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(Dix heures vingt minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
M. le ministre des Finances.
Aide de la Régie de
l'assurance-dépôts aux CEE
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, le mouvement des caisses
d'entraide économique du Québec a, au cours des dernières
semaines, subi, comme chacun le sait, des pressions considérables. Des
demandes de remboursement ont été provoquées par toutes
espèces de déclarations ou d'analyses largement diffusées
par les médias d'information. Après une dizaine de jours
particulièrement difficiles, la pression s'est atténuée en
partie à cause de l'aide financière que le gouvernement a
apportée au mouvement des caisses d'entraide économique du
Québec. Il n'en reste pas moins qu'une certaine crainte existe encore
qui doit être dissipée par des mesures appropriées. Si les
caisses d'entraide économique du Québec restent rentables et
continuent d'avoir un rôle à jouer, une reconsolidation s'impose
ne serait-ce que pour repenser certains modes de gestion que les circonstances
récentes ont rendu évidents.
C'est ainsi que dans un premier temps, dès le 2 juin dernier, au
terme d'un protocole écrit, il fut convenu avec la
Fédération des caisses d'entraide d'un plan basé sur la
solidarité des caisses. En contrepartie, la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec, s'appuyant sur une ouverture
de crédit de la Société d'assurance-dépôts du
Canada, s'engageait pour un montant maximum de 100 000 000 $ à assurer
les besoins de liquidité du mouvement. Malheureusement, le 9 juin, le
conseil d'administration de la Fédération des caisses d'entraide
économique résiliait cette entente. Néanmoins, la
Régie de l'assurance-dépôts du Québec a
continué à fournir aux caisses d'entraide les sommes
nécessaires pour satisfaire les engagements car il eût
été irresponsable dans de telles circonstances de ne pas assurer
la protection des déposants.
Dans un deuxième temps, j'ai discuté avec les dirigeants
de la Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins de la possibilité d'une intégration des caisses
d'entraide à l'intérieur du mouvement
Desjardins. La proposition que j'ai reçue à cet effet des
caisses populaires hier, le mercredi 17 juin, est techniquement acceptable,
mais comporte deux dispositions qui m'empêchent de la recommander. La
première consisterait à mettre en tutelle la
Fédération des caisses d'entraide économique du
Québec, ce qui me paraît inapproprié surtout dans une
perspective de négociations.
Une deuxième disposition me paraît plus lourde encore de
conséquences. Pour des raisons qui relèvent peut-être de
philosphies différentes, le mouvement des caisses populaires refuse de
confirmer explicitement la spécificité des caisses d'entraide
économique dans le domaine du crédit commercial et industriel.
Or, elles occupent au Québec, en particulier pour ce qui a trait au
développement régional et à l'aide aux petites et moyennes
entreprises, une place que l'on ne peut nier. Pour ces deux raisons, je ne
pense donc pas que la proposition des caisses populaires soit acceptable.
Vu l'insuccès des démarches jusqu'ici, j'ai pris les
dispositions nécessaires pour assurer davantage la liquidité du
mouvement des caisses d'entraide économique en demandant à la
Régie de l'assurance-dépôts du Québec d'acheter des
créances hypothécaires détenues par les caisses. Cela
devrait laisser le temps aux caisses d'entraide économique du
Québec d'effectuer un nécessaire redressement ou bien encore aux
caisses populaires de leur présenter un programme d'intégration
plus souple.
En tout état de cause, on voit maintenant à quel point il
est essentiel que, dès l'automne prochain, l'Assemblée nationale
soit saisie d'un projet de loi améliorant nettement les moyens de
surveillance et de contrôle sur les caisses d'épargne et de
crédit au nom de l'intérêt public. Merci, M. le
Président.
Le Président: Merci. M. le chef de l'Opposition.
M. Claude Ryan
M. Ryan: J'ai constaté que le ministre des Finances lisait
assez vite ce matin parce que j'essayais de prendre des notes dans son texte
à mesure qu'il lisait et il m'a devancé de deux pages en arrivant
à la fin.
Nous sommes en face, M. le Président, d'un problème
extrêmement compliqué qui demeure, de toute évidence, non
résolu, d'après ce que le ministre des Finances vient de dire ce
matin. Nous sommes encore dans toute l'épaisseur de la nuit quant aux
solutions susceptibles d'intervenir. Je voudrais
formuler quelques commentaires au sujet des choses qu'a dites le
ministre des Finances.
Tout d'abord, je trouve que nous ne sommes pas tellement
éclairés, après l'avoir écouté, sur la
nature exacte du problème qui se pose aux caisses d'entraide
économique. Certains parlent d'un problème de liquidité.
Le ministre a évoqué des problèmes structurels aussi, des
problèmes de normes de fonctionnement. Je pense qu'il paraît y
avoir des désaccords assez importants entre le ministre et les
porte-parole du gouvernement, d'un côté, et les responsables des
caisses d'entraide économique et d'autres observateurs placés
entre les deux au sujet de la nature exacte des problèmes qui se posent
dans ce secteur. Aussi longtemps qu'on n'aura pas été
informé avec une précision et une sécurité relative
à ce sujet, il est bien difficile d'apprécier bien des passages
de la déclaration du ministre des Finances.
J'aimerais ce matin qu'il nous donne peut-être au moins des
précisions sur l'ampleur que revêt le problème de
liquidité qui se pose actuellement aux caisses d'entraide
économique à la suite des retraits des dernières semaines
et sur les perspectives qu'on peut envisager pour l'avenir immédiat
à la lumière des renseignements disponibles. Certains parlent
d'un problème de liquidités de l'ordre d'à peu près
une centaine de millions; d'autres parlent de 200 000 000 $, d'autres vont
jusqu'à 250 000 000 $. C'est évident qu'on aurait profit à
obtenir des renseignements un peu plus précis de ce
côté-là.
Deuxièmement, le ministre nous informe, ce matin - je pense que
c'est la première fois qu'il en parle en public - d'un protocole qui
aurait été signé le 2 juin entre les dirigeants de la
Fédération des caisses d'entraide et le gouvernement en vue de
l'ouverture d'une ligne de crédit sous l'autorité de la
Régie de l'assurance-dépôts du Québec et ceci,
grâce à des liquidités fournies, si j'ai bien compris, par
la Régie de l'assurance-dépôts fédérale.
Le ministre nous informe ensuite que l'entente a été
résiliée par les dirigeants des caisses d'entraide
économique le 9 juin. Je crois présumer que cette décision
prise le 9 juin aurait été entérinée lors de la
réunion plus générale qui a eu lieu il y a deux soirs, ici
à Québec, et à laquelle étaient
représentées toutes les caisses d'entraide du Québec. Le
ministre devrait nous dire quelles étaient les dispositions essentielles
de ce protocole et, deuxièmement, les raisons pour lesquelles les
responsables du mouvement des caisses d'entraide, qui ne sont quand même
pas des gens irrationnels, auraient décidé de résilier
cette entente.
C'est un phénomène assez inusité, c'est quelque
chose de rare. En effet, quand on fait une entente de cette importance en
matière financière, c'est bien rare qu'on entende dire la semaine
suivante, à moins qu'un miracle ne se soit produit d'autre part, que les
bénéficiaires de l'entente décident de la résilier.
J'aimerais bien que le ministre nous dise ce qui s'est passé parce que,
en lisant le texte, on croit pouvoir présumer que des conditions
attachées aux avantages que procurait l'entente ont été
jugées trop astreignantes par les présumés
bénéficiaires qui se considéraient peut-être plus
comme des victimes que comme des bénéficiaires. Je pense que le
ministre devrait éclairer la Chambre et l'opinion publique à ce
sujet parce que la manière elliptique dont il a traité cette
question suscite plus d'interrogations qu'elle n'apporte de clarté.
Au sujet de l'entrée en scène du mouvement Desjardins,
quelques brèves observations, si vous me le permettez. D'abord, je crois
qu'il faut souligner bien clairement que le mouvement Desjardins entre en
scène, dans cette situation, à la demande du ministre des
Finances. Le ministre l'a dit clairement, d'ailleurs; je pense que c'est
important de le souligner. Il ne semble, du moins, d'après la perception
que nous avons, y avoir aucune pensée d'impérialisme agressif de
la part du mouvement Desjardins. C'est le ministre des Finances, si j'ai bien
compris, qui aurait pris l'initiative de faire des démarches
auprès des dirigeants du mouvement des caisses populaires Desjardins
pour leur demander de s'intéresser à ce problème des
caisses d'entraide. Je suis d'accord avec le ministre pour considérer
que les conditions posées par le mouvement des caisses populaires
Desjardins - et ceci, toujours sujet à une meilleure information sur la
nature et l'ampleur exactes du problème; cela se relie à ce que
j'ai dit au début - je suis d'accord avec lui pour considérer que
les conditions posées par le mouvement des caisses populaires
Desjardins, prima facie, à première vue, sont exorbitantes. Il
faudrait vraiment que le mouvement des caisses d'entraide économique
soit rendu pratiquement à la dernière extrémité
pour accepter des conditions comme celles-là, parce que, d'après
ce que j'ai compris, cela équivaudrait à une absorption pure et
simple aux conditions déterminées par l'entité qui
absorberait l'autre. (10 h 30)
Deuxièmement, c'est avec la bénédiction et, je
crois comprendre, le financement au moins partiel du gouvernement. En somme, je
crois que c'est important de souligner que tout ceci est venu à
l'initiative du ministre des Finances et j'ose émettre le voeu que l'on
n'en est point du tout rendu à ce degré d'extrémité
et que des possibilités de collaboration entre ces deux branches
très importantes du mouvement coopératif demeurent ouvertes
pour l'avenir.
La question qui nous intéresse le plus dans cette situation,
c'est évidemment la responsabilité du gouvernement. À ce
sujet, je voudrais faire quelques brèves observations. Tout d'abord, le
ministre pourrait peut-être nous informer sur les conditions que le
gouvernement avait attachées à l'aide apportée par la
Régie de l'assurance-dépôts. Ces conditions ont
été de toute évidence rejetées a posteriori
après avoir été acceptées par le mouvement des
caisses d'entraide économique. Ce serait peut-être bon que nous
ayons des indications sur la nature des conditions qui avaient
été posées par le gouvernement.
Le ministre nous dit que la Régie de
l'assurance-dépôts, nonobstant la décision des caisses
d'entraide, continue de fournir des liquidités au mouvement des caisses
d'entraide; je pense que ce serait bon que nous soyons un peu
éclairés sur la manière dont les choses se passent
à ce niveau, depuis le 9 juin.
Le ministre nous dit ensuite que la Régie de
l'assurance-dépôts se verra confier le mandat d'acheter des
créances hypothécaires détenues par les caisses
d'entraide. Là, il y a beaucoup de questions qui se posent. Je pense que
le ministre nous doit des précisions. D'abord, lesquelles parmi
l'ensemble des créances hypothécaires détenues par les
caisses d'entraide seront absorbées par la Régie de
l'assurance-dépôts? À quelles conditions? Pourquoi
seulement des créances hypothécaires et non pas d'autres formes
de créances qu'il serait peut-être plus avantageux pour les
caisses de transférer sous une autre responsabilité? Quelle
situation nouvelle découlera de ces décisions pour les
débiteurs? Je pense que c'est la question principale qui se pose, du
point de vue de l'intérêt public. Qu'arrivera-t-il pour les
bénéficiaires de ces créances hypothécaires? Est-ce
que le taux d'intérêt qu'ils devront payer sera modifié?
À quelles conditions? Je pense que beaucoup de questions se posent ici
dans l'esprit de ceux qui suivent ces événements et le ministre
nous rendrait service en nous informant de la politique qu'il entend suivre et
des critères qui vont inspirer la ligne de conduite du gouvernement.
Enfin, le ministre nous annonce - et nous en sommes tous
extrêmement réconfortés - qu'il entend, dès
l'automne, présenter à cette Chambre un projet de loi qui
comportera un programme de renforcement des structures de contrôle et
d'autodiscipline ou de surveillance extérieure en ce qui touche le
fonctionnement des caisses d'entraide économique et peut-être
même des caisses qui regroupent l'épargne des citoyens, surtout
à des fins de développement industriel et commercial. Je pense
que tout le monde est d'accord là- dessus, mais on ne saurait accueillir
cette nouvelle sans souligner que le problème se présente depuis
déjà plusieurs années et a malheureusement
été l'objet d'une grande incurie de la part des autorités
gouvernementales. Le ministre soulignait lui-même l'autre jour qu'il y a
eu une succession continue de détenteurs de ce portefeuille au
gouvernement. Le gouvernement a dans ses tiroirs, depuis 1978 au moins, un
rapport très détaillé de la Commission des valeurs
mobilières qui l'avertissait des problèmes qui étaient
susceptibles de surgir plus tard et j'espère très fortement que
le gouvernement passera à l'action dès l'automne, car c'est
très pressé.
Enfin, à l'intention des sociétaires des caisses
d'entraide, qui sont au nombre de 400 000, je voudrais souligner que le
Québec leur doit beaucoup, parce qu'ils ont, en déposant leurs
épargnes aux caisses d'entraide, contribué au
développement économique, surtout commercial et industriel de la
plupart des régions du Québec. Ils ont rendu, de ce fait, un
service éminemment important à la collectivité, ils ont
sauvé probalement des centaines de millions de dollars à la
collectivité en investissant leurs épargnes dans des institutions
dont le but premier était de favoriser le développement
commercial et industriel au niveau régional.
Je voudrais inviter ces citoyens à faire preuve de confiance et
d'optimisme, à ne pas se laisser emporter par un mouvement
d'inquiétude, à considérer que la situation actuelle est
très probablement une situation transitoire qu'il y a moyen de
surmonter.
En terminant, je voudrais demander au gouvernement d'ouvrir
peut-être davantage son imagination. Jusqu'à maintenant on a
évoqué des avenues d'intervention, des modes d'intervention
importants, mais très limités. Je demande au ministre de
considérer sérieusement toute proposition qui pourrait lui
être faite dans ce sens par les responsables du mouvement des caisses
d'entraide économique. Je pense que les ouvertures de crédit de
la Régie de l'assurance-dépôts, l'achat de créances
hypothécaires par la Régie de l'assurance-dépôts
sont deux modes d'intervention qui méritent d'être accueillis avec
beaucoup d'intérêt. Mais il y a beaucoup d'autres modes qui
pourraient être envisagés. Je pense que, de ce côté,
le ministre des Finances n'a pas fait preuve de l'imagination dont il s'est
souvent montré capable dans d'autres situations.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Jacques Parizeau M. Parizeau: M. le Président, je
remercie le chef de l'Opposition de ses commentaires. Je vais tenter de
répondre à la longue série de questions, d'ailleurs fort
pertinentes, qu'il a posées. Je vais essayer de lui répondre
à peu près dans l'ordre où il les a exprimées.
La nature du problème de liquidité des caisses d'entraide
ou, tout au moins, son ampleur, c'est, en un certain sens,
indéterminable. Il peut y avoir plusieurs évaluations
différentes selon les politiques suivies par les caisses d'entraide
elles-mêmes. Par exemple, si elles décident de continuer à
prêter activement sur le marché, évidemment, il leur faut
davantage de liquidité que si elles décident, pendant un certain
temps, de ralentir leurs prêts. C'est pour des raisons comme
celle-là que les évaluations sont tellement différentes
d'une personne à l'autre ou d'un analyste à l'autre. Il ne faut
pas du tout s'étonner qu'effectivement cela puisse se balader entre 100
000 000 $ et 250 000 000 $, comme le disait le chef de l'Opposition. Cela
dépend essentiellement des décisions que prennent les caisses
d'entraide sur toute une série de sujets. Je signale celui du prêt
parce que c'est le plus facile à saisir, le plus facile à
comprendre. Est-ce qu'elles continuent de prêter aussi rapidement
qu'avant ou si, pendant un certain temps, elles ralentissent?
Les dispositions du protocole d'entente qui a été
signé et, ensuite, résilié, qui expliqueraient la
résiliation... D'abord, je voudrais dire, M. le Président, au
chef de l'Opposition qu'en tout état de cause la résiliation
d'une entente signée est déplorable. Je ne veux pas commenter
là-dessus, mais on peut amender de gré à gré des
dispositions d'un protocole. L'imagination dont le chef de l'Opposition
parlait, on la manifeste par des propositions de modifications à un
protocole et, entre gens raisonnables, normalement, on peut s'entendre. Mais
une simple résiliation, je dois le dire, c'est un peu fort. Enfin,
compte tenu des circonstances, il faut comprendre bien des choses, mais je ne
peux pas cacher le fait qu'encore une fois je trouve cela
déplorable.
Qu'est-ce qui aurait amené une telle résiliation?
Là, je dois dire, M. le Président inévitablement c'est une
sorte d'interprétation personnelle que je vais donner, mais je pense que
ce qui était peut-être le plus difficile à accepter par les
caisses d'entraide ou, en tout cas, par certains de leurs dirigeants, parce
qu'enfin c'est un mouvement qui est considérable, c'étaient les
dispositions en vertu desquelles toutes les caisses d'entraide s'appuieraient
les unes, les autres.
Il ne faut pas oublier que traditionnellement, dans ce mouvement, on
considère que l'épargne accumulée dans une région
doit rester dans la région. Il y a toute une série de prises de
positions traditionnelles dans ce mouvement à cet effet, alors que le
protocole d'entente prévoyait une sorte d'aide collective d'entraide, si
je peux faire un mauvais jeux de mots, entre les caisses d'entraide. Je sais,
pour l'avoir entendu à quelques reprises, que cela créait
beaucoup de discussions dans le mouvement. Ce n'est sûrement pas la seule
raison, mais, si on me demandait d'en désigner une comme étant
particulièrement importante, c'est sans doute celle que je
soulignerais.
L'intervention des caisses populaires dans le dossier. Oui, bien
sûr, j'ai eu l'occasion d'avoir plusieurs discussions avec les dirigeants
des caisses populaires. Je dois dire que, dès le départ, dans ces
discussions, elles avaient manifesté un intérêt à
chercher un mode d'intégration quelconque et je pense qu'on peut
comprendre pourquoi à bien des égards. Donc, elles n'ont pas
été traînées a reculons dans ce dossier. Je pense
que, de part et d'autre, de leur part et de ma part, on comprenait qu'il y
avait peut-être là une voie à explorer et à
examiner. Que les conditions posées soient un peu dures, je n'en
disconviens pas et c'est ce que j'ai dit dans ma déclaration
ministérielle. J'ai l'impression que, dans la mesure où on prend
un certain recul, alors que l'excitation est tombée et que les
liquidités sont assurées et pour un bon bout de temps, il est
possible que les discussions puissent reprendre à froid dans un cadre de
souplesse un peu plus grande que ce que nous avons connu depuis quelques jours.
Là encore, possiblement, à froid, l'imagination retrouvera ses
droits. (10 h 40)
Passons maintenant aux dispositions qui concernent
l'assurance-dépôts du Québec. Les prêts qui sont
faits jusqu'à maintenant par la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec sont faits contre garanties de
titres ou de créances appartenant à la fédération.
C'est grâce à ces garanties que les avances ont pu être
faites. Ce que j'ouvre comme porte ce matin, c'est une technique qui vient
s'additionner à l'autre, qui est l'achat de créances
hypothécaires auprès des caisses individuelles. Donc, c'est une
deuxième étape et c'est une extension importante. Jusqu'à
maintenant, on prêtait contre garantie de la fédération;
maintenant, on achètera des créances hypothécaires
à partir des caisses elles-mêmes. Cela ouvre la porte plus grande
et peut-être aussi que cela canalise les liquidités à des
endroits très spécifiques, là où effectivement
c'est nécessaire. Je pense que c'est une amélioration assez nette
sur la formule que nous avions jusqu'à maintenant.
Les débiteurs seront-ils touchés par l'opération?
Pas du tout. Il s'agit seulement d'un transfert de créances. Les
conditions auxquelles ces créances se font ne sont pas modifiées.
C'est simplement un transport de
créances. Finalement, on me demande, de l'autre côté
de la Chambre, même si cela ne vient pas des commentaires du chef de
l'Opposition, le prix d'achat. Évidemment, c'est escompté selon
les pratiques normales dans ce cas.
Voilà à peu près, je pense, les réponses que
je pouvais brièvement apporter aux questions du chef de l'Opposition.
Comme lui, j'exprime le voeu que, maintenant que l'excitation est
tombée, que les liquidités sont disponibles, tout le monde prenne
un peu de recul et cherche effectivement certaines réformes qui sont
fondamentales, qui sont nécessaires, peut-être que les caisses
populaires de leur côté manifestent une plus grande souplesse dans
les propositions, si tant est qu'elles continuent de faire des propositions
d'intégration, sous une forme ou sous une autre, aux caisses d'entraide.
Je ne peux que souscrire à ce que disait le chef de l'Opposition quant
au rôle que ces caisses ont joué; si les mesures
appropriées sont prises, on se souviendra de cette époque du mois
de juin 1981 simplement comme ayant été marquée par des
difficultés temporaires. Merci, M. le Président.
Le Président; Dépôt de
documents. M. le premier ministre.
Rapport annuel de L'OPDQ
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'ai
l'honneur de déposer le rapport annuel pour l'année 1980-1981 de
l'Office de planification et de développement du Québec.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Finances, des Institutions financières et Coopératives.
Rapport annuel de la Régie de
l'assurance-dépôts
M. Parizeau: M. le Président, conformément à
l'article 20 de la Loi sur l'assurance-dépôts, je dépose,
en deux copies, le rapport annuel de la Régie de
l'assurance-dépôts pour l'année 1980.
Le Président: Rapport déposé.
Rapport annuel de la Société des
loteries et courses
M. Parizeau: D'autre part, M. le Président, j'ai l'honneur
de déposer en deux copies le onzième rapport annuel de la
Société des loteries et courses du Québec.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
de la Justice.
Rapport annuel de la Commission de police
M. Bédard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel pour l'année 1980 de la Commission de
police du Québec.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
de l'Éducation par le leader du gouvernement.
Rapports de corporations professionnelles
M. Charron: Au nom du ministre de l'Éducation, M. le
Président, et ministre responsable des corporations professionnelles, je
veux déposer neuf rapports annuels, tous de l'année 1980-1981. Il
s'agit de celui du barreau, de la Corporation des ergothérapeuthes, de
l'Ordre des comptables, de l'Ordre des denturologistes, de l'Ordre des
podiatres, de l'Ordre des architectes, de l'Ordre des
physiothérapeuthes, de la Corporation des conseillers en relations
industrielles du Québec et, finalement, du rapport annuel de la
Commission d'appel sur la langue d'enseignement.
Le Président: Rapports déposés. M. le
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Rapport annuel du CRIQ
M. Biron: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel du Centre de recherche industrielle du
Québec.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre des Affaires culturelles.
Rapport annuel du ministère des Affaires
culturelles
M. Richard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel du ministère des Affaires culturelles
pour l'année budgétaire se terminant le 31 mars 1981.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre des Affaires sociales.
Rapport annuel de la RAMQ
M. Johnson (Anjou): M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le douzième rapport annuel pour l'année 1980-1981
de la Régie de l'assurance-maladie du Québec.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Rapport annuel de la CSSTQ
M. Marois: M. le Président, je désire
déposer le rapport annuel 1980 de la Commission de la santé et de
la sécurité du travail du Québec.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources.
Rapport annuel de la SNA
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais déposer le
rapport annuel 1980-1981 de la Société nationale de l'amiante qui
démontre des profits de 7 956 000 $.
Des voix: Oh!
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
Rapport annuel de la Raffinerie de sucre
M. Garon: M. le Président, c'est avec beaucoup de
fierté que je dépose aujourd'hui le premier rapport annuel de la
Raffinerie de sucre du Québec, pour l'année 1980-1981, qui existe
depuis 1943, mais qui n'en avait jamais déposé. Elle aussi
démontre un profit de 2 800 000 $.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le ministre, je remarque que vous avez
suivi le mauvais exemple de votre collègue de gauche.
M. Garon: Je voudrais ajouter, M. le Président, qu'on a
collé un petit sac de sucre dans le rapport pour que les
députés puissent y goûter.
Des voix: Ah! Ah!
M. Tardif: M. le Président...
Le Président: M. le ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur.
Rapport annuel de l'OPC
M. Tardif: ...il me fait plaisir de présenter le rapport
annuel da l'Office de la protection du consommateur pour la période du
1er avril 1980 au 31 mars 1981.
Le Président: Rapport déposé. Mme la
ministre de la Fonction publique.
Rapport annuel de la Commission de la fonction
publique
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel 1980-1981 de la Commission de la fonction
publique du Québec.
Le Président: Rapport déposé.
Rapport annuel du directeur général des
élections (scrutins municipaux)
En ce qui me concerne, j'aimerais déposer le premier rapport
annuel du directeur général des élections du
Québec, rapport d'activités concernant les élections dans
certaines municipalités, 1980. Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Mme la députée de Johnson.
Étude du projet de loi no 17
Mme Juneau: M. le Président, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente de la justice
qui a siégé le 17 juin 1981 aux fins d'étudier article par
article le projet de loi no 17, Loi modifiant certaines lois relatives à
l'administration de la justice, et l'a adopté tel qu'amendé.
Merci.
Des voix: Bravo!
Le Président: Adopté.
Mme la députée de Johnson.
Étude du projet de loi no 262
Mme Juneau: Aussi, M. le Président, qu'il me soit encore
permis, conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente de la justice
qui a siégé le 17 juin 1981 aux fins d'étudier le projet
de loi privé no 262, Loi concernant certains lots du cadastre de la
paroisse Saint-Sauveur, division d'enregistrement de Québec, et l'a
adopté avec amendements. Merci, M. le Président.
Le Président: Ce rapport sera-t-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Rapport adopté. Mme la
députée de Dorion.
Étude de projets de loi nos 201, 212, 245, 255
et 220
Mme Lachapelle: M. le Président, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer
le rapport de la commission élue permanente des affaires
municipales qui a siégé le 17 juin 1981 aux fins d'étudier
article par article les projets privés suivants: 201, Loi annexant
certains territoires à celui de la municipalité de
Havre-Saint-Pierre, 212, Loi concernant la ville de La Sarre, 245, Loi
concernant la charte de la ville de Matagami, 255, Loi concernant la ville de
Gatineau, 220, Loi autorisant la ville de Montréal à vendre un
terrain. Ces cinq projets de loi ont tous été adoptés avec
amendements.
Le Président: Merci. Ce rapport sera-t-il
adopté?
Des voix: Oui.
Le Président: Rapport adopté. M. le
député de Terrebonne.
Étude des projets de loi nos 224, 266, 202,
254, 213 et 219
M. Blais M. le Président, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente des
institutions financières et coopératives qui a
siégé le 17 juin 1981 aux fins d'étudier article par
article les projets suivants: 224, 266, 202, 254, 213 et 219. Les projets de
loi 202, 219 et 224 ont été adoptés sans amendements, les
projets de loi 213, 254 et 266 ont été adoptés avec
amendements.
Le Président: Est-ce que ce rapport sera
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Rapport adopté.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales.
M. le député de Mont-Royal.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS Demande
d'enquête sur la SHQ
M. Ciaccia: Ma question s'adresse au premier ministre. À
plusieurs reprises, j'ai demandé au premier ministre s'il voulait
ordonner une enquête publique sur l'administration de la
Société d'habitation du Québec. Je crois lui avoir fourni
assez de faits pour justifier une telle enquête. Cependant, ce matin, je
voudrais lui apporter d'autres éléments et l'inviter à
reconsidérer sa position.
J'ai des copies de contrats entre la Société d'habitation
du Québec et différents entrepreneurs. Ce sont des contrats pour
la gérance de travaux et pour effectuer des travaux. Plusieurs de ces
contrats sont en bonne et due forme. Par exemple, pour le premier contrat, la
gérance des travaux s'élève à 10 000 $, alors que
les travaux ne doivent pas dépasser 100 000 $. Cela semble être en
bonne et due forme. Cependant, il y a d'autres contrats où le prix de
gérance des travaux, par exemple, est de 44 000 $ pour effectuer des
travaux de l'ordre de 44 000 $. Pour donner un exemple que tout le monde peut
comprendre, pour superviser la construction d'une maison de 40 000 $, on paie
quelqu'un 40 000 $. Il y a certainement quelque chose qui ne va.
J'ai demandé une explication au ministre
délégué à l'Habitation, hier soir, et je ne l'ai
pas eue. Je dépose, en liasse, copie de ces contrats entre la
Société d'habitation du Québec et différents
entrepreneurs.
Le Président: M. le député de Mont-Royal, en
vertu de notre règlement, à moins qu'il n'y ait un consentement
unanime, seuls les membres du gouvernement peuvent déposer un
document.
Y a-t-il consentement unanime?
Des voix: Oui.
Le Président: Dépôt de document
accepté.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je
réitère ma demande au premier ministre. À la
lumière de ces nouveaux faits, en plus des études que j'ai
portées à l'attention du premier ministre, hier, est-ce que le
premier ministre est prêt à reconsidérer sa position et
à ordonner une enquête publique sur l'administration de la
SHQ?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, le
député de Mont-Royal parle encore de faits. Il devrait pourtant
savoir, comme son collègue de Saint-Louis, que ce ne sont pas les faits
qui comptent, c'est l'impression qu'on veut essayer de créer.
M. Blank: Question de privilège, encore.
Le Président: M. le député de Saint-Louis,
sur une question de privilège.
M. Blank: Cela vous fatigue d'avoir chaque jour une question de
privilège. Tous ces faits sont venus après la date de la
présumée déclaration.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Dans ce cas, peut-être le
député de Mont-Royal suit-il plutôt l'exemple de quelqu'un
qui est devenu tout récemment porte-parole de l'Opposition. Cela lui a
monté à la tête. Il dit: Le défi que j'ai maintenant
à relever, c'est de détruire l'image de bon gouvernement du Parti
québécois. Cela, c'est le député de
Brome-Missisquoi. Autrement dit, on comprend parfaitement bien quelle est la
tactique amorcée il y a des mois par le député de
Marguerite-Bourgeoys et que poursuit maintenant, avec un entêtement qui
serait digne d'une meilleure cause, le député de Mont-Royal. On
n'a rien à cacher là-dedans. Il y a eu l'étude des
crédits, il y a eu des discussions à n'en plus finir ici, il y a
le rapport du Vérificateur général sur lequel on pourra se
pencher. M. Larose est toujours au service de l'État, donc le rapport
qu'il a signé pourra être épluché en détail -
et il y a ce qu'on appelle des faits et qui sont, en fait, la plupart du temps
des ragots du côté de l'Opposition.
Donc, la réponse au député de Mont-Royal, quant
à moi, c'est non. J'ajouterai ceci, puisqu'il a
référé à ce qui s'est passé hier soir, alors
que, je crois, les médias d'information - peut-être au perroquet,
comme on dit, étaient-ils présents - n'étaient absolument
pas présents, qu'il y a peut-être certaines précisions que
le le ministre de l'Habitation devrait ou pourrait apporter.
Le Président: M. le ministre de l'Habitation.
M. Tardif: M. le Président, en effet, je pense que ce que
vient de faire le député de Mont-Royal est un autre exemple de
cette tactique, de cette stratégie qui consiste, à partir de
faits glanés ça et là, à les déformer,
à les transformer en des soi-disant irrégularités et
à passer allègrement subséquemment au mot
"illégalités". On passe d'irrégularités
alléguées à illégalités.
Je vais donner un exemple de cela, M. le Président, parce que,
hier matin, le député de Mont-Royal dans cette Chambre disait, en
parlant des officiers de la SHQ -tous les journaux de ce matin ont repris les
propos du député de Mont-Royal; j'aimerais qu'ils donnent une
égale publicité à la position de la société
- "Ils ont exposé la SHQ à l'augmentation des coûts sur
certains projets en faussant le système de soumissions par
l'adjudication de contrats à des soumissionnaires autres que le plus bas
soumissionnaire."
M. Ciaccia: M. le Président, question de
privilège.
M. Tardif: Je citais les propos du député de
Mont-Royal.
Le Président: Le député de Mont-Royal, sur
une question de privilège.
M. Ciaccia: Vous citiez ce que j'ai cité du rapport. Ce ne
sont pas mes propos, ce que vous venez de citer, c'est le rapport qui dit cela.
N'induisez pas les journalistes en erreur.
Le Président: M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tardif: ... je répète les propos du
député de Mont-Royal que l'on retrouvera à la page qui
rapporte nos débats d'hier matin.
M. Ciaccia: Citant le rapport.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tardif: M. le Président, voilà ce sur quoi se
basait peut-être bien en citant un rapport, le député de
Mont-Royal - mais il le reprenait à son compte en le déformant et
en l'amplifiant, selon son habitude - pour décrier injustement les
dirigeants de la société. S'il était permis, M. le
Président, de faire une question de privilège pour les hauts
fonctionnaires de la société, je le ferais ici.
Je vais y répondre à cette affirmation du
député de Mont-Royal et on verra quelle coloration cela donne
à l'ensemble du rapport. Premièrement, les autorités de la
SHQ n'ont en aucun temps dérogé aux normes établies par le
Conseil du trésor quant à l'attribution des contrats au plus bas
soumissionnaire. Deuxièmement, la SHQ a rejeté une soumission
d'un entrepreneur parce que, bien que vraisemblablement la plus basse à
la lueur des chiffres seulement, elle n'était pas conforme au programme
de construction. On dit bien qu'on doit prendre le plus bas soumissionnaire
conforme. Il n'était pas conforme, à son avis.
Troisièmement, puisque la soumission n'était pas conforme, elle
devait la rejeter; sinon, la société s'exposait automatiquement
à des poursuites de la part des autres entrepreneurs qui avaient
soumissionné, eux, en se conformant aux devis de soumissions.
Cette histoire, d'ailleurs, avait soulevé beaucoup de remous,
évidemment, de la part de l'entrepreneur qui, se croyant le plus bas
soumissionnaire, avait pensé qu'il avait été traité
injustement. La Société d'habitation du Québec a donc
décidé de faire vérifier sa décision par une tierce
personne dont l'expertise est reconnue dans le domaine, soit Me Marcel
Cinq-Mars, associé du bureau Martineau, Walker de Montréal. M.
Cinq-Mars est l'ex-bâtonnier du Québec.
M. Cinq-Mars nous donne son opinion, le 11 mai 1981, et confirme la
décision de
la SHQ. Je vais le citer mot à mot. "À notre avis, dit Me
Cinq-Mars, cette soumission était inacceptable - en parlant de la
soi-disant plus basse - ne rencontrant pas les exigences de la
société et le soumissionnaire ne peut pas plaider erreur.
Même si à la suite de l'ouverture des soumissions - c'est toujours
Me Cinq-Mars -Saramac Inc. aurait signalé son intention de modifier sa
soumission pour la rendre conforme aux exigences de la société,
celle-ci ne peut être acceptée, puisque alors les règles de
jeu de soumissions seraient complètement faussées et
constitueraient une injustice pour le soumissionnaire qui a respecté ces
règles du jeu." (11 heures)
Et Me Cinq-Mars de continuer: "Je vous ai d'ailleurs remis copie d'une
décision de la Cour suprême - il parlait au président de la
société - rendue le 27 janvier 1981, dans l'affaire Sa
Majesté la Reine du chef de l'Ontario et The Water Resources Commission
vs Ron Engineering and Construction Eastern Ltd. et qui rappelle les principes
devant s'appliquer au système de soumissions."
Voilà, M. le Président, à partir d'une soi-disant
affirmation ou plainte d'un entrepreneur se considérant le plus bas
soumissionnaire, dont la soumission n'a pas été retenue, le
député de Mont-Royal reprend cette affirmation à son
compte, jette le discrédit sur les fonctionnaires de la
société, passe allègrement d'une soi-disant
irrégularité à celle d'illégalité, alors que
le contraire eût été irrégulier et
illégal.
Le Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, le ministre a
donné...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, le ministre de l'Habitation a
donné une opinion juridique d'un avocat sur un cas, il n'a pas fait
référence à tous les autres cas qui ont été
allégués en cette Chambre dans le rapport du Vérificateur
général et dans les études que j'ai citées
hier.
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaîti
M. Ciaccia: M. le Président, une question
supplémentaire au ministre de l'Habitation. Le ministre de l'Habitation
essaie de nous accuser, de ce côté-ci de la Chambre, pour des
faits qui ont été commis et pour des erreurs du parti
ministériel. Vous avez qualifié de torchon sans aucune valeur
l'étude que le ministre lui-même avait commandée et
à laquelle je me suis référé hier. Si tel est le
cas, est-ce que le ministre peut nous expliquer le contenu de la lettre que
lui-même a déposée, lettre datée du 17 juin 1981, du
directeur du contentieux de la SHQ, et je cite la lettre se
référant aux études que vous avez qualifiées de
torchons: "En effet, la connaissance de ces documents par la partie adverse
pourrait possiblement être préjudiciable aux intérêts
de la Société d'habitation du Québec."
M. le Président, c'est pour la même raison de
responsabilité que, moi-même, je n'ai pas déposé ces
études. Comment le ministre peut-il concilier son affirmation d'hier,
selon laquelle cette étude est un torchon, avec la
crédibilité juridique que vient de donner le directeur de la
Société d'habitation du Québec à ces mêmes
études?
Le Président: M. le ministre de l'Habitation.
M. Tardif: M. le Président, la chose est très
simple. D'abord, je vais répondre à la première partie de
la question du député de Mont-Royal qui dit qu'il a cité
un cas hier. Je viens de lui donner sa réponse, mais, de toute
évidence, les réponses ne l'intéressent pas, pas plus que
le député de Marguerite-Bourgeoys, à l'époque
où il en posait.
Je me souviens, par exemple, d'un cas où le député
de Marguerite-Bourgeoys avait parlé...
Des voix: ...
M. Tardif: Un instant, si vous le permettez, on va y
répondre. Je me souviens notamment d'un cas qui avait soulevé des
gorges chaudes de l'Opposition, alors que le député de
Marguerite-Bourgeoys avait dit: Dans un cas, dans l'Est du Québec - je
ne me souviens plus très bien où - il y avait un problème
de refoulement d'eau dans les maisons et le coordonnateur, au lieu d'aller
vider les fosses septiques, avait décidé de les remplacer. Gorges
chaudes de l'Opposition évidemment, on se marre bien. Or, M. le
Président, après vérification...
Des voix: ...
M. Tardif: Juste un instant, M. le Président, cela montre
de quel bois se chauffe l'Opposition.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre, brièvement s'il vous plaît.
M. Tardif: M. le Président, à partir de cette
allégation rapportée par le député, on retourne
à la société, on fait sortir les dossiers, et on constate
quoi? Le coordonnateur se rend sur place, creuse et découvre, non pas
trois, M. le Président,
mais seize fosses septiques d'une capacité de 800 gallons
impériaux chacune, qui avaient toutes été
débranchées, et un autre entrepreneur en avait installé
quelque chose comme douze d'une capacité de 400 gallons chacune.
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tardif: Non, ça ne l'intéresse pas parce que le
député de Mont-Royal avait affirmé qu'au lieu de vider les
fosses septiques, on les avait remplacées. Je lui dis qu'il y en
avait...
M. Ciaccia: M. le Président, question de
privilège.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Mont-Royal, sur une question de
règlement.
M. Ciaccia: Je n'ai aucunement fait la déclaration que le
ministre de l'Habitation vient de m'imputer. Ce n'est pas moi qui parle des
fosses septiques. C'est lui qui se trouve dans...
Une voix: ... la merde!
Des voix: Ah!
Le Président: M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, c'est trop drôle parce
que justement, à ce moment-la, on avait fait cette allusion. Or, le
coordonnateur découvre en tout 26 fosses septiques dont le seul
défaut était de ne pas avoir été enfouies assez
profondément dans le sol par les entrepreneurs retenus par le
gouvernement de l'époque.
M. le Président, je dis ceci. On pourrait, évidemment,
poser un tas de questions et je pense que des réponses satisfaisantes
pourraient être données à chacune d'entre elles.
Évidemment, sur quelque 150 chantiers...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tardif: ...qui existent présentement au Québec,
je pense que la Société d'habitation du Québec serait en
mesure... J'ai ici des renseignements sur le cas de Warwick rappelé hier
où, dans le cas d'un logement - on va en parler de cas, c'est celui de
Warwick que vous avez cité hier ou ce matin plutôt...
