Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures huit minutes)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Un moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 20 du feuilleton d'aujourd'hui, s'il vous plaît!
Projet de loi no 112 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture du
projet de loi no 112, Loi modifiant la Loi favorisant l'amélioration des
fermes.
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
M. Lalonde; M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: J'ai une suggestion à faire à la suite
de ce que j'ai dit hier concernant le déroulement de ce débat.
Est-ce que le leader du gouvernement considérerait la possibilité
qu'on fasse les deux lectures en même temps pour permettre l'adoption de
ces deux projets de loi avant la suspension de nos travaux, à 13 heures?
Ce sont deux projets de loi du même domaine.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, premièrement,
plusieurs collègues ont demandé à s'exprimer sur le projet
de loi no 112. Deuxièmement, comme nous avons toute la matinée
pour ce faire et, dans la mesure où l'Opposition croit vraiment au
développement du secteur agricole, toute la journée de demain, je
ne vois pas pourquoi nous précipiterions l'adoption de projets de loi
qui intéressent la classe agricole et dont elle veut entendre parler le
plus possible.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président, je faisais cette suggestion
pour permettre l'adoption de ces projets de loi ce matin, parce que s'il a lu
le feuilleton d'aujourd'hui - il ne l'a peut- être pas encore lu - le
leader du gouvernement verra qu'il y a une motion privilégiée de
l'Opposition pour demain. Dans la mesure où on peut le croire, à
savoir que la session sera prorogée demain, si on n'adopte pas ces
projets de loi pour 13 heures, c'est-à-dire en trois heures, ils
risquent de ne pas l'être avant la fin de la session.
Je fais cette suggestion simplement pour accélérer les
travaux.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Je répète, M. le Président, que
nous n'allons pas précipiter l'étude de projets de loi que la
classe agricole souhaite, bien sûr, mais dont elle veut aussi
connaître tous les tenants et aboutissants. Nous avons un caucus agricole
de ce côté-ci qui est constitué d'une dizaine de
députés environ et ils veulent - je crois que c'est leur droit
tout à fait légitime -s'exprimer sur ces dossiers qui les
touchent directement comme députés, mais qui touchent aussi
l'ensemble de la population qu'ils représentent et, au-delà,
l'ensemble de la population agricole du Québec. Donc, il n'y a pas lieu
de précipiter l'étude en deuxième lecture.
Maintenant, dans la mesure où l'Opposition souhaite
qu'effectivement, ces deux projets de loi soient adoptés avant la fin de
la session, elle n'est pas obligée - il y a toujours la
possibilité du retrait d'une affaire au feuilleton - de passer la
journée de demain à blâmer le gouvernement sur la relance
économique qui ne vient pas, qui n'existe pas, qui ne se ferait pas,
paraît-il, alors que nous avons ici deux beaux projets de loi de nature
essentiellement économique que nous pourrions discuter demain toute la
journée.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: Une dernière tentative, M. le
Président. Je voudrais simplement préciser que ce n'est pas le
but de mon propos de limiter le débat, d'empêcher les intervenants
de l'autre côté de parler; au contraire, c'est pour permettre au
plus grand nombre de parler, mais sur les deux projets de loi ensemble, de
sorte qu'on pourrait accélérer les travaux. Tout le monde
pourrait parler, s'il le voulait. En tout cas, le leader prendra la
responsabilité de ce qui arrivera à ces deux projets de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci. M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je vous demanderais de
reconnaître le père du développement agricole moderne, le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
député de Lévis.
Le Vice-Président (M. Jolivet): La parole est au ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sur le projet de loi
no 112, Loi modifiant la Loi favorisant l'amélioration des fermes.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, on m'informe que l'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et qu'il en
recommande l'étude à la Chambre.
Nous avons eu l'occasion, hier, de déposer deux projets de loi
dont nous allons faire la deuxième lecture pour le premier ce matin. Un
projet propose d'augmenter les crédits favorisant l'amélioration
des fermes et l'autre concerne le crédit à la production
agricole.
Dans le premier cas, les crédits favorisant l'amélioration
des fermes, il s'agit d'une mesure à moyen terme. Le projet de loi a
pour but de porter le maximum du crédit, dans le cadre du régime
de crédit agricole du gouvernement du Québec, de 100 000 $
à 200 000 $, ce qui va aider les agriculteurs qui ont
développé leur ferme, qui ont un crédit à moyen
terme plus élevé à cause du coût du drainage, du
coût de la machinerie, du coût de certains équipements dont
la durée est de quelques années - entre cinq et dix ans. Les
crédits nécessaires au développement des fermes familiales
du Québec doivent être augmentés.
Il faut dire aussi qu'à cause de l'inflation des dernières
années, ni la Banque du Canada ni le gouvernement fédéral
n'ont réussi à contrôler les montants nécessaires
pour acheter aujourd'hui, que ce soit un équipement de ferme, que ce
soit même dans le cas du drainage souterrain pour la pose des drains. Il
y a eu une certaine augmentation au cours des années et si on veut
suivre le rythme du progrès, il faut augmenter les montants qui sont
disponibles. Ce qui ne veut pas dire que chacun des agriculteurs qui a
accès au crédit agricole va emprunter 200 000 $ comme
crédit à moyen terme. Non, puisque le crédit maximum
jusqu'à maintenant était de 100 000 $, certains vont augmenter
à 115 000 $, certains à 120 000 $, d'autres vont rester à
50 000 $; mais pour ceux qui auront besoin d'aller jusqu'à 200 000 $ les
amendements qu'on retrouve dans cette loi vont permettre de le faire.
Nous aurons l'occasion, au cours des prochaines journées ou des
prochaines semaines, de vous parler de crédit à la production.
Nous présenterons un projet de loi en deuxième lecture, qui a
été présenté hier en première lecture, pour
améliorer le crédit à court terme dans deux productions
qui sont deux voies de développement importantes au Québec: la
production des céréales et l'élevage du boeuf de
boucherie; cela va permettre l'amélioration, un développement
considérable de l'agriculture à beaucoup plus que les producteurs
de céréales, mais aussi aux producteurs de boeuf. Pourquoi? Parce
que ce peut être un éleveur de porcs qui veut être moins
dépendant pour son approvisionnement en céréales, qui
aurait besoin de crédit pour développer sa production de
céréales, pour produire davantage de céréales dont
il a besoin pour alimenter ses porcs. Ce peut être également un
producteur laitier qui, au lieu de vendre ses veaux aux États-Unis ou en
Ontario alors qu'ils ont trois ou quatre jours, décide d'utiliser cette
possibilité de crédit pour développer lui-même
l'élevage de ses veaux mâles qui ont été reproduits
par les vaches laitières, mais qui sont des veaux mâles, donc qui
ne pourront pas être utilisés dans la production laitière,
pour les engraisser pour faire davantage une valeur ajoutée au
Québec, faire davantage de production de viande de boucherie au
Québec qui ira dans un autre circuit d'abattage et qui viendra sur les
tables des consommateurs.
Ce sont des projets de loi qui étaient très
demandés et c'est pourquoi il était absolument important de faire
ces amendements. J'avais dit, au cours de l'automne dernier, qu'au cours de
l'année 1983 il y aurait une révision en profondeur du
crédit agricole. Il y aura une révision en profondeur.
D'ailleurs, les groupes de travail ont commencé à se constituer
et ils ont commencé à préparer les documents. Ils ont
commencé à travailler pour préparer un document qui fera
un état de la situation dans le crédit agricole, pour faire le
tour de la question.
Actuellement, le crédit agricole administre huit lois
différentes qui ont été constituées au cours des
années où il y a eu des modifications et des lois. Cela a
été adopté dans le domaine du crédit agricole
depuis 1936. Le crédit agricole administre un grand nombre de lois et,
pour simplifier l'administration, pour la rendre plus facile, nous voulons
refondre toutes ces lois dans une seule où on retrouvera du
crédit à long terme, c'est-à-dire, habituellement, pour la
durée de la ferme, pour une trentaine d'années; du crédit
à moyen terme, habituellement entre cinq et dix ans, et du crédit
à court terme, c'est-à-dire le temps de la production d'une
récolte. S'il s'agit du poulet, il s'agit de quelques semaines. S'il
s'agit du porc, il s'agit habituellement de six mois. S'il s'agit du
boeuf, cela peut aller jusqu'à 18 mois. S'il s'agit des
céréales, cela dépend du moment de la vente, mais, encore
là, cela peut être entre six mois et un an. Tout cela, au fond,
pour faire en sorte que le crédit agricole, qui est un des instruments
les plus importants de développement dans le domaine agricole, puisse
être adapté davantage aux conditions du moment. C'est pour cette
raison que le premier ministre a annoncé qu'il y aurait une refonte du
crédit agricole dans son dernier discours inaugural.
Les travaux préparatoires à cette refonte ont
commencé. Actuellement, il y a un groupe de travail formé
principalement de gens du secteur économique qui vont consulter des
agriculteurs de différents types de productions, les institutions
financières prêteuses, les gens qui ont à travailler dans
le secteur du crédit agricole, pour faire une revue de l'ensemble de la
question et se demander ce que devrait être le crédit agricole
à partir de 1983, en 1984, en 1985 et pour les années qui
viennent. Cela ne veut pas dire que ce qui a été fait
antérieurement n'est pas bon, sauf qu'il est bon qu'une loi qui a
été adoptée en 1936 et qui a eu des amendements
considérables au cours des années soit refondue dans une
perspective d'avenir pour satisfaire davantage les besoins actuels et futurs de
l'agriculture. (10 h 20)
Pour que ce soit fait dans un état d'esprit de consultation et
non pas de confrontation, pour que chacun puisse exprimer son opinion et pour
que tous les gens qui ont quelque chose à dire au sujet du crédit
agricole puissent le faire, l'équipe qui va préparer le document
de consultation va rencontrer, au cours des prochaines semaines - le travail
est commencé - tous ceux qui ont un mot à dire, qui sont
intéressés d'une façon ou de l'autre au crédit
agricole, pour en arriver éventuellement à la préparation
d'un document, possiblement au printemps - il y a de bonnes chances que ce soit
au cours du mois de mai ou du mois de juin - qu'on fasse la rencontre de la
conférence socio-économique pour que tous les intervenants
groupés autour d'une table fassent le point et disent ce qu'ils
voudraient que soit le crédit agricole au Québec pour les
années qui viennent et avoir un crédit souple, adapté, qui
puisse évoluer en fonction des besoins des agriculteurs.
Aussi, le crédit est plus simple à administrer - c'est
plus compliqué lorsqu'on administre plusieurs lois - et ceux qui feront
le travail se demanderont s'il ne serait pas possible d'avoir accès
à des sources de financement à meilleur marché. Cela a
toujours été, au fond, une préoccupation du gouvernement
du Parti québécois, au cours des dernières années,
de se demander de quelle façon on pourrait obtenir des fonds à
meilleur marché aux fins du crédit agricole, puisque les montants
prêtés augmentent considérablement d'année en
année. Comme ces sommes deviendront de plus en plus grosses au cours des
années qui viennent, il est important d'avoir accès au
crédit à meilleur marché. C'est pourquoi on se demandera
également si certaines gens n'auraient pas le goût ou le
désir d'avancer individuellement des fonds au crédit agricole. Un
agriculteur qui prend sa retraite, par exemple, peut être
intéressé à dire: Je laisserai mon argent au crédit
agricole; j'aurai une sécurité de revenu parce que le
crédit agricole, c'est solide comme la terre du Québec, il n'y a
rien de plus solide. C'est plus solide qu'auparavant alors que le billet du
Dominion marquait "payable au porteur" et on pouvait le changer en or.
Aujourd'hui, tout ce qu'il y a, c'est la signature du gouverneur, c'est
marqué: "Ce billet a cours légal. " Parce qu'il a cours
légal - c'est inscrit dans une loi - donc, il vaut 1 $.
Des voix: 0, 80 $.
M. Garon: 0, 80 $. Au cours des années, la piastre baisse.
C'est pour cette raison qu'au cours des années, qu'est-ce qu'il peut y
avoir de plus solide comme base de financement du crédit que le sol
agricole? On regarde en France, par exemple, quelle est l'institution
financière la plus solide qui est une des plus grandes institutions
financières au monde? C'est le Crédit agricole français.
Si on utilise toutes les possibilités qu'il peut y avoir de sources de
financement à meilleur marché, tout en constituant un meilleur
placement plus sécuritaire et avantageux en termes de rendement pour les
déposants, sans doute qu'on pourra aller chercher des fonds avantageux
pour la classe agricole et offrir des occasions de faire des placements
à des gens qui souhaiteraient faire ces investissements.
Je commençais à dire qu'un agriculteur, par exemple, qui a
travaillé pendant 30 ans, qui a bénéficié du
crédit agricole, qui a eu droit à un crédit agricole
où les taux d'intérêt étaient plus bas, cela a fait
son affaire pendant sa vie. Il se retire et vend sa terre à un plus
jeune, souvent à son fils, puis en même temps il est plus
âgé, donc plus inquiet. Il n'a pas le temps de recommencer
à faire son fonds de retraite; l'argent qu'il a amassé au cours
de sa vie pour ses vieux jours... Il se dit: Bon, je reçois un montant
comptant, c'est l'épargne de ma vie que j'ai investie sur ma terre. Je
n'ai pas eu de fonds de retraite mais cela a été mon fonds de
retraite. Maintenant, qu'est-ce que je fais avec cela? Souvent, il se retourne,
va vers une compagnie d'assurances qui lui donne une rente viagère qui
lui rapporte un très faible taux d'intérêt.
Vous savez qu'on a vu des articles dans les journaux disant que certains
courtiers se spécialisent à faire comprendre à des gens
qu'ils ont des rentes viagères qui rapportent trop peu d'argent,
considérant les taux d'intérêt qu'on a connus et qu'on
connaît encore actuellement.
Certains agriculteurs - la demande devient de plus en plus forte de la
part des agriculteurs - nous disent: On aimerait pouvoir investir nos
épargnes à la suite de la vente de notre terre pour que cela
profite aussi aux plus jeunes.
C'est aussi un volet qui sera étudié par le groupe de
travail sur la réforme du crédit agricole de se demander s'il n'y
aurait pas des avenues permettant aux agriculteurs, entre autres, qui se
retirent de pouvoir investir dans le crédit agricole pour faciliter la
relève des jeunes en attribuant des fonds à des taux
d'intérêt qui seraient intéressants pour eux mais qui
seraient à des taux plus bas que ceux auxquels le gouvernement doit
emprunter actuellement ou encore auxquels le gouvernement doit payer des
subventions d'intérêt parce que les taux auxquels on reçoit
du crédit sont plus élevés.
Cela pourrait être en même temps un taux plus
élevé pour le prêteur-cultivateur qui se retire et meilleur
marché, peut-être, pour le cultivateur jeune qui
s'établit.
C'est cela qui doit être regardé et, en même temps,
il y a tellement de gens dans le secteur rural qui ont gagné leur vie
avec le monde agricole. Quand on dit qu'on va faire du développement de
l'agriculture, certaines gens qui ne sont pas familiers avec le monde agricole
se disent: Eh bien! Des cultivateurs qui vont gagner leur vie. Mais combien de
personnes dans le monde agricole gagnent leur vie grâce aux
cultivateurs?
Vous savez, les statistiques nous disent que plus de 50% des gens qui
vivent dans le milieu rural gagnent leur vie grâce à
l'agriculture. C'est évident que 50% de la population du monde rural
n'est pas constituée d'agriculteurs. Quand on regarde, par exemple, les
agriculteurs et leurs familles, les meuneries, quelque 200 entreprises qui
représentent un volume d'affaires considérable; si on regarde les
gens qui sont dans le commerce des intrants, qu'il s'agisse de la machinerie
agricole, de la vente de machinerie, de la réparation et souvent de la
fabrication de certains types de machinerie; si on regarde ceux qui sont dans
le domaine des engrais chimiques, dans les herbicides, dans les pesticides,
tous ceux qui, de près ou de loin, fournissent des services aux
agriculteurs, qu'il s'agisse des médecins-vétérinaires et
leurs familles, des agronomes et leurs familles, des fonctionnaires du
ministère et leurs familles, tous ceux qui transforment les produits
agricoles en aliments, avec différentes façons de les travailler;
les abattoirs, les charcuteries, tous les sous-produits du lait et de ses
dérivés, qu'il s'agisse du fromage, de la crème
glacée, du lait de chèvre, me dit la députée de
Johnson, parce qu'elle est au courant que je viens d'acheminer un programme au
Conseil du trésor, pour lequel on devra avoir une réponse
incessamment pour développer une production artisanale de fromage de
chèvre dans les différents endroits du Québec. Je peux
dire que c'est un peu à cause de l'insistance personnelle de la
députée de Johnson - un cas dont je ne me rappelle pas tous les
noms - qu'il y a une entreprise dans son comté, dans la région de
Valcourt, celle de M. Labrie, qu'elle souhaite voir se développer.
Une foule considérable de gens gagnent leur vie grâce aux
agriculteurs et avec les agriculteurs, autant d'ouvriers et d'ouvrières
que d'agriculteurs dans la transformation des produits, dans les laiteries,
dans les abattoirs, dans les charcuteries, dans les conserveries, toutes sortes
d'entreprises au fond qui, de près ou de loin, contribuent au
développement du secteur agro-alimentaire québécois. 225
000 personnes travaillent dans la distribution alimentaire au Québec. Le
camionnage, les épiceries, la congélation, le refroidissement des
aliments, tous ceux qui de près ou de loin contribuent à cette
distribution, les restaurateurs, les chefs-cuisiniers, 225 000 personnes qui
gagnent leur vie seulement dans le secteur tertiaire du secteur
agro-alimentaire. Ce qui veut dire, quand on compte tout cela ensemble, autour
de 400 000 personnes au Québec, 400 000 personnes qui travaillent dans
le secteur agro-alimentaire. C'est celui qui s'est maintenu le plus dans la
crise économique actuelle que l'on vit. Il comble un besoin dont il est
plus difficile de se défaire. Vous savez, on peut remettre un voyage en
Floride, on peut remettre la construction d'une maison, mais on peut
difficilement remettre ses repas indéfiniment, de sorte que, dans des
périodes difficiles, il y a un secteur qui se maintient et c'est le
secteur agro-alimentaire. De là l'importance de faire en sorte que tout
ce qu'on consomme soit produit chez nous, dans la mesure du possible. (10 h
30)
Cela ne veut pas dire qu'on va arrêter de manger des bananes ou
des pamplemousses, mais cela veut dire qu'on doit utiliser au maximum nos
ressources agro-alimentaires et notre potentiel agro-alimentaire pour produire
le plus possible ce qu'on consomme et utiliser nos avantages comparatifs par
rapport à d'autres pays pour exporter le maximum de ce qu'on peut
exporter. Je dois dire, dans ce sens-là, que cette année, dans le
secteur agro-alimentaire, c'est sans doute, encore là, le secteur qui
s'est le mieux comporté au Québec dans le domaine des
exportations.
Non pas parce que la demande mondiale a augmenté. Elle n'a pas
vraiment augmenté dans le domaine alimentaire comme dans d'autres, parce
que les gens subissent tous l'effet de la crise, qu'il s'agisse des
États-Unis ou de l'Europe, mais nous avons davantage
pénétré les marchés extérieurs et une des
raisons a été la réforme réalisée depuis
1977 sous le gouvernement actuel: la modernisation du secteur de l'abattage et
des charcuteries.
Aujourd'hui, on peut se vanter d'avoir au Québec, dans le domaine
de l'abattage des animaux et de la préparation des viandes et de la
charcuterie, un des systèmes les plus modernes au monde, parce que le
travail de modernisation a été fait dans tout le Québec et
qu'actuellement, dans des périodes difficiles comme celles qu'on vit,
à cause de l'agressivité du secteur modernisé des viandes,
on peut faire face à la situation présente, même difficile,
et augmenter considérablement nos exportations. Dans le domaine des
viandes, on les a encore accrues de 25% cette année. 25% en 1982, par
rapport à 1981, c'est quand même considérable. C'est pour
cela que le gouvernement actuel veut faire cette même modernisation dans
le secteur des pêches. Je vois le député de Gaspé,
la main sur le front; il sait que c'est difficile, mais cela va venir. Les
modernisations sont toujours difficiles, parce qu'il y a toujours des gens qui
sont plus tournés vers le passé que vers l'avenir. Mais,
graduellement, les gens qui sont plus tournés vers l'avenir font ces
modernisations et entraînent le peloton qui résiste temporairement
à la modernisation, souvent pour une raison d'inquiétude. Quand
il faut faire des changements, tous les êtres humains, tous les
êtres vivants, je dirais, sont inquiets. Par exemple, quand il va y avoir
un changement de température, vous voyez que les animaux sur la terre se
préparent aussitôt à ces changements de température
et vous observez des inquiétudes dans leur comportement. Les animaux
vivants sont habitués à une certaine façon de faire les
choses et, quand arrivent certains changements, cela apporte des traumatismes,
du stress. L'être vivant, l'être humain, quand surviennent des
changements sociaux qui sont nécessaires pour assurer la survie de
l'espèce trouve parfois ces changements difficiles. C'est pour cette
raison que dans le secteur des pêches, on va faire des changements
importants, parce que, actuellement, il y a une période difficile, non
pas au Québec en particulier, mais dans tout l'Est du Canada, dans
l'Ouest du Canada, dans les pêches de plusieurs pays. L'arrivée de
la zone de 200 milles a modifié la situation. Il faut faire des
changements et la seule façon de les faire est d'être à
l'avant-garde dans l'excellence de la qualité. Cela aussi suppose des
changements qui font que certaines personnes ont une certaine
inquiétude.
On ne produit pas des biens alimentaires pour produire des biens
alimentaires. La seule et unique fonction de la production des biens
alimentaires est de fournir les aliments à ceux qui vont les consommer,
à ceux qui les produisent et les mangeront, et à ceux qui les
achèteront. On produit d'abord pour les consommateurs, pour que les
consommateurs puissent trouver satisfaction dans des biens dont la
qualité doit être la plus grande possible, la plus haute possible,
il faut viser l'excellence dans tout. C'est pour cette raison que notre devoir,
comme gouvernement, est de faire en sorte que les produits que les
consommateurs mangeront soient les meilleurs possible par rapport aux
critères d'excellence les plus élevés. Nos consommateurs
ont droit à cela et c'est aussi la meilleure façon de vendre nos
produits sur les marchés étrangers. M. le Président, c'est
dans cette perspective que cette loi - la loi 112 - permettra le
développement de l'agriculture.
Je disais tantôt qui utilisera davantage ce crédit à
moyen terme dont la limite maximale passera de 100 000 $ à 200 000 $:
Principalement, le drainage, l'amélioration - d'ailleurs, la loi le dit
- des fermes. Il s'agit de l'amélioration du fonds de terre par des
travaux mécanisés ou du drainage, l'amélioration des
bâtiments de ferme pour le développement des productions animales,
comme l'élevage du boeuf. Il s'agit d'équipement qu'il faut
acquérir.
Vous direz: Est-ce que le gouvernement fait cela dans cette
période difficile uniquement pour la frime? Je vois le
député de Beauce-Sud, je ne sais pas ce qu'il dira, j'attends son
discours avec impatience. On aurait pu attendre la réforme globale du
crédit agricole. Nous n'avons pas voulu attendre la réforme
globale du crédit agricole, mais présenter ces amendements
immédiatement, parce que avant que les consultations soient
terminées, que les rencontres soient faites, que la loi soit
préparée, qu'elle soit adoptée en Chambre, on peut
s'attendre que cela aille jusqu'à la fin de l'année 1983,
peut-être jusqu'au début de l'année 1984 en mettant
même le maximum de ressources pour aller le plus rapidement possible. Il
ne faut pas priver un secteur en développement de l'aide
financière dont il a besoin pour continuer ce développement.
Si vous regardez en 1982-1983, qu'est-ce que cela était en termes
financiers? Cela a été une année record au Québec
à ce point de vue. Je ne voudrais pas que les gens qui nous
écoutent pensent que je veux dire que les cultivateurs, en 1982, ont
fait de l'argent à mort et que l'argent leur sortait par les oreilles.
Ce n'est pas vrai. Cela a été une année difficile pour
l'agro-
alimentaire en 1982 comme pour les autres secteurs. Ce n'était
pas le cas pour toutes les productions; les producteurs de porc, par exemple,
ont vécu une année plus intéressante en 1982. Il semble
que cela se poursuivra un certain temps en 1983, surtout à cause d'une
maladie chez le porc du Danemark. On ne peut pas se réjouir des maladies
qu'il peut y avoir au Danemark, mais il faut dire que cela a maintenu des prix
plus élevés, dont nos éleveurs bénéficient,
alors qu'ils avaient vécu une période de trois ans de bas prix
dans le secteur du porc. C'est pour cela qu'on a vu en 1979, 1980 et surtout
1981 une période où les producteurs de porc étaient plus
agressifs parce que financièrement ils sentaient une grande
insécurité. Ils ne savaient pas quand les prix se
rétabliraient, et ils étaient inquiets.
Par ailleurs, quand on regarde aujourd'hui le développement du
secteur du porc, combien ça rapporte d'emplois au Québec? C'est
autour de 40 000 emplois, le porc au Québec. C'est un secteur qu'il
était bon de développer, qui doit être
développé et qui doit être maintenu au Québec parce
qu'il procure de l'emploi à beaucoup de gens.
Le porc québécois est renommé pour son excellence.
Aujourd'hui on peut dire que sur les marchés internationaux on parle du
porc danois puis du porc québécois comme des porcs d'excellente
qualité et on se fait la lutte les uns les autres, les Danois et les
Québécois, pour qui aura le meilleur porc sur le marché,
qui produira la meilleure qualité.
Je peux vous dire que cette année encore, le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, en collaboration avec
différents intervenants, a mis en place des contrôles de
qualité encore plus sévères pour que la viande qui est
consommée soit la plus saine possible. Quelqu'un qui voudrait faire de
l'argent en mettant trop de médicaments, qu'il soit écarté
du marché. On fait des contrôles en accord avec l'ensemble des
producteurs agricoles, des transformateurs pour maintenir la qualité
très haute parce que c'est notre façon de maintenir notre
position sur les marchés.
Alors, dans ce secteur, pourquoi ces changements étaient-ils
importants? Je vais vous donner des chiffres. C'est un peu surprenant que 1982
soit une année record au point de vue du drainage souterrain au
Québec, record à tous les points de vue. On pourrait dire que
c'est l'inflation. Il y a un petit peu d'inflation dans les chiffres,
l'inflation monétaire. Si on regarde le nombre des
bénéficiaires, la plus grosse année de drainage
souterrain, 1982, il y eut 4234 personnes qui ont fait du drainage souterrain
au Québec en 1982. (10 h 40)
Vous savez, lorsqu'on a changé les méthodes, les
programmes de travaux mécanisés, puis de drainage souterrain en
1982, certaines personnes n'étaient pas d'accord, le
député de Beauce-Sud n'était pas trop d'accord avec les
changements lui non plus; je ne dis pas qu'elles étaient de mauvaise
foi. On s'est consulté, le caucus des députés du Parti
québécois. On a pris plus d'une journée ensemble à
étudier les différents aspects à savoir: Est-ce qu'on va
faire ça? De quelle façon pour que ce soit le plus
bénéfique? Les ingénieurs du ministère nous avaient
fait des propositions. Les ingénieurs nous ont rencontrés, on a
critiqué afin qu'on sorte le meilleur programme possible.
Je sais que des fois les députés de l'Opposition ont
l'habitude de dire: Le ministre de l'Agriculture pense que l'agriculture est
née avec lui. Je vous le dis et je le dis devant tout le monde, ces
programmes ne sont pas pensés par moi tout seul, ils sont pensés
par les gens du ministère, les députés du Parti
québécois, puis le ministre. Ensemble, on travaille pour faire un
programme qui répond aux besoins.
Au début, lorsque ce nouveau programme a commencé et qu'il
y avait des critiques d'un peu partout, on s'est dit que le changement vers le
progrès amène toujours des gens qui ont peur du changement
à dire: II faudrait peut-être bien aller plus lentement. Je me
rappelle quand le Père Lévesque mentionnait, à la
Faculté des sciences sociales, pendant le cours de philosophie de
l'action qui s'appelait "prudence et technique de l'action". Le
député de Louis-Hébert, qui est ici dans cette Chambre,
doit se rappeler de ce cours. Que disait le Père Lévesque? Il
disait: Vous savez, les gens qui ne font rien ne commettent pas d'erreur; la
prudence doit s'exercer dans l'action. Quand quelqu'un agit, il doit être
prudent. Vous remarquerez que ceux qui ne font rien, qui n'agissent pas, on ne
les accuse jamais d'être imprudents ni prudents. Ils ne font rien. Ce
qu'il faut, c'est de développer la prudence dans l'action. Faire en
sorte d'avoir toutes les garanties possibles pour qu'un programme, quand il est
appliqué, corresponde le mieux possible aux besoins de la population et
ne pas avoir d'hésitation, si on s'est trompé, pour apporter des
corrections. C'est pourquoi il y a des gommes à effacer au bout des
crayons. Quand le monde ne se trompera plus, il n'y aura plus de gomme à
effacer au bout des crayons. Il est possible qu'il se fasse aussi des erreurs
dans l'action. Il faut corriger le tir. Être à l'écoute
pour corriger le tir.
Si vous regardez l'année 1982, je suis fier de dire... Je me
rappelle de tous les députés qui sont ici; je vois le
député d'Arthabaska qui avait parlé longuement à ce
sujet. Je vois le député de Terrebonne aussi qui avait dit son
mot. Le député de
Champlain qui est ici à côté. Le
député de Rousseau. Je ne peux nommer tous les
députés qui étaient là et qui ont dit leur mot. Le
député d'Iberville aussi qui est un assidu de ces
réunions. On regardait les différents aspects du programme pour
qu'il soit bénéfique aux agriculteurs. Aujourd'hui, quand on
regarde les résultats, on peut dire qu'on a fait un bon travail. C'est
pourquoi il faut donner des mesures de crédit afin que ce travail
continue. En 1982, 4234 bénéficiaires. C'est la plus grosse
année. C'est le plus grand nombre de bénéficiaires dans
une année de drainage souterrain, malgré la situation difficile
qu'on connaît. En superficie drainée - vous auriez pu dire que
c'est l'inflation, non! - un record, en termes de superficie, de 129 039 acres
qui ont été drainées en 1982. Dans un an, 129 000 acres.
Vous comprenez que deux ans et demi comme l'année 1982, c'est plus que
tout ce qui s'est fait avant l'arrivée au pouvoir du Parti
québécois.
De 1908 à 1976, il s'était fait environ 300 000 acres de
drainage. Seulement dans un an, en 1982, 129 000 acres. C'est du drainage! Ce
sont aussi des sommes d'argent considérables. L'aide financière
au montant de 21 420 000 $. Les gens disaient: peut-être que vous ne
dépenserez pas vos budgets. On l'a dépensé notre budget.
Un montant de 21 420 000 $. Combien d'investissement? Seulement dans le
drainage souterrain, 47 125 000 $. Seulement dans les tuyaux qui passent dans
le sol pour égoutter plus rapidement les terres, pour donner plus de
sécurité et une meilleure productivité au sol. Le drainage
est à peu près l'investissement le plus important, même
dans une année difficile. C'est ce qui démontre la qualité
des agriculteurs du Québec. Dans une année difficile, qu'est-ce
que les gens auraient pu faire? Ils auraient pu prendre toutes sortes de
décisions. Les agriculteurs ont continué dans le secteur qui a
connu le plus grand nombre d'investissements en 1982 par les agriculteurs,
malgré la période difficile. C'est aussi dur pour les
agriculteurs que pour les autres. Le drainage souterrain est une
décision éminemment intelligente. Pourquoi? Il donne plus de
sécurité parce qu'il y a moins de danger de perdre ses
récoltes au printemps puisque l'eau s'égoutte mieux. Quand il y a
une pluie, l'eau s'égoutte mieux. L'eau du printemps s'égoutte
mieux. S'il y a trop de pluie pendant plusieurs jours, l'eau s'égoutte
mieux. C'est plus de sécurité pour l'agriculteur, plus de
productivité aussi. Au lieu d'avoir une récolte qui baigne dans
l'eau, l'égouttement se fait correctement. Le sol est une matière
qui peut devenir très souple, malléable, plutôt que dure ou
desséchée comme, par exemple, dans des pays d'Asie, où on
trouve une terre craquelée, rendue dure quasiment comme du ciment, en
petite parcelles ici et là. On a l'avantage d'avoir de l'eau. Il est
mieux d'en avoir trop que pas assez. Nous, on en a trop. Il faut drainer le sol
avec un équilibre de la nature. Les agriculteurs ont investi des sommes
d'argent considérables: 47 000 000 $ en 1982. Il est évident
qu'il y a une partie d'aide financière. Une partie doit être
financée par l'argent que les agriculteurs ont fait dans l'année,
quelquefois par leurs économies, mais aussi par du crédit. Et
c'est pour cela qu'il est important d'augmenter les niveaux de crédit
pour permettre d'accélérer le drainage souterrain, de maintenir
le rythme du drainage souterrain. C'est de cette façon que nos
agriculteurs vont être plus concurrentiels.
Maintenant, un mot sur les travaux mécanisés qui
demeurent. La loi dont nous parlons ce matin, en favorisant le crédit
à moyen terme, favorise ce genre de travaux: crédits à
moyen terme pour les travaux mécanisés. Encore là, une
année - je dirais -presque record puisque, en termes de subventions,
elle a été dépassée, en 1978, de 400 000 $. Mais
c'est la deuxième année record, en 1982, pour les travaux
mécanisés. En termes d'investissements totaux, c'est
l'année record au Québec. Et vous vous rappelez qu'on a
changé les subventions pour dire que cela passerait de 50% à 40%
et, encore là, qu'on restreignait les travaux mécanisés
pour certains types de travaux. Des travaux d'investissements réels:
l'égouttement - travailler sur des égouttements -
l'épierrement, le défrichage, pour vraiment remettre en valeur
une terre qui n'était plus en valeur, et non pas pour les travaux
d'entretien.
On a dit que, pour les travaux d'entretien, l'agriculteur est capable de
s'organiser lui-même pour les faire, mais c'est pour des travaux qui sont
véritablement des travaux d'investissement. Et quel a été
le résultat? Le résultat, c'est que le nombre de
bénéficiaires, écoutez bien, en 1982: 15 098 personnes se
sont prévalues des travaux mécanisés. Non pas trois ou
quatre personnes; 15 000, M. le Président. On nous dira: Est-ce un
programme qui fonctionne ou qui ne fonctionne pas? Quinze mille
quatre-vingt-dix-huit personnes ont utilisé le programme des travaux
mécanisés pour améliorer leurs terres. C'est pour cela que
les terres se défrichent au Québec actuellement. Celui qui passe
sur la route no 20, entre Québec et Montréal, et qui reste quinze
jours sans passer s'aperçoit que le décor a changé de
quinze jours en quinze jours, parce que les friches repoussent de plus en plus
et qu'on voit revenir à l'agriculture des terres qui étaient
abandonnées, quelquefois depuis cinq ans, dix ans, vingt ans, vingt-cinq
ans, M. le Président.
Je vois le député de Beauce-Sud qui sourit un peu. Je ne
sais pas si c'est parce
qu'il est d'accord ou s'il trouve que j'exagère. Je devrais le
demander aux fonctionnaires du ministère qui sont ici dans l'antichambre
et, au cas où il y aurait des questions insidieuses de la part de
l'Opposition dont je n'aurais pas les réponses, je veux vous dire ceci,
M. le Président: II serait peut-être bon de prendre des photos le
long de la route no 20. On a deux pages produites par le ministère dans
la Terre de chez nous et on pourrait montrer des photos pour montrer comment
c'était le 1er juin, où c'en est rendu le 1er août,
où c'en est rendu le 1er octobre. Les gens verraient à quel point
les terres sont remises en valeur au Québec à cause de ces
travaux mécanisés. 15 098 bénéficiaires, 11 296 800
$ de subventions dans ce domaine-là. Cela a été battu une
fois en 1978 par 11 698 000 $. L'année 1982 est la deuxième
année record au Québec. Mais, en termes d'investissements totaux,
en termes d'argent investi dans les travaux mécanisés par les
agriculteurs, l'année 1982 est une année record: 24 852 900 $
investis par les agriculteurs, presque 25 000 000 $ dans les travaux
mécanisés. (10 h 50)
À un moment donné, certains ont parlé des heures de
"bull". Dans le temps, on pouvait utiliser le "bull" à toutes les
sauces. C'est le cas de le dire. Depuis, on a restreint le programme des
travaux mécanisés dans des tâches excessivement importantes
pour les agriculteurs, comme enlever des friches. Je pense que l'année
1983 sera une année importante puisque se sont tenues, en janvier,
février et au début de mars, près de 80 assemblées
dans les différentes régions avec les ingénieurs du
ministère de l'Agriculture afin d'expliquer de quelle façon on
peut faire du drainage en 1983, des travaux mécanisés et de
l'amélioration du fonds de terre avec les méthodes les plus
modernes, les méthodes les moins coûteuses parce qu'un bulldozer,
aujourd'hui, ça coûte cher. Quand un cultivateur fait venir un
bulldozer, ce n'est plus 5 $ l'heure, ce n'est plus 10 $ l'heure. Le prix moyen
d'un bulldozer est maintenant d'environ 60 $ l'heure. 64 $ l'heure en 1982.
