
M. Johnson (Anjou): Par exemple, ai-je dit sans doute?
Possiblement. Sans doute dans son acception populaire...
M. Marx: Sans doute, on n'est pas sûr. On se souvient de
l'autre jour.
Le Président (M. Rancourt): L'article 58 est-il
adopté?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Article 59, M.
le ministre.
M. Johnson (Anjou): Actuellement, l'article 9 de la loi parle
uniquement d'une liste de médicaments qui ne peuvent être
prescrits que par les médecins vétérinaires, mais il ne
sert à rien de faire une telle liste si, par ailleurs, les
médicaments de cette liste peuvent être vendus par n'importe qui
sans ordonnance. En fait, l'article 9 devrait plutôt parler d'une liste
de médicaments qui ne peuvent être vendus que sur ordonnance d'un
médecin vétérinaire.
Par ailleurs, afin d'éviter de restreindre la vente en gros des
médicaments vétérinaires, puisqu'une telle vente
nécessiterait alors une ordonnance d'un médecin
vétérinaire, cette modification prévoit que rien
n'interdit la vente en gros par un fabricant de médicaments ni la vente
en gros par un tel fabricant ou un tel grossiste à une personne qui est
habilitée à vendre ou à fournir des médicaments en
vertu d'une loi qui s'applique au Québec.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee, est-ce que c'est adopté?
M. Johnson (Anjou): C'est le problème de la vente en gros.
Si l'on établit le principe que, dorénavant, les médecins
vétérinaires doivent prescrire pour qu'on obtienne un certain
type de médicament, enfin, ceux qui doivent être prescrits par un
médecin vétérinaire, il s'agit de s'assurer que la
livraison en gros de ces choses n'oblige pas à de telles
ordonnances.
M. Marx: Est-ce que ce sont des médicaments qui peuvent
être vendus seulement par les médecins
vétérinaires?
M. Johnson (Anjou): Non, dans certains cas, certains
médicaments sont, effectivement, vendus dans les pharmacies.
M. Marx: Adopté.
Modification à la Loi médicale
Le Président (M. Rancourt): L'article 59 est
adopté. Article 60 Loi médicale? M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Elle a pour but de faire
bénéficier les étudiants en soins infirmiers en
puériculture d'un programme de formation de personnes visées au
règlement qui a été adopté en vertu du
sous-paragraphe b de l'article 19, et en vertu de l'article 22, de
l'immunité prévue dans la loi lorsqu'ils posent certains actes
qui relèvent du champ d'exercice de la médecine. Actuellement,
ces étudiants posent de tels actes sans bénéficier
d'immunité.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 60 est
adopté. L'article 61 a été adopté; l'article 61.1 a
été suspendu.
M. Johnson (Anjou): L'article 61.1, je pense qu'on y revient
demain, à moins que vous vouliez l'adopter maintenant?
M. Marx: Article suivant.
Modifications à la Loi sur la protection de la
santé publique
Le Président (M. Rancourt): Article 62, Loi sur la
protection de la santé publique. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): L'article 62, M. le Président?
Le Président (M. Rancourt): Oui, s'il vous
plaît!
M. Johnson (Anjou): L'article 31 de la Loi sur la protection de
la santé publique prévoit qu'une personne doit être
titulaire d'un permis pour exploiter un laboratoire. Cependant, certains lieux
aménagés hors d'un établissement, notamment, ceux
où l'on fabrique ou répare des orthèses ou
prothèses, où l'on fait des examens de biologie médicale,
sont des laboratoires au sens de la loi. Or, le ministère ne
désire pas réglementer de tels lieux. Cette modification vise
donc à prévoir que seules les catégories de laboratoire
déterminées par règlement constituent des laboratoires au
sens de la loi.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Quand on prend...
M. Johnson (Anjou): C'est un bel exemple de législation de
déréglementation.
M. Marx: C'est cela, si je comprends le fond de cet article, de
cette disposition, le ministre veut déréglementer par le biais de
la réglementation.
Le Président (M. Rancourt): Bon...
