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(Quinze heures treize minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents. Période de questions orales. M. le chef de l'Opposition
officielle.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
privilège et question de règlement. Nous sommes à ce stade
des questions orales des députés. Cette phase des
délibérations est faite pour que nous puissions nous informer de
l'administration publique auprès des ministres présents.
M. le Président, sur 25 ministres nous n'en avons que huit ou
neuf. Je me demande ce que nous pouvons faire aujourd'hui dans de telles
circonstances. C'est le gouvernement qui a décidé de faire
siéger la Chambre le lundi et nous étions tellement d'accord que
nous avons voté avec le gouvernement afin d'accélérer nos
travaux. Je veux donc enregistrer une protestation officielle vis-à-vis
de cette situation. Peut-être pourrions-nous suspendre en attendant que
nous ayons plus d'interlocuteurs; peut-être pourrait-on sonner les
cloches. Je laisse à votre discrétion, M. le Président, le
soin d'appeler les absents. Il faut remarquer qu'il y a seulement un tiers de
la députation qui est ici aujourd'hui, du côté
ministériel.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je sais fort bien qu'il n'y a
pas de réplique à une question de privilège. Mais je
prends la question de privilège du chef de l'Opposition plutôt
comme une remarque à l'endroit du gouvernement, remarque qui n'est pas
totalement dénuée de bon sens. Je pense qu'avec les ministres qui
sont ici, nous pourrions commencer la période des questions.
Je sais que plusieurs ministres, M. le Président, avaient, ce
matin, des engagements à Montréal et ailleurs. Je sais
également que plusieurs autres ministres, d'ici la fin de la
période des questions, vont venir se joindre à nous.
Vous avez une brochette de ministres qui peuvent vous donner, je
pense... et voilà un autre ministre. Nous avons entre autres le ministre
de l'Education, le ministre au développement culturel, le ministre de la
Justice. Je présume que vous avez des questions dans ces domaines. Dans
le domaine des finances, je présume que vous avez des questions. Le
ministre d'Etat à l'aménagement est présent. Le ministre
de l'Agriculture est un de vos préférés à la
période des questions. Il est présent. Le ministre des Affaires
culturelles, le ministre des Consommateurs, le ministre de la Fonction publique
et le ministre des Travaux publics sont ici.
Le leader du gouvernement, de toute façon, pour un ministre qui
n'est pas présent, pourra toujours tenter de répondre à la
question, s'il est capable de le faire, et, s'il n'est pas capable, il prendra
avis de la question.
M. le chef de l'Opposition, nous pourrions commencer la période
des questions, quitte à réserver à ceux qui auraient des
questions à poser à des ministres qui ne sont pas présents
le droit d'y revenir un peu plus tard au cours de la période des
questions. Vous allez comprendre que le lundi cela pose des problèmes,
même pour les ministres, même pour les députés,
d'être présents exactement au début de la période
des questions.
M. Levesque (Bonaventure): Nous sommes bien prêts à
coopérer, à collaborer, nous allons essayer de diriger nos
questions vers ceux qui sont présents. Si j'étais malin, je
demanderais si le réseau Parizeau ne pourrait pas nous dire où
sont les autres!
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Réseau de renseignements Parizeau
M. Lalonde: Compte tenu de la présence de la brochette des
ministres, j'avais une question à poser au premier ministre et je vais
la poser à un autre ministre. Il s'agit d'un réseau de
renseignements qui aurait encouragé la délation de la part de
fonctionnaires et qui aurait existé, à l'origine, à
l'initiative du Parti québécois, lequel on appelait le
réseau Parizeau.
L'existence de ce réseau a été
révélée lors d'une commission d'enquête, et ma
première question est la suivante. Je peux l'adresser au ministre des
Finances, quoiqu'il puisse se sentir en conflit d'intérêts; je lui
laisse le soin d'en juger. Est-il exact que plusieurs ministres et actuels
députés péquistes se sont livrés à de telles
activités?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Je ne vois pas en quoi il y aurait un conflit
d'intérêts quelconque; en raison même du nom
qu'évoquait le député de Marguerite-Bourgeoys, j'imagine
que cette question doit s'adresser à moi.
Ainsi que j'ai eu l'occasion de le dire dans les jours qui
précèdent, effectivement, il y a eu, au Parti
québécois, une tentative de savoir ce que le gouvernement
fédéral pouvait nous réserver pour l'avenir. Je vous
rappellerai qu'à l'occasion des
événements d'octobre de 1970 un parti parfaitement
légal, qui, d'aucune façon, n'avait été interdit
par la loi, a vu quelques centaines de ses membres être
arrêtés et mis en prison, contre lesquels jamais de poursuites
n'ont été intentées et à l'égard desquels
aucun procès n'a jamais été intenté non plus.
Ils ont été évidemment libérés au
bout d'un certain temps. On voudrait maintenant reprocher au parti politique
ainsi visé de s'être ouvert un peu les oreilles, d'avoir
gardé les yeux ouverts aussi, pour voir simplement d'où
proviendrait peut-être le prochain coup. De ces prochains coups
possibles, M. le Président, il y en a quelques-uns. Par exemple, il
était utile de connaître les détails de l'exercice
"Neatpitch". Sans doute, M. te Président, certaines ne voudraient plus
savoir ce qu'était l'exercice "Neatpitch". Cela a été
reproduit dans les journaux à l'époque, M. le Président.
Il ne faudrait pas s'étonner je vais revenir d'ailleurs dans
quelques minutes à ce sujet aujourd'hui de choses qui ont
été largement couvertes par la presse à l'époque.
"Neatpich", c'était le programme d'occupation du Québec par
l'Armée canadienne. Cela a été fourni effectivement aux
journaux à une certaine époque, toujours dans le cadre d'une
opération qui consistait à savoir ce que le gouvernement
fédéral gardait en réserve.
Quand, M. le Président, dans un cadre parfaitement légal,
des centaines de gens sont arrêtés, sans procès et sans
accusation, effectivement, on cherche à savoir ce qui peut venir.
Maintenant, qu'on s'étonne aujourd'hui me fait sourire. Quant aux
détails de ces opérations de renseignements
élémentaires qui ont été poursuivies à
l'époque, le Globe and Mail, il n'y a pas trois ans déjà,
en avait donné l'essentiel en se trompant un peu sur la composition du
personnel, mais enfin cela se comprend. Tout cela est connu depuis longtemps,
M. le Président, fort longtemps. Il s'agissait essentiellement d'une
opération destinée à faire en sorte qu'un parti
légal, dans un pays qui se veut une démocratie, puisse voir
venir. Essentiellement, c'est ce qui s'est fait. Avec quelles techniques? Avec
des techniques qui consistent à écouter des gens qui parlent
trop, parce que généralement les gens parlent trop.
Notre société est basée sur une large
indiscrétion. L'important c'est de savoir qui parle et d'être en
mesure d'en faire une analyse correcte. C'est ce que nous avons essayé
de faire pendant quelques années. Merci.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre des Finances peut dire de
quelle façon ces opérations de renseignements étaient
financées?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, contrairement à
certaines activités policières extraordinairement coûteuses
j'en sais quelque chose depuis que je suis président du Conseil
du trésor il existe, dans ce domaine, passablement de gens qui
sont disposés à, comment dire, parler gratuitement et à
écouter gratuitement. Bien sûr, il va de soi que certains frais
peuvent être encourus; comme me le disait un de mes collègues, un
double gin, le téléphone interrurbain. Il y a quelques exemples
de dépenses que l'on peut faire...
Une Voix: Le "bugging"?
M. Parizeau: Non, le "bugging" est hors de prix pour les partis
qui n'ont pas d'argent; c'est habituellement limité aux services
officiels, ainsi que nous le savons à l'heure actuelle.
M. Lavoie: Oui, actuellement. M. Parizeau: Bien, les
enquêtes.
