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(Dix heures douze minutes)
Le Président: À l'ordre, messieurs!
Un moment de recueillement, s'il vous plaît.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
M. le ministre des Finances et ministre des Institutions
financières et coopératives.
Rapport du Vérificateur général
pour l'année financière 1979-1980
M. Charron: M. le Président, au nom du ministre des
Finances et des Institutions financières et coopératives, je
voudrais déposer, conformément à l'article 79 de la Loi de
l'administration financière, le rapport en deux copies du
Vérificateur général, pour l'année
financière 1979-1980.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre des Affaires sociales.
Rapport annuel du ministère des Affaires
sociales
M. Johnson (Anjou): M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel du ministère des Affaires sociales du
Québec, pour l'année 1979.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources.
Rapport annuel de la Régie de
l'électricité et du gaz
M. Duhaime: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel de la Régie de
l'électricité et du gaz.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues.
M. le député de Limoilou.
Étude du projet de loi no 12
M. Gravel: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente de la
fonction publique qui a étudié article par article, le jeudi 4
juin 1981, le projet de loi no 12, Loi modifiant la Loi sur la fonction
publique, et l'a adopté avec les amendements.
Le Président; Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en lois sur les projets de
loi privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales des députés.
M. le député de Hull.
Participation accrue des municipalités au
régime d'assurance-maladie
M. Rocheleau: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre. Elle concerne le budqet déposé par M. Parizeau
pour 1981-1982, plus particulièrement, les municipalités du
Québec.
Étant donné que le ministre des Finances, dans son budget,
a augmenté la participation de l'employeur au régime
d'assurance-maladie du Québec de 1,5% à 3%, le coût aux
municipalités pour 1982 sera de 17 000 000 $ et, pour les quatre
prochaines années, d'au-delà de 100 000 000 $. Je prends
l'exemple d'une ville moyenne, comme celle de Hull. Dans son budget 1982, elle
aura une augmentation de l'ordre de 250 000 $ c'est-à-dire 10 $ par
logement. Je voudrais savoir de la part du premier ministre si le gouvernement
a l'intention de reconsidérer cette question afin d'éviter aux
municipalités cette augmentation additionnelle de 1,5% comme employeur
et, par le fait même, de diminuer d'autant la charge additionnelle aux
municipalités.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je
rappellerais au député que lors de la réforme de la
fiscalité municipale en mars -parce qu'évidemment ce n'est jamais
complet - il y a un montant qui s'approche de 500 000 000 $ qui a
été transféré de façon inconditionnelle,
permanente, aux municipalités. Cela n'a pas donné le même
effet partout. Que ce soit par le retour d'impôts fonciers pour les
contribuables les moins fortunés ou que ce soit par des revenus directs,
c'est-à-dire les trois quarts du total en revenus directs aux
municipalités, le gouvernement, depuis deux ans, deux ans et demi, a
fait un effort qui, quand même, pendant la période qui passe, a
renfloué les finances municipales, contrairement à tout ce qui
s'était fait avant.
Qu'aujourd'hui, par exemple, à Hull, -je prends les chiffres du
député - il y ait 250 000 $ qui doivent être payés
en fonction d'une augmentation du côté de l'assurance-maladie,
cela ne me paraît pas excessif. Il
faut tout de même que chaque niveau de gouvernement ou chaque
niveau d'administration fasse son effort. À partir de là, la
réponse précise, au député de Hull, c'est que si
tel est le résultat il va falloir vivre avec. C'est tout.
Le Président: M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Question additionnelle, M. le Président. Je
voudrais souliqner au premier ministre ce qui a précédé
l'adoption de la loi 57, avec l'Union des municipalités, l'Union des
conseils de comté et, plus particulièrement, le comité
Québec-municipalités. Le ministre des Finances du temps, M.
Parizeau et M. Tardif, qui était ministre des Affaires municipales,
s'étaient engagés auprès des municipalités à
ne pas créer de nouvelles dépenses aux municipalités s'ils
n'accordaient pas de nouveaux crédits.
Dans ce cas-ci, M. le Président, le gouvernement fait renflouer
une partie de ses déficits par le contribuable, au moyen de la taxe
foncière et je demande au premier ministre de bien vouloir
reconsidérer ces faits, étant donné que le petit
propriétaire est déjà suffisamment taxé et, par le
même biais, le locataire, qui aura aussi à assumer cette nouvelle
dépense. Je voudrais que le premier ministre demande aux
différents ministères concernés de bien vouloir
reconsidérer cette situation à l'avantaqe des
municipalités.
M. Lévesque (Taillon): Pour ce qui est des nouvelles
responsabilités à propos desquelles des enqaqements avaient
été pris, effectivement, je pense qu'on devrait peut-être
préciser un peu plus clairement ce dont il s'agissait et, comme mon
collègue des Affaires municipales est en Chambre en ce moment, je lui
demanderais - si le député n'a pas d'objection - de prendre la
relève pour répondre à cette deuxième question.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Léonard: M. le Président, il faut d'abord, faire
une distinction entre des dépenses et de nouvelles
responsabilités. De nouvelles responsabilités et de nouvelles
charqes non prévues, c'est autre chose, des champs d'action qui
n'étaient pas prévus dans le Code municipal et dans la Loi des
cités et villes, je veux bien, mais ce n'est pas le cas. Il s'agit de
charqes sociales payables à l'heure actuelle par toutes les entreprises,
toutes les sociétés publiques et parapubliques dans l'ensemble du
Québec, et les municipalités n'échappent pas à
cela.
D'autre part, les municipalités absorbaient aussi des charges
sociales, par exemple, comme la Régie des rentes ou n'importe quoi.
Donc, que les taux varient, ce n'est pas là une nouvelle
responsabilité, c'est une variation du niveau des dépenses. Ce
n'est pas du tout la même chose.
Une voix: C'est lumineux.
Le Président: Question additionnelle.
M. Rocheleau: Ce que le ministre des Affaires municipales
mentionne, quand on parle des secteurs public et parapublic, ça vient
directement du gouvernement, alors que ceci vient directement du
propriétaire et du locataire. Je pense qu'il y a une différence
assez importante et je voudrais que le ministre des Affaires municipales, qui a
suivi l'ex-ministre, M. Tardif... Il y avait un engagement des ministres
auprès du comité Québec-municipalités, et je
voudrais demander au ministre des Affaires municipales s'il va
considérer de maintenir cet engagement face aux
municipalités.
Le Président: M. le ministre.
M. Léonard: On maintient cet engagement, on l'a toujours
respecté, M. le Président. Il n'y a pas de nouvelles
responsabilités créées parce que le taux des charqes
sociales a varié, ce n'est pas du tout la même chose. C'est
susceptible de varier aussi dans l'avenir; ça peut baisser, ça
peut monter, ça va se produire constamment. (10 h 20)
Une voix: Est-ce que cela va baisser?
Le Président: Question principale. À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. le député de Nelligan.
Le projet Stablex à Blainville
M. Lincoln: M. le Président, j'ai une question à
poser au ministre de l'Environnement. Il a dit hier qu'il s'était
ennuyé de nos questions au cours des quatre dernières
années, alors j'ai pensé qu'en lui posant plus de questions,
ça lui donnerait une chance de se faire voir plus souvent à la
télévision.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lincoln: Je veux revenir à l'usine Stablex de
Blainville qui, comme vous le disait le ministre hier, est une usine de
transformation de déchets. Je crois que, dans ce cas, on est en train de
transformer des déchets en pourriture; ça ne sent ni la rose, ni
le jasmin. En me pinçant le nez, j'ai écouté les
réponses du ministre hier. Dans une des réponses, il parlait
justement des chinoiseries que faisaient les gens, de la crainte et de la peur
qu'exprimaient les gens qui étaient contre le projet. En fait, c'est au
nombre de 6500 que ces gens ont signé une
pétition, ce qui représente la plus grosse partie de la
population de Blainville.
J'ai aussi obtenu la résolution du conseil de la ville de
Blainville qui appuie le projet: Attendu que, attendu que, et vu les
importantes retombées économiques de ce projet, en
conséquence, il est proposé par M. le conseiller Claude
Vallée...
Des voix: Ah, ah!
M. Lincoln: ...et résolu unanimement que la ville de
Blainville se déclare prête à accueillir le projet, etc. Ma
question au ministre, qui n'a pas répondu clairement hier, est-ce que le
ministre ne pense pas qu'il y a un flagrant conflit d'intérêts
dans une situation où un conseiller municipal qui propose lui-même
la résolution de ce projet d'implantation est en même temps un
contractuel très important et très bien payé du
ministère et en même temps un bon ami du ministre et un bon ami du
parti en charge?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Léger: M. le Président, il y aurait une partie
de la réponse que je vais retenir pour la fin de la période des
questions puisque je soulèverai une question de privilège sur une
partie de cette question.
Je vais quand même, sur la question d'aujourd'hui, me poser une
question sur l'attitude de l'Opposition. Est-ce que l'Opposition essaie de dire
que l'implantation de l'usine Stablex à Blainville...
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi, sur une question de règlement.
M. Paradis: M. le Président, l'article 170 de notre
règlement indique que le ministre doit répondre aux questions qui
lui sont posées et non poser des questions en période de
questions.
Le Président: C'est ce que le ministre s'apprêtait
à faire. M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, ce que j'essaie de
comprendre dans l'intervention de l'Opposition, c'est si l'implantation, selon
eux, de l'usine Stablex à Blainville est un malheur ou une faveur. Si
c'est un malheur, qu'on n'essaie pas, en voulant planter le gouvernement, de
dire qu'il y a du favoritisme de ce coté-là. Si c'est une faveur,
qu'on n'essaie pas de dire que ce n'est pas une bonne chose pour Blainville.
Alors, branchez-vous, c'est un malheur ou une faveur?
M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, je dois, pour
compléter la réponse, vous dire que M. Claude Vallée
travaille au ministère de l'Environnement comme contractuel, depuis les
débuts de l'installation du qrand projet d'assainissement des eaux.
C'est un des grands spécialistes que nous avons au Québec sur
l'assainissement des eaux. Il n'est pas le seul contractuel, il y en a une
vingtaine qui gagnent plus ou moins que lui.
M. Vallée est celui qui a réussi à trouver des
solutions à des problèmes d'approvisionnement en eau potable dans
les régions de Farnham, de l'Épiphanie et de la Yamaska. C'est
donc une personne qui a une compétence extraordinaire dans le domaine
environnemental.
Comme je le disais, hier, c'est une bonne chose que des citoyens qui
sont en même temps des spécialistes de l'environnement, mettent
leur expérience au service d'une municipalité et s'engagent au
niveau de leur municipalité pour apporter des solutions à des
problèmes concrets d'environnement. J'aime mieux, quand on regarde ceux
qui ont défendu et qui se sont opposés au projet
d'approvisionnement en eau potable du ministère de l'Environnement,
à Farnham, avoir des amis dépollueurs que ceux du
député de Nelligan qui sont des pollueurs.
Le Président: Sur une question de privilège, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Paradis: M. le Président avait très bien saisi
qu'il s'agissait d'une question de privilège. Dans la question qui a
été soulevée par le ministre, ce dernier a induit la
Chambre en erreur en attaquant le député de Brome-Missisquoi.
Dans le dossier de Farnham, c'est la chambre de commerce et la population de
Farnham qui, à 87%, a rejeté la proposition du ministre. Si 87%
de la population de Farnham sont des pollueurs, vous en parlerez au
député d'Iberville.
Le Président: Je rappelle à la Chambre qu'une
question de privilège ne doit pas entraîner un débat.
Question additionnelle, M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Sur la guestion de faveur et de malheur, c'est
certainement une faveur pour les bons amis du ministre et c'est certainement un
malheur pour les 6500 citoyens gui s'y opposent, pour la quasi-totalité
des intervenants et pour des gens qui
pensent que Blainville n'est pas un bon site. Nous ne sommes pas contre
le principe du projet, mais contre le site.
Je relève ma seconde question, justement après une
réponse du ministre, hier, où il semblait dire que c'était
dans un petit rapport interne, un rapport pas trop important, qui critiquait
Blainville, mais que l'ensemble du rapport était positif. Donc, je me
suis dit...
Des voix: Question.
M. Lincoln: La question va venir, n'ayez pas peur. Est-ce que
cette liasse de rapports, incluant le rapport de révision, le rapport
final de révision qui est le rapport principal signé par
plusieurs experts du ministère, qui critique Blainville d'une
façon tout à fait catégorique, comme je l'ai
souligné hier, a été soumise au Conseil des ministres
comme tel et pourquoi le Conseil des ministres n'en a-t-il pas tenu compte?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Léger: M. le Président, avant de répondre
à la question du député de Nelligan, je voudrais
répondre à l'autre question du député de
Brome-Missisquoi qui affirmait tantôt qu'il n'y a...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Léger: Vous ne voulez pas de clarification.
Le Président: M. le leader, sur une question de
règlement.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, vous venez
d'entendre le ministre. Il semble ne pas avoir compris ce que vous avez
vous-même dit de votre siège, lorsque vous avez rappelé au
ministre de l'Environnement qu'une question de privilège ne devait pas
provoquer un débat. Une question de privilège n'est pas une
question posée à quelqu'un, mais une question qui a trait aux
droits et privilèges d'un membre de cette Assemblée.
Le Président: Je demanderais au ministre de
l'Environnement de répondre à la question du député
de Nelligan puisque le député de Brome-Missisquoi n'a pas
posé de question au ministre. M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, je voudrais soulever une
question de privilège parce que des propos du député de
Brome-Missisquoi ont induit cette Chambre en erreur. Le député de
Brome-Missisquoi a affirmé que la décision de donner de l'eau
potable dans la région de Farnham était le voeu de la
majorité des citoyens, alors que j'avais dit qu'il avait
influencé cette décision. Ce qu'il n'a pas dit, sur le choix de
la nappe d'eau phréatique, c'est que le groupe qui était
défendu par le frère du député actuel...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Léger: ...a choisi un site qui était
contaminité par...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! (10
h 301
M. le ministre, en réponse à la question du
député de Nelligan, je rappellerais à tous les
députés ce que j'ai déjà dit, que ce n'est pas un
désaccord ou une différence d'opinions entre deux membres de
cette Assemblée qui justifie l'utilisation d'une question de
privilège.
M. le ministre, modestement, je vous dis qu'il ne s'agissait pas d'une
question de privilège et je vous demanderais de répondre à
la question du député de Nelligan.
M. Léger: M. le Président, je me soumets à
votre décision.
M. Paradis: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le député, sur une
question de?
M. Paradis: Privilège. À la suite de ses
dernières paroles, le ministre a induit l'Assemblée en erreur en
mentionnant...
Le Président: M. le ministre, en réponse à
la question du député de Nelligan.
M. Léger: Concernant la question du député
de Nelligan, le rapport dont le député a fait mention est un
rapport interne, c'est une partie du rapport du ministère de
l'Environnement. C'était donc une source d'information pour les
fonctionnaires et, comme je le disais hier, le rôle précis de
cette équipe à mon ministère est de prendre les
études d'impact et d'y apporter toutes les questions, les interrogations
qu'il faut pour en venir à donner une opinion uniquement sur la
façon dont l'étude d'impact est faite.
Ce rapport, dont le député fait mention, est un rapport
interne, qui a servi à l'ensemble des autres équipes de mon
ministère pour faire une recommandation au ministre de l'Environnement
dans un grand rapport officiel au ministère de l'Environnement, rapport
que j'ai déposé lors de la déclaration, de la
décision du Conseil des ministres.
Le Président: Dernière question additionnelle, M.
le député de Nelliqan.
M. Lincoln: Est-ce que je comprends bien, par votre
réponse, un peu floue, que ce rapport de révision - au cas
où il y aurait un malentendu, je vais citer le titre du rapport: Rapport
de révision de l'étude des répercussions environnementales
pour le projet d'implantation du centre de traitement et de recyclaqe de
résidus de Stablex Canada, 10 mars 1981 - a été soumis au
Conseil des ministres? Est-ce que la totalité des rapports qui sont en
annexe ont été soumis ou non?
Le Président: M. le ministre.
M. Léger: Je pourrais peut-être demander, pour
être plus certain, que le député dépose le rapport
qu'il a entre les mains; cela permettrait de savoir de quoi il parle, parce
qu'il semble être mêlé dans les rapports. C'est entendu
qu'à l'intérieur d'un ministère il y a plusieurs rapports
venant de différents groupes qui ont des responsabilités
différentes, mais complémentaires. Si le député
veut déposer ce rapport, qu'il le fasse.
Je peux vous dire une chose, je n'aurais pas la capacité
physique...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre!
M. Léger: ... d'apporter tous les rapports qui existent
à mon ministère. J'ai apporté le rapport final de
l'ensemble du ministère et c'est là-dessus qu'on s'est
basé.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président: M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: ... on m'a demandé de déposer un
rapport sans répondre à ma question encore. M. le ministre a tous
ces rapports. Je veux lui citer le numéro du dossier. Qu'il le prenne en
note. À ce moment, il pourra répondre à ma question. S'il
ne répond pas aujourd'hui, je reviendrai demain. Le dossier no
246-800261, du 10 mars 1981. Je pense que cela devrait être possible pour
lui de le retracer. Est-ce qu'il peut me dire si le rapport a été
déposé au Conseil des ministres? S'il ne peut pas me dire cela
aujourd'hui, est-ce qu'il pourrait me le dire plus tard?
Le Président: M. le ministre.
M. Léger: Un instant. J'aurais aimé que le
député dépose ce dossier. Je me demande pourquoi il ne le
dépose pas parce que cela a beaucoup plus d'importance quand c'est un
rapport interne qui n'est pas public. J'aurais aimé que le
député le rende public parce que ce n'est pas un rapport que
nous, nous rendons public. M. le Président...
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait dire dans quel but il demande au député de
déposer le rapport? Est-ce qu'il veut faire une enquête dans son
ministère pour savoir qui a dit la vérité au
député de Nelligan? Comment le député de Nelligan
peut-il être aussi bien renseigné? Est-ce que le ministre,
orqanisateur en chef du PQ, veut faire une enquête là-dessus?
M. Léger: M. le Président, je veux bien être
certain de quel rapport parle le député de Nelligan parce qu'il
parle de plusieurs rapports...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît.
M. Léger: Le numéro qu'il vient de dire, je
vérifierai de quel rapport il parle.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît.
Question principale, M. le député de D'Arcy McGee.
Les policiers gui ont enfreint le Code
criminel
M. Marx: M. le Président, j'ai une question pour le
ministre de la Justice mais, comme il n'est pas ici aujourd'hui, je peux la
poser au premier ministre parce qu'il s'agit d'une question de principe et non
pas d'une question technique. Je pense donc que ce serait facile pour le
premier ministre de me répondre.
M. le Président, comme vous le savez bien, le principe
fondamental, la pierre angulaire de notre système parlementaire, de
notre système judiciaire est le principe de la primauté du droit,
ce que les Anglais appellent "the rule of law". Cela veut dire, M. le
Président, entre autres, qu'il n'y a pas de protection spéciale
pour qui que ce soit dans notre société, c'est-à-dire
qu'il n'y a pas de protection spéciale soit pour le premier ministre,
soit pour un ministre, soit pour un fonctionnaire, ils sont tous sur un pied
d'égalité avec tous les citoyens du Québec.
Il s'ensuit que les policiers doivent respecter la loi et, en effet, en
faisant leur travail, si difficile qu'il soit, la très très
grande majorité des policiers respecte intégralement la loi. La
Ligue des droits et libertés a posé des questions au ministre de
la Justice qui est aussi le Procureur général du Québec et
j'aimerais revenir sur certaines de ces questions qui sont vraiment des
questions de principe. J'ai une question à deux volets, M. le
Président. Premièrement, la commission Keable a recommandé
fortement que des poursuites soient intentées contre les policiers qui
ont enfreint le Code criminel. Qu'est-ce que le premier ministre ou le ministre
de la Justice entend faire? Deuxièmement, quelle est la position du
gouvernement face à l'infiltration des policiers dans les milieux
syndicaux et dans les milieux populaires?
Le Président: M. le premier ministre, si vous me le
permettez, puisque c'est le député de D'Arcy McGee qui a
posé la question, j'aimerais saluer la présence dans nos qaleries
de l'ancien député de D'Arcy McGee, le Dr Victor Goldbloom.
M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, le Dr
Goldbloom, à qui tout le monde souhaite la bienvenue, peut voir pourquoi
nous le reqrettons...
Des voix: Ah! Ah!
M. Lévesque (Taillon): ...mais le ministre...
Des voix: Oh! Oh!
M. Lévesque (Taillon): II n'y a rien là! C'est
vrai!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je dois
d'abord excuser mon collèque, le ministre de la Justice, qui est
aujourd'hui, selon les devoirs de sa charge, à Ottawa. On
comprendra.
Il est probable que le député de D'Arcy McGee pourrait
avoir beaucoup plus de détails précis quand le ministre de la
Justice sera de retour. Pour ce qui est de la recommandation de la commission
Keable, qui était de poursuivre ceux qui ont enfreint le Code criminel,
il est évident - je n'ai pas le détail en ce moment - que cette
recommandation sera suivie. Je crois même que les procédures
préliminaires sont en marche.
Pour ce qui est de l'infiltration policière
présumée, soi-disant, c'est un thème qui revient
constamment dans les milieux populaires ou dans les syndicats,
c'est-à-dire cette zone qrise où il s'agit de savoir à
l'occasion ce qui se passe et, d'un autre côté, on n'a pas le
droit d'enfreindre les droits de groupes dans une société
démocratique; c'est un débat qui dure depuis lonqtemps. Je pense
que le présent gouvernement a fait, depuis quelques années, des
efforts pour que ce soit clarifié. C'est revenu, par exemple, dans des
sommets économiques avec les partenaires sociaux. Autant que possible,
toute la situation a été clarifiée, mais je ne peux pas
aller plus loin pour le moment. Je demanderais au député de
D'Arcy McGee qui part d'un principe, mais qui ensuite voudrait voir - parce que
c'est toujours facile de partir des principes, c'est un peu comme les bonnes
intentions, l'enfer peut en être pavé - toute la plomberie de
l'administration de la justice qui est toujours extrêmement
délicate, de poser des questions précises s'il veut avoir des
réponses concrètes sur des choses concrètes.
Je demanderai à mon collègue, le ministre de la Justice,
d'être prêt à répondre aussitôt qu'il sera de
retour.
Le Président: Question principale, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à l'honorable ministre de l'Énergie et des Ressources.
Des voix: Ah!
Bois de la forêt privée en
perdition
M. Mathieu: M. le Président, tous reconnaissent que la
forêt privée constitue un apport important dans notre
économie agricole. C'est un appui complémentaire à
l'agriculture. Afin d'ordonner la mise en marché, il y eut une politique
de continqentement d'établie pour faciliter une planification à
long terme. Donc, cela implique des ententes entre les producteurs et les
compagnies qui absorbent le bois par l'entremise des syndicats des producteurs
de bois. Or, une épidémie de tordeuses des bourgeons est venue
déséquilibrer cette planification à long terme. Il y a
environ 500 000 cordes de bois en perdition dans le moment et, pour cette
année, il faudrait que le marché en absorbe environ 100 000. La
Fédération des producteurs de bois du Québec a
néqocié avec les compagnies et il est, semble-t-il, impossible
d'absorber ces surplus.
Il semble que seul le ministre ait le pouvoir d'apporter une solution
d'urgence à ce problème. C'est pourguoi je lui demande,
premièrement, s'il est conscient du problème des centaines de
milliers de cordes de bois de la forêt privée en perdition et des
conséquences graves et irréparables pour les producteurs?
Deuxièmement, est-il prêt à s'engager à diminuer les
permis de coupe provenant de la forêt publique de l'État pour que
priorité soit temporairement accordée à la livraison du
bois de la forêt privée?
Le Président: M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Duhaime: M. le Président, le problème que
soulève ce matin le député de Beauce-Sud est un vieux
problème très complexe, à peu près insoluble, en
tout ou en partie. Ce que je voudrais dire tout simplement, c'est que ce qu'il
souligne est exact, il y a des centaines de milliers de cordes de bois qui sont
sur des propriétés qu'on appelle des boisés privés.
Je pense qu'il faut dire au départ que le ministère de
l'Énergie et des Ressources et le gouvernement du Québec n'ont
pas la même juridiction et, à toutes fins utiles, n'ont à
peu près pas de juridiction sur les boisés privés, sauf
quant aux allocations.
C'est entendu que nous sommes conscients de ce problème, que nous
tentons dans la mesure du possible de faire les allocations de bois de
façon à pouvoir récupérer au maximum ce qui
pourrait être en perdition, mais de là à vous dire que je
m'engagerais aujourd'hui à diminuer les permis de coupe sur les terres
publiques pour les transférer sans savoir dans quelle réqion,
sans savoir sur quel plan d'allocation vous parlez, ce serait assez difficile.
Dans la mesure du possible, au niveau des régions, ce qu'on tente de
faire au ministère concernant les allocations, lorsqu'elles sont faites,
ou la formule des quotas, lorsque des syndicats de producteurs s'entendent, ou
encore lorsque des coopératives ou des industriels s'entendent,
règle générale, c'est de donner suite à ces
ententes.
Mais je ne peux pas, sans savoir de quelle région vous parlez,
sur quel plan d'allocation, m'engager à vous dire: Nous allons diminuer
les permis sur les terres publiques, que ce soit sur des garanties
d'approvisionnement ou sur des concessions encore existantes et, purement et
simplement, on va le faire au profit des propriétaires de boisés
privés. Il faudrait que vous soyez peut-être un peu plus
précis dans votre question et que je sache exactement de quel dossier
vous parlez en particulier.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Question additionnelle, M. le Président. Je me
réfère ici à un article du journal Les Affaires du samedi
19 mai 1981 où, dans un article intitulé Kruqer aura son bois et
investira 340 000 000 $, on dit: "Par ailleurs, Québec aurait garanti
à la compagnie que, si elle obtenait des approvisionnements des
régions dévastées par la tordeuse des bourgeons de
l'épinette aux États-Unis, et j'insiste, M. le Président,
aux États-Unis, il n'interviendrait pas à Québec pour
diminuer les approvisionnements de Kruger au Québec. Comment se fait-il
qu'une compagnie se voit favorisée, c'est-à-dire absorbe le bois
de la tordeuse des États-Unis, alors que le ministre nous dit que, lui,
il n'a pas de solution à apporter pour le bois de la forêt
privée? Il dit qu'il n'a pas juridiction.
