Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures deux minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Un
moment de recueillement. Veuillez vous asseoir. Affaires courantes.
Déclarations ministérielles. Dépôt de documents.
M. Rocheleau: M. le Président...
Avis de la Commission de la fonction
publique sur un règlement de
classification concernant
les cadres supérieurs
Le Président: Un instant, M. le député de
Hull, immédiatement après. J'aurais quelque chose à
déposer, s'il vous plaît. Conformément aux dispositions de
l'article 30 de la Loi sur la fonction publique, je dépose copie de
l'avis que la Commission de la fonction publique a transmis au Conseil du
trésor sur le règlement modifiant le règlement de
classification no 630 concernant les cadres supérieurs. Document
déposé.
M. le député de Hull.
Pétition invitant le ministre
des Affaires municipales
à Baie-Comeau
M. Rocheleau: M. le Président, je trouve malheureux qu'il
y ait à peine une quinzaine de députés du
côté ministériel; je vais quand même déposer
ce document. Je voudrais lire le préambule: "Par la présente, je
déclare que la pétition contient 6070 signatures, que 11
personnes ont signé deux fois pour un total de 6059. Fait à
Baie-Comeau le 2 juin 1982" et signé par un commissaire à
l'assermentation. Le préambule, M. le Président, est
titré: "Attendu que le ministre des Affaires municipales a
accepté de défendre le projet de loi no 37 à Hauterive, le
5 avril 1982, sur invitation d'un comité de citoyens n'ayant pas
présenté de rapport à la commission parlementaire du 15
décembre 1981; attendu que le comité conjoint formé de
représentants des deux villes et assisté par des membres de la
Commission municipale du Québec a rendu son rapport; attendu que ce
rapport confirme les chiffres présentés par la ville de
Baie-Comeau en commission parlementaire et démontre que les coûts
exorbitants de la fusion projetée seraient assumés par les
citoyens de Baie-Comeau; attendu que ce rapport constitue un
élément nouveau dans le dossier, en conséquence, nous
citoyens et citoyennes de Baie-Comeau, demandons au ministre des Affaires
municipales, Jacques Léonard, de venir à Baie-Comeau expliquer en
assemblée publique sa position et répondre à nos questions
face au rapport du comité conjoint avant la poursuite des travaux
parlementaires sur le projet de loi no 37."
M. le Président, j'aimerais déposer ce document. En
l'absence du ministre des Affaires municipales, je regrette...
M. le Président, j'aimerais déposer ce document. Je
regrette l'absence du ministre des Affaires municipales, car c'est lui qui
aurait dû le déposer étant donné qu'il a fait la
même chose pour Hauterive.
Le Président: Pétition déposée.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période des questions orales des députés. M. le
chef de l'Opposition.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
M. Ryan: Je voudrais poser une question à M. le premier
ministre. Je ne sais pas si on peut l'attendre d'une minute à l'autre.
Je vois que le whip du parti ministériel est allé le chercher.
Pardon?
M. Bertrand: II ne devrait pas tarder, M. le
Président.
M. Ryan: Le voici.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
La récupération de deniers sur
les
augmentations salariales dans les
secteurs public et parapublic
M. Ryan: Les chefs des centrales syndicales ont donné une
conférence de presse hier dans laquelle ils ont dénoncé
comme inique et illégal le projet de loi 70 qui vise à
régler la rémunération des employés des secteurs
public et parapublic pour les trois premiers mois de 1983 et, ensuite,
l'année qui suivra à compter du 1er avril. Ils ont dit au
gouvernement, si j'ai bien compris, qu'ils voudraient ouvrir dans les meilleurs
délais les négociations en vue
des dispositions salariales que contiendront les prochaines conventions
collectives en y mettant une condition, en demandant que le gouvernement retire
d'abord le projet de loi 70 qu'ils ont dénoncé, à juste
titre, à mon point de vue, comme un projet de loi sans
précédent dans toute l'histoire des relations syndicales entre le
gouvernement et ses employés syndiqués. Le gouvernement est-il
disposé à écouter cette requête qui lui a
été faite ou s'il va persister dans son intention de faire
adopter ce projet de loi à la vapeur afin de se présenter ensuite
à la table de négociation avec une question déjà
réglée, ce qui serait contraire à tout l'esprit de nos
lois du travail?
Deuxièmement, le gouvernement a conçu son projet en
s'appuyant sur le postulat faux, à mon point de vue, que lorsqu'une
convention de travail est terminée, disons le 31 décembre,
l'employeur peut faire ce qu'il veut à compter du 1er janvier, ce qui
est contraire aux thèses qu'a sûrement défendues pendant
longtemps celui qui est actuellement adjoint parlementaire du ministre du
Travail. C'est une vérité élémentaire en relations
du travail, du moins dans les milieux syndicaux, que quand une convention est
terminée, on attend que l'autre ait été signée pour
oser y déroger, oser en modifier des dispositions essentielles. Est-ce
que le premier ministre peut nous dire si la position de son gouvernement sur
ce point particulier demeure la même? Est-ce qu'il pourrait
déposer en cette Chambre et mettre à la disposition de
l'Opposition les avis légaux sur lesquels il s'appuie pour agir d'une
manière aussi arbitraire et sans précédent?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je suis un
peu - le chef de l'Opposition l'a dit - incertain en ce qui concerne exactement
ce qui a été dit par les chefs syndicaux. On fait faire des
vérifications. Retirer le projet de loi no 70, c'est une version. J'ai
entendu dire aussi qu'il pourrait peut-être y avoir une rencontre,
à condition que ce soit avant que le projet de loi no 70 puisse
être adopté, enfin, peu importe. L'essentiel, c'est que cela
rejoint ce qu'on dit. Dieu sait ce qu'on s'évertue à dire depuis
un bon bout de temps, à savoir que le projet de loi no 70 est
évidemment une mesure de dernier recours par rapport à l'offre de
gel modulé, gradué - enfin, peu importe le terme qu'on emploi -
l'offre de gel progressif, selon les échelles de revenus, qui avait
été faite au début d'avril et qui est toujours sur la
table, à condition qu'on puisse se mettre à cette table et la
négocier.
Ce qui n'est pas négociable, c'est l'essentiel de la
récupération des 521 000 000 $, pour employer le chiffre que tout
le monde connaît, du côté des syndiqués des secteurs
public et parapublic, de la même façon que ne peut pas être
négociable non plus la centaine de millions et plus que
représente le gel des non syndiqués, c'est-à-dire des
cadres, etc., qui doit s'appliquer à compter du 1er juillet. C'est en
fonction du devoir qu'on se sent en conscience, nous, de protéger
l'équilibre financier - dans le contexte actuel, il me semble que cela
saute aux yeux - du gouvernement, la santé économique
fondamentale, budgétaire comprise de l'État.
Pour ce qui est de l'argumentation du chef de l'Opposition, ce n'est pas
la première fois que je l'entends, il a droit à son opinion sur
ce qui se passe après le 31 décembre. Quant à nous, il
nous semble que c'est une tradition qu'il faut respecter, quand on le peut,
aussi loin qu'on le peut, mais qui n'a pas du tout le caractère
sacré de cette période qui est couverte par la signature de la
convention. Il est évident que la tradition s'est établie, que
normalement, on ne change pas les choses jusqu'à ce qu'il y ait une
autre convention. C'est malheureux, mais on ne peut pas se payer le respect de
cette tradition pour l'année qui vient, à condition qu'on puisse
négocier le plus vite possible. Demain, après-demain, si on veut,
je l'ai déjà dit, je le répète, on pourrait
étaler la récupération, et en même temps,
peut-être amorcer le début d'une nouvelle convention sur tous les
autres plans, parce que Dieu sait qu'il n'y a pas seulement les salaires dans
l'ensemble des conditions de travail. Seulement, si on ne peut pas faire cela,
il est évident que la loi 70 devra s'appliquer.
Le Président: Question additionnelle, M. le chef de
l'Opposition.
M. Ryan: Si je comprends bien le premier ministre, la
décision qu'aurait prise le gouvernement d'aller chercher dans la poche
des employés des secteurs public et parapublic une somme d'à peu
près 521 000 000 $ à même des sommes qu'il avait
déjà consenti à leur donner sous sa signature, c'est une
décision qui est irrévocable et que le gouvernement va essayer de
faire instituer à l'état de texte de loi avant même que des
négociations en bonne et due forme puissent avoir lieu. Si j'ai bien
compris, le premier ministre n'a pas exclu la possibilité d'une
rencontre avec M. Louis Laberge et d'autres avant que le projet de loi vienne
en discussion à la Chambre. Est-ce ce que je dois comprendre?
Une voix: Seulement avec ti-Louis.
M. Ryan: Sur ce point - je voudrais que ce soit bien clair - le
premier ministre me disait, la semaine dernière, que c'est vrai
qu'il avait décidé d'aller chercher de la main droite ce
qu'il avait été obligé de donner de la main gauche sous
l'empire de sa signature. Cela reste toujours la politique du gouvernement de
renier sa signature en faisant indirectement ce que sa signature ne
l'autorisait pas à faire directement?
Une voix: C'est cela.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je veux
bien répéter les mêmes réponses quand le chef de
l'Opposition, au fond, reprend les mêmes questions. D'abord, au point de
vue des rencontres, il n'est absolument pas exclu qu'il y ait des rencontres
à quelque niveau que ce soit. Au contraire, quelles que soient les
occasions qu'on puisse avoir d'amorcer, de discuter de l'ensemble de tout cela
- on a déjà eu l'occasion de le faire avec les dirigeants
syndicaux avant, au moment où il y avait sur la table une offre de
réouverture et de négociation des conventions, et il n'y a
absolument rien qui exclut que cela puisse avoir lieu de nouveau dans les jours
qui viennent - on ne demande pas mieux, en fait. Est-ce que je dois le
répéter encore une fois? On ne demande pas mieux et on voudrait
bien que cela nous ramène tous à table.
Pour ce qui est de 1979-1980, quand on a signé les conventions
actuelles - on l'a a dit, je le répète - tout le monde
était de bonne foi, tout le monde a signé en se disant: On a
confiance - l'économie allait bien - c'est même plus raisonnable
que tout ce qui a été signé avant. C'est vrai, cela
l'était. Il y avait eu, quand même, une sorte de rattrapage, si
vous voulez, de l'escalade qu'était devenue cette ronde de
négociations périodique. Seulement, c'est évident que cela
n'a pas suffi. On est rendu aujourd'hui en 1982, après la cassure
économique de 1981. Si vous regardez les journaux d'aujourd'hui, tous
ces facteurs qu'on ne peut pas contrôler, que ce soit le taux
d'intérêt, que ce soit l'inflation elle-même qui se profile
derrière, tout cela continue jusqu'à nouvel ordre et on ne voit
pas la fin du tunnel.
Dans un contexte comme celui-là, le devoir qu'on a
vis-à-vis de nos concitoyens, avec le poids fiscal qu'ils portent, avec
tout ce que cela implique pour les millions de gens qui sont dans le secteur
privé qui doivent faire les frais de ce que coûte le secteur
public, tout cela nous impose de faire, hélas - parce que Dieu sait que
ce n'est pas réjouissant - ce que nous avons décidé de
faire et cela va se faire d'une façon ou de l'autre.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: M. le Président, nous ferons le débat sur
le fond, la semaine prochaine, à l'occasion du débat sur le
projet de loi no 70. J'étais content de voir le député de
Prévost applaudir aux propos du premier ministre, applaudir au
comportement d'un gouvernement qui va faire des choses que lui-même
aurait condamnées il n'y a pas tellement longtemps.
Des voix: Ah!
Le Président: Question, s'il vous plaît!
M. Ryan: Je voudrais adresser une question supplémentaire
soit au premier ministre ou, à défaut de précisions de la
part du premier ministre, à l'adjoint parlementaire au ministre du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Tantôt, quand j'ai demandé au premier ministre s'il
entendait violer cette règle sacrée de notre régime de
relations du travail, en vertu de laquelle l'employeur ne s'attribue pas
unilatéralement la faculté de modifier des dispositions d'une
convention en vigueur, le premier ministre m'a parlé d'une tradition qui
aurait existé que, dans ce cas-ci, on n'est pas capable de
respecter.
Je demanderais au premier ministre si l'adjoint parlementaire au
ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu lui aurait communiqué, par hasard, que c'est plus qu'une
tradition, mais qu'il y a un article dans notre Code du travail qui prescrit un
comportement précis aux employeurs dans ces questions. Je voudrais que
l'adjoint parlementaire nous dise s'il souscrit à la ligne de conduite
du gouvernement en cette matière et s'il accepte que le gouvernement
modifie unilatéralement les dispositions de la convention collective,
dès le jour de l'expiration, sans avoir même négocié
sérieusement avec ses employés syndiqués. Qu'il prenne
cette décision-là.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je vais laisser le
député de Prévost apprécier le
procédé qu'emploie le chef de l'Opposition pour voir s'il ne
pourrait pas glisser des pelures de banane ici et là à partir
d'une question...
Des voix: Ah!
M. Lévesque (Taillon): ... qui m'était
adressée.
Le Président: À l'ordre.
M. Lévesque (Taillon): Je lui demanderais peut-être,
quitte à échanger des questions, si jamais nos amis d'en face,
disons, comme l'ancien ministre des Finances
dont on reparle au point de vue politique, M. Raymond Garneau, avaient
le courage ou le bon sens de se prononcer sur le fond, à supposer qu'un
jour ils aient la responsabilité du gouvernement, qu'est-ce qu'ils
feraient? Est-ce que, par hasard...
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le premier ministre, vous avez la parole.
M. Lévesque (Taillon): Est-ce que, par hasard, le chef de
l'Opposition renierait cette belle vigueur avec laquelle, en avril 1981, il
disait: Et nous, quand on sera le gouvernement - parce qu'à ce
moment-là on parlait au futur - la masse salariale de l'État,
ça ne sera pas négociable. Il n'y avait pas moyen d'être
plus catégorique. Aujourd'hui, quand on est devant des problèmes
comme ceux-là, qu'est-ce qu'on entend de l'autre côté? Ce
sont des "giddy giddy" simplement parce qu'ils sont incapables...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): ... d'assumer le minimum de
responsabilité qui signifierait "voici ce qu'on ferait, nous". On
aimerait ça, avoir des suggestions.
J'ai entendu de la part, hélas, du chef de l'Opposition, encore
davantage de la part de ceux qui l'entourent, toute une série de
savantes analyses sur les périls de la conjoncture, mais strictement pas
un mot sur ce que possiblement serait leur solution de rechance.
Cela étant dit, pour...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): ... la dernière fois, je le
répète au chef de l'Opposition -enfin, la dernière, sauf
s'il veut répéter la question encore une fois - que, tel que se
présente le contexte actuel, nous avons choisi, et nous en portons la
responsabilité, ce qui nous semble la seule et unique façon
équitable, dans le contexte actuel, de préserver
l'équilibre financier de l'État québécois dont on a
tous besoin, qui doit être autant que possible en santé, quelles
que soient les conjonctures.
Deuxièmement, nous avons également la volonté
ferme, j'en ai parlé hier lors de l'étude des crédits au
chef de l'Opposition et à ceux qui l'accompagnaient, qui sera
explicitée la semaine prochaine, de prendre, avec tous les moyens du
bord, toutes les mesures possibles dans la conjoncture pour essayer de
maintenir, de stimuler au maximum l'emploi. Il suffit encore une fois de lire
les journaux d'aujourd'hui pour avoir une excellente idée de la
nécessité absolue d'un effort maximum de ce
côté-là.
Le Président: M. l'adjoint parlementaire au ministre du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Dean: M. le Président, je ne pense pas avoir des
leçons de principe à prendre du chef de l'Opposition. Si la
société québécoise essaie actuellement tant bien
que mal d'équilibrer le principe du droit de grève avec le
principe du respect des services essentiels des citoyens, moi, comme être
humain, j'essaie d'équilibrer aussi mes principes de syndicaliste avec
mes devoirs comme élu du peuple envers la population du Québec.
(10 h 20)
II est vrai que le Code du travail et les us et coutumes
prévoient que les conditions en vigueur à la fin d'une
convention, en règle générale, restent en vigueur.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Dean: Attendez une minute!
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Portneuf, question de règlement.
M. Pagé: Pour être très bref, ce n'est pas en
règle générale que la loi s'applique, c'est tout le
temps...
Le Président: M. le député de Portneuf, vous
savez manifestement qu'il ne s'agit pas d'une question de règlement.
M. l'adjoint parlementaire au ministre du Travail.
S'il vous plaît! Une question a été posée
à l'adjoint parlementaire et je pense qu'il a droit d'y
répondre.
M. l'adjoint parlementaire.
M. Dean: Le Code du travail prévoit, à l'article
59, qu'à compter du dépôt d'une requête, l'employeur
doit maintenir en vigueur les conditions de travail...
Des voix: Ah!
M. Dean: Attendez une minute! Du calme dans le poulailler, je
m'en viens! Tant que le droit de lock-out ou de grève n'est pas acquis -
c'est le texte - on doit maintenir les conditions de travail. Le 31
décembre 1982, que je sache, le droit de grève ou de lock-out
sera acquis. Peut-être que ceux qui ont passé leur vie à
négocier dans le secteur public ou dans les salles de
rédaction des journaux devraient savoir que dans l'entreprise
privée, il arrive parfois qu'à la fin d'une convention collective
un employeur dit: Telle clause, qu'on a négociée la
dernière fois ou il y a six ans, fonctionne mal, nous cause des
problèmes, produit de l'inefficacité. Assez souvent, les
travailleurs l'admettent.
J'ai connu des cas comme négociateur syndical - je peux nommer
des dossiers - et cela a été accepté par les membres du
syndicat que des clauses déjà accordées soient
modifiées, toujours dans un contexte de négociation, oui, mais
elles ont été négociées. Donc, il n'y a rien de
sacro-saint dans une condition de travail une fois négociée. Tout
le monde peut se tromper à la table de négociation, M. le
Président. Cela se fait souvent, de part et d'autre.
Des voix: Consentement. Toute la matinée!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. l'adjoint parlementaire.
M. Dean: Les situations évoluent dans n'importe quelle
convention collective, dans n'importe quelle entreprise privée. Ces
grands défenseurs des "boss" de l'autre côté, ceux qui
dénoncent les politiques du Parti québécois pour leur
effet sur les grandes entreprises et tout ça, doivent savoir que les
grandes entreprises sont les premières à demander, à la
suite de l'expérience vécue, que certaines conventions
collectives soient modifiées.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Dean: Cela se fait dans un contexte de négociation,
sauf que maintenant, M. le Président, il y a des droits et des devoirs
qui doivent exister pour un représentant élu du peuple. On est
élu pour le mieux possible servir les intérêts de la
population du Québec. Dans la situation financière où on
se trouve, au sommet économique, il a été unanimement
décidé par les parties, M. le Président, qu'il
n'était plus question de comprimer des services à la population,
qu'il n'était plus question d'augmenter les impôts. Il reste
très peu de choix au gouvernement.
Je veux dire, en terminant, M. le Président, que dans une
manchette de ce matin, une autre manchette - peut-être n'ont-ils pas lu
cette manchette - le futur chef du Parti libéral du Québec a dit
qu'il était favorable à un gel des salaires, s'il le faut. M.
Garneau.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Dean: Je dis encore, M. le Président, que je souhaite
que le projet de loi no 70 ne soit jamais appliqué.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Je remarque que c'est la
première période des questions qu'on tient un vendredi depuis
plusieurs mois. C'est peut-être pour cette raison que les
députés sont plutôt bavards, ce matin. Je demanderais, s'il
vous plaît... À l'ordre, s'il vous plaît. La question a
été adressée à l'adjoint parlementaire et j'ai
entendu dire par quelques personnes que notre règlement, lorsque le
ministre était présent, prévoyait une réponse du
ministre. Je dois répéter que la question a été
adressée, malgré la présence du ministre, à
l'adjoint parlementaire et que, par conséquent, il a le droit de
répondre à la question qui lui a été posée.
Je lui demande, d'autre part, de conclure, s'il vous plaît.
M. Dean: Je conclus en disant, M. le Président, que s'il
fallait que la loi 70 soit adoptée, je souhaite de tout coeur qu'elle ne
soit jamais mise en application, parce que les centrales syndicales seront
venues négocier...
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre!
M. Dean: ... en travailleurs, mais aussi en citoyens
québécois soucieux d'apporter leur contribution pour passer
à travers la crise.
En terminant, M. le Président, je demande aux centrales
syndicales de rencontrer les représentants du gouvernement dans les plus
brefs délais afin de négocier une entente qui va respecter les
droits des travailleurs, mais aussi représenter le bien commun de la
population québécoise.
Des voix: Bravo!
Le Président: Une dernière question additionnelle,
M. le chef de l'Opposition. À l'ordre, s'il vous plaît! Une
dernière question additionnelle, M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: L'adjoint parlementaire, qui tenait un langage tellement
différent quand il était vice-président de la FTQ aux
côtés de M. Louis Laberge, pourrait-il nous dire s'il a eu
connaissance de cas, dans le passé, d'employeurs importants, et je le
défie d'en nommer du côté privé, en particulier -
dans le temps, il se plaisait à dénoncer les employeurs du
secteur privé, souvent dans des termes démagogiques - je le
défie de citer un exemple ce matin d'un employeur privé qui se
serait déjà mis dans une psychose de lock-out sept mois avant
l'expiration de la période qui doit permettre des négociations
convenables? Comment
explique-t-il que le gouvernement soit tellement pris dans cette
psychose qu'il a déjà décidé, à sept mois de
l'expiration de la période des conventions, d'imposer des
réductions de salaires aux employés après les avoir
accordées? Je voudrais seulement faire deux corrections, M. le
Président, à titre d'information.
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! M. le chef de l'Opposition...
Une voix: C'est fatigant? Vous trouvez cela dur? (10 h 30)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le chef de l'Opposition, vous êtes en période de question
additionnelle, s'il vous plaît. Question additionnelle.
M. Ryan: Je voulais seulement rappeler qu'il y a eu deux
inexactitudes qui se sont glissées dans les réponses et je
voudrais... Préférez-vous que je les fasse plus tard?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! S'il vous plaît! Je vous répondrai ceci: J'ai
toujours dit qu'envers le premier ministre et le chef de l'Opposition j'avais
une certaine tolérance, tolérance que j'ai eue jusqu'à
maintenant, parce que c'est, je pense, la troisième ou quatrième
question additionnelle. La deuxième a été
précédée d'un préambule, la troisième
également. Je ne peux pas vous permettre, à ce stade-ci, M. le
chef de l'Opposition, de corriger des choses qui pourraient ne pas être
vraies dans certains propos qui ont été tenus en cette Chambre.
Par contre, à d'autres moments, j'en suis sûr, vous aurez, en
vertu de notre règlement, l'occasion de faire les corrections
nécessaires. Cela ne veut pas dire que j'interprète d'avance
votre éventuelle question de privilège comme étant
acceptée, parce que je répète qu'une différence
d'opinions ou d'interprétation ou des vérités
différentes ne constituent pas une question de privilège.
M. le chef de l'Opposition, s'il vous plaît!
M. Ryan: M. le Président, je m'incline devant votre sage
décision et je reconnais votre tolérance habituelle, dont je ne
pense pas avoir abusé. J'ajoute simplement un complément de
question à l'intention de l'adjoint parlementaire. N'est-il pas
prêt à convenir, en toute honnêteté, que l'ancien
ministre des Finances, dans sa déclaration d'hier, n'a jamais dit qu'un
gouvernement devrait aller voler dans la poche de fonctionnaires des sommes
qu'il leur a déjà données?
Le Président: M. le l'adjoint parlementaire au ministre du
Travail.
M. Dean: En toute honnêteté, cet article ne
constitue pas autre chose que ce que j'ai dit, dans le sens de la question du
chef de l'Opposition. Vous avez demandé, si j'ai bien compris,
malgré le chahut, s'il y a des entreprises privées qui ont
entamé des choses au milieu d'une convention collective. Oui, la
compagnie Ford et la compagnie GM viennent de le faire en plein milieu de la
convention. Je vais vous dire comment ils l'ont fait.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Dean: Je vais vous dire...
Le Président: M. l'adjoint parlementaire, vous avez la
parole.
M. Dean: Ford est arrivée à la table de
négociation aux États-Unis avec des listes d'usines et les dates
de fermeture. Elle a mis cela sur la table. Elle a dit: Êtes-vous
prêts à ouvrir les négociations?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
pense que toute question demande une réponse. La période des
questions finit à 10 h 52. D'autres députés veulent poser
des questions. En conséquence, M. l'adjoint parlementaire, vous avez la
parole.
M. Dean: M. le Président, aux États-Unis, ces
compagnies ont convoqué le syndicat et ont dit: Telle usine va fermer
à telle date et telle usine va fermer à telle date. Ce
n'était pas facile pour les travailleurs...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, cela fait déjà
un certain temps que la période des questions est commencée. Vous
aurez remarqué une chose. Le chef de l'Opposition a posé des
questions au premier ministre, il a obtenu des réponses aux questions
qu'il avait posées. D'une façon purement vicieuse et
malicieuse...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. le leader du gouvernement, avant de vous laisser poursuivre,
j'aimerais dire que, depuis quelques semaines, nous avons fait, comme le leader
a déjà eu l'occasion de le dire, un petit pas, parce que nous
commençons à l'heure. Mais je pense que les pas les plus
importants restent encore à venir. Or, ce matin, malgré le petit
pas que nous avons encore respecté - nous avons commencé à
10 h 02 - je dois constater avec regret que les parlementaires ne
donnent certainement pas l'exemple de leur volonté et de leur
intention d'accomplir d'autres pas dans l'amélioration de nos travaux
parlementaires. M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: D'ailleurs, à ce sujet, M. le
Président, vous aurez remarqué que, pendant que le
député de Prévost et adjoint parlementaire du ministre du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu voulait
donner des réponses aux questions qui lui étaient posées
par le chef de l'Opposition, au moins cinq, six ou sept fois il a
été interrompu, on l'a empêché de répondre,
alors que le chef de l'Opposition, ce matin, connaissant très bien le
dossier -je l'espère, au moins sur le fond - pose une question au
premier ministre...
Une voix: Une.
M. Bertrand: ... sur le dossier de la rémunération
dans le secteur public, parle de problèmes de négociation, a, en
présence ici à l'Assemblée nationale, le ministre du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, mais
pour des motifs que je n'ose pas qualifier...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît, ou je suspends les travaux de l'Assemblée tout simplement!
M. le leader du gouvernement, en terminant, s'il vous plaît.
M. Bertrand: M. le Président, pour des motifs que je n'ose
pas qualifier, je pense que ceux et celles qui nous écoutent s'en sont
rendu compte, le chef de l'Opposition essaie d'amener l'adjoint parlementaire
du ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu à faire la démonstration qu'il serait, paraît-il,
dans une situation délicate...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, est-ce qu'on
va...
M. Bertrand: ... puisque qu'il a un passé syndical et que,
aujourd'hui, il a des responsabilités au sein de l'équipe
ministérielle...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le leader du gouvernement, je pense
que... S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! La
dernière question additionnelle a été... J'allais dire au
leader du gouvernement qu'il ne s'agit pas d'une question de règlement.
La présidence a dit tout à l'heure que, malgré la
présence du ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, la question a été posée
à l'adjoint parlementaire. Or, en temps normal, l'adjoint parlementaire
ne peut répondre à une question qu'en l'absence du ministre dont
il est l'adjoint.
Or, la question lui a été posée. D'après
moi, il y a eu une sorte de consentement unanime voulant qu'il réponde
à la question. Une dernière question additionnelle a
été posée et, très brièvement, je
demanderais à l'adjoint parlementaire de conclure, s'il vous
plaît.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
règlement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, sur une
question de règlement.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je veux tout
d'abord faire cette mise au point. Lorsque la question a été
posée par le chef de l'Opposition à l'adjoint parlementaire du
ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, le ministre n'était pas à son siège.
Une voix: C'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): Au moment de donner la réponse,
le ministre est arrivé. Mon Dieu! on n'interrompt pas quelque chose en
plein milieu. Si le ministre veut donner un complément de
réponse, libre à lui, mais nous avons eu l'occasion d'entendre la
réponse de l'adjoint parlementaire du ministre et tout le monde pourra
juger de la qualité de la réponse.
Cela dit, M. le Président, je me demande encore une fois
comment... Je suis très conscient que vous avez dit que le leader
parlementaire du gouvernement n'avait pas soulevé une question de
règlement, que ce n'était pas une question de règlement,
mais, tout de même, on lui a permis assez longuement de faire état
de la situation de conflit d'intérêts possible que pourrait avoir
l'adjoint parlementaire du ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Cela n'est pas conforme à notre
règlement et j'espère que le leader parlementaire du gouvernement
n'était pas en train d'indiquer à l'Opposition quelle question on
devait poser, à qui on devait poser une question, ou de quel genre.
Jamais on n'acceptera cela du gouvernement. (10 h 40)
Des voix: Bravo!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader de l'Opposition, je dois vous dire que, dans votre cas, il ne
s'agissait pas, non plus, d'une question de règlement, mais que j'ai
fait preuve envers vous de la même tolérance dont j'ai fait preuve
il y a quelques secondes envers le leader du gouvernement.
M. l'adjoint parlementaire, en conclusion, s'il vous plaît!
M. Dean: M. le Président, chez Ford et GM aux
États-Unis...
Une voix: Canada. Une voix:Québec.
M. Dean: ... avec 200 000 travailleurs en chômage dans
l'industrie de l'automobile et sans sécurité d'emploi, face
à un gouvernement sans couilles qui refuse d'exiger des
japonaises...
Des voix: Ah!
M. Dean: ... des compagnies japonaises de produire leurs produits
aux États-Unis...
Des voix: Ah!
M. Dean: ... cette position des entreprises a été
finalement acceptée par les travailleurs, démocratiquement, parce
qu'ils avaient le choix entre accepter d'avaler la pilule ou perdre leur
emploi. Vous voulez parler du Canada. Ford et GM, essaient par tous les moyens,
de le faire valoir au Canada aussi. Oui, les travailleurs...
Le Président: S'il vous plaît! M. l'adjoint
parlementaire, en terminant, s'il vous plaît!
M. Dean: Les travailleurs canadiens aussi,
démocratiquement, ont refusé d'accepter de négocier leur
convention collective avant son expiration face à l'incurie du
gouvernement fédéral...
Des voix: Ah!
M. Dean: ... qui refuse aussi de protéger les emplois des
travailleurs de l'automobile canadiens. En terminant, M. le
Président...
Une voix: Changez de cassette.
M. Dean: ... on a parlé de l'entreprise privée et
on va parler aussi de la politique. J'ai vu, à la
télévision, la semaine dernière, un ministre communiste
d'un gouvernement socialiste en France...
Une voix: René est parti.
M. Dean: ... qui a su faire la distinction entre sa
loyauté, ses convictions de syndicaliste...
Une voix: Vous devriez faire pareil.
M. Dean: ... et ses devoirs de représentant de
l'État.
Le Président: En terminant, M. l'adjoint parlementaire,
s'il vous plaît! Une voix: Qui?
M. Dean: M. Le Pors, actuel ministre communiste du gouvernement.
Il a dit...
Le Président: S'il vous plaît! S'il le faut, je
resterai debout jusqu'à 10 h 52 et plus aucune personne en cette Chambre
n'aura le droit de parole. Je suis absolument vexé de la façon
dont se passe cette période des questions. C'est l'une des pires
auxquelles j'aie assisté. Je fais tout mon possible pour faire respecter
le règlement, mais je dois vous dire que, ce matin, vous ne m'aidez pas
à remplir cette tâche qui n'est pas facile à remplir. S'il
vous plaît, si ce n'est pas par respect mutuel envers les partis
politiques ou les collègues que vous êtes, au moins, si vous ne
respectez pas le président, respectez le poste qu'il occupe.
M. l'adjoint parlementaire, en terminant, s'il vous plaît!
M. Dean: J'ai vu, à la même émission, deux
syndicalistes, communistes et socialistes, dire qu'ils respectaient, comme
employés publics, leur devoir envers la population, tout en ayant des
convictions syndicales. Ce ministre, en ce qui regarde le secteur public, a
même employé les mots "on consulte les travailleurs et les
syndicats" dans les applications, mais il n'a pas employé le mot
"négociation". Alors, il semble qu'il y a quelque part, dans le monde,
des gens qui savent, tout en admettant que le balancier est très
délicat, distinguer les principes syndicalistes et le principe de
gouverner de façon responsable la population. Je déplore, M. le
Président, que le chef de l'Opposition sombre dans
l'irresponsabilité qui caractérise sa
délégation...
Une voix: II veut avoir des votes.
M. Dean: ... depuis l'élection de 1981.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Marois: M. le Président, comme l'a souligné le
leader de l'Opposition, j'ai effectivement un complément de
réponse à fournir. Il y a une chose qui me frappe beaucoup. Alors
que le leader de l'Opposition fait largement état de votre grand sens de
tolérance à son égard, fait appel à la
tolérance, je ne dirais pas que j'ai noté du côté de
l'Opposition un très haut sens de la tolérance et un très
haut sens des responsabilités.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, c'est un
complément de réponse ou une provocation?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bertrand: Gérard, mets tes mains dans tes poches!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît! J'accorde le droit de parole au ministre du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu non pas sur une
question de règlement, non pas sur une question de privilège,
mais en complément de réponse parce que son nom a
été cité au cours de la période des questions. M.
le ministre, en complément de réponse, s'il vous plaît.
M. Marois: On vient de voir un bel exemple de ce que je venais
d'évoquer en commençant mon complément de réponse.
On en entend à nouveau, on en voit à nouveau. Les citoyens
apprécieront, et encore.
À défaut d'avoir une position cohérente et
responsable face à une situation de crise économique qui touche
tous les citoyens et toutes les citoyennes du Québec, que ce soit dans
le secteur privé, que ce soit dans le secteur public, cette Opposition,
à défaut d'avoir des propositions cohérentes, à
défaut d'assumer un sens fondamental des responsabilités... Je
les entends à nouveau, on cherche à m'empêcher de
répondre. C'est ce que le chef de l'Opposition appellerait un grand sens
de la tolérance, je présume?
Cela suppose fondamentalement, et c'est vrai dans le secteur public,
qu'en période de crise, chacun, chacune doit assumer sa part de
responsabilité. On veut que ce soit sur une base négociée.
Un projet de loi a été déposé, et nous invitons les
centrales syndicales à venir négocier pour que, comme le disait
l'adjoint parlementaire, il soit possible que ce projet de loi ne soit jamais
adopté parce que les parties auront pu négocier ensemble, de
bonne foi, une part partagée de la crise qui doit être
assumée par chacun et chacune, et protéger surtout les plus
faibles dans notre société.
Mais si tant est que chacun et chacune ne veulent pas prendre leurs
responsabilités, le gouvernement, lui, se doit, au nom de
l'intérêt public, de faire en sorte qu'il y ait une part
partagée par chacun et chacune des Québécois. Et ceux et
celles qui sont dans le secteur privé, qui, présentement, vivent
des problèmes de licenciement et de chômage, comprennent
très bien ce que ça veut dire.
Une voix: C'est beau, ça.
Le Président: Question principale, sans additionnelle, de
la part du député de
Maskinongé.
Rapport confidentiel sur un vol au CH de la
Mauricie
M. Picotte: M. le Président, étant donné que
le premier ministre est gêné de la performance de ses adjoints et
de ses ministres, est-ce qu'on pourrait le faire revenir, s'il vous
plaît? Ma question s'adresse au premier ministre.
M. Pagé: C'est ça, qu'il revienne. M. Rivest:
René! on veut René!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Étant donné l'allure
qu'a prise la période des questions ce matin, je demanderais que la
question du député de Maskinongé comporte le
préambule le plus court possible et que la réponse du premier
ministre soit la plus courte possible. Je demanderais la collaboration de tous,
il reste environ deux minutes. M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre. Je lui rappellerai tout simplement qu'au moment de la
campagne électorale de 1976, le député de Saint-Maurice
avait promis une enquête au Centre hospitalier régional de la
Mauricie, enquête qui fut effectivement faite et dont une partie du
rapport confidentiel a été remise au député de
Bertrand, ancien ministre des Affaires sociales. À ce moment-là,
on avait congédié, avec prime de séparation pour une
valeur de 100 000 $, deux personnes - ces personnes avaient apparemment
été congédiées injustement -qui avaient
accumulé 700 000 $ de surplus budgétaire aux coffres.
Dans le même rapport confidentiel, il était question d'un
vol commis par quelqu'un qui travaillait au Centre hospitalier régional
de la Mauricie - vol pour lequel, d'ailleurs, l'individu a plaidé
coupable - un vol de 41 000 $ en argent et en chèques au même
centre hospitalier. (10 h 50)
Est-ce que le premier ministre pourrait m'assurer, après avoir
consulté son ex-collègue des Affaires sociales, et l'actuel
ministre des Affaires sociales que cet individu ne s'est pas replacé au
même moment ou à peu près dans le même réseau
des Affaires sociales au Québec? N'a-t-il pas obtenu une promotion
à la suite de ce vol pour lequel il a plaidé coupable? Si oui,
s'il est replacé, est-ce qu'il peut m'indiquer si, selon la loi, cet
individu a le droit de siéger à un conseil d'administration comme
directeur général d'un foyer sur le territoire du
Québec?
M. Lévesque (Taillon): J'étais gêné,
tout à l'heure, en effet, par ce que j'avais devant moi et en
particulier - je le dis à regret -par la façon dont le chef de
l'Opposition a fait dériver l'une de ses questions vers une cible qui
lui paraissait plus indiquée.
Des voix: Oh!
M. Lévesque (Taillon): Cela étant dit, je prends
avis de la question du député de Maskinongé.
M. Ryan: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: Fin de la période des questions.
M. le chef de l'Opposition, sur une question de privilège.
M. Ryan: Je m'excuse auprès du premier ministre, mais,
voyant qu'il n'avait pas l'air de connaître les lois du travail, je me
suis adressé à un collègue qui semblait les
connaître davantage.
Le Président: On m'indique que le ministre des Transports
aurait un complément de réponse à une question de Mme la
députée de Chomedey.
Propositions de la députée de
Chomedey
M. Clair: Oui, M. le Président, un bref complément
de réponse. Hier, la députée de Chomedey disait, dans une
question: Au début de la semaine, je faisais au ministre des Transports
quelques propositions et je ne sais pas s'il en a pris connaissance. Je
voudrais simplement dire qu'après avoir fait une vérification
auprès de son bureau, dans son comté, et à
l'Assemblée nationale, elle ne m'a pas fait parvenir ses suggestions.
