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(Dix heures douze minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je voudrais indiquer
rapidement l'ordre du jour. Après la prise en considération du
rapport de la commission des affaires sociales qui a été
déposé hier sur la loi 84, nous inviterons l'Assemblée
à prendre en considération le rapport de la commission du travail
et de la main-d'oeuvre sur la loi 110. Par la suite, comme je l'ai
annoncé hier, nous ferons la deuxième lecture du projet de loi
que j'ai déposé hier au nom du ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, la loi 128. Quand ces trois éléments auront
franchi l'étape à laquelle ils sont rendus devant
l'Assemblée, nous reviendrons au projet de loi que nous avons
abandonné hier soir lors de l'ajournement des travaux. Je vous prie donc
d'appeler, M. le Président, l'article 106 du feuilleton
d'aujourd'hui.
Prise en considération du rapport de la
commission ayant étudié le projet
de
loi no 84
Le Président: J'appelle maintenant la prise en
considération du rapport de la commission permanente des affaires
sociales qui a étudié le projet de loi no 84, Loi modifiant la
Loi de l'assurance-maladie et d'autres dispositions législatives. Je
voudrais immédiatement indiquer à l'Assemblée que nous
avons reçu dans les délais requis les amendements et qu'ils sont
tous rece-vables.
M. Bellemare: Juste une erreur que je voudrais signaler. Dans la
lettre à M. Blondin, on avait inscrit 74 au lieu de 84. Je pense que
cela n'affecte pas l'amendement.
Le Président: C'est une erreur d'écriture qui a
été corrigée, M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, je vais tout d'abord
présenter et expliquer brièvement un amendement que j'apporte et,
par la suite, j'essaierai de résumer les travaux de la commission qui a
étudié ce projet de loi article par article. Je suis conscient
que les membres de l'Opposition ont certains amendements à proposer et
je réagirai par la suite aux explications qui seront apportées
par les membres de l'Opposition.
L'amendement que je propose consiste à retirer de ce projet de
loi l'article 61. L'article 61 se lit comme suit: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut fixer par règlement un tarif et des règles
d'application pour les services assurés et rendus par les chirurgiens
dentistes visés dans l'entente conclue en vertu de la Loi de
l'assurance-maladie entre le ministre des Affaires sociales et l'Association
des chirurgiens dentistes du Québec, le 14 mars 1974, et pour lesquels
aucun tarif n'est prévu dans l'entente. Ce règlement tient lieu
d'entente au sens de l'article 15 de ladite loi pour les services
assurés qui y sont prévus et il entre en vigueur à compter
de sa publication dans la Gazette officielle du Québec".
Mme la Présidente, la raison pour laquelle je présente cet
amendement qui vise à retirer cet article 61, comme tout le monde le
sait maintenant, est que, depuis quelques jours, nous avons conclu, le
ministère des Affaires sociales et l'Association des chirurgiens
dentistes, une entente. Ce qui veut dire que les actes dentaires qui
étaient assurés depuis quelque temps et qui n'étaient pas
couverts par l'entente de 1974 et que nous avions prévu couvrir par
décret, au cas où il n'y aurait pas entente, ceci veut donc dire
que cet article 61 est maintenant caduc, est maintenant superflu, n'est pas
nécessaire et c'est pourquoi je propose qu'on le retire.
On me permettra, Mme la Présidente, d'ajouter quelques mots sur
cette entente que nous venons de conclure avec l'Association des dentistes.
Elle comporte trois éléments nouveaux importants. Le premier,
c'est l'intégration des bénéficiaires de l'aide sociale
aux soins assurés. Il y avait depuis quelques années des
règlements qui permettaient aux bénéficiaires de l'aide
sociale de recevoir des soins dentaires, et ces soins dentaires étaient
ensuite remboursés par l'aide sociale. On connaît les
difficultés qui ont entouré ce régime de soins dentaires
aux bénéficiaires de l'aide sociale. Une des principales raisons
c'est que jamais il n'y a eu véritable entente négociée
entre l'Association des dentistes, d'une part, et le gouvernement, d'autre
part, concernant les bénéficiaires de l'aide sociale. J'ai tenu,
dès le début, à ce que cette couverture pour les
bénéficiaires de l'aide sociale soit incluse dans la
négociation, au même titre que la couverture pour les enfants de
moins de 14 ans.
Je conclus sur ce point en prédisant que dorénavant,
puisque maintenant les dentistes sont satisfaits ils ont massivement
endossé le projet d'entente les services aux
bénéficiaires de l'aide sociale, partout au Québec,
devraient être grandement améliorés. Il est évident
aussi je m'empresse de rassurer nos amis les denturolo-gistes que
les prothèses dentaires, pour les bénéficiaires de l'aide
sociale, qui étaient fournies par les denturologistes jusqu'ici
continueront d'être fournies par les denturologistes mais à des
tarifs différents, à des tarifs plus élevés puisque
les denturologistes recevront les mêmes tarifs que les dentistes vont
recevoir dorénavant pour les prothèses.
J'ajoute que l'entente n'entrera en vigueur que deux mois après
la signature, c'est-à-dire vers le mois d'avril. La signature ne peut se
faire avant
l'adoption de la loi 84 puisque c'est le projet de loi no 84 qui va
permettre d'inclure les bénéficiaires de l'aide sociale dans ce
nouveau programme de soins assurés.
La deuxième caractéristique de cette entente
négociée avec les chirurgiens dentistes a trait à une
extension considérable des soins dentaires pour les enfants. Ce
programme partiel de soins dentaires pour les enfants a commencé en
1974, si ma mémoire est bonne, d'abord avec les très jeunes
enfants. Ce programme, évidemment, prévoyait des soins surtout
pour les dents temporaires. Depuis quelques années, nous avions une
certaine anomalie, nous avions beaucoup de plaintes de la part de la population
et des dentistes aussi, évidemment, qui disaient: Ce qui est
assuré l'expression qu'on utilisait était "les dents du
sourire" à toutes fins utiles, c'est le traitement des dents du
sourire, les dents d'en avant, les dents temporaires. (10 h 20)
Cette nouvelle entente couvre toutes les dents temporaires et
permanentes, couvre toutes les formes de prévention, toutes les formes
de restauration, de réparation et toutes les formes de prothèses.
Elle couvre aussi le traitement de canal, qui est un traitement complet. La
seule chose pour être transparent que cette entente ne
couvre pas, ce sont les traitements d'orthodontie. Il s'agit de traitements
pour redresser une dentition. On peut apparenter ce traitement à la
chirurgie plastique, à la chirurgie esthétique.
Dans certains cas, nos lois et règlements actuels permettent que
l'Etat paie pour la chirurgie plastique lorsque la santé mentale ou
physique de l'individu est en jeu et ne paie pas quand il s'agit strictement
d'esthétique.
Dans le cas des traitements d'orthodontie, nous continuons
d'étudier cette question fort complexe. Il y a des cas de traitement
d'orthodontie, de redressement, où il serait justifié que l'Etat
paie; d'autres cas où ce ne le serait pas. Mais j'ajouterais, en
terminant, sur ce point précis que nous y reviendrons lors des
prochaines négociations puisque l'entente conclue avec les dentistes va
expirer cet automne, à l'automne 79. Donc, deuxième
caractéristique, une couverture beaucoup plus complète pour tous
les soins dentaires chez les enfants de moins de 14 ans.
Troisièmement, cette entente conserve, évidemment,
à l'intérieur des actes dentaires les fameux actes de
prévention: l'enseignement de l'hygiène buccale, l'application de
fluor pour prévenir la carie, et, troisièmement, le nettoyage des
dents. Cependant, les dentistes ont accepté de réduire de
façon considérable le tarif pour ces actes de prévention,
de le réduire de $10 à $4. On s'est rendu compte, de part et
d'autre, que ces tarifs qui avaient été négociés en
1974 étaient beaucoup trop élevés. Je pense que les
dentistes ont fait preuve d'un sens commun qu'il faut reconnaître, ce qui
nous a permis, à l'intérieur d'une même masse
monétaire, d'ajouter un peu d'argent aux tarifs de restauration.
En définitive, nous avons là, je pense, une entente qui
est très satisfaisante, à la fois pour le gouvernement, pour le
public et pour les dentistes. Cette entente, par conséquent, en laquelle
nous avions toujours eu foi, j'avais eu l'occasion de dire en commission
parlementaire que, évidemment, si nous la concluions avec les dentistes
avant l'étude en troisième lecture du projet de loi 84, nous
allions retirer cet article 61. Nous avons toujours eu confiance qu'il
était possible d'en arriver à un accord avec les dentistes. C'est
d'ailleurs dans cet esprit que, il y a environ un an et demi, j'avais pris
l'engagement écrit avec les dentistes de retirer de la loi de
l'assurance-maladie c'est un des gestes que nous posons par ce projet de
loi 84 une partie de l'article 15 qui constituait pour les dentistes une
épée de Damoclès qui, dans cette partie de l'article 15,
prévoyait que le gouvernement pouvait décréter les tarifs
à défaut d'entente.
Ce qui était odieux, c'était que seuls les dentistes, de
tous les professionnels de la santé, étaient sujets à
cette menace. Pour faire en sorte que le climat de négociation soit plus
propice, j'avais pris l'engagement de faire disparaître cette partie de
l'article 15 et c'est une des choses que nous faisons aujourd'hui avec le
projet de loi 84. Dans son ensemble, le projet de loi 84, comme on l'a dit
à plusieurs reprises, a essentiellement pour but de resserrer le
contrôle administratif et de faire en sorte que le rythme des
dépenses à la Régie de l'assurance-maladie, surtout en ce
qui concerne les honoraires professionnels, ralentisse. On sait que nous
dépensons environ $700 millions par année seulement pour les
honoraires aux professionnels de la santé.
Deuxième remarque sur l'ensemble du projet de loi à
l'intérieur de cet objectif d'économie et de contrôle. Nous
allons exiger dorénavant que le citoyen et la citoyenne
présentent leur carte-soleil, leur carte d'assurance-maladie pour
recevoir des soins. Cependant, nous allons nous donner une période
d'environ six mois au cours de laquelle nous transmettrons une information au
public. Nous ferons une sensibilisation auprès du public de façon
que tous les citoyens et toutes les citoyennes portent en permanence leur carte
d'assurance-maladie sur eux ou sur elles. D'autre part, nous allons aussi
prévoir des exceptions, évidemment. Dans les cas d'urgence, il ne
sera pas question d'exiger la carte d'assurance-maladie. Il n'en sera pas
question, non plus, pour des personnes très jeunes, de très
jeunes enfants. Il n'en sera pas question, non plus, quand il s'agit de visites
à domicile et il n'en sera pas question, non plus, lorsqu'il s'agit de
personnes en institution. Je pense en particulier aux personnes
âgées qui sont dans des centres d'accueil. Donc, il y a toute une
série d'exceptions qui seront prévues par les règlements
et nous avons l'intention d'appliquer cette loi de façon très
souple.
Une dernière remarque concernant ce projet de loi 84. Non
seulement dans le domaine des soins dentaires il ajoute certains services, mais
aussi il ajoute certains services dans le secteur des aides et des
prothèses.
Mais je veux aussi faire une remarque concernant les comités de
révision. Actuellement, chacune des ententes que le gouvernement a avec
les groupes professionnels, les syndicats de professionnels, prévoit la
mise sur pied d'un comité de révision: un comité de
révision pour les médecins, pour les dentistes, pour les
pharmaciens, pour les optométristes. Il s'agit là essentiellement
d'un comité de pairs un comité de médecins dans le
cas des médecins, un comité de pharmaciens dans le cas de
pharmaciens et des comités qui ne sont pas des comités de
la Régie de l'assu-rance-maladie, mais bien des comités
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil et qui relèvent du
ministre des Affaires sociales. C'est un comité qui est neutre par
rapport à la Régie de l'assurance-maladie. Mais ce comité
a pour principale fonction d'examiner des profils de pratique et, à la
demande de la Régie de l'assurance-maladie ou à la demande du
ministre, des profils de pratique qui pourraient sembler curieux, qui
pourraient sembler aberrants, des profils de pratique qui laisseraient
soupçonner que certains actes professionnels sont commis ou sont
dispensés de façon injustifiée, de façon
abusive.
Il faut bien distinguer le rôle de ces comités de
révision d'avec le rôle des ordres professionnels, des
corporations professionnelles. Les corporations professionnelles au nom de
l'Etat et du public surveillent la qualité des actes des
médecins, des dentistes, des pharmaciens, des optométristes. Ce
sont ces ordres professionnels qui doivent intervenir quand on a des raisons
valables de croire qu'un professionnel n'accomplit pas son métier avec
les critères conformes ou qu'on retrouve normalement dans sa profession.
Cette appréciation de l'acte professionnel demeure une
prérogative de chaque ordre professionnel. La tâche de ces
comités de révision essentiellement en est une, si vous voulez,
d'appréciation économique ou de sens commun ou de normes qui
prévalent à l'intérieur d'une région
donnée.
Mme la Présidente, nous avons, en commission parlementaire,
d'abord reçu plusieurs groupements des associations
professionnelles, des ordres professionnels nous avons tenu compte d'un
bon nombre des suggestions qui nous ont été faites par ces ordres
professionnels et ces associations, nous avons ensuite passé un certain
nombre d'heures pour étudier article par article ce projet de loi, nous
avons là aussi apporté des amendements à la lumière
des consultations qui se sont poursuivies jusqu'au dernier moment. (10 h
30)
Les partis d'Opposition ont apporté des amendements que nous
avons souvent acceptés parce qu'ils amélioraient le projet de loi
et que nous avons parfois refusés parce qu'ils nous paraissaient aller
à l'encontre de l'esprit du projet de loi. Je dois dire, Mme la
Présidente, que ce projet de loi, tout en restant un projet de loi
modeste, un projet de loi qui vise essentiellement à avoir une meilleure
administration des fonds publics à la Régie de
l'assurance-maladie, a revêtu à un certain moment une importance
un peu plus forte qu'on ne l'aurait soupçonné au départ.
Ce n'est pas par ce qu'il contenait mais surtout parce qu'il touchait des
personnes qui ont des juridictions voisines, qu'il s'agisse du personnel
à la Régie de l'assurance-maladie, qu'il s'agisse des syndicats
professionnels ou des ordres professionnels; notre société a
encore peu d'expérience quand il s'agit de bien limiter le champ
d'action de chacun de ces groupements.
Chaque fois qu'on présente un projet de loi qui touche, de
près ou de loin, à l'action quotidienne de ces groupements, nous
avons de ces réactions qui sont parfois plus fortes que le contenu du
projet de loi ne le justifierait au départ. Alors, Mme la
Présidente, je termine sur cela. Je veux remercier les membres
ministériels de la commission des affaires sociales et aussi les membres
des partis d'Opposition puisque les débats, les discussions en
commission, en deuxième lecture article par article, se sont
déroulés de façon très correcte et de façon
constructive. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Merci, Mme le Président. Il y a eu, dans
l'étude de ce projet de loi, comme nous l'avions d'ailleurs
souligné dès son dépôt, deux séries de
considérations passablement étrangères l'une à
l'autre. Le ministre, tout à l'heure, s'est étendu assez
longuement sur une de ces séries de considérations et c'est celle
qui a rapport à la négociation d'une nouvelle entente avec
l'Association des chirurgiens dentistes du Québec. Il a décrit ce
que cette entente, quant à lui, permettait de réaliser. Je n'ai
pas l'intention de m'étendre à mon tour sur cet aspect de la loi;
environ deux ou trois articles, en effet, étaient pertinents à la
négociation avec les chirurgiens dentistes. Il y a fait allusion et a
mentionné l'article 15, il a mentionné l'article 61 qu'il retire
d'ailleurs suite à l'entente, tel qu'il l'avait promis, tel qu'il
s'était engagé à le faire à la fois
vis-à-vis des dentistes et vis-à-vis des partis d'Opposition.
Il a parlé également, mais beaucoup plus
brièvement, de l'article 24 qui, lui, est pertinent non pas seulement
à cette négociation avec les chirurgiens dentistes, mais à
toutes les négociations à venir avec toutes les catégories
de professionnels de la santé: les médecins, les dentistes, bien
sûr, les pharmaciens, les optométristes, etc. Je reviendrai tout
à l'heure, si le temps me le permet, Mme la Présidente, sur cette
question de l'article 24 puisque, encore une fois, même si cette
modification a été apportée dans l'esprit d'aider, du
point de vue du ministre, un règlement de la négociation et du
conflit avec les dentistes, elle demeure dans la loi et aura un effet permanent
et à notre avis fort néfaste. J'aimerais, Mme la
Présidente, concentrer mes remarques entièrement sur
l'élément plus permanent de cette loi et sur l'effet que le
ministre a voulu lui attribuer, c'est-à-dire de resserrer
l'administration du régime, de
s'assurer que les fonds publics importants qui sont consacrés
à l'assurance-maladie soient dépensés avec le plus de
rigueur possible.
Il y a en effet dans cette loi une cinquantaine de dispositions qui sont
présumément destinées à améliorer
l'administration du régime. C'est d'ailleurs sur cette cinquantaine
d'articles que la plupart des débats se sont déroulés. En
premier lieu, Mme la Présidente, j'aimerais vous rappeler une chose qui
a peut-être été représentée comme une
tactique de l'Opposition à la fin de nos travaux en décembre,
à savoir la non-adoption de ce projet de loi, mais qui, avec le recul de
plusieurs semaines, apparaît décidément comme une exigence
minimale d'un travail parlementaire sérieux. Je pense en particulier aux
séances que la commission des affaires sociales a tenues pour
l'étude article par article de cette cinquantaine d'articles du projet
de loi. Il y a eu quatre séances dont l'une s'est terminée
à minuit un certain soir. C'est l'équivalent en quelque sorte de
deux semaines complètes de séances de commission parlementaire.
Si nous nous étions trouvés dans une période normale
où l'Assemblée nationale siège, ce genre de travail aurait
nécessité une quinzaine de jours de travaux parlementaires. C'est
donc dire qu'il était tout à fait inacceptable et impossible
même de considérer l'adoption du projet de loi no 84 au cours
d'une séance éclair de quelques heures le 21 ou le 22
décembre dernier.
Il y a eu, lors de la dicussion de ces nombreux articles de la loi 84,
un très grand nombre d'amendements qui ont été
présentés et, qui plus est, ont été dans un
très grand nombre de cas acceptés, qu'ils aient été
présentés par le ministre ou par l'Opposition. A cet
égard, on peut souligner, Mme le Président, que le 18 janvier, le
ministre déposait une quinzaine d'amendements de son propre cru à
ce projet de loi. C'est donc dire que le délai additionnel dont il a
bénéficié lui a été fort profitable
puisqu'il a cru bon lui-même d'apporter plusieurs modifications à
son projet de loi au mois de janvier. Il y a, dans l'ensemble de ces
amendements, de ces discussions lors de l'étude article par article,
plusieurs dispositions qui sont nouvelles et qui ont été
introduites par l'initiative de l'Opposition officielle. Elles
améliorent, je pense, de l'avis de tous les membres de la commission, le
fonctionnement du régime. Je pense en particulier et j'en ferai
une énumération rapide à
l'énumération des cas où la carte d'assurance-maladie ne
devra pas nécessairement être présentée au
médecin comme condition pour l'obtention des services.
Le ministre a fait allusion, tout à l'heure, au fait qu'il y
aurait des exceptions à la règle générale voulant
qu'il soit désormais obligatoire de présenter la carte
d'assurance-maladie au moment de l'obtention d'un service
d'assurance-santé. Or, en vertu d'un amendement que nous avons
présenté, il y aura désormais des exceptions à
cette règle, il y aura des exceptions contenues explicitement dans la
loi qui donnent une garantie que, dans les cas prévus par ces
exceptions, la règle obligatoire de présentation de la carte ne
viendra pas priver les bénéficiaires de l'accès aux
services.
Le ministre a mentionné, mais je le fais à nouveau, ce en
quoi ces cas consistent; il s'agit des enfants de moins d'un an, il s'agit
également des cas d'urgence, il s'agit aussi des jeunes de 14 à
18 ans qui reçoivent des services en vertu d'une disposition
spéciale de la loi de la santé publique qui permet, dans
certaines circonstances, au médecin de donner des services à ces
jeunes en dépit du fait que les parents ne sont pas là pour
donner le consentement parental à des interventions chirurgicales ou
à certains examens. Il s'agit aussi du cas des personnes qui sont
admises, hébergées dans un centre hospitalier ou un centre
d'accueil. Il y a donc là dans la loi des garanties que, dans ces cas,
la règle voulant que désormais la présentation de la carte
soit obligatoire ne vienne pas, encore une fois, limiter l'accessibilité
aux services pour des raisons administratives.
Il y a eu également à l'initiative de l'Opposition
officielle des restrictions importantes qui furent apportées au pouvoir
de la Régie de l'assurance-maladie de communiquer son fichier des
bénéficiaires. On sait que la régie a un fichier, une
liste, si on veut, un registre des bénéficiaires de l'ensemble
des citoyens du Québec et qu'elle possède à leur sujet les
informations relatives à leur nom, leur date de naissance, leur domicile
et que ces informations peuvent être utiles, même indispensables
pour certaines fins administratives dans d'autres ministères. On a
pensé, par exemple, aux besoins du ministère de l'Education
vis-à-vis de l'administration du régime des prêts et
bourses, on a pensé au Bureau des véhicules automobiles
relativement aux changements d'adresse, etc., des détenteurs de permis
de conduire. Enfin, il y a plusieurs besoins administratifs
éprouvés dans des ministères du gouvernement qui font que
l'obtention du fichier de la régie peut leur être
extrêmement utile. (10 h 40)
Nous avons obligé la régie à être astreinte
à certaines règles relativement à la communication de ce
fichier. En premier lieu, seuls les organismes ou les ministères du
gouvernement qui sont explicitement mentionnés dans la loi peuvent
recevoir le fichier de la régie. Si le nom n'est pas dans la loi,
l'organisme en question n'y a pas droit et c'est là, nous semble-t-il,
une précaution indispensable pour assurer qu'il y ait un contrôle
démocratique sur l'utilisation que l'on fait des fichiers
gouvernementaux.
On sait que ce problème de l'utilisation des fichiers
gouvernementaux a été soulevé, avec anxiété
même, par différents groupes attachés à la
défense des droits de l'homme parce qu'on veut, de la part de ces
groupes, éviter que l'appareil gouvernemental ne devienne un instrument
de contrôle des citoyens. Or, il est clair que si un gouvernement peut,
sans contrôle et sans restrictions, utiliser l'ensemble des fichiers
établis pour toutes sortes de fins en les croisant, en les jumelant de
manière à pouvoir obtenir un profil complet de l'activité,
des besoins, des demandes, des bénéfices reçus par les
citoyens, on est en face d'une machine énorme qui peut forcément,
avec très peu d'imagination, devenir un instrument
de contrôle extrêmement sérieux, extrêmement
puissant.
Nous avons voulu restreindre ces possibilités en inscrivant dans
la loi la liste des organismes qui ont le droit et seulement
ceux-là d'obtenir le fichier de la régie qui est le
meilleur de ces fichiers et le plus complet. Nous avons également
insisté pour que les organismes qui reçoivent le fichier de la
régie soient tenus à son égard aux mêmes
règles de confidentialité, si on peut employer cette expression,
c'est-à-dire qu'ils soient tenus à ne pas divulguer les
renseignements qu'ils obtiennent de cette façon, alors que la
régie elle-même est astreinte à des règles qui
l'obligent justement à respecter le caractère confidentiel de ces
fichiers. Donc, les mêmes règles s'appliqueront désormais
relativement au fichier transmis par la Régie de l'assurance-maladie aux
différents ministères mentionnés dans la loi.
Nous avons apporté également, au nom de l'Opposition
officielle, des amendements à la loi, amendements acceptés par le
ministre, de manière à préciser de façon beaucoup
plus serrée les articles de la loi qui permettent et qui
aménagent les mécanismes en vertu desquels les professionnels de
la santé réclament des paiements pour leurs services de la part
de la Régie de l'assurance-maladie et des règles qui, en
contrepartie, peuvent être utilisées par la Régie de
l'assurance-maladie pour contester ces paiements. La rédaction de ces
articles, je pense, est beaucoup plus précise, beaucoup moins ouverte
à une interprétation subjective et donc à des litiges,
à des contestations devant les tribunaux qui ne pourraient que diminuer
l'efficacité de l'administration du régime d'assurance-maladie et
en multiplier les coûts pour la régie, les coûts de
recouvrement dans le cas de certaines contestations d'honoraires.
Il y a eu cependant un ensemble de mesures et de dispositions pour
lesquelles la commission parlementaire n'a pas réussi à faire de
consensus. Ce sont ces dispositions qui font l'objet des amendements que nous
présentons à ce projet de loi de manière à porter
à l'attention de l'ensemble de l'Assemblée nationale la nature
des questions en jeu et à obtenir de l'Assemblée nationale une
décision qui implique non seulement les membres de la commission, mais
l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale, à
cause de l'importance de la question. En effet, le problème de
l'efficacité du régime, le problème du contrôle des
abus dont le ministre a souvent parlé se pose de façon plus
aiguë face au rôle, à la juridiction et au pouvoir des
comités de révision qui sont ces comités de pairs, ces
comités de médecins dans le cas des actes posés par les
médecins, comités de dentistes dans les actes posés par
les dentistes, comités de pharmaciens dans le cas d'actes posés
par les pharmaciens, etc.
Ce sont ces comités de révision qui, en quelque sorte,
détiennent la clé du contrôle des abus du régime.
Or, il devient évident et d'ailleurs cela est évident
depuis un certain temps, mais de façon croissante que les
comités de révision, dans la formulation actuelle des articles de
la loi qui leur donnent le pouvoir d'agir, sont incapables de jouer leur
rôle, ils sont incapables d'assurer les responsabilités de
contrôle des abus que le législateur leur avait données. A
cause d'une interprétation que les tribunaux, le Tribunal des
professions entre autres, la Commission des affaires sociales aussi, à
cause de l'interprétation que ces instances quasi judiciaires ont
donnée à ces articles, les comités de révision sont
incapables de jouer leur rôle.
On cite, par hasard, dans le Devoir, à la page 3 une
décision qu'on dit avoir été rendue hier mais qui,
effectivement, a été rendue le 6 décembre dernier. Il
s'agit peut-être là d'un article qui était resté sur
les tablettes pendant un certain temps dans la salle de rédaction du
journal. Cela est une décision absolument troublante pour ceux qui
veulent s'assurer que le régime a des crans d'arrêt lorsqu'il
s'agit d'abus. On cite le cas du Dr Favreau qui a été devant la
Commission des affaires sociales en appel d'une décision d'un
comité de révision des médecins spécialistes et qui
a eu gain de cause devant la Commission des affaires sociales. Il s'agit de
cathétérismes vésicaux, une procédure qui est fort
peu répandue pour la plupart des médecins. En fait, on cite que
pour la totalité de ses collègues, dans une année, il y a
eu dix de ces cathétérismes vésicaux et que dans son cas
ils se chiffrent par plusieurs milliers. Parce que c'est une procédure
que ce médecin pratique de routine.
Or, il s'agit là d'un cas caractérisé d'abus, au
sens selon lequel le législateur a voulu donner aux comités de
révision le pouvoir d'intervenir. Malheureusement, cette décision
de la Commission des affaires sociales, qui fait d'ailleurs suite à
d'autres décisions du même style, démontre encore une fois,
comme je le disais tout à l'heure, qu'il sera impossible aux
comités de révision de fonctionner normalement si on laisse la
loi inchangée.
Or, la loi 84, bien sûr, intervient pour modifier les articles en
question, mais elle s'arrête bien en deçà de ce qu'il
serait nécessaire pour assurer l'efficacité des comités de
révision. Si, effectivement, on ne prend pas toutes les garanties
nécessaires pour assurer l'efficacité des comités de
révision, on ne peut plus vraiment prétendre que l'on se soucie
d'améliorer l'efficacité du régime, que l'on se soucie de
réprimer les abus. Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour avoir, à
l'égard de l'efficacité des comités de révision,
toutes les assurances nécessaires dans la loi? Il s'agit de relativement
peu de chose. Et cela fait d'ailleurs l'objet des amendements que nous avons
présentés. Je n'en ferai pas une lecture détaillée,
ceci serait peut-être un peu trop long puisqu'il y a malgré tout
des amendements de concordance; quand on change un mot il faut parfois le
changer dans deux ou trois autres articles subséquents. Mais, en
substance, ce que nous proposons dans ces amendements, c'est de faire du
comité de révision une instance décisionnelle,
c'est-à-dire de donner au comité de révision le pouvoir de
décider sur le fond de façon définitive et sans appel et
de faire
de cette décision, effectivement, une décision et non pas
simplement une recommandation à la régie. Quel est l'effet de ce
double amendement, c'est-à-dire d'en faire une décision
plutôt qu'une recommandation et d'en faire une décision sans appel
sur le fond? (10 h 50)
L'effet est essentiellement de faire reposer cette question sur
l'expertise professionnelle des membres des comités de révision
je répète encore une fois que chaque comité de
révision est composé de professionnels compétents pour
évaluer des actes posés, par exemple, par les médecins. Il
s'agit alors d'un comité de révision composé de
médecins, spécialistes ou omnipraticiens; il y a au moins deux
comités de révision. Dans le cas des pharmaciens, ce sont des
pharmaciens qui jugent. Donc, on fait reposer sur leur jugement professionnel
essentiellement la question de savoir si oui ou non il y a eu des abus.
Si la décision qui est rendue à ce niveau-là, au
niveau des professionnels, dans une discipline donnée, n'est pas finale,
comme ce le sera si nos amendements ne sont pas adoptés, alors d'autres
instances sont appelées à passer en revue la preuve, la
démonstration d'un abus possible, qui est faite par la régie. Or,
ces autres instances, ces autres tribunaux, comme ils ne sont pas
composés de médecins, de dentistes ou de pharmaciens, se trouvent
placés devant une situation qu'ils ont du mal à évaluer.
Ils ont du mal à l'évaluer parce que, premièrement, ils ne
disposent pas de l'expertise professionnelle comme telle. Il s'agit de juges,
essentiellement, qui ne peuvent pas se substituer au jugement de professionnels
dans une discipline de la santé quelconque, qu'il s'agisse de la
médecine, de la pharmacie ou de l'art dentaire. Ils sont donc
forcés de s'en tenir à des témoignages posés par
des experts, qu'ils peuvent mal apprécier. Ceci, d'une part.
D'autre part, il s'agit de tribunaux ordinaires ou dont les
procédures s'apparentent à celles de tribunaux ordinaires.
Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire essentiellement qu'ils ne peuvent
accepter la preuve d'un abus systématique qu'à la condition que
l'on prouve au-delà de tout doute qu'il y a abus face à chacun
des actes abusifs posés. Or, il est bien clair, dans les cas d'abus que
la régie soulève, qu'il ne s'agit pas simplement d'un acte
abusif, qu'il ne s'agit pas d'une exagération vis-à-vis d'une
procédure, d'un patient, d'une occasion, mais qu'il s'agit d'occasions
répétées, d'un abus systématique, d'une pratique
médicale qui est dans son ensemble abusive et qui est bien sûr
composée de toute une série d'actes individuellement abusifs,
mais qui a une importance au plan du régime, au plan des coûts
parce que c'est indéfiniment répété de façon
abusive.
Or, un tribunal ordinaire qui devrait juger du caractère abusif
d'un acte en fonction d'une preuve individuelle portant sur chaque acte
allégué abusif est devant une difficulté très
considérable. Il est devant une difficulté presque insurmontable
dans la plupart des cas puisque pour prouver l'abus, il faut prouver que l'acte
a été commis, qu'il n'était pas vraiment nécessaire
dans ce cas. Donc, il faut avoir des témoins à la fois sur le
fait que l'acte a été posé et qu'il n'était pas
vraiment nécessaire. Il faut une étude presque individuelle du
dossier de chaque patient. C'est une exigence de preuve qui est absolument
déraisonnable et qui ne peut être assumée par la
régie. Il en coûterait beaucoup plus cher de réprimer les
abus que de les payer sans rien dire, dans de telles circonstances, ce qui fait
que le mécanisme de l'appel sur le fond est un mécanisme qui a
pour effet d'enrayer totalement la possibilité pour la régie, via
des comités de révision, de lutter contre des abus.
Il y a des difficultés additionnelles qui jouent
également. Par exemple, la difficulté selon laquelle un tribunal
ordinaire tel que la commission des affaires sociales ou d'autres tribunaux qui
pourraient être appelés à être saisis de ces causes
sont en face d'opinions divergentes sur une question, par exemple,
médicale. Comme, sur à peu près toute espèce de
questions techniques ou professionnelles, il n'est pas difficile d'obtenir au
moins deux avis, peut-être davantage, le tribunal ne pouvant substituer
son jugement, encore une fois, à celui des professionnels de la
santé impliqués, il doit se contenter de constater qu'il y a une
différence de points de vue, qu'il y a des divergences d'orientation sur
le plan professionnel et dire, devant l'existence de ces divergences, qu'on est
en face d'un médecin qui est peut-être un peu plus perfectionniste
je pense que c'est d'ailleurs le mot utilisé dans certains
jugements.
C'est un perfectionniste; il fait vraiment une procédure de
façon systématique que d'autres ne font qu'à titre
exceptionnel. C'est vrai que cela lui rapporte peut-être $100 000 de plus
par année que ses collègues, mais c'est un perfectionniste. Comme
il y a des opinions divergentes, il faut accepter ces divergences et on ne peut
pas le trouver coupable d'abus.
Pour toutes ces raisons, Mme la Présidente, nous croyons qu'il
est impératif de faire de ces comités de révision des
organismes décisionnels sans appel quant au fond. Est-ce que cela veut
dire que le professionnel de la santé, dont les réclamations
présentées à la régie sont contestées par
cette dernière sous prétexte qu'il y a abus, qu'il y a une
pratique abusive, serait complètement démuni de tout recours face
à des décisions arbitraires ou injustes d'un comité de
révision? Pas du tout. Nous proposons d'ailleurs cela va de soi
que, pour les décisions des comités de révision,
même si elles sont sans appel quant au fond, c'est-à-dire quant
à la question de savoir si, professionnellement, l'acte était
peut-être jugé abusif ou non, quant à la façon dont
les comités de révision arrivent à leurs décisions,
il pourrait y avoir appel.