M. Ciaccia: ...répondre à la question que j'ai
posée sur la...
M. Tardif: C'est cela.
Une voix: Répondez à la question.
M. Ciaccia: ...lettre du directeur de la firme.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Il
s'agit de la dernière période de questions de la présente
session. Il y a plusieurs députés qui veulent poser des
questions. Je demanderais, s'il vous plaît, au ministre de l'Habitation
d'abréger sa réponse afin que la présidence puisse
reconnaître d'autres députés.
M. Tardif: M. le Président, puisque les réponses
sur les cas précis n'intéressent pas nos amis d'en face...
Des voix: Ah!
M. Tardif: Non, c'est cela. On va maintenant essayer de faire la
conciliation de ce que le député de Mont-Royal disait, à
savoir que ce document que j'ai qualifié de torchon, puisqu'il
mêle tout, les torchons et les serviettes, M. le Président...
Des voix: Ah!
M. Tardif: Oui, M. le Président. Dans ce document,
effectivement, on retrouve des renseignements qui pourraient être
utilisés par, en l'occurrence, une personne qui a des prétentions
contre la Société d'habitation du Québec, un
fonctionnaire... M. le Président, je trouve drôlement dangereux
qu'une personne, alors qu'elle était à l'emploi de la
Sûreté du - pardon - de la Société d'habitation du
Québec...
Des voix: Ah! C'est quoi cela?
M. Tardif: ... à l'emploi de la Société
d'habitation du Québec...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tardif: ...qui fait un rapport...
Une voix: Cela se peut bien que...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tardif: ...et qui, alors que, finalement, on lui demande un
simple avis, se considère "self-appointed" - en français, je ne
sais pas comment on traduirait "autodésignée" pour redresser,
soi-disant, tous les torts de la société, qui produit cette
espèce de liasse dont les premières vérifications faites
par une tierce partie, Martineau, Walker, nous laissent entendre que ce
document est inutilisable...
Le Président: Question principale, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Ciaccia: Question additionnelle, M. le Président. Ce
n'est pas ma faute...
Le Président: La période des questions dure 45
minutes et nous avons maintenant passé 19 minutes... M. le
député de Mont-Royal, si vous me promettez de ne faire aucun
préambule et de poser une courte question additionnelle.
Une voix: ...
Le Président: S'il vous plaît, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, j'allais le faire. Et si M. le
ministre me promet une courte réponse. C'est à cette
condition.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Le Président: Sans préambule.
M. Ciaccia: Sans préambule. Je ne ferai pas le
préambule que le ministre n'a pas répondu à ma question.
M. le Président, je cite le ministre en commission parlementaire et la
question. M. le ministre, n'est-il pas vrai que vous avez dit ceci en
commission parlementaire: "II y a eu une autre version de la rumeur à
l'effet qu'il y aurait eu une autre offre de faite par M. Boivin"? Je voudrais
faire remarquer au premier ministre que ce n'est pas moi le colporteur de cette
rumeur. C'est son ministre lui-même. (11 h 10)
La question que je pose au ministre de l'Habitation est: Quel est le
contenu de cette rumeur que vous avez vous-même colportée?
M. Pagé: Quel montant?
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y aurait eu un téléphone
entre vous et M. Boivin au sujet de cette rumeur? Pourriez-vous nous dire ce
qui s'est passé? Est-ce que cela aurait été au moment
où un de vos conseillers spéciaux, M. Foisy, était
présent et où vous lui auriez demandé de quitter la
pièce? Pourriez-vous faire la lumière sur l'affirmation que vous
avez faite en commission parlementaire?
Le Président: M. le ministre de l'Habitation.
M. Tardif: J'ai fait état en commission parlementaire de
toutes les rumeurs que j'avais entendues. Si le député de
Mont-Royal en connaît d'autres, qu'il en fasse part à cette
Chambre.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton, question principale.
Transferts de quotas de lait
M. Bélanger: Ma question s'adresse au ministre de
l'Agriculture. Encore une fois, je déplore qu'il ne soit pas
présent.
M. Marx: Demain, on va siéger pour vous.
M. Bélanger: Selon le règlement de cette
Assemblée, un ministre qui ment à la Chambre est susceptible de
démissionner.
M. Marx: Voilà, Garon démissionne!
M. Bélanger: Je crains fortement que le premier
ministre...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Marx: Garon va retourner à l'enseignement.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bélanger: M. le Président, nos amis d'en face me
forcent à reprendre ma question. Selon le règlement de cette
Assemblée, un ministre qui ment à cette Chambre est susceptible
de démissionner. Je crains fort que le premier ministre perde son
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Marx: Ce n'est pas une perte, ça.
M. Bélanger: À la suite d'une question que je lui
adressais le 10 juin, à savoir s'il était informé que des
transferts douteux de quotas laitiers se déroulaient ou s'étaient
déroulés dans la région de l'Estrie, le ministre m'a
répondu - je cite le journal des Débats du 10 juin - : "S'il y a
quelque chose qu'on pense incorrect, on peut simplement porter plainte à
la Régie des marchés agricoles qui va faire enquête et qui
va réagir immédiatement s'il y a quelque chose d'incorrect. Pour
autant que je sache, je n'ai pas entendu parler de ce dont vous parlez." C'est
la déclaration du ministre dans le journal des Débats.
J'ai la certitude que la Sûreté du Québec a
enquêté là-dessus, a même saisi des documents chez un
notaire de Coaticook et a interrogé plusieurs agriculteurs. Le procureur
de la Couronne de la région de Sherbrooke, Me Michel Pinard, admet avoir
en sa possession un rapport d'enquête. J'ai également ici une
lettre signée par le ministre Jean Garon...
Des voix: Ah! Ah!
M. Bélanger: ... en réponse à un
monsieur de Bromptonville qui, sembte-t-il, est un bon organisateur
péquiste. La lettre est datée du 22 septembre 1980. Il
déclare, en réponse, semble-t-il, à des
inquiétudes, que la régie a institué une enquête en
novembre 1979.
Des voix: Ah!
M. Bélanger: Comment peut-il justifier avoir induit
volontairement cette Chambre en erreur?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, je ne connais pas très
bien le règlement, mais si le député est prêt
à mettre son siège en jeu là-dessus, je suis prêt
à mettre le mien. Après cela, on verra celui qui...
Des voix: Ah!
M. Garon: Mais je ne peux pas compenser l'ignorance du
député de Mégantic-Compton. La lettre que j'ai
écrite le 22 septembre 1980 à M. Maheux, de Bromptonville,
concerne l'affaire Bilodeau. J'ai parlé à plusieurs reprises dans
cette Chambre de l'affaire Bilodeau. Au vu et au su de tout le monde, il y a eu
une enquête dans l'affaire Bilodeau faite par la Régie des
marchés agricoles sur le partage des quotas entre les
fédérations et sur les transactions dont M. Bilodeau a fait
état et qui auraient pu résulter en problèmes concernant
les administrateurs de l'UPA et le transfert des quotas. Mais ce n'est pas de
cela que le député a parlé quand il a parlé l'autre
jour dans cette Chambre. Il a parlé d'une enquête concernant le
ministère du Revenu. Je regrette, je ne suis pas au courant d'une
enquête concernant le ministère du Revenu.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît.
M. Garon: J'ai le document, le journal des Débats parce
que j'ai pensé... Un instant!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît.
Question de privilège?
M. Bélanger: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît.
M. Bélanger: Question de privilège, M. le
Président. Je n'ai aucunement dit que c'était le
ministère...
Le Président: Ce n'est pas une question de
privilège, M. le député de Mégantic-Compton.
M. le ministre de l'Agriculture.
M. Levesque (Bonaventure): Question de règlement.
M. Garon: M. le Président, je suis d'accord pour mettre
mon siège en jeu sur cette question n'importe quand. Je souhaite...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît. M.
le leader de l'Opposition sur une question de règlement.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je crois que
votre règlement prévoit qu'au moment où un
député croit qu'un de ses privilèges a été
mis en cause il peut soulever une question de privilège. Or, M. le
Président, nous n'avons pas eu, ni vous ni moi, l'occasion
d'écouter ce qu'avait à dire le député de
Mégantic-Compton quant au privilège qui aurait été
affecté. Je pense, M. le Président, qu'on doit, à ce
moment-ci, au moins donner quelques instants au député de
Mégantic-Compton pour qu'il puisse formuler sa question de
privilège.
M. Charron: Sur la question de règlement soulevée
par le député de Bonaventure, je n'ai pas d'objection que,
lorsque le ministre aura fini de répondre, soit dans sa question
additionnelle ou sous forme de question de privilège, le
député de Mégantic-Compton rétablisse ce qu'il
tentera de rétablir. Mais le député de Bonaventure est
parfaitement conscient et aurait pu l'apprendre avant que son jeune
député se risque sur ce plancher glissant, qu'il a
préfacé lui-même d'une manière très
solennelle en invoquant le règlement sa guestion en mettant en doute
l'intégrité et la crédibilité d'un membre du
gouvernement. En ce sens, quand on joue avec des allumettes, c'est dangereux de
se brûler, y compris pour le député de
Mégantic-Compton. Je pense que le ministre de l'Agriculture, dans ces
circonstances, est pleinement justifié de donner toute la réponse
qu'il veut donner à cette Chambre avant qu'on entende quelque question
que ce soit.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, puis-je
attirer votre attention sur l'article 49, paragraphe 2? "Un
député peut toujours soulever une question de privilège
à l'Assemblée immédiatement après qu'ont
été prononcées les paroles..." Alors, M. le
Président, je soumets que, si on laissait au ministre de l'Agriculture
présentement la possibilité, comme l'a fait d'ailleurs son
collègue, de répondre longuement à la question, on
pourrait reprocher au député ensuite de ne pas avoir, au moment
opportun, soulevé la question de privilège.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, M. le leader
du gouvernement, je suis généralement d'accord avec les principes
que vous avez émis, à savoir qu'avant de juger si c'est une
question de privilège ou non il faut au moins entendre quelques secondes
le député. Mais la présidence a quand même entendu
la question du député, les propos qu'elle contenait et la
réponse du ministre de l'Agriculture qui s'apprêtait à
citer tout simplement un extrait du journal des Débats. Dès les
premières paroles du député de Mégantic-Compton, la
présidence a jugé qu'il ne s'agissait pas d'une question de
privilège et c'est un des privilèges de la présidence de
juger, non pas après nécessairement trois ou quatre minutes, mais
quelques secondes après avoir entendu et une question et partiellement
une réponse, s'il s'agit ou non d'une question de privilège.
À ma connaissance, le ministre de l'Agriculture n'a
prononcé envers le député de Mégantic-Compton
aucune parole blessante ou violente qui soit contraire à l'article 99 de
notre règlement. M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, ce que le député
a fait, c'est aux pages 577 et 578 du journal des Débats pour la date du
10 juin 1981. C'est une première question générale
où il parlait de transactions "où des commerçants ont
trouvé une façon de contourner cette loi en faisant simplement
deux transactions simultanées". Et il dit: Cela a fait baisser le nombre
des cultivateurs. J'ai trouvé cette question vraiment
générale. Je ne savais pas de quoi il s'agissait. (11 h 20)
Des voix: Oh!
M. Garon: Un instant! Je lui ai dit: Vous me donnez cela d'une
façon un peu générale. Il faudrait savoir de quoi il
s'agit exactement. Il l'a dit dans sa deuxième question. Que dit-il? La
Sûreté du Québec enquête présentement... Qu'il
relise ma lettre, le paragraphe dont il parle, pour voir ce qu'il va dire. J'ai
écrit ma lettre le 20 septembre et je parle d'une enquête d'un an
auparavant, qui avait commencé un an auparavant. Il dit "La
Sûreté du Québec enquête présentement sur ces
transactions douteuses, mais ce qui me fait le plus de peine, ce n'est pas pour
protéger les agriculteurs, c'est tout simplement pour remplir les
coffres du ministre du Revenu...
Des voix: Ah!
M. Garon: ...parce qu'on tente de récupérer une
certaine somme d'impôts que ces commerçants n'auraient pas
payée." "Que ces commerçants n'auraient pas payée." Il a
posé la question au ministre de la Justice hier qui lui a dit qu'il
n'enquêtait pas pour le ministère du Revenu. Il faudrait quand
même, quand le député de Mégantic-Compton veut poser
des questions, qu'il sache de quoi il parle et, quand il parle, dans le journal
La Tribune, d'une enquête - après ça, il n'est jamais
revenu là-dessus - de la Sûreté du Québec, de
l'escouade des crimes économiques, il faudrait qu'il sache de quoi il
parle. On ne peut toujours pas composer ses questions à sa place!
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président...
Des voix: II est nerveux! Il est nerveux!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: On veut une élection partielle dans
Mégantic-Compton!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, cela me fait plaisir
que le ministre de l'Agriculture me demande de préciser. Il semblerait
être le seul, le ministre de l'Agriculture de la province de
Québec, le seul personnage au Québec qui ne sache pas que ces
transactions douteuses existent. C'est lui qui est là censément
pour protéger les agriculteurs. Partout, dans le comté de
Mégantic-Compton et partout à Sherbrooke, on en discute. J'ai
apporté des faits. J'ai dit qu'il y avait des transactions douteuses.
J'ai dit que...
Le Président: Question, s'il vous plaît!
M. Bélanger: M. le Président, je vais tenter
d'être bref, mais il faut quand même que je donne des explications,
parce qu'on m'accuse d'avoir joué avec le feu.
Le Président: Question, s'il vous plaît! M.
Bélanger: M. le Président... Des voix: ...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Une
question additionnelle, s'il vous plaît.
M. Bélanger: M. le Président, je reviens sur ma
question additionnelle. Comment le ministre peut-il déclarer dans cette
Chambre ne pas être au courant de telles transactions, alors qu'il serait
censément le seul au Québec à ne pas le savoir? Il y a eu
une enquête de la Sûreté du Québec. Je veux
savoir si son collègue, le ministre de la Justice, lui a transmis
cette enquête. J'ai un procureur de la couronne qui admet avoir le
rapport. Qu'est-ce qu'on attend pour faire la lumière sur cette
affaire?
M. Bédard: M. le Président...
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: ...j'ai pris connaissance des
déclarations faites par le député de
Mégantic-Compton et elles me semblent très irresponsables. Il
vient juste d'affirmer que cette enquête est faite contre les
agriculteurs, alors qu'il sait très bien - je l'ai dit en cette Chambre
- que c'est à la suite d'une plainte d'un agriculteur que
l'enquête est faite par la Sûreté du Québec. Ce n'est
pas une enquête contre les agriculteurs.
Deuxièmement, le député de Mégantic-Compton
devrait savoir que, lorsqu'une enquête se fait à la
Sûreté du Québec, les résultats sont analysés
au ministère de la Justice et les autres ministères ne sont pas
informés. D'autre part, le député de
Mégantic-Compton a essayé, par ses déclarations concernant
une enquête de la Sûreté du Québec, de faire croire
à la population de son comté, et peut-être à la
population du Québec au moment où on se parle, que le ministre de
l'Agriculture était au courant. Or, le ministre de l'Agriculture n'est
en aucune façon au courant des enquêtes qui se font au niveau de
la Sûreté du Québec et qui concernent le ministère
de la Justice. La Sûreté du Québec n'a pas fait
enquête pour le ministère du Revenu - et le député
devrait savoir cela, en tout cas, il va l'apprendre - pour la bonne et simple
raison que la Sûreté du Québec ne fait jamais enquête
pour le ministère du Revenu puisque le ministère du Revenu a ses
propres enquêteurs à cette fin. J'espère qu'une fois pour
toutes, le député va arrêter de déblatérer et
de parler à tort et à travers.
Le Président: M. le ministre du Revenu. Une voix:
II met son siège en jeu.
M. Fréchette: M. le Président, vous allez
comprendre, je pense, qu'il me faille intervenir à ce stade du
débat pour mettre certaines choses au point. Je réfère au
journal des Débats du 10 juin dernier, à la page 576, où,
arrivant finalement à sa question, le député de
Mégantic-Compton la présente de la façon suivante: "M. le
Président, j'y arrive. La Sûreté du Québec
enquête présentement sur ces transactions, mais ce qui est le plus
alarmant, c'est qu'elle n'enquête pas pour le ministère de
l'Agriculture, mais pour le ministère du Revenu." Dans le journal La
Tribune du 15 juin, il reprenait, pour appuyer sa demande de démission
du ministre de l'Agriculture, cet argument que cette enquête à
laquelle il réfère aurait effectivement été
demandée par le ministère du Revenu.
M. le Président, c'est bien mal connaître le rouage de ce
ministère qui possède son service d'enquête, son service de
contentieux et qui, en aucun cas et en aucune circonstance, n'est intervenu
dans ce dossier, après informations prises.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Question additionnelle, M. le
Président. Je crois qu'il y a assez de faits troublants; moi, j'en ai la
certitude. Il semblerait, encore une fois, qu'il y a seulement le ministre qui
n'en a pas la certitude. Je demande au ministre de l'Agriculture s'il s'engage
formellement à rendre publique l'enquête en cours et, s'il y a
lieu, peut-être d'amplifier l'enquête.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bédard: Question de règlement.
Le Président: M. le ministre de la Justice, sur une
question de règlement.
M. Bédard: Le député de
Mégantic-Compton ne semble vraiment pas comprendre les réponses.
Il est en train de demander que les résultats de l'enquête soient
rendus publics. J'espère qu'il va s'informer auprès de ses
collègues qui ont un peu plus d'expérience et il apprendra
rapidement qu'on ne publie jamais une enquête de la Sûreté
du Québec.
Le Président: Question principale, M. le
député de Portneuf.
Décision de la Cour
supérieure sur le règlement
de la construction
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je voudrais
rassurer tout de suite la ministre de la Fonction publique, ma question ne
portera pas sur la manifestation prévue, aujourd'hui, devant le
parlement, avec plusieurs milliers de fonctionnaires, contre son projet de loi.
Ma question s'adressera surtout au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
et il comprendra qu'elle est relative à la décision rendue par
l'honorable juge Pierre Côté, de la Cour supérieure, lequel
déclare nul, pour les travailleurs de la construction du Québec
qui possédaient un certificat de qualification avant l'entrée en
vigueur du règlement, ledit règlement de placement dans
l'industrie de la construction, la fameuse carte de
classification.
Cette décision vient confirmer, somme toute, que des milliers et
des milliers de travailleurs du Québec ont été
brimés dans leur droit fondamental d'exercer un travail pour lequel ils
sont qualifiés, dans plusieurs cas, depuis plusieurs années. Ce
jugement vient déclarer nul le règlement en question. J'ai
été informé, hier soir, que le gouvernement du
Québec, l'Office de la construction du Québec, tout ce beau monde
entendait aller en appel devant la Cour d'appel du Québec pour faire
casser le jugement du juge Côté de façon à maintenir
l'application d'un règlement draconien, sévère, qui brime
les droits des travailleurs.
Dans un premier temps, j'aimerais demander au ministre du Travail deux
éléments. Tout d'abord, est-ce que, déjà - on peut
prévoir que le jugement du juge Côté sera probablement
confirmé en appel - i! peut mettre sur pied un comité qui verra
à évaluer les sommes et les indemnités à verser aux
travailleurs à la suite d'un recours collectif qui pourra être
présenté par eux, à la suite de ce règlement? Si le
jugement est confirmé, ce règlement ouvrira la porte à un
recours collectif des travailleurs qui ont perdu des sommes importantes par
l'application de ce règlement illégal du gouvernement et de
l'ancien ministre des Affaires sociales, le député d'Anjou, qui
sourit aujourd'hui.
Une voix: J'aurais honte.
M. Pagé: Si j'étais à sa place, j'aurais
honte. C'était le premier volet de la question.
Le deuxième volet de la question: Est-ce que le ministre du
Travail peut nous indiquer immédiatement s'il entend prendre les mesures
pour que, d'ici à ce que le jugement de la Cour d'appel soit rendu,
l'OCQ, le gouvernement puisse surseoir à toute poursuite en vertu dudit
règlement? (11 h 30)
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Marois: M. le Président, comme j'ai eu l'occasion de
l'indiquer hier, si ma mémoire est bonne, les juristes ont porté
une attention particulière au jugement, l'ont étudié, et
une décision a été prise. Comme c'est normal dans ce genre
de chose, je vais laisser mon collègue le ministre de la Justice donner
la décision.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, la décision a
été prise concernant le ministère de la Justice d'aller en
appel de ce jugement.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bédard: Le député essaie de jouer au
défenseur des travailleurs de la construction, alors qu'il sait
très bien que si ce jugement était confirmé, il rendrait
inapplicable le règlement même de la construction. Je suis
très surpris de voir les députés de l'Opposition applaudir
puisqu'ils savent très bien...
Le Président: Â l'ordre, s'il vous plaît!
...À l'ordre, s'il vous plaît!
Une question a été posée, je pense que le ministre
peut répondre.
M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, je suis surpris de voir
les députés de l'Opposition se réjouir puisqu'ils savent
très bien que le but du règlement en question est de
protéger les vrais travailleurs de la construction et également
d'assurer une priorité régionale. Venant d'une région, je
crois que le député devrait être un peu plus sensible
à cet aspect du règlement.
De toute façon, je crois que le député ne peut
présumer de la décision qui pourrait être rendue en appel
et je crois que la ligne normale de conduite à suivre est de porter ce
jugement en appel.
Le Président: Question additionnelle.
M. Pagé: Une question additionnelle, M. le
Président, au premier ministre.
On sait que le premier ministre, depuis le 13 avril véhicule deux
messages. Premièrement, il est indépendantiste, il l'est redevenu
et deuxièmement, il est social-démocrate, il veut protéger
les petits, les faibles, les affligés. D'accord.
Partant de là, ce règlement a brimé des droits de
travailleurs qui ont le droit de travailler depuis des années. Lorsque
ce règlement s'applique, des centaines de poursuites sont entreprises
contre des travailleurs, parce qu'ils ont commis le péché d'aller
gagner leur vie pour faire vivre leur famille, leurs enfants et de ne pas
recourir à l'aide sociale.
Le Président: Question, s'il vous plaît.
M. Pagé: Tout ce que je demande, c'est: Est-ce que le
premier ministre, au moins jusqu'à ce que la Cour d'appel se soit
prononcée sur le jugement, s'engage à prendre les moyens envers
l'OCQ, pour qu'on ne poursuive pas pendant l'été, pendant
l'automne jusqu'à ce que le jugement soit prononcé, des
travailleurs qui, à l'appui du jugement de la Cour supérieure
rendu par le juge Côté, iront travailler, mais avec un certificat
de qualification, sans tenir compte des peccadilles, des problèmes,
des
embêtements du règlement de placement dans l'industrie de
la construction.
M. le Président, avant de terminer, il y a deux
éléments que je voudrais porter à la connaissance du
premier ministre. Cela s'est fait pour respecter les droits des petits
travailleurs. je demanderai au premier ministre aussi - et surtout au ministre
de la Justice peut-être d'aller à son caucus et il s'apercevra
qu'il y a pas mal de péquistes qui sont d'accord avec le
député de Portneuf et notre caucus.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Le député va me
permettre de lui répondre très brièvement et de revenir
là où la question doit être posée quand même,
au ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
J'étais surpris, depuis le début de la session de ne pas
voir s'afficher, comme le faisait depuis si longtemps, la démagogie
absolument...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): ...exemplaire du
député. Il vient de nous montrer qu'il n'a pas perdu ses dons et
de l'entendre pleurer avec des larmes de crocodiles sur les petits, les
travailleurs, etc., alors qu'il fait partie....
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): ...d'une formation politique dont
on se souviendra qu'elle avait laissé littéralement la maison de
fous, le chaos aux dépens des travailleurs de la construction
s'établir un peu partout au Québec. C'est pour cela qu'il y a eu
une commission Cliche et c'est pour cela qu'éventuellement, pour la
protection des travailleurs véritables de la construction, il a fallu
établir un règlement et des préférences
régionales. Il y a des ajustements qu'il faut faire à l'occasion,
bien sûr, mais cela ne justifie d'aucune façon les
applaudissements d'une irresponsabilité de jardin d'enfance que j'ai
entendus tout à l'heure de la part de l'Opposition.
Cela étant dit, je demanderai au ministre du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu de compléter la
réponse.
Le Président: M. le ministre.
À l'ordre, s'il vous plaît! Le soleil est à
l'extérieur, l'orage à l'intérieur. M. le ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Marois: M. le Président, est-ce qu'il est
nécessaire de rappeler aux députés de l'Opposition que la
principale recommandation - la clé parmi les recommandations de la
commission Cliche créée par le gouvernement de leur époque
pour sortir de l'espèce de fouillis incroyable dans lequel était
la construction au Québec, avec les conséquences que ça
avait sur les travailleurs de la construction justement - était la mise
sur pied d'un règlement de placement de la construction? Depuis le
règlement de placement de la construction - il n'y a jamais rien de
parfait - j'ai toujours dit qu'il était possible de regarder certains
ajustements le cas échéant, mais qu'il ne fallait jamais
défaire l'économie générale de la loi et sa
philosophie qui visent à protéger les vrais travailleurs de la
construction. C'est tellement exact que, depuis que le règlement,
malgré une conjoncture difficile dans le secteur de la construction,
existe, la moyenne d'heures travaillées par les salariés a
augmenté. Les chiffres sont publics, ils sont connus. Par voie de
conséquence, les revenus des travailleurs salariés se sont accrus
de près de 12% de 1978 à 1979 et encore plus en 1980. Cela veut
dire que maintenant les vrais travailleurs de la construction peuvent davantage
gagner véritablement et pleinement leur vie en faisant leur
métier.
Le Président: Question de privilège, M. le ministre
de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, j'ai consulté l'article
80 du règlement. Le député de Mégantic-Compton a
porté des accusations à mon endroit. J'aimerais qu'il ait le
courage de les porter en vertu de l'article 80 ou qu'il retire ses paroles.
Parce qu'on dit: "Lorsqu'un député désire accuser un de
ses collègues d'un acte qui le rend indigne de siéger à
l'Assemblée, il doit présenter une motion de fond annoncée
dans laquelle il énonce l'accusation en termes explicites, mais
modérés, etc." Alors, je dis que le député a
porté des accusations. Il y a un article qui prévoit qu'il peut
porter des accusations contre un député qu'il accuse de tromper
la Chambre. Mais, dans les circonstances, je pense qu'il doit retirer ses
paroles.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, je crois qu'encore
une fois le ministre de l'Agriculture a très mal compris. J'ai
invoqué le règlement disant qu'un député qui ment
à cette Chambre est susceptible de démissionner. Je n'ai jamais
demandé sa démission. Je n'ai jamais dit qu'il avait menti. J'ai
dit simplement qu'un député... J'ai invoqué le
règlement de cette Assemblée nationale.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Normalement, la
période des questions est terminée, mais à la suite
d'une entente entre le whip de l'Opposition et la présidence, il a
été convenu que ce matin nous pourrions dépasser de
quelques minutes afin de permettre à Mme la députée de
Dorion de poser une question principale. M. le whip, je suis sûr que vous
interprétez de façon restrictive notre entente qui était
de dépasser de trois ou quatre minutes la période des questions
qui normalement devrait être terminée depuis maintenant trois
minutes.
M. Pagé: M. le Président, je dois confesser que
j'ai accepté, mais à la condition que nous ayons six questions et
nous n'en avons eu que trois. Mais nous allons accepter pour autant qu'il n'y
en ait pas d'additionnelles.
Le Président: Vous comprendrez, M. le
député, que la présidence ne peut d'avance prévoir
le nombre de questions qui seront posées, ni la longueur des questions
et la longueur des réponses. Alors, Mme la députée de
Dorion.
Foyer coopératif de Montréal
Mme Lachapelle: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires sociales. M. le ministre, vous connaissez sûrement
la situation qui prévaut au foyer coopératif de Montréal,
petite coopérative pour personnes âgées située dans
le comté de Dorion. M. le ministre, est-il vrai qu'il est question de
faillite? Et si oui, quels moyens allez-vous prendre pour que les personnes
âgées ne soient pas lésées dans leurs droits?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales. (11 h
40)
M. Johnson (Anjou): Je connais la préoccupation du
député... Est-ce que cela va?
Des voix: Cela va.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je connais la
préoccupation du député pour cette question qui touche, on
le sait, une résidence de personnes âgées une
résidence privée de personnes âgées, qui,
indépendamment de son appellation de coopérative, est une
résidence privée. Le propriétaire de cet immeuble et
d'autres immeubles qui ont été impliqués dans cette
question depuis un certain nombre d'années est en même temps le
directeur général du foyer lui-même, c'est-à-dire de
l'entité administrative. À cet égard, lui et son conseil
d'administration ont présenté au ministère
différentes demandes de solutions des problèmes financiers
reliés, entre autres, aux transactions immobilières
antérieures qui affectent ces édifices.
À cet égard, je pense que les préoccupations du
ministère des Affaires sociales sont d'abord et avant tout de s'assurer
que les citoyens qui sont impliqués bénéficient de
services adéquats. Étant donné qu'hier, la direction du
foyer coopératif nous a avisés par télégramme
qu'elle entendait faire faillite ou déclarer faillite dès
aujourd'hui, étant donné qu'elle m'oblige à constater que,
de fait, elle a l'intention de fermer, indépendamment des dispositions
contenues dans notre législation quant aux permissions
nécessaires pour ce faire, j'ai donné ordre à mon
sous-ministre de faire en sorte que tous les moyens soient pris dès cet
après-midi pour que les 22 pensionnaires du foyer coopératif
puissent être relocalisés à l'intérieur du
réseau, ce qui sera fait dans les heures qui suivent.
Le Président: Fin de la période des questions.
M. le ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu a un complément de réponse
à une question qui a été posée hier. M. le ministre
du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Le placement étudiant
M. Marois: M. le Président, très rapidement, je
voudrais donner suite à deux questions qui m'ont été
posées il y a déjà quelque temps, l'une par le
député de Verdun et l'autre par le député de
Portneuf.
Le député de Verdun nous avait parlé du programme
de placement étudiant. Après vérification, je me permets
de dire qu'il faut faire extrêmement attention aux chiffres qui peuvent
être donnés concernant le programme de placement étudiant.
Strictement sur le pian des chiffres, il est exact qu'en 1976, non pas 40 000,
mais environ 38 000 étudiants ont bénéficié du
programme de placement étudiant. Pour les années 1977, 1978, 1979
et 1980 - la même situation va se répéter en 1981 - environ
15 000 étudiants ont bénéficié du programme. Les
chiffres se comparent difficilement. Il faut faire extrêmement attention
parce qu'on sait que le programme a été considérablement
modifié, d'une part. D'autre part, en 1976, 9000 étudiants
avaient été engagés par le COJO au cours de
l'été. Donc, les crédits qui étaient mis à
la disposition du programme étaient beaucoup plus substantiels.
Depuis cette époque, depuis 1976, comme on le sait, les
employeurs doivent maintenant s'inscrire aux centres de main-d'oeuvre de
même que les étudiants pour obtenir l'emploi, dans le but de faire
en sorte que les droits des uns et des autres
soient pleinement respectés. On sait que l'ancien système,
l'ancien régime pouvait donner lieu, dans certains cas, à des
abus évidents. Voilà pour la première question.
Le dossier Woolco
Le député de Portneuf, M. le Président, de
même que le député de Limoilou m'ont parlé du cas de
la compagnie Woolco, en particulier les trois établissements de
Hauterive, Giffard et Lévis. On m'a demandé si le
ministère avait reçu des avis de fermeture. La réponse,
c'est non. On m'a demandé si des plaintes avaient été
portées par des travailleurs en vertu du Code du travail. La
réponse, c'est oui, plusieurs plaintes ont été
portées, et, pour celles qui ont pu être entendues, à ce
jour, par les commissaires, je peux dire que les travailleurs ont obtenu gain
de cause. Troisièmement, on m'a demandé ce que le
ministère entendait faire et les moyens que nous entendions prendre pour
que les droits des travailleurs soient respectés. Je dois dire que,
selon les faits qui ont été portés à ma
connaissance, il est exact de dire que l'employeur emploie sensiblement,
partout dans ces établissements, du moins les cinq où il y a des
unités d'accréditation reconnues, les mêmes
méthodes: congédiement, suspension, déplacement à
l'intérieur de l'établissement, harcèlement, menace de
fermeture, changement de conditions de travail, tentative de mainmise sur le
comité de direction syndical, contestation de décisions rendues,
provocation de délais empêchant, par voie de conséquence,
des représentants du ministère de faire convenablement leur
travail. Donc, par voie de conséquence, en réponse, de
façon précise, à la question posée - quels moyens
entendez-vous prendre? - j'ai, dans un premier temps, le 5 juin, demandé
à M. Claude Guimond d'agir comme conciliateur dans le dossier Woolco
à Giffard, Lévis et Hauterive et une première
séance de conciliation aura lieu le 23 juin prochain. D'autre part, ces
faits me confirment de plus en plus dans cette opinion qu'il faudra bien que
l'Assemblée nationale un jour, et plus tôt que plus tard, regarde
de très près un projet de loi qui permettrait
véritablement de lever les obstacles à la syndicalisation et de
mettre un terme à des comportements patronaux comme ceux-là, qui
sont absolument inacceptables puisqu'ils contredisent le droit reconnu aux
hommes et aux femmes du Québec de s'organiser.
Le Président: M. le ministre de l'Habitation m'informe
qu'il aurait des documents à déposer à la suite de
questions posées hier en commission parlementaire.
M. Caron: M. le Président...
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Verdun.
M. Caron: ... une question additionnelle au ministre du Travail.
Je le remercie de la réponse, elle n'est pas tout à fait
complète, mais je n'avais pas induit la Chambre en erreur, j'avais dit
à peu près 40 000, les chiffres que j'ai sont tout près
des 40 000.
Ceci étant dit, j'avais demandé au ministre s'il y avait
d'autres programmes d'embauche pour cet été. Tandis que je suis
debout et pour gagner du temps, comme il est peut-être tard dans la
saison, est-ce qu'on peut s'attendre, l'an prochain, a des programmes
additionnels qui ne coûteraient à peu près rien au
gouvernement? Si le gouvernement veut avoir des suggestions, j'en ferai au
ministre pour aider nos jeunes étudiants qui finissent leurs cours.
Le Président: M. le ministre.
M. Marois: Je suis prêt à recevoir toute suggestion
positive provenant de quelque député que ce soit de cette
Chambre.
Le Président: Merci.
M. le ministre de l'Habitation.
Documents sur la SHQ
M. Tardif: M. le Président, tel que je m'y étais
engagé en commission d'étude des crédits...
Des voix: Une démission?
M. Tardif: ...je dépose aujourd'hui la réponse
à la dernière question de l'Opposition, celle relative aux
réclamations du gérant coordonnateur des réparations, M.
Cyr, pour l'utilisation de son avion. Deuxièmement, je dépose des
renseignements supplémentaires a une réponse déjà
déposée hier.
Le Président: Documents déposés.
Motions non annoncées.
M. le ministre de l'Agriculture.
Indemnités de
l'assurance-récolte
M. Garon: Je voudrais répondre aux questions que le
député de Beauce-Sud m'a posées hier concernant les
paiements en supplément faits par la Régie des assurances
agricoles, l'assurance-récolte, dans le temps. Il posait trois
questions: Si j'ai pris connaissance du rapport? Oui. Il demandait: J'aimerais
savoir à quelle région s'appliquait principalement ce
trop-payé, combien y a-t-il de producteurs impliqués et qu'entend
faire le ministre pour corriger une telle situation?
D'abord, la situation est déjà corrigée
puisque les lois ont été amendées le 21 janvier
1981. Pour régler cette question d'imprécision, j'aimerais lire
la conclusion du rapport, de l'avis juridique sur lequel se fonde le
Vérificateur général. "Les agriculteurs et la
région ont dû faire face, en 1978, à une situation
imprévue et imprévisible et nous recommandons que des amendements
législatifs et réglementaires soient adoptés dans les
meilleurs délais pour couvrir, s'il y a lieu, de tels cas en modifiant,
par exemple, la méthode de calcul de l'indemnité."
De quoi s'agissait-il? Il s'agissait, en 1978, d'une sécheresse
qui a eu lieu dans le Bas-Saint-Laurent, essentiellement, dans les
régions 1-A et 1-B et dans la région 2, la région de
Québec, c'est-à-dire les régions de Rimouski, de La
Pocatière et de Québec, où les besoins hivernaux des
agriculteurs font que la récolte est engrangée après la
première récolte de foin. Il est arrivé une situation
exceptionnelle alors qu'en 1978, une fois que la première coupe a
été faite, a été engrangée, il y a eu une
sécheresse telle que les agriculteurs ont dû utiliser le foin
engrangé pour l'hiver pour nourrir leurs animaux. Il y avait une
sécheresse quasiment totale dans ces régions en 1978. (11 h
50)
Normalement, ce sont les besoins hivernaux des animaux qui sont
couverts. Dans ce cas le foin qui avait été engrangé pour
l'hiver a dû être utilisé en partie durant
l'été à cause de la sécheresse, alors la
régie des assurances a payé. Cela a rejoint, pour le foin, 1634
cultivateurs et pour le maïs ensilé, 136 agriculteurs en 1978. En
1979, il s'agit d'un autre cas où le Vérificateur
général a dit que nous n'aurions pas dû payer parce que
dans six régions du Québec, Rimouski, Québec, Hull,
Abitibi, Trois-Rivières et Lac-Saint-Jean, il y avait eu une
épidémie, une maladie, la légionnaire, un genre de
chenille. Ce qui est arrivé, c'est que la légionnaire, n'a pas
suivi exactement les régions où on allait et le
vérificateur pensait qu'il fallait qu'elle couvre toute la région
pour qu'on paie. Comme dans ces régions, la légionnaire a
attaqué seulement une partie, mais une partie importante des
récoltes des cultivateurs, la régie a payé dans ces cas.
Il s'agit, en 1979, de 310 cas pour le foin, de 153 cas pour le maïs
ensilé et de 327 cas pour les céréales.
Vous voyez qu'il s'agit, au fond, d'un grand nombre de cas. Il s'agit
d'une assurance collective. Comme la loi n'avait pas prévu de
façon précise ces cas, le vérificateur disait que, selon
lui-même ou une opinion juridique, il s'agissait d'une situation
imprévisible. Nous avons amendé la loi, nous l'avons inclus, et
je pense que cela n'a pas été une mauvaise décision pour
la régie de payer. Mais je trouve curieux que le Parti libéral
s'inquiète qu'on paie des gens assurés alors qu'avant hier, en
commission parlementaire, il aurait voulu qu'on paie des gens non
assurés.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Motions non
annoncées.
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Avis à la Chambre.
M. le leader du gouvernement.
Avis à la Chambre
M. Charron: Enfin, M. le Président, je vais pouvoir donner
les avis à la Chambre. Tout est à peu près fait au niveau
du travail des commissions parlementaires, sauf celle de l'Assemblée
nationale qui a été mandatée pour étudier article
par article un projet de loi et qui, d'autre part, a certains problèmes
ou certains sujets d'ordre courant de l'administration de l'Assemblée
à étudier également. Je ferai donc motion, dans quelques
instants, pour que celle-ci puisse siéger immédiatement. À
l'Assemblée, je voudrais disposer le plus rapidement possible, avant
d'aller en commission parlementaire, d'un certain nombre de projets de loi qui
sont à l'étape finale et qui ne devraient pas susciter beaucoup
de difficultés.
D'autre part, ce que nous allons étudier ici, ce matin, c'est le
projet de loi qui porte le no 20 au nom du ministre de l'Habitation et, lorsque
l'Assemblée aura adopté sa deuxième lecture, je la
transformerai en commission plénière et on en fera l'étude
article par article ici-même. C'est le cas de le dire, article par
article, puisqu'il n'y a qu'un article.