Alors, je n'ai pas pu effectivement en prendre connaissance. J'espère
que cela ne manifeste pas un intérêt superficiel à la
question mais bien davantage qu'elle me fera parvenir ses suggestions dans les
prochains jours.
Le Président: Question additionnelle?
Mme Bacon: Question de privilège, M. le Président.
Je peux y aller en question additionnelle aussi.
Le Président: Question de privilège.
Mme Bacon: Je pense que le ministre sait très bien qu'il
fait fausse route dans les remarques qu'il vient de faire. Hier, je demandais
au ministre s'il avait pris connaissance des solutions que je lui proposais. Je
l'ai fait de la façon la plus raisonnable possible compte tenu des
promesses et des engagements des cinq candidats péquistes dans Laval
à la dernière élection, qui ont agi d'une façon
irresponsable ou alors ils ont menti à la population, à ce
moment-là.
Je n'ai pas dit que j'avais écrit au ministre, j'ai dit que je
lui avais fait des propositions; je l'ai fait devant les médias
d'information et je pensais, comme ministre bien informé, qu'il les
avait. Il les a maintenant, aujourd'hui, à son bureau; qu'il
vérifie, il les a à son bureau aujourd'hui.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas dit que la
députée de Chomedey avait affirmé qu'elle m'avait
écrit, elle m'a demandé si j'avais eu l'occasion d'en prendre
connaissance. Or, elle reconnaît qu'elle ne me les a pas adressées
par écrit, d'une part, et, d'autre part, après avoir fait la
revue de presse - sa conférence de presse a reçu une couverture
à la mesure du contenu, j'imagine - rien, dans les journaux,
n'était rapporté à ce sujet-là.
Le Président: Motions non annoncées. Enregistrement
des noms sur les votes en suspens.
Avis à la Chambre.
M. le leader du gouvernement.
Travaux des commissions
M. Bertrand: Motions, M. le Président. Ce matin, de 11
heures à 13 heures, au salon rouge, la commission de la
présidence du conseil se réunit pour étudier les
crédits du ministère d'État au Développement
culturel et, à la salle 81-A, on étudie les crédits du
ministère d'État à la Réforme
électorale.
Cet après-midi, de 15 heures à 18 heures, et, ce soir, de
20 heures à 24 heures, au salon rouge, la commission des finances et des
comptes publics étudie les crédits relatifs aux Finances et aux
comptes publics. Deux ministres répondront aux questions: le ministre
délégué à l'Administration et président du
Conseil du trésor et le ministre des Finances. Cet après-midi
aussi, de 15 heures à 16 heures, à la salle 81-A, la commission
des communications mettra fin à l'étude de ses
crédits.
Le Président: Est-ce que ces motions seront
adoptées?
M. Lévesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Adopté. Avant de suspendre les
travaux de l'Assemblée jusqu'à 15 heures cet
après-midi,
j'indique qu'à compter de 11 heures et pour une durée de 2
heures, à la suite d'une entente qui est intervenue, aura lieu une
question avec débat ici même, au salon bleu, question du
député de Pontiac adressée au ministre des Transports sur
le sujet suivant: la construction et l'entretien du réseau routier
rural.
Donc, je déclare suspendus les travaux de
l'Assemblée...
M. Rocheleau: En vertu de l'article 34...
Recours à l'article 34
Le Président: En vertu de l'article 34? Le temps est
passé, mais, s'il y a consentement, on peut le faire. M. le
député de Hull, en vertu de l'article 34.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. En vertu de
l'article 34, j'aimerais demander au leader du gouvernement, étant
donné que le ministre des Affaires municipales et le premier ministre,
hier, ont reçu une pétition d'au-delà de 6000 noms de
Baie-Comeau demandant de surseoir au projet de loi no 37 et demandant au
ministre des Affaires municipales d'aller expliquer aux citoyens de Baie-Comeau
ses intentions face au rapport du comité conjoint, étant
donné que c'est sur le menu de ce soir à l'Assemblée
nationale en deuxième lecture, s'il a l'intention de retirer le projet
de loi no 37 et de respecter le voeu des citoyens de Baie-Comeau.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Non, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, en vertu de l'article 34,
je veux demander au leader parlementaire et ministre des Communications s'il
est exact qu'il a commandé une étude à la firme Tamec sur
la québécisation de la compagnie Bell Canada au coût de 150
000 $? Est-ce que le rapport de cette étude a été remis au
ministre et quand le rendra-t-il public?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Effectivement, M. le Président, c'est
l'automne dernier que le ministère des Communications a confié
à la firme Tamec un contrat pour évaluer toute une série
d'éléments relatifs à ce dossier de la
québécisation de Bell Canada. Le dossier doit nous être
remis dans sa phase finale incessamment. Dans un premier temps, j'en prendrai
connaissance avec l'ensemble des fonctionnaires de mon ministère et,
ensuite, j'évaluerai si oui ou non le document, au nom de
l'intérêt public, peut être rendu public.
Le Président: M. le député de Hull, en vertu
de l'article 34.
M. Rocheleau: En vertu de l'article 34, M. le Président,
étant donné qu'on a certaines difficultés à
connaître le menu du jour et des jours subséquents, j'aimerais que
le leader du gouvernement...
M. Bertrand: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement, question de
privilège.
M. Bertrand: S'il y a une chose que le député de
Hull ne peut pas dire, c'est qu'on a de la difficulté à
connaître le menu du jour et des jours qui viennent; s'il y a une
tradition qui a été établie depuis un certain nombre de
mois, j'en prends à témoin le leader de l'Opposition, c'est bien
que chaque semaine, le jeudi et maintenant le vendredi, je fais le maximum pour
informer les parlementaires des travaux de la semaine suivante.
Le Président: M. le député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, en vertu de l'article 34,
est-ce que le leader du gouvernement pourrait me confirmer que mercredi et
jeudi prochain on a l'intention, à compter de 11 heures,
d'étudier le projet de loi no 258 concernant la ville de
Grand-Mère, le projet de loi no 268 concernant la ville de Fermont, le
projet de loi no 212, concernant la modification de la Charte de la ville de
Vanier, la loi 238, Loi modifiant la Charte de la ville de Québec et,
à compter de 15 heures, la loi 238, la loi 203 concernant la ville
d'Anjou, la loi 235 concernant la ville de Val d'Or, la loi 246 concernant la
ville de Saint-Basile-le-Grand...
Le Président: M. le leader du gouvernement, sur une
question de règlement.
M. Rocheleau: ... la loi 250 concernant la ville de
Victoriaville...
Le Président: M. le leader du gouvernement, sur une
question de règlement!
M. Bertrand: M. le Président, une fois les deux ou trois
premiers projets annoncés, je crois comprendre que le sens de la
question du député de Hull, c'est de savoir si on va
étudier les projets de loi privés qui relèvent de la
commission parlementaire
permanente des affaires municipales. Effectivement, la semaine
prochaine, la commission des affaires municipales siégera pour
étudier l'ensemble de ces projets de loi. Je veux indiquer par contre,
je pense que cela peut être intéressant à l'occasion de sa
question en vertu de l'article 34, qu'il y a un certain nombre de projets de
loi qui ne seront pas étudiés à la demande même des
municipalités et à la demande aussi du ministère des
Affaires municipales après consultation de la municipalité. Le
projet de loi no 258 est reporté au 10 juin, alors qu'on devait
l'étudier plus tôt. Le projet de loi no 245 est reporté
à l'automne. Le projet de loi no 220 est reporté au 10 juin,
immédiatement après le 258. Le projet de loi no 211 est
reporté à l'automne et le projet de loi 265 a été
reporté à l'automne. Les personnes concernées par ces
projets de loi ont été avisées. Cela s'est fait en
collaboration avec le ministère des Affaires municipales et les
municipalités concernées. (11 heures)
Le Président: M. le député de Hull.
M. Rocheleau: En vertu de l'article 34, en tant que responsable
des affaires municipales, j'aimerais bien connaître le menu. Le leader du
gouvernement vient de nous dire qu'il y avait des changements, alors que la
liste que nous avons eue ce matin ne semblait pas comporter ces
changements.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: C'est pour cela, M. le Président, que, me
prévalant de la tradition maintenant, je peux indiquer aux
parlementaires quels seront nos travaux pour la semaine prochaine. Si le
député de Hull veut que je commence par les projets qui
l'intéressent plus spécifiquement, effectivement, la semaine
prochaine, soit mercredi le 9, matin, après-midi et soir, ainsi que
jeudi le 10, matin, après-midi et soir, la commission des affaires
municipales se réunira pour étudier l'ensemble des projets de loi
privés, sauf celui relatif à la Charte de la ville de
Montréal qui viendra la semaine suivante. Dans ces projets de loi
privés, il y en a exactement trois dont l'étude est
reportée à l'automne. Tous les autres seront donc
étudiés. Il y avait deux convocations qui avaient
été faites pour le 9 juin; c'était pour le projet de loi
no 258 et pour le projet de loi no 220. Leur étude sera faite le 10
juin. Donc, le député de Hull peut immédiatement indiquer
sur son agenda que mercredi et jeudi il sera en commission parlementaire pour
étudier les projets de loi privés présentés par
différentes municipalités.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci.
Oui, M. le leader.
M. Bertrand: Maintenant, M. le Président, à moins
que vous n'ayez quelque chose...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Non.
Travaux de la Chambre
M. Bertrand: ...je voudrais d'abord indiquer que, la semaine
prochaine, nous commencerons nos travaux à 14 heures au lieu de 10
heures comme le règlement nous le permettrait. Nous commencerons
à 14 heures.
Une voix: Lundi?
M. Bertrand: Oui, lundi prochain. Le premier projet de loi qui
sera appelé sera le projet de loi relatif à la
rémunération dans les secteurs public et parapublic et, par la
suite, nous appellerons le projet de loi no 76 relatif à la protection
du territoire agricole. Durant la journée, puisqu'il reste un certain
nombre d'heures, environ neuf heures, je pense, à passer sur le discours
sur le budget, il y aura évidemment un certain nombre d'heures
consacrées à ce dossier.
Le mardi, 8 juin, durant la matinée, nous aborderons
l'étude du projet de loi no 72 sur les services essentiels et nous
continuerons durant la journée probablement avec le projet de loi no 46
sur la Communauté urbaine de Montréal et aussi le budget.
Mercredi, nous pourrons aborder l'étude du projet de loi no 68 en
deuxième lecture, celui relatif aux régimes de retraite, celui
aussi relatif à la Raffinerie de sucre du Québec, le projet de
loi no 73, et nous continuerons avec ces projets de loi au cours de la
journée de mercredi. Nous inclurons aussi, s'il reste du temps à
passer là-dessus, des éléments relatifs à
l'étude du budget présenté par le ministre des
Finances.
Jeudi, les projets de loi inscrits au nom du ministre de la Justice et
de la Réforme électorale - les projets de loi 66, 67 et 73
-pourront être étudiés, à mon avis, relativement
rapidement, de même que le projet de loi no 75 sur la
Société de développement industriel et peut-être, si
nous avons du temps disponible durant cette journée, le projet de loi no
23 relativement à l'aménagement du port méthanier.
Vendredi de la semaine prochaine, nous étudierions en
deuxième lecture le projet de loi relatif à la Loi sur les
coopératives.
Ce seraient, M. le Président, les projets de loi qui feraient
l'objet d'une deuxième lecture la semaine prochaine. L'ordre que j'ai
donné ici, évidemment, pourra varier. Je voulais seulement que
les députés aient une idée des projets de loi qui seront
appelés
pour étude en deuxième lecture et de l'ordre qui,
jusqu'à maintenant, a été retenu. Là-dessus, comme
je dois rencontrer mon collègue, le leader de l'Opposition,
peut-être pourra-t-il y avoir en cours de route des changements, mais les
députés, bien sûr, seront prévenus suffisamment
tôt pour se préparer en conséquence.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, sur le programme
proposé en ce qui a trait aux commissions parlementaires pour la semaine
prochaine, je remarque que mardi la commission parlementaire des transports et
la commission des communications siégeraient le matin à la salle
81-A. Est-ce que la commission des communications, M. le leader parlementaire,
siégera à la suite du débat sur les taxis qui aura lieu
à la commission ou si c'est au salon rouge que la commission des
communications siégera mardi matin?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, la commission des
communications commencera ses travaux lundi après-midi.
M. Bissonnet: La question, c'est que mardi matin, vous avez,
à la salle 81-A, la commission des transports. Pour la commission des
communications, on n'indique pas que c'est le salon rouge, mais je
présume que ces deux commissions vont siéger en même temps.
Est-il possible que la commission des communications siège à
compter de 11 heures au lieu de 10 heures, étant donné que je
devrai être à la commission des transports?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je suis bien prêt
à collaborer parce que je comprends qu'effectivement le
député de Jeanne-Mance est très intéressé
aux deux dossiers, celui des taxis et celui des communications sur le projet de
loi no 65, l'accès à l'information. Je suis bien prêt
à me plier à sa demande, dans la mesure évidemment
où on pourra disposer assez rapidement du projet de loi no 48 sur les
taxis. Quand on parle de 11 heures, il faut bien se comprendre, la
période des questions commence à 10 heures et se termine à
peu près à 11 heures. Cela veut dire de 11 heures à midi.
Donc, il resterait à peine une heure pour étudier la loi sur
l'accès à l'information. Je crois comprendre qu'implicitement le
député de Jeanne-Mance m'indique que la collaboration de
l'Opposition n'en sera que plus grande pour l'étude du projet de loi sur
l'accès à l'information.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Westmount.
M. French: M. le Président, sur le même sujet, le
ministre sait fort bien que nous allons collaborer le plus possible quant au
projet de loi no 65. Je voudrais proposer au ministre qu'il considère la
possibilité de siéger quatre heures ce soir au lieu de lundi
soir. Le député de Westmount, qui est aussi très
impliqué dans le projet de loi no 65, serait disponible quatre heures ce
soir, mais ne serait pas disponible lundi soir. Je me demande si c'est
possible. Il n'est peut-être pas en mesure de répondre
immédiatement. C'est une proposition que je lui fais. S'il était
en mesure de me donner quelques heures d'avertissement, on serait prêt
à le faire, M. le député de Jeanne-Mance et
moi-même, avec le ministre des Communications, c'est-à-dire
commencer ce soir l'étude du projet de loi no 65.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Bertrand: II y a une ouverture intéressante.
Personnellement, je serais disposé à commencer l'étude du
projet de loi ce soir à 20 heures jusqu'à 24 heures, puisque je
vois qu'au menu, effectivement, ce soir, il n'y a qu'une commission qui
siège et que l'Assemblée nationale va étudier le projet de
loi no 37. Je serais prêt à évaluer très rapidement
la possibilité qu'on puisse siéger ce soir. Je vais simplement
m'enquérir, premièrement, auprès de ceux qui doivent voir
à ce que l'ensemble de l'étude des crédits se termine
aujourd'hui même, et aussi auprès des gens de mon
ministère, si tout cela peut effectivement se réaliser. Je
pourrai donner une réponse d'ici à peine quinze minutes au
député de Westmount.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Westmount.
M. French: M. le Président, je serai à
l'étude des crédits de la présidence du conseil. Je
voudrais tout simplement signaler que ma proposition, c'est un échange
de temps, c'est-à-dire que lundi soir, on étudierait autre chose,
parce que je ne serai pas ici lundi soir.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Donc, M. le leader, vous
avez pris bonne note. Oui, M. le leader?
M. Bertrand: Non, c'était prévu. Je suis prêt
à regarder cela, et dans quinze minutes, on s'en reparlera.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Puisqu'il n'y a pas
d'autres questions, je suspends les travaux jusqu'à quinze heures pour
permettre à la commission des transports de siéger ici
jusqu'à 13 heures, pour étudier la question avec
débat.
(Suspension de la séance à 11 h 09)
(Reprise de la séance à 15 h 07)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît. Veuillez reprendre vos fauteuils. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, avant d'appeler
l'article auquel apparaît l'objet du débat cet après-midi,
je crois comprendre qu'à l'heure du lunch une entente est intervenue
avec le représentant de l'Opposition en matière de communications
pour que ce soir à 20 heures puisse siéger la commission des
communications aux fins d'amorcer l'étude article par article du projet
de loi no 65, de 20 heures à 24 heures selon les renseignements que
j'ai. Je ne sais pas si c'est le renseignement que possède le whip de
l'Opposition.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le whip de
l'Opposition.
M. Pagé: M. le Président, je peux confirmer au
leader adjoint du gouvernement que nous avons accepté que la commission
parlementaire des communications siège pour étudier le projet de
loi no 65 article par article. Elle viendra s'ajouter à la commission du
ministère des Finances. Ce sont les deux seules? Est-ce qu'il y aura
d'autres commissions ce soir? Il y en a une autre. Laquelle? Les finances et
comptes publics, c'est celle-là, et communications. Le projet de loi no
37 ici à l'Assemblée, de 20 heures à 22 heures?
M. Fréchette: C'est cela. M. Pagé: 22
heures.
M. Fréchette: Un instant, je ne voudrais pas prendre sur
moi de vous dire des choses dont je ne suis pas sûr. Je prendrai
l'information et je la communiquerai.
M. Chevrette: Si vous en avez pour deux heures, c'est de 20
heures à 22 heures.
M. Fréchette: M. le Président, je fais donc motion
pour que ce que je viens d'annoncer se fasse à 20 heures ce soir.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Fréchette: Je suis déjà informé
que, quant à la loi 37, ce sera de 20 heures à 24 heures, M. le
Président.
M. Pagé: M. le Président, quant à être
là-dessus...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le whip de
l'Opposition.
M. Pagé: ... est-ce que le ministre peut nous indiquer
s'il est de son intention de poursuivre le débat en deuxième
lecture sur la loi 37 lundi ou mardi?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, jusqu'à
maintenant, il n'y a pas de décision prise à cet égard.
Dès lors que cette décision sera prise, nous en informerons qui
de droit.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, aux affaires du
jour, je vous prierais d'appeler l'article 17. Je voudrais, par ailleurs, qu'on
s'entende bien aussi sur l'ordre des travaux ici à l'Assemblée
nationale cet après-midi. J'ai compris que le ministre livrerait un
message d'à peu près 15 à 20 minutes, que le critique
officiel de l'Opposition en ferait tout autant et que deux intervenants de
chaque côté auraient des interventions pour à peu
près dix minutes chacun. Cela va comme ça?
Projet de loi no 77 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Rancourt): Deuxième lecture
du projet de loi no 77, Loi modifiant la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles. M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. (15 h 10)
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le projet de loi no 77
modifiant la Loi sur la mise en marché des produits agricoles que nous
présentons aujourd'hui devant l'Assemblée nationale propose des
amendements importants à une des lois agricoles les plus fondamentales.
Avant d'expliquer en détail les modifications spécifiques
proposées à cette loi, il m'apparaît essentiel d'exposer le
cadre dans lequel ce type de loi se situe, les circonstances qui l'ont rendue
nécessaire et
son développement au cours des années.
Il faut rappeler que cette loi est l'aboutissement d'un long
périple vers la protection organisée des intérêts
des producteurs agricoles. Ce périple commence il y a environ 45 ans,
lorsqu'on a commencé à réfléchir au Québec
sur les besoins alimentaires accrus d'une société en voie
d'urbanisation et d'industrialisation. Au Québec comme ailleurs, les
progrès de l'agriculture ont précédé et permis ces
grands changements socio-économiques en libérant la main-d'oeuvre
nécessaire au développement industriel.
Parallèlement, les possibilités techniques et humaines
d'améliorer la qualité, la quantité et la diversité
des produits tirés des terres en culture ont conduit à une
réflexion sur les moyens à prendre pour en assurer la mise en
marché de façon avantageuse, tant pour le producteur que pour le
consommateur.
Dès cette époque, on constatait que les rapports de force
dans la mise en marché des produits agricoles manquaient
d'équilibre et que le pouvoir de marchandage des producteurs pris
individuellement s'avérait minime face à des acheteurs beaucoup
plus puissants. Il est évident que ce rapport est encore beaucoup plus
inégal aujourd'hui, alors que les acheteurs de produits agricoles sont
très peu nombreux face à des milliers de producteurs qui vendent
leurs produits. Si les producteurs ne sont pas organisés collectivement
pour mettre en marché leurs produits, ils sont vraiment
désavantagés et obligés d'accepter les prix que leur
offrent les acheteurs.
La formule du plan conjoint comportant le mécanisme d'extension
de juridiction vis-à-vis de tous les producteurs s'imposait. Une
extension de juridiction veut dire que lorsqu'un certain pourcentage des
producteurs visés acceptent de se regrouper pour déterminer les
conditions de mise en marché et négocier en commun la vente de
leurs produits, la convention collective ou le plan conjoint s'applique
à tous les producteurs.
À la suite de la recommandation d'un comité
d'enquête d'utiliser la formule des plans conjoints pour assurer une mise
en marché juste et ordonnée des produits agricoles, le
législateur a voté, en 1956, M. le Président, un premier
texte de loi intitulé "Loi établissant un office provincial pour
aider à la vente des produits agricoles". Je tiens à souligner
que c'est sous l'administration de M. Maurice Duplessis que ce premier pas
fondamental a été franchi et qu'il est donc faux de
prétendre, comme l'ont fait certains membres de l'Opposition, que la Loi
sur la mise en marché des produits agricoles est une grande oeuvre
libérale.
Ce premier texte législatif a subi, à de nombreuses
occasions, de multiples amendements dont j'aimerais en rappeler certains. En
1961, les syndicats et les fédérations de l'UCC, l'Union
catholique des cultivateurs du temps, se sont vu accorder le droit d'obtenir
l'administration des plans au même titre qu'un office de producteurs,
jusque-là l'organisme exclusif d'administration des plans. En 1963,
apparaissaient à la loi des pouvoirs de mettre en vente en commun, de
créer des agences uniques de vente et de contingenter la production et
la vente. Même si la loi n'a pas comme premier objectif la sauvegarde de
la ferme familiale, il n'en demeure pas moins qu'en assurant une meilleure
sécurité de revenu au producteur les plans conjoints voulaient
favoriser son essor et faire en sorte que l'agriculteur entouré de sa
famille demeure maître sur sa ferme. L'adoption de telles mesures sans
objectif de s'appliquer principalement à une ferme familiale aurait
été impensable autrement.
La loi a prévu dès sa première version que
l'initiative de la mise en place d'un plan conjoint doit venir des producteurs
intéressés, puisque ni le Conseil des ministres, ni le ministre,
ni la Régie des marchés agricoles ne peuvent proposer ou mettre
en vigueur un plan sans la requête d'un groupe de producteurs. Mais,
dès que ces derniers indiquent formellement leur désir à
cette fin, l'organisme gouvernemental donne avis du projet de plan qui lui a
été soumis et tient des audiences où tous les groupes et
personnes intéressés peuvent intervenir pour y faire leurs
représentations. La régie doit alors se prononcer sur
l'opportunité du plan proposé et le soumettre en plus au
référendum des producteurs. Ce n'est que dans des circonstances
exceptionnelles qu'elle peut recommander au Conseil des ministres d'approuver
un plan sans référendum.
Pour rechercher cette volonté des producteurs, la loi
prévoit d'ailleurs un pourcentage élevé d'approbation
avant qu'un plan n'entre en vigueur. En effet, il doit recueillir l'appui d'au
moins les deux tiers des producteurs qui votent et il faut au moins que la
moitié des producteurs intéressés aient voté avant
qu'un plan soit mis en application. On peut donc dire qu'un plan a reçu
l'appui d'une bonne majorité des producteurs avant d'être en
vigueur et qu'il représente vraiment leur volonté.
Certes, il y a souvent un certain nombre de producteurs ou d'autres
personnes qui ne sont pas favorables à une formule de mise en
marché ordonnée et qui s'opposent parfois farouchement à
l'exécution efficace du plan et de ses règlements adoptés
par l'assemblée générale des membres. C'est le droit des
producteurs - pas celui des autres groupes de personnes - mais il ne faut pas
oublier que cette minorité ne doit pas pouvoir faire échec au
voeu de la majorité.
Les agriculteurs de qui on exige un
effort considérable d'organisation et un haut degré de
solidarité dans la mise en place d'un plan conjoint, doivent pouvoir le
faire fonctionner sans qu'une minorité de producteurs ou les entreprises
auxquelles ils vendent leurs produits ne parviennent à empêcher
à toutes fins utiles l'exercice des droits que leur accorde la loi.
Le but premier du projet de loi que nous étudions aujourd'hui est
de faciliter le fonctionnement des plans conjoints, une fois qu'ils ont
été votés conformément à la loi par une
majorité d'au moins les deux tiers des producteurs visés. Je
tiens à faire remarquer qu'il y a très peu d'exemples dans notre
société où domine la formule de la majorité simple,
où on demande un si fort consensus avant de permettre l'exercice d'un
droit. Même notre Assemblée, M. le Président, ne fonctionne
que rarement avec la majorité des deux tiers.
Il y a des exemples de plans conjoints et de règlements
adoptés par la majorité des producteurs qui n'ont pu être
appliqués efficacement à cause de l'action de groupements
minoritaires et dont les succès ont souvent été
causés par des carences dans la loi. En plus d'empêcher l'exercice
des droits de cette majorité, des mesures dilatoires ou de
guérillas de ces dissidents, guérillas judiciaires souvent, ont
causé des pertes considérables aux producteurs, soit directement
par les nombreux frais légaux encourus, soit indirectement en
empêchant l'Office des producteurs d'utiliser ses pouvoirs et d'obtenir
pour l'ensemble des producteurs de meilleures conditions de mise en
marché.
Afin que ce mécanisme de mise en marché, librement choisi
par une écrasante majorité de producteurs, puisse s'appliquer
dans l'ordre, il m'apparaît nécessaire d'apporter des amendements
à cette loi pour au moins assurer que l'organisme de producteurs,
administrant un plan conjoint, puisse recevoir les contributions auxquelles il
a droit pour exercer adéquatement son mandat.
Qu'on se rappelle les nombreuses difficultés que la
Fédération des producteurs d'oeufs de consommation a eu à
faire face au cours des années et auxquelles elle a à faire face
encore, pour obtenir que tous les producteurs paient leur part des coûts
nécessaires à l'application des règlements
approuvés par l'ensemble des producteurs réunis en
assemblée générale. Il m'apparaît de toute
évidence injuste et inéquitable qu'une majorité de
producteurs paient leur contribution tandis que les autres qui
bénéficient des politiques de leur office de producteurs ne
versent pas toute leur quote-part. La Fédération des producteurs
d'oeufs a dû prendre un grand nombre de procédures devant les
tribunaux judiciaires pour obtenir gain de cause, mais à quel
coût?
Plus récemment, la Fédération des producteurs de
porc a tenté de percevoir les cotisations prévues à son
plan qui a pourtant été approuvé par 73,7% des
producteurs, lors du référendum tenu en mars 1981. Or, elle en a
été empêchée jusqu'ici à la suite
d'interventions diverses provenant de producteurs et d'autres personnes sans
qu'elle puisse agir de façon efficace pour faire valoir ses droits.
Plusieurs procédures sont en cours, mais quel résultat concret
pourra-t-elle obtenir dans un délai raisonnable?
La loi n'impose pas, en effet, d'amendes suffisamment
élevées et, à mon sens, on n'y prévoit pas, de
façon assez claire, la responsabilité des personnes qui
achètent ou reçoivent du porc ou des produits agricoles sans
effectuer le prélevé des contributions dues.
Le projet de loi que nous avons à étudier rend
personnellement responsable du versement des contributions dues par les
producteurs aux organismes qui administrent un plan conjoint, toute personne ou
entreprise qui achète ou reçoit des produits agricoles sur
lesquels un tel prélèvement doit être effectué en
vertu des dispositions d'un plan conjoint et d'une ordonnance de la
Régie des marchés agricoles.
Il s'agit, en fait, du prélèvement d'une cotisation
syndicale à la source, comme cela se fait couramment dans le monde du
travail. Dans l'état actuel de la législation, le refus d'un
petit nombre de personnes de collaborer à la perception des cotisations
nécessaires au fonctionnement d'un plan conjoint peut suffire à
paralyser celui-ci bien qu'il ait été créé par la
volonté de milliers de producteurs agricoles. Cela est inadmissible. (15
h 20)
En plus d'être personnellement responsables du
prélèvement des cotisations et de leur transmission à
l'organisme chargé d'administrer le plan conjoint, les acheteurs de
produits agricoles qui ne se conformeront pas à cette obligation sont
passibles d'amendes dont les montants sont sensiblement majorés par le
projet de loi. Je ne veux pas faire l'énumération de tous ces
montants, mais indiquer que, règle générale, ils sont
triplés par la loi actuelle, la plus faible amende, celle pour une
première offense par une personne physique, passant de 100 $ à
300 $ et la plus forte, celle pour une deuxième offense par une personne
morale, passant, quant à elle, de 5000 $ à 10 000 $.
Il m'apparaît également que, pour justifier une
condamnation devant un tribunal, il devrait suffire de lui prouver que la
retenue n'a pas été faite ou que l'office de producteurs n'a pas
reçu les contributions dans les délais prescrits. Les amendements
proposés aux articles 78 et 114, ainsi que dans les ajouts des articles
116.1 et 121.1
veulent remédier à ce problème. Par ailleurs, afin
d'éviter les abus, on donne, par l'amendement à l'article 116,
l'opportunité à un contrevenant de remédier à la
situation en versant les sommes dues dans un délai raisonnable. Un
contrevenant recevra, en effet, un avis préalable de dix jours avant
qu'une poursuite puisse être intentée contre lui.
Le projet de loi devant nous aujourd'hui a également pour objet
d'obliger un office de producteurs et toute personne engagée dans la
production ou la mise en marché d'un produit commercialisé
à transmettre à la Régie des marchés agricoles, aux
époques et dans la forme qu'elle peut prescrire, tout renseignement
qu'elle peut juger à propos d'exiger en rapport avec les contingents
d'un produit commercialisé et leurs détenteurs. Nous avons
jugé bon de préciser de cette façon le pouvoir
d'enquête de la Régie des marchés agricoles en raison d'un
phénomène fort préoccupant qui, au cours des
dernières années, est venu modifier les rapports de force dans le
monde agricole au désavantage de la ferme familiale.
Ce phénomène, c'est la vente de contingents par des
producteurs agricoles à des entreprises dont la principale fonction
n'est pas la production proprement dite. Le droit de produire qu'elles
détiennent est soit loué à des producteurs, qui deviennent
alors des clients captifs de ces entreprises pour leurs approvisionnements,
soit tout simplement rempli par des agriculteurs travaillant à
forfait.
Comme je l'ai expliqué précédemment, l'objectif que
sous-tend la Loi sur la mise en marché des produits agricoles depuis son
adoption, il y a maintenant 25 ans, est de protéger le marché du
producteur agricole et non pas de protéger le marché des
entreprises qui lui fournissent des services. Le producteur agricole dont on
parle ici est une personne physique, activement engagée dans
l'agriculture, avec des moyens de production dont elle est propriétaire
ou locataire à long terme. Par extension, ce dont on parle c'est, en
fait, la ferme familiale.
Je dois avouer, M. le Président, avoir été
déçu par les indications voulant que ce phénomène
de concentration des contingents entre les mains d'entreprises ou de personnes
qui ne peuvent pas être qualifiées comme producteurs agricoles
dans le sens que je viens de décrire ait pris des proportions qu'on dit
considérables dans certaines productions contingentées, notamment
celle de la volaille, plus particulièrement, et le
phénomène commencerait à se produire dans le cas des
oeufs.
Je suis déçu parce que les fédérations de
producteurs qui administrent ces plans conjoints ont, par règlement, le
pouvoir de déterminer les modalités de transfert de contingents
d'une personne à l'autre et auraient pu, par conséquent,
empêcher le recul de la ferme familiale auquel nous avons assisté.
Elles ne l'ont pas fait. Je comprends qu'il ne soit pas toujours facile de
limiter la liberté d'action des personnes, mais la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles est-elle autre chose qu'un moyen
légal, très démocratique, difficile d'accès
même, de limiter la liberté d'action de l'individu lorsqu'une
majorité d'au moins les deux tiers juge que cela est nécessaire
pour le bien de l'ensemble?
Une fois qu'on a franchi les premiers pas, souvent difficiles, de
l'adoption d'un plan conjoint et d'un règlement de contingentement,
n'est-ce pas trahir toute la démarche que de ne pas réserver les
avantages prévus dans la loi à ceux qui ont voté le plan
conjoint?
C'est pourquoi j'ai fait ajouter un article au projet de loi, l'article
14.2: "La régie doit sur demande transmettre au ministre, en la forme
prescrite par ce dernier, tous les renseignements qu'il peut exiger
relativement aux contingents et à leurs détenteurs." De plus, "La
régie doit, au plus tard le 30 juin de chaque année, faire au
ministre un rapport de ses activités pour l'exercice financier
précédent; ce rapport doit contenir tous les renseignements que
le ministre peut exiger. Ce rapport devra être déposé
devant l'Assemblée nationale..."
De plus, la régie, par la loi, aura les pouvoirs d'aller chercher
les renseignements dont elle aura besoin pour répondre à ces
interrogations. Elle pourra obliger un office de producteurs ou toute personne
engagée dans la production ou la mise en marché d'un produit
commercialisé à lui transmettre, aux époques et dans la
forme qu'elle peut prescrire, tout renseignement qu'elle peut juger à
propos d'exiger en rapport avec les contingents d'un produit
commercialisé et leur détenteur. Ces données vont
être nécessaires.
Je pense que le caucus des députés du Parti
québécois a indiqué très clairement, et nous avons
travaillé ensemble là-dessus, quelle était sa position. La
volonté des députés du caucus du Parti
québécois, caucus agricole principalement, mais caucus dans son
ensemble, c'est de protéger la ferme familiale, pas la ferme familiale
artisanale, mais la ferme familiale développée - avec la
conception qu'il peut y avoir des fermes petites, des moyennes et des grosses -
la ferme dans un cadre normal. Les contingents, quand il y en a, ont
été établis en vue d'aider des agriculteurs qui
étaient à leur compte essentiellement et non pas pour
protéger des entreprises qui ne sont pas essentiellement des producteurs
agricoles. Les contingents n'ont pas été placés là
pour que les entreprises les acquièrent de sorte que les agriculteurs
deviennent des locataires
chez eux comme on était dans le temps du Moyen-Âge, des
locataires de terres du métayer, du propriétaire terrien.
Ce sont là des questions que nous posons, M. le Président.
Le projet de loi no 77 n'apporte pas nécessairement toutes les
réponses. Il donne à la régie le pouvoir de faire
enquête de façon que nous puissions avoir un meilleur
éclairage. Nous avons envisagé d'aller plus loin et d'inclure
dans le projet de loi des articles réservant le droit de détenir
des contingents des personnes directement impliquées dans la production
agricole au sein d'entreprises de type familial qu'elles contrôlent. Nous
avons préféré attendre pour disposer de plus
d'informations et aussi pour pouvoir en discuter avec les organismes
concernés, mais il doit être clair pour tout le monde dès
maintenant que nous nous dirigeons dès à présent dans
cette direction. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
prendre la parole sur ce projet de loi qui a une valeur importante pour les
producteurs agricoles, qui a également une valeur symbolique. D'abord,
je dois vous mentionner qu'il y a de longs mois nous avons demandé au
ministre de faire le dépôt de ce projet de loi comme d'autres
projets de loi également parce que vous savez que l'Assemblée fut
plutôt stérile dans le domaine de l'agriculture depuis une couple
d'années. M. le Président, nous craignions même que le mois
de juin arrive sans que le ministre n'ait déposé son projet de
loi. Je suis bien content qu'il l'ait déposé et nous nous
engageons à collaborer efficacement à son adoption rapide parce
que nous comprenons, M. le Président, que c'est un projet de loi qui est
désiré de la part des producteurs agricoles. C'est un projet de
loi qui est important et nous sommes persuadés également qu'il
est normal que lorsqu'un plan conjoint est voté démocratiquement,
il puisse avoir les instruments pour fonctionner.
En parlant de législation, M. le Président,
j'espère que le ministre déposera un autre projet de loi qu'il
avait promis même en cours de campagne électorale l'an dernier,
qui est la loi pour aider à l'établissement des jeunes,
c'est-à-dire la loi pour décréter le prêt de 50 000
$ sans intérêt pour les jeunes agriculteurs. Nous savons qu'il y a
beaucoup de transactions qui sont bloquées dans le moment, de
père à fils ou autres, dans l'attente de cette loi. C'est une loi
importante. Un journaliste ici appelait cette loi "la cerise de Garon". Dois-je
comprendre, M. le Président, que la cerise est encore verte ou qu'elle
prend du temps à mûrir? De toute façon, nous demandons au
ministre de faire diligence également avec cette loi comme il l'a fait
dans le cas de la loi 77, malgré qu'elle soit venue sur le tard. (15 h
30)
M. le Président, le ministre semblait un peu sceptique quant
à la réception de cette loi par l'Opposition. Il semblait,
à voir sa physionomie lorsqu'on en discutait, qu'enfin, nous
assisterions à un éclatement du Parti libéral, à
une division. C'est ignorer l'histoire féconde du Parti libéral
du Québec en faveur de la classe agricole, en faveur des agriculteurs.
Nous savons tous qu'au cours des années où il a assumé le
pouvoir, le Parti libéral du Québec a adopté des lois
nombreuses et importantes et, aussi des budgets comme il ne s'en est jamais vu
de mémoire d'homme. Quand je parle de budgets, je parle de tranches de
l'agriculture par rapport au budget global. Dans les années 1974-1975,
le budget de l'Agriculture dépassait 2,5% du budget global, alors qu'il
n'a cessé de diminuer depuis ce temps. Il représente maintenant
1,9%.
M. le Président, relativement à cette loi 77, j'ose
espérer qu'elle pourra satisfaire les espoirs de ceux qui sont
impliqués dans la production agricole. Nous savons que les producteurs
avaient soumis certains projets de loi, certains types de projets de loi. Nous
espérons que le projet de loi que nous adoptons présentement sera
efficace. Nous espérons, autrement dit, que la pièce sera plus
grande que le trou et non pas plus petite, parce que si vous avez une crevaison
et que l'on met une pièce plus petite que le trou, ce n'est pas fameux.
Cela n'améliore pas grand-chose.
