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(Quinze heures neuf minutes)
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
La séance est maintenant suspendue à loisir.
A l'ordre, s'il vous plaît!
Mesdames et messieurs, veuillez vous lever, le lieutenant-gouverneur va
maintenant faire son entrée.
Allocution d'ouverture
Le lieutenant-gouverneur
Le lieutenant-gouverneur: Veuillez vous asseoir.
Mesdames et messieurs de l'Assemblée nationale, vous entreprenez
aujourd'hui une nouvelle session après seulement un répit de
quelque 14 jours. Cela démontre à quel point la tâche de
député a évolué au cours des dernières
années. Il n'y a pas si longtemps, la session ne durait guère
plus de quatre ou cinq mois et la plupart des membres de votre Assemblée
pouvaient continuer pendant leur mandat à exercer leur profession ou
à s'occuper de leurs affaires.
Aujourd'hui, la fonction de député est une tâche
à temps plein qui exige de son titulaire une disponibilité de
tous les instants. Non seulement les sessions sont-elles plus longues,
s'étendant tout au long de l'année, mais les travaux
parlementaires qui se déroulent de plus en plus fréquemment en
commission sont beaucoup plus intensifs et exigeants. Parce que les
problèmes auxquels vous devez vous attaquer sont de plus en plus
complexes et couvrent des domaines toujours plus étendus, vous ne pouvez
vous acquitter de vos fonctions parlementaires sans y mettre beaucoup de
préparation. Il est rare, de nos jours, qu'un député
puisse se fier à son don d'improvisation pour participer aux
débats de la Chambre ou aux discussions des commissions. Plus souvent
qu'autrement, il doit parcourir au préalable plusieurs mémoires
et analyses techniques sans lesquels il lui serait difficile d'apporter une
contribution valable au déroulement des affaires législatives. La
présence dans vos murs des caméras de la télévision
n'a fait que rendre plus évidente cette exigence contemporaine.
Le rapidité de la vie moderne, d'une part, et le désir de
la population de participer directement à la conduite des affaires
publiques, d'autre part, mettent nos institutions démocratiques devant
un défi de taille. Non seulement faut-il accroître
substantiellement le nombre des lois qui doivent être adoptées
pour faire face aux multiples changements sociaux, mais encore faut-il le faire
en accordant aux citoyens l'occasion de se faire entendre directement des
législateurs par la voie de mémoires aux commissions
parlementaires qui sont chargées d'étudier les projets de loi les
plus importants. Tout cela accroît énormément le fardeau de
votre travail et rend indispensable une amélioration encore plus
poussée du mode de fonctionnement de votre Assemblée.
Mesdames et messieurs de l'Assemblée nationale, en ouvrant
aujourd'hui la quatrième session de la XXXIe Législature, je vous
invite, au nom de toutes les Québécoises et de tous les
Québécois, à poursuivre vos travaux avec
sérénité, dévouement et lucidité pour le
plus grand bien de notre nation.
Le Président: Veuillez vous asseoir! A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle, vous avez
la parole.
Télédiffusion des débats par
Radio-Canada et Radio-Québec
M. Lavoie: M. le Président, je vous ai prévenu,
dans les meilleurs délais, d'une courte question de privilège que
j'ai l'intention de soulever au nom de l'Assemblée nationale, et je me
réfère à l'article 48 du règlement. Je
considère qu'il y a une violation des droits de l'Assemblée qui
doit se commettre à l'instant à mon point de vue
par deux sociétés d'Etat. Radio-Canada, d'une part, après
des conversations que nous avons depuis 24 heures, a décidé, dans
sa programmation, de télédiffuser, cet après-midi, en
entier, non seulement l'allocution d'ouverture du lieutenant-gouverneur, mais
également le discours du premier ministre, d'une manière
intégrale et en direct sur tout le réseau français de
Radio-Canada au Québec.
Au début, nous avions eu vent, hier matin, que le même
traitement aurait été accordé tant au chef de l'Opposition
officielle qu'aux chefs des autres partis reconnus de cette Assemblée.
Après des conversations personnelles que j'ai eues avec les responsables
de Radio-Canada, cette décision a été modifiée et
uniquement le discours du premier ministre sera diffusé en direct sur
tout le réseau de la télévision de Radio-Canada au
Québec. Le même traitement ne sera pas accordé demain,
mettant de côté toute la programmation normale de Radio-Canada
pour permettre l'autre côté de la médaille, soit la
réponse du chef de l'Opposition officielle et du chef de l'Union
Nationale. (15 h 20)
Egalement, Radio-Québec, qui relève de cette
Assemblée par une loi de cette Assemblée, a décidé,
cet après-midi, de télédiffuser en direct et d'une
manière intégrale le discours du premier ministre, sans accorder
demain le même traitement au chef de l'Opposition et aux chefs des
autres partis reconnus. Radio-Québec doit également
télédiffuser en différé ce soir, à 22 h 30,
une deuxième fois dans la même journée, le discours du
premier ministre.
M. le Président, je crois qu'il s'agit d'une violation des droits
de cette Assemblée quant à son information. Je dis qu'il s'agit
d'un précédent dangereux, que cela n'a jamais été
fait dans quelque Parlement que ce soit au Canada. A Ottawa, on
télédiffuse le discours du gouverneur général, non
pas les discours des partis dans des émissions spéciales de la
radio d'Etat. Je me pose la question. Si nous laissons passer aujourd'hui ce
précédent, M. le Président, est-ce que la même chose
se produira lors du discours du budget? La même chose pourrait-elle
arriver lors du débat sur la question du référendum qui
doit être débattue dans certains délais? Est-ce que ce sera
uniquement le message du premier ministre et non pas les discours des autres
chefs de parti? Je dis que cela va à l'encontre d'une tradition ici, au
Canada, où les partis politiques ont toujours d'une manière
quantitative et qualitative la même diffusion, la même couverture.
C'est prévu à l'article 75 de la loi 2 que nous avons
adoptée ici, forçant tous les media à donner la même
couverture à tous les partis politiques.
M. le Président, devant cette situation, nous avons
décidé de prendre une décision grave. En ce qui concerne
l'Opposition officielle, étant donné qu'il n'y aura pas de
débat cet après-midi et qu'il s'agit uniquement du discours d'un
chef de parti politique, nous ne désirons pas participer à ce
scénario et nous devons quitter l'Assemblée, M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, contrairement à ce
que fait présentement le Parti libéral, nous resterons à
notre devoir puisque nous sommes élus...
Des Voix: Bravo!
M. Bellemare: ... pour siéger et non pas pour quitter la
Chambre. Je me souviens que le Parti libéral, lors de l'adoption du
projet de loi de l'impôt sur le revenu a fait le même jeu qu'il
fait là. J'étais dans l'Opposition et ils étaient sortis.
Pour respecter l'autonomie provinciale, on avait imposé, nous, dans la
province de Québec, un impôt sur le revenu et ils n'avaient pas
voulu voter. Ils étaient sortis.
Des Voix: Bravo!
M. Bellemare: M. le Président, je veux seulement ajouter
un mot pour justifier un peu la question de règlement qui vient
d'être soulevée. La procédure de l'Assemblée
nationale est réglée par les articles 1, 2, 3, par des lois, des
règlements sessionnels, mais à l'article 4, il est dit ceci:
"Dans un cas non prévu par les règles de procédure ou dans
un cas de divergence d'opinions sur l'inter- prétation d'une
règle de procédure, le président décide en tenant
compte des usages de l'Assemblée."
Je pense que, M. le Président, la requête que vous a faite
l'honorable député de Laval est bien justifiée à
mon sens parce qu'on doit, dans cette démocratie, respecter les droits
acquis des parlementaires qui siègent d'un côté comme de
l'autre. Si on n'a aucun contrôle sur Radio-Canada, on est obligé
de se soumettre, c'est sûr. Mais si Radio-Québec dépend du
Québec, on doit au moins avoir cette compensation, à savoir que
les partis puissent au moins avoir le même traitement au point de vue
démocratique que le gouvernement.
M. le Président, je ne demande pas la charité. Je demande
simplement qu'un droit acquis par les parlementaires soit respecté dans
cette Législature. Si on accorde au premier ministre un traitement
particulier pour Radio-Québec, qu'on nous l'accorde à nous,
particulièrement pour demain, lors de l'intervention de l'honorable chef
de l'Opposition et de l'honorable chef du parti de l'Union Nationale.
Le Président: Merci. Je voudrais, avant qu'il ne soit trop
tard et pour la bonne compréhension de tout le monde, signaler que
l'Assemblée nationale n'a aucune juridiction sur les diffuseurs, qu'il
s'agisse de Radio-Canada ou de Radio-Québec. En ce qui concerne
l'Assemblée nationale cela doit être dit aussi nous
ferons exactement comme d'habitude: nous retransmettrons intégralement
non seulement le discours inaugural, mais également les répliques
qui seront prononcées. Cela doit être dit, il me semble, pour la
bonne compréhension de tout le monde.
D'autre part et sans vouloir m'immiscer dans le mérite de la
question, je signale que les informations que j'ai sont qu'au moins en
différé, demain soir et après-demain, Radio-Québec
reprendra le discours du chef de l'Opposition officielle et celui du chef de
l'Union Nationale.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, vous venez à peu
près de dire ce que je voulais soulever devant l'Assemblée. Je
m'en étonne un peu. Je prends la parole du leader de l'Opposition
officielle, qui nous a livré des informations que je ne possédais
pas auparavant. Quant à Radio-Canada, je suis de ceux qui doivent
affirmer que nous n'avons aucun contrôle sur les décisions de
cette société fédérale. Quant à
Radio-Québec, l'information que je possède, c'est que cette
société reprend dès aujourd'hui la programmation
régulière que nous avons connue à l'automne et qu'en ce
sens, comme vous venez de le dire c'est tout à fait normal
d'ailleurs que ce soit comme tel le discours que le chef de l'Opposition
officielle prononcera demain et celui du chef de l'Union Nationale seront
transmis par Radio-Québec. Je pense bien que c'est le souhait de tous
les membres de l'Assemblée également.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci, M. le Président. Je viens d'apprendre
à l'instant exactement ce qui se passe au point de vue de la
télédiffusion. Ce que j'en savais jusqu'à ce moment, c'est
que Radio-Canada devait diffuser en direct le discours de l'honorable premier
ministre et interviewer par la suite, au salon rouge, les chefs de partis.
