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(Quinze heures douze minutes)
Le Président: L'Assemblée suspend ses travaux pour
quelques instants.
A l'ordre, s'il vous plaît! Mesdames et messieurs, le
lieutenant-gouverneur va maintenant faire son entrée. Veuillez vous
lever.
Allocution d'ouverture Le
lieutenant-gouverneur
Le lieutenant-gouverneur: Mesdames et messieurs de
l'Assemblée nationale, en accueillant dans cette Chambre les
représentants du peuple québécois réunis pour
entreprendre les travaux de la troisième session de la 31e
Législature, je veux d'abord souhaiter à toutes et à fous
la plus cordiale bienvenue. Dans ce décor rénové qui nous
rappelle agréablement nos origines et le temps de la Nouvelle-France,
les travaux auxquels vous vous apprêtez à participer vont
assurément contribuer à l'amélioration du bien-être
et à l'épanouissement de nos concitoyens et de notre nation.
C'est la conviction qu'il m'est agréable d'exprimer en déclarant
ouverte cette troisième session de la 31e Législature.
Qu'il s'agisse des domaines politique, économique, social ou
culturel, vous devrez apporter les solutions les plus appropriées aux
problèmes qui nous confrontent. Dans cette tâche essentielle, je
ne doute point que vos délibérations sauront toujours maintenir
au premier plan et la dignité éclairée qui sied à
votre rôle et le bien général du Québec et de tous
ses habitants.
Mesdames et messieurs de l'Assemblée nationale, je sais que vous
ne ménagerez aucun effort pour faire en sorte que la présente
Législature permette au Québec de progresser et de se
développer afin d'accroître la qualité de vie de l'ensemble
de ses citoyens et de permettre à notre collectivité de continuer
de s'affirmer.
M. Shaw, député
indépendant
Le Président: Veuillez vous asseoir.
Je voudrais, avant de procéder au discours inaugural, donner avis
à la Chambre d'un télégramme qui m'est parvenu hier et que
je vous lis: "M. Clément Richard, président de l'Assemblée
nationale, Hôtel du Gouvernement, Québec". Je souligne qu'il est
daté du 18 février 1978. "It is with deep regret that I must
advise you that I will no longer be a member of the caucus of the Union
Nationale Party. Could you arrange for alternate sitting and office location
for the opening of the new session? Yours, William F. Shaw,
député de Pointe-Claire".
En conséquence, désormais, je reconnaîtrai le
député de Pointe-Claire au siège situé
derrière celui qu'il occupait lors de la dernière session. Je re-
connaîtrai le député de Huntingdon à la place du
député de Pointe-Claire et le député de
Saint-Hyacinthe à la place du député de Huntingdon.
(15 h 17)
Demande de rapport sur la télédiffusion
des débats
M. Lavoie: M. le Président, avec votre permission, comme
vous l'avez fait il y a quelques instants, vous donnez avis à la Chambre
de décisions importantes qui ont été prises
individuellement ou collectivement par les députés... Ne
croyez-vous pas qu'il serait dans l'ordre qu'en tant que président
c'est une demande expresse et personnelle que je vous fais
à la suite des travaux intenses qui ont été faits par une
commission de l'Assemblée nationale qui a siégé durant
l'intersession, qui s'est déplacée même et qui vous avait
donné le mandat bien précis de voir à l'implantation de la
télédiffusion des débats et de la radiodiffusion,
dès le 21 février, étant donné que c'est un mandat
qu'on vous a donné, ne croyez-vous pas qu'il serait dans l'ordre que
vous fassiez rapport à l'Assemblée de ce qui s'est passé
effectivement, depuis notre dernière rencontre, il y a à peine
quelques jours, sur ce sujet qui avait, je crois, intéressé,
sensibilisé la population du Québec, depuis le 15 novembre
1976?
Une fois qu'on est rendu à un commun accord, que cela n'aboutisse
par aujourd'hui, je crois que les membres de cette Assemblée, qui ne
siégeaient pas à la commission de l'Assemblée nationale,
sont en droit d'avoir un rapport de vous en tant que responsable de l'aile
législative de ce Parlement.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais m'associer
à cette déclaration que vient de faire le député de
Laval pour dire que c'est à ma forte surprise et même à ma
consternation que j'ai appris cela malgré un avis qui avait
été donné publiquement que le système de
télévision serait réellement installé pour
l'ouverture de cette session. Nous avions, moi personnellement et mon
collègue qui est le représentant du Parti libéral,
donné notre assentiment. A Trois-Rivières surtout, on est venu
dire publiquement que le leader parlementaire s'était trompé. Je
déplore cela énormément parce que c'est la deuxième
gifle que reçoit le leader parlementaire. La première,
c'était la trouvaille du siècle et celle-là, mon cher
monsieur, ce n'est certainement pas une trouvaille. C'est un désaveu et
je proteste véhémentement auprès du premier ministre qui a
fait cela à son leader, celui qui les défend le mieux en Chambre.
Je pense, M. le Président, que j'ai le droit de féliciter le
gouvernement pour ces beaux décors surtout une belle cou-
leur qui me va bien sauf qu'on va être obligé de
marcher un peu sur le bleu, mais en tout cas!
Mais, pour revenir à la commission de l'Assemblée
nationale, nous avions, pendant des semaines et des semaines, des heures et des
heures siégé pour tâcher de trouver le moyen de remplir le
mandat qu'avait le leader parlementaire du gouvernement. Nous nous sommes
rendus, un peu en dernier, à cette demande formelle et à
Trois-Rivières on apprend que tout ce qui avait été fait a
été... On a le droit de savoir aujourd'hui pourquoi le leader
parlementaire... Lui-même va peut-être nous donner une raison, mais
j'espère qu'il ne veut pas passer pour le martyr. J'espère bien.
Mais je dis au premier ministre ce que je lui ai dit dans une autre
circonstance, que je déplorais cela vis-à-vis du parlementarisme,
que ce n'est pas dans l'ordre qu'un premier ministre désapprouve deux
fois dans la même année son leader parlementaire. C'est affreux.
On n'a jamais vu cela dans le parlementarisme.
Le Président: M. le leader parlementaire.
M. Burns: A la façon dont je me fais défendre
actuellement, je suis un peu inquiet. Je pense que je n'ai pas besoin de me
faire défendre avec autant...
M. Bellemare: II y a une place de libre là, si vous
êtes intéressé.
M. Burns: ... et, M. le Président, je pense bien, vous en
conviendrez probablement avec moi, que nous pourrons très certainement,
si c'est le désir de l'Opposition, discuter de cette question dès
demain à la période de questions et cela me fera plaisir. Je
pense bien que le premier ministre, qui est impliqué en particulier par
le député de Johnson, se fera un plaisir également de
répondre aux questions probablement multiples à ce sujet qui nous
seront posées. Moi, en ce qui me concerne, je vous avoue que cela me
fera plaisir d'y répondre...
M. Bellemare: Vous êtes victime du caucus?
M. Burns: ... Non, je ne me sens pas victime, quand le
député de Johnson vole à mon secours cela me fait me poser
des questions, cela m'inquiète beaucoup.
(15 h 22,
M. Bellemare: Ce n'est qu'un échange de ce que vous aviez
fait pour moi.
Le Président: S'il vous plaît!
M. Burns: C'est cela, même dans le temps où vous
soupçonniez un certain nombre de choses, quand j'allais vous
défendre. M. le Président, je pense que, demain, à la
période de questions, on pourra avoir des réponses, mais il n'y a
pas de période de questions prévue aujourd'hui.
Le Président: Tout le monde sait que la
journée...
M. Lavoie: On vous écoute.
Le Président: ... du discours inaugural, M. le leader
parlementaire de l'Opposition officielle, et je m'appuie en cela sur certaines
de vos décisions, est une journée un peu particulière,
où ne doit pas être soulevée d'autre question, ne doit pas
être fait autre chose, devrais-je dire, que le discours inaugural. Cela
étant dit, je vous souligne que le mandat était un mandat
émanant d'une commission parlementaire et que, s'il y a lieu, je ferai
rapport à cette commission parlementaire. M. le premier ministre.
M. Lavoie: M. le Président, très brièvement,
sans retarder l'ordre du jour, et en donnant toute l'occasion au premier
ministre d'exprimer son message inaugural, chacun sait que nous allons, dans le
courant de la journée ou demain au plus tard, accepter, je crois, d'une
manière unanime des règlements sessionnels, qui permettront entre
autres le vendredi, pas ce vendredi-ci normalement, mais vendredi prochain,
suite à un avis qui sera au feuilleton, d'avoir une période de
questions avec débat sur des sujets importants.
Il y a un consentement que je voudrais solliciter de cette Chambre. La
chose nous a été demandée, autant par de très
nombreux citoyens au Québec que par des députés
également: cela concerne l'implantation de la Loi de l'assurance
automobile qui doit entrer en vigueur le 1er mars et cela soulève
certains débats...