Cela coûte cher un "bull" et il faut qu'il soit utilisé pour les
travaux qui ne peuvent pas être faits autrement. Quand on peut utiliser
une gratte, on utilise une gratte, car cela coûte moins cher. C'est pour
cela qu'on a fait des travaux de vulgarisation au cours de 80 assemblées
différentes, cette année, dans les différentes
régions du Québec, pour expliquer aux cultivateurs de quelle
façon, en 1983, étant donné les coûts des
machineries, les travaux peuvent être effectués, la manière
dont cela peut être effectué de la façon la plus
économique.
J'ai demandé aux ingénieurs du ministère, qui
avaient rencontré les députés du Parti
québécois et nous convaincaient des nouvelles méthodes,
d'aller rencontrer les agriculteurs et d'aller leur expliquer comment ils
voyaient cela. J'aime bien que les ingénieurs, qui habituellement sont
des gens qui donnent des conseils, puissent se "coltailler" avec les
agriculteurs eux-mêmes; ces derniers peuvent leur dire que telle affaire
fonctionne ou ne fonctionne pas parce qu'ils l'ont déjà
essayé - cela fonctionnait ou cela ne fonctionnait pas aussi bien que
vous le dites - pour qu'il y ait une interaction entre les ingénieurs du
ministère, les gens qui font des plans et les agriculteurs afin de
trouver de meilleures méthodes pour faire ces travaux sur les fermes.
Les résultats sont au-delà de toute espérance: 25 000 000
$ d'inventissements en 1982. J'espère que cela continuera en 1983.
Tout à l'heure, j'ai demandé les chiffres relatifs aux
cours d'eau pour l'année dernière. L'année dernière
a été une année record en termes de cours d'eau. Pour
l'année 1982, près de 8 000 000 $ ont été investis
dans les cours d'eau pour faciliter le drainage souterrain et les travaux
mécanisés. Il y a des comtés où des travaux
considérables ont été réalisés. Je vois le
député de Nicolet où plus de 100 cours d'eau ont
été réalisés au cours de l'année 1982; pas
trois ou quatre, 100 cours d'eau. C'est évident, parce qu'il y avait du
retard à compenser, pour les années où les libéraux
étaient au pouvoir. Ils avaient négligé un peu le
comté de Nicolet qui avait l'habitude de ne pas voter libérai. On
s'est dit qu'il faudrait rattraper le temps perdu et, dans le comté de
Nicolet, qui est un excellent comté agricole, faire des cours d'eau. On
a aussi fait beaucoup de cours d'eau dans le comté d'Arthabaska et
même dans la Beauce...
M. Mathieu: Beauce-Nord.
M. Garon:... dans la Beauce, dans la grande Beauce comme le
disait l'ex-député Fabien Roy quand il parlait de la Beauce, la
grande Beauce. Quand on regarde les travaux mécanisés... Quand on
a parlé des travaux mécanisés, les gens nous demandaient
si cela fonctionnerait. Regardez. Je me souviens que le député de
Beauce-Sud avait des doutes. Il y avait des gens de l'UPA qui avaient des
doutes. Les gens de l'UPA ne sont pas toujours d'accord. Des fois, ils ont leur
idée. En fait, c'est de cette façon qu'on évolue ensemble
en disant: Quelle est votre idée là-dessus. Vous nous avez
convaincus ou vous ne nous avez pas convaincus. Consulter ne veut pas dire
faire toujours comme celui que vous consultez vous dit de faire. Cela veut dire
écouter, discuter et, quand vous êtes convaincus, dire: Oui, on
est d'accord, on marche là-dedans. Quand vous n'êtes pas
convaincus, dire: Non, vous n'avez pas réussi à nous
convaincre.
Quand on a fait les changements, les gens disaient que cela ferait moins
de travaux. Ecoutez cela: dans la Beauce, en 1981, des subventions avaient
été versées pour un montant de 972 203 $, disons 972 000
$. En 1982, en vertu du nouveau programme, savez-vous combien? 1 871 000 $ Deux
fois plus. C'est pour cela que le député de Beauce-Sud a bien
plus intérêt à être avec le ministre dans la
tournée sur le rapport Gilson qu'à être en face. Je le dis
sans malice. La plupart des régions, je regarde la région de
Rimouski, de la Gaspésie où ils disent toujours qu'ils
traînent de l'arrière. Regardez cette année: 862 000 $
à Rimouski et dans la Gaspésie. Une année record dans le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie! Dans la région de
Québec, c'est la même chose. Une année record! Cette
année a été extraordinaire dans les différentes
régions du Québec parce que les gens ont voulu faire ces
travaux.
Je parlais tout à l'heure du drainage souterrain. Je me rappelle
que même le ministre délégué à
l'Aménagement - je le dis un peu pour l'agacer - me disait: Es-tu bien
sûr, Garon, que cela va marcher? Il y a des gens qui ont beaucoup de
résistance. Il y en a qui ne veulent pas. Résultat: pour le
drainage souterrain, 103 000 $ en 1981 et 302 000 $ en 1982. On est
passé de 17 bénéficiaires à 46
bénéficiaires. Il y a eu une augmentation. Pourquoi? Parce que le
programme était bon. Ce n'était pas mon programme, c'était
lé programme préparé par des gens du ministère et
l'équipe du caucus agricole du Parti québécois.
J'aurais pu parler d'autres régions, mais je vois que le temps
passe et, comme je ne veux pas perdre de temps... Je ne me rappelle plus
exactement si j'ai commencé à 10 h 10 ou 10 h 15, mais je sens
qu'il ne me. reste qu'une dizaine de minutes ou un quart d'heure et je voudrais
parler du résultat de toutes ces choses.
Résultat dans la production céréalière. Les
superficies totales ensemencées écoutez bien cela, M. le
Président - en hectares... Il faut changer cela en acres parce que nos
fonctionnaires, comme les Français, travaillent en hectares et il y a
encore beaucoup de personnes qui ne sont pas habituées au changement;
mais donnons les chiffres en hectares et on les changera en acres plus tard.
Superficies totales ensemencées en céréales: 390 000
hectares en 1977. En 1982, 558 000 hectares. Si vous comparez les chiffres,
cela veut dire 170 000 hectares de plus, en gros. 170 000 multiplié par
deux acres et demie, cela fait quoi? 340 plus 85, 425 000 acres de plus. C'est
cela que cela donne: 425 000 acres de plus en céréales au
Québec depuis 1977. C'est du monde, M. le Président, 425 000
acres! 425 000 acres de plus. On a presque doublé. C'est de la graine,
comme le dit le député de Bourassa! C'est de la graine, des
grains! De 390 000 hectares à 558 600 hectares!
On a commencé notre programme à l'automne de 1977-1978.
390 000 en 1977, 382 000 en 1978 et, maintenant, il commence à donner
des résultats: 435 000 en 1979, 487 000 en 1980, 523 000 en 1981 et 558
600 en 1982. Augmentation constante. Qu'est-ce que cela donne de production en
tonnes?
Regardez bien. En 1976, le Parti québécois arrive au
pouvoir. La production des céréales était de 835 000
tonnes. En 1977 - la confiance est revenue un peu, mais nos politiques n'ont
pas commencé à faire leur oeuvre, elles viennent d'être
annoncées -859 000 tonnes, donc à peu près
l'équivalent. 859 000 tonnes, on pourrait attribuer cette augmentation
au soleil et cela pourrait être vrai. Mais les politiques commencent
à faire leur oeuvre en 1978. On passe de 859 000 tonnes à 1 115
000 tonnes.
Une voix: Le soleil était fort!
M. Garon: En 1979, on passe à 1 377 000 tonnes, en 1980
à 1 555 000 tonnes, en 1981 à 1 760 000 tonnes et en 1982 - ce
sont des chiffres provisoires parce qu'on n'a pas encore les chiffres
définitifs -à 1 832 000 tonnes.
Une voix: Le soleil du gouvernement. (11 heures)
M. Garon: Production doublée depuis 1976 dans le domaine
des céréales! M. le Président, cela veut dire que notre
production de porc a triplé au cours des mêmes années.
Notre production de porc est passée de 1 700 000 porcs en 1976, à
presque 5 000 000, soit 4 800 000, en 1981. Je n'ai pas encore les chiffres de
1982. C'est donc une augmentation considérable de la production et
malgré cela, le taux d'autosuffisance... On alimentait notre production
animale à 30% avec nos céréales, en 1976, et aujourd'hui,
en 1981 - on n'a pas encore les chiffres de 1982 - selon les recensements du
gouvernement fédéral, qui s'est aperçu d'ailleurs que cela
avait crû beaucoup plus vite que son échantillonnage le laissait
entendre après avoir fait l'inventaire de 1981, on se rend compte qu'on
est rendu à plus de 50% d'autosuffisance dans le secteur des
céréales, 50, 6% en 1981.
C'est pour cela que le gouvernement du Parti québécois
songe à un ensemble de mesures qui permettront de développer
d'une façon accélérée la production
céréalière pour qu'on soit dépendant le moins
longtemps possible de l'approvisionnement en céréales au
Québec. Il faut que nos céréales soient produites par des
agriculteurs québécois. C'est pour cela qu'on a mis en place des
programmes d'aide financière, sous forme
d'assurance-récolte collective, sous la forme de l'assurance
stabilisation des revenus. Dans une période comme celle qu'on vit depuis
deux ans, soit en 1981 et en 1982, les prix sont tombés dans le domaine
des céréales et s'il n'y avait pas de régime d'assurance
stabilisation, à peu près tous les cultivateurs perdraient de
l'argent dans le domaine des céréales en 1982. Pas tous, mais un
grand nombre, parce que les prix sont très bas. Cela ne se maintiendrait
pas à ce prix-là. C'est pour cela qu'il était tellement
important de combattre l'arrivée du rapport Gilson et l'application des
mesures de M. Pepin. J'espère qu'elles ne passeront pas parce qu'avec
les mesures incitatives que veut faire dans l'Ouest le gouvernement
fédéral pour y produire davantage de céréales,
alors que le gouvernement américain paie des agriculteurs pour ne pas en
produire, il y aurait eu un surplus de céréales.
Pour nous c'est différent, parce que nous sommes importateurs de
céréales et que nous sommes trop dépendants au point de
vue de l'alimentation animale et de l'alimentation humaine de l'importation de
céréales. Il faut donc produire davantage les
céréales dont on a besoin.
Vous savez, les gens ne réalisent pas à quel point c'est
important la production de céréales. Quand vous mangez du
spaghetti, qui penserait que cela vient des céréales? J'ai vu
plusieurs personnes me dire: d'où peut bien venir le spaghetti? Il y a
des courges à spaghetti. Je connais une bonne amie de Lotbinière
qui produit ses courges à spaghetti - un spaghetti végétal
- mais le spaghetti qu'on mange à tous les jours est un spaghetti de
fabrication industrielle. Mais avec quoi le spaghetti est-il fait? Des
céréales. La bière, c'est fait avec quoi? Des
céréales. Le whisky, c'est fait avec quoi? Des
céréales. Le pain, c'est fait avec quoi? Des
céréales. À peu près tout ce qu'on mange provient
des céréales.
Une voix: La viande.
M. Garon: La viande est faite avec quoi? Pour faire un boeuf, il
faut qu'il mange quoi? Des céréales. Pas seulement des
céréales mais aussi du foin, du fourrage et de l'ensilage, mais
en partie des céréales pour les dernières 200 ou 300
livres. Pour lui donner la "touche" qu'il faut, on lui donne un petit peu de
céréales. Le dessert, avant de l'amener à l'abattoir.
Donc, des céréales, M. le Président et on
améliore notre boeuf. Je ne dis pas qu'on est rendu à faire comme
les Japonais qui donnent de la bière au boeuf. Le boeuf est cher quand
il est nourri à la bière.
Le porc, c'est fait avec quoi? C'est de la transformation de
céréales.
Une voix: Les oeufs.
M. Garon: Les oeufs viennent des poulets qui sont
alimentés avec des céréales. Le poulet vient des
céréales. S'ils ne mangeaient pas de céréales on
n'aurait pas de poulets. La production céréalière, c'est
la base. Même les vaches mangent de l'herbe mais elles ont besoin aussi
d'un peu de moulée.
Une voix: Le lait.
M. Garon: On dit cela, on pourrait le dire le front
crispé, les épaules courbées sous le poids du monde en
riant un peu mais, au fond, la production céréalière c'est
la base de l'agriculture. Pas seulement la production
céréalière, la production herbagère. On a beaucoup
d'herbages au Québec, beaucoup de fourrage au Québec, mais la
production céréalière on ne peut pas s'en passer et on
était trop dépendant. C'est cela qu'il faut développer, M.
le Président. C'est pour cela qu'il est très important de faire
ce développement de l'agriculture au Québec avec la production
céréalière pour être moins dépendants.
Je suis persuadé que l'Opposition va me permettre d'en dire un
mot et je suis aussi persuadé qu'ils voudront en dire un mot aussi et
tout le monde sera d'accord. Je pense qu'il est important de savoir, dans cette
perspective, que le rapport Gilson, adopté par le Conseil des ministres,
à Ottawa, et dont l'application a été annoncée par
M. Pepin, le 1er février 1983, va entraîner des dommages
considérables non seulement pour l'agriculture québécoise,
mais, je dirais, pour l'agriculture de l'ensemble du Canada. Ce n'est pas par
hasard, M. le Président.
Je sais qu'au début, quand on a commencé à
étudier le rapport Gilson, on l'a étudié en tenant compte
des intérêts du Québec. Comme gouvernement, comme ministre
et comme député, notre rôle, c'est de protéger les
intérêts du Québec. Comment l'application de ce rapport
peut-elle nous affecter? On s'est rendu compte que cela aura des effets
terribles sur l'agriculture au Québec. Plus je regardais cela, je me
disais, en même temps, que cela aura des effets épouvantables sur
l'agriculture québécoise et cela aura aussi des effets
néfastes sur l'agriculture canadienne. J'en ai moins parlé parce
que les gens auraient dit: Le rôle du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec est d'abord de
défendre le Québec. C'est ce que j'ai fait et j'ai eu l'occasion
de dire à trois ou quatre assemblées, durant la tournée
que nous avons faite tous ensemble pour la coalition pour la survie de
l'agro-alimentaire au Québec, à quel point cela pourrait
être aussi dommageable pour l'ensemble de l'économie
agro-alimentaire canadienne.
Ce n'est pas par hasard qu'au cours des dernières semaines, le
ministre de l'Agriculture de la Saskatchewan est venu me rencontrer, à
Québec, pour me faire part des positions de son gouvernement. Là
aussi, en Saskatchewan, l'Assemblée législative a adopté
une motion à l'unanimité contre l'adoption des mesures du
ministre des Transports du Canada, M. Pepin, qui les a annoncées le 1er
février dernier. Ils ont été unanimement contre, en
Saskatchewan, parce qu'ils disent que ce sera dommageable et que les
producteurs de céréales auront des problèmes. La
production céréalière est la production la plus
importante, et de loin, en Saskatchewan.
Récemment, cette semaine, des membres de la National Farmers
Union, une association de cultivateurs canadiens qui préfèrent
adhérer à une association canadienne plutôt qu'à une
association provinciale - il n'y a pas beaucoup de membres au Québec; il
y a plutôt des membres d'autres provinces, les provinces anglaises -
disaient... C'est pour cela que je leur ai demandé, chaque fois qu'ils
rencontrent la presse du Québec... Je leur ai dit: Je ne veux pas dire
ces choses-là en votre nom; dites vous-mêmes à la presse ce
que vous voulez dire et je vais vous donner l'occasion de rencontrer les
journalistes qui couvrent ce secteur. Eux-mêmes disaient à quel
point leurs vues sont identiques aux vues du gouvernement du Québec et
de la coalition pour la survie de l'agro-alimentaire et que, si les
propositions de M. Pepin sont adoptées, il y aura un désastre
pour l'agriculture québécoise, mais aussi un désastre pour
l'agriculture au Canada. Les Maritimes sont effrayées. Il y a des
retards, parce qu'elles n'ont pas les services qu'on a pour faire les
études de ces documents, mais elles sont en train de constater à
quel point cela va être dommageable. Le président de la National
Farmers Union arrivait de l'Île-du-Prince-Édouard et il me disait
qu'un premier abattoir venait de fermer. Canada Packers vient d'annoncer la
fermeture de son abattoir pour le 1er juillet. Il n'y aura plus d'abattoir
à l'Île-du-Prince-Edouard.
Pourquoi? Parce que, avec l'adoption des mesures de M. Pepin, les gens
de Canada Packers, se rendant compte que la production va se déplacer
vers l'Ouest, ferment des équipements dans l'Est pour aller les
bâtir dans l'Ouest. Il y a des gens qui disent que c'est un rêve en
couleur. Ce n'est pas un rêve en couleur. Cela a commencé à
être appliqué. La construction du port à Prince-Rupert est
commencée avec Heritage Fund de l'Alberta et la loi n'est pas encore
adoptée. C'est pour cela qu'il est important que tous les gens, sans
distinction de parti -c'est heureux que nous soyons unanimes là-dessus -
s'opposent à l'adoption de ces mesures. Je ne pense pas que M. Pepin ait
erré d'une façon malicieuse, mais les rapports de fonctionnaires
qu'il a eus, il les a adoptés sans, je pense, avoir analysé tous
les impacts. C'est peut-être la grande erreur qu'a faite le gouvernement
fédéral. C'est de ne pas avoir fait d'études d'impact
économique dans ce domaine.
D'ailleurs, j'aurai bientôt l'occasion de rendre public un
document qui est un mémoire de M. Pepin au Conseil des ministres, avant
la nomination de M. Gilson, dans lequel le scénario et la
stratégie de M. Pepin sont énoncés au Conseil des
ministres fédéral. C'est un mémoire qui date du
début de 1982 et dans lequel on peut se rendre compte - c'est
écrit noir sur blanc - que le gouvernement fédéral ne
voulait consulter personne, qu'il avait une stratégie pour
établir, de cette façon, la politique de M. Pepin avec le rapport
Gilson, à pleine vapeur, et ensuite l'annoncer, quelle couverture on en
ferait et quels journalistes seraient au courant, que les gouvernements
provinciaux ne seraient pas dans le coup... Toute la stratégie est
établie noir sur blanc dans le document. J'ai été chanceux
d'avoir une copie de ce document récemment et je le rendrai public dans
les prochains jours. (11 h 10)
Donc, c'est une stratégie malicieuse. Au fond, c'aurait dû
être une politique de grande consultation dans l'ensemble du Canada, mais
on a voulu la passer à la sauvette, rapidement, parce qu'on savait que
c'était controversé. On n'a pas évalué tous les
impacts et, actuellement, c'est une levée de boucliers partout contre
l'application des mesures de M. Pepin.
L'adoption de ce projet de loi no 112, ce matin, va favoriser le
développement de la production agricole par l'amélioration des
fermes, l'amélioration du fonds de terre, l'amélioration des
bâtiments, l'amélioration de la machinerie et va permettre de
continuer le développement du secteur agro-alimentaire en fournissant du
crédit à ceux qui en ont besoin pour assurer ce
développement. C'est pourquoi je souhaite que, lors de l'étude de
ce projet de loi, ce soit, si possible, adopté unanimement et que
l'Assemblée nationale adopte cette loi pour le plus grand bien de
l'économie agro-alimentaire du Québec, mais aussi de
l'économie du Québec dans son ensemble. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Nous étudions
en deuxième lecture le projet de loi no 112 intitulé: Loi
modifiant la Loi favorisant l'amélioration des fermes. D'abord, hier,
c'est avec plaisir, connaissant nos
responsabilités envers le monde agricole, que nous avons
donné, par la voix de notre leader parlementaire, notre consentement
à ce que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation puisse déposer cette loi, étant donné
qu'elle n'était pas inscrite au feuilleton hier. Notre consentement
était nécessaire et c'est dans un esprit de collaboration que
nous l'avons fait. Nous sommes toujours prêts à collaborer quand
cela concerne la sécurité, le développement et la
protection de l'agriculture, ici, au Québec.
M. le Président, vous me permettrez sans doute une certaine
relâche, sans qu'il y ait d'abus, relativement à la pertinence du
débat. Vous avez sans doute remarqué que le ministre s'est permis
de le faire; alors, je crois pouvoir bénéficier de la même
clémence de cette Chambre sans toutefois en abuser. Je ne crois pas
qu'on puisse m'accuser d'avoir abusé de ce genre de chose dans le
passé. Je pense qu'il est bon de profiter de l'occasion parce que ce
n'est pas tous les jours que nous avons à parler d'agriculture en cette
Chambre. C'est une activité économique très importante,
c'est la première activité économique au Québec. Si
on prend la ferme et qu'on considère tout ce qui l'alimente en fait
d'équipements, bien sûr, cela fait travailler des gens. Si on
pense aux denrées des animaux, à la moulée, aux
médicaments, aux services, cela fait travailler du monde, des meuneries,
des institutions financières, des garages, etc. Si on prend le produit
qui sort de la ferme, il fait également travailler des gens; qu'on pense
aux abattoirs, aux centres de grain, aux usines de transformation et de
conditionnement. C'est bon que de temps à autre, nous ayons l'occasion
de parler en cette Chambre de l'importance capitale de l'agriculture dans
l'économie du Québec. L'Etat, le gouvernement, ne fera jamais
trop pour l'agriculture.
Tout à l'heure, le ministre nous a déversé des
statistiques qui, à première vue, paraissaient mirobolantes. On
pourra soulever un peu le voile pour voir ce qu'il y a là-dessous.
Puis-je profiter de l'occasion, M. le Président, pour vous dire combien,
jusqu'à quel point le Parti libéral du Québec est
préoccupé par le développement de l'agriculture comme il
l'a toujours été dans le passé? Si vous voulez, on va
juger les régimes antérieurs à leurs actes. J'ai
déjà eu l'occasion de démontrer que depuis les
années soixante-dix, quand le gouvernement Bourassa est arrivé au
pouvoir, la part du budget consacré à l'agriculture par rapport
au budget total n'a cessé d'augmenter sous le régime Bourassa
pour atteindre dans les années 1975-1976 une pointe, des sommets qui ne
se sont jamais vus, qui ne s'étaient jamais vus avant sous les
gouvernements qui s'étaient succédé depuis la
Confédération et qui, malheureusement pour l'agriculture, ne se
sont pas revus depuis. Puis-je vous mentionner qu'en 1974-1975, la tranche de
l'agriculture, la tranche du budget de l'agriculture par rapport au budget
global était de 2, 5% environ alors que, actuellement, elle se situe
entre 1, 8% et 1, 9%.
Cette courbe n'a cessé de décliner depuis l'arrivée
au pouvoir du gouvernement actuel. Or, tout à l'heure, le ministre
faisait état des programmes de drainage agricole, de travaux
mécanisés, de drainage souterrain, tout ce que vous voulez. Cela
s'est préparé. J'entendais le ministre nous dire tout à
l'heure que de 1908 à 1976 il s'est fait moins de drainage que depuis
1976. On pourrait bien, à ce compte, remonter à la reine Victoria
et remonter au déluge. C'est bien sûr qu'à partir de Samuel
de Champlain à aller en 1976 il ne s'en est pas fait tellement parce que
ce n'était pas dans les moeurs de l'époque au début du
siècle. Quand on parle de faire du drainage en 1908, je me demande si le
mot était connu. De toute façon, certainement que la technique
n'était pas inventée. Je pense que c'est jouer avec les concepts
que de voir une telle chose.
Je voudrais en profiter pour rendre hommage à des hommes qui,
dans les années 1973, 1974 et 1975, ont préparé les
structures, ont mis en place les cadres nécessaires sur lesquels sont
venus se greffer en temps et lieu ces programmes du gouvernement actuel.
Puis-je vous dire également que si notre parti avait gardé le
pouvoir, la même chose serait arrivée, puisque les structures, les
fondements étaient posés. Il fallait un jour poser les fondements
et c'est ce qu'a fait le gouvernement libéral des années 1974 et
1975, particulièrement, avec un ministre des Finances de l'époque
qui croyait à l'agriculture, qui venait d'une région agricole,
qui y a mis les fonds nécessaires. Un premier ministre également
sensibilisé. Un ministre de l'Agriculture également soucieux du
développement de l'agriculture. Or, quand on veut nous faire miroiter
que le ministre de l'Agriculture est arrivé en 1976 avec sa baguette
magique, qui a créé, qui a touché, tout vu, il y avait des
choses qui existaient avant.
Je veux rappeler en toute honnêteté et aussi en toute
objectivité pour le bien de cette Chambre que ces choses, ces
réformes, ces programmes, cela se prépare. Quel a
été le mérite du ministre de l'Agriculture. Il a eu le
mérite d'arriver au bon moment, les bases, les fondements étaient
mis, on était en train de bâtir la structure. Il a
continué. Il a eu le mérite de continuer l'oeuvre que les
libéraux avaient commencée. Je lui rends hommage. Il l'a
continuée. Il est parti sur l'erre d'aller, selon ce que lui avait
légué le gouvernement précédent. De là
à donner à
entendre qu'avant ce gouvernement il n'y avait rien et que depuis tout
fut créé, je pense qu'il faut être objectif et il faut
être assez honnête pour le reconnaître. Je peux vous dire que
si le Parti libéral du Québec revient au pouvoir, chose qui ne
saurait tarder d'après la volonté populaire... tout ce qu'on
entend dire partout: Pourquoi ne faites-vous pas des élections? On a
hâte de se débarrasser des péquistes. Pourquoi ne
faites-vous pas des élections? Ce n'est pas notre privilège de
déclencher des élections, malheureusement pour le bien du
Québec, parce que si c'était notre privilège, je crois
qu'on pourrait plus rapidement encore répondre à ce voeu de la
population et arriver encore, M. le Président, à donner une
impulsion en allant chercher des crédits dans le budget de la province
de Québec pour continuer à développer l'agriculture. (11 h
20)
Le ministre nous parlait, tout à l'heure, de ses programmes de
drainage, etc. Quand on parle de l'engouement, de la raison pour laquelle il y
a eu, en 1982, autant d'inscriptions aux programmes de travaux
mécanisés, de drainage souterrain, cela s'explique un peu par ce
qu'a dit le ministre tout à l'heure, mais cela s'explique
également d'une autre façon. Il faut se rappeler qu'en 1981, vers
le 21 juillet, si ma mémoire est bonne, le couperet est tombé sur
les programmes agricoles. Déjà, c'était inscrit au
programme qu'on prévoyait réaliser des travaux un peu plus tard
au cours de l'année, à l'automne. Le couperet est arrivé
et les demandes qui n'avaient pas été faites avant telle date ne
pouvaient plus se faire en 1981. En 1982, il y avait également des
normes dans les programmes, à savoir qu'il fallait que les travaux
soient réalisés dans les 30 jours.
Quand est arrivée l'année 1982, les producteurs agricoles
se souvenaient de ce couperet. C'est pourquoi ils n'ont pas pris de chance. Ils
s'y sont inscrits massivement, malgré que le programme était
moins généreux, parce qu'ils se sont dit: Le gouvernement est
parti avec des coupures; qui nous dit que l'année prochaine - là,
ils ont baissé la contribution gouvernementale de 50% à 40% - ils
ne la baisseront pas à 30%. C'est ce qui explique l'engouement, la
raison pour laquelle les agriculteurs se sont lancés dans l'inscription
et dans la réalisation de travaux mécanisés. Je pense
qu'il y a un mérite qu'il faut attribuer à des personnes pour
cette amélioration des sols du Québec, travaux
mécanisés, drainages, etc., mais les premiers à en avoir
le mérite ne sont-ils pas ceux qui réalisent les travaux, qui
prennent les chances, qui provoquent eux-mêmes les investissements
nécessaires et qui font les sacrifices? Ce sont les agriculteurs qui en
ont le mérite. Surtout avec des programmes moins généreux,
ils ont encore plus de mérite.
Tout à l'heure, j'entendais le ministre nous dire qu'il y a 4234
personnes inscrites en 1982. Il faudrait comparer ces données avec des
choses antérieures, parce qu'il ne faut pas confrondre les producteurs
inscrits aux programmes avec les travaux réalisés. Ce n'est pas
la même chose. Il y en a qui s'inscrivent pour certaines raisons. Ils ne
peuvent pas faire les travaux. Il ne faut pas également confondre
l'argent déboursé avec les travaux réalisés, parce
qu'on a vu, en 1981, en période électorale, qu'il y a eu beaucoup
d'engagements de pris, mais les producteurs agricoles recevaient une note
où il était écrit: Votre remboursement vous parviendra
après le 1er avril 1982. Pourquoi? Parce qu'on avait
défoncé le budget au cours de l'année
référendaire, en 1980, et au cours de l'année
électorale, en 1981. Je voulais un peu démystifier ce point pour
rétablir, finalement, la vérité.
C'est vrai que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation s'est soucié de programmes et de superstructures. C'est
vrai, principalement en période préréférendaire. Il
s'en est soucié. Il s'est soucié d'augmenter la production. On
est arrivé avec le volume Nourrir le Québec, mais les
agriculteurs se sont rendu compte, par exemple, que... Nourrir le Québec
est très louable en soi. Nous n'avons rien contre, au contraire.
Atteindre l'autosuffisance, c'est très louable en soi. Nous sommes tout
à fait favorables à cela. Mais après les
expériences désastreuses qu'ont connues beaucoup de producteurs
qui ont suivi l'engouement et qui ont investi massivement, il faut se dire:
Nourrir le Québec, sur le dos de qui? Nous pouvons, ici au
Québec, augmenter à la limite notre autosuffisance en bananes. On
pourrait produire des bananes en serres chaudes, etc. Elles vont nous
coûter combien? 300 $ ou 400 $ du régime peut-être. Est-ce
une bonne chose d'augmenter? Mais non. Il faut raisonner l'affaire et ne pas
jouer seulement avec les cordes sensibles. C'est beau de s'occuper de
superstructures, de s'occuper d'augmenter la production, mais il faut avant
tout, avant de lancer ces programmes et avant que le bébé ne
vienne au monde, s'assurer de la rentabilité. N'est-ce pas la
première chose dont il faut s'assurer avant de lancer une
entreprise?
Vous me permettrez, parlant de crédit agricole, de vous faire
part d'une expérience personnelle, pour avoir pratiqué le
notariat dans une région rurale, les prêts agricoles était
chose courante dans une étude de notaire en milieu agricole. En 1972, on
faisait des prêts agricoles de 12 000 $, de 15 000 $, de 18 000 $ ou de
20 000 $; les premiers à 40 000 $, c'était un peu surprenant.
Arrive l'épopée de 1976, 1977 et 1978 où c'était
100 000 $, 150 000 $,
200 000 $. Je me souviens, il m'en arrivait jusqu'à 335 000 $. Je
ne vous dis pas cela dans le but de faire de la petite politique, je
n'étais même pas désireux ou intéressé et je
ne savais même pas que je ferais de la politique un jour.
J'avais les deux individus devant moi avec une offre de prêt de
l'Office du crédit agricole de 335 000 $ pour construire une porcherie.
J'étais tout à fait éberlué de la situation.
J'avais les deux types devant moi, je leur ai demandé: Est-ce que vous
êtes sûrs de faire une bonne affaire en investissant? Juste
l'intérêt de 335 000 $ me semble quelque chose d'exorbitant et
d'exagéré. Les deux types étaient très
enthousiastes. Alors, je leur dis: Si vous voulez, on va
téléphoner à Québec; ce que nous avons fait.
À celui qui me répond - je n'ai pas le nom du fonctionnaire et je
ne connais pas son poste - après lui avoir parlé du dossier de
mes clients, je lui demande si je dois les encourager dans cette voie parce que
je trouve cela fort. Il me répond ceci: Est-ce que vous avez des experts
pour faire des études de marché, des études de
rentabilité? J'ai dit: Non, je n'en ai pas, je suis seul. Il m'a
répondu: Nous, nous en avons. Quand on offre de prêter 335 000 $
à quelqu'un, c'est parce qu'on est sûr que ce sera rentable. Je
lui ai dit: Si le prix du porc baisse? On a vu cela souvent. Et il m'a dit: II
n'y a rien là, qu'est-ce que vous faites de l'assurance-stabilisation?
À tous mes arguments, il me disait qu'il n'y avait toujours rien
là. Pour me convaincre, il me dit comme dernier argument: Si vous les
découragez, vous leur refusez le privilège d'être
millionnaires dans 20 ans. J'ai pensé que je ne pouvais pas leur refuser
cela.
Mon collègue de Portneuf me dit que je devais avoir envie de
changer de job; en effet. Alors, je me suis dit que je ne les
découragerai pas. Le gouvernement qui lance des politiques semblables a
sûrement des études et s'appuie sur des données certaines
pour s'assurer qu'elles ne causeront pas d'échecs. Qu'est-ce qui est
arrivé ensuite? Tout à l'heure, le ministre l'a dit: On a
doublé ou triplé la production du porc de quelque 1 000 000
à près de 5 000 000 de têtes par année. Qu'est-ce
qui est arrivé? On a commandé de la production. Les producteurs
en ont livré. Mais la débâcle est arrivée et il n'y
avait pas de préparation prévue pour l'absorber. C'est de
l'improvisation. Et combien y en a-t-il qui ont laissé leur chemise dans
ce domaine, comme cela est arrivé dans d'autres domaines et comme cela
arrive présentement dans le domaine des céréales? Je suis
d'accord que la loi est nécessaire et importante. Mais combien de gens
ont laissé leur chemise pour réaliser l'autosuffisance dans le
domaine des céréales, en ayant confiance aux propos et aux
programmes qu'on leur soumettait? C'est la même chose dans d'autres
domaines.
Dois-je vous mentionner - je ne voudrais pas enlever le mérite
que le ministre a, je veux lui laisser son crédit -que d'autres
personnes ont du crédit dans le fait, par exemple, qu'il y a eu des
travaux mécanisés de réalisés, qu'il y a eu des
silos à grain parce qu'il y avait des programmes de participation avec
le fédéral. Les producteurs agricoles ne savaient peut-être
pas, quand ils recevaient leur chèque de subvention pour le silo
à grain à la ferme ou encore pour les travaux
mécanisés, qu'il y avait là une entente sous-jacente, une
entente fédérale-provinciale et que le gouvernement
fédéral donnait à la province un transfert de fonds que le
provincial administrait lui-même. Donc, le chèque du gouvernement
du Québec arrivait à la ferme. Le producteur était sous
l'impression qu'il venait de la générosité du gouvernement
du Québec, alors que cela venait des deux paliers de gouvernement mais
que c'était administré par le gouvernement du Québec. (11
h 30)
M. le Président, je veux bien croire que c'est un retour de nos
fonds, de nos taxes, c'est bien sûr, mais il faut le redire de temps en
temps.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Mathieu: Or, dans le domaine de l'augmentation des
productions, je me souviens, à un moment donné... Je viens d'une
région qui est productrice de sirop d'érable et ai-je besoin de
vous mentionner le marasme que cette production connaît actuellement?
C'est un marasme complet. Ah! il y a eu de belles années. Le
gouvernement est arrivé avec des programmes d'installation de tubulures
aux subventions, dois-je le reconnaître, généreuses. Les
producteurs installaient une tubulure à leur érablière,
mais on se disait: Pourtant cela va augmenter la production de sirop. Est-ce
qu'il n'y a pas un danger? Et en 1979 vous vous souviendrez sans doute qu'il y
a eu des élections partielles dans Beauce-Sud.
Or, dans Beauce-Sud, il existe un territoire, un canton, qui s'appelle
le canton Dorset. Le programme du candidat du Parti québécois
était d'ouvrir ce canton, d'installer 600 000 entailles nouvelles, 600
000 entailles... Je me souviens que les feuilles d'inscription arrivaient par
le courrier. J'en ai eu une moi-même comme résident du
comté. Je n'avais qu'à inscrire mon nom, combien je voulais
d'entailles et cela finissait là, j'avais des subventions.
Mais on disait au candidat du Parti québécois et à
ceux qui avançaient cela:
Vous ne pensez pas que cela va augmenter la production, qu'on va arriver
avec un surplus de sirop d'érable? Ah! il n'y a rien là, c'est
seulement 6% d'augmentation. Tout est placé d'avance; des marchés
au Japon, des marchés en Allemagne, partout. Il n'y avait rien
là! Eh bien, il n'y avait tellement rien là que maintenant il n'y
a plus rien là. Les producteurs ont deux récoltes non
payées à ce jour. Ils ont eu l'avance du gouvernement
fédéral de 0, 40 $ la livre, programme qui a été
très apprécié par les agriculteurs, sans quoi plusieurs
seraient en faillite. Je voudrais dire au ministre que dans le domaine du sirop
d'érable, sauf susciter la production, il n'a pas fait grand-chose pour
aider à résoudre le problème. Il nous a mis un
problème sur les bras et on est pris avec.
Je voudrais solliciter du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation une aide équivalente à celle qu'accorde le
gouvernement fédéral aux producteurs de sirop d'érable,
c'est-à-dire aider à supporter les inventaires. Le gouvernement
fédéral accorde une avance sans intérêt pendant un
an de 0, 40 $ la livre.
Or, cela règle une partie du problème, quoique cette
politique a pu en un certain sens être néfaste. Pour qu'elle ne
soit pas néfaste, il aurait fallu que le provincial fasse sa part et
avance un autre montant de 0, 40 $.
