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(Dix heures dix minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Déclarations ministérielles.
M. Burns: Je viens à peine, il y a quelques minutes,
d'être informé que le ministre de l'Agriculture, malheureusement,
est retenu sur le pont de Québec à cause d'un problème de
circulation, il nous a appelé de son automobile.
Une Voix: Qui?
M. Burns: Le ministre de l'Agriculture. Il avait une
déclaration ministérielle à faire ce matin relativement
aux produits agricoles et aux aliments. Je me demande si l'Assemblée
nationale n'accepterait pas, dès que le ministre de l'Agriculture
arrivera, que nous puissions chambarder notre ordre du jour pour lui permettre
de faire cette déclaration ministérielle à ce moment. Je
demande le consentement de la Chambre.
Le Président: Y a-t-il consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Roy: M. le Président, est-ce que nous pourrions avoir
une copie de la déclaration ministérielle?
M. Burns: Elle a été distribuée;
malheureusement, peut-être ne l'avez-vous pas eue, M. le
député de Beauce-Sud, mais elle a été
distribuée. En tout cas, j'en prends à témoin les deux
partis reconnus. C'est peut-être là l'ambiguïté des
partis reconnus et des partis non reconnus. Je vais faire en sorte que vous
ayez une copie, le plus tôt possible, de cette déclaration.
D'accord?
M. Roy: Merci.
Le Président: Dépôt de documents. M. le
ministre des Finances.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Etats financiers du Québec
M. Parizeau: M. le Président, permettez-moi de
déposer deux copies des états financiers du Québec pour
l'année qui s'est terminée le 31 mars 1977.
Le Président: Documents déposés. M. le
ministre d'Etat au développement économique.
Programme de stimulation de l'économie
M. Burns: En l'absence du ministre d'Etat au développement
économique, j'ai l'honneur de soumettre le rapport qui a
été soumis par le ministre d'Etat au développement
économique concernant le programme de stimulation de l'économie
et de soutien de l'emploi.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Terres et Forêts et des Richesses naturelles.
Rapport de la Société
québécoise d'exploration minière
M. Bérubé: En tant que ministre des Richesses
naturelles, j'ai le très grand plaisir de déposer le rapport
annuel 1976/77 de la Société québécoise
d'exploration minière.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: J'ai l'honneur de déposer le rapport...
M. Burns: Minute! Arrivez à votre micro!
Rapport de la Société
d'aménagement de l'Outaouais
M. Tardif: Excusez-moi. J'ai l'honneur de déposer le
rapport de la Société d'aménagement de l'Outaouais pour
l'année se terminant le 31 mars 1977.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Viau.
M. Burns: M. le Président, le député de
Sherbrooke va déposer le rapport au nom du député de
Viau.
Le Président: M. le député de Sherbrooke, au
nom de M. le député de Viau.
Rapport sur l'étude en commission du projet de
loi no 67
M. Gosselin: Au nom du député de Viau, il me fait
plaisir de déposer conformément aux dispositions de l'article 156
de notre règlement, le rapport de la commission élue permanente
des consommateurs, coopératives et institutions financières sur
l'étude après la deuxième lecture du projet de loi 67, Loi
sur l'assurance automobile.
Des Voix: Bravo!
M. Roy: M. le Président, une question de règlement,
une demande de directive en vertu de l'article 161, paragraphe 3. J'aimerais
demander si on peut accorder quand même un délai aux membres de la
commission pour examiner ce rapport. Il est très volumineux et afin que
nous puissions vérifier si le rapport est exact, parce qu'en vertu
de
l'article 3, il y a quand même une possibilité, s'il y a
des irrégularités, d'en aviser le président. J'aimerais
savoir quelles seront les possibilités que nous aurons de vous aviser
s'il y a un certain délai, si on permet quand même un certain
délai pour vous aviser, au cas où il y aurait quelque chose dans
le rapport, parce qu'il y a des points particuliers que je voudrais
vérifier.
M. Burns: C'est le délai normal qui doit s'appliquer, le
délai prévu d'ailleurs à l'article 163.
Une Voix: Article 161.
Le Président: Dépôt du rapport du greffier en
loi sur les projets de loi privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales. M. le député de
Charlevoix.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Contrat de 1200 autobus à General
Motors
M. Mailloux: M. le Président, la question que je voudrais
poser est assez importante. Je constate cependant que ni le premier ministre,
ni le ministre de l'Industrie et du Commerce, ni celui des Transports, ni celui
de l'Etat au développement économique ne sont présents en
cette Chambre et...
M. Burns: Là on va régler tous nos
problèmes, le ministre de l'environnement est revenu.
M. Mailloux: M. le Président, hier après-midi,
à une conférence de presse, semble-t-il, au cours de laquelle le
ministre de l'Industrie et du Commerce et celui des Transports s'adressaient
aux media d'information, un des journalistes a eu la gentillesse de remettre
à la sortie de la conférence, une copie de cette
conférence de presse, un communiqué dont j'ai moi-même
transmis copies aux autres Oppositions.
Il s'agit en l'occurrence d'une conférence de presse par laquelle
les deux ministres conjointement annonçaient la décision qui
venait d'être prise, semble-t-il, par le Conseil des ministres,
d'accorder le contrat de fabrication de 1200 autobus de type urbain, à
la compagnie GM, laissant de côté l'offre faite par Bombardier
MLW.
On me permettra peut-être une courte observation auparavant.
Autant dans le domaine de la fabrication d'autobus, devant cet éventuel
contrat, que devant la possibilité de construction de navires pour les
caboteurs du Saint-Laurent, j'avais dit l'intention de l'Opposition officielle
de dire au gouvernement qu'elle favoriserait même l'obtention de tels
contrats des entreprises québécoises si nécessaire, pour
éviter la concurrence de l'Ontario ou de l'étranger.
Il m'est arrivé à deux reprises d'inviter le ministre
d'Etat au développement économique de dire qu'il était
temps pour le gouvernement, dans ce contrat de fabrication de 1200 autobus,
d'inviter des compagnies étrangères. A ce moment, je ne pensais
pas que Bombardier MLW apporterait une soumission ferme. La déclaration
que je faisais invitait fortement le gouvernement à aller chercher une
concurrence à la multinationale qui les fabrique pour l'ensemble
canadien et américain.
La question que je voudrais poser au premier ministre est la suivante:
Est-il exact que la compagnie Bombardier MLW aurait offert, dans la soumission
qu'elle a présentée, un contenu québécois de 57%
contre les prétendus je le redis contre les
prétendus 40% dont parle General Motors et que la différence
entre les deux offres serait minime pour les 1200 autobus? C'est la
première question, M. le Président. J'en aurais plusieurs autres,
à moins que le premier ministre ne veuille donner quelques informations
qui éclaireraient peut-être le débat.
Le Président: M. le Premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Si le député de
Charlevoix le permet, je vais donner quelques informations
générales et, plus spécifiquement aussi, des informations
sinon techniques, du moins économiques sur l'ensemble du contrat. S'il y
a des questions additionnelles, votre serviteur y répondra ou le
ministre des Transports qui, avec le ministre de l'Industrie et du Commerce, a
accompagné le cheminement de ce dossier depuis un bon bout de temps.
D'accord?
Il s'agit donc d'un contrat de 1200 autobus où, pour la
première fois, des commissions de transport ont réussi à
former une sorte de "pool d'achat il s'agit des quatre ou cinq
prochaines années, je crois c'est-à-dire la Commission de
Transports de la région métropolitaine de Montréal, celle
de Québec, celle de l'Outaouais, celle de la rive sud
métropolitaine, le tout formant donc un contrat global de 1200
autobus.
Un des avantages, je pense, indiscutable, c'est que les commissions de
transport non métropolitaines, c'est-à-dire non
montréalaises, vont pouvoir ainsi réduire l'écart de
plusieurs milliers de dollars qu'il y avait entre les prix qu'elles payaient et
ceux de la Communauté urbaine de Montréal qui, évidemment,
est plus importante. De toute façon, ceci est pour expliquer le
pool.
A partir de cette commande énorme, soit près d'une
centaine de millions de dollars on le voit maintenant il a
été établi un certain nombre de règles du jeu qui
étaient, évidemment, des facteurs traditionnels d'une certaine
importance comme le prix, comme la capacité, enfin, la performance, le
coût du fonctionnement. Evidemment, ce sont des facteurs directs bien
connus. Et aussi il y avait les retombées économiques pour le
Québec. Il y a des retombées économiques certaines. Il y
en a d'autres qui sont aléatoires. Celles qui sont aléatoires, on
n'en parlera pas parce que cela ne servirait à rien en ce moment. Celles
qui
sont certaines, ce sont essentiellement celles qui peuvent créer
de l'emploi et aussi ce que cela représente comme valeur ajoutée
du côté contenu québécois.
Alors voici en gros les résultats. Au point de vue du prix, celui
de General Motors est de $3,5 millions inférieur à celui de
Bombardier MLW-American Motors. C'est-à-dire qu'il y a une
différence de pas loin de 4%, soit 3.78%. C'est le coût
d'exploitation étalé et actualisé sur quinze ans. Le
véhicule suggéré par American Motors et Bombardier est
passablement plus lourd. C'est de ce côté, surtout, que cela
affecte le coût d'exploitation parce qu'évidemment il s'agit de la
consommation de combustible. Là-dessus aussi il y a une
différence évaluée soigneusement de $3,5 millions en
faveur de General Motors parce que l'autobus American Motors que Bombardier
suggérait est beaucoup plus lourd.
Troisièmement, il y a plus de places. Cela va de 39 à 41
personnes assises, enfin il y a plus de places de toute façon dans
l'autobus GM.
Quatrièmement, ce qui a quand même son importance, si on se
met à la place des municipalités, des commissions de transport
impliquées, ce qu'on nous a fait savoir, c'est qu'il y avait une nette
préférence venant de l'accoutumance et aussi des avantages que je
viens de mentionner. Il y avait une nette préférence, même
une préférence très certaine de la part de l'ensemble, de
ce qu'on a pu savoir, des commissions de transport et des municipalités
impliquées, pour le type GM qu'elles connaissent bien alors que
l'autobus American Motors est beaucoup moins établi sur le
marché. Il est encore même, jusqu'à un certain point,
à l'état de rodage.
Pour ce qui est des retombées, il ne s'agit pas de dramatiser
à l'extrême l'investissement initial du fait que l'usine
d'assemblage de ces autobus, qui se situait, pour GM, à London, en
Ontario, jusqu'ici, serait de façon certaine transférée
à Montréal à partir de ce contrat, ce qui
représente un investissement de départ de $6 millions, mais cela
peut aller plus loin parce qu'il y a 40 000 de ces autobus sur les routes
américaines, enfin, un peu partout dans les villes américaines.
Il y en a plusieurs milliers, aussi, au Canada, y compris les villes
concernées au Québec, et General Motors s'engage fermement
à établir la production de pièces et de tout ce qui peut
concerner l'entretien pour l'ensemble de ce marché nord-américain
de ce type de camion, qui en a encore au moins pour plusieurs années,
à Montréal, à partir de l'usine en question.
Il est également sérieusement question qu'il y ait, quand
viendra, je pense, ce qu'on appelle le RTS... Enfin, beaucoup de gens l'ont vu
à la télévision. C'est le modèle un peu futuriste
de l'autobus de l'avenir qui pourrait commencer à apparaître sur
les marchés d'ici quelques années. Avec les adaptations requises,
là aussi, il est question que ce soit à Montréal que soit
concentrée la production du modèle, quel qu'il soit, qui viendra,
parce qu'il viendra sûrement, pour l'ensemble du marché
canadien.
Ce qu'on pouvait offrir, évidemment, repré- sente
actuellement, et pour les cinq années qui viennent, d'après les
évaluations, cette concentration de la production pour le marché
canadien, sans compter les pièces cela ne peut pas
s'évaluer en ce moment et les trucs du même genre pour le
marché américain, mais simplement pour le marché canadien,
cela représente, en plus des besoins du Québec, environ 400
autobus additionnels par année et, évidemment, un nombre
correspondant d'emplois.
Du côté de Bombardier, ce qu'on pouvait offrir,
c'était une usine, évidemment, ou une extension d'environ $2,5
millions, mais, forcément, il y a un point d'interrogation sur quelque
pénétration que ce soit à l'extérieur du
Québec, sans compter les problèmes d'ajustement, bien sûr,
entre deux types d'autobus pour les villes et les commissions de transport
concernées.
On ne peut pas évaluer ce qu'aurait pu être la
pénétration à partir du Québec, sauf qu'on sait que
90% du marché de l'autobus au Canada, en ce moment, sont entre les mains
de GM, et il y en a à peine 10% qui sont entre les mains d'une compagnie
qui peut avoir des relations, comme Bombardier avec American Motors.
Maintenant, pour ce qui est des retombées économiques
directes sur ce qui a été évalué, c'est
qu'évidemment, le contenu québécois de chaque autobus, si
on le prend individuellement, est plus fort.
Là aussi, il y a de l'aléatoire, mais tel
qu'évalué, il est plus fort du côté de ce que
proposait Bombardier que dans le cas de GM, la différence étant
d'environ 41%, 42% qui, semble-t-il on ne peut pas refaire tous les
calculs de tous les comités qui ont travaillé là-dessus
mais, semble-t-il, est ferme. Ce n'est pas un présumé
contenu. Cela va être surveillé. A peu près 41%, je crois,
au départ, contre 57%, nous dit-on également de façon
ferme du côté de Bombardier. Là, c'est pour un autobus.
Mais si on tient compte du marché ouvert et sur la base de cinq ans, la
valeur ajoutée totale c'est quand même important est
de $122 millions dans le cas où la commande est donnée à
GM et de $57 millions dans le cas de Bombardier.
Si on tient compte de tous ces facteurs qui avaient été
très clairement exposés aux soumissionnaires, il y en avait six
au début qui avaient des velléités de soumissionner
à cause des fluctuations du côté du dollar, etc., et ce qui
s'est passé en Europe et en Amérique depuis des mois et des mois,
il y en a quatre qui se sont retirés. Finalement, il y en a seulement
deux qui ont présenté des soumissions fermes et qui ont eu ces
règles du jeu très bien expliquées, et le genre
d'évaluation qui serait faite. A partir de là, je ferai remarquer
aussi à certains media d'information qu'à notre avis la politique
d'achats et la préférence directe du Québec peuvent
difficilement s'appliquer dans ce cas parce que, sans compter l'usine qui va
s'établir à Montréal; à moins qu'on fasse une
politique d'achats du nationalisme culturel, ce qui, je crois, serait assez mal
reçu en Amérique du Nord.
Il ne faut pas oublier qu'à Sainte-Thérèse, Ge-
neral Motors emploie des centaines et des centaines de gens dans une
usine de construction d'automobiles. C'est donc une entreprise qui est
enracinée au Québec à ce point de vue. Si on ajoute
l'usine qui devrait être construite, on pouvait difficilement dire, parce
que d'un côté il y a un nom international et de l'autre
côté il y a un nom québécois, qu'on va forcer les
règles du jeu qu'on avait établies et qu'on va
littéralement les fausser d'un bout à l'autre. Donc, on se
trouvait devant une décision qui, à certains points de vue, fait
mal. Mais ce sont des points de vue qui sont, si vous voulez qu'on le
veuille ou non émotifs au strict point de vue de
l'intérêt public et, je crois, du respect des règles du jeu
qu'on a établies et, si on les méprisait ou si on les envoyait au
panier, j'ai l'impression que la réputation du Québec en
prendrait un coup à l'échelle du continent. Il n'y avait pas
d'autre conclusion possible que la décision qui a été
prise.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je ne voudrais pas que mes
questions supplémentaires soient interprétées comme
voulant contredire la décision que désire prendre le
gouvernement. Cependant, je voudrais quand même attirer son attention
avant que la décision soit complètement ferme sur certains
phénomènes que nous avons déjà vécus.
Le premier ministre disait tantôt que on m'excusera si je
n'emploie pas la forme interrogative dans mes premiers mots le premier
ministre disait tantôt que c'était la première fois que
l'ensemble des commissions de transport s'unissaient pour faire qu'une
soumission soit invitante pour plusieurs compagnies.
Je ne pense pas errer en disant que, quand l'achat
précédent de 500 autobus fut fait, cela comprenait
également quelques compagnies de transport, principalement celle de
Montréal.
M. le Président, si je mets en doute non pas la parole du premier
ministre mais l'affirmation que fait le géant nord-américain
qu'est General Motors, c'est que lorsque, avec mon ex-collègue, M.
Saint-Pierre, nous avons étudié le contrat avant de donner
l'autorisation, comme l'a fait le ministre des Transports, aux commissions de
transport d'aller de l'avant nous avions exactement les mêmes
garanties que General Motors donne à savoir que, dans un laps de temps
donné, il y aurait 40% de contenu québécois à
l'intérieur du contrat et que cela respecterait les termes du contrat.
Cela pourrait être vérifié.
En cours de fabrication, à de nombreuses reprises, le
Vérificateur de la province nous a indiqué que le pourcentage de
40% n'était à peu près jamais atteint. Sous réserve
d'être contredit, après avoir revu les documents, on constatera
que, pour payer la subvention que nous avions augmentée à 30%, de
10% qu'elle était, pour verser la subvention et accepter qu'il y avait
un contenu de 40% de valeur québécoise ajoutée, il a fallu
ajouter toutes les pièces ou presque sur l'ensemble des autobus
déjà en circulation. Ce n'était pas à
l'inté- rieur des 500 véhicules pour lesquels le contrat avait
été donné et pour lesquels la compagnie devait respecter
un contenu québécois de 40%.
M. le Président, il y a un autre problème qui se produit
et qui ne se produira pas souvent. C'est qu'au moment où on accorde un
contrat de 1200 autobus pour une période de cinq années et que le
géant nord-américain prend le contrat, cela élimine toute
concurrence possible. Je voudrais savoir si le premier ministre est
également conscient qu'après le premier contrat de 500 autobus,
on a vu les véhicules ontariens, durant ce même laps de temps, se
vendre $10 000 de moins que ce que l'on payait ici pour des achats
supplémentaires. Cela coûtait $10 000 de moins. GM était le
seul fabricant à concurrencer sur l'ensemble du territoire canadien,
sauf la très petite concurrence d'une industrie de Winnipeg qui, me
dit-on, est presque en faillite, comme l'affirmait un de vos
députés hier.
Alors, dans la décision que vous avez à prendre
maintenant, c'est le même phénomène qui se produit.
Le gouvernement voudra sûrement, probablement, faire respecter les
40% du contenu québécois, mais vous n'aurez pas tellement de
portes de sortie. Le concurrent éventuel, qui aurait pu être MLW
et qui, pour l'avenir, aurait pu apporter une concurrence dans les prix...
qu'on regarde l'augmentation en flèche qu'on a connue dans les autobus
depuis les cinq dernières années, je pense que c'est à
raison de $10 000 par année.
Le Président: M. le député de Charlevoix,
puis-je vous demander de conclure, s'il vous plaît?
M. Mailloux: Je voudrais demander au premier ministre s'il ne
pense pas, en raison de l'absence totale de concurrence devant laquelle on est
placé pour l'avenir, qu'on vient de fermer une deuxième fois la
porte? Après l'avoir fermée à MAN, là on la ferme
à Bombardier MLW. Le premier ministre ne croit-il pas que le cabinet
devrait se pencher de nouveau sur l'ensemble des retombées
qu'apporterait la venue de Bombardier MLW sur l'ensemble du territoire
québécois, canadien et américain? Le premier ministre ne
devrait-il pas constater l'effort manifeste qu'a fait Bombardier MLW dans la
percée québécoise de la fabrication de tous les
véhicules qu'on connaît maintenant? Je ne parle pas tant des
motoneiges que des autres sphères d'activité.
Le premier ministre ne pense-t-il pas que l'occasion qu'on a
actuellement d'apporter une concurrence ne se représentera plus dans
cinq ans quand il faudra demander une autre soumission, parce que les
soumissionnaires ne voudront plus avancer? N'est-ce pas maintenant qu'on
devrait revoir en profondeur ce dossier?
M. Lévesque (Taillon): Oui, mais qu'on le revoit en
profondeur, d'une façon ou de l'autre, il y aura, il me semble et
la logique même de la question du député de Charlevoix
mène à cette conclusion de toute façon une
situation de monopole pendant cinq ans puisqu'il s'agit d'un
contrat global pour l'ensemble des grandes commissions de transport du
Québec de 1200 autobus. Que ce soit l'un ou l'autre, il est
évident qu'on établit, à ce point de vue, un monopole pour
les cinq prochaines années et, possiblement, pour les années
à venir.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, on ne sait pas encore ce qui va
se passer dans cinq ans sur le marché, non seulement
québécois, mais de l'ensemble de l'Amérique du Nord, avec
les nouveaux types d'autobus qui sont en préparation. Pourrons-nous
aller rapidement dans ce domaine? Est-ce aue cela amènerait
l'émergence d'autres fabricants? Je ne suis pas plus prophète que
le député de Charlevoix.
Mais, il est évident qu'à partir du moment où il y
avait un contrat groupé dans l'intérêt des commissions de
transport pour diminuer leur coût unitaire de 1200 autobus pour les cinq
prochaines années, par définition, on créait d'un
côté ou de l'autre une situation de monopole de production pour
les cinq prochaines années. A cela, on n'y peut rien.
Deuxièmement, pour ce qui est du contenu québécois,
on va réexaminer sans se prendre pour des experts, les assurances qui
nous ont été données, mais elles étaient fermes et
venaient des comités qui ont étudié le contenu
québécois. Il s'agira d'être bien sûr qu'il est
respecté. Il y a également toute cette question des
pièces, parce qu'il y en a 40 000 autres sur les routes
nord-américaines, qu'il s'agit de cerner de façon très
ferme et que ce soit écrit; autrement dit, que ce soit sans
échappatoire. Cela aussi ajoute quand même aux retombées
pour le Québec.
Pour ce qui est de Bombardier, non seulement on reconnaît les
efforts que représentent la création et le développement
de la compagnie Bombardier, aujourd'hui Bombardier MLW, mais, même si,
dans le passé je crois que cela a déjà
été dit le Québec n'a pas fait tellement d'efforts
pour soutenir le développement de Bombardier, il demeure qu'actuellement
dans ses diverses entreprises, que ce soient les wagons de métro ou
certains autres cas, il y a quand même des contrats
québécois très importants qui soutiennent Bombardier.
On a nettement, non seulement nettement mais très fermement,
l'intention la décision étant prise en ce qui concerne les
autobus de faire tous les efforts au niveau québécois,
mais sans briser les règles du jeu qu'on a établies, de faire
tous les efforts du côté québécois pour trouver des
activités autres que celles-là pour Bombardier et cela, je crois
qu'il y a des bonnes chances du côté du transport urbain en
particulier, et cela on le sait à quel point il y a un équipement
aussi qui manque au point de vue des transports rapides, mais la
décision n'est pas prise encore.
Et deuxièmement aussi, de peut-être faire penser au
gouvernement fédéral que, dans certains secteurs où
Bombardier, déjà équipé, peut produire, c'est
plutôt vers l'Ontario qu'a été jusqu'ici l'Ontario
ou plus loin vers l'ouestla prépondérance des contrats
fédéraux. Alors, on va faire un effort systématique de ce
côté mais, encore une fois, je crois que personne ne peut nous
demander de littéralement déchirer publiquement des règles
qui avaient été établies et qui donnent les
résultats que j'ai résumés.
M. Mailloux: M. le Président, une dernière
question, une dernière courte question supplémentaire.
Le Président: Oui je vous demanderais d'être un peu
plus concis cette fois-là.
M. Mailloux: Est-ce que le premier ministre me dirait si, pour la
deuxième fois, il serait exact de dire que, contrairement à ce
qu'avancent les media d'information, tous ceux qui s'occupent de
réparation dans les différentes commissions de transport ont
encore cette fois favorisé l'achat de General Motors, parce que
l'ensemble des mécaniciens qui connaissent très bien le
véhicule de General Motors, ont l'habitude de la réparation?
Est-ce que cela a influencé la décision?
M. Lévesque (Taillon): Je ne sais pas si cela vient des
mécaniciens ou quiconque, mais je crois que la réponse serait
oui, mais peut-être de façon plus ample que la question trop
spécifique que pose le député de Charlevoix, j'aimerais
bien qu'on permette au ministre des Transports qui, après tout est en
plein dans le secteur, de donner sa perception de cet aspect de la
question.
M. Levesque (Bonaventure): Les beaux discours sur les
multinationales, cela ne marche pas ce matin.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, il est certain qu'en ce qui
concerne les commissions de transport, dans l'ensemble, on favorisait General
Motors, enfin il semble que ce soit le choix des mécaniciens, mais ce ne
fut pas un élément fondamental dans le dossier.
L'élément fondamental dans le dossier, comme l'a expliqué
le premier ministre, a été en fait les trois facteurs à
savoir le coût, le prix, l'entretien et aussi les retombées
économiques. Ce qu'il faut considérer en ce qui concerne les
retombées économiques, c'est que nous avions une commande de 1200
autobus, soit environ 300 autobus par année. En choisissant General
Motors, à cause des prix qui étaient inférieurs et surtout
à cause aussi du coût d'entretien et à cause des
retombées économiques, notre commande de 300 autobus par
année devient une commande de 705 autobus par année, parce qu'on
déménage l'entreprise de London vers le Québec; donc on
double nos retombées économiques. C'est $52 millions par rapport
à $122 millions de retombées économiques.
Ce sont strictement des points de vue économique et rationnel qui
nous ont forcés, en fait, de choisir la compagnie General Motors.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Une question additionnelle, M. le Président, au
premier ministre, au ministre du Transport. Est-ce que le ministre ne croit pas
que les méthodes utilisées pour évaluer les
différents prix manquent de certaines dimensions? En tout cas on parle
de retombées économiques j'ai entendu le ministre du
Transport en parler tout à l'heure juste avant de terminer alors
qu'on n'a pas figuré ce qui pourrait arriver à Bombardier
où certains employés, peut-être un grand nombre
d'employés de Bombardier à l'heure actuelle pourraient se
retrouver sans emploi.
Est-ce qu'aussi on a évalué convenablement le coût
direct des autobus? Si j'ai bien compris les nouvelles qu'on a pu obtenir,
nous, le coût direct des autobus est plus bas avec Bombardier qu'avec
General Motors et, tout ce qui resterait de véritablement meilleur
marché ce serait le coût d'entretien, d'après ce que j'ai
pu lire ce matin dans les journaux. C'est ma question au premier ministre:
Est-ce que les dimensions complètes des retombées
économiques ont été bien évaluées ou si on
n'a pas oublié ce qui pourrait arriver à Bombardier?
Deuxièmement, est-ce que le fait de créer avec Bombardier
un complexe, qui serait passablement intégré au Québec,
n'aurait pas permis à cette entreprise québécoise
justement, de pouvoir aspirer à ces 700 autobus par année qui
forment le marché canadien?
Troisièmement, s'il y en a eu, quelles ont été les
relations avec les employés ou les fonctionnaires du ministère de
l'Industrie et du Commerce, vis-à-vis de Bombardier, pour les inciter
à faire affaires avec des entreprises européennes plutôt
qu'avec l'entreprise American Motors?
Je sais qu'il y a eu des pressions vis-à-vis de l'Industrie et du
Commerce pour faire affaires avec les entreprises européennes
plutôt qu'avec American Motors.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): On pourra toujours vérifier.
Vous savez, au début, il y avait six soumissionnaires possibles: GM,
Bombardier, qui avait déjà établi son lien avec American
Motors. Ils ont même des contrats de "licences" fermes qui ont
été passés avec American Motors pour des camions
militaires, des trucs comme cela. Je pense que le lien était
déjà établi, mais cela reste à vérifier.
Pour ce qui est des autobus, à part ces deux-là, on a
évoqué British-Leyland, Canadian Vickers avec MAN, il y avait
Magirus Deutz, que je ne connais pas mais qui est évidemment allemande
et Berliet-Saviem, qui est la régie Renault, une filiale autobus-camions
de la régie Renault. A cause des fluctuations sur les marchés,
surtout monétaires semble-t-il on sait ce qui est arrivé
au dollar et aux monnaies européennes il y en a quatre qui se
sont retirées. Dans le cas de Berliet-Saviem, il n'y a pas pu y avoir
d'entente parce que cela impliquait une implantation au Québec avec le
groupe Prévost Car avec qui elles étaient en contact.
Il y en a quatre qui sont tombées et deux qui sont
restées. Je répète pour l'information du chef de
l'Opposition, que non seulement le coût d'entretien, mais
également le prix unitaire et quand même $3,5 millions,
c'est $3,5 millions des autobus favorise directement GM. Il ne faut pas
oublier que le gouvernement, à 30%, ce n'est pas lui qui achète
les autobus, il les subventionne, mais 70% sont payés par les
commissions de transport et, par voie de conséquence, par les
municipalités impliquées.
Evidemment, si vous mettez le coût d'entretien-prix directement
vers les municipalités et les commissions de transport, ce sont quand
même des facteurs qui les affectent directement. Si vous mettez les
retombées économiques globales, sans compter les
possibilités d'avenir qu'on ne peut pas évoquer en ce moment, il
était très évident que, sur les deux plans, ayant
établi ces règles du jeu, il n'y avait pas moyen d'en sortir.
C'est bien beau de dire, les multinationales, comme l'a fait gentiment
le chef de l'Opposition, mais multinationale ou pas, une entreprise qui est
établie au Québec et à Sainte-Thérèse...
Oui, oui, oui... Je n'ai jamais déliré autour des
multinationales. Je trouve que cela présente un danger... Est-ce qu'on
me permettrait de finir, M. le Président?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît?
M. Lévesque (Taillon): Je trouve que cela présente
un danger si cela devient monopolisant dans tous les secteurs, comme cela peut
arriver parfois. Il demeure quand même que, les nains, y compris nos amis
d'en face qui ne sont pas, à ce point de vue, d'une envergure
internationale, les nains qui prétendent qu'à partir
d'eux-mêmes et de leur petite volonté ils vont détruire les
multinationales, ils peuvent toujours aller se coucher.
Il s'agit de savoir, dans l'intérêt du Québec et
dans l'intérêt des citoyens du Québec, des contribuables du
Québec, par rapport à une entreprise, qu'elle soit multinationale
ou autre, qui est établie déjà et qui fournit de l'emploi
au Québec, et par rapport à une autre entreprise, qui est
québécoise d'origine, qui fournit également de l'emploi et
dont le sort nous préoccupe, dans le cas d'un contrat comme
celui-là, quelle est la décision qu'on doit prendre pour une
bonne administration et dans l'intérêt général.
Ayant établi les règles, on n'a pas envie de se faire, si vous
permettez l'expression, crucifier comme des gens qui ne sont pas capables de
les respecter à l'échelle du continent. Il arrive justement, et
je le rappellerai à certains de nos amis d'en face, que les
multinationales ont un certain écho à l'échelle de tout le
continent. Si le Québec ne respectait pas, sans tenir compte des autres
facteurs, les règles qu'il a lui-même établies pour un
contrat d'une pareille importance, on sait ce qui arriverait.
Je crois que la réputation du Québec mérite mieux
que cela. Pour ce qui est de Bombardier, il y avait déjà, et
c'est normal elle était en position de concurrence vis-à-vis de
ces soumissions, des possibilités de sous-contrats qui, probablement
auraient eu pour effet d'ajouter à la valeur du
contenu québécois des possibilités de
sous-contrats, si G M avait obtenu le contrat. C'est une avenue qu'on peut
explorer sans délai, sans compter ce que j'ai dit tout à l'heure
à propos d'une recherche aussi intensive que possible en fonction de
l'usine de Valcourt, surtout qu'elle est probablement la plus menacée,
de contrats, mais d'autres contrats que celui-là.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'avoue entendre un langage que
je n'étais pas habitué d'entendre de la part du Parti
québécois. Je suis un peu surpris et très
déçu. Nous avions un levier qui nous permettait de renforcer
notre structure économique.
J'aimerais demander au premier ministre s'il est exact que
l'économie de $7 millions, à laquelle il a fait
référence, est plus ou moins probable à savoir qu'il y
aurait une formule d'indexation de prévue après la livraison de
300 autobus?
Deuxièmement, j'aimerais demander au premier ministre pourquoi on
ne tient pas compte de la rentabilité de $60 millions d'investissement
québécois dans des entreprises réparties sur tout le
territoire du Québec dans l'obtention de ce contrat à une firme
québécoise qui dépasse, à mon avis, sans plaider
pour être un expert, de beaucoup la prétendue économie de
$7 millions à laquelle il a fait référence.
Le Président: M. le premier ministre, en vous demandant
d'être le plus concis possible, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Taillon): D'accord, M. le Président,
mais vous remarquerez que les questions prennent plutôt la forme de
préambules oratoires. Je les comprends, mais il reste que je suis bien
obligé de réagir dans le même sens.