M. Lavoie: Parce que vous avez les moyens actuellement.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Parizeau: M. le Président, en écoutant ce que
vient dire le leader de l'Opposition officielle, quant au "bugging", nous
sommes admirablement renseignés par les journaux à l'heure
actuelle; nous ne sommes pas totalement illettrés. On lit. Ce qui sort
des commissions d'enquête nous révèle qu'effectivement
passablement de "bugging" se poursuivrait. Mais, lorsque l'on participe
à une opération d'entreprise privée et qu'on n'a pas les
moyens d'un gouvernement, le "bugging" est hors de prix, M. le
Président. Cela n'empêche pas d'être intelligent.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre peut rassurer la Chambre sur
la provenance des fonds qui auraient pu financer ces activités de
délation, premièrement? Deuxièmement, est-ce que des
montants ont été payés à des fonctionnaires, soit
fédéraux ou provinciaux, pour les encourager à trahir leur
secret de confidentialité?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Non, M. le Président, on n'a jamais
payé un fonctionnaire; comme le dit de façon charmante le
député de Marguerite-Bourgeoys, on n'avait pas les moyens.
Peut-être qu'effectivement cela aurait rendu l'opération plus
efficace, mais j'en doute; on préfère fonctionner, M. le
Président, avec des gens qui ont certaines convictions.
M. Samson: M. le Président, j'aurais une question
supplémentaire sur le même sujet.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, dans un journal d'aujourd'hui,
nous apprenons cela vient de la
Presse canadienne que la France aurait aidé le PQ depuis
dix ans.
Je laisse le temps au ministre des Finances de regarder dans ses
coupures de journaux. Il retrouvera peut-être ce qu'on a écrit
aujourd'hui. On dit que le réseau Parizeau aurait transmis des
informations sur les gouvernements du Canada et du Québec à la
France. L'article se termine en disant que, suite à la venue du
général de Gaulle au Québec en 1967, le gouvernement
français aurait appuyé les séparatistes du Québec,
semblerait-il, moyennant certains échanges de bons services.
Est-ce que le ministre des Finances peut nous assurer, M. le
Président, que cet article est faux?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, il y a deux ou trois jours
je ne voudrais pas qu'on m'accuse d'induire à la Chambre en
erreur il y a le décalage d'heures j'ai indiqué que ceux
qui se lançaient dans des affirmations pareilles avaient probablement
comme caractéristique d'avoir trop lu James Bond.
J'ai eu l'occasion, depuis que je suis revenu, de regarder les
déclarations. C'est toujours excellent de regarder les textes à
l'avance, ainsi on voit exactement ce que les gens ont dit. Je voudrais citer
ce que M. Cobb, cet excellent surintendant de la gendarmerie chargé de
la sécurité du gouvernement fédéral au
Québec et, d'autre part, convaincu d'avoir procédé
à un certain nombre de gestes peu légaux, dit au sujet de cette
puissance étrangère. Je le cite en anglais, parce que c'est dans
cette langue qu'il s'est exprimé, puis, parce que lorsqu'on cite quelque
chose en anglais, cela fait plus sérieux. "The Parti
québécois operated a "spy network" that gathered cela veut
dire "ramassé" economic and financial information là
je ne comprends plus quel rapport cela avait avec l'espionnage; si c'est
l'économie et les finances, vous savez les analystes des compagnies de
finances habituellement ont bien mieux que cela, mais enfin... of value
to it, (le Parti québécois) " ouvrez les guillemets c'est
important and also likely to be of value to a foreign power. Je
répète, M. le Président, "and also likely qui se
traduit en français par "apte à" to be of value to a
foreign power."
M. Cobb n'a jamais dit qu'il y avait une puissance
étrangère là-dedans. Il a dit qu'à son avis cela
pourrait peut-être être utile à une puissance
étrangère. Voilà le témoignage de M. Cobb. Ce n'est
rien d'autre: "apte à être utile".
Evidemment, les journaux sont partis et, effectivement, il y a un
journal de Toronto qui laisse son imagination balader; je lui en laisse la
responsabilité, forcément. Je continue de croire que M. Cobb
porte là-dessus un jugement de valeur. Il n'y a jamais eu entre un
minimum de renseignements utiles au Parti québécois et des
puissances étrangères, quelles qu'elles soient, aucun rapport de
quelque ordre que ce soit. Mais je vous rappellerai, M. le Président,
que, depuis deux ou trois jours, tout ce qui s'écrit, tout ce qui se
scribouille sur cette question est basé sur une déclaration du
surintendant Cobb, qui dit que ce type de renseignement était apte
à être utile à quelqu'un d'autre. C'est une insinuation
dont je laisse la responsabilité à l'inspecteur Cobb, d'autant
plus qu'il n'a donné, à ce sujet, aucun détail. Mais,
quant à quelque rapport que ce soit entre le Parti
québécois, sur ce plan, et quelque puissance
étrangère, je dois reconnaître qu'il s'agit là d'une
insinuation qui me paraît non seulement outrancière mais
grossière et injurieuse.
M. Samson: M. le Président, j'ai une deuxième
question.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: J'ai clairement demandé au ministre de nous
assurer que ce qui était dit là était faux; il semble
l'avoir fait d'une façon assez claire. Donc, si ce qui est écrit
dans le journal est faux, est-ce l'intention du ministre des Finances d'en
faire une question de privilège? D'autre part, puisque le ministre des
Finances a mentionné qu'il n'y avait pas eu de versements d'argent
à quelque fonctionnaire que ce soit pour agir dans ce réseau, les
incitant d'une façon ou d'une autre à trahir leur serment
d'office, est-ce que le ministre des Finances peut nous assurer qu'il n'y a pas
eu, d'une façon ou d'une autre, même sans paiements d'argent, des
incitations ou des actions susceptibles d'amener certains hauts fonctionnaires
à trahir leur serment d'office?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je ne vois vraiment pas
à quoi le député de Rouyn-Noranda veut faire allusion, et
je pense que je peux lui donner toutes les assurances à cet
égard. Les incitations dont il peut parler, cependant, pourraient
couvrir et je pense que je ferai une exception à ce sujet
un quatrième verre de scotch après un troisième; cela,
peut-être. Maintenant, comme on ne peut quand même pas surveiller
la consommation de produits éthyliques par chacun de ceux dont il parle,
je ne sais pas jusqu'où je peux m'en-gager à cet
égard.
M. Samson: Qui a payé le quatrième verre de
scotch?
M. Parizeau: M. le Président, n'ayant pas de
contrôle sur chacune des opérations, il me serait assez difficile,
effectivement, de faire autre chose que de prendre des précautions
oratoires au sujet du quatrième verre de scotch.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, la réponse du
ministre des Finances m'amène à poser une question
supplémentaire. Il a parlé de renseignements non payés,
renseignements qui venaient de personnes travaillant au gouvernement
fédéral ou au gouvernement provincial, des gens qui avaient
des
convictions. La question que je lui pose est la suivante: Est-ce qu'il
pense qu'en demandant certains renseignements à des personnes qui ont
des convictions profondes...
M. Lavoie: Question additionnelle.
M. Burns: J'invoque le règlement. C'est une question de
privilège, M. le Président que je soulève
immédiatement. Le député de Charlevoix, je pense, va
reconnaître je connais son honnêteté M. le
Président, que le ministre des Finances n'a jamais dit ce que le
député de Charlevoix cite peut-être hors texte et
peut-être même en dehors même de citations qu'on puisse
imputer au ministre des Finances.
M. Mailloux: M. le Président...
M. Burns: Je pense que l'introduction du député de
Charlevoix, M. le Président, est tout à fait injuste à son
endroit; peut-être que le ministre des Finances pourra rétablir
les faits, mais j'aimerais quand même qu'on le dise tout de suite.
