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(Quatorze heures douze minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Un
moment de recueillement. Veuillez vous asseoir. Affaires courantes.
Déclarations ministérielles. Dépôt de documents.
Rapport annuel du directeur général de
la représentation
Je voudrais déposer le rapport annuel 1980 du directeur
général de la représentation et ce, en deux
exemplaires.
M. le ministre de l'Éducation.
M. Charron: M. le Président...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
Rapport annuel du Conseil interprofessionnel du
Québec
M. Charron: ... au nom du ministre de l'Éducation, je
voudrais déposer le rapport annuel 1980-1981 du Conseil
interprofessionnel du Québec.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Transports.
Rapport annuel de la Régie de l'assurance
automobile
M. Clair: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport d'activité 1980- 1981 de la Régie de
l'assurance automobile du Québec...
Le Président: Rapport déposé.
Rapport annuel de la Commission des transports du
Québec
M. Clair: ...de même que le rapport annuel 1980-1981 de la
Commission des transports du Québec.
Le Président: Rapport déposé.
M. le député de Joliette, au dépôt de
rapports de commissions élues, au nom du député de
Beauharnois.
Étude du projet de loi no 3
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je voudrais
déposer, conformément aux dispositions de notre règlement,
le rapport de la commission élue permanente du travail, de la
main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu qui a
siégé le mardi 9 juin 1981 aux fins d'entendre les groupes
relativement au projet de loi no 3, Loi sur le fonds minier.
Le Président: Rapport déposé. Au nom du
député de Saint-Hyacinthe maintenant.
Étude du projet de loi no 7
M. Chevrette: M. le Président, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'habitation et de la protection du consommateur qui a siégé le
11 juin 1981 aux fins d'étudier article par article le projet de loi no
7, Loi sur le ministère de l'Habitation et de la Protection du
consommateur, et l'a adopté avec amendements.
Le Président: Rapport déposé. Encore au nom
du député de Saint-Hyacinthe.
Étude du projet de loi no 1
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Cette fois-ci, il
s'agit du projet de loi no 1, Loi modifiant la Loi sur la Société
d'habitation du Québec. La commission l'a adopté avec
amendements.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
M. le leader du gouvernement.
Rapports sur les projets de loi nos 213, 219 et
220
M. Charron: M. le Président, je voudrais d'abord
déposer ce rapport du greffier en loi qui concerne le projet de loi qui
porterait le no 213 concernant Dumont Nickel Corporation. Le projet de loi
ayant été déposé au Secrétariat des
commissions après le jour d'ouverture de la session et deux avis restant
à paraître dans les journaux et les avis à la Gazette
officielle du Québec devant paraître à compter de samedi le
3 juin - donc, certains doivent déjà être parus - il y
aurait lieu de suspendre les règles de pratique à cet
égard et j'en fais motion, M. le Président.
Le Président: Est-ce que cette motion de suspension sera
adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader.
M. Charron: Un projet de loi qui porterait le no 219, qui
concerne la Société Québecair; ce projet de loi a
été déposé au secrétariat après le
jour d'ouverture de la session, deux avis restent à paraître dans
les journaux et quatre restent à paraître dans la Gazette
officielle. Je crois qu'il y a lieu de suspendre les règles de pratique
à cet égard et j'en fais également motion, M. le
Président.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté. M. le leader.
M. Charron: Finalement, un projet de loi autorisant la ville de
Montréal à vendre un terrain, le projet de loi no 220, qui
connaît aussi les mêmes obligations de dérogation,
c'est-à-dire qu'il a été déposé après
le jour d'ouverture de la session et je propose qu'il y ait lieu de suspendre
les règles de pratique à cet égard, M. le
Président.
Le Président: Est-ce que cette motion du leader sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Adopté. Présentation de
projets de loi au nom du gouvernement.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler le projet de loi qui
paraît à l'article e) du feuilleton, M. le Président.
Projet de loi no 17 Première lecture
Le Président: M. le ministre de la Justice propose la
première lecture du projet de loi no 17, Loi modifiant certaines lois
relatives à l'administration de la justice.
M. le ministre de la Justice.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, ce projet de loi
modifie plusieurs dispositions législatives, ces modifications sont de
nature technique et ont pour but de faciliter l'administration des lois
visées. Le projet de loi modifie le Code civil, le Code de
procédure civile, la Loi sur les bureaux d'enregistrement, la Loi sur le
Conseil consultatif de la justice, la Loi sur les fabriques, la Loi
d'interprétation, la Loi sur les jurés, la Loi favorisant la
libération conditionnelle des détenus, la Loi sur les loteries,
les courses, les concours publicitaires et les appareils d'amusement, la Loi
sur les poursuites sommaires, la Loi sur la probation et les
établissements de détention, la Loi sur les tribunaux
judiciaires, la Loi modifiant le Code civil et la Loi des déclarations
des compagnies et sociétés, la Loi sur les permis d'alcool, la
Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques au chapitre
C-33.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: L'article c) du feuilleton, s'il vous plaît, M.
le Président.
Projet de loi no 213 Première lecture
Le Président: M. le député d'Abitibi-Est
propose la première lecture du projet de loi privé no 213, Loi
concernant Dumont Nickel Corporation. Est-ce que cette motion de
première lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: Avant la déférence, je proposerais
qu'un autre projet de loi soit appelé, celui qui paraît à
l'article g) du feuilleton, M. le Président.
Projet de loi no 219 Première lecture
Le Président: M. le député de Beauce-Nord
propose la première lecture du projet de loi privé no 219, Loi
concernant Québecair - Air Québec. Est-ce que cette motion de
première lecture sera adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture
de ce projet de loi.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je voudrais solliciter le
consentement de l'Assemblée pour pouvoir déposer le projet de loi
no 220 qui n'apparaît pas là où il doit être au
feuilleton actuellement, qui est celui dont je viens de faire la lecture quant
aux notes du greffier en loi, qui autorise la ville de Montréal à
vendre un terrain sur son territoire.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement unanime?
Des voix: Consentement.
Projet de loi no 220 Première lecture
Le Président: Consentement. M. le député de
Bourassa propose la première lecture du projet de loi privé no
220, Loi autorisant la ville de Montréal à vendre un terrain.
Est-ce que cette motion de première lecture sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Adopté.
Renvoi à la commission des
institutions financières
et coopératives
M. Charron: Je proposerais que les deux premiers projets de loi
qui viennent d'être déposés, au nom des
députés d'Abitibi-Est et de Beauce-Nord, soient
déférés à la commission des institutions
financières.
Le Président: Est-ce que cette motion de
déférence sera adoptée?
Des voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: Celui concernant la ville de Montréal, je
propose qu'il soit déféré à la commission des
affaires municipales.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Adopté.
Période de questions orales des députés.
M. le chef de l'Opposition.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Fédéralisme et
souveraineté
M. Ryan: M. le Président, le premier ministre est le chef
d'un gouvernement qui a été réélu le 13 avril
après s'être engagé à respecter activement la
volonté exprimée par les Québécois le 20 mai 1980
en faveur du maintien et du renouvellement du fédéralisme
canadien. Le premier ministre est en même temps le chef d'un parti qui
vient de réaffirmer avec force à son conseil national de fin de
semaine son engagement immédiat et inconditionnel en faveur de
l'indépendance politique du Québec. (14 h 20)
Les collègues du premier ministre au cabinet de même que
les membres de la députation péquiste, ainsi qu'ils viennent de
l'illustrer par leurs applaudissements, sont placés dans la même
situation contradictoire et profondément équivoque. Le premier
ministre pourrait-il dire à cette Assemblée et à la
population du Québec comment lui-même et ses collègues du
gouvernement entendent réaliser dans leurs actes et leurs
décisions au cours des prochains mois cet incroyable dédoublement
de rôle et de personnalité que leur impose leur double statut de
bons serviteurs du fédéralisme et de loyaux militants de
l'indépendance du Québec?
Comment pourrons-nous savoir, quand ils parleront et agiront en notre
nom, laquelle des deux casquettes chacun portera? Quelles garanties le premier
ministre peut-il offrir que la ligne de conduite et les actions du gouvernement
dans les négociations en vue du renouvellement du
fédéralisme canadien ne seront pas teintées et
inspirées par l'objectif de l'indépendance plutôt que par
la volonté référendaire du peuple québécois,
laquelle s'est clairement exprimée en faveur du maintien et du
renouvellement du fédéralisme.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je dois,
avec toute la courtoisie possible, faire remarquer au chef de l'Opposition que
pour ce qui est des équivoques ou de l'ambiguïté, - et c'est
ainsi que les citoyens, je crois, en ont jugé le 13 avril - c'est
beaucoup plus grave du côté de l'Opposition du Parti
libéral que cela peut l'être du nôtre. Je crois que s'il y a
des clarifications - je le dis encore une fois presque comme une suggestion
très courtoise - qui sont nécessaires dans l'attitude des partis
au Québec, des deux qui sont représentés ici,
c'est plutôt chez nos amis d'en face qu'on s'attendrait qu'il y
ait un effort consistant pour essayer de voir clair et de dire clair ce qui en
est de leur côté.
On dirait qu'après chacun de nos conseils nationaux - c'est
toujours une découverte, c'est comme si on découvrait le monde -
où il est question de notre option, les libéraux
découvrent que le Parti québécois demeure un parti
souverainiste.
Une voix: Ce n'est pas vrai, ça!
M. Lévesque (Taillon): Mais oui! Je ferai remarquer qu'en
préparation d'un congrès qui viendra en décembre prochain
et qui est démocratiquement ouvert à toutes les discussions, il
est normal qu'on trace, comme on l'a fait en fin de semaine et comme on aura
l'occasion de le faire probablement de nouveau au début de l'automne,
les axes de la réflexion qu'on doit s'imposer. Je ne vois pas en quoi le
conseil national de la fin de semaine et ce que j'ai pu y dire pouvait
contredire d'aucune façon le conseil national très
spécial, très solennel qu'on avait eu -Dieu sait qu'il a eu de la
publicité -l'automne dernier, il y a quelques mois. Cela ne contredit
aucunement non plus les positions qui ont été prises pendant la
campagne électorale où il n'y avait pas de cachette non plus.
Des voix: ...
M. Lévesque (Taillon): Non. C'est un fait. Cela a
été publié. Cela a été distribué
partout. Cela a inspiré, le cas échéant, certains de nos
discours et cela disait ceci, à la page 33, où je prends ce
passaqe: "Puisque la volonté majoritaire de la population s'est
exprimée il y a moins d'un an, le gouvernement s'engage à ne pas
tenir de référendum sur la souveraineté-association au
cours d'un deuxième mandat." C'est clair? Cette position a
été définie démocratiquement par notre conseil
national l'automne dernier, c'est-à-dire l'automne 1980. Nous la
respecterons comme nous avons honnêtement respecté le
résultat de mai 1980, contrairement à ce qu'ont fait les
libéraux, qu'ils soient d'Ottawa ou de Québec. Je suis
obligé de dire que c'est ce que nous pensons. Ensuite, on
enchaînait en disant ceci: "Nous n'avons pas à cacher qu'à
notre avis seule une formule comme la souveraineté-association -
évidemment, il y a de l'évolution dans la plomberie, comme on dit
souvent, mais l'essentiel de l'objectif est là, il est clair quant
à nous - pourra résoudre complètement nos problèmes
constitutionnels en assurant vraiment notre avenir national. D'ailleurs - c'est
peut-être une chose qu'on devrait tous remarquer - les récentes
projections - le recensement vient d'avoir lieu - concernant la prochaine
redistribution des sièges aux Communes indiquent que le poids relatif du
Québec diminuera à nouveau et nous montrent que c'est aussi,
à notre avis, la seule direction susceptible de nous assurer même
le simple minimum vital de sécurité collective."
C'est notre opinion, elle n'a pas changé. De la même
façon qu'on peut respecter et que, je pense, on respecte en pratique
l'opinion de ceux qui, continuellement, se portent, même parfois dans des
circonstances discutables, sans cesse à la défense du
fédéralisme, il me semble qu'on pourrait cesser de chercher des
chiures de mouche continuellement autour d'une option qui est claire, qui est
démocratique et qui n'a pas à s'excuser d'exister. D'une certaine
façon, nous le croyons - et, dans un sens, ça rejoint ce que
disait le chef de l'Opposition pendant la campagne électorale -les
citoyens, sachant qu'elle était toujours au coeur de nos convictions, il
me semble, ont signifié qu'ils ne voulaient pas qu'elle disparaisse le
13 avril.
D'une part, ils ne voulaient pas accepter la direction qu'on proposait
en juin 1980. On a accepté de bonne foi et on travaille en fonction de
cela pour l'autonomie du Québec, la défense de ses
intérêts. D'autre part, le 13 avril, en même temps qu'une
réponse à l'ensemble libéral, que ce soit d'Ottawa ou de
Québec - une réponse assez brutale, je crois - il y avait aussi,
nous semble-t-il, le goût de maintenir, comme une des voies possibles de
l'avenir, qui est respectable autant que les autres, une option qui
représente quand même à peu près 50% du
Québec français, si je prends les résultats du
référendum, et au-delà de 40% de la population totale.
Je sais bien qu'on gonfle toujours les choses en période
électorale, mais le chef de l'Opposition lui-même, vers la fin de
mars, en pleine campagne électorale, disait, entre autres, une chose qui
a été rapportée par la Gazette, et il y a des propos du
même genre qui ont été véhiculés: S'ils
votaient pour le Parti québécois le 13 avril, les
Québécois se trouveraient à annuler ce qu'ils ont
exprimé au moment du référendum. Je n'essaierai pas de me
servir de cela parce que c'est évident que cela allait beaucoup plus
loin que ce que nous oserions dire.
Mais comment pourrait-on logiquement nous demander d'être des
fédéralistes inconditionnels quand le fédéralisme,
tel qu'il évolue entre les mains du premier ministre
fédéral actuel et de son entourage à Ottawa, quand le
fédéralisme actuel, tel qu'il évolue, ou qu'il
prétend évoluer, met en danger, d'une façon qui, quant
à nous, est absolument inacceptable, qui est un péril pour tout
l'avenir de notre peuple, les intérêts et les droits du
Québec? Il n'y a pas moyen d'être inconditionnel dans ces
conditions. On peut être de bonne foi,
chercher à renouveler la constitution si jamais il y a un
changement d'idée, parce qu'il n'y a pas d'absolu là-dedans, mais
une chose certaine, c'est qu'il n'y a rien nulle part qui puisse
prétendre qu'on doit renoncer à nos convictions, à une
option qui a été clairement exposée, sans hypocrisie, de
nouveau pendant la campagne électorale et qui mérite d'être
respectée autant que n'importe quelle attitude
fédéraliste.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord
rappeler au premier ministre que, si notre programme n'a peut-être pas
reçu l'approbation de la majorité de la population, au moins il
n'y en avait rien qu'un, il n'y en avait pas deux: un pour les élections
et un pour le lendemain des élections.
Deuxièmement, notre programme est le même sur toute la
ligne, il est consigné dans un document officiel et, si le premier
ministre veut en prendre connaissance, c'est bien facile pour lui de
procéder aux vérifications nécessaires.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ryan: Deuxièmement, M. le Président, le premier
ministre a cité un extrait d'une déclaration que je faisais a la
fin de mars. J'annonçais justement à la population que, si le
Parti québécois allait être élu, tout de suite
après il reviendrait à son option. C'est cela qui se
réalise. Il n'y a pas de problème là-dedans.
Maintenant, je voudrais poser une question additionnelle au premier
ministre. On me rapportait un fait en fin de semaine. Il y a des ministres qui
vont représenter le gouvernement et l'ensemble de la population à
des réunions officielles, ils sont appelés à faire des
discours et il y en a qui ont déjà commencé à
parler comme si on avait pris la décision, le 13 avril, de voguer
allègrement vers l'indépendance. Ils sont dans des fonctions
officielles, ils parlent déjà et invitent la population à
s'embarquer dans la construction de ce pays qui s'en vient, etc. Je voudrais
demander au premier ministre s'il a donné ou s'il entend donner des
directives à ses collègues pour assurer que leur mandat de
membres du gouvernement s'exercera jusqu'à ce qu'une nouvelle
consultation populaire en ait décidé autrement - si ce changement
devait s'effectuer - de manière que leur fonction s'exerce dans le plein
respect de la volonté exprimée par le peuple
québécois lors du référendum. (14 h 30)
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): J'aurais presque pu faire une
question de privilège, M. le Président, sur le deuxième
préambule du chef de l'Opposition: un programme pour les
élections et un programme pour le lendemain des élections.
Je répète ce que j'ai dit, c'est que ce programme, ce
résumé, ce sommaire de notre programme disait clairement ce qu'il
en était et il continue, quant à nous, d'être quelque chose
qu'on peut respecter et dans lequel on a respecté aussi nos
concitoyens.
Je dirai simplement ceci; juste après le passage que je citais
tout à l'heure, ça disait ceci: "Mais le résultat du
référendum ne nous permet pas d'amorcer la démarche vers
ce changement fondamental. Nous croyons qu'un peuple adulte ne se décide
pas à la légère et qu'il se donne un temps de
réflexion avant de changer d'avis. Nous nous emploierons donc à
promouvoir les intérêts du peuple québécois. C'est
un impératif que la volonté centralisante d'Ottawa, aidée
par la mollesse de nos députés fédéraux et la
complicité - enfin, on est obligé de le dire -au moins implicite
des libéraux provinciaux de M. Ryan, rend plus pressant que jamais. Dans
ces conditions, c'est sur le gouvernement du Parti québécois que
repose la responsabilité de mobiliser toutes nos forces pour que soit au
moins conservé l'acquis du passé." C'est ce qu'on doit faire dans
l'immédiat; ce que mes collègues - au moins cinq ou six d'entre
eux qui ont terminé leurs crédits - vont se permettre de faire
pendant les quelques jours qui viennent et qu'on fera plus intensément
après l'ajournement. C'est du travail de tournée, essentiellement
axé sur le projet constitutionnel d'Ottawa, comment il faut juger, le
cas échéant, ce que seraient les implications pour le
Québec, et elles sont très graves.
Partant de ça, qui est vraiment notre rôle comme
gouvernement - et ça fait partie complètement du mandat qui nous
a été accordé le 13 avril - certains de mes
collègues, à l'occasion, soulignent justement le danger et les
culs-de-sac vers lesquels nous mène la façon dont évolue
actuellement le fédéralisme; mais on peut quand même -on a
le droit, tout en respectant nos engagements - parler du fait qu'il y a une
autre voie pour l'avenir. De la même façon que le chef de
l'Opposition et les autres ne se gêneront pas pour aller faire les
fédéralistes inconditionnels dans tous les coins, je ne vois pas
pourquoi, nous, nos concitoyens auraient quelque chose à nous reprocher
si, en même temps qu'on défend l'autonomie, autant que possible,
qu'on a dans le régime actuel, on se permet à l'occasion - et on
ne se gênera pas pour le faire - de dire: II y a une voie de l'avenir qui
serait meilleure.
Le Président: Puis-je demander, s'il
vous plaît, aux gens qui sont dans les galeries de ne manifester
d'aucune façon? M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, j'ai écouté avec
attention les réponses de ce qui était peut-être davantage
le chef du Parti québécois. Ma question s'adresse au premier
ministre, à l'autre facette de la personnalité du premier
ministre.
Une voix: L'autre chapeau.
M. Rivest: Le premier ministre, à titre de premier
ministre du Québec, et, par là, représentant tous les
Québécois, a signé, dans le cadre des problèmes
inhérents au rapatriement de la constitution, un document avec d'autres
premiers ministres qui, eux, endossent et reconnaissent le principe du
fédéralisme canadien. Quand le premier ministre évoque la
démarche de son gouvernement de défendre l'autonomie et les
intérêts légitimes du Québec, chose tout à
fait raisonnable et normale, il reste qu'il y a plus que cela parce que non
seulement le chef du Parti québécois, évidemment, ne peut
pas prendre cet engagement dans la mesure où son option, c'est la
souveraineté et l'indépendance politique du Québec, mais
le premier ministre du Québec s'engage à plus. Au paragraphe 3 de
cette entente qu'il a signée lui-même, qui porte la signature d'un
certain René Lévesque - cette fois-là, c'est le premier
ministre du Québec et non pas le chef du Parti québécois -
il s'engage dans des négociations intensives portant sur le
renouvellement de la constitution canadienne.
Une voix: Qui dit mieux?
M. Rivest: Ce que je demande au premier ministre - cette
constitution est de type fédéral - c'est ceci. En signant un tel
document, le premier ministre n'a-t-il pas le sentiment - je pense qu'il pourra
donner son interprétation, mais il me semble qu'à ce
moment-là le premier ministre endosse le régime
fédéral - qu'il s'engage avec ses collègues à
travailler au renouvellement de la fédération? Plus que cela, il
y a même un délai. Au moins pendant trois ans, le chef du Parti
québécois devrait éviter de parler de la
souveraineté politique puisque le même René Lévesque
signe un document dans lequel il s'engage à renouveler la
fédération. C'est un document que le premier ministre a
siqné. Alors, on est pris...
Le Président: Votre question, s'il vous plaît:
M. Rivest: ...un peu, comme le chef de l'Opposition l'indiquait,
entre les deux personnages. Lequel va se lever? On va le savoir dans quelques
minutes. Des voix: Ah!
Le Président: M. le premier ministre. Une voix: Les
deux.
M. Lévesque (Taillon): C'est un peu les deux en même
temps, oui.
Des voix: Ah!
M. Lévesque (Taillon): Pourtant, il y a une chose qui
me... Encore une fois, si nos amis d'en face essayaient de se
débarrasser de leurs équivoques, de leurs
ambiguïtés...
Des voix: ...
M. Lévesque (Taillon): Non, ils en auront...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
M. Lévesque (Taillon): ...peut-être l'occasion
très bientôt et on verra, encore une fois, à quel point ils
sont capables, éventuellement, d'être clairs et de se tenir debout
quand il s'aqit des intérêts du Québec. Cela peut revenir
comme occasion. Entre-temps, je me sens très à l'aise dans le
sens suivant. En 1976, on a...
Une voix: ...
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas de l'acrobatie. C'est
la réconciliation de deux choses qui sont à peu près
l'équivalent de ceci. On a parfaitement - je pense que c'est logigue et
tous les gouvernements ont essayé depuis assez longtemps - non seulement
le droit, mais le devoir d'essayer d'aménager un peu mieux - tiens, cela
va rappeler un des sujets favoris du député de
Marguerite-Bourgeoys et de quelques autres, M. Ciaccia, le député
de Mont-Royal pardon - de développer le mieux possible la
réfection de ce vieil édifice à dix pièces en
propriété indivise qu'on essaie de rendre habitable en cours de
route, et cela ne nous empêche pas...
M. Rivest: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lévesque (Taillon): ...même, de penser qu'on
pourrait, un jour, ...
M. Rivest: M. le Président, question de
règlement.
M. Lévesque (Taillon): ...définir notre
propriété.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): Pardon, M. le Président!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
comprends que vous voulez soulever une question de...
M. Rivest: Oui, M. le Président, je soulève une
question de règlement parce que j'ai posé une question
précise au premier ministre sur la base d'un document et il est rendu
qu'il me parle de la propriété indivise.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Le député de
Jean-Talon peut essayer de jouer, mais quand même! Quand on fait un petit
discours et un plaidoyer, il faut quand même s'attendre qu'on ait la
latitude minimale pour donner la réponse qui nous paraît
indiquée.
Cela étant dit, je ne vois pas de contradiction. Depuis 1976,
chaque fois qu'on a rencontré les autres gouvernements, y compris aux
réunions des premiers ministres - je me souviens, en particulier, de
Regina, il y a deux ou trois ans - on a réaffirmé très
clairement dans les communiqués - et ça ne dérangeait pas
nos collègues des autres provinces - que nos convictions étaient
souverainistes, mais que, dans la période qui passe et qui durera aussi
longtemps que les citoyens du Québec le voudront
démocratiquement, on a à défendre l'autonomie, comme les
autres provinces - et de plus en plus, on est d'accord là-dessus -les
pouvoirs, et les augmenter si possible, des gouvernements provinciaux et
singulièrement du Québec.
On a signé un accord et cet accord est conditionnel parce qu'il
ne peut s'appliquer que si Ottawa - c'est peut-être rêver en
couleur, mais en tout cas - et, bien sûr, deux autres provinces qui,
actuellement, ne sont pas avec les huit du front uni, du front commun,
acceptaient de s'y rallier. Déjà, on sait qu'Ottawa l'a
rejeté du revers de la main, mais on sait aussi que les jours se suivent
et ne se ressemblent pas toujours, les années non plus.
Cet accord prévoit le rapatriement et une formule d'amendement.
On peut la critiquer. Nous, elle nous a paru valable; il y a même une
ouverture à ce qu'on peut appeler le statut particulier auquel le
Québec et d'autres ont rêvé depuis longtemps, avec une
formule de retrait et pleine compensation. Il est prévu qu'il y aurait
ensuite - évidemment, si les gens sont tous d'accord -
négociations intensives, comme il y en a eu entre 1976 et 1981, pour
voir jusqu'à quel point on peut renouveler, mais dans le sens d'une
nouvelle répartition des pouvoirs, dans le sens d'une augmentation des
pouvoirs, le vieux tissu fédéral. Je ne vois rien de
contradictoire là-dedans, cela peut se faire de bonne foi.
M. Rivest: Est-ce que le premier ministre me permet une courte
question?
Le Président: Question principale, M. le
député de Mont-Royal.
Demande d'enquête à la SHQ
M. Ciaccia: M. le Président... M. Picotte:
Sauvé par le président!
M. Ciaccia: ... ma question s'adresse au premier ministre. Le
ministre de l'Habitation a déclaré en commission parlementaire
qu'il a entendu parler d'une tentative de chantage et que cette tentative
était dirigée contre lui. Il a dit aussi qu'il a informé
le ministre de la Justice. Mais ici, ce n'est pas clair; on ne sait pas s'il a
informé le ministre de la Justice sur la tentative de chantage ou sur
d'autres faits. Dans la demande d'enquête du ministre de la Justice
à la Sûreté du Québec, un M. Yvan Latouche est celui
à qui on offrait un montant de 50 000 $ d'après les
réponses du ministre de la Justice alors que, dans la version du
ministre de l'Habitation, le même M. Latouche serait le demandeur d'un
montant de 50 000 $. Dans un cas, il est l'accusé; dans l'autre cas, il
est la victime. Ce sont deux situations complètement différentes.
(16 h 40)
Le premier ministre est conscient de la gravité des situations
exposées; le ministre de l'Habitation a nommé le chef de cabinet
du premier ministre, l'ex-conseiller spécial du ministre de l'Habitation
et un M. Ronald Perreault. Le premier ministre sait, en plus, que des cas de
cette gravité ne peuvent être convenablement traités
à la période des questions ou en commission parlementaire.
Devant le rapport du Vérificateur général, le
premier ministre n'a pas écarté la possibilité d'une
enquête publique, mais a dit: Attendons la commission parlementaire et on
va vérifier le rapport du Vérificateur général. La
commission parlementaire a eu lieu. Des faits nouveaux sont portés
à l'attention du public. Le premier ministre ne croit-il pas que, dans
les circonstances, dans l'intérêt tant du gouvernement que des
individus mentionnés, n'y aurait-il pas lieu de tenir une enquête
publique indépendante et complète sur l'administration de la
Société d'habitation du Québec, et plus
particulièrement sur la division des réparations majeures, et sur
les présumées offres de pots-de-vin ou les situations de
chantage?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Le député de
Mont-Royal dit qu'il est arrivé des faits nouveaux. Il insiste toujours
- j'ai remarqué cela depuis quelques jours - sur des faits, quand il
parle de rumeurs, de ragots de bas étage. Il n'est pas arrivé de
faits nouveaux. Les faits nouveaux, c'est le rapport du Vérificateur
général sur des irrégularités qui d'aucune
façon ne semblent entacher d'illégalité, mais il y a eu
des irrégularités. On pourrait aller au fond, comme je l'ai dit,
quand on aura l'occasion d'éplucher autant qu'on le voudra le rapport du
Vérificateur général. Toutes ces rumeurs autour de
pots-de-vin qui ont commencé d'ailleurs avant même, bien avant la
campagne électorale, en décembre 1980 ou quelque part par
là, sous l'égide éclairée du député
de Marguerite-Bourgeoys, tout ça était relié et l'est
encore à un dénommé Latouche, qui s'appelle, sauf erreur,
Yvan Latouche. Moi, je dirai simplement ceci, et je suis malheureux
d'être obligé de le dire parce qu'il est devenu, semble-t-il, un
des conseillers experts en matière d'habitation pour nos amis d'en face,
ce personnage, c'est, comme on dit en anglais, quelqu'un que je ne toucherais
pas avec une pôle de dix pieds.
Et tant que cela tourne autour d'un personnage de ce calibre, les
rumeurs et les ragots, non seulement ne méritent même pas une
enquête, mais ils ne méritent même pas d'être
entendus, c'est simple.
Le Président: M. le député de Mont-Royal,
question additionnelle.
M. Ciaccia: II y a eu au moins un fait nouveau, M. le premier
ministre, et c'est l'affirmation du ministre de l'Habitation en commission
parlementaire, à savoir qu'à la troisième fois qu'il a
entendu parler du dossier, c'était dans le genre suivant: On me donne 50
000 $ ou bien j'ai des renseignements. Citation directe du ministre de
l'Habitation. Plus tard, il dit: Ce que j'ai perçu comme étant du
chantage. Alors, il y a au moins ces faits nouveaux en plus des autres qui ont
ressorti en commission parlementaire. Mais, devant l'attitude du premier
ministre, je me dois de demander... Est-ce que le ministre de l'Habitation est
ici? Il était ici il y a quelques instants.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que je pourrais presque en
faire une question de privilège pour le ministre de l'Habitation. Quand
même...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: C'est parce que je l'avais vu...
Le Président: Question additionnelle.
M. Ciaccia: ... à son siège, c'est pour cela que
j'ai ajouté la question supplémentaire au ministre de
l'Habitation. Devant l'attitude du premier ministre, je me dois de demander au
ministre de l'Habitation s'il voudrait bien communiquer à
l'Assemblée nationale le contenu de la conversation qu'il a eue avec M.
Foisy, son conseiller spécial, concernant la présumée
situation de chantage.
Le Président: M. le ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur.
M. Tardif: M. le Président, je pense avoir
été clair sur cette question. Un membre de mon cabinet m'a
rapporté des rumeurs, M. le Président, et j'ai dit et je
répète encore une fois que, tant et aussi longtemps que des faits
précis n'auront pas été portés à mon
attention - et cela a été le cas, notamment, dans l'histoire des
fausses factures, auquel cas j'en ai saisi immédiatement le ministre de
la Justice -que tout le reste, M. le Président, étaient des
rumeurs. Or, on n'administre pas, on ne gouverne pas par rumeurs, M. le
Président.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le ministre de l'Habitation a affirmé en
commission parlementaire, immédiatement après que je lui ai
posé la question sur ces soi-disant rumeurs: J'ai transmis par
écrit dans les heures qui ont suivi au ministre de la Justice des
renseignements qui, je pense, pouvaient justifier à ce moment-là
une enquête, le priant de le faire. Le ministre de l'Habitation
pourrait-il déposer en cette Chambre l'avis qu'il a donné au
ministre de la Justice?
Le Président: M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, ce qui a été
transmis au ministre de la Justice, ce ne sont pas les rumeurs qui
étaient d'ailleurs colportées par l'Opposition également,
mais les faits qui ont été portés à mon attention.
Ce dossier a été transmis au ministre de la Justice. S'il veut en
faire état, il peut le faire.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, ces faits qui m'ont
été transmis par le ministre de l'Habitation ont
été immédiatement transmis à la Sûreté
du Québec qui a fait enquête. À la suite de cette
enquête, les procureurs de la couronne ont analysé le dossier et
en sont venus à la conclusion qu'il n'y avait
absolument aucune plainte à porter.
M. Ciaccia: Est-ce que les faits que le ministre a portés
à notre...
Le Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Est-ce que les faits
dont vous venez de parler, c'est Rescobec ou est-ce la question de chantage de
la part de M. Latouche vis-à-vis du ministre? De quelle enquête
parlez-vous?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je pense que M. le député fait
des efforts pour ne pas comprendre...
Des voix: Ah! Ah!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bédard: ...parce qu'on a toujours été
très clair ici en cette Chambre concernant le ministère de la
Justice. Le 18 décembre, j'ai informé la Chambre que des
documents m'avaient été acheminés par le ministre
délégué à l'Habitation et que ces documents avaient
été transférés immédiatement à la
Sûreté du Québec pour enquête. L'enquête s'est
avérée négative. Il y a quand même un bout à
continuer de véhiculer des ragots qui peuvent entacher des
réputations.
Le Président: Question principale, M. le
député de Laurier.
Le cas Julie Dion et la protection de
l'enfance
M. Sirros: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre d'État au Développement social. Il y a quelques jours
-jeudi passé pour être plus précis - nous avons
adopté la loi 10, Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse.
Lors de l'étude de cette loi, nous, de ce côté-ci, avions
présenté un amendement qui aurait permis à une personne
intéressée au bien-être de l'enfant de saisir le tribunal
de son désaccord à la suite d'une décision, entre autres,
du DPJ et de la personne déléguée du ministre de la
Justice.
Cet amendement a été rejeté par le gouvernement au
nom de la déjudiciarisation des cas de protection. On n'a
peut-être pas été assez éloquents, M. le
Président, dans nos plaidoyers pour convaincre le ministre de sortir de
son approche rigide et de sa confiance totale dans le système et dans
les mécanismes en place et ainsi ajouter un élément
supplémentaire de protection face à l'enfant. Ma question est la
suivante: II y a eu un reportage dans la Presse de samedi dernier concernant le
cas concret de Julie Dion, une fillette de 21 mois qui est
décédée à la suite de mauvais traitements et
à la suite de l'inaction complète de plusieurs instances dans le
mécanisme prévu; est-ce qu'à la suite de ce reportage -
parce que le ministre nous avait demandé de lui présenter un cas
concret et c'est très malheureux d'avoir à le rapporter
aujourd'hui - le ministre serait prêt à reconsidérer ce
genre d'amendement qu'il a rejeté, ce qui, dans ce cas concret, par
exemple, aurait permis à la marraine, entre autres, aux médecins
qui ont saisi les gens de saisir directement le tribunal et peut-être
ainsi sauver cette vie? À mon humble avis, une vie humaine de ce genre a
beaucoup plus de valeur qu'une défense inconditionnelle de la
déjudiciarisation, M. le Président.
Le Président: M. le ministre d'État au
Développement social.
M. Lazure: M. le Président, j'arrive mal à
comprendre que le député de Laurier se serve d'un incident
malheureux où la vie d'une jeune enfant a été mise en
cause, à la suite de mauvais traitements et où, semble-t-il,
il y aurait eu négligence de la part de certains professionnels
à qui on a rapporté le cas et qui n'ont pas agi avec
célérité. M. le Président, je ne pense pas que de
donner à toute personne le droit de s'adresser à un Tribunal de
la jeunesse aurait pu, en soi, sauver la vie de cette enfant. Je pense qu'il
faut verser dans la démagogie...
Des voix: Oh!
(14 h 50)
M. Lazure: ...facile pour insinuer une telle chose.
Une voix: Combien cela va prendre de...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lazure: M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre.
M. Lazure: M. le Président, je répète encore
une fois qu'il est malheureux que le député de Laurier se serve
d'un incident tragique, comme il en arrive malheureusement trop souvent, pour
essayer de revenir sur une bataille un peu futile que lui et l'Opposition ont
menée en commission parlementaire et en troisième lecture sur un
amendement qui a été refusé pour des raisons valables. Je
pense qu'il n'y a aucun rapport de cause à effet entre l'incident
malheureux qui est survenu dans le Nord-Ouest québécois et la
tentative de ramener
cette demande d'amendement.
Je demanderai à mon collègue des Affaires sociales
d'ajouter un complément de réponse.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): À cet égard, M. le
Président, pour s'assurer, comme l'évogue mon collègue,
qu'on ne confonde pas les allégations avec les faits, j'ai
demandé aux responsables du ministère de me fournir un rapport
à la suite des questions qu'ils auront posées et de
l'enquête qu'ils mèneront et d'établir quel est
l'état réel de la situation.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président: M. le député de Laurier,
question additionnelle.
M. Sirros: M. le Président, j'aimerais d'abord souligner
au ministre d'État au Développement social qu'il ne s'agit pas
d'un cas malheureux, mais qu'il s'agit surtout d'un cas très tragique,
qu'il n'y a aucunement intention, du côté de l'Opposition, de
faire de la démagogie, mais plutôt d'assurer que ce genre de cas
soit bien protégé.
Des voix: Question!
M. Sirros: La question est la suivante. Est-ce que le ministre
veut dire qu'il accepte qu'un certain nombre d'enfants puissent subir ce genre
de traitements à cause de défauts dans le système de
protection qui existe? J'ai énormément de difficulté
à accepter ce genre de complaisance face au système.
Le Président: M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, c'est un peu comme si on
voulait essayer de résoudre des accidents ou des incidents malheureux en
permettant à toute personne d'aller à un tribunal, que ce soit un
tribunal de la jeunesse ou un tribunal pour adultes, dans le cas
d'accidentés qui ne reçoivent pas les soins aussi rapidement et
aussi pleinement qu'ils devraient les recevoir.
M. le Président, je voudrais simplement ajouter encore une fois
que cela permettrait le recours au tribunal de façon intempestive. Ce
qui arriverait si on ouvrait la porte, dans la Loi sur la protection de la
jeunesse, de manière telle que n'importe qui pourrait se rendre devant
un juge d'enfant et dénoncer telle ou telle personne, c'est que nous
aurions affaire à un abus de recours au tribunal. La réponse au
problème présenté par ce jeune enfant et les adultes qui
l'ont brutalisé, dans la très grande majorité des cas, ce
n'est pas une réponse judiciaire, mais une réponse de services de
santé ou de services sociaux.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Est-ce que le ministre d'État au
Développement social veut prétendre, d'une part, qu'avec tous les
experts qui existent, il n'y a pas moyen de trouver un amendement à la
loi qui permettrait d'assurer que ce genre de cas ne se reproduira pas?
Deuxièmement, est-ce qu'il y aura une enquête publique sur cette
affaire pour qu'on voie publiquement les failles du système dans ce
genre de cas?
Le Président: M. le ministre.
M. Lazure: M. le Président, très rapidement, je ne
connais aucun texte de loi, aucun article de loi qui va nous donner la pleine
assurance que chaque individu, qu'il soit policier, juge, médecin,
infirmière ou travailleur social, fera adéquatement son
travail.
Le Président: M. le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, sur la
deuxième partie de la question du député de Laurier,
l'enquête que j'ai demandée à mon sous-ministre de faire
effectuer par nos services est celle qu'il peut faire en vertu de la loi
constituante du ministère. Nous n'avons rien à cacher, nous
tentons de découvrir les faits. Effectivement, il s'agit d'une situation
dont le dénouement est absolument tragique, qui reste une situation
inadmissible. Reste à savoir si ce sont les lois qui peuvent
empêcher que de telles situations se produisent; je n'en suis pas
convaincu. S'il s'agit de la responsabilité d'individus, s'il s'agit du
fonctionnement ou de la piètre qualité des relations entre les
différents intervenants, je ne pense pas qu'il faudrait présumer
au départ que c'est par défaillance des lois, mais parfois par
défaillance de la nature humaine.
Le Président: M. le député de Frontenac.
Expropriation de la Société
Asbestos
M. Grégoire: M. le Président, j'aurais une question
à poser au premier ministre
concernant la Société Asbestos Ltée et, les mines
d'amiante de la région de Thetford. Cela fait déjà trois
mois que la Cour suprême a donné raison au gouvernement actuel et
a permis l'expropriation de la société Asbestos Limitée
par le gouvernement. J'aimerais savoir si c'est toujours la décision
ferme et irrévocable du gouvernement actuel de faire l'acquisition, soit
de gré à gré, soit par expropriation, de la
société Asbestos Limitée. J'aimerais savoir
également s'il y a un échéancier de prévu. Comme on
le sait, cela va faire quatre ans au mois d'octobre 1977 que le premier
ministre est venu annoncer à Thetford l'achat de la
société Asbestos et, cela va faire trois mois que la Cour
suprême a rendu une décision finale. La population de la
région de l'Amiante aimerait savoir s'il y a un échéancier
de prévu et quelle est la date limite à laquelle on peut
s'attendre à ce qu'enfin ce geste soit posé.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, c'est vrai
que cela fait trois mois qu'il y a eu ce déblocage au niveau juridique.
Mais il y a quand même des négociations qui se poursuivent, je
dois le dire pour le député de Frontenac et pour l'information de
la Chambre, qui sont des pourparlers assez complexes. Il ne serait
sûrement pas d'intérêt public d'entrer là-dedans.
Cela se déroule présentement. Cela va peut-être se
dérouler encore quelque temps. C'est en quelque sorte une ultime
tentative pour en arriver, comme on le souhaite depuis le début,
à un règlement à l'amiable.
Mais, quelle que soit l'issue des pourparlers, pour répondre
à la question directe du député de Frontenac, que ce soit
par un tel règlement à l'amiable ou que ce soit, le cas
échéant, par une expropriation prévue par une loi qui a
été votée ici à l'Assemblée nationale, la
volonté du gouvernement - la politique de l'amiante est axée
là-dessus - n'a pas changé et il est absolument entendu qu'il
faudra la prise de contrôle qui est prévue.
Je dois souligner que cette politique se justifie d'autant mieux que le
résultat, pour la première année, de la compagnie qui a
été achetée, elle, en cours de route, parce qu'on a
essayé de faire des étapes, est de 8 000 000 $ de profits nets.
C'est une compagnie de taille relativement mineure comparée à
Asbestos Corporation. Non seulement il y a une rentabilité dans cette
politique, mais il y a aussi une promesse de développement à
partir d'une ressource stratégique comme l'amiante qu'on n'a absolument
pas l'intention de laisser aller.
Pour répondre à la dernière partie de la question
du député de Frontenac, au plus tard à l'automne 1981,
cela devra être réglé d'une façon ou de l'autre.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
Transferts de quotas de lait
M. Bélanger: M. le Président, ma question s'adresse
au ministre de la Justice. Malheureusement, je constate qu'il n'est pas ici
présentement.
Avec votre permission, M. le Président, je vais l'attendre.
Ma question s'adresse au ministre de la Justice et vous comprendrez que
je me limiterai à une seule question principale, bien conscient du
caractère particulier de ma question qui porte sur l'administration de
la justice au Québec. J'aimerais donc savoir du ministre s'il peut
indiquer à cette Chambre si une enquête est en cours par la
Sûreté du Québec portant sur l'aspect douteux de transferts
de quotas laitiers. Dans l'affirmative, dans quel délai entend-il faire
rapport à cette Chambre?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je m'excuse, M. le Président. Est-ce que
je pourrais demander au député de répéter sa
question, étant arrivé à la dernière minute?
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Avec plaisir, M. le Président. Ma
question, comme je l'ai mentionné, s'adresse au ministre de la Justice.
Je vais tenter de ne poser qu'une question principale, étant
donné que je connais le caractère particulier de la question.
Cela concerne l'administration de la justice au Québec. J'aimerais
savoir du ministre s'il peut indiquer à cette Chambre si une
enquête est menée par la Sûreté du Québec en
ce qui concerne le transfert douteux de quotas laitiers. Dans l'affirmative,
dans quel délai entend-il faire rapport à cette Chambre?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, il n'y a pas
d'enquête, tel qu'exprimé par le député, concernant
les transferts de quotas qui est faite par la Sûreté du
Québec à la demande du ministère du Revenu ou de quelque
ministère que ce soit. Il y a effectivement, cependant, une
enquête qui est faite concernant la préoccupation qu'a
évoquée le député, mais cette enquête est
faite à la suite d'une plainte qui a été portée par
un agriculteur.
Le Président: M. le député de Berthier.
Grève à la traverse de Sorel
M. Houde: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre du Travail. Étant donné qu'il n'est pas à son
siège, je l'adresserai à son adjoint parlementaire.
Juste au moment d'entrer en cette Chambre, j'apprenais à nouveau
que le service de traversiers Sorel-Saint-Ignace était interrompu en
raison d'un conflit de travail opposant les treize marins qui assurent le
service et la Société des traversiers du Québec. (15
heures)
J'aimerais savoir du ministre du Travail ou de son adjoint, d'abord,
s'il est au courant de ce conflit et, ensuite, s'il a l'intention de proposer
l'aide de son ministère pour aider à résoudre ce conflit
qui paralyse un service essentiel pour cette région et qui, outre le
comté de Berthier, touche le comté de Maskinongé et le
comté de Richelieu.
Le Président: M. l'adjoint parlementaire au ministre du
Travail.
M. Dean: J'apprends de la bouche du député de
Berthier cette information. Nous allons prendre note de la question, je vais en
parler au ministre et nous vous donnerons une réponse dans les plus
brefs délais.
