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(Dix heures onze minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. M. le ministre des Transports.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport de la Société des traversiers du
Québec
M. Lessard: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel de la Société des traversiers du
Québec, exercice terminé le 31 mars 1977. M. le Président,
je tiens à m'excuser s'il y a eu retard dans le dépôt de ce
document, c'est qu'il s'agit d'une erreur administrative.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Matapédia.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 86
M. Marquis: M. le Président, conformément à
notre règlement, qu'il me soit permis de déposer le rapport de la
commission élue permanente des transports qui s'est réunie le 7
décembre 1978 pour étudier article par article le projet de loi
no 86 intitulé: Loi modifiant le Code de la route, qu'elle a
adopté sans amendement.
Le Président: Rapport déposé. M. le
député de Berthier.
M. Mercier: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente des affaires
municipales qui s'est réunie le 11 décembre 1978 pour
étudier les projets de loi privés suivants: Le projet de loi no
272, Loi modifiant la charte de la ville de Sherbrooke, le projet de loi no
268, Loi modifiant la charte de la ville de Varennes, le projet de loi no 209,
Loi modifiant la charte de la ville de Laval, et les a adoptés avec des
amendements et de plus a entendu les parties intéressées par le
projet de loi public no 106, Loi concernant la ville de Saint-Eustache.
Le Président: Rapport déposé. Est-ce que ce
rapport sera adopté? Adopté?
M. Lavoie: On va en prendre connaissance.
Est-ce qu'on peut suspendre son adoption pour quelques minutes,
j'aimerais prendre connaissance du rapport, avant de l'adopter en blanc.
M. Charron: Très bien, M. le Président.
Volontiers.
Le Président: Toujours au dépôt de rapports
de commissions élues, M. le député de Limoilou.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 84
M. Gravel: M. le Président, conformément aux
dispositions de notre règlement, j'ai l'honneur de déposer le
rapport de la commission élue permanente des affaires sociales qui s'est
réunie le 11 décembre 1978 pour étudier le projet de loi
no 84, Loi modifiant la Loi de l'assurance-maladie et d'autres dispositions
législatives, et entendre les représentants des organismes qui en
ont fait la demande.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales.
M. le député de Verdun.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Subvention aux Communautés urbaines de
Montréal et de Québec
M. Caron: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires municipales. Je voudrais savoir du ministre des Affaires
municipales il sait qu'actuellement les maires de banlieue et le conseil
municipal de Montréal ont commencé à étudier le
budget de la communauté urbaine, que dans le passé le
gouvernement du Québec octroyait $15 millions et que vous avez
continué dans les deux autres années qui ont suivi ce
matin, si le ministre a l'intention de continuer à donner la subvention
et s'il décide de l'augmenter. Parce qu'étudier un budget sans
savoir combien on a de revenu, c'est assez difficile.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, ce n'est pas dans mon habitude
de faire des promesses ou des annonces de subventions avant que celles-ci aient
dûment été approuvées dans les formes. Cependant, il
me paraît très difficile, comme base de négociation,
d'aller plus bas que ce qui existe présentement, c'est-à-dire
qu'on va maintenir les $15 millions. Pour le reste, je devrai examiner de plus
près le programme et le budget de la CUM, ce qui est prévu au
chapitre des autres contributions
gouvernementales, notamment le transport en commun et l'épuration
des eaux.
Le Président: M. le député de Verdun.
M. Caron: En supplémentaire, M. le Président. Je
sais que le ministre va prendre tout cela en considération, mais il y a
beaucoup d'autres choses, l'augmentation de l'électricité, qui
est une augmentation du gouvernement d'en face, une augmentation de l'essence,
à laquelle vous ne vous êtes pas opposés. Je voudrais
savoir du ministre des Affaires municipales il était question
d'indexation dans le temps s'il pourrait prendre tout cela en
considération et au moins augmenter la subvention à $20
millions.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: Le député-maire de Verdun, lorsqu'il
nous demande d'indexer cette subvention, oublie de mentionner que la
contribution du gouvernement du Québec, par exemple, au transport en
commun, elle, est drôlement indexée puisqu'elle est
accrochée au déficit d'exploitation du transport en commun. La
contribution gouvernementale qui est de l'ordre de 50% cette année,
incluant les 60% du service de la dette du métro, dépasse $66
millions et dépassera probablement, l'an prochain, $80 millions. C'est
la contribution du gouvernement du Québec au transport en commun sur le
territoire de l'île de Montréal.
Donc, quand il parle d'indexer la subvention annuelle de $15 millions
pour les dépenses générales, ceci, soit dit en passant,
représenterait peut-être un montant intéressant, mais
vraiment marginal comparativement à ce que le gouvernement met ou va
mettre de plus pour le transport en commun uniquement, évidemment, sans
compter l'épuration où, encore là, le gouvernement du
Québec paie la moitié d'une facture de $1 milliard.
M. Caron: Question supplémentaire. Le Président:
M. le député de Verdun.
M. Caron: Dernière question supplémentaire, M. le
Président. Le ministre des Affaires municipales devrait aussi consulter
son collègue de la Justice...
Le Président: M. le député de Verdun,
pour-riez-vous formuler votre question, s'il vous plaît?
M. Caron: J'y viens justement à cela. Les officiers de la
sûreté de la CUM font énormément d'enquêtes
pour la Sûreté du Québec et je pense que c'est un montant
qui devrait être payé. Le ministre des Affaires municipales sait
qu'actuellement il y a même une ville en particulier qui aura
peut-être 142% d'augmentation.
Des Voix: Question!
Le Président: M. le député de Verdun!
M. Caron: II faut prendre soin de ces contribuables.
Le Président: M. le député de Verdun!
M. Caron: J'espère que le ministre des Affaires
municipales indexera la subvention.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: ... le député fait un tas d'affirmations
plutôt que de poser des questions claires et précises. Il a
parlé d'une ville où il y aurait 142% d'augmentation de taxes sur
le territoire de la CUM; c'est précisément une ville que je n'ai
pas hésité à mettre en tutelle il y a quelques mois. J'ai
déclenché une enquête parce que, précisément,
il y avait eu une administration déficiente, à tout le moins.
Pour l'instant, c'est tout ce que je puis dire. Aujourd'hui, effectivement, les
contribuables se retrouvent devant une situation difficile et croyez bien que
j'ai l'intention... J'ai déjà demandé à la
Commission municipale de rencontrer les autorités pour voir ce qui
pourrait être fait pour alléger en quelque sorte le dur contact
avec la réalité dans cette municipalité.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Lavoie: Question additionnelle. On sait l'importance de la
quote-part de la taxe de la CUM qui est dans la moyenne des deux tiers du
compte des contribuables des municipalités membres de la CUM. (10 h
20)
La fardeau fiscal de la CUM sur les contribuables est énorme. Il
comprend, à peu près, les deux tiers du compte global des
contribuables montréalais. A quel moment le ministre va-t-il aviser ces
municipalités et la CUM du montant de la subvention? Ces gens-là,
toutes ces municipalités, la CUM, sont en train de préparer leur
budget. A quel moment allez-vous annoncer que c'est $15 millions ou $20
millions? J'espère qu'elles auront plus de chance que celle de Laval
quant à ces subventions!
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, j'ai déjà pris
connaissance de façon sommaire du budget de la CUM. Relativement
à l'augmentation de taxes, s'il devait y avoir le maintien de la
contribution gouvernementale de $15 millions pour les dépenses
générales, en excluant les $80 millions, à peu
près, pour le transport en commun je cite le chiffre de $80
millions sous toute réserve, mais
c'est à peu près l'ordre de grandeur en moyenne,
dans le territoire de la CUM, elle serait de $0.05 par $100
d'évaluation. Pour une maison de $40 000 cela, représente $20. Il
ne faudrait quand même pas dramatiser une augmentation qui est des plus
raisonnables à l'intérieur du budget tel que déposé
par la CUM.
Le Président: Dernière question additionnelle
là-dessus, M le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Je ne suis pas satisfait de cette réponse,
premièrement, parce qu'il n'y a pas de garantie.
Des Voix: A l'ordre! Question!
Le Président: M. le leader parlementaire.
M. Lavoie: Comment voulez-vous, M. le Président, que nous
soyons satisfaits d'une telle réponse lorsqu'il n'y a même pas
d'assurance que cette subvention sera reconduite? Deuxièmement, comment
voulez-vous que je sois satisfait qu'on laisse ouverture à une
augmentation, alors que nous avons atteint un niveau... Comment pouvons-nous
considérer une augmentation? Comment le ministre peut-il
considérer même une augmentation de $0.05 avec le niveau
insupportable des taxes dans la région métropolitaine de
Montréal?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: Le budget de la CUM a été
déposé le 11 décembre et nous sommes le 13. Il est encore
à l'étude par la CUM elle-même.
M. Lavoie: Quand va-t-il entrer en vigueur?
M. Tardif: II est encore à l'étude par la
communauté urbaine elle-même. Il ne faudrait quand même pas
qu'on nous demande d'avoir approuvé des subventions ou des contributions
gouvernementales alors que le budget vient tout juste d'être
déposé.
En ce qui concerne les augmentations de taxes sur le territoire de la
CUM je l'ai mentionné tantôt c'est de l'ordre de
$1.19 à $1.24, à peu près, l'augmentation qui serait
prévue. M. le Président, hier, si on me permet, le
député de Saint-Hyacinthe a demandé que je dépose
le rapport du comité conjoint sur la réforme fiscale. Il me fait
plaisir, si on me le permet à ce moment-ci, de déposer deux
exemplaires, les autres ayant été livrés à chacun
des députés dans leur casier, me dit-on. Donc, hier
après-midi ou ce matin. Je veux bien déposer en Chambre,
officiellement, deux exemplaires.
Je voudrais souligner ici, à l'intention du député
de Laval, du député-maire de Verdun et de tous les autres, que
précisément la réforme de la fiscalité
prévoit l'abolition des surtaxes sur le territoire de la CUM. Je vous
rappellerai, pour ceux qui ne le sauraient pas, que les résidents du
territoire de la communauté paient une surtaxe de $0.60 les $100
d'évaluation pour l'excédent des immeubles de $100 000 et plus et
ce, pour l'ensemble du territoire de la CUM; à l'intérieur de la
ville de Montréal, il y a $0.43 additionnels. Or, M. le
Président, un des aspects de la réforme de la fiscalité
c'est de faire disparaître ces surtaxes. Les municipalités en
général et celles de la CUM en particulier ont, par le biais de
la réforme, un moyen de faire baisser la pression fiscale pour le
contribuable montréalais. Quant à nous, nous sommes prêts,
nous avons déposé un document au mois de juin dernier. Ce
comité conjoint vient de remettre son travail, et c'est beaucoup plus
dans ce genre de solution permanente que dans des contributions ponctuelles et
un peu paternalistes que se trouve la solution.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement au
dépôt de ce rapport?
Une Voix: Consentement.
Le Président: Consentement. M. le député de
Vanier, en additionnelle.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais d'abord vous
demander si vous me permettez de poser une question additionnelle, étant
donné que c'est relatif aux communautés urbaines, mais à
celle de Québec cette fois-ci.
Le Président: Vous pourrez revenir tout à
l'heure...
M. Bertrand: J'ai l'impression, M. le Président, que c'est
tout à fait additionnel, c'est toujours le même sujet de fond,
c'est une communauté différente seulement.
Le Président: Allez-y, M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Les media d'information, ce matin, font état
d'une générosité gouvernementale... M. le
Président, je voudrais savoir si je l'ai ou pas votre consentement.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, il y a le rapport sur la fiscalité et puisque cela porte sur
les communautés urbaines, on ne sera pas plus catholique que le
pape.
M. le député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, les media d'information ce
matin font état de la générosité accrue du
gouvernement pour aider la Communauté urbaine de Québec. On parle
d'une aide financière de l'ordre de $16 400 000...
Une Voix: Question.
M. Bertrand: ... dont le président de la communauté
urbaine, M. Pageau, se dit fort satisfait dans le contexte
particulièrement difficile que
nous vivons sur le plan économique, et à l'occasion de
laquelle il se permet de féliciter le ministre des Affaires municipales
pour sa grande disponibilité.
Des Voix: Question. A l'ordre!
Le Président: M. le député de Vanier, s'il
vous plaît, formulez votre question.
M. Bertrand: Je voudrais demander au ministre des Affaires
municipales si, dans ses négociations avec les maires de la
Communauté urbaine de Québec, l'entente qui est intervenue,
à savoir de consentir une aide financière de $16 400 000, est une
offre finale et répond aux besoins de la Communauté urbaine de
Québec pour l'année 1979. Quel sera l'impact de cette aide
financière sur l'effort fiscal qui devra être consenti par les
contribuables de la région de Québec pour le financement de la
communauté urbaine?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales,
brièvement, s'il vous plaît!
M. Tardif: M. le Président, en effet j'ai rencontré
hier soir les membres du comité exécutif de la Communauté
urbaine de Québec pour leur indiquer que les contributions
gouvernementales au fonctionnement de cette communauté seraient de
l'ordre de $16 400 000, $9 900 000 allant au transport en commun, selon les
règles en usage dans ce ministère, c'est-à-dire la
contribution gouvernementale au déficit d'exploitation pouvant varier
entre 45% et 55%, selon le cas, ce qui fait passer la contribution
gouvernementale de $7 millions à $9 900 000 environ.
Dans le cas des dépenses générales de
fonctionnement de la CUQ, la contribution gouvernementale de $1 300 000 passe
à $2 900 000, la contribution du gouvernement pour le BAEQM, Bureau
d'assainissement des eaux du Québec métropolitain, serait de
l'ordre de $2 600 000. A cela, M. le Président, viendrait se greffer un
montant de $1 million pour contribuer à la dépollution de
l'incinérateur de la ville de Québec. Ce qui, au total, fait une
contribution de $16 400 000 comparativement à $9 millions l'an dernier.
C'est au-delà de 80% d'augmentation de la contribution gouvernementale
dans le cas de Québec. Je tiens à préciser, cependant,
qu'il s'agit là d'une aide ponctuelle qui ne saurait être
basée de façon permanente étant donné que
l'année 1979 est particulièrement difficile, la Communauté
urbaine de Québec n'ayant jamais réparti un certain nombre de
dépenses et le faisant cette année pour la première
fois.
Donc, il y a une augmentation considérable et c'est la raison
pour laquelle, cette année particulièrement, la contribution
gouvernementale est appréciable. C'est la réforme de la
fiscalité qui viendra apporter un soulagement aux municipalités
pour les années à venir.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bellemare: Pour rétablir les faits.
Construction de logements pour personnes
âgées
M. Scowen: M. le Président, le 6 décembre, j'ai
posé trois questions au ministre des Affaires municipales sur la
compilation de la construction de logements pour les personnes
âgées. Ce sont des questions d'une grande importance pour ces
personnes et je veux savoir si le ministre est en mesure de nous donner les
réponses aujourd'hui. (10 h 30)
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, on m'a remis, en effet, un
document visant à répondre de façon précise au
député. Je crois que je ne l'ai pas ici, dans ma serviette. S'il
était d'accord, je le remettrai demain. Il contient des données
précises quant aux besoins en logements au Québec.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, quant à moi, ce n'est
pas acceptable, en toute humilité. Ce sont des questions sur les
réalisations, les faits. C'est une question qui touche une contradiction
entre une déclaration du premier ministre et le ministre des Affaires
municipales. Pour moi, ce n'est pas une question sur laquelle il faut une
étude approfondie.
Une Voix: II dit connaître ses dossiers.
M. Scowen: On a déjà attendu une semaine. Nous
avons une liste de 21 000 personnes âgées, à l'heure
actuelle, qui attendent ces logements et, cette année, on a
complété moins de 1000 logements. Est-ce que je peux avoir une
réponse?
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, ce n'est pas
une question; c'est un commentaire du député qu'on vient d'avoir.
J'ai dit que je m'engageais à déposer le document et que je ne
l'avais pas dans ma serviette. Je lui répondrai en Chambre
officiellement, s'il le veut, mais je n'ai pas avec moi le document qui me
permettrait de citer les chiffres précis.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Est-ce que je peux demander au ministre de
répondre en Chambre demain?
M. Léger: II est sourd. M. Tardif: Oui.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
Administration des filiales de la SGF
M. Russell: M. le Président, j'ai une question à
poser au ministre de l'Industrie et du Commerce à la suite des travaux
de la commission parlementaire de son ministère qui nous a permis
d'étudier à vol d'oiseau la situation de la SGF et
particulièrement de Marine Industrie.
Ma question vise à savoir si, à la suite de ces travaux
qui ont prouvé de façon certaine que la SGF dans plusieurs de ses
sociétés d'Etat a perdu des montants énormes,
particulièrement dans Marine Industrie où on sait qu'il y a eu
des contrats qui ont été passés et qui s'annoncent
très déficitaires dans un cas bien particulier,
au-delà de $100 millions à la suite de la réclame
que j'ai faite moi-même M. le Président, à la commission
parlementaire et à la suite de celle des journaux qui
s'intéressent à ce même domaine, le ministre de l'Industrie
et du Commerce a-t-il l'intention d'instituer une commission d'enquête en
vue, premièrement, de clarifier la situation dans ce domaine de la SGF
en général, qui justifierait l'achat de la majorité des
sociétés comme Forano, Lord, Volcano et Marine Industrie,
deuxièmement, et particulièrement, de clarifier cette situation
qui semble embrouillée dans Marine Industrie?
Le ministre sait bien que, la semaine dernière, nous n'avons pu
avoir de réponses précises sinon des réponses
contradictoires.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: M. le Président, le député fait
allusion aux filiales de la SGF. Je vais répondre à cette partie
avant de parler de Marine.
Sur treize filiales, M. le Président, onze filiales de la SGF
cette année sont rentables. La SGF, dans son ensemble, a payé $35
millions d'impôts aux deux paliers de gouvernement. Donc, il ne s'agit
pas d'une entreprise qui n'est pas rentable.
Mais il y a des problèmes dans une de ses filiales qui sont
très sérieux cette année, c'est-à-dire, à
l'intérieur de la filiale appelée Marine Industrie, qui a
obligé le gouvernement à déposer le projet de loi no 108,
afin d'éviter qu'il y ait une mise à pied de 3500
employés. Comme vous vous rappelez, M. le Président, nous avons
eu un ordre de la Chambre, après la première lecture, de
convoquer la commission parlementaire de l'industrie et du commerce.
Il y a eu convocation les 7 et 8, jeudi et vendredi passés. Douze
témoins avaient été invités à
répondre aux questions des députés. Dix se sont
présentés, deux n'ont pu se présenter. Je dois rappeler
à cette Assemblée, M. le Président, que j'ai
proposé à la commission de convoquer ces deux témoins,
mats de l'avis des membres de l'Opposition, il n'était pas
nécessaire, de sorte que j'ai retiré le
député de Brome-Missisquoi se le rappelle la motion que
j'avais présentée.
Il s'agissait véritablement d'une enquête publique, puisque
nous avons passé deux jours à interroger les personnes
impliquées, y compris le président de la SGF, et même, une
soirée, nous sommes allés jusqu'à minuit, de sorte qu'il y
a eu énormément de lumière de faite sur le dossier de
Marine. Nous avons ajourné, M. le Président, nos débats en
commission de l'avis unanime, parce que nous avions suffisamment d'information
et que nous étions prêts à venir devant l'Assemblée
nationale afin de discuter du projet en deuxième lecture, ce que nous
ferons au cours des jours prochains.
Pour ce qui concerne, par contre, les aspects judiciaires, c'est tout
à fait différent des aspects d'enquête publique qui eut
lieu lors de la commission. Il est évident que la SGF et Marine doivent
faire respecter leurs droits, vis-à-vis des tiers, qui peuvent avoir
lésé leurs intérêts. Dans le cas de Marine, elle a
déjà entrepris des poursuites judiciaires contre un certain
nombre de personnes qui peuvent avoir lésé ses
intérêts; donc, des poursuites judiciaires sont en marche. Dans le
cas de la SGF, cette dernière a demandé à des
vérificateurs deux types de vérification afin de s'assurer s'il
n'y a pas lieu à des poursuites judiciaires. Or, la SGF va pouvoir
entreprendre des poursuites judiciaires si elle juge que ses
intérêts ont été lésés.
A titre de ministre responsable, M. le Président, je tiendrai
l'Assemblée nationale au courant de tous les déroulements qui
pourront se produire prochainement à la suite de ces poursuites
judiciaires.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je ne veux pas faire de
débat, ni une question de privilège, mais je voudrais, en
supplémentaire, faire deux petites rectifications. La question des
membres qui étaient absents, nous n'avons pas jugé qu'il
n'était pas nécessaire qu'ils soient là, nous avons voulu
avoir les présidents administrateurs d'autres filiales que nous avons
ajoutés en amendement. C'est cela qui a été refusé
par la commission, de convoquer ces gens, non pas qu'on avait jugé que
ce n'était pas nécessaire qu'ils soient là. C'est une des
rectifications.
Deuxièmement, on a ajourné la commission, mais non pas
parce que nous étions satisfaits. J'ai moi-même dit à ce
moment et le ministre se le rappelle que c'était parce
qu'on ne pouvait pas avoir d'information; c'est pour cette raison. Ma question,
M. le Président, est celle-ci: Actuellement, c'est pour cette raison
que, ce matin, je demande au ministre de faire en sorte de répondre
à l'opinion publique qui veut que nous ayons une commission
parlementaire.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi, pourriez-vous formuler votre question, s'il vous
plaît?
M. Russell: M. le Président, si le ministre refuse une
commission d'enquête sur l'ensemble
de la SGF, est-ce qu'il voudrait avoir une commission d'enquête
sur Marine dans le cas bien particulier des bateaux?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce, brièvement, s'il vous plaît.
M. Tremblay: Concernant la première partie de la question
à savoir une enquête ou du moins des questions sur l'ensemble des
filiales de la SGF, je rappellerai aux membres de cette Assemblée que
c'est le conseil d'administration de la SGF, avec son président, qui est
responsable vis-à-vis du gouvernement de la tenue de chacune des
filiales. Or, nous avions, à cette commission parlementaire, le
président de la SGF qui était disponible pendant les deux jours
que nous avons tenu les séances pour répondre à toutes les
questions des membres de l'Opposition et des membres de la commission, ce
à quoi il s'est plié de bonne grâce. Je pense que nous
avons eu les renseignements voulus. Donc, il n'est pas dans l'autorité
du ministre de passer par-dessus la tête du conseil d'administration de
la SGF pour aller poser des questions directement à une filiale.
Souvent, ce sont des filiales possédées à un certain
pourcentage qui n'est pas un pourcentage de 100%, parce que, sur les treize
filiales, il n'y en a que trois qui sont possédées à 100%
par la SGF. Ceci, je pense, a été établi.
Mais comme l'a dit en réponse à la deuxième
partie de sa question le lapsus qu'il a fait, la commission
parlementaire a eu lieu, c'est une commission publique, il y a des tonnes de
dépositions qui ont été faites, il y a eu des rapports
déposés. Je comprends que cela va prendre des semaines avant que
nous analysions tout ce qui a été fait, parce que nous sommes
allés jusqu'à minuit un des soirs et certains
députés se sont abstenus de venir la deuxième
journée, parce qu'ils estimaient qu'ils avaient eu suffisamment de
renseignements.
Au plan public, M. le Président, je pense que nous avons fait la
lumière sur le dossier.
Au plan juridique, il est possible que la SGF et que Marine entament des
poursuites judiciaires, mais là c'est la responsabilité de la
SGF. Comme je l'ai dit tout à l'heure, comme ministre responsable, je
tiendrai l'Assemblée au courant de ces poursuites judiciaires
lorsqu'elles seront entamées par la direction de la SGF et par la
direction de Marine.
M. Russell: M. le Président, question additionnelle.
Le Président: M. le député de
Verchères, additionnelle.
M. Charbonneau: Principale, M. le Président.
Le Président: Je m'excuse, j'y reviendrai tout à
l'heure.
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Question additionnelle au ministre de l'Industrie et du
Commerce. Le ministre avait voulu convoquer les deux personnes qui ne sont pas
venues, soit les deux présidents de Marine, MM. Gérard Filion et
Yvon Simard. M. Simard en particulier, en même temps que d'être
président de Marine, était président de la
Société générale de financement au moment
précis où les contrats se sont négociés. Est-ce que
le ministre a fait faire une enquête pour savoir on a su que M.
Filion n'a pas pu venir, parce que sa femme était à
l'hôpital les raisons invoquées par M. Simard pour ne pas
se présenter? Où est M. Simard, à l'heure actuelle? Est-ce
qu'il y aurait possibilité de le voir un peu plus tard à une
commission parlementaire pour savoir exactement de lui ce qui s'est
passé au moment précis où on a négocié ces
contrats avec l'armateur grec? (10 h 40)
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: Comme je l'ai indiqué tout à l'heure,
j'avais proposé à la commision une convocation en bonne et due
forme des deux témoins auxquels fait allusion le chef de l'Union
Nationale en vertu des dispositions de l'article 53 de notre règlement,
mais les membres de la commission, surtout les membres de l'Opposition, ont
jugé que peut-être cette convocation dans les formes
n'était pas nécessaire, que nous avions M. Rochette, qui
était vice-président exécutif à cette
époque, en 1974 et en 1975, et qu'on pouvait avoir les renseignements
voulus.
Si les membres de la commission reviennent sur leur idée, ma
motion peut être ramenée et après l'adoption en
deuxième lecture, lorsque la commission se réunira pour
étudier article par article le projet, je n'ai aucune objection à
ce que nous demandions aux deux témoins de venir témoigner. Mais
dans le cas des deux témoins, l'un, comme l'a dit le chef de l'Union
Nationale, était pris à l'extérieur pour des raisons de
maladie, dans le cas de M. Filion; dans le cas de M. Simard, il était
à l'extérieur du Canada et ne pouvait être disponible. Ceci
ne m'aurait pas empêché de les convoquer en bonne et due forme par
le truchement du secrétaire des commissions si l'Opposition avait
été d'accord.
Le Président: Dernière question, M. le chef de I
Union Nationale.
M. Biron: Question additionnelle. Est-ce que le ministre est au
courant que les compagnies panaméennes contrôlées par
l'armateur grec Kara-georgis, auraient fait faillite dernièrement,
entraînant lannulation de l'obligation d'acheter trois navires qui sont
présentement à Sorel et qui devaient être achetés,
si mes renseignements sont justes, en septembre 1979? On savait
déjà que ce n'étaient pas des contrats solides, le
ministre lui-même la dit. Est-ce que le ministre est au courant de cela
et ne serait-ce pas une autre raison pour
instituer une enquête publique sur les événements
qui se sont passés en 1973, 1974 et 1975 à Marine?
Le Président: Brièvement, s'il vous plaît, M.
le ministre.
M. Tremblay: Si le chef de l'Union Nationale avait
été présent à la commission, vendredi, il aurait pu
poser cette question au président de la SGF. C'est la première
fois que j'entends parler de cette chose. C'était le temps, lors de la
commission, de poser cette question. Je peux m'informer sur cette question,
mais je regrette qu'on n'ait pas posé une telle question à la
commission parlementaire.
En ce qui concerne d'autres compagnies panaméennes, on sait que
Marine a racheté les actions des compagnies panaméennes afin
d'être libérée de ses contrats auprès de l'armateur
grec. Ceci a été établi lors de la commission
parlementaire de la semaine passée. Sur certaines autres compagnies, je
vais m'informer pour vérifier la véracité de ce qu'on
vient de dire.
Le Président: M. le député de
Verchères. M. Charbonneau: Merci, M. le Président.
M. Biron: M. le Président, question de privilège,
tout simplement pour corriger ce que le ministre a laissé entendre. Il a
regretté que je n'aie pas été là vendredi pour
poser les questions nécessaires. J'ai eu ces renseignements ce matin, ce
sont des renseignements nouveaux, la faillite de M. Karageorgis.
Le Président: M. le député de
Verchères.
Article du Code du travail déclaré
inconstitutionnel
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je voudrais poser
une question au ministre du Travail. On apprend ce matin, à la lecture
des journaux, que la Cour supérieure a déclaré
inconstitutionnel l'article 18a du Code du travail. Je voudrais demander au
ministre, d'abord, quelles sont les conséquences immédiates et
pratiques de ce jugement et éventuellement aussi quelles sont les
intentions du gouvernement. Concernant particulièrement les
conséquences, est-ce que le ministre peut nous indiquer si, à
court terme, il va y avoir des embêtements particuliers à
l'application du Code du travail à la suite de ce jugement?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Evidemment, je laisserai éventuellement le
soin au ministère de la Justice d'exprimer, sur une question qui touche
le droit constitutionnel, l'opinion officielle du gouvernement sur cette
question. Simplement pour rassurer le député de Verchères
et ceux qui sont impliqués dans ce domaine, l'article 18a du code
prévoit, à toutes fins utiles, les pouvoirs des arbitres en
matière de sentence. Nous avons prévu, lors des amendements au
Code du travail, qu'une sentence arbitrale pouvait être homologuée
en Cour supérieure et par le fait même devenir exécutoire
comme si elle était un jugement de la Cour supérieure. C'est ce
que, en première instance, au moment de la contestation par une partie
à l'occasion d'une sentence, la Cour supérieure a
considéré comme inconstitutionnel, dans la mesure où elle
considère qu'un arbitre nommé sous l'empire d'une loi provinciale
ne pourrait obtenir des pouvoirs analogues à ceux d'un juge de la Cour
supérieure qui est un tribunal, comme on le sait, de juridiction
fédérale.
J'ai appris cette nouvelle hier soir, par les gens de mon
ministère. Nous sommes en ce moment en train de faire certaines
recherches. Il ne sera pas impossible, une fois l'évaluation du dossier
faite, que nous allions en appel.
Quant aux conséquences immédiates, elles ne sont pas
dramatiques dans la mesure où des sentences arbitrales n'ont jamais
été homologuées antérieurement. Cela n'a jamais
empêché les sentences arbitrales d'être des sentences
arbitrales quand même! Cela enlève, cependant, évidemment,
une force qu'on voulait y voir en vertu de l'article 18a en leur donnant la
valeur d'un jugement de la Cour supérieure.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
Amendements à la Charte des droits et
libertés de la personne
M. Samson: M. le Président, j'adresse ma question à
l'honorable premier ministre. Le ministre de l'Immigration a
déposé en cette Chambre hier un document qui se voulait une
pétition, mais qui, finalement, est un dépôt de document.
En fait, c'est une pétition de la Ligue des droits de l'homme demandant
au gouvernement québécois d'amender sa Charte des droits et
libertés de la personne. Il y a, évidemment, plusieurs
suggestions qui sont faites. Je veux demander au premier ministre s'il a eu le
temps de prendre connaissance de ces suggestions qui sont faites par la Ligue
des droits de l'homme et de quelle façon le gouvernement entend y donner
suite, s'il y a lieu.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je ne peux
pas dire que j'en ai pris connaissance suffisamment pour pouvoir
répondre et entrer dans le détail. J'ai vu, comme le
député, la pétition. On va sûrement avoir l'occasion
d'en parler avec le ministre de l'Immigration. Peut-être que, si la
question revenait d'ici quelques jours, on serait mieux placé pour y
répondre.
da.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, est-ce que le premier ministre
pourrait me dire... Je vois que le ministre de la Justice est là,
maintenant. Le ministre de la Justice serait peut-être mieux placé
pour me dire s'il a pris connaissance de ces suggestions, ce qu'il a
l'intention d'en faire. Peut-être pourrait-il me dire en même temps
s'il a l'intention de rouvrir la Charte des droits et libertés de la
personne et s'il y aurait, avant la réouverture de cette loi, une
commission parlementaire afin de permettre à ces gens et à
d'autres personnes ou groupes intéressés de venir devant cette
commission.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, j'ai pris connaissance
rapidement de la pétition déposée par la Ligue des droits
de l'homme et nous sommes à l'étudier au ministère. Comme
il est probable qu'il y aura lieu de procéder à certains
amendements au niveau de la Charte des droits et libertés de la personne
au cours de l'année 1979, c'est à ce moment-là que cette
pétition et d'autres représentations faites par d'autres citoyens
ou groupes de citoyens seront étudiées, entre autres celles
faites aussi par le Conseil du statut de la femme. L'ensemble de ces
représentations sera étudié pour procéder le plus
valablement possible aux amendements qui pourraient être faits à
la charte au cours de l'année 1979.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Excusez-moi, j'aurais une question
supplémentaire. En fait, le ministre a peut-être oublié de
répondre à une partie de ma question et c'est celle que je
considère comme la plus importante. Est-ce l'intention du ministre de la
Justice, avant de venir devant l'Assemblée avec un projet de loi pour
amender la Charte des droits et libertés de la personne, de convoquer la
commission permanente de la justice afin d'inviter ces personnes ou groupes de
personnes à venir devant la commission de sorte que les membres de la
commission puissent prendre connaissance de leurs questions avant que la loi
vienne devant l'Assemblée?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Comme je l'ai dit au député tout
à l'heure, il y a plusieurs groupes qui nous ont fait des
représentations outre la Ligue des droits de l'homme. Je crois qu'il
sera opportun et même très indiqué de faire siéger
une commission parlementaire avant de procéder à des amendements
à la Charte des droits et libertés de la personne de
manière que tous les groupes intéressés puissent
émettre leurs opinions quant aux changements.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
Occupation du Village olympique
M. Goldbloom: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre responsable de la Régie des installations olympiques. Il
était ici il y a un instant et je suis certain qu'il n'est pas
très loin. Le voilà! J'aimerais poser une question au ministre au
sujet du Village olympique. Devant le phénomène psychologique que
l'on est obligé de constater parmi d'éventuels acheteurs ou
locataires du village, un phénomène qui commençait
déjà à se manifester à l'automne de 1976 et qui
semble constituer un obstacle majeur à l'atteinte d'un vrai
éventail socio-économique parmi la population du village, le
gouvernement a-t-il pris une décision? (10 h 50)
Plus précisément, a-t-il maintenant pris la
décision de ne pas consacrer le village totalement au logement social
afin d'éviter que cela soit un ghetto. S'il a pris cette
décision, envisage-t-il de mettre le village en vente et de le vendre si
la meilleure offre paraît sérieuse et atteint un niveau
raisonnable?
Le Président: M. le ministre.
M. Charron: Le sujet du Village olympique est également
à l'ordre du jour du Conseil des ministres qui se réunira tout
à l'heure. Je peux informer le député, toutefois, en
disant que ce n'est pas l'intention du gouvernement actuellement de mettre en
vente les pyramides olympiques. Ce qui est important pour nous, c'est de
trouver, en gardant la Régie des installations olympiques comme
propriétaire du village, la formule qui va assurer l'occupation maximale
des 980 appartements qui sont désormais, pour la plupart,
terminés et prêts à être mis en location. Et, c'est
sur cette formule que va se pencher le Conseil des ministres aujourd'hui, non
pas, sur la possibilité de vente du village.
Le Président: M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire, d'une part, vers quelle date les logements vont pouvoir
être mis à la disposition des citoyens et, d'autre part, si les
problèmes concernant l'aménagement du premier niveau en termes de
services, problèmes qui étaient liés à des
discussions avec la ville de Montréal, sont réglés ou en
voie de l'être?
M. Charron: A la première question, M. le
Président, si ma suggestion est retenue au Conseil des ministres ce
matin, je pense que les avis de
mise en location, l'échelle de loyer, donc publics, à
être connus pour ceux qui sont intéressés à prendre
logement au Village olympique pourraient être faits selon les
informations que j'ai de la régie même, avant la fin de cette
année 1978, donc d'ici les deux ou trois prochaines semaines. Les gens
intéressés pourraient alors s'adresser au propriétaire des
pyramides, c'est-à-dire la régie, pour se renseigner au sujet de
la possibilité de location.
Quant à la deuxième question, les discussions avec la
ville de Montréal se poursuivent encore, c'est la régie qui a
été il y a quelques semaines mandatée par le Conseil des
ministres pour négocier toute cette question de terrains adjacents aux
pyramides du village. Ce n'est pas un dossier facile. Il y en a une partie
mon prédécesseur le sait qui est devant les
tribunaux actuellement, c'est un méli-mélo juridique,
économique et financier à la fois avec la ville de
Montréal. On essaie de faire du mieux que l'on peut, mais cela
n'empêchera pas la mise en location la plus rapide possible, même
si la question des terrains le partage avec la ville de Montréal
n'est pas tout à fait réglée encore.
Le Président: M. le député de
Huntingdon.
Demande du retrait du projet de loi no 116
M. Dubois: Ma question s'adresse au premier ministre. Est-il vrai
que le premier ministre aurait reçu hier un télégramme en
provenance des coopératives du Québec, lui demandant !e retrait
du projet de loi no 116? Aussi, on demandait, apparemment, si vous en vouliez
encore des coopératives au Québec.
Suite aux nombreuses contestations de la part des producteurs, je
demande au premier ministre s'il a l'intention vraiment de retirer ce projet de
loi, lequel légalise rétroactivement le hold-up du siècle,
puisqu'il s'agit d'environ 200 millions de prélèvements
illégaux exécutés jusqu'à maintenant, envers les
producteurs, il oblige le contingentement des productions, il autorise et
légalise la saisie de productions et l'imposition de
pénalités envers les producteurs.
Devant tout cela, est-ce que le premier ministre a vraiment l'intention
de retirer ce projet de loi?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, en
réponse à la dernière partie de la question, prudemment,
je dirai non, pas du tout, il n'en est pas question. Mais cela ne veut pas dire
qu'on ne doit pas étudier les représentations qu'évoque le
député, sauf que j'avoue humblement que je ne les ai pas lues, je
ne sais pas si elles sont arrivées au bureau. Je vais vérifier en
rentrant. Vu que le Conseil des ministres siège le leader
parlementaire l'a invoqué dans quelques minutes, je pourrai en
parler avec le ministre de l'Agriculture.
C'est tout ce que je peux dire pour l'instant, je n'ai pas lu le
télégramme.
Le Président: M. le leader de l'Opposition. M. Levesque
(Bonaventure): M. le Président...
Le Président: Une dernière question, M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Je demande au premier ministre s'il a
évalué toutes les dispositions incluses dans le projet de loi no
116. Je vous inviterais aussi, M. le premier ministre, à relire votre
discours livré au moment du sommet agro-alimentaire en avril, lequel est
à l'extrême opposé des mesures comprises dans le projet de
loi 116.
Je vous demande, M. le premier ministre, si vous avez pris connaissance
du message du ministre de l'Agriculture, livré la semaine
dernière devant les membres de l'UPA, ici, à Québec, dans
lequel il insistait sur la liberté pour les producteurs de choisir leur
production. C'est complètement à l'opposé du projet de loi
116. Comment concilier cela?
M. Lévesque (Taillon): On va étudier tout cela le
mieux possible, que voulez-vous!
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
Grève à la traverse
Godbout-Matane
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre des Transports et, possiblement, au ministre du Travail
et de la Main-d'Oeuvre. Ma question a trait à une situation qui dure et
qui perdure; c'est toujours la grève du traversier entre Godbout et
Matane, ces deux villes se trouvant dans les comtés respectifs du
ministre des Transports et du ministre des Terres et Forêts et des
Richesses naturelles.
M. le Président, je pense bien que le gouvernement doit
être assez sensibilisé à cette question qu'on devrait
aujourd'hui, à la veille de Noël, avoir des réponses plus
précises que celles que nous avons connues jusqu'à
maintenant.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, encore une fois je tiens
à préciser les responsabilités que j'ai en ce qui concerne
la négociation entre les employés de la Société des
traversiers du Québec et la Société des traversiers du
Québec. Le responsable de la négociation, c'est le ministre de la
Fonction publique. Il est responsable, comme tel, de la négociation.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je suis
prêt à ajouter dans ma liste le nom du ministre de la Fonction
publique.
M. Lessard: Mais, dans les circonstances, M. le Président,
comme tuteur, je dois être près du
dossier. Je me préoccupe énormément du dossier
puisque je veux autant que possible que ce règlement puisse se faire
avant Noël, mais je transmets, si vous me le permettez, la question au
ministre de la Fonction publique et, par la suite, au ministre du Travail et de
la Main-d'Oeuvre, étant donné qu'il y a conciliation
actuellement.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, brièvement, puisque la période des questions est
déjà écoulée.
M. Johnson: M. le Président, très
brièvement.
M. Lavoie: Le ministre de la Fonction publique.
M. Johnson: Non, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
est ici, présent.
M. Goldbloom: L'amiral de la flotte ne peut pas
répondre?
M. Johnson: Bon! M. le Président, dans ce dossier, il y a
eu une rencontre.
M. Levesque (Bonaventure): ... M. Johnson: Pardon?
M. Levesque (Bonaventure): C'est important un peu.
M. Johnson: Non.
M. Levesque (Bonaventure): Non?
M. Johnson: Dans ce dossier, il y a eu une rencontre encore en
date d'hier et d'avant-hier. Je suis heureux d'annoncer que ce dossier, qui
comprenait une soixantaine de points litigieux, n'en comprend maintenant que
trois; ce qui est considérable, je pense, comme efforts faits par les
services de conciliation et grâce à l'attitude des
délégués syndicaux et des représentants du
ministère des Transports et du ministère de la Fonction publique.
Je pense qu'ils ont réussi, de part et d'autre, à mettre de l'eau
dans leur vin aux fins d'en arriver à un règlement.
Cependant, sur les trois points qui demeurent en litige, il semble qu'il
y ait un problème du côté du mandat des négociateurs
syndicaux. C'est pourquoi, aujourd'hui ou demain, le sous-ministre adjoint aux
relations de travail au ministère, M. Blain, doit communiquer avec le
président du Syndicat international des marins à Vancouver pour
obtenir des mandats très clairs pour la partie syndicale sur les trois
points qui demeurent en litige.
Le Président: Alors, fin de la période des
questions.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: Une dernière question
peut-être.
M. Levesque (Bonaventure): Une question additionnelle. M. le
Président, ce n'est pas une question additionnelle, mais...
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique,
très brièvement.
M. de Belleval: Je veux bien réagir, M. le
Président, mais encore faudrait-il que le chef de l'Opposition ait une
question précise à formuler.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, la question
précise que j'ai à formuler, c'est qu'est-ce que le ministre de
la Fonction publique on vient d'évoquer son rôle
très important fait dans ce dossier?
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: Je ne sais pas si c'est une question
précise dans l'esprit du chef de l'Opposition, M. le Président.
Il y a un conflit de travail. Je suppose que le chef de l'Opposition a une
question précise à poser sur ce conflit de travail. Sur mon
rôle général dans ce domaine-là, je peux assurer au
chef de l'Opposition que je suis le dossier régulièrement,
à tous les deux ou trois jours, que je m'informe du progrès des
négociations, que le négociateur me consulte
régulièrement quant à l'évolution de la partie
syndicale et des concessions et des précisions qu'on peut apporter
nous-mêmes dans nos propres positions, dans nos propres offres, de
façon que le conflit se résolve le plus rapidement possible.
M. Levesque (Bonaventure): Quand le traver-sier va-t-il
fonctionner?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît! Avant de mettre un terme à la période des
questions, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre m'a informé
qu'il souhaitait apporter une réponse à une question qui a
été formulée antérieurement par M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale.
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. (11 heures)
M. Lavoie: Est-ce qu'il en sera de même pour le ministre
des Affaires sociales?
M. Lazure: Oui.
Achat du Centre de réadaptation
M. Johnson: M. le Président, avant de donner la
réponse au député de Johnson sur la question de la
Commission des accidents du travail et l'achat du Centre de
réadaptation, je voudrais simplement soulever une précision
à la suite de la question du député de Verchères
concernant un jugement récent de la Cour supérieure touchant
l'article 18a) du Code du travail. J'ai bien dit que c'était hier soir,
entre deux réunions, vers 11 heures, que j'ai appris que cette chose
était arrivée, ce qui prouve qu'on ne devrait pas
émettre
des opinions à partir d'un coup de téléphone mais
de textes. J'ai revu le code. J'ai revu un extrait sur la sentence. Il s'agit
bien non pas des sentences arbitrales mais effectivement des sentences du
Tribunal du travail, ce qui évidemment va compliquer un peu tout le
processus relié à la question de l'injonction. C'est susceptible
de poser tout cela comme problème. Je voudrais simplement le
préciser dans ce sens.
Deuxièmement, en ce qui a trait à la question que m'avait
posée le député de Johnson concernant un centre de
réadaptation, je pense qu'il faut peut-être faire
brièvement la mise au point suivante. Il y a effectivement un centre de
réadaptation évalué à environ $18 millions dans une
transaction totale d'au-delà de $20 millions qui touche deux centres de
réadaptation qui étaient en fait les centres de
réadaptation de la CAT, la Commission des accidents du travail, qui
doivent passer, en vertu de nos lois, sous la juridiction du ministère
des Affaires sociales.
Cependant, la propriété, au moment où on se parle,
de ces deux centres de réadaptation, celui de Montréal et celui
de Québec, revient toujours à la Commission des accidents du
travail bien que, de fait, ils soient administrés par des contrats de
service au ministère des Affaires sociales. En ce moment, un
comité interministériel entre la CAT, le ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre et le ministère des Affaires sociales est
en train de tirer au clair la question de la passation de
propriété. Ceci dit, le député de Johnson avait
semblé évoquer que les entrepreneurs n'avaient pas
été payés sur les intérêts. Je voudrais bien
dire que ceux qui ont construit ces bâtiments ont été
payés. Quand on parle des entrepreneurs en général, on
parle du fait que la Commission des accidents du travail, ses fonds proviennent
des entrepreneurs et, à ce titre, dans une transaction avec le
ministère des Affaires sociales, les entrepreneurs, comme
collectivité, ont un intérêt sur la question des
intérêts. C'est tout.
M. Bellemare: M. le Président, question additionnelle.
Le Président: Une question, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale.
M. Bellemare: Dans quels chiffres se situent actuellement les
intérêts qui ont été payés aux entrepreneurs?
Si, véritablement, le centre qui avait été payé par
eux a été vendu au ministère des Affaires sociales, les
intérêts qui se sont accumulés depuis la transaction ont
été payés par qui et où?
M. Johnson: Au moment où on se parle, il n'a pas
été vendu. De fait, les services qui sont dispensés dans
les centres de réadaptation le sont par le ministère des Affaires
sociales mais le centre n'a pas été vendu. Il est possible que
cela se fasse. Donc, les intérêts accumulés jusqu'à
maintenant doivent être assumés par ceux qui sont les
propriétaires, d'une certaine façon.
Cependant, le comité dont j'ai parlé a un
échéancier précis qui devrait nous amener au mois de
février ou mars avec des décisions finales, y compris toute la
question des intérêts encourus sur le capital dont on parle.
Le Président: Une question, M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, à la suite de la
précision du ministre du Travail, je voudrais insister pour avoir de sa
part ou de la part du ministre de la Justice la réponse à la
deuxième partie de la question que j'avais posée au début,
c'est-à-dire les intentions du gouvernement face à ce jugement.
Si vous indiquez comme vous venez de le faire, que ce jugement peut avoir des
conséquences plus importantes que celles que vous nous avez
laissé entendre au début, est-ce que, déjà, on a
évalué la possibilité de porter ce jugement en appel,
d'une part? Et, en attendant, est-ce que la loi continue de s'appliquer tant
que la décision n'aura pas été portée en appel?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, il s'agit d'un jugement qui
est très long et, deuxièmement, qui touche un sujet
extrêmement complexe en droit constitutionnel. Je pense qu'il faut
permettre aux deux ministères concernés de faire les
évaluations qui s'imposent, particulièrement au bureau du
procureur général, du ministre de la Justice, sur toute la
dimension constitutionnelle du problème qui se pose. Evidemment, nous
sommes intéressés au premier chef dans cette décision.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales, est-ce
que vous ne souhaiteriez pas apporter un complément de
réponse?
Difficultés à la Cité de la
santé de Laval
M. Lazure: Oui, M. le Président. La semaine
dernière, le député de Laval a posé une question
concernant certaines difficultés financières à la
Cité de la santé de Laval, le nouvel hôpital de la ville de
Laval, ainsi que certaines supposées mises à pied. A titre de
préambule pour ceux qui connaissent moins cet hôpital, il a
été inauguré en avril passé. En principe, cet
hôpital aura une capacité d'environ 350 lits. Actuellement,
l'hôpital n'a que 200 lits d'occupés. L'hôpital a tout
près de 1000 employés, 995 employés, au moment où
on se parle. Il avait un budget de $12,7 millions pour l'année
financière courante.
Tout récemment, dans une lettre du 30 novembre, signée par
le sous-ministre adjoint au programme de santé, M. Réjean Cantin,
nous avons consenti à rehausser, devant les difficultés de cet
hôpital, le budget pour l'année courante de $12 700 000 à
$14 500 000. Nous ajoutons, cependant, dans cette lettre: "II est de la plus
haute importance que la Cité de la santé de Laval prenne
tous les moyens nécessaires afin que soit respectée
l'enveloppe budgétaire de $14 500 000. A cet égard,
j'apprécierais recevoir dans les meilleurs délais un engagement
ferme de la part du conseil d'administration c'est adressé au
président du conseil d'administration, le Dr Lucien Paiement
quant au respect de votre budget et, le cas échéant, les
caractéristiques du plan de redressement financier."
Essentiellement, M. le Président, cet hôpital a
dépassé et allègrement les limites de l'enveloppe
budgétaire qui avait été consacrée par le
ministère, c'est-à-dire $12 700 000. Nous avons dû
céder à cette représentation venant de l'hôpital;
nous avons rajusté à la hausse le budget. Il n'y a pas eu de
mises à pied, à ce qu'on sache, aux dernières nouvelles,
ce matin; il a été question de la mise à pied de quelques
psychologues. Chose certaine, nous avons demandé à
l'hôpital, au lieu de faire des mises à pied, d'ouvrir le plus
rapidement possible les 140 autres lits qui devraient être ouverts. En
deux mots, je résume, M. le Président, il s'agit d'un cas
où l'institution a procédé très rapidement à
l'embauche de personnel, trop rapidement par rapport à l'ouverture des
lits. Autrement dit, nous croyons que l'administration de cet hôpital a
été quelque peu imprudente en engageant des fonds
considérables sans être certaine de pouvoir offrir les services
équivalents.