Voici en quoi cela a été néfaste. Avant, la
tradition était que l'acheteur de sirop payait comptant. Avec cette
politique du gouvernement fédéral, l'acheteur disait: Je ne peux
pas vous payer comptant. Alors, le sirop était classé,
livré à l'entreposage et on attendait, parce qu'il était
subventionné par le gouvernement fédéral pendant un an
à 0, 40 $ la livre.
Donc, dès que la compagnie le transforme, le vend, il faut
qu'elle paie les 0, 40 $ au gouvernement fédéral. Cela a eu comme
effet de faire passer les inventaires du dos des acheteurs sur le dos des
producteurs. C'est pourquoi vous voyez circuler dans la région où
il y a beaucoup d'érables, dans ma région... Allez voir dans les
hangars, dans les caves des producteurs. Leur sirop d'une récolte, de
deux récoltes se trouve là. Ceux qui ont gardé leur sirop
n'ont évidemment pas bénéficié de cette subvention
du gouvernement fédéral.
Donc, je dis que le gouvernement du Québec doit prendre ses
responsabilités face à ce problème dont il est en partie
responsable. Je me dis qu'il faudrait, dans le domaine du sirop
d'érable, arriver avec une solution globale et à long terme.
C'est beau le rapiéçage, mais, en ce moment, on n'a même
pas de rapiéçage qui nous vient de Québec. Une chance
qu'on a de l'aide du gouvernement fédéral. Ce qu'il faudrait,
à mon avis, c'est étudier la possibilité d'avoir une
agence qui pourrait très bien, à mon sens, être la
Raffinerie de sucre du Québec dont la vocation dans ce domaine serait
d'acheter les stocks et de les supporter. Vous allez dire: S'il y a 30 000 000
de livres de sirop en réserve, oui, cela va faire une bonne chose
à supporter.
Ce serait, d'après moi, la part que le gouvernement du
Québec devrait faire. Il n'y aurait pas de nouvelles structures à
créer. On a une institution qui s'appelle la raffinerie de sucre. On a
adopté une loi au mois de juin pour investir dans la modernisation pour
environ 75 000 000 $. C'est peut-être plus modeste que cela, mais selon
chaque conférence de presse, cela a commencé à 18 000 000
$ et c'est rendu à environ 60 000 000 $. Il me semble qu'il faudrait
s'asseoir autour d'une table et, sans créer de nouvelles régies
d'État, de nouveaux organismes, voir ce que nous avons en ce moment,
dans le domaine du sucre, et étudier la situation avec les producteurs,
la Fédération des producteurs d'érable, la
Société coopérative des producteurs de sirop
d'érable du Québec. Tout ce monde ensemble va favoriser un
dialogue et voir si la raffinerie ne pourrait pas, elle, supporter les stocks,
parce que là, on nous dit: Vous allez avoir un plan conjoint
d'accepté. Il a été accepté il y a quelques jours.
Il va être voté bientôt. Même si le plan conjoint est
voté -c'est souhaitable qu'il le soit - il va encore rester le
problème de support des stocks. Qui, au bout de la ligne, va supporter
les réserves? Cela a toujours été le problème. Avec
l'inflation, le problème devient de plus en plus aigu.
Je crois que l'État doit prendre ses responsabilités et
doit lui-même supporter les stocks par l'entremise d'un organisme que
l'État possède, qui s'appelle la raffinerie de sucre. Il y
aurait, bien sûr, lieu probablement d'étudier plus en profondeur.
Je voudrais lancer cette idée parce que, l'automne dernier, dans la
région de la Beauce, j'ai organisé un colloque qui a réuni
au-delà de 250 agriculteurs un soir. C'était une des
résolutions adoptées à la fin de ce colloque. Je ne
voudrais pas qu'elle tombe lettre morte.
Je vous dis que c'est beau de chercher à augmenter la production,
c'est souhaitable d'augmenter l'autosuffisance, tout cela est très
désirable. Encore faut-il qu'on s'occupe de préparer les
structures nécessaires pour recevoir cette augmentation de production et
raffiner également nos règles de mise en marché, nos
instruments de mise en marché qui me semblent désuets, parce que,
en ce moment, notre agriculture - je ne dirais pas qu'elle s'appauvrit -
s'endette de plus en plus. L'une des conséquences de la loi que nous
adoptons ce matin sera, encore une fois, de faire hausser l'endettement.
M. le Président, je voudrais profiter de
l'occasion pour dire au ministre qu'il doit se rappeler que, le 1er
avril 1982, il y a eu de la visite à Québec. Il y avait 8000
producteurs réunis au petit colisée. Ils sont également
venus devant l'Assemblée nationale faire part de leurs revendications.
Quelles étaient les revendications de ces 8000 producteurs? Je voudrais
rafraîchir la mémoire du ministre. Plusieurs productions agricoles
sont dans le marasme: porc, céréale, bovin, agneau et mouton,
sucre et sirop d'érable, pomme. L'inertie du gouvernement provoque des
faillites. Que fait le gouvernement pour soutenir ces productions? On va avoir
un rapiéçage, tout à l'heure, mais cela n'est pas une aide
directe. Je pense que ce n'est pas une réponse à ce
point-là. (11 h 40)
Deuxièmement, l'environnement n'arrête pas de nous faire
couler du béton pour absolument rien. Les producteurs ne veulent pas
être les seuls à payer le prix de la protection de
l'environnement. L'aide financière est faible comparativement à
ce qui est donné aux municipalités et aux industries. Qu'attend
le gouvernement pour agir équitablement envers les producteurs?
M. le Président, si le gouvernement se sent la
responsabilité de subventionner de 75% à 90% l'assainissement des
eaux en milieu municipal, et s'il se sent également la
responsabilité d'aider l'entreprise, papetière ou autre, à
la dépollution - en période électorale, le gouverment
s'est également senti obligé de promettre qu'il y aurait une aide
substantielle aux agriculteurs pour se soumettre aux normes sur l'environnement
-quand le ministre et le gouvernement vont-ils annoncer cette aide? Quand le
gouvernement va-t-il arrêter de faire couler du béton pour
rien?
M. le Président, j'ai visité personnellement des
entreprises agricoles qui ont reçu des ordonnances du ministère
de l'Environnement de réaliser des travaux. C'est beau de faire des
travaux de protection de l'environnement, mais puis-je vous rappeler - et vous
êtes en mesure mieux que moi de le savoir, vous qui êtes un
agriculteur - que la gestion des fumiers solides, ce n'est pas tellement
dangereux? On leur fait faire une fosse à purin en béton, on doit
fonctionner par fumier liquide là-dedans et là, c'est ni plus ni
moins un alambic, on fait fermenter cela et on l'étend à des
dates prévues. Si tout le monde étend en même temps,
conformément aux directives du ministère de l'Environnement, et
qu'il arrive une grosse pluie qui fait remonter les cours d'eau, est-ce qu'on
est mieux qu'avant? Ensuite, pourquoi faire couler le béton, alors qu'il
y a sûrement moyen de trouver une solution pour procéder par
lagune? Il y a des sols qui sont imperméables. On ne me fera pas croire
que le béton est le seul moyen de réaliser cette solution.
De plus, M. le Président, lorsqu'un producteur reçoit une
ordonnance du ministère de l'Environnement - et ils sont nombreux, dans
mon comté, ceux qui en ont reçu dernièrement - combien
cela va-t-il lui coûter pour se conformer à cela? Au minimum, 35
000 $, 40 000 $ et cela peut aller jusqu'à 100 000 $, selon la grosseur
de l'exploitation. Or, c'est un investissement qui n'apporte pas de
rentabilité, contrairement à d'autres types d'investissements qui
vont augmenter la production. Alors, que se passe-t-il? Si votre bateau, la
ferme, a atteint la ligne de flottaison en termes d'endettement et que vous
arrivez avec un investissement qui se fera par un endettement
supplémentaire d'à peu près 35 000 $, 40 000 $, 50 000 $,
eh bien! là, votre bateau dépasse la ligne de flottaison et il va
couler.
Le gouvernement s'est dépêché de procéder au
zonage agricole, qui avait été pensé et
préparé par le gouvernement antérieur, soit disant pour
protéger les terres. Les terres qu'on a protégées par le
zonage agricole, par la main de l'Environnement on va les fermer. Mais il me
semble qu'on a besoin de plus de coordination que cela.
Je fais appel au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, au ministre de l'Environnement et je fais aussi appel, sans
aucune démagogie et en toute objectivité, au gouvernement. Je
dirais aux personnes qui ont l'autorité pour prendre des
décisions: D'abord, premièrement, vous devriez faire les
études nécessaires pour reconnaître que les normes de
béton que vous exigez sont trop considérables, ne sont pas
sécuritaires et sont trop dispendieuses. Elles vont amener la fermeture
de plusieurs entreprises agricoles. Or, serons-nous mieux après? Je
pense que nous ne serons pas mieux du tout. Il me semble qu'il faudrait y aller
avec le bon sens.
Le ministre de l'Environnement m'avait déjà dit, en
réponse à une question, qu'il y avait un comité de
formé regroupant des employés de son ministère, des
employés du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et des employés de l'UPA pour étudier ces
problèmes. Il semble que c'est sur l'imperméabilité des
lagunes qu'ils sont en train de se pencher. Je demande au gouvernement
d'arrêter les procédures qui vont à l'encontre des
agriculteurs, les ordonnances de l'Environnement, tant que cette
décision ne sera pas prise. On est en train d'étudier en
comité, au sein du gouvernement, et du même coup on abat sur la
tête des producteurs des dizaines, des centaines d'ordonnances de
l'Environnement.
En ce qui a trait à la négociation au sein du
gouvernement, de deux choses l'une:
ou elle est sérieuse ou elle ne l'est pas. Ou elle est pour nous
endormir ou... M. le Président, si le gouvernement, par
l'intermédiaire de ses experts des deux ministères que j'ai
nommés et de ceux de l'UPA, est en train de faire une étude
objective et sérieuse, au moins qu'on attende la publication des
résultats avant d'asséner à nos producteurs des
ordonnances pour se conformer à l'Environnement. C'est la moindre des
choses, me semble-t-il, qu'on devrait demander au gouvernement.
Je suis renversé quand je vois qu'on est en train de mettre en
péril des établissements, des entreprises agricoles où il
y a une relève qui pourrait se faire. J'en connais personnellement, j'en
ai visité plusieurs. Je vous dis que je trouve cela tout à fait
déplorable et inacceptable. Le gouvernement devrait prendre ses
responsabilités et mettre un terme à cela. Je connais des
cultivateurs qui ont été obligés de vendre leur quota de
lait pour se conformer à l'Environnement et transformer leur entreprise
laitière en parc d'engraissement de boeuf. Vous savez que ce n'est pas
la même chose, ce ne sont pas les mêmes investissements. Vous savez
que le boeuf est moins rentable que le lait dans le moment. Il faudrait que le
gouvernement y aille avec plus de prudence dans ce domaine.
M. le Président, quant au projet de loi no 112 que nous
étudions ce matin, je ne voudrais pas, encore une fois, enlever le
crédit au ministre, mais je voudrais lui dire une chose: C'est une
modification bien mineure par rapport aux espoirs qu'avait laissés le
ministre de l'Agriculture lors du dernier congrès de l'UPA, au
Château Frontenac, en décembre 1982. Qu'est-ce que le projet de
loi no 112 fait en réalité? Il fait passer de 100 000 $ à
200 000 $ le prêt qu'un agriculteur pourra se voir consentir aux fins
prévues par la loi. Or, c'est souhaitable, c'est désirable. Nous
l'avons déjà demandé au gouvernement.
Nous trouvons que - et le ministre l'a reconnu lui-même tout
à l'heure, je lui en sais gré - ce n'est pas la réforme
dont il a parlé devant les agriculteurs en décembre dernier.
J'espère que cette réforme ne tardera pas comme ont tardé
d'autres mesures annoncées et qui ont pris deux ou trois ans à
venir. C'est une réforme impérieuse. C'est une réforme
urgente, M. le Président. Si vous prenez, par exemple, ce que disent les
agriculteurs, c'est le problème numéro un. Le problème de
financement est le problème numéro un de l'agriculture. M. le
Président, j'espère que la réforme que nous amènera
le ministre sera une véritable charte de financement de l'agriculture.
Une véritable charte qui puisse s'appliquer rapidement, facilement, qui
puisse surtout répondre aux besoins de l'agriculture d'aujourd'hui.
Je reproche au ministre d'avoir mis souvent la charrue devant les
boeufs. Avant d'arriver et de lancer des programmes de parcs d'engraissement de
boeuf, d'ateliers de vaches-veaux, de céréales, de tout ce que
vous voudrez, il faut qu'on prépare le cadre légal, financier,
fiscal et le cadre de la main-d'oeuvre, qu'on se demande comment cela se vivra
à l'intérieur de la ferme. Mais non! cela s'est fait d'une
manière improvisée. On vient rapiécer ici, rapiécer
là, rapiécer à gauche, rapiécer à droite.
L'agriculture a besoin d'une planification de longue portée pour se
développer, de longue portée, s'il en est une. Il y a assez que
l'agriculture est victime des conjonctures de température, de
sécheresse de tout ce que vous voulez. Il y a assez de ces
phénomènes-là qui arrivent au secteur agricole et
n'arrivent pas au secteur industriel et commercial, sans en ajouter encore en
plus. (11 h 50)
Moi, j'espère toujours voir une grande charte, un grand cadre de
développement de l'agriculture à longue portée. Cadre
fiscal. Dois-je vous rappeler que nos lois fiscales en agriculture sont tout
à fait désuètes. Je crois que ce sont à peu
près les mêmes sur la fiscalité agricole qui existaient il
y a au moins 20 ans.
Lorsqu'on dit que, pour s'établir en agriculture, le père
peut remettre à son fils, faire don d'une somme de 75 000 $, ça
fait longtemps que c'est dépassé. J'ai connu des cas, et vous en
connaissez sans doute vous-même, où le père ne peut pas
donner à son fils. Il ne peut pas vendre non plus. Si le père
veut donner un bien de 400 000 $, admettons qu'il dit au fils: Tu vas me donner
100 000 $ ou 150 000 $ et je te donne le reste. Sauf la partie
protégée de 75 000 $, le reste est taxable à 20% par le
fisc.
Il va falloir que le gouvernement, s'il croit réellement à
l'agriculture, ajuste ses politiques à ces données. Prenez, par
exemple, une loi que le gouvernement a fait désirer pendant longtemps,
les 50 000 $ de financement agricole aux jeunes qui s'établiraient en
agriculture à la relève. Cela a été promis pendant
la campagne électorale de 1981 et ça s'est fait attendre. On l'a
réclamé à plusieurs reprises. La loi 64 est arrivée
en juin 1982 et nous avons voté en faveur tout en disant au gouvernement
que ce n'était pas ce qu'il avait promis. Qu'est-ce que disent les
agriculteurs de cette loi? Cette loi tant attendue, qui a créé
tellement d'espoir et drainé, faut-il le reconnaître, combien de
votes au Parti québécois lors de la campagne électorale...
Est-ce que cette loi répond aux besoins? Voici ce que disaient, dans les
documents sur le financement de l'agriculture, les
délégués au congrès de l'UPA en décembre
1982.
Considérant que cette loi peut constituer un recul - c'est une
drôle
d'amélioration péquiste - par rapport à l'ancien
octroi de l'établissement pour ceux qui s'établissent en groupe.
M. le Président, l'ancienne loi en vigueur jusqu'au 31 décembre
1983 fait que quelqu'un qui s'établit en agriculture peut
bénéficier d'une subvention de 8000 $.
Qu'arrive-t-il avec la nouvelle amélioration
apprêtée à la sauce péquiste? Il arrive que le jeune
qui s'établit en agriculture a droit de contracter un emprunt de 50 000
$ sans payer l'intérêt pour cinq ans. Ce n'est pas un don de 50
000 $. La subvention consiste en un prêt sans intérêt pour
cinq ans. Je ne dis pas que ce n'est pas valable en soi. Dans la pratique, le
gouvernement a mis tellement de balises que ça ne peut pas profiter.
Comment ça? C'est bien facile. Si vous prenez les règles de la
fiscalité dont j'ai parlé tantôt, vous prenez par exemple
un cultivateur qui a un actif agricole de 400 000 $, il ne peut pas donner
à son fils parce qu'il va donner au gouvernement. Il ne peut pas vendre
non plus parce que le fils ne peut pas payer. Alors, qu'est-ce qu'il reste
à faire? On est dans une drôle de solution. Le père ne peut
pas vendre et il ne peut pas donner non plus. Il reste la solution de passer
par la voie d'une corporation ou d'une société.
Supposons que le père et le fils forment une
société ou une compagnie. Le père transporte au fils 20%
des actifs de l'entreprise parce que, pour être admissible au prêt
agricole, il faut que le jeune qui s'établit ait 20% de la participation
dans l'entreprise. Or, quand le fils se présentera à l'Office du
crédit agricole pour avoir sa subvention de 50 000 $ de cinq ans sans
intérêt, l'office va lui dire: Vu que tu es propriétaire de
20% de l'entreprise tu as droit à 20% des 50 000 $ sans
intérêt pendant cinq ans. Alors, le fils a droit à 10 000 $
sans intérêt pendant cinq ans. Je défie n'importe qui -
vous êtes là, mesdames et messieurs - de me contredire. Si j'ai
tort, contredisez-moi! Levez-vous! je suis même prêt à vous
donner de mon temps. Or...
M. Gagnon: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: Le député de Beauce-Sud...
Le Vice-Président (M. Rancourt): En vertu de l'article
100?
M. Gagnon: En vertu de l'article 100 et à l'invitation du
député de Beauce-Sud lui-même. Il tente d'induire la
Chambre en erreur comme ce n'est pas possible. Quand il dit que l'office aurait
le droit...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Champlain, l'article 100 vous permet de poser une
question ou une question de privilège, selon votre choix. Mais je
croyais que vous invoquiez l'article 100...
M. Gagnon: Quel est l'article, M. le Président, qui me
permet de rectifier les faits?
Le Vice-Président (M. Rancourt): De rectifier? L'article
96.
M. Gagnon: En vertu de l'article 96, je voudrais dire...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Gagnon: Je voudrais rectifier ce que le député
de Beauce-Sud vient de dire et qui, à mon point de vue, induit les gens
en erreur. Lorsqu'il mentionne que le fils qui a acheté 20% des parts de
la ferme de son père ou d'une autre ferme a droit à 20% des 50
000 $ sans intérêt...
Une voix: Vrai ou faux?
M. Gagnon: C'est absolument vrai sauf qu'il n'a pas
mentionné qu'il peut revenir ensuite réclamer les autres 80% le
jour où il achètera des parts additionnelles de la ferme. Ce qui
est beaucoup plus flexible et qui comporte beaucoup plus d'avantages que ce
qu'il veut bien laisser entendre.
M. Mathieu: M. le Président... M. Lalonde: M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Je n'ai pas voulu interrompre le
député, mais il sait très bien qu'il aura le droit de
faire son intervention, s'il le veut et s'il n'est pas du même avis que
le député de Beauce-Sud. Mais l'article 96 nous permet simplement
de rectifier des choses qui ont été mal
interprétées d'un ancien discours. Vous l'avez autorisé,
M. le Président, mais je vous invite à un peu plus de vigilance.
Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Guay: Je voudrais simplement signaler à mon
collègue de Marguerite-Bourgeoys, le leader de l'Opposition, que c'est
le député de Beauce-Sud qui a invité tout membre de
l'Assemblée qui voulait s'inscrire en faux, immédiatement,
séance tenante, à le faire. C'est tout simplement de
cette invitation que s'est prévalu mon collègue le
député de Champlain.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaîtl
S'il vous plaît! Pour bien se comprendre, il y a eu une demande du
député de Champlain, que je croyais justifiée par
l'article 100, pour poser une question au député qui parlait. Il
y avait un consentement, selon ce que j'ai pu comprendre, qui le permettait.
Maintenant, la parole est au député de Beauce-Sud, s'il veut bien
poursuivre.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Je remercie le
député de Champlain d'être venu à ma rescousse pour
corroborer à 100% ce que j'avançais tantôt...
Une voix: Compléter...
M. Mathieu:... pour compléter ma pensée, corroborer
à 100% que cette loi 64, qui devait favoriser l'établissement des
jeunes agriculteurs, est la déception du siècle. C'est la
déception du siècle. Vous êtes complètement
débranchés de la réalité si vous pouvez
prétendre le contraire, mesdames et messieurs. C'est la déception
du siècle. Autrement, pourquoi cette amélioration à saveur
péquiste est-elle tellement rejetée partout? Est-ce que vous
êtes branchés sur vos congrès régionaux et
provinciaux de l'UPA? Vous auriez avantage à faire ce que j'ai fait l'an
passé dans ma région. J'ai visité 800 agriculteurs. J'ai
tenu une douzaine d'assemblées locales en plus d'un congrès, pour
finir, et auquel ont participé 250 agriculteurs, congrès tenu
sous la présidence d'honneur du chef du Parti libéral du
Québec.
Des voix: Lequel?
M. Mathieu: Le chef actuel puisque c'était après le
mois d'août. Je peux vous dire que si on veut être branché
sur les vrais besoins des agriculteurs, il faut les visiter. Sortez de vos
tours d'ivoire. Si les jeunes, la relève, vous ont
félicité pour votre loi, ce n'est pas ce qu'ils disent chez nous.
Ce n'est pas ce qu'ils disaient au Château Frontenac, au congrès
de l'UPA de décembre dernier. Ils disaient que cette loi était la
déception du siècle. Si vous aviez fait connaître les
tenants et aboutissants de cette loi en mars 1981, je pense que vous auriez
ramassé pas mal moins de votes en milieu rural. (12 heures)
Je ne veux pas reprendre l'argumentation de l'UPA, mais je peux vous
dire: Réveillez-vous, sortez de votre torpeur et reconnaissez vos lois.
La plupart du temps, c'est un écran de fumée pour cacher la
réalité. Dans cette loi 111, il y a un article qui dit - le
projet de loi no 112, pardon, j'ai été tellement
traumatisé, je m'excusel Comme vous, messieurs, je ne voulais pas du
tout faire... Je pense qu'on se comprend - un article qui dit: "Un prêt
peut aussi être consenti pour rembourser la totalité, ou une
partie du solde dû en principal sur un emprunt contracté autrement
qu'en vertu de la présente loi et ayant servi au paiement du prix de
tout achat visé à l'article 7, pourvu que la demande de ce
prêt ait été soumise au prêteur dans un délai
d'au plus un an". Cela veut dire que cette loi vient redonner le souffle
à certains qui sont pratiquement axphyxiés, des gens qui,
l'année passée, ont cru à la politique d'autosuffisance
que j'ai dénoncée tout à l'heure.
Je le répète: Je suis d'accord avec le principe de
l'autosuffisance, mais avant d'augmenter la production d'une manière
inconsidérée, il faut préparer les structures
nécessaires pour ne pas que le déluge de production arrive et que
tout parte à l'eau sur son passage. C'est un constat de reconnaissance
de la crise, une loi qui vient dire que les gens qui ont dû s'endetter
depuis un an vont être récupérés par cette
loi-là et vont pouvoir bénéficier de l'emprunt. Je suis
pour cela. Cela va aider nos agriculteurs. Mais c'est là
reconnaître le constat de crise que vit notre agriculture.
Ce que je déplore, dans le domaine agricole, c'est justement
cette improvisation qui a caractérisé la marche du gouvernement
depuis six ou sept ans. Donc, je pense que les agriculteurs s'attendent d'avoir
un cadre. Ils sont "tannés" du rapiéçage, ils veulent une
grande charte du financement agricole.
Si on prend ce que disent les journaux de l'agriculture: "Les
agriculteurs s'endettent pour survivre", "Les producteurs de porc et de
céréales sont les principales victimes de la crise", "Les
créanciers craignent le pire". Ce ne sont pas des libéraux qui
disent cela. "Les fermiers les plus endettés au Canada", "Le concordat
de 1936 revient-il à la surface?".
Au sujet des politiques du ministre, j'ai un article ici, publié
dans le Devoir du 11 septembre 1982, au sujet d'une mise au point du
président de l'Office du crédit agricole: "II n'y a pas de crise
en agriculture". Plus tard, le ministre disait, pendant le congrès de
l'UPA: "Les politiques du crédit agricole doivent être
réformées". S'il n'y a pas de crise, écoutez donc! Je
continue: "Cri d'alarme au congrès de l'UPA". Garon au congrès de
l'UPA: "Le crédit agricole revisé en profondeur en 1983. " C'est
ce que nous désirons. C'est ce que nous voulons. Nous ne voulons pas de
petites politiques de rapiéçage, des petites politiques
d'improvisation, de bouts de chandelles. Mais nous voulons une politique qui va
régler le problème en profondeur, une fois pour toutes.
Tout à l'heure, le ministre a parlé du rapport Gilson. Je
suis d'accord sur le fait que nous nous posons des doutes très
sérieux pour lesquels nous n'avons pas de réponse satisfaisante.
Je pense que nous avons vécu une coalition historique, une coalition
dans laquelle notre parti, comme les autres membres de la coalition, a su
s'élever au-dessus des questions de petite partisanerie, de
considérations partisanes, pour regarder le bien général
de l'agriculture au Québec. Alors, c'est bien sûr qu'on ne peut
pas, encore une fois, improviser une coalition semblable, s'il n'y a pas de
fondement. S'il n'y avait pas eu de fondement, je pense qu'il n'y aurait pas eu
coalition. Donc, nous attendons toujours les développements suivant la
marche de cette coalition. Je suis tout à fait satisfait de voir le
travail qui a été effectué et je crois que cela portera
des fruits. Je ne sais pas lesquels, mais je pense qu'on ne peut pas faire un
travail aussi considérable sans que cela porte des fruits. Cela
provoquera sûrement des études plus en profondeur. Quand on parle
du développement de l'agriculture au Québec, on ne peut pas
courir de risque. S'il arrive des - je ne dirai pas des politiques parce que le
rapport Gilson n'est pas une politique, c'est le rapport d'un économiste
- rapports ou des politiques qui proviennent du Québec, d'Ottawa ou
d'ailleurs et qui nous laissent présager que quelque chose pourrait
être néfaste pour l'agriculture, je pense qu'an a non seulement le
devoir, mais on doit obtenir l'assurance qu'il n'y aura pas de
conséquences néfastes pour un secteur aussi important que
l'agro-alimentaire au Québec. Je vous le répète - je vous
l'ai dit tantôt -quand on parle de la base même de
l'économie du Québec - environ 40% des emplois au Québec
sont reliés au secteur agro-alimentaire, de près ou de loin - on
ne peut pas considérer cela avec légèreté.
Parlant de financement, j'ai suivi avec intérêt, dans le
journal La Terre de chez nous du 30 septembre 1982, un article de M. Paul
Pépin illustré par une courbe qui commence aux années
soixante-dix et qui file vers les années quatre-vingt. Ce tableau
comporte trois courbes en réalité: la courbe des revenus bruts
des agriculteurs, la courbe de l'endettement et la courbe des revenus nets. Il
ne faut pas oublier que la courbe des revenus nets doit servir à payer
l'endettement et à faire vivre l'agriculteur et sa famille.
Qu'en est-il? Depuis 1970, la courbe des revenus nets a augmenté
légèrement, passant de 2 000 000 000 $ à 5 000 000 000 $.
La courbe des revenus bruts a augmenté plus considérablement.
Elle passe de la norme 700, dans les années soixante-dix, à la
norme 1800 pour l'année 1979. Qu'en est-il de la courbe de
l'endettement? La courbe de l'endettement a monté d'une manière
astronomique à partir surtout de l'année 1978, quand le
gouvernement actuel est arrivé au pouvoir et qu'on a commencé
à ressentir le ressac de ses politiques d'investissement. À tel
point que la courbe de l'endettement dépasse la courbe des revenus
bruts. Je pense que cela démontre très bien le malaise actuel de
l'agriculture.
Lorsque le bateau dépasse la ligne de flottaison, c'est dangereux
qu'il coule. Or, je regardais avec étonnement ces courbes au tableau.
J'étais estomaqué de voir que la courbe de l'endettement
dépassait la courbe des revenus bruts, alors que la courbe des revenus
nets augmentait très légèrement. Je répète
que la courbe des revenus nets doit servir à payer la courbe de
l'endettement qui augmente d'une manière astronomique. Je pense que le
problème de l'agriculture, c'est là qu'il faut le rechercher.
C'est un peu à l'image de l'administration du gouvernement du Parti
québécois. On sait que l'endettement a augmenté
considérablement depuis la venue au pouvoir du gouvernement actuel. (12
h 10)
Je ne voudrais pas terminer mon exposé sans poser certaines
questions auxquelles j'apprécierais grandement que le ministre nous
apporte des réponses. Je voudrais lui demander d'abord - au
ministère ou à l'Office du crédit agricole, on a
sûrement fait des études - si ce projet de loi 112 que nous
étudions aujourd'hui, qui est ni plus ni moins une mise à jour
d'une loi votée sous un régime antérieur - il y a
très longtemps parce que ce n'est pas le Parti québécois
qui a inventé la Loi favorisant l'amélioration des fermes. Cela
s'est fait, je pense, sous le régime Duplessis ou peut-être avant
- et je voudrais savoir quel est le nombre d'agriculteurs qui pourront se
prévaloir de cette loi, au cours de l'année 1983 ou 1984, disons
d'ici 12 mois après l'adoption de la loi? Quel est le montant
prévisible des prêts qui seront effectués?
Si mes renseignements sont bons, il y a un remboursement
d'intérêt de 3% sur les premiers 15 000 $ versé par
l'Office du crédit agricole. Je voudrais savoir si cette norme est
exacte, il existe une subvention de 3% d'intérêt pour les
prêts d'amélioration de ferme sur les premiers 15 000 $; je
voudrais surtout que le ministre confirme, d'abord, si mon renseignement est
à point et je voudrais savoir s'il voudrait également augmenter
cette norme de 15 000 $? Je ne dirais peut-être pas augmenter le taux
d'intérêt parce que, bien sûr, je comprends les contraintes
du gouvernement, mais je crois qu'il y aurait lieu d'augmenter cette norme de
15 000 $ comme c'est exigé par les agriculteurs.
Je voudrais demander au ministre s'il a négocié avec les
institutions financières ou s'il s'apprête à le faire parce
que, M. le
Président, c'est beau de mettre une loi au monde, mais si les
institutions financières la boudent pour des questions soit de
paperasserie exorbitante - comme on se le fait dire souvent par les
institutions - ou de non-rentabilité, cela ne rendra pas service aux
agriculteurs.
Je voudrais savoir aussi si le ministre a l'intention de mettre sur pied
une commission d'appel à l'Office du crédit agricole comme cela
existe à la Société du crédit agricole du Canada?
Il y a des gens qui se voient refuser des prêts agricoles à long
terme ou d'amélioration de ferme et ils se sentent frustrés et
l'appel, c'est d'aller devant celui qui a refusé.
M. le Président, je pose ces questions au ministre et je voudrais
dire, en concluant, puisque vous me faites signe, que cette loi vient consacrer
le constat d'endettement des agriculteurs. C'est un maigre menu à
l'image de l'essoufflement du gouvernement actuel. Ce que nous
réclamons, c'est cette réforme en profondeur du crédit
agricole au Québec.
Je dois vous mentionner que nous voterons en faveur de cette loi parce
qu'on ne fait pas de partisanerie et de petite politicaillerie quand il s'agit
du bien des agriculteurs. Je pense que nous l'avons démontré par
le passé et c'est pourquoi nous espérons que cette loi
s'appliquera le plus tôt possible. Je veux dire au ministre que je suis
inquiet quant à l'article 6 du projet de loi, soit sa mise en vigueur.
Cet article diffère de la mise en vigueur prévue au projet de loi
no 113 que nous étudierons dans les prochaines heures. Je voudrais
savoir quand cette loi sera en vigueur pour que les agriculteurs puissent en
bénéficier, comme nous le souhaitons tous, le plus tôt
possible. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Mille-Îles.
M. Jean-Paul Champagne
M. Champagne: Merci, M. le Président. C'est avec
fierté et grande joie que j'interviendrai sur le projet de loi no 112,
loi qui a comme objectif de porter de 100 000 $ à 200 000 $ les
prêts à l'amélioration des fermes.
Cependant, M. le Président, je veux rétorquer aux propos
du député de Beauce-Sud qui a induit cette Chambre en erreur. En
effet, le député de Beauce-Sud disait que l'Union des producteurs
agricoles avait dénoncé le projet de loi favorisant les jeunes
agriculteurs. M. le Président, ce matin j'ai
téléphoné à un jeune agriculteur de mon
comté, le comté de Mille-Îles, et c'est un tout autre son
de cloche que j'ai eu ce matin. Les jeunes agriculteurs ont été
contents de la loi votée par notre Assemblée, la loi qui
favorisait l'implantation des jeunes agriculteurs.
Le député de Beauce-Sud parlait de déception du
siècle. Je vous donnerai des chiffres. Cette loi a été si
populaire qu'il y a eu environ 206 prêts autorisés et une somme de
9 671 000 $ a été dépensée par les jeunes
agriculteurs qui voulaient s'établir sur des fermes. Je m'inscris donc
en faux contre les propos du député de Beauce-Sud à ce
sujet. La moyenne des prêts était de 50 000 $. Au moment où
on se parle, M. le Président, des centaines de demandes sont à
l'étude. Cette loi, supposément dénoncée, comporte
beaucoup de flexibilité dans son application ainsi que des clauses de
refinancement. Également, on peut y aller par achat par étapes.
Je m'inscris donc en faux contre ceux qui disent que le gouvernement du
Québec n'est pas à l'écoute de l'UPA. On est tellement
à l'écoute de l'UPA que, ce matin, nous étudions le projet
de loi no 112 qui fera en sorte que les prêts seront augmentés de
100 000 $ à 200 000 $.
La déception du siècle, je pense que c'est le fait que le
Parti libéral ne soit pas plus près des agriculteurs qu'il ne
l'est actuellement. C'est cela la déception du siècle. La
réalisation du siècle, par le gouvernement du Québec,
c'est bien l'audace qu'il a eue, il y a quelques années, lorsqu'il a
implanté, au Québec, le zonage agricole. C'est la
réalisation du siècle. Pendant 40 ans, les gouvernements
antérieurs ont tergiversé. À un moment donné,
c'était une question de spéculation, une question
d'intérêts financiers. Le gouvernement du Québec a eu le
courage et l'audace d'établir le zonage agricole. C'est la
réalisation du siècle. C'est aussi être fier. C'est
respecter nos richesses naturelles. C'est aller de l'avant. Aujourd'hui, les
agriculteurs du Québec nous le rendent bien. Le Parti libéral ne
nous le rend pas, comme on peut le constater par les propos du
député de Beauce-Sud.
M. le Président, je suis content d'intervenir sur le projet de
loi no 112 parce que je suis un résident de Laval et c'est la ville
agricole la plus importante au Québec. Une des priorités
gouvernementales, c'est l'économie, l'agriculture. Dans Laval, une des
priorités, c'est l'économie, l'agriculture. Plus de 45% du
territoire agricole, à Laval, est zoné agricole. Je ne veux pas
rendre mes collègues jaloux, en cette Assemblée, mais je peux
dire qu'à Laval, nous avons les plus belles terres au Québec.
Nous avons les terres les plus propices à la culture hâtive. Nous
avons, à Laval, les primeurs en légumes, en concombre, en laitue,
etc. Grâce au gouvernement du Québec, par son zonage agricole,
l'agriculture est une économie. Pour nous, c'est la priorité et
nous allons de l'avant, entre autres, à Laval et sur le territoire de
tout le Québec.
M. le Président, je suis content de
faire ressortir le côté économique de l'agriculture.
Vous serez peut-être curieux d'apprendre que 75% des serres du
Québec sont à Laval, dans la région de
Sainte-Dorothée, dans les comtés de Mille-Îles et de
Vimont. La serriculture, c'est une industrie de plusieurs millions de dollars.
J'invite tous les Québécois à se promener sur la route
440, entre autres, pour voir jusqu'à quel point l'agriculture, pour
Laval, est très importante au point de vue économique. Je pense
que c'est aussi une source de création d'emplois.
Laval compte plus de 400 jardiniers maraîchers. Peut-on penser au
nombre d'emplois que cette industrie crée? Nous avions un objectif, il y
a quelques années: l'autosuffisance alimentaire. D'année en
année, nous y arrivons à l'autosuffisance alimentaire. Nous y
arrivons au Québec. Nous y arrivons aussi dans la région
métropolitaine. J'apprenais, il y a quelques mois, que, de plus en plus,
les chaînes d'alimentation vont chercher chez nos agriculteurs les
marchandises dont elles ont besoin. Il y a quelques mois, j'ai rencontré
le président de Provigo, qui possède de grands entrepôts
à Laval; de plus en plus, lui aussi s'approvisionne chez nos
agriculteurs locaux. (12 h 20)
Le député de Beauce-Sud a parlé de mise en
marché. D'année en année, les producteurs agricoles ont de
nouvelles méthodes de production, que ce soit de la production en serre,
de nouvelles méthodes de culture dans les champs, de nouvelles
méthodes dans l'entreposage, ce qui fait que l'agriculture, aujourd'hui,
est rentable; c'est un besoin économique pour bien des
Québécois.
L'une des priorités à Laval, c'est l'économie et
l'agriculture. Pour le prouver, je vais vous donner l'exemple suivant. J'ai
assisté, il y a quelques mois, au lancement de deux projets de
marché public à Laval. Il y aura, dans quelques mois, deux
marchés publics: le 440 et le Marché de Laval. Plusieurs millions
ont été investis pour que tous les Lavallois et tous les gens de
la région métropolitaine viennent s'alimenter chez nos
cultivateurs. Une de nos priorités est l'agriculture.