D'après mon expérience, j'ai déjà fait le
trajet Sorel-Berthier, j'apprécie pleinement le rôle essentiel de
ce traversier dans la vie de la région et je peux assurer le
député, M. le Président, que le ministère va
s'occuper du dossier le plus rapidement possible.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. C'est depuis vendredi
passé que le traversier est arrêté.
En question supplémentaire, je me permets d'insister
auprès du ministre du Travail, parce qu'en plus de la population, il y a
un transport de marchandises qui est aussi affecté à la saison
touristique qui s'amorce à peine. D'ailleurs, à ce sujet, en
période estivale, deux traversiers sont nécessaires pour
répondre à l'achalandage. De plus...
Le Président: Question, s'il vous plaît.
M. Houde: Oui. La convention collective est maintenant
échue depuis juin 1980. Il semble qu'un des éléments du
litige serait la remise en question de certains droits déjà
acquis à l'occasion d'une autre négociation.
Le Président: M. l'adjoint parlementaire au ministre du
Travail.
M. Dean: Je ne peux que répéter que j'ai
noté les commentaires additionnels du député de Berthier
et que le ministère va s'occuper du dossier le plus rapidement
possible.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: J'aimerais savoir - tout en reconnaissant que
l'adjoint parlementaire prend note de la question - s'il y a eu demande de
conciliation. Si oui, à quel moment le ministère entend-il nommer
un conciliateur? Deuxièmement, j'aimerais savoir - puisqu'il y a eu
prétention qu'il y avait perte de droits acquis - s'il n'y a pas
là également, d'autre part, une question de respect de la
politique salariale du gouvernement.
Le Président: M. l'adjoint parlementaire au ministre du
Travail.
M. Dean: M. le Président, je prends note des questions et
je vais essayer d'avoir les réponses le plus rapidement possible.
Le Président: Dernière question, sans question
additionnelle, M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président...
M. Clair: Un complément de réponse.
Le Président: En complément de réponse, M.
le ministre des Transports.
M. Clair: M. le Président, je veux simplement indiquer au
député de Berthier que pour autant que le ministère des
Transports et la Société des traversiers du Ouébec sont
concernés, les offres qui ont été faites s'inspirent des
offres retenues aux tables centrales par les autres syndiqués au
Québec et que, d'autre part, en ce qui concerne ce que le
député appelle des droits acquis, peut-être veut-il
signifier que les treize marins en question demandent, par exemple, le maintien
d'un bureau d'embauche, alors qu'ils sont affiliés à la CSN et
que la CSN a déjà eu l'occasion, en 1975, devant la commission
Cliche, de se prononcer contre de tels bureaux d'embauche. Peut-être que
ce sont là les droits acquis dont le député de Berthier
veut faire part à cette Chambre, mais je pense que c'est important de le
souligner.
M. Picotte: M. le Président, une courte question.
Le Président: Oui, il faudrait qu'elle
soit très courte, il reste une minute à la période
de questions. Question principale très courte, sans additionnelle et une
réponse très courte du ministre, s'il vous plaît. M. le
député de Maskinongé.
Enquête sur le service de
récréation de Shawinigan
M. Picotte: Merci, M. le Président. Il y a quelques mois,
il y a des gens qui avaient émis de sérieux doutes concernant le
service de récréation de Shawinigan. On avait alors
demandé au ministre des Affaires municipales du temps de procéder
à une enquête concernant ce service de
récréation.
Effectivement, M. Routhier, du ministère, avait été
désigné pour faire une enquête, enquête qui fut faite
et dont le rapport a été remis au ministre des Affaires
municipales. J'aimerais savoir, dans un premier temps, si le ministre a pris
connaissance de ce rapport qui a été fait par M. Routhier. Quand
entend-il le rendre public pour les fins autant des gens du service de
récréation que pour la population de Shawinigan?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Léonard: Sous réserve de vérification,
effectivement, l'enquête est terminée, le rapport a
été remis il y a déjà plusieurs semaines, sinon
plusieurs mois, et je crois savoir qu'il a été convenu qu'on
n'irait pas plus loin dans ce cas. Cependant, je demande au
député de vérifier le dossier et, s'il y a des
modifications à ce que je dis aujourd'hui, je reviendrai demain.
Le Président: Fin de la période des questions.
Motions non annoncées. M. le premier ministre.
M. Rhéal Châtelain, Vérificateur
général
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'aurais
trois motions concernant des postes extrêmement importants qui sont
reliés à une décision de l'Assemblée nationale. Il
s'agit de postes qui dépendent du vote, normalement, des deux tiers de
l'Assemblée nationale. Après les consultations d'usage avec
l'Opposition officielle, je pourrais faire trois motions concernant un plus
grand nombre de personnes, mais trois motions qui s'adressent à trois
secteurs stratégiques de l'administration publique et qui sont sous la
responsabilité de l'Assemblée nationale.
D'abord, cela a été évoqué il y a quelques
jours, il y a le départ du
Vérificateur général, M. Gérard Larose,
à propos duquel je dois proposer la nomination de son successeur qui
serait, si l'Assemblée nationale est d'accord, M. Rhéal
Châtelain, qui est actuellement premier Sous-Vérificateur
général du Canada. L'arrière-plan de cette nomination est
relativement simple. C'est que le mandat de dix ans du Vérificateur
général, M. Larose, s'est terminé le 1er avril dernier et
M. Larose nous a indiqué que, pour des raisons de santé, il ne
désire pas que son mandat soit renouvelé.
Je voudrais profiter de l'occasion, très rapidement, d'abord pour
remercier M. Larose, au nom de toute l'Assemblée nationale, j'en suis
sûr, pour la façon exemplaire dont il a rempli son mandat qui est
l'un des plus importants et des plus délicats en même temps de
toute l'administration publique. Exerçant une surveillance constante sur
l'activité du gouvernement, il n'a pas hésité à
attirer publiquement depuis qu'il était là l'attention sur les
points qui, à son avis, devaient être corrigés, ce qui est
absolument indispensable - on le sait tous - même si c'est parfois
douloureux pour les gouvernements. Je suis donc très heureux que M.
Larose ait quand même accepté de continuer, pour quelques
années, ce qui permettra - comme on l'a assuré à nos
collègues de l'Opposition -l'examen détaillé, si on veut,
de son dernier rapport comme Vérificateur général. Donc,
M. Larose continuerait pour quelques années - il a accepté -
à servir le Québec en remplissant les mandats spéciaux qui
pourraient lui être confiés à titre de conseiller cadre au
bureau du Vérificateur général.
Quant à M. Rhéal Châtelain, il s'agit pour lui d'un
retour à Québec après un séjour de quelques
années à Ottawa. Il est bien connu chez nous partout dans les
rouages de l'administration parce qu'il a déjà été
contrôleur de la trésorerie, contrôleur des finances et
sous-ministre de la Fonction publique. Il apporte donc à ses nouvelles
fonctions tout un bagage de connaissances et une expérience aussi
complète qu'il est possible d'acquérir de la fonction publique et
de toute l'administration publique. Donc, un bagage de connaissances qui lui
permettra, nous en sommes sûr, de remplir son devoir avec toute la
compétence et l'honnêteté requises.
Je fais donc motion, M. le Président, pour que M. Rhéal
Châtelain soit nommé Vérificateur général du
Québec à compter du 1er août 1981 et que le traitement de
M. Châtelain soit fixé au taux supérieur des salaires des
sous-ministres, soit 72 000 $.
Si on permet - j'en ai dit un mot au chef de l'Opposition et il
était d'accord -c'est un traitement, c'est le seul de ceux que je vais
proposer, qui est fixé lui aussi, à cause de la loi, par
l'Assemblée nationale. Il
y a eu des incidents assez déplaisants déjà
à ce propos. J'avais fait la suggestion - je comprends très bien
que le chef de l'Opposition me dise: On doit y réfléchir encore;
c'est quand même une question de fond - que peut-être, vu qu'il
s'agit d'un traitement qui est relié à celui des autres
sous-ministres, on pourrait tout simplement dire que, désormais, il
serait indexé, le cas échéant, ou changé de la
même façon que les autres. Chaque fois que cela revient - il y a
quelques cas comme cela - en Chambre, il y a souvent des incidents
déplaisants dans le genre: Est-ce qu'ils valent leur salaire, etc.?
Cependant il y en a beaucoup d'autres qui sont au même taux, qui sont des
taux normaux dans la fonction publique, dont on ne parle jamais. Or, tout cela
est quand même dans les livres des crédits ou dans les comptes
publics.
Cela étant dit, puisque le chef de l'Opposition, de façon
très compréhensible, préfère qu'on puisse examiner
cela plus longtemps, je reprends la formule traditionnelle et je demande donc
que le traitement de M. Châtelain soit fixé au taux que j'ai
annoncé. (15 h 10)
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je veux tout d'abord confirmer
que des consultations ont été faites par le gouvernement
auprès de l'Opposition et que nous nous sommes ralliés,
après enquête de notre côté, à la proposition
concernant la nomination de M. Châtelain, comme le Vérificateur
général des comptes, avec beaucoup de plaisir.
J'ai personnellement procédé à des enquêtes
en particulier dans les milieux de la profession comptable, et j'ai obtenu
l'assurance que M. Châtelain est une des figures les plus
respectées de sa profession. Il a laissé un excellent souvenir
à Québec, pendant les années où il a servi ici, et
au gouvernement fédéral, où il a également fait un
travail de première qualité. Par conséquent, je suis
très heureux d'appuyer cette motion et de vous assurer de mon
approbation à cette nomination.
Je voudrais également dire à M. Larose, au moment
où il est à la veille de quitter le service, que tous ses
concitoyens du Québec ont beaucoup apprécié la
qualité de son travail. Dans son dernier rapport en particulier - j'en
parlais l'autre jour dans cette Chambre - il s'est révélé
d'une vigueur qui est peut-être le privilège de ceux qui vont
partir, il était d'une verdeur, d'une clarté, d'une franchise
remarquable. Je pense qu'il nous a donné de la matière pour
plusieurs mois à venir. Au moment de son départ, je pense que le
meilleur hommage à lui rendre serait peut-être de souhaiter que
certains voeux qu'il a eu l'occasion d'émettre à plusieurs
reprises se réalisent dans les meilleurs délais.
Il a demandé, par exemple, que la Loi sur l'administration
financière soit révisée de manière que les
fonctions du Vérificateur général soient définies
de façon plus large afin de comprendre aussi la vérification des
qualités d'économie, d'efficience et d'efficacité dans le
fonctionnement du gouvernement. J'espère que le gouvernement sera
prêt, dans des délais rapprochés, a prendre des engagement
de ce côté. Il a émis un voeu à l'intention du
ministre des Finances concernant la revue des conventions comptables qui ont
donné lieu soit à des malentendus, soit a des trous au cours des
dernières années. Je pense qu'il y a une suggestion
extrêmement intéressante, de ce côté-là aussi,
que nous avons tous intérêt, des deux côtés de la
Chambre, à réaliser dans les meilleurs délais.
Enfin, le vérificateur, M. Larose, exprimait dans son dernier
rapport le voeu que la commission des comptes publics soit convoquée
après ne l'avoir point été pendant de très
nombreuses années. Nous sommes contents, du côté de
l'Opposition, de voir que le gouvernement acquiesce à cette suggestion
du vérificateur et nous souhaitons que M. Larose, comme c'est
envisagé, puisse être disponible à titre de témoin
pour ces réunions qui auront lieu, je l'espère, dans les
meilleurs délais.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Avec l'indulgence de cette Chambre, j'aimerais dire
quelques mots à l'occasion du départ de M. Gérard Larose
comme Vérificateur général, en ce sens que la Loi sur
l'administration financière fait du ministre des Finances celui qui doit
appliquer la loi en question, dont un des chapitres porte sur le
Vérificateur général et ses pouvoirs. J'ai donc eu avec M.
Gérard Larose plusieurs contacts de caractère essentiellement
administratif puisque, en fait, pour son travail il relève de
l'Assemblée nationale et non pas de moi.
J'ai donc été en mesure de côtoyer cet homme, qui
maintenant cesse d'être Vérificateur général, ou qui
cessera le 1er août, et d'admirer ses qualités. Je voudrais
simplement dire ceci. M. Larose est entré dans la fonction publique en
1963, au ministère de l'Éducation, dans le service des finances
scolaires. En 1966, il est devenu sous-ministre adjoint à
l'administration au ministère de la Justice et, comme le premier
ministre le disait tout à l'heure, il est devenu, en avril 1971,
Vérificateur général
du Québec.
Après autant d'années passées au service de
l'État du Québec et depuis dix ans au service de
l'Assemblée nationale, je pense pouvoir, au nom de l'Assemblée
nationale, exprimer l'admiration que nous avons pour l'intégrité,
le remarquable travail et l'intelligence profonde apportés par M. Larose
dans l'exercice de ses fonctions.
Le Président: Est-ce que cette motion de M. le premier
ministre sera adoptée?
M. Charron: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
(Suspension de la séance à 15 h 15)
(Reprise de la séance à 15 h 20)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Pour ceux qui ne pouvaient peut-être pas être
présents, la motion du premier ministre se lisait comme suit: "Que M.
Rhéal Châtelain soit nommé Vérificateur
général du Québec à compter du 1er août 1981,
que le traitement de M. Châtelain soit fixé au taux
supérieur des salaires des sous-ministres, soit 72 000 $". Que ceux et
celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever?
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Jolivet, Mme Marois, MM. Bédard, Parizeau, Morin
(Sauvé), Morin (Louis-Hébert), Laurin, Bérubé,
Lazure, Gendron, Lessard, Marcoux, Biron, Léger, Clair, Johnson (Anjou),
Chevrette, Marois, Garon, Tardif, Léonard, Fréchette, Martel,
Dussault, Gagnon, Mme Harel, Mme Lachapelle, MM. Vaugeois, Paquette, Proulx,
Guay, Baril (Arthabaska), Dean, Fallu, Grégoire, Bisaillon, Mme Juneau,
MM. Leduc, Marquis, Boucher, Lavigne, Beauséjour, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gauthier, Blais, Le May, Desbiens, Perron,
Bordeleau, Gravel, Brassard, Laplante, Charbonneau, Blouin, Rochefort,
Brouillet, Champagne, Rodrigue, Payne, Tremblay, Beaumier, LeBlanc,
Lafrenière, Lachance, Paré, Ryan, Levesque (Bonaventure),
Ciaccia, Mme Lavoie-Roux, MM. Lalonde, Mailloux, Mme Bacon, MM. Marx,
Bélanger, Bourbeau, Blank, Vallières, Dubois, Picotte,
Pagé, Gratton, Rivest, Fortier, Rocheleau, Polak, Maciocia, Dauphin,
Cusano, Hains, Sirros, Saintonge, Johnson (Vaudreuil-Soulanges), French, Mme
Dougherty, MM. Kehoe, Houde, Middlemiss.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Ceux qui sont contre?
Est-ce qu'il y a consentement?
Le Secrétaire adjoint: M. Lincoln et M. Mathieu.
Le Secrétaire: Pour: 101
Contre: 0
Abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion est
adoptée. M. le premier ministre.
Nominations à la Commission des droits de la
personne
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'ai
maintenant une motion à faire concernant un certain nombre de
nominations à la Commission des droits de la personne,
c'est-à-dire un autre secteur extrêmement stratégique de
notre société auquel, je pense, certains événements
courants donnent une dramatisation particulière. Je demanderais le
consentement de la Chambre très rapidement pour situer quand même
ces nominations. L'article 58 de la Charte des droits et libertés de la
personne prévoit que la commission est composée d'au moins sept
membres dont le président et le vice-président. Ils sont
nommés par l'Assemblée nationale sur la proposition du premier
ministre pour un mandat n'excédant pas dix ans. Ces nominations doivent
être approuvées, comme celles qui ont
précédé, par les deux tiers des membres de
l'Assemblée nationale.
Avant certaines démissions et une expiration de mandat, la
commission était composée - je pense que cela a été
à peu près cela depuis le début - de onze membres, ce qui
paraît donner un équilibre, une représentativité
raisonnable et en même temps de ne pas trop alourdir le total. Or, il y a
eu trois démissions et une expiration de mandat au cours des derniers
mois. D'abord, le poste de président de la commission est vacant depuis
le 15 décembre 1980 à la suite de la nomination de Me René
Hurtubise, qui était président, comme juge à la Cour
supérieure. Par ailleurs, le mandat de Mme Lucille Delaney-Caron comme
membre de la commission expirait le 18 décembre dernier. Enfin, M.
Jean-Louis Roy et Me Michel Rivest, qui avaient été nommés
membres de la commission en juin 1980 pour une durée de trois ans, ont
démissionné à compter du 31 décembre 1980 et du 5
janvier 1981 respectivement. M. Roy, comme on le sait, a été
nommé directeur du Devoir et Me Rivest, juge au Tribunal de la
jeunesse.
La commission est donc composée présentement des personnes
suivantes: Mme Francine Fournier qui a été nommée membre
et vice-présidente en décembre 1978 et dont
le mandat a été fixé à cinq ans à
compter de la date de sa nomination. Je dois dire que, depuis quelque six mois
maintenant, Mme Fournier agit non seulement avec compétence, mais avec
un dévouement exemplaire, parce que le travail est harassant, comme
présidente par intérim. Les autres membres survivants, si on
veut, de la commission sont les suivants: Me Michael Cain, dont le mandat court
jusqu'en juin 1982; M. Michael Yarosky, jusqu'en 1983; M. Luc André,
jusqu'en juin 1983; M. Vauqhan Dowie, jusqu'en 1982; Me Margaret
Cuddihy-Martin, jusqu'en juin 1982 et Mme Armande Saint-Jean, également
jusqu'en juin 1982.
Partant de cette situation, je fais donc la motion suivante:
Que l'Assemblée nationale nomme, comme présidente de la
Commission des droits de la personne, Mme Francine Fournier, jusqu'à la
fin du mandat préalablement fixé à son endroit comme
vice-présidente. Que l'Assemblée nationale nomme, comme membre et
vice-présidente de la Commission des droits de la personne, pour une
durée de trois ans, Me Nicole Trudeau-Bérard, actuellement
secrétaire adjointe de l'Université de Montréal, et que
l'Assemblée nationale nomme, comme membres de la Commission des droits
de la personne, pour une durée de trois ans aussi, les personnes
suivantes: Me Gisèle Côté-Harper, professeur
agrégé de la faculté de droit de l'Université
Laval, Me André Morel, professeur titulaire à la faculté
de droit de l'Université de Montréal, et M. Raymond Sliger,
coordonnateur régional du Syndicat des métallos.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: Comme c'est la coutume, il y a eu effectivement des
consultations entre le bureau du premier ministre et le bureau du chef de
l'Opposition, et nous sommes d'accord, de notre côté, pour voter
pour la nomination de ces personnes. J'aimerais seulement faire quelques
remarques. Je connais bien Mme Fournier, étant donné que j'ai
été moi-même commissaire à la Commission des droits
de la personne pendant quatre ans. Il s'agit d'une promotion interne à
la commission parce que Mme Fournier était déjà directrice
du service de recherche à la commission et, comme le premier ministre
l'a souligné, elle est actuellement vice-présidente. Je suis
sûr que, par sa formation, par son expérience et par sa
compétence, Mme Fournier sera une excellente présidente, et nous
sommes tout à fait d'accord qu'elle soit nommée présidente
de la commission.
En ce qui concerne les autres nominations, le professeur Morel est
présentement professeur des libertés publiques à
l'Université de Montréal. Il est expert dans ce domaine, un
expert bien connu au Québec et au Canada à cause de son
enseignement à l'Université de Montréal et aussi à
cause de ses ouvrages dans le domaine du droit. Je suis sûr qu'il
fournira un apport précieux à cette commission.
J'aimerais souligner aussi la nomination, comme vice-présidente,
de Me Trudeau-Bérard qui est actuellement secrétaire
générale adjointe à l'Université de Montréal
et qui est aussi avocate. Par son expérience en administration et par
ses connaissances en droit, je suis convaincu qu'elle remplira très bien
la fonction de vice-présidente. (15 h 30)
Finalement, il faut mentionner la nomination de M. Sliger qui est
syndicaliste. La Commission des droits de la personne fait face à
beaucoup de problèmes qui impliquent des syndicalistes et des syndicats
et je pense que cela sera vraiment essentiel d'avoir quelqu'un qui a une bonne
connaissance dans ce domaine.
En terminant, M. le Président, ce sont des nominations de
très haute qualité. Il va sans dire que ces personnes vont bien
défendre les droits et libertés de tous les
Québécois. Merci.
Le Président: Est-ce que la motion de M. le premier
ministre sera adoptée?
M. Charron: M. le Président, je propose qu'on ait le
même vote enregistré que tout à l'heure.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à ce
que le même vote soit enregistré?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement, M. le
Président.
Le Président: Consentement au même vote.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le Président. Un
vote enregistré, M. le Président. Pour être
sûrs...
Le Président: Qu'on appelle les députés.
Est-ce que vous avez la motion, s'il vous plaît?
Est-ce que la motion de M. le premier ministre sera adoptée pour
que l'Assemblée nationale nomme comme présidente de la Commission
des droits de la personne Mme Francine Fournier, jusqu'à la fin du
mandat préalablement fixé à titre de
vice-présidente, que l'Assemblée nationale nomme comme membre et
vice-présidente de la Commission des droits de la personne, pour une
durée de trois ans, Me Nicole Trudeau-Bérard,
secrétaire adjointe de l'Université de Montréal,
que l'Assemblée nationale nomme comme membres de la Commission des
droits de la personne, pour une durée de trois ans, les personnes
suivantes: Me Gisèle Côté-Harper, professeur
agrégé de la faculté de droit de l'Université
Laval; Me André Morel, professeur titulaire à la faculté
de droit de l'Université de Montréal et, enfin, M. Raymond
Sliger, coordonnateur régional du Syndicat des métallos.
Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque
(Taillon)...
M. Marx: M. le Président, juste un mot, j'ai oublié
de mentionner le nom de Me Côté-Harper, qui est professeur
à l'Université Laval; je connais bien Me
Côté-Harper, qui a fait du travail très intéressant
en milieu défavorisé et ce sera un apport très sûr
pour la commission.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Jolivet, Mme Marois, MM. Bédard, Morin (Sauvé), Morin
(Louis-Hébert), Laurin, Bérubé, Lazure, Gendron, Lessard,
Marcoux, Léger, Clair, Johnson (Anjou), Chevrette, Marois, Garon,
Tardif, Léonard, Fréchette, Martel, Dussault, Gagnon, Mmes Harel,
Lachapelle, MM. Vaugeois, Paquette, Proulx, Guay, Baril (Arthabaska), Dean,
Fallu, Grégoire, Bisaillon, Mme Juneau, MM. Leduc, Marquis, Boucher,
Lavigne, Beauséjour, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Gauthier, Blais, Le May, Desbiens, Perron, Bordeleau, Gravel, Brassard,
Laplante, Charbonneau, Blouin, Rochefort, Brouillet, Champagne, Rodrigue,
Payne, Tremblay, Beaumier, LeBlanc, Lafrenière, Lachance, Paré,
Ryan, Levesque (Bonaventure), Ciaccia, Mme Lavoie-Roux, MM. Lalonde, Mailloux,
Mme Bacon, MM. Marx, Bélanger, Bourbeau, Blank, Mathieu,
Vallières, Dubois, Picotte, Pagé, Gratton, Rivest, Fortier,
Rocheleau, Polak, Maciocia, Dauphin, Cusano, Hains, Sirros, Saintonge, Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), Mme Dougherty, MM. Kehoe, Houde, Middlemiss.
Le Président: Que celles et ceux qui sont contre veuillent
bien se lever? Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 97
Contre: 0
Abstentions: 0
Le Président: La motion est adoptée. M. le premier
ministre.
M. Gaston Lefebvre, membre de la Commission de la
fonction publique
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, la
troisième et dernière motion que je voudrais proposer à
l'Assemblée nationale, c'est en vue du remplacement de M. Raymond
Gérin, un vieux serviteur remarquable de l'État qui a dû
prendre sa retraite comme membre de la Commission de la fonction publique il y
a quelque temps, à la place de qui je vais proposer la nomination de M.
Gaston Lefebvre qui est actuellement sous-ministre de la Fonction publique.
Nous croyons qu'après plusieurs années passées soit dans
le travail du personnel ou dans la fonction publique elle-même,
sous-ministre en titre depuis trois ans environ, cette nomination serait dans
la ligne de développement la plus naturelle de la carrière de M.
Lefebvre qui, ai-je besoin de l'ajouter, est d'accord et qu'elle
répondrait bien aussi au besoin de la commission, étant
donné qu'il s'agit de remplacer un homme, M. Gérin, qui lui aussi
avait l'expérience concrète de la gestion du personnel.
M. Lefebvre, qui est diplômé en relations industrielles et
en administration publique, a travaillé dans le domaine de la gestion du
personnel autant dans l'entreprise privée d'ailleurs, au début,
que dans le secteur public. Il a participé activement à
l'élaboration - cela n'a pas été facile - de la loi no 50
et aussi à sa mise en oeuvre au ministère de la Fonction
publique. Il a rempli toutes ces tâches, y compris les plus exigeantes,
avec compétence et je crois qu'on peut dire que c'est un homme qui s'est
dévoué corps et âme. C'est pourquoi, au nom de
l'administration publique, je profite de l'occasion pour le remercier de
façon toute spéciale.
Donc, je propose, M. le Président, que M. Gaston Lefebvre,
actuellement sous-ministre de la Fonction publique, soit nommé membre de
la Commission de la fonction publique en vertu de la Loi sur la fonction
publique, à compter du 1er juillet 1981.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lévesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gérard D. Lévesque
M. Lévesque (Bonaventure): Qu'il me soit permis de donner,
au nom de notre formation politique, notre appui à cette motion du
premier ministre relativement à la nomination de M. Gaston Lefebvre
comme
membre de la Commission de la fonction publique. Cela me fait d'autant
plus plaisir que j'ai eu l'occasion de travailler avec M. Gaston Lefebvre,
particulièrement alors que j'étais titulaire du ministère
de l'Industrie et du Commerce et que M. Lefebvre en était le directeur
du personnel.
Je me joins au premier ministre pour remercier M. Lefebvre de ses
excellents services et nous lui formulons nos meilleurs voeux pour
l'avenir.
Le Président: Est-ce que le vote sera
enregistré?
Une voix: Non.
M. Levesque (Bonaventure): II le faut bien.
Une voix: Non, même vote.
M. Levesque (Bonaventure): On n'a pas le choix.
Le Président: J'appelle donc aux voix la motion...
M. Levesque (Bonaventure): À moins qu'on ne prenne le
premier vote. On est prêt à accorder...
Une voix: D'accord.
Une voix: Cela va.
M. Charron: On va prendre le premier vote.
Le Président: II y a consentement unanime, à savoir
que le premier vote qui a été enregistré cet
après-midi...
Une voix: Très bien.
Le Président: ...à savoir la nomination du nouveau
Vérificateur général, soit, à toutes fins que de
droit, reproduit en ce qui concerne la nomination de M. Lefebvre. Consentement?
Alors, le consentement est constaté et la motion est adoptée.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
Condoléances à la famille de M. Glendon
Brown
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Puis-je, dans le contexte des motions
non annoncées, faire motion pour que cette Assemblée offre ses
plus vives condoléances à la famille de M. Glendon Brown qui est
décédé il y a deux jours et qui a été
inhumé cet après-midi? Quelques-uns de nos collègues ont
assisté aux funérailles et ont eu l'occasion de communiquer les
condoléances de notre formation politique à la famille.
Je pense bien que tout le monde a apprécié les
qualités de coeur et d'esprit de Glen Brown. C'est un homme qui a
siégé en cette Assemblée pendant 20 ans, de 1956 à
1976. Il a représenté le comté de Brome et, ensuite, le
comté qui est devenu celui de Brome-Missisquoi. Il a été
un homme qui a consacré les meilleures années de sa vie à
la politique du Québec et il s'est également illustré dans
le domaine du sport et dans le domaine de l'éducation.
C'est avec émotion que je me remémore son souvenir et
j'espère que cette motion nous rappellera les années que Glen a
passées avec nous. (15 h 40)
Encore une fois, nous voulons souligner que Glen était un grand
Québécois, un anglophone mais qui avait ses racines
profondément ancrées dans le sol du Québec. À sa
famille, encore une fois, nos plus vives condoléances.
Le Président: Merci.
M. le leader du gouvernement.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, au nom de la majorité
ministérielle, je veux me joindre à cette motion du leader de
l'Opposition. J'ai connu M. Brown quand je suis arrivé ici, avec
d'autres de mes collègues; il était certainement un des
personnages les plus sympathiques à l'époque, avec lequel il
était très agréable d'avoir les relations que ce Parlement
nous donne l'occasion d'avoir. Je veux aussi offrir nos condoléances
à sa famille.
Le Président: Motion du leader. M. le député
de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: Je veux juste ajouter quelques mots.
I would like to add just one item to the memory of Glen Brown. What the
Leader of the House, perhaps, forgot is that Glen, sitting here as a Member,
contributed to the democracy of this province in the sense that it took him in
order that the protected counties be eliminated from the map of Québec.
Glen Brown, although perhaps under the pressure of his voters, understood the
reality of Québec and gave his consent in those years so that we may
have a democratic electoral map of this province
and that, perhaps, is one of his greatest contributions to the history
of this province.
Le Président: Merci. Est-ce que cette motion du leader de
l'Opposition sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Adopté. Enregistrement des noms sur
les votes en suspens.
Avis à la Chambre.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je voudrais donner un
aperçu...
Le Président: Excusez-moi, en vertu de l'article 34, M. le
député de Mont-Royal.
Avis à la Chambre
M. Charron: Me permettriez-vous, si je peux le demender au
député, de donner les avis, ils sont un peu compliqués.
Vous me soumettrez votre question tout de suite après. Pendant que les
députés sont attentifs, nous sommes dans la dernière
semaine et ceux qui connaissent ces fins de session savent qu'il faut, à
certaines occasions, modifier un peu nos habitudes de travail; c'est pour cela
que je solliciterais une attention particulière pour le programme que
j'ai à indiguer.
D'abord, il nous reste à peu près 6 h 30 de débats
à tenir ensemble sur le discours sur le budget, c'est-à-dire 6
heures ouvertes à tous les députés, la dernière
demi-heure devrait être normalement réservée, comme le
règlement l'indigue, à la répligue du ministre des
Finances. Ces 6 h 30 seront partagées de la façon suivante: Nous
en ferons 3 h 30 ce soir, entre 20 heures et 23 h 30, et les 3 h 30 qui
restent, donc la fin du débat sur le discours sur le budget et le vote,
sur le budget devront intervenir demain après-midi entre 15 heures et 18
heures. Il faudrait que les députés s'attendent à
être convoqués à un vote vers 18 heures demain sur la
politique budgétaire du gouvernement.
Il reste peu de projets de loi, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut
pas y consacrer l'attention qu'ils méritent. Cet après-midi, dans
l'ordre, les projets de loi nos 4 et 5 au nom du ministre des Finances et le
projet de loi no 6, qui est à mon nom, seront appelés en
deuxième lecture avant d'être déférés en
commission parlementaire.
La commission des transports, qui recevra, par suite d'un vote de la
Chambre, les projets de loi nos 4 et 5, se réunira dès ce soir,
mais à 21 heures seulement. De 21 heures à 24 heures, à la
salle 81, il y aura réunion de la commission des transports.
Demain matin - j'ai déjà indiqué le menu de demain
après-midi, fin du débat sur le discours sur le budget - il y
aura la prise en considération des projets de loi nos 1 et 7 dont le
rapport nous a été soumis, la troisième lecture des
projets de loi nos 2, sur le Palais des congrès, et 8, sur la
gualité de l'environnement, de même que la deuxième lecture
du projet de loi abolissant la discrimination dans l'âge de la retraite.
Je rappelle qu'il n'est pas question de faire l'étude article par
article de ce projet de loi mais bien, au cours de cette session, que la
deuxième lecture, demain matin, entre 11 h 30 et 13 heures.
Le reste du programme: II s'agit d'accueillir les rapports des
commissions, les troisièmes lectures telles qu'elles viendront avant la
fin de la semaine.
Je voudrais faire motion, M. le Président, pour que cet
après-midi, pendant que la Chambre s'adonnera au menu que je viens
d'indiquer, à la salle 81-A se réunisse la commission des
finances et des comptes publics pour poursuivre et finir, si possible,
l'étude article par article du projet de loi no 11. Si jamais, à
18 heures, cette commission n'avait pas fini l'étude article par article
du projet de loi no 11, elle disposera de 20 heures à 21 heures pour le
faire. Et si jamais, à 21 heures, ce n'est pas fait, comme elle doit
céder sa place à la commission des transports, elle s'ajournera
sine die et nous aviserons en conséquence. À mon avis, cela est
suffisamment avancé pour que cela soit fini au plus tard à 21
heures, ce soir.
Je fais motion aussi dans ma motion pour que la commission de la
présidence du conseil et de la constitution se réunisse tout de
suite jusqu'à 18 heures et ce soir de 20 heures à 24 heures pour
étudier les crédits non seulement du premier ministre, mais de
tous les ministres d'État qui sont rattachés au Conseil
exécutif et qui, selon un ordre qui a été indiqué
à l'Opposition pour l'organisation des travaux, que je n'ai pas besoin
de donner ici, se succéderont à tour de rôle pour
répondre aux questions des députés de l'Opposition en vue
de l'adoption. Au salon rouge, oui.
J'ose l'indiquer et le souhaiter vivement, il s'agit de la fin de
l'étude des crédits à 24 heures, ce soir. Demain, une
commission sera réservée aux bills privés; les citoyens et
citoyennes intéressés ont déjà été
convoqués. Une autre sera réservée aux engagements
financiers, ce qui devrait nous permettre, demain soir, d'avoir le débat
final prévu de cinq heures - mais qui ne doit pas obligatoirement durer
cing heures - sur l'ensemble des rapports des commissions qui ont
été mandatées pour étudier les crédits.
Là, j'avance un peu trop dans le menu de demain et je me contente de
soumettre cette motion pour aujourd'hui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
du leader parlementaire est adoptée?
Des voix: Adopté.
Recours à l'article 34
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Adopté. En vertu de 34...
M. Ciaccia: M. le Président, M. le leader, le ministre
délégué à l'Habitation et à la Protection du
consommateur s'est engagé, jeudi dernier...
M. Charron: M. le Président, je n'entends pas la question
qu'est en train de poser le député. Ce n'est pas du tout de sa
faute. C'est de la faute de ceux qui quittent l'Assemblée.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Si ceux qui doivent se
rendre en commission parlementaire le font, qu'ils le fassent avec le plus de
silence possible pour permettre justement la question en vertu de l'article
34.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Le ministre
délégué à l'Habitation et à la Protection du
consommateur s'est engagé, jeudi dernier, en commission parlementaire,
à fournir les documents suivants: le document donnant les détails
et les coûts des travaux supplémentaires; le nom des personnes qui
ont reçu les 22 000 $ de salaire versés dans le dossier de la
Grande Passe, la lettre demandant l'abandon des poursuites dans le dossier
Montmagny, la facturation de Luc Cyr pour l'usage de son avion, la demande
d'enquête que le ministre délégué à
l'Habitation a fait parvenir au ministre de la Justice - il avait
accepté en principe cet aspect, sujet à certaines
vérifications. L'analyse du conflit d'intérêts dans le
dossier Montmagny et finalement, les huit études demandées par le
ministre, regroupées en cinq volumes et concernant les
réclamations et l'administration de la SHQ.
Est-ce que le leader du gouvernement peut nous dire quand ces documents
seront mis à notre disposition?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader.
M. Charron: M. le Président, la question du
député nous permettra, sans aucun doute, d'avoir une liste
complète de ce qui a été demandé et promis. Ce que
je peux m'engager à faire, c'est de vérifier avec le ministre et
son équipe pour que les documents qui sont disponibles dans les plus
brefs délais, c'est-à-dire demain, soient déposés
et que ceux qui viendront en cours de route le soient aussi. Je me fie aux
propos du député, s'ils ont été promis, la
marchandise sera livrée.
M. Ciaccia: Je voudrais seulement demander au leader s'il serait
possible, vu la prorogation possible de la Chambre, jeudi ou vendredi, d'avoir
ces documents avant pour les examiner et si nécessaire poser certaines
questions au ministre.
M. Charron: Aussitôt que possible, M. le Président,
dans la journée d'aujourd'hui, on colligera les documents disponibles.
Demain, seront déposés ceux que nous aurons, sinon, ce sera un
petit peu plus tard. M. le Président, je vous prierais d'appeler
l'article 5 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi no 4 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Article 5, deuxième lecture du projet de loi no 4, Code de la
sécurité routière. M. le ministre.
M. Michel Clair
M. Clair: M. le Président, c'est avec plaisir que je
propose pour la dernière fois, je l'espère, au nom de
l'Assemblée, l'adoption en deuxième lecture du projet de loi no 4
intitulé le Code de la sécurité routière. (15 h
50)
Je m'en voudrais de commencer mes propos sans souligner les efforts de
tous ceux qui, depuis quelques années, m'ont
précédé et qui sont intervenus dans le processus
d'élaboration et d'adoption de cette législation
considérable. Il s'agit, tout d'abord, du député de
Charlevoix, M. Raymond Mailloux, sous la direction duquel les travaux de
réforme du Code de la route ont été entrepris. J'aimerais
également souligner la participation active du député de
Saguenay, M. Lucien Lessard, ancien ministre des Transports qui a
présidé à l'élaboration de l'avant-projet de loi du
Code de la route, avant-projet de loi qui a fait l'objet, d'ailleurs, sous sa
direction d'une commission parlementaire. Je ne veux pas passer sous silence,
non plus, la grande contribution apportée par mon
prédécesseur immédiat, M. Denis de Belleval,
député de Charlesbourg, qui a présidé à
l'élaboration finale du projet de loi.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de reprendre en
détail tous les éléments de la philosophie qui est
à la base des dispositions que l'on retrouve dans le projet de loi no 4.
Ces éléments ont été abondamment
énoncés et discutés en cette Chambre depuis le
début du processus
d'adoption de ce projet, il y a déjà plusieurs
années. Qu'il me suffise de rappeler que l'objectif principal du
gouvernement est l'amélioration de la performance du Québec en
matière de sécurité routière. Bien sûr, cette
amélioration ne passe pas uniquement par l'adoption d'un projet ou d'un
Code de la sécurité routière, car il ne faut pas seulement
améliorer le comportement des conducteurs, mais aussi la
sécurité des véhicules et aussi agir sur d'autres
facteurs. Ainsi, beaucoup d'efforts ont été consacrés dans
le passé à l'amélioration de notre réseau routier
principal qui a déjà atteint un niveau de fort bonne
qualité. Cependant, comme je l'ai déjà souligné
lors de mon entrée en fonction comme ministre des Transports, il faut
poursuivre et accentuer en particulier le réaménagement de notre
réseau routier secondaire pour des fins de sécurité. C'est
à cette tâche que j'ai déjà commencé à
m'attaquer, M. le Président.
Le projet de loi no 4, quant à lui, contient certaines mesures
qui ont trait au comportement des conducteurs et d'autres qui concernent le
degré de sécurité des véhicules automobiles. Le
projet de loi no 4 constitue donc un rajeunissement, si je puis dire, des
règles qui régissent le comportement des conducteurs. Ce
rajeunissement était vivement souhaité étant donné
que le Code de la route n'avait pas fait l'objet d'une refonte globale depuis
son adoption en 1924. Le projet de loi constitue donc, sous ce rapport, une
adaptation des règles à l'évolution qui s'est produite
dans le comportement des conducteurs. Certaines règles
légaliseront donc des pratiques qui ne sont ni dangereuses, ni
répréhensibles, mais qui sont à l'heure actuelle
interdites. Je pense, par exemple, au dépassement à droite en
milieu urbain. D'autres comportements, par contre, n'étaient pas
strictement régis par l'ancien code ou, en tout cas, n'étaient
pas couverts de façon adéquate. Par exemple, le louvoiement sera
maintenant nommément interdit par le Code de la sécurité
routière. On tâchera aussi de réprimer de façon plus
sévère certaines pratiques répréhensibles
régies dans l'ancien code par des dispositions qui n'étaient pas
suffisamment observées, notamment en matière d'excès de
vitesse. Enfin, de nouvelles règles de comportement ont
été introduites dans le but d'inculquer aux conducteurs certaines
attitudes nouvelles. La priorité donnée aux piétons en est
un exemple.
Parmi les principales innovations proposées par le Code de la
sécurité routière dans le but d'influencer de façon
positive le comportement des conducteurs, il y a tout d'abord
l'institutionnalisation du cours de conduite qui devient ainsi un
prérequis à l'obtention d'un nouveau permis de conduire. En
deuxième lieu, le projet de loi prévoit le remplacement de
l'ancien régime de suspension des permis de conduire par celui de leur
révocation. Les deux principaux motifs de révocation des permis
de conduire sont, comme pour le cas d'une suspension à l'heure actuelle,
l'accumulation de points de démérite et la condamnation pour une
infraction relevant du Code criminel, comme la conduite dangereuse et la
conduite en état d'ébriété. Cette révocation
entraînera la nullité du permis de conduire, de sorte que la
personne qui en est l'objet devra obtenir un nouveau permis après
s'être conformée aux exigences prévues par le
règlement. Des cours de conduite préventive devraient notamment
être imposés aux conducteurs qui désirent un nouveau permis
après révocation.
Il est utile de noter que nous avons apporté, à
l'égard de la révocation dans l'actuel projet de loi, une
modification par rapport au texte de projet antérieurement
déposé. Alors que ce projet prévoyait qu'une
première révocation ne donnait lieu à aucun délai
fixe d'attente pour la réobtention d'un nouveau permis, nous avons
introduit un délai minimum de trois mois. D'ailleurs, aujourd'hui, les
permis sont suspendus pour une durée minimale de trois mois. Nous
voulions ainsi nous assurer que les individus touchés par une
révocation ne bénéficient pas d'un traitement
différent selon la région qu'ils habitent et les délais
administratifs qui pourraient varier d'une région à une autre
pour l'obtention d'un nouveau permis de conduire.
Cependant, le projet de loi no 4 remédie à ce qui pouvait
être considéré comme une injustice en étendant le
principe du permis restreint. En effet, d'après le code actuel, les gens
qui sont condamnés pour avoir conduit en état
d'ébriété peuvent bénéficier d'un permis
restreint pour fins de travail, alors que ceux dont le permis est suspendu
à la suite de l'accumulation de points de démérite se
voient refuser ce privilège. Le projet de loi a aplani ces
inéquités. Toutes les personnes qui verront leur permis
révoqué pourront dorénavant demander un permis restreint,
à la condition qu'elles aient besoin de conduire un véhicule dans
l'exécution de leur principal travail.
Une autre mesure nouvelle par rapport à l'ancien code est la
création d'une nouvelle catégorie de permis pour les jeunes qui
circulent au moyen d'un cyclomoteur, c'est-à-dire une mobylette ou un
vélosolex. Même si nous n'avons pas voulu leur imposer toutes les
formalités du processus d'obtention d'un permis de conduire
régulier, nous avons quand même voulu nous assurer qu'un minimum
de contrôle serait exercé à l'égard de la
capacité de conduire de tels véhicules à moteur. Ainsi, le
projet de loi prévoit la nécessité d'obtenir un certificat
de compétence qui sera délivré par des organismes
désignés par règlement du
gouvernement. Ces organismes seront, pour la plupart, des commissions
scolaires qui dispenseront l'enseignement des règles de circulation et
de conduite applicables à ces cyclomoteurs.
Le projet de loi prévoit également l'obligation du port du
casque protecteur pour les conducteurs de cyclomoteurs. En ce qui concerne la
ceinture de sécurité, le projet de loi prévoit
l'élargissement de l'obligation de la porter aux véhicules de
police, aux véhicules loués, de même qu'aux
véhicules taxis lorsqu'ils sont utilisés à des fins
personnelles. Le projet de loi étend l'application des règles
prévues dans le cas des véhicules affectés au transport
des écoliers. En effet, la définition de ces véhicules
comprendra dorénavant les véhicules affectés au transport
des enfants qui vont en garderie et les véhicules affectés au
transport des écoliers en dehors des activités scolaires
normales.
D'autre part, les règles nouvelles introduites dans le projet de
loi de même que les règles qui proviennent de l'ancien code ne
peuvent assurer à elles seules la réalisation des objectifs du
législateur. Il faut qu'elles trouvent leur corollaire dans des amendes
dosées de façon adéquate. Ainsi, toutes les amendes
reliées au non-respect des règles prévues au code ont
été haussées pour tenir compte de l'inflation et de la
gravité relative des infractions, elles n'avaient pas été
revues, dans bien des cas, depuis les années vingt.