Tout à l'heure, le ministre a parlé de rapport qu'il
pouvait exiger de la régie. Cette loi donne au ministre des pouvoirs
considérables, lorsqu'on dit, par exemple, que la régie doit, au
plus tard le 30 juin de chaque année, faire au ministre un rapport de
ses activités pour l'exercice financier précédent. Ce
rapport doit aussi contenir tous les renseignements que le ministre peut
exiger. Il est également dit que la régie doit, sur demande,
transmettre au ministre en la forme prescrite par ce dernier, "tous les
renseignements qu'il peut exiger relativement aux contingents et à leurs
détenteurs". Cela nous semble exagéré comparé aux
rapports que le ministre peut exiger d'autres commissions. Je prends, par
exemple, la Loi sur la Régie des grains, chapitre 84 des Lois de 1979,
où il est indiqué: "La régie transmet au ministre de
l'Agriculture et de l'Alimentation, dans les quatre mois de la fin de son
exercice financier, un rapport de ses activités pour l'exercice
financier précédent. Ce rapport est, dans les trente jours de sa
réception, déposé devant l'Assemblée nationale si
elle
est en session. Si elle ne l'est pas, il est déposé dans
les trente jours de l'ouverture de la session suivante ou à la reprise
des travaux parlementaires?
Or, nous nous demandons pourquoi le ministre va plus loin dans le cas du
projet de loi 77. Nous savons tous que le rapport que la régie doit
faire à l'Assemblée nationale est un rapport public. Ce qui
inquiète un peu, c'est l'article 14.2 qui stipule que la régie
doit, sur demande, transmettre au ministre tous les renseignements que celui-ci
peut exiger relativement aux contingents et à leurs détenteurs.
Ce n'est pas public. On dit bien que cela ne fait pas partie du rapport
à être déposé à l'Assemblée nationale,
parce que, si c'était pour être inclus dans le rapport que la
régie fait à l'Assemblée nationale, on l'aurait inclus
à l'article 14.1. On a fait un article spécial pour indiquer que
le ministre a un certain pouvoir discrétionnaire pour obtenir ces
renseignements.
Or, nous croyons que non seulement le ministre devrait posséder
ces renseignements s'il juge utile de les demander, mais que tous les membres
de l'Assemblée devraient également les posséder. Nous ne
voudrions pas que ces renseignements prévus à l'article 14.2
servent, à un moment donné, à des fins politiques. Je
n'accuse pas l'actuel ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation en prétendant que ce soit son intention, mais nous voyons
là un certain danger. Alors, nous aurions préféré
que l'article 14.2 devienne seulement un paragraphe supplémentaire de
l'article 14.1 pour que les renseignements que le ministre demande à la
régie soient accessibles, non seulement au ministre, mais à tous
les élus de l'Assemblée nationale.
M. le Président, les agriculteurs connaissent donc
l'intérêt que le Parti libéral du Québec a toujours
manifesté envers la classe agricole. Nous déplorons un peu que le
projet de loi arrive à la dernière minute, qu'il soit
étudié à la vapeur, qu'il soit adopté à la
vapeur. Il aurait été probablement préférable de
faire des consultations plus poussées. Nous n'en avons pas eu le temps,
puisqu'il fut déposé mardi et que nous sommes vendredi
aujourd'hui. Cependant, comme je l'ai dit tout à l'heure, il nous fait
plaisir de collaborer efficacement et, je le répète, nous
espérons que cette loi donnera satisfaction aux gens concernés.
Nous espérons que ce ne sera pas seulement un tape-à-l'oeil, un
projet de loi déposé pour la parade. Ce serait vraiment un peu
méprisant pour la classe agricole.
M. le Président, je peux vous mentionner que, relativement
à l'application ou à l'efficacité de cette loi, nous
serons en mesure de juger l'action du ministre lorsque nous verrons cette loi
en application, lorsque nous pourrons en tester l'efficacité. C'est
là que je dis et que je répète: Nous espérons que
ce n'est pas un projet de loi qui est présenté seulement pour
donner bonne bouche aux producteurs, pour leur donner une impression favorable,
pour leur donner une illusion, mais nous souhaitons qu'elle ait
l'efficacité et la vigueur désirées.
M. le Président, pour ne pas prolonger le débat et pour
nous conformer à l'entente intervenue des deux côtés de la
Chambre, je ne vais pas plus loin pour le moment. Je suis tout à fait
favorable au concept de ferme familiale tel qu'évoqué par le
ministre. Nous avons, avec regret, déploré et devons
déplorer encore chaque année la disparition de nombreuses fermes
familiales, surtout avec le coût du crédit qui est de plus en plus
considérable. Nous souhaitons que le projet de loi que nous adoptons
aujourd'hui puisse favoriser le maintien et renforcer la solidité de ce
concept de ferme familiale, M. le Président.
Je souhaite au monde agricole, au monde rural un bon succès dans
l'application de cette loi et je répète qu'il nous fait plaisir,
quand cela a du bon sens, quand les projets de loi présentés par
le ministre sont de nature à servir le bien commun, nous avons l'esprit
assez ouvert, pour donner notre consentement, un consentement efficace, un
consentement rapide, comme le Parti libéral du Québec l'a
toujours fait lorsqu'il s'agit du bien commun de la classe agricole et des
agriculteurs. Merci, M. le Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saint-Hyacinthe. (15 h 40)
M. Maurice Dupré
M. Dupré: Merci, M. le Président. Pour rassurer le
député de Beauce-Sud au début, je voudrais dire que le
caucus du parti ministériel, le caucus agricole dont je fais partie, a
insisté fortement auprès du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation afin que le projet de loi concernant les
50 000 $ alloués aux jeunes agriculteurs soit déposé
dès ce mois-ci. D'après la rencontre que j'ai eue avec lui, je
crois déceler que c'est plus que possible qu'il le soit.
Ceci étant dit, M. le Président, la politique de notre
gouvernement à l'égard du secteur agro-alimentaire vise nombre
d'objectifs divers, et la population de mon comté a pu s'en rendre
compte depuis l'arrivée au pouvoir du Parti québécois et
de son ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, M.
Garon.
La politique gouvernementale à l'égard du secteur
agro-alimentaire vise, disais-je, plusieurs objectifs et il est
indéniable que l'intervention économique exercée dans
ce
secteur cherche principalement à atteindre deux objectifs. Primo,
influencer le revenu agricole et, en second lieu, parvenir à notre
autosuffisance.
Le Québec, M. le Président, a axé, comme la plupart
des pays occidentaux, sa politique du revenu agricole sur trois piliers
fondamentaux: premièrement, assurer un niveau de vie convenable, pour ne
pas dire agréable, aux éleveurs et aux agriculteurs;
deuxièmement, garantir qu'à moyen et à long terme le taux
de rendement des ressources consacrées à la production agricole
primaire soit au moins égal à celui des ressources du même
ordre utilisé dans les autres secteurs et, troisièmement,
réduire les variations enregistrées d'une année à
l'autre dans le taux de rendement du revenu des agriculteurs.
Tous connaissent très bien, M. le Président, les
fluctuations relativement sensibles à court et à moyen terme du
prix des produits agricoles et la possibilité de variations
considérables de la production à cause des conditions
météorologiques, de la maladie ou même des marchés
interprovinciaux ou internationaux, et que dire des taux d'intérêt
fixés par le gouvernement fédéral plus dommageables que
toutes les causes que j'ai mentionnées et qu'on pourrait facilement
appeler le grand dérangement des agriculteurs plus que toutes les
maladies haemophilus connues et inconnues.
C'est là, M. le Président, que le projet de loi no 77 que
nous étudions présentement est le bienvenu, afin de
réduire davantage l'instabilité que connaissent certains
élevages ou certaines cultures au Québec, sans oublier l'ampleur
du défi de sauvegarder nos fermes familiales sous toutes ses formes afin
qu'elles conservent leur quota, si je peux m'exprimer ainsi, et afin que ces
fermes ne deviennent pas totalement dépendantes d'entreprises dont la
production agricole n'est pas la première mais, souventefois, la
dernière des fonctions.
Les producteurs indépendants de mon comté, comme ailleurs
au Québec, ne veulent pas devenir des exécuteurs, mais des
"décideurs" libres d'administrer leurs propres entreprises et, dans
plusieurs cas, de voir leur fils et leur fille prendre la relève.
L'encouragement, pour notre gouvernement, de plans conjoints, l'application de
programmes de stabilisation et de syndicats de gestion, entre autres, sont des
preuves évidentes de l'intérêt que nous portons à
l'agriculture.
Un plan conjoint a intrinsèquement des pouvoirs
considérables, entre autres, M. le Président, de contingenter une
production. Mais ces plans conjoints ne seront administrables et efficaces que
pour autant qu'ils auront les outils nécessaires pour bien les faire
fonctionner.
Ce projet de loi a pour objet de modifier la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles afin, notamment, de rendre personnellement
responsable du versement des contributions des producteurs aux organismes qui
administrent des plans conjoints toute personne qui néglige de retenir
ces contributions ou de les remettre à ces organismes lorsqu'elle est
tenue de le faire. La régie pourra alors, de sa propre initiative,
à la demande d'un office de producteurs ou par ordonnance, l'obliger
à remettre ces sommes, comme le mentionnait tantôt le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. le Président, lorsque 74% des producteurs ont adopté un
plan conjoint, comme c'est le cas dans l'industrie du porc, il n'y a pas de
raison pour que cela ne fonctionne pas avec ce projet de loi qui modifie la Loi
sur la mise en marché des produits agricoles, en donnant les moyens plus
efficaces pour que s'affirment certains plans conjoints, en "responsabilisant"
les versements des contributions et en allongeant les dents de la loi.
J'aimerais souligner ici le travail de plusieurs producteurs de porc de
mon comté qui ont travaillé avec acharnement à vouloir se
donner ce plan conjoint par référendum, cet outil qui sera, j'en
suis persuadé, des plus efficaces. Nonobstant ces nouvelles directives
contenues dans le projet de loi, nous osons espérer que tout se
déroulera dans l'harmonie la plus complète qui permettra aux
agriculteurs - quand je dis aux agriculteurs, je ne parle pas ici des
multinationales et des autres, mais des vrais producteurs - la
possibilité d'exercer leurs droits.
Une autre facette de ce projet de loi qui n'apparaît pas au texte,
c'est celle d'assurer directement ou indirectement une plus grande
sécurité et stabilité des employés du secteur de
transformation des produits de la ferme. Ici, je ne peux m'empêcher de
penser aux problèmes qu'ont connus les employés des abattoirs de
nos régions, lesquels furent durement touchés du
côté pécuniaire en subissant les contrecoups des conflits
de l'hiver dernier, de la perception des contributions des producteurs de porc,
la fameuse retenue de 0,10 $, des arrêts de travail et des affrontements
entre les travailleurs qui ne sont jamais agréables à voir,
surtout pour un député.
Certainement que je voterai en faveur de ce projet de loi, un peu parce
que je l'ai personnellement réclamé, mais aussi et surtout parce
que cette loi assurera une plus grande stabilité dans le secteur
agroalimentaire dont Saint-Hyacinthe en est la capitale incontestée au
Québec et dans l'intérêt des exploitants comme des
consommateurs. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Champlain.
M. Marcel Gagnon
M. Gagnon: Merci, M. le Président. Vous me permettrez sans
doute de prendre quelques minutes - même si on dit que c'est un
débat qui devrait être assez court parce qu'on fait
l'unanimité pour une fois en cette Assemblée, je pense que c'est
important de le souligner - pour dire jusqu'à quel point je suis heureux
de voir que le ministre a présenté ce projet de loi pour
améliorer sensiblement la situation de l'ensemble des producteurs
agricoles, entre autres les producteurs de porc, qui se regroupent dans les
plans conjoints.
D'abord je dois vous dire que j'ai vécu personnellement des
expériences, étant moi-même producteur agricole
impliqué dans un des plans conjoints qu'on a eu probablement le plus de
difficulté à implanter - le ministre en a parlé
tantôt - le plan conjoint des producteurs d'oeufs. Dans ce
sens-là, je rejoins sûrement ce que dira le député
de Berthier, parce que je me souviens avoir oeuvré avec lui en vue de
l'application de ce plan conjoint. J'avais aussi été membre de
l'exécutif de FEDCO et j'ai dû faire personnellement le tour du
Québec pour essayer de ramener les troupes et essayer de faire en sorte
que les producteurs d'oeufs, à ce moment-là avec l'UPA, se
tiennent assez forts pour éviter qu'un certain petit groupe de
profiteurs de la classe agricole ne vienne détruire nos rangs et
détruire le plan conjoint.
Je réclamais à grands cris une amélioration de la
Loi sur la mise en marché des produits agricoles. On l'a aujourd'hui.
C'est avec beaucoup de satisfaction que la classe agricole accueillera cette
loi. C'est bien évident qu'on ne peut pas s'imaginer que la loi
réglera tous les problèmes. La loi donne des outils additionnels.
Une loi, c'est toujours contestable, surtout quand on est encouragé par
des firmes d'avocats qui souvent font leur argent à semer la bataille au
sein de la classe agricole, mais on devrait réfléchir un peu plus
à celle-ci, parce que les amendes sont déjà un peu plus
fortes et il y aura des responsables pour payer les redevances qui devront
être payées au plan conjoint. (15 h 50)
J'aurais voulu souligner l'importance d'un plan conjoint, par exemple,
pour la sécurité des producteurs agricoles, pour la
sécurité de l'entreprise de type familial. Je pense qu'au
Québec, on a depuis longtemps démontré à
l'évidence que c'est l'entreprise de type familial qui doit
développer notre agriculture. Mais, en même temps qu'on demeure
avec des entreprises de type familial, il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui -
je pense qu'on est tous unanimes pour le constater - les fermes, même de
type familial, ne sont plus des fermes artisanales. C'est devenu des petites et
moyennes entreprises. Les fermiers sont des investisseurs qui investissent
à coups de centaines de milliers de dollars et qui font des chiffres
d'affaires de plusieurs centaines de milliers de dollars aussi. Si on veut
développer et diversifier notre agriculture et avoir des investisseurs
qui sont intéressés à investir dans l'agriculture, cela
prend une sécurité pour le capital investi.
Le plan conjoint permet aussi aux producteurs de se regrouper pour
transiger et pour vendre leurs produits, parce que les détaillants, ceux
qui sont sur la chaîne entre le producteur et le consommateur, eux sont
regroupés. Ces détaillants achètent en grosse
quantité et, par l'entremise du plan conjoint, on permet à
l'ensemble des producteurs de se regrouper et d'offrir finalement aux
détaillants, en quantité et en qualité, les produits dont
on a besoin pour notre consommation. Cela permet aussi de stabiliser - le
député de Saint-Hyacinthe en a parlé un peu -
l'approvisionnement. Cela me faisait toujours un peu de peine lorsque des
associations, par exemple, de consommateurs mentionnaient que les plans
conjoints étaient là pour faire monter les prix. Je dirais que
c'est le contraire. Il est bien évident que le plan conjoint est
là pour permettre à un producteur agricole d'avoir un prix juste
pour son produit, un prix qui va lui permettre de fonctionner.
Aussi, cela permet aux consommateurs de s'approvisionner et de se
nourrir à un prix qui est stable et juste. Avant l'avènement des
plans conjoints, si je prends un exemple dans le domaine des oeufs, je me
souviens -pas chez moi parce qu'à ce moment je n'avais pas de ferme vu
que j'étais trop jeune - d'avoir entendu parler que, dans les
années quarante, on a payé des douzaines d'oeufs au Québec
à certaines périodes autour 1,25 $. À d'autres
périodes, on pouvait payer 0,10 $ ou 0,15 $ pour une douzaine d'oeufs.
Bon an, mal an, du fait qu'il n'y avait pas de stabilité, le
consommateur, j'en suis persuadé, payait plus cher qu'il devait parce
que, lorsque le produit était en surabondance, c'était le
commerçant qui faisait le profit; lorsqu'à cause d'une
année de difficultés dans le domaine agricole le produit devenait
plus raréfié, c'était finalement le consommateur qui
devait payer.
Aujourd'hui, on n'a qu'à regarder l'expérience du plan
conjoint des oeufs et le prix que l'on paie pour une douzaine d'oeufs en 1982
et vous allez vous rendre compte que c'est un prix stable et un prix juste.
Récemment, on a vu une diminution dans le prix des oeufs à cause
de la diminution du coût de production, chose qu'on ne voyait
pas auparavant. Moi, je pense que les plans conjoints sont
arrivés pour y rester définitivement. C'est l'avenir de
l'agriculture de type familial.
On doit voir à ce qu'on ait des lois assez sévères
pour faire face à ceux qui ont toujours profité et de
l'agriculteur et du consommateur, à ceux qui ont toujours fait la pluie
et le beau temps dans le domaine de l'agriculture et qui continuent de le faire
en mettant tous les obstacles possibles pour empêcher qu'on puisse mettre
en application un plan conjoint. Par l'entremise d'une loi comme celle-ci, il
faut voir à ce que cela cesse. Il faut voir à ce qu'un plan
conjoint qui a été voté démocratiquement à
un pourcentage, comme on l'a mentionné tantôt, de 74% tout
près, ait le droit de s'administrer, ait le droit de poursuivre les buts
pour lesquels on l'a voté. Ce n'est pas cinq, six ou dix personnes au
Québec, peu importe l'état de leur fortune ou l'épaisseur
de leur portefeuille, qui doivent empêcher un plan conjoint comme
celui-là d'entrer en application pour le bien du producteur agricole et
pour le bien du consommateur.
Moi, je dis merci au ministre de l'Agriculture d'apporter cette
modification à la loi. J'espère, moi aussi, comme le
député de Saint-Hyacinthe et comme le député de
Beauce-Sud l'ont mentionné tantôt, que la loi va atteindre
l'objectif pour lequel on l'a présentée. Quand on voit les trous
qui ont été bouchés par cette loi, je pense bien que cela
devrait régler la situation et, en même temps, je fais appel aux
producteurs agricoles de continuer de se tenir à l'intérieur des
plans conjoints, de se défendre et d'arrêter le plus possible,
surtout dans le cas des producteurs de porc, de travailler à salaire
pour une entreprise qui, plus souvent qu'autrement, les a exploités dans
le passé. Avec les outils qu'on donne, avec les crédits
agricoles, avec les possibilités qu'on offre à la ferme familiale
de demain, je pense que le producteur agricole doit tout faire pour rester
indépendant sur sa ferme. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Berthier.
M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. D'abord, cela me fait
extrêmement plaisir cet après-midi de parler du projet de loi 77,
Loi modifiant la Loi sur la mise en marché des produits agricoles au
Québec. D'abord, je peux vous dire une chose, comme mon collègue,
le député de Champlain l'a mentionné tantôt, je m'y
connais un peu dans la production agricole ayant été pendant
plusieurs années vice-président des producteurs de chair de
volaille de ma région, et vice-président de la
Fédération des producteurs d'oeufs du Québec de ma
région aussi.
J'ai toujours été favorable aux plans conjoints, d'abord
pour une raison qui est bien simple: lorsqu'un plan conjoint est
implanté et voté démocratiquement par une majorité
de personnes qui en fait la demande, pour ma part, je suis toujours prêt
à le respecter. En démocratie, c'est ainsi. Lorsqu'on parle de
plan conjoint, surtout dans les oeufs, c'est depuis 1966 que le plan conjoint
des oeufs existe au Québec. Heureusement, il existe non seulement au
Québec, mais il existe aussi au Canada. Pourquoi je pèse bien mes
mots lorsque je dis "au Canada"? C'est parce qu'il est national, et lorsqu'il
est national, toutes les provinces en font partie et toutes les provinces
doivent le respecter. Par la même occasion, lorsqu'il y a eu des efforts
de faits pour que le plan conjoint des oeufs soit respecté et
appliqué dans chacune des provinces à leur valeur à elles,
c'était bien important, parce qu'il fallait tenir compte du coût
de production.
Lorsque, dans un plan conjoint, nous tenons compte du coût de
production, je peux vous dire, M. le Président, que tous les gens sont
heureux. Pourquoi sont-ils tous heureux? Parce qu'on tient compte d'abord des
investissements d'une personne dans ce domaine à l'intérieur de
sa ferme, et c'est bien important. Comme mon collègue le mentionnait
tantôt, on tient aussi compte d'abord du prix aux consommateurs et de la
qualité. Quand un plan conjoint bien administré tient compte des
prix et de la qualité, tous les gens sont heureux. Il peut y avoir des
exceptions, mais je pense que c'est minime. D'abord, la perfection, nous ne
l'aurons jamais, mais la majorité des gens est satisfaite.
Lorsqu'on parle d'un deuxième plan conjoint, qui est le
"broiler", le "barbecue", le poulet à rôtir, comme on l'appelle en
termes courants, c'est la même chose. Pourquoi cette deuxième
production que les producteurs ont pris en main? C'est bien simple. Comme je
vous le disais tantôt pour les oeufs, en tenant compte du coût de
production, la personne qui est dans cette production peut s'en aller à
son compte et se détacher graduellement de l'intégration. Je n'ai
rien contre l'intégration, parce qu'il en a fallu, de
l'intégration. Cela a permis à beaucoup de gens, ici au
Québec, de se lancer dans cette production du poulet à
rôtir. J'ai déjà été gérant d'une
meunerie pendant cinq ans, et aussi propriétaire d'une meunerie. Pour
plusieurs personnes, si elles n'avaient pas eu la chance d'avoir un contrat
d'intégration, elles n'auraient jamais pu démarrer dans ces deux
productions. Heureusement, il faut le reconnaître aujourd'hui,
l'intégration a beaucoup aidé l'agriculture. Aujourd'hui, la
majorité des
producteurs est à son compte. Je dirais merci à
l'intégration qui leur a donné la chance de démarrer.
Aujourd'hui, l'intégrateur vit bien, parce qu'il vend de la
moulée et des grains, il est payé régulièrement.
C'est quelque chose aujourd'hui. Le producteur qui est à son compte est
heureux, il fait sa petite affaire à lui. (16 heures)
On a encore une autre production qui est le lait. Dans cette production,
il n'y avait pas d'intégration, parce que les gens commençaient
tranquillement, augmentaient leur troupeau et, à un moment donné,
atteignaient une production assez importante pour pouvoir vivre bien à
l'aise chez eux.
Une autre production, le porc, est celle qui fait le plus mal
aujourd'hui. Heureusement, depuis quelques semaines, cela semble vouloir se
replacer mais, si on recule de trois ans, ce n'était pas rose dans le
porc. Je parlais avec un type hier soir, d'une paroisse de mon comté et
deux producteurs de porc ont encore failli la semaine dernière. C'est
pour vous dire qu'ils n'ont pas été capables de remonter la
côte, et pas seulement à cause du taux d'intérêt, car
le taux d'intérêt est le même pour tous les producteurs du
Canada. Que je sache, cela ne dépend pas seulement d'un gouvernement si
le taux d'intérêt est haut. Je n'aurais pas voulu faire de la
petite politique cet après-midi. Il m'ouvre une porte, mais je ne
tomberai pas dans le piège. Je ne "maganerai" pas le ministre de
l'Agriculture cet après-midi, je vais le flatter un petit peu pour qu'on
puisse adopter ce projet auquel on travaille ensemble cet après-midi et
qui, je pense, pour les cultivateurs du Québec, va apporter certaines
améliorations.
J'espère que le ministre ne s'en servira pas pour lui
personnellement pour chatouiller un peu les producteurs ou peut-être
quelqu'un qu'il n'aimerait pas trop. Je ne sais pas, cela peut arriver parfois,
parce que, dans certains cas, il se dit: On va les faire languir un petit peu,
les députés libéraux, quand on lui demande certaines
choses. Ce ne sera peut-être pas cela dans ce cas! C'est à
souhaiter. Je souhaite de tout coeur, pour le bien des cultivateurs du
Québec, que le ministre ne tiendra pas rigueur aux producteurs qui,
parfois, lui font certaines revendications ou certaines menaces, qui parlent un
peu plus fort, qui crient un peu plus fort. Il pense qu'ils lui veulent du mal;
au contraire, c'est du bien qu'ils lui veulent et, en même temps, c'est
du bien pour eux.
Tout cela pour dire que le porc, avec le plan conjoint qui existe dans
le moment, qui a été voté majoritairement, je le reconnais
- je ne suis pas contre, M. le ministre... Bientôt, le plan conjoint du
porc va valoir des sous. Dans le moment, il ne vaut rien; les gens pensent
qu'ils auraient été plus heureux de ne pas en avoir du tout parce
qu'il mangeait pendant un bout de temps de l'argent à la place. Je
demanderais au ministre, s'il voulait se pencher pour regarder les quotas - le
quota pour la poule pondeuse, le quota pour le poulet à rôtir et
même le quota pour la vache laitière sont excessivement
dispendieux - s'il n'y aurait pas moyen de donner une chance aux jeunes
cultivateurs pour qu'ils puissent commencer. Le fils d'un cultivateur, lui,
peut avoir une chance de continuer à exploiter la ferme du père.
Que fait celui qui n'est pas fils de cultivateur et qui veut s'installer dans
l'une ou l'autre des productions avec un quota qui vaut quelque chose? Ne
parlons pas du porc, pour le moment, il ne vaut rien mais il va valoir quelque
chose tout à l'heure, je l'espère. Pour les quotas qui sont
excessivement dispendieux, il faudrait trouver une solution pour qu'ils soient
moins dispendieux, non seulement l'achat mais aussi, à un moment
donné, il va falloir qu'ils tiennent compte, dans leurs coûts de
production, du quota; il va falloir qu'ils tiennent compte de cela. Des quotas
coûtent 7 $ ou 8 $, dans le barbecue, et 15 $, 16 $, 17 $, 20 $, 22 $,
dans la poule pondeuse. Je vous assure que si on parle du taux
d'intérêt, comme mon collègue de gauche me le disait
tantôt, le député de Saint-Hyacinthe, c'est dispendieux. Si
on pouvait trouver un mécanisme, M. le ministre, je serais prêt
à participer à l'étude qui pourrait être faite pour
le bien de notre classe agricole du Québec. Vous voyez qu'on veut
travailler ensemble pour le bien de notre classe agricole. Vous êtes
peut-être surpris aujourd'hui, mais c'est vrai, ce que je vous dis.
De toute façon, je pense que mon temps achève, il ne me
reste que quelques minutes. Lorsque je suis passé, il y a quinze jours,
à Joliette, dans la région Laurentides-Lanaudière qui fait
partie de mon comté, parce que, pour cette région, le bureau de
l'UPA est à Joliette, on me demandait et on demandait à M. le
député de Beauce-Sud, M. Hermann Mathieu, de faire des pressions
auprès du ministre pour qu'il puisse présenter des projets de loi
le plus vite possible. Je suis content aujourd'hui qu'il en dépose. Il
en manque un, malheureusement, et c'est celui sur lequel ils ont insisté
le plus. Ils ont dit: Pensez-vous que le ministre va déposer le projet
de loi - c'était une promesse qu'il avait faite; il faut toucher un peu
à la politique - pour aider le fils du cultivateur en lui prêtant
50 000 $? J'ai dit: Je vous garantis une chose, je vais lui faire la
commission. J'en serais fier, M. le ministre, et je suis certain que, si le
député de Joliette prenait la parole, il dirait la même
chose. Il y a dans son comté des fils de cultivateurs. Son comté
est un peu agricole aussi. Il vous demanderait de le déposer le
plus tôt possible.
Retenez cette chose-là, M. le ministre. Vous avez pris
l'engagement dans votre promesse électorale - peut-être que vous
vous êtes trompé ou nous avons peut-être mal compris, c'est
possible - de consentir un prêt de 50 000 $ pour cinq ans sans
intérêt. Si vous n'aviez pas inscrit un maximum de 20 000 $, je
dirais: C'est bien. Mais je pense qu'il y a un obstacle lorsque vous parlez
d'un maximum de 20 000 $. Cela veut dire aujourd'hui, tenant compte des taux
d'intérêt assez élevés, que l'aide que vous apportez
aux fils de cultivateurs va durer seulement deux ans. Il faudrait que vous
enleviez cela. Enlevez cela et vous allez voir qu'on va voter avec vous.
Je vous dis, en terminant, que nous voterons avec plaisir pour le projet
de loi 77, Loi modifiant la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles du Québec. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre, votre
droit de réplique.
M. Jean Garon (réplique)
M. Garon: M. le Président, je voudrais seulement relever
quelques affirmations qui ont été faites dans le cadre du
débat sur le projet de loi 77, Loi modifiant la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles. Le député de Beauce-Sud
mentionnait que ce projet de loi avait pris de longs mois de
préparation. . J'ai un peu de misère à m'ajuster au
"timing" ou, si on veut, au...
Une voix: Tempo.
M. Garon: ... rythme du député de Beauce-Sud. Il me
reproche souvent d'être trop vite, parfois d'être trop lent, mais
jamais d'être à la bonne vitesse. Je suis content qu'il ait
trouvé que nous soyons trop lents; cela empêche le Parti
libéral de demander une motion de report. Nous pouvons maintenant
adopter le projet de loi sans motion de report, sans débat qui dure
éternellement. Je dois dire que c'est essentiellement durant les mois
d'hiver, quand les producteurs agricoles, les éleveurs de porcs avaient
de la difficulté à percevoir leurs cotisations syndicales, que
j'ai déclaré -et le caucus, section agricole, des
députés du Parti québécois a également fait
une déclaration à cet effet - que, si la loi actuelle ne
suffisait pas pour permettre aux agriculteurs, aux éleveurs qui avaient
voté un plan conjoint selon la loi de percevoir leurs cotisations, il
faudrait peut-être changer la loi pour leur rendre la tâche plus
facile. Immédiatement, nous avons mis des gens à l'ouvrage. J'ai
même demandé des suggestions à différents organismes
agricoles, notamment à l'Union des producteurs agricoles, pour
préparer ce projet de loi. Ensuite, cela a suivi le rythme normal,
puisque, dès la fin d'avril, c'était déposé au
Conseil des ministre. (16 h 10)
Maintenant, comme un projet de loi fait par un gouvernement du Parti
québécois est toujours un projet de loi sérieux, un projet
de loi comme celui-là doit être approuvé par le Conseil du
trésor, par le Comité ministériel de développement
économique, par le Comité de législation que
préside brillamment le député de Sherbroke et ministre du
Revenu, M. Fréchette. C'est seulement après tout ce cheminement -
il y a également une consultation du caucus des députés
responsables du dossier agricole -que le projet de loi est prêt à
être déposé à l'Assemblée nationale. C'est
pour cette raison qu'un projet de loi, pour être bien fait, doit franchir
toutes ces étapes. J'ai été content de voir que le
député de Beauce-Sud, qui m'en parlait pour la première
fois il y a quelques jours, collabore à ce projet de loi.
Par ailleurs, j'ai remarqué que, dans ses propos, il avait
été un peu incohérent. II a dit qu'il était
d'accord sur le projet de loi, qu'il voterait pour. C'est ce que j'ai compris.
Mais il a dit qu'il ne voulait pas que ce soit une loi pour la parade. Je ne
comprends pas que le député de Beauce-Sud dise que ce peut
être une loi pour la parade et, en même temps, dise qu'il est pour,
puisque, ayant une formation juridique, étant notaire, il peut analyser
le projet de loi et voir s'il est bon ou s'il n'est pas bon. S'il pense qu'il
doit voter pour, c'est parce qu'il considère que le projet de loi est
bon. Donc, s'il est bon, ce ne peut pas être un projet de loi pour la
parade. Ce ne peut pas non plus être un projet de loi qui, comme l'a dit
le député de Berthier, va servir essentiellement au ministre. Je
ne peux pas tirer, de ce projet de loi, d'avantages personnels; c'est
impossible. C'est un projet de loi essentiellement à l'avantage des
agriculteurs pour faciliter la perception de leurs cotisations. Mais,
évidemment, je souhaite que la perception de la cotisation soit une
question réglée facilement.
Le député de Berthier a dit que les producteurs voulaient
du bien au ministre. J'ai été content de l'entendre dire cela. Le
plus grand bien qu'ils ont voulu au gouvernement, et ce indirectement, cela a
été lors des dernières élections au Québec
où, dans les comtés ruraux, les agriculteurs ont montré
qu'ils voulaient que nous continuions le travail déjà
amorcé au cours d'un premier mandat. En tout cas, je ne sais pas s'ils
nous veulent du bien, mais ils veulent qu'on continue à travailler pour
le bien des agriculteurs. J'ai été très content,
personnellement, du résultat des élections. Il nous manque encore
quelques comtés à vocation agricole, mais il ne faut pas
faire
tout cela dans...
Une voix: La prochaine fois.
M. Garon: ... une même élection.
L'ex-député de Louis-Hébert dirait qu'il faut
procéder par étapes. Il nous reste encore une étape
à franchir pour aller chercher les derniers comtés ruraux qui ne
sont pas encore avec le gouvernement.
Le député de Berthier a dit également que les
quotas dans le porc ne valent rien et qu'il espère qu'un jour, ils
vaudront quelque chose. Ils ne peuvent pas valoir quelque chose, M. le
Président, parce qu'il n'y a pas de quotas dans le porc. Il faudrait
d'abord qu'il y en ait, mais il n'y en a pas.
J'ai trouvé un peu incohérent le fait qu'il souhaite
qu'ils vaillent quelque chose et, peu de temps après, il se plaignait
que les quotas dans le lait et dans le poulet coûtaient trop cher. Alors,
il faudrait que le député de Berthier s'ajuste. Je comprends un
peu mieux maintenant pourquoi le président de la commission politique du
Parti libéral, Me René Dussault, disait qu'en matière
agricole, le Parti libéral ne sait pas trop sur quel pied danser.
Des voix: Ah!
M. Garon: Je comprends un peu pourquoi maintenant parce que, en
l'espace de cinq minutes, le député de Berthier a dit qu'il
souhaitait que les quotas dans le porc vaillent quelque chose et, en même
temps, il souhaitait qu'ils ne vaillent pas grand-chose dans le lait et dans le
poulet. Là, il y a une certaine incohérence, M. le
Président.
J'ai remarqué également que les deux députés
ont mentionné qu'ils souhaitaient que le gouvernement du Parti
québécois réalise sa promesse d'un prêt de 50 000 $
sans intérêt aux jeunes agriculteurs. Je me suis dit: De deux
choses l'une: ou ils savent que le projet de loi est déjà inscrit
au feuilleton ou ils ne le savent pas.
Une voix: II n'est pas déposé encore.
M. Garon: Je me suis dit: S'ils le savent, ils aimeraient en
parler pour faire croire qu'ils le demandent pour essayer de se greffer un peu
de crédit. En effet, ce matin, au feuilleton du vendredi 4 juin 1982,
apparaît à l'article b) 3 juin. - M. Garon. -Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs. Cela veut dire que le projet de
loi est dans les avis au feuilleton et si le Parti libéral est capable
de digérer assez rapidement les projets de loi - ça semble aller
bien cet après-midi - si ça va bien au début de la semaine
prochaine également on pourra en déposer d'autres, mais si on les
sent étouffés par les premiers, ça ne nous donnera rien
d'en déposer trop. Si on sent qu'ils ont du souffle un peu, alors on va
pouvoir déposer d'autres projets de loi et, personnellement, je suis
persuadé que ce sera une bonne chose. Ils constateront, peut-être
avec surprise, que le gouvernement du Parti québécois est
toujours prêt, quand l'Opposition ne met pas les bâtons dans les
roues, à procéder rapidement dans le domaine agricole.
Là, ils ne pourront pas dire que c'était un projet de loi
dans les tiroirs, ils pourront dire que c'est sûrement un projet de loi
neuf et l'avenir démontrera à quel point nous avons
travaillé fort, au cours des derniers mois, pour déposer ces
projets de loi.
Nous avons déjà la Loi sur les terres publiques agricoles,
qui a été adoptée, et je vous dis que des milliers et des
milliers d'agriculteurs, de personnes qui vivent dans les milieux ruraux
bénéficieront de ce projet de loi que nous avons adopté
récemment. Je sais à quel point des milliers de personnes ont
hâte que nous ayons adopté la réglementation pour devenir
propriétaires chez eux. Des milliers de personnes dans des dizaines,
sinon des centaines, de familles du Québec deviendront
propriétaires grâce à ce projet de loi, alors qu'elles
restent sur des lots dont elles n'ont jamais été les
propriétaires même si, dans certains cas, elles demeurent sur ces
lots depuis 100 ans. C'était un projet de loi complexe.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Garon: Aujourd'hui, on dépose un autre projet de loi
sur la mise en marché des produits agricoles et, à cause de
ça, le budget a augmenté de façon importante,
c'est-à-dire de 79 000 000 $ cette année. Le député
de Beauce-Sud m'a ouvert la porte parce que je n'en aurais pas parlé,
mais puisqu'il en a dit un mot j'aimerais juste lui dire qu'en 1971 les
paiements de transfert dans le secteur agricole - c'est-à-dire l'argent
qui ne servait pas au fonctionnement du ministère, qui ne servait pas
à acheter du papier, des effaces, des crayons et à payer les
fonctionnaires, mais l'argent qui allait directement aux agriculteurs -
étaient de l'ordre de 45 000 000 $; cela allait aux
bénéficiaires du ministère. En 1976, c'était 99 000
000 $; durant le régime libéral de 1970 à 1976, 45
000 000 $. C'est passé de 45 000 000 $ à 99 000 000 $, donc une
augmentation de 54 000 000 $.
De 1976 à 1982, c'est quoi? Cela passe de 99 000 000 $, en
paiements de transfert, à 311 000 000 $ en 1982.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Garon: Ce qui veut dire, M. le Président, que ça
va être quatre fois plus durant les six ans de pouvoir du Parti
québécois qu'en six ans de pouvoir du Parti
libéral, dans le secteur agricole, en paiements de transfert aux
agriculteurs; pas pour payer les effaces, les crayons ou du papier et des plans
qui ne se feront pas. Cela veut dire, au fond, que le rôle d'un
gouvernement, c'est de travailler sur deux plans, principalement. Pour un
gouvernement, il y a trois choses: Avoir de bons députés qui font
leur travail dans leur comté, avoir des lois - on propose aujourd'hui un
nouveau projet de loi qui fera plaisir aux agriculteurs - et avoir de bons
budgets qui permettent le développement économique du
Québec.
Actuellement, au Québec, le budget du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation permettra de faire un
développement économique accéléré en 1982,
d'autant plus que le président du comité ministériel de
développement économique annonçait que le premier ministre
annoncera la semaine prochaine des montants additionnels dans des programmes
d'emploi. Je suis convaincu que le premier ministre annoncera avec un grand
plaisir des montants additionnels dans le secteur agricole, secteur pour lequel
il a une préoccupation constante.
M. le Président, je ne voudrais pas être plus long, mais je
veux dire simplement que je suis content que ce projet de loi ait pu passer
rapidement le stade de la deuxième lecture. Je souhaite que nous
passions le stade de la commission parlementaire avec la même
célérité. Merci, M. le Président. (16 h 20)
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que cette
deuxième lecture du projet de loi no 77, Loi modifiant la Loi sur la
mise en marché des produits agricoles, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission
de l'agriculture, des pêcheries
et de l'alimentation
M. Fréchette: M. le Président, compte tenu du
programme dont nous avions convenu, je ferai maintenant une motion de
référence pour l'étude du projet de loi article par
article. Cela devrait se réaliser dans la même
sérénité que celle qu'on a connue cet après-midi.
