Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures dix minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Affaires courantes. Déclarations ministérielles. M. le
ministre des Finances.
Déclaration ministérielle
M. Burns: M. le Président, relativement à la
déclaration ministérielle qui est prévue ce matin par le
ministre des Finances, je pense que nos collègues de l'Opposition ont
reçu dès hier une copie de cette déclaration qui est assez
substantielle. Si la Chambre y consentait, nous pourrions, purement et
simplement, déposer cette déclaration ministérielle,
quitte à ce que le ministre des Finances, brièvement, commente
l'essentiel du texte et qu'on puisse donner à nos collègues d'en
face la possibilité de le commenter également. Je pense
qu'à ce moment il faudrait que le texte complet du ministre soit
enregistré au journal des Débats. Donc, je demande simplement si
la Chambre est d'accord pour que le texte soit déposé au journal
des Débats, que le ministre fasse quelques brefs commentaires
là-dessus et que l'Opposition ait, comme il est habituel de le faire, la
possibilité de commenter brièvement, également, la
déclaration du ministre, (voir annexe I)
M. Lavoie: Nous sommes d'accord, M. le Président.
M. Bellemare: Pareillement.
Le Président: M. le ministre des Finances.
Modifications à la Loi sur les
impôts
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, le 2 novembre 1977, le
ministre des Finances du gouvernement du Canada déposait en
première lecture le projet de loi C-11, soit la Loi modifiant le droit
fiscal, aux fins de donner suite aux motions des voies et moyens contenus dans
les discours sur le budget du 31 mars 1977 et du 20 octobre 1977. Cette loi a
été adoptée par la Chambre des communes le 13
décembre dernier et il convient donc d'annoncer ici que la Loi sur les
impôts sera à nouveau modifiée afin de retenir certaines
des modifications proposées à la loi fédérale qui
ont pour objet de préciser certaines règles, de pallier des
échappatoires et enfin d'élargir ou de restreindre des
règles donnant ouverture à des déductions précises.
C'est le sens de la longue énumération de modifications qui
apparaît dans cette déclaration ministérielle qui a
été distribuée aux partis de l'Opposition hier soir.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. André Raynauld
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'il eût
été édifiant pour l'Assemblée nationale, si le
ministre des Finances avait lu le texte au complet, étant donné
que c'est à peu près incompréhensible, compte tenu qu'il
s'agit ici d'un ensemble de dispositions, d'un très grand nombre de
dispositions, toutes apparemment d'ordre technique qui exigeraient que le
gouvernement du Québec ajuste sa propre législation sur les
impôts, mais pas toujours pour l'harmoniser avec celle du gouvernement
fédéral.
De temps à autre, le gouvernement du Québec, par la voix
de son ministre des Finances, décide également de ne pas
harmoniser sa propre législation de sorte qu'il est évidemment
très difficile de savoir exactement où on en est sur le but d'une
déclaration comme celle-ci, puisque, dans bien des cas, on ne sait pas
trop de quoi il s'agit. C'est très elliptique et, en plus, il faut
connaître déjà la situation actuelle fédérale
et celle de la province de Québec pour être capable
d'évaluer la portée du changement qui est
suggéré.
Je voudrais plutôt indiquer qu'il est évidemment
nécessaire que, dans la mesure du possible, on harmonise effectivement
les législations. Cela pourrait devenir facilement une jungle absolument
impossible pour les entreprises et les particuliers si, progressivement, les
lois sur les impôts devenaient de plus en plus différentes d'une
province à l'autre et des provinces par rapport au gouvernement
fédéral.
Je voudrais mentionner à cet égard que, d'après
cette déclaration ministérielle, il y a un certain nombre de
modifications qui ont été proposées par le
fédéral et qui ne sont pas retenues par le gouvernement
provincial. Ceci se situe dans le prolongement de ce que nous avons
discuté hier en commission parlementaire, c'est-à-dire le refus
du gouvernement du Québec de permettre une exemption pour fins
d'impôt d'une somme de $5500. Quand ce revenu est placé dans un
régime de retraite enregistré, on refuse de l'harmoniser
complètement, de sorte qu'au Québec on ne peut
bénéficier que de $3500. J'ai noté qu'il y avait plusieurs
autres cas du même genre qui manifestent une volonté
évidente de la part du gouvernement du Québec de ne pas accorder
autant d'importance que le gouvernement fédéral à l'apport
de l'épargne au Québec. En effet, il y a plusieurs cas.
Par exemple, on refuse d'ajuster la déduction
fédérale des gains en capital imposables réalisés
lors de l'aliénation de titres canadiens dans les $1000 d'exemption pour
dividendes et intérêts. C'est un petit exemple où on refuse
de s'ajuster sur la loi fédérale, et cela a pour effet de
pénaliser l'épargne au Québec par rapport aux autres
provinces. Je pourrais citer un certain nombre de cas du même genre. Il
semble bien qu'il y a une orientation assez nette. Il me semble que c'est
regretta-
ble, parce que l'épargne des ménages est très
importante pour les investissements; il faut savoir qu'en 1968 l'épargne
des ménages au Québec était égale à 30% de
l'épargne au Canada. En 1974, cette proportion était
abaissée à 23% et, suivant les projections qui ont
été faites récemment, par le Conseil économique du
Canada en particulier, sans vouloir faire de propagande, en 1985, cette
proportion baisserait à 16% de l'épargne du Canada qui
proviendrait du Québec. Cette baisse en fait, de presque le double, soit
de 30% à 16%, si les projections sont bonnes, est assez dramatique,
parce que l'épargne des ménages finance le quart des
investissements.
Si on n'attache pas assez d'importance à favoriser cette
épargne au Québec, on devra s'en remettre davantage à
l'épargne étrangère et à l'épargne des
autres provinces du Canada; je pense bien que cela n'entre pas dans une
perspective d'autonomie progressive sur le plan économique. Il faut
savoir également que les investissements étrangers sous forme
directe diminuent considérablement depuis plusieurs années, de
sorte qu'on va être obligé, qu'on le veuille ou pas, de financer
davantage nos investissements à partir de nos propres
épargnes.
Cela me désole un peu de voir l'orientation qui est
adoptée par le ministre des Finances dans cette déclaration
ministérielle, qui fait suite à d'autres décisions et qui
semble aller dans le sens d'un traitement moins favorable à
l'épargne au Québec que ce n'est le cas du gouvernement
fédéral. Ce n'est peut-être pas la peine d'aller beaucoup
plus loin dans l'examen de cette déclaration ministérielle, je
suppose que nous aurons l'occasion d'y revenir lorsque le projet de loi sera
déposé. Pour l'instant, j'aimerais attirer l'attention du
ministre des Finances sur l'importance de favoriser davantage l'épargne
surtout dans un temps d'inflation comme celui que nous vivons depuis plusieurs
années, alors que l'épargne a tendance à diminuer, si on
pense que cette inflation doit continuer à l'avenir. Merci.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale. M.
Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, lorsque j'ai appris, hier, que
nous avions une déclaration ministérielle de la part du ministre
des Finances, j'ai pensé qu'on préparait certainement un cadeau
de Noël, dans le sens d'un rabais des taxes pour les contribuables du
Québec. J'ai vu que ce n'était finalement que de l'hamonisation
entre des régimes, le régime fédéral et le
régime provincial, et que cette déclaration regardait certaines
dispositions concernant l'impôt des particuliers, des corporations, des
contribuables, et certaines modifications à la loi sur les impôts.
Je comprends le ministre des Finances de vouloir harmoniser ces tables, ces
régimes d'impôt entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement provincial, parce que c'est toujours difficile de planifier les
rapports d'impôt et, surtout pour les spécialistes, de
connaître toutes ces lois, car elles sont tellement difficiles et
comportent tel- lement de trous entre les deux régimes
différents, le régime fédéral et le régime
provincial.
Je remarque moi aussi, comme le député d'Outremont, que le
Québec n'a pas cru bon d'harmoniser complètement et d'un bout
à l'autre les deux régimes, spécialement en ce qui regarde
quelques points particuliers. Je passe rapidement, M. le président, en
ce qui regarde le relèvement de la déduction de $1000 à
$2000 du montant des pertes en capital qu'un particulier peut déduire de
ses autres revenus pour une année. C'est un relèvement de
déduction maintenant permis au gouvernement fédéral mais
qui n'est pas permis au gouvernement provincial, et que le ministre des
Finances n'a pas cru bon de retenir cette année. Il en est de même
à l'admissibilité, aux fins de la déduction maximale de
$1000 à l'égard des revenus d'intérêt, de dividendes
et de gains en capital. Cela aurait peut-être été
excellent, on aurait pu avoir une meilleure concordance entre le gouvernement
provincial et le gouvernement fédéral sur ces deux points
particuliers.
Moi aussi je remarque qu'on n'a pas voulu établir une harmonie
entre les deux régimes de retraite enregistrés, le
fédéral et le provincial. On a ce droit jusqu'à $5500
selon le régime fédéral et $3500 selon le régime
provincial. Le député d'Outremont disait qu'on n'a pas voulu
améliorer ou encourager l'épargne au Québec. C'est
peut-être à cause de la philosophie du gouvernement; on l'a vu
d'ailleurs dans la loi 67, on veut beaucoup plus socialiser ou étatiser
l'épargne que l'encourager; mais il faudrait en savoir un peu plus
là-dessus et j'ai hâte de voir le prochain budget, comment on va
faire pour simplifier les lois, pour faire en sorte que les spécialistes
et les contribuables du Québec puissent se retrouver facilement sans
avoir trop trop de paperasse à remplir, pour connaître
véritablement les régimes d'impôt. Je dois noter quand
même un bon point, c'est qu'à la fin. tout simplement, on
prévoit la non-réduction du coût en capital par le nouveau
dégrèvement fiscal de 25% prévu par la loi 48 sur les
stimulants fiscaux.
Je pense que c'est une bonne décision de la part du ministre des
Finances.
En terminant, M. le Président, j'avais espéré que
le ministre des Finances nous annoncerait un autre cadeau de Noël et qu'il
enlèverait la taxe sur les vêtements des enfants du
Québec.
Le Président: M. le ministre des Finances. M. Jacques
Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, la raison pour laquelle
cette déclaration ministérielle est faite aujourd'hui et non plus
tard est la suivante: Pour qu'un certain nombre de ces dispositions puissent
entrer en vigueur, il faut qu'elles soient annoncées avant le 31
décembre. D'autre part, puisque la loi fédérale n'a
été acceptée par la Chambre des Communes que le 13
décembre, je m'excuse de l'avoir apportée si tard, mais la
question était inévitable. Elle prend la forme qu'elle a parce
que, dans la diffusion de ces renseignements auprès de comptables ou
d'avocats qui ont à administrer la
fiscalité de leurs clients, il est important qu'ils puissent
savoir que, sur au-delà d'une trentaine de dispositions de la loi
fédérale, nous allons nous aligner.
Evidemment, ce n'est pas un alignement total. Il y a quatre ou cinq
dispositions où nous ne nous alignons pas. Il y en a une où on
indique que ce sera clarifié à l'occasion du prochain budget, et
on ajoute quelques dispositions de notre cru, trois ou quatre, si ma
mémoire ne me trompe pas, une qu'on aurait peut-être pu souligner
davantage dans les commentaires qui ont été faits; c'est que,
pour la première fois, on corrige une situation qui était au fond
une anomalie. Toute personne de plus de 65 ans au Québec, même si
c'est un travailleur autonome, verra, à partir de maintenant, sa
contribution au financement des programmes de santé limitée
à $235, ce qui est, a toutes fins pratiques, un plafond beaucoup plus
bas que celui qui existait jusqu'à maintenant. Parmi la cinquantaine de
dispositions dont je parle dans cette déclaration ministérielle,
c'est un aspect qu'on pourrait peut-être souligner.
Le Président: Dépôt de documents. M. le
ministre des Finances.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Premier volume des comptes publics
M. Parizeau: M. le Président, permettez-moi de
déposer le premier volume des comptes publics du gouvernement du
Québec pour l'année financière terminée le 31 mars
1977.
Le Président: Document déposé.
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Rapport sur l'étude des soumissions pour
l'achat de 1200 autobus urbains
M. Tremblay: M. le Président, permettez-moi de
déposer six copies d'un rapport intitulé Rapport sur
l'étude des soumissions pour l'achat de 1200 autobus urbains, de
même qu'un rapport portant sur les annexes attachées à ce
rapport, de même que 110 copies de notes explicatives résumant le
contenu des deux rapports principaux.
Le Président: Document déposé. M. le
ministre de l'Immigration.
Rapport du ministère de l'Immigration
M. Couture: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel du ministère de l'Immigration pour
l'année 1976/77.
Le Président: Rapport déposé. Mme le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
Avant-projet de loi sur la protection du
consommateur
Mme Payette: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer ce matin un avant-projet de loi sur la protection du
consommateur.
Le Président: Document déposé.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, à
l'article de dépôt de documents, puis-je demander au ministre de
l'Education s'il avait l'intention de déposer le rapport qu'il avait
évoqué relativement à la question des concours de la
Société nationale des Québécois dans l'Est du
Québec?
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai l'intention
de répondre à la question du chef de l'Opposition tout à
l'heure, avec votre permission, à la fin de la période des
questions.
M. Lavoie: M. le Président, sur ce dernier document
déposé par le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières, est-ce l'intention du gouvernement que ce
document soit soumis à une commission parlementaire, avec avis dans la
Gazette officielle, suivant la formule conventionnelle?
M. Burns: Nous examinons la possibilité, mais je ne suis
pas en mesure de vous donner une réponse immédiatement.
M. Lavoie: Sur le même sujet, hier le ministre des Affaires
municipales déposait un livre blanc à couverture verte lequel
portait sur les relations entre locateurs et locataires. C'est un genre de
livre blanc pour l'avenir. Ce document sera-t-il soumis à une commission
parlementaire suivant la formule conventionnelle?
M. Burns: Je vous donne la même réponse que j'ai
donnée relativement à l'avant-projet déposé par Mme
Payette.
M. Lavoie: C'est comme d'habitude.
Le Président: J'ai l'honneur de déposer le premier
rapport annuel de la Commission des droits de la personne du Québec pour
l'année 1976.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Champlain.
Rapport sur l'étude en commission du projet de
loi no 9
M. Gagnon: M. le Président, conformément aux
dispositions de notre règlement, qu'il me soit permis de déposer
le rapport de la commission élue permanente des Affaires sociales qui
s'est réunie les 29 et 30 novembre ainsi que les 1, 6 et 8
décembre 1977 aux fins d'entendre les mémoires
concernant le projet de loi no 9, intitulé Loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées. Respectueusement
soumis.
Le Président: Rapport déposé. M. le
député de Châteauguay.
Rapport sur l'étude en commission du projet de
loi no 200
M. Dussault: Conformément aux dispositions de notre
règlement, qu'il me soit permis de déposer le rapport de la
commission élue permanente des affaires municipales et de
l'environnement, qui a étudié le projet de loi privé no
200, intitulé Loi modifiant la Charte de la ville de Montréal, et
l'a adopté avec des amendements. Respectueusement soumis, M. le
Président.
Le Président: Rapport déposé.
M. Lavoie: M. le Président. Etant donné qu'il
s'agit d'un rapport d'une commission élue d'un projet de loi
privé, il doit être non seulement déposé mais
agréé.
Le Président: Est-ce que ce rapport sera
agréé?
M. Burns: Agréé.
M. Lavoie: Agréé.
Le Président: M. le député de Rimouski.
Rapport sur l'étude en commission
des projets de loi nos
97, 60, 61, 63 et 52
M. Marcoux: M. le Président, j'ai le plaisir d'informer
cette Assemblée que la commission des finances, des comptes publics et
du revenu a complété l'étude du projet de loi no 97, Loi
modifiant la Charte de la Caisse de dépôt et placement du
Québec, et qu'elle a adopté ce projet tel quel. La commission a
également étudié le projet de loi no 60, Loi modifiant la
Loi de la taxe sur les repas et l'hôtellerie et elle a adopté ce
projet sans amendements. Aussi, la commission a étudié le projet
de loi no 61, Loi modifiant la Loi de l'impôt sur la vente en
détail et elle a adopté ce projet de loi sans amendements. La
commission a également étudié le projet de loi no 63, Loi
de la taxe sur la publicité électronique et elle a adopté
ce projet de loi sans amendements. La commission a également
étudié la Loi modifiant la Loi sur les impôts et la Loi
concernant l'application de la Loi sur les impôts, et elle a
adopté ce projet de loi avec un amendement.
Le Président: Ce rapport sera-t-il
agréé?
M. Lavoie: Un instant, s'il vous plaît! Doit-il être
agréé? Agréé.
Le Président: Agréé. Troisième
lecture.
M. Burns: On a une autre commission, M. le Président.
Troisième lecture, prochaine séance ou séance
subséquente, à moins qu'on ait un consentement.
Le Président: Prochaine séance ou séance
subséquente.
M. Lavoie: II faudrait faire une distinction parce qu'il y a
quatre projets de loi sur lesquels on pourrait procéder à la
troisième lecture, les lois de l'impôt, mais en ce qui concerne la
loi sur la caisse de dépôt, la deuxième lecture n'a pas eu
lieu encore.
M. Burns: C'est vrai, vous avez raison. Le Président:
Très juste.
M. Burns: M. le Président, le député de
Laval a parfaitement raison, troisième lecture concernant les projets de
loi 52, 60, 61 et 63, prochaine séance ou séance
subséquente et, dans le cas du projet de loi 97, deuxième lecture
prochaine séance ou séance subséquente.
Rapport sur l'étude en commission du projet de
loi no 73
Le Président: II y a une demande de... M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: M. le Président, qu'il me soit permis d'avoir
la chance de faire un discours de fin de session. J'ai l'honneur de faire
rapport que la commission des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement a étudié article par article le projet de loi
73, Loi sur les corporations municipales et intermunicipales de transport, et
l'a adopté avec amendements.
Le Président: Est-ce que ce rapport sera
agréé?
Des Voix: Sur division.
Le Président: Agréé sur division,
troisième lecture, prochaine séance ou séance
subséquente. M. le député de Rivière-du-Loup.
Rapport sur l'étude en commission du projet de
loi no 25
M. Boucher: M. le Président, à l'instar du
député de Bourassa, j'ai l'honneur de vous faire rapport que la
commission des corporations professionnelles s'est réunie hier soir pour
étudier le projet de loi no 25, Loi modifiant le Code des professions et
d'autres dispositions législatives. En conclusion, M. le
Président, cette commission a adopté le projet de loi avec des
amendements. Merci, M. le Président.
Le Président: Est-ce que ce rapport sera
agréé?
M. Lavoie: Agréé.
Le Président: Agréé. Troisième
lecture, prochaine séance ou séance subséquente.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, relativement au projet de loi
no 241 et je fais simplement une parenthèse à ce moment-ci, ce
projet de loi est intimement lié, il apparaît...
M. Couture: M. le Président, je dois soulever une question
de privilège. Je ne suis absolument pas responsable de ce chef-d'oeuvre.
Merci, M. le Président.
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que je peux faire
autographier la photo?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je disais donc que j'avais un
rapport du greffier en loi relativement au projet de loi no 241, Loi modifiant
la Loi...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: ... refondant la Charte de la société
coopérative fédérée des agriculteurs de la province
de Québec. Ce rapport, comme je le disais tout à l'heure, est
intimement lié à un autre projet de loi que nous pourrions
déposer aujourd'hui. Il paraît au feuilleton au nom de Mme
Payette, pour ceux qui en ont une copie actuellement...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Ce projet de loi qui est intimement lié au
projet de loi 241. Il paraît au feuilleton à l'article k) au nom
de Mme Payette, Loi modifiant la Loi des sociétés
coopératives agricoles. Le projet de loi en question pourrait être
déposé dans le courant de la journée, mais on m'informe
que l'imprimerie n'est pas en mesure de nous le livrer immédiatement.
Alors je fais donc, avec ces réserves...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: C'est avec ces réserves que je dépose le
rapport du greffier en loi relativement au projet de loi no 241.
J'espère que j'aurai le consentement au cours de la journée pour
déposer l'autre projet relié à celui-ci.
M. Bellemare: Non.
M. Burns: Est-ce que vous me dites non? Il n'y a pas
consentement?
M. Bellemare: Non.
M. Burns: Pas de rapport du greffier en loi.
Le Président: Présentement de projets de loi au nom
du gouvernement.
M. Burns: A cet endroit-ci, M. le Président, j'aurais
également eu l'occasion de déposer le projet de loi inscrit
à mon nom, à l'article i), Loi sur la consultation populaire.
Encore une fois, malheureusement, nous n'avons pas reçu livraison du
texte imprimé. J'aurai besoin du consentement de la Chambre pour
déposer ce projet de loi plus tard au cours de la journée. Est-ce
que j'ai ce consentement?
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Bellemare: Oui.
M. Lavoie: Oui, il y a consentement.
M. Burns: M. le Président, je demanderais que cela
devienne un ordre de la Chambre.
Le Président: Ce projet de loi sera déposé
plus tard dans le courant de la journée.
M. Lavoie: Avez-vous idée à quel moment de la
journée?
M. Burns: On m'a dit qu'à 11 h 15 j'aurais le texte. C'est
ce qu'on m'a dit.
Le Président: Cela devient un ordre de la Chambre.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. le leader parlementaire du gouvernement. M. le député
de Saint-François. C'est lié au premier dépôt.
M. Burns: C'est relié et on n'a pas le consentement, alors
je ne dépose pas ce projet de loi.
Le Président: Période de questions orales. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Transfert des patients du Cambridge Nursing
Home
M. Mackasey: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre des Affaires sociales. Hier, j'avais suggéré au
ministre qu'aucune démarche ne soit faite pour effectuer le transfert
des patients du Cambridge Nursing Home jusqu'après la période des
Fêtes, quels que soient les rapports à la disposition du ministre
concernant la qualité des services à ce foyer. Le ministre
pourrait-il nous informer maintenant s'il est disposé à prendre
ma suggestion en considération?
M. Lazure: M. le Président, je vais répondre
directement à la question du député de Notre-
Dame-de-Grâce après un préambule et quelques
explications.
Etant donné qu'en réalité cela fait partie d'une
opération ayant débuté depuis environ deux ans,
opération normale, régulière, publique, connue et
acceptée de la plupart des organismes du réseau des affaires
sociales et la plupart aussi des hommes publics et des femmes publiques qui
suivent ce dossier depuis quelques années donc, une opération
normale et régulière a été transformée en
une espèce de guérilla semi-politique, non pas par le
député de Notre-Dame-de-Grâce, mais par certains individus
qui ont vu un intérêt à situer cette opération dans
le contexte d'une persécution des propriétaires de foyers
privés, d'une part, et d'une persécution d'éléments
anglophones, d'autre part. Je vous réfère aux renseignements que
je donnais hier concernant l'intrusion dans ce dossier de dirigeants du
Committee for Positive Action.
M. Mackasey: Ils n'ont pas affaire là!
M. Lazure: Bon! Je suis content d'entendre le
député de Notre-Dame-de-Grâce dire qu'ils n'ont pas affaire
là. Cette opération était en marche depuis plusieurs mois.
J'ai déposé hier un témoignage et je peux en
déposer encore quelques-uns aujourd'hui, celui d'une infirmière
de notre service de l'agrément au ministère, celui d'un
médecin d'un CLSC Richelieu, dans le voisinage. Je lis une partie du
témoignage du Dr Normand Lussier du CLSC Richelieu, une lettre
adressée au ministère, au Dr Jeanne-d'Arc Thibault,
agrément des établissements, le 14 juillet 1977. "Le personnel de
notre CLSC a déjà communiqué avec vous à quelques
reprises pour dénoncer l'existence d'un foyer clandestin pour personnes
âgées à Chambly. Notre personnel médical et nos
infirmières sont encore appelés à l'occasion aux Cambridge
Houses, puisqu'il y en a trois; à chaque fois, nous constatons qu'il s'y
trouve des personnes requérant des soins médicaux qu'elles ne
peuvent obtenir là. J'ai déjà été
appelé à cette maison pour signer le certificat de
décès d'une personne encore vivante et, aujourd'hui même,
j'ai dû faire hospitaliser une personne qui se plaignait de douleurs
à un pied depuis quelques jours et qui est tout simplement atteinte de
gangrène à l'insu des personnes qui sont supposées s'en
occuper, etc."
M. Bellemare: Pouvez-vous la déposer? M. Lazure:
Oui, je dépose cette lettre... M. Bellemare: Bon, très
bien.
M. Lazure: ... et aussi le rapport d'une infirmière du
ministère, un rapport de visite à l'établissement. Le
bien-fondé de la décision de fermer l'établissement, je ne
pense pas qu'il soit mis en cause. Nous avions projeté de
déménager ces patients il y a déjà plusieurs
semaines; j'ai dit hier et je répète que si
l'échéance, finalement, est arrivée au 19 ou au 20
décembre, c'est précisément parce que plusieurs personnes
se sont laissé persuader ou convaincre par Mme Grant qu'il fallait
intervenir. En particulier, le député de Pointe-Claire, de bonne
foi, est intervenu auprès des fonctionnaires et de moi pour que nous
retardions l'échéance, escomptant des déménagements
à l'amiable, pour ainsi dire.
Je reviens à la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Oui, parce que, si vous voulez commencer un
débat et parler de divers événements, on peut en parler,
mais ce n'est pas la question que je vous ai posée. J'ai même
souligné que vous avez à votre disposition beaucoup de
témoignages selon lesquels ces foyers devraient être
fermés. Etes-vous maintenant prêt à accepter la suggestion
que je vous avais faite?
M. Lazure: J'y viens tout de suite, si le député me
le permet.
M. Mackasey: S'il vous plaît!
M. Lazure: Hier, à l'heure du midi, nous avons reçu
au ministère la signification de cette requête en injonction qui a
été présentée au tribunal hier et qui doit
être entendue cet après-midi. Au moment où j'ai pris
connaissance de cette requête en injonction, la rumeur courait qu'il
allait y avoir une telle requête. J'ai fait téléphoner et
j'ai fait suspendre l'opération du transfert jusqu'à nouvel
ordre. Devant toute l'ampleur qu'a prise cette opération, qui aurait
dû se dérouler normalement sans tout ce battage de tambours, et
devant aussi puisque cela a été créé,
délibérément ou non, je ne le sais pas les
réactions des patients et des familles des patients, nous avons
décidé, quel que soit le jugement de la cour aujourd'hui
évidemment, nous respecterons, ce jugement de geler ces
transferts jusqu'au 10 janvier.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Tout simplement au nom des patients et de leurs
enfants. Je veux remercier le ministre pour ce geste posé à
l'occasion de la période des Fêtes. Il est peut-être un
Père Noël en retard, mais on accepte quand même sa
décision.
Le Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: First, of all, Mr President, I would like to remark that
we have, the minister and I, discussed this case before this proposed closure.
I can appreciate that he had made efforts, prior to the closure of the day
before yesterday, or the attempt to close of yesterday, to retard this
application to review the whole problem of nursing homes, des foyers pour
vieillards dans la province. Ma question est simplement ceci: Est-ce que le
ministre est prêt à convoquer aussitôt que possible la
commission parlementaire pour étudier le problème au complet,
pour étudier ce système déjà mis en place par
l'ancien gouvernement, par
le ministère des Affaires sociales et, qui a déjà
causé des problèmes incroyables aux familles des personnes
âgées du Québec? Le problème est plus profond que
seulement la maison de Mme Grant, c'est tout le réseau privé
institué pour les personnes âgées dans tout le
Québec. Cela n'a jamais été un problème entre
anglophones et francophones, c'est une attitude qui a été prise
par l'ancien gouvernement, le pavillonnement de...
Le Président: M. le député de Pointe-Claire,
ce n'est pas l'occasion de faire un discours, je pense que votre question a
été formulée.
M. Shaw: Est-ce que votre ministère est prêt
à convoquer une commission parlementaire pour étudier en
profondeur la question de ces foyers pour vieillards?
M. Lazure: M. le Président, je viens de dire que cette
opération pavillonnement consiste essentiellement à accrocher
à un centre d'accueil public des foyers qui étaient clandestins
pour la plupart. J'ai le chiffre devant moi. Depuis que cette opération
est commencée, il y a deux ans, 1250 pensionnaires de ces foyers
clandestins, dans 83 endroits différents, ont été reconnus
officiellement et ont été affiliés à des centres
publics d'accueil, permettant ainsi une meilleure qualité de soins
médicaux et de soins infirmiers.
En réponse à la question du député de
Pointe-Claire, précisément parce que c'est une opération
qui paraît normale à tout le monde, sauf quand un cas particulier
est mis en relief, est monté en épingle pour toutes sortes de
motifs, il n'y a pas lieu de faire siéger une commission parlementaire
là-dessus.
Si nous avions eu la certitude, hier, au moment où on se parlait,
que les 67 places réservées au Father Dowd ou dans d'autres
hôpitaux ou d'autres centres d'accueil allaient continuer d'être
réservées pour deux, trois ou quatre autres semaines, nous
aurions pu d'emblée... mais ce matin et c'est ma dernière
remarque nous avons réussi avec les différents centres
d'accueil et les hôpitaux, à conclure cette entente et ils veulent
bien garder libres ces lits et les réserver pour ces 67 patients.
Merci.
Le Président: M. le député de Portneuf,
question principale.
Lancement du livre "Vers une nouvelle cuisine
québécoise"
M. Pagé: Merci, M. le Président, je vais être
bref, je ne mettrai pas de préambule ce matin à ma question. Elle
est évidemment adressée au ministre du Tourisme, et elle est
relative au lancement du livre "Vers une nouvelle cuisine
québécoise". Dans une réponse qu'il donnait à mes
questions du 7 décembre, il disait qu'il en avait coûté
$1596 pour l'invitation. Je lui demanderais, dans un premier temps, M. le
Président, si le montant de $1596 inclut le coût de la fabrication
de l'assiette, le coût de la pochette et le coût de la livraison
par messager spécial de l'invitation.
Dans un deuxième temps, M. le Président, j'avais
demandé au ministre de nous donner le montant total des sommes
engagées pour la réception. J'aimerais qu'il me confirme s'il est
vrai que $4000 auraient été payés en temps
supplémentaire à des professeurs qui auraient travaillé de
8 heures du matin à trois heures de la nuit, et s'il est vrai que, lors
du lancement du livre à l'institut, chaque femme présente
à la réception aurait reçu un exemplaire du livre de
recettes au coût de $9.95, que chaque invité hommes et femmes,
aurait bu son café dans un genre de "mug" qu'il a gardé en
souvenir.
J'aimerais savoir combien cela a coûté. Est-il vrai qu'on
avait prévu deux autres lancements du livre, un à Québec
et l'autre à Place Desjardins à Montréal, et qu'on aurait
annulé ce deuxième lancement à la suite des questions
posées à l'Assemblée nationale par l'Opposition?
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Duhaime: M. le Président, je vais répondre
à la quatrième question ou au quatrième
élément de la question. Il est exact qu'un exemplaire de ce livre
a été remis à chacune des épouses des
invités qui se trouvaient ce soir-là à l'Institut de
tourisme et d'hôtellerie. Quant aux autres éléments de
question, je vous suggérerais de les inscrire au feuilleton parce que
cela va nécessairement demander une certaine recherche. Je vais
m'enquérir auprès de mes fonctionnaires.
M. Blank: La transparence.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, le 7 décembre
dernier, je demandais au ministre combien il en avait coûté pour
l'invitation et aussi pour la réception. J'ai ici le journal des
Débats du 7 décembre, à la page 4514, et je cite le
ministre qui disait: "Je prends avis de la question et je donnerai une
réponse au député de Portneuf d'ici quelques jours". M. le
Président, je crois que le ministre a eu suffisamment de temps pour,
d'une part, déterminer combien il en avait coûté pour
l'invitation et pour la réception elle-même. Il a eu le temps,
mais il ne veut pas répondre.
M. Duhaime: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le ministre du Tourisme.
M. Duhaime: Les différentes questions qui m'ont
été posées, si ma mémoire est bonne, étaient
un mercredi... Est-ce que c'était un mercredi? Dès le lendemain,
j'étais prêt à répondre. Le surlendemain, quand j'ai
répondu, j'ai dû expliquer que je formulais les réponses ce
jour-là parce que je n'avais pas obtenu le consentement du
député de Johnson pour donner les réponses à la fin
de la période des questions.
M. Bellemare: C'est là que vous m'avez... Une Voix:
II n'était pas dans son assiette.
M. Duhaime: Les réponses ont été
données et si vous lisez le journal des Débats vous les aurez.
Quant à celles que vous formulez ce matin, je vous prierais de les
inscrire au feuilleton. Je vais faire les recherches qu'il faut et vous aurez
vos réponses.
M. Pagé: M. le Président, j'ai posé des
questions sur le coût de l'invitation et de la réception. Le
ministre s'est engagé en Chambre à nous donner des
réponses, d'autant plus que ce matin je lui fournis des
éléments précis, le coût du temps
supplémentaire, le nombre d'enseignants qui ont travaillé, etc.
Entre autres, il y en a douze qui ont travaillé. Pour votre information,
si vous ne le savez pas cela dépendait de vous comme ministre du
Tourisme il y en a douze: un en pâtisserie, cinq en cuisine,
quatre en service de table et deux en service de boisson. Cela est le temps
supplémentaire. Cela a coûté $4000, selon mes
informations.
M. le Président, on est probablement à la dernière
journée de la session. C'est trop facile pour le ministre de dire: J'en
prends avis ou encore qu'il l'inscrive au feuilleton. Je termine
là-dessus, M. le Président...
Le Président: M. le député de Portneuf, je
vous rappelle qu'il est interdit de commenter, à la période des
questions, les réponses des ministres.
M. Pagé: M. le Président, je vous ai donné
quelques motifs selon lesquels on devrait avoir une réponse dans les
plus brefs délais. Ce sont des chiffres qu'il peut avoir, d'une part.
D'autre part, on a tous les motifs raisonnables de croire que le ministre du
Tourisme ne sera plus ministre à la prochaine session. Il serait
opportun qu'il réponde. Il ne sera pas "back-bencher"; apparemment il
aura des fonctions plus élevées.
Des Voix: A l'ordre!
Le Président: M. le député de Portneuf, je
vous enlève le droit de parole si vous continuez sur ce ton.
M. Pagé: M. le Président, je demande une
réponse sur le coût de la réception et le coût de
l'invitation, et ce, dans les plus brefs délais et autrement que par le
feuilleton.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Beilemare: M. le Président.
M. Lavoie: M. le premier ministre devrait nous faire ses
commentaires sur cette grande bouffe.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale. A l'ordre, s'il vous plaît!
Achat d'autobus par la CTCUQ
M. Bellemare: Ma question s'adresse au premier ministre et au
ministre des Transports. C'est au sujet d'une lettre qui a été
lue hier soir à la communauté urbaine de Québec. Elle
venait du cabinet du ministre des Transports, mais elle était
signée par le chef du cabinet et concernait l'achat de 193 autobus.
M. le Président, je suis prêt à déposer copie
de cette lettre. Il y a des passages dans lesquels il est question... Il y a
ceci, par exemple, au paragraphe 2: "La CTCUQ ne pourra dorénavant
bénéficier d'aucune subvention à l'achat si ces autobus ne
sont pas achetés d'un seul fabricant supporté par le gouvernement
du Québec." M. le Président, il y a aussi un autre passage dans
cette lettre qui vaut la peine d'être lu: "La CTCUQ pourrait avoir
aujourd'hui à bien meilleur compte des autobus." Cela est écrit
dans une lettre que je vais maintenant déposer. Je demande au premier
ministre s'il admet que des choses comme cela puissent être faites par un
chef de cabinet au lieu d'être faites par le ministre lui-même et
si on a lieu d'exiger cela et de menacer de chantage un organisme tel que
celui-là?
Le Président: M. le Premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, comme c'est
la première nouvelle que j'ai de ce texte et, d'autre part, qu'il
émane du cabinet du ministre des Transports, je pense que le
député de Johnson comprendra que je laisse à mon
collègue le soin de donner les réponses essentielles.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, ce matin, on a fait de cette
lettre une tempête dans un verre d'eau. Je voudrais préciser que
la lettre est adressée à M. Jean Pelletier, président de
la Communauté urbaine de Québec, et commence ainsi: "Pour faire
suite à la rencontre de la semaine dernière...". C'est donc dire
que j'avais rencontré le président de la Communauté
urbaine de Québec, en compagnie du député de Vanier ainsi
que du député de Taschereau. M. Pelletier était venu me
rencontrer pour discuter du déficit de la Communauté urbaine de
Québec et pour essayer de m'indiquer que, si le gouvernement du
Québec ne tentait pas de modifier les pourcentages qui sont actuellement
accordés en vertu d'un règlement, d'un arrêté en
conseil du gouvernement, à savoir 45% à 55% du déficit,
que si on ne modifiait pas à brève échéance ces
pourcentages, il refuserait de garantir l'emprunt nécessaire à la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec.
Je dois dire que nous avions réussi en mars dernier à
regrouper l'ensemble des commissions de transport et à faire accepter
par ces dernières d'acheter leurs autobus d'un seul fournisseur, si ce
dernier acceptait de faire des soumissions et présentait les meilleurs
prix. Or, chacune des commissions de transport en relation avec les
communautés urbaines avait accepté ce jeu. Elles avaient
accepté cet accord pour obtenir les meilleurs prix possible. En
dernière minute, certaines communautés urbaines ont tenté
de dire au gouvernement "Vous allez nous accorder plus de subventions, sinon,
on refuse notre accord d'accepter les autobus". J'ai expliqué, lors de
cette rencontre au président de la Communauté urbaine de
Québec, M. Pelletier, qu'une telle décision aurait non seulement
des conséquences pour l'ensemble des Québécois mais aussi
pour les Québécois eux-mêmes. Je lui ai expliqué
verbalement à ce moment quelles étaient ces
conséquences.
Lorsque M. Pelletier s'est préparé à laisser
l'assemblée, ce dernier, à titre de président de la
Communauté urbaine de Québec, m'a demandé lui-même
et personnellement de lui faire parvenir un document écrit dans lequel
nous devions expliquer les conséquences négatives
résultant du fait que la Communauté urbaine de Québec ne
respecterait pas son engagement pour l'achat de 193 autobus.
J'ai demandé au ministère de l'Industrie et du Commerce,
particulièrement à M. Lussier, de ce même ministère,
de préparer un document et de m'informer de cette situation.
C'est donc, M. le Président, dans cette lettre, strictement une
énumération de faits et je termine
économiques qui démontre concrètement que, si la
Communauté urbaine de Québec n'achetait pas ses autobus du
fournisseur dont la soumission avait été acceptée par le
gouvernement, il y avait des conséquences négatives importantes.
Je termine sur cela, l'une des conséquences c'est précis
venait de l'arrêté en conseil qui avait été
accepté, soit l'arrêté en conseil 425977 du 14
décembre 1977. Je pense que c'est tout à fait normal. Je peux
même déposer cet arrêté en conseil qui précise
ceci, à savoir qu'il a été ordonné, en
conséquence à la suite des énumérations que
nous faisons et qui expliquent pourquoi nous donnons le contrat à telle
compagnie sur la proposition du ministre des Transports et du ministre
de l'Industrie et du Commerce que soit versée, par le ministre de
Transports aux conditions énoncées au paragraphe suivant, aux
organismes publics de transport en commun du Québec, une subvention de
30% du prix d'achat de tout autobus de type urbain fourni par la compagnie
General Motors dans le cadre des contrats qui lui auront été
octroyés sur la base de la demande de soumission no 5160776 de la
Commission de transport de la communauté urbaine de Montréal.
Alors, voilà, M. le Président. C'étaient
strictement des renseignements qui nous avaient été
demandés par le président de la Communauté urbaine de
Québec, et ce sont ces renseignements que mon chef de cabinet lui a
fournis.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: D'abord, le ministre a dit qu'il déposerait
le document, l'arrêté en conseil, c'est public mais on ne l'a pas
encore. Deuxièmement, je voudrais dire que ce n'est pas M. Pelletier qui
m'a fait parvenir la lettre; je l'ai eue par les moyens usuels.
M. Lessard: M. le Président, la lettre est publique.
M. Bellemare: J'ai eu sûrement affaire au réseau
Parizeau qui me l'a fait parvenir.
M. Lessard: Question de privilège, M. le Président.
Non seulement je dois dire que cette lettre n'est pas une lettre que nous
avions l'intention de cacher, c'est une lettre publique qui a été
envoyée au président de la Communauté urbaine de
Québec de même qu'à tous les...
Le Président: M. le ministre des Transports, vous n'avez
pas là, pour le moment, une question de privilège.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: J'aurais pu soulever une question de
privilège parce que Bombardier est certainement maltraitée de ce
temps-ci, mais ma question est la suivante et c'est la dernière. Je vais
immédiatement déposer le document qui m'a été remis
non pas par M. Pelletier que j'ai eu l'occasion de pouvoir...
M. Burns: Cela vous prend le consentement de la Chambre pour
déposer un document.
M. Bellemare: Amenez-le ici, un simple député n'est
pas obligé de déposer, en vertu...
M. Burns: Demandez le consentement d'abord, et on va vous le
donner après.
Le Président: II y a un consentement.
M. Lessard: Si vous ne le faites pas, je vais le faire.
M. Bellemare: II n'y a pas de consentement?
Le Président: Oui, il y a consentement, M. le leader
parlementaire.
M. Bellemare: En vertu de notre règlement, un
député n'est pas obligé de déposer une copie de
lettre.
M. Burns: II faut s'ajuster au règlement.
M. Bellemare: M. le Président, pourquoi le ministre
fait-il signer la lettre par son chef de cabinet au lieu de la signer
lui-même?
Et au paragraphe 3, pourquoi dit-il, et je cite: "La CTCUQ ne pourra
dorénavant bénéficier d'aucune subvention à l'achat
si ces autobus ne sont pas achetés d'un seul fabricant appuyé par
le gouvernement".
Si c'est dit dans l'arrêté en conseil et s'il l'avait dit
lui-même à M. Pelletier, pourquoi le dire dans la lettre? Cela,
c'est du chantage.
M. Lessard: M. le Président, première question:
Pourquoi cette lettre a-t-elle été signée par M.
Réjean Séguin? Il s'agissait d'une lettre d'information qui avait
été demandée par M. Pelletier, et je lui avais
indiqué, à ce moment-là, en compagnie des
députés de Vanier et de Taschereau, que nous lui ferions parvenir
ces documents.
Comme, cette journée, je n'étais pas au
ministère...
M. Grenier: M. le Président, qu'il réponde donc
brièvement aux questions comme les autres ministres.
Le Président: A l'ordre!
M. Grenier: On a d'autres questions à poser.
M. Charbonneau: II est en train de répondre, taisez vous
donc!
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton, s'il vous plaît! M. le ministre, je vous demande
de faire très rapidement.
M. Lessard: M. le Président, la question a deux volets.
Pourquoi c'est Réjean Séguin qui a signé la lettre?
Deuxièmement, pourquoi j'indiquais, au paragraphe 3, qu'il n'y aurait
pas de subvention? Pourquoi c'est Réjean Séguin? C'est parce que
c'était une lettre urgente qu'il fallait faire parvenir le jour
même au président de la Communauté urbaine de
Québec, tel qu'il nous l'avait demandé, et que je ne pouvais pas
le faire à ce moment.
M. Grenier: D'accord.
M. Lessard: Deuxième point, M. le Président.
Deuxième réponse.
M. Grenier: Cela va faire, c'est suffisant. On est assez
informé.
M. Lessard: M. le Président, j'aurais été
malhonnête de ne pas préciser dans la lettre qu'une des
conséquences, en relation avec l'arrêté en conseil que je
viens de déposer, c'était que les subventions...
M. Grenier: Question de règlement.
Le Président: M. le député de Champlain.
M. Gagnon: Merci, M. le Président.
M. Grenier: M. le Président, je dois faire remarquer au
ministre des Transports que ce matin nous sommes peut-être à notre
dernière période de questions. Il y a nombre de questions, tant
du Parti libéral que du nôtre et nous sommes peut-être
à notre dernière période de questions. Le ministre des
Transports, de même que le ministre délégué à
l'environnement ont cette habitude de monopoliser la période de
réponses et non pas de questions...
Le Président: M. !e député de
Mégantic-Compton, il n'y a pas là une question de
règlement.
M. le député de Champlain.
M. Gagnon: M. le Président...
M. Burns: M. le Président, à l'avenir, pour
satisfaire le député de Mégantic-Compton, à la
période de questions, il n'y aura que des questions et pas de
réponses. Est-ce que cela fait son affaire?
Le Président: M. le député de Champlain. A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gagnon: M. le Président...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: Ma question s'adresse au ministre de l'Industrie et du
Commerce. Des rumeurs circulent dans ma région; on aurait trouvé
une solution de rechange pour relancer l'usine de la Wayagamack au
Cap-de-la-Madeleine. Je voudrais faire confirmer ces rumeurs et savoir
exactement de quoi il s'agit.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
Usine d'acier forgé au
Cap-de-la-Madeleine
M. Tremblay: M. le Président, depuis quelques semaines, le
ministère de l'Industrie et du Commerce, en collaboration avec le
ministère des Terres et Forêts, s'est occupé de trouver des
investissements pour la région de Trois-Rivières et celle de
Cap-de-la-Madeleine. En réponse à la question du
député de Champlain, je dois dire que nous sommes en mesure de
confirmer les rumeurs qu'il a soulevées à savoir que le
gouvernement du Québec a pris la décision ce matin même de
participer, jusqu'à concurrence de 20%, au capital-actions d'une usine
d'acier forgé qui s'implantera à Wayagamack. Il s'agit, de la
part du gouvernement du Québec, d'un investissement, au niveau du
capital-actions, de $440 000 et d'une subvention, sous forme de prise en charge
d'intérêts, pour un montant égal à $1 160 000.
L'usine en question fabriquera des bouteilles en acier une usine,
donc, d'acier forgé en grande partie exportées; 80% de
cette production seront exportés. Il s'agit donc d'un investissement
dans un secteur à haute technologie et qui créera environ 100
emplois lorsque l'investissement sera terminé. Cet investissement
occupera 158 700 pieds carrés dans l'usine de la Wayagamack. Des
pourparlers sont en cours entre le ministère des Terres et Forêts
et une autre entreprise dans le but de relancer la totalité des
investissements des édifices de la Wayagamack.
M. Gagnon: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de Champlain.
M. Gagnon: Une question additionnelle. Le ministre nous dit que
cette nouvelle usine ne va occuper qu'une partie de l'usine Wayagamack. Je
voudrais savoir s'il y a quelque chose d'autre de prévu pour occuper le
reste de l'usine.
M. Blank: Il l'a dit cela, il a répondu à cela.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle. Je m'excuse. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, ainsi que vient
de le souligner le ministre de l'Industrie et du Commerce, le Conseil des
ministres avait donné le mandat au ministre de l'Industrie et du
Commerce de rechercher des solutions au problème de la Wayagamack
à cette période cruciale où le conflit se posait plus
particulièrement. Il avait donné comme mandat au ministre de
l'Industrie et du Commerce de rechercher une solution dans le secteur
industriel et au ministre des Richesses naturelles d'en rechercher
également dans le secteur des forêts ou dans le secteur de
l'amiante. Je peux confirmer que, présentement, les négociations
vont très bon train. Nous avons un engagement pour la mise en
marché de produits d'amiante et je crois que dans les semaines à
venir il y aura probablement des nouvelles que nous pourrons confirmer à
cette Assemblée.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Brochu: Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Brcchu: Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Brochu: Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Richmond, je
voudrais revenir à la formation de l'Union Nationale pour d'autres
questions principales qu'elle m'a demandées.
M. Brochu: Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais une question à
poser au leader parlementaire du gouver- nement. J'imagine qu'il est absent
uniquement pour quelques secondes.
M. Cordeau: J'aurais une question...
M. Lavoie: Je voudrais bien réserver ma question.
Programmes PAREM et PACEM
M. Cordeau: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires municipales. Est-il exact que son ministère a
préparé deux autres programmes dont pourront se prévaloir
les municipalités, soit les programmes PAREM et PACEM? M. le
Président, c'est très à propos dans le temps des
Fêtes. Dans l'affirmative, M. le ministre pourrait-ii nous faire
connaître les conditions, règles et modalités d'application
de ces programmes?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales,
brièvement, s'il vous plaît!
M. Tardif: II me fait plaisir, non pas de chanter Pacem in
terris, mais de dire qu'en effet, M. le Président, dans le cadre des
programmes de soutien de l'emploi et de relance économique, le
ministère des Affaires municipales a mis au point deux programmes. Le
programme PAREM, c'est-à-dire Programme d'aide à la
rénovation d'équipements municipaux et PACEM, Programme d'aide
à la construction d'équipements municipaux. Ce n'est pas sorcier,
ce sont deux programmes, ainsi qu'il était décrit dans
l'exposé...
M. Charbonneau: Voulez-vous des réponses ou si vous n'en
voulez pas?
M. Tardif: II s'agit de deux programmes, celui de la construction
et celui de la rénovation qui vont mettre à la disposition des
municipalités des crédits leur permettant de recevoir
l'équivalent de 75% du coût de la main-d'oeuvre. Ces programmes
qui ont déjà été annoncés ont maintenant
été envoyés aux municipalités par courrier.
Celles-ci ont une date limite pour nous soumettre des projets. Dans le cas du
programme PACEM, ce sont des projets pour des montants entre $25 000 et $1
million et dans le cas du programme PAREM, des projets de rénovation
entre $10 000 et $300 000. Il s'agit de projets à haute incidence de
main-d'oeuvre, restauration d'équipements municipaux, d'hôtels de
ville et d'autres équipements. Ces programmes qui, encore une fois,
avaient été annoncés dans le discours du premier ministre
sont maintenant en marche, nous attendons...
M. Picotte: ... programme ne "PAIRA" pas.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président...
M. Tardif: M. le Président, je m'excuse, mais comme je
viens d'avoir une autre question sur "PAIRA" pas...
M. Picotte: Ne "PAIRA" pas, exactement ce qui se passe dans nos
municipalités.
M. Tardif: Ce programme a déjà valu aux
municipalités plus de $40 millions.
M. Picotte: II y en a combien en suspens?
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce que le ministre pourrait nous faire
connaître quels seront les montants à la disposition des
municipalités dans chacun des programmes?
Une Voix: II ne le sait pas.
M. Burns: C'est une question pour les crédits.
M. Tardif: M. le Président, la somme globale mise à
la disposition est d'environ $30 millions.
Le Président: M. le leader de l'Opposition officielle.
Télédiffusion des débats
parlementaires
M. Lavoie: Une question à laquelle nous attachons beaucoup
d'importance j'en ai donné un préavis au sous-ministre
responsable auprès du leader parlementaire du gouvernement porte
sur la télédiffusion des débats. Nous avons vécu,
depuis un an ou un an et demi, à deux ou trois occasions, une certaine
précipitation du ministre, entre autres au début de la
première session, alors qu'à quelques jours d'avis il
désirait la télédiffusion du message inaugural,
après cela la télédiffusion du discours du budget, celle
d'une commission itinérante sur les assurances, etc.
M. Burns: Pardon?
M. Lavoie: Sur la loi 101, excusez-moi.
M. Burns: C'est mieux.
M. Lavoie: Sur les mémoires relatifs à la loi 101.
Est-ce que le ministre pourrait faire j'en ai, d'ailleurs, donné
avis à son sous-ministre, M. Bernard, il y a deux jours le point
sur cette question et faire connaître à cette Assemblée les
intentions du gouvernement quant à l'ouverture de la prochaine session,
qui est prévue pour la fin de février? C'est la première
partie de ma question. Je pourrais ajouter un autre volet: Avez-vous
l'intention, afin de ne pas précipiter les partis de l'Opposition
quelques jours avant l'ouverture de la session, de faire siéger
intensément, tel que nous vous l'avons d'ailleurs demandé le 13
mai 1977, la sous-commission de l'Assemblée nationale qui a
été formée à notre demande au mois de mars 1977 et
qui n'a siégé que trois fois, la dernière fois le 13 mai
1977? Avez-vous l'intention de la faire siéger intensément
à partir du mois de janvier pour que l'Assemblée soit prête
à prendre une décision dès l'ouverture de la prochaine
session?
M. Burns: Ma réponse à cette dernière
question est oui. Quant aux autres éléments de votre question, M.
le député de Laval, d'abord, je n'ai pas l'intention de revenir
sur des choses qui, à mon avis, ont été faites de
façon un peu bizarre. Je n'ai pas l'intention de revenir sur le fait
qu'il y avait, à toutes fins utiles, une entente qui avait
été arrêtée entre les différents partis et
qu'à la dernière minute elle a été retirée.
En tout cas, cela n'a pas fonctionné, c'est bien clair!
M. Lavoie: Sans en faire une question de privilège,
voulez-vous...
M. Burns: Faites une question de privilège.
M. Lavoie: ... expliciter cette prétendue entente lorsque
vous nous avez demandé un blanc-seing pour $5 millions en catimini?
Voulez-vous expliquer l'entente?
M. Burns: $5 millions? Où cela?
M. Lavoie: $2,6 millions pour un contrat de location pour deux
ans...
M. Burns: Oui, bon.
M. Lavoie: ... plus les autres dépenses.
M. Burns: On change les chiffres, là. Ce n'est plus
pareil, ce n'est plus $5 millions!
M. Lavoie: Lorsqu'on dit qu'il y a eu bris d'entente, c'est
faux!
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: Avant la reprise de la session et je l'affirme
de mon siège de 1977, j'ai été placé dans
une position où j'avais une entente avec les partis de l'Opposition pour
télédiffuser le discours inaugural, ainsi que les
répliques des partis politiques représentés à
l'Assemblée nationale. A la dernière minute, cette entente m'a
été retirée par le député de Laval. Je m'en
exucse, mais je vais le dire.
M. Lavoie: Voulez-vous répondre à ma question,
espèce d'improvisateur né?
M. Burns: Je vais le dire, d'accord! M. Lavoie:
Improvisateur né!
M. Burns: C'est assez clair et je le dis de mon siège,
d'accord? Quant à cette entente, on a beau parler d'improvisation de
l'autre côté, c'est facile,
mais elle a été négociée, comme le leader du
gouvernement doit le faire, avec les représentants autorisés de
l'Opposition.
M. Lavoie: Ma question est celle-ci: Quand la commission
va-t-elle siéger?
M. Burns: En janvier.
M. Lavoie: Voulez-vous faire le point sur ce dossier de la
télédiffusion?
Pourriez-vous nous donner l'échéancier des travaux de
restauration de l'Assemblée nationale en ce qui concerne le "filage", la
climatisation, et l'ordre de grandeur de ces travaux?
M. Burns: Cette dernière question relève beaucoup
plus du ministre des Travaux publics. Comme je l'ai mentionné à
l'occasion de ces discussions, télédiffusion des débats ou
pas, ces travaux étaient nécessaires.
Je présume que le ministre pourra nous donner tous les
détails à ce sujet, mais cela n'a comme tel pas de relation
directe. Cela aiderait, si jamais il y a télédiffusion, mais cela
n'a pas de relation directe avec la télédiffusion. Je demanderais
peut-être au ministre des Travaux publics de répondre à
cette question.
Mme Ouellette: M. le Président, effectivement, nous avons
des travaux concernant la filerie, entre autres, qui est en très mauvais
état, et la climatisation. Egalement, je pense que l'Assemblée
nationale a besoin un peu de rafraîchir ses murs, on m'en a fait
état. II...
M. Bellemare: Peinturez en rouge.
Mme Ouellette: ... me fera plaisir, au courant de
l'après-midi, de vous faire parvenir tous les détails quant aux
coûts et tout cela. Bien sûr, il va sans dire que nous
procéderons selon les règlements. De toute façon, nous
avons retenu, soit dit en passant, par les moyens habituels et normaux, les
services de professionnels pour exécuter ces travaux qui, de toute
façon, encore une fois, étaient indispensables. Cet
après-midi, je déposerai toutes les informations pertinentes.
M. Marcoux: M. le Président.
Le Président: M. le député de Rimouski.
M. Marcoux: Ma question s'adresse au ministre
délégué à l'énergie que j'ai informé
de ma question. La journée même de la parution du livre...
Le Président: M. le leader de l'Opposition, mais je vous
préviens, cela pourrait empêcher votre collègue de poser
une question qu'il me demande.
Mme Lavoie-Roux: Vas-y vite.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre pourrait nous donner
l'assurance, le leader parlementaire du gouvernement, l'omniministre,
qu'après des séances intenses de cette commission de
l'Assemblée nationale, de cette sous-commission, durant les mois de
janvier et février, la décision finale sur les modalités,
si on doit télédiffuser les travaux de l'Assemblée et des
commissions, que cette question soit décidée, comme cela s'est
fait partout ailleurs, lors d'un débat à l'Assemblée
nationale. D'ailleurs, cela s'est fait partout comme cela...
M. Burns: Pas à Ottawa.
M. Lavoie: ... et si je me rappelle, il y a eu un débat
complet à Ottawa, à Londres et partout.