M. Lavoie: Question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: Une question, M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Je ne ferai pas le procès de quiconque dans
l'administration, mais j'ai une question que je ne peux retenir. Moi, comme
député, je dois m'adresser au ministre des Affaires sociales.
Comment expliquer les renseignements que je désire sont bien
précis que l'hôpital général le plus
récent au Québec, le plus moderne, qui a coûté
au-delà de $30 millions, après six mois d'ouverture, ne
fonctionne qu'à 50%, premièrement? Comment un hôpital de
350 lits peut-il fonctionner avec un budget péniblement consenti par le
ministre des Affaires sociales de $14 500 000, alors que le budget devrait
être d'au moins $25 millions pour un hôpital de 350 lits?
Dernière question, si le ministre n'est pas au courant, actuellement il
y a plusieurs dizaines de mises à pied les lettres sont
envoyées pour le 3 janvier 1979. Que le ministre me
réponde à ces questions.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, j'ai dit et je
répète que nous incitons les hôpitaux à ne pas faire
de mises à pied et, quand ils ont à en faire, ils doivent
recevoir l'autorisation du ministère. C'est très clair, c'est
notre politique depuis un an et demi. Que je sache, en date de ce matin, nous
n'avons autorisé aucune mise à pied. Si le conseil d'admi-
nistration ou la direction de l'hôpital à Cité de la
santé de Laval prend des initiatives qui vont à rencontre des
directives du ministère, c'est une autre question et on va s'en occuper.
Donc, il n'y a pas de mises à pied, quant à nous.
Deuxièmement, le budget qui avait été accordé cette
année prévoyait des hausses graduelles selon l'ouverture des
blocs de nouveaux lits. Quant à nous j'ai ici une correspondance
du mois d'avril dernier que je pourrais déposer aussi bien que l'autre
du 30 novembre, M. le Président nous avions établi avec
l'hôpital un échéancier: ouverture de 120 lits, le 17 avril
1978; 58 lits additionnels, le 1er août; 119 lits additionnels, le 1er
septembre et les derniers 58 lits, le 1er octobre 1978.
Quant à nous, M. le Président, la direction ou la gestion
de Cité de la santé de Laval n'a pas respecté cet
échéancier, d'où l'imbroglio. Nous croyons
honnêtement qu'avec tout près de 1000 employés, 995, ils
ont suffisamment d'argent puisque, à 80% le budget d'un hôpital,
c'est pour les employés. Ils ont suffisamment d'argent, ils ont
suffisamment d'employés pour offrir un plus grand nombre de lits. (11 h
10)
Le Président: Fin de la période de questions.
Maintenant, je vous suggère, M. le leader parlementaire du
gouvernement, de faire adopter le rapport de la commission concernant les
projets de loi privés des affaires municipales.
Rapport de la commission ayant étudié les projets de loi
nos 209 et 272
M Charron: Oui, M. le Président. Je propose que ce rapport soit
adopté, M. le Président et déposé.
Le Président: Est-ce que ce rapport sera
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Adopté, concernant les projets de loi
nos 209, 272, deuxième lecture.
M. Charron: Est-ce que je peux demander également, selon
le même consentement, de revenir pour un instant au dépôt de
documents? Mon collègue des Affaires municipales aurait un document
à déposer.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le ministre des Affaires municipales au dépôt de
documents, d'après le consentement.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais officiellement,
cette fois, déposer les documents qui ont été
demandés par le député de Saint-Hyacinthe. J'ai dit
tantôt, lors de la période de questions, que j'étais
prêt à les déposer, alors les voici. Il semblerait qu'il
faut officialiser la chose.
Le Président: Documents déposés. Aux motions
non annoncées, M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Motion non annoncée Appui à la campagne
d'Oxfam
M. Johnson: M. le Président, au mois de décembre,
tous les ans, depuis maintenant près de cinq ans, Oxfam Québec,
un organisme de développement international québécois, est
en campagne de financement. Je pense que cette Chambre doit appuyer les efforts
de cet organisme québécois, Oxfam Québec, pour venir en
aide aux pays du Tiers Monde et aussi pour sensibiliser l'ensemble des
Québécois à l'égard des problèmes du Tiers
Monde.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation de cette motion?
Une Voix: Consentement.
M. Bellemare: M. le Président.
Le Président: II y a consentement, est-ce que la motion
sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, en vertu des
dispositions de l'article 34.
Travaux parlementaires
M. Bellemare: En vertu de l'article 34. J'ai été
fort étonné, ce matin, d'entendre dire, je ne suis pas sûr,
que le projet de loi no 110 était soumis actuellement à
l'attention d'un organisme supérieur du travail, que vous connaissez.
Pour cette raison, on m'a dit qu'il ne serait pas présenté en
Chambre aujourd'hui, mais peut-être demain. Je voudrais savoir là
où se situe la vérité vraie.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: La vérité vraie est la suivante, M. le
Président. Le projet de loi no 110, sur lequel même hier le leader
de l'Union Nationale invoquait la possibilité d'une commission
parlementaire, est actuellement soumis à l'organisme consultatif par
excellence, auprès de mon collègue du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, le conseil consultatif qui doit donner son avis demain, jeudi,
là-dessus. Hier, en cours de soirée, j'ai été mis
au courant de ce fait. D'autre part, un député de l'Opposition,
pas du même parti que celui du leader de l'Union Nationale, a
souhaité de retarder au lendemain de cet avis l'étude en
deuxième lecture de ce projet de loi en disant que cela pourrait
peut-être éclairer un certain nombre de députés qui
veulent intervenir sur ce projet de loi ayant en main copie de l'avis du
conseil consultatif.
Devant cette possibilité, qui me semblait raisonnable, et
respectueuse des désirs des membres de l'Assemblée, j'ai
contacté l'Opposition officielle et le chef de l'Union Nationale, hier
soir, pour étudier la possibilité de retarder à vendredi
l'étude du projet de loi no 110 et de devancer à aujourd'hui ce
qui était prévu pour vendredi, c'est-à-dire le projet de
loi au nom de mon collègue du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Cela a été convenu avant 23 heures, hier soir, de
part et d'autre des deux partis. Je les en remercie. C'est pour cette raison
que notre ordre du jour, aujourd'hui, est modifié par rapport à
ce que j'avais annoncé hier.
M. Bellemare: M. le Président, j'aimerais ajouter un mot
devant les difficultés qui semblent se manifester sur le chemin de cette
adoption en troisième lecture du projet de loi no 110. Est-ce qu'il ne
serait pas plus avantageux et plus régulier, vu que les parties en font
une cause, même si le rapport du Conseil supérieur du travail
était semi-favorable ou défavorable, de remettre l'étude
à la prochaine session? Parce qu'il y a dans le projet de loi no 110
énormément de choses, et il faudrait entendre les parties.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Johnson: M. le Président, brièvement, le projet
de loi no 110 contient, comme on le sait, différentes dispositions qui
touchent la Régie des entreprises de construction, la formation du
groupe patronal, l'Office de la construction, le statut des artisans, le champ
d'application du décret. Il est vrai que les parties ont
manifesté à l'égard de l'ensemble de ces questions des
opinions, sauf en ce qui a trait à la structure de l'Office de la
construction du Québec.
C'est sur cela que doit se prononcer le Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre demain après-midi, à compter de 15 heures
environ, ce qui fait que vendredi on devrait donc avoir l'éventail des
opinions là-dessus. J'aurai, pour ma part, à présenter ce
qu'on appelle des papillons, certains amendements à certaines
dispositions à partir de ces avis que j'ai reçus du Conseil
consultatif et des parties que j'ai eu l'occasion de rencontrer très
longuement hier soir.
M. Brochu: M. le Président, en vertu des dispositions de
l'article 34.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Brochu: Concernant le projet de loi no 114, au nom du ministre
du Travail, modifiant la Loi des accidents de travail, on a reçu
et cela a sûrement été le cas pour le ministre
également un mémoire de l'Association des mines de
métaux du Québec concernant les coûts de ces changements,
sa réaction au projet de loi et ainsi de suite. Est-ce que le ministre
et le gouvernement accepteraient qu'on puisse convoquer une commission
parlementaire pour entendre ces gens, ne fût-ce qu'une heure, ce qui nous
permettrait de déblayer le terrain pour le projet de loi no 114? Cela
nous permettrait peut-être d'aller plus vite ensuite pour
l'étude article par article du projet de loi. Est-ce que le
gouvernement serait prêt à accepter cette suggestion?
M. Charron: Non, je ne crois pas que ce soit nécessaire ni
même opportun, pour deux raisons. D'abord, parce que les
députés la preuve est donnée par le
député de Richmond même ont entre les mains toutes
les représentations de cet organisme et ils pourront donc y puiser tout
ce qu'ils veulent dans leur argumentation sur le projet de loi. Ce n'est pas un
document secret, tout le monde l'a et l'organisme a fait ses
représentations.
D'autre part, dans la rédaction même du projet de loi,
l'organisme en question et d'autres ont été consultés par
la Commission des accidents du travail; le ministre du Travail en fera mention
et les nommera tous un à la suite de l'autre s'il le faut demain, dans
son discours de deuxième lecture. C'est toujours notre intention
d'appeler ce projet de loi no 114 demain, après que la Chambre aura
disposé des lois fiscales.
Le Président: Affaires du jour.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: J'ai donné quelques avis en répondant
aux questions. Ce matin, nous allons étudier le projet de loi au nom de
mon collègue le député de Maisonneuve; nous allons ensuite
étudier le projet de loi au nom du député de Laval. La
Chambre travaillera en commission plénière à ces deux
projets de loi par la suite; ils ne seront donc pas
déférés à aucune commission parlementaire, cela se
fera ici. Quand ceci sera terminé, nous entamerons la deuxième
lecture du projet de loi no 71 au nom du ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche et nous ferons la même chose que la semaine
dernière sur la Loi des Transports. Lorsque la Chambre aura
terminé la deuxième lecture de ce projet de loi, elle ajournera
ses travaux et la commission du tourisme, de la chasse et de la pêche
commencera immédiatement l'étude article par article du projet de
loi qui viendra à l'instant de lui être
déféré. Donc, il faudrait prévoir que ce soir il y
aura trois commissions parlementaires qui siégeront si, comme je
l'escompte et comme je m'y attends, le projet de loi no 71 est achevé en
deuxième lecture au cours de l'après-midi, sinon vers 18 heures
ce soir.
Pendant ce temps...
M. Bellemare: Trois commissions? Lesquelles?
M. Charron: Probables. Celle du tourisme, de la chasse et de la
pêche...
M. Bellemare: L'agriculture?
M. Charron: Et je vais mentionner les deux autres. Je fais motion
pour qu'elles siègent immédiatement. Avant de faire motion, M. le
Président, j'indique ceci. Nos collègues de la commission de
I'agriculture je les en remercie et les félicite
ont achevé hier d'entendre tous les citoyens qui avaient demandé
à être entendus sur le projet de loi de la protection des terres
agricoles. Personne n'a senti, je pense, qu'il n'avait pas été
suffisamment écouté. Encore hier soir, vers 23 heures ou minuit,
on entendait le dernier organisme avec toute la déférence
similaire réservée au premier organisme qui s'est fait entendre.
Donc, cette commission ne siège pas ce matin puisque, à la suite
des représentations c'est ce qui explique l'absence de mon
collègue de l'Agriculture ce matin le ministre est à
refaire un certain nombre d'amendements qu'il doit apporter au projet de loi
lors de l'étude article par article. Il doit les soumettre au Conseil
des ministres sur l'heure du lunch aujourd'hui et la commission est donc
appelée à se réunir seulement cet après-midi
à 15 heures pour commencer l'étude article par article du projet
de loi.
M. Roy: M. le Président, question de règlement.
J'aimerais faire une mise au point. Le leader vient de dire que les organismes
ont pu se faire entendre devant la commission et que tout le monde semblait
heureux. C'est bien que les gens aient pu se faire entendre devant la
commission, ils ont été entendus, mais, en tant que membre de la
commission, je pourrais dire qu'ils n'ont pas été compris.
M. Charron: La vérification à savoir s'ils ont
été compris commencera cet après-midi à 15 heures
lorsque, article par article, la commission sera appelée à
étudier le projet de loi. Je ne peux résister à l'envie de
signaler au député de Beauce-Sud que s'il a été
témoin assidu je crois qu'il l'a été des
travaux de la commission moi, je l'ai écoutée de temps
à autre à mon bureau il remarquera qu'il est impossible de
comprendre, dans le sens qu'il vient de le dire, tous les organismes puisque la
commission a entendu des témoignages qui, sur certains sujets,
étaient contradictoires. (11 h 20)
Alors, qu'on ne dise pas, lorsqu'on tranchera en faveur de l'une ou de
l'autre, que l'un ou l'autre n'a pas été compris. Je voudrais, M.
le Président, faire motion pour que ce matin, pendant que la Chambre
travaillera sur les projets de loi que j'ai mentionnés, se
réunisse à la salle 81-A la commission des affaires sociales sur
le projet de loi no 103, pour l'étude article par article...
M. Grenier: Je m'excuse d'interrompre le leader qui a I air
très ouvert aux questions que pose l'Opposition. Est-ce qu'il a
réussi à convaincre, cette nuit, le ministre des Affaires
sociales que la commission sur la loi 103 siégera ce matin pour entendre
les gens qui nous ont demandé d'être entendus en commission?
M. Charron: Non. La commission se réunit ce matin pour
étudier article par article le projet de loi qui lui a été
déféré et pour entendre les repré-
sentations de l'Opposition comme celle que vient de faire le
député de Mégantic-Compton.
Donc, ce matin, à la salle 81-A, commission des affaires
sociales.
Je fais motion pour que cet après-midi, au salon rouge, se
réunisse la commission de l'agriculture afin de procéder à
l'étude article par article du projet de loi 90 et que la même
commission des affaires sociales se réunisse à nouveau à
la salle 81-A.
Je fais motion pour que ce soir la commission de l'agriculture se
réunisse à nouveau au salon rouge et que la commission des
consommateurs se réunisse à la salle 81-A pour étudier
article par article le projet de loi 72, et l'achever autant que possible, M.
le Président. Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, il est
possible, la motion sera faite au moment de l'ajournement de la Chambre, que la
commission du tourisme, de la chasse et de la pêche soit aussi en
réunion ce soir, celle-là à la salle 91.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: Vote enregistré. Le Président:
Qu'on appelle les députés! Suspension à 11 h 22
Reprise à 11 h 32
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Mégantic-Compton et M. le député
de Pointe-Claire, voulez-vous mettre un terme à ce caucus?
Nous allons procéder à la mise aux voix de la motion du
leader parlementaire du gouvernement visant à faire siéger la
commission de l'agriculture, la commission des affaires sociales et la
commission des consommateurs. Est-ce que cette motion sera adoptée?
Que ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever,
s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Charron, Cardinal, Burns,
Bédard, Laurin, Marois, Landry, Léonard, Couture, Tremblay,
Bérubé, Mme Ouellette, M. O'Neill, Mme Cuerrier, MM. de Belleval,
Joron, Mme Payette, MM. Johnson, Proulx, Duhaime, Lessard, Lazure,
Léger, Tardif, Vaugeois, Martel, Paquette, Vaillancourt
(Jonquière), Marcoux, Chevrette, Bertrand, Fallu, Michaud, Rancourt,
Laber-ge, Guay, Lefebvre, Mme Leblanc-Bantey, MM. Bisaillon, Gendron, Mercier,
Alfred, Marquis, Gagnon, Ouellette, Perron, Gosselin, Clair, Brassard, Lavigne,
Dussault, Boucher, Beauséjour, Desbiens, Bordeleau, Charbonneau, Gravel,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Lacoste, Jolivet, Levesque
(Bonaventure), Lavoie, Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Mailloux,
Goldbloom, Saindon, Ciaccia, Mme Lavoie-Roux, MM. Giasson,
Lamontagne, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte, Scowen, Marchand, Biron,
Bellemare, Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Dubois, Le Moignan,
Cordeau, Samson, Roy, Shaw.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever. Que ceux qui désirent s'abstenir veuillent bien
se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 91 Contre: 0
Abstentions: 0
Le Président: Motion adoptée.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler l'article 161), M. le
Président.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: ... aujourd'hui, mercredi, le feuilleton me
paraît encore assez volumineux. Il est encore rempli de questions et de
motions au nom des députés pour production de documents. Il reste
à peine sept jours de session. Le leader n'aurait-il pas des documents
ou des réponses aujourd'hui à ces questions qui sont au
feuilleton, dans certains cas, depuis neuf mois?
M. Charron: M. le Président, je suis en train de faire le
ménage dans les questions au feuilleton dans le but de répondre
le plus complètement possible à celles pour lesquelles une
réponse est possible avant la fin de la session. L'avalanche de
réponses devrait venir la semaine prochaine.
M. Bellemare: Est-ce que nous devons comprendre que ce ne sera
pas nécessairement un mercredi? Ce pourrait être
déposé jeudi ou vendredi à n'importe quelle heure du
jour...
M. Charron: C'est vrai, M. le Président.
M. Bellemare: ... pour qu'on soit averti en
conséquence.
M. Charron: C'est exact. ... la session en juin.
Projet de loi no 201
Deuxième
lecture
Le Président: J'appelle maintenant l'article 161). Je vais
lire la motion de deuxième lecture du projet de loi 201, Loi modifiant
la Loi constituant en corporation les Soeurs Servantes du Saint-Coeur-de-Marie.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Charron: L'article 162). Je vais faire la motion omnibus plus
tard. L'article 162), M. le Président.
Projet de loi no 223 Deuxième lecture
Le Président: Motion de deuxième lecture du projet
de loi 223, Loi concernant les Soeurs de la Charité de l'Hospice
Sainte-Croix de Marieville. Est-ce que cette motion de deuxième lecture
sera adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté. M. Charron: L'article 163), M. le
Président.
Projet de loi no 230 Deuxième lecture
Le Président: J'appelle maintenant la motion de
deuxième lecture du projet de loi 230, Loi modifiant la charte du
Cimetière de l'est de Montréal. Est-ce que cette motion...
M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, pour répondre aux
questions que je vois déjà dans les yeux de l'Opposition
officielle, j'affirme ici qu'il ne sera pas nécessaire d'entendre en
commission parlementaire les principaux intéressés à ce
dossier.
Le Président: Est-ce que cette motion de deuxième
lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Charron: L'article 164), M. le Président.
Projet de loi no 236 Deuxième lecture
Le Président: J'appelle maintenant la motion de
deuxième lecture du projet de loi 236, Loi modifiant la charte de Les
Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame. Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: L'article 165), M. le Président.
Projet de loi no 247 Deuxième lecture
Le Président: J'appelle maintenant la motion de
deuxième lecture du projet de loi 247, Loi modifiant la charte de Les
Filles de Jésus. Est-ce que cette motion de deuxième lecture sera
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Lavoie: Seulement les Filles de Trois-Rivières.
M. Bellemare: Non, les Filles de Jésus. M. Lavoie:
C'est marqué Trois-Rivières.
Le Président: Oui, Trois-Rivières, entre
parenthèses.
M. Charron: Article 166), M. le Président.
Projet de loi no 263
Deuxième lecture
Le Président: J'appelle maintenant la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 263, Loi concernant le Parc du
Souvenir (1976) Inc. Est-ce que cette motion de deuxième lecture sera
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Charron: Article 167), M. le Président.
M. Bertrand: Même chose que le député de
Sainte-Marie.
Projet de loi no 238 Deuxième lecture
Le Président: Deuxième lecture du projet de loi no
238, Loi concernant un immeuble de la Commission scolaire de Beauport. Est-ce
que cette motion de deuxième lecture concernant la Commission scolaire
de Beauport sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Bertrand: Avec hésitation, M. le Président.
Le Président: Adopté.
M. Charron: Nous allons à l'article 168), M. le
Président.
Projet de loi no 265 Deuxième lecture
Le Président: Deuxième lecture du projet de loi no
265, Loi concernant la succession de Tancrède Bienvenu. Est-ce que cette
motion de deuxième lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: M. le Président, je voudrais, pour tous ces
projets de loi privés qui viennent d'être adoptés en
deuxième lecture, faire motion pour que la troisième lecture de
ces projets de loi soit également considérée.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Je n'aurais qu'un renseignement à demander sur
le débat global de troisième lecture de tous ces projets de loi.
Est-ce que le leader parlementaire du gouvernement pourrait me confirmer s'il
est exact, à ce qu'on m'informe, que tous les députés
péquistes de l'est de Montréal se seraient réservés
un terrain au cimetière de l'est de Montréal? Et,
deuxièmement, sur le projet de loi 263 sur le Parc du Souvenir (1976) au
nom du député de Vanier, que le député de Vanier
aurait déjà fait une demande pour devenir directeur de ce Parc du
Souvenir? (11 h 40)
M. Bertrand: M. le Président.
M. Lavoie: Si nous avons les renseignements, nous sommes
prêts à voter la troisième lecture.
M. Bertrand: Je suis prêt à répondre à
la deuxième question, M. le Président. Le Parc du Souvenir dont
il s'agit est un parc dans lequel, semble-t-il, logent maintenant des gens qui
ont vécu un mauvais souvenir en 1976. Cela n'a rien à voir avec
une situation présente.
M. Bellemare: M. le Président, en troisième
lecture, il faudrait être bien sûr que, sur le projet de loi no
238, le député de Vanier, qui a exprimé sa dissidence tout
à l'heure, l'enregistre encore sur la ville de Beauport.
M. Charron: M. le Président, pour faire une réponse
courte aux questions du leader de l'Opposition officielle, j'ai à la
fois une mauvaise nouvelle et une bonne nouvelle. Il n'y a plus de place,
à cause de l'immense territoire que les députés
libéraux de l'est de Montréal occupent désormais dans le
cimetière. Mais, selon les nouvelles, il y a un nouveau cimetière
dans Argenteuil qui vient de s'ouvrir ou qui est sur le point de s'ouvrir.
Peut-être y a-t-il des gens qui s'y trouveront un lot!
Troisième lecture de ces projets de loi
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Y a-t-il
consentement pour l'adoption d'une motion omnibus de troisième
lecture?
M. Bellemare: D'accord. M. Lavoie: Manque de goût.
M. Charron: Cela va.
M. Lavoie: On va l'adopter même si ce n'est pas à un
haut niveau.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! J'appelle
maintenant, pour être plus précis, la motion de troisième
lecture relativement aux projets de loi nos 201, 223, 230, 236, 247, 263, 238
et 265. Est-ce que ces motions de troisième lecture seront
adoptées?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Article 152), M. le Président.
Projet de loi no 123
Deuxième lecture
Le Président: J'appelle maintenant la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 123, Loi modifiant la Loi
électorale. Est-ce que cette motion de deuxième lecture sera
adoptée?
M. Lavoie: Un instant!
Le Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale.
M. Lavoie: Un peu de respect pour le député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. Burns: Le président, je présume,
présumait aussi que le projet de loi serait adopté sans aucune
difficulté. M. le Président, le lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et en recommande l'adoption par
l'Assemblée nationale. M. le Président, il s'agit d'un projet de
loi, comme je l'avais mentionné lors du dépôt en
première lecture, qui vise à habiliter le directeur
général des élections à faire un certain nombre de
choses préalables à la mise en place d'un registre des
électeurs et qui normalement aurait pu apparaître dans un projet
de loi beaucoup plus complet, projet de loi qui aurait pu s'intituler: Loi
concernant le registre et l'identification des élec-. teurs. J'ai
moi-même suggéré au Conseil des ministres
là-dessus, j'ai certaines précisions à faire pour certains
journalistes qui ne sont pas ici, mais qui pourraient peut-être en
prendre note à un moment donné par l'entremise de la
transcription que le projet de loi se réduise à sa plus
simple expression, étant donné qu'un projet de loi sur le
régistre des électeurs et l'identification des électeurs
aurait nécessairement eu des connotations ou, si vous voulez, des
répercussions à l'endroit de la Loi électorale, à
l'endroit d'une éventuelle loi sur le mode de scrutin, etc., donc, tout
le bloc électoral. Il y a deux semaines, en commission parlementaire, je
mentionnais que le Conseil des ministres, en accord avec la recommandation du
premier ministre et la mienne, conjointement et sans aucune difficulté,
pour le cas où des gens voudraient faire des interprétations
à ce sujet, le premier ministre et moi-même, de façon
conjointe
et de façon solidaire, dis-je, nous avons suggéré
au Conseil des ministres de remettre toute l'étude de l'ensemble des
lois qui pourraient changer le système électoral,
l'améliorer dans certains cas, le modifier de façon importante
dans d'autres, de remettre tout cela, à la session du printemps.
Je disais en commission parlementaire de l'Assemblée nationale,
il y a deux semaines justement, qu'il était difficile d'en arriver,
à un moment donné, a présenter morceau par morceau des
réformes électorales, qu'il fallait qu'il y ait une
cohérence complète, et ceci tant pour la population qui est
intéressée à savoir ce qui se passe dans le domaine
électoral, parce que dès qu'on touche cela, il faudrait toujours
se rappeler que quand on fait des modifications aux lois dans le domaine
électoral, ce n'est pas pour les députés, c est pour la
population qu on les fait.... C est important que chacun de nous se rappelle
cela. Donc, nous sommes arrivés à la conclusion de dire: Pourquoi
ne pas présenter, tant à la population qu'aux membres de
l'Assemblée nationale, un bloc de législation? D'autre part, dans
ce cas-ci, il fallait, étant donné qu'il y avait eu
déjà un mandat qui avait été confié au
directeur général des élections, Me Pierre-F.
Côté, qu'il y ait un certain nombre de pouvoirs l'habilitant
à faire un certain nombre de choses et c'est ce que ce projet de loi
nous dit actuellement.
Je me réfère purement et simplement à une note qui
a été soumise au Conseil des ministres par le directeur
général des élections et je vous en cite des extraits.
D'ailleurs, si nous allons en commission plénière
éventuellement, je pense que le directeur général des
élections sera à notre disposition pour répondre à
des questions, si c'est le voeu de l'Opposition. On me l'a mentionné
tout à l'heure. Alors, j'ai demandé au directeur
général des élections de se tenir à notre
disposition si c'était nécessaire.
Dans ce mémoire qui était présenté le 27
novembre au Conseil des ministres par le directeur général des
élections, je prends un extrait qui dit tout simplement: "Ces travaux
préliminaires parce que le projet de loi no 123 ne vise que des
travaux préliminaires à un éventuel registre des
électeurs sont maintenant terminés en ce qui me concerne.
Mais, cependant, si l'on veut . respecter la date d'échéance pour
la mise en opération du fichier permanent des électeurs,
fixée au 15 mai 1979, il est urgent et d'une absolue
nécessité que l'Assemblée nationale adopte dans les plus
brefs délais une loi spéciale."
C'est ceci, la loi spéciale. Le projet de loi no 123 est une loi
particularisée. Quand je disais tout à l'heure que j'avais
personnellement demande qu'on fasse une loi spéciale plutôt que de
soumettre la loi du registre, c'est que je sais d'avance je m'excuse de
dire cela aussi franchement et aussi bêtement que cela
qu'éventuellement le gouvernement vous proposera à
l'Assemblée nationale une loi refondant complètement la Loi
électorale. Je me voyais très mal placé, comme ministre,
pour présenter une loi du registre qui se référait
à la loi actuelle, qui aurait fort possiblement été
adoptée, mais qui, éventuellement, aurait dû être
amendée étant donné qu'on aurait adopté, par la
suite, je le présume, une loi électorale nouvelle, rajeunie, plus
à jour, à l'heure de 1978, 1979. C'est dans ce sens que nous
avons pris l'attitude de présenter un projet de loi, je dirais au
minimum, et donc un peu spécial dans ce sens, pour permettre au
directeur général des élections de mettre en application
deux décisions du Conseil des ministres, dont l'une disait qu'il est
important de mettre en place un registre des électeurs. Je vous fais
grâce de tous les sous-paragraphes. Si jamais on veut avoir une copie de
ces décisions du Conseil des ministres, je suis prêt à les
mettre à la disposition des membres de l'Opposition et du
côté ministériel également. Dans un deuxième
temps, on demandait de confier ce travail préliminaire à la
personne qui s'appelle le directeur général des élections.
(11 h 50)
Toujours dans son mémoire qui nous était adressé le
27 novembre dernier, le directeur général des élections
nous disait que si cette loi spéciale en parlant du projet de loi
no 123 parce que je pense qu'il reflète exactement le désir du
directeur général des élections n'est pas
présentée pour adoption, je me verrai dans l'obligation
d'arrêter les travaux de recherche en cours. Ce n'est quand même
pas moi qui vous demande d'adopter cette loi à toutes fins utiles
même si j'en suis le parrain.
Il ajoute également un peu plus loin: "Le régistre des
électeurs et la liste électorale permanente ne pourront
être opérationnels au printemps 1979 à moins que ne soit
adoptée la loi mentionnée précédemment." C'est dans
ce sens qu'il y a un caractère d'urgence à l'adoption de cette
loi. Dans le fond, ce que nous demandons à l'Assemblée nationale,
c'est de confirmer, parce que cela n'existe pas dans la Loi électorale
actuelle, le droit du directeur général des élections de
préparer, de mettre en oeuvre tout le processus préliminaire
d'une confection d'un registre des électeurs. On demande
également à l'Assemblée nationale le pouvoir de s'adresser
à des organismes gouvernementaux et paragouvernementaux pour obtenir des
informations. Dans ce sens-là, il n'y a rien de finalement
déterminé, il n'y a rien de fixé à l'effet que ce
sera il y a des gens qui le pensent la Régie de
l'assurance-maladie du Québec qui sera la source d'information; il y en
a d'autres qui pensent que ce peut être le Bureau de la statistique du
Québec; il y en a d'autres qui peuvent penser que ce peut être le
Bureau des véhicules automobiles.
Je tiens à vous dire tout de suite qu'il n'y a rien de finalement
arrêté là-dessus, mais que justement le projet de loi
habilitera le directeur général des élections à
faire ces recherches auprès des organismes qui pourraient normalement
l'envoyer paître si on n'a pas, dans une loi, donné ce pouvoir au
directeur général des élections.
Je tiens à dire en terminant c'est ce à quoi je me
référais au tout début que contrairement à
ce que certains journalistes ont véhiculé vraiment, je le
regrette parce que j'ai nettement
l'impression que je n'ai pas prêté flanc à ce genre
de rumeur à ce que certains media ont véhiculé,
l'ensemble de la réforme électorale que j'ai annoncé
devoir être présenté lors de la prochaine session n'a pas
reçu une fin de non-recevoir de la part du Conseil des ministres. Je
n'ai jamais dit à qui que ce soit je me demande quel journaliste
a pu voir cela dans mes propos que je pensais que l'ensemble de la
réforme électorale serait balayé du revers de la main de
la part du Conseil des ministres. Bien au contraire, nous avons, justement dans
le but de garder cette cohérence dans l'ensemble de la réforme
électorale, décidé, comme je le mentionnais au
début, au Conseil des ministres, de l'examiner dans l'ensemble, la
réforme électorale.
Cela veut dire, évidemment, examiner le registre des
électeurs, cela veut dire examiner la refonte de la Loi
électorale qui nous a été suggérée par ce
qui est maintenant connu comme le comité Dussault, du nom du
député de Châteauguay qui le présidait, cela veut
dire examiner la loi concernant le mode de scrutin, cela veut dire
également examiner la loi sur la commission permanente de la refonte de
la carte électorale; tout cela, on a décidé, au Conseil
des ministres, de le faire d'un bloc par honnêteté pour la
population d'abord et ensuite parce que je pense, comme je le disais
tout à l'heure, que des lois électorales sont d'abord faites pour
la population et non pas pour les députés aussi pour les
membres de l'Assemblée nationale.
C'est dans ce sens-là. Je n'ai pas de raison de croire que,
d'avance, le Conseil des ministres rejettera, du revers de la main, les
propositions que nous aurons à faire. Il y aura bien sûr des
discussions parce que dans ces domaines-là on est toujours, comme je le
dis souvent, entre l'écorce et l'arbre. On taille dans les chairs vives.
Dès que vous changez le système électoral, dès que
vous parlez de modifier quoi que ce soit dans le domaine électoral, il y
a beaucoup de gens qui se sentent visés, qui se sentent directement
attaqués. Dans ce sens-là, cela devient peut-être plus
difficile. Mais je n'ai aucune raison de croire qu'on n'abordera pas l'examen
de l'ensemble de la réforme élctorale avec
sérénité et avec une possibilité de voir ce qui
peut être amélioré dans le texte actuel de nos lois
électorales. Mme le Président, c'est dans ce sens que je
présente le projet de loi no 123. C'est une parcelle, si vous voulez, de
réforme électorale, c'est quelque chose qui nous a
été suggéré comme loi, si on peut dire,
spéciale par le directeur général des élections
pour l'habiliter à mettre en marche le processus préliminaire de
la mise en oeuvre d'un registre des électeurs.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Mme la Présidente, avant de faire mon
intervention, en vertu du règlement, pourrais-je demander au ministre
responsable de la réforme électorale le dépôt du
document qu'il vient de nous lire, qui est un document officiel qui vient du
président général des élections, tel que le
règlement le prévoit?
M. Burns: Je n'ai pas d'objection à vous le
déposer, mais malheureusement je n'en ai pas de copie. Mais je pourrai
vous le déposer dans le cours de nos travaux.
M. Lavoie: Ce serait utile qu'il soit déposé
immédiatement parce que je sais que le député de
Marguerite-Bourgeoys voudrait dire quelques mots sur ce projet de loi. Je pense
que, pour la bonne compréhension de la loi...
M. Burns: Par contre, c'est très délicat, c'est
quand même un mémoire que le directeur général des
élections a adressé au Conseil des ministres. Ce n'est pas ma
propriété comme telle et, avant de le déposer, je devrais
peut-être m'informer. Je n'ai pas d'objections à déposer
les décisions du Conseil des ministres, les deux auxquelles j'ai fait
référence, celle du mois de mai et celle du mois de septembre. Je
n'ai aucune espèce d'objection là-dessus. Mais comme c'est un
mémoire de la part du... Oui, vous allez peut-être me citer un
article du règlement qui dit que, lorsqu'un ministre cite, ne serait-ce
qu'en partie, un document, il devrait peut-être le déposer. Mais
je pense que le leader parlementaire de l'Opposition comprendra que, par
déférence pour le directeur général des
élections, j'aimerais quand même avoir son autorisation de le
déposer. Je pense bien qu'au niveau du Conseil des ministres il n'y a
pas de problème, mais c'est un document qui, à ce
moment-là, devient public. Je n'ai pas, personnellement, d'objection, je
vous le dis tout de suite. C'est uniquement par un minimum de
déférence à l'endroit du directeur général
des élections.
M. Lavoie: Mme la Présidente, je ne comprends même
pas la réserve du ministre. Le directeur général des
élections est un fonctionnaire. C'est lui qui demande l'adoption de
cette loi. Un mémoire au Conseil des ministres... Le ministre est
solidaire et membre du Conseil des ministres.
M. Burns: D'accord. On va le déposer. M. Lavoie:
Vous le déposez?
M. Burns: De toute façon, en vertu du règlement, je
l'ai cité, je pense que vous avez le droit de m'exiger de le
déposer dès que je l'ai cité! Je vais le
déposer.
M. Bellemare: A moins que cela ne soit contraire à
l'intérêt public.
M. Burns: II n'est pas question d'intérêt public
là-dedans!
Mme le Vice-Président: M. le ministre, vous faites faire
des copies pour le déposer immédiatement, d'accord?
M. le leader de l'Opposition officielle. (12 heures)
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Mme la Présidente, même si ce projet de
loi ne contient que deux articles, il a quand même plusieurs
implications. J'ai trouvé un peu avare le député de
Maisonneuve, le ministre de la réforme électorale, sur les
renseignements que les députés sont en droit d'exiger sur un
projet de loi, parce que durant mon intervention, je crois que je vais soulever
des points très délicats qui vont demander de la prudence de la
part des députés avant d'adopter cette loi. Nous comprenons que
ce projet de loi est soumis à l'Assemblée pour permettre la mise
en marche d'un mécanisme pour donner les instruments, les outils au
directeur général des élections pour qu'une liste
permanente je n'aime pas le mot "fichier", qu'a employé le
ministre des électeurs puisse être dressée
grâce aux informations obtenues dans les différents
ministères et dans des différents organismes gouvernementaux ou
paragouvernementaux. Il est bien entendu également que cette liste
ou lorsque le système sera établi ne pourra pas
servir à une élection ou à un référendum
avant qu'il y ait une autre législation, une autre autorisation
consentie par l'Assemblée, par le moyen d'une loi, pour mettre en
vigueur ce nouveau système de liste électorale.
Sur ce principe, Mme la Présidente, d'améliorer le
système de recensement qui se fait annuellement maintenant, depuis
quelques années, depuis 1972, je crois, à l'automne en septembre,
octobre, dans toutes les circonscriptions électorales du Québec,
de porte à porte, comme on dit, et avec le mécanisme de la
révision, il y a de la place pour de l'amélioration dans le
système actuel. On sait qu'auparavant, avant 1972, le recensement ne se
faisait d'ailleurs, comme au fédéral, que lors des
élections. Depuis 1972, on a voulu améliorer ce système
pour permettre à tous les citoyens qui ont la qualité
d'électeur de pouvoir s'exprimer aux élections. C'est le but de
la loi de 1972, même si cela peut coûter assez cher, cette formule
de liste électorale confectionnée annuellement.
Nous avons discuté dans le passé je me rappelle les
interventions autant des députés libéraux que des
députés du Parti québécois, de l'Union Nationale et
d'autres sur le fait qu'on devrait, en 1978, à la fin de 1978,
avec toutes les informations, avec tous les moyens de la technologie moderne,
avec tous les renseignements que possèdent certains organismes
gouvernementaux, comme la Régie de l'assurance-maladie, comme le Bureau
des véhicules automobiles, le bureau de la statistique, au moyen,
possiblement, des renseignements de la carte de l'assurance-maladie, de
l'assurance sociale, être capable de dresser une liste permanente qui
pourrait servir non seulement aux élections provinciales, mais
également aux élections municipales; qui pourrait servir aussi
aux élections scolaires et, partant de là, il y a toute
l'économie qu'on pourrait réaliser par le moyen d'une liste
permanente.
Dans ce sens de l'amélioration du système, nous en sommes,
si ce n'est justement pour corriger certains incidents de parcours qui sont
arrivés, notamment lors du dernier recensement du mois d'octobre
dernier, certains abus, à mon point de vue, qui ont été
commis par des recenseurs du Parti québécois. A ce moment, nous
avons fait une conférence de presse, nous avons dénoncé ce
qui a été fait, parce que, à mon point de vue, ce
n'était pas acceptable.
J'ai devant moi le rapport du recenseur du Parti québécois
qui avait été remis par la permanence du Parti
québécois à chaque recenseur au Québec. Je suis
convaincu que le député de Maisonneuve, cela ne lui a pas
passé par les mains, parce qu'il n'aurait jamais donné son
imprimatur à un tel système.
Rapport du recenseur du Parti québécois: "Le
présent rapport permettra de prévenir les électeurs non
inscrits et de mieux préparer le recensement de l'an prochain." On
demandait au recenseur du Parti québécois, entre autres, de
rapporter au Parti québécois les renseignements suivants:
"Abstentionnisme. Dresser ci-dessous la liste des domiciles où on a
refusé délibérément de se faire inscrire." La
liberté existe pour les gens qui ne veulent pas exercer leur droit de
vote et qui ne désirent pas être inscrits sur la liste
électorale. Même si, suivant l'interprétation du directeur
général des élections, ce n'était pas
illégal, je crois qu'il n'est pas normal qu'un recenseur puisse tenir un
fichier en dressant et en rapportant à son parti la liste de ceux qui ne
désirent pas être inscrits sur une liste électorale.
Un autre renseignement au paragraphe 6: "Domiciles occupés par
des étrangers. Dresser ci-dessous la liste de tous les domiciles
occupés exclusivement par des personnes ayant admis ne pas être de
citoyenneté canadienne et, par conséquent, non inscrites." Les
gens qui disent: Je ne suis pas citoyen canadien, je ne veux pas être
inscrit ne sont pas inscrits sur la liste. Quelle affaire a le Parti
québécois à avoir dans son fichier à lui la liste
de ces personnes-là? Ce n'est pas dans la loi, ce n'est nulle part;
c'est contre la liberté qui doit exister.
L'autre renseignement est encore plus grave, Mme la Présidente.
"Septième article, dresser ci-dessous la liste des électeurs
inscrits en bonne et due forme ceux qui sont inscrits sur la liste
mais qui n'ont pas, de toute évidence, la capacité
physique ou intellectuelle de voter: grands malades alités, faibles
d'esprit... etc." Mme la Présidente, je pense que nous avions raison au
mois de septembre de soulever ce point. Au Québec, je pense qu'il y a 15
000 recenseurs, 15 000 bureaux de votation, entre 15 000 et 20 000. Cela veut
dire qu'il y avait 15 000 recenseurs d'un parti politique, du Parti
québécois, et c'était à leur discrétion
d'aller de porte en porte, de décider et de porter un jugement sur la
capacité physique ou intellectuelle des voteurs. Je pense que c'est loin
d'être normal. Justement, nous serons en faveur d'une amélioration
dans ce système pour prévenir des cas comme ceux-là.
Le ministre responsable de la réforme électorale nous
apporte ce projet de loi aujourd'hui en lui donnant un aspect d'urgence,
après avoir
déclaré récemment il l'a dit lui-même
en commission parlementaire à laquelle j'étais présent
qu'au lieu de faire la réforme d'une manière
étapiste ou par petits pas, il préférait l'apporter d'une
manière globale au printemps. Par contre, c'est une exception à
cette intention aujourd'hui de nous proposer à la pièce cette
formule. Nous imaginons, sans prêter d'intentions au gouvernement, que
cela pourrait d'abord permettre, si cela était mis en place assez
rapidement, au début de 1979, de ne pas tenir le recensement
possiblement au mois d'octobre prochain en faisant du porte-à-porte
comme cela a été fait cette année, possiblement, je ne le
sais pas. Cela pourrait également permettre de se servir de ce
système au prochain référendum, à un certain
référendum qui pourrait avoir lieu à la fin de 1979 ou au
début de 1980. Il n'y a pas de fausse pudeur dans cela; nous sommes
d'accord. Nous voulons ce référendum le plus rapidement possible.
Si, en adoptant cette loi, cela peut améliorer la liberté,
permettre à tous les gens qui ont le droit d'électeur de voter
lors des prochaines élections ou lors du prochain
référendum, nous incitons le ministre et le directeur
général des élections à mettre ce système
moderne en application le plus tôt possible. (12 h 10)
S'il était possible, le voeu que nous voulons exprimer, c'est que
tous les Québécois qui sont en âge de voter, qui ont les
capacités d'électeur, les qualités d'électeur, et
ceux qui le désirent... il va falloir prévoir le fait qu'il y a
des gens qui ne désirent pas voter. C'est la raison pour laquelle,
même lorsque nous aurons une liste permanente, il va falloir garder le
mécanisme de la révision, parce qu'il peut y avoir des oublis
même avec tous les moyens modernes que nous avons. Les gens qui ne
désirent pas exercer leur droit de vote pourront se faire rayer, s'ils
le désirent, comme cela existe actuellement par le mécanisme de
la révision.
Ce que nous désirons, c'est que tous les Québécois
qui ont les capacités légales de voter puissent le faire sans
embêtement, sans être obligés de perdre leur temps pour
aller se faire inscrire, s'ils ont oublié de donner leur nom lors du
recensement et également prévenir certaines tactiques et
certaines stratégies qui ont été appliquées, qui
ont été pratiquées au bureau de révision du dernier
recensement au mois de novembre, dans certains comtés.
On m'a rapporté que cela s'est fait dans le comté d'Anjou,
entre autres, où, en vertu de la Loi électorale actuelle, on a
envoyé à des centaines de personnes, choisies au hasard, parce
qu'elles avaient des noms à consonnance non francophone, un avis de 24
heures, tel que la loi le prévoit, pour se rendre à la commission
de révision afin d'établir leur citoyenneté. Autrement, on
les rayait de la liste. Cela a été fait dans le comté
d'Anjou. Combien d'ouvriers et de gens qui, avec un avis de 24 heures, sont
obligés de perdre une demi-journée ou une journée de
travail pour aller prouver leur citoyennté, des gens qui souvent sont
citoyens canadiens même nés au Canada, qui sont ici depuis
plusieurs années et qui sont de parfaits citoyens canadiens.
Le mécanisme qu'on met en place actuellement peut prévoir
de tels abus et y mettre fin. Une raison de plus que nous sommes en faveur
d'une liste permanente qui va empêcher tous ces moyens pour
décourager les gens, les priver de droits fondamentaux, du droit
démocratique de voter.
Quand je disais que nous devons avoir de la prudence dans l'adoption de
cette loi, en commission parlementaire, nous nous permettrons des amendements.
Lorsqu'on donne au directeur général des élections le
pouvoir de requérir des ministères ou d'un organisme mandataire
du gouvernement qui doit les lui fournir les renseignements pertinents à
la préparation du registre, je pense bien qu'on devrait exclure de ces
ministères et organismes, entre autres, le ministère du Revenu,
à cause de la confidentialité qui doit entourer les rapports
d'impôt et les déclarations au ministère du Revenu que les
citoyens doivent fournir. Je pense bien que le directeur général
du financement n'a pas à communiquer avec le ministère du Revenu
pour consulter les rapports d'impôt des citoyens.
Il faudrait bien exclure de ces ministères et organismes le
ministère de la Justice. Vous comprenez, la confidentialité qu'il
doit y avoir au ministère de la Justice pour des personnes qui sont
présumées avoir enfreint la loi. La Sûreté du
Québec également. Je pense bien que le ministre n'aura pas
d'objection à exclure le ministère du Revenu, le ministère
de la Justice et la Sûreté du Québec. Un autre organisme
qu'il faudrait exclure serait celui du directeur général du
financement des partis politiques. On le sait.
D'ailleurs, nous avons adopté la loi no 2 unanimement, si je me
rappelle bien. Le directeur du financement des partis politiques joue un
rôle; dans certaines contributions, même s'il a accès
à tous les reçus, il y a une confidentialité. Dans le
respect du droit de vote entre autres ou du secret du droit de vote, le
directeur général des élections n'a pas à voir
toute la documentation et tous les renseignements qu'il désire
auprès du directeur du financement des partis politiques. Je me demande
sans aller à l'article si l'article 13c est
nécessaire dans ce projet de loi; nous pourrons expliquer pourquoi en
commission d'ailleurs.
Enfin, une autre prudence, c'est: Quels sont les renseignements
pertinents que le directeur général des élections a le
droit de requérir, a le droit d'obtenir, soit de la Régie de
l'assurance-maladie ou du Bureau des véhicules automobiles? Je pense
bien qu'il va falloir déterminer uniquement quels sont ces
renseignements pertinents. D'ailleurs, le directeur général des
élections n'a pas à connaître l'état de santé
ou les dossiers médicaux des électeurs du Québec, qu'il
pourrait obtenir à la Régie de l'assurance-maladie. Je pense bien
qu'il va falloir limiter parce que là il y a une question de
liberté, une question de confidentialité dans tout cela. Les
renseignements pertinents doivent se limiter, à mon point de vue,
à l'identité, le nom du citoyen, sa résidence, sa date de
naissance et sa citoyenneté.
Je pense que c'est amplement suffisant pour confectionner une
très bonne liste électorale et pour établir le droit
d'électeur des citoyens québécois. Je crois, après
toutes ces réserves, que, si le ministre accède à nos
demandes dans ce sens, qui sont des demandes tout à fait normales et qui
n'empêcheront pas la mise en marche du mécanisme d'aucune
façon, nous nous dirigerons vers un meilleur système de
démocratie au Québec. Je vous remercie, Mme la
Présidente.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, Mme la Présidente. Ce projet de loi
constitue une approche bien timide dans la réforme de notre droit
électoral au Québec. On peut se demander si le ministre d'Etat
à la réforme électorale et parlementaire n'a pas eu de
difficultés avec le cabinet ou le comité de législation
car il nous avait promis, dès la présente session, une
réforme complète de la Loi électorale. Même si le
ministre nous a dit tout à l'heure que ce n'était pas le cas, je
pense qu'à la lueur des articles de journaux dont nous avons pu prendre
connaissance et qui citaient certains ministres du cabinet, je pense...
M. Burns: Puis-je poser une question au député?
M. Fontaine: Oui.
M. Burns: Est-ce que vous prenez plus la parole des journalistes
que ma parole, de mon siège, telle que je vous l'ai donnée tout
à l'heure? Est-ce que c'est ce que vous êtes en train de me
dire?
M. Fontaine: Mme la Présidente, je prends certainement la
parole du ministre à la réforme électorale et
parlementaire.
M. Burns: Alors, pourquoi vous en aller autour de cela?
M. Fontaine: Sauf qu'il y a également la parole du
ministre des Affaires culturelles qu'il faut prendre et je peux
également vous citer le ministre des Affaires culturelles.
M. Burns: Oui. Je l'ai ici. Pas de problème.
M. Fontaine: Ce 9 décembre 1978 dans le Soleil de
Québec, il disait ceci: "Or, pourquoi, demande M. Vaugeois, augmenter le
nombre de députés alors que les députés
d'arrière-ban..."