Le Président: M. le leader...
M. Lavoie: Je sollicite ce consentement, M. le Président,
pour que, dès ce vendredi-ci, on puisse siéger, soit vendredi
matin, avec le ministre, le surintendant des assurances et le président
de la régie.
Vendredi prochain, il sera trop tard, la loi sera déjà en
application. Est-ce qu'on pourrait avoir un consentement pour vendredi matin,
pour qu'on puisse discuter de la Loi de l'assurance automobile?
M. Burns: M. le Président, non, je ne peux pas donner ce
consentement pour ce vendredi-ci. Si vous le voulez pour vendredi
prochain...
M. Lavoie: La loi va être en application vendredi
prochain.
M. Burns: II me fait plaisir de vous dire d'avance, M. le
Président, que, même si demain, en principe, l'avis sera
difficilement "donnable", si vous me passez l'expression, je suis d'avance
d'accord à accorder ce consentement pour l'autre vendredi, pas celui qui
vient, mais l'autre.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
premier ministre.
Message inaugural
M. René Lévesque M. Lévesque (Taillon): M.
le Président, mes-
dames, messieurs les députés, je suis sûr que le
Québec tout entier regrettera demain d'avoir manqué le
numéro de choix que le député de Johnson, avec le
vigoureux soutien du député de Laval, vient d'être
obligé de donner, hélas! seulement dans ce très beau
décor, mais en l'absence, jusqu'à nouvel ordre, des
caméras.
C'est avec un mélange de confiance et d'anxiété que
l'Assemblée nationale et le gouvernement, comme sans doute tous les
Québécois, ont vu arriver 1978.
La plus totale des confiances en l'avenir, d'abord, et je suis sûr
que, là-dessus, nous serons tous du même avis, parce que nos
richesses humaines aussi bien que matérielles et tout ce potentiel
collectif qui est bien loin d'avoir fini de se découvrir, qui s'affirme
un peu partout, placent le Québec et son peuple au premier rang de ceux
qui sont faits pour triompher d'une période qui est tout de même
universellement difficile, et difficile en premier lieu sur le plan
économique.
De là notre anxiété qui se situe donc dans le
présent et dans le court terme où nous avons à vivre comme
d'autres des problèmes aigus, qui sont douloureux pour bien des gens et
dont il est impératif de chercher ensemble les solutions.
Si j'osais avoir un thème à suggérer pour nos
travaux, pour coiffer ce menu législatif qui est toujours un reflet
très partiel de la complexité sans cesse croissante de la
société, ce serait donc cette année quelque chose comme ce
bon vieux dicton: Tous pour un et un pour tous. Evidemment, avant qu'on me le
dise de l'autre côté, je sais bien que ce serait illusoire.
(15 h 27)
Mais il me semble qu'on peut certes affirmer, plus modestement, que nous
devons tous avoir le même intérêt à faire de cette
session de 1978 celle d'un élan parlementaire concret et productif
devant lequel les Québécois auront plus que d'habitude, si
possible, le sentiment de voir fonctionner à leur avantage une
Assemblée qui mériterait vraiment de s'appeler nationale.
Le premier grand souci qu'évidemment cela doit nous imposer, c'en
est un qui rejoigne cette anxiété que nous inspire, à
tous, la situation économique. Tous les experts s'accordent à
dire que, si l'année 1978 pourrait être celle d'une certaine
reprise, elle ne sera nulle part, probablement, une année mirobolante.
Ce qui promet d'être singulièrement vrai pour le Canada et je
répète pour le Canada tout entier. Car 1977 nous a quand
même démontré que le Québec, en particulier au
chapitre des investissements, fait meilleure figure ou, si l'on
préfère, moins mauvaise figure que l'ensemble canadien, ce que
confirment, en attendant les résultats définitifs, toutes les
prévisions initiales et qui ont été révisées
en cours d'année.
On peut y voir au moins la preuve que rien n'a pu ébranler les
bases solides, faites de ressources richement diversifiées, de
compétence croissante et de stabilité fondamentale sur lesquelles
repose la crédibilité de la société
québécoise vis-à-vis d'elle-même comme
vis-à-vis des autres. Cette crédibilité a
résisté victorieusement à la période de flottement
qui découle à chaque fois d'un changement de gouvernement, aussi
bien qu'aux assauts, publics ou déguisés, d'adversaires farouches
qui n'ont guère hésité sur le choix des moyens. Pour
tâcher de sauver le fédéralisme, on a donc desservi et
caricaturé le Québec tant qu'on a pu dans certains milieux. Je
dis bien le Québec en même temps que le gouvernement qu'on
combattait. Mais on n'a pas réussi à affoler le Québec et
on n'y parviendra pas davantage à l'avenir. Notre maison collective est
à l'épreuve des termites.
Cela dit, cependant, nous sommes bien conscients de la gravité de
la situation pour des dizaines de milliers des nôtres qui n'arrivent pas
à trouver un emploi pour gagner leur vie. Le chômage qui
sévit et qui affecte particulièrement les jeunes est aussi
intolérable autant sinon plus sur le plan humain que sur
le plan économique.
C'est une bien mince consolation de savoir qu'à partir de niveaux
traditionnellement plus élevés au Québec et dans les
Maritimes, c'est-à-dire partout à l'est de l'Outaouais, ce
chômage a suivi, depuis trois ans, très précisément
la même courbe ascendante de l'Atlantique au Pacifique.
Bien sûr, nous ne pouvons prétendre à nous seuls
corriger cette trajectoire pancanadienne ni, encore moins, régler les
problèmes des économies extérieures dont l'état de
santé influe fatalement sur le nôtre, mais nous avons le devoir de
tout faire pour enrayer ce cancer du sous-emploi qui mine tout autant le moral
que le niveau de vie de ceux qui en sont les victimes.
Or, ce devoir, il faut bien le souligner, il n'appartient pas seulement
à l'Etat. Tous les autres "agents" importants de la vie
économique en ont aussi leur part essentielle à remplir.
Dès l'an dernier, d'ailleurs, le gouvernement les invitait à la
première rencontre au sommet, comme on dit, qui ait jamais
été organisée au Québec. Il en est sorti certains
engagements de notre part que nous nous sommes efforcés de tenir sans,
malheureusement, pouvoir encore les réaliser tous; mais celui qui
soustendait tout le reste et que nous allons maintenir contre vents et
marées et au-delà des divergences politiques, c'est l'engagement
à poursuivre ce genre de consultation et à dégager, autant
que faire se peut, ces zones d'intérêts convergents où non
seulement la coopération est indiquée mais où, sans elle,
il ne peut pas y avoir de solution.
(15 h 32)
C'est la façon dont nous avons abordé l'an dernier,
conjointement avec toutes les parties, les problèmes si longtemps
négligés de nos vieux secteurs traditionnels menacés ainsi
que l'érosion inquiétante qu'a subie sur les marchés
l'industrie stratégique entre toutes des pâtes et papiers. C'est
ainsi, cette année, que nous continuerons d'envisager les autres
secteurs ainsi que la situation d'ensemble qui feront de nouveau l'objet de
telles rencontres. L'importance de tout cela, d'ailleurs, est soulignée
par le gouvernement par la création récente d'un
secrétariat permanent qui verra désormais à la
coordination aussi bien qu'au "suivi" des conférences.
Et là-dessus, je dois insister également sur le fait que
nous sommes tous, chacune et chacun d'entre nous, d'indiscutables agents
économiques. Les transactions, si modestes soient-elles, que nous
faisons continuellement, les achats sans nombre que nous effectuons jour
après jour, tout cela, globalement, acquiert une signification
économique déterminante.
Après l'Hydro-Québec qui avait commencé dix ans
auparavant, le gouvernement a défini à son tour, l'an dernier,
une politique d'achats qui doit commander désormais ses propres
comportements, bien sûr, et se propager au plus tôt dans ce vaste
réseau des institutions municipales, sociales et scolaires qui vivent,
elles aussi, à même les impôts des citoyens. Il n'est pas
question de bannir ou de boycotter les produits de nos partenaires du dehors,
à commencer, bien entendu, par ceux que nous ne saurions remplacer; et
bien sûr, des interrelations permanentes, qui ne disparaîtront dans
aucun contexte prévisible, nous incitent également à
préférer la production canadienne à celle d'autres pays.
Mais n'empêche que la charité bien ordonnée d'une
société qui a la tête sur les épaules commence par
elle-même. Chaque fois qu'on pense d'abord aux produits
québécois, chaque fois qu'on l'exige, s'il est disponible et de
bonne qualité, on contribue à maintenir ou à créer
des emplois quelque part au Québec. Sur ce point, je me permets de faire
appel spécialement à toutes et chacune des
Québécoises, des femmes qui disposent dans l'ensemble d'environ
les trois quarts des budgets familiaux et qui, par conséquent, peuvent
et doivent se considérer comme responsables en toute première
ligne de notre santé économique collective.
