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(Dix heures douze minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. M. le ministre de l'Education.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport de l'Université du
Québec
M. Morin (Sauvé): M. le Président, qu'il me soit
permis de déposer le rapport annuel de l'Université du
Québec, pour l'année 1976-1977. Ce rapport est accompagné
d'un cahier de statistiques.
Le Président: Documents déposés. Mme le
ministre des Travaux publics.
Arrêtés en conseil autorisant
l'acquisition d'immeubles
Mme Ouellette: M. le Président, en vertu de la loi qui me
régit, je suis chargée de présenter à
l'Assemblée nationale des copies des arrêtés en conseil
autorisant l'acquisition d'immeubles de toutes sortes, incluant l'acquisition
de terrains.
Le Président: Documents déposés. Mme le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
Rapport du Conseil de la protection du
consommateur
Mme Payette: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel du Conseil de la protection du consommateur,
pour l'exercice financier 1976-1977.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Sainte-Anne.
Rapport sur l'étude en commission du projet de
loi no 260
M. Lacoste: M. le Président, conformément aux
dispositions de notre règlement, qu'il me soit permis de déposer
le rapport de la commission permanente de la justice, qui a siégé
le 13 décembre 1977, aux fins d'étudier article par article le
projet de loi privé no 260, Loi relative à l'Association de
bienfaisance et de retraite des policiers de la Communauté urbaine de
Montréal, qu'elle a adopté avec des amendements.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi...
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Le rapport doit être soumis à
l'approbation de l'Assemblée, M. le Président.
Le Président: C'est exact. Est-ce que le rapport sera
adopté?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Burns: J'aurai une demande à vous faire tout à
l'heure relativement à cette loi, si c'est acceptable.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. Gratton: M. le Président, je n'ai malheureusement pas
eu l'occasion de consulter le leader du gouvernement avant ce moment-ci. On
m'informe qu'un projet de loi qui est à l'article g), à mon nom,
serait prêt à être déposé. Etant donné,
avec la suspension des règles, qu'il n'y aura plus de journée
dite des députés, pourrais-je demander au leader s'il ne pourrait
pas l'appeler pour qu'au moins les députés de l'Assemblée
nationale prennent connaissance du projet de loi qui porte le no 191?
M. Burns: Je vais faire vérifier immédiatement si
ce projet de loi est prêt à être déposé. Je ne
peux pas, cependant, garantir qu'il sera adopté au cours de cette
session-ci à cause des impératifs que vous connaissez.
Je vais faire vérifier immédiatement pour savoir s'il est
prêt. Si j'ai le consentement de la Chambre, on pourra revenir à
ce projet de loi et le déposer dès aujourd'hui.
M. Gratton: D'accord.
M. Lavoie: Sur le même sujet, étant donné
qu'il s'agit d'un projet de loi de député... En ce qui concerne
le projet de loi qui est inscrit en mon nom, projet de loi no 190, Loi
modifiant la Loi électorale, étant donné également
qu'il n'y aura plus de journées de députés, peut-on
considérer que le gouvernement serait prêt à l'adopter
d'ici la fin de la session?
M. Burns: Dans les meilleurs délais possible; tout
dépend de nos travaux, évidemment.
M. Lavoie: Est-ce que c'est dans le domaine du possible?
M. Burns: C'est beaucoup plus l'Opposition qui peut me dire si
c'est possible.
M. Lavoie: Appelez-le et on va l'adopter. Je propose les
deuxième et troisième lectures.
M. Burns: On n'est pas rendu là. On n'est pas rendu
là.
Le Président: A l'ordre! Période de questions
orales.
M. Burns: D'ailleurs ce n'est pas vous qui devez l'appeler
maintenant. Cela m'appartient maintenant.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Doublage de films en France
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires culturelles. Le ministre des Affaires culturelles est
sans doute au courant...
M. Lavoie: II y a deux ministres des Affaires culturelles.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Le junior... des difficultés auxquelles
font face les industries techniques du cinéma et de la
télévision à un point tel que certaines d'entre elles
s'achemineraient vers une faillite à moins que le gouvernement ne prenne
des mesures énergiques. Il semble y avoir deux raisons. D'une part, le
"dumping" que fait la France en matière de doublage de films et d'autre
part, la politique protectionniste extrêmement rigoureuse qu'elle
applique au point qu'aucun film qui n'est pas doublé en France ne peut
être produit sur les écrans français. Ma première
question est celle-ci. Le ministre peut-il nous dire s'il est exact que
même Radio-Québec présente des films dont le doublage
n'aurait pas été fait au Québec? Deuxièmement,
quelles sont les mesures que le ministre entend prendre pour corriger cette
situation dont on avait fait état au moment de l'étude des
crédits du ministère des Affaires culturelles, situation qui
semblait être à ce moment une préoccupation du ministre
à un point tel qu'il avait même prévu de l'argent pour
encourager ces industries du cinéma de la télévision chez
nous?
Le Président: M. le ministre des Affaires culturelles.
M. O'Neill: M. le Président, pour ce qui est de
l'industrie locale du doublage, la difficulté actuelle, comme a dit Mme
le député de L'Acadie, porte non pas sur la partie du doublage
qui touche surtout la télévision, mais plutôt celle qui
touche le cinéma.
Je dois lui dire, à ce point de vue là, que nous n'avons
point de solutions définitivement arrêtées. D'abord, il y a
une partie du dossier qui est à l'étude et qui fait l'objet de
négociations. Il y a aussi, actuellement, des négociations de ce
côté-là avec la France.
D'autre part, dans notre révision de la Loi du cinéma,
nous essayons justement de chercher une formule qui permettrait un film
doublé au Québec d'avoir sa place sur le marché.
Voyez-vous, il serait toujours possible de lancer, de prendre une sorte de
mesure qui aurait l'air très belle théoriquement, mais si elle
avait exactement des effets contraires à ceux que nous recherchons,
à ce moment-là on nous reprocherait avec raison d'avoir
manqué d'efficacité.
Donc, d'un côté, négociations; d'autre part,
recherches à l'intérieur d'un nouveau projet de loi du
cinéma d'une mesure qui fasse en sorte que, dans les faits, et pas
simplement dans un énoncé théorique, il y ait place, si
vous voulez, appelons cela un contingentement, en somme, une part normale
réservée à la production auébécoise.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais poser une question additionnelle au
premier ministre. Je pense que la réponse que le ministre des Affaires
culturelles vient de nous faire, au sujet de la révision de la Loi du
cinéma qui pourra prendre beaucoup de temps, n'apportera pas de
solutions très immédiates au problème que je
soulève. Est-il exact, puisque le ministre des Affaires culturelles
parle de négociations avec la France, que, lors de son récent
voyage en France, le premier ministre devait discuter de certains
échanges culturels France-Québec et, entre autres, que le
doublage des films devait faire l'objet de discussions? Mais à la suite
des contestations qui sévissaient à ce moment-là dans
l'industrie du cinéma et de la télévision en France, on
l'aurait dissuadé d'aborder même ce sujet.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): On m'en a dissuadé, M. le
Président, mais je pense que le résultat pratique a
été le même. On a assez bien compris que c'était un
dossier qui, à ce moment-là, n'avait pas grand espoir d'aboutir;
alors, on l'a laissé tomber, à toutes fins utiles. C'est vrai. On
a plutôt concentré ce qui ne veut pas dire qu'il ne sera
pas repris, parce qu'il y a un ensemble, de ce côté, qu'il s'agit
de traiter périodiquement d'ici à l'an prochain. Alors il y aura
quand même cette rencontre qu'on peut appeler "au sommet" entre les deux
gouvernements on a plutôt concentré nos efforts à un
examen en ce qui concerne la politique du livre, en ce qui concerne des
échanges probables du côté de la télévision
et on a convenu de ne pas perdre de temps sur le dossier du cinéma.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le premier ministre réalise-t-il que
l'industrie du cinéma fait présentement face à des
difficultés sérieuses et qu'elle ne peut pas attendre
indéfiniment une rencontre au sommet qui aura lieu Dieu sait quand?
L'impression que la population garde, M. le premier ministre, c'est que tout
l'éclat dont on a entouré votre voyage en France se résume
finalement par un déficit pour le Québec en matière
d'échanges culturels. Votre gouvernement serait-il prêt à
déposer un bilan financier et économique de ces fameux
échanges culturels avec la France de telle sorte qu'on n'aboutisse pas
à des échanges qui sont toujours à sens unique? Puisque
vous avez abordé la question du livre, on se trouve vis-à-vis du
même problème, et il me semble urgent qu'une action soit prise et
j'aimerais au moins que le premier ministre nous indique à quel moment
cette rencontre au sommet aura lieu.
M. Lévesque (Taillon): Je ne pourrais pas
spécifier, mais c'est au cours de l'année 1978, fort probablement
au début de l'automne, selon les prévisions qu'on a actuellement
mais qu'il reste encore à confirmer. Pour ce qui est de la situation du
cinéma, je pense que le député de L'Acadie ne nous apprend
rien dans cette Chambre. Evidemment, avec un marché de 6 millions
d'habitants, dans un monde de géants à ce point de vue, c'est
sûr que l'industrie québécoise du cinéma a toujours
des difficultés. Il s'agit de trouver une politique du cinéma qui
soit adéquate, selon nos moyens, selon nos possibilités.
Pour ce qui est du bilan de la coopération culturelle et
technique avec la France, je crois qu'au retour du ministre des Affaires
intergouvernementales il sera possible de déposer ce bilan le plus
détaillé possible. Le ministre, justement, traitera de
coopération et d'autres sujets aussi à Abidjan, au cours de la
rencontre générale. Je crois que le député de
L'Acadie se rendra compte, comme les autres membres de l'Assemblée
nationale et comme l'opinion publique, que ce n'est pas tout dans un sens, que
ce n'est pas unilatéral. Seulement, il faut tenir compte du fait que,
quand on parle de coopération franco-québécoise, dans
certains secteurs, cela nous affectera toujours, car on parle de
coopération entre un pays de 6 millions d'habitants et un pays de plus
de 50 millions d'habitants. Cela fait partie de ces faits têtus qu'on ne
peut pas changer.
Le Président: M. le député de Gatineau.
Hymne national et Université Laval
M. Gratton: M. le Président, mardi cette semaine, j'ai
mentionné à la période des questions, que j'avais des
informations que les autorités de l'Université Laval avaient
cédé à des pressions qu'aurait faites le ministre de
l'Education pour faire rayer du programme de la cérémonie de
collation des diplômes du 8 décembre dernier l'hymne national
Ô Canada. Je demande donc au ministre de l'Education de nous dire quels
sont les motifs qui l'ont incité à exiger cette modification au
programme du 8 décembre des autorités de l'Université
Laval.
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le ministre de
l'Education peut accepter les invitations qui lui sont faites par les
institutions d'enseignement aux conditions qui paraissent appropriées.
En l'occurrence, ma présence à l'Université Laval n'a
soulevé aucune espèce de difficulté. Les autorités
universitaires n'ont pas soulevé de difficulté
particulière. La cérémonie s'est déroulée
non seulement dans la joie, mais aussi dans un certain décorum.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Une question additionnelle. Le ministre n'a
évidemment pas répondu à ma question. Il a parlé
des conditions qu'il avait posées pour accepter de se présenter
à la collation des diplômes. Le fait demeure qu'un programme avait
été imprimé au préalable et qu'il a dû
être réimprimé la veille même de la
cérémonie du 8 décembre et qu'effectivement il y a eu,
sinon des menaces, tout au moins des pressions pour qu'on modifie le programme.
M. le Président, comme il s'agit d'une tradition à
l'Université Laval de conclure toutes les cérémonies du
genre par le chant de l'hymne nationale Ô Canada, je demande à
nouveau au ministre quels sont les motifs qui l'ont incité à
imposer sa volonté aux autorités de l'Université
Laval.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, le propre de la
tradition, c'est d'être modifiée un jour ou l'autre. En
l'occurrence...
M. Grenier: Les 60% des Québécois...
M. Morin (Sauvé): ... je puis assurer cette Chambre qu'il
n'y eut ni pression, ni intervention autoritaires en vue de modifier le
programme.
M. Gratton: II est évident, comme c'est là, que je
dois prendre la parole du ministre, selon nos règlements. Je lui dirai
simplement que les informations que je possède vont à l'encontre
de ce qu'il vient d'affirmer, lorsqu'il dit qu'il n'a pas fait de pressions.
Mardi, j'ai également demandé au premier ministre s'il trouvait
normal que des membres de son cabinet posent de tels gestes. Je citerai la
réponse qu'il m'a faite: "Je dirai non seulement que c'est normal, mais
que, dans certains milieux, y compris des milieux aussi autonomes que les
universités, on commence spontanément à contrer une
certaine propagande qui s'organise de tous bords et de tous côtés,
actuellement, du côté fédéraliste, et cela me
paraît parfaitement normal."
J'aimerais demander au premier ministre, à propos des
provocations auxquelles il fait allusion dans sa réponse, de quelle
nature elles sont, dans le cas spécifique de la collation des
diplômes de
l'Université Laval, et dans quelle mesure il se sent
provoqué au moment où on invite un membre du cabinet de son
gouvernement à participer à une réunion où la
tradition vieille d'une centaine d'années est brimée avant
même qu'on tienne le référendum qui donnera
éventuellement ou possiblement on ne le souhaite pas au
gouvernement le mandat de poser des gestes semblables.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je n'ai rien à ajouter
à ce que je disais l'autre jour; je pourrais répéter ce
que vient de dire le ministre de l'Education: Une tradition vieille d'une
centaine d'années, qui est accrochée à un régime
qui est également vieux de plus d'une centaine d'années, cela
nous paraît une chose à changer.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Dans sa transparence et dans son
honnêteté proverbiales, le premier ministre ne pourrait-il pas
nous indiquer si le mandat qu'il a reçu de la population le 15 novembre
exigeait ce genre de geste du gouvernement? A toutes fins utiles, ne croit-il
pas qu'il y aurait lieu d'attendre...
Le Président: M. le député de Gatineau!
M. Levesque (Bonaventure): Question additionnelle.
M. Lévesque (Taillon): Que ce soit le député
de Gatineau, que ce soient certains autres porte-parole du
fédéral ou que ce soient certains autres qui dégobillent
littéralement sur le Québec et son gouvernement, je pense qu'il y
en a beaucoup qui ont anticipé sur le référendum
jusqu'ici.
M. Levesque (Bonaventure): Question additionnelle.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Je pourrais faire de cette question
une question de privilège parce que je n'accepterai pas que le premier
ministre du Québec tienne des propos comme il vient de tenir.
Des Voix: Oh!
M. Levesque (Bonaventure): Deuxièmement, j'avais une
question qui était la principale de celles que vient de poser le
député de Gatineau, lorsque ces questions ont été
posées il y a quelques jours en l'absence du ministre de l'Education.
Est-ce que le premier ministre ou le ministre de l'Education peuvent maintenant
nous éclairer quant à cette opération de la
Société nationale des Québécois, dans l'Est du
Québec en particulier, en collaboration avec les commissions scolaires?
C'est la même question.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, on pourra y
revenir un peu plus tard; je voudrais permettre une question à l'Union
Nationale.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
Publications sur des tournées
ministérielles
M. Bellemare: Je vous remercie, M. le Président. De tout
temps, les partis politiques, quels qu'ils soient, ont eu l'occasion de faire
une certaine publicité et de la faire parvenir à leurs
électeurs ou aux membres de cette Chambre. Je n'ai pas besoin de vous
dire qu'on n'est peut-être pas sans péché, mais il reste
que l'exagération peut peut-être porter atteinte à la vie
parlementaire.
Ma question est celle-ci, c'est la même qui s'adresse au ministre
des Affaires intergouvernementales et au ministre des Affaires culturelles.
Comment se fait-il qu'on puisse produire véritablement des
volumes politiques de cette épaisseur, premier tome, deuxième
tome, envoyés par le ministère des Communications,
"Tournée ministérielle de septembre 1977" et envoyés, M.
le Président, en je ne sais combien de copies? L'autre question porte
sur un autre tome épouvantable, extraordinaire, fait par les Affaires
intergouvernementales, qui pèse presque une tonne, sur le voyage du
premier ministre, M. Lévesque, en France. Ma question c'est: Combien y
en a-t-il de ces tomes, qui ont été imprimés, de ces
volumes qui ont été imprimés, et quel en est le
coût? Cela, M. le Président, c'est purement politique et on n'a
pas le droit de se servir...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale. M. le ministre des Communications.
M. Bellemare: On n'est pas à court, vous vous êtes
à court de taxes, cela paraît.
M. Burns: Vous vous êtes à court d'idées.
M. Bellemare: Non, non, non, mais pensez-vous que ce n'est pas
scandaleux...
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: M. le Président, il faut vraiment être
à court d'idées pour poser ce genre de question. De tout
temps...
M. Bellemare: C'est une erreur.
M. Burns: De tout temps...
M. Bellemare: C'est politique.
M. Burns: ... de tout temps le gouvernement en cours de mandat a
toujours donné à la population, avec la meilleure information
possible, un rapport des travaux ministériels, c'est exactement
cela.
M. Grenier: Ce n'est pas à vous que la question est
posée.
M. Burns: Bien non, je vous réponds.
M. Grenier: Taxez les enfants pour payer cela, la
publicité du PQ dans la province. Taxez les enfants.
M. Burns: Ah bon! on voit le sérieux de votre...
Le Président: A l'ordre! M. le député de
Mégantic-Compton je demanderais votre collaboration ce matin. M. le
leader parlementaire du gouvernement s'il vous plaît ce matin! Bon.
M. le ministre des Communications.
M. O'Neill: M. le Président, comme il vient d'être
souligné, il s'agit d'un type d'information qui est tout à
fait...
Une Voix: Propagande.
M. O'Neill: ... selon les normes. Maintenant le
député de Johnson nous a demandé à combien de
copies cela a été produit. Je sais que c'est un tirage
limité, je pourrai quand même lui donner des renseignements
là-dessus. Le seul problème que nous avons, c'est que cela
reçoit un accueil tellement favorable qu'il va peut-être falloir
une réédition.
Le Président: M. le député de Jean-Talon. M.
le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Le nombre et le coût. Cela doit être
des "peanuts", comme disait le député de Saint-Laurent.
M. Burns: Vous ne voulez pas qu'on informe la population.
M. Bellemare: ... Il y a toujours bien des limites à se
servir de l'argent de la province...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale, s'il vous plaît! M. le
député de Jean-Talon, je vais vous reconnaître
immédiatement après avoir reconnu le député de
Rosemont, qui me demande de lui permettre une question depuis
déjà un certain temps.
Application de la loi 101 chez Pratt et
Whitney
M. Paquette: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'Etat au développement culturel, et concerne une lettre qu'on
m'a remise concernant l'application de la loi 101, lettre qui a
été envoyée par la compagnie Pratt et Whitney à
tous ses fournisseurs, et à laquelle est jointe une formule où on
demande à tous ces fournisseurs de s'engager à communiquer avec
la compagnie Pratt et Whitney dans la langue anglaise, de façon à
se conformer, soi-disant, aux dispositions de la loi 101.
J'aimerais savoir si cette action, prise par la compagnie Pratt et
Whitney, est légale, face à la loi 101, si le ministre est au
courant de ce problème et s'il a commencé à examiner cette
question?
Le Président: Je vous souligne, M. le député
de Rosemont, qu'il s'agit là d'une demande d'opinion juridique.
M. le ministre d'Etat au développement culturel.
M. Paquette: Je m'excuse.
M. Laurin: Je pense qu'il y a aussi un élément
factuel à la question. Effectivement, une copie de cette lettre m'a
été remise, par inadvertance, j'imagine, et j'en ai saisi illico
les autorités de l'Office de la langue française, qui ont fait
enquête. Après analyse du document il était, d'une part,
évident, qu'il s'agissait là d'une initiative d'un cadre
intermédiaire de la compagnie Pratt et Whitney, et qu'effectivement elle
constituait une entorse à un des articles de la loi 101, et qu'elle
fautait également contre l'esprit de la législation toute
entière.
Des représentations ont été faites aux
autorités de la Pratt et Whitney, et la situation a été
corrigée. Des lettres ont été envoyées à
tous les fournisseurs qui avaient reçu la première lettre, leur
disant de la considérer nulle et non avenue. Cette lettre contenait
également des excuses de la compagnie Pratt et Whitney à
l'endroit de ses fournisseurs, pour la faute que ce cadre intermédiaire
avait faite, et la politique de Pratt et Whitney était
énoncée également dans cette lettre, à l'effet que
la compagnie respecterait scrupuleusement la lettre et l'esprit de la Charte de
la langue française au Québec. Je pense donc que l'incident est
clos et je m'en réjouis.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
Grève dans trois quotidiens de Montréal
et Québec
M. Garneau: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre du Travail. J'avais eu l'occasion de lui poser une question concernant
les grèves dans les grands media de communication de la presse
écrite, en particulier, et d'une façon spéciale,
concernant le Soleil. Je voudrais demander au ministre du Travail s'il pouvait
faire le point sur l'état du dossier et nous indiquer quelles sont les
mesures qu'il entend prendre pour trouver une solution à ce
problème.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, je remercie le
député de Jean-Talon de sa patience. Effectivement, il m'avait
posé une question au sujet du
journal Le Soleil il y a deux jours. Les changements d'horaire de la
Chambre et ma conviction que la période de questions devait être
portée à trois heures hier ont fait que je n'avais pas les
renseignements à dix heures hier matin.
Dans le cas du Soleil, M. Defoy qui est le conciliateur au dossier nous
confirme qu'en ce qui concerne la négociation entre la compagnie et ses
journalistes, c'est au point mort. C'est ce qu'il y a de plus mort dans la
mesure où le syndicat a fait savoir c'est confirméil
y a trois semaines, qu'il n'entendait pas continuer à
négocier.
En ce qui a trait aux autres syndicats du Soleil, c'est-à-dire
l'ensemble des syndicats qui ne touchent pas les journalistes, le conciliateur
Defoy est au dossier. Il semble qu'il y ait une progression intéressante
de ces pourparlers. Les relations sont à la fois bilatérales et
en présence du conciliateur dans certains cas. Il y a des pas qui sont
marqués à chacune des réunions.
En ce qui a trait au journal La Presse et au journal
Montréal-Matin, nos conciliateurs n'ont pas encore été
appelés par les parties. Quant à ce que le ministère
entend faire devant ces conflits, je suis très conscient, encore une
fois, de l'importance qu'il revêt compte tenu du fait qu'il touche la
majorité des Québécois qui sont des lecteurs de journaux.
Le ministère, pour le moment, dans le cas des syndicats où les
pourparlers vont bien au Soleil en ce qui a trait au syndicat non
journalistique, continue ses efforts. Dans les deux autres cas, soit la Presse
et Montréal-Matin, il n'est pas impossible que nous demandions à
nos conciliateurs de convoquer les parties pour voir s'il n'y aurait pas une
possibilité de reprise des négociations.
M. Charbonneau: Additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Relativement au conflit dans le cas du syndicat des
journalistes du Soleil et comme il n'y a plus de discussions d'une façon
bien précise dans ce secteur de la négociation, le ministre du
Travail a-t-il l'intention de prendre des actions quelconques pour essayer ou
tenter de faire reprendre ces négociations? S'il n'y a pas
possibilité de faire reprendre les négociations, le ministre
pourrait-il nous dire s'il peut convoquer maintenant ou au tout début de
l'année 1978 une commission parlementaire pour tenter de trouver une
solution à ce problème qui devient assez dramatique pour la
population de l'Est du Québec?
M. Johnson: Dans le cas du syndicat des journalistes du Soleil,
j'ai dit que cela n'était pas très brillant comme résultat
et qu'on est encore dans le noir. Je n'écarte pas non plus la
possibilité que notre conciliateur demande aux parties de se
réunir.
Encore une fois, je rappellerai au député de Jean-Talon
que, même si cela cause des ennuis considérables, si c'est
ennuyeux au sens d'une diminution du volume d'informations particuliè-
rement pour l'Est du Québec, il n'en demeure pas moins que nous sommes
dans une situation où l'une des parties au moins a décidé
qu'elle ne parlait plus. Le ministère ne peut tout de même pas se
substituer au jugement de cette partie. Quant à l'opportunité de
convoquer une commission parlementaire, pour le moment, je ne l'envisage
pas.
M. Charbonneau: Question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Richmond...
additionnelle, M. le député de Richmond?
M. Brochu: Non.
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre du Travail. Vous parlez de conciliations et également que les
conciliateurs n'ont pas été appelés par les parties dans
le cas de la Presse et de Montréal-Matin. N'y aurait-il pas lieu, dans
ces deux cas, en particulier, étant donné qu'il y a eu,
malgré tout, au cours des dernières semaines, un certain nombre
de contacts entre les parties, de convoquer le plus tôt possible ces
parties par des conciliateurs du ministère afin qu'éventuellement
les amorces de discussions qui ont eu lieu au cours des dernières
semaines puissent possiblement aboutir à autre chose que ce qu'on a eu
au cours des derniers jours pour redonner au public de la région de
Montréal, entre autres, les services d'information qu'il a perdus?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, c'est un peu dans ce sens, je
pense, qu'allait ma réponse tout à l'heure. Dans le cas de la
Presse spécifiquement, et cela vaut peut-être la peine qu'on le
rappelle ici, on se souviendra que les conflits ont donné lieu à
des interventions étagées, pyramidales assez remarquables,
à une certaine époque, où il y avait un conciliateur suivi
d'un médiateur, d'un médiateur spécial, d'un sous-ministre
en mandat spécifique suivi du ministre avant un mandat
général et du premier ministre ou, parfois même, une
commission parlementaire.
Les représentants de la Presse et les représentants du
syndicat ont comme été échaudés par cette avalanche
de mécanismes qui ont été utilisés dans le
passé et, jusqu'à maintenant, ils ont senti le besoin de se tenir
loin du ministère du Travail. J'espère cependant qu'ils ont
compris que certains changements que nous avons essayé d'apporter aux
mécanismes au ministère du Travail... Au contraire je
n'écarte pas la possibilité de demander à nos
conciliateurs de convoquer les parties, mais je rappellerais
concrètement que la raison pour laquelle cela n'a pas été
fait dans le cas de la Presse, c'est que M. Roy, représentant de la
partie patronale, avait annoncé, il y a trois semaines, d'une part,
qu'il n'entendait pas recourir aux
services du conciliateur et, deuxièmement, qu'il allait
déposer une offre finale, globale et définitive. On sait que le
syndicat a rejeté cette offre dite finale, globale et définitive
et il est normal, d'autant plus que la saison s'y prête, qu'il y ait un
certain "cooling-off" après un rejet comme celui-là. Je pense
qu'il aurait été parfaitement inopportun de convoquer la partie
patronale et la partie syndicale le lendemain matin de ces décisions. Je
pense que nous en sommes cependant à un stade où il faudra que
les deux parties nous démontrent comme c'est le cas du Soleil, de
Montréal-Matin et de la Presse que, dans ces trois cas, elles
sont capables de négocier de bonne foi.
Le Président: M. le député de Richmond.
Avenir économique du Québec
M. Brochu: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'Etat au développement économique qui s'est rendu tout
récemment, hier même, je pense, à la Chambre de commerce de
Montréal où il a prononcé une allocution dans laquelle il
a indiqué que le Québec, d'ici les deux prochaines années,
entendait mettre les bouchées doubles dans le secteur économique
et que le gouvernement entendait, par le fait même, mettre une
priorité carrément économique dans la plupart de ses
textes législatifs.
J'aimerais demander, d'abord, dans un premier temps, au ministre, de
peut-être préciser cette question devant la Chambre et de faire le
point sur ce qu'il entendait par cette priorité carrément
économique. Deuxièmement, le ministre a indiqué
également, tout en soulignant que les politiques économiques ne
s'improvisent pas, que la mise en place, quand même, d'une politique
d'achats, depuis quelque temps, a déjà commencé à
produire certains effets. A ce sujet, j'aimerais demander au ministre, M. le
Président, de nous indiquer quels ont été les effets
d'entraînement de cette politique d'achats du Québec sur la
création de petites entreprises nouvelles, comme stimulant aux petites
et moyennes entreprises. Egalement, quel a été l'effet
d'entraînement de cette politique d'achats sur la création
d'emplois?
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: M. le Président, ce qu'a dit le
député de Richmond au sujet de mon intervention est
substantiellement vrai, avec cette différence que ce n'est pas tellement
de priorité législative qu'il s'agit; bien que l'on puisse avoir,
évidemment, un impact important sur l'économie par des textes de
loi, ce n'est malheureusement pas la meilleure façon de faire du
développement et de la relance.
Quant à cette priorité des prochaines années, elle
découle d'abord de la conjoncture.
Le taux de chômage, l'Opposition nous le rappelle d'ailleurs assez
fréquemment, d'une façon chronique, atteint des proportions
inacceptables et il est absolument nécessaire, non seule- ment pour
maintenant, mais pour l'avenir que des changements structurels profonds soient
faits dans l'économie du Québec. Le gouvernement veut s'y
employer de façon particulièrement ferme d'ici les 24 prochains
mois.
En pratique, cela veut dire que, pour la prochaine année et
demie, le programme de soutien et de stimulation de l'emploi sera mené,
tel que nous l'avons annoncé, d'une façon vigoureuse. La
dépense est déjà commencée. Dans les
premières semaines, après une brève période de
rodage, il y avait déjà une dizaine de millions de
dépensés par le gouvernement avec les dépenses induites
venant du secteur privé et d'autres corps qui collaborent avec nous de
façon que 1000 emplois avaient été soutenus ou
créés durant les toutes premières semaines.
Ce programme est suivi avec grande attention par un comité de
trois ministres que j'ai l'honneur de présider qui, tous les jeudis
matin, nous l'avons fait ce matin, passent une heure à l'analyse des
résultats et du développement du programme et s'assurent de la
dépense dans les délais prévus. Cela va durer une bonne
partie des deux ans auxquels j'ai fait allusion. J'ai également
parlé des questions de structures, de réforme de structures.
Vous savez que déjà, devant la Chambre, l'Institut
national de productivité a vu sa loi déposée. Vous savez
que mon collègue du Travail travaille avec beaucoup de
célérité à l'Office de recherche sur la
rémunération et les conditions de travail.
Vous savez que nous avons déjà tenu un certain nombre de
sommets sectoriels et un sommet général. Les résultats de
ces rencontres ont été excellents en termes de climat social; au
cours des deux prochaines années nous poursuivrons dans cette voie.
J'ai été un peu long, M. le Président. Enfin la
dernière partie de la question porte sur la politique d'achats; j'ai
redit à la Chambre de commerce ce que j'avais dit en cette Chambre
basé sur les mêmes informations pour un secteur, le secteur de la
santé. Je ne sais pas si c'est vous-même, M. le
député, qui aviez posé la question ou un de vos
collègues. Pour un secteur, le secteur de la santé, on compte une
demi-douzaine de firmes qui fabriquent maintenant des produits pour le secteur
public québécois qui n'en fabriquait pas.
Dans les autres secteurs, mon collègue de l'Industrie et du
Commerce, comme je vous l'avais dit à ce moment, vous fera un inventaire
complet quand les données seront disponibles.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Brochu: Une question additionnelle, M. le Président,
que j'adresserai cette fois-ci au ministre des Terres et Forêts. Je
voudrais demander au ministre, à la suite de ma première
question, où en est rendue l'élaboration de la stratégie
que le ministre entend adopter en matière de pâtes et papiers
à la suite des travaux de la commission parlementaire qui avait
siégé là-dessus.
Deuxièmement, est-ce que le ministre a l'intention d'orienter ses
démarches pour que l'indus-
trie des pâtes et papiers s'oriente dans la technique
thermomécanique?
Troisièmement, est-ce que le ministre a l'intention d'ouvrir ses
politiques en termes de subventions remboursables par les industries en vue de
se moderniser?
Le Président: M. le ministre des Terres et
Forêts.
M. Bérubé: D'abord, la première question, M.
le Président, porte sur l'état de la stratégie concernant
l'industrie des pâtes et papiers. Brièvement, je signalerai que
nous avons d'abord fait faire une première étude qui a
porté sur un certain nombre d'usines, à peu près 36, au
Québec, et qui visait à régler les problèmes de
pollution en même temps que l'on essayait d'améliorer la
productivité de cette industrie. Cette étude nous a
été remise le 30 juin 1977. Faisant suite à cette
étude, nous avons pris deux consultants, M. Ewen Rankin et M. Roberge,
de la Société Conibec, pour en faire l'analyse et détecter
les failles, les forces et les faiblesses de ces études.
Cette analyse a été réalisée à peu
près trois semaines après la fin de la commission parlementaire
et je dois dire que les mémoires soumis à la commission
parlementaire ont aidé à l'analyse. Faisant suite à cette
deuxième évaluation, nous travaillons présentement
à la mise sur pied d'une proposition de stratégie pour le
gouvernement. Dans le cadre de cette stratégie, nous avons
terminé l'analyse globale des problèmes. Nous en sommes
présentement à la préparation des annexes.
Nous avons également entrepris des négociations par le
biais de M. Jacques Léonard, le ministre d'Etat à
l'aménagement du territoire et responsable des négociations avec
le gouvernement fédéral dans les secteurs économiques.
Nous avons donc entrepris une première ronde de rencontres avec les
autorités du ministère de l'Expansion économique
régionale pour leur faire part de nos préoccupations. Egalement,
ces sujets ont fait l'objet de discussions entre les premiers ministres du
Québec et du Canada.
Excusez-moi de la longueur, mais voilà donc l'état de la
stratégie en ce qui a trait à la proposition de stratégie
pour l'industrie des pâtes et papiers.
Quant à l'orientation vers le thermomécanique, je ne
cacherai pas que l'étude préliminaire recommandait une
réorientation massive au thermomécanique, réorientation
qui semble confirmée par des décisions récentes prises par
certaines entreprises de pâtes et papiers. Néanmoins, il semble
s'avérer qu'une telle orientation aussi massive n'était pas
pratique après analyse un peu plus détaillée et qu'il
faudra tenir compte de cas un peu particuliers de certaines industries, donc il
fallait un programme plus flexible.
Quant à la forme d'aide, je ne vous cacherai pas que,
présentement, nous n'avons pas fait consensus sur la façon de
venir en aide à l'industrie.
Le Président: Question additionnelle? Alors, M. le chef de
l'Opposition officielle.
Concours Participation 1977-1978
M. Levesque (Bonaventure): Additionnelle, oui.
M. le Président, le ministre de l'Education étant revenu
pourrait peut-être nous dire ce qu'il a l'intention de faire, s'il a pris
certaines mesures relativement à ce coucours Participation 1977-1978 de
la Société nationale de l'Est du Québec, le tout faisant
suite à une question que j'ai posée au premier ministre, il y a
quelques jours?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, j'ai
demandé qu'on me fournisse un rapport complet sur ce concours et les
événements qui l'ont entouré. Aussitôt que je
connaîtrai les détails, je serai heureux de répondre
à la question aussi longuement qu'il sera nécessaire.
M. Levesque (Bonaventure): Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne connais pas l'amplitude des
services du ministère de l'Education, mais je suis convaincu que cela
dépasse de beaucoup les services qui sont à la disposition du
chef de l'Opposition et pourtant, j'ai ici le document. Je ne comprends pas que
le ministre de l'Education, depuis déjà quelques jours, n'ait pas
pu se procurer ce document, ce dépliant qui indique la nature du
concours, ses objectifs, la collaboration reçue par les commissions
scolaires régionales, les thèmes qui seront admis au concours,
pour les participants, c'est-à-dire, entre autres, pourquoi je dis oui
à l'indépendance du Québec, les scénarios possibles
de l'indépendance du Québec, etc. Je pense bien que le ministre
de l'Education doit avoir eu l'occasion de recevoir ce document.
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, effectivement
j'ai pris connaissance du document. Ce dont je veux m'assurer, c'est de
l'attitude des commissions scolaires qui ont été invitées
à participer à ce concours. Lorsque j'aurai fait le tour du
dossier, je serai en mesure de faire une déclaration devant cette
Chambre, au besoin, de même que, sur d'autres initiatives dont on
m'entretenait ce matin et qui ont cours dans les écoles de l'Ontario,
où l'on fait désormais réciter aux enfants des
prières en faveur de l'unité canadienne. Ce sont là un
ensemble des problèmes sur lesquels j'aimerais
réfléchir.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, une question
additionnelle. Je pose la question
suivante? Depuis quand, malgré l'amplitude de ses pouvoirs,
pense-t-il pouvoir exercer ces derniers dans une autre juridiction?
Deuxièmement parce que sa réflexion pourrait se limiter
dans ce cas quelle est l'attitude immédiate du ministre de
l'Education vis-à-vis d'une situation comme celle qu'il connaît
bien présentement, puisqu'il a reçu le document en question?
Est-ce que le ministre de l'Education a manifesté la même
réserve, a pris le même temps de réflexion lorsqu'il s'est
agi pour lui de retirer du réseau des commissions scolaires la
permission d'avoir la pochette Ô Canada? Il me semble que cela a
été moins long, sa réflexion, à ce moment, et son
intervention a été non équivoque.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je puis vous
assurer que j'avais réfléchi longuement avant de prendre cette
décision. J'entends faire la même chose cette fois-ci.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre essaie de nous
dire qu'avant la fin de la session, avant l'ajournement...
Le Président: M. le chef de l'Opposition!
M. Levesque (Bonaventure):... ou la prorogation on pourra avoir
une réponse de la part du ministre?
M. Morin (Sauvé): Oui, M. le Président.
M. Bellemare: ... Des questions qui semblent avoir
été mises de côté tout à l'heure. Deux de nos
collègues avaient des questions supplémentaires à une
seule question principale que nous avons posée au ministre des Terres et
Forêts. Il y avait deux questions supplémentaires et vous
êtes passé tout de suite à Une autre question principale.
Je ne critique pas votre décision, M. le Président, mais je pense
que ces deux députés auraient pu poser leurs questions
supplémentaires.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, c'était par inadvertance, parce que je croyais qu'il
s'agissait d'autres questions principales. Compte tenu de cela, je vous laisse
le choix entre M. le député de Saint-Hyacinthe et M. le
député de Mégantic-Compton.
Programme de relance économique
M. Grenier: Ma question s'adresse au ministre d'Etat au
développement économique et au ministre des Terres et
Forêts et elle se rattache à la question qui a été
posée par le député de Richmond tout à l'heure. On
a eu comme réponse du ministre d'Etat au développement
économique qu'il se faisait pas mal de rencontres au niveau des
différents ministères à Québec; du ministre des
Terres et Forêts, on a su qu'il se faisait pas mal de rencontres
également au niveau des directeurs de région. Mais des
réponses aux questions posées, on n'en a pas eu!
J'aimerais savoir du ministre d'Etat au développement
économique, dans le secteur de la reprise économique et du
soutien des emplois, quels sont les secteurs industriels touchés et
quels sont les dossiers dans lesquels le gouvernement du Québec agit
seul? Ensuite, quels sont ceux dans lesquels le gouvernement du Québec
agit de concert avec le gouvernement d'Ottawa? Finalement, quel est le palier
qui agit de concert avec le secteur privé; bien
précisément?
M. Landry: Dans la plupart des activités du programme, le
gouvernement du Québec agit seul, sauf qu'il agit de concert avec le
gouvernement du Canada dans la question de l'isolation des maisons et la
restauration résidentielle. Vous savez que le Québec aura un
programme, le gouvernement du Canada... Il y avait des harmonisations à
faire; elles sont faites au niveau de la discussion, il s'agit de les mettre en
route.
Dans la question de la construction des bateaux, un autre volet du
programme, pour le démarrage des premières constructions et des
premiers travaux, le gouvernement du Québec agit seul, mais par la suite
il y a effectivement une participation du gouvernement du Canada. Pour les
silos d'entreposage des céréales, vous savez également
qu'il y a un programme québécois et une harmonisation avec un
programme du gouvernement du Canada; une partie est complètement
négociée et se mettra en route et une autre partie reste à
discuter. Cela fait à peu près trois activités. Tout le
reste découle directement de la juridiction et du budget du gouvernement
du Québec.
Quand vous parlez des activités, vous voulez dire l'argent
déjà dépensé, j'imagine, ou les choses
déjà en marche. A la suite des sommets dans le vêtement, le
textile et la chaussure, nous nous étions engagés à faire
notre part si le gouvernement du Canada faisait la sienne. Il a annoncé
qu'il s'apprêtait à la faire pour la chaussure; il semble que
notre appel ait donc été entendu.
M. Bellemare: C'est fait.
M. Landry: Nous avons tenu la contrepartie de notre engagement et
il y a déjà trois entreprises de ces secteurs traditionnels, dans
les premières semaines du programme, qui ont été
aidées, ceci soutenant et préservant environ 450 emplois. Il y a
également, dans le secteur de la petite entreprise
québécoise (moins de vingt employés), trois ou quatre
entreprises qui ont été aidées. Dans la PME innovatrice,
à peu près le même nombre. Je n'ai pas sous les yeux le
rapport que j'ai remis hier au Conseil des ministres je m'engage
à le remettre à la Chambre substantiellement, ce que je
vous ai dit pour quelques semaines de fonctionnement décrit les secteurs
aidés.
Le Président: Dernière question, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Oui, une dernière courte question
additionnelle au ministre des Terres et Forêts. Il y a eu des
développements importants depuis un an dans le secteur des pâtes
et papiers. Ce qu'on a entendu à la commission parlementaire nous a
fourni pas mal d'informations et le ministre est en train de prendre des
décisions, bien sûr, avec
l'aide de ses conseillers. J'aimerais savoir d'une façon bien
précise du ministre des Terres et Forêts où en est rendu le
dossier de la Domtar à East Angus.
M. Bérubé: Dans le cas du dossier de la DOMTAR, M.
le Président, nous avons communiqué avec la
société, le comité ad hoc et également les
représentants des syndicats pour constituer un comité. Nous ayons
eu à ce jour je pourrai vérifier plus
précisément un certain nombre de réponses. Je
pourrai le mettre au courant à savoir qui jusqu'ici a soumis sa
candidature pour travailler à ce comité de travail qui devra
regarder les objectifs à long terme pour l'usine de East Angus et
probablement celle de Windsor en même temps, bien que pour l'instant nous
nous attaquions à celle de East Angus.
M. Shaw: Mr President...
Le Président: Fin de la période des questions.
M. Bellemare: Une question supplémentaire, il
s'était levé et vous l'avez ignoré.
Le Président: Je voudrais signaler la présence dans
les galeries, ce matin, de Mme le sénateur Thérèse
Casgrain.
Motions non annoncées.
M. Burns: M. le Président, avant que nous passions
à un autre élément de nos travaux aux affaires courantes,
tout à l'heure le député de Gatineau m'a posé des
questions relativement à la Loi modifiant la Loi de la Communauté
régionale de l'Outaouais. J'ai fait faire les vérifications. Le
projet de loi est prêt, comme je lui ai dit tout à l'heure. Je ne
peux pas m'engager à ce que le projet de loi soit adopté d'ici la
fin ou d'ici la prorogation de la présente session, mais si j'avais le
consentement de la Chambre, je serais prêt à ce que le
député de Gatineau dépose ce projet de loi et
j'appellerais, à ce moment-ci, M. le Président, l'article g).
M. Bellemare: D'accord. M. Burns: Article g).
M. Bellemare: J'ai la question. Alors il y a consentement?
M. Lavoie: G comme Gratton. M. Bellemare: Oui, oui.
Projet de loi no 191
Première lecture
Le Président: M. le député de Gatineau
propose la première lecture de la Loi modifiant la Loi de la
Communauté régionale de l'Outaouais.
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, le présent projet de
loi prévoit que le président du conseil de la Communauté
régionale de l'Outaouais sera désormais élu par le conseil
de la communauté.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Burns: Adopté. M. Bellemare: Adopté.
Motion de renvoi en commission élue
M. Burns: M. le Président, même s'il s'agit
là d'un projet de loi public, je propose qu'il soit
déféré à la commission des affaires municipales
pour examen article par article.
Une Voix: Immédiatement?
M. Burns: Pas immédiatement, mais qu'il soit
déféré.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au leader du gouvernement pourquoi il procède de cette
façon plutôt que de, est-ce que c'est...
M. Burns: Vous préférez avoir une deuxième
lecture, à un moment donné en Chambre? Je n'ai pas d'objection.
C'est vous qui êtes le parrain du projet de loi, mais si vous
préférez cela, je vais tout simplement dire: Deuxième
lecture à la prochaine séance ou à une séance
subséquente.
M. Gratton: M. le Président, c'est ce que je souhaiterais,
à moins que le ministre des Affaires municipales nous dise qu'il a des
raisons, lui, de vouloir convoquer la commission pour entendre les parties,
mais les parties se sont déjà fait entendre.
M. Burns: La raison, M. le député de Gatineau, pour
laquelle je proposais le renvoi de ce projet de loi à la commission des
affaires municipales, c'est que même s'il est un projet de loi à
caractère public, il a la structure et l'approche d'un projet de loi
privé. Maintenant je vous dis je vous en fais l'offre que
si vous préférez qu'on le garde en Chambre en deuxième
lecture, je n'ai aucune espèce d'objection.
M. Gratton: M. le Président, je préférerais
qu'on procède de la façon normale, c'est-à-dire en
proposant la deuxième lecture à la prochaine séance ou
à une séance subséquente.
Retrait de la motion de renvoi
M. Burns: Je me rends au voeu du député de
Gatineau. M. le Président, je retire ma motion et la
deuxième lecture aura lieu à la prochaine séance ou
à une séance subséquente.
M. Shaw: En vertu de l'article 34, M. le Président.
Le Président: Nous sommes aux motions non
annoncées, M. le député de Pointe-Clair. M. le premier
ministre.
Décès de M. Guy Frégault
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je suis
sûr que je vais obtenir d'emblée l'unanimité en demandant
à toute l'Assemblée nationale de se joindre à nous pour
offrir nos condoléances, unanimes sûrement, à la famille de
M. Guy Frégault qui est disparu il y a deux jours avec une
soudaineté tragique. J'ai bien connu M. Frégault, comme, je
crois, beaucoup, beaucoup de Québécois, par ses oeuvres d'abord,
comme un des plus originaux et des plus marquants, sûrement, de nos
historiens contemporains. Il était en même temps un de nos bons
écrivains.
Je suis sûr que tous ceux qui ont lu, par exemple "D'Iberville le
Conquérant" ou "La guerre de la conquête" en ont gardé non
seulement le souvenir de très beaux livres, mais de livres qui, je
crois, vont demeurer des classiques chez nous.
Depuis 1961, au moment où j'avais l'occasion de le
connaître personnellement, comme d'ailleurs le chef de l'Opposition
d'aujourd'hui, avec cette espèce de paravent de modestie qui a toujours
été excessive, M. Frégault est également devenu un
des grands serviteurs de l'Etat. Il a été le sous-ministre
fondateur du ministère des Affaires culturelles. Quand, comme on le dit
dans un autre contexte, on est revenu aux affaires de ce côté-ci,
j'ai pu me rendre compte, en le rencontrant de nouveau l'an dernier, que,
même si sa santé était déjà quelque peu
brisée, il gardait toujours la même passion pour tout ce qui
concerne la culture et l'identité même du Québec.
Je suis sûr que tous tant que nous sommes à
l'Assemblée nationale, aussi bien que la société
québécoise et l'Etat québécois lui-même, nous
sommes conscients que, par cette disparition brutale et inattendue,
prématurée, on vient de perdre quelqu'un d'important au
Québec.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, au nom du chef de
l'Opposition, de l'ensemble des députés de ce côté
de la Chambre et en mon nom personnel, comme représentant libéral
de la région métropolitaine de Québec, je voudrais
m'associer très sincèrement aux propos que vient de tenir le
premier ministre pour offrir à la famille de M. Frégault et
à ses amis nos plus sincères condoléances dans ce deuil
qui les afflige.
J'ai eu l'occasion, au cours des années où j'assumais des
responsabilités administratives du côté ministériel,
de connaître M. Frégault, de travailler avec lui,
particulièrement dans la prépara- tion des budgets du
ministère des Affaires culturelles. J'ai toujours trouvé chez lui
cette marque de collaboration avec l'équipe ministérielle et je
crois que c'était sa sincérité envers son serment d'office
qui le portait toujours à accorder cette franche collaboration.
Je voudrais aussi en présentant mes voeux de condoléances
à sa famille et à ses amis, souligner à cette Chambre la
contribution énorme de M. Frégault non seulement à
l'administration publique, mais aussi aux lettres québécoises. Au
nom de l'Opposition officielle, de son chef, et des députés de ce
côté de la Chambre, et de tous ses amis, je voudrais offrir
à la famille Frégault nos plus sincères
condoléances dans ce deuil qui les afflige.
Le Président: M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, au nom de l'Union
Nationale, je voudrais joindre notre voix à celle du premier ministre et
à celle de l'Opposition officielle pour offrir à la famille de M.
Frégault nos condoléances les plus sincères. J'ai eu
l'occasion à différentes reprises de rencontrer M.
Frégault. J'ai eu le privilège de consulter ses oeuvres, de les
étudier avec les étudiants. Nous avons entretenu avec lui des
relations surtout du côté de la Société historique
de la Gaspésie, alors qu'elle en était à ses
débuts. Nous avons trouvé chez M. Frégault beaucoup
d'encouragement. Il a été un de ceux qui, aux Affaires
culturelles, à cette période, nous ont encouragés à
poursuivre l'oeuvre que nous avions commencée.
Je garde de lui le souvenir d'un grand historien, d'un excellent
écrivain, d'un homme qui a contribué beaucoup à faire
aimer l'histoire du Québec et qui aussi a réussi à
inspirer à tous ses étudiants à l'université ce
goût de l'histoire. Pour ces raisons, l'Union Nationale veut apporter
également sa contribution en offrant à tous les membres de sa
famille le témoignage de notre sympathie.
Le Président: Motion adoptée.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Publication du mémoire de l'Association
québécoise d'aide aux sourds
M. Burns: M. le Président, toujours au moment des motions
non annoncées, j'ai eu l'occasion de consulter les représentants
de l'Opposition relativement à un projet de motion non annoncée
qui avait été soumis hier par le député de
Champlain. A ce moment-là, le consentement de la Chambre nous avait
été retiré. D'autre part, je dois dire en toute justice
à l'égard du député de Rouyn-Noranda, qui
malheureusement n'est pas ici ce matin pour vous le confirmer, que j'ai eu un
entretien avec lui hier.
Il m'a dit bien sincèrement que s'il avait su de quoi il
s'agissait, il n'aurait pas refusé son consentement. Alors même en
l'absence du député de Rouyn-Noranda, je suis convaincu que, s'il
était ici, vous auriez son consentement. Je vous demande de prendre ma
parole, étant donné que j'en
ai discuté avec lui, hier, à ce sujet. M. le
Président, vous pourriez peut-être suggérer au
député de Champlain de revenir à la charge; j'ai
parlé à nos amis du Parti libéral et de l'Union Nationale
et il semble ne pas y avoir de difficulté à accepter de donner
leur consentement à cette motion.
Le Président: II y a consentement. M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: Merci beaucoup, M. le Président. Pour permettre
à un groupe de handicapés qui sont dans une situation
particulièrement vulnérable pour se faire entendre et à
cause de toutes sortes de difficultés n'ont pu présenter leur
mémoire à temps pour la commission parlementaire qui
étudiait la loi 9 concernant l'aide aux handicapés, on leur a
promis de demander la permission pour que leur mémoire soit
consigné au journal des Débats. Il s'agit du mémoire qui
nous venait de l'Association québécoise d'aide aux sourds.