M. Mailloux: M. le Président, j'ai cru comprendre que le
ministre des Finances a parlé de gens qui travaillaient surtout par
conviction. C'est bien cela qu'il a dit? La question que je voudrais lui poser
est la suivante, je ne mets pas en doute du tout l'intégrité de
celui dont je vais parler. Le ministre de la Fonction publique, membre du RIN,
membre du Parti québécois, a été attaché au
bureau de mon sous-ministre principal. Est-ce que je devrais comprendre que si
un tel réseau existait, les renseignements qui étaient
demandés, c'était à des gens qui avaient de telles
convictions? Je ne l'accuse pas, loin de là. Je pense qu'il a
été un fonctionnaire intègre à mon
ministère, dont j'ai apprécié le travail. Mais dans quelle
position, avec un tel système de renseignements, pouvait-on placer des
gens qui avaient de telles convictions, et est-ce que si on agissait
aujourd'hui de la même façon à l'endroit des hauts
fonctionnaires qui sont dans vos ministères, le gouvernement actuel
accepterait une telle situation?
M. Parizeau: M. le Président, je pense qu'il y a maldonne.
Quand je parle de gens qui ont des convictions, je parle de gens qui ont
accepté, dans le cadre du Parti québécois, de travailler
pendant des années, même sous la menace d'arrestations ou de
perquisitions. Il y en a eu combien d'arrêtés?
M. Lavoie: Pas parce qu'ils étaient du Parti
québécois.
M. Blank: Des felquistes.
Le Président: A l'ordre!
M. le leader parlementaire! M. le leader parlementaire! M. le
député de Saint-Louis. M. le député de Saint-Louis,
s'il vous plaît!
M. le ministre des Finances vous pouvez continuer; je suis sûr
qu'on vous laissera terminer votre réponse.
M. Parizeau: M. le Président, en tant que président
de l'exécutif du Parti québécois, pendant les
événements d'octobre, j'ai vu dans plusieurs villes à peu
près la totalité des membres actifs du Parti
québécois être arrêtés. Dans certaines villes,
on nous a enlevé à peu près tout ce qu'il y avait comme
cadres. Je pense que le gouvernement fédéral ne s'est pas rendu
compte à quel point, dans des villes ou dans des régions
entières du Québec, il a failli détruire le Parti
québécois. S'il l'avait su, il aurait peut-être
persévéré. Il y a des villes où, pendant des mois,
le Parti québécois, à toutes fins pratiques, n'existait
plus.
Nous avons passé 1971 et 1972 à remettre sur pied un parti
dans certaines régions où effectivement la population, les
militants, les cadres avaient été terrotisés par une vague
d'arrestations qui est unique dans l'histoire du Québec, M. le
Président, qui n'a jamais existé avant. Je m'excuse d'être
un peu plus brutal que je ne le suis d'habitude, mais, puisqu'on m'en donne
l'occasion aujourd'hui, je voudrais rappeler ce qu'ont voulu dire ces
années pour nous. Nous avons été soumis à un
régime policier qui, dans des régions entières, a failli
détruire un parti politique absolument légitime. Dans ces
conditions, M. le Président, nous avons effectivement été
en mesure de nous appuyer sur un certain nombre de personnes qu'une situation
comme celle-là révoltait. Qu'on ne vienne pas, à l'heure
actuelle, nous dire que l'on aurait cherché à infiltrer une
fonction publique qui aurait été à ce point faible qu'elle
aurait cédé à nos tentatives. L'essentiel de ce que nous
avions, à ce moment, comme renseignements d'abord était
destiné ou était orienté vers Ottawa, c'est clair. Le
gouvernement de Québec, à travers toute cette époque, n'a
pas été caractérisé par une force ter-rible, mais
par une faiblesse condamnable. L'adversaire pour nous, durant ces
années, ce n'était pas Québec qui était faible;
c'était Ottawa qui était fort.
D'autre part, encore une fois je reviens sur ce que je disais
tout à l'heure au cours de ces années, ce qui nous a
aidés le plus, cela a été effectivement les bavardages,
les racontars, les rumeurs qu'il s'agissait de filtrer, bien plus...
M. Burns: Vous en voulez des débats, vous en avez
là.
Une Voix: Répondez.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, une question
de règlement.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): La question du député de
Charlevoix était précise, était concise et exigeait une
réponse qui n'est pas un roman feuilleton.
Le député de Charlevoix a demandé bien clairement
au ministre des Finances s'il était d'accord sur le scénario
qu'il avait lui-même décrit. D'abord, est-ce que le ministre des
Finances, qui était président du Parti québécois,
qui était le président du réseau appelé le
réseau Parizeau, était d'accord pour exercer ses fonctions en
essayant d'avoir des gens dans les postes clés du gouvernement du
Québec du temps de sorte qu'il puisse obtenir des renseignements de la
façon qu'a décrite le député de Charlevoix?
M. Bertrand: Ce n'est pas une question de règlement.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle, je
vous rappelle que la jurisprudence est absolument constante dans le
parlementarisme britannique voulant qu'on ne peut, à l'occasion de la
période des questions, commenter et se plaindre des réponses
fournies par les ministériels. Cela est absolument constant et ne
souffre aucune exception, pour autant que je sache, dans toute la jurisprudence
du parlementarisme britannique. Je ne vois pas qu'il y ait eu là une
question de règlement.
Si vous voulez poser une question au ministre, je puis autoriser le chef
de l'Opposition officielle à formuler une dernière question
là-dessus. Après, compte tenu du temps qui s'est
écoulé et par mesure d'exception, M. le chef de l'Opposition, je
vous avise tout de suite que je passerai immédiatement à une
question principale de l'Union Nationale quitte à revenir tout de suite
après au Parti libéral.
M. Mailloux: Je pense avoir posé une question très
claire en demandant au ministre des Finances s'il était d'accord, en
demandant des renseignements à des hauts fonctionnaires en raison de
leurs convictions, qu'aujourd'hui nous puissions continuer la demande du
même genre de renseignements qu'il a pu solliciter?
M. Duhaime: C'est ce que vous faites; ne vous cassez pas la
tête avec cela!
M. Mailloux: Est-ce que le ministre des Finances accepterait
aujourd'hui...
M. Duhaime: C'est ce que vous faites!
M. Mailloux: ... ayant moi-même siégé
à la Trésorerie, que j'aille demander à un haut
fonctionnaire que j'ai connu là-bas certains renseignements qu'ils
gardent sous le sceau du secret? Serait-il prêt à accepter une
telle démarche?
M. Parizeau: J'ai été ravi d'entendre le chef de
l'Opposition officielle décrire ce bref résumé de ce qui
s'est passé en 1970 et en 1971 comme étant un roman feuilleton.
Je pense qu'il est important pour l'histoire de ces années que ce soit
consigné.
M. Lavoie: Est-ce la réponse à la question?
M. Parizeau: Deuxièmement, quant à ce qu'on vient
de me dire, j'ai été fonctionnaire moi-même; je n'ai jamais
cherché à savoir les opinions politiques de quelque fonctionnaire
que ce soit et je considérerais comme absolument déshonorant de
faire des enquêtes de cet ordre.
M. Mailloux: On ne parle pas de cela.
M. Parizeau: Ceci étant dit, il est évident que
dans chaque gouvernement et l'Opposition officielle le sait bien
à l'heure actuelle il y a un certain nombre de fonctionnaires qui
ont le goût de parler ou qui ont le goût de trop parler...
M. Mailloux: Qui y sont invités.
M. Parizeau: ... ou à qui il arrive de trop parler.
M. Mailloux: Qui y sont invités. M. Parizeau: Et
nous avons eu... M. Mailloux: Ils sont invités à
parler.
M. Parizeau: ... il y a quinze jours ou trois semaines, un
exemple remarquable de cela.
Une Voix: Lequel?
M. Parizeau: Je laisserai à nos amis d'en face le soin de
savoir qui a trop parlé il y a quinze jours ou trois semaines. Tous les
journaux en ont fait état.