Je ne sais pas ce que le député de Beauce-Sud attendait du
Parti québécois, mais dans un cas où il s'agit
d'intégrité administrative, j'espère qu'il ne s'attendait
pas à ce que l'on fausse des soumissions. Peut-être que la seule
façon mais je ne crois pas que cela aurait été
acceptable, cela aurait été enfin moins acceptable
d'assurer de manière certaine que le contrat n'irait pas à une
autre entreprise qui est internationale, mais qui est déjà
solidement implantée, au Québec, cela aurait été de
ne pas avoir de soumissions et de donner le contrat par négociations
directement à Bombardier. Je crois que ce n'est pas une façon
d'administrer les fonds publics. On a établi les règles. Les deux
soumissionnaires les connaissaient. Cela avait été
explicité. A partir de ces règles, je ne vois pas d'aucune
façon comment, les soumissionnaires les ayant acceptées, les
ayant bien connues dès le départ, on pouvait prendre une autre
décision que celle qui est annoncée.
Le Président: Additionnelle, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, je suis person- nellement
touché par Valcourt où il y avait 5000 employés et ils
sont rendus à peu près à 3000 actuellement. Ils sont dans
une situation difficile. Je voudrais simplement demander au premier ministre,
s'il a considéré l'effet possible de ce contrat sur l'avenir
économique de Valcourt, de Sainte-Anne-de-la-Pocatière? Il peut
arriver, M. le Président, qu'on en subisse des conséquences qui
seraient lamentables au point de vue économique et au point de vue du
chômage. Chez nous, à la Valcourt, cela représente 2000
employés de moins dans une usine parce que SkiDoo baisse dans sa
production. Avant, on avait énormément compté sur ce
contrat pour remonter toute l'économie de toute la région des
Cantons de l'Est.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Non seulement on en est
conscient... malheureusement le ministre de l'Industrie et du Commerce n'est
pas ici parce qu'il doit donner aujourd'hui à Montréal le rapport
annuel sur les indicateurs et les résultats économiques. Le
ministre d'Etat au développement économique n'est pas là
en ce moment. Je peux dire, en leur absence et ils pourront le confirmer
de façon plus concrète les jours prochains que le
gouvernement va mettre un effort maximum d'abord au point de vue de ces
retombées possibles sous la forme de sous-contrats, et également
au point de vue d'une recherche rapide de contrats alternatifs qui pourraient
être dirigés vers Bombardier. Encore une fois, je crois qu'on ne
peut absolument pas demander, une fois que des soumissions, selon le principe
établi et admis, ont été demandées et ont
donné le résultat qu'on vous a résumé, c'est
absolument inconcevable, à mon humble avis, qu'on commence à
déchirer ces règles et à dire "because " on a des raisons
autres, on change la direction du contrat et on fausse les règles.
Le Président: M. le député de Bellechasse,
question additionnelle.
M. Goulet: Merci, M. le Président. J'ai deux questions
additionnelles très courtes à poser. Le premier ministre a dit
qu'on économiserait $3,5 millions avec GM. Est-ce que c'est exact que si
GM construit au Québec, il y aura une subvention directe de $6 millions
du ministère de l'Industrie et du Commerce pour l'implantation physique,
c'est-à-dire pour la construction de son usine?
Deuxièmement, M. le Président, lors du voyage du premier
ministre en France, il a été question de la soumission
présentée conjointement par Renault, Saviem et Berliet et
Prévost Car du comté de Bellechasse. Le ministre sait-il pourquoi
seulement une heure, je dis bien, M. le Président, seulement une heure
avant l'ouverture des soumissions, les Français ont retiré leur
consentement à Prévost Car et ont dit qu'ils ne soumissionnaient
plus? Quelles sont les raisons de ce retrait? Le premier ministre les
connaît-elles? Est-ce qu'il en a été question en
France?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): J'avoue que le député
a des lumières qui, pour moi, sont absolument inattendues parce que
c'est exactement le contraire que j'ai su, mais, enfin, je peux me renseigner.
Prévost Car étant contrôlée par des
intérêts américains, il n'a pas pu y avoir d'accord, c'est
ce que j'en sais, et je le savais avant d'aller à Paris, mais cela a
été confirmé depuis. Si le député a d'autres
renseignements, il en fera part à l'opinion publique et à tout le
monde; moi, je n'en sais pas plus long que cela. Saviem et Berliet,
c'est-à-dire la filiale de Renault, avait fait des efforts intensifs
pour essayer d'avoir une coimplantation au Québec, c'était la
direction de Prévost Car qu'elle avait prise. Prévost Car est
sous contrôle d'intérêts américains et l'entente n'a
pas pu jusqu'à la dernière minute s'établir,
les intérêts américains refusant les accords
proposés je n'en sais pas plus long techniquement et, en
effet, jusqu'à la toute dernière minute, l'intention était
là, de la part des intérêts français de la
régie Renault, de soumissionner, mais on n'a pas pu faire l'accord
requis.
Pour ce qui est de la première question, c'était quoi?
M. Goulet: Est-il vrai qu'il y a $6 millions de prévus
pour l'implantation?
M. Lévesque (Taillon): Là encore, le
député a des lumières absolument sensationnelles. Je n'en
ai jamais entendu parler et, quant à moi, il n'y aura pas de
subventions.
M. Goulet: M. le Président, si vous me permettez une
question supplémentaire...
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Goulet: Pour rétablir les faits, M. le
Président, si vous me le permettez, le premier ministre a posé
une question, à savoir si j'avais des lumières. En discutant avec
le président de la compagnie Prévost Car, M. André
Normand, celui-ci m'a dit que la soumission était prête,
était cachetée et l'entente avait eu lieu, tout était
correct, mais une demi-heure avant, la compagnie française a
retiré son consentement. On m'a invité hier à voir
l'enveloppe de la soumission, elle n'est pas encore ouverte. M. Normand est
revenu de Montréal et l'enveloppe est sur son bureau. Alors, il y avait
eu des ententes et les Français ont retiré leur consentement
seulement une demi-heure avant l'heure limite.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, pourrais-je demander au
premier ministre...
M. Beauséjour: Question de privilège, M. le
Président.
M. Mailloux: ... un éclairage complet du dossier. Est-ce
qu'il serait prêt à déposer...
Le Président: M. le député de Charlevoix, je
m'excuse, il y a une question de privilège. Oui, M. le
député, sur votre question de privilège.
M. Beauséjour: M. le Président, je respecte votre
décision, mais M. le député de Charlevoix s'est
levé deux fois et je m'étais levé plusieurs fois, je me
suis levé avant le député de Beauce-Sud. Je veux bien
croire que son veston est plus clair, mais serait-il possible de poser une
question additionnelle?
Le Président: Oui, M. le député,
immédiatement après M. le député de Charlevoix.
M. Mailloux: Je voudrais simplement demander au premier ministre
s'il consentirait à déposer les devis de la demande de
soumissions de même que les deux soumissions que le gouvernement a
étudiées.
M. Lévesque (Taillon): On peut déposer non
seulement cela, mais on peut déposer les conclusions qui ont
été apportées au Conseil des ministres, de même que
les annexes techniques qui constituent l'étude des deux soumissions
actualisées, comparativement, etc.
Le Président: M. le député d'Iberville.
M. Beauséjour: Merci, M. le Président. Ma question
s'adresse au premier ministre. J'ai eu un renseignement selon lequel il serait
possible que l'industrie GM s'installe sur la rive sud; a-t-elle choisi un
endroit où elle pourrait s'installer?
M. Lévesque (Taillon): Ce que j'en sais, c'est qu'il y a
deux sites qui ont été identifiés; seulement,
personnellement, je ne les connais pas, je ne sais pas si le ministre des
Transports les connaît.
Il n'y a pas de décisions finales. Evidemment, on ne prend pas
une décision sur un site à aménager avant d'être
sûr qu'on a le contrat qui le justifie, mais, d'après ce que j'ai
su, il y a deux sites qui ont été choisis qui sont l'un et
l'autre dans la grande région métropolitaine, mais exactement
où, je ne le sais pas.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
Rapport sur la nocivité de l'amiante
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre des Richesses naturelles. On m'informe que le
comité d'étude et d'enquête du Parlement européen
viendrait de remettre son rapport sur la nocivité de l'amiante. Il n'est
pas là? Alors, je pose la question au premier
ministre en l'absence du ministre des Richesses naturelles. On m'informe
que le comité d'étude et d'enquête du Parlement
européen viendrait de remettre son rapport sur la nocivité de
l'amiante et le rapport recommanderait l'abandon total de l'utilisation de
l'amiante dans quoi que ce soit, et on m'informe également qu'une
étude semblable serait en préparation et pourrait arriver
à des mêmes conclusions du côté américain.
Maintenant, cette deuxième information est moins officielle que
la premier. Je ne veux pas en faire une question hypothétique parce que
si tel est le cas, si mes informations sont exactes, cela pourrait avoir, comme
on peut le prévoir, des conséquences assez considérables
sur notre industrie. Je voudrais savoir quelle est cette part du marché
européen. Quel est le pourcentage du marché européen
vis-à-vis, particulièrement, d'As-bestos Corporation? Quelles
pourraient être les conséquences d'une telle recommandation sur le
marché?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Pour pouvoir prendre avis plus
clairement de la question, est-ce que le chef de l'Opposition
répéterait l'institut... Je ne sais pas; le rapport dont il est
question, il vient d'où?
M. Levesque (Bonaventure): Ce serait un comité
d'études et d'enquêtes du Parlement européen qui arriverait
à cette conclusion et qui recommanderait de ne pas utiliser l'amiante
dans quelque produit que ce soit. C'est assez surprenant que, quant à
moi, mais comme l'information nous arrive ce matin des media normalement dignes
de foi...
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, je prends note de la
question. Je ne peux pas faire davantage. C'est la première nouvelle
qu'on en a. Mais, je ferai remarquer au chef de l'Opposition, quelles que
soient les conclusions d'un comité comme celui-là qui,
évidemment, n'a pas précisément la même
autorité qu'un comité émanant d'un Parlement national
le Parlement européen est plutôt consultatif il
demeure ceci: C'est qu'en Europe, en particulier depuis quelques années,
la demande pour l'amiante augmente d'une façon absolument constante. Les
prévisions du marché, on les a étudiées pas
besoin de le dire au chef de l'Opposition en fonction de la politique de
l'amiante qu'on avait à établir; les prévisions du
marché, au moins pour le cycle actuel de quelques années, sont
plus qu'excellentes.
Vous savez, ce n'est pas la première fois qu'aux Etats-Unis, au
Canada et Dieu sait que souvent il y a des raisons, ou en Europe, on
s'inquiète, comme on peut s'inquiéter de je ne sais pas combien
de dizaines de matières industrielles dans le monde d'aujourd'hui,
à savoir chimiques, pétrochimiques, etc. On s'inquiète des
effets et des méfaits possibles de l'amiante. Mais de là à
dire qu'on va arrêter dans un avenir prévisible, les centaines de
produits où l'amiante a un rôle à jouer, qu'on va en
arrêter l'emploi... On prend note de la question pour le contenu
fondamental. En attendant de prendre connaissance du dossier, j'avoue que je
demeure un peu sceptique.
Le Président: Une toute dernière question, M. le
chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je suis bien
d'accord que le premier ministre qui n'était pas au courant de la
question en prenne note, mais peut-être pourrait-il être
aidé d'une façon substantielle par le ministre
délégué à l'environnement qui a peut-être un
rapport plus direct avec ce comité d'étude.
M. Lévesque (Taillon): II sort à peine du dossier
de la Ouananiche. Il prendra lui aussi, je crois, note de la question.
Le Président: Avant de mettre un terme à la
période des questions, je voudrais autoriser M. le ministre des Affaires
sociales à répondre à une question qui a été
formulée par M. le député de Saint-Laurent, je crois.
M. le ministre des Affaires sociales.
Grève au Centre d'éducation et de
réadaptation pour adultes
M. Lazure: Merci, M. le Président. Il y a quelques jours,
le député de Saint-Laurent a posé une question à
cette Assemblée concernant l'état du dossier d'une grève
qui a cours au Centre d'éducation et de réadaptation pour
adultes: le CERA, situé à Montréal. Il s'agit d'un groupe
de trois ateliers protégés où on retrouve environ 200
sujets déficients mentaux et où le syndicat local, ayant obtenu
une accréditation en novembre 1976 et ayant déposé un
projet de convention collective en janvier 1977, a vu la partie patronale
présenter à son tour une requête en révocation de
l'accréditation du syndicat.
Dès ce moment, c'est-à-dire, en mars 1977, au moment
où la partie patronale présentait une requête en
révocation, des représentants du ministère des Affaires
sociales ont mis en garde la partie patronale vis-à-vis d'une telle
attitude. Simultanément à la requête en révocation,
le syndicat des travailleurs a présenté une requête en
conciliation, le 7 mars 1977.
La requête en révocation de la partie patronale a
été rejetée en août 1977. Cependant, la partie
patronale interjetait appel et, depuis ce temps, le 24 novembre 1977, le
syndicat commençait une grève légale et établissait
les lignes de piquetage. Depuis ce temps, aussi, le ministère du Travail
est intervenu en désignant un conciliateur, M. Jacques Vanier; ce
conciliateur a eu des rencontres avec les deux parties. Un calendrier de
négociations avait été dressé pour cette semaine
et, malheureusement, le mardi 13 décembre, les négociations ont
été rompues. Cependant, on m'informe ce matin que le même
conciliateur a réussi
à avoir l'accord des deux parties pour des rencontres dès
mardi prochain.
Le Président: Le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre des Affaires sociales, dans sa
réponse ne m'a pas donné d'indication quant aux
congédiements qui sont survenus apparemment pour activités
syndicales et quant à la suite qui a été donnée
à une demande que je lui faisais, à savoir s'il interviendrait
pour mettre fin ou modifier, d'une certaine manière, le recrutement qui
était fait encore cette semaine pour remplacer les employés
congédiés ainsi, de manière apparemment
illégale.
M. Lazure: M. le Président, effectivement, il y a eu
congédiement de sept syndiqués. Le congédiement tient
toujours. Les renseignements que nous obtenons, autant de notre direction des
relations de travail que du ministère du Travail, nous indiquent
clairement que ces congédiements pourront être discutés de
nouveau par les deux parties. Comme il arrive très souvent, la
réembauche de ces sept personnes pourrait faire partie de l'entente et
du protocole de retour au travail.
Le Président: Le ministre des Communications m'a
également informé qu'il souhaitait répondre très
brièvement à une question qui a été formulée
antérieurement par un membre de l'Assemblée.
Publications sur deux tournées
ministérielles
M. O'Neill: M. le Président, M. le député de
Johnson s'inquiétait concernant le coût de cahiers d'information
qui avaient été distribués, cahiers d'information qui
portaient sur les tournées ministérielles, pour ce qui est des
deux premiers cahiers, et un autre sur la visite du premier ministre en
France.
Pour ce qui est des deux premiers cahiers qui couvraient les
tournées ministérielles de septembre, il s'agit de cahiers qui
ont été publiés à 325 exemplaires et qui
constituent tout simplement ce qu'on pourrait appeler un genre d'édition
spéciale du type Argus, ou de revue quotidienne, auxquelles notre
direction des communications est tout à fait habituée et qu'elle
a fait comme une partie de son travail quotidien, donc sans budget
spécial, sauf une dépense de $300 pour des travaux de graphiste.
Tout le reste est simplement la cueillette ordinaire qui se fait, la photocopie
ordinaire.
Pour ce qui est du cahier spécial qui couvre la visite du premier
ministre en France, il y a eu 700 exemplaires, au coût total de $2
889.37. Le travail a été, là aussi, exécuté
par le ministère des Communications et chargé au ministère
des Affaires intergouvernementales. C'est tout.
M. Bellemare: Je voudrais simplement ajouter ceci...
M. Johnson: Cela coûte moins cher que faire acheter tout un
cahier dans le journal Le Monde.
M. Bellemare: M. le Président, je n'ai pas à juger
les actes de ceux qui ont été battus dans la province.
Quand le ministre dit que c'est fait par ses employés, cela aussi
coûte de l'argent.
M. O'Neill: Tout comme le travail d'information qui se fait tous
les jours.
M. Bellemare: Oui, mais cela doit être compilé parce
que ce travail, qui est fait par les employés de votre ministère,
doit figurer sur le coût...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le règlement.
Il ne s'agit pas maintenant de lancer un débat. Si le
député a des questions additionnelles, qu'il les pose.
M. Bellemare: Est-ce que le ministre pourrait me dire combien
cela a pris d'heures par les employés et combien d'employés?
M. O'Neill: Je dirai au député de Johnson
simplement ceci: Souvent, des gens nous ont fait le reproche de ne pas donner
assez d'information à la population, nous disant: Vous faites du bon
travail, mais vous ne nous informez pas assez à ce sujet. Pour une fois,
on commence à en faire un peu plus et à très bas prix;
vous devriez vous réjouir.
Le Président: Motions non annoncées.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de Gatineau,
quand il s'agit, au-delà de la période des questions, de la
réponse d'un ministre à une question posée
antérieurement, généralement, en pratique, je ne permets
qu'à celui qui avait formulé la question de répondre.
Autrement, cela prolongerait trop. Encore contre vous, M. le
député de Gatineau.
M. Burns: Demain, M. le député. M. Gratton:
Après-demain.
M. Burns: Demain, car après-demain, c'est dimanche.
Le Président: Motions non annoncées. Enregistrement
des noms sur les votes en suspens.
Projet de loi no 61
M. Burns: M. le Président, nous avions un seul vote en
suspens, la mise aux voix sur le projet de loi no 61, à la suite de la
deuxième lecture.
M. Lavoie: C'est la taxe sur les enfants?
M. Burns: C'est la taxe sur les vêtements.
M. Lavoie: D'enfants!
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
les députés, s'il vous plaît.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion de deuxième lecture
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Nous
allons maintenant mettre aux voix la motion de M. le ministre des Finances
proposant que le projet de loi no 61, Loi modifiant la Loi de l'impôt sur
la vente en détail, soit maintenant lu la deuxième fois. Que ceux
et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Laurin, Morin (Sauvé), Parizeau.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Marois, Landry, Léonard,
Couture, Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, M. de Belleval, Mme Payette, MM.
Lessard, Proulx, Duhaime, Lazure, Léger, Tardif, Garon, Chevrette,
Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Alfred, Martel,
Fallu, Rancourt, Grégoire, Bertrand, Godin, Laplante, de Bellefeuille,
Guay, Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette, Perron, Brassard, Clair,
Gosselin, Lefebvre, Dussault, Charbonneau, Beauséjour, Baril, Bordeleau,
Boucher, Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon,
Jolivet.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Mailloux, Goldbloom, Saindon,
Lamontagne, Giasson, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte, Gratton, Pagé,
Biron, Bellemare, Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Le Moignan, Dubois,
Cordeau, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent
s'abstenir veuilent bien se lever, s'il vous plaît! Trop tard.
Le Secrétaire: Pour: 58 Contre: 27
Abstentions: 0
Le Président: Motion adoptée.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Motion de renvoi à la commission
plénière
M. Burns: M. le Président, je propose que le projet de loi
no 61 soit déféré à la commission
plénière de l'Assemblée nationale.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Une Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Travaux parlementaires
M. Burns: M. le Président, je sais que vous avez au moins
une, sinon plusieurs questions de privilège. Je sais qu'il y en a au
moins une. Je ne sais pas si pour faire avancer les travaux de la Chambre nous
ne pourrions pas immédiatement, avant la question de privilège
je ne vous dérange pas trop? ... donner l'ordre aux deux
commissions, si j'ai le consentement, d'aller siéger
immédiatement.
Je proposerais, M. le Président, si j'avais ce double
consentement, que les deux commissions, soit la commission du travail et de la
main-d'oeuvre relativement au projet de loi no 45 et la commission des
corporations professionnelles relativement au projet de loi no 25
siègent. Si j'ai ce consentement, je fais donc motion pour
qu'immédiatement et jusqu'à minuit, au salon rouge, la commission
du travail et de la main-d'oeuvre se réunisse relativement au projet de
loi no 45, c'est-à-dire, Loi modifiant le Code du travail, avec
suspension de 13 heures à 15 heures et également suspension de 18
heures à 20 heures et, qu'en même temps, à la salle 81-A la
commission des corporations professionnelles se réunisse pour
étudier le projet de loi no 25 relativement au Code des professions,
avec suspension aux mêmes heures jusqu'à minuit. C'est
essentiellement ma proposition, M. le Président.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Bellemare: Un instant, s'il vous plaît! Le programme
dont nous venons de prendre connaissance ne comporte rien pour demain, est-ce
qu'on pourrait avoir une indication?
M. Burns: J'arrivais justement à cela. Donc, demain, la
Chambre ne siégera pas. Après vérification auprès
des membres de la commission du travail, de la d'oeuvre et de l'immigration, il
semble qu'il serait possible de faire siéger cette commission
demain.
M. le Président, je donne donc avis à la Chambre que la
commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration se
réunira demain à compter de 10 heures jusqu'à minuit, et
à moins, je mets ceci comme palliatif, si on peut dire, à mon
avis, que cette commission décide de s'ajourner avant minuit. Ce sera
à elle de décider si elle doit se rendre jusqu'à minuit ou
cesser de fonctionner à 17 heures ou 18 heures ou autre.
L'avis est donné. Cette commission siégera demain
relativement au projet de loi no 45, à compter de 10 heures
jusqu'à minuit, à la salle 81-A.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Nous sommes bien prêts à siéger
jusqu'à minuit, mais si à cause de nos familles et à cause
du fait que nous sommes partis depuis une semaine, on a siégé, on
a fait du bon boulot dans le 45, on pourrait peut-être arrêter
à 13 heures. J'aimerais mieux que ce soit un ordre de la Chambre que de
laisser la Commission exprimer son desiderata.
M. Burns: Non, c'est pour cette raison que j'ai laissé
à la commission le soin de décider elle-même à
quelle heure elle ajournerait.
M. Bellemare:... ne siégera pas. Aucune autre commission,
et il va y avoir seulement le 45.
M. Burns: C'est cela.
M. Bellemare: Cela pénalise nos gens. Jusqu'à 13
heures ce serait convenable et raisonnable, quitte à recommencer lundi
matin.
Des Voix: Non.
M. Bellemare: On est prêt à faire cela.
Des Voix: C'est non.
Question de privilège
Contrat de la Société des
alcools
Le Président: Je pense qu'on devrait faire part de l'avis
de privilège, avant la déclaration ministérielle, puisque
je note que M. le ministre de l'Agriculture a réglé ses
problèmes de circulation.
Je voudrais faire part à l'Assemblée de l'avis de
privilège suivant qui m'a été signifié hier soir.
M. le Président, en vertu des dispositions de notre règlement, je
désire soulever une question de privilège immédiatement
après les affaires courantes relativement à une
déclaration faite par le député de Johnson, le 14
décembre 1977, à 15 h 32, à l'Assemblée nationale,
propos rapportés à la page FV6965, page 1, de la transcription
des débats. "A Shawinigan-Sud, madame, le député qui est
ici en Chambre a donné un bail de $317 000 pour dix ans et cinq
additionnels après. Pensez-vous que c'est un geste de sage
administration? A un ami par dessus le marché, Paul Bélisle. On a
demandé des soumissions qu'on a refusées dans le Nouvelliste et
dans les journaux, qu'on dit ici dans la réponse". Je tiens à
rétablir les faits sur cette question. C'est signé de Yves
Duhaime, député de Saint-Maurice et ministre du Tourisme de la
Chasse et de la Pêche.
Alors, M. le ministre je vous invite à soulever brièvement
votre question de privilège.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, il est des choses que l'on
peut entendre et que l'on peut supporter, mais il y a des limites. Je pense
qu'elles ont été franchies. L'accusation qui est formulée
dans la question de privilège que je soulève devant l'As-
semblée nationale est, à mon sens, très grave et
très sérieuse. Elle constitue d'abord un mensonge
éhonté. En second lieu, ce qui est plus grave, si elle
était fondée, elle me rendrait inhabile à siéger en
cette Chambre puisque cela constituerait possiblement un acte de
corruption.
M. le Président, il s'agit d'un contrat de la
Société des alcools du Québec. J'ai pris mes informations
sur cette question dans le document qui porte le numéro 522 de la
présente session, document qui a été déposé
par mon collègue, le ministre de l'Industrie et du Commerce, à
une question posée par M. O'Gallagher. Les réponses sont
très claires et très nettes. Ce que je veux dire, M. le
Président, c'est qu'il s'agit d'un contrat de la Société
des alcools, que des soumissions ont été demandées, que le
député de Saint-Maurice, ni comme citoyen, ni comme
député, ni comme ministre, en aucun moment, ni directement, ni
indirectement, ni circonstantiellement, n'a entendu parler de ce contrat avant
qu'il ne soit évoqué par le député de Johnson,
hier, en cette Chambre. Je demande, M. le Président, au
député de Johnson de retirer cette affirmation de façon
claire, nette et sans équivoque. Suivant ce qui sera dit ici ce matin
par le député de Johnson, je me réserve ce droit, comme
parlementaire, de recourir aux dispositions de l'article 79 de notre
règlement pour qu'action soit prise, si besoin il y a.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, je soulève une
question de privilège, mais je pourrais invoquer l'article 96 aussi. Il
est vrai que j'ai dit que le ministre avait donné un contrat, mais
j'aurais dû dire que c'est la Société des alcools, et je
prends la parole du ministre.
M. Burns: Donc, si je comprends bien, il s'agit là d'une
rétractation de votre part par rapport aux paroles qui ont
été citées par le ministre. Est-ce que je comprends
bien?
M. Bellemare: Je prends la parole du ministre.
M. Burns: D'accord. M. le Président, nous avions, au
début de la séance, laissé entendre que le ministre de
l'Agriculture avait une déclaration ministérielle à faire.
Je vois maintenant que le ministre de l'Agriculture a réglé ses
problèmes de circulation et qu'il est avec nous. Donc, selon cette
entente, il pourrait peut-être immédiatement faire cette
déclaration ministérielle.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
Déclaration ministérielle
Règlements sur les produits agricoles et les
aliments
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président. C'est le souci d'informer
adéquatement cette Assemblée et l'ensemble de la population qui
m'amène aujourd'hui à
faire une déclaration relative aux règlements sur les
produits agricoles et les aliments dont la version finale vient d'être
adoptée par le Conseil des ministres, et ce même si sa publication
dans la Gazette officielle n'est prévue qu'en janvier prochain en raison
d'un délai d'impression.
Je sais que plusieurs personnes liées à l'industrie des
viandes attendent ces renseignements avec impatience. L'adoption de la loi 43
en août dernier a déjà permis de clarifier bien des choses,
notamment, en enlevant l'épée de Damoclès qui planait
depuis plusieurs années au-dessus des petits abattoirs, mais il restait
à préciser la version finale des règlements et, surtout,
à déterminer les dates de l'entrée en vigueur des articles
de la loi créant l'obligation à certaines entreprises de
détenir un permis pour travailler dans le secteur des viandes.
Nous n'avons pas voulu procéder à la hâte avec ce
projet de règlement mais bien prendre le temps de consulter tous les
intéressés, comme nous l'avons dit à la commission
parlementaire. Le Conseil de l'alimentation du Québec, le Conseil des
salaisons du Canada, l'Union des salaisons et abattoirs du Québec,
l'Association des fondoirs, l'Association pour la conservation des petits
abattoirs, pour ne nommer que ceux-ci, sont parmi les organismes que nous avons
rencontrés afin de passer le règlement en revue. Comme ce
règlement est très technique, j'aimerais limiter ma
déclaration d'aujourd'hui aux seules considérations des dates
d'entrée en vigueur. En plus de la publication du règlement dans
la Gazette officielle, je peux assurer cette Assemblée que toutes les
personnes intéressées pourront recevoir une information
adéquate à leurs besoins d'ici la fin de janvier ou la
mi-février.
Comme vous le savez, la Loi sur les produits agricoles et les aliments,
telle qu'amendée par la loi 43, prévoit pour toutes les
entreprises oeuvrant dans l'abattage et la préparation des viandes pour
fins de vente en gros l'obligation de détenir un permis. Ce permis
implique le respect de normes très précises quant aux
édifices, aux instruments, aux modes de fonctionnement, aux
températures de conservation des produits, etc. En corollaire à
ces normes, un système d'inspection obligatoire et permanente est
prévu pour les entreprises soumises à un permis.
Une seule exception est prévue à l'obligation de
détenir un permis et elle concerne les personnes qui, au moment du
dépôt du projet de loi 43, le 14 juin 1977, exploitaient un petit
abattoir servant à alimenter leur propre comptoir de vente en
détail. Ces personnes pourront continuer d'assurer sans permis en
étant soumises aux règles d'hygiène et de
salubrité, mais elles devront limiter leurs activités à la
vente, à leurs propres comptoirs, de viandes provenant d'animaux abattus
dans leurs établissements et qui devront être consommées
directement par les personnes qui les achètent.
Le règlement prévoit aussi l'obligation pour tous les
détaillants de viandes et de produits carnés de s'approvisionner
dans les abattoirs ou les ateliers de préparation de viandes
détenant un permis. Quant aux restaurateurs, y compris les responsables
d'institutions exploitant un service de cuisine-, ils devront s'approvisionner
soit auprès d'entreprises sous permis, soit auprès de
détaillants qui auront eux-mêmes acquis leurs viandes dans des
établissements sous permis.
Permettez-moi maintenant, M. le Président, de revenir à
l'essentiel de cette déclaration. Le Conseil des ministres, lors de sa
réunion du 14 décembre dernier, a décidé que les
paragraphes a) et b) de l'article 6 de la loi qui établissent
l'obligation pour les abattoirs et les ateliers de préparation de
viandes et d'aliments carnés pour fins de vente en gros de
détenir un permis s'appliquera à compter du 31 décembre
1979.
Une proclamation à cet effet sera publiée dans une
prochaine Gazette officielle. M. le Président, je me suis
déjà engagé en commission parlementaire à laisser
à tous les intéressés le temps de s'adapter aux nouvelles
exigences et de prendre les décisions qui s'imposent dans leur cas. Je
crois que ce délai de deux ans respecte cet engagement. Les gens de
l'Opposition m'avaient à l'époque suggéré un
délai de 18 mois. Comme vous pouvez le constater, nous sommes
allés plus loin que cela.
Cela ne veut pas dire que les propriétaires de petits abattoirs,
par exemple, peuvent attendre jusqu'au 31 décembre 1979 pour faire les
choix qui s'imposent. Ceux d'entre eux qui voudront respecter les normes
relatives aux abattoirs et aux ateliers de préparation pour fins de
vente en gros devront l'avoir fait à ce moment et être en mesure
de fonctionner conformément au permis avec tous les
débouchés que cela comporte. Deux autres choix s'offrent aux
propriétaires de petits abattoirs: se prévaloir de l'exception
prévue à la loi et continuer à fonctionner sans permis
mais en se limitant à la vente au détail, ou fermer leurs
établissements. Ni l'une, ni l'autre des deux premières solutions
ne nous intéressent.
Dans ce dernier cas, ils auront dix-huit mois à compter de la
date de publication du règlement dans la Gazette officielle pour
réclamer l'indemnisation à laquelle ils ont droit en vertu du
programme de rationalisation du secteur des viandes. Pour ce qui est des
entreprises oeuvrant dans le secteur des viandes impropres à la
consommation humaine, c'est-à-dire les récupérateurs
d'animaux morts, les ateliers d'équarrissage, les fondoirs, etc.,
l'obligation de détenir un permis s'appliquera à compter du 31
décembre 1978.
Une Voix: 1979.
M. Garon: Comment?
Une Voix: 1979.
M. Garon: 1978 pour l'obligation de détenir un permis pour
le secteur des viandes impropres à la consommation humaine. Ce
délai plus court s'explique, M. le Président, par le fait que les
entreprises de ce secteur sont beaucoup moins nombreu-
ses et déjà assez bien organisées pour
répondre rapidement aux normes. De toute façon, comme je l'ai
déjà mentionné, ces dates ont fait l'objet de
consultations avec les associations concernées qui les ont
acceptées.
En terminant, M. le Président, j'aimerais insister sur un point
très important. Dans le passé, les gens du secteur des viandes se
sont déjà fait dire à quatre reprises qu'ils devraient
détenir un permis à compter de telle date pour pouvoir
fonctionner et, à chaque occasion, on a remis l'échéance
à plus tard. Les dates que j'ai annoncées aujourd'hui feront
l'objet d'une proclamation dans la Gazette officielle. Elles prévoient
des délais qui, comme je l'ai déjà mentionné,
laissent à tous les intéressés le temps de s'adapter aux
nouvelles exigences. Elles sont aussi finales et définitives. Nous
sommes d'accord pour que la rationalisation du secteur des viandes au
Québec se fasse par étapes, sans bousculer ni aliéner les
droits des personnes qui vivent de cette industrie, mais nous voulons aussi
qu'elle se fasse à un moment donné.