M. Burns: Je ne suis pas contre cela du tout, du tout. Voyons
donc!
M. Fontaine: Un instant, Mme la Présidente. Je pense que
j'ai la parole. Je vais lire ce qu'a dit le ministre Vaugeois et, si le
ministre n'est pas sa- tisfait de ce que je lis, il pourra dans sa
réplique répondre. Je pense qu'actuellement j'ai la parole et
j'ai le droit de dire ce que j'ai à dire.
Mme le Vice-Président: Sauf que nous parlons de registre
et de la liste électorale. (12 h 20)
M. Fontaine: Je reprends, Mme la Présidente...
M. Alfred: La pertinence du débat.
M. Fontaine: Le ministre Vaugeois disait ceci...
Mme le Vice-Président: M. le député. M.
Fontaine: Mme la Présidente...
Mme le Vice-Président: J'ai une question de
règlement. De toute façon, M. le député, vous
connaissez le projet de loi dont vous parlez, vous savez qu'il s'agit du
registre de la Loi électorale, la liste permanente.
M. Fontaine: Oui, Mme la Présidente. Le ministre d'Etat
à la réforme électorale et parlementaire a parlé de
toute la réforme électorale et parlementaire, et c'est ce dont je
veux vous parler. Lorsqu'on cite quelqu'un, il faut nécessairement faire
une entrée en matière. Je cite l'entrée en matière
du ministre Vaugeois et j'arriverai essentiellement sur le point qu'on veut
toucher, si vous voulez me laisser terminer.
Mme le Vice-Président: Je voulais simplement vous faire
des remarques pour vous faire penser à être bien pertinent, M. le
député.
M. Fontaine: Mme la Présidente, le ministre Vaugeois
disait ceci: "Or pourquoi, demande M. Vaugeois, augmenter le nombre de
députés, alors que les députés
d'arrière-ban, surtout du côté ministériel, ont
toujours l'impression de n'être que des "machines à voter"? Ce
qu'il faut d'abord, selon M. Vaugeois, c'est revaloriser le rôle du
député. Pour cette raison, réforme électorale et
réforme parlementaire devraient au moins être menées
parallèlement, ce qui n'a pas été le cas jusqu'ici. M.
Vaugeois se demande même c'est là le point important
s'il est nécessaire d'adopter des réformes en profondeur au
système électoral avant le prochain
référendum".
Alors, Mme la Présidente, on s'aperçoit que le ministre
des Affaires culturelles, qui siège au Cabinet des ministres dit, lui,
que la réforme électorale n'est pas nécessaire avant le
prochain référendum et, d'un autre côté, le ministre
d'Etat à la réforme électorale et parlementaire dit qu'il
n'y a pas eu d'opposition au Conseil des ministres, et que tout s'est bien
passé et qu'on va nous arriver avec un bloc de réformes au
printemps prochain. Je suis bien prêt à prendre la parole des deux
ministres, mais il y a certainement une contradiction entre les deux. Je
voudrais bien qu'on m'explique qu'est-ce qui s'est passé dans ce
cas-là.
M. Bertrand: C'était effectivement non pertinent.
M. Fontaine: Mme le Président, lorsque ces gens
constituaient l'Opposition, ils tempêtaient contre les
législations à la pièce qui ne donnaient pas un
éclairage global au problème. Aujourd'hui, maintenant qu'ils sont
au gouvernement, ce sont eux qui nous apportent des législations
à la pièce.
Après la gifle monumentale administrée par le premier
ministre au comité Dussault on peut expliquer un peu ce qu'est le
comité Dussault qui a été formé pour
réviser la Loi électorale, la présente loi, qu'on veut
amender actuellement, qui devait être réformée en
profondeur. Le premier ministre a évidemment donné une giffle
à ce comité, parce que le comité avait proposé
certaines solutions par exemple, concernant la nomination des présidents
d'élections. On a vu que le Conseil des ministres...
M. Burns: Mme le Président, question de privilège.
Je peux invoquer le privilège du premier ministre en son absence. Je
pense que le député, vraiment, à l'endroit du premier
ministre, agit de façon malhonnête. Il n'y a pas eu de
gifle...
M. Alfred: Comme le sixième homme.
M. Burns: II n'y a pas eu de gifle de la part du premier ministre
à l'endroit du comité Dussault. La meilleure preuve c'est
qu'actuellement le rapport du comité Dussault fait l'objet d'une
étude à l'intérieur du groupe qui m'assiste,
c'est-à-dire au ministère d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire. C'est une étude très
précise, faite à la demande du premier ministre et avec
insistance de sa part pour que nous arrivions en janvier avec quelque chose de
concret, à la suite justement des travaux de la commission Dussault.
Vous vous dévaluez, M. le député, parce que vous y avez
participé à cette commission, et je regrette que vous vous
dévaluiez parce que c'était, pour une fois, un comité de
députés qui indiquait au Conseil des ministres ce qu'il devait
faire. Actuellement, le rapport du comité Dussault, je peux vous en
assurer, est pris de façon très sérieuse.
M. Bellemare: Mme le Président, en parlant sur la question
de privilège que vient de soulever le ministre...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale, je vous arrête.
M. Bellemare: II n'a pas le droit de déranger un
député élu en cette Chambre qui, démocratiquement,
exerce son droit de parole. Je pense qu'en vertu de notre règlement, on
n'a pas le droit de faire ce que le ministre vient de faire. On doit
écouter, il aura son droit de réplique tel que le veut le
règlement. C'est simplement pour déranger le
député. S'il dit quelque chose qui n'est pas normal...
Des Voix: A l'ordre! A l'ordre!
Mme le Vice-Président: J'ai bien entendu, M. le leader de
l'Union Nationale. Quand vous m'avez dit: "Sur cette question de
privilège", je pensais que vous vouliez intervenir sur la question, sauf
que je me suis rendu compte ensuite que vous souleviez une question de
règlement. Bien sûr, M. le ministre aura tout le loisir de faire
une réplique, mais, au moment de son intervention, il invoquait une
question de privilège et, comme vous le savez, nous entendons les
questions de privilège, s'il y a lieu.
M. Alfred: Mme le Président, question de
privilège.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le député de Papineau.
M. Alfred: Mme le Président, je n'accepterai jamais que le
député de Johnson traite de voyous les membres du
gouvernement.
M. Bellemare: Je n'ai jamais dit cela, jamais! Je n'ai pas dit
"voyous"; j'ai dit "gouailleux". C'est bien différent. Je n'ai jamais
dit cela. Que le député s'ouvre les oreilles.
Mme le Vice-Président: J'espère que cet incident
est clos. A l'ordre, s'il vous plaît. A l'ordre! M. le leader, s'il vous
plaît!
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, Mme le Président. Je voudrais
recommencer mon intervention en vous disant, premièrement, que le
député de Johnson n'a traité personne de voyou, mais de
"gouailleux", de personnes qui coassent. Si les députés
ministériels n'arrêtent pas de parler comme ils le font, c'est ce
qu'ils sont.
Mme le Vice-Président: L'incident était
déjà clos, allez donc.
M. Fontaine: Quant à la question de privilège
soulevée par le ministre d'Etat à la réforme
parlementaire, je dois vous dire que le comité Dussault, qui
était formé des députés de Châteauguay,
Terrebonne, Laviolette, Viau et Joliette-Montcalm, je pense, a fait certaines
recommandations concernant la réforme électorale. A la suite de
ce comité, il y a eu un comité interpartite formé avec des
députés de l'Opposition dont je faisais partie et nous avons
effectivement soumis des recommandations concernant la nomination des
présidents d'élection. On nous avait promis, à ce
moment-là, que la réforme électorale serait adoptée
pour la fin de la présente session. Or, il n'en est rien. On ne nous a
pas présenté de projet de loi sur la réforme
électorale; on nous présente plutôt une pièce de
réforme. Entre-temps, le Conseil des ministres, le premier ministre en
tête, nomme de nouveaux présidents d'élection selon
l'ancienne formule et
d'une façon politique. C'était ce point que je voulais
soulever. Je n'accepte pas que le ministre d'Etat à la réforme
parlementaire me traite de malhonnête parce que j'ai soulevé cette
question; c'est simplement la pure réalité.
Le ministre s'amène maintenant avec une petite réformette
malgré les gifles que le comité Dussault a reçues. Les
députés sont soumis à étudier cette loi que le
ministre veut nous présenter sans avoir au préalable
l'information nécessaire à l'adoption de cette loi par les
membres de l'Assemblée nationale.
Concernant la loi elle-même, le nouvel article 13a autorise le
directeur général des élections à préparer
un registre des électeurs en vue de la confection d'une liste
électorale permanente. De plus, le directeur général "peut
conclure une entente avec toute personne et requérir d'un
ministère ou d'un organisme mandataire du gouvernement, qui doit les lui
fournir, les renseignements pertinents à la préparation du
registre". Une revue non exhaustive des ministères et organismes
mandataires du gouvernement du Québec nous permet de penser que le
directeur général des élections entreprendra des
pourparlers avec la Régie de l'assurance-maladie du Québec.
J'avais mis un point d'interrogation à ma phrase lorsque j'ai
préparé ce discours, mais, à la suite du
dépôt, tout à l'heure, par le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire, du mémoire qui a
été soumis au Conseil des ministres par le directeur
général des élections, je retire mon point d'interrogation
et je mets un point d'affirmation.
Le mémoire nous disait ceci que le ministre n'a pas lu: Si la loi
sur le registre des électeurs ou sur l'identification des
électeurs "n'est pas adoptée avant le 30 mars 1979, la
réalisation effective du projet sera impossible. D'autre part, l'article
39 du projet de loi no 84 que nous sommes en train d'étudier et,
si je ne m'abuse, qui est actuellement en commission parlementaire, ayant pour
titre Loi modifiant la Loi de l'assurance-maladie et d'autres dispositions
législatives qui fut déposée en première
lecture il y a quelques jours, doit être adoptée avant le 1er
février 1979 pour la même raison. (12 h 30)
Cette loi a pour objet entre autres d'autoriser la régie de
divulguer au directeur général des élections les noms, les
prénoms, la date de naissance, le sexe et l'adresse des
bénéficiaires en vue de la constitution du registre. Donc,
l'échéance de la réalisation du registre des
électeurs pour le printemps 1979 ne pourra être respecté si
ce projet de loi no 84 n'est pas adopté très rapidement.
Nous pouvons, dès à présent, avec ce document,
affirmer qu'on fera une liste permanente des électeurs à partir
du fichier de la Régie de I'assurance-maladie. Cette initiative nous
paraît dangereuse compte tenu des faits suivants. Le fichier des
bénéficiaires de la régie est incomplet. On nous a
informé qu'il y avait au moins 100 000 personnes au Québec qui ne
détiennent pas de carte d assurance-maladie. Il va y avoir 100 000
personnes qui ne seront pas inscrites dans ce fichier. Plusieurs des
bénéficiaires ne sont pas des citoyens canadiens. Il va y avoir
des citoyens non canadiens qui vont être inscrits sur la liste
électorale du Québec. Egalement, plusieurs cartes
d'assurance-maladie ont été émises au même
bénéficiaire; il va y avoir des personnes qui vont avoir le droit
de voter plusieurs fois. Et un point très important, la régie n'a
pas établi de système visant à annuler les cartes
d'assurance-maladie pour les bénéficiaires
décédés. Il va y avoir des personnes
décédées qui vont être inscrites sur les listes
électorales.
M. Goulet: II y a des morts qui vont voter!
M. Fontaine: Nous comprenons que ce gouvernement a besoin de
faire son plein de voix en vue de la prochaine consultation populaire, mais
poussera-t-il ses objectifs jusqu'à faire voter les morts? C est une
question qu'il faut se poser.
M. Clair: Vous êtes déjà morts, donc vous
allez voter!
M. Fontaine: Certains ministres ont parlé du vote à
16 ans, maintenant on veut faire voter les morts! Avant on accusait les vieux
partis de faire voter les morts, maintenant c'est le P.Q. qui va le faire et on
va le mettre dans la loi.
Le nouvel article 13b stipule que ce registre n a d effet aux fins d'une
élection et ne peut être utilisé que dans la mesure et
selon les modalités expressément prévues par ailleurs par
la loi. Nous devons nous demander si c'est l'intention du gouvernement de se
servir de cette liste électorale permanente aux fins d'une consultation
populaire ou aux fins d'une vérification de l'identité des
donateurs au sens de la Loi régissant le financement des partis
politiques. Ici je reprends les points qui ont été
soulevés par le leader du Parti libéral. Cette approche semble
violer la Charte des droits et libertés de la personne par son article 5
qui dit: Toute personne a droit à sa vie privée." Dans le
système actuel du recensement annuel, la liberté de demander son
inscription sur une liste électorale est laissée aux
électeurs. S'il y a des gens qui ne veulent pas être inscrits sur
la liste électorale, ils n'ont tout simplement qu'à ne pas se
faire inscrire. Or, avec cette formule que le gouvernement nous propose, tout
le monde sera inscrit sur la liste électorale. Il semblerait que,
dorénavant, cette inscription serait automatique et le directeur
général des élections aurait en sa possession des
renseignements sur la vie privée des citoyens: Non, prénoms,
adresse, âge ou date de naissance. Possiblement, si on se
réfère à la Régie de I'assurance-maladie, on
pourrait obtenir d'autres renseignements d'ordre médical qui ne sont
absolument pas pertinents à la présente loi.
Le nouvel article 13c semble accorder au directeur général
des élections des droits similaires à ceux que l'on retrouve
à l'article 11, deuxième alinéa de la Loi
électorale. Toutefois, ce pouvoir de nomination est limité dans
le cas
d'élection générale, c'est-à-dire la loi
actuelle, à une période de 28 jours à 35 jours, dans le
cas d'un recensement annuel à une période maximale de 60 jours.
Ces nominations sont à titre temporaire. Le président
général des élections aura besoin de personnel pour faire
fonctionner, pour avoir les renseignements nécessaires pour
établir cette carte électorale permanente.
L'article 13c autorise, pour une période de 7 mois, le directeur
général des élections à nommer du personnel selon
les normes, effectifs et barèmes pour ces engagements. C'est lui qui va
fixer cela. Ces normes doivent être approuvées par le
gouvernement. Il semblerait donc que le directeur général des
élections pourra nommer et rémunérer des gens
embauchés sans aucun concours et, de plus, ces personnes deviendront
permanentes au sens de la Loi de la fonction publique, sans autre
formalité.
Ce sont des points que l'Union Nationale veut soulever ici et je pense
que ce sont des points importants. Le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire se devra de nous
répondre dans sa réplique.
Je voulais, également, Mme la Présidente, demander que les
projets d'arrêtés en conseil définissant ces normes,
effectifs et barèmes soient déposés à
l'Assemblée nationale. Le ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire nous a dit tout à l'heure qu'il
était prêt à faire ces dépôts. Nous l'invitons
à le faire. Je voulais lui demander d'entendre le directeur
général des élections en commission parlementaire et il
nous a dit tout à l'heure qu'il était prêt à le
faire là-dessus, je pense qu'on doit le féliciter de son
ouverture d'esprit pour que nous puissions être mieux
renseignés quant à l'objectif réel visé par le
présent projet de loi et vérifier, encore une fois, si le
directeur général des élections a bien l'intention de
s'adresser à la Régie de l'assurance-maladie du Québec
pour obtenir les renseignements.
Compte tenu des renseignements que nous avons jusqu'à ce jour, il
nous est presque impossible de nous prononcer quant à notre vote en
deuxième lecture. Mais je pense qu'actuellement nous devons faute
de renseignements supplémentaires dire non au ministre d'Etat
à la réforme électorale et parlementaire. Si, à la
suite de la commission parlementaire que nous aurons cet après-midi,
nous avons des renseignements qui nous permettent de modifier notre position,
nous le ferons avec joie. Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Châteauguay.
M. Samson: Mme le Président, je pense que vous savez qu'il
a été convenu que, lorsqu'il s'agit d'un débat de
deuxième lecture, il y a la rotation habituelle. Cela a
été convenu lors d'une réunion avec la présidence
justement.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, j'ai déjà donné la parole au
député de Châteauguay. Je lui demanderais de vous accorder
la préséance, s'il vous plaît.
M. Dussault: Mme la Présidente, c'est dans l'ordre
effectivement que M. le député de Rouyn-Noranda prenne la parole,
et je lui laisse volontiers.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Mme le Président, je vous remercie, mais je
veux souligner une autre fois que je ne voudrais pas qu'on ait l'impression que
c'est un privilège; c'est une question de principe qui est
établie depuis longtemps. La préséance va à celui
qui présente la loi, à l'Opposition officielle, à l'Union
Nationale, au parti que je représente ainsi qu'au PNP, après cela
on continue.
Lorsqu'il s'agit de toucher à la Loi électorale, je pense
qu'il est important que cela fasse l'unanimité des partis en cette
Chambre, autant pour la Loi électorale que pour la Loi régissant
le financement des partis politiques. Comment peut-on arriver à faire
l'unanimité quand il n'y a pas eu de consultation préalable? Il
me semble que c'est pour le moins téméraire pour le gouvernement
que d'arriver en fin de session avec un projet de loi comme celui-là,
qui n'a l'air de rien, qui a l'air d'un tout petit projet de loi, qui a l'air
tout simplement d'un petit amendement de concordance pour convenir aux besoins
selon ce que j'ai entendu du ministre tantôt du directeur
des élections. Or, voilà, Mme le Président, que même
si on est en fin de session il y a des choses qui nous sautent aux yeux,
même si en fin de session on n'a pas toujours le temps d'aller au fond
des choses. On n'a pas toujours le temps d'avoir toutes les informations qui
nous seraient utiles dans les circonstances. Il reste que le ministre nous a
mentionné tantôt que ce projet de loi no 123 avait
été demandé par le directeur général des
élections. (12 h 40)
En effet, le mémoire qui a été
déposé, à la suite de la demande du leader de l'Opposition
officielle, et qui vient du directeur général des
élections, mentionne justement qu'il demande cette loi. Mais il est
important de souligner que, dans ce mémoire, on dit: "Ces travaux
préliminaires sont maintenant terminés. Si l'on veut respecter la
date d'échéance pour la mise en opération du fichier
permanent des électeurs, fixée au 15 mai 1979, il est urgent et
d'une absolue nécessité que l'Assemblée nationale adopte,
dans les plus brefs délais, une loi spéciale." Un peu plus loin:
"Raisons justifiant l'adoption d'une loi spéciale. La décision de
retarder la présentation d'une loi sur le registre des électeurs
et sur l'identification des électeurs, afin de pouvoir la déposer
en même temps que la nouvelle loi électorale, a pour
conséquence que le registre des électeurs et la liste
électorale perma-
nente ne pourront être en opération au printemps 1979
à moins que ne soit adoptée la loi mentionnée
précédemment."
Ce qui est intéressant, c'est qu'un peu plus loin le
mémoire du directeur général des élections dit
ceci: "Si la loi sur le registre des électeurs et sur l'identification
des électeurs n'est pas adoptée avant le 30 mars 1979, la
réalisation effective du projet sera impossible. D'autre part, l'article
39 du projet de loi 84 ayant pour titre la Loi modifiant la Loi de
l'assurance-maladie et d'autres dispositions législatives, qui fut
déposée en première lecture il y a quelques jours, doit
être adoptée avant le 1er février 1979 pour la même
raison. Cette loi a pour objet, entre autres, d'autoriser la régie
à divulguer au directeur général des élections les
nom, prénom, date de naissance, sexe et adresse des
bénéficiaires en vue de la constitution du registre. Donc,
l'échéance de la réalisation du registre des
électeurs pour le printemps 1979 ne pourra être rencontrée
si ce projet de loi 84 n'est pas adopté très rapidement."
Or, Mme le Président, jusque-là cela ne va pas mal, mais
il est important de rappeler que le directeur général des
élections a envoyé ce mémoire daté du 27 novembre
1978 à la suite d'instructions qu'il a lui-même reçues du
Conseil des ministres, instructions par voie d'arrêtés en conseil
no 78-265 et no 78-133. Pour se retrouver là-dedans, il faut avoir copie
des arrêtés en conseil concernés. L'arrêté en
conseil no 78-265, qu'est-ce qu'il dit? Il dit que le Conseil des ministres
décide d'accepter les recommandations contenues au mémoire
daté du 23 août 1978, soumis par le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire, et intitulé "La liste
électorale et l'identification des électeurs à l'effet: a)
de confier la responsabilité de la coordination, de la mise en oeuvre de
la liste électorale et de l'identification des électeurs, telle
que décrite à la décision no 78-133 dont je vous
parlerai tantôt adoptée par le Conseil des ministres le 3
mai 1978, au directeur général des élections; b) de fixer
au 15 mai 1979 la date d'échéance pour la mise en
opération du fichier permanent des électeurs; c) de prier toutes
les instances gouvernementales de tenir compte de la haute priorité
accordée par le gouvernement à la réalisation du fichier
permanent des électeurs."
Alors, voilà pour l'arrêté en conseil 78-265. Donc,
quand on nous mentionne que c'est le directeur général des
élections qui demande cette loi spéciale, il faut aussi
mentionner, pour la bonne compréhension de tout le monde, que le
directeur général des élections fait cette demande parce
qu'il a eu des ordres du Conseil des ministres pour procéder à
l'établissement de ce fichier dont nous parlons aujourd'hui.
L'arrêté en conseil 78-133, daté du 3 mai 1978, dit
quoi? Il dit que le Conseil des ministres décide d'accepter la
création d'une liste unique et permanente des électeurs selon les
recommandations contenues au mémoire soumis par le ministre d'Etat
à la réforme électorale et parlementaire le 3 mai 1978 et
intitulé La liste électorale et l'identification des
électeurs, de façon à prévoir je ne ci-
terai pas tout le document, mais je cite cette partie "a)
l'établissement, sous l'autorité du directeur
général, d'un fichier permanent des électeurs comprenant
le nom, l'adresse, l'âge, l'occupation et le numéro
d'assurance-maladie." Un peu plus loin, à d) "la mise à jour de
ce fichier, soit à la demande de l'électeur, soit d'une
façon automatique à partir d'autres sources de renseignements".
Un peu plus loin, à i) "l'obligation pour tout électeur de
s'identifier avant de voter en présentant sa carte
d'assurance-maladie."
Voilà je n'ai pas à citer le reste du rapport
trois articles dans ce rapport qui nous démontrent, en fait, la
raison de la loi que nous avons devant nous présentement. Je pense qu'il
faut appeler les choses par leur nom. C'est la volonté du Conseil des
ministres, donc du gouvernement, de faire en sorte qu'il y ait pour les
électeurs un fichier permanent, une liste électorale permanente
et unique, comprenant le nom, l'adresse, l'âge, l'occupation et le
numéro d'assurance-maladie des électeurs.
Nous allons probablement rouvrir un débat qui a eu lieu ailleurs
quant au numéro d'assurance-maladie. Ce débat a eu lieu au bureau
du financement des partis politiques, c'est-à-dire au conseil
consultatif où il a fortement été question d'obliger les
souscripteurs futurs à donner leur numéro d'assurance-maladie et
que ce numéro soit inscrit sur le reçu à leur être
donné. Il y a eu un long débat là-dessus. Je n'ai pas
l'intention de revenir sur ce débat. Même le représentant
du Parti québécois n'était pas d'accord avec ce projet de
directive. Plus tard, on a parlé de numéro d'assurance
sociale.
Encore même débat et encore même disposition des
partis politiques ou des représentants des partis politiques qui
siègent au conseil consultatif du financement des partis politiques.
Encore une fois, le représentant du Parti québécois, comme
les autres, n'était pas d'accord avec cette formule, parce que c'est une
formule qui crée l'obligation à quelqu'un de s'identifier comme
si ce gouvernement de la province de Québec avait, à toutes fins
pratiques, adopté la carte d'identification obligatoire pour les
citoyens. Ce qui, Mme le Président, a été refusé
dans tous les débats que j'ai vus dans le passé à
l'Assemblée nationale. Ce qui a été mentionné
à plusieurs reprises par la Ligue des droits de l'homme, comme
étant une chose inacceptable, portant atteinte à la
liberté des citoyens.
Voilà que maintenant, par un détour, on arrive en quelque
sorte aux mêmes fins. On arrive à ce que les gouvernements ont
toujours refusé dans le passé, la carte d'identité
obligatoire. Elle a toujours été refusée. Maintenant que
cela a été refusé, par la Loi électorale, nous
allons faire d'une façon détournée ce qui a toujours
été refusé par tout le monde dans le passé. Mme le
Président, je souligne à votre attention que lorsqu'il est
question... et c'est heureux qu'on ait copie de l'arrêté en
conseil gouvernemental, parce que c'est marqué clairement
là-dedans qu'on exigera le numéro de l'assurance-maladie pour
être sur la liste électorale et également qu'on demandera
à l'électeur
de s'identifier comme électeur en portant sa carte
d'assurance-maladie.
(12 h 50)
Mme le Président, je pense et c'est tout dernièrement que
nous avons revu à l'occasion de nouvelles, cette question du
numéro d'assurance sociale par exemple qui, sous le régime de M.
Pearson avait été adoptée, une carte à neuf
chiffres et à ce moment, cela a été dit dans les nouvelles
la semaine dernière, M. Pearson avait mentionné que cette carte
de l'assurance sociale ne devrait pas être utilisée pour des fins
autres que le ministère du Revenu et l'assurance chômage.
Voilà que maintenant, on est rendu, et c'est là je pense qu'il
est important de souligner ce danger, à utiliser ce numéro
d'assurance sociale fédéral qui a été adopté
pour deux fins particulières, de ne pas servir à autre chose. On
est rendu, à Ottawa, que presque tous les ministères s'en
servent. On est rendu qu'on s'en sert aussi dans différents organismes
gouvernementaux et paragouvemementaux ailleurs qu'à Ottawa. On est
même rendu à se servir de cette même carte d'assurance
sociale, de ce numéro d'assurance sociale dans l'entreprise
privée. On s'en sert même au Bureau des véhicules
automobiles à Québec sur le permis de conduire.
Nous avons, en plus d'un numéro de permis de conduire qui est un
numéro composé et qui comprend l'âge du citoyen, le
numéro d'assurance sociale. Donc on est étiqueté en double
de ce côté. Dans l'entreprise privée on copie
qu'est-ce que vous voulez, cela déteint un peu partout le
gouvernement. Dans les contrats conditionnels, contrat de finance, le
numéro d'assurance sociale; les prêts, les compagnies
prêteuses, les compagnies de finance, le numéro d'assurance
sociale; services de crédit des grands magasins aussi. Bien sûr,
il y a cette nouvelle loi sur le revenu qui a été
déposée où il y a des dispositions qui vont entraver
encore plus la liberté des citoyens. Dans cette nouvelle loi que nous
n'étudions pas maintenant, mais que je peux prendre à titre de
comparaison, parce que l'article 120 de notre règlement me le permet
"toute autre méthode d'atteindre ses fins" dans cette loi
que nous étudierons j'imagine bientôt, il est dit, si ma
mémoire m'est fidèle, qu'il sera même possible au
ministère du Revenu d'exiger un numéro d'identification à
celui qui fait affaires avec le ministère du Revenu.
Si cette loi est adoptée telle qu'elle est
présentée, on pourra même exiger de cette personne, dans
les documents qu'elle produit avec son rapport d'impôt dans des
documents qui ne sont pas les siens, mais qui viennent d'autres personnes, donc
de tierces personnes qu'elle produise un numéro d'assurance
sociale ou, je m'excuse, Mme le Président, je dois dire un numéro
d'identification, parce que ce n'est pas dit; le numéro d'assurance
sociale, dans la loi. Ce sera un numéro d'identification qui, je
présume, pourra être celui-là ou le numéro
d'assurance-maladie, ou tout autre numéro, tel que convenu par le
règlement à être déterminé dans l'avenir.
Donc, encore une fois, dans cette loi à venir, comme dans
celle-là, possibilité d'intrusion dans la vie privée des
citoyens.
Le numéro d'assurance-maladie qui apparaît à
l'arrêté en conseil no 78-133, donc faisant partie d'une condition
pour un électeur pour avoir son nom sur la liste électorale,
d'une condition pour un électeur pour pouvoir voter, je vous le
souligne, ce numéro d'assurance-maladie entraîne autre chose que
les renseignements qui sont demandés, par exemple, le nom, l'adresse,
l'âge et l'occupation. Les renseignements dont on a besoin d'un
électeur ne sont pas suffisants, d'après ce que je peux voir. On
demande un numéro d'assurance-maladie qui, lui, donne accès
à d'autres choses. Le numéro d'assurance-maladie que nous avions,
avant qu'on nous sorte la dernière carte, était composé,
codé, et indiquait d'autres choses. Je pense que déjà on
est rendu trop loin dans ce genre de contrôle de la vie de tous les jours
des citoyens. Je n'ai aucune objection à ce qu'il y ait une liste
électorale en permanence, je n'ai pas objection à cela. Je n'ai
pas objection non plus à ce que cette liste soit conforme à la
réalité, mais, encore là, nous avons des
possibilités de recenser les électeurs et d'avoir une liste
permanente tenue à jour d'une façon normale. Nous avons toutes
ces possibilités.
Ce pourquoi je m'inscris en faux contre cette loi, c'est que cette loi
qui n'a l'air de rien est une intrusion nouvelle dans la vie et la
liberté des individus. Cela me fait penser à l'enregistrement
obligatoire à l'occasion de la dernière guerre mondiale. Cela me
fait penser exactement à cela. J'ai l'impression que le gouvernement,
avec les nouvelles techniques d'aujourd'hui, sera encore mieux
équipé que le gouvernement fédéral ne
l'était en 1940. C'est pourquoi? Pas pour la guerre. Peut-être
pour une espèce de guerre quand même mais j'espère
qu'elle ne sera pas du même genre que la guerre de 1939-45 pour le
référendum qui s'en vient. C'est là la mobilisation pour
le référendum que nous retrouvons dans cette loi. C'est une loi
qui ne sert, à mon sens, aucune autre fin que des fins de partisanerie
politique du Parti québécois.
Je me demande comment on peut concilier les déclarations faites
la semaine dernière par le ministre, nous disant qu'il voulait
présenter toutes les lois en même temps pour une meilleure
compréhension. Si on veut les présenter en même temps pour
une meilleure compréhension, je suggère qu'on retarde
celle-là et qu'on la présente en même temps que les autres.
Là, on verra le bloc et, comme le disait le premier ministre aux
nouvelles hier soir, on comprendra mieux ce qui se présentera en voyant
le "kit " qu'ils voudront nous présenter. J'utilise le mot "kit" parce
que c'est ce mot que le premier ministre a utilisé aux nouvelles que
j'ai entendues. Je dis, Mme le Président, que, pour toutes ces raisons,
ce projet de loi est prématuré, compte tenu de l'importance de
l'ensemble des lois électorales. Mme le Président, mon
temps étant terminé, je ne ferai pas de motion, mais
j'espère que le ministre retirera cette loi; elle est
prématurée.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Mme le Président, comme il est 13 heures, je vais
proposer la suspension du débat.
Mme le Vice-Président: Celle Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 heures
Reprise de la séance à 15 h 12
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Vous pouvez vous asseoir. Au moment de la suspension, M. le
député de Beauce-Sud avait demandé la parole sur le projet
de loi no 123.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président, quelques brefs
commentaires sur le projet de loi no 123, Loi modifiant la Loi
électorale. Comme on le sait et comme mes prédécesseurs
l'on dit, ce n'est pas une loi qui est tellement volumineuse, puisqu'elle ne
comporte que deux articles. Mais c'est quand même une loi
extrêmement importante puisque, par son contenu, la porte est ouverte
évidemment à tout un éventail d'informations, et elle
risque, en quelque sorte, d'entraver je ne dirai pas entraver, ce n'est
pas le terme d'aller un peu trop loin au niveau des libertés
individuelles.
Le premier objectif, M. le Président, d'une loi
électorale, c'est d'abord de faire en sorte que les électeurs
ayant droit de vote puissent être dûment qualifiés pour
exercer ce droit de vote.Cela doit être la première des grandes
préoccupations de toute loi électorale, le premier principe, le
premier des grands objectifs. Le deuxième, c'est qu'un électeur
doit pouvoir exercer ce droit sans contrainte, en toute liberté; c'est
le fondement même de notre régime démocratique. Le
troisième point, c'est d'établir les règles pour la tenue
de scrutins de façon que les résultats ne soient pas
faussés, mais que puisse se refléter la volonté populaire
de sorte que la majorité puisse être identifiée et connue
et de sorte que les Parlements, ceux qui sont élus à la suite de
ces élections, puissent être les véritables
représentants d'une population, mais des représentants
légitimes et non pas seulement des représentants officiels, des
représentants légitimes d'une même population.
M. le Président, il est évident que toute cette question
de liste électorale a fait l'objet de bien des débats ici
à l'Assemblée nationale, et cela non pas seulement depuis 1976,
mais depuis des années antérieures. Depuis 1970, on en a
parlé énormément, d'autant plus qu'il y a des lois qui ont
été votées par ce Parlement de façon à
apporter des améliorations à la loi pour qu'on élimine les
contraintes et les restrictions de façon à faciliter davantage
l'exercice du droit de vote de la population. Il est évident qu'il est
nécessaire que les mécanismes soient établis pour que la
loi établisse cesdits mécanismes de façon que les
électeurs puissent être inscrits sur la liste parce
qu'évidemment un électeur ne peut pas se prévaloir de son
droit de citoyen s il n'est pas inscrit sur la liste le jour du scrutin. C'est
fondamental.
On a parlé de l'importance d'avoir une liste électorale
permanente. Une liste électorale permanente nécessite la mise en
place de mécanismes, de structures, de moyens; elle nécessite, en
quelque sorte, que des dirigeants soient habilités, qu'il y ait un
personnel qui puisse faire ce travail en conformité non seulement avec
l'esprit de la loi, mais avec la teneur même de la loi. Evidemment, cette
liste électorale permanente pourrait et devrait être
utilisée à l'occasion d'élections scolaires,
d'élections complémentaires et d'élections municipales,
pendant les périodes où l'on fait appel à la consultation
populaire, à la consultation du public pour choisir des administrateurs
publics.
Comme je le disais, M. le Président, quand il est
nécessaire d'apporter des modifications à la loi, il faut
apporter des modifications en vue de bonifier la loi, en vue de faciliter
l'exercice des droits que nous voulons préserver. Je me demande dans
quelle mesure la loi qui est actuellement devant nous vient faciliter
l'exercice des droits des citoyens puisque, effectivement, lorsque le nom d'un
citoyen apparaît sur la liste électorale, il peut exercer ce
droit. La liste électorale peut être faite à l'occasion de
scrutins spécifiques; la liste électorale peut être
permanente. Il faudrait examiner, à mon avis, les implications des deux
systèmes; il faudrait examiner également les coûts des deux
systèmes.
Je pense que cela est excessivement important. Mais lorsqu'on ajoute,
dans un projet de loi, la nécessité de tenir un registre des
électeurs permanent en vue de la confection d'une liste
électorale permanente, là, M. le Président, il est permis
de se poser de sérieuses questions. D'abord, quelles seront les
exigences de ceux qui auront à confectionner ce registre? Quelles sont
les questions qui seront posées aux gens? Est-ce qu'il sera uniquement
question de leur demander leur nom, leur adresse, leur numéro de
téléphone, de vérifier leur âge, pour voir si,
effectivement, la personne a 18 ans, ou si on a l'intention d'aller plus loin?
La porte est ouverte dans le projet de loi pour aller beaucoup plus loin que ce
qui est strictement nécessaire, que ce qui est strictement utile et
raisonnable d'avoir comme information pour permettre à un
électeur d'exercer son droit de vote.
Je me souviens trop bien, M. le Président un de mes
collègues en a fait référence ce matin du moment
où il s'agissait, par exemple, d'émettre des simples reçus
pour des souscriptions de partis politiques, où on demandait le
numéro d'assurance sociale, où on demandait si la personne
était d'origine anglophone, d'origine
francophone ou autre, lors de l'émission des reçus.
Moi, je dis que la porte est ouverte à un interrogatoire,
à un éventail de questions à poser aux gens qui risquent
de faire en sorte que ce fichier central soit beaucoup plus qu'un fichier qui
serait strictement nécessaire, comportant le minimum d'information,
l'information nécessaire à la confection d'une liste
électorale.
C'est pourquoi je dis que le ministre et le gouvernement, mais surtout
le ministre, lors de son droit de réplique, devra donner des assurances
à cette Chambre. On devra même aller plus loin que donner des
assurances à cette Chambre. On devra faire en sorte que des amendements
soient apportés dans le seul article du projet de loi qui est
actuellement en cause, puisque le deuxième article concerne tout
simplement l'entrée en vigueur du projet de loi comme tel. On devra
faire en sorte que soit incluse dans le projet de loi
l'énumération des renseignements qu'on désire obtenir de
façon à avoir la certitude et les garanties que jamais on n'ira
plus loin que ce qu'il est strictement nécessaire d'obtenir comme
information pour rédiger une liste électorale.
Quand on dit, dans la loi: "A cette fin, il peut conclure une entente
avec toute personne et requérir d'un ministère ou d'un organisme
mandataire du gouvernement qui doit les lui fournir, les renseignements
pertinents à la préparation du registre," le mot "pertinent '
veut dire quoi? Moi, je m'interroge à savoir, par exemple, si dans telle
ou telle circonscription, ceux qui auront à tenir ce fichier tiendront
compte de l'origine des personnes, de leur pays d'origine, de leur langue
maternelle, de leur statut matrimonial. On l'a fait. On a tenté de le
faire dans l'application de la Loi du financement des partis politiques lors de
l'émission des reçus. (15 h 20)
II n'y a rien qui me dit, à ce moment où je vous parle,
où je m'adresse à mes collègues, au ministre responsable,
au ministre parrain du projet de loi, qu'on n'ira pas jusque là. Il
m'apparaît absolument important, voire même fondamental que le
fichier central ne comporte pas autre chose que le statut d'un citoyen comme
tel, qui habilite la personne à aller voter. Un point, c'est tout. On
n'a aucune raison d'aller plus loin. Parce que si on allait plus loin et si on
faisait en sorte de poser les questions dont j'ai soumis quelques exemples, il
est évident qu'à cause du fait que les listes électorales
sont quand même accessibles à tout le monde, puisque, dans le
document qui émane du Conseil des ministres, au paragraphe g) on dit:
"La distribution de la liste électorale à toutes les personnes
résidant au Québec..." et c'est parmi les pouvoirs qu'on donne
actuellement. "Le Conseil des ministres décide, pour la bonne
compréhension de tout le monde, d'accepter la création d'une
liste unique et permanente des électeurs suivant les recommandations
contenues au mémoire soumis par le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire, le 3 mai 1978, et
intitulé La liste électorale et l'identification des
électeurs de façon à prévoir il y a un
certain nombre de points à l'article g) la distribution de la
lista électorale à toutes les personnes résidant au
Québec."
Si, à la suite de la distribution de cette liste
électorale, les renseignements auxquels je fais référence
comme devant être sur ce fichier central devraient être
divulgués, il est évident qu'il se fera des études
sociologiques. On a vu cela, un sociologue qui faisait des études
sociologiques à partir des reçus qui devaient être
émis par le bureau du financement des partis politiques. Ceux qui ont
assisté à cette séance, M. le Président il y
en a ici dans cette salle qui y ont assisté ont eu une petite
idée jusqu'où cela pouvait aller. Alors, on dira: Tel
comté est à tel pourcentage francophone, tel pourcentage
anglophone, tel pourcentage allophone. Là, on fera des analyses, on fera
des synthèses, on opposera des groupes de population à d'autres
groupes de population. C'est extrêmement dangereux, M. le
Président, parce qu'on ouvre une porte alors qu'il est impossible de
mesurer aujourd'hui jusqu'où peuvent aller les conséquences d'une
telle activité si on devait se permettre des initiatives de ce
genre.
M. le Président, il faudra, pour le contenu du registre des
électeurs, qu'il y ait dans la loi, comme on le prévoit dans la
Loi électorale, des formules devant être utilisées pendant
les campagnes électorales, le jour même de l'élection, et
qui sont à la disposition des scrutateurs, des officiers chargés
de surveiller le vote le jour de l'élection dans chaque bureau de
scrutin. Les formules, M. le Président, qui doivent être
utilisées sont dans la loi et je ne verrais pas pourquoi le
modèle de fiche qui doit constituer le fichier central ne se
retrouverait pas dans la loi 123, comme c'est prévu, comme cela se fait
et comme cela existe dans la Loi électorale pour toutes les formules
devant être utilisées.
Cette question de fichier et de fiche ne doit pas dépendre de la
volonté du ministre responsable de la loi d'aujourd'hui, du ministre qui
sera responsable de l'application de la loi électorale demain, du
gouvernement d'aujourd'hui, pas plus que des gouvernements à venir. Cela
doit être dans la loi et je compte sur mes collègues, tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
qui vont intervenir pour tâcher de faire les pressions nécessaires
auprès du ministre actuel parrain du projet de loi pour que ce
modèle de fiche soit inclus dans la loi. Cela m'apparaît une
question fondamentale, M. le Président, et je serai tout oreilles,
même si je ne suis pas à l'Assemblée nationale, au moment
où le ministre fera sa réplique.
Je fais partie de la commission parlementaire de l'agriculture et vous
savez qu'actuellement nous devons examiner ce projet de loi article par
article, un projet de loi qui est extrêmement important. Mais je prendrai
note d'une façon bien particulière des remarques que fera le
ministre à l'occasion de sa réplique.
M. le Président, je terminerai là-dessus mes remarques,
mais je dis qu'il faudra aussi avoir des
limites, quant à l'utilisation de la liste électorale,
quant à ceux qui peuvent obtenir copie de la liste électorale, de
façon à ne pas se servir de ce document qui peut devenir une
source d'embêtements pour tout le monde. Actuellement, on sait que des
individus peuvent se procurer les listes électorales, se font des
catalogues, utilisent toutes les adresses des gens pour communiquer avec eux.
On a une loi de protection du consommateur à l'heure actuelle de
façon à éviter les abus. La liste électorale
devrait être disponible pour des fins spécifiques, et que ce soit
bien inclus et compris dans le projet de loi.
Je vois que le parrain du projet de loi donne des signes d'approbation
aux propos que je tiens. J'en suis heureux et je puis assurer le gouvernement
et tous mes collègues de cette Chambre que ces propos que je tiens
aujourd'hui, je les fais de façon très positive, de façon
objective, de façon que les électeurs et électrices du
Québec ne voient pas, dans ce projet de loi, une source
d'embêtements, une source de contraintes, mais qu'ils voient dans ce
projet de loi un moyen qui leur permettra d'exercer leur droit de vote, leur
droit de décision, lorsqu'il s'agit de choisir les administrateurs
publics, lorsqu'il s'agit de choisir les élus du peuple. Merci, M. le
Président.
M. Bellemare: M. le Président.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jon
quière): Le président qui me
précédait m'a dit que je devais reconnaître le
député de Châteauguay.
M. le député de Châteauguay.
M. Roland Oussault
M. Dussault: Merci, M. le Président. Si vous me permettez,
je vais faire quelques remarques, au début, que m'ont inspiré les
propos de l'Opposition ce matin sur le projet de loi no 123 et rappeler,
à la fin de mon intervention, l'essence même du projet de loi
déposé par le ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire et que nous débattons actuellement en
deuxième lecture.
D'abord, ce débat a commencé ce matin d'une façon
positive, je pense, par une intervention intéressante de M. le
député de Laval. Je le dis, parce que je le crois
sincèrement. Je pense qu'il a fait l'effort réel de traiter cette
question à son mérite. Il a fait des suggestions et des
recommandations dont il faudra tenir compte, je pense, lorsque nous
travaillerons en commission parlementaire sur le projet de loi.
Après l'intervention de M. le député de Laval, cela
a commencé à tourner un peu au vinaigre grâce à une
intervention inattendue je dis bien inattendue de M. le
député de Nicolet-Yamaska, qui avait une tout autre opinion du
projet de loi. J'avais moi-même, envers M. le député de
Nicolet-Yamaska, une opinion bien différente de celle qu'il me force
à avoir maintenant.
J'ai travaillé avec M. le député de
Nicolet-Yamaska, en comité, à la réforme électorale
dont on a parlé. J'ai l'honneur d'avoir donné mon nom au
comité puisque j'étais, d'une certaine façon, un
coordonnateur de ce groupe de travail, et son apport à ces travaux
m'avait paru beaucoup plus positif. J'avoue que je ne m'attendais pas du tout
à entendre de tels propos tenus par le député de
Nicolet-Yamaska sur une petite partie de ce que sera, quand nous aurons
terminé, bien sûr, le travail de réforme
électorale.
Le député de Nicolet-Yamaska a parlé d'une g iffle.
J'avoue que cela m'a fait passablement sourire. Il m'avait même tenu ces
propos personnellement, en dehors de cette Chambre; j'avais souri à ce
moment-là et je souris encore parce que je trouve que le mot "gifle" est
un bien grand mot pour parler de ce qu'il veut laisser croire. En fait, le plus
raisonnable de nous n'oserait même pas employer le mot "soufflet",
tellement y a rien là!
Si le premier ministre veut mettre en place des mécanismes que
lui permet d'ailleurs la Loi électorale actuelle pour éviter que
nous soyons aux prises avec des difficultés si une élection
était déclenchée, je pense que c'est son droit. Vous savez
très bien, M. le Président, que nous vivons en régime
parlementaire britannique. L'Opposition pourrait renverser le gouvernement; ce
serait évidemment un accident très imprévisible, mais cela
pourrait arriver. Si une élection était déclenchée
dans peu de temps, nous serions forcés de vivre avec du personnel
électoral qu'il n'est peut-être pas souhaitable d'avoir en place.
Dans ce sens, puisque la loi actuelle le permet, je trouve tout à fait
normal que le premier ministre, au Conseil des ministres, prenne des
décisions qui peuvent paraître, pour le moment en tout cas, aller
à rencontre de certaines recommandations qu'a faites le comité
Dussault et qu'a entérinées par la suite la commission
puisqu'on l'appelle maintenant comme cela qui a suivi et qui
était composée de membres du parti ministériel et de
l'Opposition, dont faisait partie M. le député de
Nicolet-Yamaska.
On pourra reparler de ces détails, M. le député de
Nicolet-Yamaska, je pense que cela ne serait pas pertinent au débat de
cet après-midi. Donc, il n'y avait pas là de gifle, encore moins
de soufflet; je pense qu'il ne vaut pas la peine qu'on s'éternise
longtemps sur cette question. M. le député de Nicolet-Yamaska a
parlé d'une promesse de procéder à l'automne quant
à la réforme électorale. (15 h 30)
Je pense que M. le député de Nicolet-Yamaska peut tirer
les conclusions qu'il veut, c'est son droit. Moi qui ai travaillé
à ce comité, qui ai suivi de très près les travaux
avec le ministre responsable de la réforme parlementaire, je ne vois
nulle part quoi que ce soit qui permettrait au député de
Nicolet-Yamaska de tirer la conclusion qu'il y a eu une promesse formelle quant
au fait de procéder à une réforme électorale
dès l'automne. On a visé c'était un objectif, je
pense, M. le Président...
M. Fontaine: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président: Oui?
M. Fontaine: Je pense que ma parole est mise en doute par le
député de Châteauguay. On nous a
demandé de siéger pendant l'été à ce
comité inter-partite en nous disant que c'était urgent de le
faire pour pouvoir adopter cette réforme dès cet automne. Alors,
M. le Président, le député de Châteauguay, qui
était président de ce comité interpartite, doit être
au courant de ces faits.
M. Dussault: M. le Président...
Le Vice-Président: D'accord. Vous invoquez l'article 96
qui est peut-être une quasi-question de privilège, mais, enfin, je
ne pense pas que ce soit votre parole qui est mise en jeu!... C'est ce que je
veux souligner.
M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, vous avez bien compris que
je disais que M. le député de Nicolet-Yamaska avait probablement
fait de mauvaises évaluations à partir du fait qu'on avait
souhaité au comité le ministre le souhaiterait aussi, il
avait été clair avec nous faire ce travail pour pouvoir
déposer nos conclusions à l'automne, et possiblement faire
l'étude ensuite d'un projet de loi au printemps ou en tout cas à
la prochaine session. Nous avons d'ailleurs travaillé fort pour y
arriver et, les circonstances étant celles que l'on connaît
maintenant, nous allons procéder plus tard. Je pense que ce sera pour le
grand bien de tout le monde.
Maintenant, nous avons entendu M. le député de
Rouyn-Noranda. On le connaît, il a l'habitude de ces grands élans
oratoires qui nous font d'ailleurs porter une très grande attention
à ce qu'il dit. J'ai beaucoup de respect pour M. le député
de Rouyn-Noranda, mais je pense qu'il a un défaut, c'est de souvent
enfourcher soit le cheval de Don Quichotte ou le balai de la sorcière de
l'Halloween.
M. Samson: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Est-ce que l'honorable député de
Châteauguay, avec tout le respect qu'il dit avoir pour moi me permettrait
de lui poser une question?
Le Vice-Président: S'il le désire!
M. Dussault: Sûrement, M. le Président!
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Châteauguay.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: En parlant de Don Quichotte, est-ce que le
député qui nous a parlé tantôt d'élections en
perspective avec un personnel en place pas souhaitable aurait le courage de
nous nommer les personnes qui ne sont pas souhaitables?
Le Vice-Président: M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, je pense bien que vous ne
vous attendez pas à ce que je vous nomme des noms.
M. Samson: C'est un manque de courage, M. le
Président.
M. Dussault: On sait, M. le Président, que sur 110
personnes ayant un rôle bien spécifique à jouer
relativement à la Loi électorale, il s'en trouve qui ne font pas
leur travail adéquatement. S'il s'en trouve qui doivent être
changées, la loi le permet. Ceci a été fait et je ne pense
pas que j'aie à nommer des gens spécifiquement, M. le
Président.