Ceci étant dit, il est clair que le problème consiste,
encore une fois, non pas à chercher à soudoyer des
fonctionnaires, ce qui me paraît être un exercice
déshonorant, mais au moins d'être capable de faire en sorte que
les renseignements qui viennent soient colligés et analysés.
C'est ce que nous avons cherché, modestement mais très
efficacement, à faire.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, question principale.
Jugement concernant l'industrie de la robe
M. Bellemare: Ma question a deux volets. Le premier concerne le
ministre du Travail et le deuxième le ministre de la Justice.
Il y a eu la semaine dernière, le 7 décembre, un jugement
de la Cour supérieure par Mme Ré-jane Colas concernant
l'industrie de la robe. La tutelle a été jugée
illégale et le gouvernement a été condamné à
payer les frais de la cause. Le ministre, personnellement, a été
condamné à payer les frais pour avoir nommé M. Fredette
comme tuteur du comité paritaire de la robe. Ma première question
s'adresse donc au ministre du Travail. Est-ce qu'il entend véritablement
faire une enquête sérieuse dans le comité paritaire de la
robe?
Ma deuxième question, c'est au ministre de la Justice. Le
jugement de Mme Réjane Colas dit
qu'il ne peut pas y avoir d'appel; est-ce que, malgré ce
jugement, le substitut du procureur général peut aller en appel
oui ou non? La troisième question, M. le Président...
M. Garon: Trois volets.
M. Bellemare: M. le ministre Couture qui vous avait
précédé avait invoqué, en février, que le
comité paritaire avait failli sérieusement à sa
tâche et que MM. Abey Pinsky et Boris Laikin avaient été
surpris et particulièrement mis dehors, remplacés par M.
Fredette. A la suite de cela une enquête est venue, dirigée par M.
Lemelin, qui a produit devant la cour le résultat suivant, que Mme le
juge de la Cour supérieure a renvoyé la cause et condamné
M. Couture à payer des frais personnellement.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, il y a évidemment
plusieurs éléments dans la question du député de
Johnson, qui se livre à son étayage de volets habituel. D'abord
en ce qui concerne le jugement de Mme Réjane Colas, honorable juge de la
Cour supérieure, vous comprendrez que celui qui vous parle,
malgré l'immunité parlementaire, s'abstiendra de tout commentaire
quant à la valeur de ce jugement.
Je peux cependant vous dire que le ministère manifeste son
attitude devant ce jugement par une réflexion qu'il a entreprise, et
j'ai rencontré les gens de mon contentieux encore ce matin; c'est ce qui
a fait que j'ai dû arriver en retard cet après-midi. Il est
possible que nous interjetions appel du jugement de Mme Colas. Je ferai
remarquer au député de Johnson qu'il n'appartient pas au juge
Colas de décider qu'il n'y aura pas d'appel de son jugement; que cette
décision peut faire l'objet d'un appel, la Cour d'Appel ayant la
juridiction pour décider des appels et non pas le juge de
première instance.
En ce qui a trait à la situation qui prévaut au
comité paritaire actuellement, la décision du juge Colas
était exécutoire. Devant la possibilité d'enfreindre
finalement un ordre de la cour et d'être sujet à des poursuites
pour outrage au tribunal, nous avons donné ordre aux fonctionnaires qui
avaient été nommés comme tuteurs dans ce comité
paritaire de se retirer des lieux, jusqu'à ce que le ministère
prenne les décisions quant à l'appel.
Quant à mon collègue de la Justice, je présume
qu'il pourra peut-être élaborer là-dessus, mais je sais que
nos fonctionnaires, depuis vendredi, se sont parlé et que le
sous-ministre adjoint à la législation du ministère de la
Justice est effectivement impliqué dans le dossier en ce moment. Nos
fonctionnaires se parlent, je présume qu'il n'y a pas tellement
d'éléments nouveaux à ce sujet.
Quant au deuxième volet, j'attendais que cela en vienne
là. La question adressée au ministre de la Justice, je vous le
soumets respectueusement, en vertu des dispositions de l'article 168,
troisième alinéa, constitue une opinion professionnelle et, en
particulier, une opinion juridique. Je ne vois pas, M. le Président,
comment on pourrait juger une telle question comme recevable, alors qu'au
début de l'article 168, deuxième phrase, on lit: "Est irrecevable
une question: 1...; 2...; 3. Dont la réponse serait une opinion
professionnelle ou une appréciation personnelle." Je ne pense pas qu'on
doive essayer de demander au ministre de la Justice et c'est pour cela
que c'est dans le règlement d'avance de se lier à aller en
appel ou de ne pas aller en appel sur une opinion professionnelle,
c'est-à-dire une opinion juridique, en l'occurrence, qui concerne un cas
très particulier. Je pense que le ministre de la Justice doit avoir ses
coudées franches, et c'est la raison pour laquelle l'article 168 est
ainsi rédigé.
M. Bellemare: M. le Président, sur la question de
règlement, je voudrais dire au leader du gouvernement que les mots que
je dis sont textuels, et ce n'est pas une opinion: "Le juge Colas ordonne donc
immédiatement...
M. Burns: Ce n'est pas cela que je dis.
M. Bellemare:... de son jugement nonobstant tout appel
possible".
M. Burns: Je m'excuse. Vous ne m'avez pas compris. Je ne dis pas
que ce que le juge Colas dit...
M. Bellemare: Ce n'est pas une question...
M. Burns:... est une opinion juridique; cela en est une. Mais ce
que vous posez comme question appelle une réponse de la part du ministre
de la Justice, qui, elle, est une opinion juridique.
M. Bellemare: C'est simplement parce que ce n'est pas sub judice,
c'est sûr...
M. Burns: Je ne parle de sub judice.
M. Bellemare: ... et puis je demande si elle a raison en disant
"nonobstant tout appel possible". Je veux simplement savoir cela.
M. Bédard: Je n'ai rien à ajouter à ce qui a
été dit déjà par le ministre du Travail. Des
membres du contentieux, tant celui du ministère du Travail que celui de
la Justice, sont présentement à étudier l'essentiel du
jugement afin d'évaluer les possibilités ou
l'éventualité d'un appel possible.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
Grève dans trois quotidiens de langue
française
M. Garneau: M. le Président, depuis plusieurs semaines,
sinon depuis plusieurs mois, la population du Québec est privée
de trois de ses quoti-
diens de langue française, soit le Soleil, la Presse et
Montréal-Matin. Dans la grande région de Montréal, les
citoyens peuvent toujours avoir accès à d'autres media, mais dans
la grande région de Québec, plusieurs localités se voient
privées même des autres quotidiens, étant donné que
les agences de distribution ne veulent plus faire la distribution pour un
nombre très restreint, soit The Gazette, le Devoir ou les autres
journaux, de telle sorte que ces localités sont privées de
quotidiens. Ma question s'adresse au ministre du Travail, compte tenu de ce
fait et aussi du fait que plusieurs familles, à l'approche de Noël,
se voient privées de leur gagne-pain. Est-ce que le ministre pourrait
faire le point, en particulier sur la grève du Soleil, et
également pour ce qui est de la situation, maintenant que les
dernières offres ont été rejetées à
Montréal-Matin et à la Presse?
Mme le Vice-Président: M. le ministre du Travail.
M. Johnson: Rapidement, M. le Président, quant au conflit
qui sévit à la Presse et à Montréal-Matin, j'ai
pris connaissance hier soir de la décision des syndicats, de ceux, en
tout cas, qui étaient regroupés dans le cas des syndicats CSN de
la Presse et du syndicat des journalistes de Montréal-Matin, de rejeter
une offre qui avait été qualifiée par M. Roy,
négociateur de la Presse et de Montréal-Matin, comme une offre
globale, finale et définitive, ou quelque chose de cet ordre.