De façon plus particulière, étant donné que
la vitesse excessive a toujours été considérée
comme une des causes les plus importantes d'accidents, les amendes
prévues par le projet de loi à cet égard ont
été graduées selon l'importance de l'excès de
vitesse. Ainsi, dans le cas d'une zone de 90 km/h, un conducteur roulant
à 105 km/h s'exposerait à une amende de 35 % tandis qu'un autre
conducteur qui roulerait, dans la même zone de 90 km/h, à 150 km/h
pourrait encourir une amende de 140 $. Je tiens aussi à souligner une
nouveauté par rapport au projet de loi adopté en deuxième
lecture il y a quelques mois, dans le domaine des amendes. Il s'agit de
l'amende pour le dépassement des autobus scolaires dont le minimum
passera de 100 $ à 200 $. (16 heures)
Comme je l'ai indigué plus haut, le bon état
mécanique des véhicules utilisés est un autre aspect de la
sécurité routière. À cet égard, le projet de
loi renferme des dispositions nouvelles. Il s'agit essentiellement de normes
touchant la vérification mécanigue des véhicules
automobiles. Ainsi, le gouvernement pourra, à l'égard des
véhicules de plus de cinq ans décréter par
règlement l'obligation d'être titulaire d'un certificat de
vérification mécanique, lors du renouvellement de
l'immatriculation. De plus, le ministre des Transports pourra ordonner la
vérification de tous les véhicules d'une même marque, d'une
même série ou d'une même année.
Enfin, tout agent de la paix pourra exiger la vérification
mécanique d'un véhicule qui lui paraît dangereux pour la
sécurité publique. Un tel véhicule ne pourra être
remis en circulation à moins que la preuve ne soit faite que les
réparations ont été apportées. Le gouvernement
pourra de plus décréter par règlement que certains
véhicules, par exemple les autobus scolaires, devront être munis
d'appareils ou d'équipements spéciaux afin de respecter le niveau
de sécurité qu'exigent de tels véhicules.
Le projet de loi no 4 constitue certainement un instrument essentiel en
matière de sécurité routière. Cependant, il ne peut
assurer a lui seul la pleine réalisation de l'objectif que doit se fixer
notre société, c'est-à-dire l'amélioration de la
situation au plan de la sécurité routière.
Comme je l'ai souligné plus haut, il y a l'amélioration de
notre réseau routier, mais il y a également tous les efforts
à consentir pour que ce code soit appliqué de façon
adéquate. En effet, tous les gens impliqués devront manifester de
façon soutenue une volonté ferme vis-à-vis du respect des
dispositions du code, qu'il s'aqisse des policiers de la Sûreté du
Québec, des surveillants routiers du ministère des Transports ou
des policiers municipaux. Déjà une volonté politigue en ce
sens a commencé à se manifester par la mise sur pied en 1979 du
Conseil interministériel de la sécurité routière.
Ce comité est formé de tous les ministères qui sont
impliqués dans les diverses facettes de la politique de
sécurité routière que le gouvernement veut mettre en
oeuvre. Il s'agit des ministres des Affaires municipales, des Affaires
sociales, de l'Éducation, de la Justice et évidemment des
Transports.
De nombreux efforts ont été entrepris, également,
pour rejoindre la population de tous les âges. Qu'il me suffise de
mentionner les programmes d'éducation routière dispensés
dans nos écoles, les programmes de publicité axés sur la
prévention routière qui s'adressent à toute la population,
etc.
Mais tous ces efforts déployés par l'appareil
gouvernemental, que ce soit au niveau législatif, au plan de
l'application de la loi ou de la mise en oeuvre des politiques de
sécurité, ne pourront jamais suffire par eux-mêmes à
atteindre complètement le but visé sur le plan de la
sécurité routière. L'appareil gouvernemental, le Parlement
peut faire adopter des lois et déployer toutes les énergies
voulues pour qu'elles soient appliquées. Il peut également tenter
par tous les moyens disponibles de sensibiliser ou d'éduquer la
population dans le sens de
l'amélioration de la sécurité routière. Mais
tous ces éléments de politique ne suffiront jamais à
assurer le niveau de sécurité souhaité si les individus
composant notre société ne font pas eux-mêmes leur part
dans ce sens, si les individus qui composent la société ne sont
pas conscients de ces problèmes.
Il faudrait que les gens comprennent mieux le fait que ces
problèmes comportent beaucoup plus que des dimensions strictement
individuelles. Que l'on pense aux drames familiaux que les accidents
entraînent et aux coûts sociaux très élevés
qui en résultent. Je ne peux me résigner à croire, M. le
Président, que des individus qui sont normalement assoiffés de
sécurité au plan économique, au plan social, au plan du
travail ou face à la criminalité ressentent si peu ce besoin de
sécurité lorsqu'ils conduisent un véhicule automobile.
Il y a malheureusement encore trop de gens qui pensent que les
tragédies routières n'arrivent qu'aux autres ou constituent une
possibilité trop lointaine pour qu'il vaille la peine de s'en
préoccuper activement.
Pour ma part, je souhaite que de façon incitative plutôt
que coercitive les mesures proposées par le projet de loi no 4, de
même que les mesures complémentaires qui s'y rattachent produisent
l'effet positif tant recherché au niveau du changement de cette
attitude.
En terminant, M. le Président, je tiens à assurer tous les
citoyens québécois que l'entrée en vigueur du nouveau Code
de la sécurité routière se fera de façon
progressive et sur une période de plusieurs mois. Afin de changer
véritablement nos habitudes de conduite, il est important que chacun des
nouveaux points inclus dans le projet de loi no 4 soit d'abord bien compris par
l'ensemble des conducteurs québécois. À cette fin, les
différents règlements du Code de la sécurité
routière seront peu à peu mis en vigueur et appuyés par
une campagne d'information et de publicité.
L'application de la loi comme telle sera introduite en même temps
que des efforts de conscientisation par le biais d'une coordination entre
l'entrée en vigueur de la loi et l'information relative aux
différentes dispositions.
Ainsi dosé, l'avènement du nouveau Code de la
sécurité routière ne devrait prendre personne dans une
trappe ou au dépourvu et chacun saura à quoi s'attendre à
mesure que les changements seront appliqués.
Ainsi, nous l'espérons, M. le Président, le nouveau Code
de la sécurité routière pourra mieux contribuer à
améliorer notre situation collective de conducteurs
québécois. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez de vous
corriger et de bien signifier à la population que je suis le
député de Laporte et non pas le député de
Laprairie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je m'excuse, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Je vous remercie, M. le Président.
Nous en sommes aujourd'hui au débat sur la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 4, intitulé Code de la
sécurité routière.
Je voudrais vous faire part d'un certain nombre de considérations
qui préoccupent au plus haut point non seulement les citoyens du
comté de Laporte, M. le Président, mais aussi ceux de l'ensemble
du Québec.
Ce projet de loi, qui ne diffère pas en substance de celui qui
fut présenté devant cette Assemblée à la fin de
l'année 1980, a pour but, bien sûr, de moderniser des dispositions
législatives qui correspondaient plus ou moins à la
réalité, mais il vise surtout à mettre un terme à
ce que le ministre des Transports d'alors avait qualifié de
fléau, c'est-à-dire le triste championnat du Québec quant
au nombre de victimes de la route au Canada.
M. le Président, selon moi, il ne s'agit pas seulement d'un
fléau, mais d'une tare qu'une société comme la nôtre
est indigne de porter et dont le Québec doit absolument se
débarrasser.
Il a été dit aussi à plusieurs reprises que ce
n'est pas tout d'adopter une nouvelle loi sur la sécurité
routière pour que notre bilan déplorable de victimes de la route
en soit réduit d'autant.
Tous reconnaissent que les voies de solution reposent en grande partie
sur l'attitude, le degré de responsabilité et, par voie de
conséquence, le degré de civisme de l'ensemble des automobilistes
du Québec. Il y en a trop parmi eux qui croient que les
règlements de la circulation sont faits pour d'autres. Une proportion
trop importante d'automobilistes ne se sentent pas concernés, même
lorsqu'ils écoutent la radio le lundi matin, en se rendant au travail,
alors qu'on y lit le bilan toujours trop lourd des tragédies
routières de la fin de semaine qui vient tout juste de se terminer.
En février dernier, mon collègue, le député
de Gatineau, avait, avec beaucoup d'à-propos, souligné le manque
de rigueur que l'on observe dans l'application du Code de la route au
Québec. D'ailleurs, pour mieux illustrer cette affirmation, n'a-t-on pas
vu récemment les agents de la Sûreté du Québec
utiliser des méthodes qui, c'est le moins qu'on puisse dire,
étaient loin d'aller
dans le sens de l'objectif que l'on cherche tous à atteindre. Si
les policiers peuvent eux-mêmes agir avec autant de laxisme à
l'égard de leurs responsabilités, comment ne pas
s'étonner, alors que les automobilistes québécois
paraissent plus ou moins réceptifs à ces efforts qui visent
à réduire le plus possible le nombre de morts sur nos routes?
M. le Président, l'Opposition souscrit, dans l'ensemble, au
projet de loi qui est devant nous, parce qu'il constitue un premier pas vers ce
changement de mentalité, vers cette prise de conscience collective des
automobilistes québécois, non seulement en vue d'agir avec plus
de prudence sur nos routes, mais surtout afin d'atteindre un degré
d'autodiscipline indispensable si nous devons réaliser un jour des
progrès substantiels.
Cependant, il nous faut, encore une fois, exprimer d'importantes
réserves à l'égard de l'article 523 de ce projet de loi
qui obligerait les médecins et optométristes du Québec
à dévoiler à la régie toute information dont ils
disposeraient sur l'incapacité d'un individu de conduire son
véhicule. J'aimerais, M. le Président, faire lecture d'une partie
de l'article 523 qui commence comme ceci: "Malgré l'article 9 de la
Charte des droits et libertés de la personne, un médecin doit
faire rapport, etc.", et, au deuxième paragraphe, "l'obligation
prévue au premier alinéa s'applique également à un
optométriste dans l'exercice de ses fonctions."
M. le Président, nous ne pouvons pas souscrire à pareille
disposition, parce qu'elle aurait pour effet d'institutionnaliser une forme de
délation inacceptable. L'Ordre des médecins et l'Ordre des
optométristes d'ailleurs, est-il nécessaire de le rappeler, ont
fait valoir que cet article 523 va à l'encontre d'un principe
universellement reconnu, soit celui de la confidentialité des rapports
entre ces professionnels de la santé et leurs patients.
Je crois que, pour peu que le gouvernement fasse preuve d'imagination et
de volonté politique, d'autres solutions plus honorables, devrait-on
dire, pourraient être trouvées dans le but de réduire les
accidents mortels sur nos routes et dont les causes principales sont bien la
vitesse et l'ivresse. L'ancien ministre des Transports, l'actuel
député de Charlevoix, l'ancien ministre des Transports, l'actuel
député de Charlesbourg, ainsi que l'actuel ministre des
Transports en conviennent et toutes les études sérieuses le
démontrent.
Avec l'article 523, nous sommes bien loin de ce que mes collègues
de Gatineau et de Charlevoix suggéraient en décembre dernier,
c'est-à-dire une véritable politique nationale de la
sécurité routière. D'ailleurs, à ce sujet, M.
Mailloux, qui fut déjà titulaire du ministère des
Transports, avait cité un passage du mémoire
présenté par la Régie de l'assurance automobile à
l'occasion de la commission parlementaire des transports sur la réforme
du Code de la route qui a eu lieu l'an dernier. On y lit que "L'insuccès
chronique du Québec en matière de prévention
routière ne s'explique pas autrement que par l'absence d'une politique
nationale."
Pourtant, au même moment, le gouvernement avait fait
connaître, par la voix de son ministre des Transports de l'époque,
quelques projets dont on n'a pas entendu parler depuis. À ce
moment-là, M. de Belleval avait déclaré: "Nous avons
d'ailleurs l'intention de réunir bientôt toutes les forces
policières, non seulement la Sûreté du Québec, mais
aussi les forces municipales qui ont un rôle extrêmement important
à jouer dans le domaine, d'autant plus que la grande majorité des
accidents surviennent en milieu urbain et non pas en milieu interurbain." Plus
loin, le ministre ajoutait: "Par conséquent, le rôle des
sûretés municipales est encore plus important que celui de la
Sûreté du Québec en cette matière."
M. le Président, nous croyons que ce serait peut-être
là une bonne façon de déclencher ce mécanisme de
prise de conscience dont nous parlons tous. Si les forces policières
doivent d'abord prendre conscience du rôle qu'elles ont à jouer en
matière de sécurité routière, rôle qui
dépasse de loin la simple dimension de coller des contraventions, le
gouvernement qui a multiplié les rencontres au sommet, ces
dernières années, devrait saisir l'occasion, le plus tôt
possible, pour donner suite à cette idée, de réunir toutes
les forces policières du Québec, de façon à
manifester une véritable volonté politique de redresser une
situation qu'on n'en finit plus de déplorer. Sans doute est-il trop tard
maintenant, mais une réunion semblable, à cette date-ci, aurait
certainement contribué à réduire de 10%, 15% et
peut-être même de 20% le nombre de victimes de la route que nous
connaîtrons cet été. Nous savons tous que le taux des
accidents mortels est toujours plus élevé en cette saison.
Ceci pour dire qu'en matière de sécurité
routière, chaque minute compte. On compare souvent le nombre des
victimes de la route à celui de la dernière grande guerre ou
encore au nombre de décès causés par les maladies
cardiaques. Encore une fois, ceci prouve qu'il faut agir le plus rapidement
possible auprès de l'ensemble de la population et ce, avec un maximum
d'énergie, pour créer un climat psychologique essentiel à
toute prise de conscience à l'égard de ce problème grave
au Québec.
Dans notre critique du projet de loi no 4, nous essayons de
démontrer que nous tenons réellement à nous doter du
meilleur Code de la sécurité routière possible. Nous
cherchons aussi à faire en sorte que le citoyen, conducteur ou
propriétaire d'un véhicule automobile, obtienne les meilleurs
services possible au meilleur coût possible, et surtout qu'il puisse
obtenir justice.
Aujourd'hui, le ministre nous propose d'abolir le Tribunal des
transports comme lieu d'appel des décisions de la Réqie de
l'assurance automobile et des décisions de la Commission des transports
du Québec pour le remplacer tout simplement par la technique d'appel
à la Cour provinciale. Nous ne comprenons pas cette position.
Jusqu'à maintenant, les appels de la décision de la Régie
de l'assurance automobile, c'est-à-dire des appels qui, à toutes
fins utiles, se limitent à des décisions de suspension de permis
de conduire, étaient entendus au Tribunal des transports.
Le ministre nous propose maintenant l'abolition de cet organisme. Sa
justification? Que la Cour suprême du Canada, dans le jugement Farrah de
1978, a jugé inconstitutionnel que le tribunal entende les appels des
décisions de la Commission des transports du Québec et que le
tribunal n'a donc juridiction que pour entendre les appels des décisions
touchant la suspension des permis de conduire.
Je me permettrai de toucher cet aspect de la constitutionnalité
du tribunal un peu plus tard. Pour les prochaines minutes, j'aimerais parler de
la justification de l'abolition du tribunal. Est-ce que l'abolition du Tribunal
des transports apportera plus de justice aux citoyens? Est-ce que l'abolition
du Tribunal des transports rendra plus efficace la procédure d'appel?
Les faits m'obligent à répondre non à ces deux questions.
Il y a, au minimum, 100 appels de suspension de permis par semaine, soit 5000
par année et ce, selon des statistiques datant déjà de
1977, ce qui n'a fait sans doute qu'augmenter depuis cette date.
Est-ce que la Cour provinciale pourrait, aussi efficacement, fournir les
services requis dans des délais raisonnables? Dans les faits, la Cour
provinciale est débordée, dans la plupart des régions.
Comme un appel ne suspend pas l'exécution de la décision qui fait
l'objet de l'appel et qu'une suspension normale est de trois mois, il faudra
que l'appel se fasse vite et qu'on procède rapidement. Or, la
procédure et le volume des causes inscrites à la Cour provinciale
font en sorte qu'il sera impossible d'entendre la cause à court terme.
En conséquence, le citoyen sera déjà lésé
dans la mesure où l'exercice de son droit d'appel aurait pu faire
renverser la décision de la régie. (16 h 20)
II serait aussi possible que la Cour provinciale soit tentée
d'invoquer l'article qui permet de suspendre l'exécution de la
décision jusqu'à ce que la cause soit entendue. Avec une telle
procédure, le système de points de démérite ne
vaudra plus rien. Ce qui est primordial, M. le Président, c'est que le
citoyen dont le permis de conduire est suspendu par la régie et qui
croit avoir des raisons suffisantes de faire appel de cette décision
puisse se faire entendre le plus rapidement et le plus facilement possible.
L'abolition du Tribunal des transports va à l'encontre de cette justice
et de cette efficacité nécessaires. Nous ne croyons pas qu'il
soit suffisant d'invoquer comme raison pour abolir le Tribunal des transports
que la Cour suprême ait jugé inconstitutionnels tous les appels
des décisions de la Commission des transports sauf ceux qui touchent la
suspension des permis de conduire. De toute manière, il y aurait moyen
pour le gouvernement de modifier la Loi sur les transports afin de permettre de
nouveau les appels au Tribunal des transports.
Le problème de la constitutionnalité du tribunal pourrait
être facilement réglé, nous sommes tous d'avis qu'un appel
est nécessaire. Nous de l'Opposition croyons que cet appel doit
être entendu dans les plus courts délais pour que justice soit
faite. La Cour provinciale est surchargée. Réglons donc le
problème de la constitutionnalité du tribunal. Ce problème
peut se régler assez facilement. Cela ne requiert qu'un peu de
coopération et de négociations avec le gouvernement
fédéral qui, lui, s'est déjà prononcé sur sa
volonté de négocier une solution à ce problème.
J'espère, M. le Président, que dans ce cas le gouvernement
prendra à coeur les intérêts de tous les
Québécois en leur permettant de recevoir la justice qui leur est
due dans les plus courts délais et ce, en négociant de bonne foi
avec le gouvernement fédéral des arrangements administratifs pour
modifier et non pas abolir le Tribunal des transports.
S'il avait été logique, le gouvernement aurait dû
choisir de tenter d'abolir le Tribunal des transports au moyen de la loi 5, loi
qui amende justement la Loi sur les transports, une loi qui sera adoptée
en même temps que le présent Code de la sécurité
routière et dont la deuxième lecture suivra celle-ci. Cela aurait
eu l'avantage de la cohérence puisque le Tribunal des transports a
été créé et existe justement en vertu de la Loi sur
les transports. Le gouvernement a plutôt préféré
abolir le Tribunal des transports dans la loi qui promulgue le Code de la
sécurité routière.
Si nous n'approuvons pas l'abolition du Tribunal des transports pour les
raisons que j'ai énoncées précédemment, nous
souscrivons par contre aux mesures qui visent à améliorer la
sécurité routière de sorte que le gouvernement nous place
dans une position difficile nous obligeant à collaborer bien
malgré nous à l'abolition du Tribunal des transports. Cette
technique qui consiste à
camoufler le venin dans le breuvage est répréhensible et
je laisse à la population le soin de l'apprécier et de porter les
jugements qui s'imposent.
En conclusion, M. le Président, et mise à part la guestion
de l'abolition du Tribunal des transports, nous sommes d'avis que c'est
seulement par le biais d'une véritable politigue d'ensemble, ce que l'on
a appelé une politique nationale de la sécurité
routière, que le gouvernement trouvera les moyens les plus efficaces
pour faire en sorte que l'on reste en vie sur les routes du Québec. Sans
vouloir revenir sur un passé récent, j'ajouterais que c'est
sûrement une des premières façons par lesquelles nous
pourrons rester forts au Québec et surtout vivants. M. le
Président, dans la mesure où le gouvernement manifestera une
volonté d'agir en ce sens, l'Opposition officielle appuiera cette
démarche. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, même si on n'a pas eu
trop de temps pour étudier toute la nouvelle législation qui nous
est présentée et le travail des commissions parlementaires, j'ose
tout de même faire guelgues remargues sur cette loi. La raison est que je
connais très bien la loi présente, le régime sous lequel
on vit actuellement, parce qu'ayant été pendant dix ans juge
municipal dans une banlieue de Montréal, j'ai appliqué le Code de
la route et j'ai vu devant moi les problèmes que cette loi a
soulevés. D'ailleurs, il faut que je dise tout de suite que je suis
totalement en faveur du principe du projet de loi. Toute une refonte de la loi,
comme le ministre l'a dit, cela a pris longtemps pour en arriver à ce
point, et je suis d'accord avec le principe y énoncé.
Tout de même, je suis très heureux de voir que le ministre
est ici. J'ai quelques remarques à faire sur quelques points en
particulier et j'espère qu'il en prendra note pour faire les corrections
nécessaires. On parle dans le projet de loi, à l'article 95, du
devoir du juge de révoquer le permis dans le cas de certaines offenses
commises contre le Code criminel. Sans aller trop dans les détails,
j'indique ici qu'il s'agit des offenses et des délits suivants: la
négligence criminelle dans la mise en service d'un véhicule
automobile, le délit de fuite, la conduite dangereuse, la conduite avec
facultés affaiblies et le défaut ou refus de fournir un
échantillon. Ce sont tout de même des délits assez graves,
prévus dans le Code criminel. On en parle maintenant à l'article
95 en disant que le juge doit révoquer le permis et, ensuite, en
ordonner la confiscation.
Plus loin, à l'article 104, on parle maintenant du permis
restreint. Le changement dans la loi, c'est qu'auparavant on avait la
suspension pure et simple du permis comme une pénalité et que
maintenant on donne le droit d'avoir un permis restreint. Je suis tout à
fait d'accord sur l'amélioration d'avoir un permis restreint. L'article
104 parle encore de cas, par exemple, où il y a une violation du Code
criminel. Le juge, donc, a d'abord révogué le permis et, ensuite,
l'article 104 dit que ce même juge peut, sur reguête du titulaire
du permis, ordonner à la régie de délivrer un permis
restreint si la personne démontre "qu'elle doit conduire un
véhicule routier dans l'exécution du principal travail dont elle
tire sa subsistance". Évidemment, l'idée derrière cela,
c'est que quelqu'un ne doit pas perdre la possibilité de gagner sa vie,
et je suis tout à fait en faveur de cela. J'indigue tout de suite que
guand on lit l'article 61 du projet de loi, qui donne la définition des
mots "permis restreint", on n'utilise pas les mêmes mots, l'article 61
parlant de l'exécution d'un travail. Donc, l'article 61 est beaucoup
plus large dans son texte que l'article 104. Je suggère respectueusement
qu'il faudrait changer l'article 61 pour que le texte soit identigue à
celui de l'article 104, parce que, tout de même, dans l'article 104, on
parle du principal travail dont la personne tire sa subsistance. C'est une
exception qu'il faut accorder. Je suis bien d'accord avec cela, mais quand on
se réfère à l'article 61, quelqu'un pourrait dire: Moi,
j'ai besoin d'avoir une automobile et d'un permis restreint parce que c'est
pour l'exécution d'un travail. C'est très vague. C'est sans doute
une erreur de rédaction, mais je souligne qu'il faut changer l'article
61 pour en faire concorder le texte avec celui de l'article 104.
Il y a une autre chose à l'article 104. L'article dit que le juge
peut ordonner de délivrer un permis restreint, mais il n'y a aucune
obligation pour le juge de le faire. Qu'arrive-t-il si le juge
interprète durement les offenses? Le juge a parfaitement le droit de
dire: Moi, je n'accéderai pas à cette demande de donner un permis
restreint, parce qu'à l'article 104, le texte de loi dit "peut". "Le
juge peut". On ne dit pas: "Le juge doit". J'ai même pensé dire:
Peut-être que le juge doit, à moins de circonstances
exceptionnelles, parce qu'en laissant le texte tel quel, "le juge peut", il
peut arriver, si à un moment donné il y a une
interprétation assez stricte, que les juges en général
disent: Nous, on n'accordera pas cette demande. (16 h 30)
Si les juges interprètent l'article de telle manière,
l'objectif du permis restreint sera défait. On retombe exactement dans
la même situation où on était, c'est-à-dire que la
révocation devient simplement une
suspension. Je me pose sérieusement des questions, et je
suggère au ministre de regarder le texte de l'article 104 et, au lieu de
dire "peut", de dire "doit". Je comprends que, quand on dit "doit", il n'y a
pas d'exception. Alors, on pourrait peut-être dire "doit, à moins
de circonstances exceptionnelles", de sorte qu'on établisse clairement
le devoir du tribunal, et qu'on dise: Vous, M. le juge, vous êtes
obligé d'accéder à la demande de permis restreint si,
évidemment, la personne a besoin de son automobile "dans
l'exécution du principal travail dont elle tire sa subsistance."
D'ailleurs, le législateur semble avoir pensé dans cette
direction parce qu'à l'article 107 on lit: "Aucune ordonnance de
délivrer un permis restreint ne peut être rendue dans le cas
où quelqu'un a été condamné dans les deux ans qui
précèdent la demande." Je suis totalement d'accord avec cela.
Dans un tel cas, on ne peut pas avoir un permis restreint. En ayant une
exception à l'article 107, pourquoi ne dit-on pas, à l'article
104: Le juge doit, à moins de circonstances exceptionnelles? Je pense
que ce serait une amélioration pour forcer le tribunal à suivre
ce nouveau système pour les permis restreints parce que, autrement, il y
a une forte possibilité que la cour rende un jugement qui, à
toutes fins utiles, va annuler cette toute nouvelle idée d'un permis
restreint.
Comme le député de Laporte vient de le dire, M. le
Président, il y a un article assez important, l'article 184, qui stipule
qu'un appel ne suspend pas l'exécution de la décision.
Évidemment, connaissant les délais devant les tribunaux, il est
donc fort possible que quelqu'un aille en appel et qu'au moment où sa
cause sera entendue les trois mois soient déjà expirés et,
qu'à toutes fins utiles son appel soit futile. Il faut revoir cela et
prendre des mesures pour que l'appel soit entendu immédiatement,
peut-être par un juge spécialisé dans ces affaires ou
devant un juge en charge de la Cour provinciale pour que celui qui a
été trouvé coupable puisse aller en appel tout de suite
sans perdre de temps.
Il y a un autre point dans la loi que je veux souligner; c'est dans la
section qui traite des excès de vitesse, à l'article 373. J'ai
noté que l'article dit, au septième paragraphe: est
prohibée "une vitesse excédant 50 km/h dans les zones scolaires
lors de l'entrée ou de la sortie des élèves." Nous savons
tous qu'il y a actuellement beaucoup d'accidents subis par des écoliers,
partout, en ville, dans la campagne. Je trouve étonnant qu'on permette,
dans la loi, une vitesse de 50 km/h dans une zone scolaire lors de
l'entrée ou de la sortie des élèves. Ce sont les moments
les plus dangereux où les enfants sont sujets aux accidents. Vraiment,
50 km/h, c'est beaucoup trop. Je soumets respectueusement, M. le
Président, que le ministre devrait prendre en considération qu'il
doit être beaucoup plus dur dans cette section qui traite des zones
scolaires. J'en ai l'expérience, comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, pas seulement comme ancien juge municipal où j'avais devant moi
des cas d'accidents dus à un excès de vitesse dans les zones
scolaires, et une vitesse de 50 km/h est certainement trop. On n'a pas le
contrôle du véhicule si un enfant sort ou entre à
l'école. Il faut amender cet article substantiellement.
D'ailleurs, quand on voit la pénalité pour quelqu'un qui
roule à 50 km/h dans une zone scolaire, à l'article 473, il y a
une amende de 20 $. On paie 20 $ pour faire 50 km/h dans une zone scolaire. Je
crois qu'il s'agit d'une erreur, que la vie des enfants est trop chère
et qu'il faut, justement, ici, être beaucoup plus dur et ne pas accepter
une vitesse de 50 km/h. C'est vrai que le projet de loi prévoit la
possibilité pour des municipalités d'avoir leur propre
réglementation et, dans plusieurs municipalités,
évidemment, il y a une vitesse moindre que 50 kilomètres. Tout de
même, on se base souvent, dans les municipalités, sur la liqne de
conduite indiquée dans le code qui règle évidemment leur
existence au point de vue de la sécurité routière et,
quand on parle de 50 kilomètres, on donne une possibilité aux
municipalités d'aller beaucoup trop loin. Ce n'est pas une
manière, selon moi, d'éviter des accidents graves qui impliquent
des enfants.
La dernière remarque que je voudrais faire, c'est sur
l'application du système au point de vue de la procédure. Je
parle ici de l'article 480, parce que ce qu'on voit maintenant, c'est qu'on
commence à avoir de la justice par ordinateur. C'est bien beau d'avoir
des billets d'infraction, un avis; vous le recevez, vous le payez, vous ne
voyez jamais une cour, jamais un juqe et l'affaire est finie. Vous faites de la
vitesse dans une zone d'école, à 50 kilomètres ou un peu
plus, vous payez 20 $ ou 25 $ et l'histoire est finie. Je crois, tout de
même, et j'ai vécu cette expérience, que, très
souvent, c'est très important pour le contribuable de comparaître
devant un tribunal. Je crois qu'il faut laisser la latitude au tribunal de
dire, à un moment donné: Cet individu ne peut pas simplement
payer un billet de 25 $ ou 30 $, je veux que cette personne soit sommée
de venir devant moi et qu'elle explique comment cela s'est produit, cette
vitesse, cette contravention. Très souvent, je crois qu'en parlant
devant la cour, en expliquant la situation, le juge imposera une
pénalité et on aura beaucoup plus de résultats que d'aller
payer 20 $ ou 25 $ et c'est la fin de l'histoire.
Je ne vois rien, dans le texte du chapitre 9, au point de vue de la
procédure,
qui prévoit même cette méthode. Il faut laisser la
latitude à la cour de dire: J'exiqe que cette personne se
présente devant moi; après tout, les juges municipaux sont
là pour cela, ils siègent le soir et ils ont tout le temps de
s'en occuper. Que tous les contribuables qui doivent comparaître devant
lui à cause de la gravité de l'offense... Il ne faut pas
éviter ce système et remplacer par un système de justice
par ordinateur, il faut laisser de la latitude pour que la cour puisse dire: Je
veux que cette personne comparaisse devant moi pour que je juge comment le
délit est grave.
Ce sont les remarques que je voulais faire et je ne suis pas là
du tout pour critiquer, comme je vous l'ai dit. Je suis pour le principe de la
loi, je trouve que cela est bien fait, sauf pour les quelques remarques.
J'espère que le ministre sera positif et qu'il fera des changements aux
quelques arcticles dont j'ai discuté. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, comme cela fait
déjà au-delà de dix ans que je parle de
sécurité routière, mes propos seront brefs. Je pense qu'il
appartient à d'autres de prendre la relève dans un secteur
d'activité aussi important.
Je constate quand même qu'à la toute fin de la session, on
arrive devant cette Chambre avec un projet de loi dont l'importance est telle,
quand on en regarde les conséquences, que le gouvernement aurait
dû profiter de beaucoup plus de temps, profiter également de la
télévision, profiter de l'ensemble des médias
d'information pour faire en sorte qu'on fasse comprendre aux quelque 6 000 000
de Québécois quelles sont les conséquences de ce projet de
loi, qu'on leur dise que, si chacun des Québécois doit être
préoccupé par les conséquences de la conduite automobile,
alors qu'au-delà de 600 lits d'hôpitaux sont occupés
presque annuellement par les accidents routiers, alors que 55 000
blessés et 2000 de nos Québécois, et principalement les
plus jeunes, trouvent la mort sur les routes du Québec. Je pense qu'on
aurait dû profiter de tous ces moyens pour faire prendre une conscience
nationale comme en parlait d'ailleurs dans le temps de la Régie de
l'assurance automobile. (16 h 40)
M. le Président, je voudrais souhaiter les meilleurs
résultats possible aux conclusions des études qui se sont
poursuivies pendant des années sur l'ensemble de la problématique
de la conduite des véhicules automobiles et des conséquences que
cela entraîne.
Je veux souhaiter au ministre les meilleurs résultats possible.
Cependant, je voudrais lui faire une observation, au tout début de ces
quelques remarques. Quelles que soient les améliorations qui pourront
être apportées au Code de la sécurité
routière, tant et aussi longtemps qu'une volonté politique bien
clairement définie, bien articulée ne sera pas à
l'arrière du ministre des Transports, de la Régie de l'assurance
automobile du Québec et de tous les corps de police, tous les
intervenants dans le domaine de la conduite automobile, dans le domaine de la
sécurité routière, tant et aussi longtemps qu'on ne
retrouvera pas une volonté politique bien articulée, on aura les
résultats malheureux et désastreux qu'on connaît
maintenant.
Je n'en fais pas reproche au ministre actuel, mais il ressort que depuis
les six années que j'ai quitté ce ministère... J'avais
moi-même fait face au plus triste record, presque, qu'on pouvait afficher
dans le monde entier, le triste record que détenait le Québec
à ce moment. J'avais réussi à convaincre le milieu
politique des correctifs qu'il fallait apporter, quelles que soient les
conséquences que ça entraînerait sur un parti politique qui
imposerait des correctifs assez draconiens. Ce fut difficile dans le temps pour
celui qui vous parle, M. le Président, ça sera extrêmement
pénible pour celui qui est aujourd'hui titulaire de ce
ministère.
On a fait des campagnes de publicité dans le but de
réduire ce triste fléau, l'annihiler, en tout cas l'amenuiser,
des campagnes prônant des mesures correctives dans le domaine de la
sécurité, à la radio, à la
télévision, par des circulaires. Quel que soit l'argent qu'on ait
dépensé, il reste - et le ministre pourra me contredire
tantôt -que le triste record que j'affrontais en 1973-1974 et auquel j'ai
voulu apporter une certaine correction... Après l'adoption de la loi 13
à l'Assemblée, loi qui semblait assez impopulaire, on avait quand
même réduit de 11 000 le nombre de blessés dans le
Québec et, la première année, de 2000 on avait
réduit à un peu plus de 1600 le nombre des victimes.
La première année où le Parti
québécois a été au pouvoir, des résultats
semblables ont été obtenus. Le ministre pourra regarder les
statistiques du Bureau des véhicules automobiles, qui, dans le temps,
faisait la compilation de l'ensemble de ces statistiques, et il constatera les
gains qu'on avait faits, à ce moment, avec une volonté politique
bien arrêtée et avec l'appui de tous les corps de police qui
sentaient cette volonté, à tous les niveaux. Mais on constatera
que depuis un an ou deux, malgré que le nombre de véhicules
circulant sur les routes ait diminué de peut-être 10%, on est
revenu au même triste record qu'a toujours
affiché le Québec dans le monde entier.
M. le Président, devant de tels résultats - je ne
blâme personne là-dedans -devant d'aussi tristes résultats
qu'on continue à afficher et devant les restrictions économiques
qu'on connaît maintenant, alors qu'on coupe partout, je pense qu'il est
temps que le gouvernement prenne l'ensemble de sa responsabilité. Quel
que soit l'impact politique que ça pourra entraîner, qu'on fasse
entendre raison à tous ceux qui ne veulent pas prendre leurs
responsabilités dans le réseau routier du Québec, par des
moyens dont d'autres provinces et d'autres États se sont servis et qui
ont donné des résultats concrets.
On craint toujours, dans le Québec, de mécontenter des
gens. On a dans ce projet de loi - et j'en félicite le ministre - des
peines qui sont plus onéreuses pour le contrevenant; il y a
également quantité de correctifs qui sont apportés dans
tous les secteurs. J'appuierai forcément moi-même tout ce que
pourra faire le ministre dans le but de faire en sorte que ce record soit
réduit d'autant.
M. le Président, je voudrais faire quelques observations sur des
points dont un de mes prédécesseurs, le député de
Laporte je pense, a parlé tantôt. Je reste également
moi-même opposé à l'obligation qu'on fait aux
médecins et aux optométristes... On a enlevé la
pénalité advenant qu'ils ne fassent pas la délation
requise. Je reste opposé à ce qu'on oblige l'ensemble de la
profession médicale à rapporter la possibilité que telle
personne n'ait pas l'aptitude requise pour conduire un véhicule
automobile. Voici la raison pour laquelle je dis que cela ne devrait pas
exister dans la loi. On connaît assez profondément les causes des
accidents d'automobile dans tous les pays et, principalement, au Québec,
soit que 76% des accidents ont comme cause première l'état
d'ébriété. Il y a forcément des points noirs qui
amènent quelques autres problèmes; il y a, évidemment, les
intersections. Le ministre sait pertinemment que quant aux problèmes de
santé dont pourrait souffrir un conducteur, c'est moins de 1% de la
cause d'un accident. Une personne qui aurait fait un infarctus au volant, qui,
pour toutes sortes d'autres raisons, va faire une crise nerveuse de quelque
type que ce soit, c'est moins de 1% la raison même d'un accident. Dans le
projet de loi, il n'y a pas un homme public, un politicien qui obligerait tous
les tenanciers de tous les débits de boisson qui se conforment à
la loi... Est-ce qu'on obligerait ou est-ce qu'on penserait obliger un
tenancier d'un débit d'alcool, à minuit, à une heure ou
à deux heures du matin, d'arrêter un individu qui a pris deux
verres de trop, qui a pris deux ou trois bouteilles de trop, et dont le
comportement est à peu près synonyme de quelqu'un qui n'a pas sa
raison et à qui on donnerait une carabine chargée en l'envoyant
dans le public? C'est aussi bête que cela, M. le Président.
Personne n'est capable de déceler si une personne ne va pas prendre un
peu trop de boisson à une certaine heure de la nuit ou de la
soirée. Pourtant, on continue de l'envoyer partout sur le réseau
routier et on constate que 76% de tous les accidents ont comme cause
première la boisson. J'accepte que tout le monde puisse en prendre, mais
en prendre dans des conditions que certains, évidemment, ne respectent
pas.
M. le Président, on fait obligation aux médecins de
rapporter à la Régie de l'assurance automobile toute personne qui
souffre d'une maladie qui pourrait influencer son comportement au volant. Il va
falloir qu'à un moment donné les gouvernements, quels qu'ils
soient - je ne fais pas de politique à ce moment-ci - comprennent notre
responsabilité collective, qu'on la prenne comme il faut, et que la
personne qui abuse sans cesse du réseau routier dans un état
d'ébriété qui ne permet pas une conduite sérieuse
au volant, où il y a des dépassements inacceptables, des
excès de vitesse qui dépendent, pour la plupart des cas, d'une
ébriété déjà avancée, c'est là
qu'on rejoint presque l'ensemble des accidents, les causes des accidents.
M. le Président, les Québécois, quels qu'ils
soient, devront comprendre que ce n'est pas un droit exclusif qu'ils ont de
circuler sur l'ensemble du réseau routier; ce n'est pas un droit
exclusif parce que leur liberté est conditionnée par la
liberté des autres de circuler dans des conditions normales.
Tantôt, on disait qu'à chaque fin de semaine, on est rendu au
point où c'est un fait divers de retrouver 12, 15 ou 20 jeunes victimes
de 15, 16, 17, 18 ou 20 ans pour qui l'État, évidemment, a fourni
tous les degrés académiques requis pour qu'ils servent la
population. C'est devenu un fait divers. S'il en meurt six dans un incendie,
cela devient dramatique. S'il en meurt 20 sur une route du Québec, c'est
le lot qu'il faut payer pour conduire un véhicule automobile et se
servir du réseau routier.
Ce sont des anomalies, M. le Président, et il faudra que le
public, tantôt, fasse la différence entre les correctifs qu'il
faut apporter dans un domaine d'activité qui coûte cher à
notre jeunesse, qui coûte cher en soins de santé et en blessures
qui durent éternellement. (16 h 50)
Je voudrais également dire deux mots du transport scolaire. On a
parlé tantôt de certains articles concernant le transport
scolaire. J'ai été récemment estomaqué par l'aventu
d'une membre de ma famille qui a reçu une infraction avec perte de neuf
points. Ayant passé près d'un véhicule scolaire, on
l'accusait de n'avoir pas arrêté.
En deux mots, quand on regarde les articles qui couvrent le transport
scolaire, on constate que, si plusieurs véhicules scolaires sont
arrêtés, le dernier doit avoir les feux de signalisation requis.
Forcément, la personne dont je parle est passée parce que le
dernier n'avait aucun feu d'allumé.
Je pense que le ministre devrait faire en sorte que l'ensemble des
chauffeurs d'autobus scolaires soient davantage sensibilisés, d'abord,
à la responsabilité qu'ils ont de transporter des enfants qui ne
sont pas en mesure de se défendre eux-mêmes, ensuite aux
problèmes qui se posent alors que chaque conducteur peut les
dépasser si eux ne prennent pas toutes les précautions requises.
Je m'explique. Je vois parfois des accidents malheureux dans certains rangs ou
sur certaines routes secondaires du Québec où, pendant des
dizaines de minutes, on voit des transporteurs scolaires qui ne feraient pas le
premier geste pour éviter qu'à la suite d'un autobus il n'y ait
une accumulation constante de véhicules. Ils vont attendre parfois des
milles et des milles avant de libérer la circulation.
Quand on a un tel comportement comme conducteur, parce qu'on peut
arrêter tout le monde, à un moment donné, en allumant ses
feux, il peut y avoir une personne à l'arrière qui va s'irriter
d'être bloquée sur une trop longue distance. Il faudrait au moins
que les conducteurs scolaires prennent conscience également des
problèmes qu'ont les autres conducteurs qui les suivent et qu'ils
permettent des dépassements quand il y a des surlargeurs qui leur
permettent d'évacuer la route.
En faisant référence à cela, je voulais surtout
faire l'observation suivante. Je discutais récemment avec un conseiller
juridique du ministère d'une telle infraction et, j'ai été
surpris d'apprendre, comme ancien titulaire des Transports, que, si vous
dépassez un autobus scolaire arrêté, qui n'a aucun feu
allumé, vous êtes également passible de perdre neuf points
si la porte du véhicule est ouverte et qu'un enfant peut en descendre.
Alors qu'il n'y a aucun feu, si vous dépassez ce véhicule, vous
pouvez perdre neuf points. J'ai été estomaqué d'apprendre
que, pour un véhicule scolaire immobilisé, sans aucun feu, qui
était arrêté alors que personne n'en descendait, la
même pénalité pouvait s'appliquer si l'officier de
circulation veut aller carrément au fond de la loi.
Je ne voudrais pas aller plus loin dans l'étude de cette loi. Je
pense que certains amendements qu'apporte le ministre à la suite des
nombreuses études qui ont été complétées
depuis quelques années devraient, si le gouvernement en fait la
publicité requise, apporter certaines améliorations à la
conduite automobile au Québec.
Je profite de la circonstance qui m'est offerte pour dire à tous
mes concitoyens québécois qu'ayant été
moi-même responsable de cette activité pendant un certain temps je
me mets à la place du ministre des Transports actuel. Chaque fois qu'on
ouvre les journaux de fin de semaine et qu'on voit de si nombreuses
tragédies, on se sent une certaine responsabilité comme ministre
des Transports. Mais il n'appartient pas seulement au ministre des Transports,
il n'appartient pas seulement au gouvernement, il appartient aux 3 000 000 de
conducteurs qui sont sur le réseau routier d'apporter leur contribution
à cette loi, si bonne soit-elle. Tant et aussi longtemps que chacun ne
prendra pas ses responsabilités, comme on les a prises en Suède,
comme on les a prises en Norvège, comme on les a prises aux
États-Unis, en Ontario et partout ailleurs - c'est presque seulement au
Québec ou au Mexique où chacun est roi et maître d'un
réseau routier - on aura malheureusement les conséquences qu'on a
connues depuis les 20 dernières années tant et aussi longtemps
que chaque individu n'aura pas pris conscience de la gravité du geste
qu'il pose quand il viole les lois de la circulation et tous les
Québécois en feront les frais. Qu'on ne s'attende pas que
l'assurance automobile va diminuer si le comportement de chacun ne
s'améliore pas. Cela ira, monsieur, en augmentant
considérablement. M. le Président, je formule le voeu que le
projet de loi qui est présenté devant nous, en Chambre, le projet
de loi no 4, fasse comprendre aux Québécois que s'il y a des
correctifs d'apportés, c'est pour le mieux-être de chacun et pour
éviter qu'on assiste chaque semaine à de trop nombreuses
tragédies. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le droit de
réplique de M. le ministre.
M. Michel Clair (réplique)
M. Clair: M. le Président, je voudrais, dans un premier
temps, remercier mes trois collègues pour l'appui qu'ils ont
témoigné au projet de loi dans son ensemble. Je l'ai
moi-même dit dans mon allocution d'introduction au projet de loi no 4, en
deuxième lecture, il s'agit là d'une question, la
sécurité routière, qui concerne tous les
Québécois. Comme le disait le député de Charlevoix,
en terminant, il est certain que le ministre des Transports, la
Sûreté du Québec ou l'ensemble des députés de
l'Assemblée nationale ou qui que ce soit ne peut seul régler ce
problème de la sécurité routière au Québec.
Pourtant, M. le Président, il y a un paradoxe assez bizarre dans la
société québécoise. Alors que les
Québécois réclament tant de sécurité au
point de vue social, au point de vue de la sécurité au travail,
au point de vue de la sécurité dans
tous les sens, par rapport à la criminalité, les
Québécois, quand ils font face au dossier du conducteur
québécois, font preuve, à ce moment, d'une
témérité, voire d'une insouciance qui n'est
peut-être pas la plus dangereuse au monde, mais qui n'est certainement
pas reluisante pour l'ensemble des Québécois.