Si je fais cet appel à nos concitoyennes, ce n'est pas seulement
parce qu'elles le contrôlent ce budget, c'est aussi, je crois, parce que
plus que nous, de l'autre moitié de la société, elles ont
vraiment le sens du budget aussi.
Si j'ai tenu à mettre ainsi l'accent sur l'importance primordiale
de ces minimums vitaux de solidarité qui ne représentent, en
définitive, qu'une sorte de bon sens élémentaire, ce n'est
certes pas pour escamoter le rôle central et même
fréquemment le rôle moteur que doivent pleinement assumer le
Parlement et le gouvernement. Ce rôle, la situation nous ordonne
présentement de le remplir en poussant sans cesse plus loin les limites
de nos capacités et de nos énergies et le rendement des fonds
publics dont nous avons la responsabilité.
Le gouvernement commencera donc par accélérer la
réalisation du programme de stimulation de l'emploi qui est en marche
depuis novembre dernier et qu'on doit maintenir jusqu'à, au moins, la
fin de mars de 1979 en sautant sur chaque bonne occasion qui se
présentera le long du chemin pour le renforcer encore.
Avec le premier programme que nous avions lancé, celui du
printemps dernier et qui était à la fois mesure d'urgence et
première expérience, ce sont quelque $330 millions qu'on a pu
extraire ainsi de budgets qui étaient terriblement serrés pour
des objectifs économiques aussi pressants que le soutien au textile, au
vêtement, à la chaussure et au meuble, l'encouragement à
l'expansion de nos entreprises qui font de l'innovation, la création
d'emplois durables autant que possible, à partir d'initiatives
communautaires dans toutes les régions, sans compter, évidemment,
les montants substantiels consacrés directement à des travaux
publics de tout genre dont nous tâchons de répartir le plus
largement possible l'impact.
C'est dans cette même optique de soutien de l'économie que
nous déboucherons, en cours d'année, de concert avec l'industrie,
sur un ambitieux programme de rééquipement des pâtes et
papiers, et aussi sur des mesures concrètes, qui: ont
déjà été amorcées d'ailleurs, pour diminuer
les mauvais effets d'une conjoncture minière déplorable, surtout
dans les secteurs du cuivre et du zinc.
(15 h 37)
En 1978, nous allons également nous atteler avec une insistance
sans précédent à la tâche de renforcer notre
agriculture et de lui donner, une fois pour toutes, l'assurance de l'avenir.
Avec l'expansion, entre autres, les moyens d'action de SOQUIA, l'amorce
sérieuse d'une véritable politique sucrière, et
l'entrée dans les épiceries des vins fabriqués et
embouteillés au Québec, nous veillerons en même temps
à l'indispensable développement de l'agro-alimentaire, à
propos duquel se tiendra d'ailleurs, dès le printemps, le premier des
mini-sommets économiques de l'année.
Mais la Chambre sera également invitée à approuver
tout un train de mesures législatives touchant notamment le
crédit agricole, auquel nous voulons donner plus d'ampleur et de
souplesse grâce au concours des institutions financières, ainsi
que des améliorations substantielles en ce qui concerne
l'assurance-prêts, l'amélioration des fermes, le sort des
agriculteurs locataires et le crédit à la production, incluant
désormais un crédit spécial pour les périodes
critiques.
Ajoutons que, pour la seconde année de suite, nous
n'éprouvons pas la moindre tentation de rogner sur les crédits
budgétaires de l'agriculture et que, par exemple, nous avons la ferme
intention d'accentuer des programmes tels que la distribution du lait dans les
écoles, dont le bénéfice est tout autant hygiénique
et social qu'économique.
Maintenant, le zonage de nos terres agricoles, promis l'an dernier,
cette mesure tellement attendue, si longtemps attendue en vain, de la
protection de nos terres agricoles commencera à se réaliser au
cours de cette session. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas trop
tôt, si l'on veut vraiment mettre à l'abri de la
spéculation et de l'appétit insatiable des "développeurs"
immobiliers, y compris un nombre croissant de non-résidents, ce qui
reste de nos meilleurs sols arables. Vu les intérêts qui se
trouveront inévitablement dérangés par ce changement, on
peut s'attendre qu'il soit vivement discuté, puisqu'il s'agit d'un
domaine où, comme dit la chanson: "Tout le monde veut aller au ciel,
mais personne ne veut mourir." A condition d'y mettre compréhension et
ménagements, ce à quoi nous nous engageons
dès le départ, tout le monde, cependant, à
commencer par les porte-parole des agriculteurs, sait qu'il faut que cela se
fasse, et que le moment de le faire est plus qu'arrivé.
Comme, aussi, il est plus que temps de finir par concrétiser, et
là encore, après des années de tergiversations, une loi
générale de l'urbanisme et de l'aménagement qui viendra
encadrer enfin cette utilisation du territoire qui s'est faite jusqu'à
présent d'une manière dangereusement incontrôlée et
trop souvent irrationnelle.
Le tourisme constitue lui aussi, en même temps qu'une
priorité économique et un facteur essentiel d'équilibre
dans notre balance des paiements, une dimension nécessaire de l'emploi
harmonieux et bien rentabilisé du territoire. Là encore, le
gouvernement est décidé à maximiser les attraits du
Québec pour ses propres citoyens comme pour les visiteurs
étrangers.
On vous demandera de procéder aux actions législatives
requises en vue de rendre accessibles à tous les Québécois
leurs territoires de chasse et de pêche et de faciliter la
création ou l'expansion d'établissements touristiques et
récréatifs. Et on a bon espoir, le site en ayant
été laborieusement choisi, mais bien choisi, de voir
démarrer avant trop longtemps, la construction du Centre des
congrès de Montréal, ce grand projet c'est mieux de ne pas
improviser comme il est déjà arrivé...
M. Lavoie: Télédiffusion.
M. Lévesque (Taillon): On en reparlera.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
(15 h 42)
M. Lévesque (Taillon): Ce grand projet que l'industrie
hôtelière, avec toute l'économie d'accueil de la
métropole, attend avec beaucoup d'impatience.
M. Blank: ...
Une Voix: Soyez donc poli!
M. Lévesque (Taillon): De même qu'à l'autre
extrémité du Québec c'est avec une impatience au moins
aussi justifiée qu'on espère voir se dessiner enfin un avenir
plus prometteur pour le secteur des pêcheries, à l'intention
duquel le gouvernement a fait préparer des perspectives quinquennales
qui seront discutées bientôt avec les populations
concernées de la Côte-Nord, de la Gaspésie et des
Iles-de-la-Madeleine.
Le gouvernement s'apprête donc à multiplier les efforts
pour relancer l'économie en l'aidant, au besoin, à se
restructurer. Mais, pour que cela réussisse, il faut évidemment
que le Québec se fasse d'année en année plus productif et
plus efficace dans un monde où la concurrence, elle, est de plus en plus
féroce. C'est pourquoi, entre autres choses, nous reviendrons ensemble
à cette idée d'un institut de productivité que nous avions
commencé à examiner, et peut-être aussi à d'autres
projets pour donner plus de vigueur à nos secteurs d'exportation.
C'est avec le même souci d'efficacité et de
productivité que nous amorcerons également une
réorganisation dans certaines de nos sociétés d'Etat.
Rappelons que c'est déjà fait pour la raffinerie de sucre, et il
est d'autres cas où ce n'est pas moins indiqué. Après 15
ou 20 ans qui ont vu apparaître et se multiplier les entreprises
publiques, et s'accroître continuellement leurs effectifs, leurs chiffres
d'affaires et partant leur place stratégique dans l'économie, le
temps était venu de faire le point, en revoyant avec elles les obstacles
qui peuvent se présenter et surtout les conditions d'une nouvelle erre
d'aller. Et, pour commencer, on vous proposera bientôt des modifications
importantes au plus gros morceau de tous, c'est-à-dire à
l'Hydro-Québec, à sa loi et à ses structures et aussi
à celle du développement de la région de la baie James, en
ce qui a trait surtout à la Société d'énergie.
Ce qui permet de rappeler, puisque je parle d'énergie, qu'en plus
d'un programme d'économie qui est sur le point de démarrer, et
d'un effort qu'on s'apprête à déclencher du
côté de formes ou de sources nouvelles d'approvisionnement, nous
aurons bientôt l'occasion d'étudier la deuxième partie
la partie "opérationnelle" du livre blanc qui a
été mis au point sur cette question de l'énergie, une
question que, désormais, toutes les sociétés devront
garder au coeur de leurs préoccupations.