C'est tout ce qu'on m'avait donné comme information. Je viens
d'apprendre, comme les autres, M. le Président, qu'il n'y aura pas de
traitement équivalent pour les autres partis politiques de l'Opposition
et je dois vous dire que c'est une chose que je regrette
énormément.
Cependant, je dois aussi considérer le fait que cette
Assemblée n'a pas de juridiction sur Radio-Canada et que nous ne pouvons
donc pas leur dicter quoi faire; nous ne pouvons que regretter ce fait et leur
demander de considérer que dans cette Assemblée, il n'y a pas
qu'un parti politique de représenté, il y en a plusieurs et il
doit y avoir, je pense, traitement égal au moins en considération
pour la loi 2, qui est la Loi sur le financement des partis politiques.
Cependant, je ne sortirai pas de cette Assemblée. Je demeurerai
ici pour écouter l'honorable premier ministre, tout en soulignant que
sortir de l'Assemblée n'est pas toujours la meilleure façon
d'obtenir gain de cause. J'en prends à témoin les sept
députés péquistes de 1970 qui avaient refusé de
siéger, qui avaient siégé pendant quelques jours,
peut-être même une semaine dans les galeries pour protester
et ils n'avaient sûrement pas obtenu gain de cause, la preuve en a
été faite parce qu'ils ne voulaient pas prêter le
serment. A ce que je sache, M. le Président, ils ont tous
prêté le serment. Ils n'ont pas obtenu gain de cause de cette
façon. C'est donc pourquoi je serai présent et je tenterai
d'obtenir gain de cause en argumentant plutôt qu'en me
sauvant.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je crois qu'il
serait naturel que j'ajoute, sans vouloir retarder les travaux de la Chambre,
un mot. D'ailleurs, il s'agit un peu de mon droit d'être entendu et le
droit de mon collègue, le député de Lotbinière, et
d'autres. Je pense que l'on peut, comme on l'a dit tout à l'heure, se
poser des questions sur le geste posé par l'Opposition officielle. Si
cela n'avait été que dans un cas, un cas isolé, il nous
aurait paru que nous aurions pu simplement protester. (15 h 30)
Mais durant cette année référendaire ou
préréférendaire, il est extrêmement important que
nous soulignions par ce geste que nous voulons absolument protéger
l'information du public au Québec et nous voulons que les
sociétés d'Etat soient bien informées, quant à
nous, de notre décision de ne rien laisser passer,
particulièrement dans une circonstance comme celle-ci.
M. le Président, je quitterai cette Assemblée dans
quelques instants, mais pour y revenir par courtoisie pour le premier ministre,
pour entendre ce dernier et en même temps pour guetter ces gens au cas
où, en notre absence, ils tenteraient encore de nous passer autre
chose.
M. le Président, je voudrais simplement insister de la
façon la plus solennelle possible sur l'importance pour tous les media,
notre loi no 2 le prévoit et l'a prévu, que la même
occasion soit fournie à ceux qui préconisent un côté
de la médaille de pouvoir s'exprimer et informer le public comme
à ceux qui préconisent l'inverse.
M. le Président, j'insiste encore une fois et avec toute
l'énergie et le sérieux que je peux y mettre sur l'importance
pour les media et particulièrement pour des sociétés
d'Etat, la société Radio-Canada l'a comme mission, comme on l'a
souligné récemment, de servir l'unité nationale. Or, M. le
Président, on voit aujourd'hui que l'on permet au chef du Parti
québécois qui est en même temps chef du gouvernement, de
pouvoir passer son message séparatiste dans tous les coins du
Québec, alors qu'on ne permet pas à la majorité, ceux qui
représentent la majorité en cette province, c'est-à-dire,
ceux qui veulent garder le lien fédéral, de pouvoir s'exprimer
officiellement comme c'est prévu dans le parlementarisme
québécois. Au nom de la démocratie, de la saine
démocratie, je veux avec mon parti protester, ne pas laisser passer cela
en douce; je reviendrai personnellement dans quelques instants, encore une
fois, pour les raisons que j'ai indiquées. Je vous remercie.
Le Président: M. le premier ministre. M. Shaw: M.
le Président...
Message inaugural
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président... Le
Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): ... je n'ai pas beaucoup d'espoir
que cette modeste allocution mérite vraiment toute la dramatisation
qu'on vient d'en faire, mais quelles qu'en soient les lacunes, dont je suis le
seul responsable, je voudrais quand même souligner qu'il s'agit d'un
moment assez important de l'année politique et aussi d'un des moments
les moins partisans qui soient puisque ce discours inaugural avec, quelque
temps après, normalement celui du budget, ce sont les moments où
le gouvernement a le devoir d'annoncer ce qu'il entend faire, au point de vue
législatif, avec le mandat qui lui a été confié et
aussi, au point de vue administratif, avec les fonds publics dont il a la
responsabilité.
Il me semble que cela ne méritait pas tout le plat qu'on vient
d'en faire; quoi qu'il en soit, allons-y quand même devant un auditoire
légèrement réduit.
M. le Président...
M. Bellemare: C'est malheureux, par exemple...
M. Lévesque (Taillon): Je n'oserais pas commenter la
remarque du député de Johnson, mais disons que je l'appuie.
Deux ans et quelques mois ont passé maintenant depuis les
dernières élections et, sans compter les urgences de la fin de
1976, deux sessions régulières du Parlement.
Nous reprenons nos travaux qu'on n'a presque pas l'impression
d'avoir quittés à cause du prolongement de la session, au mois de
février à peu près à mi-chemin de ce mandat
que les citoyens nous ont confié. Avec le menu législatif que
nous avons à vous soumettre, de même que les autres projets
prioritaires que nous entendons réaliser au cours de cette
troisième année, il n'est peut-être pas mauvais de profiter
de l'occasion pour tâcher de décrire en même temps si
brièvement que ce soit, la perspective, le genre de continuité
dans laquelle tout cela peut s'inscrire.
A chaque année, bien sûr, suffit sa peine, mais chaque
année aussi, c'est une tranche de vie, fugitive mais nullement
négligeable, et qui a sa place à prendre, bonne ou mauvaise, dans
l'histoire d'un peuple. Or, celle que nous entreprenons sera certainement
marquante, puisqu'elle nous conduira à un moment, ou à tout le
moins jusqu'à la veille même d'un moment qui risque d'être
très décisif dans l'histoire du Québec.
Evidemment, cette échéance, comme tout ce qui se passe de
déterminant dans la société, le Parlement ne doit pas se
faire l'illusion qu'il est seul à s'en occuper, loin de là. En
régime démocratique, nos débats, nos décisions ne
seront jamais qu'une partie de la réalité vivante et de ce
pouvoir insaisissable et suprême que constitue l'infinie diversité
des opinions et des actions individuelles.
Dans ce fourmillement qu'est la vie en société, il est
quand même possible de discerner quelques courants principaux qui nous
affectent tous et qui nous fournissent à la fois des inquiétudes
à l'occasion, ce qui est bien normal, mais aussi et surtout des motifs
de fierté et d'espoir.
On peut noter d'abord que le peuple québécois a vite
réussi à s'adapter au rythme d'une affolante époque de
changement. Et il a su y parvenir non seulement sans abdiquer, mais en
renforçant plutôt le sens collectif des responsabilités et
l'attachement à l'identité nationale. Parallèlement, on
s'est rendu compte aussi et c'est une prise de conscience qui ne cesse
de s'amplifier que, pour se réaliser pleinement, avec tous les
moyens requis, cette personnalité québécoise a encore bon
nombre d'obstacles et d'embûches à surmonter. Mais il y a chez
nous, dans plus de milieux et de régions que jamais, un tel élan
vers l'avenir il suffit de se promener pour le sentir un tel
goût d'agir en avançant que, j'en suis sûr, rien ne sera
plus jamais capable de nous ramener en arrière.
C'est là-dessus que nous devons compter pour faire de cette
année, en dépit de toutes les difficultés il y en a
chaque année, il y en aura encore cette fois-ci d'en faire quand
même un succès sans précédent. En nous rappelant
constamment qu'un tel succès ne peut, en dernière analyse,
qu'être celui d'une collectivité tout entière.
S'il est un domaine où ce partage des responsabilités est
une nécessité qui saute aux yeux, c'est bien celui de la vie
économique sur laquelle le gouvernement désire axer de plus en
plus d'énergies et d'actions au cours des mois qui viennent.
Evidemment, cela ne nous empêchera pas, comme nous le verrons, de
nous occuper de bien des questions dans ces autres secteurs qui constituent
dans toute société moderne un ensemble de vases communicants dont
aucun ne doit être négligé. Mais, à notre avis, 1979
est une année où l'économie sera prioritaire, puisque le
développement économique va se trouver sans cesse au coeur de nos
préoccupations. J'ajoute que ce n'est pas entièrement nouveau, si
ce n'est que désormais nous croyons être en mesure de faire plus
articulé et plus permanent.
Depuis deux ans, en effet, nous n'avons rien ménagé pour
adopter toutes les décisions à court terme que peut tâcher
de réaliser un gouvernement provincial. C'est dans ce contexte qu'il
faut situer le budget de l'an dernier avec ses baisses d'impôt
substantielles pour l'immense majorité des citoyens, de même que
l'abolition sélective de la taxe de vente pour une année
entière, et la mise en marche du programme OSE, cette Opération
solidarité économique qui a permis de maintenir ou de
créer quelque 20 000 emplois, sans compter un programme spécial
pour l'industrie minière, l'élaboration d'une politique d'achat
et l'élargissement des stimulants fiscaux pour les petites et moyennes
entreprises.