Ensuite, l'Assemblée sera disposée, je l'espère,
à adopter la troisième lecture du projet de loi. J'indique tout
de suite que ces travaux se feront quand même d'une manière assez
rapide. Où que l'on en soit dans l'horaire de la journée,
à 12 h 30, nous suspendrons l'étude là où nous en
serons pour ensemble souligner un événement qui nous tient
à coeur. Par la suite, à 15 heures, nous reprendrons là
où nous en serons si jamais nous n'avons pas terminé tout le
programme, en espérant qu'à 15 heures la même maladie ne
nous prendra pas comme ce matin et qu'on poursuive jusqu'en soirée.
C'est le voeu que je me permets d'exprimer officiellement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader, est-ce que
vous faites une motion immédiatement?
M. Charron: Oui. M. le Président, je voudrais proposer,
avant d'aller en commission parlementaire, que l'Assemblée accepte de
faire la prise en considération du rapport de la commission de la
Justice qui a été fait ce matin. Donc, il n'apparaît pas au
feuilleton, bien sûr. C'est le rapport de la
commission de la justice qui a étudié un projet de loi
omnibus, Loi modifiant certaines lois relatives à l'administration de la
justice.
Recours à l'article 34
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader, je pense
qu'il y aurait une question en vertu de 34 de Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
demander au leader du gouvernement s'il peut nous assurer que nous recevrons
tous les documents et les rapports qui ont été faits lors de
l'étude des crédits dans les différents ministères,
on soit assuré de les recevoir dans un délai raisonnable. Il y a
des choses très courtes et souvent, on n'en entend plus parler. On les
demande vraiment parce que c'est utile pour notre travail.
M. Charron: Je crois effectivement que madame a raison, mais je
ne peux m'engager sur cette circonstance. Ce que je vais demander à tous
mes collègues qui, au cours des crédits, ont pris certains de ces
engagements - j'ai été témoin moi-même de certains
de ceux-là - c'est de demander aux gens qui les entourent dans leur
cabinet politique ou l'administration publique immédiate, de revoir
à la transcription même les engagements qui ont été
pris pour que dans les jours qui vont suivre la prorogation de cette session
ces documents, tel que convenu, soient acheminés. Le meilleur "follow
up" qu'on peut donner à ce genre d'engagement, c'est de reprendre
littéralement la discussion et de voir à quel endroit on a promis
les documents. Je pense que c'est le meilleur engagement que je puisse prendre
à ce moment-ci.
J'en viens à ma proposition, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui, M. le leader.
M. Charron: ...de prendre en considération le rapport de
cette commission.
Prise en considération du rapport sur
l'étude du projet de loi no 17
Le Vice-Président (M. Jolivet): Prise en
considération du rapport de la commission de la justice qui a
étudié le projet de loi no 17, Loi modifiant certaines lois
relatives à l'administration de la justice. Ce rapport est-il
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Troisième lecture
M. Charron: Puis-je proposer la troisième lecture de ce
projet de loi, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette troisième
lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Projet de loi no 262 Deuxième lecture
M. Charron: De même, déposer ce matin un rapport de
la même commission de la justice, mais qui portait sur le projet de loi
privé no 262 qui lui avait été
déféré. Je proposerais la deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): La deuxième lecture
du projet de loi privée no 262 est-elle adoptée.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: Puis-je en proposer la troisième lecture, M.
le Président?
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette troisième
lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): En ce moment, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): ...j'aimerais m'assurer auprès
du leader parlementaire du gouvernement, - parce que nous venons de recevoir
les rapports - que lorsqu'il proposera ainsi les deuxième et
troisième lectures relativement à des projets de loi
privés, il peut m'assurer en même temps que les commissions de la
justice, des institutions financières et des affaires municipales ont
donné un avis favorable à l'adoption de ces projets de loi.
M. Charron: Tous les projets de loi que je vais proposer en
deuxième et troisième lecture dans les prochains instants sont
des projets qui...
M. Levesque (Bonaventure): Ou au cours de la journée.
M. Charron: ...ont reçu l'assentiment unanime des
commissions parlementaires qui avaient été mandatées pour
les étudier. D'accord?
M. Levesque (Bonaventure): D'accord. Cela va.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Donc, troisième
lecture adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader.
Projet de loi no 224 Deuxième lecture
M. Charron: Prenons les projets de loi privés qui ont
été scrutés par la commission des institutions
financières. Je proposerais la deuxième lecture du projet de loi
no 224, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): La deuxième lecture
du projet de loi no 224, Loi concernant Trust Hellénique Canadien
est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
M. Charron: J'en propose la troisième lecture.
Le Vice-Président (M. Jolivet): La troisième
lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: Je vous prie d'appeler le projet de loi no 266, M. le
Président.
Projet de loi no 266 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture du
projet de loi no 266, Loi concernant Les Services de Capitaux B.T. Ltée.
Cette deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
M. Charron: Troisième lecture.
Le Vice-Président (M. Jolivet): La troisième
lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: Projet de loi no 202, M. le Président.
Projet de loi no 202 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Projet de loi no 202,
deuxième lecture, Loi concernant Crédit Lyonnais Canada
Limitée. Cette deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: Projet de loi no 254, M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant!
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Un instant! La
troisième lecture du projet de loi no 202 est-elle adoptée?
M. Charron: Pardon!
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 234 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Projet de
loi no 254, deuxième lecture de la Loi concernant Les Prévoyants
du Canada et La Laurentienne, Compagnie mutuelle d'Assurance. Cette
deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): La troisième
lecture est adoptée? Adopté.
Projet de loi no 213 Deuxième lecture
M. Charron: Projet de loi no 213, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Loi concernant Dumont
Nickel Corporation. La deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): La troisième
lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Projet de loi no 219
Deuxième lecture
M. Charron: Projet de loi no 219.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Loi concernant
Québecair-Air Québec. La deuxième lecture de ce projet de
loi est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Troisième
lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: Je voudrais maintenant proposer la deuxième
lecture des projets de loi qui nous arrivent de la commission des affaires
municipales. Je vous prierais d'appeler d'abord la deuxième lecture du
projet de loi no 210.
Projet de loi no 210 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): La deuxième lecture
du projet de loi no 210, Loi annexant certains territoires à celui de la
municipalité de Havre Saint-Pierre est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): La troisième
lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté..
Le Vice-Président (M. Jolivet):
Adopté.
Projet de loi no 212 Deuxième lecture
M. Charron: Projet de loi no 212, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture du
projet de loi no 212, Loi concernant la ville de La Sarre. Cette
deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): La troisième
lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. (12 heures)
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: Projet de loi no 245, M. le Président.
Projet de loi no 245 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Projet de loi no 245,
deuxième lecture de la Loi modifiant la Charte de la ville de Matagami.
Cette deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): La troisième
lecture est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Projet de loi no 255 Deuxième lecture
M. Charron: Le projet de loi no 255, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): La deuxième lecture
du projet de loi no 255, Loi concernant la ville de Gatineau, est-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Projet de loi no 220
Deuxième lecture
M. Charron: Le projet de loi no 220.
Le Vice-Président (M. Jolivet): La deuxième lecture
du projet de loi no 220, Loi autorisant la ville de Montréal à
vendre un terrain, est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Troisième lecture, adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: Merci. M. le Président, je proposerais
maintenant que, tout de suite, pour la prochaine demi-heure, la commission de
l'Assemblée nationale puisse se réunir à la salle 81-A.
Dans la même motion, je propose que vous appeliez l'article 4 du
feuilleton, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion pour que se
réunisse la commission de l'Assemblée nationale est-elle
adoptée?
M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, le leader
parlementaire du gouvernement aurait-il l'obligeance d'informer cette Chambre
du mandat de la commission de l'Assembée nationale?
M. Charron: Volontiers, M. le Président, c'est quelque
chose que j'aurais dû faire. D'abord, c'est pour l'étude article
par article du projet de loi no 6, Loi concernant certains ministères,
qui lui a été déféré. Je proposerai,
après cette première tâche, la formation d'une
sous-commission de l'Assemblée nationale chargée
d'étudier, au cours de l'entre-session, l'avant-projet de loi sur la
refonte de la Loi sur la Législature qu'une sous-commission avait
déjà commencé à étudier l'année
dernière. Nous avons des nominations à faire aussi, en
commission, à la fondation Jean-Charles-Bonenfant.
Quatrièmement, une décision du Comité de
régie interne concernant un fonctionnaire adjoint au Vérificateur
général nécessite un examen de la part de la commission de
l'Assemblée nationale et un assentiment de la commission de
l'Assemblée nationale. Ce sont les quatre sujets à l'ordre du
jour de cette commission.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
Le Vice-Président (M. Jolivet): D'accord. Donc, la
commission peut siéger.
Projet de loi no 20 Deuxième lecture
J'appelle donc la deuxième lecture du projet de loi no 20, Loi
modifiant le Code civil et certaines dispositions législatives en
matière de logement.
M. le ministre de l'Habitation.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, le projet de loi no 20 vise
à donner suite à de nombreuses représentations de citoyens
sur la soudaine montée de menaces d'éviction dans des immeubles
locatifs à plusieurs logements. Ce projet de loi tient d'ailleurs compte
des remarques de l'Opposition sur le sujet, particulièrement, je pense,
de la part du député d'Outremont et du député de
Mont-Royal. Je pense qu'il convient de resituer ce projet de loi dans le
contexte approprié.
En effet, c'est à la suite de l'adoption d'un moratoire sur la
transformation des immeubles en condominiums que nous avions assisté
à un arrêt assez significatif des transformations des immeubles
locatifs en copropriété. Ce moratoire avait été
décrété en 1974 ou en 1975, par le gouvernement d'alors,
appuyé en ça, d'ailleurs, par l'Opposition. Ce n'est que depuis
quelque temps que nous assistons à une reprise du
phénomène, mais par le biais, j'allais dire, un peu
détourné, contorsionné de la copropriété
indivise.
Je comprends que les avocats, les notaires, les gens qui ont une
formation juridique peuvent être heureux comme des poissons dans l'eau
avec ces notions de copropriété divise et indivise, mais, pour
les gens ordinaires, ça veut dire quoi? Moi, qui ne suis pas avocat,
j'ai dû me le faire expliquer il y a quelque temps déjà. La
copropriété indivise, le mot le dit, on ne divise pas, on ne
sépare pas l'immeuble comme tel. Les deux, trois, quatre personnes qui
se mettent ensemble pour acheter un immeuble sont propriétaires de tout
l'immeuble. On ne le découpe pas en pièces, alors que, dans le
cas de la copropriété divise, appelée communément
condominium, c'est la vente de chacune des unités de logement dans cet
immeuble.
Si la situation, en ce qui concerne la copropriété divise
qui avait été permise au Québec, pendant une
période de temps donnée a donné lieu à toutes
sortes de problèmes juridiques - elle a été permise de
1969 à 1974, a fait l'objet d'une interdiction de l'ancien gouvernement,
comme je l'ai dit, appuyée d'ailleurs par l'Opposition à
l'époque, parce que véritablement il y avait des problèmes
- la copropriété indivise, c'est-à-dire celle où
deux ou plusieurs personnes étaient conjointement propriétaires
de tout un immeuble, ne causait pas de problème tant et aussi longtemps
qu'on n'a pas tenté de lui faire atteindre les fins qu'aurait dû
normalement viser la copropriété divise.
Plus récemment, de façon plus précise, la situation
s'est aggravée par l'arrivée sur le marché de
convertisseurs - appelons-les ainsi - qui concentrent leur action sur les
immeubles anciens de plusieurs logements pouvant aller jusqu'à 30, 35,
40 logements. Le phénomène qui se passe est le suivant: ces
convertisseurs achètent ces immeubles au prix de leur valeur locative et
les revendent subséquemment par parts, chaque part donnant droit
à un logement. Cette transaction représente certains risques pour
l'acheteur de la part indivise - je l'ai mentionné - notamment le fait
que le propriétaire de cette part indivise est conjointement et
solidairement responsable généralement de l'ensemble de
l'hypothèque qui grève cette propriété, ainsi que
d'autres difficultés qui ne sont pas insurmontables dès lors
qu'il s'agit d'un petit groupe de deux, trois individus qui s'entendent entre
eux pour ces fins. Mais dès qu'il s'agit d'un ensemble immobilier, d'un
immeuble de rapport où, encore une fois, il existe une très
grande diversité des cas et des situations, dans ces cas, il
apparaît extrêmement difficile d'en venir à un contrat de
société. D'ailleurs, cela a été la raison pour
laquelle on a interrompu la copropriété divise.
Évidemment, cette opération des convertisseurs, d'une
part, s'avère être un excellent placement pour ceux-ci qui
revendent selon une valeur de propriété. Cette opération,
évidemment, se termine forcément par l'éviction massive
des locataires qui ne peuvent ou ne veulent pas acheter leur logement. Cette
opération appliquée sur de gros immeubles entraînera,
à plus ou moins long terme, une diminution du stock de logements
locatifs.
La situation actuelle présente d'ailleurs des analogies avec
celle qui prévalait en 1975 lorsque le gouvernement d'alors
décida, avec l'appui de l'Opposition du temps, d'imposer un moratoire
sur les transformations en condominiums.
À la suite de représentations, il a paru opportun au
gouvernement d'agir maintenant, avant que ne se propage ce
phénomène et ce, afin de protéger les locataires
menacés et freiner la diminution soudaine de logements locatifs que
subissent certains territoires et certaines parties notamment de la ville de
Montréal.
Évidemment, la protection des locataires est importante, mais
également la protection des acquéreurs aussi dont les titres de
propriété sont, dans certains cas, tout ce qu'il y a de moins
sûr et de moins certain.
Le projet de loi qui est devant cette Assemblée vise
essentiellement à limiter le droit de reprise de possession dans le cas
de copropriété indivise de cinq logements et plus jusqu'à
ce qu'un règlement régissant de telles reprises de possession
soit adopté.
Il s'agit donc d'un gel du droit d'un copropriétaire indivis
à reprendre possession d'un logement occupé par un locataire. Ce
gel s'applique aux copropriétaires indivis d'un immeuble ne
détenant pas de titre enregistré au moment du dépôt
de la loi, c'est-à-dire le 11 juin 1981. (12 h 10)
Cette mesure ne s'applique qu'aux immeubles de cinq logements et plus,
parce que dans tous les cas qui sont présentement l'objet d'une telle
activité, nous n'avons, d'une part, trouvé aucun cas d'immeubles
de moins de cinq ou six logements. Deuxièmement, M. le Président,
comme je l'ai mentionné, le fait que deux ou trois personnes s'associent
pour acheter un duplex, un triplex ou, à la limite, un quadruplex, c'est
une chose pensable que des gens
puissent s'entendre entre eux. Ce n'est pas du tout le même
phénomène que celui des Cris, tantôt, cette
opération de certains convertisseurs. Elle est d'ailleurs
utilisée pour les plus petits logements depuis un bon nombre
d'années, dans les immeubles de deux ou trois logements, sans
présenter de difficultés majeures ni d'incidences
spéculatives marquées que nous connaissons maintenant dans le cas
des gros immeubles.
Par contre, M. le Président, l'application de la formule de la
copropriété indivise aux grands ensembles immobiliers
développés récemment soulève de nombreuses
interrogations. Ce sont donc ces immeubles qui sont visés par le projet
de loi no 20. Il va de soi que les titres enregistrés avant le
dépôt de la loi ne sont pas touchés par le gel, puisqu'il
s'agit là d'actes légalement posés sur lesquels on ne peut
revenir sans causer de graves préjudices à celui qui a
acheté en toute bonne foi.
En terminant, M. le Président, j'aimerais préciser le sens
de l'article 1 de ce projet de loi qui vise à laisser une certaine
souplesse au régisseur pour considérer les avis reçus,
tant par le propriétaire que par le locataire, et qui ne pourraient
même pas être considérés pour une simple raison de
vice de forme. Il s'agit de s'assurer que ni les propriétaires, ni les
locataires ne sont pénalisés du fait qu'une formalité
aurait été omise. Voilà un projet de loi qui a
été demandé par nos concitoyens, dont des
députés dans cette Chambre se sont d'ailleurs faits les
porte-parole puisque c'est, je pense, surtout dans la circonscription
d'Outremont, notamment, que l'on retrouve un tel phénomène.
À la fois sur les représentations des citoyens, les
représentations de la Régie du logement et celles des
députés, nous nous devions de poser ce geste de
dépôt du projet de loi no 20 dont je demande l'adoption en
deuxième lecture.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Le projet de loi 20,
effectivement, met un moratoire sur l'expulsion de locataires dans des
immeubles à logements suite à l'achat de cet édifice par
une tierce personne. Pourquoi le présent projet de loi et quelles en
sont les conséquences?
Le gouvernement a adopté le projet de loi no 107, en 1979.
Effectivement, ce projet de loi permettait la conversion d'immeubles
d'appartements en condominiums. Cela voulait dire que si quelqu'un avait un
immeuble d'appartements de trente unités, il pouvait le convertir en
trente différentes propriétés, vendre les appartements et
celui qui devait acquérir l'appartement, ou qui achetait l'appartement,
pouvait naturellement en prendre possession d'après les règles de
la Régie des loyers.
Cependant, ce droit accordé dans la loi no 107 en 1979
était sujet à la réglementation de la régie. La
réglementation devait imposer des conditions que la régie
estimait justes et raisonnables. Elle pouvait déterminer des conditions
pour la protection du locataire ou de l'acquéreur éventuel.
C'est vrai, comme le ministre l'a souligné, l'Opposition
officielle a voté en faveur de ce projet de loi parce qu'il y avait des
mécanismes pour protéger soit l'acquéreur, soit le
locataire, à la suite des réglementations que la régie
devait mettre en vigueur.
Mais qu'est-il arrivé, M. le Président? Il n'y a jamais eu
de réglementation. La régie n'a pas pu la rédiger ou la
rendre publique pour permettre la conversion en condominiums. On ignore pour le
moment les raisons, mais le fait est qu'une personne ne pouvait pas vraiment
acheter un appartement dans une maison d'appartements. Alors, qu'est-il
arrivé? Quand il y a une demande pour certaines choses et que le
gouvernement n'agit pas, les gens cherchent d'autres moyens de contourner la
loi pour arriver à leurs objectifs. Dans ce cas-ci, on a trouvé
le concept, comme le ministre l'a décrit, de la
copropriété indivise. Cela veut dire, effectivement, que,
plutôt qu'une personne achète un appartement et devienne
propriétaire de l'appartement individuellement sans s'occuper des autres
appartements dans l'édifice, on a trouvé un concept qui se trouve
dans notre Code civil et qui est un concept très valable, où 30
personnes achetaient la maison d'appartements. Alors, les 30 personnes
étaient copropriétaires de la maison d'appartements et chacune de
ces 30 personnes pouvait envoyer un avis au locataire, par exemple, de
l'appartement no 1: Moi, je suis propriétaire indivis; je veux prendre
possession de l'appartement; je l'ai acheté et je le veux pour telle
date.
Vous voyez, M. le Président, qu'on faisait indirectement ce que
la loi ne permettait pas de faire directement et tout cela d'une façon
légale. Quand, en cette Chambre, on a soulevé la question que
c'était contourner la loi et que le gouvernement... Je me souviens des
réponses, au début, du député de Taschereau et
même du ministre, disant que ce n'était pas contourner la loi,
mais que c'était légal. Certainement, c'était
légal, mais on faisait indirectement ce qu'on ne pouvait pas faire
directement.
Alors, nous nous sommes opposés. L'Opposition officielle a fait
des représentations auprès du gouvernement pour ne pas permettre
cet abus des droits. C'est
vraiment un abus parce qu'il existe un problème social. C'est
vrai qu'on ne veut pas empêcher le commerce, l'industrie
immobilière. On ne veut pas empêcher le commerce normal dans ce
domaine. Cependant, il faut réaliser... Dans le cas qui a
été soumis à notre attention, le problème social,
c'est que les gens ne savaient pas où aller pour se reloger, parce qu'il
y a une pénurie de logements à Montréal. Alors, les gens
recevaient un avis de déménager et ils disaient: Mais où
puis-je déménager? Je ne peux certainement pas aller vivre dans
les rues, je ne peux pas aller vivre à l'hôtel. Plusieurs fois,
souvent, M. le Président, c'étaient des personnes
âgées. Dans le cas cité par le ministre de l'Habitation,
à Outremont, c'étaient des personnes âgées, des
personnes retraitées qui se faisaient dire: Ou vous achetez
l'appartement ou vous allez devoir quitter les lieux. Nous avons réagi,
l'Opposition a réagi et c'est pourquoi nous avons aujourd'hui un projet
de loi qui aurait dû, normalement, être déposé
à l'Assemblée nationale bien avant cette date. On a donné
notre consentement, on a porté cette situation à l'attention du
gouvernement parce que c'était injuste, ce n'était pas
équitable, ce qui se produisait à l'égard de ces
locataires.
On doit déplorer l'attitude du gouvernement sur cette question.
Je reviendrai tantôt pour porter à votre attention les
conséquences du projet de loi, les conséquences de l'article 2,
du moratoire, de ce qui est vraiment arrivé. Je me souviens, j'ai
été étonné, quand j'ai soulevé la question
en cette Assemblée, alors que le ministre de l'Habitation n'était
pas à l'Assemblée nationale, il était retenu ailleurs, de
voir que le premier ministre était au courant, il a cité le cas
d'Outremont. Mon étonnement était celui-ci: Comment se fait-il
qu'un chef de gouvernement, qui sait qu'il existe des situations de ce genre,
alors que des gens se plaignent, que des personnes âgées se font
mettre dehors, ne réagit pas par une loi? Pourquoi a-t-il fait
traîner cela jusqu'à maintenant? Parce que ce n'est pas
d'aujourd'hui que les gens se plaignent, cela fait au moins depuis le mois de
septembre dernier, sinon avant. Même avec le projet de loi, il y a des
gens qui vont subir des conséquences assez sérieuses. Le projet
de loi ne les protégera pas des conséquences du contournement de
la loi que nous avons portées à l'attention du gouvernement; ils
les subissent déjà et ce n'est pas une consolation de savoir
qu'à l'avenir le gouvernement va protéger de semblables
situations, de semblables locataires. Ce n'est pas une consolation pour eux.
(12 h 20)
Savez-vous, M. le Président, qu'on se fait accuser? C'est bon de
le mentionner à ce stade de la discussion du projet de loi.
Combien de fois avons-nous entendu le parti ministériel nous
accuser de prendre la part des riches? Le Parti libéral veut taxer les
pauvres et il défend les riches. Examinez donc votre comportement par ce
projet de loi-ci. Qui a protégé les moins nantis, les personnes
défavorisées, les personnes qui avaient vraiment besoin
d'être aidées? Qui s'est élevé en Chambre contre la
pratique de ce que vous appelez les spéculateurs? On a une conscience
sociale et ce n'est pas une question de richesse ou de pauvreté, c'est
le fait de prendre nos responsabilités, de réaliser ce qui se
produit dans notre société, de se lever et de dire: Oui,
peut-être que cela peut avantager certaines personnes, mais il faut tout
de même être juste, il faut agir d'une façon
équitable envers toute notre société.
C'est dans cet esprit que nous avons insisté - je dois souligner
ce fait - pour que le gouvernement agisse. Le gouvernement s'est
traîné les pieds, il aurait pu agir plus vite. Vous auriez pu
produire cette loi l'automne dernier, quand cela a été
porté à l'attention du ministre de l'Habitation. La
réponse qu'il avait donnée à ces gens dans ce
temps-là, c'était: Écoutez, ce ne sont que quelques cas,
on ne peut pas rédiger une loi pour quelques cas seulement. Ce
n'était pas important, il n'y en avait que quelques-uns qui
étaient affectés. Dans ce cas, la social-démocratie - le
slogan de la social-démocratie - ne s'appliquait pas, parce qu'on ne
voulait pas agir. Je reproche au gouvernement de ne pas avoir agi avant. Je
vais vous dire pourquoi, M. le Président, ce n'est pas de la
démagogie, je reproche au gouvernement de ne pas avoir agi avant.
Si vous regardez votre projet de loi, premièrement, à
l'article 2, vous parlez d'un immeuble de cinq logements au moins. C'est exact,
nous acceptons ça. Comment ce chiffre de cinq logements au moins est-il
venu sur le tapis? C'était à la suite d'une réunion
à laquelle j'ai assisté, moi-même en présence du
ministre des Communautés culturelles, et où la suggestion a
été faite par le représentant des locataires.
Écoutez, le problème n'existe pas où il y a au moins six
logements en copropriété. Cela ne représente pas le
problème. Le problème, c'est quand il y a de gros édifices
et qu'on veut contourner la loi des condominiums.
Le gouvernement a pris le chiffre de cinq logements. Mais, et voici la
difficulté qui se produit, M. le Président, on dit ici que le
propriétaire d'une partie indivise d'un immeuble comportant cinq
logements ou plus ne peut exercer le droit prévu, c'est-à-dire
qu'il ne peut obtenir possession des lieux et expulser le locataire, que si son
titre a été enregistré antérieurement à
aujourd'hui, je présume. Le dépôt de la loi a eu lieu, il y
a une semaine ou deux. Le 11? Le 11 juin, très bien. Donc,
antérieurement au 11 juin.
Mais qu'arrive-t-il des cas antérieurs au 11 juin? Moi, j'aurais
préféré que votre moratoire soit rétroactif. Je
comprends les difficultés d'une loi rétroactive. Enlever des
droits acquis par une loi rétroactive, c'est un principe que vraiment on
ne devrait pas accepter, malgré que ce gouvernement-ci en a voté
des lois rétroactives sans s'occuper des conséquences. Mais,
comme principe, la rétroactivité n'est pas un bon principe.
Si vous aviez agi quand cela a été porté à
votre attention, on n'aurait pas le problème de la
rétroactivité. On n'aurait pas le problème des gens qui
ont déjà été expulsés. Je demande au
ministre, et peut-être que le ministre pourrait nous répondre:
Qu'allez-vous faire, qu'est-ce que le gouvernement va faire pour ceux qui ont
été expulsés avant cette date lorsque le titre de
copropriété a été enregistré?
Ces gens ont subi des dommages. Est-ce que le ministre va agir? Est-ce
que dans sa réglementation, dont le projet de loi parie au prochain
article, il y aura une clause pour dédommager les personnes
affectées par le contournement de la loi, par des gens qui ont
contourné la loi et qui ont enregistré leur titre avant le 11
juin, parce qu'ils ont fait d'une façon indirecte ce qu'ils n'avaient
pas le droit de faire directement? J'aimerais que le ministre nous dise, dans
sa réplique, ce qu'il entend faire pour les personnes qui sont
déjà affectées, soit qu'elles aient été
expulsées ou qu'elles aient reçu un avis d'expulsion parce que si
le titre a été enregistré, il se peut que les locataires
habitent dans ces logements mais qu'ils aient reçu un avis
d'expulsion.
Je ne voudrais pas que le ministre me donne comme réponse:
Écoutez, la loi va suivre son cours, avec l'avis d'expulsion, ils vont
aller devant la régie et c'est un tribunal. Nous allons laisser la
régie déterminer les obligations, les responsabilités
concernant le droit d'expulsion. Ce n'est pas une réponse parce que la
régie sera obligée, d'après les termes de la loi, de
donner effet à l'avis d'expulsion si, effectivement, le projet de loi
stipule que si le titre d'enregistrement a été enregistré
avant le 11 juin la personne est effectivement propriétaire. Je ne
voudrais pas que le ministre me donne une réponse technique, une
réponse juridique plaçant sur le dos de la régie l'onus,
la responsabilité d'agir dans ces cas. La responsabilité
appartient au gouvernement. C'est le gouvernement qui a laissé
traîner...
M. le Président, je dois vous dire que c'est triste, quand on
reçoit des appels de ces gens, à Outremont. On a l'impression
qu'à Outremont ou Mont-Royal, il y a seulement des personnes riches, des
personnes plus favorisées. Je dois vous dire, M. le Président,
que dans ces endroits, soit à
Mont-Royal, soit à Outremont, il y a des maisons à
logements où habitent des gens qui ont des moyens qu'on pourrait
décrire comme n'étant pas tellement riches, et ils ont des
problèmes. C'est vraiment triste, M. le Président, quand on
reçoit des appels téléphoniques de gens qui se plaignent.
Une personne, après 25 ans dans le même édifice, m'a dit:
Cela fait 25 ans que j'habite ici. C'est ma maison. J'ai payé le loyer
depuis 25 ans et on vient m'envoyer un avis que je dois quitter. Cette personne
reçoit comme seule rémunération son chèque de
pension. Elle a dit: Que vais-je faire? Où vais-je aller? Ce sont les
mêmes personnes, M. le Président, qui ont déjà
avisé le ministre l'automne dernier. Où était le coeur de
ce gouvernement social-démocrate? Ces personnes ont subi les
conséquences du manque d'agissements du gouvernement, elles ont subi les
conséquences de ceux qui ont voulu prendre avantage de la loi.
M. le Président, nous allons évidemment sppuyer le projet
de loi: c'est nous qui l'avons demandé. Le gouvernement peut bien dire
maintenant qu'il a cru important d'agir. C'était vraiment un
problème qui pouvait avoir des conséquences désastreuses
pour ceux qui étaient impliqués. Ce n'est pas pour rien que, dans
le projet de loi no 107, on a dit: Vous ne pourriez pas faire cela sans une
réglementation. C'était le temps d'agir. Nous allons appuyer le
projet, mais nous regrettons qu'il n'ait pas été
déposé avant à l'Assemblée nationale; nous
regrettons que le gouvernement n'ait pas aqi avant et nous demandons au
gouvernement ce qu'il va faire pour ceux qui ont été
lésés, malgré le projet de loi, soit qu'ils aient
été expulsés ou qu'ils soient en train d'être
expulsés à la suite d'un avis des propriétaires et des
copropriétaires des appartements.
Pour ces raisons, M. le Président, nous allons appuyer le projet
de loi et nous allons demander au gouvernement les réponses qui
s'imposent. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Taschereau.
M. Richard Guay
M. Guay: J'ai, une fois encore, M. le Président,
écouté soigneusement notre excellent ami de Mont-Royal et je
regrette un peu que, pour un projet de loi qui, effectivement, semble devoir
susciter l'unanimité - puisque, après avoir décrié
une situation, il nous a quand même dit qu'il allait voter pour le projet
de loi - le ton du discours du député de Mont-Royal ait
été beaucoup plus politique que technique, si on veut, dans des
conditions où il s'agit beaucoup plus d'un problème technique
d'application de la loi. (12 h 30)
Je ne ferai pas de querelle au député de Mont-Royal et
nous ne ferons pas un débat sémantique quant à savoir s'il
y a eu ou non contournement de la loi. Le député de Mont-Royal
nous dit: Ce qui s'est fait était légal, et il nous dit en
même temps: Ce qui s'est fait constitue un contournement de la loi.
Depuis quand un contournement de la loi est-il légal? Pour un avocat,
c'est une assez curieuse argumentation. C'est légal, il ne s'agit pas
d'un contournement de la loi, c'est permis. La copropriété
indivise est une chose qui existe depuis des années, c'est une forme de
propriété que certains trouvent avantageuse, en particulier dans
les centre-ville, dans les duplex, dans les triplex et dans les immeubles
à logements multiples. Cela n'a rien de nouveau. Il nous fait valoir
comme argumentation qu'en transformant en copropriété indivise
des immeubles d'une trentaine de logements, on se trouve à contourner la
loi parce que cela équivaut à faire des condominiums alors qu'il
est interdit de transformer des immeubles existants en condominiums. Ce n'est
pas tout à fait exact.
D'abord, au sujet des condominiums, signalons qu'il est tout à
fait permis d'en construire et qu'à l'heure actuelle, effectivement, il
s'agit d'ouvrir les journaux pour constater, a Montréal, à
Québec, qu'il y a beaucoup de condominiums en construction. Donc, pour
ce qui est des maisons neuves, des logements neufs, le condominium est
permis.
La transformation d'immeubles existants en condominiums n'est pas pour
l'instant autorisée tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas un
règlement prévu dans la loi 107, loi qui a été
adoptée sous le présent gouvernement et à laquelle
l'Opposition libérale, si ma mémoire est bonne, s'est
opposée. Ce règlement, effectivement, n'existe pas encore. Mais,
à supposer qu'il existe et qu'on prévoie dans un règlement
des modalités de transformation d'immeubles existants en condominiums,
ce contre quoi j'ai de très sérieuses réserves, parce que,
partout où cela s'est fait en Amérique du Nord, cela a
impliqué que le marché du logement locatif avait diminué
de manière dramatique alors qu'il ne s'est pas construit
parallèlement d'autres logements locatifs et que les gens qui n'avaient
pas les moyens ou le désir d'habiter dans des condominiums se sont
trouvés forcés d'habiter en banlieue, enfin Dieu sait où,
mais ne pouvaient plus habiter dans des logements locatifs.
Le condominium est une solution pire que la copropriété
indivise qui, elle, est permise. Le député de Mont-Royal semble
dire dans son argumentation que nous devrions permettre la transformation des
logements locatifs en condominiums et que c'est parce qu'elle est interdite
à l'heure actuelle, parce qu'il n'y a pas de règlements de
transformation des immeubles en condominiums qu'il se produit la situation que
nous connaissons, à Montréal en particulier.
Mais si la transformation en condominium était permise, la
situation serait bien pire, parce que la transformation en condominium,
contrairement à celle qui se fait en copropriété indivise,
implique pour l'acquéreur des coûts infiniment plus
élevés que pour l'acquéreur d'un appartement en
copropriété indivise, pour l'excellente raison qu'un condominium
c'est quoi au fond? À partir de cette notion qui existe, que tous
connaissent, les terrains, ceux urbanisés en tout cas, sont
divisés, enfin, dans la partie peuplée du Québec, en
cadastre. Un bon jour, quelqu'un, quelque part, pas nécessairement ici,
a eu l'idée que, si on peut faire un cadastrage horizontal, on pourrait
aussi bien faire un cadastrage vertical. C'est ainsi qu'à partir,
disons, du lot no 100, dans une paroisse d'Outremont, par exemple, puisqu'on
parle beaucoup d'Outremont, on a divisé le lot 100 en autant de
cadastres qu'il y avait d'appartements d'érigés dans l'immeuble
qui occupait ce lot-là. Alors, si vous avez trente appartements, le lot
100, en cadastrage vertical, est divisé en trente lots distincts, en
trente propriétés distinctes, même si c'est dans le
même édifice, trente propriétés qui sont chacune
trente appartements qui sont chacun taxés individuellement par la
municipalité, comme s'il s'agissait presque de maisons individuelles,
recevant de la municipalité le service d'aqueduc, le service
d'égout, indépendamment des autres appartements qui sont
situés dans le même immeuble. Il est bien évident que, par
le fait même, un condominium, simplement à cause des taxes
municipales, coûte infiniment plus cher à son propriétaire
qu'un appartement détenu en copropriété indivise,
où, au moins, l'immeuble n'est taxé qu'une seule fois. Ce n'est
pas chaque appartement qui est taxé comme si c'étaient autant de
propriétés. L'immeuble n'est taxé qu'une seule fois. Au
moins, il y a une économie pour les propriétaires.
Si bien qu'autant la propriété indivise peut être
une forme intéressante de propriété dans les centre-ville,
autant le condominium est une forme de propriété qui n'est
accessible qu'aux gens qui ont des revenus élevés. Or, le grief
que nous fait le député de Mont-Royal, c'est que nous n'avons pas
adopté de règlements permettant la transformation en condominium
d'immeubles locatifs et qu'à cause de ça, des gens ont
trouvé le moyen de faire de la spéculation foncière.
Effectivement, le problème en est un de spéculation, M. le
Président. Je le signalais, ce n'est pas la première fois que la
copropriété existe. Ce n'est pas d'hier. Ce n'est pas depuis la
loi 107. Sauf qu'il y a des gens, à Montréal en particulier et
à
Outremont plus spécifiquement, qui ont découvert qu'en
achetant un immeuble à sa valeur marchande et en le revendant en
copropriété indivise, ils pouvaient faire une belle passe
financière. Essentiellement, c'est ça le problème.
Quelqu'un achète un immeuble d'appartements pour 500 000 $ parce
que c'est sa valeur marchande. La valeur marchande d'un immeuble d'habitation,
généralement, c'est cinq à six fois les revenus que
rapporte cet immeuble pendant une année. Alors, on calcule les loyers,
on multiplie par cinq ou six, et voilà la valeur marchande; disons que
ça totalise 500 000 $. On achète l'immeuble à 500 000 $.
La valeur marchande de cet immeuble, il faut bien le dire, est
conditionnée par le fait que ces appartements sont soumis à la
Régie du logement, à un certain contrôle des loyers, ce qui
tend à freiner la hausse de la valeur de l'immeuble. Mais, à
partir du moment où l'individu l'ayant acheté pour 500 000 $ le
soustrait au contrôle de la Régie du logement en le revendant sous
forme de copropriété indivise, c'est-à-dire une action qui
permet d'occuper un appartement, l'immeuble n'est plus soumis au contrôle
de la régie. Sa valeur marchande vaut ce que vaut l'immeuble sur le
marché, c'est-à-dire ce que les gens sont bien prêts
à payer pour cet immeuble. Si les gens sont prêts à payer
le double, c'est le double. C'est ce qui se produit à Montréal.
De 500 000 $ qu'était le coût d'achat, on revend l'immeuble, au
total, quand on a vendu toutes les actions en copropriété
indivise, 1 000 000 $, quelques semaines ou quelques mois plus tard...
Une voix: 1 500 000 $.
M. Guay: ...et même 1 500 000 $, avec 100%, 200% de profit
dans certains cas. C'est là le scandale, c'est ce qui est nouveau dans
le phénomène de la transformation en copropriété
indivise dans nos villes. Auparavant, des gens achetaient pour y habiter;
maintenant, des gens achètent pour spéculer et revendre ensuite.
Ce sont ces intermédiaires particulièrement inutiles qui font
gonfler artificiellement le prix des immeubles.
Il y a aussi, c'est un fait, un problème de reprise de
possession, c'est-à-dire que la loi reconnaît depuis toujours - la
loi no 107 n'a rien changé à ce point de vue - qu'un
propriétaire d'une maison peut prendre possession de sa maison, ce qui
implique, évidemment, que s'il y a un locataire, le locataire est, par
le fait même, évincé. Ce problème existe depuis
toujours. Il n'est pas récent. Il est peut-être plus massif depuis
qu'on fait de la transformation en copropriété indivise à
coup de 30 ou 35 logements dans les plus gros immeubles. Mais le
problème de la reprise de possession, nous avons cherché à
l'atténuer avec la loi no 107 en portant à six mois l'avis qui,
auparavant, était de trois mois pour reprendre possession de son
appartement. Il y a effectivement lieu de faire plus à l'heure actuelle
à cause du problème de ces immeubles dans Outremont,
problème qui, si on avait su s'y attaquer dès le départ...
Le député de Mont-Royal nous reproche de ne pas avoir pris les
mesures nécessaires quand cela s'est produit. M. le Président, la
première fois qu'un gros immeuble à Outremont a été
transformé en copropriété indivise, c'était quelque
part en 1974 ou 1975 sur la rue Bernard, entre la rue Dollard et la rue Stuart,
si je ne m'abuse. (12 h 40)
À ce moment, des gens ont acheté une maison à
logements et l'ont transformée en copropriété indivise.
Personne, à ce moment-là, dans les rangs du Parti libéral
qui était au pouvoir, n'a protesté, personne n'a demandé
qu'on intervienne pour empêcher ce phénomène. Aujourd'hui,
on voudrait nous reprocher de ne pas être intervenus à temps.
C'est eux qui ne sont pas intervenus à temps. Or, si nous intervenons
aujourd'hui, c'est parce qu'effectivement, bien avant que le
député de Mont-Royal ne soulève la question publiquement,
des députés de ce côté-ci de la Chambre, des
députés du Parti québécois de la région de
Montréal, ont souligné au ministre délégué
à l'Habitation le problème concret que posait cette situation, et
c'est à partir de là qu'il a fallu commencer à songer
effectivement à encadrer d'une meilleure façon la
copropriété indivise.
Ce que le projet de loi propose est en quelque sorte une mesure
transitoire; il faudrait effectivement en arriver dans le Code civil à
encadrer de manière plus complète la copropriété
indivise qui, à l'heure actuelle, fait l'objet de quelques articles
à peine dans le Code civil, ce qui permet certaines fantaisies comme
nous en constatons à l'heure actuelle.