Notre objectif est d'assurer une protection maximale au public
consommateur et la mise en place de structures capables d'assurer au
Québec une place concurrentielle sur le marché des viandes.
Encore une fois, nous croyons que cela peut se faire sans nier le droit du
petit à l'existence.
Le Vice-Président: M. le député de
Maskinongé.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, le ministre, dans sa
déclaration ministérielle, nous annonce ce matin qu'il fera
publier dans la Gazette officielle de janvier 1978 la version finale des
règlements qui compléteront la loi 43, Loi sur les produits
agricoles et les aliments. Nous nous réjouissons que ces
règlements soient enfin connus des propriétaires de petits
abattoirs. Malheureusement, le ministre n'a pas jugé bon de nous en
remettre une copie pour que nous puissions en analyser les implications. A la
lecture de cette déclaration, l'Opposition officielle est à
même de constater que le ministre et les fonctionnaires du ministre ont
été ébranlés par les judicieuses suggestions faites
par nous-mêmes en commission parlementaire lors de l'étude de la
loi 43, puisque l'obligation pour les propriétaires d'abattoirs et les
ateliers de préparation de viandes et d'aliments carnés pour fins
de vente en gros de détenir un permis ne s'appliquera qu'à
compter du 31 décembre 1979.
C'est à la lumière de l'application de ces
règlements que nous pourrons porter un jugement de valeur, puisque le
ministre a été muet dans sa déclaration sur plusieurs
éléments de ces règlements, telles, entre autres, les
normes d'hygiène et de salubrité et aussi les normes quant aux
édifices, aux instruments et aux modes d'opération. Combien en
coûtera-t-il aux propriétaires de petits abattoirs pour obtenir un
tel permis? Seul le règlement peut répondre à cette
question, car le ministre dans sa déclaration ministérielle n'a
pas donné les explications pertinentes. C'est à l'étude
des crédits du ministère, M. le Président, que nous en
rediscuterons.
Le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, je dois dire au ministre que
j'ai été un peu désappointé de voir la longueur du
communiqué de presse ce matin, la longueur de la déclaration
ministérielle de ce matin pour nous dire une chose, savoir que les
règlements vont être déposés au mois de janvier et
vont donner une extension jusqu'en 1979, chose à laquelle les
intéressés s'attendaient. Il n'y a pas de grand changement, on
nous annonce que les règlements sont très techniques, on s'y
attendait, on l'avait même dit à plusieurs reprises. On nous dit,
dans la déclaration ministérielle, qu'il y aura un permis pour la
viande dans le gros et qu'il y aura également une exception pour les
petits abattoirs pour consommation par les acheteurs. Ce sont encore des choses
qu'on savait, cela a été réglé au niveau des
discussions en commission.
Il n'y a aucune allusion à un point bien précis, ce sur
quoi porte le différend depuis au-delà de deux ans. J'aurais
aimé entendre je parlais ce matin avec des gens des petits
abattoirs le ministre nous dire ce qui en était des demandes de
permis des petits abattoirs pour la consommation. Est-ce que la
négociation est à ce point avancée qu'elle leur permettra
leur survie est là d'alimenter les commerces locaux, les
foyers, les magasins, les institutions locales, leurs clients réguliers?
Vous n'êtes pas sans savoir que la négociation là-dessus
est le point chaud.
Quand on m'a parlé, ce matin, d'un communiqué du ministre,
j'étais assuré qu'il porterait là-dessus, puisque c'est ce
qui va assurer la survie des petits abattoirs. Il est de toute évidence
que si les petits abattoirs ne doivent abattre que pour les clients locaux,
pour la consommation des familles, c'est inutile, on n'aura encore rien fait
là-dedans. Les grands abattoirs, vous le savez, la CECO l'a
prouvé, ce n'est pas là que le problème se posait.
C'était un contrôle qu'il fallait là-dessus; Dominion,
à Magog, l'enquête a porté longuement sur les abattoirs de
Magog, le ministre le sait, on peut manger à terre dans ces abattoirs
tellement c'est propre.
Ce qu'on voulait savoir ce matin, c'est si le ministre est en mesure de
nous assurer la survie des petits abattoirs? Leur survie dépend
majoritairement du pouvoir d'alimenter les petits commerces dans les
régions exclusivement rurales. Il n'y a aucune assurance de ce
côté.
Maintenant, il y a un autre point que j'aurais voulu lire ce matin dans
la déclaration du ministre. Ce sont des détails sur
l'indemnisation pour ceux qui choisiront de fermer leurs portes, qui n'auront
pas suffisamment pour garder les abattoirs en marche. Il n'y a aucune
allusion...
M. Garon: C'est déjà fait.
M. Grenier: Bien, oui, ce sera dans la réglementation,
mais vous avez fait une déclaration ce matin pour nous apprendre...
M. Garon: J'ai déjà fait une déclaration
là-dessus.
Le Vice-Président: A l'ordre! En vertu de l'article 179.2,
le ministre a droit de réplique à son tour.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, vous avez là un
secteur qui est exclusivement provincial. Ce matin, le ministre ne pouvait
quand même pas nous dire que cela dépendait du
fédéral si les règlements ne seront publiés qu'au
mois de janvier et si les délais sont jusqu'en 1979. C'est uniquement
provincial.
M. Bellemare: C'est vrai, c'est vrai. M. Boucher: C'est du
charriage.
M. Grenier: Ce n'est pas du charriage. On aurait voulu savoir
quelque chose dans le communiqué de presse. Si le député
d'Arthabaska trouve que le communiqué est correct...
M. Baril: Question de privilège, M. le
Président.
M. Grenier: Je ne sais pas si c'est lui qui est intervenu,
excusez-moi...
M. Baril: Question de privilège, M. le
Président.
M. Grenier: ... M. le député de Kamouraska. M.
Boucher: Rivière-du-Loup.
M. Grenier: Excusez-moi, M. le député. Je parle du
député de Rivière-du-Loup. Si on se satisfait du
communiqué émis par le ministre ce matin, moi je ne suis pas
satisfait. L'Association des petits abattoirs de ma région sera loin
d'être satisfaite. La façon de les faire vivre, c'est de pouvoir
alimenter les commerces locaux et il n'y a pas d'indication dans le
communiqué de ce matin, qui a cinq pages. Quand je dis que le
gouvernement est très volubile, on ne demande pas la parole, cela lui
va, mais passer aux gestes, c'est difficile. On en a un exemple: cinq pages
pour nous dire que des règlements vont nous être produits au cours
du mois de janvier. Cinq pages pour nous dire cela. J'aurais aimé
entendre si le noeud du problème est amorcé et à quel
point il en est exactement. Il y a des choses qui sont négociées
depuis longtemps et dont je me réjouis, M. le ministre, je peux vous le
dire. C'est réglé, mais on le savait; cela ne prenait pas une
déclaration ministérielle pour nous le dire ce matin, on le
savait. Vous y faites allusion, ce sont de bons points et on l'a appuyé
dans le temps, vous le savez. Mais j'aurais voulu avoir des
éclaircissements sur deux choses bien précises: Le pouvoir
d'alimenter les commerces locaux, les producteurs, les foyers, les institutions
et la réglementation pour l'indemnisation de ceux qui devront fermer
leurs portes.
M. Roy: Avec votre permission, M. le Président, je
voudrais dire que j'ai demandé le consentement, tout à l'heure,
pour qu'on revienne à cela.
Le Vice-Président: Oui, d'accord, M. le
député de Beauce-Sud, vous comprendrez pourquoi je me
lève. Je pense qu'il y a consentement pour qu'on vous entende.
Des Voix: Oui.
Le Vice-Président: Bon, vous avez le consentement, M. le
député de Beauce-Sud. Je dois suspendre le règlement.
M. Fabien Roy
M. Roy: Etant donné l'intérêt que j'ai
manifesté à ce dossier depuis le début, je n'abuserai pas.
J'aurais aimé que le ministre dépose ce matin la copie des
règlements amendés, puisqu'il parle d'une version finale. Etant
donné le conflit qui existe depuis longtemps entre les ministres et les
hauts fonctionnaires du gouvernement, je ne sais pas si on est en face d'une
victoire du ministre ou d'une victoire des fonctionnaires. Je suis très
prudent et j'exprime beaucoup de réserves sur cette question.
Le ministre parle du choix. Je suis heureux qu'on accorde quand
même jusqu'au 31 décembre 1979 aux propriétaires de petits
abattoirs pour faire leur choix. Ils auront au moins une consolation, l'agonie
est prolongée pour un certain nombre d'entre eux. Maintenant, est-ce un
choix réel ou un choix fictif? Personne n'est en mesure de
répondre parce que jusqu'à présent on attachait
énormément d'importance aux instruments, aux outils, aux
bâtisses plutôt qu'à la qualité de la viande; ces
gens auraient été prêts à faire inspecter leur
viande par les inspecteurs du gouvernement, n'importe qui, n'importe quand, et
cela n'a jamais été fait. Jamais le ministère n'a voulu le
faire non plus.
Le député de Mégantic-Compton a soulevé le
gros point de la question. Les petits abattoirs, qui sont
disséminés dans toutes les régions du Québec, ont
besoin de faire de la vente en gros et au détail pour survivre. D'abord,
pour desservir la classe agricole du milieu qui trouve de meilleurs prix pour
son bétail c'est extrêmement important si on veut penser
à l'intérêt de la classe agricole et,
deuxièmement, pour que les commerces et la population du milieu puissent
encourager des entreprises de leur milieu, c'est-à-dire qui abattent des
animaux produits par les agriculteurs du milieu. Si on veut parler
d'économie régionale, c'est un secteur qui touche
fondamentalement l'économie régionale.
Il y a beaucoup d'inconnu dans les cinq pages qui ont été
lues par le ministre de l'Agriculture. Je
me réfère même à l'article 177 qui dit ceci:
"Quand un ministre cite, ne serait-ce qu'en partie, un document, il peut
être requis sans autre formalité de le déposer
immédiatement". Etant donné que le ministre a cité
quelques extraits du document et en vertu de cet article, je demanderais au
ministre de déposer devant l'Assemblée nationale une copie des
nouveaux règlements. Merci.
Le Vice-Président: M. le ministre, un instant. J'aurais
deux remarques brèves. Comme je ne sais pas si les règlements
sont déjà rédigés, je peux difficilement donner un
ordre en conséquence. Je rappelle à M. le ministre qu'il a un
court droit de réplique en vertu du règlement.
M. Jean Garon
M. Garon: Que ma réplique soit courte? Je n'en reviens pas
de l'ignorance de l'Opposition, je suis estomaqué! Quand j'entends le
député de Mégantic-Compton me parler des
indemnités, cela fait des mois que c'est adopté et cela a
été annoncé que les indemnités ont
été augmentées de 50%, et rétroactivement pour ceux
qui avaient été indemnisés avant la nouvelle indemnisation
afin qu'ils ne soient pas pénalisés. Cela fait longtemps, tout le
monde est au courant de cela, sauf lui. Je n'en reviens pas! J'en suis
abasourdi! Ces gens-là ne suivent pas leurs dossiers, ils ne connaissent
rien là-dedans. Plus que cela, les fonctionnaires, pour contenter le
député de Beauce-Sud, ont été applaudis par
l'Association pour la conservation des petits abattoirs à la fin de la
réunion de consultation; est-ce assez fort? Cela fait un changement, qui
s'est passé.
Aujourd'hui, tout ce que j'ai annoncé tout le reste avait
été dit avant c'est quand s'appliquerait le
règlement, tel que je l'avais dit en commission parlementaire et comme
les gens le souhaitaient. On l'a revu avec toutes les associations, sans
exception, concernées par la consommation de viande humaine. Pas la
viande humaine!
Des Voix: Oh! Oh! Oh!
M. Garon: La viande propre à la consommation humaine.
M. Grenier: Hier soir, cela a été
réglé.
M. Bellemare: Anthropophage. Je ne pensais pas que vous
étiez un homme comme cela!
M. Garon: Propre à la consommation humaine et de la viande
impropre.
M. Bellemare: Oh! De la viande humaine!
M. Garon: Aujourd'hui, ce délai a été
convenu avec l'association qui démontrait que cela avait du bon sens, un
délai comme celui-là. Je pense que ceux qui oeuvrent dans ce
secteur sont satisfaits de ce qui est présenté.
Il restait aujourd'hui à faire cela. Evidemment, consulter toutes
ces associations, corriger des règlements pour tenir compte des
représentations de tout le monde... Il y a peut-être une
association qui n'est pas satisfaite, c'est l'Ordre des médecins
vétérinaires, parce que, si on les avait écoutés,
il y aurait eu un vétérinaire assis à côté de
chaque personne prenant une bouchée de viande. Cela coûterait
cher. Alors, ce sont les seuls qui ne sont peut-être pas satisfaits, je
pense, mais les autres le sont.
M. Bellemare: Je ne vous pensais pas un homme comme ça. Je
ne pensais pas que vous étiez comme cela.
M. Garon: Je pense, M. le Président, que l'ensemble des
gens sont satisfaits. D'ici la fin de janvier ou le début de
février, on va faire imprimer des plaquettes pour les distribuer selon
les genres, les plaquettes pour les abattoirs, abattoirs sous inspection
permanente, abattoirs pour charcuterie sous inspection, différents types
de permis possibles pour que tout le monde sache exactement qu'elles seront les
indemnisations pour ceux qui se retirent, les possibilités de
subventions pour ceux qui vont se moderniser, pour que tout le monde sache
exactement ce qui se passe dans ce secteur pour que ce soit la paix. En
même temps cela va être la rationalisation de tout le secteur des
viandes.
M. Bellemare: Oui.
M. Garon: Je vous dis que le système
québécois va être un modèle qu'on viendra voir de
plusieurs pays dans le monde, pour savoir comment faire cela. Parce que vous
savez quelles guerres il y a eu en France pour la modernisation. Ici, depuis le
15 novembre, cela se fait dans l'harmonie, dans le bonheur et dans la
prospérité.
M. Roy: M. le Président, sur un point de
règlement.
Le Vice-Président: Un instant. M. le député
de Beauce-Sud, est-ce une question de règlement?
M. Roy: Oui, sur un point de règlement, les
documents...
Le Vice-Président: Oui, à l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Beauce-Sud, une question de
règlement.
M. Roy: ... en vertu de l'article 177... Le
Vice-Président: Non, à l'ordre!
M. Garon: Justement, je vais faire remettre, le plus rapidement
possible, aujourd'hui même, à chacun des députés
je pense que c'est un oubli une copie du règlement avant
sa publication dans la Gazette officielle, immédiatement, aujourd'hui
même.
M. Roy: Merci, bravo!
Le Vice-Président: Alors, c'est réglé.
Merci, M. le ministre, merci, M. le député de Beauce-Sud. M. le
leader parlementaire du gouvernement. Affaires du jour.
M. Burns: Affaires du jour.
Le Vice-Président: Exactement.
Travaux parlementaires (suite)
M. Burns: M. le Président, pour donner une idée des
travaux de la journée, je pourrais peut-être d'abord... Je l'ai
fait auprès des leaders parlementaires et du député de
Beauce-Sud, mais je pense bien que tous les députés sont
intéressés à avoir une espèce de projection ou une
prospective de la journée. D'abord, je vous demanderai tout à
l'heure, M. le Président, premier élément, d'appeler
l'article 23 qui est la prise en considération du rapport de la
commission conjointe des affaires sociales et de la justice relativement au
projet de loi no 24. On me dit que de ce côté il n'y a pas
tellement de difficultés; il n'y a même pas d'amendements qui sont
proposés au rapport. Ensuite, nous pourrions passer à la Loi
modifiant la Loi des droits sur les mines, mais je ne suis pas certain,
étant donné un autre élément de notre travail
aujourd'hui, que le ministre sera disponible, parce que je sais que le ministre
des Richesses naturelles est retenu ailleurs actuellement pour une raison que
j'évoquerai tout à l'heure.
M. Grenier: A East Angus?
M. Burns: Non, non, ici à Québec, pas loin, dans un
bureau, tout près d'ici. J'appellerais également, M. le
Président, par la suite, la commission plénière
relativement au projet de loi no 78, Loi modifiant la Loi de la
Législature dont j'ai la responsabilité. Là-dessus, je
pense que je peux vous dire tout de suite que j'aurai un seul amendement ou en
fait un amendement et une concordance à l'intérieur du projet de
loi. Je pourrais également appeler, par la suite, la reprise du
débat sur la motion de M.Tremblay proposant la deuxième lecture
du projet de loi 79, Loi facilitant la conversion au système
international d'unités (SI) à d'autres unités couramment
utilisées. Malheureusement, à cause du fait que le ministre de
l'Industrie et du Commerce est retenu ailleurs, même s'il est à
Québec, à cause d'un problème assez précis, je ne
pourrai pas appeler, comme j'avais l'intention de le faire au début, le
projet de loi no 80, Loi constituant l'Institut national de
productivité, de sorte que dès cet après-midi, nous
pourrions entreprendre le débat, ou du moins l'amorcer, relativement
à la Société nationale de l'amiante.
Je vous signale justement que c'est la raison pour laquelle le ministre
des Richesses naturelles, M. le Président, n'est pas présent
actuellement. Il est en train de mettre la dernière main à sa
présentation de deuxième lecture relativement à ce projet
de loi. Ce seraient les travaux pour la journée, en principe
jusqu'à minuit, mais, si jamais tout allait bien, cela pourrait finir
plus tôt que cela. Je ne suis pas entêté sur le fait de
siéger jusqu'à minuit si la chose ne nous paraît pas
nécessaire.
M. Bellemare: M. le Président, je vous remercie...
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: ... de nous avoir donné ces indications. Il
y a un point de suspension sur trois lois: 70, 80 et 81.
M. Burns: II n'y a pas 70 dans mon programme. Ah, l'amiante
à la fin, oui.
M. Bellemare: Oui, mais si le ministre n'y est pas pour les
projets de loi nos 70, 80 et 81?
M. Burns: II va être là pour 70, je peux vous
l'assurer, cet après-midi.
M. Bellemare: II va être là pour les projets de loi
nos 80 et 81 aussi?
M. Burns: C'est-à-dire que, peut-être, je sauterai
81 par rapport à l'ordre que je vous avais présenté tout
à l'heure. Si j'ai à reporter cela à un peu plus tard,
c'est que le ministre sera là, évidemment. Dans le cas du projet
de loi no 70, c'est absolument certain qu'il sera ici cet
après-midi.
Le Vice-Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Est-ce que je dois comprendre qu'il est à peu
près assuré que le projet de loi no 73 ne sera appelé ni
cet après-midi, ni en soirée?
M. Burns: Je m'excuse, mais le projet de loi no 73...
M. Bellemare: Corporations intermunicipales de transport.
M. Burns: Non, pas avant lundi, c'est certain.
M. Goulet: M. le Président, à la suite des propos
du leader, j'aimerais savoir si pour le projet de loi no 80 il a dit c'est
possible ou si c'est catégorique que c'est non, pas aujourd'hui.
M. Burns: Ce n'est pas sûr. D'accord?
Le Vice-Président: D'accord. Est-ce que moi-même, M.
le leader parlementaire du gouvernement...
M. Burns: M. le Président, je demanderais donc...
M. Lavoie: Un instant.
Le Vice-Président: Un instant. M. le leader parlementaire
de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Nous pouvons toujours invoquer l'article 34 à
ce stade-ci. On n'a pas entrepris les affaires du jour. Nous voyons, en avis
aujourd'hui, six lois publiques, dont la Loi sur la consultation populaire.
J'imagine que cette loi sera déposée dans le cours de la semaine
prochaine.
M. Burns: Elle est passée au comité de
législation et elle sera déposée, mais uniquement pour
fins de dépôt, pour que les gens en prennent connaissance. Il ne
faut pas s'énerver. Je n'ai pas l'intention de la faire adopter. Ce
serait vraiment outrancier de ma part de vouloir la faire adopter avant
l'ajournement des Fêtes ou entre les Fêtes, si on doit revenir
après Noèl.
M. Lavoie: Est-ce l'intention du ministre de
déférer ce projet de loi à une commission avant la
deuxième lecture pour qu'il y ait auditions peut-être avant la
reprise de la prochaine session?
M. Burns: Nous cogitons à ce sujet. Je pourrai vous donner
une réponse certaine la semaine prochaine, mais, au moment où je
vous parle, ce n'est pas mon intention de déférer cela
après la première lecture, étant donné que le
projet de loi est, à toutes fins utiles, une réponse, soit
négative, soit positive, à tous les mémoires qui nous ont
été soumis en commission parlementaire à la suite du livre
blanc.
M. Lavoie: Est-ce qu'il aurait pu y avoir une autre
réponse ni positive, ni négative, aux représentations qui
ont été faites? Est-ce qu'il y aurait pu y avoir une
réponse intermédiaire entre le positif et le négatif aux
questions qui ont été posées soit par les
députés de l'Opposition ou par les témoins qui ont comparu
lors de l'étude en commission du livre gris sur la consultation
populaire?
M. Burns: C'est un livre blanc avec des coins verts. C'est bien
différent. Tout le monde sait ce qu'est un livre vert. Un livre vert
n'est pas une position définitive du gouvernement; donc, il y avait des
coins verts dans le livre blanc. Nous avons tenu compte dans la
rédaction du projet de loi il est à l'impression
actuellement et il sera prêt la semaine prochaine de beaucoup
d'arguments qui nous ont été soumis aux séances de la
commission.
Pour le moment je vous dis qu'il m'apparaî-trait vraiment comme
étant une perte de temps délibérée des travaux de
la Chambre si nous reprenions exactement les mêmes auditions que nous
avons eues relativement au livre blanc, étant donné que, d'une
part, ou bien nous acceptons la recommandation qui nous est faite par tel ou
tel groupe et nous l'incluons dans le projet de loi, ou bien nous la refusons.
A ce moment, nous avons fait notre lit. Je ne vois pas pourquoi, devant un
projet de loi, on entendrait à nouveau les mêmes arguments pour
nous dire pourquoi on n'aurait pas dû mettre cela dans le projet de loi.
Je vous dirai de façon certaine, la semaine prochaine, lorsque nous
déposerons le projet de loi, si nous le déférons en
commission parlementaire ou non. Au moment où je vous parle, ce n'est
pas mon intention.
M. Lavoie: Nous pourrons revenir lors du dépôt de ce
projet de loi. En ce qui concerne les cinq autres lois qui apparaissent en
avis, le leader parlementaire du gouvernement pourrait-il nous donner une
réponse nous disant si ces projets de loi sont là pour
étude et adoption d'ici la fin de la présente session ou
uniquement pour dépôt?
M. Burns: Nous avons donné la réponse relativement
au premier, soit celui qui est inscrit à mon nom, Loi sur la
consultation populaire. Je n'ai pas à revenir là-dessus.
La Loi modifiant la Charte de la Caisse de dépôt et
placement du Québec est pour adoption avant la fin de la session.
Quant à la Loi concernant la Communauté urbaine de
Montréal, dès aujourd'hui, je dois discuter, à ce sujet
avec le ministre des Affaires municipales, de sorte que je pourrai vous donner
une réponse beaucoup plus certaine la semaine prochaine.
La Loi modifiant la Charte de la Société
québécoise d'exploration minière, c'est-à-dire
SOQUEM est pour adoption avant les Fêtes.
La Loi modifiant la Loi du régime des eaux. Je dois
également rencontrer, aujourd'hui, le ministre
délégué à l'énergie pour avoir son avis
à ce sujet. Encore une fois, je pourrai vous donner une réponse
certaine en même temps que je vous donnerai celle relativement au projet
de loi concernant la Communauté urbaine de Montréal.
La loi qui est également inscrite à mon nom, Loi modifiant
la Loi régissant le financement des partis politiques et modifiant la
Loi électorale, à la suite de tractations ou de discussions que
j'ai eues avec l'Opposition, il nous est nécessaire, dans un tout petit
amendement, d'ajuster la loi par rapport aux négociations que nous avons
eues. Evidemment, c'est pour adoption et, si possible, même lundi, afin
de mettre en application cette loi le plus rapidement possible, à la
suite des discussions que nous avons eues.
M. Bellemare: D'accord. On est bien au courant.
M. Burns: Ce sont les six lois qui apparaissent en appendice,
actuellement. Je me réserve donc le droit de vous donner une
réponse définitive concernant la loi inscrite au nom du ministre
des Affaires municipales et celle qui est inscrite au nom du ministre
délégué à l'énergie.
M. Lavoie: Est-ce que des projets de loi seront
déposés ou seront considérés pour adoption
avant
la fin de la session outre ceux qui sont actuellement en avis
actuellement?
M. Burns: C'est possible, mais si tel était le cas, je
peux assurer le leader de l'Opposition que ce ne seront pas des lois
substantielles du style du projet de loi no 45 ou du projet de loi no 67. Ce
seraient des lois d'accommodement ou des lois administratives, à toutes
fins utiles. Il n'y a pas de doute qu'il s'agit de réduire le plus
possible notre menu de fin de session si nous voulons quitter
l'Assemblée nationale à une date normale.
M. Lavoie: Une dernière question. En ce qui concerne
justement les lois qui apparaissent au feuilleton, je comprends qu'en ce qui
concerne la première, elle est à l'impression actuellement, mais
si parmi les autres vous auriez actuellement des lois de prêtes pour
dépôt, qui seraient imprimées et que vous auriez à
votre disposition, nous serions prêts à donner notre consentement
unanime pour que vous puissiez les déposer aujourd'hui afin que les
députés puissent en prendre connaissance durant la fin de
semaine. Je crois que ce serait une bonne suggestion en les déposant le
plus vite possible.
M. Burns: Je prends bonne note de votre suggestion. Elle est
très positive.
Le Vice-Président: Un instant. Ce consentement est-il
accordé de tous?
M. Roy: Oui.
M. Burns: D'ailleurs, c'est très positif comme suggestion.
J'en prends bonne note. Je peux signaler déjà à nos
collègues qu'une loi qui n'a pas encore été
déposée et qui apparaît à l'article f), une copie
des galées a été remise aux critiques officiels de chacun
des partis de l'Opposition, évidemment sous le sceau de la confidence,
parce qu'elle a des implications assez importantes. Justement pour permettre
une réflexion du coté de l'Opposition durant la fin de semaine
pour voir si on ne pourrait pas rapidement adopter ce projet de loi. Je n'ai
pas d'objection. D'autre part, je vais vérifier auprès de mon
bureau si les autres projets de loi sont prêts. S'ils sont prêts,
à la suite de la suggestion du leader de l'Opposition, je les
déposerai dans les meilleurs délais au cours de la
journée.
M. Lavoie: La loi qui apparaît à l'article h), Loi
modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires...
M. Burns: J'ai l'impression que je ne pourrai pas déposer
cette loi aujourd'hui. Elle sera sûrement déposée lundi. Je
peux prendre un engagement pour lundi. Pardon?
M. Bellemare: A cause du délai.
M. Burns: Oui. Je vois le député de Laval sourire
un peu, à mon endroit, j'imagine. Il va avoir des surprises dans cette
loi.
Alors, M. le Président, s'il n'y a pas d'autres questions en
vertu de l'article 34.
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît. M.
le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, il a été question
ici à l'Assemblée nationale, particulièrement en
commission parlementaire, d'une loi amendant la Loi de la taxe sur les
carburants relativement à la somme d'un sou le gallon qui doit
être versée à la Régie de l'assurance automobile.
Est-ce que le leader du gouvernement est en mesure de nous dire, aujourd'hui,
si cette loi sera effectivement déposée et adoptée avant
la fin de la session?
M. Burns: II n'y en a pas.
M. Roy: Y a-t-il une loi de prévue?
M. Burns: Ce n'est pas une loi, c'est un amendement à une
des dispositions législatives qui existent déjà, mais il
n'y aura pas de loi spéciale là-dessus.
M. Roy: Autrement dit, cela ne vient pas devant
l'Assemblée nationale.
M. Burns: Cela va revenir mais sous une autre forme que celle
à laquelle vous faites appel.
M. Roy: Je ne parle pas d'une loi spéciale, je parle d'une
loi qui amende la loi, comme telle.
M. Lavoie: C'est intéressant cela.
M. Burns: On n'est pas pour en débattre aujourd'hui, je
vous dis tout de suite que ce sera un amendement à la loi 67,
d'accord?
M. Roy: A la loi 67? M. Burns: Oui.
M. Roy: Bon. J'aimerais aussi demander, M. le Président,
si le leader du gouvernement prévoit présenter d'autres projets
de loi privés d'ici la fin de la session, le projet de loi 241, entre
autres.
M. Burns: Non, sauf les cas d'urgence prouvés. Si vous
êtes en mesure de plaider je m'excuse, je le dis en toute
humilité et en toute modestie également, sauf que c'est mon
boulot, comme leader du gouvernement, de voir aux travaux de la Chambre
que tel ou tel projet de loi privé a un caractère d'urgence tel
qu'on doive faire exception à la règle que j'ai imposée
jusqu'à maintenant, je dirai: Oui. Mais il n'y a plus de projets de loi
privés qu'on va faire adopter, si on veut travailler de façon
normale. A ce moment-là, je serais prêt à vous entendre
là-dessus, M. le député de Beauce-Sud.
Il y a, par exemple, le projet de loi que nous avons adopté en
première lecture et qui est déféré à la
commission des consommateurs, celui de la société de
réassurance. Si nous avons les moyens
de le faire, nous le ferons. Les gens concernés m'ont
prouvé qu'il y avait urgence, dans ce cas, et qu'on ne pouvait pas
attendre au mois de mars ou au mois d'avril pour adopter une telle disposition.
Si tel était le cas, on pourrait peut-être l'adopter rapidement
dans le cours de la semaine prochaine.
M. Roy: D'accord. Alors, je veux tout simplement informer le
leader du gouvernement qu'il s'agirait du projet de loi no 241.
M. Burns: Voulez-vous m'en faire part à l'extérieur
de la Chambre au lieu de retarder tous nos collègues qui attendent
patiemment que nous entreprenions nos travaux? Je suis disposé à
vous entendre là-dessus à l'extérieur de la Chambre.
M. Roy: D'accord. Quant à l'avoir soulevé ici, M.
le Président, quand même, cela peut susciter un consentement
unanime. En tout cas, j'accepte la demande du leader, je le rencontrerai et,
s'il y a lieu de revenir à l'Assemblée nationale, je
reviendrai.
M. Burns: D'accord.
M. Bellemare: M. le Président, juste un détail et
c'est très court.
Le Vice-Président: Oui.
M. Bellemare: Vu qu'il va y avoir la nomination d'un nouveau
président général des élections, est-ce que le
projet de loi 190, qui est déjà à notre feuilleton en
deuxième lecture, pourrait être adopté aussi, le projet de
loi du leader de l'Opposition officielle?
M. Burns: La nomination du futur président
général des élections, de toute façon, n'est pas
une question d'urgence. Mes renseignements sont en ce sens que le juge Drouin
viendrait normalement à son âge de retraite le 28 mai 1978, de
sorte qu'on a le temps d'y repenser.
M. Lavoie: Vous ne considérez pas l'adopter avant la fin
de la session, quand même?
M. Burns: Je ne vous dis pas que je ne considère pas
l'adopter avant la fin de la session, je vous dis qu'on n'est pas pressé
làdessus; il y a quand même d'autres affaires sur lesquelles on
est un petit peu plus pressé.
Le Vice-Président: D'accord.
M. Lavoie: Ce n'est pas une loi compliquée. Non?
M. Burns: Non.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Un
instant.
M. Burns: M. le Président, je vous demande- rais donc
en considération de toutes ces réponses que j'ai
données, je pense bien, fidèlement, de bonne foi et ouvertement,
c'est cela, la transparence d'un gouvernement de procéder
à l'appel de l'article 23.
Le Vice-Président: D'accord. Après ce
mini-débat au sujet de l'article 34 de notre règlement...
M. Burns: On est très larges, M. le Président, vous
et moi.
Rapport sur l'étude en commission du projet de
loi no 24
Le Vice-Président: D'accord. Article 23. C'est M. le
député de Limoilou qui nous a déposé le rapport de
la commission conjointe des affaires sociales et de la justice qui a
étudié le projet de loi no 24. Aujourd'hui, c'est la prise en
considération de ce rapport sur la Loi sur la protection de la
jeunesse.
M. Burns: M. le Président, je suis informé qu'il
n'y a pas eu de demande d'amendements à ce rapport. En
conséquence, je demanderais que le rapport soit agréé.
Le Vice-Président: Ce rapport sera-t-il
agréé? M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Rapport agréé.
Troisième lecture.