M. le Président, le député de Charlevoix disait
dans son allocution, au début, qu'il aurait souhaité que le
gouvernement prenne plus de temps pour étudier ce projet de loi à
cette étape-ci. Je lui répondrai que je pense qu'il ne faut pas
seulement parler d'un nouveau Code de la sécurité
routière, mais qu'il est devenu pressant, après trois, quatre,
cinq ans d'études, de révision de l'ancien Code de la route, de
le mettre en application dans les meilleurs délais, d'autant plus que
l'ensemble des députés y est favorable à quelques
exceptions près. Je pense qu'au contraire, il ne faut pas prendre plus
de temps pour adopter le projet de loi. Mais il est important que les
dispositions que le gouvernement aura à prendre quant aux
règlements, à l'information publique, soient mises en marche le
plus rapidement possible.
Dans ce sens, je pense que l'adoption même d'un nouveau Code de la
sécurité routière permettra à l'ensemble de la
collectivité québécoise, et c'est en particulier la
responsabilité qui incombe au ministre des Transports et à la
Régie de l'assurance automobile du Québec, d'essayer de franchir
un nouveau pas dans le domaine de la sécurité routière. Je
l'ai dit précédemment, je veux qu'on mette en parallèle
l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions du nouveau Code de la
route avec une campagne d'information publique et de publicité, afin
d'éviter de prendre dans un piège les conducteurs
québécois qui ignoreraient un trop grand nombre des nouvelles
dispositions, mais également dans le but de bien marquer le pas, de
faire en sorte que progressivement la population conductrice du Québec
en vienne à changer son comportement dans les meilleurs délais
possible. Combien de drames personnels, combien de drames familiaux on pourrait
éviter, M. le Président, si on améliorait un tant soit peu
notre dossier de conducteur!
Je ne veux pas faire de politique avec les statistiques en
matière de victimes d'accidents de la route, M. le Président,
mais je pense que tantôt le député de Charlevoix
exagérait un peu quand il disait que, depuis l'arrivée du Parti
québécois, la sécurité routière
s'était considérablement affaiblie au Québec. Mais, somme
toute, c'est peu important de savoir qu'il y a eu 2000, 1800, 1500 ou 1400
morts au Québec sur les routes, qu'il y a eu 51 000, 40 000 ou 62 000
blessés sur les routes. L'important, M. le Président, c'est que
ces chiffres sont astronomiques et peuvent être corrigés par un
changement de comportement. Même si on a fait des efforts sous tous les
gouvernements pour améliorer notre dossier de conducteur, ils n'ont pas
suffisamment portés fruit et il faut travailler encore à
l'amélioration de notre dossier sécurité routière
au Québec. (17 heures)
Quant aux statistiques, de façon plus précise, le
député de Charlevoix avait raison de dire qu'au cours des
années 1972-1973 le dossier québécois était
à son plus noir avec, en 1973, 2209 morts sur les routes au
Québec et avec un chiffre de blessés qui dépassait les 50
000. M. le Président, 2000 personnes tuées sur les routes en
1972, c'est l'équivalent de la population totale de combien de nos
villes, de nos villages ou de nos campagnes au Québec? 2000 morts par
année, c'est l'équivalent de mon village natal. 50 000
blessés par année sur les routes du Québec, c'est
l'équivalent de la population de villes comme Granby, Victoriaville,
même la vôtre, M. le Président, la ville de Sherbrooke, avec
des chiffres comme 60 000. Je pense qu'effectivement il faut faire des efforts
et le gouvernement actuel en a fait. Le privilège ou la vertu d'avoir
essayé de combattre les accidents routiers ne revient pas seulement
à nos prédécesseurs, puisque le gouvernement, en
créant le Comité interministériel de
sécurité routière, en faisant avancer l'adoption
jusqu'à l'étape où nous en sommes rendus d'un nouveau Code
de la sécurité routière, a lui-même manifesté
une préoccupation qui a, elle aussi, porté ses fruits.
Contrairement à ce que le député de Charlevoix
affirmait, l'année qu'on vient de passer, l'année 1980, n'est pas
l'année record au point de vue des morts sur les routes. L'année
record, c'est l'année 1973 avec 2209 morts sur les routes, alors
qu'après 1975 le chiffre a baissé pour atteindre 1589 en 1976 et
la meilleure des dix dernières années pour la
sécurité routière a été l'année 1980
avec 1481 décès dans 1292 accidents mortels, soit une diminution
de 17% par rapport à l'année précédente, où
il y en avait eu 1558 . Mais, encore une fois, ce sont là des
statistiques, M. le Président, qui demeurent encore trop
élevées au niveau de la sécurité
routière.
En ce qui concerne les autres points qui ont été
soulevés par le député de Charlevoix concernant une
volonté politique fermement arrêtée et clairement
articulée du ministre des Transports et du gouvernement du
Québec, je voudrais assurer mes collègues qu'effectivement
l'ensemble des décisions qui seront prises par le ministre des
Transports du Québec, que ce soit en matière de construction de
routes, que ce soit en matière de sévérité des
amendes, de demandes aux corps policiers de faire
respecter tel ou tel secteur du Code de la sécurité
routière, seront toujours guidées par une plus grande
sécurité routière au Québec. Je pense que le
gouvernement actuel a déjà fait montre d'une volonté qui
s'est traduite dans des chiffres un peu mieux que ce que le prétendait
le député de Charlevoix tantôt, mais qui, comme je le
disais également, demeurent encore nettement insatisfaisants.
En ce qui concerne les propos du député de Laporte, du
député de Charlevoix et du député de Sainte-Anne
concernant l'alcool au volant, je pense qu'ils ont également raison
là-dessus. C'est pour cette raison qu'on a modifié le
système de suspension des permis de conduire pour le remplacer
plutôt par la révocation des permis de conduire afin de forcer le
conducteur téméraire qui conduit en état
d'ébriété d'avoir à subir des conséquences
plus lourdes que celles qu'il avait à subir précédemment.
Là encore, je pense que ce sera une des principales réformes
qu'amènera le Code de la sécurité routière en
rendant plus sévères les dispositions concernant la conduite en
état d'ébriété.
Je voudrais parler sommairement maintenant d'un certain nombre de points
qui ont été soulevés par des collègues,
premièrement, en ce qui concerne l'article 523 du Code de la
sécurité routière qui impose au médecin qui
reçoit dans son cabinet une personne qu'il juge inapte à conduire
un véhicule automobile de faire rapport à la Régie de
l'assurance automobile du Québec. Là-dessus, je pense que mes
collègues font un peu de démagogie parce que, d'abord, il faut
bien voir de quoi il s'agit. Il s'agit de l'obligation du médecin qui
reçoit une personne dans son cabinet de faire rapport à la
régie du nom et de l'adresse de tout patient de 16 ans et plus qu'il
juge inapte sur le plan médical à conduire un véhicule
routier. Selon la prétention de nos amis d'en face, cette obligation est
contraire aux droits et libertés de la personne et ne devrait pas
être retenue dans le Code de la sécurité routière.
Je pense que si c'est important de sauver une vie - c'est l'approehe qu'on doit
avoir - en matière d'accidents d'automobile, il faut prendre les moyens
pour permettre de sauver cette vie.
Là où il y a exagération de la part des
députés de l'Opposition, c'est que, premièrement, le texte
qu'on retrouve dans le Code de la sécurité routière a
été adopté en 1972 par le gouvernement
précédent. Ce n'est donc pas une nouveauté qu'on
introduit, si ce n'est que de demander aux optométristes de faire de
même, de se soumettre à cette même disposition
légale. C'est un texte qui a été adopté en 1972.
À la demande de qui a-t-il été adopté? Il a
été adopté, selon mes informations, à la demande de
celui qui, aujourd'hui même, dans le journal, dénonce cet article,
à savoir le président du Collège des médecins, le
Dr Augustin Roy, à l'époque où il était
secrétaire général du Collège des médecins.
À l'époque, en 1972, le gouvernement a jugé bon de retenir
cette obligation à la suggestion même d'un organisme qui,
aujourd'hui, voudrait qu'on la retire. Il y a eu toutes sortes de pourparlers
en commission parlementaire et, finalement, afin d'être bien certain de
ne pas dépasser les intentions de cet auguste personnage, on a retenu
exactement le libellé qui avait été proposé en
1972.
Troisièmement, les deux textes de 1972 et de 1981, sauf pour les
mots de concordance, sont exactement les mêmes. Je pense qu'il ne faut
pas exagérer cette obligation des médecins puisqu'elle existe
déjà, par exemple, me dit-on, en matière de maladies
contagieuses. C'est au nom de la santé et de la sécurité
publique que de telles dispositions se retrouvent dans nos lois, et il ne faut
pas en exagérer l'introduction, si on veut, d'un médecin qui se
rend compte qu'une personne est inapte à conduire; c'est à lui de
porter le jugement. Je pense que ce n'est pas exagéré de demander
à un médecin, dans de telles circonstances, de rapporter le fait
à la Régie de l'assurance automobile du Québec pour les
seules fins de l'émission d'un permis de conduire. D'ailleurs, une des
preuves que c'est raisonnable, c'est que cela avait été
demandé à l'époque par ceux-là mêmes qui,
aujourd'hui, pour des raisons inconnues, voudraient qu'on ne retienne pas cet
article.
En ce qui concerne l'abolition du Tribunal des transports, j'accueille
avec plaisir la proposition de mon collègue, le député de
Laporte, d'essayer de renégocier avec le gouvernement
fédéral des arrangements administratifs qui permettraient de
maintenir le Tribunal des transports pour les fins des appels de la Commission
des transports du Québec. Je voudrais lui souligner que cet arrangement
administratif aurait comme inconvenance, si on veut, de nous obliger à
faire nommer par le gouvernement fédéral les juges qui
présideraient le Tribunal des transports dans ce cas. Ce sont des
arrangements qui pourraient toujours se négocier, mais je pense qu'il
n'était pas nécessaire d'aller dans cette direction puisque, de
toute façon, la Cour suprême ayant déjà
déclaré inconstitutionnel le Tribunal des transports du
Québec, il n'y avait guère plus de matière qui pouvait
aller valablement devant le Tribunal des transports.
Mais le député de Laporte soulève un autre
argument. Il dit: Oui, mais dans la situation où le conducteur
québécois qui avait accumulé douze points de
démérite désirait contester devant le Tribunal des
transports, il en sera privé, il devra dorénavant aller devant la
Cour provinciale.
C'est tout à fait exact, mais ce que le député de
Laporte oublie de mentionner, c'est que le Tribunal des transports
siégeait à Québec et à Montréal, alors que
la Cour provinciale du Québec est présente dans 39 ou 40
districts à travers le Québec. La procédure qui est
retenue pour aller en appel des décisions de la Régie de
l'assurance automobile du Québec en matière de points de
démérite est beaucoup plus simple et s'apparente beaucoup
à celle qui est prévue devant la Cour des petites
créances, ce qui permettra à tout conducteur
québécois qui désire en appeler d'une décision de
la Régie de l'assurance automobile de s'adresser rapidement par une
requête sommaire devant la Cour provinciale du Québec et dans le
district judiciaire le plus proche de son domicile et d'avoir une
décision rapide, une décision qui pourra être rendue
partout sur le territoire québécois. (17 h 10)
Je vois le député de Laporte qui fait signe que non. Je
suis tenté de lui dire, à ce point de vue, qu'il n'y a pas
seulement des conducteurs à Montréal et à Québec,
qu'il y en a en Gaspésie, en Abitibi, sur la Côte-Nord et qu'ils
sont mieux desservis au point de vue de la justice par la Cour provinciale que
par des tribunaux spécialisés qui ne siègent qu'à
Québec et à Montréal.
En ce qui concerne l'abolition du Tribunal des transports, la
volonté du gouvernement est fermement arrêtée sur ce point.
Je crois que les dispositions du Code de la sécurité
routière seront avantageuses pour l'ensemble des citoyens et ne
constitueront nullement, comme on a pu le laisser entendre, un
désavantage.
D'autre part, en ce qui concerne les déclarations du
député de Sainte-Anne relativement à la révocation
du permis de conduire, je voudrais lui dire qu'on aura l'occasion en commission
parlementaire d'examiner de façon plus adéquate la relation
à établir entre l'article 61 et l'article 104. Peut-être y
aurait-il lieu effectivement d'employer exactement les mêmes mots afin
d'éviter des recours juridiques pour tester ces articles.
Cependant, en ce qui concerne la révocation des permis de
conduire à l'article 104, je pense qu'il était sage que le
législateur propose un "peut" pour le tribunal qui entend une cause
où il peut effectivement ordonner la remise d'un permis restreint dont
le conducteur aurait besoin dans l'exécution de son travail. Je pense,
M. le Président, en toute déférence envers les tribunaux,
que les tribunaux, sont capables effectivement d'administrer un "peut". Il faut
qu'ils aient le pouvoir, la discrétion, selon l'importance du cas, et
non pas qu'on introduise une obligation pour le juge d'émettre un permis
restreint. Si on met dans la loi l'obligation d'émettre un permis
restreint, à ce moment, il pourrait très bien se produire que
quelqu'un ait commis un acte criminel aussi grave que la négligence
criminelle avec un véhicule automobile et que la jurisprudence se
développe dans le sens que le juqe soit dans l'obligation
d'émettre un permis restreint. Je pense qu'il était sage qu'on
laisse la discrétion au tribunal qui entend la cause ou qui a à
se prononcer sur la sentence.
En terminant, je voudrais indiquer - je vois que l'heure passe
rapidement et je pense qu'on avait convenu d'étudier le projet de loi no
5 en deuxième lecture avant la suspension à 6 heures - que
j'aurais eu plusieurs autres réponses aux questions ou aux
interrogations des collègues de l'Opposition, mais je pense que ce sont
les principales questions qui avaient été soulevées. Nous
aurons l'occasion en commission parlementaire éventuellement de fournir
d'autres renseignements si les députés de l'Opposition ou les
collègues ministériels en réclament.
Il me fait donc plaisir de proposer la deuxième lecture du projet
de loi no 4, Code de la sécurité routière.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
de deuxième lecture du projet de loi no 4, Code de la
sécurité routière, sera adoptée?
M. Picotte: Adopté, M. le Président.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission des transports
M. Charron: Je propose le renvoi de ce projet de loi à la
commission des transports.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté?
M. Picotte: Adopté.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler maintenant l'article 6 du
feuilleton.
Projet de loi no 5 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Rancourt): Deuxième lecture
du projet de loi no 5, Loi modifiant la Loi sur les transports et d'autres
dispositions législatives. M. le ministre.
M. Michel Clair
M. Clair: M. le Président, les modifications
proposées à la Loi sur les transports dans le projet de loi no 5
sont le résultat d'une démarche entreprise depuis quelques
années en vue de réformer le système de régulation
applicable dans le domaine des transports. Cette démarche a
commencé par la réalisation d'une étude confiée
à la firme CEGIR dont le rapport a d'ailleurs fait l'objet d'une
commission parlementaire en 1979. Après avoir analysé les
témoignages rendus par les divers intervenants au cours de cette
commission parlementaire, il est apparu urgent de donner suite à
certaines recommandations qui ont été formulées par la
firme CEGIR.
Une autre commission parlementaire, à l'été 1980,
sur le transport des matières en vrac a fait ressortir de façon
encore plus aiguë certains problèmes vécus par les
transporteurs d'à peu près tous les secteurs.
Cependant, la réforme en profondeur à réaliser, par
suite du rapport CEGIR, constitue un travail d'envergure qui doit
s'échelonner sur plusieurs années. Pour moi, le projet de loi no
5 s'inscrit donc comme une première étape dans la
réalisation de cet objectif. Il s'attaque aux problèmes les plus
urgents.
Le projet de loi que nous étudions aujourd'hui en deuxième
lecture fut mis de l'avant par mes prédécesseurs, le
député de Saguenay, M. Lucien Lessard, et le député
de Charlesbourg, M. de Belleval. En effet, nos efforts visant à assurer
la croissance de l'industrie du transport au Québec et la protection du
public nous a amenés à réfléchir sur les
différents problèmes d'application de la loi. Essentiellement,
ces problèmes se situent au niveau de l'élimination du transport
illégal, qui vient concurrencer de façon déloyale les
entreprises qui respectent nos lois et nos règlements et qui compromet
par le fait même non seulement leur proqrès, mais même
souvent leur existence.
La toile de fond du projet de loi modifiant la Loi sur les transports et
d'autres dispositions législatives, c'est donc la lutte au transport
illégal, mais c'est aussi l'assouplissement des règles du jeu
pour favoriser une efficacité et un dynamisme accrus des entreprises de
transport.
Je résumerais comme suit les principaux éléments de
la réforme proposée comme première étape. Tout
d'abord, en ce qui concerne l'assouplissement des règles, vous
constaterez, M. le Président, que le projet de loi dénote un
effort sérieux de déjudiciarisation quant à l'organisation
et au fonctionnement de la Commission des transports du Québec.
En effet, pour assurer une amélioration du déroulement des
causes, le projet de loi prévoit qu'un membre seul de la commission peut
siéger en audience publique et qu'un commissaire-enquêteur peut
recueillir des témoignages qui font partie de la preuve de la même
manière que s'ils avaient été rendus en audience publique.
Pour éviter cependant que des justiciables ne soient
pénalisés par une procédure plus expéditive, le
projet de loi prévoit un mécanisme de révision des
décisions rendues par un membre seul.
De plus, le projet de loi prévoit la création et la
publication d'un bulletin comme organe d'information privilégié
relativement aux affaires de la commission. Cela permettra de soulager la
Gazette officielle et d'éliminer bon nombre de délais
préjudiciables à l'industrie.
En ce qui concerne toujours l'assouplissement des règles, le
projet de loi prévoit l'introduction possible, dans certains secteurs de
transport, d'une procédure de dépôt des tarifs qui
viendrait remplacer la procédure rigide de la fixation des tarifs. Un
régime de dépôt des tarifs permettrait, dans certains cas,
aux entreprises de transport d'adapter plus rapidement leurs services aux
conditions du marché. Cela conserverait aussi intact le contrôle
de la Commission des transports du Québec sur les tarifs, afin d'assurer
la protection du public.
Enfin, le projet de loi permet aussi au gouvernement de soustraire les
organismes régionaux de transport en commun à l'application
totale ou partielle des règlements adoptés en vertu de la Loi sur
les transports. En effet, l'expérience des dernières
années démontre que certains organismes régionaux de
transport en commun respectent des standards plus élevés que ceux
que nos règlements veulent imposer aux entreprises de transport en
commun.
En ce qui concerne la lutte que le gouvernement entend faire au
transport illégal, la série de mesures mises de l'avant par le
projet de loi devrait décourager sérieusement les
opérations illégales de transport, ce que la loi actuelle ne peut
faire, comme l'ont d'ailleurs démontré les nombreux
témoignages recueillis.
En premier lieu, le projet de loi confie à la Commission des
transports du Québec des responsabilités et des pouvoirs accrus.
Ainsi, la commission serait appelée à exercer un véritable
contrôle sur les permis qu'elle émet. Le projet de loi lui donne
le pouvoir de révoquer des permis et d'ordonner le retrait de la plaque
et du certificat d'immatriculation de tout véhicule servant à
faire du transport illégal.
Cette nouvelle juridiction sur les plaques est également
étendue aux non-détenteurs de permis, qui sont les plus nombreux
à commettre des infractions à la loi et aux règlements
édictés en matière de transport. (17 h 20)
Des pouvoirs accrus sont aussi accordés à nos surveillants
routiers, notamment en
matière de saisie de véhicules et d'inspection ou de
vérification de marchandises transportées. Pour éviter,
toutefois, que ces pouvoirs ne donnent lieu à des abus, le projet de loi
prévoit l'intervention de nos tribunaux, qui peuvent autoriser la
libération avec ou sans cautionnement de ce qui a été
saisi. Le projet de loi prévoit également l'extension des
pouvoirs d'enquête de la commission et des enquêteurs du
ministère aux établissements des expéditeurs et des
consignataires alors que la loi actuelle les limite aux établissements
des transporteurs. Cela permettra, dans bien des cas, la cueillette de preuves
suffisantes à des poursuites pour infraction à la loi et aux
règlements.
Le projet de loi assure aussi le raffermissement des sanctions
pénales par une hausse des amendes particulièrement en cas de
récidive. L'amende pour transport sans permis et pour fixation de tarif
en bas des taux peut maintenant atteindre 5000 $ dans le cas d'une personne
normale qui récidive dans les deux ans qui suivent la commission d'une
première infraction.
Par ailleurs, pour éviter que la plus grande
sévérité des sanctions n'ait pour effet de
pénaliser outre mesure ceux qui se rendent coupables d'infractions
mineures, le projet de loi introduit le régime que l'on connaît
des avis de 48 heures sous le Code de la route avec la variante, toutefois, que
ce délai de 48 heures, normalement prévu pour permettre à
un contrevenant de remédier à la situation, soit porté
à 72 heures dans le cas d'infractions mineures à la Loi sur les
transports et aux règlements.
Au surplus, le projet de loi vise les parties aux infractions,
c'est-à-dire ceux qui, bien souvent, ne laissent pas le choix à
un transporteur de contrevenir ou non à la loi pour survivre. Encore
là, cependant, le projet de loi prend bien soin d'éviter qu'un
expéditeur qui a agi de bonne foi soit incapable de se soustraire
à une condamnation par les tribunaux.
Enfin, vous trouverez dans le projet de loi un nouveau mécanisme
d'appel des décisions de la Commission des transports du Québec.
Comme on le disait tantôt, à la suite de la décision de la
Cour suprême dans l'arrêt Farrah, les décisions de la
Commission des transports du Québec ne peuvent plus être
contestées devant le Tribunal des transports auquel avait
été conférée la juridiction d'appel sur les
questions de droit. Le mécanisme prévu en remplacement consiste
en un droit d'appel à la Cour d'appel du Québec sur des questions
de droit ou de compétence avec la permission d'un juge de cette cour. Ce
mécanisme d'appel à la Cour d'appel s'avère, en effet, le
plus simple et le plus en mesure d'assurer le respect des droits des parties
sans pour cela permettre la multiplication indue des appels, ce que n'aurait
pas manqué de faire un mécanisme d'appel portant à la fois
sur les questions de droit et sur les questions de fait. Le système
prévu répond donc aux besoins des justiciables et évite
toute duplication avec la juridiction de la Commission des transports du
Québec. Cette solution était d'ailleurs préconisée
par les auteurs du rapport CEGIR.
En résumé, M. le Président, le projet de loi
modifiant la Loi sur les transports et d'autres dispositions
législatives veut apporter d'importantes corrections à la loi
actuelle visant surtout une plus grande sévérité et un
régime administratif plus souple et mieux adapté à
l'évolution de l'industrie. Beaucoup de ces modifications sont
réclamées depuis un certain temps déjà et si le
gouvernement a acquiescé à ces demandes, notamment au plan de la
sévérité des sanctions, le projet de loi traduit bien,
toutefois, son souci de ne pas sacrifier la justice à
l'efficacité. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laporte.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, le débat en
deuxième lecture du projet de loi no 5, qui a pour objet de modifier la
Loi sur les transports et d'autres dispositions législatives, nous
amène à nous pencher sur deux questions cruciales dont les
répercussions se feront sentir sur un nombre important de citoyens.
Il s'agit d'abord des dispositions relatives au camionnage en vrac et
celles prévoyant des procédures d'appel des décisions de
la Commission des transports du Québec devant la Cour d'appel du
Québec.
C'est en 1976 que les problèmes découlant de la situation
des camionneurs artisans ont commencé à se poser. Il a fallu une
manifestation mémorable tout autour de l'Assemblée nationale pour
que les camionneurs artisans obtiennent des amendements au règlement no
12 adopté en 1972. Malgré ces modifications, qui datent de 1977,
il existe encore des problèmes tout aussi cruciaux que ceux qu'on a
tenté de résoudre il y a quatre ans. Voici qu'on tente encore une
fois de régler des problèmes qui existent maintenant depuis
plusieurs années. Certes, il est difficile de satisfaire la
majorité des 11 500 camionneurs en vrac du Québec, d'autant plus
qu'une partie d'entre eux exigent une réglementation plus étendue
et que d'autres demandent tout bonnement de l'atténuer le plus possible,
sinon de la faire disparaître.
Il est évident qu'il n'y a pas de solution miracle pour corriger
cette situation. Nous ne pouvons qu'espérer que le gouvernement ait agi
avec sagesse en
modifiant les règlements régissant le transport en vrac au
Québec. D'ailleurs, il semble que les camionneurs eux-mêmes
fondent beaucoup d'espoir sur ces nouveaux règlements.
Quant à l'autre aspect de ce projet de loi qui nous
préoccupe de façon particulière, il s'agit de l'article 51
par lequel on entend confier à la Cour d'appel du Québec le
mandat d'entendre les appels qui pourraient être interjetés
à la suite des décisions de la Commission des transports.
Nous avons dit tout à l'heure combien nous sommes
étonnés de la façon avec laquelle le gouvernement a
procédé pour faire disparaître le Tribunal des transports.
Plutôt que de modifier ses mécanismes, comme on pourrait s'y
attendre, par le projet de loi no 5 qui amende justement la Loi sur les
transports, le gouvernement a préféré utiliser la porte de
derrière pour toucher une question importante. En effet, c'est par le
projet de loi no 4, dont on a fait l'adoption tout à l'heure en
deuxième lecture et qui porte sur la sécurité
routière, qu'il a choisi d'abolir le Tribunal des transports. C'est une
façon habile de faire avaler une pilule. On ne peut tout de même
pas s'opposer a un projet de loi qui améliore sensiblement les
conditions de sécurité sur nos routes en vue de diminuer le
nombre de pertes de vie simplement parce qu'une disposition de ce projet de loi
fait disparaître le Tribunal des transports. Il aurait été
plus courageux de la part du gouvernement d'apporter ces changements par le
biais du projet de loi no 5 qui est celui qui modifie la Loi sur les transports
et qui institue un nouveau mécanisme d'appel des décisions de la
Commission des transports justement devant la Cour d'appel du Québec.
L'Opposition a déjà exprimé clairement son point de vue
sur l'abolition du Tribunal des transports. Nous ne croyons pas qu'il s'agisse
là d'une décision judicieuse de la part du gouvernement.
Il s'agit cette fois des appels des décisions de la Commission
des transports, décisions qui traitent surtout de questions concernant
les permis de camionnage, etc. La Cour d'appel peut accepter ou refuser
d'entendre une cause comme celle-là. Il est donc possible que la cour
refuse d'entendre un nombre important de causes. À ce propos, je cite un
passage de ce qu'écrivait le président de l'Association du
camionnage du Québec, M. Claude Gosselin, dans une lettre qu'il faisait
parvenir au ministre des Transports le 18 février dernier: "La
jurisprudence des dernières années de la Cour d'appel nous porte
à croire que la majorité des problèmes qui pourraient
être soulevés en appel des décisions de la commission
n'aurait pas, aux yeux de la Cour d'appel, une importance suffisante pour
permettre des appels à cette cour et, par conséquent, la
procédure d'appel des décisions de la Cour d'appel serait plus ou
moins illusoire".
Reste enfin l'aspect constitutionnel de cette question. La
décision récente de la Cour suprême concernant la
Régie des loyers de l'Ontario a jugé inconstitutionnels les
tribunaux administratifs des provinces malgré le fait qu'ils n'aient
juridiction que sur des compétences provinciales. Je me demande si,
avant de crier à la dépossession de nos pouvoirs à cause
de la constitution canadienne, le gouvernement tentera d'en arriver, comme je
le disais plus tôt aujourd'hui, à certains arrangements
administratifs qu'Ottawa semble disposé à faire pour maintenir
les structures dont le Québec s'est doté et non sans raison. Il
serait triste, M. le Président, de voir le gouvernement livrer une
bataille à la Don Quichotte pendant que des milliers de personnes
risquent de subir les conséquences d'une décision qui aurait
été prise tout simplement parce qu'en apparence elle sert les
fins politiques du gouvernement. Je vous remercie. (17 h 30)
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Michel Clair (réplique)
M. Clair: M. le Président, ma réplique sera assez
brève. Je voudrais simplement, dans un premier temps, relever
l'affirmation du député de Laporte qui est encore une
exagération, soit que les problèmes auraient commencé dans
l'industrie du camionnage en vrac avec l'arrivée du Parti
québécois en 1976. Je ne me souviens pas de l'année, M. le
Président, mais mon collègue, le ministre des Finances,
député de L'Assomption, a lui-même, à
l'époque où il était fonctionnaire, il y a de ça
probablement une dizaine d'années, procédé à une
étude sur le camionnage en vrac alors que le parti auquel appartient le
député de Laporte était, si ma mémoire est
fidèle, au pouvoir.
L'industrie du camionnage en vrac a connu depuis le début des
années soixante, M. le Président, des difficultés
structurelles et conjoncturelles à l'occasion. C'est justement pour
tenter d'apporter une solution à un bon nombre de problèmes
soulevés par l'industrie du camionnage en vrac que le gouvernement a
décidé de proposer l'adoption du projet de loi no 5. Le
député de Laporte sait ou devrait savoir que le plus grand
adversaire d'un camionneur, qu'il soit camionneur en vrac ou qu'il fasse du
transport général, c'est le transport illégal. Dans ce
sens, les camionneurs en vrac en particulier mettent beaucoup d'espoir dans
l'adoption du projet de loi no 5 qui permettra à la Commission des
transports du Québec non seulement d'émettre des permis, mais
d'être en mesure de les contrôler une
fois qu'ils sont émis. Pour une fois, on aura une loi qui a des
dents dans le domaine du transport illégal. Cela, M. le
Président, c'est loin d'être quelque chose qui
déçoit les camionneurs et en particulier l'industrie du
camionnage en vrac, mais bien au contraire, c'est une chose sur laquelle ils
comptaient.
En ce qui concerne le Tribunal des transports, je voudrais rassurer le
député de Laporte. Si le gouvernement a proposé
l'abolition dans le projet de loi no 4 du Tribunal des transports plutôt
que dans le projet de loi no 5, je n'en tiens pas rigueur au
député de Laporte, mais c'est dû au fait que, sous
l'ancienne Législature - il l'ignore probablement - le gouvernement a
présenté, l'un après l'autre, les deux projets de loi et
non pas en même temps, et qu'on pensait que le projet de loi no 4
pourrait être adopté plus rapidement. C'est la raison pour
laquelle il avait été inclus dans le projet de loi no 4 et non
pas dans le projet de loi no 5.
À ce point de vue, M. le Président, il n'y avait pas de
jeu de cachette. C'est simplement qu'il fallait réagir à la suite
des décisions de la Cour suprême du Canada et que la
première occasion c'était, semble-t-il, à l'époque,
de procéder par le projet de loi no 4. Je voudrais dire au
député de Laporte également, qui met en cause
l'efficacité réelle d'un appel devant la Cour d'appel du
Québec, que les décisions de la Commission des transports du
Québec, sauf erreur, n'étaient appelables devant le Tribunal des
transports que sur des questions de droit. La nouvelle procédure qui est
retenue dans les projets de loi actuels, c'est, encore une fois, de permettre
l'appel sur des questions de droit seulement, mais devant la Cour d'appel du
Québec. La réforme de la commission permettra à un membre
d'entendre seul des causes. Ces décisions, pourront selon une
procédure qu'on pourra examiner tantôt en commission
parlementaire, être révisées. Je pense que l'un des plus
grands dangers qui guetteraient l'industrie du camionnage et du transport des
marchandises, ce serait de permettre trop facilement les appels parce que, s'il
y avait appel, par exemple, sur les questions de fait devant un autre tribunal,
on risquerait d'en venir à une multiplication des appels. Moi, je n'ai
rien contre les avocats; je suis moi-même avocat de profession.
Cependant, M. le Président, on ne réglera pas les
problèmes de régulation économique du domaine des
transports par une judiciarisation exorbitante, par des appels devant les
tribunaux qui font en sorte que, dans certains secteurs de l'industrie du
camionnage, au moment où on se parle, le plus clair des revenus de
certaines associations est consacré à plaider devant les
tribunaux. Je pense, M. le Président, que la Commission des transports
du Québec doit devenir de plus en plus un tribunal de régulation
économique et non pas un endroit où on donne comme bonbons aux
camionneurs le droit de se poursuivre, d'en appeler et d'en appeler de nouveau
indéfiniment. Je pense que c'est davantage par des lois et des
règlements adéquats qui permettront à la Commission des
transports du Québec de contrer le transport illégal, de jouer
son rôle de régulateur, de tribunal de régulation
économique qu'on pourra le mieux servir l'industrie du camionnage.
M. le Président, je termine en disant que j'ai eu l'occasion de
prendre connaissance des nombreux mémoires qui avaient été
soumis à mon prédécesseur. Je comprends très bien
ce qui se retrouve derrière ces mémoires et c'est quelque chose
de très légitime pour l'industrie du camionnage que de vouloir
maintenir un tribunal des transports tel qu'il existait, mais, quant à
nous, M. le Président, quant au gouvernement, après avoir bien
examiné la situation, nous sommes convaincus moralement que ce n'est pas
l'avenue qui est proposée par le député de Laporte qui est
la meilleure pour assurer la prospérité et la rentabilité
de l'industrie du camionnage, tout en maintenant un niveau de justice fort
respectable. C'est quand même la Cour d'appel du Québec qui va
entendre les appels. Nous pensons, M. le Président, que le moyen que
nous proposons est plus susceptible de bien servir les intérêts de
l'industrie et des consommateurs que celui que propose le député
de Laporte. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion de
deuxième lecture du projet de loi no 5, Loi modifiant la Loi sur les
transports et d'autres dispositions législatives, est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Renvoi à la commission des transports
M. Charron: Je propose de déférer ce projet de loi
à la commission des transports, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler l'article 7) du
feuilleton, M. le Président.
Projet de loi no 6
Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Deuxième lecture du projet de loi no 6, Loi concernant certains
ministères. M. le leader.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, c'est la deuxième fois
depuis que je suis ici que j'ai l'occasion de présenter un projet de loi
de cette nature et c'est toujours dans les mêmes circonstances.
À la suite d'un remaniement ministériel qui ne fait pas,
à l'occasion, que changer les titulaires de certains ministères,
il arrive que le chef de l'Exécutif, le premier ministre du
Québec, choisisse, à ces occasions priviléqiées que
sont les remaniements ministériels, de toucher également à
l'administration publique du Québec. Je veux dire que des secteurs de
responsabilités que l'État québécois assume depuis
très longtemps ou depuis très récemment se voient
regroupés dans des familles où l'évolution nous a permis
de penser que la coordination générale par le même homme et
par la même coiffure dans l'administration publique serait à
l'avantage des citoyens du Québec. Je donne l'exemple que nous vivons
maintenant. Depuis quelque temps, les pêcheries, par exemple, sont
rattachées au ministère de l'Agriculture, parce que, pour
l'évolution moderne du secteur agro-alimentaire québécois
- cela n'aurait peut-être pas été le cas, cela ne sautait
peut-être pas aux yeux il y a quelque temps, mais cela est devenu ainsi
avec le temps - on a pensé que l'un et l'autre pouvaient fort bien aller
ensemble puisqu'il était, en fin de compte, le ministère
rattaché à cet important secteur de la vie économique
québécoise.
Or, le projet de loi no 6 que je présente au nom du gouvernement
à ce moment-ci est de la même nature. Il s'agit de demander
à l'Assemblée nationale de ratifier, jusque dans les textes de
loi qui font nommément appel à ces ministères, la
décision de rattachement administratif de deux ministères qui
existaient auparavant au Québec, mais qui se voient dotés d'une
responsabilité nouvelle. D'abord, celui du ministère de
l'Immigration qui, selon ce projet de loi no 6, porterait désormais le
titre de ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration. (17 h 40)
Je vais vous dire brièvement pourquoi, parce que j'ai
l'impression qu'il s'agit d'évidences. Le ministère de
l'Immigration, par son développement depuis qu'il existe -et je crois
qu'il a été fondé en 1968 ou 1969 - n'est pas seulement
devenu le ministère qui, dans des ententes
fédérales-provinciales, par exemple, a la responsabilité
de choisir, parmi ceux qui en font la demande, les citoyens et citoyennes du
monde entier qui veulent venir s'établir et bâtir le Québec
avec nous. Mais aussi la force des choses a fait que ce ministère,
après s'être acquitté de sa fonction première,
d'être la porte d'accueil des différents citoyens du monde entier,
demeurait, aux yeux de ces citoyens mêmes, le lien
privilégié de communication avec le gouvernement du
Québec. C'est-à-dire qu'une fois devenus les bâtisseurs du
Québec avec nous, qu'ils aient ou non la citoyenneté canadienne,
après qu'ils eurent connu les services du ministère de
l'Immigration ce ministère demeurait à leurs yeux le plus
accueillant pour les différentes revendications qu'ils pouvaient
avoir.
En ce sens, ce que nous nous trouvons à demander aujourd'hui
à l'Assemblée, c'est de ratifier l'évolution du
ministère de l'Immigration jusque dans son nom. Le ministère de
l'Immigration est devenu, au fil des années, le ministère des
Communautés culturelles. Quand celles-ci ont une revendication
spéciale, un problème particulier qui concerne soit leur pays
d'origine ou leur vie comme communauté ici, le lien qu'elles ont
toujours choisi de retrouver, c'est celui du ministère de l'Immigration.
Je crois qu'un des tournants dans cette nouvelle vocation, je dirais cette
amplification de la vocation du ministère de l'Immigration, c'est
l'ancien député de Saint-Henri et ancien titulaire du
ministère de l'Immigration qui, mieux que quiconque, l'a
inspirée. Jacques Couture a laissé, lors de son passage à
l'Immigration, la marque et l'identité de ce ministère qui est
vraiment devenu le ministère des Communautés culturelles.
Aujourd'hui, le député de Mercier, qui assume cette
responsabilité, comme je l'ai lui-même entendu le dire aux membres
de la commission de l'immigration lors de l'étude des crédits,
est plus que volontaire, pour ne pas dire très engagé, dans cette
évolution nouvelle. L'évolution des temps et la
personnalité d'un homme remarquable qui en a été le
titulaire pendant un certain temps ont fait que ce ministère soit, comme
la loi 6 l'incite à le devenir, non seulement le ministère de
l'Immigration, mais le ministère des Communautés culturelles et
de l'Immigration.
En ce sens, le ministère des Communautés culturelles veut
dire qu'un certain nombre de programmes qui se sont développés
dans différents ministères au fil des années et qui ont
directement rapport aux communautés culturelles du Québec seront
désormais rattachés à ce ministère; certains
relevaient jusqu'à ce jour du ministère de l'Éducation,
d'autres du Conseil exécutif, d'autres du ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche et tous, dans la
mesure où les lois modifiées l'indiquent, devraient se
retrouver désormais sous la juridiction de ce ministère.
La deuxième modification fait d'une pierre deux coups.
L'évolution du ministère des Affaires sociales créé
par cette Assemblée en 1970 ou en 1971 a prouvé que ce
ministère, à cause de ses responsabilités et à
cause de son budget particulièrement immense, devenait un
ministère - je le dis entre guillemets - "beaucoup trop gros" pour
l'ensemble de la clientèle qu'il devait servir. L'analyse faite des
dernières années, je dirais l'évolution du
ministère des Affaires sociales au cours des dix dernières
années a amené le premier ministre à prendre la
décision de retirer du ministère des Affaires sociales une partie
des responsabilités dont ce ministère s'acquittait depuis
1971.
La partie retirée n'est pas celle qui nous permet de revenir
à l'époque du ministère du Bien-Être et de la
Famille et du ministère de la Santé, mais bien au contraire,
adaptée à l'évolution de 1981, c'est cette partie du
ministère des Affaires sociales dont la responsabilité
était effectivement la sécurité du revenu des citoyens qui
se trouve, par le projet de loi no 6, appelée à se retrouver avec
le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Le ministère des
Affaires sociales devient donc dans ce sens responsable et conserve la
responsabilité de tous les autres programmes qu'on lui reconnaissait
à l'exception désormais des programmes de l'aide sociale, des
allocations familiales, du supplément au revenu de travail, de tout ce
qui s'ajoute, selon les lois votées au cours des dix dernières
années qui viennent de s'écouler, en supplément au revenu
des citoyens du Québec.
Donc, d'une pierre deux coups. Après avoir soulagé le
ministère des Affaires sociales et autant que possible le ministre des
Affaires sociales d'une trop large responsabilité, pourquoi le
rattachement au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre? Parce que
s'il y avait un ministère au Québec qui avait déjà,
je dirais au moins dans l'esprit sinon dans la lettre, la responsabilité
de la sécurité du revenu c'est bien le ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre. C'est-à-dire que la première
façon d'avoir un revenu au Québec et d'avoir un revenu en toute
sécurité c'est évidemment par le travail. Le
ministère va aussi s'occuper, selon les responsabilités anciennes
de ce ministère, là où il y a conflit, là où
il y a problème dans les relations du travail, de travailler à
guérir ces situations afin que la sécurité du revenu par
le travail soit constamment assurée aux citoyens du Québec.
La sécurité du revenu permet donc au ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre d'accueillir ces nouvelles
responsabilités qui permettront d'avoir au seul et même endroit
toutes les mêmes responsabilités, c'est-à-dire Commission
des accidents du travail qui est une autre source de revenu pour les citoyens
du Québec, dans les cas les plus malheureux, peu importe, il s'agit
d'une source de sécurité de revenu; l'aide sociale, qui nous
permettra de faire plus facilement, du fait que ce sera le même
titulaire, la même machine administrative, le passage de l'aide sociale,
avec les programmes de retour, au travail des assistés sociaux dont
s'acguittait déjà le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. Enfin tout le bassin de la main-d'oeuvre dont a
déjà la responsabilité ce ministère se trouvera
désormais, selon la décision du chef de l'Exécutif, au
même foyer que celui du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
Les autres articles de ce projet de loi ne font qu'ajuster cette
décision en conséquence, c'est-à-dire toutes les autres
lois. Ce projet de loi se trouve à modifier 16 lois différentes
du Québec, parce qu'il est bien évident que là où
la responsabilité était au ministère du Travail, on dira
maintenant: II faut modifier les lois en conséquence. Car c'est
maintenant le ministère du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu; de même certains organismes qui
relevaient d'un ministère sont appelés à relever
désormais de l'autre et suivent la responsabilité
ministérielle.
Voilà donc le sens du projet de loi no 6 que je soumets à
l'Assemblée au nom du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader de
l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, nous venons
d'entendre le leader parlementaire du gouvernement qui a essayé, pendant
quelques instants, de faire durer son discours parce que, finalement, nous
n'avons devant nous qu'un projet de loi de concordance, qui ne contient
réellement rien d'original, sauf qu'il veut donner suite à un
remaniement. C'est en quelque sorte un projet de loi de concordance.
Ce n'est pas nouveau, il y en a toujours eu dans tous les changements de
gouvernement et même lorsqu'un gouvernement demeure au pouvoir, il sent
le besoin de faire un peu de cosmétique une fois qu'on doit recommencer
une nouvelle administration. On a vu ça dans le passé, même
dans des sociétés d'État; à un moment donné,
ça s'appelle une régie. Un autre gouvernement arrive et dit: Non,
une régie ce n'est pas correct, on appelle ça un office et,
à la suite de la dénomination d'un office, on pense que c'est
mieux de revenir au mot société. Finalement, il y a de ces
changements qui ne changent pas tellement les choses.
Nous avons une situation où, avant l'élection, nous avions
un premier ministre et 25 ministres. Après l'élection, nous en
arrivons à un premier ministre et 27 ministres. Alors, il y a deux
ministres de plus qu'avant. Probablement que les choses vont se
perpétuer, continuer pour quelque temps. Il y a, évidemment, des
coûts qui s'additionnent, mais ce gouvernement ne semble pas être
effrayé par les coûts.
Le ministre a parlé de l'immigration et des communautés
culturelles et a rendu hommage à un ancien ministre, M. Jacques Couture.
Je suis prêt à appuyer le leader parlementaire, mais j'aimerais
également ajouter d'autres de ses prédécesseurs qui
avaient donné un essor considérable dans le domaine des
communautés culturelles. Puis-je rappeler, entre autres, le ministre
Jean Bienvenue et, particulièrement, celle qui est à ma gauche
présentement, la nouvelle députée du comté de
Chomedey? Je pense bien que et M. Bienvenue et Mme Bacon ont fait un travail
qu'il convient de signaler d'une façon particulière à ce
moment-ci. (17 h 50)
M. le Président, on a parlé également des Affaires
sociales dont une partie du budget va s'en aller au ministère du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
J'espère que la population ne sera pas jetée dans la confusion
à la suite de ces changements. Si on prend le budget, par exemple, le
premier qui a été déposé avant les
élections, on trouve, sous les Affaires sociales, l'ensemble du budget
de la santé, du bien-être, des affaires sociales, de l'aide
sociale, etc. Maintenant, lorsqu'on voit les modifications apportées
à la suite de ces réaffectations, même si cela a
été envoyé, si cela a été remis à
l'autre ministère, le ministère du Travail, de la Main d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, on trouve encore aux Affaires
sociales: régime de compensation du revenu; soutien du revenu familial,
16 000 000 $; aide sociale, 296 000 000 $; assistance-maladie, 11 000 000
$.
