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(Quinze heures quinze minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Un moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
La séance est suspendue à loisir.
Mesdames et messieurs, veuillez vous lever, le lieutenant-gouverneur va
maintenant faire son entrée.
Allocution d'ouverture
Le lieutenant-gouverneur: Mesdames et messieurs de
l'Assemblée nationale, c'est d'abord en raison de l'évolution
préoccupante du dossier constitutionnel que vous êtes
réunis pour une nouvelle session. C'est, en effet, par la voix de votre
Assemblée, incarnation politique du peuple qui, depuis 372 ans, habite
notre territoire, que le Québec peut le mieux faire connaître sa
position face aux modifications constitutionnelles que le gouvernement
fédéral a entrepris, de façon unilatérale, de faire
adopter par le Parlement britannique, malgré l'objection d'une
majorité de provinces.
Dans une situation aussi cruciale pour le Québec, il est
souhaitable que tous les députés de tous les partis puissent
s'élever au-dessus des considérations partisanes pour faire
valoir les intérêts à long terme de la nation.
Vous aurez également à étudier, au cours de cette
session, de nombreux projets de loi touchant tous les secteurs de notre vie en
société. Car, malgré l'importance des questions
constitutionnelles, le progrès économique et le
développement social et culturel de notre population doivent demeurer
une préoccupation constante de votre Assemblée. Dans une
société comme la nôtre, l'évolution est si rapide et
les besoins changent tellement vite qu'on a l'impression que les
législateurs ne parviendront jamais, en dépit de tous les efforts
qu'ils y mettent, à répondre complètement aux attentes des
citoyens.
Mesdames et messieurs de l'Assemblée nationale, en ouvrant
aujourd'hui la sixième session de la 31e Législature, je vous
invite, au nom de toutes les Québécoises et de tous les
Québécois, à mettre au-dessus de tout la
préservation des intérêts à long terme de notre
Québec bien-aimé. (15 h 20)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez vous asseoir. M. le premier ministre, conformément à
notre règlement pour le discours inaugural, je vous cède
maintenant la parole.
Message inaugural
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, mesdames et
messieurs de l'Assemblée nationale et, aussi, en dehors de ces murs,
vous toutes et vous tous, mesdames et messieurs, un peu partout au
Québec qui nous faites l'honneur de suivre ce que nous faisons, partout
dans le monde démocratique comme ici au Québec, les élus
du peuple se réunissent normalement chaque année pour faire
avancer les choses de leur mieux, au moyen de lois et de budgets, de programmes
de développement, de mesures correctrices et la recherche de solutions
aux problèmes qui ne cesseront jamais de surgir le long du chemin.
Cette besogne à laquelle nous aurons de nouveau à faire
face au cours de la session qui commence est aujourd'hui aussi
diversifiée que la société elle-même l'est devenue.
Et, comme d'habitude, nous serons loin d'être d'accord sur tous les
sujets. On assistera donc à de nombreuses et, parfois, à de vives
discussions. Mais j'espère de tout mon coeur, en revanche, que nous
pourrons, le plus rapidement et le plus sereinement possible, nous entendre sur
un seul point majeur qui confère cette fois-ci aux débuts de nos
travaux un caractère d'urgence et de gravité exceptionnelle.
Le peuple québécois risque, en effet, de se trouver
bientôt devant un fait accompli qui chambarderait, sans son accord,
à son détriment et au mépris des engagements les plus
solennels, le régime constitutionnel qui le régit depuis plus
d'un siècle.
Je sais bien - je pense que nous le savons tous - que dès qu'on
recommence à parler du sujet constitutionnel, une foule de citoyens sont
désormais portés instinctivement à tourner le bouton. Or,
c'est justement de cette sorte d'absence psychologique qu'Ottawa a
décidé d'abuser à grands renforts de propagande pour
réaliser une manoeuvre qui nous coûterait cher collectivement sur
tous les plans, y compris celui même du niveau de vie, et qui pourrait de
plus être, à toutes fins utiles, irrémédiable.
Personne de ce côté-ci de l'Outaouais, en tout cas, n'a
osé prétendre que le résultat du référendum
était un endossement du statu quo ni, à plus forte raison, un
agenouillement collectif devant un pouvoir central qui réduirait
à sa guise certains de nos droits les plus essentiels. Pourtant, par une
résolution unilatérale qu'il projette d'adresser au Parlement de
Westminster, le gouvernement d'Ottawa a décidé d'imposer
coûte que coûte, d'ici la fin de l'année, des changements de
son cru à l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, des
changements qui augmenteraient encore la centralisation des pouvoirs et qui
conduiraient à une subordination sans précédent des
États provinciaux. Par ce coup de force qu'il irait ainsi
perpétrer à l'étranger, le gouvernement
fédéral enlèverait aux provinces et
particulièrement au Québec des droits et l'exercice exclusif de
compétences qui constituent des pierres d'assise du contrat de 1867.
Derrière le prétexte vertueux d'un rapatriement qui
devient tout à coup une obsession, ce geste unilatéral cache donc
des intentions qui, elles, ne sont pas du tout angéliques. Il s'agit, en
réalité, d'un projet non seulement inacceptable pour des gens qui
se
respectent, mais dont la réalisation serait proprement
désastreuse pour notre avenir. D'abord, ce projet n'inclut même
pas l'amorce, le commencement de ce partage nouveau et plus avantageux des
pouvoirs dont le Québec a absolument besoin - je crois que
là-dessus nous sommes tous d'accord - pour assurer son
développement comme société distincte et comme patrie d'un
des deux peuples qui ont mis au monde la fédération canadienne.
Au contraire, en y posant comme préalable, comme point de départ
de la réforme ce qui devrait en être normalement le couronnement,
on menace de bloquer - et pour longtemps - les efforts d'une
génération entière pour obtenir de tels changements en
profondeur.
D'autre part, le projet fédéral prévoit aussi une
formule d'amendement à laquelle le Québec et une majorité
des provinces ne peuvent que s'opposer. Par le recours au
référendum qu'elle assure au seul gouvernement central, cette
formule placerait ce gouvernement dans une situation de force arbitraire qui
pourrait lui permettre d'imposer, même dans des secteurs de juridiction
exclusivement provinciale, n'importe quelle modification qu'il pourrait
désirer.
Enfin, on prétendrait réduire dès maintenant, sans
son consentement, certains des droits et compétences du seul Parlement
francophone d'Amérique du Nord, pour les confier, en dernier ressort,
à un tribunal. Ce tribunal, c'est la Cour suprême qui, dans le
contexte actuel, relève entièrement d'Ottawa et cela, dans des
domaines aussi vitaux que ceux de la langue et de l'enseignement, de
l'administration de la justice, de la propriété et des droits
civils et du droit à l'établissement et à l'emploi.
Ce sont là des domaines où, d'un parti à l'autre,
nous pouvons certes avoir souvent des opinions divergentes sur les politiques
qui s'imposent, mais ces politiques, c'est à l'Assemblée
nationale du Québec qu'il revient présentement, comme depuis 113
ans, de les adopter et au gouvernement du Québec de les appliquer
à la seule lumière de l'évolution et des besoins de notre
société à nous.
On ne doit pas oublier que la garantie de ces compétences
paraissait si fondamentale à nos ancêtres que, sans elle, ils
n'auraient pas accepté d'entrer dans le régime
fédéral. Jamais non plus il ne serait venu à l'idée
d'aucune des générations qui leur ont succédé, ni
des parlementaires qu'elles avaient élus, de s'en laisser arracher
quelque partie que ce soit. Dans le monde d'aujourd'hui, où les peuples
de petite taille comme nous se trouvent comme autant d'îlots qui sont
battus par des vagues assimilatrices sans précédent, qui oserait
prétendre que cette garantie collective n'est pas aussi importante,
aussi vitale, sinon plus maintenant que jadis?
Pour quiconque n'a perdu ni la mémoire ni le sens de l'honneur,
un projet qui viendrait démolir ce pan essentiel de nos droits, qui
imposerait, de plus, une formule d'amendement inacceptable assortie de quelques
autres chambardements unilatéraux, tout cela, sitôt après
la grande illusion si bien entretenue lors du référendum, c'est
une trahison et ce n'est pas moi qui l'ai dit le premier. J'ajouterai,
cependant, que de la subir sans tout faire pour l'empêcher, ce serait de
la lâcheté. "Quand on doit s'avouer impuissant après avoir
été dupe - écrivait M.
Jacques Dufresne, samedi dernier, dans le Devoir - on n'existe plus en
tant qu'homme libre."
Ce verdict qui est à la fois terrible et très juste, nous
n'avons pas l'intention de le mériter comme gouvernement. Et je suis
sûr que, tous tant que nous sommes, nous tenons également à
l'éviter.
Pour ce faire, il fallait d'abord s'occuper de la simple
légalité du coup de force fédéral. Bon nombre de
juristes parmi les plus éminents et -je suis heureux de le constater -
tous les partis représentés dans cette Chambre nous ont
conseillé avec insistance de contester devant les tribunaux le geste
qu'on veut poser à Ottawa et qu'éventuellement on prétend
faire ratifier par le Parlement de Londres. Eh bien, d'ici trois semaines, nous
serons prêts à inscrire la cause devant notre Cour d'appel. C'est
une démarche que nous avons d'ailleurs entreprise avec une
majorité des provinces qui représentent aussi une majorité
de la population canadienne. Nous entendons poursuivre et accentuer cette
collaboration et, s'il y a lieu, entreprendre d'autres actions en commun. (15 h
30)
Et maintenant, à compter d'aujourd'hui, c'est au tour de cette
Assemblée, qui se dit nationale, de défendre et de
réaffirmer les droits du peuple québécois dont elle est
fiduciaire. Elle se doit de le faire, me semble-t-il, clairement, avec vigueur
et sans délai. Dès demain, donc, nous inscrirons au feuilleton de
l'Assemblée une motion exprimant une opposition formelle à la
démarche unilatérale du gouvernement d'Ottawa. On y demandera aux
membres du Parlement fédéral et, le cas échéant,
à ceux du Parlement britannique de ne pas donner suite à un geste
absolument illégitime et qui constitue une perfidie politique.