On ne peut pas, M. le Président, avec ce problème,
relancer la balle au fédéral, c'est purement de juridiction
québécoise. Justement, n'aurait-il juridiction dans le domaine
des allocations, comme il en a parlé tout à l'heure, allocations
de territoires aux compagnies forestières?
M. Duhaime: Je suis un peu surpris, M. le Président,
d'entendre les propos du député libéral de Beauce-Sud, qui
semble souhaiter l'intervention de l'État de plus en plus. Cela
contraste passablement avec les discours et les péroraisons que nous
avons entendues durant le mois d'avril.
M. Caron: II devient socialiste!
M. Duhaime: II n'est pas impossible, M. le Président, que
des manufacturiers, des utilisateurs s'approvisionnent à partir des
États-Unis, ce n'est pas impossible. Je pense que c'est une chose qui se
fait couramment, il y a du bois qui voyage des deux côtés de la
frontière régulièrement. Il y a aussi possiblement des
gens de Beauce-Sud qui trouvent de l'emploi dans ce secteur-là.
M. Garon: I! y a des gens de son comté qui travaillent
dans le Maine.
Le Président: À l'ordre!
M. Duhaime: Je voudrais simplement, M. le Président, pour
tenter de donner une réponse au député de Beauce-Sud, lui
demander essentiellement si sa question va dans le sens qu'il serait d'accord
pour que le ministère de l'Énergie et des Ressources intervienne
sans consultation ou sans au moins connaître le désir des
producteurs dans une région donnée et impose des allocations ou
des approvisionnements en bois?
Je vous ai dit tout à l'heure que le ministère de
l'Énergie et des Ressources n'a pas de juridiction sur la forêt
privée, dans le sens que le ministère n'est pas
propriétaire des forêts privées. Je pense pouvoir vous dire
très clairement que les producteurs de bois, que les
propriétaires des boisés privés, c'est à eux
à faire leur effort, à s'entendre dans leur région, et,
dans la mesure où on va être capable de suivre ces ententes et que
les quotas seront établis, on va les suivre, mais je ne peux pas aller
réglementer le trafic et le va-et-vient du bois des deux
côtés de la frontière.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Si je comprends bien, le ministre n'est pas du tout
sensibilisé au problème des producteurs. Quand il dit: Ils n'ont
qu'à faire leur effort, c'est qu'en réalité il n'a pas
pris connaissance... A-t-il pris connaissance des mémoires qui ont
été soumis au ministère depuis janvier et principalement
de diverses lettres? Autrement dit, le ministre n'a rien à annoncer de
neuf aujourd'hui en faveur de ces producteurs?
Le Président: M. le ministre.
M. Duhaime: Pas aujourd'hui, M. le Président.
M. Mathieu: D'accord, c'est ça.
Le Président: Question principale, Mme la
députée de Maisonneuve.
La question du port de Montréal
Mme Harel: Ma question s'adresse au ministre d'État au
Développement économique, le ministre responsable du
récent sommet économique de l'agglomération
montréalaise.
Je pense bien que nul va s'étonner de l'intérêt que
porte la population du bas de la ville et particulièrement de
Maisonneuve, et que porte particulièrement le député de
Maisonneuve à tout le développement du port de Montréal.
Vous savez sans doute que le port est très à l'étroit et a
beaucoup souffert depuis bien des années, de l'inertie du Conseil des
ports nationaux.
Ma question à M. le ministre est la suivante: Récemment,
M. Jean-Luc Pépin, ministre fédéral des Transports,
annonçait la création d'une société de la couronne
qui doit succéder au Conseil des ports nationaux. Il s'agit de savoir si
ce projet est conforme aux attentes qui sont ressorties du récent sommet
économique de l'agglomération montréalaise. (10 h 50)
Le Président: M. le ministre d'État au
Développement économique.
M. Landry: M. le Président, vous savez, comme tout le
monde le sait dans cette Chambre, que le sommet de Montréal est
arrivé à un certain nombre de consensus très
précis, et certains plus précis que d'autres. Il y avait le
député de Laporte, par exemple, qui siège maintenant dans
cette Chambre aujourd'hui, qui, en sa qualité de maire, participait au
consensus comme les agents de Laval, de Montréal et de la rive sud dans
une chose extrêmement simple et claire qui était que le port de
Montréal doit être un port autonome et décentralisé.
C'était clair comme le nez est au milieu de la figure. À la
conclusion du sommet, tous les agents souhaitaient cela.
Je pense qu'ils ont raison, d'ailleurs, M. le Président,
étant donné que, même des pays ultra-centralisés,
comme la France, ont fait pour les ports une exception. Le port du Havre est un
grand port autonome, qui est en concurrence avec tous les ports du monde. Le
port de New York a une autorité spéciale, Autorité de
gestion du port de New York, pour mettre cet équipement
économique qui est un port en concurrence avec les autres.
Ce voeu du sommet de Montréal a été transmis
à M. Bud Olson, en mars dernier, et a été largement
publicisé. Il y a quelques jours, le ministre fédéral des
Transports nous annonce une politique discutée depuis dix ans à
Ottawa - on ne peut pas dire que c'est la rapidité qui étrangle
la machine fédérale vis-à-vis du port de Montréal -
qui va complètement à l'encontre de tout ce que les agents
montréalais ont souhaité.
Alors, dans le comté de Maisonneuve, comme à Laval, comme
sur la rive sud, comme à Montréal, tous ceux qui
s'intéressent à l'avenir de cet équipement essentiel qui
est le port de Montréal vont manifester, et je le manifeste aujourd'hui
au nom du gouvernement, une déception sans borne. Ce que la loi de M.
Pépin fera, c'est d'ajouter un contrôle centralisé,
exactement le contraire, non seulement de ce qu'il faut faire, mais de ce que
les agents montréalais ont demandé.
Je pense qu'il serait bon que je m'adresse également
spécifiquement à l'Opposition au nom du gouvernement, s'il leur
reste quelques canaux d'information utiles à Ottawa, pour une fois
qu'ils pourraient transmettre une consigne de Québec à Ottawa et
rompre la tradition qui veut que ce soit l'inverse qui se fasse, est-ce qu'ils
ne pourraient pas, d'abord me laisser parler et, deuxièmement, est-ce
qu'ils ne pourraient pas se joindre, comme Opposition, au consensus des agents
du sommet économique de Montréal pour demander que le port de
Montréal devienne une structure autonome décentralisée et
concurrentielle?
Le Président: Question additionnelle, M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, Mme la
députée de Maisonneuve me permettra sans doute de me joindre
à elle pour poser une question additionnelle.
Voici, je suis évidemment fort surpris et fort
étonné du genre de réponse que vient de donner le ministre
d'État au Développement économique. Il faut
réellement avoir du culot. Lorsqu'on n'invite pas quelqu'un pour
discuter d'une chose, on lui reproche immédiatement... Ma question
est celle-ci: S'il y avait réellement un problème
important au port de Montréal -d'ailleurs, on sait l'importance de cet
aqent qui s'appelle le gouvernement fédéral dans la vie
économique de la région métropolitaine -pourquoi celui qui
est le grand patron ou le deuxième, le numéro 2 - ici on est bien
mêlé dans les numéros 2 et 3, d'ailleurs on ne sait pas
quel numéro est parti pour Londres...
Le Président: Question, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président, je sais
dans quelle situation je vous place, a ce moment-ci, et loin de moi
l'idée de perpétuer ce malaise qui semble s'être
emparé de vous.
Voici, je voudrais en me retournant vers le numéro je ne sais
quoi poser la question suivante: Si on était sérieux et si on
reconnaissait que le gouvernement fédéral est un agent important
dans la vie économique de Montréal, pourquoi, lors de ce sommet
économique qui devait rejoindre tout le monde, particulièrement
amener tous les agents autour d'une même table, a-t-on snobé le
gouvernement fédéral, pourquoi ne l'a-t-on pas invité? On
aurait peut-être pu expliquer ce qu'on a soulevé tout à
l'heure et peut-être qu'on aurait eu une occasion d'être mieux
compris et probablement qu'on ne serait pas devant la situation qu'on
connaît présentement.
Le Président: M. le ministre.
M. Landry: M. le Président, si de ce côté-ci
de la Chambre, on a des problèmes d'identification des nos 2 et 3, la
faille est moins grave quand on voit que, de l'autre côté, c'est
le no 1 qui est incertain.
Des voix: Ah!
M. Landry: Secondement, je vois...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre.
M. Landry: ...que l'Opposition n'a pas tiré les
conclusions qui s'imposent de ses erreurs passées. Leur stratégie
a été, avant le sommet de Montréal, de tenter de le
torpiller de toutes les manières, directement ou indirectement, en
invoquant le fait que le gouvernement du Canada n'était pas
invité.
Une période électorale approchait, ce qui teintait
davantage les propos de nos amis d'en face, puisqu'au cours de seize sommets
économiques précédents auxquels, d'ailleurs, le
député de Bonaventure a lui-même assisté en tant que
représentant de l'Opposition, jamais l'Opposition officielle n'a
réclamé ou demandé la présence du gouvernement du
Canada.
Une voix: Ah!
M. Landry: Est-ce que le sommet de Montréal pour vous
était plus important que celui de Montebello auquel vous avez
assisté, que celui de Pointe-au-Pic auquel vous avez assisté
également et qui englobait l'ensemble de l'économie du
Québec? En d'autres termes, le fait pour nous de ne pas avoir
invité le gouvernement du Canada était une constante de politique
avec laquelle vous étiez d'accord par abstention, en tout cas, puisque
vous n'avez jamais soulevé la question.
Une voix: C'est vrai.
M. Landry: De plus, tous les agents de Montréal
étaient d'accord, sauf un, pour que nous n'invitions pas
spécifiquement le gouvernement du Canada, sauf au niveau des
fonctionnaires, ce qu'on a fait. Ils ne sont pas venus. Qui a snobé
l'autre? Ottawa a envoyé des fonctionnaires à tous les sommets.
À celui-là, ils ne sont pas venus. En plus, il y avait un agent
très important représenté à la table des 17 sommets
qui s'opposait formellement à la présence du gouvernement du
Canada.
Tout cela pour vous dire que même si cela vous a
considérablement déplu à la fin du sommet de
Montréal, un consensus a été clair et net. Je ne dis pas
que c'est à cause de l'absence du gouvernement du Canada, mais cette
activité a été un succès éclatant et
retentissant, n'en déplaise à l'Opposition qui s'en est
trouvée hautement frustrée.
Une voix: Voilà.
Le Président: Question de privilège, M. le leader
de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Je vous remercie, M. le
Président. Le ministre vient presque - je ne veux pas être
méchant -d'induire la Chambre en erreur, parce que lorsqu'il parle du
sommet économique de Montréal, est-ce qu'il peut expliquer
pourquoi l'Opposition, contrairement aux sommets de Montebello et de
Pointe-au-Pic, n'a pas été invitée?
Des voix: Ah!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Il
ne s'agit pas... M. le ministre.
M. Landry: Je vais vous l'expliquer avec la plus grande
franchise, M. le Président, et je ne veux pas être injurieux pour
quiconque. Nous avons évalué que la participation de l'Opposition
aux sommets précédents a été tellement passive,
tellement inerte...
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège.
Là, c'est une question de privilège.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Landry: ...que nous n'avons pas...
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, tout à
l'heure, ce n'était pas une question de privilège, j'en conviens.
Mais cette fois-ci, je soulève une question de privilège. Je
rappelle au ministre que la passivité de l'Opposition dont il parle
était forcée, elle lui a été imposée par le
gouvernement, parce que...
Le Président: M. le leader. M. le leader.
Fin de la période des questions. (11 heures)
Des voix: Ah!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: Sur une question de règlement.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je ne sais pas
pourquoi, au moment où j'essayais d'exprimer ma question de
privilège d'une façon, je pense, fort parlementaire, vous vous
êtes soudainement levé. Vous aviez sûrement des raisons.
Le Président: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Mais ma question de privilège,
c'était simplement pour dire que le ministre s'était
fourvoyé et avait induit la Chambre en erreur, parce que nous n'avions
pas le droit de participer oralement au sommet de Montebello. On nous a assis
dans une niche et on a dit: Voici l'Opposition, vous l'avez vue, regardez-la;
maintenant, nous allons discuter.
Le Président: Fin de la période des questions.
Motions non annoncées.
M. Landry: On se reprendra!
M. Levesque (Bonaventure): N'importe quand!
Le Président: Enregistrement des noms sur les votes en
suspens. Avis à la Chambre. M. le leader du gouvernement.
Avis à la Chambre
M. Charron: M. le Président, je donne avis qu'il y aura
duel demain entre le député de Bonaventure et quiconque le voudra
bien!
M. Rivest: Le no 24!
M. Charron: Très sérieusement, les avis que j'ai
à communiquer commencent ainsi. Lorsque l'Assemblée s'ajournera,
cet après-midi ou ce soir, dépendant de la fin de nos travaux,
elle le fera jusqu'à mardi, 14 heures. Lundi, toutefois, tous les
députés ne pourront pas être dans leur bureau de
comté puisque les membres de trois, et même quatre commissions
parlementaires seront appelés à venir travailler ici, pas avant
15 heures, toutefois.
Lundi, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à 24
heures, la commission de la fonction publique se réunira au salon rouge
pour étudier les crédits de ce ministère.
La commission du revenu se réunira de 15 heures à 18
heures à la salle 81-A pour étudier les crédits de ce
ministère et, de 20 heures à 24 heures, c'est la commission des
affaires sociales qui la remplacera dans la salle 81-A pour commencer
l'étude des crédits de ce ministère.
À la salle 91-A, à compter de 15 heures aussi et
jusqu'à minuit au plus tard, aux mêmes heures que les autres, la
commission de l'industrie, du commerce et du tourisme étudiera, article
par article, le projet de loi no 2 concernant le Palais des congrès de
Montréal qui a déjà été étudié
en deuxième lecture et qui lui a été
déféré. Voici donc le menu pour lundi.
Mardi matin, avant la période des questions à 14 heures,
ici, trois commissions également travailleront. Celle des affaires
sociales continuera, à 81-A, l'étude des crédits. À
91-A, la commission de la présidence du conseil et de la constitution
fera l'étude, article par article, du projet de loi 14 que nous avons
déjà adopté en deuxième lecture et qui concerne,
à toutes fins utiles, l'abolition du recensement électoral pour
l'année 1981.
Au salon rouge, de 10 heures à 12 h 30, puisque la Chambre doit
se réunir à 14 heures, la commission du travail, de la
main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu, comme convenu entre
nous, commencera l'audition de mémoires sur le projet de loi portant sur
le fonds minier au Québec, projet de loi qui porte le no 3. Voilà
donc pour lundi et mardi matin, jusqu'à ce que nous nous retrouvions
à 14 heures, mardi après-midi.
Aujourd'hui, la Chambre étudiera successivement deux projets de
loi en deuxième lecture: d'abord, le projet de loi no 1, qui vise
à étendre les responsabilités de la Société
d'habitation du Québec jusqu'à un programme d'accession à
la propriété et, deuxièmement, le projet de loi qui porte
le no 7, créant le ministère de l'Habitation.
Lorsque nous aurons terminé ces deuxièmes lectures, quelle
que soit l'heure au cours de la séance, au plus tard à minuit ce
soir, l'Assemblée s'ajournera jusqu'à mardi.
Pendant ce temps, je fais motion pour que tout de suite, jusqu'à
13 heures...
Le Vice-Président (M. Jolivet): En vertu de l'article 34,
M. le député de Marquerite-Bourqeoys.
M. Charron: Avant la motion des commissions?
M. Lalonde: Ou après, ce n'est pas important.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Les motions.
M. Charron: Je vous entendrai ensuite, je voudrais terminer.
Pendant que la Chambre s'adonnera donc à l'étude des deux projets
de loi que je viens d'indiquer, je fais motion pour qu'aux heures
prévues par notre rèqlement de juin, c'est-à-dire de 11
heures à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à 24 heures, au salon rouqe, la commission de l'environnement fasse ce
matin l'étude article par article du projet de loi no 8. À 81-A,
ce sera la commission des transports qui fait le début de l'étude
de ses crédits. De 15 heures à 18 heures, au salon rouqe, ce sont
les crédits du ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration. À 81-A, c'est toujours l'étude des crédits
du ministère des Transports. Finalement, je fais motion pour que, ce
soir, de 20 heures à 24 heures, au salon rouge, on étudie les
crédits du ministère des Institutions financières et
Coopératives et qu'à 81-A, ce soit toujours l'étude des
crédits du ministère des Transports.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion ou ces
motions seront-elles adoptées? M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Simplement en vue d'un accommodement
qui se fait souvent des deux côtés, à cause d'obligations
de caucus, serait-ce possible, mardi, de terminer les trois commissions
à midi au lieu de midi et demi?
M. Charron: Oui, M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, M. Le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Les motions sont donc
adoptées?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): En vertu de 34, M. le
député de Marguerite-Bourqeoys.
Recours à l'article 34
M. Lalonde: M. le Président, ma question en vertu de 34
s'adresse au leader et a trait au projet de loi no 11 du ministre des Finances.
Il a dû recevoir et ses collèques aussi plusieurs demandes de
différentes institutions et de l'Association des parents catholiques du
Québec en particulier, parce que ce projet de loi se trouve à
modifier le financement de l'enseiqnement privé. C'est une politique qui
avait été promise depuis quatre ou cinq ans par le gouvernement,
mais un projet de loi de fin de session se trouve à régler le
problème sans consultation. Ces qens demandent soit de reporter cette
partie du projet de loi à l'automne, soit d'être entendus en
commission parlementaire avant qu'on l'étudié. Je demanderais au
leader s'il acquiesce à cette demande.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: C'est fort possible, je dirais, M. le
Président, que l'affirmation que vient de faire le député
de Marguerite-Bourqeoys soit fondée et que cet orqanisme ou d'autres
aient demandé cela, mais, personnellement, j'ai habituellement tous ces
genres de demandes avec moi et je n'ai pas vu cette demande acheminée
vers moi. Quoi qu'il en soit, elle est peut-être à mon bureau,
elle est peut-être en route. De ce qroupe ou d'autres, je vais dire ceci,
c'est que, pour s'adonner sur le débat en deuxième lecture du
projet de loi no 11, qui d'ailleurs devrait commencer notre prochaine semaine,
mardi après-midi après la période de questions, je ne
crois pas que, préalablement à l'étude en deuxième
lecture, il soit nécessaire d'ouvrir à des commissions
parlementaires l'étude de cette politique budqétaire du
gouvernement.
M. Lalonde: M. le Président, le leader pourrait se pencher
vers la gauche et il serait sûrement informé que le premier
ministre a été sensibilisé à cette situation. S'il
n'a pas le temps, avant d'entamer l'étude du projet de loi no 11 mardi,
de tenir une commission parlementaire, est-ce qu'il accepterait de diviser ce
projet de loi et de reporter ces quelques articles à l'automne pour
laisser le temps de s'exprimer aux intervenants? On parle de plusieurs dizaines
de milliers de parents et d'enfants qui sont directement touchés pour la
prochaine année scolaire.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: M. le Président, le député sait
que, lorsqu'il veut proposer formellement ce qu'il vient de proposer pour la
première fois devant l'Assemblée, le règlement lui permet
de faire cette proposition formelle au cours du débat de deuxième
lecture. Si je l'invite à utiliser cette procédure, s'il croit
que c'est nécessaire, ce n'est pas du tout parce que je veux d'avance
lui faire perdre son temps. Je suis prêt, au cours du week-end, avant
même le débat de deuxième lecture, sachant peut-être
que s'annonce cette proposition au cours du débat de deuxième
lecture du député de Marguerite-Bourgeoys, à consulter mes
collèques pour savoir si nous allons accepter favorablement ou
défavorablement cette demande. Pour l'instant, je ne peux pas lui
répondre concrètement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Marguerite-Bourgeoys, en terminant.
M. Lalonde: Je ne veux pas que le leader interprète mes
paroles dans le sens de l'annonce d'une telle demande, d'une telle motion: je
n'ai pas l'intention de faire perdre le temps à la Chambre en fin de
session, dans un débat qui serait perdu d'avance de toute façon,
la majorité refusant. Je demande au leader s'il est prêt à
consulter ses collègues pour enlever ces quelques articles du projet de
loi no 11 et permettre une consultation qui n'a pas eu lieu parce qu'on attend
depuis quatre ans l'énoncé de politique du gouvernement promis
tous les trois mois et, par le biais d'un projet de loi de fin de session, une
fin de projet de loi, à part cela, dans les articles 30, quelque chose
comme ça, on se trouve à régler le problème sans
consultation.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: Je comprends mieux la question du
député et je m'y rends favorablement. Oui, je m'engage à
consulter mes collègues directement concernés par ce sujet. La
réponse formelle quant à cette possibilité, je la
communiquerai au député mardi lorsque nous nous retrouverons.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Richmond. (10 h 10)
M. Vallières: Relativement, M. le leader, à
l'étude du projet de loi no 3 en commission parlementaire, nous nous
sommes aperçus, du côté de l'Opposition tout au moins,
qu'un oubli très important à notre point de vue avait
été fait. Vous serait-il possible d'ajouter à la liste des
gens qui seront entendus SOQUEM, qui est très directement liée
à la création d'un fonds minier, compte tenu de son implication
dans les mines de zinc, d'or, d'argent et de niobium?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: Oui, c'est une bonne suggestion. On va
s'enquérir auprès des autorités de SOQUEM et le ministre
de l'Énergie et des Ressources tentera aujourd'hui même d'entrer
en communication avec cette société pour s'assurer de sa
présence à un moment dans la journée de mardi. Seulement,
je veux dire une chose au député. Je m'attends en échange,
si jamais la commission devait prolonger ses travaux, qu'il y ait un
consentement pour que cela puisse se faire. Le calendrier est à ce point
serré qu'on ne peut pas faire déborder ces auditions sur
plusieurs jours, ce qui veut dire que, si jamais pour entendre SOQUEM il faut
ajouter une demi-heure de travail à la commission, je m'attends, en
échange, à un consentement de l'Opposition.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Richmond, toujours.
M. Vallières: II n'y a pas de problème, M. le
Président, pour une demi-heure.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Richelieu.
M. Martel: M. le Président, en vertu de l'article 34.
J'adresse évidemment ma question au leader. J'aimerais lui demander s'il
entend, de concert avec le ministre de l'Industrie et du Commerce, convoquer
une commission parlementaire pour entendre les dirigeants de la
Société générale de financement de même que
sa principale filiale, Marine Industrie, sur les intentions qu'ils ont et qui
ont été répétées à maintes occasions
par les différents médias au cours des dernières semaines
et repris hier par le réseau TVA, c'est-à-dire la fermeture de la
division navale de Marine Industrie de Sorel, ce qui met en cause 2000 emplois
permanents et ce qui, à mon sens, va à l'encontre des politiques
maintes fois énoncées par le prédécesseur du
ministre de l'Industrie et du Commerce qui est dans cette Chambre. Dans
l'affirmative, M. le leader, serait-il possible de savoir à quelle date
approximativement et quelles seront les parties invitées à venir
poser des questions aux dirigeants de la SGF et de Marine Industrie?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: M. le Président, je ne m'attendais pas
à cette question et le
ministre de l'Industrie et du Commerce n'est pas ici non plus. Je peux
dire au député que je vais en parler au ministre comme j'ai pris
l'engagement à l'égard d'autres députés de faire
cette consultation et je lui fournirai la réponse au cours de la semaine
prochaine.
Question de privilège
Article publié dans
le Journal de Montréal
et le Journal de Québec
Le Vice-Président (M. Jolivet): Avant les affaires du
jour, la présidence a reçu une lettre qui se lit comme suit: "M.
le Président, je désire vous aviser de mon intention,
conformément au paragraphe 1 de l'article 49 du règlement, de
soulever, avant l'appel des affaires du jour à la séance
d'aujourd'hui, une question de privilège portant sur le sujet suivant:
l'article de M. Normand Girard, paru dans le Journal de Montréal et le
Journal de Québec du 5 juin 1981 sous le titre "Les amis du parti".
Veuillez agréer, M. le Président, l'expression de mes sentiments
les meilleurs. Le ministre de l'Environnement." Cette demande étant
reçue selon les règles, M. le ministre de l'Environnement a la
parole.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, j'ai soulevé une
question de privilège à la suite d'un article d'un journal paru
ce matin et qui relatait ou tentait de le faire les débats tenus hier
dans cette enceinte sur le dossier Stablex. Cet article entache la
probité d'un membre de cette Assemblée et, par le fait
même, éclabousse tous les Québécois.
Des voix: Oh!
M. Léger: Vous me permettrez, M. le Président, de
relever trois inexactitudes flagrantes commises dans l'article en question.
Dans le premier paragraphe, le journaliste affirme, et je cite: "L'opinion de
M. Claude Vallée, organisateur du PQ, embauché à contrat,
à plus de 25 000 $, a prévalu dans la décision - je
souligne "a prévalu dans la décision" - du gouvernement
d'autoriser l'implantation de l'usine Stablex de traitement des déchets
de Blainville."
M. le Président, cette explication ou cette affirmation "a
prévalu dans la décision"... Je dois vous dire et affirmer qu'en
aucun cas il ne fut question en cette Chambre d'une telle affirmation. Au plus,
il s'agissait d'une interrogation vicieuse qui tient beaucoup plus du
règlement de compte électoral que de la réalité.
Vous savez, M. le Président, que, s'il faut savoir gagner avec
magnanimité, il faut aussi savoir perdre avec dignité. Certains
de nos amis d'en face ne l'ont pas encore compris.
Dans le deuxième paragraphe, le même journaliste parle de
patronage.
M. Lévesgue (Bonaventure): Question de règlement,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M.
le leader de l'Opposition, sur une question de règlement.
M. Levesque (Bonaventure): Une question de privilège a
pour but de permettre à un député qui croit que ses droits
et privilèges comme député ont été
affectés de pouvoir rétablir les faits. Si on lit le
règlement - je sais que vous l'avez à la main présentement
- les propos que vient de tenir le ministre sont complètement contraires
à la lettre et à l'esprit du règlement. Il n'a pas le
droit d'utiliser cette guestion de privilège pour lancer des insultes,
des injures et des faussetés comme il vient de le faire, il doit
simplement rétablir les faits, point final.
M. le Président, je vous le rappelle bien respectueusement, cette
procédure de la question de privilège ne doit pas provoquer,
entraîner de débat. C'est justement pour cela que notre
règlement est ainsi fait. Dois-je vous le rappeler respectueusement, M.
le Président?