Par exemple, si le comité de révision en arrive à
une décision sans avoir pris le soin d'informer le professionnel en
question, de lui donner une occasion de se faire entendre et de justifier son
point de vue, si la décision du comité de révision est
manifestement une décision qui ne repose pas
sur la preuve soumise, sur le dossier soumis par la régie, mais
reflète à sa face même d'arbitraire un parti pris
injustifié, bien sûr, ces raisons-là pourraient être
invoquées devant la Cour supérieure en vertu des pouvoirs
généraux qu'a la Cour supérieure de surveillance sur des
instances administratives. Ce sont là des choses qui vont de soi, mais
que nous prenons le soin même de préciser dans les amendements que
nous présentons de manière qu'il n'y ait aucun doute que le
processus judiciaire normal, les règles élémentaires de
justice naturelle doivent être respectées, y compris l'obligation
d'entendre les deux parties devant les comités de révision, mais
que, ceci étant fait, les procédures étant
respectées, étant correctes, la décision du comité
de révision deviendrait finale et sans appel et lierait la régie,
qui n'aurait pas à prendre une décision ultérieure,
à savoir si elle respecte ou non cette décision, et qui lierait
de la même façon le professionnel impliqué.
Je termine en disant que cette façon d'envisager le rôle
des comités de révision, en plus d'être le seul qui lui
permette d'atteindre l'efficacité, est un rôle qui est
désormais admis par les groupes professionnels impliqués, par les
corporations professionnelles, par les syndicats de médecins et autres
qui ont eu l'occasion d'assister à nos débats en commission
parlementaire au moins quelques-uns d'entre eux et qui se sont
rendus à l'argumentation et qui, d'ailleurs, ont apporté
plusieurs arguments à l'appui de nos amendements. Malgré cela, le
ministre ne les a pas acceptés pour des raisons que je ne peux pas
comprendre puisqu'il serait en mesure, avec ces amendements, de disposer d'un
instrument véritablement efficace, qui n'est pas contesté par les
groupes auxquels il s'adresse, même si cela constitue le retrait d'un
pouvoir d'appel quant au fond, parce que l'on se rend très bien compte
du côté des professionnels de la santé que cet appel, cette
possibilité d'en appeler des décisions des comités de
révision ne rend service à personne. Cela ne rend pas service au
régime parce que cela rend infficaces les comités de
révision et cela ne rend pas service non plus aux groupes professionnels
impliqués, premièrement parce que cela rend possible le maintien
de certaines pratiques abusives, ce qui endommage la réputation de ces
groupes professionnels, et même pour les individus impliqués, la
succession des appels est un processus extrêmement coûteux. C'est
un processus qui est coûteux et qui n'aboutit à rien et qui, par
conséquent, représente une espèce de fardeau pour tout le
monde, un fardeau complètement évitable. (11 heures)
C'est la raison pour laquelle nous insistons encore une fois
auprès du ministre pour qu'il accepte enfin des amendements, qu'il se
donne enfin des moyens efficaces pour réprimer les abus et il peut le
faire sans vraiment bouleverser qui que ce soit puisque, encore une fois, c'est
l'évolution normale de cette question que nous suggérons,
évolution qui est suggérée par plusieurs rapports,
plusieurs documents qui sont disponi- bles au ministre et qui ont eu pour but,
au cours des derniers mois, des dernières années, de faire la
lumière sur les difficultés de fonctionnement des comités
de révision, lumière dont, apparemment, le ministre ne veut pas
bénéficier, ne veut pas profiter.
Mme la Présidente, il a aussi et je termine
là-dessus laissé entendre, à la fin de ses
remarques, que, si l'adoption de cette loi a été si
pénible et longue, si elle n'a pas pu, par exemple, être
adoptée avant Noël, c'est qu'elle a suscité des
réactions exagérées de la part des groupes qui sont
directement affectés par la loi. Je laisse au ministre
l'évaluation qu'il fait du caractère exagéré ou non
des réactions qu'elle a suscitées. Je pense que c'est une loi
importante; c'est une loi qui modifie, sur bien des aspects, une mesure sociale
qui vise tous les Québécois, l'assurance-maladie; les
réactions, loin d'être exagérées, ont
été extrêmement retenues, extrêmement
discrètes de la part de tous les groupes. Je pense qu'il ne s'agit pas
d'une réaction exagérée lorsque l'on pense, en
particulier, que les groupes en question ont accepté des
améliorations au régime, des améliorations à
l'efficacité même du régime, que le ministre lui-même
n'est pas en mesure d'accepter dans le moment. C'est faire montre, je pense, de
beaucoup d'étroitesse d'esprit que de qualifier
d'exagérées les réactions qu'ont eues les groupes
professionnels visés par cette loi.
J'espère, Mme la Présidente, qu'il se ravisera et qu'il
nous donnera son concours pour adopter ces amendements.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Mme le Président, le rapport du projet de loi
no 84, ce matin, nous permet d'intervenir et de résumer un peu ce que
nous avons proposé pendant l'étude article par article en
commission de ce document qui nous a été remis pour une
étude plus approfondie avant les Fêtes. On a mentionné
pendant la commission, et j'entendais le député de Saint-Laurent
qui le faisait tout à l'heure, plusieurs raisons pour que ce projet de
loi soit repris après les Fêtes, soit en janvier, comme on l'a
fait. Il suffit de voir le train d'amendements qui ont été
déposés par le ministre lui-même, et non par les membres de
l'Opposition, sans même qu'on ait eu le temps d'en discuter un article
avant les Fêtes, et qui témoignent largement du fait qu'on se soit
opposé avant les Fêtes à l'adoption de cette loi qui
était connue dans le public moins rompu aux choses de l'Assemblée
nationale et qui semblait être pour régler le problème des
dentistes. C'est une loi qui est beaucoup plus large que cela, bien sûr,
mais dans laquelle on s'attendait à trouver des arrangements afin de
stabiliser cette situation qui prévaut déjà depuis
plusieurs mois et même certaines années, puisque le ministre vient
de nous confirmer que cet arrangement avec les dentistes prendra fin à
la
fin de l'année 1979. C'est donc dire que cette loi ne
réglait pas que ce problème, mais était beaucoup plus
large.
Sous le titre de Loi modifiant la Loi de l'assurance-maladie et d'autres
dispositions législatives, cette loi avait pour but de resserrer le
contrôle administratif en donnant à la régie beaucoup plus
de pouvoirs qu'elle n'en avait antérieurement. Nous nous sommes
opposés, avant les Fêtes, au dépôt de cette loi et le
ministre comprend, le gouvernement comprend aujourd'hui le bienfait d'une
Opposition positive, comme on a tenté de l'être, en
suggérant des choses qui font maintenant partie de la loi, modifications
importantes qui ont été apportées pendant l'étude,
à tête reposée, après les Fêtes, après
que i'orage du 21 décembre eût été passé,
plusieurs amendements qui vont maintenant rendre cette loi plus potable. Il y a
encore des parties extrêmes comme je devrai vous le signaler qui ont
mérité des amendements qui sont venus de l'Opposition officielle
et de l'Union Nationale également.
Je voudrais bien que le ministre se sensibilise à ces
amendements. Nous lui avions fait part de ces difficultés à
l'occasion de l'étude de la loi; qu'il en accepte, si c'était
possible, une part de ceux qui lui sont proposés.
Centralisation d'autorité. On l'a signalé à
plusieurs reprises et pourtant, il est toujours pénible pour un
gouvernement, toujours difficile de savoir quand on parle de
décentralisation; on sait qu'au programme de ce gouvernement, de ce
parti, on parlait largement du pouvoir de décentralisation
d'autorité. Pourtant, le dépôt de cette loi centralise,
l'autorité centralise le pouvoir autour de la régie et autour du
ministre. Nous nous y sommes opposés et pour plusieurs bonnes raisons,
parce que nous aurions pensé avant le dépôt de cette loi
que c'eût été tout le contraire. On renforce le pouvoir
d'enquête, par exemple, à la régie, pouvoir d'enquête
qui a été dénoncé pendant l'étude de la
commission qui est vraiment onéreux et qui entre souventefois dans la
vie privée des gens.
On n'exagère pas en disant qu'on peut entrer dans la vie
privée des gens par ce pouvoir d'enquête. Pourtant, la
régie et le ministère ont ce pouvoir. Les médecins, par
exemple, pour prendre ceux-là, ou d'autres professionnels de la
santé, on a ce qu'il faut pour enquêter auprès de ces
personnes, pour les découvrir et se rendre compte s'ils ont
trompé ou s'ils ont usurpé de l'argent du ministère, de
l'argent des contribuables. On a ce pouvoir déjà et on accentue,
par cette loi, cette autorité afin de permettre des enquêtes au
niveau des citoyens du Québec, d'enquêter par écrit ou par
téléphone, de savoir s'ils ont bien reçu tels services,
à telle journée. Je pense que c'est vraiment
exagéré, on l'a signalé. Le président de la
régie nous l'a confirmé à l'occasion de l'étude de
cette loi. C'est vraiment un pouvoir exagéré. On peut se
permettre de dire, quand on représente le gouvernement, que trop fort ne
casse pas, mais il y a quand même des limites aussi à soumettre
les citoyens du Québec à toutes sortes d'enquêtes, afin de
dépister certains individus, qui sont généralement rares,
des profiteurs d'une loi, des gens qui vont à l'encontre d'une loi, qui
trouvent les failles, des trous dans une loi, comme on en connaissait par
exemple à l'assurance automobile, une faille persistante qui a
été dénoncée par des media, savoir des avocats qui
profitaient de cette faille de la loi pour éviter que les citoyens du
Québec perdent des points relativement à leur permis de
conduire.
On a trouvé cette faille, on l'a corrigée un peu plus
tard. Maintenant, il y en a eu aussi dans les affaires sociales. Il faudrait
rappeler, en 1969 et 1970, cette vaste enquête qui s'est faite au niveau
des Affaires sociales et qui a mis en cause des personnes que je ne voudrais
pas nommer ici. On a trouvé des citoyens, des profiteurs d'une loi. Par
exemple, les pères de famille qui avaient réussi à faire
baptiser leur enfant au moins une dizaine de fois dans le même
après-midi afin de toucher dix chèques d'allocations familiales.
On a découvert des personnes qui voulaient profiter des affaires
sociales, du bien-être social, en habitant dans une roulotte et en
s'inscrivant dans un parc de roulottes dans sept ou huit municipalités
du Québec. Il y aura toujours de ces gens qui trouveront des failles,
des trous, dans une loi et qui sauront en profiter.
Mais de là à donner autant d'autorité à la
régie, ce pouvoir d'enquête que lui donne la loi, je pense que
c'est déranger la vie des citoyens inutilement. Pourtant ce gouvernement
a des façons. A un moment donné, s'il décide d'aller
chercher quelques centaines de milliers de dollars parce que des gens peuvent
frauder une loi, par contre, de l'autre côté, cela ne les
dérange pas de dépenser des sommes, des montants à peu
près inconsidérés à d'autres points de vue. Je n'ai
pas besoin de vous rappeler ici que quelqu'un du ministère nous
informait que pour percevoir une somme de $269, le gouvernement ne courrait pas
jusqu'au Liban pour chercher des personnes qui ont fraudé la Loi des
affaires sociales ici. Par contre, un autre ministre ne se gêne pas pour
faire revenir au Québec des indésirables que personne ne demande,
aux frais de l'Etat, qui vont coûter des millions à l'occasion de
procès. C'est l'incohérence qu'on observe dans ce gouvernement.
Pouvoir d'enquête trop fort.
Des dossiers. Voilà l'objet de l'amendement qu'on apporte ce
matin. La Ligue des droits de l'homme s'est longtemps battue et continue de le
faire afin qu'on ne fasse pas d'intrusion dans la vie privée des
personnes. Pourtant, on a regretté que la carte-soleil... on pourra
maintenant retirer du ministère des Affaires sociales pour des
organismes ou des ministères l'information dont on aura besoin. (11 h
10)
Le ministère des Affaires sociales pourra la remettre au
ministère des Transports, au ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche, au ministère de l'Education, au ministère
de l'Immigration, au ministère du Revenu, à la Régie des
rentes, à la Régie de l'assurance automobile, à la
Commission des accidents du travail, à la Commission du salaire
minimum. Dix organismes ou ministères qui auront en main ou qui peuvent
avoir en main ces documents de la carte-soleil.
Quand on est rendu qu'on met en doute quasiment le secret de la
confession, quand on est capable de passer ces détails de la
carte-soleil à autant d'organismes et de ministères, je pense que
c'est un peu exagéré. Nous proposons ce matin un amendement que
le ministre relira, étudiera et que, je l'espère, il acceptera
aussi afin qu'on ne divulgue pas ce document à peu près au
premier qui en fait la demande.
Il est sûr que la régie peut le demander, que le ministre
peut le demander. Cela semble toujours être une nécessité
pour une plus saine administration. Je suis assuré que l'actuel
président de la régie, qui était présent à
l'occasion de l'étude du projet de loi no 84, est un homme des plus
sincères qui veut une saine administration et correcte, mais je pense
que, pour régler certains petits problèmes, on va trop loin. Il
est sûr que cela pourrait être utile au ministère des
Transports; on nous l'a expliqué à l'occasion et j'y reviendrai
en troisième lecture. Il est sûr que cela peut être utile au
ministère du Revenu. Bien sûr cela peut être utile à
la Régie des rentes et à la Commission des accidents du travail.
On sait cela que cela peut être utile. Mais est-ce que ce n'est pas se
donner, ce qu'on dit, un "batte" de baseball pour tuer une mouche? Est-ce que
ce n'est pas trop fort, un outil de même dans les mains de tant de
personnes? Pour nous, nous nous opposons à cet article 39 et nous
présentons ici l'amendement qu'on a déposé et dont le
ministre a pris connaissance.
D'ailleurs, ce contrôle qui est maintenant à la disposition
d'autant d'organismes et de ministères rejoint une autre loi qui
était devant cette Chambre avant les Fêtes, la loi 123 qui
était la Loi modifiant la Loi électorale. Le député
de Nicolet-Yamaska à l'occasion de la troisième lecture dans
quelques heures, pourra établir plus largement le parallèle qui
peut exister entre le projet de loi no 84 et le projet de loi no 123 et il
démontrera, à ce moment, que cette carte d'assurance-maladie qui
s'en va maintenant dans dix organismes et ministères et qui
réapparaît sans qu'on en ait eu trop connaissance au projet de loi
no 123, c'est une voie directe vers la carte d'identité. Ce qui est fort
étrange, c'est que les députés du Parti
québécois, pendant qu'ils étaient ici de 1973 à
1976, ont fait une bataille de tout instant, une bataille rangée contre
la carte d'identité. Ce sont eux, plus que tout autre gouvernement
antérieur, que ce soit le gouvernement libéral ou l'Union
Nationale, aujourd'hui, qui font le pas le plus important vers la carte
d'identité.
Mme le Président, j'ai la conviction que, lors de la prochaine
élection, dans votre si beau comté de Vaudreuil-Soulanges comme
dans le mien, on en sera rendu, si l'élection devait avoir lieu dans
deux ans, à voter avec en main cette carte-soleil. On aura l'obligation
de se procurer la carte-soleil. Pourtant, on nous a assurés que
l'obligation de cette carte-soleil ne réglera pas le problème des
gens qui vivent à la frontière, le long du Maine, du Vermont, du
New Hampshire et à New York, des gens qui viennent habiter ici pour
quelque temps et qui veulent avoir leur carte et se faire traiter gratuitement
en se faisant passer pour des Québécois alors qu'ils demeurent
véritablement aux Etats-Unis. Cela ne réglera pas ce
problème. C'est trop. Trop, c'est trop. Cette carte qui entre maintenant
dans les organismes aussi nombreux deviendra un document à la
portée de tous. Vous, Mme le Président, comme tous les autres
membres de cette Assemblée nationale, devriez avoir des objections
importantes à cet article 39 du projet de loi no 84.
C'est pour ces raisons que nous nous opposons à cet article et
que nous trouvons que dans le projet de loi no 84 c'est vraiment un
contrôle administratif trop serré qu'on est en train
d'établir sur la tête des citoyens du Québec. Cette
centralisation d'autorité, je pense, on n'a pas fait la preuve pendant
l'étude en commission que c'était de toute urgence.
Le seul fait que, le 21 décembre, on nous dise qu'il le fallait,
c'était rendu non pas un débat comme on en a déjà
connu, mais c'était un débat, une bataille larmoyante en Chambre
dans la nuit du 21. Vous vous en souvenez? Il ne m'a jamais été
donné de vivre cela et ce parce qu'on ne laissait pas passer cette loi
84. On ne pouvait pas permettre que ce soit accepté. On était
prêt, on disait, du côté du gouvernement: C'est prêt,
il n'y a pas de changement, il s'agit de l'accepter. Pourtant, quelques jours
après, le ministre nous propose un train d'amendements. Pas
l'Opposition, le ministre lui-même, et sans qu'on ait eu le temps de
toucher à un seul article de la loi, nous propose un train d'amendements
qui témoignent, je pense, clairement, que cette loi n'était pas
prête. S'il avait fallu la voter le 21 décembre, cela aurait
été une erreur monumentale, une erreur importante. Jamais on
n'aurait pardonné à l'Opposition d'avoir laissé passer
cette loi. C'est comme on l'a fait, d'ailleurs, comme on va le prouver dans la
loi 110 tout à l'heure, pour ce qui regarde le ministère du
Travail et comme on est en train de le faire vis-à-vis de la loi 116 au
ministère de l'Agriculture. Autant de lois qu'on n'avait pas le droit
d'adopter le 21 décembre.
Ce gouvernement, se basant sur des erreurs qui ont été
faites par les anciens gouvernements parce qu'on en fait quand un
gouvernement est là pendant des années copie des anciens
gouvernements ce qu'il y a de plus mauvais. Que cela vienne d'Ottawa ou de
Québec, il copie les pires erreurs des gouvernements. Comme il y a des
gouvernements antérieurs qui réussissaient, à la faveur
des Fêtes, à faire passer un projet de loi qui pouvait être
fort discuté dans le public, lui, il a décidé que ce ne
serait pas un mais quatre ou cinq.
Oui, je termine, Mme le Président, je vois que vous me faites
signe. C'est quatre ou cinq projets qu'il a décidé de nous passer
à la vapeur le 21 décembre, mais on a dit: Non. On a
eu affaire à une Opposition éclairée, une
Opposition qui voyait venir les problèmes. On a dit non à la loi
84 et, aujourd'hui, on arrive avec une loi un peu plus potable, mais qui ne
correspond pas encore aux aspirations des Québécois. Je vous
remercie.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw:... merci. Je me rappelle qu'avant les Fêtes le
ministre responsable du projet de loi no 84 a déposé sa loi en
ajoutant qu'il était important que cette loi soit adoptée avant
les Fêtes afin de mettre en place certains services offerts à la
population du Québec. Cette fois-ci, comme les autres fois, les
réactions de l'Opposition officielle, celles de l'Union Nationale et des
indépendantistes ont prouvé qu'ils ont fait leur travail comme il
le fallait pour ralentir les travaux sur ce projet de loi afin de pouvoir en
faire faire une étude non seulement par l'Assemblée nationale du
Québec, mais aussi par les personnes impliquées. Le
résultat est une amélioration. Le résultat est que c'est
l'Opposition, dans cette Chambre, qui donne du gouvernement une image
d'efficacité de temps en temps.
What has happened on bill 84 is an example of how the Opposition is
properly doing its work, properly bringing to the attention of the people of
Quebec what is wrong is the legislation that has been deposited in this
Assembly, forcing the government to react properly to its responsibilities and
effecting at the end an improved piece of legislation, not one that is
adequately improved, but at least significantly improved. Can you imagine,
Madam President, that when this bill was deposited, there was no question that
the medical card was totally obligatory and that any exchange of services
without the medical card had to be paid for by the patient and reclaimed from
the Régie de l'assurance-maladie afterwards an incredible new system of
exchange of services which would have been affected by the original of this
law.
Can you imagine, Madam President, that every formula, every "formule de
réclamation" had to be signed by the professional in the original form
of this law? Can you imagine that, with the original of this law, at any time,
the government could impose a total system just by regulation on the dental
profession specifically and, by other methods, on other sections of the medical
services community? (11 h 20)
We insisted, Madam President, I can remember when Mme le
député de L'Acadie introduced the original motion to retard this
bill. But we were accused by the Opposition of obstructing the legislation, of
obstructing their capacity to govern. And that was not what we were doing,
Madam President. We were forcing the government to do its job properly and
effectively. Our obstruction, that evening, enabled the minister to accept
representation from the principal professional organizations. And when they
came with their brief and they presented it, he, himself, began to see the
vagaries in the law that were there and brought down his own amendments in
consequence.
Mme le Vice-Président: M. le député,
pour-rais-je vous faire remarquer que nous en sommes à l'étude
des amendements au rapport de la commission? Alors, je vous demanderais de
parler sur les motions d'amendement comme telles.
M. Shaw: Oui, Mme le Président. Je vais continuer dans la
même veine parce que je parle des amendements qui étaient
envoyés...
Mme le Vice-Président: ... qui sont maintenant
proposés. Voilà!
M. Shaw: I would like to follow the same line in mentioning the
addition of dental services, the expansion of the range of dental services and
the removal, for example, of section 61 which now allows the bill to properly
include the total range of dental services which would be required under the
commitment of the government to extend dental services to children up to age 14
and to properly cover those who are involved with le bien-être
social.
I also, Madam President, would like to speak to the amendments that were
proposed concerning the role of the committee on revisions, the role, for
example, of the re-examination of certain acts by the professional corporation
and the role of the professionel syndicate, the role, for example, that was so
much a concern by the director of the régie that had to do with abuses.
The area of the word "medically required act", all of these amendments that
have been put to this bill have been the effect, the action of the Opposition
to force the government to properly review the legislation. And so, we have
amendments wich are significant, amendments which completely change the tone
and the application of this law, amendments which, in effect, can make this
bill both palatable and acceptable and even, to some extent, practical. The
purpose of the Opposition is to do exactly that and I think the role of the
Opposition has been demonstrated initially by Mme le député de
L'Acadie in introducing a motion to defer the bill. Effectively, as well, by
the member for Saint-Laurent who had done properly his homework and with his
experience as the ex-minister could bring to the attention of the minister the
amendments that should have been required and the member, of course the
honorable member, my ex-colleague in front who also did his homework.
And, Madam President, for a large part of the study of this bill, article by
article, the Opposition outnumbered the government in the parliamentary
commission which demonstrated our commitment to the improvement of the wording
of the act and to the amendments that had to be affected in the interest of the
régie and the
interest of the application of this law and its effect on the quality of
medical care and in the relationships between the régie, the government
and the professionnals involved.
So, Madam President, the amendements which have been deposited, the work
that has been done in the parliamentary commission is a result of our properly
having done our job as an Opposition to make this government look better than
it really should be looking, to make this government function more responsibly
by using the powers that are vested in this National Assembly to make the
Opposition function.
And so, we see major amendments that still should be presented, one as
to section 39 on confidentiality, which is a continuous concern of all
Quebecers. Are we moving, with the medicare card, to a position of having
provincial identity cards? Is this card going to be in the future the vehicle
of identification for other things? Are the informations that will be stored in
the computer on so many aspects to the individual lives of Quebecers going to
be made available to other ministries without very close surveillance by the
National Assembly and by the people of Québec in general? I hope, Madam
President, that this work in the amendments will also be properly represented
in the regulations. Again, we have this continuous problem of seeing the
skeletal legislation without the specific regulations that will be associated
with it. We are giving large areas of responsibility to the minister in the
application of this law through regulations and it is unfortunate that this
practice is not being reduced but expanded.
However, Madam President, I will conclude in saying the bill is improved
because there was also a positive attitude on the part of the government,
partially because of the fact that it was affected by end of session pressures
and partially because I ful, in all honesty, the minister was looking for the
improvements required to make this bill acceptable to the people which it would
affect and that is all Quebecers. And so we have made major improvements but
there are still large areas which remain to be improved. Thank you very much,
Madam President.
M. Lazure: Mme la Présidente... Mme le
Vice-Président: M. le ministre. M. Fontaine: Mme le Président...
M. Lazure: Un "filibuster"? Non?
M. Fontaine: Non. Je voudrais tout simplement, Mme le
Président...
Mme le Vice-Président: Puisque M. le ministre s'assoit,
c'est M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Je voudrais tout simplement, Mme la
Présidente, parler sur l'amendement qui a été
déposé par le député de Mégantic-Compton et
faire une relation entre la loi 84 et la loi 123 que nous avons adoptée
avant la période des Fêtes et qui concerne le registre des
électeurs. Nous voyons que l'article 39 auquel nous proposons un
amendement fait une relation avec ce projet de loi 123.
Mme la Présidente, au mois de décembre, lors de
l'étude du projet de loi 123, on avait vu que le directeur
général des élections avait, par un mémoire
déposé au Conseil des ministres en vue de la présentation
du projet de loi, demandé que la loi soit adoptée le plus
rapidement possible et il disait ceci: "Si la loi sur le registre des
électeurs et sur l'identification des électeurs n'est pas
adoptée avant le 30 mars 1979, la réalisation effective du projet
sera impossible. D'autre part, l'article 39 du projet de loi no 84 ayant pour
titre Loi modifiant la Loi de l'assurance-maladie et d'autres dispositions
législatives, qui avait été déposé à
l'Assemblée nationale, doit être adopté avant le 1er
février 1979 pour la même raison. Cette loi a pour objet, entre
autres, d'autoriser la régie à divulguer au directeur
général des élections le nom, les prénoms, la date
de naissance, le sexe et l'adresse des bénéficiaires en vue de la
constitution du registre."
Mme la Présidente, nous voyons bien qu'il y a une relation
directe entre le projet de loi 123, principalement l'article 13a, et l'article
39 du projet de loi 84 auquel nous voulons apporter des modifications. Pourquoi
demandons-nous de telles modifications? Il y a plusieurs raisons et la
principale, c'est que nous pensons que l'adoption d'un tel article dans un
projet de loi brime la vie privée des citoyens du Québec. Je
pense que le gouvernement du Québec, avec l'adoption d'une série
de lois, s'en va toujours dans le même sens, en brimant de plus en plus
la vie privée des citoyens ou la propriété, entre autres,
avec le projet de loi sur le zonage agricole. (11 h 30)
Nous avions, à ce moment-là, fait plusieurs
déclarations et les journaux avaient bien rapporté: "La carte
d'électeur est une intrusion dans la vie privée. L'Opposition
craint pour la vie privée des gens. Votre carte d'électeur, cela
vient bien plus vite qu'on croit." Mme la Présidente, nous sommes contre
l'adoption d'un tel article dans un projet de loi à cause de l'intrusion
du gouvernement dans la vie privée des citoyens.
Je vais vous le prouver en vous citant un arrêté
ministériel qui a été adopté par le Conseil des
ministres c'est assez difficile de lire la date au mois de
septembre 1978. Le Conseil des ministres disait ceci: "Le Conseil des ministres
décide d'accepter la création d'une liste unique et permanente
des électeurs suivant les recommandations contenues au mémoire
soumis par le ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire le 3 mai 1978 et intitulé "La liste électorale et
l'identification des électeurs", de façon à
prévoir: a) l'établissement, sous l'autorité du directeur
général des élections, d'un fichier permanent des
électeurs comprenant le nom, l'adresse, l'âge,
l'occupation et le numéro d'assurance-maladie; b) l'utilisation
de ce fichier pour rétablissement des listes électorales sur la
base des sections de vote nationales et municipales suivant l'ordre des
adresses; c) la constitution de ce fichier à partir de listes
préliminaires préparées mécanographiquement
à partir du fichier de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec et au moyen du recensement de porte-à-porte suivant la
méthode actuelle prévue à la Loi électorale; d) la
mise à jour de ce fichier, soit à la demande de
l'électeur, soit d'une façon automatique à partir d'autres
sources de renseignements; e) la révision de la liste permanente suivant
la méthode actuelle prévue à la Loi électorale pour
les sections urbaines lors de toute campagne électorale; f)
l'autorisation au directeur général des élections de
procéder à une vérification périodique du fichier
électoral au moyen de recensement de porte-à-porte; g) la
distribution de la liste électorale à toutes les personnes
résidant au Québec; h) la transmission de chaque liste
révisée de comtés à chaque parti au niveau
national; et i) la recommandation que nous devons retenir comme
étant la plus importante l'obligation pour tout électeur
de s'identifier avant de voter en présentant sa carte
d'assurance-maladie".
M. Bellemare: Le voilà le chat.
M. Fontaine: Mme la Présidente, nous soumettons humblement
à cette Chambre que cette résolution qui a été
adoptée par le Conseil des ministres est tout simplement un premier pas
vers la carte d'identité permanente et je pense que le parti de l'Union
Nationale doit s'opposer à cette façon de procéder. Je
pense même que plusieurs députés du gouvernement se sont
déjà prononcés, d'une façon ou d'une autre, contre
l'adoption d'une telle procédure.
Mme la Présidente, le fait d'adopter l'article 39 tel quel dans
le projet de loi 84 qu'on nous présente aujourd'hui, c'est tout
simplement un corollaire à la loi 123 et on va nous arriver avec ces
cartes d'électeurs permanentes ou cette carte d'identification
permanente que tout citoyen, à un moment donné, va être
obligé de présenter. Cela fera comme en France, lorsque les
policiers vous arrêtent et vous disent: Monsieur, vos papiers? A ce
moment-là, vous êtes obligé de vous identifier. Tous les
renseignements qu'on peut avoir sur la vie privée vont être
classés dans un fichier. On va sortir ce fichier et on va tout savoir
sur l'individu, sur le citoyen et notre liberté en sera d'autant plus
diminuée.
Il y a également d'autres raisons pour lesquelles nous nous
opposons à cette façon de procéder quant à la liste
d'électeurs puisque le fichier des bénéficiaires de
l'assurance-maladie est absolument incomplet pour fabriquer une liste
électorale. On nous dit qu'il y a 100 000 personnes au Québec qui
ne sont pas détentrices de cartes d'assurance-maladie. Comment va-t-on
pouvoir procéder pour faire une liste électorale alors que 100
000 personnes au moins n'y seront pas inscrites?
Egalement, il y a plusieurs bénéficiaires qui ne sont pas
citoyens canadiens. Alors, il y aura des citoyens non canadiens qui seront
inscrits sur la liste électorale du Québec. Plusieurs cartes de
l'assurance-maladie ont été émises à un même
bénéficiaire, ce que le député de
Mégantic-Compton expliquait tout à l'heure. Egalement, la
Régie de l'assurance-maladie n'a pas établi de système
visant à annuler les cartes d'assurance-maladie pour les
bénéficiaires décédés. Mme la
Présidente, le gouvernement en est rendu à vouloir faire voter
les personnes qui sont décédées parce qu'il va les
inscrire sur la liste électorale. Cela a été
discuté en commission parlementaire sur le projet de loi no 84. Le
président de la régie avait dit, je pense, à ce
moment-là, qu'il était exact qu'il n'y avait aucun système
à ce jour pour éliminer de la liste les personnes
décédées.
Mme la Présidente, pour toutes ces raisons et surtout pour la
raison principale que nous ne voulons pas que le gouvernement du Québec
s'introduise dans la vie privée des citoyens en établissant une
carte d'identité permanente, je vous dis et je demande à cette
Assemblée d'adopter l'amendement du député de
Mégantic-Compton qui propose un amendement à l'article 39 qui
permettrait de respecter la vie privée des citoyens.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Mme la Présidente, je veux d'abord que ce soit
bien clair au départ et vous dire que nous voterons contre l'adoption de
ces amendements, et je vais tantôt expliquer pourquoi. Je veux d'abord
remercier le député de Pointe-Claire d'avoir fait état de
l'ouverture d'esprit du ministre des Affaires sociales.
Lors de ces études article par article dans les divers projets de
loi, j'ai toujours abordé ce travail avec souplesse et je n'ai pas
l'intention de relever les propos du député de Saint-Laurent qui
c'est de bonne guerre essaie de s'approprier la plus grande part
du mérite des amendements qui ont bonifié cette loi. Nous avions,
en décembre, déposé une quinzaine d'amendements; je ne
veux pas entrer dans une comptabilité des amendements qui sont dus aux
partis d'Opposition et les amendements qui sont dus au parti
ministériel. Chose certaine le député de
Saint-Laurent fait allusion à une quinzaine d'amendements que nous avons
déposés le 15 janvier il s'agissait, dans une proportion
de 90%, des amendements que nous avions déposés en
décembre.
Je veux aussi relever immédiatement une inexactitude du
député de Nicolet, tantôt, qui vient de s'absenter pour un
instant, je salue son retour quand il prétend que le
président de la Régie de l'assurance-maladie du Québec a
avoué ne pas avoir de système pour tenir compte des
bénéficiaires décédés. Ce n'est pas exact.
Il y a un système d'établi entre la Régie de
l'assurance-maladie du Québec et le Service de démographie
qui relève du ministère des Affaires sociales par lequel,
tout simplement, chaque fois qu'une personne est décédée,
l'information va à notre service de la population au ministère
des Affaires sociales et se rend à la Régie de
l'assurance-maladie qui, à l'intérieur d'erreurs humaines qui
peuvent survenir, annule, raye de son fichier la personne
décédée. Je voudrais que ce soit bien clair. Il ne s'agit
pas...
M. Bellemare: Cela prend combien de temps? Un an?
Une Voix: Douze ans.
M. Lazure: Dans une période de temps qui peut varier,
selon les cas, mais qui est assez expéditive. La régie a
démontré, lors du conflit avec les dentistes, son
efficacité puisqu'elle réussissait à rembourser les
parents dans un délai d'environ 30 jours, 35 jours. (11 h 40)
Revenons à notre propos, celui des amendements au projet de loi
no 84. Le fichier des bénéficiaires de la régie, avec
l'adoption de cette loi, pourra être mis à la disposition d'un
certain nombre d'organismes qui sont énumérés, d'un
certain nombre de ministères qui sont énumérés dans
un amendement au projet de loi et aussi de certains établissements. Je
vais tout de suite rassurer cette Assemblée, il s'agit de renseignements
publics, à toutes fins utiles. Il ne s'agit pas de renseignements
confidentiels sur la nature de la maladie d'un bénéficiaire, sur
la nature des traitements. Il s'agit essentiellement du nom, de la date de
naissance, de l'adresse et du sexe. J'ajouterai tout de suite que les trois
quarts de ces renseignements, tout le monde peut les retrouver dans un bottin
téléphonique, le nom, le sexe, où la plupart du temps on
peut déduire le sexe du nom, et l'adresse. Il reste la date de
naissance. Je comprends que cela pourrait porter atteinte parfois à
certaines susceptibilités féminines ou masculines, je ne fais pas
de discrimination sexuelle, mais de façon plus sérieuse, Mme la
Présidente, il faut que les gens comprennent qu'il ne s'agit pas
d'informations confidentielles. Il s'agit d'informations factuelles, le nom,
l'adresse, le sexe et la date de naissance.