À ce stade-ci, M. le Président, et conformément au
programme...
Le Vice-Président (M. Jolivet): La motion de
référence à la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Fréchette: Vous m'arrachez les mots de la bouche, M. le
Président. Je me reprends, M. le Président, et je vous signale
que, conformément au programme dont nous avions convenu, je ferai
maintenant motion pour que l'Assemblée se transforme en commission
plénière, que vous quittiez le fauteuil pour procéder
à l'étude des crédits de l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. (Suspension
de la séance à 16 h 23)
(Reprise de la séance à 16 h 25)
Commission plénière
Étude des crédits de l'Assemblée
nationale
M. Jolivet (président de la commission
plénière): La commission parlementaire de l'Assemblée
nationale est à nouveau réunie en commission
plénière en vue d'étudier les crédits de
l'Assemblée nationale. Nous en étions rendus, lors des
dernières discussions, à un survol global de l'ensemble des
programmes. Nous allons donc continuer en ce sens et on adoptera à la
fin les programmes comme tels. La parole est au président de
l'Assemblée nationale.
Le rôle de la Sûreté du
Québec au parlement
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, avant
que les députés de cette Chambre puissent m'adresser d'autres
questions, j'aurais une mise au point à faire à la suite de deux
articles, l'un du Devoir du jeudi 3 juin 1982 et l'autre du Soleil de la
même journée, relativement au rôle de la Sûreté
du Québec lorsqu'elle est appelée à l'Assemblée
nationale du Québec.
Pour être précis, pour être clair, j'aimerais redire
ceci: Lorsque la Sûreté du Québec vient ici à
l'intérieur des murs de l'Assemblée nationale du Québec,
c'est parce qu'elle a été demandée par l'Assemblée
nationale du Québec. Ce qui veut dire, en conséquence, que la
Sûreté du Québec ne peut venir à l'Assemblée
nationale du Québec sans que l'Assemblée nationale du
Québec en ait fait la demande. Or, lorsque l'Assemblée nationale
du Québec fait la demande pour
avoir certains policiers de la Sûreté du Québec,
c'est parce qu'on a des raisons.
Le Devoir titre "Quand la Sûreté du Québec est
appelée à l'Assemblée nationale, elle n'y a pas
juridiction" et dans l'autre article, on dit essentiellement la même
chose. Comme le whip de l'Opposition l'a fort bien dit, les agents ne viennent
pas ici, lorsqu'ils sont demandés, pour regarder les portraits qui se
trouvent dans la galerie des présidents. Ils ne viennent pas ici non
plus pour admirer l'Assemblée nationale. Ils ne viennent pas ici
essentiellement pour regarder nos travaux parlementaires, surtout pas ceux de
ce matin, je l'espère. Ils viennent essentiellement parce que nous avons
des motifs, comme je le disais, probables et raisonnables de penser que des
événements pourraient survenir. Essentiellement, la
Sûreté du Québec, à l'intérieur du parlement,
lorsqu'elle est ici, c'est pour porter assistance, le cas
échéant, au service de l'Assemblée nationale que nous
avons, c'est-à-dire ceux qu'on appelle communément les constables
de l'Assemblée nationale du Québec.
Je voulais apporter cette précision parce que ces deux articles
laissaient entendre qu'on appelait la Sûreté du Québec,
mais qu'une fois rendue ici, elle n'avait aucune juridiction. Effectivement,
elle n'a pas juridiction totale, mais elle est ici pour venir essentiellement
et éventuellement prêter main forte à nos agents s'il
arrivait des choses extraordinaires.
Prenons seulement un exemple: II n'y a pas que les manifestations
à l'extérieur du parlement. Il y a eu dernièrement la
visite du premier ministre français. Les constables de
l'Assemblée nationale du Québec - comme vous le savez - ne sont
pas armés. Si on a jugé bon, de concert avec la direction du
sergent d'armes et la direction des relations parlementaires qui s'occupe du
protocole, de faire en sorte que certains agents de la Sûreté du
Québec soient ici, c'était justement pour assurer une
entière protection au cas où un citoyen, quel qu'il soit, aurait
voulu s'en prendre soit à un député, soit au premier
ministre québécois, soit au chef de l'Opposition, soit au
député de Hull, soit au président de l'Assemblée
nationale ou encore au premier ministre de la France.
Je tenais à faire cette précision qui, je pense, est
importante. Là-dessus, je suis tout à vous, messieurs de
l'Assemblée nationale du Québec.
Le Président (M. Jolivet): Sur cette question, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, étant donné
que j'ai une intervention à faire et plusieurs questions à poser
concernant les services de sécurité de l'Assemblée
nationale, je vais, par déférence pour mon collègue, le
whip en chef du gouvernement, lui passer la parole. Cependant, très
brièvement, je me permettrai de faire part de façon bien sereine
au président de l'Assemblée, et peut-être un peu en
boutade, qu'en ce qui concerne la protection du premier ministre de la
République de France, M. Mauroy, j'ai l'impression que la seule
agression physique à laquelle il a failli être victime, c'est
lorsque le ministre Laurin a failli s'enfarger dedans en passant, mais,
à part cela, cela a bien été.
Le Président (M. Jolivet): M. le whip du gouvernement.
Travaux d'impression pour les
députés
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je pensais que le
whip en chef de l'Opposition prenait la parole pour parler de la protection de
son propre chef. Je vais changer de sujet immédiatement.
Je voudrais purement et simplement demander au président de
l'Assemblée nationale, parce qu'il y a eu une question posée par
le député de Deux-Montagnes, qui a parlé de la
reproduction ou l'impression ou la photocopie à l'Assemblée
nationale qui devenait difficile dans certains cas... C'était
passablement discrétionnaire, la façon de juger de la
partisanerie ou de la non-partisanerie des documents que nous avions à
faire imprimer. (16 h 30)
De part et d'autre, autant du côté de l'Opposition que de
notre côté, nous recevons, en tant que whip, plusieurs plaintes de
nos propres députés. Nous aimerions savoir s'il est dans votre
intention de nous produire, premièrement, un canevas avec des
hypothèses de travail, des hypothèses de définition de ce
qu'est la partisanerie dans votre conception comme gardien de
l'Assemblée nationale. C'est à partir de vos hypothèses
que nous pourrons vous faire des recommandations précises, parce que, si
vous nous demandez une définition, ce ne sera pas tellement long. Je
pense bien que, dans l'espace de vingt minutes, le whip de l'Opposition et
moi-même pourrions vous en concevoir une, ce qui ne fera pas
nécessairement l'affaire du président de l'Assemblée
nationale et de son équipe.
Je pense que, comme procédure, nous préférerions
que vous nous fournissiez ce genre d'hypothèse et nous la critiquerions,
comme représentants, avec diligence, pour faire en sorte que nos
députés cessent de se plaindre. Il est assez frustrant pour un
homme politique élu de se voir refuser, avec toute la gentillesse que
peuvent avoir les fonctionnaires, mais c'est jugé d'une façon
partisane. Je comprends que, quand il y a des heures et des dates de
convocation ou
des invitations à des financements, par exemple, on puisse
définir des cas précis de partisanerie, mais s'adresser à
des électeurs en annonçant des réalisations ou en donnant
de l'information qui peut être jugée partisane, je pense que nous
avons été élus avec des options précises de part et
d'autre, avec des programmes précis de part et d'autre. Nous aimerions
avoir une définition claire et précise de votre conception de la
partisanerie face à l'impression de documents et, si vous avez la chance
de le dire également, le moment précis où vous pourriez
nous fournir ce type de définition pour qu'on puisse en saisir nos
caucus réciproques et vous donner, par la suite, nos observations.
Le Président (M. Jolivet): M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous comprendrez, M. le
Président, qu'il est difficile pour l'impartialité de dire ce
qu'est la partisanerie. Quoi qu'il en soit, j'aimerais redire...
M. Chevrette: Je voulais parler de votre conception.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... c'est une boutade en
passant - au député de Joliette, qui est le whip en chef du
gouvernement, qu'il y a plusieurs mois déjà, ce que j'ai eu
l'occasion de dire d'ailleurs mercredi, nous avons fait parvenir aux deux whips
des partis politiques représentés à l'Assemblée
nationale un rapport qui avait été fait par la Direction
générale des communications d'alors, demandant aux deux caucus de
faire l'étude de ce document et de nous faire connaître leurs
commentaires pour qu'on puisse justement adopter une politique relativement
à la reprographie. Or, j'ai dit au whip de l'Opposition et à ceux
qui étaient présents -d'ailleurs, je me réjouis de voir
qu'il y a beaucoup plus de députés aujourd'hui qui
s'intéressent aux crédits de l'Assemblée nationale que
mercredi dernier - et je leur redis que, dès lundi, nous allons faire
parvenir aux deux whips un projet dans lequel plusieurs hypothèses
seront soumises. Je compte sur la collaboration des deux whips pour que ces
hypothèses soient étudiées dans leurs caucus respectifs
dans les meilleurs délais possible afin que, lors de la prochaine
session, qui va s'ouvrir à l'automne 1982, à une date que
j'ignore, nous soyons en mesure d'avoir tout d'abord les commentaires des
formations politiques et ensuite d'adopter une politique qui aille dans le sens
des revendications exprimées par les deux partis politiques qui
représentent en fin de compte les 122 députés de
l'Assemblée nationale du Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. le whip de l'Opposition.
La sécurité à l'Assemblée
nationale
M. Pagé: Merci, M, le Président. Brièvement,
cette semaine, lorsque nous avons amorcé l'étude des
crédits de l'Assemblée nationale, le président a eu
l'occasion de formuler des commentaires et de répondre à des
questions concernant les services de protection.
Cette année, les parlementaires ont été à
même de répondre à une invitation qui a été
formulée par une première personne qui était
mandatée par le président de l'Assemblée nationale pour
revoir toute la question de la sécurité. Un rapport a
été déposé au président et le
président de l'Assemblée nationale du Québec a
formé un comité avec les intervenants dans différents
services de l'Assemblée nationale pour voir les suites à donner
à ce rapport.
M. le Président, vous aurez certainement compris que, par mes
remarques de mardi ou mercredi de cette semaine, j'ai demandé et j'ai
même insisté -aujourd'hui, je me permets de le
réitérer -pour que l'Assemblée nationale puisse être
dotée, dans les plus brefs délais possible, d'un service de
sécurité qui soit mieux structuré, dont les objectifs
seront mieux identifiés et la juridiction mieux établie.
Le président de l'Assemblée nationale a fait
référence au document que je lui ai fait parvenir, parce que,
à cet égard, le président avait demandé aux deux
whips des deux formations politiques de lui faire part de leurs commentaires.
Je voudrais lui réitérer mes commentaires ici. Je ne lirai pas le
document que je lui ai fait parvenir et qui a plusieurs pages, mais je lui
réitérerai essentiellement les treize recommandations que je lui
formulais. Tout d'abord maintenir un corps constabulaire spécifique
à l'Assemblée nationale du Québec. Les
députés libéraux affirment que, dans son mandat, la
première responsabilité de ce corps constabulaire serait
d'assurer la sécurité des personnes et des biens de
l'Assemblée nationale du Québec. Confier, si besoin en est,
l'aspect accueil aux différentes portes de l'Assemblée nationale
aux services spécifiquement créés pour l'accueil des gens
à l'Assemblée nationale. On sait que, bien souvent, la
démarcation entre l'aspect accueil et l'aspect sécurité du
travail, qui est confié aux constables de l'Assemblée, est
peut-être difficile à faire. Réévaluer les normes de
formation, d'entraînement, de sélection et de promotion du corps
constabulaire de l'Assemblée nationale du Québec. Quelles sont
les normes actuellement? M. le Président pourra tout à l'heure
nous donner les paramètres sur lesquels s'appuient ceux qui ont à
établir des
promotions à l'intérieur de ce corps constabulaire, mais
on doit vous dire que des commentaires ont été portés
à notre attention et même des constats, dans certains cas, qui
nous permettent de soulever la question aujourd'hui. S'assurer que les
équipements fournis au corps constabulaire pour remplir son mandat
seront non seulement adéquats, mais régulièrement
réévalués. Le président disait, tout à
l'heure, que les policiers de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire
les gardiens et les constables, n'étaient pas armés. Si, un jour,
à défaut de voir tous les constables armés, un nombre
minimal de ces derniers doivent l'être, ce devra être
décidé. Ce sera peut-être la meilleure façon,
à cet égard, d'éviter de recourir, avec juridiction ou
non, à la Sûreté du Québec qui arrive avec armes et
bagages, comme on dit dans le jargon. On voit entrer souvent ces policiers avec
leur poche de hockey, et cela contient matraque, bombe lacrymogène,
casque, fusil, etc.
Confier au corps constabulaire de l'Assemblée nationale
juridiction entière et exclusive sur l'ensemble de la colline
parlementaire, c'est-à-dire dans les édifices relevant de
l'Assemblée nationale et portant tant sur la sécurité
physique des personnes et des biens que sur la surveillance. Incidemment,
conférer des pouvoirs précis d'investigation et d'enquête
à ce corps constabulaire.
Profiter des modifications prochaines qui seront apportées
à la Loi sur la Législature pour affirmer clairement que tous les
pouvoirs de contrôle de la sécurité physique et
matérielle seront placés sous la juridiction du président
de l'Assemblée nationale de façon que la situation qui
prévaut actuellement, où on a ce qu'on appelle les hommes en
gris, relève du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement. Un certain nombre de personnes peuvent relever des
services de sécurité du ministère de la Justice et, dans
certains cas même, de la Sûreté du Québec qui est
ici.
Confirmer dans les faits qu'aucun autre corps constabulaire et policier
n'a aucune juridiction ni pouvoir quelconque sur le territoire
délimité de l'Assemblée nationale du Québec, sauf
à la suite d'une demande expresse du président de
l'Assemblée nationale lequel, dans de telles circonstances, pourrait se
référer à des avis exprimés non seulement par le
premier ministre ou le ministre de la Justice, mais aussi par des
représentants des différentes formations politiques. À
notre avis, la juridiction devrait être, comme je vous le disais tout
à l'heure, totale et exclusive, et c'est seulement dans des cas
précis et dans des cas de force majeure que le président pourrait
recourir à une aide de la Sûreté du Québec.
Exercer un contrôle plus strict sur les personnes qui
accèdent au parlement. Je pense que tout le monde en est conscient. Si
le contexte budgétaire le permet, analyser la possibilité
d'étudier les avantages et les désavantages de se doter, comme
c'est le cas dans d'autres parlements et dans d'autres édifices publics,
d'un système de télévision en circuit fermé pour
les espaces publics avec console et contrôle central. On sait que c'est
un immeuble qui n'est pas jeune. On sait que c'est un immeuble qui a plusieurs
voies d'accès et, à cet égard, il serait certainement
possible d'améliorer, techniquement, les outils dont on a besoin pour
atteindre ces objectifs.
Revoir complètement toute la politique, si politique il y a,
d'attribution des clés et des passe-partout. J'aimerais savoir s'il y a
une politique d'attribution des clés et des passe-partout. (16 h 40)
Confier, dans les plus brefs délais, un mandat spécial au
service d'enquête de notre corps constabulaire d'élucider le
nombre toujours élevé de vols d'argent ici. Je pense que c'est un
constat ici. Trop souvent, malheureusement, des choses s'envolent dont,
notamment, de l'argent. Je ne parle pas de l'argent des contribuables. Je parle
de personnes travaillant au parlement qui, malheureusement, comme partout
ailleurs, se font voler leur argent.
En attendant que les conclusions de votre étude soient
arrêtées et mises en vigueur, s'assurer que la Sûreté
du Québec ne puisse entrer et exercer quelque pratique que ce soit
à l'Assemblée nationale sans le consentement exprès et
signé du président de l'Assemblée nationale.
C'était là l'essentiel de nos recommandations. Je suis
persuadé - je ne pense pas avoir besoin de soulever la question - que le
comité qui a été formé par le président va
en tenir compte.
Ce que j'aimerais savoir, c'est ceci: Dans quel délai ce
comité sera-t-il habilité à déposer son rapport?
Une fois que le rapport de ce comité sera déposé, dans
quel délai peut-on s'attendre que des suites concrètes y soient
données?
Je dois immédiatement, cependant, formuler au président de
l'Assemblée nationale ma surprise de constater qu'aucun
représentant du corps constabulaire ne soit présent à ce
comité. On sait que trop souvent j'ai parlé d'un problème
d'identification d'objectifs, d'un problème de mandat précis.
J'ai vu, et j'étais peiné de les lire dans les journaux la
semaine dernière, des articles remettant en cause même
l'utilité des hommes en bleu, ici au parlement. C'était
même titré "88 nullités?", avec un point d'interrogation,
cependant. Je suis persuadé que ces gens-là sont franchement
déterminés à bien travailler, sont franchement
déterminés à gagner leur
salaire dans leur vécu quotidien, mais il semble y avoir un
problème profond d'orientation. Ces gens-là sont certainement
utiles à l'Assemblée nationale et peuvent certainement
l'être plus. Encore faudra-t-il que les paramètres de leur
travail, de leur mandat et de leur juridiction soient mieux définis.
Sans vouloir vous formuler aujourd'hui un plaidoyer en faveur des hommes en
bleu, je dois vous demander de prendre acte de notre ferme conviction que ces
gens-là sont utiles, font un bon travail. Ils sont susceptibles de faire
un meilleur travail, mais encore faudrait-il déterminer les objectifs et
l'encadrement nécessaire.
Le Président (M. Jolivet): M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): II serait un peu long
d'entrer dans tous les détails. Ce que je peux dire au whip de
l'Opposition et à tous les députés de cette
Assemblée nationale, c'est que, tout d'abord, le rapport qu'on appelle
le rapport Auger, qui m'a été remis vers le mois de novembre
1981, je pense, a fait l'objet de nombreuses consultations. Les hommes en bleu,
comme on les appelle, ont été eux-mêmes consultés
et, à la suite du dépôt de ce rapport, les principaux hauts
fonctionnaires de l'Assemblée nationale, le président, de
même que le sergent d'armes, M. Jalbert, et le chef de la
sécurité, M. Marois, étaient présents et nous avons
tous pris connaissance ensemble du rapport qu'on appelle maintenant le rapport
Auger.
Le rapport Auger contient au-delà de 140 pages. La conclusion
qu'on en a tirée a été de demander justement à la
Direction générale des services parlementaires, qui est
représentée ici par M. Pierre Duchesne, et, donc, à la
Direction du sergent d'armes, de travailler ensemble, à la suite du
consensus qui s'était fait autour de la table après avoir
discuté le rapport Auger, pour nous présenter, dans les meilleurs
délais, ce qui serait éventuellement notre nouvelle politique de
sécurité.
Ce rapport m'a été remis en mars ou avril 1982, je pense,
et c'est le rapport que j'ai ici devant moi qui est divisé en quatre
grandes parties. Tout d'abord, les principes directeurs qui doivent orienter la
nouvelle politique de sécurité et, enfin, le modus operandi qui
se divise lui-même en trois: des avis, des directives et les
procédures qui doivent nous guider non seulement pour la
sécurité, mais également au niveau du décorum. J'ai
devant moi le document que le whip de l'Opposition m'a fait parvenir le 24
novembre 1981. Sans aller dans les détails, je peux dire au whip de
l'Opposition que plusieurs des treize recommandations très
précises qui étaient faites et qui sont faites dans sa lettre du
24 novembre 1981 font partie et vont faire partie des principes directeurs de
cette nouvelle politique de sécurité qui devrait être en
vigueur pour l'ouverture de la prochaine session à l'automne 1982.
Évidemment, il y a certaines choses qui ne pourront être faites.
Exemple, au niveau technique: Est-ce qu'on aura une caméra à une
certaine porte? Je ne suis pas sûr qu'en novembre 1982, toute la
politique sera appliquée. Mais les grands principes directeurs de votre
lettre qui font partie de la politique sont généralement
maintenus. Prenons l'exemple au niveau des clés des serrures;
effectivement, dans les principes directeurs, on donne le pouvoir à
quelqu'un d'être justement le responsable de ce système de
clés parce que parfois on se rend compte qu'il y a plusieurs personnes
qui ont des clés qu'elles ne devraient pas avoir. Il y a quelqu'un qui
aura le contrôle sur les clés. De nouvelles serrures seront
sûrement installées dans l'hôtel du Parlement, un
contrôle strict et sévère aura lieu sur lesdites
clés, de telle sorte que je puis dire, sans aller plus loin... Parce que
je pourrais vous lire les quatorze ou treize principes directeurs qui m'ont
guidé; on a presque fini l'étude du document.
Nous en sommes maintenant rendus, il nous reste peut-être une
dizaine de pages à étudier sur la politique de
sécurité. Je pourrais vous lire, si vous voulez, cela prendrait
peut-être plusieurs minutes, les principes directeurs qui m'ont
guidé dans cette politique de sécurité. Je pense que le
whip de l'Opposition a certainement été un peu loin, je pense,
involontairement, en disant que les gens de la sécurité n'ont pas
participé à ce travail. Au contraire, les constables
eux-mêmes, le chef de la sécurité, la direction du sergent
d'armes ont participé...
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président, vous m'avez
certainement mal interprété. Ce n'est pas grave. Vous avez un
comité actuellement qui doit donner suite au rapport Auger.
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, c'est que le
comité qui est formé du secrétaire général,
du directeur général des services parlementaires, de M. Drolet,
de M. Audy et de moi-même, n'étudie pas le rapport Auger. Le
rapport Auger a été étudié par l'ensemble des hauts
fonctionnaires de l'Assemblée nationale accompagnés des gens de
la sécurité, c'est-à-dire de M. Jalbert et de M. Marois
et, à la suite de ce rapport Auger qui, en fait, a fait l'objet de
consultations même auprès des constables de l'Assemblée
nationale, on a fait un tour de table, parce que chacun avait pris connaissance
du rapport Auger. On a demandé à la Direction
générale des services parlementaires, dont fait partie le sergent
d'armes, dont fait
partie le chef de la sécurité, à partir du
consensus ou des idées directrices qui s'étaient
dégagées autour de cette table où on était au moins
douze, treize ou quatorze personnes, de nous présenter, à la
suite du rapport Auger, un document synthétique qui serait une politique
de sécurité. Donc, le document que j'ai devant moi sera
essentiellement ceci. Ce n'est pas le rapport Auger. C'est la politique de
sécurité telle que vue et préparée, à la
suite du rapport Auger, par le sergent d'armes, le directeur
général des services parlementaires et le chef de la
sécurité. Donc, je veux réitérer le fait que la
Direction générale des services parlementaires, que les hommes
responsables du service de la sécurité ont travaillé
énormément à la politique de sécurité et
qu'il faut faire la distinction entre le rapport Auger et la conséquence
du rapport Auger qui est justement la politique éventuelle de
sécurité qui se trouve dans ce livre bleu.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que nous passons au
programme?
M. Pagé: Question, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le whip.
M. Pagé: Quels sont les efforts qui sont
déployés, qu'est-ce qui se fait en matière de formation de
nos agents, de nos constables et comment cette formation est-elle tenue
à jour - c'est le premier élément de ma question - et
aussi les promotions?
Le Président (M. Jolivet): M. le Président. (16 h
50)
M. Vaillancourt (Jonquière):
Effectivement, je pense que vous venez de toucher un point faible de
notre actuelle politique de sécurité. Vous avez dit avec raison
tout à l'heure que nous avions des hommes capables de faire du travail,
compétents pour faire du travail, à condition qu'ils aient une
politique à suivre. Or, on doit dire que, sans porter préjudice
à qui que ce soit qui travaillait dans ce domaine, on peut dire que
c'était presque un laisser-aller total, parce qu'il n'y avait pas de
directives. Il n'y avait pas de principes directeurs. Il n'y avait pas de ligne
générale dans la sécurité, mais l'un des points
faibles, justement, était non seulement le perfectionnement, mais la
formation. Il y en a eu dans le passé. Cela a été
négligé au cours des dernières années, mais on peut
dire que l'un des principes directeurs de la nouvelle politique de
sécurité sera, justement - l'un des treize ou quatorze que je
voulais vous lire tout à l'heure - cette formation, ce perfectionnement
continuel et régulier de nos hommes en bleu, de nos constables, afin
que, non seulement sur le plan de la sécurité, mais sur le plan
du décorum, l'Assemblée nationale soit, pour les visiteurs, quels
qu'ils soient, un endroit où il est sécuritaire de venir et
où il est agréable de venir. Donc, sécurité mais
aussi décorum font partie de cette politique de sécurité
que j'appellerais une politique de sécurité et de décorum
à l'Assemblée nationale du Québec.
Le Président (M. Jolivet): J'appelle le programme...
M. Pagé: Promotions.
Le Président (M. Jolivet): Les promotions, M. le
Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): En ce qui concerne les
promotions, c'est le ministère de la Fonction publique. Ce sont des
concours normaux par voie d'affichage, de demande d'emploi, jury et ainsi de
suite. Donc, aucune promotion discrétionnaire, que ce soit de la part du
supérieur immédiat, du directeur général ou du
président. Ce sont des concours normaux de la fonction publique qui
s'appliquent à ces personnes.
Le Président (M. Jolivet): Pouvons-nous passer au
programme no 1? M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Je voudrais simplement demander au président
si ces gens - on les appelle les hommes en bleu, nos agents de
sécurité - ont une accréditation syndicale
particulière ou s'ils relèvent d'une accréditation
syndicale comme les cols blancs.
M. Vaillancourt (Jonquière): Oui, ils ont une
accréditation, mais ils sont en train actuellement de se regrouper
éventuellement dans un autre syndicat. Vous savez qu'il y a plusieurs
syndicats des agents de la paix au Québec. On a eu certaines visites
à l'Assemblée nationale à l'automne 1981. Ils sont
accrédités. Ils ont une accréditation, mais, actuellement,
ils sont en voie, éventuellement, de se regrouper autrement.
M. Rocheleau: Le président a-t-il été saisi
de certaines demandes sur la possibilité d'une accréditation
syndicale ou de sortir d'une certaine accréditation?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non. Les hommes en bleu ne
m'ont jamais adressé personnellement la parole sur ce sujet
précis que vous mentionnez, à aucun moment. Ils sont venus me
voir pour d'autres raisons, mais pas pour leur allégeance syndicale.
M. Rocheleau: II est bien évident qu'on entend toujours
parler de certaines choses et
il y en a parfois qui profitent de l'occasion pour formuler certaines
plaintes et passer des messages. Il semblerait qu'il y aurait certaines
difficultés quant à savoir au juste de qui ils
relèvent.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le whip de l'Opposition
l'a soulevé et les journaux en ont fait mention. Effectivement, l'un des
problèmes majeurs à cette direction de la sécurité
était: Qui est en charge de qui? Qui est le supérieur
immédiat? Dans cette politique de sécurité, on essaie de
dire: Telle personne aura tel mandat et tel autre. Les choses seront claires
une fois pour toutes, alors qu'actuellement, parfois c'est le supérieur
immédiat, parfois c'est le directeur général, parfois
c'est le secrétaire général et parfois c'est le
président. On va comme le vent nous envoie, en fin de compte, alors
qu'à l'avenir, il va y avoir une politique ferme où les mandats
précis des personnes qui sont là seront très clairement
déterminés et les personnes sauront à qui aller adresser
leurs demandes ou faire leurs reproches si elles en ont à faire.
M. Rocheleau: Parfait! Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui?
M. Pagé: Une dernière question sur la
sécurité avant qu'on passe au programme 1, élément
1. Le président pourrait-il nous indiquer le nombre, pour le dernier
exercice financier, de demandes d'enquête qui ont été
déposées au service, dans combien de cas ces demandes
d'enquête ont donné suite à une investigation et combien de
poursuites ont résulté des enquêtes et des investigations?
C'est une question bien importante.
Le Président (M. Jolivet): M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je m'excuse de ne pas
être en mesure de répondre très directement à
l'heure actuelle à la question qui est posée, parce qu'elle est
de nature statistique, mais... On n'est pas en mesure de donner la
réponse. En fait, j'aurais encore à vous lire un document qui
comprend toutes sortes de choses sur le service de sécurité. En
ce qui concerne les questions précises, il me faudrait quelques minutes
pour, justement, demander à quelqu'un de faire des relevés
statistiques sur ce que vous me demandez là. J'ai un document ici
très général sur les opérations du service de
protection. Il faudrait nécessairement que je le regarde de façon
détaillée pour répondre.
M. Pagé: D'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): Parce que je peux vous dire
combien il y a eu de demandes pour la sécurité, combien il y a eu
d'alertes à la bombe, combien il y a eu de vérifications de
faites, combien de bombes on a trouvées.
M. Pagé: Combien? En avez-vous trouvé?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non.
M. Pagé: On n'en parlera pas, cela peut donner des
idées à du monde, un vendredi après-midi comme cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): Combien d'objets
variés sont sortis de l'hôtel du Parlement. La question
était peut-être...
M. Pagé: La question est bien particulière et elle
est bien spécifique. Je comprends que vous ne puissiez nous donner une
réponse tout de suite, sauf que vous pouvez prendre le temps qu'il faut
pour la donner. Au sein des services de sécurité, nous avons les
patrouilleurs, nous avons les constables qui vaquent aux occupations de
surveillance et d'accueil. Il y a aussi un service de sécurité,
un service d'enquête. Il y a des enquêteurs dans cela.
M. Vaillancourt (Jonquière): À ce que je sache,
lorsque...
M. Pagé: Si vous me le permettez, M. le Président,
je vais terminer. Combien de demandes d'enquêtes ont été
formulées, combien y a-t-il eu d'investigations à la suite de ces
demandes d'enquêtes et combien de poursuites ont été
prises, combien de dossiers ont été transmis à la
Sûreté du Québec à la suite de ces
investigations?
Le Président (M. Jolivet): M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je prends avis de la
question. Je m'engage, si ce n'est pas avant 18 heures, du moins dans les
meilleurs délais, à donner la réponse précise au
whip de l'Opposition. Ce que je peux dire, c'est qu'au moment où on se
parle, d'abord, on ne peut pas poursuivre nous, ici, à
l'Assemblée nationale. On peut faire des enquêtes internes, mais
on n'a pas de pouvoirs d'investigation. S'il y a des plaintes qui ont
été portées, elles ont été portées
à la Sûreté municipale de Québec. On va essayer de
vérifier combien de plaintes ont été portées,
d'abord à la Direction du sergent d'armes, combien le sergent d'armes en
a acheminé à la Sûreté municipale de Québec,
à combien les procureurs de la Sûreté municipale de
Québec ont-ils jugé bon de donner suite et,
éventuellement, est-ce que ces plaintes ont conduit à des
condamnations ou à des acquittements?
M. Pagé: D'accord.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est essentiellement la
question?
M. Pagé: Ce que je veux avoir, c'est tout le tableau,
combien de demandes d'enquêtes. Supposons qu'il y a un vol d'argent ou de
documents dans un bureau donné, c'est évident que la personne
s'adresse au service de sécurité.
M. Vaillancourt (Jonquière): Pas toujours.
M. Pagé: La personne qui est au service de
sécurité et qui y va, ce n'est pas nécessairement le gars
qui est au coin de l'ascenseur. C'est un constable. À ma connaissance,
ils sont deux ou trois qui ont le mandat de faire des enquêtes. Je
voudrais savoir combien de demandes d'enquêtes, combien d'enquêtes
et combien de recommandations et, de ces recommandations, combien ont
donné suite à des poursuites comme telles.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'accord. Je prends avis de
votre question. Je la comprends très bien. On va essayer de vous donner
une réponse le plus vite possible. Vous comprendrez, je m'en excuse,
qu'elle est très mathématique et, dans ce sens, je suis incapable
d'y répondre de façon précise.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
Traitements et allocations des
députés
Le Président (M. Jolivet): Nous pouvons donc appeler le
programme 1.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Programme 1? M. le
Président, avez-vous des choses à dire sur le programme 1?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non.
Le Président (M. Jolivet): M. le whip de l'Opposition.
M. Pagé: Deux choses. À l'égard des
allocations des députés, j'aimerais m'informer du degré
d'avancement du dossier dans lequel étaient consignées les
différentes possibilités qui pourraient s'offrir aux
députés sur le personnel de comté par rapport au personnel
du parlement. On se rappellera qu'avait déjà été
évoquée la possibilité que les députés, les
membres de l'Assemblée nationale bénéficient d'une
enveloppe globale leur permettant de donner la rémunération
à leur personnel de comté et aussi au personnel du parlement. Je
voudrais savoir où cela en est rendu et dans quel
échéancier on pourra avoir des réponses
précises.
Le Président (M. Jolivet): M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je me rappelle fort bien
avoir fait parvenir aux deux whips - encore une fois, parce que je ne m'adresse
pas toujours à l'ensemble des députés, je me dis que,
lorsque je parle aux deux whips, je parle à l'ensemble des
députés - un document où quatre hypothèses
étaient envisagées par le ministère des Travaux publics
relativement, tout particulièrement, aux bureaux de comté. Je me
rappelle avoir eu une réponse sinon écrite, du moins verbale du
whip de l'Opposition en ce qui concerne... Je pense qu'elle était
écrite... Je ne sais pas si elle était écrite ou verbale,
mais je me rappelle sa réponse. (17 heures)
M. Pagé: Écrite.
M. Vaillancourt (Jonquière): D'autre part, le whip du
gouvernement n'est pas ici et, à ma connaissance, je n'ai pas eu de
réponse de sa part encore. Je sais que le comité Bisaillon,
d'après son mandat, semblerait devoir étudier cette question,
mais en ce qui concerne le président lui-même ou
l'Assemblée nationale elle-même, en ce qui me concerne, j'essaie
de faire des changements lorsque je me rends compte que ces changements ou ces
hypothèses rallient l'appui, l'accord ou un genre de consensus des
partis politiques. C'est ma politique non seulement dans ce domaine, mais dans
l'ensemble des domaines qui relèvent de ma compétence.
Or, à l'heure actuelle, j'attends la réponse du parti
ministériel dans les meilleurs délais et, si elle est semblable
à celle que me fait parvenir l'Opposition, je suivrai, comme c'est
généralement mon habitude, le consensus des partis politiques et
ce sera le statu quo qui s'appliquera.
M. Pagé: D'accord. M. le Président, il y avait deux
questions. Il y avait la question des bureaux physiques de
députés. On se rappellera que les Travaux publics sont encore
venus se pointer le nez dans ce décor parlementaire, chose, selon moi,
à laquelle il ne devrait pas avoir affaire. Le ministère des
Travaux publics nous est arrivé avec un projet d'aménagement
physique des bureaux des députés dans les 122 comtés du
Québec où on aurait la reproduction d'un bureau de ministres, ou
à peu près, avec salle de conférence, etc. Nous avons
répondu non et j'ose espérer que le whip en chef du gouvernement
va répondre dans le même sens. Cela n'avait tout simplement pas
de
bon sens. C'est en ce qui concerne les espaces physiques.
Ce à quoi j'ai fait référence, c'est qu'on a
déjà évoqué la possibilité, en termes
budgétaires, pour le personnel que soit refondues les deux enveloppes
qu'on a, c'est-à-dire le traitement, l'allocation donnée à
la secrétaire du député au Parlement et les enveloppes
pour le personnel du bureau de comté, que tout cela soit refondu comme
c'est le cas d'ailleurs à la Chambre des communes à Ottawa.
M. Vaillancourt (Jonquière): On a eu une réunion de
régie interne, je ne sais pas trop quand, à l'automne 1981, sur
ce sujet précis de regrouper les deux masses et de laisser le
député entièrement libre de faire les distributions qu'il
voulait. Si ma mémoire est fidèle, les commissaires de la
régie interne ont rejeté cette façon de procéder et
ont décidé de donner à chacun des députés
une enveloppe salariale pour sa secrétaire de district ou ses
secrétaires de district et de laisser le personnel secrétaire de
l'Assemblée nationale dans le système actuel. Je me rappelle fort
bien, je ne sais pas trop la date, mais c'est à la suite de la
réception de votre lettre ou de vos réponses, que j'ai soumis
cela à la commission de régie interne et c'est là
justement qu'à ce moment on a, pour une première fois,
haussé la masse salariale des députés selon leur
catégorie pour les secrétaires de district et que, d'autre part,
on a laissé les secrétaires de l'Assemblée nationale dans
le système qui leur est propre. Cela a été refusé
à une commission de régie interne. C'est donc le statu quo en ce
qui concerne cette question, mais il y a eu, je pense, une ou deux hausses
depuis ce temps en ce qui concerne les secrétaires de district, selon le
genre de comté que le député représente.
Le Président (M. Jolivet): Sur la même question, M.
le député de Deux-Montagnes.
M. Vaillancourt (Jonquière): À l'avenir, ce sera le
bureau qui étudiera ces questions. Vous y serez?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais dire que,
quant à moi, je suis tout à fait d'accord avec les propos que le
député de Portneuf a tenus il y a quelques instants à
propos de nos bureaux de circonscription. Je ne vois pas de raison de changer
le système actuel. Je pense que les députés sont
parfaitement capables, à l'intérieur des limites qui sont
fixées, de choisir leur bureau de circonscription. C'est un petit
travail administratif qui ne dépasse pas nos capacités et je me
méfierais beaucoup d'une intervention massive d'un ministère,
quel qu'il soit, les Travaux publics ou n'importe quel autre, qui nous
uniformiserait, qui nous passerait tous dans le même moule. J'appuie les
propos du député de Portneuf sur cette question.
Quant à notre personnel de comté, il y a une enveloppe
pour les traitements, qui a été augmentée. On pourrait
discuter à savoir si elle est suffisante, mais il y a autre chose, c'est
que ce personnel de comté n'a aucun avantage social et n'a pas droit
à un remboursement des frais qui sont encourus par le travail. Ce n'est
peut-être pas aussi grave dans toutes les circonscriptions, mais je suis
sûr qu'il y a beaucoup de circonscriptions où le ou les
secrétaires de comté ont à faire des déplacements
et ils n'ont droit à aucun remboursement pour ces frais. Je pense qu'il
y a là une injustice. Je ne vais pas réclamer qu'on donne
à nos secrétaires de comté tous les avantages de la
fonction publique, mais je pense que, quand même, nous pourrions examiner
certains des aspects de leurs conditions de travail. Ils n'ont aucune
sécurité. Ils n'ont aucun remboursement de frais. Ils n'ont aucun
avantage social. Je pense que cette situation laisse à désirer.