Le ministère du Travail avait nommé, à partir des
délais qui sont impartis par le Code du travail, un conciliateur dans
ces dossiers, à qui, cependant, les parties ont choisi de ne pas faire
appel, puisque la négociation ou les échanges qui se sont
déroulés entre les différents syndicats et les
représentants de l'employeur à la Presse et à
Montréal-Matin se déroulaient de façon
bilatérale.
On n'a jamais demandé la présence des conciliateurs qui
avaient été nommés pourtant à la demande des
parties, ce qui, évidemment, a permis de mettre en marche le
mécanisme du déclenchement de la grève en vertu de
l'article 46, du code.
En ce qui concerne le Soleil, il y a effectivement un conciliateur au
dossier. Malheureusement, je n'ai pas eu de nouvelles ce matin de ce qui se
passe au Soleil, mais j'ai bien l'intention d'en avoir pour demain matin. De
mémoire, je peux vous dire que M. Defoy qui était au dossier
avait quelque espoir, il y a de cela maintenant près d'une semaine,
qu'on réussisse à aboutir quant à une partie de cette
négociation. Cependant, je crois que ce serait m'aventurer sur un
terrain très incertain de continuer à commenter. Je
préférerais aller à la source même, M. Defoy, et
fournir une réponse plus élaborée demain matin.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, compte tenu du. fait qu'il
s'agit d'un service qui, sans être absolument essentiel, est quand
même un service important à la population, surtout à la
population fran- cophone du Québec, le ministre ne croit-il pas qu'il
serait temps, comme ministre du Travail, qu'il soit prêt à
accepter la tenue d'une commission parlementaire pour apporter sur la place
publique les tenants et les aboutissants de ce conflit et tenter, par cette
commission parlementaire, comme cela s'est déjà vu dans d'autres
conflits du même genre, de trouver une solution pour qu'enfin non
seulement les gens puissent reprendre le travail, mais que la population du
Québec ait également droit à l'information?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Au risque, M. le Président, de décevoir
le député de Jean-Talon, je considère que le meilleur
instrument demeure, en vertu de notre Code du travail et des principes
généraux du droit du travail au Québec et de la
négociation, d'abord et avant tout la liberté des parties et, en
second lieu, les instruments que peuvent mettre à la disposition des
parties les différents services du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Garneau: Dernière question, M. le Président.
Est-ce qu'on doit comprendre des propos du ministre qu'il n'a pas l'intention
d'intervenir, même si la grève durait un ou deux ans? Si ce n'est
pas le sens des propos qu'il a tenus, quel délai donne-t-il aux parties
en cause avant d'utiliser d'autres méthodes qui pourraient
peut-être être un instrument vers une solution acceptable pour tout
le monde?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, le député de
Jean-Talon a évidemment posé, comme cela lui arrive parfois, deux
hypothèses. Je ne répondrai évidemment pas à une
hypothèse, que ce soit un an ou deux ans, ou à un délai
à impartir. Ce que je dis, c'est que, pour le moment, nous avons un
instrument à la disposition des parties et dont ces dernières ont
commencé à se servir finalement il y a très peu de temps.
Cet instrument s'appelle le conciliateur. Dans le cas de la Presse et de
Montréal-Matin, la présence du conciliateur, jusqu'à
maintenant, a eu comme effet strictement de permettre le déclenchement
du mécanisme de chronométrage de la grève. Le conciliateur
est là. Il peut faire quelque chose pour les parties. Il s'agit de voir
si les parties s'en serviront.
J'aimerais en profiter rapidement, M. le Président, si vous me le
permettez, simplement pour situer cela un peu en perspective quant au
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et à son rôle
dans les conflits. Il ne faut pas agiter les suçons d'interventions
politiques constamment dans les conflits de travail. Je comprends l'importance
d'un conflit qui touche des media aussi importants que le Soleil,
Montréal-Matin et la Presse. Evidemment, cela touche la majorité
des lecteurs du Québec quand on pense à la presse
écrite.
Cependant, je pense que, d'abord et avant
tout, il y a une façon de régler les problèmes au
Québec en matière de relations de travail: c'est de permettre aux
parties de s'asseoir et de négocier. Le ministère du Travail et
de la Main-d'Oeuvre est là pour les aider à faire cela et pour
fournir un conciliateur et non pas pour faire un "show" à 5 heures du
matin, avec la cravate détachée.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président.
M. Garneau: M. le Président, question additionnelle.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à l'honorable ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières. Je veux la rassurer tout de suite, cela ne
concerne pas l'assurance automobile.
M. Gendron: II est d'accord.
Demande d'amendements à la Loi des caisses
d'établissement
M. Roy: Non. M. le Président, deux
fédérations de caisses d'épargne et de crédit, soit
la Fédération des caisses d'entraide économique et la
Fédération des caisses d'établissement, demandent, depuis
fort longtemps, des amendements à la Loi des caisses d'épargne
pour être en mesure de souscrire du capital-actions. Etant donné
que récemment le feu vert a été donné à la
première SODEQ au Québec j'en profite en même temps
pour remercier l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce d'avoir
donné son approbation et que dix SODEQ doivent être
formées c'était le programme de l'année
j'aimerais demander à l'honorable ministre où en sont rendues les
études et quelles sont les intentions de son ministère quant
à une modification prochaine de la Loi des caisses d'épargne et
de crédit.
Le Président: Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, le député de
Beauce-Sud sera heureux de savoir que je viens justement de lui signer une
lettre en réponse à celle qu'il m'avait adressée sur le
même sujet. Nous avons demandé une étude de la part du
ministère de la Justice sur l'interprétation d'un article en
particulier de la Loi des caisses d'épargne et de crédit, et nous
avons reçu cet avis du ministère de la Justice qui nous assure
que des fédérations pourraient éventuellement investir du
capital-action dans des SODEQ. Notre décision est de laisser une de ces
fédérations faire ses preuves avant d'apporter un amendement
à la Loi des caisses d'épargne et de crédit.
Le Président: Dernière question, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'avais posé la question
au ministre, précisément, le 19 juillet 1977; elle m'avait dit,
à l'époque, que les études étaient terminées
et qu'un projet de loi sera présenté à l'automne.
Vous excuserez ce préambule. En laissant aux
fédérations et à une seule fédération le
soin de souscrire du capital-actions dans les SODEQ, on bloque
énormément d'initiatives, actuellement, dans la province.
J'aimerais savoir compte tenu que Mme le ministre elle-même avait
montré beaucoup de sympathie à cette demande et qu'elle
était le cinquième ministre titulaire de ce ministère qui
était sympathique à la question ce qui bloque et pourquoi,
au ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, lorsqu'on arrive au niveau des fonctionnaires, on semble
rencontrer un mur terriblement épais que les ministres titulaires ne
semblent pas pouvoir traverser.
Le Président: Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, je suis là depuis un
an, je n'ai pas vu de mur encore, il y a beaucoup de portes ouvertes et nous
sommes disponibles aux explications et à tout ce qui concerne cette
question. Ce que je peux dire, cependant, c'est que l'un des rôles du
ministère est le développement ordonné des caisses
d'épargne et de crédit. Je dois souligner au député
de Beauce-Sud qu'une de nos grandes préoccupations actuellement est que
ce développement se fasse de façon ordonnée, sans risque
pour les épargnes des citoyens du Québec.
Le Président: Dernière question, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. C'est un objectif auquel
nous souscrivons, mais les caisses d'épargne et de crédit,
surtout les caisses d'investissement régionales ont été
créées pour travailler en vue de favoriser le
développement économique de leur milieu respectif et,
actuellement, ces mouvements ne peuvent pas jouer leur rôle parce que le
ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières refuse de donner le feu vert.
Ma question est la suivante: Quand le ministère compte-t-il
être en mesure de donner le feu vert au mouvement, même si c'est
nécessaire que chacune de ces caisses puisse avoir l'approbation de sa
fédération pour pouvoir y participer? J'aimerais savoir quand on
peut escompter avoir une date, parce que cela fait plus de dix ans que ce
dossier est en discussion avec les autorités du ministère.
