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(Dix heures vingt minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Affaires courantes. Déclarations ministérielles. M. le
ministre du Tourisme,de la Criasse et de la Pêche.
Déclaration ministérielle
Politique concernant les droits de chasse et de
pêche
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, ce n'est pas sans une
certaine fierté que je me lève aujourd'hui, ce 22
décembre, pour faire la présente déclaration
ministérielle.
Cette déclaration touche les pêcheurs, les chasseurs et les
amateurs de plein air de tout le Québec. Depuis des décennies, et
pour être précis, depuis 1883, des privilèges exclusifs de
droits de chasse et de pêche ont été accordés et
maintenus à des groupes d'individus dans notre société, ou
encore à des étrangers, privant le plus grand nombre du libre
accès à tout le territoire du Québec. Ainsi donc, pour le
1er avril prochain, aucun bail de droit exclusif de chasse et de pêche ne
sera renouvelé ou maintenu au Québec.
Cependant, toutes les pourvoiries commerciales de chasse et de
pêche sont conservées et le ministère continuera
également d'administrer les parcs et les réserves du
Québec. Pour ce qui est des rivières à saumons, nous
arrêterons en cours d'année une politique d'accessibilité
concernant chaque cas particulier.
Je suis convaincu de recevoir l'appui unanime des députés
de toute l'Assemblée nationale puisque tous les partis en cette Chambre
ont inscrit cette politique à leur programme, mais aucun gouvernement
dans le passé ne l'a réalisé pleinement. Le gouvernement
entend remettre la gestion et l'exploitation du territoire défini et
contenu en des zones d'aménagement et de conservation aux associations
de pêcheurs et de chasseurs des différentes régions du
Québec.
Nous sommes prêts à aller à la limite de la
délégation des pouvoirs à nos concitoyens pour assurer, de
concert avec mon ministère, une saine gestion de nos ressources
fauniques, leur protection et leur conservation, ainsi que l'aménagement
du territoire. Des mesures administratives seront prises pour permettre le
financement de ces associations: d'abord, en obligeant tout pêcheur ou
chasseur à faire partie d'au moins une association responsable
auprès du ministère d'une zone d'aménagement et de
conservation; en second lieu, en mettant à la disposition des
associations de chasse et de pêche, et ce, dès l'an prochain, une
somme de $1 million pour constituer un fonds de soutien.
Le ministère entend orienter son action, dans les années
qui viennent, non seulement vers la protection et la conservation de la
ressource faunique, mais surtout vers son aménagement et son
renouvellement. Dans ce sens, M. le Président, je puis garantir,
dès aujourd'hui, que les pisciculteurs privés du Québec
n'auront pas à souffrir de cette décision, mais que, au
contraire, le gouvernement lui-même et les associations de chasse et de
pêche combleront la perte de marché des clubs privés.
En terminant, M. le Président, permettez-moi de souligner que
seule l'exclusivité des droits de chasse et de pêche étant
retirée, les propriétaires de chalets, de camps,
d'équipement pourront continuer, en toute liberté, de jouir de
leur bien, là où il se trouve. Les nouveaux arrivés
auront, bien sûr, à se conformer au plan d'aménagement qui
sera défini pour chaque partie du territoire avec les associations
responsables.
Enfin, M. le Président, après avoir envisagé
très sérieusement d'augmenter le prix du permis de pêche
familial au Québec, nous avons repris tout ce dossier, dans les derniers
jours, pour en venir à la conclusion de l'abolir purement et simplement,
sauf, bien sûr, en ce qui concerne les non-résidents du
Québec. Le permis de pêche au saumon est cependant maintenu et les
tarifs de chasse seront légèrement augmentés l'an
prochain.
Je vous annonce donc, aujourd'hui, M. le Président, la fin d'une
situation anachronique et unique en Amérique du Nord. Cette
déclaration répond aux objectifs que notre parti s'était
fixés. Nous sommes convaincus que l'immense majorité des
Québécois se comportera de façon responsable, qu'elle
manifestera un esprit de conservation et de protection envers la faune et
qu'elle agira avec civisme en forêt. Cette nouvelle politique
témoigne du respect et de la confiance de ce gouvernement à
l'endroit de la population du Québec. Québécois, tel que
promis, nous vous remettons ces nouveaux territoires!
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. La
déclaration ministérielle du ministre du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche, ce matin, vient donner un peu de lumière à
toute cette question de l'accessibilité des territoires fauniques du
Québec, accessibilité qu'aucun parti politique, en cette Chambre,
je crois, ne remet en cause, comme en a d'ailleurs fait part le ministre dans
sa déclaration. L'Opposition officielle, lorsqu'elle formait le
gouvernement, avait, à l'époque, annoncé un programme
d'accessibilité qui allait dans le même sens et voulait atteindre
les mêmes objectifs annoncés ce matin par le ministre.
Je voudrais citer le ministre, à un passage, lorsqu'il parle de
la formation des zones d'aména-
gement et de conservation. Nous sommes prêts à aller
à la limite de la délégation des pouvoirs à nos
concitoyens pour assurer, de concert avec mon ministère, une saine
gestion de nos ressources fauniques, leur protection et leur conservation ainsi
que l'aménagement du territoire. Si on pouvait sortir des débats
les discours qui ont été faits ici, en cette Assemblée, en
1883, sur la question des clubs privés, on y verrait certainement un
rapprochement bien précis et bien certain au chapitre de la
délégation des pouvoirs.
L'Opposition officielle, à l'Assemblée nationale, est
favorable aux mesures gouvernementales adoptées par ce gouvernement
visant à favoriser l'accessibilité de notre territoire, mais pas
à n'importe quelles conditions. La déclaration du ministre ce
matin, même si elle nous donne un peu de lumière sur le sujet,
n'implique pas, par le fait même, la réponse à toutes les
questions que les gens du milieu peuvent se poser. C'est pourquoi je me permets
de soulever, par les commentaires que je formule en réponse, certaines
questions auxquelles le ministre pourra répondre dans sa
réplique.
Le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ne nous a pas
dit comment les zones d'aménagement et de conservation seront
créées. Sera-ce déterminé par un geste
unilatéral du gouvernement ou à la suite d'une consultation? Si
consultation il y a, avec qui? Comment naîtront les associations de
chasse et de pêche? Par invitation gouvernementale ou par initiation du
milieu? Quels seront les critères d'admissibilité? On peut
présumer que ce ne sera pas tout le monde qui, demain matin, pourra
s'improviser ou se définir comme étant une association de chasse
et de pêche.
Les critères d'admissibilité de la part du
ministère, quels seront-ils, en ce qui concerne notamment le nombre
minimal de membres que devra compter chacune des associations? Concernant la
représentativité régionale, est-ce que ce seront
spécifiquement les associations de chasse et pêche ou, encore, de
telles associations pourront-elles naître d'autres organismes, que ce
soient des clubs de loisirs ou des chambres de commerce, qui s'occupent de ces
questions dans certaines régions du Québec?
Quelles seront les attributions et les responsabilités de ces
associations? Comment sera conférée la juridiction territoriale?
Il faut constater que la capacité d'accueil d'une zone
d'aménagement ne sera pas nécessairement la même qu'une
autre. Si la capacité d'accueil n'est pas la même, qui en fixera
les limites? Est-ce que ce sera le ministre ou si ce seront les associations?
Comment tout cela se fera-t-il? Le ministre peut-il nous assurer que tout cela
sera fait pour le 1er avril prochain? Qui aura la responsabilité de
l'aménagement du territoire? Est-ce que ce seront les associations ou le
gouvernement, par le biais du ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche?
On sait, M. le Président, que la construction et l'entretien des
routes et des ponts, cela coûte cher. Le ministre en sait quelque chose
par le budget de ses parcs et de ses réserves. Qui aura cette
responsabilité? Au chapitre de l'ensemencement, qui déterminera
l'ouverture ou la fermeture de certains lacs par rapport à d'autres
à l'intérieur des zones d'aménagement? Est-ce que ces
coûts seront assumés par l'association? Et comment le ministre
évalue-t-il le coût d'appartenance en tant que membre d'une telle
association? M. le Président, c'est bien de dire: Les
Québécois n'auront plus à payer un permis de chasse et de
pêche. Mais combien cela coûtera-t-il pour être membre d'une
association comme cela?
M. le Président, je pense que le public est en droit d'avoir des
réponses à ces questions. Comment le ministre peut-il s'assurer
une certaine uniformité des taux, de toutes les associations de chasse
et pêche? Au chapitre de la conservation, est-ce que ce seront les
associations qui auront la responsabilité de la conservation ou encore
est-ce que ce sera son ministère? Et si c'est le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, comme c'était le cas
notamment dans le projet d'unités d'aménagement
réalisé et mis de l'avant par l'ancien gouvernement, est-ce que
le ministre a les sommes suffisantes pour pallier, en termes d'effectifs, au
travail préalablement effectué par les clubs privés au
chapitre de la conservation?
En ce qui concerne la réglementation interne de ces associations,
est-ce que ce sera uniforme pour toutes les associations? Ce sera probablement
une réglementation qui sera proposée par le ministère et
adoptée par les associations. Mais comment une association de chasse et
pêche pourra-t-elle proposer une fin de non recevoir à une
requête qui nous sera présentée par des individus qui
préalablement ou antérieurement auraient pu être
pénalisés et jugés indésirables dans certaines
régions? M. le Président, je suis d'accord que les
Québécois ont le sens des responsabilités, mais
malheureusement, on a encore certains braconniers au Québec. Comment les
relations entre ces associations seront-elles déterminées?
Est-ce que le ministre entend intervenir à ce chapitre? La
question du million qu'il entend mettre à la disposition des
associations, à partir de l'an prochain, comment le ministre arrive-t-il
à évaluer qu'une somme de $1 million sera suffisante pour fournir
une aide et une assistance financière à ces organismes et
à ces groupes? Par le fait d'abolir le permis de pêche, peut-on
s'attendre à une augmentation des droits exigibles pour le public qui
désire se rendre dans nos parcs et nos réserves du Québec?
Qu'arrivera-t-il des 164 clubs qui ont encore un bail qui va plus loin que le
1er avril prochain? Qu'arrivera-t-il, M. le Président, des territoires
qui, actuellement, ne sont pas accessibles par voie terrestre? Parce qu'il y en
a actuellement au Québec; est-ce que ces territoires seront dans des
zones d'aménagement et de conservation?
M. le Président, le ministre nous faisait état dans sa
déclaration de la question des rivières à saumons qui
serait traitée au cours de l'année. Le ministre ne croit-il pas
qu'il serait opportun, pour
ce sujet spécifique, de convoquer pendant l'intersession ou
après une commission parlementaire? Non pas pour y inviter des parties,
mais pour que les membres de l'Assemblée de chacune des formations
politiques puissent faire part de leurs représentations sur ce sujet
combien important de l'avenir des rivières à saumons.
M. le Président, une dernière question, ce sera la
treizième: Comment le ministre peut-il garantir que les pisciculteurs
privés ne souffriront pas de cette mesure? J'aimerais le savoir?
Somme toute, nous sommes favorables, en principe, à ce que le
gouvernement intervienne à ce chapitre. Nous l'avions
démontré lorsque nous formions le gouvernement, mais non pas
à n'importe quel... Le député de Saguenay pourrait en
parler...
M. Lessard: Faites-moi rire.
M. Pagé:... il a eu chez lui la première
société d'aménagement.
M. Lessard: Faites-moi rire.
M. Pagé: Je pense qu'il avait été bien fier
de l'intervention de l'ancien gouvernement dans son propre comté. Vous
devriez être un de ceux qui abondent dans le même sens que nous,
lorsque nous vous disons que l'ancien gouvernement avait agi, et que nous
sommes favorables au principe de l'accessibilité.
J'ai voulu soulever certaines questions ce matin. Ce sont des questions
que les gens du milieu, que les consommateurs, que le public se posent
actuellement, et j'ose croire qu'à la lueur de sa réplique, M. le
ministre pourra répondre à toutes les nombreuses questions qu'on
se pose et que nous sommes en droit de nous poser. Merci.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, la déclaration
ministérielle que vient de faire l'honorable ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche ne surprend personne. Au contraire, c'est une
politique que nous avions, nous de l'Union Nationale, instaurée
dès l'arrivée au pouvoir de l'Union Nationale en 1966 avec M.
Loubier, et personne n'y avait touché après, ou presque pas.
C'est nous de l'Union Nationale qui avions commencé à
déclu-ber avec M. Loubier.
M. le Président, le ministre a eu l'occasion samedi, il n'y a pas
si longtemps, d'être hué de façon assez forte par 400
membres de clubs de chasse et de pêche à Shawinigan. Il se
souvient de cette matinée, et de cette réception que lui ont
faite les clubs privés à Shawinigan.
Je pense que c'est comme avec les questions que vient de poser le
député. C'étaient les miennes, je n'ai pas besoin de vous
les répéter, c'étaient exactement les mêmes
questions. On protège la faune, mais est-ce qu'on protège
véritablement les humains? Quand vous serez en forêt, à 40
ou 50 milles loin de tout service de police ou loin de toute protection
quelconque, et que vient s'établir à côté de vous,
avec la permission du gouvernement, un braconnier qui surveille vos
allées et venues et qui, durant deux ou trois jours demeure là,
et qu'à un moment donné il se permet de venir vous voler, de
venir vous faire un assaut en pleine nuit, quelle protection avons-nous? Est-ce
qu'on peut demander au garde-chasse, est-ce qu'on peut demander à notre
gardien d'intervenir? Il n'y a pas de téléphone. Quelles sont
véritablement les protections qu'on va accorder aux humains?
On va permettre que n'importe qui, n'importe quand, braconniers ou non,
vide des lacs comme le lac Bérubé ou le lac Français, que
vous connaissez, à côté de chez vous. Vous savez qu'au
moment où cela a été ouvert, cela a été
vidé. On a braconné dans ce coin-là. Le ministre
définit ce matin une politique sans en apporter les conditions
nécessaires. Nous sommes favorables au déclubage par
étapes, avec des conditions bien spécifiques pour protéger
la vie des hommes, des humains; pas seulement la faune, mais les humains aussi.
Des chemins ont coûté des milliers de dollars, des ponts ont
été refaits à coups de centaines de dollars et ont
été entretenus par nous. Qu'est-ce qui va se produire demain
matin? Le gouvernement aura-t-il un budget spécial pour refaire tous les
chemins? La loi dit: Pourvu qu'un chemin qui a servi pour l'exploitation
forestière reste en état convenable en cas de feu, c'est
raisonnable et c'est accepté. Mais ce n'est pas ce qui existe
aujourd'hui. Partout où il y a des chemins qui se rendent à des
clubs, ces chemins ont tous été refaits, ils ont tous
été entretenus par les membres qui ont payé des gardiens,
qui ont payé le coût de l'entretien.
C'est encore une politique improvisée. Elle est bonne, la
politique; je suis pour le déclubage, mais je suis aussi pour qu'on
sache davance comment vont se retrouver les milliers de personnes qui ont
payé depuis des années; qu'allez-vous faire de ceux qui sont
propriétaires du fonds du terrain, qui n'ont pas de bail avec vous?
Qu'allez-vous faire avec eux? Ceux-là, par exemple, sont des riches et
des bourgeois. Nous autres, les petits, qui avons pu obtenir depuis des
années, grâce à des interventions, un petit club comme le
nôtre comprenant cinq membres au début, qu'on a porté
à 25 membres. Qu'est-ce que vous pensez qu'il va arriver demain matin?
Je vous garantis que c'est une politique improvisée qui ne
réjouira pas la grande majorité de ceux qui ont payé,
depuis des années, pour être protégés
eux-mêmes. Protéger la faune? J'en suis. Protéger le
gibier? J'en suis. Mais on doit protéger les humains aussi!
Il y a des centaines de milles de chemin dans les clubs de la province;
qui va s'en occuper? Avec un million? L'ensemencement? Vous allez vider les
lacs, vous allez les vider partout!
M. Burns: Vous aviez dit de brefs commentaires.
M. Bellemare: Je n'ai pas pris cinq minutes encore.
M. Burns: Seigneur! Vous les avez dépassés
largement!
Des Voix: Oh!
Une Voix: Vous avez commencé en retard.
M. Bellemare: Une chose est sûre, c'est que la
déclaration du ministre n'est pas... Je termine par ceci. Un homme qui a
une réputation extraordinaire dans notre milieu, M. Sylvio Saint-Amand,
un homme d'une grande compétence comme éditorialiste...
M. Burns: Votre journal! M. Bellemare: Comment? M.
Burns: Votre journal!
M. Bellemare: Mon journal? Le journal de tout le monde. C'est
parce qu'il ne vous consacre peut-être pas assez de pages? "En somme, le
fruit n'est pas mûr. M. Duhaime aurait tout intérêt à
retarder sa décision. Le but qu'il poursuit est certainement très
louable et répond à une grande demande, mais il faudrait qu'il
s'assure l'appui et la coopération des principaux
intéressés, soit les véritables chasseurs et
pêcheurs. Il y aurait très certainement des étapes
intermédiaires à franchir, des concessions à faire, de
part et d'autre, avant d'en arriver à une solution globale qui mette en
danger la principale industrie du Québec, celle du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. Signé: Sylvio Saint-Amant, 15
décembre 1977".
Le Président: M. le député de Beauce-Sud,
cela prend le consentement unanime, est-ce que...
M. Roy: M. le Président, je peux peut-être avoir le
consentement unanime, étant donné que le ministre, à la
page 2, a sollicité l'appui unanime...
M. Burns: Consentement, si c'est bref. M. Roy: Ah! je
pensais: si c'était favorable. M. Burns: Non, si c'est bref. M.
Roy: Cela va être très bref.
M. Burns: Je ne vous dirai pas quoi dire, mais je vais vous
demander d'être bref.
M. Fabien Roy
M. Roy: Cela va être très bref, M. le
Président. A la suite de mes deux collègues, nous souscrivons
évidemment à l'accessibilité aux territoires de chasse et
de pêche au plus grand nombre, mais en ce qui concerne la
libéralisation complète et totale à partir du 1er mai, il
faut s'interroger. Le mi- nistre a parlé d'une situation unique en
Amérique du Nord. C'est peut-être au Québec, où
effectivement, il est possible de s'adonner à ce sport de façon
beaucoup plus grande qu'ailleurs, puisqu'il y a eu quand même des gens
responsables de la conservation.
Je souscris à son intention qui est très louable, mais le
ministre va décidément trop vite. Plusieurs
représentations m'ont été faites par des associations de
chasse et de pêche, qui ont investi considérablement d'argent et
d'efforts. Il y a eu énormément de travail bénévole
fait par des membres pour rendre les territoires intéressants, ce qui a
permis non seulement aux membres, mais parfois à d'autres personnes
d'avoir accès à certains territoires et de s'adonner à
leur sport préféré.
Mais, M. le Président, je pense que le gouvernement oublie un
élément extrêmement important ce matin: Qui sera
responsable de la conservation? Que je sache, le gouvernement n'a pas les
outils à ce jour, ni les moyens pour être en mesure de
procéder aussi rapidement. Je le dis encore une fois et je dis en
terminant, nous souscrivons à cette mesure, mais il faudrait qu'on
procède par étapes.
Il faudra qu'on s'assure de la collaboration des associations
existantes. Il faudra qu'on permette la création de nouvelles
associations et cela ne peut pas se faire d'ici le 1er mai dans tout le
territoire du Québec.
M. le Président, je pense que le ministre aurait avantage, dans
l'intérêt des sportifs et dans l'intérêt de tous les
Québécois, à accorder un délai beaucoup plus long
pour permettre l'établissement de structures nécessaires, de
structures qui verront à assumer cette responsabilité de
conservation et pour que les gens puissent y avoir accès.
Le Président: M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche.
Une Voix: La réaction de l'arrière-garde. M.
Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, je suis à la fois
très heureux d'entendre les deux porte-parole des partis officiels de
l'Opposition apporter leur appui à cette politique
d'accessibilité. Je suis également amusé et
médusé par les réserves qu'ils formulent, et c'est
très probablement et très certainement ce qui explique que nous
avons dû attendre jusqu'en 1977 pour prendre les décisions qu'il
fallait prendre.
M. le Président, je n'ai pas l'intention, dans une simple
réplique, qui est forcément courte, de reprendre la litanie des
questions qui m'ont été posées. Tout ce que je voudrais
dire c'est que la cheville ouvrière, ou encore le pilier...
M. Pagé: Le tremplin, des grands mots. Des beaux mots,
mais pas de réponse.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît, M. le
député de Portneuf!
NI. Pagé: M. le Président, j'aimerais avoir une
réponse. Cela n'a pas de bon sens.
M. Duhaime: II y aura effectivement les associations...
M. Lessard: Vous êtes jaloux. Vous n'avez jamais rien
fait.
M. Pagé: Répondez-donc aux questions! Vous
improvisez. Vous, le député de Saguenay, vous devriez être
le premier à vous taire ici.
M. Duhaime: II en existe actuellement, M. le Président, au
Québec 300. J'ai eu, M. le Président, comme l'a mentionné
le député de Johnson, à rencontrer 650 à 700 de mes
concitoyens au CEGEP de Shawinigan récemment. Mon collègue,
Jacques Léonard, a rencontré également des gens dans la
région du nord de Montréal et un peu partout au Québec,
des députés ministériels ont fait certains sondages, et
c'est étrange comme nous n'avons pas les mêmes réponses aux
mêmes questions. Il m'apparaît important qu'à part ceux qui
seront toujours, de toute façon, et j'espère que le
député de Johnson n'est pas leur porte-parole...
M. Bellemare: M. le Président, je soulève un point
de règlement.
M. Duhaime: Les défenseurs... Attendez que je finisse ma
phrase.
M. Bellemare: M. le Président, il n'a pas le droit de dire
ce qu'il vient de dire, que je suis le porte-parole de qui que ce soit. C'est
une insulte qu'il me fait personnellement. J'ai le droit de soulever une
question de privilège. Il n'a pas le droit de me dire que je suis le
porte-parole de qui que ce soit. Je suis député de Johnson et
c'est comme député de Johnson... Arrêtez vos insinuations,
parce que j'en ai d'autres.
M. Burns: Vous n'avez pas encore été
insulté! Attendez!
M. Duhaime: M. le Président, je ne sais pas si mon bon ami
s'est levé trop tôt ou s'il s'est couché trop tard, mais je
n'avais même pas terminé ma phrase. Vu que vous avez la peau
sensible ce matin, je ne la terminerai pas.
M. Bellemare: Vous faites mieux.
M. Duhaime: Tout ce que je veux dire, M. le Président,
c'est que des associations de chasse et pêche existent actuellement au
Québec. Il en existe exactement 300.
Il y a même des associations que j'assimile à des
agriculteurs sans sol, parce que ce sont des associations de chasseurs et
pêcheurs sans lac, et cela est incroyable au Québec.
Ce qu'il faut faire, M. le Président, c'est de s'asseoir
et je rejoins là-dessus une des questions que m'a posée le
député de Portneuf. Ce ne sont pas des fonctionnaires de mon
ministère qui vont dessiner ou découper des zones ou des
territoires d'aménagement et de conservation. Ceci sera fait via les
administrateurs régionaux et les associations de chasse et pêche,
dans chacune des régions du Québec. Nous avons commencé ce
travail de régionalisation au ministère et il est en excellente
voie, et c'est sur ces deux appuis que nous allons arrêter le
découpage des zones.
Ce que je veux également dire c'est que, à une question
bien précise, je croyais que le député de Portneuf avait
bien lu la déclaration ministérielle. Il est revenu avec une
déclaration concernant les 164 clubs. J'ai bien dit qu'aucun bail ne
serait renouvelé ou maintenu. Ceci signifie que, suivant l'article 8,
les baux de location de droits exclusifs de chasse et de pêche, en temps
utile, l'avis de 30 jours prévu par le bail sera donné.
Je veux également, en terminant et peut-être pour
rejoindre une interrogation du député de Beauce-Sud lui
dire ceci: Vous craignez pour la faune, vous craignez pour sa protection et sa
conservation. A de très nombreuses occasions, aussi bien dans cette
Chambre qu'ailleurs, on me cite en exemple nos voisins, un peu plus à
l'ouest, c'est-à-dire en Ontario. Je dois vous dire qu'il n'existe pas
de permis de pêche en Ontario et que, jamais, dans toute l'histoire du
Haut-Canada ou d'Ontario, il n'a existé un club privé. Je dois
ajouter qu'ils abattent chaque année davantage d'orignaux que nous au
Québec; davantage de chevreuils, davantage de gélinottes
huppées...
Une Voix: Ce sont des perdrix!
M. Duhaime: Ce que je veux dire, également, M. le
Président, c'est que, pour la première fois dans l'histoire du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et je
pense qu'on va faire un retour de plusieurs années le
gouvernement du Québec, dont j'ai l'honneur de faire partie,
reconnaît l'importance de la protection et de la conservation de nos
ressources de la faune.
C'est pourquoi, soyez assuré, M. le député de
Beauce-Sud, que, à la commission parlementaire, lorsque nous
étudierons les crédits de mon ministère, l'an prochain,
vous aurez le loisir de regarder au bon endroit pour constater, avec nous, que
des montants substantiels apparaîtront, tant au chapitre de la
conservation, par l'embauche d'agents de conservation, de même qu'au
chapitre de la protection de la faune par des budgets pour embaucher davantage
de biologistes et de techniciens de la faune et ce, dès l'an
prochain.
Le Président: Dépôt de documents. Mme le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport annuel du Service des assurances
Mme Payette: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1976 du Service des assurances.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés. M. le leader parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 241
M. Burns: M. le Président, relativement au projet de loi
no 241, qui, maintenant, peut être présenté, je
dépose le rapport du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Ce projet de loi no 241 a été examiné par le
greffier en loi de la Législature et le projet ayant été
déposé après le jour de l'ouverture de la session et aucun
avis n'ayant été déposé avant le jour du
dépôt au secrétariat des commissions, il y aurait lieu de
suspendre les règles de pratique à cet égard et j'en fais
motion.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Une Voix: Adopté. M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Présentation de projets de loi au nom
du gouvernement.
M. Burns: Artiche h), M. le Président.
Projet de loi no 95 Première lecture
Le Président: M. le ministre de la Justice propose la
première lecture du projet de loi 95, Loi favorisant la
libération conditionnelle des détenus.
M. Lavoie: Des députés ou des détenus?
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, je pense bien qu'il
n'est pas nécessaire de mentionner que ma conviction est que ce projet
de loi n'est pas déposé pour adoption avant Noël. Le
présent projet de loi a pour objet de permettre à une personne
incarcérée dans un établissement de détention du
Québec pour une période d'emprisonnement supérieure
à six mois de bénéficier d'une libération
conditionnelle accordée par la Commission québécoise des
libérations conditionnelles.
Le chapitre I établit certaines définitions; le chapitre
II prévoit les règles relatives à la constitution de la
commission; le chapitre III définit, dans la section I, les fonctions de
la commission quant à la libération conditionnelle, celle-ci peut
accorder la libération conditionnelle si les règles
d'admissibilité sont respectées; des règles
particulières de procédure devant la commission sont
prévues à la sous-section 3; la décision de refuser la
libération conditionnelle ou de la révoquer peut faire l'objet
d'une révision devant un comité; ceci est prévu à
la sous-section 4. La commission peut également, durant la
période de libération conditionnelle, en modifier les
conditions.
La section II de ce chapitre permet à la commission de statuer
sur l'appel d'une décision rendue, en matière d'absence
temporaire, par le directeur général de l'approbation et des
établissements de détention. Le chapitre IV établit
certaines règles générales et modifie la Loi de la
probation et des établissements de détention pour, notamment,
accorder à une personne incarcérée pour une période
d'emprisonnement inférieure à six mois la permission de
s'absenter temporairement de l'établissement de détention et ce,
en vue de la réinsertion sociale du détenu.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Une Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Article i), M. le Président.
Projet de loi no 98 Première lecture
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Energie propose la première lecture du projet de loi no 98,
Loi modifiant la Loi du régime des eaux.
M. le ministre délégué à l'Energie.
M. Guy Joron
M. Joron: M. le Président, ce projet de loi donne suite au
discours du budget du 12 avril 1977 et il a principalement pour effet, à
compter du 1er mai 1977: d'abord, de porter de $0.15 à $0.50 par 1000
kilowatts-heures la redevance et la contribution que doivent payer au ministre
des Richesses naturelles les détenteurs et propriétaires de
forces hydrauliques; ensuite, de prévoir une augmentation annuelle de ce
taux en fonction de l'augmentation du revenu moyen par kilowattheure que
procurent à l'Hydro-Québec les ventes d'énergie souscrite
au secteur industriel.
Egalement de supprimer la déductibilité du montant
équivalent aux taxes scolaires dues pour l'année 1946; de
supprimer l'exemption des propriétaires ou détenteurs de force
hydraulique d'une puissance naturelle de moins de 10 000 chevaux au
débit ordinaire de six mois; de prévoir que dans le cas où
une personne autre que le propriétaire utilise l'énergie
électrique générée par les forces hydrauliques, la
contribution est alors exigible de cette personne et perçue par le
propriétaire à titre de mandataire du ministre; enfin, de
substituer la date du 1er mars à celle du 1er août en ce
qui concerne l'exigibilité des redevances et contributions
annuelles.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Article j), M. le Président.
Projet de loi no 86 Première lecture
Le Président: Mme le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières propose la
première lecture du projet de loi 86 qui est la Loi modifiant la Loi des
sociétés coopératives agricoles.
Mme le ministre.
Mme Lise Payette
Mme Payette: M. le Président, l'article 1 du
présent projet de loi permet à l'assemblée
générale annuelle d'une coopérative affiliée
d'établir une liste de personnes à même laquelle le conseil
d'administration désignera le ou les délégués ainsi
que le ou les substituts à l'assemblée générale de
la Société coopérative fédérée des
agriculteurs de la province de Québec. Il permet aussi à
l'Assemblée générale de déléguer au conseil
d'administration le pouvoir de désigner ce ou ces
délégués ainsi que ce ou ces substituts. Cependant, pour
le choix des délégués et des substituts aux
assemblées générales de la coopérative
fédérée tenues au cours de l'année 1978, le conseil
d'administration d'une société affiliée à celle-ci
est autorisé à désigner lui-même les
délégués et substituts.
Enfin, il permet également de porter à deux ou trois ans
le mandat des membres du conseil d'administration d'une société
coopérative agricole.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. Burns: Article k), M. le Président.
Projet de loi no 241 Première lecture
Le Président: M. le député de
Saint-François propose la première lecture de la Loi modifiant la
Loi refondant la Charte de la société coopérative
fédérée des agriculteurs de la province de Québec.
Est-ce que cette motion de première lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Est-ce que c'est pour adoption dans
l'immédiat?
M. Burns: Oui. Les projets de loi nos 86, 241 et 216 sont trois
projets de loi qui peuvent être déférés à la
commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières et qui pourraient être discutés assez
rapidement. D'ailleurs, j'avais l'intention d'en parler à mes amis, les
leaders de l'Opposition, pour voir si c'est possible que dans la
journée, peut-être même à 15 heures, cette commission
des consommateurs, coopératives et institutions financières
siège pour entreprendre l'examen de ces projets de loi. Je ne fais pas
de suggestion tout de suite. J'avais l'intention, avant de le faire, de vous en
parler, de sorte que d'ici la fin de la période de questions,
probablement j'aurai eu l'occasion d'en parler.
M. Lavoie: Dans les deux projets de loi privés, est-ce que
les parties sont prêtes à venir se faire entendre aujourd'hui?
M. Burns: Dans l'un et l'autre cas, je suis assuré que les
parties sont prêtes à se faire entendre.
Le Président: Cette motion de première lecture
sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
M. Burns: M. le Président, je propose que ce projet de loi
no 241 soit déféré à la commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
Période de questions orales. M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS Loi sur la
consultation populaire
M. Lavoie: M. le Président, ma question s'adresse au
leader parlementaire du gouvernement. Il peut s'imaginer que normalement on
aurait beaucoup de questions à lui poser relativement au projet de loi
no 92, Loi sur la consultation populaire, qui a été
déposé hier. On sait que le ministre responsable de ce dossier a
déposé à la toute fin de la première partie de la
session, une journée ou deux avant l'ajournement d'été,
son livre blanc.
Aujourd'hui, à la toute fin, une journée ou deux avant la
prorogation normale de la session, il dépose son projet de loi, ce qui
nous prive de la possibilité de lui poser une multitude de questions. Il
nous fait penser un peu à un gamin qui fait des mauvais coups, qui lance
des cailloux dans les carreaux et qui prend ses jambes à son cou de peur
de se faire attraper.
M. Burns: Mes mauvais coups sont habituellement adoptés
à l'unanimité.
M. Lavoie: A l'unanimité. Est-ce que vous avez bien
dormi?
M. Burns: Très bien, très, très bien.
NI. Lavoie: Bon. Nous voyons que le ministre a retenu dans son
projet de loi le conseil du référendum, genre de conseil des
sages dont l'idée avait été suggérée, la
première fois, en 1969 par le chef de l'Opposition du temps, M. Lesage,
qui a été reprise et par l'Union Nationale et par le Parti
libéral. Ne croyez-vous pas qu'il y a un genre d'écran de
fumée? Ne croyez-vous pas que les pouvoirs...
M. Burns: M. le Président, je ne veux pas discuter le
projet de loi tout de suite.
M. Lavoie: Quelle occasion avons-nous de vous poser des questions
sur ce projet de loi?
M. Burns: Vous allez l'avoir l'occasion.
M. Lavoie: La population va se poser des questions pendant trois
mois ou deux mois avant la reprise de la session et on n'aura aucune
réponse. Je crois que c'est notre devoir de poser des questions au
ministre, M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition,
il faudrait que vous vous contentiez de poser des questions; ce n'est
évidemment pas le moment de faire un débat sur un projet de loi
qui n'a été déposé qu'hier et qui n'a
été adopté qu'en première lecture.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre pourrait considérer
d'élargir le pouvoir de ce conseil de référendum, ne pas
limiter son pouvoir uniquement à un rôle judiciaire? Pourrait-il
enlever la discrimination qu'il y a où le conseil sera tenu de fournir
des renseignements à la demande du gouvernement alors que le
président de l'Assemblée ou les membres de l'Assemblée
n'auront aucun pouvoir envers ce conseil? N'y aurait-il pas lieu que la vraie
question soit soumise au conseil du référendum?
M. Burns: Je suis convaincu, M. le Président, que nous
aurons amplement l'occasion de discuter de cela lorsque le projet de loi sera
discuté tant en deuxième lecture qu'en commission
parlementaire.
M. Lavoie: Le ministre a retenu son idée de groupes
nationaux obligatoires, que les gens seront tenus de se regrouper dans un
premier clan ou un deuxième ou un troisième ou un
quatrième, suivant les options offertes à la population. Suite
à l'avis qui a été donné par la Commission des
droits de la personne, est-ce qu'il peut nous assurer, maintenant que le
gouvernement a fait son lit dans un projet de loi, qu'il requerra de cette
commission son avis sur le projet de loi tel que déposé?
M. Burns: Je n'ai pas l'intention de requérir cet avis. Je
suis convaincu que, si la commission croit qu'il y a accroc aux droits et
libertés de la personne, elle va d'elle-même et c'est
d'ailleurs son rôle voir à faire en sorte que je sois
avisé de cela. Nous agirons en conséquence par la suite.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Excusez-moi, M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: De toute façon, cet avis, si le gouvernement
n'ose pas le demander, nous, en ce qui concerne l'Opposition, nous requerrons
cet avis.
Le ministre ne croit-il pas qu'il va un peu loin, lui, grand
réformateur du droit parlementaire, alors que la clôture
n'existait que dans nos règlements? Pour la première fois, ne
trouve-t-il pas osé d'instaurer une clôture dans une loi? La vraie
guillotine est inscrite pour la première fois dans les statuts du
Québec à l'article 8; ne trouve-t-il pas que c'est aller un peu
loin dans sa réforme parlementaire?
M. Burns: Ma réponse est non. La raison est bien simple.
Je vais essayer d'être très bref là-dessus. Il est, dans
mon esprit, assez clair que, si un gouvernement, de sa propre initiative, veut
consulter la population, il n'appartient pas à qui que ce soit
d'empêcher cette consultation. Il est normal qu'on puisse dire qu'un
gouvernement qui a pris cette décision ait un délai normal pour
discuter franchement et ouvertement des problèmes qui peuvent se poser
quant à la mise en place de la consultation, mais non pour
empêcher cette consultation.
M. Lavoie: Dernière question, M. le Président. Le
ministre retient-il toujours son idée d'une prati-
que ou d'un "dry run" j'emploie son expression pour
éprouver sa loi avant le référendum que tout le monde
désire sur l'avenir constitutionnel du Québec, entre autres en
soumettant à la population la double indexation généreuse
du salaire des ministres?
M. Burns: Si l'occasion se présente, oui. Nous ne
refuserons pas d'autres occasions de consultation populaire que celle à
laquelle fort probablement le député de Laval pense,
c'est-à-dire celle sur l'avenir constitutionnel du Québec, mais
on ne fera pas exprès pour dépenser des fonds publics pour un
"dry run". Si l'occasion se présente, ce serait sûrement une bonne
chose.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Question additionnelle. Quelles sont les raisons
profondes qui ont motivé le ministre de retenir l'idée d'une
motion de la Chambré pour décider d'une question
spécifique au lieu d'arriver avec une loi sur une question
spécifique? Il y a certainement des raisons qui ont motivé le
choix du ministre.
M. Burns: Je m'excuse, mais peut-être que le chef de
l'Union Nationale n'a pas lu le projet de loi au complet. C'est tout à
fait normal, puisque le projet de loi a été déposé
hier, mais la possibilité d'un projet de loi n'est pas exclue dans le
projet de loi que j'ai déposé.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Conflits de travail dans le domaine de la
presse
Mme Lavoie-Roux: Ma question devrait peut-être s'adresser
au ministre du Travail, mais de toute façon il trouve que les conflits
du Soleil, de la Presse et de Montréal-Matin n'ont pas duré assez
longtemps: quatre mois dans un cas et près de trois mois dans les deux
autres!
J'aurais aimé adresser ma question au ministre des
Communications, il est absent. Excusez-moi, il n'était pas à sa
place habituelle.
M. Johnson: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: C'est au ministre des Communications que
j'adresse ma question.
M. Johnson: ... sur une question de privilège.
Mme Lavoie-Roux: C'est au ministre des Communications, M. le
Président, que j'adresse ma question.
M. Johnson: Question de privilège.
Le Président: Mme le député de l'Acadie, une
question de privilège est soulevée.
M. Johnson: Evidemment, et tous les collègues dans cette
Chambre l'ont entendu, le député du Nouveau... le
député de L'Acadie j'allais dire du Nouveau-Brunswick
a émis une hypothèse dans la question qu'elle allait
adresser à mon collègue des Communications. Elle a porté
un jugement de valeur, à savoir que celui qui vous parle
considérait que le conflit à la Presse et au Soleil n'avait pas
assez duré. Je veux rectifier les faits étant donné que je
n'ai jamais affirmé une telle chose. Comme tous les citoyens qui sont
avides d'information, le ministre du Travail, à titre de citoyen, trouve
que ces conflits ont duré passablement longtemps.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Remarquez bien que je ne détesterais pas
être député au Nouveau-Brunswick.
Une Voix: Allez-y!
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas imputé d'intention au
ministre du Travail. Tout le monde sait que les conflits durent depuis quatre
mois dans un cas et trois mois dans les autres; cela paraît quand
même suffisamment long.
Le ministre des Communications a sans doute ce matin pris connaissance
de l'avis du Conseil de la presse touchant les conflits de travail dans les
journaux qui, selon le titre, causent un préjudice grave au public.
Cette question a déjà été soulevée au
début de la semaine. Ma question plus précise est celle-ci. Ce
qu'il a laissé entendre à la télévision hier soir,
à savoir qu'il pourrait, d'ici une couple de semaines, convoquer une
commission parlementaire pour étudier les problèmes de
liberté et de concentration de la presse, est-ce une intention
sérieuse du ministre des Communications, et dans quel délai
entend-il vraiment convoquer cette commission parlementaire de
l'éducation, des communications et des affaires culturelles?
M. O'Neill: Je crains bien que Mme le député de
L'Acadie ait mal compris cette nouvelle. Ce qui a été dit
concernant cette commission parlementaire correspond exactement à ce qui
a été dit ici, à l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire que c'est toujours la même question qu'on pose comme
si, de soi, une commission parlementaire allait, dans l'état actuel des
choses, régler toute cette question.
Nous nous en tenons, pour le moment, à la façon de
procéder qui a été décrite par le ministre du
Travail, à savoir que ce que le gouvernement espère tout d'abord,
c'est de régler ce conflit. Cela ne signifie pas que nous n'accordons
aucune importance au problème que Mme le député a
soulevé, celui, comme tel, du droit à l'information.
Là-dessus, outre les contacts très directs que maintient le
ministre du Travail, il y a d'autres contacts également qui sont
entretenus avec les milieux de la presse. Dans une étape
ultérieure, selon l'évolution de ce conflit et surtout en
espérant qu'il se réglera le plus tôt possible, il est
entendu que nous allons regarder de près tout ce problème
non seulement de ce qu'on appelle la concentration de la presse, mais du
droit du citoyen à l'information, qui nous apparaît la question
majeure.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Une question supplémentaire. Si le
ministre des Communications a examiné tout le problème de
près, peut-il nous dire s'il voit une relation, justement, entre la
longueur des conflits qui sévissent présentement je pense
particulièrement au Soleil et le problème de la
concentration de la presse et de la liberté de la presse?
M. O'Neill: C'est un aspect, c'est une des données du
problème, mais ce serait vraiment simplifier ce conflit de le limiter
à cet aspect de la question, tout comme ce serait simplifier tout ce
problème de la presse en général de ne parler que de
concentration comme problème, alors qu'il faut aussi parler, par
exemple, de la diffusion de l'information, de tous ces lieux où il n'y a
aucun problème de concentration, mais où il y a surtout un
problème d'absence de diffusion. Alors, je dois dire qu'une
donnée du problème qui peut nous apparaître importante ne
doit pas nous empêcher de voir une dimension plus vaste de la question
elle-même.
Mme Lavoie-Roux: Est-il exact qu'à un moment donné
le ministre des Communications aurait proposé au cabinet de convoquer
justement une commission parlementaire pour examiner ces problèmes et
que cette suggestion du ministre des Communications n'a pas été
agréée par le cabinet?
M. O'Neill: M. le Président, c'est une hypothèse
qui a été discutée avec un certain nombre de
collègues du cabinet et c'est vrai qu'il a été jugé
plus prudent, à ce stade-ci, de ne pas recourir à un tel
moyen.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Emission d'obligations du Québec
M. Biron: Ma question s'adresse au ministre des Finances et a
trait à la dernière émission d'obligations du
Québec, datée du 7 décembre dernier, pour $50 millions.
Est-ce que ces obligations ont été souscrites entièrement
au Québec et est-ce qu'elles ont été offertes à
l'extérieur, du Québec? '
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, elles ont été
souscrites pour l'essentiel au Québec. Je n'ai pas examiné encore
la liste finale des placements, dans quels portefeuilles c'était
placé, mais un rapide survol indique que, pour l'essentiel, cette
émission s'est placée dans des portefeuilles institutionnels
assez largement québécois et, pour une partie plus faible, chez
des particuliers et, dans le cas des particuliers, il s'agit essentiellement de
Québécois.
Etant donné que cette émission avait un caractère
un peu expérimental à bien des égards, elle
comportait des éléments nouveaux éventuellement
dans des additions à ce type d'emprunt, je pense qu'il faudrait faire en
sorte, d'ailleurs, que le marché des particuliers pour ce type de titres
s'accroisse graduellement. Mais, encore une fois, pour répondre
spécifiquement à la question du chef de l'Union Nationale, pour
l'essentiel, pour la majeure partie des cas, cela s'est placé au
Québec.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, question additionnelle. Est-ce
que le ministre pourrait nous dire s'il est exact que certains courtiers de
l'extérieur du Québec auraient retourné ces obligations
sans vouloir les vendre parce que le genre de monnaie ou le cours de monnaie
remboursable n'était pas mentionné sur le prospectus? Alors
qu'autrefois nous avions: "le capital et l'intérêt seront payables
en monnaie et en cours légal au Canada ", dans le nouveau c'est tout
simplement marqué: "le capital et l'intérêt seront payables
à échéance à toute succursale de banque", etc.
Est-ce exact que certains courtiers les auraient retournées parce que le
genre de monnaie n'était pas mentionné sur le prospectus?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, cette émission s'est
enlevée comme des petits pains. Je n'ai jamais entendu d'allusion
à ce que vient de suggérer le chef de l'Union Nationale, d'aucune
espèce de façon. En fait, cette émission s'est
enlevée en très peu de temps.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Question additionnelle. Est-ce que cette
émission d'obligations sera remboursée en monnaie et en cours
légal au Canada? Deuxièmement, est-ce que le ministre des
Finances a eu certaines recommandations de la part de courtiers afin d'inscrire
quel genre de monnaie ayant cours à quel endroit sera écrit
dorénavant sur les prochains prospectus du Québc?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: A la première question la réponse est:
Bien sûr! A la deuxième question, c'est non.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Shaw: Question additionnelle, M. le Président, sur le
même sujet.
Le Président: Une dernière question additionnelle,
M. le député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Mr minister of Finance, is it true that the new
character that you describe in these bonds is that for the first time there is
a question as to what kind of money this repayment will be made in and it is
for this reason that the bond traders in New York sent back the issue that you
attempted to sell there?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je répète
encore une fois que je n'ai jamais entendu parler de retour d'obligations. Cela
s'est vendu à toute vitesse, cette émission. Deuxièmement,
les caractéristiques nouvelles de cette émission ne sont pas du
tout celles dont parle le député de Pointe-Claire. Il s'agit
d'abord, et je pense que c'est la principale innovation, d'obligations à
court terme qui, pour la première fois, sont distribuées
directement par le gouvernement de Québec, sans passer par le syndicat
financier, utilisant un mode de distribution qui se rapproche beaucoup de celui
qui est utilisé par la Banque du Canada.
Que certains courtiers n'aient pas beaucoup aimé que le
gouvernement du Québec fasse pour ces titres à court terme sa
propre distribution, je les comprends, mais il ne faudrait pas monter, à
partir d'une réaction de mauvaise humeur, un roman.
Le Président: M. le député de Gatineau.
Président de la Communauté
régionale de l'Outaouais
M. Gratton: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires municipales. Etant donné que le mandat de M.
Jean-Marie Séguin, président de la communauté
régionale, se termine le 31 janvier 1978, et qu'il a avisé le
ministre de son intention de quitter son poste le 31 décembre prochain,
le ministre pourrait-il informer l'Assemblée de sa décision ou de
ses intentions quant à la nomination du successeur de M.
Séguin?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il convient que la
première personne informée de la décision que m'a
annoncée M. Séguin, qu'il avait l'intention de ne pas solliciter
un prolongement de son mandat, serait M. Séguin lui-même. Je
devais le faire, en toute justice, mercredi de la semaine dernière, mais
les travaux de la session étant ce qu'ils sont, je n'ai pas eu le temps
de le faire. Cela devrait se faire aujourd'hui ou demain, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Question additionnelle. Est-ce que le ministre
pourrait confirmer ce qu'il a déjà dit, semble-t-il, à
l'effet qu'il n'a aucune espèce d'objection de principe à ce que
ce soit le conseil de la communauté régionale qui fasse la
nomination du président de la communauté plutôt que le
lieutenant-gouverneur en conseil, tel que prévoit la loi
présentement? Si c'est le cas, le ministre entend-il demander au Conseil
de la communauté régionale de l'Outaouais de procéder
à cette nomination?
M. Tardif: M. le Président, la réforme de la
Communauté urbaine de Québec que j'ai annoncée il y a deux
jours indique clairement dans quelle direction nous nous en allons,
c'est-à-dire remettre le contrôle des communautés urbaines
régionale dans le cas de l'Outaouais le plus possible aux
élus locaux.
La loi régissant la Communauté régionale de
l'Outaouais est un cas d'exception qui prévoit que c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui nomme. Pourquoi le lieutenant-gouverneur
en conseil, dans le temps, a-t-il fait cela pour l'Outaouais et qu'il ne l'a
pas fait pour les autres? C'est une question qu'il faudra peut-être poser
aux gens qui étaient là à l'époque. Je conviens que
c'est dans cette direction qu'il faut s'en aller. Je ne suis pas prêt
à le faire maintenant parce qu'il n'y a pas uniquement cet article de la
loi qu'il faut modifier. Il y en a un certain nombre d'autres, notamment en ce
qui concerne la commission de transport et les autres organismes satellites qui
traînent dans le paysage comme dans le cas de Québec ici. C'est
à cette occasion qu'il faudrait faire cette réforme selon le
principe avec lequel je suis tout à fait d'accord.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Additionnelle, M. le Président. Si c'est le
cas que le ministre est complètement d'accord en principe et qu'on se
dirige éventuellement dans cette direction, le ministre serait-il
prêt à retenir la suggestion que lui fait le conseil de la
communauté par sa résolution adoptée il y a environ deux
semaines, soit de laisser le conseil suggérer au ministre, à
partir d'un concours, à partir des critères qu'on voudra bien
déterminer, le nom de celui qui devra être nommé, quitte
à ce qu'on se conforme à la loi actuelle en entérinant la
recommandation du conseil par arrêté en conseil? C'est dans le but
de faire en pratique ce qu'on prêche en principe.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, j'ai déjà
reçu de nombreuses suggestions pour le poste en question, y compris
celle du maire de Hull. S'il y en a d'autres qui entrent on les prendra en
considération. Il y a même des gens qui ont posé leur
candidature. Je ne suis pas fermé du tout aux propositions qui pourront
nous être faites.
M. Gratton: Une dernière question additionnelle
très courte. Le ministre n'est pas très clair dans ses
réponses. J'ai l'impression que le sourire qu'il me fait en dit long. Le
ministre est-il en me-
sure de me confirmer qu'effectivement le choix du successeur de M.
Séguin est à toutes fins utiles arrêté et
qu'effectivement il s'agira de M. Jean-Marc Rivest, qui est présentement
directeur du service d'urbanisme, et cela au grand plaisir du ministre des
Travaux publics, député de Hull et marraine régionale?
Le Président: Mme le ministre des Travaux publics.
Mme Ouellette: Question de privilège, M. le
Président. Depuis le 15 novembre, le nouveau gouvernement du
Québec a le plus grand respect de la région de l'Outaouais. Je ne
vois pas pourquoi le député de Gatineau se comporte en cowboy
comme s'il faisait partie d'une région du "far west".
M. Gratton: Question de privilège. M. le Président.
Je voudrais dire au ministre des Travaux publics que le plus cowboy est celui
qui monte sur ses grands chevaux.
Une Voix: Un à zéro.
Le Président: M. le député de Bellechasse.
Je m'excuse.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: II y a une question qui m'a été
posée. Je n'ai pas l'intention de m'y dérober. J'ai dit que nous
avions reçu plusieurs suggestions et que des gens avaient posé
leur candidature. En effet, M. Rivest, qui était le bras droit de M.
Séguin, qui a préparé les schémas
d'aménagement, qui est urbaniste de profession, est l'un de ceux qui ont
posé leur candidature.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
Etablissement de Chromasco au Québec
M. Goulet: M. le Président, ne vous en faites pas. Je ne
parlerai pas de salaire aux ministres. Avant l'ajournement de la session,
j'aimerais poser une question au ministre de l'Industrie et du Commerce.
J'aimerais savoir où en sont les chances du Québec d'amener
Chromasco, qui a obtenu de SOFREM les droits de fabrication de magnésium
en Amérique du Nord, à s'établir au Québec, soit
pour l'investissement de quelque $15 millions à $20 millions aux fins
d'un four fonctionnant selon un nouveau procédé ou encore, M. le
Président, soit pour un investissement de quelque $40 millions
créant 300 emplois aux fins de la construction d'une usine ici au
Québec.