Deuxièmement, c'est bien dit dans l'amendement, et je lis une
partie l'amendement: "La régie peut aussi, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil et selon les conditions qu'il détermine
c'est le Conseil des ministres transmettre, à un
établissement qui les utilise pour des fins administratives seulement,
le numéro d'assurance-maladie, le nom, la date de naissance, le sexe et
l'adresse". Il y a de notre part un encadrement prudent qui fait que ces
renseignements ne seront pas transmis à n'importe qui. L'amendement qui
a été ajouté, en énumérant la liste des
ministères ou organismes, une dizaine en tout, nous forcera, si nous
voulons les transmettre à d'autres organismes, d'autres
ministères, à revenir devant cette Assemblée. Je pense que
c'est une mesure de prudence. Il y a aussi le recours et l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil. Donc, je pense qu'on a toutes les garanties
que même ces renseignements tout à fait objectifs, inoffensifs
vont être distribués strictement pour des fins administratives et
à des groupes bien identifiés et avec beaucoup de prudence,
après autorisation du Conseil des ministres. Je pense qu'il n'y a pas
lieu d'alerter la population sur une disposition qui est strictement
inoffensive et qui ne menace en rien les droits des individus.
M. Bellemare: Cela commence très lentement et ensuite cela
va plus rapidement.
M. Lazure: Mme la Présidente, en dépit des murmures
que j'entends, je continue. Le deuxième amendement, celui-ci
proposé par le député de Saint-Laurent, vise à
donner aux comités de révision un pouvoir de décision
finale et sans appel. Je dois dire tout de suite qu'il n'est pas exact de
prétendre que les syndicats professionnels, les
fédérations, en tout cas celles à qui on pense
habituellement, les médecins, les dentistes, les optométristes,
les pharmaciens, que toutes ces associations sont d'accord avec l'amendement
proposé par le député de Saint-Laurent. Il y a au moins
une fédération qui n'est pas d'accord, la
Fédération des médecins spécialistes, qui demande
instamment que soit préservé le droit d'appel à la
Commission des affaires sociales. Ce que le député de
Saint-Laurent nous demande par son amendement, à toutes fins utiles,
c'est de créer un nouveau tribunal administratif et celui-là sans
droit d'appel, sauf sur des vices de procédure, sans droit d'appel sur
le fond. Nous ne pouvons pas accepter cet amendement. Je pense qu'il s'agit
d'un amendement très autoritaire. Je pense que le député
de Saint-Laurent est bien intentionné mais, dans le style d'amendement
qu'il propose, on retrouve une approche très autoritaire qui ne peut pas
être acceptable pour l'ensemble des professionnels. J'aurais bien
aimé entendre le député de Pointe-Claire commenter cet
amendement. Je soupçonne qu'il serait plutôt contre un tel
amendement. Je pense qu'il faut préserver aux professionnels ce droit
d'appel à la Commission des affaires sociales.
En ce qui concerne les comités de révision, un amendement
qui devrait... Je dis bien "devrait" parce que les décisions d'un
tribunal administratif comme l'est la Commission des affaires sociales sont
toujours un peu imprévisibles, et je pense qu'on ne doit pas à
l'avance essayer de lui dicter sa conduite. Voici le paragraphe que nous
ajoutons et que je vous lis: "Le comité de révision peut fonder
sa recommandation sur le fait qu'un écart appréciable dans la
dispensation d'un service assuré est constaté en comparant, au
cours d'une période donnée et eu égard aux circonstances,
le profil de pratique d'un professionnel et les profils de pratique des
professionnels d'une même discipline dans une même région
socio-sanitaire."
L'article dont le député de Saint-Laurent nous a lu des
extraits tantôt et qui fait état d'une
décision de la Commission des affaires sociales renversant une
recommandation d'un comité de révision et une décision de
la régie dit bien qu'il y avait une disproportion entre le genre de
pratique de ce médecin et la pratique de tous ses confrères. Ce
médecin accomplissait, administrait un acte médico-chirurgical
qui n'est pratiquement pas utilisé par ses confrères. Je pense
que cette nouvelle clause que nous ajoutons, qui permet au comité de
révision de baser sa recommandation - et là on touche au fond
d'une recommandation qui devient le fond de la décision ensuite de la
Régie de l'assurance-maladie de fond sur un décalage
considérable, une différence considérable entre un genre
de pratique d'un individu et le genre de pratique de l'ensemble de ses
confrères d'une région donnée nous permettra
d'éviter des renversements de recommandations tels que celui dont on a
parlé tantôt.
Mme la Présidente, le droit d'appel à la Commission des
affaires sociales, c'est une chose qui est consacrée dans nos moeurs
depuis quelques années, qui a été prévue par
l'ancien gouvernement dont faisait partie le député de
Saint-Laurent et qui est prévue par un certain nombre de nos nouvelles
lois nous aussi. On est peut-être en désaccord sur des
décisions de la Commission des affaires sociales de temps à
autre, mais dans l'ensemble cette Commission des affaires sociales joue un
rôle extrêmement précieux, ses décisions sont
extrêmement judicieuses.
Pour ces raisons, nous voterons contre l'amendement proposé par
le député de Saint-Laurent, puisque nous pensons que les
dispositions du projet de loi actuel sont suffisamment améliorées
pour permettre que le comité de révision fasse un meilleur
travail. En somme, les amendements que nous apportons au fonctionnement de ces
comités de révision sont conformes aux désirs
exprimés par les membres des comités de révision
eux-mêmes. Nous avons suivi presque à la lettre les
recommandations de ces comités de révision.
Je termine par une dernière remarque concernant nos voisins les
Américains. Le député de Mégantic-Compton disait:
Ces amendements concernant la carte-soleil ne vont pas éliminer les
fraudes, puisqu'il s'agit bien de fraudes quand un citoyen qui n'est pas du
Québec vient se faire traiter au Québec par un médecin en
prétendant qu'il est citoyen québécois et en donnant une
fausse adresse et un nom fictif. Je dois rassurer cette Assemblée
puisque l'obligation pour chaque citoyen, chaque citoyenne de s'inscrire au
fichier de l'assurance-maladie va nous permettre, encore une fois, sauf en de
rares exceptions dues aux erreurs humaines probablement, d'éliminer dans
l'ensemble ce genre de fraudes.
Vous le savez, la Régie de l'assurance-maladie débourse
environ $50 millions par année pour des bénéficiaires dont
le nom n'apparaît pas sur le fichier de la régie. Avec l'adoption
de cette loi, nous pourrons dorénavant éliminer la très
grande partie de ce montant important de $50 millions, puisque chaque citoyen
devra s'inscrire à la Régie de l'assurance-maladie et devra
ensuite présenter sa carte, sauf les exceptions. Depuis le
dépôt de ce projet de loi, j'ai toujours clairement dit qu'il y
aurait des exceptions et les règlements vont prévoir ces
exceptions. (11 h 50)
Je suis heureux que ce projet de loi en arrive à sa
dernière étape. Il va apporter, par ce resserrement administratif
nécessaire dont parlait un éditorial du Soleil il y a quelques
mois, une amélioration notable à l'administration de la
Régie de l'assurance-maladie; il va apporter des économies
appréciables au trésor public et aussi, surtout dans le domaine
des soins dentaires, il va apporter un élargissement considérable
des services que déjà nos professionnels dispensent à la
population, services assurés par la Régie de l'assurance-maladie.
Merci.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Mme le Président, en vertu de l'article 123,
nous allons maintenant procéder au vote sur les amendements. Je voudrais
bien que vous spécifiiez chaque fois quels sont les amendements sur
lesquels nous sommes appelés à voter, il y a un ordre
établi par le règlement à l'article 123, trois, quatre,
cinq, six, et on doit connaître l'amendement sur lequel on est
appelé à se prononcer.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale,
c'est ce que j'allais faire, justement. Puisque la discussion est
terminée quant à la prise en considération du rapport sur
le projet de loi no 84, Loi modifiant la Loi de l'assurance-maladie et d'autres
dispositions législatives, il s'agira de voter d'abord sur les
amendements proposés par le ministre des Affaires sociales, sur les
amendements proposés par M. le député de Saint-Laurent et
sur l'amendement proposé par M. le député de
Mégantic-Compton. Ensuite, un quatrième vote sera celui
concernant l'adoption de la motion demandant l'adoption du rapport. C'est de
cette façon que le vote sera pris.
M. Bellemare: Puis-je vous demander si vous allez lire
l'amendement au début, oui ou non?
Mme le Vice-Président: Si vous... Il y a...
M. Bellemare: C'est pour éviter, bien sûr, que des
impairs ne soient commis quant au vote que nous allons donner.
Mme le Vice-Président: Des copies des amendements ont
été reçues par chacun des leaders. A moins que vous ne me
demandiez de lire ces amendements, je ne le ferai pas. Si vous me le demandez,
je le ferai, mais au moment de chacun des votes. D'accord?
M. Bellemare: Si j'ai bien compris, vous allez commencer par les
amendements de l'honorable ministre.
Mme le Vice-Président: Voilà. Oui.
M. Bellemare: Ensuite, ceux de l'Opposition officielle et de
l'Union Nationale.
Mme le Vice-Président: Oui.
M. Bellemare: Très bien, madame.
M. Lazure: Peut-être une demande de directive, Mme la
Présidente, pour éclairer l'Assemblée. En bref,
l'amendement du ministre est simplement d'enlever un article puisqu'il y a eu
entente avec les dentistes. Les amendements du député de
Saint-Laurent, si je peux me le permettre, ont trait aux comités de
révision. L'amendement du député de
Mégantic-Compton a trait au fichier.
Mme le Vice-Président: Ces questions étant
clarifiées, la motion d'amendement du ministre des Affaires sociales
est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Les motions d'amendements de M. le
député de Saint-Laurent sont-elles adoptées?
M. Lavoie: Vote enregistré, Mme le Président.
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Le vote... M. le leader.
M. Charron: Je propose que le vote sur ces amendements et
évidemment le vote sur le rapport comme tel soient remis après la
période des questions cet après-midi.
M. Bellemare: Et le nôtre.
M. Charron: Et le vote sur l'amendement du député
de Mégantic-Compton.
Mme le Vice-Président: Bien sûr. Il y aura donc
trois votes au moment de l'enregistrement des voix sur les votes en suspens,
cet après-midi. Quant à la loi 84, la prise en
considération du rapport se fera cet après-midi et les deux votes
quant aux deux autres amendements.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Jusqu'à 13 heures, la séance se
poursuivra, comme je l'ai mentionné ce matin, avec d'abord et je
vous prierais de l'appeler l'article 107) du feuilleton.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 110
Mme le Vice-Président: La prise en considération du
rapport de la commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre qui a
étudié le projet de loi no 110. C'est l'article 107, la prise en
considération du rapport de la commission permanente du travail et de la
main-d'oeuvre qui a étudié le projet de loi no 110, Loi modifiant
la Loi sur la qualification professionnelle des entrepreneurs de construction
et d'autres dispositions législatives. Les amendements à ce
rapport ont été proposés par M. le ministre du Travail et
de la Main-d'Oeu-vre.
M. le ministre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: Mme le Président, j'ai effectivement, en vertu
de l'article 123, comme cela a été le cas pour le projet de loi
no 84, déposé hier, à toutes fins utiles sous forme d'une
lettre auprès du secrétaire général, les intentions
au niveau des amendements, a été remise entre les mains des
responsables, critiques officiels des partis, etc., une série; je
solliciterais le consentement de la remplacer par l'autre série, qui est
plus adéquate, étant donné que l'autre a été
produite à 21 h 45 hier soir. Je pense que la série que nous
allons présenter est plus conforme à l'esprit de la lettre que
nous avons présentée à M. Blondin. J'ai eu l'occasion d'en
discuter avec les députés de Portneuf et de Johnson, qui se sont
dits effectivement d'accord pour accepter la série qui est en ce moment
entre les mains du secrétaire. Elle est actuellement distribuée
par le secrétaire.
Je pourrais peut-être résumer. Essentiellement, même
s'il y a quatre amendements, ce sont finalement trois notions qui sont
touchées par ces amendements. Je serai très bref sur cette
question. D'une part, un amendement vise à empêcher qu'une
interprétation au sujet de la rétroactivité de certaines
dispositions que nous avons adoptées en commission ait comme effet,
finalement, d'interdire aux parties de convenir de quelque condition de travail
que ce soit à partir du 29 avril. C'est un amendement qu'il faut
concevoir essentiellement comme une question de clarification juridique,
même si sa formulation semble assez complexe.
Deuxièmement, un autre amendement vise, dans le cas de l'artisan,
à bien dire que, quand l'artisan, comme nous l'avons vu en commission
parlementaire, fera affaires avec une personne physique, il ne sera pas soumis
au décret au niveau de ses conditions de travail; donc il est exclu du
champ d'application du décret, pour cette raison, par la loi. Cependant,
dans l'amendement, nous disons que l'artisan qui ferait affaires avec une
personne physique mais pour des fins qui sont personnelles à cette
personne physique et non commerciales ou industrielles, à ce
moment-là, est exclu du champ d'application du décret. Cela, en
pratique, je pense, correspond à une préoccupation des membres de
l'Opposition et, évidemment, comme on le sait, de certains syndicats.
Cela veut dire, en pratique, que cela empêcherait un individu, une
personne physique d'utiliser les services d'un artisan en dehors du
décret pour construire, par exemple, un hôtel ou un com-
merce. Ce qu'on vise, essentiellement, encore une fois, sans
définir qu'il s'agit seulement des réparations domiciliaires,
c'est de restreindre la possibilité de passer à côté
du décret dans des opérations qui sont de nature commerciale ou
industrielle. C'est quand même, pour le consommateur individuel, pour
l'artisan dans une région éloignée, une
amélioration pour lui et pour le consommateur, je pense, une plus grande
liberté et, finalement, cela correspond plus à la
réalité de certains de nos milieux, entre autres les milieux des
régions plus éloignées ou rurales.
D'autre part, on limite quand même cette possibilité pour
empêcher ce qui semblait inquiéter entre autres le
député de Charlevoix en commission parlementaire. Il voyait comme
possible, même pour des fins commerciales ou industrielles, que des
personnes physiques décident d'employer des artisans mais en
étant tout à fait exempts de l'application du décret. Nous
fermons donc cette porte, tout en améliorant de façon
générale le sort de l'artisan dans ce secteur, mais en
empêchant quand même que cela déborde les limites de ce
qu'on peut percevoir comme un peu le bon sens qu'on recherchait. C'est un
amendement qui a été apporté hier. Nous avons tenté
de suivre en cela une partie des suggestions de l'Opposition mais on sait que
chaque fois qu'on touche à un article dans cette loi c'est une cascade
d'articles qui sont touchés parce que c'est une loi très complexe
où il y a des références, constamment, d'un article
à l'autre. (12 heures)
Finalement, la dernière disposition que nous modifions
c'est cela qui est à insérer finalement dans notre document
d'hier qui est remplacé par notre document d'aujourd'hui est une
disposition qui donnerait la possibilité de couvrir l'artisan au niveau
de l'application du règlement de placement. Je ne dis pas que cela
implique que l'artisan sera couvert par le règlement de placement, mais
je pense qu'étant donné le type de problèmes qui ont
été soulevés, même si nous sommes d'avis que de
façon générale les conséquences de la
légalisation, mais surtout de l'encadrement juridique finalement assez
sévère de l'artisan ne devraient pas constituer un trou
béant au règlement de placement autrement que celui qui existe,
c'est quand même donner la possibilité, compte tenu, entre autres,
de la situation dans certains milieux très concrets au niveau
géographique en fonction de l'activité de la construction, de
tenir compte de la présence de l'artisan et de la
préséance des salariés dans le secteur, par exemple,
industriel ou commercial. C'est l'essentiel de ces amendements qui sont
proposés, M. le Président. Je soumets respectueusement qu'ils
devraient être adoptés. Est-ce que le secrétaire a eu
l'occasion de distribuer la version finale? Merci.
Le Président suppléant (M. Dussault): M. le
député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, je vais tenter quand
même d'être bref. Nous avons ce matin à prendre en
considération le rapport qui a été déposé
à la suite de l'étude en commission parlementaire du travail et
de la main-d'oeuvre du projet de loi 110 article par article, projet de loi qui
a été amendé en commission parlementaire, laquelle a
siégé en janvier. On se rappellera que le 21 décembre
dernier, cela semblait être une catastrophe. Cela semblait être
terrible ce qui arrivait à l'Assemblée nationale, ce qui se
passait au Parlement, ce qui arrivait aux travailleurs du Québec, ce qui
arrivait à l'association des entrepreneurs parce que la loi 110
n'était pas adoptée le 21 décembre.
Une Voix: Quel cataclysme!
M. Pagé: Or, M. le Président, je suis convaincu que
si vous jetez un coup d'oeil sur le rapport de la commission, vous y
constaterez que le projet de loi 110 a été amendé à
la suite des propositions formulées par l'honorable ministre du Travail
et de la Main-d'Oeuvre à la commission parlementaire qui a
siégé en janvier, et encore aujourd'hui, le 7 février,
nous avons entre les mains un document qui nous livre des amendements quand
même assez appréciables à trois articles. Ce qui
démontre hors de tout doute que si la loi avait été
adoptée le 21 décembre tel qu'on l'a d'ailleurs
soulevé le gouvernement se serait vu dans l'obligation de
procéder par une nouvelle loi, probablement, pour rouvrir tout le
débat et présenter les amendements dont le ministre a fait
état et écho ce matin.
M. le Président, je me limiterai à vous dire que quant
à nous, du côté de l'Opposition officielle, nous sommes
surpris de voir que le ministre ait des amendements à nous
présenter encore à ce stade-ci. Peut-être que le leader du
gouvernement pourrait accepter de reporter l'étude en troisième
lecture de demain, journée où il est prévu que nous
devrons...
M. Gratton: Pour donner une chance au ministre
M. Pagé: ... que nous pourrions procéder à
l'étude en troisième lecture... Peut-être que le leader
pourrait reporter l'étude en question à mardi ou à
mercredi de la semaine prochaine et peut-être, à ce
moment-là, le ministre pourra-t-il encore nous demander notre
consentement unanime pour apporter d'autres amendements.
M. Gratton: Comme pour le règlement du placement. Vous en
êtes rendu au quatrième. Continuez. Peut-être allez-vous
l'abolir, labroger complètement. C'est d'ailleurs la seule chose que
vous devriez faire.
M. Pagé: Pour ce qui est de la remarque, M. le
Président, tout à fait pertinente de mon bon ami et
collègue de Gatineau concernant le règlement de placement, je
suis convaincu que la commission parlementaire qui se réunira les 20 et
21 février prochains démontrera encore une fois que l'Opposition
avait raison d'une part, de convoquer cette commission et, d'autre part, de
demander des modifications au règlement de placement.
M. le Président, je me garde le droit d'intervenir dans le
débat en troisième lecture, demain ou la semaine prochaine, selon
l'intention du ministre d'apporter des amendements nouveaux ou non. Je me
réserve le droit de faire part des commentaires de l'Opposition
officielle sur ces amendements à l'intérieur de mon intervention
en troisième lecture. Merci, M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, je n'ai pas besoin de vous
dire que nous avons passé plusieurs heures en commission parlementaire
pour étudier cette loi qui amende considérablement certains
critères de base dans le domaine de la construction. Je n'ai pas besoin
de vous dire non plus que les amendements qui avaient été soumis
à la loi 110 ont fait que l'intersession a produit des amendements
à des amendements.
C'est tellement vrai, M. le Président, que l'amendement de
l'amendement qui est survenu après l'amendement de l'amendement eut
été réamendé hier. Imaginez-vous le fouillis dans
lequel nous sommes nous, les péquins, qui ne connaissons presque
rien dans la construction pour essayer de nous retrouver "at the last
minute " pour faire un rajustement. Nous disons que le ministre, fort
agréablement, nous a servi une démonstration d'homme patient,
d'homme qui a entendu, pendant des heures, une pluie ruisselante de critiques
l'abîmer et n'a pas bronché. On peut lui rendre le
témoignage qu'il a été d'une pertinence et surtout d'une
patience exemplaires devant l'unanimité de tous ceux qui étaient
contre, du côté patronal, comme de la CSN, de la FTQ, du CCTM, le
Conseil consultatif du travail. Bien plus que cela, chez les amis qu'il a
nommés, le conseil mixte de l'OCQ lui a donné une verte
leçon dernièrement la lettre nous est parvenue hier
seulement à propos de l'attitude que le comité mixte a
adoptée.
Je dirai cela, je pense bien, lors du débat de troisième
lecture. Je voudrais simplement attirer l'attention et montrer combien
l'Opposition peut être utile au ministre simplement au point de vue
parlementaire, quand on a affaire à un homme qui comprend et qui veut
véritablement le bien et veut, par la loi que nous étudions
établir un consensus normal. L'honorable député de
Charlevoix a donné comme exemple, pendant la commission parlementaire,
un fait probant, un fait un peu spécial, la concurrence qui peut
s'établir entre les artisans qui sont des ruraux et les artisans qui
sont des citadins, des urbains. C'est là qu'est venu l'amendement de
l'amendement qui a amené l'amendement en dernier ressort hier. Je
voudrais dire que tout le mérite ne revient pas à l'honorable
ministre, bien au contraire. A certains égards, l'honorable
député de Portneuf a véritablement fait un travail assez
considérable, ainsi que le député de Charlevoix et votre
humble serviteur, humblement, M. le Président, votre serviteur.
M. Bertrand: Voulez-vous qu'on chante une petite chanson?
M. Bellemare: Pardon?
M. Bertrand: Voulez-vous qu'on chante un petite chanson?
M. Grenier: II veut qu'on chante une chanson, non?
M. Bellemare: Non, je n'aime pas cela. J'ai assez d'entendre la
vôtre parfois qui résonne mal, après avoir connu votre
vénérable père. Je trouve que vous chantez faux.
L'honorable premier ministre du temps était un grand patriote, un grand
nationaliste et qui savait défendre véritablement le patrimoine
québécois.
Le Président: M. le leader de l'Union Nationale,
voulez-vous revenir à la pertinence, s'il vous plaît!
M. Bellemare: Mais pas à la manière de son fils,
parce qu'il a pris une "sideline" lui.
Alors, M. le Président, je termine, parce que...
M. Lavoie: Le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre lui
aussi.
M. Bellemare: Ah! le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Cela ne veut pas dire qu'ils sont tous les deux sur le chemin...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Merci, M. le Président. Je termine parce que
je ne veux pas être long. Je serai plutôt long lors du débat
de troisième lecture et j'aurai certaines choses à redire qui ont
déjà été dites, mais pour confirmer que
l'Opposition est certainement contre certains principes d'autorité, de
mainmise sur l'AECQ et sur l'OCQ pour que nous puissions démontrer que
notre adhésion dans ce cas soit justifiée. L'ensemble des
amendements proposés, nous serons disposés à les accepter,
mais le rapport de la commission parlementaire, nous l'accepterons sur
division.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Je pense que le ministre
devrait bien sincèrement, puisqu'il aura sans doute un droit de
réplique, ou lors de son discours de deuxième lecture, remercier
ses collègues, membres de l'Opposition, d'avoir empêché
l'adoption de la loi le 21 décembre dernier, car nous venons tout juste
de recevoir de nouveaux amendements qui, comme le disait le
député de Johnson, amendent les sous-amendements des amendements
de la loi amendée et réamendée à de multiples
reprises. Je viens d'en prendre connaissance. C'est évident que, sur ce
plan très
technique, je vais attendre la réplique de troisième
lecture lorsque le leader du gouvernement, que j'ai toujours à l'oeil,
décidera d'appeler la troisième lecture du projet de loi. (12 h
10)
M. le Président, si le projet de loi avait été
adopté je pense que cela donne raison à tout le monde
le 21 décembre dernier, nous serions déjà en train
d'examiner un autre projet de loi qui aurait été
déposé devant l'Assemblée nationale pour l'amender.
Mais même si le ministre nous apporte quelques amendements ce
matin, je ne suis pas rassuré sur le fait que ces amendements pourraient
régler le problème et les inquiétudes des
intéressés. Le ministre me donne l'impression d'être sur un
terrain glissant, il ne se sent pas sur du terrain solide. Cela se voit. Je lui
ai dit, à la toute fin de nos travaux de la commission parlementaire,
qu'il devra sûrement présenter une autre loi pour amender les
amendements des amendements de la loi amendée, avant la fin de
l'année.
Ce projet de loi, avec les derniers amendements, ceux qui sont encore
chauds, que nous venons de recevoir, constitue sans doute une
amélioration que je reconnais d'ailleurs. Il comporte des amendements
qui correspondent en quelque sorte aux points qui ont été
soulevés par l'Opposition et aussi aux voeux qui ont été
exprimés par les différentes parties concernées.
M. le Président, cette loi a fait l'unanimité sur le fait
que personne n'était satisfait. Je pense sincèrement que le
ministre aurait dû entendre les parties, aurait dû permettre aux
gens de s'exprimer en commission parlementaire. On ne peut pas le
passé nous l'a prouvé, et le passé est garant de l'avenir,
on l'a prouvé à maintes et maintes reprises
légiférer à la sauvette, sans tenir compte et sans
consulter préalablement les gens qui ont des remarques à nous
faire connaître, qui ont des objections, des amendements à nous
proposer et à nous suggérer dans un projet de loi aussi important
et qui touche un secteur de l'activité économique aussi important
que celui de la construction. A chaque fois qu'on a refusé d'entendre
les parties, on a été obligé de revenir au cours des mois
suivants le passé nous le démontre pour permettre
aux gens de se faire entendre et permettre au gouvernement de remettre un
projet de loi qui comporte des améliorations.
M. le Président, je souscris aux amendements que le ministre nous
apporte, ce matin, mais je ne suis pas satisfait des amendements qu'il nous a
apportés, parce que j'estime que ce projet de loi et tous ces
amendements que nous avons devant nous auraient dû être
examinés en même temps que les modifications que le ministre
entend proposer au règlement de placement dans l'industrie de la
construction. On légifère de façon partielle, on
règle partiellement un problème, sans connaître les
implications possibles. On ne connaît pas les amendements que le ministre
apportera dans son fameux et célèbre règlement de
placement.
Tout cela nous laisse encore dans une situation où nous devons
tout simplement nous limiter à attendre encore une fois.
J'aurais bien d'autres remarques et d'autres observations à
faire, mais j'attendrai lorsque le leader du gouvernement demandera à
l'Assemblée nationale de se prononcer sur la troisième lecture du
projet de loi.
Le Président: Merci, M. le député de
Beauce-Sud.
M. Johnson: M. le Président...
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: ... très brièvement. D'abord, je
remercie mes collègues de l'Opposition de leurs propos parfois ambigus
et ambivalents. J'ai cependant cru reconnaître de la part de certains
d'entre eux qui ont oeuvré et parfois manoeuvré à la
commission parlementaire, qu'il y a certaines vertus peut-être à
l'amélioration constante des textes de loi. Comme j'ai eu l'occasion de
le dire, et de l'écrire récemment dans un document qu'un journal
publiait où j'essayais de faire une revue de l'ensemble de cette loi et
du processus qui nous amène, chaque fois qu'on parle de la construction,
à parler d'amendement jusqu'à la dernière minute, je pense
que si cette loi devait continuer à être devant le Parlement
pendant six mois, il y aurait peut-être des chances, encore une fois,
qu'on découvre des moyens de l'améliorer et ce, pour deux
raisons.
D abord, sur le plan technique, c'est une loi extrêmement
complexe. Je pense que les membres de l'Opposition le savent. Les membres de la
commission parlementaire le savent. C'est une loi où les
références aux articles sont fréquentes, aux articles
précédents ou suivants, ce qui fait que c'est un
échafaudage, sur le plan juridique, qui est très
compliqué. Bref, ce n'est pas un modèle de loi très clair,
ce qui fait qu'on peut être appelé, pour un tas de
considérations techniques, à la raffiner; chaque fois qu'une
idée nouvelle ou un concept nouveau doit être introduit ou a
été introduit, on peut être amené à modifier
d'autres articles. Deuxièmement, dans ce domaine, encore une fois, ceux
qu'on appelle les parties, mais qui sont essentiellement les premiers
intéressés et qui ne sont quand même pas les seuls
intéressés puisque, comme députés, nous avons tous
l'intérêt public, les citoyens de nos comtés aussi à
coeur, et pas seulement celui des structures patronales et syndicales.
Je pense qu'il est normal qu'on puisse être amené à
proposer des amendements jusque dans les derniers retranchements du processus
législatif; c est aujourd'hui que nous le connaissons. L'objectif de la
plupart des amendements que j'ai présentés ce matin était
beaucoup plus de nature technique. Cependant, celui qui modifie l'artisan
est plus substantiel et rejoint le type de formulation que nous avons
trouvé à partir des longues discussions que nous avons eues,
entre autres et particulièrement, puisque j'ai entendu l'Opposition le
dire, avec les membres du côté gouvernemental de la commission
parlementaire qui sont extrêmement intéressés à
l'ensemble de cette loi et qui ont d'ailleurs eu l'occasion d'exprimer leur
satisfaction et même, à certains égards, leur
insatisfaction, entre autres à l'égard du règlement de
placement, depuis quelques mois. C'est pour cela, quant au règlement de
placement je termine là-dessus, M. le Président que
nous serons appelés, les 20 et 21 ou les 21 et 22, en commission
parlementaire, à évoquer l'ensemble de toutes ces questions, y
compris le statut de l'artisan, concrètement ce qui se passe dans les
régions, etc.
Je pense qu'on aura réussi, probablement dans la foulée,
comme on le dit parfois, d'un tas d'autres mesures il y a la
stabilisation dans l'industrie, les efforts au niveau des tutelles, le
maraudage syndical qui s'est fait tranquillement, normalement, sans violence,
à toutes fins utiles, l'an dernier à continuer à
essayer de normaliser le climat de la construction. C'est pour cela qu'on est
ici. C'est ce qu'on va continuer à faire. Merci, M. le
Président.
Le Président: Est-ce que les amendements seront
adoptés?
M. Lavoie: Sur division.
Le Président: Adopté sur division. Est-ce que le
rapport sera agréé?
M. Bellemare: Sur division.
Le Président: Agréé sur division.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: Prochaine séance.
Le Président: Troisième lecture, prochaine
séance.
M. Lavoie: D'ici ce temps, le ministre aura le droit, avant la
troisième lecture, d'apporter d'autres amendements. Cela peut fort bien
arriver. Même si nous devons siéger quelques jours, le mardi, le
mercredi, j'aurais une suggestion à faire au leader parlementaire du
gouvernement, celle de ne pas appeler la troisième lecture demain, mais
d'attendre à mardi ou mercredi de la semaine prochaine, au cas où
le ministre aurait l'intention d'apporter d'autres amendements, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: L'article 102) du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi no 128 Deuxième lecture
Le Président: J'appelle maintenant la deuxième
lecture du projet de loi no 128, Loi modifiant de nouveau la Loi du salaire
minimum.
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeu-vre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, même s'il s'agit de la
deuxième lecture où, en principe, les intervenants doivent s'en
tenir aux principes de la loi, je pense qu'il n'y a pas 36 principes dans ces
dispositions. C'est vraiment une loi qui a un caractère, encore une
fois, très technique. Je pense qu'il faudrait que l'ensemble des membres
du Parlement le sachent, d'autant plus que j'ai entendu récemment une
déclaration conjointe de deux députés que je vois en face
de moi au sujet du congé de maternité. Je pense entre autres au
député de Saint-Laurent et au député de L'Acadie,
Mme Lavoie-Roux, où on a évoqué toute cette question du
congé de maternité, peut-être de façon assez
incorrecte. Celui qui vous parle n'est absolument pas gêné des
dispositions que ce gouvernement a prises pour faire un premier pas dans le
sens de la reconnaissance du congé de maternité, y compris une
forme d'indemnisation de $240 qui est en fait plus ou moins l'équivalent
de deux semaines sous forme d'un forfaitaire que les femmes au travail peuvent
toucher dans le cadre du régime fédéral de l'emploi et de
l'immigration, l'assurance-chômage. Je ne suis pas du tout
gêné de ces dispositions. Je les considère comme vraiment
un premier pas, celui qu'il était important de faire dans une
première étape, et je pense qu'il y aura des étapes
subséquentes dans les mois qui viennent qui démontreront que ce
gouvernement, face à la condition féminine, a non seulement des
intentions et des mots, mais réalise des choses. (12 h 20)
Je veux bien reconnaître cependant, avec certains des
députés de l'Opposition et certains journalistes, qu'il ne s'agit
pas là d'une merveille et d'un exemple extraordinaire de plan de
communication de mon ministère pour faire connaître cette
réalisation, je pense, d'importance au niveau du congé de
maternité et de l'indemnisation. Peut-être qu'on a manqué,
on nous reproche souvent de faire de la "propagande", entre guillemets, avec
les mesures gouvernementales; on a adopté 128 lois dans ce Parlement en
1978, il est peut-être normal que des dispositions comme celles-là
aient passé peut-être un peu plus inaperçues que d'autres.
Parce que, finalement, tout ne peut pas être prioritaire au niveau des
communications, sauf que c'est prioritaire au niveau de la
réalité et cela l'est.
Le projet de loi no 128 vient, en fait, corriger une erreur dans le
processus législatif qui s'est glissée, je pense, de façon
bien légitime. On se
rappellera que j'ai déposé devant cette Chambre le projet
de loi sur les conditions minimales qui sera étudié en commission
parlementaire au mois de mars, peut-être avant la nouvelle session 1979
ou peut-être au début de la session, selon le cas. Ce projet de
loi, entre autres, prévoit que les ordonnances ou les conditions qui
sont contenues dans la loi sont d'ordre public, c'est-à-dire que ce
projet de loi prévoit, par exemple, qu'une ordonnance comme le
congé de maternité s'applique partout, même où il y
a des conventions collectives et où il y a ce qu'on appelle des
décrets, les décrets, entre autres, comme ceux qu'on
connaît dans le secteur du vêtement pour hommes, du vêtement
pour femmes et du textile, où il y a environ 40 000 femmes qui
pourraient être touchées par ce projet de loi.
Or, dans l'élaboration du projet de loi que nous
étudierons lors de la prochaine session sur les conditions minimales, il
y a eu, au niveau technique, un croisement dans des mémoires qui a fait
que la première loi qu'on a adoptée, permettant à la
Commission du salaire minimum effectivement de faire son ordonnance sur le
congé de maternité, ne contenait pas les dispositions disant que
c'était d'ordre public et que cela s'appliquait dans le secteur des
décrets. Or, la Loi du salaire minimum originellement prévoyait
que ces ordonnances ne s'appliquent pas là où il y a des
décrets. La conclusion c'est qu'à partir d'une addition, et
contrairement à ce que nous croyions, que la Loi des décrets
elle-même nous aurait permis d'intégrer les ordonnances dans ces
décrets, les analyses de nos juristes et des juristes de la Commission
du salaire minimum nous ont amenés à constater que, malgré
l'effort que nous avions fait, lors du premier projet de loi sur l'ordonnance
du congé de maternité, en fait, par l'effet combiné de la
Loi des décrets et de la Loi du salaire minimum, les femmes du secteur
du textile, du vêtement et des autres endroits où il y a des
décrets, n'étaient pas couvertes par l'ordonnance du congé
de maternité.