Et comme pour souligner encore davantage cette insistance avec laquelle
il va falloir cette année nous occuper de choses économiques,
l'Assemblée nationale commencera presque tout de suite,
conformément à un accord intervenu entre nous à la fin de
la dernière session, à discuter le projet de loi où on
prévoit le lancement d'une société nationale de l'amiante,
entreprise qui permettra aux Québécois d'entrer une bonne fois
dans le club traditionnellement privé et exclusif des exploitants
étrangers d'une ressource dont nous sommes encore quand même les
premiers exportateurs au monde et puis de voir avec eux, d'égal à
égal, à organiser une recherche qu'on a trop
négligée et à susciter dans les plus brefs délais
ces activités de transformation dont les propriétaires que nous
sommes ont été assez longtemps dépourvus.
Après quoi, dans quelques semaines, nous aurons le tableau des
crédits, puis le discours du budget, qui demeure sans doute le geste
annuel le plus central d'un gouvernement, et le plus révélateur
de ses approches et de ses intentions, geste qui est attendu cette année
avec beaucoup d'espoirs auxquels nous tenons à répondre dans
toute la mesure du possible.
Tout cela pour dire aussi, avant de passer à autre chose, qu'il
faut bien nous rentrer dans la tête, tous et chacun, que c'est le
Québec et son Etat, avec ses entreprises et son peuple tout entier, qui
auront de plus en plus, dans quelque forme d'avenir que ce soit, à
assumer le rôle de maîtres d'oeuvre de leur développement.
On doit
le prendre à bras le corps dans tous les coins où,
déjà, il nous appartient, il dépend de nous. Et pousser
sans relâche de toutes nos forces, aussi longtemps que durera le
régime actuel, pour faire avancer les choses là où les
décisions ne dépendent de nous que partiellement ou, trop
souvent, pas du tout.
(15 h 47)
De ce point de vue, je me contenterai d'évoquer à nouveau,
mais très brièvement, vous le comprendrez, la profonde
déception qu'a laissée derrière elle la conférence
fédérale-provinciale de la semaine dernière. On nous
faisait éloquemment entrevoir d'Ottawa une vraie offensive, une
offensive d'urgence et d'envergure sur tous les fronts principaux de cette
relance économique dont on a tant besoin. Comme nos homologues de toutes
les provinces, nous avions préparé nos dossiers sur les questions
les plus pressantes où l'Etat fédéral a le devoir strict
d'agir, soit exclusivement, soit comme un bon partenaire, soit encore comme
détenteur de la masse budgétaire de loin la plus
considérable de toutes. A cet infatigable inventeur de programmes
cataplasmes, improvisés, improductifs et éphémères,
on demandait d'appuyer plutôt les efforts de notre gouvernement du
côté des pâtes et papiers qui, elles, sont là pour
durer, et de l'industrie minière qui fait aussi partie de l'avenir du
Québec et qui doit y demeurer. On le priait aussi de penser cette fois
à hausser un peu les quotas de nos producteurs laitiers qu'il n'a
cessé de diminuer depuis trois ans. On lui soulignait de plus, avec
toutes les autres provinces, sans exception, qu'en matière de logement
social, il suffirait de remplacer les chinoiseries bureaucratiques
imposées à nos prédécesseurs, qui les ont
acceptées en 1974, de remplacer cela par une enveloppe budgétaire
globale, et qu'alors avec les mêmes sommes d'argent on répondrait
bien plus vite et plus adéquatement aux besoins d'habitation nouvelle ou
restaurée des personnes âgées et des familles
démunies. Enfin, on se permettait de lui rappeler les $100 millions, je
répète les $100 millions, de manque à gagner de la
Loto-Canada qui creusent un trou béant dans le fonds de remboursement
olympique et les quelque $800 millions que représentent à ce jour
les fonctions policières que l'Etat québécois remplit
à sa place.
Mais le fédéral n'a daigné accéder, ni
même répondre clairement à aucune de ces demandes. Elles
étaient pourtant formulées en termes raisonnables et
fondées sur de vraies urgences au nom d'une population qui, payant toute
sa part dans ce régime, est loin d'en retirer les
bénéfices auxquels elle a droit en matière tout
spécialement de création d'emplois.
Voilà donc une simple addition saisonnière
préélectorale à toutes les choses autrement plus
fondamentales qu'on aura à l'esprit lors du référendum qui
fournira au peuple québécois, pour la première fois de son
histoire, l'occasion de faire son propre choix de carrière en fixant
lui-même librement son statut politique, et partant tout son avenir.
En vue de cette échéance historique, l'Assemblée
nationale verra sûrement à compléter dans les meilleurs
délais son examen de la loi sur la consultation populaire, projet qui a
déjà subi d'ailleurs, dans ses grandes lignes, la longue
épreuve d'un comité parlementaire.
Et pour améliorer le fonctionnement de notre vie
démocratique, au moment du référendum, de même qu'au
prochain scrutin, nous serons appelés aussi à remanier quelque
peu la Loi électorale et celle qui régit le recensement des
électeurs.
(15 h 52)
D'autre part, la commission permanente nous présentera
bientôt son projet de refonte des circonscriptions, ce qui nous
amènera inévitablement à nous pencher en
même temps sur l'opportunité de la réforme souvent
évoquée de notre mode de scrutin.
Nous aurons également à étudier des mesures visant
à renforcer la démocratie sur le plan municipal, en
prévision, entre autres, d'élections qui doivent venir cette
année dans plusieurs des plus grandes villes du Québec, à
commencer par la métropole, sans oublier des modifications importantes
qu'on nous suggérera d'apporter à la Loi de la Communauté
urbaine de Québec.
Dans le champ pratiquement illimité des droits de la personne, au
sens le meilleur de l'expression, nous avons déjà pas mal de pain
sur la planche, qui vient de la dernière session: la Loi pour assurer
les droits de personnes handicapées, et la nouvelle loi de conciliation
entre locataires et propriétaires, et aussi celle qui instituera chez
nous ce recours collectif, le "class action", qu'on pratique déjà
partout ailleurs en Amérique du Nord, et encore la refonte par
étapes de la Loi de protection du consommateur, dont nous avons en main
le premier volet depuis l'autre session.
Viendront aussi des changements fondamentaux à la Loi de
l'adoption et des améliorations non moins importantes à la Loi
des tribunaux judiciaires, à quoi il faut ajouter les modifications
déjà prévues à la probation et aux
établissements de détention, le projet de loi sur la
libération conditionnelle et une mesure dont l'opportunité ne
fait de doute pour personne, afin de régir les agences d'investigation
et de sécurité.
Il faut souligner, de plus, sans que la Chambre soit
nécessairement appelée à se prononcer là-dessus
dans l'immédiat, que le travail avance sur le terrain prometteur, mais,
admettons-le, très malaisé, du revenu familial garanti, et qu'en
revanche on compte bien aboutir à la loi générale qui
viendra encadrer les questions vitales que posent depuis si longtemps, et dans
un tel fouillis, la santé et la sécurité des travailleurs
québécois.
D'autre part, c'est tout prochainement qu'on nous proposera une
définition rénovée des conditions minimales de travail
parmi lesquelles se trouveront enfin les premiers jalons concrets du
congé de maternité. J'ajoute que les nouvelles prévisions
budgétaires nous permettront d'envisager aussi une
accélération substantielle et une réorientation du
développement des garderies, en
attendant les recommandations plus globales que le Conseil du statut de
la femme doit nous faire parvenir sur l'ensemble de la condition
féminine.
Quant au troisième âge, cette autre grande fraction de la
société qu'on a cruellement négligée dans le
passé, nous continuerons dans les mois qui viennent la mise en place de
la politique de rattrapage amorcée l'an dernier dans le domaine des
médicaments, dans celui des loisirs et, en dépit des
complications proprement inextricables que suscite le "bureaucratisme"
fédéral, dans le domaine pressant entre tous du logement
subventionné et des centres d'accueil. Nous mettrons egalement, plus
fort que jamais, l'accent sur le développement des services à
domicile et sur une accessibilité sans cesse meilleure aux soins
indispensables pour nos malades chroniques.
De ces priorités simplement humaines qui ne peuvent que sauter
aux yeux de tout le monde, passons maintenant à ces autres aspects
primordiaux de la qualité de la vie individuelle et collective:
l'éducation, les loisirs et l'ensemble de la politique culturelle.
Parsemée en cours de route de quelques livres aux diverses couleurs,
l'année en sera une largement de prospection dans ces grands secteurs,
avec des étapes de décision qu'il faudra d'abord évaluer
ensemble avec beaucoup de soin.