Troisième lecture
M. Burns: M. le Président, s'il était possible,
nous pourrions immédiatement disposer de la troisième lecture de
ce projet de loi, étant donné que le ministre d'Etat au
développement social est ici et qu'il pourra en faire la proposition de
troisième lecture. Evidemment, si cela ne pose pas de problème
à qui que ce soit.
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement? Une Voix:
Consentement.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre a une intervention?
Le Vice-Président: M. le ministre... M. Marois: M.
le Président...
Le Vice-Président: ...vous n'avez qu'à faire votre
motion.
M. Pierre Marois
M. Marois: ... je propose l'adoption du projet de loi 24. J'ai eu
l'occasion d'en discuter avec les collègues de l'Opposition qui ont
participé aux travaux de la commission parlementaire. Simplement
quelques mots très rapidement parce que je
sais qu'on a beaucoup de travaux en marche. Je n'ai pas besoin de
revenir sur l'importance de ce projet de loi. Je voudrais quand même,
parce que je sais que ce n'est pas souvent que cela arrive, signaler à
nouveau je crois que c'est important de le signaler quand cela se
présente; cela n'arrive peut-être pas suffisamment souvent dans
les travaux d'un Parlement la qualité du travail de l'ensemble
des parlementaires qui ont été appelés à intervenir
sur le projet de loi.
Je pense que, pour une fois, chacun a été capable de
s'élever au-dessus d'un certain nombre de formes de partisanerie pour
apporter une contribution quand il s'est agi d'un problème aussi
fondamental que celui de reconnaître des droits et d'assurer une
protection qui tardaient à se moderniser, datant de 1950, pour un bloc
aussi considérable dans notre société que celui que
constituent les jeunes. On peut constater qu'avec le consentement de cette
Chambre, il sera possible au fond d'apporter un peu comme une espèce de
cadeau, mais, au fond, un cadeau qui est dû depuis tellement longtemps,
à toute cette couche de la population.
Je voudrais simplement conclure en disant que je sais que le projet de
loi devenant loi instaure et introduit des changements extrêmement
importants. Ces changements qui sont sur le papier vont maintenant supposer des
changements dans les mentalités et les comportements, non seulement
d'intervenants du réseau, mais vont supposer aussi que cette idée
de mise à contribution du milieu soit aussi acceptée comme une
idée, même par les institutions publiques. Donc, cela va supposer
que le changement qui est sur papier maintenant corresponde à une
pratique qui soit elle aussi en conséquence et en conformité avec
ces changements. En terminant, je propose encore une fois l'adoption en
troisième lecture du projet de loi 24.
M. Lavoie: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: ... j'ai consulté le député de
Saint-Laurent qui a travaillé, qui a apporté sa contribution
positive, avec d'autres députés de l'Opposition, au ministre
d'Etat au développement social et on m'a informé, justement, que
le ministre avait pris en considération de nombreux amendements
proposés par les membres de la commission et des groupes qui sont venus
déposer la contribution du milieu. J'appuie totalement le voeu
exprimé par le ministre que, pour des lois importantes, le ministre
reçoive, soit réceptif à la contribution des
parlementaires de quelque formation politique qu'ils soient, et soit
réceptif, également, aux représentations du milieu.
C'est un exemple, justement, que lorsqu'on prend le temps voulu pour
aborder l'étude d'une loi, souvent après une certaine
période de décantation, de considération, les lois sont
adoptées d'une manière collégiale et obtiennent le consen-
tement de tous les groupes. Je crois que c'est un exemple qui devrait
être répété à d'autres occasions. Je crois
que d'autres ministres, qui ont la responsabilité d'autres dossiers,
devraient suivre l'exemple qui s'est vécu et qui a été ce
précédent, je dirais, dans ce nouveau Parlement, et suivre
l'exemple du ministre qui était responsable de ce projet de loi.
Cela pourrait éliminer beaucoup de frictions, beaucoup
d'oppositions, faciliterait et améliorerait la qualité de notre
législation. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts à
adopter ce projet de loi en troisième lecture.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Merci, Mme le Président. Je voudrais appuyer la
position prise par le leader de l'Opposition officielle, car j'ai eu l'occasion
de participer à cette commission parlementaire qui a pris la peine
d'étudier un projet de loi comme il faut. Je suis fier d'avoir
contribué à la nouvelle forme que prend maintenant le projet de
loi no 24. Parce que, vraiment, la Loi sur la protection de la jeunesse
était demandée depuis longtemps. Il fallait avoir une
intervention avant l'intervention judiciaire pour les enfants; c'était
une étape primordiale pour l'amélioration du traitement de nos
jeunes dans notre province.
Madam President, we have experienced so much in this House legislation
through confrontation. At this time, I had the opportunity to participate in a
parliamentary commission that developed legislation through consensus, through
study, through evaluation of all the critical material that was involved. I
must pay credit to the minister responsible for this legislation and his
colleagues, the minister of Justice and the minister of Social Affairs, who
with a positive attitude approached the needs of our youth in this province to
provide them with legislation which will perhaps give us one of the most
enlighten legislative position vis-à-vis youth and youth protection in
the entire world.
We have seen the concept of anti-theorization implanted in that
legislation. We have seen the concept of diversion built into the legislation.
We have seen the concept of the rights of youth built into the legislation.
This, Madam President, I am very pleased to have participated in. This is what
I think our Legislature is supposed to do. Thank you very much.
Mme le Vice-Président: Cette motion du ministre d'Etat au
développement social proposant la troisième lecture du projet de
loi no 24, Loi sur la protection de la jeunesse, est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, je vous demanderais maintenant
d'appeler l'article 3). Si tel était ie cas, je vous demanderais de
quitter votre siège et que la Chambre se transforme en commission
plénière.
Projet de loi no 78
Mme le Vice-Président: C'est une motion du ministre d'Etat
à la réforme électorale et parlementaire concernant le
projet de loi no 78, Loi modifiant la Loi de la Législature.
M. Burns: Je vous demande, Mme le Président, de quitter
votre siège pour que la Chambre se transforme en commission
plénière.
Mme le Vice-Président: Cette motion pour que la Chambre se
transforme en commission plénière est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
Commission plénière
Mme Cuerrier (président de la commission
plénière): A l'ordre!
Projet de loi no 78, Loi modifiant la Loi de la Législature.
Article premier.
M. Burns: Mme le Président, puis-je me permettre de vous
demander de patienter quelques instants? J'ai deux amendements à
proposer au projet de loi et on doit m'apporter incessamment les copies de ces
amendements pour que nous puissions les distribuer. Si on pouvait patienter
quelques secondes, cela ne sera pas tellement long.
Le Président (Mme Cuerrier): Très bien, M. le
leader.
M. Burns: D'accord, Mme le Président, nous sommes
maintenant prêts à procéder à l'examen du projet de
loi no 78.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre d'Etat
à réforme électorale et parlementaire.
M. Burns: Article premier. A l'article 67, il s'agit tout
simplement d'une précision de l'immunité d'un
député à l'occasion des discours qu'il peut prononcer
à l'intérieur de l'Assemblée nationale ou de l'une de ses
commissions. Je n'ai pas de modification à suggérer à cet
article proposé par l'article 1.
M. Lavoie: Croyez-vous que l'amendement est nécessaire
à l'article 67 de la Loi de la Législature? N'y a-t-il pas une
lourdeur, un dédoublement? Est-ce que cela ne serait pas couvert
justement par l'amendement que vous apportez à l'article 72?
M. Burns: L'article 67 vise les députés alors que
l'article 72, que nous traiterons à l'article 2, vise les autres
personnes que les députés qui peuvent, à un moment ou
à un autre, avoir affaires à la diffusion des débats. On
veut faire la distinction entre les deux. De tout temps, nous avons eu cette
espèce d'immunité à peu près automatique
transférée aux journalistes qui rapportaient fidèlement
les paroles d'un député; mais, par contre, il était, je
pense, nécessaire d'améliorer le texte de l'article 67 à
partir du moment où on envisage la possibilité de diffuser, par
d'autres moyens que des moyens écrits, les discours des
députés.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 1, adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article 2.
M. le ministre d'Etat.
M. Burns: A l'article 2, à la suite d'un certain nombre de
discussions que nous avons eues au sein du cabinet du ministre d'Etat à
la réforme électorale et parlementaire, nous nous sommes
penchés sur l'utilisation des mots "en direct" quant à la
référence qui existe dans le deuxième alinéa de
l'article 72 où nous disons, à la deuxième ligne de ce
deuxième alinéa: Dans le cas où une telle action est
intentée en raison de la diffusion en direct par radio, TV, etc. Nous
nous sommes penchés sur l'utilisation de ces mots "en direct" et cela
nous a permis de revoir l'idée qu'il y avait derrière cela. Ce
n'est pas la question de diffusion en direct, croyons-nous, qui devrait donner
cette immunité absolue, parce que c'est une immunité absolue de
la même nature que celle qui est accordée à un
député.
C'est beaucoup plus la diffusion intégrale qui devait donner
cette immunité absolue. En droit on parle juris tantum et juris et de
jure, juris tantum étant une immunité relative, alors que juris
et de jure, c'est absolu. Alors, nous pensons que, dans ce deuxième
alinéa, il serait normal de modifier les mots, dans le deuxième
alinéa, "en direct", par le mot "intégral".
Mme le Président, je propose donc de changer les mots "en direct"
par "intégral" à l'article 72, deuxième alinéa.
M. Gratton: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Gatineau.
M. Burns: Egalement, Mme le Président, je m'excuse, je
n'ai pas terminé. A la fin il faudrait aussi changer les mots, et je
cite, "de simultanéité" par "d'intégralité".
Alors, vous avez, je crois, une copie de l'amendement, à la fin,
c'est une question de concordance.
M. Gratton: Quant à l'amendement il n'y a pas de
problème, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je m'excuse mais je lis le projet de loi pour la
première fois, je voudrais me situer. Dans le cas d'un compte-rendu qui
ne serait pas intégral, mais une édition quelconque, est-ce que
c'est couvert ailleurs?
M. Burns: Ce sera l'article 3, où nous traitons justement
des possibilités de poursuites à la suite de l'utilisation du
document qui va alimenter éventuellement soit une chaîne de TV ou
de radio, ou soit encore un diffuseur particulier qui pourrait tronquer ou
prendre, si vous voulez, une partie quand je dis tronquer, je ne le dis
pas de façon péjorative du document visuel ou auditif qui
serait donné et qui, par la suite, serait tronqué de façon
malicieuse ou de mauvaise foi. Nous en disposons à l'article 3.
M. Gratton: Je m'excuse, je n'avais pas pris connaissance de
l'article 3.
M. Burns: Je vous en prie, cela va.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Burns: D'ailleurs, je tiens à souligner, Mme le
Président, je m'excuse, toujours sur cet article 2, que vous retrouvez
dans ce texte des corrections quant au journal des Débats. En tout cas
il y avait des doutes; du moins l'opinion de M. Bonen-fant nous laissait croire
qu'il pouvait y avoir des doutes que le journal des Débats soit
totalement et substantiellement protégé. Alors, c'est ce pourquoi
nous avons refait le premier alinéa et, par exemple, à la page 2
du projet de loi, vous retrouvez une référence au compte rendu
officiel des débats et du procès-verbal des votes ou des
délibérations et attestant la fidélité de
l'exemplaire.
Alors, par prudence, on a tout simplement dit: Au cas où le
journal des Débats ne serait pas complètement
protégé, pourquoi pas, pendant qu'on y est, le protéger?
C'est ce pourquoi nous faisons cet amendement.
M. Gratton: Adopté, l'amendement. M. Lavoie: Un
instant.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Sur cet article, lors d'une diffusion
électronique ou visuelle, télédiffusée, des travaux
de l'Assemblée ou de commissions, une personne pourrait être
attaquée. Cela peut arriver, et cette attaque pourrait être faite
par un député ou peut-être des témoins devant une
commission. Cette personne attaquée pourrait peut-être subir des
préjudices très graves possiblement.
On sait que par la production télévisée le dommage
peut être beaucoup plus brutal et profond que pour ce qui est reproduit
dans le journal des Débats, même dans les journaux, parce que la
diffusion est moins directe. Est-ce que le ministre n'aurait pas
envisagé, ou n'y aurait-il pas lieu de tenter de trouver un
mécanisme qui pourrait obliger le diffuseur d'un tel incident à
accorder à la personne attaquée la même période
d'antenne à une même heure? On sait que cela existe dans les cas
de libelle, dans les journaux. Je ne suis pas expert. Je pense que le ministre
a sans doute plus d'expérience... D'après la Loi de la presse, on
peut forcer quelqu'un qui commet un libelle de rétracter avec la
même importance, au même endroit, dans une édition
subséquente...
M. Burns: Je m'excuse. On ne peut pas forcer, en vertu de la Loi
de la presse, quelqu'un ou un journal de reproduire à un même
endroit et avec la même importance, comme dit le texte de loi; on ne peut
pas forcer le journal à le faire, mais c'est un préalable
à une action éventuelle en dommages pour diffamation. La
méthode courante qui est utilisée, c'est qu'on dit: J'ai
été diffamé par votre publication de telle date, à
telle page, et je vous demande de faire la rétractation avec la
même importance que vous y avez accordée la première
fois.
Si le journal ne le fait pas, à ce moment-là c'est un
élément qui apparaît comme important dans
l'appréciation des dommages lorsqu'une cause civile est portée
devant le tribunal. Au criminel, la diffamation doit être écrite.
Le Code criminel ne vise pas la diffamation verbale. Le problème est
tout autre. C'est de juridiction de ces deux tribunaux. Il m'apparaît
difficile, à l'occasion de l'adoption d'une loi de la
Législature, ou encore de modifications à la Loi de la
Législature, de régler ces cas qui relèvent d'une toute
autre conception.
Ici, ce qu'on tente de protéger, c'est la liberté du
parlementaire de se sentir totalement protégé au sujet des
paroles qu'il prononce devant l'Assemblée nationale, pas pour lui
demander d'en abuser, au contraire. Je pense que n'importe quel parlementaire
qui en abuserait, éventuellement, serait censuré par la
population en général, et sûrement par la Chambre. Il y a
d'ailleurs des procédures de censure par la Chambre elle-même. On
en a vu un exemple ce matin lorsqu'un ministre a soulevé une question de
privilège relativement à ce qu'un autre député a
dit à son sujet. Je pense que l'autre député a très
bien compris le message. Ce sont deux ordres d'idées
différentes.
Si, à un moment donné, via la télévision ou
via la radio, un témoin abuse de sa situation devant une commission
parlementaire, il est susceptible comme n'importe quel autre citoyen,
d'être poursuivi par l'individu qui se sent lésé. C'est un
peu le cas de la télédiffusion des auditions de la commission
d'enquête sur le crime organisé, où il y a des gens qui
disent des choses à propos d'autres personnes. Le réseau de
télévision qui diffuse prend une certaine responsabilité,
bien sûr, mais si la personne qui a prononcé ces paroles est
vraiment
fautive, je pense que le réseau de télévision en
question va faire les correctifs voulus lorsqu'il se fera mettre en demeure, un
peu comme on le fait en matière de presse écrite. Je ne sais pas
si cela répond à la question du député de Laval. Je
ne crois pas que nous pourrions, à l'occasion de la Loi de la
Législature, régler tous ces problèmes qui sont de nature
civile et de nature de relations entre citoyens eux-mêmes.
M. Gratton: Cet amendement est adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aurais juste une question à poser
concernant l'article 72. Est-ce que cela comprend une poursuite qui pourrait
être intentée contre un député?
M. Burns: Je m'excuse auprès du député. Il
n'était peut-être pas arrivé à ce moment. Nous avons
adopté l'article premier du projet de loi. C'est l'article 67 qui vise
la poursuite contre un député.
M. Fontaine: A ce moment, cela voudrait dire que n'importe quel
député est sujet à être poursuivi à la suite
d'une déclaration qu'il pourrait faire.
M. Burns: Au contraire. On dit exactement le contraire dans
l'article 67. C'est l'immunité absolue pour les paroles
prononcées en Chambre ou devant une des commissions de
l'Assemblée nationale pour un député.
M. Fontaine: Je suis d'accord.
M. Burns: Vous pouvez même dire que je suis un bandit, un
voleur, un meurtrier ou n'importe quoi et jamais de ma vie je ne pourrais vous
poursuivre. En tout cas, je pourrais vous poursuivre, mais je ne me rendrais
pas au premier but de ma poursuite, parce que vous avez une immunité
absolument totale, sauf qu'il y a d'autres recours. C'est ce que je disais tout
à l'heure en réponse à une question du
député de Laval. Il y a des recours parlementaires. Si vous me
traitez de tous les noms et que c'est absolument injustifié, à ce
moment je peux, en vertu de l'article 79 de notre règlement, faire une
motion pour vous faire censurer. Même encore, je peux mettre en doute
votre conduite en vertu de l'article 68 de notre règlement. Est-ce que
cela répond à votre question?
M. Fontaine: Oui, d'accord. M. Gratton: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Amendement adopté. Le
second amendement, étant de concordance, est adopté aussi?
Une Voix: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 2
est-il adopté tel qu'amendé?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté.
M. Burns: Mme le Président, quant à l'article 3,
c'est-à-dire celui qui vise l'amendement à l'article 73, c'est la
même position juridique que celle que nous avons argumentée
relativement à l'article 2 visant plus particulièrement l'article
73 de la loi. Il s'agit tout simplement de changer les mots j'en fais la
proposition, Mme le Président "en différé de la
totalité" par le mot "d'extraits". C'est tout simplement une question de
concordance par rapport à l'attitude que nous avons prise à
l'endroit de l'article 72 de la loi prévu à l'article
précédent.
Le Président (Mme Cuerrier): Cet amendement est-il
adopté?
M. Gratton: Adopté.
M. Burns: Adopté. Article 4.
M. Lavoie: Avant de passer à l'article 4...
Le Président (Mme Cuerrier): L'amendement est
adopté. Article 3?
M. Burns: Avant de passer à l'article 4, le
député de Laval a une remarque à faire.
M. Lavoie: L'article 3 est adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 3 est adopté
tel qu'amendé.
M. Lavoie: Très brièvement, étant
donné que nous avons actuellement, par des amendements, la Loi de la
Législature, le ministre est au courant que, depuis un an ou deux, il y
avait eu, même avant l'arrivée du présent gouvernement au
pouvoir, une sous-commission de l'Assemblée nationale qui avait
été formée pour une refonte complète, totale et
intégrale de cette loi vétuste de la Législature. On sait
les difficultés que nous avons déjà vécues
justement à cause de zones grises ou de rédaction du
siècle dernier de cette loi. D'ailleurs, M. Bonenfant avait fait une
étude préliminaire et Me Sylvestre également, à la
demande du bureau du premier ministre, sur les questions de conflits
d'intérêts.
Si je me rappelle bien, j'avais remis tous ces documents, lorsque j'ai
quitté le poste de la présidence, à mon successeur, le
président actuel de l'Assemblée nationale. Je ne sais pas si le
leader parlementaire du gouvernement, qui est également le ministre
responsable d'une certaine réforme du parlementarisme, a pris
connaissance de ces documents. Est-ce qu'il se trouve dans les priorités
du ministre de proposer une refonte de cette loi à l'Assemblée,
pas d'ici la fin de la pré-
sente session, mais possiblement dans la prochaine?
M. Burns: A moins que vous ne me disiez que c'est possible.
M. Lavoie: Toutefois, je crois qu'il y aurait lieu, à la
prochaine session, d'avoir une refonte intégrale de la Loi de la
Législature, parce qu'on pourra se retrouver devant des
difficultés que nous avons vécues il n'y a pas tellement
longtemps, il y a deux ou trois ans.
Vraiment, sur cette loi, il ne faut pas se trouver placé dans une
situation où il faut l'interpréter et s'il arrive qu'il y ait des
contestations soit même à l'Assemblée ou devant les
tribunaux, on pourra se trouver dans des positions vraiment
désastreuses.
M. Burns: Mme le Président, je suis bien content de cette
question que m'adresse le député de Laval. Je reconnais avec lui
le fait qu'il sera nécessaire, à très court terme, de
revoir entièrement les dispositions de la Loi de la Législature
qui, selon l'expression du leader de l'Opposition, est devenue totalement
vétusté. D'ailleurs, cette loi a été mise en place
en pièces détachées, et elle a des amendements de 1967
comme elle a des amendements de 1904. Alors, tout cela a besoin d'être
revu avec un oeil moderne, à la lumière de ce qui existe
actuellement.
On donne un autre exemple et je ne m'en vante pas, remarquez, quand je
présente le projet de loi 78, c'est une autre pièce
détachée qu'on insère dans le projet de loi et ce n'est
sûrement pas la meilleure méthode à appliquer à
l'endroit d'une pièce de législation comme la Loi de la
Législature.
Je suis aussi convaincu que le député de Laval qu'on doive
revoir l'ensemble de cette loi, la moderniser, la mettre à l'heure
d'aujourd'hui. D'ailleurs déjà et dès la semaine
prochaine, je proposerai à l'Assemblée nationale la formation
d'une commission spéciale sur un point qui n'est peut-être pas
nécessairement le seul concerné par la Loi de la
Législature, mais sur le problème des conflits
d'intérêts. Quant à cette commission spéciale, qui
sera multipartite, d'ailleurs, je suis prêt, dès maintenant,
à donner un avant-projet de motion que je proposerai dans le courant de
la semaine prochaine à nos amis d'en face et aux autres
députés qui voudraient en avoir des copies,
éventuellement; mais je vous soumets, du moins, pour
considération, d'avance, un projet de formation de commission
spéciale relativement aux conflits d'intérêts.
Nous pourrions peut-être envisager également que le mandat
il y a une copie pour l'Union Nationale, monsieur puisse soit
être allongé à l'ensemble de la Loi de la
Législature ou, encore, qu'une autre commission spéciale soit
formée avec mandat spécial seulement pour la Loi de la
Législature. Là-dessus, je demeure réceptif à vos
suggestions et, dans le courant de la semaine prochaine, je proposerai une
telle motion et si elle reçoit le consentement de l'Assemblée
nationale, je pense que le tout va être mis en marche.
Comme le disait le leader de l'Opposition officielle,
déjà, il y avait un certain nombre de travaux auxquels,
d'ailleurs, j'avais participé alors que j'étais membre de
l'Opposition relativement à la refonte de la loi. Je pense que tout cela
avait été présidé par l'actuel député
de Saint-Louis, M. Blank, et, évidemment, sous la supervision du
président de l'Assemblée nationale du temps, sauf que ces projets
n'ont pas abouti à un projet de loi comme tel. C'est dans nos
priorités sinon pour les mois, pour l'année à venir
d'essayer de trouver une solution permanente à la Loi de la
Législature, de la rajeunir et de la remettre en forme pour les besoins
auxquels on la destine.
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 4 est-il
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
M. Burns: Mme le Président, je vous demanderais de faire
rapport au président de l'Assemblée nationale que nous avons
adopté le projet de loi 78 avec des amendements.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président, j'ai
l'honneur de vous faire rapport que la commission plénière a
étudié le projet de loi no 78, Loi modifiant la Loi de la
Législature, et qu'elle l'a adopté avec des amendements.
Le Vice-Président: Ce rapport est-il agréé?
M. Lavoie: Agréé.
Le Vice-Président: Rapport agréé.
Troisième lecture.
M. Burns: Est-ce que je peux dire ceci à nos amis de
l'Assemblée nationale à propos des amendements que je vous ai
proposés? Habituellement, il peut y avoir des éléments
douteux lorsqu'un projet de loi est soumis à des amendements en cours de
commission. Mais ceux-ci ont déjà été soumis aux
légistes et ils ont donné leur accord à ce type
d'amendement, de sorte qu'il n'y a pas de problème technique, si vous
voulez, à adopter la troisième lecture, si c'est le désir
de l'Assemblée nationale.
M. Russell: Les mêmes réserves que la
deuxième lecture. M. le Président, sur les réserves de la
deuxième, à la suite des commentaires...
Le Vice-Président: Juste un instant. J'ai tout simplement
demandé quand aurait lieu la troisième lecture. Je vous donne la
parole, M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, avec les réserves que
nous avons faites en deuxième lecture sur les commentaires qui ont
été faits par le leader parlementaire en commission
plénière, je suis d'accord pour l'adoption de la troisième
lecture.
Troisième lecture
Le Vice-Président: II y a un consentement pour qu'il y ait
motion, à cette séance, de troisième lecture du projet de
loi 78.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Robert Burns
M. Burns: Je propose donc, et cela sera très bref,
l'adoption en troisième lecture de ce projet de loi no 78, Loi modifiant
la Loi de la Législature. Je n'ai vraiment rien à ajouter
à ce que j'ai dit en commission plénière. Je pense bien
qu'on sait que la Loi de la Législature a besoin d'être
modifiée, qu'on doit vraiment se retrousser les manches et essayer de se
trouver une loi qui soit un instrument ou un outil absolument valable pour les
membres de l'Assemblée nationale et pour la population, d'ailleurs, en
général. Je peux vous dire que, dans l'année qui vient,
cela figurera parmi les priorités, comme je le mentionnais, tout
à l'heure, en réponse à une question du
député de Laval. Cela figurera parmi nos priorités de
l'année qui vient.
Je remercie, d'ailleurs, tous les membres de l'Assemblée
nationale pour leur collaboration relativement au projet de loi no 78.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Je voudrais donner notre consentement à
l'adoption de la troisième lecture de ce projet de loi, surtout en
prenant bonne note et en le remerciant de l'engagement du
ministre sur la présentation à l'Assemblée, dans
l'année qui viendra, l'année prochaine, d'un projet de refonte
complète de la Loi de la Législature. Je crois que c'est une
absolue nécessité. Déjà il y a beaucoup de travaux
de faits qui seront sans doute utiles au ministre. Cette loi devra être
préparée, concoctée, on pourrait dire, entre le ministre
leader du gouvernement et, je le souhaiterais, le président de
l'Assemblée nationale et les deux vice-présidents de
l'institution. Cette institution est le représentant du
législatif au même titre, disons, que le premier ministre est le
responsable et le représentant de l'exécutif.
Surtout avec cet engagement du ministre, nous aimerions également
apporter notre contribution à l'élaboration d'une nouvelle Loi de
la Législature.
Le Vice-Président: Merci, M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Burns: Je tiens à assurer, à moins que... Le
Vice-Président: Justement, j'attendais.
M. Burns: J'ai vu un signe de tête de la part du
député de Brome-Missisquoi.
Le Vice-Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: M. le Président, le député de
Johnson m'avais remis un texte pour un exposé en troisième
lecture. Je sais que vous allez mettre le texte de côté. Je veux
simplement dire que nous sommes d'accord avec le projet de loi, à la
suite des commentaires qui ont été faits en commission
plénière par le leader parlementaire du gouvernement. Nous avons
hâte à la refonte de la Loi de la Législature, comme lui et
bien d'autres.
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Absolument d'accord, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire. M.
Burns: M. le Président... Le Vice-Président: Droit de
réplique. M. Robert Burns
M. Burns: Ce n'est pas une réplique puisque tout le monde
est d'accord. Je veux simplement assurer à tout le monde à
l'Assemblée nationale que la présidence participera
évidemment à cette commission spéciale ou, quelle que soit
la forme que prendra la préparation de l'éventuel projet de loi,
que les députés de l'Opposition, comme les députés
ministériels, seront invités évidemment pas tous,
mais des représentants tant du côté ministériel que
du côté de l'Opposition participeront à la
préparation de cette refonte. Je n'ai pas l'intention de faire cela in
camera dans mon bureau; j'ai l'intention de faire cela vraiment ouvertement
parce que le succès de ces lois est le fait qu'elles soient
préparées et partagées, au point de vue de leur
philosophie, par tous les membres de l'Assemblée nationale, y compris
les représentants de la présidence ou les députés
de quelque côté que ce soit de la Chambre.
Le Vice-Président: Je vous en remercie, M. le leader
parlementaire du gouvernement. Vous savez que la présidence n'est pas
étrangère à cette question. Est-ce que je comprends, et je
le dis formellement, que la motion de troisième lecture du projet de loi
no 78, est adoptée?
M. Russell: Adopté.
M. Lavoie: Vous l'avez dit et vous avez bien compris.
Le Vice-Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, étant donné qu'il
est maintenant 12 h 55 ou presque, je ne crois pas que nous devrions aborder un
autre élément de notre feuilleton d'aujourd'hui avant 15 heures.
Je propose donc que nous suspendions nos travaux jusqu'à 15 heures.
D'ici là, s'il y avait des changements, j'en aviserais l'Opposition,
mais je ne crois pas qu'il doive y en avoir relativement au programme que j'ai
suggéré ce matin.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
M. Lavoie: Quelle est cette motion? La motion de suspension?
M. Burns: Oui, parce qu'il n'est pas 13 heures.
Le Vice-Président: Comme il n'est pas 13 heures, le
président ne peut pas suspendre d'office.
M. Lavoie: Consentement unanime.
Le Vice-Président: Alors, motion adoptée. Les
travaux de cette Assemblée sont suspendus jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Tel qu'annoncé ce matin, je vous demanderais
d'appeler l'article 12).
Le Vice-Président: Article 12). M. le ministre des
Richesses naturelles et des Terres et Forêts propose la deuxième
lecture du projet de loi no 70, Loi constituant la Société
nationale de l'amiante.
M. le ministre, vous avez la parole.
M. Bérubé: J'ai un problème, mon discours
est tout mêlé!
M. Burns: Nous pourrions peut-être, M. le Président,
passer à autre chose temporairement. Le ministre m'indique que nous
pourrions examiner l'article 9). M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 9), s'il vous plaît.
Le Vice-Président: D'accord.
Projet de loi no 79
Deuxième lecture
(suite)
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je ne
demanderai pas une révocation de l'appel d'un autre article. C'est la
reprise du débat sur le projet de loi no 79, proposé par M. le
ministre de l'Industrie et du Commerce, Loi facilitant la conversion au
système international d'unités, (SI) et à d'autres
unités couramment utilisées. La parole était à M.
le député d'Outremont.
Une Voix: Le discours n'est pas là, M. le
Président.
M. Burns: L'improvisation.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y aurait lieu de
suspendre?
M. Burns: M. le Président, suspendez donc s'il vous
plaît, si vous le voulez bien.
Le Vice-Président: Justement, suspension pendant cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 14)
Reprise de la séance à 15 h 16
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire.
M. Burns: M. le Président, tel que mentionné, je
vous avais demandé d'appeler l'article 9; il s'agit de la reprise du
débat sur la motion de M. Tremblay proposant le projet de loi no 79.
Le Vice-Président: M. le député de Gatineau,
même si ce n'est pas lui qui a demandé l'ajournement.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Non; d'ailleurs, M. le Président, en l'absence
du député d'Outremont, j'ai quelques remarques très
brèves sur le projet de loi no 79. Le texte du projet de loi, M. le
Président, Loi facilitant la conversion au système international
d'unités (SI) et à d'autres unités couramment
utilisées, ne pose, à notre avis, aucun problème majeur,
puisqu'il ne s'agit que d'harmoniser la législation existante à
un nouveau système de mesure, à savoir le système
métrique, défini comme le système international.
Plus précisément, l'objet du projet de loi est de
substituer dans la législation québécoise des
unités de mesure de ce système international aux unités de
mesure du système impérial, tout en autorisant le gouvernement
à procéder à la modification de la réglementation.
Donc, il s'agit de reprendre tous les articles de toutes les lois existantes,
où il y a une référence à des unités de
mesure différentes de celles du système international.
Il s'agit, par conséquent, d'un texte technique, dont l'adoption
par l'Assemblée nationale ne peut être qu'une simple
formalité. Cependant, M. le Président, il convient de nous
assurer que toute la législation a été effectivement revue
et corrigée. Or, sans relire tous les statuts, j'en ai feuilleté
quelques-uns pour le plaisir de vérifier, et j'ai relevé au moins
trois omissions, M. le Président.
Premièrement, dans la Loi de la division territoriale, chapitre 5
des statuts refondus, article 2, Abitibi-Ouest, on se réfère
à un poteau milliaire. Or, celui-ci disparaîtra
éventuellement pour devenir un poteau kilométrique. Il faudrait
que le projet de loi no 79 le prévoie.
Un deuxième exemple que j'ai relevé, dans la Loi
concernant le parc de la Mauricie et ses environs, chapitre 50 des lois de
1972, à l'annexe A, qui contient la description du territoire du parc,
on continue à donner les distances en milles. Il faudrait, bien entendu,
que le projet de loi les convertisse en kilomètres.
Le troisième exemple se retrouve à l'article 49a du Code
de la route, édicté par l'article 90b du chapitre 55 des lois de
1972, qui définit l'expression "charge par essieu" et qui se
réfère à la poussée en livres.