En même temps, grâce à une gestion dont le moins
qu'on puisse dire est qu'elle a été sévère, on a vu
la situation financière du gouvernement s'assainir et le crédit
de l'Etat et de ses organismes parapublics se raffermir. Tout compte fait, en
dépit des entraves et des lenteurs qui ont été
occasionnées indiscutablement par les coupures budgétaires et les
politiques du gouvernement central, l'économie québécoise
a manifesté en 1978 des signes évidents de reprise, tant aux
chapitres des investissements manufacturiers et des exportations que de la
croissance générale, la création de 51 000 emplois
constituant la meilleure performance des quatre dernières années.
Evidemment, il faut faire bien davantage encore, avec d'autres mesures à
court terme, c'est sûr, mais aussi désormais par une action de
plus longue portée visant à orienter notre économie vers
le rééquilibre et le renforcement durables dont elle a besoin.
(15 h 40)
Commençons, cependant, par les mesures qui concernent directement
cette urgence de tous les jours, la lutte au chômage. L'un des fers de
lance en sera la poursuite du programme OSE. Divisée en trois volets,
l'opération de cette année comprendra, en plus d'une prolongation
d'activités
déjà connues, un nouveau bloc d'initiatives
essentiellement créatrices d'emplois. Le premier volet, qui comporte des
subventions directes dans ce domaine, regroupera trois programmes distincts: un
pour l'aide au travail dont le budget est substantiellement accru; un pour
stimuler la création d'emplois agricoles et, enfin, un troisième
programme, d'une extrême importance, auquel seront consacrés $20
millions comme budget de départ et qui servira expressément
à créer de l'emploi pour les jeunes dont le taux de chômage
appelle comme jamais une action énergique.
Quant au deuxième volet de cette opération 79, il portera
sur une accélération systématique de la construction et on
compte qu'il se traduira par une augmentation de $100 millions à $150
millions de dépenses dans l'industrie du bâtiment.
Enfin, un troisième volet regroupera une série de mesures
pour stimuler l'investissement privé: le programme de création
d'emplois communautaires, l'aide aux pêches maritimes, l'implantation de
silos et d'équipements de séchage, aussi bien à la ferme
que sur le plan régional, et enfin un programme qui, comme celui de la
création d'emplois communautaires, a été un succès
remarquable pendant les mois antérieurs, le programme d'appui à
l'entreprise innovatrice.
C'est ce même souci fondamental d'accélération du
progrès et de solidarité, en même temps, qui nous
amènera dans quelques jours, à Montebello, à un
deuxième sommet, comme on dit, en compagnie des principaux agents
socio-économiques. Nous y reprendrons le dialogue amorcé à
La Malbaie en 1977 et maintenu ensuite par toute une série de
conférences sectorielles. Cette fois-ci la rencontre doit porter, en
priorité, sur les conditions et les moyens d'un développement
accéléré et d'une modernisation de notre économie
dans un cadre qui respecte davantage la dignité des travailleurs.
A la suite de cette consultation cela va prendre quelque temps,
quand même mais pour pouvoir s'inspirer de ce qui en ressortira,
sans compter tout le travail de préparation qui a été
fait, donc à la suite de cette consultation, et en cours d'année,
nous déposerons un énoncé de perspectives et de politiques
économiques dont la mise au point est confiée au ministre d'Etat
au développement économique.
Malgré l'arsenal réduit de leviers et de moyens financiers
que lui laisse le régime fédéral, le Québec
s'attellera ainsi pour de bon à la tâche de viser des objectifs
généraux aussi bien que des orientations sectorielles à
une véritable politique de développement. J'espère que,
entre autres, le député de Lotbinière, chef de l'Union
Nationale, trouvera là au moins quelques-unes des réponses aux
questions insistantes qu'il pose si souvent sur la politique économique.
Il admettra que dans le régime où nous sommes, il n'est pas
facile de voir clairement la perspective du développement
économique avec, forcément, les niveaux de gouvernement qui,
souvent, se marchent sur les pieds. Pourtant, après deux ans de
recherches, de mises au point, d'efforts sectoriels, on va essayer de
déboucher, dans les mois qui viennent, sur cet énoncé
général aussi cohérent que possible d'une politique de
développement.
Dans cet énoncé, on tiendra compte des atouts
indiscutables que comportent notre position stratégique à
l'entrée du continent et nos grands réservoirs de ressources dont
certaines sont même loin d'être à moitié
exploitées, et plus encore des capacités d'une population de
mieux en mieux préparée à faire face aux défis de
l'économie contemporaine, et dont le dynamisme créateur explose
littéralement dans des régions comme la Beauce, le
Saguenay-Lac-Saint-Jean ou l'Abitibi-Témiscamingue.
Mais il faudra tenir compte également de graves lacunes:
vieillissement de plusieurs secteurs industriels, dépendance excessive
de l'étranger, faiblesse historique des investissements du
côté manufacturier et surtout et surtout ce
défi surhumain qu'on doit pourtant relever et qui est une augmentation
d'ici dix ans d'environ 700 000 nouveaux arrivants sur le marché du
travail.
Il est donc clair que nous avons du pain sur la planche et que,
dès maintenant, nos législations et nos programmes doivent
déjà s'inspirer de cette démarche plus cohérente et
mieux planifiée que nous entendons donner au développement.
Ainsi, il est plus que temps d'abandonner cette approche
économique foncièrement passive qui s'est toujours
contentée d'objectifs assez flous et peu exigeants pour qu'on se repose
presque en exclusivité sur la prospection d'investissements
étrangers. Il faut désormais, sans exclure ceux qui viennent du
dehors pourvu qu'ils nous respectent et qu'ils participent à notre
développement, qu'une part croissante de notre épargne disponible
ici, chez nous, soit consacrée au développement du Québec
et, pour ce faire, le gouvernement mettra bientôt en place de nouveaux
mécanismes de financement pour les projets québécois
d'investissement industriel et commercial.
En fournissant aux entreprises les plus dynamiques une source de fonds
additionnelle qui favorise leur expansion, mais sans accroître leur
endettement, ce nouvel instrument marquera de façon concrète la
ferme intention des Québécois de se doter d'un secteur secondaire
qui aura plus de muscle et les reins plus solides.
D'autre part, il n'y a pas de meilleur moment que cette période,
qui a ses désavantages, bien sûr. Mais il n'y a pas de meilleur
moment que cette période de dévaluation dramatique de la monnaie
pour accentuer la présence de nos produits sur les marchés
d'exportation. Or, il faut bien constater qu'en général nos
petites et moyennes entreprises, dont la qualité des produits est si
souvent absolument indiscutable, montrent pourtant de ce
côté-là moins de dynamisme que ce à quoi on devrait
s'attendre. De nombreuses occasions d'exporter sont ainsi perdues faute de
temps, de renseignements, de soutien technique ou financier.
Le gouvernement vous proposera donc la mise sur pied d'un organisme
exclusivement
orienté vers la promotion de l'exportation pour nos petites et
moyennes entreprises. Ce nouvel outil comblera le vide entre producteurs et
marchés extérieurs et complétera les mesures que nous
avons déjà prises pour aider les PME.
Nous ferons aussi un effort particulier pour qu'un plus grand nombre
d'entreprises aient accès à l'aide de la Société de
développement industriel et nous allons également simplifier et
régionaliser les mécanismes d'assistance financière afin
de réduire la paperasse et donner à la SDI plus d'autonomie. En
ce sens, le gouvernement proposera d'importants amendements à la Loi de
l'aide au développement industriel.
Par ailleurs, dans le domaine commercial, nous avons pris connaissance
des constatations du comité d'étude sur le fonctionnement et
l'évolution du commerce au Québec dont le rapport final sera
rendu public lundi prochain. Dans la foulée de ce rapport et sans
tarder, nous avons l'intention, entre autres choses, de proposer une loi pour
protéger les quelque 15 000 petits commerçants qui
détiennent des contrats de franchise auprès des grandes
sociétés nationales ou multinationales et qui n'ont jamais eu
l'essentiel, même le minimum vital, de protection auquel ils auraient
droit et dont ils ont sûrement besoin.
Maintenant, si vous me le permettez, M. le Président, je voudrais
passer brièvement à ce grand secteur socio-économique, le
mouvement coopératif, avec lequel, dès le début, notre
gouvernement a tenu à amorcer un véritable partnership. Inutile
de vous dire qu'il n'est surtout pas question d'y renoncer, l'entreprise
coopérative étant parmi les plus authentiquement et
indéracinablement québécoises que nous ayons.
Par des amendements qu'on vous proposera à la Loi de la
Société de développement coopératif, on agmentera
donc la participation financière de l'Etat. La société
aura ainsi à sa disposition plus de capital de risque pour les nouvelles
coopératives. De plus, nous avons prévu pour l'automne qui vient
un mini-somment pour employer le jargon actuel
spécifiquement consacré, avec les représentants de tous
les secteurs de la coopération, à un examen fouillé des
problèmes et des promesses d'avenir qu'on peut y percevoir. (15 h
50)
Quant aux entreprises du secteur public les
sociétés d'Etat dont la collectivité s'est
dotée depuis une vingtaine d'années, il faut viser maintenant
on l'a déjà dit, mais c'est en train de se faire
à une meilleure performance économique et à la
rentabilité. Après les réformes effectuées à
l'Hydro-Québec et à la SGF, la session qui commence apportera
d'autres projets de modifications, notamment en ce qui concerne SIDBEC.
Quant à la dernière née de ces entreprises
publiques, la Société Nationale de l'amiante, elle a pris son
essor très vite: après quelques mois seulement, elle a
déjà deux projets industriels à son actif. Ce qui n'est
rien en comparaison des développements prévisibles lorsqu'elle
atteindra sa taille normale avec la prise en mains d'Asbestos Corporation.