J'aimerais que cette motion soit adoptée.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Bellemare: Cela doit comprendre M. Parizeau.
Le Président: Enregistrement des noms sur les votes en
suspens et avis à la Chambre.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, en vertu de l'article 34, il y
a des questions?
Le Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: I asked, last week, information concerning the answering
of question which is now 45 in the "feuilleton". I asked it because of the fact
that there is an order...
M. Burns: Excusez-moi. Est-ce le feuilleton d'hier ou
d'aujourd'hui?
M. Shaw: C'est le feuilleton d'hier. M. Burns: D'hier.
M. Shaw: C'est le 132 du mercredi 14 décembre.
M. Burns: D'accord. 45, votre question du 2 novembre.
M. Shaw: C'est une question relative au projet de loi no 67. Les
informations devraient être déposées avant le
dépôt du rapport de la commission parlementaire qui étudie
le bill no 67.
M. Burns: Je vais faire les consultations requi- ses durant la
journée. Je vais tenter, même si je ne le fais pas en Chambre, de
donner, au député de Pointe-Claire, les informations qu'il
recherche. Je vais peut-être lui donner aussi une indication du moment
où nous pourrons répondre à cette question qui
apparaît à l'article 45 du feuilleton d'hier.
Motion pour faire siéger deux
commissions
M. le Président, si j'avais le consentement de la Chambre, encore
une fois je le sollicite de la part de l'Opposition, je ferais
éventuellement une motion pour faire siéger aujourd'hui deux
commissions pendant que la Chambre siège, soit au salon rouge, celle des
consommateurs, coopératives et institutions financières
relativement au projet de loi no 67, et, à la salle 81-A, la commission
du travail et de la main-d'oeuvre. Ces deux commissions siégeraient
à compter de maintenant jusqu'à minuit avec suspension de 13
heures à 15 heures et de 18 heures à 20 heures.
Si j'ai ce consentement, M. le Président, je fais donc motion
pour que les deux commissions siègent aux heures indiquées, l'une
au salon rouge, soit celle des consommateurs, coopératives et
institutions financières, l'autre, à la salle 81-A, celle du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration.
Le Vice-Président: Puis-je demander d'abord s'il y a
consentement?
M. Lavoie: Consentement pour les deux.
Le Vice-Président: Le consentement est accordé.
Alors en faites-vous une motion?
M. Burns: J'en fais motion, M. le Président.
Le Vice-Président: Cette motion à deux volets
est-elle adoptée?
M. Lavoie: Vote enregistré, M. le Président.
Le Vice-Président: Que l'on appelle les
députés.
Vote sur cette motion
Le Vice-Président: MM. les députés, M. le
ministre, M. le député de Mégantic-Compton, à
l'ordre, s'il vous plaît!
La motion de M. le leader parlementaire du gouvernement pour que
siège immédiatement, au salon rouge, la commission élue
permanente des consommateurs, coopératives et institutions
financières sur le projet de loi 67, et, à la salle 81-A, la
commission du travail et de la main-d'oeuvre sur le projet de loi 45.
Que celles et ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
M. Burns: Aux heures prévues, M. le Président?
Le Vice-Président: Aux heures prévues dans la
motion, c'est-à-dire immédiatement, avec les suspensions
régulières jusqu'à minuit.
Le Secrétaire adjoint: M. Burns, Mme Cuerrier, MM.
Bédard, Laurin, Morin (Sauvé), Parizeau, Marois, Landry,
Léonard, Couture, Bérubé, Johnson, O'Neill, Mme Ouellette,
MM. de Belleval, Jo-ron, Mme Payette, MM. Proulx, Lazure, Tardif, Garon,
Chevrette, Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Alfred,
Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire, Bertrand,
Godin, Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Laberge, Marquis, Lacoste,
Ouellette, Perron, Brassard, Clair, Gosselin, Lefebvre, Lavi-gne, Dussault,
Charbonneau, Beauséjour, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet, Le-vesque
(Bonaventure), Lavoie, Lalonde, Forget, Garneau, Mailloux, Goldbloom,
Larivière, Sain-don, Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux, MM. Raynauld,
Lamontagne, Giasson, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand,
Gratton, Pagé, Springate, Bellemare, Grenier, Goulet, Fontaine, Brochu,
Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau.
Le Vice-Président: Contre? Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 91 Contre: 0
Abstentions: 0
Le Vice-Président: La motion est adoptée, ces deux
commissions peuvent siéger immédiatement. M. le leader
parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 260
M. Burns: M. le Président, aux affaires du jour, si
j'avais le consentement de la Chambre, ce matin, nous avons
déposé un rapport, c'est-à-dire que le
député de Verchères a déposé un rapport
relativement au projet de loi no 260, Loi relative à l'Association de
bienfaisance et de retraite des policiers de la Communauté urbaine de
Montréal. Il me semble que ce projet de loi ne pose aucune
difficulté. Si j'avais ce consentement, étant donné qu'il
s'agit d'un bill privé à moins qu'il y ait des
difficultés, s'il y en a, on suivra les procédures je
demanderais, à ce moment-ci, la prise en considération du rapport
ainsi que, par la suite, la deuxième et la troisième lecture du
projet de loi.
Etant donné qu'aujourd'hui il y aura sanction de lois par Son
Excellence le lieutenant-gouverneur, on pourrait peut-être faire
sanctionner en même temps, vu son urgence, me dit-on, le projet de loi no
260.
M. Lalonde: M. le Président, il n'y a aucune
difficulté en ce qui concerne la procédure. Il nous fait plaisir
de concourir avec le gouvernement pour accélérer l'adoption de ce
projet de loi qui donne un cadre juridique à l'ABRPCUM. Mais le
député de Saint-Laurent aurait une question connexe à
poser.
M. Burns: D'accord, oui.
Le Vice-Président: Simplement avec beaucoup de souplesse,
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Merci, M. le Président. Ma question est assez
simple, mais elle est d'une assez grande importance dans le contexte. On sait
qu'il y a une entente qui est intervenue et qui est mentionnée,
d'ailleurs, dans le corps de cette loi, entre la communauté urbaine et
l'association de bienfaisance relativement au régime
supplémentaire de rentes. Il y a également un rapport d'un
comité interministériel qui a été formé il y
a plusieurs mois par le gouvernement sur les problèmes financiers de ce
fonds de retraite, de ce régime supplémentaire de rentes. Nous
aimerions pouvoir en prendre connaissance. Si ces documents étaient
déposés, cela aiderait énormément à
connaître les circonstances entourant le régime de retraite et sa
légalité en vertu du régime supplémentaire de
rentes, etc. Est-ce que ces deux documents pourraient être
déposes?
M. Burns: Est-ce que vous demandez le dépôt de ces
documents avant l'adoption du projet de loi?
M. Forget: Pas nécessairement. Pourvu qu'on puisse
s'engager à nous donner la parole des ministres impliqués que les
deux documents, l'entente et le rapport du comité
interministériel, seraient déposés, j'accepterais la
parole du ministre.
M. Bédard: M. le Président, je pourrais donner ma
parole à l'effet de déposer le plus rapidement possible le texte
de l'entente entre la Fraternité des policiers et la CUM. Maintenant,
concernant le rapport du comité interministériel et
l'évaluation de ce rapport...
M. Forget: Ce n'est pas l'évaluation du rapport; c'est un
comité qui a été créé pour examiner le
problème financier qui est posé par ce fonds de retraite.
M. Bédard: Mais ce serait limité strictement
à cette entente? C'est cette partie du rapport que vous voulez
avoir?
M. Forget: C'est un rapport strictement là-dessus.
M. Burns: Je pense bien qu'il n'y a pas d'objection; on peut
s'engager à vous déposer dans les meilleurs délais ces
rapports. Maintenant, vous voulez peut-être attendre ces rapports avant
l'adoption de la loi, mais, sur l'engagement du ministre de la Justice et du
leader parlementaire du gouvernement de vous déposer ces documents dans
les plus brefs délais, je pense qu'on pourrait quand même adopter
le projet de loi. Du moins, est-ce ce que je dois comprendre?
M. Forget: D'accord.
Le Vice-Président: Est-ce que je comprends bien que, sur
la promesse, la parole d'honneur du ministre de la Justice et du leader
parlementaire du gouvernement de déposer deux documents,
nous pouvons tout de suite prendre en considération c'est
la première étape le rapport qui a été
présenté ce matin?
M. Bédard: Je veux bien m'engager pour ce qui me regarde,
pour ce qui a trait au dépôt de l'entente entre la
Fraternité des policiers et la CUM. De là à m'engager au
nom du ministre des Finances ou encore du ministre des Affaires...
Le Vice-Président: J'ai mentionné votre titre et
celui du leader parlementaire du gouvernement. M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Excusez-moi. Le ministre de la Justice, bien
prudemment, comme il le fait toujours d'ailleurs c'est une de ses
grandes qualités...
M. Lavoie: C'est la seule.
M. Burns: ... ce n'est pas la seule; j'ai dit une de ses grandes
qualités; donc, il a d'autres grandes qualités me
mentionne que ce rapport du comité interministériel peut
comporter d'autres éléments que ce qui vous concerne
immédiatement.
Le Vice-Président: Excusez-moi, M. le leader parlementaire
du gouvernement.
M. Burns: Je ne voudrais pas éventuellement que nous
soyons accusés de tronquer un rapport si nous donnons seulement cet
aspect qui peut vous concerner. Si on s'entend d'avance que c'est cet aspect du
rapport du comité interministériel qui vous intéresse et
qu'on puisse l'extraire du rapport et vous le donner, je prends cet
engagement.
Le Vice-Président: D'accord, M. le leader parlementaire du
gouvernement, si vous me le permettez, j'ai écouté avec beaucoup
d'attention M. le député de Saint-Laurent et c'est tout ce qu'il
a demandé.
M. Forget: C'est tout.
M. Burns: M. le Président...
Le Vice-Président: Tout le monde est d'ao-cord. Est-ce que
ce rapport...
M. Lavoie: M. le Président, le rapport est
déjà adopté.
Le Vice-Président: Non, il a été
déposé.
Adoption du rapport
M. Lavoie: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président: Adopté en plus.
M. Lavoie: Oui, parce que c'est un rapport de projet de loi
privé. Deuxième et troisième lectures.
Le Vice-Président: Dans ce cas, M. le leader parlementaire
du gouvernement, deuxième lecture.
Deuxième et troisième lectures
M. Burns: Le député de Verchères, je pense,
se ferait un plaisir de proposer la deuxième et la troisième
lecture de ce projet de loi.
M. Charbonneau: Sûrement, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Si vous voulez, je peux même faire un
discours pour faire plaisir au député de Laval.
Très rapidement, je veux souligner que, depuis 1972, les
policiers de l'ensemble de la Communauté urbaine de Montréal
attendent avec impatience que différentes autorités, les leurs au
niveau syndical, celles de la ville de Montréal, celles d'un certain
nombre de municipalités et celles également du gouvernement du
Québec se branchent pour que se règlent, une fois pour toutes,
les problèmes qui étaient reliés à toute
l'organisation de leur fonds de retraite. Après de multiples efforts au
cours des derniers mois, les policiers en sont arrivés à une
entente avec la Communauté urbaine de Montréal et cela a
amené, entre autres, la présentation de ce projet de loi
privé afin de régler, une fois pour toutes, une situation qui
était durement ressentie par de nombreux policiers qui depuis maintenant
cinq ans, au cours des dernières années, attendaient avec
impatience que se règle ce problème.
Des Voix: Merci, c'est assez!
M. Charbonneau: II faut avoir vécu avec ces policiers pour
le savoir.
M. Burns: J'espère que vous ne faites pas un
"filibuster"!
M. Charbonneau: Non, mais je me rends au voeu du
député de Laval qui désirait absolument avoir un discours.
Je lui indique également que pour avoir côtoyé des
policiers pendant des années, il faut les connaître à fond
pour savoir à quel point ce problème était ressenti avec
une accuité particulière.
Je me réjouis donc que l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale soient aujourd'hui disposés à
adopter rapidement un projet de loi qui a tardé à venir depuis
cinq ans. Merci.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: ... parlant sur la troisième lecture, j'ai
le droit, en vertu du règlement, d'utiliser une heure.
Des Voix: Ah, ah, ah!
M. Bellemare: Je dois dire que le problème a
commencé quand j'étais ministre du Travail. J'ai apporté
mon concours pour que ce soit temporisé, on a eu rencontres sur
rencontres et, tout dernièrement, j'ai passé une partie d'une
matinée avec ces messieurs qui m'ont fait comprendre qu'il était
temps qu'on trouve une solution. Je vous remercie.
M. Grenier: J'ai droit à vingt minutes.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Vice-Président: Un instant! A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je reconnaîtrai d'abord M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Je voudrais résumer le discours que j'ai
préparé pour cette deuxième lecture, je crois avoir droit
à une heure. Je voudrais tout simplement donner notre accord à
l'adoption de ce projet de loi et souligner que s'il est vrai que depuis
quelques années ce problème est en voie de règlement, les
acteurs, les personnes responsables de cette conclusion heureuse à ce
règlement ne sont pas toutes du même côté. J'ai eu
l'occasion, au moment de mon passage au ministère de la Justice, de
collaborer avec les gens de ces organismes, y compris de l'ABRPCUM, pour
trouver une solution satisfaisante, solution qui dépendait de beaucoup
d'organismes, y compris des autorités de la ville de Montréal. Il
nous fait plaisir de concourir à l'adoption de cette loi.
Le Vice-Président: Merci.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: C'est pour utiliser mon droit de parole de vingt
minutes, mais je ne l'utiliserai pas au complet. Je veux souligner que le
député de Verchères, quand il réfléchit une
nuit durant, est capable, lui aussi, de dire des choses sensées.
Le Vice-Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je ne ferai pas de discours. Nous avons
posé les gestes nécessaires pour régler le
problème.
M. Burns: En tant que leader du gouvernement, j'ai
également droit à une heure. Je pense bien qu'on pourrait passer
à l'adoption de la deuxième et de la troisième lecture
immédiatement.
M. Lavoie: Avant de passer à la troisième lecture,
est-ce que le député de Verchères désirerait
exercer son droit de réplique sur la deuxième lecture?
M. Charbonneau: J'ajouterai, en réplique, que l'importance
de ce projet de loi est, entre autres, l'effet de nombreux conflits de travail
entre les policiers de la Communauté urbaine de Montréal et les
autorités municipales. Maintenant, on peut peut-être
espérer qu'il y aura moins de conflits dans ce domaine.
Le Vice-Président: Si vous me le permettez, maintenant que
chacun a fait son discours d'une heure, en vertu de l'article 113a,
alinéa 4, "à moins que cinq députés ne s'y
opposent", je n'ai même pas besoin du consentement pour passer
immédiatement, sans commission plénière, à la
deuxième et à la troisième lecture.
M. Levesque (Bonaventure): Consentement. M. Burns:
D'accord.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Le projet de loi est
adopté.
M. Burns: Merci. M. le Président, je vous demanderais
maintenant d'appeler l'article 23, s'il vous plaît.
Rapport sur l'étude en
commission des projets de loi
nos 72 et 77
Le Vice-Président: Juste un instant. A nouveau c'est la
prise en considération d'un rapport, la prise en considération du
rapport de la commission permanente de la justice qui a étudié
les projets de loi que je vais énumérer, projet de loi 72, Loi
concernant la nomination des juges municipaux suppléants et modifiant la
Loi des poursuites sommaires; deuxièmement, le projet de loi 77, Loi
modifiant la Loi des tribunaux judiciaires et la Loi sur les jurés. Le
rapport a été présenté par M. le
député de Sainte-Anne, M. Lacoste, pour ne pas le désigner
par son nom.
M. Burns: M. le Président, on m'informe qu'il n'y a pas eu
de proposition d'amendement. Il semble que, selon le déroulement des
travaux en commission parlementaire, nous pourrions adopter ce rapport et
peut-être même, s'il y avait consentement, procéder
immédiatement à la troisième lecture de ces projets de
loi.
Le Vice-Président: Je vous remercie, M. le leader
parlementaire du gouvernement, j'allais poser la question pour savoir s'il y
avait des amendements. Est-ce que ce rapport sera agréé?
M. Bédard: Oui, je peux vous dire, M. le Prési-
dent, que la discussion article par article a été
très calme, s'est fait dans l'harmonie et même dans
l'unanimité concernant les dispositions que nous voulions voir
adopter.
Le Vice-Président: Est-ce que le rapport est
agréé?
M. Lavoie: En l'absence du député de Sainte-Anne,
est-ce que vous avez un substitut pour adopter le rapport suivant les
formes?
Le Vice-Président: M. le député de
Château-guay.
M. Lavoie: Rapport agréé.
Le Vice-Président: Est-ce que le député de
Châteauguay accepte?
M. Dussault: Avec plaisir, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, vous avez tellement d'expérience, vous savez que d'office, en
l'absence d'un reporteur, je peux en désigner un. M. le
député de Châteauguay vient d'accepter officiellement. Ce
rapport sera agréé?
M. Burns: Rapport agréé.
Le Vice-Président: Troisième lecture?
M. Burns: Est-ce que, M. le Président, nous serions
prêts à passer à la troisième lecture de ce projet
de loi? Encore une fois étant donné qu'il y a sanction de projets
de loi aujourd'hui.
Le Vice-Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: J'ai droit à combien de temps, M. le
Président?
M. Burns: Une heure.
Le Vice-Président: Une heure, si vous représentez
votre parti.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. M. Lavoie: II
le représente bien d'ailleurs.
M. Burns: Est-ce qu'il y a consentement, M. le
Président?
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
procéder à la troisième lecture immédiatement
à la même séance?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
M. Burns: II y a deux projets de loi, M. le Président.
Le Vice-Président: Oui, il y a deux projets de loi, je
vais les répéter d'ailleurs.
M. Burns: Alors, deux motions.
Le Vice-Président: C'est une motion double et je
pense...
M. Burns: Deux motions de troisième lecture.
Projet de loi no 72 Troisième lecture
Le Vice-Président: II faudra les prendre
séparément, c'est ce que je fais. Je demande si le projet de loi
no 72, Loi concernant la nomination des juges municipaux suppléants et
modifiant la Loi des poursuites sommaires, est adopté en
troisième lecture.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 77 Troisième lecture
Le Vice-Président: Adopté. Deuxième
question, est-ce que le projet de loi no 77, Loi modifiant la Loi des tribunaux
judiciaires et la Loi sur les jurés, est aussi adopté en
troisième lecture?
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Avec encore plus d'enthousiasme puisque le ministre
nous a promis à la commission qu'il y aurait une loi plus globale pour
inclure le salaire des juges avec indexation, la pension des juges avec
indexation. Il s'est engagé à nous le donner avant la fin du
présent mandat du gouvernement. Alors on y va avec beaucoup plus
d'enthousiasme.
M. Bédard: Tel que je l'avais dit, M. le Président,
lorsque j'étais dans l'Opposition, c'est que tout changement, que ce
soit au niveau salarial ou dans quelque autre domaine que ce soit, doit
s'inscrire dans une réforme globale, que nous essaierons de
présenter le plus rapidement possible.
Le Vice-Président: Merci, M. le ministre de la Justice.
Est-ce que je considère que le projet de loi 77 est adopté en
troisième lecture? Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, le ministre des Richesses
naturelles m'informe également que l'élément qui
apparaît à l'article 12, soit le projet de loi no 81, modifiant la
Loi des droits sur les mines, il semblerait que cela ne poserait que
très peu de difficultés. Peut-être, si tel était le
cas, nous pourrions appeler la deuxième lecture de ce projet de loi.
M. Bellemare: Demain.
M. Burns: Vous aimez mieux demain. D'accord, alors nous
reviendrons demain avec cela. D'accord. Alors sur ce, M. le Président,
je vous demanderais d'appeler l'article 8).
Projet de loi no 61
Deuxième lecture
(suite)
Le Vice-Président: L'article 8), c'est la reprise du
débat sur la motion de M. le ministre des Finances et du Revenu, je ne
sais lequel dans ce cas, proposant que...
M. Lamontagne: De la taxe sur les vêtements d'enfants.
Le Vice-Président: Le Président ne s'exprime pas
dans ces termes.
M. Garneau: Le Président doit dire la
vérité.
Le Vice-Président: Je n'ai point à me justifier
à ce sujet. C'est la reprise du débat sur le projet de loi 61,
Loi modifiant la Loi de l'impôt sur la vente en détail. Tant qu'il
n'y aura pas un amendement au feuilleton, je désignerai cette loi par
cette appellation. C'était M. le leader parlementaire du gouvernement
qui avait ajourné le débat.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse, sur une question
de règlement. Le fait que j'avais demandé l'ajournement du
débat me donnait une priorité. Je préfère
réserver cette priorité, ou ce droit de parole que j'aurais pour
plus tard au cours du débat. Je cède cette priorité que me
donnait la motion d'ajournement du débat.
Le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, en abordant la discussion de
ce projet de loi, je voudrais indiquer dès maintenant que nous allons
nous opposer avec toute la fermeté dont nous sommes capables à
l'adoption de la deuxième lecture de ce projet de loi qui va à
l'encontre d'une véritable politique familiale québécoise,
qui surtout va à l'encontre des engagements pris par l'actuel
gouvernement alors qu'il était dans l'Opposition, et en particulier, qui
va à l'encontre du programme électoral qu'il a soumis à la
population au cours des mois qui ont précédé
l'élection du 15 novembre.
M. le Président, il faut réellement manquer d'imagination
et avoir peu de souci pour la famille québécoise pour
présenter à l'attention des députés de cette
Chambre une telle pièce de législation.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Jean-Talon, je regrette de vous interrompre, mais ce
n'est pas moi qui ai commencé ce geste.
M. Garneau: Oui, M. le Président. Je comprends que pour
les députés ministériels, ce débat puisse
être agaçant. Il n'est pas plus agréable, je dois le dire,
à faire qu'à écouter. Hier soir, avec beaucoup de
conviction, le député de Charlevoix a exprimé son
indignation face à ce projet de loi qui impose une taxe de 8% sur les
vêtements et les chaussures d'enfants. Je voudrais me joindre aux propos
qu'il a tenus pour indiquer que du côté ministériel il faut
avoir réellement perdu tout sens de l'imagination pour en arriver avec
un projet de loi qui frappe aussi durement les familles
québécoises.
Dans son discours sur le budget, le ministre des Finances a
indiqué qu'il s'agissait là d'un "package deal", pour employer
ses termes, entre une taxe sur les vêtements d'enfants et une
augmentation des allocations familiales.
M. le Président, je voudrais souligner que dans le programme
électoral du Parti québécois, lorsque l'on lit les
suggestions et les engagements de ce parti concernant la vie sociale, et en
particulier la famille, on proposait en fait d'établir un système
d'allocations familiales plus généreux. On dit, par exemple,
à la page 19, à l'article 3, première recommandation:
"Compenser les charges familiales: a) en établissant un régime
d'allocations familiales suffisamment élevé, dont les taux
diffèrent selon le rang et l'âge des enfants."
M. le Président, lorsque j'entends le ministre des Finances nous
dire qu'il augmente les allocations familiales pour compenser la taxe sur les
vêtements d'enfants, je dis qu'il va à l'encontre de l'engagement
qu'il a pris devant l'électorat et que tous ces messieurs d'en face ont
pris. J'ai eu l'occasion, au cours de la période qui a
précédé l'élection du 15 novembre, d'affronter dans
des débats, devant des groupes d'étudiants, différents
candidats de ce parti, et en aucune circonstance, en aucun moment on n'a
indiqué, par exemple, qu'on allait compenser l'augmentation des
allocations familiales par une taxe aussi injuste que celle frappant les
vêtements d'enfants.
On a présenté à la population uniquement le beau
coté de la médaille. On a dit: on va augmenter les allocations
familiales.
Aujourd'hui, la vérité, c'est qu'on a augmenté les
allocations familiales, mais qu'on s'est empressé d'aller chercher, dans
les poches des contribuables qui sont responsables de familles, 8% de taxe pour
essayer de financer ce que d'une main on donnait et qu'on essayait de reprendre
de l'autre.
M. le Président, j'ai dit, dans le débat qui proposait la
remise de l'adoption ou de l'étude de ce projet de loi à un an,
que cette idée de taxer les vêtements était une vieille
idée qui a germé durant les années 1964 et 1965 alors que
des technocrates, en mal d'une administration plus aisée et pas
tellement conscients du problème que cela créait aux familles
québécoises, avaient suggéré uniquement pour des
raisons administratives d'enlever l'exemption de la taxe sur les
vêtements d'enfants.
Autant le gouvernement qui siégeait à ce mo-
ment, le gouvernement Lesage, que ceux qui ont suivi, le gouvernement de
M. Johnson et celui de M. Bertrand, le gouvernement de M. Bourassa et celui qui
vous parle ont reçu de telles suggestions de la part des technocrates,
autant nous avons refusé de donner suite à cette suggestion
technocratique, parce que nous croyions et nous croyons encore qu'il s'agissait
là non seulement d'une mesure administrative non cécessaire, mais
aussi d'une prise de position qui est symptomatique de l'attitude qu'un
gouvernement veut avoir face à une véritable politique
familiale.
Non seulement nous avons rejeté la possibilité de taxer
les vêtements d'enfants, mais, au contraire, sans compensation ou sans
mesures coercitives ou fiscales additionnelles, nous avons augmenté
d'une façon sensible les allocations familiales offertes aux familles
québécoises. Ce parti politique a prêché la vertu et
une politique familiale qui devenait essentielle, nous disait-on, pour le
développement harmonieux du Québec, pour favoriser le taux de
natalité et pour permettre aux familles québécoises de
donner à leurs enfants des meilleures conditions de vie. On a
prôné tout cela durant les campagnes électorales. On a
raconté cela sur les ondes de la radio et de la
télévision. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on nous apporte, M. le
Président? On nous apporte cette taxe qui est antifamiliale et qui
correspond véritablement à un gouvernement qui n'a que
l'intérêt bourgeois à l'esprit ou encore des
intérêts purement comptables et de petits comptables qui cherchent
à éviter certaines difficultés administratives sans tenir
compte véritablement des besoins de la famille
québécoise.
M. le Président, quand on regarde les chiffres qui ont
été fournis par le député d'Outremont, on constate
jusqu'à quel point les allocations familiales que l'on verse en
compensation de cette taxe ne correspondent pas à la situation et
à la pondération des familles québécoises. On
apprend, par exemple, que 90% des familles québécoises se
trouvent pénalisées par la taxe de 8% sur les vêtements
d'enfants. On s'aperçoit, alors, que le gouvernement d'en face est un
gouvernement de bourgeois, un gouvernement technocratique qui n'a pas du tout
l'intention de suivre les recommandations et les suggestions qu'il
présentait à l'opinion publique québécoise alors
qu'il tentait de conquérir les votes de la population.
M. le Président, dans le discours qu'il prononçait
à l'Assemblée nationale lors de la présentation du
Programme de stimulation de l'économie et de soutien de l'emploi, le
premier ministre du Québec avait décidé de restreindre les
dépenses publiques et de maintenir le fardeau fiscal des
Québécois au niveau où il était
antérieurement.
M. le Président, depuis une dizaine de jours, nous
étudions, ici à l'Assemblée nationale, des projets de loi
qui contredisent carrément les propos qu'avait tenus le premier
ministre. M. le Président, comme ce fut le cas pour la loi 101, comme
c'est le cas lorsqu'il s'agit de discuter de la loi 67 et d'autres projets de
loi en cette Chambre, je suis obligé de conclure, d'après les
propos qu'a tenus le premier ministre au mois d'octobre en représen-
tant son programme de stimulation de l'économie, si on place ces propos
en comparaison et en parallèle avec les lois que nous étudions,
que le premier ministre du Québec ne connaît pas ses dossiers.
C'est une constatation qui devient de plus en plus évidente. Je
dis au premier ministre du Québec que s'il continue de cette
façon, il sera le premier à s'embourber dans l'administration
québécoise. A venir jusqu'à maintenant, il a réussi
à se sortir de ce pétrin en feignant de ne pas connaître
les détails de tous les dossiers. Il a dit, par exemple, être
torturé par la loi 101 ; il a dit en cette Chambre, concernant la loi
67, qu'il allait s'informer. Concernant ces lois fiscales, je ne sais pas si le
premier ministre du Québec est au courant qu'il y a, depuis dix jours,
dans cette Assemblée, des projets de loi qui augmentent le fardeau
fiscal des contribuables. La loi, par exemple, qui touchait la publicité
électronique...
M. Picotte: M. le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue mais, au moment où je vous parle, nous n'avons pas
quorum.
Le Président suppléant (M. Boucher): Nous allons
vérifier le quorum. Nous avons maintenant quorum.
M. le député de Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, je disais que le premier
ministre du Québec n'est pas au courant de ces dossiers, qu'il est
toujours torturé face aux mesures prises par son gouvernement, qu'il est
obligé de s'informer auprès de ses ministres sur le contenu
véritable des lois que nous sommes appelés à discuter.
Cette ignorance de ces dossiers fait en sorte qu'il pouvait, le 21 octobre
1977, à cette Assemblée, dire aux députés et
à la population du Québec que le fardeau fiscal des contribuables
québécois n'avait pas été augmenté par son
gouvernement en cette première année d'administration. Ou c'est
par ignorance qu'il a tenu ces propos ou, encore, ce qui est plus probable, il
ne connaît pas ces dossiers et c'est ce qui l'a amené à
tenir de tels propos.
La loi qui impose une taxe de 2% sur la publicité
électronique, la loi qui porte à 10% la taxe sur les repas qui
dépassent $3.25, aujourd'hui, c'est une taxe de 8% sur la lingerie
d'enfants, la loi 31 qui est encore au feuilleton et qui prévoyait une
augmentation du fardeau fiscal pour les automobilistes qui pourraient
être obligés de payer cette taxe au niveau municipal, on pourrait
prendre également les permis de conduire qui seront doublés sur
une période de deux ans, on pourrait parler de l'immatriculation des
véhicules automobiles de nature commerciale qui sera augmentée
d'une façon substantielle et qui passera du simple au double, on a vu
des chiffres qui nous ont été donnés, par exemple, et qui
passaient de $200 à $400 ou $500, pour le coût de
l'immatriculation de certains véhicules commerciaux.
Quand on regarde, par exemple, les notes explicatives du discours du
budget, on constate que les municipalités, avec un petit amendement
qui
passait bien inaperçu aux yeux de bien des observateurs
politiques, même des députés de cette Chambre, je dois
confesser qu'à première vue je n'avais pas réalisé
que les municipalités, à cause de ce petit amendement
suggéré, un arrêté en conseil, auraient
été obligées de payer plein prix pour immatriculer leurs
voitures de police ou leurs camions, en fait, tous les véhicules
automobiles qui sont utilisés par les corps publics municipaux et cela,
sans que nulle part on n'ait fait d'exposé pour justifier une telle
politique.
Concernant les véhicules automobiles pour les
municipalités, c'est uniquement à la suite d'un discours que je
faisais en cette Chambre pour annoncer au ministre des Affaires municipales ce
que signifiait cet amendement que le ministre des Finances voulait apporter
à l'arrêté en conseil, même le ministre des Affaires
municipales m'avait disputé disant que je faisais de la
démagogie, mais comme le premier ministre, le ministre des Affaires
municipales ne savait même pas ce que contenait le discours du budget et,
surtout, ce que contenait les notes explicatives.
Je dis donc que cette loi 61, comme plusieurs autres pièces
législatives et administratives, constitue un démenti total des
propos que tenait le premier ministre en cette Chambre le 21 octobre lorsqu'il
disait que le fardeau fiscal des contribuables québécois n'avait
pas été augmenté.
M. le Président, tout cela s'est passé sans qu'aucun
député ministériel ne lève le petit doigt,
n'intervienne en cette Chambre pour souligner les problèmes que cela
allait créer. D'abord, les municipalités, ensuite l'industrie
touristique et maintenant les familles québécoises. Quand on
regarde les engagements du Parti québécois au niveau de la
fiscalité, en aucun moment on peut retrouver des mesures qui
correspondent à celles de la taxation des vêtements d'enfants.
On se rappelle, en 1973, que ce parti politique avait proposé de
taxer les allocations sociales. Le Parti québécois, dans son
programme électoral, et l'actuel ministre des Finances, qui était
candidat, je crois, dans Crémazie à ce moment, avaient
proposé de taxer les allocations sociales que reçoivent les gens
qui sont démunis. En fait, tous ceux qui reçoivent de l'aide
sociale auraient vu leur aide sociale taxée par le gouvernement du
Québec si on avait suivi les recommandations que faisait, à ce
moment, le Parti québécois. Mais jamais on n'a retrouvé
cette fois-ci une indication quelconque dans le programme électoral du
parti à savoir qu'on allait taxer le linge d'enfants.
On n'a pas osé, cette fois-ci, on voulait être plus
électoraliste. Il fallait procéder par étapes. Il fallait
montrer patte de velours. Il fallait essayer de conquérir
l'adhésion des Québécois sans leur dire la
vérité. Plutôt que d'avoir dit la vérité,
d'avoir dit qu'on allait taxer le linge d'enfants, on a dit: On va indexer les
tables de l'impôt sur le revenu. A ce moment, dans le cadre d'une
politique bourgeoise du gouvernement péquiste, représentant les
membres de ce gouvernement qui sont des bourgeois, comme le disait le
député de Montmagny-L'Islet, on proposait d'indexer l'impôt
sur le revenu des particuliers.
On n'a fait aucune allusion à une redistribution quelconque des
revenus. Cela a été évidemment l'argument principal que
nous avons soutenu devant les autorités fédérales et, en
cela, nous avons joint notre voix à celle des autres provinces
représentées par des gouvernements sociaux-démocrates.
Nous avons partagé le même point de vue en disant que l'indexation
des impôts était une mesure qui aidait davantage les bourgeois,
ceux qui ont des revenus plus élevés en comparaison avec ceux qui
ont des revenus faibles.
Le ministre des Finances est bien à l'image de la population
bourgeoise du Québec. Et la taxe qu'il propose aujourd'hui sur les
vêtements d'enfants rejoint, je crois, cette préoccupation qu'ont
nos bourgeois d'en face d'aider davantage ceux qui gagnent plus cher que ceux
qui ont charge de famille. M. le Président, dans le programme
électoral du PQ on ne parlait pas d'une taxe sur le linge d'enfants. On
ne parlait pas d'une mesure qui allait à l'encontre de ce qui se passait
dans toutes les autres provinces canadiennes. C'est une mesure qui, en plus
d'être inique, en plus d'être antisociale, antifamiliale, constitue
pour l'économie du Québec un handicap qui va se manifester de
façon sensible d'abord dans les régions frontalières. Le
député de Gatineau a fait état de ce problème pour
le commerce de sa région, problème que constituait cette taxe de
8% sur le linge d'enfants en ce qui regarde la perception de la taxe de vente
et les effets que cette politique a sur la redistribution de la taxe de vente
à l'avantage des municipalités.
Ce seront d'abord les commerces qui seront affectés. Ensuite, les
municipalités seront privées de revenus et, d'une façon
générale, l'ensemble du trésor public
québécois, II y a quelque temps, le ministre des Finances
déposait en cette Chambre une revue des entrées fiscales des
premiers mois de l'année, les mois d'avril, mai, juin, juillet et
août. Il nous indiquait une baisse importante des rentrées
fiscales au niveau de la taxe de vente par rapport à ses
prévisions. Je me demande quelle est la proportion de cette baisse de
taxe de vente, par rapport aux prévisions, qui est reliée
à cette taxe de 8% sur la lingerie d'enfants.
On sait fort bien que les populations des régions
frontalières traversent la frontière québécoise
pour se rendre acheter du linge d'enfants, en Ontario pour la région de
l'Outaouais, au Nouveau-Brunswick pour ceux qui habitent la région de la
Gaspésie, en particulier la région du comté de
Bonaventure. Quelle est la proportion de la population qui, étant dans
les autres provinces pour acheter des vêtements d'enfants, en profite
pour acheter d'autres biens, d'autres biens de consommation qui eux aussi sont
taxés par le Québec et qui sont taxés par les autres
provinces, mais qui constituent, à cause de cette incitation à
aller acheter à l'extérieur du Québec, une perte de revenu
importante pour le trésor public québécois, perte de
revenu que le ministre des Finances devra, d'une façon ou d'une autre,
aller chercher à l'extérieur
Je dis que le Parti québécois a trahi le mandat
qu'il a sollicité de la population en ce qui regarde la politique
fiscale, paroe que non seulement il n'a pas donné suite aux engagements
qu'il a pris, mais il arrive avec des taxes qui sont iniques, dont une taxe qui
frappe davantage les. familles québécoises plus nombreuses et
celles qui ont des revenus plus bas.
Mme le Président, vous m'indiquez qu'il ne me reste que quelques
instants pour conclure. Je vais vous dire que j'aurais bien aimé pouvoir
continuer à faire la comparaison entre les recommandations qui sont
faites dans le programme électoral du Parti québécois et
cette taxe de 8% sur les vêtements d'enfants. Je dis à ce
gouvernement que poser un geste comme celui qu'il a posé avec le projet
de loi no 61 et cette recommandation qui vient à la suite du discours du
budget, non seulement cela fait preuve d'un manque d'imagination de la part du
ministre des Finances, mais cela fait preuve également d'un manque de
souci, fait preuve du fait que ce gouvernement n'a aucune préoccupation
pour les politiques qui seraient de nature à améliorer la
situation des familles québécoises. Non seulement il s'agit
là d'un manque à gagner pour les familles, mais cela traduit
c'est cela qui est le plus important la mentalité et la
philosophie d'un gouvernement bourgeois qui, après avoir proposé
mer et monde aux familles québécoises, après avoir
proposé des mesures qui allaient venir en aide aux petits, aux gens
démunis, depuis qu'il est au pouvoir, ne fait qu'apporter des mesures
qui sont favorables aux bourgeois, mais qui laissent de côté le
bien et les conditions de vie des familles nombreuses et des personnes à
faibles revenus.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Mme le Président, l'étude de ce projet
de loi no 61, qui signifie une augmentation de taxe de l'ordre de près
de $30 millions sur les vêtements et chaussures d'enfants, m'a
donné l'occasion de parcourir un document qui a eu une énorme
importance, qui a été un document de vente avant le 15 novembre
1976 et qui, grâce à toutes les salades qu'il contient, a permis
au gouvernement actuel de prendre le pouvoir avec 41% du vote populaire.
Cela m'a permis de le parcourir et ici, à la page 11, je vois
dans la section Notre vie écono-mique.ce que le Parti
québécois déclarait lors de cette campagne
électorale au chapitre de la fiscalité. "Les
Québécois sont lourdement taxés. Les deux niveaux de
gouvernement qui perçoivent chacun environ la moitié des
impôts, non seulement neutralisent leur action dans des conflits,
pourparlers et négociations interminables (ce qui implique un
coût) mais présentent aussi un dédoublement de services et
de ministères fort coûteux". En passant, ils ont augmenté
le nombre de ministères; de toute façon, ils ont augmenté
le nombre de ministres, surtout avec les superministres d'Etat. "Dans cette
jungle fiscale, le contribuable québécois a perdu le
contrôle de ses impôts. Il ne peut non plus s'assurer que le
régime fiscal est juste et équitable". Je me pose la question
à savoir si, grâce à cette nouvelle taxe sur les
vêtements et chaussures d'enfants, notre régime fiscal sera plus
juste et plus équitable. Au même chapitre, on voit un peu plus
loin: "3. Remplacer le système t oujours dans le programme du
Parti québécois actuel des déductions personnelles
et compenser les charges familiales par des allocations, ainsi qu'il est
indiqué dans la section sociale du programme".
Allons ensemble, si vous voulez, à la section sociale du
programme, au chapitre de la famille, à la page 19 du programme du Parti
québécois, édition 1975. "La famille. La famille est la
cellule de base de notre société." C'est une grande
découverte! "Elle subit présentement les mutations d'une
époque de transition qui affecte tout le monde occidental et qui se
manifeste notamment par un phénomène de
dénatalité."
M. Mailloux: Cela va aider!
M. Lavoie: "En effet, la famille représente pour le couple
des charges financières supplémentaires que les mesures sociales
actuelles j'imagine du gouvernement antérieur sont loin de
compenser." On a fait une trouvaille; je ne sais pas si c'est la trouvaille du
siècle, cette fois-ci. Une nouvelle taxe sur les vêtements
d'enfants et sur les chaussures des enfants va amener, tel que promis dans le
programme du Parti québécois, des mesures sociales favorisant
l'épanouissement de la famille québécoise.
Je continue. Là, je me pose des questions, mais on pourra en
discuter à une autre occasion. "La présence des enfants signifie
trop souvent aussi une perte totale de liberté pour les conjoints."
M. Mailloux: Pardon?
M. Lavoie: Je répète: "La présence des
enfants signifie trop souvent aussi une perte totale de liberté pour les
conjoints." Cela doit être relié...
M. Mailloux: C'est pour cela qu'il les taxe.
M. Lavoie: ... à d'autres mesures envisagées par le
Parti québécois. Un peu plus loin, on dit: "Une politique de la
famille doit donc répondre aux exigences du monde d'aujourd'hui. En
conséquence, un gouvernement du Parti québécois s'engage
à et c'est en caractère gras 1. compenser les
charges familiales."
En somme, ce gouvernement a trouvé le moyen, par une
publicité bien orchestrée, de prendre le pouvoir le 15 novembre.
Aujourd'hui, quelle marchandise, quelles promesses tenues, quels engagements,
quel soulagement ce gouvernement apporte-t-il à la population
québécoise? Le seul moyen qu'on ait trouvé, c'est de
soumettre des mesures aussi antisociales, aussi exception-
nelles que le projet de loi no 61, cette nouvelle taxe sur les
vêtements et les chaussures d'enfants. Tout à l'heure, nous avions
l'honneur d'avoir en cette Chambre deux ministres qui représentent,
comme moi, la ville de Laval: le ministre délégué à
l'énergie, le député de Mille-lsles, et le ministre d'Etat
au développement économique, le député de Fabre. On
sait pertinemment que, dans des régions périphériques,
suburbaines de la région métropolitaine de Montréal,
spécialement dans Laval, on trouve une population très jeune, de
nouveaux couples, de jeunes couples qui ont un ou deux enfants.
M. Mailloux: II y en a qui ne sont pas mariés.
M. Lavoie: ... possiblement trois. Si on veut les qualifier de
jeunes couples, ce n'est pas lorsqu'ils ont quatre ou cinq enfants et qu'ils
bénéficient d'une manière additionnelle du Régime
des allocations familiales. Les jeunes couples, en général, le
temps qu'ils portent le titre de jeunes couples, ont un ou deux enfants. Ce
sont justement ces jeunes couples qui sont les plus grevés, les plus
affectés par cette nouvelle taxe sans bénéficier des
avantages accrus au titre des allocations familiales, alors qu'on sait que ces
allocations augmentent d'une manière sensible au troisième ou au
quatrième enfant.
Mes deux collègues du Parti québécois
représentent les comtés de Mille-lsles et de Fabre et le
député de Terrebonne, de notre région également,
représente une région périphérique de
Montréal où la population est très jeune. C'est surtout
cette population qui est affectée par une mesure aussi antisociale que
celle que nous étudions actuellement.
Le Parti québécois s'affiche, se déclare
gouvernement social-démocrate.
Social-démocrate veut dire: centre se dirigeant assez loin vers
la gauche, égalitarisme, aide maximale aux plus
défavorisés, partage encore plus équitable des richesses
et des revenus, champ de taxation équilibrée; on a pris comme
modèle possiblement les pays Scandinaves. On peut se rendre compte
aujourd'hui qu'on parle beaucoup moins de la social-démocratie
suédoise; on en parlait beaucoup plus il y a trois ou quatre ans. On
sait qu'actuellement c'est un fiasco total cette social-démocratie
suédoise. On peut nous donner comme exemple d'autres partis
sociaux-démocrates, comme le Parti travailliste anglais, entre autres.
En somme, cette social-démocratie est le paradis sur terre et c'est
l'étiquette que veut s'approprier le gouvernement d'en face.
Après treize mois de pouvoir, qu'a-t-il trouvé? Quelle
imagination a-t-il pratiquée pour améliorer ce champ de taxation
que l'on pourrait appeler aussi l'assiette fiscale? C'est un synonyme, je
crois, champ de taxation ou assiette fiscale, qu'est-ce qu'on a
trouvé?
M. Picotte: Ne venez pas parler d'assiettes dans la Mauriciel
M. Lavoie: C'est cette mesure justement que je dirais la plus
antisociale que l'on puisse imaginer. Le ministre des Finances a
prétendu qu'il voulait éliminer une certaine évasion
fiscale, mais comment se fait-il que dans les dix provinces canadiennes, neuf
sur dix avaient cette exemption de taxes sur les chaussures et les
vêtements d'enfants? Les Etats américains frontaliers
également n'ont pas jugé à propos d'imposer cette taxe de
vente sur les vêtements et les chaussures d'enfants. J'imagine que les
huit provinces canadiennes qui n'ont pas un tel impôt, que les Etats
frontaliers qui appartiennent à la république américaine
voisine également avaient à faire face à cette
difficulté d'évasion fiscale.
Ici, on a décidé, pour se libérer de cette
difficulté, de taxer tout le monde. Une augmentation de l'ordre de $30
millions. Il est sûr que cette taxe sur les vêtements et les
chaussures d'enfants, comme le disait le député de Charlevoix,
aurait beaucoup moins d'impact si on n'avait pas nos conditions climatiques, si
nous étions dans le sud des Etats-Unis, au Mexique ou dans les
Caraïbes où on sait que la part du budget du fardeau familial pour
vêtir les enfants est pratiquement minime dans les charges familiales
globales; mais connaissant notre climat, nos quatre saisons qui varient assez
brutalement de trois mois en trois mois, je serais curieux de savoir de la part
des jeunes couples du Québec, quel est le montant affecté aux
vêtements et aux chaussures des enfants. $36 millions de nouvelles taxes
uniquement et souvent, dans la plupart des cas, sur ceux qui peuvent le moins
se permettre ce nouveau fardeau. A un certain moment dans le courant de la
présente session, nous avons convaincu le gouvernement, suite à
la représentation des députés de l'Opposition,
d'arrêter le débat et d'avoir pratiquement un engagement du
gouvernement actuel de retirer, même s'il est encore au feuilleton, ou de
ne pas imposer une nouvelle taxe de $30 millions à $40 millions sur
l'immatriculation des véhicules automobiles.
C'est grâce aux interventions des députés de
l'Opposition officielle et de l'Union Nationale que les députés
d'en face, les députés du Parti québécois
j'ai cela de source sûre ont fait des représentations
auprès du cabinet, du ministre des Affaires municipales pour qu'on
arrête le débat, qu'on n'aille pas plus loin sur le projet de loi
no 31, qui augmentait les impôts de l'ordre de $30 millions à $40
millions, qui devaient être distribués par la suite aux
municipalités, ou qui allaient directement aux municipalités, si
les municipalités décidaient d'imposer une telle taxe.
M. Charbonneau: C'est faux.
M. Lavoie: Mes propos s'adressent aux simples
députés du Parti québécois, qui eux ont
conservé un certain contact dans leur milieu avec leur population, ce
qui n'est pas le cas de certains ministres, et surtout du ministre des
Finances, qui a perdu, grand bourgeois qu'il l'est, venant du milieu
bureaucratique et technocrate...
M. Charbonneau: II peut bien parler.
M. Lavoie: II ne s'est jamais intéressé au pouls ou
au message que la population de L'Assomption aurait l'intention de lui
transmettre. Ce n'est certainement pas un interlocuteur intéressé
et sensibilité aux besoins de la population. Mais vous tous dans vos
comtés, à l'occasion de tournées, ou lors de vos bureaux
du lundi, vous l'avez le message de la population, comme nous l'avons dans nos
comtés. La population du Québec, sur cette taxe odieuse que vous
imposez actuellement, vous le transmet ce message. Vous devriez vous lever en
bloc, députés du Parti québécois. Vous êtes
habitués, vous êtes dans un milieu contestataire; alors, contestez
également auprès du ministre des Finances. Vous savez que la
population ne veut pas de cette taxe. Si elle en veut j'inviterais le
député de Papineau à se lever et à intervenir sur
ce projet de loi. Avec le climat que nous connaissons ici au Québec, et
spécialement dans Papineau, il devrait se lever et nous dire le message
qu'il a eu de la population de son comté. Il devrait se faire le
porte-parole des jeunes couples du comté de Papineau qui ont à
payer cette taxe odieuse de 8% sur les vêtements et les chaussures
d'enfants. Qu'il nous le dise. Qu'il le dise surtout au ministre des
Finances.
Si vous avez réussi une fois, députés du Parti
québécois, à faire reculer le cabinet sur la loi 31, sur
l'augmentation de $30 millions ou $40 millions de taxes sur l'immatriculation
des véhicules automobiles, je vous dis que vous pouvez réussir
une deuxième fois. Il est encore temps, avant que nous passions à
l'adoption de la deuxième lecture de la loi 61. Il est encore temps.
Soyez des hommes. Contestez encore une fois.
Il y a le conseil national samedi. Si vous voulez, nous allons suspendre
l'étude de ce projet de loi jusqu'à lundi. Je le sais que vous
aurez une communication de votre conseil national, samedi, pour que le
ministre, bourgeois, bureaucrate, technocrate, des Finances, le retire son
projet de loi.
M. Alfred: II est jaloux de notre ministre.
M. Lavoie: Je vais terminer mon propos. Je vois
l'intérêt et l'intention du député de Papineau
d'intervenir au débat. J'ai bien hâte de l'entendre. Comme il l'a
laissé voir, je suis prêt à lui laisser
immédiatement la parole. Merci, Mme le Président.
M. Lamontagne: M. le député de Papineau s'est
engagé à parler.
M. Duhaime: Mme le Président, si vous me permettez,
j'aimerais souhaiter la plus cordiale bienvenue au chef de l'Union Nationale.
Il nous fait énormément plaisir de vous revoir à
l'Assemblée nationale.
M. Grenier: Mme le Président, sur le mot du ministre du
Tourisme, je veux dire que le chef de l'Union Nationale revient d'une
tournée sur la Côte-Nord. Il y avait des gens là qui
avaient les dents sorties contre le Parti québécois. Ils n'en
reviennent pas de voir... Ce n'est pas ce qu'ils nous ont vendu dans la
compagne électorale.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Caron: Mme le Président, je veux vous demander une
directive.
Mme le Vice-Président: Un instant. J'allais intervenir et
je vous entendrai ensuite. M. le député de
Mégantic-Compton, j'allais vous faire préciser si vous me
demandiez la parole pour parler sur la motion de deuxième lecture?
M. Grenier: Mme le Président, j'ai fait hier soir un
brillant discours sur la deuxième lecture. Vous vous en souvenez, et
aussi des difficultés avec lesquelles j'ai réussi à faire
passer mon message, coupaillé comme je l'étais par le
député...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Verdun.
M. Caron: Mme le Président, vu que le député
de Papineau ne se lève pas, j'aurais tellement d'autres choses à
dire à propos de la taxe sur les vêtements d'enfants, pourrais-je
avoir du temps additionnel?
Mme le Vice-Président: Vous avez déjà
épuisé votre droit de parole, M. le député de
Verdun. Je vous demanderais de ne pas intervenir davantage.