Or, cette charge par essieu devra être traduite en grammes, bien
entendu. Tout en étant prêts à voter pour le projet de loi,
nous de l'Opposition nous ne nous portons pas garants de l'exactitude ni de la
rigueur du travail de nature plutôt bureaucratique qui a abouti au texte
que nous avons devant nous aujourd'hui. Le fait demeure qu'en me livrant
à une recherche bien incomplète, j'ai néanmoins
trouvé trois oublis. Ils ne portent pas à conséquence,
bien entendu, mais ils indiquent bien qu'il en existe sûrement d'autres
qui seront peut-être susceptibles de donner lieu à des
différences d'interprétation importantes de nos textes
législatifs. Je demande donc au ministre de l'In- dustrie et du
Commerce, par l'entremise du leader du gouvernement, de prendre toutes les
mesures nécessaires pour éliminer ces défauts du texte de
ce projet de loi. S'il veut bien nous donner l'assurance que le texte final du
projet de loi en sera exempt, l'Opposition votera pour l'adoption en
deuxième lecture du projet de loi no 79.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
Présence de M. Jérôme Choquette
dans les galeries
M. Lavoie: M. le Président, avec votre permission et en
votre nom, me permetteriez-vous de souligner la présence de
l'ex-député d'Outremont, M. Jérôme Choquette, qui
est dans nos galeries, comme il est coutume de le faire dans cette
Assemblée.
Le Vice-Président: Avec plaisir, M. le
député de Laval et leader parlementaire de l'Opposition
officielle. Si j'avais su que Me Jérôme Choquette était
dans cette galerie, j'aurais souligné sa présence.
M. Lavoie: Peut-il prendre siège, M. le
Président?
Le Vice-Président: Non.
M. Burns: M. le Président, il me fait plaisir
également de saluer la présence de l'ancien député
d'Outremont avec qui nous avons eu, à quelques occasions, des
discussions très précises relativement à un certain nombre
de sujets. Cela me fait plaisir de saluer sa présence et de dire
également que j'ai toujours apprécié son sens de la
collaboration. Peut-être devriez-vous nous revenir, M. Choquette, pour
réapprendre à un certain nombre de membres de l'Opposition
comment une certaine éthique parlementaire doit s'exercer. C'est
vraiment sans restriction que je salue la présence de
l'ex-député d'Outremont, M. Jérôme Choquette.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, je préfère que vous disiez "l'ex" plutôt que
l'ancien.
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M.le Président, je voudrais, moi aussi,
joindre ma voix à celle du leader de l'Opposition et à celle du
leader du gouvernement pour saluer celui qui fut, pendant un court laps de
temps, un de mes collaborateurs les plus fidèles. Alors, je veux saluer
sa présence aujourd'hui et je souhaite qu'un jour il puisse
peut-être revenir siéger ici, à l'Assemblée
nationale. Je ne sais pas encore sous quelle étiquette, mais on le saura
dans le temps, certainement.
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je suis d'autant plus à
l'aise de saluer également la présence dans
nos galeries de l'ex-ministre de la Justice, Me Jérôme
Choquette, qu'il y a à peine quelques mois j'avais
prophétisé son retour en politique, et je reconnais là un
homme qui ne veut faire mentir personne. Il est là aujourd'hui et
j'espère qu'il reviendra, nonobstant les étiquettes politiques,
parce que ce n'est pas une question, pour moi, d'étiquette politique,
mais de personne. J'espère donc que bientôt on pourra le voir sur
le parquet de cette Chambre revenir faire le travail magnifique qu'il a
déjà fait.
Le Vice-Président: M. le député de
Westmount.
Projet de loi no 79 (suite)
M. George Springate
M. Springate: Merci, M. le Président. Comme le
député de Gatineau l'a bien dit, de notre côté, nous
voulons appuyer le projet de loi, mais nous avons certaines réserves.
Puis-je ajouter d'autres réserves que nous avons de notre
côté? Cela s'applique au monde du sport. Je me demande si le
football, par exemple, serait exempté de l'application de cette loi.
Maintenant, c'est premier essai, dix verges à franchir. Est-ce que cela
deviendrait premier essai, 9,8 mètres à franchir? Je ne le sais
pas, mais j'espère que le gouvernement verrait d'un bon oeil
peut-être la possibilité d'exempter le football et d'autres
sports, en ce sens. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, j'attendais avec impatience
mon dossier que j'ai envoyé chercher, parce que je pensais qu'on
était pour être beaucoup plus long sur une loi aussi importante.
Parlant au nom de mon parti, j'ai le droit, je pense, en vertu du
règlement, à une heure. Je ne voudrais pas causer de soucis
à mes amis d'en face, mais je sais que mon dossier va m'arriver, ce ne
sera pas bien long. Je voudrais simplement, en attendant...
M. Burns: Vous pourriez céder votre place au
député de Rouyn-Noranda, s'il est prêt.
M. Bellemare: Oui, je n'ai pas d'objection, au contraire.
M. Burns: Non, pas de suspension.
M. Samson: M. le Président, je vais être
obligé de faire comme les orateurs précédents, de ne pas
parler longtemps. Cela ne vous arrangera pas plus.
Le Vice-Président: Ecoutez, est-ce que vous voulez une
deuxième suspension?
M. Bellemare: Nous avons remarqué, M. le Président,
avant que mon dossier arrive...
Le Vice-Président: Attention, vous prenez votre temps
quand même dans les deux sens du terme. D'accord?
M. Bellemare: Je n'ai pas compris la dernière.
Le Vice-Président: J'ai dit: Vous prenez votre temps dans
les deux sens du terme. Vous n'êtes pas pressé, mais vous utilisez
votre temps.
M. Bellemare: Je voudrais simplement signaler que c'est une loi
qui a une portée générale et qui couvre
énormément de sujets dans la législation
déjà existante. On change un système qu'on met en pratique
depuis des années... Ce n'est pas cela. On change un système
qu'à cause de nos habitudes nous avons appris dès notre enfance
et avec lequel nous avons grandi. C'est le voisin de ces deux-là. Par
une loi, nous changeons un système qui est vieux peut-être de
quelque 1000 ans, dans un seul projet de loi. Pour nous qui avons vécu,
qui sommes allés à l'école et qui avons connu les pintes
de lait, les distances en milles et quand on a à construire,
certaines données sont en pouces et en verges pour nous autres,
c'est un monde tout à fait nouveau.
Un Français qui vient au monde, ou un autre, qui vient au monde
dans l'esprit où on peut lui dire: Tu mesures cinq pieds et quatre
pouces, tu mesures six pieds et deux pouces. Lui, il va avoir des mètres
et il va apprendre cela jeune. C'est comme, par exemple, quelqu'un qui voudrait
apprendre le métier de mécanicien, ou bien un métier
technique où il y a des centimètres, des millimètres; du
jour au lendemain, il va se trouver plongé dans un inconnu
extraordinaire. Prenez par exemple, M. le Président, simplement ce qu'on
dit: La scène de tout théâtre... Imaginez-vous. La
scène de tout théâtre doit être séparée
de l'enceinte réservée aux spectateurs par un mur de brique de
pas moins de 400 millimètres d'épaisseur et ce mur doit
s'étendre sur toute la hauteur et la largeur du bâtiment et
à 600 millimètres au-dessus du toit.
Cela va prendre un cours. Je ne suis pas assez vieux pour ne pas
consentir au changement et m'adapter comme tout le monde, mais je dis que cela
va causer énormément de danger. Vous avez, par exemple, les
chemins de fer. J'ai lu le projet de loi, puis je suis arrivé aux
chemins de fer; cela m'intéresse d'une manière
particulière encore, parce que je pourrais peut-être y retourner
un de ces matins. Mais on dit à l'article: "Les locomotives de chemin de
fer, moteurs, wagons ou voitures ne doivent pas traverser la partie populeuse
d'une cité, d'une ville ou d'un village, à une vitesse de plus de
dix kilomètres par heure, à moins que la voie n'ait de
clôtures convenables".
Je comprends que c'est bien explicité mais c'est quand on va
arriver pour trouver le millimètre ou le mètre et savoir quelle
est la différence, le
kilomètre ou les 100 kilomètres. C'est cela qui va
être un exercice extraordinaire. Ma suggestion c'est que le gouvernement
devrait instituer dans les écoles des cours bien spéciaux pour
enfants, bien entendu, puisqu'ils sont à l'âge d'apprendre plus
vite que nous, mais des cours spéciaux pour les adultes. Je ne sais pas
si le leader voudrait saisir ma suggestion. Je comprends qu'il a beaucoup de
problèmes, mais ma suggestion serait que, pour essayer d'établir
l'ordre et la compréhension, on devrait commencer dans les écoles
dès le bas âge pour leur montrer le système.
M. Burns: C'est déjà commencé.
M. Bellemare: Pour les enfants, mais on devrait l'établir
aussi pour les adultes.
M. Burns: Est-ce que le député de Johnson me permet
une question?
M. Bérubé: Pour les vieillards.
M. Bellemare: Pour les vieillards, oui, merci. Oui,
certainement.
M. Burns: Merci, M. le Président, vous avez parfaitement
raison.
Il est bien sûr que, le jour où nous passons d'un
système à un autre, des personnes aussi vieilles que moi et vous,
M. le député de Johnson...
M. Bellemare: Oui, oui.
M. Burns: ... auront des difficultés à nous ajuster
à cela. Pour une raison bien simple, c'est qu'on a été
formé selon un autre système. Mais je vous donne l'exemple en
France où on est passé de l'ancien franc au nouveau franc et il y
a encore des gens qui parlent en multipliant par 100 les francs actuels. Et
cela pour des raisons bien évidentes 1000, je crois, oui, comme le
dit le député de Gatineau ces gens vont traîner cela
jusqu'à leur mort.
Fort probablement que moi aussi je vais continuer, jusqu'à ma
mort, à parler de degrés en termes de Fahrenheit plutôt que
de parler de Celsius. Il est possible aussi que j'aie beaucoup de
difficulté à m'ajuster au phénomène du mètre
alors que j'ai connu le système des pouces depuis ma tendre enfance
jusqu'à maintenant. Il est possible que je sois dans
l'impossibilité de concevoir ce qu'est un mètre, ce qu'est un
centimètre, etc., mais comme il y a un moment donné, dans la vie
d'un peuple, surtout lorsque cela devient quelque chose de reconnu de
façon internationale même les Etats-Unis sont en train de
s'y conformer, et l'Angleterre, qui était peut-être la plus
réticente...
M. Bellemare: Cela les force à quoi?
M. Burns: On est en train de s'ajuster, mais il va falloir croire
que dans une période de temps, un certain nombre de gens qui sont de
notre âge,
M. le député de Johnson, vous et moi, et les autres
députés dans cette tranche d'âge, vont avoir des
difficultés à s'ajuster. Cela ne veut pas dire qu'il ne faille
pas légiférer à ce sujet.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement...
M. Bellemare: J'avais consenti...
Le Vice-Président: ... votre question était une
affirmation.
M. Burns: Je pense bien que c'était une question qu'on me
posait.
M. Bellemare: J'avais dit tout cela avant vous. Vous étiez
pas mal occupé parce que j'ai dit tout cela, les difficultés
qu'on aura, nous les vieux, à nous adapter à un système
aussi nouveau, mais qui est peut-être nécessaire à cause de
l'environnement et de l'internationalisation de ce nouveau système.
Supposons, par exemple, qu'on a...
M. Burns: Vous avez 5 centimètres de documents devant
vous.
M. Bellemare: C'est bien pour dire, quand on s'occupe
nous-mêmes de nos affaires, on sait où elles sont et on y va plus
rapidement. Quand on envoie des commissionnaires, même les plus
brillants, on nous arrive avec de la documentation différente.
J'allais dire quelque chose. J'avais un texte, je vais essayer de m'en
souvenir. Quand on arrive à un viaduc où c'est marqué 14
pieds et 8 pouces, on construit des vannes pour qu'elles puissent passer sous
les viaducs. Dieu sait combien on a de viaducs maintenant dans la province! On
sait quelle est la différence entre un pied et un mètre, et
surtout en kilomètres. Imaginez-vous que ce sera plus compliqué.
Il va falloir que les gens fassent très attention pour ne pas construire
les vannes selon les mètres, il va falloir qu'ils soient assez brillants
pour respecter la mesure des 14 pieds et 8 pouces tel que prévu.
Il est dit, dans cette loi-ci: "La montée des ponts construits
pour le passage des grands chemins au-dessus du chemin de fer ne doit pas
être de trente centimètres par six mètres en sus de la
rampe naturelle du chemin de fer, et il doit être construit de chaque
côté du pont une bonne clôture qui doit avoir au moins cent
vingt centimètres d'élévation au-dessus du niveau du
pont". Nous qui faisons la loi, nous qui sommes des législateurs
d'expérience, dont plusieurs ont fait de grands cours dans les
universités, ont des beaux cadres affichés sur les murs, qui
disent docteur en ceci, grand pédagogue en cela, et qui sont comme moi,
qui ne comprennent rien, c'est nous les législateurs, aujourd'hui, qui
adoptons la loi.
C'est simplement pour vous faire remarquer, M. le Président,
qu'on aurait peut-être pu avoir, nous aussi, des cours avant pour nous
familiariser un peu plus avec une loi comme celle-là.
M. Grégoire: Si le député me le permet, je
vais lui donner...
M. Bellemare: Oui, avec beaucoup de plaisir. Est-ce que votre
père prend du mieux?
M. Grégoire: Oui, cela s'améliore. M. Bellemare:
Oui? 92 ans! M. Bertrand: A l'ordre!
M. Grégoire: Si M. le député de Johnson me
le permet, je vais lui donner un exemple qui va l'éclairer et,
après cela, il pourra faire la conversion très facilement. Quand
on juge le concours de Miss Univers, on disait autrefois elle a 36-24-36;
maintenant, on dit 90-60-90 centimètres. Alors, avec cela, je suis
sûr que le député de Johnson va toujours se
reconnaître.
M. Bellemare: Je dois dire au député, qui m'a
sexuellement interrompu, que j'ai confiance en ses positions nouvelles, mais
qu'il ne m'a rien appris de neuf quant à ma vaste expérience
passée.
M. le Président, je veux rendre un témoignage, par
exemple, puisque l'occasion m'en est fournie, à son
vénérable père qui, ces jours derniers, fêtait son
92e anniversaire. M. J.-E. Grégoire a été dans la vie
publique un homme politique remarquable et remarqué. Il a
été maire de la ville de Québec pendant de nombreuses
années et il avait une qualité, celle d'être un grand
chrétien. C'est un homme dont la foi était inébranlable et
qui a été un exemple, par ses actes, pour toute sa famille.
C'était un homme qui était, tous les matins, devant son Seigneur;
il n'a jamais manqué sa messe du matin. J.-Ernest Grégoire nous a
donné en cela, et à moi personnellement qui l'ai très bien
connu, des exemples d'une vie publique extraordinaire. Je lui en rends
témoignage et je lui fais mes meilleurs voeux.
M. Bertrand: Une question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Je voudrais me joindre aux propos du
député de Johnson...
Le Vice-Président: N'invoquez pas une question de
privilège là-dessus.
M. Bertrand: Si le député de Johnson me le permet,
je voudrais lui indiquer que je viens effectivement de recevoir un aimable
appel téléphonique, il y a à peine quelques minutes, de la
mère de M. Gilles Grégoire, l'épouse de M. J.-Ernest
Grégoire, qui me témoignait que son mari allait beaucoup mieux,
que sa situation s'améliorait. Dans les circonstances, je pense que nous
pouvons espérer qu'il puisse poursuivre sa vie jusqu'à son
centenaire. Le député de Johnson sera sans doute très
réjoui de l'apprendre.
M. Bellemare: Bien oui. Je tenais à le souligner parce
qu'on vient d'en perdre un à 98 ans; M. J.-Ernest Laporte vient de
mourir à 98 ans, on l'a enterré la semaine dernière. Je
trouve que, parmi ces gens qui ont de l'âge, on va chercher
véritablement des lumières. Je continue, je reviens à la
pertinence du débat.
Le Vice-Président: D'accord, s'il vous plaît.
M. Bellemare: Puisque je n'ai pas mon dossier, je suis
obligé de...
Le Vice-Président: Après cet éloge du
père du député de Frontenac, je vous prierais de revenir
à la pertinence du débat.
M. Bellemare: Puisque je n'ai pas mon dossier, M. le
Président, je suis obligé de mémoire de rappeler toutes
ces choses. Je pense que c'est un projet de loi extrêmement technique. Je
l'ai, le bill; ce n'est pas ce que j'ai demandé "pantoute". M. le
Président, j'avais demandé au leader s'il y aurait des cours.
Il a dit: Oui, il s'en donne. Tant mieux. Eux, au moins vont prendre le
pas et vont sûrement être capable de vivre à
l'échelle de tout le monde sans avoir à se tracasser pour se
faire une certaine conception du système métrique. Mais quand il
s'agit d'une pinte de lait, M. le Président, vous savez combien cela
peut contenir de lait. Vous voyez la différence qui existe aujourd'hui
avec une pinte de lait qu'on nous vend. Est-ce qu'on va baisser le prix parce
qu'il y en a moins? En voyez-vous un exemple? Ceux-là en sont des
exemples qui fourmillent dans l'industrie et le commerce. Quatre pintes de
lait, on est habitué de dire que cela fait un gallon, mais là, il
y a une différence énorme entre les quatre pintes qui font un
gallon, et ce qu'on nous donne aujourd'hui en litres. Il y en a beaucoup moins
dans un litre et on ne change pas le prix, on garde le même prix que
celui de la pinte de lait qui nous donnait une différence, en
quantité, énorme de lait. C'est un exemple.
Quand on va arriver avec le gin, M. le Président, un 40
onces...
M. Bertrand: C'est pas grave.
M. Bellemare: Ce n'est pas grave pour ceux qui n'en prennent pas,
comme vous et moi peut-être, mais ça l'est pour ceux qui ont
l'habitude d'en prendre, parmi les ouvriers, une bière si vous aimez
mieux. Est-ce que le prix de la bière va changer? On va changer les
bouteilles, les enseignes. On adopte une loi du système métrique
qui va coûter très cher au peuple qui aura à subir la
différence entre un litre et une pinte, entre un mètre et un
pied, et entre tout cela. Je dis donc, M. le Président, que la loi
semble insignifiante, technique. Elle récite des articles de notre
législation qui apportent dans bien des cas... Vous allez voir, nous
allons revenir, à la prochaine session, avec un autre projet de loi, et
on va dire: On vous demende de l'accepter parce qu'on a oublié des
spécifications. Imaginez-vous, quand on regarde
des lois, de 1867 à aujourd'hui, il y en a des pieds et des
pouces! Rien que dans cela, imaginez-vous combien cela mesure. Cela mesure
peut-être six pouces. Comment va-t-on dire cela?
M. le Président, comme je suis obligé d'aller au projet de
loi 45 aussi, pas à l'échelle du 45, mais à l'étude
du projet de loi 45, parce que c'est très important... Je termine, il
n'y a pas de "plus capable". J'avais écrit un certain nombre de feuilles
pour montrer que l'Union Nationale était véritablement, avait
réellement fait un effort, pas seul, mais avec d'autres, pour prouver
que la loi n'est pas mauvaise, sûrement pas, parce qu'il faut se mettre
au diapaison international. On n'aurait pas le droit, la province de
Québec, même si on était une province souveraine,
indépendante, royaliste, avec un roi qui s'appelle René I... Il
faudrait quand même se mettre au système international. Je dis
donc, M. le Président, que nous sommes favorables et que nous allons
voter pour, mais dans les recommandations que je ferais à la Chambre, je
demanderais qu'il y ait immédiatement des cours gratuits pour les
adultes pour que l'on puisse se mettre dans l'esprit les us et coutumes que
nous avons présentement.
M. Marchand: Mme le Président... Le
Vice-Président: Pardon? M. Marchand: M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de Laurier. M.
André Marchand
M. Marchand: M. le Président, je ne peux naturellement pas
être contre un projet universel car la conversion au système
métrique est sûrement une nécessité. Si je me
lève quelques instants pour parler sur ce projet de loi, ce n'est pas
parce que je suis contre, mais je veux quand même prévenir ceux
qui vont appliquer cette loi d'être extrêmement prudents et de
donner le temps à ceux qui auront à faire la conversion de leur
outillage.
Je veux parler d'imprimerie parce que c'est un domaine que je connais.
Je vais prendre l'exemple d'une presse qui coûte le meilleur
marché, soit dans les $8000 à $10 000. Lorsque nous allons avoir
à convertir le cylindre d'une presse, ce sera un coût qui pourrait
aller jusqu'à $3000. Le papier ne pourra plus s'ajuster puisque le
papier qui est fait actuellement est fait selon le système actuel. Je ne
veux pas m'inscrire en faux contre le projet de loi. Mais dans l'outillage, le
domaine électrique, enfin tout ce qui est outillage, le gouvernement et
ceux qui auront à appliquer une telle loi devront être très
compréhensifs en donnant du temps, soit peut-être deux, cinq ou
peut-être dix ans dans certains domaines comme l'imprimerie, par exemple.
Cela va coûter une fortune. Par exemple, prenez un atelier qui a dix
presses. Vous savez la concurrence qui existe dans ce domaine. Un atelier qui a
seulement dix presses n'est pas un atelier extrêmement gros, mais cela
coûterait déjà $50 000 de transformations. Je ne crois pas
qu'un imprimeur ou un autre homme d'affaires, dans un autre domaine similaire,
pourra dépenser $50 000 dans une même année, se permettre
cet investissement sans une aide gouvernementale. Ou il faudra lui donner du
temps, deux, trois, cinq et peut-être même dix ans afin de se plier
au nouveau système, qui est normal. Cela doit être fait. On en
parle depuis déjà une dizaine d'années, La chose est
normale. On a vu l'Angleterre se soumettre à ce système, les
Etats-Unis avec beaucoup de difficulté. Plusieurs Etats
américains n'ont même pas encore accepté d'y aller. Ce
n'est pas parce qu'ils ne veulent pas le système universel. C'est qu'ils
ont calculé ce que cela pouvait coûter à leur industrie
pour se convertir à ce système. Etant pour ce système, je
dis quand même qu'il faut être très prudent. Il ne faut
quand même pas toujours tuer nos hommes d'affaires, ce sont ceux qui font
vivre la population en travaillant avec les employés. Il faut au moins
leur donner la chance de survivre et de financer ces opérations qui vont
devenir très coûteuses. Je sais que dans le domaine de
l'imprimerie cela sera un coût extrêmement prohibitif. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président: Faute de combattants, dois-je
comprendre que la motion de deuxième lecture de M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce est adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Deuxième lecture du projet de
loi 79, adopté.
M. Gratton: Je m'excuse, je n'étais pas à ma
place.
Le Vice-Président: Justement.
M. Gratton: J'ai soulevé un certain nombre de points et
j'aimerais que quelqu'un, du côté du gouvernement, nous donne
l'assurance qu'on fera au moins les corrections pour les trois articles que
j'ai mentionnés et qu'on se chargera de retrouver les autres omissions
qu'il peut y avoir dans le projet de loi. Je comprends que ce sont des erreurs
d'écriture, tout cela, mais il faudrait que quelqu'un, du
côté du gouvernement, nous dise qu'on n'a pas parlé dans le
vide cet après-midi.
Le Vice-Président: M. le député de Gatineau,
vous savez que je ne puis forcer un député à
s'exprimer.
M. Gratton: Le ministre arrive.
Le Vice-Président: M. le ministre, nous sommes à
quelques centimètres de l'adoption du projet de loi 79. Exercez-vous un
droit de réplique?
M. Grégoire: Adopté.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, avant le droit de
réplique, je voudrais tout simplement mentionner ce
que je disais tout à l'heure. Bien sûr qu'il y a beaucoup
de gens qui, au départ, peuvent trouver qu'il est difficile de s'ajuster
à un nouveau système comme celui-là, mais lorsque, de
façon générale, je dirais, de façon
internationalement acceptée, on a ce nouveau système, je vois mal
comment le Québec serait en retard. D'ailleurs, il l'est
déjà. Vous avez déjà ce système en vigueur
en Ontario. Si vous avez eu l'occasion, récemment, de voyager sur les
routes de l'Ontario, vous avez vu que c'est le système métrique
qui est appliqué.
On nous annonce que nous avons 100 kilomètres à faire pour
nous rendre à tel endroit. C'est tout simplement pour régulariser
la situation. C'est ce pourquoi il m'apparaîtrait tout à fait
normal que le projet de loi soit adopté sans plus de difficulté
et que nous puissions ajuster parce que cela va demander,
également, un certain nombre d'ajustements un certain nombre de
choses à l'intérieur de l'administration gouvernementale. Cela a
des implications au niveau des Travaux publics, cela a des implications au
niveau du ministère des Transports, en particulier, cela a des
implications à l'intérieur de la plupart des ministères,
de sorte que plus nous retardons l'application d'un tel projet de loi, plus
nous sommes en retard par rapport au pas que semble-t-il, de
façon internationale on a décidé de franchir vers
cette mise en place du système métrique. Ce sont les seules
remarques que j'avais à faire, M. le Président.
Le Vice-Président: Dans ce cas, je reconnais M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, je suis un peu comme le leader
de l'Union Nationale. Vous allez comprendre qu'à ce temps-ci de
l'année, quand on arrive à la fin d'une session et qu'on subit la
bousculade ordinaire, il est parfois difficile d'avoir des dossiers bien
rodés. Sur une question aussi importante et technique que celle qui est
soulevée par la loi 79, cela ne m'apparaît pas facile, en tout
cas, on n'est pas dans les meilleures circonstances pour discuter et, surtout,
adopter ce projet de loi. Cela ne veut pas dire, M. le Président, que je
serai contre le changement. Quoique, comme d'autres, cela va sûrement me
déranger pas mal pour un bon bout de temps. C'est clair que cela va
déranger pas mal de monde pour un bon bout de temps.
Je ne m'oppose pas au principe comme tel, mais il me semble que, compte
tenu de la période présente, quelques jours à peine avant
la prorogation de la Chambre, un projet de loi aussi technique
mériterait de rester au feuilleton jusqu'à l'ouverture de la
prochaine session. Cela nous donnerait un peu plus de temps pour se tourner de
bord, cela nous donnerait un peu plus de temps pour étudier cela plus en
profondeur.
L'honorable député de Gatineau a souligné
tantôt qu'il y avait déjà des lacunes qu'on a
trouvées rapidement. Il y en aura probablement d'autres qui surgiront.
Quand on parle de changer des mesures, c'est tout un système; il y a les
poids et les mesures. Il y a le mesurage du bois; il y a différentes
formes de mesurage. Comment va-t-on amender la loi? Est-ce par
réglementation qu'on changera la forme du mesurage du bois à
l'avenir? Ce n'est pas tout à fait assez clair là-dedans. Je l'ai
examiné assez rapidement, parce que j'avoue que je n'ai pas eu le temps
d'étudier le dossier, M. le Président. Personne ne peut m'en
tenir rigueur, je pense, à ce temps-ci de l'année. Il reste que
c'est une chose dont on devrait tenir compte.
Tout à l'heure, il a été établi presque
clairement à la face de tout le monde qu'on va trop vite avec cela. On
va trop vite. On est peut-être en retard, mais on est en retard sur
beaucoup de sujets. Cela ne veut pas dire que, parce qu'on est retard, on doive
multiplier les erreurs. C'est le drame des fins de session, M. le
Président. A chaque fin de session, c'est toujours la même chose.
Sous prétexte qu'on est en retard, on passe ceci; sous prétexte
qu'on est en retard, on passe cela. Finalement, on arrive à la session
suivante et là on a des amendements qui nous arrivent parce qu'on a
été trop vite. Des amendements nous arrivent parce qu'on se
pensait en retard et qu'on a été trop vite. Finalement, pour
vouloir ne pas être en retard, on le devient officiellement par la suite.
Donc, on ne règle rien.
M. le Président, je pense qu'il y a des projets de loi, qui sont
d'une grande importance, qui doivent être discutés. Vous en avez
été témoin vous-même tantôt. L'honorable
ministre des Richesses naturelles et des Terres et Forêts doit
présenter un discours sur un autre projet de loi. A cause d'un
problème d'aiguillage, on a dû passer au projet de loi 79. Mais un
fait demeure, c'est que le ministre des Terres et Forêts et des Richesses
naturelles, en tout cas si je ne m'abuse, m'apparaîtrait prêt
à présenter son discours sur le projet de loi concernant
l'amiante.
Ce serait peut-être valable c'est une suggestion que je
fais au leader du gouvernement qu'on passe plutôt à ce
projet de loi et que nous retardions la deuxième lecture du projet de
loi 79, Loi facilitant la conversion au système international
d'unités (SI) et à d'autres unités couramment
utilisées. On vient de voir, M. le Président, par les
brèves remarques faites des différents côtés de la
Chambre, que, si le projet de loi s'intitule "Loi facilitant la conversion",
cela ne facilitait pas grand-chose chez nous. Au contraire, cela semait pas mal
de confusion. On est, je pense, un peu de bonne heure. Cela ne nous a pas
été présenté il y a deux ans, ce projet de loi.
C'est un projet de loi qui a différentes implications d'ordre technique
qui peuvent concerner l'industrie, le commerce et des organismes professionnels
comme les arpenteurs-géomètres, les ingénieurs et les
mesureurs de bois. Je ne sais pas; il y a des multitudes de professions qui
seront affectées par ce changement et également la
population.
J'écoutais tantôt l'honorable leader de l'Union Nationale
qui a souligné des points qui m'ont paru, en tout cas, assez importants
pour intéresser le ministère des Consommateurs,
Coopératives et
Institutions financières, à savoir que le changement
d'unités de poids et mesure peut faire que, sur le marché, les
gens aient, pour un certain temps en tout cas, de la difficulté à
se comprendre, à savoir s'ils en reçoivent bien pour leur argent,
si les prix sont fixés en fonction des nouvelles mesures, des nouveaux
poids, de la nouvelle forme de mesures et poids.
Cela intéresse sûrement le ministère des
Consommateurs qui aura, bien sûr, avec un tel changement, des plaintes
qui lui arriveront à profusion. Evidemment, ils ont autre chose à
faire, à ce ministère, que de prévoir les plaintes qui
viendront en vertu de l'actuel projet de loi.
Donc, je dis que même si on doit reconnaître qu'il y a eu un
effort fait par le gouvernement, par les différents gouvernements au
Canada, en vue d'habituer la population à ce nouveau système, il
reste que c'est encore très jeune. On a parlé des Etats-Unis
tantôt, ils ont commencé eux, mais ils ont reculé dans
certains Etats, parce qu'il y a des conséquences économiques.
Dans le domaine de l'automobile, la mesure proposée entraîne des
conséquences assez sérieuses par rapport à la mesure
ancienne. Dans la voiture nord-américaine, par exemple, si on la compare
à la voiture française, il y a tellement de problèmes qui
se sont posés et cela a été porté à
ma connaissance pour les mécaniciens, les employés
d'entretien; tous les métiers regardant l'automobile ont eu des
problèmes à cause des deux différentes formes de mesures,
assez qu'il y a des mécaniciens qui ne veulent pas du tout toucher aux
voitures importées, parce que cela dérange leurs habitudes et
qu'ils n'ont pas été formés à cela.
M. le Président, je dis que nous risquons, en voulant aller trop
vite, malgré qu'il va falloir y arriver un jour, de bousculer les choses
et cette bousculade, il y a quelqu'un qui va en faire les frais. C'est le
gouvernement partiellement, mais le consommateur grandement qui va en faire les
frais parce que celui qui sera dérangé par cela dans l'industrie,
dans le commerce, dans le monde intermédiaire, ceux qui seront
dérangés et qui devront augmenter les coûts de production,
les coûts de préparation de mise en marché, ces gens
transmettront c'est le cas de le dire le nouveau poids à
quelqu'un d'autre. Or, le nouveau poids sera transmis à quelqu'un
d'autre et finalement, au bout de la chaîne de production où
s'adonne à être le consommateur, au bout du parcours, c'est le
consommateur qui va payer la note.
Motion de report à six mois
Ce sont des conséquences. Le projet de loi est technique, mais
son application met en cause des grands principes. M. le Président, je
propose que la motion, actuellement en discussion, soit amendée, en
vertu de l'article 121, je pense je vais vous dire cela tout de suite
pour y lire les mots "six mois". Pourquoi six mois? Parce que cela va
nous donner le temps de mieux étudier cela et peut-être le temps
au gouvernement de préparer un programme d'éducation pour ce
nouveau système. Egalement, ce qui ne serait pas à dédai-
gner je le fais en toute objectivité c'est qu'entre la
prorogation de la Chambre, qui va se faire dans les jours qui suivront, et la
période de reprise de la session, on fasse siéger une commission
parlementaire aux fins de consulter les différents organismes qui
peuvent être touchés par ces changements.