M. Johnson (Anjou): Bien, cela doit être pour cela que
l'Opposition nous demande une loi sur la déréglementation.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 62 est
adopté? Adopté. Nous passons maintenant à l'article 63. M.
le ministre.
M. Johnson (Anjou): Long article, M. le
Président, mais les commentaires seront brefs. La première
modification en est une de concordance avec le paragraphe b) de l'article
1.
Deuxièmement, l'autre modification vise à fixer à
soixante jours au lieu de quatre-vingt-dix jours la période de
prépublication d'un règlement qui est adopté en vertu de
cette loi. La période de quatre-vingt-dix jours, on le sait, est
extrêmement longue et retarde, sans aucune raison, l'entrée en
vigueur de nouveaux règlements.
Le Président (M. Rancourt): L'article 63 est
adopté. Article 64, Loi sur la protection des arbres?
Modification à la Loi sur la protection des
arbres
M. Johnson (Anjou): Oui, c'est une modification qui vise à
augmenter le montant des dommages punitifs de 25 $ à 200 $. L'actuel
montant de 25 $ avait été établi en 1929. Il était
devenu impérieux de l'actualiser.
M. Marx: On n'a pas d'objection, M. le Président, mais je
ne vois pas pourquoi on veut modifier seulement un article comme
celui-là, j'imagine qu'il faut reprendre toutes les lois du
Québec.
M. Johnson (Anjou): Toute la loi? Pas nécessairement, on
n'a pas modifié la constitution de 1867 avant un bon bout de temps,
pourquoi on modifierait la Loi sur les arbres?
Le Président (M. Rancourt): L'article 64 est-il
adopté?
M. Marx: Est-ce que le ministre a d'autres commentaires à
faire? Je trouve ses commentaires tellement intéressants que je suis
prêt...
Le Président (M. Rancourt): Je pose la question, est-ce
que l'article 64 est adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Marx: Mais, ce serait peut-être plus facile dans des
lois comme celles-là, quand on veut augmenter les amendes, de se
référer à la Loi sur les poursuites sommaires, que ce soit
les mêmes amendes partout. De toute façon, à cause des
propositions de l'Opposition, on n'emprisonne pas pour le non-paiement
d'amendes, donc... (1 h 50)
Modifications à la Loi sur la protection du
consommateur
Le Président (M. Rancourt): Je passe maintenant à
l'article 65, Loi sur la protection du consommateur. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, depuis septembre
1983, à la suite d'une nouvelle législation
fédérale sur les banques qui autorise ce type de prêts, une
importante institution bancaire a commencé à offrir des
prêts à la consommation à taux fluctuants. Il s'agit de
prêts où le taux d'intérêt varie en fonction du
marché et le taux de crédit de ces prêts est plus
avantageux que celui des contrats à taux fixe. Or, la Loi sur la
protection du consommateur interdit le taux fluctuant dans les prêts
à la consommation et exige un taux fixe pour toute la durée du
prêt. La modification vise donc à permettre que le contrat de
prêt d'argent et le contrat assorti d'un crédit prévoient,
sous réserve des conditions prescrites par règlement, que le taux
de crédit est susceptible de varier.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, j'aimerais rappeler au ministre
que l'intérêt est une compétence fédérale
exclusive en vertu de la Loi constitutionnelle de 1867. L'Assemblée
nationale ne peut pas légiférer en ce qui concerne
l'intérêt. C'est le premier point.
Le deuxième point: J'aimerais rappeler au ministre qu'il y a deux
ans, je pense que c'était dans le projet de loi omnibus 82, nous avons
légiféré en ce qui concerne les...
M. Johnson (Anjou): Suspendu, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article...
M. Marx: Je comprends que le ministre va réétudier
cet article. Quand il a dit: suspendu, je voulais évoquer dans un
deuxième point qu'il y a un an ou deux - je pense qu'il y a deux ans
maintenant - nous avons adopté le projet de loi omnibus 82 -un instant -
en ce qui concerne les indemnités qu'on donne en vertu du Code civil.