La motion sera rédigée de telle façon qu'elle
puisse rejoindre, sans détour, sans la moindre finasserie, l'essentiel
des positions que nous avions tous adoptées à la commission
parlementaire du mois d'août et que, depuis lors, nous avons non
seulement maintenus, mais plutôt renforcés à mesure que les
événements se précipitaient.
Nous savons tous, du moins, je l'espère et je le crois, qu'en
l'occurrence, ce n'est pas l'intérêt partisan, mais bel et bien
l'intérêt national qui est en jeu. On me permettra simplement de
rappeler ici qu'une fois, en quatre ans, il nous est arrivé d'être
unanimes, lors du conflit avec Ottawa à propos de la taxe de vente. Il
s'agissait alors d'argent qu'on nous volait. Cette fois, ce qu'on veut nous
voler, ce sont des droits fondamentaux. Je suis convaincu que nous en sommes
tous conscients.
Cette unanimité parlementaire, j'ai eu l'occasion d'ailleurs, il
y a quelque temps, d'en parler avec les chefs et les leaders des deux partis de
l'Opposition, en compagnie du leader du gouvernement. Il nous a semblé
que tous, nous la souhaitions de bonne foi. Si tel est le cas, nous y
parviendrons et elle aura sûrement une très grande portée,
aussi bien chez nous qu'à l'étranger.
Ici, au Québec, elle peut nous permettre, pendant quelques
semaines particulièrement cruciales, de rejoindre à l'unisson sur
ce sujet l'ensemble de nos concitoyens, et personne ne saurait ignorer l'impact
sur l'opinion publique
d'une telle concertation non partisane.
Au plan fédéral, cela créerait une nouvelle
pression salutaire sur le Parlement, à commencer par les élus
québécois. Rien n'interdit de penser que, s'ajoutant à la
dure réaction budgétaire de l'Alberta et à l'opposition
ouverte ou, à tout le moins, aux fortes réticences d'autres
provinces, cette pression puisse faire réfléchir à Ottawa,
peut-être amener l'abandon, au moins temporaire, du scénario
unilatéral et une reprise des négociations.
Il nous paraît également assuré qu'une telle
unanimité de l'Assemblée nationale, Parlement francophone qui
représente non seulement une province, mais aussi un peuple, serait
susceptible d'éveiller pour de bon les Communes de Londres à la
gravité et aux lourdes conséquences de la manoeuvre
antidémocratique qu'on voudrait leur faire accomplir.
Inutile de souligner que tout ce que nous avons encore à l'esprit
et tout ce qui a déjà été mis en marche par le
gouvernement, depuis les derniers préparatifs d'une campagne
d'information, en passant par la possibilité de reconvoquer la
commission parlementaire et de l'ouvrir au public, si on veut, et jusqu'aux
contacts et aux appuis que nous tâchons de multiplier en Europe, que tout
cela est conditionné, d'abord et avant tout, par la réponse de
l'Assemblée à la demande que je viens de faire. Tout cela se
poursuivra quoi qu'il arrive, mais ce sera d'une tout autre efficacité
si nous pouvons être d'accord.
À mon humble avis, c'est ce que nos concitoyens attendent de nous
assez unanimement, car on sent bien, chacun au fond de soi, que l'enjeu de cet
affrontement qu'on nous impose, c'est notre avenir à tous et,
jusqu'à un certain point, celui de notre identité
elle-même.
Maintenant, le sujet que je voudrais aborder en second lieu rejoint lui
aussi une préoccupation dont on peut dire qu'elle est
spontanément, celle-là, universelle, c'est même la plus
quotidienne de toutes, et elle est souvent assez angoissante par les temps qui
courent. Il s'agit de la préoccupation économique. D'ailleurs,
alors même que le référendum et la question de l'avenir
national occupaient le premier plan de l'actualité au cours de la
dernière session, je puis dire que le gouvernement n'en a pas moins
placé, au coeur de son action, constamment, tout ce qui touche de
près ou de loin à l'économie.
En politique économique, si le terme est censé être
sérieux, je crois qu'il faut toujours plus de projets que de discours.
À titre d'exemple, on a injecté $356,000,000 dans OSE,
l'opération de solidarité économique, au cours des deux
années précédant l'année courante et, au dernier
budget, le ministre des Finances y affectait encore $137,000,000. Le
succès de l'opération s'amplifie tellement, et d'une façon
vraiment foudroyante, que ce montant a dû être accru de $48,000,000
au cours de l'été.
Au total, que ce soit en provenance des divers paliers de gouvernement
ou du secteur privé, OSE aura entraîné pour $875,000,000
d'investissements en trois ans et aura permis de créer ou de soutenir
plus de 63,000 emplois.
Mais il y a un autre aspect des retombées de ce programme qu'il
faut souligner, qui est sans doute aussi important que le nombre d'emplois
créés. OSE - je crois qu'on peut le dire, tout le monde peut le
constater - a stimulé, comme jamais auparavant, chez des centaines des
nôtres, l'imagination créatrice et le goût du défi et
du travail acharné. En quelques années seulement, le nombre et la
qualité des projets qu'on voit passer, et qui se réalisent, ont
connu une montée fulgurante.
Évidemment, ce phénomène est très prometteur
pour l'avenir économique, mais il est aussi encourageant sur le plan
social, puisqu'il a fourni à des milliers de jeunes, de chômeurs,
d'assistés sociaux l'occasion de s'intégrer au marché du
travail.
Dans la même veine, il faut souligner également la
création, jusqu'à ce jour, de neuf SODEQ, qui étaient sur
le papier, on l'admettra, un héritage du gouvernement
précédent, neuf sociétés de développement de
l'entreprise québécoise dans autant de régions. Une
création qui a été facilitée par les
déductions d'impôt qui sont consenties à ceux qui
investissent.
Une autre mesure qui facilite, elle aussi, et dramatiquement,
l'accès de l'entreprise aux capitaux individuels, ce que nous
recueillons, les uns et les autres, collectivement, comme capitaux à
partir de notre épargne, c'est le programme d'épargne-actions.
Croyez-le ou non, mais, dès sa mise en place, il s'est vendu, au
Québec, plus de nouvelles actions de sociétés
québécoises, chaque mois, qu'il ne s'en vendait auparavant
pendant toute une année. Ainsi, en 1979, ce programme suscitait
déjà $72,000,000 d'investissements et aujourd'hui encore, la
demande ne cesse de dépasser l'offre en actions, ce qui, est-il besoin
de le dire, est d'assez bon augure pour le financement de nos entreprises.
Ce qu'il importe aussi de souligner, c'est que ces mesures, comme
d'autres, comme la création de la Société de
développement coopératif ou le Crédit touristique, le
lancement d'un Office québécois du commerce extérieur et
d'une Direction des exportations à la SDI et les plans de modernisation
de certains secteurs industriels, tout ça était arrimé,
accroché, si vous le voulez, pour la première fois, à une
véritable stratégie de développement
économique.
Cette stratégie, qui a été énoncée
à l'automne de 1979 sous le titre de Bâtir le Québec,
comportait un ensemble cohérent et mieux défini que jamais dans
le passé de 123 engagements tous explicites du gouvernement. En 12 mois,
108 d'entre eux ont été réalisés ou sont en voie de
réalisation et l'effet s'en fait déjà sentir assez
nettement, nous semble-t-il, sur une économie québécoise
qui, jusqu'à présent, résiste à la récession
nord-américaine bien mieux que d'aucuns ne le prévoyaient et
mieux aussi que la plupart des autres composantes économiques du
continent.
Pour ce qui est de l'emploi, par exemple, le Québec aura connu,
en 1979 et en 1980, deux années exceptionnelles. On peut
déjà affirmer que l'emploi se sera accru de plus de 145,000
pendant cette période, à un rythme annuel qui est
supérieur de 60% à celui de 1970 à 1978.
D'autre part, si la croissance des investissements n'a pas connu une
vigueur égale dans tous les secteurs, il est rassurant d'observer que
c'est le secteur privé qui a eu la performance la meilleure pendant ces
deux années. La croissance - c'est vraiment exceptionnel - a même
été de 40% dans les industries primaires et
manufacturières qui sont, comme on
le sait, le moteur de tout développement économique. Sans
être satisfait, bien sûr, le gouvernement a donc l'impression que
les résultats d'ensemble sont plutôt encourageants et, de concert
avec les entreprises, il va donc poursuivre ses efforts dans le même
sens. (15 h 40)
Quant aux programmes d'équipement du secteur public, ils ne
feront pas que se maintenir, mais ils vont devoir aussi s'intensifier,
prioritairement, dans des secteurs stratégiques comme l'assainissement
des eaux, le transport urbain, les pâtes et papiers, le textile, et aussi
dans la construction navale et aéronautique, à condition,
évidemment, que le gouvernement fédéral respecte à
la fois l'équité et les engagements qu'il a pris.
Mais le principal défi économique de la décennie
qui commence, ce sera celui de l'énergie. Dans ce domaine, l'ère
de la facilité est révolue et celle du gaspillage devra, par
conséquent, prendre elle aussi le chemin de l'oubli.
D'ores et déjà, les pays industrialisés doivent
rechercher de nouvelles sources d'énergie et tous s'efforcer
d'acquérir une plus grande autosuffisance dans ce domaine. Le
Québec n'échappera pas plus que les autres à cette
règle désormais permanente. Heureusement, l'abondance de nos
ressources hydrauliques renouvelables et aménageables, bien sûr,
nous permet déjà d'atteindre un degré d'autonomie
énergétique qui nous place en très bonne position à
l'échelle internationale et ça, avant d'avoir tout à fait
développé la moitié du potentiel qui est disponible au
Québec.
Comme la plupart de nos voisins doivent produire leur
électricité à partir de centrales thermiques dont les
coûts de production sont beaucoup plus élevés, le
Québec possède donc là un atout économique majeur
sur le plan de la concurrence et il n'en tient qu'à nous de l'utiliser
encore mieux pour accélérer notre développement
industriel.
Dans l'établissement des besoins, il va falloir tenir compte
aussi de la tendance actuelle qui voit à chaque année des
dizaines de milliers de nos concitoyens changer leur chauffage à l'huile
pour du chauffage à l'électricité. On doit donc s'assurer
que le Québec développera ses ressources à un rythme
suffisant pour répondre à cette double perspective.