Est-il besoin d'ajouter à ces propos que le projet d'expropriation
déposé il y a quelques mois avant les Fêtes
sera présenté de nouveau s'il n'y a vraiment pas moyen de
régler cette affaire à l'amiable.
Il y aura également la création d'un Centre de recherche
de l'amiante. Financé conjointement par l'industrie et le gouvernement,
l'organisme travaillera à la mise au point de nouveaux produits
dérivés de l'amiante, afin d'encourager et de stimuler la
transformation chez nous d'une ressource essentielle, et également au
développement de procédés de fabrication sans danger pour
la santé.
Je voudrais maintenant compléter ce survol de nos intentions
strictement économiques en décrivant de façon
forcément lapidaire le temps nous presse toujours un peu
les gestes concrets que nous allons poser de concert avec ceux qui s'y
dépensent, dans divers autres champs d'activité sectorielle.
L'énergie. Le monde fait face dans ce domaine à une crise
qui s'annonce durable, sinon permanente, et le Québec n'est pas et ne
sera pas épargné. Même avec la richesse en énergie
renouvelable que nous garantissent nos ressources hydrauliques
forestières, il va falloir à l'avenir assurer comme jamais nos
autres sources d'approvisionnement, tout en apprenant aussi comme jamais
à économiser, à conserver au maximum ce que nous
produisons et ce que nous importons.
A cette fin, une loi sur la répartition au Québec et par
le Québec des approvisionnements en énergie sera
déposée dans les plus brefs délais. Le gouvernement entend
aussi développer les énergies nouvelles comme on les
appelle et qui sont quand même parmi les espoirs de l'avenir et
mieux coordonner ses efforts avec ceux du secteur parapublic. Par exemple, une
nouvelle loi du bâtiment permettra d'implanter des normes
sévères d'isolation afin, là encore, d'économiser
l'énergie.
Enfin, cette action gouvernementale sera couronnée par la
création d'un véritable ministère de l'énergie.
Le tourisme. Conscients du rôle moteur que joue et que doit jouer
sans cesse davantage notre industrie touristique on sait à quel
point on a un déficit de ce côté-là et pourtant ce
n'est pas que le Québec manque d'attraits et conscients de
l'importance qui doit sans cesse augmenter du côté de l'industrie
touristique, et pour remplir aussi du même coup un engagement
précis, nous entendons établir dans les mois qui viennent un
régime de crédit spécifique pour ce secteur important de
l'économie.
Les pâtes et papiers. Il y a là un autre programme majeur
qui atteindra au cours de l'année 1979-1980 son rythme de
croisière. L'effort de modernisation de l'industrie, s'étendant
à bon nombre d'usines qui en ont grand besoin pour faire face aux
concurrences étrangères, devrait impliquer des mises de fonds
privés et publics de plusieurs centaines de millions.
Dans cette même optique concurrentielle, il faut évidemment
se préoccuper du maintien et de
toute l'augmentation possible de la capacité de nos forêts.
Ce souci de développement intensif et continu explique la
création prochaine d'un fonds forestier dont les ressources garantiront
le financement à long terme des travaux d'aménagement.
Les pêcheries. On prévoit de ce côté un
élargissement des subventions et des facilités de crédit
aussi afin d'accélérer l'indispensable renouvellement de la
flotte. On fera également les efforts nécessaires pour assurer
à nos usines de transformation un approvisionnement plus abondant et,
encore plus, mieux réparti le long de l'année afin de stabiliser
l'emploi et les revenus. Inutile d'ajouter que nous nous réjouissons de
la fierté qui a été ressentie dans nos régions
côtières lorsque Gaspé a été
désignée comme capitale administrative des pêches maritimes
et que l'opération de décentralisation se poursuivra sans
relâche et jusqu'au bout.
L'agriculture. Ici, après la loi si essentielle et si longtemps
attendue sur la protection du territoire agricole, nous allons continuer par
d'autres mesures à parfaire ce cadre de conservation du patrimoine
foncier. En plus du projet de création d'une banque de sol, qui
reviendra bientôt, nous présenterons et c'est plus que le
temps une loi visant à interdire enfin la mainmise des
non-résidents sur les terres agricoles du Québec. D'autre part,
on vous proposera l'établissement d'une régie de mise en
marché des grains, afin d'augmenter notre degré d'autosuffisance,
ce qui devrait permettre en particulier de stimuler notre industrie du boeuf de
boucherie. Avec le milliard de dollars environ, que nous importons chaque
année de boeuf, dont une partie pourrait être produite chez nous,
il nous semble que toutes les mesures possibles et réalisables doivent
être prises pour essayer de combler ce déficit.
Pour clore cet aperçu des intentions économiques du
gouvernement, on me permettra d'y inscrire nos projets de développement
culturel, qui n'ont pas seulement des liens étroits avec le
développement économique mais qui, pour cette fois, en font
clairement partie. Non seulement parce que c'est l'identité culturelle
qui inspire bon nombre de nos choix matériels, tous les jours, mais
aussi parce que l'expansion des industries culturelles engendre et c'est
bon de le souligner plus d'emplois à un coût moins
élevé que dans tout autre secteur.
Or, sur le plan de l'aide aux créateurs et celui de la diffusion
des oeuvres et des produits, le livre blanc sur le développement
culturel est venu souligner l'urgence d'un rattrapage qui s'imposait depuis
longtemps. 1979 verra donc la mise en marche la plus vigoureuse possible de la
Société de développement des industries culturelles qui a
été créée l'an dernier. Puis, fort attendu et
déjà abondamment commenté par anticipation, il y aura
aussi le projet de loi sur l'industrie du livre.
Enfin, en ce qui concerne la recherche et le développement, je
suis heureux de souligner que le livre vert sur la politique
québécoise de la recherche scientifique, élément
clé et même souvent élément moteur de toute
économie qui veut développer ses secteurs de pointe, sera
publié avant la fin du printemps.
Inutile d'ajouter que, d'ici quelques semaines, cet autre aperçu
majeur des politiques du gouvernement, le discours du budget, nous fournira
nous en sommes sûrs d'autres motifs de croire en notre
aptitude à bâtir l'avenir socio-économique en ne cessant
pas d'améliorer le présent et en assumant sans cesse davantage
ces responsabilités que personne d'autre ne devrait ou ne saurait
remplir à notre place ici, au Québec.
Mais, à notre humble avis et je n'apprends rien à
personne toute émancipation véritable devra d'abord passer
par l'établissement d'un nouveau rapport de forces dans le domaine
économique, et par la souveraineté politique qui, seule, pourra
rapatrier tous les instruments qui sont nécessaires à notre
développement. (16 heures)
La moitié des impôts des Québécois alimente
encore les coffres fédéraux. Et cette partie de nos taxes est
très souvent celle qui affecte le plus directement notre
économie; elle donne à un autre gouvernement, au service d'une
autre majorité, nécessairement, la marge de manoeuvre
stratégique et les grands leviers d'intervention qui manquent
terriblement au Québec. Il nous faut, le plus tôt possible, nous
donner les instruments complets et autonomes d'une politique économique
qui soit entièrement à notre service on est capables
maintenant de s'en servir aussi bien que n'importe qui tout en tenant
compte, bien sûr, des intérêts que nous partageons avec nos
voisins et du maintien de l'espace économique canadien.
Cette nouvelle définition de nos rapports exige, cela saute aux
yeux, une transformation majeure des structures politiques et c'est ce que
désire profondément la majorité des
Québécois, une transformation majeure. Tout appelle
désormais à la conclusion d'une nouvelle entente, d'égal
à égal, entre les deux peuples qui cohabitent actuellement
à l'intérieur du Canada.
Telle est la perspective dans laquelle doit s'inscrire le
référendum que nous nous sommes engagés à tenir et
que nous tiendrons au cours du présent mandat du gouvernement.
Afin d'alimenter la réflexion de tous, une fois passées
certaines échéances électorales qui n'en finissent plus de
se rapprocher, le gouvernement s'engage à présenter à la
population et à ses représentants à l'Assemblée
nationale un document qui apportera là-dessus un éclairage
définitif, particulièrement en ce qui concerne les liens et les
institutions de nature surtout économique qu'il conviendra de conserver
entre le Québec et le Canada. Pour la première fois de notre
histoire, nous pourrons alors exercer librement et en toute connaissance de
cause ce droit à l'autodétermination qui est le propre de toutes
les nations modernes et qui leur est maintenant reconnu par tous. Et le choix
des Québécois, on peut en être sûr, sera lui aussi
respecté par tous.
Or, cette accession d'un peuple à sa pleine maturité,
c'est-à-dire à la pleine responsabilité, dans un sens les
deux mots sont synonymes, cette
accession à la pleine maturité et à la pleine
responsabilité, c'est une chose qu'on sent venir à l'avance,
parce que c'est dès maintenant qu'on en voit s'accélérer
la mise en place à l'échelle des personnes et des groupes. C'est
contagieux ce sentiment. Vous savez, le droit à
l'autodétermination, à l'égalité des droits et
à l'égalité des chances, il existe aussi pour chacune et
pour chacun d'entre nous. Et comme l'ensemble de la société, le
gouvernement se doit d'en être conscient dans toute son action. Par
exemple, est-il besoin de souligner que la condition féminine a
décidément cessé d'être une question secondaire, ou
simplement sectorielle? C'est désormais un sujet central qui est en
plein coeur de nos problèmes sociaux et aussi de tout le devenir
collectif.
Le publication récente par le Conseil du statut de la femme de
son rapport intitulé "Egalité et indépendance" a
amené la formation d'un comité ministériel composé
de trois ministres et assisté d'un groupe de travail placé sous
la responsabilité du secrétaire général du Conseil
exécutif. Ce comité a reçu le mandat de coordonner
l'action du gouvernement en vue d'atteindre le plus rapidement possible les
grands objectifs formulés dans le rapport et de fixer un
échéancier de réalisation avec chacun des
ministères.