M. Samson: M. le Président, est-ce qu'il me permettrait
une autre question?
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda!
M. Dussault: M. le Président, je pense que j'ai
répondu à une première question. Si M. le
député, à la fin de mon intervention, souhaite me poser
d'autres questions, je serai disponible pour ce faire.
Le Vice-Président: II pourrait le faire aussi en vertu de
l'article 96, M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, c'est son style, on le
connaît et on lui pardonne facilement ce genre de choses là. Je
pense qu'il faut, quand même, reconnaître qu'il a facilement
l'habitude d'enfourcher, comme je le disais, soit le cheval de Don Quichotte ou
encore le balai des sorcières de l'Halloween. On reconnaît que,
chaque fois que nous déposons un projet de loi, qu'il soit minime ou
majeur, il trouve facilement des arguments pour dire que nous semons les germes
de la fin du monde. Nous sommes habitués à ce style, mais je
pense que personne ne sera vraiment dupe de ce type de propos.
Je vais aller un peu plus loin, M. le Président, et on va oublier
tous ces sombres desseins que l'on voit dans les volontés du
gouvernement et du parti ministériel. Nous allons plutôt essayer
de voir en quoi consiste ce projet de loi que M. le ministre responsable de la
réforme électorale et parlementaire a déposé
à l'Assemblée nationale. Je pense qu'il s'agit de relire les
notes explicatives du projet de loi, si on est de bonne foi, de bonne
volonté et si on veut vraiment voir clairement les choses. "Le projet
vise à habiliter le directeur général des élections
à prendre les dispositions nécessaires à la
préparation d'un registre des électeurs en vue de la confection
d'une liste électorale permanente? On voit bien, M. le Président,
qu'il ne s'agit pas ici de faire, au départ, une liste électorale
permanente; il s'agit de faire en sorte que nous ayons des renseignements de
base qui permettent ensuite d'être sûrs que la liste
électorale permanente soit bien fondée. Il s'agit de faire une
liste des personnes qui sont susceptibles de voter, c'est-à-dire de
celles qui ont le droit de vote. Je pense que c'est
la première chose qui compte. Il s'agit d'avoir un bon fondement
à une liste électorale permanente et, pour ce faire, nous devons
nous donner un registre.
Maintenant, on ne donne pas, je pense, si on lit bien le projet de loi
123, au président général des élections le droit
d'aller chercher toutes sortes de renseignements qu'il voudrait avoir parce que
cela lui plairait, ou parce que cela l'amuserait. Je pense que la
confidentialité, c'est quelque chose de reconnu. Nos lois reconnaissent
la confidentialité. Il s'agit d'aller chercher, comme on le dit dans le
projet de loi, "les renseignements pertinents à la préparation du
registre". Alors, quels sont ces renseignements? M. le député de
Laval les a reconnus ce matin. Il s'agit de savoir où demeurent les
personnes, quel est leur nom, leur âge autant que possible parce que cela
identifie quand même la personne concernée.
Si nous faisons une liste électorale, c'est parce
qu'effectivement il y a du monde qui n'a pas le droit de vote. Entre autres,
les gens qui ne sont pas naturalisés canadiens n'ont pas le droit de
vote. C'est sûr que le président général des
élections devra aller chercher des renseignements quant à savoir
si une personne est naturalisée canadienne ou non. C'est là qu'il
faut regarder le projet de loi qui a été déposé et
je suis convaincu, M. le Président, que, si l'Opposition c'est
son travail, il faut la respecter, comme telle voit dans ce projet de
loi quelque chose qui manque, qui n'assurerait pas tout
l'étanchéité que nous souhaitons...
M. le ministre d'Etat à la réforme électorale,
chaque fois qu'il a déposé une loi, chaque fois qu'elle a
été discutée en commission parlementaire, a fait la preuve
qu'il était disposé à entendre d'abord, à
écouter et à ajouter, s'il le faut, dans la loi les
éléments qui manqueraient pour la bonifier et qui assureraient
que toute la sécurité qu'on souhaite voir dans la loi y soit
incluse. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, le projet de loi 123 qu'on
nous propose est un morceau comme le disait le ministre d'Etat à
la réforme électorale des réformes qui nous sont
annoncées dans le domaine électoral. On doit, une fois la
première surprise passée et la première déception
passée, déplorer qu'on ne nous ait pas proposé aujourd'hui
ou même un peu plus tôt les grandes réformes
électorales et parlementaires qu'on nous avait promises. On avait
annoncé, d'ailleurs, il y a quelque temps, que ce serait remis au
printemps. Il peut y avoir toutes sortes de raisons. Quant à moi,
j'accepte celle que le ministre nous donne. Je ne veux pas faire dans le ragot,
à savoir si le ministre est désavoué ou non. Je pense que
ce n'est pas le niveau du débat auquel on doit s'astreindre.
On doit conclure toutefois que le gouvernement n'est pas prêt
à nous proposer des réformes électorales, telles que
préparées actuellement par le ministre d'Etat à la
réforme électorale. Alors, pourquoi nous propose-t-on ce projet
de loi qui est un tout petit projet de loi? En fait, on le croyait tel au
début. Pourquoi le propose-t-on maintenant?
Le ministre, en tentant de répondre à cette question, a
invoqué une principale raison et, très honnêtement, il nous
a fait lecture de quelques passages des mémoires adressés au
Conseil des ministres par le directeur général des
élections qui, lui, supplie littéralement le Conseil des
ministres de lui donner les moyens de remplir un mandat qu'il a accepté,
c'est-à-dire de faire la liste permanente enfin, la liste unique
et permanente pour le 15 mai 1979. C'est une date qui m'avait
frappé lorsque le ministre a prononcé son discours en
deuxième lecture tantôt. Il parlait du 15 mai 1979 et je me
demandais d'où cette date sortait, si c'était une loi qui
imposait au directeur général des élections de faire cette
liste permanente pour le 15 mai. Mais non le ministre pourra
peut-être nous corriger il est juste de dire que c'est une
décision du Conseil des ministres, à savoir que ce fichier
permanent, cette liste permanente et unique soit prête pour le 15 mai
1979. Donc, c'est un échéancier qui a été
établi par le Conseil des ministres. (15 h 40)
Le Conseil des ministres a déjà d'ailleurs changé
son échéancier pour la réforme électorale. Il a
repoussé, pour des raisons qu'on doit accepter comme telles tel
que le ministre nous le dit son échéancier de l'automne
1978, fatalement, au printemps 1979; en fait, le minimum le plus proche serait
le printemps 1979, la prochaine session, c'est en mars. Je vois que le ministre
veut me poser une question.
Le Vice-Président: M. le ministre.
M. Burns: Oui, mais, en fait, si le député me le
permet, cela pourrait peut-être clarifier le débat facilement.
Le Vice-Président: Est-ce que le député le
permet?
M. Lalonde: Oui, je le permets.
M. Burns: Effectivement, le député de
Marguerite-Bourgeoys a parfaitement raison de parler d'une décision du
Conseil des ministres. C'est celle du 6 septembre qui dit de fixer au 15 mai
1979 la date d'échéance pour la mise en vigueur du fichier
permanent des électeurs. La raison en est bien simple. Cette date a
été fixée à la suite de consultations que nous
avons tenues avec le bureau du directeur général des
élections parce que l'automatisme de la loi actuelle fait que, s'il n'y
a pas de fichier principal, s'il n'y a pas de registre et s'il n'y a pas de loi
sur le registre et l'identification des électeurs à cette date,
à ce
moment-là, c'est la vieille loi qui va s'appliquer. Donc, c'est
le vieux processus du recensement qui va continuer à s'appliquer. Et on
se disait que la date maximale à laquelle on pouvait viser pour rajeunir
le système, c'était le 15 mai. Cela pourrait être le 17
mai, remarquez. Cela pourrait être le 18 mai mais, en tout cas, on s'est
dit: Le 15 mai, normalement, ce serait peut-être le maximum auquel on
devrait se retrouver. Dans son rapport, le directeur général des
élections nous dit: Pour arriver au 15 mai, il faut que je fasse telle
et telle opération auparavant. La session finissant par exemple le 23
juin 1979 si on maintient le règlement sessionnel actuel et si on le
rend permanent, il est obligé de tenir compte de ces
échéanciers qui ne sont pas les siens comme tels mais qui sont
purement et simplement des échéances à caractère
physique auxquelles il est obligé de se soumettre.
Je m'excuse d'avoir interrompu le député.
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je remercie le ministre de ses explications mais je
pense qu'il admettra qu'on entre dans un domaine un peu technique, à
savoir comment il se fait que le compte à rebours fait en sorte que,
rendu au-delà du 15 mai, on ait des problèmes. Malheureusement,
je ne pense pas que le débat nous permette de le suivre sur ce chemin
mais je le remercie de cette explication. Je demeure quand même convaincu
que, si on a l'intention de proposer à cette Chambre une réforme
fondamentale, une réforme de fond, en profondeur sur le système
électoral, on pourrait corriger ce problème de compte à
rebours pour la confection de la prochaine liste électorale.
Je demeure convaincu que ce serait préférable à
simplement nous proposer morceau par morceau des réformes, tel que le
fait le ministre par son projet de loi. D'ailleurs, le directeur
général des élections, dans son mémoire, nous donne
certaines autres raisons. Par exemple, il dit: Autres raisons
impératives provenant de délais. Ce sont des raisons que le
directeur des élections invoque pour demander au Conseil des ministres,
s'il vous plaît, de faire adopter cette loi ou, enfin, une loi semblable
avant le 31 décembre, avant la fin de la session. Il dit, et je cite:
"Si la loi sur le registre des électeurs et sur l'identification des
électeurs il semble qu'on ait trouvé un titre à ce
projet de loi qui sera proposé plus tard n'est pas adoptée
avant le 30 mars 1979, la réalisation effective du projet sera
impossible."
Je ne sais pas si on a expliqué. Je ne me souviens pas, en fait,
que le ministre l'ait fait. Est-ce que cela veut dire que même avec cette
loi, si l'autre loi sur le registre des électeurs et sur
l'identification des électeurs n'est pas adoptée avant le 30
mars, qu'on a fait tout cela pour rien? Est-ce que cela veut dire cela?
Le ministre pourra répondre dans sa réplique, mais c'est
quand même une des raisons invoquées par le directeur
général des élections. Donc, en ce qui concerne l'urgence,
le ministre a quand même eu l'honnêteté de le
déplorer lui-même quand il a dit presque mot à mot qu'il
est difficile de présenter morceau par morceau des réformes dans
le domaine électoral, ce qui a peut-être été une des
raisons pour lesquelles tout le projet a été remis c'est
ainsi que je l'ai compris au printemps. Il nous arrive avec un morceau
et nous avons, je pense, le droit comme députés de nous demander
quelles sont les véritables raisons de cette urgence.
Je ne pense pas que le ministre ait été très
convaincant. Le mémoire, oui, le mémoire est là, mais
j'aurais préféré avoir les raisons du Conseil des
ministres. Ce n'est pas le directeur général des
élections, avec tout le respect qu'on lui doit, qui va nous donner les
raisons pour que nous, nous décidions d'intervenir dans le processus
actuel. C'est au Conseil des ministres de prendre la responsabilité de
dire: Oui, on accepte telle raison; non, on n'accepte pas telle autre.
J'attendais l'intervention du député de Châteauguay avec
impatience étant donné qu'il a parrainé le travail d'un
comité de députés. J'ai été
déçu. Il s'est fait moralisateur, d'abord, pour chicaner le
député de Nicolet-Yamaska, puis il a insulté le
député de Rouyn-Noranda, en passant. Je m'attendais à une
contribution plus positive de sa part, qu'il nous fasse part de son
expérience de ce que le travail de son comité a produit pour nous
permettre de dire: Oui, c'est vrai, on devrait voter pour ce projet de loi, et
le plus tôt possible.
Malheureusement...
M. Dussault: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: ... je pense bien, M. le Président, que vous
auriez reconnu dans mes propos quelque chose d'impertinent si j'avais
traité de la question que suggère M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. J'aurais violé le règlement, je pense.
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je n'ai pas compris, M. le Président.
Le Vice-Président: J'ai compris. On soutient que si M. le
député de Châteauguay avait soutenu des propos
impertinents, je l'aurais rappelé à l'ordre.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde:... je n'ai pas dit impertinents, j'ai dit
moralisateurs et insultants. Il y a une chose, par exemple, et j'espère
que le député de Châteauguay profitera de l'occasion pour
corriger un peu le tir sur l'avenir du travail de son comité. Les
explications farfelues qu'il nous a données pour justifier le
geste du premier ministre qui a nommé 20 présidents
d'élection il y a quelques jours, ces explications farfelues me laissent
penser qu'il accorde peu d'importance aux résultats du travail de son
comité. Il a dit qu'il est possible que le gouvernement soit
renversé. C'est un calcul mathématique, il y a à peu
près 40 députés dans l'Opposition sur 110 au pouvoir. Vous
savez que c'est assez difficile mathématiquement de renverser ce
gouvernement. Il y a aussi le fait que son expérience parlementaire
aurait dû lui dicter que c'est seulement sur une question de confiance
qu'on peut renverser un gouvernement. Et que même un gouvernement
renversé par un vote, en Chambre, sur une question de confiance, peut
être invité de nouveau, s'il est majoritaire, assurément
invité de nouveau à former un nouveau gouvernement pour le
restant du mandat. Il me semble que ce serait tromper la population que de dire
que le premier ministre a nommé 20 présidents d'élection
parce qu'il y a urgence. Si ce sont là les explications du
député de Châteauguay, je pense que c'est pauvre. (15 h
50)
Quant à l'urgence, donc, nous ne sommes pas convaincus, nous
avons des réserves. Mais, quant au contenu, je pense que, devant
l'expérience passée, nous devons être vigilants. Le
député de Laval a fait part à cette Assemblée, ce
matin, des quelques incidents ce sont plus que des incidents; ce sont
des événements malheureux dont se sont rendus coupables
les recenseurs péquistes lors du dernier recensement. Compte tenu de
cette réalité, des mauvaises tendances de ce Parti
québécois quant au processus électoral, nous devons
examiner avec beaucoup d'attention le projet de loi. C'est pour cela que le
député de Laval s'est déjà engagé à
présenter des motions d'amendement. Je pense que le ministre a
déjà indiqué qu'il est ouvert à une discussion
franche là-dessus, mais le député de Laval a
indiqué quelques secteurs où il a des réserves, quelques
passages du projet de loi qui lui créent des problèmes. Il faudra
l'examiner article par article avec beaucoup d'attention, parce que, tel quel,
ce projet de loi permettrait des abus souvent involontaires, mais qui sont
inscrits dans la grosse machine administrative, quand on lui permet de faire
des enquêtes un peu partout. Prenons le CAD qui est au ministère
de la Justice; il y a toutes sortes d'informations sur toutes sortes de gens
là-dessus. Le président d'élection pourrait, si on
adoptait le projet de loi tel quel, aller voir cela au ministère de la
Justice qui n'aurait pas le choix. Il pourrait aller voir la
Sûreté du Québec et tous les autres corps policiers qui ont
naturellement, comme tout corps policier, des dossiers, des renseignements sur
un tas de gens. Je ne dis pas que c'est l'intention de celui qui est là
en particulier; je ne veux pas le viser personnellement. Mais on connaît,
par exemple, les défaillances des ordinateurs. Quand on organise trop,
quand on donne trop de coudées franches dans ce cas, il y a des
abus.
Le député de Laval mentionnait le cas du ministère
du Revenu, c'est absolument essentiel que le ministre du Revenu ne soit pas
partie à cette démarche. S'il l'est, ce n'est qu'à travers
le fichier central qui est au ministère des Consommateurs où la
grande partie des fichiers des différents ministères je
pense qu'il y en avait au-dessus d'une centaine il y a quelques années
a été réunie. A ce moment, ce ne sont que quelques
informations, mais tout à fait objectives, que ce soit le nom,
l'adresse, etc. Il ne faudrait pas qu'il y ait d'ouverture de la part du
ministère du Revenu au directeur des élections.
M. le Président, on ne prévoyait pas tellement de
problèmes avec ce projet de loi. On croyait même qu'il aurait
été adopté plus rapidement ce matin, mais la production
par le ministre du mémoire au Conseil des ministres a soulevé
certains problèmes que j'ai mentionnés tantôt et nous a
invités à beaucoup de vigilance. Le député de Laval
lui-même n'avait pas ce mémoire lorsqu'il a fait son discours de
deuxième lecture, il nous a été produit par le ministre
pendant le discours de deuxième lecture du député de
Laval. C'est donc pour cela que nous allons faire preuve de beaucoup de
vigilance et aussi compter sur la réplique du ministre pour nous
orienter quant à notre position sur ce projet de loi.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, grande réforme
préconisée par l'honorable ministre au point de vue
électoral, petit texte, très minime aujourd'hui, mais qui
renferme, à mon avis, énormément de complications. Je vous
cite. M. Duplessis, qui fut un grand législateur, nous avait dit cette
phrase qui est restée célèbre: C'est en peu de mots qu'on
doit légiférer quand il s'agit de toucher aux droits et
privilèges des individus. J'ai rarement vu une pratique aussi bien
suivie dans ce petit document que nous étudions aujourd'hui. Il a l'air
inoffensif, il n'y a rien qui puisse nous porter à lancer les hauts
cris, mais lui qui était retors... J'ai le droit de dire cela, M. le
Président, qu'il est un homme retors en organisation et en
stratégie politique, lui qui a une expérience...
M. Burns: Parlez-vous de Duplessis ou de moi? M. Bellemare:
Je parle de vous.
M. Burns: Moi, je suis retors?
M. Bellemare: Oui, oui, je parle de vous qui êtes...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Bellemare: Quel règlement?
M. Burns: Je soulève une question de privilège.
M. Bellemare: Pourquoi? Parce que je dis du bien du ministre?
M. Burns: Non, vous me traitez de personne retorse!
M. Bellemare: Je n'ai pas compris.
M. Burns: Je ne peux pas accepter cela, je vous demande de
retirer vos paroles. Je demande au président de demander au
député de retirer ses paroles. Je n'ai aucune intention et le
règlement, vous le savez fort bien, M. le Président, à
l'article 100, ne permet pas à un député de me
prêter des intentions malhonnêtes. Si on me traite d'esprit retors,
je devrais avoir nécessairement, en présentant un tel projet de
loi, des intentions malhonnêtes et avoir des idées de passer le
tapis en-dessous des pieds...
M. Bellemare: M. le Président, est-ce que je serai
dérangé à tout moment?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
à l'ordre! M. le ministre d'Etat à la réforme
parlementaire, je pense que M. le député de Johnson vient de se
corriger en disant que nous n'êtes pas retors, mais un fin renard.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Burns: J'aime mieux ça!
Le Vice-Président: S'il vous plaît, à
l'ordre! M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Si c'est pour me déranger, je vous encourage
à continuer de n'interrompre car je ne perdrai pas le fil de mon
discours. J'en ai seulement pour 20 minutes et j'espère me rendre au
bout sans trop d'interventions.
M. Burns: Je ne vous interromprai plus.
M. Bellemare: Ce texte semble inoffensif, il n'est composé
que d'une petite page, il ne semble rien dire à celui qui ne vit pas
quotidiennement dans la Législature, à celui qui n'a pas de
contact avec la loi. Quand on voit tout ce qui s'est passé dans la
province depuis des années et qu'on a vu des hommes comme l'ancien
ministre de la Justice, de l'ancien gouvernement libéral, essayer,
auprès de son gouvernement, d'apporter la carte d'identité pour
voter, laquelle n'a jamais été acceptée, jamais, parce
qu'on ne voulait pas nous stigmatiser avec une carte d'identification.
Là, le "PQuiou", de manière très habile, en vertu
d'un ordre en conseil bien clair et qui dit, au paragraphe i): Obligation pour
tout électeur de s'identifier avant de voter en présentant sa
carte d'assurance-maladie. Ah, ah! On a vu la queue du chat longtemps, mais
là on voit aussi le chat! C'est de cela, pour le
référendum, qu'on a besoin. Pourquoi ne pas placer une photo! Ce
serait bien naturel. (16 heures)
S'il faut faire une carte d'identité sous un autre couvert, la
carte d'assurance-maladie, tout le monde est obligé de l'avoir. On se
sert de la carte du fédéral, par-dessus le marché, pour
identifier un électeur qui va se présenter au bureau. Comment les
immigrants s'y prendront-ils? Les séparés. Il y en a qui sont
séparés et qui vivent sous des noms différents; comment
va-t-on s'y prendre? Ceux qui vivent en communauté. Il y a de nouvelles
sortes de gens qui vivent en communauté aujourd'hui, charismatiques ou
autres! Au point de vue démocratique et traditionnel, c'est la
véritable carte d'immobilisation pour tracer la voie au
référendum qui s'en vient, la carte d'identité qui devrait
être en vigueur le 15 mai 1979. Voyez-vous le processus, M. le
Président? Voyez-vous l'obligation de montrer, en allant exercer un
droit démocratique, celui de voter pour ou contre, sa carte? L'ancien
ministre de la Justice, dans le gouvernement libéral, M.
Choquette...
M. Proulx: Jérôme.
M. Bellemare: Jérôme de son grand nom... avait
préconisé cela auprès des membres du conseil et il m'avait
dit un jour toutes les difficultés qu'il avait rencontrées
vis-à-vis de ses collègues pour l'imposition d'une carte
d'identité. Franchement et nettement! Je me pose des questions
aujourd'hui. Est-ce que le même plaidoyer a été fait
auprès du Conseil des ministres pour avoir une carte d'identité
pour voter et avoir son nom sur la liste électorale? N'y aurait-il pas
plutôt eu lieu de faire un compromis au conseil entré plusieurs
qui étaient favorables à une identification réelle d'un
personnage quand on vote et ceux qui voulaient véritablement respecter
la liberté démocratique, sans être obligés de nous
encar-caner dans une carte d'identification quelconque? Est-ce que ce n'est pas
aujourd'hui le produit de cet ordre en conseil qui nous dit: L'obligation de
tout électeur de s'identifier avant de voter en présentant sa
carte? Pas seulement de l'avoir dans ses poches, mais l'obligation, quand il
viendra voter, de présenter sa carte. Veux, veux pas, tu ne voteras pas
si tu n'as pas ta carte et si tu ne la présentes pas.
M. Burns: Question de règlement, M. le Président.
Je m'excuse, j'écoute depuis tout à l'heure, avec beaucoup
d'intérêt, le député de Johnson. J'ai
écouté également les autres députés qui ont
débordé. Toutes les fois que j'ai ces gentillesses à
l'endroit de l'Opposition, c'est-à-dire de leur fournir les documents
auxquels, habituellement, ils n'ont pas accès, ils s'en servent pour,
vraiment, faire des contorsions dans le règlement. Entre autres,
actuellement, le député de Johnson est en train de parler de tout
autre chose que du projet de loi no 123. Je demande la collaboration du
député de Johnson; autrement, vous allez me
décourager, à l'avenir, de vous donner des documents comme
ceux-là, comme les deux décisions du Conseil des ministres, comme
le mémoire présenté au Conseil des ministres par le
directeur général des élections. Si c'est la règle
à l'avenir, quand on me fera, comme le député de
Nicolet-Yamaska ce matin, des demandes d'obtenir des documents, je dirai non,
parce que cela va vous empêcher de sortir de la pertinence du
débat, comme vous êtes en train de le faire actuellement.
M. Bellemare: M. le Président, ce n'est pas de
l'impertinence que je fais, c'est la suite logique de ce que le ministre a
reçu comme mandat qui s'exécute aujourd'hui. Il dit que c'est une
loi anodine, mais il faut aller voir le document pour connaître le fond.
Et le fond, le ministre nous a présenté les arrêtés
en conseil. On le reconnaît mal, lui qui était d'une
férocité épouvantable lorsqu'il s'agissait d'exiger des
documents du gouvernement, quand il était dans l'Opposition. Il va nous
reprocher de demander des documents d'intérêt public pour
justifier l'adoption de cette loi!
On le savait, M. le Président, qu'il y avait un mandat de
donné. On le savait par la commission qui a siégé et je
rends témoignage à mon excellent collègue, le
député de Nicolet, qui a suivi tous les débats de cette
commission. Je suis fier d'avoir appris, par lui, certains détails qui
me permettent aujourd'hui de dire que quant à la question de la
modification de la loi électorale, il y a en dessous de cela un
arrêté en conseil qui nous a été divulgué ce
matin et qui dit que pour voter il faudra avoir la carte réelle de
l'assurance-maladie. Je dis donc, M. le Président, que c'est une
manière détournée de vouloir nous identifier et de ne pas
vouloir croire à l'identité véritable. C'est une
mobilisation pour le référendum qu'on est en train de faire. Je
dis, M. le Président, que c'est difficile à comprendre de la part
d'un ministre qui a prêché la démocratie, lui, qui a, dans
le temps fait des envolées extraordinaires pour empêcher justement
le gouvernement précédent de l'imposer, cette carte
d'identification.
Qu'est-ce que l'on voit sous le couvert de cette loi inoffensive,
anodine? La permission, M. le Président, qui sera donnée au
président des élections de faire voter les prisonniers, les
détenus. C'est nouveau dans notre système. Ecoutez, M. le
Président, l'arrêté en conseil le dit, le spécifie.
Bien plus que cela, les malades mentaux, ceux qui sont renfermés dans
les centres psychiatriques ont reçu en vertu de l'arrêté en
conseil et recevront en vertu de cette loi la pleine et entière
jouissance de leur droit. Quand on sait qu'un prisonnier, un détenu a
été mis au rancart de la société parce que,
justement, il ne suivait pas les directives de la société, les
lois, les us et coutumes de la société, aujourd'hui, M. le
Président, on va lui donner des préférences. On va lui
donner le droit d'aller voter. Je dis qu'un malade psychiatrique est loin
d'être capable d'exercer son droit de vote. Le ministre fera des signes
et se promènera alentour du trône pour essayer d'influencer la
présidence, cela ne changera pas mon discours. Le député
de Nicolet a véritablement, comme il l'a dit ce matin, mis les cartes
sur la table. Il a défini l'attitude de l'Union Nationale et je suis
fier de le féliciter. Il a fait cela, peut-être pas dans mes
gestes ni dans le ton que j'emploie, mais la vive opposition que nous y avons
mise prouve l'intensité de nos revendications... Comment?
Une Voix: Arrêtez donc de niaiser et finissez donc votre
discours!
M. Bellemare: Bande de "back-benchers!" M. le Président,
je dis donc d'abord que le contenu de la loi est loin d'être
véritablement ce que nous autres on pense de la loi. C'est
entortillé dans une espèce de rituel qui fait que ce n'est pas ce
qu'on veut véritablement dire, ce qu'on dit présentement.
Deuxièmement, il y a aujourd'hui nécessité d'une
réforme électorale agrandie, comme le dit le ministre responsable
de la réforme. Nous allons vous soumettre prochainement ces cas à
la prochaine session; toute une réforme parlementaire, toute une
réforme électorale. Nous serions d'accord si, dans cette
réforme générale, globale, on avait introduit cet
élément pour lequel je ne suis pas sûr qu'il aurait eu
autant de sympathie. Il y a l'ordre public aussi qui est en cause qui veut
qu'une nation comme la nôtre, petit peuple québécois, on
n'a pas besoin d'être identifié les uns par rapport aux autres
avec des cartes d'identification pour aller voter. La loi nous dit: Etablir un
registre des électeurs. C'est la pertinence du débat, M. le
Président.
Le Président: En effet, là, vous y êtes, M.
le député de Johnson.
M. Burns: Enfin!
M. Bellemare: II faudrait donc relire les discours que vous aviez
faits dans le temps.
M. Burns: J'étais toujours pertinent par rapport au
débat.
M. Bellemare: Non.
M. Burns: Quand le président me rappelait à
l'ordre, je me rassoyais. (16 h 10)
Le Président: A l'ordre!
M. Bellemare: Vous aviez des manières à vous de
procéder.
Le Président: Dans le moment, vous êtes tous les
deux impertinents.
M. Bellemare: Aujourd'hui, vous n'êtes pas
récompensé pour ce que vous avez fait.
M. Burns: Vous avez raison, M. le Président.
M. Bellemare: On vous a placé près de la porte et
ce n'est pas un bien bon signe.
Le Président: M. le député de Johnson, s'il
vous plaît!
M. Burns: ... ce ne sera pas long. Une Voix: A l'ordre! A
l'ordre!
M. Bellemare: Je comprends que le président peut
être indisposé...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, s'il vous plaît! N'engagez pas de dialogue comme
celui-là. Je vous demande de revenir à la pertinence du
débat. Vous étiez fort bien parti. Poursuivez, M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: La pertinence du débat, M. le
Président, établir un registre. Un registre, pourquoi et pour
qui? L'honorable député de Laval, ce matin, a fait une
intervention heureuse et qui produira sûrement des effets salutaires par
les amendements qu'il veut apporter. Je l'ai compris, moi.
L'établissement d'un registre, tel qu'il est mentionné dans la
loi, sera difficile et surtout "circonspect" pour bien du monde. Cela servira
peut-être pour d'autres choses que l'élection
générale, je comprends, le référendum et autres."
En vue de la confection d'une liste électorale permanente cela
doit être le débat lui-même il peut conclure, dit le
projet de loi, des ententes "avec toute personne et requérir d'un
ministère ou d'un organisme mandataire du gouvernement qui doit les lui
fournir les renseignements pertinents". Là, on devient un régime
de gestapo. Là, on y touche, mon cher, sensiblement. Là, M. le
Président, on donne au ministre, en vertu de cette réforme des
pouvoirs absolus d'aller demander aux ministères qui en sont requis
toutes les informations nécessaires. Cela veut dire l'impôt sur le
revenu aussi. Ah oui! Tous les ministères du gouvernement doivent
fournir les renseignements pertinents à la préparation d'un
registre.
M. le Président, la loi va trop loin; elle méritera
sûrement des amendements et je serai heureux d'en profiter pour parler
sur les amendements.
Le Président: Merci, M. le leader de l'Union
Nationale.
M. le député de Terrebonne, vous avez maintenant la
parole.
M. Elie Fallu
M. Fallu: Merci. M. le Président, je crois qu'il est
important, à ce moment-ci, de replacer le cadre du débat qui se
déroule, car il a grandement dévié pour ne pas dire
davantage. Le projet de loi 123 est une réforme de la Loi
électorale; je dirais plus simplement que c'est une rallonge à
l'article 13.
Qu'est-ce que nous avons vu depuis ce matin? Nous avons assisté,
M. le Président, à une création collective. C'est une
symphonie que nous avons vu naître. Plus précisément, c'est
un boléro, puisque justement les instruments sont entrés en jeu,
les uns après les autres qui en majeur, qui en mineur qui en suraigu,
comme le député de Marguerite-Bourgeoys, reprenant le même
thème qui revenait presque inlassablement jusqu'à la finale,
jusqu'à l'arrivée de la grosse caisse bruyante. Enfin, le calme
revint.
M. le Président, il nous est proposé de débattre du
projet de loi 123, tout simplement de l'article 13 de la Loi électorale.
Il s'agit de donner au directeur général des élections un
mandat supplémentaire à tous les mandats qu'il possède
déjà. Ce mandat, c'est strictement de préparer un registre
des électeurs qui puisse servir, en temps d'élections ou de
consultation populaire, puisque la Loi électorale sert également
à ces fins, à produire une liste électorale. Quoi d'autre?
Rien, M. le Président. Il s'agit donc de deux choses: d'un fait et d'une
intention. Le fait, c'est d'établir un registre et l'intention, c'est en
vue d'établir une liste électorale permanente.
Parlons-en donc un moment, si vous me le permettez, d'une liste
électorale permanente, puisque déjà, la Loi
électorale, on le sait, prévoit l'existence d'une liste
électorale permanente. C'est d'ailleurs le titre que porte
déjà un chapitre de la Loi électorale. C'est une loi
incorporée à la loi: Loi concernant la confection des listes
électorales permanentes. Donc, il existe des listes électorales
permanentes. On sait fort bien, depuis 1972, qu'une telle liste
électorale dite permanente n'est qu'une liste annuelle même pas
vérifiée, même pas révisée ou
déposée pour fins d'archives, qui devient des monceaux de
papiers. C'est l'industrie par excellence des incinérateurs de chacune
de nos villes. Voilà nos listes électorales permanentes
actuelles.
Le problème est posé. Il nous faut une véritable
liste électorale permanente. Pour cela, il faut un mode de cueillette de
données. Le mode de cueillette que nous possédons est celui que
nous a apporté la tradition britannique, à savoir le recensement
des électeurs. Recensement, qu'il soit annuel, comme la supposée
liste électorale permanente le prévoit, ou qu'il soit
momentané au moment des élections comme il l'était
auparavant, la méthode est donc la même.
Il faut donc cueillir les données. Mais nous cueillons les
données selon la loi actuelle, comme on le faisait en Angleterre, au
XVIIe siècle, comme on le faisait ici au XVIIIe, au XIXe et au
début du XXe. Il n'y a rien de changé; le recensement porte
à porte. Mais comment donc, dans une société moderne,
fait-on des recensements? L'Hydro-Qué-bec oublie-t-elle quelqu'un de ses
clients à tous les deux mois? Bell Telephone ou Québec
Téléphone oublie-t-elle de ses clients à tous les mois?
Chargex oublie-t-elle d'envoyer les comptes une fois par mois? Comment, dans
une société moderne, cueille-t-on les données? Comment,
dans une société moderne, conserve-t-on les données?
Comment établit-on des banques de données? C'est ainsi qu'il faut
poser le problème. Mais sachez, M. le Président, que si
l'Hydro-Québec a
trouvé le moyen de faire payer ses comptes, du moins d'avoir un
registre de l'ensemble de ses clients, c'est pour des fins économiques.
Alors que, dans une loi électorale, il s'agit des fins de la
démocratie car, par corollaire, il nous arrive actuellement que, n'ayant
pas un bon fichier des électeurs, nous faussons la démocratie,
peut-être à 3%, à 4%, mais nous la faussons,
néammoins.
Alors que des citoyens ont à payer leur compte à l'Hydro,
ils n'ont quand même pas le droit de vote du fait qu'ils ne sont pas
inscrits sur un registre des électeurs, sur une liste électorale.
Voilà le drame de la société démocratique dans
laquelle nous vivons et c'est à cela qu'il faut remédier. Il faut
trouver des méthodes modernes. Nous serons peut-être, je dis, les
premiers dans le monde à agir de cette façon mais, du moins, nous
aurons donné justice à nos concitoyens. D'ailleurs, ne
sommes-nous pas déjà fichés un peu partout? Qui d'entre
nous ne peut pas aller chercher des fonds tantôt à la caisse des
fonctionnaires par le biais de l'inter-caisses? (16 h 20)
Qui d'entre nous n'ira pas tout à l'heure chercher une carte de
crédit et ne se fera pas vérifier également son
état de compte, son état bancaire par le Montreal Credit Bureau?
Qui donc n'a pas dans ses poches une carte quelconque? Carte
d'assurance-maladie, la carte-soleil, carte d'assurance sociale, cartes, cartes
et cartes encore. Nous sommes fichés, admettons-le donc, tout
simplement. On n'a pas besoin de se cacher la tête dans le sable comme
des autruches. Cela existe ces fichiers. Il s'agit, par ailleurs, d'être
prudent, et j'en conviens, M. le Président. D'ailleurs, ce dont on a mis
en douce de parler, c'est la prudence de la loi.
Regardons-la attentivement. Nous sommes prudents en présentant
cette mesure. Sachons-le, du moins. Qu'est-ce qui est présenté?
Il s'agit de préparer un registre des électeurs. Il ne s'agit pas
de préparer la liste des joueurs de hockey, des unijambistes, des
borgnes. Il s'agit de préparer un registre des électeurs. Or, un
électeur, dans la Loi électorale, c'est défini. Un
électeur, article 73, à l'opération du recensement, c'est
défini, on sait exactement quelles sont les inscriptions qu'on doit
faire. Est-il besoin de les lire? Est-il besoin de les rappeler à chacun
de nous? On vient encore de dépenser $6 millions pour faire un
recensement. Inutile, d'ailleurs, et qui ne sera même pas
révisé! Des tonnes de papier qui vont s'entasser, des tonnes de
municipalités, de numéros de rue, de sections de vote, des tonnes
de noms, de métiers, de professions d'âges, des tonnes de
numéros de logements, toutes ces tonnes de papier vont s'enterrer dans
des sous-sols, vont devenir inutiles puisque l'an prochain il faudra
recommencer.
Il est prévu que c'est un registre des électeurs au sens
de la Loi électorale, à partir des données qui sont
déjà connues, précisées dans la Loi
électorale. En vue de la conception d'une liste électorale
permanente, c'est clair. Rien d'autre. Il ne s'agit pas de savoir qui a eu la
varicelle ou la va- riole. Le registre des électeurs, visé
à l'article précédent, n'a d'effet qu'aux fins d'une
élection. C'est encore connu cela. Oui, les grosses caisses
tantôt, après les tubas et les basses qui faisaient entendre la
même ritournelle des droits individuels. Ce n'est qu'aux fins
d'élections. Cela ne peut être utilisé que dans la mesure
ou selon les modalités expressément prévues par la loi.
Pourrait-on faire quelques petits rappels, M. le Président, de ce
qu'est, justement, cette loi?
L'usage qu'on peut faire d'une liste électorale. Oui, M. le
Président, une liste électorale, c'est tellement secret qu'on
peut l'afficher sur tous les poteaux de téléphone du
Québec. C'est tellement secret, M. le Président, que c'est
transmis à toutes les commissions scolaires. C'est tellement secret que
c'est transmis à toutes les municipalités. C'est tellement secret
que c'est fourni à tous les candidats. C'est tellement secret que c'est
fourni à tous les partis. C'est tellement secret que c'est fourni
à chaque électeur. C'est tellement secret qu'il y en a une de
disponible expressément au bureau du directeur des élections pour
examen public. Enfin, c'est tellement secret que cela doit être
expressément transmis au scrutateur qui est passé de maison en
maison. Voilà, M. le Président, je relis: Et ne peut être
utilisé que dans la mesure et selon les modalités
expressément prévues par ailleurs par la loi. Et nous avons
toujours vécu avec ce système.
Il est vrai sans doute que quelqu'un a peut-être fait un bottin
téléphonique indexé sur les rues. Il est peut-être
vrai qu'un vendeur quelconque s'en soit servi, mais est-ce qu'il y a de quoi de
changé, est-ce qu'il y a de quoi de neuf? Est-ce que nous violons ici
des domiciles avec ce projet de loi? Nullement. Les articles de la Loi
électorale s'appliquent.
M. le Président, je suis un peu triste, parce que...
M. Lavoie: Pas autant que nous lorsqu'on vous regarde.
M. Fallu: Alors, je suis désolé après vous
avoir entendu. Je regrette, à propos du député de Laval,
je lui fais plutôt mes compliments pour son discours de tantôt,
qu'il se le rappelle.
Le Président: M. le député de Terrebonne,
s'il vous plaît, ne changez point de registre.
M. Fallu: Merci.
M. Lavoie: Ne l'empêchez pas de me féliciter quand
même!
M. Fallu: M. le Président, je suis un peu triste à
la fin de ce débat du fait que des gens l'ont
délibérément désaxé. Ils l'ont
fourvoyé. C'est d'une malhonnêteté intellectuelle
épouvantable, parce qu'ils veulent faire croire à l'ensemble de
la population que, cet après-midi, nous sommes en train de violer des
libertés individuelles, que cet après-midi, nous sommes en train
de ficher des gens,
que cet après-midi, nous sommes en train de monter un CAD
quelconque pour tous les citoyens du Québec. Nullement. Nous sommes en
train de prévoir qu'un citoyen du Québec puisse enfin être
assuré de son plein droit d'électeur pour nous élire l'un
ou l'autre ou nous rejeter de cette Assemblée nationale. Merci, M. le
Président.
Le Président: Merci, M. le député de
Terrebonne.
M. le député de Mont-Royal, vous avez maintenant la
parole.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais exprimer
certaines inquiétudes que j'ai au sujet de ce projet de loi et aussi
certaines inquiétudes que les groupes minoritaires ont quant à la
préparation de la liste électorale. Nous connaissons tous les
abus qui existent dans le système actuel. Le député de
Laval en a souligné quelques-uns. Je peux vous assurer que je suis
personnellement au courant de plusieurs abus quant à l'enregistrement de
noms sur les listes électorales du dernier recensement. Je suis
entièrement d'accord si le but de ce projet de loi est
d'améliorer et d'enlever la possibilité des abus qui existent
maintenant. Mais il ne faudrait pas qu'en enlevant certains abus, on ouvre la
porte à d'autres.
Quand on parle d'une liste électorale permanente, je crois que le
concept devrait être bien accueilli de notre part, d'une façon
positive, parce que cela peut permettre l'élimination de certaines
difficultés qui existent maintenant. Nous savons tous, Mme la
Présidente, qu'au dernier recensement, il y a eu certains recenseurs du
Parti québécois qui ont systématiquement enlevé ou
voulu enlever le nom de certains membres de groupes minoritaires de la liste
électorale. Je crois que ce n'est pas un secret, c'est quelque chose qui
est arrivé. Je ne blâme pas le ministre pour le zèle de ces
recenseurs...
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le député...
M. Guay: Le député de Mont-Royal vient de faire une
accusation à l'endroit du parti politique qui forme le gouvernement en
cette Chambre...
M. Lavoie: Mme la Présidente, question de
règlement.
M. Guay: Je suis sur une question de privilège, Mme le
Président.
M. Lavoie: Je ne pense pas qu'il soit nécessaire...
Une Voix: Ecoutez donc là...
M. Lavoie: Question de règlement sur la question de
privilège.
M. Guay: Je veux rectifier les faits. M. Lavoie: Mme la
Présidente...
Mme le Vice-Président: Un moment, M. le députe,
j'ai une question de règlement, j'arrive tout de suite à votre
question de privilège.
M. le député de Laval et leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Merci, Mme la Présidente. Ma question de
règlement est justement sur la question de privilège
soulevée par le député de Taschereau. Il ne s'agit pas
d'une question de privilège lorsqu'il y a... Il a mentionné au
début de son intervention qu'il y avait eu des accusations
lancées contre un parti politique. Tout le monde sait qu'en vertu de
notre règlement, des articles 39 et autres, les questions de
privilège ne s'appliquent qu'à l'Assemblée nationale et
qu'aux membres de l'Assemblée nationale lorsqu'ils se sentent
blessés dans leur honneur. (16 h 30)
Avez-vous fait le recensement vous-même? Si vous aviez fait le
recensement dans le comté de Taschereau et qu'on vous attaque
personnellement, vous auriez le droit de poser une question de
privilège, mais pas tel que vous l'avez présenté.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Comme je vous le disais, Mme la Présidente, au
moment où le député de Laval est intervenu, je
m'apprêtais à rectifier les faits, ce qui est l'essence même
d'une question de privilège, si je ne m'abuse, M. l'ancien
président.
Le député de Mont-Royal a fait une allégation qui
me paraît fausse et non fondée; à moins qu'il ne puisse en
faire la preuve, je l'inviterais à la retirer. En effet, il est de
notoriété publique que les recenseurs du Parti
québécois, aux dernières élections, n'ont fait
qu'appliquer la Loi électorale intégralement, comme ils en ont le
devoir.
M. Lavoie: On peut lire l'article 48 sur la question de
privilège: "Une violation des droits de l'Assemblée ou d'un de
ses membres constitue une question de privilège," pas les recenseurs du
Parti québécois. Je ne voudrais pas priver l'honorable
député de Taschereau de soulever le point qu'il désire
soulever, mais il devra revenir dans le débat après l'honorable
député de Mont-Royal, pas par une question de
privilège.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laval, juste avant votre intervention, si vous ne vous étiez pas
levé, j'aurais dit au député de Taschereau qu'il
disposerait de 20 minutes pour intervenir dans le débat s'il le veut
bien.
M. le député de Taschereau, nous vous
reconnaîtrons...
M. Guay: Mme la Présidente, est-ce que la rectification
des faits, lorsqu'un député induit la Chambre en erreur...
Mme le Vice-Président: Nous vous avons déjà
entendu, M. le député de Taschereau. Votre message est
déjà passé et vous disposerez de 20 minutes quand vous en
ferez la demande.
M. Guay: Puis-je avoir une directive? Mme le
Vice-Président: Allez donc!
M. Guay: Merci, Mme la Présidente. Est-ce qu'une question
de privilège n'est pas indiquée comme moyen de rectifier les
faits lorsqu'un député induit la Chambre en erreur?
Mme le Vice-Président: Quand un député
invoque son privilège, à ce moment-là, il peut
rétablir les faits. Voilà. Nous pourrons lire ensemble l'article
49 de notre règlement, M. le député. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, Mme le Président. Je n'ai aucunement
l'intention de retirer les déclarations que j'ai faites parce que c'est
la vérité et c'est arrivé à des membres de ma
famille, pour l'information du député de Taschereau. Je ne
donnerai pas de noms parce que je ne crois pas décent, à
l'Assemblée nationale, de donner les noms de recenseurs du Parti
québécois...
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de
règlement.
M. Ciaccia: ... qui se sont prêtés à de
telles pratiques.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal! Sur une question de règlement, M. le député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je ne sais pas si c'est une
question de règlement ou une question de privilège. Je pense que
c'est une question de règlement qui permet à un
député, lorsqu'un de ses collègues induit la Chambre en
erreur, de rectifier les faits. Ce n'est peut-être pas une question de
privilège, mais c'est certainement une question de règlement.
En plus d'ajouter à tout ce que mon collègue de Taschereau
a dit tout à l'heure, Mme la Présidente, je ne me trompe pas en
disant que même le directeur général des élections,
à qui ce cas a été soumis, n'a trouvé absolument
rien d'illégal dans ce qu'ont fait les recenseurs du Parti
québécois. En conséquence, je prierais le
député de Mont-Royal de retirer les accusations qu'il a
portées puisqu'il a été lui-même contredit dans ses
déclarations par le directeur général des
élections, celui-là même qui nous demande d'adopter la
présente loi.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Peut-être le directeur général
des élections n'était-il pas au courant des faits dont je suis au
courant. Je ne retire aucunement les déclarations que j'ai faites.
M. Godin: Mme le Président, question de
privilège.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mercier.
M. Godin: En tant que membre de cette Assemblée, je
prierais le député de Mont-Royal, qui est mon égal ici, de
porter à l'attention des institutions concernées les cas dont il
aurait pu avoir connaissance, de façon que, si une injustice a
été commise, elle soit réparée au plus coupant, si
tel est le cas. S'il n'a rien à dire de précis, appuyé par
des faits et des preuves, qu'il n'en parle pas, s'il vous plaît!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal, vous avez entendu les différentes interventions, n'est-ce
pas?
M. Ciaccia: J'inviterais mes collègues, qui ne sont pas
d'accord avec les propos que je tiens, à ne pas m'interrompre dans mon
intervention.
M. Godin: Portez plainte, bon Dieu du ciel!
M. Brassard: Si vous avez des plaintes à porter,
portez-les!
M. Ciaccia: Quand viendra votre tour, vous parlerez et vous
porterez à l'attention de cette Chambre les propos que vous voudrez.
Pour le moment, je vais dire ce que j'ai à dire sur cette loi et ce que
je connais de ce qui s'est passé au recensement,
dernièrement.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal, puis-je quand même, pour la bonne marche de ce débat,
vous rappeler que nous en sommes à la deuxième lecture du projet
de loi no 123, Loi modifiant la Loi électorale, c'est-à-dire la
loi qui permettra de préparer un registre des électeurs et une
liste électorale permanente?
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, Mme le Président. Le but de mes
remarques était d'appuyer l'idée d'avoir une liste permanente
pour éviter les abus que nous avons connus au mois de septembre
dernier.
M. Vaillancourt (Jonquière): Question de
privilège.
M. Ciaccia: Ils ne veulent absolument pas... M. Picotte:
Laissez-le donc travailler!
M. Ciaccia: Laissez-moi donc faire mon intervention, vous
parlerez après.
M. Picotte: Vous exercerez votre droit de parole,
après.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jonquière, sur une question de privilège.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je pense qu'il est du
privilège de chaque député de cette Chambre, lorsqu'une
opinion d'une personne que nous avons nous-même nommée,
c'est-à-dire le directeur général des élections,
qui a été nommé par l'ensemble des députés
de cette Chambre, lorsque son opinion est mise en doute par un membre de cette
Chambre, je pense qu'il est du devoir d'un membre de l'Assemblée
nationale d'invoquer son privilège pour dire que le député
de Mont-Royal est en train, actuellement, de façon
détournée, de mettre en doute sinon l'honnêteté, du
moins l'opinion qui a été clairement et par écrit
émise par une personne que lui-même et son parti politique ont
contribué à nommer.
Des Voix: Bravo!
M. Ciaccia: J'espère, Mme le Président, que toutes
ces interruptions ne sont pas prises sur mon temps de parole. Si le directeur
général a une opinion, moi aussi j'ai droit à mon opinion.
Connaissant ce qui s'est passé au mois de septembre dernier, je
maintiens mon opinion. Je voulais en venir aux raisons pour lesquelles
j'accueillerais certains propos du projet de loi qui veulent établir une
liste électorale permanente. Pour ce faire, je voulais parler de
certains abus qu'ont subis ces gens, spécialement sur l'île de
Montréal, au dernier recensement. Quand, dans la ville d'Anjou
c'est vrai que la loi donne ce droit on a pris...
Une Voix: Ah!
M. Ciaccia: Mais il y a aussi des abus de droit, Mme la
Présidente. Il y a le harcèlement. On peut utiliser une loi pour
harceler des communautés et c'est ce qu'on a fait à ville
d'Anjou. On a pris 800 noms, on leur a donné 24 heures pour aller
prouver qu'ils étaient des citoyens. Maintenant, pourquoi
était-ce tous des noms...