M. Burns: Non.
M. Lavoie: ... c'est normal que cela appartienne à tous
les membres de l'Assemblée de décider de cette question, je crois
que c'est normal...
M. Charbonneau: Question.
M. Lavoie: ... D'ailleurs, le ministre se rappelle-t-il...
Le Président: M. le leader parlementaire...
M. Lavoie: ... qu'il avait lui-même suggéré,
le ministre leader du gouvernement, que le vote ministériel sur cette
question soit libre? Est-ce qu'il se rappelle cela?
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: ... d'avoir déclaré cela en
commission...
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: ... et s'il y a vote libre, est-ce qu'il y a
débat nécessairement?
M. Burns: Le vote est toujours libre. Oui, vous avez
remarqué qu'il y a certaines occasions où certains
députés de notre côté ont tout simplement
manifesté soit leur abstention ou leur...
M. Lavoie: Parlez donc de ce que je vous ai demandé sur le
débat.
M. Burns: ... Je vous réponds, je vous ai donné la
réponse. En janvier, il y aura, je l'espère, commission
parlementaire pour examiner cette question. Je vous dis tout de suite que si
nous avions eu une entente la semaine dernière, lorsque nous en avons
discuté, il aurait été possible de commencer la session,
soit vers la mi-février, avec la télédiffusion des
débats. Comme il n'y a pas eu entente, nous devrons prendre d'autres
dispositions et ces dispositions seront plus formelles que celles qui se font
via une négociation.
Le Président: M. le député de Rimouski.
Surtaxe sur le pétrole
M. Marcoux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre délégué à l'énergie que j'ai
informé de ma question. Le jour même de la parution du livre blanc
sur les questions énergétiques, le gouvernement
fédéral annonçait une surtaxe sur le pétrole pour
financer Syncrude. Je voudrais savoir du ministre la position que le
gouvernement du Québec entend adopter face à cette
décision unilatérale du gouvernement d'Ottawa dans un secteur
très important au niveau de l'énergie.
M. Joron: M. le Président, en effet, le gouvernement
à Ottawa déposait hier un projet de loi dont l'effet était
de créer une nouvelle taxe de $1 le baril sur le pétrole
consommé ou raffiné au Canada. Ce qui veut dire que la part
québécoise, la contribution des consommateurs
québécois à cela pourrait être jusqu'à $200
millions par année qui serviraient à créer de
l'activité économique dans l'Ouest canadien, en
développant des nouvelles sources d'énergie plus coûteuses
que celles qui pourraient être développées au Québec
à partir de nos ressources inexploitées et dont la
disponibilité en plus de cela, ne nous est même pas
assurée.
Si on doit demander une contribution pouvant aller jusqu'à $200
millions par année aux contribuables québécois pour
augmenter notre sécurité énergétique, il est
absolument impensable, alors qu'on a des ressources inexploitées, un
potentiel hydroélectrique, des travaux en cours à l'heure
actuelle, un potentiel forestier...
M. Raynauld: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. ie ministre, est-ce que je peux vous
demander de conclure, s'il vous plaît? M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien
nous recevons au terme de la péréquation pour le prix du
pétrole? C'est trois ou quatre fois plus élevé que $200
millions.
Le Président: M. le député d'Outremont,
manifestement...
M. le ministre.
M. Joron: Je répondrai. Je considérerai la fausse
question de privilège du député d'Outremont comme une
question additionnelle. J'y répondrai à votre question
additionnelle. Vous savez très bien quant au mécanisme en
question, que les prix intérieurs canadiens rejoindront les prix
internationaux. Vous savez aussi que c'est la volonté
déclarée et arrêtée du gouvernement
fédéral d'amener les prix intérieurs au niveau
international, pour 1980/81. A ce moment-là, cette subvention prendra
fin. On en bénéficiera pendant quatre ou cinq ans, ce qui ne
fera, à la rigueur, que compenser ce que le Québec avait pu
perdre depuis 1961 quand le gouvernement fédéral avait
établi la ligne Bor-den.
M. Raynauld: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Veuillez terminer brièvement, M. le
ministre.
M. Joron: Je n'avais pas terminé ma réponse. Je
considère donc que cette menace de taxe de $200 millions
supplémentaires, si elle devait servir à notre plus grande
sécurité énergétique, devrait servir à
créer d'abord des emplois au Québec et à développer
nos ressources énergétiques inexploitées. Je
considère la proposition fédérale tout à fait
contraire aux intérêts québécois. Je dirais que
c'est le genre de cadeau de Noël empoisonné qu'à l'occasion
le fédéralisme canadien offre aux Québécois.
Le Président: Une toute dernière question, M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Question additionnelle. M. le Président.
M. Burns: La période de questions est terminée
depuis 11 h 24.
M. Raynauld: Est-ce que le ministre délégué
à l'énergie est au courant du fait que depuis la ligne Borden ce
n'est pas le Québec qui a subventionné l'Ouest du Canada, mais
les autres provinces qui ont maintenu les puits de pétrole de l'Ouest?
Ce n'est pas le Québec. Est-ce qu'il pourrait répondre à
la question: Combien le Québec reçoit-il à l'heure
actuelle, au terme de la péréquation du fédéral,
pour l'égalisation du prix du pétrole à travers ie
Canada?
M. Joron: Nous n'avons jamais nié qu'il y ait une
subvention à l'heure actuelle.
M. Raynauld: Combien?
M. Joron: Si le député d'Outremont veut un chiffre
précis, je lui répondrai demain parce que j'hésiterais
à lancer un chiffre à la légère à l'heure
actuelle. S'il veut un chiffre précis il va en avoir un, cela ne sera
pas long, il peut l'avoir après-midi. Vous savez aussi que cette
subvention se rétrécit de six mois en six mois, au fur et
à mesure que le prix canadien s'élève vers ie prix
international. Il n'y a rien de nouveau là-dedans.
Le Président: Fin de la période de questions, sauf
que M. le ministre de la Justice m'a indiqué qu'il voulait
répondre à une question qui lui a été
formulée antérieurement.
M. le ministre de ia Justice.
Renseignements sur des enquêtes
policières
M. Bédard: M. le Président, une première
question à laquelle je veux répondre a été
posée par le député de Bellechasse, concernant le
CEGEP
de Limoilou et la relation qu'il aurait pu y avoir entre ce qui s'est
passé au CEGEP de Limoilou et ce qui s'est passé sur les battures
de Beau-port.
Je voudrais simplement et très succinctement dire au
député de Bellechasse qu'il n'y a pas de connexité
prouvable entre ce qui s'est passé au CEGEP Limoilou et la bombe qui
avait été placée sur un réservoir d'huile sur les
battures de Beau-port; pas de connexité non plus entre ces
événements et une bombe qui aurait fait dérailler un train
ou qui aurait été placée près d'un cabanon à
l'arrière du CEGEP.
De plus, les substances trouvées dans le cabanon ne pouvaient pas
en soi être explosives; même mélangées elles ne
pouvaient pas l'être non plus. Ce cabanon servait d'entrepôt au
CEGEP et il a été relocalisé à la suite de ces
événements.
Concernant le reste de l'enquête, j'ai reçu le rapport des
policiers. Il est présentement à l'analyse au niveau du
contentieux du ministère. Très rapidement, nous aurons à
déterminer s'il y a des plaintes à porter.
M. le Président, à la suite d'une question de
privilège qui contenait également une question pure et simple,
soulevée par le député de Jean-Talon relativement à
l'enquête policière sur la Société des alcools, je
suis présentement en mesure de faire la mise au point suivante.
Je désire d'abord rappeler que mon rôle comme procureur
général consiste à faire respecter les lois et à
décider, s'il y a lieu, de porter des plaintes ou des accusations eu
égard aux lois qui nous gouvernent, notamment eu égard au Code
criminel.
C'est dans ce contexte que j'ai demandé qu'on fasse le point sur
tous les éléments connus à ce stade-ci de l'enquête,
susceptibles de constituer des effractions criminelles pouvant impliquer
quelques membres de cette Assemblée. Les officiers responsables, tant
à la Sûreté du Québec qu'à la direction des
affaires criminelles, m'ont indiqué que ces éléments ne
révèlent pas la commission d'infraction criminelle, de sorte que,
comme procureur général, je puis assurer cette Assemblée
qu'il n'existe actuellement aucun motif raisonnable et probable de croire qu'un
quelconque de ses membres ait pu être partie à la commission d'une
infraction criminelle. Quant à l'ensemble de cette enquête sur la
SAQ, comme je l'ai déjà dit, elle devrait se terminer, selon les
officiers supérieurs de la Sûreté du Québec, vers la
fin de février 1978.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, je ne sais pas si c'est une
question de privilège ou une question additionnelle, mais je voudrais
tout simplement remercier le ministre de la Justice et le premier ministre
d'avoir fait diligence tel qu'ils s'étaient engagés à le
faire. Merci.
Le Président: Votre question porte sur quel sujet, M. le
député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: Elle s'adresse au ministre de la Justice qui devait
faire le point avant Noël, si cela était possible, sur l'affaire
Marion. Il est sûr que le ministre a des développements qui sont
plus importants qu'on ne le pense.
M. Burns: Avant Noël. Avant Noël.
Le Président: M. le ministre de l'Education m'a
également indiqué qu'il voulait répondre à une
question qui a été formulée antérieurement.
M. le ministre de l'Education.
Concours organisé par une société
patriotique
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le chef de
l'Opposition a attiré mon attention sur le concours organisé par
une société patriotique de l'Est du Québec et
destiné aux écoles secondaires de cette région. Ce
concours contient des allusions directes aux grandes options devant lesquelles
se trouvent les Québécois et devant lesquelles ils se trouveront
de plus en plus au cours des mois qui viennent. Sans vouloir dramatiser la
situation puisqu'il s'agit d'un concours facultatif, je pense néanmoins
que la question est importante et qu'elle mérite une réponse
réfléchie, mais brève.
En effet, M. le Président, avant que n'aillent se multipliant les
initiatives de ce genre, il est opportun d'établir certains principes,
des balises qui pourraient servir de guides aux responsables de
l'éducation.
Le Québec entrera bientôt si ce n'est
déjà fait dans le grand débat qui doit orienter son
avenir politique. Au fur et à mesure que ce débat prendra de
l'ampleur, les protagonistes du oui et du non tenteront de plus en plus...
M. Lavoie: Oui ou non à quelle question?
M. Morin (Sauvé): A la question soulevée par le
référendum. On peut prévoir que les protagonistes, d'un
côté comme de l'autre, tenteront de plus en plus activement de
rejoindre et d'influencer le plus grand nombre de citoyens possible en vue de
les renseigner et de rallier leur suffrage pour le jour du
référendum. Cela est parfaitement légitime puisque nous
vivons dans un pays qui se veut démocratique.
Dans cette vaste joute qui s'annonce, où se situe l'école?
C'était la question soulevée par le chef de l'Opposition. Il
serait peu réaliste de penser qu'aucune tentative ne sera faite de
l'influencer, particulièrement au niveau secondaire, puisque certains
élèves qui étudient en ce moment à ce niveau seront
bientôt en âge de voter et de se prononcer sur la question.
L'école est fortement imbriquée dans la société et
les mouvements qui préoccupent les parents se répercutent
inévitablement chez leurs enfants.
D'un autre côté, il me paraît nocif et inacceptable,
sur le plan pédagogique, que l'école devienne un champ clos dans
lequel les élèves seraient mobilisés en faveur de l'une ou
l'autre
thèse. Cela est particulièrement vrai de l'école
primaire. Au niveau secondaire et particulièrement au second cycle, les
étudiants ont 15, 16 ou 17 ans. Ils lisent parfois les journaux, en tout
cas, regardent la télévision et ne peuvent échapper aux
débats ambiants. Aussi, la question y est-elle beaucoup plus
délicate. Après réflexion et compte tenu de certains
événements dont nous avons été témoins au
Québec et même ailleurs, je pense qu'il est opportun de rappeler
à tous les responsables de l'éducation j'entends les
parents, les enseignants, les commissaires, les principaux, les administrateurs
que l'école primaire est avant tout au service de l'enfant et ne
doit pas être mise à contribution par les adultes dans leurs
débats politiques. Il est possible de répondre aux questions que
les élèves soulèvent inévitablement d'une
manière qui ne tende pas à forcer leur allégeance ou
à les soumettre à une quelconque propagande, celle-ci
dût-elle prendre la forme de jeux.
M. le Président, en terminant, je voudrais ajouter simplement
qu'au niveau secondaire et particulièrement au second cycle, il serait
illusoire de penser que les grandes questions de l'heure ne seront pas
débattues. Il y aurait même là des éléments
de réflexion collective, à condition que l'école demeure
l'école et ne soit pas investie de l'extérieur par des personnes
ou organismes qui n'en respecteraient pas la nature.
Si la chose devenait nécessaire, j'écrirais aux
commissions scolaires pour leur rappeler ces quelques principes
fondamentaux.
M. Levesque (Bonaventure): J'ai une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Je remercie, d'abord, le ministre de
l'Education de l'effort évident qu'il a fait pour situer cette question
dans son contexte. Cependant, il me semble que le ministre aurait pu être
plus explicite lorsqu'il a parlé des options qui, normalement, seront
soumises à l'attention des élèves du secondaire. Si j'ai
posé la question, ce n'était pas parce que cette question de
l'avenir du Québec ou du Canada était soumise à
l'attention de ces jeunes, mais parce que c'était fait de façon
unilatérale dans le concours; ce n'était pas: Quel devrait
être l'avenir du Québec à l'intérieur ou à
l'extérieur du Canada, etc? C'était pourquoi je dis oui à
l'indépendance. Je dis qu'à ce moment-là il n'y a pas
d'autre alternative présentée à l'étude ou à
la considération de l'étudiant. C'est surtout là-dessus
que j'aurais aimé avoir la réponse du ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai
été sensible à la question du chef de l'Opposition et je
pense y avoir répondu.
Je ne pouvais le faire, cependant, au niveau des principes qui soient
applicables dans toutes les commissions scolaires, sur toute l'étendue
du territoire du Québec.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre aurait
objection à préciser davantage sa pensée relativement
à la question précise que je lui ai posée? Dans les
principes, quel est le principe qu'il met de l'avant qui répond
véritablement à la question que je lui ai posée?
M. Morin (Sauvé): Le principe selon lequel, au niveau
secondaire, il paraît illusoire d'empêcher, au sein de
l'école, un débat autour d'une question aussi importante que
l'avenir du Québec. Mais, j'ai fait allusion également à
cet autre principe selon lequel ce débat ne doit pas faire l'objet de
démarches de l'extérieur dirigées sur l'école et
tentant de mobiliser les étudiants ou les élèves dans un
sens ou dans l'autre.
M. Levesque (Bonaventure): Quelles sont les mesures que le
ministre entend prendre dans le cas précis?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! C'est
ce que je dis, à l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): Dernière question, M. le
Président, parce qu'il est vraiment important de terminer.
Le Vice-Président: Est-ce que c'est vraiment la
dernière? Je suis d'accord. Normalement, cela aurait dû être
fini il y a quinze minutes.
M. Levesque (Bonaventure): C'est une question à laquelle
le ministre a demandé de répondre après la période
des questions.
Le Vice-Président: D'accord.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président,
dernière question que je pose au ministre. Quelles sont les mesures
qu'il entend prendre, à la suite des principes qu'il a mis de l'avant?
S'il n'a pas l'intention de prendre des mesures, considérerait-il cela
comme une invitation pour d'autres tenants d'une autre option de faire des
concours dans les écoles? Avec une surenchère, avec les prix,
etc.
Le Vice-Président: Brièvement, M. le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je pensais avoir
répondu pleinement à la question soulevée par le chef de
l'Opposition. A vrai dire, sur le plan des principes, je n'ai rien à
ajouter. Le seul fait que je réponde ce matin dans le sens où je
l'ai fait à la question du chef de l'Opposition constitue
déjà une mesure puisque notre échange sera certainement
porté à la connaissance des commissions scolaires
intéressées et de toute autre qui se trouverait confrontée
avec un problème semblable. Et si cela devenait nécessaire, comme
je l'ai déjà laissé entendre à la fin de ma
réponse, j'interviendrai par écrit auprès des commissions
scolaires pour leur rappeler ces principes.
Le Vice-Président: Fin de la période des
questions.
M. Samson: M. le Président, question de
privilège.
Le Vice-Président: D'accord, M. le député de
Rouyn-Noranda.
Question de privilège
Envoi de drapeaux aux députés
M. Camil
Samson
M. Samson: Je soulève une question de privilège, M.
le Président, en vertu de l'article 49.2, sur les
événements qui donnent lieu à la question de
privilège. M. le Président, je viens de recevoir, je pense, comme
tout le monde, une lettre qui nous a été envoyée par Mme
le Ministre des Travaux publics dans laquelle on mentionne qu'il y aura,
à l'avenir, de disponible, pour les députés, pour les
bureaux et leurs bureaux de comté, tout ce qu'il faut pour pavoiser ces
bureaux. Ma question de privilège est la suivante, elle s'inscrit dans
le contexte qu'un député ne doit, en aucun moment, dans
l'exercice de son mandat...
M. Burns: Question de règlement.
Le Vice-Président: Oui, d'accord. Permettez, M. le
député.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Est-ce que...
M. Samson: Est-ce qu'on me permettrait de terminer, M. le
Président?
Le Vice-Président: Un instant, je vais voir.
M. Burns: Est-ce qu'il s'agit, M. le Président, d'une
question de privilège dont vous avez reçu avis, d'une part?
M. Samson: M. le Président, c'est une question de
privilège en vertu de 49.2. Cela vient de se passer.
M. Burns: Si tel n'était pas le cas, est-ce que le
député peut identifier...
M. Samson: Cela vient d'arriver sur nos bureaux.
M. Burns: Est-ce que le député peut identifier le
fait immédiat qui lui suscite sa question de privilège?
M. Samson: M. le Président...
Le Vice-Président: S'il vous plaît, si vous voulez
terminer un jour. M. le leader parlementaire, j'accepte votre demande, mais,
cependant, je pense que M. le député de Rouyn-Noranda a
indiqué, dès le début de sa question de privilège,
qu'il venait de recevoir cette lettre.
M. Samson: Je vous remercie, M. le Président.
Je souligne que je fais cette question de privilège d'une
façon aucunement malicieuse. Pour mieux me faire comprendre par tout le
monde, c'est que ma question de privilège s'inscrit dans le droit qu'ont
tous les députés de pouvoir exercer leurs fonctions en toute
liberté et sous aucune espèce de pression possible.
Dans la lettre qui nous est soumise par Mme le ministre, on indique
qu'on mettra à la disposition de chaque député,
annuellement, dix drapeaux de quatre pieds par six pieds, que nous pourrons
donner à des organismes sans but lucratif jugés par nous.
Voilà d'où vient la question de privilège. Il y a plus de
dix organismes par comté et on oblige par ce genre de choses le
député à devenir ce que le gouvernement a toujours
dénoncé, c'est-à-dire un patroneux, quelqu'un qui devra
choisir.
M. le Président, est-ce que je pourrais avoir la collaboration
pour qu'on me permette de m'ex-primer librement?
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Rouyn-Noranda, je vous rappellerai quand même les dispositions de
l'article 49. Le député qui propose une question de fait
personnel doit le faire brièvement, rétablir les faits et cela ne
doit pas soulever de débat.
M. Samson: M. le Président, je suis entièrement
conforme à ce que vous venez de dire. Mais il faut quand même
qu'on me donne le temps de le dire.
M. Burns: C'est fait.
M. Samson: Je dis ceci: C'est qu'il y a d'autres domaines
où on demande aux députés de faire des choix comme cela. A
titre d'exemple, il y a le domaine des loisirs où le
député... Attention là! M. le Président,
laissez-moi finir.
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, vous avez suffisamment d'expérience en cette Chambre,
plus de sept ans, que je vous demanderais de ne pas parler, par exemple, des
attributions...
Cela n'a aucun rapport avec votre question de privilège.
M. Samson: M. le Président, au contraire c'est en rapport
direct. M. le Président...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Non.
A l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Laurier,
à l'ordre! M. le député de Roberval, à l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Lamontagne: II ne faut pas abuser non plus, je vous
demanderais que son nom soit rayé du journal des Débats.
Le Vice-Président: Dans ce cas, que l'on retire son nom du
journal des Débats.
M. le député de Rouyn-Noranda. Je vous en prie,
heureusement que ce qui vient de se passer n'est pas au journal des
Débats. Je vous le dis tout de suite, ce n'est pas avant de vous avoir
entendu, c'est après vous avoir entendu. Il est question uniquement de
la lettre ou du sujet contenu dans la lettre de Mme le ministre des Travaux
publics, mais pas d'autres sujets. Il ne s'agit pas d'un discours, même
en fin de session.
M. Samson: M. le Président, je vais me conformer à
ce que vous venez de dire; je vais dire autrement ce que je voulais dire, cela
va revenir au même. Je dis que dix drapeaux pour des associations qui
sont beaucoup plus nombreuses que dix par comté, des drapeaux ce n'est
pas divisible comme des budgets, je pense que je me fais comprendre
là.
M. Burns: M trouve que ce n'est pas assez.
M. Samson: Ce n'est pas divisible, alors je demande ceci; si on
m'avait laissé faire peut-être que de l'autre côté on
m'aurait laissé parler mieux. Je dis ceci: Je demande que soit revue
cette question pour que cela soit fait d'une façon plus logique, plus
juste et qu'on ne nous oblige pas, nous, en tant que députés,
à faire ces choix que le gouvernement ou le ministre se refuse de
faire.
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, par mon intermédiaire, Mme le ministre est au courant de
votre question de privilège.
M. Gratton: Question de privilège.
Le Vice-Président: Question de privilège, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Ce sera très bref. Je constate que les
députés ministériels n'ont pas reçu cette lettre
que le ministre des Travaux publics a si gentiment fait parvenir aux
députés de l'Opposition. Dois-je comprendre qu'il s'agit
là d'un oubli ou si, au contraire, les députés
ministériels disposeront de plus de dix drapeaux ou d'aucun?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! S'il
vous plaît! C'est une question et non pas une question de
privilège. Elle aurait dû être posée plus tôt,
la période des questions durant suffisamment longtemps.
Y a-t-il des motions non annoncées?
M. Burns: Non.
Le Vice-Président: Nous passons immédiatement aux
affaires du jour.
Travaux parlementaires
M. Brochu: Une question en vertu de l'article 34, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire...
M. Burns: M. le Président, j'ai un certain nombre de
questions auxquelles je voudrais à répondre.
M. Brochu: Je m'excuse auprès du leader du
gouvernement...
Le Vice-Président: II y a une question en vertu de
i'arlicle 34, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Brochu: ... j'aurais une question en vertu de l'article
34.
M. Burns: D'accord, toutes les questions, si vous voulez.
M. Brochu: Ce sont quand même des questions importantes et
il faut prendre le temps d'y répondre aussi. Le premier ministre, en
réponse à une question du député de Johnson et
à des questions que j'avais posées moi-même lundi, avait
indiqué à la Chambre qu'il allait déposer tous les
documents entourant la transaction du gouvernement avec General Motors.
Des Voix: Cela a été fait.
M. Burns: Cela a été fait tantôt.
M. Brochu: Cela a été fait? Je m'excuse, je suis
arrivé après. D'accord.
M. Burns: Parfait.
M. Brochu: Je m'excuse, je retire ma question en vertu de
l'article 34.
M. Burns: Y en a-t-il d'autres qui ont des questions auxquelles
ont a déjà répondu?
Le Vice-Président: Un instant! A I ordre, s il vous
plaît! M. le leader parlementaire du gouvernement, je m'excuse, mais je
ne prends en aucun moment votre place; c'est à moi de décider si
oui ou non il y a d'autres questions.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: En vertu de l'article 34, M. le Président. Le
leader du gouvernement, hier, avait indiqué qu'il consulterait le
ministre des Affaires municipales afin de savoir s'il serait possible
d'étudier, en deuxième lecture, le projet de loi no 191. Est-ce
que le ministre est maintenant en mesure de nous dire si nous aurons l'occasion
d'étudier et d'adopter ce projet de loi avant l'ajournement?
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Cela dépend de la date de l'ajournement; pour le
moment, si on veut ajourner avant Noël, je ne pense pas que ce soit
possible.
Questions inscrites au feuilleton
J'ai des réponses à un certain nombre de questions.
Article 3. Il s'agit d'une question de M. Gratton. Je fais motion pour que
cette question soit transformée en motion pour dépôt de
document.
Le Vice-Président: Si vous me le permettez, M. le leader
parlementaire, je ne veux pas faire perdre le temps de l'Assemblée, mais
je veux que ce soit clair. Je viens d'apprendre qu'un ministre aurait une
réponse à donner et la période des questions est depuis
longtemps terminée.
M. Burns: Demain, M. le Président.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lavoie: Quelle motion? Sur l'article 3? M. Bellemare:
La motion sur l'article 3. Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Dépôt de document par M. O'Neill.
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
culturelles.
M. O'Neill: Document déposé.
Le Vice-Président: Le dépôt est
reçu.
M. Burns: Article 11, question de M. Lavoie; je fais motion pour
que cette question soit transformée en motion pour dépôt de
document.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté. Le Vice-Président:
Adopté. M. Samson: Article 11? M. Burns: Article 11,
oui.
Le Vice-Président: Article 11, question de M. Lavoie.
M. Lavoie: Est-ce que cela comprend tous les
ministères?
M. Burns: Dépôt de document par M. Pari-zeau.
Le Vice-Président: M. le ministre des Finances et du
Revenu.
M. Parizeau: Je dépose une réponse qui,
malheureusement, est incomplète; elle s'applique à une dizaine de
ministères et organismes, mais c'est le résultat d'un travail de
plusieurs mois. Il va falloir que cela se poursuive encore.
Le Vice-Président: Le dépôt est
reçu.
M. Lavoie: II faudrait que la question demeure au feuilleton.
Le Vice-Président: Je l'indique pour le journal des
Débats et pour les officiers de l'Assemblée nationale, la
question demeurera au feuilleton.
M. Burns: Article 13, question de Mme Lavoie-Roux; je fais motion
pour que cette question soit transformée en motion pour
dépôt de document.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Le document est déposé par M. Claude
Morin.
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): Document déposé.
Une Voix: ... bon voyage?
Le Vice-Président: Le dépôt est reçu,
M. le ministre.
M. Burns: Article 14), question de M. Vaillancourt (Orford); il
s'agit là également M. le Président, d'une question que je
vous proposerais de transformer en motion pour dépôt de
document.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Bellemare: Oui.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Alors, le document sera déposé par Mme
Ouellette.
Le Vice-Président: Mme le ministre des Travaux
publics.
Mme Ouellette: Document déposé, M. le
Président.
Le Vice-Président: Votre dépôt est
reçu, madame.
M. Burns: Article 26), question de M. Larivière; je
propose que cette question soit transformée motion pour
dépôt de document.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader
parlementaire.
M. Burns: Le document sera déposé par M.
Lessard.
M. Lessard: Dépôt de ce très long document,
M. le Président.
Le Vice-Président: Merci. Votre dépôt est
reçu, M. le ministre.
M. Lessard: La question était très longue
aussi.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Article 33), question de M. Shaw, réponse de M.
Lazure.
Le Vice-Président: M. le ministre.
M. Lazure: C'est une question qui a été lue et
à laquelle nous avons répondu.(voir annexe II)
Le Vice-Président: Je vous en remercie.
M. Burns: Article 47), question de M. Picotte; je fais motion
pour que cette question soit transformée en motion pour
dépôt de document.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Le document sera déposé par M. Garon.
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Document déposé, M. le Président.
Le Vice-Président: Le dépôt est reçu.
M. Burns: Article 48), question de M. Lavoie; je fais motion, M.
le Président, pour que cette question soit transformée en motion
pour dépôt de document.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Et le document sera déposé par M. le
premier ministre.
Le Vice-Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Document déposé. M.
le Président, mais, vu qu'il s'agit de choses qui se sont passées
il y a six semaines seulement, il y a nécessairement certains chiffres
qui ne peuvent pas être complets tout de suite; ils seront
complétés en temps et lieu. C'est complet, mais avec des chiffres
qui ne sont pas nécessairement définitifs pour les raisons que
vous verrez.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, est-ce que vous exigez que la question demeure au
feuilleton?
M. Lavoie: Non, non. Nous allons étudier la réponse
et, s'il y a lieu, nous rétablirons la question pour les renseignements
qui ne sont pas complets.
Le Vice-Président: D'accord. Le dépôt est
reçu et l'article est enlevé du feuilleton.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Article 51), M. le Président; il s'agit d'une
question de M. Saindon et je fais motion pour que cette question soit
transformée en motion pour dépôt de document.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Et le document sera déposé par M.
Lazure.
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Je dépose ce document, M. le
Président.
Le Vice-Président: Le dépôt est reçu,
M. le ministre.
M. Burns: Article 52), question de M. Saint-Germain; je fais
motion pour que cette question soit transformée en dépôt de
document.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Et le document sera déposé par M.
Tremblay.
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: II me fait plaisir de déposer ce
document.
Le Vice-Président: Le dépôt est
reçu.
M. Burns: Article 55), question de M. Ver-reault; je fais motion
pour que cette question soit transformée en motion pour
dépôt de document.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lavoie: 55? M. Burns: 55.
Le Vice-Président: 55, question de M. Ver-reault.
M. Lavoie: II m'apparaît que c'est une question très
courte. Pour quelle raison faites-vous motion?
M. Burns: C'est parce que le document est assez important; c'est
pour cela qu'on fait une motion pour dépôt de document.
Le Vice-Président: Est-ce que la motion est
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Le document est déposé par Mme
Ouellette.
Le Vice-Président: Mme le ministre des Travaux
publics.
Mme Ouellette: Document déposé, M. le
Président.
Le Vice-Président: Le dépôt est
reçu.
M. Burns: Article 57), question de M. Giasson, réponse de
M. Lazure.
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Lu et répondu, M. le Président.(voir
annexe II)
Le Vice-Président: Vous oubliez vos bonnes habitudes.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Article 63), question de M. Picotte; je fais motion
pour que cette question soit transformée en motion pour
dépôt de document.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Et le document est déposé par M.
Garon.
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Document déposé, M. le
Président.
Le Vice-Président: D'accord. Le dépôt est
reçu par l'Assemblée.
M. Burns: Article 72), question de M. Russell; je fais motion
pour que cette question soit transformée en motion pour
dépôt de document.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Bellemare: Adopté.
M. Burns: Le dépôt de documents est fait par M.
Johnson.
Le Vice-Président: M. le ministre du Travail. M.
Johnson: Document déposé.
Le Vice-Président: Votre dépôt est
reçu, M. le ministre.
M. Burns: Article 84, question de M. Sprin-gate, réponse
de M. Laurin.
Le Vice-Président: M. le ministre d'Etat.
M. Laurin: J'ai lu la question et j'y ai répondu, (voir
annexe II)
M. Burns: Article 84, M. Springate, réponse de M. Laurin.
85, question de M. Saint-Germain. Je fais motion, M. le Président, pour
que cette question soit transformée en motion pour dépôt de
documents.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée.
Une Voix: Adopté.
M. Burns: Le document est déposé par M.
Johnson.
M. Johnson: Document déposé, M. le
Président.
Le Vice-Président: Dépôt reçu.
M. Burns: 91, M. le Président. Je pourrais peut-être
revenir à d'autre chose pour libérer le ministre. A l'article 31
il y avait une question de M. Grenier, réponse de M. Johnson.
Le Vice-Président: M. le ministre du Travail.
M. Johnson: Je lui ai répondu, M. le Président,
(voir annexe II)
Le Vice-Président: Ils sont incorrigibles.
M. Burns: Vous avez lu la question et vous y avez
répondu.
M. Johnson: Oui, M. le Président. J'ai lu la question et
j'ai répondu à la question.
M. Burns: ...
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, j'étais rendu, je crois,
à l'article 91, question de M. Verreault, réponse de M.
Tardif.
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, j'ai lu attentivement la
question du député, et j'y réponds avec non moins
d'attention, (voir annexe II)
M. Burns: Cela c'est bien. Article 93, question de M.
Saint-Germain, réponse de Mme Payette.
Le Vice-Président: Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, j'ai lu cette question. J'en
ai été étonnée, mais j'y ai quand même
répondu, (voir annexe II)
M. Burns: Article 111. M. le Président, motion de M.
Pagé. Le document sera déposé par M. Duhaime.
M. Duhaime: J'ai pris connaissance de la question...
Le Vice-Président: C'est un dépôt. M.
Duhaime: Document déposé.
Le Vice-Présiden;: La motion est adoptée. Le
document est déposé.
M. Burns: M. le Président, à l'article 123, motion
de M. Larivière. Le document sera déposé par M.
O'Neill.
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
culturelles.
M. O'Neill: Document déposé, M. le
Président.
Le Vice-Président: La motion étant adoptée,
le dépôt est reçu.
M. Burns: Article 126, motion de M. Samson. Le document peut
être déposé par M. Léonard, si la motion est
adoptée.
M. Léonard: Document déposé, M. le
Président.
Le Vice-Président: La motion est adoptée. Le
document est déposé et reçu.
M. Burns: 132, motion de M. Raynauld, dépôt par M.
Léonard.
M. Léonard: Je lis la question et j'y réponds, M.
le Président.
M. Burns: Non, dépôt de document.
Le Vice-Président: C'est une motion et un
dépôt.
M. Léonard: Document déposé.
Le Vice-Président: C'est une motion et un
dépôt. La motion est acceptée et le dépôt est
reçu.
M. Burns: 136, motion de M. Verreault, dépôt par M.
Léger.
M. Léger: Document déposé, M. le
Président. Le Vice-Président: D'accord. Idem.
M. Burns: 138, motion de M. Lamontagne, dépôt de M.
Léonard.
M. Léonard: Document déposé. Le
Vice-Président: Idem aussi.
M. Burns: 140, motion de M. O'Gallagher, dépôt de M.
Léonard.
M. Léonard: Document déposé.
M. Burns: 149, motion de M. Verreault, dépôt de M.
Duhaime.
M. Duhaime: Document déposé.
M. Burns: Ce n'est pas si mal, dans une séance, de donner
27 réponses à des questions. J'espère que l'Opposition
l'apprécie.
M. Bellemare: Est-ce qu'il y a une raison majeure de ne pas
répondre à l'article 41? Plus cela va, plus on est inquiet. On
l'a demandé la semaine dernière et celle d'avant.
M. Burns: Je vais me référer à 41. Non, il
n'y a pas de raison particulière.
M. Cordeau: Manque de temps.
M. Burns: On va essayer de vous donner une réponse le plus
rapidement possible sur cela. Avant Noël ou après Noël. Comme
cela va là, je pense qu'on va être obligé de revenir
après.
M. Bellemare: Au mois de juillet.
M. Gratton: Cela ne nous énerve pas du tout.
M. Burns: Moi non plus, cela ne m'énerve pas. Je n'ai pas
de billet d'avion, moi.
M. Gratton: Ne vous inquiétez pas. Nous autres non plus.
Cela s'annule des billets d'avion.
Le Vice-Président: Je reconnais que M. le leader
parlementaire de l'Opposition est debout. C'est lui qui a le droit de
parole.
M. Lavoie: Tout à l'heure lorsqu'on a apporté une
réponse à l'article 55, je soulevais brièvement le fait
qu'il m'apparaissait que la réponse devait être courte, du fait
que la question est très précise et très courte
également.
Je prends connaissance et de la question et de la réponse qui se
lisent comme suit. Je me vois surpris de voir qu'on doit transférer cela
en motion pour dépôt de documents. Lorsque la réponse et la
question sont brèves cela apparaît directement au
procès-verbal alors que, lorsqu'il y a motion pour dépôt de
documents, cela devient des documents sessionnels et cela ne fait pas partie du
procès-verbal, sauf référence: Document ses-sionnel
numéro...
Alors voici la question et je vous demanderais de juger, M. le
Président. Je crois qu'il n'y aurait pas lieu de transformer cette
question en motion pour dépôt de documents. La question se lit
comme suit: M. Verreault: Question: Y a-t-il une relation entre M. Jean Taillon
qui occupe, depuis quelque temps, le poste de sous-ministre adjoint au
ministère des Travaux publics et Approvisionnement et celui qui fut
candidat pour le Parti québécois dans le district
électoral de Limoilou lors de l'élection générale
du 29 octobre 1973? Deuxièmement, quel est le traitement annuel de M.
Taillon? Troisièmement, qui occupait ce poste avant lui? Réponse
de Mme Ouellette. Question 1. Il s'agit bien de la même personne.
Question 2, réponse. M. Taillon a été embauché au
traitement annuel de $36 000 comme l'indique l'arrêté en conseil
2338-77 ci-joint. Question 3. Réponse. Personne n'occupait ce poste
avant lui. Depuis 1973, le MTPA n'avait qu'un seul poste de sous-ministre
adjoint, ce qui s'est avéré insuffisant étant donné
le volume considérable des opérations de ce ministère.
Aujourd'hui le ministère compte deux sous-ministres adjoints.
Je vois que la réponse contient seulement huit lignes, et la
question dix lignes. Dans ce cas, abolissons les réponses au
procès-verbal et que toutes les réponses deviennent des documents
sessionnels. M. le Président, je vous demanderais immédiatement
une directive. Cela relève directement de vous. Particulièrement
dans ce cas-ci, je voudrais qu'on révoque l'ordre de motion pour
dépôt de documents et que cette réponse apparaisse
directement au procès-verbal. Sinon ce sont des précédents
qui vont s'établir et de cette façon on tente de camoufler des
réponses dans des archives du gouvernement au lieu qu'elles apparaissent
tous les mercredis au procès-verbal, tel que cela doit être fait,
M. le Président.
Le Vice-Président: Sur la question de règlement, M.
le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, si le député de
Laval voulait être franc et honnête il ajouterait à son
intervention que le document auquel il se réfère comme n'ayant
que huit lignes est accompagné d'un arrêté en conseil.
M. Lavoie: Dans la question on n'a pas demandé la
production de l'arrêté en conseil. On n'en a pas besoin.
M. Burns: Vous n'en avez pas besoin?
M. Lavoie: C'est bien simple, enlevez-le l'arrêté en
conseil. On prend la parole du ministre disant que cet ancien candidat du Parti
québécois a été engagé...
Le Vice-Président: La directive qui est demandée
est quand même importante, M. le leader. A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Roberval. A l'ordre, s'il vous
plaît! Je m'excuse.
Votre leader parlementaire a fait une demande de directive à la
présidence. Je vous prierais quand même de respecter votre propre
leader. La question est importante au point de vue de l'Assemblée
nationale. Du même coup la réponse est enregistrée au
journal des Débats, mais elle n'apparaîtra pas au
procès-verbal. Vous demandez la révocation d'une motion
adoptée unanimement il y a quelques instants. C'est plus qu'une question
de directive. Dans le fond, vous soulevez une question sur un privilège
et les usages de l'Assemblée. Vous demandez, en plus,
qu'immédiatement je rende la décision que soit ou ne soit pas
révoquée cette motion. Je m'interroge sur l'autorité de la
présidence sur la révocation d'une motion adoptée par
cette Assemblée. Le président, quand même, n'est pas un
dictateur de l'Assemblée. J'ai déjà indiqué
exactement le contraire.
M. le député de Laval ou M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, est-ce que je peux vous demander non pas de suspendre
les travaux de cette Assemblée, mais de me permettre de donner cette
réponse à un autre moment de cette journée?
M. Gratton: M. le Président...
M. Pagé: Question de privilège, M. le
Président.
M. Gratton: ... sur le même sujet.
M. Lavoie: Moi aussi, c'est sur le même sujet.
M. Pagé: Moi aussi.
M. Burns: Les trois en même temps, cela va être
parfait.
M. Lavoie: Dormez un peu plus et cela procédera un peu
mieux, les travaux seront mieux dirigés, plus calmement.
M. Burns: On va comprendre autant si vous parlez tous les trois
en même temps.
M. Lavoie: M. le Président, j'accepte votre
décision. Je vous demanderais d'avoir une conversation avec le leader du
gouvernement parce que,au-trement, à l'avenir on a
remarqué que cela fait deux ou trois fois que cela se présente
au lieu que la motion devienne automatique, à la reprise ou
à la prochaine session, on prendra notre temps, on demandera la
suspension parce qu'on voudra se consulter sur la réponse avant de
demander l'adoption de cette motion, ou nous demanderons des votes
enregistrés, mais on ne veut pas de cette sorte de camouflage.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je ne
veux pas retarder les travaux de la Chambre mais, quand même, du point de
vue de la présidence, la question me paraît importante, quant
à un précédent donné. D'ailleurs, pendant que je
vous ai écouté et que je répondais: Motion adoptée,
dépôt reçu, etc., je me demandais si M. le leader
parlementaire et ministre à la réforme parlementaire ne songerait
pas un jour à ce que tout ce système très lourd qui
n'existe pas ailleurs, de toute façon soit modifié pour
que l'on fonctionne d'une façon plus rapide et plus objective.
M. Burns: Vous avez bien raison.
Le Vice-Président: C'est pourquoi, M. le leader
parlementaire du gouvernement, je vous dis qu'après consultation,
après avoir parlé au président de l'Assemblée
nationale, je rendrai une réponse sur cette question.
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais vous demander
une directive, quant à cette période où l'on est
présentement. En vertu de notre ancien règlement...
M. Burns: II n'existe plus.
M. Bellemare: Dernièrement, un de mes collègues a
reçu une réponse incomplète. Il n'y a rien de prévu
dans le nouveau règlement pour protester et demander que la question
soit reposée ou qu'on ajoute ce qui manque à la question. Je ne
sais pas si, en même temps, on ne ferait pas cette addition qui serait
sûrement bienvenue parce que des réponses sont souvent
données d'une manière telle que nous ne sommes pas satisfaits de
la réponse. Par exemple, quand on demande de fournir les soumissions
pour certains contrats, ou les demandes de soumissions, on met le nom mais on
ne met pas le prix. C'est une réponse incomplète quand on a
demandé le nom du soumissionnaire et le prix. En vertu de notre ancien
règlement, on avait le droit de se lever sur la question et de proposer
que le ministre puisse se rétracter.
Le Vice-Président: Si vous me le permettez, vous avez
raison, M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, il n'y a pas de moyen
actuellement, sauf le suivant qui est utilisé aujourd'hui. Il y a une
différence entre une réponse inexacte, une réponse
incomplète ou une réponse dont vous n'êtes pas satisfait.
La réponse étant incomplète présentement, vous
pouvez demander que la question demeure au feuilleton, ce qui est arrivé
plusieurs fois pendant cette session.
Quant à l'autre question, je ne peux pas y répondre. Notre
règlement, actuellement, est muet sur le sujet, et c'est peut-être
tout ce qui est muet en cette Assemblée.
M. le ministre d'Etat à la réforme parlementaire a bien
saisi votre question et je pense qu'il la garde pour une réponse
éventuelle.
M. Bellemare: Quand il ne répond pas, là, par
exemple, c'est important.
Le Vice-Président: Oui, un instant. M. Burns: A
l'article 178.
Le Vice-Président: Une demande de directive ou question de
privilège?
M. Pagé: M. le Président, ce serait strictement une
question de privilège suite à l'information qui vient
d'être donnée par la réponse qui est fournie et qu'a
citée notre leader. M. le Président, vous serait-il possible de
répondre à l'interrogation que je me formule moi-même:
Comment expliquer qu'un candidat défait du Parti
québécois, parce qu'il est défait, gagne aujourd'hui $36
000, alors qu'un élu en gagne $27 000?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire de l'Opposition officielle a raison. Votre question n'est
pas une demande de directive. Votre message est passé.
M. Pagé: Je veux une réponse.
Le Vice-Président: Vous ne l'aurez pas de la
présidence. M. le leader parlementaire du gouvernement, à
l'ordre, s'il vous plaît! Aujourd'hui, il faut que la présidence
soit particulièrement patiente. Je le sens de plus en plus.
Accompagnez-moi dans un cheminement. M. le député, M. le leader
parlementaire du gouvernement, sur ce point, a raison. Vous auriez dû
poser la question à la période des questions à Mme le
ministre. A l'ordre, s'il vous plaît! Vous le savez maintenant; c'est une
question de privilège. M. le leader parlementaire de l'Union Nationale
vient de soulever qu'il n'y a pas de moyen actuellement dans le
règlement pour revenir sur une question à laquelle il y a eu une
réponse, sauf par une question additionnelle. Or, il n'y a pas encore de
questions additionnelles écrites à la suite de réponses
écrites, de dépôts de document ou de motions pour
dépôt de document. Je regrette. A l'ordre, s'il vous plaît!
Les affaires du jour, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Vous ne grandissez pas.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît. M. le
député.
M. Godin: M. le Président, nous avons entendu passer un
certain nombre d'articles et de documents remis, sauf que nous n'avions pas en
main le feuilleton du jour. Cela complique beaucoup notre travail. Nos droits
et privilèges sont battus en brèche par ces comportements. Je
souhaite qu'à l'avenir nous ayons le feuilleton en même temps que
les leaders, parce qu'il n'y a pas ici deux classes de députés,
à ma connaissance.
M. Burns: C'est vrai, mais...
Le Vice-Président: Vous me le permettez, M. le leader
parlementaire. Il n'y a pas de réponse à une question de
privilège.
M. Burns: C'est ma responsabilité partiellement et c'est
de la responsabilité de la présidence partiellement
également.
Le Vice-Président: Disons que tous consentent à ce
que vous répliquiez.
M. Burns: M. le Président, je dis au député
de Mercier qu'il a parfaitement raison de poser cette question, sauf que le
mercredi, le feuilleton, grâce à nos amis d'en face...
Une Voix: On n'en posera plus de questions. M. Pagé:
On va continuer à en poser.
M. Burns: ... comporte 74 pages. Ce que j'ai devant moi est un
brouillon, un avant-projet, si vous voulez, ou une galée comme on
l'appelle, une épreuve. Evidemment, comme il est imposant, ce
numéro 137 de notre feuilleton, donc, celui du mercredi, l'imprimerie
n'a pas été capable de nous le livrer à temps. Vous
l'aurez dans le cours de la journée, comme l'imprimerie n'a pas
été capable de nous livrer...
M. Marchand: Payez-les, et ils vont le sortir.
M. Burns: ... un certain nombre de projets de loi qui devaient
être déposés aujourd'hui, mais qui le seront dans le cours
de la journée. Le député de Mercier a parfaitement
raison.
Le Vice-Président: Si vous me le permettez, sur cette
question, M. le leader parlementaire, je vous ai permis de donner une
réponse. D'accord, vous avez une responsabilité; la
présidence en a beaucoup aussi. Cela fait deux fois que cet incident se
produit. M. le député de Mercier, il est vrai que j'ai un placard
ou une épreuve entre les mains qui est assez volumineux. J'admets que je
suis un des privilégiés qui peuvent l'avoir par mes fonctions.
Mais j'admets que les autres députés devraient avoir entre les
mains les instruments de travail nécessaires à l'accomplissement
de leurs responsabilités.
Pas sur la question de privilège.
M. Bellemare: Et aussi il y a, dans notre coutume parlementaire,
la tradition et dans les règlements, l'obligation de certains ministres
de déposer les rapports annuels. Nous pouvons vous citer qu'il y a eu
des exceptions cette année. Je ne sais pas pour quelles raisons cela n'a
pas été fait, mais en vertu de notre règlement, il y a une
obligation de déposer ces documents. Nous avons une liste de certains
documents qui n'ont pas été déposés.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement va me dire qu'aujourd'hui ce n'est pas lui qui a des crampes dans
les jambes, mais c'est moi, parce que cela fait plusieurs fois qu'on me fait
lever. C'est surtout en vertu de certaines lois spéciales ou
générales que ces rapports doivent être
déposés. Je note quand même cette demande.
Est-ce que nous pourrons passer aux affaires du jour?
M. Burns: S'il vous plaît, oui. Article 178, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 67 Troisième lecture
(suite)
Le Vice-Président: Un instant. A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! Avec ce brouillon et ce nombre
de pages, cela va me prendre quelques minutes pour trouver l'article 178. C'est
la reprise du débat, c'est cela, M. le leader parlementaire du
gouvernement? C'est la reprise du débat...
M. Burns: Faites ce que vous voudrez, M. le Président.
Le Vice-Président: ... sur la motion de Mme le ministre
des Consommateurs, projet de loi no 67, Loi sur l'assurance automobile. Motion
de troisième lecture, la parole était à M. le
député de Laval qui a demandé l'ajournement.
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Bertrand: Improvisation.
M. Lavoie: M. le Président, hier soir j'avais
demandé l'ajournement du débat, j'ai une intervention qui est
prête, mais c'était dans le but de confier ce droit de parole au
chef de l'Union Nationale. Si M. Biron est ici, on peut l'attendre une couple
de minutes.
Je cède mon droit de parole au chef de l'Union Nationale.
M. Bellemare: En attendant, M. le Président, une question
de règlement.
Le Vice-Président: Oui, sur la question de
règlement.
M. Bellemare: On vient de nous remettre le "draft bill", Consumer
Protection Act. On m'informe qu'on n'en a pas en français, on en a
seulement en anglais. Nous, on n'en a pas. On n'en a pas du tout. Est-ce qu'il
y a seulement vous autres qui en avez?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît. M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale, à l'ordre, s'il vous
plaît! Un instant! Un instant, s'il vous plaît! M. le leader de
l'Union Nationale, je vous remercie de me souligner ce fait. Vous savez que
c'est une question de distribution qui est faite par les employés de
l'Assemblée nationale. Je verrai donc à ce que ce fait qui se
produit pour la deuxième fois ne se reproduise point. Merci.
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, le projet de loi no 67, Loi sur
l'assurance automobile, lorsqu'il nous fut présenté, nous
força à nous poser quelques questions, à savoir d'abord si
ce projet de loi répond à des besoins au Québec et quels
sont ces besoins. Il est sûr qu'il y a des besoins au Québec dans
l'assurance automobile pour réglementer un peu mieux. Il y a des besoins
aussi de protection pour nos Québécois. Environ 20% de nos
Québécois n'étaient pas protégés par une
assurance automobile en cas d'accidents d'automobiles. On a au Québec,
historiquement, depuis bien des années, le record pour la moins bonne
sécurité routière. Il est sûr qu'il fallait arriver
avec une loi pour essayer d'améliorer cela, diminuer le nombre des
accidents routiers, avoir une meilleure sécurité routière,
obliger tous les conducteurs et les propriétaires d'automobile à
s'assurer, et surtout faire en sorte que, si possible, les compagnies
d'assurances aient une meilleure et une plus saine administration.
Une autre question qu'on s'est posée après était:
Comment faire pour y arriver? Est-ce que la loi répond
véritablement aux besoins des assurés, des accidentés ou
de la population du Québec? Après avoir pris connaissance de la
loi et surtout des nombreux amendementson m'a dit 140 sur 192
articlesqui ont changé la loi de fond en comble depuis sa
présentation, on s'est demandé si cela répondait
véritablement aux besoins des assurés du Québec ou des
victimes d'accidents d'automobiles. A parler avec la population, à
voyager à travers le Québec, à visiter les comtés
et à parler avec les agriculteurs, les ouvriers, les assurés, on
s'aperçoit que cette loi ne répond pas du tout au voeu de la
population, aux problèmes de la population. C'est une loi
théorique, technocratique au possible qui, finalement, donne raison
à quelques technocrates contre le voeu de la grande majorité de
la population du Québec.
En étudiant l'esprit de la loi plus en profondeur, on en vient
à la conclusion que le seul but de cette loi est d'étatiser, de
socialiser, de se fou-ter des besoins et des aspirations de la population du
Québec en essayant de répondre aux besoins de quelques radicaux
du Parti québécois ou de quelques "pelleteux" de nuages, comme on
dit chez nous, contre la population du Québec et contre le
mieux-être des accidentés et des assurés du
Québec.
Finalement, on en vient aussi à la conclusion qu'on veut
nationaliser, à travers la loi 67, une partie de l'épargne des
Québécois pour financer les déficits présents ou
à venir du PQ ou la mauvaise administration du Parti
québécois. Nationaliser une partie de l'épargne des
Québécois à travers la loi 67, à travers
l'assurance automobile, cela veut aussi dire la nationalisation complète
et éventuelle de l'épargne des Québécois, cela veut
dire une façon moderne utilisée par le Parti
québécois d'extorquer l'épargne des
Québécois. On s'en va vers un régime très
dangereux, on s'en va, si le gouvernement du Québec accepte cette
philosophie, vers la nationalisation, l'étatisation complète de
la liberté des citoyens du Québec et de ce qu'ils peuvent faire
avec leur épargne chez eux.
Qu'est-ce que donne cette loi en particulier? Comme le dit si bien le
député de Nicolet-Yamaska, cela donne un régime à
deux têtes qui ne fonctionnera pas. Le ministre elle-même sait que
ce régime ne peut fonctionner. Les technocrates, les fonctionnaires qui
ont préparé cette loi ou qui l'ont rêvée sont assez
intelligents pour savoir que ce régime ne fonctionnera pas. Après
quelques années, on nous préparera le monopole complet de l'Etat
organisé par des fonctionnaires pour étatiser l'assurance
automobile au complet et ainsi enlever la liberté d'épargne
à nos Québécois, chez nous. Ce qu'il est difficile
à accepter, ce qu'il est impossible d'accepter pour des personnes qui
veulent vivre en liberté dans leur province, dans leur pays, c'est de
voir la lourdeur de la machine administrative, la lourdeur du ministère,
la lourdeur de l'appareil gouvernemental, avec le ministre en tête,
écraser les intérêts de la population du Québec,
écraser les assurés, écraser les accidentés du
Québec.
Il faut aussi se poser des questions sur cette attitude du gouvernement
contre les investisseurs au Québec, contre les gens qui veulent faire
profiter leur province de leur expérience, de leurs qualités, de
leurs capacités de faire quelque chose. C'est l'attitude du gouvernement
anti-investisseur! On le voit maintenant dans l'assurance automobile alors
qu'on veut étatiser l'épargne des Québécois et en
venir à un monopole d'Etat qui sera très mal administré.
On sait ce que cela fait, l'administration de l'Etat, comparé à
l'administration privée. Vous avez l'exemple de SIDBEC, en particulier,
vous avez les exemples de toutes les entreprises étatisées, vous
avez l'exemple du gouvernement lui-même. Ce n'est pas possible d'arriver
aussi bien, d'être aussi dynamique, d'être aussi précis que
dans l'entreprise privée. C'est l'attitude du présent
gouvernement du Québec d'être anti-investisseur, d'être
antiéconomie, d'être contre tout ce qui peut ressembler à
une bonne et à une saine administration.
En acceptant un tel principe, on éloigne les investisseurs du
Québec, on établit par notre attitude, par ce principe la
mentalité suivante face aux investisseurs: Ne venez pas au
Québec, c'est dangereux pour vous autres à long terme;
aussitôt que les fonctionnaires vont voir qu'il y a quelque chose
à faire, qu'ils peuvent se créer un bon emploi là-dedans,
ils vont essayer de tout étatiser, de tout vous enlever. On le
prépare maintenant par l'assurance automobile, on nous a
présenté une loi sur l'amiante qui veut aussi étatiser,
socialiser puis nationaliser.
C'est dans cette direction que le gouvernement actuel du Québec
va dans le domaine de l'économie. Finalement, c'est très mauvais
parce que cela nuit à tous ceux qui au Québec ou de loin, de
l'extérieur du Québec, voudraient éventuellement venir
investir chez nous.
J'entendais le ministre avant-hier nous parler, nous dire qu'elle n'a
plus envie d'argumenter ou de répondre aux objections de l'Opposition et
de la population du Québec. C'est facile à dire, cela. C'est
parce qu'on est incapable de répondre aux objections de la population du
Québec, parce qu'on est incapable de répondre aux objections des
assurés, parce qu'on est incapable de répondre aux objections de
ceux qui sont accidentés et qui vont critiquer de plus en plus le
projet. Et on est incapable de répondre parce que ce projet de loi est
un projet irréfléchi. C'est un projet qui a été mal
préparé. La seule preuve de la mauvaise préparation de ce
projet, ce sont les 140 amendements qu'on nous a présentés
à peu près à la dernière minute lorsque ce projet
semblait être complet.
C'est de l'improvisation, M. le Président. C'est de
l'amateurisme, c'est un travail d'amateur qu'on a fait. Le ministre a
été très mal conseillé. Je peux dire que le
ministre était mieux conseillé à "Appelez-moi Lise"
qu'elle ne l'est présentement dans son rôle de ministre
aujourd'hui. Je dirai même...
M. Bellemare: Appelez-moi assurance!
M. Biron: Je dirais même, M. le Président, que ce
projet de loi est une mascarade politique pour essayer de répondre un
peu à ce que le Parti québécois a voulu créer
à travers le Québec, mais il ne répond pas du tout aux
besoins de la population. J'ai l'impression que ni le ministre, ni ses
conseillers ne connaissent rien à l'administration. J'ai l'impression
qu'ils ne connaissent rien aux services à donner aux clients. Qu'est-ce
que c'est qu'un client? Quelle sorte de services peut-on donner au client?