Si on parle d'économie, on pense tout de suite aux petites et
moyennes entreprises de transformation. Souvent, on oublie que des agriculteurs
emploient plus d'une centaine d'employés. C'est avec plaisir que je veux
vous donner un exemple pour vous démontrer jusqu'à quel point
l'agriculture peut être une source d'apport à l'économie,
peut contribuer à la création d'emploi et créer une
autosuffisance. Une entreprise, qui s'appelle Margiric, emploie au cours de
l'été de 100 à 120 personnes. C'est cela, de la petite et
moyenne entreprise, c'est cela, du dynamisme, c'est cela, de
l'autosuffisance.
Cette entreprise est allée voir ailleurs ce qui se passait et on
a importé de nouvelles technologies. Cela a fait que Margiric est le
plus gros producteur de brocoli au Canada avec ses 300 arpents de brocoli. Son
exportation est américaine et sa distribution est aussi canadienne.
C'est cela, l'économie; c'est cela, l'agriculture; c'est cela notre
priorité comme gouvernement.
La loi 112 est économique; c'est une priorité du
gouvernement, l'agriculture. Ce projet de loi no 112 prévoit que le
crédit agricole passera de 100 000 $ à 200 000 $. Pour les
agriculteurs, ce sera des paiements à moyen terme. La moyenne sera pour
dix ans. Le député de Beauce-Sud disait qu'on n'est pas à
l'écoute de l'Union des producteurs agricoles. Je m'élève
contre cette assertion pour dire qu'au contraire une des résolutions
venant du congrès de l'UPA demandait dernièrement que le
crédit agricole soit plus élevé. Considérant que le
gouvernement du Québec est à l'écoute des agriculteurs,
considérant que le gouvernement du Québec a comme priorité
économique l'agriculture, entre autres, considérant qu'il est
à l'écoute des agriculteurs, dis-je, nous étudions ce
matin le projet de loi no 112 qui prévoit que le crédit agricole
passera de 100 000 $ à 200 000 $. Je peux vous dire, M. le
député de Beauce-Sud, que les jeunes agriculteurs
l'apprécient énormément.
Dans le secteur de l'agriculture, nous retrouvons des jeunes qui sont
dynamiques. Par le crédit agricole, il leur sera permis
d'améliorer entre autres leur machinerie. Par la loi 112, par
l'augmentation du crédit agricole accordé par le gouvernement du
Québec, ils pourront faire l'achat d'animaux de reproduction. On pourra
faire aussi la réparation des bâtiments, pour ceux qui le veulent
parmi les jeunes agriculteurs. On pourra faire aussi l'achat de terres
additionnelles, si on le veut, avec les 200 000 $ de crédit. On pourra
aussi améliorer le drainage, qui est l'une de nos priorités.
J'entendais tout à l'heure le ministre de l'Agriculture donnant
le bilan de 1976 à 1983. C'était quand même la preuve que
la priorité du Québec, c'est l'agriculture et l'économie.
Nous avons vu l'augmentation phénoménale des sommes qui ont
été investies dans l'agriculture depuis 1976. J'en suis
énormément fier. À travers tout cela, ma fierté
surtout, la trouvaille du siècle surtout, j'y reviens tout le temps,
c'est le zonage agricole qui fait en sorte qu'on conserve nos richesses
naturelles, qui fait en sorte que l'agriculture, pour nous, c'est bien
important, que c'est bon aussi au point de vue économique.
L'agriculture a comme objectif une plus grande efficacité, une
plus grande productivité. L'objectif aussi des agriculteurs, des
Québécois, c'est l'autosuffisance et je
pense que nous y arrivons.
Avant de terminer, je voudrais parler, faire une petite
parenthèse sur le rapport Gilson. Ce rapport tend à changer la
tarification de ce qu'on appelle le Nid-de-Corbeau. Nous sommes en danger au
Québec et ce matin je suis content de voir que tous les
Québécois forment une coalition, peu importent les partis
politiques, peu importent les tendances, parce que nous sommes en danger du
point de vue des céréales. Nous serons désavantagés
dangereusement. Ce matin, je suis content de porter un appui officiel, de la
part de tous les députés de mon parti, pour demander qu'on
modifie le rapport Gilson qui ferait en sorte que l'agriculture,
éventuellement, serait en danger. La loi 112, c'est la loi qui va faire
qu'il y aura création d'emplois. La loi 112 va faire en sorte que
l'agriculture, on le prouve ce matin, est pour nous une priorité, que
l'agriculture, c'est une relance économique.
La loi 112 va faire en sorte qu'il y aura relance économique dans
le domaine de l'agriculture, dans ce secteur d'avenir surtout pour la jeunesse.
Avant de terminer, je pense que je peux souhaiter que spontanément il y
ait ici, dans cette Chambre, une unanimité autour de cette loi qui vise
à consacrer, et c'est déjà consacré, que
l'agriculture c'est une priorité économique, l'agriculture c'est
une priorité d'avenir.. Je souhaite que tous ensemble on se serre les
coudes pour appuyer le projet de loi no 112. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: II me fait plaisir d'intervenir sur le projet de loi
no 112, Loi modifiant la Loi favorisant l'amélioration des fermes.
J'indique tout de suite notre désir, nous du Parti libéral, de
procéder rapidement à l'étude des deux projets de loi nos
112 et 113. Nous sommes prêts, si le gouvernement le veut bien, à
donner aux agriculteurs du Québec - nous étions même
prêts pour 13 heures cet après-midi - à donner aux
agriculteurs du Québec deux projets de loi très importants, deux
mesures législatives que nous considérons urgentes pour le
secteur agricole. Pour une fois, très rare, que le gouvernement nous
présente des mesures qui auraient pour effet d'aider notre secteur
économique le plus important au Québec, nous voulons bien, nous
de ce côté-ci de la Chambre, être totalement respectueux
envers les producteurs agricoles et les assurer de notre plein support dans
l'étude des deux projets de loi qui nous sont soumis aujourd'hui.
Une application rapide des projets de loi nos 112 et 113 pourrait
être urgente pour certains producteurs agricoles. Nous, du Parti
libéral, aurions été prêts, à 13 heures, le 9
mars 1983, à voter favorablement pour ces deux mesures en
troisième lecture. Je pense bien que c'est clair. Notre collaboration
totale était acquise et l'est toujours. Maintenant, la balle est dans le
camp des péquistes qui ont refusé ce consentement de notre part,
notre désir de voir cette loi sanctionnée le plus rapidement
possible. (12 h 30)
M. le Président, j'ai bien entendu tout à l'heure le
ministre de l'Agriculture qui, à sa façon coutumière, a
fait son propre éloge. Il aurait pu indiquer que c'est sous le
régime péquiste que la situation financière des
agriculteurs s'est le plus détériorée, que c'est sous le
règne péquiste que l'on a connu au Québec le record des
faillites en agriculture. On pourrait dire aussi sans se tromper que l'actuel
ministre de l'Agriculture est le père incontesté de la pire
situation financière que les producteurs agricoles du Québec
auront jamais connue. Devant une situation aussi désastreuse et aussi
dramatique dans laquelle se retrouve la majorité des producteurs du
Québec, je me demande bien comment le ministre de l'Agriculture peut se
comporter d'une façon aussi ridicule et avec un manque de sérieux
aussi évident.
Durant une période aussi critique -critique pour le monde
agricole - j'aurais cru que le ministre Jean Garon s'en serait tenu à
des propos plus responsables et moins partisans que ceux que l'on vient
d'entendre ce matin. De toute façon, nous, du Parti libéral
désirons ardemment participer à l'adoption de la loi 112,
laquelle permettra à l'Office du crédit agricole de consentir des
prêts allant jusqu'à 200 000 $ pour l'achat d'équipement,
pour l'achat d'animaux reproducteurs, pour l'achat de quotas et aussi pour
l'achat de terres additionnelles.
Ce projet de loi no 112, tout comme celui qui suivra, s'inscrit dans le
sens de nos demandes maintes fois formulées, à savoir d'ouvrir
plus grandes les possibilités d'emprunt et de crédit pour nos
producteurs agricoles. Cependant, j'aurais aimé que le ministre nous
dise quand cette nouvelle mesure entrera en vigueur. Est-ce dans une semaine?
Est-ce dans un mois? Est-ce dans six mois? Il n'y a rien dans le texte qui nous
indique la date d'entrée en vigueur de cette loi.
J'aurais aussi bien apprécié que le ministre nous parle un
tant soit peu de la réglementation qui accompagnera cette loi une fois
votée. Sur papier, cela peut sembler, à prime abord, très
intéressant comme ouverture de crédit mise à la
disposition des agriculteurs. Mais ce que l'on ne sait pas et ce qui n'est
indiqué dans aucun texte - et ce qui, à mon sens, est le plus
important - c'est bien de savoir qui pourra devenir admissible à ces
prêts, c'est
aussi de savoir avec quelle rigidité l'office étudiera les
demandes qui lui seront formulées.
À moins que l'Office du crédit agricole du Québec
ne démontre un peu plus de souplesse dans l'étude des demandes
qui lui sont acheminées, je ne suis pas totalement certain que ce projet
de loi apportera une solution de crédit à beaucoup de
producteurs. C'est tellement facile pour le ministre de l'Agriculture de se
péter les bretelles en allant en province, dans ses tournées,
dans les régions agricoles, et faire sa petite politique traditionnelle
sur le dos des producteurs agricoles, mais il faut savoir que ces deux projets
de loi, soit 112 et 113, ne valent pas plus que le papier sur lequel ils ont
été rédigés et ne vaudront rien de plus que tout
cela tant et aussi longtemps que les producteurs en difficulté n'auront
pas effectivement bénéficié des nouvelles mesures
annoncées.
Comme le leader du gouvernement nous l'a confirmé hier et encore
ce matin à l'ouverture des travaux de cette Chambre, le ministre de
l'Agriculture - semble-t-il - ne serait pas pressé de faire adopter ces
deux projets de loi. Serait-ce alors que ces deux projets de loi ne sont que de
la poudre aux yeux? Serait-il possible que le ministre n'ait pas l'intention de
voir ces deux mesures s'appliquer dans les plus brefs délais? C'est une
question que nous, du Parti libéral, sommes en droit de nous poser,
puisque c'est tellement bizarre et inapproprié que le gouvernement
refuse une offre de l'Opposition, à savoir d'accélérer
l'entrée en vigueur de lois que des milliers d'agriculteurs attendent
avec impatience.
Finalement, étant donné que nous, de ce
côté-ci, avons promis, par la voix de notre leader parlementaire,
de donner aux producteurs du Québec les projets de loi 112 et 113 dans
un temps record, nous maintenons toujours notre promesse et souhaitons
ardemment que ces deux mesures législatives aient des effets salutaires
pour nos producteurs en difficulté. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Mme la
députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Je commencerai par
vous donner une appréciation d'une haute personnalité du monde
agricole. Ce n'est pas un péquiste; ce n'est pas non plus un
Québécois d'expression française. Je vous parle de M.
Easter, président du National Farmer's Union, à
l'Île-du-Prince-Édouard, qui a dit publiquement - écoutez
bien cela, c'est important - qu'il considérait que le gouvernement du
Québec était le meilleur gouvernement pour le monde agricole
parmi ceux des dix provinces canadiennes. Est-ce que c'est assez fort? Cette
déclaration a été faite spontanément, pas avec un
revolver sur la tempe, par M. Easter, président d'un organisme national.
Il a dit cela lundi dernier, lors d'une des nombreuses consultations faites par
notre ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation avec
les autres ministres des provinces du Canada et des intervenants directement
reliés au monde agricole. Quand M. Easter a fait cette
déclaration publique, il n'était pas encore au courant des lois
112 et 113 que le ministre a déposées hier à
l'Assemblée nationale. Je pense que, dès qu'il apprendra le
contenu de ces deux lois, cela réaffirmera ses convictions de dire que
le gouvernement du Québec est le meilleur gouvernement de toutes les
provinces du Canada pour appuyer le monde agricole. Est-ce que ce n'est pas
vrai?
Quand j'ai entendu le député de Beauce-Sud, tout à
l'heure, dire que le fédéral donnait de l'aide aux producteurs du
Québec, je n'ai pu m'empêcher de penser au coup de matraque que le
gouvernement fédéral est en train de donner avec son fameux
rapport Gilson.
M. le député de Beauce-Sud, il me semble qu'il n'y a pas
si longtemps, je vous ai vu sur une estrade avec les membres de la coalition,
vous étiez une partie prenante qui blâmait le gouvernement
fédéral pour le rapport Gilson. Je ne peux pas comprendre que,
trois ou quatre jours après, vous êtes de l'autre bord de la
clôture et vous défendez le fédéral. Est-ce que vous
êtes pour ou contre? En tout cas, je vous aimais bien mieux du
côté de la clôture du provincial et du côté de
la clôture de nos producteurs, parce que c'est eux qui sont importants et
je pense que vous le savez.
M. Mathieu: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, madame. Le
député de Beauce-Sud me demande...
M. Mathieu: Question de privilège.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Non, mais... Une question
de privilège.
M. Mathieu: Tout en m'excusant auprès de ma
collègue de Johnson de l'interrompre, c'est que je ne comprends pas sur
quoi elle peut baser ses propos pour dire que j'ai viré capot. Je ne
comprends pas du tout. Le seul point est que je suis toujours partie prenante
de la coalition et je crois qu'il est important que je vous le réaffirme
à ce moment.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Mme la
députée.
Mme Juneau: M. le Président, il ne me laisse même
pas terminer ma phrase, comment voulez-vous qu'il sache ce que je vais dire? Je
continue et il comprendra, vous verrez.
Une voix: Non, non, il ne comprendra pas; il ne veut pas
comprendre.
Mme Juneau: Oui, je suis certaine qu'il comprendra parce qu'il
est lui-même un ancien producteur et quelquefois il dit des choses qu'il
ne pense pas vraiment, mais il y est obligé, voyez-vous. Mais, dans le
fond, ce qui est important, c'est que nos producteurs dans tout le
Québec soient protégés par leurs élus, par les lois
que le gouvernement provincial fera pour leur venir en aide. Vous savez que la
politique du rapport Gilson est néfaste pour tous les producteurs du
Québec. Pourquoi? On prend l'argent des impôts des
Québécois pour subventionner directement les gens de l'Ouest. Je
ne veux rien savoir d'une histoire comme celle-là. J'ai écrit
à tous mes producteurs et je leur ai conté cela sur le long et
sur le large. Ils ont assisté aux réunions de la coalition et eux
aussi sont montés parce qu'ils savent ce que cela fera à leur
production. Aussi, qu'est-ce que les gens qui achètent les produits
feront dans quelques années d'ici? Ils vont regarder à leur
portefeuille eux aussi. Ils achèteront les produits de l'Ouest. Cela
aussi contribuera à nous faire mal. Il faut absolument qu'on continue
à combattre le gouvernement fédéral sur cette idée
de faire adopter le rapport Gilson. (12 h 40)
M. le député, ce que je voulais dire tout à
l'heure... Vous avez dit que le gouvernement fédéral aidait les
producteurs de sirop d'érable en leur faisant une avance de 0, 40 $ la
livre, leur permettant ainsi de maintenir leur stock. M. le
député de Beauce-Sud, avez-vous eu le temps de lire l'amendement
du 2 mars au sujet des productions agricoles? Les crédits à court
terme, connaissez-vous cela? Vous les avez déjà utilisés,
j'imagine?
L'amendement du 2 mars dit qu'il pourrait y avoir un prêt pour
financer un inventaire à la condition que celui-ci puisse couvrir le
montant d'emprunt demandé. Cela c'est pour les producteurs de sirop
d'érable qui ont des stocks à écouler. Voyez-vous? Petite
rectification. Cela va aider nos produits - vous ne le saviez pas, n'est-ce
pas? Je vous apprends quelque chose.
Le projet de loi no 112, M. le Président, a pour principal objet
de porter de 100 000 $ à 200 000 $ le montant maximum des prêts
qui peut être consenti à nos producteurs. Savez-vous ce que j'ai
fait, hier soir, après que le ministre eut déposé ces deux
lois en Chambre? J'ai fait trois ou quatre téléphones dans mon
comté parce je suis très près de mes producteurs et je
leur parle continuellement, je leur demande leur opinion tout comme font les
autres députés du caucus du Parti québécois, en
agriculture. Eux aussi appellent chez eux et leur demandent: Pourquoi a-t-on
des politiques si extraordinaires?
Pourquoi, M. le Président? C'est parce qu'on consulte le monde de
la base. On est toujours à jour. On connaît leurs besoins. On
connaît leurs demandes. Avec cela, on revient au ministre de
l'Agriculture et on dit: Chez nous et dans tous les autres comtés
agricoles, c'est telle ou telle affaire. C'est pour cela qu'on est, comme M.
Easter dit, le meilleur gouvernement agricole des dix provinces - j'allais dire
au monde.
Après avoir téléphoné aux gens dans Johnson,
ils ont dit qu'ils étaient extrêmement heureux d'apprendre cette
nouvelle. J'ai dit: Je vais vous en parler demain. Après cela, je vais
leur écrire pour leur faire comprendre exactement ce qu'ils ont. Mais
ils ont déjà pas mal d'idées en tête, vous savez,
parce qu'un ajout de 100 000 $ en prêt pour consolider d'autres
prêts ou pour acheter des animaux pour les revenus de la ferme ou
même agrandir, acheter un nouveau lopin de terre, n'importe quoi qui
pourra leur venir en aide, qui pourra agrandir leur crédit ou leurs
revenus. Ils pourraient même acheter des quotas de lait parce que, vous
savez, les quotas de lait coûtent très cher aujourd'hui - et une
augmentation comme celle-là pourrait leur venir en aide pour
réaliser d'autres projets dans le domaine de l'agriculture.
Vous savez, je pense que tous les producteurs du Québec - en tout
cas ceux de Johnson - sont comme cela. La terre, pour eux, vient bien souvent
de leur père et de leur grand-père. C'est une richesse pas
seulement en argent; c'est une richesse de famille, c'est un bien qu'ils
veulent conserver. Si on ne leur vient pas en aide d'une façon ou d'une
autre, ils ne pourront pas arriver parce que tout est trop cher. Si on a
l'indexation partout, pourquoi ne pourrait-on pas leur venir en aide en
augmentant de cette façon leur crédit?
Vous avez entendu le ministre de l'Agriculture tout à l'heure. Il
parlait de l'amélioration apportée depuis que le Parti
québécois est au pouvoir. Dans mon comté, mes producteurs
ne sont pas tous péquistes, je serais bien trop contente, mais ce sont
tous des gens qui savent que le gouvernement du Parti québécois,
depuis qu'il est là, leur a fait faire un grand pas en avant. Il leur a
fait faire un grand pas dans l'excellence de leurs produits.
Nos produits sont reconnus dans le monde entier. Qui procure des emplois
d'été à bien des gens? Le monde agricole. Qui fournit le
meilleur produit? Le monde agricole. Je vais dire comme M. le ministre
de l'Agriculture, on n'est peut-être pas obligé de changer
d'auto tous les ans, mais on est obligé de manger trois fois par jour,
par exemple. C'est le monde agricole qui fait cela, il faut l'aider.
Dans mon comté, comme M. le ministre a dit ce matin, j'ai un
dossier bien spécial. Je sais qu'on aide toutes les productions, mais il
s'agit d'une nouvelle production. Depuis quelques mois, je travaille à
ce dossier pour qu'on vienne non seulement en aide à mon producteur de
transformation de lait de chèvre, qui est M. Labrie dans Valcourt, mais
il y a d'autres députés ici qui ont le même
problème. Ils connaissent des gens qui produisent du lait de
chèvre, qui font la transformation du lait de chèvre. Ils ont
besoin qu'on pense à eux et qu'on les aide d'une façon tangible
pour que le produit de la chèvre devienne une production aussi imposante
que celle du lait, que celle du porc ou de la volaille.
Mes collègues, qui comprennent eux aussi l'importance de ce que
fait l'agriculture au Québec, appuient fortement le travail que le
ministère fait pour aider nos agriculteurs.
J'oubliais. Le député de Huntingdon tout à l'heure
a dit que le ministre avait refusé d'adopter la loi vite. Il aurait
été prêt à bâcler toute l'affaire en quelques
minutes. Quand on parle d'économie, ces gens veulent qu'on se ferme.
Quand on parle de chicane, ils embarquent. Imaginez-vous, hier, le leader de
l'Opposition a fait traîner le débat une heure pour un
ajournement, une heure à se battre pour un ajournement. Aujourd'hui, on
ne veut même pas nous donner la chance de parler d'une
amélioration pour nos producteurs qui parlent d'économie. Je ne
comprends pas ces gens, c'est bien simple.
Ce que je voudrais, c'est que tout le monde, pas seulement le monde
agricole, puisse entendre les propos de toutes les personnes qui interviendront
aujourd'hui pour la loi 112, pour qu'ils comprennent qu'on ne parle pas
seulement des autres lois, mais qu'on parle aussi d'économie, qu'on
essaie -pas avec leur aide, parce qu'ils voudraient qu'on adopte cela
très vite, c'est trop beau et c'est trop bon, ils ne voudraient pas
qu'on en parle - d'adopter des lois pour créer des emplois, pour
améliorer celles que nous avons, pour aider en général la
population. On va essayer de les faire comprendre, on ne les adoptera pas vite,
comme le député de Huntingdon le voudrait. On les passera en
donnant la chance à tous ceux qui veulent s'exprimer de s'exprimer et de
parler à leurs producteurs dans leur comté respectif, de leur
faire comprendre que le gouvernement du Québec est toujours à
l'écoute de leurs besoins et essaie de trouver des solutions, chose
qu'on ne retrouve pas de l'autre côté.
M. le Président, je souhaite que tous les producteurs agricoles
de Johnson puissent se prévaloir de ce que le ministre a mis de l'avant
par la loi 112. Le député de Huntingdon a dit aussi: J'ai
regardé la loi et je n'ai pas trouvé la date de mise en vigueur.
Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation l'a dit
ce matin. Il n'était pas là, il ne l'a pas écouté.
Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a dit:
Cela sera en vigueur en mai ou juin. Les gens sont en train d'étudier
avec le comité du caucus agricole, avec les hauts fonctionnaires pour
être capables de mettre cela en vigueur en mai ou juin. S'il avait
été là, il l'aurait entendu comme tout le monde. Nous
l'avons entendu et cela sera fait parce que c'est déjà en
marche.
Comme je vous le disais tout à l'heure, je souhaite que mes
producteurs s'en prévalent tous, parce que c'est pour leur
amélioration et je souhaite aussi qu'on se tienne les coudes
serrés pour combattre le gouvernement fédéral qui veut
venir nuire à nos producteurs agricoles. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Berthier. (12 h 50)
M. Albert Houde
M. Houde: M. le Président, je dois vous dire d'abord que
c'est avec plaisir que nous, de l'Opposition, acceptons ce projet de loi no 112
en deuxième lecture, toujours pour le bien des cultivateurs qui veulent
progresser, se perfectionner et grandir dans ce domaine.
Pour répondre à Mme la députée de Johnson,
je voudrais dire un mot au sujet du rapport Gilson. Je peux lui répondre
que le député de Beauce-Sud a été présent
à toutes les rencontres qui se sont tenues dans la province de
Québec. Il l'a fait avec plaisir, sans dire un mot, et moi aussi j'ai
participé à quelques rencontres. Je peux dire que nous sommes en
faveur du rapport de coalition pour une raison bien simple, pour les
cultivateurs d'abord de la province de Québec. Je peux aussi vous dire,
Mme la députée de Johnson et MM. les députés de
l'autre côté, que lorsque le gouvernement fédéral
nous présente quelque chose qui ne fait pas notre affaire, nous sommes
capables de nous lever, pas de crier, mais de nous faire entendre afin de nous
faire respecter. Je pense que le dialogue est toujours la meilleure solution.
D'ailleurs, vous en avez une preuve avec la commission parlementaire sur
l'éducation.
On vous avait toujours dit, nous, de l'Opposition, en décembre:
Commencez donc par négocier. Vous ne vouliez pas négocier. On
vous demandait une commission parlementaire? Cela ne tenait pas. On vous
demandait une médiation? Il n'y avait rien
là. Que faites-vous aujourd'hui? Tout ce qu'on vous a dit:
conciliation, médiation. Le dialogue d'abord et avant tout. C'est bien
important. Vous ne vous êtes pas occupés de nous, vous avez fait
fi de nous. Aujourd'hui, vous le faites, mais ce qui est encore plus grave,
c'est ce qui reste comme cicatrices, comme vous l'avez vu samedi dernier. Vous
savez que... Je ne l'ai pas marqué sur mon papier. Ne sois pas inquiet,
je l'ai dans la tête. Ne sois pas inquiet, le député d'en
face, parce que ce qui s'est dit et ce qui s'est fait, il en reste toujours
quelque chose. Certainement que vous le regretterez amèrement, parce que
si on regarde encore les sondages, votre cote a baissé
énormément. Il ne faudrait pas avoir une élection demain
matin, parce qu'il y en aurait qui pourraient demander un poste autre que celui
de député pour être assurés d'avoir un travail
à faire après-demain. S'il vous plaît, M. le
Président. Très bien, merci.
J'écoutais tantôt le ministre de l'Agriculture lorsqu'il
parlait du fédéral -toujours le fédéral! - du taux
d'intérêt, de ce que cela coûtait et qu'il n'avait
pratiquement pas baissé le taux pour les agriculteurs du Québec
et du Canada. Je n'ai pas entendu parler une fois, dans les
énoncés des députés d'en face, ministériels
aussi, des taux d'intérêt qui sont énormément
baissés. Si cela dépendait du fédéral, il y a un ou
deux ans, lorsqu'ils étaient tellement élevés, ils
pourraient peut-être le dire aujourd'hui qu'ils sont baissés, cela
doit encore dépendre du fédéral! Le ministre aurait pu
faire jouer - comme d'habitude - sa cassette comme il l'a fait dans son
énoncé de tantôt pour nous dire toujours les mêmes
choses, toujours les mêmes chiffres. Cela se ressemble, c'est du pareil
au même.
Le ministre parlait des veaux, disant que les cultivateurs pourraient
garder les veaux en ayant des prix abordables pour les grains. Il me semble que
s'il se promenait dans le champ, il verrait ce que les cultivateurs nous disent
à nous: Les veaux, lorsqu'ils arrivent, il ne faut pas les
élever, cela nous coûte meilleur marché de les tuer
immédiatement que de les garder pour les mettre sur le marché
après. Cela, c'est ce que les cultivateurs nous disent. On n'invente pas
cela.
Le ministre disait dans son exposé qu'il préférait
un esprit de consultation à un esprit de confrontation. Il pourrait
tenir compte de cela et le mettre en pratique, parce que c'est bien plus
souvent la confrontation que la consultation. D'abord, on le suit d'assez
près et on voit ce qui se passe.
Il parlait de l'exportation des viandes à cause de
l'amélioration des abattoirs qui se sont perfectionnés. Je suis
d'accord. Il y a eu beaucoup d'abattoirs qui se sont perfectionnés et
qui peuvent répondre aux exigences de l'exportation. Peut-être
pourrait-il aussi tenir compte, le même ministre, des petits abattoirs de
la province de Québec qui tendent à vouloir fermer dans un avenir
assez rapproché pour alimenter nos Québécois et nos
Québécoises du Québec. Il pourrait peut-être le
garder en considération, le même ministre.
Le ministre nous donne toujours les montants dans le domaine du drainage
souterrain, dans le domaine du nivelage des terres. Le ministre fait des
comparaisons depuis les années 1976, 1977. Combien a-t-il
dépensé d'argent, comme le disait le député de
Beauce-Sud tantôt? En 1900 quelque, il n'y avait pas de drainage,
c'étaient les chevaux et les boeufs dans plusieurs cas. Il n'y en avait
pas de drainage, on ne dépensait pas d'argent là-dedans. Je n'ai
pas vu les budgets du ministre de l'Agriculture du temps, mais j'imagine qu'ils
étaient bien peu élevés.
Le ministre a parlé des cours d'eau. Je vais vous en parler
trente secondes des cours d'eau, M. le ministre. Il n'est pas ici, mais il doit
m'écouter quelque part. Le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation a dit que dans le comté de Nicolet,
l'an passé, il avait fait faire cent cours d'eau. Rappelez-vous bien une
chose: Dans le temps de l'Union Nationale, l'agriculture pour plusieurs,
c'était quelque chose. Dans le temps de Duplessis, c'est lui apparemment
qui avait pensé à promouvoir le crédit agricole pour les
cultivateurs du Québec. Que je sache, un des ministres de l'Agriculture
du temps était du comté de Nicolet.
Je n'ai pas été voir du côté de Nicolet pour
avoir visité tous les coins du comté. Je l'ai fait l'an
passé, lors des tournées que nous avons faites, la mission
agricole du Parti libéral. Il y a de belles terres là, c'est
vrai. Le ministre de l'Agriculture, du temps, je crois que c'était M.
Clément Vincent, a fait sa part dans l'agriculture, au moins pour le
comté de Nicolet, son comté à lui.
Quand j'entendais le ministre dire qu'il y avait cent cours d'eau qui
ont été faits l'an passé, je peux lui rappeler une chose:
Dans mon comté - ça fait près de deux ans que je suis ici
- ça va faire deux ans au mois d'avril que je demande ce que le
député du temps, qui était péquiste, avait
demandé, que les cours d'eau soient faits dans mon comté. Entre
autres, un surtout, le cours d'eau Tranchemontagne. Trois municipalités
l'avaient demandé, cela avait été approuvé par le
conseil de comté et c'était rendu à l'appel d'offres.
Parmi les cultivateurs il y en avait un qui avait gagné la
médaille du crédit agricole. Cela ne devait pas être
n'importe qui. C'était un libéral, à part ça. Si on
la lui a donnée, probablement que c'était parce qu'il l'avait
gagnée la médaille d'or. Ce n'est pas encore
fait au moment où je vous parle aujourd'hui, M. le
Président. De grâce, je ne sais pas s'il m'écoute, mais il
me semble qu'il devrait répondre à des sources qui sont normales.
Ce ne sont pas des choses exceptionnelles que je veux. Je veux seulement le bon
sens, reconnaître des choses qui ont déjà été
demandées depuis de nombreuses années.
M. le Président, je vois que vous me faites signe. J'aurais
aimé en dire encore beaucoup plus. J'ai encore deux minutes, M. le
Président? Deux minutes.
Je veux vous dire, lorsque le ministre parlait d'autosuffisance, que je
n'ai rien contre l'autosuffisance chez les cultivateurs du Québec. J'ai
rencontré les cultivateurs de mon comté, il n'y a pas tellement
longtemps. Entre autres, il y en avait un qui était dans la production
des poulets à rôtir. Il avait économisé un peu
d'argent et il m'a dit qu'il voulait se lancer dans la production du
maïs-grain. Qu'a-t-il fait? Il s'est empressé de vendre parce qu'il
avait dépensé tout ce qu'il avait mis là-dedans et il
avait aussi emprunté.
J'en ai rencontré un deuxième qui était meunier
dans mon comté.
M. Blouin: M. le Président, s'il vous plaît:
M. Houde: M. le Président, cela ne me fait rien...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Rousseau.
M. Blouin: M. le Président, je ne veux pas interrompre le
député de Berthier. Je sais que si nous avons l'intention de
poser des questions à un député, il faut les lui poser au
moment où il parle et non au moment où il a terminé son
intervention. Je demande donc au député de Berthier s'il me
permettrait, à la fin de son intervention, de lui poser une brève
question?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
député?
M. Houde: Pas d'objection du tout.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Vous n'avez pas objection,
mais je dois vous dire cependant que nous devons suspendre à 13 heures
exactement. En conséquence, le député pourra poser sa
question à la prochaine séance. M. le député de
Berthier.
M. Houde: Je disais qu'il y avait un meunier dans mon
comté qui cultivait des centaines d'acres de terre pour produire des
grains. Qu'est-il arrivé? Il s'est empressé de vendre sa terre
l'an passé. Il m'a dit: Si je peux donc trouver un acheteur pour m'en
débarrasser parce que je n'arrive plus.
C'était un meunier à part cela. Ne l'oubliez pas. En
même temps, il était cultivateur. Il peut y avoir des sommes
d'argent mises à la disposition des cultivateurs. Mais je ne voudrais
pas que ce soit des sommes d'argent qui écrasent davantage les
cultivateurs. Que ce soit de l'argent pour les aider plutôt.
En décembre dernier, lors du congrès de l'UPA au
Château Frontenac, l'UPA avait demandé au ministre d'augmenter,
pour plusieurs cultivateurs...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
député, je voudrais vous suggérer de demander la
suspension du débat de sorte que nous puissions terminer. Je vous
l'accorderai facilement. M. le député.
M. Houde: J'accepte, M. le Président. Je demanderais la
suspension du débat.
Le Vice-Président (M. Jolivet):
D'accord. La demande étant acceptée, je vais suspendre la
séance jusqu'à 15 heures. Vous aurez le droit de parole
dès la reprise de ce débat.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise de la séance à 15 h 11)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez prendre place.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles. M. le premier ministre.
Plan d'action gouvernemental à l'adresse des
jeunes
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, ainsi qu'on
l'avait évoqué depuis quelques jours, il s'agit de
présenter essentiellement un plan d'action à l'adresse des
jeunes.
De tous les problèmes qui sont terriblement diversifiés
que nous partageons couramment avec la plupart des sociétés
industrielles, l'un des plus graves et préoccupants, l'un des plus
complexes, aussi, est celui de la jeunesse, de son état d'esprit, de ses
inquiétudes et de ses doutes, comme de sa situation économique et
sociale.
Dans l'immédiat, bien sûr, il s'agit d'abord du
chômage qui sévit parmi les jeunes plus que dans toute autre
catégorie de la population. Mais il s'agit aussi, plus
profondément, des interrogations devant l'avenir et d'une sorte de
désarroi dans lequel un bon nombre risquent de s'enfoncer jusqu'au
désespoir, cela nous ne le savons que trop.
Aucune société qui garde le sens de la vie, donc de la
durée, ne saurait assister indifférente à un tel
phénomène. Et, si, bien sûr, toutes les classes sociales
comme tous les groupes d'âge commandent également leur part
d'attention et de solidarité, personne ne saurait nier, je crois, qu'une
évidente priorité s'attache aujourd'hui à la situation de
la jeunesse sur tous les plans: de l'éducatif à
l'économique, du social au culturel.
Ai-je besoin d'ajouter que cette diversité même nous
interdit toute présomption? Il n'y a pas de panacée; s'il y en
avait une, on l'aurait trouvée quelque part. Alors qu'au contraire, en
France par exemple - et cela se répète dans d'autres pays - dans
sa fameuse étude sur l'insertion professionnelle et sociale des jeunes,
le professeur Bertrand Schwartz notait justement, et je cite, que "les jeunes
représentent tout, sauf un ensemble homogène. Selon leur classe
sociale, selon qu'ils sont garçons ou filles, selon le lieu où
ils habitent, leurs problèmes sont différents et plus ou moins
graves". Et c'est vrai partout, ici comme ailleurs. Toute
génération montante est en soi une société
complète, qu'on veut capable de faire plus et mieux que la nôtre.
Mais forcément, sous l'angle économique en particulier, elle aura
elle aussi ses hauts et ses bas, et comme toujours - il faut le souligner - les
chances individuelles dépendront d'abord et avant tout de l'état
de santé de la collectivité.
Tout en nous dictant beaucoup de modestie - je pense que cela saute aux
yeux c'est là une constation qui ne saurait aucunement nous excuser de
ne pas faire, tout de suite, un maximum d'efforts. À court terme, des
efforts pour les aider de notre mieux à faire face à la crise.
Et, en vue de l'après-crise qui commence à se profiler à
l'horizon, des efforts qui doivent également s'amorcer sans délai
afin de leur fournir la meilleure préparation possible à un
monde, à des emplois, à des carrières, qui seront de moins
en moins les mêmes qu'avant. Car nous savons tous que, derrière ce
qu'on appelle encore pudiquement une récession, il y a bien autre chose
qu'un simple arrêt ou même qu'un recul de la croissance: il y a
l'annonce de profonds, de redoutables changements provoqués pour une
large part par cette révolution technologique qui ne cesse de
s'amplifier.
Voilà donc la toile de fond sur laquelle s'inscrit un train de
mesures, les unes nouvelles, les autres renforcées parce qu'elles ont
fait leurs preuves, selon nous, que j'annonce aujourd'hui au nom du
gouvernement. Mesures d'urgence pour certaines, mais aussi quelques formules
qui, on l'espère, mériteront de devenir permanentes. Nous avons
tâché, depuis quelque temps, de cerner ainsi, non pas ce qu'il
serait trop prétentieux d'appeler une politique de la jeunesse, mais au
moins quelques éléments d'un plan d'action qui auraient des
chances de rejoindre concrètement plusieurs milliers - en fait, si cela
marche assez bien plusieurs dizaines de milliers - de ces 165 000 jeunes de 16
à 24 ans qui, en décembre dernier, étaient inscrits
à l'assurance-chômage et les quelque 88 000 autres inactifs -
jusqu'à nouvel ordre - dont la grande majorité sont prestataires
de l'aide sociale.
Ce plan d'action comporte cinq volets principaux que je me contenterai,
pour l'heure et pour des raisons évidentes, de décrire
brièvement.