M. Bellernare: Madame, en vertu de l'article 28, voudriez-vous
compter le quorum pour moi?
Mme le Vice-Président: Nous allons effectivement
vérifier le quorum, M. le leader de l'Union Nationale. Voulez-vous voir
si... Il nous manque deux personnes pour que nous ayons quorum.
M. Burns: ... le député de Laval, de sorte que si
notre absence a causé un problème au quorum, c'est justement
parce que je parlais de certaines choses relatives au présent projet de
loi. Je devrai également m'absenter dans les minutes qui viennent, si le
député de Johnson veut bien venir me voir également
derrière la Chambre. Cela va poser le même problème. Il va
y avoir les deux mêmes absences, dans le fond!
Mme le Vice-Président: M. le ministre, je vous demanderais
d'aller faire vos invitations autrement que dans le micro. Nous avons
maintenant quorum.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, Mme le Président, c'est assez difficile
de continuer à discuter de cette loi avec toutes les interruptions que
j'ai. Mais, il y a un abus. La théorie de l'abus des droits existe, et
quand on utilise la loi électorale pour convoquer 800 personnes d'une
communauté, à ville d'Anjou, et leur demander de prouver, dans
les 24 heures, leur citoyenneté canadienne, c'est un abus clair, c'est
du harcèlement de cette communauté, de ces gens. On sait fort
bien que sur 800 personnes qu'on va convoquer, il va y en avoir une grande
partie qui ne pourra pas se présenter dans les 24 heures. Si le projet
de loi évite de tels abus, je serai entièrement d'accord avec ce
projet de loi parce que les droits des minorités, Mme le
Président, il ne faut pas seulement en parler (16 h 40)
C'est bien beau pour le gouvernement de faire des déclarations et
de dire que les minorités ont les mêmes droits que tous les autres
citoyens, mais c'est une forme de discrimination quand on prend 800 noms de
personnes dans une certaine communauté et qu'on leur demande de se
présenter pour prouver qu'ils sont citoyens. C'est de la discrimination
toute pure. C'est aussi une forme d'intimidation. Il ne faudrait pas
procéder avec la philosophie qu'un projet de loi c'est pour
empêcher les gens de voter. Le projet de loi, ce n'est pas pour
empêcher les gens de voter et ce n'est certainement pas pour
empêcher de voter ceux qui ne sont pas d'accord avec nous. Cela semble
être la philosophie de certaines personnes qui étaient
impliquées dans le recensement de cet automne.
Je crois qu'on devrait avoir une meilleure appréciation de la
démocratie que d'essayer d'empêcher les gens d'exprimer leur
volonté durant un vote, que cela soit un référendum ou
autres. Ce projet de loi devrait encourager une société et un
système de vote ouvert et facile. Pas inclure toutes sortes d'obstacles
spécialement pour les groupes minoritaires qui se voient pris par
certaines exigences de la loi.
Le ministre a déposé un document qui faisait
référence à une loi sur le registre des électeurs
et sur l'identification des électeurs. Les groupes minoritaires, sur une
carte d'identité telle qu'on s'y réfère dans un certain
arrêté en conseil, vont réagir par leur expérience,
par les expériences qu'ils ont eues dans d'autres pays. Ce ne sont pas
des accusations qu'on porte contre des individus, que cela soit le ministre ou
un autre député, mais c'est une réaction que ces gens ont
par leurs expériences. C'est une forme de contrôle que d'autres
pays ont utilisée; pas à de bonnes fins, pas à des fins
démocratiques. Dans un système démocratique, les cartes
d'identité n'existent pas. C'est la même réaction, dans un
document déposé par le ministre, devant la possibilité
d'avoir une telle carte d'identité. Cela crée une
atmosphère qui n'est pas habituelle dans nos lois.
Ce sont des concepts étranges à nos coutu-
mes et à nos lois. Les libertés que nous avons, les
libertés dont tous les citoyens jouissent, nous ne voulons pas les voir
détruites par des possibilités d'introduire dans nos lois des
concepts comme des cartes d'identité ou bien d'ouvrir la porte à
d'autres abus. La porte pourrait être ouverte à d'autres abus,
quand dans le projet de loi on réfère à des renseignements
pertinents. Qui va déterminer les renseignements pertinents? Je veux
prendre la parole du député de Châteauguay, qui dit:
Naturellement ce n'est pas notre intention de demander toutes sortes
d'informations qui peut-être ne sont pas pertinentes pour un scrutin.
Mais il faut prendre le projet de loi et lire ce qu'il dit et voir les
possibilités d'interprétation et les possibilités d'abus.
C'est ce que nous suggérons au ministre. On accepte sa bonne foi de
vouloir faire cette modification à la loi. Ce qu'on demande c'est qu'on
spécifie quelles sortes de renseignements pertinents. On veut savoir
quelles seront les informations concernant les électeurs, parce que cela
peut être une forme d'intimidation, rechercher certaines informations de
certains groupes de notre société.
La démocratie, Mme le Président, c'est quelque chose qui
est très fragile. Nous le voyons dans d'autres endroits du monde et nous
le voyons aussi, des fois, même dans des événements qui
arrivent dans notre propre vie. C'est une chose qui est fragile et celui
à qui on enlève le droit de vote, ce n'est pas une
démocratie, pour lui; c'est la seule façon qu'il a de s'exprimer
pour ou contre un gouvernement.
Les individus, aujourd'hui, ont très peu d'occasions de
participer à la prise des décisions du gouvernement. Le droit
fondamental, c'est le droit de vote. Qu'on ne le compare pas à une carte
de crédit ou à une "Chargex", comme le député de
Terrebonne le faisait. Ce n'est pas comprendre les droits fondamentaux d'une
société. Si une personne veut aller chercher du crédit,
naturellement ce n'est pas un droit inaliénable qu'une personne a
d'obtenir du crédit de la Banque royale, mais c'est un droit
inaliénable que j'ai, que vous avez, que tous les citoyens ont ici de
voter. Rien dans un projet de loi ne devrait ouvrir la porte à un abus,
soit enlever ce droit. Ce n'est pas le ministre qui va le faire, certainement
pas. Mais parfois, ceux qui appliquent les lois peuvent avoir une
mentalité différente, des objectifs différents et peuvent
être un peu zélés dans l'application de ces objectifs.
C'est pour cela qu'il ne faut pas ouvrir la porte à de tels abus.
Les renseignements pertinents devraient être très
restreints. On dit qu'on a un droit à la confidentialité. Je
crois que l'expression anglaise l'exprime mieux: "right to privacy". C'est
quelque chose qui est fondamental, un "right to privacy". Vous avez le droit de
connaître mon nom, l'endroit où j'habite, l'information minimale
essentielle pour déterminer qui a le droit de voter ou non. Mais si on
va plus loin que cela, là, "we draw the line". C'est pour ces raisons
que nous voulons faire certaines recommandations, suggérer certains
changements au projet de loi afin de protéger ces droits,
protéger les droits des individus. Que vous l'acceptiez ou non, ce
projet de loi traite des droits individuels de chaque citoyen au Québec.
Quand vous incluez dans le projet de loi la possibilité d'abus, vous
enlevez ces droits à ces individus. Je suis convaincu que ce n'est pas
l'intention du ministre d'enlever ces droits.
Mme le Président, le système, les changements que le
ministre veut apporter doivent permettre, autant que possible, d'éviter
le harcèlement d'individus ou de groupes; ils doivent faciliter, autant
que possible, le droit de vote pour la population. Si le ministre accepte nos
recommandations dans cet esprit, vous pouvez être assurée, Mme la
Présidente, que nous allons être positifs, que nous allons
accueillir le projet de loi, que nous allons accueillir cette approche du
projet de loi et cette approche du ministre, s'il veut accepter de discuter
ouvertement, de façon à protéger les individus qui ont ce
droit fondamental et d'éviter les abus possibles. Merci, Mme la
Présidente.
M. Vaillancourt (Jonquière): Est-ce que le
député de Mont-Royal me permettrait une question?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jonquière, je regrette. Le temps du député de Mont-Royal
est déjà écoulé. Est-ce que vous vous levez pour
une intervention, M. le député?
M. Vaillancourt (Jonquière): Non, c'est une question que
je voulais lui poser.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Je voudrais simplement faire une courte
intervention. Je sais que le ministre est déjà prêt
à exercer son droit de réplique, mais je ne voudrais pas utiliser
l'ensemble de mon droit de parole. Je veux simplement signaler quelque chose
qui m'est venu à la mémoire en écoutant le
député de Mont-Royal. D'abord, ce qui me frappe, c'est que,
depuis le 15 novembre, le député de Mont-Royal s'est fait un
spécialiste de la défense des droits et libertés
individuels. Je ne peux pas lui faire le reproche de se préoccuper des
droits individuels des gens au Québec. Je pense que c'est son droit et
que c'est de bon droit. Le seul problème que cela pose actuellement dans
des débats comme ceux auxquels on assiste présentement, c'est
que, finalement, on ne sait plus jusqu'où et quand on doit prendre au
sérieux le député de Mont-Royal. Cela crée des
problèmes lorsque, à un moment donné, des arguments
peut-être intéressants, peut-être justifiés, sont
invoqués par des députés qui, finalement, mêlent
à toutes les sauces les droits et libertés individuels au point
d'essayer de faire croire à la population que le gouvernement actuel,
que le parti actuel qui dirige l'Etat québécois est un parti
fasciste, répressif, antidémocratique. (16 h 50)
Ce parti aurait de subtiles ou de sombres intentions
éventuellement, tout en prenant garde de dire que ce n'est pas le
ministre actuel qui présente la loi qui a ces intentions, tout en
prenant garde de dire que ce n'est pas tel ou tel ministres qui, à
l'occasion, présentent des projets qui ont ces intentions, mais en
laissant subtilement entendre toutes sortes de choses. Les gens qui nous
écoutent à la télévision depuis quelque temps ne
sont pas naïfs. Ils voient très bien. Ils sont capables, comme
nous, de lire entre les lignes.
Je pense que c'est mal servir la cause des libertés individuelles
d'essayer d'utiliser cet argument à toutes les sauces. On a
fêté, il y a quelques jours, le 30e anniversaire de la
Déclaration universelle des droits de l'homme et c'est un
événement important dans l'histoire de l'humanité. Le
problème, c'est que ce genre d'individus qui se font les
défenseurs des libertés individuelles au Québec
actuellement, finalement, dénient la faveur de ces droits de l'homme,
dénient la valeur de documents importants qui sont justement là
pour protéger les droits de l'homme, au point où, lorsque ces
mêmes individus peuvent parfois avoir des bons arguments, lorsque ces
députés peuvent parfois avoir raison, on ne sait plus, nous, ici,
de l'autre côté de la Chambre, pas plus que les gens qui nous
écoutent, jusqu'où il faut accorder de l'importance et du
sérieux à ce genre de propos.
Je ne suis pas un spécialiste de la loi qui est devant nous. Je
vais laisser au ministre responsable de la réforme électorale et
parlementaire le soin de préciser et de faire la réplique, mais
je pense qu'il était important de souligner le genre d'embêtement
que nous cause l'attitude du député de Mont-Royal qui, depuis
deux ans, nous rebat les oreilles à chaque loi importante avec la
question des libertés individuelles.
M. Russell: Mme la Présidente, je crois bien...
Mme le Vice-Président: Je vais devoir vous rappeler
à la pertinence du débat, M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je pense, Mme le Président, que
c'était très pertinent parce que, pendant toute son intervention,
le député de Mont-Royal nous a parlé des droits et
libertés individuelles et du droit de vote possiblement menacé au
Québec par le projet de loi qui est présenté devant nous.
Si on permet à l'Opposition de dévier et de parler d'à peu
près n'importe quoi, il faudrait peut-être permettre aussi aux
députés ministériels d'apporter les précisions et
de mettre les points sur les i, à l'occasion.
Je terminerai en disant, mon collègue de Mercier m'y a fait
penser tantôt...
M. Lavoie: Question de règlement, Mme la
Présidente. Je ne peux pas accepter les propos que tient le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Ce n'est pas une question de règlement, si
vous ne les acceptez pas; c'est une question d'opinion, M. le
député.
M. Lavoie: En vertu de l'article 99, septièmement, Mme la
Présidente, et je veux établir mon point. Lorsque le
député de Verchères attaque les propos...
Une Voix: Voyons donc!
M. Lavoie: J'ai saisi qu'il a dit que le député de
Mont-Royal nous embête depuis un an ou deux avec ses prétentions
que nous attaquons les libertés et les droits individuels. Il nous rebat
les oreilles avec ses interventions sur le danger qui menace les droits
individuels et tout. Je dis qu'en vertu de l'article 99.7, on n'a pas le droit
"d'attaquer la conduite d'un membre de cette Assemblée, sauf à
l'occasion d'une motion mettant sa conduite en question". Depuis quand, dans un
Parlement, n'a-t-on pas le droit de différer d'opinion ou le
député de Mont-Royal n'a-t-il pas le droit d'avoir des
craintes?
M. Ciaccia: Depuis le 15 novembre 1976.
M. Lavoie: C'est un signe d'intolérance et d'arrogance de
la part du Parti québécois, Mme la Présidente.
Mme le Vice-Président: M. le député, je
crois que vous pouviez soulever votre question de règlement, mais
peut-être bien qu'à la fin cela n'en était plus tellement
une. Je voudrais simplement rappeler à cette Assemblée qu'il ne
faudrait pas, non plus, soulever trop souvent des questions de privilège
et des questions de règlement. Il est évident que les
députés de cette Assemblée ont le loisir de
différer d'opinion. A certains moments, les opinions des gens peuvent
apparaître comme des demi-vérités à d'autres
personnes. Ce que j'allais vous demander, M. le député de
Verchères, quand j'ai eu l'intention de me lever, c'était
simplement que, si maintenant vous avez une intervention à faire sur le
projet de loi comme tel, je considérerais que votre intervention est
terminée.
M. Charbonneau: Mme le Président, je voudrais d'abord
répondre au député de Laval.
Mme le Vice-Président: Simplement un rappel à la
pertinence.
M. Charbonneau: Oui, d'accord, Mme le Président, mais je
voudrais simplement rappeler au député de Laval qu'il
s'éloigne et il a probablement de bonnes raisons de s'éloigner.
Il y a beaucoup de gens dans cette Chambre qui pourraient peut-être avoir
la possibilité de donner des leçons de tolérance, mais
certainement pas lui.
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît!
M. Charbonneau: Pour parler de la pertinence du débat, Mme
le Président...
M. Russell: Mme la Présidente, un instant. Il y a de
l'ordre dans la Chambre. Est-ce qu'on va discuter du projet de loi ou si on va
discuter d'autre chose?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi, votre intervention est arrivée juste au moment
où le député de Verchères me disait qu'il en venait
à parler du projet de loi.
M. le député.
M. Charbonneau: Simplement pour vous signaler, Mme le
Président, qu'on ne voudrait pas nous laisser parler, de ce
côté-ci de la Chambre. On nous a parlé depuis tantôt
du drame que représenterait l'éventualité de ficher les
citoyens, des cartes. Et le député de Mont-Royal essaie d'accuser
actuellement le gouvernement qui dirige les destinées du Québec
de vouloir multiplier les cartes. Il ne se rappelle peut-être pas, le
député de Mont-Royal, que la carte-soleil, c'est son gouvernement
qui l'a adoptée. Il y a une carte ici du Centre hospitalier de
l'Université Laval, c'est encore son gouvernement qui a fait
qu'aujourd'hui on a ce genre de carte. Une carte du CLSC de Saint-Louis, qui
m'a été prêtée par le député de
Mercier, c'est encore son gouvernement, Mme le Président, qui fait
aujourd'hui que les gens ont ce genre de carte. On ne trouve pas cela
dramatique.
Mais mêler les libertés individuelles avec le fait que,
dans une société complexe et moderne, on doive vivre avec un
certain nombre de cartes pour se comprendre quand on est six millions, il y a
toujours bien des limites. Je comprends que la pertinence du débat,
c'est une loi qui vise à préparer une liste électorale
permanente et un fichier. Il y a toujours bien des limites, dans cette Chambre,
à endurer des députés. Je comprends que c'est leur droit,
mais quand cela fait deux ans, à chaque fois qu'on en a l'occasion,
qu'on se fait rebattre les oreilles sur les libertés individuelles pour
essayer de nous accuser d'être des fascistes, entre les lignes, des gens
qui sont pour la répression, entre les lignes.
Ces gens, finalement, n'ont même pas le courage de porter leurs
accusations clairement et s'imaginent, quand ils les portent, que ce n'est pas
clair pour les citoyens, que les gens ne voient pas clair, finalement. Moi en
tout cas, je n'accepterai pas encore longtemps de me faire traiter de fasciste
par le député de Mont-Royal, entre les lignes ou pas entre les
lignes. Je pense que les députés de ce côté-ci de la
Chambre en ont soupé de ce genre d'intervention. Mme le
Président, je suis allé travailler bénévolement
pour la prépara-Won des kiosques, en fin de semaine, sur les droits et
libertés individuels. Je n'accepterai pas que le député de
Mont-Royal laisse entendre que les députés du Parti
québécois ne respectent pas les droits et libertés
individuels au Québec.
M. Ciaccia: Mme le Président, article 96.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal, en vertu de l'article 96.
M. Ciaccia: Par courtoisie, je n'ai pas voulu interrompre le
député de Verchères. Mais je voudrais rétablir
certains faits. Premièrement, quand il dit que c'est seulement depuis le
15 novembre que je me suis porté défenseur des droits
individuels...
Mme le Vice-Président: M. le député, si vous
invoquez l'article 96, c'est sur le discours que vous avez déjà
prononcé, rétablir peut-être une interprétation.
M. Ciaccia: Oui, mais, Mme le Président, j'ai parlé
de droits individuels et le député de Verchères a dit que
c'est seulement depuis le 15 novembre que je me porte défenseur des
droits individuels. Mme le Président, c'est faux et ce n'est pas exact
parce que j'ai été intéressé dans le domaine des
droits individuels beaucoup avant l'arrivée au pouvoir du Parti
québécois, première chose. Deuxième chose, quand te
député de Verchères me dit que je l'accuse d'être
fasciste, c'est absolument faux. Je n'ai aucunement dit ces paroles, même
par implication, dans mon discours. Si, lui, veut libeller ses collègues
comme fascistes, qu'il ne le fasse pas par l'entremise de mes paroles.
Troisièmement, Mme le Président, quand j'ai parlé
de cartes d'identification, j'ai mentionné certaines cartes
d'identification. Certainement qu'elles étaient nécessaires. Mais
ce à quoi je me suis opposé, c'est d'avoir des cartes de
contrôle pour un droit inaliénable comme le droit de vote. Les
autres cartes d'identification qui sont nécessaires pour
l'administration des centres hospitaliers ou même pour de
l'administration, les cartes de crédit, comme le député de
Terrebonne l'a mentionné, il ne faut pas confondre et je n'ai pas
confondu avec l'autre. Mme le Président, j'ai essayé d'apporter
certaines recommandations d'une façon aussi positive que possible au
ministre. Si le député de Verchères, cela ne fait pas son
affaire, les propos que je tiens, on est encore dans une démocratie et
c'est mon droit d'exprimer mes opinions sur le projet de loi.
M. Charbonneau: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Sur des propos que vous avez tenus,
M. le député.
M. Charbonneau: J'ai permis au député de Mont-Royal
de rectifier certains faits d'interprétation, je voudrais d'abord lui
préciser que je n'ai jamais indiqué que M. le
député de Mont-Royal est intéressé aux droits de
l'homme uniquement depuis le 15 novembre. J'ai dit qu'il le faisait d'une
façon particulière depuis le 15 novembre, lui et d'autres.
Deuxièmement, quant à l'accusation de fasciste, je pense que, Mme
le Président, les citoyens qui nous écoutent ont très bien
vu entre les lignes ce que voulait sous-entendre le député de
Mont-Royal... (17 heures)
M. Ciaccia: Mme le Président, je m'oppose...
Mme le Vice-Président: M. le député, s'il
vous plaît. J'espère que nous allons nous en tenir là
après que chacun a tenté de rétablir ce qu'il avait dit;
je vous demanderais votre collaboration. M. le ministre se levait pour sa
réplique.
M. le député de Brome-Missisquoi, vous aviez une
intervention.
M. Russell: Oui, étant donné que le
député de Verchères...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Alfred: Une question de privilège, Mme la
Présidente.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Papineau.
M. Alfred: La question de privilège, Mme la
Présidente, concerne les propos qu'a tenus le député de
Mont-Royal et que moi, Jean Alfred, député de Papineau, je ne
partage pas.
Mme le Vice-Président: M. le député,
veuillez ne pas abuser des questions de privilège. Je vous accorderai,
comme je vous l'ai dit tantôt, comme vous y avez le droit en vertu du
règlement, les 20 minutes dont vous pourriez disposer. Mais s'il vous
plaît, n'abusez pas des questions de privilège. J'ai reconnu le
député de Brome-Missisquoi, je vous reconnaîtrai ensuite,
si vous avez l'intention d'intervenir sur le projet de loi no 123.
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: Mme la Présidente, je veux d'une façon
très brève ajouter quelques mots à ce projet de loi qui
est en discussion, à la suite des paroles tenues par le
député de Verchères. Je sais qu'il s'est peut-être
senti frustré par les propos qui ont été tenus par le
député de Mont-Royal, en disant qu'il exerçait un droit
qu'on lui reconnaissait très fortement depuis le 15 novembre.
Je peux vous dire que peut-être il n'a pas eu l'occasion de s'en
apercevoir avant en Chambre parce qu'il n'était pas ici, mais le
député de Mont-Royal a toujours tenu les mêmes propos. Je
l'en félicite, même si à l'occasion je ne partage pas les
mêmes opinions que lui.
Le projet de loi se lit comme suit dans les notes explicatives: "Le
projet de loi vise à habiliter le directeur général des
élections à prendre les dispositions nécessaires à
la préparation d'un registre des électeurs en vue de la
confection d'une liste électorale permanente."
Le principe de ce projet de loi, tout le monde pourrait être
d'accord pour confectionner une liste. Ce n'est pas à cela qu'on en
veut. C'est la façon avec laquelle on le fait. C'est cette carte
d'identité qu'on veut utiliser. Cela a été dit ce matin
par le député de Nicolet-Yamaska que c'est un faux principe, que
c'étaient des choses auxquelles cette Chambre, presque unanimement,
s'était opposée dans le passé. On continue de s'opposer
pour les mêmes raisons. Que cela fasse l'affaire du député
de Verchères ou non, cela importe peu. Nous avons ici les
responsabilités d'étaler ou d'exposer notre point de vue sur un
principe qu'on veut défendre et qui nous est cher. On dit au ministre
responsable de la réforme électorale que ce projet de loi qu'il
veut nous présenter, comme le disait le député de Johnson,
ne représente pas grand-chose, cela ne représente presque rien,
il paraît inoffensif. Mais, quand on examine à l'intérieur
du projet de loi, il peut devenir très dangereux.
La façon de confectionner cette liste par l'intermédiaire
des cartes-soleils, c'est un faux principe d'abord. Cela ne peut pas remplacer
ce qu'on a toujours exercé dans le passé, de faire du
porte-à-porte pour confectionner cette liste. Ce ne sont pas tous les
citoyens du Québec qui ont des cartes-soleils et beaucoup d'autres
citoyens en ont et ils n'ont pas le droit de vote dans le Québec. Donc
ce serait donner un droit de vote à ceux qui n'ont pas le droit et en
priver d'autres qui auraient le droit de vote. Je prétends que c'est
là une manière qui ne peut rendre service à la population.
Regardons à l'intérieur du projet de loi et voyons l'utilisation
qu'on peut en faire de par des ordres qui dérivent un peu des
instructions qu'avait reçues le ministre responsable de la confection de
la liste électorale. Si vous voulez, à l'occasion d'une
élection, on pourrait prêter sa carte. Disons que moi je suis un
citoyen américain qui demeure dans le Québec depuis dix ans. Je
n'ai pas le droit de vote dans le Québec, j'ai conservé ma
citoyenneté américaine, mais j'ai ma carte soleil. Je l'ai, je
pourrais la donner à M. X, mon voisin, qui pourrait aller voter avec
cette carte. Je pense bien que le scrutateur ne se sentira pas la
capacité d'enlever le droit de vote à quelqu'un qui a une carte;
il ne pourra autrement l'identifier. Donc on pourrait avoir des votes qui
seront faux. Je dis que c'est une fausse manière, et c'est ce qu'on
tente de faire comprendre au ministre en lui demandant de retirer ce projet de
loi.
On sait qu'il va y avoir d'autres lois, le projet lui-même le dit.
Pourquoi? C'est un projet de loi complètement inutile. On lui demande de
rassembler toutes ses idées, toutes les modifications qu'il veut
apporter à la Loi électorale. Qu'il la ramène en Chambre
au début de la prochaine session, on se réunira pour
l'étudier. Cela ne presse pas tant que cela. C'est pour cela qu'on le
dit. Pourquoi tenter de nous imposer cette petite loi anodine, comme le disait
le député de Johnson, qui n'a l'air de rien mais qui, dans le
fond, veut dire beaucoup?
Dans le deuxième paragraphe de notes explicatives, on
"prévoit également que ce registre, une fois mis au point, ne
pourra être utilisé aux fins d'une élection que dans la
mesure où d'autres dispositions législatives seront
adoptées à cette fin par la Législature". Cela veut dire
qu'on pourra l'utiliser. Je comprends qu'il y a un conditionnel, mais on pourra
l'utiliser quand même. C'est encore la porte à l'intérieur,
comme on veut le faire dans ce présent gouvernement: s'infiltrer dans
tous les droits individuels de la famille, des foyers. C'est l'Etat policier
qui continue de s'ingérer au Québec. C'est exactement cela,
d'après nous, qu'on veut faire appliquer. C'est encore une loi
orientée dans la même direction.
Je sais que cela ne fait pas l'affaire du député de
Verchères. Il n'est pas obligé de partager mon opinion.
M. Charbonneau: Non, mais cela prouve que j'avais raison
d'intervenir, par exemple.
M. Russell: J'ai droit à mon opinion dans cette Chambre
comme il a droit à la sienne. Tant que je serai élu par mes
électeurs et que j'aurai un siège en cette Chambre, je
continuerai à exprimer mon opinion tel que je l'entends. Le
député de Verchères pourra continuer à faire
exactement la même chose tant qu'il sera élu. Cela ne veut pas
dire que je partagerai son opinion, mais j'aurai au moins la décence de
la respecter. Je lui demande de faire exactement la même chose.
Mme la Présidente, c'étaient les quelques mots que je
voulais ajouter à ce débat. Je ne veux pas le prolonger
indûment, je sais que le ministre de la réforme électorale
a bien compris nos propos. Nous apporterons quelques amendements en commission
plénière tout à l'heure afin d'essayer de bonifier ce
projet de loi. Par contre, tel quel, en deuxième lecture, je ne pourrai
voter pour ce projet de loi.
Mme le Vice-Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire. Votre réplique, M. le
ministre.
M. Robert Burns
M. Burns: II y a un adage qui dit: Les bons gars se font toujours
organiser. J'ai l'impression que le débat s'est élargi parce que
j'ai remis aux membres de l'Opposition les décisions du Conseil des
ministres ainsi que le mémoire du directeur général des
élections relativement à l'adoption de cette loi. A partir de ce
moment, je me suis rendu compte, à compter de l'intervention, entre
autres, du député de Rouyn-Noranda, que le débat s'est
élargi. J'ai l'impression qu'on a oublié que le projet de loi qui
nous concerne actuellement, le projet de loi no 123, ne vise qu'une toute
petite parcelle je l'avais d'ailleurs dit dans mon intervention ce matin
de la réforme électorale. Je n'ai pas prétendu
qu'il s'agissait là d'une grande réforme électorale; au
contraire, j'ai dit, ce que je disais d'ailleurs en commission parlementaire de
l'Assemblée nationale, que l'ensemble de la réforme
électorale serait soumis en bloc pour une meilleure
compréhension, pour que la cohérence totale soit comprise, tant
du côté ministériel que du côté de
l'Opposition. Il me semble que c'était clair lorsque j'ai
présenté le projet de loi.
Ce que nous présentons, c'est pour aller purement et simplement
à l'urgence. Nous donnons purement et simplement au directeur
général des élections des pouvoirs qu'il n'a pas
actuellement, en vue, éventuellement, d'une loi concernant le registre
et l'identification des électeurs, que nos collègues d'en face,
comme nos collègues ministériels, auront amplement l'occasion de
critiquer, si cela ne fait pas leur affaire, lorsque ce sera
déposé.
(17 h 10)
Nos collègues de l'Assemblée nationale pourront dire s'ils
partagent les buts de ce projet de loi ou non. Mais ce n'est pas cela que j'ai
déposé aujourd'hui. J'ai uniquement déposé des
pouvoirs habilitant le directeur général des élections
à se mêler de la préparation ou, si vous voulez, à
voir à la mise en oeuvre des éléments préparatoires
à un registre des électeurs.
Quand j'entends des gens qui commencent à nous parler de
libertés civiles et de droits fondamentaux relativement à cela,
je dis qu'ils n'ont vraiment pas lu le projet de loi, qu'ils n'ont pas compris
le projet de loi ou qu'ils ont voulu vraiment étendre la situation
à un point tel qu'ils veulent fausser le débat. A ce moment-ci,
Mme le Président, je voudrais restreindre le débat à ce
qu'il est. On n'a qu'à lire les notes explicatives. Peut-être
qu'il y a des gens qui ne l'ont pas écouté parce que, souvent,
quand le ministre présente un projet de loi, on n'écoute pas
cela; on dit que ce n'est pas important. il serait peut-être bon qu'on
reprenne les notes explicatives. "Le projet de loi vise à habiliter le
directeur général des élections à prendre les
dispositions nécessaires à la préparation d'un registre
des électeurs en vue de la confection d'une liste électorale
permanente". C'est cela, le but du projet de loi, pas autre chose. N'essayons
pas, comme le disait le député de Johnson, de trouver des choses
qu'on essaie de faire par en arrière de la clôture, en dessous du
tapis, des renardises, sinon d'autres choses qu'inférait le
député de Johnson. Je pense qu'il faut resituer le débat
exactement dans ce cadre. Ce n'est pas plus que cela, ce n'est pas plus
compliqué que cela. Il n'y a rien, il n'y a pas de petite hypocrisie
dans ce projet de loi. Il y a tout simplement un pouvoir pour habiliter le
directeur générai des élections à fonctionner et
à préparer une éventuelle loi pour qu'à un moment
donné on soit en mesure de vous dire: Oui, c'est possible. Oui, on est
en mesure de mettre en vigueur, à telle date le Conseil des
ministres a suggéré le 15 mai comme date possible de mise en
application un registre des électeurs. Ce n'est pas
compliqué. Ce n'est pas essayer de passer un sapin à du monde.
C'est purement et simplement agir normalement, c'est planifier avant de mettre
quelque chose en application. C'est uniquement cela.
Je voudrais quand même qu'on comprenne que le débat s'est
élargi, peut-être par ma faute. Peut-être qu'à
l'avenir je vais faire circuler les documents un peu moins. C'est
peut-être une leçon que vous m'avez donnée. Mais, comme je
le disais tout à l'heure, les bons gars se font toujours organiser.
C'est cela qui arrive.
Une Voix: Vous aviez promis la transparence!
M. Burns: Je suis bien d'accord, sauf qu'il ne faut pas abuser,
non plus, de cette transparence.
Vous n'êtes pas dupes, sauf que vous essayez de nous duper. C'est
différent.
Je veux reprendre, brièvement, les interventions. Je remercie mes
collègues de Châteauguay, de Terrebonne et de Verchères qui
sont intervenus. Ils me pardonneront de ne pas commenter leurs interventions
parce qu'elles vont tout à fait dans le sens de ce que j'ai dit, de
sorte que je n'aurais qu'à dire que je suis d'accord avec eux. Je
n'aurai pas à reprendre leurs interventions. Cependant, je vais
m'attacher à quelques autres interventions qui ont été
faites au nom de l'Opposition. D'abord, je remercie le député de
Laval pour son intervention, que je considère très positive,
où il nous a fait un certain nombre de suggestions que je crois pouvoir
régler à un moment donné, lorsque nous serons en
commission. Ses suggestions me paraissent, dans les grandes lignes, très
positives et dans ce sens-là nous serons très ouverts à
examiner cela.
Le député de Laval, cependant, a fait une remarque qui m'a
frappé; il disait que la liste électorale annuelle, actuelle, est
coûteuse et je suis entièrement d'accord avec lui. C'est,
d'ailleurs, pour cela qu'on envisage actuellement la mise en place d'un
registre permanent. Actuellement, bon an mal an, en moyenne, cela coûte
à peu près $10 millions par année pas seulement au
Québec, mais à l'ensemble des municipalités pour en
arriver à avoir une liste électorale qui se tienne.
Quand je dis $10 millions, il faut bien me comprendre, ce ne sont pas
$10 millions qui sortent des fonds du gouvernement du Québec; cela sort
des municipalités, du gouvernement du Québec et dans l'ensemble.
En moyenne, cela donne à peu près cela, $10 millions par
année. Ce à quoi nous tendons, par une éventuelle loi du
registre des électeurs, c'est d'arriver à ce que cette liste
unique, universelle puisse être applicable au niveau des
municipalités et que le coût de $10 millions, qui, à mon
avis, est de l'argent purement et simplement jeté à l'eau, parce
qu'il n'y a pas des élections tous les ans nécessairement, puisse
se réduire à quelque chose de beaucoup plus normal et qu'on
utilise les informations que nous avons actuellement en main à
l'intérieur d'organismes gouvernementaux ou paragouvernementaux.
Cela pourrait peut-être sauver ces fameux $10 millions qui
reviennent bon an mal an, à tous les ans, lorsque nous avons à
faire du recensement. Le but, justement et là-dessus, je pense
que je réponds au député de Laval c'est de
réduire ce coût-là, pour qu'éventuellement on ait
une liste électorale permanente qui soit sûre, qui soit à
jour constamment, qui soit régulièrement révisée et
qui, au moment d'une élection, ne comporte que quelques amendements.
C'est l'intention qui est derrière le projet de loi.
Mais avant d'arriver à cela, il faut permettre au directeur
général des élections de mettre en place les structures
nécessaires, et c'est ce que le projet de loi no 123 demande à
l'Assemblée nationale. Quant aux exceptions que le député
de Laval suggérait, c'est-à-dire les ministères du Revenu,
de la Justice, la Sûreté du Québec, la direction du finan-
cement des partis politiques etc., je présume que nous en parlerons de
façon plus précise en commission parlementaire, et je peux vous
dire d'avance que je suis ouvert à certains amendements qui sont
proposés par le député de Laval.
Venons-en, si je peux dire, Mme la Présidente, à
l'intervention du député de Nicolet-Yamaska. Je suis convaincu
que le député de Nicolet-Yamaska n'a pas lu le projet de loi.
C'est tout à fait l'intervention par excellence du député
qui ne sait pas de quoi il parle. C'est tout à fait cela. Le
député de Nicolet-Yamaska m'a fait le reproche de faire de la
législation à la pièce, dans ce cas, alors que j'ai dit
qu'effectivement c'était une parcelle de législation en
matière de législation électorale. Je l'ai dit clairement.
Je l'ai dit à cause du fait que c'était une urgence de faire
adopter ce projet de loi. Il me reproche de présenter un projet de loi
qui est de la législation à la pièce. Ecoutez, on n'a
qu'à lire le projet de loi, c'est un amendement à l'article 13 et
on ajoute trois paragraphes. Si je disais le contraire, qu'est-ce que vous
voulez, je passerais pour un concombre; mais celui qui pense que c'est la
grande réforme électorale, ces trois lois, il est encore plus
concombre que moi! Je le pense, en tout cas.
C'est sûr que j'ai promis le dépôt de projets de loi
relativement à la réforme électorale au cours du mois de
décembre. Bien sûr, j'avoue que j'ai été
obligé de changer d'idée. Oui, j'ai été
obligé de changer d'idée lorsque, entre autres choses, je me suis
rendu compte qu'en préparant la loi sur le registre il falait que je
réfère à la loi électorale. Peut-être que le
député de Nicolet-Yamaska n'était pas là ce matin
lorsque j'ai parlé de cela, mais je me suis rendu compte que ce serait
malhonnête de ma part, comme ministre responsable de ces dossiers, de
présenter un projet de loi qui établirait elle est
prête la loi sur le registre, je vous le dis tout de suite, elle est
prête; je pourrais la déposer demain...
Une Voix: La Loi électorale aussi est prête. (17 h
20)
M. Burns: La Loi électorale n'est pas encore tout à
fait prête. Il manque des petites choses. Il faut limer un certain nombre
de choses; cela est normal. Dans ce domaine-là, il faut toujours
être vraiment attentif, il faut avoir pris toutes les précautions
nécessaires avant de déposer un projet de loi. Je disais ce
matin: On sait qu'on travaille toujours entre l'écorce et l'arbre, qu'on
taille dans les chairs vives; à ce moment-là, il ne faut pas
prêter flanc à des critiques qui, effectivement, n'ont pas de
raison d'être, c'est-à-dire des critiques qui laisseraient croire
que le gouvernement, dès qu'il touche au système
électoral, essayait de piper les dés, d'organiser quelque chose
par en dessous de la table.
Nous pourrions très bien, actuellement, déposer la loi du
registre électoral elle est prête mais je me sentais
incapable de le faire parce que je sais que nous allons éventuellement
déposer une loi concernant la refonte de la Loi électorale et que
la loi du registre électoral réfère
constamment, à chacun de ses paragraphes ou presque, à la
Loi électorale. Je me ferais sûrement blâmer par
l'Opposition, et possiblement à bon droit, si je déposais cette
loi du registre, si je la faisais adopter et qu'au mois de mars nous revenions
avec une loi électorale qui amende la loi que nous venons de
déposer, la loi sur le registre.
C'est pour cela, Mme le Président, que nous avons
déposé simplement la pièce importante dans
l'immédiat pour le directeur général des
élections.
Quant au député de Rouyn-Norada, je n'ai qu'une seule
remarque à faire concernant son intervention. Il a fait une comparaison
comme on dit, les comparaisons pèchent toujours; il y a toujours
quelque chose de faux une référence aux formules ou
à la commission consultative relativement au financement des partis
politiques. Bien sûr, il a mentionné le fait qu'une certaine
formule, qui avait été proposée par le directeur
général du financement des partis politiques, avait reçu
un veto, même si, techniquement, cela n'en est pas un, de la part de tous
les partis politiques. Mais il ne s'agit pas de la même chose lorsqu'on
est dans le domaine électoral. Il me semble que le seul message
important même si je devais le dire quinze fois que je
devrais passer aujourd'hui par la présentation de ce projet de loi et
des autres projets de loi qui vont suivre et qu'on devrait retenir, c'est que
les lois dans le domaine électoral ne sont pas faites pour les
députés; elles sont faites pour les électeurs; elles sont
faites pour les citoyens. C'est drôlement important qu'on se souvienne de
cela. Si les lois électorales causent des embêtements aux
députés, tant pis, si elles sont faites en faveur des citoyens et
en faveur de l'expression de leur choix de ces fameux
députés.
Quant aux autres députés qui sont intervenus, je peux
les uns après les autres les référer
à ma remarque générale. Le député de
Beauce-Sud m'a laissé croire, lui aussi, qu'il avait l'impression que
c'était la loi du registre que nous présentions aujourd'hui. Or,
la loi du registre va revenir éventuellement devant l'Assemblée
nationale et il pourra faire toutes les critiques qu'il sentira normales
à cette occasion. Mais je ne peux pas entrer dans le détail de
cette éventuelle loi qui n'est pas encore déposée devant
l'Assemblée nationale.
Le député de Marguerite-Bourgeoys nous dit: Pourquoi pas
la loi elle-même? Pourquoi ne pas déposer la loi plutôt
qu'un morceau de loi comme cela? Je pense que j'y ai répondu.
Quant au député de Johnson, il nous dit à peu
près la même chose. Là-dessus, je me demande si le
député de Johnson ne s'inspire pas de son expérience
passée et me croit en train d'essayer d'organiser quelque chose
d'absolument innommable, inacceptable, quelque chose qui se fait vraiment en
catimini alors que ce n'est pas du tout cela. C'est quelque chose de
très simple, le projet de loi. Ne cherchons pas midi à quatorze
heures dans ce projet de loi.
Finalement, le député de Mont-Royal s'inquiète
relativement à la discrimination qui peut exister à l'endroit des
Néo-Québécois en particulier. Je comprends son
inquiétude et'je vous avoue, Mme la Présidente, que je partage
cette inquiétude.
Lorsque nous déposerons le projet de loi relativement à la
Loi électorale ou à la nouvelle forme de la Loi
électorale, il aura sûrement l'occasion de faire toutes les
remarques voulues là-dessus. Je peux dire d'avance au
député de Mont-Royal, qu'il aura une oreille très
attentive de ma part. C'est déjà une de nos
préoccupations. Il y a tout le phénomène du fardeau de la
preuve de la citoyenneté que nous examinons actuellement. Pas plus tard
que lundi dernier, nous avons passé une journée complète
à l'examen de cette fameuse refonte de la Loi électorale. Un des
problèmes centraux qui ont attiré notre attention est justement
celui-là. Alors, je comprends les inquiétudes du
député de Mont-Royal, et je tiens à lui dire que ce sont
également des inquiétudes que nous partageons. Nous essaierons de
trouver une solution qui est la plus normale possible dans les circonstances.
Là-dessus, si, entre-temps, je le dis à tous les membres de
l'Assemblée nationale, on a des suggestions à nous faire, qu'on
ne se gêne pas de nous les faire d'avance. Peut-être qu'on pourra
les incorporer dans le projet de loi, si on a des solutions
intéressantes et si on pense que c'est faisable, que c'est
applicable.
Dans les grandes lignes, ce sont les remarques que j'avais à
faire en réplique. Je pense que le projet de loi il faut se le
rappeler, même si je l'ai dit au début, je le redis à la
fin n'est pas plus que ce qu'il paraît être,
c'est-à-dire un projet de loi qui donne au directeur
général des élections un certain nombre de pouvoirs qu'il
n'a pas actuellement en vertu de la Loi électorale.
Je tiens, en terminant, Mme le Président, pour ceux en
particulier, je vois le député de Marguerite-Bourgeoys qui vient
d'arriver qui s'étaient inquiétés de l'utilisation
de l'éventuelle identification, car même si la loi n'en parle pas,
elle laisse entendre quand même, quant à l'identification des
électeurs, quant à la carte d'identification des
électeurs, dans un des articles... Puisque je n'ai pas le droit, en
deuxième lecture, de citer l'article, je peux quand même vous dire
que l'un des articles nous dit que "le registre des électeurs
visé dans l'article 13a n'a d'effet aux fins d'une élection et ne
peut être utilisé que dans la mesure et selon les modalités
expressément prévues par ailleurs par la loi". Or, il s'agit
nécessairement du domaine électoral. Qu'on ne nous fasse pas un
baratin monstrueux et énorme sur la possibilité qu'on arrive au
système des papiers européens.
Mme le Président, me soulignez-vous que mon temps est
terminé?
Mme le Vice-Président: A peu près oui, M. le
ministre.
M. Burns: Bon, je termine, Mme le Président. D'ailleurs,
je terminais. Je veux simplement dire qu'on ne pense pas que ce projet de loi
est un avant-projet de loi de carte d'identité de citoyen au
Québec. Pas du tout. Je pense que je parle au nom
du gouvernement, et le gouvernement n'a aucunement l'intention de mettre
en vigueur une carte d'identité. Il y a des gens qui parlaient de M.
Jérôme Choquette, à l'époque où il
était ministre de la Justice, qui a tenté, à un moment
donné, qui a eu un vague essai de mise en application d'une carte
d'identité de citoyen. Evidemment, nous avons poussé les hauts
cris alors que nous occupions les banquettes à l'opposé, mais je
pousserais encore les hauts cris si une carte d'identité plus large que
celle qui est prévue à la Loi électorale devait être
mise en vigueur.
Je vous remercie, Mme le Président. (17 h 30)
Mme le Vice-Président: Cette motion du ministre d'Etat
à la réforme électorale et parlementaire proposant que
soit maintenant lu la deuxième fois le projet de loi no 123, Loi
modifiant la Loi électorale, est-elle adoptée?
M. Bellemare: Vote.
Mme le Vice-Président: Vous demandez le vote?
M. Bellemare: Oui.
Mme le Vice-Président: II aurait fallu que cinq
députés demandent le vote. Quatre.
M. Bellemare: Mme le Président, je n'ai pas d'objection
à ce que le vote soit remis à demain, si le leader le
demande.
M. Burns: J'aurais beaucoup d'objections et je vais vous dire
pourquoi; c'est que nous aimerions beaucoup, d'accord avec mes
collègues, le leader et les leaders adjoints, immédiatement
passer en commission plénière pour pouvoir examiner le projet de
loi article par article. Cela nous permettrait vraiment de libérer un
certain nombre de choses. Il me semble que, si l'Union Nationale, par exemple,
avait l'intention de voter contre le projet de loi, Mme le Président,
elle pourrait, de façon même nominative, inscrire ses dissidences.
Mais, actuellement, je n'ai pas vu cinq députés qui se sont
levés pour demander le vote.
M. Bellemare: Si l'honorable leader parlementaire veut reporter
le vote à demain après la période des questions, je n'ai
pas d'objection. Nous sommes au moins cinq.
M. Burns: Je pense que vous n'avez pas compris le sens de mon
intervention.
M. Bellemare: Oui, oui, je l'ai très bien compris. Vous
voulez procéder à l'étude en commission
plénière.
M. Burns: Comment voulez-vous que je procède à
l'étude en commission plénière si la deuxième
lecture n'est pas adoptée?
Des Voix: Vote enregistré.
M. Burns: Immédiatement, M. le Président. Le
Président: Qu'on appelle les députés. Suspension
à 17 h 33
Reprise à 17 h 47
Mise aux voix de la deuxième lecture
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît.
J'appelle aux voix la motion du ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire à savoir que le projet de loi no 123
Loi modifiant la Loi électorale soit lu une deuxième fois.
Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Burns, Morin (Sauvé), Parizeau, Marois, Léonard,
Tremblay, Bérubé, O'Neill, Mme Cuerrier, MM. de Belleval, Joron,
Mme Payette, MM. Johnson, Proulx, Duhaime, Lessard, Lazure, Léger,
Tardif, Garon, Vaugeois, Martel, Paquette, Vaillancourt (Jonquière),
Marcoux, Chevrette, Bertrand, Fallu, Michaud, Rancourt, Laberge, Guay,
Lefebvre, Mme Leblanc-Bantey, MM. Bisaillon, de Bellefeuille, Gendron, Mercier,
Alfred, Marquis, Gagnon, Perron, Gosselin, Clair, Brassard, Godin, Lavigne,
Dussault, Boucher, Beauséjour, Desbiens, Baril, Bordeleau, Charbonneau,
Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Lacoste, Jolivet,
Levesque (Bonaventure), Lavoie, Saint-Germain, Vaillancourt (Orford), Lalonde,
Mailloux, Goldbloom, Ciaccia, Mme Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Giasson, Blank,
Caron, Picotte, Scowen, Marchand, Pagé, Verreault.
Le Vice-Président: Que ceux qui sont contre veuillent bien
se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Biron, Bellemare, Grenier,
Russell, Goulet, Fontaine, Dubois, Le Moi-gnan, Cordeau, Samson, Roy.
Le Vice-Président: S'il y avait des abstentions. A
l'ordre, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 78 Contre: 11
Abstentions: 0
Le Vice-Président: La motion est adoptée.
M. le leader parlementaire du gouvernement. (17 h 50)
M. Charron: M. le Président, avant de faire motion, je
voudrais renouveler l'avis que j'ai donné ce matin à la Chambre.
Je n'avais pas prévu que cela serait aussi long. Le programme demeure le
même. A l'instant, M. le Président, je vais vous demander de
quitter le fauteuil afin qu'on étudie ce projet de loi en commission
plénière. Par la suite, nous prendrons le projet de loi au nom du
député de Laval et par la suite le projet de loi au nom du
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. J'invite mes
collègues, lorsqu'ils sentiront que les arguments ont été
énoncés, à en
inventer de nouveaux ou alors de s'associer rapidement à ceux qui
viennent d'être émis, ce qui ferait que la Chambre travaillerait
à des heures convenables.
Je fais motion, M. le Président, pour que vous quittiez le
fauteuil et que la Chambre se transforme en commission plénière
afin d'étudier le projet de loi article par article, celui que nous
venons d'adopter.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Bellemare: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale.
M. Bellemare: ... il est 17 h 55. Je crois que nous devrions
suspendre nos travaux. Pour commencer une discussion très
sérieuse, on pourrait le faire à 20 heures.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, je vais quitter ce fauteuil et, en commision plénière,
vous pourrez répéter les mêmes paroles.
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des Voix: Oui.
Le Vice-Président: Bon.
Commission plénière Le Président (Mme
Cuerrier): A l'ordre!
M. Bellemare: Je voudrais vous souligner simplement qu'il est 17
h 55. Entreprendre une discussion sur les quelques amendements que nous avons
à présenter à cette heure serait un peu inutile; je pense
que nous serions mieux de reporter la séance à 20 heures. A 20
heures, on pourra défiler dans l'espace d'une demi-heure ou de trois
quarts d'heure cette partie des amendements afin d'avoir plus de suite dans nos
débats.
Des Voix: D'accord.
Le Président (Mme Cuerrier): Y a-t-il consentement?
Consentement.