Qu'est-ce que la population veut entendre et veut surtout dire? Le ministre
s'est promené partout à travers le Québec, sous
prétexte d'écouter la population. J'ai l'impression que le
ministre n'a pas écouté. J'ai fait le tour de la population du
Québec au cours des derniers mois, au cours des dernières
semaines. J'ai écouté la population du Québec critiquer,
critiquer la loi no 67. J'ai entendu un lot de membres qui nous disaient:
Autrefois moi, j'étais du Parti québécois, je ne comprends
pas pourquoi le PQ fait cela à l'heure actuelle, il n'écoute pas
du tout la population du Québec.
Je peux vous dire, M. le Président...
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député, je vous inviterais à conclure.
M. Bellemare: Comment?
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Lotbinière, je vous inviterais à conclure
puisque vos dix minutes sont expirées.
M. Bellemare: Un instant, M. le Président, c'est une
motion de fond, Si vous relisez avec beaucoup d'attention, l'article 123 et
l'article 94, deuxièmement, vous allez voir dans ce dernier que "sur
toute autre motion, la durée des discours prévue au... est
réduite de moitié". D'accord, "toute autre motion", mais, un
instant, on ajoute: "Pour les fins du présent article, les motions de
deuxième et troisième lectures sont assimilées à
des motions de fond". Il a droit à vingt minutes, M. le
Président, en vertu de notre règlement.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Johnson et leader parlementaire, disons que c'est
sûr que si on prend l'article 126 et l'article 94, deuxième
alinéa, le deuxième alinéa n'est peut-être pas
clair, mais en ceci il faut se référer, je crois, aux
précédents vécus en cette Assemblée et à
l'esprit du législateur lorsqu'il a accepté ce règlement.
Dans l'ancien règlement, en troisième lecture, il y avait
simplement un porte-parole par parti pour une durée d'une heure. On a
voulu étendre cette possibilité de parler en troisième
lecture à tous les membres de cette Assemblée. L'esprit, à
ce moment-là, c'était d'accorder dix minutes à tout autre
membre de cette Assemblée. Tous les précédents sur les
discours de troisième lecture en cette Assemblée nationale,
depuis que j'y siège, sont dans le sens qu'en troisième lecture,
chaque député, à l'exception du chef du parti ou de son
représentant et je crois que ce droit de parole d'une heure a
été déjà pris en ce qui concerne l'Union Nationale
a droit à dix minutes.
M. Bellemare: M. le Président, je ne peux concevoir qu'on
mette de côté dans une circonstance aussi grave aujourd'hui, en
troisième lecture, le paragraphe 2 de l'article 94. Il est écrit
en toutes lettres que "pour les fins du présent article, les motions de
deuxième et troisième lectures sont assimilées à
des motions de fond".
C'est cela, le règlement. Que vous référiez
à n'importe quoi, à des précédents, à des
antécédents ou à la politique suivie, ce n'est pas cela.
Aujourd'hui, on insiste pour que le règlement soit observé tel
qu'écrit. Il n'y a rien dans le règlement qui défend au
chef de l'Union Nationale ou à tout le monde de parler en
deuxième lecture pendant 20 minutes.
Il y a eu une erreur, c'est vrai. Il en a existé, c'est vrai.
Aujourd'hui, on veut appliquer le règle-
ment tel qu'il est et donner 20 minutes à ceux qui voudront
parler en deuxième lecture, en vertu de notre règlement. Vous ne
pouvez pas être contre cela, jamais: "Pour les fins du présent
article, les motions de deuxième et troisième lectures sont
assimilées à des motions de fond". Cela en est une motion de
fond. Jamais dans cent ans.
M. Lavoie: M. le Président, de toute façon, pour ne
pas faire de procédure et pour ne pas perdre notre temps, je crois que,
si on donnait notre consentement au chef de l'Union Nationale de parler dix
minutes de plus, il n'y aurait pas de pro-cédurite et il pourrait
s'exprimer en toute liberté sur un projet de loi aussi important.
Le Président suppléant (M. Marcoux): A la suite de
la suggestion du leader du Parti libéral, je demanderais aux membres de
cette Assemblée si, rar une mesure dérogatoire, ils sont
prêts à donner leur consentement pour que le chef de l'Union
Nationale ait droit à dix minutes supplémentaires. Est-ce qu'il y
a consentement?
M. Duhaime: II me fait plaisir d'offrir le consentement du
gouvernement pour permettre au chef de l'Union Nationale de parler dix minutes
de plus, en espérant que ces dix minutes lui permettront de comprendre
le projet de loi.
M. Chevrette: M. le Président, personnellement, comme
membre de l'Assemblée, c'est non. Tantôt le leader du gouvernement
a demandé le consentement au leader de l'Union Nationale pour
déposer un projet de loi et la réponse a été non.
Maintenant, c'est non pour ma part.
M. Bellemare: Pour une seule et unique raison qui relève
de l'Assemblée nationale, c'est qu'il faut l'avoir lu avant de dire oui.
On a insisté pour le lire et on n'a pas été capable de
l'avoir. Je remercie le leader adjoint d'avoir donné le
consentement.
M. Duhaime: M. le Président, si nous n'avons pas le
consentement unanime de la Chambre, je retire le consentement.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Lotbinière, vous devez conclure votre
intervention.
M. Biron: Vous me donnez encore trois ou quatre minutes pour
conclure. Merci, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Une ou deux
minutes.
M. Fontaine: Vous allez en avoir besoin, de consentements cet
après-midi et ce soir.
M. Goulet: Vous allez être ici la semaine prochaine, je
vous le garantis.
M. Bellemare: Attendez-vous à en avoir sur le projet de
loi 45.
Le Président suppléant (M. Marcoux): A l'ordre! M.
le député de Lotbinière, vous avez la parole pour
conclure.
M. Bellemare: Vous n'en aurez plus deux commissions qui vont
siéger à la fois.
M. Biron: Avant de terminer, M. le Président, je peux vous
dire qu'il y a une grosse différence entre être dans
l'administration et dans le "show-business", puisque le ministre nous a
parlé hier de son ancien métier. Les coûts de l'assurance
automobile du Québec seront beaucoup plus élevés, avec une
protection moindre pour nos assurés au Québec. Des taxes
indirectes, on en a parlé, M. le Président, mais je veux aller
rapidement en vous en nommant dix qu'on a trouvées en fouillant
rapidement dans les nouveaux amendements: sur les permis de conduire pour $40
millions, pour l'essence, la déductibilité de l'allocation de
bien-être, qui représente $11 millions, l'impôt deux fois
sur le salaire, sur les revenus, que ce soit le Régime
d'assurance-maladie du Québec, les taxes sur les primes des compagnies
d'assurances, sur les coûts de communication, les taxes hors du
Québec ou l'assurance hors du Québec, les tracteurs, les
motoneiges, les impôts sur les corporations, etc.
Ce qui est surtout dangereux, M. le Président, dans un tel
régime, c'est qu'en étatisant on va engager un tas de
technocrates et de fonctionnaires. Ce qui m'effraie, et on en a parlé ce
matin, ce sont les nominations des amis du régime à la tête
de la Régie de l'assurance automobile du Québec, les anciens
députés...
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Lotbinière, je m'excuse, il y a une question de
règlement du député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais vous rappeler
que c'est vous-même qui avez demandé au député de
Lotbinière de conclure.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Si vous avez
bien écouté le député de Lotbinière, il m'a
indiqué clairement qu'il entendait conclure rapidement. M. le
député de Lotbinière, comme c'était votre intention
manifeste, je vous invite à conclure.
M. Biron: Je conclus, M. le Président, en vous disant
encore une fois: Attendez les nominations à la direction de la
Régie de l'assurance automobile du Québec. Vous allez voir les
amis du régime nommés là, si vous n'avez pas de
députés à l'heure actuelle.
En conclusion, M. le Président, je dois dire qu'au début,
lorsqu'on a parlé d'assurance automobile, lorsqu'on s'est promené
à travers le Québec et qu'on n'a pas écouté la
population du Québec je me suis dit: C'est un viol manifeste de la
population. Lorsque j'ai vu sortir la série d'amendements, 140
amendements, je me suis dit: Cela y est, la loi va avorter.
Cela va se terminer par un avortement. Finalement le
député de Nicolet-Yamaska s'est aperçu qu'on a fait un
accouchement d'un bâtard à deux têtes. Ce que je dis avant
de terminer, c'est qu'elle n'aura même pas le courage de garder et
d'administrer longtemps cet enfant. Et sur les prochaines tribunes
électorales, elle n'aura même pas le courage de venir
défendre son projet de loi. Le ministre ne sera pas là à
ce moment. Je l'aurai dit.
Je termine là-dessus, M. le Président, en lançant
un défi au ministre de parcourir la province avec moi et d'essayer de
convaincre les Québécois qui critiquent ce régime
d'assurance automobile et qui vont critiquer jusqu'au soir de la prochaine
élection provinciale.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Jonquière.
M. Claude Vaillancourt
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
puisque nous avons seulement dix minutes, je me demandais hier soir à
quel discours je répondrais plus particulièrement. Après
avoir entendu celui du chef de l'Union Nationale, je vais m'attarder quelques
minutes à celui-ci surtout que ce chef de l'Union Nationale a
été complètement absent des travaux de la commission
parlementaire.
M. Goulet: ...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, la
question la moins intelligente...
M. Goulet: Le premier ministre est-il allé? M.
Fontaine: II était en Chambre.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Je demanderais
à tous les députés de cette Chambre de respecter le droit
de parole du député de Jonquière.
M. Grenier: ... l'Union Nationale lui aussi.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Bellemare: M. le Président, je soulève un point
de règlement. Le débat sur la motion de troisième lecture
d'un projet de loi est restreint à son contenu. C'est clair cela? Si
vous ne nous donnez pas la permission de 20 minutes, ce que nous n'acceptons
pas, nous n'avons pas le droit, comme en vertu de l'ancien règlement, de
faire un appel de votre décision, nous disons que le projet doit se
restreindre à son contenu, un point c'est tout. On a le droit de dire
qu'on n'aime pas le projet de loi, qu'il n'est pas satisfaisant, qu'il est
manifestement contre le population, mais faire des attaques personnelles comme
l'a fait le député de Jonquière, cela, on n'a pas le
droit. Ce n'est pas le contenu de la loi.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, mon
but n'était pas d'attaquer, mon but était tout simplement de
faire ressortir que le chef de l'Union Nationale et député de
Lotbinière avait été complètement absent...
M. Grenier: A l'ordre!
M. Biron: M. le Président, je voudrais faire une question
de privilège. Etant donné qu'on a mentionné le
député de Lotbinière et chef de l'Union Nationale qui a
été complètement absent de la commission parlementaire,
d'abord j'avais des députés qui étaient
délégués à la commission parlementaire qui ont
été excellents et qui ont bien fait leur travail.
Deuxièmement, pas plus que le premier ministre, je n'étais
pas présent à la commission parlementaire, mais pendant ce temps
j'ai fait le tour du Québec. J'ai écouté les
accidentés. J'ai écouté les assurés. J'ai
écouté les Québécois parler. C'est cela qui est
important.
Le Président suppléant (M. Marcoux): II n'y a pas
de question de règlement, M. le député de
Lotbinière.
M. le député de Jonquière.
M. Duhaime: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire adjoint du parti
ministériel.
M. Duhaime: Vous avez accordé la parole au
député de Jonquière, il y a exactement quatre minutes et
quelques secondes et, avec le brouhaha d'en face des banquettes de l'Union
Nationale, je voudrais vous faire remarquer, M. le Président, que le
député de Jonquière n'a pas encore eu l'occasion
jusqu'à présent de formuler deux phrases complètes.
Alors, je vous prierais qu'autant la question de règlement du
député de Johnson que la question de privilège du chef de
l'Union Nationale ne soient pas imputées au temps de parole du
député de Jonquière. C'est une vieille tactique.
M. Bellemare: M. le Président, jamais! On a toujours
compté tout le temps pour tout le monde et vous allez respecter les dix
minutes.
M. Duhaime: M. le Président, j'ai soulevé une
question de règlement et j'attends votre décision.
Le Président suppléant (M. Marcoux): La
réponse, c'est que le député de Jonquière aura
droit aux dix minutes complètes auxquelles il a droit pour s'exprimer
sur le contenu du projet de loi.
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci, M. le
Président.
M. Brochu: Question de règlement, M. le Président.
Je m'excuse auprès du député de Jonquière...
M. Vaillancourt (Jonquière): Vous n'avez donc pas
hâte d'entendre ce que j'ai à dire.
M. Brochu: Je m'excuse. Très brièvement, j'aimerais
vous rappeler, M. le Président je ne sais pas si c'est en vertu
du règlement comme tel ou de la tradition ou de la façon de
traiter les personnes qui siègent en cette Chambre mais, à
quelques reprises, depuis que vous occupez le fauteuil, vous avez
désigné continuellement le chef de l'Union Nationale comme
étant le député de Lotbinière, ce qui est exact,
d'une part. Mais, on doit reconnaître au député de
Lotbinière cette qualité supérieure d'être le chef
de l'Union Nationale et le représentant dûment élu à
cette Assemblée nationale, et je vous demanderais de reconnaître
ce fait, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Je prends de
bonne part votre remarque. Je vous prierais de noter qu'il n'y avait aucune
arrière-pensée. Je crois que le plus, beau titre de chacun
d'entre nous, ici, c'est quand même d'être le député
d'un comté. Je m'en excuse, à l'avenir, je suivrai votre
indication; il n'y avait aucune arrière-pensée dans ce mode de
désignation du député de Lotbinière, chef de
l'Union Nationale. M. le député de Jonquière.
M. Fontaine: Question de règlement. M. le
Président, en vertu de l'article 94, paragraphe 2, il est bien
mentionné en toutes lettres que, sur toute motion, la durée des
discussions prévue au paragraphe 1 est réduite de moitié.
Mais on ajoute: Pour les fins du présent article, les motions de
deuxième et de troisième lectures sont assimilées à
des motions de fond. Si on se réfère à l'article 94,
paragraphe 1, c'est 20 minutes. Or, on peut également se
référer à l'article 43, paragraphe 1 et, à ce
moment-là, la présidence peut demander à
l'Assemblée de se prononcer sur ce point de règlement. Je vous
demanderais s'il est possible de demander à l'Assemblée
d'indiquer si un député peut prononcer un discours de 20 minutes,
à la suite du paragraphe 2 de notre règlement.
M. Duhaime: Cela a été décidé
tantôt.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Nicolet-Yamaska, la présidence a
déjà rendu une décision sur cette question il y a quelques
minutes, et la parole était au député de
Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
certains intervenants ont demandé: Est-il besoin de réformer
l'assurance automobile? Ce projet de loi répond-il à un besoin?
En ce qui me concerne, c'est la question qui m'a le plus surpris parmi celles
qui ont été posées hier soir.
Pour avoir assisté aux travaux de la commission parlementaire, je
pense que nous sommes tous en mesure de dire, ceux qui ont assisté aux
travaux de cette commission, qu'une réforme de l'assurance automobile
s'imposait. On peut être d'accord ou ne pas être d'accord avec la
réforme proposée, et je respecte l'opinion de ceux qui sont en
désaccord, mais je pense que tout le monde serait d'accord pour dire
qu'une réforme de I'assurance automobile s'imposait. Je pense
même, à moins que ma mémoire ne me trompe, que tous les
partis politiques avaient, dans leur programme, quelque chose qui ressemblait
à une réforme sur l'assurance automobile.
Le député de Nicolet-Yamaska disait hier que le projet de
loi ne faisait aucune distinction en ce qui concerne le sexe. Est-ce que le
député de Nicolet-Yamaska voudrait que les femmes paient plus que
les hommes?
Ce n'était certainement pas son intention. Est-ce que le
député de Nicolet-Yamaska voulait faire une distinction entre les
âges des citoyens? Je suis sûr que ce n'était pas son but
non plus. M. le Président, j'ai pratiqué le droit pendant huit
ans. Au cours de ces huit années, j'ai vu de nombreuses personnes
blessées, accidentées, qui sont venues à mon bureau,
également au bureau du député de Nicolet-Yamaska. En
raison du système de la responsabilité, M. le Président,
nous étions obligés de dire: Vous avez commis une faute, vous
avez commis une erreur, donc, vous ne pouvez pas être
indemnisé.
M. le Président, le but de ce régime qui, d'après
moi est bon, juste et équitable, est de permettre à tous les
citoyens du Québec, propriétaires, conducteurs, passagers et
piétons, d'être indemnisés pour les blessures corporelles
qu'ils vont subir lors d'un accident d'automobile. Je pense que cette
décision gouvernementale se justifie par le fait qu'il y a une
distinction fondamentale entre les dommages causés à un
véhicule automobile, c'est-à-dire à des biens
matériels, et ce qui concerne les préjudices corporels
causés à des citoyens.
M. le Président, on a abondamment parlé des primes
relativement aux dommages corporels. Le député de Nicolet-Yamaska
sera assez franc pour admettre que même l'an dernier les plaques
d'immatriculation, il fallait les payer. Il fallait les payer et cela n'a
jamais été considéré comme étant une partie
de la prime d'assurance automobile. Ce qu'il faut dire aux citoyens du
Québec, c'est que nous avons un nouveau régime qui va leur
accorder une meilleure protection. Je pense qu'il est absolument impossible de
comparer les deux régimes, tant au niveau de l'indemnisation qu'au
niveau des primes.
Ce qui est important de dire quand même, c'est que la moyenne de
la prime d'assurance automobile au Québec, au niveau des dommages
corporels, était de $131 ou à peu près, alors qu'avec le
nouveau régime tel que nous le propose la loi, ce sera de $98 pour les
propriétaires. Mais, ce que vous oubliez de dire, c'est que les
conducteurs, eux, ne vont payer que $13. M. le Président, il y a
certainement des députés qui ont des jeunes enfants, des
adolescents de 19, 20 ans qui "sont embarqués", comme on dit, sur la
police
d'assurance du père. Si vous en avez un fils de 22 ans sur votre
police d'assurance, vous vous rendrez compte que c'est beaucoup plus que $13 de
prime additionnelle pour le propriétaire qui a un conducteur additionnel
sur sa police d'assurance. Dans certains coins du Québec, M. le
Président, c'était $85 pour un jeune de moins de 25 ans qui
était sur la police de son père. Cela, il faut que les citoyens
le sachent également. M. le Président, le député de
Marguerite-Bourgeoys a essayé de nous...
M. Goulet: Question de règlement. Je voudrais savoir, M.
le Président, combien de temps s'est écoulé depuis que le
député de Jonquière parle. Il a commencé,
d'après l'horloge qui est devant nous, à moins vingt minutes. Je
voudrais savoir, M. le Président, combien de temps il lui reste.
M. Burns: M. le Président, on a fait des questions de
règlement pendant tout le début de son entretien.
M. Goulet: Je ne pose pas la question de règlement au
leader, je la pose à vous. Combien de temps il lui reste, M. le
Président, parce qu'à l'horloge, ici, il a commencé
à moins vingt minutes et il est maintenant passé moins dix
minutes. M. le Président, cela fait plus de dix minutes.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Jonquière a jusqu'à 12 h 54 pour
s'exprimer.
M. le député de Jonquière.
M. Bellemare: Quel ridicule à l'Assemblée
nationale!
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
M. Bellemare: C'est ridicule.
M. Burns: Une chance que le ridicule ne tue pas, parce que vous
seriez mort.
M. Chevrette: Arrêtez de parler de vous...
M. Bellemare: Vous n'avez pas fini de parler. Des consentements,
vous n'en aurez pas.
Le Président suppléant (M. Marcoux): A l'ordre, M.
le député de Joliette-Montcalm.
M. Lavoie: M. le député de Joliette-Montcalm,
à votre place, avant d'interrompre.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
est-ce que je dois comprendre maintenant que j'ai jusqu'à 12 h 55,
étant donné qu'on vient de me prendre une minute?
Le Président suppléant (M. Marcoux): Continuez
jusqu'à 12 h 54.
M. Vaillancourt (Jonquière): Merci, M. le
Président. Ce que j'allais dire, c'est que le député de
Marguerite-Bourgeoys a essayé de nous attendrir hier avec son
argumentation sur la motion qui avait été présentée
par le leader du gouvernement. Puis-je rappeler aux membres de cette
Assemblée nationale...
M. Lavoie: Sur le projet de loi, s'il vous plaît.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le leader
parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Le député de Jonquière doit
savoir qu'il ne peut pas parler, en troisième lecture, d'une motion
d'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys, qui n'est pas
dans le projet de loi. En troisième lecture, on doit se contenter du
contenu du projet de loi. Comme l'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys a été refusé, il n'est pas dans le
projet de loi et on ne peut pas traiter de cette question.
M. Paquette: Sur la question de règlement, je
m'excuse.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Rosemont, sur la question de règlement.
M. Paquette: Je m'excuse, mais je pense que le leader de
l'Opposition officielle fait une intervention sans même savoir ce que le
député de Jonquière s'apprête à dire. Mon
impression, c'est qu'il ne parlera pas de cela du tout. Il faudrait
peut-être le laisser parler.
M. Lavoie: De quoi veut-il parler?
M. Paquette: Attendez, vous allez le savoir.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Jonquière.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, pour
l'information du leader de l'Opposition officielle, le député de
Marguerite-Bourgeoys a abondamment parlé de la guillotine qui
s'était abattue sur la commission parlementaire. Puis-je dire aux
membres de cette commission parlementaire que nous avons, à partir du
moment où la motion du leader du gouvernement a été
présentée, étudié plus d'articles du projet de loi
que dans toutes les semaines précédentes? Puis-je dire que nos
travaux ont réellement commencé à se développer
à partir du moment où le leader du gouvernement a
présenté cette motion? Puis-je dire, M. le Président, que,
durant des semaines et des jours...
M. Fontaine: C'est quand vous avez déposé les
documents qu'on a commencé.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président,
l'Opposition officielle et l'Opposition reconnue de l'Union Nationale ont tout
fait pour que les travaux de cette commission n'avancent pas, pour qu'on ne
puisse même pas étudier l'article 1.
M. Fontaine: I! n'est même pas adopté, l'article
1.
M. Goulet: II est 12 h 55, M. le Président.
M. Raquette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président suppléant (M. Marcoux): La parole est
au député de Jonquière que j'ai invité à
conclure.
M. Paquette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Rosemont.
M, Paquette: On a interrompu le député de
Jonquière pour au moins une minute et demie. Je pense qu'il n'est pas
tout à fait 12 h 55.
M. Goulet: Assoyez-vous.
M. Fontaine: Vous l'avez interrompu vous-même deux
fois.
M. Paquette: il faudrait le laisser profiter, comme les autres
députés de cette Chambre, de ses dix minutes.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Suite à
votre question de règlement, c'est dans ce sens que je l'ai
interprété, en invitant le député de
Jonquière à conclure.
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président, en
terminant, je voudrais rassurer le chef de l'Union Nationale et lui dire que ce
projet de loi, qui va devenir loi d'ici quelques heures, répond à
des besoins de nombreux citoyens non indemnisés mais blessés
à la suite d'une erreur éphémère, à la suite
d'une distraction, à la suite d'une fausse manoeuvre. Je voudrais dire
à nos amis d'en face et je les comprends que je sais
qu'ils auraient aimé être eux-mêmes les auteurs de cette
réforme de l'assurance automobile. Je sais que la tarification
annoncée par le gouvernement fait mal à l'Opposition. Je les
comprends. Si j'étais à leur place, j'aurais peut-être les
mêmes propos puisque c'est toujours fatigant pour l'Opposition, qui a
évidemment des buts avoués, d'avoir un projet qui se tient, un
projet que la population attend.
En terminant, une chose m'a frappé dans tout cela: tous les
députés qui sont intervenus ont jugé pour la population
avant même que le régime soit en vigueur. La population vous
jugera! Le régime va mal aller! Je connais trop bien mes amis d'en face
et je suis assuré qu'ils souhaitent, avec le gouvernement, que ce
régime aille bien. Je suis assuré que l'Opposition veut que les
victimes d'accidents d'automobiles soient dorénavant indemnisées.
Ce projet de loi me semble bon, juste et équitable. J'aurais,
personnellement, souhaité étudier tous les articles, un à
un, du projet de loi, mais cela a malheureusement été rendu
impossible par l'obstruction systématique des membres de l'Opposition en
général.
A compter des premiers jours de janvier, les citoyens du Québec
pourront, pour une fois...
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Jonquière, vous avez déjà eu trois
minutes pour conclure, je vous remercie de votre collaboration.
M. Vaillancourt (Jonquière): Je vais conclure en disant
que, pour une fois, à partir des premiers jours de janvier, les citoyens
du Québec n'auront qu'une source d'information sur l'assurance
automobile. Finie la diversité des sources d'information! Finies les
quatre ou cinq campagnes d'information! Pour une fois, ia population du
Québec va savoir ce qu'est le nouveau régime d'assurance
proposé par le gouvernement. J'espère que tous les
députés de cette Assemblée nationale, chacun dans leur
comté, peu importe le parti politique, expliqueront avec force
détails à la population ce projet de loi, car c'est un projet de
loi qui a pour but, avant tout, de protéger nos citoyens
québécois. Merci.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: J'aurais une question de privilège, M. le
Président, en vertu de 49, deuxièmement, pour un
événement qui doit se dérouler dans l'heure du
déjeuner. Ce matin le ministre, leader du gouvernement, m'a
demandé la permission de déposer dans le courant de la
journée le projet de loi sur la consultation populaire. Il nous avait
informé que ce dépôt pourrait se faire vers 11 h 15,
d'après les informations qu'il avait eues. On m'informe, peut-être
que c'est erroné, que le ministre doit tenir une conférence de
presse à deux heures cet après-midi sur ce projet de loi qui n'a
pas été encore déposé à l'Assemblée
et je crois que ce serait essentiel qu'il soit déposé
immédiatement, si le ministre l'a en sa possession. Autrement je verrais
mal comment il peut tenir une conférence de presse sur un projet de loi
qui n'a pas encore été déposé à
l'Assemblée.
Le Vice-Président: Un instant, oui...
M. Burns: Je peux vous répondre là-dessus, M. le
Président, cela va régler le problème, il n'y a pas de
conférence de presse à deux heures cet après-midi.
M. Lavoie: Est-ce que le projet de loi sera déposé
dans le courant de l'après-midi?
M. Burns: Le projet de loi sera déposé avant que je
fasse ma conférence de presse; j'ai retardé cette
conférence de presse, à quatre heures cet après-midi,
parce que je veux le déposer dès trois heures cet
après-midi.
M. Lavoie: D'accord. Très bien.
Le Vice-Président: Alors cela répond maintenant. M.
le leader parlementaire du gouvernement, je...
M. Burns: On a réglé le problème par ia
réponse, M. le Président.
Le Vice-Président: Je suis bien d'accord.
M. Lavoie: Si je ne vous avais pas posé la question,
est-ce que j'aurais eu la réponse?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! MM.
les deux leaders.
M. Lavoie: La question a été posée au
ministre, pas au député de Joliette.
Le Vice-Président: Je m'excuse, à l'ordre, s'il
vous plaît! A l'ordre! A l'ordre! M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, à l'ordre, s'il vous plaît! La question a
été posée à la présidence et je voudrais
souligner, avant que nous ne suspendions, que ce qui vient de se passer ne doit
pas être un précédent, c'est-à-dire la
réponse à une question de privilège. Cela sauve la
situation, nous sommes en fin de session et je ne voudrais pas que cela
crée un précédent. M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Lavoie: Un instant, le député de
Montmagny-L'Islet, je pense, demande la suspension du débat.
M. Giasson: Etant donné que je veux intervenir dans le
débat en troisième lecture, je propose la suspension du
débat.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Rien de spécial, M. le Président. Le
Vice-Président: Suspension du débat?
M. Burns: Bien non, c'est le règlement qui s'applique.
Le Vice-Président: C'est cela. Alors le président
descend, nous reprendrons nos travaux à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 15 heures
Mme le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît. M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, ce matin nous avons eu un
consentement qui est devenu, je crois, un ordre de la Chambre pour
déposer, lorsque le document serait prêt, le projet de loi no 92,
Loi sur la consultation populaire. Je suis en mesure, Mme le
Président...
Mme le Vice-Président: ... 92.
M. Burns: C'est à notre feuilleton, la Loi sur la
consultation populaire. Je vous demanderais d'appeler l'article i), Mme le
Président.
Projet de loi no 92 Première lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire propose la première
lecture de la Loi sur la consultation populaire.
M. le ministre.
M. Robert Burns
M. Burns: Mme le Président, il me fait plaisir de
présenter ce projet de loi qui vise à permettre la consultation
de la population par voix de référendum.
Le chapitre premier édicte certaines définitions.
Le chapitre II institue un conseil du référendum qui aura
juridiction exclusive pour connaître de toute procédure judiciaire
relative à une consultation populaire et qui sera appelé à
donner son avis sur toute question que pourra lui soumettre le gouvernement
relativement à la tenue d'un référendum.
Le chapitre III prévoit que la population peut être
consultée par référendum sur une question approuvée
par l'Assemblée nationale ou sur un projet de loi adopté par
l'Assemblée nationale et comportant une disposition voulant qu'il doit
être soumis à la consultation populaire avant d'être
sanctionné. Ce chapitre édicte également qu'il ne peut y
avoir au cours d'une même Législature plus d'un
référendum sur le même sujet.
Le chapitre IV traite de l'émission des brefs
référendaires, et le chapitre V porte sur les listes
électorales qui doivent servir lors d'un référendum.
Les chapitres VI et VII traitent respectivement du droit de vote et des
bulletins de vote. Il y est précisé que la question inscrite sur
le bulletin de vote doit être rédigée en français et
en anglais.
Toutefois, dans les endroits où vit une communauté
autochtone, elle doit être rédigée en français et
dans la langue de la majorité autochtone, c'est-à-dire, si je
peux me permettre cette parenthèse, par exemple dans le Nord-Ouest
québécois, en "onotituuit" en inuttituuit...
M. Lavoie: Depuis quand qu'il nous dit tout?
M. Burns: En inuit. Le chapitre VIII porte sur la campagne
référendaire. Il prévoit, à la section I en
particulier, la possibilité de mettre sur pied autant de comités
nationaux qu'il y aura d'options soumises à la consultation populaire.
Les sections II et III établissent certains contrôles sur les
dépenses encourues pendant une campagne référendaire pour
favoriser ou défavoriser une option soumise à la consultation
populaire. La section IV prévoit que le ministre des Finances verse
à l'agent officiel de chaque comité national une subvention dont
le montant, qui doit être le même pour chacun des comités
nationaux, est fixé à l'Assemblée nationale lors de
l'adoption du texte de la question ou du projet de loi qui est soumis au
référendum.
Le chapitre IX traite de la manière dont on peut demander un
nouveau dépouillement des votes ou contester la validité d'un
référendum. Finalement, le chapitre X prévoit, notamment,
qu'un référendum est régi par la Loi électorale et
la Loi régissant le financement des partis politiques, telles qu'elles
sont rendues applicables par l'appendice.
Mme le Président, étant donné l'importance du
projet de loi, je demanderais un vote enregistré, s'il vous
plaît.
Mme le Vice-Président: Qu'on appelle les
députés.
Vote sur cette motion
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je vais
maintenant mettre aux voix la motion de première lecture du projet de
loi no 92, Loi sur la consultation populaire. Que ceux et celles qui sont en
faveur de cette motion de première lecture veuillent bien se lever, s'il
vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bédard, Lau-rin, Morin
(Louis-Hébert), Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Couture,
Tremblay, Bérubé, Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, MM. de
Belleval, Jo-ron, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Duhaime,
Léger, Tardif, Garon, Chevrette, Mi-chaud, Paquette, Vaillancourt
(Jonquière), Mar-coux, Alfred, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM.
Grégoire, Godin, Laplante, de Belle-feuille, Guay, Gendron, Mercier,
Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette, Brassard, Clair, Gosselin, Lefebvre,
Lavigne, Dussault, Charbonneau, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Jolivet, Lévesque
(Bonaventure), Lavoie, Mackasey, Lalonde, Forget, Garneau...
M. Lavoie: Voulez-vous passer au vote de troisième
lecture, M. le Président? On va vous en faire un tout de suite, un
référendum.
Le Secrétaire adjoint: ... Mailloux, Gold-bloom,
Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux, MM.
Lamontagne, Giasson, Blank, Caron, Picotte, Gratton, Verreault,
Springate, Biron, Bellemare, Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw,
Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Le Secrétaire: Pour: 92 Contre: 0Abstentions:
0
Le Président: Motion adoptée.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Selon la coutume, c'est l'endroit exact et
approprié où je peux poser une question du leader parlementaire
du gouvernement. Je ne voudrais pas le féliciter. D'ailleurs, je n'ai
pas pris connaissance du projet de loi encore, mais, par les notes
explicatives, je vois qu'il y a des améliorations importantes
apportées, à la suggestion des différentes Oppositions et
des invités ou des témoins que nous avons eus à la
commission parlementaire. Mais nous n'avons pas pris connaissance des
modalités du projet de loi, ce que nous ferons dans les instants qui
vont suivre. Ce projet de loi est important surtout en vue d'un
référendum que j'espère certain, dans un délai
certain également, et le plus rapproché possible, à la
suite d'un voeu exprimé par plusieursje ne sais pas le nombre
exact des 27 groupes ou individus qui ont présenté des
mémoires. Même si la décision du leader du gouvernement ne
vient pas aujourd'hui même, n'y aurait-il pas lieu de considérer
la tenue d'une commission parlementaire surtout à cause des implications
des comités nationaux pour les différentes options, à
cause de l'importance des modes de financement j'ai saisi au passage que
le mode de financement des campagnes électorales pourrait s'appliquer au
référendum compte tenu qu'il y aurait lieu,
peut-être, de demander encore une fois l'opinion de la Commission des
droits de la personne? Est-ce que le leader du gouvernement pourrait
considérer cela sérieusement? A cause de l'importance de cette
loi sur un référendum, en particulier, qui peut disposer de
l'avenir du Québec et du Canada, n'y aurait-il pas lieu de convoquer une
commission parlementaire et de prendre le temps qu'il faut, surtout sur un
projet de la sorte? Vous aurez toute la collaboration de l'Opposition.
Vous le savez, vous l'avez eue lors de l'audition des mémoires
sur le livre blanc. Cela a été fait dans des délais
normaux. Il n'y a eu aucun accrochage. Tout s'est bien déroulé
comme sur la loi 2, également, où cela a été
adopté normalement. Le Parlement doit être comme une chambre de
compensation. Est-ce que le leader ne pourrait pas considérer
sérieusement de convoquer de nouveau, ou de déférer ce
projet de loi à une
commission parlementaire pour entendre les parties
intéressées? A cause de l'impact, de l'importance de ce projet de
loi.
Le Président: M. le leader parlementaire. M. Maurice
Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, je dois dire que je ne
partage pas l'opinion du leader de l'Opposition officielle sur la commission
parlementaire. On vient d'en avoir une.
Je suis particulièrement très sensible au fait qu'on ait
pris en considération les recommandations de l'Union Nationale et qu'on
ait voulu amender cette loi qu'on dépose aujourd'hui, en première
lecture, particulièrement en ce qui regarde le conseil du
référendum. Je pense que si on pouvait immédiatement
passer en deuxième lecture plutôt, ce serait bien plus avantageux
que d'aller en commission parlementaire. On a déjà entendu tout
ce qu'on pouvait entendre ici sur cela. Mes collègues de l'Union
Nationale ont fait un travail extraordinaire. Je suis d'avis qu'on a eu assez
d'une commission parlementaire et qu'on devrait plutôt passer
immédiatement en deuxième lecture.
Le Président: Le leader parlementaire du gouvernement.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, je suis bien heureux d'entendre
le député de Johnson, le leader parlementaire de l'Union
Nationale nous donner cette opinion que je partage entièrement.
Evidemment je comprends également la question qui m'est
posée par le leader de l'Opposition ce projet de loi est
déposé pour fins d'examen. Il n'est pas ici pour être
adopté avant l'ajournement des Fêtes. Je pense que dans le projet
de loi, nous avons fait tous les efforts pour tenir compte d'à peu
près toutes les représentations qui nous ont été
faites, évidemment, en les jaugeant, en en éliminant un certain
nombre. Dans le projet de loi, on retrouvera des recommandations de
l'Opposition officielle, des recommandations de l'Union Nationale et des
représentations d'un certain nombre de personnes qui sont venues
témoigner devant la commission. C'est dans ce sens que je me dis qu'il
serait, comme le disait le député de Johnson, anormal, en tout
cas inutile, je pense, de reprendre une consultation en commission
parlementaire relativement à ce projet de loi, même s'il s'appelle
Loi sur la consultation populaire. Il va falloir qu'éventuellement il
prenne la voie de l'adoption par l'Assemblée nationale.
Dans ce sens, au moment où je vous parle, à moins que des
circonstances absolument extraordinaires viennent nous faire changer d'opinion,
je ne pense pas qu'il y aura commission parlementaire après la
première lecture, mais que, bien au contraire, dès la reprise de
la session au printemps, nous passerons à l'étape ou au stade
où ce projet de loi se trouve, c'est-à-dire à la
deuxième lecture.
M. Lavoie: Si j'ai posé cette question, vous savez
pourquoi. On n'a pas pris connaissance du projet de loi et je ne vous ai pas
demandé une réponse aujourd'hui. Peut-être qu'on serait
prêt à adopter immédiatement la deuxième lecture,
s'il est satisfaisant, mais donnez-nous l'occasion d'en prendre
connaissance.
M. Burns: Demain, si vous voulez.
M. Lavoie: Je suis surpris de la position du leader parlementaire
de l'Union Nationale qui donne un blanc-seing, à moins qu'il n'ait
déjà pris connaissance de ce projet de loi.
M. Bellemare: Non, non, non.
M. Lavoie: En ce qui nous concerne, nous n'avons pas encore pris
connaissance du projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Bellemare: L'important, c'est qu'on ne change pas
d'idée.
M. Brochu: On n'a pas une position pour la presse et une position
pour la Chambre. C'est la même position qu'on tient, depuis le
début.
M. Lavoie: La position du club ferme; il n'y a pas de
différence entre la position horizontale ou verticale!
M. Bellemare: Je dis à l'honorable chef de l'Opposition
officielle qu'un club ferme, c'est eux vis-à-vis du
fédéral, mais pas nous autres!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Questions inscrites au feuilleton (suite)
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant
d'appeler l'article 188) qui est inscrit au nom du premier ministre. Je
m'excuse, M. le Président, mais, avant d'appeler cet article, je pense
que cela pourrait être très productif de voir autre chose. Nous
avions au feuilleton ce matin à plusieurs reprises, le
député de Johnson nous a demandé des réponses
là-dessus l'article 41). Nous pourrions, si Mme le ministre est
prête à donner cette réponse, y donner suite
immédiatement. Je vous demanderais donc, avec le consentement de la
Chambre, de revenir à l'article 41). Il s'agit là d'une question
de M. Shaw et d'une réponse de Mme Ouellette.
Mme Ouellette: Document déposé.
Le Président: Document reçu, (voir annexe II)
M. Burns: Là maintenant, M. le Président, je
reviendrais à ce que je vous disais tout à l'heure, l'article
188) de notre feuilleton.
Projet de loi no 100 Deuxième lecture
Le Président: M. le premier ministre propose la
deuxième lecture du projet de loi no 100 qui est la Loi modifiant de
nouveau la Loi de la Législature.
M. le premier ministre.
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, il serait
presque gênant normalement pour celui qui vous parle, et dont la loi et
la coutume font moins à plaindre dans cette Chambre, de proposer une
telle loi. Aussi, je tiens à préciser tout de suite que, si je le
fais, c'est non seulement avec, évidemment, l'accord du Conseil des
ministres, bien sûr, mais également, et je suis passablement fier
de pouvoir le dire, par suite des démarches dans ce sens, pour ne pas
dire des pressions du caucus des députés ministériels.
Déjà, l'an dernier, il avait été
sérieusement question entre nous d'une mesure de ce genre, non pas par
angélisme politique, on n'est pas des masochistes non plus, mais i! nous
apparaissait déjà qu'une sorte de frein modérateur, pour
ainsi dire, devrait être appliqué quelque part, et que l'endroit
où il fallait commencer, c'était quand même ici. Je
tâcherai d'expliquer cela de mon mieux, très brièvement,
dans quelques instants.
Seulement, l'an dernier, c'était au tout lendemain des
élections. Il y avait tellement de choses à faire en même
temps qu'on a, je dois l'avouer, on a un peu cherché midi à
quatorze heures. On s'est perdu dans des discussions sur le combien puis sur le
comment, et finalement, on s'en souvient, la Loi de la Législature s'est
appliquée telle quelle. C'est une loi d'ailleurs qui, il y a quelques
années, a constitué un effort valable pour rationaliser les
traitements parlementaires, mais dont la formule d'indexation automatique et de
multiplication nous semble aujourd'hui, c'est le moins qu'on puisse dire,
plutôt excessive.
Passons maintenant à la mesure que nous avançons et qui
peut, elle aussi, paraître excessive. Pourtant, je crois qu'elle ne l'est
pas. J'espère que sinon la totalité, du moins la majorité
d'entre nous sera d'accord. D'abord nous ne prétendons pas changer le
monde ni sa direction, bien sûr, par cette petite phrase de trois lignes,
provisoire, datée, et la décision qu'elle propose à
l'Assemblée nationale de prendre à propos d'elle-même. Je
dirai autre chose après, mais je crois qu'on doit tout de même
voir la vérité en face; cette décision ne fera pas, des
parlementaires québécois, des misérables.
A $28 000 et plus de salaire brut de base, qu'un multiplicateur
mathématique additionne de montants de plus en plus substantiels pour
les adjoints, les whips, les présidents de commission, les leaders, les
chefs de parti, les ministres, y compris votre serviteur, on ne peut pas dire
que nous sommes exploités financièrement.
Si l'on tient compte de l'allocation de dépense non imposable qui
s'ajoute et de diverses facilités mineures, mais quand même
appréciables que le Parlement procure aussi à ses membres, sans
compter un régime de retraite qui est probablement un des plus
généreux qui existent, le tout constitue un train de vie à
tout le moins convenable. Par exemple, avec les tout derniers gestes qui ont
été posés par les deux Parlements à la fois les
plus proches et probablement les plus comparables sur lesquels nous puissions
jeter un coup d'oeil, il me semble que cela nous place, où nous sommes,
dans une sorte de juste milieu en ce moment.
On vient, sauf erreur, de monter les traitements de base
additionnés à $39 000 à Ottawa. On vient de les monter
à $26 000 à Toronto, ce qui est le plus élevé des
traitements de base des parlementaires au Canada, après le
Québec, qui se situe entre les deux à environ $34 000 en ce
moment.
D'autre part, je voudrais souligner cela aussi, nous ne souscrivons
absolument pas, et le gouvernement non plus, à cette thèse
foncièrement démagogique, une véritable conception
d'étei-gnoir, selon laquelle les députés, les ministres et
tout le personnel politique seront toujours, de toute façon, quoi qu'il
arrive et quoi qu'on dise, trop bien payés. Au contraire.
Je viens de parler d'un train de vie convenable, disons raisonnable si
on préfère; je crois que c'est cela, mais rien de plus. Aux
divers échelons de revenu où nous place actuellement la loi et
où à mesure qu'on grimpe, joue, normalement, l'effet progressif
des déductions des impôts, bien sûr, il n'y a personne ici,
jamais, qui puisse honnêtement s'enrichir si peu que ce soit en
politique.
Parmi ceux que leur devoir d'Etat appelle à travailler à
plein temps, j'en ai connu depuis des années, et j'en connais un bon
nombre encore aujourd'hui, qui, bien plutôt, s'appauvrissent dans ce
métier. J'en connais plusieurs qui ont accepté de couper parfois
radicalement les revenus qu'ils avaient auparavant ou auxquels ils pouvaient
prétendre pendant quelques-unes des années les plus productives
de leur vie pour se consacrer en exclusivité à la chose
publique.
Dans une société où une foule de professionnels,
d'universitaires, d'administrateurs et je ne parlerai pas du grand
patronat, ni des vedettes du spectacle et du sport où tous
prétendent à bien davantage et sont très nombreux à
l'obtenir, il faut être pas mal ignorant ou de très mauvaise foi
pour ne pas voir que les rémunérations de la politique ne sont
rien moins qu'exorbitantes.
Dans une société qui n'a pas perdu la boule et qui
conserve dans son échelle des valeurs la place qu'ils méritent
à la représentation parlementaire et locale des citoyens, au
travail législatif, à la responsabilité administrative,
avec toutes les contraintes harassantes qui les accompagnent et
la fragilité sans cesse croissante à notre époque
du fameux prestige qui est censé les accompagner, je crois qu'on ne peut
vraiment pas dire que le sort qui est fait aux parlementaires est plus que
convenable.
On me demandera peut-être à quoi rime cet exercice qui
consiste à demander à la Chambre de se serrer elle-même la
ceinture de façon radicale et de se priver de toute augmentation, au
moins provisoirement en 1978, jusqu'à ce qu'on ait pu
réévaluer ensemble les choses et les situer à leur
place.
D'abord, je dois dire que ma réponse n'est pas principalement ni
même substantiellement reliée à l'importance des montants
en cause cela on s'en doute, mais je pense que c'est bon de le
noterni à leur importance absolue, ni à leur importance
relative. L'amendement que nous proposons à la loi et dont l'effet, si
nous sommes d'accord, sera de couper, en tout cas provisoirement, les $2900
d'augmentation de base qui est prévue et, bien sûr, les autres des
divers multiplicateurs qui s'appliquent, cela représente au total
calcul qu'on m'a donné ce matin une somme de $430 000. Bien
sûr, ce n'est pas rien, parce que c'est la moitié d'un million. Il
y a déjà quelqu'un à qui cela a coûté
très cher de dire: "What's a million?", mais dans un budget global qui
tournera forcément autour des $12 milliards pendant l'année qui
vient, le moins qu'on puisse dire, c'est que la coupure, qui représente
un trois centièmes de un pour cent, n'est pas révolutionnaire, ni
très significative dans les équilibres budgétaires qui
sont en préparation. Cela ne peut vraiment pas affecter le sort du
Québec, encore moins celui de l'humanité.
Pourtant, et c'est ce pourtant qui je crois est important, pourtant
voilà très justement ces années-ci ce que chacun est
porté à dire et à se dire à lui-même aussi
quand il s'agit de son propre cas.
C'est également, dès qu'ils en ont la force, ce que sont
portés à dire et à se dire également tous ceux qui
sont organisés collectivement d'un bout à l'autre et de haut en
bas de la société, emportés dans le galop de la
consommation qui transforme si vite chaque désir légitime en
urgence absolue et chaque appétit en besoin, où, derrière
tant de beaux principes peuvent se cacher tant d'égoïsmes
féroces. Chacun et tous nous tombons naturellement dans la tentation de
croire, et bien sûr de nous faire croire, que d'un cas à l'autre,
d'une petite bouchée par ci à une grosse bouchée par
là, si cela me fait du bien à moi cela ne dérange rien.
Que je m'arrange pour prendre tout ce qui passe, le prendre ou l'arracher
jusqu'au maximum, qu'est-ce que cela peut déranger au fond?
L'accumulation de tout cela, ce que ça dérange, et de plus en
plus clairement si on n'y prend pas garde il faut tâcher de
commencer à comprendre cela tous ensemble c'est tout bonnement
l'équilibre de la société, sa santé sociale et
économique et, à la limite, toutes nos chances les plus
prometteuses d'avenir collectif.
On ne doit pas se conter d'histoires, parce qu'on est rendu très
loin sur ce chemin au Québec et au Canada. Il va tout de même
falloir cesser une bonne fois pour toutes de se fermer les yeux sur une
certaine tendance empoisonnée à la compensation maximale pour le
moindre effort, qui se répand et se généralise sous nos
yeux, en nous comme autour de nous, et qui, si on la laisse s'implanter trop
longtemps, risque de finir comme une tradition qu'on se transmet de père
en fils.
C'est très simple. Collectivement, et je répète,
collectivement nous ne travaillons pas assez. Nous ne donnons pas assez de
rendement pour justifier ni même de plus en plus pour fournir tout ce
à quoi, d'un individu et d'un groupe à l'autre, nous proclamons
toujours sans cesse plus intensément notre droit de jouissance
incontestable et immédiat. Je le répète. Je pense que tous
ceux qui ont les yeux ouverts le savent. Nous les premiers nous devons le
savoir. C'est rendu très loin.
Le spectacle et, plus encore, les perspectives ne sont pas moins
inquiétants qu'on examine cela à l'intérieur, chez nous,
ou qu'on tourne les yeux vers l'extérieur. Au-dedans, ce qu'on
aperçoit, c'est non seulement une collectivité qui vit vraiment
au-dessus de ses moyens, mais aussi une distorsion socio-économique de
plus en plus flagrante qui accentue et qui aggrave encore les résultats
de ce comportement.
Au lieu de se réduire quelque peu, de se contracter ou, en tout
cas, à tout le moins de se maintenir, presque sans exception les
écarts tendent à s'accroître entre les plus modestes et les
mieux nantis, entre les faibles et les puissants, entre les hommes et les
femmes au travail. Comme les besoins, les désirs et les appétits
ont, en revanche, leur propre tendance extraordinairement uniforme et qu'on
pourrait dire géométrique à grandir pour tout le monde, il
y a quelque chose là qui est décidément malsain et, aussi,
quelque chose d'explosif à terme, si on ne réagit pas un peu.
Ainsi, par exemple aussi bien le dire franchement, parce que tout le
monde sait que c'est vrai les secteurs public et parapublic, où
la sécurité d'emploi est de règle et les avantages qu'on
dit marginaux généralement meilleurs que partout ailleurs,
doivent comprendre qu'ils sont devenus indiscutablement la locomotive et le
wagon de tête à la fois de toute la société et qu'on
ne peut pas continuer indéfiniment à devancer ainsi sans cesse
davantage le reste du convoi où se trouvent quand même tous les
autres qui font les frais de l'addition.
Ainsi, par exemple encore, certaines catégories de citoyens
hautement cotés, particulièrement importants, mais aussi
particulièrement privilégiés, doivent-ils tâcher de
comprendre, eux aussi, que la croissance ne peut plus être
considérée comme illimitée, pas plus pour eux que pour les
autres. En effet, si maintenant on regarde au dehors, si on jette un coup
d'oeil sur l'impact que l'extérieur peut avoir sur notre propre
situation, on constate que nous, les Nord-Américains, et peut-être
nous, Québécois et Canadiens, le plus singulièrement de
tous, nous nous conduisons beaucoup, dans un monde qui a appris ses limites
et
qui apprend durement à en tenir compte, comme si les limites
n'existaient pas. Qu'on l'admette ou non, nous sommes de moins en moins
concurrentiels, de moins en moins rentables, par conséquent, face
à d'autres à travers le monde, ce monde occidental je ne
parle pas du monde primitif qu'on dit avancé, qui semblent, eux,
avoir atteint la compréhension des limites, si on peut dire, avoir
atteint, pour employer un néologisme facile, plus de
"raisonnabilité" que ce que nous montrons.
C'est vrai même tout à côté de nous, aux
Etats-Unis. Depuis 1971, la rémunération a augmenté
officiellement de 55% chez nos voisins du Sud, alors qu'ici, au Québec,
l'augmentation a été de 92%, ce qui fait que, tout compris, sinon
partout, du moins dans une foule croissante de secteurs, nos salaires, nos
traitements ont maintenant dépassé ceux du plus riche et du plus
puissant des pays du monde, qui est à côté de nous.
Pourtant, autant qu'on puisse définir cette notion si malaisée
à cerner correctement, la fameuse productivité pour laquelle on
prépare un institut très bientôt, on nous raconte que cette
productivité serait jusqu'à 35% moins élevée dans
la plupart des secteurs comparables ici qu'à côté, aux
Etats-Unis.
Il est donc évident que, si on ne trouve pas rapidement les
moyens et le minimum de consensus nécessaires pour brider les
appétits et pour briser l'escalade, on risque de miner gravement aussi
bien l'avenir que le présent sur tous les plans. Je pense que tout le
monde est d'accord là-dessus. Il faut donc amorcer un point tournant, il
faut commencer un retour à cette "raisonnabilité" dont je parlais
il y a un instant. Il faut je pense que, là-dessus aussi, tout le
monde est d'accord que ce soit bientôt qu'on amorce ce point
tournant.
Seulement, c'est le genre de choses qu'il est toujours si facile
à prêcher et tellement plus mal aisé à pratiquer.
C'est comme la chanson: Tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut
mourir. Il me semble que c'est quand même au Parlement, si modestement
que ce soit, de donner l'exemple le premier. D'abord, parce qu'il forme un
groupe qui est placé de façon, je l'ai dit, convenable pour ne
pas dire davantage, de façon à pouvoir se permettre une certaine
modération dans ses revendications et surtout parce que ces
revendications, et cela c'est central, c'est lui-même qui se les
accorde.
D'ailleurs, je l'ajoute tout de suite, c'est l'intention du gouvernement
de proposer de suivre cet exemple s'il est donné par l'Assemblée
nationale, sinon totalement, du moins autant que possible de proposer de suivre
cet exemple au niveau de la fonction publique, aux niveaux équivalents
de la fonction parapublique, si on veut, c'est-à-dire, dans ce qu'on
appelle les réseaux. Et bien sûr, dans les entreprises d'Etat, les
régies et les commissions. C'est notre intention également de
proposer, lors des négociations qui s'approchent à nouveau entre
l'Etat employeur et les employés organisés des secteurs public et
parapublic, une politique salariale raisonnable aussi qui, pour ceux qui en ont
le plus besoin, évidemment, doit tenir compte non seulement du
coût de la vie, mais du rattrapage auquel ils ont droit encore, mais qui,
pour les autres, leur demanderait en grâce d'accepter de ralentir quelque
peu l'espèce d'escalade continue qui, par rapport aux autres secteurs de
la société, a largement dépassé désormais ce
qu'on pouvait appeler du rattrapage.
Inutile de dire, puisque j'évoque une politique salariale, que
ces énoncés, les critères qui les accompagneront seront
non seulement déposés dès qu'ils seront prêts, mais
également diffuses et ouverts aux débats, comme c'est normal en
démocratie. Très certainement, il est entendu que, dès
qu'on aura pu préciser ces critères d'une politique
générale des salaires, des traitements, que ce soit dans six mois
ou davantage, on pourrait aussitôt, à la lumière de ces
critères, revenir sur la décision que l'on demande à
l'Assemblée nationale de prendre aujourd'hui et, alors, la remplacer par
la suite pour quelque chose qui serait conforme à un nouveau rythme
d'ajustement.
Mais en attendant, c'est avec confiance, me semble-t-il, en tout cas,
qu'on peut demander ce cran d'arrêt provisoire et nécessaire et
cet exemple qui doit commencer quelque part, qui doit partir de quelque part
à l'Assemblée nationale du Québec.
Le Président: M. le chef de l'Opposition. M.
Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, quelle
différence de langage! Quel vocabulaire différent! Quel
comportement différent! Quelle approche tout à fait
différente! M. le Président, je voudrais, à ce moment-ci,
prendre quelques moments pour situer cette question dans son véritable
contexte et le plus brièvement possible.
Il y a plusieurs années que je siège dans cette Chambre,
et je dois rappeler à nos collègues que, pendant plusieurs
années, vers la fin des sessions, il était question, pas tous les
ans, mais tous les deux, trois ou quatre ans, d'une augmentation des salaires
des députés et cela, du temps de M. Duplessis, comme de tous ceux
qui lui ont succédé depuis. Lorsqu'on arrivait à ces
moments qui étaient si impatiemment et secrètement attendus, mais
qui étaient déplorés officiellement comme un mal
nécessaire, on devait se consulter derrière le trône et
dans la coulisse pour savoir si quelqu'un s'opposerait à une
augmentation de X montant par année.
Je me rappelle que M. Duplessis disait: S'il y en a un qui se
lève, s'il y en a un de vous autres qui vous levez et si vous parlez
contre, ce sera la fin du projet de loi.
Inutile de rappeler que rares ont été les moments
où on en a vu se lever en chantant ou autrement, en applaudissant ou en
rouspétant; c'était le calme plat et c'était le silence le
plus éloquent que nous puissions concevoir. C'était ensuite la
course pour le bureau du comptable de
l'Assemblée nationale. Qu'on pense, par exemple, à des
salaires de $6000 quand je suis arrivé ici, incluant toute
indemnité et tout avantage social.