(15 h 57)
Dans le domaine de l'éducation, tous, je crois, ressentent la
nécessité de faire le point sur l'évolution, pas toujours
complètement heureuse, de la vaste réforme des années
soixante. Il n'est pas question, bien sûr, de sacrifier la moindre
parcelle de l'expansion ni de la démocratisation déjà si
tardives qu'elle nous a apportées. Toutefois, rien n'est plus
évident que l'insatisfaction confuse mais
généralisée qui flotte autour, aussi bien qu'à
l'intérieur très souvent, de l'école, du collège et
de l'université. De la diffusion et de la discussion bien amorcée
du livre vert sur l'enseignement élémentaire et secondaire, on
peut compter qu'un nouvel éclairage surgira avant trop longtemps, parce
qu'il faut que la population nous aide à le trouver cet
éclairage, pour nous indiquer les transformations requises et qui
exigeront sans doute des actions législatives.
De même, des études en cours dé-boucheront-elles
c'est du moins ce qu'on espère sur un renouveau de la
qualité de l'enseignement dans les CEGEP. Quant aux universités,
on pourra très bientôt les consulter sur les hypothèses qui
découlent d'une étude exhaustive qui a été faite de
l'état de la recherche scientifique, où l'on sait à quel
point nos retards demeurent inquiétants. Confirmons de plus, puisque la
nouvelle en court déjà, qu'à la suite de l'Ontario et de
l'Alber-ta, qui ne sont pas précisément les plus
dépourvues des provinces canadiennes, le gouvernement a
décidé qu'il fallait absolument, dans le contexte
économique et budgétaire qui est au moins aussi difficile pour
nous que pour les autres, hausser substantiellement les frais de
scolarité des étudiants étrangers qui n'ont pas
cessé de se multi- plier ces dernières années et qui se
multiplient encore davantage depuis que l'Ontario s'est décidé
d'agir à côté de nous. Et je dois ajouter que le secteur
important, éminemment délicat aussi et controversé, de
l'enseignement privé fait l'objet présentement d'une
réflexion dont les résultats vous seront éventuellement
communiqués.
Suite à beaucoup de consultations, il me fait plaisir d'apprendre
aussi à la Chambre que, pour répondre aux besoins
légitimes de beaucoup de nos vieux enseignants, ex-religieux pour la
plupart et qui ne sont pas couverts par les régimes de retraite en
vigueur, une loi remédiatrice à ce point de vue vous sera
bientôt proposée.
Du côté des activités culturelles, nous
évoquions l'an dernier la remise en chantier des perspectives
déjà fort valables héritées de l'ancien
gouvernement. A partir de là, un ensemble de politiques, avec les
programmes et les structures qu'elles nécessitent, sont désormais
au point et vous seront soumises incessamment. Parmi les mesures qui en
découleront avec votre accord, il faut certes mentionner cette nouvelle
loi du cinéma qu'on attend depuis un bon bout de temps et puis aussi un
projet tout neuf, et non moins prometteur, qui prévoira la
création d'une société de développement
chargée d'accroître vigoureusement et sans tarder la participation
des Québécois dans tout le vaste secteur des industries
culturelles où des dizaines de millions de dollars circulent chaque
année au Québec et où l'initiative et le contrôle,
si l'on n'y prenait garde, finiraient par nous échapper
complètement.
Pour enrayer cette véritable aliénation et nous assurer
progressivement la place qui doit nous appartenir dans un domaine qui touche de
si près à notre créativité et à notre
identité elle-même, il est grand temps que le gouvernement se
décide à assumer la responsabilité première du
redressement qui s'impose.
On me permettra de réaffirmer ici que ce besoin aussi normal que
pressant que ressent le Québec français d'exiger enfin le respect
et toute la place qui lui revient chez lui continue de n'exclure absolument pas
le respect ni la place auxquels ont également droit ceux qui vivent
à nos côtés. Touchant les entreprises, par exemple, il
n'est pas inopportun de noter que l'implantation des organismes et des
programmes de francisation s'avère, jusqu'à présent, bien
plus facile qu'on ne le craignait, surtout dans des milieux où l'on
voulait craindre. Et c'est la même préoccupation de coexistence
aussi harmonieuse et fraternelle que possible avec tous les groupes
minoritaires qui devra présider à la discussion d'une
série de projets de loi découlant des ententes conclues
récemment avec nos concitoyens amérindiens et inuit.
(16 h 2)
Et puis, quand tout l'essentiel est accompli, ou presque, la vie nous
laisse les loisirs. Or, c'est une part de l'existence qui, pour beaucoup, s'en
va croissant d'année en année. Une société à
la page doit donc se donner une certaine politique
du loisir, mais une politique qui ne doit surtout pas avoir la moindre
odeur de dirigisme, puisqu'il s'agit de la portion de notre temps qui est libre
et doit le demeurer. Cependant, en ce qui touche les équipements
nécessaires et leur accessibilité, ainsi que l'encouragement
à une participation toujours plus large et plus enrichissante, on trouve
amplement matière au genre de politique souple et
décentralisée que décrit le livre vert dont l'étude
se poursuit couramment dans tous les milieux qui s'intéressent
activement aux loisirs et aux sports.
Et puisque nous venons d'évoquer la décentralisation,
j'ajouterai que le travail amorcé l'an dernier se poursuit et se
poursuivra jusqu'au moment où on aura le sentiment d'avoir cerné
le mieux possible tous les aspects d'une démarche aussi fondamentale et
les étapes par lesquelles elle devrait passer. Comme toutes les
sociétés développées, nous sentons bien la
nécessité d'ajuster nos objectifs nationaux qui tendent
naturellement à centraliser et à bureaucratiser, avec une
énergique revalorisation du pouvoir local et régional. Mais ce
n'est pas une mince besogne d'arriver à définir convenablement la
manière et le rythme de progression d'un tel changement. Aussi
devrais-je me contenter pour aujourd'hui d'affirmer que les hypothèses
de travail vont bon train. Et avant la fin de l'année, par ailleurs,
nous aurons à nous prononcer sur l'instauration de nouveaux
ministères, au sujet desquels la réflexion doit se poursuivre
encore quelque temps, pour s'assurer de la cohérence et éviter
l'excessive multiplication des structures gouvernementales.
Et puis, avant de terminer, on me permettra d'évoquer au moins
deux faits importants qui vont se produire au cours de 1978.
Le premier, qui aura sûrement quelques répercussions dans
cette Chambre comme dans tout le Québec, c'est le retour des grandes
négociations dans les secteurs public et parapublic. Dès le mois
de juin qui vient, ce sera l'expiration des contrats dans la Fonction publique,
chez les infirmières et chez les enseignants anglo-catholiques. Le
gouvernement prépare avec soin la politique salariale qu'il proposera,
au nom de l'Etat employeur, à ces groupes d'employés essentiels
à la collectivité. Puis-je souligner tout de suite que cette
politique sera fondée, aussi solidement que nous arriverons à les
percevoir, sur un souci constant de justice distributive et d'équilibre
économique? Je ne répéterai pas ce que je disais tout
à l'heure au sujet de la situation économique, mais on peut y
ajouter ceci, résumant des propos que j'ai tenus en décembre
dernier, alors qu'on discutait du gel temporaire de nos traitements.
Collectivement, c'est très simple, nous Québécois,
ne travaillons pas assez. Pas assez en tout cas pour justifier, ni même
de plus en plus pour fournir tout ce dont on réclame d'un individu et
d'un groupe à l'autre, la jouissance incontestable et immédiate.
Les perspectives que cela évoque forcément sont tout aussi
inquiétantes qu'on les voit à partir du dedans ou du dehors.
Au-dedans, ce qu'on aperçoit, c'est non seulement une
collectivité qui vit vraiment au-dessus de ses moyens, mais aussi une
distorsion socio-économique qui accentue et qui aggrave encore les
résultats de ce comportement. Et au dehors, pendant ce temps, d'autres
sociétés ont entendu plus vite que nous le signal d'alarme et ont
retrouvé le chemin de ce qu'on pourrait appeler la
"raisonnabilité". Il y a là quelque chose qui est
décidément malsain, économiquement impossible à
maintenir et destiné par conséquent à devenir explosif si
on ne se décide pas à réagir.
Or, on doit le dire franchement puisque tout le monde le sait les
secteurs public et parapublic, là surtout où la
sécurité d'emploi est de règle et les avantages qu'on dit
"marginaux" générale ment meilleurs que partout ailleurs, ont
désormais le devoir de comprendre que, dans l'ensemble, ils sont devenus
à la fois la locomotive et le wagon de tête de toute la
société, et qu'on ne peut pas continuer indéfiniment
à devancer sans cesse davantage le reste du convoi où se trouvent
quand même tous les autres qui font les frais de l'addition.