Evidemment, ces organismes pourront venir jeter un éclairage
utile. Je voudrais que du côté gouvernemental on comprenne bien
que la motion que je fais en vertu de l'article 121, qui est
généralement une motion dilatoire, je ne la fais pas dans le but
de tout simplement retarder un projet de loi aux fins de vouloir
l'empêcher d'être voté; au contraire, je vous dis que je
serais d'accord avec le principe, mais c'est une question de temps. On ne peut
pas utilement, logiquement, dans les circonstances qui sont celles d'une fin de
session, retourner dans nos comtés respectifs, chacun des
députés de l'Assemblée nationale, et dire: Bon, ça
y est, chers électeurs, on a voté une loi, la loi 79 et, à
l'avenir, vous allez vous habituer aux degrés Celsius, vous allez vous
habituer aux grammes, aux milligrammes, aux mètres, aux
millimètres, aux centimètres, aux hectares, etc. Oh! Cela ne
marche pas comme ça! Il va y avoir du "chiquage de guenille", comme on
dit en français!
Nous risquons justement de nous faire dire par nos électeurs:
Vous êtes allés trop vite! Vous vous êtes laissés
passer ça parce que vous aviez hâte de partir en vacances pour la
fin de la session. Je ne suis pas sûr qu'ils n'auraient pas raison, nos
électeurs, de nous dire cela. Je pense, au contraire, qu'ils auraient
grandement raison. Je ne fais pas spécifiquement un reproche au
gouvernement actuel là-dessus; toutes les fins de session que j'ai
connues, on a vécu le même problème. C'est une
espèce de "package deal"; on achète une bonne loi et on s'en fait
passer trois mauvaises dans le même paquet. C'est le jeu de la fin de
session. On sait, dans les derniers jours, comme les consentements unanimes
deviennent faciles pour les deuxièmes lectures, les écritures,
pour la troisième lecture; cela se fait comme ça!
Sommes-nous réellement dans de telles conditions je me
pose la question des législateurs sérieux, des
législateurs qui font leur devoir en toute connaissance de cause? Je
réponds à la question que je pose en disant: Non. Le genre de loi
qu'on présente dans un projet de loi aussi technique et
compliqué, sous le rouleau compresseur de dernière minute, c'est
de la mauvaise législation. C'est de la législation qu'on ne peut
pas se permettre d'accepter aujourd'hui et s'en aller chez nous pour Noël
avec la conscience tranquille Je pense que tout le monde le comprend.
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, je vous ai écouté non seulement de ce fauteuil,
mais de la pièce à côté. Si j'ai bien compris, vous
avez proposé un amendement à la motion que j'ai lue tantôt
à l'effet que maintenant soit lu une deuxième fois le projet de
loi no 79; vous proposez qu'elle soit amendée, en vertu de l'article 121
de notre règlement, en retranchant le mot "maintenant" et en ajoutant
à la fin "dans six
mois". Avant que vous n'en discutiez, avant que vous repreniez à
nouveau votre discours, il faut que la présidence sache si elle est oui
ou non re-cevable.
Immédiatement, je la déclare recevable et conforme au
règlement et aux usages qui conduisent cette Assemblée.
M. Samson: Merci, M. le Président.
M. Bertrand: M. le Président, une demande de directive,
s'il vous plaît.
Le Vice-Président: M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Est-ce qu'on peut parler à la fois sur
l'amendement et sur la motion principale?
Le Vice-Président: La réponse est non. Cette
décision a d'ailleurs été rendue il y a environ un an
presque jour pour jour; c'est pourquoi je me suis permis d'interrompre M. le
député de Rouyn-Noranda. Sa motion a été
présentée, il a commencé immédiatement à
parler plutôt sur l'amendement que sur la motion principale. J'ai
déclaré la motion recevable.
J'aimerais bien que le député de Rouyn-Noranda, qui
lui-même, à la première minisession, avait utilisé
ce moyen de faire terminer par un de ses collègues, un discours par une
motion d'amendement, se souvienne qu'on ne peut pas faire les deux. Il faut
choisir. Je ne sais pas si ma réponse est suffisante pour M. le
député de Vanier. M. le député de Rouyn-Noranda, a
moins que vous ne vouliez vous lever sur la question de règlement, je
vais être obligé de reconnaître quelqu'un d'autre sur la
motion qui a été jugée recevable.
M. Samson: M. le Président, je pense que c'est l'habitude,
en cette Chambre en tout cas, qu'à l'intérieur de mon temps de
parole qui est de 20 minutes, je crois...
Le Vice-Président: D'accord, mais sur quoi, sur la motion
principale?
M. Samson: Attention, M. le Président, je pense que vous
allez comprendre là où je veux en venir. A l'intérieur de
mon temps de parole qui est de vingt minutes, je peux annoncer à
n'importe quel moment la motion que je vais faire. Comme mon temps de parole de
vingt minutes sur la motion principale n'est pas terminé, je peux
choisir je vous l'ai annoncé au cours de mon discours, mais je
pense que c'était normal que je vous l'annonce moi, que cette
motion, je vous la présente officiellement à la fin de mon
discours. J'aurais pu le faire de cette façon, comme je l'ai fait, et
c'est normal, puis j'aurais pu aussi l'annoncer au début de mon
discours, mais je pense que mon temps de parole n'est pas terminé,
à moins qu'on m'indique qu'il le soit.
Le Vice-Président: Si vous permettez, M. le
député de Rouyn-Noranda, à deux reprises, vous ayant
écouté très attentivement, je me suis demandé si
vous formuliez un voeu ou si vous formuliez une motion. Quand je me suis
levé tantôt, j'ai indiqué le texte de votre motion. Vous
n'avez pas invoqué une question de règlement. J'ai comris
à ce moment-là que la motion était formellement
proposée et je pense que vous n'êtes pas obligé d'utiliser
votre temps de vingt minutes sur la motion principale. L'usage veut en cette
Chambre que dès que vous avez formellement proposé la motion
d'amendement, l'on ne s'exprime plus sur la motion principale, mais uniquement
sur la motion d'amendement si elle est jugée recevable. Est-ce que cela
répond à votre question?
M. Samson: Je vais vous demander une directive, M. le
Président.
Le Vice-Président: Certainement.
M. Samson: Est-ce que vous considérez que j'ai le droit de
m'exprimer sur la motion d'amendement? Je n'ai pas très très
compris votre affaire, là?
Le Vice-Président: Non, M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: C'est ce que cela veut dire.
Le Vxe-Président: Oui, je vais aussi loin que cela.
M. Samson: Bon.
Le Vice-Président: C'est pour cela que je vais vous aider,
M. le député de Rouyn-Noranda. La motion a été
jugée recevable, mais elle n'a pas été débattue
encore. Vous en êtes donc encore le maître. Vous pourriez pour le
moment la retirer vous le pourriez, je ne vous donne pas un conseil, je
vous indique ce que dit le règlement et vous exprimer sur la
motion principale et, à la fin, avant que les vingt minutes se
terminent, refaire votre motion, mais attention...
M. Samson: M. le Président, sur le point de
règlement, comme il semble qu'on veuille faire de la procédure
aujourd'hui, je devrai être très prudent. Je pensais que, compte
tenu des circonstances et du fait qu'il y avait une espèce de "gentlemen
agreement", où on pouvait s'entendre à l'amiable pour que les
travaux puissent aller mieux... J'ose espérer que les "gentlemen" qui
font partie de l'"agreement" vont le demeurer pour quelques jours encore, M. le
Président. Mais puisqu'on a cru bon de me rappeler à l'ordre, sur
le point de règlement, je suis obligé, en vertu de notre
règlement, d'accepter votre directive en vertu de l'article 121. Je l'ai
présentée, je suis un homme d'honneur, je ne la retirerai pas. Je
l'ai présentée, je ne parlerai plus sur la motion, mais j'utilise
maintenant l'article 77 en invoquant le règlement...
Le Vice-Président: L'ajournement.
Motion d'ajournement du débat
M. Samson: ... et je fais une motion d'ajournement du
débat, M. le Président. Motion d'ajournement du débat pour
les raisons suivantes.
D'abord, c'est le seul moyen que le règlement met à ma
disposition pour continuer à vous dire ce que j'avais à vous
dire. Deuxièmement, M. le Président, je considère cette
loi comme tellement importante que je pense qu'il est anormal que nous la
votions de cette façon. C'est pourquoi je propose cette motion
d'ajournement du débat.
Compte tenu du fait qu'il y aura toujours dans l'air une motion de
report à six mois de la deuxième lecture, cela va permettre au
gouvernement de reconsidérer la situation. Je pense qu'ils pourront,
alors, tenir compte des différentes remarques qui auront
été faites aujourd'hui, que je leur fais, qui ont
été faites par les membres de l'Union Nationale, par les membres
du Parti libéral, remarques qui sont très à propos et, M.
le Président, toujours dans le but de protéger le citoyen
québécois. C'est pourquoi je pense qu'il est utile, normal, qu'il
est non seulement acceptable, mais désirable qu'on ajourne le
débat sur cette question. Cela va permettre au ministre des Richesses
naturelles de faire son discours sur les questions de l'amiante. Cela va
permettre aux différents représentants de l'Opposition, qui sont
prêts, qui ont des dossiers prêts sur cette question, d'en
discuter, alors que, sur l'actuel projet de loi 79, ceux qui avaient des
dossiers prêts n'ont pas pu aller les chercher et que les
représentants et cela est important des différents
partis qui devaient parler sur ce sujet ne sont pas ici.
Vous voyez jusqu'à quel point on a raison d'ajourner le
débat, pour des raisons d'ordre très pratique, afin que ceux qui
sont concernés par cette loi 79, par ces dossiers, puissent être
là quand on en reparlera. Je sais qu'ils pourront être là
lundi, M. le Président. Donc, cette motion d'ajournement vient rendre,
je pense, service aux...
M. Burns: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président: Question de règlement, M. le
leader parlementaire.
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
faire un long débat de règlement, mais le député de
Rouyn-Noranda, bout à bout, nous soumet une motion dilatoire et, par la
suite, une autre motion dilatoire, qui vise à ajourner le débat.
Je pense qu'il doit faire son lit. Je ne veux pas, d'autre part, entreprendre
un long débat de procédure, mais il faudrait peut-être
qu'on s'aligne, si vous me permettez l'expression.
Je n'ai pas d'objection à ce qu'on prenne en considération
l'une ou l'autre des motions, sous réserve de vos décisions,
évidemment, M. le Président, mais il ne faudrait pas qu'un
député se permette de faire deux motions bout à bout comme
cela.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, je vous remercie, mais, en toute simplicité, j'avais
prévu que l'article 77 serait invoqué. Cependant, je dois
rappeler à M. le député de Rouyn-Noranda que, s'il demande
l'ajournement du débat sur la motion principale, après avoir
proposé une motion d'amendement à la motion principale, sa motion
en vertu de l'article 77 ne peut être reçue que si elle est faite
pour amender le débat sur sa motion d'amendement. Vous ne pouvez pas
avoir votre gâteau et le manger. Vous ne pouvez pas amender le
débat principal si votre motion d'amendement au débat principal
était reçue.
M. le député de Rouyn-Noranda, je suis prêt à
recevoir votre motion d'ajournement du débat, qui est un débat
restreint, pourvu que ce soit une motion d'ajournement sur votre
dernière motion et non pas sur la motion principale.
M. Samson: M. le Président, justement, je partage votre
opinion. J'ai fait une motion d'amendement sur la motion principale pendant que
j'avais le droit de parole. Vous l'avez reçue. Maintenant, je n'avais
même plus besoin d'avoir le droit de parole, car on peut se lever en tout
temps sur une motion non annoncée pour faire, en vertu de l'article 77,
une motion d'ajournement.
M. Burns: Le droit de parole.
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît! Une
motion d'ajournement du débat. Nous étions, à ce
moment-là, sur le débat de votre motion d'amendement, parce
qu'elle avait été reçue, vous venez vous-même de
l'affirmer.
M. Burns: II faut avoir le droit de parole pour faire une motion
d'amendement.
M. Samson: Un instant, M. le Président. Une motion non
annoncée d'ajournement du débat, en vertu de l'article 77
cela va peut-être aider les autres à comprendre peut
être faite en tout temps. "En tout temps", cela veut dire que, quand on
est debout, on peut la faire. M. le Président, vous ne m'avez pas
demandé de m'asseoir quand je l'ai faite. Le leader du gouvernement va
comprendre que j'ai utilisé un droit strict qui a souvent, d'ailleurs,
été utilisé par lui-même. M. le Président,
c'est absolument normal.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, M. le député de Rouyn-Noranda ont mentionné
tous les deux, dans des termes différents, qu'ils ne voulaient pas qu'on
fasse un excès de procédure. C'est vers quoi nous nous dirigeons
de toute façon. Je n'ai pas envie non plus de prendre une question
semblable en délibéré ou de suspendre les travaux de cette
Assemblée pour cette fin. Pour terminer cela, je vous dis très
sincèrement, vous ayant écouté tous les deux, en tenant
pour acquis que la motion d'ajournement du débat et la motion
d'amendement à la motion de deuxième lecture du projet de loi no
79, qui remplace le mot "maintenant" par les mots "dans les six
mois"... que j'accepte immédiatement la motion d'ajournement.
C'est un débat restreint. Il n'y a que les partis reconnus qui peuvent
s'exprimer. Nous la voterons s'il y a lieu.
M. Burns: M. le Président, en tant que représentant
d'un des partis reconnus...
M. Samson: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: C'est moi qui avais la parole. C'est moi qui ai fait
la motion. Le débat est restreint en vertu de l'article 77
aux représentants de parti, mais tous les députés ont le
droit de faire cette motion.
Le Vice-Président: Vous avez dix minutes, M. le
député de Rouyn-Noranda Je le sais. Vous avez déjà
utilisé au moins trois des dix minutes.
M. Samson: Merci, M. le Président. C'est exact, M. le
Président. Je disais donc qu'en vertu de l'article 77, cela va rendre
service au gouvernement. C'est pour cela qu'on ajourne ce débat. Je
rends tellement service qu'il y a des orateurs qui, je le sais, sont
prêts pour un autre sujet qui a déjà été
annoncé par le leader du gouvernement avant d'annoncer celui-là.
Nous en sommes tous témoins. Si on a changé de sujet, c'est parce
qu'il est arrivé un petit problème avec les notes du ministre des
Richesses naturelles. Nous avons vu ce qui s'est passé. M. le ministre
des Richesses naturelles était prêt quelques minutes après
le début du débat sur le projet de loi no 79. Si l'honorable
ministre des Richesses naturelles est prêt comme je le pense maintenant,
je crois que nous rendons service au gouvernement en ajournant le débat
sur la loi 79. On va passer à l'autre loi pour laquelle le ministre est
prêt et d'autres orateurs ont aussi des dossiers de prêts.Ce qui
n'est pas le cas en ce qui concerne le projet de loi no 79. Ce n'est pas le
cas. C'est pourquoi j'ai proposé cette motion d'ajournement du
débat. Bien sûr, M. le Président, ce n'est pas pour faire
de la procédurite. Ce n'est pas pour faire de la procédurite. Je
voudrais bien qu'on me comprenne.
C'est une façon très objective de dire au gouvernement:
Votre projet de loi, ce n'est pas parce qu'il est mauvais mais il peut
être complété avec certaines consultations, et, quand il
sera complété, il va être meilleur. Est-ce qu'on n'est pas
là, M. le Président, pour faire la meilleure législation
possible au profit des Québécois? C'est cela, notre devoir. Cette
motion d'ajournement nous permet de mieux faire notre devoir en meilleure
connaissance de cause parce qu'on gagne du temps, c'est une question de temps
tout simplement. La motion d'amendement, c'est une question de temps, la motion
de report à six mois de la motion de deuxième lecture, c'est une
question de temps, tout est une question de temps.
Je pense que personne n'a dit au gouvernement qu'on voulait boycotter ce
projet de loi. Personne n'a dit au gouvernement que notre intention,
c'était de faire un "filibuster" sur ce projet de loi, personne n'a dit
au gouvernement que c'était un mauvais projet de loi. Au contraire, on a
dit: Ce n'est pas mauvais, c'est valable mais, en utilisant
l'élément temps, nous pouvons faire un meilleur projet de loi
toujours dans le même contexte de ce principe de changement qui nous est
présenté. M. le Président, je souligne que je suis
objectif dans mes propos, à ce moment-ci; ce n'est pas uniquement de la
procédurite, ce n'est pas, non plus, uniquement en vue d'empêcher
d'adopter un projet de loi, mais c'est en vue de le faire adopter dans des
meilleures circonstances avec des meilleures dispositions de la part de tous,
compte tenu du temps de l'année où nous sommes.
On n'aurait pas pu tenir le même langage, M. le Président,
au mois d'avril, par exemple. Je n'aurais pas pu tenir le même langage au
mois d'octobre, par exemple, mais, quand on est rendu au 16 décembre et
qu'on est à quelques jours de la fin d'une session, ce n'est pas la
même chose. Cela fait plusieurs fins de session que je vis, que je
connais, vous en avez vécu plusieurs, M. le Président, et vous
savez ce que je veux dire. On se comprend seulement à se regarder, quand
on parle des fins de session; plus il y en a, plus cela se ressemble. Qu'on
change de gouvernement demain matin, on aura probablement les mêmes
problèmes parce qu'il n'y a aucun gouvernement qui peut facilement
s'exempter d'aller un peu plus vite; vers la fin de la session, parce qu'on
veut adopter le plus de lois possible, et on veut comme tout le monde,
d'ailleurs, c'est normal aller passer Noël dans nos familles. Cela
compte pour vous, cela compte pour moi, cela compte pour les ministres, cela
compte pour tout le monde.
Alors, c'est humain que de tenter de faire le meilleur travail possible,
de le faire le plus rapidement possible, d'abattre le plus de travail possible,
c'est-à-dire d'adopter le plus grand nombre de projets de loi. C'est
normal mais, dans le cas présent, je le dis et je le soutiens d'une
façon sincère, on se rend un mauvais service et, quand on rend un
mauvais service à l'ensemble des députés je ne
parle pas seulement pour l'Opposition on rend un mauvais service
à la population que nous représentons. En foi de quoi, M. le
Président, je soumets respectueusement que le gouvernement devrait
accepter cette motion d'ajournement du débat, et cela gagnerait du
temps. D'abord, s'il l'acceptait, cela pourrait permettre à l'autre
ministre de passer à l'action, cela pourrait lui permettre de nous
présenter ce qu'il a à nous présenter. Je pense que tout
le monde, de chaque côté de la Chambre, est prêt à
parler sur l'autre sujet; cela permettrait d'avancer l'autre débat. Bien
sûr, nous devons tenir compte que le règlement actuel
diffère de l'ancien règlement en ce sens que le projet de loi 79
ne mourra pas avec la fin de la session, il peut revenir avec la nouvelle
session. Donc, il n'y
a aucun recul législatif sur le plan de la technique
législative, il y a seulement un élément temps qui va
permettre au gouvernement et aux membres de l'Opposition, aussi, de consulter
du monde.
M. le Président, je pense que vous êtes sur le point de me
faire signe que mon temps s'achève.
Le Vice-Président: Oui, justement, à propos de
temps, vous l'avez déjà dépassé.
M. Samson: Je vous remercie, M. le Président, et
j'aimerais que le gouvernement donne son accord à cette motion
d'ajournement.
Le Vice-Président: Sur la motion de M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Si je comprends bien, nous débattons
actuellement la motion d'ajournement du débat.
Le Vice-Président: En vertu de l'article 77
exactement.
M. Lavoie: En ce qui nous concerne, M. le Président,
très brièvement, nous serions prêts à nous prononcer
par un vote à main levée, si vous voulez, sur cette motion
d'ajournement, et nous nous plierons à la décision de cette
Assemblée. Si le vote est positif, nous reprendrons le débat au
début de la semaine, ce qui aurait peut-être un certain avantage
parce qu'il y a beaucoup d'implications dans ce projet de loi. Si
l'Assemblée décide d'ajourner le débat à quelques
jours, nous pourrons intervenir. Sinon, nous sommes prêts à
continuer le débat. Nous aurons des questions à poser au ministre
parce que si la dernière est rejetée, la deuxième sera la
motion de report à six mois.
Sur le principe, il n'y a pas d'erreur, nous sommes pour. Mais lorsque
la deuxième motion sera appelée, celle du report à six
mois, nous aurons quelques questions à poser au ministre. Suivant ses
réponses, nous opterons pour l'adoption immédiate du principe,
sur lequel nous sommes d'accord. Par contre, si les réponses ne sont pas
suffisantes, nous serons plutôt favorables à un report à
six mois. Mais sur cette motion d'ajournement du débat, nous serions
prêts à nous prononcer par un vote à main levée.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, également, au nom du
gouvernement...
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: ... je peux vous dire que nous sommes prêts
à nous prononcer sur cette motion d'ajournement du débat.
Evidemment, nous voterons contre. Il nous apparaît qu'il s'agit d'une mo-
tion dilatoire qui est faite selon la stratégie du député
de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Ce n'est pas dilatoire.
M. Burns: C'est ce qu'il veut obtenir relativement au projet de
loi, ce qui est d'ailleurs parfaitement son droit. C'est une motion dilatoire,
bien évidemment. De toute façon, on n'entreprendra pas de
débat là-dessus, M. le Président. Je vous dis tout
simplement que nous sommes prêts à voter je n'ai pas
d'autres remarques à faire et que nous voterons contre la motion
du député de Rouyn-Noranda.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît. Je
voudrais quand même que les députés soient là pour
voter. A vos fauteuils, s'il vous plaît! Ecoutez, j'ai compris, à
la suggestion de M. le député de Laval, leader parlementaire de
l'Opposition officielle, qu'à moins que cinq députés
n'exigent le contraire, nous serions disposés à procéder
à un vote à main levée.
M. Lavoie: C'est exact.
Vote sur la motion d'ajournement du
débat
Le Vice-Président: C'est bien cela? A l'ordre! Le vote
n'est pas enregistré. Que celles ou ceux qui sont en faveur de cette
motion veuillent bien lever la main, s'il vous plaît. Contre. A vos
fauteuils seulement. Abstentions. Il me paraît évident que la
motion a été rejetée tout simplement.
Motion de report à six mois (suite)
A ce moment, comme la motion d'ajournement est rejetée,
normalement, nous reviendrions à la motion d'amendement proposée
par M. le député de Rouyn-Noranda sur la motion principale et sur
laquelle M. le député de Rouyn-Noranda a épuisé son
droit de parole.
M. Gratton: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: ... sur la motion d'amendement... Le
Vice-Président: C'est cela. M. Michel Gratton
M. Gratton: Je profiterai de la présence du ministre de
l'Industrie et du Commerce qui était absent au moment où j'ai
soulevé trois omissions qu'une vérification très sommaire
de notre part nous avait permis de déceler dans le projet de loi no 79.
Il s'agissait, entre autres, de la Loi de la division territoriale (Chapitre 5
des Statuts refondus, article 2, Abitibi-Ouest) où on fait
référence à un poteau milliaire alors qu'on sait fort bien
qu'il
devra être remplacé par un poteau kilométrique. Il y
avait également la Loi concernant le Parc de la Mauricie (Chapitre 50
des Lois de 1972) où, à l'annexe A), dans la description du
territoire du parc, on donne les distances en milles alors qu'elles devront
être en kilomètres. Et ce n'est pas prévu au projet de loi
no 79.
Egalement, à l'article 49a du Code de la route,
édicté par l'article 90b du chapitre 55 des Lois de 1972, qui
définit la charge par essieu on se réfère à des
pesanteurs en livres qui, forcément, devront être traduites en
grammes.
Cela, non plus, le projet de loi no 79 n'en parle pas. Je dirai que,
quant à nous de l'Opposition officielle, il ne nous semble
peut-être pas nécessaire de reporter la deuxième lecture du
projet de loi à plus tard pour la bonne raison que je pense que tous les
partis tel qu'ils l'ont exprimé aujourd'hui, sont d'accord sur le
principe qu'il faille procéder à la conversion au système
international.
En principe, je pense bien qu'il n'y a personne qui s'oppose à
l'adoption du projet de loi, mais, comme je l'ai mentionné dans mon
intervention tantôt, ce qui est important, c'est qu'on s'assure que ce
sera complet à moins que l'objectif du projet de loi ne soit pas de
faire toutes les corrections à toutes les lois. C'est peut-être ce
qu'on recherche à faire. A ce moment, j'inviterais le ministre à
profiter de son temps de parole sur la motion du député de
Rouyn-Noranda pour nous éclairer de ce côté. Quant à
nous, nous serions prêts à adopter la deuxième lecture, je
l'avais dit plus tôt, à condition qu'on ait du ministre
l'assurance qu'on a fait le travail exhaustif que cela représente, on en
convient.
Dans les trois exemples que j'ai donnés, il est bien entendu que
cela ne porte pas à conséquence, mais il pourrait y avoir des
omissions dans le projet de loi qui pourraient porter à
conséquence dans l'interprétation des lois et qui pourraient
porter préjudice à certaines personnes éventuellement. A
partir du moment où le ministre nous donne l'assurance qu'on pourra
procéder à des corrections, peut-être bien que ce n'est pas
la deuxième lecture du projet de loi qui devrait être
reportée à six mois, mais l'étude article par article.
Peut-être que le ministre, durant l'intersession, pourrait faire les
vérifications d'usage. Quant à nous, c'est une demi-douzaine de
l'un et six de l'autre, à condition qu'on ait l'assurance que le projet
de loi sera complet dans tous ses détails.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Laval.
M. Lavoie: J'aurais juste quelques questions à poser au
ministre. On voit d'abord dans les notes explicatives du projet de loi...
M. Burns: Je m'excuse auprès du député de
Laval. Je ne veux pas le brimer dans ses droits, ni quoi que ce soit, mais
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de réserver ses questions pour le
moment où nous étudierons le projet de loi article par article en
commission?
M. Lavoie: Non et je vais vous dire pourquoi. Si le ministre
avait l'amabilité d'intervenir brièvement en répondant
à mes questions, cela pourrait nous éclairer sur le vote que nous
aurons à donner sur la motion de report à six mois.
M. Burns: Dans le fond, vous lui suggérez un certain
nombre de questions auxquelles il devrait répondre dans sa
réplique. D'accord.
M. Lavoie: Et qui éclaireraient le sens de notre vote.
M. Burns: D'accord.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: D'abord, dans les notes explicatives, on lit que "la
présente loi vise à modifier certaines dispositions
législatives de façon à faciliter la conversion au
système international d'unités". Est-ce que cela veut dire que
cette loi de rajustement des mesures fait une révision de toutes les
lois qui sont contenues dans les Statuts refondus de 1964 et dans les statuts
qui ont été adoptés depuis 1964 jusqu'à ce jour ou
si elle ne couvre que certains statuts du Québec, que certaines lois qui
ont été réadaptées dans ces mesures, je ne dis pas
prises au hasard, mais choisies? Mon collègue, le député
de Gatineau, a mentionné trois oublis. J'aimerais bien savoir si cela
couvre tous les statuts du Québec ou uniquement certaines lois choisies.
On sait que, par ce projet de loi on amende ou on fait l'ajustement des mesures
dans quatre, cinq ou six lois, loi de la mainmorte, Loi des terres et
forêts, etc. C'est la première question à laquelle
j'aimerais que le ministre me réponde. Il pourra le faire
globalement.
Sur le principe, nous sommes totalement d'accord, mais j'aimerais que le
ministre nous dise s'il y a urgence d'adopter ce projet de loi
immédiatement. Avec votre permission, sans aller dans les détails
du projet de loi, je voudrais lire un article que je ne mentionnerai pas. "La
présente loi entrera en vigueur le jour de sa sanction, à
l'exception des articles 26 à 33 qui entreront en vigueur le 1er janvier
1978 et des articles 16, 18 et 19 qui entreront en vigueur à la date
fixée par proclamation du gouvernement". Il y a 108 articles au projet
de loi. Cela veut dire que sept articles entrent en vigueur le 1er janvier,
trois articles uniquement plus tard, par proclamation du lieutenant-gouverneur
en conseil et tous les autres immédiatement.
D'abord, est-ce que toutes les lois ont été
révisées? Est-ce qu'il y a urgence à adopter ce projet de
loi? Est-ce qu'il y a préjudice s'il n'est pas adopté
immédiatement? Les difficultés qu'on y voit également,
c'est que la population du Québec commence à être
renseignée, commence à s'adapter aux mesures linéaires sur
les routes, commence à transformer le mille anglais en
kilomètres. On multiplie par .6, grosso modo, et tout le monde est pas
mal habitué. Les gens sont allés en Europe ou au Mexique et ils
sont déjà acclimatés, ajustés à cela. Mais
il y a d'autres mesures qui
sont beaucoup plus compliquées. Je n'ai pas les termes exacts,
mais il y a les contenus, les mesures liquides; les litres et les pintes, cela
peut aller. On sait qu'il y a environ quatre pintes au gallon et à peu
près cinq litres au gallon, grosso modo.
Il y a d'autres mesures plus difficiles, les mesures de surface, entre
autres. On a encore en pratique les anciennes mesures françaises qui
sont les arpents. Dans d'autres régions du Québec ce sont les
anciennes mesures anglaises, les acres. Maintenant, nous allons tomber dans les
ares, je crois, qui sont les mesures d'unités internationales. Les ares
et les hectares. Cela devient joliment plus compliqué. Je ne suis pas un
arpenteur géomètre, je suis un notaire, peut-être pas
pratiquant, mais croyant! Cela peut créer énormément de
difficultés. Pour le poids, cela peut aller, mais...
Y a-t-il urgence? Y a-t-il préjudice à ne pas l'adopter
immédiatement? Il y aurait peut-être préjudice à
l'adopter immédiatement à cause d'un manque d'information, de
renseignements ou d'éducation de la population. Peut-être ne
pouvez-vous pas répondre de manière précise à ces
quelques questions que je vous pose, mais s'il n'y a pas urgence, si toutes les
lois ne sont pas faites, quel préjudice y aurait-il à accepter la
motion du député de Rouyn-Noranda, quitte à ce que la loi
soit réinscrite au début de la session et adoptée aux mois
de février, mars ou avril? Si le ministre pouvait répondre
à ces quelques questions, cela nous éclairerait sur le sens que
nous donnerons au vote de report à six mois.
Mme le Vice-Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce, sur la motion d'amendement.
M. Tremblay: Mme le Président, je vous demande une
directive. Dois-je m'en tenir uniquement à la motion d'amendement ou si
je peux faire des commentaires à la fois sur la motion de fond et sur la
motion d'amendement?
M. Lavoie: II y a consentement, en ce qui nous concerne. Ce n'est
pas formaliste du tout.
Mme le Vice-Président: Est-ce que ce consentement est
réservé exclusivement à l'intervention de M. le ministre
de l'Industrie et du Commerce?
M. Samson: Contre mauvaise fortune bon coeur!
Mme le Vice-Président: Consentement à intervenir
à la fois sur la motion principale et sur la motion d'amendement et
consentement à ce que ce soit le ministre de l'Industrie et du Commerce
seulement qui le fasse?
M. Lavoie: Non, ce n'est pas ce que j'ai compris.
Mme le Vice-Président: Non?
M. Lavoie: J'ai compris que le ministre demandait la permission
d'intervenir sur la motion d'amendement, quitte à aborder, à
l'occasion quelques questions de fond qui seraient normalement traitées
sur la motion principale une fois que la motion d'amendement serait, disons,
rejetée. En ce qui me concerne, je ne veux pas qu'il y ait de
formalisme, mais je ne veux pas enlever non plus le droit au ministre de parler
sur la motion secondaire d'amendement. S'il le désire et si l'occasion
se présente, il aura le droit de parler sur la motion principale, si
nous revenons à la motion principale. C'est le sens que j'ai compris
à la requête du ministre.
Mme le Vice-Président: Puisqu'il n'y a pas d'autre
intervention, je veux tout simplement clarifier la situation. Cela voudrait
dire que le ministre interviendra dix minutes sur la motion d'amendement, mais
qu'on ne fera pas appel à la pertinence du débat. Consentement?
Consentement.
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Rodrigue Tremblay
M. Tremblay: Mme le Président, comme je suis appelé
à parler à la fois sur la motion d'amendement et sur le principe
même du projet de loi no 79, je commencerai par répondre à
certaines des préoccupations qui viennent d'être
évoquées par les membres de l'Opposition officielle.
Premièrement, pour répondre au député de Gatineau,
le projet de loi 79 sur la conversion des mesures impériales aux mesures
d'unités internationales porte sur les lois de six ministères et
le nombre de ces lois est quinze.
Je les ai énumérés lors de mon discours de
présentation de deuxième lecture et elles sont évidemment
étayées dans le projet de loi avec les 108 articles. Par contre,
le projet de loi comporte un article, 104, qui prévoit que le
gouvernement peut, par règlement, modifier un règlement
d'application d'une loi pour y substituer des unités de système
international de mesure. Au niveau donc des règlements, nous avons
l'article 104.