À cet effet, le plan d'équipement d'Hydro-Québec
prévoit, sur une période de dix ans, des investissements nouveaux
de quelque $55,000,000,000. C'est un domaine, comme on le sait, où les
milliards sont très souvent en nombre astronomique. $55,000,000,000
d'investissements nouveaux, en plus des $34,000,000,000 qui seront requis pour
l'exploitation du réseau actuel.
C'est donc dire que cette société d'État,
bâtie entièrement par les Québécois pourrait
être appelée à injecter dans l'économie, au cours
des années quatre-vingt, pas loin de $100,000,000,000, ce qui aurait
pour effet de créer, en cours de route, quelque 25,000 emplois durant la
même période.
Inutile d'ajouter que l'ampleur et toutes les implications d'un
programme aussi gigantesque méritent un examen particulièrement
attentif. C'est pourquoi nous entreprendrons, en commission parlementaire,
dès le début de l'année 1981, l'étude
détaillée de ce plan d'équipement d'Hydro-Québec,
ce qui fournira l'occasion de préciser aussi nos choix en matière
d'exportation d'électricité. Il y a déjà des ventes
saisonnières dont la rentabilité est amplement prouvée
dans la direction du Sud, surtout dans l'État de New York, et qu'on doit
poursuivre, bien sûr, et accentuer, de toute façon. Mais comme il
y a, par les temps qui courent, beaucoup d'improvisation facile qui se retrouve
dans les media d'information à propos d'exportation
d'électricité éventuellement beaucoup plus
développée, beaucoup plus impressionnante, je pense qu'il neserait pas mauvais, plutôt que d'improviser - ce qui nous est
déjà arrivé à nos dépens au Québec,
à l'occasion - d'examiner ça avec beaucoup de soin et de voir si
c'est concrètement réalisable, sans diminuer les avantages de
situations que le Québec possède de ce côté.
En même temps que se préciseront ces éléments
majeurs de notre avenir énergétique, le gouvernement entend
engager tout de suite des efforts exceptionnels pour encourager davantage les
économies d'énergie et améliorer notre
sécurité d'approvisionnement dans le secteur des hydrocarbures,
c'est-à-dire le gaz et le pétrole, et nous assurer, en même
temps, un maximum de retombées économiques pour le Québec.
Pour ce qui est des économies d'énergie, la rentabilité
n'en est plus à démontrer, ni pour le consommateur ni pour la
société tout entière. Dans le seul secteur
résidentiel du Québec, les économies potentielles sont
d'environ 35%, plus qu'un tiers de la consommation. Seulement, pour
réaliser cette économie de 30% et plus, qui peut atteindre 35%,
nous dit-on, ça requiert, dans l'ensemble, un investissement qui
atteindrait l'ordre de $1,000,000,000.
Pour cette raison - cela a été préparé
soigneusement et de longue date - le gouvernement demandera à
Hydro-Québec de prendre en main la gestion d'un vaste programme qui
s'adressera à tous les propriétaires de résidences
construites avant 1961. En plus d'assurer une action conseil auprès du
consommateur, allant de l'évaluation des travaux qui peuvent être
rentables jusqu'à la recommandation d'entrepreneurs compétents,
Hydro-Québec complétera cette action par un financement direct
dont le remboursement, étalé sur cinq ans, fera en sorte que les
économies d'énergie pourront financer entièrement le
coût des améliorations, sans imposer de fardeau aux consommateurs.
Autrement dit, au bout du compte, on se retrouvera, si on veut, avec 30% ou 35%
de dépenses de moins dans le domaine de l'énergie
dépensée à l'intérieur des domiciles et cela aura
été étalé sur cinq ans, enfin, à peu
près complètement sans douleur. Cela peut paraître comme
l'oeuf de Christophe Colomb, mais il s'agissait d'y penser, et ceux qui sont
compétents dans ce domaine y ont pensé.
Un grand nombre d'emplois se verront ainsi créés, partout
dans l'industrie de la construction, puisque les travaux s'effectueront sur le
territoire québécois tout entier. En pleine opération, ce
programme injectera dans l'économie et dans toutes nos régions
habitées quelque $100,000,000 par année.
Aussi afin de ne pas être obligé de reprendre une telle
opération dans l'avenir, le gouvernement proposera, d'autre part,
à l'Assemblée nationale un projet de loi sur les normes
minimales d'efficacité énergétique pour tous les
nouveaux bâtiments. Ainsi, nos édifices à venir seront
adaptés dès le départ à des exigences qui partout
sont devenues inévitables.
Quant au dossier des hydrocarbures, gaz et pétrole, il nous faut
accéder à de nouvelles sources d'approvisionnement tout en
veillant là aussi à affirmer la présence
québécoise dans les nouveaux projets. Pour le gaz naturel, le
gouvernement continuera d'en encourager et d'en surveiller de près la
pénétration chez nous en s'assurant que les arbitrages toujours
délicats qui s'imposent dans cette utilisation du territoire se fassent
aussi rapidement et aussi sécuritairement que possible.
Dans les mois qui viennent, on verra aussi le choix des responsables de
cette distribution intensifiée, et à cet égard, bien
sûr, on s'efforcera de garantir un contrôle dynamique et bien
québécois aussi sur un réseau de commercialisation de gaz
qui est appelé à prendre une ampleur assez considérable,
parce que les investissements prévisibles pour la prochaine
décennie - tout le monde sait que les pipelines sont à l'horizon
- atteindront ici encore le milliard de dollars et contribueront fortement -
cela aussi s'en va dans les régions - au soutien des économies
régionales.
De plus, le gouvernement entend défendre avec vigueur - je suis
sûr, avec l'appui de l'Assemblée nationale - les avantages
comparatifs que présente le site de Gros Cacouna pour l'implantation de
ce qu'on appelle le terminal méthanier pour le gaz naturel en provenance
éventuellement de l'Arctique. Les retombées industrielles
majeures d'un tel port d'entrée nous incitent à la plus grande
vigilance dans ce dossier, pour des raisons que tout le monde voit depuis le
dernier budget fédéral. (15 h 50)
Du côté des produits pétroliers, le dernier exercice
budgétaire d'Ottawa là aussi aura servi au moins à
dramatiser le fait que l'autosuffisance pancanadienne, ce n'est pas pour demain
et que l'avenir prévisible, quelle que soit l'escalade des prix, nous
trouvera non pas moins, mais plus dépendants des marchés
internationaux. Comme le pétrole à cette échelle
collective se transige de plus en plus entre les sociétés
d'État, il convient de s'ajuster à ce contexte en confiant
à notre instrument du secteur public, SOQUIP, la Société
d'initiatives pétrolières, un mandat clair qui lui permette
d'agir, chaque fois que l'occasion s'en présente sérieusement,
comme acheteur en notre nom. Le gouvernement présentera donc un projet
de loi visant à élargir la dotation et le mandat de la
société afin qu'elle puisse remplir ce nouveau rôle tout en
poursuivant, bien entendu, avec les compagnies intéressées son
programme d'exploration du territoire québécois.
Il faut aussi compter avec la volonté des pays exportateurs qui
tiennent à forcer au besoin l'écoulement de leur surplus de ce
que l'industrie appelle, dans son jargon, le brut lourd, ce qui risque
d'accentuer ce qui est déjà un engorgement du marché
québécois dans le cas du mazout, c'est-à-dire de l'huile,
également lourde, et, par conséquent, de nuire aussi à la
pénétration du gaz naturel que j'évoquais tout à
l'heure. Par conséquent, nous avons tout intérêt à
favoriser l'implantation, à Montréal, d'une unité de
valorisation de ces huiles lourdes. SOQUIP aura donc aussi le mandat de
négocier, au nom du gouvernement du Québec, la mise sur pied de
cette usine - on traduit de l'anglais en disant hydrocraquage - d'hydrocraquage
de plusieurs centaines de millions, de concert avec des sociétés
pétrolières montréalaises et tous les investisseurs qui
peuvent être sérieusement intéressés. D'ailleurs, il
s'agit d'un projet qui est plus que sérieux, parce qu'il a
déjà été discuté, de façon assez
détaillée, avec des partenaires éventuels ailleurs au
Canada et aussi à l'étranger.
Donc, en résumé, la stratégie
québécoise devra se déployer sur plusieurs fronts, puisque
la sécurité d'approvisionnement en pétrole, la
pénétration rapide du gaz, le développement de nos
ressources hydroélectriques et la conservation de l'énergie sont
autant d'éléments indissociables d'une politique
énergétique qui permette au Québec de tirer son
épingle du jeu.
Par ailleurs, autant l'organisation économique et le mode de vie
de nos sociétés sont accrochés à l'énergie,
autant - tout le monde en est conscient - l'existence même de
l'humanité dépend et dépendra de plus en plus de la
disponibilité des ressources alimentaires. C'est donc
littéralement un devoir de civilisation que de maximiser le
développement de notre secteur agro-alimentaire et c'est
également le gros bon sens économique, puisque, en amont comme en
aval de la production agricole, il y a là plus d'activités
diversifiées et de création d'emplois probablement que dans
n'importe quel autre domaine.
Or, nous avons la chance de connaître sur ce plan, depuis 1977
surtout, un dynamisme sans cesse croissant auquel il me semble qu'on a le droit
de dire que les politiques du gouvernement n'ont pas été
étrangères. En quatre ans, le budget du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation aura augmenté de
60% et, de même - le parallèle est assez saisissant - les inves-
tissements à la ferme et dans l'industrie de transformation se seront
également accrus des mêmes 60%. Notre taux d'autosuffisance
alimentaire qui diminuait graduellement depuis quelques années est ainsi
remonté de 51% à 58% et on peut faire beaucoup mieux et bien
davantage, à condition de poursuivre nos efforts.