M. Alfred: II n'en a pas le droit, Mme le Président.
M. Goldbloom: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Victor-C. Goldbloom
M. Goldbloom: Merci, Mme le Président. Je ne suis pas
certain que je suis parfaitement d'accord avec le député de
Laval, même si c'est mon leader parlementaire et que nous travaillons
ensemble depuis bientôt douze ans.
Je ne suis pas certain que ce serait une bonne chose de remettre
même à lundi l'étude de ce projet de loi et permettre au
conseil nationale du Parti québécois de se prononcer
là-dessus et peut-être d'influencer le ministre des Finances.
Politiquement, Mme le Président, je pense que la meilleure chose
serait que le gouvernement procède, avec toute la force de sa
majorité, à adopter ce projet de loi; que le gouvernement prenne,
comme c'est d'ailleurs son habitude, la ligne dure et qu'il en subisse les
conséquences. Ce serait la meilleure chose, mais ce ne serait pas la
meilleure chose pour la population du Québec, notamment pour les
familles avec de jeunes enfants.
C'est pour cette raison que je mets de côté ce genre de
pensée pour appuyer justement mon collègue de Laval et pour
suggérer, par votre intermédiaire, Mme le Président, que
le gouvernement réfléchisse davantage. Nous avons essayé
vous
le savez de l'amener à réfléchir davantage
en proposant une motion dilatoire. Le gouvernement n'a pas réagi. Si
nous revenons à la charge, si nous insistons sur la mauvaise inspiration
qui se trouve derrière ce projet de loi, c'est parce que nous continuons
d'entretenir l'espoir que le gouvernement se rendra à l'évidence
que la population est contre ce genre de loi.
La raison qui a amené le gouvernement à présenter
ce projet de loi demeure, dans une certaine mesure, mystérieuse. Le
gouvernement parle, comme toujours, de justice sociale, de redistribution de la
richesse et même d'une certaine évasion fiscale. Nous n'avons pas
la mesure de cette évasion fiscale. Nous ne savons pas combien peut
représenter le fait que des adultes de petite taille aillent dans les
rayons pour enfants et achètent là des vêtements. Mais
puisque c'est présenté par le gouvernement comme une
espèce de transfert, c'est-à-dire qu'on impose une taxe sur les
vêtements d'enfants, mais qu'on augmente les allocations familiales en
compensation, nous revenons à cette évasion fiscale, dont nous
n'avons pas la mesure, comme seule raison, seule justification de ce projet de
loi.
Je voudrais vous parler de ce problème sur un ton personnel, pour
quelques instants, Mme le Président. Feu ma grand-mère avait,
comme nom de famille, comme nom de fille, le nom de Klein, K-l-e-i-n. Si vous
savez quelques mots d'allemand, Mme le Président, vous saurez que le mot
"klein", en allemand, veut dire petit. Vous me voyez, je ne suis pas le plus
grand, ni le plus gros des députés en cette Chambre. Vous pouvez
vous imaginer que je n'ai pas épousé une femme qui est
très grande. Cela veut dire que, dans la succession des
générations de ma famille, on risque de trouver des personnes de
petite taille et, effectivement, c'est le cas. Il y a un problème
là-dedans: si une personne de petite taille va dans les rayons pour
adultes, il est fort possible qu'elle ne trouve pas facilement de
vêtements et qu'elle soit obligée d'aller dans les autres rayons
pour enfants afin de trouver des articles convenables.
Pour ma part, je n'aurais pas la moindre objection à ce qu'une
personne, de toute évidence d'âge adulte, soit obligée de
présenter une preuve d'âge pour obtenir une exemption de la taxe.
Mais il me semble que ce que l'on impose aux familles pour leurs enfants, c'est
un fardeau qui n'est pas justifié dans le contexte social et
économique du Québec d'aujourd'hui. J'ai fait allusion, il y a
quelques instants, à la motion de remise à douze mois qui a
été présentée par l'Opposition officielle. Vous
avez eu l'amabilité, Mme le Président, de prendre la motion
précédente qui parlait d'une remise à 20 ans et, d'office,
vous l'avez ramenée à un an. Par la suite, il y a eu une
discussion autour du fait que, normalement, une Législature a une
certaine vie et qu'une motion de remise à plus tard de l'étude
d'un projet de loi pourrait possiblement, en conformité avec notre
règlement, selon l'interprétation qu'on pourrait lui
donner...
M. Picotte: Mme le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Maskinongé, sur une question de règlement, sans doute.
M. Picotte: Au moment même où je vous parle, au
moment même où le député d'Arthabaska court en
arrière pour aller chercher des collègues, on n'a pas quorum.
Mme le Vice-Président: Nous allons faire le compte. M. le
député, nous avons maintenant quorum. M. le député
de D'Arcy McGee, vous pouvez poursuivre.
M. Goldbloom: Merci, Mme le Président. Je disais que la
discussion a tourné autour de cette question de la recevabilité
d'une motion qui proposerait la remise de l'étude d'un projet de loi
jusqu'à la fin probable du mandat d'un gouvernement. Il me semble qu'il
y aurait une chose très pratique que pourrait faire le gouvernement
à l'égard de ce projet de loi, une chose fort simple.
Ce serait effectivement de mettre en veilleuse ce projet de loi,
d'attendre le déclenchement des prochaines élections et de faire
sa campagne là-dessus. Ce serait une façon honnête de
demander à la population si elle est favorable à une mesure de
cette nature.
Mme le Président, si je parle des enfants, c'est à cause
du fait que vous connaissez bien que j'ai une certaine expérience du
soin des enfants. J'ai travaillé avec des familles. Je me rappelle
qu'avant d'être député, j'étais invité assez
souvent comme conférencier devant des groupes de parents qui voulaient
entendre des conseils sur la façon d'élever leur famille et qui
voulaient avoir l'occasion de poser des questions à un
pédiatre.
Je me rappelle, une fois, qu'un père de famille s'est levé
dans la salle et m'a posé une question à laquelle je n'avais pas
de réponse immédiate. Il m'a demandé: Docteur,
pourriez-vous me dire à quelle vitesse croissent les pieds d'un enfant?
Comme je n'avais pas de réponse immédiate, il m'a dit: Docteur,
je peux vous donner la réponse. C'est au rythme d'à peu
près $24 à tous les trois mois. Cela illustre, Mme le
Président, le problème auquel fait face la famille avec de jeunes
enfants. Peut-être que le gouvernement pense en adulte en proposant ce
projet de loi. Mais, nous, les adultes, achetons à quel rythme nos
vêtements?
Je sais, Mme le Président, qu'il y a une certaine
différence entre les sexes à cet égard. Les femmes ont une
tendance à renouveler peut-être un peu plus fréquemment
leur garde-robe que les hommes. Je vous donne mon cas. J'y
réfléchissais en préparant mon discours. Cela fait
peut-être trois ou quatre ans, depuis la dernière fois que j'ai
acheté des souliers. Cela fait au moins trois ans, depuis la
dernière fois que j'ai acheté des gants. Deux ou trois ans pour
un manteau. Trois ans pour des bas. Une douzaine d'années pour des
pyjamas.
M. Bérubé: Vraiment là, vous nous
étonnez. Quelques autres détails personnels sur vos habitudes
vestimentaires, M. le député?
M. Goldbloom: Mme le Président, j'aimerais amener mes
honorables collègues qui ont le rire tellement facile, et qui riront
moins après les prochaines élections, à
réfléchir eux-mêmes sur leurs propres habitudes. Est-ce
qu'ils sont appelés à acheter des vêtements au même
rythme que pour les enfants qui sont en pleine croissance? La réponse
est évidemment non, Mme le Président. Il y a plus que cela. Il
s'agit ici d'une industrie qui fait l'objet de beaucoup de discussions depuis
un certain temps. Nous nous inquiétons de la santé de notre
industrie du textile. Si nous imposons au consommateur qui pourrait, par ses
achats, aider, renforcer, stimuler notre industrie du textile,
déjà victime d'une forte concurrence de l'extérieur, si
nous imposons des contraintes, si nous décourageons cette
activité économique, nous n'aurons pas à nous
étonner que l'industrie du textile continue de connaître de telles
difficultés.
Il me semble que nous posons un geste qui se situe en parallèle
avec l'autre que le gouvernement a voulu poser à l'égard de
l'industrie du tourisme en imposant une taxe additionnelle sur les repas et
l'hôtellerie.
Voilà aussi une industrie qui a besoin de toute l'aide, de tout
l'encouragement que nous pouvons lui offrir est, au contraire, soumise à
des effets négatifs qui vont décourager le cycle
économique qui s'applique à ce genre d'industrie. Avec quel
résultat? Avec le résultat que nous entendrons de plus en plus,
du côté ministériel, l'argument qu'il faut que l'Etat
intervienne. Ce ne sera pas fondé sur les gestes du gouvernement
lui-même, les gestes avec leurs effets négatifs sur les industries
en question. Ce sera toujours fondé sur l'argument que l'entreprise
privée n'assume pas ses responsabilités, ne respecte pas
suffissament le bien commun, n'est pas assez dynamique pour répondre aux
besoins. Et là nous allons engloutir de plus en plus de deniers publics
dans des secteurs qui devraient être en mesure de se tenir debout avec
l'activité économique générée à
l'intérieur de la société québécoise.
J'ai peur, Mme le Président, que ce débat n'ait l'effet de
raidir les positions du gouvernement. Je voudrais dire aux ministériels
que c'est une chose très mauvaise qui peut arriver à un
gouvernement. L'Opposition se lève, exprime le point de vue de l'opinion
publique, dit au gouvernement: Vous avez tort, vous êtes sur la mauvaise
voie. Et le gouvernement, figé dans une espèce d'attitude
orientale, ne voulant pas perdre la face, ayant déposé et
défendu un projet de loi, se fige davantage dans cette position, et le
résultat est l'adoption, malgré tous les efforts de l'Opposition,
d'une mauvaise loi. C'est ce qui va arriver dans ce cas-ci.
Le gouvernement peut espérer que ce geste soit oublié
assez vite. Je pense que l'histoire du Québec nous indique que, quand
les lois sont mauvaises, l'opinion publique finit par réagir. L'opinion
publique n'oublie pas les gestes posés par un gouvernement qui n'a pas
voulu écouter. Je pense que cette raison donnée par le
gouvernement pour la présentation de ce projet de loi, cette
évasion fiscale par quelques adultes de petite taille, ce n'est pas une
raison très convaincante. Il me semble que le gouvernement serait bien
inspiré je le dis en toute simplicité de repenser
son projet de loi, de le mettre de côté pour un certain temps et
de revenir avec d'autres moyens.
Notamment, j'appuie à cet égard fortement mon
collègue de Charlevoix quand il suggère de taxer d'autres biens
qui n'ont pas la même importance, dans la société
québécoise, que les vêtements des enfants. Merci, Mme le
Président.
M. Lamontagne: Question de règlement, Mme le
Président. Le député de Maskinongé s'apprête
à intervenir et, comme vous pouvez le voir vous-même, on essaie
d'influencer son intervention.
Une Voix: C'est malhonnête.
Mme le Vice-Président: Est-ce un fait, M. le
député de Maskinongé, que vous avez l'intention
d'intervenir?
M. Picotte: C'est exact.
Mme le Vice-Président: J'espère que vous serez
vous-même dans votre intervention, M. le député.
M. Picotte: Je croyais que vous espériez que je sois bref,
n'y comptez pas. Je serai obligé de revenir à 15 heures parce que
le temps, pour mon intervention de vingt minutes, va manquer.
Mme le Vice-Président: Le temps dont vous disposez est
bien de vingt minutes, M. le député, en vertu de l'article 94 de
notre règlement. Vous avez raison, allez.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Ce sera avec plaisir que je reviendrai à 15
heures pour terminer.
J'étais assis ici tantôt, comme vous l'avez
remarqué, et il y avait autour de moi cinq et même, un bout de
temps, six députés du Parti québécois qui, soit dit
en passant et sans mentionner ce qu'ils m'ont dit, me suppliaient presque
d'intervenir auprès du ministre des Finances pour que cette taxe sur les
vêtements d'enfants soit retirée, même si elle est
appliquée depuis quelques mois. C'est à ce moment que je leur ai
mentionné, à l'invitation du député de Papineau de
traverser la Chambre pour aller les rejoindre, que si leur gouvernement, qui a
été élu le 15 novembre 1976 sous la bannière d'un
bon et vrai gouvernement, fonctionnait tel qu'il l'avait promis, je serais
peut-être un des premiers à penser que ce serait
préférable pour moi d'envisager cette possibilité.
Malheureusement, ce n'est pas tout à fait le cas. Dans le
comté de Maskinongé ce n'est pas moi qui le mentionne,
c'est la CSN, un organisme qui a un peu de crédibilité du
côté des gens d'en face on compte 16% des personnes qui
sont des assistés sociaux, 25% qui retirent l'assurance-chômage et
il y en a d'autres qui seront bientôt en chômage. Je pourrai vous
en nommer d'autres tantôt. Face à cette situation, il est tout
à fait im-
possible que j'accepte de me prêter à cette politique d'un
gouvernement qui non seulement s'est fait élire avec de belles
promesses, mais qui a trompé la population le 15 novembre 1976. Cette
même population y a cru.
M. Mailloux: En partie seulement.
M. Picotte: Oui, en partie seulement, parce que c'est tout
simplement 40% ou 41% de la population. Cette même population a cru
qu'avec ce gouvernement ce serait au Québec le paradis terrestre.
Mais qu'est-ce qui s'est passé depuis ce temps? Vous vous
rappelez la loi 31, Mme le Président. Si l'Opposition officielle, qui
est ici en Chambre, ne s'était pas levée pour demander que le
ministre des Affaires municipales retire cette loi, les Québécois
auraient payé une taxe additionnelle à part celles qu'on
connaît. Je regrette, comme député en cette Chambre,
l'attitude de certains de mes collègues avant le 15 novembre dernier,
parce que j'ai des amis dans ce gouvernement-là, j'ai des amis aussi
dans la Mau-ricie, j'ai des gars que j'ai rencontrés dans des
réunions de l'UPA, puis dans toutes sortes de réunions où
on nous a mentionné tout simplement que, comme gouvernement, il nous
fallait changer d'attitude, que comme gouvernement il fallait se lever, se
tenir debout. Je l'ai fait, en tout cas, personnellement lorsque j'étais
voisin du siège du député d'Arthabaska, j'étais
assis là dans le temps où j'étais "back-bencher".
M. Chevrette: Vous êtes bienvenu, vous pouvez revenir.
M. Picotte: Je vais laisser passer toutes vos taxes avant, puis,
quand la situation sera meilleure un petit peu, j'irai vous rejoindre. Mais,
avant, on va vous laisser taxer tout ce que vous voulez taxer au Québec.
D'ailleurs, ce n'est pas fini; le ministre des Finances l'a dit il y a deux
jours, mardi exactement, que c'étaient des nouvelles formes de taxation.
Quand je rencontrais mes électeurs, quand je rencontrais des gens de la
Mauricie, quand je rencontrais un bon copain comme le député de
Champlain, qui malheureusement est pris ailleurs présentement, mais qui
fait du bon travail, ici, je tiens à le souligner, quand je rencontrais
un de mes bons amis aussi, le député de Laviolette
malheureusement, je n'aurais pas pu rencontrer auparavant le
député de Saint-Maurice quand je rencontrais ces
gens-là, on me disait une foule de choses que le gouvernement dont je
faisais partie dans ce temps-là, le gouvernement Bourassa, pouvait faire
pour améliorer la situation de la province de Québec et
j'étais d'accord. J'étais d'accord avec une foule de leurs
recommandations.
Le 15 novembre au soir, Mme le Président, quand ces
gens-là ont pris le pouvoir, j'étais quelque peu heureux, parce
que j'ai dit: Cela va changer complètement le visage de la province de
Québec et cela va améliorer surtout la situation des
Québécois.
Des Voix: Bravo!
M. Picotte: Mais vous ne pouvez pas savoir jusqu'à quel
point je peux être déçu aujourd'hui, parce que toutes ces
personnes...
M. Charbonneau: Si vous aviez mis la main à la
pâte.
M. Alfred: Un vrai gouvernement.
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Picotte: Mon Dieu Seigneur, ce n'est donc pas drôle! Je
suis déçu parce que toutes ces personnes qui sont bien pensantes,
qui avaient des idées avant le 15 novembre 1976 et qui ont encore les
mêmes idées, viennent à l'Assemblée nationale,
s'assoient à leur siège, puis ont perdu toutes leurs
idées. Elles se lèvent même pas pour dire exactement ce
qu'elles pensaient avant le 15 novembre 1976. Je vous l'ai dit, j'avais
préparé quelques notes sur mes feuilles et un de mes bons copains
du Parti québécois est parti avec. J'espère que cela va
lui servir. J'espère surtout qu'il va pouvoir se lever...
M. Marcoux: C'est écrit qu'on est un vrai bon
gouvernement.
M. Picotte: J'espère surtout qu'il va pouvoir se lever et
prendre les idées inscrites sur ma feuille de papier, et convaincre le
ministre des Finances, convaincre ce bon, ce vrai gouvernement de "ta-xeux",
d'arrêter cela. Cela presse, au plus vite, pour la province de
Québec. Les Québécois en ont assez des taxes. Ils sont
surtaxés, Mme le Président. Ce n'est pas moi qui ai dit cela.
J'écoutais le député de Laval tantôt, qui avait un
dépliant quelconque dans les mains, un document de travail du Parti
québécois, publié lors de la dernière
élection. Il avait ce document qui disait que les
Québécois étaient des personnes surtaxées et qu'il
fallait que cela arrête.
Je vais vous dire franchement, comme député
représentant un comté qui, au point de vue économique, est
durement touché, on ne peut pas accepter des choses semblables. A toutes
les occasions que ce gouvernement aura, en cette Chambre, d'apporter des
projets de loi, comme la loi 31 que j'ai mentionnée tantôt, pour
taxer les plaques automobiles, l'assurance automobile qu'on va s'apprêter
tantôt, avec un petit coup de matraque sur la tête, à
adopter, mais qui va coûter très cher aux Québécois
et aux gens de la Mauricie et aux gens du comté de Maskinongé, et
toutes ces lois, la série de 60, 61, 63, je ne peux pas, absolument pas,
demeurer assis en cette Chambre et accepter cela, de façon, je
n'emploierai pas le mot que je voulais dire, passive c'est le meilleur
mot que je peux employer et dire que je suis d'accord avec ces lois, que
je suis d'accord qu'on taxe les Québécois, que je suis d'accord
qu'on louange tout le monde, qu'on se mette à encenser ce bon, ce vrai
gouvernement. Je ne peux pas, Mme le Président, c'est impossible. Ne me
demandez pas des choses que je ne peux pas faire.
Quand il y aura certaines choses qui se feront par ce bon et ce vrai
gouvernement, qui seront acceptables, je serai un des premiers, et cela ne
surprendra personne, à dire: Oui, c'est vrai, vous avez fait quelque
chose de bien et je vous félicite. Dans le cas présent, je ne
peux pas le faire pour les raisons que j'ai énumérées
tantôt.
Mme le Président, je regrette, mais au nom de tous les
Québécois, c'est une loi qui devrait être bannie.
Chacun des représentants du peuple qui sont assis ici en cette
Chambre, chacun des députés qui représentent des individus
en cette Chambre, qui représentent la majorité des
Québécois devrait se lever et parler contre cette loi. Comme l'a
dit le ministre des Finances, on va redonner des allocations familiales
additionnelles, on va ajouter de l'argent là-dessus. Il faut en avoir
des enfants pour savoir ce que cela peut coûter présentement pour
habiller un enfant.
Peut-être que le député de Saint-Henri n'est pas au
courant de cela, mais le député de Chauveau pourrait
peut-être nous parler, comme aussi d'autres députés en
cette Chambre, de ce que cela coûte présentement pour habiller des
enfants.
Ce que mon collègue, le député de Gatineau, a
mentionné en cette Chambre, c'est aussi vrai, Mme le Président;
dans les régions frontalières, vous ne pouvez pas savoir
jusqu'à quel point cela peut être défavorable une loi
semblable. C'est défavorable sur deux plans bien précis. D'abord
parce que c'est évident que les commerces qui sont situés, dans
la province de Québec, dans ces régions frontalières
dépérissent. Il y a des gens qui ferment boutique à cause
de cette situation. C'est aussi une situation défavorisable parce que,
quand les gens vont magasiner à l'extérieur à la recherche
des vêtements d'enfants, ils n'y vont pas uniquement pour cela. Ils y
vont pour toutes sortes d'autres choses. A ce moment, la taxe de 2% que vous
aviez promise, dans votre programme, pour les municipalités, ces 2%,
dis-je, ne reviennent plus à la municipalité qui est
située dans le Québec. Ils vont ailleurs. C'est bien malheureux
que ce soit une situation comme celle-là, Mme le Président.
Je constate à votre regard qu'il est 13 heures. Comme il me reste
quelques minutes...
M. Alfred: Mme le Président...
M. Picotte: Je refuse mon consentement.
M. Alfred: Question de règlement.
M. Picotte: Je veux garder mon temps pour 15 heures.
Le Vice-Président: Je m'excuse, M. le
député. J'étais déjà debout.
M. Alfred: Question de règlement.
Le Vice-Président: De toute façon, il est bien 13
heures. Il vous reste sept minutes en temps qui vous est alloué. Cette
Assemblée suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
Reprise de la séance à 15 h 10
Mme le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et
messieurs!
M. Lamontagne: Mme le Président, on pourrait
peut-être attendre encore un peu pour obtenir la collaboration du leader
adjoint, cela n'a pas de bon sens, tout de même! Est-ce qu'on peut voter
immédiatement sur cette motion?
Mme le Vice-Président: C'est cela, les gens passent et
repassent. Certaines gens vont en commission parlementaire, d'autres...
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement, M. le député de Roberval.
M. Lamontagne: Je ne veux pas inutilement... mais je pense que je
porterais à votre attention... Regardez les gens de l'Opposition et du
parti ministériel, je pense qu'on doit tout de même avoir un
certain partage. Si cela ne les intéresse pas, suspendez pour quelques
minutes!
M. Duhaime: Mme le Président, question de
privilège!
Mme le Vice-Président: J'espère que votre question
de privilège est bien une question de privilège, M. le
leader.
M. Duhaime: L'intervention du député est tout
à fait inopportune. Nous avons parfaitement quorum à
l'Assemblée nationale, et je pense que...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
M. le leader adjoint! Nous reprenons maintenant le débat sur la motion
du ministre du Revenu proposant la deuxième lecture du projet de loi no
61. M. le député de Maskinongé avait déjà
utilisé une partie du temps qui lui est alloué en vertu de
l'article 94. M. le député de Maskinongé, vous avez la
parole et vous disposez encore de sept minutes.
M. Shaw: Excusez-moi, question de privilège, Mme le
Président.
M. Picotte: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire, question de privilège, dites-vous?
M. Shaw: Question de privilège, oui, Mme le
Président. C'est normal que nous de l'Opposition soyons fortement
représentés, même s'il y a deux commissions parlementaires
qui siègent actuellement, mais l'effort que nous faisons pour convaincre
le parti ministériel...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député, ce que vous avez appelé une
question de privilège était tout au plus une question de
règlement. Vous alliez, je pense, invoquer le quorum que nous avons
largement. M. le député, nous ne nous chicanerons pas sur les
termes. Après toutes ces protestations et ces promesses de
collaboration, je pense que vous allez laisser le député de
Maskinongé faire son intervention. M. le député.
M. Picotte: Mme le Président, je pense qu'il est vraiment
malheureux qu'au début des travaux de cette Assemblée,
c'est-à-dire à 15 h 15, quinze minutes d'ailleurs après
l'appel que vous nous avez fait pour recommencer les travaux, nous constations
dans cette Chambre qu'il y a très peu de députés qui sont
intéressés par la loi que nous discutons. Le député
de Frontenac, d'ailleurs...
Mme le Vice-Président: Sur la motion de deuxième
lecture, M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: ... qui se permet d'interrompre au moment où
je vous parle, n'a même pas le courage de se lever pour défendre
les intérêts de ses électeurs. Je souhaiterais que le
député de Frontenac, s'il ne veut pas intervenir, soit au moins
silencieux. Il va faire exactement ce qu'il fait depuis qu'il est ici. Au
moment même de la suspension des travaux, nous discutions de cette
fameuse loi qui vient, encore une fois, taxer davantage des citoyens du
Québec. C'est malheureux que nous ne soyons pas plus de
députés ici même en Chambre pour défendre cette loi,
pour au moins mentionner au ministre du Revenu que cette loi non seulement est
impopulaire, mais qu'elle vient toucher, et cela de façon grave, les
citoyens.
Mme le Président, je suis heureux de vous avoir demandé la
suspension à 13 heures, cela m'a permis, durant l'heure du repas, de
discuter avec, non seulement plusieurs de mes collègues de l'Opposition,
mais aussi quelques-uns de mes collègues du Parti
québécois. Je puis vous dire qu'il y en a même dans cette
Chambre qui, sans vouloir se prononcer, pour toutes sortes de raisons
possibles, peut-être par incapacité, peut-être par
solidarité ministérielle, sont d'accord avec l'Opposition sur la
façon dont nous nous opposons à ce projet de loi antisocial.
Comme je le disais avant la suspension, j'ai été un des
"back-benchers" qui n'a pas eu peur, dans le passé, lorsque je faisais
partie des 102 députés lorsque les six
députés du Parti québécois, en face de nous,
parlaient des "back-benchers" libéraux de critiquer mon propre
gouvernement.
M. Duhaime: C'est ce qui vous a sauvé.
M. Picotte: Oui, et je regrette, M. le leader adjoint, mon bon
ami le député de Saint-Maurice, que parmi vous, même si
plusieurs pensent exactement ce que je pense présentement, personne ne
le fasse. Ce n'est justement pas sûr qu'à la prochaine
élection il n'y en ait pas plusieurs de votre gang qui se sauveront.
M. Duhaime: Vous viendrez dans mon comté.
M. Picotte: Peut-être que le lendemain des prochaines
élections, mon cher ami, M. le député de Saint-Maurice, il
y en a quelques-uns qui ne seront pas dans leur assiette. Il y en a
quelques-uns qui vont regretter de ne pas s'être levés en Chambre
et de dire exactement ce qu'ils pensaient de ce bon et de ce vrai gouvernement
de "Taxeux".
M. Duhaime: Vous êtes en train de vous mettre les pieds
dans les plats!
M. Picotte: Peut-être qu'il y a des gens qui vont le
regretter. Même s'il y a des gens qui regrettent le lendemain des
élections, des gens paient depuis le dernier budget non seulement la
taxe sur les vêtements d'enfants, mais les autres aussi.
Représentant un comté économiquement très faible,
je ne peux pas l'accepter. J'ai un message de détresse à lancer
au ministre du Revenu: Qu'il ait donc le courage de faire ce que le ministre
des Affaires municipales a fait avec sa loi 31, c'est-à-dire la laisser
mourir au feuilleton. Laissez-la là, on y reviendra. On a proposé
vingt ans, mais, pour moi, ce n'est pas encore assez. On a aussi parlé
d'un an, mais laissez-la donc mourir au feuilleton. Ce sera le plus bel
enterrement que vous pourrez faire et cela va peut-être vous
éviter de vous faire enterrer à la prochaine élection
provinciale. Ce sera au moins un enterrement de première classe et
très glorieux.
Pour toutes les raisons que j'ai énumérées et pour
les raisons que d'autres de mes collègues ont
énumérées, il serait souhaitable que cette loi ne soit pas
adoptée et ce, pour le bien des Québécois. Tout le monde
devrait dire non à cette loi. J'exhorte mes savants collègues du
parti ministériel je sais qu'il y en a là-dedans qui sont
très bien pensants à en faire autant que moi, à se
lever. Je vois le député de Papineau et j'en vois d'autres. J'en
avais sept ou huit autour de moi, vous vous le rappelez, vers 12 h 30. J'invite
tous ces gens à dire exactement ce qu'ils pensent et surtout ce que la
population pense de cette loi. Le meilleur enterrement qu'on pourrait faire
serait celui de cette loi, ce serait bénéfique pour tous les
électeurs du comté de Maskinongé et surtout pour tous les
Québécois que vous aimez si bien représenter. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Mme le Président, je veux intervenir
personnellement sur cette loi cet après-midi et profiter de la
présence du ministre des Finances, son parrain, pour joindre ma voix
à celle de mes collègues de l'Opposition, afin d'essayer de faire
comprendre au ministre des Finances en particulier et au gouvernement combien
cette loi est odieuse pour les familles du Québec.
Par mon intervention, cet après-midi, je voudrais dénoncer
cette loi qui est véritablement le
ministre des Finances le sait lui-même antisociale, contre
l'avancement ou l'expansion de nos familles québécoises. Pour
parodier une parole du leader adjoint du gouvernement et député
de Saint-Jacques, cette loi est socialement injuste et économiquement
inappropriée. Il est important de noter ce que quelquefois nos
collègues du gouvernement peuvent dire, et ce sera peut-être
important pour le ministre des Finances d'écouter ses
députés du Parti québécois, ceux qui se
promènent dans tout le Québec et qui peuvent, de temps à
autre, eux, écouter les plaintes de nos citoyens
québécois.
J'arrive personnellement d'un voyage sur la Côte-Nord. Ce matin,
le député de Mégantic-Compton vous l'a dit, Mme le
Président, les gens là-bas critiquent fortement deux lois en
particulier du gouvernement: le bill 67, bien sûr, sur l'assurance
automobile, mais aussi cette loi, cette loi que les gens trouvent
véritablement injuste à l'égard de nos familles
québécoises.
Je veux dénoncer fortement cette loi, dénoncer le faux-pas
du gouvernement. Je sais que le ministre des Finances réalise
aujourd'hui qu'il a fait un faux-pas, mais c'est encore le temps, c'est plus
facile pour un ministre, aujourd'hui, de reconnaître son faux-pas et de
dire qu'il va corriger la situation que de continuer à s'entêter
dans la même direction lorsqu'il sait qu'il a fait un faux-pas. Cette
loi, Mme le Président, telle qu'elle est présentée,
pénalise les jeunes couples du Québec, les jeunes parents du
Québec, alors qu'ils ont besoin d'aide, qu'ils ont besoin d'un support,
de la collaboration de l'Etat. Ces jeunes couples, ces jeunes parents ont
besoin d'être aidés par l'Etat ou au moins ont besoin de ne pas
être étouffés par l'Etat ou par le gouvernement à
cause des taxes.
Il y a peut-être un paradoxe là-dedans. Alors que le
gouvernement se dit le défenseur de la population
québécoise et de la fierté d'être
Québécois, d'un autre côté on dit à nos
familles québécoises: Ayez le moins d'enfants possible, on ne
veut pas vous aider. Si vous avez des enfants, on veut vous pénaliser.
Je trouve qu'il y a là un paradoxe énorme. Alors qu'on veut
bâtir la génération de demain, alors qu'on veut
reconnaître les besoins d'un Québec moderne, d'un Québec
fort, qu'on veut reconnaître les besoins de bâtir une
société et surtout des successeurs et des gens qui vont nous
remplacer un jour, on dit aux jeunes parents, aux jeunes couples: Faites
attention, ayez le moins d'enfants possible. Si vous avez des enfants on va
vous pénaliser, puis vous pénaliser fortement. Or, il faudrait au
moins que le gouvernement soit franc avec la population du Québec et
qu'il dise franchement où il se niche vis-à-vis des familles
québécoises.
Est-ce qu'on en veut, des familles québécoises? Est-ce
qu'on en veut, des enfants au Québec, ou si, parce qu'on n'en veut pas,
on prend les moyens pour les éliminer ou pour convaincre les parents de
ne pas en avoir? Cette taxe sur les vêtements et les chaussures
d'enfants, c'est une loi véritablement antisociale. C'est une loi qui
empêche l'expansion des familles québécoises.
Mme le Président, je veux aussi dénoncer fortement ce
camouflage, lorsqu'on apporte une taxe, d'un côté, et que, de
l'autre côté, on dit: On va vous aider, par contre; on va vous
donner des subventions ou des allocations familiales un peu plus
élevées pour camoufler nos taxes. Si, véritablement cela
ne donne rien au gouvernement, si cela ne rapporte pas d'argent au
gouvernement, pourquoi pénalise-t-on des familles qui ont besoin
d'être aidées? C'est un camouflage, tout simplement, pour pouvoir
taxer davantage nos familles du Québec.
J'aimerais savoir la raison fondamentale. C'est peut-être parce
qu'on trouve qu'on a trop d'enfants au Québec et qu'on manque de
franchise pour le dire. Il serait temps que l'on sache où se niche le
Parti québécois dans ce domaine en particulier. Mme le
Président, je vais aussi vous citer un texte que nous avons reçu
il y a quelques jours, qui nous provient des Organismes familiaux
associés du Québec. Ce texte se plaint des politiques familiales
du gouvernement actuel du Québec. Ce manque de planification d'une
politique familiale, ou cette politique familiale qu'on ne veut pas faire pour
aider les familles québécoises, c'est relié directement
à cette nouvelle taxe sur les vêtements et les chaussures
d'enfants.
Il y a quelques points intéressants à noter, en parlant
d'une philosophie générale d'éliminer les familles
québécoises ou d'éliminer les enfants
québécois ou de pénaliser ceux qui ont des enfants au
Québec. Il y a quelque chose d'intéressant là-dedans. Il y
a quelques points particuliers que ces Organismes familiaux associés du
Québec nous disent et il y en a que je voudrais vous citer, Mme le
Président.
Le premier point, au sujet de l'allocation de $100 à la
naissance, qui avait été promise par le Parti
québécois dans un texte avant l'élection, on dit: Le bilan
après un an est nul. Je vous parle de la philosophie
générale et on en parle de cette fameuse taxe là-dessus.
Avant de parler des taxes, on nous parle du réseau public de garderies,
du salaire à la mère au foyer, de l'aide familiale, qu'on avait
promis dans un texte du Parti québécois. Il désirait
établir un réseau public de garderies. Le bilan après un
an, on nous dit: Nous avons peur ce n'est pas l'Opposition qui parle,
mais les Organismes familiaux associés du Québec
d'être en train de reculer avec le comité interministériel
sur les services d'accueil à la petite enfance. Un peu plus loin, on
nous parle de l'aide financière aux groupes volontaires. On nous dit que
le bilan là-dessus aussi après un an, c'est beaucoup de promesses
et peu de réalisations. La déception est grande et arrière
au sein des organismes familiaux au Québec, dont le
bénévolat a été comptabilisé. C'est
important à noter.
On nous note aussi le bilan global des politiques du Parti
québécois. Notre réflexion sur les politiques du Parti
québécois au pouvoir depuis un an indique un bilan beaucoup plus
négatif que positif si on le regarde avec une lunette familiale.
M. Grenier: Eh bien!
M. Biron: On nous parle spécialement ici de "taxation des
vêtements d'enfants". Ecoutez ce que l'on dit, Mme le Président.
Ce n'est pas l'Opposition qui parle. C'est un organisme qui aide les familles
du Québec, qui représente plusieurs centaines de milliers de
familles au Québec: "Cette mesure constitue un manque d'imagination et
un recul par rapport à l'aide que l'Etat a le devoir d'apporter aux
familles". C'est fort, Mme le Président.
Je continue à citer: "Les adultes profitant injustement de cette
loi en s'habillant plus ou moins bien avec des vêtements faits pour des
enfants ne pouvaient être qu'une minorité. On a tout simplement,
comme bilan, un plus grand nombre de familles qui circulent
outre-frontières québécoises, sud et ouest, et font leurs
achats, sans taxe, pour leurs enfants, à l'occasion d'un voyage."
C'est véritablement le verdict très sévère
qui nous vient d'un groupement qui s'appelle les Organismes familiaux
associés du Québec qui n'est certainement pas
représenté par des membres des partis d'Opposition. Ces
organismes dénoncent fortement cette direction dans laquelle le
gouvernement veut s'engager maintenant en faisant un premier pas pour taxer les
vêtements et les chaussures d'enfants.
Mme le Président, je veux aussi dénoncer ce manque
d'imagination complet du ministre des Finances dans ce domaine en particulier.
Au lieu de pénaliser les jeunes Québécois on aurait
dû remplacer cela j'aurais été, d'accord pour
appuyer le ministre dans ce cas, en particulier par une taxe sur la
boisson et sur le tabac. M. le ministre, avant que vous ne partiez, je vais
vous le dire. On aurait pu facilement mettre une taxe supplémentaire
pour remplacer cette taxe sur les chaussures et vêtements d'enfants. On
aurait pu mettre une taxe supplémentaire sur le parfum. On aurait pu
mettre une taxe sur les articles de tuxe achetés par les
Québécois. Cela aurait été facile d'avoir un peu
d'imagination et de taxer tes autres plutôt que la jeunesse de chez
nous.
Mme le Président, je vais inviter fortement le gouvernement
à écouter la population et à se promener à travers
le Québec. Les députés du parti au pouvoir,
j'espère qu'ils le font. J'espère qu'ils écoutent la
population. Le vrai monde au Québec, les travailleurs agricoles, les
chauffeurs de taxi, les gens des rues, des villes, des campagnes et des
municipalités de partout. Je voudrais bien qu'ils les écoutent
pour savoir entendre les critiques qui montent à travers le
Québec vis-à-vis d'une telle loi odieuse pour la population. Les
critiques sont très fortes contre cette loi. Ce n'est pas pour rien que
les membres de l'Opposition critiquent fortement cette loi. C'est parce que la
population du Québec la critique fortement aussi.
Je voudrais faire une invitation et un appel au conseil national du
Parti québécois afin qu'il intervienne fortement au cours de sa
journée de samedi et qu'il remette dans le droit chemin un gouvernement,
des ministres ou un ministre qui s'est véritablement
écarté de la ligne à suivre d'un bon et vrai gouvernement
du Québec.
C'est peut-être le temps, Mme le Président, que le Conseil
national du Parti québécois, s'il a encore un peu de franchise
pour la population et s'il a encore un peu de fierté d'être
Québécois pour pouvoir bâtir une jeunesse
québécoise chez nous, intervienne pour faire faire marche
arrière au ministre des Finances.
C'est peut-être le temps, aussi, que le ministre des Finances
mette son projet sur la tablette pour quelques jours et qu'on attende à
lundi avant de continuer à discuter de ce projet de loi. Peut-être
que, lundi, la décision du Conseil national du PQ je
l'espère, en tout cas sera prise dans la bonne direction pour
forcer le ministre à retirer ce projet de loi. C'est une invitation
pressante aux députés du Parti québécois, aux
députés du gouvernement d'écouter la population. Qu'on
arrête d'écouter les amis autour, qu'on arrête
d'écouter le langage qu'on entend tout simplement ici, à
Québec, et qu'on fasse le tour de la population! Qu'on écoute le
vrai langage du vrai monde au Québec! Qu'on fasse le tour des
comtés ruraux! Qu'on aille partout où on a des familles un peu
nombreuses et on va voir ce qui arrive, on va voir les critiques des gens dans
tout le Québec vis-à-vis d'une telle loi qu'on nous apporte
maintenant pour taxer les familles québécoises qui ont le coeur
d'élever des enfants chez nous!
Mme le Président, je ne veux pas prendre plus de temps qu'il faut
de cette Chambre, mais, avant de terminer, j'aurais voulu inviter le ministre
des Finances, lui lancer une espèce de défi pour venir me
rencontrer personnellement sur la tribune de son choix, où il veut et au
jour et à l'heure qu'il va décider, afin qu'on puisse discuter
devant les pères de famille, devant les mères de famille, devant
les responsables des familles québécoises de cette odieuse taxe
sur les vêtements et les chaussures d'enfants. Je pense que cela pourrait
faire réfléchir le ministre qu'il vienne lui-même devant la
population du Québec, devant les gagne-petit, devant ces pères de
famille et ces mères de famille qui sont dans le besoin et qui essaient
de faire leur possible pour élever des enfants convenablement au
Québec et de leur donner un petit peu de ce qu'on peut le mieux donner
à nos enfants et un petit peu mieux que nous autres avons
reçu!
J'invite le ministre à venir discuter de ce problème
devant une assistance de pères et de mères de famille, de venir
discuter avec moi sur une tribune de son choix, et, je le répète,
au jour et à l'heure de son choix, de cette taxe odieuse pour les
familles québécoises. Mme le Président, je ne veux pas
critiquer le ministre pour rien, mais je veux essayer de lui faire entendre
raison. Je veux surtout espérer qu'en fin de semaine prochaine, alors
que le Parti québécois pourra se réunir avec son conseil
national, on puisse véritablement sonner un coup de barre dans cette
mauvaise orientation du gouvernement du Québec.
Je peux aussi faire appel au premier ministre, lui qui, une fois, a
replacé un peu son conseil national, et j'espère qu'il pourrait
replacer aussi son ministre des Finances dans cette direction. Nous aussi,
comme le premier ministre du Québec on
est fiers d'être Québécois, on est fiers de nos
familles québécoises, on veut donner une chance à nos
enfants de pouvoir être élevés convenablement, surtout
donner une chance à nos familles et à nos pères et
à nos mères d'avoir des enfants chez nous et de se savoir
appréciés du gouvernement du Québec.
Ce que le gouvernement du Québec fait présentement, c'est
un message direct à nos chefs de famille, à nos pères et
mères de famille afin qu'ils modèrent le nombre d'enfants dans
leur famille. Cela signifie, pour les pères et mères de famille,
que le Parti québécois, qui gouverne actuellement le
Québec, ne veut pas d'enfants, au Québec.
Mme le Président, je termine là-dessus mais en invitant le
ministre, encore une fois, à revoir sérieusement ce projet de loi
afin de le laisser sur la tablette pour un bout de temps et attendre au moins
jusqu'à lundi, après le verdict du Conseil national du Parti
québécois, qui, je l'espère, sera meilleur que celui du
ministre. J'invite le ministre, encore une fois, s'il veut continuer dans la
même voie, à venir me rencontrer et on discutera ensemble de cette
taxe devant des groupes de pères et mères de famille du
Québec. On veut taxer ce qu'on a de plus cher chez nous, les enfants du
Québec, en taxant les vêtements et les chaussures que les enfants
du Québec devront porter!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: Merci, Mme le Président. Comme tous les
autres députés de l'Opposition et probablement plusieurs
députés du gouvernement, je pense que c'est regrettable,
naturellement, que le ministre des Finances ait trouvé nécessaire
d'imposer une taxe sur les vêtements d'enfants. Je veux préciser
un peu, comme je l'ai fait à l'occasion de l'amendement, un autre aspect
négatif de cette taxe. Je pense que plusieurs députés ont
souligné le fait que cette taxe est antisociale, dans le sens qu'elle
touche les familles qui ont plusieurs enfants. On sait que c'est une loi qui
met beaucoup de marchands de Hull, de Hawkes-burry et d'autres villes
près de la frontière de l'Ontario ou du Nouveau-Brunswick dans
une position où ils sont de plus en plus près de la faillite
parce que nos contitoyens de la province de Québec profitent de
l'avantage d'aller en Ontario pour acheter les vêtements d'enfants.
Je veux encore souligner quelque chose que je sais que le ministre des
Finances comprend mieux que ses collègues dans le cabinet. C'est la
caractéristique, si vous voulez, de l'entreprise de notre province. Le
niveau de chômage au Québec est souvent traditionnellement un
petit peu plus élevé que dans les autres provinces. Ce n'est pas
nécessairement parce que les gouvernements sont inefficaces. C'est parce
que la base de notre industrie au Québec se trouve dans le domaine du
textile, de la chaussure et des meubles.
Le ministre lui-même, il y a 60, 80 jours, je crois, à
Ottawa, a souligné avec raison que c'était nécessaire pour
l'industrie du Québec, surtout dans le domaine du textile, de changer
les caractéristiques traditionnelles. Que c'était
nécessaire pour l'industrie du textile du Québec de profiter
pleinement de l'automation, si elle voulait vraiment survivre devant la
compétition du Japon, de la Corée, de Taïwan et d'autres
pays. Je félicite encore une fois, comme je l'ai fait hier, le ministre
des Finances d'avoir convaincu les fonctionnaires du gouvernement central,
à Ottawa, de la nécessité d'augmenter les tarifs sur les
textiles, sur les vêtements produits dans les pays étrangers. Le
ministre a eu le courage de demander l'augmentation de ces tarifs et
l'imposition de quotas, ce qui est le geste à poser à court terme
pour permettre à nos industries québécoises, celle du
textile surtout, de profiter de la technologie qui est maintenant disponible
pour les Etats, les provinces, les pays.
Mme le Président, je ne peux pas comprendre du tout comment
à ce moment-ci, dans l'histoire du Québec quand le gouvernement a
le courage de dire à nos industries du textile: Le temps est
passé de vous cacher derrière les tarifs, si vous voulez survivre
au Québec, il est nécessaire de moderniser vos entreprises, je ne
sais pas pourquoi, justement à ce moment dans l'histoire du
Québec, on arrive avec une taxe qui va à l'encon-tre de cette
philosophie.
Je pense qu'il aurait été plus logique de la part du
ministre non seulement de ne pas imposer une taxe de vente sur les
vêtements des enfants, mais d'éliminer complètement la taxe
de vente sur tous les vêtements, parce que les Québécois,
les Canadiens qui vivent ici devraient être encouragés à
dépenser plus d'argent en vêtements et en produits du textile pour
aider l'industrie et pour minimiser le chômage.
Malheureusement, c'est le contraire qui arrive. Malgré la hausse
des tarifs, l'application des quotas, les pauvres, ceux de la classe moyenne
qui ont deux, trois ou quatre enfants sont encore obligés de visiter
magasin après magasin pour trouver des vêtements qui ne sont pas
produits ici au Québec, mais qui viennent de Hong Kong, de Formose, de
Corée. Ils se vendent meilleur marché que les textiles ou les
vêtements produits ici au Québec.
Cette taxe de vente de 8% a pour effet, tout simplement, d'annuler
l'avantage temporaire que le ministre a demandé au gouvernement central
et aux autres ministres des Finances des autres provinces pour protéger
une industrie qui existe dans le Québec surtout et pas dans les autres
provinces.
Madam President, it is fairly hard to understand, the same thing is true
about shoes. We limit the importation of good children's shoes from other
countries. We have one of the highest taxes possible on shoes produced in Great
Britain. Shoes that cost $40 in Great Britain and that can be purchased for $50
in the United States, cost $110 in Québec. Why? Because we are trying to
protect an inefficient industry. And the minister
who is an intelligent minister, perhaps the only one in this government;
perhaps he has to carry all the other Ministers and I will come to that after.
Oh, there are a few exceptions, the Minister of Tourism shows signs of
improvement and that is good, that is good. If we get three or four with the
intelligence of the Minister of Finance, we might have a government that
rediscovers the people who elected it, the poor people of the province. Because
last November, what did the government say to the poor people in Chicoutimi all
the people out of work, or the poor in St. Henri? Elect us and we will
eliminate poverty. We will bring your cases up, we will improve minimum wages
to the point that the hotel industry cannot hire you, but, nevertheless,
philosophically we will have done something to help you.
We will help the textile industries by getting higher tariffs, greater
quotas. We will make sure that, everything equal you will buy goods produced in
the textile industries in Quebec, in Sherbrooke, in East Angus, and all these
other centres of textile. We will help the Quebec industry; we will encourage
Quebecers to buy made in Quebec textile and clothing, and then we make it
dearer for children.
Une Voix: Other days, other ways.
M. Mackasey: Now, what the minister should do or should have done
is eliminate all taxes on all clothing children, adults, anybody, eliminate all
taxes on clothing in order to encourage people to spend their money, even
luxury money, on goods that are produced in Quebec in the textile industries,
and the shoes industry even in the furniture industry. Instead, this government
is penalizing the textile industry by making it virtually too costly to spend
your money on made in Quebec textile goods and forcing you to look every little
store possible where the quota made it possible to have imports so you now run
up and down the country looking for goods made in Hong Kong, looking for goods
made in Taiwan, looking for goods made in Japan because they are less
expensive. Thus driving more people out of work in the textile industry,
creating higher unemployment in many of the small communities in Quebec. In
other words, it is counterproductive.
Now, why would the minister do that? The minister, as I say, is surely
an intelligent man and he is a compassionate man. He has an international
reputation in the field of finance. And he is known as a friend of the poor,
that minister of finance. That must have been a difficult decision on that
minister's part to have to apply this antisocial tax that discriminates against
the poor. It must have been very difficult. I can only presume that in a short
time, the minister is going to need all the money that he can get. So I think,
in fairness to the minister, he had no choice but to tax the poor. He had no
choice because he needs every cent he can get. Even if it discriminates against
to poor, even if it drives certain textile industries out of business, because
they would not buy Canadian goods, he has no choice because he has to pay for
some of the stupid legislation that his colleagues are bringing in, like the
automobile insurance, which will cost the poor people more. In order to keep
the cost down, we will probably need an injection of $100 million over the next
couple of years out of general revenue.
But the minister is hard pressed, he has got to find the money somewhere
even to the extent of putting a tax on children's clothing, putting a tax on
shoes. It would not surprise me if the next thing we know he will be taxing
milk, food, and the other necessities. Who suffers when you tax essentials? The
poor, the masses, the people who live in the slums, they are the people who pay
when you impose taxes on essentials. In all my years in politics I have never
seen a more discriminatory, flagrant antisocial piece of legislation than this
legislation which was not brought in by the so called private industry party,
but brought in by a government that prides itself on its concern for people
that are openly socialistic and that is in theory elected to look after the
poor of this province. They are the ones who have been most discriminatory in
the last 25 years that I can think of.
In looking back in the history of Quebec, they are the only government
that has selected the poor people of this province, the people with children to
impose higher taxes on their clothes, higher taxes on their shoes, higher
insurance cost, drives the textile industries into bankruptcy because we cannot
afford to buy goods made in Quebec, discriminating against the poor merchants
in all the communities that are situated on the border of Ontario, forcing the
people to go over into Ontario and theoretically act as thieves and break the
law and bring back under their coats clothing which they have bought in Ottawa,
if they live in Hull, clothing that you bought in Ontario if you live in
Hawkesbury, clothing that you bought in Ontario if you live in any of the
little communities along the border. You break the law, you buy and help make
the merchant in Ontario richer and the poor decent French-speaking Canadian
Quebec merchants in Hull sit there with a shop full of goods which they cannot
give away because of the discriminatory 10% tax. It is unbelievable! Absolutely
unbelievable! Machiavellian!
If it was from one of the other ministers I could understand it, I could
write it off as stupidity.
But you cannot accuse the minister of Finance of being stupid; he is an
intelligent man, he is a compassionate man. As a matter of fact I really think
that, in order to regain the popularity which this party has lost this year by
bombing on legislation, by imposing closure on their insurance tax, I think
that maybe the government, I really believe that possibly the government
intends, Monday, the minister of Finance intends, Monday, to get up and, as a
Christmas present to the poor people of Québec, announce that he is
taking the tax, not only off children's clothing but the tax off all clothing
that is sold in this province.
Now, Mme le Président, this would not be revolutionary, even for
revolutionaries. Virtually, every province in Canada that has a sales tax does
not impose sales tax on clothing of any kind: adults, children, anybody;
because, how can you stand up and pretend to care about people when you tax
necessity? And certainly in our climate, when you need more clothing than
normal: overcoats, rubbers, overshoes, mitts, it is tragic to see young
children walking the street without these necessary garments because their
parents cannot afford to buy these things, because they are underemployed and
then, when they do get enough money to buy these goods, find that they are
overpriced by at least another 8%. It is tragic and it makes me wonder where,
along the road, did the Parti québécois lose its compassion for
people.