En ce qui concerne les exclusions, par conséquent, elles seront
corrigées par d'autres projets de loi dans l'avenir. S'il y avait des
exclusions qui apparaissaient à l'étude article par article, une
fois que le principe du projet de loi aura été approuvé
par cette Chambre, il me fera plaisir de les discuter avec le
député de Gatineau. Maintenant j'en viens aux interrogations
soulevées par le leader de l'Opposition officielle. J'ai répondu
à sa première question en répondant à la
préoccupation du député de Gatineau, en ce qui concerne
l'urgence du projet de loi.
Je dois dire, Mme le Président, que ce projet de loi est la
résultante de sept ans de travail, à la fois du gouvernement
fédéral et du gouvernement précédent, le
gouvernement libéral. A partir de janvier 1970, il y a eu un livre blanc
indiquant l'orientation qu'entendait donner le gouvernement
fédéral à cette conversion vers les unités
internationales. Il y a eu, le 7 avril 1971, une loi fédérale
précisant cette intention dans les lois, pourvu que les gouvernements
provinciaux fassent les mêmes conversions, et le gouvernement du
Québec, le 29
avril 1973, a mis sur pied un comité d'implantation de cette
politique en créant le comité Métri-Québec.
Or, nous aboutissons aujourd'hui avec un projet de loi qui a fait
l'objet d'énormément de consultations, à
l'intérieur du gouvernement, avec le gouvernement fédéral,
avec les entreprises qui peuvent être touchées, de sorte que le
projet de loi est mûr présentement pour adoption. L'urgence, en
quelques jours, peut s'expliquer sur un point en particulier, surtout en ce qui
concerne l'industrie du bâtiment. Dans ce secteur, puisqu'il y a des
soumissions qui doivent être préparées, des devis, des
plans qui doivent être mis à point, la date d'application du
système a été fixée au 1er janvier 1978, en
collaboration avec les parties de ce secteur.
Le ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement a
déjà indiqué, sujet à l'approbation du projet de
loi 79 par l'Assemblée nationale, que les soumissions devront être
basées sur des dessins, des devis en mesures métriques pour tous
les nouveaux projets de construction présentés après le
1er janvier 1978. Or, comme ce procédé est en marche, il serait
administrativement lourd de reporter de quelques semaines l'adoption du
principe de la loi et présumément la troisième lecture du
projet, puisque tout est en branle présentement pour la mettre en
marche.
Maintenant, Mme le Président, vous me permettrez de revenir
rapidement sur le principe même de la loi. Je crois comprendre que les
membres de cette Assemblée sont unanimes à reconnaître le
bien-fondé du principe de la loi. Par conséquent je ne parlerai
pas trop longuement sur les raisons fondamentales de l'application de cette loi
dans une brève échéance. Je soulignerai cependant que,
pour le bien de nos entreprises et le bien de l'économie du
Québec, il est important que nos entreprises puissent concurrencer selon
les mêmes normes que les entreprises des autres provinces et des autres
pays. Par conséquent, ceci m'apparaît, comme ministre de
l'Industrie et du Commerce, comme étant le facteur fondamental qui
justifie le principe de la loi.
Il me fera plaisir, M. le Président, de revenir à
l'étude article par article, parce qu'on peut avoir l'impression, en
regardant le projet de loi, d'avoir devant soi un projet de loi très
compliqué. Effectivement, il s'agit d'un projet de loi extrêmement
simple, qui comporte une conversion linéaire et automatique d'une mesure
à l'autre, sans modification dans la substance des lois et des
règlements. Ceci a été bien surveillé par le
ministère de la Justice et par chacun des ministères qui ont
collaboré au projet de loi. C'est un projet de loi qui est relativement
simple mais, à l'étude article par article, je crois que les
membres de cette Assemblée pourront soulever les points d'interrogation
qui exigent une explication de la part du ministre ou de la part des ministres
responsables des ministères dont les lois sont mises en cause.
M. le Président, pour ces raisons, ayant cru répondre aux
préoccupations des députés de l'Opposition, étant
donné que l'ensemble des membres de cette Assemblée s'entendent
pour être d'accord sur le principe du projet de loi, je recommanderais
respectueusement à l'Assemblée d'en faire l'adoption en
deuxième lecture immédiatement.
Vote sur la motion de report
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): Est-ce qu'il y a d'autres interventions, d'autres
intervenants? Non, il n'y a plus d'intervenant. Est-ce que la motion du
député de Rouyn-Noranda, à savoir de reporter à six
mois l'étude du projet de loi no 79 sera adoptée?
M. Burns: Rejeté, M. le Président.
M. Lavoie: Que ceux qui sont pour lèvent la main?
M. Burns: A moins que vous vouliez voter à main
levée? D'accord.
M. Lavoie: C'est ce que le règlement prévoit. M.
Burns: D'accord.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): Que ceux qui sont pour la motion d'amendement du
député de Rouyn-Noranda lèvent la main, s'il vous
plaît! Que ceux qui sont contre lèvent la main. Que ceux qui
veulent s'abstenir lèvent la main. La motion du député de
Rouyn-Noranda est rejetée.
On revient sur la motion principale.
Vote sur la deuxième lecture
M. Burns: C'est cela, M. le Président. Est-ce que nous
sommes prêts à prendre le vote sur la motion principale?
Une Voix: Oui.
M. Burns: Alors, la même chose, M. le Président,
vote à main levée.
M. Lavoie: Adopté. M. Burns: Adopté. Des
Voix: Adopté.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): La motion de deuxième lecture est
adoptée?
M. Burns: Oui, oui.
M. Lavoie: S'il n'y a pas d'amendement, on peut faire les
écritures, peut-être?
M. Burns: S'il n'y avait pas d'amendement, M. le
Président, on pourrait peut-être faire les écritures. Cela
nous éviterait d'aller en commission plénière. A moins que
le député de Rouyn-Noranda...
M. Samson: M. le Président, je pense que ce ne sera pas
long, on va bien se comprendre. Avec votre permission, je vais expliquer
à l'honorable leader du gouvernement...
M. Burns: Excusez-moi, sur une question de règlement, s'il
y a des explications qui arrivent à ce stade-ci, je vais faire la motion
traditionnelle et, Mme le Président, je propose que le projet de loi no
79...
M. Samson: II ne veut pas en avoir, bien, on va prendre le temps
qu'il faut.
M. Burns: Je ne veux pas commencer un autre débat, on a un
autre projet de loi pour lequel on doit...
M. Samson: Quand on se lève pour vous donner des
explications, laissez-nous le temps de vous les donner.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, est-ce que vous vous levez en vertu de l'article 96 du
règlement?
M. Samson: Non, je me lève en vertu de rien, on va
continuer et on va passer toutes les étapes. C'est comme cela que vous
voulez jouer? Vous allez jouer.
M. Burns: D'accord.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, votre droit de parole sur la motion en deuxième lecture
est déjà utilisé. Cette motion du ministre de l'Industrie
et du Commerce, proposant la deuxième lecture...
M. Lavoie: C'est déjà adopté.
Mme le Vice-Président: C'est déjà
adopté? Bon.
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce...
M. Tremblay: Je crois que le député de
Rouyn-Noranda voulait faire un court commentaire, non pas sur les questions
techniques concernant le projet de loi, mais un court commentaire
général. Avec la permission de la Chambre, je demande que ce soit
possible qu'il le fasse. Je pense que c'est un commentaire très court
qu'il voulait faire.
Mme le Vice-Président: M. le ministre, nous avons un
règlement et nous sommes tenus par celui-ci. S'il y a une proposition
d'aller en commission plénière, nous irons, bien sûr, si
cette motion est adoptée. Sinon, s'il y a proposition de faire les
écritures et que cette motion est adoptée, nous le ferons. Quand
nous serons en troisième lecture, M. le député de
Rouyn-Noranda pourra utiliser son droit de parole.
Motion de renvoi à la commission
élue
M. Burns: Mme le Président, cela va peut-être donner
l'occasion au député de Rouyn-Noranda d'intervenir, si c'est
véritablement bref et uniquement sur des questions de technique. Je
propose que le projet de loi no 79 soit déféré à la
commission parlementaire de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la
chasse et de la pêche.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Samson: Adopté.
M. Burns: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Mme le Président, maintenant, je vous
demanderais, s'il vous plaît, de passer à l'article 12) de notre
feuilleton.
Projet de loi no 70 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Richesses
naturelles propose la deuxième lecture du projet de loi no 70, Loi
constituant la Société nationale de l'amiante.
M. le ministre des Richesses naturelles.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Mme le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et il en
recommande l'étude à la Chambre. C'est avec beaucoup de
fierté, mêlée d'humilité, que je soumets à
votre patiente attention, Mme le Président, ce projet de loi no 70
portant sur la création de la Société nationale de
l'amiante. C'est, certes, avec fierté que je défendrai ce projet
car il est le fruit d'une année de réflexion patiente sur un
sujet difficile qui en a découragé plusieurs dans le
passé. C'est également le premier geste tant attendu de l'Etat
québécois pour redonner un certain contrôle sur cette
richesse naturelle à la fois tant et si peu à nous.
C'est aussi avec humilité que je le défendrai, car du
succès ou de l'échec de la politique gouvernementale de l'amiante
dépendra le bien-être de nos concitoyens pour des
générations à venir. C'est là un fardeau lourd
à porter. Nul ne saurait prétendre à la
vérité absolue et toute action gouvernementale doit fatalement
représenter un compromis que personne ne pourra prétendre sans
faille.
Au seuil de l'élaboration d'un nouveau jalon d'une politique
minière, la nature même de l'industrie minière nous impose
une première contrainte de temps. Cette industrie repose, en effet, sur
l'exploitation d'une ressource non renouvelable. De celle-ci rayonne une
micro-économie de région qui va s'effondrer, se
désorganiser, lorsque la mine qui lui sert de support sera
épuisée. Cette limite de nature frappe sans distinction de lieu,
que ce soit en France forçant la fermeture récente des mines de
fer et de charbon ou encore au Yukon menaçant les mines d'amiante de
Clin-
ton Creek. De cette vérité en apparence de sens commun
découle une seconde contrainte, de rentabilité cette fois. C'est
un devoir de justice pour un gouvernement de ne pas dilapider le patrimoine des
travailleurs de la région et de faire tout en son pouvoir pour leur
assurer le maximum de retombées économiques durant les
années prospères. Le cas de l'amiante, à cet égard,
présente une problématique un peu spécifique. Si
l'essentiel de notre industrie minière exploite des gisements
métalliques dont la transformation en métaux bruts ou finis
entraîne notre économie de façon significative,
l'extraction de l'amiante et sa concentration mécanique n'ont que de
très faibles effets sur notre industrialisation.
Faut-il souligner à cette Assemblée que la fibre d'amiante
entre directement dans la fabrication de la plupart des produits sans avoir
à subir de modifications structurelles importantes. Il n'y a donc pas
place pour une industrie de transformation physique ou chimique de la fibre
comme telle, ce qui fait que cette richesse naturelle n'avantage le
Québec que dans la mesure où elle lui conférerait des
avantages comparatifs pour l'implantation d'industries manufacturières
fabriquant des produits à base d'amiante.
Mais il faut bien admettre que la réalité
québécoise ne traduit pas l'existence de tels avantages
comparatifs. Nos aînés n'ont pas réalisé la valeur
des richesses qu'ils avaient sous la main et n'ont pas su évaluer la
prospérité économique qu'elles pouvaient leur apporter.
Par contre, Américains et Anglais, ont très vite supputé
les possibilités de ce patrimoine prodigieux. Ils savaient et savent
encore évaluer le potentiel d'un gisement comme la mine Jeffrey,
comptant pour 37% de la production canadienne et 13% de la production mondiale
de fibres. Ils ont vite apprécié la qualité de notre
fibre, consistant principalement en fibres de qualité fibrociment d'une
valeur supérieure.
Et comment s'étonner du fait que ces étrangers soient
venus exploiter, à notre place, une telle richesse à laquelle
nous semblions si peu tenir? Ne sont-ils pas tout simplement venus chercher la
ressource sous le regard des gouvernements précédents qui ont
placidement laissé partir 97% de la production de fibre pour
l'extérieur du Québec? Car si le Québec exerce un
quasi-monopole sur l'exportation de l'amiante, avec 82% de tout le commerce
libre d'exportation d'amiante, est-ce là l'indice d'un record
spectaculaire ou, plutôt, le symptôme d'un malaise profond, dans la
mesure où ce ne sont pas les Québécois, mais des
étrangers qui contrôlent la mise en marché et tirent profit
de ce monopole?
Pas besoin d'être un bien grand expert pour comprendre le
processus de mise en marché de la production de l'amiante; elle repose
sur un simili-cartel international de producteurs et de consommateurs d'origine
américaine, britannique et européenne. Le groupe américain
composé, entre autres, de la Johns-Manville et de Jim Water Corporation,
nous concerne particulièrement, du fait qu'il contrôle plus de 85%
de la production canado-américaine de fibre et près de 80% de la
production secondaire d'amiante aux Etats-Unis et au Canada.
Le reste de la production du monde libre passe par les canaux du groupe
britannique formé par Turner and Newall, Cape Asbestos et BBA, ainsi que
par le groupe Eternit lui-même associé à plusieurs firmes
concurrentes, notamment la Johns-Manville.
Ce dernier point, Mme le Président, révèle une
caractéristique fondamentale de ces compagnies; elles forment une belle
et grande famille, à ce point unie que leurs pratiques commerciales,
dans ce secteur de l'amiante, ont fait l'objet d'examens serrés à
différentes reprises, notamment par le gouvernement américain et
le gouvernement britannique. Seules quelques firmes multinationales de grande
taille non intégrées peuvent trouver une place dans ce cartel en
se spécialisant dans l'exploitation d'un segment du marché. C'est
le cas de compagnies comme Asbestos Corporation, spécialisée dans
le secteur primaire, Garlock Incorporated, dans la fabrication de pièces
d'équipement et de groupes BBA.
Ainsi, en concentrant leurs activités dans un secteur
précis, elles augmentent leur capacité de
pénétration des marchés internationaux et s'ouvrent la
possibilité d'avoir une influence sur la fixation des prix. Vous ne
manquerez pas, Mme le Président, de remarquer cette admirable structure
et cette belle efficacité au niveau du commerce international. Mais,
direz-vous, où se situe le Québec, ce détenteur du
monopole d'exportation? Nulle part, j'ai bien le regret de devoir vous
l'avouer.
Notre production primaire d'amiante a donné naissance à
une industrie qui étend ses ramifications partout dans le monde. 80
filiales du groupe américain, une centaine de filiales, dans le monde,
du groupe britannique, une quarantaine de filiales européennes. Y en
a-t-il qui soient contrôlées par des Québécois?
Aucune, Mme le Président. Et tandis que nous restions avec des villes
défigurées, des puits béants, la poussière et les
maladies industrielles causées par des pratiques industrielles
inacceptables, l'entreprise privée étrangère mettait en
branle, hors du Québec, la fabrication de plus de 3000 produits
différents incorporant l'amiante: des fibrociments pour la construction
en passant par des garnitures de frein, le tissu et les produits
d'étanchéité.
Les laboratoires industriels, misant sur les performances non encore
égalées de l'amiante, au point de vue de la résistance aux
températures, et sur les propriétés mécaniques de
la fibre, ont mis au point des utilisations de l'amiante dans le domaine de la
technologie de pointe, comme le renforcement des moulages de plastique
utilisés dans les avions, les véhicules et les appareils
électriques. Nous devons admirer le dynamisme de l'entreprise
privée, créatrice d'emplois, que nos prédécesseurs
n'ont pas su retenir chez nous.
Alors que le chômage frappe nos travailleurs, 40 000 Japonais, 90
000 Américains et 110 000 Européens occupent les emplois
industriels générés par la fibre brute que nous leur avons
expédiée.
Chez nous, au Québec, nous comptons 1200 emplois industriels en
regard d'une production de fibre brute de 1,8 million de tonnes par
année. Comment, Mme le Président, allons-nous expliquer alors
à nos 6000 mineurs qu'ils contribuent à hausser le niveau de vie
de 240 000 étrangers et à peine de 1200 Québécois
comme eux? En fait, les Québécois se sont soumis à une
industrie secondaire étrangère qui a certes stimulé le
développement d'un secteur primaire d'envergure au Québec, mais
selon des impératifs et des priorités extérieurs au
Québec et parfois à l'encontre de l'intérêt des
Québécois.
L'évolution historique de l'industrie de l'amiante nous oblige
donc à admettre que les pressions économiques naturelles ne
devaient pouvoir inciter les sociétés productrices à
développer un secteur secondaire important au Québec. En effet,
le seul avantage qui aurait pu résulter d'une transformation tout
près de la mine aurait en fait consisté à rapprocher
l'usine de fabrication de la source d'approvisionnement. Etant donné que
l'amiante entre sans beaucoup de transformation dans les produits finis, il
s'agissait d'un avantage minime face à ceux que procure la
proximité des marchés.
On ne pouvait espérer que des sociétés
étrangères décident d'elles-mêmes par pure
philanthropie de venir enrichir les Québécois d'une structure
industrielle qui pouvait si facilement avantager leurs compatriotes. Seule une
volonté politique, Mme le Président, pouvait entraîner une
implantation d'un secteur secondaire au Québec et cette volonté
aurait sans doute pu émaner du gouvernement central. En effet, la
majeure partie de notre fibre étant destinée aux marchés
étrangers, le gouvernement fédéral, habilité par sa
compétence en matière de commerce extérieur, aurait pu
mettre sur pied une politique visant à ce que les
Québécois puissent bénéficier des retombées
économiques de l'utilisation industrielle de leur amiante.
Ils l'ont fait dans le cas de l'uranium et ils prétendent le
faire encore dans le récent projet de loi qu'ils viennent de soumettre.
Mais la prospérité économique du Québec n'a jamais
été une des priorités du gouvernement central. De leur
côté, les provinces disposent d'une juridiction exclusive sur
leurs ressources minières qui circulent en deçà de leurs
frontières. On aurait pu attendre certains gestes gouvernementaux de la
part des gouvernements québécois antérieurs. Mais cette
juridiction sur les richesses naturelles se heurte à de graves
difficultés comme l'illustre la récente décision de la
Cour suprême, qui a refusé à la Saskatchewan le droit de
percevoir une rente qui lui aurait fait bénéficier de la
plus-value du pétrole dans le monde et ce, même si cette province
était propriétaire de son pétrole, remplissant ainsi la
condition essentielle exigée par l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique pour exercer sa juridiction. Ainsi, dans la mesure où les
substances minérales doivent quitter en quantité importante les
territoires provinciaux, les provinces se voient refuser par le gouvernement
fédéral toutes mesures législatives visant à faire
profiter leurs concitoyens de cette richesse, ne conservant, finalement,
guère que les inconvénients. Mais cette bien mince juridiction
des provinces sur leurs richesses naturelles se heurte, dans le cas de
l'amiante, à un obstacle supplémentaire, Mme le Président.
En effet, dans le cas des lettres patentes émises avant 1884, et c'est
le cas de nos mines d'amiante dans les Cantons de l'Est, la
propriété du sous-sol va de pair avec la propriété
des droits de surface. Et la collectivité québécoise n'est
donc pas propriétaire de la ressource minière au sens de
l'article 109 de la constitution. Aussi, les déclarations fort
imprudentes de certains politiciens québécois concernant le
pouvoir législatif du Québec sur le développement de son
industrie de l'amiante montrent à tout le moins une
méconnaissance des contraintes constitutionnelles qui emprisonnent d'un
carcan le développement du Québec.
Devant ces quelques réalités dont j'ai voulu faire part
à cette Assemblée, fallait-il pour le présent gouvernement
se contenter, comme l'ancien gouvernement et tous les gouvernements qui l'ont
précédé d'ailleurs, d'autres déclarations
ronflantes sur cette extraordinaire richesse du Québec et nous contenter
d'admonester l'industrie pour son refus d'encourager la création d'une
industrie manufacturière des produits de l'amiante au Québec.
La réponse à l'inaction des gouvernements
antérieurs se trouve là sous nos yeux. Sur les 3000
différents produits d'amiante, combien sont fabriqués au
Québec? Sur les 200 000 emplois que génère notre amiante,
combien en retrouve-t-on au Québec? Puisque l'intervention indirecte des
gouvernements ne pouvait renverser une situation intolérable, il ne
restait à l'Etat du Québec qu'une intervention directe.Le
Québec a donc choisi de s'immiscer dans ce monde fermé des
industriels de l'amiante.
Certes, l'Etat pouvait choisir de prendre un contrôle total et
entier de notre industrie. Il nous a paru que cette solution extrême
risquait de s'apparenter aux remèdes dont le patient ne saurait se
remettre. D'une part, la plupart des entreprises minières
implantées au Québec dans le secteur de l'amiante sont
intégrées verticalement, ce qui leur assure une bonne
disponibilité de fibre et contribue à faire de ce marché
un modèle d'équilibre entre l'offre et la demande, le mettant
ainsi à l'abri de ces fluctuations qui affectent si lourdement le reste
de notre industrie minérale.
D'autre part, ces sociétés ont contribué par leur
dynamisme à faire de l'amiante un matériau utile et même,
dans beaucoup de cas, indispensable. L'amiante bénéficie donc de
cette complicité d'industriels qui y voient un produit
intéressant à mettre en marché et qui demeurent les grands
ambassadeurs de notre richesse naturelle. Ne valait-il donc pas mieux associer
les Québécois aux sociétés existantes en
intégrant cette volonté gouvernementale à leur
activité plutôt qu'en rompant les ponts?
Nous avons choisi une voie modérée, celle de créer
une nouvelle société d'Etat à double mandat, soit de doter
le Québec d'une industrie manufacturière de produits à
base d'amiante, soit d'exploiter ses propres gisements d'amiante. Ce
premier
mandat de doter le Québec d'une industrie manufacturière
traduit la volonté politique d'accroître la valeur ajoutée
à la fibre d'amiante. Dans la mesure où nous reconnaissons que le
développement d'une telle industrie dépend moins d'avantages
comparatifs marqués que de la volonté de l'industrie de maintenir
l'ordre et la discipline dans la mise en marché des produits de
l'amiante, volonté qui s'ajoute à un désir légitime
de maximiser les retombées économiques dans le pays d'où
origi-nent les investissements, dans la mesure aussi où les efforts des
gouvernements antérieurs, que nous ne voudrions accuser de mauvaise foi,
n'ont pu entraîner la croissance au Québec d'une telle industrie
manufacturière, nous croyons qu'il ne reste plus à la
collectivité québécoise qu'à prendre
elle-même en main le développement d'une telle industrie.
L'intention du gouvernement et le mandat de la société est
de refléter cette intention, mais pas de bâtir une industrie
économiquement non viable. C'est donc dire que des critères de
rentabilité économique devront gouverner l'action de cette
société. Pour cette raison aussi, la future société
nationale de l'amiante devra bénéficier de la même
expertise que ses concurrentes. Elle devra s'impliquer dans la
commercialisation de la fibre d'amiante à l'échelle mondiale et
connaître ainsi tous les rouages de ce marché extraordinairement
complexe et délicat. Elle devra pouvoir anticiper les nouveaux besoins
mondiaux en produits manufacturés et s'assurer que ces produits puissent
être fabriqués au Québec, dans chaque cas où cela
s'avérera économiquement possible.
Enfin, et cela pour respecter l'esprit qui anime notre politique de
l'amiante, la société nationale de l'amiante recherchera
l'association à d'autres industriels de l'amiante dans des projets de
développement économique. Le gouvernement, faut-il le rappeler, a
choisi de ne pas ignorer les nombreuses déclarations des
sociétés minières exploitant des gisements d'amiante
québécois et qui se sont montrées désireuses, au
cours des derniers mois, d'élaborer de concert avec le Québec une
politique de développement du secteur manufacturier de l'amiante au
Québec.
Nous croyons à l'heureux équilibre de
sociétés mixtes, à la fois pouvant poursuivre des
objectifs de rentabilité économique et sociale. Nous voulons donc
que cette société multiplie ses efforts au Québec en
recherchant, là où cela s'avère favorable, l'association
à d'autres intervenants de cette industrie.
Cependant, il demeure qu'une société nationale de
l'amiante privée d'un approvisionnement autonome en matière
première se verrait vite placée en posture désavantageuse
sur les marchés mondiaux. En effet, si l'industrie de l'amiante
présente aujourd'hui ce fort degré d'intégration
verticale, qui touche toutes les sociétés
québécoises à l'exception d'une, il ne faut pas oublier
que cette intégration s'est faite de haut en bas et que, sans une source
d'approvisionnement assurée, l'industrie de transformation
manufacturière serait demeurée à la merci de ses
compétiteurs quand il ne s'agit pas en même temps de ses
fournisseurs.
La Société nationale de l'amiante devra donc s'impliquer
dans l'exploitation d'au moins un gisement d'amiante existant. Une telle
propriété lui garantira l'autonomie désirée en
matière première, même si elle ne devait pas avoir à
en faire usage. Surtout, l'implication de la Société nationale de
l'amiante au niveau de l'industrie primaire lui conservera le même
avantage économique d'approvisionnement que ses compétiteurs,
à un prix suffisamment avantageux pour justifier certaines implantations
industrielles de transformation. De plus, en s'impliquant au niveau
d'exploitations minières existantes, la Société nationale
de l'amiante se dotera du capital humain et technologique lui permettant de
s'impliquer d'une manière calculée dans le développement
de nouveaux gisements.
Le sous-sol du Québec recèle d'autres gisements d'amiante,
mais l'histoire récente de cette industrie nous a montré le grand
risque que courent de nouveaux investisseurs dans ce domaine d'une exploitation
minière si spécialisée. Le Québec, dans les
prochaines années, devra décider s'il s'implique dans le
développement de ces nouveaux gisements et s'il va contribuer ainsi
à fournir les besoins futurs en fibre qu'on prévoit en constante
expansion. Un sain réalisme exige que ces décisions soient prises
par des hommes rompus à l'exploitation minière et dotés
d'une grande expérience. Les générations futures nous
reprocheront tout autant notre refus de nous être impliqués dans
le développement de notre industrie que les échecs essuyés
dans ce développement. L'expertise québécoise existe, la
volonté québécoise est là, il ne reste plus
qu'à les combiner. Voilà pourquoi aujourd'hui le Québec
veut se doter d'une société nationale de l'amiante.
L'affaire n'est pas sans risques. Certains voudront reculer devant
l'inconnu, s'imaginant sans doute qu'il puisse exister un développement
économique qui ne repose pas sur un certain pari sur l'avenir, sur
l'acceptation de certains risques. Ce seront probablement les mêmes qui,
s'affligeant de notre économie, en blâmeront
sévèrement l'Etat pour retourner ensuite, bien pantouflards,
à la lecture du dernier bouquin d'économique. Le Québec a
vécu cent ans à blâmer la génération
précédente de ne pas avoir pris en main le développement
de notre industrie de l'amiante. C'est avec fierté que notre
gouvernement vient ici rompre avec la tradition et il vous propose aujourd'hui
la création de la Société nationale de l'amiante.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Merci, Mme le Président. Ce projet de loi no
70, créant la Société nationale de l'amiante, met en place
une structure administrative dont le seul intérêt c'est
fort évident d'après les propos mêmes du ministre
est de servir d'instrument à une politique de l'amiante. Ce sont les
éléments connus de cette politique qui doivent donc faire l'objet
du débat de deuxième lecture, puisqu'il serait largement inutile
de faire un
commentaire sur des structures qui reprennent les éléments
déjà connus de structures analogues quant à leur
constitution interne dans un projet de loi qui contient pour toute mention des
objectifs visés un court article, l'article 4, qui énumère
de façon très générale et très vague les
objets de cette société de l'amiante.
Je fais d'ailleurs lecture de cet article 4, qui établit
très bien le caractère que je viens d'indiquer de ces objectifs.
On y lit: La société a pour objet a) la recherche, le
développement, l'exploitation de gisements d'amiante, y compris la mise
en marché de la production, et b) toute activité de nature
industrielle, manufacturière ou commerciale reliée directement ou
indirectement à la transformation de la fibre d'amiante.
C'est donc bien peu de chose pour servir de point d'appui à un
débat véritablement articulé et il est certain que, dans
la mesure où tous les éléments de cette politique qui
devraient être disponibles pour aborder en pleine connaissance de cause
l'étude de ce projet de loi ne sont pas disponibles, ce projet de loi
est prématuré et que sa discussion en sera forcément
tronquée, en sera forcément appauvrie.
De façon générale, on peut voir, d'après les
commentaires, les remarques du ministre, les commentaires que l'on peut puiser
dans différentes interventions de groupes intéressés, que
la solution qu'a retenue le gouvernement, solution qu'il annonçait il y
a un certain temps, relativement à la définition d'une politique
quant à l'amiante, se caractérise par deux éléments
essentiels. D'une part, cette solution n'est pas le fruit d'une
évidence. Il s'agit dans ce cas d'une décision que le
gouvernement a prise dans un contexte assez lourd d'incertitude et
d'ignorance.
D'ailleurs, en terminant ses propos, le ministre lui-même a tenu
à le signaler puisqu'il a dit: "L'affaire n'est pas sans risque,
certains voudront reculer devant l'inconnu". Au début de ces propos,
d'ailleurs, il nous rappelait que la solution a laquelle son gouvernement
s'attache est une solution inévitablement de compromis parmi
différentes solutions possibles et auxquelles personne ne peut attribuer
le caractère d'être irréfutable ou évidente.
D'ailleurs, des opinions divergentes ont été exprimées
tout au cours de l'année par différents membres de ce
gouvernement, avant que le cabinet n'ait arrêté sa politique
officielle, et par le ministre des Richesses naturelles lui-même, qui,
aussi récemment qu'en avril dernier, déclarait: "Je ne suis point
un partisan des nationalisations, de tels gestes sont rarement de nature
à régler vraiment des problèmes aussi complexes que celui
auquel nous devons faire face."
Nous retrouvons également, vis-à-vis de la solution qu'a
retenue le Conseil des ministres, et de façon presque
prophétique, une opinion fort considérée et fort
circonstanciée, émise par le comité des mines du Conseil
régional de développement des Cantons de l'Est, en février
dernier, sous le titre: Une politique québécoise de l'amiante, et
qui, à la page 36 de ce mémoire, parmi un inventaire de toutes
les solutions possibles, un éventail de toutes les approches possi-
bles, faisait le commentaire suivant qu'on me permettra de lire relativement
à l'établissement d'un secteur témoin, c'est-à-dire
de la prise en charge par l'Etat d'une partie seulement de l'industrie d'une
entreprise parmi d'autres dans l'ensemble des entreprises qui agissent dans ce
secteur.
Le commentaire est donc dans les termes suivants: "Créer un
secteur témoin consiste à acquérir les actifs miniers de
l'une des firmes engagées dans l'extraction de l'amiante. Elle constitue
en fait l'extension à l'amiante d'une mesure proposée à
l'origine pour les produits pétroliers, dans le but de permettre au
secteur public d'acauérir un minimum de connaissances, mais, comme
l'exploitation des mines d'amiante est déjà assurée par
des gens du Québec dont l'expertise est facilement disponible, la
création d'un secteur témoin pour les raisons invoquées
plus haut est à peu près inutile.
Toutefois, le Québec pourrait augmenter ses connaissances des
marchés dans une certaine mesure. On pourrait aussi procéder de
la sorte dans le but d'assurer un approvisionnement en fibre d'amiante à
des usines de transformation québécoises. Mais, là encore,
cela est à peu près inutile puisque les sociétés
minières déjà établies se feraient un plaisir de
vendre à de nouvelles usines québécoises. Les
résultats à obtenir d'un secteur témoin ne seraient certes
pas à la mesure de l'effort financier consenti pour le créer, en
tout cas pas à court ni moyen terme. "Enfin, le fait que cette firme
nationalisée ne soit pas intégrée verticalement
elle serait la seule dans ce cas la pénaliserait lourdement et
elle ferait sans doute piètre figure devant ses concurrentes, qui
pourraient se concerter pour discréditer ainsi l'intervention de l'Etat.
Préconiser la création d'un secteur témoin d'envergure
aussi limitée, c'est se placer au départ dans une position de
faiblesse ".
On voit que la solution retenue par le gouvernement ne se distingue pas
par son caractère d'évidence. Il y a eu des débats
à l'intérieur même du gouvernement auxquels les media ont
fait écho. Il y a aussi eu, de la part des milieux
intéressés et informés mais non pas des milieux miniers
eux-mêmes, donc de la part d'une opinion qui, dans l'ensemble, prenait de
cette question une vue d'ensemble détachée et impartiale, des
opinions fortement négatives face à l'option qui,
éventuellement et postérieurement à ce rapport, a
été adoptée par le gouvernement.