Afin de maintenir cette prospérité et cette croissance
continue, le gouvernement envisage présentement la possibilité de
procéder à une importante réforme du champ du
crédit agricole. Toutefois, sans attendre la conclusion des
études qui évidemment sont requises et afin d'assurer la
relève dans un secteur où la mise de fonds initiale est devenue
prohibitive - je pense que tout le monde le sait - pour une foule de candidats,
d'aspirants, on vous proposera, dès cette session, de modifier la Loi
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles de façon
à alléger, pendant les premières années, le fardeau
de la dette des jeunes producteurs.
On vous demandera également d'adopter une série de
modifications à ce qui s'appelle encore la Loi sur les terres de
colonisation afin de l'adapter aux besoins - c'est un terme qui en fait sourire
quelques-uns, mais on sait tout ce que cela représente dans le folklore
et même l'histoire du Québec - d'aujourd'hui et d'en faciliter
l'administration.
Tout de suite après la nourriture, parmi les
besoins les plus essentiels, arrive le logement. Et l'idéal,
traditionnellement inaccessible pour trop de Québécois, c'est
d'avoir son foyer bien à soi. La réalisation de ce rêve, le
gouvernement a l'intention de la faciliter au cours de l'année 1981 en
lançant un important programme d'accès à la
propriété. Plusieurs raisons nous ont incités à
agir dans ce sens. Le rapport sur l'épargne nous a
révélé, par exemple - ça, c'est dramatique qu'en
raison de leur statut massif de locataires les Québécois se sont
appauvris relativement à la moyenne des Canadiens, en tout cas, dans
plusieurs autres provinces. L'achat d'une maison ou d'un logement - le bon sens
le dit dès le départ - constitue, en effet, une obligation
d'épargner et résulte en une accumulation de capital fort utile
et notamment à l'heure de la retraite. On constate également, sur
un autre plan qui n'est pas négligeable, que la reprise qui se manifeste
dans la construction n'a pas encore atteint comme il faudrait le secteur
domiciliaire.
Des voix: Ah, ah!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): Je pense que quiconque - je vais en
parler dans quelques instants - se promène, par exemple, dans la
métropole - un sujet auquel je vais arriver si on me le permet - se
rendra compte - ça, c'est une reprise qui a quelque chose de presque
miraculeux, pourvu que ça dure - que même le...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): ... trou durable...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): ... de la Place Guy-Favreau a
commencé à s'animer quelque peu.
Le programme qu'on envisage, du côté de l'accès
à la propriété, favorisera donc le passage du statut de
locataire à celui de propriétaire et comprendra une aide
financière pour l'achat d'une maison ou d'un logement. Il
s'étendra à toutes les formes de propriété:
individuelle, coopérative ou copropriété.
En plus de l'accès à la propriété, nous
continuerons, bien sûr, d'accorder la plus grande importance à la
qualité de l'habitation. Là-dessus, nous espérons mettre
en oeuvre au plus tôt le programme de rénovation de logement qu'on
a baptisé Loginove. S'il n'en tenait qu'à nous, ce serait
déjà fait, mais on attend toujours la décision du
gouvernement fédéral quant à sa participation
financière.
Une voix: Encore le fédéral!
M. Lévesque (Taillon): Oui, on paie des taxes à
Ottawa. Ce n'est pas mauvais qu'il y ait une participation financière
à même les impôts qui viennent de la poche des mêmes
Québécois que le budget dont nous disposons.
Quoi qu'il en soit, les deux programmes que je viens d'évoquer
devraient avoir des retombées économiques considérables
particulièrement dans les régions de Montréal et de
Québec.
En ce qui concerne la métropole, j'aimerais souligner que nous
désirons signer, aussitôt que possible, avec l'administration
municipale de Montréal un protocole d'entente qui puisse donner lieu
à la mise en chantier prochaine de plus de 2,200 logements sur le site
bien connu depuis longtemps des usines Angus, ce qui s'ajoutera, pour le
secteur domiciliaire, à tout ce qui a été
réalisé ou mis en marche et qui, me semble-t-il, est
impressionnant, même si - ça, c'est normal -de tels projets ont
toujours moins de "visibilité", comme on dit, en ville qu'en
région.
C'est peut-être aussi que des mesures, quand même aussi
substantielles et aussi diverses que la construction du Palais des
congrès, le parachèvement de plusieurs lignes de métro et
du boulevard Ville-Marie, la mise en chantier de nombreux centres d'accueil et
de logements à prix modique, la réforme de la fiscalité
municipale qui procure d'importants revenus additionnels aux villes de la
région, la subvention à 110% de la carte mensuelle
autobus-métro et la réalisation d'un programme sans
précédent d'épuration des eaux, toutes ces mesures, pour
ne mentionner que celles-là, se sont plus souvent qu'à leur tour,
ces dernières années, heurtées à une espèce
de morosité, sinon de pessimisme postolympique dans la région
métropolitaine. Il faut dire également que l'inertie
fédérale - du chantier intermittent de la Place Guy-Favreau, que
je mentionnais il y a un instant, à l'incertitude permanente qui est
revenue dans l'information, ces jours derniers, à propos de
l'aménagement du port de Montréal, ou à l'éternel
contentieux Dorval-Mirabel - cette inertie agit comme un frein sur le
développement, mais on dirait qu'elle paraît assez lointaine,
malheureusement, pour qu'on s'y résigne parfois comme à une
fatalité. (16 heures)
Quoi qu'il en soit, pour conjuguer les efforts nécessaires
à la relance définitive de l'économie de Montréal,
trois rencontres de concertation ont eu lieu depuis un an, ce qui a permis de
préparer sérieusement plusieurs dossiers au-delà de ceux
que j'ai mentionnés.
De plus, les signes de reprise et les excellentes perspectives, à
court et à moyen terme ont entraîné un remarquable
changement d'attitude même chez ceux qui étaient les plus
pessimistes encore il n'y a pas si longtemps. Aussi, après avoir
consulté les principaux intervenants, ai-je le plaisir d'annoncer qu'il
se tiendra, dans la dernière quinzaine de février qui vient, un
sommet sur l'économie de la région métropolitaine
englobant Laval, les villes de l'île de Montréal et celles de la
rive sud immédiate et auquel participeront nos partenaires des
administrations municipales, des syndicats, des milieux d'affaires et des
grands organismes intermédiaires.
Les travaux de ce sommet devront reconnaître ou devraient
reconnaître le rôle unique dans l'économie du Québec
de la région métropolitaine et consolider aussi ou aider à
consolider les facteurs de son développement. On y traitera de tout ce
qui est susceptible de mener à des décisions rapides et de
"redynamiser" pour de bon un des grands atouts du Québec,
c'est-à-dire une métropole de stature internationale.
Quant à la capitale nationale, le gouvernement va y continuer
aussi à participer de plain-pied au développement.
Déjà, la rénovation
de la colline parlementaire et la construction du palais de justice
près de la rivière Saint-Charles ont jeté, je crois, les
bases du rajeunissement de tout un quartier. On procédera, maintenant,
à la revitalisation du vieux port en y localisant tout un complexe
nouveau qui regroupera le siège social de l'Université du
Québec, l'Ecole nationale d'administration, l'Institut de recherche
scientifique, la Télé-Université, qui seront
regroupés autour du nouveau Musée de la civilisation, pour lequel
un concours d'architecture sera lancé très prochainement. Et la
mention de ce dernier cas aura permis de deviner en même temps que le
gouvernement a finalement décidé de réserver aux arts
l'actuel Musée du Québec sur les Plaines, lequel sera tout de
même rénové et agrandi.
En dehors des deux agglomérations métropolitaines, on sait
par ailleurs que la plupart des régions du Québec ont
affiché ces dernières années une vigueur économique
exceptionnelle, en dépit de la récession qui frappait toute
l'Amérique du Nord. Dans un monde où va s'accentuer la
rareté des ressources, notre patrimoine forestier,
hydroélectrique et minéral, conjugué à ce dynamisme
remarquable et à l'appui de l'État, nous permet d'entrevoir notre
avenir régional avec plus de confiance que jamais.
Pour appuyer ce dynamisme, l'accent sera mis en particulier sur
l'amélioration du réseau routier régional et
interrégional, pour lequel des projets importants sont en cours,
notamment dans les régions de Hull, de l'Abitibi-Témiscamingue et
de Trois-Rivières, tandis que d'autres chantiers majeurs s'ouvriront
très bientôt dans les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
de la Gaspésie et de l'Estrie.
Du côté des travaux publics, en plus des interventions que
j'ai mentionnées pour les régions de Montréal et de
Québec, de nombreux projets sont en voie de réalisation ou seront
bientôt entrepris dans le but de répartir plus
équitablement que jamais les investissements gouvernementaux sur
l'ensemble du territoire québécois.
Qu'il suffise de mentionner entre autres le centre des congrès de
Hull, les complexes administratifs d'Alma, de Trois-Rivières et de
Granby, la Direction générale des pêcheries à
Gaspé et la construction...
Une voix: Déjà promis.
M. Lévesque (Taillon): ...déjà promis, bien
sûr. Je rappellerai ce que j'ai déjà dit - je crois que le
député de Gaspé pourra en témoigner -qu'il est
souvent presque plus facile de faire monter le poisson jusqu'à
Québec que de descendre la fonction publique jusqu'à
Gaspé. Pourtant, c'est en train de se faire. J'ajoute, aux quatre coins
du Québec, de nouveaux palais de justice, des centres de
détention et les quartiers généraux ou les postes locaux
de la Sûreté du Québec.
Une chose certaine, c'est que le gouvernement compte aussi intensifier
ses efforts du côté du développement industriel. Au cours
de la prochaine année, en plus des interventions habituelles, il entend
renforcer par la formule qu'on appelle le guichet unique, c'est-à-dire
le regroupement des services, les équipes qui sont chargées de
diffuser aux petites et moyennes entreprises une information adéquate
sur les programmes gouvernementaux, et d'assurer aussi un meilleur suivi des
dossiers. On s'efforcera également d'orienter davantage vers l'appui aux
initiatives du milieu certains programmes, tels, en particulier, le fonds de
développement régional et les emplois communautaires.
Passons maintenant, si vous le voulez bien, au secteur des institutions
financières. Au terme de trois ans de travaux d'une envergure sans
précédent, le gouvernement a déposé, en septembre
dernier, le rapport du groupe de travail sur l'épargne au Québec.