Prior to november the 15, there are many things in the Parti
québécois I could have adopted and endorsed concerning minimum
wages for instance, although they backed off the formula, Labour Code revision,
concern for people. How have they shown their concern for people? By putting
an. 8% tax on the most defenceless group of people in this province, the poor.
Who speaks for the poor? Ironically the Liberal Party and the Union Nationale
and the two members, one from the Crédit Social and the other from
Beauce-Sud. Not one member from the Parti québécois has had the
courage to get up in this debate and say to the minister of Finance: I am a man
of integrity, I have the courage to get up and say to the minister of Finance:
For Godsake, take this discriminatory tax off the poor people of my county.
C'est un manque de courage épouvantable. Il n'y en a pas un; le
député, dans le coin, il est tranquille, le ministre des
Transports, il comprend cela la pauvreté, le ministre pour qui j'ai
beaucoup de respect, de Laprairie; il n'y en a pas un qui a eu le courage de
dire publiquement au ministre des Finances: Pour l'amour des pauvres, abolissez
cette taxe discriminatoire contre les enfants des pauvres de Saint-Henri. Il
n'y en a pas un qui a eu ce courage; même il y en a qui, aujourd'hui, je
pense, ont eu l'audace de dire que c'était une taxe logique. C'est
incroyable, unbelievable, a tax that would drive the textile industry right
out.
The only reason I am moderate in my remarks, the only reason I do not
get excited is because of my open admiration for the minister of Finance. And I
tell this sincerely, because, thank God, this province at this time in history
have a minister of Finance who has been able to restrain the other ministers,
who has changed the formula on minimum wages related to productivity, to cost
of living, who has been able to restrain some of the grandiose ideas of my good
friend whom I have known many years in Social Affairs. I can only presume the
minister must have been under terrible pressure to impose this discriminatory
tax because, by nature, he is a tolerant decent person. So I can think on
conclusion, knowing the party and their stupidness as a political party, they
are not stupid all of a sudden.
What they are doing, that really bothers me is that they are going to
get up in this House, on the 21st of December, like Santa Claus, and say: Our
Christmas present to the poor people of this province is that we will eliminate
the 8% tax on children's clothing, and in addition, for New Year, we will
eliminate the tax on all textile products, on all shoe products, on all
furniture products in order to encourage the development, the expansion of
these traditional industries that are so closely associated with the industrial
base of Quebec. Merci, Mme le Président.
M. Marchand: Question de règlement, Mme le
Président. Je m'excuse auprès du député de
Rouyn-Noranda, mais je pense, Mme le Président, que c'est aberrant. Je
vois le ministre des Transports qui est debout et qui compte le quorum, mais je
compte depuis tout à l'heure, et il y a huit ou neuf
députés ministériels à l'Assemblée nationale
depuis le début. Cela n'a pas de bon sens. On n'a quorum..
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laurier, je pensais que vous vous leviez pour demander la parole sur la motion.
J'avais déjà pris la peine de compter le quorum. Au moment de
l'intervention de M. le député de Laurier, il y avait exactement
20 personnes dans cette Assemblée. Nous allons quand même
vérifier le quorum. Je vous ferai remarquer, M. le député,
que deux commissions siègent en ce moment.
A l'ordre, M. le député de Laurier! Je vous demanderais
votre collaboration, messieurs, s'il vous plaît! M. le
député de Laurier, je ne crois pas que vous vous rendiez justice
en intervenant. C'est la deuxième fois que je vous rappelle à
l'ordre. Nous avons quorum et M. le... Nous avions quorum au moment de
l'intervention, M. le député de Bellechasse. Je venais de compter
les membres de cette Assemblée.
M. Goulet: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Un moment, M. le
député de Bellechasse. Donnez-moi le temps de vous donner la
parole, M. le député. J'espère, M. le député
de Bellechasse, que vous ne revenez pas sur la question de règlement
à propos du quorum, parce que nous avons quorum maintenant et nous
l'avions au moment de la demande de quorum. C'est moi-même qui l'avais
compté... Je vous en prie, n'intervenez pas sur la question du
quorum.
M. le député de Bellechasse, vous vous levez sur une
question de règlement. Je vous demande de ne pas intervenir sur la
question du quorum.
M. Goulet: Sur une question de privilège, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Mme le Président, je ne veux pas charrier, mais
j'aimerais qu'il n'y ait pas dans cette
Chambre deux poids, deux mesures. Lorsque le député de
Laurier a évoqué le quorum, nous n'avions pas quorum.
M. Lessard: Question de règlement, Mme le
Président.
M. Goulet: Immédiatement, Mme le Président
j'ai une question de privilège il y a deux députés
ministériels...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Bellechasse et M. le député
de Taschereau, j'espère que vous avez terminé vos discussions et
que cette Assemblée pourra continuer ses travaux.
M. le député de Rouyn-Noranda, vous aviez demandé
la parole.
M. Samson: Mme le Président, l'honorable
député de Pointe-Claire, s'est levé en même temps
que moi. Je crois comprendre qu'il a d'autres travaux à aller couvrir
ailleurs. Je n'aurais pas d'objection, avec votre permission, à le
laisser passer avant moi.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, je vous reconnaîtrai immédiatement après
l'intervention de M. le député de Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Merci, Mme le Président. Je considère que
c'est un privilège d'être debout et de prendre la parole sur
n'importe quel projet de loi. Il m'apparaît incroyable que, dans ce
coin-ci, il n'y ait aucun député ministériel. De l'autre
côté, nous voyons trois ministres. J'espère qu'avec la
venue de la télévision on va voir la vérité sur
cette Chambre. Nous venons ici pour entendre les discours des parlementaires
qui sont établis dans leur profession et regardons ce que l'on fait. On
lit le journal. On siège presque endormis. Si on regarde le grand
portrait qu'il y a en haut, ici, cela, c'est le parlementarisme. C'est le
discours entre deux personnes pour essayer de représenter comme il le
faut la population de notre province. Mais c'est une façade seulement.
Je vais continuer parce que c'est mon privilège de député
de dire mon mot sur un principe comme la taxe sur les vêtements et les
chaussures d'enfants.
Madam President, it is always disappointing to see the very values of
the Parliament. That picture represents the work that those people had to
achieve to have the opportunity to have a representative government. They
achieved it and they respected it. Slowly but surely we are destroying this
parliamentarism. We are destroying the interchange of ideas from one side of
the floor to the other, in favour of filling a seat and meeting the quorum.
This is the kind of government that we are having, that has lost all its
humanity. Even with the very beginning of the principle of the sales tax, it
was very early introduced to fund certain programs of general interest. The
first sales taxes were introduced on special luxury items in order to fund
programs such as hospitalization. Slowly but surely other areas of the tax
basis were encroached upon. The personal income tax level had been squeezed to
the highest in all of Canada and the corporate tax level at a level which was
also incompatible with the retention of business in the province. And licences
are getting higher and more expensive every day, and soon the automobile
insurance licence will make an additional $110 per driver in this province. And
this is with just the sales tax. The sales tax is probably the most inequitable
form of tax that can be applied on a population, because everybody pays sales
tax. Everybody who purchases pays sales tax. It has no reference whatsoever to
their capacity to pay, but only to their needs.
What else could we have done, Madam President, instead of applying this
tax? First of all, we might have reduced the needs for the tax, reduced
expenses, not at the needier places, which is being done now by closing
hospital beds, by closing down special services facilities; not at that level,
but in the great bureaucracy of the nothing doers.
We know that, in this province, we have tons of these nothing doers in
the giant monster of "la fonction publique", but what do we see in this new
government? A reduction of "la fonction publique?" No, a new "Régie de
l'assurance automobile", a new "Régie des handicapés," another
"régie" here, a "Régie de l'amiante". We did not lose enough
money last year with SIDBEC-DOSCO, only $91 million we are just going to have a
new adventure, "l'amiante". If we took the $200 millions that we were going to
use to buy the Asbestos industry and use it to buy conversion industries, that
would make good sense, that would create jobs, that would create dollar
cycling, that would create new tax revenue. No, we will not do that, we will
tax the poor people.
And every new project, every new "projet de loi", seems to imply more
and more new formations of new "régies d'Etat".
M. Lamontagne: Question de règlement, Mme le
Président, il n'y a pas quorum.
Mme le Vice-Président: II manque effectivement un
député, M. le député de Roberval, je venais de
compter.
Oui, nous avons maintenant quorum.
M. le député de Pointe-Claire, je m'excuse de cette
interruption.
M. Shaw: Mme President, if we could not reduce the tax needs, we
might have increased the tax basis, another way of acquiring taxes is get more
people to pay them. And what are we seeing in the city of Montreal like that?
On the 15th of November 1976, when this government came to
power, there were 5 million square feet of industrial and commercial
space for rent in the city of Montreal. And now, one year later, there are 20
million square feet of industrial and commercial space for rent. What does this
do to the tax basis of this province? 200 000 jobs are represented by 20
million square feet of industrial and commercial space, and where is the
"relance économique?" It is in building a few boats. Nothing is being
done to try and stop the exodus of business.
Nothing is being done to try and improve the social and political
climate of the province. No, instead of that, we have intimidation like bill
101 and bill 45 and the referendum, and now, for example. I remember asking the
question to the Prime Minister earlier, this year, about the number of
telephones that had been removed in the province of Quebec as compared to those
that were placed. He said: Oh! that deputy from Pointe-Claire is always using
figures that are unrealistic. But everybody knows, when I said that last summer
that it is true, we are the only place in the Western world where there are
more telephones being removed than are being placed. That is the tax basis, Mme
President; that is why we are in financial trouble in this province. We are
killing the goose that lays the golden egg, by driving everything out of the
province in the name of what? Because, examine that picture, again. I wilt show
you an odd picture, in 1792: the language that was being used primarily in that
House was English, there is no question that the French language and culture is
strong in the province of Quebec, it is an evidence every day.
But what is wrong with the province of Quebec is a sick social and
political climate that is making people leave, that is intimidating people,
that is causing them to be concerned about tomorrow, and it is not only our
young people, it is our senior citizens, it is every citizen in the province of
Quebec.
Mme President, we could have produced expenditures to stop this tax, we
could have increased the tax basis to reduce the needs for this tax, we could
have used, instead, another area to seek this tax such as was recommended by my
colleague in the Liberal Party: perhaps, the tax on beer. No, Mme President. We
had to be concerned about a few people who might have avoided paying the sales
tax because they wear a small size. So, we have to get these people that wear
small size and force them to pay an 8% tax.
So, maybe 400 or 500 people in the whole of the city of Quebec can take
advantage of the fact that they do not have to pay 8% sales tax on their
clothing, so we get everybody in the province of Quebec, every child and they
can pay a sales tax. Incredible. As my colleague from Mégantic-Compton
said: To reestablish the fiscal arrangements. Incredible, Mme President.
Absolutely incredible. We have a tax on children's clothes. And we forget, on
the other side, those adults who may have taken advantage were equally replaced
by those children who were bigger in a size that was ineligible for tax.
No, Mme President, the minister of Finance did not consider the children
of the families in this province today, so many of which are now on welfare; so
many of which are now on unemployment insurance; so many of which will never
see that minimum wage, they do not have access to it because they do not have
jobs and have to make every dollar of their budget stretched as long as
possible. And, in one year, we see an expansion in the cost of clothing because
the protectionist policies of the federal government asked and sought for by
the provincial government to protect industries, so called soft industries in
the province.
So we see a raise in the cost of goods. We see a raise in the cost of
imported goods because of the devaluation of the Canadian dollar which is
directly associated with this sick political climate, the lack of investment
and it is causing us all to pay 10% more for the money that we are paying to
finance our debts and for all the imports that we have in this country. The
cost, Mr President, is incredible. Now there are many ways that we could have
avoided this tax. But we have not, because there has been an attitude of lack
of compassion, of inhumanity towards the people of this province who are our
future, the children and the young families who raise these children, raise
them in spite of all the handicaps that this government has imposed on them by
creating a climate that creates the unemployment; by creating a climate that
creates the loss of the tax basis; by creating a climate that creates this
uncertainty that has no investment potential whatsoever. Then, on top of that,
they hit them with an incredibly immoral tax. Mr President, I will close by
saving I hope that the sincerity in which I made these remarks will be accepted
by the minister of Finance. I agree with my colleague from NDG in saving that
perhaps the time has come to try and demonstrate that the government is just
filling the seat and making the quorum, but listening not only to the people
but "les élus du peuple". Those of us, in the Opposition, we have not
come here just to criticize but to positively give reason why such a tax should
not be imposed, why these people sould not be abused. I hope that he can
listen. Thank you.
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, aujourd'hui, en cette presque
veille de la Noël, veille des Fêtes, qui est
généralement reconnue comme une période d'échange
de cadeaux, le gouvernement, qui ne veut pas être laissé en
arrière, a décidé de profiter de cette circonstance pour
nous offrir sa forme de cadeau à lui, la forme de cadeau qui va
caractériser le présent gouvernement, une loi sur les taxes pour
le linge des enfants.
M. le Président, en cette période de l'année, il
arrive à plusieurs chefs de famille d'acheter du
linge pour les enfants, qu'on utilise comme cadeaux de Noël parce
qu'on n'a pas le moyen d'acheter autre chose. Donc, on achète des choses
qui sont utiles. C'est en cette période des Fêtes, en cette
période où on a l'habitude de dire: Paix sur terre aux hommes de
bonne volonté, que le gouvernement déclare la guerre aux familles
actuelles et aux familles futures, par le projet de loi no 61 qui fait suite au
discours du budget du 12 avril et qui abolit l'exemption de la taxe relative
aux vêtements et chaussures d'enfants.
Mme le Président... Excusez-moi, M. le Président. Cela
m'est déjà arrivé de dire M. le Président à
la dame qui était là avant vous. Je pense qu'il est normal que
nous exigions de ce gouvernement une position claire. Que ce gouvernement
prenne ses responsabilités, dans le sens qu'il ne peut pas
continuellement prétendre que les gestes inacceptables et je dirais
illégitimes qu'il pose sont dus au lourd héritage qu'il aurait
probablement, selon ses déclarations, reçu le 15 novembre
1976.
Si je prends la peine de citer ses déclarations, c'est
qu'à chaque fois que le Parti québécois est mal pris,
à chaque fois que le Parti québécois est obligé ou
se sent obligé d'augmenter les taxes ou de mal gouverner, il soutient
que c'est parce qu'il a reçu un lourd héritage. M. le
Président, vous qui êtes notaire, vous êtes très bien
placé pour savoir qu'on n'est jamais au bout du fusil quand on a un
héritage. On peut ou bien le prendre ou bien le refuser. Or, le lourd
héritage, qu'on arrête de nous casser les oreilles avec cela. S'il
n'en voulait pas, il n'avait qu'à le refuser. Au contraire, il ne l'a
pas refusé, il l'a demandé depuis 1968. Cela faisait exactement
huit ans qu'il réclamait l'héritage, puis cela lui a pris deux
ans après pour venir nous dire qu'il avait eu un lourd
héritage.
Je viens d'entendre derrière moi à ma gauche quelqu'un que
je n'oserai identifier qui dit qu'il est content de l'avoir. Si vous êtes
contents de l'avoir, arrêtez de vous en plaindre.
Une Voix: On ne se plaint pas.
M. Samson: Quand le Parti québécois a fait sa
campagne pour tenter d'amener des votes aux urnes pour prendre le pouvoir, on a
entendu parler de préjugés favorables aux travailleurs, à
la famille, de préjugés favorables à peu près
à tout le monde. Une fois qu'il eut pris le pouvoir, les
préjugés favorables d'avant l'élection se sont
transformés en préjugés défavorables aux
mêmes personnes.
Je pense que le budget de l'An I n'a pas été un meilleur
succès après les élections qu'avant les élections.
On a eu deux budgets de l'An I, un en 1973, qui s'est avéré
ridicule, et un budget de l'An I en 1977, qui est en train de s'avérer
ridicule. Ces gens s'améliorent en se dégradant.
Il est intéressant de voir jusqu'à quel point, le soir du
discours du budget, le ministre des Finances a déçu non seulement
ses adversaires politiques ce qui aurait été
normalmais ses amis, M. le Président. Le soir du discours du
budget, avant que l'embargo soit levé sur le budget, un animateur de
télévision, sur un poste de réseau...
Vous savez comme moi, M. le Président, que les animateurs de
télévision, qui s'adonnent aussi à être des membres
de la presse parlementaire, ne sont pas reconnus comme des propagandistes de
l'Opposition, mais, généralement, comme des propagandistes du
Parti québécois. Que ça plaise ou non, M. le
Président, je crois que la vérité a ses droits. Cela fait
assez longtemps qu'on s'en aperçoit, il faut le dire. Or, l'un de ces
animateurs amis le réseau Parizeau, on a déclaré
que c'était un réseau d'amis, le "spy network"; dans le "spy
network", ils ont des amis; disons que, dans le réseau d'amis, il y a
peut-être l'un de ces amis qui n'avait pas été averti
avant que l'embargo soit levé sur le discours du budget, a
déclaré ceci: "Etant donné divers commentaires en
provenance des autres provinces qui ont déjà fait
connaître, dans leur budget, leurs intentions de ne pas augmenter les
taxes, nous nous attendons à ce que, lors du discours du budget, ce
soir, il n'y ait pas de taxes nouvelles." C'est l'un des amis du PQ qui
déclarait ça, qu'il n'y aurait pas de taxes nouvelles, surtout
parce que, dans les autres provinces, il n'y en a pas eu, surtout parce que,
dans les autres provinces, on a considéré qu'on ne devait pas
lever de taxes nouvelles.
M. le Président, je pense qu'il est maintenant important de se
rappeler différentes déclarations de l'honorable ministre des
Finances du Québec qui, après ses récents voyages en
Europe, devrait peut-être changer de nom. On devrait peut-être
maintenant l'appeler le Chancelier de l'Echiquier. Selon un rapport, dans le
Droit du 7 avril 1977, Gilles Bernier disait ceci: "On se rappellera je
cite des passages; je ne vous lirai pas tout ce qu'il y a là, M. le
Président; ça va vous décourager de voir comment le Parti
québécois est en train de virer la province de Québec
à l'envers que le Parti québécois, lorsqu'il
était dans l'Opposition, a maintes fois réclamé que le
gouvernement indexe annuellement l'impôt sur le revenu au coût
réel de la vie." Cela a été écrit par lui, mais
connu et vécu par nous. Un peu plus loin: "M. Morinpas
"l'étapiste", l'autre, le ministre de l'Education d'aujourd'hui qui
était chef de l'Opposition dans le temps avait notamment
accusé le gouvernement d'avoir imposé la plus forte hausse de
taxe de l'histoire en allant, d'une part, chercher d'une façon indirecte
quelque $455 millions dans les poches des contribuables et, d'autre part, en
n'indexant pas les taxes d'impôt sur le revenu au coût de la vie".
M. Morin, chef de l'Opposition, disait cela.
Cette année, avec le présent budget, le présent
gouvernement a utilisé le même moyen, en utilisant la même
inflation, pour aller chercher la même taxe indirecte. M. Morin ne s'est
pas levé cette année; il est resté assis. Cela l'a
probablement figé, paralysé de voir que ce n'était pas
mieux quand eux étaient au pouvoir.
Et puis un peu plus loin, on y dit ceci: Evidemment seuls MM. Parizeau
et quelques proches collaborateurs savent de quoi il s'en retourne, parce
qu'alors, c'était quelques jours avant le budget, M. le
Président. Là ils disent ceci: M. Parizeau a déjà
déclaré, depuis l'élection du 15 no-
vembre, que les Québécois ne pouvaient pas se permettre de
payer plus de taxes qu'ils n'en payent actuellement.
M. le Président, il me semble que c'est clair. , il continue: M.
le ministre, s'il est fidèle aux positions et optiques formulées
antérieurement par le Parti québécois, ne pourra pas non
plus se rabattre sur les formes indirectes de taxation ainsi que l'avait fait
le Parti libéral, l'an dernier.
Il a fait exactement la même chose, M. le Président. On
pourrait continuer ainsi en parlant des déclarations de notre actuel
chancelier de l'échiquier qui a utilisé la même forme que
celle qui était reprochée au gouvernement précédent
par l'ancien chef de l'Opposition officielle.
Mais plus que cela, le PQ, pendant qu'il était dans l'Opposition,
reprochait des choses au gouvernement et il fait la même chose
aujourd'hui. De plus, il va chercher une nouvelle taxe en taxant les
vêtements et les chaussures des enfants. M. le Président, il y a
une chose que nos amis du Parti québécois n'ont pas comprise,
c'est que cette taxe, nonobstant l'indexation compensatoire des allocations
familiales du Québec, comme le ministre des Finances l'a
déclaré, cette taxe frappe durement toutes les familles du
Québec et encore plus durementj'aimerais que le ministre des
Finances écoute ce que je dis, s'il n'est pas ici, il est sûrement
capable de l'écouter sur l'un de ses perroquets qui traînent
partout dans le parlement et directement les assistés sociaux du
Québec. Le ministre des Finances devrait savoir que le barème de
l'aide sociale est basé sur un revenu global comprenant l'aide social et
les allocations familiales provinciales et fédérales.
Donc, M. le Président, quand on augmente, quand on taxe les
vêtements d'enfants et les chaussures d'enfants, même si on donne
une certaine compensation en allocations familiales, cette compensation ne vaut
rien pour les assistés sociaux, parce qu'elle vient affecter directement
le barème total de l'aide sociale. Donc, pour les assistés
sociaux, l'allocation familiale augmentée ne voulait rien dire, M. le
Président, parce que sur l'indexation des allocations sociales qui
viendra à partir du 1er janvier, on aura tenu compte justement de
l'augmentation des allocations familiales, de sorte que pour chaque dollar
d'augmentation familiale qu'on aura reçu de plus, cela va faire un
dollar de moins en allocations familiales toutes proportions gardées en
tenant compte de l'indexation de 7,8% qui sera donnée cet
année.
M. le Président, l'honorable chancelier de l'échiquier n'a
pas tenu cela en considération et c'est le rouleau compresseur sur les
familles les plus démunies du Québec, que le Parti
québécois est en train de passer présentement. Le rouleau
compresseur. Quand je pense qu'il y a tellement de gens de bonne volonté
au Québec, par exemple les clubs Optimiste qui se dévouent pour
l'aide à la jeunesse, qui se dévouent bénévolement,
qui recueillent de l'argent, qui payent de leur argent pour l'aide à la
jeunesse, voyez de quelle façon le gouvernement vient soutenir les clubs
Optimiste. Le gouvernement profite du fait que d'un côté les clubs
Optimiste du Québec viennent aider aux enfants et lui il va chercher la
différence, M. le Président. Le gouvernement va chercher dans la
poche droite ce que les clubs mettent dans la poche gauche de notre jeunesse du
Québec. C'est ce qu'il fait, notre gouvernement.
M. le Président, il devrait se rappeler ceci, notre bon et beau
gouvernement provincial, parce que c'est comme cela qu'on nous a
présenté ce gouvernement le 16 novembre au matin. Cela va
être un bon gouvernement provincial. Il devrait se rappeler ceci. C'est
un article qui paraissait dans le Journal de Montréal, le dimanche 9
mars 1975. Cela c'est quand notre bon gouvernement provincial n'était
pas encore au pouvoir, M. le Président. Voici ce qu'on nous dit: "25%
des ménages du Québec sont étranglés par leurs
dettes, révèle l'ACEF". Cela ne vous rappelle pas quelque chose
cela les "boys", l'ACEF. Vous avez un de vos ministres qui menait l'ACEF dans
ce temps-là. Le ministre d'Etat au développement social, si je me
rappelle bien. Dans ce temps, il disait des choses et aujourd'hui il est dans
un cabinet de ministres qui taxe ces pauvres qu'il défendait dans le
temps. Il n'ose même pas être là aujourd'hui pour se
défendre, pour parler contre cette taxe.
M. le Président, écoutez ce qu'on nous dit: "La famille
moyenne comprend 3,8 personnes 3,8 c'est peut-être dans les cas
où ils ne sont pas mariés dans 76% des cas, le chef de
famille occupe un emploi. Dans 25% des cas, le conjoint travaille
également". Cela veut dire que, parmi ces gens qui ont été
découverts par les ACEF comme étant des défavorisés
du système, 76% des chefs de famille sont au travail et 25% des femmes
sont au travail aussi.
Il continue en disant ceci. Remarquez bien cela, M. le Président.
"Cette famille dispose d'un revenu brut moyen de près de $7200 par
année. Elle est locataire dans une proportion de 57% et paie un loyer
mensuel de $95 en moyenne." Là cela continue, mais voici où cela
devient intéressant: "Environ 56,4% de ces familles ont des dettes
à la consommation. La dette moyenne enregistrée est de $1335".
Or, M. le Président, selon l'enquête, c'est dans la région
de Rouyn-Noranda qu'il y a le plus de gens endettés. C'est à
Montréal que la dette moyenne enregistrée est la plus
élevée. Et on continue plus loin en disant: "Les familles pauvres
s'endettent moins souvent et pour des montants moindres que les familles
riches. Toutefois, la pression de l'endettement sur le budget est plus
importante que sur celui des familles plus fortunées. Il y a un nombre
très inquiétant de familles pauvres et de catégories
intermédiaires qui doivent emprunter pour refinancer ou consolider les
dettes déjà existantes. L'accessibilité du crédit
est plus difficile aux pauvres qu'aux riches. Lorsqu'ils peuvent emprunter, ils
sont contraints à s'endetter à des taux plus élevés
et pour des périodes plus longues".
M. le Président, ce sont les ACEF, dont un honorable ministre
d'aujourd'hui était le grand dirigeant, qui avaient fait cette
découverte et qui l'avaient publiée dans ce temps. Aujourd'hui
on
voit le même ministre dans le cabinet des ministres qui accepte de
voir une taxe sur les vêtements des enfants. Une taxe
illégitime...
M. le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, je vous invite à terminer votre intervention.
Une Voix: II peut continuer.
M. Samson: II me reste combien de temps, M. le
Président?
M. le Vice-Président: Le temps est déjà
dépassé depuis une minute.
M. Grenier: Consentement. Des Voix: Non.
M. le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Mégantic-Compton. Je n'ai point interrompu M.
le député de Rouyn-Noranda. Je l'ai laissé dépasser
son temps de plus d'une minute.
Je voudrais bien, surtout en fin de session, qu'on s'en tienne à
ce temps qui est accordé en vertu de l'article 94.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement, M. le
Président.
M. Grenier: C'est votre décision, bien sûr, M. le
Président, mais il reste une chose: le député de
Rouyn-Noranda, qui est ici un chef de parti, touche le fond du problème.
Il est vrai qu'il n'y a pas un seul ministre en Chambre. La poignée de
députés péquistes qui se promènent dans les
allées en arrière pourrait peut-être se sensibiliser
tranquillement à cela, nous aider et nous appuyer tout à l'heure,
quand viendra le temps de voter à la fin de la journée.
J'aimerais qu'on ait le consentement. Je suis sûr que les
députés commencent à se sensibiliser. Je vois le
député de Saint-François qui a l'air prêt, et le
whip aussi à l'air prêt à nous appuyer.
Le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton, vous connaissez certainement l'article 94. Je suis
lié, en vertu de l'article 39, à faire respecter cet article. M.
le député de Rouyn-Noranda, je vous invite...
M. Samson: M. le Président, vous avez toute ma
collaboration. Je termine en soulignant que justement, à chaque fois que
cela fait mal au Parti québécois, à chaque fois qu'on leur
dit leurs quatre vérités, ils sont là pour m'arrêter
de parler. Ils sont là pour appliquer le règlement dans toute sa
rigueur. A chaque fois, ils ont refusé le consentement. Cela va leur
faire comprendre pourquoi je le leur ai refusé hier matin, et pourquoi
il peut arriver que je le refuse encore. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président: C'est moi qui vous remercie, M. le
député de Rouyn-Noranda. Mme le député de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant de commencer, je
voudrais, par votre entremise, demander à mes collègues de
l'Opposition officielle, de même qu'aux députés de l'Union
Nationale et au député du Parti créditiste, de ne pas
demander le quorum ni invoquer le règlement. J'irais même plus
loin, M. le Président, j'inviterais les gens d'en face à sortir
tout simplement et on ne fera pas appel au quorum.
D'abord, ils sont là parce que, apparemment, on les oblige
à venir au moins de temps en temps. Ils ne sont pas
intéressés, et j'ai nullement l'impression que je serai capable
de les convaincre de quoi que ce soit.
M. Alfred: Question de privilège.
M. Landry: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le ministre.
M. Landry: Je voudrais que le député sache que je
suis ici librement, pour remplir mon devoir parlementaire, et je n'admets pas,
M. le Président, que quiconque mette ce fait en doute.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, M. le Président, je
réitère mon invitation. S'ils veulent sortir, on ne fera pas
appel au quorum.
M. Alfred: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Papineau.
M. Alfred: J'invite Mme le député de L'Acadie
à ne pas faire de démagogie, et surtout à ne pas porter de
jugement de valeur sur le comportement des députés
ministériels.
M. Samson: M. le Président, question de privilège.
Je n'admettrai pas qu'un député en cette Chambre se lève
pour nous faire la leçon en étalant des billets de banque devant
lui comme s'il voulait nous acheter. Je n'accepterai pas cela.
Le Vice-Président: Mme le député de
L'Acadie, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le député
de Rouyn-Noranda, à l'ordre, s'il vous plaît! Comme on termine
à minuit, il y en a qui ont besoin d'une récréation. Si
vous permettez, Mme le député de L'Acadie, je suis d'accord pour
que le quorum ne soit pas invoqué. Pour ce qui est du reste, je ne puis
aller jusqu'au point où les règlements ne soient pas
observés.
Je l'ai dit à quelques reprises, c'est rare que la
présidence le fasse. Que chacun relise dans son coeur le
règlement 39, et l'on verra que le président doit intervenir
immédiatement.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Il reste que mon
intervention, ce soir, n'est pas pour
les députés du parti ministériel, je pense que
c'est peine perdue. Je pense que c'est vraiment pour la population que je
représente ici.
Si j'interviens sur le fond du débat, c'est que je crois
sincèrement que les personnes qui sont le plus touchées par ce
projet de loi, ce sont les femmes et les mères de famille qui,
quotidiennement, doivent subir les effets de cette taxe répressive que
le gouvernement leur impose depuis avril dernier. Il faut bien réaliser
qu'en dépit de tous les beaux discours que l'on fait sur
l'évolution de la condition féminine au Québec, sur la
nouvelle répartition des rôles à l'intérieur du
foyer, chez nous, au Québec et peut-être davantage dans les
familles à revenu modeste, ce sont encore les femmes qui sont aux prises
quotidiennement avec le problème de l'équilibre du budget
familial, lequel devient de plus en plus serré au fur et à mesure
qu'on le taxe davantage.
Sans doute, le ministre des Finances rétorque que cet argent est
distribué sous forme d'allocations familiales. On le sait bien, plus
personne n'est dupe de cette supercherie. Je me permettrai aussi de me
référer aux calculs du député d'Outremont qui, je
l'espère, auront une diffusion importante dans les journaux. Il estime
que toutes les familles d'un enfant dont les revenus annuels sont
supérieurs à $5000 sont perdantes. Ceci représente 330 000
familles ou 40% du nombre total des familles québécoises avec
enfants. Les familles de deux enfants perdent à partir d'un revenu
annuel supérieur à $7000. Ceci représente 291 000 familles
ou 35% de toutes les familles avec enfants. Les familles de trois enfants
perdent à partir d'un revenu annuel supérieur à $9000, et
ceci représente 108 000 familles ou 13% de toutes les familles avec
enfants.
Quant aux familles de quatre enfants, ce n'est qu'à partir d'un
revenu annuel supérieur à $15 000 qu'elles commencent à
perdre. Mais, comme les familles de quatre enfants et plus ne
représentent que 5,5% de toutes les familles avec enfants, il y a 24 000
familles qui perdent, soit 2% de toutes les familles avec enfants. Au total,
c'est donc 90% des familles avec enfants qui perdent au change. S'il n'y avait
que 10% de familles à revenus modestes au Québec, on pourrait
convenir que ces familles sont aidées, mais on sait fort bien que le
nombre de familles à revenus modestes est beaucoup supérieur
à 10%, et peut-être devrait-on dire: Y a-t-il 20% de familles au
Québec qui pourront subir cette hausse de taxe sans
inconvénients?
Mais ce n'est pas la première fois, M. le Président, qu'on
essaie de vendre, à partir d'opérations mathématiques
douteuses, des politiques qui vont à l'encontre des
intérêts de la population. On n'a qu'à se rappeler les
fameuses données démographiques de la peur, utilisées par
le ministre d'Etat au développement culturel, sur les migrations
interprovinciales pour justifier la fermeture des écoles anglaises aux
anglophones des autres provinces canadiennes. Qu'on se rappelle les fameux
comptes économiques, qu'on se rappelle les fameuses statistiques sur le
chômage! Mais, M. le Président, cette façon douteuse de
calculer et d'interpréter les données ou les répercussions
d'une mesure législative devient encore plus odieuse lorsqu'elle affecte
le bien-être des familles.
C'est pourquoi, aujourd'hui, j'aurais espéré qu'une femme
député du côté ministériel se serait
levée pour dénoncer une mesure aussi antifamiliale. J'ai vu
passer, comme une chatte blanche, deux fois, de gauche à droite, le
député des Iles-de-la-Madeleine. Pourtant, elle a
déjà fait la démonstration en cette Chambre et à
l'extérieur de cette Chambre qu'elle est capable de dire ce qu'elle
pense; elle a même osé se dissocier d'un membre du cabinet de son
gouvernement. Pourtant, elle qui habite les Iles-de-la-Madeleine où l'on
sait fort bien qu'il y a un grand nombre de familles à revenus modestes,
elle se cache, elle ne vient pas parler. Je pense que, si elle avait osé
le faire et elle ne manque pas d'audace, je peux lui rendre cet hommage
une grande partie de ses collègues lui en aurait su
gré.
Mais, au fait, que fait ce gouvernement depuis qu'il a pris le pouvoir
pour soutenir la famille ou pour développer des politiques familiales
mieux adaptées aux besoins des familles d'aujourd'hui? Peut-être
ce gouvernement croit-il que ceci peut se faire sans qu'il intervienne, puisque
le premier ministre nous a déjà annoncé que "curieusement,
depuis les élections du 15 novembre, il y a eu un petit
"bébé boum".
Cela voudrait dire tout à coup qu'on a cessé d'avoir peur
d'une certaine propagande. On a décidé de changer quelque chose
qui allait plus loin qu'au simple changement de gouvernement. Il y a eu chez
les Québécois, un petit regain de confiance pour fabriquer
quelques petits bébés."
M. le Président, quelle fumisterie! On sait qu'alors que le taux
de la natalité était à la hausse au Québec depuis
1973, selon les données statistiques les plus récentes, la
situation est exactement à l'inverse des avancés du premier
ministre depuis le 15 novembre. En fait, si l'on veut parler des enfants qui
sont nés, au troisième trimestre de l'année 1977 qui
seraient des enfants de la première couvée du gouvernement actuel
du Parti québécois, on constate que c'est le trimestre où
la natalité a le plus baissé depuis 1973.
Les données pour ce troisième trimestre sont
inférieures de 1,2 à ce qu'elles étaient aux mêmes
dates en 1976. C'est également depuis son arrivée au pouvoir du
gouvernement actuel que la courbe de natalité qui était redevenue
ascendante depuis 1973, 1974, a recommencé une courbe vers la baisse. Un
autre exemple de la sursimplification pour tenter d'accréditer les
thèses politiques du Parti québécois!
M. le Président, il n'y a pas de magie qui pourrait faire se
multiplier les enfants, qui pourrait relever les conditions économiques,
qui pourrait créer de l'emploi, qui pourrait augmenter les revenus des
citoyens surtout quand on prend soin de les taxer davantage.
Il n'y a pas devant nous un gouvernement qui croit vraiment au
renforcement de la famille, à son évolution positive. Comme il
n'y a pas dans cette
Chambre un gouvernement qui croit dans les faits, dans ses gestes
quotidiens à la promotion de la femme pas de celles qui
siègent à l'intérieur de cette Chambre mais de
celles qui sont exploitées sur le marché du travail, de celles
qui voudraient faire des choix véritables, de celles à qui la
société demande chaque jour de relever des défis plus
grands face à une éducation responsable de leurs enfants, sans
que l'on songe à augmenter les ressources que l'on met à leur
disposition.
La réponse de ce gouvernement à ces
réalités, M. le Président, c'est un projet de loi
antisocial comme celui que nous discutons présentement. Vous me
permettrez, par votre entremise, de faire miennes les paroles du rapport du
comité sociopo-litique du conseil d'administration des Organismes
familiaux associés du Québec, en date du 30 novembre dernier. Le
député de Lotbinière l'a déjà cité
abondamment. Je me mentionnerai que quelques points: "Un an déjà
que le Parti québécois est au pouvoir. Pour la famille et les
politiques familiales, qu'est-ce que cela a donné? On avance ou on
recule? Tout compte fait, ce fut un an de silence sur les politiques familiales
et la qualité de vie des familles. Nous continuons à ne pas avoir
de politique familiale au Québec et aucun signe d'une conscience
gouvernementale par rapport aux familles. Une exception à cette
règle, cependant, nous semble se manifester." Je comprends qu'on parle
avec prudence, ici du livre vert du ministre de l'Education. "Le plus important
et déplorable aspect de ce bilan An I après est encore la
philosophie qui sous-tend les mesures sociales. On développe une
conscience de consommateurs de services chez les chargés d'enfants. On
les incite à se départir de leurs responsabilités,
à ne pas développer leur potentiel et à devenir
dépendants du réseau des Affaires sociales."
M. le Président, la loi que le gouvernement acceptera dans
quelques heures vient confirmer ce diagnostic très négatif et
très sombre apporté, non par des politiciens, mais par les
Organismes familiaux associés du Québec.
D'ailleurs, ce diagnostic posé sur le gouvernement quant à
ses politiques familiales, quant à son manque de préoccupation
pour les familles, pour les enfants du Québec, il a été
confirmé par un grand nombre d'autres associations féminines, si
bien qu'on pouvait lire dans le Devoir, il y a quelques semaines, un article
intitulé: La colère des femmes du Québec monte contre le
gouvernement du Parti québécois. "Après un an d'espoir et
de déception, surtout, les femmes du Québec n'hésitent
plus à manifester tout haut leur impatience et leur
mécontentement à l'endroit du gouvernement Lévesque en qui
elles avaient mis toute leur confiance, espérant qu'enfin on tiendrait
compte de cette autre moitié de la population qui représente au
moins 50% des membres du Parti québécois." Le sondage de
Radio-Conada rendu public à l'émission Télé-Mag
illustre bien où en sont rendues les Québécoises dans
leurs réactions. Et à la question concernant les intentions de
votes exprimées, alors que 41% des hommes au- jourd'hui voteraient en
faveur du Parti québécois, ce pourcentage n'est que de 30% chez
les femmes, qui, pourtant, avant l'élection, avaient accordé leur
appui au Parti québécois croyant qu'il s'agissait là d'un
parti qui, une fois au gouvernement, se soucierait, non seulement de faire
évoluer la condition féminine mais qu'il se préoccuperait,
selon les intentions qu'il avait inscrites à son programme
électoral, de vraiment penser une politique familiale, moderne,
progressive et constructive."
Ce qu'il y a de plus inquiétant c'est quand le premier ministre,
mis en face de ce sondage, de ces données, hausse les épaules en
ayant l'air de dire et je cite encore le Devoir: "Qu'est-ce que je peux?
Tout ce qu'un gars peut dire, c'est qu'il faut faire son possible". Je vous
assure que c'est fort rassurant pour la population." Le message que les femmes
et les familles du Québec font entendre de plus en plus clairement
à ce gouvernement, c'est que le temps du charme et des belles paroles
est révolu. On ne peut plus maintenant se contenter de manifester une
volonté d'agir à travers l'élaboration d'une politique
d'ensemble à la condition féminine. Il est devenu urgent,
affirment ces groupes de femmes, de plus en plus nombreux, de poser des gestes
concrets, des gestes qui s'imposent, parce qu'ils ont déjà trop
longtemps tardé à venir."
Le premier geste concret que ce gouvernement pourrait poser, et il
arriverait peut-être la tête un peu plus haute au Conseil national
du PQ de la fin de semaine, serait de décréter, à partir
de minuit ce soir, que cette taxe sur les vêtements et chaussures
d'enfants est abolie, ou au moins annoncer son intention que cette taxe sera
abolie dans le prochain budget du gouvernement. Je comprends que l'argent
versé jusqu'à aujourd'hui est irrécupérable et on
ne peut pas faire marche arrière là-dessus. Il n'y a rien
cependant qui empêche le gouvernement, le ministre des Finances de
décréter ce soir que, désormais, cette taxe est
abolie.
Je voudrais, en terminant, dire au ministre des Finances que
peut-être il se flatte de pouvoir projeter dans les pages des journaux
financiers canadiens et américains l'image de l'administrateur financier
hors pair qui peut les rassurer sur l'option indépendantiste de ce
gouvernement. Pourtant, le ministre n'a pas été élu par la
population pour une telle fin, mais bien pour mettre de l'avant, dans un
contexte économique difficile, des politiques économiques qui
assureront le plus possible des conditions de vie décentes pour la
population qui l'a élu. Le moins qu'on puisse exiger du ministre des
Finances et de ce gouvernement, c'est qu'il ne mette pas de l'avant des mesures
qui vont contribuer à la détérioration des conditions de
vie d'une majorité des familles du Québec.
Je pense que le gouvernement a une responsabilité à cet
égard à laquelle il ne peut se soustraire. Le ministre des
Finances fait un fort mauvais calcul, de même que le gouvernement, s'il
pense qu'il sera réélu par les financiers américains. Il
sera réélu par la population du Québec et
il sera réélu par les familles qui, aujourd'hui,
éprouvent d'énormes difficultés, suite à ces taxes
régressives.
Sans discernement et pour des fins d'amour-propre, d'objectifs qui ne
sont pas les objectifs de la majorité de la population, on leur impose
des mesures qui détériorent leurs conditions de vie. Merci, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Je ne puis m'abstenir de participer au débat
en deuxième lecture de ce projet de loi no 61 qui a pour but l'abolition
de l'exemption relative aux vêtements et chaussures d'enfants. Cette
nouvelle taxe survient après l'imposition d'autres taxes depuis le 15
novembre 1976. Que fait ce gouvernement pour répondre aux aspirations
des Québécois qui ont cru en lui lors des dernières
élections? Durant la dernière campagne électorale, nulle
part avons-nous entendu le Parti québécois annoncer à
l'avance qu'il imposerait de telles taxes.
Je vous dis que vous faites fausse route et que vous aurez à
répondre aux Québécois et Québécoises d'une
telle taxation. Si j'interviens dans ce débat, c'est que je
représente tous les électeurs du comté de Saint-Hyacinthe,
et chacun de ces citoyens ne m'a fait part de sa satisfaction face à ce
projet de loi; par contre, plusieurs électrices de mon comté
m'ont fait part de leur désapprobation. Je dois donc informer ce
gouvernement qu'il fait encore une fois fausse route.
Notre système parlementaire empêche les
députés ministériels de se prononcer contre les projets de
loi présentés par le gouvernement. Je suis assuré que ce
projet de loi serait défait en cette Assemblée si les
députés qui forment la majorité dans cette Chambre avaient
le privilège de voter librement. Devant le mutisme presque complet des
membres du gouvernement, je suis à me demander combien de
députés ministériels se prononceraient contre ce projet de
loi et même, s'ils le pouvaient, combien demanderaient au ministre des
Finances de retirer tout simplement une si mauvaise loi.
Vous savez tous que cette nouvelle taxe est très mal
perçue par toute la population du Québec car elle affectera
surtout les jeunes ménages qui ont à faire face à
plusieurs problèmes financiers, tels que les paiements sur leur
propriété, sur les meubles et parfois sur leur automobile, etc.
Je ne veux pas ici redire toutes les implications financières qu'auront
à subir les parents qui ont des enfants, parce que le
député de Bellechasse l'a très bien fait dans son
magnifique exposé. Les charges familiales sont pourtant
déjà assez lourdes quand on pense aux multiples sacrifices que
doivent s'imposer les parents afin de boucler leur budget face au coût
fabuleux de l'alimentation et de tous les besoins particuliers des enfants. Je
dois qualifier ce geste de non-respect envers le fondement même de notre
société démocratique, soit la famille.
Hier soir, le député d'Abitibi-Ouest a eu le courage
d'exprimer son point de vue concernant ce projet de loi; je devrais
plutôt dire le point de vue du ministre des Finances. Le
député d'Abitibi-Ouest a mentionné qu'il avait
rencontré des citoyens de ce comté et qu'après
explications ils paraissaient satisfaits.
Si je pouvais poser une question au député
d'Abitibi-Ouest, je lui demanderais: Est-ce que les Québécois que
vous avez rencontrés étaient membres du Parti
québécois ou non? Vous savez tous qu'il est plus facile de
convaincre ses propres partisans que les autres citoyens.
Durant son exposé, ce brave député a
mentionné que ce n'était pas une nouvelle taxe, mais un
réaménagement fiscal. Je dois l'informer que je ne partage pas
son point de vue, car, pour moi, c'est une nouvelle taxe. M. le
Président, ce n'est pas un réaménagement ou une nouvelle
taxe qui ralliera tous les Québécois, mais un
réaménagement électoral qui accordera aux
Québécois l'occasion de se prononcer librement sur l'imposition
de toutes ces nouvelles taxes.
Si le ministre des Finances a un cadeau à offrir à la
population du Québec, qu'il retire tout simplement ce projet de loi, car
lui seul est responsable d'une pareille trouvaille. Je suis à me
demander si ce n'est pas de 1970 à 1973 qu'il a pu obtenir un tel
renseignement, soit d'imposer une pareille taxe. Je ne veux pas
énumérer une à une toutes les raisons pour lesquelles ce
projet de loi n'aurait jamais dû voir le jour, mais il n'est jamais trop
tard pour bien faire. Je demande donc, encore une fois, au ministre de retirer
son projet de loi. Ce serait le plus beau cadeau de Noël que le ministre
pourrait offrir aux Québécois et Québécoises.
Merci.
M. Saindon: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le député
d'Argenteuil.
M. Zoël Saindon
M. Saindon:... en avril dernier, le ministre des Finances a
dû s'expliquer devant le caucus de son parti concernant l'imposition
d'une taxe de 8% sur les vêtements d'enfants. Certains
députés ministériels n'ont pas caché leur
désappointement, voire leur désapprobation devant cette
imposition d'une taxe sur les vêtements d'enfants, jugeant qu'il
s'agissait là d'une mesure typiquement technocratique. Dans leur
comté, les députés avaient été en mesure de
prendre le pouls de la population et ils voulaient faire connaître au
ministre l'opposition de la population à cette mesure.
Il me semble, M. le Président, que le ministre aurait dû
réaliser qu'une telle taxe était injuste et ridicule. Injuste,
parce que l'on donne d'une main une augmentation des allocations familiales que
l'on retire de l'autre. Ridicule, parce que l'on prétend que des petits
hommes j'en connais une
couple en face qui ne doivent pas être heureux s'habillaient
avec du linge d'enfants. Je me demande ce qu'il y a de si odieux, pour des
adultes de petite taille, à porter des vêtements de grandeur
normale pour des enfants.
Je me demande aussi si la fraude fiscale qu'on prétend y
retrouver est si grande et si grave que cela, si grave qu'il faille mettre en
branle un processus assez dispendieux pour récupérer quoi? Je me
demande, M. le Président, si le ministre a une idée du montant de
ces évasions fiscales et de ces fraudes fiscales. Je suis convaincu que
non. Je crois qu'il n'en avait pas à ce moment-là et je crois
qu'il n'en a pas plus aujourd'hui.
M. le Président, ou bien le ministre avait besoin d'argent pour
boucler son budget, ou bien il n'en avait pas besoin. S'il avait besoin
d'argent, il ne lui restera pas grand-chose de cette taxe, puisqu'il dit qu'il
la remet en augmentation des allocations familiales, augmentation qui
d'ailleurs ne signifie pas grand-chose pour les familles. Dans ces conditions,
quelle est l'utilité de cette taxe. Je crois qu'il faut admettre qu'il
s'agit là d'une mesure administrative inutile et ridicule.
Il augmente les allocations familiales d'environ $1 par mois par enfant.
Si une mère de famille ne veut pas dépasser ce montant, elle ne
devra pas dépenser plus que $13 par mois pour habiller son enfant. M. le
Président, le ministre pourrait-il me dire si, dans le passé, il
a déjà pu habiller un enfant pour $13 par mois? Voilà la
fameuse augmentation de 27% des allocations familiales. Je dis que c'est tout
simplement un trompe-l'oeil pour les badauds, pour ceux qui n'y regardent pas
de près.
Certains de nos supernationalistes en face devraient plutôt
déplorer la dénatalité parmi les Canadiens
français, et dans ce cas, que font-ils pour contrer cette tendance dans
nos moeurs? Ont-ils quelque chose à l'esprit? Au contraire, ils
s'acharnent à taxer les vêtements d'enfants, à augmenter
les taxes de tous bords et tous côtés, même si la province
de Québec est la province la plus taxée au Canada.
M. le Président, il est clair que le ministre des Finances avait
besoin d'argent le printemps dernier pour boucler son budget. S'il en avait
besoin le printemps dernier, il doit en avoir drôlement besoin
aujourd'hui, six mois plus tard. Le ministre a besoin d'argent, et si vous me
le permettez, je vais lui dire où le prendre, et cela, sans
prélever de nouvelles taxes.
Pourquoi dans ces conditions ne récupérerait-il pas
l'argent, du moins ce qu'il en reste, les $82 818 600 prévus au
programme 7, à l'article Consultation psychosociale dans le budget que
nous avons étudié le printemps dernier? Au lieu de
dépenser ces $82 millions dans toutes sortes d'activités pour
s'autodétruire, il pourrait peut-être s'en servir pour construire
notre société. Il pourrait aussi récupérer les
quelque $25 millions que coûtent les CLSC, encore d'autres montants assez
substantiels qui sont dépensés pour les garderies SOS, et il y en
a bien d'autres.
Donc, M. le Président, au lieu d'encourager tout ce beau monde
marxiste et maoïste qui oeuvre dans ces organismes, à disloquer
notre société, à s'autodétruire, il pourrait
peut-être disposer de ces énormes sommes d'argent pour continuer
à construire notre société, pour continuer à
construire notre pays. Ces organismes sont encore, et je l'espère, au
stade expérimental, et si c'est le cas, c'est le temps plus que jamais
de mettre la clé dans la porte. Ce serait faire preuve de
réalisme et d'honnêteté que d'investir dans les secteurs
où les besoins sont pressants. Il faut quand même admettre qu'il
ne presse jamais de se détruire.
Mme le Président, qui va profiter de cette taxe de vente? Le
ministre peut-il nous le dire. On prétend que les familles disposant
d'un revenu inférieur à $7000 profiteront de cette mesure. Pour
autant que je suis concerné, je crois plutôt que personne ne
profitera de cette mesure. Même là, acceptons par bonne
volonté cette possibilité, si possibilité il y a, le fait
qu'en 1974 il n'y avait au Québec que 38 000 familles de deux enfants,
sur un total de 290 000 qui disposaient d'un tel revenu.
Ce nombre a diminué depuis. C'est donc dire qu'au maximum une
famille sur dix pourrait, en forçant, profiter de cette taxe. Ce n'est
pas beaucoup pour imposer une taxe comme celle-là.