Dans la traduction du français à l'anglais on a fait l'erreur
suivante: Dans la traduction anglaise on a mis le mot "intérêt" au
lieu de mettre le mot "indemnity". On a traduit le français
"indemnité" par l'anglais "interest".
M. Johnson (Anjou): "Interest".
M. Marx: Cet article n'a pas été mis en vigueur
avant un an parce que cela a pris un autre projet de loi omnibus pour
corriger
l'erreur. Avant qu'on adopte cet article, j'aimerais qu'on ait la
version française et anglaise juste pour s'assurer qu'il n'y a pas
d'erreur de traduction, cela est un point. L'autre point c'est la question de
l'intérêt, juste pour s'assurer que c'est tout à fait
valide sur le plan constitutionnel.
M. Johnson (Anjou): D'accord.
Le Président (M. Rancourt): Comme l'article 65 a
été suspendu, je passe à l'article 66.
M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Cette modification à l'article a
été rendue nécessaire à la suite de l'ajout du
nouvel article 100. En fait, cela serait de concordance, on va suspendre, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 66 est suspendu.
Je passe à l'article 67, qui porte sur la Loi sur le
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics. Précédemment, nous l'avions adopté. Je
m'aperçois qu'il y avait des amendements. Pour la bonne
compréhension.
M. Johnson (Anjou): Essentiellement, il s'agit des choses de
concordance dans le cas du lieutenant-gouverneur.
M. Marx: L'article 67.
Le Président (M. Rancourt): L'article 67.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 67 est adopté
tel qu'amendé.
M. Johnson (Anjou): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 68. Réserves
écologiques. Est-ce que c'est pour demain?
M. Johnson (Anjou): Oui, réserves écologiques.
M. Marx: Demain.
M. Johnson (Anjou): Demain, c'est suspendu.
M. Marx: Est-ce qu'on a adopté l'article soit:
insérer après l'article ...
M. Johnson (Anjou): 67.1.
Modifications à la Loi sur le régime de
retraite des enseignants
Le Président (M. Rancourt): Effectivement, ce que je
voulais annoncer c'est qu'il fallait aussi par un autre amendement
insérer après l'article 67 ce qui suit: Loi sur le régime
de retraite des enseignants.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Le Président (M. Rancourt): Les articles 67.1 et 67.2. Je
vérifie s'il y en a d'autres. Non. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Ce sont ces amendements de concordance
à l'égard du lieutenant-gouverneur.
M. Marx: C'est technique, c'est la concordance.
M. Johnson (Anjou): C'est cela. C'est-à-dire que dans le
fond il faut modifier ...
M. Marx: Sur la foi du ministre, nous sommes d'accord.
M. Johnson (Anjou): ... ces lois à partir de la notion de
cabinet du lieutenant-gouverneur dans la mesure où on a sorti
l'application des lois de la fonction publique.
M. Marx: Sur la foi du ministre nous sommes d'accord.
Le Président (M. Rancourt): Les articles 67.1 et 67.2 sont
adoptés. Nous sautons la Loi sur les réserves
écologiques.
M. Johnson (Anjou): L'article 67.2. M. Marx: L'article
67.2.
Le Président (M. Rancourt): Je m'excuse.
M. Johnson (Anjou): C'est le commissaire adjoint.
Le Président (M. Rancourt): Je l'avais demandé.
M. Marx: Ah oui, c'est 67.3.
M. Johnson (Anjou): Avez-vous le texte, M. le
Président?
Modifications à la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction
Le Président (M. Rancourt): Vous avez raison. Article
67.3. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): II s'agit de nommer un commissaire adjoint en
construction. Il s'agit essentiellement d'accroître l'efficacité
du commissariat. Comme on le sait, le commissariat en construction est cet
organisme dans le secteur de la construction qui tranche quant à ce qui
doit faire l'objet de l'application du décret par opposition à
ce
qui ne fait pas l'objet de l'application du décret.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 67.3 est
adopté. Là, je reviens à ce que je disais tantôt:
Loi sur les réserves écologiques, les articles sont remis
à demain.