(16 h 7)
Ce qui ne signifie pas le moins du monde que le gouvernement
prétende se refuser à la négociation là-dessus
comme sur tout ce qui est négociable, ni qu'il se ferme les yeux aux
rattrapages dont certaines catégories ont encore besoin, ni qu'il ignore
la façon dont le coût de la vie gruge le pouvoir d'achat. Il
s'agit simplement de nous rappeler tous ensemble avant d'entamer, comme disait
l'autre, des discussions "viriles", un devoir assez évident de
modération et de sens civique. Et sur cet espoir qui ne nous semble pas
déraisonnable, je vais quitter le sujet en citant un ouvrage, à
ce propos, qui est encore inédit: "Même si le Québec est
engagé en ce domaine dans une voie qui paraît le placer à
l'avant-garde, il serait vain d'envisager un retour en arrière; mieux
vaut désormais chercher à définir un cadre souple et
réaliste à l'intérieur duquel le processus de la
négociation sera vraiment, ainsi qu'on en a souvent exprimé le
voeu, une démarche civilisée". L'ouvrage en question, c'est le
rapport de la Commission Martin-Bouchard, sur la révision du
régime des négociations collectives, dans les secteurs public et
parapublic, que ses deux auteurs nous ont remis très
précisément à la date convenue, la semaine
dernière, et qui ser déposé demain à
l'Assemblée nationale afin que nous puissions l'étudier dans les
plus brefs délais, pour adopter, le cas échéant, certaines
mesures d'importance majeure qui s'y trouvent suggérées.
Enfin, il faut souligner aussi que 1978, c'est le 30e anniversaire de
l'adoption du drapeau du Québec et le 370e de la fondation de la
capitale du Québec, qui tombent le 3 juillet prochain. Inutile de dire
que la semaine du patrimoine et que la fête nationale seront
marquées et prolongées cette année par ces deux dates
mémorables. Pour nous, elles évoqueront, pour nous tous, j'en
suis sûr, la fierté tranquille que méritent d'inspirer
l'ancienneté aussi bien que la solidité inébranlable de
nos racines. Aux autres qui partagent avec nous ce continent, elles permettront
de se souvenir que c'est ici qu'a débuté jadis la grande aventure
des
découvertes et du peuplement d'origine européenne, et pour
beaucoup d'entre eux d'apprendre en même temps que cette histoire
française non seulement se poursuit, mais qu'elle est aujourd'hui plus
vivante et plus remplie d'espérance que jamais.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Je propose l'ajournement du
débat.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Amendements au règlement de l'Assemblée
nationale
M. Burns: M. le Président, je demanderais, à ce
moment-ci, à la suite de consultations qui ont été faites
dans les jours qui ont précédé ainsi qu'il y a quelques
heures, que nous acceptions à l'unanimité de la Chambre de
procéder à quelques modifications de notre règlement en
vue de la tenue, dès demain, que je proposerai tout à l'heure, M.
le Président, de la commission parlementaire de l'Assemblée
nationale. Ces modifications permettront à cette commission de
travailler normalement. Si j'avais le consentement de la Chambre, je ferais la
proposition suivante, dont j'ai livré copie, d'ailleurs, aux
représentants de l'Opposition. Je propose donc que les amendements
ci-après soient apportés au règlement de
l'Assemblée nationale à titre de règlement sessionnel pour
valoir jusqu'à la fin de la présente session.
(16 h 12)
Premièrement, que l'article 135 soit remplacé par le
suivant: "135. Les commissions élues permanentes de
l'Assemblée sont les suivantes: 1.la commission de l'Assemblée
nationale; 2.la commission de la présidence du conseil et de la
constitution; 3.la commission des finances et des comptes publics; 4.la
commission des affaires culturelles; 5.la commission des affaires
intergouvernementales; 6.la commission des affaires municipales; 7.la
commission des affaires sociales; 8.la commission de l'agriculture; 9.la
commission des communications; 10. la commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières; 11.la commission de
l'éducation; 12.la commission de la fonction publique; 13.la commission
de l'immigration; 14.la commission de l'industrie et du commerce; 15.la
commission de la justice; 16.la commission du revenu; 17.la commission des
richesses naturelles; 18.la commission des terres et forêts; 19.la
commission du tourisme, de la chasse et de la pêche' 20.la commission des
transports; 21.la commission du travail et de la main-d'oeuvre; 22.la
commission des travaux publics et de l'approvisionnement 23.la commission de la
protection de l'environnement 24.la commission de la jeunesse, des loisirs et
des sports; 25.la commission de l'énergie; 26.la commission des
engagements financiers; 27.la commission des corporations
professionnelles."
Deuxièmement, je propose que soit inséré,
après l'article 148, l'article suivant: "148-A: Par dérogation au
paragraphe 1 de l'article 148, peuvent se faire entendre d'une commission les
députés qui ont été désignés comme
intervenants auprès de cette commission par la commission de
l'Assemblée nationale suivant l'article 138. Les articles 142 et 160
s'appliquent aux députés désignés comme
intervenants. Ceux-ci ont le droit de faire des motions." C'est ma proposition.
Je pense qu'en deux mots je pourrais simplement l'expliquer si j'ai ce
consentement qui m'apparaît exister. Nous avons cru...
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
je voudrais savoir avant s'il y a consentement unanime pour la
présentation de cette motion.
M. Lavoie: Oui.
Le Président: II y a consentement unanime.
M. Burns: Merci, M. le Président. Je remercie mes
collègues de l'Assemblée nationale pour ce consentement. Tout
simplement, très brièvement, en deux mots, ce que nous tentons de
faire, par un règlement sessionnel, c'est de subdiviser les commissions
à vocation multiple qui existaient. Par exemple, je pense à celle
de l'éducation, des affaires culturelles et des communications qui, en
plus de cela, englobait les travaux du Haut-Commissariat à la jeunesse,
aux sports et aux loisirs. Dans l'élaboration de nos travaux à
l'Assemblée nationale, il arrive à certains moments qu'une
commission comme celle que je viens de mentionner ne puisse pas siéger
dans deux vocations différentes, ou dans deux disciplines
différentes, si je peux utiliser l'expression. Dans le fond, ce que nous
avons tenté de faire avec cette suggestion, qui a d'ailleurs
été adoptée à la commission de l'Assemblée
nationale la semaine dernière, c'est
permettre à la commission de l'éducation de siéger
et qu'en même temps des gens qui ont des sujets à discuter au
niveau de la commission des communications puissent aussi siéger. Et
c'était, croyions-nous, une façon de retarder l'évolution
de nos travaux, particulièrement lors de l'examen de nos crédits.
C'est un peu dans ce sens que nous faisons cette proposition à l'article
1.
Quant au deuxième article, nous introduisons la notion
d'intervenants, ceci dans le but tout à fait avoué de
réduire le nombre de participants membres d'une commission,
également augmentant l'efficacité des commissions parlementaires,
parce qu'à ce moment-là réduisant le quorum
nécessaire pour commencer à fonctionner.
(16 h 17)
D'autre part nous introduisons cette notion d'intervenants pour ne pas
brimer les députés qui voudraient, à l'occasion, selon les
sujets qui sont discutés à une commission parlementaire, pouvoir
intervenir, avec plein droit de parole, sans être obligés de
demander la permission de la commission et également ayant même la
possibilité de faire des motions. La seule restrictions, c'est un peu
bizarre, je sais qu'après en avoir parlé avec certains
députés, il y a des députés qui m'ont dit que c'est
bizarre d'avoir le droit de faire une motion mais de ne pas avoir le droit de
vote. C'est nouveau, c'est du droit nouveau, mais par contre je vous dis, M. le
Président, que c'est sessionnel comme approche, c'est une tentative. Si
jamais on s'aperçoit qu'elle n'est pas vraiment très utile,
qu'elle ne répond pas aux fins pour lesquelles on l'avait conçue,
à ce moment-là nous pourrons toujours y revenir et notre
règlement demeurera ce qu'il est actuellement aux articles 135 et 148 et
en particulier à l'article 160.
Comme tel, M. le Président, je pense que dans les grandes lignes,
comme ce sujet a déjà été discuté, qu'il
rencontre déjà une espèce d'unanimité, de consensus
à la commission de l'Assemblée nationale, il m'apparaîtrait
que cela puisse être adopté immédiatement pour que,
dès demain matin parce que je donnerai avis dans quelques
minutes, que la commission de l'Assemblée nationale siégera
à 10 h 30 à la salle 91-A nous puissions travailler en
vertu de cette disposition ses-sionnelle qui, à toutes fins pratiques,
est un amendement temporaire à notre règlement.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Pour faire suite à des discussions sur cette
question en commission parlementaire de l'Assemblée nationale, nous
allons donner notre consentement à cette proposition du leader du
gouvernement, même si nous ne sommes pas vraiment convaincus, et je vous
le dis bien honnêtement, je l'ai déjà exprimé
d'ailleurs, qu'on rende un grand service autant au parlementarisme qu'aux
députés.
Quant à cette dilution de commissions, de seize qu'elles
étaient auparavant à 27 maintenant, je me demande si on rend un
grand service... Comme je le disais, j'en faisais part d'ailleurs au leader du
gouvernement, il y a des députés qui, s'ils font vraiment leur
travail d'une manière consciencieuse, peuvent très bien
travailler à deux ou trois commissions.