Peut-être que M. Bellemare, le député de Johnson, se
rappelle des montants moindres, le député de Brome-Missisquoi
également. Nous autres, nous sommes arrivés sous le régime
des $4000 plus $2000. Cela s'est déroulé ainsi pendant plusieurs
années, jusqu'au moment où notre président d'alors, le
député de Laval, et les leaders des divers partis politiques se
sont rencontrés et ont dit: Ecoutez, il faut qu'on mettre fin à
ce régime, cela n'a aucun sens. Nous avons convenu, à ce moment,
de mettre sur pied un comité si le député de
Maisonneuve était présent il nous rappellerait que c'était
même à sa suggestion qui aurait pour mandat
d'étudier toute cette question de la rémunération des
députés, des avantages sociaux, etc., et qui ferait rapport
à l'Assemblée nationale.
Nous avons mis sur pied ce comité qui s'est appelé le
comité Bonenfant, tenant son nom de son président, le
regretté Jean-Charles Bonenfant, et auquel s'étaient jointes deux
personnes, l'une suggérée par l'Opposition et l'autre par le
gouvernement. Je crois que le Parti québécois avait
suggéré Mme Brousseau et le parti ministériel, un ancien
président de l'Assemblée nationale, Me Lucien Cliche. Ces trois
personnes se sont réunies à diverses et diverses reprises, ont
consulté, ont entendu les députés les uns après les
autres. Le député de Saint-Jacques qui est devant moi se rappelle
que lui-même a témoigné devant le comité. Au bout de
quelques mois, ce comité a fait rapport, rapport qui a semblé
réunir l'assentiment général des membres de
l'Assemblée nationale d'alors.
Nous nous sommes rencontrés pour dire que ce projet de loi que
nous allions préparer s'en tiendrait aux conclusions du rapport
Bonenfant, mais, pour être sûrs d'être dans la juste note,
que nous diminuerions même les suggestions faites par le comité,
c'est-à-dire que nous serions moins généreux même
que ce qui avait été soumis comme recommandations et comme
conclusions du comité. Je pense même qu'il y avait une diminution
dans l'indemnité d'au moins $1000 ou $2000 sur ce qui avait
été suggéré.
La petite histoire nous rappellera qu'après toutes ces
précautions, alors que nous avions eu tous les assentiments, tous les
acquiescements et en même temps une pleine collaboration de part et
d'autre, une fin de semaine, les messieurs d'en face, pas beaucoup d'entre eux,
parce qu'ils n'étaient pas nombreux dans le temps, ils étaient
six, si je me rappelle bien, ces six députés péquis-tes
ont été convoqués par le Conseil national du Parti
québécois à Sorel, si je me rappelle bien. Là on
leur a dit: Tous les consentements, ce que vous avez négocié, la
parole donnée, etc., tout cela de côté!
Parce qu'il y avait eu un vote au conseil national, un vote très
serré, m'a-t-on dit. On m'avait dit qu'il y avait une ou deux voix de
majorité pour mettre de côté tout ce qu'avaient conclu de
bonne foi, je n'en doute pas, les membres de l'Opposition officielle du temps.
Croyez-le ou non, ces gens-là, après avoir participé
à toute cette préparation pleinement démocratique, au vu
et au su de tous, ces gens sont revenus ici et on fait une lutte qui nous a
amenés non seulement à la veille de Noël, mais qui nous a
forcés à revenir entre Noël et le Jour de l'an, un
"filibuster" à ne plus finir où ils ont déchiré
leurs vêtements, où, lorsque le premier ministre qui parle de
démagogie...
Vous applaudirez tout à l'heure parce que je vais vous apprendre
des petites choses, à vous en arrière, plus
particulièrement à vous qui vous faites emplir! Un instant! Ces
gens sont venus faire un "filibuster", ils ont fait des pieds et des mains pour
tenir compte des directives reçues du conseil national du Parti
québécois et, une fois le débat terminé, une fois
que la troisième lecture du projet de loi a été faite...
Même, je me demande si le projet de loi avait été
sanctionné quand le premier arrivé chez le comptable
apparemment, la petite histoire le dit a été un
député péquiste pour recueillir ces sommes pour lesquelles
il avait été impliqué dans le plus grand "filibuster"
qu'on pouvait imaginer.
Je dois vous rappeler qu'il n'y avait pas eu de clôture. Ils
s'étaient peut-être simplement éteints, mais d'une
façon tellement éphémère qu'ils se sont
ranimés comme jamais au moment même où la troisième
lecture était adoptée, alors qu'ils ont pu courir dans le
corridor recueillir le chèque contre lequel ils s'étaient
tellement élevés. Voilà, évidemment, de la petite
histoire qu'il valait la peine de rappeler.
Ce qui est arrivé par la suite, c'est qu'en 1975, il y a eu
l'indexation et, en 1976, nous sommes arrivés dans une période
difficile. Nous nous rappelons que l'inflation avait commencé à
se faire sentir et le gouvernement du temps, le mauvais gouvernement
libéral, en voyant la situation générale dans la province,
s'était dit, un peu dans le sens des nouvelles paroles du premier
ministre, qu'il fallait donner un exemple à la société
québécoise et que l'exemple devait venir de haut. Le gouvernement
a dit: Cet exemple ne doit pas toucher les petits salaires, mais doit
s'attaquer aux salaires du premier ministre et des ministres. Le chef de
l'Opposition y avait concouru, dans le temps, si je me rappelle bien.
Ces gens-là, non seulement n'ont pas eu l'indexation, mais ils
ont pris un montant de $3700 et l'ont remis au fonds de la province, dans un
geste qui n'a pas été tellement connu, parce que cela a
probablement été dans la colonne des décès, cette
histoire, cette nouvelle. Cela a pris la place que méritaient les gestes
posés pas l'ancien gouvernement si on se fie à la façon
dont cela a été publié. Je tiens aujourd'hui à le
dire, en toute justice pour le chef de l'Opposition officielle du temps et pour
le président de l'Assemblée nationale qui, lui aussi,
était de ce groupe et du premier ministre et des ministres qui,
en 1976, ont pris environ $3700 et les ont remis au fonds consolidé du
revenu.
Sans tambour ni trompette, sans grands discours sur toute cette sagesse,
sans ce rappel à l'ordre des différentes catégories de la
société!
Cela a été fait. En 1976, le 15 novembre, M. le
Président, nous perdions le pouvoir. Qu'est-ce qui arrive à ce
moment-là? Il est bon, vous qui applaudissiez tout à l'heure, que
vous le sachiez, si vous ne le savez pas. Les nouveaux ministres, ici en
Chambre, pour plusieurs du Conseil national du Parti québécois,
eux ont été cueillir cette indexation à partir du 15
novembre 1976. Ces ministres et plusieurs qui avaient participé au vote
du Conseil national du Parti québécois sont allés chercher
cette indexation du 15 novembre au 31 décembre et, en plus, le 1er
janvier 1977, ils allaient chercher une deuxième indexation, de sorte
que les ministres libéraux qui avaient $48 000 ou environ lorsqu'ils ont
quitté le pouvoir sont remplacés par des ministres aujourd'hui
à $58 000 et plus, et cela en moins d'un an, en quelques mois. Il
fallait que la vérité, qui a ses droits, puisse être dite
aujourd'hui, particulièrement à ces gens qui étaient
debout pour applaudir tout à l'heure. Maintenant, levez-vous et
applaudissez vos ministres et le chef de l'Opposition, évidemment, qui
vit à peu près sur les mêmes taux que les ministres.
Levez-vous et applaudissez ces gens-là qui sont passés de
$48 000 à $58 000. M. le Président, il est important que ces
choses-là soient dites. Il ne faut pas oublier les ministres d'Etat.
Alors que ces ministres d'Etat du gouvernement libéral avaient des
salaires moindres, dès que ce gouvernement a pris le pouvoir, il s'est
empressé de voir à ce que ses ministres sans portefeuille
puissent avoir le même traitement que les ministres avec portefeuille. M.
le Président, c'est ainsi que les portefeuilles s'engraissent et que les
principes reçoivent l'attention et les applaudissements de ces
honorables collègues d'en face.
Une Voix: De l'hypocrisie!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je n'ai pas
à qualifier ce comportement. Loin de moi l'idée de m'attaquer au
discours qu'a prononcé le premier ministre. Loin de moi l'idée de
, mettre en doute la valeur et la solidité de certains arguments
avancés par le premier ministre. Je pense, cependant, qu'il faut situer
ia question dans son véritable contsxte. Je voudrais, à ce
moment-ci, rappeler au gouvernement que, s'il est bien de freiner
l'augmentation des salaires, des avantages sociaux et d'autres avantages dont
peut bénéficier la députation, je pense tout de
même. M. le Président, qu'il y a des choses que ce gouvernement
devra faire.
Il devra mettre fin à certaines habitudes qui se prennent,
particulièrement avec ce gouvernement, de dépenses inutiles,
injustifiées. Vous n'avez qu'à vous rappeler l'incident
soulevé par le député de Portneuf. Vous n'avez qu'à
regarder ces rapports annuels. Regardez le rapport du ministre de l'Immigration
ce matin. Mais quel luxe, M. le Président! Regardez les dépenses
considérables qui se multiplient à tous les niveaux. Je prie le
ministre des Finances de mettre sur pied un comité
interministériel le plus tôt possible pour analyser ces
dépenses qui pourraient être diminuées afin de donner un
véritable exemple d'économie et d'austérité, si
nécessaire.
M. le Président, nous avons mis sur pied un système
d'indexation des salaires des députés. Nous l'avons fait dans le
sens que j'ai rappelé tout à l'heure. Nous l'avons fait
collectivement. Nous l'avons fait dans l'intérêt commun. Nous
l'avons fait non pas parce que nous voulions donner des privilèges
particuliers aux députés, mais nous avons voulu que chacun des
députés puisse avoir un régime qu'il comprenne et qui lui
permette de vivre avec un salaire indexé de telle façon que son
pouvoir d'achat ne soit pas diminué d'année en année
jusqu'à un moment où il faut rétablir la situation avec
une augmentation pouvant paraître exagérée.
La même situation s'est produite pour les juges, M. le
Président. Là encore, nous avons vu les membres du Parti
québécois s'insurger de nouveau parce qu'il était question
de l'augmentation du salaire des juges. M. le Président, c'est le
même principe que nous avons voulu appliquer. Là encore, j'avais
préparé une réforme, et j'espère que le ministre de
la Justice l'a retrouvée dans ses dossiers. Je m'attendais à ce
qu'il vienne cette année...
M. Bédard: J'en ai une meilleure.
M. Levesque (Bonaventure): ... cela fait au-delà d'un an
qu'il est là. J'avais toute cette réforme prête. Il n'avait
qu'à la déposer en Chambre. J'espère que lorsqu'elle
arrivera elle sera encore bonifiée, mais il ne faudrait pas non plus que
ce soit statufié de telle façon qu'on n'ait jamais cette
réforme qui est prévue pour le traitement et les pensions des
juges.
M. le Président, je ne veux pas discourir trop longtemps, mais je
tiens à rappeler à cette Chambre que, lorsque nous avons ainsi
procédé à l'indexation du salaire des
députés, nous pensions avoir apporté une contribution
positive vis-à-vis de ce problème. Aujourd'hui, on peut se
demander s'il ne serait pas plus sage, et je le dis d'une façon
absolument objective, étant donné la position que je
détiens et le salaire qui s'ensuit, ne serait-il pas plus logique
d'avoir laissé aux députés qui ont besoin de leur revenu,
d'avoir laissé le salaire et l'indexation prévue par le
comité Bonenfant s'appliquer aux simples députés, quitte
à geler, pour l'année qui vient, ceux qui ont des salaires plus
élevés à cause des fonctions qu'ils occupent. J'aurais
compris cela, étant donné la situation économique de ces
gens.
Nous faisons la même chose, nous sommes élus par un
comté, qui que ce soit dans cette Chambre. Nous avons été
élus dans notre circonscription électorale. S'ii y en a qui
occupent des fonctions qui commandent des salaires plus élevés,
cela n'a rien à voir avec leur vie ici à Québec. Ils
doivent rencontrer des gens continuellement, être complètement en
déplacement. Je n'exagère pas en disant que plus vous vous
déplacez dans la vie, plus vous voyagez, plus vous êtes
exposés à des dépenses qui se multiplient. La vie
d'un député, ce n'est pas nécessairement la vie
d'un neuf à cinq qui est tout près du Parlement. C'est un autre
genre de vie qui comporte des dépenses continuelles. Comme le premier
ministre le disait tout à l'heure, il n'y a personne qui s'enrichit, en
politique, parmi les parlementaires. Je suis témoin, depuis 22 ans, de
ce fait la. Je n'ai jamais vu quelqu'un, un parlementaire, de quelque formation
que ce soit, de quelque époque que ce soit, qui s'est enrichi en
politique.
J'en ai vu plusieurs s'endetter, et avant que nous ayons le
régime des pensions, j'en ai vu plusieurs qui avaient la langue longue
et qui étaient réellement dans des situations qui ne s'admettent
pas, lorsque quelqu'un a passé plusieurs années de sa vie
à servir le public.
M. le Président, je voulais simplement poser la question. Nous
allons voter en faveur du projet de loi, mais je voulais poser cette question
parce qu'en toute justice je crois qu'on doit laisser au simple
député son salaire et son indexation, quitte cependant à
demander à ceux qui ont le privilège d'avoir des revenus un peu
plus élevés, à cause des fonctions qu'ils occupent, de
faire le sacrifice de l'indexation pour 1978. Je pense que ce serait là
une approche raisonnable.
Quant au reste des propos tenus par !e premier ministre, je l'ai dit il
y a quelques instants, je suis conscient que nous avons une situation
difficile. Chacun doit faire les sacrifices qui s'imposent. Nous devons donner
l'exemple ici comme Assemblée nationale, comme institution, si nous
voulons amener les autres à penser dans ce sens et donner un effort
collectif et individuel. L'exemple doit partir d'ici, j'en conviens. Je suis
prêt à souscrire également à l'importance que nous
avons pour notre avenir collectif, comme Québécois et comme
Canadiens, de faire en sorte que la productivité augmente au
Québec, que les gens travaillent plus, que les gens épargnent
plus. Je ne suis pas d'esprit conservateur en disant cela. S'il y a quelque
chose de conservateur dans ce que je dis, c'est que nous devons faire en sorte
que nous conservions ce que nous avons acquis et que nous cessions d'agir
collectivement et individuellement comme s'il y avait là des ressources
inouies dans lesquelles nous pouvons puiser continuellement sans aucun danger,
ni pour l'individu, ni pour la famille, ni pour la collectivité. Je dis
qu'il est temps que nous prenions ensemble conscience que nous devons vivre
selon nos moyens.
Cependant, j'ai pensé qu'en apportant certaines remarques du
genre de celles que j'ai apportées je pouvais contribuer au
présent débat. Je vous remercie, M. le Président,
Le Vice-Président: Un instant.
M. Charron: Sur une question de règlement.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire adjoint, sur
une question de règlement.
M. Charron: J'aurais pu en faire une question de
privilège, mais je n'ai pas voulu interrompre cette énergie
circonstantielle du chef de l'Opposition. Il y avait beaucoup de vrai dans son
intervention, sans aucun doute. Il y avait malheureusement des faits que je
suis obligé de corriger immédiatement, il y a deux faits.
Premièrement, lorsque le nouveau gouvernement a été
assermenté en 1976, contrairement à ce qu'il a dit, nous avons
poursuivi, pour Tannée 1976, la politique de renonciation que son
gouvernement, celui dont il faisait partie, avait acceptée en janvier
1976. La deuxième fausseté dans ces affirmations est que, pour
l'année 1977, les ministres, membres du gouvernement
québécois, comme tous ies députés de cette
Assemblée, suite à un débat en coulisse qui pourrait lui
aussi avoir sa petite histoire intéressante à être
révélée à cette Assemblée, mais ce n'est pas
le but de mon intervention, ont accepté, suite aux pressions qui leur
étaient faites, d'obtempérer à ia loi, d'accepter
l'indexation comme député, mais ils ont refusé le
multiplicateur sur leur traitement ministériel. Les deux faits ont
été galvaudés dans l'intervention du chef de l'Opposition,
que je respecte, et je rétablis les faits en vertu de l'article 85.
Le Vice-Président: Question de privilège.
M. Levesque (Bonaventure): La rectification que vient de faire le
ministre ne tient pas compte des doux indexations. Le 1er janvier 1977, lorsque
ces messieurs étaient au pouvoir, ils ont bénéficié
de deux indexations: celle que nous avions remise en 1976 plus celle qui
était prévue pour 1977. Oui ou non?
M. Charron: Je vais vous fournir la réponse au cours du
débat ou un autre que moi vous ia fournira.
Le Vice-Président: Je ne permettrai pas de réponse.
Je veux souligner deux faits. L'intervention de M. le député de
Saint-Jacques n'était pas en vertu de I article 96 puisqu'il n'a pas
fait de discours.
L'intervention de M. le chef de l'Opposition officielle ne permet pas de
réponse.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, quant à refaire
l'histoire, on va la refaire au long. On va la commencer en 1936.
En 1936, M. le Président, M. Duplessis étant élu au
pouvoir a dit à ses députés: Vous comprenez, mes chers
députés... Exactement, mot pour mot, ce que vient de dire le
premier ministre d'aujourd'hui. Il n'y a pas eu deux phrases de
différence. Il a pris nos salaires et il les a diminués de $3000
le salaire des députés du temps à $2700.
C'est probablement le discours qui est resté mémorable dans la
vie de M. Duplessis parce que jamais après, quand on lui a parlé
de salaire, d'augmentation ou de pension pour les députés, il
n'est intervenu pour dire qu'on n'avait pas raison.
Dans la province de Québec, il y a un gouvernement composé
de 111 députés. Il y a des ministres, et il y avait autrefois des
ministres d'Etat, il n'y en a plus maintenant, comme le disait le chef de
l'Opposition officielle, car ils sont traités comme les autres. Mais il
y a 55 députés qui occupent des positions
privilégiées, ministres, whips, leaders, adjoints parlementaires,
présidents de commissions et qui reçoivent des salaires
différents des 56 autres ici, en arrière, qui ne reçoivent
rien, eux, qui reçoivent simplement le traitement du
député et les allocations qui nous sont versées en vertu
de la loi. Mais est-ce raisonnable, que ceux qui n'ont rien de rien, moins que
rien, sauf leur petit salaire, reçoivent moins que ce que le chef de
cabinet gagne, lui, dans certains ministères, soit de $32 000 à
$42 000 par année? Il y a des sous-ministres qui gagnent jusqu'à
$55 000. Est-ce raisonnable pour les 26 autres dans le Parlement qui sont, eux
autres, fixés à $27 000?
M. le Président, il y a deux classes bien différentes de
députés dans la Chambre: les privilégiés comme moi,
comme le chef de l'Opposition, comme le leader, comme les adjoints
parlementaires, comme les ministres qui ne sont plus ministres d'Etat mais qui
ont le même salaire que tous les ministres, comme le président
qui, lui aussi, a un traitement de faveur et les deux vice-présidents...
Je ne critique pas, mais je constate le nombre de députés qui
sont différemment traités. Est-ce juste? Est-ce raisonnable? On a
adopté une loi tout à fait spéciale pour empêcher
que revienne ce sujet devant les députés et devant
l'Assemblée nationale, la Loi de la Législature. On a dit, dans
cette dernière, en 1975: A compter de l'année 1975, cela va
être fini, on ne reparlera plus des salaires, on ne reviendra plus donner
cela comme appâts à la critique dans le public, on ne jettera plus
cela en pâture pour paraître comme des Saints escamotés ou
comme des gens vertueux.
A compter de l'année 1975, "l'indemnité visée
à l'alinéa précédent: "II est accordé
à chaque député une indemnité annuelle de $21 000",
est, pour chaque année, égale au montant de l'indemnité
pour l'année précédente multiplié par le salaire de
base pour l'année précédente et divisé par le
salaire de base pour l'année antérieure à cette
dernière."
Cela, c'était l'indexation que tous les députés ont
votée. A ce moment-là, on était persuadé qu'une
fois pour toutes on n'entendrait plus jamais parler de hausse ou de fixation de
nouveaux salaires. On avait décidé cela ensemble en
prétextant que c'était juste et raisonnable que, pour nous aussi,
l'indexation devait suivre le cours normal d'ajustement.
Aujourd'hui, l'honorable premier ministre, en répétant
presque textuellement le discours de M. Duplessis dans le temps, prétend
que, parce qu'il y a à l'horizon des conventions collectives qui s'en
viennent dans les secteurs public et parapublic, il va pouvoir dire: Ecoutez,
il faut mettre un holà, il faut mettre un cran d'arrêt. Il va
falloir que les députés commencent à donner l'exemple.
C'est cela surtout, la grosse raison.
Durant ce temps, M. le Président, il y a des gens ici, dans
l'Assemblée nationale, qui vont sûrement en pâtir. Je
connais des députés qui ont dit dernièrement, même
un député péquiste j'attends le journal pour vous
le montrer; je l'ai envoyé chercher, c'est en gros titre dans un journal
C'est fantastique, le député de l'Assemblée
nationale gagne $4.35 l'heure. En gros titre, en première page d'un
hebdo. Je l'ai envoyé chercher pour vous le montrer. Un
député péquiste qui dit qu'il n'arrive pas et qui tout
à l'heure, peut-être, mon cher il n'était pas ici en
Chambre aurait peut-être applaudi, lui aussi.
M. le Président, il faut avoir vécu en Chambre pour avoir
entendu les discours qui y ont été faits. M. le Président,
si on avait voulu véritablement faire une économie, comme il y a
25 ministres, $430 000 à peu près divisés par 25, cela
aurait représenté une baisse de leur salaire de $1800. Avec ce
qu'on a reçu comme inflation, ils auraient pu reprendre au moins $1100,
tout en perdant $1400. Là, on aurait peut-être pu comprendre que
les gros, ceux qui en reçoivent le plus, eux étaient prêts
à se sacrifier. $400 000 divisés par 25, cela donne à peu
près $1800 de moins.
M. le Président, je pense qu'on n'a pas raison de changer
l'indexation qui est votée par une loi pour véritablement les
motifs qui nous ont, dans le temps, amenés à adopter cette loi.
On n'a pas d'affaire à y retoucher. Que voulez-vous, dans l'opinion
publique, cela va bien paraître. On va dire: Eh bien! ils sont courageux.
Ils ont fait un geste noble. En 1977, le président a demandé des
lettres écrites des leaders, afin que chacun des députés
puisse bénéficier de l'indexation des salaires. Savez-vous ce qui
est arrivé, M. le Président? C'est qu'il n'y a eu qu'un seul
leader qui l'a écrite, la lettre, pour demander l'indexation. Cela a
été celui qui vous parle.
Cela avait été décidé dans un caucus que,
pour rallier tout le monde, il fallait que les leaders le demandent
officiellement par lettre. Le président s'est empressé d'aller
voir les leaders. Il est allé voir le leader de l'Opposition officielle
et il est venu me voir. J'en ai parlé avec mon caucus, le caucus a dit:
On n'a pas d'objection, M. le leader, à ce que vous écriviez la
lettre et c'est normal, mais on sait, par exemple, d'où cela vient. Cela
vient du caucus du "P.Quiou" qui demande, mon cher monsieur, que ce soit nous
qui ayons l'odieux pour qu'eux aillent chercher l'indexation. C'est ce qui est
arrivé. Je l'ai donné, la lettre. J'ai été le seul
à la donner. Le président, tenant cela comme acquis, s'est
levé et il a dit: Maintenant, j'ai une lettre officielle qui me demande
d'indexer les salaires et j'ai, en même temps, un avis juridique qui me
dit que la lettre est bonne et qu'on doit appliquer l'indexation.
Si vous l'avez eue l'année passée, dites-moi merci. Je
suis le seul qui vous l'ait fait avoir.
M. Grenier: On a été dénoncé par le
député de Jean-Talon.
M. Bellemare: Aujourd'hui, M. le Président...
M. Grenier: Le député de Jean-Talon nous a
"crossés" après. Excusez!
M. Bellemare: ... on nous demande de sacrifier cette
indexation.
Je sais qu'il y a des députés qui vont vous apporter des
faits réels de vie et d'usage. Cela n'a pas payé M. Duplessis
d'avoir baissé son salaire de $3000, celui des ministres de 10%, en
1939. Il a été balayé. Il n'a jamais retouché
à cela, par exemple, après.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le député me
permettrait un mot? Je ne veux pas l'interrompre. Je voudrais soulever une
question de privilège, M. le Président.
Il y a quelques minutes, le ministre, député de
Saint-Jacques, s'était levé sur une question de privilège.
Je suis heureux qu'il revienne. J'ai eu l'occasion de vérifier avec le
directeur administratif, il m'a indiqué qu'il avait
vérifié, également, et je pense que c'est assez
important...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure):... je pensais que le leader de l'Union
Nationale aurait peut-être à revenir sur cette question, alors je
voulais faire la correction. J'ai vérifié et je le dis pour que
l'Assemblée nationale soit bien informée. Les ministres, comme le
chef de l'Opposition, comme le premier ministre et tous ceux qui ont des
rémunérations additionnelles ont effectivement
bénéficié de l'indexation de 1976, plus l'indexation de
1977, au cours de l'année 1977 jusqu'au moment où je vous parle.
La seule correction que je voudrais apporter à ce que j'ai dit dans mon
discours, c'est pour le mois de décembre 1976 où ces gens n'ont
pas bénéficié de l'indexation. Mais comme
députés et comme ministres, à partir du 1er janvier 1977,
ils ont bénéficié des deux indexations de 1976 et de 1977.
C'est la confirmation que je viens de recevoir du directeur administratif de
l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: Sont-ils allés chercher $10 000?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Charron: Attention.
Le Vice-Président: M. le ministre, attention, quelle
question?
M. Charron: Sur une question de privilège.
Le Vice-Président: Pas en réponse à une
question de privilège.
M. Charron: Mon affirmation vient d'être mise en cause par
le chef de l'Opposition avec lequel j'ai discuté à quelques pas
de cette Chambre. Je lui ai donné raison en partie, moi aussi,
après vérification, c'est le ministre des Transports qui me l'a
dit aussi, parce qu'il l'a fait de son côté. J'admets qu'il
admette que nous ayons renoncé, comme son gouvernement, à notre
indexation, ce qu'il n'avait pas dit précédemment, mais il y a eu
double indexation, c'est exact, pour 1977, c'est-à-dire que le
multiplicateur s'est appliqué sur l'indexation également. Mais
nous n'avons pas été chercher l'indexation de 1976, il faut bien
se comprendre.
Mais c'est ce que vient de dire le chef de l'Opposition. C'est un peu
comme s'il disait: après avoir renoncé à l'indexation de
1976, ils se sont servis en double en 1977. Ce n'est pas exact. Ce n'est pas
exact et il le sait. C'est ce que je viens de lui dire, dans le corridor de
l'Assemblée. Il y a toujours bien des limites.
M. Blank: ... une augmentation de $10 000.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je ne
voudrais nommer aucun député, parce que je sais qu'on n'aime pas
voir dans le journal des Débats que l'on rappelle à l'ordre, par
son nom ou par le nom de son comté, un député. C'est
pourquoi je demande à M. le député, je le nomme, parce que
c'est digne de le faire, de Johnson, le leader parlementaire de l'Union
Nationale, de continuer son exposé.
M. Bellemare: M. le Président, après cette
rectification et cette grande humiliation que vient de subir le
député de Saint-Jacques d'avoir été obligé
de retirer ses paroles après les avoir affirmées
catégoriquement, je pense que vous avez...
Le Vice-Président: Je vous ai donné la parole en
vous demandant de parler sur la pertinence du débat et de ne pas
revenir... Attention, s'il vous plaît! Pas sur la question de
privilège. M. le député de Saint-Jacques n'est pas
intervenu dans le débat, mais sur une question de privilège. Je
voudrais bien que l'on distingue les choses...
M. Bellemare: II est intervenu en vertu de l'article 96.
Le Vice-Président: Et il n'en avait pas le droit.
M. Bellemare: II n'en avait pas le droit, c'est sûr, et
vous l'avez laissé parler quand même. C'est vous qui avez
manqué, M. le Président. Avec le respect que je vous dois,
surtout avec la vaste expérience que vous avez, vous auriez dû
l'arrêter immédiatement. Cela lui a quand même valu une
rebuffade assez évidente devant la population; d'ailleurs, ce n'est pas
la première et ce n'est pas non plus la dernière que certains
ministres vont recevoir.
Si l'on voulait véritablement donner l'impression qu'on veut
ménager, si on n'avait pas tant peur des conventions collectives
publiques et pa-rapubliques qui s'en viennent car c'est la grande raison
on laisserait les 56 députés qui n'ont pas les revenus
supplémentaires que nous
avons bénéficier au moins de cette indexation qui est dans
la loi. On a voulu, en 1975, indexer par la loi pour que jamais plus il n'en
soit question. Jamais! Aujourd'hui, le premier ministre revient avec une petite
loi de trois ou quatre lignes pour dire: Cette année, on regrette, mais
les députés n'en bénéficieront pas.
Nous allons voter pour la loi avec regret en considération des
nombreux services qu'on aurait pu rendre aux autres députés. Non
pas que nous ne soyons pas satisfaits de ce que nous recevons car,
personnellement, je suis très heureux de ce que je reçois et
d'autres comme moi le sont aussi. Là, il y a 56 députés
qui, eux, n'ont absolument rien à part leur strict salaire de
député. Les autres reçoivent des salaires qui sont,
aujourd'hui, très respectables. Alors, M. le Président, si vous
avez à brailler, vous braillerez devant votre premier ministre et non
pas devant nous autres.
Je termine en vous disant que nous voterons pour la loi, mais avec une
certaine restriction mentale.
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Le projet de loi no 100 s'inscrit dans la
lignée des projets de loi nos 101 et 102. Y a-t-il quelqu'un qui
voudrait prendre la parole à ma place?
Une Voix: II y a le député de Rosemont,
là-bas.
Des Voix: Oui, oui.
M. Samson: M. le Président, je viens de comprendre qu'il y
a des péquistes qui aimeraient parler à ma place. Dès que
j'aurai terminé, M. le Président, je vous demanderais de les
inviter à parler parce qu'ils ne parlent pas souvent de ce
temps-là. Je m'excuse, pas après moi, mais après le
député de Beauce-Sud, à leur tout. De toute façon,
même à leur tour, ils ne parlent pas souvent de ce
temps-là. Ce ne sont pas des "parleux", ce sont des "suiveux"! Des
"suiveux"!
J'étais ici en 1970. Ecoutez un peu et vous allez peut-être
apprendre des choses qui vont vous intéresser. Nous avons dû
amender la Loi de la Législature pour ajuster le salaire des
députés. C'est un exercice assez difficile. Même si je n'ai
pas l'expérience des 33 années de mon collègue de Johnson,
j'ai pu constater qu'il fallait se rencontrer derrière le fauteuil pour
se comprendre avant parce que personne ne voulait subir l'odieux de voter pour
la loi à moins que tout le monde vote pour. C'est le genre de pression
que tous les députés subissaient. En 1975, même chose,
mais, cette fois, on est allé plus loin, on a demandé à un
comité extérieur au Parlement de faire les recherches et les
recommandations.
Même après les recherches et ies recommandations qui
étaient beaucoup plus généreuses que ce que le projet de
loi recommandait, Mme le Président je ne risque pas tellement de
me tromper en disant que tout le monde voulait avoir l'augmentation il y
a un parti qui s'appelle le PQ qui a fait un "filibuster" du tonnerre pour
jouer aux vierges offensées. C'était donc terrible! J'entends
encore le ministre de l'Education d'aujourd'hui qui était chef de
l'Opposition à l'époque, qui disait: M. le Président,
c'est abominable, on se sert nous-mêmes. Bien oui, puis on a vu où
le chef de l'Opposition est allé quand il a eu son augmentation, oui. Il
est un de ceux qui sont allés la chercher, Mme le Président.
Ces gens ont joué aux hypocrites, d'une façon telle, Mme
le Président, qu'il n'y avait pas de différence entre la fiction
et la réalité, puis aujourd'hui on a un gel des salaires des
députés qui nous est présenté par la loi 100. Cela
va être sans augmentation, sans bon sens aussi, sans allure, comme le PQ
d'ailleurs. Un gel qui nous est proposé par qui? Pas par le leader du
gouvernement qui habituellement propose des projets de loi concernant la Loi de
la Législature. Ah non! par le premier ministre. Ecoutez, c'est
sérieux. Pour la galerie, il fallait que cela se fasse dans les formes,
pour avoir le maximum d'impact et de publicité possible. Donc, c'est le
premier ministre qui propose cela d'une façon très
angélique, Mme le Président. Il se fait le grand champion de
l'austérité, le grand champion des grandes économies.
Il ne faudra pas, bien sûr, indexer les salaires des
députés, parce que c est le temps de se serrer la ceinture. Mme
le Président, je me rappelle qu'en 1960 ou 1961. le président de
ia Banque du Canada, qui s'appelait à ce moment-là, James Cayne,
avait déclaré au peuple canadien qu'il fallait se serrer la
ceinture. Il avait été un grand champion, Mme le
Président. Mais c'est facile d'être un champion de
l'austérité, comme !e premier ministre aujourd'hui, quand on
gagne $76 500 par année. C'est facile d'être champion de
l'austérité.
Donnez-moi ce salaire-là puis je pourrai peut-être faire le
même discours que lui, mais je ne suis pas assis de la même
façon que lui, je ne suis pas assis sur S76 500 par année. Oui,
plus les dépenses. En parlant de dépenses, Mme le
Président, justement, je recevais aujourd'hui des réponses
données à des questions au feuilleton de l'Assemblée
nationale. Pour comprendre, les députés qui se sont
dépêchés de se lever tantôt pour applaudir le grand
champion à $76 500 par année devraient regarder la question
T-55...
M. Charron: Question de règlement, Mme !e
Président.
Mme le Vice-Président: Question de règlement, M. le
député de Rouyn-Noranda, un moment s'il vous plaît!!
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Charron: Mme le Président, j'invoque le
règlement. Le député de Rouyn-Noranda, qui s'apprête
à nous faire la lecture des réponses reçues aujourd'hui,
sait très bien qu'il est en dehors
du règlement actuellement. Nous devons nous prononcer sur le
principe du projet de loi qui demande si oui ou non cette Assemblée
consent à ce que les salaires des membres de l'Assemblée soient
gelés en 1978.
Le principe est aussi court que le texte du projet de loi.
M. Bellemare: M. le Président, pour répondre
à la question de règlement, je pense que tous ceux qui ont
parlé jusqu'à maintenant, en commençant par le premier
ministre, ont dépassé largement les cadres de ce que dit notre
règlement au sujet de la deuxième lecture. Quand le chef de
l'Opposition officielle a répliqué, je pense que la
présidence a donné certaine latitude. Enfin, en deuxième
lecture, on a droit à une heure, chacun des leaders, et chaque
député a droit à vingt minutes.
M. Samson: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je vous demanderais, Mme le Président, de ne
pas compter les interventions autres que la mienne sur le temps que j'ai. Mme
le Président, je voudrais parier sur !e point de règlement et je
ne voudrais pas que ce soit pris sur mon temps. C'est mon droit. On a
soulevé un point de règlement et c'est mon droit de faire valoir
mon idée sur ce point de règlement.
Mme !e Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, je ne suis pas intervenue, je n'ai pas répondu au point
de règlement. Il s'ensuit donc que j'espère que vous vous en
tiendrez au règlement, c'est-à-dire à la pertinence du
débat. Je pense que vous pouvez apporter un exemple qui viendra
corroborer ce que vous essayez de prouver, M. le député. Je ne
pense pas avoir besoin de vous entendre sur la question de règlement.
Ménagez votre temps, et j'espère que les autres vous permettront
d'intervenir sans être interrompu.
M. Samson: Merci, Mme le Président. Si vous pensez que je
sors de la pertinence, vous me le direz et on en reparlera à ce
moment-là. Je dis que la réponse donnée à une
question aujourd'hui, qui porte le no T-55, nous démontre qu'un certain
M. Taillon a été embauché au traitement annuel de $36 000.
C'est un nouveau sous-ministre adjoint; pas un remplaçant de quelqu'un
d'autre, un nouveau, un de plus, autrement dit. On sait lire entre les lignes.
Cela fait assez longtemps qu'on est ici. Quand on dit un de plus dans des
secteurs comme celui-là, cela veut dire qu'or: a ouvert une "job" pour
un "chum" politique qui s'adonnait à être le candidat
péquiste dans Limoilou en 1973, Mme le Président.
Je voudrais souligner aussi que, quand le grand champion à $76
500 par année, a présenté une motion à cette
Chambre, hier, pour augmenter le traitement du Protecteur du citoyen de $40 000
à $45 000 par année, on a voté pour, Mme le Pré-
sident, parce que nous avons considéré qu'il avait raison de le
faire. D'ailleurs, les raisons invoquées pour nous demander de voter en
faveur de cette augmentation de salaire, c'est qu'on venait de nommer un
directeur général du financement des partis politiques à
$45 000. On nous a dit: En toute justice, cela prend de la concordance entre le
Protecteur du citoyen et l'autre, donc, on va ajuster son traitement avec celui
qui est plus haut. On n'a pas ajusté avec celui qui est plus bas, Mme le
Président. Je pense que c'est important qu'on se rappelle cela.
Les grands champions de l'austérité, les grands champions
de l'économie, nous parlent d'économiser, mais, encore
aujourd'hui, en réponse à la question qui porte le no q48, on
peut retrouver, parmi les dépenses du dernier voyage en France de notre
champion à $76 500 par année, que cela a coûté $90
220.01. Ce sont les gens qui nous disent de nous serrer la ceinture.
Mme le Président, on a reçu ce matin un rapport complet,
détaillé des émoluments des membres de l'Assemblée
nationale et de ceux-là qui ont différents postes, dont les
ministres etc. C'est intéressant de voir, Mme le Président, que,
lorsqu'on dit aux simples députés: Vous gagnez $27 800 par
année et, cette année, on va vous geler, on se fait dire cela par
un premier ministre qui gagne $76 500. J'ai vu comme vous, Mme le
Président, se lever et applaudir autour du ministre, tantôt, 24
ministres à $65 380 par année. A ce prix-là, j'aurais
peut-être pu applaudir aussi. $65 380 que les ministres gagnent en 1977.
C'est avant l'indexation. C'est ce qu'on nous a donné comme papier
officiel ce matin.
Une Voix: Vous ne trouvez pas que c'est assez!
M. Samson: Je ne trouve pas que c'est assez! Oui, c'est assez!
C'est bien trop pour la "gang" de ministres que vous avez là. Donnez-en
donc un peu plus à ceux qui en méritent plus et moins à
ceux qui n'en méritent pas.
Mme le Président, remarquez que je ne veux pas vous faire de
reproche, parce que s'il y a quelqu'un qui gagne bien son argent dans cette
salle, c'est probablement vous. Mais il y a des différences comme cela,
vous savez. Le whip en chef, c'est un gars à $47 310. Il applaudissait,
si je me rappelle bien. $47 310 pour dire au gars de $27 800: "serre ta
ceinture".
Une Voix: il ne fait même pas son ouvrage.
M. Samson: Il y a les présidents de commissions qui sont
à $38 970. Il y en a qui se reconnaissent. Ils applaudissaient. Je l'ai
remarqué. Les adjoints parlementaires sont à $43 140.
Une Voix: C'est le coin.
M. Samson: $43 140. Les whips adjoints sont à $41 750. Je
peux m'être trompé de un ou deux, mais je suis arrivé au
calcul de 52 postes. M. l'ho-
norable député de Johnson a dit 55. Je peux m'être
trompé de trois.
M. Bellemare: Le président et les deux
vice-présidents.
M. Samson: Ah! oui c'est vrai. Vous avez raison. Je n'osais pas
parler des présidents, car je trouve qu'ils gagnent tellement leur
argent. Mais Mme le Président, cela en fait 55 qui sont au-dessus et
beaucoup, du salaire des députés. Ce sont ceux-là qui vont
venir nous faire la leçon à nous qui recevons un salaire de
député. Ce sont ceux-là qui vont nous faire la
leçon.
M. Laplante: Va à Ottawa. Ils auront plus, l'année
prochaine.
M. Samson: Après cela, on a la grande comparaison
subtile...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, M. le
député! M. le député de Notre-Dame-de-Grâce,
je me ferai un devoir de vous donner la parole si vous demandez à
intervenir sur la deuxième lecture du projet de loi.
M. Mackasey: Le whip à Ottawa n'a pas un cent.
Mme le Vice-Président: M. le député,
à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Samson: II y a la grande comparaison subtile, Mme le
Président. A Ottawa, ils gagnent plus et, en Ontario, ils gagnent moins.
C'est subtil comme comparaison. Pardon?
M. Laplante: M. Samson s'en va se présenter à
Ottawa. On gagne plus d'argent là.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, M. le
député de Bourassa!
M. Samson: Mme le Président, s'il n'en tenait qu'à
la compagnie du député qui vient de parler, je me
dépêcherais de me sauver. J'ai, de l'autre côté, des
amis sincères, Mme le Président.
M. Godin: Surtout du côté des libéraux.
M. Samson: Cela va vous surprendre, j'ai des amis sincères
dans le PQ aussi.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Rouyn-Noranda, vous avez encore quelques
minutes.
M. Samson: Mme le Président, vous voyez comment un
député peut gagner son argent parfois. Selon le règlement,
je peux m'exprimer librement, en vertu de l'article 26, mais je n'ai presque
jamais pu le faire, Mme le Président. Constamment, on essaie
d'intervenir pour m'empêcher de parler. Constamment, du côté
du Parti québécois. Vous en êtes témoin, Mme le
Président. Vous avez à intervenir pour les rappeler à
l'ordre et, d'ailleurs, vous venez de le faire encore.
M. Laplante: C'est triste.
M. Samson: Mme le Président, je vous dis...
M. Bellemare: Laissez-le donc parler!
M. Samson: ... que je ne suis pas parmi les $65 000 ou les $76
000 par année. Je ne suis pas non plus comme dans certains autres
Parlements où on a tenté de nous comparer aux millionnaires des
banquettes avant. Je n'ai pas peur de le dire. Je n'ai pas peur de la
transparence. Le Parti québécois n'a rien à me montrer
là-dessus. J'entendais le premier ministre nous dire tantôt "la
compensation maximum pour un moindre effort ".
Bien oui, le moindre effort, ils devaient regarder chez eux, Mme le
Président, pour le trouver, mais la vérité, c'est quoi? La
vérité, c'est qu'il y a une convention collective qui s'en vient
avec les fonctionnaires du gouvernement. On a monté le scénario
à partir du caucus du Parti québécois pour faire voir
à la population qu'on se serre la ceinture à l'Assemblée
nationale pour mieux serrer la ceinture des fonctionnaires ce printemps, avec
la nouvelle convention collective. C'est cela, la vérité, on va
se servir de cela. Après le Parlement étant ce qu'il est et le
caucus du PQ étant ce qu'il est, ils trouveront bien le moyen de
reprendre le temps perdu une fois qu'ils auront attrapé les
fonctionnaires au vol et qu'ils auront demandé à d'autres
secteurs de se serrer la ceinture. Ce gouvernement est un spécialiste en
cette matière, demander aux autres de se serrer la ceinture pour mieux
se lâcher lui-même et dépenser dans des choses dont on peut
discuter longtemps le bien-fondé quand on voit des volumes aussi
épais que celui qu'on a publié après le voyage du premier
ministre à Paris, qui est nettement de la propagande. La leçon
d'un premier ministre, comme celle que j'ai entendue aujourd'hui, qui gagne $76
500 par année, qui nous coûte $90 000 pour aller "flasher"
à Paris, je dis: Je n'ai pas de leçons à recevoir de
celui-là et, surtout, je n'ai pas peur d'affronter l'électorat
que je représente parce qu'ils savent que je fais le travail que j'ai
à faire ici, que je les représente et que je vais continuer
à les représenter longtemps, même lorsque je leur dirai que
j'aurai voté contre le projet de loi 100, parce que je vais voter
contre.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, M. le
député, s'il vous plaît!
M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Mme le Président, s'il y a un projet de loi que
nous abordons à l'Assemblée nationale et qui nous place en
conflit d'intérêts, c'est bien le projet de loi que nous avons
devant nous à l'heure actuelle. Je pense qu'il faut quand même
avoir suf-
fisamment le sens des responsabilités pour admettre que ce n'est
pas agréable de parler de nos salaires. Personnellement, je n'ai jamais
discuté d'augmentation de salaire avec mes employeurs dans le
passé, c'est venu automatiquement; je ne sais pas si j'ai
été plus chanceux que les autres, mais il n'y en a pas d'autres
que nous qui peuvent trancher cette question, nous, les membres de
l'Assemblée nationale. Alors, je veux me garder de tomber dans la
facilité et je voudrais, pendant les quelques minutes qui sont à
ma disposition, étudier cette question et l'examiner avec un certain
sens des responsabilités et du devoir.
Le premier ministre a tenu cet après-midi des propos responsables
que j'endosse, Mme le Président. Nous ne sommes pas ici pour nous
servir, et, à ce que je sache, personne, aucun membre de cette
Assemblée n'a été obligé de se présenter
à une élection étant menacé d'enlèvement ou
de se faire casser les jambes. Nous avons accepté de servir et, quand on
accepte de servir, cela comporte des responsabilités et des
sacrifices.
Il y a une chose que je déplore. Je déplore
sincèrement qu'il n'y ait pas eu de consultations entre les partis avant
de présenter cette loi devant l'Assemblée nationale. J'ai
remarqué, depuis que je suis ici, en 1970, que les discussions sur les
salaires des députés, en fin de session, ont toujours
constitué une excellente tribune politique. Nous avions pensé, en
toute bonne foi et en toute sincérité, régler cette
question de façon définitive lorsque des amendements ont
été apportés à la Loi de la Législature
mais, cette année, le salaire des députés arrive encore
et, c'est malheureux, on en fait encore un show de fin de session, un excellent
moyen de faire oublier certaines lois discutées et discutables aux yeux
de la population du Québec et cela, je le déplore
souverainement.
Quand on analyse les chiffres et qu'on fait des comparaisons entre les
salaires qui sont payés ici au Québec, et ceux d'autres
Législatures provinciales ou du gouvernement fédéral, il
est évident que les amendements que nous avions apportés à
cette loi étaient des amendements qui devaient être revus, parce
que cela devient, à un moment donné, complètement
inacceptable. Quand on considère que le salaire du premier ministre de
l'Ontario est de $54 400, que l'Ontario paie pour la péréquation
que nous retirons et est considérée comme une des provinces
riches du Canada, il est temps qu'on se pose des questions.
Lorsque le salaire du premier ministre à Ottawa est de $69 000
par année, qu'on voit dans la loi que le salaire du premier ministre du
Québec est de $76 500 et que si on avait appliqué l'indexation,
tel que stipulé dans la Loi de la législature, qui aurait
donné au premier ministre du Québec une augmentation de $7250,
cela aurait porté le salaire du premier ministre de la province à
$83 750, il est temps qu'on commence à se poser de sérieuses
questions. C'est pourquoi je dis, Mme le Président, que cette question
doit être analysée en toute objectivité et sans passion. Je
reviens encore là-dessus. C'est pourquoi, si j'ai un reproche à
faire au premier ministre, et c'est peut-être le premier grand reproche
que je lui fais depuis qu'il a été élu premier ministre de
la province...
Ce qu'il aurait fallu, je pense que cela aurait été
normal, étant donné que cela concerne les 110
députés de l'Assemblée nationale quoi qu'on dise et
quoi qu'on fasse, et peu importe la décision que nous allons prendre,
nous sommes condamnés d'avance, cela a toujours été comme
cela, c'est encore comme cela et ce sera encore comme cela étant
donné que nous étions tous concernés, dis-je, il aurait
été de beaucoup préférable qu'il y ait des
rencontres, qu'il y ait des contacts avec les différentes formations
politiques de l'Assemblée nationale et qu'on examine une formule de
façon à éviter encore une fois de faire un "show" de fin
de session avec le salaire des députés, sur le dos des
députés et sur le dos de nos familles. Cela je le regrette.
On parle de comparaison de salaires avec l'Ontario, on parle de
comparaison de salaires avec le gouvernement fédéral; il y a une
autre comparaison que nous devrions faire.
Je pense que c'est mon collègue le député de
Johnson qui en a parlé tout à l'heure. Mon collègue de
Rouyn-Noranda ainsi que le chef de l'Opposition officielle y ont
également fait allusion. En 1970/71, il y a eu le fameux front commun,
au Québec, qui devait constituer la locomotive de la meilleure
rémunération des travailleurs et des travailleuses du
Québec, qui a été appuyé sans aucune
réserve, qui a été amplifié par ceux qui gouvernent
aujourd'hui le Québec. Nous avons vécu cela ici à
l'Assemblée nationale, cette période où nous avions
émis des réserves, à savoir que si on donnait des
avantages aux travailleurs de l'Etat que l'état de l'économie
québécoise ne permettait pas de donner dans le secteur
privé, dans le secteur de l'entreprise manufacturière, on se
trouvait à gonfler notre économie, à l'amplifier, à
la "booster" je m'excuse de ce mot anglais a un point tel que
l'entreprise privée, que le secteur manufacturier ne pourrait plus
suivre et qu'à ce moment, on débarque non seulement du
marché canadien, mais on débarque du marché
international.
Je regarde les dernières statistiques, qui nous démontrent
que la balance commerciale du Canada est déficitaire de $10 milliards au
cours de l'année qui se termine, Mme le Président.
Il est temps qu'on se pose de sérieuses questions parce que, si
on comparaît la même proportion de balance commerciale
défavorable avec les Etats-Unis, il faudrait que les Américains
en aient une de $100 milliards, alors qu'elle est effectivement de $40
milliards. Il nous a fallu envisager avec courage, avec les risques que cela
comportait, de rouvrir la Loi de la Législature pour examiner le salaire
des députés, de façon à, au moins, l'ajuster un peu
avec les salaires qu'on retrouvait dans la fonction publique. On voit, à
l'heure actuelle, des chefs de cabinet de ministre qui gagnent $34 000 par
année cela a été dit tout à l'heure du
côté ministériel, je l'ai entendu avec les
dépenses payées, avec sécurité d'emploi, avec un
solide fonds de pension, avec des avantages sociaux de toutes sortes. On donne
à une certaine
catégorie de personnes, qui sont très près des
hommes publics, très près des hommes politiques, des avantages
exceptionnels, des avantages supérieurs à ceux des
députés.
Je vois mes collègues des comtés ruraux, tant du
côte de l'Opposition que du côté ministériel.
Lorsqu'ils s'en vont chez eux, ie vendredi soir, iis ne s'en vont pas se
reposer, prendre des vacances dans leur comté. Ils s'en vont travailler
15 heures le samedi et en faire autant le dimanche, quand ils ne font pas 16 ou
17 heures dans la journée du lundi, pour reprendre leurs travaux, ici
à l'Assemblée nationale, avec une semaine de travail dans ie
corps déjà avant même d'avoir commencé à
travailler sur le plan parlementaire. On sait tout ce que cela peut demander de
dépenses et d'obligations, surtout que nous avons des collègues,
ici à l'Assemblée nationale, qui ont quand même des
populations qui sont très étendues dans leur territoire, qui ont
42, 44, 46 municipalités dans ieur comté, avec 34, 36, 38 et
même 40 paroisses. On n'en parie pas do cela. J'aimerais également
qu'on fasse la comparaison à ce niveau. Je vois des sous-ministres
gagner beaucoup plus que des ministres, maigre que le salaire des ministres ait
un écart trop considérable par rapport à celui des
députés. On ne me fera pas croire que les ministres travaillent
deux fois plus que les députés. Le ministre travaille pius et il
a plus de responsabilités, c'est vrai, mais il y a un écart trop
considérable.
Je vais souscrire à cette loi, mais il va falloir que ce soit
revu dans son ensemble. M va falloir que le premier ministre et que le
gouvernement actuel donnent suite a leur intention d'examiner en toute
objectivité cette question, avec un sens des responsabilités,
avec les risques politiques que cela comporte, lorsqu'il y aura des
négociations, lorsqu'il y aura des discussions à faire avac les
grands commis de l'Etat, avec ceux qui sont là aussi pour servir la
population du Québec. Si c'est vrai pour les députés que
nous sommes là pour servir, il ne faudrait pas oublier qu'au niveau de
la fonction publique il y a, là aussi, des gens qui sont la pour servir.
Ils ont des avantages qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans l'entreprise
privée.
Il faudra qu'on tienne compte de cela. Sinon, le Québec va
continuer à "artificialiser" son économie et nous allons nous
retrouver tantôt dans des situations extrêmement pénibles et
extrêmement précaires qui nous obligeront a accepter une baisse de
niveau de vie considérable, et cela non seulement pour les gens qui
travaillent au niveau de la fonction publique et de 'a fonction parapublique,
mais pour ceux qui travaillent également dans l'entreprise
privée, dans tous les domaines, dans tous les secteurs de
l'activité économique.
Je sais que tenir des propos de cette nature, ce n'est pas tellement
agréable et cela ne fait pas fureur non plus. J'en suis pleinement
conscient. Mais, si nous avons des responsabilités à prendre,
c'est avec courage que nous devons les prendre. C'est pourquoi |e me garde bien
de faire du sentimentalisme a ce moment-ci. Je suis conscient des
responsabilités qui attendent ie gouvernement à ce niveau, si on
veut vraiment donner à l'économie québécoise un
équilibre qui a été rompu depuis quelques années.
Je ne veux pas faire le procès de ceux qui ont formé l'Opposition
officielle dans le temps, mais je pense qu'aujourd'hui ils ont leur
leçon. Ils réalisent les responsabilités qu'ils doivent
assumer, ils doivent réaliser aussi la portée des propos qu'ils
ont tenus a une certaine époque.
Je laisse mes collègues sur ces propos.
Encore une fois, je demande au gouvernement c'est le voeu que
j'exprime en terminant que dès le retour en Chambre, dès
la reprise de nos travaux parlementaires, la commission de l'Assemblée
nationale soit saisie de cette question le plus tôt possible à
notre retour. S'il faut former une sous-commission de l'Assemblée
nationale pour étudier cette question afin de trouver une formuie pour
éviter des "shows" politiques comme ceux auxquels nous assistons
à l'heure actuelle, qu'on en vienne à trouver une formule
logique, mais une formule décente. Actuellement, la formule frise
l'indécense.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Jean.
M. Jérôme Prouix
M. Prouix: Si on appliquait pour l'année 1978 la Loi de la
Législature indexant chaque année le salaire des
députés en fonction de l'augmentation du coût de la vie,
quelles seraient nos augmentations ae salaire? Le premier ministre aurait, dans
quelques semaines, $83 000. En 1979, il aurait $91 000, et en 1980. il aurait
$100 000. C'est à cause du multiplicateur de 150 qui est très
élevé. Le problème fondamental de toute cette augmentation
de salaire, ce sont les multiplicateurs: 30% pour les adjoints, 45% pour le
whip, pour les vice-présidents 50%, les ministres 110% et le premier
ministre 150%. Ce sont donc les multiplicateurs qui font que les salaires
augmentent beaucoup trop vite. Le premier ministre aurait $83 000, tandis que
M. Trudeau aura, dans trois semaines, $69 000. ce qui ferait qu'au
Québec le premier ministre aurait $14 000 de plus que le premier
ministre fédéral. Nos ministres auraient $71 000, alors qu'eu
fédéral ils ont $59 000; nos ministres auraient donc $12 000 de
plus. Nos députés toutefois auraient, avec la nouvelle
indexation, $37 000 alors qu'à Ottawa... Non, en tout et partout.
M. Marchand: Cela prend un tout nu comme to: pour dire des
affaires comme ça!
M. Russell: Mme le Président, ii y a des limites partout.
Si le député veut donner des informations, qu'il les donne
exactement, ii a les documents devant lui.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi à l'ordre, à l'ordre, s'il vous
plaît vous pourrez toujours demander la parole pour faire votre
intervention, si vous ie désirez.
M. ie député de Saint-Jean.
M. Prouix: Nous aurions, la semaine prochaine, $37 000, alors que
les députés fédéraux,
avec frais d'indemnités, salaire de base et frais de
représentation, auraient $39 000. Donc, les députés
fédéraux auraient $2000 de plus que nous. Si on compare cela aux
députés de l'Ontario, le premier ministre aura, dans trois
semaines, $56 000, alors que notre premier ministre aura $27 000 de plus.
Une Voix: C'est trop!
M. Marchand: C'est pour cela. Demande-iui donc pourquoi il est
parti de Radio-Canada!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laurier, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Marchand: Parlez-en donc! Mme le Vice-Président:
A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
M. Proulx: Les ministres, en Ontario, auront $45 000, alors que
les nôtres auront $71 000, ce qui fait que nos ministres auront $26 000
de plus. Si on regarde les députés de l'Ontario, ils auront, en
janvier 1978, $27 000, alors que nous aurions, avec l'augmentation, $37 000. Au
Québec, les parlementaires sont, de beaucoup, les mieux payés,
excepté les députés fédéraux qui auront,
dans quelques semaines, $39 000 avec salaire de base et frais de
représentation et une augmentation de $2000, ce qui leur fera $39 000 de
salaire. On peut comprendre que le salaire des députés
fédéraux soit plus élevé à cause de ces
distances continentales qu'ils ont à parcourir et à cause aussi
de ia longueur des sessions fédérales.