M. Tremblay: M. le Président, il y a quelques semaines, il
m'a été donné de rencontrer le président de
Chromasco, M. Timmins, qui a fait un communiqué de presse
annonçant l'intention de l'entreprise de faire des réparations de
modernisation à son usine de Haley, en Ontario, pour l'année
1978/79 et, aussi, la possibilité, de l'établissement au
Québec, à Beauharnois, d'une usine d'environ $20 millions.
Chromasco a fait une entente technologique avec une entreprise
française, de sorte qu'elle a amélioré son
procédé de production pour qu'il lui soit possible, dans les
années 1979 et 1980, d'établir une usine au Québec qui
suivrait les lignes que le député a mentionnées.
Par contre, comme je l'ai déjà mentionné dans cette
Chambre, d'autres procédés existent à travers le monde
dont celui possédé par le groupe Montesi. Ce groupe est encore en
négociation avec la Société générale de
financement et, aussi, avec un troisième investisseur, Union Carbide, de
sorte que la position du ministère de l'Industrie et du Commerce, c'est
de ne pas faire de discrimination envers un des deux promoteurs. Le premier qui
annoncera un investissement ferme dans ce domaine recevra le soutien du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, question
supplémentaire. Lorsque le ministre a parlé de cette
possibilité pour Beauharnois dans les lettres
alphabétiques, Bellechasse n'est pas loin, j'imagine que notre tour va
venir j'aimerais savoir qui et quand. Il y a des possibilités que
Chromasco s'établisse en Ontario ou ici, le ministre l'a dit. Qui,
quand, avec quel dossier ou avec quel argument a-t-on rencontré le
gouvernement canadien pour faire pencher possiblement Chromasco de ce
côté-ci de la frontière plutôt que de l'autre
côté? Le gouvernement de l'Ontario a fait des pressions
auprès du gouvernement canadien de façon que Chromasco puisse
aller s'établir de l'autre côté de la frontière. Y
a-t-il eu de telles représentations bien, de l'autre
côté de la frontière Québec-Ontario de la
part du gouvernement du Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: M. le Président, lorsque le
député fait allusion à des pressions auprès du
gouvernement fédéral, je présume qu'il fait allusion aux
subventions que pourrait donner le ministère de l'Expansion
économique régionale. Or, comme vous le savez, la région
de Montréal a été redésignée par le MEER il
y a quelques mois, et un tel investissement, évidemment, rentrerait dans
le groupe des six secteurs désignés. Par conséquent, la
réponse est: Oui, nous sommes en contact quotidien avec le MEER pour de
tels projets, mais tout autre investisseur pourrait se prévaloir des
mêmes dispositions de la désignation par le MEER et non pas
seulement Chromasco. Le point important à remarquer, c'est que ce projet
est un projet à moyen terme dans les trois ou quatre prochaines
années. L'intention de l'entreprise, c'est uniquement de moderniser
l'usine de Haley, en Ontario, avec un montant de $3 millions. Le gros
investissement qui exigera des levées de capitaux très
importantes est purement hypothétique présentement.
Le Président: M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Devons-nous comprendre, de la première
réponse du ministre, que le groupe Mon-tesi continue actuellement
d'étudier les possibilités d'implantation, entre autres, en
liaison avec SKW ou d'autres entreprises du genre?
M. Tremblay: La réponse est oui, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
Taxe scolaire à Rouyn-Noranda
M. Samson: M. le Président, j'ai tenté sans
succès de poser une question au ministre de l'Education hier; je vois
qu'il n'est pas là ce matin. Peut-être qu'un autre ministre
pourrait me donner une réponse.
Une Voix: II est à Paris.
M. Samson: II est à Paris? En tout état de cause,
je pose la question. Que celui qui pourra donner la réponse se
lève, que le vrai ministre se lève, M. le Président! Il
s'agit du dossier des taxes scolaires de la commission scolaire de
Rouyn-Noranda. C'est un dossier sur lequel je suis revenu deux fois, celui de
l'augmentation des taxes scolaires d'environ 75% pour la population.
Le ministre de l'Education, dans sa dernière réponse,
m'avait indiqué que son ministère étudiait cette question
afin de pouvoir venir en aide, d'une façon ou d'une autre, à la
commission scolaire de Rouyn-Noranda pour que l'augmentation de taxe de 75%
soit modifiée pour une augmentation plus acceptable. J'espère
qu'un ministre pourra me faire part de ce qui a pu être fait, surtout en
cette veille de Noël, parce que je trouve que le cadeau serait trop amer
pour mes concitoyens.
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, bien que conscient de
l'importance du sujet et bien qu'ayant eu des conversations à cet effet
avec le ministre de l'Education, je ne suis malheureusement pas en mesure
aujourd'hui d'apporter une réponse au député de
Rouyn-Noranda. Je veux quand même l'assurer que, dans le reste de la
journée, je prendrai les contacts nécessaires avec les
autorités du ministère et je ferai en sorte qu'il ait une
réponse écrite au cours des prochains jours.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Samson: M. le Président, j'aurais une question
supplémentaire.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Est-ce que le ministre d'Etat au développement
culturel pourrait, dans un grand effort, aujourd'hui, faire les communications
qui s'imposent? Est-ce que nous aurions le consentement de la Chambre pour que
le ministre puisse, au cours de la journée, lorsqu'il aura
l'information, me la donner devant cette Chambre? Est-ce que cela pourrait se
faire?
M. Laurin: Je ferai l'impossible pour satisfaire le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Le ministre est d'accord. Est-ce que la Chambre serait
d'accord, M. le Président?
Des Voix: Oui.
M. Laurin: Merci beaucoup.
M. Mackasey: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, sur une question de privilège.
M. Mackasey: ... ma question de privilège est très
courte, mais, je pense, très pertinente, surtout quand on pense que nous
serons sans doute ici entre Noël et le Jour de l'An. Ma question de
privilège vient du fait que j'avais deux ou trois questions principales
à poser et que les ministres ne sont pas en Chambre. M. le
Président, je voudrais souligner, par cette question de
privilège, qu'hier soir, durant le débat, il y avait à
peine un ministre, celui des Communications, qui était là. Wait
till I have finished.
M. Burns: A qui voulez-vous poser une question?
M. Mackasey: I would like to ask a question directly to the
minister of Education personnally, who could have waited a few more days before
leaving for Paris. My point of privilege, Mr President, I would have liked to
have brought to the attention of the prime minister that, last night and again
today, it is evident that the whip has not been unable to contact all his
ministers and I want to make a suggestion, through my point of privilege, that
he take advantage of communicating with his ministers by their mobile
telephone...
M. Burns: Voyons donc!
M. Mackasey: ... in their private limousine.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, au nom des privilèges des autres membres qui
ont le droit de poser des questions, ce n'est pas une question de
privilège, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce. Vous
le savez pertinemment. Vous êtes un parlementaire chevronné. Je
voudrais, pour respecter les privilèges des membres de
l'Assemblée nationale, permettre que la période des questions se
poursuive normalement.
M. Mackasey: I have a point of privilege. I do want to ask a
question and it is very hard to ask a question when the ministers are not here.
I would say, Mr President, on a point of privilege, on behalf of the members
who are earning $27 000 a year that we are prepared to stay here...
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce! M. le député de Beauce-Sud, vous avez
la parole.
Souscription des caisses au capital-actions des
SODEQ
M. Roy: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse a
l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce. Le 19 juillet dernier, je
l'avais interrogé, ainsi que le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières relativement à
une demande d'amendement à la Loi des caisses d'épargne et de
crédit pour permettre à ces institutions de souscrire du
capital-actions dans les SODEQ. Compte tenu que le feu vert a été
donné à plusieurs SODEQ actuellement, dont la première est
dans ma région, j'aimerais demander au ministre s'il est informé
que la Fédération des caisses d'entraide économique a
refusé l'offre qui lui aurait été faite de faire souscrire
les fédérations et non les caisses et qu'elle continue de faire
des demandes il en est de même des caisses d'établissement
auprès du ministère des Consommateurs, Coopératives
et Institutions financières pour que la Loi des caisses d'épargne
et de crédit soit amendée.
Je voudrais savoir, de la part du ministre, s'il est au courant de ces
choses; deuxièmement, si au ministère de l'Industrie et du
Commerce, on fait des représentations actuellement auprès du
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières à ce sujet.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: M. le Président, la question du
député de Beauce-Sud me permet de dire que j'ai autorisé,
ce matin, la création d'une deuxième SODEQ dans le Nord-Ouest
québécois. Nous avons déjà discuté de cette
question en Chambre et le député de Beauce-Sud sait que, selon
l'article 82 de la Loi des caisses d'épargne et de crédit, il
n'est pas permis à une caisse d'investir dans le capital-actions d'une
SODEQ. Par contre, l'article 114 et ceci est clair à la suite des
interprétations juridiques que nous avons obtenues permet
à la Fédération des caisses d'entraide d'investir dans les
SODEQ régionales, si elle juge à propos de le faire. Telle que sa
structure financière est constituée présentement, la
Fédération des caisses d'entraide économique pourrait
investir jusqu'à $7 millions dans les SODEQ si elle le désirait.
Nous avons dit aussi que et je laisserai peut-être ma
collègue, le ministre responsable du ministère des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières corroborer ceci
nous faisons l'expérience, cette année, avec les SODEQ et que,
l'an prochain, si l'expérience est concluante, aussi bien des
difficultés qui doivent être corrigées, nous pourrons
revenir avec un amendement à la Loi des caisses d'entraide
économique ou la Loi des caisses d'épargne et de
crédit.
En ce qui concerne le volet de la question portant sur les
revendications de la Fédération des caisses d'entraide
économique, je dois dire que les responsables de l'implantation des
SODEQ sont en contacts fréquents avec M. Gagnon, le président.
Nous connaissons son désir d'avoir un amendement à la loi, mais
nous souhaitons qu'il revienne sur ses intentions et qu'il investisse une
partie des $7 millions que la loi lui permet d'investir, présentement,
dans les SODEQ.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Etant donné que les dépôts sont faits
par les sociétaires, non pas dans les fédérations, mais
dans les caisses, étant donné que ce sont les caisses qui ont les
capitaux et que ce sont les caisses qui ont des chartes régionales pour
travailler sur le plan régional et pour toutes ces
considérations, les fédérations sont assez mal
placées j'aimerais demander parce qu'il semble que la
décision de la Fédération des caisses d'entraide
économique soit bien claire à Mme le ministre s'il est
exact que c'est la Régie de l'assurance-dépôts qui refuse
de donner son accord pour qu'il y ait un amendement à la Loi des caisses
d'épargne et de crédit, ou si c'est le ministère
lui-même qui exprime des réserves et qui bloque cet
amendement?
Le Président: Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, les deux, en l'occurrence,
parce que la Régie de l'assurance-dépôts est en train,
actuellement, de terminer une étude en profondeur sur son propre
fonctionnement. J'ai déjà expliqué en cette Chambre que
notre rôle, au ministère, était de voir à un
développement ordonné des institutions financières. Pour
l'instant, ce que nous pouvons envisager et ce qui a déjà
été annoncé, nous ne prévoyons pas, dans
l'immédiat, un amendement à la Loi des caisses d'épargne
et de crédit. Nous avons besoin d'une certaine assurance quant à
un certain nombre d'institutions financières avant de pouvoir aller plus
loin.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Vous me faites bien plaisir, M. le
Président.
Une Voix: C'est un beau cadeau.
Le Président: M. le député de Frontenac,
est-ce que je pourrais vous demander de ne pas faire ce que vous faites?
Des Voix: Ah!
M. Pagé: M. le Président, on est en droit de
demander ce qu'il fait.
M. Fontaine: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, et a trait à la loi 67. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire si le gouvernement entend faire une campagne d'information
sur la loi 67? Quand va commencer cette campagne et à quel
coût?
Mme Payette: M. le Président, ce dont je suis
informée, ce matin, c'est qu'il doit y avoir une conférence de
presse, un peu plus tard dans la journée. On me dit aussi que la
campagne de publicité, d'information doit commencer, je crois,
après Noël, mais je n'ai pas les détails pour l'instant, je
les aurai peut-être plus tard au cours de la journée.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
Négociations avec les courtiers d'assurances et
les experts en sinistres
M. Fontaine: Est-ce que le ministre pourrait nous faire le point,
ce matin, et nous dire où en sont rendues les négociations avec
les courtiers d'assurances, concernant leur participation au régime,
surtout sur le point particulier de la dispensation de l'information au sujet
du projet de loi no 67? On sait que les courtiers, d'une façon ou d'une
autre, nécessairement, vont devoir donner des renseignements sur ce
projet de loi.
Y a-t-il des négociations qui continuent et est-ce qu'on pourrait
faire le point là-dessus afin qu'on sache s'ils seront payés pour
ces renseignements?
Mme Payette: Au moment où on se parle, les
négociations continuent effectivement non seulement avec les courtiers,
mais également avec les experts en sinistres, qui sont au nombre de 800
au Québec. Je dois rencontrer le président de la régie au
cours de la journée pour cette conférence de presse; je pourrai,
à ce moment, lui demander un rapport plus précis de ces
négociations et éventuellement, si on y consent, donner une
réponse plus précise au cours de la journée.
M. Goldbloom: M. le Président.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: ... avant de poser ma question, j'invoque mon
privilège. Ma question devait s'adresser au ministre
délégué à l'environnement, il était en
Chambre jusqu'à quatre ou cinq minutes.
Une Voix: II s'est sauvé.
M. Goldbloom: Le premier ministre était en Chambre, il
n'est plus là. Le leader parlementaire était en Chambre, il n'est
plus là. Je pense que, quand il s'agit d'une période de
questions, il est du devoir des ministres de rester en Chambre afin de
permettre aux députés de poser leurs questions.
Le Président: Le premier ministre est là, M. le
député de D'Arcy McGee.
Problèmes d'eau potable au
Québec
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. Je lui adresse ma
question ou peut-être au ministre des Affaires municipales, parce que je
pense bien que le premier ministre ne sera pas au fait des détails du
dossier. Si l'un ou l'autre voulait transmettre la question au ministre
délégué à l'environnement, nous pourrions avoir une
réponse aujourd'hui, si possible.
J'attire l'attention du premier ministre et du ministre des Affaires
municipales sur un article, publié dans le Nouvelliste du vendredi 9
décembre, qui cite l'honorable député de Berthier au sujet
de la ville de Saint-Gabriel-de-Brandon et des problèmes d'eau potable
que nous connaissons dans cette municipalité. Effectivement, le
député de Berthier dit qu'il ne faut pas s'en faire, il ne faut
pas trop s'en étonner car, sur 1600 municipalités du
Québec, 175 ont reçu des avis semblables à celui de la
ville de Saint-Gabriel. Il s'agit d'un avis demandant aux autorités
municipales d'avertir la population de faire bouillir son eau avant la
consommation.
Ma question est la suivante: Qu'est-ce que le gouvernement va faire pour
régler non seulement le cas de Saint-Gabriel, qui est en voie
d'être réglé, mais les 175 autres cas? Je me permets de
rappeler au premier ministre et au ministre des Affaires municipales que quand
leur collègue, aujourd'hui ministre délégué
à l'environnement, siégeait dans l'Opposition, quand il y avait
une trentaine de cas semblables au cours de l'année, c'était la
faute personnelle du ministre. Il suffisait d'un changement de gouvernement
pour régler ces problèmes. On passe à 175 cas où il
faut avertir la population de faire bouillir son eau; qu'est-ce que le
gouvernement va faire?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): J'ai pris avis de la question. Je
vais lire le Nouvelliste et je vais consulter les dossiers de notre
collègue de l'environnement. Il se peut, de façon très
préliminaire peut-être, que le ministre des Affaires municipales
ait quelque chose à vous apprendre du côté de ces 175
municipalités, je ne sais pas.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: Non, je devrai également prendre avis de la
question, sauf que mon ministère analyse prioritairement les cas qui lui
sont signalés par les Services de protection de l'environnement qui
entrent dans la catégorie de Saint-Gabriel-
de-Brandon. Il y a une espèce de cote mise à
côté de chacun des projets, selon l'urgence. Evidemment,
dès lors que des questions de salubrité ou d'hygiène
publique son concernées, ces cas reçoivent une attention
prioritaire dans l'analyse financière que nous faisons et des
règlements d'emprunt et autres. Il est bien évident que l'analyse
technique de chacun de ces dossiers, relevant de mon collègue de
l'environnement, pour cette partie, je ne peux que prendre avis de la
question.
Le Président: Fin de la période des questions.
M. Mackasey: J'aurais eu une question à poser au premier
ministre tout à l'heure, mais il n'était pas en Chambre.
M. Bellemare: Le ministre délégué à
l'environnement pourrait peut-être répondre, il arrive
justement.
Une Voix: Demain.
M. Bellemare: Demain, oui!
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Motions non annoncées.
M. Mackasey: M. le Président, une question de
privilège.
M. Burns: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: J'avais une question principale à poser au
premier ministre tout à l'heure. Je comprends que le premier ministre
est très occupé. Je le dis sincèrement... Maybe with the
permission of the House...
M. Burns: C'est fini, M. le Président.
M. Mackasey: With the permission of the House, maybe I could ask
the prime minister...
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce demande le consentement unanime pour pouvoir
poser...
M. Burns: Non.
Des Voix: Non, pas de consentement.
Le Président: Alors, il n'y a pas de consentement, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
Motions non annoncées.
M. Burns: M. le Président, j'ai justement un consentement
à demander.
Des Voix: Non.
M. Burns: Nous venons... Attendez avant.
M. Mackasey: Vous n'aurez pas le consentement.
M. Burns: Nous venons de recevoir, M. le Président...
Ecoutez, vous allez savoir à quoi vous ne donnez pas votre consentement,
au moins c'est toujours bien cela. Nous venons de recevoir le rapport de la
Société d'habitation du Québec qui, normalement, est
présenté à une autre période de nos travaux, aux
affaires courantes. Si j'ai le consentement de la Chambre...
M. Mackasey: Vous ne l'aurez pas.
M. Burns: ... M. le ministre des Affaires municipales...
M. Mackasey: Vous ne l'avez pas. Vous me l'avez refusé,
vous ne l'avez pas.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Burns: ... pourrait, à ce moment-ci, déposer ce
rapport. C'est dans le but d'informer les députés que nous le
déposons. Vous ne voulez pas être informés, c'est cela?
M. Mackasey: No more discussion, vous ne l'avez pas.
Le Président: II n'y en a pas, bon.
M. Burns: Non, non, demain. Demain matin.
M. Mackasey: Nous serons ici demain.
M. Burns: La semaine prochaine si vous voulez.
Le Président: Enregistrement des noms sur les votes en
suspens.
Une Voix: II n'y en a pas.
Le Président: Affaires du jour.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, ce matin nous avons
déposé le projet de loi no 86 en première lecture. En
vertu de nos règlements sessionnels, à moins que cinq
députés ne s'y opposent, nous pourrions passer l'étape de
la deuxième lecture et déférer ce projet de loi,
dès cet après-midi, à la commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières. Je fais la demande pour
passer cette étape de deuxième lecture, à moins
évidemment que cinq députés ne s'y opposent.
Le Vice-Président: Justement, est-ce qu'il ne s'agit pas
d'un consentement, encore une fois, très techniquement? Est-ce qu'il y a
cinq députés qui s'opposent à cette motion? Il n'y en a
pas, par conséquent, la commission pourra...
M. Burns: M. le Président, je propose que ce projet de loi
soit déféré à la commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières et que ce projet de loi
86, ainsi que le projet de loi no...
M. Lavoie: II faudrait franchir l'étape de la
deuxième lecture.
M. Burns: Ah! ce n'est pas fait? Allez-y, allez-y. Motion de
deuxième lecture, M. le Président.
Projet de loi no 86 Deuxième lecture
Le Vice-Président: D'accord. Mme le ministre des
Consommateurs, Institutions financières et Coopératives propose
la deuxième lecture du projet de loi 86, Loi modifiant la Loi des
sociétés coopératives agricoles. Adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Motion de renvoi à la commission
élue
M. Burns: M. le Président, je reviens donc à ma
proposition originale. Je propose que ce projet de loi soit
déféré à la commission parlementaire des
consommateurs, coopératives et institutions financières et que
cette commission étudie dès cet après-midi, à
compter de quinze heures, à la salle 81-A, ce projet de loi 86 ainsi que
les projets de loi privés nos 216 et 241.
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Dois-je considérer que c'est
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Lavoie: Quelle est la dernière motion?
M. Burns: Que le projet de loi 86 soit
déféré à cette commission, avec le projet de loi no
216 et le projet de loi no 241, et que cette commission siège
relativement à ces trois projets dès cet après-midi,
à 15 heures.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Est-ce que cette motion est adoptée, M. le
Président?
Le Vice-Président: Oui.
M. Burns: Donc, je n'aurai pas à le rappeler. Tout ceux
qui sont membres de cette commission se rappeleront qu'à 15 heures cet
après-midi la commission siégera à la salle 81-A pour
examiner ces projets.
M. le Président, je vous demanderais maintenant d'avoir
l'obligeance d'appeler l'article 6). Je m'excuse, j'aurais peut-être
dû inclure dans ma motion il en vient trop à la fois
que cette commission, à qui nous venons de donner mandat, puisse faire
rapport de la même manière que la commission
plénière, c'est-à-dire que le rapport ne soit pas
nécessairement écrit, si c'est le voeu de la Chambre d'accepter
une telle motion.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour que
le rapport soit fait ainsi?
M. Roy: II y a consentement, M. le Président.
Le Vice-Président: II y a consentement. Le rapport sera
donc oral et non écrit. L'article 6).
M. Burns: L'article 6), M. le Président.
Projet de loi no 73 Troisième lecture
Le Vice-Président: M. le ministre des Transports propose
la troisième lecture du projet de loi no 73, Loi sur les corporations
municipales et intermunicipales de transport. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lavoie: Sur division. M. Bellemare: Sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Si on pouvait entreprendre les projets de loi... Si
cela pose un problème, s'il y a beaucoup de discours, etc., j'aime mieux
y revenir un peu plus tard dans le cours de la journée. Si comme cela
m'apparaît possible, les articles 2), 3), 4) et 5) pouvaient être
soumis dans un délai relativement court à l'Assemblée
nationale, j'appellerais ces articles.
M. Lavoie: Troisième lecture? M. Burns:
Troisième lecture
M. Bellemare: Pas d'objection.
M. Burns: Article 2), M. le Président.
Projet de loi no 52 Troisième lecture
Le Vice-Président: M. le ministre des Finances et du
Revenu propose la troisième lecture du pro-
jet de loi 52, Loi modifiant la Loi sur les impôts et la Loi
concernant l'application de la Loi sur les impôts.
M. Lavoie: En ce qui concerne ces quatre lois de taxes, nous
allons demander un vote enregistré, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire...
M. Burns: Est-ce qu'on ne pourrait pas le demander pour le
premier, et, ensuite, on aurait le même vote pour les autres?
Le Vice-Président: C'est ce que j'allais suggérer,
M. le leader parlementaire du gouvernement. Sans quoi, cela devient vraiment
compliqué pour les procès-verbaux. Est-ce que le projet de loi 52
est adopté en troisième lecture?
M. Lavoie: Vote enregistré.
Le Vice-Président: Qu'on appelle les
députés. A l'ordre, s'il vous plaît.
M. Lavoie: M. le Président, en ce qui concerne le projet
de loi no 52, il s'agit d'une loi de concordance, au point de vue impôt,
entre Québec et Ottawa. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts
à adopter ce projet de loi sans vote enregistré et que le vote
enregistré soit sur la loi no 60. Le même vote pourrait
s'appliquer aux projets de loi nos 61 et 63.
Le Vice-Président: II faudrait que j'aie le
consentement.
M. Burns: D'accord.
M. Bellemare: C'est exactement la même position, pour notre
parti, que celle que vient de prendre l'honorable leader de l'Opposition.
M. Burns: D'accord. Alors, M. le Président, à
l'article 2), le projet de loi no 52 sera adopté en troisième
lecture.
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. le leader parlementaire, sur la troisième lecture.
M. Burns: Alors le vote pourrait se prendre sur l'article 3).
Projet de loi no 60 Vote de troisième
lecture
Le Vice-Président: Je demanderais aux
députés de conserver leur fauteuil. Nous avons consentement pour
procéder d'une certaine façon. L'article 3), motion de
troisième lecture du projet de loi no 60 proposée par M. le
ministre des Finances et du Revenu, Loi modifiant la Loi de la taxe sur les
repas et l'hôtellerie. Je n'ai pas besoin d'appeler les
députés. Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Bédard, Laurin, Parizeau, Marois, Landry,
Léonard, Couture, Tremblay, Bérubé, Johnson, O'Neill, Mme
Ouellette, M. Joron, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Duhaime,
Léger, Tardif, Garon, Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt
(Jonquière), Marcoux, Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt,
Grégoire, Bertrand, Godin, Laplante, de Bellefeuille, Guay, Gendron,
Mercier, Laberge, Lacoste, Ouellette, Brassard, Clair, Gosselin, Lefebvre,
Lavigne, Dussault, Charbonneau, Beauséjour, Baril, Bordeleau, Boucher,
Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet.
Le Vice-Président: Que celles et ceux qui sont contre le
projet de loi veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Forget, Garneau, Goldbloom, Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux, MM.
Lamontagne, Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand, Gratton,
Pagé, Verreault, Springate, Biron, Bellemare, Grenier, Russell, Goulet,
Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Le Vice-Président: Abstentions.
Le Secrétaire: Pour: 60 Contre: 32
Abstentions: 0.
Le Vice-Président: La motion de troisième lecture
est adoptée. Le projet de loi est adopté. M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, j'imagine, selon ce que nous
ont dit les représentants de l'Opposition, que nous pourrions
considérer qu'il y a eu un même vote relativement au projet de loi
no 61, Loi modifiant la Loi de l'impôt sur la vente en détail.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, permettez-vous qu'on les prenne un par un?
M. Burns: Certainement.
Projet de loi no 61
Le Vice-Président: Sur la motion de troisième
lecture du projet de loi 61, Loi modifiant la Loi de l'impôt sur la vente
en détail, proposée par M. le ministre des Finances et du Revenu,
même vote que le précédent? Non.
M. Samson: Je veux donner une chance aux membres du Parti
québécois qui ne sont pas d'ac-
cord avec cette loi de voter contre. Alors, je veux un autre vote
enregistré.
M. Burns: Le temps des discours est fini là-dessus. Vous
voulez un autre vote enregistré? Vous êtes tout seul à le
demander, vous n'en aurez pas.
M. Samson: Je suis tout seul à le demander? Y a-t-il
quatre personnes prêtes à m'appuyer de l'autre côté
de la Chambre?
Le Vice-Président: II faut cinq...
Une Voix: Je vais collaborer.
M. Mackasey: Oui.
M. Samson: D'accord, on est cinq!
M. Burns: Qui sont les cinq?
M. Mackasey: II y en a un ici.
M. Samson: Cela va toujours être ainsi à
l'avenir.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Vote enregistré, M. le Président.
Vote de troisième lecture
Le Vice-Président: Oui. Est-il nécessaire d'appeler
les députés? A l'ordre, s'il vous plaît! Nous
procédons immédiatement à la mise aux voix du projet de
loi 61 en troisième lecture. Que celles et ceux qui sont pour cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, MmeCuerrier, MM. Bédard, Laurin, Parizeau, Marois, Landry,
Léonard, Couture, Tremblay, Bérubé, Johnson, O'Neill, Mme
Ouellette, M. Joron, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Duhaime,
Tardif, Garon, Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière),
Marcoux, Alfred, Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Grégoire, Bertrand,
Godin, Laplante, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge, Lacoste,
Ouellette, Brassard, Clair, Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau,
Beauséjour, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, JoIivet.
Le Vice-Président: Celles et ceux qui sont contre?
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Forget, Garneau, Goldbloom, Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux, MM.
Lamontagne, Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand, Gratton,
Pagé, Verreault, Springate, Biron, Bellemare, Grenier, Rus- sell,
Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Le Vice-Président: Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 59 Contre: 32
Abstentions: 0
Le Vice-Président: La motion est adoptée, le projet
de loi est adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, est-ce que vous voulez un autre
vote enregistré sur le projet de loi 63?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Samson: Est-ce que vous suggérez qu'on en demande un
autre?
M. Burns: C'est à votre goût. Je suis bien
prêt. Même vote?
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, appelez
donc l'article, s'il vous plaît.
M. Levesque (Bonaventure): II veut nous provoquer, M. le
Président.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Samson: D'accord pour le même vote, mais si vous en
voulez un, on va vous le donner.
M. Burns: M. le Président, il semble qu'on serait
prêt à prendre le même vote, c'est-à-dire que les
gens de l'Opposition sont capables de dire ouvertement qu'ils sont contre la
taxation de la publicité...
M. Bellemare: Contre les chaussures, contre les
vêtements.
M. Burns: M. le Président, même vote sur le projet
de loi 63.
Le Vice-Président: Si vous permettez, M. le leader
parlementaire, c'est l'article...
M. Burns: L'article 5.
Projet de loi no 63
Troisième lecture
Le Vice-Président: ... 5 qui est appelé. Donc, la
motion de troisième lecture du projet de loi 63, Loi de la taxe sur la
publicité électronique...
M. Mackasey: First step toward...
Le Vice-Président: ... présentée par M. le
ministre des Finances et du Revenu.
M. Burns: Même vote.
Le Vice-Président: Adopté, suivant le vote
précédent.
M. Bellemare: C'est cela. M. Burns: Article 11, M. le
Président.
Projet de loi no 100
Deuxième lecture
(suite)
Le Vice-Président: C'est la reprise du débat sur la
motion de M. le premier ministre proposant que le projet de loi no 100, Loi
modifiant de nouveau la Loi de la Législature, soit lue en
deuxième lecture. Un instant, s'il vous plaît. Lors de
l'ajournement, la parole était accordée ou réservée
à M. le député de Westmount.
M. George Springate (suite)
M. Springate: M. le Président, maintenant, ce beau
gouvernement nous demande de nous serrer la ceinture. C'est votre gouvernement
qui donne l'exemple. C'est de l'hypocrisie pure et simple. Le
député de Jean-Talon l'a bien dit hier quand il a parlé
des limousines des ministres; le député de Gatineau quand il a
parlé des réceptions qui se donnent ici et là dans la
province par ce gouvernement; le député de Brome-Missisquoi quand
il a mentionné la tournée ministérielle qui a eu lieu au
mois de septembre et une autre qui aura lieu, au mois de janvier, et surtout la
publication des volumes pour fins de publicité de ce gouvernement; le
député de Bonaventure quand il a parlé de la double
indexation du salaire des ministres, qui a augmenté ces salaires de 310
000 dans l'espace de 40 jours. Il parle maintenant de se serrer la ceinture.
C'est de l'hypocrisie.
Maintenant que vous, les ministres, avez réglé vos
problèmes financièrement, vous nous dites à nous et aux
Québécois: C'est le temps de se serrer la ceinture. Hier, M. le
Président, c'était comique d'entendre en Chambre les
députés ministériels "back-benchers", qui disaient qu'ils
étaient d'accord avec ce geste qui a été posé par
le gouvernement.
Mais il ne faut pas oublier qu'il y aura un remaniement
ministériel bientôt et que des députés s'attendent
à être nommés. Il y en a qui pensent être promus,
qu'ils vont avoir un poste supérieur. Naturellement, avec un poste
supérieur, ils auront une augmentation de salaire. Aujourd'hui
même, dans l'Argus, on voit qu'un député sera nommé
à la vice-présidence, naturellement avec une augmentation. Les
travailleurs du Québec, non, serrez-vous la ceinture. Nous, les
députés, nous avons une chance, des espoirs au moins d'avoir une
augmentation.
C'est drôle, M. le Président, aussi comme ce gouvernement,
quand il était dans l'Opposition officielle, était l'ami des
travailleurs du Québec. Quand il y avait des manifestations, ils
étaient les premiers en ligne, les députés de
l'Opposition. Maintenant qu'ils sont ministres, ils ne sont plus pour les
travailleurs. Serrez-vous la ceinture, c'est le mot d'ordre. Comme le
député de Saint-Laurent l'a bien dit, hier, c'est le commencement
d'un programme d'austérité, avec un A majuscule, parce que les
salaires des travailleurs des secteurs public et parapublic seront gelés
aussi.
Demandez-le, MM. les "back-benchers", aux hommes qui travaillent pour
nous à l'Assemblée nationale, aux hommes qui sont habillés
en vert, ils vont vous dire ce qu'ils pensent de votre programme, parce qu'eux
savent que bientôt c'est leur salaire qui sera gelé. Vous le savez
comme moi. Les députés "back-benchers" rient, mais il ne faut pas
oublier que les travailleurs du Québec connaissent votre jeu.
Ce gouvernement est venu ici avec un slogan, un bon gouvernement.
Qu'avons-nous vu depuis qu'il est au pouvoir? Taxation. Nous venons d'adopter
quatre projets de loi ce matin, qui font quoi? Qui taxent les pauvres
Québécois. Maintenant que les ministres sont grassement
payés, $65 000 par année, ils disent aux Québécois:
Serrez-vous la ceinture, maintenant que nos poches sont pleines. Ils disent que
c'est un bon gouvernement. Les députés acceptent cela; ce sont
des marionnettes. On a vu cela dans presque tous les projets de loi; ils ne
parlent presque pas, ils sont là pour voter.
Une Voix: Give them shit.
M. Springate: Oui, that is what we have to do.
Une chose que je ne peux pas accepter de ce gouvernement, c'est que
c'est un gouvernement qui trompe la population. C'est un gouvernement qui dit
une chose et en fait une autre. On l'a vu tellement souvent depuis treize mois
que c'est embarrassant. Les ministres qui ont bénéficié
d'une double indexation maintenant vont nous demander de nous serrer la
ceinture. Ils devraient avoir honte. Avez-vous remarqué que les
ministres ne disent pas un mot. Ils ne savaient pas qu'il y avait un autre
moyen d'augmenter les salaires. Ils ne savaient pas qu'on allait le dire qu'ils
étaient pour avoir $10 000 en l'espace de 40 jours. J'espère
qu'ils ont honte.
You should be ashamed, at this time of Christmas, this time of Christian
spirit! And what have they done? After their pockets are full, hoop, zip! funds
coming from the public purse! And they do not want to give anymore. Yesterday
as two days ago I called the Minister of Social Affairs uncle Scrooge for what
he was doing to senior citizens, some of who are blind, in trying to move them
in a brisk fashion away from a place where they had lived for a long time of
their life.
But now you have to ask the question: Are they all not Scrooge? Because
that is how uncle Scrooge operates; his pockets were full but nobody else could
touch him. That is how socialists are; once they are rich, they talk of
socialism. That is exactly how they are.
M. le Président, je dois vous dire ceci: Je sais que les
ministres, je sais que les "back-benchers" ministériels ne sont pas trop
fiers du geste qu'ils ont posé hier et qui est maintenant
concrétisé dans le projet de loi no 100. Qu'est-ce que cela
veut dire? Sans augmentation, c'est cela que cela veut dire.
Au nom des travailleurs du Québec, on vous a vus dans les
manifestations, vous promener dans la rue depuis six ou sept ans, des gens
à qui vous disiez que vous étiez leurs amis, en leur nom, pour le
cadeau que vous venez de leur faire, je vous dis, messieurs les ministres:
Joyeux Noël!
Le Vice-Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Je voudrais dans le calme, avec une voix calme, dans le
réalisme et le bon sens, sans faire de démagogie, adresser
quelques mots à cette Chambre et à vous en particulier, M. le
Président, au sujet de cette loi du gel des salaires des
députés pour l'année 1978. Je pense que c'est le temps au
Québec que nous reprenions un peu le sens des valeurs et savoir si ces
valeurs profondes du Québec comptent pour nous.
Hier soir, j'ai entendu, par l'entremise du perroquet dans mon bureau,
tous ces discours à la fois du côté ministériel et
de l'Opposition et cela m'a forcé à me poser certaines questions
lorsque j'ai entendu plusieurs députés nous dire qu'ils ont
quitté certains emplois plus rémunérateurs pour venir
occuper la fonction de député. Je me suis demandé ce que
beaucoup de députés se demandent aujourd'hui: Pourquoi, moi ai-je
décidé de faire de la politique? Pourquoi ai-je
décidé de me faire élire, un bon jour,
député d'un comté afin de représenter mes
concitoyens? Est-ce pour recevoir un meilleur salaire? Dans mon cas
particulier, c'est certainement non. Est-ce pour avoir de meilleurs
bénéfices, directs ou indirects? C'est certainement non.
Est-ce pour avoir de meilleures heures de travail? C'est certainement
beaucoup plus d'heures de travail, c'est certainement non quant à avoir
de meilleures heures de travail, à avoir de meilleurs moments de loisir
à la maison et à un peu moins travailler. Vous savez, M. le
Président, comme les heures de travail sont longues pour un
député, pour un représentant de la population. Est-ce pour
avoir des louanges de la part de la population et de mes concitoyens? Je ne
pense pas non plus. Je vois que lorsqu'on est député, chef de
parti ou ministre, on a beaucoup plus notre série de critiques que notre
série de louanges, de la part de la population.
Je me suis demandé, finalement: Mais qu'est-ce que je fais en
politique? Quelles sont les raisons profondes pour lesquelles je suis en
politique aujourd'hui? Je pense que c'est pour servir une cause. Chacun de
nous, que ce soit d'un parti politique ou de l'autre, a accepté, a
décidé de venir en politique pour servir une cause, essayer de
défendre des intérêts, des philosophies, un programme
auquel nous croyons, c'est pour essayer de fournir un peu plus d'efforts afin
que notre province ou notre pays progresse, c'est pour faire un peu plus
d'efforts afin que nos enfants, nos suc- cesseurs puissent
bénéficier plus largement de ce pays, de cette province que nous
voulons améliorer.
C'est par des efforts, par de nombreuses heures de travail, c'est
recouverts d'une carapace très lourde contre la critique, c'est aussi
par le sacrifice de notre vie de famille que nous devons accepter d'être
députés aujourd'hui. C'est aussi accepter une baisse de revenu
pour la plupart des députés dans cette Chambre, c'est faire des
dépenses accrues dans le cas de chacun des députés de
cette Chambre que d'accepter d'être député
représentant la population de nos comtés.
Finalement, être député ici, dans cette Chambre en
particulier, ce n'est pas un métier, ce n'est pas une profession, ce
n'est pas un travail, être député à
l'Assemblée nationale, je dirais que c'est une vocation. C'est une
vocation d'être député!
M. Bellemare: C'est de l'apostalat!
M. Biron: C'est de l'apostolat, justement, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale. C'est une vocation que de vouloir servir
nos concitoyens, notre province, notre pays et nos municipalités. Il
faut véritablement avoir la foi, aujourd'hui, pour être
député. Il faut avoir foi en l'avenir, en nos idées et
dans les chefs de nos partis; il faut avoir foi en notre pays, en notre
province, en nos municipalités, au programme que nous présentons
à la population du Québec. Lorsque j'ai trouvé que
c'était véritablement une vocation que d'être
député aujourd'hui, je pensais à ceux qui nous ont
précédés dans ce pays.
Je pensais aux prêtres, aux médecins d'autrefois,
médecins de campagne qui étaient disponibles à toute heure
du jour et de la nuit; le prêtre était disponible à toute
heure du jour et de la nuit pour servir, pour répondre aux besoins de
ses concitoyens. Ce n'était pas pour faire de l'argent qu'il
était prêtre et qu'il servait ses concitoyens, mais parce que
c'était sa vocation. Il croyait en quelque chose.
Le médecin de campagne qui répondait à toute heure
de la nuit, qui sortait l'hiver dans des grosses tempêtes pour faire des
accouchements, ce n'est pas non plus pour faire de l'argent qu'il faisait cela.
Nos médecins de campagne, bien sûr, à force de travailler,
ont réussi à amasser quelques dollars, mais c'était
surtout parce que c'était leur vocation profonde, leur foi profonde dans
leur pays, pour aider les citoyens, et dans leur état de vie à
eux. Finalement, M. le Président, c'est justement cela, un état
de vie à nous, nous avons accepté librement de se
présenter devant la population de nos comtés, d'offrir notre
temps, nos énergies, nos capacités, nos qualités. Si on a
offert nos énergies, notre capacité, nos qualités et notre
temps, notre vie et les sacrifices qui s'imposent à nos familles, je
pense qu'on les a offerts pour quelque chose.
On ne les a pas offerts pour faire hausser notre salaire, pour l'argent,
le salaire qu'on peut éventuellement détenir; ce n'est pas cela,
M. le Président. C'est parce qu'on croyait fondamenta-
lement à quelque chose. A l'occasion de cette fête de
Noël qui arrive, il faut peut-être réfléchir un peu
plus profondément sur ces orientations, sur notre orientation à
nous comme députés ou comme chef de parti ou comme ministre
à l'Assemblée nationale du Québec. Il faut
réfléchir un peu sur les lumières, les talents que la
Providence a voulu nous confier, nous donner et notre obligation de faire
fructifier ces talents au service de notre population.
M. le Président, s'il y a des députés dans cette
Chambre qui sont élus pour recevoir principalement de l'argent, un
salaire, je serais surpris d'en voir plusieurs se lever en me disant comme
raison principale: C'est le salaire qui nous a attirés comme
députés. Ce n'est pas le salaire qui nous a attirés comme
députés, ce n'est pas l'argent qu'on peut gagner, c'est parce
qu'on croyait véritablement et c'est aussi parce qu'on voulait servir
notre population. C'est cela qui est la fonction principale d'un
député. Si les députés oublient que leur fonction
principale, c'est de servir leur population, d'être au service de leur
pays et de leur province, on va changer considérablement notre
façon d'agir dans cette Assemblée pour le service de nos
concitoyens.
M. le Président, je veux brièvement quand même vous
parler des moyens qu'on peut avoir ici au Québec pour
rénumérer nos députés, nos représentants
à l'Assemblée nationale. Il y a des critiques; bien sûr moi
aussi, comme membre de l'Opposition, je critique les ministres du gouvernement
qui font des erreurs, de bonne foi la plupart du temps. Je ne connais pas
beaucoup de ministres et je ne connais pas beaucoup de députés
qui, parce qu'ils vont avoir de la mauvaise foi, vont faire des erreurs. C'est
avec la bonne foi la plus élémentaire, souvent, qu'on fait des
erreurs, mais c'est le rôle des partis d'Opposition, dans un pays
démocratique, de critiquer les erreurs des élus du peuple, de
critiquer pour le bénéfice de la population, pour le
bénéfice de ce pays qu'on veut bâtir.
Or, je pense qu'ici au Québec le discours d'hier du premier
ministre voulait nous orienter dans cette direction pour qu'on réalise
que nous vivons depuis plusieurs années au-dessus de nos moyens. Depuis
plusieurs années nous vivons au-dessus de nos moyens et il faudrait
peut-être apprendre à se serrer la ceinture un peu. Il faudrait
surtout que nos législateurs donnent l'exemple, pas seulement dans le
gel de nos salaires, mais aussi dans beaucoup d'autres choses qu'on peut
être appelés à faire au cours de l'année, dans des
dépenses somptueuses qu'on n'a peut-être pas besoin de faire, dans
certains voyages à l'extérieur du Québec ou au
Québec qu'on n'a peut-être pas besoin de faire, à la fois
comme député, mais souvent comme ministre, comme
représentant du gouvernement.
Il y a des choses qu'on peut apprendre à faire
présentement comme députés et dans ce temps précis
de notre histoire où il faut, au Québec, apprendre à vivre
selon nos moyens. Au cours des dernières années, malheureusement,
on a vécu au-dessus de ses moyens.
M. Lavoie: Vous êtes les premiers responsables de l'autre
côté.
M. Biron: Les premières actions du présent
gouvernement du Québec, cela a été de lever le gel des
salaires au début, en arrivant. On a créé dans l'esprit de
nos concitoyens le sentiment qu'on pouvait continuer à vivre au-dessus
de nos moyens.
Je suis heureux de voir que le gouvernement, finalement, est revenu les
deux pieds sur la terre et s'est dit: II faut avoir une certaine
autodiscipline. Une autodiscipline pour nous, d'abord, membres dans cette
Chambre, une autodiscipline aussi pour nos dépenses partout dans le
Québec et une autodiscipline pour tous les Québécois
éventuellement.
Je ne suis pas naïf à ce point de penser que nous allons
tout corriger parce que nous disons que nous allons geler nos salaires pour une
année. On ne corrigera pas tout au Québec. Nous ne ferons pas une
oeuvre de pionniers non plus, mais je pense qu'en donnant l'exemple, en faisant
un peu de propagande sur ce qu'on peut faire, mais surtout en essayant de
dépolitiser le geste que nous voulons poser, surtout en faisant en sorte
de faire comprendre à nos concitoyens que si nous avons voulu accepter
un défi, si nous avons voulu répondre à un appel de la
Providence pour remplir notre vocation, faire fructifier nos talents, nous
voulons véritablement les faire fructifier au meilleur de nos
connaissances et de nos capacités...
J'ai entendu de nombreuses critiques hier. Ce n'est pas possible qu'il y
ait eu tant de critiques et qu'il n'y ait pas un peu de vrai là-dedans
quand même. Ici, je voudrais faire quelques suggestions au gouvernement,
justement, pour corriger ces quelques critiques qu'on a pu entendre. Ce n'est
pas possible que tant de députés aient pu critiquer le
système et aient dit: Nous n'en avons pas assez, cela coûte cher
être député. Nous dépensons beaucoup plus que nos
revenus. Même si c'est une vocation, il y a quand même une limite.
Chacun des députés, je pense bien, dans cette Chambre, a à
faire vivre sa famille le plus honorablement possible, et cela coûte
très cher être député aujourd'hui, c'est vrai.
Donc, il y a certaines critiques. Il faut se demander pourquoi ces
critiques. J'ai entendu beaucoup de critiques de la part des
députés de l'Opposition, en particulier, de ma formation comme du
Parti libéral, qui ont critiqué le salaire du premier ministre,
des ministres, des adjoints parlementaires et tout cela. J'ai fait ce matin
rapidement une moyenne des salaires et j'ai trouvé que, du
côté gouvernemental, pour 71 députés, on avait une
moyenne entre $45 000 et $48 000, incluant tous les salaires de ministres,
d'adjoints parlementaires. Du côté de l'Opposition, j'ai
trouvé que nous avions une moyenne de $30 000. Tout de suite, il y a une
différence. On peut se dire: Peut-être que la base des critiques
provient, justement, de cette différence de salaire. Je ne veux pas dire
que demain matin il faut tout faire pour donner le même salaire, en
moyenne, à l'Opposition et au parti au pouvoir, à cause des
ministres qui ont des
responsabilités particulières et qui sont sujets à
être beaucoup plus critiqués qu'un député
d'Opposition. Je suis d'accord avec cela, mais il faudrait, par exemple, pour
le gouvernement, réfléchir un peu plus en profondeur, justement,
sur ces critiques, sur ces injustices, s'il y en a véritablement, et
faire en sorte que les simples députés puissent être
compensés un peu plus. Eux-mêmes, au niveau de leur comté
respectif, ont autant de dépenses qu'un ministre au niveau de son
comté. Il y a de l'injustice, c'est vrai qu'il y en a un peu. Je
recommande fortement au gouvernement de faire en sorte de diminuer
l'écart qu'il y a entre les simples députés du parti au
pouvoir, ceux de l'Opposition et tous ceux qui ont des allocations
supplémentaires.
J'ai une allocation supplémentaire, comme chef de parti. Je ne
demande rien de supplémentaire pour moi, mais je voudrais qu'on
réfléchisse sérieusement sur l'allocation de
dépenses qu'on donne aux simples députés pour leur
permettre de dépenser $1000 ou $2000 supplémentaires dans leur
comté. Cela n'appauvrira pas tellement le Québec. Cela ne
changera pas tellement le style de vie, mais, au moins, on fera en sorte que
nos députés puissent être remboursés pour certaines
dépenses qu'ils peuvent faire chez eux comme députés.
J'ai regardé aussi un peu plus en profondeur les adjoints qu'on
peut avoir du côté du gouvernement et du côté de
l'Opposition, que ce soient les secrétaires particuliers ou les
secrétaires particuliers adjoints. J'en suis venu à la
conclusion, encore rapidement ce matin, que pour chaque député du
parti au pouvoir, on a un adjoint et demi soit un secrétaire particulier
ou un secrétaire particulier adjoint, donc des gens qui peuvent faire de
la politique et aider le député ou le ministre du parti au
pouvoir à mieux remplir sa fonction de député et de
représentant du peuple. Du côté de l'Opposition, nous avons
0.3, soit un tiers d'homme par député. Véritablement, on
dit: II y a une injustice quelque part et c'est compréhensible que les
députés de l'Opposition critiquent, parce que les ministres ont
droit souvent à trois, quatre ou cinq secrétaires particuliers,
secrétaires adjoints ou quelque chose qu'on peut répartir. On me
dira: Ils font du travail dans les ministères. C'est vrai, mais ce sont
des gens qui, par leurs fonctions, peuvent faire des actions politiques,
peuvent conseiller le ministre qui est, en même temps,
député, et qui peuvent conseiller les autres
députés par leur action politique. Et on crée de
l'injustice entre un certain parti politique qui est au pouvoir aujourd'hui et
un autre qui sera là demain. Cela a toujours été. Cela
n'existe pas depuis un an, cela a toujours été comme cela pour
les partis politiques de l'Opposition.
Tout de suite, on a une différence et une injustice. Il faut
donner justice à tout le monde, si on veut du côté du
gouvernement, assurer une démocratie certaine au Québec. Il faut
faire en sorte que les partis d'Opposition puissent bénéficier
d'un peu plus de ce personnel afin qu'au point de vue politique on
équilibre le mieux possible les forces en présence, forces qui
veulent s'affronter éventuellement pour mieux servir leurs concitoyens.
Si on fait cela, on va réussir à améliorer la
qualité des interventions dans cette Chambre, on va réussir
à améliorer la qualité des débats, on va
réussir à améliorer la qualité des lois et,
finalement, on va améliorer la qualité de vie de nos concitoyens
au Québec.
J'ai remarqué qu'on a réussi à contribuer, avec le
gouvernement, à améliorer les lois sur lesquelles nous avons pu
travailler avec le personnel que nous avions. Malheureusement, il y a certaines
lois, parce qu'on ne pouvait pas avoir assez de personnel pour les fouiller
à fond, qu'on n'a pas pu améliorer. Je prends justement comme
exemple le dépôt du projet de loi, hier, de la part du ministre
d'Etat à la réforme parlementaire et électorale. Il y a
deux suggestions importantes de l'Union Nationale qui ont été
retenues, soit le conseil du référendum et de faire un seul
référendum par mandat sur un sujet spécifique. Cela, c'est
parce qu'on a eu assez de temps pour fouiller ce dossier en particulier, parce
qu'on a eu assez de personnel pour le fouiller.
Finalement, je suis content de voir que nous, un parti de l'Opposition,
on a pu contribuer, avec le gouvernement, à donner à la
population du Québec, aux gens qu'on veut servir une loi un peu
meilleure. On devrait pouvoir bénéficier d'un peu plus de
personnel, car je pense que le système voulant que l'Opposition soit
là pour le plaisir de critiquer, c'est dépassé.
Aujourd'hui, certains partis politiques s'aperçoivent que c'est
véritablement dépassé. Ils sont en train de changer leur
style. Il faut leur donner une chance de le faire avec le temps.
Maintenant, l'Opposition est là pour être beaucoup plus
positive, beaucoup plus constructive. Cela nous prend du personnel pour
être plus positifs. Quand on n'a pas le temps de fouiller et qu'on a le
personnel nécessaire, on aide le gouvernement à bâtir
quelque chose de mieux.
M. le Président, ici, je voudrais faire appel au premier
ministre, à propos des deux suggestions que je viens de faire, celle de
revoir la moyenne de salaire, surtout du côté des simples
députés du parti au pouvoir et de l'Opposition, et celle de
revoir certaines allocations de dépenses. C'est un appel que je fais au
premier ministre afin de donner justice à ces simples
députés pour une meilleure démocratie au
Québec.