Mme le Président, le ministre aurait fait preuve de sagesse et
surtout de bonne volonté s'il avait retenu et pris bonne note de la
demande des onze femmes, membres de la Ligue des femmes du Québec, qui
lui ont présenté une pétition de 3000 signatures demandant
le retrait du projet de cette taxe de 8% sur les vêtements et chaussures
d'enfants.
Bien sûr, il leur accorda, à ce moment, une entrevue d'une
heure, pour donner quoi? Il a tout simplement essayé, pendant cette
heure, d'expliquer à quoi rimait sa loi et, bien sûr, sans rien
leur promettre. Dans ce document, les onze femmes de la Ligue des femmes du
Québec disaient ceci: "Les femmes trouvent grossièrement
hypocrite une mesure si peu voilée pour retirer d'une main ce que le
gouvernement prétend accorder de l'autre. Elles jugent bureaucratiques
et inutilement arrogants les motifs de réaménagement
budgétaire invoqués par le ministre pour la justifier, sans
compter qu'elles s'estiment généralement perdantes dans leur
bilan quotidien, en particulier pour l'achat de vêtement de sport et
d'hiver pour les enfants. Elles estiment en outre qu'il s'agit là, en
fait, d'une déduction cachée des allocations familiales. Cette
mesure ne fera qu'agrandir l'écart entre familles à l'aise et
familles à faible revenu, qui devront payer la même taxe sur les
vêtements d'enfants".
Ces femmes estiment en outre qu'il s'agit d'une mesure
d'austérité, injuste envers les familles. Mme le
Président, cette mesure de taxation est répudiée par
l'ensemble de la population parce qu'elle est injuste. Le ministre devrait
être assez honnête, humain, juste pour accepter le
bien-fondé de l'opinion publique et retirer son projet de loi, d'autant
plus qu'il a tout l'argent dont il a be-
soin à d'autres postes de son budget, millions qui ne sont pas
employés d'une façon constructive.
S'il ne le fait, Mme le Président, je dis que c'est vraiment
malheureux et désastreux pour les contribuables québécois.
En terminant, Mme le Président, je dis au ministre que ce projet de loi
no 61 est une attaque basse contre la famille québécoise.
Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Shefford.
M. Richard Verreault
M. Verreault: Mme le Président, juste avant de commencer
mon boniment relativement au projet de loi no 61, j'aimerais que vous me
permettiez de faire certaines précisions relativement à mes dires
d'hier.
En premier lieu, relativement au cas du député de
Kamouraska-Témiscouata. Tout en blaguant j'admets et je dois
témoigner que le député de Kamouraska-Témiscouata,
je le considère comme un excellent copain et un excellent
collègue de travail j'avais mentionné que,
confidentiellement, il m'avait avoué des choses, alors que
c'était faux. J'ai rencontré les responsables du journal des
Débats pour au moins biffer deux petits mots qui n'avaient aucun rapport
avec le discours que je faisais, et où on retranchait "en confidence".
Je voudrais quand même m'excuser pour la blaque plate que j'ai faite
envers le député de Kamouraska-Témiscouata.
En second lieu, j'ai également abusé, hier, de la
gentilhommerie du député de Verchères. Dans les
circonstances, l'abus que j'en ai fait vous l'avouerez comme moi, Mme le
Président a rapporté des fruits parce que le
député de Verchères, aujourd'hui, est loin d'avoir l'air
d'un voyou comme l'aurait mentionné le député de
Mégantic-Compton.
Il a l'air d'un gentilhomme. Il ne lui reste que le port de la cravate
et, dans les circonstances, je vous prie de m'excuser auprès du
député de Verchères pour des mots qui ont
dépassé la pensée.
M. Charbonneau: Question de privilège, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Je voudrais simplement remercier le
député de Shefford et, en même temps, l'assurer que,
prochainement, j'aurai sans doute la possibilité de récidiver et
de revenir en Chambre, cette fois probablement avec une cravate mais sans
veston. Cela dépendra de l'humeur de la journée.
Mme le Vice-Président: M. le député, je ne
considère pas votre question comme une question de privilège,
veuillez en prendre note. M. le député de Shefford, sans doute,
vos collègues auront apprécié votre intervention. Je leur
ferai le message, même s'ils vous ont fort bien entendu, maintenant.
M. Verreault: Très bien, Mme le Président. De plus,
j'aimerais ajouter un dernier point avant de parler sur la motion en cours.
Dans les journaux de ce matin, entre autres dans le Journal de Québec,
on lisait l'en-tête suivante: "Taxe pour les vêtements des enfants:
on veut retarder la loi d'un an." Cet article venait de la Presse canadienne.
Mme le Président, je vous prierais d'inclure le temps que j'utilise dans
mon temps, si vous le désirez. Comme je le mentionnais, l'article venait
de la Presse canadienne. Je le cite: "L'Opposition poursuit une lutte de tous
les instants contre le projet de loi 61, une loi qui instaure une taxe de 8%
sur les vêtements d'enfants, rétroactivement au 13 avril dernier.
"A cet effet, les libéraux ont présenté, par la bouche du
député de Gatineau, M. Michel Gratton, une motion visant à
retarder d'un an l'étude du projet de loi. "Cette manoeuvre dilatoire
permet à chaque député de l'Opposition un deuxième
discours, c'est-à-dire une première intervention sur l'amendement
de M. Gratton et un deuxième sur le projet de loi lui-même. "Comme
lors de toutes manoeuvres d'obstruction systématique, le débat
donne lieu à des discours cocasses où chaque député
fait valoir ses talents d'improvisation." Le dernier paragraphe que je cite me
touche: "Ainsi, le député libéral de Shefford, M. Richard
Verreault, un célibataire, a révélé que c'est la
crainte de cette taxe sur les vêtements d'enfants qui l'incitait à
ne pas prendre épouse." Je ne m'étirerai pas sur le sujet mais je
veux simplement préciser, vous faire réaliser et constater, Mme
le Président, que le journaliste qui a écrit cet article est
encore plus ridicule que moi parce que j'ai été un des orateurs
sur la motion du député de Gatineau. J'ai relaté cette
chose, et c'est vrai. D'autres ont dit, lorsque je parlais des bottines de mes
enfants, que je n'étais pas marié. Je disais également que
si je ne l'étais pas, c'est parce qu'ici, au Québec, on est trop
taxé et que le salaire que je gagne ici, à l'Assemblée
nationale, ne me permet pas de me marier, avoir des enfants et acheter du linge
ou des bottines pour mes enfants.
De toute façon, je voudrais quand même mentionner que
plusieurs de mes collègues de l'Opposition officielle et de l'Opposition
en général ont fait de brillantes interventions, ont sorti le
maximum qu'ils avaient en eux pour essayer de convaincre les gens d'en face, le
ministre du Revenu, les ministres qui sont quelquefois présents, les
quelques visiteurs du gouvernement qui sont présents à
l'occasion. Malgré tout cela, on n'a donné aucun argument
très valable dans un article qui aurait pu être valable. Je tenais
quand même à faire cette précision.
Pour en revenir à la pertinence du débat, Mme le
Président, il est vrai que je regrette qu'hier, lors de la motion du
député de Gatineau, cette Assemblée ne se soit pas
prononcée favorablement sur cette motion. Il est évident que le
gouvernement qui improvise de jour en jour de cela, nous avons la preuve
depuis déjà maintenant treize mois aurait pu prendre tout
le temps nécessaire
à réviser son programme électoral, réviser
son programme politique et nous présenter vraiment des solutions
valables et aussi toutes sortes de programmes qui auraient aidé les
Québécois, en règle générale.
Ce gouvernement que nous avons actuellement, qui a été
malheureusement élu démocratiquement et qui représente
environ 40% d'une population qui, aujourd'hui, chère Mme le
Président, a un grand remords de cette décision ici, j'en
fais la remarque: Un X, parfois, c'est insignifiant, mais cela a des
répercussions très importantes sur l'avenir du Québec
ce gouvernement dis-je, aurait pu étudier beaucoup plus
intelligemment et envisager des solutions qui auraient permis aux
Québécois d'être mieux servis. Le député de
Johnson faisait allusion au ministre du Revenu; il le surnommait Jacques
Lataxe. Cette réputation, je crois, va lui rester pour plusieurs
années, du moins tant et aussi longtemps que ce ministre gardera ses
fonctions.
Nous avons, Mme le Président, pendant plusieurs heures
très épuisantes, essayé de faire comprendre à
l'Opposition que la loi 61, ainsi que d'autres, telles la loi 60 et la loi 63,
étaient des lois "taxeuses ", méchantes,
antidémocratiques. Si nous nous référons à la loi
61 qui taxe les vêtements et les souliers d'enfants, madame, je ne dirais
pas seulement que cette loi est antidémocratique, antisociale, anti ce
que vous voudrez; je dirais même, en ce qui me concerne, madame, qu'elle
est anticonceptionnelle. Lors de la motion du député de Gatineau,
je disais le ministre de l'Immigration était parfaitement
d'accord avec moi, d'ailleurs que les travailleurs sont largement
taxés et très taxés.
Ayant taxé en affaires pendant quelques années et
l'étant encore, j'ai pu constater, Mme le Président, qu'un
travailleur québécois doit travailler au moins une journée
par semaine pour l'Etat qu'on appelle la province de Québec. Depuis
1976, avec la venue du nouveau gouvernement et depuis simplement treize mois,
il est fort certain que les Québécois de la province de
Québec, faisant partie du Canada, auront à travailler deux jours
par semaine pour l'Etat. Au rythme où cela va, Mme le Président,
les Québécois, d'ici trois mois, auront à travailler
uniquement pour l'Etat. C'est là le non-sens.
Le gouvernement, avec son projet de loi 61, donne d'une main et retire
de l'autre. Dans les salons, dans les fumoirs, tant de l'Opposition que du
côté ministériel, nous avons eu la chance, durant ces
nombreuses heures, d'échanger nos commentaires sur les avantages et les
désavantages de cette loi 61. Beaucoup de divergences sur cela, madame,
c'est évident. Tout dépend de la place où on s'assoit. On
essaie de nous faire croire, madame, que les familles qui ont plus d'un enfant
vont faire plus d'argent avec les allocations familiales et qu'ils auront
très peu à payer lorsqu'ils auront à faire des achats de
lingerie ou de souliers pour enfants.
Madame, vous le savez, mon collègue de Westmount, hier, a fait un
plaidoyer extraordi- naire; à l'avantage et au mérite de tous les
membres de cette Assemblée, il a très bien défini le bon
et le mauvais dans une famille où l'on compte un enfant. Mais,
malheureusement, Mme le Président, mon collègue de Westmount
s'est limité à une famille de quatre enfants. Ce qu'il a omis de
dire, c'est que, dans une famille comptant plus de quatre enfants, s'il y en a
un cinquième ou un sixième, ce que ces enfants recevront, ce ne
sont pas des allocations ou des "payages" de taxe supplémentaires, mais
la fessée. En effet, quand vous serez rendus au quatrième, au
cinquième ou au sixième, cela coûtera tellement cher pour
les loger, les garder et leur donner une éducation que les parents
seront obligés de les punir.
Cependant, depuis 1976, le gouvernement s'étant fait élire
sous de fausses représentations, il est dommage que le ministre
responsable de la protection des consommateurs ne soit pas ici afin de prendre
action contre le gouvernement québécois, parce qu'on a vraiment
leurré cette population du Québec avec des promesses
électorales.
Aujourd'hui on essaie de les retrouver quelque part, et malheureusement,
malgré tous les efforts qu'on peut faire, c'est en vain.
Dans le programme du Parti québécois, dont plusieurs
collègues de l'Opposition en général ont fait allusion, on
y retrouvait que du crémage et des cerises sur le gâteau. Depuis
treize mois maintenant que le gouvernement PQ est au pouvoir, les seules
promesses qu'il nous fait c'est de nous taxer, taxer, retaxer et plus encore.
On nous a taxés sur les repas. Lors de cette présentation de
projet de loi en deuxième lecture, je vous faisais remarquer les
désavantages de cette taxe sur les repas; votre famille comme la mienne,
lorsque nous nous rendons chez MacDonald prendre des "Big Mac", vous savez
combien cela coûte maintenant. On nous a taxés sur la
publicité électronique. On va maintenant nous taxer sur les
vêtements et chaussures d'enfants. On nous a taxés sur les
enregistrements, les plaques d'immatriculation, sur tout, sur tout. Si on en
fait une conclusion, le parti dont vous êtes un des représentants
devrait s'appeler le parti taxable plutôt que le Parti
québécois.
Nous sommes tout de même très loin des promesses
électorales que le Parti québécois avait faites. Le
printemps dernier, le ministre des Affaires municipales présentait le
projet de loi no 31, loi qui donnait aux municipalités la
possibilité de prélever des taxes sur les immatriculations. Cette
loi après avoir été contestée par les membres de
l'Opposition est maintenant dans le treizième tiroir. Le problème
propre à ce projet de loi retiré est que cette solution aux
municipalités n'ait pas été compensée par une
solution plus valable.
Le gouvernement du Parti québécois avait promis d'injecter
dans les municipalités la somme de $200 millions afin de pouvoir aider
les municipalités à se sortir des problèmes fiscaux
qu'elles ont actuellement. Nous approchons de la fin de l'année fiscale
gouvernementale et le ministre du Revenu et des Finances, le ministre des
Affaires municipales n'ont encore rien proposé à cette
Assemblée, afin d'aider également ces municipalités.
N'aidant pas ces municipalités, là encore, la population
du Québec étant déjà taxée directement par
le gouvernement du Québec, étant taxée directement par les
gouvernements municipal et scolaire, il est absurde de considérer que la
population du Québec est capable encore d'absorber d'autres
augmentations de taxes.
C'est pourquoi l'Opposition s'est mise d'accord afin de mettre toutes
ses possibilités à faire comprendre au ministre du Revenu, un
homme inébranlable parfois, le pourquoi de nos revendications. J'ai
plutôt l'impression que, malgré tous les efforts surhumains que
nous avons mis, le ministre n'a pas du tout l'intention d'écouter les
sages conseils que nous lui donnons. C'est malheureux, parce que ce
gouvernement aura à subir les effets néfastes de ces
augmentations de taxes. Là encore, c'est le Québéoois
moyen, le petit Québécois qui en sera touché.
Le projet de loi no 61 qui vise toujours les vêtements des enfants
ainsi que les chaussures, nombre de mes collègues de l'Opposition
officielle vous en ont fait remarquer les côtés néfastes.
Nous vous avons parlé des problèmes des commerçants qui
sont situés aux frontières, soit de provinces voisines ou des
Etats américains. Ils vous ont fait remarquer les problèmes qui
existent proportionnellement aux allocations reçues et les taxes qu'ils
auront à payer. Ils vous ont fait remarquer également de nombreux
facteurs très importants et le temps dont nous avons disposer sur le
projet de loi...
Madame, M. le député de Kamouraska-Témiscouata me
fait des grimaces. Demandez donc au député d'arrêter.
M. Marchand: II ne fait pas de grimaces, c'est sa figure
naturelleé
Mme le Vice-Président: M. le député, au
risque de vous faire perdre le fil de votre pensée, c'est probablement
par inadvertance que souvent vous m'appelez madame et non pas par le titre de
la fonction que j'occupe actuellement. J'aimerais que vous me réserviez,
à moi, le même sort qu'aux autres qui sont à la
présidence, alternativement.
Quant au député de Kamouraska-Témiscouata, il n'est
pas en Chambre actuellement et je n'ai aucun contrôle sur un
député quand il n'est pas en Chambre.
M. Verreault: Merci, Mme le Président, je me
réserve tout entier à vous; cependant, je n'en dirais pas autant
du ministre du Revenu et des Finances! Avant de continuer, puis-je savoir
combien il me reste de temps?
Une Voix: Douze minutes.
M. Verreault: Encore douze minutes, Mme le Président?
Une Voix: Neuf minutes.
Mme le Vice-Président: M. le député, vous me
demandez de combien de temps vous disposez encore, c'est deux minutes.
Des Voix: Hé!
M. Verreault: Que le temps passe vite avec ce gouvernement, et en
votre compagnie surtout, Mme le Président.
Tout à l'heure, je conversais avec le député de
Papineau, notre ami d'en face, et il me disait tout bonnement: Nous sommes six
millions au Québec, il faut se parler! Il était assis entre le
député de Gatineau et moi-même.
M. Alfred: Mme le Président, question de
privilège.
Mme le Vice-Président: Question de privilège. Je ne
vois pas...
M. Alfred: Je me demande pourquoi les députés de
l'Opposition citent si abandonnement le député de Papineau et
encore du député de Papineau. Je veux leur dire que j'ai mon
voyage!
M. Verreault: Le député de Papineau voit noir,
aujourd'hui!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Papineau je le dis aussi vous avez passé votre message,
que je ne considère pas tout à fait comme une question de
privilège, mais je vous ferai remarquer que vous empiétez un peu
sur le sens des propos du député de Shefford.
Vous allez devoir conclure, M. le député.
M. Verreault: J'espère au moins finir ce que j'avais
commencé. Quand je cite le député de Papineau, j'aimerais
bien pouvoir continuer. Je vous disais que le député de Papineau
nous disait tout à l'heure: Nous sommes six millions, il faut se parler!
Je suis parfaitement d'accord avec cela, mais ce que je n'avais pas pu dire au
député de Papineau, c'est qu'avec son gouvernement nous sommes
six millions et il va falloir payer! Tout à l'heure, le
député de Papineau soulevait une question de privilège;
qu'il soit heureux que je cite son nom parce qu'on ne l'entend pas souvent dans
cette Chambre! Je crois, Mme le Président, que vous êtes
parfaitement d'accord avec moi. Mais vous me limitez à une conclusion
alors que j'avais tellement de choses à dire, je ne sais plus où
je suis rendu! On m'a distrait et je devrais avoir au moins cinq minutes
supplémentaires parce qu'on va suspendre nos travaux à 18
heures.
Mme le Vice-Président: Concluez, M. le
député.
M. Verreault: Je reviens à la pertinence du débat.
Je vais conclure tout en étant très respectueux du
règlement et de vous-même en vous suppliant, Mme le
Président, de m'aider, de me donner un coup de main. J'ai essayé,
à maintes reprises, de faire comprendre au ministre du Re-
venu, qui est en face de nous, que son projet de loi no 61, de
même que les projets nos 60, 63 et de nombreux autres projets de loi ne
sont pas bons. Je vous supplie, Mme le Président, d'essayer de
convaincre le ministre du Revenu de retirer ces projets-là, cela n'a pas
de bon sens. Ce sont les petits enfants du Québec seulement 30
secondes, Mme le Président qui vont en souffrir, ce sont les
petits salariés et les Québécois qui vont en souffrir.
Mme le Président, si vous voulez nous allons nous consulter tout
à l'heure. Sur ce je vous supplie de demander au ministre de retirer son
projet de loi. Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale
et député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Je voudrais, Mme le Président, vous faire
remarquer que je parle au nom du parti de l'Union Nationale. Comme je parle au
nom du parti, j'ai droit à une heure puisque mon chef a parlé
vingt minutes. Il est réglementaire qu'il y ait un membre de notre parti
qui puisse se prévaloir de l'heure accordée aux partis de
l'Opposition en vertu de notre règlement.
Mme le Président, je ne peux résister à l'attrait
tout particulier que me fournit le ministre des Finances de prendre la parole
sur le bill 61. J'aurai, au cours de mon intervention, certains points qui lui
rappelleront un passé pas si lointain. Mais comme je suis sur le
principe même et que je veux y rester, donner l'exemple et ne pas vous
importuner avec des questions de règlement, je voudrais vous dire ce
qu'on dit sur le principe du bill: "Ce projet de loi donne suite aux discours
sur le budget du 12 avril 1977 qui proposait, d'une part, une exemption de taxe
sur la moitié du prix d'achat d'une maison mobile résidentielle
neuve et une exemption de taxe sur la totalité du prix d'achat d'une
maison mobile résidentielle usagée et, d'autre part, l'abolition
de l'exemption relative aux vêtements et chaussures d'enfants".
Cela est le principe. Mme le Président, est-ce qu'il faudrait
vous dire que le ministre responsable a passé les trois quarts du temps
en dehors de la Chambre? Est-ce que c'est parlementaire cela, Mme le
Président, oui ou non? Le ministre des Finances, qui s'apprête
à passer le couperet sur une législation qui fait mal à la
population, va aujourd'hui se ficher par arrogance de longs discours
peut-être ennuyants. Il nous traitera peut-être de perroquets, nous
accusera de répéter les mêmes choses et, avec son arrogance
habituelle, il s'en ira de la Chambre et n'écoutera peut-être
jamais ce qu'on aura dit.
Est-ce que vous trouvez cela parlementaire pour un homme comme lui, qui
a été dans la politique active depuis des années et qui a
prêché le parlementarisme intégral, lui qui, par ses
anciennes fonctions, devrait être un homme extraordinaire comme
parlementaire et qui va porter cette étiquette malheureuse de Parizeau
Lataxe? M. le Président, je vous demande si véritablement il a
honte aujourd'hui, comme tous ses collègues de la Chambre, de ne pouvoir
respecter cette publication merveilleuse pour eux, mais combien
dédaignée aujourd'hui d'un parti qui, fort au pouvoir, se fiche
de la population, l'envoie paître en lui disant: On n'a plus d'affaires
à vous autres, mais par exemple on publiera deux gros volumes pour
montrer l'intérêt qu'on porte à la population.
Avez-vous vu pareille hypocrisie? On veut vous dire, chers amis, que
nous vous visitons; on veut vous répéter, chers amis, que nous
portons de l'intérêt aux familles. Nous voulons vous dire que nous
sommes allés au Lac-Saint-Jean, dans les Cantons de l'Est, à
Québec, un peu partout, pour vous dire combien nous sommes
attachés à vous, chers électeurs et électrices de
la province de Québec. Quelle hypocrisie et quelles dépenses
extraordinaires! Volume 1, volume 2, une épaisseur qui montre un peu
l'épaisseur de jugement qu'ont ces gens-là.
Mme le Président, combien cela a-t-il coûté?
Celui-ci, sur la visite du premier ministre René Lé-vesque en
France, combien a-t-il coûté au "P. Quiou", combien a-t-il
coûté à la province. Aujourd'hui, on vient nous dire: II
faut se serrer la ceinture. Il doit avoir un programme extraordinaire de
"ménagement". Il faut couper partout. Avez-vous coupé quand il
s'est agi du parti? Avez-vous coupé, vous le ministre des Finances en
particulier? Avez-vous pris connaissance de cette erreur monumentale,
antiparlementaire? Jamais, M. le Président, il n'a voulu dire un mot sur
ces dépenses extraordinaires. Ils ont parlé de Paragon. Ils ont
parlé des scandales libéraux qui étaient bien moindres que
ce que va nous imposer aujourd'hui le régime "P. Quiou". M. le
Président, par cette arrogance et par cette abstention au
débat...
M. Duhaime: Ô vieillesse ennemie, n'ai-je tant vécu
que pour voir tant d'infamie! C'est épouvantable.
M. Bellemare: ... le ministre des Finances prouve combien...
Est-ce que vous voulez que j'interrompe...
M. Marchand: L'arrogant, l'assiette!
M. Charbonneau: Arrêtez-donc de japper, vous en
arrière!
M. Bellemare: Je suis sûr que le député de
Papineau voudrait parler en faveur de la loi. Qu'il me laisse la paix. Mme le
Président, je prétends que, dans l'Opposition, tous ceux qui ont
eu le courage de dire au gouvernement des vérités ont bien rempli
leur mandat. Ils n'ont pas besoin d'écrire des volumes comme
ceux-là pour dire qu'ils ont fait leur devoir. Mais eux, par exemple,
avaient promis et repromis dans leur fameux programme. Ils avaient
énuméré leurs objectifs principaux. Cela devait être
sous l'inspiration de ce grand planificateur, de cet homme qui est dans les
nuages à l'année, que j'ai connu à planifier pen-
dant des jours et des jours quand j'étais ministre. Il ne m'a
jamais impressionné moi. Surtout quand il est allé au PQ, j'ai
dit: Quel bon débarras!
Voilà une raison pour laquelle le PQ va être battu à
la prochaine élection. Vous en serez un des principaux responsables. On
avait demandé un jour à M. Johnson: Pourquoi ne
présenterait-on pas M. Parizeau comme député? Il a dit:
Non, jamais, on n'a pas envie de faire baisser notre popularité.
M. Charbonneau: Question de privilège.
Mme te Vice-Président: Question de privilège, M. le
député de Johnson, un moment.
M. Charbonneau: C'est une question de privilège qui
pourrait également être une demande de directive, Mme le
Président. Jusqu'où, dans cette Assemblée, est-il
parlementaire de continuellement porter des attaques non pas sur les
idées et les actions des hommes politiques, mais sur la
personnalité des individus en question?
M. Bellemare: Mme le Président, le
député...
M. Charbonneau: Mme le Président, je voudrais avoir une
directive et non pas une recommandation du député de Johnson. Je
pense que c'est vous qui avez la présidence.
M. Bellemare: Mme le Président, le député
qui m'interrompt pourrait relire certains articles qu'il a écrits.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Johnson, je vous ferai remarquer que votre
intervention par rapport à celle de M. le député de
Verchères n'est pas enregistrée au journal des Débats
puisque j'étais déjà debout.
M. le député de Verchères me demande une directive
qu'il a formulée sous forme de question de privilège. Il aurait
pu aussi soulever une question de règlement. Comme vous avez pris la
peine, au début, de parler du principe du projet de loi et même de
le lire, je vous demanderais qu'il m'appa-raisse évident que vous
êtes pertinent au débat. Je suis certaine que vous pouvez faire
des interventions qui n'apparaissent pas tout de suite pertinentes au
débat, parce que vous amenez quelque chose d'autre. Vous avez
suffisamment d'expérience dans cette Assemblée pour tenir compte
de cette remarque.
M. Charbonneau: Mme le Président, simplement pour ajouter,
sur la même question de règlement.
M. Bellemare: Mme le Président, vous avez rendu votre
décision.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Verchères s'il vous plaît, j'ai quand même répondu,
à moins qu'il n'en manque une partie. Si vous aviez posé deux
questions, auxquelles je ne réponde pas tout à fait, je vous
demanderais quand même de respecter le temps de parole de M. le
député de Johnson. Je lui demande d'être attentif. Je pense
que l'on pourrait terminer là le débat. Je vous demande votre
collaboration.
M. Bellemare: Mme le Président, je n'ai pas besoin de vous
dire combien j'apprécie vos directives, combien je trouve que plus vous
allez, plus vous aimez cela. Je dois vous dire, Mme le Président, que
vous êtes d'une sagesse qui me surprend et qui surprend
énormément de personnes. Si j'élève le ton, c'est
par indignation, mais ce n'est pas contre vous. C'est contre le parti
"P.Quiou". Cela, j'ai le droit de vous le dire. Si vous n'acceptez pas les
hommages, au moins...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, je vous sais gré de votre intervention qui me fait plaisir
d'ailleurs; mais je suis tenue, c'est le règlement qui me force de vous
rappeler à la pertinence du débat.
M. Bellemare: Si votre plumage vaut votre hommage... Mme le
Président, première considération. Pour cet honorable
parti "P.Quiou" et particulièrement pour le ministre de la
fiscalité, quelle était leur intention, leur mobile d'action
avant la prise du pouvoir? Nous parlons d'un principe qui est bien
évident, soit celui d'imposer une taxe. Cela n'a jamais
été dit au peuple, pas plus que cela a été
écrit dans ses volumes qui ont coûté une fortune. Mais
qu'est-ce qu'ils ont dit? Comment se sont-ils pris et qu'est-ce qu'ils ont
demandé à la population? Sur quels mobiles se sont-ils
basés pour se faire élire?
Ecoutez cela: L'économie du Québec n'est pas vraiment
sous-développée mais elle fonctionne mal parce qu'elle est
vieillie, parce qu'elle est mal équilibrée et divorcée
de qui? de la société québécoise. Les
signes en sont la pauvreté...
Est-ce qu'un projet de loi comme cela, Mme le Président, va
améliorer l'économie de la province au point de vue de la
pauvreté?
Une Voix: Non.
M. Bellemare: Je vais vous le donner, tout à l'heure, dans
des statistiques officielles. Les signes en sont la pauvreté.
Deuxièmement, le chômage. Cela est dans les objectifs
généraux de la fiscalité. Le chômage; peut-on dire
qu'aujourd'hui il y a moins de chômage parce que le "P.Quiou" est au
pouvoir? Non, on va dire: Cela dépend d'Ottawa, cela dépend de la
situation économique nord-américaine, cela dépend de
toutes sortes de choses, cela ne dépend pas d'eux, non, imaginez-vous
donc!
Dans la rue ou dans les endroits privés, que nous disent à
l'oreille certains membres du "P.Quiou"? Moi, je le sais, j'en ai eu des
confessions de certains "P.Quiou".
Je continue: Une croissance insuffisante! Je vais dire comme le
député qui m'a précédé, mon
voisin de comté, cela va être une politique antifamiliale
et antiprocréation, mais c'est une croissance insuffisante. Je crois
bien que ce n'est pas la première et la dernière taxe qui nous
arrive; c'en est une taxe mais elle est mal placée. Une taxe sur les
chaussures et sur l'habillement des petits, on n'a jamais vu, dans la province
de Québec, aussi pire!
Je continue: On a voulu, en 1945, nous, de l'Union Nationale, adopter
une taxe, qu'on a appelée la taxe de luxe, qui nous avait
été recommandée, nous aussi, par certains fonctionnaires.
C'était une taxe de 6% sur les objets de luxe pour imposer plutôt
ceux qui en avaient plus que ceux qui en avaient moins. Et savez-vous ce qui
est arrivé? On a été battu par le Conseil
législatif du temps et la taxe est tombée à rien. Mais on
a quand même administré la province et l'insuffisance que dit ici
le "P.Quiou" n'a pas été guérie depuis qu'il est
là.
Des disparités grandissantes de revenus, un gaspillage de
ressources dans la production des biens inutiles. Aie! Mme le Président,
l'avez-vous vu, cela? Le ministre des Finances s'en est-il rendu compte?
Payés avec l'argent des contribuables, mais on va aller chercher la taxe
des petits tout à l'heure, les chaussures, les habits.
Et je continue: Les biens inutiles et, enfin, l'absence de
Québécois des centres de décision. On en a des
Québécois aux centres des décisions ministérielles,
aujourd'hui. Et qu'est-ce qu'on retrouve? Une mauvaise administration
fantastique. On n'a jamais assisté, dans aucun gouvernement, depuis 33
ans que je siège, à un pareil spectacle. Où sont les
compétences? Où sont ceux qui vont se lever, en s'opposant, qui
vont réclamer justice en faveur des petits? Où sont-ils? Qu'ils
se lèvent! Il n'y en aura pas un, mais vous allez les voir retourner
chez eux en disant: Vous savez, on était obligé de taxer parce
qu'il y avait des dépenses qu'on n'avait pas prévues.
Voyez-vous cela, Mme le Président, ces hommes qui sont
élus avec un programme, un objectif bien choisi et qui, une fois au
pouvoir, se fichent de la population! Ils prennent la peine de retourner dans
les comtés pour dire: Vous savez, c'est la première année.
Oui, le budget de l'An I. On sait ce que cela a donné. On l'a eu, le
budget l'An I avec des taxes et des surtaxes. Voulez-vous savoir? Le ministre a
déposé en Chambre, lors de son discours en deuxième
lecture, des documents qui portent le no 512, le 13 décembre. Ce sont
des avis donnés à M. André Gauvin, sous-ministre du
Revenu, le 14 juin 1977.
Donc, ils étaient au pouvoir. Pourquoi les deux
économistes qui ont répondu aux questions que posait M.
Quenneville, il y a M. Alain Dom-pierre, sous-ministre adjoint, directeur
général de la planification de la recherche et du
développement. Ils ont donné des chiffres, Je voudrais, Mme le
Président, m'y attarder quelques instants, sans vouloir aller dans tous
les détails. Les lettres sont très intéressantes à
lire et sont une source d'informations qui ne viennent pas du "P.Qiou", mais
qui viennent d'autorités qui, au point de vue de la comptabilité,
ont exercé une certaine expérience dans le monde des
affaires.
On disait ici, à la page 2 de ce document: Notre étude
confirme le chiffre du ministère des Finances qui concluait que cette
taxe rapporterait $32 millions puisque si nous donnons des accroissements de
10% aux ventes des vêtements comme tels de la catégorie C, D, J,
S, et 30% aux couches en papier, en tenant compte que la taxe ne s'applique pas
depuis le 13 avril, nous arriverons à un revenu total de $31 665 000.
Allons voir plus loin. Qu'est-ce qu'on retrouve chez ces experts qui ont voulu
faire une étude très sérieuse, le 14 juin 1977? Donc, le
ministre est bien au courant de ces chiffres.
Tableau: Taxe sur les vêtements et les chaussures d'enfants. Ce
tableau a été déposé par le ministre
lui-même. Qu'est-ce qu'on y retrouve? On y retrouve, pour les
vêtements d'enfants, $85 060 200 et comme proportion pour les enfants,
94%. Vente aux enfants: $79 956 588.
Pour les chaussures, chiffre d'affaires, $207 861 867; ventes
taxées $155 896 420; la proportion pour les enfants, 24%, $49 886 848.
Vous avez un total d'au-delà de $130 millions que cela va rapporter au
trésor maintenant. Le ministre pourra dire dans sa réponse: Ce
n'est pas exact. On a vérifié cela depuis le 14 juin et ce n'est
pas cela qui va rentrer. Il va rentrer à peu près $28 millions,
peut-être $27 millions, mais je dois dire que ce sont des chiffres qui
sont pas mal justes.
Allons voir un peu plus loin dans la réponse que nous a
donnée par écrit le ministre des Finances. Taxe sur les
vêtements et chaussures d'enfants pour 1977 et 1978, donc une projection
pour l'année financière que nous sommes à passer. Montant
de taxes à percevoir pour 1976/77, $28 943 768. Il y a un
astérisque à cela. C'est écrit en bas: "Ces montants
indiquent les sommes que le ministère du Revenu aurait perçues si
la taxe sur les vêtements d'enfants avait été
appliquée en 1976/77." Vous l'avez, l'échantillonnage, parce que
le ministre nous l'a déposé officiellement et que ces chiffres
répondent véritablement à la réalité. On va
aller chercher chez le petit au-delà de $100 millions de plus en taxes.
Quand un gouvernement avait imposé une taxe de $0.01 sur le tabac, sur
certains autres articles, on trouvait cela épouvantable. Le ministre dit
que ce n'est pas vrai. Il lira les articles qu'il a déposés.
M. Parizeau: Voyons!
M. Bellemare: II va bien plus sortir de la Chambre... J'ai une
heure, Mme le Président. Il est six heures. Je regrette, parce que
j'aurais été dans mon meilleur, je tirais mes conclusions.
L'avez-vous vu sortir, le ministre? Je demande la suspension du
débat.
Mme le Vice-Président: Cette Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 12
Mme le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et
messieurs!
M. le leader du gouvernement, vous aviez un avis, n'est-ce pas?
M. Burns: Oui, Mme le Président, si vous me le permettez,
j'aurais un avis.
Je tiens à donner avis à l'Assemblée nationale
qu'il y aura, dans la minute qui vient, la sanction d'un certain nombre de
projets de loi chez Son Excellence le lieutenant-gouverneur et, comme à
l'accoutumée, j'invite un représentant de la présidence,
un représentant de l'Opposition officielle et un représentant de
l'Union Nationale à nous accompagner à la sanction de ces projets
de loi. Ce n'est pas par manque d'intérêt pour le débat qui
se déroule actuellement que je devrai quitter immédiatement,
c'est justement parce que je m'en vais à cette sanction de projets de
loi.
M. Bellemare: Bon voyage!
Mme le Vice-Président: Reprise du débat sur la
motion de deuxième lecture du projet de loi no 61. M. le leader de
l'Union Nationale, vous disposez encore, après vérification
auprès de M. le secrétaire adjoint de l'Assemblée, de 35
minutes sur le temps qui vous est alloué.
M. Bellemare: Merci, Mme le Président.
J'ai dit, à la surprise générale, que c'est une
taxe qui imposerait $100 millions de plus à la population. Je ne me suis
pas trompéj'ai relu les galées pendant l'heure du diner
mais je n'ai pas été au bout du fil. Pendant trois ans,
à $32 millions par année, cela fera $96 millions que le parti "P.
Quiou" va percevoir envers et contre tous, malgré ces
déclarations extraordinaires que faisait ce parti alors qu'il formait
l'Opposition. Je vous le cite, Mme le Président, pour votre
édification. Vous n'avez pas eu l'occasion d'entendre, comme certains en
cette Chambre, dont l'honorable député de Beauce, l'honorable
député de Rouyn-Noranda et d'autres qui étaient ici, les
déclarations extraordinaires faites par ces gens de l'Opposition.
Je retrouve, dans la Presse du 13 mai 1976 je pourrais vous en
citer plusieurs autres, j'en ai d'ailleurs toute une pile ici sur les questions
des taxes quand le "P. Quiou" formait l'Opposition un article sur ce
sujet: Garneau, taxeur!
Budget de hausse de taxes de $216 par tête, dit le chef du "P.
Quiou". Pas n'importe qui, pas l'ancien chef parlementaire du "P. Quiou", M.
Morin, mais le chef lui-même, M. René Hamel, qui était
un...
Une Voix: René Lévesque.
M. Bellemare: Ah! mon Dieu seigneur, René Hamel, il ne
doit pas m'aimer lui non plus! René Lévesque, Mme le
Président, qu'est-ce qu'il disait? Relisons cela ensemble
posément pour l'édifica- tion de ces jeunes prosélytes qui
ont été des gens bien pensants, qui se sont fait élire
dans des comtés, en disant: Nous, nous sommes contre les taxes. Nous
voulons les abolir, ces maudites taxes sur le pauvre. Allons donc voir ce que
la Presse rapportait le 13 mai 1976, du chef lui-même du "P. Quiou".
L'ensemble des taxes nouvelles contenues dans le budget présenté
mardi à l'Assemblée nationale par le ministre des Finances.
Raymond Garneau, représente une hausse réelle de $216 par
contribuable par année, soit une hausse record de tous les temps
modernes, si l'on en croit le chef du "P. Quiou", M. René
Lévesque. Je ne peux pas inventer cela, mais je l'avais entendu de mes
propres oreilles et je l'avais bien noté; la preuve c'est que je l'ai
gardé.
Puis regardez, Mme le Président, si c'est bien estampé:
Budget, une hausse de taxe de $216 par tête. Au cours d'une
conférence de presse, M. Lévesque le premier ministre
d'aujourd'hui a jugé ce budget comme étant l'aveu
pauvrement maquillé de la faillite politique et administrative d'un
gouvernement qui s'enfonce dans la pire crise financière que le
Québec ait subie de mémoire d'homme. Est-ce qu'on peut croire
cela aujourd'hui devant les actes de ces gens-là? Est-ce qu'on peut
croire véritablement à une once de sincérité de ces
gens-là? Jamais. On sait qu'aujourd'hui cette taxe nouvelle qui va
être imposée aux humbles et aux petits, $3 par semaine, $12 par
mois, $150 par année, va rapporter $32 millions à la province et,
dans trois ans, $100 millions de nouvelles taxes, $100 millions.
J'ai dit cet après-midi que c'était $100 millions de
taxes, c'est vrai. Cela va rapporter $100 millions de nouvelles taxes dans
trois années et $32 millions par année, comme le dit si bien le
rapport officiel de la lettre que nous avons ici déposée par le
ministre, le 13 décembre dernier. Ce n'est pas tout, Mme le
Président, continuons donc.
Après avoir souligné que cette taxe ne rapportera que $300
millions dans les coffres du trésor il parle de l'imposition de
l'assurance maladie en 1976, mais $367 millions pour la prochaine
année fiscale. M. Lévesque a souligné que si l'on ajoute
à cette hausse l'augmentation de la taxe des cigarettes, $88 millions,
sur une base annuelle, on doit se rendre à l'évidence et
reconnaître qu'il s'agit d'une augmentation explicite d'impôts de
$455 millions.". Ecoutez-bien le reste. Cela est sûrement, les $130
millions qu'ils ont ramassés." "Il a noté qu'il s'agit, en fin de
compte, d'une augmentation de $216 par tête." Mme le Président,
rien que pour une tête, celui qui est père de famille de cinq ou
six enfants, cela va lui coûter $150 par année, mais les autres
vont les payer quand même ces taxes, sur les cigarettes, le tabac... Je
dis et je répète, puisque le ministre arrive, que $32 millions de
taxes par année, vont rapporter $100 millions de nouvelles taxes en
trois ans.
Je sais qu'il a dû penser que quand je disais $100 millions
c'était un erreur de chiffres.
M. Grégoire: C'était $320 millions.
M. Bellemare: Comment? Les gens de La Guadeloupe?
M. Michaud: En cent ans cela fait combien?
M. Bellemare: Les promeneurs de la Guadeloupe, qui participent
aux dépenses surérogatoires de centaines de copies...
Mme le Vice-Président: Je m'excuse, M. le
député.
M. le député de Laprairie, s'il vous plaît!
M. Bellemare: Mme le Président, je continue donc cette
citation de la Presse. "Pour sa part, le chef de l'Opposition, M. Jacques-Yvan
Morin, a expliqué que les Québécois assistaient à
une augmentation gigantesque des emprunts du gouvernement et de ceux de
l'Hydro-Québec, sans véritablement dire un mot sur ces
événements, surtout sur leurs conséquences. Pour
l'année qui vient, la situation des emprunts s'annonce insupportable."
Comparez-la aujourd'hui avec ce qu'il fait. Regardez cela, avec
l'Hydro-Québec et les emprunts qu'il va faire. Comparez-le cet homme,
l'homme intouchable, vénérable, extraordinaire, envoyé du
ciel probablement. Il fait bien de s'en aller. "Pourtant les emprunts auront
été multipliés de façon géométrique,
et le gouvernement coincé par la Baie James et les Jeux olympiques,
incapable d'emprunter pour tous les budgets qu'il a annoncés ou
acceptés traverse la pire crise financière. Imaginez-vous donc!
Il était dans l'Opposition quand il disait cela, le 13 mai 1976.
Cela fait à peu près un an, Mme le Président.
Allons donc voir une autre coupure. Quelques-uns ont dit que je faisais mes
discours sur des coupures; c'est peut-être parce que ma mémoire
n'est pas aussi prodigieuse que celle de ceux qui savent se souvenir des
ingratitudes que peut nous rapporter la politique. Le mercredi 12 mai, dans les
pages sur l'économie financière de la Presse, on lit: "Le chef de
l'Opposition officielle, Jacques-Yvan Morin, a soutenu, hier soir, que le
budget du ministre Garneau constituait la plus forte hausse de taxes que le
Québec ait jamais connue. De l'avis de M. Morin, c'est une hausse de
$630 millions que les Québécois devront assumer cette
année en raison de l'inflation, ainsi que du refus du gouvernement
d'indexer l'impôt des particuliers, comme l'a fait le gouvernement
fédéral depuis trois ans." Est-ce qu'ils l'ont faite,
l'indexation, eux qui l'avaient tant promise et tant demandée? Regardons
donc plus loin. "Prenant la parole en réponse au discours du budget, le
chef de l'Opposition, M. Morin, a affirmé que cette hausse constituait
la conséquence inévitable du summum de l'incompétence, du
gaspillage et du patronage". Ah! que je suis content! Ah! que je suis donc
content! Du patronage, du gaspillage. Oui, je suis donc content, M. le
Président, de lui rendre le réciproque!
M. Charbonneau: Vous avez fait la même chose, dans votre
temps.
M. Bellemare: Vous, vous êtes à la veille de voter
avec nous. Je le sais. Vous êtes probablement à la veille de vous
lever pour faire un bon discours que je vais écouter avec beaucoup
d'attention. Si je relis vos anciens écrits surtout, vous êtes
là, comme moi, pendant des années, "suiveux", en arrière
d'un chef qui ne me faisait rien faire, mais qui m'applaudissait beaucoup
lorsque je faisais comme vous et que je criais. "Or, a précisé M.
Morin, ces augmentations toucheront davantage, comme d'habitude, les petits
salariés, les humbles, les pauvres." Comme il avait de la sympathie dans
ce temps-là, contrairement à aujourd'hui, lui qui a un gros
ministère et qui est un ministre influent. Il aurait pu dire à ce
ministre des Finances, omniprésent: M. le ministre, j'ai dit qu'on
devrait avoir soin des pauvres, qu'on avait besoin d'eux. Vous n'êtes pas
logique. Vous devriez, vous, M. le ministre, comprendre que ce ne sont pas
seulement ceux qui ont un bon appétit et ceux qui vivent grassement
qu'il faut aider. Ce sont les petits et les pauvres, tel qu'il le disait dans
son discours rapporté dans la Presse du 12 mai. "A ce chapitre, il a
retenu qu'elles représenteront une augmentation de 36% de l'impôt
payé par un contribuable dont le salaire n'est que de $7000 contre 3%
seulement pour celui dont les émoluments se situent à $25 000."
Mais qu'est-ce qu'il pense le ministre aujourd'hui, avec une loi comme
celle-là? Est-ce que les proportions ont changé en l'espace d'un
an?
Est-ce que, véritablement, Mme le Président, les pauvres
et les petits qui sont appelés à contribuer pour $32 millions, et
pour $100 millions dans trois ans de taxes nouvelles... Est-ce que l'expression
du chef de l'Opposition du temps, à ce chapitre qu'il a soutenu qu'il
représente une augmentation de 36% de l'impôt payé par un
contribuable dont le salaire n'est que de $7000? Comprenez-vous cela, M. le
ministre, vous qui êtes un arbitre extraordinaire et un homme
extraordinaire en matière de finances et soustraire des chiffres et en
ajouter? Vous nous avez fait avoir souvent le vertige, mais je ne suis jamais
tombé dans votre piège! J'ai toujours dit au chef du gouvernement
du temps: Méfiez-vous-en! C'est un grand planificateur qui jamais
n'osera se présenter, il s'est présenté et il a
été élu mais, malheureusement, c'est sa dernière
fois. Mane thecel pharès. Vous avez été pesé,
trouvé trop léger, vos jours sont comptés.
Le ministre des Finances sait que c'est son dernier mandat. Il s'en fout
du petit, lui. Il va dire: Le "P.Quiou" va tout régler cela, on a
été élu, oui, mais ne faites pas un moratoire...
aujourd'hui ni un référendum, parce que vous allez vous
apercevoir que dans les salons, dans les salles de quilles, et dans les "barber
shops", je vous garantis que l'on ne vous a pas en odeur de sainteté,
non. Et n'y allez pas tout seul, faites-vous accompagner par un "body-guard"
parce qu'on va vous faire... surtout les petits; ces derniers vous
déteste it souverainement, et ce sont eux qui représentent 34%
des électeurs.
Pourquoi avez-vous fait une différence entre
la GM et Bombardier de chez nous? Pourquoi avez-vous fait cela quand
vous avez donné un contrat de $100 millions à une compagnie
étrangère pour des autobus? Pourquoi? Dites-le moi donc
aujourd'hui avec courage et détermination.
M. Charbonneau: La pertinence!
M. Bellemare: Pour $100 millions de contrats qui ont
été donnés à une compagnie étrangère,
une multinationale contre une compagnie de chez nous, dans mon comté,
à Valcourt, les Bombardier. Pourquoi? Dites-le donc, vous qui avez
prêché pour l'achat chez nous, comme le député de...
qui fait un bon job, lui, le délégué à
l'économie, je pense, je peux lui dire qu'il fait son grand possible,
mais il pourrait peut-être nous dire... Oui, il prend parfois des
conseils du ministre des Finances et ce n'est pas toujours le meilleur, mais
pourquoi faire cela?
Est-ce qu'il y a une réponse au fait de ne pas donner à
notre patelin, à notre province, à notre industrie
québécoise un avantage même s'il y avait 10% de plus? On a
déjà fait un arrêté en conseil pendant l'Exposition
universellej'étais ministre du Commerce pour dire que, si
pendant la construction il avait des contrats inférieurs de 10% à
ceux de la province de Québec, on devait d'abord encourager ceux de la
province. Aujourd'hui, on est en face...
M. Charbonneau: Question de règlement, Mme le
Président. Est-ce que vous pourriez inviter le député de
Johnson à revenir à la pertinence du débat? S'il veut
poser des questions demain à la période des questions sur les
contrats, libre à lui de...
M. Bellemare: Je remercie infiniment le député de
Verchères.
M. Marchand: Le "voyou" de Verchères.
M. Charbonneau: Redites donc cela une fois.
M. Bellemare: Cela va me rendre service. Cela va ménager
mes forces, parce que, surtout à cette heure, le docteur m'a averti de
bien faire attention à ma santé. Je désobéis pour
l'intérêt du peuple. Merci beaucoup de m'aviser. Vous êtes
infiniment bon, infiniment aimable et que le PQ continue à vous
détester.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, j'ai une question de règlement. Je regrette de devoir vous
interrompre.
M. le député de Shefford.
M. Verreault: Cela est pour vous faire remarquer que je tiens
à retirer le mot de gentilhomme que j'ai attribué au
député de Verchères cet après-midi.
Mme le Vice-Président: J'espère, M. le
député de Shefford, que ce n'est pas
délibérément que vous avez décidé
d'interrompre le député de Johnson. C'est lui qui a la parole
actuellement. M. le député.
M. Bellemare: Combien de temps, M. le secrétaire?
Mme le Vice-Président: Vingt minutes, M. le
député de Johnson.
M. Bellemare: Vingt minutes, merci. Je suis donc content d'avoir
ces 20 minutes pour tâcher d'apporter toute mon énergie, mes
faibles connaissances, mais surtout exprimer l'apostolat de la pré-sence
que j'ai exercé depuis 33 ans auprès du peuple. L'apostolat de la
présence, cela vaut, dans bien des circonstances, l'apostolat de la
prière,surtout quand on est, comme moi, Mme le Président, un
homme attaché au peuple, et j'y suis resté. Je ne me suis jamais
détaché de mes origines très laborieuses et surtout de mes
origines familiales, qui étaient très pauvres. Une famille
nombreuse de quatorze enfants, qui avons mangé notre gruau bien plus
souvent qu'à notre tour. Qu'importe, ma mère était une
sainte femme et mon père un homme extraordinaire.
Mme le Président, je n'ai pas besoin de vous dire non plus qu'il
y a eu un communiqué fait par le "P.Quiou" qui s'appelait le parti
"P.Quiou" comme cela. Je ne veux pas vous le lire, Mme le Président,
c'est inutile, il ne me reste à peu près que 20 minutes.
Si vous voulez que je vous en fasse une copie pour vous ou pour le
ministre, je suis bien prêt à lui en envoyer une copie, pour lui
montrer ce que disait le PQ quand il était dans l'Opposition et ce qu'il
pratique aujourd'hui. Cela le fait lever et le fait s'en aller. Il n'est pas
capable d'endurer cela, il n'a pas la peau assez épaisse pour endurer
cela, la moindre piqûre le fait sursauter. Je vais lui en faire une copie
et je vais la lui envoyer avec ma carte personnelle, qu'il déchirera
s'il veut, mais il gardera le texte. Il va voir comment ces gens dans
l'Opposition vociféraient le mot est-il trop fort?
blasphémaient le mot est-il trop fort? contre le parti au
pouvoir, parce qu'il avait eu l'audace d'essayer de financer la province.