C'est aussi au Québec que ia pension est la plus avantageuse, et
pour le montant et pour le nombre d'années requises pour l'obtenir. En
Ontario, on peut obtenir une pension après cinq ans de service à
l'Assemblée législative au moment où les années de
service, ajoutées à leur âge. totalisent 55 ans. C'est
beaucoup moins avantageux qu'ici.
Que dire au Québec de ces nombreux ex-députés et
ex-ministres, qui, en plus de leur pension, occupent des postes très
importants et très bien rénumérés dans la fonction
publique? Donc, nos salaires sont élevés, et les pensions
très avantageuses, et ne nous laissent pas tout à fait au seuil
de la pauvreté.
En est-il de même pour les revenus de présidents de
régies, de commmissions de toutes sortes et de leurs membres, de
comités, de sociétés d'Etat, de sous-ministres, de chefs
de cabinet, de juges, de hauts fonctionnaires et de tous ceux qui sont à
la tète de la pyramide de la fonction publique. En est-ii de même
aussi dans le secteur parapublic, dans les directions de CEGEP,
d'hôpitaux, de commissions scolaires et de tous les autres organismes.
Ces personnes au sommet de la pyramide parapublique bénéficient
de salaires, d'avantages sociaux, d'avantages pécuniaires, et de frais
de toutes sortes. Si l'on considère l'ensemble du secteur public et
parapublic, soit environ 10% des travailleurs québécois, ce
groupe de travailleurs bénéficie de ia sécurité, de
la permanence, d'avantages sociaux, de salaires hautement raisonnables et les
autres 90% des travailleurs québécois payent par leurs
impôts et par leurs taxes le salaire de ces travailleurs.
Et enfin qu'en est-il de tous ceux-là qui n'ont que le salaire
minimum ou leur pension de vieillesse ou leurs prestations
d'assurance-chômage ou d'assistance sociale? La situation actuelle du
chômage qui sévit au Québec, comme partout ailleurs au
Canada, aux Etats-Unis, en Angleterre, en France, en Italie et dans tous les
pays industrialisés, nous oblige à imposer un cran d'arrêt
dans cette montée constante des salaires, alors que des centaines de
milliers de personnes chez nous sont au seuil de la pauvreté,
étant chômeurs ou assistés sociaux. C'est à nous,
parlementaires, de donner le ton et l'exemple. Le premier ministre, il y a
quelques mois, a redemandé a la population de se serrer la ceinture.
C'est donc à nous de donner le leadership dans ce changement qu'on doit
imposer dans le style de vie que nous voulons appliquer au Québec.
Nous vivons dans une société de consommation où
cette soif de salaires de plus en plus élevés pour
acquérir encore de plus en plus de biens matériels est toujours
insatiable. Il faut donc arrêter cette progression trop rapide de salaire
et cela pour permettre à ceux qui sont au bas de l'échelle de
pouvoir monter plus rapidement, plus facilement, car une société
juste se doit de tout faire pour diminuer les écarts de salaire entre
ceux qui sont au sommet de la pyramide et ceux qui ont le salaire minimum et
qui ont à peine à vivre décemment.
De plus, le masse salariale du budget québécois augmente
d'année en année, de telle sorte qu'un jour ce budget sera
consacré en trop grande partie en salaires et trop peu et très
peu en constructions, en opérations, en immobilisations de toutes
sottes. Aussi, au Québec, tous reconnaissent que les coûts de
production dans de très nombreux secteurs de l'activité
québécoise sont trop élevés et que la concurrence
mondiale nous nuit fortement. Il faut là aussi apporter certains
correctifs. Le Québec est un pays très riche dont les richesses,
malheureusement ne profitent qu'à un groupe restreint. Le Québec
aura un rôle à jouer bientôt dans le monde des nations,
parce qu'un jour, c'est là notre but fondamental, notre objectif
premier, nous serons membres des Nations Unies.
Et, sans tomber dans la démagogie, quand on compare les revenus
d'un Québécois ou d'une famille québécoise à
ceux d'un pays du Tiers Monde, cela donne le vertige. Qu'on pense seulement aux
huit pays du Sahel à l'heure actuelle qui sont écrasés par
une sécheresse épouvantable. Nous avons une
responsabilité...
M, Russeil: Quelle démagogie! Dans des circonstances comme
celles-là, cela me surprend, cela me dégoûte. Je vous en
parlerai tout à l'heure.
M. Proulx: Nous avons une responsabilité comme citoyen,
comme personne humaine, je vous en parierai moi aussi après, si vous
voulez
M. Russell: On va s'en parler, à n'importe quel temps.
M. Proulx: Je vous en parlerai.
Une Voix: Espèce de paysan. Vulgaire paysan.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Saint-Jean, un moment s'il
vous plaît! Je demanderais aux membres de cette Assemblée de
n'intervenir ni par signe, ni en parole et de laisser le député
de Saint-Jean terminer son intervention. Il me fera plaisir de donner la parole
à ceux qui voudront me la demander, mais je vous demanderais d'attendre
que le député de Saint-Jean ait terminé son
intervention.
Vous avez encore quelques minutes, M. le député.
M. Proulx: Nous avons une responsabilité à
l'égard de centaines de millions de personnes qui sont encore et qu i
sont toujou rs au seu i I de la m isère et de la pauvreté et qui
meurent d'inanition. Voulez-vous l'explication de ce mot, M. le
député? Comme parlementaires et comme hommes et femmes publics
nous avons de grandes responsabilités à l'égard des
déshérités du Québec et du monde entier. C'est
pourquoi je voterai pour cette loi qui gèle nos salaires.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, Mme le Président. Avec votre permission,
je voudrais faire quelques commentaires sur le projet de loi 100. A la suite
des propos qu'a tenus le premier ministre, je vous dis que je suis d'accord
avec les principes qu'il a énoncés. Il est peut-être temps
au Québec qu'on soit plus productifs et qu'on arrête cette
montée en flèche des salaires.
Mme le Président, je conviens également que nous, les
députés, devons donner l'exemple. Je suis d'accord avec ce
principe. Mais les principes ce sont des principes. Il ne faudrait pas qu'il y
ait dans ces principes deux poids deux mesures. Lorsqu'on parle de principes on
part de la même base.
Le Whip en chef du Parti québécois a comparé nos
chiffres avec ceux de l'Ontario, avec ceux du gouvernement
fédéral. Pourquoi ne s'est-il pas limité à comparer
des chiffres au Québec? Mme le Président, j'irai encore plus
loin. Pourquoi ne s'est-il pas contenté de comparer des chiffres de gens
qui travaillent ensemble dans cette même Assemblée parmi les 110
députés ou ministres de l'Assemblée nationale?
Pas besoin de charrier et d'aller chercher des exemples à
Vancouver et Ottawa. Prenons des faits que nous connaissons tous, des faits
pour lesquels nous avons des chiffres, des faits qui nous touchent ici dans
l'Assemblée nationale.
En tant que député, Mme le Président, j'accepte,
cette année, qu'on gèle mon salaire. Je l'accepte parce que je
suis le premier à vouloir donner l'exemple. Un simple
député peut vivre raisonnablement avec $27 000, là j'en
conviens, je l'accepte et je m'organiserai pour vivre avec ce salaire, Mme le
Président, parce qu'il y a des travailleurs au Québec qui gagnent
beaucoup moins que nous. J'accepte ceia.
Lorsqu'on parle de $27 000 pour un député, je ne suis pas
gêné du tout de ce salaire. S'il y avait eu augmentation, je n'en
aurais pas été gêné non plus. Lorsqu'on travaille
70, 75, 80 heures par semaine et qu'on fait le calcul, cela fait $5 à $6
l'heure. Il n'y a donc pas un député dans cette Assemblée
qui devrait être gêné de récolter comme salaire $27
000 par année.
Mais, Mme le Président, si un député peut vivre
et je prends des exemples, toujours, de gens qui sont dans cette
Assemblée avec $27 000, pourquoi un ministre ne pourrait-il pas
vivre avec $40 000 ou $45 000? Pourquoi un ministre a-t-il besoin de deux fois
plus et même davantage? Pourquoi donne-t-on à un ministre $30
000... Je conviens qu'il n'a pas les mêmes responsabilités.
Pourquoi cela prend-il $30 580 de plus à un ministre, sans parler des
autres considérations?
Mme le Président, la logique qui découle de cela c'est
qu'un député est pas mal meilleur administrateur qu'un ministre.
Si on est capable de vivre avec $27 000, pourquoi et je ne vais pas
chercher des chiffres à Ottawa et Vancouver un ministre a-t-il
besoinde$30 OOOdeplus? Pourquoi ne pas changer tout simplement le
multiplicateur. Le whip du gouvernement l'a dit, il a touché au point
sensible. Si on veut prendre ceux qui sont les bas salariés on
pourrait étendre l'exemple au simple travailleur et qu'on veut
les monter à un niveau qui se rapproche de celui qui gagne le plus, ce
n'est pas toujours en multipliant par 150% qu'on y arrivera. C'est
assuré que plus cela va aller plus il va y avoir de
différence.
Mme le Président, si on voulait véritablement
régler le problème, pourquoi ne pas changer le
multiplicateur?
Lorsque le député de Saint-Jean et whip du Parti
québécois a abordé tantôt ce problème, il
l'avait, la solution, mais il ne s'en est pas servi. Pourquoi un sous-ministre
ne vivrait-il pas, lui aussi, avec $27 000 ou $30 000 ou $35 000? Pourquoi $50
000 ou $60 000? Ce sont des gens qui vivent ici au Québec, dans la ville
de Québec. Si on s'en tient à ce principe je pose la
question aux ministériels et, lorsque je dis "ministériels", cela
s'adresse aux ministres qu'un député peut vivre avec $27
000, pourquoi ne pouvez-vous pas vivre avec $40 000, par exemple? Pourquoi cela
vous prend-il $30 800 de plus? Je vous pose la question. S'il y a des gens qui
ont la réponse, avant qu'on vote le projet de loi en deuxième
lecture, j'aimerais qu'on me la donne.
Pour moi, c'est facile de dire à un travailleur qui vient dans
mon bureau: Tu en as assez de $4000 à $6000 par année. Qu'est-ce
qu'il me répond, Mme le Président? Oui. je te comprends, mon
vieux. Tu en gagnes $30 000. Pour toi, cela va bien. Pourquoi dit-on aux
députés qu'ils ont assez d'argent pour vivre?
Mme le Président, je l'ai dit au début: Je suis d'accord
pour qu'on gèle mon salaire, mais je ne comprends pas cette
différence de $30 800 avec un
ministre. Les principes, ce sont des principes. On ne peut pas avoir
deux poids, deux mesures. Or, c'est la question que je voulais poser. Pourquoi
ne pas faire une réduction aux ministres? Je pose la question. Je ne
veux pas faire de démagogie. Il me semble que $15 000 de
différence, cela pourrait être raisonnable pour la
différence de responsabilités, mais, Mme le Président,
c'est plus que le double! Je m'en tiens au principe. Encore une fois, je le
répète, je ne donne pas des exemples de gens qui ne vivent pas
dans le même milieu, mais des exemples de gens du milieu.
Mme le Président, je suis pour la loi que l'honorable premier
ministre a déposée. Je suis pour le principe de cette loi, mais
le principe, c'est pour tout le monde. Je pose la question et j'espère
que j'aurai une réponse. Il me semble que la logique, cela ne tue pas.
C'est facile de dire à quelqu'un de se serrer la ceinture une fois qu'on
a le ventre plein. Si c'est cela, de la logique, je ne marche plus. C'est
facile de dire à quelqu'un de se serrer la ceinture et, une fois qu'on a
très bien mangé, de dire à l'autre de se priver. C'est
facile de dire cela, mais il me semble que ce n'est pas tout à fait
logique.
J'entendais applaudir des gens cet après-midi. Je ne leur en veux
pas pour cela. Sur 71 députés du Parti québécois,
sauf erreur, Mme le Président, il y en a seulement 22 qui n'ont pas de
traitement additionnel. C'est facile de dire aux autres: Vous en avez assez. Il
y en a seulement 22 qui n'ont pas de traitement additionnel. Je dis bien
humblement aux ministres que je doute de la sincérité des
principes énoncés. J'en doute parcequ'ily a un tel écart
de salaire. Si c'est bon pour un bord, c'est bon pour l'autre. Les principes ce
n'est pas seulement pour les autres. Lorsque je dis à un de mes enfants
de ne pas manger de bonbons parce que ce n'est pas bon pour ses dents, au moins
la logique veut que je me garde d'en manger devant lui. Au moins la logique
veut cela. On se sert devant tout le monde et, ensuite, on dit: Ne touchez pas
à cela.
Si moi, en tant que député, j'accepte ce principe de geler
mon salaire à $27 000, je demande alors aux ministres d'en faire autant.
S'ils étaient logiques, je leur demanderais de réduire leur
salaire à $40 000. Je leur laisse encore $13 000 de différence.
Il n'est pas besoin d'avoir des diplômes d'économiste ou autres
plein les murs pour comprendre une telle chose. Le simple citoyen, le simple
homme de la rue comprendrait cela. Il me semble que c'est logique. A un moment
donné, les principes sont basés sur la logique. On dit qu'une loi
doit d'abord être basée sur la logique. Il me semble que c'est
logique.
Mme le Président, je termine là-dessus. Personnellement,
lorsque je juge la valeur d'un homme, je ne la juge pas par ses diplômes.
Un homme, c'est quelqu'un qui, d'après moi, non seulement énonce
un principe, mais le met d'abord lui-même en pratique et en application.
Voilà, Mme le Président, ce que j'avais à dire. Je lance
l'invitation aux ministériels: Si c'est bon pour nous autres, baissez
votre salaire à $40 000 et je pense que, cette année, vous aurez
ce qu'il faut pour vivre, sans considérer la limousine fournie. Je ne
vous en veux pas, car c'est le but de chaque député de devenir,
un jour, ministre. Si un député est capable de vivre avec $27 000
et si nous, en tant que députés, on accepte ce principe, en plus
du $7000 que chaque député et ministre a comme frais de
représentation, je me suis laissé dire si je fais erreur,
on me corrigera immédiatement qu'en plus, chaque ministre avait
tout près de $400 de plus par mois qu'un député de frais
de représentation et cela, l'automobile fournie.
Ce sont des principes, et les principes, c'est pour tout le monde. Nous
sommes, dans cette Assemblée, 110 députés qui travaillons
dans le même milieu. Si 50 députés peuvent vivre avec $27
000, il me semble que l'automobile fournie, les frais de représentation
je comprends qu'il y a des responsabilitéset environ $50
800 ou $60 000, c'est un peu trop. Je demande aux ministres, pour donner
l'exemple, cette année, de réduire votre salaire à $40
000. Je suis convaincu que si les ministres sont logiques, il y en a un qui va
se lever pour faire une proposition à son premier ministre.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: Mme le Président, à la suite de
l'intervention du député, je voudrais proposer la suspension du
débat.
M. Lavoie: C'est un bon signe, il a été
impressionné, je crois.
M. Charron: Pour me permettre de considérer la proposition
du député pendant l'heure du souper, je propose la suspension du
débat. J'avise immédiatement les collègues que nous le
reprendrons dès 20 heures ce soir.
Mme le Vice-Président: M. le leader adjoint, il y avait un
député qui s'était levé sur la motion. De toute
façon, si vous demandez la suspension...
M. Mackasey: II n'y a pas consentement unanime. Je suis
payé pour travailler jusqu'à 18 heures, je vais travailler
jusqu'à 18 heures dans la Chambre.
M. Charron: Je ne demande pas la suspension de la Chambre, je
demande la suspension du débat, j'ai quelque chose d'autre à
proposer.
M. Mackasey: Je suis un de ceux qui veulent participer au
débat.
Mme le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement, si vous avez autre chose qui vient ensuite, veuillez demander
l'ajournement du débat, s'il vous plaît!
M. Charron: Je propose l'ajournement du débat, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. Charron: Je vous demanderais maintenant, Mme le
Président, d'appeler...
Mme le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement. A l'ordre, s'il vous plaît! Le débat est maintenant
ajourné, M. le leader adjoint du gouvernement a maintenant la
parole.
M. Charron: Mme le Président, dans l'espoir d'en arriver
à la conclusion du débat, je sais que nous avons la collaboration
des collègues de l'Opposition, je demanderais de revenir à
l'article 178, soit la reprise du débat en troisième lecture du
projet de loi 67.
M. Bellemare: Avant, il faudrait absolument retrouver celui qui a
ajourné le débat, M. Giasson, le député de
Montmagny-L'Islet, parce qu'on le surprend.
M. Charron: Oui. Avez-vous objection à ce qu'on passe
à un autre intervenant? Merci beaucoup. Nous pouvons passer à un
intervenant de votre parti.
M. Bellemare: Non, celui qui a ajourné le débat
d'abord.
M. Lavoie: ... quelques minutes.
Mme le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement, je veux simplement vérifier. Vous avez appelé
l'article 178, n'est-ce pas?
M. Charron: C'est exact, Mme le Président.
Projet de loi no 67 Troisième lecture
(suite)
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Ce sera donc la reprise du débat sur la motion de Mme le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières proposant
la deuxième lecture du projet de loi no 67...
M. Lavoie: Troisième lecture.
Mme le Vice-Président: Pardon! La troisième lecture
du projet de loi no 67, Loi sur l'assurance automobile. Si vous le permettez,
M. le député de Montmagny-L'Islet a demandé la parole sur
cette troisième lecture du projet de loi, mais cette Assemblée
avait demandé un moment, s'il vous plaît! une
directive à la présidence aujourd'hui, alors, ce sera le moment
de rendre cette directive et nous entendrons, si vous le voulez bien, M. le
député de Montmagny-L'Islet immédiatement
après.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Cela
a permis à M. le député d'arriver mais, quand même,
j'ai fait une promesse cet avant-midi.
A la demande de M. le député de Laval, le leader
parlementaire de l'Opposition officielle, j'ai une directive à rendre
d'une façon brève. On m'a demandé de révoquer une
motion qui avait unanimement été adoptée. J'ai
regardé, M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, les anciens
règlements. J'ai regardé, MM. les députés, le
nouveau règlement, M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle. Je n'ai trouvé en aucun endroit, ni dans les usages, ni dans
les anciens règlements, ni dans les règlements actuels, une
possibilité pour la présidence, d'office, de révoquer une
motion adoptée. Tout ce que j'ai trouvé, c'est l'article 96 du
règlement qui dit que, tant qu'une motion n'a pas été mise
en délibération, elle peut être retirée.
Elle a été mise en délibération. L'article
continue: II aurait pu y avoir une motion non annoncée de retrait qui
demande un débat restreint. Je vais essayer d'être sage et je
dirais ceci: M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle, la
décision sera la suivante: Je ne révoque pas la motion de cette
matinée, et je demanderais à M. le leader parlementaire du
gouvernement de tenir compte à i'avenir de cette situation dans laquelle
les Oppositions peuvent se trouver où une motion est adoptée
alors que l'on ne connaît pas la réponse ou le dépôt
qui en sera fait.
J'ai regardé le dossier du dépôt de cette
réponse de Mme le ministre des Travaux publics. J'ai constaté que
la réponse était brève. J'ai constaté qu'on y avait
annexé un arrêté ministériel d environ deux pages,
une page. Je voudrais souligner qu il faudrait être très prudent
dans cet usage de la motion de dépôt au lieu de la réponse
écrite à une question au feuilleton. Telle est ma
décision.
M. Bellemare: Cela n'a pas été
déposé, il y a une chose certaine, qui est en contradiction avec
ce que vous dites, M. le Président, avec le respect que j'ai pour vous,
on ne peut pas le savoir tant que cela n'a pas été
déposé. Après qu elle a été
déposée, en vertu de l'ancien règlement on avait un
privilège, on avait un droit qui était bien spécifique. Si
on n'était pas content de la réponse, si elle n'était pas
complète, on avait le droit de revenir et de reposer la question pour
qu'il y ait rectification de la part du ministre qui répond.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de I'Union
Nationale, je ne veux pas en faire un débat. Si vous m'aviez bien
compris, je viens même de dire ce que vous soulignez. C'est que,
premièrement, vous n'avez point de recours sous ie règlement
actuel. Deuxièmement, le parti ministériel devrait être
très prudent dans la façon dont il utilise la motion de
dépôt au lieu de la réponse écrite.
M. Lavoie: Je vous remercie de votre directive, M. le
Président. Le voeu que j'émets est que le leader parlementaire du
gouvernement puisse la lire au journal des Débats et se comporter en
conséquence à l'avenir.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition, je lui en fais part personnellement.
M. Charron: Je vous remercie également de la directive, M.
le Président. Nous en tiendrons compte.
Le Vice-Président: Merci. M. le leader parlementaire
adjoint. Un instant.
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: M. le Président, voici que nous arrivons au
stade ultime où il est possible, selon les règles parlementaires
qui nous régissent, de participer aux discussions inhérentes
à la loi 67, loi de la réforme de l'assurance automobile au
Québec. On a intitulé cette loi Loi sur l'assurance
automobile.
A la suite de l'expérience que nous avons vécue au cours
des dernières semaines, il paraît assez évident que le
titre qu'on a donné à cette loi est incomplet, puisque avec les
semaines et les jours, nous avons réalisé après les
débats, après les amendements proposés tant par
l'Opposition que par l'équipe gouvernementale, que c'était la Loi
sur l'assurance automobile et également une loi modifiant aussi
plusieurs autres dispositions législatives. Il fallait, je le reconnais,
dans un désir ou dans une volonté de pouvoir mettre en vigueur
cette loi à un moment donné, compte tenu des
éléments qu'on avait introduits surtout en matière de
financement du régime de base dans une base donnée et
également dans les organismes ou les mécanismes qu'on voulait
mettre en place pour permettre le fonctionnement de la régie je
pense à des commissions gouvernementales il devenait assez
apparent, dis-je, qu'on devait, à l'intérieur de la loi, apporter
des modifications ou des changements à d'autres textes de
législation.
Au terme de nos débats sur le projet de loi no 67 et en fonction
des connaissances que nous avons sur la façon dont notre commission
parlementaire a fonctionné, du moins pour les députés qui
ont participé activement et de façon permanente aux travaux de
cette commission, nous avons eu un regret que j'ai déjà eu
l'occasion d'exprimer. C'est celui d'avoir dû subir de la part du
gouvernement, par une décision du leader gouvernemental, cette motion de
fin de session, ce rouleau compresseur qui, effectivement, au-delà de
toutes les autres raisons qu'on pourrait invoquer, certainement nous a
empêchés d'aller au bout d'une étude complète du
projet de loi et d'aller au bout d'une capacité d'approfondir tous les
amendements qui ont été déposés à la
commission, même après la fin des travaux de cette commission
parlementaire.
Pour les uns il paraît que tout a été dit,
même redit et répété, en ce qui a trait au projet de
loi no 67. Ces gens ont droit à leur avis, à leur opinion de ce
côté. Pour ma part, je ne pense pas que tout ait été
dit, même s'il s'est dit beaucoup de choses et que beaucoup
d'éléments ont été répétés par
des intervenants. J'affirme, parce que je le crois profondément, que
tout n'a pas été dit. Loin de là. On pourra dire que tout
deviendra dit uniquement après quelques années d'application du
régime, parce que même à partir du moment où cette
loi va devenir opérationnelle, peut-être que les parlementaires
comme tels auront cessé de parler ou auront continué de parler,
mais en dehors du champ de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire au
niveau des comtés et dans des rencontres qu'ils pourraient avoir comme
députés, ce sera la population qui repartira le débat sur
le projet de loi no 67 puisque c'est cette dernière, au fond, qui devra
en juger dans son application pratique. Ce sera le débat du peuple,
celui de la population, et il aura quitté les lieux de cette
Assemblée ou des commissions qui nous régissent.
Hier soir, lorsque je suis revenu au parlement j'avais dû
m'absenter à l'heure du souper, à cause d'engagements que j'avais
pris la semaine dernière j'apprenais en entrant même
à la porte ici que le ministre responsable du projet de loi avait tenu
des propos à l'intérieur du débat de troisième
lecture sur la présente loi.
On m'apprenait qu'elle avait eu des commentaires très
élogieux, à mon égard surtout, sur la manière dont
j'ai travaillé, sur la façon dont j'ai voulu fonctionner au cours
de ce long débat. On m'a même dit là, je ne voudrais
pas citer des textes que je n'ai pas vus que Mme le ministre aurait
déclaré que j'ai été le seul député
intervenant du côté de l'Opposition qui avait su garder une
honnêteté intellectuelle. C'est son jugement que je ne suis pas
obligé de partager, malgré tout. En effet, à
l'intérieur d'activités comme celles que nous avons
vécues, d'un débat qui a porté sur un projet de loi qui
change fondamentalement les règles du jeu traditionnelles, il faudrait
être en mesure, pour porter un tel jugement sur une question
d'honnêteté intellectuelle et savoir s'il s'applique
profondément, de comprendre ce qui se passe dans la tête des
différents intervenants.
Je le dis en fonction d'une situation fondamentalement humaine. Vous
avez des gens qui résistent mal à ce principe de réforme;
vous avez des gens qui ont peur des changements fonde-mentaux. La connaissance
que j'ai des hommes m'a toujours indiqué qu'il y a des gens dont on ne
peut pas comprendre les réflexions ou les réflexes, mais qui sont
sincères avec eux-mêmes. Ces gens ont une vision des choses, en
toute bonne foi, je le reconnais, qui fait que, devant des transformations
assez importantes, ils ne peuvent pas réagir spontanément ou
aller assez loin pour tenter d'évaluer la dimension complète de
situations vécues.
Au-delà du jugement que le ministre a porté à mon
endroit, qui était très agréable, selon ce qu'on m'a dit,
je suis porté à croire, malgré tout, qu'il y a des gens
qui ont travaillé avec autant d'honnêteté intellectuelle
que j'ai pu le faire. Peut-être qu'ils n'avaient pas les connaissances
des questions de l'assurance automobile ou de l'industrie automobile que je
pouvais posséder par mes années de pratique. C'est là une
situation réelle et dont je tiens compte. Mais, si j'ai tenté de
demeurer serein au cours des débats, si j'ai tenté de demeurer
objectif, c'est peut-être à partir de cette situation qui faisait
que le député de Montmagny-L'Islet était une personne qui
avait travaillé, au cours de sa carrière, comme courtier
d'assurances, qui avait vécu à l'intérieur de toutes
les activités de l'industrie de l'assurance et qui, partant de
cette situation, se devait, plus que tout autre, à partir de cette vie
professionnelle qui fut mienne avant de venir en politique, de demeurer le plus
objectif possible. Cela aurait peut-être été encore plus
facile pour celui qui vous parle de faire un peu de démagogie, si cela
avait été là son choix premier. Je n'ai pas voulu
être démagogue; j'ai voulu demeurer absolument réaliste
devant l'étude des implications que représentait le nouveau
régime proposé par le gouvernement. J'irai plus loin que
cela.
Quand j'ai procédé ainsi, je crois avoir
représenté réellement et je pèse très bien
ce que j'avance, représenté réellement l'ensemble des
courtiers d'assurances de la province de Québec. Je dis l'ensemble, la
très grande majorité. Je le dis parce que j'ai eu l'occasion de
discuter avec beaucoup d'entre eux, pour découvrir que pour les grands
principes de réforme, pour ce qui était à
l'intérieur de la réforme, les grands principes, les grands
objectifs, ces gens-là étaient d'accord avec ce qui était
présenté par le gouvernement. Là où les courtiers
d'assurances comme les agents de réclamation et comme les assureurs dans
une certaine mesure pouvaient différer d'avis ou d'opinion avec le
gouvernement, c'était dans les mécanismes utilisés ou les
moyens par lesquels on voulait procéder à la réforme.
A la lecture, hier, des derniers amendements dont il m'a
été possible de prendre connaissance, j'ai découvert que
l'ancien article 201, qui, au temps de la commission parlementaire, avait
été jugé irrecevable, avait été
remplacé par une nouvelle formulation. Je voudrais féliciter le
ministre d'avoir apporté cette dimension à l'intérieur du
projet de loi, parce que, d'abord, cela va dans le sens de commentaires ou
d'espoirs qu'elle a formulés lors des débats en commission
parlementaire, lorsqu'elle nous a indiqué qu'elle était
prête à discuter, à entendre la Fédération
des courtiers qui proposaient certaines recommandations. Effectivement, le
libellé ou le contenu de l'article 201 tel qu'il nous fut
présenté marque de façon précise une volonté
de la part du ministre de reconnaître certaines des recommandations que
la fédération des courtiers a faites, et d'intégrer un peu
plus ce groupe de professionnels à l'intérieur de la
réforme.
M. le Président, je vais tenter d'abréger la fin des
propos, puisque c'est le dernier moment où je peux intervenir dans ce
débat. J'ai eu l'occasion d'indiquer que je ne pouvais comprendre
certaines des déclarations que j'ai entendues de la bouche du ministre,
après la tournée qu'elle a faite en province, déclarations
en vertu desquelles elle a indiqué de façon très
précise qu'elle croyait que ce n'était ni le rôle, ni la
place de l'Etat de s'occuper des problèmes de la ferraille. J'ai pu
écouter les émissions télévisées au cours
desquelles le ministre a dit ces choses. Peut-être que je ne la cite pas
textuellement, mais tout de même, cela avait ce sens de manière
définitive, et je crois même que certains journaux ont
rapporté ses propos.
C'est pourquoi je me suis opposé formellement, lorsqu'on a voulu
apporter une dimension en vertu de laquelle on voulait permettre...
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Montmagny-L'Islet, je vous inviterais à
conclure.
M. Giasson: Si vous me laissez quelques secondes, M. le
Président, je vais terminer. Lorsqu'on nous a marqué une
volonté du gouvernement de vouloir s'impliquer dans le secteur des
dommages matériels par l'acquisition du capital-actions de compagnies
privées, pour ma part j'avais souscrit à l'idée
énoncée par Mme le ministre lorsqu'elle avait fait des
déclarations que je viens de citer et j'y crois encore
profondément. Ce ne serait pas la place normale de l'Etat dans ce
secteur.
M. le Président, je termine là-dessus.
Des gens soutiennent que la réforme va satisfaire à tous
les objectifs qu'on poursuit à l'intérieur des coûts qui
sont prévus. Je l'ai déjà déclaré, je trouve
que c'est là une attitude des plus optimistes. Je ne veux pas partager
le pessimisme d'autres personnes qui sont intervenues, mais je crois que les
prévisions, telles qu'elles ont été
présentées au ministre par les experts qui l'ont guidée ou
conseillée, sont très objectives. L'expérience que nous
aurons dans l'application de cette réforme va nous indiquer que, en
matière de prévision de coûts d'administration, dans trois
ans d'ici déjà, les 6% prévus seront
dépassés. Egalement, le paiement de rentes indexées avec
les années, face à une inflation qui est toujours possible, telle
que nous l'avons connue, va nous révéler que le coût devra
être augmenté de façon très sensible, après
quelques années de mise en application du régime. Merci, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, M. le Président. J'aimerais
également faire quelques remarques à la suite de ce long
cheminement du projet de loi no 67. Le ministre a indiqué dans son bref
exposé en début de cette troisième lecture qu'en faisant
sa tournée dans la province de Québec elle avait
réalisé davantage encore le problème qui existe au niveau
des assurances. Je pense que le ministre a vraiment souligné la
réalité puisque dans ce secteur il existe vraiment des
problèmes profonds auxquels on doit accorder toute l'importance
nécessaire. Telle est également la position de l'Union Nationale,
c'est-à-dire que l'on doit s'attabler et trouver des solutions
adéquates au problème. Le ministre a indiqué qu'elle
s'était vu souligner à différentes occasions des
problèmes de différentes natures. Je pense que les gens ont pu
faire le consensus autour des problèmes qui existent au niveau de
l'assurance. Cependant, en ce qui concerne les moyens à prendre pour
régler ces problèmes, je
pense que les commentaires ont été beaucoup moins
élogieux, à l'endroit du gouvernement et à l'endroit de la
position du ministre à ce sujet, qu'on veut bien le laisser
entendre.
Dans le domaine de l'assurance, je pense qu'il faut distinguer que la
priorité que le Parti québécois accorde à ce
problème et les moyens qu'il se donne pour soi-disant vouloir le
régler sont de son choix, il a le droit de choisir cette voie. Cependant
il nous semble, à ce stade-ci, que la population et que plusieurs
organismes également sont loin d'être d'accord avec les moyens
pris par le gouvernement.
Au point de départ le ministre a voulu montrer sa volonté
d'aider les citoyens du Québec à ce niveau. Cependant, par le
projet de loi tel qu'il nous est présenté aujourd'hui, on
établit vraiment un système beaucoup plus complexe. On va
créer énormément d'ambiguités, de confusions et de
problèmes à nos citoyens du Québec qui en ont suffisamment
sur le dos à ce sujet. Je n'entrerai pas dans toute la mécanique
que comprend ce projet de loi, dans toutes les données techniques
auxquelles a fait référence avec grand soin et d'une façon
tout à fait brillante le député de Nicolet-Yamaska qui a
indiqué les coûts réels, les coûts apparents, comme
les coûts cachés de ce régime. Il a indiqué
certaines lignes de force et surtout aussi les grandes lignes de faiblesse qui
sous-tendent ce projet de loi à l'heure actuelle.
Mme le ministre, en établissant ce régime étatique
d'assurance, donne grand-place à ses dignes fonctionnaires parce qu'on
va établir par là un système de fonctionnarisme encore
plus pesant que la machine que l'on connaît actuellement. On va
devoirje le souligne tout simplement à titre d'exemplepasser
par la Commission des accidents du travail. Permettez-moi de vous souligner en
passant que ce sentier n'est pas le plus court entre deux points. Lorsqu'on
s'aligne, si vous me passez l'expression, pour régler des
problèmes à ce niveau, on s'aligne également pour que cela
prenne du temps et que cela amène des complications, avec tous les
petits saluts et les petites courbettes que cela va devoir demander en cours de
route.
Le point sur lequel je voudrais attirer votre attention de façon
particulière dans ce projet de loi, c'est d'abord le premier pas qui est
créé par le gouvernement actuel vers l'étatisation de
l'assurance. Je dis bien le premier pas, parce que c'est seulement le
début d'un processus dans lequel le gouvernement actuel s'engage, selon
la philosophie politique qu'il défend, soit de vouloir étatiser
globalement toute l'assurance au Québec. C'est là son choix. Je
ne le lui dénie en rien. Cependant, on peut différer sur les
moyens pour régler le problème de l'assurance, et, sur ce point,
je vous souligne qu'on diffère profondément d'opinion.
Cette façon d'aborder le problème de l'assurance au
Québec devant mener dans l'esprit du ministre et du gouvernement
à une étatisation globale reflète une préoccupation
qui est là depuis quand même assez longtemps. Je vous rappellerai
simplement, M. le Président, qu'en 1967, M. Jac- ques Parizeau, qui
était alors grand serviteur de l'Etat, avait justement
présenté un rapport en ce sens. Comme le ministre l'a
elle-même indiqué, cela fait la neuvième fois que les hauts
fonctionnaires essaient de faire passer cette loi qui tend à
étatiser toute l'assurance au Québec. Ils ont, cette fois-ci,
réussi.
Cela dénote un fait, c'est que le fonctionnarisme, les hauts
fonctionnaires qui sont en place sont encore la plaie du gouvernement, comme
ils l'ont été, je pense, des gouvernements qui ont
précédé ce gouvernement. Ce sont eux encore qui dictent,
selon leur volonté, les plans qu'ils veulent mettre de l'avant dans
différents domaines. C'est le cas, actuellement, en ce qui concerne la
question de l'assurance automobile, puisqu'ils ont réussi, après
neuf tentatives, à trouver une oreille attentive qui voulait bien mettre
de l'avant le projet qu'eux avaient conçu depuis fort longtemps. C'est,
d'ailleurs, la même chose et j'attire votre attention sur ce sujet
pour la question qui vient d'être réglée par le
gouvernement, soit la subvention donnée à General Motors pour la
construction des autobus.
On a souligné récemment, par exemple, que c'étaient
les hauts fonctionnaires encore qui avaient préparé tout ce
dossier et qui avaient soufflé à l'oreille du gouvernement cette
décision qu'il devait prendre d'accorder à General Motors le
contrat important pour la construction d'autobus, au lieu de l'accorder
à une firme de chez nous, à Valcourt, soit Bombardier MLW, qui
aurait pu acquérir ainsi la stature d'une industrie sur le plan
international. M. le Président, on retrouve ces mêmes
fonctionnaires en place qui réussissent à trouver au gouvernement
une oreille attentive pour faire adopter les mesures qu'ils veulent faire
adopter à tout prix.
Le ministre actuel, Mme Payette, a indiqué en commission
parlementaire qu'idéalement le gouvernement québécois
devrait aller jusqu'à s'occuper de l'assurance-vacances, de
l'assurance-voyage, de toute autre assurance concernant les enfants, les
chasseurs, les pêcheurs, les incendies, l'assurance commerciale, etc.
C'est donc dire qu'une fois de plus on veut englober tout le secteur en
question, en faire une formule étatique complète de l'assurance.
Sur ce point, je dois m'inscrire en faux et l'Union Nationale également
rejette cette formule que le ministre veut mettre en application.
J'espère que le jour viendra où il va exister une assurance
contre ce genre de gouvernement et contre ce genre de philosophie
politique.
En terminant, je voudrais vous souligner simplement que je
déplore que cette façon de régler le problème de
l'assurance ait été mise de l'avant. C'est le choix du
gouvernement et il en portera la responsabilité. J'ose espérer
que cela ne portera pas trop atteinte à nos citoyens. Cependant, je
crains et, déjà, on entend les commentaires à ce
sujet que cela ne donne lieu à beaucoup de remous et à
beaucoup de problèmes chez nos concitoyens du Québec. M. le
Président, je conçois que le gouvernement ait besoin d'argent,
mais, de là à procéder par la bande de cette
façon
pour aller chercher un certain nombre de millions, peut-être pour
financer la Société nationale de l'amiante qui sera
créée éventuellement ou d'autres éléphants
de cette sorte, d'autres pachydermes de cette nature...
Le Vice-Président: Je m'excuse, à l'ordre, s'il
vous plaît. Est-ce qu'il y a consentement pour que votre temps soit
utilisé au-delà de 18 heures?
Des Voix: Oui.
M. Brochu: Oui, M. le Président, il y avait eu
consentement à ce sujet.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, vous n'êtes pas à votre fauteuil. Dans ce cas, il
vous reste environ deux minutes.
M. Brochu: M. le Président, je vous remercie de m'indiquer
qu'il ne me reste que jusqu'à 18 h 5, je pense, parce que j'ai
commencé à moins cinq, juste avant que vous ne preniez le
fauteuil, M. le Président. En terminant, M. le Président,
j'étais à dire simplement que le gouvernement, évidemment,
portera la responsabilité de cette décision qui est d'abord une
décision politique et une décision philosophique,
également, dans le sens que cela met de l'avant, je dirais, non pas la
philosophie de tous les membres du gouvernement, mais de certains membres du
gouvernement qui ont tendance, d'abord, à vouloir que l'Etat prenne en
main différents secteurs comme celui-là. Et c'est ce qui nous
apparaît dangereux.
En ce qui nous concerne, j'aurais préféré de
beaucoup que le gouvernement fixe les règles du jeu, mais sans le jouer
lui-même, dans ce domaine. Que le gouvernement fixe, par exemple, les
taux. Il avait le pouvoir de le faire sans s'ingérer, sans s'immiscer
dans ce jeu. Que le gouvernement, par exemple, passe la mesure que l'assurance
soit obligatoire pour tout le monde. Cela aurait pu se faire de façon
tout à fait simple, sans avoir à passer par tout ce cheminement
de l'étatisation de l'assurance pour essayer, soi-disant, de
protéger les citoyens, d'une part, et soi-disant aussi pour obliger tout
le monde à être assuré, alors qu'en définitive,
à toutes fins pratiques, on ne sera pas obligé d'être
assuré, avec le projet de loi tel qu'il est actuellement. On
prévoit déjà, par les statistiques, qu'environ 10% de la
population continuera à se promener sur les chemins sans avoir les
couvertures d'assurance nécessaires.
M. le Président, c'étaient les quelques remarques que
j'avais l'intention de faire au ministre avant que madame puisse exercer son
droit de réplique, et je vous remercie du temps que vous m'avez
accordé, M. le Président.
Le Vice-Président: C'est moi qui vous remercie et vous
indique que, déjà, c'est le droit de réplique de Mme le
ministre.
M. Bellemare: M. le Président, je vous ferai remarquer
qu'il est 18 heures. Mais pour nous montrer bons parlementaires, surtout devant
la nécessité qui est évidente nous avons
organisé, pour 18 heures, une réception, il y a
déjà 150 personnes qui nous attendent... Vous voulez tous
venir? Là cela va passer qu'on est le club ferme. On n'a pas d'objection
à dire oui pour la réplique et pour le vote.
Le Vice-Président: Merci, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale. Vous savez que le devoir passe avant le "party".
Mme le ministre.
Mme Lise Payette
Mme Payette: M. le Président, je remercierai le leader de
l'Union Nationale de m'avoir permis de faire maintenant le dernier bout du
chemin. Je vous avoue qu'il y a un moment d'émotion. D'autre part, M. le
Président, il y a des choses auxquelles je dois répliquer. Je
pense que le moment est venu de mettre un certain nombre de choses au
point.
M. le Président, je me permettrai de remercier encore une fois le
député de Montmagny-L'Islet, je ne veux pas lui attirer des
ennuis de ses collègues, qu'il ne voie pas là une manoeuvre de ma
part. Mais, jusqu'à la dernière minute, il se sera conduit de
façon correcte. Il n'y a jamais eu chez lui une note d'insolence, comme
cela a été le cas, cependant, M. le Président, de la part
d'autres députés.
Vous avez entendu le député de Marguerite-Bourgeoys parler
à plusieurs reprises de l'incompétence du ministre. Je vous ai
dit que ça ne me touchait plus véritablement. Je ne peux pas
cependant passer sous silence la remarque du député de
Rouyn-Noranda qui a parlé, en parlant du ministre qui s'adresse à
vous, d'un gros canon du Parti québécois.
M. Bellemare: M. le Président, si on a accordé
notre droit de privilège, en vertu des règlements il faut s'en
tenir à l'article 126, qui dit que cela ne doit pas dépasser le
contenu du projet de loi. On est à faire des remarques sur les
députés.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, vous êtes trop expérimenté après 32 ans
ou 36 ans, vous en avez assez entendu dans cette enceinte pour savoir qu'un
président ne se lève pas quand on attaque le parti opposé
ou un député du parti opposé, pourvu que ce soit dans la
pertinence du débat.
M. Bellemare: Ce n'est pas cela du tout. L'article 126 ne dit pas
cela.
Le Vice-Président: Mme le ministre.
Mme Payette: Quand le député de Rouyn-Noranda parle
d'un gros canon du Parti québécois, il a raison: en termes de
possibilités d'aller chercher l'électorat, je crois qu'il a
raison, et j'aurai beaucoup de plaisir à lui rendre visite dans
Rouyn-Noranda pour lui en faire la preuve personnellement.
Une Voix: Bravo Lise!
Mme Payette: Le député de Beauce-Sud, M. le
Président, n'a pas encore compris ce qu'il arrivera aux
Québécois voyageant à l'étranger, malgré, je
vous l'assure, le fait que j'aie repris à six ou sept reprises une
explication qui, pourtant, paraissait simple au départ. Il a
parlé dans son intervention de la docilité du ministre par
rapport aux fonctionnaires. Je dois avouer à cette Chambre que c'est
l'un des seuls défauts que je n'ai pas.
Cela fait rire la population toute entière d'entendre parler de
ma docilité. J'imagine d'ailleurs que le premier ministre
également doit sourire en écoutant un mot comme celui-là
qui s'adresse à moi.
M. Lavoie: II ne sourit même pas!
Mme Payette: Le député de Beauce-Sud a
demandé que je répète à nouveau quelles
étaient les intentions du gouvernement par rapport à
l'étatisation complète de l'assurance automobile. Le
député de Montmagny-L'Islet a manifesté de nouveau une
inquiétude à ce sujet. Il me fait plaisir de
répéter ce que j'ai toujours dit: Le gouvernement ne
désire pas devenir un assureur de biens matériels. Cela vaut pour
l'assurance-incendie, cela vaut pour l'assurance automobile quant aux dommages
matériels.
Depuis le 15 avril dernier, on a annoncé de façon
officielle des intentions du gouvernement qui sont les suivantes.
Eventuellement, dans une deuxième étape, lorsque la
régie aura fait ses preuves et que ce régime nouveau
proposé sera bien rodé, il y a pour le gouvernement l'intention
de prendre en charge, si c'est possible à ce moment-là, les
blessures corporelles des citoyens du Québec dues à toutes sortes
d'accidents autres que les accidents d'automobiles. Je pense à des
accidents de loisirs, de sport ou des accidents qui surviennent parfois pendant
qu'on fait du bricolage autour de sa maison.
Il y a une deuxième étape prévue dans la couverture
éventuelle des dommages matériels et qui est nécessaire
pour le gouvernement, c'est la possibilité donnée à la
régie d'entrer en concurrence avec l'entreprise privée il
s'agit d'une concurrence loyale si cette concurrence devenait
nécessaire.
Voici les deux étapes qui ont toujours été
annoncées, qui ont toujours été ouvertement
défendues par le gouvernement. A cause du fait qu'un amendement a
été jugé irrecevable, nous devrons éventuellement
présenter un nouveau projet de loi devant cette Chambre afin de pouvoir
donner à la régie cette possibilité d'entrer en
concurrence éventuellement. Je pense que le moment est venu d'enterrer
la hache de guerre.
Je voudrais profiter des quelques minutes qui me sont données
pour rassurer tous les Québécois, leur dire qu'après une
année de travail sur ce dossier de l'assurance automobile, je suis
profondément convaincue que le 1er mars qui vient leur apportera une
plus grande quiétude et une plus grande sécurité. Adopter
cette loi sur l'assurance automobile n'implique pas que la réforme est
accomplie. Il faudra informer le public québécois des nombreux
avantages du nouveau régime. Nous continuons à négocier,
quoi qu'en pense le député de Marguerite-Bourgeoys, avec les
assureurs et avec les courtiers.
Avec les assureurs, parce qu'il faudra poursuivre la mise sur pied de la
Corporation des assureurs dont le mandat est très clair et essentiel au
succès de la réforme. Je pense, par exemple, M. le
Président, à la convention d'indemnisation directe pour les
dommages matériels, qui garantira aux assurés un
dédommagement rapide, à coût moindre et équitable,
au dire même des assureurs.
Je pense aussi à l'instauration progressive de centres
d'évaluation des dommages matériels qui à eux seuls
l'expérience le démontre dans les provinces de l'Ouest
seront la clé du contrôle que nous pourrons exercer sur la
qualité et sur le prix des réparations des véhicules
endommagés. Je pense aussi, M. le Président, au rôle
important que joueront les représentants du gouvernement au sein de
cette corporation. Il faudra également être très vigilant
et prêt à intervenir au moment du débat public, lorsque le
surintendant des assurances fera connaître périodiquement les
résultats de son analyse des données statistiques et des manuels
de tarifs fournis par les assureurs.
Nous voulons, M. le Président, une réforme de l'assurance
automobile efficace. Nous mettrons tout en oeuvre, tant la mécanique
administrative que l'expertise qu'acquerra la régie et surtout notre
volonté politique, pour que cette réforme soit efficace et donne
les fruits escomptés. M. le Président, j'ai mis dans cette
réforme le meilleur de moi-même, pour qu'on arrive enfin,
individuellement et collectivement, à se donner dignité et
bien-être et à se munir, du même souffle, des outils pour y
arriver. La réforme de l'assurance automobile, c'est un jalon vers la
prise en main par les Québécois des intérêts des
Québécois.
M. le Président, nous avons tout fait pour mieux protéger
les Québécois. Nous avons tout mis de l'avant pour assurer aux
Québécois un niveau de vie décent et une protection
équitable contre les risques et les abus. Il n'est pas loin le jour
où les Québécois pourront dire: Au Québec, on en a
fini, mais vraiment fini, d'avoir peur. Les compagnies d'assurances ont eu beau
agiter leurs épouvantails et leurs faux chiffres, je suis en mesure de
vous dire maintenant que le Bâtonnier de la province pourra rentrer chez
lui pour fêter Noël. Les Québécois ont fini d'avoir
peur. Ils ont maintenant plus d'assurance que jamais dans tous les sens de ce
mot, M. le Président, et je puis vous assurer encore une fois que nous
sommes prêts.
Le Vice-Président: Sur cette amphibologie rassurante,
est-ce que...
M. Grenier: En fait de chanson, ce serait peut-être mieux
de chanter le de profundis!
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Burns: On verra.
Le Vice-Président: A l'ordre! Est-ce que nous sommes
prêts à passer à la mise aux voix?
M. Burns: M. le Président, vote enregistré, s'il
vous plaît!
Le Vice-Président: Que l'on appelle les
députés.
M. Bellemare: ... règlement sessionnel nous a
imposé, il y a qu'on peut choisir la date, le numéro et l'heure
du vote.
M. Burns: Seulement si le leader du gouvernement le demande. Il
ne le demande pas.
M. Bellemare: Vous privez énormément de gens de
votre parti comme des autres de ne pas y être.
Le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale, je
connais 119a, et je dois demander qu'on appelle les députés.
M. le leader parlementaire.
M. Burns: II est certain que le leader de l'Union Nationale ainsi
que le leader de l'Opposition officielle reconnaissent tous les deux, ainsi que
votre humble serviteur et le leader adjoint qui m'a remplacé cet
après-midi, qu'il y avait une forme d'entente que le vote aurait lieu
à 6 heures.
Mme le ministre a délibérément réduit son
intervention de troisième lecture pour que le vote ait lieu à ce
moment-ci. Je vous demanderais de collaborer pour que le vote ait lieu
immédiatement. On est prêt à le prendre.
M. Bellemare: II est demandé, on va attendre les
députés.
Le Vice-Président: J'ai appelé les
députés. La mise aux voix aura lieu dans quelques minutes, je
l'espère.
Vote sur la motion de troisième lecture
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Nous
allons maintenant mettre aux voix la troisième lecture du projet de loi
no 67, Loi sur l'assurance automobile. Que ceux et celles qui sont pour cette
motion de troisième lecture veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Bédard, Laurin, Marois, Landry, Léonard,
Couture, Tremblay, Bérubé, Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, M.
Joron, Mme
Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron, Duhaime, Léger, Garon,
Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Alfred,
Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire, Godin,
Laplante, Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge, Marquis,
Lacoste, Ouellette, Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau, Baril,
Boucher, Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon,
Jolivet.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion de troisième lecture veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Lalonde, Forget, Garneau, Goldbloom, Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux, MM.
Lamontagne, Giasson, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand,
Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Biron, Bellemare, Grenier, Russell,
Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent
s'abstenir veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Clair.
Le Secrétaire: Pour: 56 Contre: 33
Abstentions: 1
Le Président: Motion adoptée.
M. Bellemare: On dirait un enterrement!
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Blank: C'est l'enterrement de nos libertés. Le
Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Etant donné que nous avons dépassé
largement l'heure d'ajournement normale, il semble qu'il serait peut-être
acceptable aux yeux de tout le monde de revenir à nos travaux à
20 h 30. Je ferais, en conséquence, motion pour que l'Assemblée
nationale suspende ses travaux jusqu'à 20 h 30.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Alors, l'Assemblée
suspend ses travaux jusqu'à 20 h 30.
(Suspension de la séance à 18 h 29)
Reprise de la séance à 20 h 35
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Projet de loi no 100 Deuxième lecture
(suite)
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais de
reprendre le débat qui est prévu à l'article 188. Je
comprends que la suspension du débat avait été
demandée par le député de Saint-Jacques, ministre
délégué au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, mais on m'a informé que le député
de Saint-Jacques était prêt à céder sa
priorité relativement à cette suspension du débat.
Le Vice-Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, les membres de cette
Assemblée ont eu droit à la rhétorique du premier ministre
et à l'exposé de bons sentiments dans un style qui lui est
désormais habituel. Mais, derrière l'appel aux bons sentiments,
il y a quelque chose d'extrêmement important que contient le message du
premier ministre. C'est quelque chose que je voudrais souligner, non pas d'un
seul trait, mais de deux ou trois, parce qu'effectivement ce que nous avons
entendu, c'est l'inauguration des négociations dans les secteurs public
et parapublic. Pendant que l'on amuse le public et un certain nombre de groupes
intéressés à ces négociations, soit des
associations représentatives, des commissions scolaires, des
hôpitaux, des centres d'accueil et divers autres groupes qui ont
manifesté, vis-à-vis de ce problème des
négociations dans Ies secteurs public et parapublic, leur
intérêt et leurs préoccupations, pendant, dis-je, qu'on
intéresse et qu'on amuse le public avec ces débats, il faut bien
comprendre que non seulement les structures les plus importantes de la
prochaine négociation sont déjà en place, et cela depuis
quelques mois, mais encore vient-on de nous affirmer que les enjeux mêmes
de cette négociation sont d'ores et déjà
précisés.
M. le Président, c'est un peu comme un rappel de cette
célèbre expression d'il y a près d'une quinzaine
d'années, alors qu'un autre premier ministre avait affirmé un peu
témérairement que la reine ne négociait pas avec ses
sujets. On sait ce qui est arrivé par la suite. La reine a effectivement
condescendu à négocier avec ses sujets et cette
négociation à plusieurs exemplaires a donné à tous
parfois le frisson. Lorsque le premier ministre, encore une fois, en faisant
appel à de bons sentiments, souligne la période
d'austérité dans laquelle nous sommes installés, on dirait
que nous y sommes installés à demeure.
Il lance un avertissement, qui a une très grande importance, dans
le contexte des négocia- tions à venir, à toutes les
associations de salariés et à toutes les centrales syndicales,
qu'elles forment ou non, cette fois, un front commun, à l'effet d'avoir
à mesurer très soigneusement leurs ambitions lors de cette
prochaine ronde.
Le gqouvernement, de son côté, dans un contexte fort
ironique, le jour même où l'on se propose d'adopter en
troisième lecture ce fameux projet de loi no 45, le gouvernement, une
deuxième fois, semble avoir fait son lit, et c'est un lit qui est de
très petite taille, selon les paroles du premier ministre. C'est un lit
qui ne sera pas nécessairement de tout confort pour ceux qui devront s'y
coucher.
Cet appel aux bons sentiments, il n'est pas suffisant, dans le contexte.
Le rappel des extravagances occasionnelles de certaines demandes masque mal la
situation, somme toute, fort moyenne des salariés dans les secteurs
public et parapublic au Québec, si l'on compare leur situation à
l'ensemble du Canada.
Dans un domaine que je connais mieux, les dernières
négociations ont abouti, lors de leur première année
d'application, à des majorations, dans le cas des infirmières,
par exemple, un exemple assez familier à tous, qui dépassaient,
pour certaines catégories, 50%. C'était un pourcentage fort
remarquable et fort remarqué, je l'espère, du moins à
l'époque. Mais malgré cette augmentation, il serait
déraisonnable, aujourd'hui, de juger que l'Etat québécois
a été trop généreux envers ses serviteurs et envers
tous ceux qui collaborent avec lui à donner des services publics
à la population, puisque ces augmentations ont tout juste suffi à
conserver à ces groupes de salariés du secteur public la position
qu'ils avaient dans l'échelle relative des niveaux moyens de traitements
dans l'ensemble du Canada.
Cette position relative est une position moyenne. Elle n'est pas une
position de pointe. C'est donc un peu injuste, au moment où on
s'apprête, dans quelques mois, puisque cette convention collective, en
particulier, viendra à échéance à la fin de juin,
de leur faire la leçon et de vouloir, par un exemple qui se veut un peu
trop vertueux, leur intimer qu'elles n'auront qu'à bien mesurer, encore
une fois, leurs ambitions légitimes ou ce qu'elles sont en droit de
considérer comme des ambitions légitimes.
Sans doute, les coûts de la santé tout le monde l'a
dit avant le 15 novembre et, apparemment, tout le monde le dit maintenant,
après le 15 novembre représentent un problème
considérable, non seulement pour le Québec mais pour tous les
pays développés. Mais ces coûts de santé ne
reflètent pas nécessairement des niveaux déraisonnables de
rémunération; ils reflètent bien davantage des
problèmes de gestion auxquels contribuent certes les conventions
collectives, par un certain nombre de clauses restrictives, un certain nombre
de clauses malthusiennes dans leurs implications, mais, néanmoins, des
clauses qui demeurent la responsabilité des gestionnaires et du
gouvernement lui-même de modifier graduellement, au fur et à
mesure des négociations successives.