Par contre, s'il y a d'autres députés qui sont
désintéressés, même s'il y en a 27, cela ne les
rendra pas plus spécialistes ou plus intéressés.
Avec ce nombre, si on considère qu'il y a 27 commissions
maintenant, avec les membres de plein droit plus les intervenants, cela
représente, pour le côté ministériel, une dizaine de
députés par commission, onze multiplié par 27; cela fait
près de 300 postes divisés par 70. Cela veut dire que de toute
façon les députés, maintenant, seront obligés de
participer. Si on fait le calcul autant pour l'Opposition officielle que pour
l'Union Nationale, c'est assez difficile de faire le calcul du Ralliement
créditiste à cause de son nombre restreint, vous serez membres de
27 commissions, autant de plein droit qu'à titre d'intervenants, mais
pour les autres partis cela voudrait dire...
M. Burns: 27 en même temps.
M. Lavoie: Je vous parle de l'intérêt qu'on va
porter aux commissions.
M. Burns: D'accord, on s'entend.
M. Lavoie: Cela veut dire que chaque député devrait
être membre, avec cette nouvelle formule, d'à peu près
quatre ou cinq commissions, je crois. Nous sommes prêts à
l'essayer à titre expérimental; étant donné que
cela devient un règlement sessionnel, nous n'avons pas d'opposition. Je
vous dis honnêtement, je me demande si on ne dévalorise pas le
rôle des commissions parlementaires, en réduisant le nombre et en
les multipliant. On le verra en cours de route, quitte à réviser
l'année prochaine l'expérience que nous tenterons cette
année.
Le Président: Merci.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, comme on a aussi, ce qu'on
verra demain lorsqu'on approuvera les autres règlements sessionnels,
admis unanimement qu'il y aura deux commissions qui pourront siéger en
même temps, je pense que c'est une excellente manière de faire
travailler plus de députés, qui vont être sûrement
plus intéressés, se sentant en fonction et se sentant
véritablement responsables d'un domaine particulier.
Je voudrais demander simplement à l'honorable leader du
gouvernement si en vertu de l'article 135-A la commission des engagements
financiers aussi fait partie demain, lors de la réunion du comité
des onze, des nominations.
M. Burns: Effectivement, et en vertu de 135-A, comme vous avez
remarqué, les amendements que je propose aujourd'hui ne touchent pas
135-A de sorte que 135-A a priorité du moins c'est mon avis, je
le donne en toute humilité sur les
dispositions de 135 et de 148-A, que je propose aujourd'hui.
(16 h 22)
Déjà nous avons toujours considéré deux
commissions comme étant des choses tout à fait spéciales,
c'est-à-dire la commission de l'Assemblée nationale qui existe
d'après les dispositions de 136 et la commission des engagements
financiers, qui existe selon les règles particulières en vertu de
135-A. Il n'y a pas de changement quant à ces deux commissions, quant
à leur constitution elle-même. Quant aux autres,
évidemment, il y aura, selon les ententes qui sont intervenues avec les
whips de tous les partis, y compris le parti ministériel, des
modifications pour réduire le quorum tout en gardant le même
nombre de membres participant via les intervenants.
M. Bellemare: M. le Président, à 135-A il y a une
disposition spéciale pour la commission des engagements financiers quant
au nombre. Il est fixé à 13.
M. Burns: Et cela ne change pas.
M. Bellemare: Cela ne changera pas et le quorum non plus.
M. Burns: Non plus.
M. Bellemare: Pour la commission parlementaire des engagements
financiers.
M. Burns: Exact.
M. Bellemare: Sauf pour les autres lors de la réunion de
demain.
M. Burns: Exact.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. J'ai une brève
remarque. Comme je l'ai dit ce midi à l'occasion d'une discussion que
j'ai eue avec l'honorable leader du gouvernement, j'ai seulement une petite
réserve sur ce qui a été proposé, bien que je sois
d'accord avec la motion elle-même. On a parlé de droit nouveau, de
règlement sessionnel. Ce n'est pas un règlement permanent. Je
pense que l'augmentation du nombre de commissions je ne voudrais pas
contredire mon bon ami, l'honorable leader de l'Opposition officielle va
quand même faciliter la tâche et permettre à un nombre de
députés de pouvoir être membres de plus de commissions
parlementaires qu'avec l'ancien système. Si un député
voulait faire partie de la commission parlementaire et s'intéresser aux
travaux du ministère de l'Immigration, il devait faire partie de la
commission parlementaire du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration.
Par le fait qu'il y avait moins de commissions parlementaires,
évidemment les députés avaient moins de commissions
parlementaires à s'occuper.
Le point sur lequel j'ai une réserve, c'est que les personnes qui
seront nommées comme membres désignés à une
commission parlementaire auront le droit de faire des motions. Si j'ai bien
compris et bien saisi le sens et la portée de cette motion, il
semblerait que ces députés, qui ont le droit de faire des
motions, n'auraient pas le droit de vote. Alors j'ai beaucoup de réserve
sur ceci: Le droit de faire une motion et ne pas avoir le droit de voter.
J'aimerais que ce sujet puisse être examiné demain, à la
commission parlementaire de l'Assemblée nationale, de façon
à pouvoir étudier davantage ce sujet et pouvoir en examiner la
portée. M. le Président, je souscris à la motion, telle
que formulée par l'honorable leader du gouvernement, mais avec la
réserve je spécifie bien clairement encore une fois
qu'on puisse discuter demain en commission parlementaire de cette restriction,
à savoir que le député qui a le droit de faire une motion
n'aurait pas le droit de vote.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Puis-je simplement, et dans une phrase, répondre
au député de Beauce-Sud que cette partie de la proposition que
nous faisons à l'article 148a) est une suggestion de l'Opposition
à laquelle nous nous sommes rendus?
M. Bellemare: Comme itinérants seulement. M. Burns:
Non, pas comme itinérants.
Le Président: Cette motion du leader parlementaire du
gouvernement sera-t-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. M. Lavoie: Adopté.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Formation de la commission de l'Assemblée
nationale
M. Burns: M. le Président, conformément à
l'article 22 et à l'article 136 du règlement, je propose que la
commission de l'Assemblée nationale soit instituée, que MM.
Bellemare, Bertrand, Bisaillon, Blank, Burns, Cardinal, Mme Cuerrier, MM.
Dussault, Fallu, Gendron, Grenier, Lamontagne, Laplante, Lavoie, Proulx,
Richard et Vaillancourt (Jonquière) en soient membres et que cette
commission se réunisse le mercredi 22 février 1978 à 10 h
30 en la salle 91-A.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, ayant épuisé
notre ordre du jour, je crois je vais le vérifier pour
être
bien sûr je propose l'ajournement de l'Assemblée aux
fins de la prise en considération du message inaugural, à demain,
15 heures.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Messieurs, l'Assemblée ajourne ses
travaux à demain, 15 heures.