Ce projet de loi, donc, vient dans le cadre de ces premières
mesures, j'en conviens, mal rendues publiques jusqu'à maintenant sur le
congé de maternité, confirmer que les femmes, les près de
40 000 femmes dont une partie évidemment sont sujettes à
bénéficier du congé de maternité, de
l'indemnisation du congé de maternité comme de la protection que
leur accorde la loi si elles deviennent enceintes et se prévalent des
dispositions de l'ordonnance, que bel et bien ces femmes sont couvertes par
l'ordonnance. C'est essentiellement le contenu de ce projet de loi, M. le
Président.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que c'est tout
à fait approprié de dire que ce projet de loi touchant les
congés de maternité aura eu un accouchement long et douloureux.
Cela fera, en mars, lors du prochain discours inaugural, un an que ces
congés de maternité auront été annoncés et
on a, dans ce projet de loi, laissé de côté quand
même un secteur de l'industrie où se retrouve un grand nombre de
femmes. Malgré le fait qu'il y ait eu un projet d'ordonnance au mois
d'août, promulgué au mois de novembre, il aura fallu près
d'un an pour s'apercevoir qu'une catégorie importante de travailleuses
qui auraient pu bénéficier du congé de maternité
s'en trouvaient privées.
Alors, inutile de vous dire que nous allons voter pour ce projet de loi
qui, au moins, répare cet oubli. C'est peut-être assez
symptomatique que dans tous les projets de loi qu'on a présentés,
le seul qui touche vraiment les femmes ait eu cette omission. C'est assez
symptomatique de l'ambivalence du gouvernement quant aux mesures qu'il veut
vraiment prendre pour améliorer la condition féminine.
D'ailleurs, je pense être ici le porte-parole je n'oserai
pas, comme ma collègue d'en face, le ministre des Consommateurs, a
l'habitude de le dire, me prétendre le porte-parole des femmes du
Québec d'un grand nombre de femmes qui, publiquement, ont fait
connaître leurs critiques quant à ce congé de
maternité que le gouvernement a mis de l'avant.
Puisque le débat est rouvert, vous me permettrez, Mme la
Présidente, d'en profiter pour faire quelques remarques sur l'ordonnance
de la Commission du salaire minimum, qui a finalement été
adoptée le 15 novembre et qui est restée sans suites jusqu'au 1er
janvier, car ce n'est qu'au 1er janvier que les femmes pourront se
prévaloir de l'indemnité prévue maintenant. Il n'y a pas
eu d'occasion où nous avons pu critiquer cette ordonnance qui a
finalement été adoptée le 15 novembre.
Je pense qu'il convient de dire, comme nous l'avions fait au moment de
l'adoption de la loi 43, qu'un grand nombre de travailleuses se trouvent encore
exclues. Quand le ministre, dans ses communiqués de presse ou, enfin,
dans les communiqués de presse qui émanent de son
ministère, dit: "La travailleuse du Québec a droit à un
congé de maternité", je pense qu'il faudrait au moins faire
certaines nuances. Un certain nombre de travailleuses ont droit à un
congé de maternité payé, mais on est encore loin de
couvrir l'ensemble. Aujourd'hui, on corrige la situation pour une partie
importante de ces femmes, mais il reste des femmes qui travaillent à
temps partiel.
Mme la Présidente, vous n'êtes pas sans savoir que, dans
tous les mouvements que les femmes mettent de l'avant pour leur permettre de se
recycler, par exemple, sur le marché du travail, on parle souvent de
cette ouverture qui devrait être faite pour du travail à temps
partiel compte tenu d'autres obligations qu'elles conservent sur le plan
familial. Les travailleuses à temps partiel ne pourront pas profiter de
ce congé de maternité. Il en va de même des travailleuses
domestiques, des travailleuses collaboratrices de leur conjoint qu'on retrouve
dans des entreprises agricoles ou de petites entreprises commerciales; ceci ne
s'applique pas à ces femmes.
Il y a également une omission dans cette or-
donnance. Elle ne s'applique pas aux femmes qui adoptent un enfant. Il
faut quand même réaliser que, si on prévoit 18 semaines de
congé de maternité, ce n'est pas qu'une femme en a besoin, au
plan physique en tout cas heureusement dans la très grande
majorité des cas avant de pouvoir retourner au travail. C'est un
temps privilégié entre une mère et son enfant pour
établir les liens affectifs suivis qui sont extrêmement
importants. Je pense que le même problème se pose, mis à
part peut-être l'allaitement maternel, pour les femmes qui adoptent un
enfant. Je dois regretter ici que l'ordonnance, en dépit des
représentations faites par des groupes féminins, n'ait pas retenu
comme catégorie les femmes, les familles qui adoptent des enfants.
Il faut également regretter de nouveau tous les délais et
les tergiversations du gouvernement avant de finalement aboutir à un
congé qu'on appelle un congé de maternité payé.
Encore faudrait-il savoir dans quelle mesure ce congé de
maternité est payé. On sait fort bien que les femmes ne sont
payées qu'au taux de l'assurance-chômage. D'ailleurs, la grande
partie provient des allocations d'assurance-chômage pour le plus grand
nombre de semaines. L'argent que le gouvernement du Québec met à
la disposition des femmes à la suite de l'adoption de cette ordonnance
ne couvre que les deux semaines de carence entre le début de la
perception des allocations d'assurance-chômage et le début du
congé de maternité. (12 h 30)
Je pense que ce qu'il faut surtout rappeler c'est que le principe le
plus important que ce projet de loi a retenu, je veux l'admettre et je tiens
à le souligner, c'est la sécurité d'emploi pour la femme
qui devient enceinte. Il faut également regretter, parmi les omissions
de l'ordonnance finalement adoptée, le fait qu'il faut qu'une femme ait
été à l'emploi d'un même employeur pour pouvoir se
prévaloir de ce congé. Je dois dire que la loi de
l'assurance-chômage touchant les congés de maternité ne
prévoit pas cette même disposition et est beaucoup plus souple. Je
pense que cela met une femme dans une situation assez absurde. Si, pour des
raisons qui n'ont rien à faire avec sa grossesse, elle devait quitter
son emploi cela peut être une question de compatibilité,
d'habileté à faire le travail et ainsi de suite elle doit,
à ce moment-là, dire: II faut que je reste parce que, si je
change d'employeur entre-temps, si je me cherche un autre emploi, je ne serai
plus admissible aux prestations de congé de maternité tel que
prévu par cette ordonnance du salaire minimum.
Ce ne sont là, Mme la Présidente, que quelques exemples
des omissions, qu'il faut regretter, de cette ordonnance du salaire
minimum.
Je voudrais soulever un autre point, ce que j'appellerais
peut-être l'art de faire de la publicité gouvernementale
non à même les fonds publics, on est habitué. Il ont
dépensé, me dit-on, $25 millions en deux ans une
publicité qui à mon point de vue n'est pas droite et n'est pas
tout à fait honnête et je m'explique.
Vous vous souviendrez qu'au budget annoncé par le ministre des
Finances apparaissaient $5 800 000 pour les congés de maternité,
et on a vécu longtemps sur l'air des $5 800 000 parce que, semaine
après semaine, on parlait des fameux $5 800 000. Comment allait-on les
dépenser? Je vous assure que le secret a été gardé
très longtemps. Ce n'est finalement qu'à la fin d'octobre qu'on a
su comment les $5 800 000 seraient dépensés, à savoir
combler les deux semaines de carence dont j'ai parlé tout à
l'heure. Mais le temps passe, parce que, finalement, on prend environ trois
semaines pour faire les négociations avec le gouvernement
fédéral et l'ordonnance, qui finalement est adoptée le 15
novembre, ne prendra effet, quant à la partie des allocations à
payer, que le 1er janvier 1979. On a là vraiment neuf mois de
l'année écoulés. Mais, en plus de cela, vous vous
souviendrez qu'en décembre, au moment de l'étude des
crédits supplémentaires, on a adopté $1 800 000 de
crédits supplémentaires pour verser sous forme d'allocations de
congés de maternité. Les personnes qui ne suivent pas cela de
tellement près vous savez on avait déjà $5 800 000,
on arrive avec des crédits supplémentaires de $1 800 000
ont droit à ce moment-là à un communiqué de presse
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre: Crédits
supplémentaires de $1 700 000 à être versés en
allocations de congés de maternité. Le coût global, annuel,
sera de $6 200 000. Mais ce qu'on a oublié de dire dans le même
communiqué c'est que les $5 800 000 sont devenus périmés.
Ils sont disparus du ministère des Affaires sociales. Alors, c'est cette
sorte de publicité que le gouvernement fait toujours. Il a donné
ou donnera aux femmes $5 800 000 en allocations de maternité, ces $5 800
000 disparaissent dans la brume et on revient avec $1 800 000 de crédits
supplémentaires, pour finalement dire que dans une année à
venir et on ne mentionne pas que c'est une année à venir,
on dit: Le budget global annuel sera de $6 200 000. Cette année, je
serais fort étonnée qu'on arrive à dépenser $1 700
000 en allocations de congés de maternité à moins que le
ministre du Travail accepte un amendement que nous lui présenterons afin
que la loi que nous adopterons probablement dans les jours qui viennent puisse
s'appliquer rétroactivement au moins au 1er janvier.
Je pense que ce serait une chose assez facile à vérifier
si les femmes étaient en congé de maternité entre le 1er
janvier et le 7 février, en admettant que nous adopterions je
prends une date fictive la loi au moins le 9 février. Au moins,
qu'elles aient cette compensation entre ces dates parce que ce n'est quand
même pas leur responsabilité s'il y a eu cette omission dans la
loi.
Tout ceci pour démontrer, Mme la Présidente, que je trouve
que le gouvernement abuse quand, à coups de publicité, il annonce
des dépenses de millions, ne prend pas la peine d'indiquer ceux qui sont
devenus périmés et qui apparaissent à un autre budget avec
une somme beaucoup moindre et laisse courir l'impression qu'il s'agit de sommes
supplémentaires. D'ailleurs, ce n'est pas seule-
ment mon interprétation. Le communiqué est ici. Il vient
de tomber par terre. Je ne le ramasserai pas. C'est exactement ce qu'on dit.
Crédits supplémentaires de $1 700 000; taux global annuel pour
les congés de maternité de $6 200 000. Je pense que je dois
m'élever contre ce genre de publicité qui m'apparaît pour
le moins peu honnête.
Il y a une dernière question que j'aimerais poser au ministre du
Travail. Il se souviendra qu'au moment de la discussion de la loi 43 en juin
dernier, j'avais exprimé plusieurs inquiétudes quant aux outils
que la Commission du salaire minimum aurait pour faire respecter cette
ordonnance. On sait que la Commission du salaire minimum n'est pas à
toute épreuve là-dessus. Souvent, nous avons là des
catégories de travailleurs qui sont peut-être victimes pas
nécessairement d'un travail mal fait, mais d'un travail qui ne peut pas
être fait d'une façon adéquate parce qu'on n'a pas en main
les outils nécessaires. Je suis revenue à la charge au mois
d'octobre et ai posé de nouveau la même question au ministre du
Travail. Le ministre du Travail me répondait à ce
moment-là que la Commission du salaire minimum est depuis quelques
semaines en pourparlers avec les fonctionnaires du Conseil du trésor
dans l'objectif de réorganiser l'ensemble des effectifs et des
structures administratives de la commission pour lui permettre de mieux faire
son travail. Nous sommes maintenant au mois de février.
J'aimerais que le ministre, soit au moment de la discussion du projet de
loi article par article ou en réponse au discours de deuxième
lecture, puisse nous dire d'une façon concrète quelles sont les
améliorations qui ont été apportées à la
Commission du salaire minimum, quels sont les effectifs qui ont
été ajoutés, quels sont ceux qui ont été
réaménagés, de telle sorte qu'au moins ce congé de
maternité qui est accordé aux femmes puisse être
respecté et que particulièrement les femmes qui sont le moins
munies pour faire prévaloir leurs droits dans des circonstances comme
celles-ci aient une chance qu'on les respecte et que la loi s'applique
intégralement dans leur cas. J'attendrai la réponse du ministre
du Travail qui, j'espère, à ce moment-ci, puisqu'il s'agit d'une
question que je lui avais posée au mois de juin l'an dernier, pourra
peut-être d'une façon concrète nous dire quels sont
maintenant les outils que la Commission du salaire minimum possède pour
faire respecter l'application de ses ordonnances et en particulier de cette
ordonnance touchant les congés de maternité. (12 h 40)
Encore une fois, Mme la Présidente, c'est à regret que je
vois toute la lenteur du processus de cette loi, cette seule loi qui touchait
la condition féminine le ministre l'a reconnu lui-même
et qui est encore une loi bien marginale en fonction des besoins de la
femme qui veut avoir un congé ou bénéficier d'un
congé de maternité; je regrette que tout le déroulement et
le cheminement en aient été aussi lents. Je répète
que ceci est symptomatique de l'attitude générale du gouvernement
à l'égard de la condition féminine.
J'ajouterai, en terminant d'ailleurs, sur l'espè- ce de
scénario auquel on a assisté quant aux fameuses recommandations
sur la condition féminine qui devaient découler du rapport
déposé par le Conseil du statut de la femme sur la condition
féminine, que celles-ci ne nous sont pas parvenues, tel que nous l'avait
promis le ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières en novembre dernier. Bien plus, maintenant, on va noyer le
poisson en créant un comité interministériel. Vous savez,
Mme la Présidente, que les comités ont longue vie, mais ils ne
sont pas toujours très productifs. Si j'ai bien compris, d'après
ce que j'ai lu dans les journaux, ce comité va éventuellement
faire des recommandations. Je pense qu'il y avait des choses assez
concrètes dans le rapport du Conseil du statut de la femme et si ce
n'eût été je dirais de l'indolence ou de
l'insouciance du gouvernement à l'égard de cette question, nous
aurions au moins une première étape de recommandations. Mais les
femmes sont patientes, elles peuvent attendre encore longtemps.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Vous comprendrez, Mme la Présidente, que je
ne peux pas m'exprimer aussi complètement sur les détails de
cette loi qui nous a été présentée en
deuxième lecture ce matin que vient de le faire l'honorable
député de L'Acadie, et pour bien des raisons. Mais je pense que
nous avons là une manifestation assez probante. Le ministre dira
peut-être que c'est un oubli. Ses conseillers ont peut-être
oublié de lui mentionner les décrets de la robe où un
certain groupe de personnes seraient censées être couvertes en
vertu de l'ordonnance 17.
Maintenant, Mme la Présidente, improvisation encore,
défaut de certains bureaucrates de ne pas avoir prévu ces
détails. Mais je voudrais faire une correction puisqu'on a l'occasion de
parler de l'ordonnance 17 qui a été promulguée le 8
novembre 1978. Je ne sais pas où Mme le député de L'Acadie
a pris le 15 novembre 1977 parce que, sur l'arrêté en conseil, je
vois le 8 novembre 1978...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, Mme la Présidente. Est-ce
que j'ai mentionné le 15 novembre 1977...
M. Bellemare: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... pour la demande?
M. Bellemare: Le 15 novembre 1978.
Mme Lavoie-Roux: C'est une erreur. C'était 1978.
M. Bellemare: Non, vous avez dit le 15 novembre 1978. J'ai
l'arrêté en conseil et c'est le 8 novembre 1978.
M. Johnson: C'est une si belle date.
M. Bellemare: Pardon?
M. Johnson: C'est une si belle date.
M. Bellemare: Le 8 novembre?
M. Johnson: Le 15 novembre.
M. Bellemare: Le 15 novembre, ah oui!
Une Voix: Une belle date!
M. Bellemare: C'est sûrement...
M. Grenier: C'est l'arrivée du député de
l'Union Nationale, une très belle date.
M. Bellemare: Je voudrais simplement faire une remarque ou deux
sur ce projet de loi qui relie les 40 000 femmes qui seront assujetties par la
loi 128 à l'ordonnance no 17. Dans l'ordonnance no 17, Mme la
Présidente, je me pose une question quant à une grève ou
à un lock-out. On pourra peut-être dire: Oui, elle aura droit de
donner un préavis quand même; mais, dans un temps difficile comme
celui d'une grève ou d'un lock-out, qu'est-ce qui arrive? On peut se
servir de l'ordonnance no 17 en disant: On envoie le préavis, on est
couvert. Mais supposons qu'un avis est donné en vertu de l'article de
cessation des travaux d'une compagnie, en vertu de l'article 25 de la Loi des
mises à pied, d'une fermeture d'usine, qu'est-ce qui arrive pour la
femme qui a donné un préavis de maternité, pour un
congé de maternité? Est-ce que ces cas ont été
prévus dans l'ordonnance no 17? Est-ce que cela a été
prévu, même s'il y a cessation d'emploi? Même si les avis
ont été donnés au ministère du Travail pour dire
que la compagnie va cesser ses activités dans deux mois ou dans trois
mois, qu'est-ce qui arrive au congé de maternité dans ce
temps-là? Encore rien, rien de prévu. Non, non, le ministre ira
téléphoner, s'il veut; je pense que le téléphone
peut lui servir énormément.
Je pense qu'on n'a pas prévu cela et je pense que l'ordonnace no
17 ne couvre pas ces cas particuliers où il y aura un avis de
donné en vertu de la Loi des mises à pied. Une autre chose, je me
réjouis, tout comme le député de L'Acadie, de voir que
trop tard, c'est tard mais c'est mieux que jamais.
Mme Lavoie-Roux: C'est mieux que jamais.
M. Bellemare: A cause de la longue attente qu'ont subie toutes
ces personnes qui ont perdu complètement des sommes considérables
pour avoir rendu service à la société, on voit aujourd'hui
que le ministre vient avec un amendement qui est fort improvisé et qu'il
nous demande d'accepter. Je suis surpris, Mme la Présidente. Le ministre
a mis dans l'ordonnance no 17 bien des stades pour donner des avis, des
préavis, et surtout sur les fausses couches, il a
développé cela avec beaucoup d'attention. Mais ce qu'il n'a pas
prévu, c'est le cas de l'adoption d'un enfant. C'est aussi un cas
particulier. L'adoption d'un enfant, c'est souvent un traumatisme
considérable dans une famille, pour celle surtout qui travaille. On
aurait dû prévoir quelque chose de spécial pour ces femmes
qui vont, demain, avoir soin d'un petit immigré, un petit Vietnamien ou
un petit Japonais ou...
M. Grenier: Un petit PQ.
M. Bellemare: ... un petit PQ. Je dis que rien n'a
été prévu, surtout la femme qui va adopter un "PQuiou".
C'est encore bien pire, cela devrait mériter le double du temps.
M. Proulx: Ce n'est pas un traumatisme, c'est un rayon de soleil
dans une maison.
M. Bellemare: Pardon? Je pense qu'il faudrait fermer les stores.
Mais, voilà un cas particulier, puisqu'on y touche, cela va venir, le
ministre l'a dit tout à l'heure dans ses quelques remarques, nous allons
améliorer encore la loi de la maternité, les subventions au
congé de maternité. S'il prévoit quelques amendements,
pourquoi ne prévoirait-il pas que la femme même au foyer, on
prétend qu'elle l'a mérité, mérite et a
mérité un salaire depuis des années? On dit dans un
programme du "PQiou ", peut-être, que la femme va avoir droit à un
salaire bientôt. Est-ce que la mère de famille qui est dans sa
maison n'aurait pas le droit elle aussi un jour, avec les amendements qu'on
apportera, à une certaine subvention pour un congé de
maternité. On prétend que la mère de famille dans sa
maison fait une oeuvre gigantesque pour la société
québécoise. On prévoit même des salaires sur une
base qu'on a déjà établie.
Je pense que demain peut-être il sera utile, avant de penser au
salaire qu'une mère de famille reçoit chez elle pour
élever une famille, de penser aux congés de maternité pour
elle aussi. Là, par exemple, on rendrait véritablement service
à la famille qui est la base de la société. Mme le
Président, je pense que nous allons voter la loi sûrement, parce
que je pense qu'elle amène quelque chose de mieux et répare
véritablement une erreur qui a été commise en n'incluant
pas ces 40 000 femmes qui sont dans les décrets particulièrement
de la robe ou d'autres décrets. Je pense que c'est un pas en avant, mais
je dis au ministre deux choses auxquelles il faudrait absolument penser aussi:
C'est la mère de famille et particulièrement la femme qui, dans
un état normal, accepte de rendre un service à la
société en adoptant un enfant. (12 h 50)
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Mme le Président, s'il est permis de se poser
des questions sur la façon dont ces
amendements apparaissent à chaque fois qu'il s'agit du
congé de maternité, soit une ordonnance, on l'a vécu l'an
dernier, soit des amendements à la loi, il me semble que ce gouvernement
que nous avons doive s'y prendre à deux fois pour finalement viser
l'objectif avec précision. Il ne semble pas faire son travail avec
beaucoup d'attention ni accorder beaucoup d'importance à ce projet. Quoi
qu'il en soit, sur la façon de le faire, qui nous porte à nous
interroger sur le sérieux de l'opération, il reste qu'on peut se
demander si une fois ces amendements adoptés, le problème du
congé de maternité va, oui ou non, être réglé
de façon satisfaisante même pour ces femmes qui vont en
bénéficier. Il est clair qu'il y a un certain nombre qui n'en
bénéficieront pas malgré tout. On les a
mentionnées. On ne reviendra pas là-dessus. Même pour les
femmes qui vont bénéficier du congé de maternité,
est-ce que ce sera suffisant, est-ce que ce sera satisfaisant? On ne peut pas
être autrement qu'étonné de voir que les règles que
le gouvernement dans certaines législations nouvelles a adoptées
pour l'indemnisation, par exemple, des victimes d'accidents d'automobiles ou
pour l'indemnisation des victimes d'accidents du travail, à savoir que
les victimes dans les deux cas ont droit à une
rémunération qui est égale à 90% de leur
rémunération nette, après impôt, lorsque ces gens
peuvent travailler, que ce même principe ne soit pas appliqué par
le gouvernement lors des congés de maternité.
En effet, qu'est-ce que cela veut dire, ce congé de
maternité, de façon très concrète? Cela veut dire
que les femmes qui doivent abandonner leur travail pour des raisons de
grossesse, de maternité vont recevoir, premièrement, une
allocation forfaitaire de $240 du gouvernement du Québec, ce qui est
l'équivalent des deux premières semaines de chômage, en
quelque sorte, les deux premières semaines du congé de
maternité, et après les deux premières semaines
écoulées, elles vont recevoir du gouvernement
fédéral, de la commission d'assurance-chômage, un montant
qui ne dépassera pas 60% de leur rémunération
habituelle.
Est-ce que c'est là une solution satisfaisante? Je ne pense pas
que ce le soit. Il me semble que si, dans le cas d'autres personnes dont le
revenu est interrompu à cause d'accident, d'incapacité
résultant d'un accident ou d'une maladie industrielle, à cause
d'un accident d'automobile, on croit qu'il faut leur donner 90% de leur
rémunération, il me semble que le même principe devrait
valoir si l'on accorde véritablement de l'importance au problème
social que constitue de nos jours, pour les femmes qui travaillent en dehors du
foyer, une grossesse, une maternité. Ce problème n'est pas
seulement celui d'être sûres de retrouver un emploi après la
fin du congé de maternité; il y aura désormais, au moins
pour un certain nombre de femmes, une réponse dans la loi de ce
côté. Mais c'est aussi un problème d'interruption de
revenu. On sait combien sont nombreuses les familles qui, de nos jours,
comptent sur la présence de deux revenus pour subvenir aux besoins des
époux et de leurs enfants. L'interruption de revenu est toujours un
problème majeur, même pour des revenus relativement importants. Il
reste qu'il y a certaines obligations qui sont encourues par les familles, des
paiements de toutes sortes sur la maison, sur la voiture, etc., et
l'interruption de revenu constitue, sur le plan social, le principal obstacle,
dans le fond, à des familles, je ne dirais même pas à des
familles nombreuses, mais à des familles avec des enfants, de nos jours.
Le premier ou le deuxième enfant, lorsque le cas survient, pose
déjà ce problème de l'interruption du revenu.
Il n'est pas nécessaire de faire une argumentation basée
sur des principes natalistes. Il ne s'agit pas de dire au gouvernement: II faut
absolument adopter des politiques qui vont faire en sorte que nous allons
revenir à la période que le Québec a connue il y a vingt
ou trente ans où nous aurons des familles de six, sept et jusqu'à
douze enfants. Il y a là une évolution des moeurs qui est
irréversible, mais il reste, malgré tout, que cette question
d'avoir ou de ne pas avoir d'enfants, à notre époque, est
intimement liée au problème de revenu que soulève
justement la présence des enfants au foyer; elle y est intimement
liée. Dans une société différente, agricole, la
présence des enfants, loin d'être une pénalisation, une
pénalité économique pour la famille, était, au
contraire, la possibilité, dans le fond, d'avoir, au bout d'un certain
nombre d'années, des membres de la famille qui aidaient à
l'exploitation de la ferme. Les enfants travaillaient sur la ferme et aidaient
à son développement. Ils étaient un atout beaucoup plus
qu'un handicap sur le simple plan économique.
Or, dans la société moderne et industrielle dans laquelle
nous vivons, même si l'enfant est toujours désiré pour des
raisons proprement humaines, émotives tout à fait normales et qui
sont les mêmes que celles de nos parents et de nos grands-parents, sur le
plan économique, la situation est complètement changée. Si
un gouvernement, à ce moment-ci, veut aider les familles qui ont des
enfants à faire face aux problèmes que pose la présence
des enfants au sein des familles, il faut inévitablement que cette
réponse que le gouvernement trouve soit basée sur une
réponse économique à cette interruption, à cette
diminution de revenu lors des grossesses et des maternités. La
réponse qu'a fournie le gouvernement après deux ans
d'hésitations, de discussions, de tâtonnements, d'erreurs qu'on
répare aujourd'hui...
On a adopté une loi l'an dernier et on nous a dit candidement; On
s'est trompé, on a oublié nos papiers. Nos papiers ont
été égarés quelque part. On voulait faire quelque
chose et on ne l'a pas fait, etc. C'est bien joli, mais si vraiment on y
accordait de l'importance, me semble-t-il, on n'aurait pas perdu les papiers en
route entre le ministère et le Conseil des ministres ou Dieu sait
où et surtout, après avoir pris tellement de temps pour
régler le problème pour soi-disant le régler, du
moins des congés de maternité, on arriverait avec une
solution moins mesquine que celle-ci.
C'est une solution mesquine de baser la rémunération des
congés de maternité sur un barème de 60% alors que dans
d'autres cas le même gouvernement utilise un barème de 90%, pour
des gens qui sont privés de revenus pendant une période variable,
temporaire ou permanente selon les cas. Il me semble que c'est une politique
qui sera loin de satisfaire les attentes exprimées par non seulement les
femmes mais par les ménages avec enfants dont les deux conjoints
travaillent. Le ministre, bien sûr, au moment de sa réplique
il émet déjà des sons, des bruits de ce
genre-là va dire: Ce n'est pas nous, c'est le gouvernement
fédéral, parce que l'assurance-chômage rembourse ou
compense la perte de revenus au moment du chômage à un taux de
60%. Ce n'est pas une réponse satisfaisante parce que le régime
général d'assurance-chômage obéit à des
règles sensiblement différentes. Pourquoi sont-elles
différentes? Pour des raisons bien connues. D'abord, c'est le fait qu'il
n'y a pas, dans le régime d'assurance-chômage, les mêmes
garde-fous qui existent...
M. Bellemare: Je m'excuse auprès de l'honorable
député mais...
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement, M. le leader.
M. Bellemare: C'est simplement une question de quorum, parce que
c'est une loi importante. Même s'il y a une séance du cabinet ce
matin, il n'y a pas de commission parlementaire. On a compté deux, trois
fois depuis 11 h 30 et nous sommes devant une situation un peu alarmante devant
une loi aussi importante...
Mme le Vice-Président: Nous allons vérifier le
quorum. M. le greffier, voulez-vous compter les membres de cette
Assemblée, s'il vous plaît!
Il manquerait une personne encore. Avons-nous bien quorum? Il reste
quelques minutes. Alors, si M. le député de Saint-Laurent demande
la suspension, nous allons...
M. Forget: Mme la Présidente, étant donné
qu'il ne reste que deux minutes avant 13 heures, je demanderais la suspension
du débat puisque nous n'avons pas quorum.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Cette
assemblée suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 heures
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. M. le ministre de l'Agriculture.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport de la Régie des marchés
agricoles
M. Garon: M. le Président, conformément à la
loi, je dépose le rapport annuel 1977/78 de la Régie des
marchés agricoles pour permettre de renseigner l'Union Nationale.
Des Voix: Ah, ah, ah!
Le Président: Document déposé.
M. le ministre des Affaires culturelles.
Rapport de la Régie du Grand
Théâtre de Québec
M. Charron: M. le Président, au nom de mon
collègue, le ministre des Affaires culturelles, je voudrais
déposer le rapport annuel 1977/78 de la Régie du Grand
Théâtre de Québec.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période des questions orales.
M. le député d'Outremont.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Hausse du chômage
M. Raynauld: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'Etat au développement économique. Le ministre a sans
doute appris que le Québec avait accusé une forte hausse du
chômage en janvier par rapport à décembre. En fait, c'est
une hausse de 8000 chômeurs en données
désaisonnalisées alors qu'en Ontario, il avait baissé
à la même période de 2000. Le ministre réalise sans
doute aussi que si on prend les chômeurs en chair et en os, il y en a 327
000 à l'heure actuelle au Québec.
Une Voix: Combien?
M. Raynauld: 327 000 au Québec. Malgré la
différence de population, il y en a moins en On-
tario soit 315 000. Je voudrais donc demander au ministre s'il pourrait
nous expliquer la raison de cette augmentation du chômage. Je voudrais
aussi, étant donné que l'été dernier il trouvait
l'explication à la baisse du chômage dans le programme OSE, lui
demander si c'est la faute du programme OSE si le chômage a
augmenté en janvier ou bien s'il explique cette hausse du chômage
par suite des activités soit du gouvernement fédéral, du
gouvernement français ou de l'Iran, puisqu'ils sont dans les nouvelles
ces derniers temps.
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: Je trouve le député d'Outremont bien
blagueur pour un sujet aussi sérieux. Il m'a demandé si j'avais
entendu parler de la hausse. En fait, quand cela baisse, il faut que je me
débrouille tout seul pour en entendre parler, comme cela est
arrivé plusieurs mois de suite. S'il y a un indice de hausse je
m'expliquerai là-dessus c'est sûr que le
député d'Outremont m'en parle, mais habituellement, il le fait
sur le mode sérieux qui convient à ce genre de
problème.
Oui, j'en ai entendu parler et je n'apprends pas au député
d'Outremont j'en suis sûr, autrement je serais très surpris
que ce mois-ci, précisément, l'enquête statistique a
été modifiée quant à la base de population. Le
député d'Outremont, qui est expert en ces matières, le
savait très certainement. Ce qui veut dire qu'il faudra attendre un
certain nombre de mois pour savoir si une variation de un dixième ou de
deux dixièmes pour cent reflète véritablement un
phénomène réel ou est l'effet d'un artefact statistique,
et je m'engage à faire faire les études techniques et les
comparaisons avec les séries antérieures pour voir ce qu'il en
est. Mais je dis très simplement au député d'Outremont
et il le reconnaîtra sur une base scientifique qu'il se
peut fort bien que la variation de ce mois-ci n'en soit pas une.
Deuxième point de ma réponse, ces statistiques nous
apprennent en net, sans égard à la base de population cette
fois-ci, que sur douze mois janvier 1979, janvier 1978 la
création d'emplois est de 75 000 au Québec, ce qui est une des
meilleures des dernières années et il faut remonter dans les
quelques années du régime antérieur pour trouver de
meilleurs chiffres. Je ne sais pas si cela dépend de OSE ou de quoi que
ce soit ou des autres plaisanteries qu'a mentionnées le
député d'Outremont, mais ce sont des réalités
brutales qui peuvent faire mal à ceux qui souhaitent que cela aille
mal.
Maintenant, en terminant, sur les causes, je me souviens très
bien que, quand j'ai rendu publique, en cette Assemblée, une
étude qui démontrait que les coupures fédérales
faisaient perdre 20 000 emplois au Québec, le député
d'Outremont a bondi non pas pour défendre l'emploi, mais pour
défendre le gouvernement fédéral. Ceci est devenu la
tradition et la marque de commerce du parti d'en face.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Oui, M. le Président. Je voudrais rassurer le
ministre: les données que j'ai citées tout à l'heure sont
des données corrigées depuis hier soir. Ce sont des
données qui montrent bien une hausse dans le taux de chômage de
10,5% à 10,7%. S'il veut les données corrigées pour les
deux dernières années, je pourrai les lui prêter, je les
ai.
Donc, ces chiffres-là sont exacts; ce sont les plus
récents, en tout cas depuis hier soir. Effectivement, il y avait eu des
corrections à apporter.
Ma question additionnelle est la suivante: Au mois d'octobre, environ,
le ministre d'Etat au développement économique avait lancé
dans les journaux la nouvelle qu'il y aurait un programme de relance, en
particulier pour la région de Montréal. Je lui avais posé
une question à ce sujet, ici, à l'Assemblée nationale et
il m'avait répondu: Oui, il y aura un programme de relance, vous en
verrez même les résultats d'ici deux semaines. C'était vers
la fin d'octobre, ou début novembre.
Comme tout ce que nous voyons, c'est une détérioration de
la situation de l'emploi, je parle ici du chômage plus
particulièrement. Je voudrais lui demander ce qui est arrivé de
ce programme de relance qui avait été lancé dans les
journaux et qui a sans doute été cru par la population et, ce que
le gouvernement entend faire au-delà de déclarer l'année
1979 une année économique, alors qu'on se contenterait bien d'un
mois.
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: Cela ne me surprend pas que vous vous contentiez d'un
mois, vous êtes tellement à courte vie que deux semaines vous
suffiraient.
M. Raynauld: ... une amélioration, par exemple.
M. Landry: Le député d'Outremont est revenu sur la
question de l'emploi avant de parler du programme de relance, alors j'y
reviendrai aussi brièvement dans la réponse additionnelle. Il
serait bon qu'il sache, s'il ne le sait pas, qu'en janvier, le taux de
participation notion familière aussi au député
d'Outremont dans la main-d'oeuvre active est le plus
élevé; il est de 60,3. C'est le plus haut dans l'histoire du
Québec. Malgré cela, il n'est pas prouvé qu'on a eu un
effet défavorable sur le taux de chômage. Il faudrait prendre en
compte toutes les données.