Je fais aussi appel au premier ministre pour revoir le personnel qui est
donné aux partis politiques de l'Opposition, comparativement au
personnel qui est donné au parti politique qui est au pouvoir. Je fais
aussi appel au premier ministre pour revoir cette politique. Au lieu de geler
complètement le salaire, si on peut faire quelque chose pour les
députés, j'en suis très heureux. Sinon, on pourra
peut-être dire: Si on veut avoir en moyenne 6% d'augmentation de salaire
en 1978, qu'on donne alors 6% aux députés. Si on dit que tous
ceux qui ont plus ne méritent rien, je suis encore d'accord avec cela.
Mais ce que je voudrais, M. le Président, c'est qu'on se prépare
psycholo-
giquement à dire aux Québécois: II y aura tant pour
cent d'augmentation de salaire cette année. Il faut apprendre à
vivre avec cela. Non seulement dans l'entreprise publique et parapublique, mais
aussi dans l'entreprise privée, il va falloir apprendre à vivre
selon nos moyens.
M. le Président, c'est un appel que je fais au premier ministre
d'étudier en profondeur cette question afin de donner justice aux
députés qu'il y a dans cette Chambre et spécialement aux
simples députés et aux partis politiques d'Opposition.
Je fais aussi appel au premier ministre afin de siffler la fin de la
récréation pour les dépenses gouvernementales. Je sais que
le ministre des Finances a sifflé un bout de temps. Cela a
été écouté dans certains secteurs, mais cela n'a
pas été écouté dans d'autres secteurs. Il manque de
cohérence dans ces dossiers en particulier. Tout à l'heure, j'ai
noté rapidement les voyages. Le voyage à Abidjan a
coûté passablement cher. Il fallait y aller, c'est bien sûr,
mais on aurait peut-être pu économiser quelques milliers de
dollars. Le voyage à Paris du premier ministre a coûté
passablement cher. Il fallait y aller, mais on aurait pu couper quelques
milliers de dollars.
Si je fais appel au premier ministre, c'est parce que je crois
sincèrement à son honnêteté intellectuelle de ce
côté. S'il y a des dépenses trop somptuaires qui se font de
ce côté, ce n'est pas le premier ministre qui demande ces
dépenses, mais c'est plutôt son entourage. Je veux faire appel au
premier ministre afin qu'il essaie de discipliner un peu plus son entourage et
qu'il siffle la fin des dépenses de ce côté. Il y a des
voyages et des tournées inutiles de ministres à travers le
Québec. Qu'on songe tout simplement au ministre responsable de
l'assurance automobile, qui a fait une tournée à travers le
Québec pour ne pas écouter ses concitoyens. Il y a des choses
comme celles-là qu'il faut couper. On pourrait peut-être en
trouver d'autres, comme des voyages qui sont non productifs.
Alors, je fais appel au premier ministre afin qu'il siffle la fin de la
récréation et qu'on ait un peu plus de cohérence dans ces
coupures de dépenses et cette volonté qu'on a, au Québec,
de vivre selon ses moyens.
Je pense qu'il ne serait pas possible de terminer ce rapide
exposé sans faire un appel aux députés en cette Chambre
d'étudier cette situation, cette question importante de
rémunération des députés mais, surtout, de ne pas
poursuivre le débat, tel qu'on l'a entrepris hier soir avec
énormément de démagogie, avec des attaques directes envers
les ministres, les hauts fonctionnaires de l'Etat, les chefs de cabinet, les
sous-ministres dont la responsabilité au Québec n'a pas de prix
pour ces gens. Je vois ce qui se passe à l'heure actuelle et ce n'est
pas possible qu'un homme politique...
M. Mackasey: Un de nos membres a fait le même discours,
hier soir.
Le Président suppléant (M. Clair): A l'ordre, s'il
vous plaît, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce!
M. Biron: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je ne vous ai pas accusé et quand vous
voudrez parler tantôt, vous parlerez; j'ai tout simplement fait un tour
philosophique d'horizon en étant bien honnête avec
moi-même.
M. Proulx: Excellent discours!
M. Biron: Je ne veux pas prendre la défense des ministres
non plus, je ne veux pas prendre la défense des hauts fonctionnaires, ni
de ceux qui prennent de mauvaises décisions ou qui font du gaspillage.
Mais je note, par exemple, qu'un homme qui a servi sa province ou son pays,
autant au niveau fédéral qu'au niveau provincial, c'est sûr
que, lorsqu'il prend des décisions pendant six ans, pendant quatre ans
ou pendant huit ans, il est sujet à avoir une certaine salissure contre
lui. Autrefois, on disait: Cela fait partie de la vie politique, il faut
absolument salir les hommes politiques. Je pense que cela a un prix, salir les
hommes politiques.
Que ce soit tel ou tel parti politique, n'importe quel parti,
historiquement, on a toujours fait cela. Je vois mon voisin d'à
côté, le député de D'Arcy McGee qui a
été ministre au cabinet du Québec pendant six ans et demi,
et qui a fait son possible pendant ce temps. On l'a critiqué sur les
tribunes électorales, on l'a critiqué partout dans le
Québec. Cela a un prix pour lui et sa famille, comme aujourd'hui les
ministres au pouvoir, cela a un prix pour eux et leurs familles, comme demain
ceux qui seront responsables du Québec, du Canada ou de leurs voisins et
leur renommée.
Je pense que, de ce côté-là en particulier, il ne
faudrait peut-être pas faire trop de démagogie et
réfléchir sur ce qu'on à dire dans cette Chambre et sur ce
qu'on a à dire dans tout le Québec. Il faudrait peut-être
être plus honnête avec nous-mêmes, et essayer de corriger les
injustices. Je pense que le parti au pouvoir aujourd'hui comme les autres
partis qui étaient ici, dans cette Chambre autrefois, admettent qu'il y
a eu certaines injustices et qu'il y en a encore, et il faut que cela soit
corrigé, spécialement à l'endroit des simples
députés du parti au pouvoir ou de l'Opposition à qui il
manque véritablement quelques milliers de dollars pour boucler leurs
budgets à la fin de l'année, pas pour faire plus d'argent, parce
qu'ils ne sont pas en politique pour faire de l'argent, mais, au moins, pour
payer leurs dépenses.
Et, après cela, on pourra s'attaquer sérieusement à
d'autres projets de loi auxquels nous avons à faire face aujourd'hui et,
en particulier, au projet de loi 45. Je vois le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre en face de moi. Il y a des travailleurs et des chefs
d'entreprises au Québec qui attendent que cette loi soit adoptée
pour savoir où ils vont aller, et pour s'orienter et pour apprendre
à vivre avec cette nouvelle loi. C'est sûr que, lui aussi, il va
se faire critiquer, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre aujourd'hui,
malgré toute sa bonne volonté; les partis de l'Opposition vont le
critiquer notre rôle, c'est de faire cela pour les erreurs
et les trous qu'il y aura dans la loi.
II faut envisager d'avance que cela va se faire. M. le Président,
je disais, tout à l'heure, qu'il y a un prix à payer pour cela,
mais on a l'obligation maintenant de passer le plus rapidement possible
à ces lois sérieuses pour l'avenir de notre province et de notre
pays. Je termine en disant ce que j'ai dit au commencement. On a accepté
d'être député dans cette Chambre librement, on a
présenté, chacun de nous, notre candidature dans une convention
ou une élection provinciale. On s'est présenté, on a
offert nos services à la population du Québec, pas pour la
récompense financière qu'on pouvait avoir. Au contraire, on a
voulu se donner, donner du temps, nos énergies, notre santé et
plusieurs dans cette Chambre ont gaspillé leur vie de famille. C'est
important à noter.
M. le Président, dernièrement, je lisais dans un article
que c'était rare les hommes politiques qui pouvaient passer à
travers la vie politique sans avoir de difficultés graves dans leur vie
de famille. Je pense que c'est important à noter. Cela ne se paie pas
avec de l'argent, mais au moins cela devrait être reconnu un peu plus par
nos concitoyens à travers notre pays, ce que cela coûte comme
effort de vie de famille être député. On a accepté
cela, on l'a accepté librement. Ce n'est pas un travail, comme je le
disais au début. Ce n'est pas un métier, ce n'est pas une
profession. C'est une vocation d'être homme politique aujourd'hui. Chacun
de nous, dans cette Chambre, devrait comprendre qu'il a accepté
librement cette vocation pour essayer de servir au meilleur de nos
compétences, de nos capacités et de nos qualités et selon
les talents que la Providence nous a donnés. On a essayé de
servir le mieux possible notre province et notre pays.
Cela devrait être compris de tous les membres de cette
Chambre.
Le Vice-Président: M. le député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je vais tenter
d'être le plus bref, le plus objectif possible. On arrive,
généralement à la période des Fêtes, pour
discuter de cette question des traitements, des indemnités aux
députés. C'est un sujet sur lequel il est facile d'amener
beaucoup d'émotion et dans certains cas, comme on a vu hier, du
côté de la majorité, un peu, pas mal, comme on dit, de
démagogie. Je vais tenter d'avoir une approche qui se veut la plus
objective possible, même si je dois vous faire un commentaire avant
d'amorcer mon intervention.
M. le Président, je voudrais formuler un voeu dans mes
commentaires. A l'avenir, quand le premier ministre jugera opportun de
procéder à un remaniement ministériel, qu'il ne l'annonce
pas trop d'avance. Si possible, qu'il ne le dise pas, parce que cela
crée des intérêts particuliers chez certains membres de la
majorité ministérielle. Cela se reflète comme on l'a vu
hier dans l'intervention de certain député. J'aurais bien
aimé qu'il soit ici. J'aurais aimé lui dire. L'honorable
député de Taschereau s'est comporté d'une drôle de
façon. Plu- sieurs députés de cette Chambre, et pas
seulement les députés de l'Opposition, M. le Président, je
vous prie de m'en croire, ont trouvé cela pour le moins surprenant, de
la part d'un membre de l'Assemblée nationale, de se lancer dans une
opéra-' tion de lèche-bottine comme il l'a fait.
M. Gratton: Lèche-bottine?
M. Pagé: Oui, du lèche-bottine, M. le
député de Gatineau. Si vous aviez été ici, hier,
oui, vous étiez ici, vous l'avez constaté vous aussi?
Le Vice-Président: Vous devez vous adresser à la
présidence et non pas à votre voisin.
M. Pagé: Oui, M. le Président.
En 1975, on a été confronté à la même
situation, c'est-à-dire un projet de loi qui venait fixer les
émoluments des membres de l'Assemblée. Il y avait une tradition
voulant que généralement les partis politiques soient tous
unanimes, soient tous d'accord pour que le gouvernement présente des
mesures comme celle-là. On se rappellera ce qui s'est passé en
1975. La volonté du gouvernement c'était de faire en sorte que
par une loi la question soit définitivement réglée une
fois pour toutes. C'est ce qui a amené les prévisions
d'indexation qu'on a vues en 1975, 1976 et 1977.
Aujourd'hui, le gouvernement nous dit: L'indexation en accorde trop,
cela donnerait une augmentation de revenu trop appréciable, si on la
compare à l'augmentation des revenus de la majorité des citoyens
du Québec. On gèle donc purement et simplement le salaire des
députés à ce qu'il était en 1977. Il y a
peut-être un élément qui est fondé dans cette
argumentation et j'y reviendrai tout à l'heure. Une chose qui est
certaine, c'est que c'est rentable électoralement de dire des choses
comme cela, quand on n'accompagne pas l'énoncé de la
vérité. Parce qu'il faut en parler.
En 1975, on s'était entendu je prends le
député de Rouyn-Noranda à témoin à
l'Assemblée. L'Opposition officielle d'alors, avec ses six
représentants, s'était montrée d'accord. Tout le monde
était d'accord. Le projet de loi a été
présenté. Surprise! A notre grande surprise, on a vu nos six
députés qui étaient ici quitter l'Assemblée, s'en
aller au Conseil national recevoir des instructions de personnes dont plusieurs
sont députés aujourd'hui, et se faire dire: Refusez cela.
M. Samson: M. le Président, est-ce que le
député de Portneuf me permettrait une question?
M. Pagé: Oui, M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Si j'ai bien compris les ordres reçus par les
six députés dont a fait mention le député, est-ce
que c'était le presidium suprême qu. s'était réuni
à ce moment? Est-ce à cela que vous faites allusion?
M. Pagé: M. le Président, j'aimerais
répondre le plus adéquatement possible, avec le plus de
précision possible au député de Rouyn-Noranda, mais
il comprendra que je ne fréquente pas ces structures et que je suis dans
l'impossibilité de lui donner le terme exact du presidium suprême.
Mais je sais qu'on a parlé de Conseil national où, à la
suite d'une directive et vraiment une directive du Conseil national
ces gens sont venus, tous les six, la tête basse... Il y avait le
chef de l'Opposition à l'époque qui, lui, était d'accord
avec l'augmentation pour un temps, mais avec des petites réticences. Il
gagnait $47 000, il faut les dire ces choses. Quand j'entends certains
ministres nous dire: II faut se serrer la ceinture! La vérité, il
faut qu'elle soit dite.
En 1976, qu'est-ce que les membres du cabinet ont fait? Ils ont
refusé purement et simplement l'augmentation qui leur était
accordée en vertu de la loi. En 1976, ces gens sont arrivés et
après la formation du cabinet le 26 novembre, le député de
Saint-Henri avec tous les autres membres du cabinet ont accepté une
indexation qui leur a donné quand même $10 000 de revenu
additionnel. C'est facile, à ce moment, de venir nous dire: II faut se
serrer la ceinture, il faut faire attention. Soyez donc logiques avec
vous-mêmes, est-ce que le député de Saint-Henri ou d'autres
membres du cabinet seraient disposés, lorsque la loi sera
adoptée, à remettre ce qu'ils ont touché depuis le 26
novembre 1976 en vertu de l'indexation? Les 20% d'augmentation, est-ce que vous
êtes disposés à les remettre? Seriez-vous disposés
à remettre le produit de l'indexation que vous avez reçue, depuis
le 26 novembre jusqu'à l'adoption de la loi?
Ce serait une suite logique à un vote positif à
l'égard de ce projet de loi.
Il y a ce premier élément. On dit: C'est trop
élevé, cela aurait donné 11%. Il y avait une alternative.
On ne règle pas un problème en en créant un autre, en
s'obligeant, en tant que gouvernement, à ramener le débat
à l'Assemblée nationale éventuellement. On avait la
possibilité de changer le multiplicateur, purement et simplement. Au
lieu de dire c'est 11%, on aurait pu mettre dans la loi que ce sera 6%, 7% ou
8%. Il y avait cette possibilité et il y en a d'autres comme celle mise
de l'avant par le chef de l'Opposition et celle proposée par le chef de
l'Union Nationale qui sont logiques et qui tiennent. Tout le monde dit:
L'indexation, l'augmentation en termes de pourcentage, cela donne trop, cela
donne plus à ceux qui en reçoivent plus, c'est-à-dire les
24 ministres, les adjoints parlementaires, les présidents de commission,
vous-mêmes, M. le Président et vous le méritez, soit
dit en passant et toute la nomenclature des gars qui ont des "jobs" dans
ce groupe. Sur 71, je pense qu'il y en a 48 qui ont des "jobs".
Il aurait été normal et je pense que la
recommandation qui a été formulée est justifiée
que l'augmentation s'applique seulement aux députés qui
n'ont que leur salaire, que leur traitement à titre de
députés et qui ne reçoivent pas d'émoluments
additionnels. C'était une possibilité à étudier. Il
s'en présentait plusieurs. Qu'est-ce que le gouvernement a jugé
opportun de faire? Le gouvernement et cela a été claire-
ment énoncé hier a dit: II y a cette question du salaire
des députés, d'accord, mais il y a aussi le problème des
négociations dans le secteur public et parapublic qui s'en vient. J'en
ai été renversé. J'ai été renversé
d'entendre cela de la part de ce gouvernement, de ces gens qui se disent avoir
un préjugé favorable à l'égard des travailleurs
québécois.
Je m'excuse, mais, encore là, il faudra que la
vérité soit dite, il faudra qu'elle soit constatée. Ces
gens-là, pendant que des groupes syndicaux venaient faire des pressions
devant le Parlement, allaient leur donner la main et les encourager. Les six
députés allaient leur faire de grandes accolades et leur dire:
Demandez, cela vous revient! Vous avez perdu vos revenus. L'augmentation!
L'inflation, etc. Où sont-ils aujourd'hui? Qu'est-ce qu'ils ont fait,
ces gens? Je vois le député de Joliette-Montcalm, mon bon ami,
qui à plusieurs reprises me disait, à la suite de mes
commentaires soit sur les pâtes et papiers, soit sur le bill 45, soit sur
la loi 53: Vous vous êtes défini un nouveau syndicalisme, vous
devenez plus proches des syndicats! Une chose certaine, on a toujours
joué les règles du jeu.
Ils ont toujours su de quel bois on se chauffait, on n'a jamais
été hypocrite avec eux autres, jamais hypocrite au point de leur
dire: Vous savez, on n'augmente pas nos salaires pour pouvoir justifier la
position qu'on adoptera à l'égard du secteur public et parapublic
tantôt. Cela, c'est antisyndical.
Cela vient s'ajouter à des mesures adoptées par le
gouvernement. Parlons-en un peu, M. le Président, parce que ce
n'était peut-être pas dans le discours du premier ministre, des
secteurs public et parapublic. Qu'est-ce qu'on vient faire avec la loi 53?
C'est du syndical ce qu'on vient de faire? On pourra en reparler dans le
débat en deuxième lecture, on pourra la vider, la question. On a
seulement à voir, M. le Président, puis à se
référer à la position adoptée par les syndicats.
Ils ne l'acceptent pas, parce que ce n'est pas acceptable, premier
élément.
Deuxième élément, la commission Martin qui
siège actuellement et qui, supposément, verra toute la question
des négociations dans les secteurs public et parapublic. On crée
une commission, dans un premier temps. Dans un deuxième temps,
dès le lendemain matin, on dépose un projet de loi qui intervient
directement dans le champ qui doit normalement être soumis à la
juridiction de la commission. Là, on arrive aujourd'hui et on dit: Vous
savez, les secteurs public et parapublic, vous devrez vivre selon vos moyens.
Vous, les agents de la paix, ce qui a été offert, cela va rester
là; on vous demande de geler cela là. Pour tenter de justifier
notre position en tant que gouvernement je me mets à leur place,
toujours ces gens disent: On va se geler à $65 000, cela va bien
paraître et on va pouvoir invoquer ce qu'on a fait à notre propre
égard. D'une part, c'est hypocrite et, d'autre part, cela ne
règle pas le problème.
On les connaît ces gens-là. Quand je dis on les
connaît, c'est parce qu'on les a vus évoluer,
s'opposer, en 1975, comme ils l'ont fait pour l'augmentation de salaire
des députés. Ils arrachaient leur chemise. Ils ont
été les premiers à aller chercher les chèques.
Nous, les députés libéraux, on s'est dit, on va attendre
au 2 février, on va regarder qui va y aller les premiers. Le lendemain
matin de l'adoption de la loi, ils faisaient la queue, toute la "gang" à
la porte du bureau du comptable, ils voulaient leur chèque, le chef de
l'Opposition en tête qui, à l'époque, gagnait $48 000 et
qui a essayé de nous faire la morale, la barbiche en équerre
puis: II faut se serrer la ceinture.
M. le Président, il y a un moment où il faut que la
vérité soit dite. Ces gens viennent nous dire de se serrer la
ceinture à $65 000 par année, une augmentation de $10 000 cette
année, la limousine à la porte, les réceptions, comme j'ai
l'occasion d'en faire état, avec le ministre du Tourisme, neuf services,
il n'y a rien de trop beau. On est au pouvoir, on est démocrate, mais
vous autres, les syndicats, serrez-vous la ceinture. Ils sont tellement
hypocrites que je ne serais pas surpris, puis vous saurez me le dire, qu'ils la
fassent adopter leur loi.
Ils vont le geler le salaire. Ils vont créer un petit
comité et ils vont trouver un autre multiplicateur, et ils vont dire au
syndicat: On se sert la ceinture et on gèle les salaires. Au mois de
juin, quand les offres auront été déposées, quand
la négociation sera amorcée ou très avancée, ils
voteront une loi avec des mesures rétroactives au 1er janvier de cette
année. J'espère, M. le Président, que ce que je dis
aujourd'hui ne restera pas seulement dans l'oreille ou dans le journal des
Débats. Il faut sous-estimer la capacité de percevoir des
syndiqués au Québec! Pensez-vous que cela va passer comme cela?
Voyons-donc! Ce ne sont pas des enfants d'école ces gens là. Ces
gens sont conscients que cette démarche est électorale, d'une
part, pour votre image. Cela s'ajoute au blitz purement électoral des
mois de septembre, octobre derniers. Bien paraître. Cela fait plaisir au
gouvernement de voir la nouvelle de la Presse canadienne d'hier:
Lévesque gèle les salaires des députés. Cela
paraît bien. Cela a l'air autoritaire, cela a l'air boss, etc.
M. le Président, pensez-vous que cela va passer comme cela? Non,
cela ne passera pas comme cela. Ce n'est pas pour ce motif; même si vous
gelez vos gros salaires, MM. les ministres, à $65 000, les syndicats ne
le goberont pas, pas du tout. Ils savent pertinemment qu'hypocrites comme vous
l'êtes, cela leur a pris seulement treize mois à le constater, au
mois de juin prochain vous allez voter une loi qui sera rétroactive au
1er janvier 1978. Cela ne me surprendrait pas, hypocrites comme vous
l'êtes. Peut-être qu'à la suite de mes
représentations et mes remarques ils vont dire: Sais-tu, Pagé
nous l'a envoyé dans la face, c'est assez gênant, on ne le fera
pas. Alors, ne le faites pas! Ce n'est pas grave. On va se la serrer la
ceinture. On est disposé à se la serrer. Mais qu'on ne vienne pas
prêcher, M. le Président, faire de grandes homélies
Dieu sait s'il y en a qui ont la capacité et l'expérience pour en
faire de grandes homélies pour nous dire: Les
députés, il faut que vous gagniez moins, etc.
Ce que le député de Lotbinière, chef de l'Union
Nationale, a évoqué tout à l'heure, je ne voudrais pas le
reprendre; mais il y a la situation familiale, le fait qu'un simple
député gagne $27 000, qu'il a des dépenses
inhérentes aux fonctions, que plusieurs des députés ici
dans cette Chambre, s'ils étaient dans l'entreprise privée demain
matin, gagneraient pas mal plus que $27 000.
M. le Président, je vois que vous êtes sur le point de vous
lever. Je peux reprendre à 15 heures. Faisons cela. Il me reste cinq
minutes, dix minutes. J'ai commencé entre 12 h 45 et 12 h 50, M. le
Président.
Le Vice-Président: Vous proposez... Il faudrait le
consentement.
M. Pagé: J'ai tellement de choses à dire à
ce gouvernement.
Le Vice-Président: Vous pouvez demander simplement...
M. Samson: Suspension.
M. Pagé: II me reste environ 10 minutes.
Le Vice-Président: Non, il ne vous reste pas 10
minutes.
M. Pagé: Non? Est-ce qu'on règle pour huit? On va
négocier, M. le Président. C'est à peu près la
seule chose qu'on peut négocier.
M. Samson: Suspension.
M. Gratton: On ne négocie pas les salaires...
M. Pagé: Je demande la suspension, M. le
Président.
Le Vice-Président: Ce serait mieux de faire cela parce que
d'office je vais être obligé de me lever. M. le
député, il vous reste au moins cinq minutes et vous aurez le
droit de parole à la reprise du débat.
M. Pagé: Merci.
Le Vice-Président: Les travaux de cette Assemblée
sont suspendus jusqu'à cet après-midi 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 15 h 9
Mme le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Veuillez vous asseoir.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, avec la permission du
député qui avait la parole lorsque nous avons suspendu nos
travaux, je voudrais simplement rappeler qu'actuellement la commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières devrait
commencer à siéger, si cela n'est pas fait, dans les minutes qui
viennent relativement aux projets de loi nos 86, 241 et 216.
Mme le Vice-Président: Après cette suspension,
c'est maintenant la reprise du débat sur la motion de M. le premier
ministre proposant la deuxième lecture du projet de loi no 100, Loi
modifiant la Loi de la Législature. M. le député de
Portneuf, j'ai vérifié et vous avez exactement encore cinq
minutes sur le temps qui vous était alloué.
M. Pagé: Merci, Mme le Président. Je ne prendrai
même pas les cinq minutes qui me sont allouées. Je me bornerai
à vous faire part, en conclusion, de mes commentaires et
considérations sur ce projet de loi no 100, à savoir que pour moi
c'est une approche qui vise essentiellement à se donner une bonne image,
à couvrir et à camoufler le plus possible l'augmentation de plus
de $10 000, qui dans le cas des ministres délégués qui
étaient auparavant ministres d'Etat, va même jusqu'à $13
000, à couvrir, dis-je, l'augmentation très élevée
que se sont donnée les membres du cabinet cette année et, somme
toute, à se donner bonne presse en demandant, par le projet de loi no
100, que les salaires soient gelés à ce que les
députés recevaient au cours de l'année 1977.
J'aurais apprécié que le gouvernement trouve ou
dégage des formules autres que celles qui apparaissent dans le projet de
loi parce que, comme je vous le disais ce matin, ce projet de loi, au lieu de
venir régler des problèmes, vient en créer. Cela, on aura
trop vite fait de le constater, probablement dès la reprise de la
prochaine session en février prochain.
Mme le Président, j'ai été outragé de voir
la façon peu sérieuse, la façon cavalière dont ce
gouvernement faisait son approche en vue des négociations dans les
secteurs public et parapublic. C'est inacceptable. C'est antisyndical de faire
ce que le gouvernement fait en disant: Vous savez, nous on va geler nos
salaires et on va bien paraître pour amorcer la négociation dans
les secteurs public et parapublic. Ce n'est pas être syndicaliste que de
dire cela. C'est être juste, purement et simplement. On a tous les
motifs, à la lueur de la déclaration qui a été
faite hier par le premier ministre et qui a été reprise
abondamment par les députés de la majorité
ministérielle, pour dire que ce ne sont pas des déclarations
comme celles-là qui favoriseront une amélioration du climat au
chapitre des relations de travail entre le gouvernement et ses
employés.
On sait que les agents de la paix ont à affronter un
problème de négociation actuellement où le gouvernement se
bute à dire: Nos offres sont déposées, peu importent les
demandes formulées. On l'a vu dans le cadre du projet de loi 53, on a
toute la question de la négociation dans le secteur public avec le
Syndicat des fonctionnaires provinciaux, qui doit reprendre bientôt,
même si le projet de loi 53 n'est pas adopté, même si le
rapport de la commission Martin n'est pas déposé. Je pense que
les quelques semaines que nous aurons à vivre prochainement nous
démontreront que ce projet de loi n'était pas nécessaire
et qu'il ne règle aucun problème.
Souventefois hier, des députés, dont le
député de Rimouski, notamment, nous ont dit: Les libéraux
parlent contre et ils vont voter pour. Je dois vous faire part, en terminant,
de l'ambiguïté face à laquelle on est placé. D'une
part, si on vote contre ce projet de loi, les députés
péquistes seront les premiers à dire aux Québécois:
Le député de Portneuf était contre le fait qu'on
gèle les salaires. Cela ne me surprendrait pas, partisans et
démagogues comme ils sont. Si, d'autre part, on vote pour, on se fait
dire: Vous avez argumenté contre et vous allez finalement voter
pour.
Essentiellement, Mme le Président, nous sommes favorables
et je pense que le chef de l'Opposition l'a clairement indiqué; le
leader de l'Opposition officielle aura l'occasion d'en faire part tout à
l'heure à toute mesure qui vise à restreindre
l'augmentation très élevée qu'auraient eue les ministres
en vertu de la loi. C'est vrai qu'il faut donner l'exemple, mais pas au
détriment des autres et pas de la façon dont cela a
été énoncé dans le projet de loi no 100. C'est trop
facile pour un ministre qui gagne $65 000, bien calfeutré dans ses
limousines, avec les nombreux services qu'il a, de dire à tout le monde
et à tous les Québécois: Vous autres, serrez-vous la
ceinture.
Nous voterons quand même pour ce projet de loi, mais en y ajoutant
toutefois, les réserves que mes collègues de l'Opposition ont eu
l'occasion de formuler et qui, je l'espère, seront retenues par le
gouvernement dans l'approche qu'il aura à se donner pour apporter des
modifications au projet de loi qu'il vient de présenter, parce qu'on
nous a annoncé qu'on aurait un nouveau projet de loi
éventuellement. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Mme le Président, je voudrais apporter ma
contribution bien minime à ce débat de deuxième lecture
sur le projet de loi no 101, je m'excuse, no 100. C'est sans doute lorsque mes
yeux ont croisé ceux du ministre d'Etat au développement culturel
que j'ai fait l'erreur d'un chiffre.
Je voudrais, très brièvement, Mme le Prési-
dent, faire un peu I historique, depuis 1974, du processus ou de
l'évolution ou de l'amélioration qui avait été
faite, à ce moment, pour régler une fois pour toutes cette
question de salaires des députés et des ministres et de tous ceux
qui occupent des fonctions spéciales auprès de l'Assemblée
nationale. On vivait, dans le passé, des périodes qu'ont
rappelées autant le chef de l'Opposition officielle que le
député de Johnson. C'était toujours dans des moments
difficiles, des moments d'arrangements, à tous les trois ou quatre ans,
qu'en arrière du fauteuil, les responsables des différents partis
politiques négociaient, se rencontraient, pour venir à une
entente, genre de concordat pour trouver une formule, comment donner aux
parlementaires à peu près les mêmes avantages que les
autres employés, non seulement du secteur public ou parapublic, mais de
l'entreprise privée.
On a connu, depuis cinq ou six ans, dans les négociations
collectives et ailleurs, des formules d'indexation au coût de la vie avec
une augmentation normale pour tous les employés. La seule classe
où cela n'existait pas, peut-être également avec ceux qui
avaient uniquement le salaire minimum, on tentait de trouver une formule. Mais
c'étaient les parlementaires qui, péniblement, tous les trois ou
quatre ans, essayaient de trouver une formule de rattrapage. C'était
toujours un peu à la cachette, en catimini qu'on trouvait une formule
pour ajuster le salaire des parlementaires.
Lorsque j'occupais le poste de président, j'ai pris le dossier en
main, en collaboration avec des députés du côté
ministériel, le leader parlementaire de l'Opposition actuelle, qui
était leader parlementaire du côté ministériel,
après consultation avec les députés de l'Opposition,
notamment, avec le député de Maisonneuve, à la suite de
représentations de tous les députés, autant de
l'Opposition que du côté ministériel. Il n'y avait pas eu
de loi de réajustement depuis 1971. Cela faisait trois ans que nous
vivions encore dans un système où les règles du jeu
n'était pas connues. Aucun système logique, intelligent
n'était établi.
A la suite de ces consultations, d'une manière unanime, j'ai
formé un comité non partisan dont une personne était
suggérée par le Parti québécois, dans l'Opposition
dans le temps, qui était une dame Rousseau. Du côté
ministériel, on avait proposé un ancien parlementaire qui avait
occupé le poste de président, l'honorable Lucien Cliche, et
j'avais choisi, pour présider ce comité, feu M. Bonenfant. Il y a
eu étude... Est-ce que je dérange certains députés
ministériels?
Mme le Vice-Président: Je ne vous aurais pas interrompu,
M. le leader de l'Opposition officielle, mais nous entendons beaucoup de
murmures, sans entendre de véritables interventions. Nous vous
demanderions, si vous avez vraiment à vous concerter, de baisser le ton,
s'il vous plaît.
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Ce comité a siégé, a fait une
étude de tous les traitements, de tous les avantages, les
bénéfices, autant en ce qui concerne les frais de
déplacement, les frais de résidence secondaire, les
dépenses de bureau de comté, le personnel d'appui au
député et également les traitements des parlementaires. Si
je me rappelle bien, la recommandation était d'ajuster le salaire des
députés à celui d'un administrateur de la fonction
publique, je ne me rappelle pas quelle catégorie. Le salaire de base
que ce comité recommandait pour les députés
était de l'ordre de $22 000 ou de $23 000, de $15 000 qu'il
était, à ce moment, plus les $7000 non taxables que nous avons
décidé de ne pas augmenter. Nous avons accepté, nous avons
diminué la réglementation de $22 000 à $21 000. Je ne
voudrais pas faire de petite politique et rappeler le "filibuster" que nous
avions vécu à l'Assemblée à la suite d'un certain
conseil national qui forçait les députés de siéger
entre Noël et le jour de l'An.
Je ne suis pas scandalisé. Les députés avaient $21
000 à ce moment. Dans cette formule que nous avions adoptée, il y
avait une indexation automatique. L'augmentation du salaire moyen de tous les
travailleurs au Canada de l'Atlantique au Pacifique, était le moyen
peut-être le plus juste et le plus équilibré. De 1974
à $21 000, cela a passé en 1975 à $22 700, en 1976
à $24 500, en 1977, cette année, à $27 800 et, pour 1978,
à $30 700.
Personnellement, quand je considère le labeur, la contribution,
le travail, les responsabilités d'un député, je ne suis
pas scandalisé de ces $30 700 pour 1978. On sait, entre nous, que les
$7000 non taxables on les a facilement en frais de représentation
à cause des contributions qu'on est obligé de faire ou des
dépenses extraordinaires qu'on doit faire soit pour la nourriture, le
vêtement ou autre chose. Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de
députés qui font des profits avec ces $7000.
Ce qui me renverse et je n'interviens pas dans le débat
pour quémander quoi que ce soit, je ne demande pas au gouvernement de
reculer c'est qu'il y avait d'autres solutions. Si l'indexation de 10%
était jugée trop forte pour les députés, on aurait
pu la limiter à 5% ou 6%. L'erreur que nous avons faite, je le
reconnais, la seule faille qu'il y ait dans ce système est
peut-être l'indice multiplicateur pour les députés qui
occupent des postes spéciaux, les présidents de commission, les
adjoints parlementaires, les whips, les vice-présidents de
l'Assemblée ou les leaders, à cause de la période
inflationniste que nous avons connue depuis 1974. Ce multiplicateur est, pour
un ministre, de 110% ce qui donne 210% du salaire d'un député;
entre autres, pour le premier ministre, le multiplicateur est de 151,5%, ce qui
fait que le premier ministre gagne 250% du salaire d'un député.
La pierre d'achoppement est actuellement le multiplicateur lorsqu'on l'applique
à une période inflationniste comme celle que nous avons connue;
l'écart devient trop grand lorsqu'on applique le multiplicateur, mais
cela aurait pu être corrigé facilement, tel que certains
députés l'ont proposé.
On aurait pu geler les suppléments de salaire au-dessus du
salaire de base d'un député, soit pour les ministres, soit pour
le chef de l'Opposition, soit pour le président, soit pour les
leaders
parlementaires des différents partis; cela aurait
été facile à corriger. Ce qui me renverse et c'est
la raison pour laquelle j'interviens c'est le cynisme du scénario
avec le gouvernement veut entourer cette mesure vertueuse.
L'hypocrisie, ce n'est pas à nous de l'accepter, M. le
Président. On pense c'est la seule raison de mon intervention
c'est très beau, c'est très généreux, c'est
très vertueux de la part des ministres péquistes du gouvernement
actuel de geler aujourd'hui le salaire des députés, mais ils le
font après s'être servis et avoir encaissé une augmentation
de salaire de 20% en ce qui concerne les ministres avec portefeuille,
après avoir encaissé, dans une période de trois ou quatre
mois, l'indexation de 1976 qui avait été refusée par les
ministres du temps, additionnant à cela l'indexation de 1977. Moi, je ne
marche plus une fois qu'on a encaissé une augmentation de 20% pour tous
les ministres avec portefeuille. Les derniers ministres du gouvernement
Bourassa, qui ont perdu le pouvoir le 15 novembre 1976, retiraient à ce
moment-là, lors de leur défaite, $47 670, plus $7000 non
imposables, ce qui faisait un total de $54 670 et, trois mois après, au
début de 1977, les nouveaux ministres péquistes reçoivent
$65 380, y compris les $7000 non imposables, ce qui fait une augmentation de
$10 000. Corrigez-moi tout de suite, M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce. Corrigez-moi, si c'est faux. Je dis que c'est une augmentation de
20%.
M. Tremblay: M. le Président, l'augmentation pour les
ministres, le 1er janvier 1977, n'a porté que sur la partie de salaire
de député du ministre et non pas sur l'ensemble du salaire du
ministre.
M. Lavoie: Je vous dis, Mme le Président, que les
ministres actuels touchent $58 380 plus $7000 non imposables, ce qui fait $65
380 à comparer avec les derniers ministres du régime Bourassa,
à $54 670. Cela fait une augmentation de $10 000, soit 20%, par rapport
au salaire des anciens ministres défaits. Je ne parlerai pas des $4800
et des $400 par mois pour les frais de déplacement sans pièce
justificative. Je n'en parlerai pas, mais il y a des cas encore plus criants
que cela. Il y a certains ministres qu'on appelait des ministres d'Etat
à l'époque. Je vais vous donner l'exemple d'un ministre d'Etat,
le dernier dans le gouvernement Bourassa, M. Phaneuf qui était
responsable du dossier du haut-commissariat.
Comme ministre d'Etat à ce moment là il retirait un
salaire de $45 000, plus $7000 non imposables pour un total de $52 400 qu'il
touchait lors de sa défaite le 15 novembre 1976. Le nouveau ministre,
maintenant, c'est encore un ministre délégué au
Haut-Commissariat ou responsable du dossier du Haut-Commissariat, le
député de Saint-Jacques, du fait qu'on a fait disparaître
les salaires des ministres d'Etat juniors, qu'on avait auparavant, le nouveau
ministre responsable de ce même dossier touche un salaire de $58 380,
plus $7000 non imposables, ce qui fait $65 380. Cela fait, dans son cas, une
augmentation de $13 000, soit une augmentation de 25%, et cela depuis le 1er
janvier 1977, à peine deux mois après la défaite du 15
novembre du gouvernement Bourassa.
C'est très vertueux, M. le Président. Un autre, le
député de Lafontaine, qui est un genre de ministre
délégué à l'environnement, qu'on peut comparer
à un ministre junior du temps passé, du régime
précédent, lui aussi a eu une augmentation de $13 000, 25%
d'augmentation. C'est bien vertueux, aujourd'hui, de dire qu'on va geler le
salaire des députés, une fois qu'eux ont
bénéficié de cette augmentation, eux qui nous ont fait une
scène, qui ont retiré la parole donnée, un certain
Noël 1974. On ne demande rien, on demande le moindrement
d'honnêteté et de décence de ces gens.
La comédie, M. le Président, je pense qu'elle a assez
duré. C'est le rôle de l'Opposition de démasquer ce
gouvernement. Lorsqu'on est malhonnête dans un dossier, lorsqu'on est
fourbe dans un dossier, on est fourbe partout. On ne peut pas être
honnête là et malhonnête là. C'est le jugement que je
porte sur le gouvernement actuel. Dans tous les dossiers, c'est la même
chose. C'est du "brainwashing " et c'est de la poudre aux yeux.
Si l'Opposition a un certain devoir, la presse également, et les
media ont un certain devoir. S'ils sont la quatrième ou la
cinquième puissance... Dans le temps, ils l'ont fait leur devoir en
attaquant ceux qui ont voulu apporter une formule honnête et juste pour
le rajustement des salaires des députés. Je leur lance un appel,
aux media d'information, d'être aussi honnêtes pour montrer le vrai
visage du gouvernement actuel dans le dossier précis que nous avons
actuellement.
Ces gens-là, aujourd'hui, disent: On va se serrer la ceinture. Je
ne me plaindrai pas et je ne demanderai rien au gouvernement actuel.
En 1960, je me suis lancé en politique. Je représentais un
comté de 135 000 électeurs; il y avait 625 bureaux de scrutin,
alors que j'avais un salaire de $6000, plus $2000 non imposables. J'ai fait mon
choix et je ne viendrai pas me plaindre. Qu'on dise aujourd'hui qu'on va se
serrer la ceinture, qu'on va montrer l'exemple à la veille d'une
convention collective, c'est porter un jugement bien piètre en ce qui
concerne les syndicats. Pourtant, messieurs, vous les connaissez les syndicats.
Vous avez joué un rôle actif et positif dans les milieux
syndicaux, et je vous en félicite. Mais est-ce que MM. Charbonneau et
Rodrigue et d'autres vont accepter cette vessie que vous leur présentez
actuellement? Les ministres, vous allez vous faire poser des questions par les
chefs syndicaux lors des négociations. Peut-être que les
députés, non, car vous êtes indexés mais les
ministres, avec votre augmentation de 20% ou 25% dans trois ou quatre mois, les
chefs syndicaux vont vous poser des questions. Je ne sais pas si cela va
être votre contribution à l'amélioration du climat social
que vous désirez tellement.
J'ai mon voyage de cette social-démocratie. On s'est fait dire
pendant des années qu'il fallait rétrécir l'écart
entre les moins salariés et ceux qui sont en haut de l'échelle;
Je m'en suis fait remplir les oreilles pendant des années, et c'est
juste, c'est normal. Mais vous faites exactement le contraire. Vous engraissez
les gros qui sont les
ministres. Les ministres prennent des augmentations de 20% ou 25% et
ceux qui sont les plus bas dans l'échelle, vous les gelez. Mais vous,
les ministres, vous vous êtes dégelés. Vous avez la
transparence proportionnelle à l'épaisseur de votre
chèque.
Une Voix: Fini.
M. Lavoie: M. le Président, au nom des grands principes,
on demande de vivre selon nos moyens, d'encourager la productivité.
Messieurs, je vous ai connus dans l'Opposition, vous étiez des experts
pour améliorer la productivité et pour empêcher la
ruée inflationniste que nous avons connue depuis quelques années.
C'est votre droit. Vous étiez, pour la plupart, syndicalistes,
professeurs ou autres. Vous étiez les premiers sur les lignes de
piquetage. Vous étiez les premiers pour corrompre le climat social
depuis trois, quatre ou cinq ans. Vous étiez les premiers à
exiger du gouvernement qu'il donne tout aux fonctionnaires publics ou
pa-rapublics. Aujourd'hui, vous demandez à tout le monde de se serrer la
ceinture alors que vous êtes les premiers instruments, parmi les premiers
responsables de l'habitude que nous avons actuellement de vivre au-delà
de nos moyens et de manquer de productivité au Québec. Vous
n'avez pas apporté votre contribution. Les ministres vont apporter
aujourd'hui cette contribution au dossier après s'être
engraissé, après avoir accepté 20% et 25% d'augmentation.
Etiez-vous au courant, messieurs les "back-benchers" du parti
ministériel, de cet historique des salaires des députés?
Etiez-vous au courant que les ministres qui sont devant vous sur les
premières banquettes, avant de geler vos salaires, ont empoché
20% ou 25% d'augmentation? Je ne sais pas si votre caucus vous a mis au courant
de cela.
S'il y avait eu le moindrement d'honnêteté de la part du
cabinet et du gouvernement actuel, cela aurait été normal de vous
geler au salaire de vos anciens adversaires. Vous auriez pu vous geler au
salaire des anciens ministres du gouvernement Bourassa, cela aurait
été un geste... Je pense que vous les aviez
décriés, disant qu'ils étaient trop payés dans le
temps, mais vous avez pris $10 000 ou $13 000 de plus. Où sont votre
honnêteté, votre décence, votre orgueil, voter
fierté aujourd'hui?
Vous avez raison, M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, vous êtes dans l'assiette au beurre jusqu'au cou, vous
êtes à la crèche de l'Etat. Je dis que nous avons devant
nous des faux jetons, en anglais, on dit des "phoney". Je dis qu'il y a un
manque de décence, que ce sont des gens cyniques. Le cinéma, le
scénario que nous vivons, depuis deux ou trois jours, j'espère
qu'ensemble on pourra le démasquer à la largeur et à la
grandeur du Québec.
Des Voix: Vote. Vote.
M. Duhaime: M. le Président, je sais que le premier
ministre est en conférence de presse actuellement.
M. Lavoie: Je pensais qu'il voulait intervenir dans le
débat.
Une Voix: Quel débat?
M. Duhaime: Reprenez votre souffle, tranquillement.
Une Voix: Ce n'est pas bon pour le coeur. Le Président:
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Si ce n'est pas bon pour mon coeur, cela a
été bon pour votre poche, d'accord?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Duhaime: Si on pouvait suspendre, M. le Président, pour
quelques minutes, avec le consentement.
M. Marchand: M. le Président. Le Président:
M. le député de Laurier. M. André Marchand
M. Marchand: Sur la motion principale, M. le Président.
Deux secondes.
M. le Président, je ne devais pas intervenir sur cette motion,
étant tellement surpris de voir que ce projet de loi naît de celui
qui, aujourd'hui, est premier ministre de la province de Québec. Je
n'osais pas intervenir parce que, dans son cas, surtout, je trouve cela
scandaleux, à $75 000 par année, ou $76 000, si quelqu'un veut
ajouter $1000, de toute façon, cela ne le dérange pas. Il n'a
jamais connu ce qu'était $1, il a toujours gaspillé et il va
continuer de gaspiller les deniers de la province comme il l'a toujours fait.
J'ai entendu le député de Saint-Jean venir défendre un tel
projet, lui qui a essayé de nous donner une leçon mais qui, il y
a quelques années, écrivait "Le panier de crabes" contre les
députés, contre les membres de l'Assemblée nationale, et
qui, aujourd'hui, vient essayer de donner des leçons aux membres de
l'Assemblée nationale. Celui qui est député de Saint-Jean
aujourd'hui devrait avoir honte de dire ce qu'il a dit hier ou dans le livre
qu'il a déjà écrit, "Le panier de crabes". Le premier
ministre actuel devrait avoir honte du discours qu'il a fait hier parce qu'il
ne s'est jamais gêné de prendre les deniers de la province. Quand
il a laissé le Parti libéral, c'est parce qu'il n'était
plus ministre.
Oui, M. le Président, je ne suis pas gêné de dire ce
que je dis. Je serais gêné à la place du premier ministre
et à la place du député de Saint-Jean d'avoir dit ce
qu'ils ont dit, parce que ce sont justement des personnes qui ont
profité de leur salaire de député et le premier ministre
en profite doublement dans son cas. Je pense que tout le monde comprends
très bien. Merci, M. le Président.
Le Président: M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je demanderais le vote sur
cette motion.
M. Bellemare: En vertu de notre règlement, le premier
ministre, en deuxième lecture, doit exercer son droit de
réplique. Il n'est pas obligé de le faire, mais il devrait
être ici pour répondre dans son droit de réplique.
M. Duhaime: Cela ne vous regarde pas.
M. Lavoie: S'il ne veut pas exercer son droit de réplique,
tout autre ministre peut le faire à sa place.
Le Président: Vous demandez un vote enregistré?
M. Duhaime: M. le Président, j'ai demandé qu'on
mette la motion aux voix.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
Vote de deuxième lecture
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons maintenant mettre aux voix la motion de deuxième
lecture du projet de loi no 100, Loi modifiant de nouveau la Loi de la
Législature. Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion de
deuxième lecture veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Laurin, Landry, Léonard, Couture, Tremblay,
Johnson, O'Neill, Mme Payette, MM. Proulx, Duhaime, Tardif, Chevrette, Michaud,
Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Mar-coux, Alfred, Vaugeois, Martel,
Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire, Bertrand, God in, Laplante,
de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette,
Brassard, Clair, Gosselin. Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau,
Beauséjour, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet, Lévesque
(Bonaventure), Lavoie, Mackasey, Forget, Garneau, Goldbloom, Saint-Germain,
Giasson, O'Gallagher, Picotte, Pagé, Verreault, Biron, Bellemare,
Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Dubois, Cordeau, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent voter
contre cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Shaw, Samson.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent
s'abstenir veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 73 Contre: 2
Abstentions: 0
Le Président: Motion adoptée.
M. Burns: M. le Président, je propose que le projet de loi
no 100 soit déféré à la commission
plénière de l'Assemblée nationale.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Bellemare: Adopté. M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Burns: Est-ce qu'on peut faire les écritures?
M. Bellemare: Non, non, le premier ministre...
M. Lavoie: Non, attendez, un peu plus tard dans le courant de la
séance, possiblement.
M. Burns: Bon, plus tard, dans le courant de la journée.
Je suis entièrement d'accord, je le demandais tout simplement pour
m'informer.
M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article 23.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 45
Le Président: J'appelle maintenant la prise en
considération du rapport de la commission permanente du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration qui a étudié le projet de loi
no 45, Loi modifiant le Code du travail et la Loi du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Lavoie: Adopté sur division, en ce qui nous
concerne.
Le Président: Adopté sur division.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale?
M. Bellemare: C'est adopté sans division.
M. Lavoie: Division quand même.
Le Président: Alors, adopté sur division.
M. Burns: D'accord.
M. le Président, je vous demanderais maintenant d'appeler
l'article 10). Je crois que le député de Nicolet-Yamaska avait la
parole sur le projet de loi no 96.
Le Président: Reprise du débat sur la motion...
M. Burns: Troisième lecture. M. le Président, quant
au projet de loi no 45, c'est même séance ou séance
subséquente.
Le Président: Troisième lecture, même
séance ou séance subséquente.
M. Bellemare: Y a-t-il une raison majeure pour ne pas la faire
tout de suite?
M. Burns: Oui, il y en a une.
M. Bellemare: Si je ne suis pas indiscret, c'est quoi?
M. Lavoie: Cela va vous prendre un consentement.
M. Burns: C'est la raison.
M. Bellemare: Parce que le consentement n'est pas
accordé?
M. Lavoie: Prochaine séance, M. le Président.
Le Président: Prochaine séance.
M. Burns: Prochaine séance ou séance
subséquente.
M. Lavoie: C'est cela. M. Burns: D'accord. M.
Bellemare: Ah!
Le Président: Article 10), maintenant, M. le leader
parlementaire du gouvernement?
M. Burns: Oui, M. le Président, s'il vous plaît.
Projet de loi no 96 Deuxième lecture
(suite)
Le Président: J'appelle maintenant la reprise du
débat sur la motion de M. le ministre des Affaires municipales proposant
que le projet de loi no 96, Loi modifiant la Loi pour favoriser la conciliation
entre locataires et propriétaires, le Code civil et d'autres
dispositions législatives, soit maintenant lu la deuxième
fois.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Il s'agit de la Loi
modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires, le Code civil et d'autres dispositions
législatives. Depuis 26 années, je crois, Mme le
Président, la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires est appelée à chaque année, à
peu près à cette période-ci de l'année, pour
être reconduite.
Le ministre des Affaires municipales, qui prenait la parole en
deuxième lecture sur ce projet de loi, nous indiquait et nous rappelait
la promesse qu'il avait faite l'an dernier lorsque nous avions
étudié ce projet de loi. Il nous rappelait à ce
moment-là qu'il avait promis à cette Assemblée de nous
revenir, cette année, avec un véritable code du loyer, un code
qui rendrait cette loi tout à fait permanente et qui réglerait
à peu près tous les problèmes qui régissent les
loyers actuellement.
Il nous avouait, dans son discours en deuxième lecture,
qu'étant donné qu'il était néophyte, comme
plusieurs autres députés dans cette Chambre, il avait cru que
l'appareil gouvernemental...
M. Garneau: ... au moment où il y a autant de caucus
ministériels qui se déroulent en même temps.
M. Cordeau: Le ministre n'y est pas.
M. Pagé: On va demander d'aller faire les caucus
dehors.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Je ne sais pas si c'est le micro de M. le député de
Nicolet-Yamaska qui ne fonctionne pas ou bien si ce sont les micros de ce
côté qui sont ouverts, mais on entend davantage les
députés qui n'ont pas la parole que le député qui
fait son intervention actuellement. Alors, s'i I vous plaît, je vous
demanderais de permettre au député de Nicolet-Yamaska de faire
son intervention.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, Mme le Président. Je disais donc que
le ministre des Affaires municipales, lors de son discours en deuxième
lecture, nous avait dit qu'il avait cru que l'appareil gouvernemental serait
plus rapide et qu'il pourrait arriver cette année avec un projet de loi
qui serait une réponse à un véritable code du loyer. Je
veux bien croire qu'il nous est arrivé hier avec le dépôt
de ce projet de loi et qu'il nous dépose en même temps un livre
blanc sur ce qui va devenir éventuellement une loi... Nous devons l'en
féliciter, bien sûr, mais je pense qu'avec les promesses formelles
qu'il nous avait faites l'an dernier, nous devons quand même lui faire
certains reproches, parce qu'on nous avait promis formellement, tant le
ministre des Affaires municipales que le leader du gouvernement, un
véritable code du loyer. Ils nous avaient promis également qu'on
ne reviendrait pas cette année avec cette loi sur la conciliation entre
locataires et propriétaires. Même si cette année on y a
ajouté des modifications à d'autres dispositions
législatives, il n'en reste pas moins que ce projet de loi est une
reconduction de la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires.