J'ai entendu des expressions extraordinaires que je suis en train de
ramasser et colliger avec un recherchiste pour vous lire cela un jour dans un
discours, toutes les écoeuranteries qu'ils nous ont
lâchées. Moi je ne dis pas cela, je dis ce qui s'est dit en
Chambre. Il y a ici sept pages faites par le "P.Quiou" du temps avec des
chiffres et des proportions disant que le pauvre était trop taxé,
que les familles nombreuses devraient être exemptées, qu'on
devrait apporter une attention spéciale aux familles nombreuses pour
qu'elles soient réellement protégées plus que tout autre
dans la société. Si véritablement la province de
Québec est devenue ce qu'elle est, c'est Dieu merci grâce à
la tradition que chez nous on a toujours respecté la famille nombreuse.
On a toujours eu des égards pour ces enfants qu'on a gardés,
qu'on a élevés. C'est l'éducation que j'ai reçue
dans ma famille.
Aujourd'hui, qu'est-ce que l'on va faire? On va détruire par la
base. Au lieu de taxer les multinationales qui rapportent des $50 millions de
profits par année, on va taxer le pauvre, on va taxer les chaussures,
les petites bottines d'enfants. Vous savez à quel prix cela est rendu
à cause de l'inflation, à cause du marché canadien qui a
laissé entrer une exportation trop importante. Ils viennent de
remédier à cela, on va pouvoir vendre 32 000 paires de plus par
année. Je comprends que c'est un détail. Les petites chaussures,
combien va-t-on payer cela? La femme qui a six petits enfants, cela va lui
coûter $150 par année de plus, $3 par semaine, et M.
Lévesque disait: C'est inouï de vouloir taxer de $216 par
année de plus le contribuable québécois. Cela ne fait pas
dix ans, cela ne fait pas dix ans, cela ne fait pas cinq ans; c'est en 1976 que
le chef du "P.Quiou" disait cela, l'honorable premier ministre de la province.
Pourquoi n'a-t-il pas dit cela à son ministre des Finances: Ne va pas
imposer une taxe sur cela, tu sais bien que tu va nous tuer?
Et les randonnées qu'on fait, dans lesquelles on supplie le
pauvre monde d'avoir soin de nous! On se rend à eux et on va les
retrouver jusque dans les étables et dans les écuries pour leur
dire: Regardez ce que nous avons fait pour vous, les cultivateurs. Pauvres
gens, on a pitié de vous autres. Est-ce que ces dépenses
n'auraient pas pu être supprimées? Même s'il s'agit de la
visite du premier ministre à Paris, a-t-on le droit de faire publier
cela par l'entremise des Affaires intergouvernementales? A-t-on le droit de
publier cela?
Une Voix: Oui.
M. Bellemare: On se demande si c'est de la politique ou si ce
n'est pas de la politique. Cela en est, de la partisanerie politique! On est
rendu à avoir une administration qui ne compte plus les dépenses
surérogatoires, qui nous impose une taxe qui va coûter, dans le
bas mot, $150 de plus par année. C'est une taxe néfaste au point
de vue de la famille! C'est une taxe répressive!
Des Voix: Oh!
M. Bellemare: Une taxe qui va apporter chez nos gens un certain
sentiment de haine contre le gouvernement. Et tant mieux! Mais cela va
coûter cher. C'est une taxe outrancière, une taxe qui
dépasse tout ce qu'on pouvait imaginer. Aller taxer le petit, le pauvre
et la famille, c'est vouloir la détruire; ce n'est pas vouloir l'aider.
On arrivera avec des gros cahiers sur la nouvelle politique familiale, sur la
nouvelle politique des loisirs et des sports. Je ne suis pas contre la famille,
je ne suis pas contre le fait qu'on publie de gros documents, mais cette taxe
est néfaste...
Une Voix: Les voyous, là-bas!
M. Gratton: Mme le Président, question de
règlement.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gatineau, sur une question de règlement.
M. Gratton: II me semble que la plus élémentaire
politesse exigerait de nos collègues ministériels du fond de la
salle qu'ils fassent au moins preuve d'un peu de condescendance et qu'ils
cessent de faire ce genre de choses. Ce n'est pas du tout amusant de ce
côté-ci, pour nous qui essayons d'entendre ce que dit le
député de Johnson.
M. Alfred: Question de règlement, Mme le
Président.
Des Voix: Ah!
M. Verreault: Tiens, il est capable de parler, lui!
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement, M. le député de Papineau.
M. Alfred: Je tiens à rappeler...
M. Gratton: Question de règlement, Mme le
Président. Le député de Papineau n'est pas à sa
place.
M. Alfred: Oui.
M. Gratton: Non, à côté.
M. Alfred: C'est mon micro.
Des Voix: Non, non!
Mme le Vice-Président: Je regrette, M. le
député de Papineau, mais je vais devoir vous demander de ne pas
intervenir cette fois-ci sur une question de règlement parce que ce
même règlement vous demandait d'être à votre
siège de député pour demander la parole.
M. le député de Gatineau, vous avez passé votre
message en posant cette question de règlement.
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: J'espère, Mme le Président, que tout
cela n'est pas soustrait de mon temps. Je comprends que c'est peut-être
des gens qui veulent se montrer drôles et comiques devant une situation
si tragique mais, nous n'avons pas le sourire aux lèvres, nous ne sommes
pas des caméléons. J'espère que ceux à qui cela
s'adresse comprennent, les caméléons.
J'ai déjà entendu dans cette Chambre des sorties assez
extraordinaires du député de Saint-Jacques et je suis
resté calme jusqu'au jour où cela a été un peu
disgracieux. J'ai demandé au président si je pouvais lui donner
une réponse; il me l'avait accordé. Dans le temps, le
député de Saint-Jacques sait comment je l'avais traité
vis-à-vis de Cournoyer, l'ancien ministre du Travail. De-
puis ce temps, il s'est assagi, il est devenu un ministre, un assistant
parlementaire...
M. Duhaime: A l'ordre, à l'ordre, à l'ordre!
M. Bellemare: ... raisonnable. Est-ce qu'il va falloir que je
vous parle de la nouvelle bâtisse, vous?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson.
M. Duhaime: Une question de règlement, Mme le
Président.
M. Bellemare: La commission des liqueurs, debout!
Mme le Vice-Président: M. le leader adjoint j'allais
intervenir auprès de M. le député de Johnson, je ne sais
pas si je présume de votre question de règlement. M. le
député de Johnson, j'allais vous demander si cette partie de
votre intervention vous amenait à la pertinence du débat.
M. Bellemare: Mme le Président, je continue donc en disant
que c'est une taxe qui est néfaste et j'ai dit pourquoi. C'est une taxe
répressive, cela je peux le dire, madame. C'est une taxe
outran-cière et on sait pourquoi dans les circonstances. Je dis que
c'est une taxe inappropriée. On pouvait choisir beaucoup mieux que cela.
C'est une taxe antifamiliale. C'est une taxe rébarbative. Je peux dire
cela madame? Je peux dire cela, c'est une taxe rébarbative? Est-ce que
le titre de barbare affecte quelqu'un? C'est une taxe
antiquébécoise, là, est-ce que cela peut être
bon?
M. Charron: Cela me touche...
M. Bellemare: C'est une taxe indécente. Je dirai comme mon
collègue, anticonceptionnelle.
M. Charron: Si on ne vous avait pas on vous inventerait.
M. Bellemare: Ecoutez, j'ai dit cela, moi aussi, quand vous
étiez dans l'Opposition. Il y a des soirs où je vous ai bien
aimé.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare: Certains soirs, vous avez été
formidable. Vous aviez des mots justes et cela tombait comme si vous aviez
été inspiré.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson. J'allais dire au député de Saint-Jacques que,
premièrement, s'il n'est pas assis à sa place, il ne devrait pas
intervenir; deuxièmement, que c'est M. le député de
Johnson qui a la parole et je lui demanderais, même si ses provocations
sont plutôt humoristiques, de s'en tenir là et de vous laisser
continuer.
M. Bellemare: Je vais essayer, madame, de ne pas me laisser
tomber dans des traquenards.
Est-ce vous qui avez une expérience de mère de famille, si
vous décidiez de faire un petit référendum dans votre
comté? Est-ce que, Mme le Président, sans défier la
présidence, vous ne seriez pas surprise du vote? Ce ne serait pas un
vote contre vous, parce que vous avez manifesté de belles
qualités comme "debater" et comme parlementaire; cela nous a
réjouis. Mais la taxe sur les chaussures et les vêtements
d'enfants, vous seriez surprise, madame, vous-même dans votre
comté, où vous avez obtenu une majorité extraordinaire.
J'aimerais que vous, personnellement, puissiez, Mme le Président, faire
un "test case"; en français, un cas spécial de
référendum.
Mme le Président, je l'ai fait dans mon comté, avec les
1078 membres qui ont signé des cartes. On a envoyé un
questionnaire pour savoir si les gens, par un oui ou un non, pas plus que cela,
étaient en faveur de la taxe à Parizeau sur les vêtements
et chassures. Madame, on a 1078 membres dans Johnson, on a reçu 1075
réponses comme quoi ils étaient contre. Est-ce assez?
M. Parizeau: Les trois autres?
M. Bellemare: C'était nul. Est-ce que le ministre ne
ferait pas cela dans l'Assomption? Ce serait peut-être pour lui une
assomption vers les hauteurs, ou la descente des hauteurs vers le plancher. Le
ministre serait surpris aujourd'hui. Qu'il aille dans les restaurants, un peu
partout sur la place publique, et qu'il "teste" sa popularité et celle
du PQ. C'est dommage que vous maganiez un parti comme cela. Vous êtes en
train de détruire tous les efforts que font le député de
Saint-Jacques, le ministre de l'Education et même le premier ministre
pour tâcher de revaloriser leur parti. Vous, d'un seul coup de hache,
vous détruisez tout cela et vous riez. Que c'est drôle, j'impose
des taxes! Vous l'avez la chance de sortir la province de son état
malheureux, comme vous le disiez, de son état léthargique.
Vous veniez nous pérorer pendant des heures: Ecoutez, il faut
faire quelque chose, il faut que les ministres comprennent qu'il faut
absolument... Qu'est-ce que vous avez fait depuis que vous avez le pouvoir,
vous qui étiez le grand professeur et nous qui étions des pauvres
innocents? Vous ne nous regardiez même pas; Maurice Bellemare, ministre,
c'est un insignifiant. Lui, M. Parizeau, imaginez-vous donc, il venait comme
prédicateur et comme professeur nous enseigner la modération et
couper les budgets. C'est vrai? Oui, jusqu'au jour où j'ai
demandé pas devant lui au Conseil des ministres
d'arrêter de recevoir M. Parizeau, qui nous amenait dans des situations
impossibles et intenables.
Mme le Président, taxe néfaste, taxe répressive,
taxe outrancière, taxe inappropriée, taxe antifamiliale, taxe
rébarbative, taxe antiquébécoise, taxe indécente,
et je suis fier aujourd'hui de chanter de toutes les forces de mon poumon:
Ô Canada, terre de nos aïeux! Je répète: Ô
Canada,
terre de nos aïeux, qui nous a valu à nous, de la province
de Québec, de survivre malgré toutes les insurrections et tous
les malheurs qu'on a connus. Ton front est ceint de fleurons glorieux
pour avoir combattu des gens comme lui, Mme le Président carton
bras sait porter l'épée, il sait porter la croix et
combien la croix que nous allons avoir par ces taxes est lourde et pesante
ton histoire est une épopée peut-il dire le
contraire pour avoir passé à travers tous ceux qui ont
été des taxeux comme lui? des plus brillants exploits
c'est pour cela que l'Opposition fait un exploit aujourd'hui pour
dénoncer la taxe à Parizeau. C'est pour cela que nous nous
liguons pour dire que notre pays, notre province n'a pas besoin d'une pareille
taxe ta valeur de foi trempée protégera nos foyers et nos
droits Mme le Président, je termine, devant les rires ridicules
des gens qui ne veulent pas croire au Canada, devant les rires ridicules de
ceux qui vont être demain les adeptes des taxeux. Ceux qui rient
aujourd'hui demain pleureront des larmes de sang. Vous verrez dans vos
comtés ce que l'on va vous dire. Allez-y dans vos comtés
maintenant que la taxe est imposée. Emportez-les vos volumes.
Montrez-leur à quelle dépense vous vous êtes livrés
et vous verrez quelle réponse vous allez avoir. J'ai montré cela
dans mon comté.
M. Dussault: La pertinence.
M. Bellemare: On m'a dit: Es-tu sérieux? J'ai
répondu: C'est écrit Volume 1 et Volume 2, et à part cela
le grand voyage de M. Lévesque. Comment pensez-vous que cela
coûte? Mme le Président.
M. Brassard: C'est quoi votre comté?
M. Ouellette: Vous n'y allez jamais dans votre comté.
M. Bellemare: Vous avez menti. Venez dans mon comté
dimanche prochain et vous verrez 1200 personnes. Venez vous asseoir dimanche
prochain parmi l'assemblée de 1200 personnes. Je vous invite.
M. Ouellette: M. le député de Johnson, pouvez-vous
me dire à quel moment vous avez reçu ces volumes?
M. Bellemare: Comment?
M. Ouellette: Quand avez-vous reçu ces volumes?
M. Bellemare: La semaine dernière.
M. Ouellette: Pardon?
M. Bellemare: La semaine dernière.
M. Ouellette: Eh bien! Vous êtes favorisé.
M. Bellemare: Mme le Président, il vient de m'accuser de
ne pas aller dans mon comté alors que dans une seule année, j'y
ai reçu au-delà de 2000 personnes. Je fais trois bureaux. Celui
de Valcourt, dans mon comté, à 9 heures, celui d'Ac-ton à
13 h 30 et celui de Windsor à 19 heures. Je termine mon bureau à
23 heures et je reviens à Québec.
M. Ouellette: Question de règlement, Mme le
Président.
M. Bellemare: Cela, Mme le Président, c'est une menterie.
C'est une effronterie. On n'a pas le droit de dire des choses comme cela.
M. Ouellette: Mme le Président, question de
règlement.
M. Bellemare: Je lui demande de retirer cela parce que cela va
être au journal des Débats. Mme le Président, que je
n'aille pas dans mon comté...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, M. le député de Beauce-Nord vous a posé une
question. J'ai présumé que vous acceptiez la question puisque
vous y répondiez. Je n'ai pas entendu l'autre intervention du
député de Beauce-Nord. Je ne sais pas pourquoi il se levait.
Etait-ce sur une question de règlement ou si c'était pour
demander la parole? Si c'était pour demander la parole, il est encore
trop tôt. M. le député de Johnson a encore une minute de
son temps.
M. Ouellette: Mme le Président, c'est simplement pour
souligner la non-pertinence des propos que tient actuellement le
député de Johnson.
M. Bellemare: Pensez-vous, Mme le Président, que ce n'est
pas une insulte? Si on vous disait que vous n'allez jamais dans votre
comté, ne seriez-vous pas la première à lui demander de
retirer ses paroles? Moi qui y passe au moins une grande journée, je
reçois parfois 75 à 80 personnes par jour, il va venir me dire...
Devrais-je lui parler de la rétroactivité de sa
secrétaire? Il n'aurait peut-être pas la même façon.
Je ne lui en parlerai pas par distinction et surtout par esprit de
parlementarisme.
M. Ouellette: Je sais très bien, M. le
député de Johnson, que vous avez le coup bas facile!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Nord, s'il vous plaît!
M. le député de Johnson, veuillez conclure, s'il vous
plaît.
M. Bellemare: Est-ce que mon temps est fait?
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grégoire: II faut le consentement.
M. Bellemare: Je voudrais, si j'ai le consentement de la Chambre,
prendre une autre demi-heure.
Des Voix: Non.
M. Bellemare: Si j'ai le consentement. Je suis convaincu que le
ministre des Finances ne me le donnera pas.
Mme le Vice-Président: Je n'ai pas le consentement, M. le
député de Johnson.
M. Duhaime: C'est cela, trente secondes.
M. Bellemare: Vous, commencez par régler vos
bâtisses nouvelles. Vous faites bâtir dans votre comté, pour
$317 000 par année, à $6.95 le pied carré, une
bâtisse qui n'existait pas. Vous avez fait donner un contrat pour dix
ans, plus cinq ans de...
M. Duhaime: Question de privilège.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le député de Saint-Maurice.
M. Duhaime: Mme le Président, le député de
Johnson vient de dire que je faisais bâtir dans mon comté et que
je donnais un contrat de $317 000. Ce que je vais lui demander, c'est de dire
quand je l'ai donné, à qui et dans quelles conditions. Vous allez
nous prouver cela et tout de suite. On va voir si vous avez vraiment 33 ans
d'expérience.
M. Bellemare: C'est le même député, Mme le
Président, qui m'a traité de maudit cochon devant le
président et devant des députés en arrière de votre
fauteuil. C'est lui, cela! C'est le même député qui m'a dit
que j'étais un maudit cochon.
M. Duhaime: Question de privilège.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
Sur une question de privilège, M. le député de
Saint-Maurice.
M. Duhaime: Mme le Président, je n'ai jamais
prononcé, à l'endroit du député de Johnson, le
qualificatif qu'il vient de prononcer et je répète la question
que je lui ai posée.
M. Bellemare: Dans deux minutes, Mme le Président, si vous
le voulez, je vais terminer mon discours.
M. Duhaime: Ne prenez pas cinq minutes, répondez.
M. Bellemare: Je vais aller chercher le document qui a
été déposé ici, hier.
M. Duhaime: Je vais vous le passer.
M. Bellemare: Et vous allez voir comment vous payez un loyer
à M. Belisle.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, M. le député de Taschereau. Messieurs les
députés, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Saint-Maurice, vous avez soulevé
une question de privilège qui doit rétablir des faits.
M. Duhaime: Ils ne sont pas rétablis encore.
Mme le Vice-Président: Maintenant, elle ne doit pas se
poser sous forme de question, M. le député, parce qu'une question
de privilège ne doit pas soulever de débat.
Votre mise au point étant faite, il y a des articles du
règlement qui peuvent vous permettre d'intervenir à nouveau, mais
votre question de privilège est déjà posée. M. le
député de Johnson, vous devez conclure rapidement, s'il vous
plaît; tout au plus une phrase ou deux, parce que vous avez largement,
maintenant, dépassé le temps. Sauf que vous aviez
été interrompu alors que je vous disais qu'il vous restait une
minute. Veuillez conclure rapidement.
M. Duhaime: Question de privilège, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le leader du gouvernement.
M. Duhaime: Puisque le député de Johnson n'a pas au
moins le courage de lire la question et la réponse qu'il a devant lui,
que je viens de lui remettre, qui est cotée K-39, vous allez me
permettre, Mme le Président, de dire à la Chambre que le contrat
de $317 000 dont il vient d'être fait mention est un contrat de la
Société des alcools du Québec qui a été
accordé après soumissions et que ni de près ni de loin,
surtout depuis ce que j'ai entendu en cette Chambre même avant
d'être ici, au sujet de la Société des alcools du
Québec, jamais dans ma vie je ne suis intervenu auprès de la
Société des alcools du Québec.
Ce n'est ni Maurice Bellemare, ni le député de Johnson qui
va me laisser planer un seul doute sur un seul cheveu de ma tête.
M. Bellemare: Vous vous défendrez devant nous.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare: Amenez-le donc pour venir me battre.
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît, à
l'ordre! M. le député de Johnson, M. le député de
Frontenac, M. le député de Saint-Maurice, je vous rappelle
à l'ordre. Une question de privilège ne doit pas soulever...
M. Picotte: ... de débat.
Mme le Vice-Président: Merci, M. le député
de Maskinongé. Sur une question de règlement, M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Mme le Président, est-ce que vous pourriez
rappeler au député de Johnson
qu'il existe l'article 99, paragraphe 7 de notre règlement qui
indique: "II est interdit à un député qui a la parole
d'attaquer la conduite d'un membre de l'Assemblée, sauf à
l'occasion d'une motion mettant sa conduite en question".
Mme le Vice-Président: Votre question de règlement
est entendue. S'il vous plaît! Pour permettre à cette
Assemblée de continuer ses travaux dans l'ordre, même... M. le
député de Saint-Maurice, M. le député de Johnson,
la discussion est terminée ou je vous rappelle que je mé verrai
dans l'obligation de vous rappeler à l'ordre tous les deux. Bien
sûr, c'est de la provocation quand l'un et l'autre continuent de
discuter. Tous les deux, je devrai vous rappeler à l'ordre une
deuxième fois. Je ne voudrais pas avoir à le faire.
M. Bellemare: Mme le Président, puisque je dois terminer,
je dois vous dire que j'ai fait mon devoir. J'ai dit au gouvernement et
particulièrement au ministre des Finances ce que le peuple pense
véritablement de sa taxe. Elle est injuste. Elle est insupportable. Elle
est antifamiliale. Elle est tout ce que j'ai récité tout à
l'heure. Je dis, madame, que l'opinion publique va se charger de dire:
Pardonnez-leur car ils ne savent ce qu'ils font.
M. Parizeau: Mme le Président... M. Marchand: Mme
le Président...
Mme le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît.
M. le député de Laurier, un moment s'il vous plaît. M. le
ministre des Finances se lève sur une question de règlement.
M. Parizeau: En vertu de l'article 96, je voudrais
rétablir un certain nombre de faits qui découlent des documents
que j'avais présentés à l'occasion de mon intervention en
deuxième lecture.
Pour clôturer ce cirque, il y a...
M. Marchand: Mme le Président, excusez-moi, question de
règlement.
M. Parizeau: Je suis sur une question de règlement.
M. Marchand: Est-ce que vous êtes sur une question de
règlement ou si c'est votre droit de réplique?
M. Charbonneau: C'est en vertu de l'article 96, assoyez-vous
donc!
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Laurier. La question de règlement que vous
invoquez a déjà eu sa réponse. M. le ministre des Finances
s'est levé en disant clairement qu'il le faisait en vertu de l'article
96 du règlement, ce qui exclut que ce soit maintenant le droit de
réplique. Je conçois que vous vous étiez levé pour
intervenir sur la deuxième lecture, vous aurez le droit de parole
immédiatement après cette question de règlement que
j'entends maintenant.
Le ministre des Finances.
M. Parizeau: Quant à l'évaluation de ce que
rapporterait la taxe dont nous discutons, il n'y a pas eu une
évaluation, comme semblait le penser notre doyen, mais trois. En
examinant attentivement le document qui a été
déposé, il se serait rendu compte qu'il y avait un document du 13
juin...
M. Bellemare: Je soulève un point de règlement.
Mme le Président, en vertu de l'article 96, il est dit: Les
explications doivent être brèves, ne doivent apporter aucun
élément nouveau dans la discussion et ne peuvent engendrer aucun
débat. Il aura son droit de réplique, il le fera tant qu'il
voudra. C'est à son avantage de critiquer ce que j'ai donné comme
document et c'est son droit de réplique; il ne peut pas maintenant. Ce
n'est pas sur une parole que j'aurais dite, non. S'il le faisait, les
explications devraient être brèves et ne devraient apporter aucun
élément nouveau. Ce n'est pas cela qu'il se prépare
à faire, c'est son droit de réplique.
M. Blank: Sur une question de règlement.
Mme le Vice-Président: Je vais répondre à la
question du député de Johnson et je vous entendrai ensuite si
nécessaire, M. le député de Saint-Louis, si vous pensez
qu'il faille encore intervenir sur la question de règlement.
M. le député de Johnson, je pense que vous avez à
la fois tort et raison. Je vous dis cela sous toutes réserves. M. le
ministre se lève en vertu de l'article 96; on dit bien, à
l'article 96, qu'un député de l'Assemblée peut se lever
pour rétablir des faits concernant un discours qu'il a
déjà prononcé. Vous aviez raison... Un moment, s'il vous
plaît! Vous aviez raison quand vous disiez que cette intervention pour
rétablir les faits doit être brève.
Quant à M. le ministre, tout ce que j'ai entendu de son
intervention semblait faire référence à un document dont
vous avez parlé qu'il aurait déjà déposé, ce
qui équivaut à un discours qu'il aurait fait. Je lui demande de
faire cette remarque de façon très brève.
M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Merci, Mme le Président.
M. Blank: Est-ce que je peux soulever ma question de
règlement avant...
Mme le Vice-Président: Sur cette même question de
règlement, M. le député de Saint-Louis?
M. Blank: Oui. Vous n'avez pas répondu à l'argument
que je veux vous donner.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Quand on a étudié et qu'on a
préparé ce règlement, j'ai eu l'honneur d'y participer
avec le leader de la Chambre et les autres. Il y a l'esprit du règlement
et il y a des raisons pour lesquelles on a des articles. L'article 96 est
là pour donner une chance à un député de
rétablir les faits qui n'a aucune autre chance de les rétablir.
Ici, M. le ministre a un droit de réplique et l'article 96 ne s'applique
pas à lui. On doit savoir pourquoi on met des articles dans notre
règlement.
Cet article a été créé pour protéger
le droit de réplique d'un député visé par un
discours. Comme ce député a le droit de réplique en vertu
du règlement, il n'a pas le droit d'utiliser l'article 96.
M. Marcoux: Question de règlement.
Mme le Vice-Président: M. le député,
l'article 96 se lit comme suit: "Le député qui prend la parole
pour donner des explications sur le discours qu'il a déjà
prononcé ne peut le faire que lorsque le discours qui les provoque est
terminé, à moins que celui qui le prononce ne consente à
être interrompu. Les explications doivent être brèves et ne
doivent apporter aucun élément nouveau dans la discussion et
elles ne peuvent engendrer un débat." Pour ce que je connaisse
maintenant du règlement, il n'y a rien dans cet article qui fasse
référence à quelque droit de réplique que ce soit.
Comme je l'ai dit tantôt, je demande au ministre d'être bref
à moins qu'il ne décide lui-même, après tout le
débat que nous avons eu maintenant, tout le monde saura, en lisant le
journal des Débats que M. le ministre avait une intervention à
faire maintenant et qu'il pourra la reporter à son droit de
réplique. Je n'y verrais pas d'inconvénient, mais j'ai
déjà donné la parole au ministre des Finances en lui
demandant d'être bref, et je maintiens ce que j'ai dit.
M. Bellemare: II y a l'article 101, aussi.
M. Charbonneau: La décision est rendue, taisez-vous!
M. Parizeau: II n'y a pas un rapport qui a été
présenté par les fonctionnaires du ministère du Revenu,
mais trois.
M. Verreault: Est-ce que cela va limiter son droit de
réplique?
Une Voix: Taisez-vous donc!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Shefford, je pense avoir été très claire et je ne
reçois pas cette question.
M. le ministre du Revenu et des Finances.
M. Parizeau: II y en a un du 13 juin, le second du 25 août
et le troisième du 31 octobre. Le premier de ces rapports évalue
à $32 millions les recettes probables de la taxe. Le second...
M. Marchand: Ce n'est pas une question de règlement.
M. Parizeau: II ne s'agit donc pas des $100 millions
mentionnés par le député de Johnson avant l'heure du
dîner qu'on pouvait, à la limite, interpréter par $100
millions par an ou $100 millions sur trois ans comme il l'indiquait une fois la
digestion commencée.
Le deuxième rapport indique qu'il s'agit d'une estimation
d'environ $25 millions et le troisième indique $25,6 millions. Donc,
dans aucun de ces trois rapports on ne retrouve les $100 millions
avancés dans un premier temps et dans un second par le
député de Johnson.
Je remercie le ciel que ceux qui ont rédigé ces rapports
n'aient pas mentionné le produit national brut, c'est-à-dire $45
milliards; ç'aurait pu être saisi par le député de
Johnson comme étant le produit de la taxe!
M. Bellemare: C'est fort! C'est fort, comme argument!
M. Biron: Comme le plan de relance économique!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laurier.
M. Marchand: Mme le Président, après que vous ayez
entendu cette réponse du ministre en deuxième lecture, qui a
répondu au lieu de poser une question de règlement...
Des Voix: A l'ordre!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laurier, je vais vous arrêter tout de suite. J'avais demandé au
ministre des Finances de se limiter à rétablir les faits. Dans
son droit de réplique, M. le ministre des Finances pourra apporter des
faits nouveaux, ce qui ne pouvait pas lui être permis en vertu de
l'article 96 de notre règlement. Je vous demanderais de ne plus
intervenir sur cet article du règlement en particulier.
M. Marchand: Je vous remercie, Mme le Président, mais je
suis obligé de dire que le ministre a usé de son droit de
réplique au lieu de poser une question de règlement.
Mme le Vice-Président: C'est votre interprétation,
M. le député de Laurier.
M. Marchand: Et j'y ai droit. J'ai parlé sur le projet de
loi no 60 et le ministre était présent. Je suis heureux de le
voir encore à l'Assemblée nationale ce soir alors que je
m'exprime sur le projet de loi no 61. Je pourrais être très bref
si le ministre m'arrêtait. Le ministre pourrait m'arrêter
très facilement.
Je vais lui faire une offre qu'il ne pourra pas refuser. Je demande ceci
au ministre: Est-ce que cela fatigue quelqu'un, là? Les invités,
là assoyez-vous donc à votre siège si vous avez quelque
chose à dire, vous. Assoyez-vous à votre siège.
M. Picotte: Mme le Président, une question de
règlement. Je m'excuse auprès de mon collègue, mais
il y a au moins...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Maskinongé invoque le règlement. Je m'excuse, M. le
député de Laurier.
M. Picotte: ... six députés du gouvernement
présentement qui sont debout, qui jasent, qui font des caucus
individuels. Est-ce que je pourrais vous demander de faire respecter l'ordre en
cette Chambre et de demander à chacun des députés
d'être assis à son siège?
M. Marchand: Mme le Président, devant les invités
que nous avons à l'Assemblée nationale, je me sens dans
l'obligation...
M. Picotte: Une question de règlement, Mme le
Président. Je m'excuse auprès de mon collègue, mais,
à la suite de la demande que je vous ai faite, je remarque qu'il n'y a
rien qui a changé. Est-ce que je pourrais vous inviter à demander
à mes collègues de l'Assemblée nationale de prendre leur
siège ou de s'en aller ou de faire comme ils font depuis le
début, de ne pas dire un mot et de laisser taxer les citoyens du
Québec?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Maskinongé, vous avez, dans votre discours de ce matin, dit
vous-même que vous étiez entouré de députés
ministériels juste avant de prendre la parole pour votre discours. A ce
moment c'est là que je fais la référence il
y avait des députés debout et des députés assis.
Vous parliez entre vous, mais sans déranger l'Assemblée. C'est
pourquoi je ne suis pas intervenue à ce moment et je vous ai
laissé terminer la petite discussion qui pouvait porter fruit. C'est,
d'ailleurs, vous-même qui l'avez dit. Alors, M. le député,
je vous demanderais de laisser le député de Laurier faire son
intervention et de ne pas l'interrompre, s'il vous plaît!
M. Marchand: Mme le Président, je n'ai pas...
M. Samson: Une question de règlement, Mme le
Président, je m'excuse auprès de mon collègue...
M. Picotte: Une question de règlement, je m'excuse.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda sur une question de règlement.
M. Samson: Mme le Président, j'apprécie les
remarques que vous venez de faire, mais je me dois, à ce moment-ci,
d'utiliser l'article 40 pour vous demander de mettre en application, parce que
c'est votre pouvoir et votre devoir de le faire, l'article 26. Je ne le lis pas
pour vous, parce que je sais que vous le connaissez, mais je le lis pour ceux
que cela pourrait concerner. "Pendant le cours des séances, les
députés prennent la place qui leur a été
désignée par le président, demeurent assis et gardent le
silence, à moins d'avoir obtenu la parole, et ils doivent éviter
tout ce qui est de nature à nuire à l'expression d'autrui et au
bon fonctionnement de l'Assemblée". Mme le Président, je ne
reviendrai pas sur ce qui peut avoir été fait dans le
passé. Si, à un moment ou à un autre, l'article 26 n'a pas
été appliqué parce quelqu'un n'a pas utilisé
l'article 40 pour vous signaler la violation de règlement, Mme le
Président, je vous signale officiellement maintenant que l'article 26 a
été passablement violé. Avec votre bon consentement et
votre compréhension habituelle, je suis persuadé qu'on pourrait
le faire appliquer d'ici la fin de cette séance.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, j'espère que nous ne serons pas obligés, ce soir,
de décortiquer l'article 26 du règlement: "demeurent assis et
gardent le silence, à moins d'avoir obtenu la parole." Mais obtenir la
parole, cela veut dire intervenir à l'Assemblée nationale
n'est-ce pas?
Maintenant, "garder le silence", comme cela se produit fort souvent dans
cette Assemblée que des gens ont un message à aller porter, si
nous faisons observer strictement, mais là, alors, strictement le
règlement, cela voudrait dire qu'un messager ne pourrait pas aller
prendre un message et parler avec quelqu'un.
Cela voudrait dire qu'un ministre ne pourrait pas poser une question ou
demander une information à son voisin. Cela voudrait dire qu'un
député de l'Opposition ne pourrait pas vérifier au besoin
quelque point particulier. Je ne crois pas qu'on puisse demander un silence
complet, ce qui d'ailleurs ne se fait pas à l'Assemblée
nationale. Mais vous pouvez compter sur moi, M. le député de
Rouyn-Noranda, pour que les députés, pour autant que je le
pourrai, avec la collaboration de cette Assemblée, observent le
règlement et qu'un député puisse intervenir sans
être dérangé quand il a le droit de parole.
C'est maintenant M. le député de Laurier qui a le droit de
parole, puisque je l'ai reconnu.
M. le député de Laurier.
M. Samson: Mme le Président, article 96; j'ai le droit de
l'utiliser, parce qu'on a mal interprété mes paroles, et je sais
que vous ne l'avez pas fait...
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, en vertu de l'article 96, je vous donne la parole, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci, Mme le Président. Vous avez mal
interprété mes paroles, sûrement involontairement. Lorsque
vous dites que, si on appliquait 26, tel que je vous l'ai demandé, cela
pourrait même aller jusqu'à empêcher les pages de circuler.
Je n'ai pas voulu interpréter l'article 26, je l'ai lu seulement, et
c'est bien clair, cela regarde les députés et non les pages qui
ont à circuler, bien sûr. Je pense qu'on ne pourrait pas
réclamer cette sorte d'angélisme.
Mme le Vice-Président: Je vous remercie de cette mise au
point, M. le député de Rouyn-Noranda.
M. le député de Laurier.
M. Marchand: Mme le Président, je me demande comment je
peux m'adresser à cette Assemblée lorsque le député
du Lac-Saint-Jean n'est pas assis à son siège, et celui qui est
venu me crier une espèce d'insulte, lorsqu'il n'est pas à son
siège. S'il ne veut pas s'asseoir à son siège... je lui
demande de sortir de la Chambre ou de s'asseoir à son siège.
M. Grégoire: Ce n'est pas obligatoire.
M. Marchand: II n'est pas obligé? Je m'excuse.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! M. le
député de Laurier, j'allais répondre à votre
intervention. Je ne vois pas que, dans cette Assemblée, vous, M. le
député de Laurier, ayez des ordres ou des conseils à
donner directement à un député. Vous devez passer par la
présidence.
Je demanderais quand même à certains députés
dans cette Assemblée de ne pas déranger M. le
député de Laurier qui semble inquiet de ne pas pouvoir ce soir
faire son discours. Je vous demanderais à tous, par votre comportement,
de calmer ses inquiétudes.
M. le député.
M. André Marchand
M. Marchand: Mme le Président, votre impartialité
m'impressionne. Vous venez de m'impres-sionner assez fortement. Etant intervenu
sur le projet de loi 60, je répète ce que j'ai dit il y a
quelques minutés. Je n'avais pas l'intention d'intervenir longuement sur
le projet de loi 61, loi imposant la taxe sur les vêtements et les
chaussures d'enfants, et surtout en cette période du temps des
fêtes, Mme le Président. Maintenant, je reconnais M. le
Président avant qu'il ne me reconnaisse.
J'aurais quand même une demande à faire au ministre des
Finances. J'espère que le ministre des Finances va finir par
écouter. La demande est importante. Je sais que le leader parlementaire
est en train de le déranger profondément et que la demande que je
vais lui faire n'est pas tellement importante pour eux. Je demande ceci au
ministre du Revenu, que le leader parlementaire dérange actuellement,
qui n'est pas assis à son siège; je voudrais demander ceci au
ministre des Finances, qui est actuellement dérangé par le leader
parlementaire. Le leader parlementaire, qui n'est pas assis à son
siège et qui est en train de déranger...
M. le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de Laurier, si vous voulez soulever une
question de règlement, faites-le, mais pas dans le temps qui vous est
alloué pour discuter du projet de loi no 61. Vous savez fort bien qu'il
est fréquent que des députés ne soient pas à leur
fau- teuil. La présidence l'accepte pourvu qu'ils ne s'expriment
pas.
M. le député de Laurier.
M. Marchand: M. le Président, je voulais poser une
question au ministre des Finances pendant que le leader parlementaire le
dérangeait et qu'il ne me comprenait pas; je voulais lui demander une
chose bien simple. C'est extrêmement simple ce que je veux lui demander.
Depuis le budget déposé par le ministre des Finances, on sait que
la taxe est déjà imposée. Alors je lui demande un
échange. Je demande au ministre des Finances un échange au nom de
la population du Québec. Je suis certain, même si c'est
antiparlementaire, antilégal, que la population du Québec va
accepter facilement...
Vous allez comprendre lorsque je vais faire ma demande et
peut-être que vous allez rire moins. Je demande au ministre des Finances
de retirer le projet de loi no 61. Je suis assuré que la population du
Québec qui aura pris ce cadeau en main le 31 décembre ou le 25 ne
demandera pas au ministre des Finances de lui rembourser pour ce qu'elle a
déjà payé. C'est un cadeau échange peut-être,
mais pendant ce temps où tout le monde doit commencer à se
comprendre, à s'aimer davantage... Je comprends très bien le
député de Verchères de sourire et de rire parce qu'il n'a
jamais rien compris dans sa vie. Ce n'est sûrement pas lui qui a
élevé la plus grosse famille dans sa vie. S'il veut que je
commence à lui parler, je peux peut-être lui parler.
M. Charbonneau: Allez-y!
M. Marchand: Ce que je demande au ministre des Finances,
peut-être que pour plusieurs personnes ici, les scientifiques, cela n'a
pas d'allure, mais je suis certain que pour la population du Québec,
pour les pères et mères de famille, les veuves, peut-être
que cela en a de l'allure. Ce qu'ils ont déjà payé, ils
l'ont payé, mais peut-être que cela va les empêcher de payer
à l'avenir. Je comprends très bien le ministre des Finances de
rire de cela. Je comprends très bien le ministre des Finances parce
qu'il peut s'en fouter. Il sait ce qui s'en vient à l'avenir avec tous
les contrats qui s'en viennent et l'héritage qui s'en vient. Si c'est
ça qu'il veut avoir dans le visage, il va l'avoir.
Laisse-moi tranquille!
Vous avez beau rire, je vous demande quelque chose de sensé,
peut-être pas pour tout le monde qui ne connaît pas grand-chose
ici, au point de vue pratique. Vous avez ri de Paragon et vous vous êtes
défendu, M. le ministre, parce que votre père avait monté
un commerce, mais quand il y a une famille comme les Simard qui ont
monté une ville comme Sorel...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Laurier, je vous rappelle tout simplement, avec
beaucoup d'amitié, à la pertinence du débat. Je pense que
nous discutons du projet de loi 61 qui s'appelle Loi modifiant la Loi de
l'impôt sur la vente en détail. M. le député de
Laurier.
M. Marchand: Lève-toi donc, parle donc sur le projet de
loi et dis donc que tu es...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Laurier, s'il vous plaît, revenez au projet de
loi.
M. Marchand: M. le Président, je comprends très
bien qu'on impose des taxes, ce n'est pas gênant les dépenses,
dans ce gouvernement. J'ai ici la carte de Noël du député
de... quel comté déjà? Un invité qui envoie une
carte de Noël. Imaginez-vous donc, je sais ce que coûte une carte de
Noël comme cela quand moi, imprimeur, je me sers de la carte de
l'Assemblée nationale. Savez-vous combien cela coûte? La
photographie, la plaque, le tout coûte au moins $150, seulement pour la
plaque.
M. Duhaime: Question de règlement.
Le Vice-Président: M. le député de Laurier,
à l'ordre, s'il vous plaît! J'accepte la question de
règlement de M. le leader parlementaire adjoint. Question de
règlement?
M. Duhaime: Je m'excuse, M. le Président.
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Duhaime: Non pas tout de suite. Je croyais avoir compris, M.
le Président, que...
M. Gendron: Question de privilège, M. le Président,
très calmement, je suis capable de le faire. D'ailleurs, j'ai
énormément de sympathie pour le député
concerné, connaissant son état de maladie chronique. Je m'excuse
d'être obligé de te mentionner, mais on n'a pas le choix, on ne
peut pas endurer, dans un Parlement, des situations comme celle-là.
Le député de Laurier n;'est nettement pas en
état d'être présent ici, en Chambre, ce soir. Il est ici,
il fait des accusations: tout à fait farfelues, et pour ce qui est de
l'accusation qu'il porte au niveau de ma carte de Noël tout simplement, il
y a une offre faite à tous les députés de
l'Assemblée nationale et, moi, j'ai choisi moi-même de payer mes
propres cartes de Noël, à même mon argent, mon budget
personnel, en dehors de la carte de l'Assemblée Nationale. Je pense que
j'ai tout à fait le loisir de le faire, d'autant plus que c'est
moi-même qui paie pour cela. Il fera le charriage qu'il voudra
là-dessus mais, compte tenu de l'état dans lequel il est ce soir,
d'aucune façon, je ne vais le prendre au sérieux, peu importe le
genre d'accusation qu'il portera, de même que tout son exposé. Je
pourrais faire des déclarations de certains de ses collègues qui
m'ont dit des choses. Par gen-tilhommerie, je n'en parlerai pas ce soir, mais
c'est peut-être important que la population sache qu'à certaines
occasions le député de Laurier, compte tenu de sa maladie
j'ai beaucoup de respect pour les gens qui sont atteints de cette maladie,
c'est son cas ce soir ne devrait même pas être
présent en Chambre.
M. Marchand: M. le Président, j'ai donné d'abord au
ministre des Finances, tout simplement, une façon de mettre un terme
à son projet de loi sur la taxe sur les vêtements et les
chaussures d'enfants. J'ai touché au député d'Abitibi-Est
qui fait de l'extravagance dans des cartes de Noël, qui semble
attaqué dans sa virginité, mais est-ce que ces purs se
souviennent de ce qu'ils ont fait de l'ancien député
d'Abitibi-Est?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Il
n'y a pas de débat sur une question de privilège et ce n'est pas
le député d'Abitibi-Est, mais Ouest. M. le député
de Laurier, nous nous connaissons depuis longtemps à cette
Assemblée, je vous prierais de revenir au débat sur le projet de
loi 61.
M. Marchand: M. le Président, si on n'a pas le droit de
dire ce qu'on a à dire à cette Assemblée nationale...
Le Vice-Président: Non, M. le député de
Laurier.
M. Marchand: Si je n'ai pas le droit, comme ils ont fait avec ces
présumés scandales, j'ai fini de parler, M. le
Président.
M. Goulet: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: ... est-ce que c'est un autre? Oui. Merci, M. le
Président.
Le Viee-Président: M. le député de Bellechasse, je
vous ai reconnu sur le projet de loi 61.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Oui. Je vais essayer, M. le Président, et, si
toutefois je m'en écarte, je me fie à votre bonne attention pour
me rappeler à l'ordre et j'essaierai de respecter le règlement.
Il y a dans cette Chambre une coutume, un règlement, un système
parlementaire qu'il faut, je pense, tous ensemble en tant que membres de ce
Parlement, essayer de valoriser au plus haut point. Comme le disait le ministre
des Finances, citant Churchill, c'est le pire de tous les régimes,
à condition qu'on exclue tous les autres. En tant que
député de l'Opposition, c'est mon devoir et c'est notre devoir de
questionner, de critiquer, de faire voir les avantages, mais surtout les
désavantages, des idées, des actions, des énoncés,
des projets de loi ou des politiques du gouvernement et c'est le but premier
des discours en deuxième lecture.
A l'occasion, comme à d'autres membres de l'Opposition, cela peut
m'arriver, à moi aussi, d'attaquer peut-être très fortement
l'institution que le ministre ou les députés représentent.
Mais, M. le Président, que Dieu me garde et vous également
d'attaquer directement la personne qui est en titre ou en office et qui
représente cette institution. Je ne veux pas dire au ministre des
Finances qu'il ne devrait pas taxer. C'est son travail. C'est lui qui en a
l'odieux, mais, s'il veut redistribuer de l'argent, il faut qu'il aille le
chercher quelque part. Comme je le disais hier, les finances d'un gouvernement,
c'est comme un tonneau à deux fonds. Lorsqu'on le vide par un bout, il
faut nécessairement le remplir par l'autre bout. Je comprends que ce
n'est pas facile. C'est pourquoi j'essaierai d'être objectif, positif et
surtout peut-être de faire des suggestions au ministre des Finances pour
lui dire qu'il n'a pas taxé au bon endroit et lui dire où,
d'après moi, il aurait dû taxer.
Ce que je veux lui dire, M. le Président, c'est qu'il ne va pas
chercher, à mon humble avis, sa taxe à la bonne place. Pourquoi?
Parce qu'on va chercher de l'argent dans des familles je le disais hier
sur la motion du député de Gatineau l'endroit où
les gens en ont le plus besoin. Je disais: S'il y a quelqu'un qui actuellement
au Québec a besoin d'argent, ce sont les jeunes couples, ce sont les
parents de jeunes enfants. Je ne comprends pas pourquoi le ministre des
Finances va chercher cet argent directement à cet endroit. Pourquoi ne
va-t-il pas le chercher ailleurs?
Je répéterai peut-être ce que je donnais hier, comme
raisons pour reporter cette loi à douze mois. Ce que je disais, c'est
qu'un jeune couple qui commence a besoin d'argent souvent pour payer sa maison,
pour payer son ameublement. Souvent, l'épouse ne peut aller travailler.
Elle est obligée de demeurer a la maison pour garder les enfants. Donc,
il n'y a qu'un salaire à la maison. Souvent, l'homme, qui est assez
jeune, commence et est au bas de l'échelle des salaires, comparativement
peut-être à un couple plus âgé, qui a
déjà payé sa maison, qui a déjà payé
son ameublement, dont la femme, parce que les enfants sont assez grands, peut
aller travailler, donc deux salaires. Souvent, l'homme a monté dans
l'échelle, l'homme a monté dans son entreprise et ses salaires
peuvent être supérieurs à ceux qu'il avait lorsqu'il avait
des jeunes enfants.
Pour ces raisons, il me semble que la taxe que le ministre des Finances
va chercher actuellement n'est pas au bon endroit. Lorsqu'on dit qu'on
redistribuera cet argent, vous me permettrez d'en douter. On va certainement
redistribuer l'argent par le biais des allocations familiales, mais il est vrai
également je ne parlerais pas de $200 millions en tout
cas, d'après le rapport que nous a soumis le ministre des Finances,
qu'on ira chercher quelque $25 millions à $30 millions de plus par
année. Allons-y si vous voulez pour $25 millions, sauf erreur.
J'espère que vous me pardonnerez si c'est seulement $20 millions ou
encore $30 millions. Allons-y pour une moyenne de $25 millions par année
qu'on va aller chercher de plus, qu'on va redistribuer.
Je suis bien prêt à parler de réaménagement
fiscal, mais qu'on me prouve qu'on redistribuera tout l'argent et je m'assoirai
immédiatement. Je suis convaincu qu'on ne redistribuera pas tout
l'argent. Il y a eu quantité de chiffres ici dans cette Chambre qui ont
été donnés. Les députés ministériels
disent: C'est avantageux. Les députés de l'Opposition disent:
C'est désavantageux. Mais, il y a une chose que je sais, c'est
qu'à la suite de cette taxe, il y a quelque $25 millions à $30
millions qu'on va aller chercher de plus dans les poches des
Québécois et qu'on ne redistribuera pas directement par le biais
des allocations familiales.
Il faudrait appeler les choses par leur nom. Qu'on l'explique de
façon telle que si on prend une famille de sept ou neuf enfants, c'est
possiblement avantageux. Mais j'ai donné l'exemple hier, dans cette
Chambre, que comme père de famille de trois enfants, pour moi, ce n'est
certainement pas avantageux. Je ne vous dirai pas que c'est
désavantageux à l'extrême. Je n'irai pas jusque-là,
mais ce n'est pas nécessairement avantageux. Ce n'est pas avec $1.40 de
plus par enfant par mois que nous allons devenir millionnaires.
Ce qu'il faut expliquer, en dehors de tous ces chiffres, on peut
extrapoler jusqu'à l'an prochain et tout le monde aura raison sur les
chiffres. Il y a un dicton qui dit: Les chiffres ne mentent pas. C'est vrai.
Mais il y a une chose qu'on devrait expliquer aux gens de la rue, normalement,
dans des mots qu'ils vont comprendre, c'est que cette taxe va rapporter plus
qu'elle va coûter au gouvernement. Ce n'est pas un péché
mortel, non, mais cette taxe va rapporter plus qu'on va redistribuer. Ce sont
des termes que tout le monde de la rue va comprendre. On a vu des chiffres ici
que même les économistes de cette Chambre ont eu de la
difficulté à comprendre. C'est bien normal qu'un père de
famille, qu'un simple citoyen ait de la difficulté à comprendre
ces chiffres. Tout dépend, comme le disait un député ici,
qui était à ma droite cet après-midi, sur quel
siège on est et tout dépend de la façon qu'on regarde ces
chiffres à savoir s'ils sont oui ou non avantageux pour les
familles.
Ce que je voudrais que les gens disent sincèrement a la
population, c'est que cette taxe va rapporter plus au gouvernement qu'elle va
coûter. C'est facile, laissons faire les chiffres, cette taxe va
rapporter au gouvernement plus qu'elle va coûter. Pourquoi va-t-on la
chercher là où les gens en ont le plus besoin? Je l'ai dit
tantôt, je suis d'accord, c'est normal que si on veut donner quelque
chose... Je suis un des premiers qui exige beaucoup du gouvernement et qui
exige beaucoup des ministres. Si on veut donner de l'argent à quelqu'un,
donner des biens à quelqu'un, il faut nécessairement se les
procurer. Le ministre des Finances ne peut pas faire de miracle, j'en conviens.
Mais il a été justement taxer les gens qui en avaient le plus
besoin.
On aurait pu aller dans différents autres champs
d'activités qui auraient fait mal, j'en conviens, cela fait toujours mal
lorsqu'on taxe, mais cela aurait peut-être fait moins mal
proportionnellement à certaines personnes que cela va faire aux jeunes
pères et mères de famille, parce que ces gens sont limités
dans leurs revenus et ont des dépenses obligatoires, des dépenses
qu'on ne peut se passer de faire, parce que nous
avons des enfants à la maison, il faut du linge et toutes sortes
de choses. Même souvent si on aimait mieux ne pas leur donner, c'est
obligatoire, on est obligé de se rendre à leurs demandes, des
choses que lorsqu'on est plus âgé on peut s'en priver; mais
lorsque nous avons des enfants, vous savez comme moi, que certaines choses, on
ne peut les refuser, surtout les choses matérielles dont ils ont
besoin.
Je ne comprends pas qu'un jeune père de famille soit
obligé de payer cette taxe. Souvent ses revenus ne sont pas beaucoup
élevés. C'est pourquoi je dis au ministre des Finances qu'il n'a
pas taxé au bon endroit.