C'est donc un problème de gestion en premier lieu auquel on doit
s'attaquer plutôt que de vouloir faire là leçon ou encore
de vouloir faire des menaces à ceux qui s'apprêtent à
préparer leur mandat de négociation avec l'Etat. Sur le plan
gouvernemental, les appels à la vertu sonnent un peu faux
également. Avant d'imputer aux individus le coût d'une
austérité qu'on croit nécessaire, ii faudrait que l'on
s'interroge un peu sur les priorités que l'Etat lui-même a
inscrites dans ses programmes de dépenses. Il est difficile à la
population et à ceux qui négocieront bientôt avec le
gouvernement de croire à ces invitations à
l'austérité alors qu'ils ont, sous les yeux, presque à
tous les jours, des exemples qui ne sont pas du tout repentants d'abus, de
priorités faussées, priorités qui ne représentent
peut-être pas en elles-mêmes, pas plus d'ailleurs que les
sacrifices de salaire auxquels on veut nous astreindre maintenant, des sommes
en soi considérables qui ont tout autant que ces coupures salariales une
valeur de symbole pour bien des gens.
Quand on pense à des réceptions comme celles dont il a
été question dans cette Chambre il n'y a pas longtemps et qui ont
fait la manchette; quand on pense à des voyages tort
élaborés pour mousser notre propagande ou la propagande du parti
au pouvoir à l'étranger; quand on pense à des invitations
faites à grands frais à l'endroit des journalistes de la presse
étrangère, encore là, dans un but qui n'est pas clairement
départagé entre le gouvernement et le parti au pouvoir; quand on
pense à certains rapports, qui sont déposés dans cette
Chambre, certains rapports annuels des ministères publiés sur
papier de luxe, agrémentés, il faut que je le dise, M. le
Président, de la photo grandeur nature ou presque de certains ministres,
à mon avis... Oui, quand les ministres sont beaux c'est encore mieux, M.
le Président, mais il reste que je ne cite que des exemples qui sont
familiers à nous tous qui sommes dans cette Chambre, des exemples
familiers mais qui ne manquent pas de dépasser les murs de cette
Assemblée, qui "impressionnent" un très grand nombre de citoyens
qui payent des taxes ou qui reçoivent des salaires de l'Etat, surtout au
moment où on leur parle d'austérité.
De la même façon qu'il y a des problèmes de gestion,
M. le Président, dans l'ensemble du secteur public, il y a aussi donc
des problèmes de priorités. Il me semble que, lorsque l'on veut
ignorer et que l'on ignore délibérément les
problèmes de gestion et les problèmes de priorités dans
les dépenses publiques et qu'on veut faire porter aux individus le
coût de nos turpitudes collectives, soit sur le plan de notre courage
à assumer des responsabilités comme gestionnaires, soit sur le
plan de priorités faussées auxquelles on s'accroche, on exerce
sur le plan des rémunérations le même mépris de
l'individu et la même fascination avec des orientations prises au nom de
la collectivité et qui, le plus souvent, la servent fort mal.
Sur le plan des parlementaires, M. le Président, je n'ai pas
l'intention d'ajouter aux remarques du chef de l'Opposition ou aux remarques de
certains de mes collègues. Il est certain que la question de savoir si
la rémunération que nous recevons est suffisante ou non est une
question que chacun d'entre nous doit résoudre pour lui-même. La
solution pour ceux qui trouvent qu'elle n'est pas suffisante est facile et il
est bien entendu que ceci ne regarde que chacun d'entre nous. Cependant,
ordinairement, lorsque la rémunération que l'on reçoit est
inférieure à ce qu'elle pourrait être dans des emplois
comparables et qui demandent un même degré d'énergie ou
d'effort, on se console à l'idée de la très grande
satisfaction que l'on éprouve à faire ce travail. Or sur ce plan,
M. le Président, je dois dire que c'est une satisfaction qui pour le
plus grand nombre est assez mitigée.
La réforme parlementaire dont on nous entretient parfois et
à laquelle un certain nombre d'entre nous continuent de penser, ne
semble pas avoir produit ou être sur le point de produire les fruits qui
nous feraient accepter facilement de trouver là les compensations qui ne
viendront certainement pas du côté pécuniaire. Cela aussi
est une question de priorités gouvernementales. Il y a aussi une
satisfaction qui pourrait facilement être augmentée si nos travaux
non seulement se faisaient avec un peu plus de sérieux, mais s'ils
étaient menés un peu plus rondement à l'occasion et
surtout s'ils faisaient place davantage, pour les parlementaires, des deux
côtés de la Chambre, à de véritables
possibilités de participation significative.
De ce côté, M. le Président, je crois que nous en
serons réduits à attendre, en même temps que notre
augmentation de 1978, la réalisation d'un certain nombre de promesses
qui tardent jusqu'à maintenant à venir et même à
s'annoncer.
Pour me résumer, M. le Président, je crois que nous avons
un appel aux bons sentiments, un appel qui sonne creux, qui n'est pas
véritablement croyable, mais dont le plus grand intérêt se
situe à l'extérieur de cette Assemblée dans le message
qu'on veut faire passer à la veille de ces négociations. Si le
gouvernement, suivant en cela probablement non pas la rhétorique du
premier ministre, mais le dessein stratégique du ministre des Finances,
s'engage sur la voie d'un affrontement dès le départ, par une
indication aussi brutale je pense que ce sont les mots appropriés
de la limite à ne pas franchir dans ces négociations, je
crois que l'année qui s'en vient sera non seulement riche en
péripéties de toutes sortes mais riche en réflexion pour
les centrales synciales qui pourront analyser plus profondément la
signification véritable de ce préjugé favorable dont on
s'est tellement vanté depuis quelques mois.
M. le Président, il y a des questions de gestion qu'il appartient
au gouvernement de trancher lui-même et non pas sur le dos de qui que ce
soit. Il y a des problèmes de priorités gouvernementales qui
doivent démontrer de façon évidente quelles sont les
véritables priorités, quelle est la véritable importance
des différentes questions et des différents sujets
d'intérêt pour le gouvernement. Les dépenses de prestige,
les dépenses d'apparat, les dépenses somptuaires ne sont pas de
nature à aider le gouvernement à atteindre les buts qu'il s'est
fixés lui-même.
Enfin, pour nous, parlementaires, nous devrions avoir au moins, comme
prix de consolation, durant la prochaine année, un début de
réalisation des réformes parlementaires qui nous permettront
sinon de nous enrichir monétairement, du moins de nous enrichir par la
satisfaction plus grande que nous pourrions certainement trouver à taire
notre travail.
D'ici là, M. le Président, force nous est de constater que
les décisions étant prises et qu'il n'est certainement pas
approprié pour nous de réclamer davantage à une
période où, effectivement, l'ensemble du Québec est non
seulement confronté par une perspective assez sombre sur le plan des
intentions gouvernementales, mais par une conjoncture économique
difficile, il est bien clair que c'est une décision à laquelle il
faut souscrire. Nous y souscrivons avec toutes les réserves que je viens
d'indiquer.
M. Richard Guay
M. Guay: M. le Président, j'ai écouté
attentivement, au cours de ce débat, les discours de tous ceux qui sont
intervenus jusqu'à maintenant, à commencer, bien sûr, par
le premier ministre, mais aussi par le discours du chef de l'Opposition. J'y ai
retrouvé, comme à l'ordinaire, l'éloquence habituelle du
député de Bonaventure; éloquence qui, si on se fie
à ce seul critère, comparativement à celle du
député de Jean-Talon ou à celle du directeur du quotidien
le Devoir, fera de lui, à coup sûr, le prochain chef du Parti
libéral.
J'entends, M. le Président, les hennissements habituels du
député de Gatineau. J'ai écouté attentivement le
discours du chef de l'Opposition et j'y ai relevé une chose qui m'a
semblé absente et qui mériterait peut-être d'être
soulignée, non pas par partisanerie, mais tout simplement parce que je
pense que c'est un élément important qu'il est utile de
souligner. Quand le chef de l'Opposition s'est élevé, de
façon vertueuse et indignée, contre le fait que les ministres
avaient accepté l'indexation de 1977, il a peut-être, par
mégarde, oublié de souligner que le chef de l'Opposition
lui-même reçoit le même traitement et la même
indexation.
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège. Je dois
protester avec toute l'énergie dont je suis capable contre une telle
affirmation qui, réellement, si elle n'est pas malicieuse, est, au
moins, mal fondée.
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai!
M. Levesque (Bonaventure): J'ai pris la peine d'insister à
deux reprises si on lit le journal des Débats sur le fait
que je bénéficiais des mêmes avantages au point de vue
pécuniaire que les ministres. J'ai rappelé que lorsque
j'étais ministre j'avais, comme les autres et comme le chef de
l'Opposition officielle du temps, renoncé à l'indexation. Mais
j'ai dit également que j'avais moi-même comme les ministres
et comme ceux qui ont des bénéfices additionnels
bénéficié de l'indexation non pas seulement de 1976 mais
égale- ment de celle de 1977, en 1977, mais j'ai également dit
qu'en 1976, contrairement aux ministres actuels, contrairement aux chefs de
l'Opposition actuels, nous avions remis l'indexation dans son
intégrité.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M le député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, si le chef de l'Opposition
m'avait laissé terminer ma phrase, il aurait vue que son but
n'était pas de souligner qu'il n'avait pas mentionné le fait
qu'il bénéficiait du même traitement que les ministres mais
que lorsqu'on proteste contre le fait que les ministres, au début de
1977, ont pu accepter l'indexation que, d'ailleurs, tous les
députés, d'autre part, ont reçue en tant que
députés lui-même, à ce moment-là, n'a
pas protesté contre le fait de cette indexation. Je ne lui reproche pas
de l'avoir acceptée; au contraire, je dis tout simplement qu'il est
étonnant, rendu à la fin de 1977, de s'élever d'une
façon vertueuse contre le fait que des ministres aient pu accepter ce
que lui aussi a accepté le plus normalement du monde. C'est tout.
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège, M. le
Président.
Le Président Suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Si le député avait suivi
mon argumentation, c'est que j'ai pris la responsabilité pleine et
entière, avec ceux qui avaient consenti, à ce moment-là,
d'établir l'indexation. Le député de Maisonneuve, le
président du temps, le député de Laval et moi-même
et tous les parlementaires du temps, nous avions accepté le
système de l'indexation tel que préconisé par le
comité Bonenfant; je tiens à le rappeler. Je n'avais pas à
protester contre l'indexation, puisque j'y avais souscrit et que je n'avais pas
fait de "filibuster" contre cette indexation. J'étais
complètement logique avec la ligne de pensée qui a
été celle de nous tous ici avant l'intervention du Conseil
national du Parti québécois. Et j'ai surtout souligné,
dans mon intervention, l'hypocrisie...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): ... de ceux qui ont agi dans ce
temps-là et qui agissent aujourd'hui, la différence d'attitude et
de comportement.
M. Guay: M. le Président, le chef de l'Opposition dit
exactement ce que je dis, c'est-à-dire que quand il traite les autres
d'hypocrites, à ce moment, je me demande en vertu de quoi il les traite
d'hypocrites puisque lui-même a accepté la même chose. C'est
tout.
M. Levesque (Bonaventure): II ne comprend
M. Guay: Je ne sais pas qui ne comprend rien.
M. Levesque (Bonaventure): II est complètement stupide et
bouché.
Le Président suppléant (M, Vaillancourt,
Jonquière): Un moment, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Guay: M. le Président...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Papineau.
M. Alfred: J'aimerais attirer l'attention du chef de l'Opposition
sur l'article 99, paragraphe 8.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Alfred: Ce ne sont pas des propos à tenir pour le chef
de l'Opposition, c'est-à-dire que je pense que le chef de l'Opposition a
tenu un langage irrespectueux pour un parlementaire aussi
expérimenté.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je suis
d'accord.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): Et si j'ai pu dans certaines
expressions utiliser un langage antiparlementaire, je les retire
volontiers.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, j'ai également
écouté les autres interventions qui ont été faites
depuis, notamment celle d'un autre chef, un chef né, celui-là,
qui, si j'en juge par ses interventions depuis que nous sommes en cette Chambre
pour ma part depuis le 15 novembre pourrait presque bientôt
devenir député de l'Opposition officielle, du club ferme, comme
l'appelait aujourd'hui le député de Johnson tout à fait
à propos. Puisqu'il y a un congrès à la chefferie du Parti
libéral et qu'il y a un chef né en la personne du
député de Rouyn-Noranda, il y aurait peut-être lieu, dans
ces circonstances, qu'il y ait une fusion de circonstances.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, j'ai entendu mon voisin, le
député de Rouyn-Noranda, non seulement parce que je suis assis
à côté de lui, ce qui fait qu'inévitablement je
l'entends, mais aussi parce que mon collègue de Rouyn-Noranda ayant de
bons poumons et de bonnes cordes vocales, il est inévitable qu'on
l'entende un peu partout dans la Chambre. Mais j'ai fait plus que l'entendre,
je l'ai écouté aussi. En écoutant son intervention, ie me
suis plu à penser qu'il est exact, d après ce que je sais,
d'après la liste qu'on a distribuée, que le député
de Rouyn-Noranda reçoit le salaire de simple député si je
ne m'abuse.
M. Marchand: Très bon discours.
M. Gratton: Profond pour ne pas dire creux.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Laurier, s'il vous plaît!
M. Marchand: Je n'ai pas dit un mot.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Laurier, s'il vous plaît!
M. Marchand: Je m'excuse.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Laurier, s'il vous
plaît! Je fais appel à votre collaboration et je fais appel
à la collaboration de tous les membres de cette Assemblée, s'il
vous plaît, afin que le député de Taschereau puisse finir
son intervention.
M. le député de Laurier, je dois vous dire
qu'effectivement vous n'êtes pas intervenu, mais j'avais cru m'apercevoir
que vous étiez sur le point d'intervenir. S'il vous plaît!
M. le député de Taschereau.
M. Marchand: M. le Président, je vous demande de retirer
vos paroles.
M. Lalonde: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Marchand: Vous êtes partisan. Je m excuse.
M. Lalonde: En toute justice, M. le Président, pour le
député de Laurier, il y aurait lieu que vous demandiez au journal
des Débats que l'on retire le nom du député de Laurier de
votre intervention, parce que je pense que vous avez reconnu qu'il n'avait pas
fait d'intervention au moment où vous l'avez rappelé à
l'ordre.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): Effectivement, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, j'ai reconnu que le député de Laurier
n'avait fait aucune intervention.
M. Lalonde: Et vous demandez au journal des Débats de
retirer son nom?
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): Je reconnais que le député de Laurier n'a
fait aucune intervention.
M. Marchand: Si vous donnez le mot d'ordre contre le
député de Laurier, vous allez vous faire battre.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Laurier, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Taschereau.
M. Guay: Je vous remercie, M. le Président. Des
interventions qui ont été faites en cette Chambre, je dois dire
que celle qui m'a le plus impressionné, c'est celle que le premier
ministre a prononcée.
M. le Président, le député de Gatineau semble avoir
un tic du bras qui le porte à démolir le mobilier. Est-ce que
vous pourriez l'inviter à se tenir tranquille?
M. Gratton: Vous préférez que j'aille comme cela.
Est-ce que c'est mieux comme cela?
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît! Cette fois, ce sont tous les députés. A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, de l'intervention du premier
ministre, je retiens non seulement le fait que le projet de loi no 100 a pour
but de faire en sorte que cette Assemblée, par ses membres, donne
l'exemple quant aux contrôles, quant aux restrictions que l'on pourrait
s'imposer nous-mêmes face aux augmentations de salaires qui deviennent
démesurées dans la société québécoise
en général, mais il est un autre aspect qui a été
évoqué par le premier ministre et sur lequel je me permettrai
d'insister, c'est celui de la productivité dans la société
québécoise. Non seulement les salaires au Québec
semblent-ils anormalement élevés, mais effectivement les chiffres
nous démontrent que la productivité au Québec est
anormalement basse.
Puisque le projet de loi vise à faire en sorte que cette
Assemblée et les membres de cette Assemblée donnent l'exemple
à l'ensemble de la société québécoise et
commencent par s'imposer, d'une part, des restrictions et, d'autre part, des
mesures, je me permettrai, M. le Président, de souligner qu'en termes de
productivité, si je me fie à ma première année
d'expérience en cette Chambre et je rejoins en cela ce que le
député de Saint-Laurent disait tantôt
l'Assemblée nationale n'est pas nécessairement un grand
modèle de productivité, et ce n'est pas la faute de quelque
député que ce soit. Je souhaite toutefois puisque nous nous
fixons comme but d'être en quelque sorte un exemple pour l'ensemble de la
société que nous représentons, qu'au cours de
l'année qui vient non seulement nous restreignions nos augmentations de
salaires, mais qu'effectivement nous procédions à des
réformes en profondeur des mécanismes de fonctionnement de cette
Assemblée, de façon à en accroître la
productivité.
Jusqu'ici, nous avons procédé à quelques
réformes, nous avons changé les heures de séances, nous
avons apporté des modifications temporaires ou permanentes au
règlement et il est question d'instaurer la télévision
à l'Assemblée et dans les commissions, un peu comme cela se fait
dans d'autres Parlements. Ce sont là des réformes qui ne sont pas
sans importance, mais il demeure que le système dans lequel nous nous
retrouvons, le système parlementaire britannique, malgré les
changements que nous y avons apportés, est jusqu'à un certain
point un système paralysant, un système qui ne produit pas autant
qu'il pourrait le faire.
A titre d'exemple, j'en viens à la comparaison qu'on peut faire
avec d'autres systèmes où la productivité et
l'efficacité m'apparaissent plus grandes. Je prends, à titre
d'exemple, le système présidentiel américain ou
américain modifié ou français...
M. Lavoie: M. le Président, question de règlement.
Est-ce qu'on pourrait inviter le député à parler du projet
de loi no 100?
M. Guay: M. le Président, sur la question de
règlement soulevée par le leader de l'Opposition. Le
député de Saint-Laurent, tantôt, a parlé exactement
des mêmes sujets et tous les orateurs ont parlé de sujets...
M. Goldbloom: D'une façon intelligente. Une Voix:
C'est en dessous de vous.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre!
M. Gratton: ... trente secondes.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît! En ce soir de
tempête, je demande encore une fois la collaboration des membres de
l'Opposition, tout en rappelant à tous les députés de s'en
tenir autant que possible à la pertinence du débat. Je
cède de nouveau la parole au député de Taschereau.
M. Guay: Je vous remercie, M. le Président. Je disais donc
qu'il m'apparaît nécessaire, qu'il m'apparaît urgent
même, lorsque l'on parle de la revalorisation du rôle de
député, de faire en sorte que cette productivité dont on
parle tant se manifeste d'abord et avant tout ici, à l'Assemblée
nationale. Plusieurs propositions ont été faites jusqu'à
maintenant et d'autres le seront sans doute; mon collègue, le
député de Trois-Rivières, en a fait un certain nombre qui
sont extrêmement intéressantes et utiles, notamment en ce qui vise
à accroître le rôle des commissions parlementaires ainsi que
la responsabilité des députés et, jusqu'à un
certain point, à libérer les membres du Conseil exécutif
des tâches proprement parlementaires leur permettant de mieux diriger
leur ministère et d'être, au fond, plus productifs dans les
ministè-
res. Les députés eux-mêmes pourraient être
plus productifs à l'Assemblée et accroître, de ce fait, le
rôle du pouvoir législatif qui est quand même, d'abord et
avant tout, de vérifier les gestes du pouvoir exécutif. Tout cela
peut se faire sans nécessairement que nous changions le système
et que nous instaurions le système présidentiel dont il avait
déjà été question à l'époque du
gouvernement de M. Bertrand. Ces rumeurs qui avaient circulé à
l'époque sont demeurées, jusqu'à maintenant, sans
lendemain.
Il est question, depuis longtemps, que nous instaurions au Québec
un système qui soit différent, qui soit plutôt basé
sur un système de type présidentiel. Que cela vienne maintenant
ou que cela vienne dans l'avenir, il m'apparaît inévitable...
M. Gratton: Pertinence.
M. Guay:... que la productivité de l'Assemblée
nationale...
M. Gratton: Pertinence.
M. Guay: ... soit accrue. La meilleure façon de
l'accroître, M. le Président, précisément au cours
de la session qui va venir et qui devrait commencer dans les premiers mois de
1978, est d'effectuer des réformes en profondeur de l'Assemblée
nationale sans, pour autant, changer un système qui se change
difficilement, dans le contexte canadien, mais qui permettrait aux
députés, individuellement, et aux ministres, d'autre part, de
jouer un rôle plus productif...
M. Grenier: Question de règlement, M. le
Président.
M. Guay:... et je termine sur ces paroles, M. le
député de Mégantic-Compton.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Mégantic-Compton. A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Mégantic-Compton, sur une question de règlement.
M. Grenier: II a terminé. Je ne suis pas avocat, mais
j'étais en train de m'interroger pour savoir s'il était bien dans
le sujet, je n'étais pas sûr.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): L'intervention étant devenue caduque, comme on
dit, est-ce qu'il y aurait d'autres intervenants?
Des Voix: Oui.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: Merci, M. le Président. Je veux simplement
dire quelques paroles sur le projet de loi no 100, projet de loi notre
leader l'a souligné auquel nous donnons notre approbation, si
vous voulez. J'ai écouté attentivement les arguments du
député de Taschereau et d'autres; peut-être suis-je le seul
en Chambre. Il a mentionné que ce serait seulement à cause d'une
intervention du député de Saint-Jean, aujourd'hui, qui faisait la
comparaison avec les autres provinces, avec Ottawa, etc. Il faut faire une
autre distinction, M. le Président. Le député de Johnson a
dit, avec raison, que lorsqu'il a commencé à l'Assemblée
nationale, il avait à peine $4 000.
Normalement, en ce temps-là, un salaire de $4000, c'était
plutôt un salaire supplémentaire pour les députés.
Le député, membre de l'Assemblée nationale il y a vingt
ans, même il y a quinze ans, si vous voulez, travaillait à peine
deux mois, trois mois, parfois quatre mois, mais normalement, trois mois et son
salaire principal était celui qu'il gagnait dans un autre métier
comme marchand, comme professionnel, comme ouvrier, comme chemineau, si vous
voulez. Cependant, aujourd'hui au Québec, vous êtes
obligés, grâce au changement dans les responsabilités d'une
Assemblée nationale provinciale, de travailler, neuf mois, dix mois. On
l'a vu cette année, grâce au manque de compétence du
gouvernement, on a été obligé de passer
l'été ici. On a été obligé de travailler
neuf mois, dix mois, si vous voulez, à l'Assemblée nationale,
alors tout à coup, notre salaire principal, c'est le salaire qu'on gagne
comme député et pas dans nos autres intérêts
privés, à titre de professionnels, d'enseignants, de
médecins, comme auparavant. Alors, pour être un bon membre de
l'Assemblée nationale, cela prend quelqu'un qui est prêt à
consacrer tout son temps, si nécessaire pour améliorer le sort
des Québécois et si vous ne comprenez pas que cela prend un
salaire raisonnable, c'est impossible de remplir cette tâche.
Je parle par expérience, parce que j'étais à Ottawa
en 1962, et mon salaire était de $8000. Si M. Pearson, le premier
ministre du temps n'avait pas eu le courage d'augmenter notre salaire on
avait $10 000 en tout à $18 000... Il arrivait assez souvent que
les députés ou les candidats à une élection
étaient limités à ceux qui en avaient les moyens, aux plus
riches, aux professionnels; il n'y avait pas de place pour les habitants, pour
les agriculteurs, les syndicalistes, les enseignants, les pauvres de
Saint-Henri qui sont maintenant représentés par quelqu'un de
professionnel qui ne craint pas de dépenser $10 000 pour afficher son
portrait à travers la province de Québec. On change vite quand on
est au pouvoir...
M. Couture: Une question de privilège, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le ministre de l'Immigration.
M. Couture: M. le Président, cette fameuse photo,
j'aimerais mettre un terme à ces commentaires. Je crois que je serais
porté à donner raison
à ces critiques et je dois dire que j'en suis absolument
conscient. Je profite de l'occasion pour évidemment annoncer à
l'avance et ce sera non seulement au ministère de l'Immigration
mais j'espère aussi que ce sera suivi par d'autres ministères...
Je crois en effet que les rapports annuels sont trop dispendieux et... Je
termine en disant que cette fameuse photo était tout à fait
à mon insu.
M. Lavoie: Une question de privilège.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! M. le
ministre, M. le député de Laval. Je suis conscient, M. le
député de Laval qu'il ne s'agissait aucunement d'une question de
privilège.
S'il vous plaît! Le député est libre d'intervenir
à son tour et je cède à nouveau la parole au
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Merci, M. le Président. Je pense que les
notes explicatives au projet de loi 100 disent que ce projet de loi
prévoit pour l'année 1978 "une indemnité accordée
à chaque député en vertu de la Loi de la
Législature est égale à celle qui lui a été
accordée pour l'année 1977", et c'est ce que nous sommes en train
de discuter. Mais il faut quand même, M. le Président, prendre en
considération, les arguments du premier ministre, quand il a
présenté ce projet de loi. Il avait dit carrément: It is
time to tighten our belts. Très bien, d'accord, mais si vous pensez que
la solution à la pauvreté et au chômage, is to tighten your
belts, we will all tighten our belts and the best example of tightening your
belt is for the cabinet ministers to turn back $5000 of their salary because
they are overpaid and we are to judge of that by the performance today. When
you talk about productivity there is no productivity in the government; the
government in power that brings in bill after bill, after bill, one as
defective in form as the other, that have to be sent back because the
Commission on the rights of people says that they transgress on individual
liberties.
A bill would have to be introduced, brought back, reintroduced, brought
back. When we talk about productivity, what we are mistaking for productivity,
in this Assembly, and the deputy from Taschereau forgot to make the difference,
la distinction entre la productivité de l'Assemblée nationale et
la qualité de cette productivité est dans le domaine de la
qualité. Il n'y a pas de qualité dans les lois qui ont
été passées ici, en Chambre, jusqu'à maintenant. La
chose la plus importante, M. le Président, parce que j'en ai fait des
débats , depuis quinze ans je ne sais pas quel
député l'a souligné, aujourd'hui, je pense que c'est un
député du gouvernement que le rôle le plus
embarrassant, le plus gênant, si vous voulez, pour les
députés, c'est de discuter de notre salaire, quelle est notre
valeur? Est-ce qu'on vaut $27 000? Est-ce qu'on vaut $47 000? Il y a des
députés, ici, selon mon expérience je suis dans un
sens unique, c'est mon premier mandat ici à l'Assemblée nationale
il y a des députés qui valent $100 000...
M. Goulet: Donnez des noms.
M. Mackasey: II y en a, et ils ne sont pas tous
nécessairement de ce côté-ci, il y en a du
côté du gouvernement. Peut-être que celui-ci vaut $60 000,
mais il y en a d'autres qui valent $0.50, comme le ministre de l'Immigration
qui, tout à coup, a complètement oublié ses paroles
vis-à-vis des pauvres de Saint-Henri. Mais, c'est impossible. Si on se
juge nous-mêmes on va établir nos salaires comme on le
désire et ça, c'est impossible. Alors, le problème qui se
pose à chaque fois que nous sommes obligés d'ajuster nos
salaires, c'est de trouver une formule; le problème n'est pas unique au
Québec, il existe en Ontario, à Terre-Neuve ou à Ottawa,
si vous voulez. C'est un problème embarrassant, nous ne sommes pas
membres d'un syndicat, s'il n'y a pas de formule, nous sommes obligés,
une fois par année, une fois à tous les deux ou trois ans, de
siéger en public et discuter notre valeur, exprimer la
nécessité d'avoir, de temps à autre, une
amélioration dans notre salaire.
Je sais que, à Ottawa, ça a pris au gouvernement huit ans
pour avoir le courage, face au public, d'augmenter les salaires de $10 000
à $18 000. J'étais président du caucus, en ce
temps-là, et ça a pris les paroles du vieux sénateur Crow,
qui est maintenant mort, qui avait 90 ans quand il a dit au caucus: Mes amis,
if it is right, it becomes politically right. If you deserve an increase, and
you can justify it, it becomes politically right and people understand it. Si
on avait procédé avec l'indexation, ça aurait
coûté à chaque résidant de votre comté $0.05
par année; je pense qu'il y a environ 45 000 résidants dans votre
comté, ça représente à peu près $0.05 par
année. Je sais qu'il y a des députés, dans le
gouvernement, qui ne valent pas $0.05 par année, mais je pense que, pour
la plupart, généralement, les députés d'en face
valent bien une augmentation de $0.05 par année, par résidant
dans leur comté.
On prendrait en considération leur manque d'expérience
dans le gouvernement, à peine un an, comme mon cher ami de Mercier who
knows he does not know everything right away. He is learning, he is one of the
more positive members of the House. I am richer because he is my friend. Je le
dis en toute sincérité. We are not in an arena where we are
enemies, we are, at this moment, talking about something that should be non
partisan. How do we determine what our value is? What do we compare it with? Do
you want to limit the National Assembly to people who are rich before they
come? Do you want to limit the National Assembly to professionals only? Do you
want the representatives of the people to include farmers, laborers, tradesmen,
professionals?
Do you want to really make this a democracy? Why do you limit sitting in
the National Assembly to people who have private income over and above what
they earn. Je me pose cette question très sérieusement. Moi, je
ne trouve pas les salaires
des ministres trop élevés. J'étais ministre and I
know what it is de faire affaires avec des hommes. Maybe you are not worth it,
but i was worth it. When I had to sit down in my office and do business with
the president of a corporation who could not add two and two, and made $200
000. A year, and I was sitting on this side of the desk making $50 000, I
realized I was paying a hell of a price to render service to my country.
I am not amongst those who said the ministers are overpaid; au
contraire, I think a good minister could make as much money in private
industry, but he prefers to serve his country, his province and his people, in
the National Assembly. But he should not limit that privilege or right to the
wealthy only. Quand on demande à un député, que ce soit du
parti officiel, que ce soit parmi mes amis de l'Union Nationale, de gagner $27
000, c'est le prix d'un bon plombier aujourd'hui; c'est le salaire d'un
plombier...
Une Voix: Ce n'est pas un bon, ce n'est pas un bon.
M. Mackasey: What strikes me about this bill, c'est le manque de
courage du gouvernement, le manque de courage du gouvernement. Oui, regardez
donc le ministre de l'Immigration showing me another picture; he is jealous
because that picture covers two pages and his only covers one. I am glad the
picture of the minister covers only...
M. Couture: C'est M. Mailloux, c'est très beau.
M. Mackasey: Et mieux que cela, je suis content que la
vôtre ne paraisse que sur une page...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre! La pertinence du débat.
M. Mackasey: ... parce que, quand je vais livrer cela porte
à porte, dans Saint-Henri, à la prochaine élection, it
will be the last time you will be the member of this National Assembly.
L'ex-ministre des Transports n'a jamais prétendu qu'il était la
voix des pauvres de Saint-Henri dans cette Assemblée nationale. Il y a
une différence, c'est le point que le leader de l'Opposition a dit
aujourd'hui: He was consistent in applying indexation. He never fought against
it like that party did when they were in the Opposition and then they could not
wait to grab it; in fact it took two indexations in the space of three months,
in their excitement to get a hold of the money. Unbelievable!
Mr President, I want to come back to the foundamental of what you are
doing here. It does not bother me. I will vote with it, because I am too good a
politician to let le Parti québécois' propaganda be: The Liberals
want an increase. We will do without it. I want to say that you are destroying
something that is very, very exclusive and valuable pour l'Assemblée
nationale du
Québec: Une formule qui élimine la
nécessité, à chaque année, de discuter d'une
manière qu'on est obligé de discuter, to beg for increase in
wages. You found the formula, you had the courage to implement it; une formule
that does not raise your pay. It simply makes your dollar retain its basic
value. Selon que vous avez soumis une indexation, cela n'est pas une
augmentation de votre salaire. It is only protection against inflation,
erosion. Once you found the formula, you eliminate for evermore the need to go
through these types of debates. Where people making $80 000 working for the
press can look down in disdain and say: What a selfish, hungry, arrogant group
of people who are actually clawing for $2 000 on top of $27 000... You have
strikes at "La Presse", you have strikes in the newspapers, you have strikes
across Canada for three times that kind of money, with reason. So what we are
doing today is destroying a formula that you are going to have to rediscover;
you are going to replace it next year with another formula.
Mon jeune ami dit: Oui. So bring me back to the reason why we are
destroying a formula. We are destroying the formula because the government
knows that in a couple of months it will have to say to the public servants
God love them, who else would you beat if you did not have the public
and the parapublic servants?
You, people, will have to tighten your belts. You will have to take no
increase on your pay to follow our example, because we did not take any
increase on our $65 000, and, you, people, who are making $14 000 or $15 000,
will have to do the same thing. Follow our example instead of settling the
wages of the public servants and the "parapublics ", when it comes up, on the
merits of their arguments, on the equivalent salaries in the country and in the
city. What we have here, in this bill, is a manifestation that we have a
government that lacks courage; manque de courage de la part du gouvernement,
complètement.
They are not trying to show example, they are finding an excuse to throw
out the unions, when they came up, which means and it surprises me
"après les amendements apportés au projet de loi 45" that
the government is already serving notice that it has no intention of bargaining
in good faith. N'est-ce pas, M. le ministre? Il a déjà
décidé je m'excuse, l'ancien ministre, M. le
député de Johnson que le gouvernement n'agit pas de bonne
foi avec ses employés civils. Aujourd'hui, le premier ministre dit: Ne
venez pas, pour obtenir justice, devant nous, ne venez pas nous demander une
augmentation de salaire,faites comme nous, qu'on gèle votre salaire!
C'est pour cela que je vais voter pour. For me, that will give me great
satisfaction to see how that government, which is the employer of these people,
which will also be the government that can impose its will on the people, I
want to see the quality of the human instincts of the minister of
Communications, the minister of Immigration and all the ex-"syndicalistes" in
the $40 000. $50 000 or $60 000... I want to see what degree of humanity
they have now for the public service and the "parapublic" et pour les
journalistes et les occasionnels et les membres de syndicats, on verra. Va-t-on
leur donner justice? Je ne pense pas.
If you are going to negotiate in good faith with your public servants,
there should be no restrictions, there should be no advance warning that you
have to tighten your belts or increase your productivity, because they may
look, in conclusion, at the productivity of this House and of the government
who is responsible, and find not only a lack of productivity but a lack of
quality in the legislation that is being passed, and the government in its fear
and in its panic, because it knows that in a couple of months it will have to
"affronter ses employés, manque de courage déjà et les
négociations ne sont même pas commencées. Et c'est le but
du changement d'aujourd'hui. Pas parce qu'on veut donner l'exemple" If you want
to make an example of how to say "l'équivalent de $400 000", stop
publishing chrome-coated eight and a half by eleven inch publications like the
minister of Immigration tabled today. Even the big corporations like INCO would
not have the audacity to publish because their shareholders would be up
screaming and saying; Why are you wasting our money? Our shareholders are the
taxpayers in the province of Quebec, and you can cut $1 million a year off the
publications that flood this desk in fact, we get so many publications
here every day that we have to have two or three page boys to carry them to our
office if you want to save money.
En conclusion, let us talk about bill 100 on its merits. We will accept
the freeze but I am warning the government that it will have destroyed a
formula that could have been used year after year without going through this,
and it will have exposed itself, in the final analysis, now that it is in
power, and demonstrated that it does not give a damn about the working man in
this province.
Mme le Vice-Président: Je pense que M. le ministre de
l'Immigration s'est levé avant vous, M. le député de
Rimouski, je vous reconnaîtrai ensuite.
M. Jacques Couture
M. Couture: Mme le Président, je veux être
très bref mais je voudrais simplement souligner l'aspect fondamental de
notre appui à ce projet de loi. En écoutant plusieurs de ces
interventions et je vous le dis bien sincèrement d'abord,
nous sommes mal placés parce que nous avons nous-mêmes à
décider finalement nos émoluments.
Je crois que c'est une situation délicate et difficile et
quelqu'un l'a mentionné aujourd'hui. Certaines critiques qui ont
été portées à notre attention aujourd'hui, j'avoue
aussi que je partage plusieurs d'entre elles. C'est évident qu'il y a du
gaspillage à tous les niveaux, qui date de plusieurs années et
qu'on doit s'attaquer à la tâche. Je pense que la question qui
nous est posée, c'est: Quand est-ce qu'on commence et où on
commence? Je crois que vous aviez raison dans un sens de dénoncer la
prodigalité de certaines dépenses au niveau, peut-être, des
rapports annuels. Vous avez fait mention du rapport de l'immigration avec une
photo, c'était à mon insu.
Mais c'est un fait que ce genre de luxe est inadmissible. Je vois qu'en
1975/76 le ministère des Transports de l'ancien gouvernement, ce
n'était pas une photo en noir et blanc, une photo en couleur sur deux
pages.
M. Russell: Ce n'est pas une excuse.
M. Couture: II y a déjà un progrès sur
l'année précédente.
M. Russell: Ce n'est pas une excuse.
M. Couture: Je pense, justement, qu'il faut aller de
progrès en progrès.
M. Shaw: C'est comme dans les assiettes.
M. Couture: Le député... Il n'est pas là,
mais il voulait signer ma photo aujourd'hui. J'aurais pu lui faire signer
celle-ci aussi. Mme le Président, il faut souligner, je pense et
je voudrais, à ce moment-ci, être vraiment le moins partisan
possible que le salaire d'un député ce n'est pas une
question d'analyser et de qualifier la valeur d'un député. Je
pense que ce n'est pas possible. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce a parfaitement raison de dire que dans
l'échelle des salaires au Québec, au Canada, par rapport aux
salaires dans l'entreprise privée, peut-être que plusieurs
députés pourraient gagner trois fois, peut-être quatre fois
plus et peut-être qu'ils valent ce montant.
Mais le problème qui nous est posé, c'est que nous sommes
des responsables politiques. Nous devons avoir un leadership dans la
société et, si nous devons avoir un leadership, il faut, à
un moment donné, poser certains gestes. Et c'est le genre de gestes que
nous cherchons à poser aujourd'hui. Mme le Président, je veux
simplement souligner que, dans cette période que nous vivons au
Québec, il y a de simples citoyens, des Québécois qui nous
regardent tous les jours parce que je crois qu'il y a une inflation de la vie
politique au Québec, dans l'immédiat, pour toutes sortes de
raisons. C'est un fait que les gens nous regardent tous les jours, c'est
seulement cela qu'ils ont devant les yeux. C'est pour eux l'exemple de la
société. C'est pour eux le point de référence.
C'est pour eux, on pourrait dire, le "pattern" de leur vie. Il est, à ce
moment, extrêmement important que le simple citoyen, le simple
Québécois, l'homme de la rue, le gars ordinaire, celui de
Saint-Henri, celui d'un comté rural puisse effectivement sentir
qu'à quelque part on cherche à changer les choses. Qu'à
quelque part, pour ceux qui ont un certain leadership, ceux qui ont une
responsabilité, on sente que là c'est trop.
Le simple Québécois s'aperçoit vraiment que
nous sommes dans une certaine escalade, que nous vivons dans une
société qui, de jour en jour, nous sollicite par la
publicité, par cette surinflation des produits de consommation où
les besoins grandissent démesurément et, évidemment, la
demande d'argent grandit aussi dans la même proportion. Finalement, c'est
tout le fond du problème, c'est quelle sorte de société
québécoise on peut se permettre. Je pense que le premier ministre
l'a souligné avec raison, nous vivons au-dessus de nos moyens. Je crois
que vous aussi, les gens d'en face, vous êtes d'accord sur ce
postulat.
Trop de Québécois, évidemment, ont
été conditionnés, ils ont connu des habitudes, ils sont
dépendants terriblement de la publicité, par les revendications,
par toutes sortes de luttes qui ont amené des résultats. Ils sont
arrivés à un point de sursaturation des besoins et aussi des
demandes salariales. Je crois que, nous, c'est notre responsabilité de
poser un geste. Non pas de nous juger, non pas de juger qu'on mérite tel
ou tel salaire...
M. Gratton: Vous ne touchez pas à votre salaire à
vous. Posez un geste.
M. Couture: ... mais pour que l'homme ordinaire du Québec
puisse dire: Eux autres, au moins, ils ont commencé. Eux autres au
moins, ils ont fait quelque chose. Eux autres au moins, ceux qu'on voit tous
les jours, qui font les manchettes, dont on voit les photos, tout ce que vous
voulez, eux autres, à partir d'aujourd'hui ils nous disent qu'il faut
faire quelque chose de différent au Québec.
Je veux donner l'exemple ici des petits salariés. Le salaire
minimum du Québec, certains d'en face soulignaient qu'il était
nettement exagéré, mais je pense que ce n'est pas
exagéré. Je ne sais pas si on sait d'une façon certaine,
si on vous a suffisamment informés au sujet de l'indexation du salaire
minimum qui, dans notre politique, devait être faite au salaire moyen,
qu'on a pris comme responsabilité politique, pour le 1er janvier 1978,
de demander un certain sacrifice aux petits salariés, parce qu'on ne l'a
pas indexé au salaire moyen, on l'a indexé simplement pour
maintenir le pouvoir d'achat. Les petits salariés du Québec
devaient gagner $3.35; ils gagneront $3.27. Donc, ces petits salariés
à qui on demande un certain sacrifice, évidemment, parce qu'on
croit que $3.35 cela peut sembler un peu exagéré dans la
conjoncture actuelle, on leur demande un sacrifice. Nous, est-ce que nous
sommes prêts devant la population québécoise à dire:
De notre côté on veut commencer à avoir une autre
mentalité, à sentir que dorénavant, ce n'est pas possible
de s'en aller comme cela à tous azimuts quand, dans notre
société, il y a encore beaucoup d'inégalités
sociales.
Je suis d'accord pour dire qu'il y a des écarts trop grands. Je
crois justement que le premier ministre l'a indiqué: pour nous, c'est un
commencement. Alors, je demande à mes collègues de cette Chambre
d'ailleurs je pense que c'est presque à l'unanimité qu'on
approuve ce projet de loi de collaborer avec nous, de travailler avec
nous, de chercher réellement ensemble comme parlementaires à
ouvrir peut-être une nouvelle voie dans...
M. Samson: Est-ce que mon collègue me permettrait une
question?
M. Couture: Après mon exposé, M. le
député.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, s'agit-il d'une question de règlement?
M. Samson: Je demandais à mon collègue s'il me
permettait une question. Il m'a dit après son exposé.
M. Couture: Je termine mon exposé et cela me fera plaisir
de vous répondre.
Mme le Vice-Président: M. le ministre de
l'Immigration.
M. Couture: Je terminerais en disant, Mme le Président,
que je crois justement que les gens nous attendent à ce tournant. S'il
semble que notre société doive vivre autrement, on doit davantage
travailler pour une meilleure qualité de vie qu'une espèce
d'effervescence de la consommation. Je crois que demain, sachant que
courageusement nous avons posé ce geste, qui n'est peut-être pas
justifié au niveau de la valeur des députés, mais qui est
justifié au niveau de gestes significatifs, les Québécois
pourront réfléchir. C'est peut-être l'élément
le plus important de ce projet de loi, qu'il y ait une réflexion
collective des Québécois face à ce que nous pouvons
supporter, à ce que nous pouvons nous donner comme
Québécois. Je pense que cela aussi est une interrogation qui doit
se poursuivre entre nous. Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rimouski.
M. Samson: Mme le Président, l'honorable ministre m'a
signalé qu'à la fin de son discours il me permettrait une
question.
Mme le Vice-Président: Je regrette, M. le
député de Rouyn-Noranda, j'ai oublié que vous aviez
demandé au ministre de lui poser une question et qu'il avait
accepté la question. M. le député de Rimouski, un moment,
s'il vous plaît.
M. Samson: Ma question au ministre est la suivante. J'ai
écouté avec beaucoup d'attention ses propos et sa manifestation
de courage. Est-ce que le ministre peut me dire si la manifestation de courage
dont on vient d'être témoin, compte tenu du fait qu'il
reçoit $30 580 de plus qu'un député ordinaire, irait pour
lui jusqu'à remettre $30 580 par année à l'Etat?
M. Couture: Mme le Président, je crois que c est en toute
solidarité que nous déciderons en-
semble ce que nous ferons de cet excédent, si excédent i!
y a, mais je souligne ceci qui est important. Je pense qu'il y a un
député de l'Opposition qui le signalait.
Chacun, personnellement, doit assumer ce dont il a besoin et ce qu'il
doit partager. Je pense que ce n'est pas interdit à quelque ministre que
ce soit, s'il a $30 000, $20 000 ou $10 000 d'excédent, de le partager
avec des Québécois sous une forme ou une autre.
M.Samson: Est-ce que le ministre de l'Immigration, Mme le
Président, dans cette veine...
Mme !e Vice-Président: Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: ... est disposé à s'engager pour
lui-même, ce soir, à rembourser $30 580?
Mme le Vice-Président: M. le député, vous
aviez demandé...
M. Couture: Mme le Président, je n'ai aucun engagement
personnel à faire là-dessus. Tout ce que je peux dire...
M. Goulet: Assoyez-vous.
M. Shaw: C'est de l'hypocrisie.
M. Goulet: Des théories d'une demi-heure.
M. Couture: Ce serait trop facile, Mme le Président...
M. Goulet: Assoyez-vous. Maudite hypocrisie!
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Couture: ... de faire une manchette avec cet engagement. Ce
que je peux dire...
Une Voix: Un vrai curé de campagne.
M. Couture: ... c'est que nous sommes des députés
de milieux ouvriers et nous savons, au jour le jour, quoi faire de nos
excédents.
M. Goulet: Assoyez-vous, hypocrite!
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
... A l'ordre, s'il vous plaît!...
M. Samson: Une question de privilège.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, sur une question de privilège. Est-ce que vous faites
référence à l'intervention de M. le ministre de
l'Immigration?
M. Samson: Mme le Président, je fais
référence aux propos que vient de tenir l'honorable ministre des
Communications. Ses propos n'ont pas été enregistrés, Mme
le Président, mais il demeure que...
Mme le Vice-Président: M. le député...
M. Samson: Si l'honorable ministre des Communications a quelque
chose à me dire, qu'il ait le courage de se servir de son micro et qu'il
l'enregistre, Mme le Président, et je lui répondrai.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
... A l'ordre! ... M. le député de Gatineau, à l'ordre,
s'il vous plaît! ... M. le député... M. le
député, s'il vous plaît!
J'espère que l'orage est maintenant passé. M. le
député de Rimouski, c'est vous qui avez la parole.
M. Marcoux: Merci, Mme le Président.
M. Gratton: Tantôt, n'ayez pas peur, je vais me lever. Je
ne ferai pas comme vous, je ne resterai pas couché à terre.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Communications,
s'il vous plaît, je vous prierais de demander la parole si vous voulez
intervenir.
M. Shaw: Une question de règlement.
Mme le Vice-Président: Les gestes parlent
d'eux-mêmes aussi, parfois, M. le ministre. M. le député de
Rimouski.
M. Shaw: Une question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire, sur une question de règlement.
M. Shaw: C'est normal, dans de tels débats, qu'on alterne
entre les partis. Nous avons même parlé avec le ministre de
l'Immigration pour établir quels seront les porte-parole sur le sujet.
C'est évident que, si on essaie nous-mêmes, les
députés, de faire une alternance dans la Chambre, vous allez nous
donner au moins votre appui. Je viens de parler avec le ministre. On ne fait
pas une guerre pour avoir l'avantage de parier; on fait une petite entente
entre les députés. Cela fait deux pé-quistes qui parlent,
l'un après l'autre. C'est seulement cela la question:
Est-ce que vous allez nous aider à suivre une entente entre des
députés ou est-ce que vous allez faire votre affaire normale?
Une Voix: ... un "filibuster".
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire. Je me trouve dans une situation difficile, vous en conviendrez
avec moi. La seule règle pour moi, tant que vous ne m'avez pas avertie
d'une entente, la seule règle pour moi, c'est le premier
député qui se lève à l'Assemblée nationale
et qui demande la parole voulez-vous me laisser
terminer, s'il vous plaît que je dois reconnaître.
Maintenant, je pense... M. le député de Gatineau, s'il vous
plaît. C'est peut-être ma faute aussi, je n'ai peut-être pas
regardé du bon côté tout de suite, mais c'est le
député de Rimouski que j'ai entendu le premier. Là je le
sais, M. le député de Pointe-Claire. Il y a une autre chose.
Comme je ne suis pas au courant de vos ententes, habituellement, pour le
premier tour après une motion, on fait un tour de l'Assemblée
nationale et après, je reconnais régulièrement le
député qui se lève le premier. Je verrai à vous
reconnaître ensuite, M. le député.
M. Alain Marcoux
M. Marcoux: Mme le Président, je vais essayer d'être
le plus bref possible, parce que je constate qu'il y a plusieurs
députés qui désirent prendre la parole sur ce sujet qui
est quand même très important. Je voudrais d'abord
féliciter le député de Rouyn-Noranda qui a la logique de
voter contre le projet, si j'ai bien compris sa pensée, mais qui avait
effectivement parlé contre ce projet de loi. Je dois dire que je ne peux
pas en dire autant des autres membres de l'Opposition, du chef de l'Opposition
libérale, du chef de l'Opposition de l'Union Nationale ou...
M. Gratton: Attendez vous allez comprendre...
M. Marcoux: ... du député de Beauce-Sud qui ont
généreusement parlé contre ou qui ont amené
plusieurs arguments contre ce projet de loi, mais qui ont annoncé, et
là ils font preuve d'un très grand courage, qui ont
annoncé que, même s'ils étaient contre, ou qu'ils parlaient
contre, ils voteraient pour. Je me demande de quel côté est le
courage maintenant. Egalement...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rimouski, est-ce que je dois vous rappeler que vous avez à parler, en
deuxième lecture, sur le principe du projet de loi?
M. Marcoux: Oui, on a beaucoup parlé de courage et j'en
parie du courage. Le chef de l'Opposition officielle a dit, d'un ton
humoristique, qu'il constatait que les choses changeaient, qu'il y avait des
changements depuis que nous étions de ce côté-ci. Je pense
que..
M. Goulet: Mme le Président, en vertu de l'article 100,
est-ce que je peux poser une question au député de Rimouski?
M. Marcoux: Non, je crois qu'après mon intervention, je
permettrai une question.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse, un moment...
M. Goulet: J'aimerais savoir, Mme le Président, combien,
en tant que président de la commission, il gagne? Non, seulement les
chiffres, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse, vous pouvez toujours me poser une question mais permettez-moi de
m'assurer si M. le député de Rimouski a l'intention de recevoir
cette question ou s'il ne veut pas la recevoir, ce qui est son
privilège.
M. le député.
Une Voix: D'ailleurs on le sait, combien il gagne.
M. Marcoux: Mme le Président, je préfère
continuer mon intervention, par la suite...
M. Goulet: Ce n'est pas grave, on le sait.
M. Pagé: Est-ce que tu as peur de répondre? $42 000
de plus par année.
Une Voix: Hypocrisie flagrante! Hypocrisie!
Mme le Vice-Président: Messieurs, s'il vous plaît!
Messieurs, je tâcherai de faire respecter votre droit de parole, mais je
vous demanderais, à vous, de ne pas empiéter sur ce droit de
parole et ce temps dont M. le député de Rimouski dispose, comme
les autres membres de l'Assemblée nationale. Je vous demanderais votre
collaboration s'il vous plaît.
M. le député.
M. Marcoux: Je vous indiquerai immédiatement, Mme le
Président, les motifs pour lesquels je crois qu'il faut accepter et
voter pour ce projet de loi.
M. Cordeau: Tel que le premier ministre vient de le dire!
M. Marcoux: II est évident que ce geste constitue une
décision politique, au sens...
M. Goulet: ... sortez.
M. Marcoux: ... je dirais, le plus noble du terme. En fait, il
est peut-être temps de faire le point sur l'orientation de notre
société et de s'arrêter...
M. Lalonde: Ah oui!
Une Voix: Remettez votre deuxième salaire. M. Cordeau:
Après s'être servi.
M. Marcoux: ... ensemble pour réfléchir. M.
Lavoie: Faut-il charrier!
M. Goulet: Oui, certain.
M. Marcoux: La décision que le gouvernement a prise se
veut une occasion de remettre en question un certain nombre de choses.
M. Goulet: Le président de la commission sur la loi 45
a-t-il quelque chose à dire?
M. Marcoux: Un proverbe chinois affirme que le poisson pourrit
d'abord par la tête.
M. Goulet: Celui qui gagne $10 000 de plus que les autres...
M. Verreault: Vous allez en pêcher des petits menés
à Rimouski bientôt.
M. Goulet: $40 000 ça remplit vite.
M. Verreault: Ils appellent cela des crapets de mer dans le bout
de Rimouski.
M. Marcoux: Ce qui signifie que le changement ou le leadership
doit aussi commencer par les dirigeants de notre société. C'est
beau de demander à tout le monde de se serrer la ceinture, mais encore
faut-il que les dirigeants de notre société ou les dirigeants des
différents groupes de notre société fassent les premiers
pas. Je pense que les députés de cette Assemblée nationale
doivent tracer la voie à une remise en question de notre
société. Indexer, c'est bien beau, et nous venons de le faire
pour les allocations familiales, pour l'aide sociale...
M. Verreault: Indexer les impôts.
M. Marcoux: ... pour le salaire minimum...
M. Verreault: Les vêtements d'enfants, les repas.
M. Marcoux: ... ce qui ne fait que rétablir le pouvoir
d'achat d'une partie de la population qui vit avec le minimum.
M. Verreault: C'est seulement du charriage.
M. Goulet: C'est une commission sur le transport.
Mme le Vice-Président: Monsieur le député de
Shefford, M. le député de D'Arcy McGee, est-ce que je peux vous
demander...
Une Voix: Pas de D'Arcy McGee.
Mme le Vice-Président: Je m'excuse, M. le
député de D'Arcy McGee, vous êtes très attentif; je
m'excuse, c'est M. le député de Notre-Dame-de-Grâce que je
voulais nommer. Vous me pardonnerez les uns et les autres.
Je voudrais simplement faire remarquer au député de
Shefford que, s'il a l'intention de prendre la parole, il me fera plaisir de le
reconnaître après, mais je vous ferai aussi remarquer qu'il y a
déjà le député de Pointe-Claire qui m'a
demandé la parole.
M. le député de Rimouski.
M. Marcoux: Je parlais de l'indexation. Nous avons indexé
des revenus qui sont minimums actuellement, que ce soit le salaire minimum,
l'aide sociale, les allocations familiales. Doit-on, pour autant, appliquer
l'indexation à toutes les tranches de revenus, automatiquement, en tout
temps? Je pense que c'est une des questions qui est posée par la
décision actuelle. Quand on gagne $30 000 et qu'on a une indexation de
10%, c'est $3000, alors que l'indexation du salaire minimum, cette
année, apporte à peine $500 ou environ $500 aux 300 000
travailleurs du Québec qui vivent à ce niveau de revenu, si je ne
me trompe. Il n'y a aucune mesure entre l'indexation d'un salaire de $30 000 et
l'indexation d'un salaire de $4000 ou $5000. Quand je regarde aussi les
travailleurs d'East Angus, les travailleurs de Shawinigan qui ont
accepté...
Une Voix: Les travailleurs chez Tricofil...
M. Marcoux: ... que leur salaire soit gelé pour pouvoir
garder leur emploi, qui ont même accepté, dans certains cas, des
mises à pied pour pouvoir garder une partie de l'usine ouverte, je crois
que le gouvernement actuel doit poser des gestes qui indiquent sa
volonté de faire des changements.
Mme le Président, je voulais faire ce discours le moins partisan
possible.
M. Verreault: Bravo!
M. Marcoux: Je constate que les masques tombent en face.
Des Voix: Ah! Ah! Ah!
M. Goulet: Arrêtez donc cela!
Une Voix: Faites donc tomber ceux des ministres.
M. Marcoux: On était calme cet après-midi, mais je
m'aperçois que c'est réellement cela. On a parlé contre en
disant qu'on votait pour, mais en fait, on est contre et on devrait voter
contre.
M. Fontaine: Déposez vos $10 000 que vous recevez en tant
que président de commission.
Une Voix: Déposez donc vos $10 000.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. Goulet: Mme le Président, j'avais demandé la
permission de poser une question en vertu de l'article 16, est-ce que !e
député me la permet?
Mme le Vice-Président: II vous a déjà
répondu, M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Non. Je n'ai pas posé la question. Est-ce qu'il
accepte?
Mme le Vice-Président: Je pense que non, M. le
député.
M. Goulet: Non?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
Une Voix: Courage!
M. Goulet: Comment doit-on qualifier cela, Mme le
Président?
Une Voix: D'autruche!