Or, avant même de mettre en place cette structure, le gouvernement
avait déjà manifesté sa volonté de passer à
l'action. Et je ne parle pas des congés de maternité où on
était tellement en retard et qui sont maintenant une
réalité, mais de ceci: Pour étudier la première
étape de révision du Code civil touchant la question du droit de
la famille et de l'égalité des époux, la commission
parlementaire de la justice se réunira dès les prochaines
semaines. Ce qui donnera lieu à d'importantes modifications du Code
civil, de même qu'à la création d'un tribunal de la
famille. Nous espérons à cet égard que les
difficultés d'ordre constitutionnel que la création de ce
tribunal soulève seront réglées rapidement.
De plus, aucune réforme du droit de la famille et des
époux ne serait complète sans l'établissement de
mécanismes pour faciliter la perception des pensions alimentaires. S'il
est un besoin indiscutable, c'est bien celui-là. Je suis heureux de
pouvoir déclarer que le travail est déjà passablement
avancé et qu'on devrait avant longtemps avoir les mécanismes
requis pour la révision du montant des pensions et surtout pour la bonne
exécution des ententes ou des jugements.
Par ailleurs, vous avez déjà appris qu'on
présentera un projet de loi créant une Commission des services de
garde. Même si le gouvernement a déjà multiplié par
sept, en deux ans, sa contribution financière au développement
des garderies, il faut trouver le moyen de faire reposer cet effort financier,
qui est coûteux de plus en plus, sur des orientations précises et
de mieux en mieux ajustées aux besoins et aux aspirations de l'ensemble
des familles québécoises, le plus vite possible; c'est la
tâche qui sera dévolue à cette Commission des services de
garde.
D'autres gestes seront également posés cette année
qui, considérés un à un et isolément, n'auront pas
l'éclat évidemment que revêtent les grandes
réformes, mais dont la somme devrait tout de même avoir un impact
cumulatif. En fait, les projets de loi et les politiques nouvelles, avant
d'être lancés, seront systématiquement examinés
à la lumière des légitimes revendications
féminines. Bien sûr, le gouvernement n'a pas de prise directe sur
tous les facteurs déterminants, et il faudra compter beaucoup
c'est d'ailleurs ce que le Conseil du statut de la femme disait dans son
rapport sur l'évolution des mentalités. Mais, en tout cas,
plutôt que d'adopter une attitude attentiste et de se placer à la
remorque d'un courant qu'il juge par ailleurs nécessaire autant
qu'irréversible, le gouvernement a décidé d'assumer son
leadership afin d'accélérer cette grande, profonde et
indispensable métamorphose de la société.
D'autre part, j'ai le plaisir extrême de vous annoncer
officiellement après certains journaux le lancement d'un
programme tout à fait inédit de supplément au revenu de
travail. Le mérite en revient essentiellement à l'équipe
que dirige le ministre d'Etat au développement social. Ce nouveau
programme, en plus de favoriser une distribution plus équitable du
revenu disponible, permettra enfin d'établir une jonction entre la
rémunération de l'emploi et l'aide sociale. On y verra à
inciter au travail les chômeurs et les assistés sociaux qui en ont
l'aptitude, comme aussi à maintenir dans leur emploi les travailleurs
à faible salaire qui ont des charges familiales.
Le programme sera mis en place en deux étapes: dès cette
année, l'Etat versera un supplément de revenu aux couples avec
enfants et aux familles monoparentales; c'est là que se situent les
besoins les plus pressants, les plus douloureux aussi très souvent;
l'année prochaine, les couples sans enfant et les personnes seules
recevront à leur tour une aide similaire.
Quand le tout sera complété, c'est un budget d'environ $50
millions qui servira à aider ces travailleurs à faible revenu.
L'effet sera non seulement de stimuler notre économie, mais aussi de
redécouvrir littéralement toute une catégorie de citoyens
si bien oubliés par les politiques gouvernementales antérieures
qu'il était souvent devenu plus payant pour beaucoup d'entre eux de
demeurer inactifs que de chercher un emploi. 80% des sommes prévues
seront versés à des familles qui vivent présentement en
dessous du seuil de la pauvreté, car le développement
économique ou socio-économique, ce qui est une meilleure
expression, ne doit surtout pas passer à côté des plus
démunis de la société.
Les personnes âgées continueront de leur côté
à recevoir une attention toute spéciale. Après les
annonces récentes de la gratuité du transport ambulancier et
d'une augmentation de plus de 5000 places dans les centres d'accueil
hélas! il faut toujours le temps pour les construire, les chantiers sont
en marche dans bien des cas et d'autres s'ouvriront bientôt, en tout,
c'est une aug-
mentation prévue, programmée de 5000 places dans les
centres d'accueil en plus de cela, le budget d'aide et de soins à
domicile a été accru de nouveau et permettra cette année
la création d'un programme spécifique de subventions aux
organismes bénévoles et aux groupes d'entraide. Ce sera là
un nouvel instrument de prise en charge par le milieu, et par les personnes
âgées elles-mêmes dans bien des cas. (16 h 10)
Avec l'accroissement de la longévité et le vieillissement
prévisible de la population, il faut aussi de plus se préparer
à la remise en question, assez fondamentale je crois, de notions comme
la retraite et la préparation à la retraite. Aussi, le
gouvernement va-t-il accélérer ses réflexions
c'est-à-dire pousser pour qu'elles débouchent sur une
politique plus cohérente de maintien à domicile et sur
l'évolution du régime des rentes et des fonds de retraite.
Quant aux problèmes des jeunes, rappelons d'abord que, pour
l'Année internationale de l'enfant dans laquelle nous sommes, un budget
spécifique financera des activités auxquelles on espère
pouvoir donner le plus possible un caractère permanent. Par ailleurs,
même si la Loi de la protection de la jeunesse est maintenant en vigueur,
plusieurs problèmes restent à résoudre, tel celui de
l'adoption. Dans ce domaine, on vous proposera des modifications à la
loi, de façon à éliminer d'abord certaines pratiques
abusives et frauduleuses, surtout dans le cas d'adoption d'enfants
étrangers, à faciliter l'adoption des handicapés et
à assurer la primauté des intérêts de l'enfant. De
plus, et c'est plus que le temps, les allocations aux parents qui gardent leurs
enfants handicapés seront substantiellement accrues. Enfin,
conformément à notre engagement électoral, la
gratuité des soins dentaires sera étendue cette année aux
enfants de 14 ans.
Adapter sans cesse notre système d'éducation à un
monde changeant nous apparaît cependant la façon la plus
indiquée, la plus universellement accessible en tout cas,
d'améliorer la situation de la jeunesse et de répondre en
même temps aux attentes et aux espoirs des parents. Du genre de formation
et de la qualité d'enseignement que nos jeunes reçoivent à
l'école dépend en grande partie la manière dont ils
assumeront plus tard leurs responsabilités d'adultes.
A la lumière de la consultation qui a été
menée tout au long de 1978, le gouvernement rendait public, il y a deux
semaines seulement, son énoncé de politique sur l'enseignement
primaire et secondaire. Il est rempli de mesures concrètes que nous
entendons réaliser dès cette année en collaboration avec
les parents, les éducateurs et les autorités scolaires. Sans
renier le passé, nous comptons beaucoup sur ce plan d'action pour nous
apporter un enseignement de meilleure qualité et une école mieux
insérée dans son milieu. Cela va donner lieu, au cours de la
session, à des amendements à la Loi de l'instruction publique.
D'autres aspects aussi retiendront particulièrement l'attention,
notamment en ce qui concer- ne l'encadrement plus humain des
élèves par la désignation d'un titulaire au niveau
secondaire, le remplacement des programmes-cadres par des programmes plus
précis et peut-être surtout c'est une opinion personnelle
la production et la mise à la disposition de chaque
élève d'au moins un manuel scolaire par matière. En milieu
défavorisé, on doit mettre au point un plan d'intervention
destiné le plus possible à prévenir l'absentéisme
et l'abandon des études.
En ce qui touche le rôle des parents, on prévoit une
communication plus fréquente sur l'évolution de leur enfant et
l'obligation de les consulter sur certaines matières. Notons enfin qu'au
niveau primaire la semaine d'enseignement passera de 23 heures à 25
heures et qu'au niveau secondaire la formation générale est
prolongée d'un an et qu'une sixième année est
ajoutée pour la formation professionnelle, ce qui permettra
d'approfondir aussi bien les enseignements que les choix des
élèves.
Quant au niveau collégial, le livre blanc lancé en octobre
dernier faisait, dans l'ensemble, un bilan positif des dix années du
secteur. Tenant compte des difficultés rencontrées et d'une
politique de "retour à l'essentiel", on y abordait entre autres les
problèmes de l'éducation des adultes, du secteur professionnel et
de la "formation fondamentale". Dès cette année, il est
censé en découler certaines réformes administratives et
pédagogiques, de même que des modifications à la Loi des
collèges d'enseignement général et professionnel et
à celle du Conseil supérieur de l'éducation.
Afin de compléter ces réformes entreprises à tous
les niveaux du système d'éducation, la Commission d'étude
sur les universités doit publier son propre rapport au cours de
l'été qui vient. Il restera alors sans compter tout ce qui
restera toujours parce que, dans une société en évolution,
s'il est un domaine qui doit continuer à évoluer, si prudemment
que ce soit, c'est bien l'éducation d'une façon assez
pressante, à mettre de l'ordre dans le grand secteur de
l'éducation permanente où l'on doit s'efforcer d'établir
une meilleure correspondance entre la formation professionnelle et
l'évolution du marché du travail. D'importantes ressources
humaines et financières sont présentement engagées dans ce
domaine, mais dans un incroyable fouillis aussi bien institutionnel que
fédéral-provincial. Il est devenu urgent que le gouvernement
détermine plus clairement ses politiques et on compte mettre à la
tâche des équipes de travail intersectorielles dès cette
année.