Je termine en signalant tout simplement qu'encore une fois nos amis d'en
face se placent dans une situation contradictoire. Lorsqu'on restreint la
transformation de logements en condominium, nos amis d'en face - c'était
le cas lors de l'étude de la loi 107 - hurlent. Lorsqu'on fait quelque
entrave au libre marché de l'immobilier, ils hurlent. En même
temps, ils nous demandent aujourd'hui d'intervenir pour entraver
précisément le libre marché de l'immobilier. Ce n'est pas
la première ni la dernière contradiction. Cela me fait penser un
peu à la motion du député de Vaudreuil-Soulanges hier
où, en même temps, on reprochait au gouvernement un déficit
de 3 000 000 000 $ et de couper dans les dépenses. Il faudrait bien se
faire une idée, à un moment donné, du côté du
Parti libéral,
et il faudrait se faire une idée en matière d'habitation
aussi. Si on veut qu'on transforme en codominium, on va créer une
situation bien pire que celle qui existe à l'heure actuelle, et c'est
pourtant ce que nous a proposé le député de
Mont-Royal.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce qu'on doit procéder maintenant ou
demander la suspension jusqu'à 15 heures?
M. Charron: Pour le moment, vous devriez demander la suspension
du débat.
M. Fortier: Je demande la suspension du débat
jusqu'à 15 heures, s'il vous plaît.
Le Président: Est-ce que cette motion sera adoptée?
Adopté.
Vingt-cinq ans de vie
parlementaire de M. Gérard D. Levesque
Le Président: Adopté.
Conformément à une entente intervenue entre la
présidence et les différents partis, un de nos parlementaires les
plus aguerris célébrera d'ici quelques jours son
vingt-cinquième anniversaire de vie parlementaire. Tous auront
deviné qu'il s'agit du leader de l'Opposition. Comme il a
été convenu entre l'Opposition et le parti ministériel,
nous suspendons maintenant nos travaux afin que les personnes
intéressées à lui rendre hommage puissent le faire.
À ce stade, le chef de l'Opposition a une motion à nous
présenter. M. le chef de l'Opposition.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, cette Chambre est témoin
plus souvent qu'autrement d'affrontements durs et souvent
désagréables entre le gouvernement et l'Opposition. C'est une loi
de notre système qui le veut ainsi et nous l'acceptons volontiers. Il y
a aussi cependant à la base de notre travail parlementaire un
arrière-plan humain qui échappe trop souvent à la
connaissance de nos concitoyens et qui est fait de respect mutuel,
d'adhésion active aux valeurs communes qui sous-tendent notre
régime, de relations personnelles empreintes de cordialité et
aussi à l'occasion, de manifestations d'estime qui transcendent les
divergences partisanes. Nous vivons aujourd'hui l'un de ces moments
agréables qui nous aident à mieux accepter les moments plus
difficiles que notre devoir nous impose. Ces moments plus agréables
contribuent précieusement à la continuité de l'institution
parlementaire.
Il y aura 25 ans dans deux jours, notre ami à tous, le
député de Bonaventure et leader de l'Opposition était
élu pour la première fois député de Bonaventure
à l'Assemblée nationale. Le 13 avril dernier, il était
réélu pour la huitième fois consécutive
député de cette circonscription de Gaspésie dans notre
Parlement. C'est donc sans interruption, nous le constatons tous à
l'occasion de la présente session avec toujours la même vigueur,
la même jeunesse et le même enthousiasme, que le
député de Bonaventure siège dans cette Chambre depuis
maintenant un quart de siècle. C'est un événement que nous
sommes d'autant plus heureux de souligner que le leader de l'Opposition jouit
dans cette Chambre de l'estime et de l'amitié générale de
tous ses collègues, de quelque côté de la Chambre qu'ils
soient appelés à siéger. Au cours de sa longue
carrière parlementaire, le député de Bonaventure a
siégé tantôt dans l'Opposition, tantôt au
gouvernement. Je pense qu'il est un modèle d'équilibre pour nous
tous, parce que, d'après mes calculs, il aurait siégé
treize ans dans l'Opposition et douze ans au pouvoir. J'avais bien pensé
que nous pourrions lui faire le cadeau d'éviter ce chiffre treize
à l'occasion de la dernière élection, mais les
électeurs en ont jugé autrement.
Ce qui nous frappe tous chez lui, c'est qu'il y a peu d'hommes dans
notre histoire politique québécoise qui ont su s'adapter avec
autant de facilité et de bonheur à l'un et l'autre rôle. Au
pouvoir, M. le député de Bonaventure a été ministre
de la Chasse et de la Pêche, de l'Industrie et du Commerce, des Affaires
intergouvernementales et de la Justice. Il a été leader du
gouvernement à la Chambre. Dans l'Opposition, il a été
chef de son parti, leader de l'Opposition, et il a joué beaucoup
d'autres rôles également. Au pouvoir, il a été un
administrateur exemplaire, qui ne faisait pas d'éclat, mais dont les
ministères fonctionnaient très bien, des ministères autour
desquels il n'y a jamais eu d'histoires sordides ou sombres pendant que le
député de Bonaventure en avait la direction, un homme d'action
voué surtout aux réalisations solides.
Dans l'Opposition, où je l'ai connu davantage, il s'est toujours
révélé un homme loyal, soucieux avant tout de
l'unité de son parti et de la contribution constructive de sa formation
politique aux travaux de notre Assemblée nationale et aux progrès
de la vie politique en général, homme de combat par excellence,
jouteur redoutable dans cette Chambre, en particulier, homme serein, qui ne
pense pas que rien lui soit dû, toujours prêt à servir ses
concitoyens et ses collaborateurs sous les formes que l'on désire.
Nous admirons chez le député de Bonaventure le citoyen
profondément attaché
à la région qu'il représente dans cette Chambre
avec autant d'éclat depuis un quart de siècle, la Gaspésie
et, en particulier à son comté de Bonaventure. Nous admirons
aussi chez lui le citoyen à la fois profondément attaché
aux valeurs québécoises et profondément engagé dans
l'expérience plus large que procure l'insertion dans le pays canadien.
Nous admirons également son attachement à notre langue commune,
le français, qu'il manie avec une aisance et une élégance
extraordinaires, mais aussi sa magnifique maîtrise de l'anglais, qu'il
utilise chaque fois que c'est nécessaire, sans complexe, mais en
ennoblissant autant cette langue que notre langue commune à tous. Nous
admirons chez lui l'homme attaché aux valeurs familiales. Je profite de
la circonstance pour saluer d'une manière toute spéciale Mme
Levesque et les membres de la famille du député de Bonaventure
qui sont ici aujourd'hui. Je les remercie de l'appui constant et exemplaire
qu'ils ont donné à notre collègue dans la poursuite de sa
carrière. (12 h 50)
Nous, du Parti libéral, admirons, chez notre collègue de
Bonaventure, l'homme franchement partisan, franchement engagé dans la
défense des valeurs et des intérêts légitimes de son
parti, des idées que le parti représente. Je pense que si,
aujourd'hui, nous sommes réunis pour marquer le vingt-cinquième
anniversaire de vie politique active du député de Bonaventure,
c'est surtout parce que nous voulons souligner ses qualités
exceptionnelles de parlementaire. Je pense qu'il est, dans notre famille
parlementaire, le parlementaire par excellence. Nous l'appelons souvent
"Monsieur Assemblée nationale", c'est notre maître à tous
de ce côté-ci de la Chambre. Je remarque que, très souvent,
nos collègues du gouvernement sont fort heureux de s'accommoder de ses
conseils, de ses suggestions qui nous permettent parfois de nous sortir
d'impasses difficiles où la passion nous a parfois engagés. Nous
admirons tous chez notre collègue la maîtrise parfaite qu'il a non
seulement des règlements de cette Chambre, mais surtout de leur
esprit.
Ce qui le distingue le plus, c'est qu'il possède mieux que tout
autre parmi nous cet instinct qui lui permet de savoir jusqu'où on peut
aller dans la lutte parlementaire et jusqu'où on ne doit pas aller. Il
me donne souvent ses conseils lorsque je fais des interventions plus vives et
je dois dire que, chaque fois que je les ai suivis, je m'en suis bien
trouvé.
J'apprécie avec vous, mes chers collègues, les
qualités de courtoisie et de dignité exceptionnelles du
député de Bonaventure. Je pense qu'il donne l'exemple quotidien
dans cette Chambre d'un débat qui peut être très vigoureux,
très dur et, en même temps, toujours respectueux de la personne de
l'adversaire, toujours digne, toujours empreint de courtoisie et toujours
circonscrit dans des limites qui permettent à la coexistence de
continuer dans un climat vivable par la suite.
À la lumière de tous ces éléments, de toutes
ces considérations, je voudrais proposer que cette Assemblée
adresse à M. Gérard D. Levesque, député de
Bonaventure à l'Assemblée nationale depuis 25 ans, ses
félicitations chaleureuses pour la manière exceptionnellement
digne, courtoise et efficace dont il a représenté le comté
de Bonaventure et sa région dans cette Chambre au cours de ces longues
années de vie parlementaire. Je propose que nous lui adressions aussi
l'hommage de notre admiration et de notre gratitude pour la contribution
exceptionnelle qu'il a apportée depuis un quart de siècle sans
interruption à la qualité de nos travaux parlementaires et
à la qualité de nos débats politiques en
général.
J'exprime enfin le voeu que cette Assemblée veuille adresser
à notre collègue ses voeux fraternels et chaleureux pour une
carrière politique encore longue au sein de cette Chambre, et le plus
tôt possible, de l'autre côté de la Chambre.
Le Président: M. le premier ministre. M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, il m'est
passé à l'esprit quelques amendements que j'aurais pu
suggérer à la motion du chef de l'Opposition, mais ce n'est pas
le moment.
Je crois que je puis m'engager, au nom du gouvernement, du parti
ministériel, sans nécessairement tout endosser, à appuyer
la motion du chef de l'Opposition. Je voudrais tout de suite joindre à
ce témoignage Mme Levesque et toute la famille, qui ont eu une si longue
patience depuis un quart de siècle et qui méritent sûrement
le témoignage qui vient de leur être rendu.
Personnellement, je suis très heureux de cette occasion, parce
que, comme Gaspésiens, c'est un titre qu'on partage tous les deux, sans
compter le fait de porter le même nom et toutes sortes de
coïncidences dans notre histoire commune. Il y a quand même un
curieux parallélisme qui a marqué nos deux parcours dans la vie.
Il était une fois - je vais arriver au déluge, ce ne sera pas
long - deux petits gars qui grandissaient en Gaspésie, un dans un
village qui s'appelait New-Carlisle et l'autre, Paspébiac, à
trois milles l'un de l'autre. On se rejoignait souvent parce que
Paspébiac était le seul endroit où il y avait de l'eau
assez chaude pour se baigner. Là, celui de New-Carlisle rencontrait
souvent le jeune Levesque de Paspébiac. Comme il avait trois ou
quatre
ans de moins et qu'il le méritait très souvent, je le
passais à tabac régulièrement sur la plage, je me
souviens. C'était d'ordinaire hautement mérité. Il y avait
probablement quelque chose de prémonitoire, je me le dis maintenant,
dans ces affrontements. Et curieusement, on est littéralement disparu de
la vue de l'un et de l'autre jusqu'en 1960 où, tout à coup,
c'était moi qui étais le junior. J'arrivais, dans le gouvernement
de M. Lesage, pour la première fois à l'Assemblée
nationale, et je me trouvais côte-à-côte dans ce
gouvernement - enfin je dis côte-à-côte, la plupart du temps
- avec le vétéran qui était déjà devenu,
quatre ans après 1956, le député de Bonaventure. Depuis
les environs des années soixante, on a plutôt été
face à face et je n'ai pas vu beaucoup d'indications qui me
permettraient de croire que ça va changer dans un avenir
prévisible.
Je pense donc que je puis dire que j'ai bien connu le
député de Bonaventure. Je serais même équipé
pour faire une analyse exhaustive de ses qualités et de ses
défauts, mais ce n'est évidemment pas le moment pour tracer un
portrait complet, d'autant plus qu'il pourrait me rendre la pareille et
j'aimerais moins ça. Alors, je soulignerai plutôt, je pense, le
côté lumière, ce que tout le monde estime et, je pense,
sans la moindre restriction, en lui.
D'abord, comme l'a dit le chef de l'Opposition, sa jovialité et
sa courtoisie font que, sur le plan personnel en tout cas, on est absolument
incapable de lui en vouloir à certains moments. En tout cas, on ne lui
en veut jamais très longtemps. On l'admire tous aussi, ce qu'a
également mentionné le chef de l'Opposition, mais l'admiration
n'est pas nécessairement aussi chaleureuse dans ce cas-là, pour
sa dextérité absolument extraordinaire de vieux routier
parlementaire et cet art consommé, même quand parfois c'est cousu
de fil blanc, avec lequel, il faut bien le dire, il a appris à se servir
de l'institution parlementaire tout en la servant, bien sûr. Comme il le
disait si bien en 1977, alors qu'il était chef de l'Opposition, quand il
a des comptes parlementaires à régler avec ses amis d'en face, il
n'hésite jamais à recourir à toutes les subtilités
du règlement et même à trouver au besoin le moyen d'en
sortir.
Le chef de l'Opposition disait: II sait toujours jusqu'où il peut
aller. Je pense que peut-être mon collègue, le leader
parlementaire, qui l'endure régulièrement, pourrait dire
jusqu'où il faut aller trop loin dans certains débats. J'ai
remarqué, d'ailleurs, ce matin - c'est peut-être à cause de
l'occasion très spéciale - au moment où ses
collègues risquaient de lui assombrir sa journée, qu'il est quand
même venu a la rescousse, à certains mauvais moments. On a pu,
encore une fois, admirer à la fois cette dextérité du
député de Bonaventure et aussi son indéfectible
loyauté à une cause pas toujours la meilleure, à notre
avis, à une cause et à un parti qui n'ont pas toujours
mérité un tel dévouement, mais même quand c'est un
peu mal employé, la loyauté est toujours une vertu, quand c'est
porté à ce point-là.
Quoi qu'il en soit, ses vingt-cinq années de vie parlementaire
lui auront aussi permis de remplir des rôles de très grande, de
très haute responsabilité et d'une diversité absolument
inouïe aussi bien au gouvernement que dans l'Opposition. Je crois que tout
le monde reconnaîtra que, dans l'un ou l'autre cas, il a manifesté
des dons qui, le moins qu'on puisse dire, sont exceptionnels et aussi une
façon de vivre avec les autres qui fait qu'il n'a pas beaucoup d'ennemis
-enfin, je ne lui en connais pas - mais qu'il a laissé des amis partout
où il est passé. Dans les deux cas, une chose
particulièrement remarquable et sur laquelle nous sommes heureux de
pouvoir compter, parce que cela ne court pas les rues, c'est une
fidélité absolument indéfectible à la parole
donnée.
Alors, c'est très chaleureusement que, sur le plan personnel, on
lui souhaite bonheur, santé, longue vie et que, sur le plan politique,
après un quart de siècle, on l'invite fraternellement à
prendre, un de ces jours, la retraite qu'il a si bien
méritée.
Des voix: Ah!
M. Lévesque (Taillon): On a eu l'espoir de lui offrir ce
cadeau il y a une couple de mois. On n'a pas réussi, mais on finira bien
par le lui faire accepter d'ici trois, quatre ou cinq ans.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, c'est non pas en raison de
la qualité des propos que je pourrais tenir que ma formation politique
m'a invité à dire quelques mots. C'est probablement en raison de
mon titre de doyen en âge de cette Assemblée et après avoir
vécu presque deux décennies à côté de mon
voisin qu'on m'a demandé de dire quelques mots sur l'aspect familial de
la vie d'un politicien. (13 heures)
M. le Président, il m'a déjà été
donné, lors d'un débat en Chambre dans les années
soixante-dix, de parler de l'aspect familial de la vie de celui qui, pendant
très longtemps, durant sa vie, a dû défendre
l'intérêt de ses commettants, ici, en Chambre. Je voudrais,
à l'endroit de Mme Levesque, que les intimes appellent Denise, et
à tous les membres de sa famille, répéter des paroles que
j'avais
dites à ce moment-là. Quand on choisit d'entrer dans une
carrière politique, c'est un choix personnel que, souventefois, on
impose aux membres de sa famille. On leur impose également tout ce qui
peut arriver en cours de route de bon ou de mauvais. J'avais rappelé
lors de ce débat que j'avais senti un certain reproche de la part de la
plus jeune de mes filles, alors qu'elle avait six ans, et après seize
années, j'avais compris qu'elle avait souffert de l'éloignement
de son père. Quand on fête un quart de siècle en politique,
on doit quand même penser qu'il faut presque se dédoubler pour
faire face aux obligations inhérentes à la fonction qu'on occupe
et, en même temps, essayer de garder quelques bons moments pour ceux
envers lesquels on a un devoir particulier à remplir.
Je suis ici depuis un fort long moment et, quand je regarde le
comportement de mon voisin de droite, le député de Bonaventure,
c'est un exemple que chacun des hommes publics qui siègent ici devrait
retenir, autant le chef de l'Opposition que le premier ministre. On a dit que
le comportement du député de Bonaventure en était un assez
exemplaire et que, malgré les contraintes de la défense de
certains intérêts et des affrontements qu'on doit subir
journellement dans les débats, il a toujours su donner l'exemple d'une
retenue qu'il faut garder même dans les moments les plus difficiles.
Chaque fois que, dans cette Chambre, on est appelé, de part et d'autre
de la clôture, à participer à des débats
acrimonieux, ce n'est pas aux politiciens qui se font face que je pense de
manière particulière, c'est aux conséquences que cela
entraîne chez les membres de la famille qui, eux, ne sont pas directement
dans le débat et qui doivent subir le contrecoup.
Pour parler d'un côté peut-être un peu moins connu du
public, le député de Bonaventure n'a pas que des qualités.
Je voudrais dévoiler un secret du caucus.
M. Levesque (Bonaventure): N'allez pas dans le golf!
M. Mailloux: II a toujours été à la
défense de ses concitoyens de Bonaventure et des pêcheurs de
Bonaventure. Quels que soient les impératifs qu'on puisse avoir dans le
caucus du Parti libéral depuis près de 20 ans, chaque fois que
les pêcheurs ont eu des problèmes dans la Gaspésie et qu'il
a été question de poisson, il a toujours fallu que le caucus s'y
soumette comme une priorité pour la défense des
intérêts qu'avait à coeur le député de
Bonaventure.
On a dit du député de Bonaventure que sa gentilhommerie
était reconnue de l'ensemble des Québécois. Je pense que
cela n'a jamais fait défaut en Chambre, mais il vient de me dire
à l'oreille: Ne parle pas de tel sujet. Je voudrais faire
connaître une autre facette de l'honorable député de
Bonaventure. C'est un fait que c'est un personnage affable, conciliant, qui se
retient quand ça devient trop acrimonieux. Son épouse m'avait dit
une fois: Toi, tu dois avoir un bon caractère pour te permettre de
l'accompagner sur un terrain de golf.
M. le Président, j'ai effectivement connu une autre facette de
celui qu'on honore aujourd'hui. Si vous aviez l'occasion de le rencontrer quand
il tombe dans une trappe de sable, la bonhomie qu'on lui reconnaît
aujourd'hui, la chaleur qu'il a à l'endroit de tous ceux qui le
fréquentent, en prend un coup. À ce moment, il perd tous ses
moyens et c'est vrai, M. le Président, qu'il devient d'une humeur
inacceptable pour ceux qui ont joué avec lui.
M. le Président, en conclusion, je voudrais dire que je suis
heureux de m'associer à ceux qui m'ont précédé, M.
le premier ministre, M. le chef de l'Opposition, afin de proclamer publiquement
le haut degré d'estime que nous avons tous, mes collègues et moi,
à l'endroit du député de Bonaventure pour la
qualité de l'effort qu'il déploie depuis un quart de
siècle, tant pour ses commettants de Bonaventure que pour l'ensemble des
citoyens du Québec. Je voudrais dire à son épouse, Denise,
et à tous les membres de sa famille que nous comprenons que, dans les 25
années qu'il a dû donner a la vie publique, cela a probablement
apporté certaines contraintes à sa famille, mais pour le
mieux-être de tous ses concitoyens du Québec et je suis heureux de
m'associer au témoignage d'estime qui lui est rendu aujourd'hui. Le
premier ministre disait tantôt qu'il espérait qu'un jour ou
l'autre il nous quitte. Quand on entre en politique, honorable premier
ministre, on le décide à ce moment, mais c'est plus difficile
d'en sortir par la suite après tant d'années. Longue vie à
l'honorable député de Bonaventurel
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: M. le Président, as one of the veteran members
of this House or "vieux routier", as the Prime Minister mentioned -he once
called me "un vieux meuble de la politique" - I too would like to add a few
words of congratulations to the Member for Bonaventure for his long service in
this House, his long service to the people of this province.
I have known the Member for Bonaventure intimately since 1960, the same
time as the Prime Minister. It is true we went to school at the same time, but
although he is a few months younger than I
am, he was one class ahead of me; it is not necessarity due to any other
thing, but I arrived at Law School a little later than he did. We have that in
common,' we are both lawyers. The Member for Bonaventure is also a businessman.
He therefore brought to this House certain qualities and an experience that are
alsolutely essential to this House. We can see in the post that he held as
Minister of Industry and Commerce, that an experienced businessman held that
post, not somebody who knew the theory, but somebody who knew the practice. As
Minister of Justice, he was one of the best. I do not want to say he was the
best, because we have in the balcony two former Ministers of Justice and I
would rather not have an argument.
His service in this House has been exemplary. He is probably one of the
best parliamentarians I have ever met and those of you who know me know that I
have been very active in parliamentary affairs throughout the world, but a
parliamentarian as good as the Member for Bonaventure is hard to find. Even in
the most partisan moments - and we have been in discussion in caucuses or
private little meetings, two or three members who know the ins and outs of
parliamentary procedure - never would the Member for Bonaventure put
partisanship before Parliament. To him, the parliamentary system, the democracy
of Parliament comes first and your experience with him in this House, I am
sure, verifies what I say.
He is responsible, primarily, together with the former President of this
House, for the famous code Lavoie, our regulations of this House. It was he who
sat on this committee and kept it down. He is a good liberal, but he is
conservative when it comes to traditions and procedure. Let us not jump off the
deep end, and you have noticed that here in the House. The decisions are not
taken too rapidly. There is a man who knows where he is going and where we
should go.
I too wanted to congratulate his family for living through these 25
years. We who have been in politics for some time know what it means to family
life when one has an obligation to the House, to the people of Québec.
Often, though we may not want to, we put the family second and it is the family
that suffers, but when we look at the family of the Member for Bonaventure, we
see he did a tremendous job. He raised his children, - of course, "he raised
his children", it is probably his wife Denise that did most of the job -
but...
Des voix: Ah! Ah!
M. Blank: ... there was some input - I am sure - by the Member
for Bonaventure and when one sees the results of the Levesque family we know of
the type of man we have been dealing with in this House.
I have only this to add: On behalf of a class of 16, - there are not
many of us left - I wish to congratulate the Member for Bonaventure and say, as
he is known to us: Gérard D, long life and good service! (13 h 10)
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le whip de
l'Opposition.
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, en tentant d'être
le plus bref possible, je veux quand même ajouter ma voix à celle
du chef de l'Opposition, des députés de Saint-Louis et de
Charlevoix et du premier ministre, au nom de mes collègues, membres du
caucus des députés libéraux, ici à
l'Assemblée nationale, pour rendre un hommage particulier à notre
leader, M. Gérard D. Levesque, en raison de sa contribution, comme
d'autres ont eu l'occasion d'en faire part, non seulement à la cause du
Québec, mais de sa contribution très importante au sein de notre
équipe pendant toutes ces années.
M. le Président, je voudrais très brièvement
rappeler au député de Bonaventure l'énoncé de sa
première intervention, ici à l'Assemblée nationale, aux
lendemains de 1956. Malheureusement, nous n'avions pas le journal des
Débats à l'époque, et on se référait
à un rapport quotidien des journalistes. M. Henri Dutil, qui
était journaliste à l'époque, dans sa rubrique du 23
novembre, disait: "Après avoir rendu hommage - et c'est M. Gérard
D. Levesque, nouveau député qui vient d'arriver - après
avoir rendu hommage au président de la Chambre et formulé des
voeux de prompt rétablissement à l'endroit de Me
Georges-Émile Lapalme, félicité Me René Hamel du
poste de confiance qui lui a été assigné comme chef
parlementaire de l'Opposition et adressé l'expression de ses bons
sentiments envers le proposeur et le secondeur de l'adresse, le nouveau
député de Bonaventure, Me Gérard D. Levesque a fait un
bref historique de son comté."
C'est là que ça devient particulièrement
intéressant: "II a rappelé que, dans le passé, le
comté de Bonaventure avait été représenté
à l'Assemblée législative par des hommes illustres, aussi
illustres qu'Honoré Mercier, à qui le Paspébiac même
lançait son dernier manifeste électoral, il a cité
également comme ancien député de son comté Sir
François Lemieux, ce grand juriste qui fut par la suite juge en chef de
la Cour supérieure, ainsi que l'honorable John Hall Kelly, qui
siégea pendant de nombreuses années au Conseil législatif
et qui remplit plus tard les fonctions d'ambassadeur du Canada en Irlande. Puis
il a évoqué le souvenir de feu le juge Pierre-Émile
Côté,
ancien ministre de la Voirie, qui, pendant de nombreuses années,
représenta le comté de Bonaventure."
M. le Président, je pense qu'on peut dire, après 25 ans -
et on pourra vraiment l'inscrire au journal des Débats - que Bonaventure
a eu un autre parlementaire illustre pendant ces années en la personne
de Gérard D. Levesque.
Il a continué son intervention, évidemment, comme tout bon
député de comté rural: "Me Levesque s'est ensuite
appliqué à signaler à l'attention du gouvernement et de la
Chambre les multiples besoins du comté de Bonaventure dans les diverses
sphères d'activité tels le pouvoir électrique, la
forêt, les pêcheries, les mines, le tourisme et, évidemment,
la voirie."
Après communication avec les gens du comté de Bonaventure,
on m'a prié de bien transmettre à Me Gérard D. Levesque
les hommages, le respect et la reconnaissance des gens du comté, de ses
amis et, plus particulièrement, de M. Michel Martin, de Saint-Alexis,
avec qui j'ai communiqué. Ces gens, somme toute, disent que, par le
passage et la présence marquée, soutenue et continuelle de
Gérard D. Levesque pendant 25 ans dans le comté de Bonaventure,
cela a été un comté littéralement refait. Cela a
été, dans le domaine de l'éducation, la polyvalente de
Paspébiac, la polyvalente de Bonaventure, de Carleton, de
Matapédia; cela a été le palais de justice de
New-Carlisle, la division du ministère des Transports à
New-Carlisle, l'ancienne route 6, qui est maintenant devenue la route 132, qui
a été faite sur une longueur de 140 milles, cela a
été la relance majeure de l'hôpital de Maria et du CLSC de
Paspébiac, cela a été les arénas de Gascon,
Port-Daniel, Paspébiac, Bonaventure, Carleton, cela a été
des sommes énormes dans le domaine municipal. Mais je vais
arrêter, parce que nos amis d'en face vont probablement penser que je
veux travailler ou contribuer à sa prochaine élection. Enfin cela
a été beaucoup de choses dans le comté. Somme toute, je
dois dire que cela a été une présence marquée, que
cela a été une contribution bien importante à
l'amélioration de la qualité de vie des citoyens.
En terminant, je voudrais, au nom des députés
libéraux, rendre un hommage particulier à notre leader,
témoigner de toute l'appréciation qu'on doit lui manifester
à ce moment-ci pour son apport constant à notre équipe et
lui souhaiter. "Longue vie, Gérard D. Levesque, et longue vie avec
nous!"
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, je ne me lève pas pour
une question de règlement ni pour proposer la suspension du
débat, mais bien pour y mettre de façon très succincte mon
grain de sel aussi, puisqu'il s'agit de célébrer le travail d'un
de mes collaborateurs les plus immédiats.
C'est sous cet angle que je l'apprécie spécialement,
à cause de la fonction que j'occupe. Je pense que ses autres
qualités sont appréciées de tout le monde et j'y
goûte moi aussi tout autant que les autres, mais c'est sous l'angle d'une
collaboration qui est essentielle au fonctionnement de ce Parlement que, pour
ma part, j'éprouve le plus grand plaisir à travailler avec
Gérard D. Levesque. II n'y a pas beaucoup de gens qui peuvent dire
qu'ils ont comme collaborateur dans l'exercice de leurs fonctions leur ancien
professeur. C'est mon cas.
Ce que je puis fournir à partir de cette place, et je le dis aux
militants libéraux qui ne m'aiment pas toujours, si je suis maudit
à l'occasion, c'est que j'ai été à la bonne
école. Pendant six ans, j'ai été dans le fauteuil
où est le député de Nelligan maintenant, et, ensuite
là où est le député de Gatineau, et je me suis
appliqué à écouter, à suivre et
littéralement à admirer l'occasion le travail que faisait mon
prédécesseur, le député de Bonaventure, comme
leader du gouvernement.
Je suis très heureux que, parmi les qualités que le
premier ministre a voulu souligner et mettre en évidence chez le
député de Bonaventure, la plus frappante - et j'ai presque envie
de dire, et je le dis - la plus importante de toutes, à mon avis, est
que cet homme ne manque jamais à la parole donnée. Ce n'est pas
donné à tout le monde d'avoir cette qualité, c'en est une
qui est difficile à avoir et je suis convaincu qu'à l'occasion,
les intérêts partisans, les pressions doivent agir sur lui comme
elles agissent sur n'importe qui, mais le fait, comme on dit, de coller
à sa parole donnée, après vingt-cinq ans, ça fait
sans doute de cet homme un monument dans la vie politique
québécoise.
Ce que je puis ajouter en conclusion, M. le Président, puisque le
peuple vient tout juste de s'exprimer et que nous sommes appelés
à travailler de nouveau ensemble pendant quelques années, c'est
de dire à mon professeur que je suis encore tout à fait
disposé à apprendre, s'il veut encore continuer à me
montrer. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président. Non, pas
question de privilège ni
question de règlement, M. le Président, mais
réellement, je suis tout abasourdi, un peu écrasé par des
éloges qui sont évidemment fort exagérés mais
venant de partout, évidemment d'un bon sentiment. Je veux
immédiatement remercier tous ceux qui ont participé à ce
mini-débat, si l'on veut, qui semble être tout d'un
côté. Je remercie en particulier le gouvernement d'avoir fait
preuve, peut-être, de restrictions, en particulier le premier ministre,
qui a dit qu'il aurait peut-être pu ajouter des choses, mais pas
aujourd'hui. Quant au leader du gouvernement je le remercie
également.
Vous savez, j'ai été tellement souvent d'un
côté comme de l'autre qu'à un moment donné on peut
se mêler un peu, surtout dans des moments émouvants, pour moi du
moins, comme ceux que je vis à ce moment-ci. D'ailleurs, le chef de
l'Opposition a mentionné que j'avais été un peu
également d'un côté comme de l'autre. Je n'aime pas
contredire le chef de l'Opposition, je n'ai jamais voulu non plus contredire,
autant que possible, mes autres chefs. J'en ai eu plusieurs. Mais lorsqu'il a
dit treize et douze, je pense que je dois faire une correction: c'est douze ans
et demi au pouvoir et douze ans et demi dans l'Opposition. Je veux tâcher
de garder un certain équilibre, c'est pourquoi je fais cette correction
bien amicalement.
M. le Président, je veux remercier encore une fois le chef de
l'Opposition. Comme on dit en bon canadien, "y en a mis un peu épais",
mais j'ai été chanceux de travailler avec un journaliste
chevronné. Lorsque j'ai vu qu'il acceptait de prendre la parole au cours
de cette "cérémonie", j'étais sûr que l'ancien
éditorialiste du Devoir me ferait cadeau d'un éditorial que je
vais conserver avec plaisir.
M. le Président, je voudrais également remercier le
premier ministre. On n'est pas sans partager beaucoup de souvenirs, des
souvenirs, évidemment, qui remontent à notre enfance et
même à la plage de Paspébiac, en particulier. Cela a
été, comme a dit le premier ministre, un parallélisme.
Même lorsque je suis entré dans mon bureau d'avocat arrivant,
comme Harry l'a dit, des études de McGill, la première chose que
j'ai vue en entrant dans le bureau de John Sheehan qui devait être mon
premier patron en droit, sur les marches, en montant l'escalier, dans le
ciment, les lettres D.L., Dominique Lévesque. C'était dans le
bureau du père du premier ministre que j'allais faire mes premiers pas
dans la pratique du droit. (13 h 20)
Tout cela, évidemment, ne peut pas être étranger
à une certaine émotion qui m'envahit à ce moment-ci. On
peut continuer le parallèle. Je pense aux six années que nous
avons passées ensemble du même côté, alors que nous
faisions des choses à ce moment-là...
Des voix: Ah!
M. Levesque (Bonaventure): ...en particulier avec notre ami Bona,
un autre Gaspésien, évidemment, sous la main autoritaire, ferme,
mais bienveillante de notre chef, M. Jean Lesage. Je salue Mme Lesage qui est
avec nous ce midi; je suis très heureux qu'elle soit venue. Le premier
ministre se rappellera que, l'un des premiers gestes que nous avons
posés ensemble a été de permettre à la
Gaspésie d'avoir ce pouvoir électrique qui lui manquait depuis
toujours. Cela a été de faire une redistribution des limites
forestières. Cela a été de forcer, en quelque sorte,
l'industrie à s'implanter dans le beau comté de Bonaventure.
Ensemble, nous faisions des choses; c'était magnifique! Cette partie du
parallélisme, je trouve que c'était très profitable,
à ce moment-là.
Évidemment, un peu plus tard, nous nous sommes quittés. Je
n'ai pas à rappeler ces moments-là; je vais faire comme le
premier ministre, je vais éviter de parler de tout. Nous nous sommes en
quelque sorte retrouvés en 1976. Là, ce n'était vraiment
pas du même bord. Cependant, malgré cela, je pense que nous avons
fait, chacun de notre côté, notre boulot et j'ai essayé de
continuer d'être un parlementaire au service du Québec comme j'ai
toujours voulu essayer de :'être.
Je voudrais remercier également tous ceux qui ont
participé, à la suite du chef de l'Opposition et du premier
ministre, à l'appui de cette motion d'aujourd'hui. Je veux les
remercier, tous et chacun, ceux qui ont parlé des divers aspects de
cette vie parlementaire et de la vie familiale, de la vie sportive, ceux qui
ont rappelé des textes que je n'avais pas lus récemment. Enfin,
je les remercie tous d'avoir participé à l'appui de cette motion.
Je veux, à ce moment-ci, évidemment, remercier tous mes
collègues qui sont ici aujourd'hui avec nous et qui prennent un temps
très précieux, à la dernière journée d'une
session, alors qu'on met de côté des urgences et que cela va nous
porter un peu plus loin dans la journée, malgré une collaboration
assurée du leader parlementaire de l'Opposition et, j'en suis convaincu,
de l'Opposition tout entière.
Je veux vous remercier, chacun et chacune d'entre vous, d'avoir pris ces
moments et de les avoir consacrés à mon humble personne. À
travers cette humble personne, je voudrais dire que je l'accepte surtout et, en
premier lieu, comme un témoignage à mon comté de
Bonaventure. Vous savez, 25 ans en politique, y a rien là! Y a rien
là, si le comté est toujours d'accord et si tu veux rester! Y a
rien là, si
tu as la santé! Je remercie le bon Dieu de m'avoir donné
une bonne santé et je remercie également mon comté de
Bonaventure de m'avoir enduré. 25 ans, c'est pas mal. Le premier
ministre suggère une retraite. Il le sait, il est venu à
Gaspé dernièrement et il l'a suggéré, mais les gens
de chez nous ont dit: Ce n'est pas le temps encore. On essaiera encore,
probablement, mais, quant à moi, je voudrais à ce moment-ci,
encore une fois, vous remercier tous et chacun.
J'ai signalé tout à l'heure la présence de Mme
Lesage. Il y a une présence ici qui est réellement très
émouvante pour celui qui vous parle et, j'en suis sûr, pour
plusieurs d'entre vous. Vous savez, en 1956 et dans ces
années-là, les années qui ont
précédé, nous formions l'Opposition. Nous étions
une Opposition forte, dynamique, mais pas tellement nombreuse. À ce
moment-ci, en regardant un peu dans les galeries, cela me fait chaud au coeur
de voir des collègues qui, en 1956, étaient ici-même. Je
pense à M. Lapalme qui nous fait l'honneur d'être avec nous
aujourd'hui. Il était assis ici avec M. Hamel. On n'est pas censé
parler politique surtout lorsqu'on a un juge de la Cour supérieure avec
nous. Mais il y a l'ancien Procureur général. Enfin, il me fait
plaisir de les voir. Ils étaient assis ici sur ces banquettes, il y a 25
ans.
Et on peut continuer. Je vois Oswald Parent, je vois Jean-Paul
Galipeault qui, malgré qu'il soit affecté par une certaine
maladie qui l'a frappé à ce moment-là, est avec nous
aujourd'hui. Il a un courage remarquable. Alcide Courcy, Albert Dionne. Est-ce
que j'en ai manqué quelques-uns? Le Dr Alphonse Couturier, je ne l'avais
pas vu, l'ancien député de Rivière-du-Loup. Ils sont tous
ici. Je veux les remercier. Je veux les remercier profondément. Et je
serai très heureux tout à l'heure - c'est toute une surprise,
parce que je ne m'attendais pas à les voir de leur serrer la main
et de leur parler un peu des choses d'il y a quelque temps.
Je voudrais saluer particulièrement, comme vous l'avez tous fait
généreusement, mon épouse et ma famille qui sont ici avec
moi. Je ne suis pas tellement friand de faire publiquement des
témoignages quant à ma famille, mais je puis leur dire à
ce moment-ci je peux me le permettre au moins une fois par 25 ans -
merci. Je suis fier d'eux autres.
M. le Président, je vais maintenant me rasseoir, mais sans
oublier non plus, vous le comprendrez, de signaler que la Tribune de la presse
a toujours une importance pour tous les parlementaires, qu'ils soient d'un
côté comme de l'autre. Je tiens à remercier les
journalistes qui, pendant 25 ans, m'ont permis de revoir de temps en temps - et
là nous avons de vieilles coupures, il y a du "clipping" qui s'est fait
apparemment - et de garder trace de ce qu'on a fait dans notre vie
parlementaire. Je veux remercier les journalistes, présents et
passés.
Je veux en même temps, M. le Président, avant de terminer,
vous dire que la vie parlementaire, pour moi, a été une
expérience extrêmement enrichissante. Je me compte chanceux
d'avoir vécu 25 ans au service de la population - c'est un immense
privilège - d'avoir pu servir les intérêts du comté
de Bonaventure, de la Gaspésie et de l'ensemble du Québec, d'y
avoir apporté ma modeste contribution. Je suis heureux d'avoir
vécu dans l'actualité pendant ces 25 années. On pense
souvent que la vie parlementaire n'a pas toujours ses beaux côtés.
C'est quelquefois difficile, souvent difficile. Mais il y a des consolations
qui demeurent lorsqu'on pense que l'on peut vivre ainsi dans l'actualité
même.