J'aimerais faire quelques suggestions au ministre des Finances.
J'espère qu'elles seront objectives et qu'il pourra s'en servir. C'est
facile de dire au ministre des Finances qu'il n'a pas taxé à la
bonne place, mais j'aimerais lui dire aussi où il aurait dû taxer.
Il aurait dû taxer, comme l'a dit le député de Charlevoix,
les boissons gazeuses. Il y en a qui diront: Oui, mais il y a des pauvres qui
en prennent. Pas les boissons gazeuses, mais les boissons alcooliques, je
m'excuse. J'en conviens, il y a des pauvres qui en prennent, il y a de jeunes
pères de famille qui en prennent, mais ce n'est peut-être pas un
besoin. Qu'on ne taxe pas la bière, d'accord, mais les boissons
alcooliques. Comme le disait le député de Charlevoix, je pense
que cela aurait fait beaucoup moins mal de taxer à cet endroit que de
taxer le linge d'enfants parce que ce n'est pas une priorité, ce n'est
pas quelque chose d'obligatoire dans la vie comme du linge pour habiller les
enfants.
Les cigarettes et la boisson. Encore là, il y en a qui vont me
dire: Oui, mais tout le monde fume. On pourrait peut-être ne pas taxer le
tabac, j'en conviens, ceux qui voudront fumer pourront continuer à le
faire, mais, pour les cigarettes, je pense qu'on pourrait y aller encore de
quelques cents; cela inciterait peut-être les gens à arrêter
de fumer. Cela ne nuirait absolument pas aux pères et aux mères
de famille, ce n'est pas une taxe qui ferait mal parce que c'est un luxe,
d'après moi. Je ne voudrais pas charrier, mais il y a d'autres choses,
comme les chalets d'été, qu'on pourrait taxer parce que,
d'après moi, c'est du luxe. Les yatchs, les bateaux de plaisance, ce
sont des choses qu'on pourrait taxer. Les motoneiges, c'est encore des choses
qu'on pourrait taxer parce que ce n'est pas une nécessité pour
élever des enfants. Les amusements. Il y aura bientôt une loi sur
la productivité de nos Québécois. Si on taxe un peu les
amusements, cela incitera peut-être les gens à moins s'amuser et
à être plus productifs. Ce ne sont pas des choses
nécessaires.
Une Voix: Les stripteaseuses!
M. Goulet: Oui, les stripteaseuses. Ce sont des choses qu'on
devrait taxer.
Les fourrures. Au lieu de taxer le linge d'enfants, qui est obligatoire,
on aurait pu taxer de 1%, 2% ou 3% les manteaux de vison. Cela aurait fait
beaucoup moins mal parce que celui qui a le moyen, proportionnellement à
son salaire, de payer un manteau de vison $1500, $2000 ou $2500, même
s'il donne $25 ou $30 de plus, proportionnellement, cela lui fera certainement
moins mal que 8% sur le linge d'enfants.
Les bijoux. On peut en avoir, on peut ne pas en avoir, mais est-ce
obligatoire? Ce n'est pas obligatoire au même titre que du linge
d'enfants et surtout par les températures qui courent, que nous avons
aujourd'hui.
Les vacances, les roulottes de luxe, les bonbons ou les friandises. Au
lieu de taxer le linge d'enfants, on aurait pu taxer les bonbons et les
friandises; c'est peut-être moins nécessaire. Vous me permettrez
d'extrapoler encore en parlant des tapis dans les maisons, les lustres, les
ameublements de luxe venant de l'extérieur; ce sont des choses qu'on
pourrait taxer au lieu de taxer le linge d'enfants. Je me garderai bien
d'essayer de faire pleurer qui que ce soit, mais je suis réaliste et je
fais des suggestions au ministre. Il me semble que cela se défendrait
mieux, une taxe comme cela, qu'une taxe sur le linge d'enfants. L'air
climatisé dans les maisons et dans les autos, les stéréos
à cassettes dans les autos, le luxe à l'intérieur des
autos. Il y a des autos avec un équipement de base et d'autres avec un
équipement de luxe, de très grand luxe même. Ce sont des
choses qui feraient peut-être moins mal, surtout aux jeunes couples, que
la taxe sur le linge. Le linge, c'est une obligation.
Même si, demain, je ne veux pas acheter de linge à mes
enfants, je suis obligé de le faire. Par contre, suis-je obligé
de m'acheter un bracelet en or, une bague de diamant? Non, je n'y suis pas
obligé.
Une Voix: Taxer les belles-mères?
M. Goulet: Taxer les belles-mères, oui. On pourrait aller
chercher les taxes qui sont dues. Je sais que les gens au ministère du
Revenu font leur gros possible, mais, au lieu de taxer le linge d'enfants et
peut-être nuire à certains magasins de linge d'enfants
situés sur les frontières, pourquoi n'essaie-t-on pas, surtout
dans la ville de Montréal et dans la ville de Québec,
d'être très strict envers les magasins qui vendent presque
à grand renfort de publicité où on ne paie pas de taxe et
où on passe la facture sous la table.
M. le Président, au lieu de taxer et de faire fermer certains
magasins sur la ligne des frontières, il me semble qu'on aurait pu ou
qu'on devrait encore pousser plus loin l'enquête sur les magasins de nos
régions ici qui vendent sous la table, qui ne respectent pas la loi, et
on irait peut être chercher les $30 millions qui nous manquent.
Ecoutez, si je voulais être sévère je pourrais
parler peut-être de promesses électorales, de politiques du Parti
québécois d'avant le 15 novembre, mais je me contenterai de dire
que ce n'est pas du tout le genre de loi qu'on avait promis d'apporter. Il faut
avoir fait la campagne électorale... En tout cas les gens qui se sont
promenés dans Bellechasse pour le Parti québécois ne
véhiculaient pas
de telles idées, ni de tels projets de loi. Jamais on n'en a
entendu et jamais on devait en parler, M. le Président. Je vous pose la
question. S'il avait fallu que ce soit un parti, comme on disait dans le temps,
un vieux parti qui impose une telle taxe, imaginez-vous, M. le
Président, la bataille qu'on aurait faite. On aurait fait comme on a
déjà fait, M. le Président, on aurait sorti les
microphones devant le Parlement et on aurait invité les mères de
famille à venir protester.
Imaginez-vous si c'était un des vieux partis, comme on les
appelle, ou un des partis qui sont maintenant l'Opposition qui avaient
imposé une telle taxe, imaginez-vous la bataille que les gens d'en face
auraient faite. Et ils auraient eu raison. Il ne faut donc pas nous en vouloir
d'essayer de convaincre le ministre des Finances qu'il ne taxe pas au bon
endroit et qu'il devrait revenir sur sa décision avant l'adoption en
deuxième lecture de ce projet de loi. On pourrait dire également
au ministre des Finances ou lui suggérer je me garderais bien de
lui donner des ordres, mais je peux me permettre de lui faire des suggestions.
J'espère qu'il ne m'en tiendra pas rancune de couper les
dépenses. Comités ici, comités là, voyages ici,
voyages là, on a donné des exemples cet après-midi. Je ne
voudrais pas faire de démagogie, mais il me semble qu'il serait possible
de couper certaines dépenses à l'intérieur du
gouvernement.
Je ne voudrais pas parler de nominations politiques, dire qu'on a
nommé certaines personnes à des postes sans concours, à
$30 000, $35 000, $40 000 par année pour des gars qu'on aurait pu avoir
dans la rue pour $8000, $10 000. On aurait pu se trouver des hommes aussi
valables que cela. Bien non, parce qu'ils avaient été candidats
du Parti québécois on est allé les chercher à $8000
ou $10 000 par année et on les a amenés à $35 000, $40
000. A chaque homme qu'on a mis là, M. le Président, on aurait
économisé quasiment $30 000, $35 000 du coup. Il y en a des
exemples, mais avec le respect que j'ai pour cette institution, je me garderai
bien d'en nommer. Rien qu'ici, je pourrais vous sortir une quinzaine de
noms.
Je ne voudrais pas qu'on pense qu'on charrie, M. le Président...
Pardon? Oui, très bien, M. le Président, étant
donné que les gens d'en face nous demandent certains noms, je vais vous
nommer des gars comme Laurent Laplante, je vais vous nommer des gars comme
André Desgagné, candidat péquiste dans Dubuc, Jean
Taillon, candidat dans Limoilou, Robert Nelson et Yves Michaud, François
Dagenais, Jean-Marc Béliveau, Pierre Bourgeault, Jacques Boulay.
Qu'est-ce qu'on a fait avec ces gars-là, M. le Président? Pierre
Légaré, Pierre Carignan, Marcel Fafard, Jean-Roch
Côté, et si j'avais plus de vingt minutes je pourrais vous en
sortir, mais je vous dis une chose...
M. Grégoire: Qu'est-ce que vous avez contre eux? Pourquoi
les dénigrez-vous?
M. Goulet: Je ne vous reproche pas de l'avoir fait, monsieur, ce
que je vous reproche, c'est que quand les autres partis faisaient cela, vous
criiez au meurtre. Bien là, vous le faites, vous prenez des gars qui
valent $10 000 par année et vous les nommez à des postes de $35
000, et là on pourrait économiser $25 000.
M. Grégoire: M. le Président, sur une question de
règlement. Sur une question de règlement.
M. Goulet: M. le Président, je pourrais...
Le Président suppléant (M. Boucher): M. le
député de Frontenac, une question de règlement.
M. Grégoire: Une question de règlement. Je me
demande si le député qui a la parole actuellement a le droit de
dénigrer ainsi des personnes qui ne sont pas en mesure de se
défendre, et dire qu'elles ne valent pas $10 000 par année, alors
qu'il y a là-dedans un ancien recteur d'université, alors qu'il y
a...
M. Goulet: M. le Président, sur la question de
règlement...
M. Grégoire: ... de brillants avocats? Je crois que ce
n'est pas...
Le Président suppléant (M. Boucher): A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Goulet: Si le député de Frontenac veut me
trouver un article dans le règlement qu'il peut invoquer parce que je
parle des gens qui sont en dehors de ce Parlement et qui ne sont pas membres de
l'Assemblée nationale, qu'il me l'apporte, mais je vais vous donner
juste un exemple, si vous me permettez...
M. Grégoire: Allez le dire en dehors de la Chambre que ces
types-là ne valent pas $10 000 par année. Allez le dire en dehors
de la Chambre.
Le Président suppléant (M. Boucher): S'il vous
plaît. A l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Bellechasse. A l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, en vertu de l'article
100...
M. Grégoire: Allez dire cela en dehors de la Chambre.
M. Goulet: M. le Président, en vertu de l'article 100, je
vous demanderais de faire respecter le règlement au député
de Frontenac. S'il veut intervenir dans cette Chambre, il interviendra. M. le
Président, je n'ai traité personne de voleur. Ecoutez
Ecoutez-bien ce que j'ai dit; je vais le répéter. J'ai dit qu'on
a fait des nominations politiques à $25 000 ou $30 000 par année
et qu'on aurait pu combler ces postes par des gars à $12 000 ou $15 000.
C'est ce que j'ai dit et je le maintiens. Si vous voulez des exemples, je vais
vous en donner. Sortez-moi les salaires de ces gens. Je ne voudrais
pas sortir du débat, c'est parce qu'on m'y amène, M. le
Président. Sortez-moi le salaire de ces gens et leurs qualifications et,
si je n'ai pas raison, je retirerai mes paroles. Je mets qui que ce soit en
face au défi.
M. Grégoire: Vous relirez ce que vous avez dit demain.
Le Président suppléant (M. Boucher): A l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Bellechasse, je vous
demanderais de revenir à votre intervention.
M. Grégoire: Vous relirez ce que vous avez dit demain et
vous ne vous reconnaîtrez pas.
M. Goulet: M. le Président, j'espère que vous
reconnaissez la pertinence du débat. Le gouvernement taxe parce qu'il
manque d'argent et, si on manque d'argent, c'est parce qu'on le met à
des places où on n'en aurait pas besoin. J'espère que c'est
pertinent et que vous allez reconnaître la pertinence de ce débat,
M. le Président.
Il y en a qui vont dire $1000 ici, $5000 là, $3000 là, $50
000 là, c'est pas beaucoup. Ce n'est pas beaucoup quand cela ne sort pas
de nos poches, mais il y a une chose qu'on sait, M. le Président, c'est
que, si on ouvre un robinet qui coule goutte à goutte, à la fin
de l'année, c'est le baril qui est plein.
Le Président suppléant (M. Boucher): M. le
député de Bellechasse, je vous demanderais de conclure,
étant donné que votre temps est écoulé.
M. Goulet: Déjà vingt minutes! M. le
Président, je vous remercie et je me soumets bien humblement à
vos directives. Je voulais donner un exemple au ministre des Finances et aussi
le féliciter. Vous allez me le permettre, M. le Président.
J'espère que je n'ai pas fait preuve de démagogie. Si les
exemples que je lui ai donnés ne sont pas pertinents, j'aimerais qu'il
me le dise lors de sa réplique. Je veux féliciter le ministre des
Finances lorsqu'il a dit: Les HLM au Québec, on arrête cela. C'est
un exemple où on a économisé de l'argent. Il a dit: Nous
avons l'argent pour les HLM sauf erreur, c'est à peu près
ces paroles mais ce que nous n'avons pas, M. le Président, ce
sont des plans qui, à un moment donné, pourraient être
réalisés à des coûts convenables. Le ministre des
Finances, dans toute sa sagesse, a dit: Oui, nous avons l'argent, mais nous
coupons les dépenses, nous arrêtons ces extravagances des HLM
à $50 000, $60 000, $70 000 l'unité. Quand nous aurons des plans
ordinaires, des plans qui feraient l'affaire de tout le monde et qui pourraient
faire économiser de l'argent, nous repartirons le projet des HLM. Je le
félicite d'avoir fait cela et c'est là un moyen
d'économiser. Il est sur la bonne route et je veux le
féliciter.
M. le Président, il y a juste une question, si vous me permettez,
que je voudrais poser au ministre des Finances ou à n'importe quel
député ministériel. M. le Président, avec votre
permission. en une minute, je conclus. Pour savoir si cette taxe est bonne, je
mets au défi, qui que ce soit en face vous avez un Conseil
national en fin de semaine de soumettre une résolution à
votre Conseil national et de la faire voter démocratiquement, au vote
secret. M. le Président, si au moins 51% des militants ou des membres du
Parti québécois qui sont à ce Conseil national disent au
ministre: Vous avez bien fait de taxer là, exactement sur le linge
d'enfants, je m'excuserai publiquement dans cette Chambre. Je les mets au
défi, devant leurs partisans, devant leurs membres, M. le
Président, au Conseil national, de demander un vote démocratique
et de dire: Nous avons taxé au bon endroit, nous avons taxé le
linge d'enfants, est-ce que nous n'aurions pas dû taxer ailleurs? Est-ce
que nous avons bien fait, oui ou non? Je les mets au défi de nous
apporter la réponse lundi matin, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Boucher): M. le ministre
des Finances.
M. Parizeau: M. le Président...
Le Président suppléant (M.Boucher): Pardon, M. le
ministre.
M. le député de Roberval.
M. Robert Lamontagne
M. Lamontagne: M. le Président, au soir de ce débat
en deuxième lecture du projet de loi no 61, je ne voudrais pas reprendre
tous les arguments qui ont été énoncés par tous les
partis de l'Opposition, parce qu'il semble que, du moins dans son aspect
global, le ministre des Finances soit demeuré insensible à toutes
les données qui ont été fournies par les nombreux
députés qui ont pris part à ce débat.
Il y a une chose, M. le Président, qui apparaît, pour les
moins clair. Les 14 et 15 décembre 1977, si autant de
députés sont intervenus tant en deuxième lecture que sur
une motion de report à une année, c'est qu'il y avait là
matière à réflexion. Quant à moi, je voudrais
essayer, en terminant ce débat en deuxième lecture, d'attirer
l'attention du ministre des Finances sur quelques considérations qui,
à mon avis, ressortent de ce débat en deuxième
lecture.
D'abord, le 12 avril dernier, il est assez évident que le
ministre des Finances a voulu, par l'annonce de cette taxe sur les
vêtements et chaussures d'enfants, trouver un réaménagement
fiscal. Il a clairement expliqué que quant à lui son intention
était d'agir ainsi. Je ne crois pas qu'à ce moment, ses
fonctionnaires et lui-même aient réalisé toute la
portée de ce réaménagement fiscal qui, en fait pour tous
les citoyens et citoyennes québécois, est tout simplement une
taxe. Je l'ai dit plus tôt dans ce débat. Lorsqu'on passe à
la caisse d'un magasin de vêtements pour enfants et que la
caissière nous explique que cela coûte 8% de taxe, même si
elle essaie de nous dire que c'est un réaménagement fiscal,
lorsqu'on paie 8%, c'est un curieux de réaménagement fiscal.
L'entrée au débat du député d'Outremont a
clairement démontré que les objectifs du ministre des Finances
étaient loin d'être atteints. Loin de là parce que le
ministre des Finances dit qu'il s'agit d'un réaménagement. Nous
percevons un certain nombre de millions en taxe sur les vêtements et
souliers d'enfants. Par contre, nous les remettons en allocations
familiales.
C'est là que l'intervention du député d'Outremont
est venue complètement détruire cet énoncé du
ministre des Finances. Chiffres à l'appui, le député
d'Outremont a clairement démontré en cette Chambre que les
enfants étaient totalement pénalisés par ce
réaménagement proposé par le ministre des Finances.
Un peu plus tard dans le débat, le député de
Gatineau a proposé, au nom de l'Opposition officielle, un report
à 20 ans. C'est bon de le rappeler au terme de ce débat. Cette
motion avait pour but d'indiquer clairement la pensée de l'Opposition
officielle quant au caractère de cette loi. Par la suite, cette motion a
été restreinte à la portée d'un an. Ensuite elle a
été défaite. Pourquoi le député de Gatineau
a mentionné un report à un an, lui qui, comme on le sait, vit
dans un secteur frontalier du Québec? Là ce n'est pas seulement
la taxe sur les vêtements et les souliers d'enfants que l'on retrouve
à Gatineau, à Hull comme au Lac-Saint-Jean. Le problème
est plus crucial que chez nous. Les gens, devant cette taxe, n'achètent
plus leurs vêtements et souliers d'enfants dans la région de
Gatineau, dans les villes et paroisses frontalières, mais ils font
quelques milles, quelque mille pieds bien souvent pour aller acheter ces
vêtements d'enfants à Ottawa ou dans tout autre secteur
frontalier. Cela veut dire que c'est une taxe à caractère
antiéconomique. En plus de l'exiger, on prive plusieurs magasins. J'ai
fort apprécié cette partie de l'intervention du
député de Gatineau lorsqu'il a été nommé
jusqu'à des commerçants de Hull qui ont dû soit
complètement fermer leurs portes, ou déclarer que leur commerce
de vêtements d'enfants était affecté pour plus de 75%.
C'est notre devoir et je pense que tout le monde serait d'accord. Le ministre,
semble-t-il, ne veut pas retirer cette taxe sur les vêtements d'enfants,
mais nos interventions devraient démontrer au moins la justesse de
certaines remarques qu'on a faites. Je comprends que dans un débat d'une
telle nature il peut arriver toute sorte de choses, mais il reste qu'en
profondeur il y a des éléments fort concrets que le ministre des
Finances devrait analyser, d'autant plus que nous sommes assurés que ce
n'était pas là ses objectifs d'essayer de convaincre des
Québécois d'aller acheter en Ontario.
C'est là qu'arrive un point crucial qui a été,
à la fois, mentionné par le député de Jean-Talon et
par le chef de l'Opposition officielle. Parfois, lorsqu'on décide une
chose, ce n'est que lors de son application qu'on y découvre toute
l'injustice qu'on n'a pas souhaitée.
Une sorte de réaménagement fiscal comme celui-là ne
peut se faire, à mon avis, qu'en collaboration avec les provinces qui
sont à côté du Québec, par exemple le
Nouveau-Brunswick et l'Onta- rio. A tour de rôle, différents
députés sont intervenus pour nous parler de leur région.
En Gaspésie, dans le comté de Bonaventure, les gens vont au
Nouveau-Brunswick au lieu d'acheter dans la province de Québec;
également, toute la frontière de l'Ontario. Là, on
réalise que ce n'est pas ce que le ministre des Finances voulait; il
voulait un réaménagement fiscal et, pour parler en
"québécois" entre guillemets, il se ramasse avec une
évasion non pas fiscale mais des gens qui traversent, qui vont acheter
des vêtements d'enfants.
On est tous faits comme on est; lorsqu'on se donne la peine de partir de
Hull pour aller à Ottawa acheter des vêtements d'enfants, je pense
que nos épouses, étant à peu près toutes semblables
de ce côté, ne feront pas un voyage spécialement pour cela.
Elles vont en profiter, bien souvent, pour acheter d'autres choses pour nous,
les maris, souvent pour l'épicerie. Ainsi ce qui revient à Hull,
provenant d'Ottawa, est beaucoup plus dispendieux que ne l'aurait
souhaité le ministre des Finances au départ. C'est pour cela
qu'intervenant à la fin de ce débat, j'espère que le
ministre des Finances réalisant la portée de ce projet de loi,
s'il ne veut pas le retirer... En fait, il pourrait annoncer qu'à partir
de minuit ce soir, comme il l'a fait, d'ailleurs, le 12 avril, cette taxe sur
les vêtements d'enfants et les souliers d'enfants ne sera plus en
vigueur. S'il croit, comme administrateur des fonds québécois,
qu'il ne peut pas agir ainsi, il y a une chose certaine qu'il peut faire: C'est
de procéder à un réajustement de cette nature.
A travers toutes les autres interventions, M. le Président,
j'étais intervenu, il y a quelques jours à peine, sur un autre
projet de loi sur les taxes sur les repas et l'hôtellerie et je portais
à l'attention des membres de cette Assemblée une statistique
assez importante. Curieusement, les huit premiers mois de l'année 1977,
plus de 800 000 Québécois ont traversé les
frontières et, suivant les chiffres officiels, ceci équivaut
à 50% de plus que l'an dernier. On pourrait dire: Le monde voyage plus
cette année, ce sont les vacances. Je pense qu'il y a plus que des
vacances là-dedans, il y a cette loi qui joue pour beaucoup. Je prends
à témoin le député de Chicoutimi; il y a beaucoup
de centres commerciaux dans son milieu, à Chicoutimi. Quand il en fait
le tour, il voit beaucoup de gens du comté de Roberval qui vont
magasiner à Chicoutimi parce qu'ils prétendent que c'est moins
cher à Chicoutimi qu'au Lac-Saint-Jean.
M. Bédard: N'essayez pas de nous faire coller que les gens
s'en vont en dehors du Québec à cause d'une taxe, voyons
donc!
M. Lamontagne: M. le Président, si ce n'est pas cela, je
porte à l'attention du député de Chicoutimi que c'est
encore pire. J'essaie de rétrécir le problème, il y a 50%
de plus de Québécois, en huit mois, qui sont allés aux
Etats-Unis ou dans d'autres provinces; c'est un grave problème.
M. Bédard: Les raisons sont autres que celles que vous
voulez essayer de laisser croire; ce n'est pas de l'argumentation, c'est du
délire, ce que vous faites.
M. Lamontagne: M. le Président, le débat, j'essaie
de le faire le plus serein possible; ce sont des statistiques officielles
possédées par le ministère du Tourisme. J'ai porté
à l'attention du ministre du Tourisme, cette semaine, qu'il y a eu une
campagne pour visiter le Québec cette année et, malgré
cela, il y a 50% de gens de plus qui ont traversé les frontières.
Je me dis: Ce ne sont pas nécessairement tous des gens qui sont
allés acheter à l'extérieur. Le député de
Gatineau a cité lui-même des chiffres très
éloquents, c'est bien normal. Vous, vous demeurez à Chicoutimi
où il y a des centres commeciaux. Moi, je demeure à
Saint-Félicien où il n'y a pas de centres commerciaux, et je sais
que les gens vont à Chicoutimi. Quand ils vont à Chicoutimi,
c'est pour avoir, bien sûr, une meilleure diversité de
vêtements etc., mais ils ont toujours l'impression que cela coûte
moins cher. Nous, les maris, on le sait, nos femmes nous disent: Cela
coûte pas mal moins cher là et on en a plus. Quand elles vont
à Chicoutimi pour s'acheter une robe, quand elles arrivent chez nous,
elles n'ont pas seulement la robe, elles ont le coffre plein.
Vous le savez. D'ailleurs, les centres commerciaux sont là pour
le prouver: 40% de la clientèle des centres commerciaux de Chicoutimi
provient du Lac Saint-Jean. Il doit y avoir des raisons à cela. On ne
peut pas refaire le monde. C'est comme cela. Je suis bien heureux, d'ailleurs,
pour le commerce qu'on apporte à Chicoutimi. Il reste que je le fais le
plus sincèrement possible. Je me dis: Le ministre des Finances a l'air
décidé à ne pas changer la loi. Mais je pense qu'il peut
peut-être la réaménager. Il n'a peut-être pas saisi
toute la portée des problèmes frontaliers du Québec, du
Nouveau-Brunswick et de l'Ontario.
Je maintiens que, lorsque le ministre des Finances a annoncé, le
12 avril, ce réaménagement fiscal, il aurait dû le faire en
collaboration avec le Nouveau-Brunswick ou l'Ontario ou ne pas le faire du
tout. C'est cela que je veux dire. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
Du fait qu'il n'y a pas eu de coordination dans ce réaménagement
fiscal, il pénalise des commerçants frontaliers du Québec.
C'est humain et tout le monde le sait. Ecoutez, il y en a qui vont
dépenser $1 d'essence pour aller acheter un paquet de cigarettes et le
payer $0.10 moins cher. C'est comme cela.
Je pense que c'est important de le mentionner. Je l'ai mentionné
au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, et plusieurs l'ont
fait également. J'appuie les chiffres du député
d'Outremont qui n'ont pas encore été contredits,
démontrent que globalement les familles qui ont des enfants sont
pénalisées. Si elles sont pénalisées, cela
coûte donc de l'argent. Je traduis cela aussi. Une famille normale avec
un salaire moyen, aujourd'hui, avec le coût de la vie auquel on doit
faire face, a beaucoup de difficultés à amasser un petit capital
et bien souvent ce n'est que quelques centaines de dollars qu'on prend au cours
de l'été pour aller faire un petit voyage avec sa famille ici ou
là.
Cela peut paraître curieux, mais les chiffres sont là. Il y
en a qui ont dit qu'on charriait. Je pense qu'en y réfléchissant
lorsque le débat sera terminé, un comité
ministériel, peut-être, avec la députation que le ministre
pourra former... C'est que $200 de plus avec une famille de trois ou quatre
enfants, c'est vite perdu en taxation. Ceci empêche une circulation de
l'argent. C'est pour cela qu'un réaménagement fiscal de cette
nature est, à notre avis, fort inapproprié. En terminant, M. le
Président, parce que quant à moi je ne veux pas intervenir
inutilement là-dessus, je souhaite tout simplement que dans sa
réplique le ministre des Finances puisse au moins nous dire que s'il
refuse de retirer le projet de loi, au moins, il s'engage à
réétudier les effets de cette loi sur certains secteurs de
l'économie, d'abord, et certains secteurs frontaliers du
Québec.
Je pense que ce n'est pas une demande bien grave qu'on fait, mais en
même temps elle m'apparaît ressortir en profondeur de toutes les
interventions. Comme le député de Bellechasse le disait avant
moi, il semble que les députés ministériels et les
autorités du Parti québécois se réunissent en fin
de semaine à Montréal. C'est peut-être une chose qui
pourrait être étudiée par un comité. C'est bien
normal, d'ailleurs, d'étudier un tel projet. C'est plus grave que de la
taxation, cela affecte trop l'économie québécoise. Au
cours des derniers mois à l'Assemblée nationale, le ministre de
l'Industrie et du Commerce, le ministre d'Etat au développement
économique ont parlé du secteur mou que constituait l'industrie
du vêtement au Québec. Pour elle, ce n'est pas une promotion, une
taxation.
Une taxation, il n'y a rien de plus négatif que cela. Appelez-les
chers confrères, notaires, comme vous le voulez, mais vous savez bien
qu'au fond lorsqu'on signe un contrat, le client, en dernier, dit toujours:
Combien cela me coûte cette histoire? Parce que nous, peut-être,
les notaires, avons certains grands mots pour faire certaines choses, mais les
clients nous demandent toujours de raccourcir les mots pour une meilleure
compréhension. Un client dit: Combien cela coûte? C'est cela qui
est important. Je pense qu'il ne faut pas l'oublier.
En résumé, M. le Président, j'espère que le
ministre des Finances pourra nous informer qu'il s'engage à examiner un
autre réaménagement fiscal à l'intérieur de celui
qu'il nous a proposé le 12 avril dernier; qu'il considère les
villes et municipalités frontalières du Québec pour
essayer de régler ce problème; qu'il tient pour acquis de ne
jamais procéder à un réaménagement fiscal
unilatéral sans avoir la collaboration des autres provinces, le
Nouveau-Brunswick et l'Ontario.
J'espère que, quant à nous, les 17 interventions que nous
avons faites en deuxième lecture auront au moins porté à
l'attention du ministre que son réaménagement fiscal, pour lui
c'est cela, mais pour les Québécois, c'est une taxe très
importante. Pour l'ensemble de la fiscalité, c'est une lumière
rouge qui s'allume; avant de taxer des enfants, je pense que, comme le
député de Charlevoix l'a mentionné, il y a bien des choses
au Qué-
bec qui pourraient faire l'objet d'une taxation. Lorsqu'on est rendu
à taxer des vêtements d'enfants, j'ai l'impression que, pour le
moinsje voudrais terminer par ce mot qui nous est donné par les
Organismes familiaux associés du Québec c'est "un flagrant
manque d'imagination".
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Roberval. Pour toute cette Assemblée, si le ministre se lève, je
comprends que c'est la réplique avant la mise aux voix.
M. Parizeau: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le ministre des Finances et du
Revenu.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, le débat en
deuxième lecture, qui se termine avec cette réplique, a, pour moi
en tout cas, une importance exceptionnelle. C'est la première fois que
j'ai l'occasion en cette Chambre d'écouter à peu près tous
les membres de l'Opposition et au moins deux fois. Cela me permet donc de juger
et d'apprécier d'ailleurs, M. le Président, à la fois le
sérieux, la technicité, la sérénité et,
puisqu'un de mes collègues me le souffle, la profondeur de l'examen qui
a été fait de la question que nous discutons.
Les attaques qui ont été portées contre le projet
de loi no 61 sont en effet, je pense, profondes et sérieuses. On m'a
accusé, en premier lieu, d'encourager par cette taxe le nudisme et le
strip-tease des jeunes filles. Ceci me paraît effectivement un
inconvénient de cette loi auquel je n'avais pas pensé. On a
ajouté qu'à cause de cette loi les pieds des Gaspésiens
forcés de marcher nu-pieds s'agrandiraient. Je dois dire
qu'effectivement c'est une conséquence de la loi que je n'avais pas
envisagée. On m'a d'autre part, accusé là c'est
très grave par cette loi, de gêner, de handicaper, de
limiter et de freiner la procréation. J'espère que jamais je ne
porterai devant l'histoire un fardeau pareil. On m'a accusé aussi de
mettre en péril la santé des enfants, parce que, bien sûr,
dans un climat aussi froid que celui que nous connaissons, on peut faire
disparaître des enfants de deux façons: ou bien en ne les faisant
pas, ou en les faisant mourir. Dans un cas comme dans l'autre, je mettrais en
péril l'avenir de la race. Je dois dire que tout cela m'a amené
à un certain nombre de réflexions profondes.
Je ne pense pas, cependant, que de tels arguments puissent valablement
être retenus pour me rendre à certaines des propositions qui m'ont
été faites, c'est-à-dire d'oublier le sens de l'exercice
et de le laisser de côté. En effet, ce qui a été
décrit par la plupart des membres de l'Opposition comme étant un
exercice de taxation n'en est pas un. Ce n'est pas tout de l'affirmer, il faut
encore le démontrer. Ici, je dois dire que sur le plan de l'utilisation
des chiffres, des preuves arithmétiques, ce qui a été dit
et affirmé depuis deux jours me paraît fort impressionnant.
Prenons, par exemple, le cas de ce que cette taxe va rapporter. J'ai
pris la peine de déposer un document que le doyen de cette Chambre
considérait au début de son intervention comme sérieux,
parce qu'écrit par des fonctionnaires, jusqu'à ce que,
finalement, il se rende compte qu'il ne comprenait pas les chiffres tout
à fait bien. Ce que cette étude, qui n'a rien à voir avec
le gouvernement ou le parti au pouvoir, révélait, c'est que nous
allions vraisemblablement ramasser cette année à peu près
$26,5 millions.
Le député de Bellechasse, ce soir, mettait en cause ce que
nous allions, en échange, distribuer en allocations familiales. Le
calcul de ce que nous allons distribuer en allocations familiales n'est pas
très difficile à établir. Les nouvelles allocations, par
rapport aux anciennes, ont été distribuées dans toutes les
familles par un avis accompagnant un chèque au mois de mai. Le nombre
des enfants n'est pas un secret d'Etat, il est publié dans un grand
nombre de revues. Il y a des gens, peut-être en dehors de cette Chambre,
peut-être dans cette Chambre, qui savent que le nombre des enfants de
divers âges admissibles aux allocations familiales est publié dans
toute espèce de revues aussi éso-tériques, par exemple,
que l'annuaire du Québec.
Dans ces conditions, une multiplication de l'augmentation
annoncée et du nombre des enfants avec leur rang permet, à partir
de ces deux principes mathématiques profonds, qui sont la règle
de trois et la preuve par neuf, d'établir le montant d'allocations
familiales qui, effectivement, sera distribué. Si tant est que nous
établissons les allocations familiales à distribuer à
environ $32 millions et que nous établissons, à partir des
rapports établis par la fonction publique, les rentrées
d'impôts a à peu près $26 millions, cela veut dire une
chose, c'est que nous distribuons par ce geste $6 millions aux contribuables.
Ce n'est donc pas de l'argent qu'on leur enlève, c'est de l'argent qu'on
leur donne.
Le député d'Outremont a employé un argument qui va
encore plus loin. Il a dit: C'est tellement difficile, cette taxe, pour le
commerçant qu'il devra réduire ses prix pour absorber une partie
de la taxe. Là, il faudrait qu'il se branche. Si c'est vrai que ce
phénomène joue, cela veut dire que non seulement on a
distribué $6 millions aux contribuables, mais cela veut dire aussi
qu'une partie de la taxe est absorbée par le commerçant et non
pas par ces pères et mères, par ces petits "n'enfants" dont
l'ensemble de l'Opposition fait état depuis deux jours. En somme, si le
député d'Outremont a raison, le geste de distribution que
j'envisageais va encore plus loin que je pensais.
A cet égard, je ne vais pas, quant au rang de l'enfant, quant au
nombre d'enfants par famille, quant au processus détaillé de
distribution, revenir sur ce que le député d'Abitibi-Ouest a dit
hier soir; je pense qu'à tous égards ses remarques étaient
non seulement pertinentes mais illustraient extrêmement bien le type
d'opération à laquelle nous songions. Je voudrais en arriver
à des considérations un peu plus générales, qui
sont reliées au projet de loi no 61 et qui découlent d'un
certain
nombre de choses que j'entends depuis deux jours. Elles ont trait, si
vous me le permettez, Mme le Président, à des
considérations de politique économique plus que simplement au
processus de redistribution dont je viens de parler.
On a suggéré à plusieurs reprises que ce qu'il
faudrait faire, ce serait, non seulement rétablir les exemptions sur les
vêtements d'enfants, mais exempter tous les vêtements et toutes les
chaussures pour tout le monde au Québec. La proposition, Mme le
Président, est prodigieuse, venant de gens qui auront à nous
tirer, au cours des deux ou trois dernières années, le plus
extraordinaire feu d'artifices qu'on puisse connaître, qui ont
réussi ce tour de force qu'en 1976 on aura emprunté pour payer
les salaires. On nous arrive maintenant en disant: Voudriez-vous faire sauter
$230 millions de revenus?
Comment vous débrouillerez-vous? On verra. C'est à cela,
Mme le Président, que la démagogie mène quand on a peu de
mémoire et beaucoup de rage. Le type de situation financière qui
nous a été laissé, évidemment, prohibait cette
année des mouvements de fonds de cet ordre. Il était hors de
question qu'on puisse faire cela. Je trouve épatant que, lorsqu'on parle
du pouvoir à l'Opposition, la mémoire puisse être aussi
courte. On nous a suggéré aussi que la taxe en question aurait
pour effet de rendre les vêtements et les chaussures plus chers et donc
de mettre en péril l'industrie du textile et l'industrie de la chaussure
au Québec.
Mme le Président, à cet égard, je suis un peu
sidéré, je dois dire. Ces industries traditionnelles donnent lieu
depuis des années à une concurrence étrangère que
tous se reconnaissent à considérer comme étant terrible.
Les gouvernements successifs que le Québec a connus ne se sont à
peu près jamais intéressés activement à la
protection douanière et à l'action du gouvernement
fédéral dans ce domaine qui était pour ces secteurs
traditionnels pendant un certain temps au moins, la seule planche de salut
possible. Il faudra que le Parti québécois arrive au pouvoir et
enfin négocie avec le gouvernement fédéral parce
que cela a été négocié, bien négocié
et cela a abouti un système de protection de quelques
années pour le textile, le vêtement et la chaussure, permettant
à ces industries, enfin, d'être en mesure, pendant quelques
années dans certains cas trois ans, dans d'autres autant que
quatre de procéder à une réorganisation, à
un refinancement, à une modernisation dont elles ont besoin, à
l'abri de protection sérieuse du gouvernement fédéral.
C'est la première fois qu'au Québec on arrive à faire en
sorte qu'avec le fédéral on aboutisse à quelque chose
d'aussi précis, d'aussi spécifique et d'aussi prometteur pour
l'avenir pour ces secteurs traditionnels de notre industrie.
On n'en a pas dit beaucoup de choses depuis deux jours. On nous a dit:
Parce que vous taxez les vêtements d'enfants, l'industrie du textile ou
de la chaussure est sur le point de s'écrouler. J'ai trouvé cela,
je vous avouerai, charmant comme argument, mais pas très probant. Il y
a, je pense, cependant, sur le plan des zones frontalières, qu'on a
évoquées souvent, des questions qui sont à la fois
loufoques et d'autres qui sont sérieuses. Les questions loufoques sont
celles évidemment qui consistent à nous dire que le
Québécois moyen sur pied va acheter ses vêtements d'enfants
aux Etats-Unis depuis que la taxe existe.
Je vous assure que, s'il fait cela, Mme le Président, avec la
dévaluation du dollar canadien, il ne va pas gagner grand-chose.
Il ne faudrait pas oublier qu'alors que la taxe est imposée, bien
sûr, le dollar baisse. Il est tout à fait remarquable que le
consommateur de vêtements ait l'air d'être un peu plus
alerté à ces questions que beaucoup plus de députés
de cette Chambre. Faites le calcul, depuis le mois d'avril dernier, Mme le
Président, et demandez-vous, avec la dévaluation du dollar
canadien, plus l'essence dans l'auto plus l'essence pour revenir, moins 8%, si
vous allez acheter aux Etats-Unis. Il faut vraiment avoir un sens partisan de
la politique assez développé pour faire cela. Je ne doute pas que
certains, par politique, puissent lefaire. Je doute que quelqu'un avec un
morceau de papier et un crayon puisse faire cela.
C'est au contraire beaucoup plus sérieux, je pense. C'est une
situation qui existe depuis des années dans la région de Hull, va
toujours nous créer des problèmes, quoi qu'on fasse sur le plan
de la taxe de vente. Cela fait des années que l'on se rend très
bien compte que chaque fois qu'il y a des changements, non seulement dans les
niveaux généraux de la taxe de vente mais même dans
l'application de la taxe de vente, cela déplace dans cette région
passablement d'activité commerciale.
On a beaucoup parlé des effets des 8% sur les vêtements
d'enfants et la chaussure d'enfants. On n'a pas beaucoup souligné le
fait que la chaussure de moins de $30 en Ontario est exemptée, et que
sur le plan du commerce de la chaussure dans la région de Hull, cela a
eu un impact considérable depuis longtemps. Il fut un temps où
notre taxe de vente au Québec était passablement plus
élevée qu'en Ontario. Actuellement, l'écart est restreint,
mais il fut un temps où c'était plus considérable.
Les ministres du Revenu successifs se sont heurtés à ce
problème des conséquences de toute différence, quelle
qu'elle soit dans un sens ou dans l'autre, entre Ottawa et Hull des
régimes de taxe de vente. Je dis dans un sens ou dans l'autre parce
qu'il arrive que cela joue dans l'autre sens. Au contraire, quand on dit pas
souvent... Sur la question de l'alcool par exemple, cela a joué parfois
dans l'autre sens. Il est évident que, par exemple, sur l'essence ou
l'huile diesel on a vu des mouvements dans les deux sens. Il ne faudrait
surtout pas s'imaginer que c'est à sens unique dans la
région.
A l'heure actuelle, nous cherchons à régler avec le
gouvernement de l'Ontario, par des accords de réciprocité,
certains problèmes dans cette région. On sait très bien
qu'on ne peut pas les régler tous. Je pourrais recourir à
l'argument traditionnel qui consiste à dire que, quand il y aura une
frontière là-bas ce sera un peu plus facile,
c'est vrai, pas mal plus facile, mais dans l'intervalle on est pris avec
le problème. Je ne m'excuse pas en soulignant qu'il existe. Je sais
qu'il existe depuis longtemps. Je sais qu'il existera tant et aussi longtemps
qu'il n'y aura pas une vraie frontière.
M. Gratton: Est-ce possible?
M. Parizeau: Cela m'est très difficile. J'imagine que je
n'aurai pas beaucoup plus de succès à cet égard que mes
prédécesseurs pour en arriver à établir une
espèce d'équilibre qui puisse satisfaire, comment dire, les
commerçants des deux côtés de la frontière. Il
faudra simplement peut-être reconnaître une petite chose, Mme le
Président, c'est qu'évidemment ceux qui, dans cette
région, vont acheter en Ontario sans taxe et néanmoins retirent
les allocations familiales du Québec ne sont pas les plus à
plaindre du système, n'est-ce pas? Ils tirent sur les deux plans.
M. Gratton: Ce sont des traîtres.
M. Parizeau: Ils se débrouillent. Ceci étant dit,
je conclurai cette réplique en disant ceci, et j'espère que vous
m'excuserez d'élargir un tout petit peu le débat. Nous avons,
dans le courant de cette année, opéré, par les projets de
loi 63, 61, 60, par le truchement aussi de certaines dispositions du projet de
loi 52, ce qui était essentiellement des réajustements qui nous
paraissaient utiles, mais d'aucune espèce de façon j'imagine
qu'on puisse considérer que ce qui s'est passé en 1977/78 soit un
élément de réforme fiscale majeur.
Le problème qui se pose devant nous pour les mois qui viennent
est de savoir dans quelle mesure, à partir de la marge de manoeuvre
disponible pour l'année prochaine, plutôt que de faire un certain
nombre d'opérations sur de courtes périodes et relativement
restreintes comme celles auxquelles on devait se limiter cette année par
prudence élémentaire, on pourra l'an prochain amorcer une
réforme fiscale un peu plus profonde. J'aurais mauvaise grâce
à en parler, d'une part, parce que ce n'est normalement qu'au discours
du budget qu'on en parle et, d'autre part, parce que le cabinet aura à
prendre, dans les semaines et les mois qui viennent, un certain nombre de
décisions majeures à ce sujet. Mme le Président, je vous
remercie.
Mme le Vice-Président: Cette motion du ministre du Revenu
proposant la deuxième lecture du projet de loi no 61, Loi modifiant la
Loi de l'impôt sur la vente en détail, est-elle
adoptée?
M. Mailloux: Vote enregistré.
M. Duhaime: Mme le Président, conformément à
nos nouveaux règlements de l'Assemblée nationale, nous pourrions
procéder à l'enregistrement du vote demain à la
séance régulière, juste avant les affaires du jour.
Mme le Vice-Président: L'enregistrement des noms sur cette
motion sera fait demain à la fin de la période des affaires
courantes.
M. Lalonde: D'accord.
M. Duhaime: Je vous demanderais, Mme le Président,
d'appeler l'article 16) de notre feuilleton.
Projet de loi no 88
Deuxième
lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre de la Justice
propose la deuxième lecture du projet de loi no 88 Loi modifiant
la Charte des droits et libertés de la personne.
M. le ministre de la Justice.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: Mme le Président, en demandant à
tous mes collègues de l'Assemblée nationale d'adopter la
modification à la Charte des droits et libertés de la personne,
telle que proposée par le projet de loi 88, je voudrais, tout d'abord,
souligner que ce geste constitue le prolongement logique d'attitudes publiques
prises par le parti ministériel alors qu'il constituait l'Opposition
officielle dans cette Assemblée. En effet, en juin 1975, lors de
l'adoption de la Charte des droits et libertés de la personne,
l'Opposition officielle avait proposé et soutenu ce même
amendement que nous présentons aujourd'hui sous forme de projet de
loi.
Puis-je vous rappeler, Mme le Président, que cet amendement
n'avait pas été retenu par le gouvernement d'alors, non pas en
raison d'une quelconque objection de principe, mais bien plutôt parce que
le ministre de la Justice de l'époque jugeait que le moment était
inapproprié et craignait que la crédibilité de l'ensemble
de la charte ne risque de souffrir de cet amendement que nous présentons
aujourd'hui comme projet de loi.
L'Opposition de 1975 jugeait, au contraire, que le moment était
approprié. A plus forte raison, le gouvernement de 1977 le pense
également. Quant à la crédibilité de la Charte des
droits et libertés de la personne, il faut croire qu'elle n'y courra
aucun grave danger puisque l'amendement proposé par le projet de loi 88
est justement un amendement qui est réclamé et soutenu par la
Commission des droits de la personne.
Ainsi, puisque, logiques avec nous-mêmes, nous proposons en 1977
un amendement que nous avons défendu en 1975, puisque, d'autre part,
nous le proposons aujourd'hui pour les mêmes raisons qu'alors et, enfin,
puisqu'il nous semble que cette modification à la charte ne pourrait
trouver meilleurs défenseurs que les personnes responsables de faire
respecter cette charte, pour toutes ces raisons, vous me permettrez de me
limiter à des propos brefs dont l'intention sera d'éclairer
l'Assemblée sur les perspectives essentielles
adoptées par le gouvernement en proposant ce projet de loi.
La Charte des droits et libertés de la personne confère
à la personne un droit à l'exercice de ses droits et
libertés sans distinction, exclusion ou préférence
fondée sur la race, la couleur, le sexe, l'état civil, la
religion, les convictions politiques, la langue, l'origine ethnique ou
nationale, ou la condition sociale. Il est facile de comprendre que
l'énumération faite dans cet article de la Charte des droits et
libertés de la personne est essentiellement limitative. Ainsi donc, par
interprétation, et selon le texte et le libellé même de cet
article de la Charte des droits et libertés de la personne, en dehors
des cas qui y sont mentionnés juridiquement, il ne saurait y avoir
discrimination.
C'est ainsi que la Commission des droits et libertés de la
personne doit refuser puisque c'est la situation qui existe à
l'heure actuelle de faire enquête lorsqu'une plainte est
logée pour une cause de discrimination autre que celles prévues
à la loi, et qu'un tribunal refuserait également de statuer sur
ces cas pour les mêmes raisons. Par conséquent, cette charte qui
vise essentiellement à protéger l'exercice des droits et
libertés individuelles n'interdit pas c'est la situation, à
l'heure actuelle la discrimination basée sur ce qu'il est convenu
d'appeler l'orientation sexuelle.
Cette expression, l'orientation sexuelle, qui est couramment
utilisée dans les textes de loi américains se
réfère à la tendance, à la
préférence, au comportement d'un individu, eu égard
à l'exercice de sa sexualité, peu importe qu'il soit un homme ou
une femme.
Mme le Président, le phénomène de
l'homosexualité existe au Québec comme partout ailleurs. En
l'absence de données spécifiques pour le Québec, nous
devons emprunter les chiffres du rapport Kinsey en ce qui a trait au
comportement homosexuel exclusif, à savoir 4% chez les hommes et environ
2% à 3% chez les femmes. Ces pourcentages appliqués au
Québec donnent, comme résultat qu'il y aurait approximativement
150 000 individus exclusivement homosexuels.
La discrimination, Mme le Président, est le geste par lequel on
refuse ou limite les droits normalement consentis à un autre citoyen.
Nul ne peut prétendre qu'il n'existe pas de discrimination à
l'endroit des hommes et des femmes homosexuels. Nous en avons tous
été témoins, quelquefois même y avons-nous
participé ou l'avons-nous subtilement tolérée ou
encouragée. Sur le plan social, les femmes et les hommes homosexuels
forment un des groupes humains les plus méprisés et
dédaignés de notre société. Leur sexualité
suscite parfois de l'hostilité, de la malveillance, de
l'animosité et engendre une attitude de dénigrement, de
dépréciation, de calomnie et d'agressivité. Des jugements
sévères sont portés et des préjugés
défavorables sont nourris à leur égard. Dépourvus,
en quelque sorte, laissés à eux-mêmes, les homosexuels se
réfugient dans la crainte et l'appréhension d'une
pénalité sociale qu'entraîne la découverte de leur
homosexualité. Ils souffrent d'injustices graves, flagrantes, trop
souvent méconnues et sous-estimées.
Mme le Président, on ne peut être indifférent au
phénomène de la discrimination, on est en faveur ou on est
contre, il n'y a pas de mi-chemin. Les indifférents, les
non-intéressés face à la discrimination, quoi qu'ils
pensent, sont en faveur de la discrimination. Or, en matière
d'orientation sexuelle, il y a, au Québec comme ailleurs,
discrimination. En dehors de sa forme diluée, enveloppante, faite d'une
infinité d'interdits sociaux sur laquelle il est douteux que l'Etat
puisse avoir emprise, il demeure un nombre considérable de gestes
concrets, particuliers qui défavorisent des individus.
C'est à ces gestes que la Commission des droits de la personne
est très sensible, et contre ces gestes que la commission reste
impuissante dans l'état actuel de la Charte des droits et
libertés de la personne. Ce type de discrimination concrète se
présente en particulier dans quatre domaines, soit celui du logement,
où des propriétaires refusent ou limitent des baux par des
considérations de l'ordre de l'orientation sexuelle; celui de l'emploi,
où des employeurs font encore entrer ce facteur dans la décision
de ne pas engager ou de congédier des employés ou encore de les
limiter dans leurs conditions de travail ou de promotion; également,
celui des services de santé, où des médecins refusent des
soins à des hommes et des femmes homosexuels.
Celui, enfin, de l'accès à certains services publics
comme, par exemple, le refus de louer une salle publique, le refus de publier
une annonce publique ou le refus d'imprimer un texte. Des gestes de
discrimination de ce genre font des victimes courantes. C'est contre ces gestes
qu'ont déjà réagi concrètement une vingtaine de
villes américaines dont Washington, Détroit, San Francisco,
Seattle, etc. De la même façon, certaines villes canadiennes ont
également réagi contre ces gestes, à savoir Toronto et
Ottawa. C'est contre ces gestes, également, que se sont
érigées les Commissions des droits de la personne de la
Saskatchewan et de la Colombie-Britannique.