Le Vice-Président (M. Jolivet):
Simplement pour permettre en même temps, comme je l'ai fait hier,
à de nouveaux députés de bien connaître le
règlement, à l'article 50, il est dit: "Un député
qui soulève une question de privilège doit se borner à
protester et à rétablir les faits; ses paroles ne doivent se
rapporter à aucun sujet qui prête à discussion et nul
débat ne peut s'ensuivre."
Cette information donnée par le règlement s'applique
spécifiquement à la personne qui soulève la question de
privilèqe de façon à ne pas entraîner d'autres
questions de privilège, des questions de règlement ou d'autres
discussions de la part des autres membres de l'Assemblée qui pourraient
se sentir lésés.
M. le ministre, en vous bornant à l'article 50.
M. Léger: M. le Président, dans le deuxième
paragraphe, le même journaliste parle de patronage. En aucun cas ce mot
ne fut mentionné et je ne m'en tiendrai pour preuve qu'à la
transcription officielle des Débats. M. le Président, le
patronage fut l'apanage de ceux qui nous ont précédés.
Leurs trop mauvaises expériences dans ce domaine...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
rèqlement. Si on veut
avoir un débat sur le patronage, on va faire un débat sur
le patronage.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre, en
terminant, s'il vous plaît.
M. Léger: M. le Président, dans un paragraphe
subséquent, on peut lire, entre guillemets: "Les craintes et les
chinoiseries des gens". D'une part, je n'ai jamais dit "des gens", mais "de
gens", comme en fait foi de nouveau la transcription des Débats. Je sais
que les subtilités ne vous étouffent pas, gens d'en face, mais la
différence revêt toute son importance car le "de" est
sélectif. D'autre part, ces quelques mots cités hors texte, la
transcription toujours à l'appui, laissent présumer de ma part un
manque de respect et un mépris total envers les citoyens que des
marchands de peur ont tenté de manipuler. M. le Président, j'aime
trop les Québécois pour tenir à leur égard des
propos aussi malveillants. Depuis mon accession au ministère de
l'Environnement, j'ai tenté avec tous mes amis - Claude Vallée
est un de ceux-là - de m'attaquer à tous les pollueurs dont
certains sont ardemment défendus par des gens d'en face. En
terminant...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
règlement.
M. Léger: Vous avez la couenne dure.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je vous
suggère respectueusement de demander au ministre de mettre fin à
cette intervention qui n'est plus une question de privilège. Cela fait
trois fois que je vous le demande, M. le Président, et s'il persiste, je
ne réponds pas de la façon dont nous allons réagir.
Le Vice-Président (M. Jolivet): J'ai cependant, avant
votre intervention, compris que le ministre disait "en terminant".
J'espère que c'est le cas.
M. le ministre.
M. Léger: M. le Président, en terminant, vous me
permettrez de rappeler ce que mentionnait un vieux professionnel du journalisme
à savoir que ce métier exigeait trois choses fondamentales:
Savoir regarder, savoir écouter et savoir répéter. Je
rappellerai toutefois au responsable de cet article qu'il ne peut se permettre
un tel écart lorsqu'il s'agit de l'intégrité des gens en
qui les Québécois ont mis leur confiance.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Affaires du jour.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Excusez-moi, M. le Président. J'étais
en train de consulter l'Opposition, pour vous montrer que je remplis mes
promesses. Je vous prierais d'appeler l'article 7 du feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 1 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Article 7, deuxième
lecture du projet de loi no 1, Loi modifiant la Loi sur la
Société d'habitation du Québec.
(11 h 20)
M. le ministre délégué à l'Habitation.
M. Guy Tardif
M. Tardif: J'ai en effet l'honneur de présenter en
deuxième lecture...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre. S'il vous
plaît, permettez cette intervention.
M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, pour les gens de
l'extérieur qui voient que l'interlocuteur doit se lever et s'asseoir
ainsi, c'est un peu normal que, après la période de questions,
les députés regagnant les salles de commission, on ait cet
espèce de mouvement et qu'on en profite pour justement reprendre de
nouveaux dossiers.
Celui que je reprends aujourd'hui est celui de l'amendement à la
Loi sur la Société d'habitation du Québec, comme vous
l'avez dit - si, en langage parlementaire, on peut se satisfaire de ces
références plutôt maigres de Loi modifiant la Loi sur la
Société d'habitation du Québec, chapitre un tel - et il
importe de situer le sens de ces amendements et leur portée.
Le projet de loi no 1 ne comporte que quelques articles. C'est un projet
de loi qui vise à donner à la Société d'habitation
du Québec les outils et les moyens qui lui permettront - du moins nous
l'espérons - de mieux répondre aux divers besoins des
Québécois en matière d'habitation. En effet, à
l'examen de la loi actuelle de la Société d'habitation du
Québec, on constate que cette société n'est pas investie
de tous les pouvoirs nécessaires pour réaliser, à
l'exception cependant des logements sociaux, les deux autres objectifs que nous
retrouvons à l'article 3 de sa propre loi et qui sont, et je cite: De
favoriser la rénovation du territoire des municipalités du
Québec, premièrement, et, deuxièmement, de faciliter
l'accès des citoyens du Québec à la
propriété. C'est dans les objets de la loi de la
société et ce que nous faisons, ce que nous voulons donner
à cette société d'État, qui a
déjà ces objets de par la décision du
législateur dans cette Chambre, c'est les moyens de les
réaliser.
En effet, avec le projet de loi, M. le Président, il sera
maintenant possible de mettre en oeuvre un programme d'aide à
l'accession à la propriété. Ce projet de loi facilitera en
outre la concrétisation du programme de restauration
résidentielle et permettra aussi aux municipalités qui le
désirent de participer à la réalisation de tels
programmes. On me permettra de m'attarder plus longuement, pour des raisons
évidentes, à l'un des programmes que permettra cette modification
à la Loi sur la Société d'habitation du Québec,
soit celui de l'aide à l'accession à la propriété
résidentielle.
Malgré des besoins évidents, M. le Président, le
volume de constructions domiciliaires aura rarement été aussi
bas, tant au Québec que dans le reste du Canada. Même si le nombre
de ménages québécois augmente actuellement d'environ 45
000 par année, les prévisions - il s'agit de prévisions,
évidemment - de mises en chantier pour 1981 oscillent aux alentours de
30 000 logements. Les taux d'intérêt records y sont
évidemment pour beaucoup. Ce qui était possible encore
récemment pour beaucoup de jeunes ménages ne l'est plus. Si cette
situation devait persister, il est bien évident que le marché
résidentiel ne pourra plus répondre aux besoins.
L'accession à la propriété résidentielle
deviendra encore plus rare, plus difficile et plus coûteuse encore pour
toutes les catégories de familles. Pourtant, le désir
d'être propriétaire de son logement est très largement
répandu chez les familles locataires, celles ayant de jeunes enfants,
particulièrement. Or, justement, la proportion de familles
propriétaires au Québec, bien qu'en croissance, demeure nettement
inférieure à ce qu'elle est, par exemple, en Ontario.
De plus, les familles locataires ayant de jeunes enfants sont le groupe,
avec celui des personnes âgées, gui est le plus touché par
l'inflation. Elles sont coincées entre la hausse des taux
hypothécaires, qui interdit à plusieurs d'avoir un chez-soi bien
à eux, la hausse du coût de l'énergie, puisqu'elles ont
besoin de logements plus grands et donc plus coûteux à chauffer,
et les besoins sans cesse croissants des enfants gui grandissent. Elles n'ont
pas la chance de leurs aînés qui ont pu acheter un logement
à l'épogue où les taux hypothécaires oscillaient
autour de 7%. Doivent-elles être pénalisées, pour n'avoir
atteint que récemment l'âge de fonder une famille? De ce
côté-ci de cette Chambre, nous ne le croyons pas.
Pour aider les personnes âgées à se loger à
des prix plus décents, cet autre groupe aux prises avec l'inflation, le
gouvernement a déjà créé le programme
Logirente, programme d'allocation-logement, qui permet de soulager
financièrement les personnes âgées de plus de 65 ans et
à faible revenu, qui consacrent plus de 30% de leur revenu à se
loger. Comme nous nous y sommes engagés, durant la campagne
électorale, nous comptons, au cours de notre mandat, réduire
graduellement et progressivement l'âge d'admissibilité à ce
programme pour le ramener, par étapes, par paliers, à 55 ans,
puisqu'il nous apparaît que ces formules d'aide à la personne,
d'aide personnalisée au logement, en même temps que parfois elles
permettent à nos aînés, à nos citoyens, de continuer
d'habiter les maisons où ils ont élevé leur famille, les
logements qu'ils ont toujours connus, leur permettent aussi d'avoir ce petit
coup de pouce qu'elles demandent et qui ne les coupe pas de leur milieu de vie,
de ce milieu qui a été le leur toute leur vie.
Cet effort du côté des personnes âgées
s'imposait en priorité. Mais nous devons maintenant, M. le
Président, nous occuper des familles. Or, précisément pour
les familles, nous avons pris l'engagement, au cours de la dernière
campagne électorale, d'introduire un programme d'aide à la
propriété résidentielle, qui sera mis en vigueur au cours
des prochains mois. J'en rappellerai brièvement les grandes lignes.
Ce programme prévoit dans le cas de tout parent locataire ayant
un enfant de moins de douze ans, adopté ou naturel, qui achètera
un logement de moins de 60 000 $, qu'il s'agisse d'une maison unifamiliale, en
rangée ou d'un logement dans un immeuble, pour y établir sa
résidence principale, le gouvernement propose de prendre à sa
charge, sur une période de cinq ans, une partie des
intérêts hypothécaires. (11 h 30)
S'il s'agit d'un logement neuf, sur un montant de 10 000 $, le
gouvernement prendra à sa charge, la première année, tous
les coûts d'intérêt de ce montant de 10 000 $, la
deuxième année, le coût des intérêts
excédant 5% et, enfin, les trois années subséquentes, le
coût des intérêts excédant 10%. Dans ce cas de
l'achat d'un immeuble neuf, ce dernier devra être situé sur un
terrain déjà viabilisé, c'est-à-dire desservi par
un réseau d'aqueduc et d'égout, d'une superficie maximale
répondant à des critères connus d'aménagement
urbain.
Toutefois, afin de permettre à l'industrie de la construction de
respecter ces normes, ce critère de densité n'entrerait en
vigueur qu'en 1982. De plus, M. le Président, comme nous l'avions
indiqué lors de la campagne électorale, afin de ne pas ralentir
l'industrie de la construction déjà relativement stagnante
à cause des taux élevés d'intérêt,
l'admissibilité au programme sera rétroactive au 1er mai 1981 et
ce, pour l'achat d'un logement neuf seulement, étant
donné que le report de l'achat d'une maison usagée n'a pas
pour effet de ralentir du tout l'industrie de la construction.
S'il s'agit de l'achat d'un logement usagé, la portion de
l'hypothèque dont le gouvernement prendra en charge une partie des
intérêts n'est plus de 10 000 $, mais de 6 000 $, et
l'entrée en vigueur se fera au cours de l'été avec
l'adoption de la réglementation.
L'achat d'un duplex ou d'un triplex par un seule famille peut aussi
donner accès au programme si cette famille y établit sa
résidence principale. Dans ce cas, le prix d'achat ne devra pas
dépasser 100 000 $ pour un duplex ou 130 000 $ pour un triplex.
Par ailleurs, tant que la réglementation régissant la
conversion des logements anciens en copropriété, divise ou
indivise, n'aura pas été adoptée, le programme ne pourra
s'appliquer qu'aux achats de logements en propriété unique.
Enfin, pour compenser en partie les coûts supplémentaires
reliés à la naissance ou à l'adoption d'autres enfants,
les ménages ayant profité du programme se verront rembourser une
partie de ce prêt subventionné après l'arrivée de
chaque enfant qui surviendra entre l'acquisition de la maison ou du logement et
la fin de la prise en charge d'une partie des intérêts par le
gouvernement et ce, dans les proportions suivantes: soit 2000 $ s'il s'agit du
deuxième enfant de la famille et 4000 $ pour chaque autre enfant
à partir du troisième enfant de la famille.
Ce programme remplit donc ou cherche donc à remplir plusieurs
objectifs. Mais, au moment de sa conception et encore aujourd'hui, il en est un
principal que nous avons toujours eu en tête: aider les familles à
revenus moyens et modestes à se loqer décemment en cette
période de hausse rapide des taux d'intérêt et des prix des
loyers. Or, le seul moyen de s'immuniser partiellement, à moyen terme,
contre la hausse des loyers, c'est certainement l'achat de sa résidence,
les coûts d'intérêt et de taxes foncières sur une
période de cinq ans ou dix ans devant augmenter à un rythme plus
lent que l'inflation. De plus, le fait d'être propriétaire
immobilier permet une accumulation de capital qui suit et parfois même
dépasse l'inflation. L'accession à la propriété
peut donc, jusqu'à un certain point, devenir un moyen de profiter de
l'inflation plutôt que de la subir. Si ce programme ne couvrait que
l'achat de propriétés neuves, il exclurait du même coup les
familles à revenus modestes qui ne peuvent faire face à des
paiements d'intérêt à 18% sur des hypothèques de 40
000 $ ou plus. Mais en l'ouvrant à l'achat de logements usagés,
nous permettrons à des familles à revenu modeste de se porter
acquéreur de leur logement.
Par exemple, il existe à Québec, comme à
Montréal et partout ailleurs au Québec, des duplex et des triplex
de bonne qualité qui se vendent aujourd'hui à des prix
inférieurs à 20 000 $ en moyenne par logement. L'achat d'un tel
logement entraîne des mensualités fort raisonnables que la plupart
des familles québécoises peuvent acquitter. Ainsi, une famille
bénéficiant du programme que je viens de décrire, qui
achèterait, avec un comptant de 3000 $ un tel logement de 20 000 $ ne
devrait payer mensuellement, pendant la première année, pour
acquitter les intérêts et le remboursement de capital, que 164 $
par mois; en ajoutant à ce montant les taxes foncières, cela ne
ferait toujours que des mensualités de 205 $.
Par surcroit, ce programme remplit un autre objectif non
négligeable. D'abord, il aura un effet bénéfique sur
l'industrie de la construction résidentielle qui en a bien besoin dans
cette période où les taux d'intérêt
élevés découragent bien des acheteurs potentiels. De plus,
en étant ouvert aux achats de logements usagés, le programme
attirera des familles dans les quartiers urbains vieillissants, ce qui aura une
double conséquence. En effet, le rajeunissement de la population d'un
quartier a souvent pour conséquences de le rendre plus dynamique et d'y
assurer le maintien des services communautaires et commerciaux.
De plus, on observe aussi, dans les quartiers moins jeunes, que les
résidences les mieux entretenues sont celles occupées par leur
propriétaire. Je crois donc que ce programme contribuera à donner
non seulement une nouvelle vie à ces quartiers, mais également
aussi des façades rafraîchies, rajeunies.
Enfin, l'ouverture du programme à l'achat de maisons
usagées et l'imposition d'une contrainte de densité pour que
l'achat d'une habitation neuve donne accès au programme éviteront
un étalement urbain démesuré qui engendre toujours des
coûts collectifs très élevés. Ce programme
contribuera donc à maintenir une certaine densification du tissu
urbain.
C'est donc avec fierté que je compte soumettre, vers la
mi-juillet, à mes collègues de l'Assemblée nationale, la
réglementation détaillée de ce programme d'aide à
l'accession à la propriété résidentielle. D'ici
là, je m'emploierai à consulter ces divers intervenants, les
municipalités, les institutions financières, banques et caisses
populaires, les associations de constructeurs d'habitations et les autres, afin
que ce programme réponde le plus adéquatement possible aux
besoins des familles québécoises. Merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Avant d'aborder
l'étude du projet de loi, je voudrais signaler au ministre que depuis
plus d'une semaine nous avons demandé les détails du programme de
l'accès à la propriété. Le ministre, le
gouvernement a catégoriquement refusé de nous les donner. Ce
matin, on a un peu l'embryon d'un programme. C'est une façon assez
déplorable de procéder à l'adoption d'une loi qui va
toucher un secteur d'activité tellement important, celui de
l'habitation. (Il h 401
M. le Président, le moins que le gouvernement aurait dû
faire aurait été de hâter le dépôt des
informations en cette Chambre afin que nous puissions discuter en toute
connaissance de cause du projet de loi qui est devant nous. Essayer de cacher
les détails et de refuser de les donner à l'Opposition, ce n'est
pas dans l'intérêt de toute la population, car le rôle de
l'Opposition, c'est d'essayer d'apporter à la population les
informations, les critiques et peut-être, comme souvent c'est le cas, de
bonifier les propositions du gouvernement, parce que nous aussi nous sommes en
faveur de l'accès à la propriété.
Nous voulons relancer l'industrie de la construction qui est dans un
état déplorable, au Québec, mais nous nous voyons,
à cause des contraintes imposées par le gouvernement, dans la
difficulté de discuter valablement d'un programme qui va affecter
l'ensemble de la population et qui peut entraîner des dépenses
considérables. Si ce programme n'est pas bien conçu, n'expose pas
ses besoins, ne contient pas les détails, il n'a pas tout ce qui est
important, et ce genre de programme va échouer, car il ne
répondra pas aux besoins de la population.
Cela étant dit, M. le Président, je voudrais, avant
d'aborder le projet de loi, faire quelques remarques préliminaires. Il a
été porté à l'attention de cette Chambre que le
domaine de l'habitation et les activités de la construction nouvelle
constituent un élément très important du
développement économique du Québec. L'industrie de la
construction est une industrie clé au Québec, c'est une industrie
qui est un baromètre de la santé économique du
Québec, je dirais presque comme l'industrie de l'automobile aux
États-Unis. Quand cette industrie est dynamique, est en bonne
santé, elle crée des emplois et ses effets en sont ressentis dans
l'économie en général. Quand il y a des difficultés
dans cette industrie, ces difficultés se réflètent aussi
dans d'autres secteurs de l'économie. C'est une industrie, M. le
Président, qui est sensible aux événements de notre
société, aux activités soit politiques, soit sociales,
soit économiques.
Ce qui se passe sur la scène politique ou économique se
reflète dans l'industrie de la construction presque
immédiatement. C'est dans ce sens, c'est pour cela que j'ai dit que
c'est un baromètre. On peut voir l'état de la santé de
l'économie en examinant ce qui se passe dans l'industrie de la
construction. M. le Président, l'activité de cette industrie se
reflète dans la qualité de vie de notre société.
Nous voyons l'importance de cette industrie et de l'habitation dans la
"fabrique" sociale, dans la qualité de vie dont nous pouvons jouir dans
notre société, par exemple, le genre d'habitation que nous avons,
la facilité d'accès à la propriété, la
qualité de l'habitation, la disponibilité du logement. Ce sont
tous des facteurs qui reflètent la qualité de vie de notre
société et qui sont une indication de notre standard de vie.
Selon les conditions qu'on retrouve dans le domaine de l'habitation et
peut-être plus que dans tout autre domaine, je parle au niveau
matériel, nous pouvons voir qu'une société a une
économie active et dynamique ou une économie moins attrayante
pour l'ensemble de la population. C'est pour cette raison que les politiques du
gouvernement dans le domaine de l'habitation sont non seulement tellement
importantes, mais même cruciales au développement de notre
société. C'est pour cette raison, M. le Président, qu'on
déplore de n'avoir pas eu les détails de ce programme. On ne les
a même pas encore, on nous les promet à la mi-juillet.
Je reviendrai sur les détails qui nous ont été
présentés ce matin et sur les difficultés qu'ils peuvent
causer quant aux objectifs du programme. Encore une fois, avant d'aborder
l'étude du projet de loi plus en détails, il faut, M. le
Président, comprendre et afin de comprendre toutes ces implications sur
notre société, je voudrais faire un tour d'horizon de la
situation actuelle dans le secteur de la construction parce que c'est
élémentaire. Si on veut apporter des solutions, il faut d'abord
connaître les problèmes qui existent. Je crois que le ministre ne
nous a pas parlé de tous les problèmes, n'a pas
démontré à cette Chambre tous les problèmes qui
existent dans le domaine de la construction. Conséquemment, je crois que
son programme n'atteindra peut-être pas les objectifs qu'il pense, ni
d'autres objectifs qui sont tellement nécessaires dans la situation
actuelle.
La meilleure manière de prendre les données et d'examiner
la situation dans le domaine de la construction, c'est par une étude
comparative pour voir ce qui se passe dans d'autres endroits du Canada, parce
que si l'industrie de la construction est à la baisse, mais à la
baisse partout, on peut dire que c'est attribuable aux conditions du
marché et des taux hypothécaires. Ce ne sont pas des conditions
qui s'appliquent
strictement au Québec. Ce sont des conditions en dehors de notre
contrôle. Les solutions qui doivent être apportées peuvent
être différentes si les problèmes que nous voyons sont
particuliers à l'industrie au Québec. À ce moment, il y
aurait d'autres mesures que le gouvernement devrait prendre pour y
remédier.
Premièrement, M. le Président, si on fait une comparaison
Canada-Québec de la valeur globale de la construction pour les
dernières quatre années, nous voyons qu'en 1976 cela
représentait au Québec 23% de la valeur globale au Canada,
c'est-à-dire que sur toute la construction canadienne la valeur au
Québec était de 23%, soit approximativement la proportion de la
population du Québec dans l'ensemble de tout le Canada.
Pour l'année 1980, M. le Président, ce pourcentage a
baissé de 23% à 16%. Autrement dit, quand le ministre nous a dit
durant son intervention que la construction était à la baisse
dans tout le Canada, c'est vrai d'une certaine façon, mais c'est
seulement une demi-vérité. Au Québec, elle est encore plus
à la baisse, proportionnellement, que dans le reste du pays. Ces
chiffres nous révèlent que l'ensemble des activités de la
construction au Québec est en perte de vitesse continuelle depuis 1976
relativement à l'ensemble du Canada. Si le ministre d'État au
Développement économique conteste ces chiffres, il n'a
qu'à intervenir durant le débat et nous donner d'autres chiffres.
Je pourrais lui donner les chiffres en dollars, mais je vais me limiter
à lui donner les pourcentages, et c'est un indice assez important.
Regardons d'autres secteurs, parce que tous les différents
secteurs... Je sais que la Société d'habitation du Québec
est limitée au secteur domiciliaire, mais le secteur industriel et le
secteur commercial ont aussi des conséquences sur la construction
domiciliaire. Commençons par le secteur domiciliaire. Voyons ce qui
s'est passé au Québec depuis 1976.
M. le Président, il y a certaines réalités
économiques qui, malgré les élections, existent encore et
qui doivent être portées à l'attention de la population. En
1976, la valeur de la construction dans le secteur domiciliaire au
Québec représentait 21% - 20,9% - de toute l'activité
canadienne. En 1980, ce chiffre a baissé à 17%. Dans le secteur
domiciliaire, nous avons perdu plus. On aura moins d'activités
proportionnellement au reste du Canada. Dans le secteur industriel, c'est la
même chose. On est descendu de 21% à 17%. (11 h 50)
Dans le secteur commercial - et ceci est très important - avec le
départ de nombreux sièges sociaux et la mutation imposante de
cadres supérieurs effectuée par certaines entreprises, on voit
que le Québec connaît une baisse d'investissements vraiment
sérieuse. Par exemple, en 1976, cette activité au Québec
représentait 27% de toute l'activité canadienne; on est
passé à la moitié. Autrement dit, la valeur de la
construction dans le secteur commercial au Québec pour l'année
1980 est seulement de 13%. C'est une baisse spectaculaire qui se fait ressentir
dans tout le domaine de la construction, qui se fait ressentir dans tous les
domaines de l'économie.
Les réductions d'investissements dans ce secteur sont d'autant
plus néfastes qu'il s'agit d'un secteur générateur
d'emplois à long terme. Encore une fois, considérant qu'environ
26% de la population canadienne est québécoise, un ralentissement
aussi marqué des investissements dans le secteur commercial au
Québec depuis ces quatre dernières années ne fait que
confirmer les effets des politiques de ce gouvernement. Ces chiffres, je le
répète, sont importants pour essayer de situer le présent
projet de loi.
Si nous regardons les secteurs institutionnel et gouvernemental - ce
sont des secteurs assez actifs au Québec - nous voyons que même
dans ces secteurs il y a une baisse au Québec proportionnellement au
reste du Canada. Cela a baissé de 27% à 18%. Regardons, juste
pour faire une comparaison, les centres métropolitains au Canada. Si on
compare des centres comme Calgary, Edmonton, Montréal, Toronto et
Vancouver, nous voyons qu'en 1980 Montréal se situait au dernier rang
parmi les cinq grandes régions métropolitaines du Canada en
termes d'activité de construction. Il faut se souvenir d'un temps pas
tellement lointain où Montréal était la métropole
du Canada. Quand on fait la comparaison de ces chiffres, nous voyons que des
centres urbains qui ont une proportion de population beaucoup moindre que celle
de Montréal se trouvent dans la situation où il y a une
activité beaucoup plus croissante que la région de
Montréal.
Juste pour vous donner un exemple, M. le Président, à
Toronto, pour l'année 1980, la valeur excédait plus de 2 000 000
000 $ dans le secteur de la construction tandis qu'au Québec
c'était un peu plus de 1 000 000 000 $. Nous avons à Toronto une
valeur qui est presque le double tandis que nous n'avons pas le double de la
population à Toronto. C'est un chiffre assez marquant qui illustre de
façon assez importante et assez claire la situation de l'industrie de la
construction.
Venons maintenant à la situation dans le domaine de l'habitation.
L'habitation est une importante activité de production au Québec
et ses retombées sur les autres secteurs sont nombreuses et
largement
confinées au Québec parce que 85% des investissements dans
le domaine de la construction domiciliaire demeurent au Québec.
L'habitation produit un impact des plus significatifs sur l'ensemble de
l'économie québécoise. Pour chaque dollar
dépensé au Québec dans le domaine de la construction, il y
a 0,85 $ qui demeurent au Québec dans tous les secteurs reliés
à la construction et qui font progresser l'activité
économique.
Si on regarde la mise en chantier au Québec - c'est un chiffre
assez important -le ministre a donné le chiffre pour l'année 1980
et les prévisions pour l'année courante, soit environ 30 000,
mais en 1976 on construisait au Québec plus de 68 000 unités de
logement par année, ce qui représentait une somme assez
considérable dans le domaine de la construction. Depuis ce temps, c'est
constamment à la baisse. Chaque année, ça baissait. En
1977, cela a baissé à 57 000; en 1978, à 43 000, en 1979
à 41 000, en 1980 on en est arrivé à 29 000 logements
seulement au Québec. On ne construit que 40% de ce qui se construisait
en 1976. Avant 1976, c'était à la hausse. On peut dire qu'il y a
les taux d'intérêt, mais les taux d'intérêt sont
semblables à travers tout le Canada. On ne peut pas dire que c'est le
coût de construction, le coût de construction est
élevé partout.