Je veux remercier d'une façon particulière tous ceux et
celles qui ont collaboré avec moi, particulièrement ceux qui
étaient dans mes cabinets, chefs de cabinet, secrétaires, ceux
qui étaient dans les divers ministères où j'ai
passé, avec qui j'ai fait équipe, les sous-ministres, les hauts
fonctionnaires, tous les fonctionnaires de ces ministères. Ici, à
l'Assemblée nationale, M. le Président, vous et vos
collaborateurs et ceux et celles qui vous ont précédé. (13
h 30)
Je remercie aussi, le secrétaire général, les
officiers, tous ceux qui vivent dans ce climat de vie parlementaire. Merci pour
tout l'appui que vous m'avez accordé. On me signale M. Drolet;
probablement que lui aussi peut dire que, lorsque je suis arrivé ici, il
était en culottes courtes. On me permettra cependant, sans nommer tout
le monde, de dire que parmi tous ces collaborateurs et collaboratrices que
j'aimerais nommer à ce moment-ci, je ne peux m'empêcher d'en
signaler une qui va me quitter bientôt, mais qui était ici avec
moi au tout début, qui a été ma secrétaire pendant
25 ans, Mme Michèle Perreault-Lachance, que je veux remercier pour ses
innombrables services et, à travers elle, tous les collaborateurs et
collaboratrices que j'ai eus au cours de ces années.
En terminant, M. le Président, je dois vous dire que
j'étais heureux, lorsqu'on a signalé tout à l'heure que je
n'avais pas d'ennemis. Je ne m'en connaissais pas, mais j'en ai eu la
confirmation. J'ai bien des adversaires, un peu trop, 80 à 42, ça
fait bien des adversaires, mais aucun ennemi. Je vous remercie infiniment,
j'espère pouvoir continuer comme cela.
Et pour être un peu généreux, quant à moi, je
devrais au moins souhaiter à tous mes collègues de se rendre
à 25 ans. Mais je ne le peux pas, M. le Président, parce que ce
serait consacrer un gouvernement que je
vais continuer allègrement à combattre. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je dois comprendre que la
motion du chef de l'Opposition est adoptée à
l'unanimité.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Je propose la suspension des travaux jusqu'à
15 h 30, M. le Président,
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Suspension des travaux
jusqu'à 15 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 33)
(Reprise de la séance à 15 h 42)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Vous pouvez vous asseoir.
Projet de loi no 20 Deuxième lecture
(suite)
Reprise de la deuxième lecture du projet de loi no 20, Loi
modifiant le Code civil et certaines dispositions législatives en
matière de logement.
La parole est au député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
prendre la parole cet après-midi sur le projet de loi no 20. Je sais que
plusieurs de nos collègues s'impatientent parce qu'ils voudraient
terminer cette session le plus tôt possible, mais je les assure
d'être bref et qu'ils comprendront que je me dois de parler sur ce projet
de loi qui touche plusieurs personnes d'Outremont.
On se rappelle que ce matin le ministre a fait état des raisons
qui ont poussé le gouvernement à proposer ce projet de loi pour
empêcher que plusieurs locataires ne soient évincés de leur
logement à cause d'un certain détournement de la loi non pas sur
le plan légal, mais sur le plan des faits, et qu'il fallait que le
gouvernement intervienne à la suite de nombreuses représentations
dans ce sens.
On se souviendra également que le député de
Mont-Royal a fait état de retards dans la présentation de ce
projet de loi et de faiblesses qu'il a soulignées dans ses remarques.
Pour ma part, j'aimerais reprendre certaines allégations du
député de Taschereau qui, comme on le sait, est l'adjoint
parlementaire du ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur
et qui faisait un parallèle entre la propriété indivise et
la copropriété en condominium.
Il concluait que, pour sa part, il trouvait plusieurs avantages à
la propriété indivise. Il y voyait des avantages sur le plan
économique, sur le plan légal et sur le plan des individus
également qui faisaient que, somme toute, d'après lui,
c'était une option bien supérieure à la
copropriété en condominium. Bien sûr, nous parlons, dans ce
projet de loi, non pas de la propriété indivise qui
s'appliquerait à des logements plutôt petits, mais nous parlons de
l'application du principe de la propriété indivise de grands
immeubles qui comprennent 20, 30 ou 40 logements.
Je crois que cette prise de position du député de
Taschereau est quelque peu dangereuse, puisque les spécialistes en la
matière sont loin de faire l'unanimité sur ce qu'il a
avancé. Il semblerait, en effet, qu'il y a beaucoup de
désavantages à convertir un grand immeuble en
propriété indivise.
Pour ma part, dans ce débat, qui a eu lieu dernièrement
dans Outremont, j'ai reçu plusieurs avis juridiques selon lesquels, de
fait, il y avait beaucoup d'inconvénients légaux qui faisaient en
sorte qu'il était prématuré ou dangereux de proposer cette
avenue, cette façon de faire aux futurs propriétaires. Ici, j'ai
un avis juridique de Stikeman et Elliott, qui est une firme d'avocats
très respectée, et qui avance plusieurs facteurs qui font qu'on
devrait être prudent avant de dire en public qu'une telle proposition
serait à recommander. On fait état du fait que
l'hypothèque est indivisible, ce qui a pour conséquence que tous
et chacun des copropriétaires peuvent être appelés à
payer le plein montant de l'hypothèque affectant l'immeuble. Il en va de
même pour les taxes foncières. De plus, le consentement de tous
les copropriétaires indivis est nécessaire pour que le futur
acquéreur d'une quote-part indivise puisse hypothéquer
l'immeuble. On fait aussi état du fait que, si quelqu'un se blesse
à l'intérieur d'un des logements, il y a une action à
faire valoir contre tous et chacun des copropriétaires, et j'en passe.
Mais, si un des copropriétaires indivis décède, il devient
impossible de céder quelque part dans l'immeuble tant et aussi longtemps
que le permis de disposer n'a pas été émis par le
ministère du Revenu.
Comme le ministre l'a dit lui-même, je ne suis pas avocat et je ne
suis pas spécialiste en la matière. Je laisserai donc aux
spécialistes le soin de démarquer les avantages et les
désavantages sur le plan légal. Mais il reste que ces avantages
et ces désavantages que le député a soulignés, il
l'a
fait surtout du point de vue des futurs propriétaires.
D'ailleurs, on sait que, malgré ce qu'en a dit le
député, la copropriété en condominium est
extrêmement populaire et, justement, en commission parlementaire hier, le
ministre d'État au Développement économique soulignait
que, dans Montréal et dans Laval, d'une façon
générale - et je crois dans toute la province de Québec
-cette nouvelle façon de posséder son logement est
extrêmement populaire. Il soulignait que dans Laval en particulier, dans
son comté, il y avait plusieurs projets qui se réalisaient,
à cause de cette facilité d'acheter ou de cette façon de
faire qui est nouvelle au Québec.
Mais ce que je veux souligner cet après-midi, M. le
Président, ce ne sont pas tellement les problèmes, les avantages
ou les désavantages qui peuvent être créés pour les
futurs propriétaires; c'est surtout le problème commun à
ces deux formes de propriété qui affecte les locataires. En
effet, que ce soit lorsqu'il y a transformation d'un immeuble existant en
copropriété sous forme de condominium ou en
propriété indivise, il reste que le Code civil permet au nouveau
propriétaire d'évincer le locataire d'un logement pour se
l'approprier, soit pour lui-même ou pour des proches, tel que le
définit la loi. C'est là, à mon avis, le problème
principal puisque ce qui a amené l'Opposition, le député
de Mont-Royal, ainsi que moi-même à faire des
représentations au ministre dans ce sens et ce qui a amené le
ministre, éventuellement, à prendre position et à amener
le projet de loi no 20 devant cette Chambre, c'est justement le problème
social qui a été créé dans Outremont, dans
Montréal, et dans les quartiers autour d'Outremont, qui a fait que
plusieurs personnes, surtout des personnes âgées, ont
été ou menaçaient d'être évincées
à la suite de l'application de ce nouveau principe.
C'est la raison pour laguelle le député de Mont-Royal,
à juste titre, parlait d'un "détournement" de la loi, non pas
tellement sur le plan légal, mais justement sur le plan du locataire en
tant qu'individu, le résultat était exactement le même. Que
ce soit par propriété indivise ou par copropriété
en condominium, du point de vue du locataire, il en résulte que,
lorsqu'il y a achat du logement, le locataire se voit menacé
d'expulsion.
Justement, dans Outremont, alors qu'il y avait beaucoup de personnes
âgées qui habitaient ces logements depuis 20, 25, 30, 40 et
même 42 ans dans un cas, elles se sentaient protégées
à cause du moratoire qui existait et qui empêchait de nouveaux
propriétaires de transformer un immeuble en condominium. Elles ne
pouvaient pas s'imaginer que le gouvernement permettrait à des individus
de passer à côté de ce moratoire pour procéder aux
mêmes fins. (15 h 50)
C'est la raison pour laguelle, M. le Président, je dois
m'inscrire en faux contre ce genre de philosophie qu'a avancée le
député de Taschereau, puisque le problème qui nous
importe, c'est le problème social. C'est la raison pour laquelle nous
sommes intervenus dans ce débat. Bien sûr, comme l'a dit le
député de Mont-Royal, il y a eu des retards.
Je voudrais simplement faire un bref historique ici. Il y a eu des
lettres, lorsque ces problèmes sont survenus dans Outremont au
début de septembre, qui ont été envoyées au
ministre de l'Habitation le 4 et le 5 septembre en relation avec l'immeuble sis
au 1530-1540 de l'avenue Bernard. Il y a eu une pétition signée
par la presque totalité des locataires de ces immeubles et qui a
été envoyée au ministre le 11 septembre dernier. Il y a eu
une lettre d'un M. Groulx, impliqué justement dans ce genre de
problèmes, qui a été adressée au ministre le 25
septembre 1980 et vers la fin de septembre, effectivement, il y a eu une
rencontre entre les locataires et le ministre pour discuter de ce
problème.
Il y a eu, de plus, l'intervention du président du Conseil de
l'âge d'or du Montréal métropolitain qui, en date du 16
octobre, a envoyé une lettre au ministre où il disait: À
un certain âge, des menaces d'éviction font l'effet d'une
catastrophe. Bien sûr, durant la campagne électorale, ce
problème n'a pas retenu l'attention de tous, mais il ressort qu'au
début de janvier - je voudrais la citer ici - une lettre était
justement envoyée par M. Ryan au ministre Tardif à cet effet et
où il disait: "Le problème a été créé
dans Outremont justement par l'inaction du gouvernement dans ce dossier". La
lettre date du 6 janvier et M. Ryan disait ceci: "Vous comprendrez qu'un grand
nombre de ces locataires sont des personnes âgées qui habitent
dans ces lieux depuis longtemps et qui ne pourraient facilement faire face aux
nombreux inconvénients résultant d'une expulsion. Après
avoir tout mis en oeuvre pour que la loi sur les relations entre locataires et
locateurs garantisse le droit des locataires dans un grand nombre de domaines,
j'ai peine à concevoir que vous laissiez cette situation se
développer d'elle-même sans envisager d'autres formes
d'intervention."
Bien sûr, cette situation a été douloureuse et
inhumaine pour plusieurs personnes âgées. Plusieurs personnes ont
été traumatisées par ce qui leur arrivait. Ces personnes,
comme je l'ai dit il y a un instant, se croyaient protégées par
le moratoire existant sur les condominiums. Elles se sont aperçues que
des individus pouvaient assez facilement et sans que le ministre intervienne
dans ce dossier faire
indirectement ce que la loi ne leur permettait pas de faire directement
en ce qui concerne la loi sur les condominiums.
C'est la raison pour laquelle, je désire insister
là-dessus, M. le ministre. Il s'agit d'un problème humain et non
pas d'un problème légal. Bien sûr, il nous faut, pour
régler le problème, adopter un projet de loi cet
après-midi; il nous faut tenter d'amenuiser le problème en
créant une espèce de moratoire sur la facilité que peuvent
avoir les gens de transformer leur immeuble en propriété
indivise.
Je voudrais souligner ici le fait que la section d'Outremont de l'APDR,
c'est-à-dire l'Association québécoise pour la
défense des droits des retraités et des
préretraités, a fait un travail remarquable pour faire en sorte
que ceux qui étaient pris avec ce genre de problème, le
reprennent eux-mêmes en main et animent toute l'activité qui
était nécessaire pour attirer l'attention du gouvernement
à cet égard. Il reste néanmoins que le gouvernement a
décidé d'aqir. Finalement, on doit le féliciter de le
faire. Mais j'aimerais souligner, M. le Président, certaines limites
à la loi qu'il nous a proposée. Le député de
Mont-Royal soulignait à juste tite que ce projet de loi n'est pas
rétroactif et qu'il comprenait les raisons qui faisaient que le ministre
ne l'avait pas rendu rétroactif, mais il reste que tout ce que le projet
de loi dit, c'est ceci. Il réfère à l'article 1659 du Code
civil que vous me permettrez de citer: "Le locateur d'un logement peut en
reprendre possession pour s'y loger ou pour y loger ses ascendants ou
descendants, son gendre, sa bru, son beau-père, sa belle-mère,
son beau-fils, sa belle-fille ou tout autre parent dont il est le principal
soutien."
Somme toute, le projet de loi qui nous est soumis ici cet
après-midi n'est pas un moratoire pour empêcher les gens de
transformer les immeubles en propriété indivise. Il reste que la
vente des logements peut continuer. S'il s'avérait que la vente
effectivement continuait, il pourrait s'avérer que les règlements
qui seraient mis de l'avant par le ministre dans le but de protéger les
individus qui y logent ou peut-être pour leur permettre d'acheter
eux-mêmes ce logement à des prix plus avantageux briment des gens
dans leurs droits puisque, entre le moment où le projet de loi est
voté jusqu'au moment où le ministre décidera de proposer
la réglementation, il pourrait y avoir eu vente entre-temps qui aurait
fait que la valeur du logement aurait augmenté.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je désire
souligner au ministre qu'il y a urgence à ce qu'il propose la
réglementation, justement pour ne pas brimer les intérêts
des locataires qui pourraient éventuellement, s'ils le désirent,
devenir propriétaires de ces logements à un coût
inférieur à celui qui serait proposé dans l'ensemble. Mais
plus que cela, j'ose espérer que la réglementation ira dans le
sens de protéger surtout les personnes âgées qui ont
vécu au même endroit pendant 25, 30, 35 ou 40 ans.
J'admets que la loi, telle que proposée, va les protéger
d'une façon immédiate, mais encore là, je le
répète, le projet de ioi va permettre quand même la vente
par la propriété indivise et n'arrête pas ce
phénomène qui pourrait continuer si les promoteurs et les
acheteurs éventuels y trouvaient leur bénéfice.
Bien sûr, ce projet de loi ne règle pas le problème
du manoir Barrington de l'avenue Bernard. C'est ce problème qui avait
été porté à l'attention du ministre au mois de
septembre et il est arrivé que plusieurs des personnes qui y logeaient
ont dû guitter. On m'informe qu'il ne reste que dix personnes, on
m'informe qu'il y a quatre logements qui ne sont pas vendus et, parmi quelques
autres qui restent, certains n'ont pas reçu d'avis. Je ne sais pas s'il
serait possible de protéqer ceux qui demeurent dans un logement
où, effectivement, il y a eu vente mais où le nouveau
propriétaire n'a pas cru bon de donner l'avis nécessaire pour en
prendre possession. Il sera peut-être intéressant d'en discuter et
d'apporter un amendement à cet effet.
Somme toute, M. le Président, nous sommes d'accord avec le projet
de loi parce qu'il va permettre à plusieurs personnes, surtout des
personnes âgées, de garder leur logement dans l'avenir
immédiat, d'éviter qu'elles soient sujettes à un
traumatisme inconsidéré, à cause d'un manque de protection
et, de fait, le projet de loi va leur donner une protection qui est
nécessaire. Là-dessus, je remercie le ministre de l'avoir
porté à notre attention et de l'avoir soumis à cette
Chambre.
Mais il reste que j'ai de la misère à comprendre comment
il se fait que le ministre ait pu trouver le temps de proposer un projet de loi
qui vient en aide aux jeunes ménages pour qu'ils deviennent
propriétaires de leur logement, en sachant qu'un problème
existait dans Outremont, puisque beaucoup pouvaient prévoir que cette
façon de faire, cette façon de passer à côté
de la loi, de passer à côté du moratoire sur les
condominiums pouvait amener beaucoup d'autres propriétaires à
s'inspirer des mêmes possibilités. Le député de
Taschereau, bien sûr, a souligné que, dans Outremont, il y a eu,
en 1974, un immeuble transformé en propriété indivise.
À ma connaissance, la seule raison pour laquelle personne n'a
soulevé le problème, c'est justement parce qu'aucun locataire n'a
dû être évincé d'une façon draconniene. S'il
n'y a pas eu de plainte, à ce moment-là, il s'est
révélé qu'au
mois de septembre dernier, il y a eu de nombreuses plaintes et le
ministre était tout à fait au courant, ces plaintes
étaient portées à son attention.
Encore une fois, M. le Président, nous allons voter pour ce
projet de loi, avec les limites que le projet de loi nous inspire, mais il
reste qu'il est navrant que le ministre n'ait pas cru bon d'agir avant
aujourd'hui. Je vous remercie, M. le Président. (16 heures)
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Taschereau.
M. Guay: En vertu de l'article 96, très rapidement, M. le
Président, parce que le député d'Outremont se trouve
à m'avoir fait dire des choses que je n'ai pas dites ce matin et je
voudrais tout simplement corriger, si vous me le permettez. D'abord, j'ai
reconnu, comme il l'a fait et comme le ministre d'État au
Développement économique a pu le faire hier, qu'effectivement la
formule de condominium existe à Montréal - je l'ai
souligné moi-même ce matin - dans les nouveaux logements, tout en
soulignant en même temps que les condominiums sont accessibles à
des gens qui ont un revenu élevé, ce qui n'est pas
nécessairement le cas pour les qens qui sont en
copropriété indivise.
Ce que j'ai souligné, M. le Président, c'est que le
député de Mont-Royal nous reproche de ne pas avoir adopté
un règlement permettant la transformation en condominium, ce qui aurait
évité la transformation en copropriété indivise;
c'est un reproche qui est non fondé parce que la transformation
d'édifices existants en condominiums est pire que la transformation en
copropriété indivise pour les gens qui y résident.
Finalement, M. le Président, je suis parfaitement d'accord avec
le député d'Outremont, je l'ai dit ce matin, que cela posait un
problème aux locataires qui font l'objet de menaces d'éviction,
mais ce n'est pas seulement des personnes figées qui habitent a
Outremont depuis vingt-cinq ans dans un édifice où il y a trente
logements qui peuvent se sentir lésées. N'importe qui, n'importe
où au Québec, quelle que soit la durée d'occupation du
logement dans lequel il se trouve, qui fait l'objet d'un avis d'éviction
pour reprise de possession, peut se sentir, jusqu'à un certain point
lésé où qu'il soit, pas seulement à Outremont et
pas seulement parce qu'il habite là depuis vingt-cinq ans. Si le
député d'Outremont propose que nous interdisions la reprise de
possession, ou la reprise de possession à partir d'un certain temps
d'occupation d'un appartement, c'est une approche intéressante, mais il
faudrait qu'il soit un peu explicite là-dessus. Elle mériterait
d'être étudiée au cours des semaines qui viennent.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre.
Des voix: Non, le député de Laporte.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laporte, s'il vous plaît.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais dire quelques
mots sur le projet de loi no 2(1. Je ne serai pas long. Ayant entendu les
propos du député de Taschereau, que je sais être de bonne
foi, j'aimerais quand même rectifier, de façon que ses propos ne
soient pas mal interprétés par les gens. Le député
de Taschereau vient de dire que l'accession à la propriété
par la voie de la copropriété classique est plus mauvaise que par
ce qu'on appelle l'indivision dans le métier ou la
propriété indivise. Or, M. le Président, je ne connais
pas, ayant exercé la profession de notaire pendant vingt ans, une plus
mauvaise façon d'accéder à la propriété que
la voie de la propriété indivise ou l'indivision. C'est un
système qui fait en sorte que les qens qui accèdent à la
propriété sont continuellement harassés pendant les mois
et les années qui viennent par des problèmes et souvent ils le
sont sans l'avoir prévu au départ. Je ne connais pas d'avocat ou
de notaire au Québec qui conseille à ses clients d'accéder
à la propriété par voie de l'indivision, à moins
qu'ils ne veuillent vraiment le faire et qu'ils n'en acceptent les
conséquences. Or, on a souligné avec beaucoup de justesse les
problèmes inhérents à ce genre de propriété,
le fait que tous les propriétaires deviennent conjointement et
solidairement responsables de la dette commune de l'immeuble et beaucoup
d'autres problèmes que je n'énumérerai pas, mais que les
techniciens du droit connaissent.
Inutile de dire qu'au moment où les propriétaires indivis
commencent à ne pas être d'accord et qu'un ou plusieurs veulent
vendre l'immeuble, c'est la pagaille complète qui s'installe parce qu'il
suffit qu'il y en ait un sur les cinq, les dix ou les vinqt qui refuse pour que
tout le processus soit paralysé. C'est tellement vrai que le Code civil
a prévu un article spécial qui édicte que nul n'est tenu
de demeurer en indivision et qui prévoit, dans un cas comme
celui-là, une procédure dispendieuse qui fait en sorte qu'un
propriétaire sur les vingt peut obliger tous les autres à faire
vendre l'immeuble en justice, de façon à sortir de ce merdier, si
vous me passez l'expression.
Alors, je pense qu'il est bon que les gens le sachent et qu'on dise
qu'il n'y a pas de plus mauvaise façon que la
propriété
indivise ou l'indivision pour accéder à la
propriété. Je félicite le député de
Mont-Royal d'avoir insisté pour qu'on apporte des correctifs à
cette situation et je félicite aussi le ministre d'avoir
accédé à sa demande avec célérité. On
l'a fait pour deux raisons, bien sûr, la principale étant qu'on
voulait protéger les droits des locataires, qui, eux, étaient
évincés. Je suis parfaitement d'accord sur cela.
Ce phénomène de la volonté d'accéder
à la propriété qui s'est manifesté de cette
façon-ci, lors d'événements qu'ont soulignés mes
collègues d'Outremont et de Mont-Royal, est de plus en plus courant dans
notre société. Si jadis il était facile d'accéder
à la propriété en achetant un bunqalow de banlieue, comme
on le faisait un peu partout, aujourd'hui, avec les coûts de
construction, il est devenu très dispendieux d'accéder à
la propriété, de sorte que la majorité des jeunes
ménages ne peut tout simplement pas le faire.
On a tenté, évidemment, de remédier à la
situation dans tous les pays du monde et la meilleure solution qui a
été trouvée, c'est la copropriété, plus
communément appelée condominium. À mon avis, c'est une
excellente solution puisqu'elle permet à plusieurs personnes
d'accéder à la propriété, à la vraie
propriété où chacun est propriétaire
entièrement de son appartement à des coûts moindres et
où les responsabilités sont comme dans la propriété
ordinaire d'un bungalow.
Cependant, pour des raisons qui avaient leur justification et qui les
ont encore peut-être aujourd'hui, on n'a pas permis la conversion des
immeubles existants en copropriété; on ne l'a permis que dans le
cas des immeubles neufs. Je connais les raisons, et j'y souscris, qui ont
amené le gouvernement de l'époque et le gouvernement de
maintenant à maintenir le moratoire sur la conversion d'immeubles
existants en copropriété.
Il reste quand même une chose, c'est que de plus en plus de qens
dans la société veulent accéder à la
propriété, ce qui est un droit fondamental et qui correspond
à un besoin de l'être humain. C'est également un facteur de
stabilité sociale qu'il ne faut pas négliger. Or, l'accession
à la propriété, même pour les condominiums
classiques neufs, qu'on permet maintenant est également très
dispendieuse puisque les coûts de construction ont fait en sorte qu'il
est devenu très onéreux d'acquérir un appartement en
copropriété.
Alors, quelle solution peut-on apporter à ce problème? Je
lisais récemment les notes que nous a fait parvenir le ministre de
l'Habitation; ce sont les mots qu'il a prononcés lors de son discours en
deuxième lecture et j'y ai vu l'amorce d'une solution. Le ministre a
bien situé le problème en disant qu'il ne suffit pas de permettre
aux citoyens, surtout aux jeunes couples qui veulent accéder à la
propriété, d'avoir accès à des logements neufs,
parce que, dans bien des cas, ces logements sont en périphérie
des villes et, étant neufs, coûtent très cher avec les taux
d'intérêt, etc. La solution, la seule, M. le Président, je
vous le dis, si on veut permettre au plus grand nombre de qens d'accéder
à la propriété, c'est de lever éventuellement le
moratoire qui interdit la conversion des immeubles locatifs existants en
copropriété.
Cependant, il faut aussi dire qu'il est également important de
protéger les droits des locataires de ne pas être
délogés de ces loqements, comme ça s'est fait d'une
façon si malencontreuse dans les cas qu'ont évoqués mes
collègues d'Outremont et de Mont-Royal. À mon avis - j'aimerais
apporter cette modeste contribution au débat - si on devait
régler le problème, il faudrait le faire en levant le moratoire
et en protégeant les droits des locataires. Cela s'est fait dans
d'autres pays du monde.
On pourrait, au moyen d'un règlement ou d'une loi, stipuler que,
lors de la levée du moratoire, il ne serait permis à aucun
propriétaire, aucune personne qui achèterait un logement de
déloger le locataire actuel, tant et aussi longtemps que ce dernier
voudra demeurer dans son logement, que ce soit dans le bail en cours, que le
bail soit reconduit ou renouvelé pour une période
indéfinie. On pourrait dire que le locataire pourrait avoir droit,
chaque année, à une reconduction de son bail. Certainement que le
propriétaire pourrait augmenter le loyer, à la suite de
discussions avec le locataire ou après comparution devant la
Régie du logement, s'il n'y a pas entente, mais le locataire serait
protégé indéfiniment. Le jour où le locataire
quitterait volontairement les lieux, le jour où il
décéderait, ou le jour où le loqement deviendrait vacant,
à ce moment-là, et à ce moment-là seulement, le
propriétaire aurait le droit d'occuper lui-même son loqement ou de
le mettre en vente. (16 h 10)
Pour ce qui est de l'autre arqument où on a invoqué le
fait que des gens pourraient faire des profits en vendant des logements en
copropriété, j'affirme que, si on levait le moratoire d'un seul
coup, sans restriction, il y aurait au Québec un grand nombre de
loqements qui seraient mis en vente sur le marché en même temps.
Bien sûr, tous ceux où il y a des locataires pourraient
également être mis en vente, le propriétaire sachant qu'il
ne pourrait pas l'occuper avant plusieurs années, mais il y aurait sur
le marché des logements en vente à des prix très
compétitifs, puisqu'il y aurait une forte offre sur le marché.
À ce moment, les gens, les jeunes qui veulent acheter des logements
ou
qui veulent en acheter pour fins d'occupation plus tard, pourraient le
faire à des coûts qui seraient drôlement plus
compétitifs et intéressants que les coûts du marché
de l'immeuble neuf.
Alors, je soumets ces recommandations au ministre et au gouvernement. Je
peux dire que, si jamais il y avait une commission quelconque qui se penchait
sur ce problème, il me ferait plaisir d'y apporter ma contribution.
En conclusion, M. le Président, je pense que la solution qu'a
évoquée le ministre, en partie, dans son allocution et que j'ai
développée aujourd'hui est une solution pratique, juste et
respectueuse des droits des locataires et qu'elle pourrait permettre au plus
qrand nombre possible de Québécois et de
Québécoises d'accéder aux joies, aux devoirs et aux
responsabilités de la propriété tout en maintenant les
droits inaliénables des locataires. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Guy Tardif (réplique)
M. Tardif: M. le Président, j'ai écouté
attentivement les représentations que j'ai entendues des
députés de Mont-Royal, d'Outremont et de Laporte,
particulièrement ces dernières puisqu'elles me semblent, plus que
les autres, être un peu plus dénuées de partisanerie, et je
vais essayer de cerner véritablement le problème auquel on est
confronté.
Le député d'Outremont a dit: Le ministre a
été saisi du cas des appartements Barrington dès le mois
de septembre 1980. Pourquoi n'a-t-il pas agi avant? Réponse, M. le
Président: On ne légifère pas pour un cas. Lorsqu'il se
produit un cas de maladie, lorsqu'on veut en déterminer la cause, on
commence par faire une étude épidémiologique pour voir si
le phénomène risque d'être répandu. M. le
Président, au moment où cela s'est produit au mois de septembre
dernier, il n'y avait qu'un seul cas et, par surcroît, les locataires de
cet immeuble avaient saisi la Régie du logement du problème
structurel que pouvaient présenter les immeubles Barrington, à
savoir possiblement tomber sous le coup des articles traitant des ensembles
immobiliers. Là, des expertises techniques et des contre-expertises ont
été faites avec le résultat que la cause est encore
pendante devant la régie, si bien que, par déférence pour
le tribunal, je m'abstiendrai de commenter plus lonquement le cas Barrington
autrement qu'en exposant les faits sans prendre partie sur le fond de la
question.
Deuxièmement, M. le Président, c'est donc lorsque le
problème, au cours des mois de février, mars et avril, a
commencé à se généraliser - on a déjà
porté à mon attention une douzaine de cas - que nous avons,
finalement, décidé d'arriver avec un moratoire non pas sur la
copropriété indivise... Nous n'interdisons pas la
copropriété indivise qui, de tout temps, a été
permise, malgré, encore une fois, le principe et les difficultés
que cela pouvait représenter selon le député de Laporte,
mais je maintiens que les difficultés ne sont présentes que
lorsqu'il y a un très qrand nombre d'individus, comme c'est le cas
forcément dans des immeubles semblables. La copropriété
indivise, par exemple, entre conjoints est monnaie courante. La
copropriété indivise entre des associés est monnaie
courante. Il n'y a aucun problème, sauf à partir du moment
où on commence à vouloir se partager, ce qui, au départ,
ne devait pas l'être. C'est donc cela, le problème, la
difficulté, et même lorsqu'on veut se partager, au départ,
quelque chose qui, selon une formule de propriété, ne se
prêtait pas à ce qenre de choses, cela peut fonctionner entre
deux, trois, quatre individus qui s'entendent bien et forment un contrat de
société. On peut même régler le problème de
l'indivisibilité de l'hypothèque, à savoir que tous
seraient conjointement et solidairement responsables. On peut, par un contrat
de société, assumer des parts distinctes de ces fardeaux.
Néanmoins, on comprend qu'avec chaque nouveau sociétaire, chaque
nouveau membre de cette société, les difficultés croissent
et on s'embarque dans des problèmes juridiques considérables.
Le raisonnement général que nous avons fait a
été de dire: N'interférons pas avec le droit de
copropriété indivise qui a toujours existé; à la
place, intervenons au niveau de l'article 1659 du Code civil qui est l'article
qui permet la reprise de possession. Dès lors que l'acquéreur
d'une part indivise d'un immeuble ne pourrait plus reprendre possession du
loqement qui correspond à sa part, cela vient évidemment mettre
un frein à la transaction comme telle qui n'est intéressante pour
les "convertisseurs" que dans la mesure où ils peuvent livrer la
marchandise, en l'occurrence, un logement.
Le raisonnement très simple, pour ne pas dire simpliste, du
député de Mont-Royal a été de dire: Si on a ce
phénomène aujourd'hui, c'est parce que la
copropriété divise n'est pas permise. Il est rejoint en cela par
le député de Laporte qui nous dit: Levons le moratoire sur la
copropriété divise.
Encore une fois, c'est de 1969 à 1974 ou 1975 que cela a
été permis au Québec par l'ancien gouvernement, sous
l'ancien gouvernement, et cela a été interrompu par lui en raison
de nombreuses poursuites qui étaient devant les tribunaux, de
très qrandes difficultés. Je constate, par exemple, qu'en 1974,
en Alberta, en Ontario, en Colombie britannique, en 1973, partout où on
avait
permis la copropriété divise - on sait qu'au Québec
on avait amendé les articles 441b à 442p du Code civil pour la
permettre - on a également imposé un moratoire. C'est vrai aussi
aux États-Unis, dans la plupart des villes américaines, de sorte
que ce n'est pas un problème qui peut se régler par une
levée automatique.
Même dans les provinces - je termine là-dessus, M. le
Président - où on a levé les moratoires, on a mis des
conditions visant, d'une part, à protéger le stock de logements
locatifs. Exemple: on permettra la copropriété divise ou
condominium dès lors qu'il y aura un taux de vacance de. Et on pourrait
continuer ainsi, établir des quotas, des contingentements, l'obligation
de construire des logements neufs, même l'hypothèse du
député de Laporte. Celle-là visait non pas à
protéger le stock de logements locatifs, mais elle visait à
protéger les locataires. Là aussi: des avis d'éviction
très longs, la possibilité de garder son logement à
perpétuité, aussi longtemps que la personne le voudrait, sauf
qu'à partir de ce moment-là, évidemment, cela ne devient
aucunement intéressant pour l'acquéreur. Ce n'est pas un
investissement, généralement, que ces gens veulent faire. Ils
veulent acheter un logement et l'occuper. C'est presque le même effet que
de l'interdire complètement. Donc, droit de préemption du
locataire sur son logement, etc.
Troisième série de mesures: des mesures visant à
protéger les acquéreurs, cette fois, de ces logements: prospectus
d'information répondant à certains critères,
prévisions budgétaires, garanties du convertisseur et fonds de
réserve en fiducie, droit d'annuler une offre d'achat, conformité
de l'immeuble à un code de réparations aux frais du
convertisseur, etc. Il y a eu des choses et nous sommes en train de faire
l'inventaire de ce qui s'est fait dans les autres provinces, de ce qui s'est
fait dans les États américains pour voir dans quelle mesure ce
qui a été utilisé comme moyens visant à civiliser
le processus - on n'est pas contre le principe, mais c'est comment le civiliser
- a été efficace. On est en train de faire l'inventaire de cela
et on se rend compte qu'il y a une espèce d'équilibre à
essayer de retrouver, de rechercher entre la protection à la fois des
occupants et des acquéreurs, de permettre le phénomène et
c'est là que nous disons - le député de Taschereau, mon
adjoint parlementaire, l'a bien indiqué - que dès lors qu'il y a
cette conversion, il y a des plus-values considérables qui
échoient comme ça sur l'immeuble.
On a même cité des cas dans la copropriété
indivise qui représentent tous les avantages que le député
de Laporte a mentionnés. Il y avait l'immeuble acheté au
coût de 500 000 $ par un "convertisseur"; lorsque vendu en parts
indivises, il l'a été à 1 500 000 $. C'est trois fois le
prix. (16 h 20)
Dans un autre immeuble, sur la rue Querbes quelque part, me dit-on, un
immeuble vendu au coût de 150 000 $ pour dix logements, donc, au
coût moyen de 15 000 $ par loqement a été offert en vente
à des prix variant entre 30 000 $ et 45 000 $ le loqement, M. le
Président. Ce ne sont pas des logements qui ont été mis en
vente, ce sont des parts indivises. Évidemment, M. le Président,
on assiste à une espèce de phénomène, presque,
j'allais dire, d'enrichissement sans cause dans ces cas-là, et c'est
peut-être ça, finalement, la question fondamentale au-delà
de ces problèmes techniques de préservation du stock de
logements, des locataires et des acquéreurs. La question est: II y a une
plus-value. Qui va profiter de la plus-value, finalement? On peut
peut-être essayer de regarder bien plus de ce côté que par
des moyens de contrôle qui seraient finalement très coûteux
et peut-être pas toujours aussi fonctionnels. Le fait est que dans
certains cas de conversion en copropriété indivise, des
propriétaires ont offert jusqu'à 5000 $ à des locataires
pour déguerpir, pour déménager. Donc, M. le
Président, c'était une façon, en quelque sorte, de les
faire participer à la plus-value qu'acquérait l'immeuble comme
tel.
M. le Président, ce que nous faisons ici, donc, c'est, à
partir du moment où ce n'était plus un cas, si encore une fois ce
cas pouvait présenter - parce qu'il y avait 36 logements dans l'immeuble
- plus d'une personne, c'était quand même un cas d'une
transformation d'un immeuble qui, encore une fois, est pendant devant les
tribunaux, à partir du moment où on assiste maintenant... On a au
moins une douzaine de cas qui ont été rapportés, mais
évidemment, ce ne sont pas tous les cas qui ont été
portés à la connaissance de la régie, puisque s'il y a
entente entre les parties, l'entente fait loi. À partir de ce
moment-là, M. le Président, on a déposé ce projet
de loi que nous avons devant nous ce matin, que nous allons maintenant devoir
étudier article par article. Même s'il n'est pas très long,
j'avise tout de suite l'Opposition qu'il y aura un amendement à
l'article 136.1 plutôt technique qu'autre chose. Deux mots sont
ajoutés, point.
Pour le reste, M. le Président, je tiens à souligner que
beaucoup de députés ont contribué à nous saisir de
ce problème. Le député de Rosemont et le
député de Mercier, notamment, ont été très
actifs dans le dossier. Évidemment, mon adjoint parlementaire aussi
puisque, dans la région de Québec, il semble que le
phénomène, qui est parti de Vancouver, qui est passé
par
Hamilton, Calgary, qui a abouti à Toronto et s'est
arrêté à Outremont un bout de temps, s'en vient vers
Québec tranquillement, M. le Président. Il n'est pas sûr,
à part cela, que ce n'est pas uniquement le phénomène,
mais les capitaux qui s'en viennent dans certains cas. Néanmoins, M. le
Président, nous allons, je pense, prendre des mesures pour assurer cette
protection aux personnes. Donc, je pense que nous pouvons, avec l'assentiment
de cette Chambre, passer à l'étude article par article de ce
projet de loi, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): La deuxième
lecture du projet de loi no 20 est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader
parlementaire.
M. Charron: M. le Président, je propose que vous quittiez
maintenant le fauteuil et que l'Assemblée se transforme en commission
plénière afin d'étudier les articles de ce projet de
loi.
Commission plénière
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 1.
Le Président (M. Rancourt): Article 1 du projet de loi no
20.
M. Ciaccia: L'article 1, M. le Président, je crois, ne
touche pas la question de la copropriété indivise. Le ministre
pourrait-il nous expliquer la portée de l'article 1? Si je comprends
bien, à l'article 1, le projet de loi prévoit que le tribunal de
la Régie du logement, peut, aux conditions qu'il estime justes,
permettre à une partie de corriger ou compléter un avis
visé dans les articles 1658.1 à 1658.5. Ces articles
prévoient certains avis de la part du propriétaire pour augmenter
le loyer, et de la part du locataire pour contester certaines demandes du
propriétaire. Est-ce que, d'après la rédaction du projet
de loi, le ministre vise strictement des vices de forme, non pas des vices de
fond?
Je vais m'expliquer. Par exemple, à l'article 1658.1, il est
prévu que le locateur peut, pour la prolongation du bail, augmenter le
loyer, modifier la durée ou une autre condition s'il donne un avis
à cette fin au locataire. Maintenant, il y a des délais pour
donner l'avis. Advenant le cas où le propriétaire, au lieu de
donner l'avis, par exemple, le 1er ou le 30 mars, le donne trois jours plus
tard, est-ce que l'article 1 permet, dans sa rédaction actuelle, au
tribunal de rectifier cet avis en disant: Le locateur aurait dû donner
l'avis le 30 mars, et il stipulera que l'avis sera présumé avoir
été donné le 30 mars? Est-ce que c'est là la
portée de l'article 1?
M. Tardif: M. le Président, ce n'est pas la portée
de l'article 1, qui ne change rien aux questions de fond, soit:
Premièrement, qu'il doit d'abord y avoir eu avis. Par exemple, quelqu'un
n'aurait pas envoyé d'avis, il ne serait pas question pour le tribunal
d'agir comme s'il y en avait eu un. Deuxièmement, les délais, qui
sont vraiment essentiels dans ce cas, doivent avoir été
respectés pour que les avis soient valides.
Si on regarde à l'article 1658.1, on dit: "L'avis d'augmentation
de loyer doit indiquer le loyer actuel, le nouveau loyer exprimé en
dollars, la date à laquelle l'auqmentation prend effet et, le cas
échéant, la durée proposée pour la prolongation du
bail." Dès lors qu'un de ces quatre renseignements n'est pas là,
l'avis peut être déclaré nul ab initio par le tribunal.