M. Charron: Oui, madame.
Le Président (Mme Cuerrier): Cette Assemblée, qui
s'est formée en commission plénière pour étudier le
projet de loi no 123, Loi modifiant la Loi électorale, suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 53
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Veuillez vous asseoir.
Nous allons commencer les travaux de la commission
plénière pour étudier, article par article, le projet de
loi no 123. Comme nous ne sommes pas en matière budgétaire,
j'appelle immédiatement l'article 1.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le leader
parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: ... j'ai eu l'occasion, avant l'ajournement des
travaux, de proposer au ministre responsable de la réforme
électorale, étant donné que l'objet premier de cette loi
est de modifier la Loi électorale... Dès l'article 1, j'avais
l'intention de soumettre à cette commission plénière
étant donné que ce projet de loi, au lieu d'être
déféré normalement à une commission élue qui
aurait pu être la commission de l'Assemblée nationale ou la
commission de la présidence du conseil, par exception maintenant, dans
notre tradition, a été déférée à la
commission plénière où tous les députés ont
le droit de parole et au ministre responsable du projet de loi deux
amendements à la Loi électorale, au lieu de les soumettre un par
un, étant donné qu'il y a une relation entre les deux. Le but de
ces amendements que je distribue serait de prévenir certains abus qui,
à mon point de vue, ont été pratiqués lors du
dernier recensement des électeurs qui s'est tenu au mois d'octobre
dernier.
C'est à l'article 62 je vais traiter les deux amendements
ensemble, si vous n'avez pas d'objection et à l'article 90.
L'article 62 je ne lirai pas le texte de la loi mais je peux l'expliquer
dit que tout recenseur choisi par un parti ou l'autre, du
côté ministériel ou de l'Opposition, a le droit,
après avoir mis quelqu'un sur la liste, s'il a des doutes sur la
qualité d'électeur de cette personne, d'envoyer un rapport
à la commission de révision qui doit siéger un peu plus
tard dans chacun des comtés, exprimant ce doute ou soulevant ce doute.
La commission de révision a le droit de faire enquête sur la
qualité d'électeur de cet individu, d'enquêter sur ses
qualités d'électeur, soit l'âge, soit la
citoyenneté, soit la résidence, ou autre.
Pour empêcher des abus qui peuvent exister et qui ont
existé dans le passé, et pour rendre plus sérieux ce
rapport, mon amendement à l'article 62 proposerait que le rapport soumis
par le recenseur, où il y a un doute sur la qualité
d'électeur, soit assermenté.
En somme, cela donnerait plus de valeur, le rapport serait moins fait
à la légère ou d'une manière automatique, si ce
doute est exprimé par un rapport ou une déclaration
assermentée. C'est le premier amendement à l'article 62.
A l'article 90, on sait que la commission de révision a le
pouvoir proprio motu par elle-même de
faire enquête sur tout électeur qui est inscrit sur les
listes fournies par les recenseurs et qui sont soumises à leur
considération pendant une période prévue dans la loi
électorale.
Je veux répéter l'exemple qui est arrivé dans le
comté d'Anjou au mois d'octobre dernier. La commission de
révision a décidé de choisir 800 noms à consonance
non francophone. On m'informe que ce sont pour la plupart des Italiens. Et, tel
que la loi le prévoit, elle a fait parvenir à ces gens, à
ces 800 électeurs qui étaient déjà sur les listes,
un avis de 24 heures de se rendre à la commission et de prouver leur
citoyenneté. Imaginez-vous le Québécois, le citoyen
ordinaire qui travaille dans la construction ou autres, qui gagne $10 ou $12
l'heure et qui perd une journée qui représente une centaine de
dollars ou une demi-journée pour se rendre à la commission de
révision pour établir sa citoyenneté. Je crois que ce
n'est pas l'intention, j'imagine... c'est dans la loi, c'est légal, mais
s'il fallait que cela se fasse sur une échelle provinciale dans tous les
comtés du Québec, vous vous imaginez quel harassement cela
provoquerait vis-à-vis de ces gens.
Est-ce que c'est notre but? Je ne le pense pas. Je suis convaincu que le
ministre responsable de la réforme électorale n'est pas en faveur
de tels abus qui, en somme, privent ou tendent à priver par
harcèlement ou découragement certains électeurs à
exercer un droit fondamental à la base même de notre
démocratie: le droit de vote. L'on sait que la décision de la
commission de révision est finale, il n'y a plus d'autres processus pour
pouvoir exercer, soit lors d'un référendum ou d'une
élection, son droit de vote. Il n'y a plus aucun autre moyen. Cette
décision de la commission est sans appel. (20 h 20)
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Lavoie: Je termine. D'ailleurs, le ministre responsable de la
réforme électorale, le député de Maisonneuve, cet
après-midi, m'a ouvert la porte par sa réplique lorsqu'il a
parlé, à la suite des propos du député de
Mont-Royal, du fardeau de la preuve dans le cas de citoyenneté. Ce
furent les propos du député de Maisonneuve et il me disait que
son comité, son équipe étudie cela.
L'amendement se lirait comme suit: Ajouter à l'article 90 les
quelques mots suivants: Que la présomption de la qualité
d'électeur joue en faveur d'une personne déjà inscrite sur
une liste électorale. Cela veut dire que, si quelqu'un veut invoquer le
fait qu'un citoyen n'est pas admissible, ce sera à lui ou à la
commission d'établir que ce citoyen-là n'a pas les
qualités d'électeur. Je pense bien que cela pourrait corriger des
abus comme cela s'est produit. Je vous donne un cas; cela s'est peut-être
produit en d'autres occasions dans le passé...
M. Blank: Dans le comté de Saint-Louis, en 1973.
M. Lavoi: On me dit que cela s'est produit dans le comté
de Saint-Louis.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me le permettez, M. le
leader parlementaire de l'Opposition officielle, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Bon! Je termine pour le moment sur ces deux
amendements.
Le Président (M. Cardinal): II y a une question tehnique.
Un instant, s'il vous plaît! Il y a deux ques-tions qui se posent. J'ai
lu le texte des amendements. Nous allons les prendre l'un après l'autre,
en vous remerciant d'avoir fourni les deux d'un même geste. Sans parler
de la recevabilité de l'amendement, vous proposez que le projet de loi
123 soit amendé en ajoutant, après l'article 1,... C'est
cela?
M. Lavoie: La technicalité.
Le Président (M. Cardinal): Oui, techniquement.
M. Lavoie: Ou que cela devienne l'article 1.
Le Président (M. Cardinal): Je pense que l'article 1
modifie l'article 13.Vousmodifiezunarticle qui est plus lointain.
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Je pense qu'il faudrait tout
simplement enfin, je le fais en vertu de l'article 65.2 que vous
proposiez que, après l'article 1, un nouvel article soit ajouté
qui se lirait comme suit: "L'article 62 de ladite loi l'on sait duquel
nous parlons est modifié par l'insertion, dans la
cinquième ligne, après les mots "un rapport", du mot
"assermenté". Il est sûr que l'on peut, en commission
plénière ou en commission parlementaire, ajouter des articles
à des projets de loi. La tradition est lointaine et assurée. L'on
peut ensuite se prononcer sur la recevabilité de l'amendement
vis-à-vis du principe du projet de loi qui nous est
présenté. Je pourrai m'informer auprès de cette
Assemblée, mais je pense que l'on peut éviter des débats,
et tout simplement dire que le président déclare l'amendement
recevable aux conditions que je viens d'indiquer. Est-ce que cela convient?
M. Lavoie: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je vous en prie.
M. Burns: M. le Président, je pense que je suis de
votre avis les amendements sont tout à fait recevables et ils
pourraient être présentés à la fin du projet de loi
puisque, en tout cas, selon une certaine jurisprudence parlementaire, ces
amendements habituellement sont présentés lorsqu'ils ne
concernent pas directement le projet de loi qui est discuté; ils sont
habituellement soumis à la fin du projet de loi.
Le Président (M. Cardinal): C'est pourquoi il venait
d'indiquer qu'ils viennent après l'article 1.
M. Burns: Non. C'est pourquoi, M. le Président, je vous
dis que je n'ai pas l'intention de faire une bataille de procédure ni
quoi que ce soit. C'est beaucoup plus à autre chose que je vais faire
appel quant au député de Laval, leader parlementaire de
l'Opposition, Je pense que j'ai été assez explicite sur le fait
que nous avions l'intention de soumettre un nouveau projet de loi relativement
à la Loi électorale. Tout en admettant que les articles 2 et 3
ou, si vous voulez, les modifications aux articles 62 et 90 que le
député de Laval vient de nous soumettre sont tout à fait
recevables, je plaide à l'endroit du député de Laval pour
qu'il retire ses projets d'amendement, pour une raison bien simple. Je lui dis,
d'une part, que je serais porté à accepter ces amendements. Par
exemple, dans le cas de l'article 2 qu'il soumet où il suggère
d'ajouter, au mot "rapport", le mot "assermenté", je ne vois pas
pourquoi je serais contre cela. Sur le plan du contenu; sur le plan de la
forme, sur le plan même de l'objectif qui est visé par la loi,
j'aurais tendance à lui dire oui immédiatement. Concernant la
présomption de qualité d'électeurs qui joue en faveur
d'une personne déjà inscrite sur la liste électorale,
j'aurais également tendance à dire oui à son amendement.
Mais comme je le disais cet après-midi et c'est ce pourquoi je
lui demande de retirer ses propositions d'amendement il
m'apparaîtrait comme plus normal que ce type d'amendement soit fait
lorsque nous arriverons à améliorer vraiment ou à amender
de façon complète et importante la Loi électorale
plutôt que de le faire morceau par morceau, pièce par pièce
ou, selon l'expression à la mode, étape par étape.
M. Lavoie: ...
M. Burns: Oui. Si le député de Laval comprend ce
que je veux dire et je pense qu'il le comprend très bien
cela veut dire que son amendement, actuellement, est très bien compris
de la part du ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire qui, actuellement, avec ses collaborateurs, est en train
d'examiner ou de mettre la dernière touche à la Loi
électorale rénovée.
A ce moment-là, je peux l'assurer que les amendements qu'il nous
propose ce soir vont être pris en très bonne considération
et possiblement intégrés à un projet de loi
éventuel qui sera soumis à l'Assemblée nationale. Dans le
but, justement de faire le tour de la question, et, comme disait le premier
ministre hier, de soumettre le "kit" complet à l'Assemblée
nationale, cela pourrait peut-être faire partie du "kit", toutes ces
choses qui nous sont suggérées par le député de
Laval, leader de l'Opposition.
A ce moment-là, cela me permettrait beaucoup plus facilement de
lui suggérer de retirer ses amendements en lui demandant de nous faire
confiance relativement aux suggestions qu'il nous fait qui je le dis
sans ambages sont très intéressantes et vont vraiment
être prises en considération par l'équipe qui travaille
actuellement à la rédaction de la nouvelle loi
électorale.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, si vous permettez,
je voudrais ajouter quelque chose. J'avais appelé l'article 1. Nous en
sommes à discuter d'un nouvel article 2.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse. J'ai dit qu'en
principe... mais par contre, je pense que vous avez le consentement de la
Chambre.
Le Président (M. Cardinal): Si j'ai le consentement pour
que nous discutions non pas de la recevabilité, parce que vous l'avez
admis vous-même, la recevabilité est évidente...
M. Burns: Je pense qu'elle est évidente, mais je pense, M.
le Président, comme vous l'avez également dit vous aussi,
d'ailleurs, que ce genre d'amendement doit arriver à la fin du projet de
loi.
Le Président (M. Cardinal): C'est cela.
M. Burns: Comme la question a été posée, je
ne voulais pas soulever de problème de procédure inutile. J'ai
dit ce que j'avais à dire là-dessus et si cela peut régler
le problème, je ne sais pas si ce que je viens de dire satisfait le
député de Laval; si cela ne le satisfait pas, on verra à
ce moment-là exactement ce qu'on devra faire par la suite.
Le Président (M. Cardinal): Je vais laisser au
député de Laval le soin de vous répondre juste un
instant, M. le député de Laval mais en comprenant
très bien, pour tous ceux qui nous écoutent ici et ailleurs, que
c'est du consentement unanime de cette commission plénière que
nous discutons d'amendements qui, normalement, viendraient plus tard, et nous
allons tenter de vider la question d'un commun accord.
M. le député de Lavai. (20 h 30)
M. Lavoie: M. le Président, à la suite de
l'engagement du député de Maisonneuve, ministre d'Etat à
la réforme électorale, même si je ne faisais pas confiance
au gouvernement dans son ensemble... Loin de là! Je suis prêt
à faire confiance, comme je l'ai déjà fait dans le
passé, une confiance personnelle au député de Maisonneuve
et ministre d'Etat à la réforme électorale.
J'espère qu'il sera toujours là dans quelques mois lorsque le
"kit" sera présenté, la grande réforme
électorale.
Je lui demanderais s'il se porte garant pour ses successeurs ou son
successeur, s'il en a un, et si jamais il est à la présidence de
l'Assemblée, M. le Président, je sais qu'en vertu de nos
règlements un président d'Assemblée peut participer aux
travaux en commission parlementaire. Il sera invité à ce
moment-là même s'il occupe le haut poste de président de
l'Assemblée nationale par le député de Laval,
à venir participer à la défense ou à ce que cette
promesse qu'il nous fait soit remplie.
Je suis prêt à retirer mes amendements avec cet engagement
que ce sera inclus dans la réforme globale qui nous sera soumise au
printemps. Je dois solliciter étant donné que cette motion
est déjà en délibération le consentement de
cette commission pour que je puisse retirer cet amendement.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez raison. Est-ce qu'il
y a consentement pour que les deux motions d'amendement soient
retirées?
M. Burns: Vous avez le consentement. Je suis prêt à
donner ce consentement. Je voudrais simplement cependant, pour être exact
et peut-être pour aider le député de Laval, le leader
parlementaire de l'Opposition, dans l'élaboration de son argumentation
à ce sujet, lui donner quelques chiffres qui sont contradictoires par
rapport à ce qu'il nous a donné tout à l'heure. Ce n'est
pas dans le but d'ouvrir une polémique, loin de là, c'est tout
simplement, me basant sur le registre à l'usage de la commission de
révision des divisions territoriales... Non...
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat à
la réforme, je vous ferais une suggestion.
M. Burns: Je m'excuse.
Le Président (M. Cardinal): Pour éviter qu'il y ait
un débat sur les amendements retirés...
M. Burns: Non, je...
Le Président (M. Cardinal): A l'article 1, vous pourriez
fort bien parler du même sujet.
M. Burns: Remarquez, si vous voulez que je le fasse à
l'article 1...
Le Président (M. Cardinal): Je préférerais,
oui.
M. Burns: ... mais mon collègue, le leader de
l'Opposition, l'a fait en présentant ses amendements.
Le Président (M. Cardinal): II les a retirés.
M. Burns: Bon, d'accord! Alors, revenons à l'article
1.
Le Président (M. Cardinal): Comme il les a retirés,
il n'y a jamais eu d'amendement devant cette commisson.
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): J'appelle donc officiellement
l'article 1 et je vous donne la parole, M. le ministre d'Etat à la
réforme parlementaire.
M. Burns: On ne sait plus comment m'appeler.
Le Président (M. Cardinal): Quand même, je ne vous
appellerai pas M. le Président!
M. Burns: Bon! Je suis quand même heureux de cette
atmosphère joyeuse qui est un prélude aux Fêtes qui
approchent. Le député de Laval et leader parlementaire de
l'Opposition avait cité des chiffres concernant le comté d'Anjou;
il parlait de quelque 800 personnes qui avaient été soumises
à des enquêtes, etc. Les chiffres que nous avons et qui me
viennent du directeur général des élections c'est
peut-être la personne la plus compétente à laquelle il faut
se référer pour des chiffres exacts dans ce domaine me
disent que 342 formulaires, qui demandent exactement à des personnes
quel est leur statut, relativement à ce que soulevait le
député de Laval, ont été envoyés à
autant d'électeurs. De ce nombre, 151 se sont présentés.
On est rendu à un chiffre pas mal moins élevé que celui
que citait le leader de l'Opposition.
Ceux qui ne se sont pas présentés, soit 191, ont
été radiés de la liste électorale, selon les
dispositions de l'article 95.3. Le nombre total des radiations se chiffre comme
suit: par formulaire, 6. Par le formulaire 17, c'est-à-dire. Il y a une
série de formulaires. Je m'excuse, c'est peut-être très
technique de parler comme cela, mais que voulez-vous, c'est le rapport qui est
devant mes yeux. Par le formulaire 17, 6; par le formulaire 18, 1; par le
formulaire 20, 3 et par le formulaire 21, 191.
En somme, le cas auquel se référait le leader de
l'Opposition ne vise effectivement que 191 personnes, alors qu'il parlait tout
à l'heure de 800 personnes. Effectivement, à l'origine il y avait
342 personnes visées. Comme il y a 151 personnes qui ont répondu,
il en est resté 191 qui, si on peut dire, sont restées sur le
carreau. Remarquez que tout cela peut être corrigé en temps et
lieu. Puisqu'on n'est pas en période électorale, cela peut
être corrigé lors d'un prochain recensement ou encore, si la loi
du registre est adoptée, cela pourra être corrigé selon les
mécanismes que, à ce moment-là, on soumettra à
l'Assemblée nationale pour adoption et qui possiblement rendront
beaucoup plus facile la correction de la liste.
M. Blank: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: ... sur le même sujet. Quant à cette
formule 21 qui est envoyée aux personnes sur la liste pour la radiation,
qui donne un avis de 24 heures, j'ai une suggestion: Peut-être envoyer
une copie de cet avis au représentant du premier ministre et au
représentant de l'Opposition officielle dans les comtés. A ce
moment-là, les gens intéressés à faire sortir le
vote, peuvent convaincre cette personne d'aller au bureau de révision
pourêtre certains qu'elle ne sera pas rayée inutilement. Cela
arrive des fois, c'est exactement la raison pour laquelle on envoie une copie
de la liste électorale aux politiciens intéressés pour
sortir le vote. Le seul
moyen, si on a envoyé une copie au représentant du premier
ministre et au représentant de l'Opposition officielle ou du candidat du
parti qui a le droit de nommer des officiers d'élection, à ce
moment-là, ces gens ont intérêt, d'un côté ou
de l'autre, à sortir ce vote. Ils seront certains que cette personne ne
perdra pas le droit de voter.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Burns: M. le Président, me permettez-vous de
répondre?
Le Président (M. Cardinal): C'est parce que c'est sur le
même sujet. Préférez-vous attendre?
M. Shaw: Sur le même sujet, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: C'est sur la question d'une autre révision qui
doit être appelée, s'il y a un autre vote ou un
référendum avant la formation de votre registre de vote ou
référendum. Il semble qu'il y aura une autre révision
avant cette date; est-ce vrai ou faux? Dans ce cas, est-ce que les noms de ceux
qui ont été enlevés de la liste peuvent être
disponibles aux représentants des autres partis politiques pour assurer
que tous les renseignements puissent être donnés, pour assurer que
ceux qui ont le droit de voter soient enregistrés à ce
référendum ou n'importe quel autre vote?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat.
M. Burns: D'abord, j'ai deux questions et c'est pour cela que je
voulais répondre pièce par pièce.
Le Président (M. Cardinal): Vous pouvez le faire d'un seul
coup.
M. Burns: J'en profite quand même, M. le Président,
pour présenter les personnes qui m'accompagnent. On me voit consulter,
je ne suis pas, évidemment, le Saint-Esprit lui-même, je n'ai
jamais pensé l'être et j'espère ne jamais l'être. Je
n'ai pas d'ambition là-dessus et la main de Dieu n'est pas sur moi. Je
tenais quand même...
M. Lavoie: Attention!
Une Voix: Vous êtes encore chanceux de l'avoir compris.
M. Blank: II n'est pas loin.
M. Burns: Oui. Vous avez écouté une certaine
émission, vous, aujourd'hui.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je suis d'accord que vous soyez de bonne humeur mais dans
l'ordre.
M. Burns: Oui, d'accord. M. le Président, j'en profite
pour dire que nous avons, aux deux tiers de la Chambre je dirais
même à l'unanimité de la Chambre, mais ce que la loi
exigeait, c'était les deux tiers élu un directeur
général des élections. J'en profite pour vous
présenter Me Pierre F. Côté, à ma gauche, qui est le
directeur général des élections. Evidemment, je me
pencherai très souvent de son côté pour obtenir, au cours
de l'étude du projet de loi, des indications, des suggestions et,
surtout, des opinions relativement à la loi, puisqu'il est l'expert. Je
vous présente également mon sous-ministre, M. André
Larocque, qui est à côté de moi, Mme Simard, de mon
cabinet, et M. Yves Bougie, qui est relié au secrétariat
général mais, également, au ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire. (20 h 40)
Ces choses étant faites, je réponds d'abord à la
question du député de Saint-Louis. Je trouve que, effectivement,
nous avons à examiner cette question vraiment fondamentalement, et je
peux vous dire que déjà nous nous inquiétons relativement
à ce genre de problèmes que vous souleviez tout à
l'heure.
Quant à la question du député de Saint-Louis, je
veux tout simplement dire que si nous accédions à sa suggestion,
il faudrait évidemment penser à augmenter le délai qui est
prévu actuellement d'une journée franche ou un jour franc. Cela
veut dire peut-être qu'on pourra parler de deux jours francs ou de
quelque chose comme cela, mais il reste quand même que la suggestion est
retenue, et elle est retenue de façon très positive de notre
côté.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, M. le ministre
d'Etat, moi aussi, mais vous n'avez pas le droit...
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président, mais au cours de
ces quelques échanges, j'ai malheureusement oublié la question
qui m'a été posée par le député de
Pointe-Claire et j'aimerais bien qu'il me la pose de nouveau pour que je sois
en mesure de lui répondre.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que je peux revenir sur
votre dernière réponse? Ce n'est pas pour vous corriger. C'est
pour aider cette commission. Quand vous parlez de deux jours francs, est-ce que
cela ne serait pas préférable j'utilise l'article 65.2 de
notre règlement de parler de deux jours juridiques?
M. Burns: Remarquez que lorsque je dis deux jours francs, M. le
Président, je ne fais pas de la législation en disant cela. Je
dis tout simplement que je prends bonne note de la suggestion du
député de Saint-Louis qui m'apparaît intelligente, qui
m'apparaît intégrable dans notre projet de refonte de la Loi
électorale. Quand je disais deux jours francs, c'était parce que
la loi actuelle parle d'un jour franc. Cela pourrait être deux jours
juridiques ou trois, ou plus aussi. En tout cas, il
s'agira de trouver l'espèce de mode qui aille à tout le
monde et qui soit acceptable par tout le monde là-dessus. Maintenant...
Je m'excuse auprès du député de Pointe-Claire, dans tout
cet échange, étant donné que vous aviez la deuxième
question là-dessus, j'ai malheureusement oublié cette question,
qui va me revenir sûrement dès les premiers mots.
M. Shaw: Alors, c'est sur la deuxième révision qui
est toujours tenue, soit avant une élection ou un
référendum, la deuxième révision de la liste
électorale. Pour l'avantage de ceux qui sont enlevés de la liste
à cause du recensement qui a été fait au mois de septembre
ou octobre, je ne me rappelle pas, est-ce que c'est possible que la liste de
ceux qui sont enlevés puisse être disponible aux partis politiques
afin que nous puissions chercher des moyens d'assurer que ceux-là
puissent être remis sur la liste s'ils peuvent faire la preuve qu'ils
sont véritablement des Canadiens et des Québécois?
M. Burns: Je remercie le député de Pointe-Claire
d'avoir répété sa question et je m'excuse de l'avoir
oubliée, mais dans l'échange, cela arrive ces choses-là.
Actuellement, la Loi électorale le prévoit. L'article 93
paragraphe 3, prévoit justement cette deuxième révision.
Maintenant, lorsque nous présenterons la nouvelle version de la loi
électorale, ce que j'espère faire dès la reprise de la
prochaine session, je pense que vous serez satisfait également
relativement au problème que vous soulevez. Il est
particulièrement important, à partir du moment où vous
avez un registre permanent... Sans imposer aux gens de s'enregistrer au sens le
plus négatif du mot, dans le sens qu'on retrouve dans certains pays
d'Europe l'obligation même lorsque vous déménagez, que vous
passez d'une rue à l'autre, d'avertir le commissariat de police, il
n'est pas du tout question de cela dans les projets que nous envisageons, il
est possible à un moment donné, que l'individu, proprio motu, de
sa propre décision, puisse voir à ce qu'il soit
réenregistré s'il déménage d'un quartier, d'une
rue, de cinq rues ou de dix rues.
Je pense que cela est déjà prévu à l'article
93.3. On sera peut-être même encore un peu plus précis dans
la nouvelle loi électorale. Cela devrait satisfaire le
député de Pointe-Claire.
Le Président (M. Cardinal): Je reconnais M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je voudrais, à
ce stade-ci, poser quelques questions au ministre ou au directeur
général des élections concernant spécifiquement
l'article 1.
L'article 1 nous dit que le directeur général des
élections est chargé de préparer un registre des
électeurs et qu'il peut, à cette fin, conclure une entente avec
une personne ou un organisme du gouvernement. Or, je pense que l'entente
visée est une entente avec la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, comme en fait foi le mémoire qui avait été
présenté et que le ministre a déposé ce matin.
Premièrement, pourrait-on me confirmer si c'est bien avec la
Régie de l'assurance-maladie du Québec qu'on veut conclure une
entente?
M. Burns: Oui. J'ai mentionné cet après-midi par
prudence mais je vous dis tout de suite que ce à quoi nous
pensons, c'est évidemment la Régie de l'assurance-maladie
d'autres organismes avec lesquels il pourrait peut-être y avoir des
ententes. Mais je vous avoue qu'au moment où on se parle, on parle de la
Régie de l'assurance-maladie qui, possiblement, est l'organisme
gouvernemental qui a le plus grand nombre de renseignements relativement aux
individus. Sauf erreur, je vous laisse un chiffre qu'on m'a donné. Je ne
l'ai pas vérifié personnellement. En tout cas, la source qui me
l'a donné est assez sérieuse pour que je puisse vous donner ce
chiffre. Apparemment, il y a à peine 1% de la population adulte
donc, de 18 ans et plus, des personnes aptes à voter qui ne
détient pas de carte d'assurance-maladie actuellement. Si on examine
d'autres secteurs par exemple, le Bureau des véhicules
automobiles je pense que le pourcentage va augmenter de façon
assez considérable.
Maintenant, ce qu'on ne voulait pas faire, malgré que l'intention
se dirige de façon très précise vers la Régie de
l'assurance-maladie, c'est de s'empêcher d'obtenir des informations
d'autres organismes gouvernementaux qui pourraient peut-être
compléter dans le cas du 1% et peut-être aussi préciser un
certain nombre de critères sans pour cela avoir une espèce de
fiche d'individu à l'intérieur de la société. Ce
n'est pas du tout le but. D'ailleurs, l'article 13b, je pense, est assez
explicite à ce sujet.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Justement, M. le Président, c'est ce à
quoi je voulais en venir. Le ministre nous dit qu'il n'y aurait qu'un 1% de la
population adulte qui ne serait pas inscrite.
M. Burns: C'est l'information qu'on m'a donnée.
M. Fontaine: C'est possible. Moi, j'avais 100 000 personnes. Je
ne sais pas si cela peut coïncider, mais ce nombre comprend
peut-être les enfants. Mais de toute façon...
M. Burns: C'est encore moins. Si votre chiffre est 100 000, c'est
encore moins que 1%, que 10%.
M. Lavoie: Que 1%.
M. Burns: Que 1%.
M. Fontaine: Que 1%.
M. Blank: 1%, c'est 60 000.
M. Fontaine: De toute façon, j'accepte...
M. Burns: C'est cela- 1%, c'est 60 000. C'est cela.
M. Lavoie: Adulte, ce serait moins.
M. Fontaine: J'accepte le chiffre que le ministre nous donne.
M. Burns: C'est 1% de quatre millions à peu
près.
M. Lavoie: 40 000.
M. Fontaine: II faudrait nécessairement trouver un moyen
pour inscrire ces personnes.
M. Burns: De toute façon, le député accepte
qu'on est à peu près dans les mêmes normes.
M. Fontaine: Oui, d'accord. M. Burns: D'accord.
M. Fontaine: Maintenant, est-ce que le ministre pourrait
également nous dire si on a pu vérifier auprès de la
régie, s'il y aurait plusieurs bénéficiaires de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec qui ne seraient pas
citoyens Canadiens et qui pourraient, si on se sert de cette liste, être
inscrits sur la liste électorale du Québec? Egalement est-ce
qu'on a pu vérifier l'assertion voulant que des personnes
détiendraient plusieurs cartes d'assurance-maladie du Québec, ce
qui fait qu'elles pourraient être inscrites plusieurs fois sur la liste
électorale? On nous informe également que la régie n'a pas
réussi à établir un système qui viserait à
annuler les cartes des personnes décédées.
(20 h 50)
Je ne sais pas si on a pris des informations à ce sujet. Je pense
qu'il serait important, avant qu'on puisse aller plus avant dans ce dossier, de
savoir si, effectivement, on est capable de trouver des moyens pour
empêcher que des personnes qui n'ont pas le droit d'être inscrites
sur une telle liste électorale le soient.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat.
M. Burns: Le député de Nicolet-Yamaska pose la
question, dans le fond, qui nous a motivés à présenter le
projet de loi no 123. Ce que nous voulons, c'est de soumettre au directeur
général des élections le problème en lui disant: Ce
type de problèmequi est soulevé par le député de
Nicolet-Yamaska, est-ce qu'il y a moyen d'arriver à le contourner?
Est-ce qu'il y a moyen de circonscrire cela? C'est sûr qu'il y a des
personnes qui ont plus d'une carte d'assurance-maladie. Mais il y a très
peu de gens qui ont deux numéros d'assurance-maladie. Par exemple, quand
on sait comment la carted'assurance-maladiefonction-ne, c'est très
facile, par le nom et le prénom, l'âge de la personne, le sexe,
etc., de bâtir le numéro. Je pourrais, je pense, bâtir le
numéro et j'arriverais probablement très près du
numéro de carte d'assurance-maladie du député de
Nicolet-Yamaska en connaissant sa date de naissance. Ce n'est pas le but
visé par le projet de loi. Il ne s'agit pas de faire ce qu'on appelle un
projet de loi passez-moi l'expression "full proof", à
l'épreuve de tout. Il s'agit de dire au directeur général
des élections: Voulez-vous, s'il vous plaît, prendre toutes les
informations requises auprèsdes organismes gouvernementaux qui lesont et
nous dire si nous nous trompons en présentant un projet de loi qui,
comme je le disais un peu plus tôt dans la journée, est
prêt. C'est uniquement cela. Ce n'est pas plus que cela.
Je pense que le directeur général des élections
était très sage en nous disant dans sa note que je vous ai remise
cet après-midi : Je ne peux pas fonctionner si vous ne me donnez pas
l'autorité légale de le faire. Actuellement, la loi
électorale ne lui donne pas cette autorité légale. Il
pourrait se faire envoyer paître, dans la situation actuelle, par la
Régie de l'assurance-maladie, par le Bureau des véhicules
automobiles ou tout autre organisme auquel il voudrait s'adresser, alors que si
on adopte le projet de loi no 123, il a la possibilité, en vertu d'une
autorité qui est l'Assemblée nationale, d'aller obtenir toutes
les informations et, ensuite, de conseiller l'Assemblée nationale. Dans
tout cela, il ne faudra jamais oublier que le directeur général
des élections est un fonctionnaire de l'Assemblée nationale et
non pas du gouvernement. Il est élu aux deux tiers de l'Assemblée
nationale et c'est dans ce sens qu'il est ici. Je l'ai invité à
venir nous conseiller parce que quelques députés nous avaient
souligné qu'à un moment donné ce serait peut-être
utile qu'il soit ici. Il n'est pas ici comme mon conseiller. Il est ici comme
le conseiller de l'Assemblée nationale. Je pense que c'est très
important que cette distinction soit faite.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me le permettez,
messieurs, je reconnaîtrai M. le député de Nicolet-Yamaska
pour qu'il continue et, ensuite, M. le député de Rouyn-Noranda.
Cependant, j'aurais personnellement, en observant avec beaucoup d'attention
l'article 1, une question à poser à M. le ministre d'Etat. Dans
l'article 1, vous avez l'article 13b: "Le registre des électeurs
visés dans l'article 13a n'a d'effet aux fins d'une élection et
ne peut être utilisé..." Est-ce qu'il n'y a pas un "qu"' qui
manque?
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'on pourrait
d'office, avec le consentement de la commission...
M. Burns: M. le Président, le texte, comme il
aété imprimé, contient évidemment une faute de
frappe. Le texte devrait se lire: "Le registre des électeurs
visés dans l'article 13a n'a d'effet qu'aux fins d'une
élection..." Vous avez parfaitement raison.
Le Président (M. Cardinal): Permettez-vous que le
président, d'office, souligne le fait? Ce n'est pas une correction
vis-à-vis du ministre. C'est une correction vis-à-vis de
l'impression.
M. Burns: Vous avez parfaitement raison, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. J'avais tout
simplement une autre question.
Je voudrais d'abord dire au ministre que les questions que j'ai
posées ou les affirmations que j'ai faites en deuxième lecture,
ce n'était pas si "concombre" que cela; deuxièmement, je voudrais
lui demander il a mentionné tantôt la Régie de
l'assurance-maladie et le Bureau des véhicules automobiles s'il y
a d'autres endroits où il prévoit qu'on pourrait aller recueillir
des informations au sujet des électeurs.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat.
M. Burns: II y a, entre autres, le Bureau de la statistique,
lequel, il n'y a pas de doute, va être une source d'informations assez
importante; il y a d'autres organismes, aussi, qui peuvent être utiles.
Je vous donne, à titre d'exemple... Je ne vous dis pas que c'est
l'intention du directeur général des élections, mais je
pense, purement et simplement comme électeur je parle comme
électeur, non pas comme ministre par exemple, à
l'Hydro-Québec qui est peut-être un des endroits
privilégiés d'obtention de présence de personnes, si on
parle des résidents, pas sur le plan de combien ils doivent et combien
coûte leur électricité, mais quant à leur
présence à tel ou tel endroit; il y a des organismes comme cela.
C'est pour cela que le projet de loi est fait ainsi, de façon à
habiliter le directeur général des élections à
s'enquérir auprès des organismes gouvernementaux et
paragouver-nementaux relativement aux données essentielles de ce qu'on
peut penser être le registre des électeurs au Québec.
C'est pour cette raison que le projet de loi a été fait de
façon assez large et c'est pour cela qu'on dit: "d'un ministère
ou d'un organisme mandataire du gouvernement qui doit lui fournir...".
M. Fontaine: Le ministre, dans sa réponse, n'a pas
mentionné le Bureau du financement des partis politiques. Aurait-il
l'intention de l'exclure?
M. Burns: Non, au contraire, je n'ai pas l'intention d'exclure ce
bureau. S'il y a un bureau qui ne doit pas être exclu, c'est bien
celui-là. Actuellement, le Bureau du financement des partis politiques
a, entre autres, une fonction très importante, c'est de donner
l'information au public. Ce n'est pas comme le ministère du Revenu; le
ministère du Revenu a justement comme rôle de ne pas donner
l'information au public. C'est même très restrictif si vous
regardez la Loi du ministère du Revenu; c'est le ministère par
excellence où il ne faut pas donner d'information, même d'un
ministère à l'autre.
Dans le cas du Bureau du financement des partis politiques, c'est une de
ses fonctions de donner de l'information, non seulement à un autre
ministère, non seulement à un organisme comme celui
représenté par le directeur général des
élections, mais à n'importe qui. Vous pouvez aller, demain, au
Bureau du financement des partis politiques et obtenir la liste des
contributions qui ont été faites par M. Untel dans tel
comté. Remarquez que ce n'est pas dans ce sens...
M. Lavoie: Supérieures à $100. M. Fontaine:
Supérieures à $100.
M. Burns: Supérieures à $100; les autres, il ne les
a pas. Les contributions inférieures à $100, il ne les a pas.
Si, à un moment donné, le directeur général
des élections a besoin, il n'a pas les noms...
M. Fontaine: Me permettriez-vous? M. Burns: Oui,
certainement.
M. Fontaine: Le directeur général du financement
des partis politiques a, je crois, en sa possession, la liste de toutes les
personnes qui ont contribué à quelque parti politique reconnu que
ce soit au Québec, même ceux qui ont contribué pour $0.50.
Cette liste est confidentielle, il n'a pas le droit de la rendre publique pour
les montants inférieurs à $100. Si on n'exclut pas cet organisme,
n'y aurait-il pas danger que le directeur général des
élections demande au directeur général du financement des
partis politiques de lui fournir cette liste qui est, de par la loi,
confidentielle. (21 heures)
M. Burns: Voici, je pense que vous avez la réponse
à l'article 123 de la loi sur le financement des partis politiques et je
réfère le député à cet article que je lui
lis. Article 123: "Le directeur général des élections, les
présidents d'élection au sens de la Loi électorale et le
directeur général du financement des partis politiques, doivent
se fournir mutuellement d'accord? le mot "mutuellement" est
particulièrement important en temps utile tous les renseignements
qu'ils possèdent et qui sont nécessaires ou utiles à
l'application de la Loi électorale et de la présente loi."
Je pense bien que votre réponse est là.
M. Lavoie: M. le Président, ce point est très
important. Il est sûr que, lorsque nous avons adopté la loi 2 qui
contient cette disposition, l'étude du présent projet de loi
n'était même pas à l'horizon. Cela fait une jolie
différence. De plus, je vous pose une question sur le même sujet.
On va lire ensemble l'article 13a, deuxième alinéa: "A cette fin,
il peut conclure une entente avec toute personne et requérir d'un
ministère ou d'un organisme mandataire du gouvernement en
l'occu-rence le directeur général du financement des partis
politiques qui doit les lui fournir, les renseignements pertinents
à la préparation du registre." Voulez-vous me dire quels sont ces
renseignements pertinents qui peuvent aider à la
confection du registre? Il n'y en a pas, d'après moi.
M. Burns: Ecoutez, je vous dis tout de suite qu'après
avoir lu l'article 123 que je viens de vous lire, j'ai l'impression qu'on n'a
même pas besoin de parler. En fait, l'article 13a ne s'applique
même pas comme tel au directeur général du financement des
partis politiques. On n'aurait même pas besoin de l'article 13a ni de
l'article 13b si ce n'était que concernant le directeur
général du financement des partis politiques, parce que
déjà c'est prévu à l'article 123 de la loi
concernant le financement des partis politiques.
M. Lavoie: Oui, mais justement, on voudrait l'exclure.
M. Burns: Pourquoi voudriez-vous l'exclure? A ce
moment-là...
M. Lavoie: Parce qu'on trouve que le directeur
général du financement des partis politiques n'est en mesure de
fournir aucun renseignement pertinent à la préparation du
régistre. Aucun...
M. Burns: Bien cela...
M. Lavoie: II y a une question de confidentialité dans le
droit de vote. Si quelqu'un donne $5 ou $10 au Parti québécois,
aux Démocrates, à l'Union Nationale ou au Parti libéral,
cela est rattaché très directement au secret du vote.
M. Burns: Mais si, effectivement...
M. Lavoie: Et c'est une question de confidentialité.
M. Burns: M. le député, si, effectivement, le
directeur général des élections a besoin, pour monter son
régistre, de communiquer avec le directeur général du
financement des partis politiques, je ne vois pas pourquoi, alors qu'on lui
ouvre la porte de tous les ministères, sauf le ministère du
Revenu, parce que c'est déjà prohibé...
M. Lavoie: ... proposer un amendement...
M. Burns: ... par la loi... On n'a même pas besoin de le
dire, c'est prohibé par la loi.
M. Blank: C'est une loi subséquente.
M. Lavoie: C'est une loi subséquente aujourd'hui.
M. Burns: On en parlera plus tard, si vous voulez. Ne
mêlons pas les choux et les raves. Je suis bien prêt à ce
qu'on en parle, mais je vous dis que si on ouvre la possibilité au
directeur général, dans le mandat spécifique qu'on lui
donne actuellement, si on lui donne ce mandat à l'endroit de tous les
ministères et de tous les organismes gouvernementaux, je me demande
pourquoi on ne lui donnerait pas également le mandat à l'endroit
d'un organisme, c'est-à-dire le directeur général du
financement des partis politiques où, carrément, à
l'article 123, on spécifie qu'il a non seulement le droit, mais le
devoir de donner ces informations-là.
M. Blank: Je peux dire que si c'est à l'article 123 de la
loi du financement des partis politiques, on doit amender cet article 123,
parce que c'est tellement dangereux de jouer, comme l'a dit le
député de Laval, avec le secret du vote. Je ne sais pas pourquoi
le ministre d'Etat à la réforme parlementaire est tellement dur
sur ce point-là, parce qu'en fait, combien de noms y a-t-il chez le
directeur général du financement?
M. Lavoie: 150 000...
M. Blank: Au maximum de 125 000 à 150 000, cela veut dire
1% de la population. Cela ne vaut pas la peine de nuire au secret ou à
la confidentialité du vote, un pourcentage si minime.
M. Fontaine: Mme le Président, je voudrais ajouter quelque
chose là-dessus.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Le ministre délégué à la
réforme électorale et parlementaire tout à l'heure...
M. Burns: Je ne suis pas délégué, je suis
ministre d'Etat.
M. Fontaine: Ministre d'Etat, excusez. M. Burns:
Merci.
M. Fontaine: On change tellement votre position de ce
temps-là...
M. Burns: C'est dans votre tête que cela change...
M. Fontaine: ... on se demande où vous êtes
rendu.
M. Burns: ... ce n'est pas dans la mienne.
M. Fontaine: Dans votre réponse, tout à l'heure,
vous avez dit que le principal but du directeur général du
financement des partis politiques était de donner de l'information au
public et non pas principalement de donner de l'information au directeur
général des élections. Face à cet argument, le
ministre devrait accepter de ne pas inclure le directeur du financement des
partis politiques à cette loi pour empêcher que le directeur
général des élections aille chercher certains
renseignements dont il n'a absolument pas besoin chez le directeur
général du financement.
M. Burns: C'est quelque chose dont nous avons déjà
discuté, quelque chose qui a vraiment fait l'objet de débats
à l'Assemblée nationale, très récemment. Cela ne
remonte pas tellement loin, le projet de loi no 2, la Loi sur le financement,
cela remonte au 26 août 1977, si je ne me trompe pas. Ce n'est pas
tellement loin. Jusqu'à maintenant, il ne me paraît pas que
c'était une erreur de dire que le directeur général des
élections, le directeur général du financement des partis
politiques, les présidents d'élection locaux, etc., doivent
s'échanger mutuellement des informations; c'était, au contraire,
tout à fait le but de cette loi. Il ne s'agissait donc pas de mettre le
directeur général des élections en vase clos, en
prétendant qu'il n'existe pas, à côté de lui, un
directeur général du financement des partis politiques. Ce serait
une aberration de me rendre à votre demande, M. le député
de Nicolet-Yamaska. Ce serait vraiment ne pas comprendre ce
qu'éventuellement devra devenir le système électoral au
Québec, c'est-à-dire une grande collaboration entre une
série de personnes clés, dont le directeur général
des élections, le directeur général du financement des
partis politiques, et, si éventuellement il doit s'en ajouter, d'autres
personnes.
Ce serait une aberration de croire que ces gens-là se disent:
J'ai ma petite poche à moi, j'ai ma petite cloche de verre par-dessus la
tête et je ne parle pas à l'autre à côté parce
que je ne le connais pas et il ne faut pas que je le connaisse parce que la loi
me défend de le connaître. Je trouve que ce serait une aberration
totale.
M. Samson: Mme le Président...
M. Fontaine: Ce qu'on voudrait empêcher, c'est qu'on lui
communique des renseignements pertinents à la confection d'une liste
électorale.
M. Burns: On ne parle pas de renseignements au public, on parle
de renseignements entre les directeurs généraux en question.
C'est ce dont on parle. Je ne vous dis pas qu'on change les règles de la
loi 2 avec cela, pas du tout. On ne fait que continuer à appliquer la
loi 2.
M. Fontaine: ... va lui donner.
M. Burns: Je ne sais pas ce que le directeur
général des élections peut avoir besoin d'obtenir
auprès du directeur général du financement des partis
politiques, mais il reste quand même que la loi dit qu'ils peuvent
s'échanger des renseignements.
M. Blank: C'est dangereux. Je vous le dis, c'est plus que
dangereux.
M. Burns: Je vous dis que c'était de propos
délibéré, lorsque nous avons présenté le
projet de loi, et je suis bien placé pour en parler puisque
j'étais le parrain du projet de loi. Quand on a déposé ce
projet de loi, l'article 123 faisait partie, entre autres, d'une de nos
intentions de ne pas couper, l'un par rapport à l'autre, les directeurs
généraux en question. C'était bien important. C'est
d'ailleurs pour cela il ne faut pas se le cacher qu'on a
changé le titre de président général des
élections à directeur général des élections,
pour en arriver à ce que vous ayez des personnes qui se parlent
d'égal à égal, même si on peut dire que dans un cas,
selon les opinions, il y en a un qui est plus important que l'autre. Bon, en
tout cas. Il y a des gens qui peuvent peut-être penser cela. (21 h
10)
Je pense, au contraire, que ce sont deux personnes qui ont des fonctions
très importantes, tellement importantes qu'on les élit aux deux
tiers de l'Assemblée nationale. Dans ce sens, on se dit: Ce sont de
très hauts fonctionnaires de l'Assemblée nationale, et non pas du
gouvernement, et que ces gens ne puissent pas s'échanger des
informations, là, je suis prêt à tomber à terre, je
ne comprends plus rien.
Que ces gens, qu'on prend la peine de nommer aux deux tiers de
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire que même le parti
ministériel seul ne sera pas en mesure de faire élire, dont la
nomination demande nécessairement la participation de l'Opposition, ces
gens ne puissent pas se donner des renseignements, qu'on n'a pas assez
confiance en eux parce que c'est cela, dans le fond... Non, je ne fais
pas de charriage mais, écoutez...
M. Lavoie: Ah oui! mais il y en a que...
M. Blank: Vous oubliez quelque chose de très important, ah
oui!
M. Burns: Un instant, je n'ai pas terminé, vous
m'engueulerez après, si vous voulez. Je vous dis tout simplement que ces
gens au sujet desquels on prend toutes les précautions au moment de les
nommer, et qu'aujourd'hui on se dise: Oh! c'est très dangereux que ces
gens communiquent ensemble; moi, je n'en reviens pas! Moi, je vous dis: Je
tombe complètement à terre!
M. Shaw: Mme le Président, on ne parle pas d'un ministre
à un autre.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Pointe-Claire, il y a M. le député de Rouyn-Noranda qui a voulu
se lever; je vais lui donner la parole, ensuite M. le député de
Saint-Louis et M. le député de Pointe-Claire.
M. Samson: Mme le Président, j'aurais quelques questions
à poser mais puisqu'on a ouvert ce sujet, je voudrais en profiter pour
parler sur ce sujet; je reviendrai à mes questions un peu plus tard. Le
ministre d'Etat à la réforme électorale dit avoir
été présent parce qu'il était parrain de la loi 2.
Je le lui accorde, il était parrain, il était là, mais
j'ai été témoin de son parrainage, j'étais
là aussi. Il me semble que l'esprit de la loi que nous avons
discutée je sais que l'honorable député de
Laval
était là également et suivie article par
article, c'est à l'article 123, par exemple, où on dit que le
directeur général des élections et président
d'élection, au sens de la Loi électorale, et le directeur
général du financement des partis politiques doivent se fournir
mutuellement, en temps utile, tous les renseignements qu'ils possèdent
et qui sont nécessaires ou utiles à l'application de la Loi
électorale et de la présente loi.
Il me semble, Mme le Président, que cet article qui a
été invoqué par le ministre tantôt n'est pas un
article isolé dans la loi, cela se rattache à d'autre chose dans
la même loi et cela ne doit pas sortir de l'esprit de la loi. L'esprit de
la loi, c'est la divulgation, le contrôle par un organisme qui s'appelle
le Bureau de financement des partis politiques, mais la divulgation des sommes
souscrites à un parti politique ou à des partis politiques. Dans
cette même loi dont le ministre a parlé, il a été
mentionné c'est dit clairement que ne sont divulgables que
les montants de plus de $100. Donc, $100 et moins, cela ne se divulgue pas. Ce
qui n'était pas inscrit carrément dans la loi, je pense, mais ce
qui se produit dans les faits, c'est que les partis politiques sont
appelés à fournir une copie de chacun des reçus qui sont
émis, quelle que soit la somme de $0.50 à $100 inclusivement, on
est obligé de fournir les copies des reçus. Sur ces reçus
apparaissent le nom, l'adresse etc.; la formule habituelle. Mais, je me
rappelle et je fais appel à l'honorable ministre d'Etat à
la réforme électorale et parlementaire que, dans le projet
de loi initial, le montant minimum, pour être exempt de la divulgation,
n'était pas de $100. C'était, si je me rappelle bien, $25; il y a
eu des propositions pour $50, et des propositions pour $100. Ma mémoire
me rappelle ceci, c'est que le ministre lui-même a convenu qu'il
était raisonnable d'augmenter le chiffre à $100, soutenant
lui-même et on peut le revoir au journal des Débats
qu'il y avait eu des représentations de faites à ce sujet
à son niveau, je l'imagine, et qu'il y en avait eu même par les
fonctionnaires. C'était la raison pour laquelle il acceptait d'augmenter
le montant.
M. Burns: De mauvais gré d'ailleurs.
M. Samson: Peut-être de mauvais gré, mais je pense
que...
M. Burns: Je suis toujours d'avis que cela devrait être
$25.