En premier lieu, il s'agit de faire un effort sans
précédent pour le maintien et, le cas échéant, le
retour des jeunes à l'école ainsi que le développement
accéléré de l'enseignement dans les secteurs d'avenir.
Ainsi, après une soigneuse mise au point, des mesures vont être
lancées immédiatement afin d'identifier les décrocheurs en
puissance comme on dit plus couramment, les "dropouts" - afin de
prévenir ces abandons prématurés, autant que faire se
peut, plutôt que d'avoir à les guérir souvent trop tard.
Pour favoriser le retour aux études de ceux qui ont déjà
lâché avec un bagage déficient, on élargira sans
délai l'application de formules expérimentales qui ont
commencé à faire leurs preuves. Par exemple, à l'instar de
Montréal, Québec aura bientôt son école
spéciale pour décrocheurs. Enfin, le ministère de
l'Éducation nous promet également, pour les secteurs de pointe
qui se dessinent, qui sont déjà devant nous dans bien des cas,
une accélération prochaine aussi bien des méthodes
d'orientation que des enseignements requis.
Deuxièmement, nous avons préparé et nous lancerons
le plus vite possible un programme de formation en entreprises qu'on pourra
aussi compléter au besoin, par un supplément de formation
générale. Il s'agit, dans ce cas, d'une mesure qui se
développera forcément de façon graduelle, parce que,
admettons-le, nous avons là un sérieux retard sur d'autres pays,
un retard qu'il faut évidemment s'efforcer de rattraper au plus
tôt, et, en cours de route, arriver à mettre au point dans ce
secteur une politique permanente. On en aura toujours besoin aussi loin qu'on
peut voir en avant. Cela n'a donc rien à voir directement avec la crise,
sauf que celle-ci, là comme ailleurs, sert puissamment à
accélérer des prises de conscience et des prises de
décision. Cette expérience de la vie au travail, qu'il faut
d'abord orienter systématiquement vers les secteurs et les
métiers d'avenir, c'est l'évidence même que l'école
ne peut pas et ne pourra pas la fournir. Et pourtant, l'on se rend compte, dans
tous les milieux concernés - mieux vaut tard que jamais - à quel
point c'est devenu indispensable. Il faut d'ailleurs
reconnaître que ce sont les entreprises elles-mêmes, en
nombre croissant, qui ont été les premières à
expérimenter de telles formules pour répondre à leurs
propres besoins de personnel qualifié. Nous allons donc épauler
celles qui s'en occupent déjà, évidemment, et tâcher
d'élargir au maximum ce bassin d'entreprises formatrices. Pour cela,
sera créé, notamment, un bon de formation conçu en partie
selon le modèle du bon d'emploi, mais adapté pour tenir compte
des objectifs spécifiques qu'on vise dans ce cas-ci.
Le troisième volet de notre action, ce sera justement l'expansion
à nouveau substantielle du programme du bon d'emploi, dont les
résultats jusqu'ici sont plus que probants, de même, sur un autre
plan, grâce à des critères assouplis, rénovés
jusqu'à un certain point, qu'une accessibilité mieux garantie aux
autres programmes de création d'emplois qui sont déjà sur
pied ou qui vont se développer. Autant il importe, en effet, de fournir,
d'une part, encore plus d'ouvertures réelles aux jeunes
diplômés à qui cela permet d'accéder plus rapidement
et plus facilement à des emplois dont la majorité sont permanents
- je tiens à le souligner, la majorité sont permanents,
jusqu'à nouvel ordre - autant il faut penser aussi bien à tous
ces jeunes moins qualifiés qui se voient frustrés dans leur
désir légitime d'effectuer un travail rémunérateur,
ne serait-ce que temporairement, pendant un certain temps.
Mais il faut bien admettre aussi qu'en dépit des meilleures
intentions du monde, un bon nombre de jeunes ne bénéficieront pas
de ces programmes, soit à cause des limites inhérentes à
ces programmes, soit encore parce que cela ne rejoint pas les
préférences personnelles des jeunes eux-mêmes.
C'est pour ces derniers que nous avons décidé,
quatrièmement, de mettre sur pied une organisation dont l'appellation
provisoire en ce moment serait celle de "jeunes volontaires". Il ne s'agit pas
là d'un programme de création d'emplois et encore moins d'une
quelconque technique d'embrigadement ou de récupération. Ce qu'on
vise plutôt, c'est de fournir à plusieurs milliers de jeunes, qui
se trouvent, pour ainsi dire, en transition entre l'école et le
marché du travail, l'occasion de réaliser chez eux, là
où on les connaît, bénévolement, des projets utiles
qu'ils auront eux-mêmes proposés. Le fonctionnement largement
décentralisé de ce programme permettra d'ailleurs de mettre
à contribution les agents du milieu et de favoriser au maximum une
participation valable des jeunes qui voudront bien s'y engager. (15 h 20)
Enfin, il nous faut aussi améliorer substantiellement les
ressources qui sont destinées à venir en aide à ceux et
celles, de plus en plus nombreux, hélas! qui éprouvent des
difficultés particulièrement aiguës d'adaptation et
d'insertion dans la société. Ainsi, les maisons de jeunes et les
organismes communautaires jeunesse - comme on le dit dans le jargon courant -
dont l'action dans le milieu est de plus en plus significative se verront
octroyer un support financier accru et l'on augmentera du même coup les
moyens d'intervention et d'action préventive du réseau des
affaires sociales.
J'aurai l'occasion, d'ici la fin de l'après-midi - parce que le
temps qui nous est imparti pour les déclarations ministérielles
ne m'aurait jamais permis de le faire - en conférence de presse, de
fournir plus de précisions sur le contenu de tout cela,
précisions qui seront évidemment transmises aussi à
l'ensemble des parlementaires. Je me contenterai de souligner simplement, avant
de terminer, que les sommes consacrées à ce plan d'action, en
1983-1984, seront d'au moins 150 000 000 $ et qu'on estime pouvoir rejoindre
directement environ 55 000 jeunes, sans compter ceux qui sont visés -
là, on ne peut pas avoir d'évaluation qui soit correcte, d'autant
plus qu'il s'agit d'un prolongement sur lequel on n'a pas d'expérience -
par les mesures sociales que j'ai évoquées et les mesures de
formation.
D'autre part, afin d'assurer un suivi cohérent de cette action et
le maintien d'une bonne liaison avec tous les organismes concernés -
parce que cela foisonne maintenant dans le paysage - le Conseil exécutif
se dotera d'un secrétariat à la jeunesse qui sera une structure
légère - je le répète en insistant "une structure
légère" -de concertation, de coordination et d'animation. Au plan
local, c'est très important, on trouvera bientôt dans les 110
bureaux de Travail-Québec partout, à l'échelle du
Québec, des modules-jeunesse dont le rôle essentiel sera de
fournir aux jeunes, et aux jeunes spécifiquement, un accès facile
et rapide à l'information et aux ressources disponibles.
Voilà, pour l'essentiel, l'effort que le gouvernement entend
diriger dans les mois qui viennent vers ces jeunes qui vivent la crise de
façon particulièrement dramatique. On nous dira, et c'est vrai,
que nos projets sont bien modestes, qu'ils sont loin de régler tous les
problèmes - je suis sûr que j'anticipe à peine les
remarques que nous feront nos amis d'en face - mais je souhaite qu'on y voie
quand même une amorce de réconciliation effective entre la
société adulte et ceux et celles qui seront la
société de demain.
Je me permets, en terminant, de souligner ceci: C'est là une
responsabilité collective qui doit être ressentie non seulement ni
exclusivement par l'État, mais aussi - et on fera appel à elles
dans les semaines qui viennent - les collectivités
locales, régionales, les entreprises, les associations et en fait
tout le monde. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le chef de
l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je pense bien
que le premier ministre a bien raison de terminer ses remarques en soulignant
que les projets qu'il vient d'évoquer, et je prends ses mots, sont bien
modestes. Modestes aussi sont les renseignements fournis à cette Chambre
et la discrétion du premier ministre, qui pourrait se modifier en
conférence de presse, s'explique mal parce qu'il aurait pu éviter
des longueurs et des paragraphes philosophiques et nous donner plus de viande,
si viande il y a dans les programmes qu'il aborde. Il s'agit d'un
problème, pas, comme l'indique le premier ministre, que la jeunesse est
un problème, la jeunesse plutôt est un actif au Québec,
mais elle connaît des problèmes. Les problèmes qu'elle
connaît, nous les soulignons, quant à nous, depuis
déjà longtemps. Ces dernières années ont
été plus que tragiques pour notre jeunesse.
Il est bien difficile d'imaginer un avenir pour le Québec, un
avenir pour le Canada si cet avenir n'est pas celui, justement, qui serait
préparé par la jeunesse, avec la jeunesse, pour la jeunesse.
C'est le Québec de demain. Il s'agit ici d'un train de mesures de nature
beaucoup plus culturelle et sociale qu'économique. La question qu'on se
pose, la première, c'est: Combien d'emplois? On parle d'atteindre 55 000
jeunes. C'est une façon de s'exprimer qui est plus juste que si on
disait: On va créer 55 000 emplois. Là on n'ose pas dire cela
parce qu'on sait que ce n'est pas vrai. Quand on parle de 150 000 000 $,
où est l'argent neuf là-dedans, l'argent frais? J'ai
déjà entendu parler énormément de ces programmes
qui, souvent, ne sont que de la poudre aux yeux. On ramasse un paquet dans un
ministère. On en ramasse un et j'ai déjà vu cela maintes
fois, surtout avec le gouvernement actuel avec son programme OSE et d'autres
programmes du genre.
M. le Président, prenons les points un par un, parce que nous
devons être brefs. Si le premier ministre et la Chambre le permettaient,
évidemment, nous pourrions avoir une réaction du
député de Marquette, mais il aura l'occasion de le faire, si nos
règlements ne le permettent pas maintenant, en d'autres
circonstances.
Prenons la question des décrocheurs dont parle le premier
ministre. On sait - et les chiffres, je crois, viennent du gouvernement -
qu'entre 30% et 40% des élèves au secondaire ne terminent
même pas leurs études à ce niveau, mais, lorsque l'on parle
des décrocheurs, on pense immédiatement aux programmes
d'éducation aux adultes. Or, on sait que c'est ce gouvernement qui a
passé la hache dans ces programmes d'éducation aux adultes,
à un point tel qu'à la dernière commission parlementaire
sur l'éducation, l'Institut canadien d'éducation des adultes
disait que le gouvernement avait ni plus ni moins causé directement des
reculs dramatiques dans l'éducation des adultes. Lorsque le premier
ministre parle des écoles de "dropouts" à Québec, c'est
bien beau, mais on vient d'apprendre qu'à Montréal, on a
réduit les activités et les effectifs. On vient de couper dans le
budget de l'école pour "dropouts" à Montréal. Il faudrait
bien s'entendre.
Deuxièmement, en ce qui a trait aux bons de formation - le
premier ministre lui-même le dit - cela n'a rien à voir avec la
crise économique. Cela n'a rien à voir. C'est simplement un
retard qu'admet le gouvernement dans ce domaine, parce qu'il existe des
programmes - il y a toujours eu des programmes de formation et de main-d'oeuvre
ouverts aux jeunes - et ils ont toujours existé à
l'intérieur des entreprises, dans notre temps comme dans votre temps. Ne
venez pas nous parler des programmes de formation, mais parlez-nous des retards
qui sont admis, même par le premier ministre.
Troisièmement, en regard des bons d'emploi, le premier ministre
dit lui-même -je prends ses chiffres - que 253 000 jeunes sont
frappés par l'assurance-chômage ou par l'aide sociale. Il dit: On
a trouvé une solution: le bon d'emploi. Ses chiffres nous indiquent
qu'il y a 23 600 de ces bons d'emploi qui ont été remis, mais il
y en a 13 117 qui magasinent encore avec leurs bons d'emploi. On va en donner
d'autres. On va augmenter le magasinage. Sur les 10 000, finalement, qui ont pu
accrocher, il y en a plus de la moitié, 5400 pour qui c'était
fini, qui ont bénéficié de l'assurance-chômage, 5000
sur 250 000 personnes; ce sont les chiffres que nous avons du gouvernement.
Apparemment, il y a encore 13 117 personnes qui se promènent avec leur
bon d'emploi. Si les chiffres ne sont pas corrects, j'invite le premier
ministre à les corriger. Bien souvent, nous prenons cela dans les
publications du gouvernement. (15 h 30)
Quatrièmement, les "jeunes volontaires" est un programme qui
ressemble étrangement - peut-être, si on avait eu la
conférence de presse ou plus de détails, on aurait pu savoir ce
que le gouvernement avait à l'esprit - au programme
Perspectives-Jeunesse des années soixante-dix du gouvernement
fédéral et qui a été abandonné depuis.
Lorsque l'on fait des programmes comme cela où on permet à des
municipalités, par exemple, d'embaucher des chômeurs ou des jeunes
chômeurs, est-ce
qu'on songe à toutes les difficultés que connaît
présentement l'application du règlement sur le placement dans le
domaine de la construction? Est-ce qu'on connaît ou est-ce qu'on lit les
mêmes lettres que nous recevons de partout, de toutes les régions,
de toutes les municipalités dans lesquelles on mentionne qu'on a des
projets, qu'on pourrait avoir de l'argent du fédéral, qu'on
pourrait avoir de l'argent du provincial, qu'on pourrait avoir quelque chose,
mais qu'on est pris avec le fameux règlement de l'OCQ? Est-ce qu'il y a
quelque chose là-dedans pour régler cela? Il y a bien des jeunes
aujourd'hui qui viennent à nos bureaux de comté et qui nous
disent: On a une job, on a un employeur, on a quelque chose à faire et
on ne peut pas y toucher. Pourquoi? À cause des règlements de
l'OCQ.
Une voix: C'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): II faudrait également, en ce
qui concerne les "jeunes volontaires", éviter d'embrigader. D'ailleurs,
le premier ministre a tellement eu cela à l'esprit qu'il l'a
écrit lui-même, qu'il n'embrigaderait pas. Alors, il faudrait
arrêter d'embrigader dans un carcan gouvernemental.
Cinquièmement, le gouvernement parle de sa préoccupation
des jeunes qui ont des difficultés aiguës d'adaptation et
d'insertion sociale. C'est parfait et cela suit, j'imagine, un programme qui
est en marche et qui se continuera.
Je reviens maintenant aux deux questions principales: Où sont les
mesures économiques? Où est la création d'emplois
permanents là-dedans? Où est l'argent neuf? Et surtout, est-ce
qu'on sait que, pour réellement trouver des jobs pour les jeunes, il
faudra changer des politiques gouvernementales pour avoir ici un climat
d'investissement, un climat favorable et propice à l'investissement,
à la création d'emploi? Si ceci peut aider, très bieni
Mais c'est loin de répondre aux aspirations normales de notre jeunesse
et du million de chômeurs et d'assistés sociaux que nous avons au
Québec présentement.
Si vous voulez vous en tenir simplement aux questions d'ordre social, au
moins comment se fait-il qu'on ne retrouve pas ce que vous avez laissé
entendre que vous pourriez corriger? C'est le 144 $ par mois que l'on donne aux
moins de 30 ans aujourd'hui. Si vous êtes pour corriger des choses de
nature sociale, vous avez déjà soulevé cette question,
est-ce que vous êtes capable d'y répondre aujourd'hui?
En conférence de presse, vous aurez toute latitude, mais la
Chambre ici aimerait avoir beaucoup plus de détails là-dessus.
Nous suivrons cependant la conférence de presse pour voir à ce
que, puisque certaines questions demeurent présentement sans
réponse, dans sa réplique, le premier ministre soit plus
explicite. Parce que tout ce que nous avons ici où il semble y avoir des
jobs, c'est le secrétariat à la jeunesse. Apparemment,
peut-être que le gouvernement va pouvoir se trouver quelqu'un,
peut-être un adjoint parlementaire, pour redonner un coup de main
là-dedans, je ne le sais pas.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît:
S'il vous plaît:
M. Levesque (Bonaventure): De toute façon, M. le
Président, je termine en disant au gouvernement qu'il faut mettre
beaucoup plus que cela pour aider nos jeunes. Il faut changer des politiques et
non pas simplement arriver avec ce que le premier ministre qualifiera sans
doute, dans deux ou trois mois, de déclaration ministérielle
faite en catastrophe à la veille de la prorogation d'une session qui a
duré de 1981, avec des promesses non remplies, depuis l'automne 1981 -
c'est depuis ce temps qu'on est dans la même session - avec le même
message inaugural, tout 1982; on arrive en 1983, à la veille de la
prorogation et là, le premier ministre dit en catastrophe:
Dépêchons-nous, trouvons quelque chose pour les jeunes. Et il a
demandé à tout le monde: Apportez-moi cela pour qu'on fasse cela
au moins en pièces détachées.
C'est un peu cela qu'on a, M. le Président, une
déclaration ministérielle en pièces
détachées, à la veille de la prorogation et à la
veille d'une motion de blâme, de censure à l'endroit de ce
gouvernement sur la faillite de sa gestion économique qui sera
discutée demain en cette Chambre. À la veille de ces
événements, le premier ministre et le gouvernement ont dit:
Dépêchons-nous, trouvons quelque chose et on pourra rencontrer la
presse ensuite et avoir quelques manchettes demain. Merci M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le premier
ministre.
M. René Levesque
M. Lévesque (Taillon): J'avais sagement dit que
c'était, nécessairement et en particulier du côté
économique, modeste; c'était pour fournir une entrée en
matière au chef de l'Opposition. Je sais qu'il n'a pas besoin qu'on lui
fournisse l'inspiration mais parfois cela fait du bien d'avoir une
entrée en matière.
Seulement, si je ne connaissais pas depuis un certain nombre
d'années ce qu'est le jeu parlementaire classique, j'aurais pensé
qu'il y avait quelque chose là. Mais, apparemment, il n'y a rien
là.
J'aurais pu, peut-être, fournir d'autres renseignements, mais les
règlements de la
Chambre - ma déclaration dépassait déjà un
peu les limites normales - la règle des déclarations
ministérielles font que cela ne doit pas dépasser un certain
nombre de minutes.
Alors il est évident - je vais rejoindre la conclusion du chef de
l'Opposition - que ces fiches d'information plus élaborées qui
seront à la disposition de tous les membres de l'Assemblée
nationale pourront inspirer des deux côtés le débat sur
cette motion de blâme que l'Opposition a installée à la
dernière minute de cette interminable session qui va tout de même
finir demain soir à une heure normale. Cela donnera l'occasion, de part
et d'autre, de discuter de cette partie économique, parce que quand le
chef de l'Opposition dit combien d'emplois seront créés par ces
programmes, d'abord et avant tout, il y a une chose qu'il faut souligner
-malheureusement, cela ne sera pas prêt pour alimenter les discours de
demain - c'est qu'on a répété à plusieurs reprises
que, d'abord et avant tout, on voulait annoncer -parce que c'est vraiment un
groupe plus spécifique, il va sans dire qu'il y a des problèmes
spécifiques - certains aspects, certains volets d'action dirigés
autant que possible vers les problèmes les plus cuisants des jeunes,
autant qu'on puisse les cerner? On a dit que d'ici à la fin de semaine
il y aurait l'annonce également, de façon que tout ne soit pas
entremêlé, d'un programme d'action économique directe
où les jeunes, comme tous les groupes d'âge, auront,
j'espère, leur part, et qui sera annoncé probablement dimanche,
à la fin d'une réunion spéciale de trois jours du Conseil
des ministres. Donc, la fin de semaine devrait donner au moins des
éléments de réponse à cette question que pose
légitimement le chef de l'Opposition, mais en faisant semblant un peu de
ne pas savoir que c'est en deux étapes.
Dans ces programmes, en deux mots, le bon d'emploi. Je me souviens qu'il
y avait certains sceptiques. Cela arrivait au moment d'une élection
partielle, mais on avait mis cela au point pendant plusieurs mois, parce que
cela avait été un engagement électoral de 1981. Les
sceptiques disaient - je ne citerai pas les auteurs: On ne sait même pas
s'il y aura 3000 personnes qui se serviront de ce bon d'emploi. Le chef de
l'Opposition vient de dire: C'est vrai, il y en a quelque 20 000 en
circulation. Il y en a au-delà de 11 000 ou 12 000 qui ont permis des
emplois aux jeunes qui s'en sont servi. On nous donne comme renseignement qu'un
peu plus de 50% des emplois ont été, dès le départ
ou en cours de route, considérés ou transformés en emplois
permanents. Cela ne change pas le monde, mais ce sont quelques milliers de
jeunes qui autrement n'en auraient pas. C'est peut-être important de
souligner cela.
Pour ce qui est de la formation en entreprise sur laquelle on a du
retard, on a du retard peut-être en partie, parce que depuis combien
d'années patauge-t-on autour de ce sujet? Il y avait naguère, pas
autrefois, des écoles techniques. Avec toute une série de
réformes dont une grande partie était très bonne, on a un
peu littéralement perdu le bébé en jetant l'eau du vieux
bain, ce qui fait qu'on a beaucoup de difficulté -secondaire,
professionnel - à ajuster l'école qui ne pourra jamais s'ajuster
convenablement pour répondre aux besoins de l'industrie, aux besoins en
particulier des secteurs nouveaux. C'est un peu comme la loi, cela suit
toujours la réalité, ce genre de formation. Cette formation en
industrie, pour répondre à des besoins qui sont
déjà là et qui se profilent déjà à
l'horizon, tous les pays qu'on connaît, en Europe en particulier, les
pays les plus progressistes ont employé cela comme une méthode
permanente, ils l'emploient de plus en plus. Je ne crois pas que cela ait
jamais été fait au Québec de façon autre
qu'expérimentale depuis le temps des vieilles écoles techniques.
C'est plus que le temps qu'on se mette à l'ouvrage et qu'on aide
l'industrie -c'est elle-même qui le demande - en particulier les nouveaux
secteurs. Cela donne en même temps à nos jeunes des horizons qui
autrement leur seraient littéralement inaccessibles. Qu'on aide les
industries, qu'on les épaule dans les efforts qu'elles font pour se
bâtir les effectifs techniquement au point dont elles auront besoin.
C'est de l'emploi et c'est de l'économie. Ce n'est peut-être pas
de l'économie à la petite semaine. C'est pour cela qu'il faut que
ce soit une formule permanente. C'est de l'économie d'aujourd'hui et
surtout de demain. (15 h 40)
Pour ce qui est de l'argent neuf, l'évaluation que vous pourrez
vérifier - que tout le monde pourra vérifier, qui est dans les
fiches d'information - correspond à ce que j'ai dit tout à
l'heure dans la déclaration. Mais je ne parlais pas d'argent neuf, c'est
très spécifiquement calculable et calculé. C'est entre 150
000 000 $ et 160 000 000 $ - on a voulu mettre un total modéré -
ce qui sera directement disponible pour les jeunes dans les programmes que j'ai
évoqués. L'argent neuf sera entre 75 000 000 $ et 80 000 000 $,
c'est-à-dire à peu près la moitié de ce total de
150 000 000 $ à 160 000 000 $, sur les seuls volets qu'on annonce
aujourd'hui. Partant de là, tout ce que je peux ajouter comme
conclusion, c'est qu'on aura toute la journée ou tout ce qui restera de
la journée de demain pour parler plus spécifiquement
d'économie. Je pense que cela peut s'intégrer dans ce
débat. Toute l'information sera disponible.
Encore une fois, je regrette que les règles normales des
déclarations
ministérielles ne permettent pas d'entrer dans toute la
plomberie, mais on aura l'occasion, Dieu sait, à la suite du discours
inaugural bientôt, mais aussi demain dans cette motion heureusement
située, de faire le point dans le domaine économique et
d'intégrer peut-être cet aspect-là d'un problème qui
doit préoccuper tout le monde. Encore une fois, certaines de ces
remarques, certaines des questions m'ont permis de fournir des réponses,
si brèves soient-elles. Pour certaines de ces remarques, je remercie le
chef de l'Opposition; pour d'autres, on se reverra. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Dépôt de
documents.
Au nom du ministre de l'Éducation, M. le leader du
gouvernement.
Rapport annuel du ministère de
l'Éducation
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais déposer
le rapport des activités du ministère de l'Éducation pour
l'année 1981-1982.
Le Vice-Président (M. Rancourt}:
Document déposé. M. le ministre de l'Environnement. S'il
vous plaît!
Rapport annuel du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement
M. Ouellette: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport annuel 1981-1982 du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Document déposé. M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme.
Rapport annuel du ministère
de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme
M. Biron: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1981-1982 du ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Document déposé. Pétition, M. le
député d'Argenteuil. M. le ministre.
Extrait du procès-verbal de la
réunion de la Commission des biens
culturels concernant le classement
de la maison Le Noblet-Duplessis
M. Richard: M. le Président, je voudrais, avec votre
permission, déposer un extrait du procès-verbal de la
réunion de la Commission des biens culturels du Québec, tenue
à Québec, le 3 juin 1982, et qui concerne le classement de la
maison Le Noblet-Duplessis à Contrecoeur.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Document déposé du ministre des Affaires culturelles.
Pétition de M. le député d'Argenteuil. S'il vous
plaît! M. le député d'Argenteuil.
Pétition demandant l'annulation de la loi
111
M. Ryan: M. le Président, je voudrais déposer une
pétition qui nous est adressée par le président du
Comité central de parents du Bureau des écoles protestantes du
Grand Montréal, M. Kenneth C. Watkins. La pétition se lit ainsi
et j'en donnerai la lecture dans les deux langues, avec votre permission.
Nous, les parents et citoyens soussignés, appuyons la
résolution du Comité central de parents du Bureau central des
écoles protestantes du Grand Montréal qui conteste la loi 111,
parce que cette loi restreint sévèrement les droits fondamentaux,
les libertés et les principes de justice naturelle. Nous exigeons que la
loi 111 soit annulée.
We, the undersigned, concerned parents and citizens, hereby endorse the
Central Parents Committee's resolution, protesting Bill 111, because it
severely restricts basic civil rights, liberties and principes of natural
justice. We demand that Bill 111 be rescinded.
La pétition est signée par 450 citoyens de la
région desservie par le Bureau central des écoles protestantes du
Grand Montréal.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Pétition déposée. M. le député de
Berthier.
M. Houde: Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ici?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je m'excuse auprès
du... À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! Je
m'excuse auprès du député de Saint-Henri.. À
l'ordre, s'il vous plaît! Je m'excuse auprès du
député de Saint-Henri, il y avait deux députés qui
se sont levés en même temps, le député d'Iberville,
et j'ai mentionné par erreur le député de Berthier. C'est
le député de Saint-Henri que j'avais reconnu.
Pétition réclamant la reprise
des négociations dans les secteurs
public et parapublic
M. Hains: M. le Président, qu'il me soit permis, au nom de
mes électeurs de Saint-Henri ainsi que de plusieurs citoyens de
Sainte-Anne et de Verdun, de déposer plus de 700 signatures sur la crise
scolaire qui sévit
actuellement au Québec. Voici le texte de la pétition:
"Exprimons notre profonde inquiétude au sujet de l'avenir de
l'école québécoise, en particulier à propos de
l'imposition par le gouvernement de décrets dans le secteur de
l'éducation. Deuxièmement, désavouons l'intransigeance et
l'autoritarisme du gouvernement du Québec dans ses relations avec les
employés des secteurs public et parapublic. Troisièmement,
réaffirmons notre attachement à la libre négociation et,
enfin, exigeons la reprise immédiate de négociations
sérieuses dans les secteurs public et parapublic. " Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Pétition
déposée. M. le député d'Iberville.
Pétition demandant de modifier la Loi sur les
petits abattoirs
M. Beauséjour: M. le Président, qu'il me soit
permis de déposer une pétition contenant 22 signatures dont le
contenu est le suivant: "Considérant que l'actuelle loi sur les petits
abattoirs ne permet pas le transfert de la vente de nos abattoirs et de nos
comptoirs de vente en détail, que les abattoirs B ne peuvent vendre la
viande des producteurs aux restaurants, aux épiceries et autres
institutions, que les propriétaires d'abattoirs B désirent que
leur viande soit inspectée afin d'assurer la qualité du produit
mis sur le marché, que les exigences actuelles de construction sont
nettement exagérées, selon des experts dans le domaine, nous,
soussignés, propriétaires de petits abattoirs, demandons à
notre député de déposer la présente pétition
à l'Assemblée nationale afin que soit amendée
immédiatement la Loi sur les petits abattoirs pour mieux servir les
besoins de la population québécoise.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Pétition
déposée.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Questions orales des députés.
M. le député de Mont-Royal.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
L'avenir de SIDBEC
M. Ciaccia: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Il était ici il y a
quelques instants.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, l'année
dernière, le gouvernement a pris la décision de redéfinir
l'avenir de SIDBEC. En novembre 1982, il y a eu une commission parlementaire
à laquelle s'est défilé le gouvernement quand est
arrivé le temps d'adopter des mesures de transition. Malgré cela,
l'Opposition officielle a fait adopter à l'Assemblée nationale
une motion demandant que certaines mesures transitoires soient prises.
Récemment, on a confirmé que SIDBEC connaîtrait des pertes
de 150 000 000 $ pour l'année courante. Enfin, je crois, à la
suite d'une question que j'ai posée au leader parlementaire hier
après-midi, que ce dossier devait être discuté au Conseil
des ministres ce matin. Je voudrais donner l'occasion au ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme de nous annoncer la décision du
Conseil des ministres concernant l'avenir de SIDBEC. Quel avenir
réservez-vous à SIDBEC?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: M. le Président, d'abord, je dois faire
état de la situation telle qu'on la connaît depuis la tenue de la
commission parlementaire du mois de novembre dernier, commission parlementaire
où nous avions décidé, sur la recommandation des
métallos, de former deux comités de travail avec les
métallos, avec les dirigeants de SIDBEC et avec les gens du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme pour vraiment
identifier les économies à réaliser, les actions à
poser, et prendre le temps qu'il fallait pour bien identifier et bien
étudier chacune des suggestions qui étaient venues de SIDBEC ou
des métallos.
Il y a déjà eu passablement d'économies de
réalisées. Jusqu'à ce jour, on voit que pour un an, il y a
22 000 000 $ d'économies, bien identifiées et même
décidées, appliquées pour pouvoir économiser en
1983. Il y a encore des travaux à venir, il y a encore d'autres projets,
d'autres économies qui ont été identifiées, mais
qui n'ont pu être réalisées ou appliquées encore
jusqu'à maintenant. (15 h 50)
II n'y a pas eu de décision définitive de prise sur SIDBEC
au moment où on se parle. Les comités continuent à
siéger en essayant de juger, le plus serré possible, de prendre
les décisions les meilleures. Là-dessus, on a toute la
collaboration des gens de la direction de SIDBEC de même que celle des
métallos pour continuer le travail.
Les activités minières continuent pour cette année
encore à une allure de
3 300 000 tonnes. Les activités manufacturières continuent
un peu au ralenti, bien sûr, parce qu'on sait que le marché de
l'acier n'est pas tellement bon, quand on songe qu'aux États-Unis les
sidérurgies fonctionnent à 31% de capacité seulement. Il y
a encore beaucoup de travail à faire. Il n'y a pas de décision
définitive de prise. Nous essayons à la fois de sauvegarder
l'essentiel, comme nous l'avions dit à l'occasion de la commission
parlementaire, c'est-à-dire de faire en sorte d'économiser le
maximum pour les citoyens québécois, et en même temps, de
sauver le maximum d'emplois pour les travailleurs.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question additionnelle, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le ministre nous informe qu'il n'y a pas de
décision de prise encore. C'est depuis 1980 que des plans de
redressement ont été soumis au gouvernement. Les gens de la
Côte-Nord et les gens dans les régions concernées ont le
droit de savoir du gouvernement quelle sera l'avenir de SIDBEC, surtout de
SIDBEC-Normines.
Est-ce que le ministre peut nous expliquer pourquoi on parle encore
d'étude, pourquoi on est encore dans une situation où on laisse
planer l'incertitude complète sur les gens des régions
nordiques?
Est-ce que le ministre pourrait donner une assurance un peu plus
formelle à ces gens, savoir que SIDBEC et SIDBEC-Normines vont continuer
à fonctionner?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: M. le Président, je répéterai au
député de Mont-Royal que ce n'est pas un dossier facile compte
tenu de la conjoncture actuelle. Puis, la décision ne se prendra pas sur
un coin de bureau, comme elle a été prise en 1975 par le
gouvernement libéral d'alors, d'investir 300 000 000 $ pour rien.
Nous voulons arriver à des décisions responsables
vis-à-vis des travailleurs et de la collectivité
québécoise. Il y a des négociations à l'heure
actuelle avec nos partenaires qui sont de grandes compagnies à travers
le monde, British Steel de même que la compagnie minière
Québec-Cartier. Ces négociations sont en cours. Nous avons
déjà pris plusieurs décisions puisque j'ai fait part tout
à l'heure au député qu'il y avait déjà 22
000 000 $ d'économies d'identifiées et mises en route pour
pouvoir les réaliser sur le budget de 1983. Ce sont des décisions
qui ont été prises en pratique déjà depuis deux
mois par les dirigeants de SIDBEC de concert avec les dirigeants des
métallos. Il y a encore des choses à faire. Alors, au fur et
à mesure que nous pourrons identifier les économies à
faire, les gestes à poser, nous prendrons des décisions, mais des
décisions responsables vis-à-vis des travailleurs et
vis-à-vis de la collectivité québécoise.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal, deuxième question additionnelle.
M. Ciaccia: J'espère que le geste va être aussi
responsable que la signature du contrat de financement que le ministre des
Finances actuel a apposée en 1976. Quand vous accusez le gouvernement
libéral d'avoir pris ces décisions, la signature et la
décision finale sur la méthode de financement était le
choix du ministre des Finances.
M. Parizeau: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît,
question de privilège, M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je soulève cette
question de privilège, parce que le député de Mont-Royal
sait comme moi que tous les contrats de financement à l'égard de
SIDBEC-Normines, et avec les bailleurs de fonds à cette époque,
avaient été préparés, mis au point, avaient
donné lieu à des échanges de lettres d'intention avant que
nous arrivions au pouvoir, si bien que tout ce qu'il nous restait lorsque nous
sommes arrivés, dès les premiers jours, c'était ou bien de
signer ça ou alors de placer le projet tel qu'il avait été
établi, littéralement en l'air.
Ce projet avait été préparé par le
gouvernement précédent. Les travaux de préparation de
l'usine, les devis, les contrats juridiques, les contrats de financement ont
été en totalité préparés par eux, et je
pense que le gouvernement précédent porte la totale
responsabilité de ce qui s'est fait à ce moment-là.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais porter à
votre attention que le ministre des Finances vient de contredire le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. De la façon qu'il a
décrit les contrats préparés par le gouvernement
libéral, ils avaient été préparés d'une
façon si impeccable qu'il était dans l'obligation de les
signer.
Ce n'est pas le temps de soulever une question de privilège mais
je pourrais aviser le ministre des Finances que je suis prêt à
faire un débat avec lui n'importe quand sur le fait qu'il était
en mesure de changer les
conditions de garanties de financement, ce qui aurait
épargné beaucoup d'argent au gouvernement du Québec.
M. Parizeau: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de privilège, M. le ministre des Finances. À
l'ordre! S'il vous plaît!
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais rappeler ici
que, lorsqu'on prépare un financement international comme celui qui
avait été préparé par le gouvernement
précédent et qu'on a accordé un certain nombre d'avantages
à caractère financier à ces groupes, si, à la
dernière minute, le gouvernement qui change contredit à la fois
les échanges de lettres, les lettres d'intention échangées
entre les groupes, d'une part, il fiche tout en l'air et, d'autre part, soit
dit en passant, il donne un sacré nom à l'État du
Québec et au gouvernement qui le dirige.
M. Ciaccia: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! J'accepte votre question de privilège mais une
question de privilège ne doit pas engendrer de débat de quelque
côté que ce soit. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, en aucun moment ai-je
suggéré que le ministre des Finances aurait pu mettre de
côté unilatéralement les conditions de garanties de
prêts. Ce que j'ai suggéré, c'est que les conditions de
garanties, aussi longtemps qu'elles n'étaient pas signées par le
gouvernement du Québec, auraient pu être
renégociées, à ce moment-là, par le ministre des
Finances. Question supplémentaire...
Des voix: Très bien! Très bien!
M. Parizeau: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre! S'il
vous plaît! Je viens de dire qu'une question de privilège ne doit
pas engendrer de débat de quelque côté que ce soit. Il est
évident que pour juger d'une question de privilège, je dois
l'entendre, mais j'avise tout de suite que j'appliquerai le règlement et
qu'il ne doit pas y avoir de débat sur le même sujet à
partir d'une question de privilège. M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je soulève cette
question de privilège parce qu'à mon sens ce que vient de dire le
député de Mont-Royal est inexact. Il ne rapporte pas correctement
les faits. Je conclurai simplement en disant ceci: C'est qu'il n'y avait aucun
moyen pour moi de modifier ce système de garanties qui avaient
été données. Je tenais simplement à faire cette
rectification.
Une voix: Ce n'était pas une question de privilège
du tout.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal sur une question additionnelle ou
complémentaire?
M. Ciaccia: Question additionnelle, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Additionnelle.
M. Ciaccia: Question additionnelle au ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme. Toutefois, M. le Président, je vous rappelle
que je ne suis pas d'accord avec le ministre des Finances sur ses
déclarations.