J'en ai parlé tout à l'heure à propos de la construction
domiciliaire, de l'accès à la propriété. On sait
que ce document propose une libéralisation de la concurrence entre
institutions, tout en assurant une meilleure protection de l'épargne
à sa source. Une consultation de tous les intéressés qui
est actuellement en cours doit se terminer le 31 décembre. Avant de
traduire les résultats en législation, le gouvernement fera le
point de façon plus formelle au début de 1981 avec ses
interlocuteurs des milieux financiers et les autres groupes
intéressés. Mais déjà, cependant, nous sommes
prêts à légiférer sur des projets qui ont fait
l'objet d'une réflexion et d'une consultation qui s'étaient
déroulées avant la publication du rapport sur
l'épargne.
Trois projets de loi seront présentés là-dessus
à l'Assemblée nationale. Le premier apportera des modifications
à la Loi sur les compagnies, concernant principalement les rachats
d'actions, les fusions et les contrats pré-incorporatifs; le second
constituera une réforme complète de la Loi sur les valeurs
mobilières, qui en a bien besoin - je pense que tout le monde le sait
dans le milieu - et qui a fait l'objet d'échanges nourris, au cours des
derniers mois; le troisième, enfin, de ces projets de loi
réformera la Loi sur les compagnies de fiducie. Nous soumettrons aussi
à l'Assemblée d'autres lois qui favoriseront l'essor de la
formule coopérative. Nous remplirons ainsi les engagements qui avaient
été pris, lors du sommet sur la coopération qui
réunissait, en février dernier, tous les intervenants du secteur.
On procédera à la refonte de la Loi sur les associations
coopératives et celle des caisses d'épargne et de crédit,
notamment en regard des pouvoirs de prêts et de placements, ainsi que
celle des coopératives agricoles.
Dans le même ordre d'idées, on vous demandera aussi de
voter une loi dont l'objectif sera de donner un cadre juridique à ces
nouvelles formes d'associations communautaires qui ont surgi ces
dernières années et qui, tout en en différant quelque peu,
s'apparentent quand même à la formule coopérative.
En terminant ce bref survol de la situation économique et de
l'action gouvernementale sur ce plan, je tiens à dire quelques mots de
ces pièces extrêmement importantes de l'échiquier qui
représentent des sommes de plus en plus considérables de fonds
publics et aussi des milliers et même des dizaines de milliers d'emplois,
c'est-à-dire nos sociétés d'État qui, depuis 20
ans, ont été créées la plupart du temps pour
assurer une présence québécoise dans des secteurs
stratégiques. Tel a été le cas encore récemment
pour la Société nationale de l'amiante. Il n'y a pas d'attitude
dogmatique dans notre
façon de concevoir le rôle et le développement de
ces sociétés d'État. C'est d'ailleurs dans la voie de la
rentabilité qu'ont été orientés les efforts majeurs
du gouvernement à leur égard, et cette insistance sur le
pragmatisme économique, qui a sa place aussi bien dans le secteur public
que dans les autres secteurs, il nous semble, a porté ses fruits ou
commence à porter des fruits impressionnants. (16 h 10)
En trois exercices financiers, les profits de l'ensemble des
sociétés d'État ont à peu près
doublé, ce qui représente une croissance moyenne chaque
année de plus de 25%. Plusieurs de ces entreprises remplissent donc
pleinement les espoirs qu'on avait fondés sur elles. L'an dernier, par
exemple, Hydro-Québec, qui demeure, bien entendu, le navire amiral de la
flotte, est devenue la plus grande entreprise du Canada tant par ses actifs que
ses bénéfices nets. Il s'agit là d'une réussite
collective qui démontre, une fois de plus, aux Québécois
qu'il est non seulement plaisant, mais payant aussi de prendre ses affaires en
main. Et cette année, toutes les sociétés d'État,
industrielles ou commerciales, prévoient des bénéfices,
sauf SIDBEC qui oeuvre dans un secteur particulièrement sensible aux
effets d'une récession.
Cette année, nous avons donc l'intention d'accentuer encore cette
stratégie de développement des sociétés
d'État. D'une part, la Chambre sera appelée à apporter des
modifications aux lois de plusieurs d'entre elles, entre autres SOQUIA, dans
l'agroalimentaire; SOQUIP, dans le domaine pétrolier; SOQUEM, dans le
domaine minier en général, et la raffinerie de sucre, afin de
préciser ou d'élargir leur rôle et d'autoriser des mises de
fonds supplémentaires.
La Société générale de financement, en
particulier, qui produira cette année des profits comparables à
ceux des entreprises similaires du secteur privé, est maintenant
prête à entreprendre une nouvelle phase d'expansion; une loi en ce
sens sera donc portée à votre attention. D'autre part,
l'association avec le secteur privé, en projets conjoints ou en "joint
venture", comme on dit en anglais, continuera à être
favorisée. Elle a porté des fruits avec la SGF dans des projets
comme Donohue-Saint-Félicien, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, et
Pétromont, à Montréal, tout récemment, ou encore
comme Distex et Lupel-Amiante - il y a tout un vocabulaire auquel il faut
s'habituer - avec la Société nationale de l'amiante. Et cela se
poursuit d'ailleurs avec les projets de Donohue-Normick à Amos, de
REXFOR dans la papeterie du Bas-Saint-Laurent et les nombreux projets conjoints
de SOQUEM dans le domaine minier.
Il en va de même dans le secteur des transports avec la
restructuration des entreprises aériennes du nord-ouest et celle des
entreprises maritimes par l'entremise de Sonamar.
Maintenant, ce souci de réalisme et d'efficacité que nous
nous efforçons d'accentuer dans les entreprises du secteur public,
inutile d'ajouter qu'il a aussi sa place dans l'ensemble de l'administration
gouvernementale. Sur ce point, on peut commencer par une évidence. Face
à un fardeau fiscal encore trop lourd et qu'il faut continuer à
alléger, comme on l'a fait de notre mieux depuis trois ans maintenant,
et devant des normes et des services publics de plus en plus complexes et
omniprésents, il me semble qu'il tombe sous le sens que l'accent doit
être mis non pas sur la croissance de l'administration, mais sur son
rendement et son accessibilité.
Depuis bientôt quatre ans, le gel des effectifs ou, comme on dit,
la croissance zéro, que nous avons appliqué d'une façon de
plus en plus serrée dans la fonction publique, est sûrement un pas
dans la bonne direction, mais il faut faire bien davantage, en particulier,
pour réduire la réglementation et les contrôles et pour
contrer aussi une certaine tendance à la déshumanisation
administrative.
Je m'empresse d'ajouter qu'il ne faudrait pas rêver en couleur et
s'imaginer que l'appareil bureaucratique et sa paperasse peuvent être
abolis sans autre forme de procès et qu'on se retrouvera tous, du jour
au lendemain, dans le monde enchanteur de "Small is beautiful". Passé
une certaine taille - et cela, tout esprit non démagogique l'admettra -
qui, d'ordinaire, est trop vite atteinte, une entreprise quelle qu'elle soit ou
une ville importante ou même une grande commission scolaire, et à
plus forte raison un gouvernement, sont incapables de fonctionner sans cette
fameuse machine qui a toujours un appétit naturel de croissance qu'il
faut tâcher d'enrayer, bien sûr, et aussi, plus malheureusement
encore, une machine qui a une propension dangereuse à finir par se
conduire effectivement comme une machine.
Depuis quelque temps, nous avons examiné les moyens qu'on
pourrait prendre pour diminuer la lourdeur de l'appareil et pour l'amener aussi
à mieux se rappeler, face aux citoyens, qu'il doit d'abord être
à leur service et non pas l'inverse.
D'abord, du côté de la réglementation, dans laquelle
risquent d'être spécialement noyés les dirigeants de nos
petites et moyennes entreprises, des équipes de travail, sous la
responsabilité du ministre d'État au Développement
économique, ont déjà recueilli suffisamment de
données pour que je puisse annoncer aujourd'hui les mesures suivantes: -
Un nettoyage, dans les plus brefs délais, des règlements
désuets, non applicables ou non appliqués, en commençant
par les secteurs du transport et de la construction où la
prolifération et l'enchevêtrement sont particulièrement
denses. - Une codification, qui, on me l'assure, est toute prochaine, et le
plus vite possible après une évaluation économique de
l'ensemble de la réglementation en vigueur. On a eu la codification,
comme on le sait, des lois, dont la réglementation est censée
nous arriver très bientôt, et elle serait évaluée
économiquement le plus vite possible ensuite pour essayer de
réduire l'impact, très évidemment économique dans
certains cas, d'un excès de réglementation. - Ces deux mesures
viendront s'ajouter à la mise en place du guichet unigue que
j'évoquais tout à l'heure pour les entreprises, et je puis
assurer les dirigeants de nos entreprises qu'un effort méthodique est
déjà en marche pour éliminer ce qui complique, souvent de
façon exagérée, leur accès aux programmes
gouvernementaux.
Maintenant, pour faire le pont entre les PME et l'ensemble des citoyens,
j'ajoute que le ministère du Revenu s'est engagé à
établir un
véritable service à l'entreprise et au grand public, en
même temps qu'il nous promet, pour notre prochaine échéance
de contribuables, des formules d'impôt raccourcies et
simplifiées.
Dans la même veine, on chargera l'Éditeur officiel de
publier désormais une révision annuelle du Guide du citoyen, dont
la première édition est de 1977, afin d'aider les
Québécois et les Québécoises à mieux
connaître leurs droits et les démarches indiquées pour les
faire valoir.
Enfin, sur le plan des relations humaines, il y a une petite mesure de
rien du tout, qui n'a rien de révolutionnaire, qui ne coûtera
sûrement pas cher, mais qui peut, du moins je l'espère, aller
assez loin. Dès demain, des directives, et qui seront appliquées,
exigeront que tous les fonctionnaires du gouvernement et tous les
employés du réseau des Affaires sociales qui ont à traiter
directement avec le public soient clairement identifiés, que leurs nom,
prénom et qualité soient bien en vue pour ceux qu'on appelle "les
clients". En enlevant l'anonymat des relations, il nous semble qu'on devrait
pouvoir en améliorer quelque peu la qualité aussi.