Imaginons le cas d'un propriétaire qui aurait envoyé un
avis à son locataire en disant: Votre loyer pour les douze prochains
mois sera augmenté de 20 $. Cet avis, parce que non conforme à
l'article 1658.1, n'indiquant pas le loyer actuel, le nouveau loyer, la date du
début et la date de la fin, pourrait être considéré
comme nul, alors qu'à toutes fins utiles, on sait pertinemment, si on
fait les adaptations nécessaires, compte tenu du bail, qu'il avait une
intention d'augmenter le loyer d'un montant X. Dans ce cas, pour les raisons
qu'il estime justes, le tribunal pourrait passer outre au fait.
Maintenant, il peut y avoir des cas où ce n'est pas aussi clair.
En commission parlementaire, j'en avais indiqué un, notamment, lors de
l'étude du projet de loi no 107, où on m'avait montré un
avis d'augmentation qui se lisait à peu près comme suit: Veuillez
être informé que votre loyer ne sera pas augmenté de moins
de 8%. Le locataire lit ça rapidement, il dit: Quand même, 8%,
ça se prend bien; il ne répond pas à l'avis, auquel cas il
est présumé avoir accepté l'augmentation, et
l'augmentation est de l'ordre de 20%. Vous voyez un peu le genre où
l'esprit serait complètement faussé. Cela, c'est pour la partie
des avis venant du propriétaire. (16 h 30)
Pour l'avis venant du locataire, à l'article 1658.5, on dit: "Le
locataire doit, dans le mois de la réception de l'avis prévu,
aviser le locateur qu'il quitte le logement ou refuse l'augmentation ou la
modification
demandée, sinon, il est réputé avoir accepté
le nouveau loyer ou les nouvelles conditions." Il n'y a pas de formulaire
obligatoire que vous devez remplir pour donner votre avis. Les gens sont donc
libres d'envoyer cela sur un bout de papier, sauf que, M. le Président,
afin de rendre service aux gens qui venaient au bureau de la régie,
celle-ci a imprimé pour les propriétaires un avis d'augmentation
et, à l'endos, il y a une espèce de formule d'acceptation pour le
locataire avec des petites cases à cocher: j'accepte l'augmentation, je
refuse ou je déménage et, en bas, la signature et la date. Or,
dans certains cas, le formulaire a été retourné au
propriétaire avec la signature et la date, sans aucune case
cochée. Qu'est-ce qu'on fait dans ce cas-là, M. le
Président?
Donc, c'est ce genre d'avis que la régie, enfin, que nous voulons
corriger par l'article 1 où on dit: "Le tribunal peut, aux conditions
qu'il estime justes, permettre à une partie de corriger ou
compléter un avis visé dans les articles 1658.1 à
1658.5."
M. Ciaccia: Je comprends les explications du ministre et je crois
que nous sommes d'accord que, sur un vice de forme, ça ne devrait pas
causer un préjudice soit au locateur, soit au locataire. Je remarque,
par ailleurs, que, de la façon que l'amendement à l'article 1 est
rédiqé, le ministre parle du tribunal: "Le tribunal peut, etc."
Dans la loi 107, on identifie la régie et non pas le tribunal, et j'ai
à l'esprit la décision de la Cour suprême. Je ne voudrais
pas que nous rédigions une loi qui vraiment n'est pas légale ou
qui peut être contestée. Nous voudrions faire un amendement
à la loi 107 qui permettra d'être le plus possible dans les termes
permis par nos lois.
Je pourrais demander au ministre pourquoi il utilise le terme
"tribunal"? Est-ce qu'il n'y aurait pas confusion? Est-ce qu'il pourrait
plutôt se référer à la régie?
M. Tardif: M. le Président, je réfère le
député aux articles 1658.15 et 1658.16, 17 etc., où on
dit: "Le tribunal saisi d'une demande de fixation ou de révision
détermine le loyer exigible." 1658: "Le tribunal saisi d'une demande de
modification des conditions du bail peut autoriser..." Or, partout dans la loi,
on se réfère à ça et la question, à savoir
si chaque régisseur siégeant, chaque membre de la régie -
la régie est composée du président, des deux
vice-présidents et de tous les régisseurs; ça c'est la
régie -maintenant, un régisseur siégeant fait office de
tribunal.
M. Ciaccia: D'accord. M. Fortier: D'accord. Le
Président (M. Rancourt): L'arti- cle 1 est-il adopté?
Adopté. J'appelle l'article 2.
M. Tardif: II y a un amendement à l'article 2, M. le
Président, et je vous demanderais de le distribuer. J'en ai pour les
fous et les folles.
M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Tardif: L'article 2 du projet de loi no 20 est modifié
en remplaçant l'article 136.1 par le suivant: "Le propriétaire
d'une partie indivise d'un immeuble comportant cing logements ou plus ne peut
exercer ni directement ni indirectement" - ce sont les seuls mots qui ont
été ajoutés par rapport à l'ancien article - "le
droit prévu par l'article ]659 du Code civil que si son titre a
été enregistré antérieurement au" (insérer
là la date du dépôt de la loi). "Le présent article
cesse d'avoir effet le jour de l'entrée en vigueur d'un règlement
adopté en vertu de l'article 136.2."
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
pourquoi il a ajouté les mots "ni directement ni indirectement"? Quels
cas cela devrait-il couvrir?
M. Tardif: Parce que, M. le Président, l'article 1659 du
Code civil, tel qu'amendé par la loi 107, parle du locateur et non pas
du propriétaire. Alors, il serait concevable que le propriétaire
d'une part indivise d'un immeuble cède, fasse cession de son droit
à un administrateur qui, lui, devienne le locateur et puisse exercer le
droit prévu à l'article 1659.
M. Ciaccia: II n'aurait pas été plus facile de dire
le propriétaire ou le locateur? C'est plus clair, parce que directement,
indirectement, qu'est-ce que cela veut dire? Vous voyez le problème
qu'on a eu avec directement et indirectement. Cela fait un mois qu'on vous dit
que, dans ce cas-ci, on fait indirectement ce qu'on est empêché de
faire directement.
Le député de Taschereau persiste à nous dire que
c'est légal. Certainement que c'est légal.
M. Guay: C'est vous qui l'avez dit ce matin.
M. Ciaccia: Le "contournement" d'une loi n'est jamais
illégal, c'est ce qu'il faut comprendre. On fait quelque chose de
légal en trouvant un autre moyen légal. Si cela avait
été illéqal, on n'aurait pas eu besoin d'une loi, on
aurait pu aller en cour pour l'empêcher. C'est pour cela qu'on a besoin
d'une loi, parce qu'un "contournement" est
une procédure légale. Alors, on arrive avec une loi pour
empêcher ce "contournement".
Mais cela suscite beaucoup d'interprétation, directement et
indirectement.
M. Tardif: Si le député de Mont-Royal a une
meilleure formulation, j'aimerais qu'il la fasse connaître. Il a dit: N'y
aurait-il pas été possible de dire le propriétaire ou le
locateur...
M. Ciaccia: Ou le locateur...
M. Tardif: ...d'une partie indivise. Je m'excuse, on ne peut pas
être locateur d'une partie indivise comme telle d'un logement; si on est
locateur de cette partie indivise, on a le droit de la louer. Ce n'est pas
à ce titre que cela pose des problèmes. C'est la formulation que
les légistes nous ont proposée. Si le député de
Mont-Royal en a une plus heureuse ayant le même effet, je suis prêt
à l'entendre.
M. Ciaccia: On espère que vous aurez vos règlements
et que cette partie de la loi ne sera pas appelée à être
constestée, parce que vous aurez les règlements qui
définiront exactement les responsabilités du locateur ou du
propriétaire.
Je voudrais poser une question au ministre. Combien de cas sont
affectés présentement? Parce qu'il peut y avoir des situations
où une offre a été faite et acceptée pour une
partie indivise, mais où l'acte de vente n'a pas été
enregistré. Cependant, l'acheteur est lié par l'offre, il peut
être obligé d'acheter, alors qu'on a une situation où il ne
peut prendre possession du logement. C'est l'intention de la loi et nous sommes
d'accord, mais est-ce que le ministre pourrait nous dire combien de cas
précis sont affectés par ce...?
M. Tardif: Dans cette espèce d'opération de
conversion qu'on a subie ces derniers temps, on a relevé - dix cas et,
sur une autre liste, deux autres cas se sont ajoutés -une douzaine
d'immeubles comportant à peu près 200 logements. Dans ces douze
immeubles, la situation varie extrêmement. Dans certains cas, on nous dit
qu'il n'y aurait aucun acte enregistré uniquement des offres d'achat;
dans d'autres cas, il y aurait certains actes enregistrés et dans
d'autres, uniquement des actes d'achat. Il y a même un cas - je pense
à l'immeuble Barrington -où on nous dit que sur 36 logements, il
y en a 15 de vendus.
M. Fortier: II n'en reste que 10.
M. Tardif: Je m'excuse mais ce sont les résidents
mêmes de l'immeuble, qui sont venus me rencontrer à mon bureau de
comté lundi, qui m'ont donné ce rapport d'une quinzaine; je le
donne sous toutes réserves, venant d'eux. Pour cette raison, nous avons
donc pris comme point d'ancrage de la loi le fait d'avoir un acte
enregistré et, évidemment, les offres d'achat, les offres de
vente ne lient pas les tiers, elles ne lient que les parties entre elles. Si
une personne s'est engagée a livrer où a acheté une part
indivise d'un immeuble, elle reste actionnaire de cet immeuble et c'est
tout.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: En fait, cet rticle, n'empêchera pas la vente
des parties indivises d'un l'immeuble, cela peut continuer à se faire
autant qu'avant, sauf que les acquéreurs ne pourront plus déloger
les locataires...
M. Tardif: C'est cela.
M. Bourbeau: qui pourront être maintenus dans leur loyer
indéfiniment.
M. Tardif: C'est cela. (16 h 40)
M. Bourbeau: J'aurais une question à poser pour ma propre
édification. La date que vous allez insérer a l'article 136.1, la
date du dépôt du présent projet de loi, quelle est-elle
exactement?
M. Tardif: Le 11 juin.
M. Bourbeau: Le 11 juin, je vous remercie.
M. Tardif: C'était évidemment pour ne pas assister
à ce phénomène d'enregistrements massifs entre la date du
dépôt de la loi et la date de son adoption.
M. Bourbeau: D'accord, je vous remercie.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: II y a sans doute des cas où des gens ont
déjà été, soit expulsés à la suite
d'avis soit sujets à un avis d'expulsion parce que l'acte a
été enregistré avant le 11 juin. Le ministre entend-il
faire quelque chose au sujet de ces cas particuliers?
M. Tardif: M. le Président, non, malheureusement, il n'est
pas possible de faire quoi que ce soit, puisque, encore une fois, comme l'a
souligné lui-même le député
de Mont-Royal, ces actions ont été posées dans la
légalité. De tout temps, le propriétaire d'un immeuble a
pu exercer les pouvoirs prévus à l'article 1659,
c'est-à-dire reprendre possession de cet immeuble pour lui-même ou
pour un membre de sa famille. Je voudrais simplement préciser que s'il y
a eu un acte enregistré avant la date du dépôt de la loi,
le 11 juin, mais après le 1er janvier dernier, comme le préavis
doit être de six mois avant la fin du bail, ça veut donc dire que
ceux qui auraient reçu cet avis entre le 1er janvier 1981 et le 11 juin
sont, à toutes fins utiles, protégés dans leur logement
jusqu'au 1er juillet 1982. C'est quand même un délai qui leur
donne un certain temps.
À ce moment-là, M. le Président, évidemment,
s'il y avait pour des personnes âgées des cas
particulièrement pénibles et difficiles, comme ministre
responsable de la Société d'habitation, qui construit notamment
des habitations pour personnes âgées... il en existe dans
certaines municipalités, de ces immeubles, évidemment, il y a des
conditions d'admission... mais cependant je ne suis pas sûr, à
voir la figure du député de Mont-Royal, que les personnes
auxquelles il pense seraient nécessairement éligibles, vu les
échelles de pondération pour entrer dans les HLM.
M. Ciaccia: M. le Président, si le ministre recevait
autant de demandes de personnes qui n'ont pas les moyens, dans les
comtés où vous pensez qu'on ne devrait pas recevoir ces demandes,
et où il n'y a pas assez de place pour elles, vous vous apercevriez bien
vite qu'on ne construit pas assez de HLM pour suffire à la demande. Je
ne crois pas que ce soit une réponse de dire: Si les qens ont
été expulsés et s'ils n'ont pas les moyens - je ne sais
pas si j'ai bien compris - ils pourront faire une demande pour les HLM qui sont
construits par le gouvernement, parce qu'il n'y en a pas assez pour suffire
à la demande. Ce n'est pas une réponse pour ces gens qui ont
été expulsés.
M. Tardif: M. le Président, je dois quand même
souligner que les habitations à loyer modique sont construites dans les
municipalités, à la demande des municipalités et, que je
sache, Outremont ne s'est pas prévalu de ce...
M. Fortier: II n'y a pas de terrain.
M. Ciaccia: S'il n'y a pas de terrain, on ne peut pas les
construire par dessus les autres édifices. La demande est là,
mais il n'y a pas d'espace pour.
M. Tardif: Oui, c'est ça.
M. Fortier: Bien sûr, il y a la protection des locataires
en vertu de l'article 136.1, comme la loi le dit très bien: "Le
présent article cesse d'avoir effet...", alors la protection est valable
jusqu'au moment où la réglementation va être en vigueur. On
m'a posé la question et je vous la pose. Je présume que si vous
pensiez à la protection de certains locataires, en vertu de leur
âge ou du nombre d'années qu'ils auraient habité dans un
logement, la nouvelle réglementation ferait le pont entre cette
protection-ci et la nouvelle protection qui serait donnée par la
réglementation qui viendra en vigueur à ce moment?
M. Tardif: C'est-à-dire que l'article est formulé
de façon qu'il n'y ait pas de brisure. Donc, la loi va continuer de
s'appliquer jusqu'à ce qu'une réglementation entre en viqueur, de
sorte qu'il n'y aura pas de vide juridique sur cette question. C'est ce qu'on a
tenté de prévoir, sans préjuger du contenu de la
réglementation qui, encore une fois, au fur et à mesure qu'on
consulte ce qui s'est fait dans les autres provinces et aux États-Unis,
n'est pas particulièrement facile.
M. Fortier: Mais vous comprenez le problème. C'est que les
locataires, qui sont nombreux dans Outremont et qui voient qu'ils ont obtenu
une protection, se disent: Si le ministre vient avec une réglementation
au mois d'octobre... Cet article-là dit: "Le présent article
cesse d'avoir effet le jour de l'entrée en vigueur d'un règlement
adopté..." À ce moment-là, ils s'inquiètent en
disant: On est protégé uniquement jusqu'au mois d'octobre ou au
mois de novembre. J'imagine que la seule façon...
M. Tardif: Mais non. M. Fortier: Non?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Tardif: Ce n'est pas l'esprit général. C'est le
contraire, M. le Président. Ce que nous voulons, c'est assurer la
permanence de la protection, mais ce qu'on fera peut-être, c'est d'en
préciser certaines modalités. Or, on est devant l'obligation de
légiférer pour bloquer, pour geler une situation. Ce
n'était pas le temps d'essayer de prévoir tous les cas possibles,
ce qu'on se laisse le pouvoir de faire dans une réglementation.
M. Fortier: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, il y a une obligation de la
part du gouvernement vis-à-vis des gens qui ont été
expulsés ou qui ont
reçu un avis d'expulsion. Je ne peux pas accepter que le ministre
dise qu'il n'y avait qu'un cas au mois de septembre et que le gouvernement ne
peut agir que dans un cas. La nature du cas qui est survenu au mois de
septembre, le gouvernement aurait dû réaliser que cela ouvrait la
porte à un abus possible, que cela indiquait un trou dans la loi. On
voulait éviter l'expulsion des locataires par la réglementation
de la loi no 107 et, par le moyen de copropriété indivise,
même si c'est un cas, cela ouvrait la porte à l'expulsion de tous
les locataires. Alors, j'inviterais le ministre à reconsidérer sa
position et, lorsqu'il va faire sa réglementation dont parle le prochain
article, qu'il songe à donner un genre de dédommagement à
ceux qui ont été obligés de subir des dommages parce que,
spécifiquement, la loi n'a pas prévu ces cas quand elle aurait
dû les prévoir.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je refuse totalement de
considérer quelque forme que ce soit de responsabilité
gouvernementale dans ce dossier. Le député de Mont-Royal
était là lorsque la loi no 107 a été votée,
lorsque l'article 1659 de la loi no 107 a été voté,
permettant la reprise de possession dans le cas d'un locateur ou un
acquéreur d'un immeuble, peu importe la forme de
copropriété ou de propriété. Le
député de Mont-Royal a voté pour le principe de cette loi
en deuxième lecture, si ma mémoire est bonne. Il reconnaissait
donc, à ce moment-là, le droit de reprise de possession et, s'il
fallait le reconnaître dans le cas de certains immeubles situés
à certains endroits, il faudra le reconnaître partout
ailleurs.
Ce que le législateur a prévu dans la loi no 107, c'est
une forme de dédommagement de la part du propriétaire, qui veut
prendre possession, de dédommager le locataire. M. le Président,
je conviens, cependant, que quand nous étudierons la
réglementation pour remplacer la loi que nous étudions
aujourd'hui, nous pourrons effectivement en prévoir une forme, mais
alors là, à la charge de celui qui fait quoi, celui qui fait le
profit à l'occasion de cette transformation et certainement pas aux
dépens du gouvernement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je n'ai pas
nécessairement dit aux dépens du gouvernement. J'ai dit de
prévoir une forme de compensation. Je n'accepte pas l'argument du
ministre, à savoir que j'ai voté pour cette loi. Certainement,
j'ai voté pour cette loi. Savez-vous pourquoi j'ai voté pour
cette loi?
Parce que la loi prévoyait qu'il devrait y avoir des
règlements. En 1979, on disait: II n'y aura pas de conversion en
condominium, il n'y aura pas d'expulsion de locataires sans
réglementation. J'ai accepté cela, mais à ce
moment-là, personne nous a dit qu'il n'y aurait jamais de
réglementation. En 1981, deux ans après, la réglementation
n'est pas encore déposée. Alors, qu'on ne nous accuse pas d'avoir
accepté la loi et qu'on doive accepter les conséquences. On n'a
pas l'administration de la loi. On a accepté la loi, vous acceptez les
conséquences de l'administration. Le manque d'administration, c'est le
fait que la régie n'a pas émis des règlements pour
protéger les locataires. C'est cela le problème.
M. Tardif: M. le Président, je vous demanderais de vous
assurer si l'article...
Une voix: Adopté.
M. Tardif: ...tel qu'amendé est adopté.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 2 tel
qu'amendé est adopté?
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président. Je crois
qu'à l'article 2 il y a un autre alinéa.
Le Président (M. Rancourt): Oui, c'est exact.
M. Ciaccia: 136.2.
Le Président (M. Rancourt): C'est exact.
M. Ciaccia: Je voudrais poser quelques questions au ministre.
Le Président (M. Rancourt): M. le députée de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci. Ici, M. le Président, je vais prendre
des précautions vu ce qui nous est arrivé en 1979. Je ne veux pas
me faire accuser d'avoir accepté la loi quand, en 1983, il n'y aura pas
encore de réglementation et que quelqu'un aura trouvé une autre
façon de contourner légalement la loi. Je pose la question au
ministre. Vous parlez de règlements. Quand pensez-vous que vous pourrez
émettre les règlements pour permettre la propriété
indivise, pour permettre aux gens de se servir de ce mode
d'acquisition?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre. (16 h 50)
M. Tardif: L'élaboration d'une réglementation dans
le domaine, bien qu'elle puisse être totalement indépendante,
reste dans mon esprit, à tout le moins jusqu'à preuve du
contraire, liée à l'autre réglementation sur la
copropriété divise, c'est-à-dire le condominium.
Là-dessus, je pense avoir été assez clair en commission
parlementaire; nous ne pourrions pas faire de réglementation sur la
copropriété divise tant et aussi longtemps que les articles 441b
à 442p du Code civil, c'est-à-dire ceux qui traitent de la
copropriété divise, du condominium, n'auront pas
été amendés pour pallier les difficultés juridiques
qui sont nées de l'application ou de l'existence de la
copropriété divise pendant...
M. Ciaccia: Est-ce qu'il pourrait nous expliquer ça pour
que tout le monde comprenne?
M. Tardif: M. le Président, je m'excuse d'avoir
été distrait par le député.
M. Ciaccia: J'ai une formation juridique et je ne le comprends
pas.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre a le droit de
parole.
M. Tardif: Je vais essayer d'être un peu plus clair pour le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Oui, soyez donc un peu plus clair.
M. Tardif: C'est le député de Bonaventure qui est
revenu dans cette salle nous honorer de sa présence.
La réglementation sur la copropriété indivise,
c'est-à-dire celle sur laquelle nous nous apprêtons à
voter, dans mon esprit, est liée à l'autre réglementation
sur la copropriété divise.
M. Ciaccia: Assurément.
M. Tardif: Bon. Jusque-là, on se suit, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: C'est ce qu'on vous a dit.
M. Tardif: Deuxième remarque: Cette réglementation
sur la copropriété divise ne pourra se faire - je l'ai dit en
commission parlementaire - tant et aussi longtemps que le Code civil n'aura pas
été amendé aux articles 441b à 442p qui traitent de
la copropriété divise ou du condominium.
M. Ciaccia: Qui vous empêche de faire les amendements
nécessaires?
M. Tardif: Présentement, un comité, au
ministère de la Justice, se penche sur cette question et, dès
lors que nous aurons l'éclairage des savants juristes, nous adapterons
une réglementation en conséquence.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Dans le but de faire éventuellement
débloquer ce dossier, qui traîne quand même depuis assez
longtemps, est-ce que le ministre pourrait nous donner l'assurance que le
comité qui se penche, comme il le dit, depuis de nombreux mois et
même de nombreuses années...
M. Tardif: Va se relever...
M. Bourbeau: ... va finalement finir par tomber sur le dossier un
bon jour et accoucher d'amendements au Code civil qui permettraient de
régler, une fois pour toutes, la question litigieuse dont vous venez de
parler qui empêche de convertir en condominiums les immeubles existants
et qui permettraient ensuite à la régie d'édicter les
règlements dont on parle, entre autres, ceux qui concernent l'indivision
dont on parle ici?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Tardif: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais simplement faire une suggestion ou une
recommandation au ministre qui pourra la prendre en considération quand
il va rédiger les règlements pour la protection des locataires.
Mon collègue a suggéré que les règlements
prévoient qu'aucun locataire ne puisse se faire expulser, que ce soit en
conversion de propriété indivise ou en condominium. J'irais un
peu plus loin et je dirais - c'est une suggestion pour votre
considération, on essaie d'être positif dans les lois qui sont
présentées à l'Assemblée nationale - qu'en plus
d'avoir la protection pour le locataire, il devrait y avoir une autre condition
selon laquelle la propriété indivise ne pourrait pas se convertir
soit en condominium ou propriété indivise à moins qu'un
pourcentage fixe des locataires n'y consente. J'irais jusqu'à dire que
ça devrait être au moins 75% des locataires d'un
édifice.
Si 75% des locataires d'un édifice consentent que la
propriété soit transformée en condominium ou en
propriété indivise
enregistrée pour le droit d'en prendre possession, ce mode de
conversion pourrait avoir lieu pouvu qu'en plus de ce consentement de 75% des
locataires, vous prévoyiez que ceux qui n'ont pas consenti, les 25%,
soient traités comme des locataires et aient tous les droits des
locataires mentionnés dans la loi de la régie du logement.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Tardif: Je prends bonne note des suggestions du
député de Mont-Royal et de celles du député de
Laporte ce matin, M. le Président. On pourra très certainement se
référer à ces paroles des députés au moment
de la confection de la réglementation.
Le Président (M. Rancourt): L'article 2 tel
qu'amendé est-il...
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: J'ai une dernière question, M. le
Président. Le ministre m'a fait une réponse très sibylline
tout à l'heure. On n'est pas habitué à des réponses
aussi brèves de la part du ministre. Pourrais-je lui demander une
dernière fois s'il aurait la gentillesse de nous dire si on peut
espérer avoir un projet de loi à l'automne pour régler le
problème dont j'ai fait état?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Tardif: Je répète: Oui, M. le Président.
Si la réponse a été sibylline tantôt, c'est à
la suite d'un signe du député de Bonaventure qui semblait
souhaiter que ce débat s'écourte. M. le Président, la
réponse est oui. J'ai déjà saisi le ministre de la Justice
à cet effet.
Le Président (M. Rancourt): L'article 2 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 3.
M. Tardif: La question était-elle d'avoir un projet de loi
à l'automne? Ai-je bien compris?
M. Bourbeau: Oui.
M. Tardif: Oh! non, M. le Président. On compte avoir un
rapport du ministère de la Justice à l'automne. Quant au projet
de loi, on y verra.
M. Bourbeau: M. le Président, étant donné
que la réponse diffère de celle qu'on m'a donnée
précédemment, j'aimerais faire préciser le ministre.
Pourrait-il nous dire si le ministère de la Justice va se prononcer
à l'automne et dans combien de temps peut-on espérer avoir un
projet de loi qui réglerait ce problème, qui date quand
même depuis très longtemps?
M. Tardif: Dans les meilleurs délais. On n'a aucun
intérêt à prolonger ces délais. Je dois avoir un
rapport du ministère de la Justice à l'automne, m'a-t-on dit.
M. Bourbeau: On sait que la justice est lente, M. le ministre,
mais il faudrait quand même un bon jour régler cela.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 2 est bien
adopté? Adopté.
Une voix: L'article 3 aussi.
M. Ciaccia: Le leader du gouvernement dit que c'est
adopté. Alors, c'est adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 3 adopté.
L'article 4 sera-t-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 5.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de vous faire savoir que le
projet de loi no 20 a été adopté avec amendements.
Le Président: Le rapport de la commission
plénière sera-t-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Y a-t-il consentement pour la
troisième lecture?
M. Ciaccia: Consentement, M. le Président.
Troisième lecture
Le Président: Consentement constaté. La motion de
troisième lecture du projet de loi no 20 sera-t-elle adoptée?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler l'article 2) du
feuilleton, M. le Président.
Le Président: No 30?
M. Charron: Non, l'article 2 pendant qu'on est avec le ministre
de l'Habitation.
Projet de loi no 1 Troisième lecture
Le Président: Le ministre de l'Habitation. J'appelle donc
la troisième lecture du projet de loi no 1, Loi modifiant la Loi sur la
Société d'habitation du Québec. Cette motion de
troisième lecture sera-t-elle adoptée?
M. John Ciaccia M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ...je voudrais faire quelques brèves remarques
sur le projet de loi no 1.
M. le Président, nous sommes en faveur de l'aide à
l'accessibilité à la propriété. Cependant, nous
croyons que le programme que le ministre a annoncé dans son projet de
loi n'atteint pas les objectifs voulus par le ministre et annoncés par
le gouvernement. (17 heures)
Sans doute le programme d'aide à l'accessibilité à
la propriété a-t-il été discuté avec le
ministre des Finances. Je dois féliciter M. le ministre des Finances
parce que, dans son budget et dans ce projet de loi, il a réussi le tour
de force de prêcher, avec son parti, la social-démocratie tout en
donnant le tour de vis fiscal le plus sévère que les petits
contribuables n'aient jamais connu dans cette province. Ce projet de loi est un
exemple de cette approche.
Je vais vous donner des exemples spécifiques.
Premièrement, il y a une différence entre une promesse
électorale, le contenu et la conséquence de la loi. Dans un
promesse électorale, on veut aider les familles, on va favoriser
l'accessibilité à la propriété. C'est beau de dire
ça, c'est excellent, tout le monde est pour, parce qu'on prêche la
vertu. Mais quand on fait un examen du programme, on voit que ce n'est pas du
tout le résultat, les conséquences du programme qui a
été annoncé par le gouvernement.
Tout d'abord, le programme est indûment restrictif. Pourquoi
limite-t-on le programme à une famille ayant un enfant de 12 ans? Il y a
des jeunes couples qui n'ont pas d'enfant et qui veulent avoir accès
à la propriété; ils voudraient être
encouragés par le gouvernement. D'un côté, on
n'établit pas de limite salariale, ce qui veut dire que si quelqu'un
gagne un salaire de 70 000 $ ou 75 000 $ par année, il aura accès
au programme du gouvernement. Mais un jeune couple qui n'a pas un enfant de 12
ans n'y a pas accès. Je trouve cela absolument inacceptable, c'est une
forme de discrimination qu'on ne peut accepter. Dire, comme l'a prétendu
le ministre, que c'est une discrimination voulue, je ne pense pas que ce soit
la réponse au problème.
Ce n'est pas une subvention de 10 000 $ - le gouvernement dit que c'est
une subvention - c'est une subvention de l'intérêt sur 10 000 $
pour une année. Après cela, les subventions pour
l'intérêt sont de 95%, parce que le contribuable doit payer 5%; la
deuxième, la troisième, la quatrième et la
cinquième année, il paie 10%. C'est très limité.
Avec un taux d'intérêt de 18 1/4% pour les hypothèques, le
programme va aider ceux qui n'en ont vraiment pas besoin. Je ne veux pas
reprendre tous les chiffres que j'ai donnés en cette Chambre lors du
discours de deuxième lecture, mais il faut les répéter. La
raison pour laquelle je répète cela, c'est que je demanderais au
gouvernement, puisque les règlements ne nous ont pas encore
été tous fournis - on nous a donné un commencement de
programme -lorsque la commission parlementaire se penchera sur la
réglementation, de prendre ces faits en considération. Si on
regarde, par exemple, le programme pour acheter une propriété de
60 000 $ - ce qui est la limite, dans votre programme - vous allez voir qu'une
personne doit gagner environ 40 000 $.
Un autre point sur lequel nous ne sommes pas d'accord, c'est que, d'un
côté, vous voulez aider quelqu'un à acquérir une
propriété à revenus. Un citoyen va pouvoir être
subventionné par le gouvernement pour acquérir un duplex ou un
triplex. Cela veut dire que les contribuables subventionnent ceux qui veulent
acheter une propriété à revenus. Pendant que vous faites
ça, vous n'aidez pas, comme je l'ai dit tantôt, un jeune couple
qui veut acheter une propriété pour avoir un toit sur la
tête et qui n'a pas d'enfant de 12 ans. Je trouve que ce genre de
distinction n'est pas acceptable et n'atteindra pas le but que vous recherchez,
soit d'aider les jeunes familles pour avoir accès à la
propriété. Ce n'est pas d'aider les familles à
accéder à la propriété à revenus, c'est
d'aider à acquérir une première
propriété.
Un autre point que le ministre n'a pas touché dans son discours
de deuxième lecture - peut-être pourra-t-il l'expliquer - ce sont
les propriétés existantes. Le programme prévoit qu'on
pourra accorder une subvention à ceux qui veulent acheter une
propriété déjà construite. Cependant, le ministre a
dit que le programme ne s'appliquera pas maintenant. Est-ce que le ministre est
au courant qu'aujourd'hui, avec des taux d'intérêt tellement
élevés et le
renouvellement des hypothèques, beaucoup de gens ont
été obligés de mettre en vente leur
propriété parce qu'ils ne pouvaient pas faire face au paiement
des hypothèques au taux de 18,25%. Alors, qu'est-ce que le ministre
propose pour ces gens qui se trouvent dans un situation aussi difficile?
De plus, le ministre va subventionner les gens qui veulent acheter la
propriété existante. Alors, nous nous voyons devant la situation
suivante. Quelqu'un qui se voit dans l'impossibilité d'avoir une
subvention est obligé de faire des versements plus élevés
et, dans l'autre cas, une persone qui n'a pas de propriété mais
va être subventionnée par l'État pour aller acheter la
propriété qui a été mise en vente par celui qui ne
peut pas acquitter les paiements. On dirait que c'est un programme qui veut
tirer avantage du malheur des autres. Je suis bien certain que ce
n'était pas l'intention du gouvernement mais ces situations existent.
Des gens sont obligés de mettre leur propriété en vente
parce qu'ils ne peuvent pas faire face aux paiements à la suite du
renouvellement de leur hypothèque et, d'un autre côté, si
vous subventionnez ceux qui vont acheter ces propriétés, il y a
une certaine injustice.
M. le Président, nous déplorons aussi, je dois le signaler
au ministre, le fait que l'administration de ce programme soit confiée
à la Société d'habitation du Québec. Je ne veux pas
m'étendre là-dessus. Je ne veux pas parler plus qu'il le faut,
mais je veux signaler cet aspect du projet de loi qui n'est pas vraiment dans
le meilleur intérêt... Ce n'est pas nécessaire. Pour
administrer un programme de ce genre, le ministère pourrait le faire. On
a voté une loi créant le ministère de l'Habitation et de
la Protection du consommateur. Je suggère au ministre qu'il serait
beaucoup plus prudent dans les circonstances actuelles, dans les conditions qui
existent maintenant que le programme soit administré par son
ministère plutôt que de le confier à la
Société d'habitation du Québec.
En conclusion, M. le Président, nous allons voter en faveur du
projet de loi, parce que même si les mesures sont inadéquates, on
ne veut pas empêcher le peu qui peut se faire pour aider les gens
à accéder à la propriété. Le ministre ne
nous a pas dit - on le lui a demandé - combien de nouveaux logements...
parce que l'un des buts de ce programme devra être d'aider l'industrie de
la construction. Le ministre a été incapable de nous dire combien
de nouveaux logements seraient construits à la suite de ce programme.
Nous croyons qu'il n'y aura pas un effet trop grand sur ce point, parce que les
termes du programme sont trop restrictifs.
Le gouvernement devrait se brancher d'un côté ou de
l'autre. D'un côté, on nous a dit: le déficit, ce n'est pas
un problème, ce n'est pas anormal. Alors, si le déficit du
gouvernement n'est pas un problème, pourquoi être si restrictif
dans le programme d'accessibilité à la propriété?
Ouvrez le programme. Donnez des conditions meilleures au contribuable. Mais si
vous le faites de telle façon - vous ne nous avez pas dit combien cela
va coûter la première année -que vous mettez des
contraintes, des restrictions, alors on ne peut que conclure que vraiment vous
êtes contraints par le déficit budgétaire du
gouvernement.
En conclusion, M. le Président, le programme tel qu'il est
annoncé par le gouvernement n'aidera pas l'industrie de la construction
et, de la façon dont il est conçu, il va aider vraiment ceux qui
ont les moyens d'acheter un nouveau logement; mais il n'apportera pas une aide
véritable à ceux qui n'ont pas tout à fait le moyen
d'acheter un nouveau logement. Mais s'il y avait eu un programme
adéquat, tel que nous l'avons suqgéré à plusieurs
reprises, soit en commission parlementaire, soit en deuxième lecture,
ils auraient pu être aidés à obtenir des
propriétés, à acheter des propriétés et cela
aurait aidé non seulement les contribuables mais l'industrie de la
construction avec toutes les retombées économiques qui pourraient
s'ensuivre. Merci.
Le Président: M. le ministre de l'Habitation.
M. Tardif: M. le Président, très brièvement,
parce que j'avais pensé que, en fin de session, le député
de Mont-Royal se serait abstenu de faire encore une fois étalage de
toute sa partisanerie.
Le député dit que ça n'aidera pas à
l'industrie de la construction. On, j'ai ici un télégramme de
l'Association des constructeurs d'habitation qui nous supplie de mettre en
oeuvre le programme le plus rapidement possible. Entre les paroles du
député de Mont-Royal et celles de toute l'industrie de la
construction qui, elle, les a mises par écrit, j'aime mieux
celles-là. (17 h 10)
Deuxièmement, le député de Mont-Royal nous dit
qu'il est encore pour le principe, mais il est contre les modalités. Il
commence à énumérer, il dit: Le gouvernement annonce un
programme en campagne électorale et le projet qu'il s'apprête
à livrer est différent.
Je mets au défi le député de Mont-Royal de
m'indiquer ici même présentement, publiquement, une seule ligne du
programme qui a été annoncé en campagne
électorale...
M. Ciaccia: Une question de privilège, M. le
Président.
M. Tardif: ...qui est différente de ce que j'ai dit dans
mon discours de deuxième
lecture.
Le Président: M. le député, une question de
privilège.
M. Cîaccia: J'aurais pu le faire en vertu de l'article 96,
si vous préférez. Je n'ai pas dit que le programme est
différent du programme électoral, j'ai dit qu'il n'a pas les
mêmes conséquences. Le programme, les modalités du
programme n'ont pas les conséquences que vous avez annoncées dans
votre programme électoral. C'est le même programme, ce sont juste
les conséquences qui sont différentes.
Le Président: M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je pense que j'avais compris
très clairement que le député voulait signifier qu'on
avait annoncé un programme en campagne électorale et qu'on
livrait un autre programme maintenant. Il vient de faire la correction,
très bien.
Maintenant, que ce programme ne lui plaise pas, je soumets
respectueusement que, le 13 avril dernier, les électeurs et
électrices du Québec avaient le choix entre trois programmes
d'accessibilité à la propriété: celui de
l'Opposition officielle, celui de l'Union Nationale et le nôtre. N'en
déplaise au député de Mont-Royal, ils ont choisi le
nôtre. Cela aussi vaut plus que les réserves et les caveat du
député de Mont-Royal.
Finalement, M. le Président, je parcourrai, enfin, je ne
reviendrai pas sur tous les points. Beaucoup de choses ont été
dites, on discutera de la plomberie.
Le député de Mont-Royal dit: II ne faudrait quand
même pas confier cela à ia Société d'habitation du
Québec; on aime mieux, M. le ministre, que cela vous soit confié
à vous. Je remercie le député de sa confiance et
néanmoins, je l'inviterais à faire preuve de plus de justice
envers les fonctionnaires de la Société d'habitation du
Québec qui, depuis quatre ans, ont livré plus de logements qu'il
ne s'en était fait pendant dix ans auparavant, qui ont mis au point, par
suite de diverses commandes que je leur avais passées, des programmes
comme Logirente d'allocation de logements pour les personnes
âgées, et cette société administre aussi
présentement 25 000 dossiers de l'ancienne Loi de l'habitation
familiale.
M. le Président, si le député de Mont-Royal a des
faits précis, et je vais terminer là-dessus, à reprocher
à cette société ou à ses fonctionnaires, des faits,
pas des rumeurs, pas des ragots réchauffés, repris, etc., qu'il
les porte donc à l'attention du ministre de la Justice pour que celui-ci
fasse enquête. Personnellement, je vais commencer, à partir de
maintenant, à laisser de côté totalement les propos du
député de Mont-Royal sur ces questions.
Le Président: Est-ce que la motion de troisième
lecture du projet de loi no 1 sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Charron: Article 3 du feuilleton, M. le Président, s'il
vous plaît.
Projet de loi no 7 Troisième lecture
Le Président: J'appelle maintenant la troisième
lecture du projet de loi no 7, Loi sur le ministère de l'Habitation et
de la Protection du consommateur.
Est-ce que cette motion de troisième lecture sera
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Charron: Cela va? Non. Si vous voulez appeler l'article 7 du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi no 13 Deuxième lecture
Le Président: J'appelle maintenant la deuxième
lecture du projet de loi no 13, Loi sur !e comité mixte de la
construction.
M. le ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Marois: Étant donné que les trois articles de ce
projet de loi parlent par eux-mêmes, avec le consentement de
l'Opposition, je tiens à la remercier à l'avance de sa
coopération, je proposerais qu'on procède immédiatement
aux diverses lectures et écritures jusqu'à l'adoption du projet
de loi no 13.
Le Président: Est-ce que la motion... M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, nous allons
offrir notre meilleure collaboration, comme nous le faisons toujours, mais
d'une façon un peu plus brève que d'habitude et nous allons
procéder à la deuxième lecture, aux écritures et
à la troisième lecture.
Le Président: Est-ce que la motion de deuxième
lecture de ce projet de loi no 13 sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Commission plénière
Le Président: Est-ce que la motion de
déférence en commission plénière sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Est-ce que le rapport de la commission
plénière sera adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement unanime
à la troisième lecture?
Des voix: Consentement.
Troisième lecture
Le Président: Est-ce que la motion de troisième
lecture du projet de loi no 13 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Troisième lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: M. le Président, je vous prierais d'appeler
l'article 10 du feuilleton, s'il vous plaît.