Je voudrais demander au ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, tellement soucieux des travailleurs sur la Côte-Nord, chez
SIDBEC-Normines, s'il travaille vraiment à des solutions et des
recommandations qui lui ont été suggérées à
la commission parlementaire? Plusieurs lui ont été
suggérées. Des recommandations et des solutions de rechange ont
été faites au gouvernement. Est-ce que le ministre pourrait nous
expliquer, avec tout le souci et toute l'attention qu'il porte à ce
dossier -j'espère une attention complète - pourquoi les citoyens
d'Action Côte-Nord lui ont envoyé deux télégrammes,
lui demandant de le rencontrer en disant ceci: "Depuis la commission
parlementaire traitant du dossier SIDBEC-Normines, aucune solution n'a
été avancée de la part de votre ministère. (16
heures) "Le 24 janvier dernier, nous vous avons fait parvenir un
télégramme concernant votre empressement à nous rencontrer
avant la fin de janvier. Aucune suite ne fut donnée à ce
télégramme, sauf un accusé de réception
téléphonique de M. Gilles Vincent. M. le ministre, l'urgence
d'une rencontre ne fait plus aucun doute. Les travailleurs des villes nordiques
s'interrogent sérieusement sur leur avenir. Et je crois qu'il repose en
grande partie sur votre ministère. D'ici le 5 mars 1983, nous exigeons
une réponse favorable. Signé: Jean-Claude Ménard,
président, Action Côte-Nord de Fermont. "
Est-ce que le ministre peut nous expliquer pourquoi il ne veut
même pas rencontrer les gens et discuter, leur donner un peu d'espoir? Si
le programme du premier ministre donnait un peu d'espoir aux jeunes,
je peux vous dire que la réponse du ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme sème le désespoir parmi les gens qui sont
impliqués.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: Je voudrais dire au député de Mont-Royal
que les représentants des travailleurs de SIDBEC et de SIDBEC-Normines,
à notre point de vue, sont leurs représentants élus,
c'est-à-dire les représentants syndicaux des travailleurs de
SIDBEC et de SIDBEC-Normines. C'est avec eux que nous discutons constamment,
peut-être même chaque semaine, avec les représentants des
travailleurs de SIDBEC et de SIDBEC-Normines, et ce sont eux qui sont au
courant de l'évolution du dossier, des décisions qui sont prises
par SIDBEC en vue d'essayer de minimiser les coûts et de baisser les
frais d'activités. Donc, nous travaillons en collaboration avec les
représentants des travailleurs. Ils sont avisés au fur et
à mesure des décisions et c'est même avec eux que nous
prenons ces décisions. Nous respectons, bien sûr, les travailleurs
à ce sujet et, encore une fois, je répète au
député de Mont-Royal qu'il n'y aura pas de décision prise
à l'emporte-pièce, sur un coin de bureau, sans prendre le temps
d'étudier comme il faut ce qui arrivera dans le dossier et, lorsque les
décisions seront prises, au fur et à mesure - comme on a pris
déjà plusieurs décisions depuis le début du mois de
janvier - nous en aviserons les représentants des travailleurs de
même que la population en conséquence.
M. Ciaccia: M. le Président, j'aurais une question
additionnelle.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal, une dernière question.
M. Ciaccia: Est-ce que cela veut dire que le ministre de
l'Industrie et du Commerce n'écarte pas la possibilité de la
fermeture de SIDBEC-Normines?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Biron: M. le Président, je pense qu'on a pris une
décision à ce sujet, ici à l'Assemblée nationale,
au cours du mois de décembre, si je ne me trompe, disant que, tant et
aussi longtemps que dureraient les négociations et tant et aussi
longtemps que nous pourrions voir un espoir de régler le problème
d'une façon définitive sans que cela coûte trop cher
à la population du Québec, nous allions essayer de continuer les
activités à 3 300 000 tonnes. C'est exactement ce qui a
été décidé à l'Assemblée nationale et
je pense qu'on va respecter les décisions qui sont prises par le
gouvernement à ce sujet.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Outremont, question principale.
M. Fortier: J'ai une question, M. le Président, pour le
ministre des Finances. Est-ce qu'il est toujours ici?
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
La baisse des prix du pétrole
M. Fortier: M. le Président, on se dirige rapidement vers
une baisse extrêmement importante du prix mondial du pétrole qui
exigera, selon plusieurs experts, des modifications très importantes
à la politique nationale de l'énergie. Je parle de la politique
nationale canadienne.
Par ailleurs, on sait l'impact bénéfique qu'une baisse du
prix du pétrole pourrait avoir sur l'économie canadienne et,
incidemment, sur l'économie québécoise. On pourrait penser
d'ailleurs que cet impact serait encore plus bénéfique au
Québec, parce que les prix du pétrole canadien sont
augmentés considérablement par la taxe ascenseur et que cet
impact devient un impact négatif surtout dans plusieurs régions
du Québec.
En effet, l'étude du Conseil économique du Canada qui a
été rendue publique hier nous dit que, et je cite le Devoir
d'hier: "... une chute des prix du pétrole stimulerait la croissance
économique... ". J'aimerais savoir du ministre, en sa qualité de
président du Comité de développement économique du
cabinet, lors de la réunion des ministres des Finances de la semaine
dernière ou à d'autres moments, s'il a fait des
représentations dans ce sens, dans le sens de demander que, s'il y a une
modification importante à la politique nationale de l'énergie,
les meilleurs intérêts du Québec soient
protégés et qu'ainsi nous puissions voir la lueur d'un
début de développement économique au Québec.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je ne pense pas qu'en soi,
le phénomène dont vient de parler le député
d'Outremont sera responsable d'un début de croissance économique
du Québec. S'il veut me dire que, effectivement, des prix plus bas de
l'énergie suscitent une croissance plus accélérée,
j'en conviens volontiers.
Les difficultés que nous avons entre ministres des Finances,
à l'heure actuelle,
c'est que trop de choses sont dans l'incertitude. On comprend fort bien
entre nous l'importance du débat. Il est clair que pour deux d'entre
nous, le ministre des Finances de l'Alberta et le ministre des Finances du
gouvernement fédéral, n'importe quelle renégociation de
l'entente Alberta-Ottawa a des conséquences financières
énormes. Ce sont eux qui sont d'abord et avant tout visés, non
pas tellement en termes de croissance économique mais sur le plan de
leurs propres finances.
D'autre part, nous ne pouvons pas encore discuter entre nous de ce qui
va se produire dans les mois qui viennent. On a été très
tentés bien sûr, à notre dernière réunion,
lundi, de discuter de la question, mais comme la rencontre de l'OPEP avait lieu
et qu'on n'a toujours pas les conclusions de cette rencontre, cela paraissait
tout à fait aléatoire. Il va falloir, je pense, dans les semaines
qui viennent - je pense que tout le monde est d'accord là-dessus -
sérier les problèmes. Qu'arrivera-t-il au prix international? Par
rapport à cela, qu'arrivera-t-il au prix canadien et donc à
l'entente Alberta-Ottawa, d'abord et avant tout? Une fois que cela sera
clarifié, il sera plus facile de connaître l'impact possible d'une
chute éventuelle du prix de l'énergie sur la croissance
économique et de quelle façon on est le mieux à même
d'en profiter. Il faut d'abord que ces décisions-là se prennent,
autrement on est complètement dans un cas hypothétique. Je crois
que tous les ministres des Finances, à l'heure actuelle, au Canada,
reconnaissent qu'il va falloir attendre au moins quelques semaines avant que la
question soit éclaircie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais préciser,
pour la compréhension du ministre qui n'a peut-être pas lu le
rapport, que contrairement à ce qu'il croit, et je cite ici
l'étude qui a été rendue publique par M. Patrick Robert:
"une chute du cours du pétrole entraînerait une hausse de 2, 5% du
produit national brut d'ici 1986". On parle réellement d'une reprise de
développement économique basée sur une baisse du
pétrole et que la relance se ferait dans l'immédiat. Je sais bien
- parce que j'ai eu l'occasion d'aller à Edmonton dernièrement -
qu'il y a un débat entre l'Alberta, qui voudrait voir le prix du
pétrole monter le plus haut possible, et le cabinet
fédéral, qui s'interroge sur la meilleure position à
prendre.
Ma question était celle-ci: Qui va prendre la défense des
intérêts du Québec? Le ministre nous dit de laisser le
ministre des Finances de l'Alberta se disputer avec le ministre des Finances
canadien et après cela, nous connaîtrons les conséquences
pour le
Québec. Je me demande pourquoi le Québec n'est pas
présent dans ce genre de débat. Pour quelle raison ne
faisons-nous pas de représentations qui nous permettraient d'avoir un
développement économique? Pour quelles raisons ne prend-il pas
position pour défendre nos intérêts?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, pour ce qui a trait à
la croissance économique, le député d'Outremont dit la
même chose que moi. Il cite un rapport indiquant qu'il serait
susceptible, sur une période de quatre ans, d'avoir un impact de 2, 5%
sur la croissance. Mais oui, bon, cela fait 0, 6% par année. J'imagine
que la croissance économique, au cours des quatre prochaines
années, sera quand même un peu supérieure.
M. Fortier: Excusez-moi, M. le ministre. J'aimerais simplement
préciser que le rapport...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Outremont.
M. Fortier:... qu'est-ce que cela aurait été
autrement? C'est donc 2, 5% de plus.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: Je recommence ma petite démonstration. Si
c'est 2, 5% jusqu'en 1986, cela fait 0, 6% par an. J'imagine que le
député d'Outremont pense que la croissance économique au
Québec et au Canada a des chances d'être supérieure
à 0, 6%. Il va y avoir des facteurs de relance autres que
celui-là. Je conviens avec lui cependant qu'il vient possiblement
s'ajouter aux autres. C'est tout ce que je voulais dire.
D'autre part, pourquoi est-ce que je ne participe pas, pour
défendre les intérêts du Québec, aux conversations
entre le ministère de l'Énergie fédéral et le
ministère impliqué en Alberta? Pour une raison très
simple, c'est qu'ils ne veulent pas me voir. C'est une excellente
explication.
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Parizeau: II est évident que tout changement dans la
politique nationale de l'énergie a, sur les finances
fédérales, sur les finances de l'Alberta et, incidemment, de la
Saskatchewan, un impact financier majeur. Ils ont toujours
négocié cela ensemble. Ils vont continuer de le négocier
ensemble, et je les comprends fort bien. Il y a des limites à vouloir
faire les "busy body". Cela les concerne et cela doit les concerner.
(16 h 10)
D'autre part, qu'est-ce qui nous intéresse finalement, au
Québec, et qu'est-ce qu'on a à surveiller, à
défendre? C'est de faire en sorte que, compte tenu des circonstances,
l'énergie, particulièrement à des fins industrielles,
coûte le meilleur marché possible. Pour qu'on puisse
défendre une position comme celle-là, il faut avoir un certain
nombre de précisions quant aux données fondamentales du
problème, que nous n'avons pas encore et que nous ne pouvons pas avoir,
au moment où on se parle. Cela va se clarifier rapidement. Il est
évident qu'à ce moment-là, on essaiera de défendre
les intérêts québécois, soit dit en passant,
puisqu'on veut rester dans l'énergie, aussi solidement qu'on vient de
les défendre dans le dossier de Pétromont. Nous ne nous faisons
aucune espèce d'illusion. Si le gouvernement fédéral a
finalement cédé, dans une opération d'aide à
Pétromont dans le domaine de la pétrochimie, à
Montréal, comme il vient de le faire, avec une participation
équivalente du gouvernement du Québec, c'est que le gouvernement
du Québec s'est battu dans ce dossier depuis des mois et, finalement,
avec l'aide d'un certain nombre de compagnies impliquées dans le projet,
a convaincu Ottawa qu'en dépit des intérêts d'Edmonton et
en dépit des intérêts de Sarnia, il fallait faire quelque
chose ici. Nous nous battons pas mal du tout, M. le Président. Encore
faut-il qu'on sache à l'égard de quoi on se bat. Dans le domaine
que soulève le député d'Outremont, on ne le sait pas
encore. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Outremont, deuxième question additionnelle.
M. Fortier: M. le Président, j'aurais cru qu'une
redéfinition de la politique nationale de l'énergie qui,
même s'il y a des problèmes économiques, est avant tout un
problème extrêmement politique au pays, commanderait au
gouvernement du Québec de se prononcer sur un débat aussi
important pour le Québec, même s'il concerne deux autres
provinces. Justement en ce qui concerne Pétromont, la seule solution que
nous avons présentement et qui a été mise de l'avant est
une solution à court terme. Il va falloir qu'à l'avenir une
redéfinition de la politique nationale de l'énergie prenne en
considération le fait important que le pétrole sert justement aux
usines pétrochimiques et que nous puissions finalement avoir des usines
pétrochimiques au Québec.
Voici ma question: Le ministre ne croit-il pas que ce débat est
assez politique pour que le Québec s'exprime publiquement sur cette
question?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, bien sûr, l'aide
accordée à Pétromont est à court terme, mais c'est
quand même mieux que de fermer l'usine. Ce que nous demandons instamment
au gouvernement fédéral depuis deux mois, c'est qu'il
définisse une politique de prix de ce qu'on appelle les "feed stocks",
les matières premières pour les usines pétrochimiques,
qu'il ait une politique à cet égard. Jusqu'à maintenant,
il ne l'a pas définie. Mais au moins il a accepté de ne pas
laisser Pétromont s'écrouler et, d'autre part, il a
accepté d'organiser une sorte de "task force" pour examiner la question
des matières premières dans l'industrie pétrochimique. Je
répète que, sans des interventions continues du gouvernement de
Québec dans ce dossier, le résultat, on ne l'aurait jamais
eu.
Est-ce que cela vaut la peine d'un débat public, la politique de
l'énergie? Mais bien sûr que cela vaut la peine d'un débat
public: encore faut-il que ce débat public puisse s'appuyer sur des
choses connues. Or, à l'heure actuelle, nous avons un groupe en Europe
qui ne sait pas encore - enfin, en date de ce matin - à quel prix le
pétrole international sera vendu. Ils n'ont pas encore
déterminé leurs quotas. Nous n'avons aucune espèce
d'idée si le résultat des jours actuels sera de fixer le prix du
pétrole à 29 $ ou à 25 $. On ne sait même pas encore
s'ils arriveront à s'entendre. D'autre part, les gens directement
impliqués de l'Alberta et du gouvernement fédéral,
à cause de cela, ne savent même pas par quel bout prendre le
problème. On conviendra que la meilleure façon d'avoir un
débat public, c'est d'attendre que la poussière retombe et,
à ce moment-là, définir des objectifs de politique et
essayer d'obtenir du gouvernement fédéral quelque chose qui soit
aussi favorable que possible pour nous, dans le sens où, jusqu'à
maintenant, nous avons procédé dans le dossier Pétromont.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie, question principale.
La municipalité régionale de
comté de Champlain
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Ma question
s'adresse au ministre des Affaires municipales. Le 21 décembre dernier,
le gouvernement constituait par décret la MRC, ou municipalité
régionale de comté de Champlain, regroupant les villes de
Brossard, Greenfield Park, Lemoyne, Longueuil, Saint-Hubert et Saint-Lambert.
Dans son contenu, ce décret du gouvernement a ignoré, de
façon flagrante, le consensus unanime auquel étaient
arrivés, après discussions et compromis, les six
maires des villes concernées, lors d'une réunion tenue le
16 juin 1982 sous la présidence du représentant du
ministère, et dont le ministre ne pouvait ignorer l'existence.
Ma question comporte trois volets. Premièrement, pourquoi le
gouvernement, sur votre recommandation, a-t-il ignoré le consensus
unanime de juin 1982 des maires quant à la formule de la
représentativité des villes au conseil de la MRC?
Deuxièmement, qu'est-ce qui a justifié le délai de plus de
six mois entre le 16 juin et le 21 décembre avant que le gouvernement
n'émette son décret pour constituer la MRC de Champlain?
Troisièmement, à quoi a bien pu servir toute cette consultation
et toute cette concertation entre les villes si le gouvernement n'avait pas
l'intention de donner suite au consensus des maires et s'il avait
décidé, de toute façon, d'appliquer sa solution de
façon unilatérale, autoritaire et même contraire à
la consultation et aux recommandations unanimes des maires? Est-ce là le
respect de l'autonomie municipale que prêche le ministre depuis si
longtemps?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Léonard: M. le Président, je remercie le
député de sa question, cela va me permettre de faire le point sur
le découpage du territoire des municipalités régionales de
comté. Il y a eu 1500 municipalités...
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Léonard: 1500 municipalités ont
été impliquées dans cette consultation qui, rappelons-le,
a été faite avec les unions et les représentants des
unions.
M. Saintonge: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de règlement, M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, je pense qu'à la
suite d'une question posée par un député de l'Opposition
le ministre doit répondre à la question telle que
formulée. Les autres MRC, il y en a plusieurs et on y reviendra, M. le
ministre.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Léonard: On a parlé du non-respect du consensus
des élus, je pense qu'il faudrait aussi noter que, parmi les 1500
municipalités impliquées, plus de 95% ont vu leur désir
respecté.
Des voix: Ah!
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Léonard: Effectivement, il y a une douzaine de cas dans
la balance mais, quand même, par rapport à certains
impératifs, il convenait de statuer. En ce qui concerne la
municipalité régionale de Champlain...
Des voix: Ah!
M. Léonard:... on fait état d'un consensus unanime
qui aurait existé depuis le 16 juin. Je voudrais faire remarquer que, si
le député connaissait le milieu, il saurait que le consensus
unanime n'était pas aussi fort qu'il l'a dit ici.
M. Saintonge: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Question de privilège, M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Je ferai remarquer au ministre que je connais le
milieu. Je tiens à le prévenir aussi que j'ai rencontré
les six maires en question.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires municipales. À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Léonard: II y a eu de longues discussions sur ce
dossier, sur le nombre de voix à accorder à chacune des
municipalités à l'intérieur de la municipalité
régionale de comté de Champlain. Effectivement, entre le mois de
juin et le mois de décembre, il y a eu des pourparlers qui ont
duré tout le long, là-dedans. Dans le dossier de la
municipalité de Longueuil, il y a eu des discussions à
l'intérieur même du conseil municipal, le maire étant d'un
avis et les conseillers municipaux, de l'autre. Il y a eu aussi des
élections où les tenants d'une option ont gagné
l'élection avant que le décret ne soit émis. Finalement,
compte tenu de leur position dans le dossier et du fait que la ville de
Longueuil représentait près de 50% de la population de toute
cette MRC, nous lui avons accordé quatre voix.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie, question additionnelle.
M. Saintonge: Je comprends que le
ministre ne reconnaît pas les étapes de la consultation
telles que mises sur pied par le secrétariat à
l'aménagement. Je vais lui parler des réunions
subséquentes au 16 juin.
Une voix: Question.
M. Saintonge: A-t-il été porté à la
connaissance du ministre ou est-ce sur sa demande que le premier ministre, le
député de Taillon, dont fait partie Longueuil...
Des voix: Ah!
M. Saintonge:... a rencontré, avec le
député-ministre de Marie-Victorin, également de la
circonscription qui englobe Longueuil...
Des voix: Ah!
M. Saintonge:... le maire de Longueuil, son adversaire
éventuel aux élections de Longueuil, le maire de Brassard et
également le maire de Saint-Hubert pour discuter de la question de la
MRC? Cette réunion a eu lieu le 13 septembre dernier. A-t-il
été porté à la connaissance du ministre qu'à
cette époque, le premier ministre aurait demandé aux gens de
Longueuil de ne pas faire un enjeu de la campagne électorale cette
discussion de la MRC, contrairement à ce que le ministre vient
d'affirmer?
Des voix: Ah!
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
(16 h 20)
M. Saintonge: La recommandation finale pour le décret
vient-elle du ministre des Affaires municipales ou ne vient-elle pas
plutôt des députés de Taillon et de Marie-Victorin et de la
ville de Longueuil, considérant que Longueuil a été
clairement avantagée par rapport aux autres villes.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Votre question, s'il vous
plaît, M. le député.
M. Saintonge: C'est ma question, M. le Président.
Également, est-ce que c'est cela qui explique l'aveu de deux
représentants du ministère, aux représentants de la MRC,
que toute la question de la représentativité au conseil de la MRC
était une question purement politique et n'était pas
discutable?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Léonard: Qu'il y ait eu des rencontres dans le
territoire ou dans tout le Québec à l'occasion du
découpage des territoires des municipalités régionales de
comté, c'est évident, nous l'avons toujours affirmé. Il
s'agissait d'un débat au niveau local, au niveau régional et je
pense que cela a été tout à fait normal que cela se soit
passé ainsi. Que de telles rencontres aient eu lieu au cours de la
période ou même avant le 16 juin, dans le territoire de la
municipalité régionale de comté de Champlain, c'est
évident qu'il y en a eu. C'était cela, l'opération.
Maintenant, qu'il y ait eu, jusqu'à un certain point, un moratoire sur
ce sujet durant l'élection, je pense bien qu'il s'agissait d'un
consensus qui peut avoir existé entre les candidats aux postes de
conseiller et de maire de la ville de Longueuil. Moi, je ne vois rien là
qui aille mal. Au contraire, je pense qu'il s'agit là justement d'une
façon de procéder où on a voulu respecter le débat,
les enjeux du débat et se donner aussi des procédures et des
façons de procéder pour en arriver à une
recommandation.
Quant à nous, à la suite de toutes ces consultations,
après l'élection, au ministère, nous avons
évalué la situation, nous avons recommandé de donner
quatre voix à la ville de Longueuil, ce que nous maintenons.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie, question additionnelle.
M. Saintonge: M. le Président, le ministre n'a quand
même pas répondu à ma question. Est-ce que c'était
à sa connaissance, à sa demande que la rencontre a eu lieu au
bureau du premier ministre, premièrement? Deuxièmement, quand le
ministre...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Saintonge: Je vais répéter, M. le ministre.
Est-ce que c'était bien à votre connaissance, à votre
demande que la réunion a été convoquée au bureau du
premier ministre pour discuter du cas? Est-ce que c'est normal que, dans une
élection dans une municipalité, le maire et un adversaire
éventuel à Longueuil puissent décider de reporter de six
mois le décret de la MRC? Est-ce que c'est normal comme cela? C'est
comme cela, la consultation municipale? Que faites-vous des cinq autres villes
impliquées et du consensus des maires qui voulaient simplement admettre
Longueuil dans un cadre très précis et très restreint,
c'est-à-dire pas plus que tant de voix à Longueuii, et aussi
qu'un minimum de trois municipalités puisse s'opposer à toute
décision, ce qui n'est pas le cas actuellement avec la décision
prise par le ministre?
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question, s'il vous plaît!
M. Saintonge: Maintenant, le ministre pourrait également
me dire...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît;
S'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon):... une réponse sur cette
fameuse rencontre, plutôt que de tourner autour du pot, serait de me
poser la question.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie, s'il vous plaît, si vous voulez poser
votre question.
M. Saintonge: C'est ce que je fais, M. le Président. Ma
question, cela fait trois fois que je la pose au ministre et il n'a pas
répondu. Si le premier ministre a des commentaires à faire sur la
rencontre, qu'il les fasse, ce sera bienvenu, on les entendra.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, c'est vrai
que, depuis un bon bout de temps, dans l'immense majorité des cas, mais
il y a toujours des points d'accrochage, il y avait du tiraillement autour de
cette MRC de Champlain dont la pièce maîtresse, avec deux autres
pièces extrêmement importantes, c'est la ville de Longueuil, c'est
à peu près la moitié de toute la population, puis
Saint-Hubert et Brossard. À un moment donné, c'est sûr...
Soit dit en passant, la ville de Longueuil inclut deux comtés
provinciaux, c'est-à-dire le comté de Taillon et le comté
de Marie-Victorin.
M. Bourbeau: Question de privilège.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de privilège, M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Le premier ministre vient d'insulter les
électeurs de Laporte, M. le Président, et je voudrais lui
signaler qu'il y a au moins 8000 électeurs de Longueuil qui sont dans le
comté de Laporte.
M. Bertrand: Ils ne demandent pas mieux que de revenir dans
Taillon.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): Ils doivent s'ennuyer des deux
autres comtés, mais enfin. Très simplement, M. le
Président, donc, l'essentiel de la ville de Longueuil est divisé
entre deux comtés, soit celui de Taillon et celui de Marie-Victorin.
À un moment donné, d'une façon qui nous paraissait
extrêmement normale, peut-être que les députés de
l'Opposition pourront en prendre exemple, on nous a demandé si on ne
pouvait pas essayer de voir comment, surtout à la veille des
élections municipales, il y avait moyen de passer à travers cette
période sans que cela devienne un cas d'espèce dans une campagne
électorale municipale, parce que cela faisait des mois que cela
traînait. Comme l'a dit le ministre des Affaires municipales, il y avait
ce cas à Longueuil où le maire était d'une opinion, avait
négocié certains arrangements avec l'ensemble des maires
concernés, et la majorité du conseil - y compris le conseiller
qui, aujourd'hui, est devenu le maire - était d'une autre opinion. Nous
avons demandé -nous avons suggéré, en fait - si à
Longueuil on ne pourrait pas avoir un moratoire là-dessus pendant la
campagne municipale -c'était à eux de décider, ce n'est
pas à nous de faire des campagnes municipales - de façon à
pouvoir se revoir, de façon à pouvoir revoir toute la question
à tête reposée après les élections
municipales. C'est ce qui est arrivé et ce qui est arrivé aussi,
c'est forcément que la nouvelle administration municipale de Longueuil,
trouvant que ce qui avait été' négocié avant
était parfaitement inéquitable pour la ville de Longueuil, a fait
des représentations au ministère en disant: Donnez-nous quand
même - là, on n'a pas eu à s'en mêler - une
représentation un peu plus représentative, justement, des poids
relatifs à l'intérieur de la MRC. C'est ce qui a
été fait et je pense que c'est très sain, à la fois
comme processus et comme décision.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie, question additionnelle.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Le premier ministre
a répondu d'une certaine façon, mais il a dit: On a
demandé un moratoire. Je voudrais savoir qui a demandé le
moratoire. À ma connaissance, aucune des cinq autres villes, à
part Longueuil, ne voulait le moratoire en question ni n'était d'accord
pour l'obtenir, suivant la décision prise par le consensus unanime des
maires.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je vais être plus
précis, puisque le député m'a mal compris -c'est
peut-être ma faute. Je pense que la suggestion est venue des deux
adversaires eux-mêmes et on l'a endossée, Dieu sait, en leur
disant: Oui, on espère que vous allez faire cela. C'était pour la
ville de Longueuil où il y avait une distorsion entre le maire et la
majorité du conseil et qui s'en allaient en élections. Ce qui a
été suggéré par eux-mêmes, si j'ai bonne
mémoire - et Dieu sait qu'on les a encouragés à le faire -
était de laisser ce sujet en dehors de l'élection municipale -
parce que ce n'étaient pas directement des problèmes municipaux -
et de le reprendre, s'ils le voulaient bien, après
l'élection municipale. C'est tout.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie, votre dernière question.
M. Saintonge: Question additionnelle. Dans ce cas, si le
moratoire a été demandé par Longueuil, pourquoi le
ministère a-t-il mis six mois à rendre sa décision?
C'était tout simplement de la consultation. Le consensus des maires
était ce qui faisait foi de la discussion. Le consensus était
unanime au mois de juin. Premièrement, vous avez retardé de six
mois pour donner un moratoire en septembre, comme Longueuil l'avait
demandé, mais il reste quand même qu'il y a eu trois mois
d'écoulés sans décision. Après ce moratoire et
sachant que le nouveau maire de Longueuil n'était pas d'accord sur la
représentativité incluse dans la proposition de juin, comment le
ministre peut-il expliquer qu'il n'a pas revu les maires des cinq autres
municipalités avec le maire de Longueuil pour tenter d'établir un
nouveau consensus et une nouvelle décision? Cela n'a pas
été fait d'aucune façon. Comment le ministre peut-il
expliquer que certains maires n'aient reçu - à la suite du
décret du 21 décembre - le décret en question que le 12
janvier et, dans un cas particulier, la veille de la réunion de la MRC
qui était prévue pour le mardi, 18 janvier. Le maire d'une des
municipalités a reçu le décret simplement à la
veille de cette réunion. Est-ce normal, M. le ministre? Et pourquoi n'y
a-t-il pas eu d'autres réunions avec l'ensemble des municipalités
et les six maires pour discuter du consensus éventuel à
établir? Je demanderais également au ministre s'il a l'intention
de démontrer maintenant sa bonne foi vis-à-vis des villes
concernées. Peut-il s'engager, devant cette Chambre, à rencontrer
les représentants des villes concernées et à discuter de
tout changement nécessaire à apporter aux lettres patentes, s'il
y a lieu, et au décret ou, à tout le moins, à rechercher
un nouveau consensus? Et cette fois, le ministre accepterait-il d'inviter
à cette réunion tous les députés concernés,
dont une des municipalités est dans la MRC de Champlain, et non
seulement les députés ministériels?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Léonard: M. le Président, le
député doit savoir que ce qui était le point d'accrochage
pour en arriver à l'émission des lettres patentes de la
municipalité régionale de comté de Champlain était
la représentation de Longueuil à l'intérieur du conseil,
et c'est ce qui a pris du temps. Le premier ministre a très bien
expliqué qu'à l'intérieur même de la ville de
Longueuil, on ne s'entendait pas là-dessus, à savoir si on
voulait trois voix ou quatre voix à l'intérieur du conseil. C'est
ce qui a été le sujet de la discussion tout au long des six mois
dont a parlé le député. C'est un point fondamental et on a
vu comment la situation, finalement, s'est dénouée, au mois de
novembre ou décembre, à la minute où nous avons
émis les lettres patentes et le décret. Je pense que
c'était cela, le point d'accrochage par rapport aux autres
municipalités qui, elles, n'avaient pas de revendications majeures
à faire, sauf sur le point qui concernait Longueuil. Alors, il faut bien
saisir cet aspect des choses. Cela était le point d'accrochage dans
Longueuil. (16 h 30)
Dès que les gens de Longueuil, vers le mois de septembre ou
quelque part par là, ont décidé de ne pas trancher
immédiatement la question entre eux, mais d'attendre après le
résultat des élections, cela nous a reportés
automatiquement au mois de novembre. Par ailleurs, on me pose la question:
Comment se fait-il que les lettres patentes n'aient été
émises que le 12 janvier? Je pense qu'il s'agit d'un délai... Le
député a très bien mentionné que le décret a
été adopté le 21 décembre, donc à la toute
veille des fêtes. Normalement, les délais de correspondance ont
fait que les gens ont été avertis vers le 12 janvier. C'est la
seule explication que je trouve pour le moment; je ne vois pas de délai
indu compte tenu de la période des vacances des fêtes.
En ce qui concerne toute la question, je pense que le gouvernement,
après avoir attendu les élus de la municipalité
régionale de comté de Champlain pendant six mois pour prendre une
décision, l'a prise finalement au mois de décembre en toute
connaissance de cause. Je ne vois pas qu'on ait à revenir sur cette
question à l'heure actuelle; par ailleurs, je suis toujours prêt
à rencontrer les maires pour en discuter et pour voir dans quelle mesure
il y a des modalités qui pourraient se modifier là-dessus. Mais
quant à ces éléments du décret, il n'y a pas lieu
d'en changer à l'heure actuelle. Nous avons déjà pris
beaucoup de temps là-dessus. Je rappellerai que la Loi sur
l'aménagement a été adoptée en décembre
1979. Nous avions permis trois ans pour faire le découpage, ce que
certains avaient trouvé très long, mais finalement nous sommes
arrivés, au bout de trois ans, à le faire. Il ne faudrait quand
même pas recommencer.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Matapédia.
Le bois d'oeuvre canadien exporté aux
États-Unis
M. Marquis: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Énergie et des Ressources. Hier matin, le
département
du commerce américain a rendu une décision
préliminaire négative à la requête d'une coalition
comptant plus de 650 industriels du sciage des États-Unis, groupe qui
réclame une surtaxe de 65% sur le bois d'oeuvre canadien en
alléguant une aide déloyale des gouvernements
fédéral et provinciaux. Peut-on connaître la
réaction du ministre de l'Énergie et des Ressources à la
suite de cette décision ainsi que les aspects positifs qu'elle comporte
tant pour les industriels du sciage que pour l'industrie des pâtes et
papiers au Québec?
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Duhaime: M. le Président, c'est bien sûr avec
beaucoup de plaisir et de soulagement, je dirais, que nous avons accueilli hier
après-midi cette décision préliminaire de ce qu'on appelle
l'ITA ou l'International Trade Association du département du commerce
des États-Unis qui, en gros, sur un plan provisoire, statue que les
droits de coupe que nous appliquons ici au Québec ne constituent pas une
discrimination sur le plan commercial et que ces droits étant
inférieurs à 1/2 de 1%, il n'y avait pas lieu de donner suite
à la requête des requérants américains qui avaient
déposé cette plainte en protestation. Durant les prochains jours
- je crois que le délai est de 75 jours - les délégations
de cette commission américaine viendront non seulement au Québec,
mais en Ontario, en Colombie britannique principalement, pour vérifier
les allégations de la réponse à la requête que nous
avons portée devant l'administration américaine. Nous attendons
une décision finale au début de juillet, je crois que c'est le 7.
Bien sûr que nous sommes contents de ce côté et on l'est
aussi du côté de l'industrie du sciage puisque le
débouché américain constitue le débouché
vital pour beaucoup d'entreprises québécoises, principalement
celles qui oeuvrent dans le secteur de l'industrie du sciage comme tel.
Il est bien évident que le grand danger de toute cette affaire
devant l'administration américaine est de créer un
précédent qui aurait pu ou qui risquerait, le cas
échéant, d'avoir un effet d'entraînement sur la
problématique des droits de coupe que nous pratiquons en ce qui touche
le papier journal et par voie de conséquence, de mettre en danger notre
marché d'exportation vers les États-Unis.
En bref, sans préjuger de ce qui pourrait se passer aux
États-Unis, nous sommes confiants que, d'ici juillet, nous pourrons
réaffirmer notre argumentation et que l'administration américaine
maintiendra la décision préliminaire qui vient d'être
rendue hier.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Fin de la période
des questions.
M. le leader du gouvernement, sur une motion non annoncée.
S'il vous plaît:
Motion pour reporter au 16 mai
le dépôt du rapport de la
commission
d'étude sur le contrôle
parlementaire
de la législation
déléguée
M. Jean-François Bertrand
M. Bertrand: Merci, M. le Président. Le 16 novembre
dernier, j'ai présenté une motion à l'Assemblée
nationale, proposant la création d'une commission d'étude sur le
contrôle parlementaire de la législation
déléguée. Cette motion, à laquelle avaient
acquiescé les membres de cette Assemblée, indiquait que la
commission devait soumettre le rapport de ses travaux au plus tard le 31 mars
1983. Or, j'ai été informé par le président de
cette commission, le député de Trois-Rivières, qu'il
était impossible à la commission de soumettre son rapport
à la date prévue. Conséquemment, je voudrais faire motion
pour que la date de la remise des travaux de la commission d'étude sur
le contrôle parlementaire de la législation
déléguée soit fixée au 16 mai 1983.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saint-Jean, adjoint parlementaire.
M. Lalonde: Est-ce qu'on adopte la motion?
Le Vice-Président (M. Rancourt): C'est évident.
Est-ce que cette motion est adoptée?
M. Lalonde: Je pense qu'il faudrait discuter de la motion qui
vient d'être faite par le leader du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Elle est reçue,
bien sûr.
M. le leader de l'Opposition.
M. Lalonde: On pourrait peut-être entendre le
député de Trois-Rivières, qui est responsable des travaux
et président de cette commission. Ensuite, on avisera.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Trois-Rivières.
M. Denis Vaugeois
M. Vaugeois: M. le Président, je remercie le leader de
l'Opposition de me donner l'occasion de fournir quelques mots d'explications
qui pourraient être complétées d'ailleurs par le
vice-président de la commission, M. le député de
Westmount, s'il
y a lieu, parce que effectivement nous avons convenu de fonctionner sur
une base de coprésidence. Je pense qu'en cette matière, nous
allons peut-être innover, espérons-le.
Ce qui est arrivé est très simple. Nous avons reçu
ce mandat de l'Assemblée nationale à la fin de novembre, alors
qu'on entreprenait le "sprint" de décembre. Il a été
difficile dans les circonstances de recruter le personnel et de faire vraiment
démarrer, avant l'ajournement, les travaux de la commission. C'est en
janvier qu'on a vraiment pu commencer nos travaux. À ce moment, ce sont
les organismes intéressés par le mandat de la commission, les
organismes qui s'intéressent à la réglementation - il y en
a plusieurs, étant donné l'abondance de la réglementation
- qui nous ont demandé un plus long délai. Nous aurions beaucoup
aimé remettre notre rapport à la fin du mois, tel qu'on nous
l'avait demandé. Dans les circonstances, nous croyons plus sage de
profiter d'un délai qui finalement sera raisonnable. Ce sera un
délai d'à peu près un mois et demi, qui nous permettra de
remettre à cette Chambre un rapport que nous croyons plus
étoffé.