Mme le Président, je ne sais pas si c'est inscrit au journal des
Débats, mais je me rappelle fort bien que le leader du gouvernement
avait l'an dernier, au mois de décembre, à peu près
à la même période, dit en cette Chambre qu'il était
prêt à se brûler sur la place publique si ce projet de loi
était ramené.
Mme le Président, si vous avez des ordres pour allumer le feu,
vous pouvez commencer à le faire parce que le projet de loi nous est
ramené presque tel quel.
M. Bellemare: A l'ordre, les caucus! A l'ordre! L'amiante, qui a
bloqué le projet de loi 45.
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît! M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: On sait de qui cela vient maintenant.
M. Fontaine: Mme le Président, je voudrais vous citer
succinctement des paroles qui avaient été prononcées le 20
décembre 1976 à l'Assemblée nationale par le ministre des
Affaires municipales. Il nous disait à ce moment-là c'est
rapporté à la page 126 du journal des Débats du 20
décembre "Mme le Président, le projet de loi
déposé devant nous prolonge d'une année la Loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires, amende le
fond de cette loi, continue le moratoire sur les transformations en
copropriété et empêche pour un an certaines reprises de
possession. Le maintien de la loi de conciliation n'a rien de nouveau. Aussi
invraisemblable que cela paraisse, c'est la 26e année consécutive
qu'un ministre se présente pour prolonger cette loi d'une
année.
Une Voix: II a dit cela!
M. Fontaine: II continuait, Mme le Président, en disant:
"J'espère que ce sera la dernière fois. C'est une mesure que ce
gouvernement se voit dans l'obligation de répéter, parce qu'il y
voit, actuellement, le seul moyen de conserver un statu quo nécessaire
en attendant une réforme globale du domaine de l'habitation dont le
besoin se fait de plus en plus sentir, ainsi que le soulignait tantôt le
député de Lotbinière. En attendant, il faut continuer de
mettre à la disposition de locataires le seul moyen que nous ayons de
leur éviter des hausses abusives et des expulsions arbitraires". Mme le
Président, c'est en substance ce que disait le ministre des Affaires
municipales.
Un peu plus loin, il nous disait: "Le projet de loi prolonge aussi le
moratoire sur les transformations en copropriété et d'autres cas
semblables décrété l'an dernier, et ce parce que la
situation n'a guère changé depuis. Encore une fois, il s'agit
d'éviter que la situation ne se détériore davantage en
attendant la mise sur pied prochaine d'une nouvelle politique de l'habitation."
Une dernière phrase, Mme le Président: "Mais cette mesure, je le
répète, ne doit être considérée que comme une
étape dans la voie de la mise sur pied d'une politique d'ensemble dans
le domaine de l'habitation".
Mme le Président, je me rappelle fort bien que, l'année
passée, j'avais commencé mon discours par ces mots: Plus cela
change, plus c'est pareil. J'aurais pu reprendre le même discours et le
répéter cette année. Il aurait été encore
à point.
Il y a un autre député, le député de
Frontenac, qui disait ceci, concernant cette loi: "Elle est pleine de trous,
pleine de failles et jamais personne n'a osé apporter un changement
global, une réforme globale à cette loi". Il disait: "Je voudrais
m'y opposer parce qu'à l'heure actuelle toutes les décisions
prises à cette Régie des loyers sont prises par des personnes qui
ne sont pas, à mon avis, les plus compétentes pour prendre ces
décisions". J'espère que le député de Frontenac
votera contre cette loi encore cette année.
Nous avions également le leader du gouvernement qui, depuis
plusieurs années, lorsqu'il était dans l'Opposition, se faisait
fort de rappeler chaque année au gouvernement qu'il devait
remédier à la situation. Je voudrais vous rappeler un peu ce que
disait le leader du gouvernement. Chaque année, il rappelait au
gouvernement qu'il y avait cinq points qui devaient être changés
dans la loi et il disait: "J'y crois tellement, à ces cinq points, du
moins à ceux qui restent encore, c'est-à-dire le seuil
d'augmentation, la loi permanente, le tribunal permanent, etc., que j'ai
l'impression qu'avec mon collègue des Affaires municipales et les autres
membres du cabinet, ainsi que les membres ministériels qui sont
préoccupés par la situation, que, l'année prochaine, vous
n'aurez pas l'occasion de me refaire le coup parce qu'on l'avait
taquiné l'an passé que vous avez tenté de me faire
aujourd'hui, c'est-à-dire de citer des paroles que j'avais dites l'an
passé".
Mme le Président, vous vous apercevez bien que c'est toujours la
même chose.
Je me rappelle que le leader du gouvernement, dans son discours, avait
presque mis son siège en jeu. A ce moment, le député de
Saint-Jacques s'était levé pour aller l'avertir de faire bien
attention de ne pas mettre son siège en jeu parce que lui, il
était un peu plus sage, et il savait que l'appareil gouvernemental
n'était pas si facile que cela à faire bouger.
Mme le Président, on revient encore cette année avec cette
loi. Même si on a changé un peu le titre, c'est à peu
près la même chose, sauf que, dans un article de la loi, on tente
de donner un caractère permanent à cette loi. Je l'avoue. Je
pense que, de ce côté, nous avons des interrogations à nous
poser. Même si on ne peut citer d'articles en deuxième lecture, il
est facile de voir que l'un des articles de cette loi donne à
l'administrateur les pouvoirs de prolonger le bail pour une période
qu'il juge équitable pour toutes les parties. Je pense que ce pouvoir
qui est accordé par la loi est tout à fait discrétionnaire
de la part de l'administrateur et pourrait certainement amener des injustices.
Il faudra nécessairement, lors de l'étude article par article en
commission parlementaire, étudier à fond cet article.
Il y a, bien sûr, des améliorations qui sont
apportées au projet de loi quant aux questions des maisons mobiles, aux
maisons de chambres et aux HLM. J'avoue que ce sont des transformations qui
pourront sans doute être utiles aux petits locataires du Québec.
Nous ne pouvons que féliciter le ministre d'avoir au moins
appliqué cette partie qui pouvait être mise en application
très rapidement.
J'espère également que le ministre aura pris en
considération les remarques qui lui ont été faites par les
députés qui m'ont précédé lorsqu'on lui a
rapporté certains faits qui font que certains propriétaires
abusent un peu de la situation, actuellement. Il sera sans doute opportun, en
deuxième lecture, de modifier le projet de loi pour que de tels abus
cessent dans les plus brefs délais.
Nous pouvons également nous poser des
questions sur les conversions en copropriété. Le projet de
loi nous indique qu'encore pour une année on va bloquer les ventes des
ensembles immobiliers. Là-dessus, il y a lieu de s'interroger
très sérieusement parce que cela va causer de véritables
problèmes à certains propriétaires de maisons ou
d'ensembles immobiliers. Si on ne veut que viser le cas de Val-Martin, il y
aurait lieu de l'inclure, mais de laisser le reste des ensembles immobiliers
libres de procéder à des transformations comme ils le
voudront.
Quant à l'affaire Val-Martin, qui est également incluse
dans le projet de loi, il faut se poser également de véritables
questions. Cela fait plusieurs années que ce problème de
Val-Martin est l'objet de discussions à l'Assemblée nationale. Au
cours de cette année, on a eu l'occasion de présenter trois
projets de loi concernant Val-Martin. Il y a là un véritable
problème à régler. Vous pouvez être assuré de
notre collaboration de ce côté pour que nous puissions
régler ce problème définitivement.
Cependant, il faut encore se poser des questions sur ce cas puisqu'on
voit, encore aujourd'hui, dans le journal Le Droit du 20 décembre 1977,
qu'il y a une poursuite de $8,6 millions contre deux ministres du Québec
et la Société d'habitation du Québec. Il y a un
problème juridique qu'il faut étudier. C'est celui de
l'ingérence du législateur dans le judiciaire. C'est
sérieux. Même si on prétend que ces poursuites ne sont
absolument pas fondées, du côté ministériel, c'est
quand même une poursuite de $8,6 millions.
Si on rédige un projet de loi, encore une fois on l'a
déjà fait pour empêcher ou mettre à
néant une poursuite judiciaire déjà intentée devant
les tribunaux, je pense que ce n'est pas notre rôle, en tant que
législateurs, de voir à ce que les poursuites judiciaires soient
arrêtées à cause d'une loi. Il y a la question du sub
judice dont il faut également tenir compte. De toute façon, nous
aurons certainement l'occasion de nous pencher sur ce problème en
deuxième lecture lorsque nous aurons l'occasion d'étudier ce
projet article par article.
A première vue, on pouvait penser que ce projet de loi
était tout à fait anodin et qu'il s'agissait tout simplement de
reconduire un projet de loi qui nous revient chaque année devant
l'Assemblée nationale. Mais, lorsqu'on le regarde de plus près,
il y a des objections et interrogations sérieuses qu'on doit se poser,
et je pense que chaque député de l'Assemblée nationale
doit s'interroger sur la valeur de ce projet de loi. Le ministre aurait tout
simplement dû se contenter, pour cette année, de reconduire
purement et simplement la loi de conciliation entre locataires et
propriétaires avec, peut-être, les modifications concernant les
maisons mobiles, les chambres et les HLM, et laisser pour l'instant la question
de la permanence de la loi pour l'appliquer plutôt lorsque le Code des
loyers sera prêt. Quant au pouvoir discrétionnaire de
l'administrateur, il faut s'interroger sérieusement là-dessus.
L'administrateur pourrait prolonger le bail pour toute période qu'il
juge équitable; je pense qu'on laisse trop le champ libre à cet
administrateur qui est quand même un fonctionnaire, qui n'est pas un
juge, de qui on ne peut contester valablement les décisions. Je pense
qu'il y a lieu de s'interroger sur cette permanence de la loi qu'on veut donner
par les articles de ce projet de loi.
Nous aurons l'occasion, en deuxième lecture, article par article,
d'étudier tout cela, et c'est pour cette raison que je ne prolongerai
pas indûment cette discussion. Je vous remercie de votre bonne
attention
Mme le Vice-Président: II y a des déplacements, je
ne sais pas si quelqu'un a demandé la parole.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Mackasey: Je ne sais pas si mon collègue a
déjà parlé en deuxième lecture.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Notre- Dame-de- Grâce.
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: Merci, Mme le Président. Je vais plutôt
parler sur la philosophie du projet de loi comme, d'ailleurs, c'est notre droit
et même notre responsabilité, en deuxième lecture. Je dois
admettre, au départ, que je n'ai pas la compétence de mes
collègues, surtout du député de D'Arcy McGee et de celui
qui vient de parler au nom de l'Union Nationale, sur les problèmes
particuliers de la province de Québec. Par ailleurs, j'ai quand
même un petit peu d'expérience dans ce domaine parce que j'ai
moi-même signé la convention avec M. Dozois alors qu'il
était responsable de l'habitation en tant que ministre ici, au
Québec, et qui a donné son nom au plan Dozois. A ce
moment-là, j'étais adjoint parlementaire au ministre responsable
de l'habitation au Canada.
Vous savez que chaque province a des caractéristiques
particulières, dans tous les domaines. Dans le domaine de l'habitation,
par exemple, le Québec a une caractéristique unique dans le sens
que, à Montréal, plus de 80% des résidents habitent une
propriété qui ne leur appartient pas et c'est un chiffre sur
lequel nous devrions réfléchir. 80% des résidents de la
ville de Montréal habitent une maison, un appartement ou un foyer, qui
appartient à une corporation, à un étranger; parfois, leur
propriétaire est résident de la France, de la Suisse, de
l'Angleterre ou d'une autre province. Dans cette optique, en prenant cela en
considération, le gouvernement a une responsabilité très
sérieuse et peut-être encore plus importante, plus responsable que
les ministres des autres provinces, où le nombre de ceux qui vivent dans
leur propre foyer, si vous voulez, est plus réaliste.
Mme President, because we are coming close to the Christmas holidays, I
have no intention of launching an all-out attack on the minister responsible
for housing. I can only say, because he is very nice man, that one lives in
hope and dies in despair. He told us a year ago that one year later we would
have a permanent bill based on a white paper, that all of us would have an
opportunity,
and all interested groups would have an opportunity, of analyzing. But,
I say this sincerely, not sarcastically, things happen. Years roll by pretty
quickly and I must congratulate the minister for at least coming forward with
the white paper. I would have liked to have had the white paper a month earlier
in order to analyze it.
But again, we have it. And it is, from what I have seen, an impressive
document. It raises a lot of questions. It brings forward many basic
statistics.
M. Bellemare: ... l'honorable député, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Vous invoquez le quorum, M. le
leader de l'Union Nationale. Nous allons vérifier...
M. Bellemare: Si vous aviez l'obligeance. Il y a une commission
qui siège...
Mme le Vice-Président: ... immédiatement. M.
Mackasey: I hope it is not on my time.
Mme le Vice-Président: Nous allons compter les
députés qui sont dans cette Assemblée. Je m'excuse, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, de devoir vous interrompre.
Nous avons maintenant quorum. M. le député, vous pouvez
poursuivre.
M. Mackasey: Mme le Président, I want to assure you that
although there weren't too many members in the House, those that were here were
of quality. Now we have quantity and not any better quality. The one important
person was the minister who, like all ministers at this time, is wondering when
I am going to shut up so that he can get his bill through the House. If he does
not think that way, then he is different from any minister I have ever know
including myself. But, Mme President, I want to be very serious and non
partisan, if possible. Because we are talking about something here that is of
fundamental importance to Quebec. If you look at the white paper, you will see
that Quebec has unique characteristics, unlike any other province, and I do not
want to go into the history as to why that 80% of the people, in Montreal, live
in homes that they rent from strangers. It is a remarkably high figure.
That means that approximately 20% only have attained what everybody
wants to attain in life: own their own home. And this creates a particular
responsibility for the minister, that surpasses the responsibility of his
colleagues or ministers in other provinces where you have a greater degree of
home ownership. It means that more people are at the mercy of absentee
ownership. That puts a greater responsibility on the State to protect it
citizens and it is tragic that in times of great depression we bring out, not
only the best in people but the worst.
Whenever there is a depression, we blame it on the workers who do not
have enough productivity, as if the answers was: Tighten your belt and produce
more. That is not the answer, that is not the answer. In a free society, the
free enterprise system will be judged and must be judged on the quality of life
that system can produce for its people. A society of free enterprise, a society
that cannot place at the disposal of people, decent, adequate housing, is a
failure and becomes prone to socialism, communism and all the other ideologies
that we do not share on this side of the House.
I mention it because I want to get down to specific in a minute. I am
disappointed that we do not have at this moment, what could have been the most
important piece of legislation that the Parti québécois
government brought forward in this session. Compare it to Bill 45, compare it
to the infamous tax on the poor I am talking about the insurance bill
we could have brought in a housing code that would have been the envy to
all North America because there is no greater need anywhere than in this
province, because, as I mentioned, over 80% of the people in Montreal live in
rented homes. Most of the people in Notre-Dame-de-Grâce, Mr Minister,
live in rented homes. And they quite properly brought to my attention that you
would be bringing in this bill. And they are serious people, good people, who
raised this question. But I would be a demagogue if and I do not like
the word "demagogue", because I am not I were to say that this bill did
not contain some good features. I would like to enumerate some, if I may.
I think it is wrong to say this is a permanent bill. I think the
minister did this through embarrassment because he promised a permanent bill. I
would have felt better had the minister got up and said: Because my White Paper
took longer to create than I thought, because I do not want to be panicked into
a legislation that is not necessarily based on a thorough study of the White
Paper, because I want to hear all the interested groups, tenants, proprietors,
Chambers of Commerce, and everybody who has an interest in this bill, I must
regretfully state to the Assembly that, once again, I have to put forward a
temporary bill at the last moment. Because, Mme le Président, there is
an inconsistency when the minister said it is a permanent bill at the same time
that he is bringing in a White Paper, inferring that the White Paper would
change the so-called permanent bill. But you cannot have it both ways, Mr
Minister, and that has made the people in Notre-Dame-de-Grâce to worry
about this. They say to me: Mr Mackasey they do not call me Mr Minister
or Mr Back-Bencher, they call me Mr Mackasey we are concerned; the
minister said this is permanent legislation and what is the purpose of the
White Paper? I say: It is permanent but it is temporary. If you were in
Québec, you would understand it is not always what it appears. But I
also said this: This minister, I do not know
him very well, but I trust him; that is because of his background and
his former profession, he is trustworthy. Anybody who is graduate of the RCMP
is trustworthy. That goes without saying. I have been sharing many
conversations with them, unintentionally.
So, forgetting my reservation about the words "temporary" and
"permanent", let us say that, at least, we have a bill, bill 96, that, at
least, we have the impression that a rental board and I hope the
minister is taking note will become a permanent feature in Québec
until such time as there is a much greater degree of home ownership in this
province. And I want to say, in case I forget, that it is unfair to private
enterprise to expect them to be humanitarian. They are businessmen, they buy
land on speculation and we buy it also on speculation. It is human nature, in
fact, their responsability in many cases to utilize a piece of land to best
advantage.
It is very hard to convince private enterprises to build low cost
housing or duplexes when the land can be the site of high-rise apartments. The
only control you have is zone laws, zonery laws, the Civil Code, pieces of
legislation that we are discussing.
So, it is unfair for us to say that all proprietors are wrong, all
tenants are right or proprietors have no right to make a reasonable profit.
Nevertheless, because of the characteristics of this province, because of the
high percentage of tenants, the government has the responsibility to protect
these people. Now, Mme le Président, one of the advantages of this bill
or positive features of this bill, is that the rental board will become a
permanent feature. Another thing that we must give credit to the minister for
and it sounds, like someone said, like it does not mean a thing, but it
is very important people living in mobile homes now have some
protection, some recourse if the proprietor of the land, on which that mobile
home is located, decides to take advantage of that person.
And we forget that 230 000 people in Quebec live in mobile homes. That
is a lot of people! Trailors, it is big business. Quite often, one of the
problems with the mobile homes is that no sooner do you get installed than the
proprietor wants an abnormal increase for the land. So, the minister is to be
congratulated for bringing that feature in. There is another added advantage to
this law and I have to say some nice things before I say some bad things
Une Voix: ... I hope you'll have time...
M. Mackasey: I will have time because I am sure nobody is going
to cut me off when I am speaking on behalf of the poor since everything we have
heard for the past two weeks, in this House, has been against the poor; in
common courtesy you will extend my time, I hope.
The other class of people that the Minister has been considerate enough
to look after, are those poor people who have to live in rooming houses. And
they have a unique characteristic that we forget at Christmas time. These are
the people who live on senior citizens' incomes, on unemployment insurance, on
welfare; people who do not want to live in an institution, people who, even
though they would want to live in institutions, could not live there because we
do not have enough. They live in rooming houses defined by the Minister as
three or more rooms, I think, in a residence, which is a fair definition. They,
too, need protection; hitherto they did not have it. It used to be cruel to see
people on Saturday mornings, 70 years of age, putting their belongings in a
cardbord box, moved out of their room because the landlord was putting up the
rent and they had no recourse. Bewildered, concerned, sitting on the sidewalk,
afraid to face those bureaucrats, handed a unilingual document they cannot read
if they live in NDG, not knowing what happened. And I hope the minister will
have the courtesy and the decency I think he is a decent man to
tell his department that whenever it is dealing with people over 65 years of
age, to send them documentation or the notices or instructions in both
languages. Just as a courtesy. It's no longer official, but it would be well
appreciated because these people get very concerned when they get receive
something they cannot read.
And i want to say, because it is Christmas and I may not have
another Chritsmas in this House, that there is no kinder and more decent people
than the French-speaking Canadians and I can say that with sincerity. And I
know that nobody on that side takes any satisfaction when a 71 year old
Irishman, who has a hard time to learn English, let alone learn French, gets a
document which may be positive but he does not know what it means; he runs to
the administrators and says: Please translate what it says. And I do not care
whether it is our government, our government brought that in, it should be
ashamed of itself; but it makes mistakes like anybody else. I have made a few
in my life; I will not talk about them today.
Another thing that is important in this bill is that by changing the
definition of a housing complex, the minister has tightened up loopholes of
converting housing complexes to condominiums. And that is based on experience
in Val-Martin or whatever, that is a positive step. Those are the positive
things.
What I would have liked to see in the bill was the tightening up of some
of the loopholes. The loophole I am thinking of, and I will not go through many
of them, is when a person legitimately... Surely, the proprietor of a small
duplex or triplex has the right to say I want my daughter or my son, or my
brother, or my father to live in my duplex. I think that, everything being
equal, proprietors have rights as citizens or people, and they go to the Rental
Board and they make a case, if they have a married daughter, they would like in
the duplex. I think the law provides that if that proprietor owns several homes
the person dislodged should have first choice, but at the present moment there
are some proprietors who use this as an excuse, and if I could see the minister
around the busy young man in the middle
I would be able... If would be much better. I like to talk face to face
with the minister. What happens there is very simple.
Regardez de l'autre côté, Mme le Président, pour
vingt minutes s'il vous plaît. What happens there of course is that the
tenant, and I understand it, I am not an expert in this, the tenant has to wait
until the vacated premises are filled by other than the relatives. And so if
there is a two, a three of four mounths delay, which can happen, the poor
tenant gives up in despair and the property is rented to a stranger at $10,
$20, $30 a month more. And that is a loophole and it applies only to some
people. So I think that what we need in the new law, I do not mean this law,
the new law, is a time factor there. If you want your daughter or your son in
your own home, it should be encouraged, but there should be a time factor.
Madam President, I do not want to delay the work of the House. I know
that everybody who rushed in to hear me has rushed out again which means I am
effective or I am positive because people are not used to that in this House. I
want to say to the minister, very seriously, that I, if this were not
Christmas, if we were not pressed to get out of here, if I was not worried
about the staff, because I am paid to stay here, but I worry about the staff,
the young ladies, the page boys and I might say, if I may be permitted to
bootleg in, because the minister of Tourism is one of my favourites, even
though he builds convention centers in the Saint-Pierre River he is still a
good man...
One month ago le député de Johnson aimerait bien
écouter cela when the electricity failed in Québec, the
girls in the restaurant were told to go home and I thought, when I heard that
on the news, that's a good employer; let them go home, it is stormy out,
miserable out, transportation is bad, it's a big snow storm, you remember the
snow storm. I only found out today that they did not get paid for that and I
hope that before we go home we rectify that, that they at least be paid. The
poor girls that work in the restaurant were sent home by this government,
presumably the government, on five minutes' notice. You would not have private
industry do that. I think that is unfair. I am coming back on my point because
if they do not get paid for all the work, they'll never own their own home, so
that is the relativeness with what I am saying...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je vais devoir vous demander de conclure.
M. Mackasey: J'achève madame, and I know you own your own
home and you are listening attentively. The White Paper was promised sooner, Mr
Minister. It did not come in. We will forgive you for that... once. I think
that you have the basis of good legislation in that White Paper, though I was
tempted, as I said a minute ago, to bring in an amendment which the Tenants
Associations of Montreal had proposed I think you are aware of it, but I must
say that I endorse it. I will not do it. I promised them I would do it, but I
will not because it means another "étape".
They have said that until the major changes that you have promised in
the White Paper are brought in, in a new bill, all rent increases should be
frozen. Until then, all evictions should be brought to a halt, because, Mr
Minister, the provisions in the White Paper, no matter how hard you work when
we come back, will not have effect on April 1st when most people move.
I think you agree with that. I am not going to stress the point because
I have stressed the positive side. But I want to make one plea, Mme le
Président, only for ten minutes. It is very important to all members.
What we need in this province are more homes that are geared to income. Even
though there is now a 7% or 8% vacancy rate in Montreal because people are
going down the 401 highway, that does nothing for the underemployed person, a
person who works in a hotel, a person who has to subsidize his income by
driving a taxi or working on the waterfront.
There has to be a relationship between the rent and their income. The
minister agrees with that. There is simply not enough such housing. I think the
minister agrees with that. But in a society, in a province where most people
rent, where 80% of the people in Montreal, or 90% of the people in
Notre-Dame-de-Grâce do not earn $12 000, there has to be housing at their
disposition which is related to their income. It is the responsibility of this
government to provide that housing.
In fairness to the minister, I think, he has told mayor Drapeau and the
city of Montreal: tell us what you need and we will provide the funds, while
only 200 homes were allocated in Notre-Dame-de-Grâce, Mr. Minister, and
we need 500, and you are being blamed, wrongly, I think. I will personnally
tell mayor Drapeau, a friend of mine, that he had better ask you for the funds
needed to build 300 more homes in NDG soon, so I can blame the right person.
But if he asks you, Mr Minister, and you refuse, I will be up in this House to
remind you, because I expect you to answer the question when you get up.
Finally, we do not need any more Cambridge Nursing Home episodes. We
need more homes for the elderly. We need more homes for the chronically ill. We
need more convalescent homes for the senior citizens in a society becoming more
and more senior citizen oriented. The minister has a big responsibility. These,
to me, are the types of issues that deserve priority in the Quebec of the
future. So, instead of fighting with the minister, because I do not like fights
and I lose most of them, I want to offer the minister my cooperation. I want to
be part I say this to my leader or future leaders, whoever they may be,
or if I am the leader - I want to be on the committee, along with my
friends, that will examine the white paper. I want to see us create, in the
next ten years, a society where that 20% home ownership of 20% rises, a society
where the workers in this province will have adequate housing, like they do in
Sweden, in Denmark or in some other provinces,
geared to their income. I want to see more homes for the senior
citizens, not necessarily sick senior citizens, but people who find company
with their own milieu, their own interests. Finally, I want to see more
convalescent homes. In the meantime we do not phase-out private industry,
because if it were not for the Madam Grants of the world, there would not be
enough convalescent homes. In conclusion, Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Veuillez conclure, M. le
député. Vous dépassez votre temps déjà.
M. Mackasey: Je peux terminer ici ou répéter mon
discours à la troisième lecture, comme vous voulez. I asked the
minister a few questions. I would hope that he would answer them. If the
answers them properly then I will not come in with an amendment suggesting that
rents be frozen and evictions frozen until the new bill is brought forward,
after intense study of the white paper.
M. Bellemare: Le député de
Notre-Dame-de-Grâce... Vous avez fini?
M. Mackasey: J'ai fini.
M. Bellemare: Je soulève quand même la question de
quorum. C'est bien dommage...
M. Mackasey: Nous avons la qualité, M. le
député.
M. Bellemare: J'ai compris cela en anglais.
M. Mackasey: On ne veut pas la quantité. Qu'ils restent
dehors. Ils sont mieux là.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale
soulève une question de règlement. Nous avons maintenant quorum,
mais, effectivement, nous ne l'avions pas au moment où il l'a
demandé. Est-ce que vous demandez la parole sur le projet de loi no
96?
M. Garneau: Oui, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: Mme le Président, étudier le projet de
loi no 96 peut se faire de différentes façons. On peut le prendre
en mettant en parallèle différents débats qui ont eu lieu
dans cette Chambre, autant de la part de ceux qui occupent les banquettes
ministérielles au moment où ils étaient dans l'Opposition
que de la part de ceux et celles qui ont vécu dans cette Chambre
lorsqu'on arrivait, à la fin de chaque année, avec un projet de
loi semblable, même si celui-ci comprend certaines considérations
particulières.
Il reste quand même qu'un des aspects les plus importants de
l'étude de ce projet de loi est relié à une politique de
l'habitation au Québec. Le contrôle et l'établissement de
mécanismes de conciliation entre propriétaires et locataires sont
reliés à la politique de l'habitation et constituent des
éléments que le gouvernement peut utiliser pour essayer d'avoir
une politique de l'habitation qui soit la plus humaine et la plus
complète possible.
En abordant l'étude de ce projet de loi no 96, j'aimerais dire
quelques mots justement sur cette politique de l'habitation au Québec.
Je voudrais essayer, dans un premier temps, d'en dégager les principales
caractéristiques et, ensuite, toucher à certains points qui
m'apparaissent importants dans le cadre d'une politique de l'habitation.
D'abord, je dirai qu'une des caractéristiques est reliée
au fait qu'il y a une forte demande de logements depuis quelques années.
Cette demande accélérée de logements est due à la
formation de nouveaux ménages, qui est reliée évidemment
à la croissance rapide de la population d'après-guerre, mais
aussi et surtout à la formation de ménages que j'appellerais non
familiaux. On a dit dans le rapport Legault, dans le rapport Castonguay et dans
différentes études que nous aurions besoin d'environ 300 000
logements au cours des cinq prochaines années, soit une augmentation du
stock d'unités de logement d'environ 60 000 par année.
Une autre caractéristique observable de la situation de
l'habitation au Québec, c'est l'augmentation du coût de
construction des logements et aussi tout le problème relié
à la conservation et à la restauration du stock de logements. Ces
deux facteurs combinés ont fait en sorte qu'au cours des
dernières années il y a eu dans l'ensemble du Québec une
diminution dans le taux de vacance qui est observé tant dans les villes
de Montréal et de Québec que dans les centres urbains les plus
importants de notre province. Donc, la formation de ménages non
familiaux et une augmentation de la population d'après-guerre, de
même que cette absence d'efforts assez soutenus dans la conservation et
la restauration du stock de logements expliquent, jusqu'à un certain
point, cette diminution dans le taux de vacance des logements.
Une autre caractéristique de la situation de l'habitation au
Québec est reliée à ce que mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce indiquait tout à l'heure, soit les revenus
insuffisants de certaines catégories de citoyens face au besoin qu'ils
ont de se loger. Ces difficultés sont reliées soit à des
salaires trop bas dans certains secteurs ou encore à une insuffisance
totale de revenus.
Une des caractéristiques importantes de la situation de
l'habitation du Québec, c'est le fait qu'une proportion très
importante de notre population est locataire et non pas propriétaire,
comme il serait sans doute souhaitable. On dit qu'en 1971, 52,6% des
ménages du Québec étaient des locataires par rapport
à 39,7% pour l'ensemble du Canada. Cette proportion était
particulièrement élevée dans les centres urbains,
atteignant 89% à Montréal, 74,7% à Québec et 60,2%
dans la région de Hull. C'est donc dire que, dans l'ensemble, au
Québec, nous avons une population qui est davantage locataire que
propriétaire.
Si on regarde ces différentes caractéristiques de logement
et si on conjugue ces caractéristiques à une augmentation
considérable des coûts de production et d'occupation des
logements, ainsi qu'à un contexte inflationniste général
assez troublant, il semble que ces facteurs aient contribué à
développer dans l'opinion publique une certaine psychose ou un sentiment
de crainte face à la situation de l'habitation au Québec pour les
années à venir.
Je dirai cependant que, quand on regarde ce qui se passe ailleurs dans
le monde et cela ne diminue pas l'importance des politiques
nécessaires d'habitation au Québec on devrait
considérer que les Québécois, d'une façon
générale, constituent un peuple bien logé. Les
différentes analyses indiquent que quand on compare notre situation
à celle d'autres pays industrialisés du monde, on
s'aperçoit que non seulement notre population est relativement bien
logée, mais qu'il y a peu de gens qui, en définitive, se
retrouvent sur le coin de la rue avec la température que nous
connaissons, etc. Je pense que c'est important de souligner cela.
Encore une fois, cela ne veut pas dire que l'Etat
québécois ne doit rien faire pour la politique d'habitation, mais
on doit quand même placer ce fait dans un contexte qui, bien souvent, est
ignoré par des observateurs et des analystes de la situation de
l'habitation au Québec.
Par ailleurs, il semble clair que, malgré les contingences qui
peuvent actuellement l'affecter, le marché de l'habitation, tel que
soutenu et infléchi par les divers programmes de la
Société centrale d'hypothèques et de logement et de la
Société d'habitation du Québec, est en mesure de
satisfaire raisonnablement aux besoins de la grande majorité des
citoyens. Cette constatation se dégage de façon nette de
l'ensemble des analyses et des chiffres disponibles. Elle se dégage
également des rapports soumis l'an dernier, soit au début de
1976, par le groupe de travail sur l'habitation, le rapport Legault,
également par l'étude sur l'urbanisation, qu'on appelle le
rapport Castonguay qui ont évalué ces différents aspects
des problèmes de l'habitation.
Pour évaluer sommairement la pertinence de ces études, on
peut s'appuyer sur les facteurs suivants: de façon
générale, les revenus des Québécois ont cru plus
rapidement et ce sont les constatations que l'on voit dans ces
études les revenus des Québécois ont cru plus
rapidement que le coût des logements depuis une quinzaine
d'années. Dans le contexte d'un meilleur contrôle de l'inflation,
on peut prévoir que ce phénomène aurait tendance à
se perpétuer au cours des prochaines années. Une récente
étude du rapport du comité mis sur pied en Ontario, dirigé
par l'Ontario Economic Council, signale que, sauf pour les
économiquement défavorisés, le problème de
l'habitation constitue un problème largement subjectif et exprime
surtout la crainte qu'a une grande proportion des ménages à
revenus moyens de se voir frustrer de leur expectative d'accéder
à un logement plus luxueux, c'est-à-dire à la
propriété unifamiliale.
Il est intéressant d'entendre cette remarque qui, je pense,
s'applique largement au Québec. Lorsqu'on analyse la politique de
l'habitation, lorsque l'on cause avec des gens, lorsque l'on participe à
des rencontres dans les différents quartiers, quand on parle de
politiques d'habitation, on exprime, surtout auprès des classes moyennes
les gens qui gagnent $6000 ou plus on exprime beaucoup plus cette
crainte que l'on a de se voir dans l'impossibilité d'accéder
à une propriété ou à un niveau de
propriété ou d'occupation de logements plus luxueux qu'à
une crainte de se retrouver dans le milieu de la rue sans aucune sorte
d'habitation.
Les données indiquent également clairement que la
qualité du stock de logements ne cesse d'augmenter avec les
années, et que le nombre de logements dépourvus des
commodités essentielles ne cesse de diminuer. Ce sont là des
constatations qui nous ont été soumises par les
différentes études québécoises, cette fois, qui ont
analysé de fond en comble la situation de l'habitation au Québec.
Ces études disent également que, depuis le début de 1976,
on assiste à une augmentation marquée du nombre des mises en
chantier. A Montréal, par exemple, elles ont plus que triplé, de
janvier à mars 1976. J'imagine que c'est ce stock de logements que l'on
retrouve sur les différents marchés, que ce soit dans la ville de
Laval, dans la ville de Montréal ou dans la ville de Québec
où on retrouve que ces logements, mis en chantier en 1976 et qui ont
continué, je crois, en bonne partie, en 1977, constituent le facteur
prédominant ou principal qui explique pourquoi le taux de vacances
semble vouloir se corriger.
Compte tenu de ces caractéristiques et des observations qui nous
ont été transmises par les études payées et
commandées par le gouvernement du Québec, au cours des
années passées, je voudrais maintenant dire quelques mots sur
certains des aspects plus directement reliés au projet de loi. Entre
autres, le contrôle des loyers et également la politique
d'habitation reliée à ce que mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce appelait la politique de logements pour les
défavorisés et en particulier pour les personnes
âgées. L'objectif à atteindre, je crois qu'il est clair,
c'est de faire en sorte que la plupart des Québécois, la grande
majorité des Québécois puissent trouver un logement
convenable et même un logement luxueux à des prix abordables, le
luxe étant toujours relatif, mais il est important d'avoir, je crois,
cela à l'esprit.
C'est cela l'objectif que tout le monde recherche, que ce soit d'un
côté ou de l'autre de la Chambre. Peut-être que là
où l'on diverge de vues, c'est dans les moyens, dans les façons
d'atteindre cet objectif. On a vu des pays, à travers le monde, qui ont
voulu contrôler totalement l'ensemble de la politique de logement. Et
c'est peut-être dans ces pays qui ont socialisé totalement le
logement que l'on retrouve la plus grande pénurie, le patronage le plus
considérable, à la location des loge-
merits. Des personnes qui voudraient former un ménage,
légal ou non, sont soumis, dans leur décision, au choix ou aux
investissements que l'Etat veut faire dans le domaine de l'habitation.
Alors que j'étais à l'université, je me rappelle
avoir côtoyé, par exemple, des Suédois, des
Suédoises qui retardaient leur mariage uniquement parce qu'ils ne
pouvaient pas avoir de logement. C'est assez curieux, M. le Président,
lorsqu'on socialise et qu'on concentre dans un seul secteur le contrôle
de l'ensemble de l'habitation, on en arrive avec un goulot
d'étranglement qui fait en sorte que les piles s'entassent sur les
bureaux. Ce sont ceux qui ont des connexions avec les fonctionnaires qui
administrent les programmes qui réussissent à faire passer leur
dossier d'en dessous de la pile sur le dessus de la pile.
Vouloir tout contrôler dans le domaine du logement, dans le
domaine de l'établissement ou remplacer l'économie de
marché par un contrôle détaillé de l'ensemble du
stock de logements au Québec, c'est faire une erreur. On fait une erreur
à un double point de vue. D'abord, en ce qui regarde le nombre de
logements disponibles. Deuxièmement, en ce qui regarde la qualité
de logements disponibles. Troisièmement, en ce qui regarde les
transferts qui se font d'une classe de logements à une autre classe de
logements au fur et à mesure que les revenus des contribuables ou des
travailleurs augmentent. Finalement, on bloque, en quelque sorte, l'accession
à la propriété, qui est en définitive le rêve
d'une grande partie des citoyens qu'ils soient du Québec ou de n'importe
où dans le monde. Lorsque nous vivons en société libre, il
y a cet espoir de devenir propriétaire d'un lopin de terre ou de
l'endroit qu'on veut habiter où l'on passe la majeure partie de sa
vie.
Le ministre des Affaires municipales, dans l'objectif qu'il recherche,
je crois, de la même façon que nous, de ce côté-ci de
la Chambre, je voudrais le mettre en garde contre cette tentation de vouloir
trop contrôler. Je dois avouer que nous, de ce côté-ci de la
Chambre, au moment où nous avons exercé le pouvoir, nous avons
peut-être commis certaines erreurs et ces erreurs ont peut-être
été influencées par la période inflationniste que
nous avons connue. Mais, en demandant à la régie du
contrôle des loyers d'appliquer des normes assez strictes dans
l'augmentation du prix des loyers, on a fait en sorte que des gens qui gagnent
$20 000, $25 000 par année peuvent continuer à vivre dans des
logements relativement luxueux, vivre dans des logements où le loyer
mensuel est relativement bas, privant ainsi les autres classes de la
société. Celles-ci passent à travers ce qu'on appelle le
procédé de "filtering", je crois que c'est le terme, je ne sais
pas quel est le terme exact en français. On bloque, en
définitive, des gens qui gagnent $20 000, $25 000, $30 000 par
année dans des logements qui sont des cinq, six, sept et huit
pièces à des coûts de $175, $160 par mois. De ce fait, les
gens qui gagnent $8000, $10 000 et $12 000, qui ont charge de famille, on les
empêche d'accéder à ces genres de logements. On !es oblige
en définitive à passer de logements, que je dirais de petits
logements, de très faible qualité à des blocs neufs qui
eux ne sont pas contrôlés par la Régie des loyers. On
crée, en quelque sorte, undéséquilibre complet. Des
travailleurs québécois commencent leur carrière, forment
leur famille, ils élèvent leurs enfants. Mais, ils se retrouvent
par la suite à la retraite, dans des conditions fort différentes,
et avec des logements qui devraient servir à des familles plus
nombreuses.
J'attire l'attention du ministre sur ce fait, en lui suggérant
qu'il y aurait peut-être avantage de concevoir une politique du
contrôle des prix de logements qui ne soit pas aussi automatique et qui
affecte d'une façon générale d'un côté
à l'autre du tableau, "across the board" comme on dit en
français, tous les types de logements, toutes les grandeurs de logements
et qui constitue, à mon sens, un des facteurs les plus difficiles, un
des problèmes les plus difficiles à résoudre dans le cadre
d'une véritable politique d'habitation.
Je dis également qu'en voulant protéger d'une façon
trop stricte toutes les qualités de logements, peu importe leur
grandeur, on empêche aussi, je crois, des personnes d'accéder
à la propriété parce que dans leur calcul
économique elles s'aperçoivent ou elles concluent qu'elles sont
mieux de rester dans leur logement que d'accéder à la
propriété, privant, encore une fois, les familles à revenu
moyen, à revenu modique d'avoir accès à ces logements qui,
bien souvent, sont mieux situés au centre-ville, faciles d'accès
par le transport en commun, alors que les personnes qui les occupent pourraient
payer des logements beaucoup plus élevés et ainsi avoir une
politique sociale mieux équilibrée.
Il y a également tout l'aspect du logement, de la politique
d'habitation pour les économiquement faibles. Nous avons depuis quelques
années au Québec construit beaucoup de HLM. Je constate que cette
politique a des failles qui doivent être soulignées. D'abord, on
constate que les gens ont accès à ces HLM à cause de leur
revenu. On analyse la situation financière de ces mêmes personnes
quatre, cinq, six, dix ans après et on s'aperçoit qu'elles ne
mériteraient plus d'être dans les logements subventionnés,
même si la formule, je connais la formule d'établissement du prix
du loyer... Mais il reste le fait qu'il n'y a pas de possibilité en
définitive de dire à ces gens: Ecoutez, vous avez eu accès
à un HLM à un moment donné de votre situation
économique, cinq ans après vous gagnez $15 000, $20 000, il n'y a
plus d'accès pour vous à ce type de logement. Il faudrait bien
surveiller cet aspect. De plus, lorsque le problème ne se pose pas en
termes économiques, on constate que la création de HLM, la
construction de HLM amène facilement la constitution de ghettos, de
ghettos qui ne sont, ni sur le plan familial ni social, souhaitables pour
personne.
Je pense que le ministre des Affaires municipales responsable de la
Société d'habitation aurait grand avantage à analyser la
possibilité de louer des logements dans des immeubles qui sont
construits par l'entreprise privée et qui sont disponibles pour
l'ensemble des Québécois. Lorsqu'on prend un immeuble de 20, 25
ou 30 appartements,
je ne vois pas pourquoi la Société d'habitation ne
signerait pas un contrat à long terme avec le propriétaire,
louant dix, quinze logements, cinq logements dans son immeuble et offrant ces
logements aux personnes économiquement faibles. Nous aurions en ce
faisant un accès beaucoup plus rapide à des logements pour les
économiquement faibles, puisque la construction de ces logements serait
décentralisée et multipliée par le nombre des
entrepreneurs qui interviennent sur le marché libre. On aurait
également l'avantage de ne pas constituer ainsi des ghettos qui sont
souvent condamnés par ceux qui font des analyses de la situation du
logement.
Là, cependant, où il me paraît important de
maintenir cette formule HLM ou sous un autre nom, c'est du côté du
logement pour les personnes âgées. Il y a, pour cette
catégorie de notre population, des besoins tout à fait
spécifiques qui ne peuvent pas être satisfaits dans des petits
immeubles séparés. Il faut qu'il y ait une certaine concentration
pour avoir droit, d'une façon économiquement rentable, à
des services d'infirmières jour et nuit, avoir des chambres
reliées à une centrale qui administre l'immeuble et qui permet,
par exemple, à toute heure du jour et de la nuit d'avoir les services
d'infirmières, voire même de médecins et de transport
rapide à l'hôpital, compte tenu que, pour les personnes
âgées, le facteur le plus important, c'est la
sécurité. Il s'agit de causer quelques instants, quelques heures
avec des clubs de l'âge d'or pour réaliser que ce qui les
préoccupe le plus, ce n'est pas tellement leur niveau de revenu dans la
plupart des cas, mais c'est surtout l'insécurité physique
à laquelle ils ont à faire face en cas de maladie.
Ils se sentent seuls et isolés. C'est pourquoi non seulement la
formule de HLM ou de résidences pour personnes âgées
devrait être maintenue, mais la construction ou la réalisation de
ces immeubles devrait être accélérée par l'injection
de capitaux considérables car nous avons à faire face à un
nombre de plus en plus élevé de personnes qui atteignent
l'âge de la retraite et qui recherchent la sécurité de ces
immeubles. Il faut aussi, dans cette politique de l'habitation pour les
personnes âgées cela rejoint les propositions que j'avais
faites au moment où je présidais le comité
ministériel de l'habitation dans l'ancien gouvernement, presque au terme
de notre mandat premièrement, accélérer ces
constructions pour personnes âgées et, deuxièmement, avoir,
surtout dans les grands centres, des centres d'accueil qui se
spécialisent dans le soin des personnes qui deviennent impotentes. C'est
le grand problème des résidences pour personnes
âgées aujourd'hui, qui ont été ouvertes il y a cinq,
six ou huit ans. Les personnes qui y ont trouvé refuge avaient 64 ans ou
65 ans et elles étaient en bonne santé et, maintenant, elles sont
rendues à 70 ans, 75 ans ou 78 ans, ce qui change complètement
l'atmosphère de ces résidences pour personnes âgées
et en fait, dans une certaine proportion, des centres d'accueil qui regroupent,
pour une bonne partie, des personnes invalides. C'est alors tout le climat de
joie ou de sérénité qui change dans ces
résidences.
Dans des villes comme Montréal, Québec,
Trois-Rivières ou Sherbrooke, des villes d'une certaine population, il
devrait y avoir, dans cette politique de l'habitation des prévisions
pour des centres d'accueil qui accepteraient ce genre de résidents qui
ont atteint un âge plus avancé et qui sont dans des conditions
physiques qui ne leur permettent pas d'être autonomes.
Je voudrais également souligner les propos que tenait tout
à l'heure mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce concernant la
question linguistique chez ces personnes âgées. Il est clair qu'on
ne peut pas demander à des personnes de 65 ans ou de 70 ans de devenir
complètement bilingues à cette période de leur vie. Le
ministre des Affaires municipales, responsable de la Société
d'habitation, devrait faire preuve de beaucoup de
générosité dans l'application de la loi 101 et de ses
règlements pour permettre à ces personnes d'avoir au moins
accès à la documentation d'une façon bilingue, afin
d'enlever encore une partie de l'insécurité à laquelle
elles font face.
Je ne veux pas m'éterniser davantage là-dessus, mais je
dirai, en conclusion, que là où l'accent doit être mis,
c'est du côté des résidences pour personnes
âgées et des centres d'accueil pour personnes âgées
invalides. Je veux aussi attirer l'attention du ministre une dernière
fois sur le danger qu'il y a de vouloir tout contrôler de façon
trop détaillée. Je crois qu'il faut, dans une très large
mesure, revoir complètement la politique de contrôle du prix des
loyers pour la rendre plus efficace et surtout faire en sorte qu'elle atteigne
véritablement l'objectif qu'on veut viser au lieu de constituer une
entrave pour le filtrage des groupes de revenus à travers les types de
logements qui sont déjà disponibles et, le dernier point, revenir
sur la nécessité de consacrer des sommes d'argent à
l'amélioration du stock de logements. Je crois qu'en ce faisant nous
aurons des avantages considérables sur le plan des finances municipales
et également une amélioration de la qualité de la vie par
une amélioration de la qualité des logements que ces personnes
habitent. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Dois-je comprendre que nous en sommes
à la réplique de M. le ministre des Affaires municipales?
M. le ministre.
M. Guy Tardif
M. Tardif: A entendre les deux derniers discours des
députés de l'Opposition, je me réconciliais tout à
coup avec la fonction de député et de parlementaire, surtout
à la suite de certains discours qu'il m'a été donné
d'entendre à partir de mon perroquet, hier soir, à mon bureau,
car j'ai l'impression qu'on a vraiment tenté, au cours de ces deux
derniers discours, de cerner la problématique du logement. Le discours
du député de D'Arcy McGee et celui du député de
Nicolet-
Yamaska ont aussi posé des questions fort pertinentes. On a
j'imagine que c'est de bonne guerre souligné le fait que
j'avais, de façon peut-être un peu téméraire, promis
de m'engager dans une réforme lors de la mini-session à la
même date l'an passé.
Je voulais tout simplement souligner à ce sujet, comme je l'ai
dit et comme le député de D'Arcy McGee l'a mentionné que
si ce projet de loi a été déposé ou a
été remis tardivement, je ne l'ai pas fait victorieusement non
plus. C'est donc beaucoup plus à la suite d'un travail assez laborieux,
je dois dire, d'élaboration et de révision de tous ceux qui ont
écrit sur le logement, au cours des dernières années au
Québec, que nous avons tenté de reprendre et d'intégrer
dans ce livre blanc.
Le député de D'Arcy McGee, par exemple, a souligné
à notre attention une des ruses qu'un propriétaire de son
comté aurait utilisé, notamment d'informer une personne que, si
elle n'avait pas acquiescé à l'augmentation demandée dans
les 45 jours, il tenait pour acquis qu'elle acceptait. Evidemment la personne
ayant attendu 40 jours pour se manifester, par la suite elle a
été déboutée de sa requête puisque la loi dit
qu'il y a 30 jours pour se manifester et pour s'opposer à l'augmentation
demandée.
Ce genre de situations compte parmi celles auxquelles nous devrons
apporter évidemment des réponses. Je ne sais pas si les
légistes, à qui j'ai confié ce problème, ce cas
précis dès que le député de D'Arcy McGee l'a
porté à mon attention, me diront si on peut dès
maintenant, dans cette loi 96, introduire quelque chose à cet
effet-là ou si ce sera plutôt à l'occasion de la refonte
qu'il faudra le faire. Je pense qu'il y a énormément de points
comme cela à surveiller, et j'apprécie cette contribution du
député de D'Arcy McGee et celle du député de
Nicolet-Yamaska qui, également, s'interrogeait quant au pouvoir
discrétionnaire de l'administrateur de fixer le loyer pour une
durée indéterminée, en quelque sorte.
La raison tout simplement d'enlever la date ou la limite, c'est qu'en
rendant la loi permanente, la loi ayant effet pour plus d'une année, et
comme des baux existent pour des périodes de plus de douze mois, on
pourrait concevoir que la négociation d'un bail de deux ans, par
exemple, pourra être suivie d'une prolongation possiblement identique.
Lors de l'étude article par article, nous pourrions fort bien voir dans
quelle mesure il sera peut-être plus sage d'inclure dans la loi que la
prolongation devrait se faire pour une période de douze mois, par
exemple, et je serai réceptif aux suggestions de l'Opposition à
ce sujet.
J'aimerais, M. le Président, répondre à
quelques-unes des questions du député de
Notre-Dame-de-Grâce. First of all, I would like to congratulate him. I
think he is the only member in this House who has read the report that I have
tabled yesterday. For this reason, for some of the questions that he asked, I
will try to give some answers. Oui, monsieur, mais c'était par
courtoisie, encore une fois, envers la seule personne, dans cette
Assemblée, qui avait lu, semble-t-il, le rapport.
M. Mackasey: J'apprécie votre gentillesse quand
même, sérieusement.
M. Tardif: M. le Président, les questions posées
par le député de Notre-Dame-de-Grâce concernent certains
éléments. Par exemple, pourquoi rendre la loi permanente,
étant assurés que nous allons la changer très
bientôt au moyen d'un livre blanc?
La raison de ceci, M. le Président, tient au fait que nous
voulons d'abord clarifier toute ambiguïté, que les règles du
jeu soient claires, aussi bien pour les locataires que pour les
propriétaires, que les investisseurs, que les bâtisseurs, à
savoir: faites-vous à l'idée qu'il y aura un contrôle
permanent des loyers au Québec. Deuxièmement, on dit, en
déposant le livre blanc, la nature de ce contrôle.
Je rejoins d'ailleurs certaines des interrogations du
député de Jean-Talon qui nous demandait de faire attention pour
ne pas instaurer un contrôle rigide de tous les logements, qui aurait
pour effet de freiner la production d'unités de logements au
Québec.