Egalement, cette année, en termes de contingent
démographique, est la plus élevée en termes
d'arrivée de Québécois et de Québécoises sur
le marché du travail. Si on veut examiner la situation objectivement
plutôt que de raconter des histoires au monde, il faudrait en faire
l'analyse véritable des données du taux de chômage
québécois.
Quant au programme une des facettes du programme dont nous avons
parlé, il n'est pas
nécessaire d'aller dans tous les journaux, cela peut être
utile, mais il y a aussi le journal des Débats et je m'explique de
nouveau sur ce programme l'une des facettes consiste à
accélérer des investissements gouvernementaux, sous la
surveillance et la direction de deux de mes collègues et de
moi-même le ministre d'Etat au développement social et le
ministre d'Etat à l'aménagement avec l'aide d'une
équipe légère de fonctionnaires dont un sous-ministre
adjoint, et à accélérer les prises de décision en
ce qui a trait aux divers travaux de construction et de dépenses
publiques.
Des fiches ont été dressées pour tous ces travaux,
les processus de décision ont déjà été
accélérés; il y a sans doute des chantiers qui sont
présentement ouverts en raison de cette accélération qui,
encore une fois, ne tient pas du miracle puisqu'il s'agit de faire maintenant
des choses qui l'auraient sans doute été plus tard, mais je me
propose, à mesure que ce programme se développera, d'en rendre
compte à cette Chambre, projet par projet, enfin pour les projets les
plus importants.
Le Président: M. le député d'Outremont,
dernière question. (15 h 20)
M. Raynauld: Dernière question additionnelle, M. le
Président. Qu'est-ce que c'était le programme qu'on devait voir
le 15 novembre? C'est le ministre qui a déclaré cela à
l'Assemblée nationale, en réponse à une question que
j'avais posée. Qu'est-ce qu'on devait voir le 15 novembre? Qu'est-ce
qu'on raconte dans les journaux? On annonce des projets et, après cela,
cet après-midi, le ministre, si je comprends bien sa réponse,
nous dit: C'est un processus. On va annoncer cela morceau par morceau. Le 15
novembre, quand il nous a dit, ici à l'Assemblée nationale, que
moi en particulier, j'en verrais les résultats le 15 novembre, où
est-ce que j'aurais dû voir et regarder pour trouver l'action du
gouvernement du Québec?
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: Quand nous annonçons un programme
d'accélération des décisions, cela ne veut pas dire que
les immeubles vont sortir de terre comme des champignons. C'est
élémentaire. Mais une décision que nous avons
accélérée en particulier...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Landry: Une des décisions qui a été
accélérée sous la mouvance de ce comité que j'ai
décrit, c'est la construction et le parachèvement des
installations olympiques, décision qui aurait pu être prise au
cours du printemps, retardant de huit ou dix mois le programme.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Landry: II y a un certain nombre de centres d'accueil dont je
rendrai compte projet par projet. Mais je préviens l'Opposition
d'avance, j'aurais cru que cette précaution était superflue, que
ce n'est pas parce que le Conseil des ministres a décidé qu'un
immeuble se construirait qu'il sort de terre comme par magie. Quand la tour du
mât sera finie, j'amènerai le député d'Outremont
contempler de bas en haut le résultat de l'accélération,
mais une construction, cela se fait étape par étape et il n'y a
pas de magie, ni libérale, ni gouvernementale, qui fait pousser les
immeubles du jour au lendemain.
Le Président: M. le député de Laurier.
Système métrique et véhicules
automobiles
M. Marchand: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports.
M. le Président, on sait que le gouvernement du Québec
procède en ce moment à la conversion de notre système de
poids et mesures; on établit le système métrique. Or, les
Québécois qui, actuellement, procèdent au renouvellement
de leurs plaques d'autos ou de camions c'est pas mal important et vous
allez vous en apercevoir, si vous en riez constatent que cela
coûte plus cher cette année pour obtenir leurs plaques.
Je vois le ministre des Transports qui me dit actuellement non. Est-ce
que cette augmentation est liée justement à la conversion du
système? Combien cela coûte de plus? Comment se fait-il que le
gouvernement n'ait pas pensé, lorsqu'il a fait la conversion au
système métrique, à éviter cette augmentation?
Puisqu'on en rit, exactement, dans mon cas, cela me coûte $3 de plus pour
mes plaques et je vous donnerai des chiffres plus forts que cela. En
supplémentaire, je vais vous donner les autres chiffres.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, c'est drôle qu'on n'a
pas, lorsque le gouvernement fédéral a décidé de
forcer les différentes provinces, ainsi que les différents
usagers à changer pour le système métrique, eu de
protestations concernant les coûts exorbitants que cela pouvait comporter
non plus.
M. le Président, il y a une modification au Bureau des
véhicules automobiles comme partout au Québec, actuellement,
étant donné la conversion au système métrique. Il
faudrait quand même distinguer entre les conversions comme telles et
l'augmentation des tarifs sur certains véhicules. Par exemple, le
député sait très bien qu'au cours du dernier budget, je
pense, on avait annoncé pour essayer d'avoir un coût semblable
à celui de l'Ontario, une agmentation du coût des poids totaux en
charge et que cette augmentation devait se répartir sur une
période de trois ans. C'est donc dire que dans le camionnage il y a une
augmenta-
tion cette année de 33%. Les camionneurs avaient
été avertis et il y en aura une autre l'an prochain. En ce qui
concerne des augmentations considérables pour l'application du
système métrique, je pense que cela doit être des
augmentations assez ridicules pour les individus comme tels. Quant à
moi, je n'ai pas constaté, individuellement, une augmentation
considérable.
M. Marchand: M. le Président...
Le Président: M. le député de Laurier.
M. Marchand: ... devant les réponses du ministre, c'est
une taxe que je qualifierais d'hypocrite qui va rapporter au trésor du
Québec $10 millions à $15 millions.
Des Voix: Question.
Le Président: M. le député de Laurier.
M. Marchand: On dit que trois millions de véhicules de
promenade font face à $3 d augmentation en moyenne. Un camionneur
artisan nous appelle pour nous dire que son camion à dix roues lui
coûte $130 d'augmentation et que le "loader" qui sert à remplir
son camion lui coûte $35; cela veut dire une augmentation, une taxe
déguisée, une taxe hypocrite entre $10 millions et $15 millions
que les Québécois vont payer.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Le député, encore une fois,
démontre son ignorance. Cette augmentation n'est pas une suite à
la conversion au métrique. Que le député s'informe, qu'il
relise le discours du budget concernant l'augmentation du poids total en charge
d'il y a deux ans. Qu'il relise l'application, de quelle façon le
ministre des Finances avait annoncé cette augmentation, qui ne faisait
que rajuster, depuis plusieurs années, un coût d'immatriculation
qui était déjà passablement inférieur à
celui de l'Ontario. Le ministre des Finances avait annoncé un
rajustement qui ne pouvait pas s'appliquer à l'intérieur d'une
même année, à savoir 100%, mais qui devait s'appliquer sur
une période de trois ans. C'est donc la deuxième année que
nous appliquons ce réajustement, et l'an prochain nous aurons aussi une
augmentation. Encore là, nous ne serons environ qu'à 80% du
coût d'immatriculation qui existe en Ontario.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, question additionnelle.
Est-ce que le ministre des Transports contesterait, par son affirmation,
l'allégué contenu dans une lettre envoyée par les
procureurs de l'ANCAl en date du 25 janvier au sous-ministre adjoint dans
laquelle il est dit: "Nous constatons que l'augmentation pour les tarifs
d'immatriculation pour les camionneurs est de 30% et que le tarif de
l'assurance automobile est également majoré de $3 ". Qu'est-ce
que vient faire également la majoration de $3 pour l'assurance
automobile dans la conversion au système métrique?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Je vérifierai la lettre. La lettre a
été envoyée au sous-ministre et je la vérifierai,
mais qu'on distingue bien les deux choses. Il ne peut pas y avoir... Au
contraire, on a rajusté l'an dernier, à la suite d'une
réunion avec l'Association du camionnage du Québec, les tarifs
concernant la Commission des transports. On ne peut jamais parler de $10
millions, qui serait de l'argent nouveau, à la suite de la conversion au
métrique.
Si vous me le permettez, M. le Président, je prendrai toutes les
informations nécessaires, mais qu'on distingue bien entre l'application
des mesures annoncées dans le discours du budget il y a deux ans et
ensuite la conversion du métrique. Je pense que c'est
complètement différent.
Le Président: Dernière question, M. le
député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, tantôt le ministre des
Transports a fait fi un peu de la question de mon collègue quant au parc
de véhicules de promenade, mais je sais que la moyenne de l'augmentation
quant au métrique se situe à environ $3 pour le parc de 3 000 000
de véhicules. C'est une taxe déguisée d'à peu
près $10 millions, alors que le ministre des Finances avait
déclaré l'an passé que, lors de la conversion, ce serait
une fraction de décimale qui serait en cause. Je trouve que c'est une
drôle de fraction.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Subvention à la Fédération des
producteurs de lait
M. Biron: Ma question s'adresse au ministre de l'Agriculture.
Selon la Régie des marchés agricoles du Québec, la
Fédération des producteurs de lait de l'UPA aurait perçu,
pour fins de publicité, de promotion et de vente de lait, chez les
producteurs du Québec, un montant de $0.10 les 100 livres de lait au
cours des dernières années. Selon une ordonnance de la
Régie des marchés agricoles, ce montant de $0.10 les 100 livres
perçu chez les producteurs agricoles du Québec a
été dépensé illégalement soit pour acheter
des usines de transformation, pour faire des prêts à des
entreprises privées ou pour faire de la publicité à
certaines laiteries privées afin de faire compétition aux
coopératives du Québec. La régie a même nommé
un tuteur pour administrer ce fonds spécial parce qu'elle n'avait pas
confiance à la Fédération des producteurs de lait du
Québec là-dessus. Est-ce que le ministre peut nous confirmer
qu'il a entendu parler de ces gestes illégaux posés par la
Fédération des producteurs de lait et est-ce que le montant de $1
200 000 que la Régie des marchés agricoles du Québec a
demandé de rem-
bourser aux producteurs ou au moins au fonds spécial a
été remboursé, aujourd'hui, par la
Fédération des producteurs de lait du Québec? (15 h
30)
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, il y a une décision de
la Régie des marchés agricoles qui dit que le règlement de
la Fédération des producteurs de lait nature qui permet de
percevoir et débourser des sommes d'argent pour le développement
des marchés le développement des marchés
étant le terme exact du règlement ne comprend pas l'achat
ou le financement d'entreprises. Il y a eu cette décision de la
régie qui dit que ce financement de la coopérative des
producteurs de lait nature se trouve à être non conforme au
règlement et elle demande le remboursement. J'imagine que la
coopérative va rembourser les sommes, tel qu'ordonné par la
régie; la régie est justement là pour surveiller
l'application des règlements.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Une question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, je voudrais savoir du ministre
pourquoi le gouvernement a prêté ou donné à l'UPA
une somme de $700 000 la semaine dernière, parce qu'il fallait
rembourser pour le 1er février, montant pour combler justement le
déficit de l'UPA ou combler le déficit de la
Fédération des producteurs de lait pour rembourser ce fonds aux
tuteurs nommés par l'office? Est-ce que ce geste posé par le
gouvernement n'est pas justement une façon indirecte de faire ce qu'on
n'a pas le droit de faire directement? N'est-ce pas au détriment des
coopératives du Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, il s'agit d'une
coopérative qui a recruté, dans l'espace de moins d'un an, 2000
membres. Je n'ai pas à juger si les coopératives sont bonnes ou
mauvaises. Il s'agit d'une coopérative formée en bonne et due
forme, qui a recruté 2000 membres en l'espace de moins d'un an et
à qui, à la suite d'une décision qui conteste une source
de financement qu'elle n'a pu obtenir ou qu'elle doit rembourser parce que le
règlement ne le permettait pas selon la décision de la
régie, le gouvernement a autorisé un prêt, non pas de $700
000, mais de $900 000, prêt temporaire, pour permettre à la
coopérative de trouver de nouvelles formes de financement ou de
recueillir davantage d'argent auprès de ses membres. Ce qui est faux, M.
le Président, c'est qu'il ne s'agit aucunement d'un versement d'argent
à l'UPA. Il s'agit d'un versement à une coopérative.
Celle-ci et la Fédération des producteurs de lait nature, qui
devait verser des fonds pour subventionner, pour aider cette coopérative
à démarrer, ce sont deux entités complètement
distinctes.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, une question additionnelle.
Est-ce que le ministre réalise qu'il vient d'enlever toute
l'autorité à la Régie des marchés agricoles du
Québec qui a déclaré illégaux les gestes
posés par la Fédération des producteurs de lait du
Québec? Est-ce que le ministre, en donnant de l'argent à cette
coopérative qui a été fondée illégalement,
d'après la Régie des marchés agricoles du Québec,
ne nuit pas justement à l'autorité de la régie et aux
producteurs agricoles?
M. Bellemare: Très bien!
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Pas du tout. D'abord, il ne s'agit pas de don. Il n'y a
aucune somme d'argent qui a été donnée. Il s'agit d'un
prêt qui a été autorisé. Le contrat n'est pas encore
fait, que je sache, à ce jour. Il s'agit d'un prêt au taux moyen
d'emprunt du gouvernement. Si je regarde les subventions qu'il a données
à des coopératives existantes, par exemple, je pense que le
gouvernement a été drôlement généreux quand
il a donné des subventions de $4 500 000 à la coopérative
de Granby, qui ont été des subventions totales. Dans ce cas-ci,
il s'agit d'un prêt temporaire à une coopérative qui vise
à maintenir des usines régionales.
Le Président: Question additionnelle. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, ne s'agit-il pas d'une
coopérative de mise en marché qui est contrôlée par
la Fédérée? N'est-ce pas un prêt pour des actions,
simplement, de la coopérative qui avait été faite par la
Fédérée? Ne s'agit-il pas d'un prêt pour des
actions?
M. Grenier: Vous faites mieux d'aller vérifier avant.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
Une Voix: J'ai l'impression qu'il faudrait que vous
révisiez ce dossier.
Une Voix: Allez téléphoner.
M. Garon: II ne s'agit pas d'un prêt. Il s'agit tout
simplement d'une coopérative comme n'importe quelle coopérative
qui a demandé une incorporation au ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières, qui a obtenu son
incorporation, qui a vendu des cartes de membres et qui a recruté
à ce qu'on m'a dit quand j'ai vu le dossier pour l'acheminer
près de 2000 membres qui ont adhéré à cette
coopérative. Je pense qu'il s'agit d'une coopérative de plus au
Québec qui va exister. Il n'y a aucunement possibilité que ce
soit la même entité juridique parce qu'une coopérative qui
fonctionne en vertu de la Loi des associations coopératives et une
fédération qui fonctionne en vertu d'autres lois, on
ne peut pas les mélanger, ce sont deux choses complètement
différentes.
Le Président: M. le député de
Sainte-Anne.
M. Lacoste: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Education.
Le Président: M. le député de Sainte-Anne.
Des Voix: Additionnelle, M. le Président.
Le Président: II y en a déjà eu trois ou
quatre. Une dernière question additionnelle. Qui veut la formuler pour
l'Union Nationale?
M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. J'ai une courte
question additionnelle au ministre. Est-il conscient que les
coopératives, particulièrement celle de Granby et ses filiales,
seront de plus en plus mises en tutelle par un syndicat, étant
donné que le contrôle absolu de la production de lait au
Québec est remis entre les mains de l'UPA? Vous connaissez la guerre
actuelle qui s'engage entre les coopératives, d'une part, et l'UPA de
l'autre.
Une Voix: Je ne comprends pas.
M. Dubois: Vous ne comprenez pas cela?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, il n'y a aucun rapport entre
les deux. Il s'agit tout simplement d'une coopérative qui s'est
constituée avec des producteurs qui y ont adhéré. Je
comprends qu'à ce moment-là, il peut y avoir des gens qui ne
souhaitent pas la formation de cette coopérative, mais je ne suis pas
maître de la formation des coopératives. Je dois prendre les faits
tels qu'ils sont et tels qu'ils existent. Il y a 2000 producteurs qui y ont
adhéré. Parce qu'ils ont décidé d'adhérer
à une coopérative...
Des Voix: ...
M. Garon: Voulez-vous écouter?
Une Voix: Vous ne comprenez pas.
M. Garon: Vous m'avez posé une question.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Garon: Quand vous posez une question, j'y réponds.
Quand j'aurai fini, vous poserez d'autres questions. C'est ainsi que j'ai
été élevé.
Une Voix: On a été bien élevé.
M. Grenier: On a été élevé à
se taire, nous autres. Ma mère m'a dit de se taire quand on n'avait pas
de réponse.
M. Garon: II est évident qu'il peut y avoir des
divergences d'opinions dans le mouvement coopératif. Dans mon esprit,
quand 2000 personnes adhèrent à une coopérative et forment
une coopérative, le gouvernement doit prendre cela comme un fait, une
réalité, une donnée, et non pas comme une vue de l'esprit;
c'est une réalité. Je suis surpris d'entendre le
député de Huntingdon, qui se plaint toujours du monopole
coopératif, qui passe son temps à parler contre le monopole
coopératif...
M. Dubois: On tente de le détruire, ce n'est pas la
même chose.
M. Garon: ... poser des questions alors qu'une nouvelle
coopérative se forme. Voilà.
Le Président: M. le député de Sainte-Anne.
Problème à la commission scolaire de Verdun
M. Lacoste: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Education. A la suite d'un article paru aujourd'hui dans la
Presse de Montréal et qui se lisait comme suit: "Quand il y a douze
autos et un panier à salade à une assemblée de commission
scolaire, c'est sans doute que les choses vont mal. Il faut dire que le nom de
Dédé Desjardins était dans l'air hier soir à la
commission scolaire de Verdun". L'article continuait comme suit et je cite
toujours: "Hier soir, M. Roger Perreault, conseiller en relations
industrielles, et la firme de comptables Pétrie remettaient le rapport.
Il avait été engagé par M. Besner. Le commissaire Jocelyn
Giroux a fait ressortir, à l'aide du rapport de la commission Cliche,
que la firme Perreault n'était peut-être pas aussi fiable qu'on
aurait pu le souhaiter. Il a aussi dénoncé la relation de ce
dernier avec Dédé Desjardins".
J'ai aussi en main, M. le Président ma question s'adresse
toujours au ministre de l'Education un télégramme du
comité de parents de Verdun et je cite: "Nous réitérons
avec insistance notre demande d'enquête sur les agissements de la
commission scolaire de Verdun et nous vous demandons d'imposer la tutelle
à ce conseil des commissaires comme l'exigeaient les quelque 300 parents
et contribuables de Verdun ". Ma question au ministre est la suivante: Est-il
dans l'intention du ministre de l'Education d'intervenir à la Commission
des écoles catholiques de Verdun, tel que demandé par le
comité de parents de Verdun?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je remercie le
député de Sainte-Anne de soulever une question qui aurait pu
être soulevée également par le député de
Verdun. Les faits, tels que je les connais, sont les suivants. Il y a deux mois
environ, le directeur général de la commission scolaire de
Verdun, un M. Bouvier, a été suspendu à la suite
d'un certain nombre de plaintes. On disait, par exemple, que ses
rapports avec les cadres, avec les parents, avec les principaux étaient
mauvais et on se plaignait également d'absence de contrôle ou de
difficulté dans les contrôles de la gestion de cette commission
scolaire. Il semble bien que, sur le premier point, c'est-à-dire les
mauvais rapports avec les parents, les cadres, les principaux, on ait
aujourd'hui la preuve que ces sujets de plaintes n'étaient pas
fondés. (15 h 40)
II restait la question des contrôles sur laquelle une
enquête a été demandée par le président de la
commission scolaire, M. Besner. Je n'ai pas vu le rapport; il a
été déposé, paraît-il, devant la commission
scolaire de Verdun mardi soir. Avant de me prononcer sur le fond de cette
affaire où il existe quelques aspects scabreux, je voudrais lire le
rapport. Si, comme certains le laissent entendre, ce rapport n'est pas fiable,
je devrai peut-être, à mon tour, intervenir et déclencher
une enquête en vertu de l'article 13 de la Loi de l'instruction publique.
Mais nous n'en sommes pas encore tout à fait là; j'attendrai de
voir le rapport de cette firme d'enquêteurs dont on me dit, par ailleurs,
qu'elle aurait été mentionnée dans le rapport Cliche.
M. Shaw: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: M. le Président, le 26 août 1977, cette
Assemblée...
M. Garon: Me permettez-vous, monsieur? M. le Président,
une toute petite intervention. Je voudrais dire au ministre de l'Education, je
ne suis pas le président de la commission scolaire de Verdun, je sais
qu'il semblerait y avoir deux groupes. Je demande au ministre de l'Education si
réellement le dossier qui a été déposé hier
vers 22 h 30, au moment où il y a même eu une bataille
générale dans la salle, ce qui n'est pas la façon dont
certains commissaires doivent vivre, autant d'un bord que de l'autre... J'ai
vécu l'expérience et je pense que si une enquête a lieu, le
ministre de l'Education devrait la faire publique pour que les deux parties
puissent se justifier et qu'on donne justice aux gens de Verdun.
Le Président: M. le député de Verdun. Bon!
M. le ministre de l'Education.
M. Morin: M. le Président, je remercie tout de même
le député de Verdun de son intervention. Je voudrais souligner,
aussi bien au député de Verdun qu'au député de
Sainte-Anne, que le directeur général qui a été
congédié jouit de toute façon d'un droit d'appel. Donc,
nous allons voir ce que va révéler l'enquête qui,
normalement, devrait se dérouler à l'occasion de ce droit
d'appel. Si cela était insuffisant, je devrai effectivement organiser
une enquête en vertu de l'article 13 de la Loi de l'instruction publique
et, à ce moment-là, je puis rassurer le député de
Verdun, elle sera publique, sauf peut-être dans la mesure où
certains aspects scabreux dont il n'est pas question dans la presse, fort
heureusement, pourraient ternir la réputation de certaines
personnes.
Il pourrait donc y avoir, à cette occasion, le huis clos.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président: Je reconnaîtrai après M. le
député de Bellechasse.
Publicité dans les publications du Parti
québécois
M. Lavoie:... le 26 août 1977, cette Assemblée
adoptait la Loi régissant le financement des partis politiques et
modifiant la Loi électorale, le chapitre XI des Statuts de 1977. On sait
que cette loi surveille toutes les contributions, les dons en argent, les
activités des partis politiques; c'est une loi qui, je l'espère,
sera respectée par tous les partis politiques au Québec.
Depuis quelque temps et même depuis quelques mois, plusieurs
publications depuis un an, un an et demi circulent à
travers le Québec. Je ne dis pas dans tous les comtés, j'ai
quelques exemples ici. J'ai "Le Québécois" du comté de
Montmorency, M. le Président, qui est publié par l'Association du
Parti québécois du comté de Montmorency; j'ai ici "Le
Québécois de l'Est" où il est dit que c'est publié
par le Parti québécois dans plusieurs comtés de la
région est du Québec; j'ai ici "Le Québécois de
Laval" où il est dit: Journal du Parti québécois,
région de Laval, etc; nous avons le "Oui" de Papineau, qui est
publié par l'Association libérale du comté de
Papineau...
M. le Président, vous me pardonnerez ce lapsus; ce ne sera pas
long que le comté de Papineau dira oui au Parti libéral;
dès la prochaine élection.
M. le Président, je me demandais si je devais poser ma question
au ministre responsable de la réforme électorale, qui
était le parrain de ce projet de loi, mais je crois qu'elle s'adresse
plutôt au premier ministre, qui est le président du Parti
québécois, étant donné que toutes ces publications
émanent des instances du Parti québécois. On sait que la
loi 2 demande aux partis de faire rapport. On sait que lors de l'étude
de la loi 2 on a fait une lutte, du moins du côté du Parti
québécois, pour empêcher, prohiber toute contribution
électorale ou autres par les compagnies, par les personnes morales, par
les sociétés et autres. On voit par contre mon
préambule se termine ici, M. le Président à pleines
pages dans ces journaux de la publicité payée par des compagnies,
par des personnes morales. Dans le rapport soumis par le Parti
québécois, l'automne dernier, au directeur général
du financement des partis politiques, à ma connaissance, on n'a fait
aucun rapport de ces contributions de personnes mora-
les, de compagnies pour la publication de cette propagande du Parti
québécois à l'échelle du Québec.
On sait que le Parti québécois nous a parlé depuis
plusieurs années de la moralité, de l'honnêteté, de
la probité, de la moralité publique...
Une Voix: De la transparence.
M. Lavoie: ... du respect des lois, surtout des caisses
électorales occultes. M. le Président, ma question est la
suivante: Est-ce que le premier ministre, président du Parti
québécois, entend donner des instructions pour que ces pratiques
du moins qui me paraissent fort anormales cessent dans les meilleurs
délais ou si on préfère qu'il y ait des poursuites contre
les différentes instances du Parti québécois, poursuites
prévues par la loi 2, la Loi du financement des partis politiques.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, d'abord,
j'ai noté avec beaucoup de satisfaction qu'au moins dans un
comté, l'Association libérale voit la perspective d'avenir et
travaille pour le oui dans Papineau.
Je voudrais commencer ma réponse, qui va être brève
de toute façon, par une remarque qui heureusement se retrouve dans un
journal, mais malheureusement, d'autre part, qui ne se trouvait pas comme
précision dans les propos du leader non parlementaire du Parti
libéral qui a abordé le sujet ces jours-ci, parce que ces propos
étaient parfaitement injustes, d'après nos renseignements, pour
le directeur général du financement des partis politiques. C'est
vrai qu'il y a une question d'interprétation de la loi qui semble se
poser et c'est à lui de donner les directives. C'est pourquoi j'ai
trouvé aussi remarquablement injustes les propos du leader externe du
Parti libéral. Ce dernier évoquait le fait que le directeur
général du financement des partis, ce qui n'a jamais
été caché, a eu des activités partisanes du
côté du Parti québécois, mais on oubliait de dire
qu'il a des adjoints choisis par les deux partis reconnus de l'Opposition, M.
Sheehan par les Libéraux, M. Vincent...
M. Lamontagne: Ce n'était pas le vôtre. Il a fallu
en nommer d'autres, vous le savez. Il en coûte $100 000 aux
contribuables.
M. Lévesque (Taillon): Cela n'a rien à voir avec
cela.
M. Lamontagne: Pas de partisanerie.
M. Lévesque (Taillon): Cela n'a rien à voir avec la
question directe du député de Laval qui n'est pas obligé
de se préoccuper de la réputation des gens en fonction du respect
que doit avoir et que mérite, à notre avis, le directeur
général du financement des partis et ses adjoints. Il me semble
qu'il y a une brève rectification qui s'impo- sait. Or, sur cette
question, d'après les renseignements que j'ai obtenus rapidement et que
des journalistes ont aussi obtenus d'après un compte rendu du Soleil,
c'est le directeur général lui-même qui a abordé la
question. Il l'a proposée à la discussion du comité de
surveillance ou consultatif, à la suite de quoi, en dépit d'un
certain manque d'intérêt de certains des participants, une
étude a été commandée. Or, j'apprends que le
rapport qui pourrait être suivi de directives qui découleraient de
la loi, le cas échéant, est prêt. Donc, ni de près,
ni de loin, on ne peut accuser ni le directeur, ni en toute
équité ses adjoints qui ont été recommandés
par les deux partis reconnus, de ne pas avoir fait leur travail
là-dessus. Sur le fond de la question... (15 h 50)
M. Lavoie: Je pourrais peut-être demander de faire une
question de privilège. Question de privilège, M. le
Président. On m'accuse de ne pas avoir fait notre travail au
comité consultatif auquel j'appartiens, M. le Président. Je
voudrais, sans soulever de débat ne vous énervez pas,
même si cela vous énerve, ces irrégularités
je siège c'est ma question de privilège à ce
comité avec un représentant de l'Union Nationale, un
représentant du Parti national populaire et un représentant du
parti Les Démocrates. Cela fait l'objet de nos discussions depuis un an
au conseil consultatif, depuis le mois de mars 1978; au mois de novembre 1978,
lors de la dernière réunion du conseil consultatif, j'ai
personnellement demandé au directeur général et je
ne suis pas ici pour faire son procès, et je ne ferai pas son
procès...
Une Voix: Ce n'est pas loin.
M. Lavoie: ... M. le Président, nous avons demandé
verbalement au directeur général de nous donner son avis, son
interprétation; je le lui ai demandé, sans le bousculer, pour le
15 janvier, ce que je n'ai pas reçu. C'est la raison pour laquelle,
avant-hier, je lui ai reconfirmé par écrit nos
préoccupations qui datent d'un an sur cette question. Je n'ai pas eu cet
avis, cette interprétation depuis le 15 janvier, et c'est la lettre que
je lui ai fait parvenir, confirmant ma demande orale du mois de novembre pour
que nous ayons son avis. Mais même son avis et son interprétation
ne regardent pas l'application de la loi. On n'a pas besoin de l'avis du
directeur pour respecter la loi qui ne permet pas de telles contributions
indirectes, surtout de personnes morales.
Le Président: Très bien. M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): Pour ne pas faire un débat,
M. le Président, je ne relèverai pas la question de
privilège plutôt du genre plaidoyer pro domo du
député de Laval. Je dirai simplement peut-être qu'il
peut le nier que le directeur général du financement
je cite le Soleil d'aujourd'hui soutient qu'il a lui-même
soulevé cette question lors d'une des premières réunions
du comité consultatif. A l'époque, personne n'a sem-
blé intéressé. Ce n'est qu'en septembre dernier que
la question est revenue sur le tapis, et en novembre, le comité
consultatif chargeait un groupe de travail là, on rejoint le
député de Laval, mais on le rejoint tardivement, en novembre
dernier, 1978 et en novembre, le conseil consultatif chargeait un groupe
de travail de clarifier cette question.
Or, on apprend aussi et c'est peut-être à la suite
de la lettre de rappel du député de Laval, je n'en sais rien
que le rapport est prêt et que des directives pourraient
être émises.
Au moment où le député de Laval m'a interrompu,
j'allais dire quelques mots sur le fond de la question.
Une Voix: II est quasiment temps.
M. Lévesque (Taillon): Sous toutes réserves,
puisqu'il peut y avoir des directives. Quant à nous, il n'y a rien,
premièrement, d'illégal là-dedans. Si des gens des autres
partis veulent il n'y a rien d'illégal sous toute
réserve, si les gens des autres partis sont capables d'y mettre le
dévouement et les sacrifices qui semblent manquer de leur
côté pour essayer de maintenir on a une expérience
de dix ans de ce côté des journaux à
l'échelle locale ou régionale.
Des Voix:...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas d'hier et, à
moins qu'il ne soit éclairement établi que, peut-être, il
faut aussi établir cette frontière, cela va continuer, la raison
étant la suivante: Ce sont des bénévoles, à tous
les niveaux, qui travaillent là-dessus, qui vont percevoir des annonces,
ce qui ne les empêche pas d'être dans le trou, dans le noir
régulièrement; il n'y a absolument... Les bilans sont publics,
parce que, dans le Parti québécois, contrairement à
certaines contributions de quelques centaines de milliers de dollars plus ou
moins recelées qui traînent encore dans la caisse libérale,
il n'y a pas de fonds secrets.
Quand, au niveau local...
Des Voix: ...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): Quand, au niveau local ou
régional, des personnes bénévoles font des
démarches pour obtenir de la publicité pour des journaux à
distribuer, il s'agit d'un échange de services, il ne s'agit pas de
contributions cachées ou secrètes.
Troisièmement, je vais citer...
M. Pagé: ...
Le Président: M. le député de Portneuf, s'il
vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): Je vais citer au texte, pour qu'on
en tire un enseignement en face, les propos du leader non parlementaire du
Parti libéral, s'ils sont corrects: "Si c'est légal, disait-il,
je peux lancer un journal et aller chercher des annonces à droite et
à gauche". Si c'est légal, essayez donc de trouver des
bénévoles et faites donc l'effort de travailler un peu pour
répandre votre pensée. C'est peut-être utile, à
l'occasion.
Le Président: Dernière question la
période des questions est déjà écoulée
M. le chef de l'Opposition. M. le député de Bellechasse,
c'est malheureux. Je sais que vous aviez des questions importantes et je vous
redonnerai...
M. Goulet: M. le Président, si vous me le permettez, je
vous demande une directive. J'avais une question et une sous-question. Je vous
promets de couper cela au plus court. J'avais une question à poser au
premier ministre et je vous promets de la résumer, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, je peux reconnaître quelqu'un dans la mesure où le
temps n'est pas déjà écoulé. S'il y a question, je
vais autoriser le chef de l'Opposition à poser une question
additionnelle.
M. Levesque (Bonaventure): Ma question additionnelle s'adresse au
premier ministre et chef, en même temps, du Parti
québécois. Le premier ministre et son parti ont voulu que dans la
loi se trouve une disposition qui empêche, à l'avenir, les
compagnies, les maisons d'affaires, etc., de souscrire à des partis
politiques. Or, la question du député de Laval, je pense,
était juste et ne méritait pas ces éclats de la part du
premier ministre. Je pensais plutôt que dans sa tradition le premier
ministre aurait répondu qu'il allait faire cesser ces pratiques.
Des Voix: Question, question!
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le premier ministre a lu
ces journaux? Peut-être ne les a-t-il pas lus. A-t-il lu les annonces qui
viennent de fournisseurs bien connus du gouvernement, de sociétés
qui font affaires avec le gouvernement, de sociétés qui
reçoivent des contrats du gouvernement et qui financent les messages du
Parti québécois? Est-ce cela que le premier ministre veut voir se
perpétuer?
M. Lévesque (Taillon): Très rapidement, je vais
reprendre l'essentiel de ma réponse. Premièrement, si, dans
l'interprétation de la loi qui a été confiée au
directeur général du financement des partis politiques, ses
directives vont dans le sens des remarques du chef de l'Opposition, il est
évident qu'on se conformera. A notre avis, il n'y a absolument rien
d'illégal dans l'effort que fournissent des bénévoles qui,
dans tous les cas, tirent le diable par la queue pour essayer de maintenir
des
journaux depuis des années et non pas depuis deux ou trois mois
ou deux ou trois ans. Dans ce cas-là, si l'interprétation est que
c'est légal, comme nous savons qu'il n'y a pas un sou qui peut aller
nulle part ailleurs que pour des publications qui de toute façon sont
déficitaires à peu près sans exception, je ne vois pas de
quoi fouetter un chat dans tout cela.
Le Président: Fin de la période des questions. M.
Goulet: M. le Président...
Le Président: M. le député de Bellechasse,
je regrette, mais je vous donnerai préséance demain. Je vous
rappelle, M. le député de Bellechasse, qu'il faut prévoir
cela. Il y a eu quatre ou cinq questions additionnelles à une
première question du chef de l'Union Nationale. J'ai voulu les couper,
mais c'est comme ça!