Vous permettrez, M. le Président, en même temps de
souhaiter que pendant que notre commission poursuit ce travail sur la formation
éventuelle d'une commission de contrôle de la législation
déléguée, la sous-commission de l'Assemblée
nationale qui elle, devait réfléchir sur une proposition du
leader du gouvernement quant à la formation de nouvelles commissions,
puisse également respecter son échéance. À la
limite, si on nous demandait notre avis, on pourrait autoriser un petit
délai, mais on pensait à l'époque que la difficulté
était plus grande au niveau de la réglementation que du reste,
étant donné le travail fait par tous les membres de cette
Chambre, par les représentants des deux principales formations
politiques.
Les membres de notre commission ont travaillé dans la perspective
d'une réforme des commissions parlementaires. Je me permets
d'évoquer cette question en souhaitant vivement qu'à la reprise
des travaux, vers le 22 mars, nous puissions faire démarrer ces
nouvelles commissions. Nous nous engageons à bien profiter de ce
délai additionnel si l'Assemblée nationale veut bien nous y
autoriser.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader de
l'Opposition.
M. Fernand Laionde
M. Laionde: M. le Président, devant ces explications
étincelantes, nous allons sûrement convenir d'appuyer cette
motion, tout en demandant - le député de Trois-Rivières a
fait référence à la sous- commission de l'Assemblée
nationale qui examine la réforme parlementaire - quand la commission de
l'Assemblée nationale - le leader du gouvernement pourrait
peut-être nous répondre à l'intérieur de ce
débat -sera convoquée. Cette sous-commission aussi a eu les
mêmes problèmes que votre commission, c'est-à-dire qu'on
avait un délai, une échéance - c'est le 15 février,
qu'on me corrige si je me trompe - et on n'a pas siégé depuis le
10 ou le 12 décembre, je demanderais au leader de nous informer quand la
commission de l'Assemblée nationale pourra se réunir pour
redonner un mandat à cette sous-commission, parce que nous avons
l'intention nous aussi de collaborer le plus possible pour faire avancer ses
travaux.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement. (16 h 40)
M. Jean-François Bertrand
(réplique)
M. Bertrand: M. le Président, effectivement et pour toutes
sortes de raisons fort valables - dans certains cas, elles tiennent à
des disponibilités de part et d'autre - et là-dessus, il ne faut
en faire grief à personne, cela tient aussi un peu au fait -
là-dessus, je crois que c'est le leader de l'Opposition qui me l'avait
fait remarquer en commission parlementaire - qu'il y avait déjà
une forme d'accroc à ce qui devait être l'esprit qui
présidait à la réforme parlementaire si le leader
s'arrogeait des responsabilités qui n'étaient pas les siennes. Je
crois que ma responsabilité est d'être présent à ces
réunions quand elles sont tenues et de faire tout en mon possible pour
faire avancer les travaux le plus rapidement possible, du moins du
côté ministériel. Je sais que du côté de
l'Opposition, il y a un travail très sérieux qui s'effectue.
Je veux simplement indiquer que pendant que notre sous-commission ne
siégeait pas en janvier et en février, il y avait un groupe de
travail qui a été formé à la demande de la
sous-commission. Ce groupe de travail, constitué de personnes du parti
de l'Opposition, du parti ministériel et aussi de gens qui oeuvrent dans
différents services de l'Assemblée nationale, avait pour mandat
de faire en sorte que nous puissions reprendre le règlement de
l'Assemblée nationale du Québec au complet et de voir, les
problèmes, qui se posaient, du début à la fin et
même de voir à la limite s'il n'y avait pas possibilité de
réécrire le règlement d'une façon par laquelle nous
arriverions à nous comprendre un peu mieux. Ce travail, qui est un
travail très long à effectuer, selon ce que j'en ai appris, et
qui par ailleurs a sollicité l'attention et l'énergie de
plusieurs personnes qui travaillent autour de nous, avance. Il appert que ces
travaux sont très intéressants et pourront être fort utiles
pour la poursuite
des travaux de la sous-commission.
Pour la sous-commission, il y a quelque chose qu'il faudrait tirer au
clair. Je ne détesterais pas qu'on puisse siéger par exemple la
semaine prochaine, le 23 ou le 24, selon la date à laquelle on
reviendra. Le problème est le suivant. Effectivement, le
député de Marguerite-Bourgeoys vient de poser une bonne question.
Est-ce que la sous-commission qui a reçu un mandat de la commission pour
remettre un rapport le 15 février peut tout de même continuer
à travailler? Si l'Assemblée était d'accord, je pense
qu'on pourrait le faire. Comme l'Assemblée est quand même
maîtresse de ses travaux et décide des travaux des commissions, on
pourrait le faire séance tenante. Je vous renvoie, malheureusement ou
heureusement pour vous et l'Assemblée nationale, la balle. Ce n'est pas
au leader, je crois, de décider de la convocation de cette
sous-commission, mais bien à la présidence de faire en sorte que
nous puissions nous réunir à nouveau. Des deux côtés
de la Chambre, nous espérions pouvoir le faire dans toute la mesure du
possible à quelques occasions d'ici la reprise des travaux de la
nouvelle session. Voila en gros ce que j'avais à dire, M. le
Président. Si on a le consentement, on pourrait peut-être vous
demander de nous inviter à nous réunir de nouveau.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous en prenons bonne
note. Est-ce que cette motion est adoptée?
M. Lalonde: Adopté. M. Bertrand: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Adopté. M. le député de Saint-Jean, adjoint
parlementaire aux Affaires culturelles.
Condoléances à la famille de M. Robert
RumiUy
M. Jérôme Proulx
M. Proulx: M. le Président, au nom du ministre des
Affaires culturelles qui a dû s'absenter pour l'ouverture du salon du
livre à Hull, je veux faire une motion à l'occasion du
décès de M. Robert Rumilly.
Une voix: Consentement.
Une voix: Consentement.
M. Proulx: Nous avons appris hier matin la mort de l'historien,
M. Robert Rumilly. Homme courageux, intellectuel puissant, travailleur
acharné, il a été pour le Québec et il le demeurera
sans doute encore pour très longtemps un signe de ralliement et
d'interrogation. Auteur prolifique, il a rédigé et signé
près de 100 volumes sur l'histoire de notre peuple. Ce que je voudrais
dire au nom des Québécois et des Québécoises, c'est
que Robert Rumilly, l'historien, l'intellectuel engagé aura
contribué d'une façon méritoire à établir
dans le domaine de la recherche historique des méthodes qui font foi
d'un travail incessant et d'une exigence exceptionnelle. C'est donc au nom des
Québécoises et des Québécois que je veux lui rendre
un hommage exceptionnel en cette Assemblée nationale, en soulignant son
apport à la connaissance que nous avons aujourd'hui du peuple que nous
sommes et du pays que nous habitons.
Il aura permis à des milliers et des milliers de
Québécois et de Québécoises de mieux
connaître leur histoire nationale. Tous auront retenu en particulier son
oeuvre monumentale sur la vie et l'oeuvre de Maurice Duplessis. Quant à
moi, tout ce que j'ai appris du XIX siècle en particulier sur
Honoré Mercier, Henri Bourassa, Louis-Joseph Papineau, Wilfrid Laurier,
Camilien Houde, Mgr Laflèche, Chauveau, Félix-Gabriel Marchand,
c'est dans ses oeuvres que je l'ai appris, et ce sont ses oeuvres que je
continue à lire aujourd'hui.
En conclusion, je voudrais offrir au nom du gouvernement mes plus
sincères condoléances aux membres de sa famille.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Saint-Henri.
M. Rorna Hains
M. Hains: M. le Président, avec les membres de
l'Opposition et du gouvernement, je déplore aujourd'hui la mort de l'un
des nôtres, M. Robert Rumilly, historien, décédé
hier, à Montréal, à l'âge de 85 ans.
Écrivain prolifique, Robert Rumilly laisse derrière lui un
monument littéraire, une somme de plus de 75 volumes, plus un nombre
incalculable de fascicules et d'articles divers. En effet, d'une plume alerte
et limpide, il a rédigé l'histoire de la province de
Québec en 42 volumes et signé plus de 40 autres ouvrages, en plus
de l'histoire de Montréal en quatre ou cinq volumes.
Géant littéraire, historien que, souvent, on a voulu
méconnaître et même vilipender, Rumilly demeure cependant un
bourreau et un créateur de travail qui non seulement a relaté la
chronologie des événements de notre histoire, mais qui a su, en
plus, les analyser et les commenter tout en étudiant les hommes et les
femmes qui en ont tissé la trame quotidienne et séculaire.
Évidemment, on lui a reproché, à Rumilly, d'être un
apologiste inconditionnel de Duplessis auquel il a consacré deux
volumes, mais on ne saurait, cependant, mésestimer
l'ensemble de son oeuvre sur un seul caractère partisan.
Robert Rumilly a apporté à notre histoire de Québec
une contribution inappréciable par le récit de tous ces
événements, récits qu'il a fait riches en imprévus
et en couleurs, souvent émaillés d'humour et d'esprit. Le fil de
l'histoire qu'il a relatée avec compétence et fierté ne se
brise point avec sa mort, car l'histoire continue et sa mémoire
demeurera, par son oeuvre, inestimable.
Les membres de l'Opposition s'unissent donc aux ministériels pour
offrir à Mme Rumilly et à sa famille leurs plus sincères
condoléances et l'expression de leurs hommages respectueux.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Trois-Rivières.
M. Denis Vaugeois
M. Vaugeois: M. le Président, non seulement je veux
souscrire tout à fait à ce que je viens d'entendre, autant du
député de Saint-Henri que du député de Saint-Jean,
mais je voudrais ajouter mes propres propos, étant donné mon
métier d'origine et aussi étant donné que Rumilly en est
un peu responsable.
J'étais en rhétorique lorsque j'avais convenu de faire un
travail d'histoire sur Rumilly sans trop savoir dans quoi je m'embarquais. Je
me rappelle que mon professeur d'histoire avait souri parce que je
m'étais engagé à lire tous les ouvrages de Rumilly. Cela
m'a gardé en histoire pendant un certain nombre d'années.
Une voix: C'est pas fini.
M. Vaugeois: Je n'ai pas terminé. Rumilly avait cette
qualité qui, malheureusement, fait souvent défaut aux jeunes
historiens issus de nos institutions. Il avait une plume
particulièrement alerte et il était un homme d'une grande
culture, ce qui fait que ses ouvrages étaient intéressants
à lire et étaient lus. C'est une qualité qui manque
souvent à nos historiens, coupables d'écrire pour un faible
public et de ne pas être suffisamment lus. À cet égard,
Rumilly appartenait à une tradition européenne et je crois qu'on
peut dire qu'avec son départ, nous perdons l'un des derniers historiens
de cette génération qui avait su produire des livres pour un
grand public, tout en faisant des livres absolument sérieux et
fondés sur une recherche bien contrôlée et remarquable.
On a dit et on l'a souligné tout à l'heure que Rumilly
était un historien controversé. J'y vois un grand mérite.
Il y a différentes sortes d'historiens. Il y en a qui se
prétendent objectifs et qui croient être objectifs. Rumilly ne se
prétendait pas objectif et ne se croyait pas objectif. Il était
un homme d'idées. Il avait des opinions. Il avait des convictions.
À de nombreuses occasions, il a su défendre ses convictions et
ses opinions. Lorsqu'il redevenait historien, je pense que ce qu'on attendait
de lui, c'était que sa recherche soit fondée correctement et
qu'on sache à quelle enseigne il logeait. Et avec Rumilly, on ne se
trompait pas. On savait à quelle enseigne il logeait. Je pense que c'est
légitime pour un homme de science d'avoir des opinions et des
convictions, et c'est rassurant quand cet homme de science est capable de
montrer qu'il en est lui-même conscient et qu'il en est également
maître. (16 h 50)
Rumilly était un Néo-Québécois qui a su
faire découvrir le Québec à bien des
Québécois et des Québécoises. Parfois, quand nous
arrivons en cette Chambre et quand nous siégeons ici, nous nous rendons
compte que nous ne sommes pas toujours très bien préparés
à ce travail de parlementaire. Nous aurions peut-être à
gagner à mieux apprendre l'évolution des Parlements, les
règles parlementaires, mais je pense que nous aurions tous beaucoup
à apprendre à fréquenter les oeuvres de Robert Rumilly. Il
y a des erreurs qui se commettent aujourd'hui, et qui ont été
commises dans le passé, et que nous répétons en toute
ignorance.
Je crois que Rumilly est un auteur que nous aurions intérêt
à lire. Il y a plusieurs de ses ouvrages qui sont loin d'avoir vieilli.
Il y a sa monumentale "Histoire de la province de Québec" qui est un
ouvrage qu'on devrait conseiller à tous les nouveaux parlementaires. Je
crois que nous aurions grand profit à parcourir cet historien.
Rumilly savait quelles difficultés il y avait à vivre pour
le Québec dans la fédération canadienne. Ses ouvrages,
là-dessus, sont un témoignage absolument éclairant.
En terminant, je me permets de souhaiter que son départ soit
peut-être l'occasion pour plusieurs d'une découverte de Rumilly ou
d'une redécouverte de son oeuvre. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais ajouter mon modeste
hommage à ceux qui viennent d'être rendus à Robert Rumilly
par les parlementaires qui m'ont précédé. Je n'ai pas
connu M. Rumilly personnellement au temps où j'étais directeur du
Devoir. Comme vous le savez, à partir de l'époque moderne du
Devoir, M. Rumilly s'était inscrit en faux contre l'orientation qu'avait
prise le journal
et une distance très importante nous séparait, autant au
point de vue de la conception de la discipline historique, au point de vue de
la conception des rapports entre la religion et le développement de la
société que des rapports entre le patriotisme et la politique. M.
Rumilly était un homme de combat qui, à maintes reprises, a
ferraillé dur avec le Devoir, même de mon temps, mais encore plus
sous mon prédécesseur immédiat, M. Filion.
J'ai connu M. Rumilly de manière plus immédiate à
l'occasion de la campagne du référendum. À l'occasion de
cette campagne, sans que nous l'eussions sollicité, s'appuyant sur les
travaux historiques qu'il avait faits pendant toute sa vie et auxquels on a
abondamment fait allusion, M. Rumilly nous a fait part de son désir de
militer dans le camp du non, c'est-à-dire dans le camp de ceux qui,
malgré toutes les difficultés que connaît le Québec
à l'intérieur du cadre constitutionnel canadien, jugent qu'il est
plus pratique et préférable pour maintes raisons pour le
Québec de continuer à chercher son destin dans le cadre
politique, économique et social canadien.
M. Rumilly s'était par conséquent joint à
l'équipe du non. Il l'a fait avec beaucoup de vigueur et de
loyauté. Il a participé à plusieurs réunions. Il
était très incisif, très clair, très
énergique, suivant l'habitude que nous lui connaissions bien, même
si, à l'époque, il devait approcher les 80 ans. Nous avons
conservé de sa participation à cette campagne un souvenir
extrêmement intéressant et d'autant plus utile, même
aujourd'hui, qu'à l'exemple de Mgr Félix-Antoine Savard, qui est
mort l'an dernier, il en était venu à cette conclusion au terme
d'une existence qui avait été marquée par une
expérience intellectuelle extrêmement abondante, extrêmement
diversifiée et extrêmement prolongée.
L'oeuvre historique de M. Rumilly sera jugée par ceux qui nous
suivront. Je pense qu'elle a ses richesses, elle a aussi ses limites. Je ne
veux pas entrer dans ce débat cet après-midi puisque,
moi-même, je me rangerais plutôt derrière une autre
école historique que celle-là. J'ai beaucoup de respect pour le
travail que cet homme a accompli dans une solitude, dans un isolement et dans
des conditions modestes qui ne sont pas le lot des travailleurs contemporains
de la discipline historique. Je pense qu'il a un mérite spécial
à avoir travaillé si fort, à avoir produit si abondamment
à une période où c'était particulièrement
difficile de le faire.
À tous ceux qui survivent à Robert Rumilly, aux membres de
sa famille et à tous ceux qui ont été ses collaborateurs,
j'offre mes condoléances et l'expression de mon profond regret devant la
nouvelle de sa mort.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Bellechasse.
M. Claude Lachance
M. Lachance: Oui, M. le Président. À la suite du
député d'Argenteuil et de mes autres collègues de
l'Assemblée, des deux côtés de la Chambre, je voudrais
brièvement, à mon tour, souligner la contribution majeure
à une meilleure connaissance de l'histoire du Québec que M.
Rumilly a faite au cours de plusieurs années de son existence. Je le
fais à titre d'ex-enseignant en histoire et aussi, évidemment,
à titre d'ex-étudiant dans cette spécialité.
Je peux peut-être vous faire une confidence et vous dire
qu'à l'époque où j'étais étudiant -
c'était quelque temps après la disparition de M. Duplessis - il
était presque malvenu pour un étudiant de faire des travaux au
niveau collégial et même à l'université en citant
comme référence M. Rumilly. C'était une forme de
proscription, c'était presque une lecture tabou à ce moment.
Heureusement, par la suite, il a été possible d'utiliser M.
Rumilly et vous pouvez être certain que je l'ai fait avec beaucoup de
plaisir, dans différentes circonstances, lorsque j'ai eu l'occasion
d'enseigner l'histoire au niveau secondaire. Il faut retenir de M. Rumilly le
fait que ses volumes sont très intéressants à lire, cela
se lit presque comme un roman, même si parfois c'est anecdotique beaucoup
plus qu'analytique. C'est aussi événementiel, une forme de
chronique et ce qui est intéressant à souligner c'est
également le ton de la confidence que M. Rumilly savait utiliser. Pour
l'oeuvre historique magistrale que M. Rumilly a conçue au cours des
longues années où il a rédigé ces volumes, je pense
qu'on doit lui rendre hommage.
Tantôt le député d'Argenteuil soulignait le fait que
M. Rumilly s'était plutôt prononcé pour le non. Evidemment
c'est toujours difficile - je n'ai pas eu l'occasion personnellement de
rencontrer M. Rumilly -d'interpréter les gestes ou les comportements des
individus, mais je serais porté à croire que M. Rumilly agissait
davantage comme quelqu'un qui s'est battu plus pour l'autonomie du Canada que
pour l'autonomie du Québec à son époque, à
l'âge où il est décédé, à 85 ans.
C'est une traduction que je serais porté à faire. Je pense que ce
qu'on fait cet après-midi, c'est tout simplement rendre justice à
quelqu'un qui laisse en héritage une oeuvre colossale pour ses milliers
de lecteurs et de lectrices. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que cette motion
est adoptée? Adopté.
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Avis à la Chambre. M. le leader du gouvernement.
Recours à l'article 34
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais simplement,
à ce moment-ci, si vous me le permettez, parce qu'hier je m'y
étais engagé, répondre à des questions
posées en vertu de l'article 34. D'abord, une question venant du
député d'Outremont relativement à la commission
parlementaire de l'Énergie et des Ressources pour qu'on augmente le
nombre de jours de séances de la commission. Effectivement, j'ai
communiqué avec le ministre là-dessus et la demande est prise...
Hier j'ai dit qu'elle était prise en sérieuse
considération, aujourd'hui je vais dire qu'elle est prise en très
sérieuse considération parce que nous sommes nous aussi
effectivement très sensibles au fait que plusieurs groupes veulent se
faire entendre. Quant à la...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce qu'on me permettra juste une petite question?
Je ne connais pas encore la date du début de la nouvelle session. Se
pourrait-il qu'il y ait conflit avec la date du 24 mars qui est censée
justement être le début de la commission parlementaire? S'il y
avait, il faudrait aviser en conséquence.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader. M. le leader
du gouvernement.
M. Bertrand: Oui, M. le Président, effectivement, quand
nous avons fixé les dates de séances pour cette commission, 24,
25, 28, 29, si ma mémoire est bonne, nous n'étions pas en mesure
de savoir à cette époque quelle serait la date d'ouverture de la
prochaine session. Ce sera le 22, le 23 ou le 24, normalement. En tout
état de cause, nous allons tenir compte de ces éléments,
mais je pense que l'important de la question du député,
c'était de savoir si on allait donner suffisamment de temps aux groupes
pour se faire entendre. La réponse, c'est oui.
Le Vice-Président (M. Jolivet): II n'y a pas d'autres
réponses, M. le leader.
M. Bertrand: Oui. À Mme la députée de
L'Acadie, qui me posait une question sur les intentions du gouvernement quant
au dossier protection de la jeunesse. Je dois lui dire là-dessus, un peu
comme je lui ai dit hier, qu'il faudra attendre les décisions du Conseil
des ministres spécial qui se tient en fin de semaine et qui va
effectivement, entre autres choses, se préoccuper de la
préparation du menu législatif pour que nous n'ayons pas à
vivre une situation absolument déplorable comme celle que nous avons
connue hier soir. Ensuite, quant à la question posée par le
député de Gatineau relativement au rapport Thorne Riddell,
relativement aussi à ce dossier de la taxe de vente, il me demandait si
on avait l'intention comme gouvernement de donner suite aux recommandations du
rapport, la réponse est: Pas à cette session-ci. (17 heures)
Quant à la question du député de Mont-Royal, mon
Dieui il a eu ses réponses pendant la période des questions.
Réponses aux questions inscrites au
feuilleton
M. Lalonde: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui, justement, le leader
de l'Opposition a-t-il...
M. Lalonde:... je me demandais si le leader du gouvernement
pouvait relire le feuilleton d'aujourd'hui. Il y a une quinzaine de questions
et de motions dont certaines sont si âgées qu'elles ne passeront
certainement pas le printemps, d'autant plus que ce feuilleton est moribond,
d'après ce qu'on me dit, comme la session. J'allais dire "comme le
gouvernement", mais disons qu'on va être gentil aujourd'hui. Y a-t-il des
réponses à donner à ces questions?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, j'avoue que ce n'est pas un
excès, mais il y a une réponse. Il y en a une relativement
à une question posée par le député de
Brome-Missisquoi, M. Paradis, au ministre des Affaires culturelles à
l'article 7) du feuilleton d'aujourd'hui. Je voudrais faire motion pour
dépôt de document. (Voir annexe).
Le Vice-Président (M. Jolivet): Motion de
dépôt de document adoptée. M. le député de
Mont-Royal, en vertu de l'article 34.
M. Ciaccia: M. le Président, hier, en vertu de l'article
34, j'avais demandé si le gouvernement reconvoquerait la commission
parlementaire de l'industrie et du commerce. Le leader parlementaire vient de
m'indiquer que j'ai eu mes réponses aujourd'hui durant la période
des questions. Très respectueusement, je ne pense pas que le ministre de
l'Industrie et du Commerce ait répondu à ce sujet. Je demande
donc au leader parlementaire si vous allez reconvoquer la commission
parlementaire de l'industrie et du commerce afin qu'on puisse discuter de
SIDBEC-Normines avant qu'une
décision finale soit prise à ce sujet.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, une telle décision ne
sera pas prise tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas eu suffisamment
d'information relativement à tous ces comités qui travaillent en
ce moment et qui réunissent les métallos, les dirigeants de
SIDBEC et le gouvernement du Québec.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, en vertu de l'article 34,
depuis quelques mois, on a de sérieux problèmes à
s'organiser au sujet des travaux de la commission des engagements financiers.
On avait une réunion prévue pour demain à 9 h 30 et, cet
après-midi, j'ai reçu un avis verbal d'un commis au bureau du
leader disant: On n'a pas de ministre disponible pour demain. Vous commencerez
vers 16 heures. On a toujours des excuses. On n'a pas de ministre disponible.
La date a été fixée. Il y a deux ministres qui
siègent à cette commission, soit le président du Conseil
du trésor ou la vice-présidente. Donc, il y a toujours une
excuse. Il y a une réunion urgente du conseil des députés
péquistes. Ensuite, il y a la commission parlementaire sur
l'éducation. Je commence à avoir l'impression que le leader ne
connaît pas très bien l'article 135 de notre règlement qui
dit que c'est notre commission des engagements financiers qui fixe ses propres
dates et qu'il n'y a aucune raison pour qu'il intervienne et change ces dates.
Donc, j'aimerais avoir une explication à ce point de vue.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je comprends très
bien les sentiments du député de Sainte-Anne. Je dois dire
qu'effectivement je trouve moi-même regrettable que nous accumulions du
retard lors de l'étude des "crédits", parce que la coutume - je
me rappelle l'époque où je présidais cette commission -
était qu'il ne se passait pas un mois sans que nous ne soyons vraiment
à jour dans l'étude des engagements...
Une voix: Des engagements.
M. Bertrand: Oh je m'excusel J'ai dit "crédits"?
Une voix: Oui.
M. Bertrand: Ah bon! Pardon, les engagements financiers.
Effectivement, j'ai appris que demain matin le président du Conseil du
trésor était retenu par un dossier très important - le
député de Sainte-Anne va le comprendre - qui est la
préparation des crédits budgétaires pour la prochaine
année financière et que Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine,
vice-présidente du Conseil du trésor, est retenue - et je crois
que c'est fondamental dans ce contexte de relance économique dont on
parle tant et qui fera l'objet de nos débats demain - par une
réunion du comité d'orientation préparatoire au sommet
socio-économique de la région de Québec, de
l'agglomération de la capitale nationale. Ces deux personnes
étant les deux interlocuteurs pour les gens qui siègent à
cette commission et comme tous les deux ont de très bonnes raisons, je
m'excuse auprès du député mais, effectivement, nous ne
pourrons commencer les travaux que vers 15 h 30 ou 16 heures.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, M. le Président. Comment se fait-il que la
semaine dernière, jeudi, on devait siéger et on a appris qu'on se
réunirait à une autre date, qui est la date de demain? Le
président du Conseil du trésor et la vice-présidente
étaient bien au courant de cette date de demain matin. Donc, tout
était convenu. Il y a tout le temps de nouvelles excuses. Vous avez fait
référence tout à l'heure à une situation
déplorable. Je trouve cela déplorable. On veut travailler. On est
ici pour travailler. On voulait commencer demain matin et ils nous ont dit:
Demain à 16 heures et, demain matin, on ne travaille pas aux engagements
financiers. Vous avez critiqué tout à l'heure notre attitude
d'hier. Je pense qu'on a la meilleure preuve qu'on avait raison dans cette
critique parce que, non seulement on ne travaille pas à
l'Assemblée, mais on ne travaille pas non plus à la commission
des engagements financiers.
Une voix: II n'y a rien là!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais dire au
député de Saint-Anne que je n'ai pas qualifié l'attitude
de l'Opposition; je me suis blâmé, avec vigueur, disant à
quel point je trouvais déplorable le fait que nous n'ayons pas
siégé hier soir. Mais, cela étant dit, il y a eu un
très grand nombre de commissions parlementaires qui ont
siégé en janvier et en février et même certaines qui
n'étaient pas prévues au programme, mais dont finalement
l'utilité s'est avérée fort intéressante. Dans un
contexte comme
celui-là, je dis encore une fois au député que je
multiplierai les efforts pour que nous puissions récupérer ce
temps et que la commission des engagements financiers soit bien à jour
dans ses travaux.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de... Oh! Excusez, M. le leader. M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, en vertu de l'article 34.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, je serais tenté de
dire: en vertu de l'article 34 bis. Hier, j'ai demandé au leader si le
gouvernement avait l'intention de présenter une loi à
brève échéance pour confirmer l'augmentation de la
couverture d'assurance, de la Régie de l'assurance-dépôts,
des déposants québécois de deux sociétés
ontariennes qui ont eu des difficultés financières. Les annonces
ont été faites - je comprends bien - c'est donc une
volonté du gouvernement, mais je voulais encore une fois assurer le
gouvernement de notre coopération dans ce dossier. Il y a beaucoup de
déposants qui sont concernés. Est-ce que le leader aurait une
réponse aujourd'hui?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Bertrand: Je m'excuse infiniment auprès du
député de Vaudreuil-Soulanges, mais, parmi les quatre, cinq ou
six questions qui m'ont été posées, celle-là m'a
échappé et je n'ai pas obtenu l'information. Je m'en excuse
auprès de lui.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: Je veux bien être compréhensif
aujourd'hui, mais le spectacle parle par lui-même, comme on dit dans un
anglicisme. Il y a une quinzaine de questions et on a eu une réponse
seulement. Il y en a une, par exemple, au feuilleton du 25 mars -c'est
sûrement le 25 mars 1982 - cela fera un an qu'elle est au feuilleton.
Qu'est-ce qui ne marche pas? Toutes les autres datent du mois de novembre et du
mois de décembre, c'est-à-dire que cela fait au moins trois mois.
Qu'est-ce qui ne marche pas? Comment se fait-il que vous ne pouvez pas
répondre à la question de M. Bélanger, du 25 mars, qui
demande: Depuis le 12 juin 1981, des poursuites ont-elles été
intentées en vertu de la Loi sur la formation et la qualification
professionnelles de la main-d'oeuvre? Si oui, indiquez-le, et il demande des
renseignements. Il me semble que, si vous aviez une équipe qui
fonctionne un peu et qui travaille, on pourrait avoir cela.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Cela ne devrait pas tarder, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Aux affaires du jour, M.
le leader de l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président, je conclus du silence du
leader qu'il s'agit d'un aveu. Mais nous sommes ici pour travailler et je vous
demande, comme c'est la journée des députés, d'appeler la
motion des députés de l'Opposition qui apparaît au
paragraphe 16 du feuilleton d'aujourd'hui au nom du député
d'Outremont.
Motion proposant que l'Assemblée
dénonce
la dilapidation des fonds publics
dans le domaine de l'amiante
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont propose que cette Assemblée dénonce la dilapidation
des fonds publics par le gouvernement dans le domaine de l'amiante,
principalement par l'achat inopportun d'Asbestos Corporation et le non-respect
des engagements pris en ce qui concerne la création d'emplois dans la
région de l'amiante.
M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Tel que le stipule le règlement, est-ce que
c'est une motion qui s'étend sur deux mercredis?
M. Lalonde: Oui, oui.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: Oui, fatalement, cela s'étend sur deux
mercredis et, comme on ne peut pas tenir pour acquis les promesses et les
engagements du leader du gouvernement à savoir qu'on prorogera, nous
fonctionnons comme si on revenait mercredi prochain.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont, vous avez la parole.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, avant de commencer, j'aurais
une question de directive à vous poser. Pourriez-vous m'indiquer si,
d'après nos règlements, un député qui a
été rejeté par ses électeurs à deux
reprises, qui a été mis à la porte par ses
électeurs manu militari et qui ne peut plus retourner dans son
comté, a le droit de siéger à l'Assemblée
nationale?
M. Grégoire: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je tiens à faire
remarquer... Juste un instant! La seule chose que je veux vous dire... Vous
ne
savez pas de quoi je veux parler, alors laissez-moi parler. Tout ce que
je veux dire c'est que les gens qui sont dans les galeries n'ont pas le droit
de manifester, de quelque façon que ce soit.
Une voix: C'est l'enthousiasme, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): J'ai bien compris;
peut-être, mais ils n'ont quand même pas le droit.
M. le député d'Outremont.
M. Grégoire: M. le Président, j'ai une question de
privilège.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui, juste un instant. Non
non, mais vous m'avez demandé une directive. Je n'ai eu l'occasion
jusqu'ici de réagir d'aucune façon. Je dois vous dire que vous
m'avez posé une question à laquelle je n'ai à
répondre en aucune façon. C'est tout simplement une question
d'opinion, je n'ai pas à dire si je suis d'accord ou pas. Donc, je n'ai
pas à donner aucune directive en ce sens. (17 h 10)
M. le député d'Outremont. Mais j'ai entendu à ma
droite quelqu'un qui veut soulever une question de privilège, le
député de Frontenac.
Question de privilège, M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, le
député d'Outremont vient d'indiquer sans aucun équivoque
que j'avais été sorti manu militari de mon bureau de comté
à deux reprises, ce qui est faux. La première fois, il s'agit de
professeurs qui sont venus à mon bureau, qui se sont montrés
très gentils, qui ont permis à mes secrétaires de sortir
tous les papiers et qui ont aidé à rentrer le bureau par la
suite. La deuxième fois, cela a été le comité des
chômeurs, dont le président et le vice-président ont
reçu une subvention du gouvernement fédéral pour se payer
des salaires comme président et comme vice-président. C'est le
gouvernement fédéral qui paie des salaires pour monter des
séditions. Les travailleurs de la Société Asbestos ont
été tellement estomaqués de ce phénomène
qu'il y en a parmi eux qui ont aidé également à rentrer le
pupitre après que tous les papiers ont été sortis.
M. le Président, je dis ceci: Des manifestations, quand on veut
montrer son mécontentement, on a le droit d'en faire; mais quand c'est
payé par le gouvernement fédéral, je dis... Nous en avons
les preuves. Le député d'Outremont lui-même est venu dans
mon comté pour rencontrer ces hommes payés par le gouvernement
fédéral. À l'avenir, s'ils ont des représentations
à faire, ils passeront par le ministère des Affaires
intergouvernementales.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, pourriez-vous m'indiquer si
la paranoïa est un phénomène qui est permis par notre
règlement? De toute façon, je peux vous assurer qu'après
la visite que j'ai faite dans le comté de Frontenac, il n'y aura pas de
troisième fois, parce qu'il semblerait que le député de
Frontenac ne pourra jamais y retourner.
Une voix: Bravo!
M. Grégoire: Le député de Portneuf avait dit
la même chose la dernière fois! C'est lui qui a manqué se
faire battre!
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre! M. le
député de Frontenac. Juste une minute. Je voudrais vous dire que
je suis debout.
S'il vous plaît! Tout ce que je voudrais vous dire avant de vous
accorder votre question de privilège, M. le député de
Portneuf et whip de l'Opposition: comme j'étais debout, rien de ce qui a
été dit n'a été inscrit nulle part. En
conséquence, je vous dis simplement que si cela porte sur ce qui a
été dit, j'étais debout, alors à ce moment, rien
n'a été inscrit au journal des Débats ni retransmis
à la télévision. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement avant que mon collègue n'amorce son propos. Je tiens
à vous faire part qu'effectivement, nous nous sommes rendus dans le
comté de Frontenac. On n'a pas eu besoin de policiers pour nous
protéger. À l'égard des propos que vient de tenir le
député de Frontenac, heureusement que ceux-ci n'ont pas
été retransmis à la télévision...
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. le député, vous aurez l'occasion probablement de parler
sur cette motion. Juste un instant, il ne s'agit pas de se presser. Il faut
quand même ramener un peu de calme de part et d'autre, à gauche ou
à droite, en vous disant: de la même façon que j'avais
demandé au député de Portneuf et whip de l'Opposition de
ne pas parler sur ce qui venait de se produire, puisque cela n'avait pas
été inscrit au journal des Débats. Je me suis levé
au moment où il a commencé à parler, et encore une fois,
ce qu'il a dit lui-même n'était en aucune façon inscrit au
journal des Débats. Si le député a une question de
privilège à soulever sur ce qui a été dit avant, je
suis prêt à entendre sa question de privilège. Je verrai si
je dois
l'accepter ou la refuser.
M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, ma question traite de
l'encadrement policier. Il n'a peut-être pas eu besoin d'encadrement
policier, mais après son départ, tout le monde m'a dit qu'ils
l'avaient trouvé très polisson!
M. Fortier: M. le Président, comme vous le savez, nous
faisons face, au Québec, à une situation tout à fait
désolante. Justement, le chef de l'Opposition l'a indiqué dans sa
réplique à la déclaration ministérielle du premier
ministre, nous avons au Québec 1 500 000 chômeurs, 373 000
bénéficiaires de l'aide sociale et 26, 5% des jeunes au
Québec sont en chômage.
Il faut remarquer que cette situation est encore plus déplorable
en région. Il suffit d'aller sur la Côte-Nord pour s'apercevoir,
comme mon collègue de Mont-Royal le signalait lors de la période
des questions, que des problèmes touchant SIDBEC, que des
problèmes touchant Schefferville ont été
négligés par le gouvernement pendant deux ou trois ans.
Maintenant ces gens de la Côte-Nord attendent encore du gouvernement que
des décisions soient prises alors que des recommandations formelles
avaient été faites au gouvernement. Il y a également les
gens de la Gaspésie qui n'attendent plus rien du ministre responsable
des pêcheries.
Aujourd'hui nous voulons parler d'un problème qui est
excessivement important, c'est celui qui touche la région de l'amiante,
c'est celui qui touche le comté de Frontenac.
Même si cette situation est extrêmement désolante et
déplorable, il reste qu'elle a créé un climat de
révolte au sein des gens qui habitent ce comté. Pour quelles
raisons? C'est que le gouvernement qui nous dirige depuis maintenant quatre ou
cinq ans a fait des promesses mirobolantes en ce qui concerne cette
région. Les promesses ont été faites par le premier
ministre, par le ministre de l'Énergie qui a
précédé celui qui est le titulaire présentement, M.
Bérubé, le ministre de l'Énergie et des Ressources, qui
est responsable du dossier maintenant, le ministre au Développement
économique, M. Landry, l'adjoint parlementaire du ministre et
député de Frontenac qui, à tour de rôle, ont fait
des promesses mirobolantes et ont trompé sciemment la population du
comté de Frontenac et de la région de Thetford Mines et de Black
Lake en particulier.
Ces gens-là ne veulent plus entendre parler du gouvernement. Ces
gens-là ont trop entendu de ces promesses et ne veulent plus entendre de
ces gens, soi-disant responsables qui ont menti effrontément depuis
plusieurs années. J'aimerais vous citer plusieurs déclarations.
Le samedi 28 mars 1981, M.