Dans le programe du Parti québécois lui-même, Mme le
Président, les solutions envisagées étaient
différentes de celles que le gouvernement a retenues puisque, dans
l'édition 1975 de ce programme, ie PQ promettait, et je cite: "D'assurer
un contrôle majoritairement québécois et de créer un
office de mise en marché pour le minerai de l'amiante, lequel serait
l'agent exclusif pour la vente et l'achat de minerai sur les marchés
locaux et internationaux, et conférer à cet office les pouvoirs
nécessaires pour favoriser la transformation, au Québec, de la
matière première". C'est à la page 16 de cette
édition.
Or, le ministre, dans son exposé, a fait un plaidoyer
démontrant l'impossibilité juridique de la création et de
la mise sur pied d'un tel office de mise en marché. C'est d'ailleurs une
solution qui n'a pas été retenue par le gouvernement. Donc, il y
a un éventail d'opinions très vaste et il y a une solution parmi
d'autres qui a été retenue par le gouvernement; le moins qu'on
puisse dire, c'est qu'elle constitue, comme l'a dit le ministre, un pari, elle
constitue un risque, elle constitue une décision qui ne peut pas
être à l'abri des critiques et des risques d'échec.
Une deuxième caractéristiques, Mme le Président,
que l'on voudra faire de ce projet de loi et de cette intention
gouvernementale, c'est de se flatter d'un parallèle entre cette
décision de 1977 vis-à-vis de l'amiante et la décision de
1963 relativement à la nationalisation de l'électricité.
J'ai été heureux de constater que le ministre n'a pas jugé
bon de faire un tel parallèle et je lui en serai gré, parce que
cette décision que nous prenons par notre gouvernement, en 1977, est
essentiellement différente de cette prise relativement à
l'électricité; elle se rapproche, au contraire, beaucoup plus de
la prise en charge du Montreal Light, Heat and Power, en 1944, que de la
nationalisation des sociétés privées en 1963. Il s'agit
effectivement de la prise en charge de la partie la moins saine, la plus
déficiente d'une industrie et d'une prise en charge partielle, ce qui,
en soi, est le germe de nouvelles difficultés, de nouveaux
problèmes que nous réservent les années futures.
Mais je ne voudrais pas passer le plus clair de mon exposé
à faire état des caractéristiques apparentes de cette
politique. Je crois qu'il faut, prioritairement, se rapporter aux grands
objectifs qui devaient sous-tendre une politique gouvernementale dans le
domaine de l'amiante. Ces objectifs sont peu nombreux mais extrêmement
importants; il s'agit d'arguments qui, à des titres divers, peuvent
expliquer ou motiver différentes formes d'interventions
gouvernementales.
J'espère démontrer, dans les quelques minutes qui sont
à ma disposition, qu'il ne s'agit pas d'arguments qui indiquent que la
solution qu'a adoptée le gouvernement est la meilleure. Au
contraire.
Ces arguments, ces objectifs sont au nombre de trois. Je les mentionne
brièvement au départ. Il s'agit, d'une part, de \a
récuparation de la rente économique attribuable à la
position de quasi-monopole du Québec relativement à cette
ressource. En deuxième lieu, il s'agit d'assurer une salubrité
optimale des installations minières et des installations de
transformation du minerai. En troi-sième lieu, il s'agit de favoriser
une transformation optimale de ce produit au Québec de manière
à favoriser chez nous la création du plus grand nombre
d'emplois.
Ralativement au premier objectif de la récuparation de la rente,
il faut bien noter, ainsi que l'a dit le ministre Bérubé
lui-même, que nous ne sommes pas les Arabes de l'amiante. La situation du
Québec relativement à l'amiante n'est pas du tout comparable
à celle des pays qui disposent de gîtes importants de ressources
d'hydro-carbures puisque, contrairement aux hydro-carbures, les
problèmes de mise en marché et les problèmes de
concurrence auxquels est en butte l'industrie de l'amiante sont essentiellement
différents de ceux auxquels font face les producteurs
d'hydrocarbures.
En effet, il y a ce problème de concurrence, de substitution qui
se pose de façon beaucoup plus aiguë dans le cas de l'amiante, quoi
qu'on en dise, qu'il ne se pose dans le cas des hydrocarbures qui demeurent,
malgré tout, pour un grand nombre d'usages, la seule ressource
énergétique utilisable dans un grand nombre de cas.
Il est tout à fait vrai, Mme le Président, et ceci nous
pouvons y souscrire sans aucune réserve, que dans la mesure où il
existe une rente économique qui découle de la possession d'une
ressource rare, d'une ressource en quantité finie et dont nous sommes
les détenteurs majoritaires, il est absolument impératif de
trouver les moyens de maximiser la part de cette rente qui demeure au
Québec.
C'est une situation dont les pays producteurs de matières
premières ont pris conscience de façon aiguë depuis quelques
années, en particulier depuis l'essor assez spectaculaire du prix
international d'un très grand nombre de matières premières
et depuis que la conscience internationale a été
éveillée par des études comme celle du Club de Rome et
d'autres aux problèmes de la pénurie éventuelle de toutes
les matières premières, étant donné le
développement assez rapide de l'utilisation de ces ressources au cours
du derniersiècle ou dernier demi-siècle.
Il y a donc un impératif, c'est-à-dire découvrir la
méthode la plus efficace pour maximiser la part nette de la rente
économique qui reste au Québec. Il y a plusieurs
possibilités pour le faire. Elles ne sont pas toutes également
disponibles ou efficaces.
La première possibilité serait essentiellement
rattachée à la propriété du fonds, à la
propriété de la ressource et à la possibilité
d'offrir au plus offrant cette ressource, si on la contrôlait en
disposant de sa propriété. C'est une possibilité qui,
malheureusement, n'existe pas sur un plan purement juridique, mais, avant de
l'écarter complètement, je serais curieux, personnellement, de
connaître les études juridiques qui ont pu être faites dans
ce secteur parce que je ne m'arrête pas, a priori, aux arguments qui ont
été présentés par certains, à savoir
qu'étant donné la loi minière de l'année 1880, ou
environ, le Québec avait définitivement et pour toujours
renoncé à la propriété des ressources souterraines
à cause de la façon dont les concessions avaient
été données à cette époque.
Je crois qu'il n'est pas au-delà de la capacité
d'imagination humaine de trouver une façon légale de
récupérer, ne serait-ce qu'en partie, cette
propriété, ce domaine éminent que l'Etat possède
toujours, d'une façon ou d'une autre, et d'en tirer quelque revenu.
Mais, en l'absence de ces études, ne les croyant pas disponibles, je
crois qu'il est
tout simplement opportun, à ce moment-ci, de poser un point
d'interrogation sur la prétendue impossibilité d'avoir recours
à cette technique. Il y a, cependant, d'autres techniques qui peuvent
être utilisées pour récupérer la rente
économique. La plus connue, c'est la méthode fiscale qui permet,
sans dépenser de la part de l'Etat, de récupérer, à
titre de profit, une part, au moins, de la rente économique, part qui
pourrait être, d'ailleurs, majorée s'il était possible de
la circonscrire plus précisément. Des méthodes comptables
peuvent être imaginées pour circonscrire la rente
économique à même les profits déclarés par
une société exploi-tatrice de ressources naturelles.
On m'objectera que les prix de transfert utilisés par les
sociétés d'exploitation des richesses naturelles, comme,
d'ailleurs, par d'autres sociétés parce que le problème ne
se limite pas aux sociétés qui exploitent les richesses
naturelles, sont tels que ces profits apparaissent dans les livres de la
maison-mère, de la société mère à
l'extérieur du Québec, plutôt que d'apparaître dans
les livres et dans les états de profits et pertes des
sociétés québécoises. Mais c'est faire fi assez
rapidement des techniques de contrôle fiscal qui existent, qui ont
été mises au point depuis de nombreuses années par les
administrations fiscales de tous les pays, donc du Québec et du Canada,
justement pour éviter de façon trop massive les transferts de
profits.
Mme le Vice-Président: Pouvez-vous me confirmer si vous
parlez au nom du parti? Veuillez m'excuser de vous interrompre, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: C'est cela. Alors, pour éviter les transferts
massifs de profits en dehors des frontières, elles ont
développé des techniques de contrôle sur les prix de
transfert, techniques qui sont maintenant assez bien rodées et qui
permettent d'éviter les abus les plus flagrants. Si la rente
économique est substantielle, précisément les abus
seraient flagrants si on utilisait les prix de transfert pour évincer
les profits des filiales québécoises.
A ceci peut s'ajouter, pour être sûr d'obtenir l'information
de l'intérieur, un principe de participation minoritaire qui permettrait
à l'Etat, en étant un actionnaire minoritaire des
sociétés les plus importantes, d'obtenir de l'intérieur
des renseignements qui pourraient recouper les renseignements qui seraient
obtenus par la voie fiscale. Il existe également, dans le contexte des
lois existantes et sans expropriation et, donc, sans investissements, sans
déboursés de ressources financières, la possibilité
des lois particulières régissant la production d'informations par
des sociétés ex-ploitatrices de richesses naturelles.
C'est donc un ensemble de mesures de contrôle fiscal, pratiques de
participation minoritaire, législation sur l'information à
fournir par ces compagnies, qui pourraient être utilisées.
A supposer que la méthode de propriété et de vente
sur le marché des droits d'exploitation de la richesse naturelle ne
puisse pas être retenue pour des raisons juridiques, il y a là
tout un ensemble de mesures qui n'impliquent aucun investissement majeur, un
ensemble de mesures et de techniques comptables, fiscales, en utilisant les
techniques de participation au capital-actions, participation minoritaire, qui
permettrait de circonscrire les transferts de rente économique du
Québec vers les pays étrangers. Il est aussi possible de
considérer une société de mise en marché. Cette
solution, encore une fois, quoiqu'elle soit basée également sur
le contrôle ou la propriété de la richesse naturelle,
pourrait malgré tout être instaurée en dépit de
l'inexistence d'un droit de propriété dans le fonds
souterrain.
Cette technique de mise en marché est quand même
utilisée pour toutes sortes de fins dans le domaine agricole. Elle a
parfois des prolongements internationaux comme dans le cas, par exemple, de
l'exportation des grains, des céréales à l'échelle
canadienne. Mais on sait que les provinces y ont une certaine participation. De
toute manière, il s'agit d'une autre technique qui pourrait être
utilisée et, à défaut de voir les analyses à la
fois juridiques et techniques gouvernementales qui en démontreraient
l'inaccessibilité ou l'inutilité, force nous est de constater,
Mme le Président, que c'est une voie qui n'a pas été
suffisamment explorée à notre connaissance pour être
écartée du revers de la main comme l'a fait le ministre, comme
l'a fait le gouvernement.
De toutes ces méthodes, il en est une, et c'est celle qu'a
choisie le gouvernement, d'un investissement dans l'industrie, d'un
investissement dans une partie de l'industrie seulement; et c'est certainement
une méthode qui peut, dans une certaine mesure, permettre de
récupérer la rente, mais seulement la rente gagnée par
l'industrie en question, par l'entreprise en question, et non pas la rente de
toute l'industrie. C'est donc dire qu'en choisissant la voie de l'expropriation
ou de la nationalisation d'une partie seulement de l'industrie de l'amiante, et
sans adopter les autres techniques de contrôle de transfert de rentes
internationales, on abandonne, en quelque sorte, l'objectif de
récupération de la rente économique, sauf dans la mesure
où on peut le faire directement par une entreprise particulière
et dans la mesure où elle est impliquée.
A ce moment, on le fait au prix d'un investissement massif. Ce qu'il
serait possible d'obtenir sans déboursés, par les techniques que
j'ai expliquées, les techniques fiscales, les techniques légales,
les sociétés de mise en marchés, on le fait par un
investissement extrêmement coûteux, ce qui fait que le retour net
au contribuable est de beaucoup inférieur à ce qu'il pourrait
être, son assiette est plus petite et sa mise en oeuvre demande un
investissement, contrairement aux autres méthodes. Donc, sur le plan de
ce premier objectif de récupération de la rente, il est loin
d'être évident que l'approche utilisée par le gouvernement
est la meilleure. Il me semble au contraire que c'est l'approche la plus
coûteuse, celle qui est la plus étroite dans son assiette et celle
qui, au point de
vue de ses bénéfices nets pour la collectivité, est
susceptible du plus faible rendement.
J'en arrive au deuxième objectif, auquel nous souscrivons avec un
enthousiasme égal; c'est celui de la salubrité de cette industrie
qui, sans aucun doute, est depuis quelques années devenue une
préoccupation croissante de tous les pays qui en ont une.
Lorsque l'on parle des pays qui en ont une, sur le plan de la
salubrité, il ne faut pas oublier que le problème de
salubrité ne se pose pas seulement à la phase de l'extraction du
minerai, mais se pose encore de façon plus aiguë à la phase
de la transformation.
C'est donc dire que, tous ces objectifs étant liés les uns
aux autres, le troisième objectif dont je parlerai plus tard, la
transformation optimale de cette ressource, va faire que le problème de
salubrité, à ce titre au moins, va être encore plus
considérable, plus aigu qu'il ne l'était anciennement, dans la
mesure au moins où plus de monde, plus de travailleurs seront
impliqués et où les ressources nécessaires pour surmonter
ces difficultés seront d'autant plus considérables. Je reviendrai
là-dessus.
Le problème de la salubrité peut être
approché lui aussi de plusieurs façons. Une façon
très simple d'approcher le problème de la salubrité pour
un gouvernement, et certainement une solution qui devra de toute manière
être retenue puisqu'encore une fois il ne s'agit pas d'une
nationalisation de toutes les entreprises, mais seulement d'une seule, c'est la
réglementation. Il est indispensable et il continuera d'être
indispensable de réglementer les niveaux de pollution de l'air dans les
entreprises extractrices ou transformatrices d'amiante. Ce qui est important
à ce moment, ce n'est pas seulement d'avoir de bonnes normes, mais c'est
également de les faire respecter.
Ici, on se trouve en face d'un paradoxe puisqu'il semble, d'après
les informations disponibles encore que là aussi le gouvernement
n'a pas été prodigue d'informations l'entreprise que l'on
s'apprête à acheter soit celle qui soit le plus mal en point sur
le plan de la salubrité. En effet, il semble que dès 1973 la
compagnie Johns-Manville, qui est le producteur d'à peu près 50%
de la fibre extraite au Québec, avait complété un
réaménagement majeur de ses facilités de production et de
traitement du minerai de manière à pouvoir, sans grande
difficulté, répondre aux nouvelles normes qui sont d'un maximum
de 5 fibres par centimètre cube. Cet investissement ayant
été fait dans le cas de cette entreprise, on se retrouve devant
une autre entreprise qui, celle-là, est celle que le gouvernement a
choisi d'acquérir. Elle fait face à des dépenses
absolument gigantesques pour se qualifier en fonction des nouvelles normes qui
on peut le dire devaient entrer en vigueur le 1er janvier 1978 et
qui, apparemment, ne pourront pas être respectées totalement
à cette date.
Très certainement, dans le cas de la société
Asbestos, il s'agit de dépenses très considérables que le
gouvernement, dès le moment où il deviendra propriétaire
de ces installations, devra prendre à son compte. Est-ce qu'il n'est pas
remarquable que celui qui achète une entreprise, se trouvant dans la
situation d'être également celui qui peut imposer
unilatéralement des obligations à cette entreprise,
procède dans l'ordre dans lequel on se dispose à procéder?
C'est-à-dire d'abord d'acheter l'entreprise au prix du marché,
prix du marché qui reflète essentiellement la capacité de
cette entreprise de produire des profits pour l'actionnaire et, après,
il décide de faire les investissements massifs qui ont pour seul but
d'améliorer la qualité de vie des employés et la
salubrité de l'industrie, mais qui n'augmenteront pas
nécessairement la rentabilité de l'entreprise.
Ces investissements, donc, n'auront aucun effet sur sa valeur marchande;
au lieu de procéder exactement à l'inverse, c'est-à-dire
d'imposer d'abord par une réglementation sévère à
cette entreprise le soin de faire les investissements requis pour se qualifier
en vertu des nouvelles normes de salubrité et après seulement, si
c'était encore nécessaire pour d'autres fins, d'effectuer la
nationalisation, il y a de fortes probabilités que, si on avait
décidé de procéder dans l'ordre inverse, le coût
total de l'acquisition, y compris des investissements requis pour satisfaire
aux normes de salubrité, seraient inférieurs du point de vue du
ministre des Finances du Québec et donc du point de vue des
contribuables québécois, que la manière dont on se propose
de le faire.
En effet, si on avait proposé, en imposant d'abord des normes de
salubrité, d'abord le financement des investissements requis on
les chiffrait, en début d'année, à un minimum de $27
millions et c'est probablement davantage ce financement aurait dû
être fait par l'entreprise en question. Comme ces investissements, par
leur nature même, n'auraient pas fortement affecté la
profitabilité de l'entreprise, certainement pas à la hausse et
peut-être à la baisse, l'effet de cette réglementation sur
le coût à l'achat de la société Asbestos par le
gouvernement aurait été de le diminuer plutôt que de la
majorer.
En effet, cette société aurait peut-être vu,
à cause de ces investissements, son taux de rendement net baisser, ce
qui eut fait baisser ses actions sur le marché et ce qui aurait permis
au gouvernement de se porter acquéreur d'une industrie à un
coût moindre qu'il devra payer maintenant et sans avoir
ultérieurement, à son acquisition, à faire des
investissements de cette envergure. Donc, au point de vue de la
salubrité, il semble qu'on ait placé la charrue devant les
boeufs. Dans quelle mesure le ministre pourra-t-il satisfaire à la
promesse implicite qu'il a faite aux membres de cette Assemblée lorsque,
il y a quelques mois, je lui posais la question suivante a savoir si,
étant donné le caractère vétuste, qu'il a admis, de
ces installations, il réussirait à faire baisser le prix d'achat
des actions sur le marché en proportion des investissements requis?
C'est une gageure que le ministre a prise à ce moment-là et je ne
vois pas comment il pourra persuader les actionnaires de I'Asbestos Corporation
de leur offrir un montant inférieur de peut-être $50 ou $60
millions au prix du marché des actions, prises globalement, parce que
les installations sont désuètes et non
salubres, alors qu'il aurait été tellement facile de
forcer la compagnie à faire les investissements d'avance,
peut-être voir le prix des actions, étant donné la baisse
du rendement net, baisser et les acquérir au prix du marché sans
que personne ne puisse se plaindre puisque, évidemment, dans ce
cas-là, on aurait donné non seulement, en réalité
la valeur économique de ces actions aux actionnaires, mais cela aurait
été fort visible que c'est effectivement ce qui se serait
produit. Dans la situation actuelle, on a procédé à
l'envers du bon sens.
En terminant sur cette question de salubrité, il faut dire qu'il
y a de fortes inconnues dans tout ce domaine.
Le chef de l'Opposition, dans une question qu'il posait aujourd'hui
même, faisait allusion à un rapport qui, apparemment, aurait
été publié cette semaine en Europe et qui tendrait
à indiquer que, l'utilisation de l'amiante, par exemple, pour les
garnitures de freins, etc., cela va jusque-là, Mme le
Président; il ne s'agit pas simplement de la pollution en
usinecontribue à une présence, dans l'atmosphère
ambiante des villes, de certaines concentrations de poussières d'amiante
qui sont préjudiciables à la santé. Si on en venait
à une constatation comme celle-là, que pour le simple citoyen,
dans le centre des villes, l'utilisation de l'amiante pour un certain nombre de
produits, y compris les produits de friction, est tellement dangereuse qu'il
faut en interdire la fabrication et l'utilisation, nous serions en face d'un
éléphant blanc assez monumental, puisque ceci pourrait
précipiter notre industrie dans une situation de dépression
chronique et, d'ailleurs, irréversible.
Ne nous faisons pas d'illusions sur le problème de la
salubrité et sur le caractère de monopole dont nous jouissons
dans ce domaine; des alternatives sont possibles. Il y a un très grand
nombre de produits nouveaux qui n'existaient pas il y a 10 ou 20 ans et que,
d'ailleurs, l'ère spatiale a permis de développer. Je veux parler
des fibres au carbone, des fibres de silice, des fibres de différentes
sortes que l'on peut utiliser pour renforcer les substances plastiques, le
béton et différentes substances pour leur donner une
résistance à la tension et à réchauffement. Il ne
fait pas de doute qu'une hausse des prix, qui serait rendue nécessaire
par une augmentation sensible des exigences de salubrité, pourrait
conduire à l'abandon pur et simple de l'industrie. C'est une
possibilité qu'il faut très sérieusement étudier
avant d'investir un quart de milliard dans ce domaine.
Le troisième objectif, Mme le Président, d'une politique
de l'amiante vise à la transformation et à la création
d'emplois. C'est un idéal, là aussi, auquel nous souscrivons
à 100%. Cependant, a-t-on pris le bon moyen? La nationalisation n'est
pas nécessaire. J'ai cité, tout à l'heure, ce rapport du
Conseil régional de développement des Cantons de l'Est où
on dit: II n'est pas nécessaire pour la transformation de se porter
acquéreur des usines d'extraction. Je cite à nouveau ce
paragraphe: "On pourrait aussi procéder de la sorte dans le but
d'assurer un approvisionnement en fibres d'amiante à des usines de
transformation québé- coises, mais, là encore, cela est
à peu près inutile puisque les sociétés
minières déjà établies se feraient un plaisir de
vendre à de nouvelles usines québécoises".
C'est évident que la question de la transformation suppose des
installations nouvelles beaucoup plus que le contrôle des installations
existantes.
Le marché pour la fibre d'amiante n'est pas si étroitement
contrôlé qu'il soit impossible de s'en procurer pour ceux qui
voudraient l'utiliser dans des produits de transformation. Il y a, sur ce plan,
des divergences d'importance que le gouvernement n'a rien fait pour
élucider. Il a parlé de 20% possibles dans les produits de
transformations; certains rapports parlent d'une proportion qui va
jusqu'à 55%. Il s'agit là, bien évidemment, de conclusions
qui sont basées sur des hypothèses extrêmement divergentes
et il serait très utile, et même urgent, étant donné
la présentation de ce projet de loi, qu'on nous indique dans quelle
mesure on peut se fier aux prédictions qui sont faites quant aux
possibilités de trouver, au Québec et au Canada et dans les
territoires américains avoisi-nants, des marchés suffisamment
vastes pour établir non pas seulement un éventail très
large de produits de transformation mais des unités de production de
produits utilisant l'amiante suffisamment importantes pour qu'ils aient, eux,
chacun dans leur branche, une capacité concurrentielle
intéressante, de manière que des salaires intéressants
puissent être payés. Il ne s'agit pas de transformer à tout
prix, il ne s'agit pas de transformer là où nous avons un
avantage concurrenciel réel.
Enfin, il y a un choix qui a été pris pour le gouvernement
de consacrer ces fonds à l'acquisition de mines d'amiante plutôt
que de les consacrer à la constitution d'entreprises vouées
à la transformation. L'utilisation des fonds est concurrente, Mme le
Président. On ne pourra pas mettre $150 millions dans les mines et avoir
encore ces mêmes $150 millions pour les consacrer au développement
de l'emploi dans des entreprises de transformation. Il y a là une
concurrence que le gouvernement se fait à lui-même, en quelque
sorte, puisque ses ressources ne sont pas illimitées. Toutes les
ressources qu'il devra consacrer à l'acquisition d'entreprises
existantes le priveront de moyens équivalents pour développer des
usines de transformation. Mais il y a aussi plus grave. C'est que, dans cette
stratégie, il a fait allusion à la possibilité de
maintenir tout à la fois une stratégie de présence par la
nationalisation d'une entreprise d'extraction et l'établissement d'une
entreprise de transformation et le maintien, en parallèle, de ces
contrats de développement, de ces ententes de développement avec
le reste de l'industrie. On retrouve le gouvernement encore actionnaire d'une
facilité de production et, en même temps, régulateur des
autres facilités de production dans la même industrie. C'est une
attitude absolument détestable, parce qu'on est dans une situation de
confusion des gens. Il va falloir que le gouvernement se décide entre
son rôle de régulateur, son rôle de promoteur et
d'initiateur et, d'autre part,
son rôle de capitaliste, de propriétaire d'entreprises.
Dans le passé et dans d'autres secteurs je ne pourrai
certainement pas en faire l'exposé il y a eu ce problème
de concurrence que l'Etat faisait à des entreprises dans les mêmes
secteurs industriels là où il se trouve déjà
présent. C'est un choix de stratégie qui me démontre
encore une fois que, de la même façon que pour la
salubrité, de la même façon que pour la
récupération de la rente économique, ce choix d'une
stratégie de création d'emplois est un mauvais choix du
gouvernement. C'est un choix qui n'est pas sage, qui n'est pas basé sur
une distinction qui doit nécessairement exister entre les
différentes fonctions gouvernementales vis-à-vis d'un secteur
industriel donné.
Je ne sais vraiment pas comment le gouvernement va s'y prendre pour
négocier des ententes avec Johns-Manville et les autres producteurs
alors qu'il sera lui-même impliqué comme partie prenante dans la
production et la transformation de fibres d'amiante. Il y aura le
problème très complexe d'éthique dans le domaine
économique parce que, même dans le domaine économique, des
problèmes d'éthique peuvent se poser.
Mme le Président, la première réalisation du
gouvernement actuel dans le domaine de l'amiante sera d'effectuer la plus
massive exportation de capital de notre histoire. La première tranche de
ces $250 millions va essentiellement être envoyée par la poste
à des investisseurs américains. Ce sera cela le résultat
de la politique de l'amiante. D'ailleurs ce sera un échange de lettres,
Mme le Président, parce qu'on va emprunter probablement en Allemagne ou
au Japon les fonds nécessaires à payer les actionnaires
américains pour l'achat d'une entreprise. De quelle manière ceci
peut-il contribuer au développement du Québec? Ce n'est pas
l'indépendance économique du Québec que l'on
édifie, c'est un peu plus sa dépendance sur les marchés
financiers étrangers. On aurait mieux fait de réfléchir un
peu plus longtemps plutôt que de prétendre réécrire
l'histoire en essayant d'improviser c'est le seul mot qu'on peut
utiliser une politique de l'amiante alors que nous n'en savons encore
rien quant à son coût total, quant à ses motifs de son
orientation, quant aux raisons qui l'ont poussé à rejeter tous
les choix qui s'offraient à lui. Nous sommes devant un vide
d'information sur les raisons et les coûts probables d'une telle
politique. Pour toutes ces raisons, la formation politique que je
représente ne peut pas donner son assentiment à une telle mesure
qui consiste à mettre la charrue devant les boeufs et à le faire
dans l'ignorance la plus totale. J'espère que le gouvernement est plus
savant que nous, mais j'en doute beaucoup. S'il l'est, de grâce qu'il
accepte de déposer toutes les études qui nous permettront, au
niveau de l'étude article par article, d'en savoir un peu plus long sur
ce dossier.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, je pense bien, après
avoir consulté nos collègues de l'Opposition et du
côté ministériel, qu'il serait peut-être inutile de
poursuivre le débat qui ne risque pas de se terminer ce soir, de sorte
que je vous demanderais d'ajourner le débat relativement au projet de
loi que nous examinons actuellement et, par la suite, je vous demanderai
également d'ajourner nos travaux à lundi, 10 heures.
M. Levesque (Bonaventure): Qui demande l'ajournement du
débat?
M. Burns: C'est moi.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'ajournement du
débat est-elle adoptée?
M. Lavoie: Un instant, Mme le Président. L'ajournement du
débat? D'accord, adopté.
Mme le Vice-Président: Alors, adopté, motion
d'ajournement du débat.
M. Levesque (Bonaventure): Allez-vous parler lundi?
M. Lavoie: II ne parle jamais.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
Travaux parlementaires (suite)
M. Lavoie: Très brièvement, j'avais demandé
aujourd'hui au leader du gouvernement s'il avait d'autres projets de loi qu'il
aurait pu déposer, qui apparaissent soit en avis ou soit au début
du feuilleton, qu'on aurait pu étudier en fin de semaine.
M. Burns: II y en a un qui va être déposé par
le premier ministre au cours de la semaine prochaine relativement à la
loi. En tout cas, j'ai parlé au premier ministre, dans le courant de la
journée, et il n'est pas en avis encore, mais il sera en avis au
feuilleton de lundi, je crois bien, et cela concerne l'augmentation automatique
des salaires, en vertu de l'article 92 de la Loi de la Législature.
Alors, il y aura un projet de loi qui sera déposé par le premier
ministre la semaine prochaine à ce sujet.
M. Lavoie: N'y aurait-il pas lieu ce n'est qu'une
suggestion étant donné que nous avons ouvert la Loi de la
Législature, il y a un projet de loi, actuellement, qui est à
l'étape de la commission... Est-il adopté, l'article 78?
M. Burns: C'est un autre sujet et, à ce moment-là,
je pense qu'à bon droit les membres de l'Opposition auraient pu nous
dire que nous ajoutions un principe, comme on l'a dit à l'occasion du
projet de loi 67 ou, encore, que nous amenions un nouveau principe.
M. Levesque (Bonaventure): Vous n'aviez pas pensé à
cela avant?
M. Burns: Pardon?
M. Levesque (Bonaventure): Vous n'y aviez pas pensé
avant?
M. Burns: On y avait pensé, cela fait même quelque
chose comme six mois que nous y pensons.
On s'est dit que c'était le moment d'en parler. Je pense bien que
les membres de l'Opposition ne seront pas en grand désaccord avec nous
là-dessus.
M. Lavoie: Je m'adresse au leader par votre entremise, Mme le
Président. J'avais mentionné qu'il y avait des projets de loi qui
étaient en avis et j'avais demandé au leader s'il y en avait de
prêts qu'il aurait pu déposer à la séance
d'aujourd'hui pour qu'on puisse en prendre connaissance avant la semaine
prochaine.
M. Burns: J'ai vérifié et, malheureusement, je suis
incapable de vous les donner, sauf celui que j'ai donné ce matin aux
deux représentants officiels de l'Opposition relativement à la
Loi sur des biens culturels et qui n'est pas encore en avis.
M. Proulx: Comme on l'a vu ce matin dans le journal, "le
député Maurice Martel doit diminuer ses activités
politiques". Dans notre caucus, nous avons voulu lui faire un cadeau, des
fleurs pour lui donner plus d'enthousiasme pour qu'il soit plus présent
en Chambre et qu'il puisse continuer son travail dans son comté,
à son bureau et ici, à l'Assemblée nationale. Bonne
santé, M. le député.
Une Voix: II ne faut pas se fier aux apparences.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, comme je le disais ce matin,
il y a deux projets de loi où je gardais une espèce
d'incertitude, celui relatif à la communauté urbaine
malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion, dans le cours de la journée,
de communiquer à ce sujet avec le ministre des Affaires municipales
ainsi que l'autre concernant le régime des eaux dont je ne
connais pas le sort au moment où je vous parle. Je serai possiblement en
mesure de vous donner plus de détails là-dessus la semaine
prochaine.
J'aurais aimé vous donner une réponse définitive
à ce sujet ce soir, mais, malheureusement, je suis incapable de le
faire. Sur ce, Mme le Président, je rappelle à nos
collègues que la semaine prochaine l'avis est donné pour
demain; c'est déjà fait, je n'ai pas à y revenir, mais je
pourrai y revenir comme rappel dès le début de nos
travaux, à 10 heures lundi, nous prendrons en considération le
rapport sur le projet de loi no 67, Loi sur l'assurance automobile.
Nous reprendrons, en deuxième lecture, le projet de loi no 70 et
nous pourrons entreprendre la commission plénière des projets de
loi nos 63, 61 et 60 dans cet ordre. Si jamais la commission du travail et de
la main-d'oeuvre n'a pas terminé ses travaux relativement au projet de
loi no 45, nous reprendrons les travaux de cette commission parlementaire et
plus particulièrement, mardi matin, pour ceux qui sont concernés,
le projet de loi no 52 sera repris, article par article, en commission, c'est
une des lois fiscales.
Sur ce, Mme le Président, je rappelle également que demain
toute la journée...
M. Forget: Dans le cas de la commission parlementaire.
M. Burns: ... la commission parlementaire du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration poursuivra ses travaux relativement au projet
de loi no 45, jusqu'à ce qu'elle décide d'ajourner à
l'intérieur du cadre de 10 heures à minuit. Si elle décide
d'ajourner à une heure, elle décidera de le faire et ce n'est pas
à nous de leur dire de faire le contraire.
M. Forget: Lundi si on doit commencer, c'est lundi.
M. Burns: Lundi on commence la Chambre alors il y aura un ordre
de la Chambre de la faire siéger, d'accord.
Je propose donc l'ajournement de nos travaux à lundi 10
heures.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'ajournement est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Cette Assemblée ajourne ses
travaux à lundi 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 9)