Cet intérêt pour l'éducation au sens le plus large
du terme, nous l'avons d'ailleurs démontré tout récemment
en définissant les nouvelles orientations de Radio-Québec,
axées sur son rôle éducatif, sur la valorisation des
apports régionaux à sa programmation et sur l'extension
éventuelle de sa diffusion à tout le territoire. La loi de
Radio-Québec sera modifiée pour tenir compte de ces
orientations.
En ce qui concerne maintenant le climat
social, dont le bon état est indispensable à tout
progrès digne de ce nom, l'ensemble des travailleurs sera appelé
dès cette année, en 1979, à exercer d'importantes
responsabilités nouvelles par la Loi sur la santé et la
sécurité au travail. Nous espérons vivement que ce projet
tant attendu recevra l'assentiment de la Chambre dans les plus courts
délais. Et pour la vaste majorité et c'est encore une
majorité des travalleurs non syndiqués, dont une multitude
de femmes, qui aspire à tout le moins à des conditions de travail
décentes, nous vous demandons également de poursuivre avec
célérité l'étude du projet de loi sur les normes
minimales qui répond, dans tant de coins, à de si pressants
besoins.
Quant au domaine des relations de travail proprement dites, notre
réflexion en ce moment porte, sans négliger la perspective de
réforme globale, sur les modifications que nous comptons apporter
dès cette session au mécanisme de l'injonction afin d'en enrayer
l'utilisation abusive et de rendre ce recours exceptionnel plus conforme
à la réalité des relations de travail.
Ce qui nous amène tout naturellement à parler un peu de la
présente ronde de négociations dans les secteurs public et
parapublic. Juste un peu, car la parole appartient surtout aux
représentants qui sont mandatés par les parties.
Cependant, compte tenu des inévitables problèmes de rodage
du nouveau cadre juridique que l'Assemblée nationale adoptait l'an
dernier, on peut d'ores et déjà constater, au moins, que cela a
servi à accélérer le processus et, du moins,
espérons-le, à améliorer sensiblement la question
délicate entre toutes du maintien des services de santé
essentiels à la sécurité de la population.
Quant à la politique de rémunération
proposée par, comme on dit dans le jargon courant, la partie ou les
parties patronales, elle s'articule autour de ces quelques lignes de force:
un juste salaire pour les employés, c'est-à-dire des
augmentations équitables qui tiennent compte de la capacité de
payer de l'Etat, autrement dit de l'ensemble des contribuables; un retour
graduel à l'équilibre entre la rémunération des
secteurs public et parapublic et celle du secteur privé, afin
d'éviter des iniquités qui deviendraient intolérables si
les quatre cinquièmes des travailleurs devaient continuer à se
cotiser par l'impôt pour permettre à certains groupes de jouir de
revenus sensiblement plus élevés que les leurs; (16 h 20)
et troisièmement, une protection suffisante, mais qui ne pourra
plus être absolue elle ne pourra plus pour personne être
absolue, je pense, dans aucun pays qu'on connaît donc, une
protection suffisante, mais qui ne pourra plus être absolue, du pouvoir
d'achat des employés.
Et, là-dessus, à ceux qu'il est convenu d'appeler les
partenaires patronaux du gouvernement, comme à ceux que je tiens
à appeler nos partenaires syndicaux, je voudrais dire simplement que la
négociation on le sait de reste c'est
nécessairement long, c'est souvent difficile, mais nous pouvons la
réussir sans exposer à nouveau la so- ciété toute
entière à des secousses dont tout le monde sortirait perdant.
Cela n'exige que la bonne foi et la volonté vraie de régler des
problèmes plutôt que d'en fabriquer. Quant à nous, vous en
avez la promesse, nous tâcherons sans relâche d'en arriver à
des ententes qui soient justes et qui ne pénalisent personne, ni les
salariés, ni l'ensemble de la collectivité.
D'autre part, sur un sujet qui touche aussi toute la collectivité
et constitue un aspect essentiel de la qualité de la vie pour tant de
citoyens, inutile de vous dire, bien sûr, que la loi instituant la
Régie du logement reviendra incessamment devant la Chambre.
De plus, nouvelle phase de la réforme en profondeur du Code de
protection du consommateur, un projet de loi sur les biens immobiliers sera
aussi présenté dans le but de régir l'ensemble des
transactions un ensemble extraordinairement important qui
entourent notamment l'achat, la vente et le financement des terrains et des
maisons.
Enfin, rejoignant tout le monde, la publication du livre blanc sur le
loisir sera suivie de quelques projets de lois chargés d'en amorcer la
mise en oeuvre.
On verra également, comme un autre signe éloquent de ce
souci pour la qualité de la vie, la création d'un
véritable ministère de l'environnement, qui viendra encadrer
non pas paralyser notre conscience grandissante de la valeur et
en même temps de la fragilité des équilibres naturels qu'on
ne saurait plus négliger ou briser sans mettre l'avenir lui-même
en péril.
La qualité de la vie tient cependant, plus qu'à toute
autre chose, à l'excellence des rapports humains entre les groupes. En
ce qui concerne les "minorités", le gouvernement a déjà
affirmé clairement qu'aucun citoyen québécois, quels que
soient son origine, sa langue ou son statut, ne doit se sentir exclu des
projets de la société québécoise. Nous voulons
très concrètement établir un dialogue continu entre le
gouvernement et toutes les minorités où qu'elles soient au
Québec. C'est pour cela que débuteront au printemps qui vient une
série de colloques qui se tiendront sur une base régionale, afin
d'aboutir à une meilleure compréhension des problèmes et
des besoins de nos concitoyens des diverses communautés ethniques
comme on dit qui enrichissent le Québec de leur
présence.
Et puis enfin, l'Assemblée nationale aura des choses fort
importantes à discuter en matière d'aménagement du
territoire et de répartition des pouvoirs et des ressources, ainsi que
la réforme de certains instruments clés de notre
démocratie électorale.
Le plus marquant de ces projets sera sans doute la loi sur
l'aménagement et l'urbanisme dont l'adoption est sérieusement
prévue si tel est le bon vouloir de l'Assemblée, bien
sûr pour la première partie de la session. Il s'agit
là d'une option ferme du gouvernement qui découle de la
conviction que l'aménagement, qui n'est pas d'abord une question
strictement technique, c'est
d'abord et avant tout une responsabilité politique.
Pour les administrations locales, l'événement majeur de
l'année sera la mise en place de la réforme de la
fiscalité municipale, qui couronnera de longues et laborieuses
consultations au bout desquelles un accord fructueux a tout de même fini
par émerger.
On vous demandera aussi d'adopter une loi concernant les
élections municipales, allant dans le sens d'une
généralisation de la loi 44 qui a été
adoptée l'an dernier et qui a déjà servi sous cette forme
tronquée aux élections qui se sont tenues dans les plus grandes
villes.
Ces mesures qu'appelle une participation accrue des citoyens au
processus démocratique devront cependant être harmonisées
avec la réforme plus globale qu'on présentera du système
électoral. Après la loi sur la consultation populaire ou les
référendums et celle sur le financement des partis politiques qui
devra d'ailleurs être renforcée sur certains points on en a
parlé au mois de février nous porterons à votre
attention deux autres projets fort importants.
Le premier, une loi du registre des électeurs visant à
mettre en place la fameuse liste unique et permanente qui, en plus d'être
une économie appréciable, pourra éventuellement servir
aussi aux élections municipales.
Le deuxième projet, c'est la refonte en profondeur de la Loi
électorale afin de la simplifier, de la rendre plus accessible aux
électeurs et de donner aussi une plus grande autonomie au directeur
général des élections à l'égard du pouvoir
exécutif. La carte des districts électoraux, la carte des
comtés, qui attend depuis bientôt une dizaine d'années,
sera également révisée.
Quant à la réforme du mode de scrutin, vu qu'il s'agit
là d'un changement tout à fait fondamental, elle sera d'abord
amorcée par la publication d'un livre vert afin de permettre à
tous d'en examiner les implications.
Et tout cela éventuellement devrait nous mener à ce qu'on
pourrait appeler un véritable code électoral.
Comme toujours, il y aura encore de ces projets mineurs qui servent de
correctifs à une foule de lois, et aussi de ces urgences
imprévisibles qui nous forcent à nous retourner vite.
Certains diront, non sans raison peut-être, que c'est trop, qu'il
vaudrait mieux moins embrasser et mieux étreindre... D'autant plus que
de nos jours le moindre sujet devient sans cesse plus complexe et d'ordinaire
plus exposé également à la controverse. On sait tous
à quel point cela peut être harassant et exigeant.
Mais, par ailleurs, il y a tant de domaines qui s'expriment, il y a tant
de besoins aussi qui s'expriment, il y a tant de négligences qui sont
toujours là à réparer et d'aspirations croissantes qui se
font jour et qui sont vécues par tant de gens comme leurs
priorités qu'il devient pratiquement impossible de refuser de s'en
occuper.
Ce qui fait que le résultat est forcément imparfait, il le
sera toujours. L'important, c'est que nous y mettions de part et d'autre toute
la compétence et, encore plus, toute la bonne volonté dont nous
sommes capables. Nos concitoyens, qui peuvent maintenant nous voir agir au jour
le jour, n'en demandent sûrement pas davantage. Mais ils n'attendent rien
de moins.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, tout en
déclarant que j'aimerais bien avoir l'occasion de répliquer
immédiatement au premier ministre, je comprends que je dois me soumettre
au règlement et vous demander l'ajournement du débat.
Le Président: Votre demande est notée, M. le chef
de l'Opposition officielle.
M. Charron: Adopté.
Le Président: Ce sera privilégié demain. M.
le leader parlementaire du gouvernement.
Travaux parlementaires
M. Charron: M. le Président, vous comprendrez qu'avec le
menu que je viens de recevoir je suis un peu tenté de mettre
l'Assemblée au travail immédiatement. Moi aussi, me conformant au
règlement, particulièrement aux articles 22 et 136, je voudrais
que se réunisse dès demain la commission de l'Assemblée
nationale afin de former les 26 autres commissions de l'Assemblée qui
devront travailler tout au cours de cette session. Je voudrais proposer ici que
la commission de l'Assemblée nationale soit instituée, que M.