Le Président: Mme le ministre.
Mme Payette: M. le Président, je pense qu'on a fait un
effort considérable dans ce sens, d'une part, en demandant un avis au
ministère de la Justice sur la loi déjà existante en vue
d'obtenir l'interprétation telle que nous l'avions comprise,
nous, au ministère. Il y a cette ouverture possible pour les
fédérations qui sont intéressées et c'est notre
avis d'attendre qu'une fédération ait fait ses preuves avant
d'apporter un amendement à la Loi des caisses d'épargne et de
crédit.
Le Président: Avant de mettre un terme à la
période des questions, je voudrais signaler à la Chambre que le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche m'a informé
et cela, dès la semaine dernière qu'il voulait
répondre à une question posée antérieurement par le
député de Portneuf.
M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Lancement du volume "Vers la nouvelle cuisine
québécoise"
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais répondre
aujourd'hui à la question qui m'a été posée
concernant le lancement du volume "Vers la nouvelle cuisine
québécoise" qui a effectivement eu lieu le 3 décembre
à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie, à
Montréal. Je voudrais également dire que j'étais tout
à fait disposé à répondre à cette question
dès vendredi, c'est-à-dire le lendemain du jour où on me
l'a posée, mais je pense que pour des raisons que j'ignore, le leader
parlementaire de l'Union Nationale a cru bon retenir son consentement.
M. Levesque (Bonaventure): La Chambre ne siégeait pas
vendredi dernier.
M. Lavoie: La Chambre ne siège pas le vendredi.
M. Duhaime: Jeudi. M. le Président, cette décision
de procéder au lancement de ce livre a été prise
conjointement par l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec
qui relève de mon ministère, de même qu'avec le bureau de
l'Editeur officiel du Québec et le ministère des
Communications.
Il s'agissait en fait de souligner le lancement d'un bouquin qui sera
tiré à 15 000 exemplaires et qui sera vendu à un prix de
détail de $9.95. Ces trois organismes ont voulu s'adresser à ceux
qui sont, en quelque sorte, les spécialistes de ce genre
d'activités et vous allez me permettre de n'en citer que quelques-uns.
Je les donnais de mémoire l'autre jour, M. le Président: Le
Conseil du tourisme, l'Association technique du tourisme, l'Association des
brasseurs du Québec et des fabricants de cidre. Je dirai, M. le
Président, que je déposerai aussitôt que j'aurai un
exemplaire, devant la Chambre, la liste des invités pour bien
démontrer qu'il ne s'agit pas d'une activité à quelque
caractère politique que ce soit.
Deuxièmement, je voudrais dire que le bureau de l'Editeur
officiel, le ministère de l'Education et l'Institut de tourisme ont
voulu marquer de façon un peu originale le lancement de ce livre et en
quelque sorte...
M. Lavoie: Vous avez réussi.
M. Duhaime: Un instant. Oui, on a réussi. Et en quelque
sorte procéder à une invitation qui a été
adressée à 190 couples, effectivement, donc à 380
personnes dont 97% ont répondu à cette invitation. M. le
Président, je voudrais dire, en terminant, que cette invitation..
M. Blank: M. le Président, question de
privilège.
Le Président: M. le député de Saint-Louis,
votre question de privilège.
M. Blank: Ce grand dîner privé de l'Institut de
l'hôtellerie a eu lieu dans le comté de Saint-Louis et je
n'étais pas invité; je trouve cela un affront aux
privilèges du député de Saint-Louis.
Le Président: M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche.
M. Duhaime: Nous avons pensé que, puisque votre ancien
patron était amateur de "hot dogs" et qu'il n'y avait rien de ce genre
au menu, une telle invitation ne vous intéresserait pas.
M. Blank: Maintenant, on sait que c'est vraiment une affaire
politique.
M. Duhaime: Cette invitation, M. le Président, le
coût en a été partagé entre le budget
régulier de l'Institut de tourisme et d'hôtellerie, à son
programme d'enseignement, et le bureau de l'Editeur officiel, qui en a
assumé $525, laissant un montant de $1071 à l'Institut de
tourisme et d'hôtellerie pour des invitations adressées à
190 exemplaires, donc pour atteindre 380 personnes. Il est exact,
également, M. le Président, que ce contrat a été
confié à la compagnie Sial, qui a une place d'affaires dans le
comté de Fabre, laquelle maison a accepté de préparer
cette invitation tout en acceptant de fournir environ 4300 morceaux de
vaisselle qui ont été utilisés. Je voudrais, par ailleurs,
m'en excuser auprès de mon collègue le ministre d'Etat au
développement économique en ce qui est de la politique d'achats,
M. le Président, puisque l'encradré a été
donné à sous-contrat par Sial à une compagnie de Weston
Road, de Toronto, la compagnie Star Print Ltd., pour un montant mirobolant de
$120.
Le Président: On m'a également informé que
M. le ministre délégué à l'énergie voulait
répondre à une question qui a été posée par
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, la semaine
dernière.
M. le ministre.
Achat d'hélicoptères par
l'Hydro-Québec
M. Joron: Merci, M. le Président. C'est au sujet des
hélicoptères de l'Hydro-Québec. J'ai ob-
tenu de l'Hydro-Québec les informations supplémentaires
que demandait le député de Johnson. Voici comment la chose s'est
passée. Je vous répondais, la semaine dernière, que
l'Hydro-Québec n'était pas allée en soumissions publiques
pour demander à quel courtier elle voulait faire affaires, mais avait
formé un consortium de courtiers dont l'expertise était connue
dans l'assurance-aviation. C'est un domaine un peu nouveau parce que c'est la
première année où l'Hydro-Québec a des
hélicoptères. Ces hélicoptères ont
été achetés au printemps 1977. Le mandat qui a
été confié à ce consortium était de
rechercher, bien entendu, la meilleure protection possible, compte tenu du
risque particulier, au meilleur coût, en obtenant des propositions de
différents assureurs sur plusieurs marchés.
Les courtiers Stewart Smith (Canada) Ltée et Gérard
Parizeau Ltée ont été nommés conjointement par la
Commission hydroélectrique pour placer les assurances de la flotte.
Stewart Smith ayant été choisi à cause de son
expérience en assurance aviation et Gérard Parizeau
Limitée étant, à la connaissance de l'Hydro-Québec,
la seule firme québécoise avec une expertise en matière
d'assurance-aviation, c'est la compagnie Stewart Smith qui est le gérant
du consortium. Là il y a les adresses des compagnies.
Les compagnies d'assurances, maintenant. Par ce consortium les
compagnies qui ont été invitées à soumettre des
propositions sont les suivantes: l'Union canadienne, de Québec, la
Lloyd's, de Londres, la Canadian Aviation Insurance Managers Limited,
l'Associated Aviation Underwriters et la British Aviation Insurance Company.
Trois seulement ont manifesté un intérêt pour cette
proposition. C'est l'Union canadienne, la Canadian Aviation et la Lloyd's.
Après avoir examiné les différentes propositions,
l'Hydro-Québec a opté, en ce qui concerne l'assurance
responsabilité civile c'est la moitié de l'assurance
pour l'Union canadienne et la Lloyd's, et pour l'autre moitié,
qui concerne la coque des hélicoptères, pour l'Union canadienne
et la Canadian Aviation. L'Union canadienne avec la Lloyd's dans une
moitié et l'Union canadienne avec la Canadian Aviation dans l'autre
moitié.
Les primes annuelles, maintenant. Pour la partie responsabilité
civile, elles sont de $148 200; pour la partie qui concerne la coque des
hélicoptères de $148 001, pour un total de $296 201 par
année. C'est la prime aux assureurs.