(Fin de la séance à 16 h 27)
ANNEXE MEMBRES DU CONSEIL DES MINISTRES
à l'ouverture de la 3e session de la 31e
Législature au 21 février 1978
(ordre protocolaire)
M. René Levesque Premier ministre
M. Jacques-Yvan Morin Vice-premier ministre Ministre de
l'Éducation
M. Robert Burns Ministre d'État à la réforme
parlementaire
M. Claude Morin Ministre des Affaires intergouvernementales
M. Jacques Parizeau Ministre des Finances Ministre du Revenu
M. Camille Laurin Ministre d'État au développement
culturel
M. Pierre Marois Ministre d'État au développement
social
M. Bernard Landry Ministre d'État au développement
économique
M. Jacques Léonard Ministre d'État à
l'aménagement
M. Marc-André Bédard Ministre de la Justice
M. Lucien Lessard Ministre des Transports
Mme Jocelyne Ouellette Ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement
M. Marcel Léger Ministre délégué à
l'environnement
M. Claude Charron Ministre délégué au
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports
M. Guy Joron Ministre délégué à
l'énergie
Mme Lise Payette Ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières
M. Jean Garon Ministre de l'Agriculture
M. Denis Lazure Ministre des Affaires sociales
M. Guy Tardif Ministre des Affaires municipales
M. Pierre-Marc Johnson Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
M. Jacques Couture Ministre de l'Immigration
M. Louis O'Neill Ministre des Affaires culturelles Ministre des
Communications
M. Yves Bérubé Ministre des Richesses naturelles Ministre
des Terres et Forêts
M. Rodrigue Tremblay Ministre de l'Industrie et du Commerce
M. Yves Duhaime Ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche
M. Denis de Belleval Ministre de la Fonction publique
ADJOINTS PARLEMENTAIRES
à l'ouverture de la 3e session de la 31e
Législature
M. Guy Chevrette Adjoint parlementaire au ministère du
Travail
M. Pierre de Bellefeuille Adjoint parlementaire au ministère des
Affaires culturelles
M. Gilles Grégoire Adjoint parlementaire au ministère des
Richesses naturelles
M. Richard Guay Adjoint parlementaire au ministère des
Communications
Mme Denise Leblanc Adjoint parlementaire au ministère de
l'Industrie et du Commerce pour les pêcheries
M. Maurice Martel Adjoint parlementaire au ministère des Affaires
sociales
M. Réal Rancourt Adjoint parlementaire au ministère de
l'Agriculture
M. Denis Vaugeois Adjoint parlementaire au ministère des Affaires
i ntergouvernementales
MEMBRES DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE DU
QUÉBEC
PRÉSIDENT: M. Clément Richard
VICE-PRÉSIDENTS: M. Jean-Guy Cardinal Mme Louise Cuerrier
Nom, prénoms Affiliation
Profession ou
métier
District électoral
politique
Alfred, Jean p.Q. Professeur Papineau
Baril, Jacques P.Q. Agriculteur Arthabaska
Beauséjour, Jacques P.Q. Educateur Iberville
Bédard, Marc-André P.Q. Avocat Chicoutimi
Bellemare, Maurice U.N. Serre-freins Johnson
Bertrand, Jean-François P.Q. Professeur Vanier
Bérubé, Yves P.Q. Ingénieur Matane
Biron, Rodrigue U.N. Industriel Lotbinière
Bisaillon, Guy P.Q. Conseiller technique Sainte-Marie
Blank, Harry P.L.Q. Avocat Saint-Louis
Bordeleau, Jean-Paul P.Q. Technicien Abitibi-Est
Boucher, Jules P.Q. Directeur Rivière-du-Loup
Brassard, Jacques P.Q. Professeur Lac-Saint-Jean
Brochu, Yvon U.N. Psychologue Richmond
Burns, Robert P.Q. Avocat-syndicaliste Maisonneuve
Cardinal, Jean-Guy P.Q. Notaire Prévost
Caron, Lucien P.L.Q. Administrateur Verdun
Charbonneau, Jean-Pierre P.Q. Journaliste Verchères
Charron, Claude P.Q. Professeur Saint-Jacques
Chevrette, Guy P.Q. Secrétaire général
Joliette-Montcalm
Ciaccia, John P.L.Q. Avocat Mont-Royal
Clair, Michel P.Q. Avocat Drummond
Cordeau, Fabien U.N. Directeur de services Saint-Hyacinthe
Couture, Jacques P.Q. Organisateur communautaire Saint-Henri
Cuerrier, Louise P.Q. Enseignante Vaudreuil-Soulanges
de Bellefeuille, Pierre P.Q. Journaliste Deux-Montagnes
de Belleval, Denis P.Q. Fonctionnaire Charlesbourg
Desbiens, Hubert P.Q. Enseignant Dubuc
Dubois, Claude U.N. Commerçant Huntingdon
Duhaime, Yves P.Q. Avocat Saint-Maurice
Dussault, Roland P.Q. Enseignant Châteauguay
Fallu, Elie P.Q. Professeur Terrebonne
Fontaine, Serge U.N. Avocat Nicolet-Yamaska
Forget, Claude P.L.Q. Economiste Saint-Laurent
Gagnon, Marcel P.Q. Aviculteur Champlain
Garon, Jean P.Q. Economiste et avocat Lévis
Garneau, Raymond P.L.Q. Economiste Jean-Talon
Gendron, François P.Q. Educateur Abitibi-Ouest
Giasson, Julien P.L.Q. Courtier d'assurances Montmagny-L'lslet
Godin, Gérald P.Q. Journaliste Mercier
Goldbloom, Victor C. P.L.Q. Médecin D'Arcy McGee
Gosselin, Gérard P.Q. Travailleur communautaire Sherbrooke
Goulet, Bertrand U.N. Professeur Bellechasse
Gratton, Michel P.L.Q. Ingénieur Gatineau
Gravel, Raymond P.Q. Moniteur en réadaptation Limoilou
Grégoire, Gilles P.Q. Homme d'affaires Frontenac
Grenier, Fernand U.N. Directeur général
Mégantic-Compton
Guay, Richard P.Q. Avocat Taschereau
Johnson, Pierre-Marc P.Q. Médecin Anjou
Jolivet, Jean-Pierre P.Q. Agent syndical Laviolette
Joron, Guy P.Q. Conseiller financier Mille-Iles
Laberge, Henri P-Q. Assureur-vie agréé Jeanne-Mance
Lacoste, Jean-Marc P-Q- Commissaire d'écoles Sainte-Anne
Lalonde, Fernand P.L.Q. Avocat Marguerite-Bourgeoys
Lamontagne, Robert P.L.Q. Notaire Roberval
Landry, Bernard P.Q. Avocat Fabre
Laplante, Patrice P.Q. Commissaire-administrateur Bourassa
Larivière, Jean-Guy P.L.Q. Homme d'affaires
Pontiac-Témiscamingue
Laurin, Camille P.Q. Médecin Bourget
Lavigne, Laurent P.Q. Enseignant Beauharnois
Lavoie, Jean-Noël P.L.Q. Notaire Laval
Lavoie-Roux, Thérèse P.L.Q. Administrateur scolaire
L'Acadie
Lazure, Denis P.Q. Médecin-administrateur Chambly
Leblanc, Denise P.Q. Journaliste et étudiante
Iles-de-la-Madeleine
Lefebvre, Charles P.Q. Ingénieur Viau
Léger, Marcel P.Q. Administrateur Lafontaine
Le Moignan, Michel U.N. Prêtre Gaspé
Léonard, Jacques P.Q. Comptable agréé
Laurentides-Labelle
Lessard, Lucien P.Q. Professeur Saguenay
Levesque, Gérard-D. P.L.Q. Avocat et administrateur
Bonaventure
Lévesque, Léonard P.Q. Cultivateur
Kamouraska-Témiscouata
Lévesque, René P.Q. Journaliste Taillon
Mackasey, Bryce P.L.Q. Administrateur Notre-Dame-de-Grâce
Mailloux, Raymond P.L.Q. Homme d'affaires Charlevoix
Marchand, André P.L.Q. Imprimeur Laurier
Marcoux, Alain P.Q. Administrateur scolaire Rimouski
Marois, Pierre P.Q. Avocat Laporte
Marquis, Léopold P.Q. Administrateur Matapédia
Martel, Maurice P.Q. Pharmacien Richelieu
Mercier, Jean-Guy P.Q. Administrateur Berthier
Michaud, Gilles P.Q. Administrateur Laprairie
Morin, Claude P.Q. Economiste Louis-Hébert
Morin, Jacques-Yvan P.Q. Professeur Sauvé
O'Gallagher, John P.L.Q. Ingénieur civil Robert Baldwin
O'Neill, Louis P.Q. Professeur Chauveau
Ouellette, Adrien P.Q. Professeur Beauce-Nord
Ouellette, Jocelyne P.Q. Educatrice Hull
Pagé, Michel P.L.Q. Avocat Portneuf
Paquette, Gilbert P.Q. Directeur pédagogique Rosemont
Parizeau, Jacques P.Q. Economiste L'Assomption
Payette, Lise P.Q. Journaliste Dorion
Perron, Denis P.Q. Opérateur Duplessis
Picotte, Yvon P.L.Q. Principal d'école Maskinongé
Proulx, Jérôme P.Q. Professeur Saint-Jean
Rancourt, Réal P-Q- Agriculteur Saint-François
Raynauld, André P.L.Q. Economiste Outremont
Richard, Clément P.Q. Avocat Montmorency
Roy, Fabien P.N.P. Directeur gérant Beauce-Sud
Russell, Armand U.N. Homme d'affaires Brome-Missisquoi
Saindon, Zoël P.L.Q. Médecin-chirurgien Argenteuil
Samson, Camil R.C. Vendeur Rouyn-Noranda
Shaw, William Frédéric Ind. Chirurgien-dentiste
Pointe-Claire
Springate, George P.L.Q. Homme d'affaires et sportif Westmount
Saint-Germain, Noël P.L.Q. Optométriste Jacques-Cartier
Tardif, Guy P.Q. Professeur Crémazie
Tremblay, Rodrigue P.Q. Economiste Gouin
Vaillancourt, Claude P.Q. Avocat Jonquière
Vaillancourt, Georges P.L.Q. Administrateur Orford
Vaugeois, Denis P.Q. Historien et éditeur
Trois-Rivières
Verreault, Richard P.L.Q. Homme d'affaires Shefford
P.Q. Parti québécois
P.L.Q. Parti libéral du Québec
U.N. Union Nationale
R.C. Ralliement créditiste
P.N.P. Parti national populaire
lnd. Indépendant