M. Samson: Mme le Président, si le ministre est de mauvais
gré contre une loi qu'il a réussi à faire adopter à
l'unanimité, imaginez-vous que je pourrais aussi vous dire que je suis
de mauvais gré contre certains autres articles de la même loi,
qu'on a adoptés à l'unanimité aussi.
M. Burns: On a fait chacun son petit bout de chemin. C'est
cela.
M. Samson: L'unanimité, c'est qu'on a fait chacun son bout
dans cette affaire. Mais ce que je veux faire ressortir de cela, c'est qu'on a
cru bon d'élever un peu le chiffre pour couvrir la
confidentialité, ce que j'appelle l'importance du secret du vote. Les
représentations venaient surtout de fonctionnaires, qui ont les
mêmes droits que les autres citoyens d'avoir des idées politiques,
qui ont les mêmes droits que les autres citoyens de voter selon leur
goût et de fournir à la caisse d un parti de leur choix,
même aux quatre ou aux cinq s'ils veulent. Je pense qu'ils ont ces
droits. On doit reconnaître ces droits.
Mme le Président, quand on soumet ces reçus au directeur
du financement des partis politiques, c'est confidentiel. Ce n'est pas pour
divulgation. Je trouve cela un peu dangereux, on joue avec le feu là. Si
on ne clarifie pas la situation, ce que je trouve dangereux, c'est qu'on risque
gros d'indisposer beaucoup de personnes qui sont intéressées
à aider des partis politiques, parce que les $0.50 ou $1 ou les $2 ou
les $5, souventefois c'est rattaché à une sympathie qui
équivaut à une intention de vote.
Or, s'il est connu publiquement que le directeur du financement des
partis politiques reçoit même s'il n'a pas le droit de les
divulguer copies de tous les reçus et qu'il peut en faire prendre
connaissance au directeur général des élections ou encore,
et c'est là que cela se corse, aux présidents d'élection
au sens de la Loi électorale...
Mme le Président, là c'est plus chatouilleux. C'est comme
cela que c'est marqué à l'article 123 de la loi 2 de 1977:
"présidents d'élection au sens de la Loi électorale". Un
président de comté cela. Le gouvernement vient d'en changer 20 et
les explications qu'on nous a données, c'est qu'il fallait changer pour
des raisons de qualifications ou, en tout cas, il y a différentes
raisons qui ont été invoquées. Cela voulait dire, à
toutes fins utiles, que ceux qui ont été changés
n'étaient pas considérés comme capables de faire le
travail.
Mme le Président, puisque le premier ministre nous a
suggéré qu'il y en aurait d'autres de changés et
peut-être d'autres plus tard, cela veut dire que, si ces gens sont
changés pour les raisons qu'on nous a données, on va donner
à ce monde la possibilité d'avoir accès à des
renseignements qui sont strictement confidentiels au sens de la loi 2.
Je né peux pas facilement comprendre que le premier ministre nous
ait déclaré candidement, comme cela, qu'il en avait changé
une vingtaine pour des raisons de disponibilité et de compétence
et qu'aujourd'hui on soutienne qu'il peut y avoir un échange
jusqu'à aller fouiller dans le bureau du directeur du financement des
partis politiques. Si les présidents d'élection de comté
n'avaient pas la compétence qu'il faut, Dieu nous a aidés en
faisant que le Parti québécois les ait changés avant
aujourd'hui, parce que, s'il avait fallu qu'ils touchent à cela, quelles
sortes de problèmes on aurait eus! (21 h 20)
Mme le Président, puisqu'on nous a annoncé d'autres
changements, lequel des présidents de comté va-t-on surveiller
maintenant. Lequel? Je dis, Mme le Président, que toute cette question,
bien que je sois d'accord pour que le directeur général des
élections et le directeur du financement des partis politiques
échangent mutuellement les renseignements, je suis d'accord avec cela...
Mais il faut faire cette distinction entre échanger des renseignements
et, je reiis encore une fois pour qu'on se comprenne bien, "... se fournir
mutuellement en temps utile tous les renseignements qu'ils possèdent et
qui sont nécessaires ou utiles à l'application de la Loi
électorale et de la présente loi"... Si on prend l'exemple de
quelqu'un qui a donné $0.50 à un parti politique, dont le
reçu confidentiel est déposé dans les mains du directeur
du financement des partis politiques, de quelle façon ce reçu
va-t-il venir aider à l'application de la Loi électorale? Mme le
Président, je ne peux pas voir.
Mme le Président, est-ce que je pourrais avoir la
compréhension de mes amis de la gauche qui devraient savoir que nous
sommes en train de discuter d'une question qui relie les deux lois? Ce n'est
pas moi, Mme le Président, qui ai ouvert le débat à ce
sujet. C'est le ministre qui a ouvert le débat; c'est le ministre qui a
cité la loi 2, l'article 123. Ce n'est pas moi qui ai commencé.
Non, c'est le ministre lui-même qui a cité l'article 123.
M. Lavigne: A la suite d'une question. Le Président
(Mme Cuerrier): A l'ordre!
M. Lavigne: A la suite d'une question du député de
Nicolet-Yamaska.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, M. le
député!
M. Samson: Oui, cela fait suite à une question, mais
puisque cet article a été cité, je suis encore capable
d'en parler et je n'ai pas l'intention qu'on restreigne le débat de
façon aussi mesquine.
Je pense qu'on est en train de jouer avec le feu. Les citoyens du
Québec ont des droits qui sont ceux, en matière
électorale, de pouvoir être inscrits sur une liste
électorale et de pouvoir voter. C'est cela la démocratie.
Là-dessus, on n'a pas un mot à dire au directeur
général des élections. Là-dessus, il n'y a pas de
problème, il fait son travail et on n'a aucun reproche à lui
faire. Mais ce qu'on est en train d'étudier aujourd'hui, l'article 1 qui
modifie l'article 13, c'est un article qui mérite d'être
amendé pour qu'on fasse la différence et qu'on la fasse à
l'article 1, qui amende l'article 13 de la Loi électorale, en
interprétant de façon non restrictive la loi 2, surtout en
interprétant son esprit de confidentialité.
Je vois que le ministre est sorti. J'avais des questions à lui
poser. Par exemple, à l'article 1 qui amende l'article 13a, au
deuxième alinéa, on dit: "A cette fin, il peut conclure une
entente avec toute personne et requérir d'un ministère ou d'un
organisme mandataire du gouvernement qui doit les lui fournir, les
renseignements pertinents à la préparation du registre".
J'aimerais bien avoir une réponse à la question suivante, cela
réglerait peut-être plus le problème, je ne le sais pas, je
ne suis pas avocat; mais il y en a des avocats dans le groupe. Est-ce que,
puisqu'on soutient de bonne foi et avec raison, je pense, que les
renseignements confidentiels que les partis doivent donner au directeur du
financement des partis politiques pour les dons de moins de $100, qui doivent
être confidentiels, au sens de la loi que nous étudions
présentement, l'article 1, qui modifie l'article 13a, deuxième
alinéa, on peut dire que le Bureau du financement des partis politiques
est inclus là-dedans? Je pose la question. Je me demande, Mme le
Président, si l'on peut considérer le Bureau du financement des
partis politiques comme étant un ministère ou un organisme
mandataire du gouvernement.
Je voudrais, avant qu'on me dise oui trop vite, qu'on prenne en
considération le fait suivant. Il me semble que le directeur du
financement des partis politiques, tout comme le directeur
général des élections, n'est pas mandataire du
gouvernement, mais mandataire de l'Assemblée nationale, ce qui est
très différent. Maintenant c'est là la question que
je veux poser à cette fin, il peut conclure une entente avec
toute personne. A ce moment-là, est-ce que "toute personne" au sens de
ceux qui ont préparé la loi, cela veut dire le directeur du
financement ou si cela exclut le directeur du financement des partis politiques
comme personne? Je pense que si on ne disait pas "toute personne", si on s'en
tenait à un ministère ou à un organisme mandataire, cela
voudrait dire qu'on exclurait le bureau du financement des partis politiques.
C'est la question que je pose. Est-ce que c'est exclu? Si ce ne l'est pas, le
gouvernement ou le ministre, qui n'est pas là, mais celui qui pourra
répondre à sa place, accepte-t-il le fait que tous les
renseignements qui peuvent être échangés sont des
renseignements qui ne sont pas à portée restreinte comme ceux que
nous retrouvons dans la loi no 2, c'est-à-dire que les dons de $100 ou
moins ne sont pas divulgables. Donc, si ce n'est pas divulgable, est-ce que le
directeur général des élections pourra avoir accès
à cela autant selon l'article 123 que les
présidents des élections de comtés? Il me semble qu'on
doit avoir cette réponse.
Si on nous dit que l'échange de renseignements peut faire qu'on
va pouvoir échanger des renseignements et avoir accès à
des copies de reçus, à n'importe quoi qui peut être
divulgué, je ne pose pas de question. Si c'est déjà
divulgable, il me semble que cela peut être autant accessible au
directeur général des élections. Mais si cela ne peut
être divulgué, au sens de cette loi on a eu un long
débat là-dessus pour que la confidentialité des dons de
$100 et moins soit absolue à ce moment-là, je voudrais
qu'on me dise de quelle façon on va s'y prendre pour exclure cette
partie des renseignements à être échangés.
M. Lavoie: M. le Président, j'aimerais bien que le
ministre soit là. Il ne doit pas être très loin. J'aurais
un amendement à proposer qui pourrait peut-être diminuer les
dommages.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Laval, j'avais déjà reconnu des intervenants. Plusieurs personnes
voulaient intervenir. A moins qu'on ait le consentement de ces personnes... Il
y avait les députés de Saint-Louis, de Pointe-Claire, de
Laviolette et de Nicolet-Yamaska.
M. Samson: Je m'excuse. Mme le Président, est-ce
que...
Le Président (Mme Cuerrier): Oui?
M. Samson: J'ai posé une question. Je ne sais pas si on
peut avoir une réponse.
Le Président (Mme Cuerrier): Oui, mais M. le
député de Rouyn-Noranda, le ministre s'est absenté pour
quelques secondes. Nous allons retenir votre question, si vous voulez
bien...
M. Samson: Demain? Ah! pas de problème. Je peux passer la
nuit avec vous.
Le Président (Mme Cuerrier): ... de façon... M.
Samson: Je ne suis pas pressé.
Le Président (Mme Cuerrier): ... à ne pas
créer de précédent en commission plénière,
M. le député, et qu'un autre réponde à la place du
ministre. Nous allons la retenir. Y a-t-il consentement?
M. Lavoie: Ah! le voici. Avez-vous une objection, M. le
député de Saint-Louis?
M. Blank: Non. Je n'ai pas objection à ce que le
député de Laval prenne mon tour.
M. Lavoie: Je pourrais peut-être, pour
accélérer...
M. Blank: Ce devait être mon tour, mais je l'ai
donné.
M. Lavoie: ... les travaux, j'aurais un amendement...
M. Fontaine: Mme la Présidente, avant qu'on
présente l'amendement, j'aurais juste...
M. Samson: Pourquoi ne me donnerait-on pas ma réponse?
M. Fontaine: J'avais demandé la parole avant le
député de Rouyn-Noranda.
Le Président (Mme Cuerrier): II y a une question qui est
posée. M. le ministre, avez-vous l'intention d'y répondre?
M. Burns: Oui. Je vais répondre tout à l'heure.
Le Président (Mme Cuerrier): Tantôt. Alors, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: A-t-il entendu la question que je lui ai
posée?
M. Burns: J'étais tout près de la Chambre et je
n'ai malheureusement pas entendu votre question. Voulez-vous la poser de
nouveau s'il vous plaît?
M. Samson: J'ai fait un plaidoyer pour protéger les...
M. Burns: Je ne vous demande pas de parler pendant 20
minutes.
M. Samson: Je vous fais un résumé, si M. le
ministre veut l'accepter.
M. Burns: Juste une question. Est-ce une question que vous
avez?
M. Samson: Y a-t-il un moyen que le ministre peut utiliser pour
que, dans l'échange des renseignements prévus à l'article
123 de la loi no 2 et la loi 123 actuelle qui permet au directeur
général des élections d'aller chercher des renseignements,
si on parle d'aller en chercher au bureau du directeur du financement des
partis politiques, est-ce qu'il y a un moyen pour qu'on exclue de cet
échange de renseignements la partie qui est non divulgable de par la
loi, c'est-à-dire les dons de moins de $100? (21 h 30)
M. Burns: Ce sont des renseignements qui, de toute façon,
n'ont pas à être publiés. Ce sont, à toutes fins
utiles, des renseignements quis e donneraient de directeur
général à directeur général et je ne vois
pas l'utilité de mettre de côté les dispositions de
l'article 123 de la loi 2, ni de mettre de côté les dispositions
de l'article 13a qui nous concerne actuellement.
M. Samson: Mme le Président, étant donné que
le ministre n'était pas là, je suis obligé de poser une
question supplémentaire.
M. Burns: Je comprends exactement votre point de vue.
M. Samson: Oui, mais pour l'autre partie... Dans l'article 123
c'est un peu compliqué parce qu'on parle de la loi 123 et qu'on
parle de l'article 123 de la loi 2 de la loi 2, on fait également
mention des présidents d'élections de comtés. Vous venez
de me donner une réponse en ce qui concerne le directeur
général des élections et le directeur
général du financement des partis politiques. Dans l'article 123
de la loi 2, il est question des présidents de comté.
M. Burns: Raison de plus, dans le cas des présidents de
comté, c'est encore plus vrai. Le patron des présidents locaux de
comté, ou des présidents locaux d'élection, c'est le
directeur général des
élections. S'il faut l'empêcher d'obtenir des
renseignements de ces personnes, je ne comprends plus rien. C'est le grand
patron. Le directeur général des élections est celui qui a
juridiction sur les présidents locaux d'élection; s'il faut
exclure cela, que voulez-vousqu'on fasse, le directeur général
des élections n'est plus capable de travailler. Ou bien, vous n'avez pas
compris comment cela fonctionnait, les élections.
M. Samson: Je n'ai peut-être pas compris, mais le ministre
n'a peut-être pas compris lui non plus. On va tenterde faire un compromis
et de se comprendre.
M. Burns: Disons qu'on ne comprend pas.
M. Samson: A l'article 123 de la loi 2 que M. le ministre a
cité tantôt, il est dit que ledirecteur générai des
élections, le président d'élection au sens de la Loi
électorale et le directeur général du financement des
partis politiques doivent se fournir mutuellement, en temps utile, tous les
renseignements qu'ils possèdent et qui sont nécessaires ou utiles
à l'application de la Loi électorale et de la présente
loi. Cela inclut les présidents d'élection de comté. A ce
moment-là, si cela les inclut, je veux savoir et c'était
là ma question comment on doit interpréter cela dans
l'esprit que nous retrouvons dans cette loi qui dit qu'on divulgue les montants
de plus de $100.
M. Burns: Au public.
M. Samson: On les divulgue.
M. Burns: Au public.
M. Samson: Au public, il faut se comprendre. Quand le directeur
général du financement des partis politiques divulgue, cela veut
dire que si quelqu'un veut les voir, il peut aller les voir, mais lui ne les
fait pas publier dans un journal ; ce n'est pas lui qui les fait publier dans
le journal, ce sont les journalistes qui vont les chercher. Il faut se
comprendre. S'il fallait divulguer, cela prendrait des journaux spéciaux
pour la liste, surtout pour la dernière qui vient d'être faite,
pour celle que vous avez faite et pour celle des autres, aussi.
M. Jolivet: Pour la vôtre?
M. Samson: Pour la nôtre, oui, cela prendrait un journal,
aussi. Cela prendrait peut-être un journal épais, mais les
contributions ne sont pas grosses; il y a beaucoup de lignes, mais pas beaucoup
d'argent.
M. Bertrand: Un petit tabloïd de trois pages.
M. Samson: Ce que je veux essayer de faire comprendre et ce que
j'essaie de savoir en même temps, c'est: Est-ce que, dans l'esprit de
cette loi du financement des partis politiques, puisqu'on a discuté
longtemps pour conserver la confidentialité des petits dons de moins de
$100, on va interpréter l'article 123 comme étant une obligation
de divulguer la partie que la loi ne permet pas de divulguer? C'est cela que je
veux savoir.
M. Burns: Oui.
M. Samson: Vous allez divulguer ce que la loi ne permet pas de
divulguer.
M. Burns: Nous n'allons pas divulguer publiquement, c'est
là qu'est la petite distinction.
M. Blank:... des partis politiques?
M. Burns: Je vous dis ceci: Si le directeur général
des élections n'est pas capable d'obtenir des renseignements du
président local des élections, alors n'y pensez plus, votre
système électoral est complètement foutu. Cela
m'apparaît comme étant quelque chose de tout à fait
évident.
M. Blank: Ce n'est pas une excuse.
M. Burns: Si, deuxièmement, on veut revenir sur l'article
123 par rapport aux communications qui peuvent exister entre le directeur
général des élections et le directeur
général du financement des partis politiques, je vous dis qu'il
n'est pas dans l'intention du gouvernement d'accepter une telle
modification.
M. Blank: Entre le directeur général du financement
et le président d'élection de comté, c'est là
qu'est le danger.
M. Fontaine: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Saint-Louis... M. le député de Pointe-Claire.
M. Blank: Après les paroles du député de
Maisonneuve, je veux dire seulement que je trouve qu'il a raison qu'il doit y
avoir des communications entre le directeur général des
élections et le président d'élection de chaque
comté. Mais pas d'avoir des divulgations du directeur
général de financement des partis politiques aux
présidents d'élection qui sont nommés par le parti
politique. Il n'y a pas la sauvegarde qu'on a par la nomination du directeur
général des élections ou du directeur
général du financement. Je suis d'accord, ces gens sont
nommés par les deux tiers de la Chambre, mais on sait comment les
présidents d'élection sont nommés. On vient d'en nommer 20
qui sont tous partisans d'un parti politique. C'est la même chose depuis
des siècles. Ces gens-là n'ont pas droit aux informations du
directeur général du financement. Aucun droit. Ce qui veut dire
que lorsqu'on a adopté l'article 123 c'était très tard le
soir et on n'a pas réalisé l'effet de cet article. Mais je n'ai
aucune objection à la communication entre les deux chefs.
M. Burns: Est-ce que vous avez actuellement des plaintes à
faire valoir relativement à l'application de l'article 123?
M. Blank: Pas encore, ce n'est pas encore arrivé. On n'a
fait que la collecte cette année.
M. Burns: Quand vous aurez des problèmes vous nous en
parlerez et on amendera l'article 123.
M. Blank: Mais il sera trop tard à ce moment-là. Le
président d'élection de chaque comté, qui doit nommer des
officiers dans les poils va savoir à quel parti ces gens-là ont
contribué. Est-ce que cela donnera des élections honnêtes
et sûres? Ce n'est pas ce que l'on veut. Je suis certain que le
député de Maisonneuve ne veut pas cela non plus.
M. Burns: Ce n'est pas du tout cela le problème...
M. Blank: Mais c'est ce qui va arriver, peut-être pas avec
ce gouvernement-ci mais peut-être le prochain. On ne sait jamais, ce peut
être les Démocrates, l'Union Nationale, le Parti libéral ou
peut-être une autre faction du Parti québécois, on ne sait
jamais.
On ne peut avoir confiance dans les gens mais on a confiance dans les
lois. Et la loi n'est pas bonne.
M. Burns: La loi, actuellement, nous dit, à l'article 123,
que ces gens doivent communiquer les uns avec les autres. Dans ce
sens-là, on est tout à fait d'accord à ce que cela reste
comme cela.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Dans lé même sens, je crois que tout le
monde est d'accord qu'au niveau des directeurs du financement des partis
politiques et des élections on n'a aucune crainte. Mais le projet de
loi, en disant que le directeur peut avoir les renseignements, ne veut pas dire
que ce sera le directeur; ce seront ses fonctionnaires qui auront accès
à ces divulgations d'information. C'est cela la grosse
différence. Nous sommes totalement prêts à accepter que les
deux directeurs aient l'appui et la confiance de tous les députés
de cette Chambre et même de la population, mais ils n'ont aucun
contrôle de leurs fonctionnaires, qui peuvent employer cet article pour
développer leur liste permanente. Ce ne sera jamais le directeur des
élections qui le fera lui-même. C'est évident que ce seront
les fonctionnaires qui le feront.
En disant que les directeurs du financement des partis politiques et des
élections ont l'appui de la Chambre, vous avez raison, mais ce n'est pas
ce que la loi dit. Si on dit que les directeurs peuvent chercher des
renseignements auprès des autres ministères, ce seront les
fonctionnaires de ces ministères qui vont divulguer les informations.
C'est là notre crainte. C'est exactement là.
Je suis convaincu que le ministre lui-même est conscient que c'est
une petite garantie qu'on veut garder. C'est le secret d'un vote. On est
prêts à dire qu'entre les deux directeurs, personnellement, il n'y
aura aucun problème.
M. Burns: Je m'excuse auprès du député, mais
je ne comprends pas la relation que vous faites entre le secret du vote et la
possibilité que ces deux officiers supérieurs de
l'Assemblée nationale puissent communiquer avec des directeurs locaux
d'élection. Je ne comprends pas quel lien il peut y avoir avec le secret
du vote. Vraiment, il faudrait que vous m'expliquiez en quoi cela est mis en
danger. (21 h 40)
M. Shaw: Puis-je vous donner un exemple? Avec le pouvoir que vous
essayez de donner au directeur, est-ce que ce sera lui qui va demander les
renseignements?
M. Burns: Le directeur général des
élections? M. Shaw: Est-ce que ce sera lui?
M. Burns: Oui, c'est clair selon l'article 13a, je pense.
M. Shaw: Ce sera lui qui, personnellement, va demander ces
renseignements?
M. Burns: Oui. Si vous lisez comme il le faut l'article 13a, vous
vous rendrez compte que c'est lui qui a l'initiative.
M. Shaw: Comme cela, aucun de ses fonctionnaires n'aura
accès à ces informations.
M. Burns: Bien oui, mais ils sont tous...
M. Shaw: Ah! Cela change totalement la situation.
M. Burns: Ecoutez! Il faut se rendre compte que, quand on nomme
un directeur général des élections, il est assisté
de fonctionnaires et que ces fonctionnaires ont, aussi et autant que lui,
l'obligation de se conformer à une certaine discrétion, c'est
bien sûr. La première des choses que le directeur
général des élections ferait, s'il y avait un manque de
discrétion dans son bureau de la part d'un employé, ce serait
vraiment de se départir d'un employé de cette nature. Cela me
paraît une chose qui va de soi. Cela ne vaut même pas la peine de
le dire.
Imaginez-vous si le directeur général des élections
qui est l'un des plus hauts fonctionnaires du gouvernement du
Québec, de l'Etat du Québec et non pas du gouvernement, parce
qu'il n'est pas à l'emploi du gouvernement, il est à l'emploi de
l'Etat du Québec, donc, il relève directement de
l'Assemblée nationale et est nommé comme tel retrouve dans
son personnel des gens qui manquent de discrétion, évidemment, il
va craindre, et c'est tout à fait normal, que cela lui passe sur le dos,
il va régler le problème. En tout cas, je présume qu'il
devrait le régler assez rapidement. Surtout le directeur
général des élections actuel, que je connais, je
présume qu'il n'attendrait pas de longues semaines avant de
régler le problème.
Je ne vois pas pourquoi on se pose des questions à ce niveau
alors qu'on sait d'avance que le poste exige une confidentialité
au-delà de la normale.
M. Shaw: Est-ce que je peux citer quelque chose du journal des
Débats? Il y a quelques semaines, M. Biron a posé une question au
premier ministre lui-même au sujet de la nomination des présidents
d'élection dans les comtés. La réponse du premier ministre
a été celle-ci: Je viens de le dire, je ne sais pas si le
député de Lotbinière était en Chambre; je viens de
dire que le président général des élections qui, au
moment annuel où on doit réviser les bureaux de scrutin, etc., et
au moment, à tous les trois ou quatre ans ou cinq ans où des
élections ont lieu ou au moment de consultations qui maintenant sont
dans nos lois, comme les référendums, devient le patron direct et
opérationnel, n'est ni de près mais ni de loin, ni statutairement
ni par tradition, ni directement ni indirectement en charge de ce travail.
C'était clairement dit par le premier ministre: Ce n'est pas le
président des élections qui a le choix, le contrôle des
nominations des présidents de comté. Vous dites qu'il en a la
responsabilité. C'est lui qui a été nommé comme
responsable par les deux tiers des députés de cette Chambre, mais
ce n'est pas lui qui a le choix ou qui est même consulté sur le
choix de ces présidents de comté. Comment pouvez-vous me dire que
lui, avec les deux tiers de la Chambre comme appui, mais qui n'a aucun
contrôle sur le choix, va dire: Ce sont mes gens, je suis responsable de
leur travail et je suis convaincu qu'ils ne feront pas d'erreur.
Mme le Président, c'est certain que tous les
députés de l'Opposition ont le même voeu, qu'on
protège la confidentialité des données...
M. Fontaine: Des contributions.
M. Shaw: ... des contributions qui sont les informations du
directeur général du financement des partis politiques. Ce n'est
pas grand-chose; on veut seulement protéger le droit de voter en
secret.
M. Burns: Mme la Président, le député de
Pointe-Claire fausse complètement le débat. Je le dis sans
méchanceté: Vous faussez le débat. Vous faites dire,
à l'article 13a, des choses qui ne sont pas dans l'article 13a. Dans
l'article 13a, on ne dit pas que les présidents locaux d'élection
doivent obtenir des informations, etc. On dit: Le directeur
général des élections est chargé de préparer
un registre des électeurs. Dans un deuxième paragraphe, on dit: A
cette fin, il c'est-à-dire le directeur général
peut conclure une entente avec toute personne et requérir d'un
ministère ou d'un organisme, etc.
C'est la personne, justement, qui a été nommée aux
deux tiers de l'Assemblée nationale, à qui on confère ce
droit. Quand vous me chanteriez toute la nuit à propos des nominations
des présidents locaux d'élection, cela ne change rien;
l'initiative, en vertu de l'article 13a, relève du directeur
général des élections, nommé aux deux tiers de
l'Assemblée nationale. Je n'ai rien à ajouter parce qu'on tourne
en rond, on va continuer à tourner en rond là-dessus, mais je
vous donne carrément mon opinion. Je ne vois vraiment pas comment on
fait une tempête dans un verre d'eau à cet égard, à
cause des dispositions de l'article 123 de la Loi du financement des partis
politiques. Si vous voulez continuer à jaser, je vais vous
écouter, c'est bien sûr.
M. Jolivet: Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ... la question qui est devant nous, à mon
avis, non seulement fausse le débat mais, elle part, quant à la
question du secret du vote, d'une fausse impression. Quand le
député de Pointe-Claire, ou que les autres députés
de cette Chambre ont parlé de garder le secret du vote, comment
peuvent-ils argumenter sur la question de la confidentialité en bas des
dons de $100 quand on sait que tous ceux qui donnent en haut de $100
moi, n'importe qui en cette Chambre, n'importe qui dans le public
peuvent aller voir le directeur général du financement des partis
politiques, lui demander la liste et connaître, par le fait même,
nécessairement, la possibilité de vote d'une personne qui a
donné $100 et plus. Pourquoi continuer à argumenter davantage en
associant les renseignements que pourrait obtenir le directeur
général des élections, demandés au directeur
général du financement des partis politiques, en disant que cela
enlève le secret du vote? Un instant! Le secret du vote, pour tous ceux
qui sont connus du public parce qu'ils donnent des montants de $100 et plus,
est déjà connu! Donc, pourquoi continuer à argumenter
davantage sur la question?
M. Shaw: C'est dans quel pourcentage? M. Fontaine: Mme le
Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine:... je sais que le député de Laval a un
amendement à proposer. Je veux simplement poser une courte question,
bien rapide. Malgré le fait qu'on connaisse l'article 123, est-ce que le
ministre d'Etat à la réforme électorale et parlementaire
pourrait nous dire si le directeur général du financement des
partis politiques, avec la loi actuelle, a le droit de donner au directeur
général des élections actuellement la liste
des personnes qui contribuent à moins de $100? On dit que ces
contributions sont confidentielles. Je pense qu'il n'a pas le droit de le faire
et, s'il n'a pas le droit de le faire actuellement, on est en train de lui
donner le droit de le faire, avec la loi actuelle. Parce qu'on dit, à
l'article 13a, deuxième paragrahe: "A cette fin, il peut conclure
une
entente avec toute personne et requérir d'un ministère ou
d'un organisme mandataire du gouvernement qui doit lui fournir les
renseignements pertinents." (21 h 50)
M. Burns: M. le député de Nicolet-Yamaska, quand je
disais tout à l'heure qu'on faussait le débat, c'est vraiment
croire que le directeur général des élections
j'espère, en tout cas, que ce n'est pas votre attitude et je
présume que ce n'est pas votre attitude; mais, de la façon dont
vous l'exprimez, je me demande si ce n'est pas quelque chose qui,
inconsciemment, reprend le dessus c'est vraiment penser que le directeur
général des élections, selon la loi 123 actuelle, le
projet de loi qui vous est soumis aujourd'hui, méchamment et de
façon vraiment subreptice, voudrais savoir qui a souscrit à tel
parti politique. Cela ne l'intéresse pas. On lui donne un mandat, en
vertu de 123, de dresser...
M. Fontaine: Voulez-vous répondre à ma
question?
M. Burns: Bien oui... de dresser un registre des
électeurs. Pensez-vous qu'il va avoir le temps? Juste à dresser
cela, déjà, cela va être quelque chose. Pensez-vous qu'il
va avoir le temps de se préoccuper, surtout le problème de se
préoccuper, puis l'intention de se préoccuper, de savoir qui a
donné à l'Union Nationale moins de $100, qui a donné au
Parti libéral moins de $100, qui a donné au Parti
québécois, moins de $100? Je ne pense pas que cela figure dans
ses préoccupations.
Je pense bien que, quand on dit "à cette fin", il peut conclure
une entente avec toute personne et requérir d'un ministère ou
d'un organisme mandataire du gouvernement, qui doit les lui fournir, les
renseignements pertinents à la préparation du registre. Les
renseignements pertinents à la préparation du registre, c'est
sûrement pas combien quelqu'un donne à un parti politique, et qui
donne à tel parti politique. Mais si, un moment donné, le
directeur général des élections encore une fois,
dois-je le rappeler, fonctionnaire neutre, s'il en est un, nommé aux
deux tiers de l'Assemblée nationale et, dans son cas, dans le cas
actuel, encore mieux, à l'unanimité de l'Assemblée
nationale, ça a toujours été comme cela dans le
passé si on commence à se poser la question si. lui, va se
préoccuper de savoir qui a donné $10, $0.50, $75 ou $0.29
à un parti politique, je me dis qu'est-ce que vous voulez
qu'on a oublié complètement le sens... du poste du directeur
général des élections... et du mandat que nous lui donnons
aujourd'hui, du moins je l'espère, par le projet de loi numéro
123, c'est-à-dire de bâtir un registre. Et je n'ai pas
l'impression qu'en bâtissant un registre, il est intéressé
de savoir combien monsieur Untel a donné à tel ou tel parti,
combien madame Unetelle a donné à tel ou tel parti. Il est
intéressé à savoir qui est M. Untel; est-ce une personne
qui demeure dans le comté de Nicolet-Yamaska ou si c'est quelqu'un qui
demeu- re dans le comté de Maisonneuve ou si c'est quelqu'un qui a telle
adresse, qui a changé d'adresse depuis? Peut-être que des
informations qui arrivent chez le directeur général du
financement des partis politiques vont être bien intéressantes
pour le DGE, le directeur général des élections, par
rapport à l'endroit où il se trouve. C'est cela qu'on veut lui
donner comme pouvoir, ce qu'il n'a pas actuellement, en vertu de la loi
électorale. C'est ce pourquoi, ce matin, je vous ai soumis ce
mémoire, venant du directeur général des élections
qui nous a dit carrément et clairement: "Si vous voulez mettre la chose
en application d'ici le 15 mai, j'ai besoin de tel, tel, tel, tel pouvoir."
Alors...
M. Fontaine: On s'entend pour dire qu'actuellement...
M. Burns: Et cela veut dire qu'il a accès à tous
les renseignements dont il peut avoir besoin auprès du directeur
général du financement des partis politiques.
M. Fontaine: On s'entend pour dire qu'actuellement, selon la loi
actuelle, le directeur général des élections n'aurait pas
accès à ces renseignements-là.
M. Burns: Actuellement, non.
M. Fontaine: Mais, on veut lui donner ce pouvoir-là.
M. Burns: Exactement. Par rapport au directeur
général des élections, il a actuellement accès.
C'est pour cela que je disais tout à l'heure que le débat est
complètement faussé, parce qu'il a déjà ce
pouvoir-là. Le directeur général du financement a
déjà ce pouvoir-là à l'endroit du directeur
général des élections. Et le directeur
général des élections a déjà ce
pouvoir-là à l'endroit du directeur général du
financement et des présidents locaux.
M. Fontaine: Même pour les dons de moins de $100?
M. Burns: Cela existe déjà cela. Ce qu'il n'a pas
actuellement, c'est le pouvoir de faire une entente avec toute autre personne,
parce que 123 de la Loi sur le financement des partis politiques donne
déjà le pouvoir au directeur général des
élections d'obtenir tout renseignement pertinent et nécessaire,
relativement à la mise en place de ses fonctions.
M. Lavoie: Mme le Président...
Mme Cuerrier: M. le député de Laval et leader de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: J'ai suivi ce débat, cet échange, avec
beaucoup d'intérêt. D'ailleurs, j'ai avisé le ministre
responsable de ce projet de loi et mes
collègues de l'Union Nationale et du Parti des démocrates,
que j'avais trois amendements, à l'article 1 du projet de loi, qui
couvrent justement la discussion que nous entretenons, que nous avons depuis
quelques heures.
Pour permettre d'accélérer les travaux si cela fait
l'affaire de tout le monde et si la commission est d'accord je pourrais
soumettre ces trois courts amendements en bloc. Cela couvre exactement tout le
sujet et toutes les appréhensions que nous avons actuellement. Oui, je
vais vous donner une copie.
Le premier amendement à l'article 13a se lirait comme suit.
Lorsqu'on parle des renseignements pertinents dont le directeur
général des élections a besoin pour préparer un
registre d'une liste électorale unique et permanente, je voudrais qu'on
restreigne la définition, qu'on limite "renseignements pertinents". En
somme, quels sont ces renseignements dont nous avons besoin pour
préparer un registre de liste électorale? Je dis qu'on devrait
ajouter aux mots "renseignements pertinents" les mots suivants: "les nom,
prénoms, date de naissance, sexe, adresse et citoyenneté". Je
pense que le directeur général des élections, s'il va
à la Régie de l'assurance-maladie, n'aura pas besoin du dossier
médical des citoyens québécois ou de savoir s'ils ont eu
la coqueluche ou une maladie galante. Il n'a pas besoin de ces renseignements
pour faire la liste électorale. Ce dont il a besoin pour la
préparation de la liste électorale, ce sont les nom,
prénoms, date de naissance, sexe, adresse et citoyenneté. C'est
l'objet d'un premier amendement.
Du côté de la confidentialité, j'aurais un
deuxième amendement qui serait un ajout à l'article 13a et qui se
lirait comme suit d'ailleurs, cela a fait l'objet des propos autant du
ministre que des autres députés: Le directeur
général des élections aurait le droit de conclure une
entente avec toute personne et requérir d'un ministère ou d'un
organisme mandataire du gouvernement... Mais je voudrais exclure deux
ministères où il doit y avoir une confidentialité; ce sont
les ministères de la Justice et du Revenu, sur la question des rapports
d'impôt. Je ne pense pas que le ministère du Revenu ou le
ministère de la Justice pourraient fournir quelque renseignement
pertinent que ce soit pour la confection de la liste électorale.
J'exclurais également la Sûreté du Québec; si des
gens ont eu des accidents dans leur vie privée ou autrement dans le
passé, qui auraient des dossiers, effacés ou non, je pense que le
directeur général des élections n'a pas besoin de ces
renseignements pour confectionner sa liste électorale.
L'autre organisme que j'exclurais serait le Bureau du financement des
partis politiques. C'est l'objet du deuxième amendement.
Le troisième amendement, qui fait bloc, toujours sur la question
de confidentialité, concerne la crainte que certains membres de cette
Chambre ont exprimée sur les renseignements que non seulement le
directeur général des élections pourrait obtenir, mais
également son personnel, parce qu'à l'article suivant on parle de
lui donner des effectifs. Ce n'est pas le directeur général des
élections lui-même qui va aller obtenir des renseignements
à la Régie de l'assurance-maladie ou dans différents
ministères ou au Bureau des véhicules automobiles. J'ajouterais
à l'article 13a un autre amendement qui couvre le troisième
point, qui se lirait comme suit: Le directeur général des
élections et son personnel sont tenus de prêter le serment de
confidentialité qui apparaît en annexe quant aux renseignements
qui pourraient leur être communiqués par les différents
organismes, lesquels renseignements qui ne seraient pas pertinents à la
préparation du registre. Si les fonctionnaires du directeur
général des élections vont à la Régie de
l'assurance-maladie et qu'on leur donne accès aux dossiers
médicaux ou à des renseignements tout à fait personnels
sur des citoyens du Québec, au moins ils seront tenus de prêter un
serment de confidentialité pour ne pas dévoiler les
renseignements qui ne sont pas pertinents à la loi, mais uniquement les
nom, prénoms, date de naissance, sexe, adresse et citoyenneté.
(22 heures)
C'est pour cela qu'en vue d'accélérer les travaux de cette
commission, je pense bien que si le ministre était prêt à
agréer ces amendements, cela diminuerait énormément les
dommages. En ce qui nous concerne, nous de l'Opposition libérale, cela
pourrait nous satisfaire.
M. Fontaine: Mme la Présidente, juste un mot...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre. M. Fontaine:
J'ai déjà...
M. Burns: Oui, d'accord, M. le député de
Nicolet-Yamaska.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le
député.
M. Fontaine: J'ai déjà eu l'occasion de prendre
connaissance des amendements proposés par le député de
Laval et je voudrais dire que pour nous, de l'Union Nationale, je pense qu'ils
pourraient nous satisfaire. S'ils étaient acceptés par le
ministre, nous serions probablement disposés à voter
favorablement en troisième lecture sur ce projet de loi. S'ils
étaient acceptés tels quels.
M. Burns: On va commencer par les choses les plus faciles. Je
vais vous dire ce que je serais prêt, Mme le Président, à
accepter. Le troisième amendement on va commencer par la fin
qui a été présenté par le
député de Laval, leader de l'Opposition officielle, se lit comme
suit: "Que l'article 13a soit modifié en ajoutant à la fin
l'alinéa suivant: Le directeur général des
élections et son personnel sont tenus de prêter le serment de
confidentialité qui apparaît en annexe quant aux renseignements
qui pourraient leur être communiqués et qui ne seraient pas
pertinents à la
préparation du registre". Je vous dis tout de suite:
Accepté, sans aucune difficulté. Il m'apparaît comme
quelque chose de tout à fait normal. D'ailleurs, le directeur
général a déjà ce serment, mais vous le
précisez quant au registre. C'est une précaution additionnelle.
En tout cas, je n'ai jamais eu de crainte de ce côté. Vous
l'ajoutez surtout quant à son personnel et je n'ai aucune espèce
d'objection. En ce qui me concerne, si mes collègues de
l'Assemblée nationale sont également d'accord, je serais
prêt à accepter ce troisième amendement que je viens de
lire et qui a été proposé par le leader parlementaire de
l'Opposition.
Le Président (Mme Cuerrier): Permettez que je le relise
pour être bien sûre. Il me manquait un mot de ce que vous dites.
"Le directeur général des élections et son personnel sont
tenus de prêter le serment de confidentialité quant aux
renseignements qui pourraient leur être...
M. Burns: Qui apparaît en annexe.
Le Président (Mme Cuerrier): "... qui apparaît en
annexe..." Est-ce que c'est bien cela?
M. Lavoie: J'ai l'annexe.
Le Président (Mme Cuerrier): Un instant, voulez-vous? Je
vais terminer et vous me direz si c'était cela que vous proposiez.
M. Burns: Je présume que ce sera un serment de
confidentialité comme celui qu'on connaît déjà dans
d'autres domaines et on pourra, d'ici l'adoption en troisième lecture,
peut-être s'entendre pour soumettre cette formule-là.
M. Lavoie: II y en a dans la loi no 2 du financement des partis
politiques...
M. Burns: II y en a un déjà dans la loi. C'est
cela, exactement.
M. Lavoie: ... qui est très court: "Je jure (ou
déclare solennellement) de plus que je ne révélerai et ne
ferai connaître, sans y être dûment autorisé, quoi que
ce soit dont j'aurai eu connaissance dans l'exercice de ma charge".
M. Burns: II y a déjà une formule qui, à mon
avis, est bien connue et je pense qu'on n'aura pas de difficulté,
à partir du moment où le principe comme tel est accepté.
D'accord, Madame?
Le Président (Mme Cuerrier): Je le relis de nouveau, s'il
vous plaît, pour que ce soit très clair. "Le directeur
général des élections et son personnel sont tenus de
prêter le serment de confidentialité qui apparaît en annexe
quant aux renseignements qui pourraient leur être communiqués et
qui ne seraient pas pertinents à la préparation du registre".
Voilà pour votre amendement, M. le député de Laval.
M. Burns: Quant à nous du côté
ministériel, j'ai jeté un coup d'oeil du côté de mes
collègues et il semble que ce serait acceptable.
Des Voix: Oui. On n'en parlera pas trop longtemps.
M. Burns: Ce serait accepté.
M. Bertrand: Le député de Portneuf est-il d'accord
avec cela?
M. Burns: Le deuxième amendement que le
député de Laval, leader de l'Opposition nous a soumis, je vous
avoue qu'il me pose un problème à deux égards. Je n'ai pas
besoin d'argumenter à nouveau pour tout l'aspect relatif au directeur
général du financement des partis politiques. Personnellement, je
ne serais pas prêt à accepter que par le biais de cet amendement,
nous enlevions la possibilité de communication qui existe
déjà entre le directeur général des
élections et le directeur général du financement des
partis politiques.
Je n'ai pas besoin de refaire l'argumentation que j'ai faite à
l'endroit des députés de Saint-Louis, de Laval, de Pointe-Claire
et de Nicolet-Yamaska.
Il y a une autre question que je me pose. Qu'on le sache ou non,
actuellement, les détenus ont droit de vote au Québec, lorsqu'ils
sont dans des prisons sous juridiction québécoise. En pratique,
cela n'a jamais été appliqué, mais cela a toujours
existé contrairement à ce que beaucoup de gens ne savent pas.
Nous avons la ferme intention de permettre aux détenus de voter aux
élections ou aux consultations populaires de sorte que...
M. Lavoie: Communément appelés
référendums.
M. Burns: Communément appelés
référendums ou élections générales. Je ne
veux pas discourir longtemps là-dessus, mais je pourrais vous citer des
cas absolument incroyables de détenus qui n'étaient plus
détenus, qui étaient en liberté conditionnelle et qui
étaient dans des "half way house", des maisons de recyclage ou de
transition et qui, lors de la dernière élection, n'ont pas
été capables de voter pour la simple raison qu'ils étaient
considérés comme détenus, alors qu'ils sortaient le matin
pour travailler, qu'ils revenaient le soir et qu'ils allaient coucher dans la
maison de transition en question.
Nous avons l'intention de nous entendre avec le ministère de la
Justice pour mettre en application ce droit de vote. Comment cela
arrivera-t-il? Je ne le sais pas, je n'ai pas encore le détail
précis, mais je vous avoue qu'en acceptant l'amendement concernant la
partie qui détermine les renseignements qui ne devraient pas être
donnés de la part du ministère de la Justice, à ce
moment-là, on vient juste de se bloquer par rapport aux direc-
teurs de prison du Québec. Dans ce sens-là, je pense que
ce ne serait pas sage.
Quant au ministère du Revenu, je n'ai aucune espèce
d'objection à l'accepter, quant à la Sûreté du
Québec non plus.
M. Lavoie: Si vous êtes prêt à accepter
l'autre amendement en ce qui concerne les renseignements pertinents
limités aux nom, prénoms, date de naissance, sexe, adresse et
citoyenneté, je suis prêt à retrancher le ministère
de la Justice.
M. Burns: Je vais en venir à...
M. Lavoie: Pour plaider cela, c'est le mot à mot de la
loi, du contenu ou d'une clause, d'un article de la loi 84 qui est
présentement à l'étude devant cette Assemblée, au
feuilleton, Loi modifiant la Loi de l'assurance-maladie et d'autres
dispositions législatives où, à l'article 39, on autorise
la Régie de l'assurance-maladie... "peut aussi, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil et selon les conditions qu'il
détermine, divulguer à un ministre ou à un organisme du
gouvernement du Québec, à un établissement ou une personne
dont la nomination relève de l'Assemblée nationale, les nom,
prénom, date de naissance, sexe et adresse". D'ailleurs, cet article est
mentionné dans le rapport, dans le mémo...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, je viens
d'arriver... Vous ajoutez "et citoyenneté".
M. Lavoie: J'ajoute "citoyenneté" parce que je pense que
c'est un élément important dans les éléments utiles
à la préparation de la liste électorale. Je disais que cet
article qui est dans la loi 84... le directeur général des
élections, dans le mémo qu'il nous a fait parvenir, se
réfère justement à l'article 84 et je crois que ce sont
des renseignements vraiment et uniquement pertinents à la
préparation d'une liste électorale unique et permanente.
M. Burns: Si vous voulez, je vais vous faire une
contre-proposition. Comme on dit dans un film bien connu, je vais vous faire
une offre que vous ne pouvez pas refuser. Malheureusement, je ne peux pas le
dire en italien.
Déjà, dans la Loi électorale, on parle de
l'occupation. J'ajouterais à la liste que vous avez mentionné,
"l'occupation". Déjà, nous avons parlé d'un mode
d'identification qui s'appelle le numéro d'assurance-maladie. Je vous
suggérerais d'ajouter "le numéro d'assurance-maladie". Dans ces
termes, je serais d'accord avec votre amendement.
M. Lavoie: J'accepte la contre-proposition.
Le Président (M. Cardinal): Dans ce cas, pourrais-je
relire l'amendement amendé: Que le deuxième alinéa de
l'article 13a soit modifié en ajoutant après les mots, à
savoir, "les nom, prénoms, occupation"... (22 h 10)
M. Lavoie: Une question technique, peut-être...
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Lavoie: ... mais je préférerais que le ministre
procède par sous-amendements...
Le Président: ... oui, des sous-amendements. M. Lavoie:
... et je ne voudrais pas que...
M. Burns: Voulez-vous attendre un instant. Il est possible que
j'aie un autre élément de sous-amendement, parce que le directeur
général des élections me signale un problème que je
n'ai pas touché dans ma suggestion.
Un petit détail à caractère purement technique que
me signale Me Côté. Dans le cas des femmes, pour pouvoir vraiment
être certains de les retrouver d'ailleurs à cette heure-ci
on veut tous les retrouver, j'imagine, on a tous hâte
M. Lavoie: On veut en retrouver une.
M. Burns: Quand je dis "les" je ne parle pas de plusieurs femmes
pour chacun, je parle d'une femme pour chacun. Dans le cas des femmes, le
directeur général des élections me suggère de
mentionner les noms du mari et le nom patronymique; c'est de cette façon
qu'il est possible de faire le croisement pour retracer les personnes. Ce sont
deux informations qui, mises ensemble, empêchent parce que dans le
fond le but de cette loi, c'est d'éviter éventuellement le plus
possible toute fraude électorale
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. Burns: Vous
êtes d'accord là-dessus?
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, est-ce que je
pourrais avoir un texte, parce que là, quand même...
M. Burns: Oui. Alors, M. le Président, on pourrait
peut-être suspendre les travaux pendant quelques secondes pour que nous
puissions nous entendre sur la rédaction...
Le Président (M. Cardinal): Bon, je vais suspendre les
travaux de cette commission pour deux minutes et j'attends un texte que nous
pourrons adopter.
M. Burns: D'accord, parce que faire du texte comme cela, c'est un
peu difficile.
Le Président (M. Cardinal): Oui, oui, sur le coin de la
table... Alors, la séance est suspendue pour deux minutes.
Suspension de la séance à 22 h 13
Reprise de la séance à 22 h 37
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, messieurs!
Nous reprenons les travaux de cette commission plénière.
Je rappellerai, pour fins de compréhension, que nous avons
déjà adopté un amendement; au moment de la suspension,
nous en étions à un sous-amendement. Il s'agit de l'article 13a
qui est compris dans l'article 1 du projet de loi. Il y a déjà un
amendement et un sous-amendement. Je lis le tout. Que le deuxième
alinéa de l'article 13a soit modifié en ajoutant à la fin
les mots "à savoir les nom, prénoms, date de naissance, sexe,
adresse et citoyenneté". C'était la motion d'amendement.
M. Burns: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Maintenant, la motion de
sous-amendement.
M. Burns: A la suite d'une consultation que nous venons d'avoir,
qui semble répondre aux vues de l'Opposition, je proposerais en
sous-amendement, tout en acceptant l'amendement proposé par le leader
parlementaire de l'Opposition, que la motion en discussion soit
sous-amendée en ajoutant après le mot "nom" les mots "le cas
échéant le nom du mari, le nom patronymique" et après le
mot "prénoms" les mots "occupation et numéro
d'assurance-maladie".
Le Président (M. Cardinal): Messieurs, je pose la
question: Est-ce que le sous-amendement sera adopté?
M. Blank: Accepté sur division.
Le Président (M. Cardinal): Accepté sur
division.
M. Blank: Parce qu'au sujet du numéro d'assurance-maladie
on n'est pas convaincu que c'est absolument nécessaire.
Le Président (M. Cardinal): Alors, le sous-amendement est
adopté sur division.