Grégoire, candidat à ce moment-là dans le
comté, promettait un essor économique sans
précédent au cours des cinq prochaines années. Cela en est
même ridicule. Ce dernier, qui parlait de quatorze projets relatifs
à la construction d'usines de transformation des résidus
d'amiante qui devraient se réaliser avant 1985, précise que douze
de ces quatorze usines seront implantées dans la région de
Thetford Mines et qu'elles créeront 450 nouveaux emplois. Dans ses
prévisions, M. Grégoire prend bien soin d'ajouter que ceci ne
prend pas en considération l'acquisition de l'Asbestos Limitée et
du transfert de son siège social à Thetford Mines.
Durant la même période, M. Grégoire -candidat
à ce moment-là puisqu'il n'était pas député
- fait des promesses. "La réalisation de mes projets - disait-il -
signifiera la création d'environ 2000 nouveaux emplois. " Il affirme que
le secteur de la transformation va devenir aussi important dans la
région que celui de l'extraction et que ceci se ferait avant la fin du
mandat pour lequel il sollicitait la population. Pas content de faire des
promesses dans le domaine de la transformation et de la nationalisation de la
Société Asbestos Limitée, il fait d'autres promesses en ce
qui concerne la voie rapide. Il indique, le 1er décembre 1981, que le
rapport complémentaire qui avait été commandé, je
crois, par le ministre des Transports ne serait pas négatif et laisse
entendre qu'encore là cette promesse serait honorée
immédiatement après les élections. (17 h 20)
Les promesses continuent. À la veille de la décision qui
avait été prise par le cabinet au mois d'octobre 1981, le jeudi
24 septembre, le député de Frontenac, alors que les journalistes
écrivaient des articles sur la décision immédiate qui
serait prise par le cabinet, a soutenu que le gouvernement ne pourra certes pas
faire de miracle au cours des premières semaines. Les premières
semaines, c'était au mois de septembre 1981. Nous sommes rendus au
début de 1983 et les gens de la région de Thetford-Mines
attendent encore des réalisations. "À cet effet, le
député de Frontenac n'a jamais été
particulièrement tendre envers les administrateurs qu'il a
qualifiés d'incompétents à maintes reprises. "
Je continue la citation: "Les travailleurs auront au moins l'espoir que
la Société Asbestos Limitée va redevenir une bonne
compagnie minière qui pourra garantir à ses employés du
travail permanent. " Autrement dit, M. le Président, l'adjoint
parlementaire au ministre confirmait à la population, donnait la
garantie à la population que les emplois qui existaient à ce
moment-là deviendraient des emplois permanents. C'était une
garantie de sécurité que le gouvernement n'honore plus
maintenant.
Par la suite, le 10 novembre 1981, un mois après la
décision qui a été prise par le cabinet, ce même
Gilles Grégoire, d'après la Tribune, disait ceci: "Nous avons le
contrôle de la société d'amiante Asbestos Limitée
puisque nous avons la majorité des actions de General Dynamics et c'est
cela qui compte. " Il établissait clairement que l'actionnaire, le
gouvernement du Québec, contrôlait la situation et qu'à
l'avenir, les décisions seraient prises par le gouvernement du
Québec. M. Grégoire a souligné que des rencontres se
dérouleront au cours des prochains jours afin d'élaborer le plus
rapidement possible un programme d'action qui permettra une relance dans un
avenir plus ou moins rapproché et ce, compte tenu du contexte
économique actuel.
Par ailleurs, le même député de Frontenac - le 26
janvier 1982, dans la Tribune de Sherbrooke - s'est dit conscient du fait que
le programme de développement a été négligé
à la Société Asbestos Limitée au cours des
dernières années et, à cet effet, il a
déclaré que le nouveau conseil d'administration devait se pencher
sérieusement sur ce dossier et le plus rapidement possible. Le
développement devra se faire en deçà de deux ans,
disait-il.
Il est bien clair que des promesses ont été faites, des
garanties ont été données. On a promis mer et monde. On a
promis des milliers d'emplois. On a donné des garanties sur la
permanence des emplois à la Société Asbestos
Limitée. Ce que je veux souligner, M. le Président, c'est les
garanties qui ont été données au moment de la
nationalisation de la Société Asbestos Limitée.
Bien sûr, nous nous sommes posé la question, à
savoir pour quelles raisons faut-il absolument que le gouvernement
achète cette société? D'ailleurs, un journaliste de la
Presse qui n'a pas toujours été de notre avis - je me souviens,
entre autres, d'un de ses articles lorsque nous avons discuté la loi no
16 sur Hydro-Québec - Alain Dubuc, écrivait, dans la Presse du
samedi 10 octobre: "Comme dans le cas français - il faisait
référence au gouvernement français qui avait
lui-même beaucoup de difficultés - on vient de nationaliser
Asbestos, mais personne ne sait vraiment pourquoi. " Oui, M. le
Président, personne ne savait réellement pourquoi cette
société avait été nationalisée. Il ajoutait:
"II aura fallu presque quatre ans d'efforts pour mener à bien le
processus d'expropriation et y engloutir quelque 150 000 000 $. "
Je voudrais vous souligner, M. le Président, que c'est là
le point capital. Il y a eu quatre ou cinq années perdues. Si le
gouvernement avait suivi nos recommandations, au lieu d'engloutir cet argent
dans la nationalisation de la Société Asbestos Limitée et
au lieu de perdre quatre années, il aurait pu faire de la recherche et
du développement. Il aurait pu faire le marketing nécessaire pour
éviter que la situation soit aussi dramatique à ce moment-ci.
Comme vous le savez, le gouvernement ou les porte-parole du gouvernement
attaquaient la Société Asbestos Limitée pour avoir
négligé le développement, c'est-à-dire la
préparation en vue de l'exploitation de la mine. Ils reprochaient
à la direction de la société de ne pas avoir fait ce
travail de développement après que le gouvernement eut
annoncé la nationalisation. Dans un sens, ils avaient raison de le
reprocher à la Société Asbestos Limitée, quoiqu'on
puisse comprendre, lorsque la compagnie s'est vue sous l'empire d'une
décision du ministre des Finances, qu'il était un peu normal que
la Société Asbestos Limitée réagisse de la
façon qu'elle a réagi. M. Grégoire, encore là, le 2
mars 1982, revenait à la charge sur la nécessité de faire
du développement. Nous en sommes. Il est important que le
développement se fasse dans les mines de la Société
Asbestos Ltée pour nous assurer que dans un, deux, ou trois ans d'ici
nous puissions faire face à la demande qui reprendra sûrement
à ce moment-là.
Dans la Tribune du 2 mars 1982, M. Grégoire, le
député de Frontenac, dit justement qu'il a pointé du doigt
le développement de nouveaux blocs. "Depuis trois ans, il ne s'est
pratiquement pas fait de développement et il faut que ces
développements se fassent. Deux ans sont nécessaires pour mener
à terme un développement et il faut être prêt lorsque
le marché reprendra. " Nous sommes d'accord avec cet
énoncé.
M. le Président, comme vous le voyez, le gouvernement a fait des
promesses mirobolantes de construction d'une autoroute et de création
d'emploi. Mais qu'en est-il du chômage de 25% dans la région, une
perte d'emploi pour les mineurs de la Société Asbestos
Ltée? En 1981, 195 mises à pied permanentes pour un arrêt
total de 19 semaines. En 1982, 71 mises à pied permanentes pour un
arrêt total de 20 semaines, et 250 autres mises à pied à la
fermeture de la mine BC-2. Après tout cela, la mine qui employait, il y
a quelques années, 1400 personnes se retrouve maintenant avec uniquement
800 personnes. C'est donc dire que les garanties d'emploi, les promesses
mirobolantes de création de nouvelles compagnies, ce ne sont que des
nuages, que des promesses qui ne correspondent nullement à la
réalité. j'entends le gouvernement répliquer par des
excuses. Il va nous dire: Vous savez, ce n'est pas notre faute, c'est la faute
du fédéral, c'est la faute de la situation économique,
c'est la faute des autres. Qu'en est-il exactement? Quelques jours même
avant que le gouvernement ne décide de
nationaliser la Société Asbestos Ltée, le ministre
de l'Énergie et des Ressources, répondant à une question
de notre collègue de Richmond, disait ceci. Je cite le Courrier de
Frontenac du 6 octobre: "La conjoncture est mauvaise, déclare Duhaime.
"
C'est donc dire que le gouvernement savait pertinemment, avant
même qu'il décide de nationaliser la société
Asbestos, que la situation était difficile. Il savait pertinemment dans
quoi il s'engageait. Malgré cela, l'adjoint parlementaire du ministre
disait aux mineurs que leur emploi était garanti. De plus, dans une
étude qui a été faite à l'Université
Concordia, on parle justement de la société de protection de
l'environnement des États-Unis
Environnemental Protection Agency - qui, dès 1979, avait
décidé de ne pas permettre l'utilisation de l'amiante aux
États-Unis. Encore là, je ne peux accepter le fait que le
ministre dise qu'il n'était pas au courant de cette décision du
gouvernement américain qui était imminente ou du moins de
l'agence américaine qui allait dans le sens de décourager
l'emploi de l'amiante et de faire en sorte que la vente de l'amiante soit plus
difficile qu'elle ne l'était dans le passé.
C'est donc dire qu'il s'agissait d'une décision politique. Cela a
été un choix politique, un choix voulu du gouvernement de
nationaliser la Société Asbestos Ltée et de quand
même promettre que cela assurerait le développement de la
région en dépit des difficultés de l'utilisation de
l'amiante qui se ferait aux États-Unis et dans le monde.
Maintenant, nous sommes devant les faits. Des mineurs sont ici
présents et je les salue. Il y a le Comité des chômeurs
devant nous, dans la galerie des visiteurs. Ces gens sont venus nous voir pour
nous dire que cela n'a pas de bon sens? Finies, les promesses mirobolantes, il
faut que le gouvernement honore ses promesses. Au moins, qu'il donne suite aux
recommandations que nous avons faites. Comme vous le savez, il est vrai que la
Société Asbestos Ltée a mis au point un programme de
développement, c'est-à-dire un programme qui permettra
éventuellement l'exploitation de la mine. Ce programme totalise un
montant de 80 000 000 $ à être dépensé sur trois
ans. Bien sûr, la Société Asbestos Ltée... J'entends
le ministre nous dire: C'est au gouvernement fédéral à
prendre la décision; il faut que le gouvernement fédéral
prête 80 000 000 $. Mais vous, qu'avez-vous à faire? Quelle sera
votre contribution? Quel est le montant d'argent que le gouvernement du
Québec et que la Société Asbestos Ltée injectera
dans son programme de développement de 80 000 000 $ pour les trois
prochaines années? Vous devez répondre à cette question,
M. le ministre. (17 h 30)
Quant au Comité des chômeurs, il a mis au point un
programme beaucoup plus restreint, un programme qui fait honneur à leur
sens des réalités. Il a mis au point un programme de 13 000 000 $
qui est beaucoup plus maigre, mais quand même réaliste, au cas
où le programme de 80 000 000 $ ne réussirait pas. Ces gens ont
mis au point un programme de 13 000 000 $ qui, dépensés sur trois
ans, permettraient à ceux qui reçoivent toujours
l'assurance-chômage et qui n'ont pas travaillé depuis un certain
temps, de travailler pour éviter de dépendre de l'aide sociale,
de bénéficier de l'assurance-chômage durant un certain
nombre d'années si ce programme se répétait pendant trois
années. M. le Président, ce programme coûterait une
certaine somme d'argent au gouvernement fédéral, mais ceci
pourrait se faire à l'aide de programmes existants qui ne demandent pas
une intervention spéciale du cabinet des ministres à Ottawa.
D'autre part, ceci demanderait sûrement une contribution de la
Société Asbestos Ltée, puisque c'est là sa
responsabilité.
Ce que nous demandons au gouvernement et ce que nous demandons au
ministre, c'est d'être enfin responsables devant ce qui se passe à
Thetford Mines, devant ce qui se passe à Black Lake et devant ce qui se
passe dans le comté de Frontenac. Nous ne pouvons plus accepter et la
population de Frontenac ne peut plus accepter les promesses de toutes sortes
qui ont été faites par le ministre, par le premier ministre et
par l'adjoint parlementaire. Il faut au moins, si vous ne voulez pas honorer
vos promesses de garantie d'emploi permanent à la Société
Asbestos Ltée, que vous donniez suite à la recommandation du
comité des chômeurs et fassiez en sorte que ces gens puissent
travailler cet été, puissent travailler l'an prochain et
l'année d'après pour qu'ils puissent bénéficier de
l'assurance-chômage durant ces années, en espérant qu'une
relance nous permette éventuellement de relancer les travaux à la
mine et s'assurer que par la suite nous ne connaîtrons jamais plus de
situation comme celle que nous vivons présentement.
C'est là mon voeu et c'est la raison pour laquelle nous avons
fait motion - étant donné l'action du gouvernement - de condamner
le fait que ces gens nous disent maintenant qu'ils n'ont plus d'argent pour
honorer leurs promesses alors qu'ils ont investi de 150 000 000 $ à 160
000 000 $ pour l'achat d'une société qui n'était nullement
nécessaire. Nous demandons au gouvernement d'honorer sa promesse, nous
condamnons l'action qui a été prise et nous condamnons son manque
d'initiative et son manque d'action pour remplir les promesses qui avaient
été faites et pour créer de l'emploi dans la région
de l'amiante. Je vous remercie.
Le Vice-president (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, je me serais attendu que le
député d'Outremont fasse une intervention de fond sur le dossier
de l'amiante, mais je me rends bien compte après l'avoir
écouté attentivement qu'il aurait peut-être
intérêt à rencontrer mon adjoint parlementaire et discuter
avec lui du dossier de l'amiante. Premièrement, pour apprendre quelque
chose et, deuxièmement, pour constater que le député de
Frontenac continue de s'occuper très activement du dossier de l'amiante.
Si j'étais le député d'Outremont, je ne
m'inquiéterais pas outre mesure du sort du député de
Frontenac tant à Québec que dans son comté.
Ce que je veux, c'est situer ce débat dans le contexte de
l'ensemble de la politique de l'amiante que nous avons poursuivie depuis
quelques années. D'abord, je voudrais éclaircir une chose puisque
le député d'Outremont vient à nouveau d'avancer des
chiffres sur le coût de la prise de contrôle de la General
Dynamics, qui nous donnait le contrôle de la Société
Asbestos Ltée. Tout le monde se souvient qu'à l'automne 1981,
lorsque ce dossier était dans l'actualité, l'Opposition
libérale nous mettait en garde et nous accusait même de devoir
payer trop d'argent pour cette entreprise. Une fois que la transaction a
été réglée, l'Opposition libérale s'est mise
à dire qu'on n'avait pas payé assez cher, qu'on avait
traité avec discrimination autant les actionnaires majoritaires de
l'Asbestos Corporation que ses actionnaires minoritaires.
Je voudrais simplement rappeler, M. le Président, qu'à ce
jour, sur la transaction effectuée, nous n'avons pas
déboursé un seul sou en capital. Voici comment cela a
fonctionné. Nous avons fait un emprunt de quelque 16 000 000 $ pour
prendre le contrôle effectif de la General Dynamics of Canada, 51% des
intérêts. En prenant le contrôle de la General Dynamics,
nous prenions automatiquement le contrôle de son seul actif qui
était, à l'époque, Asbestos Corporation, qui avait dans sa
caisse 16 000 000 $. C'est donc dire qu'on a emprunté et avancé
16 000 000 $ et on a retiré 16 000 000 $ qu'on a utilisés. Le
reste, M. le Président, est un solde à payer de 65 000 000 $ et
nous avons à payer les intérêts pour la période
1982-1987 sur une base annuelle. Ensuite, de 1987 à 1992, selon le choix
que fera General Dynamics d'exercer ou non son option, nous commencerons
à payer à ce moment-là le capital, c'est-à-dire
à partir de 1987 pour un total de 81 000 000 $ au départ. Quand
on nous parle de 165 000 000 $, 200 000 000 $ ou 300 000 000 $ comme je l'ai
entendu récemment, ce sont des chiffres qui ne tiennent pas debout et je
voulais tout de suite éclaircir cette situation.
En établissant la politique de l'amiante, le gouvernement a mis
sur pied, il y a quelques années, la Société nationale de
l'amiante, qui est son instrument et son outil de travail pour favoriser
d'abord la recherche, le développement et surtout, l'exploitation des
gisements d'amiante, y compris la mise en marché de sa production de
même que toute l'activité industrielle, manufacturière et
commerciale reliée à la transformation de la fibre d'amiante.
Je pense pouvoir dire que la Société nationale de
l'amiante est en train et est en bonne voie d'accomplir sa mission,
malgré une conjoncture très difficile. Je voudrais
référer au rapport annuel 1981-1982 pour avoir les chiffres au 31
mars 1982 et je voudrais ajouter quelques chiffres qui sont très
importants dans le débat. Le député d'Outremont se
promène dans certaines régions du- Québec. Je l'incite
à continuer. Cela va lui permettre de connaître les
problèmes. Il est venu en Mauricie, il y a deux ans, et il a fait de
grandes découvertes. Je l'invite à nouveau. Il est allé en
Estrie. Il est allé sur la Côte-Nord. Je pense qu'il fait son
travail comme député de l'Opposition, mais encore faudrait-il
qu'il ne perde pas de vue la réalité des chiffres. Au 31 mars, le
total des investissements par le groupe de la SNA était de 105 747 000
$. Au 30 septembre 1982, le total des investissements du groupe SNA dans toutes
ses activités, tant dans les exploitations minières que
manufacturières était de 115 156 000 $.
La question qu'on se pose, c'est d'essayer de savoir d'où vient
cet argent. La réponse est la suivante: Le gouvernement du Québec
a fait des mises de fonds qui totalisent, au 30 septembre 1982, dans l'ensemble
du dossier de l'amiante, un montant de 37 450 000 $. Les entreprises du groupe
SNA et les filiales de la SNA ont apporté par des emprunts un montant de
29 983 000 $; et ce qui est important comme dernier chiffre à retenir,
les filiales du groupe de la SNA ont contribué par leur propre
autofinancement, c'est-à-dire à même les profits
engendrés par les entreprises, pour un montant de 47 723 000 $, ce qui
veut dire que les filiales de la SNA et la SNA elle-même ont
autofinancé plus que la mise de fonds du gouvernement depuis le
début. Les chiffres sont cumulatifs au 30 septembre 1982.
Je dirais qu'il y a quelques années - et cela vaut encore
aujourd'hui - le Parti libéral du Québec qui a été
au pouvoir pendant de longues années - la décennie et les
décennies des Taschereau, par exemple, et on en parlait de l'amiante,
à l'époque -on a attendu, on a attendu et on a attendu.
Nous avions besoin - et nous avons eu raison de le faire - de prendre
une participation dans la propriété d'une richesse naturelle des
Québécois et nous l'avons fait en achetant de gré à
gré la mine Bell qui appartenait à des intérêts
britanniques. Nous l'avons fait également à travers beaucoup de
difficultés. Nous avons finalement réussi à nous entendre
à l'amiable avec le groupe américain General Dynamics pour
prendre le contrôle de la société Asbestos, ce qui fait
qu'aujourd'hui, non seulement nous avons un secteur témoin, mais nous
sommes en mesure de pousser de l'avant ce que nous avons toujours
souhaité au Québec: que cette richesse naturelle soit
exploitée au plus grand bénéfice possible des
Québécois. (17 h 40)
Je dirais que nous avons utilisé deux volets. Le premier a
été un effort sans précédent d'investissement
continu, depuis 1979, dans la recherche et le développement de nouveaux
produits. Nous avons mis sur pied en juin 1979, avec l'entreprise
privée, l'Institut de recherche et de développement à
Sherbrooke, l'IRDA. À peu près 1 000 000 $ par année sont
versés. Indépendamment des activités de l'Institut de
recherche et de développement de l'amiante, une somme cumulative
d'environ 10 000 000 $ a été investie dans la recherche de
nouveaux produits de 1978-1979 jusqu'à 1982. La question qu'il faut se
poser est la suivante: Combien les intérêts étrangers qui
étaient jusqu'à ces récentes années
propriétaires tant de la mine Bell que de la mine Asbestos ont-ils
investi au Québec dans la recherche et le développement de
nouveaux produits pour l'amiante dans des produits à l'aval? Un gros
zéro, M. le Président. C'est la raison pour laquelle, depuis le
début du siècle, tout ce que nous avons pu faire dans l'amiante a
été d'exporter vers des ports étrangers une richesse
naturelle, notre fibre d'amiante, qui a été transformée
à l'étranger.
Dans le domaine de la recherche et des applications industrielles, je
voudrais simplement mentionner sept secteurs: d'abord, l'utilisation des
résidus d'amiante pour la capture de l'anhydride sulfureux; 2° la
production de magnésium métallique; 3° les produits
phénoliques: 4° le secteur des produits réfractaires; 5°
l'extraction de la silice; 6° la production de papier composite; 7° la
fibre phosphatée et je pourrais continuer. Quand l'Opposition vient nous
faire ce que j'appellerais un discours de fin d'après-midi pour venir
dire que le gouvernement du Québec et la société nationale
de l'amiante n'ont pas fait leur bouleau dans ce secteur, donnez-nous quand
même une chance de travailler. Il n'y a que quelques années
derrière nous, mais tout l'avenir est là.
Je mentionnerais que nous avons réussi en très peu de
temps et en très peu d'années à mettre sur pied des
entreprises qui fonctionnent aujourd'hui dans la région de l'Estrie, qui
fonctionnent aussi dans la mienne, je pense à LUPEL-Amiante, en
particulier. En peu de temps, nous avons réussi à mettre sur pied
ce que j'appellerais quelques projets nouveaux de la SNA. J'en mentionnerai
seulement quelques-uns. Le projet qui, dans son code, s'appelle le projet
MINUTT pour indiquer la mini-usine de traitement thermique des résidus,
cela existe à Thetford.
Le projet MAGNAQ-I est un projet qui existe à Thetford et
j'ajouterais aussi que la compagnie LUPEL-Amiante que mon collègue de
Champlain connaît bien, puisque c'est au Cap-de-la-Madeleine, ce ne sont
pas des histoires en l'air; cela existe, cela fonctionne, cela tourne, cela
produit et cela fait des profits. J'ajoute que nous avons mis sur pied une
entreprise à Anjou pour fabriquer des freins: Distex-Amiante. On a
toujours pensé, au Québec, qu'il n'y avait que les
Américains et les Japonais qui avaient le cerveau assez gros pour faire
des freins avec de l'amiante; on en fabrique maintenant chez nous. J'ajoute
également que nous avons Filaq, une entreprise de textile à
Douville. J'ajoute aussi que nous avons continué de faire fonctionner,
malgré les difficultés du marché international, deux
compagnies acquises avec l'acquisition de la mine Bell. Il y a Atlas Turner,
à Montréal. Nous entretenons même une compagnie aussi loin
qu'en Colombie britannique, Turner Building Products, qui fonctionne à
l'heure actuelle. J'ajoute aussi que nous avons mis sur pied avec le groupe
Descon une compagnie qui s'appelle Descon International et qui est en train de
faire sa percée sur les marchés de l'Amérique latine et de
l'Afrique pour des matériaux avec de l'amiante pour la construction
domiciliaire. J'ajoute aussi que nous sommes à mettre sur pied un
nouveau projet que j'appellerais une usine pilote dans le magnésium
métal. On est sur le point d'annoncer l'emplacement de cette usine
pilote, mais cela va être fait. Tout récemment, mon
collègue, adjoint parlementaire et député de Frontenac,
avait l'occasion d'annoncer officiellement un investissement pour produire de
la laine de roche.
Le député d'Outremont devrait peut-être lire
régulièrement la presse régionale sur le dossier de
l'amiante, peut-être se rendre plus souvent dans la région,
peut-être même rencontrer mon collègue de Frontenac pour
savoir ce qui se passe, au lieu de venir nous débiter des sornettes ici
à l'Assemblée nationale. Tant sur le plan de la recherche et du
développement que sur le plan de la transformaiton, l'effort en aval a
été remarquable. Le député d'Outremont entretient
des relations privilégiées avec certains citoyens de la
région de Thetford.
Je ne blâme pas les gens de Thetford Mines de s'occuper de leurs
affaires, je ne blâme en aucune manière les chômeurs qui se
sont organisés dans ce comité et qui voient à leurs
intérêts. Je voudrais simplement leur dire quelques mots et leur
dire que pour 1983, nous avons des projets sur la table. J'ai indiqué
tout à l'heure le projet de fabrication de laine de roche. Cela
créera une trentaine d'emplois. Le projet d'usine pilote dans le secteur
du magnésium métal créera une cinquantaine d'emplois
là aussi. J'ajouterais que nous avons quatre grands projets de
développement dans les mines. Là-dessus, le député
d'Outremont a été très insistant. Lorsqu'il s'agit de
dépenser 80 000 000 $, il en demande, et ensuite il vient demander au
gouvernement de compresser les dépenses pour réduire le
déficit.
Je voudrais quand même lui répondre. Nous avons, à
la Société Asbestos, trois projets. Nous avons l'avantage que
cette région ait été désignée par le
gouvernement fédéral, ce qui signifie que le gouvernement
fédéral reverserait à la compagnie, en termes de
subventions, jusqu'à concurrence de 50% de l'investissement global. Je
voudrais rassurer le député d'Outremont qu'il avise ses amis
d'Ottawa que nous n'en demanderons pas tant. Nous avons trois projets pour la
Société Asbetos: le projet Crabtree, le projet Vimy et le projet
King Beaver.
Ces trois projets, dans leur ensemble, totalisent à peu
près 65 000 000 $ d'investissements, qu'on appelle des investissements
dans le développement pour préparer dans quatre ans ou dans cinq
ans de nouvelles séquences pour l'extraction de la fibre. Nous avons
également à la mine Bell un projet de développement pour
une dizaine de millions de dollars. L'ensemble de ces quatre projets, 75 000
000 $, pourrait créer dans le cas d'Asbestos 190 emplois pendant trois
ans; pour ce qui est de la mine Bell, 70 emplois pendant deux ans. Il va de soi
-je réponds tout de suite au député d'Outremont -
qu'à partir du moment où le ministre Lumley, le ministre de
l'Industrie et du Commerce et de l'Expansion économique
régionale, aura reçu l'ensemble de ces projets d'abord, qu'il les
aura examinés et analysés, à partir du moment où le
gouvernement fédéral dira qu'il versera les subventions normales
à l'intérieur de ces projets, je dis tout de suite que le
gouvernement du Québec ira de l'avant et mandatera tant la
Société Asbestos que la mine Bell à aller de l'avant avec
leurs projets.
J'ai certaines inquiétudes parce que nous n'avons pas le
même traitement de la part du gouvernement fédéral et,
particulièrement, dans le dossier de l'amiante. J'ai ici une lettre
signée par M.
Edward C. Lumley, datée du 24 février 1983 - quand
même très récente. Je voudrais vous en lire un paragraphe
puisqu'il y avait une discussion relativement à la mine de Baie Verte
qui est située à Terre-Neuve. Tout le monde sait que le
gouvernement fédéral a garanti un investissement à la Baie
Verte pour un montant de 14 000 000 $. Le député d'Outremont
disait tantôt: Le gouvernement du Québec savait ce qui arriverait
sur le marché de l'amiante et il a quand même fait
l'investissement. Il faut quand même avoir confiance dans l'avenir et ne
pas être d'un pessimisme affolant qui ferait qu'on s'en irait tous chacun
chez soi. (17 h 50)
Je voudrais simplement lire un paragraphe de la lettre de M. Lumley qui
est adressée à M. Perlstein, président de la SNA. "Because
of extremely depressed employment conditions in the Baie Verte area, following
the closure of Advocate Mines Limited and Consolidated Rambler Mines Limited,
the Department of Industry, Trade and Commerce and Regional Economic Expansion,
in conjunction with the Government of Newfoundland and Labrador, elected to
assist in the reestablishment of the Asbestos Mine in the last quarter of 1982.
" Le gouvernement fédéral est intervenu pour redémarrer la
mine de Baie Verte à Terre-Neuve. "This decision was based on the
assumption that world markets for asbestos fibers would eventually recover and
that new markets could be developed in countries which had not been significant
purchasers of Canadian fibers in the past. "
On a fait exactement la même constatation avec la
différence, cependant, qu'on est davantage confiant que le marché
international pourrait se rétablir. Tout le monde sait que les
débouchés sont plus difficiles aux États-Unis, ils sont
plus difficiles dans les pays de la Communauté économique
européenne mais, du côté de l'Asie, du côté de
l'Afrique, du côté de l'Amérique latine, du
côté des pays en voie de développement, il y a un
déplacement de la clientèle qui fait que, si nous nous
préparons à cette reprise sur le plan international, nous
pourrons bien sûr enclencher. C'est avec une industrie à l'aval,
avec de la recherche et du développement, que nous pourrons arriver
à activer le niveau de l'emploi dans les mines d'amiante et, en
particulier, dans la région de l'Estrie. Pour ces raisons, je n'ai pas
besoin d'ajouter que je vais voter contre la motion du député
d'Outremont.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal.
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il
vous plaît! J'ai reconnu le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président.
M. Laplante: J'ai une demande de directive, M. le
Président.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Demande de directive, M. le député de Bourassa.
M. Laplante: J'ai une demande à l'intention de
l'Opposition, en toute courtoisie. Vu que le député de Frontenac
a été longuement cité, ne pourrait-on pas lui donner
jusqu'à 18 heures pour répondre...
Des voix: Non.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaîtl
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de règlement, M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement, une demande de directive. Tout à l'heure, le
député d'Outremont me faisait signe que je n'aurais pas le temps
de parler avant 18 heures; c'est un fait. La directive que je voudrais vous
demander, c'est la suivante: nous avons, au feuilleton de l'Assemblée
nationale, pour demain...
M. Lalonde: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de règlement, M. le...
Une voix:...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaîtl M.
le leader de l'Opposition. Il n'y a pas deux questions de règlement en
même temps. Une à la fois; j'en ai une.
Une voix: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de privilège, M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'invoque mon privilège de droit de parole. Il
me reste cinq minutes. Je vous demande de protéger mon droit de parole
sur cette motion maintenant à...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! Il
y a un règlement qui concerne l'alternance et j'ai reconnu le
député de Mont-Royal. M. le député de Mont-Royal,
s'il vous plaît!
M. Grégoire: M. le Président, question de
règlement.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Grégoire: Question de règlement.
Des voix: Non.
M. Ciaccia: Vous avez reconnu mon...
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de règlement, M. le député de Frontenac,
très brièvement.
M. Grégoire: Très brièvement, M. le
Président. C'est à la suite de ce que je vous ai mentionné
tout à l'heure, qu'on ne voulait pas que je réponde avant 18
heures. Je voudrais vous demander, parce qu'il y a un article au feuilleton,
à la page...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! M.
le député de Frontenac, vous aurez, par d'autres moyens,
l'occasion de demander au leader une façon de vous permettre de faire un
discours ou de défendre un point de vue, ce qui est tout à fait
normal dans votre cas. Mais je dois aussi protéger l'alternance et j'ai
reconnu le député de Mont-Royal. Je vous demanderais, s'il vous
plaît, de laisser la possibilité, pour quatre minutes...
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! M.
le député de Mont-Royal, vous avez quatre minutes.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Vous voyez le genre de
tactique qu'on utilise du côté gouvernemental pour empêcher
des interventions sur des sujets très importants, non pas en
théorie, comme le ministre de l'Énergie et des Ressources a
tenté de l'expliquer. Moi, si j'étais un travailleur de
Thetford-Mines, j'aurais été insulté, complètement
insulté par l'intervention du ministre. On ne dit pas ici si on a
investi beaucoup d'argent, quels sont les objectifs du gouvernement; on ne
parle que de deux choses: des pertes d'argent et des pertes d'emploi.
Qu'allez-vous faire aujourd'hui pour respecter vos promesses, pour que ces
gens,
qui n'ont pas d'ouvrage, qui n'ont pas de travail à cause de vos
politiques, pour vous assurer que vous allez respecter vos promesses et que ces
gens pourront travailler? C'est ça, le problème qu'on a
aujourd'hui.
On nous parle du marché international, des filiales
américaines, de la recherche, de tout cela, mais le gars qui
reçoit de l'assurance-chômage et qui devra demander de
l'assistance sociale, voulez-vous me dire ce que ça lui fout, à
lui, le marché international? Il veut des projets, des
réalisations immédiates. Avant les élections, des
promesses, vous en faisiez. Le député de Frontenac a fait
tellement de promesses... Si c'était possible, comme il a fait ces
promesses à l'extérieur de la Chambre, il devrait y avoir une
procédure, à l'Assemblée nationale, pour empêcher de
laisser siéger quelqu'un qui représente le gouvernement comme
adjoint parlementaire et qui fait des promesses démagogiques qui ne
peuvent jamais être respectées. Après cela, il vient
à l'Assemblée nationale et il essaie de se justifier. Il devrait
y avoir une procédure pour empêcher ces gens de siéger ici;
il faudrait instaurer des mesures les obligeant à respecter les
engagements qu'ils ont pris envers la population.
Le ministre de l'Énergie et des Ressources a dit: Écoutez,
on n'a pas déboursé d'argent pour acheter Asbestos Corporation.
Si vous n'avez pas déboursé d'argent, vous devriez en avoir dans
vos coffres pour faire le développement nécessaire dans le cas
actuel et pour répondre aux demandes du Comité des chômeurs
d'Asbestos Corporation. Ou vous avez de l'argent, ou vous n'en avez pas. Si
vous n'en avez pas déboursé, utilisez-le maintenant pour remplir
vos promesses.
Vous nous dites que vous avez fait des emprunts. Naturellement, vous
avez fait des emprunts, c'est un engagement et vous devez payer des
intérêts. On vous avait avertis en commission parlementaire: si
vous voulez arriver à vos objectifs de transformation, de recherche et
de développement de l'industrie de l'amiante, n'achetez pas Asbestos
Corporation. Vous allez geler des fonds, vous allez prendre des engagements que
vous ne pourrez pas respecter, qui vont vous lier et qui vont vous
empêcher de faire d'autres développements. On vous a avertis et,
aujourd'hui, les avertissements qu'on vous a donnés, vous les voyez
devant vous. Si vous ne vous étiez pas liés avec l'achat
d'Asbestos Corporation, vous auriez plus d'argent à consacrer à
la recherche dont vous parlez; vous auriez plus d'argent pour faire la
transformation, vous auriez pu vous occuper de tous les autres aspects de cette
industrie et on n'aurait pas aujourd'hui, devant nous, des chômeurs, des
gens qui vous demandent du travail, qui vous demandent de respecter vos
engagements.
M. le Président, nous voyons ici les conséquences des faux
prophètes, les conséquences des marchands d'illusions, les
conséquences des gens qui sont totalement incompétents dans
l'administration de la chose publique, complètement incompétents.
Le député de Frontenac accusait General Dynamics, il disait: Vous
êtes des incompétents, vous ne savez pas administrer, vous ne
savez rien faire. D'un côté il les accusait d'être de
mauvais administrateurs, de l'autre côté, le ministre de
l'Énergie et des Ressources, à ce moment, disait comment la
compagnie était bonne, comment il fallait s'impliquer et l'acheter.
Aujourd'hui - je sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, mais je
demanderais de conclure, spécialement parce que je me suis tellement
fait interrompre par le député de Frontenac - le problème,
c'est une question de développement. Quand on a acheté Asbestos
Corporation, le gouvernement savait qu'il fallait mettre des fonds pour le
développement. Respectez cet engagement, donnez du travail. Vous avez
foi en l'avenir de l'amiante...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal, suivant notre règlement, le mercredi
à 18 heures...
M. Ciaccia: 30 secondes.
Le Vice-Président (M. Rancourt): 30 secondes? M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Deux points dans les 30 secondes. Vous saviez qu'il
fallait faire le développement, vous aviez foi en l'avenir de l'amiante;
prenez l'argent, faites le développement et donnez du travail aux
chômeurs. Deuxièmement, respectez les engagements et acceptez les
recommandations du comité de chômeurs, pour qu'au moins dans le
contexte actuel, vous puissiez donner du travail à ces gens et si vous
ne pouvez pas respecter complètement vos engagements - au moins...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaîtl
M. Ciaccia:... alléger un peu la misère que
vous-mêmes avez causée par vos politiques.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que le
député de Mont-Royal a oublié de demander la suspension du
débat. Son droit de parole, naturellement, doit continuer à la
prochaine séance.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, vous demandez la
suspension du débat.
M. Ciaccia: Je demande la suspension du débat, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
ajournés à demain, 14 heures.
(Fin de la séance à 18 h 01)
9 mars 1982 Débats de l'Assemblée
nationale
ANNEXE
Réponses aux questions inscrites au
feuilleton
MINISTERE DES AFFAIRES CULTURELLES
Question 11 décembre - monsieur Paradis
1. Le ministère des Affaires culturelles a-t-il accordé
quelque subvention depuis 1970 à M. Robert Leclerc et Mne Monique
Leclerc, locataires de la Maison Saint-Hubert à Montréal,
laquelle aurait été rachetée par le ministère des
Travaux publics et de l'Approvisionnement ?
Si oui, combien de subventions ont-ils obtenues et pour quel montant ?
2. Ont-ils reçu des subventions d'autres ministères ? Si
oui, combien et pour quel montant ?
Réponse:
Le ministère des Affaires culturelles n'a pas versé de
subvention, depuis 1970 jusqu'à ce jour, à monsieur Robert
Leclerc et madame Monique Leclerc en rapport avec la maison Saint-Hubert
à Chambly. 27-01. 83