Si on va maintenant du côté du Travail, de la Main d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu on retrouve présentement les
mêmes titres, si l'on veut. Sous Travail, Main-d'Oeuvre et
Sécurité du revenu, on trouve soutien du revenu familial, 178 000
000 $; aide sociale, 890 000 000 $; assistance maladie, 58 000 000 $.
Évidemment, M. le Président, pour quelqu'un qui n'est pas
tellement averti - je suis parmi ceux-là en ce domaine - je me demande
si, à un moment donné, on veut parler d'aide sociale, si on devra
aller à deux ministères. Si on veut parler de soutien du revenu
familial, deux ministères différents; assistance maladie, deux
ministères différents. J'imagine que le ministre a une
réponse à cela et que je devrais moi-même le savoir. Mais,
comme je parle au nom de tous les citoyens qui n'ont pas eu l'avantage
d'être informés, je dis que, présentement, cela peut
créer une certaine confusion, du moins pour quelqu'un qui regarde le
budget pour la première fois.
M. le Président, même dans le projet de loi, c'est assez
curieux. On voit, dans la loi actuelle sur le Conseil des affaires sociales et
de la famille, que le conseil doit, pour agir, obtenir l'approbation du
ministre des Affaires sociales et doit faire rapport ou donner son avis au
même ministre. Avant que nous adoptions le présent projet de loi,
c'est ce qui existe. Maintenant, avec la nouvelle loi, voici ce qui arrive.
Dorénavant, le même Conseil des affaires sociales et de la famille
aura le choix entre le ministre des Affaires sociales et celui du Travail, de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Je vois que cela
semble surprendre le ministre, mais, lorsqu'on regarde le projet de loi no 6,
on doit convenir qu'à l'article 10... Je ne suis pas censé, vous
le savez bien, commencer à citer des articles à ce stade-ci de la
procédure mais, vu l'hésitation du ministre, j'aimerais bien
citer ceci à l'article 10: "Le conseil peut, avec l'approbation du
ministre des Affaires sociales ou du ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, selon le cas..." Évidemment,
on dit: Ces gens-là sauront bien lequel des ministres va le mieux
correspondre au sujet qui doit recevoir son approbation. Mais c'est curieux
comme technique législative, M. le Président, et cela permet au
conseil de choisir le ministre, sauf qu'à la fin, il y a un rapport qui
est fait aux deux ministres. Encore là, cela peut possiblement
être sujet de confusion. J'espère que non. J'espère que ce
n'est qu'une impression que nous pouvons recueillir à lire le projet de
loi d'une façon superficielle. Tout de même, j'attire l'attention
du ministre, au cas où il voudrait faire des clarifications en
commission parlementaire.
Quant aux autres domaines, des consommateurs, coopératives et
institutions financières, encore là, on transfère, si on
veut, la responsabilité, quant aux consommateurs, au ministre de
l'Habitation et les institutions financières et coopératives
demeurent le lot présentement du ministre des Finances qui est en
même temps le ministre des Institutions financières et des
Coopératives. Voilà.
Quant aux autres questions, Travail, Main-d'Oeuvre et
Sécurité du revenu, c'est un ministère qui reçoit,
comme dirait le ministre des Finances, le gras ou je ne sais quoi. Il fallait
changer ça, il fallait diminuer la grosseur du ministère des
Affaires sociales, passer 1 000 000 000 $ au ministère du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Dans tout cela il
n'y aura peut-être aucun changement apparent, il n'y aura
peut-être absolument rien de changé; mais, s'il y avait des
changements, j'espère que ce sera à l'avantage des citoyens qui
sont intéressés. Tout le reste, tout le cosmétique, tous
les changements de noms, les transferts de certaines parties du budget d'un
ministère à l'autre, cela prend aujourd'hui un projet de loi pour
consacrer cela.
C'est le voeu que je formule en terminant, j'espère au moins que
cela ne fasse pas mal aux citoyens qui s'attendent à avoir des services
de ces ministères-là et j'espère qu'il n'y aura aucune
confusion. Si on a besoin d'éclaircissements, j'espère bien que
le leader parlementaire du gouvernement qui, comme moi, n'est pas
particulièrement versé, si on veut, dans tous les domaines que
comporte la Loi de l'exécutif et toutes les responsabilités qui
relèvent de chacun des ministres... Je comprends cela, mais j'ai voulu,
à ce moment-ci, attirer son attention sur ce qui nous paraît avoir
besoin de clarification.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader.
M. Charron: J'essaierai de fournir les clarifications qu'a
demandées le député de Bonaventure lors de l'étude
article par article de ce document.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
de deuxième lecture du projet de loi no 6, Loi concernant certains
ministères, est adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
M. Charron: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
Renvoi à la commission de l'Assemblée
nationale
M. Charron: M. le Président, je propose la
déférence de ce projet de loi à la commission
parlementaire de l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président (M. Rancourt): La motion sera-t-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le Président.
J'aimerais simplement avoir une précision de la part du ministre sur
cette motion qu'il vient de faire. Peut-être que c'est par souci
d'efficacité parce que la commission de l'Assemblée nationale
doit possiblement être convoquée pour d'autres fins. Il a
pensé peut-être! On va en passer une vite. Mais, M. le
Président, est-ce que je puis demander au leader parlementaire du
gouvernement si normalement ce projet de loi n'aurait pas dû être
déféré à la commission de la présidence du
conseil et de la constitution?
M. Charron: Je crois que l'un et l'autre se pouvaient, M. le
Président, mais comme je présente ce projet de loi comme ministre
délégué aux Affaires parlementaires et qu'effectivement la
rumeur court qu'il y aura réunion de la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale jeudi matin, j'ai voulu faire d'une pierre trois
coups.
M. Levesque (Bonaventure): Je dois protester, pas avec une
vigueur dont je suis capable à certains moments, car nous sommes
à ce moment-ci témoins, M. le Président, d'une
dérogation technique et je vais vous expliquer en deux mots pourquoi. La
commission de l'Assemblée nationale est reliée au
législatif, la commission de la présidence du conseil à
l'exécutif. Or, il n'y a pas de projet de loi qui soit plus relié
à l'exécutif que le projet de loi no 6, Loi concernant certains
ministères. M. le Président, comme je dis je ne ferai pas de
tempête, je ne m'élèverai pas contre cette motion avec
impatience ou agressivité - je remercie le député de
Sainte-Marie - mais cependant je trouve cela illogique que l'on fasse cela, M.
le Président, et peut-être que vous-même vous devriez
intervenir pour que cela ne se fasse pas. Même si le whip donne des
conseils à la présidence à ce moment-ci, je pense, M. le
Président, que vous devriez vous inquiéter que ce projet de loi
qui n'a trait qu'à l'exécutif soit déféré
à la commission de l'Assemblée nationale.
Deuxièmement, M. le Président, je crois que les membres de
la commission parlementaire de la présidence du conseil et de la
constitution pourraient être frustrés en apprenant qu'un projet de
loi qui leur était destiné a été
déféré à la commission de l'Assemblée
nationale. Comme je l'ai dit, je ne ferai pas de bataille là-dessus vu
que le projet de loi n'a pas d'autre signification qu'une concordance, mais
cependant je devrai, lorsque le vote sur cette motion sera appelé,
suggérer que cette motion du leader parlementaire du gouvernement soit
adoptée sur division.
M. Charron: Je vous demande de proposer l'adoption sur division,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette deuxième
lecture est-elle adoptée?
Des voix: Sur division.
M. Levesque (Bonaventure): Non, non!
Ce n'est pas la deuxième lecture, M. le Président. Elle a
été adoptée, la deuxième lecture.
M. Charron: Non, pas la deuxième lecture. C'est la motion
de renvoi à la commission de l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Sur division, M. le
Président.
M. Charron: Ah! Ah!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader.
M. Charron: Je propose la suspension des travaux jusqu'à
20 heures. Je rappelle qu'à 20 heures nous reprendrons le débat
sur le discours sur le budget jusque vers 23 h 30.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Suspension de nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 03)
(Reprise de la séance à 20 h 08)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Veuillez vous asseoir.
M. Chevrette: M. le Président, à la suite d'une
entente intervenue avec le whip de l'Opposition, le député de
Saint-Hyacinthe, sans perdre son tour, laisserait son droit de parole au
député d'Iberville.
Reprise du débat sur le discours sur le
budget
Le Vice-Président (M. Rancourt):
D'accord. Reprise du débat sur la motion de M. Parizeau proposant
que l'Assemblée approuve la politique budqétaire du
gouvernement.
M. le député d'Iberville.
M. Jacques Beauséjour
M. Beauséjour: M. le Président, en ce début
de deuxième mandat, vous me permettrez de remercier tous les militants
et militantes du comté d'Iberville et tous les électeurs et
électrices qui m'ont fait confiance pour un deuxième mandat. Je
voudrais remercier, entre autres, des militants créditistes qui m'ont
manifesté leur appui au cours de la campagne électorale et, je
dirais, les anciens bleus qui sont venus rejoindre les nouveaux bleus du Parti
québécois, ainsi que plusieurs militants libéraux qui
m'ont témoigné leur confiance. Bien sûr, une
élection, ça se fait ordinairement, comme on dit
communément, avec des adversaires. Je les remercie de la lutte des plus
honnêtes qu'ils ont menée dans mon comté. Je m'adresserai
aussi à tous ceux et celles qui n'ont adhéré à
aucun parti politique et qui m'ont appuyé et aussi à tous ceux et
celles des autres partis qui, au cours de l'élection, sont venus joindre
nos rangs comme membres du Parti québécois.
Juste avant la campagne de financement dans le comté d'Iberville,
nous comptions 2420 membres dans le comté. Avec la campagne de
financement, nous avons eu l'apport de 696 nouveaux membres pour un total de
3116 membres dans le comté d'Iberville. J'invite tous ceux et celles qui
croient à un parti politique, à un parti du peuple, à
venir joindre nos rangs et à travailler avec nous aussi bien dans le
comté d'Iberville que dans les autres comtés du
Québec.
Comme députés et aussi comme gouvernement, nous avons
voulu donner l'exemple dans à peu près tous les domaines. Je
pense aussi bien à la jeunesse, qui a besoin d'idéal, qu'à
toutes les autres personnes dans le comté; ce dont ils ont besoin, c'est
un gouvernement qui donne l'exemple. Je ne prendrai comme exemple que la Loi
régissant le financement des partis politiques, qui a été
pour moi et pour bien des citoyens une des plus importantes réalisations
de ce gouvernement.
Vous savez, M. le Président, quand je dis qu'il est important que
le gouvernement donne l'exemple, qu'aujourd'hui, dans notre
société, c'est un peu différent d'autrefois. Je n'ai pas
un âge très avancé... Il reste qu'il est venu entre autres,
dans nos familles, un quatrième personnage qui a d'une certaine
façon bouleversé la vie familiale et qui a même
collaboré à changer les valeurs, à les transformer et
même à les diminuer par rapport à ce que l'on connaissait
autrefois.
Ce quatrième personnage, il nous sert aujourd'hui dans un certain
sens à informer les citoyens, c'est la télévision. Si on
regarde les valeurs que porte ce quatrième personnage, bien sûr
qu'il y en a de bonnes pour l'information des citoyens, mais il faudrait aussi
que chacun réfléchisse sur certains aspects de ce que cela a
apporté dans notre société. Autrefois, il était
très facile entre voisins d'échanger et je dirais même de
s'aider. Aujourd'hui, on va chez un voisin et, au lieu de discuter et
d'échanger entre nous, souvent chacun est assis et regarde la
télévision.
Il y a un autre aspect sur lequel il est bon de réfléchir.
C'est l'aspect de la violence qui peut exister dans ce moyen de communication.
Juste par expérience, on pourrait faire une journée de
non-violence
annuelle inviter les citoyens lorsqu'il y a des scènes de
violence ou des films de violence, à tout simplement changer
d'émission, et je pense que souvent on passerait toute la soirée
à changer de poste à la télévision.
Tout ça, M. le Président, je crois qu'il est bon qu'on
s'en rende compte; ça fait partie maintenant de notre vie et c'est
peut-être bon d'en prendre conscience pour essayer de ne pas toujours
aller dans le sens de ce que les programmes nous offrent. Je le dis parce que
dans le sens des valeurs dont je parlais tantôt et qui existaient
autrefois et des valeurs de notre société aujourd'hui, le Parti
québécois, dans un contexte quand même de modernisme, porte
des valeurs pour lesquelles il est bon d'avoir un gouvernement qui travaille
comme il le fait actuellement.
J'ai parlé tantôt du financement des partis politiques. On
pourrait prendre des exemples dans différents domaines. Aussi bien, au
niveau du domaine agricole, quand on parle des heures de "bull", les gens
savent ce que ça veut dire, ce qui a été changé
à ce niveau.
M. le Président, je me suis posé un point d'interrogation
quand j'ai vu dans le Devoir de vendredi dernier: "L'été
s'annonce nuageux pour le Parti libéral du Québec". Au
troisième paragraphe on disait: "Or, il ne reste en caisse que la maigre
somme de 750 000 $." Je me suis dit: Probablement qu'ils ont eu des remords et
ils ont gardé ça dans le but de le remettre au gouvernement, ce
qui viendrait combler ce qu'on a connu des fonds olympiques. Si c'était
ça, je les invite à le retourner au gouvernement, compte tenu des
circonstances économiques que nous connaissons actuellement.
M. le Président, dans le comté d'Iberville, nous allons
continuer à travailler dans le sens d'un gouvernement qui reste propre
et dans le sens aussi d'un gouvernement qui travaille pour l'ensemble des
citoyens. Je ne donnerai qu'un exemple de la façon dont j'ai voulu
travailler dans ce comté et c'est dans ce sens que je continuerai
à y travailler. Je prendrai l'exemple de la route 231,
Saint-Damase-Saint-Hyacinthe, qui a été promise pendant 36 ans
par mes prédécesseurs et qui n'a jamais été
réalisée. En 1976, je ne la promettais pas, mais une fois rendu
au gouvernement j'ai considéré que c'était important et je
l'ai mise en priorité. Le contrat a été donné
l'automne dernier et les travaux, à ce qu'on m'a dit au début de
la semaine, devraient commencer demain. Pour comble, M. le Président,
j'ai laissé en héritage à mon collègue, le
député de Saint-Hyacinthe, la réalisation de ces travaux.
Je dirai que c'est dans ce sens-là que je veux continuer à
travailler pour l'ensemble des citoyens de mon comté et aussi pour
l'ensemble des citoyens du Québec.
M. le Président, dans le comté d'Iberville, on a une
curieuse carte électorale et aussi de curieux services administratifs.
Je dirai que le comté d'Iberville est difficile à planifier dans
son ensemble puisque ce n'est pas un tout. Pour ceux qui ne connaîtraient
pas tellement bien cette région, je donnerai quelques exemples pour
illustrer le problème que nous recontrons. Saint-Pie, qui était
autrefois dans le comté de Bagot, a tous ses services dans la ville de
Saint-Hyacinthe. Si je vais dans la région de Saint-Césaire et
Rougemont, la plupart des services vont vers Granby. Si je m'en vais dans la
région de Marieville et Saint-Jean-Baptiste, la plupart des services
vont vers Saint-Jean ou vers Longueuil. Si je vais dans la région de
Farnham et, ensuite, dans le sud du comté, Clarenceville,
Venise-en-Québec et Noyan, les gens doivent aller, pour leurs services,
du côté de Bedford ou de Cowansville. Dans le reste du
comté, qui est l'ancien comté d'Iberville, avec la ville
d'Iberville jusqu'au mont Saint-Grégoire et à
Saint-Sébastien, tous les services se dirigent vers Saint-Jean. Je crois
qu'après la réforme au niveau des conseils municipaux et la
formation des nouvelles municipalités régionales de comté
il faudra s'attarder à restructurer les services administratifs de
façon qu'on puisse trouver une unité plus grande pour le
comté d'Iberville.
Si j'ai illustré, M. le Président, ce problème, je
sais qu'il existe dans plusieurs autres comtés à grande
superficie au Québec et je sais que mes collègues, aussi bien de
l'Opposition que du gouvernement, sont au courant, comme députés,
des problèmes que cela occasionne quand on veut planifier et
développer un milieu. C'est ce qui arrive, dans un certain sens, pour
mon comté, le comté d'Iberville. C'est assez difficile d'avoir un
plan d'ensemble pour le comté puisque je dirais que l'on retrouve cinq
comtés dans un. (20 h 20)
Pour illustrer une autre façon de fonctionner de notre
gouvernement, je prendrai l'aspect de l'environnement. Le député
de Brome-Missisquoi signalait l'autre jour que j'aurais de la difficulté
à me baigner dans la rivière Yamaska. C'est vrai, mais ce qu'il a
oublié d'indiquer, c'est que je me souviens qu'en 1965, je pense,
j'étais à Saint-Césaire, et déjà on parlait
de la dépollution de la rivière Yamaska. Je sais qu'il y a
déjà eu, durant très peu de temps après 1965, la
mission Yamaska. Je crois que c'était du temps des libéraux. Je
dirais qu'il n'y a eu aucune réalisation concrète depuis la
mission Yamaska. Quand le député de Brome-Missisquoi disait que
le ministre de l'Environnement avait indiqué qu'au bout de quatre ans,
on pourrait se baigner dans la Yamaska, bien sûr, mais si je prends,
entre autres, la ville de Farnham à partir du moment où le
protocole d'entente a été
signé après quatre ans, cela donne 1983, ce qui veut dire
que, si toutes les échéances sont bien suivies, en 1983,
peut-être qu'on ne pourra pas se baigner encore dans la Yamaska, cela
dépend de ceux qui nous polluent en amont, mais déjà, il y
aura un grand pas de fait au niveau de la dépollution de la
rivière Yamaska. J'en rends hommage au ministre de l'Environnement parce
qu'en réalité, au moins, il se fait quelque chose et les travaux
avancent.
Je pourrais prendre un autre exemple, le ruisseau Saint-Louis à
Marieville, où le protocole d'entente a été signé
le 2 avril dernier. Si on allait voir ce qui s'est passé dans les
journaux - j'en prends un du 30 mai 1960 - il y avait des élections; M.
François Boulais qui était candidat libéral voulait
déloger un M. Barré. Tout le monde l'a certainement connu. Il
indiquait ceci et je cite: "La pollution des eaux est un grave problème
pour l'Union Nationale et l'Union Nationale n'a pas voulu s'en occuper. Je
m'engage à continuer, M. Boulais, d'enlever cette anomalie que vous avez
dans votre ville et que ce soit le problème numéro un dans
Marieville." C'était en 1960. Je dirais qu'il a passé de l'eau et
toutes sortes de choses depuis ce temps-là. Une chose est certaine,
c'est que, depuis le 2 avril dernier, il y a un protocole d'entente de
signé avec la ville de Marieville, et là je suis assuré
que ce sont des réalisations qui vont se faire puisqu'il y a un
échéancier de prévu pour ce projet. Alors, au niveau des
travaux d'environnement qui doivent être exécutés dans le
comté d'Iberville, M. le Président, je veux bien croire qu'il y a
des compressions budgétaires, mais il y a des urgences; il faudra
s'assurer que ces travaux s'accomplissent dans les délais impartis de
telle façon qu'on redonne l'eau et aussi les rives aux citoyens.
Dans le cadre des problèmes d'environnement qu'on peut retrouver
dans le comté d'Iberville, ce que je trouve de positif c'est entre
autres la formation de comités de citoyens qui se préoccupent de
l'environnement dans leurs milieux. C'est beau de mettre des millions pour
dépolluer, mais la conscience sociale de tous les citoyens ne
coûte pas très cher; je suis sûr que c'est un des moyens
efficaces pour régler beaucoup d'aspects de l'environnement. Dans ce
sens, M. le Président, je fais appel à tous les citoyens et entre
autres à ceux de mon comté, que ce soit du domaine industriel,
municipal, du côté des particuliers, des agriculteurs, de telle
façon qu'ensemble on puisse faire les efforts nécessaires pour ne
pas aggraver des situations de pollution dans notre milieu. On sait que la
rivière Yamaska fait partie d'une des trois zones au sujet desquelles le
ministre de l'Environnement a décrété un moratoire dans le
domaine des porcheries.
M. le Président, pour faire suite à cet aspect de
l'environnement, Venise-en-Québec, il y a environ trois ans, s'est vue,
je ne dirais pas octroyer, mais accorder 4 000 000 $ pour aménager une
plage municipale. Venise-en-Québec est sur la baie Missisquoi à
quelque distance des lignes américaines; ainsi les gens, au lieu d'aller
se promener à Plattsburg, restent au Québec dans un des
très beaux coins et je dirais un des coins encore plus beaux s'ils
réussissent à bien l'aménager. Le 4 000 000 $, comme de
raison, est encore au niveau des études pour la réalisation de ce
projet, mais ce que je souhaite, c'est que ce soit réalisé
puisque l'argent est déjà là. Maintenant, encore
là, il faudra s'assurer que la plage municipale qui pourrait être
développée ne sera pas polluée parce que, après
avoir mis 4 000 000 $ pour développer une plage municipale, si ensuite
on ne peut pas aller à l'eau parce que l'eau est polluée, cela
n'avancerait pas à grand-chose.
M. le Président, je ne pourrais pas parler du comté
d'Iberville en passant à côté de l'agriculture. Lors de
l'élection de 1976, je me souviens qu'on pouvait ramasser des feuilles
d'encan. En 1980-1981, à l'élection, ce ne sont pas des feuilles
d'encan que je pouvais ramasser dans le comté d'Iberville, mais
c'étaient des projets qui s'étaient réalisés. D'un
budget de 3 500 000 $ environ en 1976, il y a eu une augmentation de 105% pour
arriver à un budget de 7 034 000 $, de telle façon que le budget
qui a été octroyé dans le comté d'Iberville pour le
développement de l'agriculture a certainement aidé d'une
façon incomparable, par rapport à tous les autres gouvernements,
le développement de l'agriculture dans mon comté. Bien sûr
qu'il y a des compressions budgétaires dans tous les domaines, compte
tenu de la situation économique, mais, M. le Président, j'ai dit
que je mettrais en priorité l'agriculture et j'ai bien l'intention de
voir à ce que l'agriculture dans le comté d'Iberville continue
à se développer; si ce n'est pas au même rythme, du moins,
qu'elle continue à se développer d'une façon normale.
D'ailleurs, le comté d'Iberville est dynamique au point de vue
agricole et j'en donnerai comme preuve que c'est dans le comté
d'Iberville qu'il y a eu le premier syndicat de gestion agricole au
Québec.
Une voix: Ah!...
M. Beauséjour: Non, je ne veux pas m'attribuer le
mérite de la formation de ce syndicat. C'était arrivé
avant moi, mais un syndicat de gestion où les producteurs qui en font
partie peuvent mieux gérer leur ferme est, je crois, une grande valeur
dans un comté pour l'agriculture et les agriculteurs eux-mêmes.
C'est pour cette raison que je
m'étais mis à "achaller" au niveau du ministère et
du ministre pour qu'on développe d'autres syndicats de gestion et, en
1980-1981, nous étions rendus à 29 syndicats de gestion au
Québec. M. le ministre de l'Agriculture nous a indiqué, en
commission parlementaire, qu'en 1981-1982 ça pourrait aller
jusqu'à 34 syndicats de gestion. Je crois que c'est bon pour
l'agriculture et que les syndicats de gestion, dans notre milieu, vont apporter
à la longue une nouvelle façon de penser en agriculture.
M. le Président, dans le comté d'Iberville, bien
sûr, on pourrait parler aussi bien de la betterave à sucre dans le
nord du comté que des pommes à Rougemont et à
Saint-Paul-d'Abbotsford, avec leur problème de gelée, comme on en
a entendu parler hier pour la première fois; on pourrait parler de
l'industrie laitière. Si on se déplace vers L'Ange-Gardien, on
pourrait parler de l'industrie porcine ou de l'industrie
céréalière. Le comté d'Iberville, c'est un
comté idéal pour l'agriculture et j'ai bien l'intention qu'il
conserve sa vocation principale qui est une vocation d'abord agricole. (20 h
30)
Cela n'empêche pas nos petites et moyennes entreprises du
comté d'être dynamiques, et de s'être
développées. Je me souviens que, durant la campagne
électorale, j'étais à Saint-Pie qui fait partie de mon
comté, et un propriétaire d'industrie me disait que le
gouvernement, par son programme OSE, il le trouvait important, le gouvernement
avait fait de la promotion et avait apporté une aide financière
pour que nos industries puissent aller du côté de l'exportation.
Il trouvait que le programme, dans ce sens, leur rendait un grand service.
M. le Président, j'ai dit qu'il y avait plusieurs petites et
moyennes entreprises dans le comté d'Iberville. Comme de raison, je ne
les nommerai pas toutes ce soir, mais je signalerai, entre autres, les
Filaments Yamaska qui, lors du concours de la Chambre de commerce provinciale,
se sont vu attribuer le Mercure pour l'industrie novatrice de l'année;
c'est une industrie dans le domaine du textile. Ce que j'ai découvert
aussi, c'est que l'industrie Lajoie, dont les employés sont maintenant
propriétaires à 49%, fonctionne très bien et qu'il
règne un bon climat au niveau des employés dans cette
industrie.
J'ai visité plusieurs industries et souvent ce qu'on nous dit,
c'est que le taux d'absentéisme des employés est assez fort.
Parfois, je me dis qu'il faudrait peut-être trouver d'autres formules
pour amener les employés à s'intéresser au travail qui se
fait dans l'industrie. Comme je l'ai dit tantôt au début de mon
intervention, bien sûr, au Québec, peut-être à cause
du quatrième personnage qui nous invite à voyager aujourd'hui et
à payer plus tard, on est un peu gâtés. Parfois, on peut
dire que, contrairement à nos pères qui étaient
habitués à trimer dur, le travail nous fait un peu peur. Ce n'est
pas vrai partout, ce n'est pas vrai dans toutes les industries. Il y en a
beaucoup où on a du coeur au ventre, parce que j'ai visité
beaucoup d'industries dans mon comté, et il y en a qui ont à
coeur que leur travail réussisse et ils aiment leur travail. Je dirais
que les employés dans une industrie y sont pour beaucoup et, quand ils
aiment leur travail et qu'ils apportent quelque chose de positif à
l'industrie, ils l'apportent aussi à l'ensemble de la
société.
M. le Président, je voudrais aussi dire un mot au sujet des
municipalités de mon comté. Ce serait curieux de ne pas en parler
puisque j'en ai 30. Avant l'élection, j'en avais 32, mais maintenant
j'en ai 30. Je pense que c'est quand même un nombre assez grand. Je
dirais que, dans l'ensemble, depuis 1976, j'ai une très bonne
collaboration de leur part. Je pense que c'est important d'avoir la
collaboration des municipalités, parce que aujourd'hui, cela devient un
gouvernement près des citoyens qui devient de plus en plus important.
Qu'on pense simplement en termes de réforme de la fiscalité
municipale où les budgets des municipalités croissent de plus en
plus et aussi en termes des obligations qu'ont les municipalités.
J'ai souvent insisté aussi sur le rôle des
municipalités concernant les citoyens des municipalités. Je crois
qu'il y a encore beaucoup de choses à développer, les relations
des citoyens avec leurs municipalités ou bien des municipalités
avec les citoyens. Moi, je crois qu'une administration qui est ouverte envers
les citoyens et qui est de nature à mieux renseigner les citoyens est la
meilleure façon d'administrer. Bien sûr que nos dirigeants
municipaux n'ont pas toujours de loisirs, souvent il y a une partie de
bénévolat dans ce travail, mais je crois que, dans la mesure
où nos dirigeants municipaux s'approchent des citoyens, pas simplement
aux élections, il faut faire la même chose comme
députés. C'est ce que j'ai essayé de faire, c'est ce que
j'ai l'intention de continuer de faire. Mais aussi, au niveau des citoyens,
c'est de nature à mieux aider au développement des
municipalités.
M. le Président, vous me faites signe qu'il reste très peu
de temps, je vais être obligé d'en couper une partie... Je
voudrais signaler une chose, c'est que cet après-midi, à la
période des questions, il y a le député d'Argenteuil, chef
de l'Opposition, et je pense que c'est le député de Jean-Talon
qui sont revenus sur la question nationale; ils se posent des questions. Je
trouve que c'est bon; cela ne me surprendrait pas qu'un jour, s'ils nous posent
des questions comme celles-
là, c'est parce qu'ils veulent finir par adhérer à
notre parti. On ne sait jamais. Ils réfléchissent assez qu'on ne
sait jamais; un jour, peut-être qu'ils voudront adhérer au parti
des Québécois.
Du moins, si le parti des rouges qui est ici n'y adhère pas, ceux
qui y ont adhéré jusqu'ici, les libéraux qui ont
adhéré à notre parti, j'en suis fier et ceux qui voudront
y adhérer, ils sont les bienvenus. Il y en a plus que vous pensez.
Je peux vous dire qu'il y en a au moins une vingtaine, durant la
campagne, qui m'ont dit qu'ils étaient libéraux et qu'ils
votaient pour nous autres. Mais, juste pour préciser l'aspect national,
souvent on parle de l'objectif fondamental du Parti québécois qui
est la souveraineté et la souveraineté-association comme projet.
Mais c'est que le parti rouge qui est ici a oublié de lire un article de
notre programme et j'aimerais lui rappeler que ça existe: "Promouvoir le
plus possible l'autonomie du Québec au cours de la période
restant à passer sous le régime politique actuel". C'est
là, c'est ce que le premier ministre fait, c'est ce qu'il a fait aux
conférences fédérales-provinciales et c'est ce qu'il va
continuer à faire jusqu'au moment où les Québécois
diront: Je suis d'accord que le Québec ait les pouvoirs
nécessaires pour se développer normalement.
M. le Président, pour moi, dans un certain sens, promouvoir la
souveraineté-association, c'est être respectueux de ce que mes
ancêtres m'ont laissé comme héritage et je ne voudrais pas
les diminuer; c'est un Québec qui a ses pouvoirs, qui a plus de pouvoirs
et qui est ouvert sur le monde -c'est en ayant des pouvoirs qu'il peut
être le plus ouvert sur le monde - qui peut le mieux se
développer. C'est dans ce sens que je veux travailler et c'est dans ce
sens que j'invite mes concitoyens, entre autres les libéraux, les rouges
qui sont ici, à y penser. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: M. le Président, je voudrais
premièrement remercier mes concitoyens et mes concitoyennes du
comté de Hull pour m'avoir permis de relever ce nouveau défi et
de siéger à l'Assemblée nationale du Québec, afin
de tenter de trouver des solutions aux problèmes qui nous
préoccupent actuellement.
Je voudrais aussi remercier mon organisation politique et les 2500
membres de l'Association libérale du comté de Hull, tout en
incitant les gens à adhérer en grand nombre à notre
association, c'est à dire l'association du Parti libéral, le
pouvoir de demain.
(20 h 401
Je ne peux passer sous silence la collaboration que j'ai toujours eue de
mes collègues du conseil municipal de Hull. La collaboration que j'ai
toujours eue de la gérance de la ville de Hull, alors que j'étais
maire et conseiller municipal, les sept années qui ont
précédé. La collaboration que j'ai toujours eue des
directeurs de service et de tous les employés de la municipalité.
Je les incite à continuer à bien gérer la ville de Hull,
comme ils l'ont toujours fait, et à ne pas suivre l'exemple de leurs
grands frères de Québec, c'est-à-dire ceux qui occupent
actuellement le pouvoir et qui se permettent de gérer le Québec
à la bonne franquette.
En retour, M. le Président, je veux réaffirmer ma
volonté de participer activement au dynamisme du milieu et j'offre toute
ma collaboration aux organismes, aux associations, à tous mes
concitoyens, indépendamment de leur allégeance politique, car je
suis à leur service.
J'ai accepté, M. le Président, plusieurs
responsabilités à l'intérieur de mes nouvelles fonctions,
entre autres, je suis responsable et porte-parole dans le domaine municipal.
C'est un domaine qui me convient très bien et pour lequel j'ai
énormément de préoccupations pour les années
à venir. D'autant plus de préoccupations que j'ai eu l'occasion,
au cours des derniers jours, d'assister - et d'y faire une critique
constructive - à la commission parlementaire des affaires municipales.
Cela paraît, aujourd'hui, que les élections du 13 avril sont
passées. Les bonbons que le Parti québécois a
lancés à l'ensemble du Québec au cours des quatre
dernières années, c'est fini. On s'est fait dire en commission
parlementaire, par le ministre des Affaires municipales, M. Léonard, que
la loi no 57 avait, semblait-il, réglé la quasi-totalité
des problèmes des municipalités.
Je trouve malheureux que le ministre des Affaires municipales semble
s'asseoir sur une loi qui a été adoptée par son
prédécesseur, une loi qui a apporté certains correctifs,
mais qui a laissé aussi des maux à venir. Je trouve malheureux
que lors de l'étude de ces crédits, on nous ait dit
carrément que les subventions aux municipalités dans le domaine
de l'alimentation en eau potable, c'était fini. On nous a dit, M. le
Président, que les engagements passés, tant des gouvernements qui
ont précédé que du gouvernement antérieur... Je
suis heureux que, ce soir, l'ex-ministre des Affaires municipales, le nouveau
ministre délégué à l'Habitation, soit ici en cette
Chambre. Le ministre de l'époque s'était engagé avec sa
collègue, la ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement,
l'ex-députée du comté de Hull, à défrayer
une partie importante
des coûts de l'usine de filtration des eaux dans l'Outaouais
québécois, plus particulièrement dans la ville de
Gatineau, où on devait payer, d'après les dires de
l'ex-députée, la totalité des coûts de l'usine de
filtration. Un correctif a été apporté par la suite par le
ministre des Affaires municipales alors qu'il prévoyait défrayer
approximativement 50% des coûts. Lors de l'étude des
crédits, le ministre des Affaires municipales nous a informés que
c'est fini les subventions depuis la loi no 57. Je regrette, M. le
Président, nous allons devoir, plus particulièrement ceux qui
sont plus préoccupés par l'Outaouais, revendiquer constamment
auprès du gouvernement et auprès de ses ministres
concernés. Nous aurons peut-être même à consulter
notre nouveau parrain. Apparemment, le premier ministre du Québec a
nommé... On est habitué d'avoir des parrains dans l'Outaouais. On
a eu, d'après les péquistes, M. Parent, et, d'après nous,
on avait l'ex-députée et ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement, Mme Ouellette, qui se fourrait le nez à peu
près dans tout du point de vue de la région et maintenant on a le
ministre d'Etat au Développement économique, M. Bernard Landry.
J'ose espérer que, si c'est uniquement pour la question de patronage, on
laisse cela à d'autres ministres qui sont plus habitués, soit
à celui de l'Environnement ou à celui de l'Habitation.
En parlant de patronage...
Une voix: Ils ont la touche!
M. Rocheleau: ... je pense qu'ils ont sûrement la touche
depuis quelques jours. Je trouve malheureux que le rapport du
vérificateur, qui démontre un trou additionnel d'au-delà
de 600 000 000 $, n'ait pas été connu antérieurement au 13
avril. J'ose souhaiter que M. Larose, qui est le Vérificateur
général de la province, ne quitte pas son emploi parce qu'il
aurait été trop franc à l'intérieur du rapport
qu'il a fait.
Des voix: C'est épouvantable! Une voix: La
pureté de Hull!
M. Rocheleau: II n'y a absolument rien d'épouvantable
parce que nos collègues d'en face n'ont à peu près rien
entendu jusqu'à présent. Nous sommes actuellement en
période d'adaptation; ce ne sont que des pratiques que nous faisons
actuellement et on vous en réserve de meilleures pour plus tard. Vous
n'avez absolument rien à perdre, les "boys"!
On a parlé de la loi 57 et de son adoption; je pense qu'il va
falloir parler aujourd'hui de certaines modifications qui devront être
apportées à la loi 57. Nous avons adopté la loi 125 sur
l'aménagement du territoire et nous parlons actuellement de la
création de MRC. Il faudrait savoir qui va financer les MRC et à
quel coût on va les financer. Il va falloir connaître les
responsabilités que nous allons donner aux MRC et savoir aussi, qui va,
par la suite, en défrayer les coûts. Actuellement, on se rend
compte que le gouvernement s'amuse à passer la balle aux
municipalités. Exemple: le Régime d'assurance maladie du
Québec qui est passé de 1,5% à 3%. On a doublé la
participation du coût aux municipalités; en 1982, cela va
coûter 17 000 000 $ aux municipalités, 17 000 000 $ qu'on va
chercher dans la poche du petit contribuable par le biais du gouvernement.
Même chose dans d'autres domaines.
On vient à peine d'étudier la loi 11. On coupe dans
l'enseignement privé. On va permettre l'enseignement privé
uniquement aux riches. C'est cela, un gouvernement social-démocrate,
c'est cela, le gouvernement déguisé actuel, c'est cela qui sert
les Québécois et les Québécoises, actuellement. On
ne commence qu'à lever le voile qui va démontrer l'hypocrisie, le
mensonge que le gouvernement actuel, depuis 1976, laisse sous-entendre aux
citoyens du Québec.
Pas longtemps avant les élections du 13 avril, on mettait en
veilleuse l'indépendance, on respectait le référendum
parce que les citoyens du Québec s'étaient prononcés
à 60% pour le maintien du Québec à l'intérieur de
la fédération. Aujourd'hui, on vient de "réveiller" la
veilleuse et on recommence à nous parler des sornettes de
l'indépendance. Ils nous montrent leur vrai visage.
Une voix: Vous avez peur.
M. Rocheleau: Ne vous en faites pas, on n'a pas peur. La seule
chose que je souhaite, c'est que le gouvernement actuel ait la
décence... Ils nous disent souvent: II n'y aura pas d'autre
référendum durant notre mandat. Faites-en une, élection
sur la séparation, et dépêchez-vous, mais pas avec une
grande question d'une page complète que personne n'a comprise ou
à peu près personne. Vous allez arrêter de prendre les
Québécois et les Québécoises pour des dupes et vous
allez administrer le Québec à l'intérieur des
volontés des Québécois et des
Québécoises.
Mesdames et messieurs d'en face...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
(20 h 50)
M. Rocheleau: ... quand on vous dit la vérité,
ça vous choque. Apprenez à connaître la
vérité parce qu'au cours des prochains mois vous allez être
souvent choqués. Il est malheureux d'utiliser le peuple
québécois actuellement pour faire passer les idées
d'un
parti séparatiste, un parti qui a toujours été
reconnu comme séparatiste, mais, quand il arrive une élection, M.
le Président, on "veille" un peu. On met ça en veilleuse. On met
ça de côté. On fait accroire aux Québécois
que là, on va être un bon gouvernement. Mais en plus de ça,
M. le Président, à la suite du 13 avril, on a appris quoi? Un
trou additionnel. En plus du trou au point de vue de l'éducation de l'an
passé, on apprend des vérificateurs du gouvernement qu'il y a un
nouveau trou. Le ministre Parizeau, l'autre jour... Vous savez, c'est un type
qui est capable de communiquer, mais il ne sera pas toujours capable de cacher
à la population du Québec l'endettement actuel: vous êtes
en train de nous faire faire faillite, messieurs et mesdames de l'autre
côté.
Quand on a parlé de 14 000 000 000 $ de déficits
opérationnels au cours des quatre dernières années, on
aurait dû dire aux Québécois et aux
Québécoises qui travaillent, parce qu'il y a 28% des
Québécois et Québécoises qui travaillent, on aurait
dû leur dire qu'en se levant le matin, cela leur coûtait 5 $
uniquement en intérêts pour payer vos folies furieuses, les
dépenses éhontées que vous avez faites au cours des quatre
dernières années. On aura sûrement l'occasion de vous en
parler très bientôt et nous allons avoir énormément
de plaisir à le faire au cours de l'automne.
Je voudrais aussi, M. le Président, mentionner à cette
Chambre et à mes collègues, et plus particulièrement aux
citoyens, qu'on m'a aussi confié la responsabilité de critique
à la commission parlementaire des affaires intergouvernementales en ce
qui touche plus particulièrement la région de la capitale
nationale. Il faut dire, M. le Président, qu'au cours des quatre
dernières années...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement.
M. Picotte: M. le Président, vous comprenez sans doute que
je m'apprête à vous demander de faire respecter le droit de parole
de mon collègue de Hull. Même le député de Johnson
se permet d'être indiscipliné, ce qui me surprend beaucoup. M. le
Président, faites donc respecter les règlements.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement.
M. Chevrette: On peut toujours empêcher les gens de parler,
mais sûrement pas de rire.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je demanderais la
collaboration des deux côtés de l'Assemblée pour permettre
au député de
Hull de continuer son discours.
M. Rocheleau: M. le Président, je dois avouer candidement
que, quand on parle de vérité, qu'on regarde nos collègues
d'en face et qu'on examine le genre de gestion et le genre de politiques qu'on
a données aux Québécois et aux Québécoises
au cours des dernières années, on peut comprendre que l'on tente
de couper la parole à celui qui parle. Mais ne vous en faites pas, M. le
Président, les Québécois et les Québécoises,
au cours des prochains mois, des prochaines années, auront l'occasion de
répudier à tout jamais le Parti québécois pour le
mal qu'il fait aux Québécois actuellement.
M. le Président, je constate aussi, et je pense que c'est
important, je viens de le mentionner, que la région de la capitale
nationale a été privée, au cours des quatre
dernières années, de programmes importants à frais
partagés avec le gouvernement fédéral. Uniquement dans le
but de bloquer certains de ces programmes, on a bloqué en même
temps la construction, on a empêché la création de nouveaux
emplois et on a empêché aussi de nouveaux revenus à la
ville de Hull, afin de donner de meilleurs services à ses citoyens et
afin de maintenir un taux de taxes abordable pour les citoyens. C'est ça
que le député ou l'ex-député a fait au cours des
quatre dernières années. On s'amuse ici à l'encenser.
M. le Président, j'ose souhaiter, et j'ai même eu la
collaboration du ministre des Affaires intergouvernementales en commission
parlementaire l'autre jour, à savoir sur les problèmes
particuliers de la région de la capitale nationale, qui m'accordera une
oreille attentive afin de discuter de ces problèmes et afin
d'éviter tout retard dans des programmes de construction à
venir.
M. le Président, je ne peux terminer sans dire combien je suis
inquiet pour les jeunes qui actuellement sont à l'école, au
cégep et à l'université, les jeunes qui se sont fait
promettre au cours de l'élection des salaires, des jeunes qui demain
seront des chômeurs instruits. En parlant de chômeurs, M. le
Président, on a le championnat au Québec pour le taux de
chômage et je trouve malheureux que l'on semble abrier continuellement la
mauvaise administration que l'on donne à notre province. Je suis
préoccupé aussi, M. le Président, par les personnes
âgées qui ont besoin de logements additionnels. Nous avions
recommandé, la ville de Hull, alors que j'étais maire, des
programmes d'allocations au logement afin de permettre aux gens de demeurer
dans leur propre logement. Nous avons recommandé d'accorder une
subvention sur les lieux pour leur permettre de conserver leur milieu de vie,
leur entourage et leur vie sociale. On ne l'a pas encore eu, M. le
Président, et j'ose espérer que, par l'entremise du nouveau
ministre de l'Habitation, on l'aura bientôt.
En terminant, M. le Président, je voudrais demander à
cette Chambre, à l'ensemble de ceux qui établissent les
politiques pour le Québec d'être sincères dans les
prochains mois, d'arrêter de jouer avec les Québécois et
les Québécoises sur la question de l'indépendance du
Québec, d'arrêter de jouer sur la question de la constitution et
d'arrêter de faire passer le gouvernement fédéral pour
responsable de tous les péchés du monde. Si on disait, M. le
Président, avec honnêteté, la participation du gouvernement
fédéral dans tous les programmes. C'est vrai qu'il n'est pas
parfait, le gouvernement fédéral, mais c'est à nous autres
ce pays, M. le Président. De ce côté-ci de la Chambre, on
va continuer à le défendre, notre pays, envers et contre tous et
surtout envers les péquistes en face nous. J'espère que vous
serez assez honnêtes la prochaine fois pour dire à l'ensemble des
citoyens du Québec le sentiment que vous avez réellement dans le
coeur, que c'est la séparation du Québec que vous voulez. Nous
voulons demeurer dans le Canada, dans un Canada amélioré à
l'intérieur d'une nouvelle constitution. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, depuis le début des
discours en réponse au discours sur le budget, je vous avoue que j'en
perds mon latin à écouter l'Opposition. Ils sont contre les
compressions et contre le déficit. Il va falloir qu'il y en ait un dans
leur groupe qui nous explique la logique de leurs propos. Mais, si je me
lève à ce moment-ci, c'est d'abord, M. le Président, pour
riposter un peu au précédent intervenant. Je comprends qu'il ne
manque pas de culot, mais je ne peux pas laisser insulter une des mes
collègues qui a siégé avec nous pendant quatre ans,
laisser passer des affirmations aussi grossières que celles
proférées par le député actuel de Hull quand on
sait jusqu'à quel point Mme Jocelyne Ouellette s'est battue pendant
quatre ans et ce, en toute sincérité, on doit le dire, parce que
les "clippings" de presse, cela existe régulièrement. On doit
vous dire, M. le Président, que Mme Ouellette s'est battue avec
acharnement pendant quatre ans et ce, en ayant des bois dans les roues d'une
façon systématique par un maire d'une grosse ville qui ne s'est
pas gêné, systématiquement, d'une façon partisane,
pour bloquer l'ensemble des dossiers qu'elle voulait mettre de l'avant pour le
comté de Hull.