Mme le Vice-Président: Je vous demanderais messieurs, de
me rendre à moi et à vous la tâche un peu plus facile, ce
soir, s'il vous plaît! M. le député de Pointe-Claire, j'ai
déjà reconnu votre droit de parole.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Merci, Mme le Président. Je respecte la position
de mon collègue, le député de Bellechasse sur le sujet du
revenu des députés ministériels, mais ce n'est pas sur ce
sujet que je voudrais parler. Je veux constater que je peux appuyer un principe
qui dit que nous avons besoin de démontrer ici l'arrêt de ce
problème quotidien d'indexer tout ce qui atteint la population, ce qui
va établir comme un fait l'inflation de jour en jour. C'est un principe
que je peux accepter immédiatement, mais c'est un autre problème
que nous avons ici, dans cette Assemblée, soit une vraie
différence entre les salaires des ministres de cette Assemblée
nationale et celui des députés. C'est vraiment la
vérité du problème de ce projet de loi.
Nous avons ici au Québec les ministres qui sont les mieux
payés au monde. Regardons les vrais chiffres. Nous avons un premier
ministre de la province de Québec qui est payé maintenant $76 500
par année. Le premier ministre du Canada est payé seulement $69
000 par année. Nous avons des ministres, ici dans cette province, qui
sont payés $65 380 par année. Et nous avons des
députés dans cette province qui sont payés $27 000 par
année. Je ne suis pas entré en politique pour chercher un revenu
personnel. Franchement, je peux constater que j'ai vécu une
différence de revenu assez remarquable. Je peux constater aussi que nous
avons d'autres membres de notre parti, et même des membres du Parti
libéral qui ont eu avant des revenus personnels qui étaient
meilleurs que ceux qu'ils acceptent maintenant. Nous sommes venus en politique
parce que nous croyons à une responsabilité civique. C'est une
vérité.
Ce n'est pas la question de l'augmentation du salaire des
députés qui est le problème. Le problème est que
nous, les députés "back-benchers", nous les députés
de l'Opposition, même ies députés ministériels
"back-benchers" avons besoin d'agir comme députés, de fonctionner
comme d'habitude avec un compte de dépenses de $7000 qui n'a pas
été augmenté depuis l'adoption du projet de loi qui a
établi notre système actuel.
Regardons la différence. Les ministres de la province de
Québec sont les plus payés. C'est une différence
incroyable! $76 000 par année pour le premier ministre comparé
à $69 000 pour le premier minisire du Canada; c'est une
différence pas mai grande. Ensuite, $65 000 pour un simple ministre,
alors que les ministres au fédéral n'ont que $56 000 par
année. Il y a 55 membres ou députés ministériels
qui sont des ministres ou payés comme des ministres maintenant. Si on
enlève cette différence maintenant, nous allons économiser
$471 900 par année qu on pourrait donner aux simples
députés, "back-benchers" qui ont des dépenses. Je peux
vous prouver que, cette année, comme l'année dernière, je
vais consacrer au moins $7000 de mon argent personnel en dépenses. C'est
dit ici au journal des Débats; je suis prêt à prouver cela
demain.
Je ne voudrais pas encore une augmentation de mon salaire personnel. Je
ne suis pas venu au Parlement du Québec pour avoir un salaire, mais je
veux que mes dépenses soient payées. Je peux vous prouver que je
travaille aussi fort que n'importe quel ministre dans cette Assemblée.
Or, je dois payer cette différence parce qu'ils sont trop payés.
Quand le premier ministre parle de quelques personnes qui sont trop
payées, ce sont les ministres de la province de Québec. Cela,
c'est la vérité, Mme le Président.
Mais, si on continue dans cette même veine et qu'on ramène
le salaire des ministres du provincial au même niveau que celui des
ministres du fédéral, on va économiser à la
population du Québec $471 900. Si on prend cette somme et qu'on
répartit seulement la différence entre les "backbenchers" pour
leurs dépenses ce sont 56 députés et je suppose
qu'on leur paie seulement la différence de $7000 et de $11 300 par
rapport à ce qui est payé aux députés
fédéraux on va diminuer les problèmes des
députés "back-benchers", tant ceux des députés
ministériels que ceux de l'Opposition et, au bout de cela, on pourra
dire que c'est la justice. On ne verse aucun sou de plus mais on
économise $240 000 à la population du Québec. Si nous
voulons vraiment démontrer que nous voulons aider la population du
Québec, il faut que ce soit fait avec justice, non pas avec
hypocrisie.
Madam President, I would like to just recount this again. If we were to
take the difference that is paid to the ministers of the National Assembly of
the province of Quebec, we took that difference and we brought them to a level
which they certainly do not deserve more than... If there is an abuse of the
public purse in this province today, it is the salaries paid to the ministers
of this government. I think it is incredible that a minister of this government
is paid $65 000 a year, plus all of the side benefits: his chauffeur, an extra
$4000 for his expenses, incredible advantages that he gets as a minister. He
does not work one hour more than those who are in the Opposition and those even
in the back bench who have to either meet the quorum or work for their
constituents and do the other jobs.
There is not that much of a difference between being a minister in this
House and being a member, but the difference in salaries is incredible. I mean,
even the federal government has recognized that this difference should not
exist. If we want justice, we do not want to play with the people and say look:
We are saving you money. We are not going to pay an increase to the members of
the National Assembly, so that we do not have to pay you an increase. If this
is going to be followed, and I am not sure it will be followed, I am not sure
it will be of value, but if it will help, I am willing to pay that price. But I
think the minister, on the other side of the House, who is being overpaid
almost to a ridiculous extent, must recognize his responsibility in this area
as well.
And so I suggest you, Mme President, that we adopt this formula, that we
close that difference from $65 000 to $55 000, and we transfer $10 000 of the
present ministers' income back to the public purse, and we expand the deputies,
the back-benchers' income from $7000 to $11300. Then we will be able to say to
the people of this province: we have not expanded your cost for your member
sitting in the National Assembly that governs for you. We have indeed cut that
cost by $240 000, nearly a quarter of a million dollars. Now, if there was no
hypocrisy on that side, if there was a genuine wish to demonstrate, to the
people of Quebec, that we want to cut the costs in that government, then I
would support that 100%.
But if, Mme President, we are going to make hypocrisy, if we are going
to devalorize those members who are sitting in the back benches, who work just
as hard to get elected, who are working just as hard right now to perform this
government, because it is not the ministers who govern, it's the people.
Through us "les élus du peuple". But if we want to do it, without
hypocrisy, then we recognize justice and justice says: We take that man's
salary, that $68 000, and we put it into perspective; we bring it back to
normal and we increase the expenses of the back-benchers and the members of the
Opposition so that they can do their job without digging into their private
purse. If we want, Mme President, a government of the people and for the
people, we have to allow the people to be represented and I support what the
member from NDG says: We must encourage people from every walk of life to enter
politics, so that he can afford to do so, without going to his friends for
support, because that is where patronage begins and that is where corruption
begins and that is where bad government begins.
We have come into a contract with the people when we were elected, and
that contract was based on legislation. I am prepared to accept that
legislation, that is the contract that we have all engaged upon. And I am
prepared to modify that contract. But if we are going to modify it, let us not
do it as hypocrites, but as responsible parliamentarians who say: Yes, we must
start to cut; yes, we should be the first to take the cut; but yes, Mme
President, when a minister of this government is getting $65 380 to do the same
job that I am doing, that is injustice. Thank you.
Mme le Vice-Président: Mme le député de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Mme le Président, je n'avais pas
l'intention d'intervenir, croyant sincèrement que le
député de Saint-Laurent avait soulevé, avec
modération, les points les plus pertinents touchant cette question
épineuse et délicate. Les points qu'il soulevait revêtaient
tellement d'intérêt qu'ils ont même permis au
député de Taschereau de mettre quelques idées dans un
discours qui, autrement, aurait été complètement vide.
D'ailleurs, la performance du député m'était assez
familière ayant vécu avec lui d'assez près, pendant les
mois qu'a duré l'étude du projet de loi no 101.
Sur les bancs de l'école, alors que chaque semaine on nous
demandait de réfléchir sur l'évangile du dimanche, il y
avait une expression qui, dans le temps, m'avait frappée d'une
façon particulière et dont je n'ai compris tout le sens que
probablement au moins une couple d'années plus tard; je pense que tout
le monde se souviendra cette expression "sépulcre blanchi". Pourquoi
l'an dernier, quand on a accordé à tous les députés
une indexation et aux ministres une double indexation, le député
de Rimouski n'a-t-il pas pleuré sur les ouvriers condamnés au
salaire minimum? Pourquoi le député de Saint-Jean n'a-t-il pas
pleuré sur ces personnes qui, nous le savons tous, dans notre
société, vivent en deçà du seuil de la
pauvreté ou au seuil de la pauvreté? Pourquoi, à ce
moment, le gouvernement n'a-t-il pas cru bon d'accorder une indexation qui, au
moins, aurait respecté la loi anti-inflation? Alors qu'on aurait
dû nous accorder je parle des députés qui n'ont pas
d'autres fonctions à l'intérieur de ce Parlement $2400, on
a tout à coup oublié qu'il y avait autour de nous des gens qui
gagnaient le salaire minimum, des familles qui vivaient en deçà
du seuil de la pauvreté et on nous a accordé $3200 et on a
accordé aux ministres une augmentation on l'a
évalué cet après-midi d'environ $10 000.
Combien de gens, dans cette province, l'an dernier, quelles que soient
les fonctions qu'ils occupaient, même des fonctions d'exécutif, de
tous ces grands que l'on juge très favorisés, compte tenu de ces
salaires extravagants qu'ils gagnent, sont allés chercher du coup une
augmentation de $10 000? Et pourtant, l'an dernier, personne n'a
pleuré.
Je pense qu'il y aurait eu d'autres moyens que celui utilisé par
le gouvernement pour tenir compte de plusieurs contingences. La
première, celle qui est un fait qu'on doit renconnaître, qu'on vit
présentement dans une situation économique difficile et que ceux
qui en sont les plus grandes victimes sont évidemment les moins bien
nantis. Il est évident aussi que, de plus en plus, on vit dans une
société où les écarts des salaires grandissent. Je
pense que chacun d'entre nous dans cette Chambre est fort conscient de ceci. II
me paraît qu'il y aurait eu d'autres moyens que de faire ce
grand débat politique. De toute évidence, suite à
l'attitude qui a été prise l'an dernier par le gouvernement ces
moyens ne peuvent me faire croire qu'une chose, c'est que, cette année,
on veut exploiter au maximum au plan politique cette prétendue vertu du
gouvernement.
Je pense que nous aurions pu tout simplement, de concert les uns avec
les autres, soit par l'entremise des leaders ou d'autres personnes
déléguées par chacun des partis, s'interroger sur ces
questions qui sont des questions réelles et arriver à trouver des
solutions satisfaisantes. Le grand problème, au fond, qui confronte le
gouvernement présentement, c'est celui de l'indexation,
particulièrement du salaire des ministres et d'autres qui occupent des
fonctions additionnelles. Ces indexations créent de pius en plus des
écarts considérables avec les députés. C'est
d'ailleurs un peu la démonstration que le député de
Saint-Jean nous a faite avant le souper.
Je pense que, parce qu'on a maintenant honte qu'on se sent mal à
l'aise et je le comprends de penser que les ministres
toucheraient maintenant des émoluments qui atteindraient les chiffres
sept, huit et, dans un an ou deux, neuf et dix, évidemment on sent fort
bien qu'il n'est plus possible de continuer de cette façon, qu'il faut
réexaminer tous les mécanismes d'indexation qui ont
été prévus dans la loi et qui, compte tenu de l'inflation
continue, d'année en année, ne peuvent plus s'appliquer sur une
échelle de salaires aussi élevée que celle que les
ministres connaissent et peut-être les députés aussi, mais
certainement ceux qui occupent des fonctions additionnelles à
l'intérieur de ce Parlement.
Mme le Président, l'autre problème qui, aussi, frappe le
gouvernement, qui atteint le gouvernement aujourd'hui ou dans les mois à
venir je pense qu'il a été fort bien identifié par
mon collègue de Saint-Laurent si j'y reviens, c'est dans un geste
d'appui au député de Saint-Laurent parce que je pense vraiment
qu'il a mis le doigt sur un problème crucial, celui de préparer
les esprits à une future négociation. Ce n'est pas que je sois en
désaccord avec le premier ministre quand il dit qu'il faut augmenter
notre productivité, qu'il faut devenir conscient de ces écarts de
salaires, même à l'intérieur de la fonction publique,
même à l'intérieur des commissions scolaires que j'ai fort
connues le député de Saint-Laurent signalait la situation
des hôpitaux à cet égard mais je pense que c'est
aussi cet objectif des futures négociations que le premier ministre veut
atteindre et veut influencer.
Je dis au premier ministre, Mme le Président, qu'il est mauvais
d'utiliser une prétendue vertu que messieurs les députés
d'en face n'ont pas manqué d'afficher. Cela me faisait sourire
très fort quand j'entendais le député de Taschereau qui,
à trois reprises au moins, a dit qu'il fallait être un exemple
pour les citoyens. Ceci a été repris par le député
de Rimouski. Mais qui sommes-nous? Quelle prétention! Quelle arrogance!
Je pense qu'utiliser cette façon de procéder est exercer une
pression morale indue sur les futures négociations, sur les futures
conditions de travail.
Je pense qu'il y a deux problèmes: celui des émoluments
des parlementaires et il y aura aussi, dans les semaines ou les mois à
venir, celui des négociations dans la fonction publique ou dans les
autres secteurs parapublics. Je pense que les deux devraient être
traités séparément. Je sais fort bien, et c'est
peut-être ce qui me console, qu'il y a, à l'intérieur du
groupe ministériel, certains députés qui se sentent
inquiets de cette approche et qui jugent peut-être un peu je n'ose
pas dire indigne parce que je leur prêterais peut-être des paroles
qu'ils n'ont pas pour le moins douteux cette façon de
procéder. Pour ma part, Mme le Président, compte tenu de ce
principe que l'on met en jeu à ce moment-ci d'essayer d'exercer cette
influence indue sur les négociations à venir en s'affichant comme
des parargons de vertu, que nous ne sommes pas puisque, l'an dernier, on a tous
accepté une indexation, et que certains l'ont acceptée en
double...
Je sais aussi que, quand on fait une recommandation ou une suggestion du
côté de l'Opposition, c'est presque peine perdue, mais je la fais
néanmoins. Le projet de loi n'est pas encore adopté, nous sommes
en deuxième lecture. Est-ce que le premier ministre ne
reconsidérerait pas la possibilité d'examiner, demain s'il le
veut je suis prête à lui offrir mes services entre
Noël et le Jour de l'An et c'est une offre considérable que je lui
fais à ce moment-ci cette question dans des lieux où tout
le débat ne sera pas politisé, servant à des objectifs qui
ne sont pas vraiment ceux qu'on cherche, faussant les objectifs, dans le fond,
dans toute cette discussion que nous avons ce soir.
Cette offre, je pense que peut-être que le premier ministre
devrait la considérer et compter sur la bonne foi de tous les
parlementaires qui sont dans cette Chambre pour qu'on arrive à une
solution qui soit la plus équitable possible pour les parlementaires,
mais qui surtout prenne en considération d'une façon
sérieuse les autres problèmes auxquels nos concitoyens du
Québec font face et dont il nous faut tenir compte dans le partage des
richesses à l'intérieur de cette province. Merci. Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: Mme le Président, vous me permettrez quelques
réflexions sur ce projet de loi proposé par le premier ministre
cet après-midi. Je vous avoue franchement que je n'avais pas l'intention
d'intervenir. J'ai écouté avec beaucoup d'attention les propos du
premier ministre pour essayer de comprendre cette justification du gel de
salaires qu'il nous proposait. Je ne voudrais pas tenir ces propos au nom de
mon parti. Je voudrais les tenir en mon nom personnel, comme
député de mon comté, afin qu'on puisse, dans les journaux,
dire que j'ai parlé en mon nom personnel et non pas au nom d'un
groupe.
Mme le Président, cet après-midi, certains
députés ont tenté de faire des gorges chaudes sur le
salaire minimum, l'assistance sociale, les questions économiques. On est
allé à peu près dans tous les domaines. Donc, si je veux
tenter de les suivre, d'une façon très modeste, sur ce terrain,
j'espère que vous me donnerez cette latitude, moi qui ne suis pas
avocat, qui suis un pauvre petit campagnard, pauvre fils d'une famille assez
nombreuse, un des plus jeunes et qui ai dû supporter le fardeau des
autres. J'ai dû, durant ma jeunesse, m'éloigner dans des
régions comme l'Abitibi et je veux dire au député de
Saint-Jean qu'à ce moment-là mon salaire était fabuleux:
je gagnais $45 par mois pour couper du bois pour l'International. J'ai
dû, à l'âge de 18 ans, m'expatrier, comme un nationaliste
convaincu, dans des pays étrangers pour combattre pour la patrie.
Oui, on peut pleurer. Ecoutez sagement. J'ai fait cela, au début,
avec beaucoup de conviction, pour $1.10 par jour. On a eu une augmentation
énorme après deux ans; on avait eu $1.25 par jour. Tout ceci pour
vous dire, Mme le Président, que les temps changent. Je suis revenu et
j'ai, comme beaucoup d'autres repris le travail et j'ai dû aussi servir
ma communauté comme maire; j'ai fait neuf mandats. J'ai servi dans
beaucoup de mouvements et je me suis fait connaître. Je l'ai fait par
conviction.
J'entendais, cet après-midi, certains députés qui
essayaient de démontrer que le salaire des députés
était une affaire effarante. J'ai vécu, comme le
député de Bonaventure et le député de Johnson, des
salaires qu'on retirait en 1956 comme député; $4000, plus $2000
de dépenses et on était obligé de payer nos
secrétaires et nos bureaux de comté. On payait aussi nos
appartements ici à Québec. Les temps n'étaient pas les
mêmes, les conditions n'étaient pas les mêmes, les longueurs
de session n'étaient pas les mêmes. On a dit cet après-midi
qu'à Ottawa les sessions étaient beaucoup plus longues
qu'à Québec. Beaucoup plus longues qu'à Québec?
J'en doute. On pourrait compter les jours, on pourrait peut-être compter
les heures et on verrait qu'il n'y a pas tellement de différence.
Je vous avoue, Mme le Président, que cela m'a un petit peu
surpris. D'un autre côté, j'ai même dit, à un moment
donné, que j'étais dégoûté d'entendre
certains députés même tenter de comparer cette situation
à un fléau tellement apparent qu'on devait regarder le Tiers
Monde. Il ne faut pas avoir voyagé beaucoup. J'ai eu cet avantage de
voyager dans plusieurs pays, c'est une chose que j'ai vécue, et je vous
dis que les conditions de certaines gens ici sont peut-être difficiles,
mais elles sont loin d'être comme celles du Tiers Monde et pas, à
ce que je sache, telles que le salaire d'un député doive
être comparé à ceux du Tiers Monde, où c'est
complètement différent. On dit cela pour essayer, le plus
possible, d'attirer la sympathie.
Mme le Président, si on regarde objectivement, le salaire d'un
député, c'est combien? $27 000. On lui enlève
immédiatement un fonds de retraite de quelque $2000 et d'autres
déductions qu'on connaît, après cela on lui enlève
de l'impôt. Il n'y a pas un député qui n'est pas dans la
"bracket" de 25%; il se ramasse avec $16 000 ou $17 000. C'est est à peu
près ce qu'on appelle chez nous, en termes "canayens" "a take home pay".
Je peux vous dire, Mme le Président, que, l'automne dernier, je
regardais les T4 d'un chauffeur de camion: $18 000 par année. Et c'est
commun, j'en emploie plusieurs. Si un chauffeur de camion peut avoir un T4 de
$18 000 par année, je me demande si un député n'a pas le
droit à autant. Eux ne travaillent pas sept jours par semaine, comme la
plupart des députés le font. Et cela, je le dis pour la
majorité des députés, quoi qu'en pense le
député de Saint-Jean. J'ai été surpris de la
raison.
Le député de Saint-Jean a fait une comparaison entre les
salaires de son premier ministre et celui d'Ottawa et je trouve que c'est
décevant. Indépendamment du salaire qu'on veut donner au premier
ministre, à condition qu'il fasse le travail, si Ottawa veut payer plus
cher ou moins cher, c'est son affaire, cela ne nous regarde pas. Si cela nous
regarde, on les battra, on changera cela, c'est là notre rôle,
c'est là de la démocratie. Mais nous, en Chambre, on n'a pas le
droit de dénoncer ceux qui sont le plus payés, à une
condition cependant, qu'ils fassent leur travail. S'ils ne font pas leur
travail, notre rôle est de les dénoncer. On va prendre le salaire
d'un ministre je l'ai été on sait les heures qu'on
travaille, on sait la responsabilité qu'on a, mais on sait aussi
l'impôt qu'on paie et on paie plus d'impôt que la moyenne des
salaires.
Quand on parle d'assistés sociaux, Mme le Président, il y
en a qui ont peut-être des revenus plus élevés que certains
députés en Chambre. Je l'ai souligné. Le
député de Sherbrooke peut dire... Je ne sais pas si c'est lui qui
a parlé, mais on peut apporter des preuves, je l'ai souligné en
Chambre et j'ai demandé aux services de s'occuper de leurs affaires. Je
n'en veux pas aux assistés sociaux, mais se pencher sur cela, c'est
faire de la démagogie, c'est déprécier la valeur des
hommes qui siègent dans cette Chambre, et c'est cela que je n'accepte
pas.
M. Gosselin: C'est ce que vous faites.
M. Russell: Un instant. Mme le Président, je vais faire
une offre à ces députés et au premier ministre. J'ai
siégé pendant 18 ans comme maire de ma municipalité pour
pas un cent. Je suis prêt à faire la même chose, à
condition, au moins, qu'on coupe les dépenses ici. Je vais terminer mon
terme sans un cent, si ça peut aider la province. Qu'on amende la loi et
qu'on y mette mon nom, je vais le faire sans un cent. On va dire: Ah oui! cela
se voit que vous avez des commerces. C'est moi qui les ai montés ces
commerces, ils m'appartiennent. Mme le Président, dans mes commerces, je
vais prendre plusieurs députés de cette Chambre à mon
service s'ils veulent travailler chez nous les mêmes heures qu'ils
travaillent en Chambre ou comme député, et je vais leur
donner
le salaire, avec indexation, qu'ils gagnent actuellement. Pour avoir des
hommes de calibre, des hommes d'expérience comme le député
de Gatineau, je suis obligé de payer beaucoup plus cher que cela. Allez
en chercher, des gars qui ont ses qualifications. J'en ai de ces gens et je les
paie beaucoup plus cher que le salaire d'un député. Je ne suis
pas gêné, je ne fais pas de démagogie. J'ai aussi des gens
qui gagnent moins, c'est évident, mais c'est le prix qu'il faut payer
pour avoir un député qui a de la valeur, qui va faire son
travail.
C'est à la population de juger, à l'occasion d'une
élection, si un député ne fait pas son travail. Ce n'est
pas à nous, en Chambre, à nous détruire les uns et les
autres, comme cela s'est fait cet après-midi. C'est cela que je trouve
dégoûtant, c'est ce que je n'accepte pas. Après 20 ans dans
cette Chambre, je trouve que c'est aller trop loin.
Le député de Johnson a dit, cet après-midi, que M.
Duplessis avait fait cela, une fois.
Il a tenu à peu près les mêmes propos que le premier
ministre cet après-midi. Il l'a regretté. Je pense que lui aussi
va le regretter; je pense qu'il le regrette même à l'heure
actuelle. Il le regrette actuellement. C'est pour cette raison, pour
éviter qu'il se fasse exactement ce qu'on fait aujourd'hui, il attendait
que tout le monde soit d'accord et on réglait le problème; cela
s'est poursuivi-Cette façon d'agir, jusqu'à 1974-1975, là
où il y en a qui ont fait un "filibuster" ou quasi, pour essayer de
déprécier dans l'opinion publique la valeur des
députés en Chambre et le salaire qu'ils avaient pour essayer de
gagner des votes.
Mme le Président, c'est cela que je trouve
dégoûtant. C'est se détruire soi-même pour obtenir
des votes. Il faut avoir peu de courage pour faire cela. J'ai dit que
j'étais pour la loi, je suis prêt à faire un sacrifice. Ce
n'est pas la première fois que j'en fais un; j'ai fait une offre tout
à l'heure au premier ministre et j'insiste sur cette offre. Je suis
prêt à siéger gratuitement le reste de mon mandat et je
l'invite à en faire autant. Après cela, on pourra se lever et on
pourra dire: On a fait autre chose que travailler, on a fait un sacrifice
personnel. Ce seront des actes positifs. Cela je l'offre.
Mme le Président, quand on tente de se comparer avec l'Ontario et
Ottawa, on essaie de faire un barème d'heures; cela donne quoi? Est-ce
qu'on a certaines responsabilités autres que celle de voter pour
ceux-là qu'on a élus pour aller siéger à Ottawa? Si
on n'est pas satisfait il va y en avoir des élections ils
s'en occuperont; s'ils ne veulent pas s'en occuper quelqu'un a dit qu'on ne
s'occupe pas des élections fédérales, vous aurez à
faire comme d'autres qui ne s'en occupent pas. On se fermera après.
Mme le Président, je ne suis pas contre le salaire d'un ministre.
Si je prends son salaire à $65 000, un bon ministre, s'il n'est pas bon,
je vais le dénoncer. Mais prenez objectivement le salaire d'un ministre;
la plupart paient au moins $25 000 d'impôt en partant. A part des
déductions, il leur reste à peu près $35 000. Allez-y donc
dans l'entreprise privée, pas pour ramasser quelqu'un
bénéficiant de l'aide sociale, mais un gars qui a l'ex-
périence et la formation pour diriger un commerce équivalant
à la responsabilité d'un ministre, et le moindre! Allez voir si
vous pouvez l'avoir pour $35 000 ou $40 000 par année. Mais non, en
Chambre on se lève, on fait des propositions comme celles de cet
après-midi et on fait des gorges chaudes. Pas plus tard qu'hier, on en a
engagé trois et on en a augmenté un autre.
Et je suis heureux qu'on ait payé ce salaire-là pour avoir
un homme de calibre pour remplir un poste d'importance. Et je peux vous dire,
Mme le Président, en connaissance de cause, que j'en connais un
personnellement qui fait un sacrifice assez important pour accepter le poste
à notre demande. Vous seriez surpris d'apprendre ce qu'il sacrifie pour
prendre le poste. Il a refusé: on a insisté, il l'a
accepté. Et demain on va le dénoncer parce qu'il retire $42 000
par année. Je dis: Cela, madame, c'est dégoûtant. Et quand
c'est fait par un whip de parti, c'est encore pire, c'est encore pire.
Regardons le salaire qu'il retire, lui; si au moins cela avait
été quelqu'un qui retire $27 000 et qui travaille peut-être
aussi fort que le whip, j'aurais été moins surpris.
Je ne voudrais pas relire ses propos, mais les propos qu'il a tenus pour
tâcher d'aller chercher...
M. Garneau: Quel whip?
M. Russell: Le whip du PQ, le député de
Saint-Jean.
M. Garneau: Le député de Saint-Jean.
M. Russell: Je ne vous relirai pas ces propos, je les ai, je les
ai lus; je les regardais ce soir. Je trouvais que c'était pas mal
dégueulasse. Un homme qui a son expérience en politique, un homme
qui a sa formation remarquez bien, je n'ai même pas sa formation,
c'est pour cela que je n'ai pas la parole aussi facile que lui et qui
m'a tenu des propos comme cela. Cela m'a déçu et je lui dis ce
soir: Cela m'a déçu. Un homme qui retire $47 000 par
année. Certains de ses collègues retirent $27 000.
Mme le Président, le principe de l'indexation, je ne dis pas
qu'il est à 100%.
Chose certaine, par exemple, je n'ai pas le droit de demander à
mes semblables qui ont des responsabilités familiales de travailler pour
moins d'argent cette année qu'il ne l'ont fait l'an dernier parce que
leurs responsabilités sont les mêmes et le coût de la vie a
augmenté. Il faudra au moins avoir le courage de donner à ceux
qui gagnent moins un peu d'indexation, et je ne m'inclus pas, je maintiens la
proposition que j'ai faite tout à l'heure. J'en connais, entre autres,
le député de Berthier et beaucoup d'autres ici qui ont des
responsabilités et pour qui, cette année, le dollar vaut beaucoup
moins qu'il ne valait l'an dernier. S'ils touchaient $50 000 ou $60 000, je
pourrais dire qu'ils peuvent faire un gros sacrifice, mais avec $27 000,
lorsque les déductions sont faites, il y a l'impôt. Il faut qu'ils
le paient, leur impôt. Vous avez des fonctionnaires qui vous courent,
j'en sais
quelque chose. On ne m'a pas lâché depuis dix ans et on me
court, tant le fédéral que le provincial. Quand ce ne sont pas
les inspecteurs de l'impôt, ce sont les enquêteurs qui font
enquête.
Je dis cela aussi pour les gouvernements précédents, j'y
ai goûté, j'en ai eu des gens sur mon dos qui ont fait des
enquêtes et qui essaient de me prendre en défaut un peu partout,
oui. Je ne dis pas que ce sont les députés qui sont ici qui ont
fait faire l'enquête, mais elle a été faite quand
même et elle est en cours actuellement contre celui qui vous parle. Je ne
sais pas à quel propos et je ne sais pas ce qu'on veut savoir, mais la
façon la plus simple de savoir quelque chose est de venir me voir, je
vais leur dire ce qu'il y a là. Regardez-la, mon affaire, je la connais
mon affaire, je la connais ma position et je n'ai rien à cacher.
Indépendamment de ce que certains députés peuvent penser,
je ne me suis jamais caché, mes choses ont toujours été
faites sur la place, tant dans le conseil municipal que dans d'autres emplois
publics que j'ai occupés, comme celui de ministre et comme celui de
député aujourd'hui.
Je n'ai peut-être pas de formation professionnelle, je n'ai pas eu
cette liberté de suivre de ces excellents cours: le cours classique ou
d'autres. Le seul privilège que j'ai eu chez nous, quand j'étais
jeune, avec la famille qu'on avait comme plusieurs le disent, a
été de suivre un cours d'eau. Par contre, j'ai appris quelque
chose chez nous, c'est le respect de la parole et le respect d'autrui, et je
l'ai toujours conservé. Je dois au moins cela à mes parents. Je
demande à tous les députés ici en Chambre d'avoir cela, et
lorsqu'ils disparaîtront de la vie publique, ils seront grandis pour
avoir eu une parole. J'ai toujours eu le respect de la parole donnée, je
l'ai toujours fait avec fierté et je vais continuer de le faire,
indépendamment de ce qu'on peut penser.
Mme le Président, je voudrais terminer là-dessus. Je suis
un peu déçu ce soir, pas tellement de la loi 101...
Une Voix: De la loi 100.
M. Russell: La loi 101 me déçoit oui... de la loi
100... Quant aux propos du premier ministre, on sait à quoi il veut en
venir. Ce n'est pas aux députés qu'il s'adressait, c'est un
sacrifice temporaire qu'il nous demande, cela, c'était compris. On sait
que, vraiment, ceux à qui il a voulu s'adresser, c'est à ceux qui
composent la masse salariale des fonctionnaires et du secteur parapublic, on
sait que c'est à eux qu'il s'adressait. Cela, c'est sa
responsabilité et je suis prêt à voter pour la loi pour lui
laisser sa responsabilité, mais le fait demeure quand même, que je
déplore cette situation. On aurait pu changer l'indexation, on aurait pu
faire comme l'industrie privée: on prend la masse salariale, on fait une
moyenne de salaire de c'est fait par des spécialistes et,
après cela, on dit: L'augmentation va être décente, pour ne
pas faire en sorte que les plus riches soient plus riches et que les plus
pauvres soient plus pauvres. On aurait pu faire exactement la même chose
ici, et je pense qu'on aurait rendu service à un certain groupe de
députés. Ils vont le faire, le sacrifice, mais peut-être au
détriment de leur famille, et on n'a pas le droit de leur demander
cela.
Je trouve cela injuste. Je ne parle pas pour moi-même, j'ai
d'autres moyens, j'ai d'autres revenus et je paie plus d'impôt. Si le
premier ministre voulait faire quelque chose, je lui fais une suggestion. Qu'on
fasse une moyenne des salaires, qu'il exclue le salaire des ministres et des
adjoints, qu'on ne prenne que le salaire des députés et qu'on
fasse une petite indexation comparativement au coût de la vie ou à
peu près, et qu'on donne un peu aux députés qui n'ont
qu'un salaire de député un montant minimum qui va au moins les
encourager de continuer à travailler comme ils l'ont fait depuis un
an.
Vous savez, je ne comprends pas des gens qui vont comparer le travail de
député à un ouvrier ordinaire.
Je termine, Mme le Président, j'achève. Je vous disais,
tout à l'heure, qu'un chauffeur de camion gagne $17 000 à $18 000
par année et qu'il ne travaille même pas douze mois. Il a son
assurance-chômage pour les deux, trois ou quatre mois qu'il ne travaille
pas en plus. Le député de Notre-Dame-de-Grâce, cet
après-midi, faisait allusion à un plombier. Eh bien! c'est un
plombier qui n'a pas de métier ou c'est un petit plombier qui fait
simplement le salaire d'un député. Mais un plombier bien
organisé fait deux fois le salaire d'un député et il ne
travaille pas la moitié des heures d'un député.
Je voudrais qu'on ait au moins le respect, la connaissance de l'effort
et du travail qui est fait par les députés, indépendamment
d'un parti politique. Je le dis pour les libéraux comme pour les
députés du Parti québécois, pour ceux-là qui
ont le courage de travailler pour leurs commettants, ceux qui les ont
élus pour travailler pour eux. Non pas pour un député qui
ne fait pas son travail, mais cela ce n'est pas mes affaires à moi. Ce
seront ses électeurs qui s'en occuperont aux prochaines
élections.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Mme le Président, vous me permettrez, sans
doute, de dire à ce gouvernement, et en particulier au
député de Saint-Jean ainsi qu'au ministre de l'Immigration et
même au ministre des Affaires culturelles que la transparence de leur
gouvernement n'a d'égale, Mme le Président, que l'hypocrisie de
ses députés, et je pèse bien mes mots, qui est directement
proportionnelle au salaire qu'ils touchent et inversement proportionnelle
à leur compétence. Est-ce que c'est clair?
Une Voix: La transparence.
M. Gratton: Mme le Président, j'ai entendu... Ne sortez
pas, M. le ministre des Communications.
Faites face à la musique, si vous êtes un homme. Des
Communications, de l'Immigration, je ne sais pas trop. Il ne sera plus ministre
tantôt, de toute façon. M. le curé, j'en ai entendu trop de
sermons de personnages comme vous, M. le ministre et je lui dis cela...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau, je vous demanderais, en autant que faire se peut, qu'il m'apparaisse
évident que vous vous en tenez à la pertinence du
débat.
M. Gratton: Avec plaisir, Mme le Président. Je vous
avertis tout de suite, Mme le Président, que je n'ai pas l'intention de
mâcher mes mots vis-à-vis de ces hypocrites. Il essaie de se
sauver encore, Mme le Président. Restez là que je vous parle en
face. Mme le Président, invitez le ministre de l'Immigration à
rester à son siège que je lui parle en face.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Je reste debout, M. le député de Gatineau, justement pour
tâcher que vous puissiez la faire, votre intervention. Maintenant que le
calme...
M. Mackasey: C'est un débat, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Si le calme revenait, M. le
député, je pourrais encore accorder la parole au
député de Gatineau.
M. Gratton: Bravo!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Mme le Président, en l'absence du ministre de
l'Immigration, qui a immigré en dehors de la Chambre, qui écoute
sûrement près du perroquet de l'autre côté, en fumant
sa cigarette, après tout, il peut s'en permettre plusieurs paquets
à $65 000 par année, Mme le Président.
M. Marchand: Pas de famille à faire vivre.
M. Gratton: Je désire dénoncer, le plus vivement
possible, l'hypocrisie du gouvernement, le premier ministre en tête, de
ceux qui sont intervenus jusqu'à maintenant sur ce débat de
deuxième lecture du projet de loi no 100.
J'accepte volontiers qu'on veuille donner l'exemple ici, à
l'Assemblée nationale, en limitant, en gelant le salaire des
députés. Mais je l'accepterais beaucoup plus facilement s'il ne
s'agissait pas d'un "show", d'une frime de ce gouvernement qui veut, à
la toute veille de Noël, faire oublier ses erreurs, faire oublier les
nombreux projets de loi qu'il nous a forcés dans la gorge depuis
quelques semaines, en faisant grand état de sa transparence, de son
honnêteté, en proposant qu'on gèle le salaire des
députés.
Le député de Brome-Missisquoi disait tantôt qu'il
serait prêt à finir son mandat sans salaire.
Malheureusement, pour moi, ce serait impossible. Je vous dirai que
j'irai aussi loin que n'importe le-quel de ces membres du cabinet, ministre des
Affaires culturelles qui me faisait des petits signes tantôt, ministre de
l'Immigration qui n'a même pas eu le courage de rester ici en Chambre
après nous avoir fait son sermon, son homélie en nous parlant du
triste sort des petits salariés, lui qui gagne maintenant $65 000 par
année.
M. Marchand: Sans famille.
M. Gratton: Si, effectivement, le premier ministre, cet
après-midi, nous avait donné la même argumentation et nous
avait dit: On a l'intention, du côté ministériel, de
réduire l'écart entre les salaires qu'on paie aux
députés et ceux qu'on paie à la grande majorité
M. le leader du gouvernement, vous pouvez me bâiller dans la face
toute la soirée, vous ne m'empêcherez pas de dire ce que j'ai
à dire.
M. Burns: Excusez-moi, M. le député.
M. Gratton: Cela ne marchera pas, ça non plus.
M. Burns: C'est que cela venait du fond du coeur.
Une Voix: II a le coeur profond.
M. Gratton: On nous a dit tantôt qu'on les a presque
forcés, on a exercé des pressions sur eux pour qu'ils acceptent
deux indexations au début de 1977, au-delà de $10 000
d'augmentation pour ces pauvres, dans treize mois. Y a-t-il un seul
salarié au Québec qui s'est permis de se voter une augmentation
de $10 000 par année, plus de 20% de son salaire de base pour treize
mois? Ce sont ces gens qui gagnent, dans le cas du premier ministre $73 500 et
dans le cas de je ne sais pas combien de ministres, $65 000 qui vont venir nous
dire qu'il faut donner l'exemple en se serrant la ceinture.
Je suis bien prêt à me la serrer la ceinture. D'ailleurs
j'offre à n'importe qui de réduire chacun nos salaires d'un
pourcentage donné, mais on va quand même, du côté
ministériel, arrêter de nous charrier avec cela. On va quand
même nous donner le crédit d'un minimum d'intelligence de ce
côté-ci, et on va quand même nous permettre de dire que
lorsque le premier ministre fait cela avec le plus grand altruisme possible, il
y a lieu de mettre cela en doute. Le député de Saint-Jean, cet
après-midi, whip en chef du parti ministériel, qui gagne $47
310...
M. Verreault: II ne les gagne pas, il les vole.
M. Gratton: Ce n'est pas moi qui le dit, ce sont les journaux de
son comté. Ils disent qu'il est trop occupé comme whip du parti
pour recevoir les gens dans son comté, il les fait recevoir par les
nombreux membres de son cabinet. Il vient nous
dire, cet après-midi, qu'il faut absolument se serrer la
ceinture. Il y a une maudite limite, Mme le Président. Excusez-moi.
M. Marchand: Hypocrite.
M. Gratton: C'est de l'hypocrisie crasse.
M. Marchand: Hypocrite.
M. Gratton: Je ne sais pas si c'est parlementaire, Mme le
Président, mais, si ce ne l'était pas, je dirais que c'est de
l'hypocrisie quand même. Je suis trop franc pour appeler cela
autrement.
Je voudrais bien ne pas faire de politique moi non plus mais je vous
dirai très brièvement que, dans le comté de Saint-Jean, il
y a déjà eu un député qui avait d'autres
tâches que celles de simple député, un député
qui était adjoint parlementaire, qui faisait son job d'adjoint
parlementaire, contrairement au whip du parti qui ne le fait pas parce que, la
plupart du temps, il n'y a même pas quorum ici, à
l'Assemblée nationale.
M. Marchand: Le placement étudiant.
M. Gratton: Mme le Président, il n'y a jamais eu une
personne, dans le comté de Saint-Jean, qui a eu à se plaindre de
ne pas être capable de rencontrer son député. Alors, que le
député de Saint-Jean ne vienne pas nous faire la leçon du
serrement de ceinture et nous parler du Tiers Monde, comme me dit le
député de Brome-Missisquoi, parce que là on ne marche pas
avec cette espèce d'hypocrisie.
M. Marchand: Demande-lui donc combien il a donné dans sa
vie pour cela.
M. Gratton: Le député de Rimouski s'interrogeait
tantôt, à savoir comment on pouvait dire ce que nous disons au
sujet du projet de loi no 100 et comment nous pouvons justifier de voter pour
le projet de loi. Bien, je vous dirai tout de suite, Mme le Président,
d'abord que je n'ai pas l'intention de voter pour le projet de loi. Je n'ai pas
l'intention non plus de voter contre parce que, en principe, je ne m'oppose pas
du tout à ce qu'on gèle mon salaire. Ce ne sera pas la
première fois, depuis cinq ans, qu'on gèle des choses chez moi.
Depuis le 15 novembre, j'ai bien d'autres parties de ma vie qui sont
gelées, Mme le Président.
M. Marchand: L'économie de la province est
gelée.
M. Gratton: Je vous dirai, Mme le Président, que, depuis
cinq ans que je suis député en cette Chambre, on m'a souvent
offert des voyages en délégation, à titre de
député, à titre de membre d'une délégation
officielle. J'en ai accepté un, Mme le Président, en cinq ans;
j'ai vu ce qui s'y passait et je n'en ai jamais accepté d'autres. Je
prends mon whip à témoin du fait qu'il m'en a offert un l'hiver
dernier et j'ai refusé volontairement.
Je prends à témoin le leader du gouvernement il
était déjà leader de l'Opposition; d'ailleurs, on le
trouvait pas mal plus je ne dirai pas comment on le trouvait dans ce
temps-là...
M. Burns: ... un voyage, on va vous en offrir un tout de
suite.
M. Gratton: Je le prends à témoin, Mme le
Président, qu'au lendemain de notre élection on m'a offert
d'être celui de l'Opposition officielle qui serait président de
commissions, et j'ai refusé les $5 000 ou $6 000 que cela m'aurait
donné de plus. Parce que, à mon avis, Mme le Président
je n'ai pas besoin de donner les raisons pour lesquelles j'ai
refusé. Cela prouve que je ne suis pas ici pour faire de l'argent. Je
vous dirai une chose, par exemple, c'est que si j'étais ministre de
l'autre côté et si je gagnais $65 000 par année, avec une
limousine et un chauffeur, et $400 par mois de dépenses, avec toutes les
autres petites gâteries qu'on peut s'offrir de ce côté,
surtout ce gouvernement, je pourrais peut-être parler en ces termes: On
va se serrer la ceinture pour donner l'exemple.
M. Marchand: Ils ont accepté les deux indexations.
M. Gratton: J'ai tellement de souffleurs que je ne me retrouve
plus dans mes idées. Mme le Président, si on faisait ensemble un
simple calcul, très bref l'autre bâillait et l'autre fait
ses petites simagrées; il a fait deux discours depuis qu'il est
élu, il gagne combien? Il est adjoint parlementaire au Travail, le
député de Joliette-Montcalm? Il doit gagner à peu
près $45 000 ou $50 000.
M. Chevrette: Mets-en, ce n'est pas de l'onguent.
M. Gratton: II peut se permettre de se serrer la ceinture,
celui-là, parce qu'il reçoit des cadeaux anonymes de $5000 par le
courrier et il ne sait pas trop quoi faire avec cela, Mme le Président.
Il va référer cela à la commission Cliche, quelque part.
Il va retourner à son siège et essayer de me faire une farce.
Mme le Président, si on faisait un calcul ensemble. Prenons le
salaire d'un ministre à $65 000 par année et puis prenons le
salaire minimum qui va être de $3.27, prenons-le à $3.25 et
demandons-nous combien cela prend d'heures par année pour en arriver
à gagner $65 000. Cela fait 20 000 heures par année, M. le
Président. Au lieu d'une semaine de 40 heures cela fait 500 heures par
semaine. C'est cela.
M. Chevrette: Je fais appel au règlement...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Joliette sur une question
de règlement.
M. Chevrette: C'est une question de privilège, M. le
Président. Le député de Gatineau vient de
souligner le fait que je reçois des cadeaux de $5000. Il serait
peut-être bon pour le bénéfice du journal des
Débats, parce qu'il n'a pas ajouté le reste, que je
précise que excusez, ce n'est pas un bar ici, c'est un...
j'allais dire un cénacle les $5000 que j'ai reçus
effectivement d'un employeur que je connais ont été mis
temporairement dans un coffret de sûreté, vérifiés
par des journalistes, et que c'est moi-même qui ai annoncé
publiquement qu'il n'était pas question que cela se fasse ainsi. Si vous
voulez connaître la conversation devant témoins que j'ai eue avec
cet employeur, la conversation est la suivante: Je lui ai demandé si
cela lui était arrivé auparavant. Il m'a dit: Cela a toujours
marché de même. Je lui ai dit que cela ne marchait pas de
même avec nous autres. Je vous remercie.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je remercie le
député de Joliette-Montcalm d'avoir précisé. Je ne
comprends pas encore ce qu'est l'histoire dans tout cela. Je n'ai jamais, non,
non, je n'ai jamais mis l'intégrité du député en
doute, mais je trouve cela loufoque un peu son histoire, c'est tout. J'ai le
droit de trouver cela drôle, son histoire puis ses...
M. Chevrette: Ce qui se passait avant était plus que
loufoque.
M. Gratton: De toute façon, votre client, il va avoir de
l'ouvrage ce soir, parce qu'il y a une grosse tempête. Il va en avoir du
déneigement à faire, je ne sais pas s'il va vous en envoyer de
nouveau 10%. Je disais donc, M. le Président, qu'au salaire minimum, les
$65 000 que gagnent ces ministres, cela représente une semaine de 500
heures pour 52 semaines par année. Alors, quand le ministre de
l'Immigration, qui n'a pas eu le courage de rester en Chambre pendant qu'on lui
parlait ici, nous parlait tantôt de se serrer la ceinture, je
l'inviterais très respectueusement à nous faire grâce de
ses sermons, M. le Président, on peut s'en passer très
facilement. En terminant, je dirai simplement...
Une Voix: On n'est pas pressé. Il y a une
réception.
M. Gratton: ... que le tout, cette démarche du
gouvernement est manifestement un "show". C'est une autre relance
économique. C'est une autre année de l'économie qui s'en
vient. On est fort sur l'image, malgré qu'on soit très
transparent de ce côté-là. Effectivement, les salaires
qu'on demande de geler, avec le projet de loi 100, cela s'applique à qui
en réalité? Cela s'applique à 23 députés
ministériels seulement, M. le Président. Vous êtes un de
ceux qui n'est pas affecté tellement par cela. Vous gagnez
déjà $5000 ou $6000 de plus que les députés
ministériels ou de l'Opposition, simples députés, à
titre de président de commission. Vous pouvez vous lever sur une
question de privilège pour nier cela, mais je sais que vous ne pouvez
pas le nier.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Gatineau, je pense que je
pourrais nier le montant et non pas le fait.
M. Gratton: Chez vous, chez les 71 députés...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): Je pense que ce n'est ni $6000 ni $5000.
M. Gratton: Bien écoutez, c'est sûrement plus de
$5000. Est-ce qu'on peut régler, comme dirait le juif, pour $5500? M. le
Président, sur 71 députés que vous êtes au Parti
québécois, au parti ministériel, il y en a 48 qui, comme
vous, ont plus que le salaire de simple député. Il y a quelques
innocents dans le fond de la salle, qui ne savent pas cela. C'est bon qu'ils le
sachent, ceux qui étaient tous debout, les mains en l'air cet
après-midi. M. le Président, ils ne s'aperçoivent pas
qu'ils sont en train de se faire leurrer par leur propre gouvernement, par leur
propre cabinet de ministres.
M. Paquette: Ce sont eux qui l'ont demandé.
M. Gratton: Vous avez quelque chose à dire, vous,
monsieur?
M. Paquette: Oui, c'est nous tous qui l'avons demandé.
M. Gratton: Levez-vous donc debout et dites-le-moi!
M. Paquette: M. le Président, une question de
privilège. Cela fait plusieurs fois que les députés de
l'Opposition laissent entendre qu'on se fait berner par les ministres. Ce sont
les députés, dans notre cas, qui ont demandé ce gel des
salaires.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre! M. le député de Rosemont, s'il
vous plaît! Je pense qu'il ne s'agissait pas d'une question de
privilège et je redonne la parole au député de Gatineau,
en lui demandant de conclure parce qu'il lui reste environ trois minutes.
M. Gratton: M. le Président, j'espère que le
député de Rosemont a compris le message que lui a laissé
le leader du gouvernement de se fermer. Il ne faut pas parler sur un projet de
loi de même. Les députés d'arrière-ban, ne parlez
surtout pas.
M. Alfred: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Mon Dieu, Seigneur!
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Papineau, pourriez-vous me
dire en quoi consiste votre question de privilège?
M. Alfred: Je vais vous préciser...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): Est-ce que vos droits de parlementaire sont
violés?
M. Alfred: Oui.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): Expliquez-moi en quoi.
M. Alfred: Le député de Gatineau a dit qu'il a
été libéré le 15 novembre 1976; nous ici, nous
parlons...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre! M. le député de Papineau, ce
n'était manifestement pas, encore une fois, une question de
privilège. M. le député de Laval, s'il vous plaît!
M. le député de Papineau, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Gatineau, vous avez deux minutes.
M. Gratton: M. le Président, si les députés
de Rosemont et de Papineau essaient de me dire qu'ils n'ont pas
été bernés et qu'effectivement ils ont volontairement
souscrit à cette manoeuvre, je ne dirais pas qu'ils sont innocents, mais
ils sont encore plus insignifiants que je ne le pensais, car, sur les 71, il y
en a seulement 23 d'entre eux qui se font jouer là-dedans, parce qu'il y
en a 48, M. le Président, qui sont soit présidents de commission,
président ou vice-présidents de l'Assemblée nationale,
membres du cabinet, whip ou whip adjoint ou adjoints parlementaires. Ce sont
seulement 23 des députés qui applaudissent, "insignifiamment" et
qui ne savent même pas pourquoi. On comprendra sûrement que sur les
39 membres de l'Opposition, de ce côté, il y en a 32 qui ne
jouissent pas de privilèges spéciaux et qui n'ont pas de
limousine. Le député de Beauce-Sud, même s'il est chef de
son parti, n'a pas de limousine; il n'a pas de chauffeur, il n'a pas de
personnel à n'en plus finir et il n'a pas d'émoluments
supplémentaires. Alors, M. le Président, tout en souscrivant au
principe, quant à moi, je ne me prêterai pas à cette
fourberie du gouvernement. On va lire dans les journaux, demain, comme on a
déjà commencé à le constater ce matin, que le
gouvernement gèle le salaire des députés pour donner
l'exemple. Quel bon gouvernement!
M. le Président, je ne marche pas et j'en subirai les
conséquences à mon caucus. Ce ne sera pas la première
fois... J'ai fini, M. le Président; laissez-moi dire ma dernière
phrase.
M. le Président, simplement pour vous expliquer que, quant
à moi c'est un choix personnel je n'ai pas l'intention de
participer à cette fumisterie du gouvernement. Je m'abstiendrai donc de
voter en deuxième lecture sur ce projet de loi et, entre-temps, j'invite
les députés ministériels, innocents sinon insignifiants,
à se réveiller avant qu'il soit trop tard.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): Avant de céder la parole à un autre
député, je me dois quand même... Je ne savais pas que la
présidence pouvait soulever une question de privilège, mais je
pense, M. le député de Gatineau, que vous avez fait erreur en
mentionnant une indemnité de $5000 à $6000 pour un
président de commission parlementaire, en vous adressant à la
présidence, puisque je pense qu'il s'agit de $3900 ou de $4000. De toute
façon, je voulais rectifier les faits.
M. Gratton: C'est pas pire pareil.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'équivalent de l'indexation, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, on n'aura jamais tant
parlé du salaire des députés qu'on l'a fait ce soir; c'est
peut-être la première occasion où des députés
décident de s'exprimer bien librement sur ce sujet. Je n'ai
peut-être pas besoin de vous dire combien je suis
désappointé de nous voir lancés dans un pareil faux
débat, de voir l'image qu'on projette dans la population, par les media
d'information, pour tenter de laisser croire que la
générosité de ce gouvernement commence par donner
l'exemple en se privant d'une partie de son salaire. On a traité cela de
loufoque, d'incompréhensible; on a traité cela de toutes les
épithètes qu'on peut trouver.
Mme le Président, vous dire ce sur quoi j'ai l'intention de voter
ou pour ou contre ou m'abstenir de voter, ou tout simplement ne pas être
ici, mon opinion n'est pas faite parce que je trouve cela tellement
insignifiant. Je trouve ce débat tellement insignifiant, et pas
seulement le mien, ceux des autres aussi. C'est le débat, au
départ, qui est faux. Ce gouvernement que le Québec a élu
à 40%, le 15 novembre dernier, nous avait promis pas mal de choses.
Encore une fois, je vous rappelle des propos que j'ai dits dans cette Chambre:
On est en mesure de s'attendre à pas mal de changements, des changements
importants puisque l'équipe est presque entièrement nouvelle. Il
y a moins de choses qui s'accrochent au passé quand on a une
équipe qui est composée à 95% de gens nouveaux. On a moins
de chance de voir les vieilles choses traîner dans une formation
politique, comme on s'est plu à le décrire pendant de nombreuses
années, pendant que ce gouvernement était dans l'Opposition.
Depuis que je suis arrivé, je remarque, j'observe, je fais des
critiques et je fais des suggestions. Mme le député de L'Acadie
disait, tout à
l'heure, que cela semblait à peu près inutile de faire des
propositions; j'en suis presque venu à cela moi aussi, de sentir que
c'était peut-être inutile. Le ministre des Consommateurs disait
aujourd'hui qu'elle n'avait plus envie de parler à l'Opposition; c'est
effrayant comment je la comprends, c'est effrayant comme je la comprends. Le
bloc de députés qu'on a en face de nous semblent vouloir ne rien
saisir des propos de l'Opposition. Les gestes qu'on pose me
déçoivent davantage. Ces changements qu'on avait promis, que la
population attendait de ce nouveau gouvernement composé d'au moins 65
nouveaux députés sur 71, on en espérait beaucoup. On est
en train d'entrer dans des bourbiers et dans des sentiers battus qui ont
été ceux des gouvernements qui ont précédé
celui du Parti québécois.
Je n'ai qu'à vous souligner, par exemple, les lois du
bâillon. Comme on a crié, dans l'Opposition, ici! On a
vociféré contre le gouvernement qui était, à ce
moment-là, le gouvernement libéral. En moins de quatre mois, on
l'a fait deux fois dans des positions qui étaient à peu
près semblables à celles où l'ancien gouvernement avait
dû faire ce geste. Ils nous arrivent, à la toute fin de la
session, pour dire que la population du Québec ne voulait pas accepter
qu'on amène en cette Chambre des débats de grande envergure
à l'occasion de Noël ou des vacances d'été. On a
été témoins de jolis débats au cours du mois
d'août. Jamais une session ne s'est terminée aussi tard que l'a
fait le PQ au cours de l'été. On arrive à la session de
Noël, on va peut-être terminer pour Noël, mais jamais, Mme le
Président, jamais un gouvernement n'a amené de lois aussi
importantes la veille de Noel; jamais, de mon expérience de
parlementaire.
Quand on parle de la loi 67, de la loi 100 et de la loi 45 qui vont
être adoptées dans l'espace de trois ou quatre jours, il ne m'a
jamais été donné de voter cela ensemble...
Une Voix: C'est bien épouvantable.
M. Grenier: ... par beaucoup d'autres députés ici,
madame. Dans ce gouvernement, il y a encore du monde qui comprend le bon
sens.
J'ai hâte que ce gouvernement arrête de prêcher la
vertu et de pratiquer le vice. Je voudrais le mettre en garde sur ce projet de
loi bien précis de ce soir. De quelle façon voterai-je? Je ne le
sais pas. Je pense que c'est ridicule, ce qu'on nous propose ici, et je
n'aurais jamais pensé lorsque j'ai connu le premier ministre
quand il siégeait ici, avec l'équipe libéraledutemps
qu'on aurait poussé l'indécence à faire faire le
discours majeur d'aujourd'hui par le premier ministre du Québec sur ce
projet de loi 100 qui est tellement ridicule en soi. Pour farder une situation
qu'on vivra dans un an et dans deux ans, on se sert du premier ministre de la
province. Cela aurait été un "back-bencher" ou un ministre
ordinaire, j'aurais pu le comprendre encore. Mais, que ce soit le premier
ministre lui-même qui donne le ton cet après-midi, cela me
déçoit profondément et pour longtemps.
On vient prêcher l'économie sur le dos des
députés.
Une Voix: De quelques députés!