La baisse au Québec a été spectaculaire. Elle a
été assez difficile non seulement pour les gens qui sont dans le
domaine de la construction mais aussi pour ceux qui se cherchent un logement ou
veulent s'en acheter un. Quant aux mises en chantier, le ministre nous dit
qu'elles ont baissé à travers tous le Canada. Si on fait la
comparaison, en 1976 la proportion du Québec comparativement à
tout le reste du Canada, même les 68 000 logements, était de
25,2%. C'est vrai que cela a changé pendant les quatre dernières
années partout au Canada, mais cela a changé encore plus au
Québec. Cela ne représente maintenant que 18%. Alors, on n'a pas
maintenu le niveau canadien, on n'a pas maintenu un niveau dans le domaine de
l'industrie de la construction.
Si on regarde le type d'habitation, ces données sont importantes
pour juger les mesures que le ministre nous a dévoilées ce matin,
pour voir si elles répondent vraiment aux besoins du Québec. Si
on regarde la mise en chantier par type de logement, on voit qu'en 1976, dans
le secteur unifamilial, on construisait 37 000 unités et on construisait
28 000 unités multiples. En 1980, l'unifamilial est baissé
à 15 000. Pour les familles qui veulent s'acheter une
propriété, il y a de moins en moins de constructions
unifamiliales qui se font au Québec. Dans les constructions multiples,
la baisse est encore plus spectaculaire, il n'y a que 10 000 unités qui
ont été construites en 1980, pour un total de 29 000 pour
l'année 1980.
Si nous examinons ces chiffres, la baisse de l'unifamilial, la baisse
des logements multiples, la demande de logements, nous pouvons constater que le
Québec se dirige à grands pas vers une grave crise du logement.
C'est ce que révèle l'analyse des taux de vacance des logements
locatifs du Québec pour la période entre 1976 et 1981. Il n'y a
pas de construction, il n'y a pas d'investissements. La demande il est vrai a
baissé mais la construction a baissé encore plus et nous voyons
que le taux de vacance, par exemple, pour le mois d'avril 1981 est de 2% dans
la région de Montréal. Dans la région de Québec
encore moins: 1,8%; dans la région de Chicoutimi-Jonquière: 0,5%,
il n'y a pas de logements vacants effectivement si on arrive à un taux
aussi bas. Dans la région de Hull, c'est un peu plus
élevé, soit 4,5%.
L'augmentation des taux de vacance en 1977-1978, particulièrement
dans la région de Montréal, reflète les pertes de
population subies au cours de ces deux années en faveur des autres
provinces canadiennes. La réduction des mises en chantier de logements
multiples au cours des trois dernières années se reflète
dans la baisse des taux de vacance au cours de 1979 et 1980. La
Société centrale d'hypothèque et de logement
considère en général qu'un taux de vacance de l'ordre de
3% présente une situation idéale parce que ça donne un
équilibre entre les logements qui sont occupés et un certain
nombre de logements vacants pour qu'un locataire puisse avoir le choix. Le taux
qui est considéré idéal, c'est 3% et nous sommes
au-delà pour l'année courante.
M. le Président, les politiques du gouvernement du Parti
québécois, dans le domaine du logement, sont une réflexion
des politiques gouvernementales; c'est un domaine où vraiment les
politiques du gouvernement peuvent être ressenties immédiatement:
les politiques sociales, les politiques fiscales, les politiques d'incitation.
Si nous examinons les chiffres, la conclusion que nous pouvons en tirer, c'est
que si le rythme actuel de réduction des taux de non-occupation se
poursuit, c'est dès 1982 que le Québec connaîtra sa
prochaine crise du logement.
Donc, le gouvernement aura failli lamentablement à sa tâche
de protéger le consommateur, les locataires, la population, alors que
les coûts des loyers, autant que les coûts des maisons,
connaîtront une poussée sans précédent dans
l'histoire du Québec, et cela, malgré la Régie du logement
et les autres contraintes qui existent. Cela va être une
réalité: quand il n'y a pas de construction de logements, quand
les taxes municipales et tous les coûts d'aménagement et
d'entretien augmentent, cela cause une augmentation du coût des
loyers.
Cela, c'est la situation. Vous
m'excuserez, M. le Président, si j'ai été
obligé de donner des détails. Parler avec des chiffres, ce n'est
pas la façon la plus passionnante d'approcher un projet de loi, mais il
faut avoir les données. Il faut démontrer dans quelle situation
nous nous trouvons actuellement. Y a-t-il une pénurie de logements? Y
a-t-il assez de logements unifamiliaux qui seront construits? Quelle est la
situation pour les locataires? Il faut connaître toutes ces
données, avant de dire, comme le gouvernement le fait: On va vous
apporter une solution.
Devant ces faits, devant la situation que je viens de vous
décrire, qu'est-ce que le gouvernement nous propose? M. le
Président, il nous propose par le projet de loi - cela semble même
un peu ridicule de le dire - de donner des pouvoirs additionnels à la
Société d'habitation du Québec. C'est essentiellement ce
que vous nous dites. Vous nous donnez quelques détails d'un programme
d'accessibilité à la propriété, mais vous ne nous
donnez pas toute l'information. Vous nous dites qu'au mois de juillet, on va
avoir la réglementation. Je ne sais pas si le ministre sait que pendant
la période du 15 au 31 juillet, il n'y a pas de construction. Si la
population n'a pas aujourd'hui les détails de ce programme, elle
manquera toute une saison de construction. On peut bien la rendre
rétroactive au 1er mai, mais si les gens ne savent pas dans quoi ils
peuvent s'embarquer, comment ils seront affectés, cela va être
difficile pour eux de prendre une décision.
Je reviendrai dans guelques instants pour discuter des détails
qu'on nous a soumis ce matin. Je suis persuadé qu'il faut une politique
globale de l'habitation. Ce n'est pas ce que le ministre nous propose. Il ne
nous propose pas de politique globale pour répondre aux besoins de la
population, parce que la politique doit être équilibrée.
Pourquoi, par exemple, avons-nous un problème dans les condominiums? On
a porté à l'attention du ministre un contournement de la loi, qui
permettait à des gens de contourner la loi 107. Cette loi vise à
protéger les locataires et prévoit qu'on ne peut pas convertir
les condominiums avant qu'il y ait une réglementation. Quelqu'un a
trouvé un moyen de la contourner, et nécessairement, le ministre
s'est engagé après qu'on ait porté ce fait à son
attention, d'apporter un amendement à la loi.
Pourquoi ces choses se produisent-elles? C'est parce qu'il n'y a pas de
politique globale, c'est parce qu'il n'y a pas assez de logements qui sont
construits. Parce que s'il y avait assez de logements construits, ce serait
équilibré et on pourrait convertir. Je réalise qu'on cause
un certain problème aux vendeurs d'immeubles, parce qu'on les restreint
dans la vente, dans leur activité économique, mais il y a aussi
l'aspect social du problème qu'on ne peut pas placer des locataires dans
des situations impossibles. Ils ne peuvent pas avoir accès à la
propriété à cause des taux d'intérêt et des
coûts de construction. Ils ne peuvent pas aller louer d'autres logements
parce que le gouvernement ne leur a pas donné une politique globale pour
s'assurer qu'il y aura assez de loqements pour les locataires. C'est
nécessaire d'avoir un programme d'accessibilité à la
propriété, mais pour ceux qui ne peuvent pas se conformer au
programme ou qui ne veulent pas acheter une propriété, que
doivent-ils faire? Il faut qu'ils habitent quelque part. C'est pour cela qu'il
est nécessaire d'avoir une politique globale équilibrée.
D'un côté, on a le programme d'accès à la
propriété pour ceux qui ont les moyens d'acheter et qui veulent
acheter. En même temps, il faut avoir un programme pour les locataires
parce qu'on va en venir à une crise du logement. Il n'y aura pas
d'endroit où ils pourront aller. Il n'y aura pas de concurrence, il n'y
aura pas de disponibilité de logements.
Pourquoi votre régie a-t-elle tellement de problèmes
à avoir la réglementation? Depuis 1979, vous dites, dans votre
loi, que la régie doit promulguer des rèqlements pour convertir
en condominiums. Savez-vous pourquoi ils ne peuvent pas sortir les
rèqlements? Parce qu'il n'y a aucune façon de réglementer
le manque de loqements. Vous pouvez avoir les plus beaux règlements au
monde, mais si un locataire n'a pas de place pour se loger, quand son
appartement a été vendu et converti en condominium, que
voulez-vous faire?
C'est un problème crucial et c'est un problème que je
voudrais que les propriétaires et les aménaqeurs comprennent
aussi. Il y a un problème social. Ce n'est pas strictement un
problème de spéculation, d'économie. Il faut
équilibrer les deux. Je suis aussi favorable à l'activité
économique pour que les gens se construisent, qu'ils convertissent leur
logement en condominium, car cette actitivé économique va en
enqendrer d'autres, mais le gouvernement doit agir de façon à le
permettre. Il doit agir de façon que les locataires... Ils ne peuvent
pas aller vivre dans la rue. Ils ne peuvent pas aller habiter dans les
hôtels. Alors, où est la politique globale du gouvernement pour
permettre la construction de logements qui va favoriser les gens gui ne veulent
pas acheter ou ne peuvent pas acheter des condominiums? C'est un manque total
dans la politique actuelle du gouvernement.
M. le Président, le ministre a parlé de deux aspects de ce
projet de loi: l'aspect de restauration de logements et l'aspect
d'accessibilité à la propriété. Très
brièvement, sur la question de la restauration de logements, le ministre
avait présenté une
loi en décembre dernier concernant la création du
programme Loginove, pour donner des pouvoirs à la Société
d'habitation du Québec concernant la rénovation. La loi
était tellement complexe, il y avait tellement de réglementation
bureaucratique et c'était tellement difficile d'application que
même les institutions financières qui avaient été
mandatées par le gouvernement pour l'application de la loi ont
refusé. C'est un échec total de la politique de ce gouvernement
dans la rénovation. Pourtant, le ministre avait annoncé un
programme pour restaurer 15 000 logements par an, 100 000 000 $. Quand on
examine les faits, il y a eu effectivement 17 000 logements de
rénovés par la société centrale, c'est vrai, et des
100 000 000 $, quand on a étudié les crédits, il n'y en
avait que 9 000 000 $ et on nous présente un projet de loi aujourd'hui
pour donner des pouvoirs additionnels à la Société
d'habitation du Québec. Je suis certain que mon collègue, le
député de Marguerite-Bourgeoys, aura quelque chose à dire
sur la Société d'habitation du Québec plus tard. Augmenter
les pouvoirs de cette société par une réglementation qui
est totalement bureaucratique et inapplicable, ce n'est pas de cette
façon qu'on va aider à la rénovation. Je suis d'accord
que, dans les secteurs urbains, dans les centre-ville, il faut un programme de
rénovation. Il faut mettre à la disposition de la population les
fonds nécessaires pour rénover les logements. Non seulement cela
va-t-il créer une activité économique, mais cela va
assurer la qualité de vie de ces gens en habitant un milieu
convenable.
Le programme Loqinove, jusqu'à présent, a
été une faillite complète; je parle de l'annonce du
programme et de la façon dont le ministre a essayé de le mettre
en application. Il ne nous a pas démontré ce matin qu'il y avait
des changements appréciables à la réglementation
publiée lors du dépôt du projet de loi au mois de
décembre dernier. (12 h 101
Examinons un instant le programme d'accès à la
propriété que le ministre vient de nous annoncer ce matin. Vous
savez, c'est une chose de faire une promesse électorale; cela peut se
faire, cela s'est fait dans le passé et cela va se faire dans l'avenir,
mais c'est une autre chose de présenter un projet de loi qui va
répondre aux objectifs de ce qu'on avait promis, et de savoir qui peut
vraiment bénéficier du programme que le gouvernement nous a
annoncé durant la campagne électorale.
Brièvement, la description du programme est celle-ci: II y a 10
000 $ sur l'hypothèque et le gouvernement va contribuer à
réduire les intérêts sur le paiement de ces 10 000 $. La
première année, celui qui est admissible au programme ne paiera
aucun intérêt sur les 10 000 $; la deuxième année,
il va payer 5%, et les troisième, quatrième et cinquième
années, il va payer 10%. Après cela, il va payer le plein montant
de l'intérêt sur les 10 000 $. Cela, il ne faut pas l'oublier.
Deuxièmement, sont admissibles les familles avec un enfant de 12
ans ou moins. On plafonne le coût de la propriété,
d'après le programme électoral, à 60 000 $. Examinons un
peu qui peut bénéficier de ce programme tel qu'annoncé par
le ministre. Premièrement, prenons le maximum car il va sûrement y
avoir des personnes qui vont vouloir acheter des maisons neuves. Les 10 000 $
s'appliquent à des maisons neuves et si une personne achète une
maison déjà existante, la subvention - ce n'est pas vraiment une
subvention, mais la partie de l'intérêt que l'acheteur ne paiera
pas - se limitera à 6000 $ plutôt qu'à 10 000 $. Il ne faut
pas parler d'une subvention de 10 000 $, c'est faux, c'est mal présenter
le programme. La personne aura peut-être une subvention de 10 000 $ si
elle a trois enfants durant les cinq années du programme. Savez-vous ce
que cela veut dire? Cela veut dire qu'au lieu d'étaler les 10 000 $ sur
25 ans, si une personne a trois enfants durant les cinq années, elle ne
paiera pas les 10 000 $ sur 25 ans; mais si la personne n'a pas les enfants
additionnels, s'il n'y en a pas de plus - on veut payer les mères pour
faire des bébés, c'est effectivement le but du programme - les 10
000 $ demeurent. Pour un enfant additionnel, on réduira de 2000 $ sur 25
ans.
Alors, la subvention n'est pas de 10 000 $ ni de 6000 $, la subvention,
c'est le taux d'intérêt et non pas sur le prix d'achat, mais sur
ces petits 10 000 $ de l'hypothèque. On va examiner pour voir ce que
ça représente. Si le ministre a des chiffres différents,
il pourra m'en faire part dans sa réplique. Regardons une personne qui
veut acheter une propriété de 60 000 $. La loi actuelle, les
coutumes actuelles permettent d'hypothéquer cette
propriété à 95%; cela veut dire que la personne aura une
hypothèque de 57 000 $. Elle va payer 3000 $ comptant et il va y avoir
une hypothèque de 57 000 $ sur 25 ans, payable tant par mois.
Les taux d'intérêt aujourd'hui sont presque à 20%
sur les hypothèques, supposons 18% ou 18,25%. Cela veut dire que le
paiement de cette hypothèque, si on prend les chiffres que le
gouvernement nous a donnés, pour la première année, il y
aura 10 000 $ payés par l'État. Cela veut dire que l'acheteur
devra payer 694 $ par mois pour rembourser l'hypothèque, sans compter
les taxes. Si on fait le calcul des taxes sur une propriété de 60
000 $, on voit que ce sera approximativement 80 $ par mois. Ce n'est pas
exagéré. Je mets peut-être le taux des taxes un peu bas. On
ajoute donc 80 $
aux 694 $, ce qui veut dire que cette jeune famille à revenus
modestes dont vous venez de parler et que vous voulez aider devra payer, pour
la première année, 774 $ par mois, en plus des 3000 $ qu'elle a
donnés comptant pour acheter la propriété. La
deuxième année, savez-vous combien elle devra payer, parce que
vous remettez l'intérêt seulement pour la première
année? La deuxième année, elle paiera 5%. Ses paiement
seront de 815 $ par mois. La troisième année, parce que là
ça monte à 10%, 857 $ par mois. À la fin, à la
cinquième année parce que là ça va tomber, c'est
920 $ par mois.
M. le Président, je ne sais pas qui sera aidé par ce genre
de programme. Franchement, si moi ou une personne à revenus moyens voit
qu'elle devra éventuellement payer 920 $ par mois pour son
hypothèque, je n'appelle pas vraiment cela de l'aide à
l'accessibilité à la propriété. À moins, M.
le Président, que ce soit un ministre avec un salaire qui peut lui
permettre ce genre de paiement. Savez-vous le revenu qu'une personne doit avoir
pour effectuer ce paiement? D'après les chiffres de la Banque royale du
Canada, cela doit représenter, le paiement pour les taxes et
l'hypothèque, 30% du revenu. Pour payer 920 $ par mois, cela prend un
revenu annuel de 36 000 $. Si quelqu'un veut vraiment tirer avantaqe du maximum
du prêt du programme du Parti québécois, il va être
obligé d'avoir un revenu de 36 000 $ par année. Là j'ai
pris le taux d'intérêt à 18 1/4% parce que ce sont les taux
courants. Si quelqu'un va acheter une maison aujourd'hui, il n'aura pas le taux
de 7% dont on parle dans le discours inaugural; 7%, c'est il y a 20 ans.
L'autre aspect de ce programme, c'est qu'il ne faut pas donner à
la population de faux espoirs. On dit: On va vous donner une subvention. La
personne achète la propriété. Pour la première
année, son paiement est réduit. Elle se réveille pour
s'apercevoir dans quelques années que le paiement mensuel a
augmenté sensiblement. Il faut donner tous les chiffres et toute la
vérité. Maintenant, peut-être que la
propriété ne sera pas de 60 000 $. Peut-être que la
propriété sera, mettons, de 50 000 $, avec une hypothèque
plus basse. Je veux vous donner certains chiffres pour vous montrer à
peu près dans quelle fourchette de revenus une personne doit se situer
pour avoir le droit d'accéder au programme que le Parti
québécois vient d'annoncer. Prenons, M. le Président, le
cas d'une propriété à 50 000 $. Quand le ministre -
c'était vraiment curieux - donnait comme exemple le logement de 20 000
$, il disait que pour une personne qui va payer 20 000 $, ça va
coûter 205 $. Franchement, premièrement, vous ne pouvez pas
construire un logement neuf pour 20 000 $ aujourd'hui, non. Je ne sais pas
où - certainement pas dans les centres urbains - on va trouver un
logement pour 20 000 $. Si le ministre parlait d'un duplex, ce n'est pas 20 000
$, c'est 40 000 $ et les paiements vont être en conséquence.
Le ministre aurait bien pu donner l'exemple d'un logement à 10
000 $ avec une subvention de 10 000 $ et personne n'aurait rien eu à
payer. Mais ce ne serait pas exact. Ce ne serait pas honnête. (12 h
20)
Si on regarde les nouvelles constructions - on reviendra après
à la situation des maisons existantes, parce que, si je comprends bien,
le programme du Parti québécois s'applique aux deux avec des
subventions différentes - voyons ce qui en est. Prenons une
propriété qui coûte 50 000 $. C'est assez modeste, dans les
environs de Montréal, une nouvelle construction à 50 000 $, ce
n'est pas un palais, un château. C'est dans la moyenne des petites
propriétés dans les nouvelles constructions. Un taux
d'intérêt à 18% implique un paiement avec les taxes, la
première année, de 636 $, qui va augmenter à la
cinquième année à 726 $ par mois. Si vous voulez
réduire le taux d'intérêt, au lieu de 18,5%... Mettons
qu'on dit: II va y avoir un taux d'intérêt de 15%, je peux vous
donner le chiffre de 15% et le ministre va nous dire après: Le
député de Mont-Royal a exagéré. Il a pris les taux
d'intérêt les plus élevés. Mettons 15%. On n'est pas
arrivé à ce point-là; les analystes et les financiers ne
prévoient pas dans les prochains mois que les taux
d'intérêt vont baisser à 15%. On vient de voir ce matin
dans les journaux qu'ils viennent d'augmenter à 20%, mais à 15%,
le paiement mensuel va être de 553 $ qui va augmenter jusqu'à 629
$ par mois, ce qui représente pour celui qui peut être admissible
à ce programme un revenu annuel de 26 000 $. Même si vous prenez
une propriété moyenne de 50 000 $, même si je prends un
taux d'intérêt de 15% plutôt que 18,25%, le revenu que cette
personne doit avoir pour être en mesure de bénéficier du
programme et d'acheter la propriété va être de 26 000 $ par
année. Ce ne sont pas vraiment des revenus modestes des petits
salariés qui vont pouvoir avoir accès au programme. Si je regarde
les statistiques fiscales des particuliers du Québec du ministère
du Revenu, on va dire: Qu'est-ce que cela représente, 26 000 $ ou 36 000
$ par année? Combien de contribuables au Québec gagnent cela?
D'après les chiffres du gouvernement, ceux qui ont un revenu imposable
de 25 000 $ à 30 000 $ par année représentent 3,8% de la
population. Ceux qui ont un revenu imposable de 35 000 $ par année
représentent 1,78% de la population. Si on veut réduire à
20 000 $ ou 25 000 $, on voit qu'à 20 000 $ cela
représente seulement 5% de la population. D'après le
programme, tel qu'énoncé par le ministre ce matin, selon les
détails qui nous ont été fournis, pour la
propriété neuve, je ne crois pas vraiment que cela soit
accessible à un grand pourcentage de la population.
On peut discuter de la question de la rénovation, mais dans ce
cas les subventions sont moindres. Le ministre ne nous a pas indiqué
combien de logements pourraient être impliqués dans son programme.
D'après les informations qu'on a pu avoir - et le ministre pourra les
confirmer ou infirmer -le programme, d'après ses propres études,
s'appliquerait à 8000 personnes qui achèteront des maisons
neuves. Si nous regardons le taux, le nombre de constructions par année,
on voit que le besoin est beaucoup plus grand que cela. La population a besoin
de plus que 8000 par année et cela peut aussi, d'après la
même étude fournie au ministre, provoquer l'achat de 12 000
maisons usagées. Mais cela, c'est un autre problème; j'y
reviendrai dans quelques instants.
M. le Président, sur ce programme annoncé avec tellement
d'éclat, le gouvernement a même refusé de nous donner des
détails; il nous en a donné seulement un peu ce matin. Je peux
maintenant comprendre pourquoi il ne veut pas nous fournir les détails
de ce programme à l'Assemblée nationale. C'est bien simple, c'est
parce qu'il ne veut pas entendre les critiques de l'Opposition sur ce
programme. Je vais formuler des critiques sur ce programme. Je vais vous dire
quelles en seront les conséquences, quels sont les défauts et les
carences de ce programme.
Premièrement, pour les nouvelles constructions - je ne parle pas
des constructions anciennes - il s'adresse à des ménages dont le
revenu brut, d'après les chiffres du ministre, d'après les
chiffres du ministère du Revenu, excède 30 000 $ par
année. En effet, si vous avez des paiements de 700 $ à 800 $ par
mois ou même de 650 $ à 800 $ par mois, seulement des gens avec
des revenus minimaux de 26 000 $, 27 000 $ pourraient tirer avantage du
programme. Ce programme est l'équivalent d'un programme qu'on appelle
les HPP, hypothèques à paiement progressif. Autrement dit, pour
encourager l'achat et les dépenses des deux ou trois premières
années, on réduit le taux d'intérêt, on
réduit les paiements et on les augmente au fur et à mesure que
dure l'hypothèque.
Les analystes, après l'introduction et la mise en application de
ce programme, ont critiqué sévèrement ce genre de
programme parce que, dans les faits les gens s'embarquaient dans un
système de paiements qu'ils ne pourraient peut-être pas rencontrer
après. Si vous jugez votre salaire d'après le paiement de la
première année, peut-être le salaire est-il de 25 000 $,
mais il faudra que vous gagniez, après trois, quatre ou cinq ans, de 30
000 $ à 32 000 $ par année pour rencontrer vos paiements. Il se
peut que les augmentations de salaires ne correspondent pas aux augmentations
des paiements mensuels.
Une autre critique qu'on pourrait faire au programme - le ministre
pourra nous corriger - c'est qu'il ne semble pas y avoir de limite aux revenus
de la personne admissible au programme. Autrement dit, si quelqu'un gagne 100
000 $ par année, il pourra profiter de cette subvention. Cela veut dire
que c'est le salarié à faible revenu, qui paie un peu de taxes,
mais qui ne peut profiter du programme, qui va payer pour celui qui est
vraiment capable de se payer le luxe de paiements de 800 $ à 900 $ par
mois. Il me semble qu'on aurait dû plafonner le salaire de la personne
admissible. Autrement dit, si une personne n'a pas besoin de l'aide du
gouvernement, qu'on ne lui en donne pas inutilement au détriment de ceux
qui n'ont pas les moyens de profiter du programme.
Le programme s'applique non seulement aux maisons unifamiliales, mais
aux maisons à revenu, duplex et triplex. Il ne s'applique pas à
tout le monde, c'est un programme qu'on pourrait gualifier d'un peu
discriminatoire. Cela ne s'applique pas aux jeunes familles sans enfant. On
veut aider les jeunes familles, mais pour celles gui n'ont pas d'enfant, le
programme ne s'applique pas. Il ne s'applique qu'aux familles avec des enfants
de douze ans ou moins. Il y a beaucoup de gens qui ont des enfants de plus de
douze ans; ils ont, eux aussi, droit à l'accessibilité à
la propriété. Un jeune couple gui se marie et qui voudrait
acheter une propriété devrait peut-être aussi avoir le
droit d'y participer. Vous imposez des restrictions artificielles et
discriminatoires. (12 h 30)
Voici les commentaires d'un journaliste sur votre programme tels que
publiés dans le Soleil du 22 mai: "En effet, le projet péquiste
permet même à certaines catégories de citoyens d'investir
aux frais de l'ensemble des contribuables dans des immeubles à revenu:
duplex, triplex. Pire encore, il écarte plusieurs autres
catégories de Québécois qui désirent devenir
propriétaires: les personnes plus âgées, les familles sans
enfant ou avec enfants de plus de douze ans, les personnes seules."
Je crois, M. le Président, qu'on veut faire un programme
nataliste, économigue, social. On veut tout mélanger mais je
pense qu'on n'arrive à aucun des objectifs parce que ce n'est pas en
réduisant le paiement mensuel de 20 $ par mois que quelqu'un va
être incité à avoir un autre enfant. Même si
on croit en une telle politique, il y a d'autres mesures pour promouvoir
le droit des familles, l'atmosphère et tout ce qui s'ensuit, sans donner
l'impression qu'on donne 2000 $ alors qu'on étale ces 2 000 $ sur
vingt-cinq ans. Je ne pense pas que c'est ça qui va encourager les gens
à avoir des enfants.