Bellemare (Johnson), M. Bertrand (Vanier), M. Bisaillon (Sainte-Marie), M.
Blank (Saint-Louis), M. Burns (Maisonneuve), M. Cardinal (Prévost), M.
Charron (Saint-Jacques), Mme Cuerrier (Vaudreuil-Soulanges), M. Dussault
(Châteauguay), M. Fallu (Terrebonne), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M.
Grenier (Mégantic-Compton), M. Lamontagne (Roberval), M. Lavoie (Laval),
M. Proulx (Saint-Jean), vous-même, M. le Président, de
Montmorency, et M. Vaillancourt (Jonquière) en soient les membres et que
cette commission se réunisse dès demain, le 7 mars 1979, à
10 heures, à la salle 81-A. (16 h 30)
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: On commence déjà à me jouer des
tours. M. le Président, j'ai déjà aussi communiqué
avec mes collègues de l'Opposition officielle, de l'Union Nationale, le
député de Beauce-Sud, le député de Rouyn-Noranda,
le député de Pointe-Claire, qui m'ont déjà
assuré mais je voudrais que ce soit ratifié ici, au sein
même de l'Assemblée de leur accord à une
première
dérogation, celle-ci afin de mettre encore une fois
l'Assemblée au travail sur des projets de loi importants. Vous savez que
le projet de loi no 107, qui institue la Régie du logement, a
déjà été déposé; les avis ont
déjà été annoncés dans la Gazette officielle
et jusqu'ici, à moins que je ne me trompe, 37 différents
organismes ont manifesté l'intention de se faire entendre sur un projet
de loi important, ce qui est parfaitement leur droit.
Je souhaitais et je souhaiterais encore que la commission des affaires
municipales puisse commencer dès demain matin à entendre ces
citoyens qui, par ailleurs, vu l'accord qui m'avait été
donné extérieurement à la Chambre, ont déjà
été convoqués, enfin quatre ou cinq organismes ont
déjà été convoqués pour la journée de
demain. Mais il me faut le consentement unanime, M. le Président, afin
que la commission des affaires municipales, telle que constituée lors de
la dernière session celle de cette session ne le sera que demain
soit autorisée à siéger demain matin, à 10
heures, au salon rouge, pour commencer l'audition des mémoires
présentés sur le projet de loi no 107, loi instituant la
Régie du logement.
Le Président: II y a consentement à la
présentation de cette motion.
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Maintenant que les débats commencent, vous
voyez que nous sommes toujours présents, nous serons présents
tout au long de ces débats. Si je comprends bien la motion du leader
parlementaire du guvernement, il s'agit de deux commissions pour demain
matin.
M. Charron: Une seule.
M. Lavoie: Excusez-moi, vous comprendrez que j'ai dû
descendre les escaliers. Est-ce que vous pourriez répéter
peut-être très brièvement?
M. Charron: Oui, il s'agit... M. le Président, je
comprends...
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: ... que ce ne soit pas clair à l'esprit du
député de Laval puisque, à un moment de nos conversations,
il a été évoqué comme possibilité que deux
commissions se réunissent, celle du travail sur le projet de loi no 126,
sur les conditions minimales de travail, et celle sur le projet de loi no 107.
En discutant avec le député de Johnson, j'ai accepté avec
lui que celle du travail ne se réunisse que demain après-midi,
mais ce sera la nouvelle forcément commission du travail
de la session de 1979 puisque nous aurons déjà achevé la
réunion de la commission de l'Assemblée nationale. C'est pour
cela que je ne propose pour demain matin que celle de la commission des
affaires municipales.
M. Bellemare: II est bien entendu, M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: ... que j'ai donné mon consentement pour
mercredi après-midi mais ce n'est pas conforme à notre
règlement parce que le dépôt du rapport qui va être
fait demain à l'Assemblée nationale sera en vigueur seulement une
journée plus tard.
M. Charron: Je sais.
M. Bellemare: Mais je donne mon consentement pour mercredi
après-midi, après la période des questions, pour qu'on
commence à entendre les mémoires sur le projet de loi no 126. Je
voudrais aussi... Je reviendrai sur l'autre.
M. Lavoie: M. le Président, nous sommes d'accord pour
demain matin, il n'y a pas de difficulté pour la commission de
l'Assemblée nationale et une autre commission. Je pense que, pour demain
après-midi, ce n'est pas décidé encore. Ce n'est pas
décidé parce que je pense bien que nous aurons des
réserves du moins durant le discours du chef de l'Opposition officielle.
Il n'est pas question de vider la Chambre même si vous avez le
droit de rigoler, mais il y en a d'autres qui ne rigolent pas actuellement,
entre autres Radio-Canada, qui essaie de corriger son erreur actuellement, vous
avez le droit de rigoler, mais il y en a qui ne rigolent pas.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je ne peux pas faire
l'innocent, je dois dire que j'ai entendu parler juste avant l'ouverture de
cette séance cet après-midi que nos amis de l'Opposition
officielle avaient des réserves à ce que les commissions
parlementaires se réunissent demain après-midi pendant le
discours du chef de l'Opposition officielle. D'ailleurs, c'est la
première fois qu'on en parle officiellement. Ce que j'avais eu, ce
n'étaient que des rumeurs au préalable. Je voudrais dire que,
n'ayant pas entendu parler préalablement, et ayant eu l'accord par
ailleurs, lorsque la commission du travail et la commission des affaires
municipales se réunissent, accord déjà donné depuis
quelques jours, il y a des citoyens qui ont été convoqués
pour demain après-midi dans les deux cas. Si on m'avait fait part de
cette exigence du côté de l'Opposition officielle il y a
déjà quelques jours, bien sûr, je n'aurais pas
dérangé tout ce monde.
M. Lavoie: M. le Président, nous sommes prêts
à offrir notre collaboration. On ne veut déranger personne. Si
vous voulez que les commissions siègent à 14 heures, pour ne pas
déran-
ger les gens qui ont été convoqués comme
témoins ou autres, nous n'avons pas d'objection. D'accord, que les
commissions siègent à 14 heures, s'il y a moyen, pour rattraper
peut-être l'heure ou l'heure et quart de la durée du discours du
chef de l'Opposition. Cela ne s'est jamais fait dans le passé. C'est
normal...
M. Bellemare: Nous ne donnons pas notre consentement.
M. Lavoie: ... que, pendant les discours des chefs de partis,
tout le monde soit là. C'est normal. De toute façon, M. le
premier ministre, je vous ai entendu à la télévision. Je
suis prêt à commenter votre discours.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Nous, de l'Union Nationale, nous ne donnons pas
notre consentement pour que la commission siège à 14 heures,
contrairement aux avis qui nous ont été donnés.
Le Président: Maintenant, je voudrais savoir s'il y a
consentement à la motion présentée par le leader du
gouvernement à savoir que la commission des affaires municipales
siège demain matin, n'est-ce pas, M. le leader parlementaire du
gouvernement?
M. Bellemare: II est bien entendu que c'est après la
période des questions que siégera... Demain matin, c'est
correct.
Le Président: Demain matin, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale, pour autant que je sache, il n'y a pas de période de
questions. Cela ira à demain après-midi.
M. Lavoie: Consentement.
Le Président: Alors, il y a consentement. Cette motion est
adoptée, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, nous fonctionnons
actuellement selon l'ancien règlement pur et simple de
l'Assemblée nationale, le règlement ses-sionnel de 1978 ayant
pris fin avec la session de 1978.
J'ai l'intention de faire, lors d'une réunion des leaders
parlementaires des différents partis, l'examen de la reconduction
possible, modifiée vraisemblablement, du règlement 1978 pour la
session 1979 jeudi matin de cette semaine. J'ai déjà avisé
mes collègues que j'avais l'intention ici même de faire la
proposition suivante aujourd'hui, M. le Président: C'est que le
règlement sessionnel qui était en vigueur lors de la
dernière session continue à régir les travaux de cette
Assemblée jusqu'à la fin du débat sur le discours
inaugural. J'en fais motion.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Bellemare: M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale sur la motion.
M. Bellemare: Je comprends que, demain matin, il n'est pas
question qu'on siège, mercredi matin?
Une Voix: Non.
M. Bellemare: Selon le règlement sessionnel on devrait
siéger. On siégera en commission parlementaire sur le choix des
membres des diverses commissions. C'est vrai que j'ai donné mon
consentement pour prolonger le règlement sessionnel jusqu'après
l'adoption du discours inaugural, mais est-ce qu'il n'y aurait pas moyen que,
d'ici à ce temps, le mercredi matin, on nous laisse au moins vaquer
à nos occupations privées comme on laisse le cabinet des
ministres siéger?
M. Charron: Si vous voulez, M. le Président, il me semble
qu'il s'agit là d'un élément de discussion que nous
devrions avoir lors de la réunion des leaders jeudi matin. J'accepte de
le considérer à ce moment, mais pas ici cet après-midi, si
le député de Johnson l'admet.
Le Président: Je tiens pour acquis qu'il y a consentement
à la présentation de cette motion du leader du gouvernement et
que la motion sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je propose qu'aux fins de la
prise en considération du message inaugural que vient de prononcer le
premier ministre, l'Assemblée ajourne ses travaux à demain quinze
heures.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté. L'Assemblée ajourne
ses travaux à demain, mercredi 7 mars, quinze heures.