M. Marx: C'est-à-dire les articles 68, 69, 70, 71...
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Le Président (M. Rancourt): ...et 72.
M. Marx: ...et 72.
Le Président (M. Rancourt): Nous allons à l'article
73: Loi sur services de santé et les services sociaux.
M. Johnson (Anjou): L'article 52 de la... Pardon?
Une voix: Un instant, il y a une insertion après l'article
72.
Le Président (M. Rancourt): Un instant!
Une voix: Je m'excuse, cela a été
adopté...
M. Johnson (Anjou): Cela a été adopté tout
à l'heure. Alors, l'article 73, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 73, effectivement,
M. le ministre.
M. Marx: Qu'arrive-t-il avec l'article 72.1?
Le Président (M. Rancourt): Les articles 72.1 et 72.2 ont
déjà été adoptés.
M. Marx: D'accord. C'est parce qu'on a fait les articles qui
touchent les Cris et les Inuits.
Le Président (M. Rancourt): Oui, qui touchent certains
organismes. Donc, c'est l'article 73 maintenant, M. le ministre.
Modifications à la Loi
sur les services de santé
et les services sociaux
M. Johnson (Anjou): Alors, M. le Président, l'article 52
de la Loi modifiant diverses dispositions législatives dans le domaine
de la santé et des services sociaux, chapitre 22 des lois de 1981, a
modifié l'article 64 sur la Loi sur les services de santé et les
services sociaux en supprimant l'une des cinq catégories
d'établissements publics énumérés au premier
alinéa, soit le centre de réadaptation fonctionnel. Or, l'article
64 comporte encore le mot "cinq" en référence aux quatre
catégories qui demeurent. Cette modification a donc pour but de
remplacer le mot "cinq" par le mot "quatre".
M. Marx: Il s'agit de corriger une erreur.
M. Johnson (Anjou): Voilà!
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 73 est-il
adopté, M. le député?
M. Marx: Oui.
Le Président (M. Rancourt):
Adopté. Je passe maintenant à l'article 74. M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): Le pouvoir attribué à une
personne autorisée par écrit par le ministre à
pénétrer dans tout établissement afin de constater si la
loi et les règlements sont respectés avait été
accordé en 1971 par l'article 101 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, chapitre 48 des lois de 1971. En 1978,
l'article 37 de la Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les
services sociaux et d'autres dispositions législatives, chapitre 72, des
lois de 1978, est venu remplacer cet article 101 et ce pouvoir ne s'est pas
retrouvé dans la nouvelle formulation de l'article.
La modification vise à rétablir cet état de choses
et à insérer à nouveau ce pouvoir qui est
nécessaire à l'application de la loi de pénétrer
dans tout établissement afin de constater si la loi et les
règlements sont respectés.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Le mot "établissement" couvre quoi dans cette
loi?
M. Johnson (Anjou): II couvre l'ensemble des
établissements prévus dans la Loi sur les services de
santé et les services sociaux à l'exception des cabinets
privés; donc, l'ensemble des catégories d'établissements
régis par cette loi.
M. Marx: C'est-à-dire les hôpitaux, les CLSC...
M. Johnson (Anjou): Les hôpitaux, les centres d'accueil,
les CLSC, les centres de services sociaux et les conseils régionaux.
M. Marx: Est-ce que cela couvre les...
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, pas les conseils
régionaux, ils ne sont pas considérés comme
établissements.
M. Marx: ...institutions privées? M. Johnson (Anjou):
Oui.
M. Marx: Cela couvre les institutions privées. On peut
entrer à n'importe quelle heure, jour et nuit, et tout?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Cela va?
M. Marx: On peut entrer à n'importe quelle heure,
n'importe quel jour?