Un autre effort de réalisme que nous avons l'intention d'amorcer
de notre mieux, c'est celui que tous les gouvernements trouvent
particulièrement malaisé.
Au cours des quatre dernières années, nous avons mis en
place des réformes importantes dans un grand nombre de secteurs. Dans la
plupart des cas, on a été obligé d'innover, de trouver des
solutions originales et, même, de mettre à l'essai des
façons de faire qui n'avaient pu être testées ailleurs. On
peut penser en particulier à notre assurance-automobile avec son
indemnisation des dommages corporels sans égard à la faute. On
peut penser à la protection des terres agricoles, à la
réforme de la fiscalité municipale, à la création
des nouvelles municipalités régionales de comté, à
la Charte de la langue française, à la Loi sur la protection de
la jeunesse, au renforcement des lois sur la qualité de l'environnement
et la protection du consommateur, ou, enfin, à la Loi antiscab qui n'a
son pendant nulle part en Amérique.
Au total, je crois que le taux de succès de ces réformes
est assez extraordinaire. Aucune, en tout cas, ne s'est soldée par un
échec, et la vaste majorité ont remporté assez de
succès que, sur le fond, elles rallient maintenant à peu
près tout le monde, sauf, la plupart du temps, l'Opposition
officielle.
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le premier ministre. (16 h 20)
M. Lévesque (Taillon): Cela ne veut pas dire que nous
ayons toujours atteint la perfection. Le gouvernement sait bien que toute
réforme a ses défauts ou ses oublis, que l'application fait
ressortir, et qu'on doit rester disposé à effectuer les
corrections requises afin qu'elle réalise pleinement ses objectifs.
À cette fin, j'ai demandé à mes collègues
responsables de ces nouvelles lois de faire le point sur leur fonctionnement,
de se mettre à l'écoute de ceux qui ont à vivre ces lois
et leur application et de proposer au besoin les ajustements qui
s'imposent.
Bien sûr, il faut faire la part des problèmes
inhérents à toute mise en place de programmes nouveaux. Pendant
la période initiale de rodage, il est normal que certaines
difficultés apparaissent pour se rectifier d'elles-mêmes avec le
temps et l'expérience, mais, très certainement, il arrive aussi
que des correctifs doivent être apportés à la loi pour
faire face à des difficultés imprévues ou pour
éliminer des erreurs. Dans ce cas, le gouvernement proposera à
l'Assemblée nationale les modifications qui paraîtront
indiquées. D'ores et déjà, c'est ainsi que nous pouvons
prévoir des ajustements à la Loi de la protection de la jeunesse,
à la Loi de la fiscalité municipale...
Des voix: ...
M. Lévesque (Taillon): Oui, parce que c'est un des
domaines les plus complexes. C'est un des domaines les plus complexes où
cela a pris deux ans pour mettre au point une réforme dont, je crois,
l'ensemble des municipalités du Québec ont profité et
profitent encore, malgré l'opposition systématique de ceux que
nous savons... Et aussi, à la Loi de la protection du territoire
agricole.
Des voix: Ah!
M. Lévesque (Taillon): Sans aucunement - je m'empresse de
l'ajouter - remettre en cause le principe ni les objectifs essentiels de ces
réforme, nous allons pouvoir ainsi mieux les adapter à la
réalité concrète dans laquelle elles doivent s'inscrire et
nous prendrons la même attitude, le cas échéant, à
l'égard de toutes les lois que nous avons adoptées au cours de
notre premier mandat parce que même si elles constituent un
résultat dont nous sommes, dans l'ensemble, je pense, justifiablement
fiers, on n'a pas la prétention de croire que la vérité
révélée s'y trouve à jamais figée.
Une voix: C'est cela!
M. Lévesque (Taillon): Ce travail de consolidation et de
mise au point ne nous empêchera pas cependant de continuer avec la
même vigueur à tracer les perspectives nouvelles qu'exige
l'évolution de la société.
Ce sera notamment le cas de la réforme du droit de la famille
dont cette Chambre est déjà saisie et à laquelle le
gouvernement donnera la priorité dès la reprise des travaux
réguliers afin qu'elle se concrétise le plus tôt possible,
évidemment, avec la coopération habituelle de l'Opposition. Ce
nouveau chapitre de notre Code civil viendra, je l'espère, donner une
fois pour toutes aux femmes du Québec - surtout aux plus jeunes, puisque
les effets d'un nouveau code se feront sentir sur plusieurs
générations - ce dont leurs aînées ont dû,
hélas! trop souvent se passer.
Quant aux femmes qui sont sur le marché du travail, nous pensons
que les mécanismes actuels de non-discrimination sont nettement
insuffisants pour leur garantir l'égalité réelle qui est
un principe, mais dont l'application n'a pas avancé encore très
vite dans notre société. Les femmes occupent trop souvent des
emplois subalternes et leurs chances d'avancement sont, pour ainsi dire,
collectivement nulles. Cette situation se répercute même - et nous
le savons tous - dans notre propre fonction publique où moins de 3% des
postes de cadres sont occupés
par des femmes. Nous avons mis en marche, du côté de la
fonction publique, des comités, enfin, tout l'appareil habituel de
correction, mais il faut aller plus loin. Aussi, nous proposerons des
amendements à la Charte des droits et libertés de la personne qui
permettront désormais la mise sur pied de programmes spéciaux de
redressement. Si la non-discrimination passive ne suffit pas, nous recourrons,
partout où il le faudra, à des programmes de non-discrimination
active, ce qu'on appelle en anglais des programmes d'action positive. Je
signale, en passant, que les Québécoises seront ainsi à
même de constater, en faisant la comparaison avec ce qui se passe aux
Etats-Unis au sujet du "Equal Rights Amendment", par exemple, l'amendement
à la constitution, à propos de l'égalité des
droits, que les Québécoises pourront constater, en faisant cette
comparaison, qu'il est plus facile de modifier, dans le sens du progrès,
une loi comme notre Charte des droits que de changer une charte qui serait
coulée dans le ciment d'une constitution.
Des voix: Bravo!
M. Lévesque (Taillon): Sur le plan social encore, nous
proposerons également, pour les accidentés du travail, l'adoption
d'un nouveau régime d'indemnisation qui se rapproche de celui qui
prévaut maintenant pour les victimes d'accidents d'automobile, et nous
compléterons ainsi la réforme entreprise dans le domaine de la
sécurité au travail.
Nous procéderons, de plus, à l'établissement d'un
fonds minier...
Une voix: Bravo!
M. Lévesque (Taillon): ...et ce fonds minier viendra
garantir une certaine sécurité financière aux travailleurs
des mines qui, plus que les autres, sont sujets à perdre leur emploi en
raison de la nature non renouvelable de la ressource elle-même. Cette
nouvelle loi ouvrira la porte aussi à un régime
amélioré de sécurité d'emploi en vertu d'une loi
sur les licenciements collectifs.
Par ailleurs, il faut déplorer le fait que les régimes de
pension existants ne garantissent pas, dans un bon nombre de cas - en
particulier, à cause de l'extrême difficulté de
mobilité des droits de retraite accumulés - un revenu de
remplacement suffisant pour assurer l'autonomie financière qui
permettrait une transition normale entre la vie de travail et la retraite. Le
gouvernement entend donc amorcer un processus visant à améliorer
certaines dimensions des régimes de retraite et en favorisant, entre
autres, des mécanismes de transférabilité.
Une voix: Bravo!
M. Lévesque (Taillon): Enfin, dans le cadre de notre
politique d'égalité des chances et dans la perspective de
l'année 1981 qui a été décrétée
l'Année internationale des handicapés, des mesures visant
à favoriser l'embauche de personnes handicapées dans la fonction
publique d'abord, qui doit donner l'exemple, seront adoptées.
Dans le secteur de la culture et des communications, nous avons
décidé de procéder par étapes à
l'élaboration d'une loi-cadre complète sur le cinéma, un
domaine qui a autant d'importance économique potentielle que
d'importance culturelle dans le monde d'aujourd'hui et où l'on sait que
- si j'ai bonne mémoire - une loi de 1975 était pratiquement ni
à faire ni à refaire et qu'il faut recommencer en grande partie.
Alors, comme premier geste concret, on déposera un projet de
codification des lois existantes accompagné des amendements unanimement
réclamés. Dans un deuxième temps, une commission
d'étude sera formée pour analyser les problèmes qui
nécessitent une réflexion plus approfondie. Ces mesures font
suite, telles que je les annonce, au rapport que vient de déposer
l'Institut québécois du cinéma.
Le gouvernement entend également poursuivre la mise en oeuvre
déjà largement réalisée du livre blanc sur la
politique québécoise de développement culturel. En
particulier, deux domaines majeurs feront l'objet de mesures concrètes:
celui des créateurs et celui des communautés culturelles. Un
énoncé de politique présentant un ensemble d'objectifs et
de mesures permettra d'améliorer le sort des créateurs
québécois et, dès l'abord, en renforçant le respect
des droits d'auteur pour que ceux qui les ont conçus reçoivent
leur juste part de nos biens culturels. (16 h 30)
D'autre part, à la suite du dialogue continu que le gouvernement
a poursuivi au cours de la dernière année avec nos diverses
communautés culturelles, un second énoncé de politique
annoncera très bientôt des principes et un plan d'action pour
assurer, dans notre société majoritairement française, le
plein épanouissement de nos concitoyens des communautés ethniques
et de la grande minorité anglophone.
Enfin, dans le domaine de la recherche scientifique, il y a toute une
perspective qui avait été intitulée Un projet collectif,
il n'y a pas si longtemps. On prendra, a partir de là, des mesures de
soutien à la formation et à l'emploi d'un personnel scientifique
de haute qualité. On a vu à quel point jusqu'à
présent, et c'est tout récent, l'éducation scientifique a
encore des croûtes à manger au Québec. On s'emploiera
à stimuler le développement de l'information et à
promouvoir, pour l'ensemble des citoyens, l'accès à la culture
scientifique et technique. Le Conseil de la politique scientifique, qui est
prévu, devra devenir un pivot important du développement du
Québec dans ce domaine fondamental.