Deuxièmement, il s'applique non seulement à la nouvelle
construction mais à la construction déjà existante. Les
études de la Société centrale d'hypothèques et de
logement ont prouvé que lorsqu'un programme s'applique aux immeubles
déjà existants l'effet est d'augmenter le prix de ces immeubles,
parce qu'on est restreint. Le nombre d'immeubles déjà construits
est limité. Ce programme-ci aura probablement un effet inflationniste en
ce sens que ça peut augmenter le coût des maisons existantes.
Alors, le gouvernement devrait décider ce qu'il veut faire. Est-ce qu'il
veut relancer l'économie de l'industrie de la construction? Si c'est
ça, son programme devrait viser la nouvelle construction et il devrait
s'appliquer à tout le monde, il ne devrait pas être restreint
comme il l'est maintenant.
Si le gouvernement veut rénover les propriétés
existantes, c'est aussi un objectif valable mais il ne faut pas mêler les
deux. Il peut y avoir un autre programme pour la rénovation, mais le
gouvernement semble mêler ses objectifs. Il mélange les moyens
qu'il prend pour y arriver et l'effet, d'après nous, serait de ne pas
encourager la nouvelle construction et présenterait le danger
d'augmenter les prix des propriétés actuelles, au point que les
bénéfices qui devraient découler du programme seront
perdus par l'augmentation des prix.
Si on veut vraiment un programme d'accès à la
propriété, il y a certains éléments, M. le
Président, qu'on aurait dû inclure. Premièrement, qu'il
s'applique à tous, parce qu'on ne peut pas dire qu'une catégorie
de personnes a droit à la propriété et une autre
catégorie ne l'a pas. Ce n'est pas un concept avec lequel je suis
à l'aise. Si vous voulez aider des familles avec de jeunes enfants,
très bien, trouvez d'autres programmes pour aider ces
familles-là, mais n'empêchez pas l'ensemble de la population
d'avoir accès à la propriété en faisant des
programmes discriminatoires et en restreignant l'application de ce
programme.
Le vrai problème aujourd'hui, M. le Président, c'est le
taux d'intérêt. Ne commencez pas à dire que c'est la faute
du fédéral parce que c'est un peu simpliste. Les taux
d'intérêt le fédéral n'a pas plus de contrôle
là-dessus que le Québec. D'accord? Si les taux
d'intérêt aux États-Unis sont de 20%, la seule
façon, pour le Canada, d'avoir des taux d'intérêt plus bas,
ce serait avec un contrôle des échanges de la monnaie. Je ne pense
pas que, dans notre société, la population soit prête
à accepter cette mesure. Alors, nous sommes liés par les taux
d'intérêt nord-américains mais ça ne veut pas dire
que le gouvernement est impuissant dans cette situation. Cela veut dire que le
gouvernement doit prendre les mesures temporaires pour permettre à
l'ensemble de la population à revenu modeste qui ne peut pas se
permettre de payer 18%, de pouvoir acheter une propriété à
un taux d'intérêt, par exemple, de 13%, de 12%, un taux qui serait
raisonnable, en tenant compte du revenu des contribuables.
Le gouvernement aurait pu facilement donner un programme d'accès
à la propriété qui serait sans discrimination, qui serait
applicable à tout le monde, mais surtout à ceux qui en ont besoin
le plus, cela aurait été peut-être de geler le taux
d'intérêt à 13%, de payer l'excédent - c'est une
autre formule - et de limiter, plafonner le salaire de l'individu qui veut se
prévaloir de ce programme.
Vous êtes des sociaux-démocrates supposément, vous
ne voulez pas subventionner les riches. Dans ce cas-ci, je vous le dis, votre
programme, à moins que vous ne plafonniez, c'est seulement la personne
qui va avoir un revenu de 40 000 $, 50 000 $ par année, qui n'a pas
nécessairement besoin de votre programme, qui va en tirer profit. C'est
injuste pour le petit salarié qui, lui, paie des taxes, et il voit qu'il
ne peut pas prendre avantage du programme.
Une autre façon d'aborder le problème, pour inciter la
construction de nouvelles maisons, aurait été par un
crédit d'impôt. Le programme du Parti conservateur, au
fédéral, avait suggéré une modification de ce
programme. Ceux gui achètent de nouvelles maisons, même des
maisons existantes, pour aider le paiement mensuel, auraient pu recevoir un
crédit d'impôt.
L'autre façon, naturellement, c'est la subvention en comptant
pour l'achat de la propriété. Je crois que, dans le passé,
ce système a démontré qu'il était le plus efficace
pour encourager la construction de nouvelles maisons.
En conclusion, voici ce que nous voulons dire au gouvernement.
Premièrement, la façon de procéder avec une loi-cadre, ce
n'est pas la façon dont l'Assemblée nationale peut vraiment
contribuer aux lois et aux programmes du Québec. Savez-vous ce que vous
auriez pu faire? Vous auriez pu présenter une loi-cadre sur toutes les
promesses que vous avez faites, puis on aurait pu voter la loi et s'en aller
à Montréal, retourner dans nos foyers, pour les prochains quatre
ans. C'est ce que vous nous demandez de faire avec cette loi.
À part cela, vous avez le front de demander qu'on donne des
pouvoirs
additionnels à la Société d'habitation du
Québec quand vous savez que cette société... Je n'ai pas
besoin de vous rappeler, M. le ministre, les problèmes qui ont
été portés à votre attention: le dossier des vices
de construction, le dossier des loqements sociaux, le dossier des
rénovations.
Si vous voulez en prendre note, je porterai à votre attention un
rapport qui a été préparé - il n'a pas
été déposé en cette Chambre, mais on vous
inviterait à le faire -par les représentants de la
société centrale et de la Société d'habitation du
Québec sur le fonctionnement de la Société d'habitation du
Québec. Les conclusions de ce rapport, quant à l'administration,
à la façon de procéder condamnaient les pratiques de la
Société d'habitation du Québec.
Si vous voulez éclairer la population et l'Opposition, on vous
inviterait à déposer ce rapport à l'Assemblée
nationale, pour montrer vraiment la portée de votre loi. Vous voulez
donner à la Société d'habitation du Québec
l'administration de ce programme quand la société a de
sérieuses difficultés. Si c'est seulement un programme de
subventions, pourquoi le donner à la Société d'habitation
du Québec? Pourquoi pas le ministère? Vous voulez créer un
ministère de l'habitation par le projet de loi no 7. La question de
donner des subventions, le ministère lui-même pourrait le faire.
Quand on a adopté la Loi sur le supplément au revenu de travail,
on n'a pas donné cela à une régie ou à une autre
société. C'est le ministère qui s'est engagé, qui a
pris la responsabilité de l'administrer. (12 h 40)
En conclusion, M. le Président, premièrement, vous devriez
nous donner les détails de votre programme, au complet. En nous disant
que certains détails seront donnés au mois de juillet, que vous
allez consulter et que d'autres ne s'appliqueront qu'en 1982, vous enlevez
à cette Assemblée le droit de discuter de mesures
législatives très importantes et qui affectent l'ensemble de la
population. On ne peut pas accepter cette façon de procéder. Les
parlementaires ont le droit de discuter, en cette Chambre, les mesures qui vont
affecter toute la population. Vous avez la majorité et si vous n'aimez
pas nos commentaires, vous pouvez adopter votre projet de loi en dépit
de ce qu'on va vous dire mais, au moins, la décence, le parlementarisme
exiqe qu'on ait l'occasion d'en discuter. Nous allons ajourner nos travaux le
19 juin. Comment allons-nous avoir l'occasion de discuter tous les
détails de votre programme? Alors, on s'oppose à cette
façon de procéder et on voudrait que le gouvernement donne ces
détails le plus vite possible pour que les gens sachent à quoi
s'attendre pour ne pas créer de faux espoirs.
M. le Président, en terminant, on ne votera pas contre le projet
de loi, malqré toutes ses carences, parce qu'on ne veut pas
empêcher le programme d'accès à la propriété.
Toutes les difficultés de votre programme, avec tout ce qui s'impose de
correctifs, et toutes les difficultés que la Société
d'habitation du Québec a, nous les portons à votre attention,
mais nous allons appuyer le projet de loi parce que nous voulons non seulement
que la population ait un programme d'accessibilité à la
propriété, mais qu'elle l'ait immédiatement, dans les plus
brefs délais, et à des termes et conditions qui seront à
l'avantage de ceux qui ont vraiment besoin de ce programme. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. l'adjoint
parlementaire et député de Taschereau.
M. Richard Guay
M. Guay: Je vous remercie, M. le Président. J'ai
écouté avec un silence reliqieux les propos du
député de Mont-Royal, critique officiel de l'Opposition
désormais en matière d'habitation. Je l'ai écouté
d'autant plus que c'est la première fois que le député de
Mont-Royal s'adresse à cette Chambre dans un discours - il y a eu la
période des questions, bien sûr - à titre de critique de
l'Opposition en matière d'habitation. C'était d'autant plus
intéressant, à ce moment-là, afin de voir non pas à
qui nous avions affaire parce qu'on connaît déjà le
député de Mont-Royal depuis cinq ans, mais quels étaient
les idées et les propos qu'il avait envie d'émettre au chapitre
de l'habitation.
Il y a un certain nombre de choses sur lesquelles je suis en accord avec
le député de Mont-Royal, je vous le dis tout de suite, et
celles-là ne feront sans doute pas l'objet d'un très long litige.
Il y a aussi un certain nombre de choses sur lesquelles, par contre, je suis en
désaccord.
Commençons par le point d'accord parce que celui-là va
assez facilement, mais je pense qu'il peut tout de suite mener à un
désaccord. Le député de Mont-Royal nous dit: C'est une
politique de l'habitation qu'il faut avoir au Québec, j'y souscris
d'emblée. Mais le député de Mont-Royal admettra avec moi
qu'il est difficile - je ne dis pas impossible - pour un gouvernement de faire
une politique d'ensemble dans un domaine où sa capacité
d'intervention est limitée par la capacité d'intervention d'un
autre ordre de gouvernement, en l'occurrence, le gouvernement
fédéral. Il y a déjà eu des programmes mis au point
par le gouvernement du Québec dans certains domaines, dans l'habitation,
mais lorsque le gouvernement fédéral décide, de son
côté, de modifier ses propres programmes
unilatéralement et que ceci a pour effet de
déséquilibrer certains programmes provinciaux, on comprendra que,
sans rendre tout à fait impossible la mise au point d'une politique de
l'habitation, c'est un peu gênant. Si le député de
Mont-Royal veut que nous fassions ensemble - l'Assemblée nationale, le
gouvernement du Québec - une véritable politique de l'habitation
pour les Québécois, j'espère qu'il souscrira
également à l'idée qu'il faut que l'Assemblée
nationale et le gouvernement du Québec aient la pleine maîtrise
des moyens dans le domaine de l'habitation - moyens législatifs, moyens
financiers - à l'exclusion de tout autre gouvernement. En d'autres mots,
il faut faire une véritable politique de l'habitation et, pour reprendre
une phrase chère au député de Marguerite-Bourgeoys - on
s'en souviendra à l'époque du gouvernement Bourassa, on parlait
de souveraineté culturelle - ...
M. Lalonde: Je pensais que vous vouliez que je le dise!
M. Guay: Je sais que le député de
Marguerite-Bourgeoys s'apprête à intervenir après le
déjeuner, sans doute pour nous répéter, encore une fois,
ce qu'il nous a déjà dit abondamment pendant la période
électorale et au préalable en cette Chambre. Le disque est un peu
usé, mais enfin, si ça lui fait plaisir de le
répéter - je suis sûr qu'il va le faire - nous allons
l'écouter, que voulez-vous? C'est comme qui dirait: Y a rien là!
De toute façon, la population a porté un jugement le 13 avril sur
ces questions-là comme sur les autres.
Je disais donc que le député de Marguerite-Bourgeoys,
à l'époque où il était Solliciteur
général dans le gouvernement Bourassa, était chargé
de la souveraineté culturelle dont on n'a jamais très bien
compris ce dont il s'agissait, mais, pour reprendre ses mots - j'espère
que le député de Mont-Royal y souscrira - "il serait important,
il serait utile que le Québec ait au moins la souveraineté dans
le domaine de l'habitation pour pouvoir faire une véritable politique de
l'habitation qui ne soit pas, selon les années, modifiée ou
disloquée selon le bon vouloir, le mauvais vouloir, les
disponibilités financières ou les priorités ontariennes de
la Société centrale d'hypothèques et de logement".
Cela étant dit, sur le reste, j'ai certains désaccords
à exprimer à l'endroit des propos du député de
Mont-Royal. Celui-ci, comme le règlement le permet, a eu droit à
une heure de discours; on comprendra qu'en vingt minutes il soit difficile de
faire une réplique, quant au fond, à tous les arguments qu'il a
évoqués. Néanmoins, il y a un certain nombre de choses qui
méritent d'être dites. J'en veux à la première
partie de son discours. On a eu droit de nouveau à la fuite des
sièges sociaux, à la chute de la construction. Cela va mal au
Québec et depuis quand? Depuis le 15 novembre 1976, voyons donc! C'est
bien connu, c'est bien compris de nos amis d'en face. La seule chose est que la
population...
Des voix: ...
M. Guay: Mon Dieu! Votre belle arrogance en a subi un coup le 13
avril! C'est étonnant que cet arbitre impartial de la situation qu'est
la population du Québec ait trouvé que ça n'allait pas si
mal que ça, savez-vous, depuis le 15 novembre 1976, au point qu'on a
même décidé de faire confiance à la même
équipe ministérielle et non pas à votre équipe.
C'est étonnant!
Si ça allait si mal que ça, si c'était vraiment
aussi dramatique, si les sièges sociaux partaient, comme le
député de Notre-Dame-de-Grâce nous l'avait dit à un
moment donné; il en avait une grande quantité dont les
trois-quarts étaients des sociétés bidons. Peu importel Ce
sont des détails dont on ne s'offusque pas de l'autre côté,
d'ailleurs, comme on ne s'offusque point de certains chiffres et de leur
interprétation dans le discours du député de Mont-Royal.
Enfin!
Donc, tout a commencé en 1976, paraît-il. Eh oui, en 1976,
c'est vrai qu'il s'est construit 68 000 logements au Québec. C'est tout
aussi vrai ce que le député de Mont-Royal n'a pas dit, qu'il s'en
est trop construit et que le marché a pris trois ans pour absorber les
68 000 loqements.
Cela, évidemment, le député de Mont-Royal
l'oubliait parce qu'il citait tantôt les chiffres... M. le
Président, je n'ai pas interrompu le député de Mont-Royal
pendant son discours. Je n'ai pas l'intention d'interrompre les litanies que le
député de Marguerite-Bourgeoys va nous faire tantôt, qui
seront une répétition des propos tenus antérieurement
à maintes occasions. J'aimerais bien, M. le Président, que vous
invitiez le député de Marguerite-Bourgeoys à avoir le
même respect pour les parlementaires de ce côté-ci de la
Chambre lorsqu'ils prennent la parole. Merci, M. le Président.
Donc, effectivement, il s'est construit 68 000 logements et cela a pris
trois ans au marché pour absorber le trop-plein; il y en avait trop sur
le marché. Il s'en construit beaucoup moins aujourd'hui.
Néanmoins, le pourcentage des logements qu'a cité le
député de Mont-Royal, qu'il trouve presque catastrophique, si je
ne m'abuse, M. le Président, ce pourcentage est basé sur des
chiffres de la SCHL pour des immeubles de six logements et plus. C'est un
indice qui est très relatif et on ne peut pas, à proprement
parler, dire qu'à l'heure actuelle il y a partout dans le Québec
une crise aiguë en
termes de logements disponibles. (12 h 50)
II se peut que dans une région ou dans l'autre, il y ait une
variation selon les régions, je n'en disconviens point. Mais, on ne peut
pas dire non plus que la situation est dramatique, que la construction est dans
un état lamentable. C'est vrai, M. le Président, il ne s'en est
pas fait autant qu'il aurait pu s'en faire pendant les quatre dernières
années. C'est vrai que dans la région métropolitaine de
Montréal les édifices commerciaux, les édifices à
bureaux, il ne s'en est pas construit autant que jadis, mais, M. le
Président, le député de Mont-Royal, qui est de
Montréal, est à même, en se promenant dans Montréal,
simplement en s'y promenant depuis quelques temps, de constater que partout
dans le centre-ville de Montréal il y a des chantiers de construction.
Moi qui suis député de la région de Québec, M. le
Président, je suis à même de le constater quand je vais
à Montréal. Partout, le long de la rue Maisonneuve, de la rue
Sherbrooke, il y en a. Je pense aux projets de la Bangue nationale, de Bell, de
l'Alcan et à combien d'autres.
C'est vrai que Montréal a passé un mauvais quart d'heure,
comme d'autres villes. New-York, auparavant, par exemple. Et comme d'autres
villes auxquelles il aime bien nous comparer - je pense à Toronto, par
exemple - qui sont peut-être en train de commencer à passer un
mauvais quart d'heure. Évidemment, il nous compare à Calgary.
Oui, M. le Président, il nous compare à Calgary, mais que
voulez-vous, le député de Mont-Royal sait aussi bien que moi que
depuis guelques années le pétrole est devenu une denrée
rare, qu'en Alberta il y a du pétrole et que cela a eu un effet assez
direct sur la croissance de Calgary. C'est donc un parallèle assez
relatif qu'il fait. Je ne veux pas m'attarder indûment à la
première partie du discours du député de Mont-Royal, sinon
pour signaler que ça avait cette espèce de son de disque qu'on a
déjà entendu et qui est usé.
Il n'y a rien qui va bien au Québec, tout va mal au
Québec. Le chef de l'Opposition, pendant la campagne électorale,
s'est promené dans tout le Québec en disant: Cela va mal, cela va
mal, cela va mal et, finalement, où est-ce que cela allait mal?
C'était dans son propre parti le 13 avril, M. le Président.
M. le Président, j'en veux plutôt à la
deuxième partie du discours du député de Mont-Royal. Le
programme d'accession à la propriété qui est
proposé par le gouvernement du Québec. Le député de
Mont-Royal fait grief au gouvernement de ne pas pouvoir présenter
dès aujourd'hui tous les détails jusque dans le moindre point
virgule des règlements nécessaires pour sa mise en vigueur. M. le
Président, c'est déjà assez remarguable que pour un
engagement de cette taille, les élections ayant été tenues
le 13 avril, c'est-à-dire tout récemment, dès cette
session-ci, dès maintenant on demande à l'Assemblée
d'adopter les mesures législatives nécessaires qui permettront
dès la mi-juillet d'avoir tous les détails sur cette mesure dont
les grandes lignes étaient déjà connues et dont de
nouveaux aspects ont été précisés ce matin par le
ministre délégué à l'Habitation. Faire grief au
gouvernement de ne pas présenter un programme comme celui-là sous
forme de projet de loi tout fini, tout fin prêt aussitôt
après l'élection, M. le Président, on a beau travailler 12
ou 18 heures par jour, il y a des limites à ce qu'il est possible de
faire pendant cette période de 18 heures par jour, six jours par
semaine. Le député de Mont-Royal, je pense, s'il est le
moindrement honnête, en conviendra.
Il a cité des chiffres pour dire: Votre programme va s'appliquer
seulement à des familles de 25 000 $ de revenus, aux alentours de
là. Encore une fois, là aussi, comme il l'a fait dans la
première partie de son discours, le député de Mont-Royal
retient les chiffres qu'il veut bien et omet les chiffres qui ne viennent pas
soutenir sa démonstration. Prenons effectivement, M. le
Président, ce programme d'accession à la propriété.
Prenons un taux d'intérêt de 18% puisgue, effectivement, le
journal de ce matin nous annonçait une nouvelle hausse du taux
d'intérêt à 19,10% de la Banque du Canada. Je comprends que
ce n'est pas la faute d'Ottawa, même si c'est une compétence
fédérale. C'est la faute de M. Reagan, cette fois-ci. Enfin, peu
importe! Les taux d'intérêt étant ce qu'ils sont - et c'est
une des raisons pour lesquelles nous avons introduit les logements
usagés dans le programme - si une personne achète, par exemple,
un triplex en copropriété indivise -et on fera le débat
plus tard sur les mérites ou les problèmes que pose de ce
temps-ci la copropriété indivise dans la région de
Montréal surtout - dans le centre-ville de Montréal, dans l'est
de la ville, dans le centre-ville de Québec, ici dans le comté de
Taschereau, un triplex à, admettons, 20 000 $ le logement, soit 60 000 $
pour le triplex... Il s'en trouve dans le centre-ville et dans l'Est,
peut-être pas dans la ville de Mont-Royal, j'en conviens. Si le
député de Mont-Royal va un peu plus loin vers l'est, il va
constater qu'il s'en trouve effectivement. Cela veut dire qu'avec une
hypothèque de 17 000 $, avec des taxes de 500 $ chaque année, les
paiements mensuels, avec le programme d'accession à la
propriété, seront réduits de 295 $ à 205 $. Pour
faire des paiements mensuels de 205 $, M. le Président, cela ne prend
pas un revenu de 25 000 $ par année, pas du tout; ça prend
même un revenu qui est autour, si je ne m'abuse, de 12 000 $ à 15
000 $ par année;
on est parfaitement capable de faire la chose.
Prenons une autre solution. Si la personne achète seule le
triplex... M. le Président, le député de
Mégantic-Compton, qui est un qrand constructeur, comme il nous l'a
déjà révélé en commission parlementaire,
même s'il fait des perrons fêlés, comme il nous l'a
révélé, pourrait peut-être laisser la parole aux
autres membres de l'Assemblée quand ils ont le droit de l'exercer. Nous
écouterons avec plaisir le député de
Mégantic-Compton qui, sans doute, ira, lui aussi, de son tour de disque
usé après le député de Marguerite-Bourgeoys. Chaque
chose en son temps.
Cela veut donc dire que le programme d'accession à la
propriété que nous proposons s'adresse à une gamme
très large de la population québécoise. Il s'adresse
effectivement à des familles avec des enfants. Le député
de Mont-Royal nous en fait grief en disant: Vous devriez avoir un programme
pour tout le monde et, si vous voulez avoir un programme pour les jeunes
familles, vous devriez avoir, en plus, un programme pour les autres familles.
Nous voulons avoir un programme pour les jeunes familles parce que nous sommes
d'avis que ce sont les jeunes familles qui ont des problèmes plus
particuliers pour se loger, pour être elles-mêmes
propriétaires de leur maison.
Plus tard, dans la vie, s'il s'aqit d'une famille qui n'a pas d'enfant,
je ne dis pas que tous les problèmes sont réglés, mais il
arrive souvent que les problèmes financiers le soient. C'est un fait, M.
le Président, que, normalement, plus on avance dans sa carrière,
plus les revenus, règle qénérale, auqmentent. Ce n'est pas
vrai pour tout le monde, mais on peut dire que c'est une règle
générale. Donc, à partir d'un certain âge, ça
peut poser moins de problèmes de se loger et d'être
propriétaire de son propre logement. Pour les personnes à la
retraite, comme le ministre délégué à l'Habitation
l'a signalé tantôt, non seulement sont disponibles les habitations
à loyer modique que nous construisons sur une échelle comme
ça ne s'est jamais vu jusqu'à maintenant au Québec, mais,
en même temps, il y a Logirente, le programme d'allocation au logement
pour les personnes âgées à faible revenu, gui vient
chercher à combler le besoin gui existe à ce niveau. C'est donc
dire qu'il y a déjà des proqrammes qui existent pour certaines
catégories de population, si on peut dire, et nous voulons effectivement
avoir un proqramme qui va aider les jeunes familles. C'est une décision
politique. C'est la volonté politique du gouvernement de le faire. Nous
avons été élus notamment avec cet engagement
électoral. Il est voulu. J'ai trouvé même très
insultant que le député de Mont-Royal - j'ai même
cité ce qu'il a dit - accuse le gouvernement de payer les mères
pour faire des bébés. Je pense que les femmes
québécoises, M. le Président, n'attendent pas que le
gouvernement les paie pour faire des bébés, et les propos du
député de Mont-Royal, à mon avis, sont
singulièrement insultants à l'endroit des femmes
québécoises.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, c'est une chose que de faire
comme le député de Mont-Royal dit que nous voulons faire - payer
pour que les femmes fassent des bébés, ce qui est odieux - mais
c'est une autre chose que de créer des conditions matérielles qui
permettent à la famille québécoise, et aux jeunes familles
québécoises de vivre dans des conditions normales, d'être
propriétaires de leur loqement si elles l'entendent, et aussi de voir
à l'accroissement de la famille si c'est leur décision, mais
c'est leur décision à eux. Et les gouvernements ont effectivement
la responsabilité de faire en sorte que les familles, d'une façon
générale, trouvent, dans la mesure du possible, des conditions
d'épanouissement matériel les plus grandes possible de
manière que l'épanouissement des familles
guébécoises ne soit nullement restreint par des
considérations d'ordre financier.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Taschereau, il est treize heures. Sollicitez-vous le
consentement pour votre droit de parole? Cinq minutes environ?
M. Guay: Si l'Opposition y consent.
Le député de Marguerite-Bourgeois est sollicité en
réunion, alors je propose la suspension des travaux.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Suspension des travaux
jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 13 h 11
(Reprise de la séance à 15 h 7)
Le Vice-Président (M. Jolivet): Vous pouvez vous
asseoir.
Nous en étions toujours à la deuxième lecture du
projet de loi no 1, Loi modifiant la Loi sur la Société
d'habitation du Québec.
La parole était au député de Taschereau, adjoint
parlementaire au ministre de l'Habitation.
M. Guay: Je vous remercie, M. le Président.
En fait, les guelques propos qu'il me reste à tenir, j'aurais pu
les tenir avant l'ajournement, mais malheureusement nos amis d'en face
étaient pressés.
Je veux relever...
M. Ciaccia: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Question de
règlement de la part du député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: La raison pour laquelle on a suspendu, à 1
heure est la suivante. Le député de Marguerite-Bourgeoys a
informé le président et le député de Taschereau
qu'il avait une autre réunion qu'il ne pouvait pas retarder.
Alors, le fait de dire que tous les amis d'en face étaient
pressés, c'est nous imputer des motifs, c'est induire la Chambre en
erreur
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Joliette et whip.
M. Chevrette: Est-ce que vous pouvez conclure qu'il n'y avait pas
là matière à question de règlement?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, je dois des excuses au
député de Mont-Royal. Il n'était pas pressé.