Qu'on pense à l'accent que Mme Ouellette mettait sur le Palais
des congrès, aux efforts qu'elle a faits pour le développement de
la Haute-Gatineau, aux efforts qu'elle a faits pour les personnes
âgées et ce, au niveau des quartiers de la ville de Hull. Si elle
avait eu toute la collaboration dont elle était en droit d'attendre d'un
maire qui se dit représentant de toutes les classes de la
société, des personnes âgées... Je l'écoutais
tantôt avec une voix quasi mielleuse: mes préoccupations, les
personnes âgées. Si c'était cela, M. le maire de Hull, M.
l'ex-maire de Hull, pourquoi n'avez-vous pas appuyé les efforts de notre
consoeur, Mme Ouellette, qui se dévouait corps et âme pour
développer votre coin de pays? Je vous avoue très
honnêtement qu'on peut rester froid et calme devant certains discours, on
comprend qu'il y a peut-être une notion de spectacle, à un moment
donné, au niveau de certains discours en Chambre, mais quand on pousse
le culot jusqu'à l'indécence, il faut s'attendre à se
faire retrousser une fois de temps en temps, et c'est ce que j'entendais vous
faire, M. le maire de Hull.
Une voix: Ex-maire.
M. Chevrette: L'ex-maire, oui, au grand bonheur de ses
concitoyens.
M. le Président, on parle de budget. On ne s'est pas caché
pour tout mettre dans le budget, nous. J'écoutais ces pauvres gens
s'inquiéter de l'état alarmant des finances publiques. Mais il
n'y a pas eu de cachettes dans le budget, on n'a pas camouflé des
déficits olympiques dans ce budget; on a tout mis dedans, y compris les
cachettes que vous faisiez au niveau du fonds de retraite, messieurs les
libéraux. Quand on est arrivé, il y en avait, tenez-vous bien,
seulement pour 4 000 000 000 $ de cachettes, ce qui fait 6 000 000 000 $
aujourd'hui, si on compte l'accumulation. On n'a pas caché non plus le
fruit de vos fameuses politiques au niveau de l'administration en
éducation, ce qui a provoqué un immense trou que vous avez
dramatisé et qu'on doit payer, mais on l'a mis dans le budget, on ne
s'est pas gêné pour le mettre dans le budget. Si vous enleviez
uniquement le résultat de votre mauvaise administration, vous pourriez
couper le déficit d'au-delà de 1 000 000 000 $. Encore là,
vous trouveriez que c'est dramatique, bien sûr. Bien sûr que c'est
dramatique: vous comparez 2 000 000 000 $ en 1981 à 2 000 000 000 $ en
1973, mais, pour vous, il n'y avait rien là dans le temps, avec vos
nombreuses cachettes en plus.
Je pense, M. le Président, qu'il faut faire un appel
spécial, à ce moment-ci, aux groupes structurés de notre
société qui ont la chance de bénéficier de
structures de pression et d'évoluer normalement, selon le rythme du
coût de la vie. J'avoue très honnêtement, après avoir
pataugé des deux côtés de la clôture, comme diraient
certains
de nos amis d'en face, que je me rends compte qu'on a la mémoire
trop courte, bien souvent, et qu'on a une capacité d'analyse trop
faible. Quand le gouvernement décide de réduire les impôts,
il réduit les impôts des groupes structurés tout autant que
des groupes non structurés qui n'ont pas la chance de vivre
l'évolution normale des salaires ou de bénéficier des
indexations normales dont les autres bénéficient.
Je fais appel aux groupes structurés de notre
société, en particulier du secteur public, pour bien regarder
jusqu'à quel point les mesures gouvernementales qui s'appliquent
également à eux viennent renchérir leur statut. Bien
souvent, ou l'oublie. Je jasais dernièrement avec des leaders syndicaux
qui me disaient: On a eu seulement 7,5% d'augmentation dans la fonction
publique, et ce n'est pas beaucoup. Je leur disais: Oui, mais comptez-vous
également le remboursement d'impôt qu'on donne depuis des
années? Depuis qu'on est là, quatre baisses d'impôt
successives! Cela fait partie de l'amélioration de votre statut. Il y a
des groupes dans la société qui sont encore au salaire minimum et
qui n'ont que les programmes gouvernementaux généraux qui
s'appliquent à eux. Encore là, vous êtes choyés,
vous êtes des privilégiés.
C'est un peu ce message, au niveau du discours sur le budget, que je
voulais transmettre pour faire en sorte que nos concitoyens qui ont la chance
de bénéficier de structures de pression, qui ont la chance de
bénéficier des avantages d'une négociation de convention
collective soient aussi compréhensifs, dans une période de
récession économique, vis-à-vis d'autres groupes de la
société qui, eux, n'ont pas ces avantages. J'ai voulu davantage,
au tout début de mon bref exposé, répondre à ce qui
me semble de l'ingratitude parlementaire après avoir entendu le
député de Hull. J'ose espérer que les
députés de l'Opposition qui ont défait des candidats qui
ont travaillé de bonne foi pendant quatre ans et qui ont trimé
dur au niveau de cette Assemblée nationale pour améliorer le sort
des gens de leur comté ne prendront pas l'attitude ni l'habitude de
faire ce que le député de Hull fait chaque fois qu'il se
lève. Il semble qu'il craigne énormément les prochaines
élections puisqu'il tente déjà de terrasser
l'éventuelle adversaire qui, cette fois-ci, n'aura pas de misère
à le trimer après l'avoir entendu pendant quatre ans. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, il était une fois un
territoire qui était beaucoup plus petit que le Québec, mais dont
la population était beaucoup plus grande que celle du Québec, 10
000 000 d'âmes, soit peut-être plus d'une fois et demie celle du
Québec. Il y a plusieurs années de cela, ce territoire avait un
chef qui n'avait pas de panache, pas d'apparat, qui ne parlait pas si bien en
public, qui ne savait pas sourire aux foules. Quelques années
après, cette population de 10 000 000 d'âmes fit une nouvelle
élection, elle élit un nouveau chef qui, lui, savait sourire aux
foules, qui était joli garçon, qui faisait de très beaux
discours, qui avait du panache, qui avait du charisme. Et soudain ce fut
l'euphorie, ce fut la grande gloire publique; soudain, dans ce territoire, les
grands parcs publics devenaient des foires où les lumières
s'allumaient pendant l'été. On donnait des concerts en public,
beaucoup d'argent était dépensé, tout allait bien,
c'était le grand bonheur. Cela dura cinq, six, sept années et,
ensuite, le successeur de ce chef si populaire continua dans la même
voie. On continua justement tout ce grand faste, cette grande gloriole, les
drapeaux flottaient et, pendant ce temps, beaucoup de citoyens étaient
en chômage. On connaissait un chômage beaucoup plus grand que dans
les territoires avoisinants, mais on ne se tracassait pas beaucoup pour cela.
Il y avait beaucoup d'argent, tout avait l'air de rouler très bien et
soudain, d'un coup, en 1975, ce territoire, qui avait connu tellement de beaux
jours pendant ces deux administrations, déclara d'un jour à
l'autre qu'il faisait presque faillite.
Cela n'est pas une histoire rêvée, ce n'est pas un conte de
fée; c'est l'histoire qui a été vécue par la ville
de New York, qui, maintenant, est vécue par Philadelphie, par
Détroit, par Cleveland, par beaucoup de villes aux
États-Unis.
On dira: Ce n'est pas la même chose. Mais c'est exactement la
même chose, parce qu'on a dépensé à gogo pendant des
années. On ne s'est pas préoccupé de penser que les
recettes doivent excéder les dépenses d'année en
année, que, si ce n'est pas le cas, d'un jour à l'autre, les
déficits vont s'accumuler, le coût du service de la dette va
devenir tellement grand qu'on ne pourra plus fonctionner. C'est cela qui est
arrivé à New York. C'est cela qui arrive aujourd'hui à
tellement de grandes villes américaines. C'est cela qui arrive à
l'Angleterre. C'est cela qui arrive à tellement d'endroits qui ont
vécu au-delà de leurs moyens. C'est cela qui arrive aujourd'hui
au Québec. Il ne faut pas se leurrer, c'est cela qui se passe.
Que nous arrive-t-il au Québec? Le fait est bien simple. Si on
prend un indice de 100 par tête d'habitant, qu'en est-il dans chaque
province du Canada? Dans l'Alberta, on dépense 118 par habitant pour un
indice de 100, au Québec, 108, c'est la province qui dépense le
plus après l'Alberta. Dans la Colombie britannique, province riche qui
a
des recettes qui excèdent les dépenses, l'indice est 100.
Dans l'Ontario, 94. Pourtant, notre capacité fiscale par habitant, nos
recettes par habitant, en Alberta, pour un indice de 100, sont de 192,
c'est-à-dire que pour 192 $ qu'ils retiennent ils dépensent 118
$. En Colombie britannique pour 104 $ qu'ils retiennent par tête
d'habitant, ils dépensent 100 $. Au Québec, nous recevons 92 $ et
nous dépensons 108 $. Dans l'Ontario - le déficit, c'est
sûr, il est là -ils reçoivent 88 $ et ils dépensent
94 $. Mais ici au Québec la marqe entre nos recettes et nos
dépenses est la plus qrande qu'il y ait dans toutes les provinces du
Canada. C'est cela le problème, le problème est aussi simple que
cela. (21 h 10)
Si, dans une famille, on dépense beaucoup trop, on dépense
beaucoup plus qu'on ne gagne, on se trouve avec des prêts en banque, on
utilise la Master Charge, on utilise la Visa, on consolide des comptes en
banque et bientôt les intérêts sont tellement forts qu'on ne
peut plus vivre, on ne peut plus continuer. C'est ça qui nous arrive
aujourd'hui; alors, soudain on a découvert qu'on dépensait
trop.
Au Québec, si on veut mettre ça en chiffres, par habitant,
on dépense 2721 $ pour notre poids gouvernemental. Au Canada entier, en
moyenne, c'est 2350 $; en Ontario, moins de 2000 $. La chose est simple, on
dépense trop d'argent et on n'en gagne pas assez.
Dans tous les éléments, dans tous les barèmes,
selon tous les facteurs qu'on peut comparer, le produit intérieur brut,
les immobilisations, le taux de fabrication, partout nos indices sont
défavorables par rapport à ceux du Canada, en moyenne, par
rapport à ceux des autres provinces.
Pour ce qui est de notre chômage, ce qui affecte le plus les gens,
notre chômage est un chômage record, chômage record chez les
adultes, chômage superrecord chez les jeunes; 17% des jeunes sont en
chômage; dans certains secteurs, 30% des jeunes sont en chômage.
C'est ça, notre bilan d'aujourd'hui.
Alors, qu'est-ce qu'on fait? On décide soudainement qu'il faut
changer les choses, on décide soudainement qu'il faut que ça
cesse; d'un jour à l'autre, on fait des coupures. Dans quoi coupe-t-on?
On coupe dans les secteurs qui sont la raison d'être d'un gouvernement,
sa raison d'exister: l'éducation, les affaires sociales; c'est là
qu'on commence par couper.
Et pourtant, est-ce que c'est là qu'on devrait vraiment couper
comme on l'a fait, d'un jour à l'autre, soudainement, sans rime ni
raison parfois, sans même que nous ayons des barèmes, sans
même que nous sachions où ces budgets sont coupés?
Pendant ce temps, il y a une élection, il y a deux ou trois mois
de cela; et on faisait tant de promesses, combien de promesses! On disait: Nous
allons bâtir de nouvelles salles d'urgence, sept ou huit par-ci
par-là, nous allons donner ceci, cela, de nouvelles routes, des
promesses interminables, dans l'habitation, dans les affaires sociales, dans
l'éducation, un nouveau campus pour le Collège Dawson, etc.
Pendant qu'on faisait toutes ces promesses, il n'y a même pas deux
mois, aujourd'hui, on a décidé que, dans ces mêmes secteurs
de l'éducation et des affaires sociales, on fait des coupures
intransigeantes, on fait des coupures radicales.
Il faut se poser des questions. L'autre jour, j'ai reçu deux
petits paquets avec une lettre du ministre des Communications disant: Cette
année, ce sont des coupures, ce sont des compressions, on n'a pas pu
vous donner beaucoup de drapeaux, on a eu à limiter le chiffre à
environ 270 $ par député. Si on multiplie ce chiffre par 122
députés, ça faisait bien près de 30 000 $ en petits
drapeaux, en grands drapeaux, en petits boutons, en grands boutons, en toutes
sortes de petites décorations, en glorioles inutiles.
Quand on regarde le faste qui se fait autour de nous, tous ces bureaux,
tous ces grands travaux qui ne finissent pas de jour en jour, ces
améliorations continues, où sont les coupures, où sent-on
les coupures dans cette gloriole, dans ce décor inutile?
Notre présence internationale. J'ai voyagé beaucoup dans
le monde; partout où j'ai été, il y a un drapeau du
Québec, sans jamais de drapeau du Canada, naturellement, à
Grosvenor Street, à Paris, à Milan et ailleurs. À Paris,
nous avons une délégation qui, me dit-on, est encore plus grande
que l'ambassade du Canada. Ah oui, il faut une grande présence
internationale, mais là, est-ce qu'on fait des coupures? Est-ce qu'on a
dit: On va réduire le personnel de 100 personnes à Paris, que
sais-je, de 10, 15 ou 20? C'est censé être une
déléqation d'économie et de commerce, mais surtout ils
font de la politique. Ce sont les ambassades de demain. Est-ce qu'on a
coupé là avant de couper dans le secteur des affaires sociales,
avant de couper dans le secteur des écoles, de l'enseignement
privé et de l'enseignement public? Mais non. Les pensions des
députés, est-ce que j'ai entendu un seul député de
l'autre côté dire: Écoutez! s'il faut couper,
commençons par regarder cela? Ce sont des pensions qui sont beaucoup
plus élevées que la pension de n'importe quel travailleur au
Québec. C'est cela qu'il faudrait dire. C'est cela qu'il faudrait
revoir, toutes nos priorités. Ce grand faste, ces dépenses
innombrables qu'on fait ici: on ne pense jamais à couper ici.
Notre fonction publique coûte beaucoup plus que celle de
l'Ontario. On va me dire
que ces chiffres-là sont des chiffres qui ne veulent rien dire.
Mais cela veut dire quelque chose. Peut-être qu'on ne veut pas entendre,
mais cela veut dire quelque chose. Il y a dix ans, l'écart qu'il y avait
entre la fonction publique de l'Ontario et celle du Québec,
c'était un écart de 18%. Maintenant, en 1980, les derniers
chiffres que nous avons indiquent un écart de seulement 8%. Notre
fonction publique augmente et augmente. On dit qu'on a coupé dans la
fonction publique. Mais on crée toutes sortes d'offices, l'office de
ceci, l'office de cela, l'office d'une troisième chose où, bien
souvent, les amis de nos amis deviennent de hauts fonctionnaires gagnant
beaucoup d'argent. On crée des bureaucraties, on crée des emplois
- ce ne sont peut-être pas des emplois directs du gouvernement, ce sont
certainement des emplois indirects - et je ne vois pas beaucoup de
coupures.
Cela m'a beaucoup intéressé, en commission parlementaire
où j'ai participé, de voir que dans les programmes
eux-mêmes on a beaucoup coupé, mais quand il s'agit de
l'administration elle-même... On a fait un relevé bien
intéressant; pour certains des fonctionnaires, les salaires avaient
augmenté d'une façon assez conséguente pendant que les
services directs avaient diminué. C'est cela qu'il faut revoir.
On a parlé de taxes. On a dit l'autre jour que les impôts,
on ne les avait jamais autant diminués, mais pourtant les statistiques
disent le contraire. Je citais, l'autre jour, des chiffres qui montraient que
même quelqu'un avec un revenu imposable de 10 000 $, le commun des
mortels, la personne au revenu moyen, paie beaucoup plus d'impôt ici
qu'à Terre-Neuve ou dans n'importe quelle des provinces
défavorisées. Les taxes indirectes, que ce soit la taxe
d'Hydro-Québec, que ce soit la taxe sur l'essence, que ce soit le
nouveau 1,5% qui va aller à la Régie de l'assurance-maladie et
qui ira indirectement au trésor, retomberont sur les consommateurs. On
dit qu'on a réduit les impôts, mais on a augmenté comme
jamais auparavant les taxes indirectes.
Je sais qu'on dira que l'exode, c'est de la frime, cela n'existe pas.
CIL, ce n'est pas parti; CAE, ce n'est pas parti; Northern Electric, ça
n'a jamais parti, etc. On dira que, même s'ils sont partis, cela se passe
ailleurs. C'est le mouvement normal vers l'Ouest. Mais je n'ai jamais vu aucun
siège social américain sortir de New York pour aller à
Phildelphie. Peut-être qu'il va déménager en Californie,
d'accord, mais on ne sort pas de Montréal pour aller à Toronto,
à 350 milles seulement. Il faut qu'il y ait une raison pour cela. La
raison est très simple. C'est une raison d'attitude. Comment voulez-vous
attirer des affaires? Comment voulez-vous attirer une économie nouvelle?
Comment voulez-vous attirer des investissements, des immobilisations, si un
homme d'affaires a écouté le discours d'aujourd'hui du premier
ministre, s'il a écouté pendant le week-end les discours du
premier ministre, du ministre d'État au Développement
économique qui disait: Mais non, on n'a même plus besoin de
l'association avec le Canada; on cherche une association continentale. Nous
sommes tellement grands et tellement forts; on cherche une association
continentale, quand nous ne pouvons pas gérer notre investissement et
réaliser assez de revenus pour payer nos dépenses. On cherche un
investissement continental pendant que nous, on perd une firme après
l'autre, un siège social après l'autre. On dira: Mais cela, ce
sont des "blokes", ce sont des étrangers, ce sont des Anglais. ...
Ciba-Geigy, une firme suisse, elle aussi est partie pour l'Ontario. Pourquoi
l'a-t-on perdue? (21 h 20)
Ce qu'il faut, c'est un changement d'attitude, un changement de
direction, un changement positif qui ne voudra pas qu'Oswald Parent - je ne le
connais pas du tout, je n'en sais rien - un francophone aille passer des tests
inutiles à l'Office de la langue française et qu'on fasse une
publicité inutile. Il y a toutes sortes de bureaucrates qui passent des
jours sur une histoire tellement ridicule! II ne faudrait pas qu'il y ait des
Mrs Lorey qui, après avoir travaillé vingt ans dans une firme
avec des francophones sans jamais avoir de problèmes, à cause
d'un règlement ridicule, a quitté cet emploi. C'est cela que les
investisseurs lisent dans les journaux, c'est à cela qu'ils
réfléchissent et c'est pour ça qu'ils nous quittent. C'est
cette attitude de mesquinerie, de chinoiserie, cette attitude qui voudrait
qu'on construise autour de nous des murs au lieu de bâtir des liens entre
les qens, au lieu de bâtir des ponts avec les autres provinces et les
autres pays, cette attitude de petite république, cette petite gloriole
de drapeaux de 232$, les petits drapeaux et les grands drapeaux, les petits
boutons et les grands boutons! Que ce soit le drapeau à feuille
d'érable ou le drapeau du Québec, tout cela, pour moi, c'est de
la frime. Je veux bien qu'on ait un drapeau, je veux bien qu'on ait des
symboles, mais tout ce faste, toute cette dépense inutile, toute cette
gloriole, que ce soit la feuille d'érable ou la fleur de lis, ça
ne me dit rien, je trouve cela ridicule.
Ce qu'il nous faut ici, c'est de revoir nos priorités. Ce qu'il
nous faut d'abord, c'est de garder ici l'économie que nous avons, c'est
essayer de garder ici les sociétés, les sièges sociaux et
les firmes qui sont déjà ici, ne pas les laisser quitter. Les
meilleurs clients, ceux qui bâtissent au Québec, sont ceux qui
sont déjà ici. Il faut que nous soyons d'accord que l'industrie
privée, les immobilisations du secteur privé,
ce n'est pas un péché mortel. Si aujourd'hui General
Motors, Pratt & Whitney ou une autre firme semblable emploie 7000, 10 000
ou 12 000 Québécois, est-ce que ce n'est pas un apport
très positif? Alors, il faut les garder au lieu de garder les
chômeurs.
Il faut parler aussi de notre attitude comme celle d'une province qui a
décidé, l'année dernière, de rester dans le Canada.
On reste dans le Canada sans jamais profiter justement de cette présence
dans le Canada, de cet apport fédéral qui nous aiderait à
obtenir toutes sortes d'accords fiscaux, toutes sortes de contributions
fédérales qui sont tout à fait négligées.
Quand on voit, dans un meeting, dans un sommet à Montréal qu'on
exclut la présence fédérale qui produit quelque chose
comme 73 000 emplois, les plus grosses sociétés d'État ici
- Air Canada, Canadien national et aujourd'hui Pétrofina -il faut les
garder, il faut entretenir cette présence au lieu de faire comme si
elles n'existaient pas, comme des autruches.
J'espère que demain on aura un Québec ouvert aux autres,
ouvert aux investisseurs, quels qu'ils soient, ouvert à un
échange réel avec les autres provinces. J'espère que
Montréal redeviendra le coeur même de notre économie, un
Montréal qui aura une vocation internationale, une vocation qui
profitera de l'apport fédéral. Il faut profiter au maximum de
cette présence fédérale ici. J'espère qu'on va
remettre le cap sur l'avenir dont parlait le premier ministre, mais un avenir
différent, pas un avenir de petite république, de petite
gloriole, de bureaucratie, de paperasse, de petite république. Il
faudrait un avenir beaucoup plus ouvert, un avenir qui voudra justement
accepter qu'on vive dans un continent, un immense pays qui peut nous apporter
beaucoup de support, qui peut nous apporter des ouvertures économiques,
des ouvertures fiscales, des ouvertures d'investissements. Alors, il faudra
qu'on change notre attitude, qu'on mette le cap sur un réel avenir,
qu'on remette les pieds sur terre. Comme New York, il faudra revoir nos
priorités. On dépense trop d'argent pour ce qu'on a. Il faudra
vivre selon nos moyens.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: M. le Président, depuis le début de ce
débat sur le discours sur le budget, également lors du
débat sur la loi 11 qui était très proche, on s'en
souviendra, de toutes ces questions budgétaires, je dois vous dire ma
grande déception face aux propos qui sont véhiculés
constamment par l'ensemble des députés de l'Opposition qui
siègent en face de nous en cette Chambre. En effet, M. le
Président, bien naïvement, comme néophyte à
l'Assemblée nationale, j'aurais cru que le rôle des
députés de l'Opposition, comme celui des députés
ministériels d'ailleurs, eût été un rôle
constructif. J'avais pensé bien naïvement, je le
répète, qu'ils avaient comme nous une responsabilité face
aux gens qui les ont élus et qu'ils avaient le respect de la gestion des
deniers publics. À la place de ce discours qui m'aurait semblé
tout à fait justifié, je dois vous dire qu'on a assisté
depuis quelques jours à un exercice collectif de basse démagogie
et l'intervention du député de Nelligan qui vient de
précéder en est un exemple frappant.
M. le Président, on a crié sur tous les toits: les pauvres
institutions privées du Québec! On a essayé de faire
croire à toute la population du Québec que le gouvernement
péquiste, le méchant gouvernement péquiste, avait
carrément balayé les institutions privées du paysage de
l'éducation au Québec. C'est ce qu'on a essayé de faire
croire, mais on s'est bien gardé, M. le Président, d'expliquer
à la population du Québec -heureusement, certains de mes
collègues l'ont fait avant moi - que les institutions privées du
Québec ont été gâtées et sont toujours
gâtées beaucoup plus qu'on ne les gâte dans les autres
provinces canadiennes.
Également, on a crié que les pauvres assistés
sociaux étaient victimes de toutes les coupures imaginables. Mais on
s'est bien gardé de rappeler que ces mêmes députés
de l'Opposition, voilà pas si longtemps, en période
électorale, ont condamné systématiquement le programme
OSE, l'opération solidarité économique, qui avait pour
but, entre autres choses, d'aider par des subventions les personnes qui avaient
quitté le marché du travail depuis assez longtemps à
redevenir productives pour l'ensemble de notre société. Cela, on
s'est bien gardé de le rappeler, M. le Président.
Également, on a crié sur tous les toits que le Parti
québécois en voulait aux handicapés du Québec. On a
osé le faire, M. le Président, alors même qu'on
présentait la loi 12 pour éviter la discrimination, entre autres,
chez les handicapés. On a évité d'en parler, M. le
Président. On a parlé de quelques restrictions budgétaires
qui risquaient d'incommoder certaines personnes qui appartiennent à
cette catégorie. Eqalement, on a évité bien soigneusement,
il faut le dire, de dire à toute la population du Québec que les
investissements dans le domaine des immobilisations pour faciliter
l'accès aux édifices publics ont été infiniment
plus nombreux depuis quelques années, grâce à la bonne
gouverne des gens du Parti québécois, qu'ils ne l'avaient
été en d'autres temps dans l'histoire du Québec.
Également, on a fait de la démagogie avec les pauvres
personnes âgées du Québec qui étaient si mal
traitées par les méchants
péquistes. Mais on a omis de dire, M. le Président, que le
gouvernement du Parti québécois, dans un geste responsable lors
du dernier mandat, avait augmenté d'une façon considérable
l'ensemble des lits dans les centres d'accueil pour les personnes
âgées. (21 h 30)
On a omis de dire également, lorsqu'on criait à la
défense des personnes âgées, que le gouvernement du Parti
québécois avait fait énormément pour le maintien de
ces personnes dans leur milieu naturel par Logirente, entre autres, et par
d'autres mesures au moyen des CLSC, mesures qui étaient destinées
à garder ces gens chez eux et c'est ce qu'ils désiraient qu'on
fasse. On a omis de dire également qu'on leur avait donné la
gratuité des médicaments. On a utilisé, M. le
Président, dans cette Chambre, au cours de ces débats, les plus
démunis de la société pour faire un exercice de basse
démagogie, mais on s'est toujours gardé de dire à
l'ensemble de la population du Québec comme à l'ensemble des
députés de cette Chambre comment - et c'est la question que je
posais au Parti libéral la semaine dernière, lors du débat
sur la loi 11 - on pouvait concilier une position comme la leur, qui consistait
à condamner littéralement le déficit du Québec et
qui, en même temps, condamne systématiquement tout ce qu'on fait
de restrictions budgétaires pour tâcher de garder le budget du
Québec dans des proportions raisonnables et acceptables par la
population.
Si le gouvernement aujourd'hui, M. le Président, est placé
dans la situation où il doit apporter certaines restrictions
budgétaires dans l'accroissement des dépenses, il importe de
savoir qu'avant ce présent gouvernement, il y a eu un mandat qui a
été exercé par un gouvernement du Parti libéral, un
gouvernement composé de gens comme ceux-là qui n'avaient pas plus
de programme, d'idées et de façons de gérer le
Québec, les deniers du Québec, que ne semblent en avoir nos amis
d'en face. En effet, le gouvernement du Parti québécois a
hérité - c'est triste à dire, mais je pense qu'il convient
à ce moment-ci de le soulever probablement de la plus mauvaise
administration qu'on ait connue depuis fort longtemps au Québec, les
années 1970-1976.
En effet, on fait état très largement et on ne se
gêne pas dans l'Opposition pour nous rappeler constamment le
déficit budgétaire de l'éducation, le trou dans le domaine
de l'éducation, mais ce qu'on ne dit pas, M. le Président, c'est
que ce déficit budgétaire a été occasionné
de toutes pièces par la faiblesse des mécanismes de
contrôle qu'avait mis sur pied le précédent gouvernement
qui était composé de certains de ces députés qui,
aujourd'hui, crient au scandale pour le trou de 500 000 000 $. Ce qu'on a
oublié de dire, c'est que le déficit budgétaire a
été causé par le fait que, dans une commission scolaire,
les états financiers étaient produits quelque huit mois à
un an, dans l'ancien système, après que l'année
financière eut été effectivement close et,
deuxièmement, l'analyse qui en résultait, évidemment,
survenait beaucoup plus tard. Ce qui fait qu'un gouvernement du Parti
québécois a hérité, en 1976, de la plus grave
lacune de contrôle qu'un gouvernement avait pu mettre sur pied auparavant
et c'est cette même lacune de contrôle que les gens du cabinet et
les députés du Parti québécois se sont
appliqués à corriger en restructurant toute la fiscalité
municipale et scolaire. On condamne encore, du côté de
l'Opposition, cette mesure éminemment souhaitable qui, probablement non
seulement probablement, évitera très certainement au gouvernement
dans les prochaines années, de ne plus avoir le contrôle des
dépenses dans le domaine de l'éducation. Le déficit de 500
000 000 $, si j'étais de l'Opposition, je n'en parlerais pas trop, parce
qu'il a été causé par une faiblesse de leurs règles
de contrôle.
Également, M. le Président - et le député de
Joliette en a fait mention tout à l'heure - on avait camouflé
auparavant, on avait toujours camouflé le déficit qui
s'accumulait constamment à partir des caisses de retraite des
employés des systèmes public et parapublic. On avait toujours
laissé de côté, dans les finances gouvernementales, ces
sommes d'argent assez impressionnantes, parce que, quand le gouvernement
perçoit des cotisations, évidemment, il contracte des obligations
envers les gens qui paient ces cotisations. Mais on se fiait sur le fait qu'il
y avait plus de cotisants que de personnes à la retraite et tout
fonctionnait normalement. Mais il y avait un déficit actuariel qui
s'accumulait et qu'on n'avait jamais considéré dans aucun budqet
du Québec. Le présent gouvernement a au moins le mérite,
M. le Président, d'avoir pris ses responsabilités, d'avoir pris
en charge ce déficit et d'avoir versé enfin ce que l'État
devait verser, sa juste part, dans ce système de retraite.
Tout à l'heure, on faisait état de l'accroissement du
nombre de fonctionnaires. Je pense bien que, s'il y a un gouvernement qui a
montré de la modération dans tout cet accroissement de l'appareil
administratif, c'est bien le gouvernement du Parti québécois, qui
en est arrivé non pas à une croissance zéro, mais bien
à une décroissance du nombre de ses fonctionnaires. On s'est bien
gardé de dire à la population du Québec que sous le
précédent gouvernement du Parti libéral, bien sûr,
on a observé pendant quatre années une hausse moyenne des
dépenses de l'État d'environ 21% par année. On s'est bien
gardé de dire que le gouvernement du Parti québécois avait
ramené, d'une façon
consciente et responsable, cet accroissement des dépenses
à un taux d'environ 16% l'an dernier et de 13% cette année. Je
pense qu'il s'agit là d'un taux d'accroissement tout à fait
raisonnable et qui fait preuve du sens des responsabilités du
gouvernement, ce qui démontre à la population de tout le
Québec que notre gouvernement est conscient des dangers que constitue
une croissance trop rapide de tout notre appareil gouvernemental.
Enfin, on s'est bien gardé de dire, dans l'Opposition, que le
précédent gouvernement, formé de ces gens, nous a
laissé le déficit olympique de 2 000 000 000 $, lequel
déficit, d'ailleurs, notre gouvernement a dû refinancer pour
penser un jour éteindre cette dette qui n'aurait jamais
été éteinte et qui aurait hypothéqué
l'avenir des générations futures. On s'est bien gardé d'en
parler lorsqu'on s'est exclamé à hauts cris que le gouvernement
du Parti québécois gérait mal l'argent des
contribuables.
On nous cite souvent, comme exemple, la Confédération, le
Canada, mais on oublie de dire à la population du Québec que, si
le déficit du Québec a atteint des proportions relativement
restreignantes, le déficit du Canada - et l'ensemble des chiffres le
prouve - est deux fois plus élevé compte tenu des revenus dont
dispose le gouvernement fédéral par rapport aux revenus dont
dispose le gouvernement du Québec. On s'est bien gardé d'en
parler.
Tout à l'heure, on parlait de certains sièges sociaux, qui
pourraient éventuellement, quitter la ville de Montréal. Je pense
que les premiers responsables de ce manque de confiance dont on fait
état parfois, ce sont nos adversaires qui ne se gênent pas et qui
ne se sont jamais gênés, surtout en période
électorale, pour véhiculer toutes sortes de peurs parmi les
citoyens du Québec, qu'ils soient corporatifs ou que ce soient des
individus. Enfin, je rappellerai qu'on a fait état largement,
voilà quelque temps, du coup de la Brink's; on avait déjà
parlé également - et je me permets d'en reparler ici - des peurs
qu'on a faites aux vieillards à la veille du référendum.
Je pense que les marchands de peur, ceux qui s'appliquent
systématiquement, en ne faisant preuve d'aucun sens des
responsabilités, à semer la peur au Québec, ceux qui
s'appliquent à faire craindre certains investisseurs au Québec,
ce sont nos amis d'en face qui n'en finissent plus de faire de la basse
politique sur une question d'intérêt national pour laquelle on
devrait avoir une cohésion de tous les instants.
Notre gouvernement a apporté un certain nombre de mesures. Notre
gouvernement, au trou de 500 000 000 $ qui a été
créé par le précédent gouvernement libéral,
a opposé une réforme de la fiscalité et un contrôle
beaucoup plus serré des dépenses de l'éducation. Devant un
déficit d'une caisse de retraite qu'on s'efforçait par tous les
moyens de camoufler, notre gouvernement a versé depuis quelques
années les redevances qu'il avait envers ce fonds de retraite. Devant
l'accroissement faramineux des fonctionnaires sous le précédent
régime, notre gouvernement a atteint une décroissance. Devant une
hausse des dépenses de 21% du précédent régime,
notre gouvernement a su maintenir une moyenne de quelque 13%. (21 h 40)
Enfin, le déficit olympique qui ne se serait jamais payé,
notre gouvernement l'a refinancé et on sait qu'à un moment
donné on va voir le bout de cette histoire. Les citoyens du
Québec sont beaucoup plus responsables et beaucoup plus
éclairés qu'on ne le pense. Ils ne se seront pas laissés
tromper par la basse démagogie, je le répète, qui a
été faite par les membres de l'Opposition, lors de ces
débats. Je pense que les citoyens du Québec sont bien conscients
que notre gouvernement, dans un premier temps, a d'abord réduit
systématiquement les impôts des contribuables afin de leur
permettre de faire face à toute cette période
économiquement difficile qu'on s'apprêtait à traverser. Et
de un, c'est fait.
Deuxièmement, le gouvernement du Québec comprend, et les
citoyens le comprennent également, que des restrictions dans nos
dépenses sont absolument nécessaires. Dans un geste responsable,
le gouvernement du Québec prend ses responsabilités et accepte de
faire ces coupures budgétaires qui s'imposent, même si parfois
cela fait mal à chacun d'entre nous et à l'ensemble des citoyens
du Québec, mais on n'a pu en aucun moment, M. le Président, lors
de toutes les interventions qui ont été faites par les
députés de l'Opposition, compter sur des suggestions valables qui
nous auraient permis d'épargner certains citoyens du Québec, s'il
arrive qu'on en ait tassé quelques-uns un peu plus qu'on ne l'aurait
voulu.
Mais les gens du Québec sont inquiets et avec raison; ils sont
inquiets de la situation économique difficile que l'on traverse, mais
ils savent, ils nous l'ont prouvé et le mandat a été
clair, que dans une situation difficile - et nous sommes tous inquiets de cette
situation difficile - il y avait un seul gouvernement qui pouvait reprendre les
rênes en main, il y avait un seul gouvernement qui était capable,
qui avait le courage et qui l'a prouvé, bien avant la campagne
électorale, en annonçant ses restrictions budgétaires, ils
savaient, dis-je, que le gouvernement du Parti québécois
était le seul qui pouvait les sortir de ce mauvais pas. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président.
Après le discours qu'on vient d'entendre, j'ai presque le
goût de dire: Mon Dieu que c'est facile de se lever, parler fort, gonfler
la poitrine et dire qu'on est "smart", qu'on est fin, qu'on est merveilleux! Il
est pourtant, je pense, un peu plus difficile de voir les choses avec un oeil
un peu plus critique et de regarder de près ce qui se passe ici.
Je voudrais parler aujourd'hui, en réponse au discours sur le
budget, M. le Président, de certaines contradictions que je vois entre
le langage du gouvernement du Parti québécois et les gestes qu'il
pose. Plus j'assiste aux travaux de cette Chambre, plus je reste
incrédule face aux actes de funambulisme verbal que je vois
quotidiennement dans cette Chambre.
Nous avons eu en fin de semaine passée une autre exhibition
extraordinaire de cette capacité que démontre le Parti
québécois de dire une chose et d'en faire une autre sans que l'on
ait l'air de déranger qui que ce soit. Ce n'est pourtant pas de cette
fin de semaine que je veux parler ici aujourd'hui. Cela fait un mois à
peu près que nous avons entrepris nos travaux ici à
l'Assemblée nationale et je constate - que ce soit à la
période des questions, que ce soit en commission parlementaire - que les
membres du gouvernement, les ministres en particulier doivent de plus en plus
faire appel à leur talent d'acrobate verbale pour maintenir une
apparence de cohérence entre paroles et gestes.
Si nous regardons dans son ensemble le comportement financier de ce
gouvernement depuis 1976, quoigue disent les gens sur l'héritage qu'ils
ont reçu après cinq ans, je pense qu'il est temps qu'on assume
les responsabilités. S'il y a eu des erreurs commises avant cela, la
population s'est prononcée en 1976. Il est temps d'arrêter
d'éviter ainsi les responsabilités et de les assumer. Si on
trouve qu'aujourd'hui, dans son rapport, le Vérificateur
général, cinq ans plus tard, constate qu'il y a des
irrégularités dans les méthodes comptables etc., cinq ans
plus tard, je pense qu'il est trop tard pour dire que cela traîne encore
après cinq ans de soi-disant bon gouvernement. Tout le temps voulu
était là pour corriger ces incohérences si elles
existaient.
Alors, si nous regardons ce comportement financier dans son ensemble
depuis 1976, nous avons assisté à un accroissement très
rapide des dépenses publiques, ce qui a entraîné en grande
partie le déficit spectaculaire et record qu'on connaît tous. On
aurait dit qu'on se trouvait dans une autre conjoncture économique que
celle qu'on a vécue dans les cinq dernières années.
Pourtant, tout au long de cette période de dépenses
hâtives, le gouvernement nous disait continuellement qu'il n'y avait rien
là, que les finances du Québec étaient en bon état
et que, finalement, il n'y a pas à s'effrayer avec le déficit. On
vient d'entendre: Ce n'est pas grave, le gouvernement fédéral en
a un plus grand.
Voilà qu'aujourd'hui ce même gouvernement se sent un peu
effrayé par ses gestes antérieurs et se trouve dans l'obligation
de freiner, de couper, de ralentir l'accroissement, comme on dit maintenant, de
comprimer.
On fait appel aujourd'hui au sens des responsabilités, au besoin
de vivre à l'intérieur de nos moyens et on cherche à
trouver ces nouveaux modes de compression, de ralentissement de l'accroissement
pour finalement faire accepter et définir ce qui, en langage clair et
simple, ne sont que des coupures à la suite de quatre ans de
dépenses trop hâtives sans égard aux responsabilités
financières que le gouvernement aurait dû avoir.
On crée une situation nouvelle et aujourd'hui on vient nous dire
qu'il faut arrêter ça. En pensant à tout ça, j'ai eu
l'image d'un groupe de compagnons au collège qui se disaient: On a eu
une bonne rigolade pendant un bon bout de temps. Maintenant, c'est le temps de
devenir sérieux avant que les gens nous découvrent. Voilà
qu'on assiste maintenant à des efforts pour prendre des airs
sérieux, responsables, réconfortants, pendant qu'on applique le
couteau, sinon la hache, tout en disant doucement: N'ayez pas peur, ça
ne va pas faire mal.
La vérité pourtant, M. le Président, demeure que,
si les mesures draconiennes qu'on voit aujourd'hui sont nécessaires,
c'est largement à cause du comportement antérieur de ce
même gouvernement. L'irresponsabilité de ce gouvernement ne vient
pas seulement du fait que le ministre des Finances utilise ce que le
Vérificateur général qualifie comme des méthodes
comptables douteuses qui font ressortir des trous ici et là pour aboutir
à un trou d'un diamètre de 1 000 000 000 $. À mes yeux, ce
qui fausse le plus les choses et détermine les priorités de
dépenses du gouvernement est le fait que ce gouvernement ait
décidé d'utiliser l'appareil gouvernemental et de gérer
ses finances en fonction de son option constitutionnelle.
Le 20 mai dernier, on aurait cru qu'on avait mis fin aux
dégâts que cause cette manière d'agir. Depuis la fin de
semaine dernière, on peut s'attendre à reprendre ce genre de
processus. Très habilement, je dois l'avouer, le gouvernement
opère ce que je peux qualifier d'une approche de grand bal; maintenant
on monte, maintenant on descend, quelques pas en avant, quelques coupures comme
dessert. Ceci est particulièrement
vrai dans deux secteurs, l'Éducation et les Affaires sociales. Si
nous regardons de plus près ce qui se passe aux Affaires sociales, par
exemple, on peut bien se poser des questions sur le sérieux de
l'intérêt qu'a ce gouvernement face aux couches de la population
qui sont le plus dans le besoin et le plus mal défendues. Nous pouvons
peut-être tirer quelques conclusions par rapport aux expériences
qu'on a vécues ici en Chambre et en commission parlementaire.
Nous avons, par exemple, d'un côté, le ministre des
Communautés culturelles qui nous assure que le gouvernement donnera leur
place légitime à ces communautés, et je n'ai aucune raison
de ne pas le croire. D'un autre côté, nous avons le ministre des
Affaires sociales qui, dès qu'on soulève une question concernant
les besoins sociaux de ces mêmes communautés, nous dit: Ce n'est
pas la place ici, référez-vous au ministère de
l'Immigration.
Pourtant, c'est ce même gouvernement qui, le 3 mars dernier,
publiait un document qui parlait de ces soucis que supposément
l'ensemble du gouvernement avait. Je suggère, M. le Président,
que ces deux collègues devraient peut-être suivre l'exemple du
ministre des Finances et du président du Conseil du trésor et
aller dîner ensemble pour se parler un peu.
Nous avons également un ministère de la Condition
féminine dont la titulaire dit vouloir promouvoir et valoriser le
travail des femmes sur le marché du travail. Au même moment, le
ministre des Finances entreprend des mesures qui dévalorisent
financièrement ces mêmes femmes qui veulent travailler a
l'extérieur de la maison. Peut-être Mme la ministre pourrait-elle,
elle aussi, inviter le ministre des Finances à aller dîner. Je
suis certain d'une chose il trouverait probablement sa compagnie beaucoup plus
plaisante que celle du président du Conseil du trésor!
Si je vous dis tout ça, ce n'est que pour démontrer que
nous voyons trop souvent des incongruités de ce genre entre les voeux,
les paroles et les gestes. (21 h 50)
Depuis le début de l'étude des crédits, on entend,
par exemple, les mots "justice" et "humanité" pour décrire les
critères avec lesquels on va appliquer les coupures dans le domaine des
affaires sociales. On a essayé pourtant d'avoir quelque précision
sur ces critères qui ont servi, soi-disant à déterminer
où vont s'effectuer les coupures, dans quels services des
différents programmes, pour que nous puissions aussi voir ces
éléments de justice et d'humanité et les comprendre. Nous
avons eu, à la place, des beaux discours, des discours qui ne portaient
aucunement sur le sujet et qui noyaient finalement la question dans une
inondation verbale de première classe, je dois l'avouer.
J'ai presque eu l'impression, M. le Président, sans vouloir
attribuer un tel motif aux responsables, qu'il s'agissait de tuer le temps, de
finir les douze heures d'étude des crédits sans trop en dire, de
crainte que ce qu'on dirait embarrasserait celui qui l'aurait dit. Si on croit
qu'on a fait son possible et qu'on est convaincu de ce qu'on a fait, on
n'hésite pas à le mettre sur la table, à la lumière
du jour, pour démontrer ainsi sa transparence, sa consistance et sa
cohérence. Pourtant, on n'a rien eu de cela.
Nous verrons une coupure de l'ordre de 14 000 000 $ uniquement dans le
réseau des centres des services sociaux, les CSS. Pourtant, nous n'avons
eu aucune indication précise, aucune précision sur la
façon dont ces coupures vont être appliquées. Qui va
absorber les effets de ces coupures? Le ministre nous a fait part de sa
confiance, comme il a dit, en l'imagination des dirigeants des
établissements du réseau des affaires sociales pour trouver des
moyens très Imaginatifs afin d'amoindrir les effets de ces coupures.
C'est parfait cela. Je suis sûr que ces dirigeants ont de l'imagination,
mais où se trouve la responsabilité du ministre des Affaires
sociales à ce sujet?