Quelle est la commission perçue par les courtiers sur cette
prime? On ne la connaît pas, puisque la commission est toujours incluse
dans la prime. Cependant, si on se fie aux pratiques d'affaires courantes, on
estime que les courtiers touchent cela dépend évidemment
des secteurs d'assurance dans un cas comme celui-là, quelque
chose entre 7% et 10% de commission sur la prime qui est approximativement de
$300 000. Cela voudrait dire, dans ce cas, qu'au maximum le consortium des
courtiers pourrait toucher une commission pouvant aller jusqu'à $30 000
par année... Je ne sais pas si cela se répète à
chaque année ou si cela décroît. Si le consortium est de
50-50 entre Stewart Smith et Gérard Parizeau Limitée, la
participation au consortium entre les deux je pense qu'elle est de
moitié-moitié, mais je n'ai pas l'information précise,
à savoir si elle est de moitié-moitié parce qu'il y en a
un qui a peut-être une participation plus grande, étant
donné qu'il est gérant si c'était
moitié-moitié, cela leur ferait chacun $15 000.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, je remercie le ministre
délégué à l'énergie de cette confirmation
qu'il me donne, qui fait suite, d'ailleurs, à la déclaration
publique qu'a faite M. Demers vendredi aux journaux, confirmant exactement que
le contrat avait été donné à M. Gérard
Parizeau et à un consortium, mais qu'il s'élevait à
au-delà de $300 000. Je le remercie.
Je voudrais cependant savoir du ministre pourquoi il ne répond
pas à la question 55 qui paraît au feuilleton de mercredi
dernier...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le règlement.
Nous répondrons à ces questions en temps et lieu. C'est habituel,
ces questions on doit y répondre le mercredi.
M. Bellemare: Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: Une dernière question, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: D'accord. M. le Président, elle est
très simple, elle est posée par le député de
Pointe-Claire. Le gouvernement a-t-il conclu une entente avec la
Société d'assurance des caisses populaires et la firme
Gérard Parizeau...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
C'est une question au feuilleton, M. le Président.
M. Bellemare: M. le Président, c'est parce que nous
avons...
Le Président: M. le leader parlementaire... M. le
député de Johnson. Je vous signale que, quand il s'agit d'une
question au feuileton, il y a des règles pour répondre à
ces questions au feuilleton. Je permets même, la plupart du temps, de
poser des questions en vertu de l'article 34 pour savoir si on va
répondre à une question. Je ne voudrais pas, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale, que vous abusiez de la situation. Si vous
avez une dernière question à poser qui n'est pas celle du
feuilleton, je vous autorise à la poser.
M. Bellemare: Nous sommes en possession de certaines lettres et
je voudrais bien que la réponse nous soit donnée au plus
tôt pour trouver la véritable réponse.
M. Burns: M. le Président, ou bien il ne comprend
pas...
Le Président: Fin de la période des questions.
M. le chef de l'Opposition, je vous autoriserai à poser une
question demain. Je comprends que c'est sur le même sujet, mais nous
sommes déjà rendus à plus de 60 minutes et je ne voudrais
pas exagérer en ce sens. C'est la seule raison pour laquelle je veux
mettre un terme à la période des questions.
Motions non annoncées.
Retrait des amendements au règlement de
l'Assemblée nationale
M. Robert Burns
M. Burns: J'aurais une motion non annoncée à
formuler. Il s'agit d'une motion de retrait d'une affaire, qui est faite en
vertu des dispositions de l'article 85 de notre règlement. C'est une
motion qui est inscrite à mon nom. A la suite d'une consultation que
j'ai tenue avec les représentants de l'Opposition, il me paraît
que, dans les délais raisonnables, cette motion ne pourrait
malheureusement pas être adoptée. Comme le temps file et comme
personne n'a d'intérêt à passer la semaine à
discuter d'une telle motion, il me paraît de mon devoir de vous demander,
M. le Président, par voie de motion de retirer du feuilleton l'article
1) concernant des modifications permanentes à notre
règlement.
Je pense bien que ceci n'exclut pas, cependant, que nous puissions,
à la suite de nouvelles discussions avec les représentants de
l'Opposition, revenir sur le sujet à l'occasion de la reprise de la
session, au début de l'année 1978. Si, jusqu'à maintenant,
nous avons échoué dans la possibilité de faire ces
modifications permanentes à notre règlement, ce n'est pas, bien
sûr, par mauvaise foi de notre part, en tout cas; c'est plutôt sur
un seul des aspects que présentent ces modifications permanentes
à notre règlement. M. le Président, je vous demanderais
donc, en vertu des dispositions de l'article 85, de mettre en
délibération ma motion de retrait de l'article 1) du feuilleton
d'aujourd'hui.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: En vertu de l'article 85, cette motion peut faire
l'objet "d'un débat restreint au cours duquel le proposeur peut parler
dix minutes et exercer un droit de réplique de même durée,
après que les représentants des partis reconnus d'Opposition se
sont fait entendre pendant une durée d'au plus dix minutes chacun." J'ai
l'intention d'invoquer cet article pour intervenir quelques minutes, le plus
brièvement possible.
Le Président: Vous avez droit à dix minutes, M. le
leader parlementaire de l'Opposition.
M. Lavoie: Merci, M. le Président. En ce qui nous
concerne, après de nombreuses consultations qui avaient
été sollicitées de notre part par le gouvernement, nous
regrettons que le ministre retire cette motion. C'était un effort
valable de la part du gouvernement, qui avait été accepté
par toutes les Oppositions. Une seule réserve était
soulevée, la question de minuit. Dans un sens positif, nous, de
l'Opposition officielle, avions accepté que les deux grands
débats qui reviennent annuellement, à savoir le débat sur
le message inaugural et le débat sur le discours du budget, voient leur
durée réduite de 25 heures à 20 heures. Cela aurait permis
au gouvernement d'améliorer sa programmation de législation; cela
lui aurait aussi permis d'être plus efficace et plus productif.
Dans cette motion qu'on retire aujourd'hui à la demande du leader
parlementaire du gouvernement, il y avait certains pouvoirs accordés au
secrétaire général, une certaine amorce vers la
télédiffusion et la radiodiffusion des débats
parlementaires, donnant certaines obligations, certains pouvoirs au
secrétaire général de l'Assemblée pour la
surveillance de l'implantation de la télédiffusion prochaine des
travaux de l'Assemblée.
Egalement nous accordions, et cela de bonne grâce de la part de
l'Opposition, toujours en vue d'améliorer notre règlement et les
travaux ses-sionnels, le droit au leader du gouvernement, de faire
siéger deux commissions pendant que l'Assemblée est en Chambre
ici et fait de la législation; en somme, cela augmentait
énormément les heures de travaux du Parlement.
En plus de cela, ce qu'il y avait de plus réformateur, de plus
avant-gardiste, dans cette motion, c'est qu'on établissait d'une
manière, on institutionnalisait sans débat, la fameuse motion de
fin de session. Elle devenait automatique, à l'avenir. Cette motion qui
devenait un amendement permanent aux règlements de l'Assemblée
nationale permettait au gouvernement d'une manière automatique, sans
débat, sans "filibuster", sans prise de bec, pour une période
d'environ trois semaines au début de l'été, à la
fin de la première partie de la session, et encore pour une
période de près de trois semaines, trois semaines, juste avant
Noël, d'avoir automatiquement cette motion de fin de session qui aurait
permis au leader du gouvernement de faire siéger le Parlement de dix
heures du matin jusqu'à minuit le soir, du lundi au samedi, six jours
par semaine... On avait acquiescé à cela dans un élan de
réforme. Je crois que c'était positif autant de la part du
gouvernement et surtout de la part de l'Opposition, parce que ce n'est pas
facile d'aller chercher cela à une Opposition. J'aurais bien voulu voir
nos amis d'en face siéger de ce côté-ci de cette Chambre si
on leur avait fait une telle proposition.
M. Burns: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Lavoie: M. le Président, je demanderais au leader du
gouvernement de se taire. Il s'exprimera dans son droit de réplique, je
vous promets que je ne l'interromprai pas.
Je crois que c'était quand même un grand pas en avant.