M. le Président, j'en reviens à son discours de ce matin.
Un de ses propos avait pour but de nous reprocher de faire, avec le programme
d'accession à la propriété, un programme qui concerne les
logements neufs et les logements usaqés. J'ai démontré
lors de l'exemple que j'ai donné comment, en appliquant le programme
à des logements usaqés, il était possible pour des
familles dont le revenu est de l'ordre de 10 000 $, 12 000 $ de pouvoir
bénéficier du programme et de se porter acquéreurs de leur
propre logement, fut-il usagé, ce qui détruit l'argument du
député de Mont-Royal qui voulait faire valoir, ce matin, que
seuls les qens de 25 000 $ et plus pourraient bénéficier de ce
programme.
Bien au contraire, c'est d'autant plus le cas que les comtés de
centre-ville au Québec sont essentiellement représentés
par des députés de ce côté-ci de la Chambre; j'en
suis un, le comté de Taschereau étant le centre-ville de
Québec. Il est évident qu'un programme d'accession à la
propriété, dans mon esprit, ne saurait s'appliquer qu'aux
logements neufs. Il faut absolument, si on veut effectivement revitaliser les
centre-ville de Montréal, de Québec et des autres grandes
municipalités du Québec, que les gens qui veulent habiter dans le
centre-ville dans des loqements qui sont déjà usagés,
puissent en devenir propriétaires, ce qui contribue puissamment à
la qualité d'un quartier. L'effort de revitalisation du centre-ville de
Québec, que le gouvernement consent ces années-ci serait en
contradiction avec un programme comme celui-là, si ce programme ne
devait s'appliquer qu'aux logements neufs.
D'ailleurs, le député de Mont-Royal nous disait: Faites un
programme pour le vieux, faites un programme pour le neuf. Nous avons fait
mieux que cela. Par souci d'efficacité, nous avons fait un programme et
pour le vieux et pour le neuf; un seul programme, au lieu d'en faire deux, ce
qui impliquerait évidemment, plus de bureaucratie, s'il fallait que le
programme soit double. (15 h 10)
Je veux citer, à titre d'exemple de ce que je souligne, l'article
paru dans le Soleil du vendredi 3 avril sous la siqnature de M. Georges
Mathews, économiste spécialisé dans l'habitation,
chercheur à l'INRS-Habitation. Parlant des programmes des partis
politiques en matière d'habitation, il disait ceci: "En ce qui concerne
le logement usagé, le programme du Parti libéral du Québec
n'offre rien. Celui du Parti guébécois ne fait pas de distinction
entre le neuf et l'usagé. Les mêmes conditions s'appliquent, mais
l'éventail des bénéficiaires s'élargit
considérablement du fait de l'inclusion des duplex et triplex. Si le
programme avait été limité aux maisons unifamiliales
usagées, l'impact social aurait été mince puisgue ces
maisons sont en moyenne plus chères que les maisons neuves, à
cause de leur localisation. Mais il y a, à Montréal, plus de 250
000 logements en duplex ou triplex - on aurait pu aussi citer un très
grand nombre de logements à Québec - dont la majorité se
trouve dans les quartiers populaires. Les propriétaires occupant un
duplex ont un revenu moyen inférieur à celui des
propriétaires de maison et les familles locataires ont un revenu
inférieur à celui des propriétaires de duplex.
Considérant le fait qu'une famille ayant un revenu de 10 000 $ pourra
acheter avec un tel programme un duplex de 30 000 $ ou 35 000 $, il est clair
que le programme du Parti québécois vise presque toutes les
jeunes familles locataires."
M. le Président, guand le député de Mont-Royal
prétend que le programme ne s'applique qu'aux familles dont le revenu
est de 25 000 $, il en a ici le démenti. On dit clairement qu'une
famille avec un revenu de 10 000 $ pourra acheter un duplex de 30 000 $ ou 35
000 $, ce qui contribuera, comme je le siqnalais, à la restauration de
nos centre-ville.
On a passé un peu rapidement tantôt sur les
responsabilités du gouvernement fédéral. Il est vrai, j'en
conviens, que le gouvernement d'Ottawa est un peu à la remorque du
gouvernement des États-Unis en ce qui a trait aux taux
d'intérêt. Mais le député de Mont-Royal voudrait que
ce soit le gouvernement du Québec, qui n'y est pour rien, absolument
rien, dans les taux d'intérêt
scandaleux qui frappent les citoyens, surtout les citoyens à
faible revenu, ces semaines-ci, le gouvernement du Québec n'y est pour
rien et ce n'est pas au gouvernement du Québec à rabattre, en
quelque sorte, le taux d'intérêt. La responsabilité
appartient, au premier chef, au gouvernement qui a la responsabilité des
taux d'intérêt même si sa marge de manoeuvre est mince.
C'est au gouvernement d'Ottawa à faire des programmes comme
ceux-là s'il veut pleinement assumer ses responsabilités, tout
comme c'est au gouvernement fédéral, qui augmente le prix du
pétrole et de l'huile à chauffage pour nous permettre d'acheter
Petrofina Canada dont nous n'avons guère besoin, si ce n'est que le
fédéral veut mettre des feuilles d'érable partout sur les
enseignes de Petrofina dans l'Est du Canada, un programme qui fait d'ailleurs,
à l'heure actuelle, l'objet d'une enguête, Parce qu'il semble
qu'il y aurait eu des choses qui ressembleraient étrangement à
l'ancien scandale du gaz naturel à l'époque du régime
Duplessis mais qui impliquerait cette fois-ci nos amis d'Ottawa. Toujours
est-il que je ne peux m'étendre là-dessus parce que
l'enquête est en cours et nous verrons bien.
Mais le fait est que c'est le gouvernement fédéral qui,
pour des mesures douteuses, et en tout cas certainement pas sociales, augmente
le prix de l'huile à chauffage ces temps-ci. Ce devrait être
à lui aussi de prévoir des programmes, comme d'ailleurs
l'Opposition conservatrice s'évertue à le lui dire à
Ottawa, qui permettraient aux familles à faible revenu d'être
frappées moins lourdement par cette hausse démesurée du
prix du pétrole.
Je termine donc sur un autre arqument qu'a utilisé le
député de Mont-Royal. Il nous a dit, sur la question des
transformations en copropriété que, il y avait plus de logements,
le problème qu'il a soulevé en Chambre ne se poserait pas. Allons
donc! Si le problème se pose, c'est qu'il y a un intérêt
pour l'habitation dans le centre-ville, pour ces vieux appartements de grande
taille, de grande dimension, faits de grandes pièces, qui sont encore ou
qui étaient encore, il n'y a pas si longtemps, relativement bon
marché. Cette vague, cette tendance, cette mode, il y a des
spéculateurs qui l'ont comprise à un moment donné et le
problème qu'a soulevé le député de Mont-Royal, et
dont font écho les journaux encore aujourd'hui, est un problème
découlant de la non-application de la loi 107, c'est un problème
de spéculation honteuse.
Je prends, en particulier, le cas du boulevard Saint-Joseph à
Montréal, mais c'est comme ça partout. Des spéculateurs
qui achètent un immeuble à logements 650 000 $ le revendront, en
copropriété indivise, plus de 1 000 000 $; cela est
systématique, c'est le même pattern partout. On fait 100% de
profit aux dépens des citoyens qui habitent ces loqements, aux
dépens des citoyens du Québec. C'est là, je
l'espère, que nous aurons l'appui du député de Mont-Royal
pour contrer non pas la transformation en copropriété indivise,
mais pour contrer la spéculation honteuse qui se fait sur certains
immeubles à Montréal et à Québec.
Je termine donc là-dessus, M. le Président, en vous disant
et en le disant, par votre entremise, au député de Mont-Royal,
que j'ai écouté avec attention son discours. J'ai remarqué
qu'on entendait pas mal les mêmes choses qu'avant le 13 avril et je le
reqrette vivement. Le député de Mont-Royal s'est dit prêt
à bonifier les programmes gouvernementaux dans le domaine de
l'habitation, j'en suis heureux et je l'invite à le faire, mais je lui
dis que, pour ce faire, s'il veut vraiment contribuer à bonifier les
programmes gouvernementaux au chapitre de l'habitation, il faudra autre chose
que des discours essentiellement sombres, pessimistes et négatifs comme
celui qu'il nous a servi ce matin.
M. Proulx: Bravo!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Merci, M. le Président. Nous étudions ici
des modifications à la Loi sur la Société d'habitation du
Québec. Quand on prend les notes explicatives de la loi, c'est bien
connu dans la pratique constitutionnelle que les notes explicatives d'une loi
ont beaucoup de signification et ont une certaine importance qu'il faut
toujours respecter. Dans le cas qui est devant nous, les notes explicatives
disent que le projet de loi "permet notamment la mise en oeuvre d'un proqramme
d'accession à la propriété".
Subséquemment, j'ai étudié la loi pour au moins y
trouver les mots: Programme d'accession à la propriété. On
ne les trouve nulle part. La loi qui nous est présentée se
compose de deux seuls articles, et le premier article se lit comme suit: "Le
gouvernement peut, dans la mesure et aux conditions qu'il détermine,
autoriser la Société à préparer et à mettre
en oeuvre tout programme permettant à la Société de
rencontrer ses objets."
Ici, M. le Président, on a procédé au moyen de ce
qu'on appelle "a blanket authorization", une autorisation
générale. On demande à l'Assemblée de donner une
autorisation générale, il faut avoir confiance au gouvernement
gui promet de nous soumettre plus tard des projets en détail. Mais il
n'y aura aucune occasion pour les membres de l'Assemblée nationale de
discuter en détail le programme et nous
savons tous que ce programme est très important et que toute la
population attend impatiemment pour en connaître le contenu.
D'ailleurs, il faut que je vous dise, M. le Président, que nous
sommes en faveur du principe d'accessibilité à la
propriété. Il n'y a pas de doute sur ce point. Mais nous sommes
contre l'idée d'accepter une autorisation qénérale et de
nous enlever, à l'Assemblée nationale, le droit de discuter,
d'amender, de suggérer et d'améliorer le programme. Il n'y a
même pas de programme devant nous du tout. Il y a donc un grand danger de
perdre le contrôle, à l'Assemblée nationale, de lois
importantes. Quand le ministre répondra, à un moment
donné: Mais on n'avait pas le temps de procéder autrement, je lui
demanderais: Comment se fait-il qu'il y a beaucoup d'autres lois où on a
détaillé le programme.
Je prends comme exemple la Loi sur la santé et de la
sécurité du travail. C'est une loi de 300 articles tous en
détail, tous spécifiés. Quand le gouvernement nous impose
un impôt, je peux vous assurer que tout est écrit en
détail. La Loi des droits sur les successions, tout est là en
détail, combien il faut payer, le pourcentage. Les impôts, la
même chose. Mais ici, on présente un progamme par lequel on donne
quelque chose à la population et on ne nous donne aucun détail,
pas du tout. Je crois que c'est un danger, un précédent
très dangereux qui peut même aller, au fond, à mettre en
péril le travail de l'Assemblée nationale. D'ailleurs, hier, on a
eu un exemple exactement semblable.
Je me rappelle quand le projet de la loi d'amendement à la
fonction publique a été déposé, on avait aussi des
principes généraux, mais subséquemment, pendant les
études à la commission parlementaire, on a suggéré
des amendements qui ont été acceptés. Moi-même, j'ai
suggéré des amendements pour inclure, par exemple, dans le texte
de la loi, le principe que la ministre voulait avoir comme la protection de
catégories de femmes, de personnes handicapées et de groupes
minoritaires. Elle a accepté et tout le monde était d'accord
là-dessus, des deux côtés, d'inclure justement cela dans la
loi, de sorte que tout le monde sache une fois pour toutes ce qu'on veut. C'est
ce que je reproche au ministre, de ne pas nous avoir présenté le
programme, peut-être pas dans tous ses détails, mais au moins dans
ses grandes lignes. Qu'est-ce qu'on trouve dans la loi? Absolument rien, sauf
la promesse que le gouvernement veut autoriser la société
à procéder avec certains objets.
Donc, je suggère très fortement au ministre, qui est
d'ailleurs ici, de prendre sérieusement cette critique, de faire les
amendements nécessaires et de faire incorporer dans cette loi ce qui,
jusqu'à maintenant, ne constitue que des déclarations
ministérielles. Quand le ministre nous a parlé ce matin des
détails du programme, je crois nécessaire que ce soit
inséré, que tout le monde soit au courant et qu'on puisse en
discuter en connaissance de cause.
En ce qui concerne le proqramme même que le ministre a
mentionné, ce matin, en quelques détails, je n'aurai pas beaucoup
à ajouter parce que le député de Mont-Royal en a
déjà parlé suffisamment longtemps. Cependant, je vous fais
une remarque. Le député de Taschereau a critiqué le
député de Mont-Royal en disant: Vous, M. le député,
vous avez dit que le proqramme est là pour que des femmes donnent
naissance aux enfants. Cette remarque faite par le député de
Taschereau est un peu exaqérée. Ceci n'a pas été
dit. Ce qui a été dit, c'est que le programme, tout de
même, pouvait être considéré comme une sorte de
politique nataliste. D'ailleurs, n'oublions pas que ce programme, ou ce qu'on
en connaît depuis ce matin, vise évidemment les jeunes familles
avec enfants.
M. le Président, je me Dosais la question à savoir
pourquoi on n'avait pas déposé un projet de loi qui, au moins,
révèle les principes de base de ce que sera ce proqramme. On n'a
même pas mentionné les mots "programme d'accession", il n'y a
aucun détail. Est-ce qu'il y a une raison? J'imagine qu'il y a deux
bonnes raisons. Une des raisons est peut-être qu'on n'avait pas le temps,
mais il ne faut tout de même pas oublier que ceci était un
engagement électoral pris au mois d'avril, et je crois que le ministre a
eu suffisamment de temps pour au moins insérer les grands principes de
base dans cette loi. S'il ne l'a pas fait, s'il n'en a pas eu le temps, qu'il
le prenne, parce qu'il est toujours temps de corriger des erreurs.
Une autre raison pour laguelle il ne l'a pas fait, c'est peut-être
que le gouvernement n'a pas de fonds et qu'on veut se réserver le droit
de changer le programme. Peut-être le gouvernement ne veut-il pas
être lié par un texte de loi qui décrit exactement les
détails du proqramme. Peut-être veut-il arriver aujourd'hui avec
l'annonce d'un programme et le changer dans les semaines à venir, on ne
le sait pas. Tout ce que je veux dire, c'est que je crois, comme principe de
base, que le ministre a au moins l'obligation d'amender le texte de la loi de
telle manière que la population et l'Assemblée soient au courant
de ce qu'on nous offre afin de pouvoir critiquer d'une manière positive.
Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre
déléqué à l'Habitation.
M. Guy Tardif (réplique)
M. Tardif: M. le Président, je vais essayer d'être
très bref dans cette réplique
et peut-être me limiter à relever un certain nombre de
choses. Au tout début de la semaine, j'étais à Ottawa,
à la conférence des ministres de l'Habitation des dix provinces
du Canada ainsi que des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, et j'en passe.
Unanimement, les dix ministres des provinces ont émis une
déclaration dont je vais vous lire un seul passage, parce que ça
se réfère au problème réel évoqué par
le député de Mont-Royal, qui est celui des taux
d'intérêt, et je cite: "Les ministres provinciaux ont convenu
à l'unanimité" - pas sept, pas huit provinces dans ce
cas-là, mais dix - "que les taux d'intérêt
élevés constituent de loin la source la plus importante des
problèmes d'accessibilité au logement. Dans cette optique, ils
estiment que le gouvernement fédéral doit revoir les politiques
de fixation des taux d'intérêt de la Banque du Canada et des
banques à charte ainsi que ses propres programmes de logement et qu'il
doit prendre immédiatement des mesures pour atténuer l'effet des
taux qui atteignent des sommets jusque là inégalés."
M. le Président, les provinces, unanimement, ne peuvent pas
toutes se tromper lorsqu'elles disent que nous n'avons pas, nous, les outils,
sur le plan de la politique financière, sur le plan de la politique
bancaire, pour intervenir dans ce domaine-là.
Deuxièmement, M. le Président, tout ce que les provinces
peuvent faire dans notre contexte constitutionnel actuel, c'est d'essayer
d'atténuer les effets d'une absence de politique ou d'une politique
financière qui nous est défavorable. Qu'est-ce qu'on peut faire
pour ça? M. le Président, modestement, comme ministre des
Affaires municipales, j'ai travaillé à la réforme de la
fiscalité municipale. J'ai également introduit, avec mon
collègue du Revenu, le remboursement d'impôts fonciers qui apporte
un certain soulagement. On a parlé du programme Logirente pour les
persones âgées. Maintenant, nous essayons de faire un effort du
côté de l'accession à la propriété pour les
jeunes ménages.
Nous sommes bien conscients, M. le Président, que ce programme
est un jalon important qui, comme l'a dit le député, fait des
choix. En effet, nous avons choisi d'aider certains ménages plus que
d'autres et particulièrement les familles ayant de jeunes enfants. Je
veux bien, quand le député de Mont-Royal nous dit que ça
va mal non seulement au Québec, dans l'ensemble du Canada en partie
à cause des taux d'intérêt, c'est vrai, je suis d'accord
avec lui. Cependant, lorsqu'il nous dit que ça va mal uniquement au
Québec sur certaines choses, je lui dis que c'est faux, et même
dans le domaine de l'habitation, M. le Président.
Je conversais - et les statistiques sont là - avec mes
collègues des autres provinces au début de la semaine à
Ottawa. Les prix qu'ils m'ont mentionnés pour des immeubles, pour des
logements à Edmonton, à Toronto, à Vancouver sont tels que
vraiment on a toutes les raisons de croire que le Québec est un paradis
à côté de ce que l'on connaît à Vancouver.
À Edmonton, une petite maison de 5 pièces 1/2 avec bardeau
d'aluminium, donc rien de particulièrement luxueux, se vend 110 000 $.
On en trouve encore à la périphérie de nos villes pour 40
000 $. C'est presque le triple du prix.
Pour les taux de vacance, le député de Mont-Royal a
cité des chiffres que je ne mettrai même pas en doute: 2%, dit-il,
dans la région de Montréal, 4% dans la région de Hull - je
cite à peu près ces chiffres de mémoire - mais encore une
fois, je l'inviterais à relire l'entête de ces statistiques qui
dit qu'il s'agit de données prises dans les régions
métropolitaines pour des immeubles de 6 appartements et plus.
Or, on le sait, dans la région de Montréal, ce sont des
duplex et des triplex que nous avons en beaucoup plus grand nombre que ces
immeubles. Si bien que toute statistique de taux de vacance qui ne se base que
là-dessus - je ne mets pas en doute ces chiffres - ne peut que nous
donner une image tronguée. Il cite de vrais chiffres, mais qui nous
donnent une image partielle. (15 h 30)
Évidemment, je passerai rapidement sur le fait que le
député de Mont-Royal laisse entendre que si cela va mal au
Québec, c'est depuis 1976. C'est un peu facile. Tout le monde le sait,
l'année 1976 a été une année exceptionnelle sur le
plan de la construction. Quand il parle du montant total des contrats de
construction, il y a les installations olympiques au coût de 1 500 000
000 $ - je n'ai pas interrompu le député de Mont-Royal - qui sont
l'équivalent de 30 000 logements à $50 000 pièce. Donc, il
y a eu une activité économigue sans précédent dans
la région de Montréal, c'est vrai, en 1976, et, c'est vrai, avant
que le député de Mont-Royal ne sorte son crayon pour me corriqer
et vérifier, dans le domaine de l'habitation résidentielle
où on a eu 68 000 logements de livrés cette
année-là.
On pourrait peut-être se poser la question, et je ne sais pas si
le député de Mont-Royal s'est interrogé là-dessus,
savoir pourquoi en 1976 on a eu cette pointe dans la production de loqements.
Il aurait sans doute découvert qu'en 1974 le gouvernement
fédéral avait aboli ce qu'on appelle le MURP - en
français, je ne sais pas ce qu'est l'équivalent du MURP - le
Multiple Unit Rental Program, ou je ne sais quoi, qui était une forme
d'abri fiscal, ainsi que ce qu'on appelle le CCA, le Capital Cost Allowance
-également en anglais - qui est une autre forme d'abri fiscal. Ces abris
qui avaient été éliminés en 1974 ont
été rétablis en 1975, à
peu de mois près, je ne préciserai pas le mois, avec le
résultat qu'il y a eu cette poussée de construction des immeubles
d'appartements, des immeubles locatifs.
Donc, 1976, c'est une année inégalée non seulement
après, mais également avant, sur le plan des statistiques. Donc,
il faudrait quand même qu'on situe les faits dans leur perspective.
D'ailleurs, je vais citer non pas une étude du gouvernement, non pas une
étude du Bureau de la statistique du Québec, mais une
étude de la CIDEM. La CIDEM, c'est cette Commission d'initiative et de
développement économique de Montréal. C'est la ville de
Montréal qui révèle ceci, dans une étude
datée - j'aimerais que le député de Mont-Royal retienne
ceci - du 6 novembre 1980: "Depuis quinze ans, l'économie de
Montréal n'a jamais connu une période aussi active si l'on fait
exception de l'année 1976, celle des Olympiques. L'industrie
privée - c'est toujours CIDEM, dans un document officiel de la ville de
Montréal - la construction, connaît sa meilleure année
depuis 1966, exception faite de 1976 toujours, puisque la valeur des permis de
construction émis au cours des neuf premiers mois de 1980 excède
celle des permis émis au cours des quinze années
précédentes."
M. le Président, il ne faudrait quand même pas qu'on ne
tienne pas compte de ces faits-là.
Quand je vois le député de Notre-Dame-de-Grâce, je
ne peux m'empêcher d'évoquer ce qu'il prétendait
régulièrement en cette Chambre, à savoir la fuite des
sièges sociaux. Ce que je trouve drôle, c'est qu'on m'a
donné un petit papier sur lequel est écrit un chiffre renversant.
En 1976 -c'est censé avoir été la grande année
noire, d'après nos amis d'en face - on dit que le taux de vacance des
immeubles à bureaux à Montréal était de l'ordre de
10%. Si on en croit les chiffres du député de
Notre-Dame-de-Grâce, il y aurait eu une fuite, un exode des sièges
sociaux comme ce n'était pas possible. Si bien que le taux de vacance
des immeubles à bureaux aurait dû croître. Or, en 1980, il
est maintenant de moins de 4%. Donc, il s'est produit de l'activité
économique. Cela explique ces énormes grues, ces flèches,
ces chantiers que l'on voit partout à Montréal
présentement qui ne reflètent pas du tout la situation que nous
décrivait le député de Mont-Royal.
M. le Président, l'Opposition nous dit: Votre programme est
discriminatoire. Je dis que c'est vrai; je ne le nie pas, c'est vrai, c'est
voulu, c'est fait ainsi. Nous avons pris le parti des familles
québécoises. Nous avons décidé de favoriser la
famille. C'est vrai qu'il est discriminatoire aussi puisque nous avons
décidé de favoriser la revitalisation des villes. D'un
côté, le député de Mont-Royal, après nous
avoir dit que ce programme que nous avions mis de l'avant était
discriminatoire, nous dit qu'il devrait y avoir un plafond quant au revenu des
personnes admissibles à ce programme. Donc, il voudrait que le programme
contienne un élément discriminatoire. Alors, je ne comprends
plus. D'une part, il nous dit que notre proqramme est discriminatoire, parce
qu'il ne favorise que les gens ayant des enfants et, d'autre part, comme notre
programme ne contient pas de plafond de revenu et qu'il est universel quant au
revenu des gens, il nous dit, du même souffle, qu'il devrait y avoir des
tranches de revenu et qu'au-delà de certaines tranches on ne puisse y
avoir accès. Ce serait introduire un élément discriminant
à savoir le revenu plutôt que la famille.
J'inviterais le député de Mont-Royal à faire un
petit calcul rapide. Si nous donnons 6000 $ pour l'achat d'une maison
usagée ou 10 000 $ pour l'achat d'une maison neuve, imaginons que la
personne à qui nous donnons cette subvention paie, à la suite de
cette aide, de cette subvention, un loyer de 250 $ alors que sans notre aide
elle paierait un loyer de 340 $, elle a donc subi une diminution dans ses
mensualités - ce couple ou ce ménage - de 90 $, ce qui
représente une réduction de 36% de ses mensualités. Si au
lieu de payer 340 $ par mois à la suite de l'acquisition, grâce au
programme, on n'en paie que 250 $, on paie 90 $ de moins la première
année, soit 36%.
Je prends l'exemple du député de Mont-Royal qui parlait
d'une maison d'une valeur de 60 000 $ - 3000 $ comptant, il reste 57 000 $ -
avec des mensualités de l'ordre de 750 $ par mois. Imaginons que c'est
toujours le même montant qui est alloué à cette personne,
mettons l'équivalent d'une réduction de paiement de 90 $ par
mois, 90 $ par mois sur une mensualité de 750 $, cela représente
une réduction de 12% pour ce ménage.
Donc, le programme contient en lui-même un élément
de progressivité gui fait en sorte qu'il profite plus aux ménages
à faible revenu qu'à ceux qui ont un revenu plus
élevé. Dans ce sens-là, encore une fois, même si ce
n'est pas évident de prime abord, le programme est en effet
discriminatoire, il dénote en effet de notre part un
préjugé en faveur des familles.
Je voudrais aussi corriger - cette fois à l'intention des gens
qui suivent ces débats -une affirmation qu'il a sans doute faite de
bonne foi, mais qui est erronée, soit que les primes versées
à la naissance, aux montants de 2000 $ et de 4000 $, le seraient sur
toute la durée du prêt, c'est-à-dire 25 ans ou 30 ans. Or,
ce n'est pas exact. La prime sera versée l'année même de la
naissance, 2000 $ à la première naissance et 4000 $ pour les
autres, avec le résultat que si ces 2000 $ étaient placés
à 18% d'intérêt, qui
est le taux d'intérêt actuel, ils rapporteraient à
ce couple, au bout de 25 ans, durée du remboursement du prêt, en
intérêt à 360 % par année, plus les 2000 $ initiaux,
un grand total de 11 000 $. Ce n'est donc pas exact de dire que c'est 2000 $ de
versés ou d'étalés sur la durée du prêt. Le
gouvernement va les verser comptant l'année de la naissance. (15 h
40)
M. Ciaccia: Puis-je poser une question?
M. Tardif: Certainement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): À la demande du
député de Mont-Royal sur acceptation du ministre, une
question.