Nous avons également interrogé le ministre sur les centres
de jour qui étaient censés fonctionner dans tout nouveau centre
d'accueil qui serait construit. C'est un programme qui a fait l'objet de
suffisamment de publicité il y a quelques mois et, après
plusieurs tentatives d'éviter de répondre clairement à la
question, le ministre a avoué que, probablement ou peut-être - je
ne me souviens pas exactement - les crédits pour ce programme seraient
périmés. Cela s'est passé dans la tranquillité,
sans trop parler, tandis qu'avant on avait annoncé avec de grands
éclats des journaux qu'on allait maintenant avoir des centres de jour
tout nouvellement équipés dans chaque centre d'accueil qui serait
construit au Québec.
Nous avons également questionné le ministre sur les
garderies et les promesses d'un tas de nouvelles places pour les garderies.
Cette année, il n'y a aucune augmentation prévue à ce
programme qui corresponde à une promesse électorale. Inutile de
vous dire également qu'avec l'inflation et l'augmentation des
coûts fixes auxquels feront face plusieurs garderies, elles se trouveront
dans des situations très difficiles. Le ministre nous a dit que la
promesse s'échelonnerait sur cinq ans. En anglais, on dirait
peut-être "vote now, get later, maybe".
Il y a une certaine incohérence quand on est en train de
restreindre et de couper et que, du même souffle, on fait miroiter des
bonbons, mais pour plus tard. Il faut que nous apprenions tous, je pense, que
ce n'est qu'en ménageant avec ce qu'on a aujourd'hui qu'on peut
déterminer ce qu'on aura demain.
II est trop facile et simpliste de remettre la solution à nos
problèmes d'aujourd'hui à demain ou après-demain.
C'est vrai qu'on est dans une période économique
très difficile et c'est vrai que le gouvernement du Québec ne
peut pas résoudre miraculeusement le problème de l'inflation ou
du chômage. Nous ne sommes pas les seuls à avoir ces
problèmes; ce sont des problèmes qui, peut-être,
échappent au contrôle complet de la plupart des gouvernements
aujourd'hui.
Il n'est pas vrai pourtant qu'on ne pourrait pas faire beaucoup mieux
avec ce qu'on a. Il n'est pas vrai que nous devons simplement nous fier
à l'imagination des fonctionnaires. C'est presque une contradiction en
soi.
Je lisais, hier, aussi, que le ministre de l'Éducation disait que
ses mains étaient liées par rapport à l'endroit où
il peut appliquer les coupures dans le secteur de l'éducation à
cause, dit-il, des conventions collectives. Il l'a probablement dit avec cet
air d'aplomb qu'on lui connaît, froidement, calmement, comme si
c'était la chose la plus normale. Mais j'ai quand même
sursauté, M. le Président, parce que si ma mémoire est
bonne, c'est ce même gouvernement qui a négocié et
imposé cette même convention collective au sujet de laquelle,
aujourd'hui, le ministre dit que ses mains sont liées et qu'il ne peut
rien faire. On se lie les mains, on crie a l'impuissance. Est-ce qu'on se
rappelle de l'affaire de la tutelle éclair de la CECM, juste le temps
nécessaire pour faire signer cette convention collective que la CECM
refusait de signer parce qu'elle trouvait que cela liait trop les mains des
dirigeants. Aujourd'hui, on dit simplement qu'on ne peut rien faire, qu'on est
coïncé, mais on ne dit pas par quoi. On est coïncé,
finalement, par ce que ce même gouvernement a fait pendant les cinq
dernières années. Il doit certainement y avoir une logique
là-dedans et peut-être que les députés
ministériels pourraient la trouver pour moi. Moi, vraiment, je ne la
vois pas.
Ce que je vois, pourtant, c'est un manque de respect envers la
population, un comportement dont la sincérité est
complètement absente et un aveuglement par rapport aux besoins de notre
société réelle. Nous avons besoin, aujourd'hui plus que
jamais, d'une réexamination au fond de nos priorités sociales.
Dans un contexte difficile au point de vue économique, ce sont trop
souvent ceux qui ne peuvent pas crier assez fort, ceux qui sont les moins
défendus qui souffrent davantage. Il faut, à mon point de vue,
qu'on réexamine de près la manière avec laquelle on livre
les services, pour lesquels l'État a une responsabilité. Il y a
lieu, je crois, de réexaminer la manière dont nos services
sociaux en particulier, services qui prennent le tiers du budget de
l'État, sont organisés et distribués. Il y a certainement
lieu de trouver un ensemble moins complexe, avec moins de dédoublements
et avec plus de rapprochements envers le citoyen. Il y a lieu de mettre sur
pied des mesures qui encourageront la prise en charge par les citoyens locaux
et les communautés locales de leur situation et de leur
problématique.
Si on peut se fier à l'imagination des fonctionnaires et des
dirigeants des établissements, on peut certainement se fier sur les
communautés locales pour résoudre un peu leurs propres
problèmes en leur faisant confiance. Ce ne sont pas toujours les grands
penseurs qui cherchent le modèle parfait et idéal qui arrivent
à résoudre des problèmes que d'autres vivent dans le
quotidien. Le bon sens ordinaire, cela coûte moins cher et cela va
souvent plus loin. On est en train de vraiment se faire avoir, mais pour de
vrai cette fois-ci, parce que les gestes que ce gouvernement pose manquent de
consistance et ne véhiculent que des objectifs a court terme avec une
arrière-pensée. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Gilles Baril
M.
Baril
(Rouyn-Noranda-
Témiscamingue): M. le Président, permettez-moi tout
d'abord d'expliquer le présent budget, mais par rapport à un
contexte économique international. Depuis la fin de la dernière
guerre mondiale, les démocraties occidentales dont nous faisons partie
se sont habituées, qrâce à la conjoncture économique
favorable, à vivre dans l'opulence et malheureusement trop souvent dans
le gaspillaqe. Comme dans bien d'autres domaines, celui de l'économie
est touché et ce temps de la surabondance est définitivement
révolu.
Bien sûr, l'énergie devenue si rapidement très
chère ne doit pas être un prétexte à toutes sortes
de coupures. Bien sûr, les taux d'intérêt couvrant les
emprunts gouvernementaux ne sont et ne doivent pas être le bouc
émissaire des coupures budgétaires que nous vivons actuellement,
mais il y a un temps où le mot "économie" prend son
véritable sens, soit celui de l'épargne. Notre
société vit actuellement une phase de mutation économique,
une phase de transformation technologique et les causes en sont nombreuses. Il
va falloir en assurer pleinement et efficacement les effets de façon
à tirer le meilleur parti des sommes allouées à tel ou tel
secteur de notre économie québécoise.
Comme chacun le sait, de nombreux outils économiques sont
ailleurs que dans les mains des responsables de l'économie
québécoise. La tenue du dollar canadien, par exemple, par
rapport au dollar américain, la mauvaise performance de l'industrie
automobile américaine, la récession en général que
subit l'économie américaine, voilà des facteurs qui
influent sur l'économie québécoise tout entière et
contre lesquels nous ne pouvons pas grand-chose. Nous sommes donc dans une
phase économique de mutation et même de profonde transformation
pour les décennies à venir et les jeunes sont et seront les
héritiers de ce nouvel ordre économique. Si, par la force des
choses, ils en sont les héritiers, ils devront, par le fait même,
en assumer les bienfaits et les méfaits. Donc, ils doivent dès
maintenant participer à l'élaboration de cette économie du
futur car l'avenir leur appartient. Le Japon, M. le Président, est
devenu en quelques années la première puissance économique
mondiale non pas grâce à ses ressources énergétiques
qui sont nulles, mais parce que les Japonais ont su faire travailler leur
cerveau. Le Japon de l'après-guerre était une ruine gigantesque.
Le Japon d'aujourd'hui est le plus moderne des pays du monde. (22 heures)
Nous avons au Québec, M. le Président, tous les atouts du
Japon. La jeunesse de nos citoyens, la jeunesse de notre industrie, mais en
plus, nous ne sommes pas démunis de matières premières car
nous en sommes riches d'énergie renouvelable. Bref, presque toutes les
conditions dans notre système actuel du Québec sont
réunies. Dans un dialogue économique qui s'engage, celles et ceux
qui feront fi des aspirations, des soucis et des exigences de notre
génération, c'est-à-dire de la jeunesse, devront assumer
seuls les responsabilités d'une telle erreur. La société
de demain sera faite pour les jeunes et elle doit être
élaborée avec ceux-ci. En ce sens, les engagements
électoraux de la récente campagne de notre parti,
c'est-à-dire le programme d'accès à la
propriété, le prêt en agriculture en ce qui concerne les
jeunes, la politique d'indexation des prêts-bourses doivent être
tenus et réalisés pour atteindre pleinement cet objectif de
première préoccupation toute particulière de notre
gouvernement envers la jeunesse.
M. le Président, depuis une vingtaine d'années environ, la
place accordée aux jeunes dans le secteur de l'économie devient
de plus en plus importante. Au fur et à mesure que notre
société québécoise évolue vers une prise en
main de ses richesses, la jeunesse s'implique, tout à faite consciente
que l'avenir passe d'abord et avant tout par l'exploitation au Québec,
par des Québécois, du produit de notre sous-sol, des
matières premières et de notre sous-sol. En ce sens, M. le
Président, je voudrais démontrer à quel point le
présent gouvernement s'est préoccupé d'une région
qui, sur le plan économique, s'est développée de
façon sans précédent au cours des quatre dernières
années; je parle de la région de l'Abitibi-Témiscamingue.
Notre région, M. le Président, a pris un essor économique
invraisemblable, depuis quatre ans, grâce à une participation du
gouvernement par l'entremise des sociétés d'État, et nous
y croyons en Abitibi-Témiscamingue aux sociétés
d'État. Pourquoi? Parce qu'elles ont permis de revitaliser
l'économie et de donner de l'emploi à l'ensemble de la population
de notre région.
J'entendais tantôt des amis d'en face parler de
l'interventionnisme de l'État. Je dois vous dire, M. le
Président, qu'il n'y a jamais eu de participation gouvernementale aussi
civilisée dans le domaine du développement économique chez
nous au niveau des ressources. Que ce soit au niveau de la forêt et des
mines, les sociétés d'État - l'intervention de
l'État - y sont allées quand l'entreprise privée avait
peur d'y aller et elles l'ont fait dans une perspective de concertation, M. le
Président. Je dois vous dire que les sociétés
d'État depuis l'arrivée de notre gouvernement au pouvoir en 1976,
ont été rendues rentables, ce qu'elles n'étaient pas avant
1976.
Avant les années soixante, M. le Président, le pouvoir
d'achat de la jeunesse était au Québec très en dessous de
la moyenne des revenus et son implication économique était alors
nulle. Ce qu'on peut dire, c'est que depuis quatre ans notre présent
gouvernement, le gouvernement du Parti québécois, a permis de
mettre sur pied de puissants incitatifs promotionnels qui ont permis à
la jeunesse d'acquérir un pouvoir d'achat très important et de se
trouver de l'emploi un peu partout au Québec. M. le Président, la
force du Parti québécois pour les années à venir,
c'est d'avoir déjà préparé la relève. Le
Parti québécois est un outil important pour se faire entendre et
la dynamique est telle que nos adversaires échouent dans leur tentative
de créer à leur bénéfice un quelconque regroupement
des forces vives de la jeunesse. Cela m'apparaît tout à fait
curieux, M. le Président, que, depuis le début de cette
Législature, nous entendions les libéraux comme jamais parler de
la jeunesse du Québec. Je me rappelle qu'il n'y a pas longtemps il y a
eu une campagne électorale au Québec, M. le Président,
pour permettre aux partis politiques en cause de faire connaître leur
programme politique et plus particulièrement en matière
économique. M. le Président, malheureusement, je n'ai pas vu
d'incitatifs promotionnels, d'engagements électoraux vis-à-vis
des jeunes et, par ce fait même, je trouve tout à fait curieux
d'entendre aujourd'hui nos amis d'en face parler de la jeunesse du
Québec et de l'emploi, alors qu'il y a peu de temps ils ont eu la chance
de
faire connaître leur programme dans ce domaine vis-à-vis
des jeunes.
Dans ce nouvel ordre économique dont nous parlions tantôt,
les éléments, les idées et les solutions que pourrait
apporter la jeunesse comme contribution sont immenses. Le contexte se
prête alors à l'organisation et à la mise sur pied d'un
sommet québécois sur la jeunesse, sommet à
l'intérieur duquel la dimension économique aurait une place
prépondérante comme élément de réflexion sur
le devenir de notre société jeune, mais fragile, bien sûr,
sur le plan économique trop concentré, en effet, dans les mains
de quelques individus. L'électricité nous appartient, l'amiante
aussi. Les ressources du sous-sol et du sol sont avant tout un bien collectif
et national et non pas le privilège de quelques individus. Un tel
sommet, M. le Président, en ce qui concerne la jeunesse, devrait
permettre à différents courants de pensée de s'exprimer et
il devrait être, par ailleurs, un forum au bout duquel un chemin se
tracerait vers l'aboutissement d'une vraie solution d'avenir.
M. le Président, depuis l'automne 1976, le gouvernement du
Québec a réalisé sur le plan économique des
miracles compte tenu de la conjoncture économique actuelle et compte
tenu aussi des pouvoirs dont il disposait. M. le Président, le
défi économique des années quatre-vingt réside dans
la participation de nos 80 députés du Parti
québécois qui feront place à la créativité
et à l'imagination sur le plan économique du Québec lors
des prochaines années. Ce sera aussi le moment privilégié
de définir quelle sorte de société notre parti voudra
offrir en matière économique a l'ensemble de la
collectivité québécoise. Là-dessus, M. le
Président, je pense que le prochain congrès du Parti
québécois sera un moyen ultime, privilégié pour
définir une telle politique.
Je voudrais, M. le Président, rappeler, en terminant,
l'importance que revêtirait un sommet québécois sur la
jeunesse. L'objectif est de taille. Prenons les moyens d'atteindre nos buts et
de créer une société équilibrée qui ne fera
plus référence à tel ou tel modèle, mais qui,
enfin, aura trouvé l'équilibre de son développement et qui
répondra au maximum aux aspirations des gens qui la composent. Plus nous
nous sentirons en sécurité et moins nous aurons peur d'aller de
l'avant vers nos propres destinées qui nous attendent tous. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: M. le Président, comme il s'agit de ma
première intervention en cette Chambre, qu'il me soit permis, suivant
une coutume très honorable, de remercier sincèrement les
électeurs de ma circonscription électorale du mandat qu'ils m'ont
confié. Je voudrais également leur renouveler ici mon entier
dévouement et les assurer de ma complète disponibilité
dans la défense de leurs intérêts et de ceux de la
collectivité québécoise.
Comme le permet notre règlement et vu que je ne suis pas
intervenu sur le discours inaugural, je ferai porter mes premiers propos sur le
comté de Laprairie. À la suite du nouveau découpage de la
carte électorale, le comté de Laprairie comprend maintenant les
villes de Brossard, LaPrairie, Candiac et la municipalité de
Saint-Philippe. (22 h 10)
Une des priorités dans le comté de Laprairie est le
réseau routier. Je me réfère particulièrement ici
à la question de l'autoroute 30. Pour toute la région, il y a
nécessité de prolonger et de compléter cette voie de
ceinture importante pour toute la rive sud de Montréal, laquelle
région n'a pas bénéficié outre mesure des largesses
du gouvernement en matière d'implantation d'infrastructures. Cette
autoroute 30 était une des priorités du dernier gouvernement
libéral. Le gouvernement précédent a procédé
à sa prolongation partielle. Il est maintenant important d'assurer sa
continuité et d'en compléter la mise en place pour assurer
l'essor économique complet de la région.
Cette infrastructure est tellement essentielle au développement
économique de la région qu'elle a même fait l'objet d'une
promesse électorale du parti ministériel. Sa
nécessité a d'ailleurs été soulignée
unanimement au cours des deux dernières années par les
administrations municipales en place, lesquelles ont fait parvenir une
résolution unanime au gouvernement requérant le
parachèvement de cette autoroute 30. Également, les divers corps
intermédiaires intéressés au développement
économique de la réqion ont souhaité et requis
formellement le prolongement et le parachèvement de cette autoroute.
Quels seront les effets de cette autoroute 30? Elle assurera le
développement souhaité des divers parcs industriels des
municipalités le long du réseau, ce qui aura un effet
bénéfique au niveau de la fiscalité municipale en raison
de la taxation. Également, cela encouragera les municipalités
à la mise en oeuvre de leur dynamisme pour solliciter, développer
et attirer les investissements privés sur leur territoire.
Toujours au niveau du réseau routier, il y a
nécessité pour le gouvernement de voir à donner sa juste
part à une partie importante du comté de Laprairie qui n'a pu
bénéficier, au cours des années précédentes,
des largesses du gouvernement en matière d'entretien et de construction
de routes. Je veux parler ici de la municipalité de Saint-
Philippe, dont le réseau routier est dans un état
lamentable.
Un autre dossier majeur qui occupe une place importante dans les
préoccupations et revendications des citoyens et des administrations
municipales du comté de Laprairie, c'est celui de la question de
l'épuration des eaux, l'épuration du bassin de LaPrairie. Dans un
battage de publicité assez important, le gouvernement
précédent avait promis la dépollution du bassin de
LaPrairie. On en faisait un Plattsburg québécois pour le
début des années guatre-vingt. On a renouvelé cette
promesse lors de la récente campagne électorale. Il est du devoir
du gouvernement de remplir ses promesses à cet égard. Certes, les
travaux préliminaires ont été effectués à ce
jour, mais la population du comté de Laprairie mérite bien, et
elle y a droit, qu'on la soulage des inconvénients odorants que cela lui
apporte, qu'on la soulage également des malaises et des atteintes
à son bien-être physique que cela peut occasionner et ainsi, qu'on
puisse lui assurer un accès valable au fleuve et à un bassin
nautique propice à un sain divertissement.
Toutefois, comme certains de mes confrères libéraux l'ont
souligné en cette Chambre et lors de commissions parlementaires, il
serait souhaitable que le gouvernement manifeste une transparence certaine
à l'égard du financement des travaux qu'engendre la question de
l'assainissement des eaux. Il nous apparaît inconcevable, et nous le
répétons, qu'en cette matière les municipalités
soient obligées de financer les emprunts nécessaires pour les
travaux requis. Cela désavantage nettement les municipalités en
raison des immobilisations nécessaires qu'elles doivent assumer, ce qui
diminue et réduit en conséquence la marge de leur pouvoir
d'emprunt, sans compter que le coût des emprunts qu'elles subissent
taxent en quelque sorte, de façon indirecte, les subventions dont elles
peuvent bénéficier à cet égard.
Demeurant dans le dossier de la fiscalité municipale, je
sollicite en cette Chambre la compréhension et l'action rapide du
ministre des Affaires municipales relativement à un problème
sérieux occupant une partie importante de citoyens de la ville de
LaPrairie ainsi que du comté de LaPrairie même. Il s'agit des
citoyens du domaine La Citière, lesquels font face à de
sérieuses difficultés en regard des taxes d'amélioration
locale applicables au secteur de leur développement. En fait,
après la refonte de la fiscalité municipale et le
dépôt par la ville d'un nouveau rôle d'évaluation y
faisant suite, les propriétaires concernés ont subi une
augmentation d'évaluation de leur propriété et, par effet
direct, le montant de leurs taxes d'amélioration locale, qui sont
basées sur l'évaluation foncière dans ce cas, a
augmenté de tout autant. Il s'agit d'un cas exceptionnel, car les taxes
d'amélioration locale sont basées sur l'évaluation
foncière au lieu du frontage ou de la superficie, comme c'est
ordinairement le cas.
Les propriétaires sont ainsi fortement touchés et, comme
tout le débat met également en cause la ville de Laprairie, le
constructeur, le promoteur et jusqu'à un certain point la Commission
municipale du Québec, les propriétaires ont sollicité
l'intervention du gouvernement pour régler cette difficulté.
Cette intervention a été sollicitée il y a
déjà deux ans. Une demande personnelle a été
adressée au ministre des Affaires municipales pour amener tous les
intéressés à une solution satisfaisante et
équitable pour les citoyens.
Après un tel temps, il est urgent que le ministre fasse
connaître la position du gouvernement dans les meilleurs délais
afin de faire cesser l'incertitude et les craintes des propriétaires en
regard du fardeau que leur impose ce régime de taxation.
Un des derniers points relativement aux priorités de mon
comté que j'aimerais soulever regarde la question du transport en
commun. Il sera important de se pencher sur les divers problèmes
auxquels la population de la rive sud a à faire face en matière
de transport en commun, les problèmes administratifs au niveau de la
régie interne de la commission de transport: les contribuables paient
des taxes importantes et désirent au plus haut point un service
correspondant à ce qu'ils paient. De nombreuses grèves, des
arrêts de travail soudains et imprévus pour toutes sortes de
raisons farfelues ne cessent de troubler le service donné aux
usagers.
Il est donc important que le gouvernement s'apprête à
régler dans les meilleurs délais les problèmes de
régie interne à la Commission de transport de la rive sud. Ce que
les gens veulent, ce sont des autobus qui roulent et, pour que ces autobus
roulent facilement, cela prend une certaine concertation au niveau des
personnes concernées.
Il y a également lieu de favoriser et de réaliser une
intégration du transport en commun, transport intermodal et interzonal.
Il faudrait éliminer la double taxation par l'implantation, dans les
meilleurs délais, d'une passe interrive.
Finalement, il y aurait lieu de donner un service adéquat aux
municipalités de Laprairie et de Candiac qui, elles, ne sont pas
incluses dans le territoire de la Commission de transport de la rive sud. Ces
citoyens ont droit à un service adéquat au meilleur coût,
après consultation avec les gouvernements locaux pour trouver la
meilleure solution efficace.
M. Dussault: M. le Président, est-ce
que le député de Laprairie me permettrait une
question?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que vous permettez
une question?
M. Saintonge: Après mon intervention. M. Dussault:
D'accord.
M. Saintonge: Avant de terminer mon intervention, puisque nous
sommes au stade du discours sur le budget, je voudrais relever ici une des
carences fondamentales que je déplore au plus haut point parmi les
politiques du gouvernement péquiste. Il s'agit de la question du
chômage chez les jeunes. Un taux de chômage de 16,3% en avril
dernier, chez les personnes de moins de 25 ans, 118 000 chômeurs. C'est
un constat d'échec vis-à-vis de toute cette nouvelle
génération de travailleurs qui ne peut en tirer que frustration
et désoeuvrement. À cet égard, on ne peut que
déplorer certaines mesures du gouvernement qui s'avèrent
dommageables à l'emploi chez les jeunes. Je parle ici du boni de
chômage annoncé durant la campagne et applicable aux
diplômés d'études secondaires qui auront été
en chômage pour une période de six mois, une prime de 3000 $
accordée aux employeurs. Que veut-on assurer aux jeunes travailleurs
dans ces circonstances? Veut-on leur assurer un minimum de six mois de
chômage avant d'intégrer le marché du travail? Quelle
permanence veut-on accorder à ces jeunes travailleurs? L'obligation de
l'employeur ne sera que de garder à son emploi le nouveau travailleur
pour une période d'un an. Est-ce qu'après l'employeur pourra
bénéficier d'un autre boni en engageant un autre travailleur et
en licenciant le premier?
Une autre mesure néfaste également est le règlement
de placement dans la construction qui, à toutes fins utiles,
empêche les jeunes travailleurs d'accumuler le nombre d'heures de travail
qui leur permettrait une certaine sécurité d'emploi.
Finalement, les coupures dans l'éducation aux adultes viennent
toucher directement la classe des jeunes travailleurs qui, à cet
égard, doit être considérée comme une des classes
les moins favorisées et les moins privilégiées dans le
secteur de l'éducation. Une politique éclairée en
matière d'éducation devrait plutôt conserver les avantages
actuels en matière d'éducation des adultes et même
favoriser davantage ce secteur pour les jeunes. La commission Jean mentionnait
qu'environ 40% des jeunes ne complètent pas leurs études
secondaires. C'est donc important d'assurer un accès facile pour ces
jeunes à l'éducation des adultes afin qu'ils puissent
compléter leur formation et réorienter leur carrière.
En terminant, M. le Président, je souhaite sincèrement que
le Parti ministériel verra à prêter une oreille attentive
à l'Opposition, dont les 42 députés ont recueilli 46% des
suffrages exprimés. La démocratie, la mise en oeuvre d'une vraie
démocratie, exige du respect et de l'ouverture d'esprit par le
gouvernement pour l'Opposition représentant une partie aussi importante
de la population du Québec. Vous pouvez être assurés de
notre collaboration la plus entière dans les meilleurs
intérêts du Québec.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Châteauguay ayant utilisé l'article 100
pour poser une question au député de Laprairie, il a la
parole.
M. Dussault: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier
le député de Laprairie d'avoir accepté que je lui pose une
question.
On sait que la CTRSM avait accepté de donner le service de
transport à Laprairie et à Candiac. Il y a eu un
référendum à Laprairie et les citoyens de Laprairie ont
refusé le service de transport, ce qui a évidemment bloqué
un service possible aux gens de Candiac ainsi qu'à certaines villes de
mon comté comme Sainte-Catherine, Delson et Saint-Constant. Je voudrais
savoir du député de Laprairie s'il a des indications que les
citoyens de Laprairie seraient prêts à changer d'idée
là-dessus, ce qui permettrait évidemment d'élargir le
service?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: À cette question du député de
Châteauguay, j'aimerais répondre qu'au niveau du transport il est
vrai que les citoyens de Laprairie ont refusé l'intégration
à la CTRS. Ce que je veux souligner ici dans mon intervention, c'est la
nécessité de planifier un moyen de transport en commun, pas
nécessairement au niveau de la CTRSM, mais un autre moyen qui pourrait
être en vigueur suivant le rapport SECOR, ce qui permettrait entre autres
l'utilisation d'un transport plus efficace, plus rapide et plus accessible, non
seulement pour Laprairie mais pour Candiac et les villes du comté de mon
confrère.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député. Maintenant, la parole est au député de
Bourassa.
M. Patrice Laplante
M. Laplante: Merci, M. le Président. Je ne parlerai pas
trop longtemps. Il y a seulement une chose que je voudrais relever dans la
courte allocution du député de Laprairie, qui a parlé du
chômage de 118 000 jeunes au Québec. C'est vrai, M. le
Président, que c'est un chiffre astronomique,
mais il y a une raison à tout cela. Cette raison-là, pour
la découvrir il faut retourner en arrière, il faut retourner dans
les années 1965 de l'opération 55, ce qu'on a appelé
l'opération Gérin-Lajoie. À ce moment-là, le
gouvernement avait décidé de construire des polyvalentes,
à des coûts astronomiques, partout en province. Ces écoles,
par leurs commissions scolaires, voulaient chacune un monopole dans le secteur
des métiers, si bien qu'on a développé dans ces
écoles des métiers tels que la menuiserie, la tôlerie et
même la coiffure, d'autres dans certaines offraient le cours de tailleur,
et différents autres métiers. On a aussi décidé,
à ce moment-là, pour les jeunes qui continuaient leurs
études soit au niveau collégial ou au niveau universitaire, de
développer des spécialités chez les professeurs. On a
rempli le marché de ce genre de travailleurs, si bien qu'aujourd'hui,
aucune de ces écoles n'a voulu se recycler. Par exemple, on va prendre
le secteur des électriciens dans l'éducation aux adultes. On a
formé, à l'éducation aux adultes et chez les jeunes
près de 8000 personnes, alors qu'on savait que, dans une année,
il y avait de la place pour 120. Il serait temps, je crois, de faire une
révision complète avec les commissions scolaires, de jouer un
rôle à l'intérieur des polyvalentes, des cégeps, et
de repenser tout le secteur professionnel, de l'adapter à la
réalité d'aujourd'hui.
C'est anormal qu'aujourd'hui, dans une ville comme Montréal, on
forme environ 160 machinistes dans une année et qu'on soit obligé
d'en importer près de 1800, quand on sait que Canadair et Pratt &
Whitney ont besoin de cette main-d'oeuvre. C'est pour cela qu'il y a du
chômage chez nos jeunes aujourd'hui. On leur a fait accroire que, dans
les métiers qu'ils apprendraient, ils auraient des bonnes "jobs" en
sortant. La vérité a été tout autre. On ne peut pas
refaire en quatre ans un système d'éducation qui a
été faussé au départ, parce qu'il manquait de
statistiques pour l'avenir sur les métiers qui pourraient se
développer au Québec. Aujourd'hui, on paie le prix d'une mauvaise
planification. On sait qu'il manque aujourd'hui environ 5000 travailleurs
seulement dans le secteur de l'aéronautique. Qu'est-ce qu'on fait pour
cela? Aucune école encore n'y a pensé par ses programmes, par les
commissions scolaires. Lorsqu'on parle d'autonomie des commissions scolaires,
on devrait inventorier des programmes pour justement développer cette
catégorie d'emplois.
M. le Président, il n'est pas facile pour nous, comme
députés ministériels, de parler de budget, lorsqu'on a un
programme social-démocrate et qu'aujourd'hui, on est obligé de
dire aux citoyens qu'on doit mettre un frein dans les dépenses
publiques. Dans ce budget, nous avons eu à choisir entre des
compressions budgétaires et augmenter un déficit, ou augmenter
les impôts. Le gouvernement a donc choisi la solution qui était la
compression budgétaire, ce qui veut dire, en somme, le ralentissement
des programmes existants et la suppression de nouveaux programmes. Cela
signifie aussi que l'expansion des services sera encore au ralenti pour toute
l'année.
Comme je vous le disais au début, nous avions un choix à
faire et nous l'avons fait. Nous n'avons pas hésité à
déposer un budget une semaine avant le déclenchement des
élections pour qu'il puisse être discuté sur la place
publique avec tous les partis politiques, avec tous les organismes
intéressés que les restrictions budgétaires pouvaient
toucher. On a eu la réponse le 13 avril. Mais il serait trop facile pour
moi de m'appuyer sur ce résultat du 13 avril pour expliquer le budget
actuel. Mais là où il faudrait s'en tenir, c'est de faire un
petit retour en arrière, dans les années 1970 à 1976, au
temps de l'abondance, au temps où ce gouvernement prenait les
impôts complets du Québec sans indexation, au temps où on
faisait des budgets très larges avec augmentation des dépenses de
18% à 25%, sans s'occuper du citoyen au point de vue de
dégrèvement d'impôt. On n'a jamais fait cela. Si bien que
ces budgets ont amené des programmes nouveaux. Cela a amené aussi
le grossissement de la fonction publique. J'entendais le député
de Jean-Talon nous dire: Nous autres, le plein emploi au Québec existait
parmi les finissants des universités; on les engageait tous au
gouvernement. C'est vrai qu'on les engageait tous, si bien qu'aujourd'hui la
fonction publique s'en ressent. Comme seul exemple, prenons le ministère
de l'Éducation. Les autres ministères, si on les compare au
ministère de l'Éducation, je suis certain qu'il y a un
équilibre qui peut se faire. Lorsqu'on dit qu'il y a environ 2800
employés pour administrer l'éducation au Québec, au niveau
gouvernemental seulement, lorsqu'on se compare à la Belgique qui, avec
une population de près de 12 000 000 d'habitants, n'a que 328 personnes
pour administrer l'éducation, c'est à faire
réfléchir. On se demande ce qui se passe dans les gouvernements
d'aujourd'hui quant aux dépenses et à l'engagement du personnel.
Quel que soit le gouvernement, il faut qu'on y réfléchisse et
qu'on analyse la situation. Aucun gouvernement ne peut actuellement suffire
à de telles dépenses. (22 h 30)
Allons dans le domaine des écoles. On va comparer les
infrastructures de la ville de Montréal, parce que j'y habite, au point
de vue scolaire. On a construit des écoles, des écoles de 17 et
20 ans aujourd'hui, que nous sommes dans l'obligation de fermer à cause
d'un manque de population. Il n'y a pas que
l'aspect de la dénatalité qui a joué
là-dedans, il y a aussi tout ce que les citoyens ont laissé quand
ils ont fait l'exode de la ville de Montréal pour aller vivre en
banlieue; il existait des milliards d'infrastructures. Aujourd'hui, on ferme
une école à Montréal pour en reconstruire une autre
à Repentigny, pour en reconstruire une autre à Mascouche, en
reconstruire une autre à Longueuil.
Mais les établissements qu'on a actuellement sur le territoire de
Montréal, qu'est-ce qu'on en fait? On les ferme tout bonnement pour
aller dépenser 3 000 000 $, 4 000 000 $, 5 000 000 $; aujourd'hui, une
polyvalente peut facilement coûter jusqu'à 20 000 000 $ et 30 000
000 $. Il faudra réfléchir au problème des gens qui
quittent ces grands centres comme Montréal et comme Québec; ne
serait-il pas préférable de laisser ces écoles ouvertes et
d'établir un transport scolaire? Souventefois, les distances sont
minimes, ce peut être un mille, deux milles, trois milles de ces
établissements. Combien de millions pourraient être
épargnés à ce moment-là? Il faudra que la
population comprenne à un moment donné que tous les services que
d'autres générations ont payés dans des grands centres
comme Montréal doivent servir un jour. II faudra absolument vivre selon
nos moyens. Si on se paie encore des millions et des millions d'investissements
dans ces infrastructures, dans les banlieues où on ira, les
municipalités seront obligées d'augmenter les impôts, les
villes seront obligées d'augmenter les impôts elles aussi et cela
aura une suite dans la vie quotidienne à partir du transport, à
partir du logement.
Lorsqu'une ville est prête, en infrastructures, à recevoir
2 000 000 d'habitants et qu'elle n'en reçoit que 800 000 pour y habiter,
les structures sont là, il faudra les employer. C'est dans ce sens qu'on
parle de repeupler toutes ces grandes villes; mais pour ce faire, il faudra
aussi leur donner le goût d'y vivre, il faudra développer les
parcs de ces villes, il faudra dépolluer nos cours d'eau, il faudra
redonner à Montréal et sa banlieue les plages auxquelles elles
ont droit, il faudrait les rouvrir, à un moment donné. C'est un
autre sacrifice qui sera demandé encore une fois à la population.
Par contre, par la rénovation des logements qui est commencée et
qui va très bien depuis quelques années, nous espérons en
venir justement à ces objectifs.
J'entends déjà l'Opposition dire au gouvernement:
Qu'est-ce que vous avez fait dans les années passées avec tout
cet argent? C'est sûr, elle a le droit de se poser des questions, mais on
a aussi le droit de dire à la population que les impôts ont
baissé, qu'il y a eu beaucoup de programmes qui ont été
faits au niveau des personnes âgées à partir des ambulances
gratuites jusqu'à Logirente. Vous avez eu l'abolition de la taxe de
vente. Vous avez, en plus des ambulances, les médicaments gratuits. Vous
avez eu, après ça, les suppléments au logement et combien
d'autres programmes encore qui ont été donnés à la
population. Cela représente sûrement les 3 000 000 000 $ de
déficit qu'aujourd'hui on cite. Mais il faudra que l'Opposition, par
exemple, sache ce qu'elle veut dans un budget, absolument. On ne peut pas
continuer à discuter d'un bord à l'autre de la Chambre alors que
l'Opposition nous dit: Mais, vous comprimez trop, dépensez là,
dépensez ici. Tel programme, vous devriez le mettre en marche. On
critique à peu près sur toutes les coupures qu'il peut y avoir.
Mais, par contre, on nous dit aussi: Votre budget, votre déficit de 3
000 000 000 $, c'est épouvantable. Mais il va falloir qu'ils accordent
leurs violons, à un moment donné, et nous dire ce qu'ils
préfèrent.
En même temps, on ne veut pas qu'on augmente les impôts.
C'est une tour de Babel pour eux autres. Il va falloir qu'ils nous disent aussi
pourquoi le budget du Québec, aujourd'hui en 1981, prend 52% des
dépenses du Québec en salaires. Ce sont des dépenses du
Québec, mais lorsqu'on parle des revenus du Québec, par exemple,
c'est 61% des revenus qui passent en salaires. II faudra leur poser la
question: Qui a acheté, en 1976, la paix publique dans les
négociations avec des augmentations de salaires de 30%? Il faudra
revenir sur ça aussi. Lorsqu'on veut parler de l'économie du
Québec, on ne peut pas parler de l'économie, nous autres,
à partir de 1976. Il faut faire un retour. Souvenez-vous, M. le
Président, qu'en 1976, lorsque M. Parizeau a été
assermenté comme ministre des Finances, la première chose, le
premier acte officiel qu'il a posé a été d'aller emprunter
50 000 000 $ dans les fonds de retraite des employés. Ce n'est pas loin,
1976. C'est lorsqu'on est arrivé là.
Il faut dire aussi que M. Parizeau, lorsqu'il a pris connaissance des
comptes publics du Québec en 1976, deuxième grande action qu'il a
faite, a découvert qu'il restait sur la table 500 000 000 $ de comptes
non payés, de factures. Il faut dire ces choses là aussi. Ce sont
les raisons du budget qu'on a aujourd'hui. C'est pour cela qu'on est
obligé aujourd'hui de restreindre les dépenses un peu partout,
d'essayer de se serrer la ceinture. C'est pourquoi notre programme à
nous autres, social-démocrates, connaît un ralentissement
aujourd'hui. C'est avec peine qu'on l'a fait. On espère qu'avec les
années, un an, deux ans, trois ans dans le plus, on pourra prendre cet
élan, nous autres, qu'on s'était donné: un Québec
meilleur pour chacun des citoyens, que chaque citoyen puisse trouver sa part
à l'intérieur de ce Québec, où il ferait bon vivre
avec sa famille.
On essaie de développer des
programmes de la revalorisation de cette famille aujourd'hui. Pas un
seul parti politique, même le nôtre au début, n'en parlait.
Si je regarde depuis 1970 où je lis, le journal des Débats,
jamais il n'était question de la famille, de la revalorisation de la
famille. Pour une fois, vous avez un gouvernement qui s'occupe de la famille,
qui s'en occupe actuellement. Mais l'Opposition essaie de tourner cela en
ridicule. Ses députés essaient de tourner cela en ridicule parce
qu'ils n'y croient peut-être plus, à cette famille, eux autres,
parce que, sous leur régime à eux, il n'y a jamais eu de
politique familiale. La seule qu'ils auraient pu sortir, à un moment
donné, cela aurait été dans les garderies. Mme la
députée de Chomedey avait une politique cohérente pour les
garderies, mais cela a été refusé, par exemple, par ses
collègues. C'est ce qui est arrivé. C'est le seul élan
qu'il aurait pu y avoir à ce moment. (22 h 40)
Pour toutes ces raisons, M. le Président, on fait appel, nous,
à chaque Québécois, à la conscience de chacun de
ces Québécois, d'essayer tant au point de vue de visites de
médecins, tant au point de vue du médecin professionnel
lui-même, arriver... Un exemple que personne n'a été
capable de nier. Je m'en suis servi à plusieurs reprises. Lorsqu'une
personne âgée va voir son médecin, le médecin
l'examine et dit: Oui. Il lui fait une ordonnance de 60 pilules de telle sorte.
Il lui dit: Va-t-en chez vous. Tu me rappelles dans trois jours pour voir quel
effet peuvent faire tes médicaments. Trois jours après, la
personne âgée appelle son médecin et lui dit: J'ai des
problèmes avec cela, des troubles de vision, il me semble que cela ne
fonctionne pas, ces médicaments. Il lui répond tout bonnement:
Prends ta bouteille, verse-la dans l'évier et j'appelle ton pharmacien
pour t'en donner une autre sorte. Ce sont des millions qui partent comme cela.
Il faut faire appel actuellement à chacune des classes sociales du
Québec pour essayer de comprendre que le gaspillage a ses limites. On
est rendu à cette limite-là actuellement. Je serais même,
M. le Président, à aller jusqu'à proposer le carnet
médical. Je serais prêt à aller jusque-là. Dans le
carnet médical, on pourrait avoir la date de la visite de tel
médecin, la date d'une telle prescription, pas des maladies, mais
seulement faire suivre, en somme, les dépenses qu'il peut y avoir au
niveau d'une société là-dedans. Je serais prêt
à aller jusque-là pour essayer d'avoir un contrôle.
Lorsque le président de la Régie de l'assurance-maladie
dit à un moment donné: II n'y a rien là, quelques
étrangers qui viennent se faire soigner ici. Un nous dit que cela
coûte 50 000 000 $ et un autre nous dit que cela coûte 30 000 000
$. Il n'y a rien là, mais on en est rendu à ce niveau, dire qu'il
n'y a rien là, on parle de millions de deniers publics, il n'y a rien
là sur l'abus des médicaments, il n'y a rien là sur le
doublement des visites au médecin, parce que je connais des gens qui
sont allés voir cinq médecins dans une semaine.
Monsieur, c'est sérieux ce dont je parle. Dans
Mégantic-Compton, vous n'avez pas ces problèmes? Vous êtes
chanceux, parce que quand on parle de dépense des deniers publics, vous
apprendrez, M. le député, que c'est important à ce
moment-ci.
C'est là-dessus que je proposerais, M. le Président, ce
carnet médical. Je souhaite ardemment que la population du Québec
soit sensibilisée chaque fois qu'elle prend un médicament, chaque
fois qu'elle rend visite au médecin, chaque fois qu'elle va au service
d'urgence dans un hôpital, pour essayer de se rationner elle-même
avant que l'État, à un moment donné, soit obligé
d'imposer des restrictions, ce qui n'est pas toujours plaisant. C'est avec ces
souhaits que je termine et j'espère qu'avec le prochain budget nous
continuerons notre politique social-démocrate. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, avant de vous entretenir du
budget 1981-1982 du gouvernement du Québec, avant de vous entretenir de
ce budget que le ministre Parizeau aurait facilement pu titrer
L'indépendance à crédit, j'aimerais vous faire part si, de
l'autre côté de la Chambre, on peut en revenir à des choses
sérieuses, de la raison de mon absence en Chambre aujourd'hui.
Comme vous le savez sans doute, M. Glendon Brown, qui a
représenté le comté de Brome et par la suite le
comté de Brome-Missisquoi dans cette Chambre pendant 20 ans, est
décédé samedi dernier. Il a été
enterré cet après-midi. Je me suis déplacé pour me
rendre au service funéraire pour dire à la famille la sympathie
qu'éprouvent la présidence de cette Chambre de même que
tous les collègues qui l'ont connu de l'autre côté de la
Chambre comme de ce côté-ci. Tous ceux qui ont siégé
dans cette Chambre peuvent comprendre ce que représentent vingt ans
d'efforts et de dévouement au service d'une population, au service d'un
comté. M. Brown a rendu ces services de façon impressionnante et,
aujourd'hui, c'est la population de l'ensemble du Québec qui se joint
à celle de Brome-Missisquoi pour offrir à cette famille
éprouvée ses sympathies les plus sincères et les plus
profondes.
M. le Président, pour revenir au budget pour 1981-1982 que nous a
présenté le
ministre des Finances un peu à la sauvette, à la veille
des élections, sans donner le temps à cette Chambre d'en
discuter, sans permettre à l'Opposition d'apporter, par
l'intermédiaire de cette Chambre, toutes les lumières requises
sur ce budget, il est important d'en souligner - je sais que vous
apprécierez la teneur de ces arguments parce que vous venez
vous-même d'une région rurale - les principaux aspects qui
atteignent ces régions rurales au plus vif. Ce sont des coupures qu'on a
imposées dans ces régions et elles n'ont pas été
limitées au gras.
Pendant qu'on en parle, j'aimerais parler du ministère de
l'Agriculture et de son titulaire. Au ministère de l'Agriculture, on a
entendu, au cours des quatre dernières années, le ministre Garon
nous déclarer qu'il fallait investir en agriculture pour
l'autosuffisance alimentaire du Québec. On va même voir le
ministre lancer dans quelques semaines, à grand renfort de propagande,
comme c'est l'habitude de ce gouvernement, un volume qui va s'appeler Nourrir
le Québec. Pendant que le ministre va nous parler de Nourrir le
Québec, pendant qu'on va faire de la propagande, on va s'attarder
quelques instants sur ce qui va arriver aux agriculteurs sur nos fermes au
cours de l'année qui vient, au cours du mandat de ce ministre.
On va regarder le budget de 1981-1982 du ministère de
l'Agriculture, au programme Aide à la production agricole, on va se
demander ce qu'est le développement pour le ministre de l'Agriculture et
que veut dire le mot investissement. Pour se placer dans le contexte, l'an
passé, on avait un budget, à l'aide à la production
agricole, de 132 947 600 $. Cette année, on a un budget de 121 647 500
$, une diminution de 11 300 100 $. C'est cela, cheminer vers l'autosuffisance
agro-alimentaire; c'est cela, investir dans la production agricole.
Le ministre, en coupant 11 300 000 $ à l'aide à la
production, a été logique avec lui-même. Si on doit
diminuer la production, on est aussi bien, en même temps, de couper dans
l'aide à la commercialisation. Si on n'a plus de produits, on n'a plus
besoin de gens pour les vendre. Il a été conséquent. D'un
budget de 47 807 700 $ en 1980-1981, cette année, 1981-1982, on tombe
à 46 955 700 $, une diminution de 852 000 $. Moins de production, moins
de commercialisation, et un ministre qui nous dit: Plus d'autosuffisance. Il
doit certainement y avoir une contradiction quelque part dans ce
gouvernement.