Or, justement, le type de contrôle qui est préconisé
dans le livre blanc s'apparente assez bien à celui qui existe
présentement, en ce sens que ce n'est pas un contrôle rigide, un
contrôle absolu de tous les logements, mais bien uniquement un
contrôle des hausses abusives de loyer. Evidemment, je n'ai
déposé devant cette Chambre que le livre blanc, même s'il
est à couverture verte, mais nous avons commandé diverses
études, notamment sur les chambres, sur les maisons mobiles, qui nous
ont servi d'ailleurs à faire un certain nombre des recommandations qui
sont dans ce livre. Ces études que nous avons commandées nous ont
indiqué, entre autres, que, finalement, la Commission des loyers
contrôlait véritablement ces hausses abusives dans la mesure
où les montants d'augmentations accordés par la commission
variaient à peine de quelques dizièmes de 1% de la moyenne des
hausses librement négociées. C'est donc dire que la commission,
malgré tout ce qu'on a pu en dire quant à certaines de ses
lenteurs ou de son fonctionnement, remplit véritablement sa fonction
d'exercer ce frein, cette modération sur les augmentations. C'est le
type de contrôle qui est préconisé.
Cependant, ce qui rendait nécessaire l'adoption d'une loi
permanente maintenant, c'était aussi le fait que nous voulons
bâtir et encadrer cette commission dont le personnel, jusqu'à tout
récemment, était du personnel qui pouvait être
remercié de ses services comme cela. Elle était formée,
d'une part, de commis de bureau, sans exagération, et, à l'autre
extrémité, d'avocats ad hoc, payés à la
séance, pour entendre des causes. C'est une commission où on ne
retrouve à peu près pas de cadres, pas de personnel pouvant
vraiment planifier, organiser le travail. Il faut bâtir et l'encadrer, et
c'est une des raisons pour lesquelles il nous semble aussi qu'en rendant cette
loi permanente on peut déjà mettre en place ce qui sera requis
pour appliquer les recommandations contenues dans le livre blanc, au moment
où elles entreront en vigueur.
II y a aussi la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce: Pourquoi ne pas imposer un gel des loyers? Si c'est
relativement facile d'imposer un gel des loyers, le problème est tout
autre lorsqu'il s'agit de décréter le dégel de ces loyers.
Nous avons considéré l'expérience de certaines autres
provinces où des taux fixes d'augmentation ont été
décrétés par le gouvernement. Nous avons envisagé
cette formule où, par exemple, le gouvernement aurait dit: Cette
année, les propriétaires peuvent demander une augmentation
moyenne, mettons, de 6% ou 7%. Les propriétaires qui, parce qu'ils
auront fait des améliorations locatives, croient qu'ils pourraient avoir
droit à une augmentation plus élevée pourront aller la
plaider devant la régie. Le locataire qui trouverait que cette
augmentation moyenne de 6% ou 7% est trop élevée, parce que la
qualité des services a diminué, parce qu'il n'a plus accès
au stationnement ou autre, pourrait aller plaider pour demander une diminution.
Mais il semblerait que des études empiriques faites dans les provinces
où des taux fixes d'augmentation existaient démontrent que ceci a
un net effet inflationniste et amène des augmentations qui, autrement,
n'existeraient pas ou ne seraient pas demandées.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce a posé
une question très pertinente en ce qui concerne les reprises de
possession et les cas dits de mauvaise foi.
Il est bien évident que ce problème est très
réel. Dans le livre blanc, on verra que quatre mesures sont
proposées pour parer un tant soit peu aux cas de mauvaise foi,
c'est-à-dire ces cas de reprise de possession, soi-disant pour loger un
membre de sa famille, mais qui consiste uniquement à évincer le
locataire. Il y a deux mesures avant l'éviction, et deux mesures
après. Les deux mesures avant l'éviction consistent d'abord
à dissocier dans le temps l'avis d'éviction ou de reprise de
possession pour loger un membre de sa famille, de l'avis d'augmentation de
loyer, en prolongeant le délai pour une période de six mois au
lieu de trois. La raison de ceci, c'est bien simple. Généralement
le délai pour demander une augmentation de loyer étant de trois
mois, le propriétaire fait sa demande d'augmentation de loyer. Quand il
voit que son locataire refuse ou s'adresse à la régie, il se
retourne de bord et il dit. Je veux le logement pour ma fille. Cela vient donc
une espèce de façon indirecte d'augmenter le loyer. A ce moment,
en séparant dans le temps ces deux phénomènes, en
prolongeant le délai pour les reprises de possession de bonne foi pour
loger un membre de sa famille, on pense pouvoir éviter un de ces
effets.
Le deuxième, dans le cas de devoir loger un membre de sa
famille c'est le fait que le propriétaire devra établir le
besoin que pourrait avoir ce membre de sa famille de se loger ou d'être
logé dans ce logement, surtout lorsqu'il s'agit de logements
multiples.
Les deux mesures "après", ce serait une possibilité
d'établir une présomption de mauvaise foi contre le
propriétaire, si le logement devient va- cant plus de six mois dans les
douze mois qui suivent, ou s'il est loué à un autre locataire
dans les douze mois qui suivent.
On pense que ces deux mesures pourraient, jusqu'à un certain
point elles sont proposées dans le livre blanc
éviter ce genre de situation.
Il me fera plaisir de répondre aux questions qui pourront
être posées en commission parlementaire, lors de l'étude
article par article. Ce qui est peut-être important de souligner ici,
c'est que les propos tenus par les députés de Jean-Talon et de
Notre-Dame-de-Grâce sur le problème du logement, cernent
très bien la problématique. C'est un fait que la construction des
logements pour personnes âgées est une priorité à
laquelle je me suis attaqué au cours des derniers mois. Encore cette
semaine trois projets ou trois contrats étaient accordés; un
à Donnacona, un à Valleyfield et un autre à
Pointe-Claire.
M. Garneau: ...
M. Tardif: Pardon? Trois nouveaux projets qui ont
été mis en chantier, trois nouveaux contrats qui ont
été accordés au cours de la dernière semaine.
Actuellement, ce que je regrette toutefois, et ce que le député
de Jean-Talon qui se dit, à juste titre, préoccupé de voir
plus de logements pour personnes âgées bâties et de les voir
bâtir plus vite encore... J'espère qu'il appuiera l'attitude ferme
que nous avons prise à l'endroit de la Société centrale
d'hypothèques et de logement qui, pour la première fois cette
année, exige qu'on engage les crédits de l'année 1977
avant la fin de l'année 1977. Cela ne s'est jamais fait avant.
Pardon?
M. Garneau: Cela s'est toujours fait.
M. Tardif: Cela ne s'est jamais fait. L'engagement sur une liste
ou sur un carnet de commande globale, oui, cela s'est toujours fait.
M. Garneau: Sur une programmation.
M. Tardif: Sur une programmation, mais c'est plus que cela qu'on
exige. On exige de l'engager sur un projet spécifique avec des plans et
devis complets. Cela ne s'est jamais fait. Ça c'est nouveau. Cela ce
n'est pas normal. Là-dessus, M. le Président, nous allons
évidemment faire les représentations qui doivent être
faites à ce sujet. Il n'y a pas d'autres observations. J'ai pris
énormément de notes pour en tenir compte lors de l'étude
du livre blanc. J'arrêterai là ces quelques observations. S'il y
avait des questions plus précises sur les articles, lors de
l'étude article par article, je tenterai d'y répondre. Je vous
remercie.
M. Mackasey: Je voudrais poser une question au ministre, s'il
vous plaît.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Je m'excuse, M. le ministre, si vous avez
répondu à une question alors que j'ai parlé, mais
j'étais occupé. Si vous parlez de la possibilité
d'augmenter le nombre d'unités de logement de 200 à 500 à
Notre-Dame-de-Grâce, est-ce une décision de la ville de
Montréal ou est-ce que cela vient directement de vous?
M. Tardif: M. le Président, voici ce dont nous avons
convenu avec la ville de Montréal. Nous avons demandé au
président directeur général de l'Office municipal
d'habitation de nous dire combien de logements additionnels, outre ceux qu'il a
présentement en chantier ou sur les tables de dessin, il pouvait
réaliser sur le territoire de la ville de Montréal. Et celui-ci
nous a répondu: Nous pourrions mettre en chantier environ 500 logements
additionnels. Mais l'endroit exact, je ne le sais pas. Est-ce que ce sera plus
dans l'Est, dans l'Ouest, dans Notre-Dame-de-Grâce ou non? Je ne saurais
le dire. A ce moment-là, nous avons acquiescé à la demande
de l'Office municipal d'habitation sur la foi du chiffre qu'il nous avait
fourni. S'il nous avait dit 800, nous aurions dit d'accord.
M. Mackasey: C'est trop tard pour que je pose moi-même des
questions à la ville de Montréal, car je ne suis pas satisfait de
l'allocation de la ville de Montréal pour Notre-Dame-de-Grâce.
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Nicolet-Yamaska, sur une question de
règlement.
M. Fontaine: M. le Président, on est ici en
deuxième lecture et on s'en va en commission parlementaire dans quelques
minutes. Je pense que le député pourrait attendre pour poser ses
questions en commission parlementaire.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Lorsque j'ai
accordé la parole au député de Notre-Dame-de-Grâce
tantôt, je croyais que c'était pour une brève question.
Comme il semble qu'il ait plusieurs questions, je crois qu'il serait plus
normal d'attendre au moment de la commission plénière ou de la
commission parlementaire. Est-ce que te projet de loi no 96, Loi modifiant la
Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires, le
Code civil et d'autres dispositions législatives, sera adopté en
deuxième lecture?
Une Voix: Adopté.
M. Goldbloom: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Adopté
sur division.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Motion de renvoi à la commission
élue
M. Burns: M. le Président, je propose que le projet de loi
no 96, ainsi que le projet de loi no 237, Loi concernant la ville de Malartic
soient déférés à la commission parlementaire et que
cette commission puisse siéger immédiatement à la salle
81-A pour examiner article par article les projets de loi mentionnés,
c'est-à-dire 96 et 237.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Cette motion
sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président suppléant (M. Marcoux):
Adopté.
M. le leader parlementaire.
M. Burns: M. le Président, je ferais également, de
façon additionnelle, une motion pour que le rapport de cette commission
puisse être fait de la même façon que le rapport est fait en
commission plénière.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté. M. Goldbloom: Adopté.
Le Président suppléant (M. Marcoux):
Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 45
Troisième
lecture
M. Burns: M. le Président, cette commission peut
siéger immédiatement. Je vous demanderais de revenir à
l'article 23). Il n'apparaît pas comme tel à notre feuilleton sous
cette forme, mais il s'agit de la troisième lecture du projet de loi no
45 que je demanderais qu'on aborde avec le consentement unanime des membres de
l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, il faut un
consentement.
M. Burns: Oui, je vous l'ai demandé.
Le Vice-Président: Le consentement est-il
accordé?
M. Bellemare: Oui.
Le Vice-Président: Accordé.
M. Burns: M. le Président, troisième lecture du
projet de loi no 45, alors.
Le Vice-Président: A quel article, s'il vous
plaît?
M. Burns: II est actuellement à l'article 23), M. le
Président.
Le Vice-Président: C'est la motion de troisième
lecture du projet de loi 45. M. le ministre du Travail.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, nous abordons cette fin de
session avec un projet qui a été qualifié, à tort
ou à raison comme étant un des projets majeurs de cette
Législature au cours de la dernière session.
Je rappellerai simplement que le projet de loi 45, qui a
été déposé au cours de l'été dernier,
a donné lieu à une série d'amendements
déposés par celui qui vous parle au mois de novembre, qu'une
commission parlementaire a permis aux membres de cette Assemblée, en
commission permanente, d'entendre les représentants du Conseil du
patronat et les représentants de deux centrales syndicales faisant
partie du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. La commission,
M. le Président, a siégé au-delà de 60 heures,
à la fois pour entendre ces parties pendant une douzaine d'heures et
également pour procéder à l'étude article par
article du projet, étude qui nous a permis d'être
confrontés avec au-delà d'une soixantaine de propositions
d'amendement provenant des différents membres de la commission.
M. le Président, je pense que le travail accompli, lors de cette
commission parlementaire, est un signe que, malgré tous ses
défauts, ses imperfections et les ennuis d'un système
parlementaire dans lequel nous vivons cela permet effectivement à des
députés non seulement de faire entendre leurs points de vue, mais
d'obtenir des modifications à des textes de lois proposés par le
gouvernement. Le projet de loi 45 se situe donc essentiellement dans le
contexte du Code du travail même si, par deux de ses articles, il amende
la Loi du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Ce Code du travail, M. le Président, en 1964, était une
formulation des lois ouvrières régissant le Québec alors.
C'était une nouvelle formulation où on assistait enfin à
la reconnaissance plus précise du phénomène de
l'accréditation représentative des salariés, une
articulation plus précise de l'arbitrage des griefs et d'une suppression
de l'arbitrage obligatoire des griefs, l'ensemble de ces dispositions
constituant finalement un instrument à la disposition des parties. Il ne
faut pas oublier que toute l'économie de notre Code du travail est
basée sur ce respect possible des règles par les parties et,
fondamentalement, sur une entente contractuelle entre une association
représentative et un employeur. M. le Président, je pense qu'il
faut garder cela en perspective quand on pense au projet de loi 45, de la
même façon que quand on pense à toute approche au niveau
des attitudes, au niveau du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
Le Code du travail n'est pas là pour régler l'ensemble des
relations entre les parties dans un système qui est encore de libre
entreprise et dans un système où les employeurs, tout comme les
syndicats, sont extrêmement jaloux de leur autonomie. Le Code du travail
est là essentiellement pour fournir des balises, pour obtenir un minimum
d'ordre dans le déroulement de ce qui est fondamentalement un processus
libre et contractuel. A une réserve près, nos lois du travail, M.
le Président, depuis qu'elles sont lois du travail je suis
sûr que le député de Johnson pourra en témoigner,
comme il y a travaillé très fort en 1968/69 nos lois du
travail ont toujours, d'une façon ou d'une autre, évoqué,
ne serait-ce qu'incidemment, ce qu'on a qualifié d'un certain
préjugé favorable à l'égard des
salariés.
Le Code du travail est là, oui, pour régir les parties
qui, en principe, sont libres d'agir comme elles l'entendent. Mais il est
également là pour permettre à ceux qui forment la
majorité de la population et qui sont des salariés de pouvoir se
donner des instruments représentatifs.
On a parlé d'une distinction, fausse à mes yeux
à quelques reprises en commission parlementaire, je pense que les
discussions qu'on a eues ont permis d'atténuer ce type de
réaction une distinction d'essence entre syndicat et
syndiqué.
Un syndicat, une association accréditée est un organisme,
même s'il n'a pas de personnalité juridique proprement dite, qui
est reconnu par la loi dans une sorte de statut un peu particulier, parce qu'il
est d'abord et avant tout représentatif, étant donné que
l'accréditation est conditionnée par cette
représentativité.
Le projet de loi no 45 touche donc puisque nous sommes en
troisième lecture, je peux parler de certaines des modalités
au Code du travail par la voie de l'accréditation,
l'accélération du processus de l'accréditation par la
simplification des procédures, par une certaine extension, une
redéfinition du rôle des agents d'accréditation, des
procédures expéditives au niveau des commissaires du travail
les anciens commissaires-enquêteurs et également des
pouvoirs accrus et la nomination d'adjoints et un greffe pour le commissaire
général du travail, l'ancien commissaire-enquêteur
chef.
Amélioration également au niveau de l'accréditation
à partir de la règle des 35%. Vous me permettrez de
répéter ceci en cette Chambre, au cas où quelques-uns de
ceux qui sont ici ou ceux qui peut-être liraient le journal des
Débats ne le sauraient pas. Je veux revenir sur cette distinction
malheureuse qu'on a faite et qu'on a répandue que les 35% permettaient
d'obtenir l'accréditation. Les 35% dont il est question dans le projet
de loi no 45 déclenchent un processus d'analyse de la
représentativité de l'association qui postule une
accréditation. Je pense qu'il faut bien le retenir. C'est un chiffre un
peu arbitraire; nos voisins du Sud, les Américains, sous
l'administration de M.
Carter, proposent 30%. On sait que la Colombie-Britannique, pour sa
part, qui avait 35%, se propose d'adopter la règle de 40%. C'est donc
variable d'un endroit à un autre, c'est fondamentalement empirique.
Chose certaine, la disposition permettant à 35% des salariés ce
qui pourrait être une unité si l'association devient
accréditée permettra surtout aux salariés d'être
à l'abri de pressions indues, à la fois de l'employeur et des
syndicats eux-mêmes en certains cas, quand on assiste à un
maraudage sauvage dans une industrie ou un secteur où il y a des
salariés.
Amélioration du Code du travail, aussi, avec l'introduction de
nouvelles dispositions qui, elles, c'est vrai, sont dérogatoires
à l'économie générale du code, celles touchant la
première convention collective. Il y a entre 20 et 25 conventions
collectives qui donnent lieu à des grèves tous les ans et qui
sont des grèves d'une première convention collective. On sait,
d'autre part, que ces conflits sont habituellement beaucoup plus longs, qu'ils
sont également des conflits qui donnent lieu à des escalades
verbales et même des escalades d'actions parfois un peu violentes. Et il
est très clair que la majorité d'entre eux sont ce qu'on appelle
des conflits de reconnaissance syndicale. Avec les dispositions touchant la
première convention collective, le gouvernement est parfaitement
conscient qu'il adopte une mesure dérogatoire aux principes
généraux contenus dans le Code du travail de la libre
négociation par les parties des conditions de travail. Cependant, la
situation, à nos yeux, s'avère comme exigeant ce type
d'intervention. C'est pourquoi nous avons quand même balisé
également un peu ce type d'intervention par les modalités
suivantes. Le ministre du Travail, en vertu de la loi, pourra nommer,
après échec de la conciliation qui, elle, est devenue volontaire,
comme on le verra tout à l'heure, un conseil d'arbitrage, donc
formé d'une personne nommée par l'association
accréditée, une autre par l'employeur et un troisième,
président du tribunal d'arbitrage, nommé par le ministre à
même la liste fournie par le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, c'est-à-dire par les parties.
Ce conseil d'arbitrage, dans un premier temps, agira comme
médiateur et il tentera de permettre aux parties de s'entendre sur le
contenu de la convention collective qui est l'objet du litige; si les parties
n'y parviennent pas, le tribunal d'arbitrage pourra décider que c'est
lui qui déterminera le contenu de cette première convention.
Or, il s'assortit à cette disposition une disposition
impérative de mettre fin à la grève ou au lock-out si le
tribunal d'arbitrage décide de se saisir du fond du litige. On peut donc
croire que, même si cette disposition est dérogatoire à
l'économie générale de notre code quant à la
négociation libre des parties, il y a quand même une formule de
double incitation à ce que les parties règlent: la
première étant que l'employeur, qui n'aurait pas le goût de
mettre fin à un lock-out, ou le syndicat qui n'aurait pas le goût
de mettre fin à la grève, tentera peut-être de
régler au stade même de la conciliation sinon de la
médiation par le tri- bunal d'arbitrage; la deuxième incitation
étant, évidemment, le risque considérable que
représente pour l'employeur la plupart du temps, et dans certains cas
pour le syndicat, la perspective d'un contenu de convention collective qui
serait déterminé par un conseil d'arbitrage.
Nous n'assisterons donc pas, en principe, à une avalanche de
demandes d'arbitrage dans ce secteur, respectant ainsi, encore une fois,
l'ensemble des dispositions et de l'économie du code à ce
sujet.
Le troisième élément, le précompte syndical
obligatoire. Il s'agit, comme on l'a bien démontré dans le
passé et au cours de la commission parlementaire, d'une
généralisation d'une pratique puisqu'on retrouve, dans environ
90% des conventions collectives, l'équivalent au minimum du
précompte syndical, à moins que ce ne soit carrément
l'atelier fermé parfait ou imparfait. D'ailleurs, au sujet de l'atelier
fermé parfait ou imparfait, je ferai remarquer à cette Chambre
que nous mettons fin à l'atelier syndical parfait, c'est-à-dire
que dorénavant un individu qui est dans une entreprise, qui est membre
d'un syndicat où une convention collective a été conclue
ne pourra faire l'objet d'une expulsion de son emploi pour la seule raison
qu'il a perdu son statut de syndiqué. C'est fondamental.
Cependant, nous maintenons, par le silence de la loi sous certains
angles, la possibilité de l'embauche syndicale. Dans le cas de l'atelier
syndical parfait, c'est-à-dire ces dispositions qui permettaient
à une association accréditée de faire perdre son emploi
à un individu simplement en lui retirant sa carte de membre, nous
protégeons là un droit fondamental du citoyen, qu'il soit
syndiqué ou non, qui est un droit au travail.
Cette disposition du précompte syndical est également
assortie de dispositions touchant ie vote secret. J'aimerais encore une fois,
pour clarifier nos esprits à tous et notre bonne connaissance de cette
loi je me réfère ici aux députés de cette
Chambre qui n'ont pas participé a nos travaux en commission
parlementaire dire que le mécanisme du vote secret est
très clair quant à la grève; il s'agit d'exiger de
l'association accréditée qu'elle fournisse, compte tenu des
circonstances, un avis qui soit raisonnable de 48 heures avisant les membres de
l'association accréditée qu'ils auront à prendre un vote
de grève.
Dans un deuxième temps, l'association accréditée
qui aurait pris la décision d'éventuellement déclencher
une grève devra, non pas aviser, mais informer le ministre qu'elle a
pris cette décision. Pourquoi? Pour la simple raison que nous sommes en
conciliation volontaire et il faut que le ministre et le ministère
sachent qu'il y a, quelque part dans le décor et dans la nature, un
conflit qui est susceptible d'éclater à l'horizon pour que le
ministre puisse mettre à la disposition des parties,
éventuellement, un conciliateur s'il le juge approprié.
Troisièmement, quant au vote secret, l'association
accréditée ou l'employeur qui déclenchera un lock-out
doit, dans les 48 heures du déclenchement effectif de cette grève
ou de ce lock-out,
aviser le ministère et inclure dans cet avis qui n'a qu'une
nature d'information et qui ne conditionne pas la légalité de la
grève c'est très clair au niveau du texte pour,
encore une fois, une raison qui est celle de permettre au ministère de
suivre le déroulement des conflits. Nous avons ajouté, en
commission, ces quelques mots qui obligent l'employeur ou l'association
accréditée à nous faire part du nombre de salariés
impliqués dans le conflit afin que nous puissions continuer la collecte
des données pour fins statistiques.
Le précompte syndical est également assorti de
dispositions touchant la non-discrimination.
Cette clause générale, qui en aucune façon ne
donnerait de recours sauf ceux qui sont prévus spécifiquement
dans la loi, c'est-à-dire des recours de nature pénale contre
l'association accréditée, est là pour permettre à
tout salarié, particulièrement dans le contexte du
précompte syndical obligatoire, qu'il soit membre de l'unité de
négociation, mais membre ou non du syndicat, de s'assurer que
l'association accréditée n'aura pas à son égard une
attitude soit de mauvaise foi, soit arbitraire ou discriminatoire.
On a prétendu, M. le Président, à tort à mes
yeux, que ces dispositions permettraient à n'importe qui de contester
constamment la décision d'une association accréditée de
porter ou non une décision de nature disciplinaire, puisque c'est ce que
la loi vise, ou encore un renvoi en arbitrage. Je pense qu'il s'agit là,
M. le Président, de quelque chose de parfaitement erroné qui
circule dans certains milieux pour des fins qui ressemblent plus à de la
propagande qu'à autre chose. Ces dispositions sont claires; elles
impartissent une obligation à l'association de salariés de ne pas
traiter de façon discriminatoire, arbitraire ou de mauvaise foi
quiconque bénéficie des services de l'association, mais
également la finance à cause du précompte syndical.
Elles prévoient cependant, un mécanisme précis qui
permet au salarié qui vraiment aurait fait l'objet spécifiquement
d'une attitude discriminatoire, de mauvaise foi ou arbitraire, un recours
devant le Tribunal du travail qui réfère la cause à
l'arbitrage, si nécessaire. M. le Président, nous avons
l'expérience dans la loi ontarienne, depuis quelques années,
d'à peine une douzaine de recours de cette nature. C'est une disposition
qui, bien qu'elle n'amènera pas non plus, à mes yeux, une
avalanche de demandes, est quand même là pour affirmer, avec le
contexte du vote secret et la fin de l'atelier syndical parfait, que ce n'est
pas parce qu'on est syndiqué qu'on perd ses droits de citoyen. C'est
aussi simple que cela.
Il y a peut-être, M. le Président, une fâcheuse
tendance corporatiste dans notre société, à l'occasion,
qui fait que, parce que les syndicats ils ont raison à ce niveau
de revendiquer et d'établir le fondement historique de leur attitude
ont dû se battre pendant des années au Québec pour
obtenir un statut, ils conservent une volonté de voir cette autonomie
jamais atteinte de quelque façon que ce soit. Je pense que c'est normal,
c'est un réflexe qui est compréhensible et qui, d'une cer- taine
façon, est souhaitable également dans une société
qui se veut démocratique.
Cependant, même si les syndicats ont dû se battre
très fort pour gagner des points depuis le début du
siècle, je n'irai pas jusqu'à approuver leur attitude qui
voudrait qu'une fois qu'une association accréditée existe, elle
ne soit plus soumise à aucune des contraintes auxquelles tous les autres
citoyens sont effectivement soumis. C'est à ce titre, à mes yeux,
M. le Président, que le vote secret, la non-discrimination et son
obligation, la fin de l'atelier syndical parfait, atteignent des objectifs qui
reconnaissent ce caractère représentatif à l'association
accréditée, mais reconnaissent également des droits
fondamentaux des syndiqués qui sont également des citoyens et non
seulement des syndiqués.
M. le Président, le quatrième élément qui,
au niveau des dispositions de cette loi, est majeur, c'est la clause
antibriseurs de grève. Je n'abuserai pas de votre temps, M. le
Président, encore cinq minutes.
La clause antibriseurs de grève que je vais résumer
brièvement, il s'agit, évidemment, d'un élément
qui, sur le plan du droit du travail, est nouveau, parfaitement novateur en
Amérique du Nord. Même s'il consacre une situation de fait qui
existe dans la majorité des conflits de travail, il n'est pas à
écarter, évidemment que ces dispositions changeront probablement
la dynamique de certaines négociations. Le gouvernement en est
très conscient.
Quant au contenu, rappelons que l'employeur se voit prohiber la
possibilité d'embaucher les services de certaines personnes. Cependant,
il y a une série d'exceptions, et par inférence à ce que
dit le texte de loi, on peut conclure que les salariés de cet employeur
qui ne sont pas membres de l'unité en grève, les cadres, les
non-syndiqués, les personnes qui ont accepté une entente avec
l'association de salariés, les personnes soumises à une
ordonnance en vertu de l'article 99, les personnes soumises à une
décision en vertu d'une loi de services essentiels, quelle qu'elle soit,
ainsi que les personnes qui verraient à assumer les moyens
nécessaires de conservation ne visant pas à la production, sont
évidemment des personnes qui ne sont pas touchées par les
dispositions de l'article 97a.
J'aimerais ici faire une brève parenthèse, qui
m'apparaît importante. Nous nous référons à toute
loi portant sur les services essentiels; à l'article 97b, il ne s'agit
pas de préjuger des conclusions de la commission Martin, il ne s'agit
pas de préjuger du report ou du maintien de la loi 253, ou de son
abrogation ou de quelqu'autre loi que ce soit; il s'agit simplement de faire en
sorte que si jamais il y avait encore une loi sur les services essentiels
ce qui est loin d'être assuré, et ce que nous saurons une
fois que la commission Martin aura remis son rapport évidemment,
cette loi pourrait trouver son application dans le cadre de l'article 97a.
Finalement, M. le Président, j'abrégerai sur le reste.
Pour ce qui est des dispositions touchant
l'arbitrage, je pense que les modifications quant aux délais,
quant aux pouvoirs des juges, quant à leur capacité de convoquer
des gens, de modifier les sanctions, sont des améliorations
considérables.
Finalement, je terminerai en évoquant toute la conciliation
volontaire qui, à mes yeux, est le point central de cette loi, M. le
Président, même si elle n'a pas fait l'objet de longues
discussions. Conciliation volontaire qui mettra le ministère dans une
position où vraiment, quand il envoie un de ses fonctionnaires
qui dans l'ensemble sont des gens de grande expérience et de
compétence il sera sûr d'avoir affaire à des parties
qui sont intéressées.
M. le Président, pour toutes ces raisons, je demanderai à
l'Assemblée d'accepter la troisième lecture du projet de loi
45.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jon
quière): Etant donné le consentement du
député de Notre-Dame-de-Grâce, je cède maintenant la
parole au député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Je parle au nom de mon parti, donc, en vertu du
règlement, j'ai une heure. Mes premières paroles seront à
l'endroit du président de la commission parlementaire du travail, le
député de Drummond. Il s'est acquitté avec beaucoup de
dignité de sa tâche extrêmement difficile, mais il l'a fait
avec beaucoup de discrétion, d'à-propos, et
particulièrement de sens commun de la procédure parlementaire. Je
tiens à lui dire l'expression de ma très vive gratitude.
J'aurai à rappeler aussi combien l'attitude du ministre
lui-même a été véritablement un modèle
d'homme d'expérience malgré son jeune âge, malgré
que c'est depuis un laps de temps très court qu'il occupe les
responsabilités du ministère du Travail. Mais avec quel
doigté, avec quelle patience a-t-il enduré de longues
planifications d'amendements qui atteignaient le volume zéro? Sur cela,
je tiens à lui dire que c'est un homme d'avenir. Il jouera dans son
parti un grand rôle peut-être avant longtemps. Prenez-en ma parole
de vieux lutteur et d'homme d'expérience. S'il fallait qu'un jour vous
connaissiez ce qu'on a connu, à savoir cinq premiers ministres qui sont
décédés dans l'espace de sept ans, peut-être que le
ministre du Travail serait peut-être appelé à de hautes
fonctions. Vous verrez que le vieux ne se trompera pas.
J'ai à dire par exemple que l'Opposition libérale, qui
était représentée par le député de
Saint-Laurent M. Forget, ne m'a pas fait plaisir. Malgré les nombreux
amendements qu'il a suscités non pas sur le fond, mais sur la forme,
pour essayer de... ce député a provoqué chez moi
particulièrement, peut-être pas chez les autres, une impatience
que j'ai été obligé de manifester en certaines
circonstances.
Je ne suis pas le seul. Qu'est-ce qu'ont dit les journaux qui ont
analysé l'attitude du député de
Saint-Laurent? Ecoutez, M. le Président, Mathias Rioux. Ce n'est
pas un fou, c'est un homme intelligent, brillant, c'est un gars de jugement, je
le prends pour un homme de jugement. "Cette nouvelle attitude du parti est
d'autant plus surprenante qu'elle a été annoncée par
l'ex-ministre des Affaires sociales, M. Claude Forget, reconnu comme un des
membres des plus progressifs du PLQ." Allons voir un peu plus loin. "En
s'énervant et en s'élevant avec autant de véhémence
contre des mesures qui n'ont rien de révolutionnaire et qui se font
attendre depuis très longtemps, les libéraux accréditent
l'opinion de ceux qui prétendent que ce parti glisse vers les plus
grandes profondeurs qu'il ait jamais connues vers la droite et s'éloigne
de sa glorieuse tradition."
M. le député, il a écrit cela pour vous, qui avez
été le plus gentilhomme des hommes. Vous allez certainement faire
le message à votre voisin, le député de Saint-Laurent,
mais moi, je l'ai retenu. C'était un jugement approprié. Que le
Parti libéral vienne dans une commission parlementaire pour nous
étayer ses connaissances, ses expériences, nous dire ce qu'il
fallait réprimer, surtout ajouter, et faire retrancher avec
véhémence, j'en suis, c'est démocratique, mais qu'il
arrive avec une centaine d'amendements qui ne tenaient pas debout! J'ai
été obligé, en certaines circonstances, de m'impatienter
et de lui dire que ce bavardage inutile faisait perdre le temps de la
commission.
Combien j'ai été édifié aussi, pour la
première fois, de voir l'attitude de certains députés de
la commission! Ils ont suivi presque à la lettre, presque à
l'heure juste toutes les séances. Combien il a été facile
de leur prouver que le parlementarisme, c'était utile. Combien il a
été facile de voir que ces gens du "P. Quiou" qui nous
accompagnaient sont sortis de là avec l'impression qu'ils avaient
réellement rendu service à leur province, qu'ils avaient atteint
une formation nouvelle, celle de comprendre pourquoi les commissions
parlementaires étaient instituées et pourquoi elles devaient
fonctionner de la manière que les présidents les dirigent. Il y a
particulièrement le ministre qui, avec beaucoup de tolérance,
avec un calme remarquable et avec une expérience que je ne lui
connaissais pas, m'a prouvé dans le détail qu'il connaissait son
code. Dans bien des circonstances, je me suis demandé s'il trouverait la
réponse, et pas une fois il n'a failli à la tâche en
n'acceptant pas les amendements qui nous sont arrivés comme un
déluge sur la tête, M. le Président.
C'est en 1977 que le Code du travail doit avoir une équation avec
les relations de travail, employeurs et employés. Pas un code de 1964,
pas un code de 1970, mais un code véritablement de 1977. En 1964, j'ai
fait mettre dans le code de M. Lesage 64 amendements. Et quand j'ai
été ministre moi-même, j'ai apporté une
révolution dans le Code du travail. Pourquoi? Parce que
l'évolution dans le domaine des relations patronales-ouvrières,
dans celui des conventions collectives, dans l'arbitrage des griefs... Surtout
pour ces griefs qui donnent lieu à de multiples procès, nous
avons établi des commissaires enquêteurs et un Tribunal du
travail, parce que nous voulions essayer d'apporter notre quote-part dans ces
relations patronales-ouvrières qui changent énormément.
Elles n'ont pas changé pendant peut-être 40 ans, vivant à
peu près de bonne entente dans les relations de travail, de petites lois
ouvrières, mais, à un moment donné, le mouvement ouvrier
s'est développé dans la province.
Il est allé chercher à cause des techniques et à
cause de l'expérience de ceux qui ont étudié
véritablement le Code du travail en 1964. Ils sont allés chercher
les subtilités qu'a engendrées, dans bien des cas, le Code du
travail. Vous le verrez dans mon discours, dans deux minutes.
M. le Président, j'ai demandé en 1975, dans une motion qui
est restée au feuilleton, l'organisation d'une enquête royale pour
trouver de nouveau»; procédés, de nouvelles formules et
pour entendre non seulement ceux qui venaient critiquer, mais ceux qui
professent le droit du travail, que ce soit des professeurs
d'universités, que ce soit les ouvriers, que ce soit des
médiateurs ou que ce soit des agents d'accréditation, venir nous
dire devant une commission royale ce qu'il fallait trouver de nouveau avant que
l'orage nous tombe sur le dos.
J'ai demandé avec véhémence une véritable
enquête royale en 1975 en 1976 et en 1977, pas pour critiquer, pas pour
avoir les bavures de tous et de chacun, pas pour essayer de monter les gens les
uns contre les autres, mais pour essayer d'établir cette paix sociale
qui existe dans certains pays au monde, qui nous prouvent que c'est possible
entre l'employeur et l'employé de trouver des formules d'entente,
d'établir un juste équilibre entre les forces en présence,
pour assainir aussi le climat social des travailleurs.
Ecoutez, M. le Président, ce qu'écrit un grand
éditorialiste, Alain Guilbert: Le projet de loi 45 paraît
susceptible, par plusieurs de ses propositions, d'assainir le climat social du
Québec, mais il ne s'agira quand même que d'une législation
et toute législation, quelle qu'elle soit, n'y fera pas grand-chose si
les forces en présence, patrons et syndicats, n'apportent pas aussi des
modifications à leurs traditionnelles méthodes de
négociation qui ressemblent bien plus souvent à des guerres
à finir qu'à des recherches de solutions économiques et de
solutions humaines aux problèmes de chaque jour.
La voilà, la vraie réponse. Tant et aussi longtemps, M. le
Président, qu'on n'atteindra pas ce but que recherche
présentement le gouvernement... Je crois que le gouvernement a
été sincère, je crois que le gouvernement a fait un peu sa
part en apportant des modifications par le bill 45, mais ce n'est pas cela qui
est la grande réforme. Ce n'est pas cela que nous avons
demandé.
Comme l'a dit M. Ryan, dans un article que vous avez lu sûrement:
"De manière générale, les changements proposés au
Code du travail ne sont néanmoins ni dramatiques ni bouleversants. Ce
projet Johnson reste bien en deçà de la réforme en
profondeur c'est M. Ryan qu'avait laissé entendre et
laissé entrevoir le "P. Quiou" avant la prise du pouvoir. A tout
prendre, il en est beaucoup mieux ainsi. Un projet Laurin par session, c'est
déjà trop, parce qu'en comparaison avec celui-ci, le projet
Johnson a le mérite de rester dans la vraisemblance", si, comme la Tour
de Pise, il penche toujours nettement du côté de ceux qu'on pense
envers qui le gouvernement a une certaine dette à s'acquitter. Cela, je
l'ôte de dans mon texte.
Je dis, par exemple, qu'il fallait être un homme fort pour faire
face à son caucus, à l'opinion publique en général,
aux 5000 personnes qui sont venus devant le parlement pour essayer de casser
les vitres ou faire casser les décisions du ministre. Il fallait
être un homme fort. Je cite l'article du Nouvelliste, qui m'appartient
dit-on. On m'a dit cela, aujourd'hui, que cela m'appartenait, le Nouvelliste:
"Le premier ministre a tranché la question en disant que les pressions,
manifestations de tous ordres ne feraient pas reculer le gouvernement, que le
projet de loi no 45 serait adopté dans sa version actuelle, sans
nouvelles modifications majeures aux amendements Johnson qui font, aujourd'hui,
l'objet du brouhaha actuel dans le monde syndical. Le chef péquiste
risque évidemment de s'attirer des foudres de certains dirigeants
syndicaux. Mais, en même temps écoutez moi bien cela, M. le
Président il s'attirera l'appui de la majorité
intelligente de la population. "
On a vu en grosses lettres: Le "P. Quiou" proteste, demande à
Johnson de se conformer à ce que le parti avait dit dans son livre. Il a
été véritablement l'homme qui ne nous a pas donné
satisfaction entièrement. Je le dirai à la fin de mon discours.
Qu'il prenne tout ce qu'il peut de bien quand ça passe; en dernier, il y
aura peut-être des petites choses que je lui dirai qui, je pense, ne sont
pas parfaites.
Le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale, au
moment où vous êtes dans un arrêt, comme il est 18 heures,
à moins d'un consentement, je vais être obligé...
M. Bellemare: Je suis bien prêt à continuer.
Le Vice-Président: Je vais être obligé de
vous interrompre.
M. Bellemare: Non, non, j'ai mon heure et je tiens à la
prendre.
Le Vice-Président: Oui, vous avez votre heure. M.
Bellemare: Cela va me couper mon respir.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Nous avons discuté de la possibilité de
poursuivre nos travaux au-delà de 18 heures et je donne mon consentement
au nom du gouvernement.
Le Vice-Président: Ai-je le consentement de tous?
M. Garneau: Egalement.
M. Bellemare: Merci, messieurs, merci.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, vous pouvez continuer.
M. Bellemare: Merci. Cela ne nous dérange pas dans les
opinions et dans les principes qui nous guident, mais avant qu'on soit reparti,
qu'on ait repris un élan... Là, je l'ai.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, vous savez
fort bien que je devais le faire.
M. Bellemare: Quoi?
Le Vice-Président: Vous savez fort bien que je devais le
faire.
M. Bellemare: Oui, bien sûr. Si je n'ai pas mon
écouteur, je n'entends pas.
Vincent Prince, qui est un grand journaliste, qui a été
ici, à la Tribune de la presse, pendant des années, qui a rendu
service par son assiduité et particulièrement par la
précision qu'il apportait dans les jugements qu'il rendait sur
l'administration quelle qu'elle soit, Union Nationale ou libérale dans
le temps, a, lui aussi, rédigé un petit éditorial que j'ai
conservé bien précieusement. Il disait ceci: "II convient de
souscrire au projet du ministre Johnson même s'il ne faut pas,
répétons-le, en attendre des miracles immédiats. Le
ministre aurait été plus conséquent avec lui-même
toutefois s'il avait attendu le rapport de l'enquête qu'il a
demandée avant de procéder comme il le fait dans son projet de
loi no 45. Il risque ainsi d'effectuer un faux pas qu'il regrettera plus
tard".
Disons aussi que M. Vincent Prince n'a pas assisté à la
présentation des amendements qui ont été faits. "Cette
réforme est audacieuse. Bien comprise, elle peut contribuer grandement
à la paix industrielle. Le ministre ne peut cependant
légiférer ni le bon sens ni la bonne foi; cela, il ne peut pas le
faire. Aux syndicats de relever le défi de profiter d'un droit explicite
sans en abuser favorablement." C'était dans un autre
éditorial.
Je pense que c'est un sérieux coup de barre qu'a donné le
ministre. Que ceux qui sont contre votent contre. Le progrès demande
aujourd'hui que les relations patronales-ouvrières soient
amendées. Si on ne refait pas tout le Code du travail, au moins on aura
une partie des critères de base qui serviront à mieux nous guider
et à trouver, dans l'esprit d'équilibre qu'on recherche, une
juste répartition des responsabilités et particulièrement
le respect qu'on doit essayer de trouver dans les relations
patronales-ouvrières.
Vote secret. On va s'élever contre cela pour toute fonction
élective dans une association? Quel mal y a-t-il? J'ai été
et je suis encore membre de la brotherhood et j'ai vécu des
expériences dans ce domaine. Dans notre association, on était
véritablement des gens qui allaient en vote secret pour les positions
électives. Dans le temps, il n'y avait pas de loi qui nous le
prescrivait. Pour des déclarations de grève, vote secret,
oui.
Je pense que c'est nécessaire, plus que jamais aujourd'hui
à cause des casseurs de bras et des coups de pied qu'on peut recevoir
sous la table. Pour la signature d'une nouvelle convention collective, quel mal
y a-t-il, M. le Président? Au contraire, c'est un sérieux coup de
barre dans les relations ouvrières. Je ne veux pas entrer dans le
détail de tous les articles, c'est impossible, il y en a
énormément et nous avons pris tout le temps de les examiner un
à un. Mais la formule Rand M. le Président, elle est
répandue partout à 95%, dans toutes les industries.
Peut-être qu'on applique aujourd'hui la formule Burns,
peut-être...
M. Burns: C'est la formule Rand. J'ai assez d'humilité
pour...
M. Bellemare: Dans le temps, vous aviez proposé votre
projet de loi et il n'avait pas été accepté. Mais
aujourd'hui, on voit qu'il est accepté, grâce à la
majorité mais aussi grâce au bon sens.
M. le Président, pourquoi la formule Rand n'a-t-elle pas subi
exactement toutes les améliorations? Je comprends qu'elle est
périmée puisqu'elle date de 1946, et il y a plusieurs grands
sociologues qui ont fait des enquêtes détaillées sur les
relations patronales ouvrières.
Quand on dit que les associations accréditées doivent
faire un rapport de leurs activités, on s'est battu en commission
parlementaire pour que ce soient des rapports dûment certifiés,
dûment accrédités. On a dit: Vous savez, il y a de petites
industries, cela va coûter trop cher, $150, $200. Mais il y a un
intérêt formidable à ce que ce soient des rapports
dûment certifiés parce que quand le commissaire-enquêteur
ira, il va les exiger s'il le veut, c'est dans un article de la loi. Une
commissaire-enquêteur a le droit, lorsqu'un conflit ne peut pas se
régler, d'exiger les états financiers.
M. le Président, le ministre l'a dit tout à l'heure avec
beaucoup de bon sens, il y a les nouvelles procédures
d'accréditation. Il y a la règle de 35%, 50%, nous sommes
d'accord. C'est ce qui permet la tenue d'un vote pour le choix d'une
association accréditée. Rendre la conciliation volontaire, M. le
Président, cela n'a jamais existé. L'arbitrage d'une
première convention collective, c'est encore du nouveau. Une
procédure plus réaliste. Je pense qu'une grève ou un
lock-out doit arrêter c'est dans la loi, c'est dans l'amendement
que le ministre a apporté dès que le conseil d'arbitrage a
décidé d'établir le contenu de la convention collective.
Là il donne sa décision et c'est final. Il n'y a pas de
délai inconciliable avec la procédure normale d'une
première convention collective. Il l'a aussi prolongé d'un an
à deux ans, encore très bien, M. le Président.
En ce qui regarde l'arbitrage des griefs, c'est une bien meilleure
procédure dans l'ensemble.
M. le Président, ceux qui veulent nous aider à
préparer un nouveau Code du travail seront appe-
lés à le faire avant longtemps. Peut-être que le
ministre changera d'idée, mais le ministre nous a dit, en commission
parlementaire, qu'il était à préparer un comité
pour étudier l'ensemble du Code du travail. M. le Président, il a
raison. Les relations de travail aujourd'hui changent si vite qu'on n'est pas
capable de les suivre, même avec la meilleure volonté au monde et
même avec le meilleur ministre, les meilleurs conciliateurs et les
meilleurs commissaires-enquêteurs. On n'est pas capable.
Combien y a-t-il de signatures de conventions collectives par
année? Pour une raison bien banale, parce qu'on n'aime pas la face d'un
contremaître ou parce que telle poutre n'est pas à notre
goût ou qu'il y a peut-être un danger, un gars part et dit: Moi je
ne travaille plus là. Il fait croire cela à trois ou quatre gars
et c'est la grève. Au bout d'une heure, ils sont tous sortis:
grève illégale. Grève illégale, mais convention
bien signée; convention collective signée, mais contrat qui est
manqué. On ne manque pas seulement à la parole donnée,
mais le contrat signé est déchiré à ce
moment-là. Il ne compte plus.
Est-ce que c'est le patron, M. le Président, qui fait cela? Non.
Le patron a ses responsabilités, c'est sûr, mais vous ne voyez
jamais un lock-out commandé par un patron parce qu'il y a un
employé ou autre chose... Cela arrive de temps en temps peut-être.
Mais qu'un patron, habituellement, déchire les conventions collectives,
non. On les traite du mieux possible. Les employeurs vont à la limite
possible de ce qu'un syndicat demande. Mais les experts en droit ouvrier, M. le
Président, sont nombreux aujourd'hui. M y en a dans les
universités. Il y en a dans la pratique, qui pourraient venir devant
nous, devant une commission d'enquête royale, formuler certaines
nouvelles suggestions, nous aider à trouver véritablement le
climat qui doit exister.
Je n'ai pas besoin de vous citer, M. le Président, des articles
de journaux. J'en ai énormément et il y a eu le rapport Woods, le
rapport Rand, le rapport Donavan en Angleterre. Ces principes, d'ailleurs, pour
le droit d'association ont été, en bien des circonstances,
étudiés. Mais aujourd'hui, en 1977, il faut faire quelque chose
pour empêcher que nos conventions collectives ne tiennent plus et on est
à la veille du jour où les conventions collectives ne tiendront
plus. Bientôt, M. le Président, vous verrez que les conventions
collectives ne vaudront plus rien puisqu'on les déchire à chaque
occasion qu'on a de ne pas être satisfait.
Si on a eu le championnat canadien de la tuberculose, aujourd'hui, on
s'apprête à avoir le championnat national du chômage
à cause de cela, parce que notre Code du travail ne répond plus
aux exigences des vraies conventions collectives. Ce n'est pas comme dans la
cuisine. On ne mélange pas les ingrédients selon l'inspiration
pour en faire des gâteaux ou quelques mets. Il faut être
extrêmement prudent dans le Code du travail, quand il s'agit de
mêler certaines idées.
Les syndicats demandent certaines mesures qui dépassent, souvent,
le bon sens, mais on veut aller plus loin afin d'obtenir le medium. Cela s'est
dit et répété combien de fois devant moi? On en a
demandé plus, mais c'était pour avoir cela, et, à la
deuxième convention, ils demandent le reste. Imaginez!
Les employeurs, eux, ont d'autres réserves, ont d'autres
manières de procéder. Ils ont maintenant une association qui les
caractérise, qui fait que le Conseil du patronat, dans la province de
Québec, soutient les PME, soutient les petites industries et les aide
énormément dans bien des difficultés. Mais, M. le
Président, on brave l'autorité, quelle qu'elle soit, on brave le
gouvernement, quel qu'il soit: libéral, Union Nationale ou PQ, et on
édicte des formules comme celle-là, et on y voit des choses
extraordinaires, que je vous inviterais à lire: Pour une vraie loi
"antiscabs". Ici, M. le Président, après les amendements à
la loi 45, déposés le 22 novembre, par le ministre du Travail, le
gouvernement n'a plus le droit de parler de loi antiscabs. Il trompe la
population des travailleurs en tentant de leur faire croire qu'il vise encore
les mêmes objectifs.
Dernièrement, il n'y a pas deux jours, le président
Rodrigue, de la CSN, réfutait cela, en disant qu'il acceptait de bon
gré les amendements du ministre. Voyez-vous la différence? On a
des droits, chez les travailleurs. D'accord. Qu'on les protège dans
leurs droits et surtout dans le respect des conventions collectives qu'on
signe. Mais il y a aussi des devoirs qu'on ne remplit pas, du côté
des syndicats. Il y a des gestes que posent les syndicalistes, qui sont
illégaux, qui sont criminels. On obtient facilement un pardon
après, mais croyez-vous que cela protège l'intérêt
public? Croyez-vous sincèrement que les devoirs que doit accomplir tout
syndicaliste et tout syndicat responsable vis-à-vis d'une
collectivité protège ce qu'on appelle la véritable balance
des forces?
L'intérêt public a aussi son importance. Le droit commun de
vivre en société ne permet pas à certains syndicats de
faire les menaces qu'ils profèrent en certaines circonstances. Il y a
85% des PME, dans la province de Québec, qui sont dans le secteur
industriel. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il faut, de toute
nécessité, qu'on revienne au bon sens, particulièrement
que les syndicats comprennent, une fois pour toutes, qu'il n'y a pas seulement
des droits qu'il faut qu'ils exigent, mais qu'il y a des devoirs qui n'ont pas
été faits. Ils ont reçu l'absolution du gouvernement PQ,
par la remise de $50 millions, dernièrement, pour des méfaits
qu'ils avaient commis et pour lesquels ils avaient été
condamnés. Pensez-vous que c'est raisonnable? Pensez-vous que c'est un
exemple à donner, pour un gouvernement, pour l'avenir? Forts de cette
expérience, ils braveront la prochaine injonction. Ils diront: Bah! le
PQ, il va encore absoudre les péchés des criminels.
Il y a eu une grève dans le textile, il y a quelques
années. Il y avait un individu qui avait fait sauter toute une fournaise
à la dynamite. Au moment de régler la grève, j'ai
reçu de nombreuses délégations qui sont venues me demander
d'absoudre ce syndicaliste. Jamais je n'ai voulu accepter cela. Jamais! J'ai
dit: C'est un acte criminel, que la justice fasse sa part, c'est
l'administration ici.
J'ai reçu un appel téléphonique, imaginez-vous, du
président de la compagnie où c'était arrivé, qui
m'a supplié, en disant: M. Bellemare, pour rétablir la paix,
laissez donc tomber cet acte criminel. Jamais, jamais, vous me comprenez! Que
vaudrait votre autorité? Que vaudrait la mienne? Ils ont
été condamnés, les vingt, à chacun $1000 d'amende,
et le syndicat à $20 000.
C'est en se tenant debout, quand on est ministre du Travail, qu'on peut
véritablement prouver qu'on a de l'intérêt pour la classe
ouvrière. Il y a des gens qui sont moitié l'un, moitié
l'autre: Tu comprends, je ne veux pas me donner la peine d'avoir des
problèmes. Je ne veux pas passer pour un mauvais ministre. Je veux
essayer de me faire un grand nom. Le grand nom qu'un ministre du Travail peut
se faire, c'est d'être un homme qui fait respecter la loi. C'est pour
cela que les députés qui sont ici l'ont votée.