Nous allons suivre également de près - je suis sûr
que nous allons tous le faire - les travaux de la commission chargée
d'étudier la question de l'accès à l'information
gouvernementale et la protection de la vie privée. Cette commission a le
mandat de préparer directement un projet de loi qui pourra donc
être soumis sans délai à l'Assemblée nationale. Nous
avons à coeur, en effet, que le Québec ne prenne aucun retard sur
ce qui peut se faire ou pourra se faire à cet égard, ailleurs, en
particulier, au Canada.
Le gouvernement a aussi l'intention de donner suite prochainement
à l'ordre adopté par cette Assemblée lors de la
dernière session et de faire siéger la commission parlementaire
du travail et de la main-d'oeuvre pour examiner l'exercice du droit de
grève dans les secteurs public et parapublic. Il s'agit là d'une
question à la fois délicate et cruciale - c'est
peut-être
devenu en ce moment un sujet un peu plus léger, mais je me
souviens de toutes les angoisses qu'on exprimait éloquemment les uns et
les autres il n'y a pas tant de mois à ce sujet - que nous avons le
devoir, comme nous nous y sommes engagés, de discuter à fond
comme société.
Il n'y a pas beaucoup de Québécois, s'il en est, qui
soient satisfaits de la tournure qu'a encore prise la dernière ronde de
négociations dans le secteur public. Même si les perturbations et
les dégâts n'ont pas atteint l'ampleur des rondes
précédentes, ces grèves répétées et
apparemment inévitables dans des services aussi vitaux que les
hôpitaux, les maisons d'hébergement ou les centres d'accueil et
les écoles ont vraiment pris l'allure chez nous d'un mal incurable. Par
ailleurs, la négociation elle-même est devenue une affaire
hautement bureaucratique où les citoyens et même souvent les
syndiqués ont énormément de difficultés à
faire la part des choses.
Quant aux services qu'on appelle les services essentiels, nous n'avons
pas encore trouvé collectivement le moyen, ni de les définir
correctement, ni d'en garantir vraiment le maintien. Il faut profiter de la
période qui nous sépare de la prochaine ronde de
négociations pour revoir de fond en comble le système qui
prévaut chez nous depuis une quinzaine d'années. Il faut que ce
soit une entreprise conjointe de tous les intéressés et, pour sa
part, le gouvernement s'y préparera avec une conscience aiguë de
ses responsabilités.
Tel que prévu aussi, on mettra l'accent sur la
sécurité routière qui est, en fait, notre
sécurité à tous, en adoptant un nouveau code de la route.
Un avant-projet de code a déjà fait l'objet de consultations en
commission parlementaire et la loi qui vous sera présentée
tiendra compte, évidemment, des commentaires et des suggestions qu'on
avait alors recueillis.
Un autre projet important de réforme concerne les structures de
la Communauté urbaine de Montréal. On sait que le ministre des
Affaires municipales a invité récemment tous les
intéressés à lui faire connaître leur point de vue
à ce sujet. Déjà, plusieurs mémoires nous ont
été communiqués et le gouvernement a décidé
de confier à un comité ministériel le soin d'examiner ces
représentations et de mettre au point, le plus tôt possible, un
projet précis qui sera ensuite soumis à l'examen des principaux
intéressés.
Enfin - je voudrais terminer par là pour signaler les services
éminents que nos concitoyens rendent au Québec, un Ordre national
du mérite sera établi. Ce genre...
C'est curieux, sauf tout le respect que je dois à cette
institution que nos amis d'en face n'aient jamais ri de l'Ordre du Canada, que
je respecte, et que, tout à coup, un ordre québécois leur
paraisse si léger. Pourtant, ce genre de reconnaissance officielle
existe depuis longtemps dans le domaine agricole et on sait avec quelle
fierté il est reçu, et une fierté justifiée. Plus
récemment, on l'a instauré aussi dans le secteur forestier et
dans celui du civisme. Je suis certain que tous les Québécois
seront fiers d'avoir enfin leur Ordre national du mérite et de pouvoir
témoigner officiellement de leur reconnaissance envers ceux et envers
celles des leurs qui se sont particulièrement signalés pour le
service ou pour la renommée de la nation.
Et voilà pour l'essentiel le programme que nous entendons
soumettre à l'Assemblée nationale, ou encore réaliser dans
les secteurs de l'économie et de l'administration publique.
Je n'apprends rien à personne en soulignant, avant de terminer,
qu'avec cette nouvelle session, nous nous engageons dans une décennie
qui s'annonce déjà complexe et pas facile. Il faut certes tenter
par tous les moyens d'accélérer notre croissance. Je crois que
tous ceux qui suivent ce qui se passe à l'Assemblée ont pu
constater que j'avais quand même quelque peu raison quand je disais, au
début, que, sur l'ensemble des sujets que nous avons à discuter,
nous ne serons pas nécessairement toujours d'accord et que la discussion
risque peut-être d'être assez vive le long du chemin. Mais je
voudrais revenir, en terminant, et sans insister davantage, sur le fait qu'il
faut aussi, puisqu'on nous l'impose, défendre nos droits comme
Québécois. Ce que nos concitoyens exigent aussi de nous et qui
sous-tend toutes les aspirations, c'est qu'on se tienne à
l'écoute de leur point de vue et qu'on accorde une attention sans cesse
plus soutenue, plus efficace, aux problèmes qu'ils rencontrent
quotidiennement.
Les défis des années quatre-vingt, la
société québécoise est équipée sur
tous les plans, à commencer par le plan humain, pour passer à
travers victorieusement, à condition de le faire en n'oubliant jamais
que l'avenir, ça commence toujours à se construire aujourd'hui et
que même si l'État et le Parlement ont à y jouer un
rôle de service essentiel, les bâtisseurs de la
société de plus en plus vivable et de plus en plus stimulante que
nous souhaitons, ce sont tous et chacun, et chacune d'entre nous. Merci.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Ryan: M. le Président, je demande l'ajournement du
débat.
Le Président: Cette motion est adoptée? M. le
leader parlementaire du gouvernement. (16 h 40)
Commission de l'Assemblée nationale
M. Charron: M. le Président, conformément aux
articles 22 et 136 du règlement, je voudrais proposer, à ce
moment-ci, que la commission de l'Assemblée nationale soit
instituée et, après consultation des partis d'Opposition, qu'elle
soit composée de MM. Bertrand, Bisaillon, Charron, Chevrette, de Mme
Cuerrier, de MM. Duhaime, Dussault, Fontaine, Goulet, Jolivet, Lamontagne,
Lavoie, Levesque (Bonaventure), Marquis, Richard et Vaillancourt
(Jonquière).
Cette commission, si elle est formée, se réunira dans les
prochains jours, M. le Président.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: La motion est adoptée.
M. le leader parlementaire du gouvernement
Règlement sessionnel
M. Charron: M. le Président, de même, avant de
proposer l'ajournement de la Chambre, je voudrais proposer que le
règlement sessionnel - à nouveau, après consultation des
partis d'Opposition - qui prévalait au moment de la prorogation de la
quatrième session de la présente Législature soit
reconduit, durant la présente session, avec la modification suivante:
celle qui retrancherait l'article 1 de ce règlement sessionnel, qui
modifiait l'article 23, paragraphe 1 et en retranchant également
l'article 11, qui modifiait alors l'article 127, paragraphe 2. Ceci, M. le
Président, pour quitter le jargon des articles de nos règlements,
permettrait de recourir à nouveau à la tradition voulant que le
débat sur le discours inaugural et sur le discours du budget dure les 25
heures que prévoit notre règlement.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Ajournement
M. Charron: M. le Président, l'Assemblée est sans
doute informée que le premier ministre du Québec répond,
demain, à une invitation de la Chambre de commerce de Québec, aux
heures régulières des dîners de la chambre, ce qui fait que
- j'en ai aussi prévenu et consulté l'Opposition - il nous semble
impossible que l'Assemblée puisse se réunir à 14 heures,
comme le règlement sessionnel qui vient d'être adopté le
prévoyait, ou, alors, qu'elle devrait, à ce moment, se priver de
la présence du premier ministre. Je crois que, pour la période de
questions, celui-ci souhaite être ici, et c'est sans doute le voeu de
l'Opposition. Je propose donc que l'Assemblée ajourne ses travaux
à demain, jeudi, 14 h 30.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Fontaine: Nous donnerions certainement notre consentement
à l'adoption de cette proposition, à la condition toutefois qu'on
s'entende au préalable pour que le chef de l'Union Nationale, qui aura
à faire un discours demain après-midi, puisse le terminer avant
que nous procédions à l'ajournement.
M. Charron: Oui, M. le Président, en débutant
à 14 h 30, il y aura la période de questions
régulière et nous entendrons ensuite la réplique du chef
de l'Opposition au message inaugural, qui peut durer jusqu'à deux
heures, et nous enchaînerons immédiatement avec la réplique
du chef de l'Union Nationale.
Si nous devions, à cause des contingences de temps,
dépasser 18 heures, la majorité est prête à donner
son consentement à ce que nous franchissions 18 heures pour que,
à la suite du discours du chef de l'Union Nationale, nous ajournions
jusqu'à mardi prochain.
Le Président: Dois-je considérer que la motion du
leader parlementaire du gouvernement sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Je fais donc ma motion en proposant l'ajournement
jusqu'à 14 h 30, demain, M. le Président.
Le Président: Adopté? Des voix:
Adopté.
Le Président: Alors, l'Assemblée ajourne ses
travaux à demain, 14 h 30.