Prise en considération du rapport sur
l'étude du projet de loi no 11
Le Président: J'appelle la prise en considération
du rapport de la commission permanente des finances et des comptes publics, qui
a étudié le projet de loi no 11, Loi modifiant certaines
dispositions législatives, pour donner suite à la politique
budgétaire du gouvernement pour l'exercice 1981-1982.
Est-ce que cette prise en considération du rapport sera
adoptée?
Une voix: Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le
Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Le leader parlementaire est
disparu?
Une voix: II y a l'adjoint.
M. Levesque (Bonaventure): Excusez-moi, l'adjoint est là.
De toute façon, à l'un ou à l'autre, est-ce que je puis
suggérer au ministre d'appeler plutôt un autre article, à
moins que ce ne soit le dernier, parce que j'ai un collègue qui aurait
peut-être eu une intervention brève là-dessus? Est-ce que
le ministre peut examiner le feuilleton avec moi?
M. Charron: Sur la prise en considération ou sur la
troisième lecture de ce projet de loi?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, on peut faire la prise en
considération.
M. Charron: On peut faire la prise en considération,
d'accord, M. le Président.
Le Président: La prise en considération du rapport
est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): II n'y avait pas d'amendements
d'annoncés?
M. Charron: Non, il n'y avait pas d'amendements
d'annoncés, je ne crois pas. Donc, on garde la troisième lecture
pour un peu plus tard.
L'article 9, M. le Président, s'il vous plaît.
Prise en considération du rapport sur
l'étude du projet de loi no 5
Le Président: J'appelle la prise en considération
du rapport de la commission permanente des transports, qui a
étudié le projet de loi no 5, loi modifiant la Loi sur les
transports et d'autres dispositions législatives. Est-ce que la prise en
considération de ce rapport sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
Troisième lecture
M. Charron: Je proposerais la troisième lecture, M. le
Président.
Le Président: Y a-t-il consentement unanime pour la
troisième lecture?
Une voix: Consentement.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord, M. le Président.
Le Président: II y a consentement pour la troisième
lecture. Est-ce que la motion de troisième lecture du projet de loi no
5, Loi modifiant la Loi sur les transports et d'autres dispositions
législatives serait adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: M. le Président, je n'irai pas tout de suite
à la prise en considération du projet de loi no 4, parce que
j'attends la présence du ministre des Transports, qui m'avait
assuré qu'il serait ici à 17 heures. Il est peut-être
retenu, mais on m'assure qu'il a un amendement à présenter; je
pense que l'Opposition en est déjà saisie.
M. Levesque (Bonaventure): Je m'excuse auprès du ministre
de l'interrompre ainsi, mais pour faciliter son travail, je veux lui dire que,
lorsqu'il voudra bien appeler la troisième lecture du projet de loi no
11, nous sommes prêts à faire une brève intervention.
M. Charron: En attendant que tous nos joueurs soient sur la
patinoire, je proposerais au député de Bonaventure d'accueillir
le rapport de la commission de l'Assemblée nationale, qui a eu lieu ce
matin.
Le Président: M. le député de
Matapédia.
Étude du projet de loi no 6
M. Marquis: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'Assemblée nationale, qui a siégé le jeudi 18 juin 1981,
aux fins d'étudier article par article le projet de loi no 6, Loi
concernant certains ministères, qu'elle a adopté avec des
amendements.
La commission a également adopté certaines
résolutions concernant l'administration de l'Assemblée
nationale.
Le Président: Rapport déposé. Je voudrais
simplement informer cette Assemblée que, dans le rapport qui vient
d'être déposé, il y a une résolution qui a
été adoptée par la commission de la régie interne
de l'Assemblée nationale, portant le no 722-81, et approuvée ce
matin par la commission de l'Assemblée nationale, conformément
aux dispositions de l'article 42 de la Loi sur l'Assemblée nationale. Je
dépose donc copie de cette résolution, afin d'informer
l'Assemblée de son contenu, conformément aux dispositions de
l'article 42 de la loi.
M. le leader du gouvernement.
Prise en considération du rapport
M. Charron: M. le Président, je proposerais la prise en
considération de ce rapport, maintenant, s'il y a consentement.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il y a une prise en
considération, M. le Président?
M. Charron: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Du rapport de la commission de
l'Assemblée nationale?
M. Charron: Oui, parce que ça n'a pas été
une commission plénière, cela a été une commission
régulière.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, d'accord.
Le Président: Est-ce que la prise en considération
de ce rapport sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
M. Charron: Non, M. le Président, justement...
M. Levesque (Bonaventure): Bon, il demande... Que le ministre se
décide. (17 h 20)
M. Claude Charron
M. Charron: Non, j'ai proposé qu'on passe à la
prise en considération. Maintenant qu'on est rendu à la prise en
considération, j'interviens sur la prise en considération, pas
parce que je veux allonger les débats, je pense que tout le monde le
sait, mais pour corriger ou modifier une information que j'ai donnée au
député de Bonaventure, ce matin, alors qu'il me demandait de lui
donner l'assurance qu'aucun des pouvoirs que nous avions adoptés ne se
trouvait à amplifier les pouvoirs des ministères et des
ministres, le pouvoir de signature des ministres, .en conséquence. Je
lui ai dit non, d'une façon un peu téméraire, semble-t-il.
Les officiers m'ont informé par la suite - je profite de l'occasion pour
le dire - que l'article 30 du projet de loi no 6 se trouve - cela peut
être considéré comme un nouveau pouvoir - à
permettre au ministre - je lis la note telle qu'on me l'a donnée - du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu de
prendre les mesures nécessaires pour donner suite à une entente
avec un autre gouvernement et donne des pouvoirs d'exception au ministre pour
faire bénéficier de certains services une personne qui ne
réside pas au Québec. On m'explique que cela a été
fait pour des raisons humanitaires,
par exemple, en ce qui concerne certains étudiants
étrangers qui résident au Québec sans être des
citoyens du Québec. Je communique donc cette information. J'avais
peut-être affirmé trop vite qu'il n'y en avait pas. Enfin, j'avais
affirmé trop vite qu'il n'y avait pas ce pouvoir additionnel.
Je voudrais proposer aussi un amendement de concordance. Dans le texte
que nous avons adopté ce matin en commission parlementaire, au
libellé de l'article 23 de cette loi, on enlève, au début
de l'article... On dit: "L'article 8 de la loi -je ne sais plus de laquelle on
parle - est remplacé par le suivant", alors qu'il faudrait plutôt
lire: "L'article 8 de la loi est modifié par le remplacement du premier
alinéa par le suivant". Autrement dit, on ne change pas tout l'article,
mais seulement le premier alinéa. Je propose cet amendement, M. le
Président.
Le Président: La motion d'amendement du leader du
gouvernement sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): II s'agissait d'une erreur
technique.
M. Charron: Oui, c'est cela. On se trouvait à faire sauter
tout l'article alors que ce qu'on veut changer, c'est simplement le premier
alinéa.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
Le Président: Est-ce que cette motion d'amendement sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Est-ce que la prise en considération
de ce rapport tel qu'amendé sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, lorsque j'ai
posé la question tout à l'heure relativement au rapport, c'est
qu'il y avait eu quatre sujets qui avaient fait partie du mandat de la
commission de l'Assemblée nationale, le premier étant justement
l'étude article par article d'un projet de loi. Alors, c'est en pensant
aux autres sujets que j'ai demandé s'il était nécessaire
de passer à une prise en considération. Mais je pense que cela
s'appliquait seulement au projet de loi. D'accord?
Le Président: D'accord.
M. Charron: Troisième lecture, M. le Président.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour la
troisième lecture du projet de loi...
M. Charron: No 6. Le Président: ...no 6?
M. Charron: Loi concernant certains ministères, cette
loi-là.
Le Président: Consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président.
Troisième lecture
Le Président: Est-ce que la motion de troisième
lecture du projet de loi no 6 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: Je crois que nous pourrions procéder à
la troisième lecture du projet de loi no 11, à ce moment-ci, M.
le Président.
Projet de loi no 11 Troisième lecture
Le Président: J'appelle donc la troisième lecture
du projet de loi no 11, Loi modifiant certains dispositions législatives
pour donner suite à la politique budgétaire du gouvernement pour
l'exercice 1981-1982. Est-ce que cette motion de troisième lecture sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le
Président.
M. Charron: II y a des intervenants sur ce projet de loi.
M. Lalonde: Est-ce que c'est...
M. Levesque (Bonaventure): Oui, c'est le temps.
M. Lalonde: ...la troisième lecture?
M. Charron: Oui.
M. Lalonde: Le ministre ne parle pas?
M. Charron: Non.
M. Lalonde: M. le ministre!
M. Rivest: Même pas pour le deuil des institutions
privées?
M. Charron: II va vous ramasser à la fin.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, nous abordons la
troisième lecture d'une fricassée qu'on appelle le projet de loi
no 11, une fricassée parce qu'on retrouve dans ce projet de loi qu'on
appelle omnibus - on dit omnibus, cela fait plus poli...
Une voix: Plus latin.
M. Lalonde: Plus latin. Je vais vous donner une idée, M.
le Président, de ce qu'on retrouve dans ce projet de loi.
Il y a des dispositions concernant la Loi sur le remboursement
d'impôts fonciers et la Loi sur le ministère du Revenu. Il y a des
dispositions concernant la vente en détail à l'égard de
certains bateaux ou navires, des encarts publicitaires, des fournitures de
classe et des chaussures. On chanqe même la Loi concernant l'impôt
sur le tabac. On change la loi sur la Régie de l'assurance-maladie du
Québec. On modifie, dans cette loi 11, la Loi sur la fiscalité
municipale. Enfin, on modifie aussi la Loi sur l'aide sociale. Vous allez me
dire: C'est donc un train de mesures fiscales et c'est tout à fait
normal, c'est tout à fait dans l'ordre des choses, après un
budget, que l'Assemblée nationale soit invitée à changer
les lois qui doivent être changées pour donner suite aux
décisions du ministre des Finances et du gouvernement. On trouve
là-dedans, toutefois, des changements majeurs à la Loi sur
l'enseignement privé.
Je ne sais pas comment qualifier un tel projet de loi. Je pense que le
ministre des Finances est sensible aux critiques qu'on peut faire sur cette
façon de légiférer. Bill omnibus! On a vu, pendant qu'on
étudiait la loi article par article, par exemple, une armée de
fonctionnaires. Certains attendaient depuis des heures qu'on aborde tel article
parce qu'eux, ce qui les concernait, c'était le tabac; d'autres,
c'étaient les chaussures. Enfin, il y avait ceux du ministère de
l'Éducation, en ce qui concerne l'enseignement privé qui
étaient aussi présents et attendaient qu'on aborde les articles
qui concernent ces changements.
Je crois que le ministre des Finances devrait tirer de cette
façon de légiférer une leçon à savoir que,
désormais, pour donner suite à ses mesures fiscales, ses
décisions budgétaires il devrait présenter à
l'Assemblée nationale ou faire présenter par ses collègues
des lois qui nous permettent de débattre du fond des choses dans chague
domaine. Voilà qu'à la commission des finances nous devions
parler de l'éducation. Je ne pense pas que ce soit acceptable pour les
parlementaires, et c'est encore plus important pour les citoyens.
Le ministre et le gouvernement ont prêté flanc ainsi
à l'accusation ou à la critique de vouloir mêler les
choses; c'est d'autant plus suspect que le gouvernement, en ce qui concerne les
dispositions qui touchent l'éducation, avait déjà
refusé le débat public qu'il avait promis depuis quatre ans et
demi sur la place de l'enseignement privé dans l'éducation au
Québec. C'est une promesse qui date des élections de 1976, on
s'en souvient, et l'ancien ministre de l'Éducation avait remis de mois
en mois, d'année en année, la publication de la politique
gouvernementale en ce qui touche l'enseignement privé.
Qu'on soit d'accord ou non avec la place de l'enseignement privé
actuellement au Québec, qu'on soit pour ou contre l'existence du
réseau d'enseignement privé, qui est guand même un actif,
une réalité au Québec depuis le début, il reste
qu'on ne doit pas traiter d'une question aussi importante à
l'intérieur d'un projet de loi omnibus présenté par le
ministre des Finances dans une fin de session. C'est ce reproche que non
seulement les membres de l'équipe libérale, mais combien
d'observateurs ont fait au gouvernement et à bon droit.
J'espère que le ministre, dans sa réplique, nous donnera
l'assurance que, désormais, si son budget donne lieu à des
changements à des lois à caractère sectoriel et qui
mettent en question le fondement même de politiques qui devraient
être adoptées avant de changer les lois, il présentera
à l'Assemblée nationale une série de lois qui nous
permettront d'en discuter avec les ministres responsables. (17 h 30)
Je sais que le ministre de l'Éducation est venu à la
commission des finances, mais c'était quand même la commission
parlementaire des finances qui a adopté ce projet de loi article par
article. J'attends donc du ministre des Finances une ouverture. Ce n'est pas
une critique négative. Je veux la faire la plus positive possible pour
permettre aux parlementaires de travailler correctement et tout cela,
naturellement, pour le bénéfice des citoyens.
Dans ce projet de loi no 11, on retrouve la taxe sur l'emploi. Le
ministre des Finances a décidé, pour jouer un tour au
fédéral - c'est de cette façon que le ministre des
Finances fonctionne dans le fédéralisme, M. le Président -
de taxer la liste de paie, de taxer l'emploi au lieu de taxer les profits des
corporations et des sociétés. C'est son choix, mais le
problème, M. le Président, c'est que le ministre des Finances,
étant indépendantiste, joue le jeu de quelqu'un qui ne croit pas
au fédéralisme. Il joue contre le fédéralisme.
C'est comme
un joueur de hockey dans une équipe qui lancerait dans ses buts.
Il aurait lui-même une fiche de compteur formidable. Il compterait
souvent. Il serait sûrement en tête des compteurs, mais son
équipe serait dans la cave. C'est ce genre de fédéralisme
que le ministre des Finances joue actuellement. Pour jouer un tour au
fédéral, pour aller chercher un peu d'argent au
fédéral, il change toute la fiscalité des
sociétés. Il taxe l'emploi. C'est une taxe régressive et
on ne sait pas - parce que je ne pense pas que le ministre des Finances nous
ait fourni les études, on lui en a demandé, les projections
scientifiques sur certaines à cet égard - on ne connaît pas
encore le résultat, les conséquences que cette taxe à
l'emploi aura sur l'économie du Québec.
M. le Président, en ce qui concerne une autre disposition de ce
projet de loi - on en a parlé beaucoup - il s'agit de l'enseignement
privé. L'Opposition libérale s'est élevée contre la
façon de procéder du gouvernement pour changer de façon
draconienne l'existence et le fonctionnement de nos institutions privées
au Québec. On nous avait promis une politique. Le parti
ministériel est profondément divisé à cet
égard, malgré ce qui était dans le programme du Parti
québécois, en 1976, qui vouait l'enseignement privé
à la disparition. Le Parti québécois a changé un
peu dans son programme son attitude vis-à-vis de l'enseignement
privé, mais le gouvernement du Parti québécois n'a jamais
pu s'entendre pour nous offrir ici, proposer à la population une
politique cohérente sur l'enseignement privé. Encore là,
il ne s'agit pas de savoir si on est pour ou contre, mais ce que la population
a le droit de s'attendre d'un gouvernement, c'est qu'au moins le gouvernement
lui propose un débat complet, genre livre vert qui nous avait
été promis par l'ancien ministre de l'Éducation,
d'ailleurs. Ce n'est pas cela qu'on a eu. Dans un projet de loi qui traite des
chaussures, des bateaux et du tabac, on propose des dispositions qui vont
affecter l'enseignement privé dans son existence même.
L'Opposition libérale, faisant son devoir, a alerté le
gouvernement. La population a demandé et des représentants de
l'enseignement privé ont demandé à être entendus, ce
qui a été fait en commission parlementaire, il y a à peu
près une semaine. Six heures de commission parlementaire, d'après
le gouvernement, étaient suffisantes pour remplacer un débat
public de fond. Je pense que c'est mépriser la population que de
proposer cette façon de faire les choses. Mais le gouvernement en a
quand même obtenu des résultats, des informations, des
renseignements qui ont permis de démontrer que sa politique était
mal faite, que son projet de loi était en train de littéralement
tuer, de faire disparaître l'enseignement colléqial professionnel
pour les institutions qui s'étaient engagées de façon
très généreuse dans ce secteur. C'est tellement vrai que
le ministre de l'Éducation et le ministre des Finances ont dû, a
la dernière minute, sur un coin de table, nous proposer un amendement
qui ajoute 1 500 000 $ pour l'enseignement privé collégial
professionnel dans trois programmes.
Je pense, M. le Président, que ça prouve deux choses:
d'abord, que l'Opposition n'a fait que son devoir, et l'a fait franchement,
sans hésiter et très honnêtement. Deuxièmement,
ça prouve aussi que la politique du gouvernement en ce qui concerne
l'enseignement privé, telle qu'exprimée dans la loi 11,
était une politique mal préparée. On avait manqué
d'imagination, on avait improvisé, on était allé à
l'arbitraire, on avait mal fait ses calculs; d'ailleurs, ç'a
été reconnu par le ministre de l'Éducation qui a
avoué avoir pris des chiffres qui ne tenaient pas compte des
conséquences concrètes dans les institutions, surtout au niveau
collégial professionnel.
En ce qui concerne les autres institutions privées, secondaires,
primaires, les conséquences de ce projet de loi seront de faire
augmenter, de façon draconienne, dans plusieurs cas, les frais de
scolarité. Que les parents qui décident de choisir l'école
privée soient appelés à payer un montant raisonnable, nous
sommes d'accord, c'est normal, c'est un choix qui, quand même, doit
coûter quelque chose, parce que c'est un choix qu'on exerce.
Mais il y a certaines écoles privées, dans ce secteur, et
je parle des onze institutions, au niveau primaire, pour les déficients,
qui donnent un service irremplaçable au public, dont 80% de la
clientèle provient des milieux défavorisés -cela a
été démontré - qui rendent un service aux
commissions scolaires parce que la très grande majorité des
étudiants est déférée par les commissions scolaires
qui ont des problèmes avec un certain nombre d'élèves qui
ne peuvent pas suivre les classes avec les autres, qui ont un certain nombre de
déficiences de toutes sortes. Donc, ces onze institutions, au
Québec, sont extrêmement importantes pour les plus démunis
des enfants, ceux qui ont des déficiences de toutes sortes. Ces
institutions ont été entendues par la voie de leur association,
jeudi dernier. Elles ont crié au secours. Les changements
proposés par le gouvernement, dans son amendement à la loi 11, ne
tiennent pas compte de leur appel.
J'aimerais rappeler aux membres de cette Assemblée et à la
population que nous avons, en commission parlementaire, faisant là
encore notre devoir, obtenu du ministre de
l'Éducation un engagement double.
Premièrement, de procéder à une consultation
directe avec ces écoles privées spéciales pour
déficients. Deuxièmement, de ne permettre qu'aucune d'elles
disparaisse à cause de l'adoption de ce projet de loi. C'est seulement
sur cet engagement que l'Opposition a décidé de laisser le
gouvernement prendre sa décision grâce à sa
majorité. Il nous est apparu de façon très claire, jeudi
soir, que le gouvernement avait très mal préparé son
projet de loi, que ses calculs avaient été mal faits. Cela a
même été admis par cette addition de 1 500 000 $ que le
gouvernement a faite à la pièce, comme il a ajouté 8 500
000 $ à l'éducation des adultes; on procède au ad hoc,
à la pièce. Après avoir fait un beau discours sur le
budget, M. le Président, c'est absolument lamentable comme façon
de procéder, surtout quand on parle de l'éducation, qui est si
importante pour les Québécois. (17 h 40)
Enfin, il y avait deux questions fondamentales. Il y avait
l'enseignement professionnel collégial, qui était
littéralement voué à la disparition, et que, grâce
à l'Opposition officielle, le gouvernement a reconnu comme étant
un problème qui justifiait d'ajouter 1 500 000 $ et surtout, je dirais
oui surtout, les écoles privées spéciales pour
déficients, à l'égard desquelles nous avons obtenu un
engagement formel qui est enregistré au journal des Débats et que
nous allons représenter au ministre de l'Éducation et au ministre
des Finances si jamais l'une d'elles était menacée de disparition
à cause de l'adoption de ce projet de loi. Alors, M. le
Président, encore une fois ce projet de loi témoigne de
l'improvisation et du manque d'imagination du gouvernement dans ses
coupures.
C'est vrai, le ministre des Finances et le ministre de
l'Éducation sont là et disent: Que voulez-vous qu'on fasse, on
n'a plus d'argent? Mais, pourtant, cette période de ralentissement de
croissance n'a pas commencé hier. Cela fait quelques années que
ça s'annonçait. Et les taux d'intérêt que le
ministre des Finances invoque comme étant incompressibles, ce qui fait
en sorte qu'il est obligé de prévoir a son budget des millions et
des millions pour les payer, parce que vous savez que la dette publique a
triplé depuis que ce gouvernement est au pouvoir, depuis 1976, ça
coûte cher à tous les Québécois, mais on a vu
ça venir il y a trois ou quatre ans.
Le ministre de l'Éducation a dit: Qu'est-ce que vous voulez que
je fasse? On a eu des conventions collectives et on est obligé de payer.
Qui a signé les conventions collectives? Qui les a
négociées? C'est ce gouvernement, M. le Président. Alors,
qu'on ne fasse pas payer l'inconséquence et l'incurie du gouvernement,
dans ses négociations d'abord et dans son manque de politique, son
manque de prévoyance, qu'on ne fasse pas payer ça par les
enfants, par l'éducation qu'on leur doit comme collectivité.
M. le Président, j'entendais dire ou je lisais, à la suite
de la rencontre du ministre des Finances avec les syndicats, je pense, vendredi
dernier, que le ministre des Finances aurait proposé quelque chose qui
ressemblerait à un budget de trois ans. Je ne sais pas, il pourra
préciser, ce n'est peut-être pas ça qu'il a voulu dire.
Mais, en fait, si ce n'est pas ça, j'espère que ça veut
dire qu'il va planifier à l'avenir parce que, dans l'éducation
comme ailleurs, on devrait avoir du gouvernement une idée plus claire
où il s'en va, où il s'en va pour au moins trois ans. Il ne
s'agit pas d'avoir un plan quinquennal - je ne veux pas mettre de titre
là-dessus - mais si ce gouvernement avait fait ça il y a trois
ans, on n'aurait pas été obligé aujourd'hui, de la part de
ce gouvernement, de procéder à des coupures qui manquent
d'imagination, qui sont allées au techniquement possible, comme disait
le ministre de l'Éducation: Qu'est-ce que vous voulez, on coupe
où c'est possible de couper, où c'est techniguement possible,
disait-il. Cela tombe sur les plus démunis, ça tombe sur
l'éducation aux adultes. Pourquoi? Parce que c'est leur choix? Non,
parce que c'est facile. M. le Président, à cause de ce manque de
prévision, ce manque d'imagination et ce manque de compassion du
gouvernement à l'égard des conséquences sur
l'éducation des adultes, sur les démunis, à la suite de
ces coupures, M. le Président, nous allons voter contre le projet de loi
en troisième lecture.
Une voix: Très bien.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Quelques considérations rapides, pour ne pas
allonger le débat de fin de session. En complément des propos de
mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, je dois dire à mon tour que
le projet de loi no 11 sous étude demeure inacceptable.
En effet, l'on profite d'une loi de routine pour porter atteinte
à l'existence même et à la survie des institutions
privées d'enseignement. De quelle manière le gouvernement
porte-t-il atteinte à la survie des institutions privées
d'enseignement? En leur coupant les vivres! Le gouvernement met sous une cloche
de verre les institutions privées et il leur coupe l'oxygène.
Quels en seront les résultats? L'asphyxie à plus ou moins
brève échéance. Est-ce que les institutions privées
coûtent plus cher à l'État
que le réseau public? La preuve démontre que le
réseau privé coûte à l'État environ 40% de
moins de ce que lui coûte le réseau public. Pourquoi l'asphyxier?
Par fidélité au programme du Parti québécois.
Nous voulons que l'on accorde priorité au réseau public
d'enseignement, mais nous croyons que le réseau privé doit
continuer à avoir sa place au Québec. Il en va du droit des
parents et du droit des étudiants à choisir les institutions de
leur choix, surtout quand cela n'alourdit pas le fardeau des contribuables.
Sous le couvert de compressions budgétaires, le Parti
québécois règle un vieux compte avec les institutions
privées d'enseignement. Le Parti québécois prend
prétexte d'une question budgétaire pour imposer son
idéologie en fin de session, à la vapeur, attitude qui
mérite d'être dénoncée.
De plus, quel sort le gouvernement réserve-t-il au
dévoué et compétent personnel de ces institutions
privées, que ce soit le personnel enseignant ou de soutien? On les
balance allègrement à leur propre sort. C'est une attitude
arbitraire, cavalière et irresponsable. Quelles en seront les
conséquences pour une institution de mon comté, le
séminaire de Saint-Georqes-de-Beauce? Avant l'amendement du ministre, il
y avait un manque à gagner de 400 000 $. Avec les amendements, le manque
à gagner sera de 300 000 $. Le séminaire de Saint-Georges est
né et a toujours vécu de la générosité du
clergé et de ses enseignants. C'est une institution des plus importantes
pour la Beauce. C'est le fleuron et l'orgueil des Beaucerons. De plus, il n'y a
pas d'autres institutions de niveau collégial dans un rayon de 100
kilomètres. Le séminaire de Saint-Georges doit être
préservé de la disparition. C'est une nécessité
pour la Beauce et pour la région.
Je fais donc appel au ministre des Finances et au ministre de
l'Éducation pour qu'ils se resaisissent. Admettez la règle du bon
sens, acceptez la volonté de la population qui, elle, n'acceptera pas
impunément de se faire enlever sa seule institution de niveau
collégial. Les Beaucerons n'accepteront pas de se faire
dépouiller d'une institution qu'ils ont bâtie de leur
charité.
Si le gouvernement désire faire disparaître le
réseau privé d'enseignement, qu'il le dise carrément,
qu'il ait le courage et qu'il ouvre un débat public à cet effet,
qu'il ne le fasse pas par le biais d'une loi de routine. Messieurs, soyez
transparents.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, nous terminons donc le
débat en troisième lecture sur la loi 11 et je dois dire
qu'à écouter certaines des choses qu'on vient d'entendre, je
pense qu'il était effectivement temps que ce débat prenne
fin.
Je vais relever, bien sûr, certaines des choses qui viennent
d'être dites. Il m'a semblé que, depuis un mois, discutant des
finances publiques, disons que nous avons atteint parfois un ton un peu plus
élaboré et des considérations un peu plus
musclées.
J'entendais tout à l'heure le député de Beauce-Sud
parler de la loi 11 comme d'une loi de routine; oui, enfin, si on veut, cela
comporte simplement un nombre considérable de modifications dans le
régime des impôts. 5i des changements de cette ampleur dans le
régime des impôts sont une loi de routine, M. le Président,
nous avons énormément de lois de routine; l'essentiel de notre
législation est formé de routine.
Mais ça n'est pas vraiment à ça que doivent tenir
mes derniers propos sur cette question. Je voudrais aborder certaines choses
que vient de dire le député de Marguerite-Bourgeoys, l'une
après l'autre, parce que certaines de ses réflexions me semblent,
ou bien importantes, ou bien il est important de relever certaines choses qu'il
a dites.
Je crois qu'il y a effectivement une leçon à tirer de
chercher à mettre dans un seul projet de loi toute une série de
mesures qui découlent du discours sur le budget, à la fois du
côté des impôts et du côté des dépenses.
Normalement, enfin traditionnellement, le gouvernement présentait une
pluie de lois découlant du budget. Même dans le domaine des
revenus, on s'en souviendra, on n'avait pas une loi comportant tous les
amendements aux impôts, mais une loi sur chaque changement d'impôt.
C'était, au fond, la coutume que nous suivions jusqu'à l'an
dernier. Il y aurait eu, si vous voulez, cette année, une loi sur la
fiscalité des entreprises, une autre sur les ventes au détail,
une troisième sur le tabac, etc. (17 h 50)
Là, il est évident qu'en plaçant dans une seule loi
à la fois les dispositions fiscales toutes ensemble,
deuxièmement, une série de dispositions touchant l'aide sociale,
troisièmement, l'enseignement privé, c'est-à-dire le
côté dépenses dans le budget, cela a provoqué,
singulièrement en comité, je pense, une sorte d'embouteillage
où, chaque ministre devant venir l'un après l'autre, on a eu un
certain nombre de problèmes de coordination. Je pense que certaines des
réflexions du député de Marguerite-Bourgeoys à cet
égard sont tout à fait valables et qu'il va falloir
réexaminer cette espèce d'innovation, cette année, d'une
loi omnibus.
Entre la pluie de petites lois qu'on avait jusqu'à l'année
dernière et une loi omnibus de ce type cette année, il y a
peut-
être moyen de trouver une sorte de compromis qui soit un peu plus
facile sur le plan opérationnel. Je pense que, jusqu'à l'an
dernier, il y avait trop de lois. Vouloir tout mettre dans une loi cette
année, c'est peut-être un peu fort. Dans ce sens, je pense que
certaines des choses que disait le député de
Marguerite-Bourgeoys, j'en conviens personnellement.
Certains des propos du député de Marquerite-Bourqeoys
portaient sur le changement dans la fiscalité des entreprises.
Là, je prends ses propos comme étant vraiment un peu
légers et, même à la rigueur, badins. Ce qui s'est produit
cette année dans la fiscalité des entreprises est un changement
majeur; ça ne consiste pas, comme il le dit, en une taxe sur l'emploi.
Voyons, ça va bien plus loin qu'une considération pareille. Nous
avons décidé d'introduire un régime de fiscalité
des entreprises qui a comme caractéristique d'avoir une sorte de taxe de
3% sur les divers facteurs de production. C'est, dans le contexte
constitutionnel dans lequel nous vivons, le plus qu'on peut se rapprocher d'une
taxe à la valeur ajoutée. Mais cela n'est pas une innovation,
dans ce sens-là. J'imagine que la plupart des pays d'Europe qui,
à l'heure actuelle, ont une taxe à la valeur ajoutée n'ont
pas fait cela pour jouer une farce au gouvernement fédéral. Il y
a, dans la justification d'une taxe à la valeur ajoutée, un peu
plus que de chercher à obtenir une sorte de gain temporaire ou
même permanent du gouvernement fédéral. L'orientation de la
fiscalité vers la taxe de la valeur ajoutée est un des
phénomènes marquants de notre époque. Cela existe dans
passablement de pays. Il y a énormément d'études
là-dessus. Il arrive et on voit même, en Amérique du Nord,
aux États-Unis, certains États américains se rapprocher
justement de cette formule. Une des formules qui a le plus directement
inspiré ces changements dans la fiscalité des entreprises au
Québec, c'est justement l'expérience qui en a été
faite dans l'État du Michigan. Là, on me permettra simplement de
considérer les remarques du député de
Marguerite-Bourgeoys, encore une fois, comme un peu légères.
Venons-en à la question de l'enseignement privé. Là
encore, je trouve un peu étonnants les reproches qu'on nous faisait. En
somme, si je comprends bien, l'Opposition nous demande instamment de tenir une
réunion avec les représentants de l'enseignement privé
pour voir si la formule que nous présentons est correcte, ce que nous
faisons. Deuxièmement, à la suite de cette discussion, on
constate qu'il y a peut-être quelque chose à modifier. On ne fait
pas cela sur le coin de la table, comme il a dit, parce qu'en fait, cela a pris
deux jours pour le faire, et deux jours de travaux assez considérables.
On n'est pas resté assis sur le coin de la table pendant deux jours.
Mais, effectivement, à la suite de ces représentations, on
constate qu'il y a, pour l'enseiqnement collégial professionnel
privé, quelque chose à faire, quelque chose à modifier et
qui, potentiellement, pourrait être injuste. Nous le chanqeons et nous
proposons cet amendement. Par rapport à un budget de 20 000 000 000 $,
qu'on ne vienne pas nous dire que ce 1 500 000 $ représente une sorte,
enfin, indique comment, avec quelle légèreté le budget a
été fait. On constate qu'il y a 1 500 000 $ à ajouter pour
l'enseignement collégial professionnel privé et on le fait. On
vient nous dire aujourd'hui! Vous voyez comme vous travaillez mal. On nous
reproche, au fond, d'avoir changé le cadre budgétaire pour
l'enseiqnement collégial privé qui avait été
établi parce qu'on constate qu'effectivement il fallait le changer. Je
préfère qu'on constate, à un moment donné, que tel
calcul a été mal fait plutôt que de suivre ce
qu'implicitement le député de Marguerite-Bourgeoys me proposait,
c'est-à-dire de me buter. Il n'y a pas de raison de se buter quand on
constate qu'effectivement il y a une amélioration à apporter
quelque part.
Là-dessus, pour ceux qui voudraient -on en a des échos de
l'autre côté de la Chambre, à certains moments - s'imaginer
que le gouvernement a de sombres desseins à l'égard de
l'enseignement collégial privé, j'aimerais justement leur
rappeler cet épisode. On est à ce point peu dogmatique
là-dedans que le moindrement qu'on se rend compte que, dans un secteur
bien spécifique de l'enseignement privé, il y a quelque chose
à modifier, qu'est-ce qu'on fait? On le fait. Dans ce sens, je trouve un
peu - permettez-moi l'expression, M. le Président - ridicule qu'on nous
en fasse le reproche.
Il reste à discuter du budget de trois ans dont parlait le
député de Marguerite-Bourgeoys parce que cela va me donner
l'occasion de préciser quelque chose qui, effectivement, dans les
journaux, n'est pas sorti de façon très claire, à la suite
de la rencontre que nous avons eue avec les syndicats. Le cadre
budgétaire d'un an est un cadre très restrictif; c'est
évident, ça l'a toujours été. D'un autre
côté, on doit, pour garder le contrôle de l'Assemblée
nationale sur les dépenses, s'en tenir à un cadre
budgétaire annuel. Néanmoins, ça ne donne pas vraiment une
perspective assez longue pour voir venir et comprendre les conséquences,
dans deux ans ou dans trois ans, de ce que nous votons cette année.
C'est une constatation qui est vieille comme les Parlements. Ce n'est pas nous
qui avons inventé ça, tous les Parlements, tous les
parlementaires se sont souvent plaints de ça.
L'idéal, au fond, serait d'avoir un cadre budgétaire
annuel qui, lui, est voté avec,
attaché à tous les documents pertinents de ce budget
annuel, les projections sur deux ou trois ans. Cela pose des difficultés
considérables parce que plus on s'éloigne dans le temps, plus
c'est imprécis. Quels vont être les taux d'intérêt
dans trois ans? Si quelqu'un dans cette Chambre le sait, il a une grande
longueur d'avance sur moi. Il y a beaucoup d'inconnues. Nous allons renouveler
les conventions collectives à la fin de 1982, est-ce qu'on connaît
le résultat de ces négociations collectives aujourd'hui?
Forcément, non. Je donne ces exemples pour qu'on comprenne bien
que les perspectives, les projections sur deux ou trois ans présentent
des difficultés bien plus grandes qu'on pourrait l'imaginer à
première vue.
Nous avons eu un exemple au Canada -à ma connaissance, un seul,
récemment -d'un gouvernement qui a essayé de faire ces
projections de trois ans: le seul budget de M. Crosby, au gouvernement
fédéral.
L'expérience n'a pas été renouvelée par la
suite, mais elle était intéressante en elle-même.
C'était une première tentative. Ce que j'ai dit à ce
moment-là, c'est que nous commençons, à l'interne,
à travailler de plus en plus systématiquement sur des projections
de trois ans chaque fois que nous préparons le budget. J'espère
qu'à un moment donné, ces techniques de projection seront
suffisamment au point pour qu'alors, cela puisse intervenir comme un aspect
à la fois du discours sur le budget et des documents qui l'accompagnent.
Ce n'est pas une promesse que je fais pour l'année prochaine. Je me
rends trop compte des difficultés inhérentes à ce type
d'exercice, mais ce n'est pas parce que c'est difficile qu'on ne doit pas
essayer et ce que j'espère, c'est qu'à un moment donné, on
sera effectivement en mesure de le faire.
Voilà, M. le Président, ce que je voulais dire en
conclusion de ce débat. Merci, M. le Président.
M. Lalonde: En vertu de l'article 96...
Le Président: En vertu de l'article 96, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre des Finances a
dit que nous reprochions au gouvernement d'avoir tenu une commission
parlementaire que nous avions demandée. Ce n'est pas ce que j'ai dit. Ce
que nous reprochons au gouvernement, c'est de ne pas avoir proposé un
énoncé de politique complet, tel que promis depuis cinq ans sur
l'enseignement privé, énoncé de politique qui aurait
dû précéder les décisions budgétaires.
Le Président: Merci.
M. Parizeau: Sur une question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le ministre des Finances, sur une
question de privilège.
M. Parizeau: Je n'ai pas dit - et j'espère que, quand on
lira les notes sténographiques, on s'en rendra compte - que le
député de Marguerite-Bourgeoys nous reprochait d'avoir tenu une
commission parlementaire, mais qu'il nous reprochait, à la suite de
cette commission parlementaire et à la suite des discussions qu'on a
eues, d'avoir amendé trois des dispositions de la loi.
Le Président: La motion de troisième lecture du
projet de loi no 11, Loi modifiant certaines dispositions législatives
pour donner suite à la politique budqétaire du gouvernement pour
l'exercice 1981-1982 sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Non, M. le Président. Sur
division.
Le Président: Adopté sur division?
M. Charron: C'est cela.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, à peine.
Le Président: Adopté sur division. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: II reste une troisième lecture à faire,
M. le Président, ou plutôt une prise en considération d'une
troisième lecture. C'est celle qui apparaît à l'article 8
du feuilleton d'aujourd'hui. (18 heures)
Prise en considération du rapport sur
l'étude du projet de loi no 4
Le Président: J'appelle la prise en considération
du rapport de la commission permanente des transports, qui a
étudié le projet de loi no 4, Code de la sécurité
routière.
Le Président: II y a eu un amendement.
M. Clair: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le ministre.
M. Clair: ...effectivement, relativement au projet de loi no 4,
j'ai eu l'occasion de remettre à mon critique, le député
de Laporte, aujourd'hui même, un amendement à l'article 386 qui se
lit ainsi: "Le paragraphe premier du premier alinéa de l'article 386 est
modifié par le remplacement à la troisième ligne des mots
"utilisé en vertu d'un contrat conclu avec" par les mots "requis ou
possédé par", et par l'insertion,
aux septième et huitième lignes, entre le mot "transport"
et les mots "de ces écoliers", les mots "matin et soir". En fait, M. le
Président, il s'agit simplement d'un amendement technique qui vise
à assurer que l'article 386 atteint bien les buts pour lesquels il avait
été rédigé. Ce sont les seuls commentaires que je
voulais faire à ce moment-ci.
Le Président: Cette motion d'amendement sera-t-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que je dois comprendre que
c'est le seul amendement que le ministre veut apporter? Je veux
compléter ma pensée. Est-ce que le ministre des Transports n'a
pas retenu les propos du député de Laporte, le critique officiel
de l'Opposition, en ce qui a trait à l'avenir du Tribunal des
transports? N'a-t-il pas tenu compte des interventions de la part de
l'Association du camionnage et de l'Association des propriétaires
d'autobus? Ma question est bien simple: Est-ce que le ministre n'a pas du tout
tenu compte de ces interventions?
Le Président: M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, en réponse à la
première question, c'est effectivement le seul amendement proposé
par le ministre des Transports à ce stade-ci. Quant aux amendements
proposés par le député de Laporte à la suite de
représentations qu'il avait eues, j'imagine, lui-même de
l'Association du camionnage du Québec et d'autres intervenants, ce n'est
pas parce que le ministre ne les a pas retenus et le gouvernement non plus
qu'ils n'ont pas été considérés, mais, à ce
stade-ci, il n'est pas de l'intention du ministre de proposer d'autres
amendements relativement au Tribunal des transports.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, simplement une
précision. Si le ministre prétend qu'il n'a pas refusé de
les retenir...