C'est contre ces gestes que s'élève le
député libéral ontarien, Mme Margaret Campbell, qui
propose présentement à la Législature de l'Ontario un
amendement au Code des droits de l'homme de l'Ontario pour y insérer les
mots "orientation sexuelle". Enfin, Mme le Président, c'est contre ces
gestes que s'élève et que veut agir la Commission des droits de
la personne au Québec; fait suite à sa recommandation le projet
de loi no 88.
Mme le Président, derrière cette discrimination qu'il
n'est plus possible de nier se cachent des préjugés dont les
causes sont connues et qui reposent pour la plupart sur des notions de
comportement social et de la sexualité humaine. Dans leurs façons
de se manifester, les préjugés ont divers degrés
d'intensité. Ce sont eux qui expliquent toute la méfiance de
l'employeur ou du propriétaire, son geste nerveux, spontané,
brutal, son comportement irréfléchi qui n'est motivé que
par des peurs et des craintes, souvent irrationnelles. A mon avis, le
rôle de l'Etat n'est pas d'institutionnaliser ces préjugés
et de les exacerber en permettant que la discrimination puisse s'exercer
contre les minorités dans la société. Certains
prétendent que, bien qu'ils soient en faveur du principe de la
non-discrimination à l'encontre des hommes et les femmes homosexuels, un
problème particulier se pose dans le secteur du travail, notamment dans
l'éducation et les services de santé.
Mme le Président, il faut tout d'abord noter que l'article 20 de
la charte contient une mesure dérogatoire au principe qui est
posé par l'article 10. En effet, l'article 20 édicté: "Une
distinction, exclusion ou préférence fondée sur les
aptitudes ou qualités exigées de bonne foi pour un emploi, ou
justifiée par le caractère charitable, philantropi-que,
religieux, politique ou éducatif d'une institution sans but lucratif ou
qui est vouée exclusivement au bien-être d'un groupe ethnique est
réputée non discriminatoire". Autrement dit, cette disposition
permet, à mon avis, dans un cadre bien précis, la discrimination
fondée sur l'orientation sexuelle, sans toutefois qu'elle soit
taxée de discriminatoire.
En l'absence d'une définition dans un texte de loi, les mots
doivent être interprétés suivant leur sens commun. Or, le
mot "qualité", qu'on voit à l'article 20 de la Charte des droits
et libertés de la personne, retient particulièrement notre
attention. Le dictionnaire Robert définit ainsi le mot "qualité":
"Un élément de la nature d'un être permettant de le
caractériser particulièrement dans le domaine intellectuel et
moral".
Une qualité étant donc un élément qui
caractérise intellectuellement et moralement l'individu, je
conçois fort bien que l'orientation sexuelle puisse constituer une
qualité sur laquelle pourrait être fondée une distinction,
exclusion ou préférence en vue d'un emploi. L'article 20 est
dérogatoire au principe énoncé à l'article 10 de la
Charte des droits et libertés de la personne, en ce qu'il crée
une présomption favorable à l'employeur qui exerce une
discrimination fondée sur des aptitudes ou qualités
exigées de bonne foi pour un emploi. Pour avoir un gain de cause,
l'aspirant employé devra démontrer à la satisfaction de la
Commission des droits de la personne que ses qualités ne sont pas
incompatibles avec l'emploi postulé et ainsi renverser la
présomption et donner ouverture à l'application de l'article
10.
Je crois que l'on devrait faire confiance au sens des
responsabilités de la commission et laisser la jurisprudence
s'établir en cette matière.
Ce que l'on craint davantage, me semble-t-il, lorsqu'on émet
cette réserve, c'est qu'il y ait des possibilités que soient
commis des actes sexuels illicites dont des personnes pourraient être
victimes. Il faut cependant considérer qu'il s'agirait d'actes illicites
aussi bien s'ils sont le fait d'un homosexuel que s'ils sont le fait d'un
hétérosexuel. Ce sont des pratiques condamnables et
condamnées par notre droit. Le Code criminel continent des dispositions
à ce sujet. Les articles 155 et suivants disposent de certaines
pratiques homosexuelles qui sont qualifiées d'actes criminels si elles
ne sont pas le fait de deux personnes consentantes, âgées de 21
ans ou plus et exécutées dans l'intimité.
Autrement dit, même entre personnes consentantes
âgées de moins de 21 ans, l'homosexualité est
considérée par notre droit comme étant un acte criminel,
ce qui n'est pas le cas, par exemple, pour les hétérosexuels. De
plus, la Loi de l'instruction publique, à son article 18 des statuts
révisés du Québec, chapitre 235, prévoit la
révocation par le ministre du brevet de capacité d'un instituteur
si une plainte l'accusant de mauvaise conduite, d'immoralité ou
d'infraction grave dans l'exécution ou l'exercice de ses fonctions est
jugée bien fondée. L'instituteur ayant fait l'objet de la plainte
verra son nom rayé de la liste des instituteurs et il sera relevé
de ses fonctions. Cette même loi, au paragraphe 2 de l'article 203, nous
dit qu'il est du devoir des commissaires et des syndics d'écoles de
résilier l'engagement des personnes occupant une fonction
pédagogique ou éducative pour cause d'inconduite et
d'immoralité.
Mme le Président, la dimension la plus fondamentale du
présent projet de loi est celle, très positive, qui constitue le
chapitre des libertés humaines. Nous avons tous l'immense
privilège de vivre et de travailler dans une des sociétés
les plus culturellement riches, les plus socialement créatrices, les
plus politiquement dynamiques du monde entier. C'est notre conviction.
Le Québec des libertés, comme l'appelle à juste
titre l'Opposition officielle, ce n'est pas le Québec d'une
liberté acquise depuis des siècles, mais plutôt le
Québec qui crée au jour le jour ses libertés.
Il n'y a aucun cas comparable en Occident, ni dans le monde, d'une
société qui soit passée aussi vite que la
société québécoise, d'une façon aussi
adulte, avec aussi peu d'aspects négatifs, d'une société
fermée, autoritaire, obscurantiste, à une société
ouverte, audacieuse et articulée. Ce n'est pas là je tiens
à le dire, c'est ma conviction l'oeuvre d'un gouvernement, ni
celui-ci, ni un autre, mais c'est l'oeuvre des citoyens dans leur ensemble,
chacun engagé dans son milieu. C'est, cependant, la
responsabilité du gouvernement, de celui-ci comme de tout autre, de
contribuer à assurer que les libertés acquises le demeurent et
que les nouvelles libertés qui se construisent ne soient pas
entravées. Cela n'étonnera personne, je crois, qu'un parti
politique, fondé et maintenu pour contribuer à la liberté
nationale d'un peuple, se montre soucieux d'assurer les libertés des
divers éléments de ce peuple et, en particulier, celles de ses
minorités.
Quand une de ces minorités atteint les proportions d'un
demi-million de citoyens, cela n'étonnera encore personne que le
gouvernement sente la nécessité de protéger la
liberté d'orientation sexuelle. Je ne suis certainement pas le premier
à dire que le culte qu'on a de la liberté est mesuré par
le respect qu'on a des minorités. Puis-je vous rappeler, en terminant,
que les positions que je défends en proposant ce projet de loi sont non
seulement les miennes, mais celles de mon parti, celles soutenues par les
membres de plusieurs partis, celles défendues par une multitude
d'organismes et d'individus au Québec, celles également re-
commandées par la Commission des droits de la personne du
Québec.
L'existence des homosexuels est un fait et l'homosexualité a
cessé d'être frappée d'interdit entre adultes consentants
par le Code criminel depuis le bill omnibus de M. Trudeau. Il ne s'agit pas
d'approuver la moralité de cette attitude, mais d'empêcher que des
citoyens ne puissent être ostracises, notamment dans l'emploi et le
logement, à cause de leurs affinités sexuelles. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Je vais appuyer, en deuxième lecture, le
projet de loi no 88 qui veut modifier la Charte des droits et des
libertés de la personne essentiellement en ajoutant, à l'article
10, l'orientation sexuelle comme source de discrimination dans l'interdiction
que cet article fait justement de telles discriminations.
Le ministre a mentionné que cette question a déjà
été soumise à cette Législature il y a un peu plus
de deux ans. Il a, je pense, expliqué avec assez de justesse les raisons
qui avaient, à ce moment-là, milité, dans l'esprit du
ministre responsable du projet de loi, qui était la Charte des droits et
libertés de la personne, en faveur de son geste d'écarter
l'inclusion de l'orientation sexuelle dans le paragraphe 10. Il a, je pense,
résumé cette attitude dans le sens suivant: ce n'était pas
le moment approprié. Je ne veux pas faire un débat
là-dessus. Je pense qu'on doit considérer ce projet dans le
contexte actuel. Il est fort possible que ce n'était pas, à ce
moment-là, le moment approprié. Ce n'est pas le but de ce projet
de juger du passé.
Mais, actuellement, les conditions étant différentes,
c'est sûrement le moment approprié pour cette Assemblée
d'étudier un projet qui n'est pas facile, qui n'est pas facile, parce
que dans chacun de nous dorment, sommeillent un certain nombre de valeurs que
l'on doit à notre milieu, que l'on doit à ce qu'on nous a
enseigné, à notre formation, de valeurs qui se rattachent souvent
à des systèmes, qu'ils soient religieux ou moraux et qui dictent
chez nous des comportements que nous ne devons pas juger, mais que nous devons
comprendre.
C'est dans ce climat et dans ce contexte que nous devons, à titre
de législateur, nous imposer une étude objective de la question.
L'Etat ne peut pas, ne doit pas et les législateurs qui en sont les
serviteurs ne peuvent pas et ne doivent pas assujettir les décisions
qu'ils ont à prendre ou non pour le bien-être et le
mieux-être de la population, à leurs seules valeurs subjectives.
Je pense qu'ils doivent faire appel à un système de valeurs plus
objectives.
Le ministre a défini l'orientation sexuelle, j'en ai pris
quelques notes, je suis d'accord avec sa définition, n'étant pas
un expert en matière semblable, il m'apparaît quand même
qu'il s'agit juste- ment de tendances, de préférences et de
comportements. Le ministre a insisté sur l'aspect homosexualité
dans ses propos. C'est sûrement à juste titre, parce que s'il y a
discrimination, ce n'est pas, je crois il faut quand même s'en
rapporter à l'expérience sociale dans des cas de
comportement hétérosexuel, mais plutôt de comportement
homosexuel, quoiqu'on pourrait à bon droit, soutenir que "orientation
sexuelle" n'inclut pas nécessairement homosexualité. Mais
étant donné que sa définition se rapporte à des
tendances, des préférences et des comportements elle inclut aussi
et pourrait servir dans le contexte du projet de loi, étant
adopté, à empêcher la discrimination aussi dans le cas de
comportement hétérosexuel.
Mme le Président, quant à moi, l'important, c'est
d'élargir et d'élargir quotidiennement le domaine des
libertés et d'élargir quotidiennement les décisions que
nous avons à prendre collectivement et individuellement de nature
à éliminer dans nos comportements la discrimination. La
discrimination qui est source de tous les comportements violents individuels ou
collectifs, qui est source d'injustice et qui n'a pas sa place dans un
Québec des libertés. Le Québec des libertés n'est
pas le Québec de l'anarchie, ni le Québec de la licence; l'appui
d'un tel amendement n'implique pas non plus, en aucune façon, un choix
à l'égard d'une tendance ou d'une autre.
Je crois que c'est important, parce que la distinction dans l'esprit de
plusieurs est mince. Je pense qu'il ne s'agit pas, lorsqu'on appuie une telle
décision, de dire qu'on est pour des comportements
hétérosexuels ou homosexuels, ou qu'on est contre. Cela doit
être compris, cela doit être expliqué et
réexpliqué à la population, et aux gens qui, souvent
à bon droit, par ignorance, comme je disais tantôt, à cause
de tout le bagage de valeurs et de préjugés dont on hérite
immanquablement, se posent des questions à savoir quel genre de
société on est en train de créer en laissant faire toutes
sortes de choses à toute sorte de monde.
Alors, Mme le Président, il est du devoir du gouvernement,
lorsque ce projet de loi sera adopté, comme j'espère qu'il le
sera, de l'expliquer d'une façon aussi objective que le ministre l'a
fait dans son discours tantôt.
Ce projet, cette décision va aussi, dans plusieurs milieux
et je remercie le ministre d'en avoir fait état à la fin de son
discours mettre en lumière certains événements qui
dans certaines localités ou dans certaines régions prennent une
ampleur importante, certains cas où dans des comportements homosexuels
des jeunes auraient été l'objet de sévices. Le ministre a
dit que ces sévices arrivent quotidiennement dans des comportements
hétérosexuels, et c'est exact; le cas du viol en est un et il est
beaucoup plus quotidien qu'on le pense. On sait que seulement une partie minime
est connue, malgré les campagnes de publicité qui sont faites
dans certains milieux, surtout aux Etats-Unis. J'espère que cela va nous
atteindre pour encourager les victimes du viol à déclarer leur
épreuve, de façon qu'on connaisse un peu mieux quel est ce
fléau social qu'est le viol.
Ces cas malheureux de sévices sexuels ne sont pas le propre de
comportements plus homosexuels qu'hétérosexuels. Le ministre sait
jusqu'à quel point les mentalités ne sont pas toujours
prêtes à comprendre ceci et jusqu'à quel point sa
décision impose sur ses épaules et sur les épaules du
gouvernement la charge, le fardeau d'expliquer. Je l'invite à le faire,
et je laisse à son imagination, ses connaissances et aussi tous les
services qui sont à sa disposition le soin de déterminer comment.
Je l'invite à le faire. Il serait malheureux que l'adoption d'une telle
loi provoque des réactions de gens qui ne comprendraient pas parce que,
hier ou la semaine dernière, il est arrivé quelque chose de la
nature de celle que le ministre a expliqué tantôt.
Mme le Président, étant fondamentalement contre toute
espèce de discrimination, ayant fait partie d'un gouvernement qui a
adopté la Charte des droits et libertés de la personne, je pense
que voulant élargir les frontières des libertés au
Québec, et le faire de la façon la plus civilisée qui
soit, il est du devoir de chacun et chacune de cette Assemblée d'appuyer
ce projet de loi pour que le Québec des libertés non seulement
soit, mais demeure.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, Mme le Président. A la suite de
l'intervention et des explications bien élaborées qu'a
données le ministre de la Justice concernant ce projet de loi, nous de
l'Union Nationale, Mme le Président, n'interviendrons pas en
deuxième lecture, et sommes prêts à adopter sur division ce
projet de loi. Si quelqu'un désire un vote enregistré, nous nous
prononcerons quand même, mais je vous dis que nous sommes prêts
à l'adopter sur division. Ce sont les commentaires que nous avions
à faire sur le projet de loi no 88.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Mme le Président, l'actuel projet de loi 88
n'est rien de nouveau à l'Assemblée nationale. Il nous
réfère à un sujet qui a déjà fait l'objet
d'une étude en commission parlementaire, en 1975, à l'occasion de
la présentation de la Charte des droits et libertés de la
personne, projet de loi no 50 dans le temps. Il a fait l'objet également
d'une motion à l'Assemblée nationale, qui a été
débattue et battue par la majorité.
Mme le Président, avant de développer une certaine
argumentation, permettez-moi de souligner que le projet de loi no 88 que nous
avons devant nous s'intitule Loi modifiant la Charte des droits et
libertés de la personne. Donc, le principe de ce projet de loi est assez
vaste en lui-même, en ce sens que le principe est de modi- fier la Charte
des droits et libertés de la personne. Je voudrais, puisque j'ai eu
l'occasion d'assister aux différents débats sur la loi 50, en
1975, en commission parlementaire, et d'entendre différents points de
vue sur différents sujets qui concernaient la Charte des droits et
libertés de la personne, puisque le ministre s'est
référé à la Commission des droits de la personne
qui aurait émis un avis favorable à l'amendement qui
apparaît dans le projet de loi no 88, je voudrais, dis-je, souligner
qu'il ne m'apparaît pas normal qu'un gouvernement se serve de la
Commission des droits de la personne comme paravent utile seulement quand cela
fait son affaire.
Je souligne à cette Assemblée que la Commission des droits
de la personne avait aussi fait parvenir un avis, au mois d'avril ou mai
dernier, concernant un autre sujet qui était les souscriptions aux
différents partis politiques du Québec, le tout retrouvé
dans la loi no 2 qui a été par la suite adoptée. Cette
référence que fait le ministre ne m'impressionne pas tellement
parce que nous avons l'expérience claire et nette que le gouvernement se
sert de la Commission des droits de la personne quand cela fait son affaire.
Mais parlant de la Commission des droits de la personne, je voudrais rappeler
à cette Assemblée en date du 14 janvier 1975, un article qui a
paru dans le journal Le Soleil, signé par Maurice Champagne,
président de la Commission des droits de la personne...
Une Voix: Vice-Président.
M. Samson: Je regrette mais c'est marqué président
dans cet article. Je suis bien prêt à accepter ce qu'on vient de
me dire...
M. Burns: C'est vice-président.
M. Samson: ... cela ne changera rien, de toute façon,
à ce que j'ai à vous dire, peu importe le poste. Cela aurait pu
être écrit par quelqu'un d'autre, mais je me rends à ce que
vous dites parce que vous me donnez une information que j'accepte.
Voici ce qu'il dit, je vais citer trois paragraphes seulement. Je vous
ferai grâce du reste parce que c'est un article qui a paru en deux
sections dans le journal Le Soleil: "II s'en trouve certes pour qui la seule
expression "crise des valeurs" est dépassée. Pourtant, elle me
paraît décrire on ne peut plus rigoureusement une situation qui
s'est développée au Québec ces dernières
années. Je crois que nous vivons un problème aigu de vide
spirituel. Je soumets l'hypothèse suivante, comme point de départ
de ces réflexions: Nous vivons une crise profonde des valeurs parce que,
en particulier, nous n'avons pas réussi à remplacer le leadership
spirituel de l'Eglise d'avant les années 1960. Par ailleurs, ce
non-remplacement se trouve aggravé par une tendance de plus en plus
marquée à vivre de facilité et de confort superficiels, en
négligeant l'effort, la discipline et le sens du travail bien fait qui
sont absolument nécessaires à
une économie humaine québécoise qui soit forte et
durable."
Mme le Président, toujours en ce qui concerne les amendements
à la Charte des droits et des libertés de la personne, il y a
aussi le Front commun pour le respect de la vie qui, en 1976, a demandé
des amendements au gouvernement et ces amendements n'ont jamais fait l'objet,
jusqu'à présent du moins, d'une préoccupation
gouvernementale. Le Front commun pour le respect de la vie, soit dit en
passant, regroupe des représentants de différents mouvements et
sa représentativité totale est d'environ 500 000 personnes. Ces
personnes réclamaient aussi des amendements à l'article 1 de la
Charte des droits et libertés de la personne. Lorsqu'on y dit que "tout
être humain a droit à la vie, ainsi qu'à la
sûreté, à l'intégrité physique et à la
liberté de sa personne", le Front commun pour le respect de la vie
demandait qu'on ajoute trois mots, c'est-à-dire "depuis sa
conception".
A l'article 2 où on lit que "tout être humain dont la vie
est en péril a droit au secours", le mouvement pour le respect de la vie
demandait qu'on y ajoute "depuis sa conception". On demandait aussi un autre
amendement qui aurait dit à peu près ceci: "Que le droit de tout
enfant à la protection, à la sécurité et à
l'attention que doivent lui apporter sa famille ou les personnes qui en
tiennent lieu soit reconnu depuis sa conception."
Or, depuis 1976, depuis que ces suggestions et ces demandes ont
été faites au gouvernement, ce dernier n'a pas agi en ce sens. Je
viens de recevoir aujourd'hui, le 15 décembre dans quelques
minutes, cela va tomber à demain une copie d'un
télégramme qui a été envoyé au premier
ministre justement par le Front commun pour le respect de la vie. Je me
permets, Mme le Président, de citer ce télégramme qui
vient rejoindre les préoccupations du Front commun pour le respect de la
vie en matière de besoins d'amendements à la Charte des droits et
libertés de la personne. "Adressé à M. René
Lévesque, premier ministre du Québec. Le 31 mai 1977, le Front
commun pour le respect de la vie vous félicitait, vous et ceux des
membres de l'exécutif de votre parti qui avez su exercer leur
liberté d'accepter ou de refuser la résolution soumise par les
membres les plus extrémistes de votre parti sur la question de
l'avortement.
Nous apprenons avec stupéfaction, par le Devoir du 14
décembre, que maintenant le cabinet des ministres donnait mandat, le 23
novembre dernier, au ministre des Affaires sociales d'examiner la
possibilité d'implanter 20 cliniques d'avortement thérapeutique.
Comment expliquez-vous ce changement d'attitude de votre part? Pierre Marois
dit: "Que vous allez vous attaquer aux problèmes inhérents aux
comités thérapeutiques déjà en place et qui ne
fonctionnent pas parce qu'il y a des médecins objecteurs de conscience".
Vous savez très bien que la grande majorité des médecins
ne veulent pas tuer les enfants conçus, mais non encore nés.
Ceux-là mêmes qui demandent le plus de protection parce que plus
faibles. "Devons-nous comprendre que vous forcerez les médecins à
agir contre leur conscience et nous imposer un régime qui nierait
à l'enfant conçu le droit de naître, comme c'est le cas
dans les Etats totalitaires. Nous appuyons sans condition la position de
l'Association des médecins du Québec pour le respect de la vie
dans la démarche qu'ils ont entreprise pour s'opposer à
l'implantation de ces cliniques de la mort. Nous vous laissons savoir que nous
combattrons cette mesure administrative du ministère des Affaires
sociales avec toute l'énergie dont nous sommes capables". C'est
signé: Me André Morais, président du Front commun pour le
respect de la vie.
Mme le Président, je voudrais maintenant passer, toujours dans le
cadre du principe de cette loi qui est de modifier la Charte des droits et
libertés de la personne, également au sujet de l'instruction.
L'instruction publique ou privée dont nous retrouvons les mesures
à l'article 41 et 42 de la Charte des droits et libertés de la
personne. A ce sujet, je voudrais rappeler à cette Chambre qu'en 1975,
à la commission parlementaire qui a étudié le projet de
loi 50 avant la deuxième lecture, le Mouvement scolaire confessionnel
nous faisait part de ses points de vue. Je m'abstiendrai, bien sûr, de
lire l'ensemble du document. Je lirai seulement la suggestion et la demande
faite par ce dernier d'amender ce qui apparaissait à l'époque
comme l'article 39, mais qui, après la troisième lecture du
projet de loi 50 est devenu l'article 42. Je souligne donc ce qu'il nous disait
au sujet de cet article: Les parents ou les personnes c'est la
rédaction de l'article qui en tiennent lieu ont le droit de
choisir pour leurs enfants les établissements d'enseignement
privés pourvu que ces établissements se conforment aux normes
prescrip-tes ou approuvées en vertu de la loi. Cela apparaît dans
l'actuelle loi. Le mouvement disait ceci: Dans cet article, on assure aux
parents le droit à l'institution d'enseignement privée, mais on
n'assure pas sa parité avec l'institution d'enseignement publique. Et on
terminait ce paragraphe en posant une question: Est-ce une discrimination
contre ce genre d'institution tombant sous le coup de l'article 11? Lors de
l'étude du projet, l'article 11 est devenu l'article 10 après son
adoption en troisième lecture; donc l'article qui fait l'objet de
l'actuel débat vis-à-vis des amendements recommandés par
le gouvernement.
Dans le même sens, Mme le Président, nous avons eu, tout
dernièrement, une pétition signée, si ma mémoire
est fidèle, par environ 547 000 personnes au Québec, sous la
responsabilité de l'Association des parents catholiques du
Québec. Ils sont venus en nombre d'environ 500 présenter cette
pétition au salon rouge. Par la suite, cette pétition a
été, en vertu de nos actuels règlements et de nos nouveaux
règlements, c'est-à-dire, ses-sionnels, présentée
officiellement devant l'Assemblée nationale sous la signature d'un
représentant des quatre partis d'Opposition, c'est-à-dire, quatre
signatures, soit un représentant du Parti libéral, de l'Union
Nationale, du Ralliement créditiste et du Parti national populaire.
Or, voilà, ces préoccupations ont été
manifestées, l'une par le Front commun pour le respect de la vie, qui a
une représentativité d'environ 500 000 personnes, et l'autre en
matière d'éducation qui a été sous la
responsabilité de l'Association des parents catholiques et dont la
représentativité, par les signatures qui paraissaient sur la
pétition, était d'environ 550 000 personnes. Nous ne retrouvons
pas, dans les intentions gouvernementales connues au moins à ce jour,
d'inquiétude vis-à-vis de ces demandes. Dans la forme actuelle de
la Charte des droits et libertés de la personne, il y a là
discrimination, selon ces personnes, et je dis que j'endosse ces
prétentions.
De là à assister à la consécration, si vous
le voulez, parce que même si on n'a pas voulu... Je pense que dans les
opinions qui ont été émises par le Parti libéral et
par le ministre de la Justice, on n'a pas voulu aller au fond du sujet; ils
s'en sont tenus à des questions d'ordre purement juridique, ce qui est
parfaitement leur droit, je le reconnais. Mais un fait demeure, c'est ce que M.
Maurice Champagne écrivait, le 14 janvier 1975: La perte des valeurs
morales au Québec ou en quelque sorte des projets de loi de la
nature de ceux qui nous sont présentés ce soir peut
être, dans certains milieux, en tout cas, interprétée comme
la consécration de la dégradation de nos valeurs morales. Il me
semble que cela cadre un peu mal avec la prétention de l'actuel
gouvernement de se loger à l'enseigne de l'angélisme
politique.
Je n'irai pas plus loin dans mes réflexions. Je vous dis
cependant qu'il y a là une question de conscience personnelle, que je
reconnais, dont je reconnais le droit à tous les membres de cette
Chambre. Nous représentons chacun un comté, chacun des
électeurs; qu'ils soient dans un comté ou dans un autre, ils ont
peut-être des opinions qui peuvent différer, des exigences envers
leur député qui peuvent différer. J'ai cru pouvoir
constater par les intervenants que j'ai entendus qu'il y aurait une certaine
liberté, non pas uniquement d'expression, mais de vote sur ce sujet. Il
y en a eu une sur la première lecture. Il y en aura une, j'imagine, sur
la deuxième lecture. Je vous dis que je n'ai pas l'intention de
m'attaquer aux individus qui composent cette Chambre; quelle que soit leur
opinion, je la respecterai. Je souligne également que mon point de vue
n'est pas non plus celui de quelqu'un qui veut défavoriser qui que ce
soit; au contraire, je pense que tous ont droit à leur liberté,
à leur sécurité et au respect de leur comportement
personnel et privé. Mais pour des raisons que j'ai mentionnées,
question de conscience personnelle, je m'abstiendrai de voter sur ce projet de
loi favorablement; je voterai contre, Mme le Président.
M. Verreault: Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Shefford.
M. Richard Verreault
M. Verreault: Merci, Mme le Président. Comme je suis le
dernier intervenant dans ce dé- bat, je voudrais quand même que
vous compreniez qu'intervenir sur le projet de loi no 88, pour un
député de l'Opposition comme pour tout député de
cette Assemblée, c'est difficile. D'autre part, je voudrais
également dire que c'est encore plus difficile pour le ministre qui,
lui-même, a présenté ce projet de loi qui modifie la Charte
des droits et libertés de la personne.
Se lever pour parler favorablement d'un projet de loi semblable, c'est
difficile, je vous le mentionnais, mais je crois important en 1977, 1978
bientôt, que dans la Société dans laquelle nous vivons, les
gens commencent à comprendre des choses, des choses très
importantes. Si on se reporte à quelques années, tel que le
ministre de la Justice le mentionnait, le premier ministre du Canada, M.
Trudeau, a déposé en Chambre le bill omnibus. Cela fait
déjà plusieurs années de cela. Aujourd'hui, le ministre de
la Justice dépose un autre projet de loi sur les droits et les
libertés de la personne. Je crois que ce projet de loi est très
important.
J'ai assisté, au mois de novembre dernier, à un
congrès du Parti libéral qui traitait des libertés des
Québécois. Cela m'a permis de comprendre, d'analyser et
d'étudier bien des choses. En ce qui concerne le fond du projet de loi
no 88, je vous dirai que je suis pour ce que représente le projet de loi
parce que je suis contre toute forme de discrimination. Il n'est pas normal
aujourd'hui qu'on ait à faire des lois en ce qui a trait à la
langue, à la religion, à la race et à des choses
semblables. Lorsqu'on vit dans une société normalement saine, ces
choses devraient être acceptées.
Le ministre, tout à l'heure, a précisé d'une
manière assez exemplaire, assez formidable, tous les points qu'il
était important de comprendre afin de justifier le pourquoi de son
projet de loi. Je les endosse également. Cependant, je voudrais quand
même apporter certaines restrictions. Je ne voudrais tout de même
pas que par ce projet de loi les gens concernés, les gens visés
par une orientation sexuelle se croient maintenant permis d'abuser de toute
possibilité en ce qui a trait à ces déviations sexuelles.
Il est sûr qu'il y a plusieurs lois qui ont été faites pour
empêcher le crime, le meurtre et toutes ces choses, mais ce ne sont pas
les lois qui vont vraiment empêcher ces choses.
Aujourd'hui, on présente le projet de loi no 88 simplement pour
confirmer une chose qui existait. Evidemment, cela n'empêchera pas les
viols, les attentats à la pudeur, comme on en voit couramment, les
choses qui sont commises entre adultes et jeunes garçons ou filles.
Cependant, il ne faudrait pas que les homophiles, si on peut les appeler ainsi,
croient que le gouvernement actuel leur donne un élargissement de leurs
ébats. Tout à l'heure, le ministre considérait que
l'homosexualité était une maladie; il ne faut quand même
pas la considérer comme étant une pratique normale. Il ne
faudrait pas non plus que les gens visés par le projet de loi
considèrent que le gouvernement actuel leur accorde une
bénédiction entière et totale.
Il faudrait peut-être aussi que la plupart parmi nous cessent de
faire l'autruche; nous savons per-
tinemment que la loi fédérale empêche ces crimes.
Les gens qui sont des récidivistes...
M. Burns: Qui a parlé de crime? Le
Vice-Président: A l'ordre!
M. Verreault: De crime.
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Verreault: Qui a la parole, M. le Président? Le
Vice-Président: Vous.
M. Verreault: Merci beaucoup. Lorsque je parlais de crime,
c'était pour dire que la loi le prévoit entre adulte et enfant.
Lorsque ces choses sont accomplies dans l'illégalité, il est tout
à fait normal que ces crimes soient pénalisés.
Je ne prolongerai pas davantage mon plaidoyer sur la chose.
Je dis simplement que le projet de loi présenté n'aidera
pas davantage, quand même, les gens visés par ce projet de loi a
pouvoir se trouver des logements, à avoir des emplois, s'ils n'ont pas
les qualifications et les qualités requises. Et rien n'obligera,
évidemment, un propriétaire d'édifice d'appartements
à leur concéder pour ces raisons un appartement, si le même
propriétaire décide, à un moment donné, de trouver
d'autres raisons que celles-là.
En terminant, comme je le mentionnais ce ne sont pas des lois qui
corrigeront la situation actuelle, mais de toute façon, étant
contre toute forme de discrimination, je vous dirai que je voterai
favorablement sur ce projet de loi.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire. M.
Robert Burns
M. Burns: Non, M. le Président, j'ai simplement une
très brève intervention à faire. Je suis heureux, M. le
Président, de dire que je suis totalement d'accord avec la
présentation de ce projet de loi no 88 que le ministre de la Justice a
eu le courage de présenter. Alors que je faisais partie de cette
minuscule Opposition, nous avions soulevé cette question lors de
l'adoption du projet de loi no 50. A l'époque, bien sûr, j'ai
été l'objet, étant donné que je pilotais cet
amendement, d'un certain nombre de petites blagues, faciles d'ailleurs. Mais je
me rappelle qu'à l'époque j'avais dit qu'il ne fallait pas se
transformer en autruches lorsqu'on était des législateurs. Il
fallait, bien au contraire, se rendre compte qu'actuellement au Québec,
comme, d'ailleurs, partout dans le monde, l'homosexualité existe, d'une
part; que, d'autre part, il y a de la discrimination à l'endroit des
homosexuels. Quand je parle d'homosexuels, je parle autant des femmes que des
hommes. Quelqu'un qui veut protéger les libertés civiles et les
droits fondamentaux de qui que ce soit ne peut pas rester insensible à
cela, à moins qu'on ne dise qu'à partir de demain tous les
homosexuels doivent être punis de la peine de mort.
A ce que je sache, il n'y a pas dans le Code criminel de telles
dispositions. Il n'y a pas de telles dispositions, parce qu'on considère
qu'être homosexuel, cela ne mérite pas de se faire imposer une
peine de mort. On pense même plus que cela. On pense même
qu'être homosexuel, c'est quelque chose qui arrive dans une
société et on n'a pas à juger pourquoi cela arrive et on
n'a pas à faire de la psychiatrie, en tant que législateurs,
à l'endroit d'une catégorie de la population.
Je n'ose pas, M. le Président, me lancer dans d'autres exemples
qui pourraient choquer des gens à cause du sujet un peu délicat
que nous traitons. Mais je dis simplement ceci: II s'agit là d'une
situation de fait; il s'agit là d'une situation qui vise une grande
partie de nos concitoyens et de nos concitoyennes au Québec. En tant que
législateur, en tant que membre du gouvernement, je ne peux pas ignorer
cette situation. Le ministre de la Justice, et on doit l'en féliciter,
ne peut pas ignorer cette situation. C'est ce pourquoi il nous a amené
un projet de loi pour dire: II y a, d'une part, des gens qu'on peut
considérer comme des homosexuels au Québec ou des homophiles,
appelez-les comme vous voudrez, et il y a de la discrimination à leur
endroit, que ce soit à l'endroit de leur emploi, de leur logement ou de
toute autre situation où une personne dans la société a le
droit de se plaindre de se faire traiter différemment d'un autre. C'est
cela que le projet de loi reconnaît et c'est ce pourquoi c'est avec
plaisir que je vais voter en faveur de ce projet de loi et c'est ce pourquoi je
n'ai aucune espèce de gêne à le faire.
Je trouve qu'il y a trop longtemps qu'on a attendu pour adopter un tel
projet de loi. On aurait dû le faire lors de l'adoption du projet de loi
no 50. Cela aurait été réglé, il y a des gens qui
auraient fait des petites blagues, des petites farces, faciles d'ailleurs, mais
des petites blagues et des petites farces qui concernent une partie importante
de notre population.
C'est du monde de notre société, de nos concitoyens. On a
beau faire toutes les interventions sur la dégradation morale de la
société. Il ne s'agit pas d'un projet de loi, M. le
Président, qui vise à légaliser l'homosexualité. Ce
ne sont pas nos affaires. Cela ne nous concerne même pas. Il n'est pas
non plus question de faire toutes sortes de péroraisons autour des
possibilités de criminalité sur l'homosexualité. Ce ne
sont pas nos affaires non plus.
Il y a une chose qui nous concerne, M. le Président, et cela est
de notre juridiction, c'est la protection des libertés fondamentales et
des libertés civiles des personnes concernées, que ce soient des
homosexuels ou des hétérosexuels. Pour moi, cela me touche autant
dans l'un et l'autre cas. Dans ce sens, je remercie le ministre de la Justice
d'avoir passé à quelque chose de concret relativement à
cela, en amendant ce qui était à l'époque le projet de loi
no 50.
Le Vice-Président: Est-ce que M. le ministre a quelque
chose à ajouter?
M. Bédard: Non, M. le Président. Je crois avoir
explicité toutes les raisons qui ont motivé le gouvernement de
présenter ce projet de loi.
Le Vice-Président: Dans ce cas je dois demander si la
motion de deuxième lecture du projet de loi 88, Loi modifiant la Charte
des droits et libertés de la personne, est adoptée.
M. Lalonde: Adopté. Une Voix: Sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division. M M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, j'ai quand même le droit
de vous dire que j'avais annoncé que je voterais contre, et comme on
n'est pas assez nombreux pour demander un vote enregistré, je suis bien
d'accord pour donner ma collaboration. Mais je veux que ce soit bien
marqué que je vote contre.
Le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, ce sera enregistré. C'est au journal des
Débats.
M. Burns: M. le Président, sur ce, je pense qu'il est tout
à fait du droit du député de Rouyn-Noranda d'enregistrer
sa dissidence et de demander spécifiquement qu'elle soit
enregistrée. S'il y a d'autres députés qui veulent
l'enregistrer, M. le Président, cela fait partie des dispositions de
notre règlement.
Le Vice-Président: D'accord. M. le député de
Rouyn-Noranda...
M. Marchand: J'enregistre la mienne, M. le Président, et
je demanderais un vote enregistré s'il y en a cinq qui m'appuient.
M. Burns: Je ne le pense pas.
Le Vice-Président: M. le député de Laurier,
je puis reconnaître M. le député de Rouyn-Noranda et
vous-même...
M. Marchand: Je voudrais avoir le député
d'Abitibi...
Le Vice-Président: A l'ordre! Je puis vous
reconnaître et vous faire inscrire aux procès-verbaux comme
étant opposé à l'adoption du projet de loi 88. D'accord?
C'est fait.
M. Burns: C'est cela.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Burns: M. le Président, donc la deuxième lecture
du projet de loi est adoptée, je comprends.
Le Vice-Président: Oui, sur division, avec
enregistrement.
M. Burns: Sur division, avec enregistrement et dissidence de la
part du député de Laurier et du député de
Rouyn-Noranda.
M. le Président, je propose donc maintenant que le projet de loi
soit déféré à la commission plénière
à l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président: Immédiatement. Commission
plénière
M. Burns: Je propose d'abord, M. le Président, que le
projet de loi soit déféré à la commission
plénière de l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Maintenant, M. le Président, je propose que vous
quittiez votre fauteuil et que la commission de l'Assemblée nationale
prenne connaissance immédiatement du projet de loi no 88, article par
article, selon l'ordre de la Chambre qui vient d'être fait.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, je vais me rendre à votre demande. Je pense qu'il n'y a
pas d'objection.
M. Lalonde: Consentement, si c'est nécessaire.
Le Président (Mme Cuerrier): Projet de loi no 88, Loi
modifiant la Charte des droits et libertés de la personne.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Mme le Président, j'aurais une seule question
à poser au ministre de la Justice. Est-ce que le ministre de la Justice
peut nous informer s'il a des modifications à faire à ce
moment-ci au projet? Est-ce que le ministre de la Justice peut nous dire s'il y
a des modifications?
M. Bédard: Non, il n'y a aucune modification à
faire au projet de loi.
M. Samson: Dans ce cas, Mme le Président, dans le but
d'aider les travaux de la Chambre, pour ne pas les retarder inutilement, je
demanderai simplement au ministre de la Justice de prendre note des demandes
dont je me suis fait le porte-parole au cours de mon discours de
deuxième lecture je ne les répéterai pas, le
ministre en a pris connaissance, je pense, et, si c'est nécessaire, il
pourra en prendre connaissance par le journal des Débats dans le
but de revenir plus tard avec d'autres amendements qui concernent
les deux groupes que je vous ai mentionnés, soit le Front commun
pour le respect de la vie et l'Association des parents catholiques. Je n'irai
pas plus loin, je n'ai pas d'autres observations à faire, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Mme le Président, j'ai
écouté très attentivement les représentations qui
ont été faites par le député lors de la
deuxième lecture et il peut être convaincu que j'en ai pris bonne
note. Même, sur certains aspects, à l'heure actuelle, au niveau du
contentieux du ministère, il y a des études qui se font.
Maintenant, si nous avons procédé sur ce plan spécifique
de l'orientation sexuelle, c'est que c'est un domaine sur lequel nous avons eu
une représentation très spécifique de la Commission des
droits de la personne qui, dans une lettre de son président et
également dans un télégramme qui nous était
adressé, nous exprimait que la commission estimait qu'il y avait lieu
d'ajouter, à l'article 10 de la Charte des droits et libertés de
la personne du Québec, le critère de l'orientation sexuelle parmi
les motifs de discrimination interdits et ainsi de protéger les
homosexuels contre la discrimination. C'était sa position très
explicite.
Le député de Rouyn-Noranda a parlé de
représentativité, d'organismes représentatifs qui avaient
effectivement acheminé certaines représentations concernant les
points qu'il a soulevés dans son discours en deuxième lecture. Je
voudrais ajouter que, lors de la discussion en commission parlementaire du
projet de loi no 50, il y avait eu aussi, concernant l'orientation sexuelle,
beaucoup d'organismes qui avaient tenu à faire connaître leur
position favorable à l'effet que l'orientation sexuelle soit
insérée à l'intérieur de la Charte des droits et
libertés de la personne. Il y avait, entre autres, le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec, le Conseil du statut de la femme
qui s'étaient prononcés favorablement, la Centrale de
l'enseipnement du Québec, le Joint Anglican United Church and Society
Committee, la Mount Bruno United Church, l'Office de pastorale sociale de
l'archidiocèse de Québec, le Conseil central des syndicats
nationaux de Montréal, l'Association professionnelle des enseignants des
Vieilles Forges, le Syndicat de l'enseignement de la région de la Mitis,
La Montreal Teachers Association, la Fédération des
professionnels salariés et cadres du Québec, l'Association des
homophiles de Montréal, le Syndicat des travailleurs de l'enseignement
du Nord-Ouest québécois, le Syndicat des enseignants de
Champlain, l'Institut de la pastorale, le Syndicat des professeurs de la ville
de Laval, l'Association des enseignants de la Tar-divel, le Syndicat des
enseignants de l'ouest de Montréal, l'Union des employés de
services, local 298 de la FTQ, le Syndicat des travailleurs de l'enseignement
de Chauveau et Charlesbourg, l'Université McGill, au niveau des services
de santé.
Alors, c'étaient beaucoup de représentations favorables
à l'insertion de l'orientation sexuelle dans la Charte des droits et
libertés de la personne lors de l'étude du projet de loi 50 en
commission parlementaire.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Samson: Mme le Président, en terminant, puisque le
ministre a signifié à cette Chambre que les deux sujets que j'ai
mentionnés soit, d'une part, la question du respect de la vie et,
d'autre part, l'éducation, font partie d'études actuellement en
cours, je ne relancerai pas le ministre dans la nomenclature des associations
favorables. J'ai vu qu'il avait une couple de pages à lire, et si je
devais le relancer, j'aurais peut-être pas mal de pages à lire
aussi, mais je ne pense pas que cela avancerait le débat tellement. Ce
qui importe pour le moment, pour moi et ceux pour qui j'ai parlé, c'est
que le ministre puisse nous dire qu'il y a une étude sérieuse de
ces sujets et qu'on pourrait peut-être déboucher sur quelque chose
de concret.
M. Bédard: Je peux vous dire qu'il y a une étude
sérieuse qui se fait sur les sujets que vous avez soulevés.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 1, adopté?
Adopté.
M. Lalonde: Oui, Mme le Président. Nous n'avons aucun
commentaire sur l'article 1.
Le Président (Mme Cuerrier): Article 2, adopté?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté.
M. Marchand: Avec dissidence, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): Sur division, M. le
député.
M. Burns: Mme le Président, je propose maintenant...
M. Samson: Je m'excuse auprès de mon
collègue...
M. Burns: Oui.
M. Samson: Pour être conforme à ma position de
deuxième lecture, je vous demande aussi d'enregistrer ma dissidence sur
les articles 1 et 2.
Le Président (Mme Cuerrier): Je veux simplement vous faire
remarquer que je vais inscrire: Sur division, M. le député, mais
qu'en commission plénière le rapport contient
déjà...
M. Burns: Mme le Président, je considère que
déjà le fait que le député de Rouyn-Noranda l'ait
mentionné, c'est inscrit au journal des Débats.
Alors, je pense que sa dissidence est inscrite, et je propose que vous
fassiez rapport au président de la Chambre.
M. Marchand: Et la dissidence du député de Laurier,
aussi.
M. Burns: Et la dissidence du député de Laurier, je
vous remercie de me le rappeler, je l'avais oublié. Pas le
député de Laurier, mais sa dissidence. Je propose, Mme le
Président, que vous fassiez rapport au président de
l'Assemblée nationale que cette commission a siégé et
qu'elle a adopté le projet de loi sans amendements.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président, j'ai
l'honneur de vous faire rapport que la commission plénière a
étudié le projet de loi 88, Loi modifiant la Charte des droits et
libertés de la personne et qu'elle l'a adopté sans
amendements.
Le Vice-Président: D'accord. Troisième lecture.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, si j'avais le consentement de
nos collègues, je passerais immédiatement à la
troisième lecture. Je pense bien, de par le déroulement de nos
débats, qu'il y a consentement.
M. Lalonde: Consentement.
M. Burns: Alors, M. le Président, troisième lecture
du projet de loi, s'il vous plaît!
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, pour que
tout soit en ordre, je considère que le rapport est
agréé...
Des Voix: Agréé.
Le Vice-Président: ... et qu'il y a consentement pour que
nous passions en troisième lecture.
M. Burns: C'est cela, M. le Président. M. Lalonde:
Consentement.
Le Vice-Président: Consentement, merci. M. le
ministre.
Troisième lecture
M. Burns: Alors, troisième lecture, de la part du ministre
de la Justice. Je ne sais pas si le ministre a d'autres remarques à
faire.
M. Bédard: Je n'ai pas d'autres remarques à faire,
M. le Président.
Le Vice-Président: Merci, M. le ministre.
M. Lalonde: De l'Opposition officielle, enfin, de ma part, aucune
autre remarque, M. le Président, je pense que tout a été
dit.
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Enfin, tout a été dit.
M. Russell: Nous sommes prêts à l'adopter.
Le Vice-Président: Alors, est-ce que la motion en
troisième lecture est adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Samson: Je m'excuse, M. le Président, vous ne m'avez
pas vu.
Le Vice-Président: Non, je m'excuse. M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Cela va être vite fait. Même position
qu'en deuxième lecture, et je vous demande d'enregistrer ma
dissidence.
Le Vice-Président: D'accord. C'est fait, M. le
député de Rouyn-Noranda. Je le demande à nos
fonctionnaires.
M. Marchand: La même chose pour le député de
Laurier.
Le Vice-Président: M. le député de Laurier
aussi.
M. Marchand: L'arrogant.
Le Vice-Président: Sur division, il y a enregistrement de
deux dissidences et le projet de loi est adopté.
M. Burns: D'accord, M. le Président. Maintenant, nous
aurions pu appeler un autre article de notre feuilleton, mais il
m'apparaît qu'à minuit moins dix minutes... Le ministre de la
Justice m'informe qu'il s'agirait peut-être, dans l'autre cas... D'autre
part, je mentionne, M. le Président, aussi pour nos collègues que
le ministre de la Justice, malheureusement, devra être retenu demain
ailleurs qu'à l'Assemblée nationale.
Le Vice-Président: Est-ce que je dois suspendre?
Projet de loi no 87
M. Burns: M. le Président, le ministre de la Justice me
donne un nouvel avis et je partage son point de vue. Le projet de loi no 87,
Loi modifiant la Loi du changement de nom, aurait pu être appelé,
mais, étant donné qu'il est 23 h 50, nous pourrions
peut-être penser à ramener le projet de loi no 87 à une
autre occasion où le ministre de la Justice sera disponible pour nous.
J'arrive au mot de la fin.
M. Samson: Est-ce qu'il me serait permis, M. le
Président...
Le Vice-Président: D'accord. M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Peut-être que cela peut aider tout le monde. Sur
ce projet de loi, je n'ai rien à dire. Je serais d'accord.
Le Vice-Président: Lequel?
M. Samson: 87. Changement de nom.
Le Vice-Président: D'accord.
M. Samson: J'ai l'impression que mes collègues dans
l'Opposition ont le même point de vue. On pourrait l'adopter tout de
suite. On n'a pas de discours à faire.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Sur la deuxième lecture, j'aurais trois
remarques, peut-être, ou une. Il m'apparaît qu'il y a quand
même quelques articles que notre devoir de législateurs, nous
commande de lire. On ne pourrait pas se rendre jusqu'à la commission
plénière.
Le Vice-Président: Je comprends qu'il n'y a pas de
consentement.
M. Lalonde: Pas pour la commission plénière. Pour
la deuxième lecture, d'accord.
M. Burns: C'est tout à fait normal et légitime de
la part du député de Marguerite-Bourgeoys de dire qu'il a un
certain nombre de remarques. D'autre part, si on pouvait se priver de discours
de deuxième lecture, je déférerais immédiatement,
avec la permission de l'Assemblée nationale, le projet de loi, à
votre goût, soit à la commission plénière ou soit
à la commission de la justice. Si on me disait qu'on est prêt
à adopter la deuxième lecture.
Le Vice-Président: Ecoutez, M. le leader parlementaire,
dans ce cas, je comprends que M. le ministre de la Justice propose la
deuxième lecture c'est cela? du projet de loi 87, Loi
modifiant la Loi du changement de nom.
M. Burns: C'est cela.
M. Lalonde: Je comprends, M. le Président, que le ministre
considère que les notes explicatives sont suffisamment explicatives pour
se dispenser de ce discours de deuxième lecture et, sur la base des
notes explicatives, je n'ai aucun commentaire à offrir.
M. Burns: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: ... sur ce point, je tiens à réserver le
droit de n'importe quel membre qui le voudrait, au commencement de la
discussion de l'article 1, peut-être de faire des remarques d'ordre
général.
Je pense que le ministre de la Justice sera entièrement d'accord.
Ce qui va éviter, évidemment, un débat de deuxième
lecture. Nous pourrions adopter le projet de loi no 87 en deuxième
lecture.
Des Voix: Adopté.
Deuxième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture du projet de loi no 87 est adoptée?
M. Lalonde: Adopté, M. le Président. Le
Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Une Voix: En commission élue ou
plénière?
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, il y a la
question de la commission plénière.
Motion de renvoi à la commission
plénière
M. Burns: Je fais motion pour que ce projet de loi no 87 soit
déféré à la commission plénière
quitte, à un moment donné, si on s'aperçoit qu'il est plus
pratique de fonctionner autrement, à demander la révocation de
cet ordre et de retourner en commission parlementaire de la Justice. Mais pour
le moment, je fais motion que le projet de loi no 87, Loi modifiant la Loi du
changement de nom, soit déféré à la commission
plénière.
M. Lalonde: M. le Président, étant donné que
c'est la dernière occasion que j'aurai de parler ce soir, je voudrais
dire qu'il nous a fait plaisir d'offrir notre collaboration au gouvernement,
d'autant plus que cela m'a évité de voir descendre la guillotine
sur ma tête dans un autre endroit.
M. Burns: II n'y a pas de danger, je pense.
Le Vice-Président: Je voudrais bien comprendre. Est-ce que
je comprends que la commission plénière s'est déjà
réunie ou si elle va se réunir?
M. Burns: Je comprends que le député de
Marguerite-Bourgeoys a des remarques précises à faire en
commission, j'aime autant ne pas aller en commission immédiatement.
Le Vice-Président: Prochaine séance ou
séance subséquente.
M. Burns: C'est cela, M. le Président.
Le Vice-Président: D'accord.
M. Burns: M. le Président, sachant que nous reprendrons
nos travaux demain matin à compter de 10 heures, je propose
l'ajournement de nos travaux à demain matin, 10 heures.
M. de Belleval: Bravo!
Le Vice-Président: II me semble, M. le leader
parlementaire, que cette motion est adoptée. Les travaux reprendront
demain à 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 54)