M. Blank: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): A ce moment-là, j'en
viens à l'amendement sous-amendé, ce qui forme un tout.
Adopté?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): A l'unanimité?
M. Burns: Adopté.
M. Fontaine: Sur division.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda. Adopté sur division. Donc, l'arti- cle 13a, qui fait
partie de l'article 1 du projet de loi no 123, est adopté tel
qu'amendé sur division. C'est clair? Un instant, s'il vous
plaît.
M. Burns: Quant à l'autre amendement, M. le
Président...
Le Président (M. Cardinal): Juste une seconde, s'il vous
plaît, parce qu'il y a des procédures.
M. Burns: Sûrement.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader.. Pardon, M. le
ministre d'Etat.
M. Burns: II n'y a plus personne qui sait comment je m'appelle,
M. le Président!
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat à
la réforme parlementaire et électorale. (22 h 40)
M. Burns: Merci beaucoup, vous êtes bien gentil. Quant
à l'autre amendement qui avait été proposé par le
leader parlementaire de l'Opposition. A la suite de l'examen d'un certain
nombre de possibilités, nous en sommes arrivés à la
proposition suivante que je fais comme sous-amendement: "Que l'article 13a soit
modifié en ajoutant, à la fin, l'alinéa suivant: "Le
directeur général des élections ne peut cependant
requérir de tels renseignements auprès du ministère du
Revenu, de la Sûreté du Québec, ni du ministère de
la Justice, sauf dans ce dernier cas pour ce qui permet d'assurer le droit des
détenus. "
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre d'Etat, c'est
un amendement.
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que...
M. Burns: Si on accepte de retirer l'amendement qui
existait...
M. Lavoie: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Cela devient un
amendement.
M. Blank: On est plus d'accord avec cet amendement du
député de Maisonneuve.
M. Burns: D'accord, cela devient un amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): C'est ce que je viens de
dire.
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Le premier amendement
étant retiré, il n'existe plus. Nous avons un nouvel amendement.
Je demande s'il est adopté.
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté.
M. Samson: M. le Président, est-ce qu'on pourrait en avoir
une copie, s'il vous plaît?
Le Président (M. Cardinal): II y a des copies, oui.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que vous pourriez
lire l'amendement tel que proposé?
Le Président (M. Cardinal): Vous voulez que je le relise?
Bon. L'amendement se lit comme suit: II s'agit de l'article 13a de l'article 1
du projet de loi 123: "Le directeur général des élections
ne peut cependant requérir de tels renseignements auprès du
ministère du Revenu, de la Sûreté du Québec, ni du
ministère de la Justice, sauf dans ce dernier cas pour ce qui permet
d'assurer le droit de vote des détenus."
M. Burns: C'est cela.
M. Fontaine: ... directeur général...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: On ne parle plus du directeur général
du financement des partis.
Le Président (M. Cardinal): C'est le directeur
général des élections. Notre loi porte sur le directeur
général des élections.
M. Burns: Exactement, M. le Président.
M. Fontaine: C'est parce que l'amendement qui était
proposé par le député de Laval disait: "Nonobstant
l'article 123 de la Loi régissant le financement des partis
politiques...
Le Président (M. Cardinal): Je regrette, c'est que...
M. Burns: Excusez-moi, M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Je vous en prie, M. le
ministre d'Etat.
M. Burns: ... si vous permettez. A l'endroit du
député de Nicolet-Yamaska, c'est que le fait que nous ayons,
à toutes fins utiles, accepté que tout ce qui concernait le
directeur général du financement des partis politiques soit exclu
du projet de loi, à ce moment-là la référence
à l'article 123 devient absolument inutile.
Le Président (M. Cardinal): Ce n'est non seulement cela,
M. le ministre d'Etat. Je ne suis pas sûr, comme président, que
j'accepterais qu'à l'occasion d'une loi on en amende une autre.
M. Blank: Ce n'est pas un amendement à...
Le Président (M. Cardinal): A moins que ce ne soit...
M. Blank: Ce n'est pas un amendement, à un autre,
c'était "nonobstant".
Le Président (M. Cardinal): C'est cela. Messieurs, je
reviens à l'article 1. Nous avons amendé l'article 13a...
l'article 13b. Puis-je savoir si l'article 1 est adopté, tel
qu'amendé?
M. Burns: Adopté.
M. Fontaine: Sur division.
Le Président (M. Cardinal): Adopté sur division.
Merci, messieurs. Nous en sommes à l'article 2, qui se lit comme
suit...
M. Burns: Non, pardon, M. le Président. Nous sommes
à l'élément 13b de l'article 1.
Le Président (M. Cardinal): Ecoutez, j'ai demandé
si l'article 1 était adopté?
M. Burns: Non, je pense qu'on n'a pas discuté...
Le Président (M. Cardinal): Alors, à l'article 13b,
vous savez qu'il y a un amendement qui a été fait proprio motu
par la présidence.
M. Burns: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): On a ajouté "qu"; alors
l'article 13b.
M. Burns: Adopté. M. Fontaine: Adopté. M.
Blank: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Merci. Article
13c.
M. Blank: J'aurais quelques mots à dire.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: A l'article 13c, on trouve que le côté
pratique, c'est le moyen d'engager des gens sur une base temporaire et,
automatiquement, au 1er août 1979, ils ont leur permanence sans passer
par les règlements de la fonction publique. Nous trouvons, de ce
côté-ci, du moins le Parti libéral, que c'est...
M. Springate: Une manière de contourner la loi.
M. Blank: ... comme le député de Westmount
me dit une manière de contourner la Loi de la fonction publique.
On peut engager des gens, il n'y a aucune limite au nombre de gens,
des hommes et des femmes, pour travailler pour le directeur
général afin de confectionner la liste permanente et,
automatiquement, sans subir d'examen, sans peut-être avoir la base
nécessaire pour devenir fonctionnaire, on sera fonctionnaire
permanent.
Je trouve qu'une disposition semblable est très dangereuse. Cela
cause aussi un préjudice à tous ces gens qui veulent entrer dans
la fonction publique, qui doivent satisfaire à certaines normes et qui
doivent avoir une certaine éducation, une certaine formation pour
être membre de la fonction publique, et aussi à la liberté
de discrétion du directeur général en qui j'ai beaucoup
confiance. Mais, comme membres de l'Opposition, on doit protéger les
droits de tous les citoyens afin qu'ils aient une chance égale s'ils
veulent entrer dans la fonction publique. Ici, dans cet article, on donne le
droit au directeur général d'engager des gens jusqu'à un
nombre illimité. Automatiquement, suivant l'article 13c, ils deviennent
fonctionnaires permanents du gouvernement sans passer par les normes de la
fonction publique.
Je propose un amendement pour que l'article 13c soit modifié en
supprimant, dans les deuxième et troisième lignes, les mots:
"Jusqu'au 1er août 1979" et en remplaçant tous les mots
après le mot "élections", à la quatrième ligne, par
les mots "conformément à la Loi de la fonction publique." Si
l'amendement est accepté, l'article se lirait comme suit: "Le personnel
requis par le directeur général des élections pour
l'exercice des fonctions est nommé et rémunéré
selon les normes, effectifs et barèmes établis par le directeur
général des élections, conformément à la Loi
de la fonction publique."
Le Président (M. Cardinal): Je vous demande une copie de
l'amendement.
M. Blank: Cela veut dire que...
Le Président (M. Cardinal): Sans suspendre les travaux,
est-ce qu'on peut prendre le temps de faire des photocopies? Je peux le relire
si vous voulez.
M. Burns: Oui, M. le Président, je comprends à peu
près le sens de l'amendement, mais je préférerais quand
même en avoir une copie sous les yeux si c'était possible.
Le Président (M. Cardinal): Vous allez en avoir une
copie.
M. Blank: Oui, je vous envoie une copie.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: L'amendement est très clair et cela veut dire
tout simplement que tout le personnel dont le directeur général a
besoin pour composer sa liste permanente sera engagé par le moyen de la
fonction publique, comme tous les autres employés qui entrent au
gouvernement provincial, comme tout autre fonctionnaire qui travaille pour le
gouvernement, qui doit subir des examens et qui doit satisfaire à
certaines normes et à certains barèmes pour la fonction qu'il
occupera. Avant, on appelait cela le patronage, mais maintenant je n'appelle
pas cela du patronage; j'appelle cela un moyen détourné pour
entrer à la fonction publique. C'est l'objection que nous, du Parti
libéral, avons sur cet article.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Louis, avant que nous continuions, pour éviter un débat de
procédure, en vertu de l'article 70 du règlement, la technique
d'amendement est parfaite. Sur le fond, je ne peux pas me prononcer. Je
pourrais avoir des doutes, à savoir si cela retourne l'article à
l'envers ou non, mais je laisserai, sur ce sujet, M. le ministre d'Etat se
prononcer.
M. Burns: Là-dessus, M. le Président, je ne ferai
pas de chicane relativement à la recevabilité de l'amendement.
C'est évident, d'ailleurs le député de Saint-Louis est
probablement un de ceux qui est le plus conscient de cela, c'est que, depuis
que le gouvernement actuel est au pouvoir, tout le monde veut entrer dans la
fonction publique et c'est normal qu'à un moment donné, il y ait
une poussée absolument extraordinaire, parce que tout le monde veut
participer à ce gouvernement d'avant-garde, à ce gouvernement qui
veut changer des choses, à ce gouvernement qui a des possibilités
nouvelles et surtout à ce gouvernement qui offre...
Une Voix: C'est parce qu'il n'y a pas de jobs ailleurs!
M. Burns: ... des horizons nouveaux. Evidemment, qu'il y ait
vraiment une circulation très difficile aux portes de l'entrée de
la fonction publique, c'est compréhensible et cela ne veut pas dire que
c'est du patronage, loin de là.
M. Samson: Arrêtez de vous vanter et dites vos
péchés.
M. Burns: On me dit d'arrêter de me vanter et de dire mes
péchés. Je n'ai pas de péché, je pense que le
gouvernement actuel, surtout sur ce point, n'a pas de péché
à confesser. Je pense...
M. Blank: On veut vous prévenir, on ne veut pas que vous
tombiez dans les mêmes défauts que ceux des autres
gouvernements.
M. Burns: Dans les mêmes défauts que vous avez
vécus vous-même. Revenons au sérieux...
M. Blank: C'est nous qui avons commencé à la
commission de la fonction publique.
M. Burns: On se taquine actuellement... (22 h 50)
Le Président (M. Cardinal): Revenons à la
pertinence de la motion d'amendement.
M. Burns: A la pertinence, vous avez bien raison, M. le
Président. Alors, je dis tout simplement ceci. Il s'agit de comprendre
le sens de ce troisième article du projet de loi, c'est-à-dire de
l'article 13c et je ne dis pas que le député de Saint-Louis ne
comprend pas le sens de cet article. Je pense qu'il le comprend très
bien. Le problème est le suivant: Si nous donnons au directeur
général des élections le mandat de faire ce qu'on lui a
imposé par l'article 13a et l'article 13b, à ce moment-là,
il a besoin de personnel. Il ne peut pas du jour au lendemain se retrouver tout
à coup avec tout le personnel qu'il lui faut pour mettre en application
les dispositions nouvelles que nous lui imposons et dont nous lui donnons
mandat.
Devant cette situation il ne faut pas se le cacher le
système actuel de la fonction publique ou d'engagement dans la fonction
publique prend un certain temps. Je pense que le directeur
général des élections, dans la situation actuelle, n'a pas
la possibilité d'attendre s'il veut respecter un certain
échéancier. C'est un peu dans ce sens-là que nous
apportons dans le projet de loi l'article 13c. Dans le fond, pourquoi
fixons-nous la date au 1er août 1979? C'est justement pour que le
directeur général des élections n'abuse pas de
l'utilisation de cette disposition. On lui fixe même je pense que
c'est lui-même qui nous a suggéré qu'il se fixe une
date au-delà de laquelle les dispositions ne s'appliqueraient plus. Mais
en attendant, il aurait quand même la possibilité de pouvoir
embaucher des gens pour les fins spécifiques de la mise en application
du projet de loi.
J'ai à soumettre actuellement à nos collègues, nos
amis d'en face, un autre exemple de loi qui a été adoptée
récemment, c'est-à-dire qui a été
sanctionnée le 26 août 1977, mais elle a été
adoptée un petit peu avant: c'est la Loi constituant la Régie de
l'assurance automobile du Québec où on a pris exactement les
mêmes dispositions, où on a mis en application cette espèce
de moteur ou, si vous voulez, ce "prémoteur" d'une mise en application
de quelque chose de tout à fait nouveau. Quand on parle de registre
d'électeurs, je pense bien qu'on parle de quelque chose de tout à
fait nouveau.
Dans le cas de la Régie de l'assurance automobile, avant la Loi
de l'assurance automobile, on avait prévu exactement la même
chose. Je pense que le processus a été absolument identique.
L'article 24 de cette loi se lisait comme suit, soit dit en passant:
"Nonobstant l'article 12, la régie peut, jusqu'au 1er mars 1978, nommer
et rémunérer le secrétaire ainsi que d'autres
fonctionnaires et employés de la régie d'après les
effectifs, normes et barèmes établis par règlement de la
régie approuvé par le gouvernement". C'est exactement le
même style. Ce n'est peut-être pas la même rédaction,
mais cela veut dire exactement la même chose.
S'ils sont encore en fonction à cette date, la Loi de la fonction
publique, là, devient alors applicable sans autre formalité.
Là-dessus, c'est exactement, au point de vue texte et au point de vue
esprit, à peu près la même chose.
La dernière partie est tout à fait conforme à la
fin de l'article 13c. Vous parlez de la loi sur la régie?
M. Blank: Oui.
M. Burns: Oui. La dernière partie du...
M. Blank: Le dernier paragraphe...
M. Burns: S'ils sont encore en fonction à cette date,
c'est-à-dire le 1er mars 1978, la Loi de la fonction publique leur
devient alors applicable sans autre formalité.
M. Blank: Pourquoi...
M. Burns: C'est exactement ce que dit...
M. Blank: Non, ce n'est pas cela exactement; c'est le contraire
ici qui dit que la Loi de la fonction...
M. Burns: Non, si la Loi de la fonction publique...
M. Blank: N'est pas applicable.
M. Burns: ... n'est pas alors applicable à un membre de ce
personnel...
M. Blank: Dans la vôtre, c'est applicable.
M. Burns: ... elle lui devient applicable sans autre
formalité.
M. Blank: Mais je veux seulement dire que...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Louis.
M. Burns: C'est la façon de le dire, mais cela veut dire
exactement la même chose, du moins, c'est mon impression.
M. Blank: D'accord, mais je veux dire que la marque de commerce
de ce gouvernement est peut-être de faire entrer des gens au gouvernement
sans passer par la fonction publique. Deux lois dans la même
année...
M. Burns: Là-dessus, je ne veux pas déclencher un
débat, mais il reste quand même une chose que vous allez
être obligé d'admettre. Lorsque vous arrivez dans du neuf comme
cela, lorsque vous mettez en branle une loi de l'assurance automobile, que vous
établissez, avant l'application de la loi de l'assurance automobile, une
régie qui doit voir à sa mise en application, il est bien
évident que vous travaillez dans du neuf. Vous arrivez et vous n'avez
personne en place.
Donc, vous êtes obligé, à ce moment-là,
d'utiliser des méthodes qui, possiblement, peuvent être
contestables. Je l'admets. Cela a l'air contes-
table. On peut peut-être dire, comme le disait le
député de Saint-Louis tout à l'heure, qu'on fait du
patronage. Mais si on fait du patronage, à ce moment-là, ce ne
sera pas long qu'on va s'apercevoir qu'on fait du patronage, surtout dans les
nouveaux domaines et le domaine du registre électoral en est un,
le domaine de la régie de l'assurance automobile en est un autre
on ne peut pas, comme gouvernement responsable, prendre des risques tels que
d'imposer des gens dont on ne connaît pas la compétence uniquement
parce qu'ils sont des amis du gouvernement.
Je dis cela très sérieusement. Je pense que c'est un des
principes les plus fondamentaux d'un gouvernement responsable. Je pense qu'un
gouvernement qui veut se faire respecter par la population, se doit, même
avec le pouvoir qui est donné et actuellement, ce n'est pas au
gouvernement qu'il est donné et dans le cas de la régie de
l'assurance automobile, ce n'était pas au gouvernement qu'il
était donné, c'était à la régie de
l'assurance automobile, dans le cas présent, ce n'est pas au
gouvernement, c'est au directeur général des élections. Je
suis convaincu que le directeur général des élections veut
que cette chose fonctionne. Le Conseil des ministres lui a donné un
mandat. Je suis convaincu qu'il veut que cela fonctionne. Voulant que cela
fonctionne, comment voulez-vous que le patronage se mette à
fonctionner?
Le patronage, comme on l'entend généralement,
c'est-à-dire des gens qu'on nomme parce que ce sont des amis du parti...
Je souhaite personnellement et le directeur général des
élections est à mes côtés actuellement que
même s'il y avait des amis du parti au pouvoir qui demandaient
d'être là et qui n'avaient pas les qualités pour remplir
les fonctions, je souhaite que le directeur général des
élections leur dise: Je m'excuse. Vous n'avez pas les qualités
pour remplir la fonction. Je trouve cela particulièrement important.
M. Fontaine: II doit y en avoir assez pour en trouver des
compétents.
M. Burns: Connaissant le directeur général des
élections, je suis absolument certain que vous n'aurez pas de
problème à lui soumettre et à relever par la suite,
relativement à ce type de problèmes. Je ne pourrai donc pas, M.
le Président, voter pour la motion qui est proposée par le
député de Saint-Louis. J'espère que l'ensemble de
l'Assemblée nationale se joindra à mes propos qui en tout
cas, je l'espère ne paraissent pas partisans, mais très
pratiques.
Dès le début d'une opération comme celle qui est
prévue par le projet de loi no 123 qui amende la Loi électorale,
il est essentiel que le grand patron, en l'occurrence le directeur
général des élections, ait une possibilité de
fonctionner sans être obligé d'attendre tous les délais qui
viennent par les concours, par les mises en admissibilité, tout ce que
vous voulez, relativement à la nomination de quelqu'un dans la fonction
publique. Je ne fais pas une critique à l'endroit de la Commission de la
fonction publique en disant cela. Je dis tout simplement qu'il s'agit de
fonctionner rapidement et pour fonctionner rapidement, il faut que l'article
13c soit accepté dans le projet de loi no 123. Je souhaite, en tout cas,
que l'ensemble de l'Assemblée nationale accepte cette position et
j'espère aussi qu'on croira que ce n'est sûrement pas le directeur
général des élections qui est nommé par
l'Assemblée nationale et en l'occurrence je le
répète, parce que c'est important le directeur
général actuel nommé à l'unanimité par
l'Assemblée nationale, je ne pense pas que ce soit lui qui se mette
à faire du patronage. S'il y a des inquiétudes de l'autre
côté de la Chambre, je pense que, vraiment, il y a de la
paranoïa qui circule quelque part. (23 heures)
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce, pardon de Rouyn-Noranda sur la motion d'amendement.
M. Samson: M. le Président, il ne faut pas perdre le nord;
Rouyn-Noranda est dans le nord; Beauce est dans le sud.
L'article 13c, M. le Président, quant à moi, ne me
dérange pas trop, sauf que je voudrais avoir une précision de la
part du ministre. Mme le Président, je m'excuse, si on peut donner une
chance au ministre de nous écouter un peu. Je voudrais des
précisions de la part du ministre quant à l'article 13c, si M. le
ministre peut jeter un coup d'oeil de mon côté, Mme le
Président.
M. Burns: Pardon.
M. Samson: La formulation de l'article 13c ne me dérange
pas tellement, sauf que je voudrais avoir une précision. Quand vous
dites: "Le personnel requis par le directeur général des
élections pour l'exercice de ses fonctions est, jusqu'au 1er août
1979, nommé et rémunéré selon les normes, effectifs
et barèmes établis par le directeur général des
élections et approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil",
est-ce que c'est la nomination du fonctionnaire en question, sa
rémunération, les effectifs et barèmes qui sont
approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil ou si seulement la
rémunération, les normes, les effectifs et barèmes qui
sont approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil et que le
directeur général des élections a toute latitude pour
faire lui-même les nominations? Si je comprends bien, ce ne sont pas les
nominations qui sont approuvées, mais les normes et ces
choses-là.
M. Burns: Je pense que c'est une très bonne question et,
d'ailleurs, je remercie le député de Rouyn-Noranda de m'avoir
posé cette question parce que cela me permet de clarifier quelque
chose.
Je pense qu'une pure et simple exégèse du texte de
l'article 13c ou une interprétation la plus facile nous dit que c'est le
personnel qui est nommé par le directeur général des
élections,
mais que, par la suite, tout ce qui concerne les normes, les effectifs
et le barème établis par le directeur, cela doit être
approuvé par le directeur général, non pas la nomination.
Je tiens à dire que ce n'est pas dans l'intention du gouvernement de
dire au directeur général: Vous allez embaucher M. Untel, Mme
Unetelle, Mlle Unetelle, etc. Ce qui est important pour le Conseil
exécutif, pour le cabinet, c'est de savoir jusqu'à quel point,
à un moment donné il faudra soit laisser aller le budget du
directeur général des élections tel qu'il existe ou encore
l'augmenter par l'entremise d'un budget supplémentaire.
C'est pour cela que, par précaution d'ailleurs, vous avez
peut-être remarqué que j'ai été superprudent lorsque
j'ai présenté le projet de loi en deuxième lecture
j'ai utilisé la formule traditionnelle, alors que ce n'était pas
considéré, comme tel, comme un projet de loi qui requérait
la recommandation du lieutenant-gouverneur en conseil. Je l'ai fait parce que
je me suis dit: II est possible qu'en vertu de l'article 13c on doive, à
un moment donné, donner au directeur général des
élections des crédits additionnels relativement à cela.
Par précaution, j'ai fait la recommandation habituelle, sacro-sainte,
disant que le lieutenant-gouverneur a pris connaissance du projet de loi et en
recommande l'adoption à l'Assemblée nationale.
Je vous assure qu'en ce qui nous concerne, du côté du
gouvernement, ce n'est pas la nomination qui doit être
entérinée par le lieutenant-gouverneur en conseil, mais
plutôt les coûts et, comme on le dit "les normes, effectifs et
barèmes établis par le directeur".
Je pense, ou du moins je l'espère, que cela répond
à votre question. Le directeur général a pleine et
entière discrétion quant à la nomination du personnel en
question, du moins de la façon dont je lis le texte à l'article
13c et je vous dis que c'est l'intention du gouvernement de lui laisser cette
discrétion totale.
M. Samson: Cela répond à ma question quant à
l'interprétation à donner à l'article 13c. Les
inquiétudes que j'avais, c'était justement que peut-être ce
texte pouvait porter à interprétation. L'interprétation
qu'on vient de me donner est claire, quant à moi, les nominations de
personnel sont faites par le directeur général des
élections et sans que cela n'ait à être approuvé par
le lieutenant-gouverneur en conseil. Ce qui sera approuvé par le
lieutenant-gouverneur en conseil, ce seront les rémunérations,
les normes, les effectifs et les barèmes qui seront d'abord
établis par le directeur général des élections.
Dans ce sens-là, Mme la Présidente, quant à moi,
l'article me va tel qu'il est.
M. Fontaine: Mme la Présidente!
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aurais une seule question à poser.
J'aimerais bien savoir si le ministre ou le directeur général des
élections a évalué combien de personnes on devrait
employer pour faire ce travail?
M. Burns: Le directeur général des élections
m'informe à ce moment-ci que cela demeure assez difficile de mettre un
chiffre précis. Il ne faudrait pas nous en tenir rigueur si on vous
donne un chiffre ce soir et que, dans deux ou trois mois, on s'aperçoit
que la tâche est encore plus lourde et qu'on a besoin d'encore plus de
personnel. Me Côté me dit qu'actuellement, c'est un minimum de 40
personnes et cela pourrait aller jusqu'à 60 personnes. Est-ce que cela
devra être ajusté ou pas en cours de route? On l'ignore.
Là-dessus, si jamais le député de Nicolet-Yamaska a
l'intention de suivre le dossier de près, il pourra toujours me poser la
question à l'Assemblée nationale. Si je n'ai pas la
réponse, je m'informerai auprès du directeur
général des élections qui me donnera le relevé
quotidien de l'évolution de cette situation.
Actuellement, on peut dire que c'est de 40 à 60 personnes de
plus. Evidemment, cela paraît énorme, mais cela veut dire aussi
beaucoup de personnel de bureau. Vous n'avez pas besoin d'y penser longtemps
pour savoir qu'il faudra nécessairement beaucoup de personnel de soutien
dans ce domaine. Il y aura aussi nécessairement des professionnels, qui
devront arriver comme soutien important, très direct et très
proche du directeur général des élections.
Au moment où l'on se parle, je pense que, sauf erreur, c'est
à peu près ce que l'on peut évaluer, c'est-à-dire
40 à 60 personnes de plus.
M. Springate: Mme la Présidente.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Westmount.
M. Springate: On devrait dire ici que nous ne mettons pas la
compétence du directeur général des élections en
cause, ce n'est pas cela qu'on fait. On connaît son esprit
démocratique, mais le ministre vient de nous dire que peut-être 40
à 60 personnes vont avoir l'occasion de devenir des fonctionnaires
permanents, sans passer par la fonction publique.
On nous sert comme exemple le principe que cela a déjà
été voté dans cette Chambre en 1977 et que maintenant nous
allons le faire une autre fois. Je me pose de sérieuses questions.
Pourquoi sortir de ce principe que tous ceux qui travaillent pour le
gouvernement doivent passer par la fonction publique? Est-ce que le ministre
accepterait que l'on engage ces personnes qui seront nommées par le
directeur général des élections, mais que ces personnes
auront durant six mois, un an ou deux ans à passer les examens de la
fonction publique avant de devenir permanents? (23 h 10)
Autrement dit, ils sont comme les professeurs qui n'ont pas de
permanence avant deux ans. Est-ce que le directeur général des
élections ou le
ministre est prêt à accepter une telle proposition en ce
sens?
M. Burns: M. le député de Westmount, la
difficulté en est une pratique dans ce cas-là. C'est bien
sûr que c'est une exception à la règle. Je n'essaie pas de
vous dire que c'est comme ça que ça se passe normalement et je
vous dirai même que si ça se passait toujours comme ça, je
serais en total désaccord avec une telle méthode de
fonctionnement. Mais on a un cas où les délais sont vraiment
importants. C'est-à-dire que si on veut épargner $3 millions ou
$4 millions en recensement inutile au mois de septembre prochain, il faut
que... c'est d'ailleurs pour ça que la date du 15 mai est
promenée dans les airs. A ce moment-là, il faut agir vite.
Il y a eu une année où on a tout simplement pris
l'attitude de dire: On les épargne, ces $3,5 millions ou $4 millions, en
abolissant cette année-là le recensement. On s'est dit: Cela va
nous donner le temps de penser à la situation. Cette année, on en
a fait un quand même. Ce qu'on met en place, c'est quelque chose qui,
pour le Québec, dans l'avenir et à long terme, va épargner
énormément d'argent, c'est-à-dire un registre des
électeurs. On dit: Cela vaut peut-être la peine, pour
épargner des millions de dollars si vous les additionnez
année par année, ça devient de nombreux millions de
dollars ça vaut peut-être la peine d'engager, en dehors du
régime habituel de nomination de la fonction publique, quelque 40
à 60 personnes.
Ce que ça pourra coûter à l'Etat, j'ai l'impression
qu'on pourra le gagner énormément au point de vue de
l'efficacité et du rendement. C'est uniquement dans ce sens que nous
acceptons ce type d'écart par rapport à la Loi de la fonction
publique. Je pense que le directeur général des élections,
en tout cas, si j'étais à sa place, je vous dirais exactement ce
que je suis en train de vous dire, je n'accepterais pas de me faire imposer un
échéancier, si je suis obligé de passer à travers
tous les rouages de la fonction publique, comme on les connaît
actuellement. Encore une fois, sans critiquer les rouages de la fonction
publique, mais sachant que, purement et simplement, sur le plan
procédurier, ça prend un certain temps.
Il n'a pas la possibilité d'attendre un certain temps, s'il doit
respecter un échéancier. C'est dans ce sens qu'on passe à
côté. J'espère qu'on ne le fera pas souvent, mais dans des
cas d'exception comme celui-là... d'ailleurs, c'est une loi
spéciale qu'on présente, ce n'est pas une loi matraque, pour une
fois, mais c'est une loi spéciale quand même.
Dans ce sens... pardon?
M. Blank: En deux ans.
M. Burns: C'est le deuxième cas en deux ans, oui.
M. Springate: Autrement dit...
M. Springate: Est-ce que l'exception devient la règle?
M. Burns: Non. Ecoutez, deux cas de ce type en deux
années... Je vois le député de Saint-Louis qui sourit et
je vois le député de Westmount qui me fait les mêmes
sourires entendus. Je sais fort bien qu'on peut faire des farces à ce
sujet, mais dans les faits, c'est une question de pure et simple
administration.
As you would say, Mr member from Westmount and Mr member from
Saint-Louis, it is a question down to earth. C'est une question d'avoir les
deux pieds sur terre, les deux pieds dans le ciment. Vous êtes
supposé connaître ça plus que nous autres, ces
affaires-là, et c'est nous qui vous faisons ces propositions.
Le Président (Mme Cuerrier): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Mme le Président, nous reconnaissons que pour
la confection de la liste électorale permanente, cela va prendre un
certain nombre de personnes, 40 ou 60, bien sûr, mais une fois que la
liste va être établie, est-ce que ces 40 ou 60 personnes auront la
permanence ou bien y a-t-il une partie de ce personnel qui peut être
engagé de façon temporaire?
M. Burns: Non. Effectivement, ces personnes vont obtenir leur
permanence. Ils vont évidemment continuer à oeuvrer dans le
même domaine. Il ne faut pas se tromper non plus, il ne faut pas se
leurrer, lorsqu'on parle de permanence. Cela ne veut pas dire que si quelqu'un
ne fait plus l'affaire, il est passez-moi l'expression
"incongédia-ble". Si quelqu'un ne fait pas son boulot, je pense qu'avant
même qu'il acquière sa permanence... Excusez-moi, j'ai
été procureur vers les années soixante-dix d'un certain
nombre de syndicats qui représentaient des employés au
gouvernement et je suis en mesure de témoigner que c'est arrivé
assez souvent et que cela arrive encore très souvent, aujourd'hui, que
des employés qui, parce qu'ils ne font pas l'affaire, sont simplement
congédiés.
Une Voix: Quel est le pourcentage?
M. Burns: Bien, le pourcentage, je ne le connais pas.
J'espère que ce n'est pas un gros pourcentage parce que cela voudrait
dire que notre politique d'embauchage au gouvernement ne serait pas tellement
bonne. Parce que plus vous congédiez de gens dans une entreprise, plus,
à un moment donné, il faut vous poser des questions sur vos
méthodes d'embauchage.
Je me dis: Je me fie au directeur général des
élections qui va aller chercher des personnes dont il a besoin, avec les
compétences qu'il croit déceler chez elles. Mais, par la suite,
si la personne même après l'acquisition de sa permanence
ne remplit pas les fonctions, le directeur général des
élections aura toujours la possibilité de s'en séparer.
Cela m'apparaît une chose tout à fait normale, c'est une relation
employeur-employé tout à fait normale.
M. Fontaine: ...
M. Burns: Je n'ai pas entendu la dernière partie.
M. Fontaine: ... chacun un tiers.
M. Burns: Ah bon!
M. Grenier: C'est transparent.
M. Burns: C'est parce que vous n'avez pas compris, justement, que
même si je demandais au directeur général des
élections, moi comme député de Maisonneuve, de nommer tant
de personnes dans son personnel, je pourrais me faire envoyer paître en
l'air par le directeur général; et j'espère qu'il le
ferait, si jamais j'osais poser un geste comme celui-là. Je suis
convaincu qu'il le ferait. Il ne s'agit pas de nommer un tiers de gens
suggérés par l'Union Nationale, un tiers par le Parti
libéral et un tiers par le Parti québécois, il s'agit tout
simplement de donner au directeur général les moyens
nécessaires. Je le répète, parce qu'on semble l'oublier.
Ce dernier est le fonctionnaire peut-être le plus neutre, avec le
Protecteur du citoyen, le Vérificateur général et le
directeur général du financement des partis politiques. Ce sont
probablement les quatre fonctionnaires les plus neutres qui existent dans ce
gouvernement-ci ou dans cette structure gouvernementale, parce qu'ils sont
nommés aux deux tiers, au moins, de l'Assemblée nationale et,
dans le cas des quatre personnes que je vous mentionne, elles ont toutes
été nommées à l'unanimité de
l'Assemblée nationale.
Alors, je ne vois pas pourquoi on se poserait la question. Est-ce qu'on
va suggérer un tiers de tel parti, un tiers de tel autre parti, etc? Je
me fie simplement, surtout par la performance... Je profite de l'occasion
peut-être que cela va choquer sa modestie pour souligner
jusqu'à quel point Me Pierre Côté a pris à coeur
cette tâche qui était quand même très lourde, qui est
très lourde, à mon avis et qui, de plus en plus, va devenir
lourde au fur et à mesure qu'on va lui ajouter des fonctions. On en a un
exemple. Je profite de l'occasion pour le remercier, au nom du gouvernement, et
j'espère, au nom de l'ensemble de l'Assemblée nationale pour la
tâche énorme qu'il a prise sur ses épaules à la
suite de quelqu'un qui, également, avait fait un très bon boulot
pendant 33 ans. Ce n'est pas facile de remplacer quelqu'un comme le juge Drouin
qui, après 33 ans, quitte son poste et, tout à coup, quelqu'un
comme Me Pierre-F. Côté arrive en poste.
Jusqu'à maintenant, en tout cas, on n'a eu qu'à se
féliciter de sa nomination. Je pense que, pour ne pas blesser sa
modestie, justement, je vais arrêter là. On devrait quand
même le remercier pour ce qu'il a fait jusqu'à maintenant. (23 h
20)
M. Blank: Voyant qu'on parle maintenant des nominations, c'est
peut-être la question de modestie de mettre...
Le Président (Mme Cuerrier): Est-ce toujours sur
l'amendement que vous parlez, M. le député de Saint-Louis?
M. Blank: Sur la question soulevée par le
député de Maisonneuve. Je ne parlerai pas très longtemps.
On parle des nominations et vous parlez du juge Drouin qui était le
directeur général des élections. Je pense que le poste le
plus important dans cette province, c'est celui de directeur
général des élections, parce que c'est la base de tout le
système démocratique. Voyant que le ministre de la Justice a
maintenant certaines normes pour nommer des juges, cela prend des suggestions
pour la nomination de quelqu'un, alors je suis prêt à proposer Me
Pierre Côté comme juge. Maintenant, le ministre de la Justice
pourra prendre les dispositions qu'il voudra pour le nommer juge, parce que
cette fonction, non seulement en nom, mais en apparence, doit être la
plus impartiale au monde. Et une personne qui est nommée juge, seulement
le mot "juge" doit démontrer l'impartialité.
Je pense que pour remplir cette fonction, cela doit être un juge.
Et je fais la suggestion au ministre d'Etat à la réforme
parlementaire, pour qu'il la remette au ministre de la Justice, afin qu'il
prenne les dispositions nécessaires pour faire passer les examens, qu'il
passe devant le jury. Je suis certain qu'il passera cela avec, comme on dit en
anglais "flying colors", et peut-être que lors de la prochaine visite, on
aura l'honorable juge Pierre Côté devant nous.
Je n'ai pas fait un grand débat sur l'amendement, mais c'est une
question de principe. Nous, du côté de l'Opposition officielle, le
Parti libéral, on n'aime pas dévier de la Loi de la fonction
publique. J'ai fait partie d'un gouvernement qui a été élu
en 1960, qui a formé la Commission de la fonction publique qu'on a
aujourd'hui à Québec. C'était complètement
différent et je pense qu'on doit s'y fier, on a presque toutes les
possibilités d'utiliser les méthodes et les barèmes de la
Fonction publique. S'il y a des cas d'exception, cela arrive quelquefois, mais
comme le ministre l'a dit, c'est la deuxième fois en deux ans. La
régie de...
M. Burns: De l'assurance automobile.
M. Blank: Non, pas la Régie de l'assurance automobile,
mais l'autre, le projet de loi 90. Est-ce que cette régie va avoir les
mêmes droits aussi? Je ne me souviens pas de la loi. Mais si, chaque fois
qu'on crée une régie, on utilise ce moyen d'embaucher des
employés, je trouve que cela commence à être un peu
trop.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'amendement
est-elle...
M. Burns: Mme le Président, je veux tout simplement dire
au député de Saint-Louis que le message qu'il vient de me livrer
relativement à la nomination éventuelle de Me Pierre-F.
Côté sera
transmis fidèlement à mon collègue, le ministre de
la Justice.
Quant à l'amendement, je reviens en vous disant, Mme le
Président, que je ne suis pas d'accord pour voter en faveur, de sorte
que j'aimerais bien que nous passions au vote.
Mme le Vice-Président: L'amendement est rejeté.
L'article 1 du projet de loi no 123 est-il adopté?
M. Fontaine: Vous avez décidé qu'il était
rejeté?
M. Burns: Regardez le nombre.
Mme le Vice-Président: J'ai demandé si cet
amendement était adopté. Est-ce que vous me demandez le vote, M.
le député?
M. Fontaine: Non, c'est parce que vous présumez qu'il est
rejeté.
Mme le Vice-Président: Je n'ai pas présumé,
M. le député.
M. Fontaine: Vous ne nous avez pas demandé...
Mme le Vice-Président: Avec le nombre de
députés, j'ai demandé si cette motion d'amendement allait
être adoptée.
M. Fontaine: Sur division, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Sur division. Bien non, on me dit
qu'elle est rejetée à la majorité. Cet amendement est
rejeté.
Est-ce que l'article 1 est adopté? Adopté.
M. Fontaine: Adopté sur division, l'article 1.
Mme le Vice-Président: Adopté sur division, tel
qu'amendé.
M. Fontaine: Tel qu'amendé.
Mme le Vice-Président: Adopté sur division. Est-ce
que l'article 2 est adopté?
M. Fontaine: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Mme le Président, je présume que vous
allez faire rapport au président.
Le Président (Mme Cuerrier): Si je peux parvenir à
plier tous ces...
M. Burns: M. le directeur général des
élections et les autres fonctionnaires peuvent quitter la place.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier):... j'ai l'honneur de vous
faire rapport que la commission plénière a étudié
le projet de loi 123, Loi modifiant la Loi électorale, et qu'elle l'a
adopté avec amendements.
Le Vice-Président: Merci. Est-ce que ce rapport sera
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Troisième
lecture, prochaine séance ou séance subséquente. M. le
leader parlementaire... Ecoutez!
M. Burns: M. le Président, j'avais compris ce soir que le
projet de loi qui était inscrit au nom de M. Lavoie, leader
parlementaire de l'Opposition... Je ne sais pas quel numéro.
Une Voix: 195.
M. Burns: 195. Voilà.
Le Vice-Président: Article 157).
M. Burns: M. le Président, vous me dites article 157)?
Le Vice-Président: Article 157), projet de loi 195.
M. Burns: Alors, M. le Président, comme leader du
gouvernement...
Le Vice-Président: Par intérim.
M. Burns: ... par intérim, je vous demande simplement
d'appeler l'article 157 inscrit au nom de M. Lavoie.
Projet de loi no 195 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Par coeur parce que je n'ai pas le
feuilleton. C'est une loi portant le no 195 qui amende la Loi du financement
des partis. Je vais le lire plus précisément. C'est la motion de
deuxième lecture du projet de loi 195, Loi modifiant la Loi
régissant le financement des partis politiques. M. le
député de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: Au nom du député de Laval, je veux
simplement dire quelques mots concernant ce projet de loi. Le but de ce projet
de loi est d'en arriver exactement dans la même situation qu'aujourd'hui.
Quand on arrive à la fin de la session on essaye de faire adopter des
projets de loi à la vapeur, toutes sortes d'erreurs peuvent arriver.
Durant les débats, vers la fin de la session de 1977, le 26 août
1977, le projet de loi 2 était devant cette
Chambre et quand on l'a étudié en commission, le
député de Laval a suggéré un amendement à un
article. On retrouve les débats dans le journal des Débats de
1977, aux pages B-5304 et B-5305. Il suggère un amendement pour que les
directives émises par le directeur général du financement
ne puissent pas faire l'objet de poursuites pénales. Le
député de Maisonneuve, leader à ce moment-là et
parrain du projet de loi, a accepté cet amendement. Nonobstant
l'acceptation de cet amendement, parce qu'on a fait des choses à la
vapeur, cela n'a jamais été enregistré par l'erreur
de je ne sais pas qui et aujourd'hui on doit venir devant cette Chambre
pour amender cet article par le moyen d'un projet de loi proposé par le
député de Laval.
Le Vice-Président: Du côté
ministériel. /
M. Blank: Je demande à la Chambre de voter en faveur de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, mon intervention sera
très brève. Après vérification faite, tout ce que
vient de dire le député de Saint-Louis est absolument exact.
Comme parrain du projet de loi, j'avais accepté un amendement à
la loi ou au projet de loi, à l'époque, régissant le
financement des partis politiques. (23 h 30)
Cet amendement, m'a-t-on dit, a même été traduit
dans le rapport de la commission parlementaire qui a siégé,
c'est-à-dire la commission de la présidence du conseil et de la
constitution. Par inadvertance, lorsque le projet de loi a été
réimprimé, cette erreur s'est glissée, où on
reproduisait exactement le texte original du projet de loi en question. Cela
s'est perpétué. C'est entré dans nos statuts. C'est tout
à fait normal qu'actuellement nous fassions cette correction. Je
donnerai, en ce qui me concerne, et je pense bien que mes collègues du
côté ministériel donneront également leur
acceptation à la proposition qui nous est faite aujourd'hui par le
projet de loi no 195.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Seulement quelques mots, M. le Président,
pour confirmer ce que disait le député de Saint-Louis. Je
voudrais référer cette Chambre au journal des Débats de
l'Assemblée nationale du 26 août 1977, alors qu'on était en
train d'étudier le projet de loi 2 régissant le financement des
partis politiques. On étudiait les articles 96 et 97. Il faut bien
comprendre que l'article 98 qu'on veut amender aujourd'hui est tout simplement
la renumérotation de l'article 97 d'alors. M. Burns prenait la parole et
disait: Les dispositions du présent article s'appliquent
également à quiconque contrevient aux directives émises
par le directeur général en vertu du présent chapitre. M.
Lavoie avait pris ensuite la parole pour dire ceci: Je connais l'horreur du
ministre responsable de cette loi sur la législation
déléguée, la délégation de pouvoir,
même par le législatif envers l'exécutif ou même par
la réglementation. Je l'ai vu pendant de nombreuses années
être scandalisé de la délégation de pouvoir ou des
chèques en blanc qui ne sont pas dans une loi, même à
l'exécutif, à l'ensemble du cabinet. Je trouve un peu fort la
délégation d'autorité qu'il donne à un individu au
deuxième paragraphe, alors que les directives deviennent des lois. M.
Burns a repris la parole un peu plus tard en disant: M. le Président, le
député de Beauce-Sud et le député de Laval viennent
de me convaincre et je vous suggérerais également d'enlever le
deuxième alinéa. C'est comme cela que cela avait
été accepté. Ensuite, on avait dit qu'il fallait faire une
concordance à l'article 97 et M. Burns s'était dit d'accord avec
cette concordance. M. le Président, je pense qu'il s'agit tout
simplement de régulariser une situation qui n'aurait pas dû
exister, mais qui, malencontreusement, à cause d'une erreur de copiste,
a subsisté à la suite de l'adoption d'une loi. Naturellement,
nous allons endosser ce projet de loi.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Merci, M. le Président. Très rapidement,
puisque j'ai assisté à toutes les délibérations de
cette loi 2, chapitre 11 de 1977, je suis absolument d'accord avec ce qui vient
d'être dit. C'est absolument cela qu'on avait voulu faire; c'est une
erreur, comme il pourrait s'en produire d'autres, qui est regrettable. Cela me
fait plaisir de le voir et c'est peut-être la seule fois aujourd'hui que
je vais féliciter le ministre, mais quand même, une fois par jour,
ce n'est pas mauvais. Il me fait plaisir de voir que le ministre, devant cet
état de choses, accepte de bonne grâce de rectifier cette
situation.
Le Président (M. Cardinal): M. le chef parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je pourrais
utiliser une heure pour exprimer mon point de vue mais, après avoir
assisté à la dernière commission parlementaire, je pense
que je ferai grâce au ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire de cette heure additionnelle. Je profiterai
simplement de ces quelques instants pour féliciter le
député de Laval d'avoir attiré ainsi, par la
présentation du projet de loi no 195, l'attention de cette
Assemblée sur l'importance d'apporter cette correction.
Le député de Nicolet-Yamaska, il y a quelques instants, a
relaté dans quelles circonstances l'amendement en question avait
été soumis par le député de Laval et
accepté, d'ailleurs, par le député de Maisonneuve. Nous
étions, à ce moment-là, le 26 août 1977, à la
toute fin d'une session et le rouleau compresseur était en marche. Tout
en félicitant et le député de Laval et le ministre qui,
aujourd'hui, accepte volontiers de réparer l'erreur commise alors, tout
en les félicitant, je voudrais tout de même...
M. Burns: Je soulève une question de privilège, M.
le Président.
Le Vice-Président: Sur une question de privilège,
M. le ministre d'Etat.
M. Burns: C'est une question de privilège, mais je suis
convaincu que le chef de l'Opposition ne voulait pas dire ce qu'il vient de
dire. Si c'est ce qu'il voulait dire, j'aimerais bien le savoir parce qu'il
parle d'une erreur que je veux corriger. S'il m'impute cette erreur, je ne
l'accepte pas parce que ce n'est pas une erreur de ma part; c'est purement et
simplement une erreur comme le disait le député de
Nicolet-Yamaska à caractère technique et il n'y a vraiment
personne à blâmer. C'est dans la machine, à un moment
donné, que l'amendement en question s'est perdu.
J'espère que les dernières paroles du chef de l'Opposition
ne m'imputent pas une erreur que je n'ai pas commise.
Le Vice-Président: D'accord, M. le ministre d'Etat. Ces
paroles étaient probablement amphibologiques en ce sens qu'on pouvait
les interpréter différemment.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, loin de moi
l'idée d'imputer cette erreur au ministre d'Etat à la
réforme parlementaire et électorale; je l'imputerais plutôt
à l'ancien leader parlementaire du gouvernement et à ce rouleau
compresseur dont il était le conducteur à ce moment-là. Je
l'ai déjà été moi-même, à un certain
moment, M. le Président, et je voudrais simplement que ceci soit une
leçon pour nous tous. Je ne suis pas prêt à jeter le
blâme sur quiconque, mais je veux souligner que collectivement, nous
devons nous apercevoir qu'à la fin d'une session, comme aujourd'hui,
comme ce sera le cas cette semaine et la semaine prochaine, il y a toujours
risque de certaines erreurs de ce genre et même d'erreurs plus graves si
on essaie de tout faire en même temps et de légiférer
justement à la vitesse et à la précipitation qui
caractérisent les fins de session.
J'espère bien, M. le Président, que nous en tirerons tous
une leçon, tout en votant pour ce projet de loi qui a été
bien présenté par mon collègue, le député de
Saint-Louis. Il n'y a aucun doute, je pense bien, que nous allons recueillir
l'assentiment général pour corriger cette lacune
administrative.
Le Vice-Président: Cette motion de deuxième lecture
sera-t-elle adoptée?
M. Fontaine: Adopté.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader
parlementaire du gouvernement, est-ce qu'il y a une motion de renvoi?
M. Duhaime: Troisième lecture? M. Blank: Les
écritures?
Commission plénière
M. Burns: M. le Président, je pense qu'étant
donné les intervenants, si le leader adjoint du gouvernement me le
permet, je ferais la suggestion, purement et simplement, qu'on fasse les
écritures et qu'on adopte la troisième lecture
immédiatement.
Le Vice-Président: D'accord. Renvoi en commission
parlementaire ou plénière, rapport de la commission,
adopté?
Des Voix: Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Motion de troisième lecture,
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Le projet de loi est adopté. M.
le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Duhaime: M. le Président, j'aurais normalement eu
l'intention d'appeler la motion de deuxième lecture du projet de loi
modifiant la Loi de la conservation de la faune, le projet de loi 71, mais
étant donné qu'il est 23 h 40, que l'Assemblée nationale,
aussi bien à l'Assemblée qu'en commission a abattu une
énorme besogne aujourd'hui et qu'il en est ainsi depuis le début
de la semaine, je pense que si nous pouvions ajourner plus tôt
aujourd'hui, nous serions sans aucune doute plus frais et dispos demain. (23 h
40)
Je voudrais rappeler à l'Assemblée que demain nous
entreprendrons la série des lois fiscales au nom de mon collègue,
le ministre des Finances et du Revenu. J'aurai à en discuter, bien
sûr, avec mon collègue, le député de Saint-Jacques,
mais quant à la loi sur la conservation de la faune, la loi 71,
après en avoir discuté avec mes collègues de l'Opposition,
nous l'appellerions normalement vendredi matin. Je proposerais, M. le
Président, l'ajournement de nos travaux à demain, 10 heures.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Le menu pour demain, est-ce encore celui qu'on a eu
comme information? Est-ce que le programme tient? On l'apprendra demain?
D'accord.
M. Duhaime: Je l'ai donné, le menu.
Le Vice-Président: Dans ce cas, la motion étant
adoptée, les travaux de cette Assemblée sont ajournés
à demain, 10 heures.
Fin de la séance à 23 h 41