M. Johnson (Anjou): Oui. Enfin, c'est une permission
générale, mais je dirai que, lorsque j'étais au
ministère des Affaires sociales, on a eu l'occasion de faire de
nombreuses opérations où il fallait intervenir, parce que nous
savions que des personnes étaient dans des conditions inadmissibles,
notamment des personnes âgées, on peut le dire,
littéralement exploitées dans certains établissements
privés. (2 heures)
Ces activités exigent, d'abord, la simultanéité de
ceux qui vont y procéder, la collaboration du département de
santé communautaire, du CSLC local, parfois des autorités
policières dans certains cas. Il arrive qu'on fasse voyager un certain
nombre de personnes âgées quand on soupçonne qu'il peut y
avoir une visite d'inspection, etc. Je pense que c'est plutôt un pouvoir
général qui nous permet d'agir. Encore une fois, ça reste
des cas relativement exceptionnels. On peut avoir besoin de ce pouvoir et je
pense que le baliser, en termes de temps, limiterait beaucoup
l'efficacité de l'action du ministère.
M. Marx: Non, ce n'est pas vraiment le fond de ma question.
Supposons qu'on ait une maison qui fonctionne d'une façon
illégale pour l'hébergement des vieillards. Cette maison n'a pas
de permis.
M. Johnson (Anjou): Ils ne sont pas soumis à cet
article.
M. Marx: Ils n'y sont pas soumis.
M. Johnson (Anjou): C'est ce qu'on appelle les illicites et on a
d'autres dispositions là-dessus dans la Loi sur les services de
santé et les services sociaux.
M. Marx: Ce sont les établissements qui ont un permis.
M. Johnson (Anjou): Ceux qui ont un permis.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 74 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 75. M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): L'article 75, M. le Président, c'est
bien ça?
Le Président (M. Rancourt): Oui, effectivement.
M. Johnson (Anjou): C'est une modification qui vise le même
objectif que celle apportée à l'article 4 de la Loi sur
l'assurance-maladie par l'article 36 du présent projet de loi; c'est
celui qui touche la liste des médicaments, pour ne pas être
obligé de la faire paraître à la Gazette officielle en
plus.
M. Marx: Sur la publication. D'accord, je m'en souviens,
adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 75 est
adopté. Je passe maintenant à l'article 76, Loi sur la
Société de développement industriel du Québec. M.
le ministre.
Modifications à la Loi sur
la Société de
développement
industriel du Québec
M. Johnson (Anjou): Étant donné le nombre croissant
de demandes d'aide que font les entreprises à la SDI, la politique
gouvernementale qui vise à améliorer le service à la
clientèle et celle qui a pour but d'augmenter le rendement de la
fonction publique et de ses gestionnaires en implantant un système
d'imputabilité, il importe de décentraliser le pouvoir
décisionnel et celui de recommandation qu'a la société
dans certaines matières. Cette modification a donc pour but de permettre
à la société de déléguer une partie de ses
pouvoirs non seulement à un comité exécutif, mais aussi
à un membre de son personnel dans la mesure déterminée par
règlement de la société tel qu'approuvé par le
gouvernement.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 77, M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Concordance avec l'article 27 de la loi, tel
que modifié par l'article 76.
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Article 78, Loi
sur les villages cris et le village naskapi. M. le ministre.
Modifications à la Loi sur les villages cris et
le village naskapi
M. Johnson (Anjou): II s'agit de corriger un problème de
reproduction lors de la refonte des lois.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Je me demande si ça prend une loi spéciale
pour corriger une erreur qui se trouve dans le texte de la refonte. Est-ce
qu'on peut faire la correction en vertu de la loi sur la refonte?
M. Johnson (Anjou): Je vais demander à notre conseiller de
donner l'argumentation. Comme on le sait, l'application de la loi sur la
refonte est assez complexe.
Il s'agit tout simplement de faire apparaître dans les lois
refondues un alinéa qui, au cours de l'impression, fort probablement, a
échappé.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Pourquoi est-ce que ça prend une loi
spéciale pour le faire? Ne peut-on pas le faire en vertu de la loi sur
la refonte?