Motions non annoncées.
Nous en sommes à l'enregistrement des noms sur les votes en
suspens.
Il y a déjà plusieurs votes en suspens, M. le leader
parlementaire du gouvernement. Il y a trois votes en suspens. Alors, nous
allons faire l'appel des députés pour procéder à
ces votes. Qu'on appelle les députés.
Suspension à 16 heures
Reprise à 16 h 10
Prise en considération du projet de loi no 84
(suite)
Mise aux voix des amendements et du rapport
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix des amendements
proposés par M. le député de Saint-Laurent au rapport de
la commission qui a étudié le projet de loi no 84, Loi modifiant
la Loi de l'assurance-maladie et d'autres dispositions législatives. Je
rappelle qu'il y a eu des amendements qui ont été proposés
par M. le député de Saint-Laurent et qu'il y en a d'autres qui
ont été proposés par M. le député de
Mégantic-Compton. Il faudra donc procéder à la mise aux
voix des amendements déposés par M. le député de
Saint-Laurent et ensuite de ceux proposés par M. le député
de Mégantic-Compton, pour finalement adopter le rapport. Je vous
demande, M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle, si vous
souhaitez que je lise tous les amendements qui ont été
proposés.
M. Lavoie: Dispense.
Le Président: Que ceux et celles qui sont en faveur des
amendements en bloc, il y en a six, apportés aux articles 34 et 35 de la
loi, proposés par M. le député de Saint-Laurent veuillent
bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Mailloux, Goldbloom, Larivière,
Ciaccia, Mme Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson, Blank, Caron,
O'Gallagher, Picotte, Scowen. Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Biron,
Bellemare, Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Dubois, Le Moignan, Cordeau,
Roy, Shaw.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre ces
amendements veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Cardinal, Burns, Bédard, Laurin, Morin (Sauvé),
Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Tremblay, Bérubé, Mme
Ouellette, M. O'Neill, Mme Cuerrier, MM. de Belleval, Joron, Mme Payette, MM.
Johnson, Proulx, Duhaime, Lessard, Lazure, Léger, Tardif, Garon,
Vaugeois, Martel, Paquette, Marcoux, Chevrette, Bertrand, Fallu, Michaud,
Rancourt, Laberge, Grégoire, Guay, Lefebvre, Laplante, Mme
Leblanc-Bantey, MM. Bisaillon, De Bellefeuille, Gendron, Mercier, Alfred,
Marquis, Gagnon, Ouellette, Gosselin, Clair, Brassard, Go-din, Lavigne,
Dussault, Boucher, Beauséjour, Desbiens, Bordeleau, Charbonneau, Gravel,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Lacoste, Jolivet.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent
s'abstenir veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 34 Contre: 65
Abstentions: 0
Le Président: Les amendements sont rejetés. Nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix des amendements
proposés par M. le député de Mégantic-Compton.
M. Bellemare: Le vote qui vient d'être pris pourrait
être le même vote.
M. Charron: Avec plaisir, M. le Président. Je remercie le
député.
Le Président: Y a-t-il consentement pour le même
vote?
M. Lavoie: D'accord.
Le Président: Les amendements sont également
rejetés par le même vote. Quant à la mise aux voix du
rapport, est-ce le même vote également?
M. Bellemare: Sur division, M. le Président.
Le Président: Adopté sur division. Nous en sommes
aux affaires du jour.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, avant de passer...
M. Bellemare: Le vote sur le projet de loi 110 n'a pas
été pris, je pense. Sur le dépôt.
M. Charron: Oui, c'est fait. M. Bellemare: Oui, c'est
vrai. Sur division.
M. Charron: Sur division, ce matin.
M. Bellemare: D'accord.
Questions inscrites au feuilleton
M. Charron: M. le Président, avant de passer aux affaires
du jour, je voudrais donner des réponses à des questions qui sont
au feuilleton. A la question no 2) de M. Grenier, j'ai pris connaissance de la
question et je lui réponds, M. le Président. Excusez-moi. On me
dit que je dois faire motion pour transformer cette réponse en
dépôt de document.
Le Président: La motion sera-t-elle adoptée? Des
Voix: Adopté.
M. Charron: Je dépose le document. La question no 10) de
M. Saindon, la réponse de M. Tardif.
M. Tardif: J'ai lu la question et j'y réponds, M. le
Président. (voir annexe)
M. Lavoie: Est-ce qu'on pourrait substituer le nom de M. Ryan au
nom de M. Saindon à la question no 10?
M. Charron: Voulez-vous qu'on conserve la réponse en
attendant?
Le Président: C'est de l'anticipation.
M. Charron: Je crois qu'on doit quand même répondre
à l'Opposition officielle, M. le Président...
Une Voix: C'est de la science-fiction.
M. Charron: ... malgré le départ du
député d'Argenteuil. C'est fait? A la question no 11), qui venait
aussi de M. Saindon, nous fournissons quand même la réponse
à l'Opposition, M. le Président, et celle-ci vient de M.
Lazure.
M. Lazure: M. le Président, j'ai lu la question et j'y ai
répondu. (voir annexe)
M. Charron: A la question no 21) de M. Brochu...
Une Voix: ...
M. Charron: Ce ne serait pas une mauvaise idée en ce qui
vous concerne. La question no 21) de M. Brochu. La réponse vient de M.
Joron, M. le Président.
M. Joron: J'ai lu la question, M. le Président, et j'y
réponds. (voir annexe)
M. Charron: La question no 22) de M. Ciaccia. Il n'a pas
démissionné, mais il est absent. La réponse vient de M.
Tremblay.
M. Tremblay: M. le Président, j'ai pris connaissance de la
question et j'y réponds. (voir annexe)
M. Charron: La question no 26) de M. Scowen. La réponse
vient aussi de M. Tremblay.
M. Tremblay: M. le Président, j'ai lu la question et j'y
réponds. (voir annexe)
M. Charron: La question no 27) de M. Sprin-gate. La
réponse vient de moi, M. le Président. J'ai lu sa question et je
lui réponds. (voir annexe)
La question no 31 de M. Verreault. La réponse vient de M.
Lessard.
M. Lessard: J'ai lu la question, M. le Président, et j'y
ai répondu. (voir annexe)
M. Charron: La question no 32) de M. Mail-loux. La réponse
vient aussi de M. Lessard.
M. Lessard: J'ai lu la question et j'y réponds, M. le
Président. (voir annexe)
M. Charron: La question no 35) de M. Pagé. La
réponse vient de M. Lazure.
M. Lazure: J'ai lu la question et j'y réponds, M. le
Président. (voir annexe)
M. Charron: La question no 37) de M. Sprin-gate. J'ai lu la
question et je lui réponds, M. le Président. (voir annexe)
Parmi les motions, à l'article 59, M. le Président, M.
Saindon aussi, le document sera déposé par M. Lazure.
M. Lazure: Document déposé, M. le Président.
Le Président: Document reçu.
M. Charron: La motion portant le numéro 82 au nom de Mme
Lavoie-Roux. Le document sera déposé par M. O'Neill.
M. O'Neill: J'ai lu la question, M. le Président. Voici la
réponse.
Le Président: Document reçu.
M. Charron: M. le Président, je voudrais également
donner une réponse additionnelle et même, dans un sens, corriger
une réponse qui a été déposée avant
l'ajournement des Fêtes de
cette session, qui avait été fournie par le premier
ministre en réponse à une question qui avait été
je crois à l'origine posée par le
député de Johnson, M. Bellemare. La réponse a
été déposée; je ne la retire pas. Comme document
sessionnel, elle porte le no 580, elle a été
déposée le 21 décembre. Non seulement le premier ministre
a tenu à la compléter, mais, dans un certain aspect, à la
corriger aussi, puisqu'elle s'adressait à plusieurs ministres à
la fois...
M. Bellemare: Est-ce que c'est la liste des nouveaux
employés, des nouveaux fonctionnaires?
M. Charron: Malheureusement, je n'ai pas le numéro de la
question. C'est pour cela que je ne peux vous répondre. C'est celle qui
concernait... En fait, on pourrait peut-être la retrouver dans le
feuilleton, M. le Président, mais c'est celle...
Une Voix: ... article de journal.
M. Charron: Oui, c'est cela. C'est parce que dans un...
M. Lamontagne: ... journal des Débats, cela.
M. Charron: ... article de journal, on faisait état que la
réponse était incomplète. Nous avons pris note de cette
réponse et nous la complétons. D'autre part, comme elle
s'adressait à plusieurs ministres, le ministre des Transports fournit
également sa réponse. C'est une question qui avait
été inscrite au feuilleton le 7 novembre par M. Bellemare. Elle a
reçu son début de réponse le 21 décembre. Je ne
crois pas qu'elle doive disparaître du feuilleton puisqu'elle s'adresse
à d'autres ministres. Donc, une autre semaine, on fournira
également d'autres réponses, mais voici celle d'aujourd'hui. M.
le Président, je dépose le document au nom du premier ministre.
(16 h 30)
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais d'abord
remercier le leader parlementaire des nombreuses réponses qu'il nous a
données aujourd'hui et qui répondent à des questions
remontant pour la plupart au 22 février de l'an passé. Je
comprends qu'il y a peut-être eu des recherches fort dispendieuses
à faire, mais il reste, au nom de M. Cordeau, la question no 1: "Pierre
Cloutier, avocat de Montréal, est-il à l'emploi du gouvernement
ou de l'un de ses organismes, ou agences? Oui ou non? Je ne sais pas si c'est
une grosse question qui demande bien des recherches, mais c'est la question no
1, du 22 février 1978. Je pense qu'on pourrait facilement trouver une
réponse demain ou d'ici la fin de la session.
Vous avez aussi la question de M. Le Moignan le 22 février.
Une Voix: Quel numéro?
M. Bellemare: Le no 3. Quel est le montant total des dettes
à long terme et à court terme que la province possède?
Cela concerne les commissions scolaires. Le ministre de l'Education, n'importe
quel sous-ministre a cela en main. On pense qu'on devrait donner cela. Il y a
des futilités qui devraient disparaître du feuilleton. Je crois
que, malgré tout ce que l'honorable leader a fait aujourd'hui pour
essayer de plaire à l'Opposition, il y en a d'autres, s'il y apportait
un soin méticuleux, auxquelles il pourrait trouver des réponses
assez facilement.
M. Charron: J'essaierai de les fournir au député
mercredi prochain.
Le Président: Merci, M. le leader parlementaire.
M. Lavoie: Je demanderais au leader d'apporter une attention
spéciale à certaines questions et à des motions qui ont
été faites depuis près d'un an, entre autres, le no 60 au
nom de M. Springate. Il y a des réponses qui n'entraînent aucune
recherche. On trouve cela vraiment incompréhensible qu'au bout d'un an
on n'ait pas les réponses demandées par les députés
à des questions qui sont au feuilleton depuis un an, près d'un
an, un an moins quinze jours.
M. Charron: J'en découvre une autre à l'instant que
je n'avais pas sur ma liste: la question no 24). C'est peut-être
celle-là que vous aviez à l'esprit. Le hasard fait bien les
choses. Une question de M. Mailloux et la réponse vient de M. Lessard.
Je fais motion pour que cette question soit transformée en
dépôt de document, M. le Président.
M. Bellemare: Cela arrive bien, la question de Nordair.
Le Président: Est-ce que la motion sera
adoptée?
M. Charron: Alors, je dépose le document, M. le
Président.
Affaires du jour, M. le Président? Travaux
parlementaires
M. Bisaillon: Une question en vertu de l'article 34, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Sainte-Marie,
en vertu de l'article 34.
M. Bisaillon: M. le Président, peu avant l'ajournement du
mois de décembre, la commission de l'Assemblée nationale
s'était réunie et, après une entente avec l'ensemble des
partis, il avait été convenu que la commission de
l'Assemblée nationale serait à nouveau convoquée pour
étudier les travaux d'un sous-comité que la commission avait
formé. Je voudrais savoir à quel moment la commission de
l'Assemblée nationale sera convoquée. On avait demandé que
cela se
fasse avant la prochaine session. Alors, à quel moment
entendez-vous convoquer la commission de l'Assemblée nationale?
Le Président: Est-ce que la question s'adresse à la
présidence, M. le député de Sainte-Marie?
M. Bisaillon: Est-ce que ce n'est pas la présidence, M. le
Président, qui convoque la commission?
Le Président: En vertu des dispositions de notre
règlement, seul le leader parlementaire du gouvernement peut convoquer
les commissions parlementaires.
M. Bisaillon: Alors, je lui adresse ma question.
Le Président: Je vous refile la question, M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Oui. Je prends note de la question. Je dois dire que
je l'avais oubliée, très honnêtement. Mais je me rappelle
très bien qu'effectivement il y avait eu entente à cet
égard. Je prends note de la question du député de
Sainte-Marie; j'essaierai de lui répondre avant la prorogation de cette
session. J'en profite pour indiquer que, quelle que soit la date de
clôture de cette session, la prorogation de cette session, cette semaine
ou la semaine prochaine, il restera quelques jours sans aucun doute avant que
nous soyons convoqués pour la session de 1979. A cet égard,
j'annonce tout de suite, parlant d'engagements pris, que nous sommes
disposés à nous acquitter d'un engagement pris en ce qui concerne
les séances d'une commission qui répond, d'ailleurs, à une
motion adoptée par l'Assemblée nationale. La commission du
travail et de la main-d'oeuvre se réunira donc pour faire le point et
probablement être mise au courant de certains projets de modifications au
règlement de placement dans l'industrie de la construction le 20 et le
21 février ce sont les deux journées qui ont
été réservées au salon rouge, aux heures
régulières évidemment que prévoit notre
règlement pour cette session. J'en donne avis à
l'Assemblée, M. le Président.
M. Bellemare: Qu'on nous avertisse...
M. Lavoie: En vertu de l'article 34, M. le Président.
Le Président: Oui, M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle. Je voudrais juste apporter un éclaircissement
à M. le député de Sainte-Marie. C'est que je n'avais pas
oublié que la commission de l'Assemblée nationale devait
être convoquée, sauf que, si ma mémoire est fidèle,
elle devait être convoquée autour du 6, 7 ou 8 février,
parce qu'au moment où il avait été question de reconvoquer
la commission de l'Assemblée nationale on ne savait pas que
l'Assemblée elle-même devrait siéger à ce
moment-ci.
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: En vertu de l'article 34, j'aurais une question au
leader parlementaire du gouvernement. Depuis quelques jours, des consultations
et des demandes ont été adressées, je crois, aux
différents partis politiques et également au gouvernement pour
que, par exception, un projet de loi privé puisse être
adopté durant cette courte partie de la session; c'est une demande faite
par la Banque Provinciale et par Bell Canada pour qu'on adopte un projet qui
faciliterait ou accélérerait un projet de l'ordre de $100
millions pour un siège social à Montréal. En ce qui
concerne, je crois que nous allons donner notre consentement parce qu'on sait
que des projets d'une telle envergure sont plutôt rares dans la
région métropolitaine.
On sait que la construction n'est pas trop active, depuis un certain
temps à Montréal, et surtout pour un projet de $100 millions,
surtout avec le taux de chômage que nous avons. Nous donnons notre
consentement pour que ce projet de loi mineur, qui permet de ratifier les
titres de propriété, puisse être adopté d'ici la
semaine prochaine.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Nous avons fait aussi un peu de "lobbying", quant
à ce projet. Nous avons rencontré MM. Claude Duhamel et Michel
Bélanger, mon ancien sous-ministre, qui nous a donné des raisons
fort valables. Je leur ai dit que si le gouvernement voulait l'accepter, lors
d'une des dernières séances de l'Assemblée nationale, nous
n'aurions absolument aucune objection à ce que ce projet de loi soit
adopté. Mais j'ai aussi répondu qu'il y a, à Aima, la
Caisse d'entraide économique qui, elle aussi, a un bill qui est
déjà imprimé, qui est déjà ici depuis un
certain temps, qui a absolument besoin d'un bill privé pour
procéder à l'érection d'un complexe à Aima. Je leur
ai dit que si on acceptait celui de Bell Canada, nous serions aussi
disposés à étudier celui de la Caisse d'entraide
économique.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Je suis très heureux de cette réponse
d'avance qui nous est fournie cette fois officiellement par les leaders.
Demain, puisque nous devons nous réunir pour prendre note de leurs
souhaits quant au règlement de 1979, j'avais l'intention de leur en
toucher un mot. Je puis leur mentionner tout de suite qu'ils ne sont pas les
seuls non plus. Le député de Johnson vient d'évoquer le
cas d'Alma. Je pense que je peux évoquer le cas de la capitale
régionale de l'Outaouais où un projet très important est
aussi en construction dans cette région. Il y a beaucoup de projets
importants en construction qui nécessitent à plusieurs endroits
des bills privés. Je puis dire que depuis que j'ai remis les pieds dans
cette enceinte, M. le Président, j'ai été très
sollicité: puisque nous sommes réunis pour quelques jours,
pourquoi ne pas passer cette loi-ci, pourquoi ne pas passer
celle-là. Les petites vites s'annoncent les unes après les
autres, M. le Président, et j'ai eu une seule attitude jusqu'ici. J'ai
dit à la plupart, je pourrais presque dire, même à chacun
de ceux qui ont sollicité pareil consentement du gouvernement, que non
seulement je les assurais du consentement du gouvernement, mais que
c'était conditionnel à une acceptation rapide qui nous serait
assurée de la part de l'Opposition. Je les ai invités, ces
groupes ont l'habitude, ils connaissent les couloirs de cet édifice, M.
le Président, à se diriger vers l'Opposition pour que, si c'est
comme le cas pour la ville de Montréal, on puisse être
assuré d'une adoption rapide; je n'aurai pas d'objection. Mais s'ils
reviennent en me disant que tel groupe ou tel groupe de parlementaires ont
l'intention d'étirer le débat et ont l'intention de prolonger la
session, je devrai malheureusement vous informer que ce sera remis à
celle de 1979.
M. Lamontagne: M. le Président...
Le Président: M. le député de Roberval.
M. Lamontagne: ... concernant la Fédération des
caisses d'entraide économique, je vois malheureusement que notre
collègue, le député de Johnson, a peut-être un peu
induit la Chambre en erreur. Dans le cas de la Fédération des
caisses d'entraide économique, il ne s'agit pas de la construction d'un
immeuble à Alma. Il s'agit d'un projet de loi privé faisant suite
à l'acquisition de la Société nationale de fiducie. Ce
n'est pas un immeuble cela, la Société nationale de fiducie, et
dans ce cas précis, évidemment, nous ne connaissons pas la teneur
de ce projet de loi. (16 h 30)
Nous avons rencontré le député d'Outremont,
le chef parlementaire et moi-même le président, M. Jacques
Gagnon, mais nous avons besoin de connaître ce projet de loi; en
principe, nous serions extrêmement disposés à l'adopter
rapidement dans le cadre de nos travaux. Mais en même temps, au nom de
mon collègue et voisin, le député de Montmagny-L'Islet, il
y a une loi qu'on adopterait en deux secondes. Vous le savez?
M. Charron: II ne faudait pas que cela revire en un encan. Je
connais tout cela et je ferai ce que je pourrai et ce qu'on ne pourra pas
faire, on le fera une autre fois.
M. Lamontagne: Le projet de loi no 116 étant
lui-même responsable, cela ferait gagner peut-être du temps de
notre côté sur le projet de loi no 116.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je voudrais
simplement rappeler à l'attention du leader parlementaire du
gouvernement que nous sommes pleinement d'accord sur son approche relativement
à ces projets de loi privés, particulièrement en ce qui
concerne le temps que nous avons à notre disposition au cours de la
présente session. Je suis pleinement d'accord avec lui et j'en ai fait
part à ceux qui m'en ont parlé.
Cependant, lorsque le leader parlementaire du gouvernement parle de
petite vite, je voudrais également lui rappeler que j'ai dit à
nos interlocuteurs que nous n'accepterions jamais, même si tout
paraît très bien, de procéder à l'adoption d'un
projet de loi si les avis n'ont pas été donnés et que la
population n'a pas eu l'occasion de se faire entendre, au cas, justement,
où il y aurait des intérêts affectés par la
présentation de ces projets de loi.
M. Charron: M. le Président, je comprends très bien
le bien-fondé de la position du chef de l'Opposition mais je voudrais la
préciser. Est-ce à dire que si jamais une de ces lois, que ce
soit celle qui concerne Montréal qui est au nom du député
de Saint-Louis, ou celle dont a parlé le député de
Johnson, ou encore celle que Mme le ministre des Travaux publics soumettrait ou
au sujet de laquelle elle insiste fortement à mon bureau pour qu'elle
soit soumise, enfin, n'importe laquelle, devait comporter une exception aux
règles de pratique de l'Assemblée, je n'aurais pas le
consentement de l'Opposition?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je tiens
à dire que nous avons dans le passé, et
régulièrement, accepté certaines dérogations aux
règles de pratique, mais nous avons toujours eu l'assurance du leader
parlementaire du gouvernement, à ce moment, que les
intéressés avaient été amplement informés et
que l'intérêt public n'était pas en danger. Nous allons
conserver la même approche.
M. Charron: M. le Président, j'ai une idée, en tout
cas, que je peux soumettre tout de suite, c'est de retarder le reste de cette
discussion à la réunion des leaders demain après-midi.
Comme je crois qu'il est maintenant à peu près inévitable
que nous allons revenir à nouveau la semaine prochaine, à moins
d'un consentement pour siéger vendredi, nous allons plutôt, lors
de cette discussion, évoquer la possibilité d'inviter rapidement
chacune des personnes intéressées à ces différents
projets de loi à se présenter en commission parlementaire, l'une
à la suite de l'autre, au tout début de la semaine prochaine, si
cela devait être l'accord demain. Mais gardons plutôt cette cuisine
pour demain lorsque nous serons en réunion.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président, Suite à ce qui a
été dit par mes autres collègues, je voudrais bien
déclarer qu'il ne s'agit pas de donner le feu vert pour procéder
aveuglément. Mais je voudrais assurer au leader du gouvernement ma
collaboration. Dans toute la mesure du possible, je ne ferai obstacle d'aucune
façon pour ces projets de loi prives qui sont d'intérêt
public quand même, par exemple le projet de loi relativement à la
construction d'un édifice à Montréal auquel on a fait
allusion tout à l'heure. Je veux l'assurer de ma
collaboration, et aussi pour ce qui a trait au projet de loi des caisses
d'entraide économique. Je ne connais pas le contenu du projet de loi; je
me réserve le droit de l'examiner mais je ne ferai pas obstacle, en ce
qui me concerne. Je ne mettrai pas un veto, parce que cela va prendre quand
même le consentement unanime des députés de
l'Assemblée nationale pour qu'on puisse procéder, parce que
j'estime que c'est important.
M. Bellemare: M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Je veux juste corriger mon erreur de tout à
l'heure quand j'ai dit que c'était une construction à Alma; ce
n'est pas vrai, c'est que la caisse d'entraide économique a
acheté de la Société Saint-Jean-Baptiste à
Montréal une fiducie et c'est libérer les titres avec la
Société Saint-Jean-Baptiste dont il serait question dans le
projet de loi privé.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: J'aimerais demander au leader s'il y a
possibilité que la commission déjà annoncée sur le
projet de loi no 125, Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, siège
avant la reprise de la nouvelle session qu'on prévoit autour du 6 mars
ou si ce ne sera qu'après.
M. Charron: Ce ne sera qu'après. M. Gratton:
Merci.
M. Bellemare: On a reçu un avis voulant que le projet de
loi no 107 serait appelé devant la commission parlementaire des affaires
municipales le 21 février. Doit-on comprendre qu'il y a eu des
changements?
M. Charron: Je n'en donnerai pas un avis formel, c'est
retardé, ce ne sera pas avant le 7 mars. Je ne sais pas si ce sera le 7
mars même, mais ce ne sera pas avant le 7.
Le Président: J'appelle maintenant la motion
présentée par M. le député de D'Arcy McGee à
savoir "que cette Assemblée est d'avis que la commission permanente des
affaires sociales se réunisse dans les meilleurs délais pour
étudier les conséquences pour les familles avec enfants à
charge de la décision du gouvernement de suspendre à leur
égard l'indexation des prestations d'aide sociale".
M. le député de D'Arcy McGee, vous avez maintenant la
parole.
M. Goldbloom: M. le Président, compte tenu de
l'incertitude inévitable qui plane sur notre calendrier, j'aimerais
suggérer, j'aimerais solliciter le consentement de la Chambre pour que
cette motion soit débattue en cette seule journée et que nous
prenions le vote à 18 heures.
M. Charron: Non, M. le Président. Je crois qu'il est plus
que loisible, maintenant, de penser que nous serons encore ici mercredi
prochain; alors, je crois que le débat se poursuivra mercredi prochain
et le vote se prendra à ce moment-là.
M. Goldbloom: Bon, très bien, M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): J'espère qu'il ne s'agit pas
je ne veux pas, évidemment, attaquer les motifs très
dignes de mon collègue d'en face d'un faux-fuyant pour
éviter de se prononcer sur cette motion. Le leader parlementaire du
gouvernement, s'il était sérieux tout à l'heure, a
mentionné une possibilité que la Chambre puisse siéger
vendredi avec un accord, un consentement, de sorte que la présente
session se terminerait bien avant mercredi prochain. A ce moment-là, la
Chambre n'aurait pas l'occasion de se prononcer sur la motion du
député de D'Arcy McGee. A moins d'avoir une assurance de la part
du gouvernement qu'il va nous tenir ici jusqu'à mercredi et que nous
aurons l'occasion d'avoir un vote sur cette motion, je crois beaucoup plus
prudent et dans l'économie de notre règlement de procéder
dès aujourd'hui au vote sur cette motion quitte, ensuite, si nous sommes
encore ici mercredi, à ce que la formation de l'Union Nationale
présente une autre motion. Je pense qu'à ce moment-là nos
droits seraient protégés.
M. Bellemare: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, je voudrais tout de suite...
M. Bellemare:... ce n'est pas le rôle du leader du
gouvernement de nous imposer...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, s'il vous plaît! Il y a des précédents. C'est
tout à fait normal et je crois que c'est conforme à la
règle de droit qu'on puisse renoncer à un mercredi, mais il
faudrait le faire immédiatement. Si vous renoncez à l'autre
mercredi, à ce moment-là, il appartiendra à la
présidence de donner le mercredi à une autre formation politique,
cela va de soi, mais il faut que le renoncement ait lieu immédiatement
parce que la présidence ne peut pas présumer que nous ne
siégerons pas la semaine prochaine.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai fait la proposition,
nous renonçons au deuxième mercredi.
M. Charron: Mais qu'arrive-t-il si d'autres députés
veulent intervenir passé 18 heures ce soir?
M. Levesque (Bonaventure): II y en a plusieurs qui ne peuvent pas
le faire...
M. Charron: C'est à la fin du deuxième que le vote
s'applique.
M. Levesque (Bonaventure): ... et on aurait besoin quelques fois
de trois ou quatre mercredis, on aurait besoin de cinq ou six mercredis.
M. Charron: Oui, mais c'est après deux.
Le Président: Je vous dis tout de suite que
généralement cela intervient après un consentement. Il y a
des précédents où il y avait consentement. Cela s'est fait
à l'occasion où une formation politique donnait son mercredi
à une autre formation politique. Cela supposait un consentement, alors
j'espère qu'il y a un consentement qui va se dégager. (16 h
40)
M. Charron: M. le Président, je voudrais que le
règlement soit respecté. Je veux juste dire que, si vers 17 h 45
ce soir ou n'importe quand en cours de séance il n'y a plus d'opinants,
nous n'aurons absolument pas d'objection à voter aujourd'hui. Mais, s'il
y en a encore, je ne peux pas interdire aux gens de parler non plus.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
règlement. Le mercredi, c'est la journée des
députés et en conséquence, l'économie de notre
règlement nous permet de présenter et de voir à ce qu'on
dispose des motions en temps utile. Il nous apparaît à tous qu'il
n'est pas sûr que nous puissions, mercredi prochain, disposer de cette
motion d'une façon régulière.
Le Président: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, sur la même question
soulevée par le chef du Parti libéral, le mercredi, selon ses
propres affirmations, est la journée des députés. J'ai
toujours compris que tous les députés, dans ce sens-là,
étaient placés sur un pied d'égalité et, donc, que
les députés de cette Chambre ont tous ou devraient tous avoir la
possibilité d'intervenir sur cette question. La question inscrite au
feuilleton par le député aujourd'hui est importante pour chacun
des députés. Il y en a plusieurs de notre côté qui
veulent parler sur cette motion et j'ai l'impression que, là, on essaie
de noyer le poisson et de nous empêcher de dire ce que nous avons
à dire.
Motion relative aux conséquences de
l'indexation des prestations d'aide sociale
Le Président: M. le député de Sainte-Marie,
M. le député de Richmond, je ne voudrais pas faire perdre
inutilement le temps de cette Chambre, d'autant plus que je vous rappelle les
dispositions très claires de l'article 91. Il faut un consentement.
Puisque l'article 91 dit que le vote est pris à la fin du débat,
tant qu'il y a débat, à moins qu'il n'y ait consentement pour
mettre un terme au débat, il est évident que le vote ne peut
être pris qu'à la fin du débat et la fin du débat ne
peut intervenir que le deuxième mercredi, mais, quand c'est fait, c'est
toujours à l'occasion d'un consentement. C'est pour cela que je dis que,
s'il n'y a pas de consentement, M. le député de D'Arcy McGee, je
vais vous inviter à prendre la parole et à utiliser votre
temps.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: II y a en anglais une vieille expression et
même une chanson, "What a difference a day makes". M. le
Président, le 22 janvier de cette année, dans le journal La
Presse, la journaliste Lily Tasso écrivait ce que je cite: "C'est le
gouvernement du Québec qui, jusqu'ici, s'est montré le plus
généreux, peut-être le plus avant-gardiste aussi dans sa
façon de célébrer l'Année internationale de
l'enfant". 24 heures plus tard, M. le Président, le Réseau
d'action et d'information pour les femmes a adressé un
télégramme au premier ministre, télégramme dont une
phrase est citée dans un article du Soleil paru le lendemain: "Nous
n'aurions jamais cru le Parti québécois capable d'une telle
bassesse en cette Année internationale de l'enfant".
Deux jours après l'envoi du télégramme nous
sommes rendus au 25 janvier le Centre d'information communautaire, dont
le siège social est dans l'Est de Montréal, a adressé aux
membres de l'Assemblée nationale un texte. Je fais lecture de la lettre
de transmission: "Nous vous demandons de nous appuyer dans nos démarches
auprès du premier ministre du Québec pour qu'il retire
l'arrêté en conseil no 3909-78 qui suspend l'indexation des
prestations d'aide sociale. Vous remarquerez dans les feuilles suivantes les
explications qui démontrent que cette décision malheureuse du
Conseil des ministres appauvrit les plus démunis en comparaison avec les
autres citoyens. Notre action n'est pas politisée, mais plutôt
humanitaire, à l'occasion de l'Année internationale de l'enfant.
"
Cette dernière phrase a son importance, M. le Président,
parce que ce Centre d'information communautaire est présidé
effectivement par un ancien membre de cette Chambre, un des plus
dévoués et consciencieux pendant qu'il a siégé pour
le comté de Sainte-Marie, M. Jean-Claude Malé-part.
Aujourd'hui, le 7 février, on apprend par le journal Le Devoir:
"Forte de son prestige et de sa notoriété dans les
communautés paroissiales, mais peu encline jusqu'ici à se
mêler des débats politiques, la Société de
Saint-Vincent-de-Paul de Montréal n'en vient pas moins de prier le
gouvernement du Québec de reconsidérer sa décision de
réduire l'indexation des prestations d'aide sociale". Et enfin, M. le
Président, je remonte au 19 janvier, et dans le Soleil, un article de
Roger Bellefeuille est intitulé: "Quand deux plus deux égale
zéro."
M. le Président, il s'agit d'un problème délicat.
Il y a des groupes dans la société sur le dos desquels on ne doit
pas faire de démagogie. Il s'agit des chômeurs. Il s'agit des
assistés sociaux. Ce n'est point mon intention d'en faire. Mais
traçons l'historique de la situation à laquelle nous faisons face
aujourd'hui, à laquelle font face aujourd'hui les assistés
sociaux qui ont des enfants à charge.
C'est au mois de septembre il y a bientôt cinq mois
que le gouvernement du Canada a annoncé son intention d'accorder, par
une espèce
de mécanisme d'impôt négatif, de crédit
d'impôt, un montant de $200 par enfant aux citoyens canadiens. C'est au
mois d'octobre, puisque la réponse du gouvernement du Québec
était incertaine et que des inquiétudes se manifestaient parmi
les bénéficiaires de l'aide sociale, que j'ai posé des
questions ici à l'Assemblée nationale. Je me permets de citer la
question que j'ai posée le 31 octobre. Elle se trouve à la page
3367 du journal des Débats. Je l'adressais évidemment au ministre
des Affaires sociales. La voici: "Le gouvernement du Canada, dans un
régime d'impôt négatif, remettra aux familles $200 par
enfant, un peu moins avec un ajustement des allocations familiales.
Mes questions sont les suivantes. Premier volet: Ce montant additionnel
sera-t-il traité comme du revenu additionnel, oui ou non?
Deuxième volet: Une famille peut accumuler dans un compte
d'épargne jusqu'à $2500 sans perdre son droit aux allocations
sociales; si le versement par le gouvernement fédéral en une
seule somme du montant en question fait dépasser le maximum, la famille
sera-t-elle pénalisée? Troisième volet: Ce montant en
banque ne peut dépasser $400 ou la famille n'est plus admissible au
régime des besoins spéciaux, les lunettes, les prothèses
dentaires, les frais de déménagement; la même question
s'applique dans ce cas. Quatrième volet: L'échelle des
allocations sociales sera augmentée le 1er janvier pour tenir compte du
coût de la vie; l'augmentation sera-t-elle inférieure à
celle du coût de la vie à cause de ce régime
fédéral? Finalement, le ministre a-t-il l'intention d'annoncer
prochainement sa décision sur les questions que je viens de poser, et
donnera-t-il des directives pour que chaque bureau et chaque agent de l'aide
sociale en fassent la même interprétation et la même
application dans le champ?"