Quant à moi, je souhaite vivement que ce soit examiné de
près de façon à faire atteindre un plus grand degré
de justice à ces employés qui nous sont extrêmement
dévoués. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Deux-Montagnes, il est vrai que les secrétaires de district qui ne font
pas partie d'un cabinet politique, parce que ce ne sont pas tous les
députés qui ont un cabinet politique, n'ont pas
énormément d'avantages sociaux. Par contre, j'aimerais quand
même dire qu'il y a eu des améliorations tangibles de ce
côté. Premièrement, ils ont une prime de vacances de 4%
à leur départ. En cas de congédiement, ils ont deux mois
de salaire assuré. En cas de congédiement de la secrétaire
par son employeur, qui est le député, il y a deux mois de salaire
qui lui sont garantis. Évidemment, ce n'est peut-être pas
comparable...
M. Pagé: S'il est congédié ou si le
député est défait, qu'arrive-t-il?
Une voix: C'est la même chose.
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est la même chose,
défait ou congédié. Révocation, démission.
Il a deux mois de protection de salaire. D'autre part, concernant les vacances
annuelles - je pense que c'est l'une des
choses les plus importantes - la secrétaire de district n'est pas
soumise à toutes les obligations, à tous les formulaires que
doivent remplir les membres de cabinet politique, mensuellement. L'employeur de
la secrétaire, c'est le député, qui peut lui accorder un
mois, deux mois, trois mois, trois mois et demi de vacances dans
l'année, quatre mois s'il le veut, et ce sans aucun droit de regard de
l'Assemblée nationale sur la secrétaire de district.
Évidemment, M. le whip, mes collègues de l'Assemblée et
mesdames, je sais que les députés travaille tellement fort
qu'aucun député ne peut se permettre de faire cela. Mais la
possibilité est quand même là. Je peux dire que,
personnellement, je ferme mon bureau de comté trois semaines durant
l'été et tout le monde prend des vacances en même temps.
Si, à l'occasion, ma secrétaire de district me demande un
congé soit pour faire un voyage à l'extérieur avec son
époux ou fêter un anniversaire, je vais lui donner
congé.
Donc, c'est sûr qu'ils n'ont pas la protection que les autres ont,
mais vous comprendrez que je suis assailli de lettres venant de
députés, des deux côtés de la Chambre, tant en ce
qui concerne leur allocation pour résidence secondaire à
Québec, leurs frais de déplacement à l'intérieur de
leur comté, leur allocation pour local de comté dans leur
district, l'enveloppe de leur secrétaire de district. Je reçois
des lettres régulièrement tous les jours. Chaque
député a des suggestions différentes. On essaie,
évidemment, de tenir une sorte d'équilibre et, compte tenu qu'on
vit dans un contexte de compressions budgétaires, je pense que les
cabinets politiques ont donné l'exemple, que l'Assemblée
nationale a donné l'exemple. On essaie aussi, dans ce domaine, de donner
l'exemple.
C'est sûr que, pour certains députés, je sais que la
facture mensuelle personnelle qu'ils doivent payer, surtout pour le bureau de
comté, est beaucoup plus élevée. Cela a été
mon cas pendant trois ans et demi à Jonquière, alors que je
n'étais ni vice-président ni président. La facture
mensuelle personnelle à payer était d'une somme de dollars assez
importante parce que c'est un centre essentiellement urbain. Je sais que
d'autres députés vivent la même situation actuellement. Par
contre, d'autres en ont assez.
Je n'ai pas devant moi une feuille que j'ai eu l'occasion de voir
dernièrement, mais je pourrais vous dire que, sur les 122
députés de l'Assemblée nationale du Québec,
actuellement, la grande majorité des députés, sur
l'enveloppe qui leur est accordée pour leur allocation de bureau de
comté, n'a pas dépensé le montant auquel ils avaient droit
et il y a un maximum de trois semaines à un mois. Plusieurs
députés restaient avec un surplus, dans leur enveloppe
d'au-delà de 2000 $ à 3000 $. C'est surprenant d'entendre cela,
malgré le nombre de lettres que je reçois. Mais les lettres, je
les reçois de ceux justement qui paient mensuellement un montant
personnel parce que l'allocation est insuffisante. J'ai ça ici et je
pourrais vous en informer.
Le Président (M. Jolivet): M. le whip de l'Opposition.
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président, à propos de toutes ces allocations en ce qui concerne
le personnel du bureau de comté, nos secrétaires de comté,
bien souvent les gens sont peut-être portés à croire qu'ils
ont la sécurité d'emploi, les avantages sociaux, etc. Il faut
convenir - et je veux ajouter cela à ce que M. le député
de Terrebonne disait tout à l'heure - que ces gens-là...
M. de Bellefeuille: Deux-Montagnes.
M. Pagé: ... le député de Deux Montagnes, je
m'excuse, il faut convenir, dis-je, que ces gens n'ont aucune
sécurité d'emploi. C'est donc dire que le député
décède, démissionne ou se fait battre demain matin, c'est
fini, c'est deux ou trois mois d'indemnité. Point final, à la
ligne.
Cependant, leur traitement a augmenté depuis 1973. Je me rappelle
qu'en 1973, lorsque j'ai été élu, l'enveloppe
budgétaire que j'avais pour mon personnel de comté était
de 5500 $.
M. Vaillancourt (Jonquière): En 1976, lorsque j'ai
été élu, elle était de 11 000 $.
M. Pagé: Et aujourd'hui elle est de 39 000, je crois.
M. Vaillancourt (Jonquière): Et, aujourd'hui, elle est
de...
M. Pagé: Dans mon comté, une classe 4, c'est 41 000
$
M. Vaillancourt (Jonquière): C'est 39 500 $, pour les
catégories 1, 2 et 3.
M. Pagé: Je suis classe 4, alors, c'est à peu
près 40 000 $. De toute façon...
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, c'est un peu plus de 40
000 $.
M. Pagé: Cela se peut.
M. Vaillancourt (Jonquière): 42 000 $ ou 43 000 $.
M. Pagé: J'aimerais être informé à
quel moment la régie interne prévoit revoir les dispositions
touchant les allocations. Vous
avez fait référence aux allocations pour les loyers. Il
est évident qu'un loyer - il ne faut pas se le cacher - un espace
à bureau dans un comté rural, une petite ville de 2000 habitants
ou un espace à bureau dans un immeuble d'un milieu urbain, dans un
sixième ou au huitième étage, avec air climatisé,
etc., ce ne sont définitivement pas les mêmes coûts.
Dans notre formation politique, nous avons des députés qui
doivent débourser jusqu'à 4000 $ par année de leur poche
pour payer le surplus qui n'est pas couvert par l'Assemblée nationale
et, compte tenu qu'au Québec, on est largement cotisé en termes
d'impôt, ça veut dire que, si le gars est cotisé à
40%, pour payer ces 4000 $, ça lui prend à peu près 5300 $
ou 5400 $. 5300 $ sur un salaire faramineux - selon plusieurs -de
député de 35 000 $, ça vient causer une brèche.
Vous parliez tout à l'heure des allocations. Souvent, M. le
Président, vous allez lire ici au fauteuil, comme c'est votre
obligation, que la régie interne a décidé d'augmenter les
allocations pour frais de transport. Récemment, cela a été
majoré de 0,16 $ à 0,18 $ le kilomètre. Oh! quel drame,
selon plusieurs! Ce que les gens ne savent pas, c'est que l'enveloppe
budgétaire demeure la même. Si le type a droit à 2000 $
pour frais de transport pendant l'année dans son comté, à
0,15 $, il pouvait peut-être faire dix mois et les deux derniers mois de
l'année, c'est lui-même qui payait de sa poche pour son transport
pour ses activités officielles dans son comté. Et quand vous
majorez à 0,18 $, au lieu de prendre dix mois, ça prend six mois.
Il paie pendant quatre mois au lieu de deux. C'est très bien d'augmenter
les allocations pour le kilométrage, mais j'ai hâte de voir
à quel moment l'enveloppe sera majorée.
M. Vaillancourt (Jonquière): Bon, là, il faut faire
la distinction entre les 1000 $ qui sont alloués à
l'intérieur des limites de certains comtés à certains
députés et les 0,18 $ le kilomètre, qui viennent
d'ailleurs d'être augmentés, vous avez raison, pour le
déplacement du député entre son domicile ou sa
résidence principale dans sa circonscription et son lieu de travail, qui
est l'Assemblée nationale du Québec. Dans ce cas-là, il y
a effectivement une hausse de 0,02 $ ou 0,03 $ le kilomètre. Dans le cas
de Jonquière, c'est 280 milles, ce qui fait environ 400
kilomètres, c'est augmenté de 0,02 $.
Mais si j'avais droit - et vous avez raison - à une enveloppe de
1000 $ - ce qui n'est pas le cas de Jonquière, mais ce qui est le cas de
Portneuf certainement - même si on a monté la régie interne
de 0,16 $ à 0,18 $ le kilomètre, quand vous êtes rendu
à 1000 $, c'est arrêté. Là, vous avez raison.
Donc, il faut nuancer la réponse selon que c'est le
déplacement du comté à Québec et l'intérieur
des limites.
Vous parliez aussi des allocations pour les bureaux de comté.
J'ai ici la progression qui s'est faite depuis le 1er avril 1975, alors que
c'était de 4000 $ pour les groupes 1, 2 et 3 et 5000 $ pour les groupes
4 et 5. C'est maintenant rendu à 8800 $ et, depuis le 1er avril 1980,
cela a été indexé à trois reprises pour atteindre
maintenant une somme de 8800 $ pour les groupes 1, 2 et 3 et 10 200 $ pour les
groupes 4 et 5. C'est sûr que j'accepte et je sais fort bien, pour avoir
reçu des lettres et des appels téléphoniques, que les
députés paient mensuellement des sommes de leur propre poche et
je pense que ce sera toujours le cas. Je pense qu'il sera toujours impossible
de donner satisfaction à l'ensemble des 122 députés de
l'Assemblée nationale, surtout en ce qui concerne les allocations. De
toute façon, dès que des demandes raisonnables me sont faites, je
m'empresse de les soumettre à la régie interne, le bureau - on va
le voir dans quelques mois, on aura l'occasion d'étudier encore ces
choses - et on essaie d'y donner suite. Il y a une progression normale, on le
sait.
En ce qui concerne les appartements secondaires à Québec,
combien de députés m'ont dit qu'ils seront obligés de
déménager au cours des mois prochains parce que leur
propriétaire augmente le loyer d'un taux annuel d'environ 19% à
20%, alors que l'allocation pour la résidence secondaire a
été augmentée, je pense, de 9,4%. On connaît un peu
la politique que certains propriétaires emploient lorsqu'ils savent que
leur locataire est député. Il y a bien des députés
qui m'ont dit: M. le Président, je vais être obligé de
démissionner.
C'est une chose que je comprends aussi, sauf que le système dans
lequel on vit actuellement n'est pas facile. Des deux côtés.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Terrebonne.
M. de Bellefeuille: De Deux-Montagnes.
Le Président (M. Rancourt): Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Dites donc, c'est une manie! Je sais que nous
sommes en train de discuter un grand nombre de choses en même temps et
que cela pourrait donner à certains la tentation de noyer le poisson. Je
ne vise personne, mais je voudrais revenir à un seul point pour que ce
soit clair que ce que je soutiens, c'est que notre attitude est injuste et
anti-professionnelle. Nous avons tous des secrétaires de comté.
Nous voulons être justes envers ces employés et nous
visons au niveau le plus élevé possible de
professionnalisme de la part de nos secrétaires de comté.
Supposons que ce soir, dans le comté de Deux-Montagnes - pas dans
le comté de Terrebonne, que je connais moins bien, mais dans le
comté de Deux-Montagnes - une assemblée du conseil municipal de
Saint-Placide a lieu. Je suis ici à Québec, retenu à
Québec par nos travaux. Mon secrétaire de comté part de
chez lui, au volant de sa voiture, pour aller me représenter à
Saint-Placide, à cette assemblée du conseil municipal. Il fait 50
kilomètres à l'aller, il fait 50 kilomètres au retour. Il
paie cela de sa poche. Je trouve que c'est injuste et je trouve que ce n'est
pas un stimulant au professionnalisme.
Je sais que le président de l'Assemblée a fait allusion,
tout à l'heure, à la possibilité que nous donnions quatre
mois de vacances par année à nos secrétaires de
comté, mais il a lui-même ajouté peu après qu'il
pensait que cela n'arrivait pas. Je suis bien d'accord avec lui. Je pense qu'il
n'y a personne sur les 122 députés qui donne quatre mois de
vacances à son ou ses secrétaires de comté parce que ce
n'est pas possible, ce n'est pas désirable et ce serait
antiprofessionnel. Même si on voulait le faire, ce n'est pas en donnant
des compensations semblables qu'on va atteindre un objectif de justice, ni un
objectif de professionnalisme. Je voudrais que mon secrétaire de
comté qui va à Saint-Placide ce soir me représenter, qui
fait 50 kilomètres à l'aller et 50 kilomètres au retour au
volant de sa voiture, puisse être remboursé pour ses frais
très réels. M. le Président de l'Assemblée, ne
pourrait-on pas s'entendre entre les partis pour le remboursement de frais
semblables pour lequel il pourrait y avoir la présentation de
pièces justificatives?
Le Président (M. Rancourt): M. le Président.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je ne
voudrais pas que le député de Deux-Montagnes, involontairement ou
non, me fasse passer pour celui qui essaie de martyriser les secrétaires
de comté. S'il y en a un qui partage l'opinion du député
de Deux-Montagnes - je ne dirai pas de Terrebonne - c'est bien le
président, et cette opinion est certainement partagée par
d'autres, je pense, par la majorité ou la totalité des
députés. Mais ce n'est pas le président qui décide
de cela seul. Je vous surprendrai en disant qu'à ma connaissance,
à moins que je n'aie un problème de mémoire
extrêmement grave, je n'ai jamais reçu tellement de lettres de
députés de cette Chambre, des deux côtés de la
Chambre, me demandant que la régie interne se penche sur ce
problème des frais de déplacement des secrétaires de
comté. J'en ai reçu sur d'autres sujets, je vous l'ai dit tout
à l'heure. (17 h 20)
Quoi qu'il en soit, je prends acte du fait qu'une demande m'est
formulée aujourd'hui, mais je ne peux m'engager qu'à une seule
chose. Je ne peux pas m'engager sur les résultats, parce que je ne peux
pas prendre un engagement sur des résultats, mais je peux m'engager
à faire un effort. Dès que le bureau de l'Assemblée
nationale aura été formé, la nouvelle loi adoptée
-parce que je suis sûr que le bureau fera partie de la nouvelle loi de
l'Assemblée nationale - je m'engage, devant les sept
députés qui seront alors membres de ce bureau, à
étudier le problème des frais de déplacement des
secrétaires de comté.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: J'aurais peut-être certains points à
soulever, M. le Président. Disons que, personnellement, je n'ai pas eu,
dans les discussions avec les collègues, de plaintes touchant tellement
le montant annuel accordé aux secrétaires de comté.
M. Pagé: Dans les comtés urbains.
M. Rocheleau: Dans les comtés urbains. Pour ce qui est des
comtés ruraux, ça demande souvent des secrétaires aux
extrémités et, des fois, ça demande deux ou trois
secrétaires. Cependant, il y a un point que j'aimerais soulever
concernant les 1000 $ alloués en région pour les dépenses
du député.
On demande de plus en plus au député de prendre les
informations pertinentes au milieu quand il y a des projets de loi, on lui
demande de se déplacer pour voir sur place. Je prends uniquement
l'exemple de votre humble serviteur, dans les affaires municipales, souvent les
conseils municipaux veulent rencontrer le responsable de l'Opposition.
M. Pagé: Avec enthousiasme.
M. Rocheleau: Avec enthousiasme, sûrement, surtout dans les
conditions actuelles. Cela occasionne des déplacements assez
fréquents. Je prends l'exemple de Baie-Comeau et Hauterive, le projet de
loi no 37; j'ai eu à me déplacer à plusieurs reprises pour
aller me rendre compte de visu des problèmes réels chez eux. Cela
nous permet de défendre davantage les citoyens d'une région quand
on est conscient des faits. Je me pose la question à savoir si le
président a eu des demandes dans ce sens-là.
On a vu l'indexation des frais de déplacements chose qui a
apporté un
correctif, du moins dans plusieurs cas, à l'exception de la
région de Montréal où plusieurs étaient
pénalisés en utilisant l'avion. Malheureusement, du
côté de l'Opposition, on n'a pas les avantages des
ministériels, on ne peut pas utiliser l'avion du gouvernement. Cela a
donc été corrigé, mais je pense qu'on devrait
peut-être apporter certaines modifications quant aux 1000 $ pour les
visites hors comté, hors région. Si le président veut bien
en prendre note et en tenir compte dans les revendications à venir.
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Hull, encore une fois, chaque cas en est un d'espèce. J'ai reçu
effectivement quelques plaintes verbales sur le sujet que vous venez d'aborder,
mais j'ai devant moi, pour l'exercice financier 1981-1982, le bilan de
l'utilisation de cette somme de 1000 $ pour des déplacements hors
comté. 20% des députés ont pris cette somme, alors que la
très grande majorité ne s'est même pas rendue à 500
$.
La présidence est prête à tout examiner; par contre,
j'aimerais bien que les députés se servent de leur programme. Je
me demande même s'il y a des députés qui connaissent
l'existence d'une allocation de 1000 $ pour des déplacements à
l'extérieur de leur comté.
M. Pagé: Je vais vous expliquer une chose, M. le
Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ... ces 1000 $ doivent couvrir des
dépenses encourues lors d'activités officielles en dehors de la
région administrative. Je vais vous donner un exemple. C'est un
problème qu'on a des deux côtés de la Chambre. Les
députés de Montréal sont dans la région 05,
à ma connaissance.
Une voix: 06.
M. Pagé: 06 et la région de Montréal est
assez grande. Bien souvent, dans un comté urbain de Montréal, le
député n'a pas d'allocation pour ses dépenses à
l'intérieur de sa région administrative, il n'a même pas
les 1000 $. S'il a une activité officielle au nom de son parti ou s'il
doit rencontrer un corps intermédiaire, un organisme, un groupe à
Saint-Jérôme, sur la rive sud de Montréal, dans le
comté de Saint-Jean ou ailleurs, il n'a aucune allocation. Il n'a pas le
droit de réclamer ces 1000 $ parce que c'est à l'intérieur
de sa région administrative et il n'a pas d'enveloppe budgétaire
dans son comté. Ne vous surprenez pas que les gars ne réclament
pas les 1000 $.
M. Vaillancourt (Jonquière): Effectivement, vous touchez
encore là le point faible de cette politique. Les députés
de la région de Montréal subissent des préjudices, en
effet, en raison de ce que vous venez d'évoquer. Ce point précis
de certains députés de la région de Montréal ou
d'ailleurs pourrait être examiné, mais quand même, je
comprends le problème du député de Hull. Pour un cas
très précis, on sait qu'il a travaillé très fort et
qu'il travaille encore très fort. Par contre, quand je regarde la
feuille que j'ai devant moi, 441 $, 289,60 $, nil, nil, 883 $, 540 $, 228 $,
383 $, 720 $, 444 $, 300 $...
Le problème des députés de Montréal et le
problème particulier de certains députés qui remplissent
certaines fonctions particulières dans leur caucus sur un projet de loi,
ce sont effectivement des cas qui arrivent certainement des deux
côtés de la Chambre.
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: ... le comté de Hull comme tel a quand
même une superficie assez restreinte de 10 milles carrés. Donc il
n'y a pas de dépenses dans le comté, mais si je me déplace
pour aller dans le comté de Gatineau ou dans des comtés voisins,
je n'ai pas d'allocation de dépenses parce que c'est dans la même
région; par contre, les députés de comtés ruraux
ont des allocations, eux, parce qu'ils ont à voyager dans leur propre
comté et à se déplacer. Remarquez que je ne pense pas que
personne ait ambitionné. Il y en a même qui ne s'en sont pas
servi, mais pour ceux qui ont à utiliser des montants supérieurs,
je pense que cela devrait peut-être être considéré
dans le genre de travail que quelqu'un doit faire.
M. Vaillancourt (Jonquière): De toute façon je suis
très sensible au point que vous soulevez, et on l'était
auparavant parce que d'autres députés, comme vous, l'avaient
soulevé. Encore là, on va essayer de tout faire, au cours des
prochains mois, pour l'ouverture de la prochaine session, afin justement de
faire en sorte que nos politiques ne soient pas discriminatoires pour un
député par rapport à d'autres.
Je vous promets d'examiner la situation avec les fonctionnaires de
l'Assemblée nationale pour essayer d'améliorer ça.
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: ... je ne suis pas venu ici pour régler mon
cas, mais je sais qu'il y a des cas similaires.
M. Pagé: Le forum privilégié.
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous n'êtes pas le
seul.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Chambly m'a demandé la parole.
M. Tremblay: M. le Président, j'espère qu'il n'y
aura pas de confusion et qu'on ne blâmera pas les députés
qui n'utilisent pas des enveloppes quand ils n'en ont pas besoin. En fait, ce
qui est important de savoir pour nous, c'est si un député peut
faire son travail efficacement sans gruger sur son salaire qui n'est pas, comme
on le sait, exagéré.
Quand un député n'a pas besoin d'une enveloppe, qu'il ne
l'utilise pas, cela m'apparaît tout à fait normal. C'est comme
pour n'importe quelle dépense; on la fait quand c'est nécessaire.
Quand ce n'est pas nécessaire on ne la fait pas et les enveloppes
restent là. Il me semble que ce devrait être la procédure
et on n'a pas à blâmer les gens qui n'utilisent pas une enveloppe
de ne pas l'utiliser.
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je prends acte de ce que vous
avez dit, M. le député de Chambly. En fait, comme je vous l'ai
dit tout à l'heure, il y a des députés qui ne sont
peut-être même pas au courant de l'existence de ce programme, qui
auraient peut-être pu utiliser ces 1000 $ pour des activités
officielles en dehors de leur comté et qui ne l'ont pas fait. D'autres
sont au courant et n'ont pas eu à faire de déplacements pour des
activités officielles; d'autres sont au courant et doivent en faire
plus. Ce sont trois cas différents qu'il faut examiner à la
pièce. On va essayer d'améliorer cela, parce que toute politique
est améliorable et les différents programmes d'allocations aux
députés sont tous susceptibles d'améliorations. On a
essayé de le faire au cours des derniers mois. C'est sûr que ce ne
sera jamais à la satisfaction de la totalité des
députés, mais on va essayer, compte tenu aussi des compressions
budgétaires qui sont également appliquées à
l'Assemblée nationale, de faire en sorte qu'une politique non
discriminatoire soit appliquée. Il faudra toujours se dire une chose,
c'est que le Québec est grand, que le Québec est composé
de 122 comtés qui ne sont pas identiques. Jonquière, sur la carte
électorale, c'est un petit point noir. Le comté d'Abitibi-Est, le
comté d'Ungava, le comté de Portneuf, le comté de
Mégantic-Compton et le comté de Deux-Montagnes sont de grands
comtés. Le comté de Sherbrooke est un petit comté sur la
carte électorale, un point noir probablement.
Donc, aucune situation n'est analogue et identique, et c'est pour
ça que c'est difficile de...
M. Pagé: ... un point noir... je dirais même que
c'est un mouton noir.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! M. le
député de Viau. (17 h 30)
M. Cusano: M. le Président, j'apprécie le fait que
vous ayez dit que vous alliez peut-être apporter des changements pour
l'ouverture de la prochaine session. Il y a un problème particulier et
je suis sûr que vous le constatez d'après nos chiffres. Les
membres de la mission de l'éducation du Parti libéral se
promènent depuis assez longtemps dans la province à cause des
fuites de votre collègue le ministre de l'Éducation, et
l'été va nous nécessiter encore plusieurs voyages.
Puisqu'on a déjà dépassé le montant de 1000 $,
est-ce qu'il y aurait des exceptions que vous pourriez faire, des budgets qui
pourraient être transférés?
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): Écoutez, la session va
se terminer au plus tard le 23 juin, à minuit, en vertu du
règlement. Elle pourra se terminer avant, tout dépendra des
partis politiques. Non, je ne peux pas m'engager, parce que la régie
interne actuelle, on doit le savoir, est composée du président,
qui a un droit de vote, et de trois ministres du gouvernement. Le
président préside la commission de l'Assemblée nationale,
dresse l'ordre du jour, amène les sujets, mais il n'est pas le seul
à décider. Il n'a aucun pouvoir décisionnel dans toutes
ces politiques-là, il émet son opinion comme tout le monde et il
essaie de représenter les 121 députés de
l'Assemblée nationale pour faire en sorte qu'on ait un système
d'allocations qui ait du bon sens et qui soit surtout équitable et
juste, compte tenu des différences entre les comtés et des
missions particulières que certains députés peuvent
avoir.
Autant je me suis engagé à certaines choses tout à
l'heure, comme à soumettre au futur bureau, lorsqu'il existera, le
problème des secrétaires des districts, autant je me suis
engagé à regarder, parce que je le savais déjà, on
me l'avait dit, le problème des 1000 $ pour les activités
officielles à
l'extérieur de notre comté ou de notre région
administrative, autant je ne peux pas m'engager pour la fin de la
présente session ou avant la fin de la présente session, à
faire en sorte que, durant l'été 1982, le système en
question soit modifié. Je pense que ce serait être
prétentieux et je pense que ce serait vous mentir, en quelque sorte, que
de vous dire que je puisse faire ça avant le 23 juin.
M. Cusano: J'apprécie votre franchise, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que ça veut dire
que nous sommes prêts à étudier le programme 1.
M. Pagé: Oui, ça va aller vite maintenant.
Le Président (M. Rancourt): Le programme 1 par
élément ou par programme? Est-ce que vous avez des questions
particulières?
M. Pagé: J'avais une autre très brève
question.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Je m'excuse, c'est au programme 2. Le programme 1
est adopté.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Pagé: Oui.
Services parlementaires
Le Président (M. Rancourt): Programme 1 adopté.
Programme 2.
M. de Bellefeuille: M. le Président, après le
député de Portneuf, si vous voulez me donner la parole, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Rancourt): Sûrement, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: L'année dernière, M. le
Président... On va étudier l'ensemble du programme, si vous
voulez. En ce qui concerne la Bibliothèque de la Législature, le
président de l'Assemblée nationale avait évoqué
toute la question de la cueillette des archives des députés. J'en
suis bien conscient, et je veux profiter de cet élément pour
témoigner de notre appréciation du côté de
l'Opposition, à l'égard du travail qui est fait par les officiers
et tout le personnel de la bibliothèque, qui sont là pour nous
répondre, toujours avec spontanéité, et qui ont toujours
le document à la main quand on en a besoin. Je suis persuadé que
ces gens font un travail concluant, qui est utile à nos travaux.
Cependant, à l'intérieur de ce service, le
président avait évoqué toute cette question de la
cueillette des archives des députés. Deuxièmement, vous
aviez fait allusion ou vous vous étiez référé
à une loi qui existe quelque part, obligeant un député,
lorsqu'il quitte ou qu'il est défait, à remettre ses dossiers. Je
sais que cela a déjà existé dans le décor et
j'aimerais qu'on la revoie parce que cela avait déjà
été évoqué ici aux crédits de
l'Assemblée nationale, ça devait être votre
prédécesseur, je présume.
J'aimerais avoir l'état de la question, à savoir où
en est rendue cette affaire-là.
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'ai reçu tout d'abord
plusieurs lettres d'anciens députés - 25 lettres - ou de
députés actuels, la plupart d'anciens députés,
trouvant l'idée très intéressante. Les
députés actuels de l'Assemblée nationale du Québec
qui m'ont écrit m'ont dit qu'ils le feraient la journée où
ils ne seraient plus en politique, mais, évidemment, tant qu'ils sont en
politique, ils doivent garder leurs dossiers pour s'occuper de leurs
concitoyens.
Au moment où on se parle, deux anciens députés
l'ont fait, soit mon chef de cabinet et M. Louis-Philippe Lacroix, ancien
député des Îles-de-la-Madeleine. Ce dernier nous a fait
parvenir, au cours des derniers jours - on a eu le téléphone,
justement - 38 grandes et grosses caisses de documents parce que je pense que
sa carrière politique a été assez longue. M. Drolet, que
vous avez d'ailleurs battu, M. le whip de l'Opposition, lors d'une
élection en 1973 - mon chef de cabinet...
M. Pagé: Je ne ferai pas de commentaire, ça
m'obligerait à dire: Avec plaisir!
M. Vaillancourt (Jonquière): ... n'est pas content que je
dise ça - a envoyé les siens et 25 parlementaires ont
manifesté leur intérêt d'envoyer de ces documents à
la bibliothèque. Tout en félicitant, comme vous, les gens qui
travaillent à la bibliothèque et surtout son directeur, M.
Prémont, je pense que cela va enrichir notre bibliothèque. Je
fais appel, encore une fois, la télévision aidant, aux anciens
parlementaires et aux parlementaires actuels, dont la carrière sera
longue dans certains cas, courte dans d'autres cas, tout
dépendant de nos concitoyens, lorsque leur carrière politique
sera terminée, afin qu'ils nous fassent parvenir les documents qui
peuvent nous être envoyés, parce que je sais que certains dossiers
peuvent être confidentiels.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: J'apprécie que deux ex-parlementaires, que
je connais d'ailleurs très bien, aient donné suite à votre
invitation. J'aimerais savoir quel genre de traitement est donné
à ces informations contenues dans ces dossiers parce que je dois vous
dire, M. le Président, que j'ai fait une révision de mes dossiers
personnels de comté, il n'y a pas longtemps, et, après neuf ans
de vie politique, j'avais déjà quelque 8000 dossiers qui
n'avaient pas été touchés depuis cinq ans.
C'est-à-dire que tous les dossiers qui étaient plus vieux que
cinq ans, je les ai acheminés vers une nouvelle classification. Est-ce
à dire que ce sont tous ces dossiers de cas individuels, de cas
municipaux, etc., que les députés seront invités à
vous envoyer?
M. Vaillancourt (Jonquière): Lorsque je leur fais appel,
je ne leur dis pas les dossiers qui nous intéressent ou ceux qui sont
recevables ou ceux qui sont irrecevables, pour employer une expression qu'on
emploie souvent en cette Assemblée. On leur demande tout simplement de
nous envoyer les documents, en général, qu'ils pensent être
en mesure de nous envoyer, mais ce qu'on fait à la bibliothèque,
on les codifie selon les sujets. Que des cas de comté ou que des cas
individuels nous soient envoyés, le directeur de la bibliothèque
et ses employés regardent ce qui peut être intéressant pour
la bibliothèque et ses usagers et, selon les sujets, font une
codification et les personnes qui ont accès à la
bibliothèque pourront consulter ces dossiers, sauf, évidemment,
ce qui est confidentiel. Je sais d'avance que le député qui a des
dossiers qu'il considère confidentiels ne les enverra sûrement
pas, mais, dans l'hypothèse où un député enverrait
des dossiers qui sont de nature confidentielle, je compte sur la conscience
professionnelle de M. Prémont et de ses collaborateurs pour faire en
sorte, justement, que ces dossiers de nature confidentielle soient
retournés à leurs propriétaires ou à celui qui les
a envoyés.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Pagé: M. le député de Hull avait une
très brève question spécifique là-dessus.
M. de Bellefeuille: Je ne veux pas changer de sujet, mais c'est
des relations interparlementaires que je voudrais parler.
M. Pagé: Lui, c'est sur la bibliothèque.
Le Président (M. Rancourt): Donc, sur le même sujet,
M. le député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, c'était simplement
pour m'informer d'une chose auprès du président. J'ai entendu
dire que des personnalités politiques avaient remis à la
bibliothèque leurs dossiers, qu'on en avait fait une évaluation
et que même, dans certains cas, on a fait une espèce de
crédit d'impôt sur une période d'années X. Est-ce
qu'on pourrait nous informer si cela se produit ici?
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne suis pas le ministre du
Revenu, mais je le vois à ma droite, par contre. C'est une discussion
qui pourrait être amenée au bureau, mais à ma
connaissance...
M. Rocheleau: En somme, c'est comme un actif.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... à ce qu'on me dit,
cette politique existe au Parlement fédéral et non pas ici,
à l'Assemblée nationale du Québec. C'est, cependant, une
chose qui mériterait certainement d'être étudiée.
Actuellement, cette politique de crédit d'impôt n'existe pas dans
le cas que vous mentionnez.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, au sujet... (17 h
40)
M. Vaillancourt (Jonquière): J'aurais peut-être une
réponse à donner au whip de l'Opposition sur les plaintes, etc.
Au cours de l'exercice 1981-1982, trois plaintes pour vol ont été
portées à la connaissance du service de sécurité de
l'Assemblée nationale du Québec. Dans chaque cas, une
enquête maison a été faite sans résultat concret. Je
parle bien de vol. Tantôt j'aurai quelque chose pour les objets perdus.
Des objets peuvent être volés et peuvent être perdus. Dans
chaque cas, le service de protection a communiqué avec la
Sûreté municipale à la suite des plaintes portées au
service de sécurité par les trois personnes qui se
prétendaient être victimes de vol. Dans tous les cas la
Sûreté municipale du Québec a communiqué avec les
plaignantes. À ce moment il faut que la plaignante ou le plaignant qui a
déjà porté plainte à
l'Assemblée nationale du Québec, lorsque son cas est
envoyé par l'Assemblée à la Sûreté municipale
de Québec, porte une autre plainte à la Sûreté
municipale de Québec, donc, avec une signature. La réponse que je
ne peux pas vous donner, c'est si et combien des trois personnes ont
accepté de porter plainte devant la Sûreté municipale du
Québec.
En ce qui concerne les plaintes pour objets perdus, pour la même
année financière, onze plaintes ont été
portées au service de sécurité, neuf des objets perdus ont
été retrouvés et remis à leur propriétaire
par nos propres agents. C'était essentiellement des sacoches, lunettes,
porte-documents, là, je dis etc., parce que le mot que je vois
après c'est dentier, et je doute que quelqu'un ait perdu son dentier. De
toute façon...
M. Pagé: On est mort de rire.
M. Vaillancourt (Jonquière): Grosso modo, sacoches,
lunettes, porte-documents et possiblement un dentier.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, au sujet des
relations interparlementaires, on pourrait, comme dans le cas de la
bibliothèque, adresser des félicitations à cette direction
des services de l'Assemblée nationale. Le travail qu'on y accomplit est
excellent. La question que je veux poser n'a pas trait à la
qualité des services, elle a plutôt trait à
l'étendue de nos relations interparlementaires. À l'heure
actuelle, l'Assemblée nationale du Québec a des relations suivies
avec l'Association internationale des parlementaires de langue
française, avec l'Association des parlementaires du Commonwealth et
à l'occasion avec d'autres groupes. Je me demande s'il serait concevable
que l'Assemblée nationale du Québec ait aussi des relations avec
l'Union parlementaire mondiale... si le nom est bien. Je crois comprendre que
cette union ne regroupe que les Parlements de pays souverains et que c'est ce
qui fait obstacle.
Il me semble qu'il serait intéressant pour nous, en attendant la
souveraineté qui viendra un jour, de participer...
Une voix: ... votre retraite?
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. de Bellefeuille: II va y avoir un peu d'obstruction de l'autre
côté de la Chambre, il faut s'attendre à cela. Il serait
intéressant pour nous, même en attendant la souveraineté,
de participer aux travaux de cette union pour élargir nos contacts.
L'AIPLF, les pays de langue française, et l'APC, les pays du
Commonwealth, c'est sûrement des contacts extrêmement
intéressants, mais ce n'est pas le monde entier. Par l'Union
parlementaire, nous pourrions avoir des contacts avec d'autres peuples,
d'autres Parlements et d'autres pays. Cela pourrait être très
intéressant pour nous. D'ailleurs, ce n'est pas seulement le cas du
Québec. Il y a d'autres assemblées dans les provinces
canadiennes, dans les États américains et dans d'autres pays, il
existe des Parlements de provinces, ou des Parlements d'État qui
auraient avantage, je pense, à participer aux travaux de cette Union
parlementaire. Je voudrais demander au président de l'Assemblée
nationale s'il est concevable que des démarches soient faites en vue
d'une éventuelle participation de notre part aux travaux de l'Union
parlementaire.
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, je
répondrai au député de Deux-Montagnes que nous avons,
d'une certaine façon, des contacts avec cette association puisque nous
recevons toute sa documentation, mais elle ne reconnaît dans ses statuts
que les États souverains, et comme le Québec, au point de vue du
droit constitutionnel public, ou du droit international public, n'est pas un
pays souverain, le Québec ne peut donc faire partie de cette
association.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Sur la question du bureau des relations
interparlementaires, j'ai eu l'occasion, lors de la séance qui a
précédé, cette semaine, et plus particulièrement
lors de la question posée par l'honorable député de
Verdun, de témoigner de notre appréciation du travail et des
objectifs que poursuit le service des relations interparlementaires.
Cependant, j'aurais une brève question à poser au
ministre. Cette année, dans le cadre de missions parlementaires d'autres
pays qui sont venues visiter l'Assemblée nationale du Québec et
que l'Assemblée nationale du Québec et que l'Assemblée
nationale a reçues, à une reprise au moins où
parlementaires de Grande-Bretagne, je dois vous dire que j'ai eu la surprise de
constater que la personne invitée par je ne sais trop qui à
présider les dîners était un membre de l'Exécutif.
Je porte cette question à votre
attention, M. le Président, convaincu que je suis que le
Président de l'Assemblée nationale du Québec et
député de Jonquière n'est pas responsable de cet
état de fait qui malheureusement s'est produit.
Comme Opposition à l'Assemblée nationale, nous sommes
toujours disposés, ouverts et prêts à participer à
des activités interparlementaires et, pour le bénéfice de
ceux qui nous lisent ou qui nous liront et de ceux qui nous écoutent,
ces activités interparlementaires permettent aux parlementaires de
l'Assemblée nationale du Québec de partager leur
expérience avec d'autres parlementaires d'autres Législatures ou
Parlements, francophones ou anglophones. Ces relations se font sous
l'égide du parlementarisme, et jamais, au Québec, à
l'Assemblée nationale du Québec, comme dans le temps de
l'Assemblée législative du Québec, jamais les relations
parlementaires ou les efforts déployés au chapitre des relations
parlementaires n'ont servis à véhiculer des messages
gouvernementaux.
Vous pouvez vous imaginer comme j'ai été surpris de
participer à un dîner sous l'égide de l'Assemblée
nationale du Québec, avec des parlementaires britanniques, et de
constater que le président de ce dîner, au lieu d'être un
parlementaire qui aurait pu être le Président de
l'Assemblée nationale du Québec, ou un des
vice-présidents, ou des présidents de commission qui sont
habilités à remplacer un vice-président, c'était le
ministre des Affaires intergouvernementales qui a présidé et nous
a chanté sa sérénade souverainiste,
antifédérale et anti-projet constitutionnel pendant un
dîner. J'ai eu assez de déférence pour nos hôtes, qui
étaient - ceux que nous recevions à ce moment-là - des
parlementaires britanniques, pour ne point soulever de questions pendant le
dîner, mais je dois vous dire que cela a été
considéré comme insultant tant pour les parlementaires
britanniques que pour les parlementaires québécois.