M. le Président, si vous pouvez retenir le caquetage, des poules
de l'autre côté, on va pouvoir continuer et voir, au niveau de
l'aide à la production, quels sont les principaux éléments
qui sont coupés. Les principaux éléments, tout le
programme des silos à la ferme. Le ministre va nous déclarer:
Écoutez, c'est le fédéral qui a coupé cela. Tout au
long de l'année dernière, il disait à cette Chambre:
Regardez tous les silos que j'aide à construire. (22 h 50)
Le ministre, encore une fois, devrait être un peu
conséquent avec lui-même. Ce qui va arriver aux agriculteurs cette
année, c'est qu'ils n'auront pas de programme d'aide à la
construction de silos de ferme. Quant à continuer dans les coupures,
quant à couper dans ce que le ministre appelle encore le "gros" et qu'on
se plaît à appeler le "gras" de l'autre côté, on a
aboli la subvention au creusage de puits. Cela ne crée pas de gras chez
personne, le creusage de puits. Pour faire fonctionner une ferme, cela prend de
l'eau, et pour avoir de l'eau, à la campagne, parce qu'on n'a pas
d'aqueducs municipaux subventionnés à 90% par le gouvernement,
cela prend un puits; creuser un puits, cela coûte cher et, quand on
abolit la subvention, on coupe dans ce qu'il y a de plus
élémentaire, on coupe dans l'eau sur la ferme.
On a également coupé, quant à couper, sur la chaux.
On a coupé dans le drainage agricole. On se souviendra des
représentations que le ministre a faites dans cette Chambre au moment
où il a introduit sa fameuse Loi sur le zonage agricole. Plusieurs
personnes réclamaient, même des députés de l'autre
côté de la Chambre, des indemnisations pour les agriculteurs
à qui on enlevait le droit de disposer librement de leur
propriété. Mais on s'est dit: Ils vont obtenir des indemnisations
collectivement, on va augmenter les subventions, on va les aider à
drainer les terres, on va leur creuser des puits. Les cultivateurs, les
agriculteurs du Québec sont à même de constater, dans ce
budget, qu'il s'agissait, encore une fois, d'un emballage, d'une envolée
"aratoire" du ministre de l'Agriculture et que, comme conséquence, ils
ont récolté, dans tous ces postes budgétaires, des
coupures dans le plus vif.
M. le Président, le député et porte-parole de
l'Opposition en matière d'agriculture, le député de
Beauce-Sud, a soulevé les problèmes au fur et à mesure
qu'ils sont survenus dans cette première session. Cela ne fait pas
tellement longtemps qu'on siège depuis les élections. On a
entendu dire que cela allait mal dans le sirop d'érable au
Québec. On a entendu dire que le ministre, d'une façon
complètement insensée, a, sans aucune planification,
incité les producteurs à investir dans la tubulure. Ils se
ramassent maintenant avec des surplus impressionnants. Le ministre n'a pas vu -
on serait porté à dire plus loin que son nez, mais, dans son cas,
on va lui donner une marge de vision plus grande - plus loin que son tour de
taille. Il n'a pas vu qu'après la production, il fallait vendre. Il n'a
rien prévu
au niveau de la mise en marché. Et aujourd'hui, ce sont les
producteurs qui supportent ces inventaires avec des taux
d'intérêts, comme vous le savez, à plus de 20%. Ils
reçoivent présentement ou ils vont recevoir dans les prochains
jours une subvention du fédéral pour les aider au niveau de ces
entreposages.
M. le Président, le député de Beauce-Sud s'est
levé en Chambre et a dénoncé la situation dans laquelle se
trouvaient les producteurs de porcs au Québec, qui ont été
incités par le ministre, par la Société du crédit
aqricole, par les représentants du gouvernement, à investir
massivement dans des moyens de production. Les travailleurs agricoles ont fait
confiance à ce gouvernement. Lorsque les problèmes de
marché sont arrivés, il n'était plus là. Le
ministre était parti. Il n'y avait pas de problème, il venait
nous dire en Chambre que tout allait bien. N'eût été de
l'intervention du gouvernement fédéral, l'an passé, dans
le dossier du porc - j'entends des rires de péquistes, le
député d'Iberville...
M. Beauséjour: M. le Président, une question de
privilège.
Si le député de Brome-Missisquoi n'a pas ses lunettes,
qu'il vérifie, je ne riais absolument pas.
M. Paradis: Cela me rassure.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Cela me rassure qu'il ne trouve pas cela drôle.
Il y en avait un, dans son entourage, qui trouvait cela drôle, qu'il le
renseigne. L'an passé, le fédéral a donné 4,36 $ le
porc aux finisseurs et 1 $ aux naisseurs, et cette année, il donne 8,96
$ aux finisseurs. Qu'a fait le ministre de l'Agriculture de l'autre
côté? Hier, à l'étude, en commission parlementaire,
des crédits du ministère de l'Agriculture, on lui a
demandé: Quand allez-vous arrêter de vous chicaner? Quand
allez-vous arrêter de passer des programmes qui peuvent créer la
chicane entre les deux niveaux de gouvernement? Quand allez-vous cesser
d'imaginer un programme provincial qui déduit le fédéral
pour provoquer le fédéral à concevoir un programme
fédéral qui déduit le provincial et à jouer sur le
dos des agriculteurs du Québec? Quand allez-vous finalement aller
à Ottawa vous asseoir sérieusement et négocier pour le
bien-être des producteurs du Québec un programme provincial
complémentaire au programme fédéral? Quand allez-vous
avoir l'honnêteté de faire cela? Le ministre nous a dit que
peut-être cet été, peut-être à la prochaine
conférence fédérale-provinciale, il en parlera
peut-être. J'invite les producteurs agricoles, j'invite les
députés des comtés ruraux de l'autre côté
à s'assurer, pour le bien-être des producteurs agricoles, que le
ministre fasse ces démarches dans le sens d'avoir des programmes
complémentaires. Au lieu d'avoir des chèques qui se
déchirent en deux sur le dos des producteurs, avoir des chèques
complémentaires du fédéral et du provincial pour les
producteurs.
M. le Président, le ministre de l'Agriculture nous dit: Tout va
bien dans cette Chambre, tout va bien. Hier soir, lors de l'étude de ses
crédits, il y avait une cinguantaine de producteurs de pommes, des
représentants de la Fédération des producteurs de pommes
du Québec. Le ministre ne nous en avait pas parlé. On pensait que
cela allait bien, nous aussi, dans les pommes. Mais on s'est aperçu que
le ministre était à la fois dans les pommes et dans les patates,
parce qu'il n'y a rien qui marchait et il n'y a rien qui fonctionnait. Les
producteurs de pommes se sont fait prendre au piège par le ministre,
spécialement ceux de la région de Franklin-Centre dans le
comté de Huntingdon.
Sur la foi de l'implication de SOQUIA, la Société
québécoise d'initiative agro-alimentaire, avec une compagnie
privée, ils ont fait confiance à cette entreprise, ils ont fait
confiance à la société, ils ont fait confiance au ministre
et ils ont livré leur récolte à la fin de l'année
pour se rendre compte, au cours de l'hiver, que Leahy et Fils - c'est le nom de
cette compagnie -était en liquidation et qu'ils ne recevraient pas de
paiement pour leurs pommes. La confiance aveugle qu'ils avaient mise dans le
ministre de l'Agriculture a été trahie. Jamais, ces producteurs
n'ont été informés par le ministre ou par la
société d'État qu'il y avait danger de liquidation. Pour
un producteur de pommes...
M. Laplante: M. le Président. Est-ce que je dois
comprendre que le député de Beauce-Sud a perdu les dossiers de
l'agriculture?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je m'excuse; le
député de Brome-Missisquoi, s'il vous plaît.
M. Paradis: M. le Président, vous me permettrez
brièvement de conseiller à mon confrère de vérifier
son carnet de visites chez le médecin et de s'en prévoir une
immédiatement. Vous comprendrez facilement, M. le Président, que
les producteurs agricoles et les fermes familiales qui sont allés livrer
leur production pour des montants de l'importance suivante - je peux donner des
noms: Verger Allard, 19 362 $; Jacques Bastien, 33 514 $; Réal Caron, 26
134,50 $; Denis Roy, 16 298 $, Arthur Dauphinais, 11 160 $ etc. - se sont
retrouvés, dès cette année-là, dans une
situation financière précaire à cause de l'incurie
du ministre de l'Agriculture. Vous comprendrez également, parce que vous
êtes un agriculteur de la région de Sherbrooke, que le
marché des pommes l'an passé n'a pas rapporté aux
producteurs des revenus suffisants pour leur permettre d'en assumer le
coût de production. Vous comprendrez qu'à la suite de cette
année, ils se sont retrouvés dans une situation de
liquidité incroyable. Ils se sont retrouvés serrés
à la gorge par les institutions financières et, encore une fois,
le ministre n'est pas intervenu malgré les nombreux mémoires
déposés par la fédération.
Mais, il y a pire, M. le Président. Il y a pire parce qu'avec
l'hiver, avec les gels qu'on a connus au cours du mois de janvier, l'ensemble
des pommiers du Québec - et on sait combien on est autosuffisants dans
la production des fruits au Québec - a été attaqué
par la gelée. Les 17 et 18 mai de cette année, alors qu'ils
étaient en floraison, une autre gelée s'en est prise à ces
pommiers et 90% de la récolte de cette année est compromise. Ce
gel a également attaqué les arbres et, présentement,
à peu près 15% des arbres, des pommiers du Québec sont
morts et, au cours des prochaines années, à la suite de ces gels,
il en mourra davantage. Ce que ces producteurs demandent au ministre de
l'Agriculture, c'est d'avoir le coeur à la bonne place et d'intervenir.
La seule réponse qu'ils ont pu obtenir du ministre de l'Agriculture,
hier soir, lors de l'étude des crédits, c'est qu'il y a une
assurance agricole qui existe, une assurance sur les revenus. (23 heures)
M. le Président, lorsqu'on a demandé au ministre combien
de producteurs étaient assurés, il a été
obligé d'admettre qu'à peine 10%, soit 115 des 1100 pomiculteurs
du Québec, étaient couverts par cette assurance. On lui a alors
demandé d'enquêter pour savoir si les polices d'assurance qu'il
offrait aux producteurs agricoles n'étaient pas valables, si
c'étaient ses fonctionnaires vendeurs d'assurances qui avaient mal fait
leur travail ou si c'étaient de mauvais pomiculteurs qu'on avait dans la
province de Québec. Devant le refus de répondre du ministre, on a
été obligé d'ajouter un quatrième
considérant. On a été obligé de demander quel genre
de ministre de l'Agriculture on avait.
M. le Président, je réclame au nom de l'Opposition
l'intervention du ministre de l'Agriculture dans ce dossier pour l'ensemble des
pomiculteurs du Québec et j'ose croire que les coupures tellement
vantées par le parti ministériel ne feront pas en sorte qu'au
niveau de la pomiculture, on perde ce qu'on a dans cette province, qu'on perde
nos 1100 fermes qui en produisent, parce que je ne pense pas qu'on se
dirigerait vers une autosuffisance dans ce dossier si le ministre abandonnait
cruellement ces producteurs.
Il y a davantage, M. le ministre. Chaque fois qu'on se lance dans une
campagne électorale, à chacun des programmes de chacune des
formations politiques, on retrouve, en tête de liste, la relève
agricole. On retrouve la relève agricole comme l'élément
qu'on va privilégier. Ce qui m'inquiète, M. le ministre - M. le
Président, excusez-moi... Cela vient de celui qui a passé proche
de... Non.
Je m'excuse, M. le Président. Ce qui m'inquiète, M. le
Président, c'est de constater que, dans des productions agricoles
où on n'a pas encore atteint l'autosuffisance, surtout la production des
oeufs au Québec, on a à peine 3% de relève agricole
suivant les relevés de l'Office du crédit agricole. Je me demande
s'il y a un lien entre les déclarations ministérielles qu'on
entend en cette Chambre et la pratique qui se vit dans le champ.
M. le Président, non seulement a-t-on abandonné du
côté ministériel l'objectif de l'autosuffisance agricole,
non seulement a-ton coupé de façon draconienne dans les budgets
d'aide à la production et à la commercialisation des produits
agricoles, mais il y a davantage. On a stoppé dans des domaines de
production toute évolution pour les années à venir et on
parle du domaine de la production du porc dans les régions où
cela fonctionnait bien. Le ministre de l'Environnement, devant un constat
d'échec des politiques de son ministère, a décidé
de décréter un moratoire de trois ans à
l'établissement de nouvelles porcheries. On s'en va encore une fois vers
l'autosuffisance, mais à reculons. Où va-t-on aboutir avec
cela?
Le ministre de l'Environnement a déclaré un moratoire afin
de protéger les cours d'eau du Québec. L'Opposition partage son
désir de conservation des cours d'eau du Québec, mais ne comprend
pas qu'en même temps qu'il déclare ce moratoire, tout ce qu'il
trouve à consacrer à la recherche d'une solution technique pour
le traitement du purin, ce soit une somme de 675 000 $ répartie sur
trois ans. Ce que le ministre fait à ce moment-là, sans doute en
complicité avec le ministre de l'Agriculture, c'est de mettre tout
simplement un frein à l'évolution de la production agricole vers
laquelle 22% de la relève s'est dirigée l'an dernier. Où
va se diriger cette relève cette année avec le moratoire du
ministre de l'Environnement qui, au lieu d'investir dans la recherche de
techniques qui permettraient de préserver nos cours d'eau, choisit de
mettre un frein, de nommer plus d'inspecteurs à coups de bâton...
C'est là que les budgets s'en vont, on passe les budgets de la recherche
à l'engagement de fonctionnaires et d'inspecteurs pour contrer
la production.
Dans une région rurale, bien sûr, il y a l'agriculture,
mais il y a aussi tout le réseau routier. Provenant vous-même d'un
comté rural, M. le Président, vous savez combien les coupures
draconiennes imposées par ce gouvernement au niveau du réseau
routier vont affecter nos régions rurales. 26 505 300 $ de coupures au
niveau de nos routes principales, de nos routes régionales et de la
construction d'autres routes. Une légère augmentation dans la
construction d'autoroutes. J'ai un petit message pour le ministre des
Transports. Si, à partir de nos régions rurales, on veut se
rendre à l'autoroute, ça nous prend des chemins; on lui demande
bien simplement de consacrer les budgets nécessaires à la
construction de ces routes régionales et locales.
Dans mon propre comté, au cours du mois de février et du
mois de mars - sans doute est-ce arrivé dans votre comté aussi
-j'ai été témoin de la saison du dégel et des
conséquences qu'ont dû vivre les gens qui demeurent sur les routes
rurales. Vous avez dû, comme moi, constater l'état de
défoncement de ces routes. Cela n'a jamais été vu depuis
le début du siècle, même au temps où on se promenait
en calèche. Les routes étaient dans un tel état que les
gens n'avaient plus accès à leur propriété. Les
camions de moulée ne pouvaient plus se rendre sur les fermes pour livrer
le grain, les camions qui ramassent le lait ne pouvaient plus aller le
chercher; en cas de calamité, les services d'incendie n'avaient plus
accès à ces propriétés; en cas de maladie, les
services ambulanciers n'avaient plus accès à ces endroits.
Lorsqu'on coupe dans le circuit routier et qu'on coupe dans des routes
qui deviennent impraticables durant certaines saisons de l'année, on ne
coupe pas dans le gras, on coupe dans ce qu'il y a de plus vital dans notre
économie.
On coupe dans le transport, on coupe également dans
l'éducation. Cela fait trois semaines qu'on est ici et ça fait
trois ou quatre manifestations qu'on a devant cette Assemblée nationale:
le secteur public de l'éducation est venu manifester, les services
ambulanciers sont venus manifester devant cette Assemblée nationale - et
il fallait être sourd pour ne pas les entendre - et, la semaine
dernière et au cours de cette semaine, c'étaient les parents et
les enfants qui fréquentent les écoles privées. Ces gens
sont venus réclamer du gouvernement un libre choix pour envoyer leurs
enfants à l'école de leur choix et que ce choix soit accessible
à l'ensemble de la population, aux travailleurs non syndiqués,
aux travailleurs syndiqués, aux médecins, aux ministres, aux
députés, à tout le monde. La réponse qu'on a du
gouvernement à ce jour, c'est qu'on veut faire de l'école
privée une école accessible strictement aux gens qui ont de
l'argent, à une élite, à nos petits amis de l'autre
côté. On ne lâchera pas ce dossier non plus, M. le
Président.
Lorsqu'on a coupé dans ce qu'on appelle le gras, on a
coupé également onze écoles privées d'enseignement
à l'enfance inadaptée, sans se demander pourquoi ces
écoles existaient, sans se demander qui référait ces
enfants aux écoles privées d'enseignement à l'enfance
inadaptée. Ces enfants sont envoyés par le système
scolaire public qui ne peut les accueillir, qui n'a pas les moyens, qui n'a pas
les cadres pour les accueillir. Ces enfants sont également
dirigés à ces écoles par les travailleurs sociaux, par le
Protecteur du citoyen, ils sont dirigés par des gens qui s'occupent de
l'enfance inadaptée. Lorsqu'on en est rendu à couper pour
s'attaquer aux plus démunis de la société, je me demande
où s'en va cette pseudo-social-démocratie.
M. Laplante: M. le Président, question de
privilège.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
privilèqe.
M. Laplante: M. le député induit la Chambre en
erreur parce que c'est le seul secteur où il n'y a pas eu de
compressions budgétaires. Il faut dire ces choses, il ne faut pas
être démagogue comme l'est le député de
Brome-Missisquoi actuellement.
M. Paradis: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement.
M. Paradis: Si le député de Bourassa veut
intervenir, il peut utiliser l'article 100. Il ne s'agit pas d'une question de
privilège. Je pensais que, depuis le temps qu'il était ici, il
connaissait son règlement. S'il ne connaît pas plus les faits que
son règlement, on sait pourquoi il ne comprend pas.
Le Vice-Président (M. Rancourt): J'aimerais solliciter la
collaboration des deux côtés de la Chambre pour permettre au
député de Brome-Missisquoi de terminer son intervention, s'il
vous plaît. (23 h 10)
M. Paradis: Très juste décision, M. le
Président, dont je vous remercie, sur l'interprétation du
règlement de la Chambre.
Il y a un élément dont j'ai parlé dès ma
réplique sur le discours inaugural en cette Chambre et c'était la
fameuse taxe sur les chèques de paie des employés imposée
par le budget Parizeau, une nouvelle méthode de taxation des
travailleurs des usines du Québec. Le gouvernement a tellement peu
confiance que l'entreprise évolue dans le climat économique qu'il
a
créé au cours des quatre dernières années
dans cette province qu'il ne veut plus taxer les profits. Il veut taxer les
"payrolls", comme on les appelle dans les entreprises, les chèques de
paie, les listes de paie. Il fait passer de 1,5% a 3% la retenue de l'employeur
sur le chèque de paie de l'employé. Qu'est-ce que cela a comme
conséquence sur les PME et sur les entreprises de nos comtés?
Pour une entreprise, une PME de 11 employés, cela a comme
conséquence d'imposer 187 $ par mois additionnels ou 2244 $ par
année. Pour une entreprise de 42 employés - vous en avez
plusieurs dans votre comté, M. le Président - cela veut dire 1200
$ par mois additionnels, soit 14 400 $ par année. Pour une entreprise de
500 employés - on en a tous quelques-unes dans nos comtés - cela
veut dire 11 000 $ par mois, 132 000 $ par année.
Cela veut dire que ces entreprises, parce qu'on taxe le chèque de
paie de l'employé, vont être incitées à
s'automatiser, vont être incitées à laisser tomber une
main-d'oeuvre travaillante qui est taxée, pour aller se mécaniser
et déduire de l'impôt la machinerie qu'elles achètent. Avec
302 000 chômeurs au Québec, combien va-t-on en avoir après
que le gouvernement aura mis en application cette mesure de taxation des
chèques de paie des employés, des travailleurs du
Québec?
Je savais, M. le Président, qu'il me restait au moins deux
minutes. Le miracle de ce budget, c'est d'avoir en même temps
augmenté le déficit et coupé dans les services essentiels.
Cela relève du fantastique. Si on me disait: Écoutez, on a
coupé les dépenses, on a coupé dans le gras pour diminuer
le déficit, je pourrais peut-être comprendre qu'il y a quelqu'un
qui s'est servi de ce qu'on appelle un jugement de l'autre côté de
la Chambre. Mais on me dit: Écoute, toi, le député de
Brome-Missisquoi, tu vas voter sur un budget où à la fois on
augmente le déficit et on coupe les dépenses, on coupe dans les
services essentiels. M. le Président, jusque-là, je ne suis pas
trop incité à voter en faveur, mais il y a davantage, c'est le
rapport du Vérificateur général du Québec. En plus
d'augmenter le déficit, de couper les dépenses, on nous cache
l'état réel de la situation.
Je vais conclure, M. le Président, tout simplement pour
répondre aux ah! de l'autre côté de la Chambre qui
s'amusent et qui complotent avec le ministre pour cacher aux électeurs
de chacun de leurs comtés la véritable situation
financière de la province de Québec en vous citant un article de
la Presse de Montréal, du vendredi 12 juin 1981. C'est de
l'éditorialiste Ivan Guay: "Tout est dans la manière de le faire.
Comme dit M. Parizeau, le gouvernement ne ca- che rien, ou si peu. Il
éparpille les renseignements financiers dans les comptes publics, les
divers états financiers et leurs annexes de telle sorte que seuls des
comptables puissent s'y retrouver en consacrant beaucoup de temps à
rassembler cette information. C'est ce que M. Parizeau appelle par
euphémisme "les pratiques comptables du gouvernement." Celles-ci ont
pour effet pratique de camoufler une partie des dépenses, d'en reporter
la comptabilisation et de faire apparaître les déficits moins
importants qu'ils le sont en réalité. À quoi servent les
budgets de l'État, sinon à dévoiler aux contribuables,
comme actionnaires de cet État, la situation des dépenses et des
revenus du gouvernement pour l'année fiscale? Tout ce qui fausse ce
bilan doit forcément être considéré comme un
camouflage de la réalité. C'est le pire des sophismes de faire
passer ce camouflage pour une pratique comptable tout à fait
injustifiable. Les élégants sophismes de M. Parizeau sont
peut-être rassurants pour un grand nombre de citoyens, mais le ministre a
peur de trop miser sur la tradition d'ignorance des Québécois. La
conservation du patrimoine ne doit pas être poussée
jusque-là et la confiance aveugle des citoyens n'est pas
éternelle. À la prochaine."
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Trois-Rivières.
M. Denis Vaugeois
M. Vaugeois: M. le Président, heureusement qu'il me reste
quelques collègues dans cette Chambre. Je pense bien que ceux qui
avaient décidé de regarder les débats à la
télévision nous ont quittés depuis un certain moment. Si
nous n'avions pas été de service ici, pour ma part, je serais
parti. C'est incroyable, M. le Président. Finalement, le
député de Brome-Missisquoi a fait ce soir, involontairement, un
hommage réel à Glen Brown. Pour ma part, il me l'a fait
regretter. J'ai eu l'occasion de le connaître en dehors de cette Chambre.
J'ai eu l'occasion de le fréquenter à Cowansville où j'ai
des parents et des amis. C'était un homme affable, un homme respectueux
de cette Chambre, un homme respectueux de ses collègues, un homme
respectueux de la vérité. L'actuel député de
Brome-Missisquoi se moque de tout, nous prend pour des imbéciles et, je
pense bien, prend également ceux qui nous regardent à la
télévision pour des imbéciles. Il dit n'importe quoi.
J'avais autre chose à dire ce soir, M. le Président. Je ne
prendrai pas les quelques minutes qui me restent et que des collègues
ont la patience d'endurer pour aller plus loin. Encore que je tiendrais
à dire au député d'en face que le ministre de
l'Agriculture ne cherche pas à augmenter ses subventions aux
agriculteurs. Sa politique depuis des années est d'augmenter les
profits des agriculteurs et de les rendre indépendants vis-à-vis
du gouvernement et des gouvernements quels qu'ils soient.
Des voix: Bravo!
M. Vaugeois: M. le Président, la ligne de forces de notre
parti, ce n'est pas la dépendance. Ce n'est pas la dépendance des
citoyens vis-à-vis de l'État. La ligne de forces de notre parti,
M. le Président, ce n'est pas la dépendance des agriculteurs
vis-à-vis des subventions du ministre de l'Agriculture. La ligne de
forces de notre parti, notre ligne de forces comme hommes politiques, c'est
l'indépendance tout le temps.
Des voix: Bravo!
M. Vaugeois: Celle des agriculteurs, M. le Président, nous
sommes en train de la réaliser et l'autre, elle viendra en son temps,
celle qui fait peur au député de Brome-Missisquoi.
Pour l'instant, M. le Président, j'avais l'intention de tenir un
discours que les gens de l'Opposition ne savent pas tenir. J'ai envie
momentanément, M. le Président, de traverser la Chambre,
d'être d'un esprit libéral, authentiquement libéral et de
dire au gouvernement où on pourrait peut-être faire des
compressions, au lieu de chercher à les faire à des endroits
où il faut en mettre plus finalement, parce que c'est le discours que
les gens d'en face nous tiennent; ils nous disent qu'il faut couper pour
réduire le déficit, pour réduire le service de la dette,
mais, en même temps, ils voudraient qu'on en mette plus là, plus
là et plus là. À quel endroit nous disent-ils d'en
réduire un peu? Jamais! Mais il faudrait que le total soit moindre que
la réalité actuelle. Franchement, M. le Président,
heureusement qu'on est au pouvoir! Donc, je vais tenir momentanément le
discours que je ferais si j'étais de l'autre côté. Il y a
des endroits, effectivement, où nous devrons apprendre à
réduire les dépenses. Nous devrons apprendre lentement,
progressivement à faire des économies, à avoir des
politiques un peu plus réalistes, moins coûteuses et qui tiendront
davantage compte de nos moyens.
J'avais l'intention dans le peu de temps que j'ai, M. le
Président, d'aborder cet aspect sous deux angles: l'angle de
l'aménagement du territoire, puisque, depuis quelques années,
c'était l'absence totale d'aménagement de territoire;
malheureusement, ces gens, quand ils étaient au gouvernement, ont
négligé de nous donner une loi d'urbanisme, une loi
d'aménagement. Mais, lorsque nous sommes arrivés dans cette
Chambre avec une loi de protection des terres arables, quand nous sommes
arrivés dans cette Chambre avec une loi sur la réforme de la
fiscalité municipale, lorsque nous sommes arrivés avec une loi
sur l'aménagement du territoire, ils ont été contre. Ils
nous ont tenu des discours interminables pour être contre. Si on avait eu
cette loi plus tôt, on aurait réalisé des économies.
Je suis content, ce soir, de trouver dans cette Chambre le député
de Maskinongé, la députée de Chomedey, qui est une
ancienne résidente de Trois-Rivières, le député de
Nicolet, en banlieue de Trois-Rivières, et j'aimerais, par l'exemple de
Trois-Rivières, illustrer un peu nos problèmes
d'aménagement.
Mais, comme mon temps est limité, j'aimerais auparavant
être certain de pouvoir aborder cette question et parler d'une question
qui surprendra peut-être nos amis d'en face, celle du droit d'auteur ou
du respect dû aux créateurs. Cela peut paraître baroque
qu'à l'occasion d'un discours sur le budget, on aborde ce propos. Soit
dit en passant, je pense que jamais ceux d'en face n'ont parlé des
droits des créateurs, de la juste part des créateurs; c'est un
discours qu'ils ne sauraient tenir. Quant à moi, ce soir, j'ai
l'intention d'en parler au titre de l'indépendance des créateurs
vis-à-vis de l'État. Nous vivons depuis des années une
situation qui est devenue inacceptable. Le gouvernement actuel a eu d'abord le
courage de publier un petit ouvrage qui s'appelle "La juste part des
créateurs". En introduction, vous trouvez une citation du directeur
général de l'Organisation mondiale de la propriété
intellectuelle qui se lit comme suit: "L'expérience prouve que
l'enrichissement du patrimoine culturel national dépend directement du
niveau de la protection accordée aux oeuvres littéraires et
artistiques. Plus ce niveau est élevé, plus les auteurs sont
encouragés à créer. Plus il y a de création
intellectuelle, plus s'élargit le rayonnement du pays. Plus il y a de
productions dans le domaine littéraire et artistique, plus
s'accroît l'importance des auxiliaires de ces productions que sont les
industries du spectacle, du disque et du livre. En fin de compte,
l'encouragement à la création intellectuelle constitue l'une des
conditions premières de toute promotion sociale, économique et
culturelle."
Le gouvernement du Québec a beaucoup tardé à
intervenir dans ce domaine. D'abord, sur le plan constitutionnel, apparemment,
nous ne serions pas compétents, encore que la question de la
propriété nous concerne, mais celle du copyright nous
échappe. Donc, avec ce prétexte, les gouvernements qui nous ont
précédés ont négligé de traiter de la
question des droits des auteurs et des créateurs. Nous sommes finalement
arrivés à un énoncé de politique là-dessus.
Mais si j'étais dans l'Opposition, j'aurais cité à ce
gouvernement une directive du gouvernement
de l'Ontario, du sous-ministre adjoint à l'Éducation en
Ontario, qui rappelle aux institutions scolaires de sa province le respect
dû aux créateurs concernant la copie ou la polycopie des textes
à la lumière des dispositions de la Loi sur les droits d'auteur
qui, malgré tout, existe depuis 1924.
Permettez-moi de lire quelques extraits de cette lettre du sous-ministre
adjoint de l'Ontario. J'aimerais la citer au complet - si, demain, on me
demande de la déposer, je la déposerai avec plaisir, M. le
Président - mais je m'en tiendrai à trois ou quatre paragraphes.
"La présente note rappelle que le ministère n'admet pas la
reproduction de matériel protégé par le droit d'auteur et
prévient que les sommes payées par les conseils scolaires pour
frais d'avocat et dommages-intérêts dans
l'éventualité d'une violation du droit d'auteur ne sont pas des
dépenses admissibles pour fins de subvention. "Les conseils sont
invités par ailleurs à établir des comparaisons entre
l'achat de manuels et la reproduction d'imprimés. Les frais de
reproduction étant de trois à sept fois plus élevés
que les frais d'impression par page, on peut se questionner sur les
prétendues épargnes réalisées par la reproduction
d'imprimés plutôt que par l'achat de textes originaux.
L'évaluation réelle des frais de reproduction d'imprimés
doit inclure non seulement le coût du papier, mais aussi les
dépenses de location ou d'amortissement et d'entretien de
l'équipement ainsi que le temps qu'on doit y consacrer. Là
où il s'agit d'un grand nombre de pages, il ne fait pas de doute qu'un
tel travail coûte relativement cher."
La note se termine ainsi: "II s'impose de porter ces points à
l'attention du personnel des conseils scolaires et des écoles afin de
s'assurer que la reproduction d'imprimés protégés par le
droit d'auteur se limite rigoureusement aux cas permis par la loi. Autrement,
l'abstention est de rigueur à moins d'obtenir l'autorisation du
détenteur du droit d'auteur."
M. le Président, j'aimerais citer cette note au complet,
j'aimerais la commenter abondamment. Je me contenterai ce soir de poser
quelques questions aux gens des commissions scolaires, aux gens des
collèges, aux gens des universités. J'aimerais que, dans les
prochaines semaines, on y réponde. Actuellement, un groupe de
producteurs regroupés avec la SADA a intenté une poursuite devant
les tribunaux concernant pour l'instant 14 cégeps. Cette poursuite
risque de s'élargir à d'autres institutions subventionnées
par l'État: les institutions qui ont de vastes laboratoires, qui ont des
équipements considérables, qui ont du personnel affecté
à quoi? À la reproduction, à la copie, à la
polycopie, au mépris des droits du créateur. Alors qu'on discute
des crédits du ministère de l'Éducation, des budgets des
institutions d'enseignement, on pourrait se demander quelle part de ces budgets
sert à léser les créateurs de leurs droits.
La question que je pose, M. le Président, ce soir est: Combien
d'appareils trouve-t-on dans nos cégeps, dans nos universités,
dans nos écoles secondaires et autres, pour reproduire des films 16
millimètres en rubans magnétoscopiques? Combien de
télécinés? Combien de personnes qui travaillent sur des
télécinés dont la seule fonction est de reproduire des
films qui, très souvent, n'ont même pas été
achetés, qui ont été empruntés par le cégep
qui a fait la dépense? Et là, on reproduit. On fait la même
chose au niveau des diapositives. Il existe des appareils, des Repronar dont la
fonction est de reproduire des diapositives. Il y a du personnel dont la
fonction est de reproduire des diapositives sur lesquelles il y a des droits
d'auteur. Il y a des appareils de magnétoscopie, des
magnétophones qui servent a d'autre chose, mais qu'on utilise
abondamment également pour faire des copies.
Le coût des appareils, le coût au pied carré des
espaces réservés à ces travaux de reproduction, le
personnel attaché à ces tâches de reproduction, combien
cela nous coûte-t-il au total? Quant au produit lui-même qui est
photocopié? À partir du moment où, comme éditeur,
vous savez qu'un marché de 10 000 exemplaires vous attend plutôt
qu'un marché de 1000 exemplaires, cela vous amène à
produire votre exemplaire à un coût plus ou moins
élevé. J'ai été moi-même éditeur, je
savais fort bien que, si je devais m'attendre à un marché de 10
000, je pouvais baisser mon prix et que, si j'étais obligé de
faire un tirage à une quantité de 1000, j'étais
obligé d'amortir tous mes frais sur une quantité de 1000. Le
produit lui-même est plus cher pour l'institution qui l'achète.
D'ailleurs, le produit lui-même est plus cher pour l'individu qui
l'achète. Finalement, le produit est plus cher et l'État paie des
sommes considérables pour entretenir des pieds carrés, pour
entretenir des équipements, pour entretenir du personnel qui, au total,
privent les créateurs de leurs droits légitimes.
En 1979, une enquête a été menée par l'IQOP,
une enquête qui n'a jamais été rendue publique. Si
j'étais dans l'Opposition, ce soir, je demanderais au gouvernement de
dévoiler ce document, cette enquête de l'IQOP, qui nous montre
l'importance de la reproduction d'ouvrages protégés par les
droits d'auteur dans nos institutions d'enseignement.
M. le Président, je suis dérangé par l'ombre du
député de Maskinongé. Donc, il y a un certain nombre de
questions comme celles-là qu'il faudrait poser maintenant. II y a des
économies à faire. Il y a des
compressions à faire. Mais est-ce qu'on ne pourrait pas d'abord
les faire en réduisant le coût du matériel d'enseignement,
en réduisant le coût de toute cette production de matériel
dû à nos créateurs, dans le respect de leurs droits et
également dans le respect de l'entreprise privée? Parce que,
très souvent, ces institutions sont mieux équipées que
certaines entreprises dont la fonction serait, justement, de reproduire ces
ouvrages avec les autorisations des créateurs, des éditeurs, des
producteurs. Voilà toute une question qui n'a pas été
tellement débattue dans cette Chambre et, je crois, qu'elle devrait nous
préoccuper. La question des droits fondamentaux de nos auteurs et de nos
créateurs devrait nous préoccuper, d'autant plus que, dans une
perspective de compression des dépenses, il se trouve là des
sommes considérables à épargner à
l'État.
L'autre question que j'aurais aimé aborder - je me demande si
j'en ai le temps; on va dépasser un peu 23 h 30 - c'est la question de
l'étalement urbain. Je m'en tiendrai à cinq ou six minutes. Je
prendrai l'exemple de Trois-Rivières. Trois-Rivières était
une ville de 60 000 habitants qui a vu naître, tout autour d'elle, des
petits villages ou des banlieues qui se sont développées
rapidement parce que la ville était devenue inconfortable, parce qu'on
l'avait négligée, parce qu'on l'avait laissée se polluer.
Progressivement, on assiste à un exode urbain. La population quitte pour
aller à un endroit où les services sont rendus, où les
équipements sont rendus. Elle quitte pour Trois-Rivières-Ouest,
elle quitte pour Pointe-du-Lac, et malheureusement, M. le Président, et
je n'y comprends rien, elle quitte le beau comté de
Trois-Rivières pour celui de mon collègue de Maskinongé.
Bien sûr que le comté de Maskinongé a ses qualités,
a ses beautés, mais le coût à payer pour ainsi suivre les
populations avec les services, avec le réseau routier, avec le service
d'éqout et d'aqueduc, montre bien les conséquences d'un tel
phénomène. (23 h 30)
Trois-Rivières-Ouest, par exemple, est une ville endettée
trois fois plus que le gouvernement du Québec. On fait grand état
dans cette Chambre du service de la dette du gouvernement actuel qui est de
l'ordre de 10%, mais une municipalité comme Trois-Rivières-Ouest
doit cette année, consacrer 33% de son budget au service de la dette.
Dans le cas de Pointe-du-Lac, vous assisterez rapidement au même
phénomène. Pour l'instant, il faut faire des dépenses
considérables pour les rattraper toujours.
Si j'étais dans l'Opposition, je proposerais à ce
gouvernement d'accélérer ses interventions pour densifier nos
villes, pour construire les villes en ville, là où sont les
équipements, là où sont les services. Le
phénomène que j'ai décrit du côté de
Trois-
Rivières-Ouest, on l'a, en quelque sorte, du côté de
Nicolet. Le député de Nicolet gagne sa vie à
Trois-Rivières, il habite le beau comté de Nicolet et,
maintenant, il gagne sa vie à l'Assemblée nationale. C'est
beaucoup dire, gagner sa vie, mais, de toute façon, vous avez ce
même phénomène d'étalement urbain vers la rive sud,
vous l'avez également vers le comté de Champlain.
Je pense qu'il faudra avant longtemps, très sérieusement,
au niveau de cette Assemblée nationale, s'interroger, avec des chiffres,
sur le coût de cette absence d'aménagement du territoire, sur cet
étalement urbain qui nous coûte de l'argent, du temps, au niveau
des réseaux routiers, au niveau de l'énergie consommée, du
temps que les gens mettent à se déplacer, des risques d'accidents
et des accidents qui ont effectivement lieu et qui coûtent à tous
nos services de santé des sommes considérables.
C'est une autre avenue que j'aimerais exploiter en temps et lieu, mais
je ne veux pas abuser du temps de mes collègues ce soir. Je me contente
d'énoncer cette deuxième avenue comme en étant une qui
pourrait nous permettre éventuellement de faire des compressions de
dépenses qui ne léseraient aucun citoyen, qui pourraient
probablement nous permettre d'avoir un milieu de vie plus agréable, qui
pourraient nous amener à avoir des budgets mieux
équilibrés.
Un seul exemple pour démontrer l'importance de cette
deuxième question au niveau de l'énergie. Les gens savent ou ne
savent pas que le pétrole est subventionné. Chaque gallon de
pétrole est subventionné actuellement à quelque chose
comme 0,45 $; autrement, nous en serions au prix international. Pour ne pas
être au prix international et pour ne pas léser les gens de
l'Alberta outre mesure, le gouvernement fédéral, depuis quelques
années, maintient le prix de l'essence ou le prix du pétrole
à un niveau inférieur au prix international, sauf que, cette
année, cette subvention à l'essence et au pétrole
coûtera sans doute au gouvernement fédéral, pour le
Québec seul, quelque chose comme 3 000 000 000 $.
J'aimerais mieux qu'on ait des villes mieux organisées, plus
densifiées, plus agréables à vivre également, dont
on s'occuperait, mais avec des distances moins grandes, avec des services plus
nombreux et mieux placés, grâce à des politiques
d'aménagement urbain. Il y a toutes sortes de politiques qui pourraient
nous permettre de réduire la consommation d'énergie. Nous en
avons quelques-unes en marche actuellement, mais c'est là que sont les
vraies économies à réaliser, c'est là qu'est la
qualité de la vie, c'est là qu'est l'avenir du
développement de notre territoire. C'est le genre de discours qu'on
n'entend jamais en face, c'est le genre de discours que je n'ai
jamais entendu en face, mais peut-être bien que le
député de Jean-Talon finira par nous parler de ces choses.
Pour l'instant, c'est à nous de tenir ce discours, c'est à
nous de pousser un peu sur le gouvernement pour que, le plus rapidement
possible, on ait des politiques d'intervention dans les villes et dans les
centre-ville. Pour l'instant, il faut se contenter de discours du genre de
celui du député de Brome-Missisquoi qui nous reproche de ne pas
faire des petits bouts de route partout où quelqu'un est allé
bâtir sa cabane. Nous proposons aux gens de vivre ensemble et non pas de
vivre isolés.
M. Paradis: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement.
M. Paradis: Je demande la permission au député de
Trois-Rivières pour intervenir immédiatement; sinon, en vertu de
l'article 100, j'interviendrai à la fin de son discours pour
rétablir les faits et pour l'inviter à venir visiter le genre de
cabanes qu'on a dans notre comté.
M. Chevrette: Non, non, pas de consentement. "Come on, let us
go"!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le Président, malgré les avis de
mon whip bien-aimé, j'autorise le député de
Brome-Missisquoi à y aller de sa question lumineuse.
M. Chevrette: Non, il n'est pas lumineux.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi, en vertu de l'article 100.
M. Paradis: M. le Président, en vertu de l'article 100, je
veux reprendre les affirmations du député de
Trois-Rivières qui dit que ce n'est pas important de faire des petits
bouts de route où il y a des cabanes. Je n'ai jamais mentionné
des petits bouts de route où il y avait des cabanes. S'il avait
écouté attentivement le discours que j'ai tenu, il saurait que
j'ai mentionné qu'il était important de construire des routes
rurales -avec la permission du député, M. le Président -
des routes où il y avait des installations de fermes auxquelles on
n'avait pas accès pendant les périodes de dégel, que
c'était important de donner l'accès aux camions de moulée,
aux "trucks" à lait, à ces fermes-là. S'il pense que cela
n'est pas important, qu'il vienne le dire dans le comté de
Brome-Missisquoi et on va encore voter libéral.
M. Vaugeois: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Trois-Rivières.
M. Vaugeois: J'avais bien raison de le laisser parler.
Je vais terminer là-dessus en invitant le député
à se promener un peu, à regarder d'autres pays qui ont des
politiques d'aménagement du territoire, à regarder comment cela
se passe, par exemple, dans les pays européens et comment
réagissent actuellement d'autres provinces qu'on sert souvent en exemple
en face. Qu'on regarde actuellement les politiques de l'Ontario. Qu'on regarde
comment réagissent les États américains devant ces
problèmes d'étalement de nos villes et d'aménagement du
territoire.
M. le Président, je termine ici en rappelant le premier de mes
propos: la juste part des créateurs, le droit des auteurs. J'invite les
membres de cette Chambre, pendant la période des vacances qui va suivre
bientôt, à observer autour d'eux ce que l'État consent
à des institutions pour léser finalement les créateurs de
leur juste part. Je les invite, quand ils visiteront des institutions, quelles
qu'elles soient, des institutions que nous subventionnons, à observer
ces appareils, ces gens et ces espaces qui, finalement, servent trop souvent
à une seule chose: c'est reproduire, photocopier, léser les
créateurs. Je crois qu'il y a là des économies importantes
à réaliser, redonner aux créateurs leur part et amener les
gens dans nos institutions d'enseignement non pas à être des gens
qui reproduisent, mais des gens qui produisent et qui créent du
matériel original. Il y a là un débat à tenir. Ce
n'est pas ce soir, à 23 h 30, que nous en ferons le tour, que nous le
réglerons. J'avais l'envie, ce soir, M. le Président,
au-delà du temps, en cette fin de session, de dire aux créateurs
du Québec qu'il se trouve en cette Chambre, de ce côté-ci
de cette Chambre tout au moins, des gens qui participent à leur
inquiétude et qui sont décidés, résolus à
défendre leur part.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, j'ai l'honneur de
vous demander l'ajournement de cet intéressant débat.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Nous sommes d'accord, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
d'ajournement est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, nos travaux...
M. Charron: M. le Président, je propose l'ajournement de
la Chambre à demain matin, dix heures.
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
ajournés.
M. Charron: Je peux donner, avant que tout le monde s'en aille,
un aperçu de demain.
Une voix: Qui veut avoir cela?
M. Charron: Nous finirons le débat sur le discours sur le
budget demain après-midi. Demain matin, nous étudierons des
projets de loi qui en sont à l'étape de la prise en
considération, de la troisième lecture, de même que la
deuxième lecture du projet de loi no 15 qui concerne la retraite. En
commission parlementaire, il y aura, toute la journée, les engagements
financiers jusqu'à demain soir, minuit. Par ailleurs, successivement, ce
sera l'étude des projets de loi privés qui relèvent du
ministère des Institutions financières et Coopératives,
demain matin, et les Affaires municipales demain après-midi. Demain
soir, il y aura peut-être encore la commission des transports qui
siégera si elle n'a pas terminé son travail ce soir. Ici, en
Chambre, ce sera le débat prévu de cinq heures, mais je signale
tout de suite à l'Opposition que ce n'est pas obligatoire qu'il dure
cinq heures, sur le rapport de l'étude des crédits des
différents ministères puisque tout sera terminé
demain.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
ajournés à demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 39)