Fin de la séance à 16 h 44
ANNEXE MEMBRES DU CONSEIL DES MINISTRES
Le 5 novembre 1980
(Ordre protocolaire)
Premier ministre et Président du Conseil exécutif Monsieur
René Lévesque
Vice-premier ministre et ministre de l'Éducation Monsieur
Jacques-Yvan Morin
Ministre d'État au Développement culturel Monsieur Camille
Laurin
Ministre d'État au Développement social Monsieur Pierre
Marois
Ministre d'État au Développement économique
Monsieur Bernard Landry
Ministre d'État à l'Aménagement
Ministre responsable de l'OPDQ Monsieur Jacques Léonard
Ministre d'État à la Condition féminine Madame Lise
Payette
Ministre des Finances et président du Conseil du trésor
Monsieur Jacques Parizeau
Ministre des Affaires intergouvernementales Monsieur Claude Morin
Ministre de la Justice et ministre d'État à la
Réforme électorale Monsieur Marc-André Bédard
Leader parlementaire du gouvernement Ministre
délégué aux affaires parlementaires Monsieur Claude
Charron
Ministre des Affaires municipales Monsieur Guy Tardif
Ministre des Affaires sociales Monsieur Denis Lazure
Ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
Monsieur Jean Garon
Ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières Monsieur Guy Joron
Ministre des Affaires culturelles et ministre des Communications
Monsieur Denis Vaugeois
Ministre de l'Environnement Monsieur Marcel Léger
Ministre de la Fonction publique Monsieur François Gendron
Ministre de l'Immigration Monsieur Jacques Couture
Ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme Monsieur Yves
Duhaime
Ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
Vice-président du Conseil du trésor Monsieur Lucien
Lessard
Ministre de l'Énergie et des Ressources Monsieur Yves
Bérubé
Ministre du Revenu Monsieur Michel Clair
Ministre des Transports Monsieur Denis de Belleval
Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre Monsieur Pierre-Marc
Johnson
Ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement Madame Jocelyne
Ouellette
ADJOINTS PARLEMENTAIRES 4 novembre 1980
M. Jean-François Bertrand Adjoint au leader de la Chambre
(Affaires parlementaires)
M. Pierre de Bellefeuille Adjoint parlementaire au ministère des
Affaires intergouvernementales
M. Elie Fallu Adjoint parlementaire au ministère de
l'Éducation
M. Gérald Godin Adjoint parlementaire au ministère de la
Justice
M. Gilles Grégoire Adjoint parlementaire au ministère de
l'Énergie et des Ressources
M. Richard Guay Adjoint parlementaire au ministère des Affaires
municipales (habitation)
Mme Denise LeBlanc-Bantey Adjoint parlementaire au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme (pêches)
M. Alain Marcoux Adjoint parlementaire au ministère des Affaires
sociales
M. Maurice Martel Adjoint parlementaire au ministère des Travaux
publics et de l'Approvisionnement
M. Adrien Ouellette Adjoint parlementaire au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
M. Réal Rancourt Adjoint parlementaire au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
MEMBRES DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE DU
QUEBEC
PRESIDENT: M. Clément Richard VICE-PRESIDENTS: Mme Louise
Cuerrier M. Claude Vaillancourt
Nom, prénoms
Affiliation
Profession ou métier
District électoral
politique
Alfred, Jean Ind. Professeur Papineau
Baril, Jacques P.Q. Agriculteur Arthabaska
Beauséjour, Jacques P.Q. Educateur Iberville
Bédard, Marc-André P.Q. Avocat Chicoutimi
Bertrand, Jean-François P.Q. Professeur Vanier
Bérubé, Yves P.Q. Ingénieur Matane
Biron, Rodrigue Ind. Industriel Lotbinière
Bisaillon, Guy P.Q. Conseiller technique Sainte-Marie
Blank, Harry P.L.Q. Avocat Saint-Louis
Bordeleau, Jean-Paul P.Q. Technicien Abitibi-Est
Boucher, Jules P.Q. Directeur Rivière-du-Loup
Brassard, Jacques P.Q. Professeur Lac-Saint-Jean
Brochu, Yvon U.N. Psychologue Richmond
Caron, Lucien P.L.Q. Administrateur Verdun
Chaput-Rolland, Solange P.L.Q. Journaliste Prévost
Charbonneau, Jean-Pierre P.Q. Journaliste Verchères
Charron, Claude P.Q. Professeur Saint-Jacques
Chevrette, Guy P.Q. Secrétaire général
Joliette-Montcalm
Ciaccia, John P.L.Q. Avocat Mont-Royal
Clair, Michel P.Q. Avocat Drummond
Cordeau, Fabien U.N. Directeur de services Saint-Hyacinthe
Couture, Jacques P.Q. Organisateur communautaire Saint-Henri
Cuerrier, Louise P.Q. Enseignante Vaudreuil-Soulanges
de Bellefeuille, Pierre P.Q. Journaliste Deux-Montagnes
de Belleval, Denis P.Q. Fonctionnaire Charlesbourg
Desbiens, Hubert P.Q. Enseignant Dubuc
Dubois, Claude P.L.Q. Commerçant Huntingdon
Duhaime, Yves P.Q. Avocat Saint-Maurice
Dussault, Roland P.Q. Enseignant Châteauguay
Fallu, Elie P.Q. Professeur Terrebonne
Fontaine, Serge U.N. Avocat Nicolet-Yamaska
Forget, Claude P.L.Q. Economiste Saint-Laurent
Gagnon, Marcel P.Q. Aviculteur Champlain
Garon, Jean P.Q. Economiste et avocat Lévis
Gendron, François P.Q. Educateur Abitibi-Ouest
Giasson, Julien P.L.Q. Courtier d'assurances Montmagny-L'Islet
Godin, Gérald P.Q. Journaliste Mercier
Gosselin, Gérard P.Q. Travailleur communautaire Sherbrooke
Goulet, Bertrand U.N. Professeur Bellechasse
Gratton, Michel P.L.Q. Ingénieur Gatineau
Gravel, Raymond P.Q. Moniteur en réadaptation Limoilou
Grégoire, Gilles P.Q. Homme d'affaires Frontenac
Guay, Richard P.Q. Avocat Taschereau
Johnson, Pierre-Marc P.Q. Médecin Anjou
Jolivet, Jean-Pierre P.Q. Agent syndical Laviolette
Joron, Guy P.Q. Conseiller financier Mille-Iles
Laberge, Henri P.Q. Assureur-vie agréé Jeanne-Mance
Lacoste, Jean-Marc P.Q. Commissaire d'écoles Sainte-Anne
Lalande, Georges P.L.Q. Avocat Maisonneuve
Lalonde, Fernand P.L.Q. Avocat Marguerite-Bourgeoys
Lamontagne, Robert P.L.Q. Notaire Roberval
Landry, Bernard P.Q. Avocat Fabre
Laplante, Patrice P.Q. Commissaire administrateur Bourassa
Larivière, Jean-Guy P.L.Q. Homme d'affaires
Pontiac-Témiscamingue
Laurin, Camille P.Q. Médecin Bourget
Lavigne, Laurent P.Q. Enseignant Beauharnois
Nom, prénoms Affiliation
Profession ou
métier
District électoral politique
Lavoie, Jean-Noël P.L.Q. Notaire Laval
Lavoie-Roux, Thérèse P.L.Q. Administratrice scolaire
L'Acadie
Lazure, Denis P.Q. Médecin-administrateur Chambly
LeBlanc-Bantey, Denise P.Q. Journaliste et étudiante
Îles-de-la-Madeleine
Lefebvre, Charles P.Q. Ingénieur Viau
Léger, Marcel P.Q. Administrateur Lafontaine
Le Moignan, Michel U.N. Prêtre Gaspé
Léonard, Jacques P.Q. Comptable agréé
Laurentides-Labelle
Lessard, Lucien P.Q. Professeur Saguenay
Levesque Gérard-D. P.L.Q. Avocat et administrateur
Bonaventure
Lévesque, Léonard P.Q. Cultivateur
Kamouraska-Témiscouata
Lévesque, René P.Q. Journaliste Taillon
Mailloux, Raymond P.L.Q. Homme d'affaires Charlevoix
Marchand, André P.L.Q. Imprimeur Laurier
Marcoux, Alain P.Q. Administrateur scolaire Rimouski
Marois, Pierre P.Q. Avocat Laporte
Marquis, Léopold P.Q. Administrateur Matapédia
Martel, Maurice P.Q. Pharmacien Richelieu
Marx, Herbert P.L.Q. Avocat D'Arcy McGee
Mathieu, Hermann P.L.Q. Notaire Beauce-Sud
Mercier, Jean-Guy P.Q. Administrateur Berthier
Michaud, Gilles P.Q. Administrateur Laprairie
Morin, Claude P.Q. Economiste Louis-Hébert
Morin, Jacques-Yvan P.Q. Professeur Sauvé
O'Gallagher, John P.L.Q. Ingénieur civil Robert Baldwin
O'Neill, Louis P.Q. Professeur Chauveau
Ouellette, Adrien P.Q. Professeur Beauce-Nord
Ouellette, Jocelyne P.Q. Educatrice Hull
Pagé, Michel P.L.Q. Avocat Portneuf
Paquette, Gilbert P.Q. Directeur pédagogique Rosemont
Parizeau, Jacques P.Q. Economiste L'Assomption
Payette, Lise P.Q. Journaliste Dorion
Perron, Denis P.Q. Opérateur Duplessis
Picotte, Yvon P.L.Q. Principal d'école Maskinongé
Proulx, Jérôme P.Q. Professeur Saint-Jean
Rancourt, Réal P.Q. Agriculteur Saint-François
Richard, Clément P.Q. Avocat Montmorency
Rivest, Jean-Claude P.L.Q. Avocat Jean-Talon
Ryan, Claude P.L.Q. Journaliste Argenteuil
Saint-Germain, Noël P.L.Q. Optométriste Jacques-Cartier
Samson, Camil P.L.Q. Vendeur Rouyn-Noranda
Scowen, Reed P.L.Q. Administrateur Notre-Dame-de-Grâce
Shaw, William Frederic Ind. Chirurgien-dentiste Pointe-Claire
Springate, George P.L.Q. Homme d'affaires et sportif Westmount
Tardif, Guy P.Q. Professeur Crémazie
Tremblay, Rodrigue Ind. Economiste Gouin
Vailancourt, Claude P.Q. Avocat Jonquière
Vaillancourt, Georges P.L.Q. Administrateur Orford
Vaugeois, Denis P.Q. Historien et éditeur
Trois-Rivières
Verreault, Richard P.L.Q. Homme d'affaires Shefford
P.Q. - Parti québécois
P.L.Q. - Parti libéral du Québec
U.N. - Union Nationale
Ind. - Indépendant
Sièges vacants: Brome-Missisquoi, Johnson,
Mégantic-Compton et Outremont