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Pagé: Je termine là-dessus, ce n'est pas une
critique à votre endroit, mais j'espère que des choses comme cela
ne se reverront pas, parce que ça peut risquer de mettre en cause
l'avenir de nos relations interparlementaires.
Le Président (M. Rancourt): M. le whip de l'Opposition,
effectivement, je suis au courant des deux cas en question, deux cas qui sont
survenus alors que j'étais moi-même à l'extérieur du
Québec; je peux vous assurer que toutes les mesures ont
été prises pour faire que de tels événements ne se
reproduisent plus. Je pense que c'est une garantie que je peux donner à
l'ensemble des collègues de l'Assemblée nationale du
Québec.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'avais une autre
question à l'égard de notre personnel ici. Je ne sais pas
à quel programme cela se présente. Si vous le permettez, je vais
poser une très brève question et, après cela, on adoptera
peut-être l'ensemble des autres programmes, si les collègues n'ont
pas d'autres questions. (17 h 50)
M. le Président, nous avons ici à l'Assemblée
nationale du Québec des gens qui vivent très près des
députés et dont le travail quotidien évolue au même
rythme que nos travaux parlementaires. Vous aurez compris que c'est le
personnel de soutien qui se tient là pour fournir son assistance aux
députés, ce sont ceux qui s'occupent des services de messagerie
et qu'on appelle communément les pages du Parlement. Ces personnes,
hommes et femmes, travaillent aux mêmes heures que l'Assemblée,
c'est donc dire que durant les mois de juin et décembre, en
décembre dernier, notamment, où je me rappelle fort bien avoir eu
à siéger jusqu'à 8 heures le matin après être
entré au parlement à 10 heures l'avant-midi, la veille, ces gens
travaillent sérieusement, font un travail valable. Or, j'ai
constaté depuis un an ou deux que ces gens changeaient
régulièrement. Au fil de chacune des sessions, en revenant d'un
ajournement, bien souvent, des gens qui travaillaient pour nous depuis un bon
moment ne sont plus là. Est-ce à dire qu'ils sont affectés
ailleurs dans l'immeuble? Je l'espère, mais je m'inquiète du
caractère occasionnel - pour ne pas utiliser un autre terme - avec
lequel, nous, comme législateurs, acceptons que ces gens-là
soient traités. Il semble y avoir un problème, il n'y a pas de
sécurité d'emploi à ma connaissance. Les heures de travail
sont les mêmes que nous sauf qu'eux, à ma connaissance, n'ont pas
de bureau avec "lazy-boy" pour se recréer à l'occasion,
individuellement tout au moins.
J'aimerais savoir ce que vous entendez faire à l'égard de
nos collaborateurs et collaboratrices immédiats.
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le whip de l'Opposition,
je pense qu'on a déjà eu l'occasion, à d'autres moments,
de parler de ce phénomène que j'ai moi-même
constaté. J'aimerais d'abord, M. le Président, même s'il
n'y a pas de dépôt de documents en commission parlementaire ni en
commission plénière, remettre au whip de l'Opposition la
politique d'embauche du personnel occasionnel, les critères d'embauche.
J'aimerais que vous en ayez copie parce que
je pense qu'implicitement ça fait partie de votre question.
Après avoir parlé au directeur du personnel de ce
problème, il y a plusieurs mois et au cours des dernières
semaines également, je peux vous dire que, dans chacun des cas... Si
vous voulez de plus amples détails, je pourrai vous les fournir à
d'autres moments. Ce n'est pas le temps d'entrer dans des cas particuliers,
surtout lors d'une commission plénière
télévisée. Je suis en mesure de vous dire que j'ai des
informations selon lesquelles dans ces cas-là le supérieur
immédiat de la personne en question avait des motifs raisonnables
d'aviser la direction du personnel que telle ou telle personne ne faisait pas
le travail de la façon dont elle le devait. Donc, ce n'étaient
pas des non-renouvellements de contrat discrétionnaires ou arbitraires,
mais fondés sur des raisons qui paraissaient sérieuses. Si vous
en faites une demande expresse, je suis prêt, à un autre moment,
dans chacun des cas, à vous envoyer la liste des personnes
concernées avec les raisons qui ont été invoquées
pour leur non-renouvellement.
Quoi qu'il en soit, je vous ai remis il y a quelques minutes la
politique d'embauche du personnel occasionnel à l'Assemblée
nationale du Québec et je dois vous dire une chose en terminant sur ce
sujet: en ce qui me concerne, je n'ai pas l'intention de m'impliquer
directement dans la politique d'embauche du personnel occasionnel, entre
autres, ceux dont vous parlez. Nous avons une direction du personnel qui
comprend un directeur compétent et plusieurs personnes qui sont
honnêtes, compétentes et intègres. Je puis vous dire que,
dans tous les cas que vous avez à l'esprit, nous serons en mesure de
justifier pourquoi tel acte a été posé.
M. Pagé: Je ne fais pas référence à
des cas individuels. Le Parlement siège, c'est une des assemblées
de la province qui siège peut-être le plus grand nombre de mois
dans une année. Plusieurs des personnes qui sont ici ont un statut
d'employé occasionnel. Plusieurs de ces personnes, que ce soit ici
même sur le parquet de la Chambre ou dans les services de messagerie, les
pages, au journal des Débats ou ailleurs... C'est évident, je ne
demande pas que tout ce beau monde soit embauché à
l'année, mais entre le statut d'un employé permanent, qui est
là en disponibilité à l'année, besoin ou pas, et un
statut strictement occasionnel - on sait ce que c'est que le statut
d'occasionnel; à la fin du contrat, ça peut être: Bonjour,
merci et au revoir - il y a un statut intermédiaire, à ma
connaissance, et un effort pourrait être déployé dans ce
sens-là. Je sais que, dans certains milieux, dans certains corps
d'emploi, dans certaines classes d'emploi, il y a des droits de rappel qui
existent et qui confèrent certains droits aux travailleurs qui occupent
pendant une certaine période un emploi donné. Je dois vous dire,
M. le Président, que le personnel d'un député à
l'Assemblée nationale, c'est, dans un premier temps, sa
secrétaire, je pense, et, par la suite, toute une foule de personnes qui
s'occupent activement dans une journée à tenter de
répondre à des besoins de différents ordres. C'est
évident que le rythme des travaux parlementaires n'est pas de cinq jours
par semaine, dix jours par année. La réponse facile, ce serait de
dire: Écoutez, le statut, c'est occasionnel. C'est la voie la plus
simple, c'est la voie la plus facile.
Il y a une façon de régler le problème, j'en suis
convaincu, et j'espère qu'on pourra dégager de la part des
services du personnel de l'Assemblée nationale une façon de le
régler. Ce n'est pas drôle d'arriver ici à toutes les
sessions, de changer de secrétaire ou de changer de personnel
complètement. Pourquoi certaines catégories d'emploi sont-elles
susceptibles d'être changées?
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): En boutade, je pourrais vous
dire qu'il y a plusieurs députés qui ont changé plusieurs
fois de secrétaire durant les dernières années, mais, pour
compléter ma réponse, en ce qui concerne tout
particulièrement le service des messagers et des pages, pour donner un
complément de réponse, il y a des gens qui ont
démissionné aussi. Il y a des gens qui sont devenus permanents
parmi ceux qui ne sont plus ici à titre d'occasionnels, et il y a des
gens qui se sont trouvé un emploi plus payant ailleurs. Donc, il ne
faudrait pas présumer que, dans chaque cas de départ auquel on
assiste, c'est un départ dû à un congédiement. Cela
peut être une promotion, une permanence, ici ou ailleurs, dans le domaine
privé. En terminant, je ne sais pas, je ne veux pas insister, je suis
prêt à répondre aux questions encore longtemps, sauf que
vous n'êtes pas sans savoir que, passé 18 heures, il y a une
certaine politique qui s'applique, j'ai demandé au leader de
l'appliquer. J'aimerais bien qu'on se l'applique à nous-mêmes.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
M. Vaillancourt (Jonquière): J'aurais aimé avoir un
mot de conclusion.
M. de Bellefeuille: Je vais vous laisser le temps de conclure, M.
le Président. Je voudrais rapidement revenir à une
observation que le député de Portneuf a faite tout
à l'heure à propos d'un dîner à l'occasion duquel le
ministre des Affaires intergouvernementales aurait expliqué certaines de
nos positions sur des questions constitutionnelles. Vous avez répondu,
M. le Président, si j'ai bien compris, que vous entendiez prendre des
mesures pour que cela ne se reproduise pas. Je veux bien, M. le
Président, que vous preniez des mesures pour qu'on ne profite pas des
relations interparlementaires pour exposer des positions partisanes ou
strictement gouvernementales, mais je voudrais vous rappeler, avant que nous
donnions trop vite raison au député de Portneuf, que, sur les
questions constitutionnelles par rapport à des parlementaires
britanniques, il y avait unanimité des partis à
l'Assemblée nationale et que, dans des circonstances où il y a
unanimité des partis, il est parfaitement normal que l'on expose
à des parlementaires britanniques cette unanimité des partis.
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le député de
Deux-Montagnes, je ne vous rappellerai pas la théorie de Montesquieu sur
la séparation des pouvoirs: le judiciaire, le législatif et
l'exécutif. En ce qui me concerne, je maintiens, et ce n'est pas pour
être d'accord avec le député de Portneuf, que, tout
simplement parce que je tiens à ce principe de l'indépendance du
législatif par rapport à l'exécutif, je maintiens que,
lorsqu'une invitation est adressée par le président de
l'Assemblée nationale à une délégation de
parlementaires en mission officielle au Québec, je prétends que
le représentant du président, si celui-ci est absent, doit
être l'un de ses deux vice-présidents en premier lieu. C'est la
réponse que j'ai à vous donner. En terminant, je m'étais
engagé envers...
Le Président (M. Rancourt): C'est ce que j'allais vous
demander.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je respecte toujours mes
engagements en bon homme politique.
M. Pagé: Je n'en doute pas.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'aimerais déposer un
document qui fait état de ce qui a été fait dans le plan
quinquennal ou décennal, parce que je me pose la question pour voir si
ce n'est pas un plan décennal de travaux à l'Assemblée
nationale: ce qui a été fait, ce qui s'en vient au cours de la
prochaine année. Je le dépose, c'est un document qui a
été préparé par le bureau du président de
l'Assemblée nationale et par l'Assemblée nationale et non pas par
le ministère des Travaux publics, mais qui fait suite à la
création du comité mixte conjoint des Travaux publics et de
l'Assemblée nationale du Québec. (18 heures)
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que ces
programmes...
M. Vaillancourt (Jonquière): En terminant - si vous pouvez
me permettre une minute - je voudrais remercier tout d'abord... Ah, oui!
l'adoption des programmes!
Le Président (M. Rancourt): M. le Président de
l'Assemblée nationale, j'aimerais bien savoir si les programmes 2, 3, 4,
5, 6 et 7 sont adoptés.
M. Pagé: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
Président de l'Assemblée nationale.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
très brièvement, trente secondes, tout d'abord pour remercier
tous ceux qui m'ont aidé aujourd'hui, qui m'aident depuis le 11 novembre
1980, en fait, à remplir la tâche de président de
l'Assemblée nationale. Vous n'êtes pas sans savoir, M. le
Président, que la fonction de président de l'Assemblée
nationale du Québec est très mal connue par les
Québécois et les Québécoises. On s'imagine que
présider l'Assemblée nationale, c'est présider la
période des questions et présider les débats. Il faut que
les Québécois et les Québécoises sachent que
l'Assemblée nationale est aussi un ministère qui comprend
au-delà de 825 employés permanents et 125 employés
occasionnels, un budget de 43 000 000 $, un sous-ministre, trois directeurs
généraux, plusieurs chefs de département qui composent,
justement, cette pyramide où l'on retrouve au-delà de 950
employés. Donc, il y a aussi beaucoup d'administration à
l'Assemblée nationale du Québec.
Je voudrais remercier tous les hauts fonctionnaires qui m'accompagnent
aujourd'hui et d'autres qui ne sont pas ici, mais dont les mérites ne
sont pas moindres, pour toute la collaboration qu'ils m'ont fournie. Merci
également aux collègues de l'Assemblée nationale, plus
particulièrement au critique en matière d'administration de
l'Assemblée nationale, le député de Portneuf et whip de
l'Opposition, et à tous ceux qui ont démontré de
l'intérêt à cette commission de l'Assemblée
nationale. Merci beaucoup.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Très
brièvement, je voudrais remercier le président, ses
collaborateurs et sa collaboratrice pour les réponses qu'ils nous ont
données. Je voudrais encore une fois, au
nom de l'Opposition, dire bien clairement, bien franchement et bien
ouvertement au président, à tous ses collaborateurs et à
sa collaboratrice qu'on accepte le travail et le dévouement qu'ils
témoignent pour la cause des parlementaires québécois.
Merci.
M. Vaillancourt (Jonquière): J'invite tous les membres de
l'Assemblée nationale, hauts fonctionnaires, députés de
tous les partis politiques...
M. Pagé: On fait le rapport avant.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... au bureau de
l'impartialité, au 103-B. Merci beaucoup.
M. Gagnon (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur
de vous faire rapport que la commission plénière a adopté
tous les crédits de l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Ce rapport sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, je fais motion pour
que nous suspendions nos travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 05)
(Reprise de la séance à 20 h 02)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre!
Vous pouvez vous asseoir.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, ce serait l'article
4 des affaires du jour. Je comprends que c'était le député
de Maskinongé qui avait demandé l'ajournement du débat, il
n'est pas là ce soir. Maintenant, on avait convenu de réserver
son droit de parole pour le moment où il y sera.
Reprise du débat sur la deuxième lecture
du projet de loi no 37
Le Vice-Président (M. Jolivet): D'accord. Je vais donc
lire l'article 4: "Reprise du débat sur la motion du ministre des
Affaires municipales proposant que le projet de loi no 37, Loi regroupant les
villes de Baie-Comeau et de Hauterive, soit maintenant lu pour la
deuxième fois." J'ai remarqué que le député de
Saint-Henri, à la suite de cette entente, veut prendre la parole. M. le
député.
M. Roma Hains
M. Hains: Merci, messieurs. M. le Président, le 30
novembre 1981, le gouvernement du Québec déposait à
l'Assemblée nationale le projet de loi no 37 imposant la fusion des
villes de Baie-Comeau et de Hauterive. Depuis lors, que d'eau a coulé et
que de paroles sur ce sujet explosif! Explosif pour nous du Parti
libéral, parce que nous avons toujours vu dans ce projet une agression
à la démocratie et à l'autodétermination des
villes. En plus de cet argument fondamental, nous avons toujours douté
du bien-fondé de cette fusion et les récentes études nous
ont parfaitement donné raison. Nous y reviendrons plus loin.
Je m'arrête pour le moment sur la question de démocratie.
Ce projet de loi no 37 illustre bien le sens actuel que le gouvernement donne
à ce grand principe de la gouverne des peuples. Si on revient en
arrière dans l'histoire des temps de conquête, c'étaient
toujours les plus forts qui écrasaient les petits. Que de villes
saccagées, anéanties, brûlées sous la loi des
vandales! Mais, dans notre monde actuel, nous n'acceptons plus ces
méthodes barbares; on se veut démocrate et respectueux des
autres. On veut respecter les désirs des citoyens et c'est devenu pour
tous une priorité. Dans les moments cruciaux où l'on semble
hésiter entre deux tendances, on s'impose des consultations, des
concertations dans le plus grand respect et on soumet les questions litigieuses
à un référendum. On l'a déjà fait et ce fut
retentissant, le fameux référendum sur la
souveraineté-association.
Alors, pourquoi dans le cas de nos villes, Baie-Comeau et Hauterive,
s'est-on obstiné à refuser cette consultation? Est-ce que les
plus petits, les deux villes en l'occurrence, n'auraient pas eu ce droit
inaliénable de la liberté de choix? Pourquoi deux poids et deux
mesures? Pourquoi, cependant a-t-on permis un référendum à
Pointe-aux-Trembles et persiste-t-on à le refuser aux deux autres villes
précitées?
M. le Président, le gouvernement actuel, malgré toutes ses
tendances et ses déclarations sociales-démocrates, a trop souvent
la malheureuse habitude d'imposer ses décisions se basant sur sa
prétendue infaillibilité. Ce projet de loi balaie de la main les
notions les plus élémentaires du libre choix et les principes
prioritaires de la démocratie.
Dans une première intervention sur ce projet de loi, sur la
même longueur d'onde que mes collègues, j'énumérais
les
déclarations antérieures des ministres actuels, alors
qu'ils étaient dans l'Opposition en 1974. Le ministre actuel de la
Justice, Marc-André Bédard, disait en ce temps-là: "La
fusion doit être le fruit du consentement des populations qui ont eu
l'occasion de s'exprimer majoritairement." Ou encore le vice-premier ministre,
Jacques-Yvan Morin, déclarait solennellement en 1974: "Est-ce qu'on
jette les uns sur les autres des gens qui se méfient? Quand on
procède de la sorte, on récolte la tempête." L'ex-leader
parlementaire, M. Claude Charron, disait ceci: "Nous, du Parti
québécois, disons qu'aucune municipalité, aucune ville ne
devrait subir de changement majeur profond jusqu'à la fusion sans que
les citoyens de cette municipalité n'aient, par
référendum, acquiescé à la proposition."
Et on pourrait continuer, M. le Président, ces citations de ces
grands défenseurs de la liberté devenus muets dans le cas
présent. Il y a, évidemment, très loin de l'Opposition au
pouvoir ou, si on veut, de la coupe aux lèvres. Si l'habit ne fait pas
le moine, comme dit le proverbe, le pouvoir a drôlement fait muer ces
ténors des droits municipaux. D'ailleurs, le gouvernement actuel vire
drôlement de cap par les temps qui courent. On affirme, de nos jours, le
droit de déchirer une convention, le droit de trahir sa signature,
d'imposer de nouvelles conditions de travail, même à l'encontre
des clauses du code d'éthique professionnelle.
Étant de la mission éducative, M. le Président,
toutes ces stratégies me rappellent drôlement l'attitude du
ministre de l'Éducation. Lui, dans son optique infaillible, il a
décidé qu'il fallait à fond une restructuration scolaire.
Il affirme, avec son sens profond de l'insinuation, que cette réforme
répond à une attente de la population. Pourtant, nous avons
parcouru la province - et là-dessus, nous avons plusieurs milles
d'avance sur le ministre - et nulle part nous n'avons trouvé de
consensus sur la nécessité d'une telle restructuration scolaire.
On désire quelques changements, mais non une refonte totale. Quand on
entend M. le ministre nous dire qu'il recherche la démocratisation de
l'école, c'est vraiment là qu'il déclenche le doute, le
rire et les hochements de tête. Le pouvoir aux parents, passe encore,
mais que chaque école soit autonome, c'est la mise en pratique du vieux
proverbe: Diviser pour mieux régner. Chaque école jouera au bout
de la ficelle, comme de multiples marionnettes manoeuvrées par le
ministère de l'Éducation. Les moins clairvoyants crient
déjà sans se tromper à l'étatisation des
écoles.
On dit souvent que le pouvoir corrompt. Ici, c'est la
social-démocratie qui en attrape pour son rhume. On a proclamé
à cor et à cri les grands principes de la démocratie et,
aujourd'hui, on la profane sans remords, imposant ses vues et ses
décisions comme de véritables dictateurs. (20 h 10)
Dans le cas présent, on veut imposer la fusion parce que, dit-on,
l'association des deux villes va sauver le développement
économique de la région. N'est-ce pas troublant et
dérisoire? Pour le Québec, c'est la séparation qui est
profitable, mais pour Baie-Comeau et Hauterive, c'est la fusion. C'est vraiment
dire que c'est toujours l'intérêt personnel qui fait jouer le
prisme des couleurs et des avantages. Ce qui était bon hier ne l'est
plus aujourd'hui et ce qui est bon pour soi ne l'est pas pour les autres. Les
péquistes n'ayant jamais pu prouver qu'un Québec
indépendant vivrait mieux que dans un cadre fédéraliste
ont perdu le référendum. Aujourd'hui, voulant prouver que la
fusion des villes précitées serait bénéfique, ils
ont tellement peur de perdre un nouveau référendum qu'ils le
refusent et veulent imposer leur décision par la loi no 37.
M. le Président, on cite souvent des rapports faits dans le
passé pour justifier ce projet et, pourtant, dans les recherches faites
par notre collègue Reed Scowen, aucune preuve à l'appui de ces
affirmations du ministre Lessard. L'étude de Price Waterhouse, par
exemple, dit ceci, il y a déjà 11 ans: "Suivant notre mandat,
nous ne recommandons ni la fusion, ni le statu quo." Le rapport Major et
Martin, lui, dont tout le monde a parlé, n'avait même pas comme
étude le projet de fusion.
Alors, qu'est-ce qui pousse le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche à vouloir tellement faire cette fusion? Nous ne doutons pas
des motifs du ministre, mais sa justification est toujours demeurée
boiteuse et chez les intéressés la résistance s'est
toujours accentuée jusqu'à nos jours. Ça devrait
être pour lui un sujet de réflexion. Il ne faut pas tomber dans
une politique totalitaire et certaines réflexions du ministre Lessard
nous laissent des fois bien perplexes. Il nous a dit, par exemple: "La
résistance des gens à cette fusion forcée est d'ordre
sociologique et émotif." Pourtant, nous verrons plus loin que c'est
aussi d'ordre économique. Alors, que reste-t-il pour justifier sa
loi?
Non, le virus que renferme le projet de loi no 37, c'est le même
virus qui contamine toute la politique gouvernementale actuelle, c'est le virus
antidémocratique. Triomphal et orgueilleux au jour de sa victoire en
1976, le Parti québécois s'est mis à l'oeuvre avec
détermination. Héritiers d'une bonne administration,
malgré toutes les récriminations, ils ont voulu jouer aux grands
seigneurs; les dépenses volaient généreuses, les syndicats
jubilaient, les gens admiraient. Seule l'Opposition prévenait et
s'opposait. Toujours obsédés par leur rêve de grandeur
indépendantiste et fidèles à une promesse
électorale, ces héros du jour se risquent au
référendum sur la souveraineté qu'on joint au mot
association comme objectif plus rassurant. On bataille dur de part et d'autre
pour un oui ou pour un non, mais le PQ mord la poussière de la
défaite et c'est là le début d'une amertume sans nom,
profonde comme la mer tumultueuse. Et comme la mer, ce sera un sac et un ressac
continuel, parce que ces gens ne souffrent pas la contradiction et
l'opposition.
Lors de l'élection, ils perdent encore des plumes, tout en
remportant une victoire mitigée.
Une voix: On a 80 députés.
M. Hains: On est passé de 26 à 42. L'amertume se
teinte maintenant d'un peu plus de dépit, car l'Opposition avait grossi
ses effectifs. Vient alors la crise économique qu'on n'a pas
prévue, bien qu'appréhendée; alors, ces fiers
parlementaires se voient maintenant acculer à une nouvelle
défaite, mais pire encore presque à la mendicité. Ils
multiplient taxes sur taxes pour boucler des budgets et même doivent
accabler leurs meilleurs soutiens politiques. Même la crise
constitutionnelle s'est déroulée et s'est terminée par
l'isolation hargneuse du Québec contre le reste du pays. Maintenant, la
colère gronde chez le peuple, les syndicats menacent de
représailles. Les corps publics ou professionnels se révoltent et
nos glorieux élus se sentent maintenant coincés et
torturés, mais, comme on le dit souvent dans la fable: Les chênes
ne plient pas, ils cassent ou se brisent, résistant toujours aux
tempêtes. C'est là, mesdames et messieurs, dans ces tourmentes,
que l'amertume du référendum, le dépit des échecs
et la rancune constitutionnelle se changent en une rancoeur
incontrôlable. On veut alors couper toutes les têtes qui
résistent. On veut se prouver à soi-même qu'on est encore
maître et c'est là qu'on devient antidémocratique. Ayant
perdu la confiance de la population, on lui en veut. On veut la dominer, la
dompter, lui imposer ses vues et ses décisions et, de là à
perdre le contrôle de soi-même et de ses affaires, il n'y a qu'un
pas facile à franchir.
Le projet de loi no 37 dont nous parlons en deuxième lecture en
est un exemple frappant. Ce projet de loi vivote déjà depuis six
mois et nulle décision ne pointe encore à l'horizon. Va-t-on
continuer sa marche ou l'effacer du rôle législatif? Souvent le
ministre Lessard a fulminé contre l'Opposition et même contre la
population: "Ces gens, dira-t-il, en parlant des citoyens, ont
démontré un esprit maladif et un manque de cohésion."
C'est vraiment arrogant. Quant au ministre "des affaires", lui, il se terre
dans un mutisme complet.
Une voix: Des affaires? Des affaires de quoi?
M. Hains: Des Affaires municipales. Même après le
rapport du comité conjoint, le 20 mai dernier. Est-ce là vraiment
le sens de la démocratie?
Une voix: Sûrement pas.
M. Hains: Tu ne l'as pas gros, toi.
Pourquoi ce manque d'intérêt et ce silence
équivoque? Ce rapport du comité conjoint des deux villes et des
représentants de la Commission municipale du Québec est
déposé depuis déjà trois semaines. Nul écho
officiel depuis. Est-ce parce qu'il n'est pas tellement favorable à la
fusion que ce rapport ne semble susciter aucun commentaire? C'est clair que,
dans l'esprit et l'espoir du ministre Jacques Léonard, les
résultats du document conjoint devaient prouver hors de tout doute la
profitabilité de la fusion. Or, il n'en est rien et on a tout lieu de
croire que les coûts de cette opération seraient tellement
élevés qu'il y a lieu d'appréhender une hausse importante
des taux de taxation.
Permettez-moi, M. le Président, de vous donner quelques
conclusions du rapport officiel remis au ministre des Affaires municipales. Le
coût annuel de la fusion s'établit à 4 303 700 $ payables
entièrement par les citoyens de Baie-Comeau. Deuxièmement, les
taxes augmenteraient d'environ 30%, dès la première année
de fusion, à Baie-Comeau et cela baisserait à peine les taxes de
Hauterive. Les chiffres dévoilés par le comité prouvent
que les taxes augmenteraient tellement que le rôle de moteur
économique de Baie-Comeau serait grandement compromis et que le
développement industriel deviendrait, à toutes fins utiles, une
utopie.
Hauterive fusionnée devra fixer un taux de taxation si
élevé que l'avenir industriel et commercial du coeur
économique de la région serait gravement compromis. Vu la
situation financière de Hauterive, aucun aménagement domiciliaire
n'est prévu pour les cinq premières années dans le secteur
de Hauterive. Et malgré les affirmations de M. Lucien Lessard que les
citoyens de Baie-Comeau ne seraient pas pénalisés, que leurs
taxes ne monteraient pas et que la fusion se ferait dans le sens des
intérêts des deux villes, le rapport ajoute qu'il en
coûterait 4 000 000 $ par année aux seuls habitants de
Baie-Comeau. Plutôt que de parler de la grosse force économique,
on devrait donc parler de la grosse farce économique, car peut-on
prétendre devenir un centre d'attraction économique en augmentant
d'une façon aussi radicale les taxes foncières et la taxe
d'affaires. (20 h 20)
M. le Président, devant de telles remarques, une seule conclusion
s'impose, c'est le retrait du projet de loi no 37. Peut-être que le
ministre des Affaires municipales aura la tentation de couper ici et là
dans le projet pour le rendre plus acceptable et plus modeste, mais il ne
faudra pas dans ces coupures humilier une partie de la population, celle
surtout de Hauterive. Dans la conjoncture actuelle de crise et de restrictions,
il est presque impensable de pouvoir revitaliser à 100% le secteur de
Hauterive et de l'amener vers une plus grande prospérité. Alors,
dans le présent, pourquoi fusionner la ville si l'on ne peut lui en
donner plus ou améliorer sensiblement son sort?
Ce projet de loi ne fut qu'un beau rêve, si digne soit-il; tout
était beau et bon, et l'on voulait procéder à la vapeur.
Depuis un an déjà qu'on préparait ce projet chez M.
Lessard et les péquistes, on s'explique mal, cependant, le manque de
préparation et le manque d'évaluation de cette commande d'une
fusion forcée. L'État n'a pas les fonds pour procéder dans
ce dossier. Au lieu d'un avortement, il vaut mieux se bercer d'espérance
et se dire que ce sera peut-être bon un jour avant de procéder au
mariage. Il vaut mieux vivre accoté, comme je le disais une fois,
plutôt que de contracter une alliance malheureuse pour les deux
contractants.
Dans les circonstances et vu le rapport conjoint qu'on a reçu, vu
aussi le temps perdu et l'argent investi dans ce projet, il vaut mieux admettre
que cet espoir est vain et peu reluisant et que la meilleure solution demeure
dans le retrait du projet de loi no 37. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que la
deuxième lecture est adoptée?
M. Lachance: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui, M. le
député de Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, je voudrais simplement bien
amicalement, rappeler à mon collègue de Saint-Henri qu'en vertu
de notre règlement on ne doit pas nommer les personnes par leur nom,
mais par. leur titre. Alors, M. le député, vous auriez dû
parler du ministre du Loisir.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci de rappeler le
règlement que j'ai souventefois rappelé. Je sais que, de temps
à autre, il y a des échappées, mais aussi il faut dire
que, dans certains cas, quand l'on cite un texte soit d'un journal ou
d'ailleurs et que le nom de la personne s'y trouve, il a la possibilité
de le faire.
M. le député de Louis-Hébert. M. Réjean
Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Le projet de loi que
nous propose le Parti québécois est un projet qui, encore une
fois, remet en question des principes fondamentaux et qui mérite
d'être étudié d'une façon très
spéciale de manière que nous puissions comprendre tous ensemble
les principes qui y sont impliqués. Je pense qu'il faut remonter
à la source et se poser la question suivante: Est-ce que nous sommes
devant un projet de loi qui respecte le principe fondamental qui est celui de
la démocratie? La démocratie, ce n'est pas seulement un mot;
c'est aussi une réalité de tous les jours, qui doit être
vécue et qui comporte des responsabilités très
précises. La démocratie, c'est le gouvernement du peuple par le
peuple et pour le peuple. Et cela doit demeurer dans la réalité
des choses et non simplement au niveau des paroles.
Ce que je veux dire, c'est que nous ne devons jamais croire en aucune
circonstance, parce que nous détenons le pouvoir, parce que nous pouvons
imposer certaines choses, que nous pouvons comprendre mieux ce que la
population désire sans tenir compte de ses besoins et de l'expression de
sa volonté.
Le Parti libéral dans ce projet de loi a pris une position qui
veut que des consultations de nature référendaire aient lieu dans
les deux municipalités, afin que nous puissions connaître d'une
façon incontestable ce que la population désire, aussi bien
à Baie-Comeau qu'à Hauterive.
Quand nous parlons de démocratie, M. le Président, et que
nous parlons en même temps de municipalités et de villes, nous
retournons à la source même de la démocratie, parce que, si
je me souviens bien de mon histoire ancienne, les premières expressions
de la démocratie ont eu lieu à l'intérieur de villes, de
cités, les cités grecques plus particulièrement. Les
anciens Grecs, M. le Président, se réunissaient, se
rassemblaient, élisaient un conseil qui était l'agora, et ce
conseil, qui est l'équivalent de notre conseil de ville, gouvernait la
cité.
On ne parlait pas à cette époque, M. le Président,
de pays, de grands ensembles. Les populations se gouvernaient au niveau de la
cité seulement. Les gens qui étaient couverts, les gens qui
étaient gouvernés, les gens civilisés étaient ceux
qui étaient compris à l'intérieur d'une même ville.
Dans le cas présent, dans le cas de Hauterive et de Baie-Comeau, on est
à la base même de ce qui doit constituer les assises de notre
démocratie.
C'est pour cette raison, M. le Président, qu'on doit être
extrêmement prudent, de façon à ne pas bafouer, à ne
pas mettre de côté l'expression faite par des
gens qui sont le plus près de la population, qui ont le plus
accès aux gouvernés, aux administrés, pour
prétendre qu'on connaît mieux qu'eux les besoins qu'ils ont,
quelle est la nature de leurs besoins et quelles sont les meilleures solutions
qui pourraient leur convenir. Je crois, M. le Président, qu'il faut se
méfier de croire que les études qu'on fait, que les sentiments,
les impressions qu'on a que les grands ensembles sont nécessairement
meilleurs, c'est une règle de conduite qui doit être traduite par
la fusion forcée de deux villes.
Je crois qu'il y a tout lieu de s'interroger profondément,
à savoir s'il n'y a pas lieu de faire montre de la plus extrême
prudence, de façon que ce qui touche de plus près les citoyens,
c'est-à-dire les services municipaux, les services d'incendie, les
services d'aqueduc, les services d'égout, les services de police, les
services de pavage de rues, d'éclairage, etc., sont des
préoccupations peut-être terre à terre, mais très
immédiates et auxquelles les citoyens sont habitués. Ils ont le
droit d'avoir sur ces choses un contrôle qui soit le plus direct
possible, le plus immédiat possible, et tout ce qui irait à
I'encontre de cela, M. le Président, doit faire l'objet d'une
extrême prudence, doit faire l'objet d'un désir de s'assurer que
les gestes qu'on pose ne sont pas contraires à ce que la population
désire. Il est peut-être facile de dire qu'on le fait pour le plus
grand bien de la population, qu'on le fait de façon à
améliorer l'ensemble et d'oublier que si on pose ces gestes sans se
préoccuper d'avoir trouvé chez la population ce désir de
s'associer à quelqu'un d'autre, ce qu'on fera donnera de mauvais fruits,
développera de mauvaises relations ce qui, finalement, aura des
résultats absolument contraires à ceux qu'on recherche. Il est
très louable de penser à améliorer en regroupant des gens
et en fusionnant. Il est louable au niveau des principes de défendre ces
choses, mais il faut regarder ce que la réalité nous enseigne
à ce sujet. Il faut regarder de près si on n'aura pas exactement
les résultats contraires à ceux qu'on recherche. (20 h 30)
M. le Président, le Parti libéral a demandé un
rapport d'un comité conjoint. Ce comité conjoint, comme vous le
savez, M. le Président, était composé tout d'abord de
trois représentants de la Commission municipale du Québec. Il y
avait, entre autres, le vice-président de la commission municipale, M.
J.-P. Boucher. Il y avait un commissaire de la commission municipale, M. Gilles
Arès, qui est un comptable agréé, et il y avait M. Lionel
Harvey, un commissaire à la Commission municipale. Il y avait aussi
trois représentants de la ville de Hauterive, M. Serge Simard,
conseiller municipal, M. Jean-Guy Rousseau, gérant, et Mme R.-B.
Landry, trésorière; il y avait, finalement, trois
représentants de la ville de Baie-Comeau, c'étaient M. Sylva
Lord, conseiller municipal, M. Guy Massicotte, ingénieur et
gérant, M. Normand Brochu, ingénieur et gérant adjoint.
Ces gens-là ont passé de nombreuses semaines, et je ne sais
combien de séances à étudier les implications
financières, les implications budgétaires d'une fusion telle que
celle proposée par le projet de loi no 37.
Les résultats qui ont été dévoilés
par ce comité conjoint sont très probants, sont extrêmement
probants, et il est bon de souligner ici qu'il n'y a eu aucune voix dissidente
en ce qui concerne ce rapport, tout le monde a signé, ça a
été unanime, et je pense qu'à partir de là, le
rapport prend une force beaucoup plus grande encore, c'est-à-dire que
les représentants de Hauterive ont signé le rapport et que les
représentants de la commission municipale, qui sont des experts, qui
avaient été désignés à ce titre comme
soutien technique par le ministère des Affaires municipales, ont aussi
signé un rapport; ce rapport qui est déposé maintenant
depuis trois semaines a dévoilé que l'étude
démontrait qu'on pouvait établir le coût annuel de la
fusion à 4 303 700 $, coût payable entièrement par les
citoyens de la ville de Baie-Comeau.
Il est à remarquer qu'en décembre 1981, la ville de
Baie-Comeau avait prédit des coûts de 4 252 000 $; il y a donc
à peu près équivalence au niveau des prévisions qui
avaient été faites par la ville de Baie-Comeau. Dans les
circonstances, il est aussi à remarquer qu'il est souligné dans
le rapport que ces montants que je viens de mentionner ne tiennent pas compte
de la perte des revenus qui sont tirés du réseau
électrique de la ville de Baie-Comeau, revenus de l'ordre annuel de 2
000 000 $ pour 1982 en tout cas. On peut donc affirmer, sur la foi de ce
rapport, qu'il y a des coûts considérables qui sont
entraînés pour la ville de Baie-Comeau en ce qui concerne les
taxes, les efforts fiscaux qui devront être faits par les contribuables
de Baie-Comeau.
Dans les circonstances, ce serait illusoire, ce serait se bercer
d'illusions que de croire qu'on peut faire accepter un tel effort fiscal par
des gens qui, de toute façon, trouvent qu'ils font déjà un
effort suffisant en ce qui concerne leur ville. On ne peut pas demander
à des gens de faire abstraction de leur intérêt personnel
et d'accepter tout simplement parce que ce serait un beau geste de leur part,
parce que ce serait apprécié du gouvernement et parce que le
gouvernement le leur demande. On ne peut pas demander aux citoyens de
Baie-Comeau de faire un tel sacrifice, je pense que c'est irréaliste de
croire cela et que le gouvernement tente de convaincre la
population au moyen d'arguments, au moyen d'exemples, au moyen de
différentes choses ou de différents avantages qu'il peut leur
faire valoir, je crois que cela est acceptable, que cela est dans les
règles du jeu, mais qu'on désire le faire avec une loi purement
et simplement en disant: Voici ce que nous avons décidé parce que
nous, le gouvernement, non seulement nous pensons que c'est mieux pour vous,
mais aussi nous avons le pouvoir de le faire et, à partir de là,
nous allons exercer ce pouvoir-là. Je pense que c'est clairement un abus
de pouvoir. L'Opposition ne nie pas au gouvernement que c'est un pouvoir dont
il dispose; on ne le nie pas cela. Ce que nous disons, et notre propos est tout
simplement à cet effet, c'est qu'il n'est pas opportun de poser ce geste
actuellement et qu'il produira des effets contraires à ceux qui sont
recherchés et qu'on se retrouvera dans une situation pire après
que celle qui précédait le statu quo ante dont on ne veut plus
justement.