M. Ciaccia: Si je comprends, parce que je voudrais comprendre les
éléments du programme, est-ce que les 2000 $ vont être
donnés comptant à celui qui a acheté la maison ou est-ce
que cela va être une réduction de l'hypothèque?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, ce montant est versé
comptant et nous sommes présentement en négociation avec les
institutions financières, à savoir s'ils seront versés
conjointement, à l'ordre du propriétaire et de l'institution
prêteuse, etc., le mécanisme de cela. Mais le montant sera
versé par le gouvernement au comptant.
M. Ciaccia: Une question additionnelle. Si le montant de 2000 %
est versé comptant et est versé à la compagnie
prêteuse, parce qu'elle a l'hypothèque et elle va réduire
l'hypothèque, n'est-ce pas l'équivalent de donner 2000 $ sur une
base de 25 ans? Elle va seulement réduire l'hypothèque. C'est la
compagnie prêteuse qui va prendre l'argent.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, c'est une des raisons pour
lesquelles, malgré les demandes répétées, en vertu
de l'article 34, du député de Mont-Royal, je n'ai pas voulu
entrer dans la plomberie jusqu'à maintenant. L'objectif, c'est de faire
bénéficier les ménages de ces 2000 $. Nous sommes
présentement en pourparlers avec les institutions financières.
Nous entamons des pourparlers avec l'Association des constructeurs
d'habitations du Québec et ce sont là des modalités qu'il
faut ajuster. Le montant sera versé par le gouvernement. Sans aucun
doute, il sera versé totalement l'année de la naissance. Est-ce
qu'il sera versé à l'institution, de sorte que le montant
emprunté, mettons de 40 000 $, tombe, à 38 000 $ et qu'on rajuste
le tout de façon peut-être un peu compliquée, mais
mécanographiée, car on sait aujourd'hui que les taux
d'intérêt se calculent par ordinateur sur une base quotidienne?
Comment se fera l'opération? Ce sont là des questions de
détail, que les gens gui s'affairent sur le programme avec le milieu
notamment des institutions financières vont devoir régler.
Or, M. le Président, le dernier point et je voudrais terminer
là-dessus, c'est que je vais mettre tout en oeuvre pour que le
rèqlement, en l'occurrence, soit livré le plus rapidement
possible. D'abord, évidemment, parce que l'industrie de la construction
le demande avec beaucoup d'attente, dans la conjoncture actuelle, aussi parce
que, pour beaucoup de jeunes ménages, beaucoup de ménages, il y a
tout ce marché des maisons usagées. Le député de
Mont-Royal nous dit: Oui, 20 000 $, c'est un peu difficile de trouver un
logement à ce prix. À l'heure du lunch, j'ai fait un
relevé rapide et découvert des gens qui avaient acheté une
maison de quatre logements au coût de 75 000 $. Quatre logements au
coût de 75 000 $, M. le Président, cela ne fait pas 20 000 $ par
loqement. Une étude de George Matthews de l'INRS - Urbanisation,
publiée dans le journal Le Soleil du vendredi 3 avril, disait ceci: "II
y a à Montréal plus de 250 000 logements en duplex et en triplex,
dont la majorité se trouve dans les guartiers populaires. Les
propriétaires occupant un duplex ont un revenu moyen inférieur
à celui des propriétaires de maisons et les familles locataires
ont un revenu inférieur à celui des propriétaires des
duplex. "Considérant le fait qu'un famille ayant un revenu de 10 000 %
pourrait acheter avec un tel programme un duplex de 30 000 $ ou de 35 000 $ il
est clair que le programme du Parti guébécois vise presque toutes
les jeunes familles locataires."
M. le Président, c'est une réalité, l'existence de
ces logements dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve de ma collègue,
dans le comté de Dorion, et même dans le comté de
Sainte-Anne, le comté du député qui est intervenu
tantôt, dans un tas de nos comtés montréalais, plateau
Mont-Royal, comté de Mercier notamment, où l'on retrouve
abondamment de ces bons et grands logements. Il suffit de se promener sur la
rue Saint-Denis à Montréal pour voir ces maisons à trois
étages dont on apprend à aimer de plus en plus l'architecture, le
confort et le caractère spacieux, M. le Président, pour se rendre
compte qu'il y a là un patrimoine très riche qui n'attend
qu'à devenir la propriété de ceux qui l'habitent depuis
des années.
M. le Président, je compte mettre tout en oeuvre pour
déposer le plus rapidement possible la réglementation. Je parlais
tantôt
de la conférence des ministres de l'Habitation. Cela faisait 27
mois qu'on n'avait pas eu de telle rencontre avec notre homologue
fédéral, disaient les ministres des diverses provinces. Cela a
pris sept mois au gouvernement fédéral, après son discours
du budget, pour sortir son programme de conversion des systèmes de
chauffage à l'huile en systèmes au gaz ou électrique. M.
le Président, moins de sept semaines après notre engagement, je
dépose un projet de loi et je compte, d'ici quatre semaines, remettre
à l'Assemblée, en commission, la réglementation qui
viendra, je l'espère, répondre aux questions du
député de Mont-Royal, de l'Opposition et de tous les
Québécois.
Je pense que ce n'est pas beaucoup pour attacher tous les fils, pour
faire en sorte qu'on ait un programme qui se tienne. Là-dessus, M. le
Président, je voudrais tout simplement, en terminant, dire que j'ai
reçu ce matin un télégramme de l'Association des
constructeurs d'habitation du Québec qui nous disait ceci: "Nous sommes
informés que les projets de loi no 1 et 7 inscrits au présent
feuilleton de la Chambre seront appelés ce jour même pour
étude en deuxième lecture. L'APCHQ prie le gouvernement d'adopter
dans le plus bref délai les deux projets de loi, particulièrement
le projet de loi no 1, permettant notamment la mise en vigueur d'un programme
d'accession à la propriété. D'autre part, au cours des
prochains jours, alors qu'on procédera à l'élaboration de
la réglementation, nous maintenons nos représentations afin que
l'APCHQ soit consultée. "M. le Président, je pourrais continuer
la lecture du télégramme. Je pense qu'on nous demande
d'être consulté; c'est normal. C'est ce a quoi je vais m'employer
au cours des trois ou quatre semaines qui viendront. Je peux assurer
l'Opposition que toutes les remarques, toutes les suggestions, tous les
commentaires et toutes les critiques qui viseront à bonifier et à
améliorer le programme seront bienvenus, puisque ce programme n'est pas
fait pour nous ni pour vous de l'Opposition. Il est fait pour l'ensemble des
familles québécoises, et c'est ensemble, je pense, que nous
devons y travailler, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette deuxième
lecture du projet de loi no 1, Loi modifiant la Loi sur la
Société d'habitation du Québec est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de
l'habitation et de la protection
du consommateur
M. Charron: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit déféré à la commission de l'habitation et
de la protection du consommateur.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je vous prierais d'appeler
l'article 6) du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi no 7 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture du
projet de loi no 7, Loi sur le ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur. M. le ministre.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, j'ai l'honneur, dans la
même journée, de déposer deux projets de loi importants. Le
premier que nous venons d'adopter en deuxième lecture avait trait
à l'accession à la propriété. Le deuxième
vise à créer un ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur.
Il s'agit là, M. le Président, de l'aboutissement d'une
réflexion qui se fait depuis longtemps dans notre société
et au gouvernement; ce n'est donc pas un geste prématuré. On a
souvent parlé de la création d'un ministère de
l'Habitation et d'un ministère de la Consommation, de deux
ministères totalement distincts. Je rappellerai brièvement les
raisons qui motivent la création d'un tel ministère, tant de
l'Habitation que de la Protection du consommateur et les liens qui, selon moi,
M. le Président, existent entre les deux séries de
préoccupations qu'en découlent. (15 h 50)
II y a présentement, M. le Président, croyez-le ou non,
environ 41 organismes fédéraux ou provinciaux qui interviennent
directement ou indirectement dans le domaine de l'habitation. Il y a 1580
municipalités dotées de pouvoirs réglementaires dans ce
domaine. Il y a guelques dizaines de corps intermédiaires, associations
professionnelles, syndicats, groupes de pression. Il y a entre 1000 et 2000
promoteurs d'importance variable. On retrouve entre 30 000 et 50 000 ouvriers
de la construction. On retrouve entre 100 000 et 200 000 propriétaires
de logements locatifs et plus de 6000 intermédiaires de
toutes sortes en plus de quelques dizaines de financiers institutionnels
et de multiples gérants de caisse et de succursale. On retrouve dans
notre parc immobilier tout près d'un million de ménages
propriétaires et un autre million de ménages locataires.
C'est donc dire que le domaine de l'habitation est vaste, qu'il englobe
une multitude d'intervenants non nécessairement coordonnés ni
reliés entre eux, du moins structurellement. Ce nombre d'intervenants et
l'ampleur des conséquences économiques et sociales, que
soulignait, ce matin, d'ailleurs, le député de Mont-Royal, et les
gestes que chacun d'eux pose quotidiennement, militent pour la mise sur pied
d'un type de structure de coordination que peut assurer un ministère.
Rien entendu, cette fonction de coordination devra commencer à
l'interne, c'est-à-dire assurer une meilleure coordination des actions
au niveau gouvernemental.
Une première étape en ce sens fut d'ailleurs de regrouper
dès maintenant - on le verra dans le projet de loi - trois organismes
dont l'impact en matière d'habitation est évident. Il s'agit de
la Société d'habitation du Québec, de la Régie des
entreprises en construction et de la Régie du logement. Ces trois
organismes, chacun à sa manière, interviennent dans le domaine de
l'habitation soit au niveau de la production, soit au niveau de la qestion du
stock de logements. En effet, assurer une offre de logements suffisante en
quantité et en qualité pour correspondre aux besoins et maintenir
les prix à un niveau accessible à la majorité,
contrôler les démolitions et les changements d'affectation,
voilà divers volets à l'intérieur d'une stratégie
globale d'habitation. Les actions et les décisions de ces organismes
influent à des degrés divers sur ces composantes d'une politique
d'habitation. Il convenait donc de les réunir à
l'intérieur d'un même ministère. Ce qeste permettra une
meilleure efficacité des interventions gouvernementales dans le domaine
de l'habitation, sans modifier les mandats respectifs et nécessaires de
chacun de ces organismes gui existent en vertu de leur loi propre et qui ont
leur finalité propre.
Tout en assurant cette coordination, il nous faudra préparer une
politique d'habitation qui réponde aux besoins des
Québécois. Malgré la multiplicité des organismes
que j'ai évoqués tantôt et qui interviennent dans le
domaine de l'habitation, il nous faut bien reconnaître qu'aucun d'eux, en
raison de sa structure et de son mandat, n'assume complètement cette
tâche de conception et de suivi. De par sa position au sein même du
gouvernement, un ministère pourra être la charnière de
l'ensemble des apports tant au niveau de la recherche que des études et
de l'expertise des différents intervenants. C'est là que doit se
préciser une politique globale.
II ne s'agit donc pas d'un ministère qui prendrait à sa
charge des programmes ou des opérations gui sont déjà la
responsabilité d'organismes gouvernementaux, des municipalités ou
encore de groupes totalement extérieurs au gouvernement.
Il s'agit plutôt d'une structure réduite responsable de la
consultation, de la concertation afin de concevoir une politique de
l'habitation qui réponde aux vrais besoins des Québécois
et d'en assurer la mise à jour constante.
L'article 8 du projet de loi no 7, gui décrit les fonctions et
pouvoirs du ministre, rend, par l'emploi même des verbes tels:
promouvoir, favoriser, stimuler, établir en collaboration, l'image
même du ministère que j'aurai l'honneur et la
responsabilité de diriger.
En ce qui concerne la protection du consommateur, on sentait, depuis
quelques temps, le besoin de dissocier deux vocations totalement distinctes du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières. Je suis persuadé qu'il a pu paraître
très difficile à certains moments au titulaire de ce
ministère de concilier la défense des intérêts des
consommateurs et ceux des institutions financières. Si ces
intérêts ne sont pas diverqents, ils sont à tout le moins
fort différents. Mes ex-collèques et mes collègues, qui
ont été titulaires de ce ministère des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières,
ont eu l'occasion à quelques reprises de souligner que le moment
était venu de scinder ce ministère de manière à
mieux assurer ses deux vocations.
Bien sûr, M. le Président, il existe au sein du
gouvernement plusieurs programmes et lois qui ont pour but, sinon totalement
tout au moins partiellement, de protéqer le consommateur. Il importait
cependant de désigner le ministre délégué à
la Protection du consommateur responsable de préparer et de proposer au
gouvernement des politiques d'ensemble dans le domaine de la protection du
consommateur et ainsi assurer la cohérence nécessaire entre les
diverses interventions gouvernementales.
Un premier pas en ce sens est franchi par ce projet de loi en
désignant le ministre déléqué à l'Habitation
et à la Protection du consommateur comme responsable, dorénavant,
de l'application de la Loi sur les agences de voyages, l'objet de cette loi
étant analogue à celui de la Loi sur la protection du
consommateur et n'ayant rien à faire avec la promotion touristique.
L'inventaire et l'analyse des lois et programmes gouvernementaux nous
amèneront à plus long terme à coordonner et regrouper les
interventions en matière de protection du consommateur. Il va de soi que
l'Office de
la protection du consommateur demeurera le maître d'oeuvre de
l'exécution des politiques élaborées sous la
responsabilité du ministre. L'Office s'est jusqu'ici très bien
acquitté des mandats qui lui ont été confiés et je
suis assuré que cela continuera.
Compte tenu qu'il fallait à la fois scinder le ministère
des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières et
créer un ministère de l'Habitation, il a paru logique qu'un seul
interlocuteur soit responsable de ces dossiers, car à maints
égards ils sont reliés.
En effet, M. le Président, parmi les dépenses de
consommation courante des familles urbaines, et on en a parlé
tantôt à l'occasion de l'étude du projet de loi no 1, le
logement compte pour plus de 20.0%, soit à peu près le même
pourcentage que l'alimentation. C'est dire qu'il s'agit là d'une part
importante des dépenses des familles. Les activités de la
Régie du logement, par exemple, bien qu'il ne s'agisse pas là de
l'essentiel de son mandat, ont des implications en termes de protection du
consommateur. On songe ici à certains recours, tels le
dépôt du loyer, le maintien dans les lieux, qui protège
l'individu dans la consommation d'un bien essentiel. On songe également
au bail type, au code d'habitabilité ainsi qu'aux garanties au niveau du
contrat.
Tous ces éléments sont là pour assurer la
qualité du produit. Il en est de même des activités de la
Réqie des entreprises de construction dont un des effets les plus
remarquables est sans doute d'améliorer la qualification professionnelle
des entrepreneurs et, éventuellement, de l'habitation offerte au
consommateur. La régie, en contrôlant le niveau de
compétence et la solvabilité des entrepreneurs, assure en
même temps une plus grande protection au consommateur. (16 heures)
M. le Président, en guise de conclusion, la création d'un
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur constitue
présentement la solution optimale qui s'offrait à nous en vue de
clarifier et de coordonner ces domaines d'activité. Ce ministère
est désiré par la plupart des intervenants, tant du domaine de
l'habitation que de la consommation. Il aura un rôle de coordination et
de planification, laissant encore une fois aux différents agents la
possibilité de s'impliquer davantaqe et d'être consultés de
manière plus suivie.
De plus, une des premières tâches gui se présentera
à son responsable sera l'élaboration d'une politique d'ensemble
pour l'habitation et la coordination des interventions diverses des organismes
qui seront sous sa responsabilité.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci.
M. le député de Mont-Royal. M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
M. le Président, par ce projet de loi, le gouvernement veut
créer un ministère de l'Habitation et un ministère de la
Protection du consommateur, tout cela sous la même administration, dans
le même ministère. Cependant, je crois que le ministre ne nous a
pas vraiment expliqué pourquoi ces deux fonctions devraient être
dans le même ministère. On est d'accord que le problème de
l'habitation est un vaste problème. Il implique une série
d'orqanismes et c'est un problème assez important pour l'ensemble de la
population. Nous aurions pensé que cela aurait été
préférable de créer le ministère de l'Habitation
strictement pour s'occuper de tous les problèmes qui peuvent survenir
dans ce domaine. Ruant à prendre la protection du consommateur et
à l'enlever au ministère des Institutions financières,
soit. Si le gouvernement le fait pour des fins administratives et qu'il le juge
utile pour ses propres fins, on ne nous donne vraiment pas des raisons
valables. Je dirais même que la question de la protection du consommateur
est plus reliée au ministère des Institutions financières,
parce qu'on y touche, par exemple, les contrats, on touche un plus qrand nombre
de consommateurs dans tous les domaines. L'habitation se restreint à un
certain domaine.
Je ne dis pas que les gens gui utilisent les services qui sont sous le
domaine de l'habitation n'ont pas besoin d'une certaine protection. Mais il y a
des organismes pour le faire et le danger que j'y vois, c'est que le ministre,
entre les deux tâches, l'habitation et la protection du consommateur,
puisse en négliger un aux dépens de l'autre. La preuve même
est dans la rédaction du projet de loi. Le ministre s'est
référé à l'article 8. Si nous regardons la
rédaction de cet article, nous voyons que les fonctions et pouvoirs du
ministre se réfèrent seulement aux travaux du domaine de
l'habitation. Nous voyons déjà le problème qui peut
survenir. Toutes les responsabilités du ministre dans l'article 8, qui
définit ces responsabilités, traitent seulement de l'habitation.
Si la protection du consommateur est importante, pourquoi, même dans la
rédaction du projet de loi, ne s'est-on même pas
référé à cette responsabilité dans les
pouvoirs qu'on a conférés au ministre.
Déjà, nous voyons un problème dans la
répartition des tâches. L'habitation, je suis d'accord, il n'y a
aucun doute, c'est un problème majeur et je pense que cela aurait pris
vraiment un ministre à plein temps pour s'occuper de ce seul
domaine.
M. le Président, je voudrais maintenant
soulever certains problèmes auxquels le ministre s'est
référé et qui me viennent à l'esprit avec ce projet
de loi. Premièrement, le ministre a parlé de la coordination de
certains organismes du gouvernement. Vous avez parlé de la
Société d'habitation du Québec. Nous avons pris
connaissance du rapport du Vérificateur général du
Québec concernant les activités de la Société
d'habitation du Québec et c'est très intéressant - nous
voulons demander au ministre les mesures qu'il va prendre - de voir les
conclusions du Vérificateur général. Il dit: "Dans
l'ensemble, nous sommes d'opinion que le système de contrôle a
été faible... Il n'a pas non plus toujours été
exercé adéquatement puisque, dans plusieurs cas, les avenants aux
contrats ont été signés par la société
après le début ou même la fin des travaux." Alors, il
souligne un certain problème qui a existé dans les
activités de la Société d'habitation du Québec. Il
continue: "La société aurait alors dû s'assurer de
contrôles financiers efficaces chez le coordonnateur, ce gui n'a pas
été fait." Plus loin, je cite: "Le coordonnateur et son
employé, le contrôleur, n'ont pas rempli ce rôle
adéguatement."
M. le Président, ce rapport du Vérificateur
général est une condamnation de la Société
d'habitation du Québec dont le ministre était responsable et dont
il va continuer à être responsable dans le présent projet
de loi.
L'autre aspect que je voudrais soulever, c'est la guestion de la
Régie du logement, et deux problèmes en particulier.
Premièrement, la question du jugement de la Cour suprême guant
à une régie semblable dans la province d'Ontario. Cela a
suscité beaucoup de commentaires soit de la part des locataires, soit de
la part des propriétaires... Il y a même des propriétaires
gui sont maintenant partis en guerre contre la constitutionnalité de la
régie, contre ses décisions et contre tout le fonctionnement de
cet organisme du gouvernement. Il y a un aspect du juqement qu'il ne faut pas
oublier, M. le Président, et j'attire l'attention du ministre sur cette
partie du jugement parce que c'est important pour rassurer la population quant
. aux obligations entre locateur et locataire. Il ne faut pas créer de
confusion, créer la possibilité de dire: On ne saura pas ce que
seront les relations, les responsabilités entre locataire et locateur.
Le jugement dit clairement que la question des obliqations et des droits entre
locataire et locateur est clairement la responsabilité de la province.
Autrement dit, c'est le Québec qui a juridiction pour déterminer
quels sont les droits du propriétaire et quels sont les droits du
locataire.
La seule question qui est mise en litige et qui a été
déclarée inconstitutionnelle, c'est le fait d'accorder à
la régie le droit décisionnel plutôt que de le donner
à la Cour supérieure. Je voudrais que le ministre assure à
la population qu'il n'y aura pas une sorte d'anarchie dans les relations entre
locataires et locateurs. Il y a la responsabilité claire et
orécise, de la part du gouvernement du Québec, de statuer sur ses
obligations. Si on situe la vraie portée du jugement, je pense que cela
peut sécuriser les locataires et cela peut aussi calmer et tranquilliser
les propriétaires. Je pense que c'est quelque chose qui devrait
être mentionné par le ministre pour que les qens ne partent pas en
peur et pour qu'il n'y ait pas de conflits qui ne sont pas vraiment
nécessaires entre les locataires et les propriétaires, mais qu'il
y ait plutôt une conciliation, une façon de négocier
à l'amiable et de s'entendre sans ce conflit gui peut être
tiré hors contexte. C'est le premier problème que je voulais
soulever. (16 h 101
L'autre problème que je voudrais soulever se rapporte à la
guestion de la conversion de logements en condominiums. J'ai déjà
soulevé en Chambre, à l'Assemblée nationale, la guestion
de certaines pratiques par lesquelles on peut contourner la loi actuelle. La
loi 107 prévoit qu'on peut convertir un loqement en condominium, sujet
à l'approbation de la régie, mais la régie ne le fera pas
avant de considérer les critères prescrits par le
règlement. La régie ne peut accorder l'autorisation avant
l'entrée en vigueur du rèqlement. Le règlement peut
imposer des conditions que la régie estime justes et raisonnables.
Le ministre, à la suite d'une guestion que je lui avais
posée, s'était enqaqé à déposer et à
faire adopter à l'Assemblée nationale les mesures
nécessaires afin que ceux qui contournent la loi... Autrement dit, dans
un immeuble à logements, plutôt que de procéder à la
conversion en condominiums, ils utilisent le concept de la
propriété indivise et les locataires sont menacés
d'être expulsés. Le député de Taschereau peut bien
essayer d'accuser les spéculateurs, etc., mais le fait est que si la loi
permet certaines pratiques les gens vont s'en servir. Plutôt que de
commencer à porter des accusations contre Pierre, Jean, Jacgues, qu'il
s'occupe donc de ses responsabilités, qu'il aide le ministre à
rédiger et présenter l'amendement nécessaire pour mettre
fin à cette pratique et pour protéger les locataires.
C'est le cas de la rue Bernard, à Outremont. Les gens sont
très inguiets. Il y a des personnes âgées dans ces
édifices et une personne, en particulier, a porté à mon
attention que ça fait trente ans qu'elle est dans cet édifice et
elle n'a pas les moyens d'y rester. Elle s'est fait dire que ça
coûte 50 000 $; on lui a dit que si elle ne pouvait pas payer les 50 000
$, on lui ferait une réduction de 10% parce que ça fait
trente
ans qu'elle est là, mais si elle ne peut pas acheter son
appartement, elle sera expulsée.
Il y a une pénurie de logements, malgré ce que le ministre
a dit, à savoir que la statistique de 2% s'applique seulement sur les
édifices de six appartements et plus; le fait est que dans les
édifices de moins de six appartements, c'est pire encore. Il n'y a pas
d'appartement libre. Dans les duplex et les triplex, le taux des logements
vacants est encore moindre. Le taux des logements vacants est plus
élevé dans les édifices plus grands. Le problème
est encore plus sévère.
Dans sa réplique, le ministre pourrait nous dire quand il a
l'intention de déposer en cette Chambre les amendements
nécessaires ou la documentation nécessaire afin que les
locataires, qui se trouvent présentement sous une menace d'expulsion
s'ils n'achètent pas leur appartement, soient protégés
jusqu'à ce que les règlements, qui doivent s'appliquer à
la conversion d'un condominium, s'appliquent aussi à la
propriété indivise dans les cas particuliers que j'ai
portés à l'attention du ministre.
Il semble y avoir une nouvelle tactique de la part du gouvernement, des
ministériels. Chaque fois qu'on se lève en cette Assemblée
pour porter à l'attention du gouvernement certains faits qui demandent
une amélioration, on se fait accuser de brosser un portrait sombre de la
situation. On est des pessimistes, on est négatifs, tout va mal au
Québec. Pourtant, ce n'est pas ce que j'ai dit ce matin, que tout allait
mal au Québec. Mais quand le nombre de logements tombe de 68 000
à 29 000 , je ne suis pas pour dire: Bravo! Le secteur de la
construction ne fonctionne pas, bravo! C'est bien! Est-ce cela que vous voulez
que je fasse? Quand on a moins que le pourcentage du reste du Canada dans le
domaine de la construction, voulez-vous que j'applaudisse le gouvernement? Cela
n'a rien à voir avec la question que tout va mal au Québec. Non,
dans certains endroits, ça va bien, spécialement aux endroits
où le gouvernement s'est le moins impliqué. Sur certains plans,
ça va, mais dans le domaine de la construction les gens se
plaignent.
Le télégramme que vous avez reçu ce matin - on est
entièrement d'accord et j'ai dit que nous allons appuyer le projet de
loi no 1 - c'est parce que l'Association des entrepreneurs constate que chaque
année ses membres ont de moins en moins de travail. Le nombre de
constructions est réduit alors, naturellement, toute mesure, même
les mesures inadéquates que vous nous présentez dans le projet de
loi no 1 et qui ne répondent pas vraiment aux objectifs, elle va les
favoriser. Chaque petite aide est mieux que rien, mais c'est parce que ce sont
des cris de gens désespérés. Ils ont besoin d'aide, ils
ont besoin que le gouvernement se penche sur ces problèmes. Si nous le
portons à l'attention du gouvernement et de la population, ce n'est pas
parce que nous voulons être pessimistes, ce n'est pas parce que nous
voulons être négatifs, c'est parce que nous voulons que le
gouvernement apporte les mesures nécessaires pour y remédier.
Est-ce que c'est clair?
Ce n'est pas la première fois que j'observe cette tactique. Je
l'ai vue avec le ministre d'État au Développement
économique vis-à-vis de mon collèque de
Notre-Dame-de-Grâce. Nous apportons certains faits à l'attention
du gouvernement, mais c'est votre tactique et elle est voulue. Vous êtes
les maîtres de la propagande. Vous le savez. Je peux vous montrer le
feuillet. On peut en parler un peu. Plutôt que de répondre, c'est
bien plus facile de nous accuser d'être négatifs et de nous
accuser de vouloir tous les maux pour le Québec. Ce n'est pas vrai, nous
sommes intéressés autant que le gouvernement à trouver des
solutions.