M. Johnson (Anjou): Vous voulez dire en vertu du mandat
accordé à la commission de refonte? Non. La commission de refonte
interprète, avec raison, je crois, son mandat de façon
plutôt restrictive, c'est-à-dire de manière à
éviter de légiférer, si vous voulez. Étant
donné qu'il s'agit d'une législation - on adopte quand même
un alinéa afin de le reproduire dans les lois refondues - la Loi sur la
refonte des lois et des règlements ne permet pas à la Commission
de refonte des lois et règlements d'effectuer ces modifications.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee. . M. Marx: On va l'adopter.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 78 est
adopté. Article 79?
Modification à la Loi sur
les villages nordiques et
l'Administration régionale kativik
M. Johnson (Anjou): Même chose.
Le Président (M. Rancourt): Loi sur les villages nordiques
et l'Administration régionale kativik.
M. Johnson (Anjou): Même chose.
Le Président (M. Rancourt): Donc, M. le
député de D'Arcy McGee, adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Je passe
maintenant à l'article 83, Loi sur les musées nationaux.
Modification à la Loi sur les musées
nationaux
M. Johnson (Anjou): Dans le texte sanctionné le 22
décembre 1983 et le rapport de la commission élue permanente des
affaires culturelles qui a siégé le 19 décembre 1983 aux
fins d'étudier article par article le projet de loi 35, chapitre 52 des
Lois de 1983, on constate que l'article 49 de ce projet,
renuméroté 50 dans la version définitive, ne contient
aucun renvoi à l'article 44.1 renuméroté 45. Cette
modification vise donc à insérer le renvoi à l'article
45.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 83 est
adopté?
M. Marx: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Marx: C'est un article qui tombe vraiment dans le cadre d'une
loi omnibus.
M. Johnson (Anjou): Qui tombe dans le mille, à part cela.
L'article 84, M. le Président?
Le Président (M. Rancourt): Nous passons maintenant
à l'article 90.
Dispositions transitoires et finales (suite)
M. Johnson (Anjou): Je m'excuse, c'est un fait. On compte
jusqu'à dépasser 89.2, c'est bien cela?
Le Président (M. Rancourt): C'est exact.
M. Marx: Les article 83, 84.
Le Président (M. Rancourt): Cela a été
fait, M. le député de D'Arcy McGee. Les articles 84, 85,
86, 87, 88 et 89 ont été adoptés
ultérieurement.
M. Marx: Pardon?
Le Président (M. Rancourt): J'ai dit
"ultérieurement", mais il faudrait plutôt dire
"précédemment".
M. Marx: Précédemment, c'est cela, quand nos
porte-parole en matière municipale étaient ici. D'accord.
Le Président (M. Rancourt): Donc, c'est la raison pour
laquelle je passe à l'article 90.
M. Marx: Article 90.
M. Johnson (Anjou): Article 90.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Compte tenu de l'article 17 de la Loi sur la
pharmacie qui prévoit que tout acte qui a pour objet de préparer
ou de vendre un médicament constitue l'exercice de la pharmacie,
l'entrée en vigueur de la liste des médicaments
vétérinaires aurait pour effet d'interdire aux meuniers de
préparer ou de vendre des aliments médicamentés. Une telle
éventualité n'est pas souhaitable en raison, notamment, des
règles de fonctionnement du marché agro-alimentaire. Cet article
a donc pour but de permettre aux personnes qui, à la date de
l'entrée en vigueur de la présente loi, préparent ou
vendent des aliments médicamentés de continuer à le faire
pendant une période temporaire d'un an à compter de cette date
pourvu qu'elles se conforment aux normes prévues dans le Recueil des
notices sur les substances médicatrices préparé par la
division des produits végétaux du ministère de
l'Agriculture du Canada dans sa quatrième édition. Demande du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Qui a demandé cela?
M. Johnson (Anjou): Le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Marx: Est-ce qu'il a consulté notre porte-parole en
matière d'agriculture?
M. Johnson (Anjou): Je ne le sais pas. On pourrait
peut-être lui demander demain matin. Alors, M. le Président,
suspendu?