Remarquons qu'au niveau des coûts d'intégration de
services, le rapport dont je parlais tout à l'heure établit ces
coûts-là à 1 193 400 $ en mai 1982, donc pratiquement
à l'heure où nous nous parlons, et que les prévisions de
la ville de Baie-Comeau, en décembre 1981, étaient de 1 252 550
$. Encore là, très peu de différence entre les
prévisions de la ville de Baie-Comeau et les prévisions du
comité conjoint en mai 1982. Il y a donc, encore une fois, concordance,
ce qui doit nous amener à conclure que la ville de Baie-Comeau
était bien fondée de faire valoir ses craintes et ses
hésitations et de tenter d'amener le gouvernement à renoncer, tel
que l'Opposition le suggère au gouvernement, à ce projet de loi
qui, pour des raisons évidentes, n'est à l'avantage ni de
Baie-Comeau, ni de Hauterive.
Je pense qu'on peut aussi établir que le rapport nous indique que
la taxe après la fusion, si elle se réalise, en 1986, sera de 4 $
les 100 $ d'évaluation à Baie-Comeau, alors que Baie-Comeau
prévoyait en décembre 1981 que cette taxe serait, après la
fusion, en 1986, de 3,21 $. On s'aperçoit que Baie-Comeau a
été très prudente. La ville de Baie-Comeau ne faisait pas
de charriage, comme on dit, quand elle hésitait à croire les
chiffres qui étaient avancés par le ministre des Affaires
municipales qui affirmait que, finalement, la fusion n'occasionnerait pas
à Baie-Comeau les augmentations de taxes de la nature de celles que
Baie-Comeau prévoyait. Là encore, on s'aperçoit que
Baie-Comeau non seulement n'était pas au-dessus de ce que le
comité avait établi, mais était 0,79 $ en bas. Je pense
que c'est important de le signaler en passant, M. le Président.
Il est aussi important de signaler qu'il n'y aura finalement pas
à Hauterive de diminution de taxes appréciable. À
Hauterive, on se retrouvera, selon le rapport du comité conjoint, avec
une taxe de 4,25 $, alors que les prévisions de Baie-Comeau
l'établissaient pour 1986 à 3,21 $, encore beaucoup moins que ce
qu'avait établi le comité conjoint. Notons aussi, M. le
Président, qu'au chapitre de la taxe sur la propriété
à Baie-Comeau, pour une propriété de 40 000 $ en 1986...
Il faut regarder un peu plus loin que l'année en cours; il faut regarder
l'année prochaine et l'autre année d'après, si on veut
avoir une idée des conséquences à long terme de ce projet
de loi, il faut quand même regarder ce qui se passerait, par exemple, en
1986, qui a été prise comme année charnière, si
vous voulez, M. le Président. Qu'apprend-on dans le rapport du
comité conjoint? On apprend que la taxe, en 1986, pour une maison
évaluée à 40 000 $ - et il n'y a rien
d'exagéré là-dedans, une maison de 40 000 $, c'est
absolument courant, vous le savez - la taxe s'établira à 1600 $,
alors que Baie-Comeau, dans ses prévisions qui, encore une fois,
étaient ultraprudentes - et Baie-Comeau, il est à noter, faisait
sa bataille sur la base de ces prévisions - avait fixé cette taxe
à 1284 $. Encore une fois, une différence
considérable.
Si on regarde maintenant ce qui se passerait à Hauterive, c'est
à peu près la même chose. La taxe s'établirait
à 1700 $, alors que les prévisions de Baie-Comeau
l'établissaient à 1284 $. On s'aperçoit que là
aussi il y a une différence qui fait que le gouvernement devrait se
rendre compte qu'il n'y a pas lieu d'aller de l'avant avec ce projet de loi et
qu'il devrait faire marche arrière. M. le Président, il n'y a pas
de honte à dire: On n'avait pas tous les chiffres. On n'avait pas toutes
les données. Maintenant que les données sont publiques, que les
données nous ont été fournies par des organismes
crédibles, par un comité conjoint auquel le gouvernement a
donné son aval en nommant à ce comité, au titre du support
technique, trois membres de la Commission municipale du Québec, il n'y
aurait pas de honte - et l'Opposition ne blâmerait pas le gouvernement,
l'Opposition reconnaîtrait que le gouvernement a parfaitement le droit
d'agir et qu'il agit dans ce cas en bon administrateur - à retirer ce
projet de loi no 37, M. le Président.
Je pense qu'il faut reconnaître qu'on ne peut pas forcer des gens
à vivre ensemble et à partager le même maire, les
mêmes conseillers, le même hôtel de ville et les mêmes
services s'ils ne veulent pas le faire. Les gens d'en face ont souvent
comparé les communautés qui ne veulent pas vivre ensemble comme
deux scorpions qu'on met dans un bocal. Ce sont des comparaisons qui nous ont
été faites à de nombreuses reprises, des comparaisons qui
ont frappé l'imagination en certaines circonstances et qu'il
était
peut-être de bonne guerre d'amener. Je vous signale ce qu'on est
en train de faire avec Baie-Comeau et avec Hauterive: c'est de prendre deux
scorpions et de les mettre dans le même bocal en espérant qu'ils
vont s'entendre. Je pense que c'est amener à coup sûr la
destruction de ces deux communautés et que le gouvernement devrait
éviter de faire cela. (20 h 40)
Je pense en terminant que c'est paradoxal de constater que ce
gouvernement, qui est un gouvernement qui, dans le moment, axe son action
politique sur la séparation du Québec, sur son retrait de la
Confédération, veut tenter, alors qu'il est lui-même
à l'intérieur même d'une fédération, d'une
communauté qui fonctionne, de faire le contraire avec Baie-Comeau et
Hauterive, c'est-à-dire tenter de fusionner ces entités, de les
mettre ensemble, de les obliger à vivre ensemble, quand son objectif
politique a lui est justement l'opposé de la fusion, le contraire de la
fusion, puisque c'est la séparation.
Par quel miracle peut-il nous faire croire que ce qui serait valable
dans le cas du Québec, c'est-à-dire l'anti-fusion,
c'est-à-dire la séparation, que ce qui est désirable pour
le Québec, serait néfaste pour Baie-Comeau et Hauterive? On a
déjà une situation de fait qui nous apprend que ces
gens-là vivent depuis de nombreuses années, des décennies,
séparés l'un de l'autre et qu'ils s'entendent raisonnablement
bien. Comment le gouvernement peut-il prêcher un credo politique qui est
un credo d'anti-fusion, de séparation, et en même temps proposer
à Baie-Comeau ce que lui-même refuse et ce qu'on a
déjà au Canada, c'est-à-dire la fusion. On a cela au
Canada, nous autres, une espèce de fusion qui s'appelle la
fédération; le gouvernement affirme que cette fusion n'est pas
désirable pour le Canada mais il la juge désirable pour
Baie-Comeau. Poser la question c'est y répondre, je crois que le
gouvernement manque d'arguments là-dessus, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, je ne voudrais que ce soit
pris sur mon temps, mais je note que le quorum n'existe pas dans cette
Assemblée, auriez-vous l'obligeance de vérifier, s'il vous
plaît?
Le Vice-Président (M. Jolivet): Nous allons
vérifier. Il y a maintenant quorum. M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Merci beaucoup, M. le Président. C'est
drôle de constater que, sur un projet de loi auquel deux ministres du
cabinet accordent tellement d'importance, on ait de la difficulté
à avoir suffisamment de gens du côté du Parti
québécois pour avoir quorum dans cette Assemblée.
Le projet de loi no 37 s'intitule "Loi regroupant les villes de
Baie-Comeau et Hauterive". M. le Président, n'auriez-vous pas
l'obligation de maintenir la tranquillité?
Le Vice-Président (M. Jolivet): II est vrai que j'ai cette
obligation, mais je vais avoir l'obligeance de demander aux gens de permettre
au député, en vertu de l'article 100 - tout allait bien
jusqu'à maintenant -de continuer. M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Merci beaucoup, M. le Président. Ce projet de
loi, je le disais donc, prévoit que la nouvelle ville, qui force deux
municipalités à vivre ensemble, succède suivant l'article
2 du projet de loi aux droits, obligations, et charges des villes de
Baie-Comeau et de Hauterive.
L'article 21 dudit projet de loi prévoit que la première
séance du conseil provisoire, le nouveau conseil de ville, a lieu sans
autre avis de convocation le troisième lundi suivant le 1er janvier
1982. L'article 4 prévoit que la première élection
générale a lieu pour la ville le premier dimanche de mars 1982.
L'article 11, à son sous-paragraphe 4, prévoit que, pour
l'exercice financier de 1982, au lieu d'expédier un compte provisoire de
taxes, la ville peut choisir de n'expédier, avant le 15 mai 1982, qu'un
compte définitif, accompagné de l'avis d'évaluation, pour
les taxes et compensations municipales. À l'article 5, alinéa 4,
on prévoit que si aucun membre du conseil d'une municipalité
mentionnée à l'article 2 (soit Baie-Comeau et Hauterive)
n'assiste aux deux premières séances du conseil provisoire, le
ministre des Affaires municipales peut désigner (d'office), parmi les
personnes possédant le cens d'éligibilité et
résidant dans le territoire de la municipalité dont tous les
membres du conseil sont en défaut, le nombre de personnes requis pour
siéger aux lieu et place des personnes en défaut. Que
constate-t-on? On constate qu'on est en face d'un projet de loi que le
gouvernement voulait passer au rouleau compresseur. On est en face d'un projet
de loi qui prévoit un nouveau conseil municipal. On est en face d'un
projet de loi qui prévoit la taxation, qui prévoit prendre de
l'argent dans les poches des gens. On est en face d'un projet de loi -et je
pense qu'on le doit un peu à l'habileté combinée du
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et du ministre des
Affaires municipales - où, si les gens n'en veulent vraiment pas, s'il
n'y a pas un conseiller qui vient siéger, s'il n'y a pas un maire
là, on va les nommer, parce qu'on est à Québec; on
n'est plus dans nos comtés, on est "boss" et cela va marcher
à notre façon. C'est ce que contient le projet de loi.
Si le Parti libéral du Québec prend la peine de s'attarder
sur ce projet de loi, c'est peut-être pour rafraîchir la
mémoire d'un gouvernement qui a vieilli, qui a tellement vieilli qu'il
en a perdu la mémoire et qu'il a oublié ce que contenait le
programme du Parti québécois. Il a oublié qu'à
l'article 4 du programme du Parti québécois on disait ce qui
suit: "Améliorer l'administration municipale (premier
élément) a) en consacrant le droit des citoyens à
l'information afin qu'ils puissent prendre des décisions
éclairées; b) en organisant une véritable consultation des
citoyens." M. le Président, ce que le Parti libéral a
demandé dans ce débat, c'est une véritable consultation
des citoyens et, du côté ministériel, les
députés d'arrière-ban qui ont des municipalités
dans leur comté vont oublier le contenu du programme officiel de leur
parti, vont oublier, M. le Président, un principe de démocratie
aussi essentiel, vont oublier les paroles de l'ex-leader du gouvernement, M.
Claude Charron, qui s'exprimait comme suit sur un projet de loi qui fusionnait
obligatoirement deux autres municipalités.
Le député de Saint-Jacques nous disait: "Nous, du Parti
québécois, disons qu'aucune municipalité, aucune ville,
aucune agglomération urbaine ne devrait subir de changement majeur,
profond qui va même, à l'occasion, jusqu'à la fusion avec
d'autres municipalités sans que les citoyens -M. le Président,
c'était le député de Saint-Jacques alors dans des
fonctions importantes de cette municipalité n'aient, par un
référendum clair, net et précis sur la question,
acquiescé à la proposition soit des élus municipaux, soit
du gouvernement du Québec." Et le député de Saint-Jacques
de continuer dans la même ligne que le programme du Parti
québécois: "Ce principe que nous retrouvons dans chacune des
étapes et dans chacun des chapitres du programme du Parti
québécois, cet engagement et cette volonté nette de ne
jamais procéder à un changement qui a des conséquences
quotidiennes sur la vie des citoyens sans que ceux-ci n'aient
préalablement été informés, obligatoirement
été consultés, sans qu'ils n'aient eux-mêmes
librement décidé du sort de ce changement, c'est ce principe que
nous défendons." (20 h 50)
Et le député de Saint-Jacques de continuer: "II est
nécessaire de consulter, car, autrement, il y a des contribuables de
certaines municipalités, des villes en projet de fusion qui auront
effectivement à payer les frais de cette fusion sans qu'ils n'ont pu
avoir l'occasion de juger après avoir été informés,
éclairés et consultés. Ils écrivent bien, M. le
Président...
M. Rocheleau: Question de règlement, M. le
Président, s'il vous plaît. Je voudrais qu'on applique l'article
28 du règlement. Il n'y a pas encore quorum.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je vais compter.
Une voix: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Non, M. le
député. Non. Tout à l'heure. Dans ce cas, je vais faire
sonner les cloches. Qu'on sonne.
(Suspension de la séance à 20 h 52) (Reprise de la
séance à 20 h 53)
Le Vice-Président (M. Jolivet): Question de directive de
la part du député de Duplessis.
M. Perron: Pourriez-vous me dire parce que j'ai regardé le
règlement comme beaucoup de gens dans cette Assemblée - à
quel endroit et quel article du règlement dit que ce sont les
ministériels qui doivent garder le quorum? On s'aperçoit que, de
l'autre côté, il n'y a que deux députés
libéraux et que de ce côté-ci, on a la différence du
quorum.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Pour les besoins de la
cause, je vais vous lire l'article 28: "Le quorum de l'Assemblée ou de
la commission plénière est de trente députés y
compris le président; ce nombre est réduit à 20 lorsqu'une
commission élue de l'Assemblée siège en même temps
que l'Assemblée ou la commission plénière." Au moment
où nous nous parlons, il y a deux commissions parlementaires et, en
conséquence, nous devons avoir ici en cette Assemblée 20
personnes. Rien dans le règlement n'indique que le nombre de personnes
doit être partagé entre le parti au pouvoir et le parti
d'Opposition.
En conséquence, je n'ai, en aucune façon, à vous
donner des directives quant à la demande que vous me faites. Tout ce que
je peux vous dire, c'est que je dois, comme président, en m'incluant,
constater qu'il y a 20 députés en cette Assemblée. Comme
il y a maintenant 20 députés en cette Assemblée, excluant
le temps qu'on a pris pour obtenir ce quorum, je laisse la parole au
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Vous avez mentionné, à juste titre, que le quorum était de
20. Le député de Duplessis a souligné qu'il y avait deux
députés libéraux. Je tiens pour acquis
qu'il y a au moins 18 députés péquistes et que la
population du Québec aura compris que deux députés
libéraux sur des projets de loi antidémocratiques, sur des
projets de loi qui s'attaquent aux droits fondamentaux, sont capables, un
vendredi soir, même s'il est tard, de faire face à une vingtaine
de péquistes et on va le faire à n'importe quel moment.
M. le Président, je comprends que le parti...
Le Vice-Président (M. Jolivet):
Seulement pour éviter quoi que ce soit, je vous ai laissé
aller, M. le député, je dois vous dire que votre intervention
n'avait aucunement affaire à la demande de directive. Vous avez
cependant droit à votre opinion, mais je dois vous dire que nous parlons
du projet de loi no 37 sur la fusion de Baie-Comeau et de Hauterive.
M. Paradis: C'est pour cette raison, M. le Président, que
j'ai dit que c'était antidémocratique, que c'était fait de
façon poussée, au rouleau-compresseur, pour écraser la
population de cette région de la province.
M. le Président, je comprends que les gens du Parti
québécois qui seront appelés à voter sur ce projet
de loi n'aiment pas se faire rappeler le contenu de leur programme officiel.
Cela peut leur poser des problèmes de conscience lorsque le moment de
voter arrivera. Je comprends que le Parti québécois ait de la
difficulté à maintenir le quorum en cette Chambre et qu'il n'aime
pas entendre l'ex-leader parlementaire, le député de
Saint-Jacques, leur rappeler les principes fondamentaux de la
démocratie. Je comprends également que les députés
de l'autre côté de cette Chambre préfèrent
être ailleurs qu'entendre citer le parrain officiel de ce projet de loi,
l'honorable député de Saguenay, qui disait, le 18 décembre
1974, et si c'est un homme de parole, je sais qu'il contribuera avec
l'Opposition à s'opposer à ce projet, parce qu'il a compris qu'il
a conté des mensonges à la population... Et je cite une
déclaration de Lucien Lessard: "Je sais que, tôt ou tard, il
faudra envisager des possibilités de fusion entre deux villes comme
Baie-Comeau et Hauterive. Cependant, dans la région, jamais nous
n'accepterons que le gouvernement vienne nous imposer une fusion sans aucune
consultation préalable, sans qu'il y ait, au préalable, un
référendum au niveau de la population." La même
journée, parce qu'à ce moment-là, il était dans un
état d'âme démocratique - il a peut-être
changé la journée où il a parrainé le projet de loi
-"Nous voulons que les populations qui seront fusionnées aient d'abord
appris à vivre ensemble. Nous voulons que ces populations qui seront les
premières touchées, les premières impliquées dans
ce nouveau système soient d'abord consultées par
référendum."
Ce ne sont pas les paroles du député de Brome-Missisquoi
que vous entendez, ce sont les paroles du député de Saguenay,
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Le 18 décembre 1974, le même ministre qui me fait signe que
oui, parce qu'il reconnaît avoir prononcé ces paroles, nous disait
- je cite encore une fois le député de Saguenay - "Ce n'est pas
de l'enfantillage, quand on parle de fusion de certaines villes. Il ne s'agit
pas de jouer avec l'avenir des citoyens de ces régions. Il nous
apparaît tout à fait normal et logique que les populations
concernées puissent être consultées."
Je pourrais, dans le même sens, M. le Président, si le
temps me le permettait, vous citer l'honorable ministre aux Affaire
intergouvernementales, Jacques-Yvan Morin. Je pourrais vous citer le ministre
de la Justice actuel, je pourrais vous citer le ministre de l'Environnement. Je
pourrais vous citer à peu près tous les ministres de ce
cabinet.
Ce qui m'inquiète, après toutes ces citations, ce qui
m'inquiète, après avoir lu le programme du Parti
québécois, ce qui m'inquiète, c'est qu'on dit qu'on ne
fera jamais quelque chose sans référendum. On le fait dans un
coin de la province, on a essayé de le faire le plus discrètement
possible, on a essayé de le faire avec la complicité et
l'habileté du ministre des Affaires municipales, un petit peu avec son
portefeuille en même temps, un petit montant de 2 000 000 $ pour essayer
d'adoucir, d'amoindrir, d'arrondir les coins. On s'est dit: Personne au
Québec ne se rendra compte qu'on vient de violer des principes
inaliénables, un principe de démocratie. Personnne au
Québec ne s'apercevra qu'on a manqué à notre parole, qu'on
a trahi notre programme officiel, qu'on a trahi les propos des ministres qui se
sont déjà prononcés. Cela va se faire en pleine nuit et
personne ne va s'en apercevoir, parce que le ministre Léonard, avec sa
petite main de loup et ses 2 000 000 $... Si les gars refusent d'aller
siéger, il va en trouver quelques-uns et cela va tout s'arranger sans
que personne ne s'aperçoive de rien.
M. le Président, cela m'inquiète comme citoyen du
Québec, parce que, avant que ce projet de loi soit déposé,
je vous le dis bien humblement, je ne connaissais pas à fond les villes
de Baie-Comeau et de Hauterive. Je ne connaissais pas le secteur industriel, le
secteur touristique, le secteur culturel. Je ne connaissais pas les
activités de ces gens. Je connaissais celles des gens par chez nous,
d'autres régions du Québec, mais cela m'a éveillé,
parce que je me suis dit: S'ils sont capables de faire cela aux gens qui
habitent
un comté de député péquiste, s'ils sont
capables de faire cela à des gens qui habitent un comté de
ministre péquiste, s'ils sont capables de renier leur parole dans une
situation comme celle-là, quelle garantie est-ce que j'ai de plus comme
Québécois, comme résident du comté de
Brome-Missisquoi que l'article du programme du Parti québécois
qui dit qu'il n'y aura pas de séparation, qu'il n'y aura pas
d'indépendance sans référendum va être
respecté? Est-ce que j'ai une garantie lorsque j'entends tous ces
ministres dire que c'est un principe inviolable? (21 heures)
Lorsque je lis cet article inviolable dans le programme du Parti
québécois, je regarde cela et j'ai la même garantie. La
population de chez nous a la même garantie, la garantie de faire
confiance à des gens comme cela. Un petit matin, les gens qui manquent
à leur parole sur une petite affaire comme Baie-Comeau-Hauterive, ce
n'est pas bien bien important, n'est-ce pas M. le ministre? Ils pourront
manquer à leur parole sur une affaire beaucoup plus importante, sur une
affaire qui guette l'avenir du Québec dans la fédération
canadienne, et cela me fait peur, M. le ministre, quand vous manquez à
votre parole.
On a encore certains principes pour lesquels on doit se battre dans
cette Chambre et l'on se bat avec d'autant plus d'ardeur qu'on apprend à
aimer les gens du coin qu'on défend, qu'on apprend à aimer les
gens de Baie-Comeau. Je ne sais pas si les parlementaires du Parti
québécois se sont complètement fermé les yeux il y
a quelques semaines alors que les gens de Baie-Comeau, non pas en
contestataires, non pas en personnes qui voulaient renverser le gouvernement,
mais en personnes qui voulaient présenter leur problème à
la face de la population, sont arrivés à Québec, sous le
thème "Baie-Comeau vous aime". Ils nous ont présenté les
richesses de leur municipalité; peut-être que le ministre a
déjà connu ces richesses, mais il semble les avoir
oubliées. Il a oublié Baie-Comeau, une ville industrielle, il a
oublié Baie-Comeau avec ses exploitations forestières, avec sa
papeterie, avec son aluminerie, avec ses silos à grains. Il a
oublié Baie-Comeau avec son port de mer, il a oublié Baie-Comeau
- cela devait être un peu plus difficile pour lui parce qu'il
paraît qu'il allait faire du ski souvent à cet endroit avant que
le monde le mette dehors dans ce coin - avec son centre de plein air du mont
Tibasse; il paraît qu'il n'y va plus, il a sans doute peur de se casser
une jambe en ski. Il a oublié les organisations de loisir, le club de
curling de Baie-Comeau, il a oublié le club de motoneige Les Montagnais.
Il a oublié le club de tir Les Pionniers; il a oublié le club de
golf de Baie-Comeau, il a oublié tout cela d'un coup sec. Il a
oublié que Baie-Comeau a une appartenance, une histoire, un patrimoine
propre dans la province de Québec. Il a oublié le championnat
canadien de judo en 1980. Il a oublié le championnat provincial de
patinage artistique en 1976. Il a oublié les Jeux régionaux
d'été de 1971 et de 1972. Il a oublié le congrès
provincial des chambres de commerce.
J'entends de l'autre côté des voix qui disent: Qu'est-ce
que cela a d'affaire ici? C'est cela un milieu d'appartenance; c'est cela une
communauté; c'est cela une autonomie locale et c'est cela qui est
inviolable. C'est cela que vous n'avez pas compris de l'autre côté
de la Chambre; c'est cela qui vous fait manquer à votre parole, à
la parole des militants péquistes. Tous les militants péquistes
qui nous écoutent ici ce soir voient leur gouvernement, M. Lucien
Lessard en tête - excusez, je n'ai pas le droit - le député
de Saguenay, avec son copilote, le ministre des Affaires municipales, "crasher"
leur avion dans tous ses principes qui sont là-dedans. Je ne veux pas
qu'ils viennent "crasher" leur avion dans les principes qu'on défend,
des principes de démocratie au nom de la population du
Québec.
Il y a souvent des cas où, lorsqu'on est loin des
problèmes, c'est bon de retourner se ressourcer sur le plan local. C'est
bon de retourner voir ce que les journalistes du coin en disent. C'est bon de
lire les grands journaux, mais quelquefois les journalistes du coin ont encore
ce sentiment d'appartenance. Les gens qui ont le sentiment d'appartenance
disent, et je vous cite un éditorial de M. René Vallée du
28 mai 1982 dans le journal Le Nordic: "La population s'explique difficilement
qu'un projet de fusion qu'on devait adopter à la vapeur soit
continuellement retardé. Cela fait un an, au moins, que les
péquistes préparent le projet -que les péquistes
préparent le projet, comprenez bien, c'est un éditorialiste, ce
n'est pas le député de Brome-Missisquoi qui dit cela -
voilà que les chiffres du comité conjoint éveillent un
doute dans les esprits." Les chiffres commencent à s'enregistrer, on va
s'apercevoir de ce qu'il va en coûter; en plus de se faire violer des
principes inaliénables, on va avoir à payer pour cela à
Baie-Comeau. Pourtant, on aurait dû évaluer ces chiffres avant de
nous commander une fusion forcée. Nous avons l'impression que quelque
chose ne tourne pas rond, mais tourne carré de la part des deux
ministres, et ce n'est pas les 2 000 000 $ qui ont permis à M.
Léonard d'arrondir les petits coins. Cela va en prendre peut-être
plus, mais à Baie-Comeau, les gens ont assez de principes que ce n'est
pas avec de l'argent que l'on va les acheter.
Nos deux communautés doivent trouver leur avantage dans une telle
entreprise; tant qu'un doute persiste dans les esprits, il est
peu recommandable de ne pas en tenir compte. Il semble de plus que
l'État n'ait pas grand argent à investir dans la fusion. Plus le
temps passe, moins le Québec a d'argent. Le régime des coupures
est le seul qu'on connaît présentement pour allonger les
déficits. Même s'ils sont en région, ils analysent quand
même les coupures, les déficits, les trous. Si Québec n'a
pas d'autre solution qu'une invitation au partage fraternel dans
l'espérance qu'un jour tout ira mieux, il serait alors
préférable qu'on retire carrément le projet de loi no
37.
M. le ministre, voici ce que je vous demande au nom des gens qui
résident là-bas. Maintenant que vous avez vos études en
main - parce que l'Opposition a retardé suffisamment le projet de loi
pour que vous ayez des études - est-ce que vous seriez capable de
répondre aux 6000 personnes qui ont signé une pétition,
déposée ce matin par le député de Hull, de vous
rendre sur place et d'expliquer à la personne qui paie, pour une maison
de 40 000 $ à Baie-Comeau en 1982, 900 $ de taxes annuelles, que l'an
prochain elle paiera 1160 $, qu'en 1984 elle paiera 1204 $, qu'en 1985 elle
paiera 1356 $, qu'en 1986 elle paiera 1600 $ et qu'en 1987, elle sera
obligée de la vendre? Êtes-vous capable d'aller lui expliquer
cela? Si vous pouvez la convaincre, on vous dira merci de l'avoir
convaincue.
En terminant, M. le Président, je vois les deux parrains assis
à ces chaises, si vous avez le courage, MM. les ministres, de commenter
l'étude que vous avez reçue devant la population locale et que
cette population vous dit: Oui, on veut vivre ensemble, on veut la fusion, vous
la ferez la fusion et vous la ferez en vertu d'une loi déjà
existante votée par le Parti libéral, une loi sur les fusions
volontaires des municipalités. S'ils vous disent non, relisez votre
programme, relisez MM. Charron, Morin, Bédard et vos principes et
agissez suivant des principes, n'agissez pas suivant de petites manigances
péquistes achetées à coups de 2 000 000 $. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Portneuf et whip de l'Opposition.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président, nous avons entendu
plusieurs interventions sur le projet de loi no 37 autant en deuxième
lecture que lors de l'étude de la motion de report. Il y a une
atmosphère de malaise qui a toujours prévalu en cette Chambre
pendant l'étude de ce projet de loi; à chaque fois, à
chaque séance où on a eu à se pencher sur le projet de loi
no 37, il était facilement perceptible qu'un sentiment de malaise et
d'inquiétude prévalait plus particulièrement du
côté de la majorité péquiste.
Le gouvernement n'est pas fier de de projet de loi. Les
députés péquistes, à juste titre, je pense,
manifestent un air interrogateur à l'égard de ce projet de loi.
Pourquoi un projet de loi comme celui-là? Pourquoi le gouvernement du
Québec, un gouvernement qui est élu avec un programme politique,
un gouvernement qui est élu avec une certaine tradition à
l'égard de la chose municipale, un gouvernement qui, avant d'occuper les
banquettes de votre droite, M. le Président, a eu l'occasion de se
prononcer, de ce côté-ci de la Chambre, à l'égard de
projets de lois comme celui-là. (21 h 10)
Certains diront que l'Opposition, à l'Assemblée nationale,
le Parti libéral du Québec, s'est prévalu de tous les
recours possible de façon parlementaire pour bloquer ce projet de loi.
Je pense que la position adoptée par notre parti à cet
égard ne reflète en rien une volonté pour nous de freiner
tout désir qui pourrait s'exprimer dans ces deux villes du comté
de Saguenay. L'inquiétude procède du motif de ce geste. Nous
sommes surpris de voir agir le Parti québécois après avoir
pris des engagements aussi fermes par la déclaration du chef de
l'Opposition d'alors qui occupait le fauteuil ici, M. Morin, par des
déclarations comme celles de ses cinq autres collègues qui
formaient l'Opposition officielle à l'Assemblée nationale dans le
cadre particulier de l'étude d'autres projets de loi comme
celui-là. Qu'il nous suffise de vous référer aux fusions
des municipalités au Lac-Saint-Jean et dans l'Outaouais
québécois; essentiellement, le message qui était
véhiculé par le Parti québécois à
l'époque, c'était qu'une fusion ne peut pas se faire sans un
consentement clairement exprimé par les contribuables qui sont
affectés par une telle fusion. Et cela, c'est un principe qui est en soi
tout à fait respectable, tout à fait justifié.
Il y a un autre élément. Vous me direz: Celui qui est
l'artisan de cette fusion - et de cela tout le monde peut en convenir -c'est le
député du comté. C'est le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche, qui a, d'ailleurs, convaincu son collègue des
Affaires municipales...
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Je me suis rendu faire un tour à la
commission parlementaire au mois de décembre, lorsqu'on a eu le
privilège d'avoir ici dans nos murs des citoyens et citoyennes des
villes de Baie-Comeau et de Hauterive, notamment. M. le Président, vous
n'étiez probablement pas là à ce moment, vous deviez
occuper le fauteuil ici; on avait siégé jusqu'à 3 heures
ou 4 heures du matin. C'était presque gênant de voir la
situation,
combien délicate, combien difficile pour lui, dans laquelle se
retrouvait le ministre des Affaires municipales qui se devait par
solidarité ministérielle, et c'est normal, d'être
solidaire, d'appuyer le député du comté et, par
surcroît, ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Je vous disais donc que l'artisan de ce projet de loi - il ne faut pas
se le cacher, c'est connu, c'est su, c'est public - c'est le
député. Est-ce qu'on peut, à ce moment, adresser quelque
reproche au député parce qu'il a été
lui-même, comme homme public depuis douze ans déjà,
l'artisan d'une telle fusion? À cet égard, je ne crois pas qu'on
puisse lui adresser quelque reproche que ce soit, parce que je pense qu'un
député dans un comté est quand même placé au
premier plan des perspectives d'avenir de ces municipalités.
Jusque-là, pas de problème. Mais là où on n'est pas
d'accord, là où on s'inquiète, c'est qu'un
député présente à son caucus, à son Conseil
des ministres un projet de loi comme celui-là, une action politique, un
geste juridique comme celui-là qui va, premièrement, à
l'encontre de la tradition exprimée par le parti, qui va à
l'encontre du programme politique du parti et qui va aussi contre les
intérêts d'un pourcentage important des contribuables de ces deux
municipalités. C'est là que les règles du jeu sont
changées.
Autant moi, je crois qu'un député a son mot à dire
dans son comté, et cela va de soi, autant, par contre, ce mot à
dire doit s'établir selon certains paramètres. On a eu des
inquiétudes lorsqu'on a vu arriver le projet de loi et on a posé
certaines questions. Le ministre du comté, le député de
Saguenay, nous a dit: Ne soyez pas inquiets, cela ne coûtera pas plus
cher aux citoyens de Baie-Comeau. Vous ne connaissez pas le comté, vous
allez vous faire battre dans le comté. Le Parti libéral du
Québec va voir son pourcentage de votes diminuer, mais M. le
Président...
Une voix: La démocratie, ça n'a pas de couleur.
Le Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'espère
que je vais pouvoir compléter mon intervention et que les
députés libéraux ne seront pas l'objet de menaces aussi
clairement exprimées que celles que j'ai entendues il y a quelques
minutes. M. le Président, j'étais à vous dire que notre
inquiétude c'est qu'on s'est demandé quels étaient les
motifs qui étaient recherchés par le gouvernement et plus
particulièrement par le député du comté lorsque le
projet a été déposé.
Je tiens à ce moment-ci à remercier au nom de ma formation
politique, au nom des députés à l'Assemblée un de
nos collègues qui a travaillé d'arrache-pied, qui n'a pas
ménagé ses efforts, qui a investi beaucoup de capital humain
depuis bientôt sept mois dans ce dossier, qui s'est rendu sur place, qui
a écouté les gens, qui n'a pas eu peur d'aller les rencontrer,
qui ne s'est pas fait paqueter des assemblées pour aller converser avec
les citoyens là-bas, qui a été beaucoup plus
démocratique dans sa démarche que le ministre des Affaires
municipales peut l'être actuellement, lui qui hésite, qui a peur
de se rendre à Baie-Comeau pour expliquer les conclusions du rapport,
qui est toujours caché derrière quelque paravent que ce soit, et
je parle du ministre des Affaires municipales, vous allez comprendre.
D'ailleurs, M. le Président, je n'ai vraiment pas besoin de le nommer.
Je pense que sa renommée est clairement acquise à cet
égard, ce n'est pas le plus brave parmi "cette gang".
M. le Président, vous aurez compris que je veux remercier ce soir
le député de Hull et le porte-parole des affaires municipales...
Celui qui, pendant les mois de décembre et février a posé
des questions au ministre des Affaires municipales lors de la commission
parlementaire qui a confronté le ministre des Affaires municipales avec
des chiffres précis sur l'impact du coût de la fusion pour les
citoyens de Baie-Comeau. On se rappellera, M. le Président, qu'à
plusieurs reprises tant le ministre des Affaires municipales que le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche ont voulu réfuter les
arguments de l'honorable député de Hull en lui disant que, d'une
part, il n'était pas de la région et que, d'autre part, il ne
connaissait pas son dossier, et que les chiffres qu'il avançait
étaient sans fondement, qu'il n'avait pas assez de
pénétration dans le milieu pour savoir ce qu'il pouvait
véhiculer comme message ici.
À chacune de ces occasions, le député de Hull a
demandé tout d'abord - et il a ainsi exprimé la position de notre
parti - un rapport, une enquête, une étude qui seraient faits sur
l'implication de la fusion, quitte à ce qu'on ait des
représentants des deux municipalités et aussi de la Commission
municipale. Ce comité a siégé, ce comité a
délibéré, ce comité a analysé et il a
conclu, M. le Président. Or, les conclusions du rapport viennent
confirmer en tout point et même à certains égards viennent
ajouter aux chiffres qui étaient avancés tant par la
municipalité de Baie-Comeau que par le député de Hull, qui
a été en mesure souvent de véhiculer leur
inquiétude ici. Le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, j'en conviens, M. le Président, encore une fois, a un droit
comme député, qui appartient à tous les
députés de cette Chambre, d'être placé à
l'avant-scène de l'orientation du développement dans un
comté. D'accord, on en convient. Mais pas à n'importe quel prix,
par exemple. Le ministre, en janvier 1982, formulait certaines
prévisions, on se le rappellera, certaines précisions; dès
le moment où cela a été exprimé, on a eu tous les
motifs de s'inquiéter parce qu'on sait que la performance du
gouvernement du Parti québécois, en termes de prévisions,
M. le Président, ce n'est pas un cadeau.
D'ailleurs, on le paie aujourd'hui. Coût d'intégration des
services, prévisions de la municipalité de Baie-Comeau en
décembre 1981, exprimées ici à l'Assemblée
nationale du Québec: 1 252 250 $. Prévisions de la
municipalité de Hauterive: 250 000 $. Prévisions de l'honorable
député: 0,0 $, M. le Président. Prévisions du
comité conjoint de mai 1982: 1 193 000 $. Cela est différent.
C'est pas mal différent de 0,0 $ à 1 193 000 $. Je comprends que
cela peut ne susciter aucune inquiétude chez les députés
péquistes qui sont en arrière, aucune inquiétude chez le
ministre des Affaires municipales, qui tout mal à l'aise qu'il puisse
être avec ce projet de loi, ne dira probablement pas un mot
là-dessus. Cela se comprend, ce n'est pas vous autres qui payez. Ce sont
les contribuables qui vont payer, par exemple, et je comprends ces
contribuables de s'être débattus tant qu'ils ont pu, malgré
les moyens limités qu'ils ont. Je les comprends de s'inquiéter
d'un tel chiffre, le coût annuel de la fusion parce que cela aura des
impacts, l'intégration des services, etc. Je pense que le
député de Hull est en mesure de bien indiquer à cette
Chambre tous les impacts du coût annuel de cette fusion. On aura
l'occasion d'en discuter en commission parlementaire, cela va de soi. (21 h
20)
Le coût annuel de la fusion, selon les prévisions du
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le député
de Saguenay, en janvier 1982, était de 0,0 $. Cela ne coûtera pas
un cent de plus. Les prévisions de Baie-Comeau - le ministre a dû
se dire à ce moment-là, c'est de l'enthousiasme - étaient
de 4 252 000 $. Les prévisions de la municipalité de Hauterive,
beaucoup plus modestes, étaient de 1 000 000 $. Les prévisions de
M. Lessard - je le répète -étaient de 0,0 $. Les
prévisions du comité conjoint, non pas formé par
l'Opposition, ou seulement par la ville de Baie-Comeau, mais formé par
Baie-Comeau, Hauterive et des représentants de la commission municipale,
des gens qui sont là avec toute l'intégrité et toute
l'autorité qu'ils possèdent, tout le bon jugement et le sens du
devoir qu'ils ont, délégués ainsi par le ministre des
Affaires municipales, ces gens arrivent à quel montant? Les
prévisions de Baie-Comeau sont de 4 252 000 $ et celles du comité
conjoint, de 4 303 700 $. Les prévisions de M.
Lessard: 0,0 $.
Continuons, M. le Président. La taxe après la fusion
à Baie-Comeau, évaluée en 1986, est de 3,21 $ du 100 $.