M. le Président, je vous rappelle que le 8 décembre, j'ai
soulevé de nouveau le même problème, cette fois en
interpellant le ministre des Finances qui défendait ce jour-là un
budget supplémentaire. La réponse du ministre des Finances n'a
pas été plus précise que celle de son collègue des
Affaires sociales, le 31 octobre. Le ministre des Finances a dit, c'est
intéressant ce que souligne le député de D'Arcy McGee,
mais il ne faut pas oublier que le gouvernement a fait beaucoup pour les autres
gens qui ne jouissent pas de tous les avantages qu'une société
moderne peut leur offrir; ce sont ceux qui sont régis par le salaire
minimum. Ce qui n'était pas du tout une réponse au
problème que j'ai présenté. (16 h 50)
M. le Président, on constate aujourd'hui je le dis par
rapport à la nature du problème et pas pour me vanter la
pertinence des questions que je posais le 31 octobre. Effectivement, le
gouvernement du Québec est allé chercher l'argent mis à la
disposition des familles pour le bien de leurs enfants et en a profité,
a fait indirectement ce qu'il ne pouvait faire directement.
On constate aussi que l'augmentation, l'indexation des prestations
d'aide sociale pour les familles en question, celles qui ont des enfants
à charge il n'en est pas de même pour les personnes
âgées et pour les familles qui n'ont pas d'enfants à charge
est effectivement inférieure à l'augmentation du
coût de la vie. L'inflation a été calculée à
9,2% pour 1978, et encore il faut faire la ventilation de ce chiffre parce que,
quand on calcule l'inflation, on prend un nombre considérable de
facteurs. Prenons-en deux. Le coût d'achat d'une automobile n'a pas
augmenté de 9% en 1978; l'augmentation a été
inférieure à ce chiffre. Par contre, la nourriture a
augmenté de 15% et, quand on regarde le cas des familles
d'assistés sociaux avec des enfants à charge, on peut
raisonnablement croire que ces familles n'achèteront pas d'automobile,
mais achèteront de la nourriture. Encore là, si l'on avait
accordé 9,2% d'indexation, on aurait pénalisé les
assistés sociaux par rapport au coût de la nourriture, sans
oublier le fait que l'ajustement se fait par rapport à l'année
précédente et en cours d'année il y a de nouveau des
augmentations qui sont subies par les personnes en question.
M. le Président, quand on regarde ce qu'ont fait les autres
provinces par rapport à ce programme lancé par le gouvernement
fédéral, on voit que cinq d'entre elles, Terre-Neuve,
Nouvelle-Ecosse, Nouveau-Brunswick, Ontario et Alberta, ont donné leur
engagement que les montants additionnels ne seraient pas calculés comme
revenu en évaluant les besoins et les moyens des familles en question.
Trois autres provinces, la Saskatchewan, la Colombie-Britannique et
l'Ile-du-Prince-Edouard, ont donné l'engagement, par la voix du ministre
concerné, que telle serait la recommandation faite à leur Conseil
des ministres. Seules deux provinces n ont pas donné de réponse:
le Manitoba il y a lieu de croire que le Manitoba suivra les autres
et le Québec.
M. le Président, j'ai dit que je n'avais pas l'intention de faire
de la démagogie sur le dos des assistés sociaux, mais je ne peux
m'empêcher de dire ici en cette Chambre qu'il y a de la politique qui se
fait avec les montants en question et que cette politique se fait sur le dos
des familles avec des enfants à charge. Effectivement, je dis que ce
gouvernement a pris pour ces personnes, pour ces enfants, une décision,
une décision qu'il devait leur permettre de prendre collectivement par
le truchement d'un référendum dont la date n'est pas encore
fixée. Le référendum n'a pas eu lieu et le gouvernement a
décidé que les enfants en question ne sont plus des Canadiens.
Dans les autres cas, l'indexation a été de 9%, mais pas dans le
cas des enfants en question.
Si l'on regarde l'effet de la décision du gouvernement sur les
familles en question, on peut faire des calculs et on peut faire, avec ces
calculs, des comparaisons. Prenons, par exemple, une famille composée
d'un adulte et de trois enfants. L'an dernier, cette famille recevait $401 par
mois en prestations d'aide sociale. Si l'on avait ajouté à ce
montant de $401 une indexation de 9%, on aurait donné à cette
famille, cette année, à partir du 1er janvier, $437. Mais ce que
fait le gouvernement par rapport au geste posé par le gouver-
nement fédéral a pour résultat de ne donner
à cette famille que $414. C'est un manque à gagner de $23 par
mois, $277 par année, par comparaison avec ce que l'indexation aurait
dû donner.
Prenons une famille de deux adultes et trois enfants. Les chiffres sont
essentiellement les mêmes: $23 par mois de manque à gagner, $278
par année. La famille d'un adulte et un enfant: un manque à
gagner de $12 par mois, $146 par année. M. le Président, quand on
ajoute à cela le fait que les familles en question recevront leur
chèque du gouvernement fédéral au mois de mars et qu'il y
aura donc trois mois de l'année pendant lesquels le montant de $200 par
enfant ne leur sera même pas versé, et si l'on tient compte du
fait qu'en Colombie-Britannique, par exemple, on donne, pour les trois premiers
mois de l'année, $8 par mois par enfant pour compenser ce fait, tout en
acceptant intégralement le programme fédéral, il y a lieu
de se poser de sérieuses questions sur la politique d'aide sociale de ce
gouvernement.
M. le Président, quand on ajoute à cela le fait que le
versement je l'ai souligné le 31 octobre, donc je ne prends pas
le gouvernement par surprise sera payé en une seule somme, par un
seul chèque, et que le gouvernement n'a pas encore, à ma
connaissance, donné sa réponse aux questions que j'ai
posées, à savoir si cela fait dépasser le maximum permis
dans un compte de banque, si cela fait dépasser le maximum de revenus
permissibles pour que la famille soit admissible au régime des besoins
spéciaux que j'ai énumérés dans ma question du 31
octobre, qu'est-ce qui va arriver? Ces familles seront-elles
pénalisées? Elles le sont déjà par le régime
instauré par le gouvernement. Seront-elles pénalisées
davantage? Nous n'avons pas de réponse, M. le Président, mais il
y a des familles, des dizaines de milliers de familles au Québec qui
attendent la réponse avec anxiété.
M. le Président, ajoutons à cela le fait que le
gouvernement va clairement profiter de cette situation. Certaines personnes ont
calculé le gain global pour le budget du Québec à un
chiffre autour de $17 millions. M. le Président, nous sommes dans une
situation où même l'échelle actuelle d'aide sociale ne
permet pas aux familles en question de vivre décemment, de vivre comme
peuvent vivre ceux qui travaillent. Quand on donne l'indexation, M. le
Président, on maintient le rapport entre l'échelle et le
coût de la vie. On n'augmente pas le pouvoir d'achat des familles en
question. (17 heures)
Si le gouvernement dispose de $17 millions de plus à même
un programme fédéral conçu pour aider les familles
d'assistés sociaux avec des enfants à charge, pourquoi
n'utilise-t-il pas ce montant pour augmenter toute l'échelle et
permettre à ces familles d'avoir un pouvoir d'achat accru?
Il y a une question corollaire, M. le Président. On pourra me
dire que c'est $15 millions, on pourra me dire que c'est $20 millions. Prenons
pour les fins de la discussion un chiffre de $17 millions; il y aura un gain
pour le gouvernement du Québec. Si ce montant n'est pas utilisé
pour augmenter l'échelle des prestations d'aide sociale, à
quelles fins seront utilisés les $17 millions en question? M. le
Président, je reviens à ce que je disais au ministre des Finances
le 8 décembre. Si ce montant n'est pas utilisé pour le
bénéfice des assistés sociaux, c'est faire indirectement
ce que l'on n'a pas le droit de faire directement, à part la
considération sociale qui me paraîtrait honteuse si cet argent
était utilisé à d'autres fins.
Je termine, M. le Président, en parlant d'une autre
considération. Nous avons subi en 1977 je ne connais pas encore
les chiffres pour 1978, mais je n'ai pas l'impression qu'ils seront plus
encourageants que ceux de 1977 une perte nette de population. Un des
facteurs importants derrière cette perte nette, c'est notre faible taux
de natalité. M. le Président, on me dira avec raison que ce n'est
pas pour $200 que des parents vont choisir de donner naissance à un
enfant. Je suis d'accord. Mais quand on traite ainsi des familles avec des
enfants à charge, ce n'est pas ce que l'on peut appeler une politique de
natalité pour le Québec. M. le Président, nous avons
besoin de nos ressources humaines. Nous avons besoin de ressources humaines
d'avenir et, puisque notre taux de natalité est faible depuis un certain
temps, que notre taux d'immigration ne suffit pas et notamment que notre taux
de migration qui nous vient des autres provinces n'est pas suffisant pour nous
permettre de maintenir le niveau actuel de notre population, le problème
démographique est sérieux.
M. le Président, voici une situation où le gouvernement du
Québec, élu avec la promesse de n'agir que comme un bon
gouvernement provincial en attendant une décision collective par moyen
d'un référendum, aurait pu faire des enfants en question des
citoyens canadiens à part entière. Il a choisi de ne pas le
faire. A lui de se justifier devant l'opinion publique, mais, M. le
Président, à mon sens, c'est une bien piètre façon
de commencer la célébration de l'Année internationale de
l'enfant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Vice-Président: Un instant. Vous savez tous que
l'article 91 et que celui qui le suit, 92, évidemment, s'appliquent.
J'ai déjà indiqué dans deux ou trois décisions
déjà rendues que, comme il y a débat, j'alternais entre
les "débattants". A moins que ce ne soit une question de
règlement ou de privilège, je reconnaîtrai M. le ministre
des Affaires sociales qui a été celui qui aurait
été attaqué.
M. le ministre.
M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, je vous remercie. Je veux,
avant d'aborder mes remarques, attirer l'attention de cette Assemblée
sur une inexactitude dans la formulation de la motion du député
de D'Arcy McGee, lorsqu'il dit, vers la fin de sa
motion, "pour les familles avec enfants à charge, de la
décision du gouvernement de suspendre à leur égard
l'indexation des prestations d'aide sociale." Le gouvernement n'a pas suspendu
l'indexation des prestations d'aide sociale, et je vais tantôt le
démontrer.
M. le Président, ce que nous discutons aujourd'hui résulte
essentiellement de décisions intempestives prises par le gouvernement
fédéral, ce qu'on a convenu d'appeler des mesures
Chrétien, vers la fin du mois d'août 1978. Avec l'intention
apparente de réduire les dépenses du gouvernement
fédéral, ce gouvernement a alors annoncé certaines
réductions, telles que, par exemple, la réduction de 22% sur les
allocations fédérales aux enfants.
Ce gouvernement annonçait aussi, à la même occasion,
des modifications au régime d'assurance-chômage qui, en bref,
rendaient plus sévères, moins généreuses, les
conditions à l'assurance-chômage et occasionnaient pour les
provinces un déboursé additionnel d'environ 5% de la masse totale
que chaque province verse à son aide sociale. Dans le cas du
Québec, $40 millions que cette décision occasionnait comme
déboursé additionnel.
On annonçait aussi la discontinuation, l'arrêt subit, sans
aucune consultation, des versements de la caisse d'aide à la
santé qui devaient se terminer seulement en 1980, par un accord
fédéral provincial qui remontait à il y a dix ans. Cette
décision amenait, encore une fois, un déboursé additionnel
d'environ $20 millions pour le gouvernement du Québec.
On annonçait aussi, à peu près à la
même occasion, c'est le ministre de la Santé du gouvernement du
Canada qui annonçait cette décision, qu'on retirait le projet de
loi sur le financement des services sociaux, auquel projet le Québec
s'était rallié dans un esprit de collaboration avec les autres
provinces, même si notre choix, le Québec, c'était
plutôt de récupérer des points d'impôt et non pas de
recevoir une espèce de formule de financement global. Mais nous avions
collaboré avec les autres provinces et, subitement, toujours
supposément pour faire des économies, le gouvernement
fédéral retire cet engagement qu'il avait pris et qui prive le
Québec de $20 millions.
Toutes ces décisions, M. le Président, ont
été prises de façon strictement unilatérale, sans
aucune espèce de consultation avec les provinces, si bien qu'en
septembre, au début de septembre, à l'Ile du Cap-Breton, les
ministres du Bien-Etre social réunis en conférence
interprovinciale ont résolu à l'unanimité de
dénoncer cette action du gouvernement fédéral qui
constituait plusieurs bris d'engagements, plusieurs cassures de promesses et de
contrats qui avaient été établis entre les provinces et le
gouvernement fédéral. Pourquoi toutes ces mesures intempestives
improvisées? Strictement pour des fins électorales.
Deuxièmement, sous le couvert d'économiser, on mettait
discrètement sur pied un nouveau système d'allocations, dans le
cas des enfants qui nous intéressent particulièrement
aujourd'hui. A toutes fins utiles, on ajoutait une certaine somme aux
allocations familiales fédérales, mais ceci de façon
sélective, pour une partie de la population seulement. Et aussi, on
annonçait quelques autres programmes tels que les $20 de
supplément aux personnes âgées. En définitive, le
gouvernement fédéral, par ses mesures Chrétien de
l'automne passé, pénalise les provinces de revenus sur lesquels
ces provinces comptaient pour bâtir leur budget pour l'année
1979/80. Et à son tour, ce même gouvernement fédéral
essaie de se créer un capital politique en s'ingérant encore plus
loin dans le domaine de la sécurité sociale, domaine qui, comme
d'ailleurs le rapport Pépin-Robarts nous le disait encore
récemment, devrait être intégralement retourné aux
provinces et le plus tôt possible. (17 h 10)
Cette mesure accordant un crédit d'impôt de $200 une fois
par année aux parents touchant un certain revenu, c'est-à-dire
$18 000 nets donc, il s'agit de parents qui ont un revenu parfois assez
élevé pénalise les assistés sociaux,
pénalise les bénéficiaires de l'aide sociale et ceci de
plusieurs façons. Le député de D'Arcy McGee n'en a pas
parlé et Mme Bégin n'en a pas parlé non plus. En effet,
pour la première fois, les bénéficiaires de l'aide sociale
doivent remplir un rapport d'impôt, eux qui, pour la plupart, n'ont pas
rempli de rapport d'impôt depuis des années.
Deuxièmement, ces bénéficiaires de l'aide sociale
doivent remplir une formule spéciale extrêmement
compliquée. J'en ai apporté un exemplaire pour
l'édification de cette Chambre. C'est si complique que, dans bien des
cas, les bénéficiaires doivent appeler nos bureaux d'aide sociale
constamment pour se faire aider pour remplir cette formule. Le gouvernement
fédéral a aussi pénalisé les
bénéficiaires de l'aide sociale non seulement en baissant de 22%
l'allocation familiale fédérale qu'ils touchaient, mais aussi en
retardant au mois d'avril, au mois de mai l'envoi de cette allocation familiale
déguisée, qu'on appelle un crédit d'impôt de $200,
en la faisant parvenir aux assistés sociaux au mois d'avril, au mois de
mai alors qu'ils en auraient eu beaucoup plus besoin au mois de janvier, au
mois de février ou au mois de mars pour payer le chauffage et les
vêtements d'hiver.
Il faut dire que le Québec et cela, le gouvernement
fédéral le sait fort bien est la seule province à
verser ses propres allocations familiales, qui s'ajoutent aux allocations
fédérales. Pour l'information de cette Assemblée, le
Québec a indexé de 9% ses allocations familiales provinciales. Il
faut dire aussi que nos barèmes d'aide sociale sont indexés
automatiquement et de façon totale. Nous sommes la seuls province
à indexer de façon totale et automatique les prestations d'aide
sociale. Je reviendrai tantôt sur certaines nuances qu'il faut apporter
à cette affirmation.
La troisième remarque est la plus importante, peut-être.
Notre système de sécurité sociale au Québec depuis
1974 est un système intégré, c'est-à-dire que les
allocations familiales du fédéral, les
allocations familiales du Québec, l'aide sociale, le salaire
minimum constituent quatre éléments d'un bloc tellement
relié ensemble que, si on touche à un, on affecte
nécessairement les trois autres. Mme Bégin et le
député de D'Arcy McGee savent fort bien que dans un tel
système intégré nous devons tenir compte de tous les
revenus; qu'il s'agisse de revenus additionnels par une majoration des
allocations familiales, qu'il s'agisse de revenus additionnels par un
soi-disant crédit d'impôt, nous devons en tenir compte, et c'est
ce que nous avons fait. Il n'y a rien de répréhensible dans ce
que nous avons fait.
De façon plus claire, nous avons versé
intégralement les 9% d'indexation à exactement 67% de tous les
bénéficiaires, les individus bénéficiaires de
l'aide sociale qui n'ont pas d'enfant. Nous avons ensuite tenu compte, dans le
cas de ceux qui ont des enfants, de ces $200 de revenus additionnels dans le
cas d'une famille qui a un enfant et $400 dans le cas d'une famille qui a deux
enfants. Dans ce système intégré, nous n'avons pas le
choix. C'est là où le gouvernement fédéral fait
preuve de mauvaise foi, fait preuve d'improvisation. Le gouvernement
fédéral a brisé l'engagement de 1974 qui avait
été négocié par les provinces et
lui-même.
Par cet engagement 74, le fédéral n'avait pas le droit de
diminuer les allocations familiales comme il l'a fait en les coupant de 22%; il
n'avait pas le droit non plus de rendre sélectives les allocations
familiales qui sont universelles depuis bien longtemps. Non seulement le
gouvernement fédéral prend-il des mesures improvisées sans
consulter les provinces quand il s'agit de l'avenir, mais il se permet, en
outre, de trahir des engagements qui ont été pris il y a
déjà cinq ans.
Cette indexation que nous avons fournie et qui est de 9% pour les
prestataires sans enfants et qui est d'un peu moins dans le cas de prestataires
qui ont des enfants, cette augmentation coûte au gouvernement du
Québec, au trésor du Québec, $67 millions. Quand on vient
de dire que le Québec a suspendu l'indexation aux prestations de l'aide
sociale, je pense qu'on exagère grossièrement ou qu'on ne sait
pas de quoi on parle.
Quant à l'Ontario selon un extrait de la Gazette
d'aujourd'hui qu'on me permettra de citer en langue anglaise: "Welfare minister
Monique Bégin is "deeply discouraged" très
découragée by Québec and Ontario government moves
that wipe out the effect of new federal income bonuses for low-income mothers
and the elderly."
Je pense que là aussi le député de D'Arcy McGee
n'est pas bien renseigné puisque, d'après une
dépêche de la Presse canadienne publiée dans la Gazette de
ce matin, Mme Bégin semble déplorer autant les mesures prises par
l'Ontario que celles prises par le Québec. Et, M. le
Président...
M. Goldbloom: M. le Président, question de
privilège. La vérité a ses droits. En Ontario, il ne
s'agit pas du régime dont on parle ici aujourd'hui. Il s'agit des
personnes âgées, des $20 et de l'augmentation des frais dans les
institutions.
M. Lazure: Correction, M. le Président, je relis encore,
à moins que la Presse canadienne ait fait erreur: "New federal income
bonuses for low income mothers". Il ne s'agit pas de vieillards, "low-income
mothers"! Les mères à faible revenu. Je continue, M. le
Président.
M. Goldbloom: Dans le Devoir ce n'est pas la même
chose.
Une Voix: Les journaux anglais et français n'ont pas tes
mêmes nouvelles!
Une Voix: Où sont les menteurs?
M. Lazure: M. le Président, je pense que le
député de D'Arcy McGee, quand il a fait une certaine allusion
à l'année internationale de l'enfant, n'avait pas tous les
renseignements voulus. Le gouvernement du Québec, il l'a annoncé
encore récemment, dépense $800 000 cette année aux fins
particulières de l'année de l'enfant. Le gouvernement du Canada,
beaucoup plus riche, dépense $1 million pour l'année
internationale de l'enfant. Je pense que, dans ce domaine aussi, nous n'avons
pas de leçon à recevoir du gouvernement du Canada.
M. le Président, le gouvernement fédéral n'en est
pas à ses premières tentatives pour envahir de plus en plus tout
ce secteur de la sécurité sociale. Mais ce qui est
déplorable, c'est que ce gouvernement le fait pour des fins strictement
électorales, pour aller chercher des votes et surtout des votes chez la
classe moyenne de l'Ontario, au sud de l'Ontario plus particulièrement,
où le gouvernement fédéral est gravement
menacé.
Mme Bégin je pourrais citer encore un dernier extrait, et
c'est entre guillemets cette fois-ci, cela doit être vrai dit: "I
am discouraged from passing legislation like this anymore". En français
cela veut dire: Je suis tellement découragée que je n'ai plus le
goût d'adopter des lois comme cela. Nous disons: C'est parfait, Mme
Bégin, vous commencez à comprendre parce que non seulement vous
n'avez pas le droit de briser des engagements, mais aussi les gens, au
Québec, commencent à en avoir assez de ces mesures
improvisées qui viennent du gouvernement fédéral et qui
semblent ajouter au bien-être de la population mais qui, en
réalité, pénalisent tout le monde et sèment la
confusion. (17 h 20)
En terminant, je dis à Mme Bégin: Vous commencez à
comprendre. Je pense que vous devez aller plus loin. Non seulement vous ne
devez plus présenter de législation de cette sorte, mais vous
devez vous mettre à la tâche pour essayer de convaincre votre
premier ministre et votre Conseil des ministres pour qu'au moins, sans aller
à épouser notre option politique, vous vous mettiez ensemble pour
épauler le rapport Pépin-Robarts qui, lui, demande le
rapatriement intégral aux provinces de toute la sécurité
sociale.
Le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, je vous remercie. Je
voudrais, messieurs, vous entretenir quelques instants sur cette motion faite
par le député de D'Arcy McGee. Je reprends le texte de la motion
pour les personnes qui n'ont peut-être pas eu l'occasion d'entendre cette
motion au départ: "Que cette Assemblée est d'avis que la
commission permanente des affaires sociales se réunisse dans les
meilleurs délais pour étudier les conséquences pour les
familles avec enfants à charge de la décision du gouvernement de
suspendre à leur égard l'indexation des prestations d'aide
sociale."
M. le Président, deuis que les débats sont
commencés sur cette motion, il y a des discours à faire pleurer
et j'ai l'impression que le ministre a copié à peu près,
dans la dernière partie en tout cas, le texte que j'ai donné au
moment de la déclaration de Mme Bégin il y a quelques mois. C'est
un homme brillant. Je pense qu'il a copié exactement le texte que
j'avais livré à ce moment-là dans sa première
partie, alors que j'avais blâmé Mme Bégin et que je lui
avais dit: Vous commencez à comprendre. Allez un peu plus loin
maintenant. Faites un pas de l'avant. Et c'est à peu près ces
propos-là que je viens d'entendre. C'est assez étrange que le
gouvernement se serve de cette plate-forme aujourd'hui et c'est bien heureux,
bien sûr, mais il n'a pas livré la dernière partie. Le
ministre n'a pas livré la dernière partie qu'il aurait dû
donner. Je ne sais pas s'il a manqué de temps ou s'il voulait finir
là, mais j'aurais voulu qu'il parle de la partie qui le concerne, qui
concerne le gouvernement. Il a parlé uniquement de la partie
fédérale. C'est intéressant pour un gouvernement
indépendantiste. C'est fort intéressant. Mais j'aurais
aimé qu'il tombe dans la deuxième partie, celle qui le concerne,
lui, le gouvernement provincial, là où il a manqué
à son devoir lui aussi. J'aurais aimé l'avoir.
M. Lazure: M. le Président... Le Vice-Président:
Oui.
M. Lazure: ... pour rétablir les faits devant
l'Assemblée, j'ai parlé de l'allocation provinciale familiale
qui, elle, a été indexée à 9% intégralement.
J'en ai parlé, de la contribution provinciale.
M. Bellemare: Attendez ce qu'il va dire.
Le Vice-Président: Un instant! Qu'on ne commence pas cela.
En vertu de l'article 96, M. le ministre avait certainement le droit de se
lever et je le lui ai permis.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, M. le Président. Bien sûr qu'il
en a été question, mais le ministre a fait ce que le
député de Gaspé appellerait des restrictions mentales. Il
n'a pas menti. Il a fait des restrictions mentales comme on les appelle au
confessionnal, n'est-ce pas, M. le député de Gaspé? Des
restrictions mentales. Je voudrais bien qu'on précise celle-là.
Cette part du gouvernement provincial aurait pu faire ici pour éviter
que ces 9% d'indexation aux familles retournent dans les familles.
C'était leur responsabilité. C'était beau de se lancer sur
cette déclaration qu'a faite Mme Bégin à ce
moment-là. Bien sûr, l'historique qu'a fait le ministre
était exact, était à point, à savoir que
c'était un programme et quand le ministre des Affaires sociales dit que
c'était dans le rapport Pépin-Robarts, le rapport
Pépin-Robarts, ils l'ont pigé exactement dans le programme de
l'Union Nationale. Cela ne vous surprend pas, M. le Président. Vous
étiez au courant de cela.
M. Bellemare: C'est vrai.
M. Grenier: Cela a été déposé ici
à l'hôtel en bas du parlement quand Mme Chaput-Roland, M. Robarts
et M. Pépin celui-ci n'est pas connu pour être un bleu
ordinairement avaient dit: Enfin, un parti politique qui nous soumet
quelque chose de valable. Et on disait: Cela doit appartenir aux provinces.
C'est ce qu'on a dit alors. Je suis content que le ministre l'ait
découvert, mais j'aurais dû lui faire parvenir un document sur
notre position constitutionnelle et il aurait découvert que cela
datait... Et c'est ce qui a inspiré Pépin-Robarts. Je suis fort
heureux qu'il y ait là aussi des gens intelligents dans cette commission
qui savent où prendre, où se "ressourcer".
M. le Président, c'était vrai ce que Mme Bégin a
fait à Ottawa. Elle commence à trouver, elle aussi, que c'est un
peu exagéré. Elle avait prévu ce que la commission
Pépin-Robarts pouvait recommander à la suite de ce qui
s'était donné, cette diminution faite à l'automne 1978 par
le ministre Bégin de 22% des allocations familiales, la
désindexation de ce qu'on nous donnait, ce qui était convenu
depuis 1974. Ces $200, on a bien raison de dire que ce n'est pas possible. Cela
prend un gouvernement libéral central pour penser à des choses
comme cela. C'est Roger Bel-lefeuille qui le dit dans son journal ici.
Après tout ce brassage de chiffres, vous savez ce que cela donne? Il
dit: "Cette manne tombera à l'aube d'une campagne électorale
fédérale et dans le cadre d'une campagne
préréférendaire intensifiée par le
fédéral. Il dit: Tout cela pour $0.06 de plus par mois. La
manoeuvre aura été habile.
Une Voix: $0.06...
M. Grenier: $0.06 de plus que cela aurait donné.
Voyez-vous tout ce brassage de chiffres depuis des semaines et des mois fait
par le gouvernement central? Si le gouvernement central veut faire de la
politique sur le dos des enfants, sur le dos des assistés sociaux, c'est
son affaire, cela le concerne, le peuple va le juger, à brève
échéance; avant le mois de juillet, c'est définitif, on
saura à quoi s'en tenir. Cependant, j'aurais aimé que le
gouvernement provincial ne joue pas
ce jeu-là. J'aurais aimé qu'il ne soit pas politicien
à ce point de vue. Ce n'est pas un sujet politique. Comme je l'ai dit au
chef du Parti libéral, lorsqu'il est question du
référendum, ce n'est pas un sujet qui devrait servir à
huiler une machine ou l'autre. Le gouvernement actuel n'a pas le droit de se
servir de ce sujet pour faire de la politique sur le dos des enfants, des
familles dans le besoin.
Le ministre a dit tout à l'heure qu'il en coûterait $60
millions pour maintenir ces 9%, mais s'il avait donné la part qui
revient aux familles dans le besoin, aux familles qui sont coupées, il y
aurait peut-être eu $18 millions disons
d'économisés. C'est la partie des restrictions mentales dont je
parlais tout à l'heure: $15 millions à $18 millions qu'il aurait
peut-être pu débourser et garder dans ce secteur. Peut-être
a-t-on trouvé que ce n'était pas absolument rentable
électoralement et qu'on a décidé de le laisser tomber.
Le ministre déclarait c'est le Devoir qui citait cela
dans le Devoir du 6 février cela ne fait pas longtemps,
que je sache: "Le gouvernement fédéral pénalise les
assistés sociaux parce qu'il les oblige à remplir un formulaire
compliqué et compromet leur équilibre budgétaire en leur
envoyant un gros chèque au mois d'avril alors qu'ils n'en auront plus
besoin... Le temps de se chauffer et de s'habiller est à peu près
dépassé à ce moment". C'était l'objet de sa
déclaration. Le ministre a constaté cela et je pense que c'est
assez correct, sauf que j'aimerais bien savoir comment il aurait voulu y
remédier, à part de constater que c'était un malheur qui
nous venait du fédéral. Il aurait pu, à ce
moment-là, bien sûr, se servir du montant qu'il n'a pas voulu
accorder, des $15 millions à $18 millions, pour le donner. Lui aussi a
peut-être trouvé que ce n'était pas assez rentable
électoralement. Le résultat de cette démarche du
fédéral, c'est que les assistés sociaux, familles avec
enfants, vivront onze mois de vaches maigres pour vivre un mois de vaches
grasses. C'est pénible dans un secteur comme celui-là.
Mais nous, les gens du Québec, sommes un peu tannés de
voir ces parties de ping-pong qui se jouent entre le provincial et le
fédéral, entre l'Etat du Québec comme on dirait de
l'autre côté et le gouvernement central. Ce qu'il y a un
peu de dégueuiasse, ces parties ne se jouent pas entre Anglais, mauvais
Anglais et ces pauvres petits Canadiens français, ces parties de
ping-pong se jouent entre francophones du Québec, entre Pari-zeau et
Chrétien sur la taxe de vente; elles se jouent entre Trudeau et
Lévesque sur la constitution; elles se jouent entre Bégin et
Lazure sur les affaires sociales; elles se jouent entre O'Neill et Sauvé
sur la câblodistribution. Il ne faudrait pas faire croire que c'est
toujours la faute de ces Anglais qu'on voudrait faire détester de plus
en plus. Cela se fait entre notre monde. C'est la preuve que, pour ce qui peut
aller mal, il y aurait peut-être lieu qu'on rassemble autour d'une
même table ce même monde qui se ressemble et qui a parfois les
mêmes objectifs.
Je voudrais, en terminant, avant que vous me disiez que mon droit de
parole de dix minutes est terminé, vous dire que, pour ces raisons,
parce qu'il y a au Québec des gens qui profitent, comme l'ensemble des
Québécois, ces mères de famille auraient besoin d'un
budget plus équilibré, auraient besoin que le Québec leur
redonne ces 9% qui leur manquent... On sait qu'une enquête a eu lieu,
j'ai eu l'occasion de le citer ce matin, en 1969-70. Elle a été
fort rentable dans ce secteur, parce qu'il y a des fraudeurs, il y en a des
profiteurs, il y a même eu des gens qui ont volé l'Etat dans ce
secteur pour des sommes assez importantes...
Motion d'amendement
En raison de cela, je voudrais qu'à la suite de la motion du
député de D'Arcy McGee, on ajoute cet amendement, et qu'une
enquête publique soit faite sur les cas de fraude à la Loi de
l'aide sociale afin que l'argent ainsi récupéré serve
à rétablir l'indexation aux familles avec enfants à charge
qui y ont droit. Je vous remercie.
M. Bellemare: Très bien. (17 h 30)
Le Vice-Président: Un instant! En vertu de l'article 91 et
aussi de l'article 70, comme il y a une motion d'amendement qui est
déposée, j'aurais trois remarques à faire. D'abord, la
question de recevabilité. L'amendement proposé n'a pas pour effet
de s'opposer à la motion principale, elle y ajoute. Elle y ajoute
peut-être quand même en donnant un peu en-dehors des balises. Mais
je me rappelle une célèbre décision rendue par M. le
député de Laval, le 26 mai 1976, qui se lit exactement comme
suit, au sujet de l'article 91 et des amendements: "A l'occasion du
débat sur les motions des députés du mercredi, la
présidence peut être large quant à l'admissibilité
des motions d'amendement." Je maintiens cette décision d'un
président qui a agi pendant six ans.
La dernière chose que je veux ajouter, c'est que souvent, le
mercredi, lorsqu'il y a eu motion d'amendement, on a décidé de
discuter tant de la motion principale que de la motion d'amendement selon un
accord commun. En fait, l'article 91 je vous le rappelle dit que
tant sur la motion principale que sur une motion d'amendement, le proposeur de
la motion a 20 minutes, le représentant officiel du gouvernement 20
minutes et les autres députés 10 minutes. Je me rendrai à
votre désir, si vous voulez que l'on discute tant de la motion
principale que de la motion d'amendement, quitte à faire deux votes
à la fin du débat.
M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais vous remercier
de cet éloquent témoignage que vous nous rendez, mais que vous
avez rendu aussi à votre prédécesseur, parce que je me
souviens des faits qui sont arrivés à ce moment-là puisque
j'étais personnellement en cause. Mais je pense aussi qu'en vertu de
l'article 65.2, vous auriez pu facilement l'appliquer si vous aviez cru que la
motion n'était pas tout à fait conforme, parce
qu'en vertu de l'article 65.2, la présidence a le droit de la
rendre correcte et acceptable. Quant au débat qui peut s'ensuivre sur la
motion et sur l'amendement, je suis parfaitement d'accord, pourvu qu'il y ait
deux votes à la fin.
Le Vice-Président: D'accord, merci, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale. Pour vider cette question très
rapidement, je crois qu'il n'y aura pas de débat sur la
recevabilité, je connais l'existence de l'article 65, alinéa 2,
mais je ne me suis pas permis de corriger le député de
Mégantic-Compton.
M. Bellemare: Ce que j'ai dit était hypothétique.
Je n'ai pas dit que c'était un fait réel.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a autre chose sur le
débat? Oui.
M. Gosselin: Sur cette motion d'amendement amenée par le
député de Mégantic-Compton, d'une part, je
considère-Le Vice-Président: Un instant! Sur la même
motion?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Gosselin: Sur la recevabilité.
Le Vice-Président: Ah non!
Une Voix: C'est rendu.
Mme Lavoie-Roux: C'est rendu.
Le Vice-Président: Excusez-moi. Mme le
député de L'Acadie, sur la motion principale ou d'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Je peux parler sur les deux, M. le
Président?
Le Vice-Président: Vous pouvez parier sur les deux, comme
vous voudrez. Il y a accord et vous avez dix minutes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... M. Bertrand: M. le
Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire
adjoint.
M. Bertrand: ... question de règlement. Je vous demande
une directive.
Le Vice-Président: Oui.
M. Bertrand: Le député de Mégantic-Compton a
formulé un amendement que vous avez jugé recevable. Le ministre
des Affaires sociales voudrait intervenir sur cet amendement
présenté par le député de Mégantic-Compton.
Je vous deman- de, M. le Président c'est la directive que je vous
demande si le ministre des Affaires sociales peut demander qu'on ait un
débat sur l'amendement séparément de la motion principale
ou bien s'il doit attendre d'avoir son droit de réplique pour parler sur
les deux à la fois?