En ce qui regarde les antibriseurs de grève, Vincent Prince
écrivait, ces jours derniers: "Il convient d'ailleurs de se rappeler que
le phénomène de la violence dans les relations de travail ne se
limite pas à un problème de "scabs". Il est
général. Et plusieurs estiment qu'on ne parviendra pas à
le déraciner tant que le sabotage et les autres tactiques du genre
resteront non seulement impunis, mais continueront à rapporter des
dividendes."
Si c'était Maurice Bellemare qui disait cela, vous diriez, c'est
un homme qui était dans les unions et il parle contre les unions. Voici
un éditorialiste qui dit qu'on ne réglera certainement pas le
problème des antibriseurs de grève "tant que le sabotage et les
autres tactiques du genre resteront impunis".
Je souhaite ardemment que le jeune et nouveau ministre du Travail, qui a
déjà fait ses preuves en commission parlementaire et à qui
j'ai rendu hommage, continue d'être un homme digne, d'être un homme
respectueux de la loi, et qu'il continue à ne jamais vouloir, dans
aucune occasion, absoudre ceux qui posent des actes criminels. Ce sera la force
la meilleure que vous pourrez opposer à ceux qui, demain, dans la rue,
viendront casser les vitres ou causer des dommages matériels.
La loi antibriseurs de grève est raisonnable, et je pense que
vous avez voulu choisir pour rétablir l'équilibre normal. Il y a
trois conditions: II faut d'abord qu'il y ait une ordonnance, en vertu de
l'article 99, s'il n'y a pas, premièrement, un accord entre les parties.
De plus, il faut qu'il y ait une loi qui prévoie les services
essentiels. C'est encore bien.
N'allez pas fermer, il y a moyen de s'entendre. Il y a moyen d'user de
l'article 99 par une ordonnance ou il y a moyen de se servir de la Loi des
services essentiels, la loi que vous avez patronnée à un moment
donné, la loi 253. C'est l'amendement no 2. M. le Président,
l'Union Nationale s'est battue, mais s'est battue la visière
levée, sans faire de mesquineries, sans apporter
d'éléments destructifs. Nous sommes heureux d'avoir pris part,
mon collègue de Richmond en certaines circonstances et moi-même,
à cette commission parlementaire.
Nous y avons apporté notre meilleure collaboration et surtout le
fruit de notre expérience. Nous aurions voulu que la loi soit
amendée pour accorder, en cas de grève, le vote à tous
ceux qui faisaient partie de la négociation, autant qu'à ceux qui
étaient dans l'association accréditée. Nous avons
proposé un amendement, il n'a pas été reçu, mais
nous le disons. Nous aurions voulu, à ce moment, que tous ceux qui
paient pour la formule Rand maintenant, qui vont être obligés de
payer pour la formule Rand, au moins dans les votes de grève, dans les
votes de convention collective et dans les votes d'accréditation
puissent avoir le droit de vote, même si ce sont des non-membres.
Mme le Président, on aurait voulu aussi que l'association
accréditée ait ses états financiers dûment
certifiée. On a cherché un mot pour cela: vulgarisés,
certifiés, vérifiés, assurés. On nous a
répondu: Ecoutez, M. le député de Johnson, cela se fait
presque automatiquement. Cela va coûter de l'argent, $150, $200, pour
faire passer un comptable agréé. Vérifier, cela prend
absolument un comptable agréé. Mais qu'est-ce que c'est pour
assurer véritablement le bon fonctionnement financier d'une association
accréditée? Qu'est-ce que c'est, Mme le Président, par
rapport aux scandales qui se sont produits et que l'on a découverts
quelques années plus tard à la commission Cliche?
C'est là qu'on a trouvé la véritable raison pour
laquelle on ne veut pas aujourd'hui obliger le mouvement syndical à
donner des détails dûment accrédités, des
états financiers dûment accrédités. Est-ce que vous
n'en avez pas eu assez d'être salie, Mme le Président, comme nous
tous, par les dépositions qui ont été faites dans le
rapport Cliche où l'on ne trouvait presque jamais des actes posés
véritablement en vertu du bon sens, de la logique et de la bonne
administration comme des bons pères de famille, comme dit le Code civil?
On a demandé, toujours et partout, à chacune des associations
accréditées l'obligation formelle de fournir des états
financiers dûment certifiés. On a été battus.
On n'a pas voulu. J'espère que lorsque reviendra le Code du
travail, les améliorations au Code du travail, on trouvera
peut-être une formule nouvelle pour que les états financiers de
tous les syndicats soient dûment certifiés même en
accréditation. M. le Président, la clause que l'on retrouve dans
l'article 98a est une clause sur laquelle nous nous sommes battus: le rappel au
travail, pas seulement de ceux qui sont dans l'association
accréditée, mais de tous les autres, sans différence.
Si le patron trouve qu'un M. Huberdeau, qui est expert dans son usine,
mérite d'être rappelé avant M. Lalancette qui est
syndiqué, qu'il ait le droit de le faire. Mais aujourd'hui, la clause de
rappel au travail, à l'article 99a, est limitative.
M. le Président, je n'ai pas besoin de vous rappeler, à
vous qui avez été au sein même de bien des accrochages
syndicaux, une grève qui s'était éternisée avant
d'arriver à Québec, à une certaine bâtisse que vous
connaissez très bien.
Vous avez été l'avocat de ce groupe et ils ont
barbouillé tout le devant probablement que ce n'est pas vous qui
leur aviez dit cela, non et puis ils avaient mis des choses comme:
"Crève".
Le Président: Je vais soulever une question de
privilège, M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Non, vous n'avez pas le droit, M. le
Président. Je ne vous ai pas accusé, non plus, mais vous
étiez l'avocat, par exemple. On peut voir que vous avez une grande
expérience dans la pratique du droit ouvrier aussi. Vous en avez fait
une spécialité et, dans une grande commission royale
d'enquête, vous seriez peut-être un témoin important
à convoquer. Si jamais il y en avait une, pour ma part j'aimerais bien
être appelé à donner mon opinion.
M. le Président, je termine. Mon heure s'achève, mais je
voudrais vous dire simplement une chose, tout en remerciant ceux de la
commission parlementaire qui ont travaillé avec beaucoup d'acharnement
et avec beaucoup de désintéressement pour essayer de trouver la
meilleure solution à ces problèmes. Des pressions fortes ont
été faites sur nous, des délégations sont venues.
Le ministre en a reçu, des délégations; le ministre a
dû recevoir des papiers et des appels téléphoniques. J'en
ai reçu moi aussi, vous savez, puis des pas beaux. Oui et des
délégations aussi.
Qu'est-ce que j'ai fait? J'ai dit: On va aller en commission
parlementaire, puis, si vous n'êtes pas satisfaits, vous ferez ce que
vous voudrez. On est élus nous autres, pour assumer nos
responsabilités. On va les étudier les amendements du ministre
article par article; on l'a fait. Aujourd'hui, c'est un texte de loi et moi, je
concours avec vous pour dire qu'on a avancé d'un pas,
véritablement qu'on a donné un grand coup de barre. Celui qui
parle, c'en est un autre leader syndical. Il n'était pas leader
parlementaire dans le temps, mais c'était une autorité reconnue
dans le droit ouvrier. J'ai eu l'occasion de temps en temps de me frotter avec
lui. Dieu sait avec quelle logique et quel bon sens il m'a peut-être
montré certains arguments que je n'ai pas toujours crus sur le moment
mais que j'ai pris en considération et qui ont apporté des
heureux résultats.
M. Burns: Je vous ai aidé à devenir populaire dans
le milieu syndical, en tout cas, parce que vous avez accepté des
amendements que je vous avais proposés quand vous étiez ministre
du Travail.
M. Bellemare: Oui, mais, écoutez, "other day other ways",
n'oubliez pas cela aussi. Il y a des amendements dans cela qui m'ont
été suggérés et il y en a aussi qui ont
été suggérés en 1974, puis en 1975 au Parti
libéral. Qu'ont-ils fait? Où sont les amendements qu'a
votés le Parti libéral dans le Code du travail? Montrez-les-moi.
En 1975, en 1976, j'ai demandé une commission royale et vous avez
été un de ceux qui m'ont repris. Vous m'avez dit: II n'y en aura
plus de commission royale, une commission d'enquête seulement. Vous
auriez dû m'appuyer dans le temps pour que je puisse avoir la commission
royale.
M. le Président, je termine. Inutile de faire perdre le temps de
cette Chambre en des souvenirs qui ne sont pas toujours les meilleurs. Mais je
dis que je suis très reconnaissant à ceux qui sont venus, qui ont
travaillé à la commission avec beaucoup d'attention. Ils ont fait
un pas dans le véritable parlementarisme. Jamais on n'a vu une
commission parlementaire attirer autant de membres. Et surtout, les discussions
qui ont été largement comprises de plusieurs et faites par
plusieurs membres ont permis à ces gens de savoir pourquoi une
commission parlementaire était nécessaire dans un système
comme le nôtre. Je suis particulièrement fier de dire aujourd'hui
qu'au caucus de l'Union Nationale, j'ai fait un rapport très succint et
donné tous les arguments possibles, et nous voterons en faveur de la
loi.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: Merci, M. le Président. En l'absence du
député de Saint-Laurent, je pense qu'à ce moment-ci il
travaille à une commission, j'ai accepté l'honneur de parler sur
ce projet de loi, au nom du Parti libéral. Cela m'étonne d'avoir
la permission de parler pendant une heure. Je pense que c'est Churchill qui a
dit: Si vous n'êtes pas capable de tout dire en 40 minutes, vous avez
parlé trop longtemps.
Je partage les sentiments du député de Johnson, quand il
parlait de la compétence du président de la commission. On a
parlé, depuis deux jours, de la compensation de président de
commission mais je pense que le président je pense qu'il vient de
Drummond, je n'en suis pas sûr a agi sagement et avec un esprit
impartial, c'était nécessaire, et avec une flexibilité qui
a été bien appréciée de ma part.
Je n'ai pas la grande expérience du député de
Johnson, alors je ne suis pas pour parler pendant une heure sur des
événements historiques qui se sont produits. J'ai
été ministre du Travail, en 1967, si je me rappelle. C'est
à cette époque que j'ai rencontré mon ami de Johnson pour
la première fois, je pense que c'était son anniversaire de
naissance, lors d'une rencontre à Ottawa des ministres du Travail du
pays. On a chanté Happy Birthday et Ô Canada ensemble...
M. Bellemare: ...
M. Mackasey: Tu chantais bien en maudit.
M. Bellemare: I keep the photo you know I have in my office.
M. Mackasey: C'est regrettable quand même que l'ex-ministre
ait cru nécessaire de faire des reproches à mon collègue
le député de Saint-
Laurent, parce que le député de Saint-Laurent a
travaillé jour et nuit jusqu'à minuit tous les soirs, souvent
seul. Quand je suis arrivé pour la première fois à
l'Assemblée, j'ai décidé, après quinze ans, de
laisser d'autres apprendre un peu le métier, les nuances du domaine du
travail. Le député de Johnson a souligné les lois, autant
que la philosophie et les attitudes de l'employeur et des syndicats.
On dit en anglais que c'est impossible je vais essayer de le
traduire à la législation de créer un mariage
heureux, et ce n'est pas possible par les lois de créer la peur entre
l'employeur et l'employé, si vraiment il n'y a pas la bonne foi des deux
côtés. Alors, tout ce qu'on peut faire par un Code du travail,
c'est d'établir, si vous voulez, les normes, les cadres, les
règlements. A la fin, ce qui compte, si vous voulez, c'est la paix
industrielle dans un pays, dans une province; c'est la justice. Comme le
député de Johnson l'a souligné aussi, le respect pour la
loi. Ce qui est décourageant à ce temps-ci, de plus en plus,
c'est le manque de respect pour la loi. Quand j'étais ministre en 1967,
c'était peut-être plus facile. Dans ce temps-là, on signait
un contrat pour un an, deux ans, trois ans, trente mois et c'était
compris que c'était un engagement de ne pas aller en grève
illégalement, de ne pas faire de lock-out illégalement. Il y a
des employeurs qui ont pris avantage de cet engagement, de cette convention, de
ce contrat souvent pour changer, si vous voulez, le site du travail, pour
introduire des changements technologiques, parce qu'ils savaient qu'ils
étaient protégés par la loi. Les hommes n'avaient pas de
défense en face d'un employeur qui ne prenait pas leurs meilleurs
intérêts.
Et, on discute ce soir, M. le Président, pas un nouveau Code du
travail, mais les amendements au Code du travail qui existe. Il y a une grande
différence. Le ministre a été assez honnête de le
dire. Les raisons pour lesquelles on n'a pas fait de discours quand il a
déposé son rapport, c'est grâce au député de
Saint-Laurent, qui savait que le ministre avait travaillé jour et nuit,
depuis quelques mois, pour venir à la conclusion du bill 45. Il faut
noter qu'il n'y a personne de ce côté de la Chambre qui a
parlé de la clôture de la part du ministre. Alors, au lieu de
faire des reproches à mon collègue de Saint-Laurent, il est
prêt à l'endosser et à le féliciter pour sa
participation, surtout à la commission.
Qu'on partage ou non sa philosophie, il faut admettre que c'est un homme
sincère, courageux, le député de Saint-Laurent et que
plusieurs de ses amendements ont été acceptés par le
ministre. J'aimerais mieux que, la prochaine fois qu'on attaquera le
député de Saint-Laurent, il soit à son siège, cela
ne presse pas. Vous pouvez l'attaquer l'année prochaine, si vous voulez,
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Je suis toujours heureux de l'entendre.
M. Mackasey: Après quinze ans, M. le député
de Johnson, on n'est pas pour commencer, vous et moi...
M. Bellemare: Cela ne me choquera pas.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! La
pertinence du débat...
M. Mackasey: C'est remarquable... Oui, je comprends cela, M. le
Président, mais vous savez aussi que les débats, c'est l'amour.
Ce ne sont pas des discours que l'on fait, mais des débats. On n'attaque
jamais quelqu'un personnellement. C'est remarquable, c'est une coïncidence
le nombre de tous ceux qui n'ont pas participé au débat chez les
ministres ou les ex-ministres du Travail. Vous remarquerez exactement pour
cette raison, qu'on approche la solution à nos problèmes de trois
manières complètement différentes.
Pour le Code du travail, l'approche du ministre du Travail est
basée sur la philosophie, et c'est remarquable, mais c'est triste aussi
que, dans plusieurs provinces du Canada, on a souvent eu des ministres du
Travail qui n'assumaient pas du tout leurs responsabilités
vis-à-vis de l'employé, le salarié, si vous voulez, le
pauvre homme qui travaille avec ses mains. Si vous n'aimez pas le
salarié, l'être humain, il est impossible d'être un bon
ministre du Travail. Je partage le sentiment du député de
Johnson, que le ministre du Travail, je pense, à ce jour, s'est
montré sensible aux problèmes du salarié.
J'ai souvent dit que son rôle est le plus difficile au cabinet,
à moins d'avoir l'expérience de six ou sept ministères. Le
plus difficile est celui de ministre du Travail, et, en même temps, le
plus satisfaisant. Il est impossible de plaire à tout le monde. Il faut
aussi comprendre que le Code du travail n'est pas exclusivement le code des
ouvriers. Il faut que ce code soit acceptable à l'employeur aussi. Si
l'employeur n'accepte pas le code, ce code ne vaut pas cinq cents quand nous
sommes rendus dans un conflit.
Si le but d'un ministre du Travail est d'être populaire avec les
masses et les syndicats, c'est très facile. Vous mettrez votre
responsabilité de côté et vous direz que vous êtes
président d'un syndicat. Cela ne s'est pas produit encore et j'en suis
content.
M. le Président, je vais dire qu'il y a beaucoup d'amendements du
Code du travail que j'appuie et que j'endosse. On parle du projet de loi 45 qui
touche la vie de tous les travailleurs de la province du Québec. Ce
n'est pas le temps de faire de la démagogie ou d'être trop
partisan. Je ne suis pas ici pour parler du Parti québécois ou de
se serrer la ceinture. Les syndicats vont se la serrer sans doute, à la
prochaine convention, mais c'est autre chose. On parle du projet de loi 45. Je
suis ici pour n'attaquer personne.
Je veux dire, M. le Président, que, pour moi, et encore, on ne
partage pas tous les mêmes sentiments, pour ma part, la chose la plus
positive dans le projet de loi 45, c'est larticle 46.
Pour d'autres, cela va passer comme ça, si vous voulez, mais
l'article 46 précise, peut-être pour la première fois dans
le Code du travail, le moment où une grève est légale ou
illégale, le moment précis où un lock-out est légal
ou illégal. C'est simple, il n'y a pas quatre ou cinq étapes, il
n'y a pas quatre ou cinq rapports, ce ne sont pas quatre ou cinq bureaucrates
qui vont décider. C'est simple maintenant et je félicite le
ministre: une grève est maintenant légale 90 jours après
le commencement des négociations. C'est simple; il vous est maintenant
permis de commencer vos négociations 90 jours avant la fin d'une
convention. Alors, vous pouvez aller en grève la première
journée après la fin d'une convention collective. Cela est
positif. Pourquoi? Parce que c'est clair. Il n'est pas nécessaire
d'avoir fait un cours universitaire pour comprendre cela. Au bout de 90 jours,
ils ont le droit d'aller en grève et je pense que c'est une
amélioration dont le ministre sera de plus en plus content.
En effet, moi, j'ai trouvé, comme ministre les anciens
ministres ont toujours tendance à parler de leur expérience; si
on n'a pas d'expérience, il faut aller chercher l'expérience des
autres dans les livres qu'il est toujours plus facile de régler
un conflit avant que cela en vienne à la grève. C'est toujours
plus facile pour le ministre et le ministère d'avoir une convention
collective que de régler une grève. Alors, le ministère
doit travailler jour et nuit pour empêcher une grève; c'est pour
cela que, dans une autre clause, dont je ne me rappelle pas le numéro,
le ministre a discuté de "préventive mediation". C'est encore une
chose qui passera inaperçue dans les journaux, mais qui est très
importante, peut-être plus importante que la formule Rand, etc. En effet,
85% des conventions collectives de la province de Québec avaient
déjà la formule Rand, ce n'est rien d'extraordinaire. Quand le
patron veut aller à la Commission des droits de la personne, cela me
fait rire; cela existe déjà dans 85% des conventions. Mais, quand
le ministre parle de la médiation préventive, là il parle
avec raison parce qu'il veut minimiser les points de conflit entre les patrons
et les membres du syndicat.
J'accepte aussi, M. le ministre, comme une amélioration ou du
moins comme une expérience si cela ne fait pas, on pourra
toujours le changer la manière de régler la
première convention collective entre un syndicat qui vient d'être
accrédité et l'employeur. Pour l'expliquer très
simplement, c'est par l'arbitrage, que l'une ou l'autre demande soit
réglée par la commission d'arbitrage.
Cela encore, je pense que c'est une amélioration, sauf que, comme
je l'ai souligné à la commission, si vous avez trop de
succès, la population va demander au gouvernement que tous les conflits,
toutes les conventions collectives, les 2e, 3e, 4e, 5e soient
réglées par l'arbitrage. Cela poserait des problèmes pour
le ministre. Le projet de loi no 45 améliore encore également les
mécanismes d'arbitrage, c'est pour cela que je pense que c'est un
avantage.
J'ai déjà parlé de la formule Rand, que j'appuie.
Il y a beaucoup de gens qui, pour des raisons même religieuses, ne
veulent pas être membres d'un syndicat, mais qui sont prêts
à payer leur part de cotisation. Il y en a qui prétendent qu'on
devrait diviser le montant pour le syndicat, le montant pour les fins
politiques. Peut-être est-ce l'idéal, mais ce n'est pas
réaliste.
Il y a aussi des faiblesses dans la loi. Par exemple, les votes secrets.
Qu'est-ce que c'est un vote secret, selon le code? Le public devrait le savoir.
Le vote secret n'est pas un vote désigné, défini par le
code. Un vote secret, c'est un vote défini par la constitution du
syndicat. Tout dépend si la constitution du syndicat est pour le code.
Le code dit: un vote secret. Le chef du syndicat décide ce que c'est un
vote secret.
Le député de Joliette-Montcalm qui a beaucoup
travaillé je le dis sincèrement, je veux le
féliciter aussi sait fort bien, comme moi qui suis encore membre
d'un syndicat depuis 1939, que le vote secret, dans beaucoup de nos syndicats,
n'est pas un vote secret. Souvent, on a deux boîtes, une boîte pour
celui-là, et une boîte-là, et une en arrière du
rideau, mais n'entrez pas dans la salle, parce qu'on sait d'avance de quelle
manière vous voterez. Il faut vivre avec son code après qu'il est
devenu un projet de loi.
M. le ministre, M. le Président, quand viendra la fameuse clause
antibriseur de grève, le ministre peut reprendre son
siège, je comprends je pense que la philosophie derrière
de cet article est valable. On veut premièrement éliminer, dans
les grèves légales, la violence. C'est regrettable que souvent
les journaux, les employeurs, la population pensent que tous les membres d'un
syndicat sont violents. Moi, je trouve le contraire, s'il y a de la violence,
la majorité ne s'en occupe pas, elle se cache chez elle. Ne demandez pas
à un homme de 52 ans, avec trois ou quatre enfants, de traverser une
ligne de piquetage quand le but d'une ligne de piquetage, c'est
simplement...
Peut-être que !e ministre qui a voyagé à travers
l'Afrique pourrait parler de son voyage à une autre occasion, parce que
nous ne sommes pas nombreux ici...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Encore une fois, sur la pertinence du débat, s'il vous plaît!
M. Mackasey: ... pas la pertinence, the Minister of External
Affairs is telling everybody about his trips to Europe and Africa, the Irish
Coasts and so I cannot concentrate on the pertinence, if you like. OK? And what
is the purpose of a picket line, Mr President? It is to impart information. Pas
autre chose. Il n'est pas là pour empêcher un travailleur d'aller
travailler. Il n'est pas là pour empêcher l'employeur de visiter
ses lieux. Le piquetage, c'est seulement pour rendre l'information à la
population. C'est la définition dans la loi. Et souvent la violence, par
exemple, commence à la ligne de piquetage. Pourquoi? Parce que le
syndicaliste, avec raison, n'accepte pas facilement que, quand
il est en grève, le patron en engage un autre pour le
remplacer.
Il essaiera par toutes les méthodes à sa disposition
d'empêcher ce "scab", si vous voulez, de remplir son rôle dans
l'industrie. Quand même, le but du piquetage, c'est l'information, et non
pas de créer la violence, non pas d'agir contre la loi, non pas de
défendre l'employeur de visiter son entreprise, non pas de
défendre aux malades d'aller à l'hôpital. Cela s'est
déjà produit. Le but de l'"an-tiscab" ici c'est de limiter ceux
qui peuvent travailler durant une grève légale. On espère,
comme il n'y aura pas beaucoup de "scabs" qui rentrent, que la ligne de
piquetage sera encore limitée, comme elle devrait l'être, à
donner seulement l'information à la population.
Je suis complètement d'accord pour le moment et j'ai
accepté cette clause telle qu'elle s'appliquait aux salariés.
C'est regrettable que le ministre de l'Industrie et du Commerce ne soit pas
à son siège. Peut-être qu'il va l'écouter,
peut-être qu'une autre fois il va lire le journal des Débats. Mais
j'ai posé une question au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
C'est pour cela qu'on va voter contre le bill 45. Je ne me cacherai pas pour le
faire devant les syndicats. J'avais suggéré au ministre un petit
amendement à cette clause qui aurait rendu la clause "antiscab"
acceptable pour tout le monde. Il l'a refusé.
C'est regrettable de le dire. Je vais l'expliquer. On parle des grandes
industries comme Alcan, CIL, DIL, que ce soit votre article sur "antiscab", si
vous empêchez Alcan de continuer la production pendant une grève
légale, ce qui est son droit, si vous l'empêchez, elle va tout
simplement transférer sa production dans une autre province, dans un
autre pays, dans un autre continent.
Mais quelle protection y a-t-il pour le petit entrepreneur du
Québec qui n'a que dix, douze, quinze employés? Il n'y en a pas.
Selon le droit, il doit continuer la production, dans son entreprise, par
l'entremise du personnel cadre; souvent ce sont, son garçon, sa fille,
un ou deux autres résidents du village, de la ville. Ses quinze
employés sont partis; ils commencent une grève légale,
déposent leurs demandes et s'en vont. Ils s'en vont où, ils s'en
vont travailler ailleurs, ils s'en vont sur le bien-être social, ils s'en
vont près de Montréal, travailler comme occasionnels sur le bord
de l'eau; ils vont travailler comme journaliers dans le domaine de la
construction.
Pendant ce temps, le petit commerçant, le petit
propriétaire, en anglais we say sashmaker, un petit manufacturier de
meubles, quelqu'un qui fabrique des souliers pour les enfants, qui a douze,
quinze employés. Il ne peut pas continuer sa production, malgré
qu'il soit obligé de continuer à payer le loyer, le chauffage.
C'est très simple ce qu'il va arriver à cet employeur, il va
aller en faillite à cause de la loi qu'on vient de déposer
aujourd'hui. Il n'y a aucune protection pour ce petit entrepreneur et ce n'est
même pas l'article que les syndicats eux-mêmes désirent.
C'est un effort du ministre et du gouvernement qui prétendent aider les
syndicalistes, ils n'ont pas le courage de le faire. Ils prétendent que
cela ne pose aucun danger à l'entrepreneur, ils peuvent mettre la
moitié des petites entreprises en faillite. C'est très simple,
appelez une grève légale, ne négociez pas de bonne foi, et
au bout d'un ou deux ou trois mois, cet entrepreneur sera en faillite.
J'avais suggéré au ministre d'ajouter la clause
très simple qui permettait à l'employeur de faire appel au
ministère en disant que le syndicat n'agit pas de bonne foi, il ne veut
pas faire les négociations et dans ce temps le ministre peut agir en
conséquence. Non, il a refusé. C'est malheureux; c'est le
ministre de l'Industrie, pour qui j'ai beaucoup de respect, qui a dit, dans
plusieurs discours, que le but principal et sa priorité, c'était
d'aider les petites entreprises, leur prêter de l'argent. J'ai vu dans
les journaux qu'il y a beaucoup de petites entreprises qui demandent de prendre
avantage des lois que le ministre a déposées.
Si un syndicat veut mettre une entreprise en faillite, il n'a
qu'à prendre les amendements, 90 jours après la fin de la
première ou de la deuxième convention, déposer sa demande
et de dire: On s'en va et on ne revient pas pour deux, trois ou quatre mois. Si
l'employeur n'est pas en faillite, il va être obligé d'accepter
cette convention pour essayer de reprendre le travail. Un petit amendement qui
voit à protéger l'employeur. C'est triste à dire, mais
c'est le gouvernement PQ qui a refusé de protéger le petit
entrepreneur, selon cet article en même temps que le ministre de
l'Industrie et du Commerce essaie de l'aider.
M. le Président, je vais terminer bientôt mon discours,
parce que ce n'est pas le temps de reprendre tous les arguments que le
député de Saint-Laurent et moi-même avons portés
à l'attention du ministre pendant la commission. Je vais dire, en
terminant, que je le regrette, mais que le code, tel qu'il est amendé,
ne résoudra rien. Au contraire, cela va agir contre les meilleurs
intérêts des salariés, contre les meilleurs
intérêts des petits entrepreneurs. Ce sont les amendements qui
n'auraient jamais dûs être présentés, avant une
étude en profondeur par une commission. C'est regrettable aussi que le
patronat, ainsi que les syndicats, n'aient pas eu la permission d'arriver avant
nous en commission pour nous permettre de parler carrément et
directement face à face avec ceux qui avaient un intérêt
particulier face à cette loi. Je vous remercie beaucoup, M. le
Président. Nous voterons contre ce projet de loi.
Le Président suppléant (M. Laplante): M. le
député de Joliette-Montcalm.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, remarquez bien qu'à
cette heure-ci et dans les circonstances actuelles se permettre de se lever,
c'est quasiment un défi, à regarder certains visages. Je dois
dire que je me restreindrai au minimum pour pouvoir, tout d'abord, dire toute
la satisfaction que j'ai eue à travailler à cette commission
parlementaire et combien j'ai apprécié les échanges qui
ont eu lieu
entre l'Opposition et les ministériels. D'une certaine
façon, je voudrais rendre un hommage à l'Opposition, au
député de Saint-Laurent, d'abord, pour ses connaissances
théoriques. Je pense qu'il a abattu, en tant que représentant de
l'Opposition officielle, une besogne fantastique. Peu d'hommes auraient pu
parler aussi longtemps que lui, sur le plan des connaissances
théoriques, face à des hommes aguerris autant que le
député de Johnson, avec ses connaissances pratiques.
Au député de Johnson, je dois dire qu'il m'a
impressionné beaucoup. Cela prouve une chose, c'est que
l'expérience ne s'achète pas; cela s'acquiert. Je voudrais
également, au risque de passer pour un flatteur, souligner la grande
souplesse cela ne fait que corroborer les dires du député
de Johnson du ministre du Travail qui a su patiemment écouter les
remarques de l'Opposition et prendre à son compte
énormément de remarques pour les transformer en amendements.
Cela prouve une grande souplesse et une grande compréhension,
autant de l'Opposition que des parlementaires. Personnellement, c'est ce qui
explique mon grand plaisir, ma grande satisfaction à avoir oeuvré
à cette commission parlementaire. Si j'avais à décrire une
de mes grandes satisfactions, en tant que parlementaire, je dirais que c'est la
commission parlementaire de la loi 45.
M. le Président, je vais me limiter, ce qui n'est pas facile. Je
voudrais dire, malgré tout ce qui s'est dit dans les journaux sur les
aspects négatifs de cette loi 45, combien il est normal qu'en 1977 on
essaie, loyalement en tout cas, d'éviter des conflits de reconnaissance
syndicale en intervenant dans les cas des premières conventions
collectives. Je voudrais dire combien il est normal aussi d'essayer
d'éviter la syndicalisation à la cachette, comme on a connu par
les années passées. Il n'est pas normal que les syndiqués
soient obligés de se cacher dans des sous-sols pour se syndiquer, en
1977. Cette mesure, personnellement, prouve un peu la transparence que veut
avoir ce gouvernement, et je crois que c'est partagé par l'Opposition.
Indépendamment, comment dirais-je pas des affrontements, ce
serait trop fort des taquineries qu'on veut se faire sur le mot
transparence, il n'en demeure pas moins qu'on veut tous que la syndicalisation
soit quelque chose d'acquis beaucoup plus normalement qu'au préalable,
de ce qu'on a connu dans le passé.
Je voudrais aussi dire qu'il est tout à fait normal qu'on accorde
un droit collectif comme le précompte syndical, mais qu'on l'encadre,
par contre, de droits d'assurer aux salariés comme tels l'assurance de
ne pas être discriminés d'aucune façon. Moi je trouve cela
tout à fait normal dans une société dite civilisée
de 1977. Je voudrais aussi dire qu'il est normal qu'un salarié, qui,
démocratiquement, pose un geste comme celui de la grève et d'une
façon secrète, soit en droit de s'attendre à ce que le
geste qu'il pose est significatif à la fin d'un conflit, parce que
l'objectif même de la mesure "antiscabs" est d'établir un rapport
de forces, mais un rapport de forces véritable. On a parlé de
violence, mais la violence nait et je voudrais insister là-dessus
naît du fait que tu n'étais jamais certain, par le
passé, de retrouver ton emploi après un conflit. Je pense que
c'est un pas gigantesque que l'on franchit, indépendamment de ce qu'on
peut penser ou de ce qu'on a entendu.
Les parties qui se sont opposées diamétralement au projet
de loi 45 l'ont fait, d'après moi, tout simplement en se laissant en
position de négociation. Ils ont voulu, bien sûr, faire des
pressions sur le gouvernement afin de faire en sorte que cela change mais, dans
le fin fond, personne qui est le moindrement intelligent peut reconnaître
qu'il y a dans ce projet de loi des mesures vraiment avant-gardistes, des
mesures visant à éviter des conflits collectifs.
En un mot, j'ai la conviction que de telles mesures incitatrises pour
régler les conflits de travail visent un objectif fondamental, celui de
changer les mentalités. C'est au législateur de s'adapter aux
circonstances et non pas d'être à la remorque des
événements.
Dans ce sens, personnellement, j'ai la conviction que la base syndicale,
ce qu'on se plaît à appeler la base dans certaines réunions
collectives, les salariés eux-mêmes seront très satisfaits,
très heureux de constater que le Parlement parce qu'une fois
votée ce sera le Parlement a compris qu'il fallait être
avant-gardiste, qu'il fallait constamment se remodeler aux circonstances, faire
en sorte que notre loi du travail soit appropriée aux circonstances.
Je voudrais dire aussi que cela a pris une certaine dose de courage, de
cohérence, et vous me permettrez d'être partisan sur cela.
Conformément a l'esprit et à la lettre même de notre
programme politique et de notre programme électoral, nous devions, je
pense, en personnes intelligentes, poser ces gestes. Je félicite
d'avance ceux qui parmi les parlementaires auront le courage de
reconnaître ces faits.
M. Bellemare: On ne s'est pas servi du programme.
M. Chevrette: Un dernier mot, M. le Président. Je regrette
de ne pas préciser, mais j'aurais aimé avoir toute la flamme qu'a
manifestée le député de Johnson; cela me tentait, je
"filais" pour cela, mais les circonstances m'en empêchent. Je voudrais
vous dire que j'ai la conviction que si on enlevait la partisanerie politique
dans les relations de travail, dans l'établissement d'une loi du
travail, si on s'assoyait entre parlementaires, quelles que soient les
formations politiques, dans des comités de parlementaires, et qu'on
établissait un cadre de relations de travail, j'ai la conviction,
dis-je, qu'on aboutirait à quelque chose de fantastique. Une loi du
travail, si on veut qu'elle soit observée, si on veut qu'elle soit
vraiment quelque chose qui corresponde aux besoins de la population, cela
devrait demander un vote unanime de la Chambre. A ce moment-là, je peux
vous dire une chose, c'est que je souhaite la
créationlà-dessus, c'est une petite surprise, je ne l'ai
pas dit à mon ministre,
c'est la seule chose que je ne lui ai pas dite d'un comité
de parlementaires qui se pencheraient là-dessus, à l'insu des
yeux des partisans politiques, des journalistes, des caméras, de tout ce
que vous voudrez, et qui réfléchiraient ensemble pour arriver
à établir un cadre de ce que devraient être les relations
de travail. J'ai la conviction qu'on aboutirait, en tant que Parlement,
à quelque chose de fort valable pour les relations ouvrières. On
assisterait à une vraie démonstration de ce qu'est la bonne foi
dans les relations de travail. Merci.
Le Président suppléant (M. Laplante): M. le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, étant donné
l'heure et les circonstances, je me contenterai de remercier les
députés de Saint-Laurent, de Johnson, de
Notre-Dame-de-Grâce, ainsi que l'adjoint parlementaire, le
député de Joliette-Montcalm, et de souhaiter que cette loi soit
adoptée le plus rapidement possible.
Le Président suppléant (M. Laplante): Adoption en
troisième lecture du projet de loi no 45, Loi modifiant le Code du
travail du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Adopté?
M. Bellemare: M. le Président, comme c'est l'heure du
souper et que plusieurs d'entre les nôtres sont probablement allés
manger on pourrait peut-être faire comme tout à l'heure, remettre
le vote à un autre moment de la journée ou de la
soirée.
M. Burns: Voulez-vous un vote enregistré
là-dessus?
M. Bellemare: C'est parce qu'il y aura peut-être des
différences d'opinions.
M. Burns: II n'y a peut-être pas nécessité de
vote enregistré.
Le Président suppléant (M. Laplante): Est-ce que
vous prendriez un vote sur division, M. le leader?
M. Bellemare: Je ne suis pas capable de voter sur division, je
vote en faveur du projet et mon groupe aussi. Cela devient...
M. Burns: S'il n'y a pas plus de problèmes que cela, M. le
Président, on pourrait dire que le vote est passé, c'est tout. A
moins que quelqu'un ne veuille s'inscrire.
Le Président suppléant (M. Laplante): Ce que le
leader de l'Union Nationale propose, ce serait de prendre le vote
regroupé avec les autres projets de loi qui vont venir tout à
l'heure pour avoir plus de députés en Chambre.
M. Burns: Non, il faut quand même voter, individuellement,
chacun des projets de loi.
M. Bellemare: M. le Président, j'admets que dès que
c'est au journal des Débats, notre formation politique est en faveur du
projet de loi 45; le Parti libéral fera ce qu'il voudra, nous, on est en
faveur.
Le Président suppléant (M. Laplante): Est-ce que
cette motion est adoptée?
M. Garneau: M. le Président, nous avons dit et le
député de Notre-Dame-de-Grâce a expliqué les
principales raisons pour lesquelles nous voterions contre le projet de loi.
Mais je n'ai pas d'objection à ce que ce soit inscrit comme tel dans le
journal des Débats et que cela soit adopté sur division quant
à nous, l'Union Nationale ayant voté pour le projet de loi.
M. Burns: Projet de loi adopté sur division de la part du
parti de l'Opposition officielle.
Le Président suppléant (M. Laplante): Projet de loi
45 adopté sur division.
M. Burns: M. le Président, pendant que le
député de Jean-Talon est ici et que le ministre des Richesses
naturelles est ici, nous pourrions peut-être appeler l'article 17 de
notre feuilleton.
Projet de loi no 82 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: A l'article 17 du feuilleton
d'aujourd'hui, M. le ministre des Richesses naturelles propose la
deuxième lecture du projet de loi no 82, Loi modifiant la Charte de la
Société québécoise d'exploration
minière.
M. le ministre.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Merci, Mme le Président.
L'honorable lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et il
en recommande l'étude à la Chambre. Très
brièvement, vu l'heure tardive, nous avons devant nous un projet de loi
qui amende la charte de SOQUEM essentiellement dans le but d'augmenter de
façon substantielle son capital-actions et lui permettre de continuer
son activité d'exploration. Un bref mot, d'une part concernant
l'intégration des activités de la SOQUEM aux travaux du
ministère des Richesses naturelles. Vous savez sans doute, Mme le
Président, que le ministère des Richesses naturelles a mis sur
pied un plan quinquennal d'exploration dans le Nord-Ouest qui vise à
revitaliser le potentiel minier dans cette région. Ainsi dans le cadre
de ce plan, SOQUEM a reçu cette année une somme d'environ $3
millions pour accélérer son
exploration dans la région détenue par sa filiale Louvem.
Cependant, nous reconnaissons que le budget de SOQUEM est largement
insuffisant. En effet, le budget d'exploration qui lui était voté
en 1965 était de $1,5 million et, compte tenu de la dévaluation
constante du dollar, on imagine sans peine que ce montant nécessiterait
d'être augmenté au moins à $4 ou $5 millions, si on veut
maintenir au moins un effort constant d'activité. C'est donc pour cette
raison que nous avons l'intention d'amender la loi de SOQUEM de manière
a porter l'activité d'exploration de la SOQUEM au moins à ce
niveau.
De plus, présentement, le gouvernement négocie plusieurs
ententes tant avec des gouvernements étrangers qu'avec d'autres
sociétés minières et il apparaît désirable
que SOQUEM puisse éventuellement devenir le mandataire du
gouvernement.
Par conséquent, il est important que SOQUEM puisse
bénéficier de certains fonds qui lui permettent de s'engager dans
des projets de développement minier.
De plus, il est important, je pense, de souligner à cette
Assemblée nationale que tout récemment nous devions nommer un
nouveau président à la SOQUEM, M. Paul Bourassa, qui nous vient
directement de la Société Québec-Cartier et qui
possède une très grande réputation d'administrateur et
d'homme d'affaires. On peut donc envisager pour SOQUEM un assez brillant avenir
et je pense que c'est l'occasion en même temps de souligner le travail
absolument remarquable de l'ancien président de SOQUEM, M. Carbonneau,
qui est parti de rien et qui a bâti une de nos sociétés
d'Etat les plus dynamiques, en tout cas, certainement une des
sociétés d'Etat qui a obtenu le plus de succès dans le
domaine économique.
Nous croyons donc qu'il est temps de redonner, d'insuffler
peut-être un nouveau dynamisme à la Société d'Etat,
en insufflant, en introduisant une capitalisation supérieure.
En vertu de la loi actuelle, SOQUEM est dotée d'un
capital-actions de $45 millions. Ce qui est, en fait, remarquablement peu si
l'on considère qu'au Québec il faut en moyenne $30 millions pour
développer une propriété minière. Donc,
découvrir une mine représente un investissement d'environ $30
millions. Or, en dépit de ce capital-actions qui ne dépasse pas
$45 millions, SOQUEM a réussi à mettre en exploitation Louvem,
qui est une filiale à 100%, Niobec, qu'elle a découverte et
développée elle-même, qu'elle contrôle à 50%
et elle s'emploie présentement à développer le gîte
de sel des Iles-de-la-Madeleine. On peut donc admettre que les résultats
obtenus par SOQUEM sont absolument remarquables et dépassent de loin des
résultats semblables que pourraient vouloir réclamer d'autres
sociétés compétitrices dans le domaine de l'exploration
minière.
En ce qui a trait à la présentation du présent
projet de loi, on notera essentiellement deux formes d'aide financière.
Dans un premier temps, nous augmentons de façon statutaire le
capital-actions de $5 millions en 1978, de $5.5 millions en 1979 et de $7
millions en 1980. Cette augmenta- tion statutaire de capital vise à
financer un programme d'exploration pure; il ne s'agit pas de mise en valeur ou
de mise en exploitation, mais purement et simplement de l'exploitation. Et ce
montant devrait se comparer au montant de $1,5 million qui avait
été investi à l'origine en 1965.
Il est évidemment difficile de ventiler ces montants en projets
précis. En effet, l'exploration s'effectue sur des cibles qui sont
généralement identifiées à la suite d'inventaires
généraux de géophysique ou de géochimie.
Evidemment, il est assez difficile, une année, deux années ou
trois années à l'avance, d'identifier exactement l'endroit
où ces travaux seront effectués. On peut tout au plus planifier
une campagne d'inventaires géologiques et géophysiques, on ne
peut que difficilement identifier les travaux d'exploration ponctuelle.
Egalement, la plupart de ces projets d'exploration se font en "joint
venture" et il faut dire que beaucoup de ces associations résultent de
propositions qui sont faites à SOQUEM par diverses compagnies. Il est
donc à nouveau difficile de préciser à l'avance quelle
forme ces associations prendront. On peut, cependant, souligner que la majeure
partie de ces dépenses d'exploration seront effectuées dans le
Nord-Ouest; plus de 70% seront consacrés à la recherche de
métaux non ferreux et le reste ira à l'uranium.
Maintenant, une autre partie importante, soit de $26,5 millions de
capitalisation, est réservée au gouvernement pour permettre de
financer des projets de mise en valeur ou de mise en exploitation. Dans ce
cas-ci, il s'agit de travaux de développement de la mine Manitou-Barvue,
en-dessous du niveau de 900 pieds, dont la propriété et le
consta-tateur ont été achetés par la Louvem, il y a
quelques mois. De plus, le ministère des Richesses naturelles a
transféré à la SOQUEM la propriété du lac
Doré qui est un gisement vanadifère et qui fait l'objet
présentement de la part de SOQUEM d'études de
préfaisabilité et de métallurgie afin d'en extraire le fer
et le vanadium.
D'autre part, compte tenu des prix relativement élevés de
l'or, présentement, il semble souhaitable que le gisement de Silver
Stack, dans lequel SOQUEM détient un intérêt de 49% et les
droits de gérance, que ce gisement de Silver Stack puisse être mis
le plus rapidement possible en production. Egalement, sur sa
propriété de Cre-vier, SOQUEM devra se livrer à la
délimitation d'un gisement uranifère et contenant des terres
rares dans le but de déterminer sa valeur économique. D'autre
part, je dois souligner que SOQUEM a l'intention de diversifier son
activité du côté des minéraux industriels on
peut penser aux calcaires, on peut penser à la silice, on peut penser
à la tourbe qui constituent une part très importante de la
production minière du Québec et qui, de plus, s'appuie sur le
marché local.
Enfin, soulignons que SOQUEM, de concert avec le groupe minier Sullivan,
s'intéresse au redémarrage de la mine de lithium, située
à Bar-raute, qui devrait normalement être économiquement
réalisable dès que la demande mondiale de lithium le permettra,
et on peut penser à un avenir très prochain présentement.
Il ne faut pas non
plus oublier le démarrage, vers 1980, de la mine de sel des
Iles-de-la-Madeleine qui utilisera les $9 millions qui lui avaient
été votés par l'administration précédente et
qui demandera sans doute une légère mise de fonds additionnelle
à partir du nouveau capital souscrit.
Voilà donc, en gros, comment sera utilisé l'argent qui
sera mis à la disposition de la Société SOQUEM et qui
devra, cet argent, être approuvé annuellement par le Conseil des
ministres.
Le deuxième aspect de la loi porte sur le plan de
développement. Comme vous avez pu le noter, cette loi créant
SOQUEM s'apparente à la loi SO-QUIA et également au projet de loi
créant la Société nationale de l'amiante. Il s'agit de
formaliser, au niveau des sociétés d'Etat à but
commercial, un processus de communications entre elles et le gouvernement. Ceci
permettra donc au gouvernement de prendre connaissance à chaque
année des projets de développement et d'exploration de SOQUEM et
de maintenir un niveau de relations peut-être plus élevé
que celles que nous avons connues dans le passé.
Voilà donc, en gros, essentiellement, Mme le Président, le
projet de loi qui vous est présenté ici.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: Mme le Président, il est dommage que
l'étude de ce projet de loi arrive à un stade aussi avancé
de nos travaux parlementaires alors que la plupart des députés
ont déjà, à la suite de consentements qui ont
été accordés au cours du débat, tenté de
collaborer avec le gouvernement pour que nos travaux parlementaires puissent
s'ajourner avant la fête de Noël pour permettre à ceux qui
représentent des comtés éloignés de rentrer chez
eux. D'ailleurs, on peut se rendre compte, lorsque les portes s'ouvrent, que
les bruits qui viennent à nos oreilles sont plus reliés aux
fêtes de Noël et de ce qui les accompagne qu'à des travaux
parlementaires.
Mme le Président, faire l'historique de SOQUEM et vouloir essayer
d'analyser la portée du projet de loi qui est devant nous seraient une
tâche qui nécessiterait beaucoup plus que les quelques minutes que
je voudrais employer, compte tenu de l'heure où nous sommes rendus et de
la période de nos travaux. Cependant, j'aimerais attirer l'attention du
ministre pour ce qu'il n'a pas fait de façon précise, sur
l'évolution de la société au cours des douze
dernières années, évolution tant en termes de personnel,
en termes de préoccupation des dirigeants de l'entreprise et
également en ce qui regarde les accomplissements de cette
société d'Etat qui est parmi celles que je considère comme
ayant été les mieux gérées et les plus conformes
aux objectifs. Quand on l'analyse après coup on a satisfait d'une
façon peut-être la plus précise, la plus complète,
aux objectifs pour lesquels cette société avait été
créée. Le capital-actions de la société, $15
millions en 1965, au moment de sa création, a atteint $26 millions en
1971, $45 millions en 1973. On a non seulement augmenté le
capital-actions de la société, mais on a également
accéléré le versement du capital-actions, de telle sorte
que la société d'Etat a été en mesure, non
seulement de faire de l'exploration, mais aussi de signer des ententes de
"joint venture: Cela lui a permis d'avoir, auprès des
intermédiaires financiers, les capitaux nécessaires, non
seulement pour acheter sa participation dans certains domaines miniers mais
aussi financer sa participation dans des projets de mise en valeur et
d'exploitation minière proprement dites.
Je pense, par exemple, à l'expérience de Louvem. Voici une
expérience qui a été particulièrement propice, non
seulement sur le plan minier, sur le plan économique, mais sur le plan
social. Il y avait là une entreprise qu'on croyait, à toutes fins
utiles, épuisée. Grâce à la collaboration de la
société et de certaines fusions avec la mine Bar-vue, où
des équipements ont pu être mis ensemble, mis en place, on a vu
que la mine Louvem, non seulement a permis de maintenir au travail un nombre
important de Québécois, mais elle a également permis, dans
son évolution normale, de découvrir des gisements adjacents qui
ont fait en sorte que Louvem a été une des exploitations plus
rentables. Quand je place en perspective les opérations de
sociétés d'Etat, je dis qu'après l'expérience
Tembec, dans le cas de REXFOR, c'est sans doute la mine de Louvem qui est la
plus grande réussite financière, même s'il n'y a pas des
centaines de millions qui étaient en cause. Il reste que,
financièrement, cela a été là un succès
remarquable qui a permis, non seulement de maintenir une activité
économique importante dans le Nord-Ouest québécois, mais
qui a permis à la société de dégager des capitaux
qui lui ont facilité la tâche dans l'accomplissement de ses autres
activités, que ce soit celles d'explorations, de mises en valeur ou
d'exploitations de gisements miniers proprement dits.
Evidemment, il y a les autres expériences aussi, Niobec, et on
voit jusqu'à quel point la découverte minière est une
chose qui tient à un fil. On pourrait faire l'historique. J'imagine bien
que la société Niobec doit avoir en quelque part dans ses cahiers
les premiers moments de la découverte de ce filon qui est presque
dû à un hasard à toutes fins utiles. Une dame et
c'est cela qu'il est peut-être intéressant de constater, nous
avons également des femmes ingénieurs miniers a
été la première à s'apercevoir qu'il pouvait y
avoir des dépôts miniers.
On voit aujourd'hui l'ampleur qu'a prise la mine Niobec avec ce "joint
venture", avec des intérêts ontariens, ce qui fait en sorte
maintenant qu'une ville du Québec est en mesure d'offrir du travail
à plusieurs centaines de travailleurs, non seulement un travail
occasionnel, mais surtout un travail permanent qui est fort bien
rémunéré et qui, dans l'ensemble de l'opération,
signifiera sur le plan financier également un ajout pour
la région Saguenay-Lac-Saint-Jean et parti-
culièrement pour cette partie du comté de Dubuc qui avait
fort besoin d'activités économiques pour garder chez elle les
travailleurs de la région.
Parmi les autres activités, et c'est là sans doute que
rejoint le projet de loi no 82, au moins dans une partie, il y en a une qui est
reliée au développement des Iles-de-la-Madeleine, les mines de
sel des Iles-de-la-Madeleine. C'est une opération extrêmement
complexe, beaucoup plus complexe que les gens ne peuvent se l'imaginer, que
d'aller chercher ce sel, même si les réserves apparaissent
énormes comparativement à ce qui peut exister ailleurs. C'est une
opération extrêmement complexe.
Pour ma part, Mme le Président, ayant collaboré
très étroitement avec l'ancien conseil d'administration de SOQUEM
dans ce projet des mines de sel des Iles-de-la-Madeleine, j'avais toujours
espéré et je ne sais pas quelle sera la politique du
ministre là-dedans que SOQUEM puisse mettre en valeur ce gisement
et opérer son exploitation proprement dite à partir d'un "joint
venture", non seulement parce qu'il s'agit là de trouver aussi une
administration qui a une certaine expérience dans une opération
de mine de sel, mais aussi pour permettre à SOQUEM de garder ses marges
de manoeuvre en capitaux pour aller dans d'autres secteurs. Je dis que si la
société d'Etat SOQUEM consacre la majeure partie de ses efforts
à la recherche de gisements, aux recherches qui sont nécessaires
pour en arriver à la mise en exploitation du gisement, ce qu'on appelle
les opérations de mise en valeur, et qu'après cela, elle est
capable de capitaliser financièrement sur ces trouvailles, si on peut
dire, et sur les mises au point de ces trouvailles, je trouve que la
société, à ce moment-là, joue un rôle capital
et prépondérant, et qu'elle rejoint les objectifs pour lesquels
elle a été créée, c'est-à-dire de
découvrir les gisements miniers, les mettre en valeur et continuer son
activité afin de mettre sur pied d'autres mines et ainsi fournir du
travail à plus de Québécois, développer une
technologie et contribuer au développement économique du
Québec. Si SOQUEM allait surtout dans les gros projets, je pense par
exemple à celui de MacKay, qui, s'il devait être mis en valeur,
nécessiterait des dizaines et des dizaines de millions de dollars. Je
trouve qu'il devrait s'établir un cheminement où, autant que
possible, la société d'Etat puisse capitaliser sur ses recherches
et ses trouvailles, en bénéficier financièrement par les
redevances qui y sont rattachées et maintenir, au niveau de son
administration, ses préoccupations dans le sens véritable pour
lequel cette société a été créée,
c'est-à-dire avoir de plus en plus d'activités minières,
fournir du travail aux Québécois et accroître notre
activité économique.