Fin de la séance à 16 h 40
ANNEXE
MEMBRES DU CONSEIL DES MINISTRES
à l'ouverture de la 4e session de la 31e
Législature au 6 mars 1979
(ordre protocolaire) M. René Lévesque Premier ministre
M. Jacques-Yvan Morin Vice-premier ministre Ministre de
l'Éducation
M. Robert Burns Ministre d'État à la réforme
parlementaire
M. Claude Morin Ministre des Affaires intergouvernementales
M. Jacques Parizeau Ministre des Finances Ministre du Revenu
M. Camille Laurin Ministre d'État au développement
culturel
M. Pierre Marois Ministre d'État au développement
social
M. Bernard Landry Ministre d'État au développement
économique
M. Jacques Léonard Ministre d'État à
l'aménagement
M. Marc-André Bédard Ministre de la Justice
M. Lucien Lessard Ministre des Transports
Mme Jocelyne Ouellette Ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement
M. Marcel Léger Ministre délégué à
l'environnement
M. Claude Charron Ministre délégué au
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports
M. Guy Joron Ministre délégué à
l'énergie
Mme Lise Payette Ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières
M. Jean Garon Ministre de l'Agriculture
M. Denis Lazure Ministre des Affaires sociales
M. Guy Tardif Ministre des Affaires municipales
M. Pierre-Marc Johnson Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
M. Jacques Couture Ministre de l'Immigration
M. Louis O'Neill Ministre des Communications
M. Yves Bérubé Ministre des Richesses naturelles Ministre
des Terres et Forêts
M. Rodrigue Tremblay Ministre de l'Industrie et du Commerce
M. Yves Duhaime Ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche
M. Denis de Belleval Ministre de la Fonction publique
M. Denis Vaugeois Ministre des Affaires culturelles
ADJOINTS PARLEMENTAIRES à l'ouverture de la 4e
session de la 31e Législature
M. Guy Chevrette Adjoint parlementaire au ministère du
Travail
M. Pierre de Bellefeuille Adjoint parlementaire au ministère des
Affaires intergouvernementales
M. Gilles Grégoire Adjoint parlementaire au ministère des
Richesses naturelles
M. Richard Guay Adjoint parlementaire au ministère des
Communications
Mme Denise Leblanc-Bantey Adjoint parlementaire au ministère de
l'Industrie et du Commerce pour les pêcheries
M. Maurice Martel Adjoint parlementaire au ministère des Affaires
sociales
M. Réal Rancourt Adjoint parlementaire au ministère de
l'Agriculture
MEMBRES DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE DU
QUÉBEC
PRÉSIDENT: M. Clément Richard
VICE-PRÉSIDENTS: M. Jean-Guy Cardinal Mme Louise Cuerrier
Nom, prénoms
Affiliation
Profession ou métier
District électoral
politique
Alfred, Jean P.Q. Professeur Papineau
Baril, Jacques P.Q. Agriculteur Arthabaska
Beauséjour, Jacques P.Q. Educateur Iberville
Bédard, Marc-André P.Q. Avocat Chicoutimi
Bellemare, Maurice U.N. Serre-freins Johnson
Bertrand, Jean-François P.Q. Professeur Vanier
Bérubé, Yves P.Q. Ingénieur Matane
Biron, Rodrigue U.N. Industriel Lotbinière
Bisaillon, Guy P.Q. Conseiller technique Sainte-Marie
Blank, Harry P.L.Q. Avocat Saint-Louis
Bordeleau, Jean-Paul P.Q. Technicien Abitibi-Est
Boucher, Jules P.Q. Directeur Rivière-du-Loup
Brassard, Jacques P.Q. Professeur Lac-Saint-Jean
Brochu, Yvon U.N. Psychologue Richmond
Burns, Robert P.Q. Avocat-syndicaliste Maisonneuve
Cardinal, Jean-Guy P.Q. Notaire Prévost
Caron, Lucien P.L.Q. Administrateur Verdun
Charbonneau, Jean-Pierre P.Q. Journaliste Verchères
Charron, Claude P.Q. Professeur Saint-Jacques
Chevrette, Guy P.Q. Secrétaire général
Joliette-Montcalm
Ciaccia, John P.L.Q. Avocat Mont-Royal
Clair, Michel P.Q. Avocat Drummond
Cordeau, Fabien U.N. Directeur de services Saint-Hyacinthe
Couture, Jacques P.Q. Organisateur communautaire Saint-Henri
Cuerrier, Louise P.Q. Enseignante Vaudreuil-Soulanges
de Bellefeuille, Pierre P.Q. Journaliste Deux-Montagnes
de Belleval, Denis P.Q. Fonctionnaire Charlesbourg
Desbiens, Hubert P.Q. Enseignant Dubuc
Dubois, Claude U.N. Commerçant Huntingdon
Duhaime, Yves P.Q. Avocat Saint-Maurice
Dussault, Roland P.Q. Enseignant Châteauguay
Fallu, Elie P.Q. Professeur Terrebonne
Fontaine, Serge U.N. Avocat Nicolet-Yamaska
Forget, Claude P.L.Q. Economiste Saint-Laurent
Gagnon, Marcel P.Q. Aviculteur Champlain
Garon, Jean P.Q. Economiste et avocat Lévis
Gendron, François P.Q. Educateur Abitibi-Ouest
Giasson, Julien P.L.Q. Courtier d'assurances Montmagny-L'Islet
Godin, Gérald P.Q. Journaliste Mercier
Goldbloom, Victor C. P.L.Q. Médecin D'Arcy McGee
Gosselin, Gérard P.Q. Travailleur communautaire Sherbrooke
Goulet, Bertrand U.N. Professeur Bellechasse
Gratton, Michel P.L.Q. Ingénieur Gatineau
Gravel, Raymond P.Q. Moniteur en réadaptation Limoilou
Grégoire, Gilles P.Q. Homme d'affaires Frontenac
Grenier, Fernand U.N. Directeur général
Mégantic-Compton
Guay, Richard P.Q. Avocat Taschereau
Johnson, Pierre-Marc P.Q. Médecin Anjou
Jolivet, Jean-Pierre P.Q. Agent syndical Laviolette
Joron, Guy P.Q. Conseiller financier Mille-Iles
Laberge, Henri P.Q. Assureur-vie agréé Jeanne-Mance
Lacoste, Jean-Marc P.Q. Commissaire d'écoles Sainte-Anne
Lalonde, Fernand P.L.Q. Avocat Marguerite-Bourgeoys
Lamontagne, Robert P.L.Q. Notaire Roberval
Landry, Bernard P.Q. Avocat , Fabre
Laplante, Patrice P.Q. Commissaire-administrateur Bourassa
Larivière, Jean-Guy P.L.Q. Homme d'affaires
Pontiac-Témiscamingue
Laurin, Camille P.Q. Médecin Bourget
Lavigne, Laurent P.Q. Enseignant Beauharnois
Lavoie, Jean-Noël P.L.Q. Notaire Laval
Lavoie-Roux, Thérèse P.L.Q. Administrateur scolaire
L'Acadie
Lazure, Denis P.Q. Médecin-administrateur Chambly
Leblanc-Bantey, Denise P.Q. Journaliste et étudiante
Iles-de-la-Madeleine
Lefebvre, Charles P.Q. Ingénieur Viau
Léger, Marcel P.Q. Administrateur Lafontaine
Le Moignan, Michel U.N. Prêtre Gaspé
Léonard, Jacques P.Q. Comptable agréé
Laurentides-Labelle
Lessard, Lucien P.Q. Professeur Saguenay
Levesque, Gérard-D. P.L.Q. Avocat et administrateur
Bonaventure
Lévesque, Léonard P.Q. Cultivateur
Kamouraska-Témiscouata
Lévesque, René P.Q. Journaliste Taillon
Mailloux, Raymond P.L.Q. Homme d'affaires Charlevoix
Marchand, André P.L.Q. Imprimeur Laurier
Marcoux, Alain P.Q. Administrateur scolaire Rimouski
Marois, Pierre P.Q. Avocat Laporte
Marquis, Léopold P.Q. Administrateur Matapédia
Martel, Maurice P.Q. Pharmacien Richelieu
Mercier, Jean-Guy P.Q. Administrateur Berthier
Michaud, Gilles P.Q. Administrateur Laprairie
Morin, Claude P.Q. Economiste Louis-Hébert
Morin, Jacques-Yvan P.Q. Professeur Sauvé
O'Gallagher, John P.L.Q. Ingénieur civil Robert-Baldwin
O'Neill, Louis P.Q. Professeur Chauveau
Ouellette, Adrien P.Q. Professeur Beauce-Nord
Ouellette, Jocelyne P.Q. Educatrice Hull
Pagé, Michel P.L.Q. Avocat Portneuf
Paquette, Gilbert P.Q. Directeur pédagogique Rosemont
Parizeau, Jacques P.Q. Economiste L'Assomption
Payette, Lise P.Q. Journaliste Dorion
Perron, Denis P.Q. Opérateur Duplessis
Picotte, Yvon P.L.Q. Principal d'école Maskinongé
Proulx, Jérôme P.Q. Professeur Saint-Jean
Rancourt, Réal P.Q. Agriculteur Saint-François
Raynauld, André P.L.Q. Economiste Outremont
Richard, Clément P.Q. Avocat Montmorency
Roy, Fabien P.N.P. Directeur gérant Beauce-Sud
Russell, Armand U.N. Homme d'affaires Brome-Missisquoi
Samson, Camil Dém. Vendeur Rouyn-Noranda
Scowen, Reed P.L.Q. Administrateur Notre-Dame-de-Grâce
Shaw, William Frederic Ind. Chirurgien-dentiste Pointe-Claire
Springate, George P.L.Q. Homme d'affaires et sportif Westmount
Saint-Germain, Noël P.L.Q. Optométriste Jacques-Cartier
Tardif, Guy P.Q. Professeur Crémazie
Tremblay, Rodrigue P.Q. Economiste Gouin
Vaillancourt, Claude P.Q. Avocat Jonquière
Vaillancourt, Georges P.L.Q. Administrateur Orford
Vaugeois, Denis P.Q. Historien et éditeur
Trois-Rivières
Verreault, Richard P.L.Q. Homme d'affaires Shefford
Sièges vacants: Argenteuil et Jean-Talon
P.Q. Parti québécois
P.L.Q. Parti libéral du Québec
U.N. Union Nationale
Dém. Démocrates
P.N.P. Parti national populaire
Ind. Indépendant