Le Président (M. Rancourt): Suspendu.
M. Marx: On va le suspendre.
Le Président (M. Rancourt): Article 91?
M. Johnson (Anjou): L'indemnité payable à la suite
de l'expropriation d'un terrain... Pardon. On pourrait le suspendre parce qu'il
est dans les transitoires et finales dans réserves
écologiques.
Le Président (M. Rancourt): Donc, demain avec le ministre
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Johnson (Anjou): C'est cela.
Le Président (M. Rancourt): L'article 92, M. le
ministre.
M. Johnson (Anjou): Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee, adopté l'article 92?
M. Marx: L'article 92, M. le Président, est inacceptable
pour deux raisons. C'est inacceptable quant au fond parce que cela donne moins
de protection aux Québécois parce qu'on fait exception ici
à la charte canadienne des droits. C'est aussi inacceptable quant
à la forme. Je vais vous expliquer pourquoi. Cela peut me prendre 40
minutes, j'espère qu'on a le temps. Le ministre n'est pas encore
fatigué, j'espère! (2 h 10)
M. Johnson (Anjou): Non, non.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
D'Arcy McGee, je vous ferai remarquer que vous avez droit à 20
minutes.
M. Marx: À 20 minutes! Je vais essayer de me limiter
à moins de 20 minutes. Sur la forme, je ne vois pas la
nécessité d'adopter cet article étant donné que
tous les articles dans ce projet de loi sont des modifications à des
lois existantes qui incluent déjà un article semblable à
l'article 92. Donc, je ne vois pas ce que l'on fait avec l'article 92. C'est un
autre exemple où on adopte le même article, pas seulement deux
fois, mais au moins 91 fois, pour ne rien dire.
Étant donné que le ministre est un homme de logique,
j'aimerais lui demander d'abroger, de ne pas adopter cet article, pas à
cause du fond de l'affaire, mais à cause de la forme. Ce n'est pas
exigé. Le ministre va réaliser ses objectifs sans l'adoption de
cet article.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je remercie...
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): ...le député de D'Arcy McGee
pour son conseil juridique. Cependant, les règles de prudence, n'est-ce
pas, qui animent toujours la législation au ministère de la
Justice, nous amènent à considérer que le projet de loi,
que nous allons adopter bientôt, qui est le projet de loi 84, Loi
modifiant diverses dispositions législatives, nonobstant le fait qu'il
contient des modifications à des lois existantes, constitue
néanmoins une loi.
Si on devait attaquer la capacité du Québec à
l'égard d'un des articles contenus dans cette loi, une fois
adoptée, en invoquant certaines dispositions de la Charte canadienne des
droits et libertés, je pense qu'on pourrait se retrouver en Cour
suprême dans sept ou huit ans et mon successeur serait encore en train de
répondre au député de D'Arcy McGee qu'il y avait
d'excellentes raisons de le faire.
M. Marx: Votre successeur ne me donnera pas de réponse
parce qu'il sera de notre côté de la Chambre!
M. Johnson (Anjou): Mon successeur ne deviendra jamais
libéral! Je suis sûr de cela.
M. Marx: II sera de l'Union Nationale! Si on prend, par exemple,
l'article 83 que nous avons adopté, celui-ci modifie un article de la
Loi sur les musées nationaux. D'accord, M. le Président? Donc,
cet article modifie un article qui est déjà dans une loi
où se trouve un article semblable à l'article 92. Donc, à
la fin, on va arriver avec une loi 84 qui va modifier 35 lois; mais la loi 84,
matériellement, va contenir seulement un article, l'article 92.
Il y a une autre difficulté, M. le Président, c'est que
l'article 92, le nonobstant la charte canadienne, est en vigueur seulement pour
cinq ans. Il faut renouveler cet article tous les cinq ans. Donc, on va se
retrouver avec la Loi sur les musées nationaux où le nonobstant
va s'appliquer après six ans seulement à l'article 50, parce que
le nonobstant ne s'appliquera pas aux autres articles, étant
donné que les cinq ans seront écoulés. Je trouve qu'il y a
incohérence dans l'adoption de l'article 92. Nous avons des objections
sur le fond et sur la forme. Si le ministre insiste pour être
incohérent dans sa loi quant à la forme, qu'il adopte cet
article.