Quant à moi, je ne crois pas que mon rôle dans l'Opposition
soit de m'opposer systématiquement à tout ce que le gouvernement
dit. Non, quand vous allez présenter quelque chose de valable et
d'avantageux pour toute la population, selon notre opinion et notre
façon de voir les choses, notre concept de la société
guébécoise et canadienne, nous allons vous approuver. Mais quand
vous allez dans le sens contraire à cela, quand nous croyons que c'est
à l'encontre des intérêts de la population, nous devons
vous dénoncer, malgré les tactiques que vous utilisez.
M. le Président, nous ne sommes pas entièrement d'accord
avec la façon de procéder, en incluant dans le même
ministère la protection du consommateur et le domaine de l'habitation,
car nous croyons que cela aurait été plus efficace d'avoir un
ministère de l'Habitation strictement avec la responsabilité dans
ce domaine. Le ministre aurait pu passer tout son temps sur cet aspect
très crucial pour notre économie. Mais, si le gouvernement le
voit de cette façon, c'est à lui d'en prendre la
responsabilité. Il veut mettre la protection du consommateur avec
l'habitation, c'est à lui de prendre ses responsabilités. Nous
n'allons pas empêcher ou voter contre, parce que c'est une
décision administrative, mais je peux vous assurez que nous allons
suivre de près les deux aspects de ce ministère. Je peux vous
assurer qu'en commission parlementaire sur l'étude du projet de loi
article par article, nous avons l'intention d'apporter les amendements à
votre article 8 afin que le ministre ait non seulement des
responsabilités dans le domaine de l'habitation, mais qu'il ait aussi
des pouvoirs et des responsabilités dans le domaine de la protection du
consommateur, ce qui n'existe pas dans l'article 8 actuel, de la façon
qu'il est rédigé.
M. le Président, nous allons appuyer le projet de loi et nous
allons travailler de notre mieux pour essayer de le bonifier afin que le
ministre puisse assumer ses responsabilités envers la population.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
faire une longue intervention puisque, comme on s'en rend compte des deux
côtés de la Chambre, on est d'accord sur le fond du projet de loi.
Même si on n'est pas d'accord sur certains détails du projet de
loi, on est d'accord sur la création du ministère regroupant
l'habitation et la protection du consommateur. Je ne vois pas pourquoi on
allongerait inutilement nos discussions, étant donné qu'on a tous
eu une semaine très chargée. Les commissions parlementaires
continuent de siéger. Il me semble qu'on pourrait cependant faire
ressortir deux des éléments qui me semblent essentiels dans cette
loi et qui apportent du nouveau. (16 h 20)
M. le Président, si on regarde le fonctionnement dans le
passé au niveau de la protection du consommateur, lors du dernier mandat
de 1976 à 1980, on a voté une nouvelle Loi sur la protection du
consommateur qui a tenté de regrouper au maximum tous les
éléments de protection du consommateur qui étaient
dispersés autrefois dans plusieurs ministères. Par ailleurs, on
se rend compte encore aujourd'hui qu'un certain nombre de choses ont
échappé à la Loi sur la protection du consommateur qui est
régie, qui est appliquée actuellement par l'Office de la
protection du consommateur, un office autonome, dont les pouvoirs du conseil
d'administration et du président directeur général sont
définis dans la loi. Un certain nombre de domaines demeurent la
préoccupation d'un ministère et il me semble qu'en officialisant
la création d'un ministère spécialisé dans
l'habitation et dans la protection du consommateur, on pourra aussi en profiter
pour récupérer à l'intérieur des autres
ministères les champs d'activité qui devraient normalement
être couverts par la protection du consommateur.
Je vous donne comme exemple, M. le Président, toute la question
des professionnels, qui sont encore la responsabilité d'un autre
ministère, alors que, dans ce domaine, il y a aussi un aspect de la
protection du consommateur qu'on devrait couvrir. Lorsqu'on a voté la
Loi sur la protection du consommateur, on n'a pas non plus couvert un champ
important de l'activité des consommateurs, c'est-à-dire tout le
domaine de l'immobilier, tout le domaine de l'habitation, avec tout ce qui s'y
rattache, et on peut se surprendre que la Loi sur la protection du consommateur
n'ait pas couvert ce domaine particulier, lorsqu'on sait que déjà
deux projets de loi avaient été présentés dans ce
sens auparavant et qu'un comité de travail a siégé pendant
près d'un an et demi pour accoucher de propositions visant à
protéger les consommateurs dans le domaine de l'habitation.
La création ou la jonction de deux champs d'activité,
l'habitation et la protection du consommateur, va permettre sûrement au
ministre responsable de ce ministère de légiférer enfin
sur la question de l'immobilier. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas prêt,
M. le Président. Cela fait au moins quinze ans qu'ici, à
l'Assemblée nationale, des projets de loi sont déposés et
par la suite retirés. On ne s'est jamais rendu au bout de la
démarche de légiférer sur la question de l'immobilier. Et
quand on pense, M. le Président, que, pour le consommateur, pour le
citoyen, la question du logement avec, par exemple, la nourriture, ce sont les
deux pôles qui vont chercher le plus d'argent dans notre poche au bout
d'un mois ou dans notre budget mensuel, c'est un élément de
consommation et il est normal qu'on rattache ces deux aspects de la protection
du consommateur et de la question de l'habitation.
Pour ce qui est de la partie habitation dans le ministère, je
dois souligner que j'ai l'impression que le ministère sera utile,
particulièrement pour les gens de la région de Montréal,
parce que les problèmes d'habitation à Montréal n'ont pas
encore été suffisamment réglés et pour plusieurs
raisons: parce que plusieurs intervenants se préoccupent de la question
de l'habitation, parce que plusieurs niveaux de gouvernement sont responsables
de légiférer.
Par ailleurs, ce dont on se rend compte, c'est que le
fédéral se retire de plus en plus des projets d'habitation qu'il
gérait dans le passé; il les vend, par exemple, à des
sociétés sans but lucratif qui, par la suite, les administrent,
mais, un jour ou l'autre, ce champ d'activité qui est peu à peu
abandonné par le fédéral devra être comblé et
la création d'un ministère de l'Habitation va permettre au
ministre responsable de justement remplir ce vide qui est fait actuellement par
le départ du fédéral de certains projets et il va surtout
permettre d'assurer une coordination qui, dans ce domaine, n'a jamais
existé.
Bien sûr, M. le Président, des efforts ont
été faits pour qu'un minimum de concertation se réalise,
mais jamais avec l'autorité d'un ministre responsable. Il me semble que
ces deux aspects devraient nous permettre de nous mettre rapidement d'accord
sur la nécessité de créer un ministère tel qu'il
nous est proposé, c'est-à-
dire en faisant la jonction entre habitation et protection du
consommateur.
En terminant, M. le Président, je voudrais souligner qu'une des
premières tâches que le ministre responsable aura probablement
à réaliser, c'est de se pencher de nouveau sur toute la question
de la Régie du logement, non seulement dans son orientation, mais
surtout dans son fonctionnement parce que, particulièrement pour les
Montréalais - je ne sais pas si le problème existe aussi en
région - on est placé actuellement devant des difficultés
de fonctionnement au niveau de la Régie du logement, ce qui lui donne
sûrement moins de crédibilité que celle qu'on aurait pu
envisager au moment où on a révisé la loi de la
Régie du loqement.
Je souhaiterais aussi, M. le Président, que le ministre
responsable du ministère qu'on crée par cette loi 7 fasse des
efforts pour tenter d'introduire certaines formules nouvelles qui existent dans
d'autres pays et qui visent à faire de la question du loqement une
négociation comme il peut en exister dans d'autres domaines, avec des
mécanismes qui permettent à la fois à des
représentants de propriétaires et à des
représentants de locataires de s'entendre sur un minimum à
respecter. Si on arrivait à une formule comme celle-là, à
une négociation officielle, avec des règles encadrées, il
me semble que, par la suite, l'application concrète, ou le rapport
direct entre un propriétaire et son locataire serait beaucoup
facilité et, par voie de conséquence, la Régie du
logement, qui est appelée à statuer sur les cas litigieux, serait
moins engorgée par de nombreuses demandes et pourrait jouer un
rôle plus efficace.
Je souhaite, M. le Président, qu'on passe le moins de temps
possible, ici à l'Assemblée nationale, à se dire d'accord
et qu'on se rende le plus rapidement possible en commission parlementaire pour
examiner la loi article par article afin de l'adopter pour, enfin, nous donner
les outils nécessaires pour protéger l'ensemble des citoyens et
des citoyennes du Québec. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Il est
évident que nous, de l'Opposition, sommes d'accord sur la
création d'un ministère de l'Habitation au Québec. On se
souviendra qu'en novembre dernier, lors de l'élection partielle dans
Mégantic-Compton, j'avais suggéré au Parti libéral
d'inclure dans son proqramme la création d'un ministère de
l'Habitation. À ce moment-là, mon adversaire péquiste
m'avait critiqué en disant que ce ministère créerait des
frais supplémentaires, plus de bureaucratie. Je suis quand même
heureux de voir que le Parti québécois est revenu sur sa
décision et qu'il veut créer un ministère de
l'Habitation.
Il est urgent de créer un ministère de l'Habitation au
Québec dont la principale préoccupation devra être
d'assurer des conditions convenables d'habitation pour tous les
Québécois. Ceci suppose l'implantation d'une politique qlobale
d'habitation qui aurait pour effet et comme principal objectif de favoriser
l'accession à la propriété pour le plus qrand nombre de
Québécois possible. Mais ce n'est pas tout de créer un
ministère de l'Habitation, il faut que ce ministère ait une
certaine transparence. Il ne faut pas que ce ministère de l'Habitation
devienne ce qu'est la Société d'habitation du Québec.
Il faut aussi que le ministre qui en sera responsable fasse des
pressions auprès de l'Office de la protection du territoire aqricole
afin de faire dézoner des terres incultes, des terres non cultivables,
ce qui pourrait, encore une fois, faciliter l'accès à la
propriété. Il faudra aussi que le problème de l'OCQ, qui
interdit à nos apprentis menuisiers, plombiers, électriciens, le
droit de travailler dans le domaine de la construction, soit résolu une
fois pour toutes. Il ne sert à rien de dire: Nous, au Québec,
avons un ministère de l'Habitation, si toutes les politiques
cohérentes dans ce domaine ne font pas front commun. Pour atteindre ces
objectifs, divers buts immédiats doivent être atteints. Le plus
important consiste en l'élimination de toutes les contraintes inutiles
en vue de minimiser les coûts de production. (16 h 30)
Enfin, le ministère devrait restructurer complètement la
Société d'habitation du Québec qui, depuis sa fondation en
1967, n'a jamais atteint son but, soit d'améliorer les conditions de
logement au Qubéec. Cette société fut plutôt un nid
de patronage, l'endroit rêvé pour un politicien d'offrir un poste
bien rémunéré à un de ses amis politiques. (16 h
30)
Nous avons eu, en décembre dernier, l'avantage d'avoir une courte
commission parlementaire où on a fait ressortir très clairement
qu'on peut mettre en doute les compétences de certains des
administrateurs de la Société d'habitation du Québec. Il
faut donc remédier à cette lacune dans le plus bref délai
possible.
Le ministère de l'Habitation devrait aussi faciliter la
tâche aux municipalités pour l'installation des infrastructures.
On sait qu'actuellement une municipalité doit faire affaires avec trois
ministères différents avant de commencer la construction d'un
réseau d'aqueduc ou d'éqouts.
Je ne voudrais pas passer un point sous silence, M. le Président,
avec votre permission. Je sais pertinemment que ce
propos appartient à l'autre projet de loi, mais je ne suis pas
intervenu sur le projet de loi no 1. J'ai été extrêmement
désappointé de voir que dans le programme d'accession à la
propriété, presque tous les résidents ruraux ne seront pas
admissibles, puisque le ministre nous a clairement indiqué qu'il faut,
pour être éligible, que la bâtisse, la maison soit
construite sur un terrain ayant les services d'égout et d'aqueduc.
J'espère M. le ministre que je me suis trompé pour tous les
résidents ruraux du Québec.
M. le Président, je n'interviendrai pas plus longtemps parce que
nous sommes conscients nous aussi de l'importance de la création d'un
ministère de l'Habitation au Québec, mais nous nourrissons
certains doutes quant à la réussite de ce ministère,
à moins que le ministre ne s'engage formellement à mettre en
pratique les quelques points que je viens d'énumérer. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Guy Tardif (réplique)
M. Tardif: M. le Président, je vais essayer
brièvement déjà de donner certaines réponses au
député de Mégantic-Compton, pas toutes, mais certaines
d'entre elles. Les autres viendront à la commission.
Le député de Mont-Royal a lu un passage du rapport du
Vérificateur général. Je voudrais le prier de garder ses
questions pour l'étude de nos crédits, la semaine prochaine,
puisque j'aurai là le président et les dirigeants de la
Société d'habitation du Québec. Tout autant que lui, je
souhaite qu'il ait les réponses à toutes ses questions. Je
m'enqage, encore une fois, à avoir là tous les dirigeants de la
société, en commission, lors de l'étude des
crédits.
M. le Président, il faut guand même être juste. Cette
Société d'habitation du Québec, depuis quatre ans, a fait
plus de logements sociaux au Québec que pendant dix ans auparavant. Deux
fois plus. Il faut quand même être juste. Deuxièmement - je
vois le député de Mégantic-Compton sourire - ce n'est pas
elle qui a bâti les HLM, ce sont des entrepreneurs, comme l'était
déjà le député de Mégantic-Compton. C'est
sûr que -d'ailleurs c'est un fait qu'on ignore peut-être un peu
trop - la Société d'habitation du Québec, depuis guatre
ans, a été le plus grand entrepreneur en construction au
Québec avec en moyenne une construction pouvant varier entre 3000 ou
40.00 logements, pas tous au même endroit, dans un même quartier,
mais répartis dans deux ou trois cents municipalités.
M. le Président, on a fait allusion à certaines choses du
mois de décembre. On y reviendra en temps et lieu. On oublie
peut-être trop facilement que la société a dû engager
un coordonnateur pour réparer des vices de construction commis à
une époque que nos amis d'en face connaissent bien. Je suis même
tombé sur un rapport, M. le Président, qui m'indique que l'expert
évaluateur retenu par nos amis d'en face pour évaluer le montant
des vices de construction avait eu, toutes proportions gardées, des
honoraires plus élevés encore que le coordonnateur qu'on a
engagé pour les réparer. Ce n'est pas peu dire. On pourra en
temps et lieu donner des détails, on n'est pas là pour cela.
La Société d'habitation du Québec a non seulement
doublé le nombre de logements depuis quatre ans, mais elle a
contribué, à ma demande, avec une petite équipe
multidisciplinaire que j'avais mise sur pied, à préparer trois
programmes. Cela vous fait rire. Une équipe multidisciplinaire, en
effet, a mis au point trois programmes d'habitation que j'appelle ma triloqie;
le programme Logirente d'allocation de loqement pour les personnes
âgées, Loginove de restauration résidentielle et Logipop de
coopératives d'habitation. Il s'est donc fait des choses dans ce
domaine, mais je pense que nous devons - c'est cela que vise à faire la
loi et un peu le ministère - déborder de ce rôle par trop
étroit de l'habitation sociale, pour s'étendre à
l'habitation générale.
M. le Président, le député de Mont-Royal a
parlé du juqement de la Cour suprême concernant la Régie du
logement en m'invitant à rassurer la population quant aux effets de ce
jugement. Je souscris volontiers à tout ce qu'il a dit - et c'est rare
que je le fais, mais dans ce domaine c'est vrai - il n'y a pas lieu de
s'énerver. Comme il le dirait lui-même en anglais, c'est "business
as usual"; la régie continue et ce n'est pas toute la régie - le
jugement n'affecte aucunement la régie québécoise, c'est
la régie ontarienne - ontarienne ou le Residential Tenancies Act de
l'Ontario qui est affecté, ce sont deux pouvoirs précis,
d'émettre des ordonnances à l'endroit des locataires, des
ordonnances d'éviction à l'endroit des locataires et des
ordonnances aux deux parties, propriétaires et locataires, de respecter
les conditions découlant du bail. Donc, ce n'est pas tout l'organisme
qui est mis en cause en Ontario, ce n'est pas toute la loi, ce sont deux
parties de la loi seulement.
Au Québec, cela ne s'applique pas et, deuxièmement, il
faut revoir encore une fois quelles seront les parties qui seront
touchées. Mais, je ne peux pas m'empêcher de souliqner que ce
jugement qui se fonde sur l'article 96 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, infère en quelque sorte que - et encore une fois je ne suis
pas juriste - une ordonnance émise par un tribunal administratif
équivaut à une injonction que
seule pourrait émettre une Cour supérieure. Je veux tout
simplement souligner que ce sont là pour moi des questions que certains
juristes pourront affectionner, mais qui, pour moi, doivent trouver une
réponse sur le plan pratique.
En 1867, il n'y avait pas au Québec 1 000 000 de locataires, il
n'y avait pas en Ontario 1 200 000 locataires; c'est le cas aujourd'hui.
Déjà, le député de Sainte-Marie disait: Cela prend
trop de temps devant la régie actuelle. Voyez-vous cela? Parfois, cela
prend trois mois, six mois avant qu'une cause soit entendue devant la
régie. Imaginez-vous que, s'il fallait que 1 000 000 de
propriétaires et de locataires doivent en appeler aux tribunaux
réquliers! Les délais ne sont plus en termes de semaines ou de
mois, c'est en termes d'années. C'est donc évident qu'il faut que
le problème soit réglé de façon pratique et c'est
ce que nous devrons faire. Il y a eu une forme ou une autre de contrôle,
de régie, de commission des loyers au Québec depuis 1951 et
jusqu'à nouvel ordre, encore une fois, c'est "business as usual", on
continue et ce jugement n'affecte pas le Québec et, même en
Ontario, il est loin d'avoir cet effet global sur toute la loi. Donc, sur ce
plan, je suis d'accord avec le député de Mont-Royal, il n'y a pas
lieu de s'alarmer. (16 h 40)
L'autre aspect important soulevé par le député de
Mont-Royal, c'est le problème de la conversion en
copropriété. Autant je voudrais sécuriser les citoyens du
Québec en ce qui concerne la Régie du logement, même si je
reconnais qu'elle est débordée présentement, cette fois-ci
je voudrais mettre en garde la population du Québec contre ces achats
d'immeubles dits en copropriété indivise qui leur sont offerts
avec énormément de risques. Je les supplie de ne pas s'embarquer
dans ce qenre d'aventure où ils deviennent propriétaires d'une
part fictive d'un immeuble non identifiable, mais tout en étant,
à partir de ce moment-là, solidairement et conjointement
responsables de la totalité de l'hypothèque.
Je dis que c'est dangereux et j'invite ces personnes à ne pas se
laisser tenter par ce genre d'aventure. Il y a là l'avantage de
réunir l'habitation et la protection du consommteur et c'est un peu le
ministre de la Protection du consommateur qui parle puisque le problème,
dans ce cas-là, c'est non seulement celui de l'éviction des
locataires - là, c'est le problème de la régie, etc. -
mais c'est également celui de la protection des acquéreurs de ces
parts plus ou moins identifiables dans un ensemble immobilier ou dans un
immeuble. Nous suivons la situation de près. J'ai une rencontre de
prévue au début de la semaine - lundi - avec des juristes de la
Régie du logement, de l'Office de la protection du consommateur et du
ministère de la Justice et j'espère bien que nous pourrons en
arriver à une action visant à répondre aux questions
posées par le député de Mont-Royal.
Ce problème de la conversion en copropriété - je me
suis fait préparer un document - nous ne sommes pas les seuls à
le vivre et à l'avoir vécu. On dirait simplement qu'au moment
où il y a une espèce de mouvement vers l'Ouest de capitaux, de
personnel, de ressources - on parlait de fuite de sièges sociaux vers
l'Ouest, il y a quelques années, c'était le député
de Notre-Dame-de-Grâce - on dirait, je le souligne, que ces capitaux nous
reviennent maintenant pour acquérir des immeubles ici en assez grand
nombre après avoir provoqué une flambée des prix à
Vancouver, à Calgary, à Edmonton, à Toronto et maintenant
à Montréal.
La plupart des villes américaines - chez nous, le taux
d'immeubles en copropriété est inférieur à 1% - ont
jugé bon, après l'avoir permis un certain temps, de
réglementer la conversion en copropriété, sinon de la
restreindre totalement, soit pour préserver le stock de logements
immobiliers, soit encore pour assurer la protection des locataires, soit pour
assurer la protection des acquéreurs. Je constate que, dans presque tous
les cas, dans les qrands centres américains de Boston, Chicago, Denver,
Houston, Los Angeles, Miami, New York, San Francisco, Seattle, le taux de
conversion des immeubles en copropriété a été
freiné sinon par un gel total, du moins par une réglementation
parfois très exigeante, très tatillonne, nécessitant de
multiples contrôles. Présentement, c'est ce que nous sommes en
train d'examiner, cette situation, tant au Canada qu'aux États-Unis,
pour justement en arriver le plus tôt possible à cette
législation.
Je voudrais terminer, M. le Président, en mentionnant que le
député de Sainte-Marie a parlé de la Régie du
logement, qui ne répond pas à toutes les attentes. Je voudrais
tout simplement lui souligner que la Régie du logement a
été assaillie d'un volume de plaintes du double de celui de
l'année dernière. Or, évidemment, lorsque le nombre de
causes passe de 60 000 à 110 000 ou à peu près, et que
tout ceci arrive en même temps lors de la période de
renouvellement des baux, il est à peu près normal qu'il y ait ce
débordement d'activités à la régie.
Enfin, le député de Mégantic-Compton disait que
lors de la campagne électorale, à l'occasion des partielles,
notre candidat, dans sa circonscription, avait dit: II ne faut pas créer
un nouveau ministère pour ne pas faire de frais nouveaux, etc. Or, c'est
exactement ce que nous avons fait. On constatera qu'avant l'adoption de cette
loi, il y avait trois ministres: il y avait le ministre d'État
à l'Aménagement et à l'Habitation, il y avait le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières et il y avait le ministre des Finances. Or, avec l'adoption
de la loi, il n'y aura toujours que trois ministres comme tels,
c'est-à-dire le ministre d'État à l'Aménagement, le
ministre des Finances, qui prend les coopératives et institutions
financières, et le ministre de l'Habitation et de la Protection du
consommateur qui prend, de ces deux autres, des parties et des organismes
totalement constitués. Ce n'est donc pas la création d'une
nouvelle fonction, d'un nouveau titulaire de ministère, mais c'est une
réorganisation qui, tout compte fait, ne donne pas un ministre de plus.
On en fera le compte.
Je suis prêt à recevoir les représentations du
député de Mégantic-Compton, vu son expérience
déclarée dans le domaine de l'habitation, quant aux normes
d'application en matière de terrains viabilisés ou pas. II est
évident que les normes pour les terrains viabilisés
s'appliqueront en milieu urbain. C'est à l'Environnement qu'il faut
s'adresser dès lors qu'il s'agit de terrains non viabilisés,
auquel cas il est tout à fait normal que lorsqu'on a des terrains non
viabilisés il faille bâtir sur des terrains d'une superficie telle
qu'on soit sûr que la fosse septique de l'un n'ira pas se vider dans le
puits de l'autre. Ces précautions élémentaires
étant prises, nous pourrons, je pense, établir des normes
appropriées à la fois pour le milieu urbain et pour le milieu
rural.
Voilà ce que je voulais dire en terminant. Le lien entre
l'habitation et la protection du consommateur apparaît peut-être
plus nettement que jamais à l'occasion de ces cas de conversion en
copropriété indivise. Je pense qu'on aura de multiples occasions,
ainsi que l'a souliqné le député de Sainte-Marie, de
montrer que dans la Loi sur la protection du consommateur, qui, je pense, est
un modèle du genre non seulement au Canada, mais en Amérique, que
nous devons à notre ex-collègue Mme Payette, il reste un volet
important à écrire: c'est celui de l'habitation, du courtage
immobilier, et de la construction. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 7 est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de
l'habitation de la protection
du consommateur
M. Charron: Je propose le renvoi du projet de loi à la
commission parlementaire de l'habitation et de la protection du
consommateur.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Charron: M. le Président, il m'est passé par
l'idée de faire siéger la commission ce soir entre 20 heures et
minuit, mais j'ai abandonné cette idée. Je veux simplement
rappeler, avant de proposer l'ajournement à la semaine prochaine, les
travaux prévus.
Je le fais à rebours. Mardi matin, la commission du travail et de
la main-d'oeuvre sur le fonds minier au salon rouge, celle des affaires
sociales à la salle 81-A sur les crédits et celle de la
présidence du conseil et de la constitution pour l'étude article
par article de la loi 14 à la salle 91. (16 h 50)
Lundi, de 15 heures à 18 heures, au salon rouqe, ce sont les
crédits de la Fonction publique, à 8l-A, l'étude des
crédits du Revenu et, à 91-A, l'étude article par article
du projet de loi no 2. En soirée, la fonction publique continue, au
salon rouge; industrie, commerce et tourisme continue à 91-A, et
à 81-A, c'est la commission des affaires sociales qui la remplace.
Les autres commissions qui sont en marche aujourd'hui, après
consultation, sont absolument libres de s'entendre sur place pour
dépasser 18 heures, si bon leur semble, afin de compléter le
mandat qui leur a été confié par l'Assemblée ce
matin. Je propose l'ajournement de l'Assemblée - un instant...
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le leader du
gouvernement pourrait nous indiquer s'il serait possible d'avoir, dès
lundi, les mémoires et la liste des intervenants à la commission
parlementaire qui siégera mardi pour entendre les groupes
intéressés au fonds minier ?
M. Charron: Nous sommes censés, du côté
gouvernemental, les avoir tous lundi et ils resteront à peine cinq
minutes à nos bureaux, puis des photocopies iront du côté
de l'Opposition.
M. Leduc: La commission des institutions financières et
coopératives devait siéger, ce soir, à 20 heures. Est-ce
que c'est toujours prévu?
M. Charron: C'est toujours prévu.
M. Leduc: De même que le transport?
M. Charron: De même que le transport. M. le
Président, je propose l'ajournement de la Chambre à mardi, 14
heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Ajournement de nos travaux à mardi 14 heures.
(Fin de la séance à 16 h 521