Mme le Président, je voudrais revenir juste sur un point, et je
vais conclure là-dessus, concernant les $26 millions de capital-actions
qui sont disponibles au seul bon plaisir du gouvernement.
Tant et aussi longtemps que les sommes impliquées sont
relativement restreintes, que ce soit $4 millions ou $5 millions ou, encore, un
montant de $25 millions affecté par tranches annuelles, je ne pense pas
qu'il y ait quelque chose à redire en ce sens que le gouvernement
pourrait affecter $5 millions par année à des projets qui
arrivent peut-être un peu rapidement et qui, autrement,
nécessiteraient des projets de loi. Il faudrait alors attendre que la
session soit en cours, etc. Je trouve qu'on peut l'accepter dans un cas comme
celui-ci. D'ailleurs, le cas de REXFOR était à peu près
identique; il y avait des tranches qui pouvaient être versées.
Mais accepter globalement $26,5 millions que le gouvernement pourrait, du jour
au lendemain, placer dans un seul projet sans en aviser la Chambre, si elle
n'est pas en session, ou encore en faisant une déclaration
ministérielle qui n'amènerait aucun débat, sauf une
réplique de quelques minutes, je trouve que c'est là user du
pouvoir législatif et vouloir donner à l'exécutif une trop
grande marge de manoeuvre.
Quelle est la raison véritable pour laquelle le ministre demande
$26 millions qui pourraient être dépensés jusqu'en 1980?
Est-ce que ce sera par tranches de $5 millions dans autant de projets? Est-ce
que ce sera $26 millions pour acheter des actions de la General Dynamics? Je
n'en sais absolument rien et c'est la seule réserve que j'ai sur ce
projet de loi. En effet, s'il n'y a pas de projet réellement
précis rattaché à la demande gouvernementale que cette
Chambre vote à la veille de Noël, alors qu'on sait que beaucoup des
députés de cette Chambre et le personnel qui y est
rattaché voudraient, évidemment, comme tous les autres citoyens,
pouvoir avoir au moins quelques heures pour aller acheter un cadeau de
Noël à leur femme et à leurs enfants, je dois vous dire que
cela m'embarrasse fortement, parce que je me sens un peu obligé de
bâcler cette loi, comme on se sent obligé de bâcler la loi
qui va suivre. J'aimerais bien pouvoir être en mesure, en commission
parlementaire, non pas de poser une ou deux questions, mais d'aller au fond des
choses.
Evidemment, le gouvernement peut nous dire: Vous avez tout le loisir de
le faire. C'est bien beau de nous dire cela, Mme le Président, mais on
sait fort bien que tel n'est pas le cas et que cela pourrait difficilement
être le cas. Je dis au gouvernement que cette façon de
légiférer, cette façon d'obtenir des blancs-seings
m'inquiète, parce qu'on arrive avec une somme comme celle-là sans
donner de projets précis, sans donner d'échéancier, sans
avoir de mécanismes quant à son utilisation. La seule limite est
un arrêté en conseil, qui, à toutes fins utiles, pourrait
être adopté en catimini, pour permettre d'acheter, en
arrière de la table, des actions sur le marché et, comme
parlementaires, comme membres de la Législature, comme personnes
autorisées à voter les crédits, nous ne saurions
qu'après coup que le gouvernement a décidé de se porter
acquéreur du contrôle de telle ou telle compagnie, avec toutes les
conséquences que cela peut avoir, surtout quand on a affaire à un
gouvernement qui est plus doctrinaire que pratique.
Mme le Président, pour ce qui est de l'augmentation du
capital-actions, ce qui me surprend, c'est que, dans ce montant additionnel de
quelque $44 millions qu'on veut investir sur cinq ans, c'est-à-dire
à peu près $9 millions par année,
ce qui n'est pas la mer à boire, la tranche la plus petite va
justement du côté des opérations annuelles de la
société. Je trouve que ce n'est pas là un effort
suffisant, compte tenu des ambitions que ce gouvernement avait exposées
devant l'opinion publique.
Le dernier aspectet je promets de conclure là-dessus
ce sont les propos du ministre lorsqu'il a commencé son
intervention.
Je ne sais pas s'il a fait un lapsus ou s'il a traduit son subconscient,
mais il a parlé de l'intégration de la société
à l'action du ministère. Evidemment, lorsqu'on parle en termes
généraux, de tels propos peuvent être acceptables. Mais si
le subconscient du ministre traduit, par cette phrase qui est sortie un peu
naturellement, l'idée que SOQUEM deviendra une compétitrice du
secteur privé, avec les diktats du gouvernement et du ministre des
Richesses naturelles, cela m'inquiète parce que cela va à
l'encontre des engagements qui avaient été pris en cette Chambre
par ceux qui ont créé la société. Cela va à
l'encontre de l'orientation qu'avaient donnée les administrateurs de la
société, en conformité avec le mandat, ou ce qui
était inscrit en filigrane dans les discours de ceux qui ont
présenté ce projet de loi.
Si on veut intégrer l'action de SOQUEM à l'action du
ministère en la mettant dans une situation privilégiée par
rapport aux intervenants du secteur privé, je dis au ministre et au
gouvernement que, en ce faisant, ils vont diminuer les investissements
privés dans la recherche, dans l'exploration. On a déjà
mis le ministre en garde contre son projet de loi, lors de la session du
printemps dernier. Je me rappelle encore le long débat que le
député de Johnson a fait là-dessus. Je mets le
gouvernement en garde contre ces propos, s'ils ne traduisent pas la
volonté du gouvernement.
Si mon interprétation des propos du ministre est inexacte,
j'apprécierais beaucoup qu'il le dise. Autrement, on risque de voir
SOQUEM faire une concurrence déloyale à l'entreprise
privée, privant ainsi le Québec de plusieurs centaines de
milliers et de millions de dollars dans l'exploration minière, dans la
mise en valeur de gisements, et dans l'exploitation de gisements miniers.
Là je crois qu'on touche au gagne-pain d'un grand nombre de travailleurs
du Nord-Ouest québécois, en particulier, et on se prive de
capitaux pour développer des gisements miniers qu'on connaît et
pour lesquels on attend que la technologie nous permette de les
développer, sur le plan financier, d'une façon plus rationnelle.
Je pense, entre autres, au gisement de fer sur la Basse-Côte-Nord, le
gisement connu sous le nom de Magpie, dont la technologie pour utiliser ce
minerai n'est pas encore mise au point et pour laquelle des sommes importantes
devront être mises en place. Si on se prive du capital privé pour
poursuivre l'exploration parce qu'on trouve SOQUEM fait une concurrence
déloyale, je dis qu'on ne rend pas service au Québec ni aux
Québécois.
Le ministre des Richesses naturelles a mentionné, tout à
l'heure, l'excellent travail qui avait été fait par M. Côme
Carbonneau, au cours des dix ou douze premières années de vie de
SOQUEM.
J'espère que le départ de M. Carbonneau n'est pas
relié à cette modification au mandat fondamental de SOQUEM.
J'espère que le ministre, dans sa réplique, pourra nous dire que
le nouveau président, M. Bourassa, que je ne connais pas personnellement
on nous a dit que c'était un homme d'affaires averti,
j'espère que tel est le cas le ministre pourra peut-être
nous le confirmer tout à l'heure que le changement de
président à SOQUEM n'est pas dû à une modification
de l'orientation fondamentale, et que le président actuel a reçu
comme mandat du ministre et du gouvernement de poursuivre cette distinction,
qui a toujours été maintenue, entre SOQUEM, comme activité
commerciale, comme activité industrielle, et le ministère des
Richesses naturelles. Ce dernier, face à l'ensemble des intervenants du
secteur minier, doit être juste et équitable pour les capitaux qui
sont investis par l'ensemble des Québécois, des Canadiens ou des
étrangers.
Mme le Président, avec les réserves que j'ai
mentionnées, je n'ai pas d'objection à ce que la deuxième
lecture de ce projet de loi soit adoptée.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Mme le Président, je dois changer de ton un
peu parce que les félicitations que j'ai adressées tout à
l'heure à l'honorable ministre du Travail ne seront pas les mêmes
au ministre des Richesses naturelles.
J'ai certaines questions qui pourraient peut-être l'embêter.
Elles sont d'intérêt public, particulièrement dans le cas
où, à la dernière minute d'une session, on apporte un
projet de loi de cette importance. C'est inconcevable. Jamais on n'aura vu un
ministre responsable apporter un projet d'une valeur aussi importante que
celui-là. Un projet qui aurait duré des semaines et des semaines
comme quand on a étudié le projet de loi d'Un-gava.
Quand en 1965 on a organisé la Société
québécoise d'exploration minière, on avait dit: On
n'entrera pas dans le domaine particulier. On va surtout procéder dans
une organisation pour assurer le développement de l'industrie
privée-Quelques années plus tard, qu'est-ce qu'on fait? On entre
délibérément dans une organisation où les fonds de
la province de Québec vont servir à acheter des actions. Ce sont
des actions qui vont former une corporation. Je dis au ministre qu'elles vont
être au détriment de l'intérêt public.
M. le Président, $44 millions! Le ministre ne pourra pas me dire
que ce n'est pas dans la loi. Lisons-la ensemble tranquillement, M. le
Président. Après cela, je poserai mes questions. L'article
premier du présent projet de loi a pour effet d'augmenter de $44
millions le fonds social qui était, en 1965, de $15 millions. Et
après cela dans l'article 2, le ministre des Finances paiera à la
société, pour l'acquisition d'actions de son capital social, une
somme de $5 millions pour 1978, une somme de $5,5 millions pour l'année
1979 et une
somme de $7 millions pour 1980. Cela fait $17,5 millions que le ministre
des Finances paiera à la société. Vrai ou faux? C'est la
loi. Continuons.
Mme le Président, l'article 3 autorise le ministre des Finances,
avec l'approbation du gouvernement, c'est-à-dire par arrêté
en conseil, à payer à la société, d'ici la fin de
1980, une somme de $26,5 millions pour l'acquisition d'actions du capital
social de la société. Avez-vous vu chose pareille? On dirait que
pour eux les millions sont des pinottes. C'est pour essayer quoi? De quel
développement s'agit-il? De quel sorte d'intérêt public il
est question plus que jamais pour aller si loin dans un article de la loi tel
qu'il est spécifié là? On apporte cela à la
dernière minute pour essayer de nous faire avaler cela comme une
couleuvre et dire: Les bons garçons de l'autre bord ne diront pas un
mot. Ils vont accepter cela et on va passer. $44 millions, puis $5 millions en
1978, $5,5 millions en 1979 et $7 millions en 1980.
Et le ministre des Finances va avoir le droit de payer à la
société, d'ici à la fin de 1980, $26,5 millions. "It is
peanuts" comme dirait M. Saint-Laurent. Mais si le ministre nous arrivait ce
soir avec les détails complets en disant: Voici les projets que nous
avons en main, voici ce que nous voulons développer réellement,
voici pourquoi nous vous demandons, à vous autres, les
députés, d'assumer la responsabilité de tant de millions
de dollars. Mais non, c'est un discours ébréché qu'il nous
a livré dans des termes bien concis mais qui répondent à
quoi? Où sont les intérêts que vous êtes capables de
nous définir pour l'avenir de SOQUEM? Où sont-ils?
Vous, le frère directeur, allez vous asseoir! Ce sont des droits
acquis?
M. Burns: Oui.
M. Bellemare: D'accord, que nous avons comme
députés, mais ce sont aussi des droits acquis que nous voulons
faire valoir au ministre, même si c'est à la fin d'une session,
quant à l'énormité de ces millions qui vont être
distribués. L'article 4 de la loi oblige la société de
faire rapport tous les ans au gouvernement. Ecoutez bien cela, Mme le
Président: L'article 4 précise le mot précise dans
le Petit Robert et le Larousse veut dire détaille, complète et
définit l'emploi que la société devra faire des
sommes ainsi versées: "Le fonds social autorisé de la
société est de $89 millions. Il est divisé en 8 900 000
actions d'une valeur nominale de $10 chacune." Mais c'est pourquoi? Vous allez
dire que je crie pour rien et que je m'énerve!
M. Burns: Bien oui!
M. Bellemare: Bien oui! Cela ne me fera pas de bien.
M. Burns: C'est ce qu'on pense depuis ce matin.
Mme le Vice-Président: M. le leader, à l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Bellemare: Mme le Président, je voudrais tellement
manifester mon inquiétude devant ces faits et dire au ministre que, s'il
était logique, il aurait pu dire: Voici, SOQUEM a produit tant de
choses, elle n'a jamais dérangé l'intérêt public,
elle a établi telle chose dans telle région. Dans le comté
d'Alma, on a fait cela. On est aux Iles-de-la-Madeleine présentement, on
est en train d'essayer de capitaliser pour mettre en marche les mines de sel.
J'espère que cela va réussir. Mais quelle compagnie, quel bureau
d'affaires pourrait, demain matin, simplement sur un projet comme cela, mettre
cela sur la table du bureau d'administration et dire aux directeurs
généraux: Approuvez-vous cela? Oui ou non? Et nous, qu'est-ce
qu'on est dans cela? Voulez-vous nous l'expliquer? A la fin d'une session
arriver avec un tel projet de loi!
On a passé trois mois et demi sur le programme de l'Ungava,
presque jour et nuit pour des dépenses faites par d'autres, $300
millions pour bâtir un chemin de fer et ouvrir l'Ungava à un
développement extraordinaire. Tout le monde est heureux de voir que les
villes de Schefferville, de Port-Cartier et les autres, sont prospères,
mais, dans le temps, on a été grandement critiqués, je
vous le garantis, par des gens qui lisaient la revue Life et autre chose.
M. le Président, nous sommes atterrés. Notre caucus se
demande véritablement à midi, on a eu un caucus qui n'a
pas été très long où va le ministre à
la fin d'une telle session, sa responsabilité ministérielle, son
grand pouvoir de persuasion qui, dit-on, peut être fait en cinq minutes.
Il ne me persuadera pas comme cela pour des dépenses de cet ordre. Je
viens d'entendre le député de Jean-Talon qui, avec toute la
dignité et surtout avec la sincérité d'un homme qui prouve
à l'évidence qu'il connaissait le fond de SOQUEM, parce que c'est
en 1965 que cela a été établi, a donné
véritablement au ministre une leçon et aussi a posé des
questions très brillantes.
Et là, le ministre, devant nous, rit. Il rit de sa platitude. Il
rit du fait qu'il va être capable de nous passer un bois et un sapin. Un
sapin qui n'a pas de branches. Un arbre de Noël tout sec, rempli, mon cher
monsieur, de millions. Il va rire de cela. Il va dire: Ah! le
député de Champlain s'en fait oui... le député de
Johnson s'en fait, il pousse des cris. Mais, Mme le Président, le temps
de mon parti, c'est une heure; si vous avez bien compris, Mme le
Président, je ne veux pas que vous me rappeliez à l'ordre parce
que j'ai une heure pour expliquer le bien-fondé de toutes les
argumentations que j'ai devant moi. Le ministre peut venir voir ma feuille.
C'est écrit et c'est bien écrit.
Il y a, dans l'attitude du ministre, à la fin de la session, un
manque de responsabilité. Il y a, de la part du parti de
l'Exécutif de la province, un manque à donner qui soit
raisonnable et raisonné, pour qu'on comprenne quelque chose. Par
millions, on va donner cela à une société d'Etat, SOQUEM.
Quand il s'agira des cultivateurs, qu'est-ce qu'on va leur donner?
M. Garon: Autant.
M. Bellemare: Oui, autant.
M. Garon: Vous vous présenterez à la cheffe-rie de
l'Union Nationale pour moi.
M. Bellemare: Allez vous chercher une voix, vous! Allez prendre
du lait! Mme le Président, combien est-ce que cela fatigue? Non?
J'achève. Il me reste à peu près...
M. Garon: On n'est pas pressé.
M. Bellemare: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire, dans sa réplique qu'il nous donnera ouvertement,
j'espère, dans quelques minutes, à combien il veut attribuer ses
millions et millions qui, pour nous autres, vont être adoptés dans
l'espace d'un "yes man". On n'est pas des "yes men". Il n'y a pas une compagnie
d'administration qui recevrait une telle affaire sur son bureau, cinq minutes
après l'ouverture de l'assemblée d'administration, et qui dirait:
Oui, j'accepte. Où les trouvez-vous ces hommes? Des hommes d'affaires.
Et que sommes-nous, nous autres? On est des gens qui se font élire,
pourquoi? Pour rechercher le bien public, l'intérêt même de
la province. Et là, on veut le savoir et on ne le sait pas. Mme le
Président, j'ai terminé.
M. Roy: Mme le Président, je n'ai pas l'intention...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: ... de prendre une heure, ni vingt minutes.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, vous avez la parole.
M. Fabien Roy
M. Roy: J'aurais deux questions à poser au ministre,
c'est-à-dire, trois. Je m'excuse, j'aurais trois questions à
poser au ministre.
M. Garon: Jamais deux sans trois.
Si le ministre était président d'une compagnie, supposons
que SOQUEM est une compagnie privée, et qu'elle a besoin de $44
millions, il irait voir le gérant de la banque avec cela dans les mains
et il dirait: Ecoutez, j'ai besoin de cela dans quinze minutes, $44 millions.
Je demande au ministre, qui est quand même un homme intelligent, parce
qu'il passe pour un des plus brillants du cabinet c'est ce qu'on nous a
dit, et je serais même prêt à le penser mais je dois
dire que la lumière s'est éteinte passablement ce soir... Ce
n'est pas sérieux. Le député de Johnson a
entièrement raison, nous sommes quoi ici? Quels sont les hommes
d'affaires le moindrement sérieux qui accepteraient de discuter dans des
conditions comme celles-là, aussi vite, $44 millions?
M. Bellemare: II faut le voter.
M. Roy: II faut le voter. J'ai déjà vu des
gouvernements qui empêchaient les députés de dormir,
celui-là nous empêche même de manger. Les deux restaurants
sont fermés. Cela ne fait rien, on a de la réserve.
M. Garon: Qui dort dîne.
M. Roy: ... d'autant plus que le ministre de l'Agriculture est
ici.
M. Garon: Je suis venu écouter les discours des chefs. Le
chef du Parti libéral, le chef de l'Union Nationale, le chef du
Parti...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Cela ne fait pas très sérieux.
Mme le Vice-Président: J'ai l'impression que les gens de
cette Assemblée, s'ils continuent de la façon dont ils
fonctionnent depuis le début de l'intervention du député
de Beauce-Sud, n'iront pas dîner très tôt ce soir.
M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, Mme le Président, le président de
SOQUEM, M. Côme Carbonneau, a démissionné et voici ce qu'il
a dit avant de partir: Le conflit qui sépare le président de
SOQUEM et la nouvelle direction du ministère des Richesses naturelles
tient au rôle de mandataire du gouvernement que la nouvelle
administration veut faire jouer à la société d'Etat. Le
programme du Nord-Ouest est une goutte d'eau qui a fait déborder le
vase, a déclaré M. Carbonneau. Je ne peux accepter que le MRN
nous dédouble et se serve de nous en même temps; non seulement il
y a double emploi mais antagonisme. J'aimerais bien qu'on nous réponde
à cette question.
M. Bellemare: Est-ce vrai ou non?
M. Roy: Troisième question, Mme le Président. On
sait que cette société se verra confier $44 millions, nous
n'avons pas le choix, le gouvernement a sa majorité et il a son groupe
de députés qui disent oui. Ce n'est pas nouveau, j'ai
déjà vu cela et je vois cela encore aujourd'hui, ce qui prouve
qu'il n'y a pas grand-chose de changé. C'est une société
qui n'est pas obligée d'être rentable. On va faire quoi avec les
$44 millions? Où est le prospectus? Où est la projection? Je
pensais franchement, et je suis très déçu, que la
direction gouvernementale, le nouveau gouvernement verrait à administrer
le Québec de façon responsable, et à ne pas se servir des
membres de l'Assemblée nationale comme des otages; on les renferme, on
leur donne un certain nombre d'heures et on leur dit: Vous êtes
obligés de voter. Plus vous allez parler, plus vous allez retarder vos
vacances, plus vous allez souffrir. On ne peut même pas manger. On a
décidé de nous affamer.
M. Burns: On peut faire cela tout de suite.
M. Roy: Que veut-on faire avec cette société? Mme
le Président, je terminerai là-dessus.
M. Burns: Proposez l'ajournement du débat, je vais
accepter.
M. Roy: Oui, M. le directeur.
M. Burns: Accepté. Vous proposez l'ajournement du
débat?
M. Roy: Et j'entends déjà le leader du gouvernement
nous dire, Mme le Président...
M. Bellemare: Pensez-vous qu'on ne serait pas heureux de revenir
demain?
M. Roy: Et on entend déjà le leader du gouvernement
nous dire et dire à la province...
M. Bellemare: Votre réception, vous l'auriez
manquée.
M. Roy: ... que le député de Beauce-Sud
empêche des centaines de gens de prendre leurs vacances: le journal des
Débats, le personnel de l'Assemblée nationale, le personnel de
nos bureaux. Nos familles seront privées de notre présence. On
accuserait le député de Beauce-Sud, si j'osais me
prévaloir de ce privilège qui est pourtant bien indiqué
dans notre règlement.
J'aimerais dire ceci en terminant, et je le dis à l'attention du
ministre des Richesses naturelles, et je veux le dire à l'attention
également de tous les membres du gouvernement. SIDBEC qu'on
connaît bien avait pris cette habitude de nous arriver avec un
petit bill de fin de session pour nous demander plusieurs millions. Cela
faisait une bonne fin de session à l'Assemblée nationale. Nous
avons eu un consensus avec l'Opposition du temps, qui était le
gouvernement d'aujourd'hui, et nous avons dit: Non, vous allez venir devant une
commission parlementaire et vous allez vous expliquer devant la population du
Québec, devant les membres de l'Assemblée nationale. Je croyais
sincèrement, quand j'ai vu que le ministre présentait ce projet
de loi, il l'a présenté il y a exactement deux jours, qu'il
était placé dans le feuilleton pour permettre la tenue d'une
commission parlementaire avant la convocation de la Chambre à la fin de
février ou au début de mars prochain.
J'en étais convaincu. J'étais également convaincu
qu'on pourrait entendre les dirigeants de SOQUEM, qu'on pourrait entendre le
nouveau directeur général qui, que je sache, n'est
peut-être même pas encore en fonction. J'aurais cru qu'on pourrait
avoir toute la lumière nécessaire pour prendre une
décision comme des hommes responsables et des hommes intelligents. Des
hommes intelligents, je pensais que c'était cela. Je pensais que
c'était cela la nouvelle image, la nouvelle transparence du
gouvernement. Mais je constate à ma grande déception et à
la déception d'un grand nombre de mes collègues, même du
côté ministériel, j'en suis convaincu...
M. Bellemare: Ils ne l'ont pas lu.
M. Roy: J'en suis même convaincu, il y en a qui ne l'ont
pas lu, mais je sais que ce sont des gens qui aiment lire les projets de loi
avant de les voter à l'Assemblée nationale. Je leur en sais
gré, Mme le Président. De toute façon, il y a une question
de principe; en ce qui me concerne, je ne nie pas le bien-fondé des
objectifs que pourraient peut-être utiliser cette société
et le gouvernement en vue d'en faire des projets, mais nous ne les connaissons
pas. Moi, je ne suis pas capable. Devant l'inconnu, quel est le choix qui nous
reste, Mme le Président. Quand un gérant de banque, un
gérant d'institution financière, n'a pas un dossier suffisant
pour lui donner les informations dont il a besoin avant de prendre une
décision et dire: Oui, nous allons accepter de vous prêter $44
millions. Qu'est-ce qu'il fait? Il dit tout simplement: Mon cher ami,
préparez votre dossier et revenez nous voir; donnez-nous le temps de
l'étudier et, après l'avoir examiné, après l'avoir
analysé, après avoir examiné le prospectus, après
avoir examiné la rentabilité, après avoir examiné
le bien-fondé...
M. Bellemare: ...
M. Roy: Je vois que j'ai réussi à convaincre le
leader du gouvernement et il est d'accord avec moi. D'ailleurs, il acquiesce
à mes propos...
M. Burns: Je suis d'accord, vous devriez terminer.
M. Roy: ... je suis convaincu qu'il vient d'avoir une
leçon, notre bon ami le leader du gouvernement et qu'il ne courra plus
le risque de nous présenter de projet de loi semblable à la toute
dernière journée d'une session.
M. Burns: Merci.
Mme le Vice-Président: M. le ministre, votre droit de
réplique.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Mme le Président, je ne voudrais
pas encourir les foudres de mon leader et oser parler plus d'une minute et
quart. Par conséquent, je devrai tenter d'être bref, mais,
néanmoins, je pense qu'un certain nombre de questions importantes ont
été soulevées.
D'une part, la question de l'autonomie de SOQUEM. Effectivement, je
pense que SOQUEM doit conserver cette autonomie, autonomie qu'elle a su
défendre dans le passé et qu'elle va continuer à
défendre. Tous ceux qui connaissent M. Bourassa sauront qu'il est de la
même trempe que M. Carbonneau et que cette société
continuera à vivre sa vie propre. Donc, premier objectif.
Deuxième objectif, il est important de souligner qu'il existe un
équilibre à établir entre l'autonomie d'une
société d'Etat et l'action gouvernementale.
Lorsque nous parlons, par exemple, d'intégrer
l'action de SOQUEM, ce qui m'apparaît à moi, en tout cas,
aberrant, c'est que, du côté du gouvernement, on mette l'accent
sur une intensification de l'activité d'exploration et que,
simultanément, on ne donne pas à cette société
d'Etat spécialisée en exploration des outils pour au moins
participer à cette activité supplémentaire que
l'activité même du ministère peut engendrer. Donc, il
m'apparaît normal qu'au même moment où nous allons, du
côté gouvernemental, encourager l'exploration de la part des
sociétés privées, la société d'Etat
gouvernemental puisse également avoir un certain capital pour suivre
l'action. Donc, de ce côté, je pense que c'est en ce sens que j'ai
parlé de l'intégration de l'activité de SOQUEM.
Egalement, je pense qu'on a soulevé certaines questions, et je
pense qu'elles me préoccupent également, c'est dans quelle mesure
l'Assemblée nationale doit donner un blanc-seing à une
société d'Etat. Il ne fait aucun doute qu'un programme comme
celui qui est proposé ici n'a pas été
préparé par le gouvernement. Il a été
proposé par la société d'Etat. Le ministre ici
défend un programme qui lui vient de la société d'Etat et
je dois dire que nous avons accepté intégralement les
recommandations de la société en ce qui avait trait à la
somme globale qui était demandée. Egalement, je pense qu'il
m'apparaît difficile d'arriver à l'Assemblée nationale et,
chaque fois qu'un projet est sur le point d'aboutir, de venir défendre
un projet de $1 million, $2 millions ou $3 millions devant l'Assemblée
nationale, d'autant plus que la société doit souvent pouvoir
négocier avec ses partenaires sous le sceau de la
confidentialité; elle doit bénéficier d'une certaine
mobilité et je pense qu'il m'apparaîtrait absolument impossible de
faire fonctionner SOQUEM et ce serait lui enlever absolument toute autonomie
que de l'obliger à venir devant l'Assemblée nationale chaque fois
qu'elle a besoin de capital-actions pour un projet, par exemple, de mise en
valeur d'une propriété. C'est pour cette raison qu'il y a une
part importante du budget qui est évidemment sous forme d'une enveloppe
globale, mais qui doit faire l'objet de l'approbation cas par cas. Je
soulignerais d'ailleurs au député de Johnson qu'il m'a vraiment
désolé, son intervention m'a surpris.
C'est que l'Union Nationale se tourne vers le gouvernement et dit:
Quelles sont ces lois à caractère économique que vous nous
présentez? Or, dès qu'on lui en soumet une, voilà
immédiatement que la face lui tombe et, enfin, il a perdu son argument
et il se voit désolé. Je pense que le député de
Johnson, ce n'est...
M. Bellemare: Ce n'est pas moi qui suis désolé.
C'est vous qui êtes "désolé".
M. Bérubé: ... c'est une loi qui a un impact
économique considérable, M. le Président, et je pense
qu'on doit regretter que le député de Johnson ne regarde pas
d'abord les résultats remarquables obtenus par SOQUEM, de manière
qu'après on puisse accepter de miser sur cette société et
de réserver un certain montant.
M. Bellemare: ... commission parlementaire.
M. Bérubé: Je suis d'accord avec lui: l'importance
du montant ne devrait pas être excessive dans la mesure où il faut
que cette Assemblée nationale puisse continuer de surveiller
l'activité des sociétés d'Etat. Mais cette
Assemblée nationale a des commissions parlementaires à chaque
budget, on y examine le budget de SOQUEM ou le budget de REXFOR. On voit donc
qu'on peut poser toutes les questions que l'on veut sur les projets d'expansion
de la société; on peut donc faire toutes les recommandations que
l'on veut.
Le député de Johnson oublie qu'en fait l'Assemblée
nationale, si je veux prendre son analogie, n'est pas le conseil
d'administration de SOQUEM. L'Assemblée nationale, ici, c'est
l'assemblée des actionnaires de SOQUEM, si l'on veut.
M. Bellemare: Pourquoi est-elle obligée de faire
rapport?
M. Bérubé: Parce que celui qui examine les actions
de SOQUEM, c'est le ministre des Finances; c'est lui qui est l'actionnaire et
ici nous n'avons que l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: Parce que vous êtes obligés de faire
un rapport au gouvernement?
M. Bérubé: Donc, nous nous votons une enveloppe
globale.
M. Bellemare: Voyons donc!
M. Bérubé: Maintenant, je répondrais
à une critique plus profonde, parce que je dois dire que les remarques
du député de Johnson ont été assez superficielles
et...
M. Bellemare: Et vos réponses aussi.
M. Bérubé: ... ceci me permettra de ne pas y
attacher plus d'importance qu'il ne faut. Mais des remarques du
député de...
Une Voix: Jean-Talon.
M. Bérubé: ... de Jean-Talon, je dois retenir une
certaine critique qui m'a touché parce que, effectivement, c'est une
politique qu'il recommandait et à laquelle je me suis opposé. Il
suggère que SOQUEM se spécialise dans l'exploration, la recherche
du gisement et cède ses droits à des tiers lorsqu'elle en a
découvert, donc, qu'elle vende ses propriétés et qu'elle
bénéficie des redevances. Or, je devrai malheureusement
être en désaccord; je peux comprendre les motivations
derrière cette politique, mais je me permettrai d'être en
désaccord pour une raison très simple. C'est que, au niveau de
l'exploration, les sommes consacrées sont relativement restreintes, en
comparaison des sommes nécessaires au développement du gisement
lui-même. Elles sont limitées, mais le degré
de risque est très élevé. Par conséquent,
j'entends quelques toux effectivement, ce qui est intéressant, c'est,
lorsqu'on a mis la main sur un gisement, de retirer un profit
élevé.
Donc, les probabilités d'échec sont très
élevées au niveau de l'exploration, mais l'expectative de gains
est très élevée au niveau de l'exploitation. Il faut donc
laisser à SOQUEM, si on veut lui conserver son autonomie, le soin de
développer ses propres gisements de manière qu'elle puisse
justement acquérir cette autonomie face au gouvernement.
Je crois donc, en fait, que les remarques du député de
Johnson sur l'autonomie de SOQUEM allaient carrément à l'encontre
de la politique qu'il tentait d'imposer à la société, ce
qui me fait dire qu'il manque d'une certaine continuité, d'une certaine
logique.
Mme le Vice-Président: Cette motion du ministre des
Richesses naturelles, proposant que le projet de loi 82, Loi modifiant la
Charte de la Société québécoise d'exploration
minière, soit maintenant lu la deuxième fois, est-elle
adoptée?
M. Bellemare: Sur division.
M. Roy: Adopté sur division.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Mme le Président...
M. Roy: Sur division.
Mme le Vice-Président: Sur division.
M. Burns: Sur division, d'accord. Est-ce que Mme le
Président...
Mme le Vice-Président: La loi 82 est adoptée sur
division, c'est-à-dire deuxième lecture de la loi 82.
M. Burns: Est-ce que nous aurions le consentement pour faire les
écritures, c'est-à-dire une motion de commission
plénière et de troisième lecture immédiatement par
la suite?
M. Roy: Nous sommes d'accord que les écritures soient
faites...
M. Burns: Mais sur division.
M. Roy: ... on est d'accord pour une autre étape aussi,
mais sur division.
M. Burns: D'accord, sur division.
M. Roy: On est d'accord que vous le fassiez, mais on garde notre
privilège; nous gardons notre privilège.
M. Burns: C'est parfaitement votre droit.
Commission plénière
Mme le Vice-Président: Alors, motion d'envoi en commission
plénière...
M. Burns: Commission plénière.
Mme le Vice-Président: II y a consentement à faire
les écritures sur division? Voilà. Cela prend un consentement
unanime.
M. Burns: Rapport de la commission plénière, Mme le
Président, troisième lecture et sur division.
Mme le Vice-Président: J'ai le consentement. La motion de
renvoi en commission plénière.
M. Garneau: Oui, d'accord pour les écritures, mais je
veux...
Mme le Vice-Président: Adopté. Rapport de la
commission plénière, adopté. Troisième lecture
adoptée sur division. Est-ce cela? Non?
M. Garneau: Non, attendez, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Si vous voulez, nous allons prendre quelques minutes
parce que c'est la seule façon pour moi de...
Troisième lecture
Mme le Vice-Président: Vous parlez sur la proposition de
troisième lecture du projet de loi no 82, M. le député de
Jean-Talon?
M. Raymond Garneau
M. Garneau: C'est juste. Compte tenu des propos qu'a tenus la
ministre, c'est la seule façon pour moi d'intervenir, étant
donné que nous avons donné notre acceptation pour que les
écritures soient faites. C'est la seule façon pour moi de
reprendre des propos quant au rôle de SOQUEM.
C'est malheureux de voir cette loi adoptée de la façon
dont on va l'adopter. C'est malheureux de ne pas avoir suffisamment de temps
pour connaître véritablement l'orientation du gouvernement dans ce
domaine qui m'apparaît important. Je comprends que c'est la veille des
Fêtes et qu'il y a beaucoup de monde qui veulent aller se réjouir,
mais il reste quand même que c'est une question fort importante. Nous
sommes rendus avec $89 millions dans cette société d'Etat.
Je trouve qu'on a bousculé du revers de la main très
rapidement les remarques que j'avais faites et celles que d'autres de mes
collègues ont faites sur un autre ton quant au rôle de SOQUEM. Je
n'avais pas sous la main l'article que le député de Beauce-Sud a
lu rapportant les propos de l'ancien président de SOQUEM. Quand on
connaît M. Côme Carbonneau, ce n'était pas un homme à
se laisser marcher sur les pieds, pas plus par le gouvernement libéral,
par le gouvernement de l'Union Nationale que par le gouvernement
péquiste. Sa présidence n'a pas duré longtemps et c'est
cela
qui m'inquiète. Ce n'est pas tellement que M. Car-bonneau soit
une personne que je veuille défendre, mais c'est la thèse qu'il
défendait et qu'il a cru suffisamment important de défendre au
point où il a démissionné de son poste. C'est une chose
qui n'arrive pas tellement souvent dans une société d'Etat
où le président retire des émoluments fort importants.
C'est une somme beaucoup plus importante que ce que les députés
"back-benchers" gagnent. Il faut que ce soit une chose extrêmement
sérieuse pour que le président d'une telle société
d'Etat tienne les propos qui nous ont été soulignés par le
député de Beauce-Sud. Ce sont des propos que j'avais lus dans le
temps, mais que je ne pouvais pas citer au texte, étant donné que
je n'avais pas cette coupure de journal sous la main.
Même si on est à l'approche des Fêtes, il faut
souligner qu'il s'agit là d'une chose extrêmement sérieuse.
Quand un président d'une société d'Etat démissionne
parce qu'il trouve que le ministère entre dans la gestion, pas
nécessairement courante parce que je ne le sais pas... Je pourrais
peut-être faire allusion à certaines remarques qui ont paru dans
les journaux, mais je ne veux pas toucher à celles-là. On
m'accuserait rapidement d'être mesquin et ce n'est pas mon intention de
l'être ici ce soir. En d'autres moments, je pourrai l'être s'il le
faut, mais ce soir ce n'est pas mon intention.
Quand le président d'une société d'Etat
démissionne pour des politiques fondamentales, cela m'inquiète.
Je ne voudrais pas qu'à la première occasion que nous aurons de
discuter de SOQUEM on escamote cela aussi rapidement et qu'on nous dise qu'il
n'y a pas de conflit, etc.
Je dis au ministre des Richesses naturelles que, lorsque je lui parle de
l'orientation au niveau du rôle du ministère et du rôle de
la société je lui dis qu'à mon avis il commet une erreur
fondamentale de stratégie de développement minier.
Il accepte ou il n'accepte pas ces politiques, et je défends mon
point de vue. Mais je dis qu'en ce faisant et je voudrais que ce soit
inscrit dans le journal des Débats parce que, mon impression,
c'est que d'ici deux, trois, quatre ou cinq ans, on sera obligé de
revenir à des situations peut-être un peu plus normales, à
moins que l'Etat soit en mesure de mettre les dizaines et les dizaines de
millions de dollars que cela va prendre. Je vous dis tout de suite que le
projet de loi 82 pour lequel le député de Johnson s'est
insurgé, compte tenu des montants d'argent et du peu de temps qu'on
avait pour discuter, je vous dis que ce genre d'attitude du ministre et la
déclaration qu'il vient de faire vont faire en sorte que, d'ici quelques
années, des projets de loi 82, il va en falloir plusieurs, et
probablement à tous les ans et à tous les deux ans, parce que
plus l'attitude du ministre va se répandre dans le secteur minier, plus
cela va lui prendre de l'argent pour remplacer le secteur privé qui ne
viendra pas.
Pour ce qui est de l'autre aspect, je vais conclure là-dessus,
quand je dis au ministre de laisser la marge de manoeuvre financière
à la société pour qu'elle puisse continuer son
exploration, sa mise en valeur et aussi sa mise en exploi- tation, je n'ai pas
dit au ministre que la société SOQUEM devait se retirer de tous
les projets, ce n'est pas le sens de mes propos. Mais je partage avec lui
l'idée bien factuelle que le risque réside au niveau de
l'exploration et de la mise en valeur d'un gisement. Je suis
complètement d'accord avec cela. Lorsque la société a
franchi ces deux étapes, les redevances qu'elle peut recevoir non
seulement sur le minerai mais également sur le capital-actions qu'elle
peut retirer non pas gratuitement mais qu'elle a non seulement
par rapport aux apports qu'elle a mis dans la découverte du gisement et
de sa mise en valeur, mais il a de plus fallu qu'elle ait constitué ce
capital qu'elle a investi. La société peut faire des profits
considérables, retirer des bénéfices annuels importants,
comme elle le fait actuellement avec Niobec, et lui permettre de continuer son
exploration et sa mise en valeur d'autres gisements. La société
comme telle, personne va lui reprocher de retirer des bénéfices
des risques qu'elle a pris, personne ne va faire cela. Mais tout le monde
reprochera, par exemple, à la direction de SOQUEM d'avoir comme
préoccupation unique d'administrer Niobec, d'administrer Louvem,
d'administrer plus tard les gisements de sel, et de faire en sorte que la
société ne joue plus le rôle pour lequel elle a
été créée, celui de faire des découvertes
avec l'aide aes capitaux du gouvernement, c'est clair, des citoyens du
Québec.
Les profits qu'elle ferait sur la vente de ses actions et des redevances
qu'elle tirerait... Mais la préoccupation du conseil de l'administration
sera toujours conforme à l'objectif pour lequel elle a été
créée et sans lequel les administrateurs de SOQUEM vont devenir
des administrateurs miniers purs et simples dans cinq ou six ans d'ici.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Je vous demanderais un peu de silence, s'il vous plaît!
M. le député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Mme le Président, très
brièvement, je voudrais émettre quelques commentaires sur cette
troisième lecture du projet de loi 82 que nous avons devant nous. Tout
à l'heure, j'ai été retenu à l'extérieur
pour d'autres fonctions et le député de Johnson a d'ailleurs
souligné la position de l'Union Nationale avec beaucoup de clarté
et de précision. Cependant, j'aimerais également apporter
quelques commentaires supplémentaires sur cette question.
D'abord, j'aimerais souligner que je trouve tout à fait
malheureux qu'on ait à discuter d'une question aussi importante que
celle-là en pleine fin de session, au moment où nos travaux
parlementaires sont surchargés, au moment où on se presse pour
ajourner la Chambre à quelques semaines, et qu'on nous demande, à
toutes fins utiles, pour SOQUEM, purement et simplement, un chèque en
blanc de $44 millions afin de lui permettre de continuer de fonctionner.
Cependant, qu'on ne nous présente ni aucun bilan, ni aucune
projection, ni aucune planification des projets, ni la répartition avec
laquelle ces sommes seront utilisées.
Je pense, Mme le Président, je dois souligner ce fait, qu'il est
extrêmement malheureux que le gouvernement perpétue cette
tradition de béquille, de fournir à une société
d'Etat cette béquille de dernière minute où on demande aux
législateurs de ne pas être sérieux parce qu'à
toutes fins pratiques aucun conseil d'administration le moindrement logique
n'accepterait de voter $44 millions en chèque en blanc comme cela,
à la dernière minute, en fin de session, sans avoir plus
d'indications que nous n'en avons actuellement.
On demande aux législateurs élus par la population qui
sont là pour voter de bons projets de loi, pour analyser en profondeur
les grandes orientations du gouvernement et de ses sociétés
d'Etat, on demande à ces mêmes législateurs, à ce
stade-ci de nos travaux parlementaires, de fermer les yeux là-dessus, de
voter purement et simplement, de dire oui à $44 millions dont on ne
connaît pas à l'avance l'utilisation, et pour une
société dont on peut remettre en cause, actuellement, le mode de
fonctionnement et énormément de choses. On aura d'ailleurs
l'occasion de revenir là-dessus. Il serait même souhaitable, Mme
le Président, qu'on puisse obtenir le plus tôt possible une
commission parlementaire qui pourrait ouvrir toute la question des
sociétés d'Etat et en particulier celle de SOQUEM.
On est d'accord qu'une société comme celle-là
puisse rendre d'énormes services et qu'elle puisse être
dotée des structures et des moyens lui permettant d'atteindre des
objectifs qui sont concevables, qui sont souhaitables dans une
société moderne, telle que celle dans laquelle nous vivons
actuellement. Cependant, pour y arriver, à cause d'un problème de
fond, d'un problème de structures, on doit, dès maintenant, faire
le diagnostic complet de ce qu'est cette société d'Etat, de ce
qu'on entend faire d'elle, de la politique générale que le
gouvernement veut faire jouer à cette société d'Etat,
à l'avenir.
Je trouve extrêmement malheureux d'avoir à nous prononcer
même sur une telle question. D'ailleurs, Mme le Président, je
pense que le ministre a fait son nid puisqu'il n'a pas changé
d'idée. Son lit et son nid oui. Parce qu'il n'a pas changé
d'idée entre la deuxième lecture et entre la commission
plénière. Tout le moment de réflexion qu'il a eu à
ce moment n'a pas servi à nous indiquer qu'il allait convoquer cette
commission parlementaire et qui plus est, entre la commission
plénière qui a étudié le projet de loi et la
troisième lecture, le ministre ne nous a pas indiqué non plus
qu'il allait faire la lumière sur toute la question de cette
société d'Etat qui demande une analyse en profondeur dès
maintenant et qui demande qu'on éclaire la population sur les deniers
qu'on utilise de ses poches aux fins de cette société d'Etat qui
est SOQUEM qui, actuellement, passe par des turbulences qu'on devrait au moins
avoir la décence de souligner clairement et de corriger
immédiatement en tant que législateurs responsables.
Mme le Président, c'est donc dans cette optique que je voulais
émettre mon commentaire pour dire que je trouve extrêmement
malheureux d'avoir à procéder à l'étude d'un projet
de loi aussi important qui devrait remettre en question les grandes
orientations politiques du gouvernement quant à cette
société d'Etat, à avoir à adopter ce projet de loi
en toute fin de session comme on le fait actuellement. Merci, Mme le
Président.
M. Roy: Soixante secondes seulement, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: J'ai écouté le ministre, je lui avais
posé une toute dernière question pour laquelle je n'ai pas eu de
réponse. S'il m'avait répondu je n'aurais pas eu à
intervenir à ce moment-ci. J'aimerais qu'il en prenne note, qu'il
remarque la question que j'ai à lui poser. J'ai demandé au
ministre, tout à l'heure, si, lors du débat de deuxième
lecture, ce serait possible de songer à une commission parlementaire
spéciale. Je réitère la demande, je crois d'ailleurs que
mon collègue de l'Opposition officielle, le député de
Jean-Talon en a parlé, que le député de Richmond de
l'Union Nationale en a parlé aussi, je demande de nouveau qu'une
commission parlementaire spéciale soit convoquée par le ministre
à la demande de l'Opposition, et que le ministre accepte cela avant
même qu'on entreprenne l'étude des crédits de chacun des
ministères dès la reprise de nos travaux, et que les dirigeants
de cette société soient convoqués devant la commission
parlementaire. C'est ce que je demande, Mme le Président.
Des Voix: Adopté!
Mme le Vice-Président: M. le ministre. M. Yves
Bérubé
M. Bérubé: Pour autant que le ministre est
concerné, je pense que je serais en accord complet, d'autant plus que M.
Bourassa ayant été en fonction à ce moment, depuis
peut-être un mois ou deux, il serait en mesure de définir avec son
conseil d'administration l'orientation qu'il entend donner à SOQUEM. Il
est important de souligner que la proposition qui vous est faite aujourd'hui,
soit le financement de SOQUEM, est basée essentiellement sur les
orientations fermes de l'ancien conseil d'administration, en ce qui avait trait
à des projets d'investissements. Il va de soi, évidemment, que le
nouveau président pourrait réviser un certain nombre de ces
projets, et à ce moment-là, je pense que cela pourrait être
justifié. On verra avec le leader parlementaire les possibilités
que nous laisse notre calendrier sessionnel. Je n'aurais aucune objection
à ce que l'on fasse siéger une telle commission parlementaire.
Merci.
Mme le Vice-Président: Cette motion de troisième
lecture du projet de loi no 82 est-elle adoptée?
M. Roy: Sur division.
Mme le Vice-Président: Adopté sur division. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, on m'informe que deux
présidents de commission sont prêts, en vertu de l'ordre de la
Chambre, à nous donner le rapport prévu, l'un en vertu des
projets de loi no 96 et no 237, l'autre en vertu des projets de loi nos 86, 216
et 241.
Mme le Président, le député de Rimouski est
prêt à nous faire rapport des travaux de la commission des
affaires municipales.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rimouski.
Rapport sur l'étude en commission des projets
de loi nos 237 et 96
M. Marcoux: Mme le Président, qu'il me soit permis de
faire rapport que la commission parlementaire élue permanente des
affaires municipales et de l'environnement a étudié les projets
de loi suivants: Le projet de loi no 237, projet de loi privé, Loi
concernant la ville de Malartic; la commission a adopté ce projet de loi
sans amendement.
La commission a également étudié le projet de loi
no 96, Loi modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires, le Code civil et d'autres dispositions
législatives; elle a adopté ce projet de loi avec de multiples
amendements dont vous m'épargnerez la lecture, j'en suis convaincu. Je
vous remercie.
Mme le Vice-Président: Ce rapport sera-t-il
agréé?
Des Voix: Agréé.
M. Burns: Mme le Président, je suis également
informé que le député de Bourassa serait prêt
à nous donner son rapport relatif aux projets de loi nos 86, 216 et
241.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bourassa.
Rapport sur l'étude en commission des projets
de loi nos 216, 241 et 86
M. Laplante: Mme le Président, qu'il me soit permis
d'informer l'Assemblée nationale que la commission permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières a
étudié les projets de loi suivants: projet de loi no 216
concernant la Société de réassurance des
mutuelles-incendie du Québec, adopté sans amendement; projet de
loi no 241, Loi modifiant la Loi de refonte de la Charte de la
Société coopéra- tive fédérée des
agriculteurs de la province de Québec, adopté avec amendement;
projet de loi no 86, Loi modifiant la Loi de la société
coopérative agricole, adopté avec amendement. Merci, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Ce rapport sera-t-il
agréé?
M. Garneau: Agréé.
Mme le Vice-Président: Agréé. M. le leader
parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 237
M. Burns: Mme le Président, selon nos règlements,
nous pourrions appeler les deuxième et troisième lectures du
projet de loi privé no 237; si c'était le voeu de
l'Assemblée nationale, on pourrait en disposer immédiatement.
Mme le Vice-Président: Y a-t-il consentement?
M. Garneau: Oui.
Deuxième et troisième lecture
Mme le Vice-Président: Consentement. La deuxième
lecture du projet de loi no 237, Loi concernant la ville de Malartic, est-elle
adoptée?
M. Garneau: Adopté.
Mme le Vice-Président: Troisième lecture,
adoptée?
M. Burns: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 216
M. Burns: Nous pourrions peut-être, Mme le
Président, faire la même chose relativement au projet de loi no
216, deuxième et troisième lectures.
Mme le Vice-Président: Consentement?
M. Garneau: Oui.
Deuxième et troisième lecture
Mme le Vice-Président: Deuxième lecture du projet
de loi no 216, Loi concernant la Société de réassurance
des mutuelles-incendie du Québec. Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
M. Garneau: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Troisième
lecture, adoptée? Adopté.
Projet de loi no 241
M. Burns: Mme le Président, encore un projet de loi
privé qui est dans la liste des rapports qui viennent de nous être
donnés, le projet de loi no 241.
Deuxième et troisième lecture
Mme le Vice-Président: Y a-t-il consentement à ce
que nous passions à la deuxième lecture et qu'on fasse les
écritures? Cette motion de deuxième lecture du projet de loi no
241, Loi modifiant la loi refondant la charte de la société
coopérative fédérée des agriculteurs de la province
de Québec, est-elle adoptée?
M. Garneau: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Troisième
lecture?
Une Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Maintenant, Mme le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article 18) de notre feuilleton d'aujourd'hui, s'il
vous plaît!
Projet de loi no 97 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Finances et du
Revenu propose la deuxième lecture du projet de loi no 97, Loi modifiant
la Charte de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Cette motion de deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Bellemare: Adopté.
M. Garneau: La deuxième lecture? Non, non. Le ministre
veut parler, peut-être?
Mme le Vice-Président: M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Mme le Président, le projet de loi que nous
avons devant nous a été examiné en commission et je
voudrais en dire quelques mots puisqu'on s'était entendu pour que le
travail en commission se fasse avant la deuxième lecture. Il s'agit d'un
projet d'amendement dont à mon sens les deux éléments les
plus importants sont les suivants: d'une part, on veut élargir le
conseil d'administration de la Caisse de dépôt qui, jusqu'à
maintenant, comportait plusieurs membres mais dont plusieurs étaient,
à toutes fins utiles, nommés ex officio.
En plus du président, le vice-président était
automatiquement le président de la Régie des rentes. En outre,
trois membres y siégeaient sans droit de vote, qui étaient
d'office le sous-ministre des Finances, le trésorier de
l'Hydro-Québec et un membre de la Commission municipale du
Québec. Des cinq membres restants, deux membres représentaient
soit le gouvernement, soit une de ses sociétés d'Etat; un membre
était désigné parmi les associations syndicales et deux
membres venaient du milieu des affaires. Ce qui est proposé dans ce
projet de loi, Mme le Président, est un élargissement
léger, d'ailleurs, de ce conseil d'administration, de façon,
d'une part, à assurer un siège, une représentation aux
associations coopératives et, d'autre part, à ajouter un
siège à ce conseil d'administration.