Les prévisions de M. Lessard en janvier 1982: 2,57 $. Les
prévisions du comité conjoint, toujours pour l'année 1986:
4 $ du 100 $ d'évaluation. La taxe après la fusion à
Hauterive en 1986, toujours selon les prévisions de la
municipalité de Baie-Comeau: 3,21 $. Les prévisions de M. le
ministre et député du comté: 2,57 $. Les prévisions
du comité conjoint: Le citoyen aura à payer 4,25 $ du 100 $
d'évaluation en 1986. La taxe sur la propriété à
Baie-Comeau, présumée et évaluée pour 1986, pour
une propriété évaluée à 40 000 $, la taxe
que le citoyen de Baie-Comeau aurait à payer au lendemain de cette
fusion: 1284 $; prévisions de M. Lessard: 1028 $; prévisions du
comité conjoint: 1600 $.
M. le Président, quand on voit autant de chiffres, quand on voit
des conclusions et des prévisions qui seront aussi coûteuses et
aussi onéreuses pour le contribuable des municipalités, on
comprend que des manifestations s'organisent, on comprend que ces gens veulent
véhiculer leur message. À défaut d'être capables de
se faire comprendre par le député du comté qui est
normalement là pour véhiculer leur opinion, leurs besoins, leurs
prévisions et leur orientation pour l'avenir, ces gens ont
été obligés de faire quoi? De déployer des efforts
dans les communications, de s'organiser à la radio et à la
télévision. Je comprends qu'ils ont probablement fait - et ce,
à juste titre - leur lobbying auprès des députés
péquistes. Ceux-ci sont demeurés muets, n'ont pas dit un mot. Ils
ont dit: C'est le député du comté, il a l'autorité.
C'est peut-être son dernier mandat. C'est probablement son testament. On
n'a pas le choix, on va laisser passer et on va laisser courir.
Un député, même dans son dernier mandat, qui, par
surcroît, a été douze ans à l'Assemblée
nationale du Québec, qui a occupé une place importante dans
l'Opposition, comme c'est le cas pour les 43 députés
libéraux actuellement, pendant quelques années, qui a fait son
travail pour le Québec comme ministre à l'Assemblée
nationale du Québec, je comprends qu'un député, un homme
politique veuille laisser quelque chose avant de partir. Ce sera, de la part de
celui-ci un pont; de la part de celui-là, une école; de la part
du député de Saguenay, c'est probablement une fusion. Mais
à quel prix?
Ces gens sont venus nous rencontrer. On a été très
réceptif à leurs représentations, cela va de soi. On sait
que le Parti libéral du Québec, pas parfait qu'il a
été, est bien conscient qu'il doit être près de la
population et il se veut davantage près
de la population. Il se veut être à l'écoute de
cette population. On sait que nous aussi, on a fait des erreurs. D'ailleurs, si
on n'en avait pas fait, on serait encore au pouvoir, messieurs, mais vous en
faites tellement, que cela ne sera pas long, vous allez vous en venir de ce
côté-ci. On a peut-être fait des erreurs dans des cas de
fusion. On en a peut-être fait et, aujourd'hui, on est en mesure de
réévaluer notre action. On est en mesure de
réévaluer nos positions. C'est pourquoi, même si ce projet
de loi est présenté ici à l'Assemblée nationale par
le paravent gouvernemental par excellence, le ministre des Affaires
municipales, on sait pertinemment que celui qui soutient le paravent, c'est le
grand ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. On sait que c'est
lui qui est en arrière de cela, même si l'autre en avant est bien
mal à l'aise. On ne peut pas accepter cela, M. le Président. On
se devait d'intervenir nombreux, parce que aujourd'hui c'est Baie-Comeau et
demain, cela peut être d'autres municipalités. Un gouvernement qui
est prêt à accepter cela, un gouvernement qui est prêt
à renier ses principes, qui est prêt à renier ses
engagements, qui est prêt à mettre de côté la parole
clairement exprimée par ses représentants, lorsqu'il était
dans l'Opposition. Je m'excuse, M. le Président, renier sa parole je ne
devrais pas en parler, il est habitué maintenant; on sait ce qui se
passe dans les négociations dans les secteurs public et parapublic. Le
PQ n'a plus de parole, le PQ n'a pas de parole et cela commence à
être clairement ressenti dans la population et les gens le savent.
Je termine, M. le Président, en vous disant ceci. Aujourd'hui,
c'est Baie-Comeau et Hauterive; demain, est-ce que ce sera Québec et
Sillery? Est-ce que ce sera d'autres municipalités du Québec?
Est-ce que ce sera des municipalités comme Ancienne-Lorette,
Loretteville qui seront fusionnées sous le couperet dictatorial du
député de Charlesbourg, quoiqu'il n'est plus ministre, c'est
peut-être un peu moins inquiétant actuellement. Cela peut arriver.
Cela peut être d'autres municipalités, M. le Président,
demain matin qui soient soumises à un régime imposé, un
régime inacceptable pour les contribuables du Québec.
J'espère que notre démarche d'une quarantaine
d'interventions, autant en deuxième lecture que sur la motion de report,
pourra faire comprendre quelque chose au ministre des Affaires municipales, ce
pauvre ministre des Affaires municipales. Je suis persuadé qu'il y a eu
des commentaires au caucus. Je suis convaincu qu'il y a des
députés qui se sont levés et qui ont dit: M. le
président du caucus, M. le premier ministre, cela n'a pas de bon sens.
Il y en a d'autres qui ne se sont probablement pas levés de crainte de
se faire couper leur subvention du ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche. On sait ce que c'est, M. le Président.
Alors, j'espère que le gouvernement aura compris qu'à la
lumière du rapport qui vient d'être déposé, il
apparaît clairement -et je termine là-dessus, M. le
Président -que les inquiétudes qui ont été
formulées par la municipalité de Baie-Comeau se
révèlent fondées. Ce n'est pas juste l'Opposition qui le
dit, c'est la Commission municipale du Québec avec des
représentants sur le comité des deux municipalités. Une
fusion, M. le Président, pour qu'elle puisse s'intégrer, pour
qu'elle puisse se faire sans trop d'écueils, comme l'a si bien
exprimé mon collègue de Brome-Missisquoi, tout à l'heure,
en termes de contexte et d'impact social dans la population, cela doit se faire
sur une base volontaire. Alors, que le gouvernement se tourne de bord, qu'il
aille consulter la population, qu'il n'ait pas peur d'aller la voir, qu'il
réévalue sa position et, au besoin, qu'il retire son projet de
loi et qu'il enclenche, par la suite, un autre mécanisme, un
mécanisme de dialogue, un mécanisme de consultation, un
mécanisme d'ouverture entre le gouvernement et la population et qui
pourra peut-être conduire éventuellement à une fusion
volontaire des deux municipalités.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette
deuxième lecture est adoptée?
M. le député de Bonaventure et leader de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais tout simplement, avant que
nous ayons l'occasion d'entendre le ministre des Affaires municipales exercer
son droit de réplique, ajouter quelques mots. Ces mots me sont
inspirés, surtout ce soir, par le silence total jusqu'à
maintenant et cela toute la soirée, vous l'avez vu vous-même, M.
le Président, le silence total des ministériels au sujet de ce
projet de loi. Ce silence contraste singulièrement avec les
romans-fleuves que ces députés savent nous servir lorsqu'il
s'agit de parler de l'avenir du Québec, un avenir qui sera si beau
lorsque nous serons enfin délivrés de ce pays qui s'appelle ou
qui s'appelait le Canada, que nous verrons bientôt. (21 h 30)
Voyez-vous, M. le Président, ils se sont réveillés,
juste à dire cela et les voilà complètement
éloquents, les applaudissements, c'est merveilleux. Nous les avons
réveillés, M. le Président, nous avons touché la
note et la seule note qu'ils comprennent: la note autonomiste, pas encore assez
fort, la note souverainiste, pas encore assez fort, la vraie note
indépendantiste. Là, nous savons où se trouvent les
intérêts de
ces gens, et je les remercie de cette franchise qui ne peut même
pas être silencieuse comme cette majorité a été
silencieuse ce soir et dans la plupart des débats entourant cette fusion
que l'on veut faire de Hauterive et de Baie-Comeau.
Je dois vous dire que j'ai pour ces populations de Hauterive et de
Baie-Comeau également la plus grande estime, d'autant plus qu'elles ne
sont pas tellement loin de la Gaspésie, de mon comté de
Bonaventure, et plusieurs habitants de Baie-Comeau et de Hauterive viennent de
la région que je représente ici à l'Assemblée
nationale. Alors, je peux vous dire que je me sens très près de
cette population et je ne voudrais pas que ni l'une ni l'autre de ces
populations de Hauterive et de Baie-Comeau soit indûment traitée,
ait à subir des conséquences qui ne lui seraient pas
favorables.
Je m'imagine bien que le député de Saguenay doit
être inspiré, lui qui est encore plus près de cette
population, par cette volonté de voir à éviter des
perturbations d'ordre social; je suppose qu'il voudrait garder ces deux
populations très près l'une de l'autre et respecter
évidemment la volonté de ces populations.
Est-ce que ce projet de loi va atteindre ses fins? Je me pose la
question et il me semble d'autant plus difficile d'arriver à cette
conclusion que nous avons vu au cours de ces derniers mois une évolution
du dossier qui a été assez positive, si l'on veut, et cela
grâce au travail du député de Hull et de ses
collaborateurs, qui ont fait en sorte que toute la députation
libérale soit sensibilisée à cette question de la fusion
envisagée par le projet de loi que nous discutons présentement.
Je voudrais dire que le député de Hull en particulier a
étudié la situation non seulement d'une façon livresque,
mais s'est rendu sur les lieux; il a voulu renconter la population, il a voulu
nous rapporter à nous de l'équipe libérale les sentiments
de cette population; nous n'avons pas seulement entendu un son de cloche, nous
avons voulu également entendre ceux qui étaient favorables
à la fusion, nous avons voulu écouter autant Baie-Comeau que
Hauterive, nous avons voulu savoir ce qui était favorable et
défavorable, nous avons voulu dire à la population de Hauterive
et de Baie-Comeau que nous n'étions pas nécessairement contre la
fusion des deux villes, mais que nous voulions que ce soit fait d'une
façon civilisée, d'une façon qui respecte les citoyens de
ces deux villes. C'est pourquoi nous avons voulu insister auprès du
gouvernement, pousser le gouvernement à poser des gestes et nous nous
sentions à ce moment-là appuyés par la population. Nous
avons voulu intéresser la population concernée, et c'est ce qui a
amené le gouvernement finalement à se retrancher derrière
la formation d'un comité qui pourrait être représentatif de
la population des deux villes et en même temps de ce grand organisme
gouvernemental qu'on appelle la Commission municipale du Québec, dont on
connaît l'objectivité et la compétence. Les gens formant ce
comité se sont penchés sur la situation beaucoup mieux que
quiconque d'entre nous pourrait le faire individuellement. Il y avait là
l'expertise nécessaire, il y avait les intérêts qui
pouvaient se confronter, il y a des chiffres qui pouvaient se confronter et se
vérifier. Nous arrivons à la fin de tout cet exercice pendant que
nous, ici, à l'Assemblée nationale nous tenons le fort pour qu'il
ne se pose pas des gestes irrémédiables, irréversibles qui
soient de nature à nuire à l'un ou à l'autre. Nous
arrivons finalement au dépôt d'un rapport qui nous est
arrivé il y a environ trois semaines. Le rapport est éloquent et
à la fois troublant jusqu'à un certain point lorsqu'on voit qu'il
y a des écarts tellement considérables entre ce qu'on nous avait
dit et ce que le rapport nous dit. À ce moment, je me suis dit: Le
gouvernement est chanceux, les villes en question sont chanceuses que nous
ayons pu modérer un peu le processus, le retarder un peu afin que nous
soyons tous le mieux éclairés possible. J'aurais pensé,
à ce moment, que le gouvernement se serait empressé de venir
à cette Chambre et de dire: Voici, nous avons maintenant un rapport et
nous l'avons étudié; nous en sommes venus à la conclusion
qu'il y a eu des erreurs, non pas des erreurs voulues, errare humanum est, mais
des erreurs que nous avons l'intention de corriger. Nous n'avons pas
l'intention à ce moment d'imposer une fusion qui aurait pour effet de
créer autant de perturbations économiques, sociales,
financières, budgétaires. Nous avons trouvé une solution
que nous allons maintenant annoncer publiquement.
Mais non, M. le Président, ce qui me surprend, c'est ce silence,
un silence de mort. Si le gouvernement était arrivé à des
conclusions qui soient de nature à rallier les intervenants, les
intéressés, à ce moment, j'imagine que nous aurions eu
droit à une déclaration ministérielle. Ce gouvernement ne
se gêne pas pour faire des déclarations ministérielles
lorsque d'autres populations peuvent être impliquées. Cette
question est dans le paysage depuis des mois, sinon des années. Pourquoi
n'aurions-nous pas eu cette semaine, par exemple, ou même la semaine
dernière, de la part du ministre des Affaires municipales, une
déclaration dans laquelle il informerait la Chambre qu'à la suite
du rapport signé d'ailleurs par Baie-Comeau, par Hauterive, par la
commission municipale, bien, mon Dieu, nous arrivons à des conclusions
qui nous permettent de suggérer une nouvelle solution?
Maintenant, mon bon ami, le ministre
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche m'indique que ce n'est pas
trop vrai, cela. Moi, je prends les informations...
M. Lessard: C'est de la publicité de Baie-Comeau.
M. Levesque (Bonaventure): Bien, voyons, je n'ai pas de
préférence pour l'une ou l'autre des villes. Je les aime toutes
les deux. J'aime la population de Baie-Comeau autant que la population de
Hauterive. Je n'ai absolument aucun intérêt là-dedans. Moi,
tout ce que je cherche, c'est une solution qui soit juste, raisonnable et qui
tienne compte, évidemment, des principes que vous-mêmes, vous avez
défendus et avec quelle vigueur. Je me rappellerai toujours ces discours
à l'emporte-pièce de ces oppositionnistes du temps qui nous
faisaient vibrer tellement ils semblaient convaincus de la justesse de leurs
propos et de la profondeur de leurs convictions.
Devant ces faits, je ne peux pas m'expliquer le silence dont nous sommes
témoins encore ce soir. Tout en félicitant mes collègues,
le député de Hull, les membres de sa mission sur les affaires
municipales, tout en félicitant ceux qui se sont penchés pour
préparer le rapport, j'aimerais ajouter mes félicitations au
ministre. Mais son silence m'empêche de le faire et, s'il avait eu
quelque chose à dire, il aurait dû le dire avant ce soir. Pourquoi
avoir laissé siéger la Chambre? Cela coûte de l'argent, il
y a autre chose qu'on pourrait faire. Vous laissez faire des discours les uns
après les autres; avez-vous un secret à dire en réplique?
Vous auriez dû le dire il y a déjà quelque temps. Quelle
sorte de réplique nous réserve le ministre? Ou est-ce qu'il a
hâte de s'en aller en commission parlementaire élue où tout
cela peut se faire plus en cachette, en dehors de ces fameuses caméras
de la télévision? Là, on pourra continuer à
discuter, à placoter si l'on veut.
Mais la population voudrait savoir ce qui se passe. Est-ce que ce
rapport est bon, valable? Est-ce que le ministre a l'intention de dire: Ce
rapport indique qu'on s'est trompé de 3 000 000 $, 4 000 000 $ ou je ne
sais pas quoi et là on va régler cela, on va le payer? C'est cela
que le ministre va faire? (21 h 40)
Est-ce que le ministre va dire: II y a une situation; nous sommes en
faveur de la fusion, mais nous constatons qu'il faut y mettre des cents. Est-ce
que le ministre veut y mettre des cents? Il aurait eu beau, pendant que tous
les députés sont ici, nous faire une déclaration
ministérielle alors que tous les collègues sont ici. Est-ce qu'il
attend qu'il n'y ait plus personne en Chambre, ce soir, pour faire sa
déclaration? Qu'est-ce qui se passe? Il me semble que ce que nous
demandons est raisonnable. Nous demandons d'avoir l'occasion, et nous aurions
dû l'avoir dès le lendemain ou au moins quelques heures, quelques
jours... On comprend que cela peut prendre un peu de temps pour lire ce
rapport; cela ne nous a pas pris de temps à nous, mais le ministre doit
probablement demander conseil sur telle ou telle partie du rapport afin de se
faire une idée définitive de la situation; il doit
peut-être l'apporter au Conseil des ministres et au Conseil du
trésor pour s'assurer qu'il aura les cents nécessaires pour
régler son affaire.
Finalement, est-ce que le ministre a une réponse? Il a dû
avoir une réponse, cela fait plus de trois semaines qu'il a ce rapport;
il a dû avoir des rapports intérimaires, possiblement de la
commission municipale; il a dû avoir des renseignements. Pourquoi ce
silence? Pourquoi l'impose-t-on aux autres députés qui sont
gênés ce soir? Non seulement ils sont gênés, mais ils
sont absents et il n'y a pas quorum. On est rendu qu'on ne peut plus
siéger ce soir parce qu'il n'y a pas assez de députés.
Est-ce qu'on est convaincu de cela? Pourtant, lorsqu'on arrive dans les
questions touchant l'avenir constitutionnel du Québec et du
fédéral, ils sont tous là de l'autre côté; il
n'en manque pas un. Tout le monde se bat avec le whip pour parler. On les voit
qui disent, dans ce temps-là: Je veux avoir ma chance, je n'ai pas
parlé, je n'ai pas fait mon... Pourquoi ne pas l'avoir fait ce soir?
Pourquoi ce silence lorsqu'il s'agit de quelque chose de concret, non pas de
quelque chose de futuriste, d'utopique et d'irréalisable dans les faits?
On arrive à quelque chose qui touche réellement les populations
concrètes, vivantes qui attendent une réponse du gouvernement. Le
gouvernement ne parle pas, les députés ne parlent pas, mais mon
Dieu... Je voyais cela ce soir, je n'avais pas l'intention de parler, mais il
faut au moins que je proteste.
Je demande au gouvernement, et au seul député qui va
parler apparemment ce soir et qui va exercer son droit de réplique, mon
bon ami, le ministre des Affaires municipales, j'espère qu'on va mettre
fin à ce débat, qu'on va arriver à des solutions, qu'on
n'imposera pas des choses que le rapport nous indique comme ne devant pas
être adoptées dans l'état actuel des choses, à moins
que le ministre n'ait des secrets, qu'il n'ait gardé des choses dans la
manche gauche ou dans la manche droite, qu'il n'ait peut-être une
indication de la solution qui sera finalement retenue par le gouvernement.
Encore une fois, je veux féliciter le député de
Hull et son équipe et tous mes collègues de l'Assemblée
nationale, du côté de l'Opposition, et j'espère qu'à
la fin de ce débat, nous pourrons féliciter également - je
le souhaite de tout mon coeur - le ministre des Affaires municipales. On dirait
qu'il a
hâte de se lever, c'est le seul qui a hâte de se lever.
C'est probablement parce qu'il est le seul à avoir la réponse
attendue, qui sera, je l'espère, bien accueillie par l'une et l'autre
des villes de Baie-Comeau et de Hauterive. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires municipales, votre droit de réplique.
M. Jacques Léonard (réplique)
M. Léonard: M. le Président, je suis très
heureux de conclure aujourd'hui ce débat de deuxième lecture d'un
projet de loi que nous avions lancé il y a déjà plusieurs
mois. Le dépôt a été fait le 30 novembre dernier; la
commission parlementaire a eu lieu le 15 décembre dernier; le
début de la deuxième lecture, que nous terminons aujourd'hui, a
eu lieu le 23 mars dernier.
Je voudrais quand même rappeler certains éléments et
qu'en parallèle à la détermination que nous avions mise
dans les objectifs de ce projet de loi, nous avions aussi souhaité,
à plusieurs reprises, qu'il y ait un débat large, ouvert, serein,
dynamique, qui ait lieu à cette Assemblée comme au sein des
villes de Baie-Comeau et de Hauterive. Nous avions dit, lors du
dépôt de ce projet, en novembre, que nous étions conscients
d'une urgence sociale certaine et que le milieu devait collaborer de tous ses
avis et de tous ses commentaires à l'objectif de faire de
l'agglomération de Baie-Comeau un ensemble municipal plus
intégré, plus concurrentiel, tant en termes d'équipement
que d'avenir économique.
J'ai le sentiment, M. le Président, d'avoir recueilli un nombre
de témoignages positifs très volumineux depuis la venue de ce
projet de loi. Beaucoup de citoyens, plusieurs organismes de
développement économique comme les chambres de commerce locales,
le conseil de développement régional et plusieurs autres
contribuables des deux villes actuelles de Baie-Comeau et de Hauterive - j'ai
d'ailleurs rencontré les deux maires, séparément, à
un moment donné - nous ont fait part de leurs avis favorables depuis un
bon moment.
Lors de ma visite, il y a quelques semaines, quand j'ai adressé
la parole à plus de 3000 citoyens, que je qualifierai d'enthousiastes,
de l'agglomération de Baie-Comeau, des gens de Hauterive et de
Baie-Comeau, les deux villes, je leur avais d'ailleurs annoncé que la
commission municipale allait venir appuyer techniquement le comité
conjoint des deux villes qui travaillait à des hypothèses
financières ou organisationnelles de Baie-Comeau et de Hauterive.
Il nous faut rappeler, évidemment, les objectifs que nous avons
recherchés et qui reçoivent de plus en plus d'appui dans
l'opinion publique, tant du milieu que du reste du Québec, parce que le
dossier, M. le Président, commence à être connu partout au
Québec. Je pourrais même répéter mot à mot
mes premières déclarations ici, à l'Assemblée
nationale. Je ne le ferai pas car je sais qu'il est assez tard, merci. Nous
voulions, comme gouvernement, accorder un coup de pouce additionnel aux
contribuables de l'agglomération de Baie-Comeau et de Hauterive tout en
gardant le respect qu'il a toujours eu envers la plus large autonomie
municipale possible et une concordance idéale avec la situation
particulière et exceptionnelle que vivent les contribuables et les
citoyens de ce milieu.
Le projet veut permettre que se forme sur la Côte-Nord du
Saint-Laurent un pôle économique et social dont
l'équipement sera concurrentiel et puissant. C'est ce que je disais
à l'époque, je le dis encore: il veut que se forme dans
l'agglomération de Baie-Comeau, au milieu d'une des régions les
plus vitales du Québec, une ville mieux planifiée, mieux
équilibrée, mieux intégrée, mieux articulée,
qui sera moins assujettie aux aléas des conjonctures industrielles, et
entièrement tournée vers l'avenir, ce qui n'a pas
été le cas depuis 1950.
Le constat qu'a pu faire, après ce débat, n'importe quel
citoyen québécois, de Hull jusqu'à Val-d'Or, comme je l'ai
fait moi-même, c'est que les deux villes juridiques de Baie-Comeau et de
Hauterive n'ont qu'un coeur économique et industriel, qu'une
façon de vivre, un seul aéroport, un seul port, ce qui assure
l'avenir des 26 000 citoyens de l'agglomération de Baie-Comeau.
Je voudrais, M. le Président, résumer simplement par
quelques chiffres, quatre chiffres que tous les citoyens vont retenir
sûrement. À Baie-Comeau, il y a 12 000 habitants et il y a 182 000
000 $ d'évaluation industrielle et commerciale.
M. Rocheleau: M. le Président, question de
règlement, s'il vous plaît! Je vous demanderais qu'on applique
l'article 28. Il n'y a pas quorum...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je vais...
M. Fréchette: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement, M. le leader adjoint.
M. Fréchette: ... vous ne teniez pas compte de la remarque
du député de Hull. Il n'était pas à son
siège. Il ne peut donc pas s'adresser à la présidence du
siège où il est, de sorte que la remarque qu'il vient de
faire
n'a aucune valeur juridique, M. le Président.
Une voix: C'est vrai, M. le ministre.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Léonard: Je résumerai les deux chiffres qui sont
très significatifs en ce qui concerne l'évaluation industrielle
et commerciale. Baie-Comeau, 12 000 habitants, 182 000 000 $
d'évaluation industrielle et commerciale. Hauterive, 14 700 habitants,
27 000 000 $ d'évaluation industrielle et commerciale. Quant aux autres
évaluations, elles sont proportionnelles à la population
quoiqu'elles favorisent, encore une fois, Baie-Comeau. 12 000 habitants, 182
000 000 $; 15 000 habitants ou presque, 27 000 000 $. Les citoyens de Hauterive
travaillent à Baie-Comeau. Ce sont tous des citoyens d'une même
ville. Je pense que cela indique...
M. Rocheleau: M. le Président, question de
règlement, s'il vous plaît! Je suis maintenant à mon
siège et je demanderais le quorum...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député, je vais constater... (21 h 50)
M. Fréchette: M. le Président, au début de
la séance de ce soir, une directive a été demandée
par le député de Duplessis aux fins de savoir par qui devait
être assuré le quorum en cette Chambre. Celui qui occupait le
fauteuil, à votre place, M. le Président, a pris le temps de lire
l'article du règlement pour nous rappeler que le quorum devait
être assuré par les deux côtés de la Chambre et par
le président dont on devait inclure la présence pour obtenir ce
quorum.
Quand le député de Hull nous dit que c'est le
côté ministériel qui doit assurer le quorum, je pense qu'il
fait une erreur, encore une fois, fondamentale.
M. Pagé: Une question de privilège, une question de
règlement. Très brièvement, j'espère que l'on va
régler une fois pour toutes cette question pour la soirée. M. le
Président, rien dans notre règlement n'indique que le quorum doit
être assuré par la majorité. Mais lorsqu'on
interprète notre règlement dans ce sens, c'est qu'on s'inspire
d'une tradition parlementaire. S'il fallait que le quorum soit maintenu par
l'Opposition, on pourrait vous battre n'importe quand, c'est là le
problème. Alors le quorum doit être assuré
complètement par les députés de la majorité et cela
a toujours été la tradition parlementaire britannique qui nous
lie, messieurs. Alors, assurez le quorum.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous avons quorum, donc
M. le ministre des
Affaires municipales. S'il vous plaît!
M. Léonard: M. le Président, je conçois et
je vois très bien que l'Opposition essaie d'interrompre les chiffres
fondamentaux qui justifient en grande partie cette fusion.
Je répète donc, 12 000 habitants à Baie-Comeau, 182
000 000 $ d'évaluation industrielle et commerciale. 15 000 habitants
à Hauterive, 27 000 000 $ d'évaluation industrielle et
commerciale.
Maintenant, ce matin encore, le Soleil nous annonçait que la
compagnie Reynolds a signé avec Hydro-Québec - on ne parle plus
de rêve en couleur, je cite le dernier paragraphe - l'agrandissement de
l'usine de la Reynolds à Baie-Comeau qui devrait entraîner des
investissements de quelque 750 000 000 $ et fournir de l'emploi à 1200
travailleurs pendant sa construction. L'usine agrandie et rénovée
emploiera environ 1600 personnes.
Des voix: Très bien. Bravo! Bravo!
M. Léonard: L'Opposition a tenté de dire que si on
faisait la fusion, Reynolds s'en allait. Je pense qu'on vient de
démontrer le contraire. Cela va ajouter de l'évaluation
foncière considérable à Baie-Comeau agrandissant le
déséquilibre si on ne fait pas la fusion.
On a parlé aussi, du côté de l'Opposition, d'une
fusion qu'on devrait faire de façon civilisée. Nous avons
déposé le projet de loi le 30 novembre dernier; nous terminons la
deuxième lecture maintenant. Nous avons tenu la commission parlementaire
en décembre, commencé la deuxième lecture le 23 mars.
Je voudrais vous rappeler une chose de la part du leader de l'Opposition
qui a mentionné qu'il fallait faire une fusion de façon
civilisée. Le projet de loi no 98 fusionnait 40 municipalités. Il
y avait dix regroupements. Je vais me permettre de les lire pour faire le tour
du Québec parce que cela est significatif.
Premièrement, premier regroupement: Jonquière,
Kénogami, Arvida, paroisse Saint-Dominique-de-Jonquière.
Deuxièmement: Chicoutimi, Chicoutimi-Nord,
Rivière-du-Moulin, canton de Chicoutimi.
Troisièmement: Port-Alfred, Bagotville, paroisse de Bagotville,
Grande-Baie.
Quatrièmement: Jonquière et
Chicoutimi, deux parties.
Cinquièmement: Gatineau, Pointe-Gatineau, Touraine, Templeton,
Templeton-Ouest, Templeton-Est, Templeton-Est (partie est).
Sixièmement: Buckingham, Masson, Angers, Buckingham-Ouest,
Buckingham-Sud-Est, Ange-Gardien, Notre-Dame-de-la-Salette,
canton de Buckingham.
Une voix: C'est le bill omnibus.
M. Léonard: Septièmement: La Pêche:
Sainte-Cécile-de-Masham, Wakefield, canton d'Haldfield, canton de
Wakefield, canton de Masham-Nord.
Huitièmement: Dans Pontiac: village de Quyon, canton d'Eardley,
canton d'Onslow, canton d'Onslow (partie sud).
Neuvièmement: Val-des-Monts: Perkins, Portland-Ouest, canton de
Wakefield (partie est).
Dixièmement: Lucerne: Aylmer,
Deschênes, Lucerne.
Je vais vous dire M. le Président, après avoir fini
d'énumérer toutes ces villes, toutes ces fusions, comment le
Parti libéral l'a fait. Le leader de l'Opposition vient d'en parler
alors qu'il était en Chambre. Première lecture,
dépôt en Chambre le mardi 17 décembre 1974 à 10
heures. Deuxième lecture, votée le jeudi 19 décembre 1974
à 15 heures. Troisième lecture, adoptée le jeudi 26
décembre 1974 à 15 heures. Sanction...
Des voix: Scandale!
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
À l'ordre! M. le ministre.
M. Léonard: La sanction, vendredi, le 27 décembre
1974, après avoir suspendu les règles de procédure. 40
municipalités fusionnées, et on viendra nous parler de faire des
fusions de façon civilisée!
À un moment de ce débat, j'ai eu à rencontrer les
maires de Baie-Comeau et de Hauterive, et j'ai décidé de demander
à la commission de faciliter les choses pour qu'ils se parlent. C'est ce
qui a été fait. La commission a offert ses services sur le plan
technique avec le mandat que j'ai décrit ici en Chambre pour produire un
rapport. Le critique de l'Opposition sur les affaires municipales m'a
demandé quand je déposerais ce rapport. J'ai dit: M. le
Président, ce n'est pas à moi de déposer ce rapport parce
que ce sera le rapport du comité conjoint des deux municipalités
et non pas le rapport de la Commission municipale du Québec. Maintenant,
on tente de faire croire qu'il s'agit de la Commission municipale du
Québec. Non, c'est le rapport du comité conjoint. La Commission
municipale du Québec avait comme mandat d'assurer les chiffres des
états financiers de 1981 et les chiffres du budget de 1982, et d'aider
les deux parties à se parler sur des hypothèses de travail,
techniquement. Ce rapport a été remis le 18 mai dernier au
comité conjoint, il était terminé. J'ai demandé
à M. le juge Beaulieu de bien situer ses travaux par rapport au
comité.
Je vais donc lire cette lettre que je pourrai déposer en Chambre
et que je pourrai commenter, si vous le voulez, par la suite ou durant la
lecture. Je peux faire des commentaires personnels. Elle est adressée au
ministre.
Québec, le 31 mai 1982, "Le comité conjoint
créé par les villes de Baie-Comeau et de Hauterive pour
procéder à l'évaluation des coûts de la fusion de
ces deux villes a complété son rapport le 18 mai 1982. Ce rapport
unanime - de la part des parties - a été préparé
avec la participation de trois membres de la Commission municipale du
Québec, soit MM. Jean-Paul Boucher, ingénieur,
vice-président, Lionel Harvey, administrateur, et Gilles Arès,
comptable agréé. On se souvient que la commission municipale
avait été appelée à intervenir parce que les
travaux du comité stagnaient faute d'entente sur des données
essentielles." Stagnaient, c'est le moins qu'on puisse dire; il n'y a plus
personne qui se parlait là-dedans.
Je continue: "L'aide technique de la commission municipale à
laquelle vous avez fait allusion à l'Assemblée nationale a
consisté, dans un premier temps, à faire accepter par les
parties, comme élément de base de discussion, la validité
des états financiers de l'année 1981 et des budgets de
l'année 1982. Dans un second temps, le comité conjoint, ayant
décidé de retenir comme hypothèse de départ que les
services fournis par la nouvelle ville sur l'ensemble de son territoire se
devaient d'être d'une qualité et d'une quantité
sensiblement comparables à la qualité et à la
quantité des services fournis présentement par la ville de
Baie-Comeau dans son territoire, la commission municipale s'est assurée
que tous les éléments ont été analysés et
qu'ils l'ont été conformément à l'hypothèse
retenue au départ. C'est, d'ailleurs, pour éviter toute confusion
sur le rôle de chacun que les représentants de la commission
municipale ont cru à la fois utile et nécessaire d'indiquer
à la fin du rapport que celui-ci ne fait que refléter
fidèlement les discussions du comité conjoint. Le comité
conjoint aurait-il dû s'inspirer d'autres hypothèses en optant,
par exemple, pour une hypothèse situant la qualité et la
quantité des services à mi-chemin entre ceux que fournit la ville
de Baie-Comeau et ceux que fournit la ville de Hauterive? S'il l'eût
fait, c'est une lapalissade d'affirmer que les coûts d'intégration
auraient été d'autant inférieurs. "Cette hypothèse
aurait été d'autant plus plausible que l'on ignore quelle
décision aurait dû prendre la ville de Baie-Comeau quant au
maintien ou à la diminution des services rendus face à la perte
prochaine des revenus provenant du réseau électrique."
Évidemment, parce que c'est Reynolds qui les reprend.
"En conclusion, il m'apparaît important de rappeler, sans
prétendre que le comité conjoint aurait dû s'inspirer
d'hypothèses différentes, qu'il appartiendra en dernier ressort
au futur conseil, et à lui seul, de faire les choix définitifs
quant à la qualité et à la quantité des services
fournis par la nouvelle ville et partant de déterminer ainsi les
coûts véritables d'intégration des deux villes. Veuillez
agréer, M. le ministre, l'expression de mes meilleurs sentiments. Le
président-juge, Richard Beaulieu."
M. le Président, quand M. le juge dit dans cette lettre que le
comité conjoint s'est inspiré du niveau de dépenses de la
ville de Baie-Comeau, il faut savoir ce que cela veut dire. J'ai donc fait
sortir le niveau de dépenses de certaines villes comparables au
Québec. Les dépenses de fonctionnement de la ville de Baie-Comeau
sont les plus élevées de toutes celles que j'ai fait sortir:
Gaspé, Matane, Rimouski, Alma, Lévis, Victoriaville, Sorel,
Saint-Bruno, Saint-Lambert,
Boucherville, Repentigny, Valleyfield, Aylmer, Sept-Îles,
Baie-Comeau évidemment,
Hauterive; 888 $ par habitant, alors que, si vous regardez Gaspé,
272 $; Matane, 368 $, par exemple; Valleyfield, 399 $; Aylmer, 415 $;
Sept-Îles, celle qui est une des plus élevées, 735 $. Le
comité conjoint a évidemment fait une étude en nivelant
les services vers la hausse. Baie-Comeau est celle qui a les dépenses
les plus élevées de toutes les villes que je viens de vous
citer.
En fait, quand nous regardons ce rapport, nous voyons qu'on a
ajouté dans les coûts de fonctionnement les coûts
additionnels ou qu'on a soustrait les revenus du réseau
électrique de Baie-Comeau qui ne sont pas du tout reliés à
la fusion, parce qu'il s'agit de revenus de la production électrique qui
proviennent de l'entreprise Québec North Shore Paper.
On a nivelé tous les services par le haut. On a calculé
des coûts d'intégration, mais on n'a pas calculé les
économies d'échelle; on a additionné les services les uns
par-dessus les autres en prenant comme niveau de dépense celui de
Baie-Comeau. On n'a inclus aucun calcul ou aucune possibilité de
subvention, M. le Président. Or, il y en a de temps en temps, il faut le
savoir. On a estimé les immobilisations de la Reynolds à 60 000
000 $. Je crois humblement, modestement, M. le Président, que, lorsqu'on
fait un investissement de 750 000 000 $, l'évaluation foncière
sera de plus de 60 000 000 $ et, d'ailleurs, M. Leonard lui-même,
à la commission parlementaire, a parlé d'une évaluation de
100 000 000 $, en décembre dernier.
M. le Président, quand on prend tous ces chiffres, on se dit:
Vraiment, c'est fantastique. Ils vont sûrement payer des taxes
sensationnelles.
Or, malgré tout cela, on peut penser que le compte de taxes d'une
maison évaluée à 40 000 $ à peu près
monterait d'un maximum de 300 $ alors qu'à Hauterive, cela pourrait
baisser de 300 $ par maison, juste pour voir ce que cela peut vouloir dire, en
mettant les choses au pire, comme l'a fait le comité. Je comprends que
le comité l'a fait comme cela, parce que, en fait, il a voulu montrer la
situation au pire en disant: Peut-être bien que le gouvernement pourrait
augmenter sa subvention, évidemment. Mais, au fond, ce que tout cela
démontre, c'est que les deux villes vont évidemment essayer de
monter leur niveau de services. Ce sera leur décision après la
fusion, mais ce n'est pas au gouvernement à payer un niveau de services
aussi élevé.
Il y a cependant une chose, un élément positif qui ressort
de tout cela, M. le Président, c'est que les gens ont commencé
à se parler dans le milieu. C'est ce que nous visions en encourageant
les travaux du comité conjoint et en demandant à la commission
d'assister le comité conjoint.
M. le Président, je pense que nous en avons parlé beaucoup
de cette fusion, nous n'avons pas procédé comme les gens d'en
face en 1974, soit 40 d'un coup dans l'espace de dix jours; nous l'avons fait
sur une période de six mois, nous en sommes à la deuxième
lecture et nous allons en commission parlementaire pour l'étude article
par article. M. le Président, je pense qu'au niveau du principe de la
fusion c'est acquis, la fusion aura lieu, nous devons la faire pour toute la
région de Baie-Comeau et de Hauterive.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion de
deuxième lecture du projet de loi no 37, Loi regroupant les villes de
Baie-Comeau et de Hauterive, est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Fréchette: M. le Président, je fais motion pour
que le vote soit reporté à la prochaine séance, soit
lundi, à la fin des affaires courantes.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est
accordée par le président. M. le leader.
M. Fréchette: Maintenant, M. le Président, je fais
motion pour que nous ajournions nos travaux à lundi, 14 heures.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté. Ajournement de nos travaux à lundi, 14
heures.
(Fin de la séance à 22 h 07)