Une voix: De les prendre en considération.
M. Levesque (Bonaventure): ... ou de les prendre en
considération, peut-il nous dire à quel moment cette
considération sera effective?
Le Président: M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, j'ai indiqué que j'avais
pris en considération les demandes qui ont été
effectuées par diverses associations et le député de
Laporte, mais qu'on ne les avait pas retenues. Entre les prendre en
considération et les retenir, il y a une distinction.
Le Président: Cette motion d'amendement sera-t-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Président: Est-ce que la prise en considération
du rapport sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Troisième lecture
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement unanime pour
la troisième lecture?
M. Charron: Troisième lecture?
Le Président: Est-ce que cette motion de troisième
lecture sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Cette motion de troisième lecture
est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Relativement au projet de loi no 4, M.
le Président, je dois dire qu'encore une fois le gouvernement introduit
dans un projet de loi qui reçoit généralement notre
approbation -après tout, ce que l'on peut faire pour favoriser une
meilleure sécurité routière, c'est évident que
ça va recevoir l'appui de l'ensemble des membres de l'Assemblée
-la suppression, l'abolition du Tribunal des transports et qu'à ce
moment-ci on ne peut pas par notre vote indiquer que nous ne sommes pas
d'accord avec ces intentions du gouvernement. Alors, nous allons voter en
troisième lecture pour le projet de loi, c'est-à-dire que nous
allons appuyer le gouvernement guant au projet de loi qui touche le Code de la
sécurité routière, mais ce projet de loi, on l'admettra,
contient une autre disposition qui n'est pas complètement
étrangère au sujet, mais qui, à mon sens -et le
député de Laporte l'a indiqué - aurait dû faire
l'objet d'un autre projet de loi ou aurait dû se retrouver dans le projet
de loi no 5.
À ce moment-ci, on prend une décision assez
sérieuse et, compte tenu du fait que
les citoyens auront peut-être de la difficulté à
obtenir satisfaction... Enfin, on n'est pas pour reprendre le débat de
fond. Je tiens simplement à dire qu'en votant en troisième
lecture pour ce projet de loi cela ne veut pas dire que nous approuvons
l'attitude du gouvernement quant à l'abolition du Tribunal des
transports.
M. Clair: M. le Président...
Le Président: M. le ministre.
M. Clair: ... j'aimerais juste savoir si la troisième
lecture est faite ou pas. Elle n'est pas faite? Alors, je vois que le
député de Laporte voudrait intervenir.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Clair: Je me contenterai de faire une réplique, M. le
Président.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, si le ministre veut prendre
la parole maintenant, je n'ai aucune objection. Non?
M. le Président, si j'ai décidé d'intervenir de
nouveau sur le projet de loi no 4 - je le ferai brièvement - c'est pour
une bonne raison. Depuis mon allocution en deuxième lecture sur le
projet de loi, des faits nouveaux sont survenus qui m'obligent justement
à attirer l'attention de la Chambre sur eux. Bien sûr, lors de
l'allocution en deuxième lecture et lors de l'étude en commission
parlementaire, nous nous sommes opposés à la disparition du
Tribunal des transports. Le leader de l'Opposition vient d'en parler et je n'ai
pas l'intention de reprendre le débat de fond là-dessus. Nous
avions également fait mention, lors du débat en deuxième
lecture, du cas de l'article 523 du Code de la route, article qui oblige les
médecins et les optométristes à dénoncer à
la régie le nom de leurs patients qui pourraient avoir des
problèmes en ce qui concerne la possibilité éventuelle
d'obtenir un permis de conduire. Nous avions fait valoir nos objections de
principe à ce sujet et nous avions prétendu que le gouvernement
aurait dû procéder d'une autre façon plutôt que
d'obliger les médecins à dénoncer les patients, ce qui
viole évidemment le secret professionnel.
Or, M. le Président, le ministre des Transports, dans son
allocution en deuxième lecture, a déclaré, à ce
moment-là, que l'article 523 dont le libellé commence par les
mots: "Malgré l'article 9 de la Charte des droits et des libertés
de la personne, un médecin doit, etc." que c'est à la demande
même du Collège des médecins et de son président, le
Dr Augustin Roy, que l'article en question avait été
inséré dans l'ancien
Code de la route, en 1972, de sorte qu'il était tout à
fait normal qu'aujourd'hui on reprenne le même article.
Vous comprendrez qu'un argument comme celui-là a eu pour effet de
désarmer un peu l'Opposition qui avait des objections à ce qu'on
fasse une telle obligation aux médecins, mais, devant l'affirmation du
ministre disant que cela avait été fait à la demande des
médecins, nous avons laissé tomber nos objections.
J'aimerais faire la lecture de ce qu'a dit le ministre en Chambre
à ce sujet. Je cite le journal des Débats: "Là où
il y a exagération de la part des députés de l'Opposition
- et on verra tout à l'heure qui a fait des exaqérations - c'est
que, premièrement, le texte qu'on retrouve a été
adopté en 1972. À la demande de qui a-t-il été
adopté? Il a été adopté - c'est toujours le
ministre qui parle - selon mes informations, à la demande de celui qui,
aujourd'hui même, dans le journal, dénonce cet article, à
savoir le président du Collège des médecins, le Dr
Augustin Roy, à l'époque où il était
secrétaire général de l'Association du collège des
médecins." Et il continue, c'est toujours le ministre des Transports qui
parlait: "À l'époque, en 1972, le gouvernement a jugé bon
de retenir cette obligation à la suggestion même d'un organisme,
et voudrait aujourd'hui qu'on le retire." Le ministre terminait sa brillante
intervention en qualifiant le Dr Roy d'auguste personnage, ce qui a bien fait
rire les gens alentour de lui. (18 h 10)
Or, M. le Président, le ministre a bien pris soin, au cours de
son intervention, de dire: À la demande de qui a-t-il été
adopté? Il a été adopté selon mes informations. Le
ministre a très bien fait d'employer les mots: Selon mes informations.
C'est une formule très habile qui lui permet, si plus tard ses
informations se révèlent erronées, de dire à la
Chambre: Je n'étais pas tellement certain et j'ai bien pris la peine de
dire que c'est selon mes informations; si mes informations sont bonnes, tant
mieux, l'Opposition va avaler ça; mais, si elle sont mauvaises, je
pourrai plus tard me dédouaner facilement en disant: J'avais dit: Selon
mes informations.
M. le Président, est-ce que les informations étaient
exactes? J'aimerais vous faire lecture d'un télégramme que le
ministre a reçu hier. Je présume qu'il en a fait la lecture. Il
est adressé au ministre Michel Clair, et il provient du Dr Augustin Roy.
On y lit ceci: "J'ai écouté hier soir le débat de
deuxième lecture du projet de loi sur le Code de la
sécurité routière. Votre discours d'introduction, ainsi
que les recommandations des trois intervenants du Parti libéral
étaient corrects."
Vous voyez que le Dr Roy agit avec impartialité en
félicitant autant le
gouvernement que l'Opposition. Mais c'est ici que ça se
gâte, parce que le Dr Roy continue en disant: "Vous n'avez cependant pas
pu résister à utiliser des propos démagogiques et
mensonqers à mon égard, dans vote réplique de
deuxième lecture." Ce n'est pas moi qui parle, c'est le Dr Roy, un
médecin éminent, président de la Corporation des
médecins du Québec, dont la réputation outrepasse
larqement les frontières du Québec et du Canada et qui,
malheureusement, n'est pas ici dans cette Chambre pour se défendre et
pour rectifier les propos qu'on a tenus à son endroit.
Le télégramme continue: "II est faux de prétendre
que j'ai demandé, en 1972, une modification à l'article 19 du
Code de la route qui ressemble sensiblement à l'article 523. En fait,
c'est le gouvernement de l'époque qui avait décidé
d'introduire un tel article, auquel le conseil d'administration du
Collèqe des médecins d'alors avait décidé,
après une très vive discussion, de ne pas s'opposer." Vous
admettrez, M. le Président, qu'il y a une nuance très importante
entre prétendre que le Dr Roy, ou le Collège des médecins,
avait demandé, comme le dit le ministre, d'introduire cet article dans
le code et la vérité, soit que le Collège des
médecins avait décidé de ne pas s'opposer. Si le ministre
avait révélé à la Chambre exactement les faits, il
est probable que l'Opposition aurait mené une lutte beaucoup plus
vigoureuse.
Je sais que le ministre est un honnête homme, il vient de prendre
connaissance du téléqramme; je présume qu'il l'avait
reçu hier, mais je tiens pour acquis qu'il ne l'a pas reçu, sinon
il se serait levé avant moi pour rectifier ses propos, et je suis
convaincu que dans sa réplique, tout à l'heure, il saura
rectifier les faits et la réputation du Dr Augustin Roy.
Il y a un autre point, c'est une question de fond en ce qui concerne
l'article 523 qui oblige les médecins et les optométristes
à dénoncer leurs patients à la réqie. L'article
commence par les mots "malgré la Charte des droits et libertés de
la personne". Or, j'ai consulté des parlementaires avertis et
expérimentés comme, entre autres, le député de
Bonaventure, qui fête aujourd'hui ses 25 ans de parlementarisme, qui est
présent en cette Chambre et que je salue avec déférence.
Il semble qu'il soit très rare que le gouvernement utilise, dans un
article de loi, les mots "malgré la Charte des droits et libertés
de la personne", parce que c'est, en fait, un accroc sérieux à la
Charte des droits et libertés de la personne.
Or, qui est contre la Charte des droits et libertés de la
personne? Y a-t-il quelqu'un en cette Chambre qui peut se lever et dire qu'il
est contre la Charte des droits et libertés de la personne? Je n'en vois
aucun qui se lève; alors, j'estime que tout le monde y est favorable.
Quand on prend la peine de commencer un article de loi par ces mots, c'est
parce qu'on sait bien qu'on fait un accroc sérieux à cette
charte.
Dans son télégramme, le Dr Roy traite de cette question
très importante. Il dit ceci: "La semaine dernière, je vous
transmettais également, comme président et secrétaire de
la Corporation des médecins du Québec, non pas mon opinion
personnelle, mais la décision unanime de tous les membres de notre
conseil d'administration de s'opposer à l'article 523 qui est une
violation flagrante du secret professionnel sur lequel repose toute la relation
patient-médecin. À titre d'avocat, vous devriez comprendre - le
Dr Roy s'adresse toujours au ministre qui, semble-t-il, n'a pas lu le
télégramme - notre position, puisque le barreau s'opposerait
sûrement à ce que ses membres soient forcés de
dévoiler les confidences de leurs clients pour aider les fins de la
justice. Les médecins ne veulent pas devenir des délateurs de
leurs patients et des policiers au service de l'État. La Commission des
droits de la personne appuie d'ailleurs notre position." Voilà qui est
très intéressant. "Votre silence à notre égard est
révélateur -c'est toujours le Dr Roy qui parle, et vous me
permettrez, M. le Président, de sauter les quelques mots qui suivent qui
ne sont pas très flatteurs pour le ministre et qui posent un diagnostic
très sérieux sur son état psychologigue et on continue -
alors que, d'une part, vous prétendez - j'espère que le ministre
me saura gré d'avoir sauté ces quelques mots - être le
défenseur des droits de la personne, d'autre part, vous voulez forcer
les médecins à devenir des agents doubles en
dénonçant des personnes. "Les médecins se refusent, dans
une très grande majorité, à appliquer la nouvelle loi. La
loi à venir sera quasi inopérante, parce que vous
préférez utiliser une solution plutôt que de prendre les
moyens que nous avons suggérés dans nos mémoires. Nous
sommes prêts à remplir notre devoir social guand
l'intérêt supérieur l'impose, mais ne comptez pas sur notre
complicité pour trahir les patients qui ont confiance en nous."
Le président du Collège des médecins termine en
disant: "Nous estimons qu'en démocratie, nous avons le droit strict de
diverger d'opinion avec le gouvernement quand nous croyons qu'il fait fausse
route."
Or, M. le Président, ce qu'il y a d'intéressant
là-dedans, c'est que, justement, la question a été soumise
à la Commission des droits de la personne. Qu'est-ce qu'elle a dit, la
commission? Elle a dit, dans une décision d'opinion rendue il y a
environ un mois et dont je vais faire lecture - je peux assurer les membres du
parti d'en face que ce seront mes derniers mots; je sais que vous avez
hâte que je termine messieurs,
mais je pense qu'il est intéressant de savoir, pour le ministre
de la Justice, ce que pense la Commission des droits de la personne. "Nous
sommes d'avis que cette dérogation n'est pas justifiée dans les
circonstances. Elle vise en effet, à obliger le médecin à
ne pas tenir compte du secret professionnel lorsqu'il juge un patient comme
inapte à conduire un véhicule automobile. En pratique, cela
revient à faire du professionnel de la santé un délateur
au service de l'État - ce sont les mots mêmes de la commission -
ce qui équivaut sans le moindre doute à affaiblir la relation de
confiance qui doit exister entre le médecin traitant et son patient.
"Certes, l'on avancera que l'on se trouve ici face à des situations
ayant trait à l'intérêt public vu le danger de voir
certaines personnes en piètre état de santé utiliser
néanmoins un véhicule automobile. Le respect du secret
professionnel, droit fondamental de la personne au sens de l'article 9 de la
charte, est aussi une question d'intérêt public. Il va sans dire
que si le législateur autorisait la délivrance d'une
matière relevant du secret professionnel à chaque fois que des
renseignements susceptibles d'intéresser l'ordre public sont en jeu, le
droit au secret ne signifierait plus grand-chose." Je pense que le ministre de
la Justice aurait intérêt à rester jusqu'à la fin
parce que... (18 h 20)
M. Bédard: Je peux vous écouter autrement.
M. Bourbeau: "Nous croyons que le respect du secret professionnel
doit, règle générale, primer toute autre
considération, même afférente à l'ordre public,
à moins qu'il ne soit absolument impossible de protéger
adéquatement celui-ci sans faire exception à
celui-là."
M. le Président, je ne terminerai pas la lecture du document, je
pense que c'est suffisant, mais en conclusion on dit: Voilà qui aurait
pour effet... On a suggéré une autre formule que le ministre
connaît, d'ailleurs. La formule aurait pour effet, dit toujours la
commission, d'éviter aux médecins l'odieux d'avoir à se
comporter en délateurs, au risque de perdre la confiance de cette
clientèle, et d'assurer également le respect intégral du
droit au secret professionnel, droit fondamental au sens de l'article 9 de la
charte.
La conclusion de la commission, c'est qu'elle recommande que l'article
523 du projet de loi no 4 soit modifié en conséquence, conclusion
à laquelle en est venue également l'Opposition officielle. De
nouveau, j'espère que le ministre saura revenir sur sa décision
en troisième lecture et accepter la proposition que nous avons faite,
que la Corporation des médecins a faite maintenant et que la Commission
des droits de la personne a faite, soit de modifier la façon de
procéder pour ne pas obliger les médecins à devenir des
délateurs de leurs patients. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Transports.
M. Michel Clair
M. Clair: M. le Président, ce sera assez bref, puisqu'il
n'y a que deux arguments qui ont été soulevés par
l'Opposition officielle. Dans un premier temps, je répondrai au
député de Bonaventure en lui disant qu'en ce qui concerne le
Tribunal des transports, j'ai été fort étonné de
l'entendre parler, lui un député de la Gaspésie, contre
l'intérêt de ses électeurs. Le Tribunal des transport
entendait en appel deux types de causes: les décisions de la Commission
des transports du Québec... Dans ce cas-là, que s'est-il produit?
La Cour suprême du Canada a déclaré le Tribunal des
transports inconstitutionnel. Ce n'est pas nous qui avons voulu abolir le
Tribunal des transports; la moitié de la juridictioin du Tribunal des
transport du Québec, comme tribunal d'appel, a été abolie
par un tribunal qui siège à 200 milles d'ici, à Ottawa,
qui s'appelle la Cour suprême.
Deuxièmement, le Tribunal des transports, M. le Président,
entendait en appel les décisions du Bureau des véhicules
automobiles relativement au système de points de démérite.
Ce qu'on propose, pour remplacer l'appel devant le Tribunal des transports, qui
était concentré à deux endroits, qui siégeait
à Québec et à Montréal c'est, par une
procédure simple et expéditive, de permettre à tout
citoyen québécois d'en appeler de la décision de la
Régie de l'assurance-automobile du Québec devant la Cour
provinciale de son domicile. La Cour provinciale est présente dans une
cinquantaine de municipalités au Québec, alors que le Tribunal
des transports ne siégeait qu'à Montréal et à
Québec. Je ne comprends vraiment pas quel était
l'intérêt du député de Bonaventure dans cette
question quand il proposait le maintien du Tribunal des transports.
En ce qui concerne les propos qui nous ont été
rapportés par le député de Laporte, je maintiens, M. le
Président, ce que j'ai affirmé. Ce n'est même pas en 1972,
c'est en 1971 que celui qui préside aujourd'hui les destinées du
Collège des médecins et de la Corporation des médecins,
alors qu'il était secrétaire de ce collège, a
accepté un texte qui est identique à celui qui est proposé
aujourd'hui à l'article 523 du Code de la sécurité
routière. M. le Président, le député de Laporte
fait un grand plat de cette histoire. Le texte de l'article 523 du Code
de la sécurité routière se trouve dans le Code de
la route depuis 1972. Il y a été inséré, à
cette époque, par le gouvernement libéral, et celui qui est
aujourd'hui président du Collège des médecins en
était secrétaire général.
Je n'ai pas eu l'occasion de prendre connaissance du
télégramme. Puisque le député de Laporte y a fait
référence, j'ai eu l'occasion de l'entendre, le
député de Laporte se sert des arguments du candidat
libéral de Bourassa. Il faut bien dire que le M. Roy en question
était candidat libéral dans le comté de Bourassa, ce qui
rend son objectivité tout à fait inattaquable dans ce dossier. M.
Roy semblait affirmer que c'était là commettre un grand crime que
d'obliger les médecins à dénoncer, à rapporter,
s'ils le jugent. C'est le médecin qui se porte juge de
l'incapacité ou non d'un citoyen de conduire un véhicule
automobile. Ce que M. Roy ne voulait pas pour lui, comme médecin, il est
cependant bien prêt à l'imposer à d'autres, si je me fie
aux déclarations qu'il a faites le 30 août 1979, en commission
parlementaire, et je le cite. C'est à la page B-7676. Je terminerai
là-dessus, M. le Président, cela nous donnera peut-être un
meilleur élément. Je n'avais pas l'intention de revenir
là-dessus, mais, puisqu'on met la crédibilité des gens en
doute, la mienne en tout cas, je rapporte les propos de M. Roy: "À part
cela, on ne fait pas état de la gravité des maladies et de leur
influence sur l'état de conduire. À mon avis, en fait, il n'y
aurait qu'un seul problème qui devrait être rapporté, et
c'est essentiel, évidemment, pour conduire une automobile, c'est la
question de la vision. C'est clair qu'il faut une bonne vision, une bonne
acuité visuelle, pour conduire un véhicule automobile."
Cela concerne les optométristes. Cela ne concerne pas les
médecins.
Et je continue ma citation: "Mais le problème des maladies
rénales, des maladies cardiaques, des maladies nerveuses, mentales,
l'alcoolisme même, M. le Président, le diabète, ce ne sont
pas selon moi, en soi, des maladies qui doivent empêcher quelqu'un de
conduire."
Ce qui était bon pour les autres, M. le Président,
n'était pas bon pour le Collège des médecins, si on se fie
aux déclarations du Dr Augustin Roy là-dessus.
M. Bourbeau: En vertu de l'article 96, M. le Président, je
voudrais donner des explications sur ce que j'ai dit tout à l'heure.
J'ai bien dit tout à l'heure - et je le souligne au ministre pour qu'il
comprenne très bien la nuance - dans mon discours, que ce n'est pas
à la demande du Dr Roy et du Collège des médecins que
l'article avait été inséré dans le Code de la
route, mais c'était à la demande du gouvernement, et le
Collège des médecins ainsi que le Dr Roy y avaient consenti.
C'est une nuance très importante que le ministre a évité
de faire dans sa réplique.
Le Président: Est-ce que la motion de... M. le
ministre.
M. Clair: M. le Président, très brièvement.
Le député a peut-être raison. Mais si le même
médecin y avait consenti en 1972 sous un gouvernement libéral, je
remarque simplement qu'il refuse d'y consentir en 1981, sous un gouvernement
péquiste.
Le Président: La motion de troisième lecture du
projet de loi no 4, Code de la sécurité routière,
sera-t-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, nous avons achevé le
menu de cette session. Je proposerais de suspendre pour quelques instants les
travaux de la Chambre pour que nous puissions faire sanctionner les lois qui
ont été adoptées au cours de cette session et
particulièrement durant la journée d'aujourd'hui. Nous
reviendrons dans quelques minutes avec la présence du
lieutenant-gouverneur.
Le Président: Les travaux de l'Assemblée sont
suspendus pour quelques minutes afin de procéder à la sanction de
plusieurs projets de loi.
(Suspension de la séance à 18 h 29)
(Reprise de la séance à 18 h 49)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez vous lever pour l'arrivée du lieutenant-qouverneur.
Prorogation de la session
Le lieutenant-gouverneur: Mesdames et messieurs de
l'Assemblée nationale, vous venez de terminer la première session
de votre Législature. Vous avez accompli, comme prévu, toutes les
tâches pour lesquelles vous aviez été convoqués,
notamment en adoptant le budget de l'exercice financier en cours et les projets
de lois qui ont été annoncés dans le discours
inaugural.
Vous pouvez donc prendre maintenant des vacances bien
méritées en vous préparant pour une reprise de vos travaux
en commission parlementaire dès la fin du mois d'août prochain. En
conséquence, je déclare
que la première session de la 32 Législature de
l'Assemblée nationale du Québec est prorogée.
Le Président: M. le premier ministre, j'allais dire,
puisque le lieutenant-gouverneur a exprimé sa volonté et
conformément à la volonté du lieutenant-gouverneur, que je
déclarais prorogée de façon sine die la première
session de la 32e Législature...
À moins qu'il n'y ait un consentement unanime, la session
étant prorogée, pour que...
M. Levesque (Bonaventure): Consentement, M. le
Président.
Le Président: Consentement unanime? M. le premier
ministre.
Bilan et voeux M. René Lévesque
M. Levesque (Taillon): M. le Président, contrairement
à certaines interventions d'aujourd'hui, je vais tâcher
d'être très bref, comme la session elle-même l'a
été avec 18 jours de séance - on vérifiait tout
à l'heure - donc une session extrêmement brève, mais je
crois qu'elle a été bien remplie. Il y a des observateurs qui
trouvaient que c'était une session négative; je lisais ça
hier nu aujourd'hui, je ne sais trop.
Du point de vue parlementaire, on peut avoir des impressions comme
ça, mais je pense que, du point de vue de l'État et du point de
vue des citoyens, ce furent à peu près trois semaines
extrêmement productives.
D'abord, on a adopté un budget et la législation
complémentaire. Un budget complexe, qui comporte de nouvelles
orientations en matière de revenus et, hélas! comme nous avions
dû l'annoncer au cours de la campagne électorale, des contraintes
particulièrement sévères qui vont probablement se
répercuter sur au moins une ou deux des années qui vont suivre,
en matière de dépenses.
Comme on l'a dit et on l'a répété à
satiété, ce sont des choses qui peuvent être
rajustées ici et là, selon les besoins. Mais l'enveloppe globale
qui touche environ 13,5% d'augmentation des dépenses, alors que le
produit intérieur brut du Québec est à peine au-dessus de
10%, ça, c'est vraiment quelque chose comme un plafond qu'on ne doit pas
dépasser. C'est une question de gestion responsable. C'est la contrainte
que rencontrent actuellement tous les gouvernements, où qu'on regarde
dans le monde et quelle que soit d'ailleurs leur couleur politique. C'est ce
que j'appelais dans le discours inaugural les eaux traîtresses des
années quatre-vingt. Je ne reprendrai pas tout ce qui a
été dit au cours du débat sur le budget, mais c'est
quelque chose qui est terriblement vrai.
Au point de vue législatif, malgré tout le travail que
cela a demandé en commission pour les crédits, le débat
sur le discours inaugural, le débat sur le discours du budget, ce
travail que nos concitoyens apprécieront, bien sûr, est quand
même réconfortant pour quelques brèves semaines.
On a adopté des mesures aussi importantes que le Code de la
sécurité routière, que l'autorisation législative
d'un programme d'accession à la propriété familiale,
surtout pour les jeunes familles et le programme lui-même devrait suivre
bientôt, probablement pendant le mois de juillet; la première
étape de deuxième lecture est passée d'une ouverture
à la non-discrimination pour raison d'âge en ce qui concerne la
retraite. Evidemment il y a encore beaucoup de travail à faire; une
étape législative essentielle pour la construction du Palais des
congrès de Montréal, etc. On a également du
procéder à des nominations qui étaient extrêmement
importantes et qu'il fallait faire sans trop de délai. On a reçu
le rapport de la commission Paré qui, je crois, est quand même un
qros morceau d'éventuelle législation pour les mois qui viennent
et puis, sous la forme de bills privés, il y a un bon nombre
d'administrateurs municipaux ou de groupes de nos concitoyens qui ont vu
certains de leurs problèmes réglés pour l'heure et pour
l'avenir immédiat.
Je voudrais tout simplement, au nom du gouvernement, adresser des
remerciements et des félicitations à tous et à toutes qui
ont participé à ce travail. Do ce côté-ci, d'abord,
on comprendra tous nos collèques; au whip, à cet
élève du député de Bonaventure qui est à mes
côtés et qui dépassera son maître, bien sûr,
avant longtemps, si ce n'est pas déjà fait. Aux présidents
des commissions, à tous ceux, de ce côté-ci, qui ont
travaillé d'arrache-pied en commençant par le
député de Bonaventure lui-même, à nos amis d'en face
dont la coopération a permis de compléter le travail en si peu de
jours. Tout cela est d'autant plus méritoire que je pense qu'on
était tous un peu fatigués, un peu ébréchés
par des événements qui se sont produits avant. Je crois qu'il y a
beaucoup de mérite, peut-être surtout chez nos amis d'en face,
à avoir quand même abordé cette session avec l'entrain,
dans l'ensemble, qu'on a tous démontré.
Je voudrais aussi remercier la présidence elle-même, vous
le premier, M. le Président, vos collèques et les officiers de la
Chambre, tous les employés, le personnel de la Chambre, la Tribune de la
presse, qui brille par son intérêt soutenu en ce moment, les
équipes de télévision qui véhiculent ce qui
parfois, comme ce matin et comme on le
dit parfois, est le meilleur spectacle en ville. Enfin, ce n'est pas
toujours le meilleur spectacle en ville, mais cela permet quand même de
voir, avec ses bons et ses mauvais côtés, la vie parlementaire sur
le petit écran.
Merci aux gens toujours dévoués et accueillant du
Parlementaire. Enfin, à tous ceux et celles que je peux oublier.
À tous ceux et celles que j'ai nommés, et aux autres que je n'ai
pas le temps de nommer, je voudrais souhaiter de bonnes vacances, je pense que
c'est bien mérité. Pour ceux qui en prendront, un bon repos et au
revoir, à la fin d'août, pour les commissions parlementaires et
quelque part l'automne prochain à l'Assemblée nationale.
Merci, M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord vous
remercier d'avoir permis, par votre attitude empreinte d'équité
et grâce à un don de sympathie qui va vous aider beaucoup dans
votre tâche, que nous nous retrouvions au lendemain d'une campagne
électorale dans un climat qui a été dans l'ensemble
empreint de courtoisie, de bonne civilité. Nous avons pu nous retrouver,
au lendemain d'une campagne qui a été très dure, et
travailler ensemble dans un climat constructif, tout compte fait. Nous avions
dit, du côté de l'Opposition, que nous offririons une opposition
constructive, que nous ne ferions pas d'obstruction inutile ou artificielle. Je
pense que le dossier de la session qui vient de prendre fin montre que nous
avons tenu parole. Nous nous sommes comportés du début à
la fin avec tout l'esprit critique qu'il fallait, mais sans recourir à
ces méthodes d'obstruction pas mal dépassées qui ne
changent pas beaucoup le cours des événements et ne sont
justifiées, à mon point de vue, que dans des cas d'extrême
urgence.
Cette fois-ci - je ne voulais pas parler du fond, mais comme le premier
ministre en a parlé un peu, je vais en parler très
brièvement - nous avons surtout souffert du manque de précision
des projets gouvernementaux, surtout qu'on nous avait annoncé des
choses, comme des mesures dans le domaine de l'accès à la
propriété, l'assouplissement des conditions de mise à la
retraite à compter de l'âge de 65 ans. On s'est aperçu que
c'était plus facile de lancer des engagements que de leur donner forme
de loi dans des délais très brefs. Nous allons continuer de
travailler ces questions avec vous au cours des mois à venir et
j'espère, pour le bien de nos concitoyens, que dans ces deux domaines en
particulier nous aurons des précisions qui sont absolument
nécessaires pour pouvoir jauqer avec objectivité et
sérieux la qualité des intentions et des projets du
gouvernement.
Je voudrais, M. le Président, joindre aux remerciements que je
vous adressais tantôt les sentiments analogues à l'intention de
vos deux collègues qui vous ont très bien secondé à
la présidence. Je pense que vous entreprenez votre présidence
dans un climat favorable, dans un climat propice, et si vous maintenez cet
esprit de sympathie que nous avons pu observer chez vous, je pense que vous
ferez très bon ménaqe avec l'Opposition. Je vous laisse à
vos problèmes avec le gouvernement. (19 heures)
Je voudrais joindre également à nos remerciements mes
sentiments spéciaux à l'intention du personnel de
l'Assemblée nationale, en particulier à l'intention de M. le
secrétaire général et de tous ses collaborateurs à
tous les niveaux qui nous facilitent la tache d'une manière
admirablement efficace avec une courtoisie impeccable. Nous apprécions
énormément le travail que vous faites à notre service.
Nous apprécions aussi le travail de nos amis qui contribuent à la
diffusion de nos débats. Il y en a qui sont encore ici, ceux qui
s'occupent de la partie télévisée, les autres sont
probablement au travail dans leur bureau respectif. Et je voudrais remercier
nos deux leaders qui, par des liens amicaux qui les relient depuis assez
longtemps - il faut exercer une certaine surveillance là-dessus,
évidemment - nous facilitent beaucoup les choses par ce rapport empreint
de respect mutuel qu'ils ont entre eux. Je pense qu'on a évité
les passes difficiles, encore une fois, à cette session-ci, a cause de
cette relation très sincère qui semble s'être
développée entre les deux leaders. Mes remerciements aux whips
également, aux whips en chef des deux partis et à leurs adjoints.
Il faudrait adresser des remerciements spéciaux, avec votre permission,
au nouveau whip en chef de notre parti de l'Opposition officielle qui a
accompli un travail formidable au cours de la dernière session. Il
s'agit du député de Portneuf qui, franchement, a réussi
à façonner une équipe avec le groupe composé
moitié d'anciens députés, moitié de nouveaux
députés qui forment maintenant l'Opposition officielle. De ce
point de vue, nous avons fait une expérience très
intéressante cette fois-ci. Enfin, mes remerciements à tous les
députés, mes collègues de l'Opposition, nos
collègues du gouvernement pour leur participation très
empressée aux travaux à la fois de l'Assemblée nationale
et des commissions et, à tous nos concitoyens, bonnes vacances. Nous
allons vous retrouver dans nos comtés respectifs au cours des semaines
à venir et nos meilleurs voeux de repos et de détente.
Le Président: M. le premier ministre. M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, avant de
céder la parole au leader du gouvernement qui sera sûrement suivi
du leader de l'Opposition, je voudrais simplement réparer ce qui
n'était pas un oubli, mais je crois que c'était indiqué
parce que j'y ai pensé à la dernière minute. Je suis
sûr que tout le monde va se joindre à nous. D'ici quelques jours,
on aura la fête nationale. Cela se présente dans des circonstances
quelque peu difficiles pour le Québec et avec des problèmes
à l'horizon, mais c'est quand même un moment de détente et
de réjouissance où tout le monde se sent partie de la famille
québécoise. Puisque la télévision est encore
là, pour ceux qui pourront capter ce message, je voudrais en profiter
pour souhaiter à tous nos concitoyens québécois, de
quelque origine qu'ils soient, de quelque langue qu'ils soient aussi, de tous
les horizons, dans toutes les régions, la meilleure, la plus fraternelle
des fêtes nationales. Merci.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, je dois vous dire que je me
sens très à l'aise de communiquer la première nouvelle que
j'ai à communiquer à l'Assemblée. C'est celle de dire que
ce sera au point mort ici en ce qui nous concerne et jusqu'au mois
d'août. J'entends respecter le droit aux vacances de chacun d'une
manière très intégrale, depuis ces jours de veille de
fête nationale jusqu'à ce qu'on soit assez avancé dans le
mois d'août, parce que j'estime que nous sortons tous, quel que soit le
côté de la Chambre où nous sommes - non, ce n'est pas
simplement une impression, j'ai même la certitude que c'est la
réalité - d'une année complète de campagne
électorale, puisqu'au lendemain du référendum nous nous
sommes tous sentis dans cette situation. L'été dernier a
été bousculé par toutes sortes d'événements,
mais je n'ai pas l'intention de contribuer à bousculer celui-ci.
La deuxième nouvelle que je dois communiquer, c'est qu'un jour ou
l'autre, toutefois, après ces vacances, il nous faudra bien reprendre le
travail qui est déjà à l'horizon. J'ai convenu avec le
député de Bonaventure qu'il serait prématuré de
communiquer des dates quant aux séances précises de ces
commissions. Il s'agit d'une consultation que nous allons mener
là-dessus comme sur autre chose, et il peut arriver tellement de choses,
aussi, que tout cela serait aléatoire. Mais je veux quand même
indiquer tout de suite aux députés et aux citoyens qui nous
écoutent que, lorsque nous reprendrons le collier, après les
vacances, ce ne seront pas les sujets qui manqueront. Par exemple, nos
collègues, membres de la commission des engagements financiers, ont
déjà convenu entre eux de reprendre pour quelques jours,
dès le mois d'août, l'étude des engagements financiers
depuis le mois de mars; ils ont à peine adopté ceux du mois de
février. Donc, ils ont du pain sur la planche; ce seront quelques jours
de commission au mois d'août.
J'ai eu l'occasion d'informer publiquement l'ensemble des citoyens, au
cours du week-end dernier, de ce que j'avais communiqué privément
à l'Opposition depuis le mois de mai dernier, soit que lorsque le
gouvernement a choisi de ne pas reconduire une loi qui concernait la Charte des
droits et libertés de la personne qui datait de la
précédente Législature, c'était parce que l'examen
et, déjà, les représentations que nous avions nous
faisaient voir qu'il était plus opportun de rouvrir l'ensemble du
dossier. J'indique tout de suite qu'il y aura une commission parlementaire de
la justice pour entendre les représentations quant à la Charte
des droits et libertés de la personne que possède le
Québec depuis 1975.
Le programme d'accès à la propriété, nous
avons pris l'engagement de le soumettre à l'examen d'une commission
parlementaire. Le tout nouveau ministre de l'Habitation, puisqu'il vient
d'être assermenté à ce titre il y a à peine quelques
minutes, communiquera ce programme à l'ensemble de ses collègues
membres de l'Assemblée nationale et, en particulier, à ceux de la
commission de l'habitation, dès qu'il aura été
adopté dans les prochaines semaines au Conseil des ministres. Quelque
temps après, nous en conviendrons à ce moment-là, il y
aura cette commission pour scruter ce programme dans les détails.
La commission des affaires sociales s'est vu déférer le
projet de loi qui concerne l'abolition de la discrimination quant à
l'âge de la retraite. Elle aussi sera appelée, quelque part en
septembre, à achever son travail article par article sur ce projet. La
commission de l'énergie et des ressources, elle, ne manquera pas de
travail puisque, à deux occasions, elle sera convoquée: une
première fois pour entendre les représentations, entre autres, de
la Société Hydro-Québec sur le projet de loi qui lui a
été déféré, qui porte le no 20, si je ne
m'abuse, et qui est au nom du ministre de l'Énerqie et des Ressources,
et, une autre fois, toute proche, j'imaqine, puisque les occasions seront
rapprochées, pour faire l'examen de cette nouvelle politique tarifaire
d'Hydro-Québec, qui doit naître dans les prochains mois.
La commission de l'Assemblée nationale
a adopté ce matin la création d'une sous-commission
charqée d'étudier une refonte de la loi de la Législature
en vue de la prochaine session. La sous-commission a été
formée et cette sous-commission aussi sera appelée à
travailler au cours de l'été.
La commission parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu sera appelée à travailler sur et
à entendre des mémoires sur le droit de grève dans les
secteurs public et parapublic, mémoires qui, pour la très grande
majorité, sont déjà entrés et communiqués
aux députés.
Nous aurons au moins une séance, sinon plus, de la commission des
finances pour faire l'étude du rapport du Vérificateur
général.
De même, la commission de l'Assemblée nationale devra tenir
une séance ou deux sur le rapport du Protecteur du citoyen, M. le
Président.
Et, finalement, la proposition de loi, telle est la formule très
heureuse, à mon avis, qu'a choisi d'avoir la commission Paré,
cette proposition de loi qui sert, en quelque sorte, d'avant-projet de loi du
gouvernement, sera aussi soumise à une commission parlementaire des
communications pour recevoir les représentations des citoyens.
Autant de champs variés qui nous disent que, dès
après les vacances, c'est à une, deux, peut-être même
à l'occasion à trois commissions parlementaires par semaine que
nous serons appelés à travailler à partir de la
dernière quinzaine du mois d'août, sur ce qui peut paraître
un menu chargé, mais essentiel au fonctionnement de la
société québécoise, je crois.
Je me joins à tous les autres pour offrir à tous et
à chacun de ceux qui sont les membres de l'Assemblée nationale et
de ceux qui nous permettent de fonctionner ici mes meilleurs voeux de vacances,
M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, très
brièvement. Le gouvernement peut compter que l'Opposition sera
présente à tous ces travaux des commissions qui sont
annoncées pour le mois d'août, et les jours et les semaines qui
suivent. J'espère que nous aurons le plus tôt possible de la part
du leader parlementaire du gouvernement une indication quant aux dates qui
seront retenues pour la tenue de ces diverses commissions parlementaires.
M. le Président, en terminant, je veux immédiatement moi
aussi souhaiter de bonnes vacances à tout le monde, pour ceux qui en
prennent ou qui auront le loisir d'en prendre.
Il y en a évidemment qui auront d'autres choses à faire ou
d'autres chats à fouetter, pour employer un mot à la mode. M. le
Président, je voudrais, au nom de notre formation politique
également, me joindre au premier ministre dans sa dernière motion
guant à la fête nationale du 24 juin. Nous y serons
également et j'espère que tous les Québécois et les
Québécoises fraterniseront plus que jamais en cette
journée du 24 juin, notre fête nationale. (19 h 10)
Le Président: La première session étant
prorogée, mais le consentement unanime n'étant pas encore
expiré, je voudrais joindre ma voix à celle du premier ministre,
du leader de l'Opposition, du chef de l'Opposition, du leader du gouvernement
et, au nom de mes deux adjoints, parce que vous savez que la présidence
est indivisible, remercier tous les parlementaires de la collaboration
empressée et dévouée qu'ils ont démontrée au
cours de cette première session. Je dois vous dire une chose: Le climat
a été merveilleux, la présidence a trouvé son
travail beaucoup plus facile ou, du moins, moins difficile que lors de sa
première expérience. Je souhaite que ce climat, dont a fait
état le chef de l'Opposition, se poursuive lors de notre deuxième
session à l'automne.
Inutile de vous dire que ces voeux de remerciement, je les adresse
également à tout le personnel de l'Assemblée nationale
quelles que soient les fonctions qu'il occupe. Sans eux et sans elles, nous ne
pourrions pas avoir le qenre de travaux que nous avons eus. Or, bonne saison
estivale à tous, bon bureau de comté à ceux qui en font -
et je sais que plusieurs en font - et bonnes vacances à ceux qui en
prendront. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 19 h 11)