Deuxièmement, le même projet de loi vise à tenter de
régler un problème qui existe à la Caisse de
dépôt depuis, à ma connaissance, une bonne dizaine
d'années et qui est le suivant: la Caisse de dépôt est
constituée d'un personnel finalement très peu nombreux. Il y a
environ 130 employés. Sur ces 130 employés, il y a une
soixantaine de professionnels, tous finalement extrêmement
spécialisés et, pour l'immense majorité, venant du milieu
des affaires. Depuis la création de la Caisse de dépôt, ce
personnel est assujetti aux règlements de la fonction publique. Il est
évident que, dans le cas de ce type de personnel très
spécialisé dont je viens de parler, l'assujettissement aux
règlements de la fonction publique a constamment présenté
des problèmes.
Je veux dire par là qu'un bon "trader" en obligations, cela se
présente sur la rue Saint-Jacques en disponibilité une fois de
temps à autre et cela s'enlève rapidement. On a donc constamment
la possibilité de procéder à l'une ou l'autre de deux
opérations. Ou bien faire une sorte de concours bidon, sachant
très bien que celui qu'on veut avoir est temporairement disponible et ne
le sera pas très longtemps, ou bien faire un concours régulier
très long, auquel cas, quand il aboutit, cela fait longtemps que le
"trader" a été embauché par quelqu'un d'autre.
Le personnel de la Caisse de dépôt est en fait, qu'il
s'agisse des analystes ou qu'il s'agisse des "traders", un personnel
extrêmement spécialisé où la Caisse de
dépôt est en concurrence avec, essentiellement, les entreprises
financières de Montréal.
Il y a déjà plusieurs années que ce problème
dure. Finalement, plusieurs gouvernements successifs se sont demandé
s'il ne faudrait pas sortir le personnel de la Caisse de dépôt de
la fonction publique. Je sais que mon prédécesseur aux Finances a
eu toute une série d'hésitations à ce sujet et que ses
prédécesseurs aussi ont eu le même genre
d'hésitations.
Je pense qu'après dix ans, alors que le problème n'est
toujours pas réglé, il est temps, Mme le Président, qu'on
en arrive à une solution. Je sais très bien que certains ont des
hésitations en se disant: Pour ce qui a trait au personnel administratif
ou de soutien, cela pourrait avoir un effet d'entraînement à
l'égard du reste de la fonction publique. Il n'en reste pas moins que,
dans la mesure où on demande à la Caisse de dépôt de
faire accepter les règlements de nominations, de salaires, de promotions
par le lieutenant-gouverneur en conseil, le Conseil des ministres, normalement,
devrait être
en mesure de faire en sorte que, pour ce personnel de soutien, la
situation soit comparable avec ce qui est payé dans la fonction publique
mais que, d'autre part, sur le plan des décisions quant au recrutement
du personnel, la Caisse de dépôt puisse agir avec la plus grande
latitude possible sous réserve, bien sûr, des règlements
dont je viens de parler.
Cette Caisse de dépôt, Mme le Président, est, je
pense, et a été l'un des instruments les plus utiles du
fonctionnement des marchés financiers au Québec depuis maintenant
douze ans. Je pense pouvoir dire que tous les gouvernements qui ont eu la
responsabilité ultime du fonctionnement de la Caisse de
dépôt ont éprouvé une fierté légitime
de la façon dont cette institution fonctionnait. Après une
douzaine d'années, elle a dans les milieux financiers une
autorité morale indiscutable. S'il arrive parfois que, dans le secteur
public, quelques institutions ont des déboires, que, dans une certaine
opinion publique, on pense que, du moment que c'est administré par un
gouvernement, cela va mal, une institution comme la Caisse de
dépôt réconcilie avec l'idée qu'on peut fonctionner
dans le secteur public, être efficace et donner des résultats
importants.
Je pense pouvoir dire que, depuis douze ans, tous les gouvernements qui
se sont succédé ont veillé à la fois à
l'autonomie de la Caisse de dépôt et à son
épanouissement, comme à la prunelle de leurs yeux. Mais il y a un
certain nombre de problèmes que, je pense, il fallait régler,
simplement parce qu'ils ont duré assez longtemps. C'est dans cet esprit
que je propose l'acceptation, en deuxième lecture, de la loi amendant la
Loi de la Caisse de dépôt. Je dois ajouter, Mme le
Président, que le lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet
de loi et qu'il en recommande l'adoption à l'Assemblée
nationale.
Le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: Mme le Président, si on veut faire une
deuxième lecture correcte du projet de loi no 97 et en rechercher les
principes, on soulèverait un débat relativement court puisqu'une
bonne partie des articles de ce projet sont des articles de concordance, si on
a accepté l'article 4, et quelques modifications techniques pour tenir
compte du fait que la caisse administre maintenant des fonds
ségrégatifs importants. Il faut faire la concordance en ce qui
regarde le traitement des taux d'intérêt sur les
dépôts à court terme.
En ce qui regarde les points importants, il y a le conseil
d'administration. Je n'ai pas de querelle è faire sur
l'élargissement de sept à neuf membres. Je crois que cela aidera
sans doute à avoir quorum dans les réunions du conseil puisqu'il
s'agit de personnes qui, bien souvent, ont d'autres occupations et qu'un nombre
important de membres n'avait pas le droit de vote.
Pour ce qui est des deux autres points, il y a le retrait de la fonction
publique du personnel de la
Caisse de dépôt. Il est vrai, le ministre des Finances l'a
mentionné, que c'est toujours avec une grande hésitation que j'ai
reçu successivement les présidents de la Caisse de
dépôt qui me demandaient de légiférer dans ce
domaine. La raison principale ce que je n'aime pas dans cette attitude
et je ne veux pas en faire grief au ministre des Finances, il a succombé
à la tentation en ce faisant, nous créons dans les
sociétés d'Etat deux poids deux mesures. Nous créons
également à l'intérieur du fonctionnarisme deux poids deux
mesures. Si d'un côté les gens veulent avoir les avantages de la
fonction publique, évidemment il faut qu'ils en supportent un certain
nombre de désavantages.
De la façon dont on agit avec l'article 4, je crois que lorsqu'on
a décidé de le faire, le texte législatif est bien
rédigé, je ne veux pas faire grief quant à la
rédaction des textes, mais qu'est-ce qu'on fait? On maintient la
sécurité à ceux qui sont en place. On donne à ceux
qui auront des avantages évidemment qui doivent correspondre à
quelque chose, puisqu'on veut les retirer de la fonction publique. On veut
être en mesure d'ajuster leur salaire plus rapidement, tenir compte
davantage des conditions du marché, pouvoir embaucher plus rapidement
quelqu'un qui est disponible. Là-dessus, je me suis toujours
demandé comment cela se faisait que la Commission de la fonction
publique et la Loi de la fonction publique ne pouvaient pas être
réaménagées pour permettre que ces choses soient faites
beaucoup plus que l'inverse. Evidemment, c'est la délégation du
pouvoir d'embauche que la loi 53 reprend d'une façon plus large que ce
qui aurait été nécessaire pour donner suite à ce
genre de préoccupation. Nous allons nous retrouver avec des
sociétés d'Etat qui ont le personnel dans la fonction et d'autres
qui ne l'ont pas. Nous voyons que ces gens qui vont être
administrés par le nouveau régime, vont pouvoir avoir des
avantages financiers pour correspondre plus adéquatement à
l'évolution du marché et, en même temps, avoir les
mêmes sécurités au niveau du régime de retraite et
des autres avantages sociaux que l'on trouve dans la fonction publique avec le
salaire du secteur privé.
Je trouve que cela crée une injustice. Je ne sais pas si mon
ancien sous-ministre est caché à quelque part dans les galeries,
mais il n'aimerait pas m'entendre parler... Je pense à M. Casavan, en
particulier, avec qui j'ai eu de longues discussions là-dessus. On me
dit même que le regretté M. Prieur... C'est peut-être une
des causes de son décès, mais il reste quand même que j'ai
toujours considéré qu'il s'agissait là d'une
décision difficile à prendre. En la prenant, on crée un
déséquilibre dans la fonction publique, non seulement en termes
de salaires et d'avantages sociaux, mais en termes de règlements de cas
plus rapides et en même temps on garde les beaux côtés de la
fonction publique de telle sorte que vous allez avoir des fonctionnaires qui
vont reluquer très rapidement du côté des
sociétés d'Etat parce qu'ils vont être mieux traités
dans les sociétés d'Etat que dans la fonction publique.
Le seul autre point dont je voudrais traiter et ce ne sera pas trop
long, c'est pour m'étonner de l'article 3. Le ministre n'en a pas
discuté, n'en a pas parlé du tout, et la rédaction
même de l'article il faut aller au texte original pour s'en
apercevoir signifie que l'on retire la prescription, ou l'obligation ou
l'impossibilité, l'interdiction d'être membre du conseil
d'administration de la caisse si vous étiez membre d'une
société de fiducie ou administrateur d'une société
de fiducie un instant, on va voir le texte, c'est l'article 12 des lois
de 1969...
M. Parizeau: Mme le Président, je pourrais peut-être
le lire simplement, si le député me le permet, et je cite: "Aucun
membre du conseil d'administration ne doit avoir un intérêt dans
une compagnie de fiducie ou un commerce de valeur mobilière."
M. Garneau: C'est cela. Maintenant, on retranche cette
restriction, cette interdiction d'avoir un intérêt dans une
compagnie de fiducie. Le ministre n'en a pas parlé, je ne connais pas
les raisons qui l'ont amené à faire cela mais, ayant
été témoin dans le passé, lorsque nous avons eu
à décider, par exemple, qui allait administrer les régimes
supplémentaires de rente dans certains cas et des régimes de
retraite de certains employés du secteur parapublic, nous étions
en discussion, d'un côté, avec une administration
intégrée qui facilitait, je crois, le transfert à la
Caisse de dépôt de l'administration de ces régimes et nous
avions, de l'autre côté, des sociétés de fiducie du
Québec, sans en nommer une en particulier, même si des noms se
ressemblent, qui nous disaient: Dans le fond, si vous nous enlevez la
possibilité d'avoir accès à ces comptes, aussi bien nous
dire que nous n'aurons pas la possibilité d'administrer beaucoup de
régimes de retraite au Québec. Je me demande comment un
administrateur de la Caisse de dépôt ayant des
intérêts dans une telle société de fiducie aurait
été placé pour discuter des cas semblables.
Peut-être que le ministre, dans sa réplique, s'il veut en
faire une, et s'il touchait à ce point, peut-être que cela
m'enlèverait des hésitations, mais je ne comprends pas pourquoi
on enlève cette restriction qui, à mon sens, était
importante dans l'administration d'une société comme la Caisse de
dépôt et placement du Québec et qui pourrait amener
également, dans d'autres cas, des demandes de restriction. On me dira
peut-être que la personne qui doit être nommée pour
représenter le secteur coopératif vient d'une
société de fiducie ou, encore, que les représentants du
mouvement coopératif ont des intérêts dans une
société de fiducie je fais peut-être du "wishful
thinking", ce me semble être cela, d'après le signe de tête
du ministre, mais il reste que je trouve cela surprenant. Si le ministre
pouvait nous donner quelques indications là-dessus, cela faciliterait
notre vote pour ce projet de loi en deuxième lecture.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Mme le Président, je crois que quant à
l'étude de ce projet de loi, le ministre mérite certainement des
louanges pour vouloir spécialement à l'article 4, si j'ai
compris ses explications tout à l'heure avoir du personnel de
qualité pour l'administration de la Caisse de dépôt, et
c'est véritablement méritant de la part du gouvernement parce
qu'on s'aperçoit que la Caisse de dépôt ne joue plus avec
des milliers ou avec des millions de dollars mais joue avec des milliards de
dollars maintenant, et c'est sûr que cela prend du personnel de
qualité.
On veut y mettre un petit peu si j'ai aussi compris les allusions
du ministre de cette philosophie de l'entreprise privée,
c'est-à-dire d'une gérance dynamique et efficace.
C'est peut-être pour cela qu'on a voulu aussi faire en sorte que
le personnel de la Caisse de dépôt ne soit plus maintenant membre
de la fonction publique et soit tout simplement considéré comme
à part de la fonction publique. Mme le Président, je voudrais
dire un mot sur ce personnel même. Je suis d'accord avec le ministre pour
qu'on ait du personnel de la plus haute qualité possible, qu'on doive
payer les prix nécessaires et bien sûr les salaires
nécessaires. Moi aussi, comme le député de Jean-Talon, je
trouve que c'est un principe qui peut, à la longue, être
dangereux.
Est-ce qu'on ne doit pas réaménager à
l'intérieur de la fonction publique plutôt? Est-ce qu'on ne doit
pas donner les protections nécessaires à ces travailleurs? Est-ce
que ces travailleurs seront protégés autrement que par tout
simplement la bonne volonté des dirigeants de la caisse? Je pense que
cela est très important. Et en plus de cela, on va probablement
créer aussi un déséquilibre à l'intérieur
même du personnel de la fonction publique. Mme le Président, je
voudrais bien entendre le ministre expliciter davantage le genre
d'équilibre qu'il entend donner à même la fonction
publique. On comprend qu'il y aura du personnel compétent à la
fonction publique qui sera maintenant protégé par la fonction
publique à des salaires possiblement moindres, à des revenus
possiblement moindres qu'à la Caisse de dépôt.
Qu'est-ce qui va arriver si on se met à comparer les deux
organismes différents, les deux protections différentes?
Qu'est-ce qui va arriver véritablement avec les syndicats? C'est
sûr qu'on ne peut pas blâmer les syndicats de faire des
revendications vis-à-vis de la fonction publique éventuellement
pour avoir des traitements qui soient équivalents pour certaines
personnes reçues à la Caisse de dépôt. Je pense que
c'est important si on veut aujourd'hui accepter un principe nouveau dans
l'administration de la province, je pense qu'il faut aller jusqu'au bout et
voir ce qu'on accepte comme principe et ce qui arrivera au cours des
années qui vont venir.
Là-dessus, je voudrais des explications supplémentaires de
la part du ministre et je voudrais aussi que le ministre soit très
prudent avant d'accepter un principe qui, à la base, semble valable,
mais qui peut nous créer des complications, avec
le temps, bien sûr. Je veux aussi savoir du ministre si le
personnel sera quand même protégé d'une façon
convenable contre les administrateurs. On a beaucoup parlé aujourd'hui
du bill 45. On veut que les travailleurs soient protégés. De
quelle façon les travailleurs et le personnel de cette Caisse de
dépôt vont-ils être protégés contre les
dirigeants de l'entreprise qui, malgré toute leur bonne foi, un jour ou
l'autre... Ce sont des êtres humains. Dans l'article premier, on a
porté le nombre des dirigeants des caisses, maintenant les membres du
conseil d'administration, de sept à neuf. Le ministre nous a dit qu'il y
en a un qui viendrait du domaine de la coopération. Je pense que
là-dessus aussi il faut encourager le ministre le plus possible à
avoir les gens les plus compétents possible, parce que, vous savez, on
place beaucoup d'argent à gauche et à droite présentement
avec la Caisse de dépôt, quelques centaines de millions par
année.
Il y va même de l'intérêt de nos enfants, de nos
descendants, de nos petits-enfants et il faut se demander si eux auront
véritablement assez d'argent pour payer. Un jour ou l'autre, quelqu'un
va devoir payer les déboursés de la Caisse de dépôt.
On sait que la Caisse de dépôt peut augmenter son actif
peut-être jusqu'en l'an 1990, et après cela, atteindre un certain
plafond. Il s'agit véritablement de bien placer les sommes d'argent
aujourd'hui, si nous voulons que, vers 1990, ceux qui commenceront à en
profiter puissent être véritablement protégés. Il y
a un autre principe aussi qu'a soulevé tout à l'heure le
député de Jean-Talon, c'est l'article 3. Moi aussi je me suis
posé de nombreuses questions sur cet article et je voudrais aussi avoir
des explications supplémentaires de la part du ministre, et
spécialement sur cette interdiction qui semble devoir détenir un
intérêt dans des compagnies de fiducie.
N'y aurait-il pas un conflit d'intérêts un jour ou l'autre
entre les membres du conseil d'administration de la Caisse de
dépôt qui détiennent des intérêts dans des
compagnies de fiducie? Si on en vient à faire des affaires entre la
Caisse de dépôt et les compagnies de fiducie, il faudrait aller
à fond dans ce sujet et ne pas être pris un bon jour à se
priver d'un bon administrateur pour la Caisse de dépôt ou de se
priver de faire affaires avec certaines compagnies de fiducie.
A l'article 6 aussi, il semble qu'on veuille préciser la nature
des différents types de dépôts qu'on peut avoir maintenant;
je pense que c'est juste qu'on ait le plus d'explications possible. Somme
toute, nous sommes prêts à voter en faveur de ce projet de loi, si
nous avons les informations nécessaires de la part du ministre, mais
nous voulons assurer cette Chambre et la population du Québec et le
gouvernement que je pense bien que, comme tous les autres partis politiques,
nous voulons donner le plus de protection possible pour une excellente
administration à la Caisse de dépôt, parce qu'il y va de
plusieurs milliards de dollars qui seront administrés tout à
l'heure par ces administrateurs et c'est important que la population du
Québec ait véritablement confiance en ceux qui administrent des
sommes d'argent fabu- leuses qui seront tout à l'heure plus importantes
que les sommes d'argent administrées par le budget du Québec.
Compte tenu des renseignements que nous aurons de la part du ministre, nous
ajusterons notre vote en conséquence.
Le Vice-Président: M. le ministre des Finances et du
Revenu.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Mme le Président, je pense que deux des
questions qui ont été soulevées par le
député de Jean-Talon et le député de
Lotbinière demandent effectivement de ma part des précisions, une
réponse précise. La raison pour laquelle nous suggérons de
faire sauter la disposition en vertu de laquelle aucun administrateur de la
caisse ne peut avoir un intérêt dans une compagnie de fiducie est
qu'au moment où cette loi a été adoptée, il y a une
douzaine d'années, les programmes d'épargne-retraite n'existaient
pas au même titre qu'aujourd'hui. Beaucoup de ces programmes
d'épargne-retraite sont administrés par les compagnies de fiducie
et il y a évidemment beaucoup d'administrateurs de la caisse ou des gens
qu'on peut recruter comme administrateurs de la caisse qui ont des programmes
d'épargne-retraite dans des compagnies de fiducie. Dans ces conditions,
on en arrive ou bien à tolérer que les gens qui ont un programme
d'épargne-retraite siègent au conseil d'administration et
cela il faut bien reconnaître qu'un programme d'épargne-retraite,
c'est un intérêt dans une compagnie de fiducie ou bien
encore de chercher quelqu'un qui n'a pas de programme d'épargne-retraite
administré par une compagnie de fiducie. A la limite, cela devient
baroque, parce qu'on sait très bien qu'un programme
d'épargne-retraite n'a pas de conséquence sur
l'orientation...
M. Garneau: Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. Parizeau: Bien sûr.
M. Garneau: Vos conseillers juridiques soulignent qu'un individu
qui prend une épargne-retraite dans une compagnie de fiducie est
considéré comme un intérêt dans une compagnie de
fiducie? C'est cela que vous voulez dire?
M. Parizeau: Effectivement, il y a une très grande
ambiguïté à cet égard et il y a un problème
juridique sérieux quant à la définition de ce qu'est un
intérêt dans une compagnie de fiducie. Cette ambiguïté
dure depuis déjà un certain temps et il était temps de le
clarifier.
La façon la plus simple de clarifier la question était de
faire sauter la mention. Je vous rappellerai, Mme le Président, que le
fait de faire sauter cette mention, comme nous le proposons dans le projet de
loi, n'atténue d'aucune espèce de façon les dispositions
de la section 5 de la charte de la caisse de dépôt qui a trait aux
conflits d'intérêts. Que ce soit à l'égard
d'administrateurs qui au-
raient des actions dans une banque, dans une compagnie d'assurance, dans
une compagnie de fiducie ou dans n'importe quelle entreprise
manufacturière ou commerciale, ces dispositions de la section 5 quant
aux conflits d'intérêts de la charte de la Caisse de
dépôt sont remarquablement strictes, n'ont pas, pendant douze ans,
créé, à ma connaissance en tout cas, le moindre
problème.
Dans ces conditions, plutôt que d'avoir une situation ambiguë
quant aux intérêts dans une société de fiducie, j'ai
préféré proposer qu'on biffe cette mention et qu'on s'en
reporte à la section qui a trait aux conflits d'intérêts
dans la charte de la Caisse de dépôt, qui a remarquablement bien
fonctionné depuis douze ans.
M. Bellemare: Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. Parizeau: Mais bien sûr.
M. Bellemare: Est-ce que le ministre a un nom en vue pour faire
un amendement comme celui-là? Est-ce que le ministre a un candidat en
vue pour nommer le neuvième commissaire, un nom quelconque pour faire
sauter cette disposition de l'article qui concerne la fiducie?
M. Parizeau: Non, Mme le Président, ce qui est
proposé ici n'est absolument pas déterminé ou
suggéré en fonction de nominations à venir mais de
nominations passées. C'est un problème qui embarrasse la caisse
depuis plusieurs années, justement parce que la situation juridique
n'est pas claire, alors que cela n'a rien à voir avec l'avenir. Cela a
à voir avec à la fois le passé et la situation
présente. Ce n'est pas juridiquement clair ce qu'est un
intérêt dans une compagnie de fiducie. Plutôt que de placer
des hommes, qui sont en place, dans une situation embarrassante, j'ai
préféré suggérer d'enlever cette disposition et de
placer les administrateurs à l'égard des compagnies de fiducie
comme on les place à l'égard de n'importe quelle autre
compagnie.
M. Bellemare: Cela n'a pas d'effet rétroactif non
plus?
M. Parizeau: Non, non, rien de rétroactif, bien
sûr.
Quant aux dispositions relatives à la fonction publique, c'est
effectivement un problème qui est embêtant. S'il n'avait pas
été embêtant, il n'aurait pas duré pendant autant de
temps. Je préfère, quant à moi, reconnaître que la
Caisse de dépôt est une société commerciale, dans le
sens large du terme. SIDBEC appartient à l'Etat c'est une
société commerciale et son personnel ne fait pas partie de la
fonction publique; la SAQ est une société commerciale qui ne fait
pas partie de la fonction publique. Nous avons, dans le secteur public,
plusieurs sociétés commerciales d'Etat la SGF dont mon
collègue, M. Tremblay, me fait état dont
déjà le personnel ne fait pas partie de la fonction publique.
Alors, pourquoi ne pas reconnaître que la Caisse de dépôt
est une société commerciale, financière, si l'on veut,
dans le sens large, dont le personnel ne fait pas partie de la fonction
publique?
On a mis l'accent, je le comprends, sur des disparités de
salaires. J'en ai moins à la question des disparités de salaires
qu'à la rapidité de décision. Un bon analyste en
métallurgie se présente sur la rue Saint-Jacques une fois tous
les deux ans. Si vous ne le saisissez pas par les cheveux, quelqu'un d'autre va
le prendre. On ne peut pas, dans ces conditions, avoir des délais de
trois ou quatre mois pour nommer quelqu'un parce qu'il n'est plus là
quand on veut le nommer. C'est dans ce sens que je propose l'adoption, en
deuxième lecture, du projet de loi no 97.
Le Vice-Président: Cette motion de deuxième lecture
du projet de loi no 97 est-elle adoptée?
M. Garneau: Adopté. M. Bellemare: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Charron:... la troisième lecture également?
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement à ce que
cette Assemblée fasse les écritures?
M. Garneau: Mme le Président, l'étude article par
article a déjà été faite en commission
parlementaire. Je ne sais pas si, juridiquement, il faudrait accepter le
rapport plutôt que de faire les écritures pour la commission
plénière. On ne sait pas comment le processus est rendu.
M. Charron: Je propose d'accepter le rapport, Mme le
Président, et de faire les écritures.
M. Bellemare: Où est-il le rapport?
M. Charron: II a été accepté. Le rapport a
été accepté. Hier.
Le Vice-Président: II s'agit de... M. le
député de Jean-Talon.
M. Garneau: II aurait été accepté? Est-ce
que le leader du gouvernement, par mesure de sécurité, voudrait
repasser par la commission plénière si, juridiquement, ce
n'était pas...
M. Burns: Non, ce n'est pas nécessaire, dans ce cas.
Je ne comprends pas, j'ai peut-être mal compris votre
question.
M. Garneau: C'est que d'une façon, pour accommoder, en
fait, autant le ministre que celui qui vous parle, vous aviez
suggéré que l'étude du projet de loi article par article
se fasse après la pre-
mière lecture. Cela faisait peut-être partie du rapport de
la commission parlementaire qui a étudié les lois fiscales. Si
cela faisait partie du rapport, je ne sais pas, juridiquement, comment vous
êtes placé.
M. Burns: J'ai accepté la suggestion de l'Opposition que
le projet de loi, même s'il n'avait pas été adopté
en deuxième lecture, soit soumis a la commission parlementaire
après la première lecture. Mais si vous le voulez, on peut
peut-être faire toutes les écritures nécessaires
relativement à cela.
M. Garneau: Ce serait préférable, étant
donné que c'est une procédure un peu irrégulière.
Trop fort ne casse pas, comme on dit.
M. Burns: C'est sûr, il faut passer l'étape de la
commission plénière.
M. Garneau: Les écritures, la troisième
lecture.
Le Vice-Président: Bien sûr.
M. Burns: Je disais les écritures et le leader adjoint
parlait des écritures également.
Commission plénière
Le Vice-Président: Ce projet de loi no 97, renvoi en
commission plénière adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Rapport de la commission
plénière adopté?
Des Voix: Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Adopté. Troisième
lecture, adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 100
Commission
plénière
M. Burns: Mme le Président, je vous demanderais de revenir
à l'article 11) tel qu'il apparaissait à notre feuilleton de ce
matin, c'est-à-dire la poursuite de l'étude du projet de loi no
100 inscrit au nom du premier ministre. La deuxième lecture de ce projet
de loi a été adoptée dans le courant de la journée,
il a été déféré à la commission
plénière, et je vous demanderais, s'il vous plaît, Mme le
Président, de quitter votre fauteuil et que la Chambre se forme en
commission plénière.
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement à ce que
cette Assemblée se forme en commission plénière?
Une Voix: Consentement.
Le Président (Mme Cuerrier): Cette Assemblée est
réunie en commission plénière pour étudier le
projet de loi no 100, Loi modifiant de nouveau la Loi de la
Législature.
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Voulez-vous remettre ces amendements au leader
parlementaire du gouvernement?
M. Lévesque (Taillon): Est-ce que vous voulez les
amendements?
M. Lavoie: Ce n'est pas à moi, c'est à Mme le
Président de les lire, avant la mise aux voix.
M. Burns: Mme le Président, nous pourrions aborder le
projet à l'article premier.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous demanderai, M. le
leader de l'Opposition officielle, de me faire faire des copies de ces
amendements, s'il vous plaît.
M. Lavoie: On pourrait suspendre pour deux ou trois jours!
Le Président (Mme Cuerrier): L'article premier du projet
de loi 100 est-il adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Est-ce que les députés ministériels sont
d'accord?
Des Voix: Oui. A l'unanimité.
M. Lavoie: Nous allons nous rallier à cette
unanimité.
Le Président (Mme Cuerrier): Article premier,
adopté.
Article 2, adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Burns: Mme le Président, projet de loi adopté en
commission plénière.
M. Roy: La présente loi entrera en vigueur le jour de sa
sanction.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Est-ce qu'on pourrait demander quand le gouvernement
entend le faire sanctionner?
M. Lévesque (Taillon): Dans les minutes qui viennent,
normalement.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président, j'ai
l'honneur de vous faire rapport que la commission plénière a
étudié le projet de loi no 100, Loi modifiant de nouveau la Loi
de la législature, et l'a adopté sans amendement.
Le Vice-Président: Ce rapport sera-t-il
agréé? Des Voix: Agréé.
Le Vice-Président: Agréé. Troisième
lecture?
Troisième lecture
M. Burns: M. le Président, si j'avais le consentement de
l'Assemblée nationale, nous pourrions peut-être passer à la
troisième lecture de ce projet de loi immédiatement.
Le Vice-Président: C'est ce que je viens de demander.
Est-ce qu'il y a consentement?
Des Voix: D'accord.
Le Vice-Président: Troisième lecture du projet de
loi no 100.
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 86 Troisième lecture
M. Burns: M. le Président, si j'avais le consentement de
l'Assemblée nationale, nous pourrions entreprendre la troisième
lecture du projet de loi no 96, qui a été étudié,
apparemment sans aucune difficulté, devant la commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières, projet
de loi dont le rapport nous a été fait, tout à l'heure,
par le député de Bourassa.
M. Roy: M. le leader du gouvernement a parlé du projet de
loi 96 ou 86?
M. Burns: Numéro 86, je m'excuse.
M. Roy: Pour les fins du journal des Débats, c'est
important.
M. Burns: Vous avez bien raison, c'est 86. Le
Vice-Président: C'est 96?
M. Burns: Est-ce 96 ou 86? Attendez, on va vérifier.
Le Vice-Président: Je m'excuse, M. le leader
parlementaire, est-ce 86 ou 96?
M. Duhaime: 96, c'est Malartic. M. Burns: 86.
Le Vice-Président: Quel article?
M. Burns: II apparaissait à l'article 10 du feuilleton
d'aujourd'hui, M. le Président.
M. Lavoie: Non, c'est à l'article j).
Le Vice-Président: Mme le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières propose la
troisième lecture de ce projet de Loi modifiant la Loi des
sociétés coopératives agricoles.
Mme le ministre.
M. Lavoie: Adopté. Nous avons consulté les
députés de Jacques-Cartier et de Marguerite-Bourgeoys et ils sont
d'accord.
Le Vice-Président: Le projet de loi 86 est
adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 200
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant
de revenir à la deuxième et à la troisième lecture
du projet de loi no 200 qui apparaît à l'article 24) de votre
feuilleton. Nous avons déjà ce rapport et il a été
très sérieusement examiné.
Le Vice-Président: Si je comprends bien, M. le leader
parlementaire du gouvernement. M. le ministre... Lequel?
M. Burns: C'est vrai. C'est un bill privé.
Le Vice-Président: A l'ordre! M. le ministre des Affaires
municipales propose la deuxième et la troisième lecture du projet
de loi no 200, Loi modifiant la Charte de la ville de Montréal.
Lequel?
M. Burns: Vous l'avez au feuilleton, M. le Président.
M. le député de Viau.
Le Vice-Président: M. Lefebvre.
M. Tardif: M. le Président, le projet de loi no 200
modifiant la Charte de la ville de Montréal est un projet de loi
privé parrainé par le député de Viau. Je crois
qu'il lui revient de proposer les lectures.
Le Vice-Président: D'accord. M. le député de
Viau.
Deuxième lecture
M. Lefebvre: Je propose la deuxième et la troisième
lectures du projet de loi no 200.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Cette
motion sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Lavoie: La deuxième cela, M. le Président.
Troisième lecture
M. Burns: Maintenant, la troisième lecture, M. le
Président.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 7) que j'aurai l'honneur de proposer.
M. Shaw: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président: Un instant. M. le député
de Pointe-Claire.
M. Shaw: Je vois encore mon ami, le député qui doit
siéger ici à mon côté, sans son veston.
A un moment donné, nous avons besoin d'accepter que nous, comme
parlementaires, avons la... responsibility en français, le mot
pour moi, c'est difficile but that is just carrying it to the limit. He
has continually disgraced this House by the way he dresses, by the way he acts,
and by every other action that he participates in. My question of privilege is
that if I sit in this House without a jacket on, I would be disgraced and I
would consider that I am disgracing this House, and he is sitting in this
House, right now, without a jacket. If you do not have the courage to act on
this, Mr President, we are diminishing the quality of the character of this
House.$
M. Charbonneau: M. le Président.
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît! Sur
une question de privilège?
M. Charbonneau: Tantôt la Chambre siégeait dans le
calme et je pense qu'on devrait continuer de siéger de la même
façon.
M. Lavoie: M. le Président, pourrais-je vous demander, que
pour la prochaine session, il y ait des directives de données il
y a même eu des consultations à ce sujet sur la tenue
vestimentaire à l'Assemblée nationale? Il y a certaines
règles pour nos visiteurs dans les galeries, je crois qu'il doit y avoir
des règles également pour les membres de cette
Assemblée.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, je me souviens d'un fait
qui est arrivé ici en 1975; un ministre était venu en Chambre
sans avoir sa cravate, le président du temps l'a fait venir et l'a fait
sortir de la Chambre pour aller mettre sa cravate, pour que ce soit... Un
instant... On est des parlementaires, l'institution parlementaire dans laquelle
on est n'a jamais permis cela. Une directive serait plus qu'importante et on
devrait respecter au moins l'institution parlementaire à laquelle on
croit encore, si on veut véritablement assurer l'avenir de notre
parlementarisme.
M. Mackasey: Non, pas un privilège.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît. M. le
leader parlementaire du gouvernement, très calmement.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant,
s'il vous plaît, d'appeler l'article 7).
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: I want to come to the defence of the member
from...
Des Voix: Verchères.
M. Mackasey: ... Verchères. He is not wearing this coat
but I think he should be thrown out because he has not cuff-links on. He should
wear... Comment dit-on?
Des Voix: Les boutons de manchettes.
M. Mackasey: Les boutons de manchettes, c'est cela, le
problème, vous direz cela au député de Pointe-Claire, ce
n'est pas le veston qu'il lui manque, ce sont...
Une Voix: Les boutons.
M. Mackasey: ... les boutons.
Le Vice-Président: D'accord. Ecoutez, s'i vous
plaît. S'il n'y avait pas de question de privilège, je voudrais
que l'on procède aux travaux de cette assemblée.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 25
Troisième
lecture
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais d'avoir
l'honneur de présenter la troisième lecture du projet de loi no
25 au nom du ministre de l'Education, ministre responsable des corporations
professionnelles.
Le Vice-Président: L'article 7), si j'ai bier compris. La
troisième lecture proposée par M. It ministre de l'Education, du
projet ds loi 25...
M. Burns: ... du gouvernement.
Le Vice-Président: ... par le leader du gouver-
nement au nom... A l'ordre, s'il vous plaît! Messieurs les
députés, à l'ordre, s'il vous plaît! Ne perdons
point de temps. Ma directive, c'est que l'on appelle immédiatement la
troisième lecture du projet de loi 25, Loi modifiant le Code des
professions et d'autres dispositions législatives.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, mon discours sera très
bref. J'ai l'honneur, au nom du ministre de l'Education, de proposer la
troisième lecture du projet de loi no 25, et ceci, à cause du
titre et de la fonction du ministre de l'Education qui est responsable des
corporations professionnelles.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant
d'appeler l'article 10).
Le Vice-Président: C'est une reprise de
débats...
M. Forget: On est rendu à la troisième lecture.
Projet de loi no 96
Troisième
lecture
Le Vice-Président: Troisième lecture par M. le
ministre des Affaires municipales, du projet de loi 96, Loi modifiant la Loi
pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires, le
Code civil et d'autres dispositions législatives. Pour que tout soit
clair, je vous rappelle que cela n'est pas une reprise de débats, mais
la motion de troisième lecture.
M. Tardif: M. le Président, j'ai l'honneur de proposer
l'adoption en troisième lecture du projet de loi 96, Loi modifiant la
Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires, le
Code civil et d'autres dispositions législatives.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lavoie: Sur division, M. le Président. Le
Vice-Président: Adopté sur division.
M. Burns: M. le Président, dans quelques minutes, il y
aura sanction de projets de loi.
M. Lavoie: N'y aurait-il pas dans le décor le projet de
loi no 190, proposé par votre humble serviteur? Au milieu de la page
6.
Projet de loi no 190
Révocation de l'ordre de renvoi en commission
élue
M. Burns: M. le Président, pour mettre la cerise sur le
gâteau, je propose que le projet de loi inscrit au nom du
député de Laval, pour étude à une commission
après la deuxième lecture, subisse cette épreuve de
révocation de l'ordre de renvoi à la commission de la
présidence du conseil, et que nous revenions à la commission
plénière de l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Sur division.
M. Lavoie: Adopté, M. le Président.
Le Président: Adopté.
Commission plénière
M. Burns: A moins qu'on me dise le contraire, je vous demanderais
de faire les écritures relativement au projet de loi no 190,
c'est-à-dire commission plénière et troisième
lecture.
Le Président: La commission plénière, le
rapport est adopté.
M. Lavoie: On peut demander au notaire, secrétaire
général de faire les écritures, rapport
agréé.
Troisième lecture
Le Président: Agréé. Troisième
lecture, adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Le projet de loi est adopté.
M. Burns: M. le Président, je félicite le
député de Laval. C'est peut-être la première fois
c'est peut-être nous qui devrions nous féliciter
qu'un député de l'Opposition réussit à faire
adopter un projet de loi.
M. Garneau: C'est peut-être la première fois que
c'est un bon projet de loi.
M. Burns: J'ai plutôt l'impression qu'il y a eu de
nombreuses occasions, mais on ne commencera pas de débat
là-dessus, où des députés de l'Opposition avaient
eu l'occasion de présenter de bons projets de loi, et le résultat
n'avait pas été le même.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Je voudrais remercier le leader parlementaire du
gouvernement et le gouvernement dans son ensemble. Si jamais un ministre a des
difficultés à faire adopter un projet de loi, je demeure
humblement à son service.
M. Burns: M. le Président, avant de vous annoncer qu'il y
aura une sanction de projets de loi dans les minutes qui viennent, je pense que
ce n'est un secret pour personne que, éventuellement, nous demanderons
à Son Excellence le lieutenant-gouverneur de venir proroger les travaux
de l'Assemblée nationale.
Autorisation à faire siéger
les commissions parlementaires et report
des affaires inscrites au feuilleton
II m'apparaît que j'ai un dernier devoir à faire avant que
je vous demande de suspendre, je pense que c'est la motion coutumière,
habituelle de fin de session. Je propose que les commissions parlementaires de
l'Assemblée nationale soient autorisées à siéger
après la prorogation de la présente session, et les projets de
loi, ordre ou affaires qu'elles auront étudiés pourront
être inscrits au feuilleton ou rapportés à
l'Assemblée au début de la prochaine session, au stade où
ils se trouveront, sur motion du leader parlementaire du gouvernement, dans les
délais prévus à l'article 6 du règlement.
Je propose également, dans cette même motion, M. le
Président, que les sous-commissions soient également
autorisées à siéger avec tous les droits et
privilèges accordés aux membres des commissions.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Bellemare: Adopté. M. Garneau: Adopté.
Le Président: Adopté.
Sanction des projets de loi
M. Burns: Sur ce, M. le Président, je vous demande
purement et simplement, avec le consentement de la Chambre, de suspendre nos
travaux pour la raison bien simple que le premier ministre et vous-même,
M. le Président, devez vous rendre, avec un représentant du chef
de l'Opposition, à moins que le chef de l'Opposition nous fasse
l'honneur d'être là lui-même, un représentant de
l'Union Nationale, à moins que le chef de l'Union Nationale nous en
fasse l'honneur, et M. le député de Beauce-Sud s'il veut se
joindre à nous, chez le lieutenant-gouverneur pour sanctionner les
projets de loi. Si vous me permettez et si la Chambre consent, j'aimerais
suspendre.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! La
séance est suspendue pour quelques minutes.
J'invite M. le premier ministre, M. le chef de l'Opposition, M. le chef
de l'Union Nationale et M. le député de Beauce-Sud à
m'accompagner chez le lieutenant-gouverneur.
(suspension de la séance à 21 h 21)
Reprise de la séance à 21 h 41
Le Président: Veuillez vous lever. A l'ordre, s'il vous
plaît!
Le lieutenant-gouverneur de la province de Québec va maintenant
faire son entrée.
Prorogation de la session
Le Lieutenant-gouverneur: Mesdames et messieurs de
l'Assemblée nationale. La première session
régulière de la 31e Législature qui se termine aujourd'hui
a été la plus longue de l'histoire du parlementarisme
québécois et, sans aucun doute, l'une des plus productrices.
Le programme législatif que vous vous étiez donné
dans le discours inaugural était des plus ambitieux. On doit vous
féliciter de l'avoir presque intégralement réalisé,
en y ajoutant même plusieurs lois d'importance dont la
nécessité ne pouvait pas alors être prévue.
Plusieurs des lois que vous avez adoptées touchaient des sujets
fondamentaux de notre vie en société. Il était donc normal
qu'elles soulèvent des controverses qui rencontrent des
résistances, d'autant plus que notre procédure parlementaire
invite la participation des citoyens et favorise l'expression, à
l'intérieur même du processus législatif, de toutes les
tendances.
Ceci impose aux parlementaires de longues heures de session, et c'est
là une des meilleures garanties de la santé démocratique
de nos institutions. Vous avez entrepris, sur une phase expérimentale,
d'améliorer le fonctionnement de votre Assemblée et de
revaloriser le travail du simple député. Vous avez
également envisagé d'adopter un calendrier parlementaire fixe et
de permettre la télédiffusion de vos débats. Il est
à espérer que ces efforts porteront fruit dans un avenir
rapproché, car l'Assemblée nationale est la première de
nos institutions et tous les Québécois doivent y trouver un motif
de fierté.
Mesdames et messieurs de l'Assemblée nationale, en prorogeant
aujourd'hui cette deuxième session de la trente et unième
Législature, je voudrais vous offrir, à vous et à vos
familles et, par votre entremise, à tous les Québécois et
Québécoises, mes meilleurs voeux pour la paix et la
prospérité de notre nation.
Le Président: Veuillez vous asseoir. A l'ordre, s'il vous
plaît!
C'est la volonté et le désir de l'honorable
lieutenant-gouverneur de la province de Québec que cette
Législature soit prorogée sine die et
cette Législature est, en conséquence, prorogée
sine die.
M. le premier ministre.
Voeux à l'occasion des Fêtes M.
René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Très rapidement, parce que
nous ne sommes plus en session et j'ai entendu des échos de ce qui
semble nous attendre dans un lieu tout proche, je voudrais simplement dire que,
à la fin de la plus longue session je crois que c'est vrai
de l'Assemblée nationale, je pense que, tous, nous pouvons peu
importe qu'on n'ait pas toujours été d'accord nous
féliciter de la somme de travail accompli. Quant à moi, en tout
cas, au nom du gouvernement et de ceux qui sont de ce côté-ci, je
voudrais noter l'extraordinaire assiduité c'est presque un
championnat de ténacité qu'ont manifestée les
députés qui, en commission, ici, dans les séances
régulières ou plénières de la Chambre, ont
participé à cette espèce de marathon interminable. Je
crois qu'on peut quand même, tout compris, être assez satisfait des
résultats. Alors, je voudrais simplement, sans étirer ces
quelques propos rapides, souhaiter que, d'ici au 21 février, qui sera la
date de la rentrée parce qu'il y a la conférence
fédérale-provinciale qui fait qu'on est obligé de
décaler d'une semaine si c'est bien cela, le mardi de la
troisième semaine, que tous profitent des quelques semaines qui viennent
pour se reposer.
Je voudrais souhaiter à tous nos collègues de la Chambre,
à vous, M. le Président, à tous, des deux
côtés de la Chambre, un joyeux Noël, beaucoup de
sérénité, beaucoup de méditation fructueuse sur la
suite et également joyeux Noël et bonne année non seulement
à nous tous, ici, à commencer par ces messieurs qui nous font
face, ici, au centre, à tous les officiers de la Chambre, à tous
nos amis du journal des Débats, aux pages, au personnel de
l'Assemblée nationale sans qui, évidemment, on ne serait jamais
capable de faire le quart du dixième de ce qu'on a à faire et
dont, là aussi, l'assiduité et le dévouement nous ont
aidés à passer à travers.
Joyeux Noël et bonne année à tout le monde.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, qu'il me soit
permis de me joindre au premier ministre pour présenter, au nom de
l'Opposition officielle, nos meilleurs voeux de Noël à la
population du Québec, et en même temps prononcer quelques mots de
gratitude à l'endroit de vous, M. le Président, de vos
collaborateurs à la vice-présidence, des officiers de
l'Assemblée nationale, des huissiers et pages, du personnel du journal
des Débats de nos bons amis de la Tribune de la presse, du personnel du
Parlementaire, enfin de tous ceux et celles qui collaborent à nos
travaux. Travaux qui, comme l'a mentionné le premier ministre, ont
été sinon fructueux du moins respon- sables de plusieurs heures
de délibérations autant à l'Assemblée nationale
qu'en commission parlementaire.
Je peux concourir avec le premier ministre lorsqu'il parle de la session
la plus longue. Je ne peux pas, cependant, concourir avec le
représentant de Sa Majesté lorsqu'il parle de la session la plus
productive.
On est peut-être surpris on ne devrait pas l'être
de la transparence de l'Opposition officielle qui est
considérée comme la loyale Opposition, ne l'oublions pas. C'est
surtout ce sens de l'objectivité, ce sens de la mesure que j'ai voulu
rappeler à cette Chambre, malgré tous les efforts que nous avons
pu apporter, malgré, et j'insiste là-dessus, le mérite
personnel de chacun des membres de cette Assemblée, de quelque groupe
qu'il fasse partie, quelles que soient ses opinions politiques, je pense que ce
mérite personnel existe.
Collectivement, nous n'avons pu atteindre les objectifs qui auraient
été les nôtres, particulièrement dans la conjoncture
que nous connaissions en 1977. Cependant, devant cet échec relatif qu'il
ne me plaît pas de souligner, j'aime, dans un esprit positif, de nouveau
et surtout dans un esprit des Fêtes, dans un esprit de fraternité,
dans un esprit chrétien qui doit nous animer davantage à la
veille de la fin de ces travaux, je dois dire à chacun et à
chacune d'entre vous: Meilleurs voeux pour un joyeux Noël et que
l'année 1978 soit excellente à vous tous et à vous toutes
et, surtout, pour les Québécois et les Québécoises
qui attendent tant de cette Assemblée nationale.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale. M.
Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, au terme de cette session qui,
pour moi, en tout cas, a été la plus longue jusqu'à
présent dans mon expérience parlementaire, je voudrais vous dire
combien je suis satisfait quand même d'avoir pu collaborer, au meilleur
de mes qualités, de mes compétences, des qualités que la
Providence a bien voulu me donner, avec le gouvernement du Québec pour
essayer de mieux servir la population de notre province. Nous avons
essayé d'instituer ici ce qu'on a appelé un bout de temps le
style nouveau. Mais ce que j'ai voulu, le plus profondément, comme une
philosophie d'un parti politique d'Opposition qui sait de temps à autre
reconnaître des bonnes actions, qui sait aussi critiquer
sévèrement quand c'est le temps de critiquer...
Alors, M. le Président, je crois que je suis satisfait
personnellement de cette session; on a pu réussir ensemble, bien
sûr, à faire un pas en avant. Certains diront que c'est un grand
pas, d'autres diront que c'est un petit pas, selon le jugement que nous voulons
porter, chacun de nous. Mais je pense qu'on a fait ensemble un pas en avant
pour nos concitoyens. M. le Président, je voudrais vous remercier, vous
et vos vice-présidents, tous ceux de la présidence, tous les
fonctionnaires de cette Assemblée nationale, du journal des
Débats, les
secrétaires, les pages et tous les autres qui ont pu collaborer
avec nous et nous aider, dans le fond, nous, les députés et les
membres de l'Assemblée nationale à mieux faire notre devoir.
Je veux remercier d'une façon toute particulière mes
collègues de l'Union Nationale qui m'ont bien appuyé, qui m'ont
bien aidé, qui m'ont bien conseillé. Je veux aussi remercier mes
collègues de cette Assemblée nationale des autres formations
politiques qui m'ont forcé à mieux comprendre un peu la
philosophie générale du Québec, la philosophie
générale de nos concitoyens.
M. le Président, je veux aussi remercier les media d'information
qui, par leurs critiques, mais surtout par leur vigilance, je pense, nous ont
tous forcés à être un peu meilleurs. Finalement, avant de
terminer, M. le Président, je veux offrir mes voeux à tous ceux
qui sont, dans cette salle, à tous les membres de l'Assemblée
nationale, je leur souhaite de bien servir nos concitoyens l'an prochain. Je
leur souhaite parce que j'en ai parlé ce matin, de bien remplir leur
vocation de membres de l'Assemblée nationale, de députés
à Québec, de représentants de la population du
Québec, de bien servir ceux à qui on a offert bien
généreusement, et le premier ministre s'est chargé de nous
le rappeler hier, notre temps et notre personne, notre santé, notre
philosophie, notre intelligence.
En terminant, M. le Président, en offrant mes voeux à tous
mes collègues, je veux en particulier, offrir mes voeux aux familles de
nos collègues parce qu'au cours de cette première année
comme homme politique, l'aspect peut-être le plus difficile à
accepter comme homme politique, c'est cette vie de famille qui est
chambardée d'un bout à l'autre. J'ai mieux compris à la
fin de cette année pourquoi tant de familles de politiciens sont
désagrégées, désintégrées
complètement parce qu'on demande à l'homme ou à la femme
politique de passer tellement d'heures, de dépenser tellement
d'énergies à l'extérieur de son foyer, loin de son
conjoint, loin de ses enfants.
M. le Président, je pense qu'en terminant, mon voeu le plus
sincère pour 1978, c'est que les familles des hommes politiques soient
heureuses en 1978.
M. Fabien Roy Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: A mon tour, M. le Président, consentement unanime.
J'ai consulté mon caucus, M. le Président, et il était
unanime. A mon tour, M. le Président, je veux dire quelques mots au
terme de cette session, la plus longue session que nous avons vécue au
Québec puisque, effectivement, nous avons eu 138 jours de session et ce
qui n'a pas été dit c'est qu'il y aurait eu 302 séances de
commissions parlementaires, ce qui n'est pas peu dire, avec l'étude
évidemment d'un budget de $12 milliards, ce qui constitue un record de
travail pour tous les membres de l'Assemblée nationale. J'ai
été heureux de participer à cette session en ce qui me
concerne. Je pense que chacun de notre côté, même si nous
avons travaillé peut-être par des moyens, par des méthodes
différentes en exprimant des points de vue différents, je peux
dire que tous et unanimement nous avons travaillé dans le meilleur
intérêt du Québec et des Québécois. Je pense
que cela doit être dit à ce moment-ci. En terminant, M. le
Président, je veux vous offrir à vous, mes meilleurs voeux de
joyeux Noël, de bonne et heureuse année ainsi qu'à tous les
membres de votre famille, à madame et à monsieur le
vice-président, à tous nos collègues, tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
du côté de l'Union Nationale, à tout le personnel qui nous
est rattaché, le personnel du journal des Débats, à nos
collègues et à nos surveillants et à notre conscience de
la presse, si je puis m'exprimer ainsi.
La presse, est en quelque sorte une conscience, parce que je pense que
les journalistes sont des guides pour plusieurs d'entre nous. Du moins, ils
nous obligent à être prudents. A tous et à chacun et
à chacune, ainsi qu'à ceux et à celles qui sont dans les
galeries et qui nous écoutent en ce moment, joyeuses Fêtes.
M. Clément Richard
Le Président: Très brièvement, au nom des
deux vice-présidents et en mon nom personnel, je voudrais remercier tous
nos collègues de l'Assemblée nationale, de nos collègues
députés, de leur collaboration qui ne s'est à peu
près jamais démentie depuis déjà au-delà
d'un an. Vous comprendrez, bien sûr que, s'il est vrai que cela a
été la session la plus longue, il va de soi que cela a
été également la session qui a exigé de la part des
fonctionnaires de l'Assemblée nationale le travail le plus ardu et
souvent le plus difficile.
Si cela est vrai, cela est vrai pour tous les niveaux de la fonction
publique à l'Assemblée nationale, et je pense que la meilleure
façon de les remercier de ce travail, ce serait d'accepter et
l'invitation vaut également pour la tribune de la presse de venir
échanger des voeux de Joyeux Noël et aussi de bonne année,
parce que, pour la plupart d'entre eux, on ne les reverra pas au Parlementaire
à l'instant même où je vous convie tous...
Une Voix: ...
Le Président: Bien sûr, M. le chef de l'Opposition.
Je vous convie tous avec une innovation cette année pour être bien
sûr d'adoucir les moeurs, il y aura de la musique. Merci.
(Fin de la séance à 21 h 59)