Le Vice-Président: Ecoutez, s'il n'y a pas d'accord
là... Justement, il n'y a pas de droit de réplique. Si tous ne
sont pas d'accord, il y aura un débat sur la motion d'amendement et M.
le ministre aura le temps sur la motion d'amendement. J'ai voulu simplement
citer, M. le leader parlementaire adjoint, l'habitude que nous avons eue
à quelques reprises de nommer les deux, mais je suis à votre
entière disposition à tous. Je reconnaîtrai le ministre
à son tour et à sa place, sur l'amendement.
M. Lavoie: Est-ce que je peux vous demander une directive, M. le
Président?
M. Bertrand: M. le Président...
M. Lavoie: Avec tout le respect que j'ai pour la
présidence, est-ce qu'un député a le droit de proposer une
motion d'amendement qui amène une dépense de deniers publics?
Le Vice-Président: Je vais répondre à
celle-là. Il est évident que quand on demande une enquête,
on n'a pas demandé une enquête royale. J'ai lu l'amendement avec
attention.
L'enquête pourrait être faite, théoriquement
je ne parle pas du fond de la question par des gens qui sont
déjà à l'emploi du gouvernement. Si cela avait
été ce qu'on appelle, M. le député de Laval, en
anglais un "money bill", c'est bien sûr que seul un ministre aurait pu le
présenter et qu'il aurait même fallu une permission
particulière. Oui, M. le leader parlementaire adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: Nous demandons donc qu'il puisse y avoir
débat uniquement sur l'amendement et non pas sur les deux à la
fois.
Le Vice-Président: C'est votre tour.
M. Bellemare: Vous aviez rendu votre décision, c'est
beaucoup après que le député de Vanier arrive pour vous
demander de corriger votre décision.
Le Vice-Président: Un instant. J'ai déclaré,
et je veux être juste pour tout le monde... Oui, mais, à ce
moment, le député de Vanier s'est levé sur une question de
règlement. La motion est déclarée recevable et on sait que
c'est sans appel. Le débat... Je ne suis là, je l'ai
déjà mentionné, que pour maintenir l'ordre et être
votre serviteur. Dès qu'il n'y a pas consentement, chacun des
députés conserve ses droits stricts, en vertu de tous les
articles, à compter du no 1 jusqu'à 185 et plus.
M. Bellemare: Si un opinant désire parler sur les deux,
vous n'avez pas d'objection. Cela peut aussi donner le droit à un autre
qui a déjà parlé de pouvoir revenir sur la motion en
cause.
Le Vice-Président: Exactement. C'est ma
décision.
M. Bellemare: C'est votre décision.
M. Lazure: Strictement sur l'amendement.
Le Vice-Président: Attendez un peu. Essayons de maintenir
l'ordre des choses. J'ai déjà rendu une décision, au
début de ce débat, en vertu de 92, et Mme le député
de L'Acadie s'est alors levée à ce moment et j'ai reconnu M. le
ministre. Cette fois-ci, je demanderais à M. le ministre de lui rendre
la politesse. Oui, M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Nous donnons notre consentement, quant à
nous, pour que le débat puisse se faire à la fois sur la motion
et sur l'amendement, mais que cela n'empêche pas un député,
qui veut utiliser son droit de député, d'intervenir sur
l'amendement après avoir parlé sur la motion principale, qu'il
puise le faire.
Le Vice-Président: Le règlement est clair. La
décision est rendue. C'est acquis. Mme le député de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais parler à
la fois sur l'amendement et sur la proposition principale. Pour ce qui est de
l'amendement, je dois dire que je suis assez étonnée de
l'amendement du député de Mégantic-Compton. Au moment
où je m'apprêtais à prendre la parole, ne
soupçonnant pas que le député de Mégantic-Compton
allait présenter un amendement, j'allais d'abord, dans mes propos, dire
que je partageais les sentiments du député de D'Arcy McGee,
à savoir qu'il s'agit de la discussion d'un problème
extrêmement délicat et d'autant plus délicat qu'il a lieu
devant la télévision. Vous savez, on est trop souvent
porté, dans le public, quand on parle des bénéficiaires de
l'aide sociale on les appelle aussi communément les
assistés sociaux une partie de la population éprouve
parfois de l'agressivité à leur endroit et, facilement, on est
porté à faire des jugements sévères à leur
endroit. Ce sont des gens qui ne veulent pas travailler. Ce sont des gens... et
ceci et cela.
Au début de mon intervention, justement pour ceux qui nous
écoutent, j'allais dire qu'avant peut-être de porter des jugements
sévères sur les assistés sociaux, il fallait
peut-être rappeler quels sont les revenus de ces personnes. Ce point
demeure quand même au fond de toute la discussion que nous avons. Je vous
dirai simplement, je n'énumérerai pas tout, M. le
Président, mais, au départ, un adulte et un enfant ont un revenu
annuel familial de $5200, quand on est un assisté social. Je vais
prendre le milieu. Un adulte avec six enfants ou deux adultes avec quatre
enfants ont $8200 de revenu par année. Quand nous arrivons à un
adulte avec huit enfants ou deux adultes avec six enfants, il s'agit d'un
revenu de $9400 par année. Pourquoi je voulais signaler ces chiffres?
C'est que je pense qu'il est important que, quels que soient les motifs ou
parfois les jugements sévères que l'on porte un peu à la
légère, sans peut-être vraiment réaliser ce que cela
veut dire pour des personnes qui reçoivent de l'aide sociale comme
conditions de vie. (17 h 40)
Qu'on se rappelle au point de départ, que, quand vous avez une
famille avec deux adultes et six enfants, avec un revenu annuel de $9400, en
1978 je ne crois pas que ceci tienne compte, par contre, de l'indexation
prévue cela reste vraiment un revenu infime. Je voudrais rappeler
aussi qu'en 1975, suite à une étude que le ministre du temps, M.
Castonguay, avait demandée sur ce que les gens appelaient les fraudes
dans le domaine de l'aide sociale quelqu'un pourra peut-être
après moi donner les renseignements d'une façon beaucoup plus
juste et précise je pense que je ne me trompe pas en disant que
globalement on avait trouvé que, parmi tous les
bénéficiaires de l'aide sociale, on retrouvait 4% d'erreurs. Ceci
ne voulait même pas dire 4% de fraudes; il pouvait y avoir aussi des
erreurs d'inscription, etc., et il pouvait y avoir une partie de fraudes.
A ce moment-ci, alors que le problème fondamental que nous
discutons est vraiment: est-ce que les familles qui bénéficient
de l'aide sociale ont des revenus suffisants pour qu'on se permette de venir
les pénaliser à partir d'une indexation partielle de l'aide
sociale pour l'année qui vient, je regrette que le député
de Mégantic-Compton apporte cette dimension de la soi-disant fraude
qu'on est trop souvent porté à utiliser de façon injuste
à l'égard de ceux qui, malgré eux, doivent recourir
à l'aide sociale, que ce soit pour des raisons de maladie, de
chômage prolongé, parce qu'ils ne sont plus admissibles aux
prestations d'aide sociale ou encore parce que ce sont des familles
monoparentales, enfin toutes les raisons que l'on connaît pour lesquelles
des familles doivent se prévaloir de l'aide sociale.
M. Grenier: M. le Président, une question de
privilège...
Le Vice-Président: Question de privilège,
d'accord.
M. Grenier: ... sur les propos du député de
L'Acadie. Je voudrais qu'on comprenne bien ce que j'ai dit. J'ai un peu de
difficulté à entendre. Je ne la blâme pas d'avoir une
extinction de voix. Peut-être qu'elle a fait une autre chose que parler
en Chambre; j'ai l'impression qu'elle est venue parler dans les Cantons de
l'Est. Mais j'ai fait écho à l'enquête qui avait
été faite en 1969-1970 et la
population dit en général qu'il y a des fraudeurs
là-dedans. Alors, je voudrais que dans une enquête on les
découvre afin que ces montants d'argent perdus en fraudes servent aux
vrais assistés sociaux, à ceux qui sont dans le besoin. C'est
sûr qu'on est pour les gens qui sont sur le bien-être social. S'il
y a une région dans le Québec qui doit le comprendre, c'est bien
la mienne.
Le Vice-Président: D'accord, la mise au point est
faite.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'il faudrait
rappeler qu'il y a probablement beaucoup d'eau qui a coulé sous les
ponts depuis ces questions qui ont été soulevées en
1969-1970. A tout événement, s'il y a là un
problème réel, ce dont je doute suite aux indices que j'ai
donnés, qu'on le traite à son mérite en temps et lieu.
Mais je pense qu'aujourd'hui on est vraiment à discuter de ce
problème fondamental: est-ce que les familles
bénéficiaires de l'aide sociale sont pénalisées
suite à la décision du gouvernement du Québec de
réduire d'un montant équivalent au crédit d'impôt
qui leur sera remis éventuellement par le gouvernement
fédéral? Sont-elles pénalisées quant aux besoins
qu'elles ont quotidiennement!
Je pense qu'il y a ici deux ordres de problèmes. Il y en a un qui
est relié à tout le contentieux des relations
fédérales-provinciales. Je pense que ce débat a
été largement fait par le ministre des Affaires sociales. Mais il
y a aussi cet autre ordre de problèmes qui est vraiment celui des
familles prestataires d'aide sociale. Dans le premier cas d'ailleurs, je
pense que le ministre s'en souviendra même si, à ce
moment-là, il s'était permis de petites insinuations un peu
partisanes au moment de l'adoption de la loi 77 sur les allocations
familiales qui étaient modifiées, compte tenu du régime
fédéral, j'avais été d'accord avec lui pour
reconnaître que, d'une part, cette décision du
fédéral s'était faite unilatéralement et que,
deuxièmement, il aurait probablement, non seulement probablement, je
crois, mais je suis convaincue qu'il aurait été
préférable que le fédéral procède par
plusieurs versements plutôt que par un versement unique, compte tenu que
les familles bénéficiaires d'aide sociale doivent quand
même planifier leurs besoins budgétaires d'une façon
quotidienne.
Ceci dit, je suis d'accord là-dessus avec le ministre. Là
où, du point de vue des relations fédérales-provinciales,
je suis un peu moins d'accord avec lui c'est que je m'explique mal le silence
du ministre des Affaires sociales qui, apparemment, fut mis au courant de la
question bien avant le mois de décembre, dès septembre, puisqu'il
nous dit que lors d'une réunion des ministres provinciaux à
Halifax, il en fut question, et jamais, ici en Chambre, il n'a soulevé
ce problème de champ de juridiction. Je sais qu'il a été
soulevé à maintes reprises par les gouvernements
antérieurs et aujourd'hui le ministre le soulève, mais comment
expliquer ce silence, comment expliquer le fait que dès ce
moment-là il ne soit pas allé rencontrer je puis l'assurer
qu'il aurait eu notre appui le ministre des Affaires sociales d'Ottawa?
Ou enfin, les fonctionnaires auraient pu se rencontrer pour discuter des
modalités de versement qui auraient davantage aidé les familles
prestataires d'aide sociale. Cela fait partie du secteur du contentieux
fédéral-provincial.
Pour ce qui est de la deuxième partie, qui me paraît quand
même la plus importante dans ce qui nous occupe présentement, ce
sont des calculs politiques que le gouvernement fait en adoptant ou en
suspendant en partie l'indexation de l'aide sociale pour ces familles. Compte
tenu des revenus dont je pariais tout à l'heure, je pense que le
gouvernement montre de l'irresponsabilité vis-à-vis des
bénéficiaires d'aide sociale. Je ne crois pas qu'il doive tenter
d'équilibrer son budget il nous a décrit quelques points
tout à l'heure, à savoir que le nouveau mode
d'assurance-chômage coûterait davantage au Québec, etc.
en le faisant porter par les personnes les moins favorisées de la
société. Le ministre accuse facilement le gouvernement
fédéral de s'en servir à des fins électorales.
J'ai reçu par le courrier le dépliant qui accompagnait les
dernières allocations familiales du Québec dans lequel il dit:
"Chers parents, afin de compenser l'augmentation du coût de la vie, le
gouvernement du Québec augmente vos allocations familiales de 9%
à compter de janvier 1979." C'était une grande nouvelle, puisque
ceci est déjà inscrit dans la loi; de toute façon, il
n'avait pas le choix de le faire ou de ne pas le faire à moins de
revenir devant l'Assemblée nationale. "Par ailleurs, la plupart d'entre
vous, subirez une diminution des allocations du gouvernement de 22,1%." Je
pense qu'il aurait été plus honnête de dire qu'il est vrai
qu'il y en a qui vont subir une diminution, mais que pour la majorité
des familles parce que le revenu moyen des familles
québécoises est certainement en bas de $18 000 ceci va se
traduire par un gain de revenus. Là, je pense...
Le Vice-Président: A l'ordre! Je m'excuse, avant qu'une
question de règlement ne soit soulevée, madame; le temps est
déjà écoulé et je tente, justement... S'il y a
consentement, mais je ne le sens pas tout à fait. Madame, je vous laisse
quinze secondes pour terminer et, avant que le ministre ne s'adresse à
cette Assemblée, j'aurais un mot à dire.
Mme Lavoie-Roux: Comme je n'ai que quinze secondes, tout ce que
je peux dire, M. le Président, c'est une continuation de la guerre
froide entre le fédéral et le provincial. Ceux qui en sont les
victimes importent peu au gouvernement qui est devant nous, ceux qui en sont
les victimes ce sont les plus démunis. Je ne peux qu'y souscrire et
répéter la demande de mon collègue de D'Arcy McGee, que le
gouvernement convoque cette commission parlementaire et, à
défaut, qu'il révise sa position quant à son indexation
des prestations d'aide sociale. (17 h 50)
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! J'ai
reconnu que M. le ministre avait demandé le droit de parole. Avant qu'il
ne s'exécute, je voudrais souligner que l'article 91 est difficile
à interpréter, et je considère que c'est du consentement
de tous qui m'a été donné tantôt que je permettrai
au ministre de s'exprimer brièvement sur la motion d'amendement. Ce
n'est pas un droit de réplique, et je ne veux pas qu'il y ait de
précédent à ce sujet-là.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Strictement sur
l'amendement proposé par le député de
Mégantic-Compton, sans mettre en doute ses bonnes intentions, je pense
que c'est pour le moins malvenu. Je tiens à m'exprimer très
violemment contre la tenue d'une enquête publique, tel que le demande cet
amendement, sur les fraudes commises par les bénéficiaires de
l'aide sociale. Il existe un système de contrôle normal à
l'aide sociale et comme le député de L'Acadie vient de le dire
et là-dessus on s'entend très bien tous les deux le
pourcentage de fraude chez les bénéficiaires de l'aide sociale
n'est pas plus élevé que dans n'importe quelle autre
catégorie de gens de notre société, que ce soient des
médecins, des ingénieurs ou des députés. Je veux
que cela soit clair. Deuxièmement, nous essayons non seulement
d'améliorer ce système de contrôle, mais aussi nous
essayons d'enlever un certain nombre de mesures qui sont des tracasseries
administratives. Par exemple, jusqu'à récemment c'est dans
ce sens que cela touche à la fraude jusqu'à il y a environ
un an, les bénéficiaires de l'aide sociale qui avaient
reçu trop d'argent, que ce soit par erreur ou par fraude, recevaient des
factures du ministère des Affaires sociales, qui demandait de
l'intérêt. Nous avons amendé le règlement pour
maintenir l'intérêt demandé seulement dans les cas de
fraude prouvée.
Ma dernière remarque sur cet amendement, aussi pour essayer de
dégager une espèce de perspective vis-à-vis des
bénéficiaires de l'aide sociale, nous avons, depuis le
débat et c'est pour cela que je n'accepte pas, que ce soit d'un
parti ou de l'autre, des remarques qui visent à faire croire à la
population, aux bénéficiaires de l'aide sociale que ce
gouvernement veut faire des économies à leurs dépens, ce
n'est pas vrai c'est que tout ce que nous avons pu faire à
l'intérieur des moyens dont nous disposons, nous l'avons fait. Un des
premiers gestes auquel je me réfère souvent avec une certaine
fierté, c'est d'avoir, dès les premières semaines de notre
arrivée au pouvoir, enfin donné aux bénéficiaires
de l'aide sociale le chèque le 1er du mois et non pas le 5 du mois. On
leur donnait depuis des années une réponse technocratique. Le
député de Saint-Laurent, qui, autrefois, était ministre
des Affaires sociales, répondait: Ce n'est pas possible. Les
bénéficiaires de l'aide sociale touchent leur chèque le
1er du mois depuis maintenant janvier 1977. Alors, je m'oppose à cet
amendement puisqu'il est discriminatoire vis-à-vis des
bénéficiaires de l'aide sociale.
M. Gérard Gossetin M. Gosselin: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le député.
M. Gosselin:... je voudrais m'exprimer brièvement à
la fois sur l'amendement formulé par le député de
Mégantic-Compton et sur la motion principale.
Tout d'abord, sur l'amendement, je dirai simplement ceci. Je ne dirai
pas que le député de Mégantic-Compton a tenté de
passer un message plus ou moins honnête à l'intérieur d'un
débat qui ne portait pas du tout là-dessus. Je dirai par ailleurs
que c'est un amendement qui est insidieusement injurieux.
M. Grenier: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président: Un instant, M. le député
de Sherbrooke! Question de privilège.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, c'est bien évident que
je ne pourrai pas tolérer les propos du député de
Sherbrooke qui profite de l'occasion pour parler... Je ne peux pas
tolérer que le député de Sherbrooke... de mentionner ce
que le député de Sherbrooke vient de dire, la raison pour
laquelle j'avais fait mon intervention. Je voudrais bien lui faire comprendre
que l'intervention que j'ai faite-là était fondée sur des
années d'expérience dans cette Chambre, qu'il n'a peut-être
pas dans le moment. Il les aura peut-être et je le lui souhaite. Elle
était basée sur des années d'expérience. Les
quelques cas que j'ai portés à votre attention... Rappelez-les
à l'ordre, M. le Président.
Le Vice-Président: Je m'excuse. M. le député
de Mégantic-Compton. Enfin, c'est plus ou moins une question de
privilège.
M. le député de Sherbrooke.
M. Gosselin: M. le Président, je ne m'attarderai pas
là-dessus. Je voudrais simplement constater que la motion
formulée par le député de D'Arcy McGee est tout autre et
amène un débat tout différent que ce à quoi aurait
voulu nous amener le député de Mégantic-Compton. J'ai
entendu tout à l'heure le député de Lavoie-Roux...
Des Voix: Oh!
M. Gosselin: Excusez-moi... Mme le député de
L'Acadie parle avec beaucoup de douceur et de compréhension des
problèmes de cette population qui est malheureusement prise en otage et
qui compte parmi les plus démunies de notre société: 250
000 personnes et familles, c'est beaucoup de monde. Ce sont des citoyens qui
dépendent vrai-
ment, au niveau de leur subsistance, à bien des égards,
des gouvernements et cela fait l'objet de tous les préjugés
imaginables qu'on veut bien véhiculer sur leur compte. Je l'entendais
défendre la cause des assistés sociaux et je l'entendais aussi
formuler des doutes quant à l'honnêteté du gouvernement.
Permettez-moi de formuler des doutes quant à l'honnêteté de
la motion formulée par le député de D'Arcy McGee. Je relis
un élément de cette motion: "Etudier les conséquences pour
les familles avec enfants à charge de la décision du gouvernement
de suspendre à leur égard l'indexation des prestations d'aide
sociale". Je considère que c'est là une motion dilatoire, une
motion qui vise évidemment à induire les membres de
l'Assemblée nationale en erreur et la population en erreur. Je
défie le député de D'Arcy McGee de prouver de quelque
manière que ce soit que des gens ne sont pas indexés à
l'aide sociale par les mesures que le gouvernement a prises, de quelque montant
que ce soit, alors que la motion laisse entendre que le gouvernement a suspendu
l'indexation.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M.
Gosselin: Le gouvernement...
Le Vice-Président: Je m'excuse, M. le député
de Sherbrooke. Ce n'est pas moi qui vous ai interrompu. J'inviterais les
députés qui ont déjà exercé leur droit de
parole à laisser celui qui a maintenant ce droit de s'exprimer
librement.
M. Gosselin: M. le Président, je vous remercie. Le
gouvernement du Québec, au contraire, s'est assuré que tous et
chacun des bénéficiaires actuels de l'aide sociale voient leurs
revenus globaux augmenter en 1979 d'au moins 9% pour tenir compte un tant soit
peu de l'augmentation des besoins essentiels et du coût de la vie. C'est
ce que le gouvernement du Québec a fait. C'est ce dont il s'est
assuré, que les revenus globaux de chaque famille augmentent de 9%. Sur
les 250 000 bénéficiaires de l'aide sociale, il y en a 65% qui ne
sont pas des familles, c'est-à-dire qui sont des individus: seuls,
veuves, chômeurs et qui vont connaître une augmentation de 9%
on ne l'a pas dit tellement, une augmentation intégrale de
9%.
Pour ce qui est des 35% des bénéficiaires, ce qui concerne
au-delà de 87 000 familles, c'est important, c'est très important
pour ce groupe de gens.
M. Forget: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Gosselin: Non, à la fin du débat.
M. Forget: Excusez-moi.
Le Vice-Président: II ne le permet pas.
M. Forget: II ne me permet pas une question. Je comprends qu'il
ne permette pas de question.
Le Vice-Président: M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Ces 87 000 familles qui représentent 35% de
tout le groupe des assistés sociaux et qui vivent sûrement les
problèmes les plus dramatiques, le gouvernement s'est quand même
assuré, malgré les décisions unilatérales que le
fédéral a prise l'automne dernier qui venait saboter ses propres
prévisions budgétaires, que l'augmentation de leurs revenus soit
de 9%, en comprenant, évidemment, le retour du crédit
d'impôt, ce qui est la mesure la plus électoraliste qui soit parce
qu'elle va se produire à quelques mois des élections
fédérales. Cela constitue des espèces de montants magiques
par tranche de $200, selon te nombre d'enfants, qui viennent bousculer tout
l'équilibre budgétaire des familles mais qui entrent dans le
calcul des revenus globaux des familles québécoises.
Toutes les familles d'assistés québécoises vont
voir leurs revenus augmenter de 9% par un montant indexé à l'aide
sociale et par, évidemment, les montants de crédit d'impôt
qu'elles vont recevoir du fédéral. C'est très important
qu'on comprenne tous cela et qu'on sache aussi que ce que le
fédéral a tenté de faire par l'improvisation de sa
politique de crédit d'impôt. C'est à la fois manipuler les
pauvres gens en leur versant un dû sous forme de montant statutaire
à un moment de l'année qui a l'air d'être une forme de
cadeau et qui arrive comme par hasard dans une conjoncture électorale,
à quelques mois des élections, une tentative de manipulation du
vote, une tentative de manipulation éhontée de la part d'un
gouvernement qui dit avoir des attitudes responsables au chapitre de
l'instauration d'un régime équitable pour tous. (18 heures)
D'autre part, M. le Président, si vous me permettez, je demande
l'ajournement du débat sur cette question, à moins que mes
confrères ne veuillent voter.
Le Vice-Président: D'accord. Il reste actuellement au
député environ une minute et 30 secondes. Est-ce qu'il y a
consentement ou non? M. le député, vous avez une minute et demie
encore à vous.
M. Gosselin: Je disais donc que ces mesures du
fédéral prises unilatéralement constituèrent une
tentative inqualifiable de manipulation des gens, des pauvres gens et aussi une
tentative de manipulation des gouvernements pour déséquilibrer
leurs propres budgets, pour dérouter leur propre planification en
matière de sécurité sociale. C'est un domaine qui a
toujours été revendiqué par le gouvernement du
Québec. Et on sait l'effet désastreux sur nos politiques, sur
notre volonté d'avoir une politique intégrée pour nos
concitoyens, des politiques unilatérales sauvages, prises sans
consultation qui ont modifié soudainement l'échelle de
prestations à l'assurance-chômage et qui vont nous imposer
l'année prochaine et qui nous ont déjà imposé
l'année dernière des
montants considérablement accrus d'aide sociale. Tout cela pris
par un niveau de pouvoir du gouvernement central d'une manière
unilatérale, improvisée et dans une intention très
évidente de dérouter, d'affaiblir les gouvernements provinciaux
au niveau de leur propre marge budgétaire.
Le Vice-Président: Un instant. J'ai compris que M. le
député avait terminé.
M. Gosselin: J'achève, M. le Président. On donne
toujours un avis de quelques minutes, que je sache.
Le Vice-Président: Je demanderais... Un instant. J'ai
été assez généreux, je pense, cet
après-midi. Je vais demander au député de conclure tout de
suite et ensuite au député de Saint-Laurent de se lever.
M. Gosselin: Enfin, M. le Président, tentative de
manipulation des citoyens du Québec contre leur propre gouvernement
auquel a collaboré si aimablement le député de D'Arcy
McGee en se faisant le grand frère du gouvernement
fédéral, en venant ici le défendre et en venant porter
insidieusement une forme d'accusation contre le gouvernement provincial dont on
n'est absolument pas responsable. Je termine en disant simplement que cette
motion est dilatoire et qu'elle doit faire l'objet des protestations les plus
véhémentes de la part des assistés...
M. Bellemare: Je demande l'ajournement du débat, M. le
Président.
M. Gosselin: ... de la part des citoyens du Québec.
Le Vice-Président: Un instant. J'avais déjà
reconnu le député de Saint-Laurent et j'espère qu'il va
demander l'ajournement du débat.
M. Forget: En effet, M. le Président, je demande
l'ajournement du débat.
M. Goulet: M. le Président, vous avez dit tout à
l'heure qu'on faisait l'alternance.
Le Vice-Président: On le fait toujours dans un premier
tour; ce qui est arrivé, c'est que le député de
Saint-Laurent s'est levé bien avant que tout autre se lève.
Et sur cela, à moins que quelqu'un n'ait quelque chose à
ajouter, les travaux de cette Assemblée sont ajournés à
demain 14 heures.
Fin de la séance à 18 h 5
ANNEXE Questions inscrites au feuilleton
Question no 10
Questions de M. Saindon (28 février
1978) 1. Combien de subventions le ministère des Affaires
municipales a-t-il accepté de verser, depuis le 1er janvier 1977
jusqu'au 28 février 1978? 2. Pour chaque district électoral, quel
est le nombre de ces subventions qui sont payables? a) en un seul versement? b)
sur une période de 2 à 5 ans? c) sur une période de 6
à 10 ans?
Réponses de M. Tardif 1. 651=$209 601410.22 2. a) 324=$101
102 797.82 b) 217 = $ 8 824 563.40 C) 11=-$ 99 674 049.00
Question no 11
Questions de M. Saindon (28 février
1978) 1. Le gouvernement a-t-il l'intention de faire en sorte que les
professionnels de la santé deviennent des salariés,
rémunérés comme tels, compte tenu du coût de la vie
et de l'importance des services rendus?
2. Le ministre des Affaires sociales a-t-il donné suite à
l'idée énoncée au printemps 1977, devant les membres de
l'Association des conseils de médecins et dentistes du Québec, de
mettre sur pied un comité de travail afin d'étudier la
possibilité d'instaurer un nouveau mode de rémunération
pour les professionnels de la santé? 3. Dans l'affirmative, quand ce
comité a-t-il été formé et quels sont les noms et
fonctions des personnes qui en font partie?
Réponses de M. Lazure 1. Un comité a
été formé pour étudier la question. 2. Oui. 3.
Jeudi, le 25 janvier 1979
Monsieur Fernand J. Hould, m.d., Faculté de médecine de
l'Université Laval, président du comité;
Monsieur André-Pierre Contandriopoulos, professeur,
Département de l'administration de la santé, Université de
Montréal;
Monsieur Paul David, m.d., président de l'Association des
médecins de langue française; Docteur Maurice Thibauld,
secrétaire de l'Association des Conseils des médecins dentistes;
Monsieur Yves Comtois, pharmacien, Société Lamalice, Thibault,
Gosselin, Comtois & Felteau;
Madame Marielle Tousignant, optométriste, Institut
d'optométrie du Québec; Monsieur Paul Simard, m.d.,
Faculté de médecine dentaire, Université Laval; Monsieur
Pierre Bergeron, m.d., directeur de la recherche, Régie de
l'assurance-maladie du Québec;
Monsieur Paul Lamarche, chef du Service de l'évaluation,
Direction générale de la Planification, ministère des
Affaires sociales;
Monsieur Albert Melançon, directeur de la
rémunération et des conditions de travail, Direction
générale des Relations de travail, ministère des Affaires
sociales; Madame Andrée Morissette de la Direction de la Planification
de la main-d'oeuvre au ministère des Affaires sociales, agira comme
secrétaire du comité.
Question no 21 Questions de M. Brochu (3 octobre 1978) 1. Quel
est le montant total des subventions accordées par le gouvernement,
jusqu'au 1er octobre 1978, dans le cadre du programme d'isolation des maisons?
2. Quel est le nombre de propriétaires a) de Québec; b) de
Montréal; c) de Trois-Rivières; d) et de Sherbrooke; qui ont
profité de ce programme?
Réponses de M. Joron 1. $203,203.13 pour 1063
propriétaires concernés. 2. a) Québec: 31 b)
Montréal: 69 c) Trois-Rivières: 1 d) Sherbrooke: 13
Question no 22 Questions de M. Ciaccia (24 octobre 1978) 1. Des
instructions ont-elles été données par le ministère
de l'Industrie et du Commerce ou la Société de
développement industriel à M. Marcel Arel, président de
l'Association péquiste du district électoral de Mont-Royal,
d'annoncer, par téléphone, à M. Marcel Doré,
président-directeur général de la société
AMBRE, de Montréal, qu'il avait été décidé
de verser une subvention à cette société par le biais de
la S.D.I.? 2. Dans l'affirmative, quels sont les noms et fonction de la
personne qui a donné de telles instructions? 3. Quels sont les avantages
de ce système et quand a-t-il été mis sur pied?
Réponses de M. Rodrigue Tremblay 1. Il n'est pas dans les
habitudes du ministère de l'Industrie et du Commerce ni de la
Société de développement industriel du Québec de
donner à quelque personne que ce soit des instructions concernant
l'annonce de subventions que des industriels reçoivent du MIC, de la
S.D.I., ou de toute autre société d'Etat. 2. Ne s'applique pas.
3. Ne s'applique pas.
Question no 26 Questions de M. Scowen 1. Depuis la réponse
fournie le 21 décembre 1977 par le ministre d'Etat au
développement culturel, laquelle est consignée à la page
930 des procès-verbaux de l'Assemblée nationale, combien y a-t-il
eu de rencontres entre des représentants du gouvernement et des
délégués du siège social de la compagnie Canadian
Industries Limited, concernant le déménagement de leur service
d'ingénierie, de Montréal à Toronto? 2. Quels sont pour
chaque rencontre: a) la date; b) les noms et titres des interlocuteurs? 3.
Quels furent les résultats des représentations
gouvernementales?
Réponse de M. Rodrigue Tremblay
En ce qui concerne le MIC, il y a eu effectivement plusieurs rencontres
avec les représentants de la compagnie CIL qui ont porté non
seulement sur le déménagement de leur service d'ingénierie
de Montréal à Toronto, mais aussi sur la planification des
opérations de la compagnie. Lors d'une de ces rencontres, le
ministère a été informé que la décision de
la compagnie de déménager son service d'ingénierie de
Montréal à Toronto était irrévocable.
Question no 27 Questions de M. Springate (24 octobre 1978) 1. A
quelle date la Régie des installations olympiques a-t-elle
commandé, à la firme Gaucher & Tringle, une étude
ayant pour but d'établir la rentabilité d'un casino, à
Montréal, comme ceux de Las Vegas et Monte Carlo? 2. Combien cette
étude avait-elle coûté au 30 septembre 1978? 3. A quelle
date le rapport doit-il être remis à la Régie et est-il
prévu qu'il sera rendu public?
Réponses de M. Charron 1. Le 20 décembre 1977. 2.
$7500. dont $5000 en honoraires et $2000 en frais.
Le rapport exploratoire du 13 mars 1978 n'était en fait que la
première des trois phases envisagées. 3. Il n'y a pas de suite au
rapport exploratoire. La Régie n'a pas donné le mandat de
poursuivre les travaux car l'ensemble du projet présentait des
difficultés d'ordre juridique qui nous incitaient à ne pas
poursuivre l'exploration plus en profondeur.
N.B.: Le nom exact de la firme est Gaucher Pringle
Question no 31
Question de M. Verreault (25
octobre 1978)
Depuis le 1er janvier 1977 jusqu'au 30 septembre 1978, quel montant
total le ministère des Transports a-t-il dépensé pour la
location de camions et de fourgons?
Référer à la version PDF page 5509 pour le
tableau
Question no 32
Questions de M. Mailloux (31 octobre 1978)
1. Le gouvernement se propose-t-il toujours, comme l'a indiqué le
ministre des Transports au début de février 1978, de s'engager
dans le transport maritime en achetant 25% des actions de la
société Navigation SONAMAR Inc., laquelle regroupe des caboteurs
québécois? 2. Par ailleurs, est-il encore dans les objectifs du
gouvernement de créer la Société québécoise
d'initiative maritime dans le but de contrôler les ports et le transport
maritime sur le Saint-Laurent?
Réponses de M. Lessard 1. Oui, le gouvernement se propose
de s'engager dans le transport maritime en achetant 25% des actions de la
société SONAMAR. D'ailleurs, dès l'incorporation de cette
société le gouvernement a souscrit pour 25% de ses actions;
cependant, comme cette société n'a pas commencé ses
opérations, son conseil d'administration n'a pas encore demandé
que ces actions soient payées. 2. La création de la
Société québécoise d'initiatives maritimes (SOQUIM)
n'a pas encore été portée à l'attention du Conseil
des ministres.
Question no 35
Question de M. Pagé (15 novembre
1978) 1. Concernant le service civique obligatoire pour les jeunes
Québécois que le gouvernement se propose d'instaurer, suivant la
déclaration faite par le ministre des Affaires sociales, à
Sherbrooke, en date du 27 septembre 1977: a) Le gouvernement a-t-il
délégué des personnes pour aller s'enquérir des
méthodes utilisées dans certains pays où le service
militaire est obligatoire; b) Si oui, dans quels pays et à quelles
dates; c) Quels sont les noms et fonctions des personnes qui ont
été chargées de cette mission; d) A quel ministre
doivent-ils faire rapport?
Réponse de M. Lazure a) Non. b) - c) - d) -
Question no 37 Questions de M. Springate (15 novembre 1978) 1.
Pendant combien de jours des activités ont-elles été
tenues au Vélodrome du complexe olympique, au cours de l'année
1977?
Référer à la version PDF page 5510 pour le
tableau
2. Quel a été le montant total des revenus d'exploitation
perçus par la Régie des installations olympiques pour lesdites
activités?