M. Johnson (Anjou): Nous sommes constants, M. le
Président.
M. Marx: L'incohérence est constante. Adopté sur
division.
M. Johnson (Anjou): Nous sommes constants.
Le Président (M. Rancourt): L'article 92 est adopté
sur division.
Pour l'article 93, je crois que nous devrions...
M. Marx: Avant qu'on passe à un autre article, puis-je
demander au ministre s'il a ou s'il va demander une étude sur l'adoption
de tels articles dans une loi omnibus?
M. Johnson (Anjou): J'avoue que ce n'est pas au sommet de la
pyramide des priorités en ce moment au ministère de la
Justice.
M. Marx: Quelles sont les priorités du
ministère?
Le Président (M. Rancourt): Je crois que c'est en dehors
de la question.
M. Johnson (Anjou): Nous aurons l'occasion d'en discuter dans
d'autres forums.
M. Marx: J'espère qu'il a des priorités.
Le Président (M. Rancourt): Je crois que nous avons un
projet de loi.
M. Johnson (Anjou): Notre première priorité est
toujours de pouvoir répondre au député de D'Arcy
McGee.
Le Président (M. Rancourt): Nous passons à
l'article 93. Je vous suggère de le suspendre, puisque nous avons
déjà suspendu tout ce qui concerne l'Assemblée nationale.
Puisque nous revenons demain avec le projet de loi, cela termine...
M. Marx: M. le Président, étant donné qu'il
semble que nous ayons une fin de session très chargée, est-ce
qu'on va avoir le temps, demain ou mardi, mercredi, jeudi et vendredi,
d'étudier toute la législation? Est-ce qu'il ne serait pas plus
sage de siéger encore deux ou trois heures pour terminer le travail que
nous avons à faire?
Le Président (M. Rancourt): Des ententes étaient
prises, M. le député de D'Arcy McGee, selon lesquelles le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche sera là
demain.
M. Marx: M. le Président, je suis prêt à
adopter les articles qu'il nous reste à adopter, quitte à ce
qu'on étudie, demain et la semaine prochaine, d'autres lois.
Le Président (M. Rancourt): Les articles qui ont
été suspendus l'ont été de façon unanime, de
chaque côté de cette Assemblée.
M. Marx: L'article 93...
Le Président (M. Rancourt): II est suspendu.
M. Marx: Que touche l'article 93?
Le Président (M. Rancourt): L'Assemblée nationale
et cela a été suspendu précédemment.
M. Marx: Article 93. Après cela, nous avons l'article
94.
Le Président (M. Rancourt): "La présente loi entre
en vigueur..."
M. Marx: On peut adopter l'article 94, c'est un article de style.
Cela nous épargnera du travail demain.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice.
M. Johnson (Anjou): Je propose que vous fassiez rapport à
l'Assemblée que la commission plénière n'a pas fini de
délibérer et qu'elle demande la permission de siéger
à nouveau. Le président de la commission devra faire rapport.
Le Président (M. Rancourt): II faudrait que les gens qui
ne sont pas membres de l'Assemblée nationale quittent la salle.
M. Marx: Peut-on demander au ministre de reprendre son
siège?
Rapport au président
M. le Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que la
commission plénière n'a pas terminé l'étude
détaillée du projet de loi 84 et vous demande la permission de
siéger à nouveau.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Quand
siégera-t-elle? M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): À la prochaine séance, M. le
Président, ou à une séance subséquente.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Parfait. M. le ministre de la Justice, si vous voulez proposer.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je fais motion pour
que l'Assemblée nationale ajourne ses travaux à ce matin, 10
heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
est adoptée?
M. Marx: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Adopté. Nos travaux sont ajournés à ce matin, 10
heures.
(Fin de la séance à 2 h 21)