M. Grenier: Vous savez ce qui se passe pendant une
élection, Mme le Président. Entre autres, le député
de Brome-Missisquoi l'a dit, et j'ai entendu des propos tout à l'heure,
depuis le début du débat, qui venaient de l'équipe
libérale, des propos fort corrects. Dans cette Chambre, des
députés perdent de l'argent pour venir ici défendre les
intérêts de l'Etat du Québec. Personnellement, je souffre
un peu de perte de salaire, mais pas énormément, par rapport au
poste que j'occupais auparavant, et je dois vous dire que j'ai choisi de venir
ici parce que j'aime mieux ce travail.
Je suis un whip, avec un ajustement donné aux whips. Je vais vous
faire une petite confidence, Mme le Président. Le salaire qu'on me donne
comme whip, qui est de $6000 par année, je l'ai dépensé
une fois et demie pour me payer des secrétaires que ce gouvernement ne
me donne pas et auxquelles j'ai droit comme whip de parti. J'ai la
moitié des votes dans la province qu'a ce gouvernement comme whip de
parti. Je n'ai pas de whip adjoint et je n'ai pas de secrétaires
payés par le gouvernement. Je fais le travail tout seul et j'ai
payé moi-même et j'aurai des pièces justificatives à
fournir, telles que des chèques émis au nom de personnes que j'ai
déjà embauchées pour faire le travail de whip adjoint.
C'est cela, un gouvernement transparent, on l'a en face de nous.
Je vais l'endurer cette situation jusqu'à la fin de mon mandat,
Mme le Président. Les media d'information sont clairsemés ici ce
soir; il y en a qui répondent bien aux propos. J'irai dire dans la
province et dans les hebdos si les quotidiens ne le disent pas la
situation de ce gouvernement de sépulcres blanchis, bien plus qu'on l'a
dit aujourd'hui.
Je regrette de voir dans ce gouvernement certaines figures que j'estime
beaucoup; je peux vous dire cela, je le regrette et je ne mets pas de noms,
vous les devinez. Je vois dans ce gouvernement des gens de valeur. Mais, chaque
fois qu'il y a une élection, il y en a aussi qui gagnent à
être élus députés, et ce sont peut-être ceux
qui se satisfont aujourd'hui et qui commençaient la claque après
le discours du premier ministre; c'est le petit nombre. Mais ce n'est pas ainsi
qu'on va revaloriser le rôle du député, Mme le
Président. Il va falloir les payer honnêtement pour le travail
qu'ils font. Le travail que je faisais avant, je le fais actuellement et je
vais continuer de le faire; pour autant que la population de mon comté
va me faire confiance, je vais continuer de le faire dans les
intérêts de mes électeurs. Le travail que je fais ici, je
n'ai jamais travaillé pendant autant d'heures dans ma vie. Je vais
continuer de le faire avec autant d'heures, et qu'on vienne
déblatérer sur le rôle du député, qu'on
vienne faire croire à la population qu'il est trop payé, cela, je
ne l'endurerai pas.
Une Voix: D'accord.
M. Grenier: Je ne l'endurerai pas pour moi et je ne l'endurerai
pas pour des députés ministériels qui font leur travail et
ceux de l'équipe libérale et
le député de Beauce-Sud et le député de
Rouyn-Noranda. Des bouches aussi crédibles que celles des
députés vont cesser de dire cela. Que les gens de la rue trouvent
qu'on ne travaille pas fort, cela peut se comprendre, ils ne sont
peut-être pas dans nos milieux. Mais que des députés
viennent me dire que nous sommes trop payés, je n'endure pas cela.
Il y en a peut-être plusieurs qui pourraient tenir les mêmes
propos ici. Il y a des gens qui ont le verbe facile dans ce gouvernement. Des
gens qui sont forts pour l'image. Et quand on passe dans l'administration et
qu'on veut toucher à des points aussi précis que ceux-là,
les mots leur manquent à ce moment. Quant aux interventions qu'on a
entendues, j'ai vu des ministériels très bien se défendre
sur des projets de loi. Aujourd'hui, pas une intervention valable n'est venue
s'accrocher aux propos du premier ministre.
Mme le Président, ce que le député de
Brome-Missisquoi disait tout à l'heure, c'était
révélateur, je pense. On n'a pas entendu cela souvent dans notre
Chambre. Ce n'était pas de la théorie. Ce n'était pas de
la poésie, Mme le Président. C'étaient des faits. Je veux
vous en dire un autre petit bout. Cela va être inscrit au journal des
Débats et il y a des journalistes qui sont ici. Si ce gouvernement est
d'accord pour cesser d'imprimer des briques et payer des visites comme on en a
vu, il n'y a pas si longtemps, à Paris, je suis capable de garder la
moitié... Je ferai le travail tout seul, si on ne me donne pas d'aide au
cours de l'année qui s'en vient, comme whip.
Je continuerai de le faire tout seul. J'ai appris chez nous, à
faire des semaines de 60 heures, qu'on pouvait continuer de le faire. J'ai
appris cela de bonne heure. Il y a peut-être des gens qui, s'ils avaient
appris à gagner leur vie comme j'ai appris à le faire,
trouveraient que ce n'est pas si considérable que cela le salaire qu'on
gagne ici. Je suis prêt à vous dire, Mme le Président, que
mon surplus de whip que j'ai ici, j'en remettrai la moitié, et je le
ferai de façon officielle, pas seulement pour le plaisir que ce soit
populaire, comme on semble le faire aujourd'hui. J'en prendrai la
moitié. Je l'ai tout pris depuis un an et un petit peu plus pour me
payer du personnel que le gouvernement me doit.
Est-ce que c'est clair? Levez-vous et dites-le dans le micro, si vous
dites cela, que je vous réponde.
M. Jolivet: Sur quel principe?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laviolette...
M. Grenier: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît, M. le
député.
M. Grenier: Mme le Président, je vais vous dire une chose.
Ce demi-salaire de whip, je le donnerai. Je ne le donnerai pas à ce
gouverne- ment tant qu'on ne m'aura pas fait la preuve qu'on saura l'utiliser.
Je le donnerai, par exemple, à des gens de mon comté qui sont
dans un coin où on a environ 24% à 26% de chômage. Je le
donnerai à des gens qui seront mis à pied, peut-être, avant
longtemps si le ministre des Affaires sociales n'intervient pas dans un secteur
bien précis de chez nous alors qu'on devra subir dans notre secteur
hospitalier le départ de peut-être 50 personnes encore une fois.
Je prendrai une partie de mon salaire pour la mettre là et je
continuerai encore à aider mon parti en engageant du monde que je
paierai de ma poche. L'autre partie de mon salaire, c'est pour faire vivre ma
famille.
Est-ce que je voterai pour la loi? Il y a du bon dans la loi qui est
amenée. Il y a du bon parce qu'elle gèle aussi le salaire de ceux
qui sont trop payés. Il y a cet aspect qui pourrait m'amener à
voter pour la loi. L'aspect qui m'amène à voter contre la loi,
c'est qu'il y a des députés qui ont droit à leur salaire,
tant ministériels que de ce côté-ci. Cela pourrait m'amener
à voter contre la loi. Mais comme la loi est tellement insignifiante en
elle-même et que c'est tellement un faux débat, que ce n'est pas
pour cela qu'on l'amène du tout et que ce n'est pas là qu'on va
économiser ce qu'on a besoin, que c'est une façade qu'on se donne
pour être capable de rencontrer les gens quand on arrivera à la
fin de l'année prochaine, je pense que le plus sérieux de tout
cela, c'est que je vais simplement "saprer" mon camp au bureau au moment du
vote.
C'est pénible, Mme le Président, et c'est le Québec
qui s'en ressent. Cette loi aurait été amenée par l'Union
Nationale, elle aurait été amenée par le Parti
libéral, cela se serait expliqué. Des media auraient dit: C'est
encore pareil. Cela n'a pas changé. Les vieux partis. C'est encore cela.
Mais que cette équipe qui a voulu de la crédibilité dans
le Québec en disant qu'il y aurait des choses qui changeraient, vienne
faire pire, pas mal pire que ce qu'on a toujours vécu, c'est
désolant. C'est désolant pour quelqu'un qui veut être
honnête.
Mme le Président, j'ai eu dans mon comté un
député qui a démissionné de son poste. Un
député de l'équipe libérale, il y a plusieurs
années, parce qu'il a dit qu'il était trop chrétien, qu'il
avait trop de principes pour continuer de siéger dans cette Chambre.
Vous voulez son nom? M. Baillargeon, qui est décédé
aujourd'hui, d'une excellente famille, qui avait beaucoup de principes. Je vais
continuer de défendre mes principes et je vais croire encore dans
l'équipe du Parti québécois parce qu'il y a de bons hommes
à l'intérieur de cela, de bonnes dames, devrais-je ajouter. Je
vais y croire encore, mais je vais y croire moins, par exemple.
Ce n'est pas avec des trucs comme ce qu'on voit cette semaine que cette
équipe va acquérir de la crédibilité dans le
Québec. Je suis déçu ce soir et fortement. Je voudrais que
le gouvernement le sache. Il y a des gens en face de moi dont j'aime les
réflexions à l'occasion et il y a du monde intelligent dans ce
gouvernement. On veut changer des choses au Québec, mais, si on ne les
change
pas cette année, puis l'année prochaine, on ne les
changera jamais. C'est le temps de les changer et il faut commencer par des
mesures de base. Cela, c'en est une. Je demande à ceux qui sont capables
de réfléchir le plus d'aider ce gouvernement à faire des
changements.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: Mme le Président, je ne veux pas faire un
débat et un discours à l'emporte-pièce, mais je voudrais
peut-être expliquer à certains des députés de cette
Chambre je veux le faire publiquement parce que je l'ai fait
privément le sens de ce débat qui, aux yeux d'un certain
nombre, peut paraître fort agaçant et dénué de bons
sens à la veille de la période de Noël.
J'ai entendu, cet après-midi, le discours du premier ministre et
je me suis dit que les temps avaient bien changé et que faire une
intervention du genre de celle qu'il a faite sur le projet de loi no 100
était fondamentalement inacceptable. C'était inacceptable
à cause des débats que nous avons eus en ce qui regarde le
salaire des députés et des ministres dans le passé, mais
cette intervention était inacceptable compte tenu du fait que le premier
ministre utilisait le salaire des simples députés pour donner un
message à des syndicats d'employés du secteur public et du
secteur parapublic qui sont à la veille d'entreprendre des
négociations avec les membres du gouvernement.
On a vu, au cours des dernières années, les membres de ce
gouvernement, alors qu'ils siégeaient dans l'Opposition, et les membres
de leur Conseil national je ne sais pas comment ils s'appellent
venir parader avec les chefs syndicaux bras dessus, bras dessous devant le
parlement de Québec, pour appuyer les demandes salariales, les
augmentations de salaires, les diminutions de la tâche des enseignants,
les diminutions de tâche dans le secteur hospitalier. Combien des membres
du gouvernement actuel, qui font partie de la députation, ont
été les premiers sur les lignes de piquetage devant les
hôpitaux, devant les maisons d'enseignement au cours de la
négociation de 1975/76. Comment se fait-il qu'à ce
moment-là aucune de ces personnes, y compris !e premier ministre du
Québec, n'ait fait une seule intervention pour dire à ces gens:
Ecoutez, cela n'a pas de bon sens, cela dépasse les capacités de
payer des contribuables québécois? Quelles étaient les
personnes qui, à ce moment, parlaient, tenaient ce genre de discours,
sinon ceux qui, aujourd'hui, sont dans l'Opposition et qui se sentent
révoltés du genre de discours qu'on a entendu cet
après-midi par le premier ministre, comme s'il venait de descendre du
ciel tout d'un coup et venait d'apprendre que, dans un budget, il y avait d'un
côté des revenus et de l'autre côté des
dépenses et que, quand cela dépassait le bon sens, il n'y avait
plus d'économies qui pouvaient supporter de telles augmentations de
salaires.
Ces messieurs viennent, maintenant, jouer la vierge offensée. Ils
viennent nous dire: On commence les négociations, serrons-nous la
ceinture, les députés, pour donner le message aux centrales
syndicales, aux syndiqués, qu'on veut avertir évidemment
d'avance, qu'il n'y aura pas cette année d'augmentations de salaires. Ce
sont ces mêmes personnes qui, dans le cadre des négociations
collectives, faisaient la leçon à l'ancien gouvernement pour dire
que l'ancien gouvernement ne négociait pas de bonne foi. C'est cela, le
sens du débat qu'on a ce soir! C'est cela qui insulte les membres de
l'Opposition. Il n'y a pas d'autres raisons qui nous amènent à
rester ce soir, parce qu'on gèle le salaire des députés.
Pensez-vous qu'il y a un député libéral dans cette Chambre
qui va se battre pendant des heures uniquement pour dire qu'il va gagner $2000
ou $3000? Les gens ne sont pas si dupes que cela. C'est parce qu'ils se sentent
insultés dans leur bonne foi de voir ces sépulcres blanchis qui
sont en face aujourd'hui et qui veulent essayer de nous faire la ieçon,
alors qu'ils paradaient bras dessus, bras dessous avec M. Laberge, M.
Charbonneau, M. Pepin, quand ils venaient devant le parlement.
Mme le Président, j'entendais le premier ministre nous dire qu'il
faut se serrer la ceinture. Ces mêmes personnes, durant la campagne
électorale il y en a peut-être parmi vous autres
disaient qu'il fallait que les ministres se promènent en Chevrolet. Vous
avez entendu cela? Fallait qu'ils se promènent en Chevrolet. Maintenant,
je vois devant le Parlement de Québec, ici, à la porte de la
bibliothèque, les Buick Park Avenue. Le ministre des Finances, c'est lui
qui a une Park Avenue, j'ai vu cela l'autre fois devant la porte. Et on me dit
qu'il y a des ministres qui ont deux automobiles, pas de petites autos comme on
avait promis, mais des limousines. Toutes les autos des ministres, me dit-on,
ont les appareils téléphoniques, et il y en a même qui ont
fait installer ces appareils pour parler à l'extérieur, des
CB.
Mme le Président, ce sont ces gens-là qui viennent nous
dire aujourd'hui qu'il faut se serrer la ceinture à la veille des
négociations. Mme le Président, c'est cela le sens du
débat. Il ne faut pas chercher ailleurs pourquoi des
députés libéraux, comme des députés de
l'Union Nationale sont en maudit, il n'y a pas d'autres raisons que cela. C'est
parce qu'on vient de nous dire de se serrer la ceinture alors qu'on a pris, du
côté ministériel, sans tambour ni trompette, deux
indexations coup sur coup, à partir du début de 1977. Quand je
vois le premier ministre gagner $76 500, et ces gens qui sont assis sur les
premières banquettes déchiraient leur linge, en 1975, et
couraient chercher leur chèque après. C'est cela le sens du
débat. Ne cherchez pas ailleurs pourquoi les députés... On
attire mon attention sur une chose parfaitement véridique, c'est que
ceux qui ont fait le débat ici, en Chambre, en 1975 et qui ont couru
chercher leur chèque, il n'y en a pas un ici en Chambre. Ils sont tous
partis parce qu'eux aussi savent bien qu'ils ne sont pas capables de nous faire
face, de nous regarder en face. Ils sa-
vent qu'on a raison, ces messieurs qui étaient dans l'Opposition
à ce moment-là.
Mme le Président, je dis que partir les négociations sur
un tel pied, partir les négociations en disant d'avance aux centrales
syndicales: le message qu'on vous dit, c'est qu'il n'y aura rien, et là,
après cela, on va dire: On négocie de bonne foi. On va essayer de
répéter le petit sermon qu'on nous a fait au cours des
dernières négociations. On disait: Le gouvernement ne
négocie pas de bonne foi, alors qu'on avait accordé, dans la
première ronde de négociations, dans les premières offres
salariales, des normes de salaires, d'avantages sociaux. Quel est le
député péquiste actuel qui était enseignant
à ce moment-là, avant d'être élu
député, qui s'est levé dans son syndicat, qui s'est
levé dans des assemblées publiques chez lui, pour dénoncer
le fait que la CEQ demandait, dans le premier dépôt qu'elle a fait
devant le gouvernement, d'ajouter 55 000 professeurs aux niveaux
élémentaire et secondaire. C'était doubler, dans une seule
négociation collective, le nombre des professeurs qu'on avait à
l'élémentaire et au secondaire. Que! est le professeur
péquiste...
Une Voix: II y en a plusieurs.
M. Garneau: ... qui a dit, à ce moment-là, à
sa centrale syndicale: Ecoutez, l'Etat du Québec, ce n'est pas le
père Noël, on va se serrer la ceinture un peu. Il n'y en a pas un
seul qui a dit cela. La demande, à sa face même, était
à ce point inacceptable que, même si on avait eu l'argent pour
payer, il n'y avait même pas de locaux suffisamment vastes pour offrir
à tous ces professeurs une salle de cours. Personne n'a dit un mot du
côté péquiste, personne. Au contraire, tous ces gens
étaient sur les lignes de piquetage. Tous ces gens pleuraient et se
tapaient dans le dos, avec les demandes syndicales.
Aujourd'hui, le premier ministre vient nous dire je comprends
qu'il ne soit pas resté longtemps en Chambre qu'il faut se serrer
la ceinture, que l'Etat du Québec, les finances publiques, ne nous
permettent pas de faire des dépenses démesurées. Il faut
se serrer la ceinture. Mme le Président, autrefois, le ministre
responsable du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports, qui était un ministre d'Etat dans l'ancien gouvernement, ne
gagnait pas le salaire que le ministre responsable du Haut-Commissariat gagne
aujourd'hui. Pourtant, le député de Saint-Jacques, quand il
était de ce côté-ci et on connaît son talent
oratoire, on sait jusqu'à quel point il sait participer à un
débat et mettre du pathos non seulement prenait-il le salaire
d'un gros ministre, même s'il est tout petit, mais à partir du 1er
janvier 1977, il ramassait l'indexation de 1976, celle de 1977, faisait mettre
un téléphone dans son auto et on n'achetait pas une petite
Chevrolet, non!
C'est cette hypocrisie-là qu'on dénonce, Mme le
Président. Quand je pense au député de Saint-Jacques, une
augmentation de $13 000 en quelques mois, pas à partir de son salaire de
député, mais à partir du salaire de ministre. C'est
basé sur le salaire d'un ministre d'Etat antérieur comparati-
vement au titre tel qu'il est aujourd'hui; $13 000 en trois mois, et c'est lui
qui déchirait son linge en 1975?
Mme le Président, je dis que le sens de ce débat ce n'est
pas le fond de la loi. Cela aurait probablement pu être différent
dans un autre contexte, n'eût été du discours du premier
ministre et surtout du discours du député de Taschereau, qui est
venu faire le pédant et l'arrogant et qui a mis le feu aux poudres.
C'est bien intéressant d'entendre à un moment donné les
gens nous dire: II faut finir cette session-là, on est à la
veille de Noël, on veut aller à la messe de minuit puis acheter le
cadeau de nos femmes et de nos enfants. Mais quand on voit une telle arrogance
du premier ministre et, un gars comme le député de Taschereau
venir nous faire la loi. Mme le Président, que ce soit à la
veille de Noël ou à la veille du jour de l'An, il n'y a pas
d'hommes avec un peu de coeur au ventre qui vont accepter de se faire leurrer
comme cela et surtout de voir ce gouvernement entreprendre sur un si mauvais
pied des négociations qui vont engager le budget de la province pour les
trois prochaines années.
J'écoutais le ministre des Finances, dans son analyse des
états financiers 1976/77, utiliser l'information et la publicité
dont il dispose pour mentionner jusqu'à quel point l'ancien gouvernement
s'était trompé dans le niveau de ses dépenses. Mme le
Président, j'aurais aimé pouvoir fermer les livres et ne pas les
lui laisser fermer; j'aurais été plus certain des jeux qu'il peut
avoir ou ne pas avoir faits. Une chose est certaine c'est que, dans mon
discours du budget du mois de mai 1976, en pleine négociation dans les
secteurs public et parapublic, j'avais dit clairement, à la population
du Québec et aux députés qui siégeaient dans cette
Assemblée, que tout règlement qui dépasserait les offres
qui étaient à ce moment-là sur la table de la part du
gouvernement nécessiterait des crédits plus grands et
nécessairement un déficit plus considérable pour l'Etat du
Québec.
Dans ce gouvernementil y a le député de Bourassa que
j'ai rencontré, alors que j'étais le ministre de l'Education,
dans des réunions très longues, de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, de la Fédération
des commissions scolaires quels sont les députés qui se
sont levés comme membres du Parti québécois, qui ont dit:
Messieurs du gouvernement, on n'est pas du même parti que vous mais, pour
le bien du Québec, on vous appuie dans les offres salariales que vous
faites, parce qu'autrement cela va dépasser le bon sens, cela va
dépasser la capacité de payer. Pas un seul. Pas un seul.
Le ministre des Finances, les deux doigts dans sa veste, vient nous
dire: L'ancien gouvernement s'est trompé. On a acheté, comment
est-ce qu'on appelle cela? des Buick Park Avenue. On dit qu'il y a d'autres
ministres qui ont deux autos, puis là on vient nous dire: Serrez-vous la
ceinture, messieurs, et surtout, messieurs des syndicats, tenez-vous le pour
dit. Dans le passé on a appuyé vos manifestations, dans le
passé on est allé vous donner des tapes dans le dos, dans le
passé on est allé se promener bras dessus, bras dessous
devant
le parlement de Québec; la prochaine fois, pas un cent! Mais les
petites voitures, pour nous, c'est fini, ce sont les grosses, les
téléphones dans les autos, les réceptions, les visites
à Paris, à New York, etc. Tout cela marche très bien, des
briques d'information cela d'épais, pour indiquer la bonté, la
grandeur de ce vrai bon gouvernement. Je ne sais pas comment cela coûte,
mais quand arrive le salaire des députés, mes petits gars, on a
besoin de vous autres pour donner un message aux centrales syndicales.
C'était cela le sens de ce débat, Mme le Président. Il a
peut-être duré beaucoup plus longtemps que les ministres et les
députés du gouvernement péquiste auraient voulu qu'il
dure, probablement plus longtemps que nous tous dans l'Opposition on aurait
voulu; mais l'hypocrisie devait être dénoncée et nous
l'avons fait avec la meilleure foi possible.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rosemont.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: Mme le Président, j'interviendrai très
brièvement parce que je ne voudrais pas éterniser ce
débat. On a dit des députés ministériels qui n'ont
d'autres fonctions que celles de députés qu'ils étaient
des innocents, des suiveux, des hypocrites, des sépulcres blanchis. Mme
le Président, je pense qu'il y a des gens qui sont extrêmement
dépités, en face, qui sont pris avec un problème personnel
et qui ne se rendent pas compte que, derrière cette décision qui
est venue de ces députés ministériels, justement... Il
faut savoir que, l'an dernier, on avait eu des discussions là-dessus et
c'est simplement parce qu'on s'est retrouvé au mois de mars avec aucune
formule intelligente que l'indexation des salaires a eu lieu. Cette
année on se retrouve également à la fin de l'année
avec la perspective d'une autre indexation de salaires et cela nous
apparaît inacceptable pour un certain nombre de raisons. Juste pour vous
étonner un peu, en 1977, le salaire des députés est
d'environ $35 000...
Une Voix: Quels députés.
M. Paquette: Les simples députés. On a $27 000,
plus $7000 de frais de représentation.
M. Shaw: Vous ne comptez pas bien! M. Paquette: Mme le
Président... Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Paquette: ... de toute façon, cela n'a aucune
importance pour ce que j'ai à dire que ce soit $27 000 ou $34 000, Mme
le Président...
M. Samson: Ils ne savent pas compter.
M. Paquette: Mme le Président, est-ce qu'il y a moyen de
parler dans cette Chambre?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Shefford.
M. Paquette: En 1977, le salaire des députés...
Mettez-le à $27 000 si cela vous fait plaisir. La question n'est pas de
dire que les députés sont trop bien payés ou ne sont pas
assez bien payés. On sait toutes les dépenses qu'on a dans nos
comtés, on est au courant. On est quand même payé pas mal
au-dessus de la moyenne des travailleurs du Québec, on a un salaire
décent...
M. Lavoie: Pourriez-vous nous parler des ministres
également?
M. Paquette: Je n'ai pas l'intention de vous parler de cela, je
vais vous dire ce que j'ai à dire. Si d'autres veulent en parler, ils en
parleront des ministres, moi, je vous parle de mon cas personne! et je vais
vous dire pourquoi je vais appuyer ce projet de loi, tout simplement.
Le salaire des députés, mettez-le à $27 000 ou
à $34 000, cela ne change rien; à 10% d'indexation par
année, cela va doubler à tous les sept ans, alors, dans sept ans,
le salaire va être rendu à environ $60 000 ou $70 000, dans
quatorze ans, il va être rendu à environ $140 000, dans 35 ans, il
va être rendu à $1 200 000. Cela a l'air ridicule, mais c'est
cela.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Avant de demander au député de Rosemont s'il accepterait une
question du député de Rouyn-Noranda... Bon! Je vois que je n'ai
même plus besoin de demander que les gens se taisent pour permettre au
député de Rosemont de continuer son intervention dans le
calme.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Mme le Président, je vais continuer, n'en
déplaise au député de Rouyn-Noranda. Ce n'est pas que je
ne veuille pas répondre à sa question, mais je ne veux pas
éterniser les choses non plus. J'ai simplement deux ou trois choses
à dire. S'il y avait moyen de les écouter calmement, on pourrait
peut-être se comprendre un peu.
Cela a l'air ridicule, mais n'empêche que c'est seulement dans 35
ans. Si on regarde l'évolution du salaire minimum qui est à $6760
actuellement...
M. Samson: Est-ce qu'on pourrait savoir, Mme le Président,
quel sera le compte de dépenses des députés, dans 35 ans,
quand ils pourront aller voyager sur la lune?
M. Paquette: On s'en fout, Mme le Président, du compte de
dépenses des députés, ce n'est pas cela qui est en
question.
M. Samson: Gang d'imbéciles que vous êtes!
M. Paquette: Or, le salaire minimum, en 1977, Mme le
Président...
M. Alfred: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Papineau.
M. Alfred: En vertu de l'article 99, paragraphe 8, je demande
à M. Samson de retirer ses paroles que je trouve irrespectueuses pour un
parlementaire.
M. Samson: Mme le Président, je suis prêt à
les retirer, mais cela ne les changera pas.
M. Paquette: Mme le Président, il y a des
députés qui ont la gueule trop grande et qui ne sont pas capables
d'écouter jusqu'à la fin un argument parce que cela leur ouvre un
petit peu en face des yeux et autour des oreilles.
M. Samson: Parlez des salaires de ministre. Mme le
Vice-Président: M. le député...
M. Samson: II y en a 48 qui ont des salaires
supplémentaires.
M. Paquette: Mme le Président, le salaire minimum
actuellement, en 1977, est de $6760. Avec la même progression, la
même indexation des revenus, le salaire minimum dans 35 ans on
pourrait le prendre avant, c'est juste pour vous montrer où on s'en va
avec ce système va être de $216 000. En 1977, la
différence...
M. Lamontagne: Mme le Président, je sors pour un instant.
Vous me rappellerez dans 35 ans.
M. Paquette: ... entre le salaire des députés et le
salaire minimum est de $26 000. Dans 35 ans, elle va être de $900 000.
Cela a l'air niaiseux, cela a l'air fou, mais c'est ça.
M. Lavoie: Cela n'a pas seulement l'air; c'est vrai que c'est
niaiseux.
M. Paquette: Mme le Président, tout ce que cela veut dire,
c'est qu'on s'en va vers une situation tout à fait ridicule avec
l'indexation des salaires qui sont nettement au-dessus de la moyenne. Plus
ça va, au lieu de diminuer, les écarts de revenus dans notre
société augmentent. Je pense que le sens de ce gel du salaire des
députés, c'est simplement de dire: Ecoutez, là, ça
s'en va dans une direction où cela a besoin d'être freiné.
Ce n'est pas que les députés ont trop d'argent et qu'ils n'ont
pas de dépenses; on sait tout cela. Mais cela a besoin d'un coup de
freins actuellement jusqu'au moment où on trouvera une solution un peu
plus intelligente qui va permettre de réduire les écarts.
Le message que le premier ministre a fait, ce n'est pas de dire aux
syndiqués, qui retirent un salaire moyen et qui retirent un salaire en
bas du salaire moyen, surtout ceux qui sont au salaire minimum, de se serrer la
ceinture. Ce n'est pas cela. Le message, c'est de dire: Les cadres, les
sous-ministres, les chefs de cabinet à l'avenir vont de- voir suivre
l'exemple des députés. Il est ridicule de continuer à
indexer au coût de la vie des salaires autour de $40 000 de la même
façon, avec le même pourcentage qu'on indexe un salaire minimum
autour de $6700.
Mme le Président, je pense que les députés de
l'Opposition sont vexés, ils sont un peu ulcérés de cela.
Ils nous disent tous, pendant quinze minutes, les désavantages; on fait
bien pitié, on a énormément de dépenses à
encourir. Ils parlent quinze minutes contre le projet de loi pour, enfin, nous
dire qu'ils vont voter pour. Je pense qu'il faut se poser un peu plus de
questions et voir un peu plus loin où l'on s'en va avec cette indexation
et avec cet écart grandissant des salaires dans notre
société.
C'est tout simplement pour ces raisons que le caucus des
députés, justement ceux qui sont le moins payés dans la
députation ministérielle, et également plusieurs ministres
qui sont conscients de ce problème, ont décidé de prendre
l'initiative et d'amener cette question devant le caucus des
députés. On a eu une décision à laquelle tout le
monde s'est rallié.
On a un devoir. Je comprends que ce soit dur. C'est vrai qu'il y en a
qui ont des problèmes réels. C'est vrai qu'il y en a qui ont
baissé de salaire pour jouer leur rôle de député,
mais la politique, c'est exigeant aussi. Il faut même souvent qu'on fasse
plus que le nécessaire. Dans la Loi régissant le financement des
partis politiques, il y a des mesures qui auraient peut-être pu
être mises de côté, mais les gens ont une certaine
perception de la politique et des hommes publics; ils sont exigeants pour nous
et ils ont raison, parce qu'ils veulent savoir à qui ils font confiance,
à qui ils confient leurs fonds, à qui ils confient l'avenir de la
nation, l'avenir du Québec. Je pense que c'est notre devoir, lorsqu'on
voit un problème comme celui-là, lorsqu'on voit un
problème aussi dans le domaine du financement des partis politiques
de leur dire clairement: On va peut-être être plus exigeant
qu'on devrait l'être; c'est normal, cela fait partie du rôle des
hommes publics. Je ne pense pas qu'on meure de faim parce qu'on va geler nos
salaires en 1978, Mme le Président.
M. Springate: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Westmount.
M. George Springate
M. Springate: ... je dois vous dire que le député
de Rosemont ne m'a pas convaincu ce soir; je pense même que
lui-même n'est pas convaincu.
M. Verreault: Même pas.
M. Springate: II y a trois ans, j'ai, comme d'autres
députés de cette Chambre, siégé entre Noël et
le Jour de l'An. Nous avons siégé parce que six
députés de l'Opposition ont suivi les ordres du conseil
supérieur de leur parti. Ce conseil était contre l'augmentation
et l'indexation des salaires
des députés. Ils l'ont suivi simplement et uniquement pour
faire de la propagande contre le gouvernement de l'époque, mais nous
avons voté et j'ai cru, à l'époque, qu'une fois pour
toutes la question des salaires des députés était
réglée. Mais cela n'a pas été le cas parce que,
cette année, notre gouvernement je dis bien notre gouvernement,
parce que c'est le gouvernement des Québécois revient
à la charge parce que le Parti québécois veut montrer
à la population de notre province qu'il sait comment gouverner, que
c'est un bon gouvernement. Le meilleur moyen de le faire, c'est d'attaquer les
députés, les meilleures cibles aux yeux de la population, et de
leur demander de se serrer la ceinture.
C'est de l'hypocrisie pure et simple parce que ce gouvernement n'a pas
donné l'exemple de s'être serré la ceinture depuis qu'il
est au pouvoir. Le député de Jean-Talon a parlé de
limousines, c'est vrai. On peut parier des réceptions qui se donnent ici
et là dans la province par ce gouvernement. On peut aussi parler des
assiettes du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, des
tournées dans !a province, des tournées en France, les annonces
pour dire: Le ministre Untel est allé ici, le ministre Untel est
allé là. Comme je l'ai dit quand j'ai parlé, en
deuxième lecture, de la taxe sur les vêtements et les souliers des
enfants, ces ministres ont visité simplement certains comtés et
ils ont oublié les comtés des autres partis politiques.
Mme le Président, ce gouvernement veut tromper une autre fois la
population du Québec en gelant les salaires des
députés.
Comme le député de Saint-Laurent l'a bien mentionné
ce soir, c'est le début d'un programme d'austérité dans la
province de Québec. L'austérité surtout pour ceux qui
travaillent dans les endroits publics et parapublics parce qu'il ne faut pas
oublier que cette année le gouvernement va faire face à des
négociations avec des gardes-malades, des professeurs, des
anglo-catholiques de Montréal, etc. Que leur dira-t-il? Il va leur dire:
Nous, comme gouvernement, comme députés, avons tous fait face
à la musique. Nous l'avons fait et là on vous demande de faire
exactement la même chose.
Un député, à l'Assemblée nationale, vaut
quoi? How much is a member worth? No one can really put his finger on that
particular price. No one knows. Madam Speaker, this government is doing what
with this particular gesture? It is nothing more than a PR gimmick, nothing
more, nothing less. And not only that is cheap PR gimmick. Yes, cheap, cheap.
You know exactly what that means. It is a game that they are playing, nothing
more, nothing less and it shows beyond any cast or any shadow of anyone's
imagination that this government is hypocritical, down right deceiving in their
methods of showing the population of Quebec exactly why they should or should
not be what they like to believe is a good government.
Mais aussi, Mme le Président, il faut admettre une autre chose,
et je suis sûr que vous l'admet- trez avec moi. Cela fait treize mois que
le Parti québécois est au pouvoir et cela fait treize mois que
plusieurs députés font, si vous voulez, leur apprentissage ici en
Chambre. Maintenant, leur leader vient de leur dire: Vous avez
échoué à la tâche et c'est pour cela qu'on ne vous
donne pas l'augmentation. C'est cela que vous avez fait. Vous ne méritez
pas l'augmentation, c'est cela que votre chef vous dit. C'est cela. Vous avez
échoué. Vous avez échoué aussi quand vous avez
parlé de la réforme parlementaire. Le bâillon deux fois
dans quatre mois pour les deux bills les plus importants qua vous avez
proposés ici en Chambre depuis que vous êtes au gouvernement.
Ce n'est pas une réforme, c'est un recul. Il faut l'admettre.
Oui. Aussi la réforme parlementaire, pas de planification. Les motions
de fin de session. Pourquoi, s'il y a de la planification, avons-nous
siégé six jours par semaine aux mois de juin, juillet et
août et aussi cette semaine et la semaine passée? Surtout de 10
heures le matin à minuit le soir? Plusieurs ont parlé en cette
Chambre, ce soir, des sacrifices qu'un député doit faire pour
siéger ici, pour bien représenter les citoyens du
Québec.
Mme le Président, je ne cache pas que je parle sur le principe de
l'augmentation, parce que tout le monde ici en Chambre travaille fort, tout le
monde représente ses concitoyens à sa façon et pour cela
le député reçoit $27 600, par année. De plus en
plus les députés sont appelés à travailler des
heures de plus en plus longues, sept jours par semaine, c'est la règle
pour les députés. De plus en plus, dans notre
société nous voyons des travailleurs qui ont plus d'heures de
loisir, ne travaillant que 32 heures par semaine, quatre jours par semaine, et
nous, députés, ce sont des heures en plus, en plus.
Moi qui pensais qu'une fois pour toutes la question était
réglée. Comme je vous le dis, je parle pour le principe parce que
je n'aime pas qu'à chaque fois qu'un projet de loi a été
adopté, une fois qu'une question a été
réglée, on y revienne. Comme le député de
Saint-Laurent l'a bien dit, ce n'est pas parce que vous voulez geler les
salaires des députés mais pour donner l'exemple, pour donner un
avertissement aux travailleurs du Québec, parce que maintenant c'est le
programme d'austérité du Parti québécois. C'est ce
qu'il a très bien dit, et il avait raison.
Le député de Brome-Missisquoi, le député de
Mégantic-Compton et le député de Gatineau ont parlé
des sacrifices qu'ils font comme députés. Tout le monde en fait.
Pour démontrer encore que je parle du principe et non pas pour mon
profit personnel, je dois vous dire quelque chose qui est public. C est que
chaque fois que je donne une conférence, chaque fois que je parle devant
un groupe, je demande un cachet, une rémunération. Je fais cela
depuis que je suis en politique. Quand j'ai joué au football
professionnel et que j'étais député, en 1970, 1971, 1972,
j'ai fait à l'époque ce que je fais maintenant avec l'argent que
je reçois, les cachets que je reçois pour les discours que je
prononce. Je prends cet argent je le mets dans un
fonds de bourses d'études et, depuis 1970, moi personnellement,
j'ai donné 141 bourses d'études pour que les enfants de mon
comté poursuivent leurs études.
Que personne d'autre dans cette Chambre ne vienne me dire: C'est
à vous de faire des sacrifices. J'en ai fait, moi; je ne prends pas cet
argent-là pour le mettre dans ma poche. Que le premier ministre et les
autres ne viennent pas me donner des leçons aujourd'hui. Non, Mme le
Président!
Mme le Président, je parle ce soir parce que je suis contre
l'hypocrisie pure et simple. I am against this government that is nothing more
than paragon of virtue. And if you do not understand what that means, ask your
neighbour, because that is exactly what you are.
Mme le Président, c'est un gouvernement de taxes, c'est ce qu'il
est. PQ, cela équivaut à quoi, ça? Cela équivaut
à taxe. On a vu cela cette semaine, la taxe sur les vêtements et
les souliers pour enfants. C'est eux autres, cela! On a vu aussi la taxe sur
l'assurance automobile, la taxe sur l'essence de $0.01 le gallon. C'est eux
autres, le PQ. On a vu aussi la taxe de 2% sur les annonces à la radio
et à la télévision. C'est eux autres, cela, le Parti
québécois. On a vu aussi les 2% d'augmentation de la taxe sur les
repas. C'est aux autres, le gouvernement PQ. Là, ils vont venir nous
dire: Nous allons nous serrer la ceinture, après qu'ils ont
tété l'argent des Québécois. Voyons, Mme le
Président! Il n'y a pas de logique.
Le député de Drummond rit. Ne pas prendre l'argent des
pauvres. Il rit. Voyons, le député de Drummond. Il est là,
il est là. C'est clair qu'il est là, Mme le Président. Le
geste que ce gouvernement pose en gelant les salaires des
députés, c'est de l'hypocrisie pure et simple. Encore une autre
fois, ce gouvernement trompe la population de notre province. Il gèle
les salaires des députés. C'est juste un autre exemple de
l'hypocrisie, comme je l'ai dit tantôt, Mme le Président, de ce
gouvernement.
Il y a treize mois, dans tous les journaux, on lisait des articles
concernant ce nouveau gouvernement. Eux étaient les plus brillants, les
plus intelligents, les meilleurs qu'on aurait jamais vus au Québec.
C'est faux! Nous avons entendu cela ce soir, le manque de logique. Nous avons
vu cela. Le député de Rosemont a fait un plaidoyer
extrêmement pauvre et il le sait. Il rit. Il le sait. Il vient de
l'admettre. Il dit oui. Mme le Président, if there is one thing...
M. Lavoie: Mme le Président, je crois qu'il est
minuit.
Une Voix: II n'y a pas de problème.
M. Burns: C'est automatique, ajournement du débat.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Westmount, vous disposez encore de six minutes sur le temps qui vous est
alloué. Cette Assemblée, à moins que M. le leader
parlementaire du gouvernement ait des avis à donner ou...
M. Burns: Non, je n'ai pas d'avis, sinon un avis de reprendre
notre calme à tous. Mme le Président, demain nous reprendrons nos
travaux, tel que prévu, à 10 heures, et je présume que,
lorsque nous reprendrons le débat relativement au projet de loi no 100,
le député de Westmount poursuivra sa brillante intervention.
Mme le Président, je propose l'ajournement de nos travaux
à demain 10 heures.
Mme le Vice-Président: L'Assemblée ajourne ses
travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 0 h)
ANNEXE I
Déclaration ministérielle concernant
l'harmonisation des régimes d'imposition fédéral et
québécois
Le ministre des finances, monsieur Jacques
Parizeau.
Monsieur le Président,
Le 2 novembre 1977, le ministre des finances du gouvernement du Canada
déposait en première lecture le projet de loi C-11, soit la Loi
modifiant le droit fiscal, aux fins de donner suite aux motions des voies et
moyens contenues dans les Discours sur le budget du 31 mars 1977 et du 20
octobre 1977.
Il convient donc d'annoncer que la Loi sur les impôts sera
modifiée afin de retenir certaines des modifications proposées
à la loi fédérale qui ont pour objet de préciser
certaines règles, de pallier à des échappatoires et,
enfin, d'élargir ou de restreindre des règles donnant ouvertures
à des déductions précises.
Nous proposerons, en ce qui concerne les particuliers, des règles
identiques à celles qui deviendront en vigueur dans la
législation canadienne relativement: à la détermination du
profit de capital lors de l'aliénation d'une résidence principale
à la révision dans certaines circonstances du prix de base
rajusté de l'intérêt d'un particulier dans une
société à la détermination des montants
éligibles à l'achat d'une rente d'étalement relativement
à l'aliénation d'un bien minier à l'inclusion dans
le calcul du revenu du montant de l'aide fédérale relative
à l'isolation des logements à l'inclusion, dans certains
cas, dans les frais de déménagement admissibles, de certains
frais légaux ou taxes de transfert découlant de l'acquisition
d'une nouvelle résidence à l'inclusion comme revenu
d'intérêts ou de retraite de la partie imposable d'une rente
à l'inclusion, dans le calcul du revenu d'un contribuable dans
l'année au cours de laquelle il décède, de dons de biens
culturels faits par testament à l'exclusion du revenu imposable
d'une rémunération reçue d'un résident canadien par
une personne qui ne réside pas au Canada et qui est imposable dans un
autre pays à la non-inclusion dans le calcul du revenu d'un
détenteur de police d'un montant qui lui est attribué à
même le fonds réservé d'une compagnie d'assurance, lorsque
ce montant concerne une police émise en vertu d'un régime
enregistré de retraite à l'inclusion, dans le calcul du
revenu d'un détenteur d'une police d'assurance sur la vie, d'une partie
du produit d'aliénation de sa police lors du rachat d'une telle police
par le détenteur à l'inclusion, dans le calcul du revenu
d'un particulier et non dans celui de son conjoint, du montant d'un retrait
provenant d'un régime enregistré d'épargne-retraite dont
son conjoint est le bénéficiaire et auquel le particulier a
versé des contributions à l'adoucissement de certaines
règles de 1971 concernant l'application de la Loi sur les impôts
aux fins de prévoir d'une part qu'un bénéficiaire qui
hérite d'un bien amortissable d'une personne
décédée puisse bénéficier de la marge libre
d'impôt de la personne décédée à
l'égard de l'aliénation de ce bien après 1976 et de
prévoir d'autre part que l'acquéreur de la résidence
principale d'un particulier avec lequel l'acquéreur a un lien de
dépendance puisse ajouter au prix de base rajusté de ce bien le
gain réalisé par ce particulier à la
révision des règles concernant les régimes
enregistrés d'épargne-logement, notamment le transfert sans
imposition des fonds d'un tel régime à un régime
enregistré d'épargne-retraite ou de retraite, l'interdiction pour
le bénéficiaire et le conjoint de posséder un logement
pour avoir droit à la déduction, l'imposition d'une contribution
versée en trop.
En ce qui concerne les corporations, nous proposons également des
règles identiques à celles qui deviendront en vigueur dans la
législation canadienne relativement: à la révision du
calcul des pertes en capital lors de l'aliénation d'un bien par une
corporation en faveur d'une personne avec laquelle elle n'a pas de lien de
dépendance au remplacement du taux d'intérêt de 5%
à inclure dans le calcul des revenus d'une corporation résidant
au Canada sur certains prêts faits à des personnes ne
résidant pas au Canada par un taux d'intérêt prescrit
à la déduction de certains frais d'exploration et de mise
en valeur d'une corporation acquise à la prolongation du
délai pendant lequel une corporation d'exploration en participation peut
exercer un choix à l'égard de la renonciation de certains frais
d'exploration et de mise en valeur à l'inclusion comme frais
canadiens de mise en valeur de certains frais concernant le pétrole ou
le gaz à la limitation du montant qu'une personne
non-résidente doit inclure dans le calcul de son revenu gagné au
Canada à l'égard de l'aliénation d'un bien minier
à la révision des règles régissant les
différentes catégories de surplus, les fusions ou les
échanges d'actions, la liquidation d'une filiale canadienne, la notion
du capital versé et de l'insuffisance du capital versé, les
pertes nettes en capital, le compte de dividendes en capital et les frais
d'exploration et de mise en valeur lors du changement de contrôle d'une
corporation au calcul du revenu d'un assureur sur la vie
Enfin, en ce qui concerne les contribuables en général,
les dispositions de la Loi sur les impôts seront aussi
uniformisées avec les autres législations canadiennes
relativement: à la révision de certaines règles
régissant les redevances reliées à un bien minier canadien
ou à la production au Canada du pétrole, de gaz naturel, de
métaux ou de minéraux industriels à ia
clarification de l'ordre dans lequel les diverses déductions relatives
aux frais d'exploration et de mise en valeur peuvent être
réclamées à la perte finale résultant de
l'aliénation d'un bien amortissable aux aliénations
involontaires d'immobilisations au report de la
récupération de l'amortissement ou d'un gain en capital lors de
la relocalisation d'une entreprise, à la déduction de certains
frais lors de l'aliénation d'un bien amortissable ou d'une
immobilisation intangible à la prolongation du délai dans
lequel un choix valide peut être fait par un actionnaire en faveur d'une
corporation à l'inclusion dans le calcul du revenu de certains
montants résultant d'un prêt fait par une corporation à ses
actionnaires à la déduction des frais
d'intérêt engagés par un membre d'une société
à l'égard d'un fonds de terre détenu avant le 1er avril
1977 au choix par un contribuable de considérer comme gains ou
pertes en capital certains gains ou pertes résultant de
l'aliénation de titres canadiens au choix par un contribuable
d'affecter le produit de l'aliénation involontaire d'un bien minier
canadien à des frais canadiens d'exploration ou de mise en valeur
aux réserves admissibles à l'égard de l'aliénation
d'un bien minier à un contribuable qui cesse de résider au Canada
au calcul du revenu d'une société à l'égard
de l'aliénation d'un bien minier canadien ou du recouvrement des frais
canadiens de mise en valeur à la détermination par le
ministre du montant d'une perte réclamée par un contribuable et
aux peines dans les cas d'évasion fiscale à la
non-déduction, dans le calcul du prix de base rajusté d'une
action, de l'aide prévue en vertu d'une législation
québécoise à l'égard de placements faits dans des
actions d'une corporation à capital de risque à
l'imposition de certains organismes qui, sans être des organismes de
charité reconnus, exploitent une entreprise et dont les membres vivent
en communauté et ne possèdent aucun bien en raison de leurs
convictions religieuses
La majorité de ces mesures seront applicables aux mêmes
dates ou pour les mêmes années d'imposition que sous la loi
fédérale.
Certaines dispositions n'ont pas été retenues, soit parce
que la Loi sur les impôts contient des dispositions plus
généreuses, telle la déduction des dépenses
afférentes à un emploi, soit parce que la Loi ne contient pas des
dispositions semblables, telles les modifications aux différentes
parties de la loi fédérale qui ne se retrouvent pas dans la Loi
sur les impôts. De plus, nous ne retenons pas les dispositions qui ont
trait: au relèvement de la déduction, soit $2,000 au lieu de
$1,000, du montant des pertes en capital qu'un particulier peut déduire
de ses autres revenus pour une année à
l'admissibilité, aux fins de la déduction maximale de $1,000
à l'égard des revenus d'intérêts et de dividendes,
des gains en capital imposables réalisés lors de
l'aliénation de titres canadiens à l'exclusion du revenu
de certains dividendes en actions à l'établissement d'un
régime fiscal préférentiel concernant les options d'achat
d'actions accordées aux employés d'une corporation privée
dont le contrôle est canadien
Par ailleurs, les modifications proposées à la loi
fédérale concernant l'inclusion dans le calcul du revenu d'un
contribuable de la partie des intérêts sur des prêts
consentis par un employeur ou une corporation qui est en sus de l'ensemble des
intérêts effectivement versés sur ces prêts a
été retenue mais sans tenir compte de l'exonération
prévue de $500 ni de celle relative à un prêt
effectué pour l'achat d'une résidence ou de certaines actions.
Cette modification deviendra applicable à l'année d'imposition
1978.
Par contre, les intentions du Gouvernement concernant la majoration des
dividendes imposables reçus par un particulier d'une corporation
canadienne imposable et la révision du crédit d'impôt pour
dividendes seront dévoilées lors de la présentation du
prochain Discours sur le budget.
Nous proposerons également des modifications à la Loi sur
les impôts, dont ne faisait pas état le Discours sur le budget,
relativement: aux règles concernant les versements anticipés de
l'impôt dans certains cas de réalisation d'un gain en capital
imposable aux organismes de charité au relèvement
de $300 à $600, de l'allocation exonérée d'impôt
reçue par un pompier volontaire
Nous proposerons également une modification à la Loi
pourvoyant au financement des programmes de santé aux fins de limiter
à $235 la contribution maximale exigible de tout particulier
âgé de 65 ans et plus.
Je désire également annoncer certaines modifications qui
seront apportées à notre règlement sur les impôts,
et ce, à des fins d'harmonisation avec les lois en vigueur au Canada.
Ces modifications ont trait: à la révision de certains taux
d'amortissement à l'inclusion de montants additionnels dans
certaines catégories à la prolongation d'un an du
régime fiscal visant à stimuler la construction d'édifices
résidentiels à une déduction supplémentaire
pour épuisement gagné dans le cas de certains puits situés
au Canada à la non réduction de coût en capital par
le nouveau dégrèvement fiscal de 25% prévu par le chapitre
III de la Loi sur les stimulants fiscaux au développement
industriel.
Québec, le 21 décembre 1977.
ANNEXED
Questions inscrites au feuilleton Ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre
Question de M. Grenier 1. Quelles sont les mesures
concrètes prises par le gouvernement dans le but de sauvegarder les
emplois dans l'industrie du meuble à Victoriaville?
Ces mesures ont-elles fait l'objet de consultations avec les dirigeants
de l'entreprise et les dirigeants du syndicat des employés?
Réponse de M. Johnson 1. Dans ce cas particulier le
processus nécessaire à la constitution d'un comité de
reclassement des salariés est déjà en marche et le
ministère sera éventuellement appelé à contribuer
à son fonctionnement.
D'autre part, un comité provincial de reclassement
préventif, où toutes les parties intéressées sont
représentées, a été constitué le mois
dernier. Ce comité vise, dans un premier temps, à identifier la
nature et les causes exactes des nombreux licenciements dans cette industrie en
vue d'apporter les correctifs appropriés. Le ministère est
appelé à lui verser une somme de $7,500.00 pour ce faire.
Questions de M. Shaw 1. A quelle date, l'hôpital de
Baie-Comeau a-t-il été mis en tutelle? 2. Cette tutelle est-elle
terminée? 3. Dans l'affirmative, quelles réformes ont
été mises en place? 4. Dans la négative, le
ministère prévoit-il que la tutelle est à la veille de
prendre fin?
Réponses de M. Lazure 1. Il n'y a pas de tutelle à
Baie-Comeau. 2. 3. 4.
Questions de M. Shaw 1. Le gouvernement a-t-il conclu une entente
avec la Société d'assurance des Caisses populaires et la firme
Gérard Parizeau et Associés de Montréal relativement
à l'assurance (feu, vol et responsabilité) des
établissements du secteur parapublic et des établissements du
secteur privé qui reçoivent des subventions gouvernementales? 2.
Dans l'affirmative, quels sont les critères qui ont
présidé au choix de la compagnie d'assurance et du courtier? 3.
D'autres compagnies d'assurance et d'autres courtiers ont-ils eu la
possibilité de participer à cette entente?
Réponse de Madame Ouellette 1. En autant que le
Contrôleur des assurances de mon ministère est concerné, la
réponse est non.
Ce contrôleur des assurances conclut les contrats des assurances
de tous les ministères du Gouvernement et ceux de certains organismes
publics soit environ 50% de ceux-ci.
Note:
Liste des organismes publics visés dans la présente
réponse:
Régie des Rentes du Québec
Régie de l'Assurance-Maladie du Québec
Caisse de Dépôt et de Placement du Québec
Société des Alcools du Québec
Commission des Accidents du Travail
Office du Crédit agricole
Commission du Salaire minimum
Office des Autoroutes du Québec
Office de radio-télédiffusion du Québec
(Radio-Québec)
Raffinerie de sucre du Québec (St-Hilaire)
Régie des Installations Olympiques
REXFOR
Société des Traversiers.
Questions de M. Giasson 1. Antérieurement au 26 novembre
1976, la Commission des accidents du travail de Québec remboursait-elle
les honoraires versés pour des traitements de chiropractie? 2. En est-il
toujours ainsi? 3. Dans la négative, faut-il comprendre qu'il n'est plus
question d'intégrer les soins de chiropractie au Régime
d'assurance-maladie comme le programme électoral du Parti
Québécois le mentionnait en 1976?
Réponses de M. Lazure 1. Jusqu'en octobre 1977, la
Commission des accidents du travail versait des honoraires pour les traitements
de chiropractie et ceci, en vertu d'une autorisation "ad hoc" de la Commission
des accidents du travail. 2. Depuis octobre 1977, la Commission des accidents
du travail ne verse des honoraires que pour les traitements de chiropractie
préalablement prescrits par un médecin. 3. La couverture des
soins de chiropractie par le Régime de l'assurance-maladie du
Québec est toujours inscrite au programme du Parti
Québécois et des études se poursuivent présentement
au ministère sur l'intégration éventuelle de ces soins au
Régime de l'assurance-maladie du Québec.
Question de M. Springate
Le Ministre d'Etat au développement culturel ou ses
fonctionnaires ont-ils fait des représentations auprès de la
compagnie Canadian Industries Limited lorsque cette dernière a
annoncé, le 1er septembre 1977, qu'elle allait déménager
son service d'ingénierie de Montréal à Toronto, en raison
de la politique linguistique québécoise, forçant ainsi 135
spécialistes à quitter le Québec avec leur famille?
Réponse de M. Laurin
Un représentant de l'Office de la langue française a
rencontré à ce sujet un représentant du siège
social de C.I.L. et d'autres rencontres doivent avoir lieu.
Questions de M. Verreault 1. Le ministre des Affaires municipales
a-t-il donné suite à la demande qui lui a été
formulée à maintes reprises parle Front commun des associations
de locataires de Montréal visant à ce que le rapport du groupe de
travail formé en vue d'étudier la possibilité d'apporter
des amendements au système de contrôle des loyers lui soit soumis?
2. Par ailleurs, le Ministre a-t-il pris une décision concernant la
suggestion de cet organisme de convoquer la Commission permanente des affaires
municipales et de l'environnement afin d'étudier ce problème?
Réponses de M. Tardif 1. Ce rapport est un document
interne pour les fins du ministère. Il a servi à élaborer
un livre blanc sur la refonte de la loi de conciliation
propriétaires-locataires, livre blanc qui sera rendu public
incessamment. Il sera alors soumis à tous les groupes désireux de
l'obtenir. 2. Le livre blanc du gouvernement à ce sujet fera l'objet
d'une consultation auprès de tous les groupes intéressés.
Par ailleurs, dépendant de la forme de la consultation sur le livre
blanc, le projet de loi qui en découlera pourra faire l'objet
d'auditions de témoins ou de groupes par la Commission parlementaire des
affaires municipales.
Questions de M. Saint-Germain 1. Le Ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières a-t-il
déclaré, peu après son entrée en fonction, que les
principales demandes formulées par le Conseil du Statut de la Femme
devaient être considérées comme réglées? 2.
Si tel est le cas, cette affirmation s'applique-t-elle à la question des
congés de maternité garantissant l'emploi des travailleuses, sans
perte de revenu ni d'avantages sociaux, conformément aux engagements
apparaissant à la page 21 du programme officiel du Parti
Québécois, édition 1975? 3. Le Ministre du Travail et de
la Main-d'Oeuvre entend-il présenter un projet de loi à cet effet
au cours de la présente session?
Réponses de Mme Payette 1. Le Ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières n'a pas
déclaré, peu après son entrée en fonction, que les
principales demandes formulées par le Conseil du Statut de la Femme
devaient être considérées comme réglées. 2.
Nil
M.Johnson 3. Le Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre entend-il
présenter un projet de loi à cet effet au cours de la
présente session?
Réponse: Non.