C'était dans un sens de coopération unique, une première
au Québec, que l'expression de l'Opposition pour permettre au
gouvernement, au leader du gouvernement, des heures aussi longues de travaux.
Imaginez-vous, six semaines par année durant lesquelles le Parlement
aurait pu siéger en Assemblée ici, soixante heures par semaine,
sans mettre de côté ou sans oublier que, pendant ces soixante
heures-là, sauf lors des affaires courantes, qui auraient permis en plus
de ces soixante heures, deux commissions de siéger durant les travaux de
l'Assemblée.
Le leader du gouvernement et le gouvernement ne sont pas satisfaits de
cela, M. le Président. On a l'impression qu'on n'est pas
député ici à l'Assemblée nationale; s'il avait
fallu accepter toutes les exigences du gouvernement, nous aurions
été des galériens. Je ne connais pas de syndicats ou de
mouvements ouvriers qui permettent à leurs membres de travailler
soixante heures par semaine pendant six semaines au moins par année, en
plus des deux commissions qui peuvent siéger pendant ce temps.
En somme, pendant ces soixante heures par semaine, cela équivaut
et je le disais jeudi dernier, M. le Président, on accordait au
gouvernement quatre semaines dans une, pendant ces trois semaines de
l'été et de ces trois semaines de l'hiver. Quatre semaines dans
une, encore là le leader du gouvernement n'en était pas
satisfait. Dans quelle situation nous trouvons-nous aujourd'hui? Cette session
aura été la plus longue, je crois, une année record; nous
atteindrons sans doute 140 jours de session. Dans cette première partie
de la session, pendant laquelle nous avons siégé 101 jours, il y
a eu 36 lois publiques d'adoptées, du mois de mars à la fin
d'août.
On prévoit, d'après les conversations il n'y a rien
de privé dans cela que du fait qu'on retire l'article 1 du
feuilleton on présentera l'article 2. Donc le leader du gouvernement, le
grand réformateur du droit parlementaire, de la réforme
parlementaire au Québec, va nous demander, en vertu de cette
deuxième motion, de voter encore une trentaine de lois publiques dans
une période d'environ neuf jours. En effet, du 12 au 21, cela donne
à peu près neuf jours, et au feuilleton il y en a environ 35
lois. Disons qu'on en laisse tomber quelques-unes, cela veut dire qu'on
demandera au Parlement d'adopter 30 lois publiques dans une période de
neuf jours. C'est cela la planification et la réforme parlementaire qui
est entreprise au Québec actuellement.
Depuis le début de la session, depuis cette deuxième
partie de la session, soit le 18 octobre, cela fait pratiquement deux mois M.
le Président, le lieutenant-gouverneur a été requis
humblement de sanctionner treize lois. On sait, à la lecture de ces
lois, qu'il n'y a aucune loi révolutionnaire, ce sont des lois,
plutôt, de portée minime; on ne peut pas dire qu'elles ont
soulevé des débats des plus violents, il n'y a pas eu de
révolution dans ces treize lois. Si on regarde la loi 259, Loi
concernant la municipalité de la paroisse de
Saint-François-Xavier-de-la-Petite-Rivière, je pense bien que ce
n'est pas cela qui va révolutionner le Québec. Il y a eu la loi
concernant Val-Martin, il y a eu une loi sur un budget supplémentaire.
Dans deux mois, le Parlement a adopté treize lois d'intérêt
moyen; par contre, on va nous sommer de siéger, j'imagine de dix heures
à minuit, pour adopter 30 lois. Je ferais une suggestion. S'il n'y a pas
d'amélioration lors de la prochaine session, je me demande, pour aider
le leader du gouvernement, s'il ne faudrait pas lui accorder une motion
automatique de fin de session, la motion de fin de session automatique; mais,
au lieu que ce soit réservé pour les trois dernières
semaines au début de l'été et les trois dernières
semaines avant Noël, cela pourrait être permanent pour permettre au
gouvernement de produire; cela pourrait être permanent à partir du
premier jour de la session. Je pense que ce serait la seule manière dont
il pourrait produire de la façon dont nous travaillons et dont nous
devrons entreprendre ce dernier "sprint" final, M. le Président, avant
la Noël.
Le Président: Merci, M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, nous avons, je crois, fait
un tableau fort intéressant du travail qu'il reste, d'après les
données qui nous ont été fournies par le gouvernement.
Quand nous établissons ce tableau des lois qu'il reste, nous n'en
trouvons que quelques-unes qui ont une certaine importance, 53, 67 et 45,
malgré qu'on nous a dit que 45 ne serait pas adoptée avant
Noël; la loi 53 non plus, à cause du rapport Martin. Il resterait
en somme...
M. Burns: Question de privilège, M. le
Président.
M. Bellemare: Pardon?
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Je n'ai pas dit cela à qui que ce soit.
M. Bellemare: Voici...
M. Burns: Ecoutez, je n'ai pas dit cela à qui que ce
soit.
M. Bellemare: ... le ministre...
M. Burns: Et je vous prierais de faire attention sur ces
affirmations.
M. Bellemare: Le ministre du Travail nous a
répété, il nous a dit...
M. Burns: M. le Président, sur ma question de
privilège...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Je n'ai pas dit non plus que c'était lui qui
me l'avait dit...
M. Burns: Mais non!
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, s'il vous plaît! Il y a une question de privilège qui
est soulevée par le leader parlementaire du gouvernement et je crois que
c'est la question de privilège la plus classique, celle qui est
autorisée en tout premier lieu par notre règlement,
c'est-à-dire se lever immédiatement après que des paroles
ont été prononcées. Je vous demanderais de laisser
terminer le leader parlementaire du gouvernement, qui a parfaitement le droit,
je pense, de soulever sa question de privilège. Quand un
député est debout, je vous rappelle, M. le leader parlementaire
de l'Union Nationale, que les autres doivent s'asseoir. M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Cela va être très bref. Je trouve qu'il
est extrêmement grave qu'un leader parlementaire, responsable d'un parti
soi-disant responsable, fasse des affirmations comme celles-là.
Pourquoi est-ce moi qui soulève la question de privilège,
M. le Président? C'est parce que c'est moi qui suis responsable des
travaux de la Chambre. A ce moment-ci, je vous prie de croire, M. le
Président, que c'est assez lourd à porter avec le genre
d'embêtements qu'on connaît actuellement. Ce n'est pas pour rien
que je vous présente une motion de révocation. Je n'ai jamais,
à aucun moment, assuré qui que ce soit de l'Opposition que ces
projets de loi seraient retirés; ou, encore, qu'ils seraient
ramenés...
M. Grenier: Vous n'êtes pas tout seul au gouvernement, on
veut parler à d'autres. C'est de là que cela vient.
M. Burns: Oui, mais je vous dis, à ce moment-là,
que celui qui doit prendre les engagements concernant les travaux de la Chambre
est celui qui vous parle actuellement, et je n'ai jamais pris ces engagements.
Il ne faudrait pas dire, quand même, que du côté
gouvernemental ce genre d'engagement a été pris.
M. Bellemare: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, je vous remercie de votre collaboration et de votre silence et vous
donne la parole.
M. Bellemare: ... ce n'est pas ce que j'ai dit, pas du tout, pas
du tout. Le leader parlementaire du gouvernement s'est emporté pour
rien. Tout le monde l'a entendu à la commission, dire que le projet de
loi no 45 ne serait probablement pas adopté avant Noël. Je n'ai
jamais manqué une séance sur le projet de loi no 45 et on nous a
répété cela. Pour le projet de loi no 53, M. le
Président, on a la parole du ministre de la Fonction publique qu'il ne
serait pas adopté avant Noël parce qu'il attend le rapport Martin.
Ce n'est pas le leader parlementaire qui l'a dit, c'est le ministre
lui-même, à la suite d'une motion que j'ai faite et qui a
été reprise par le député de Jean-Talon. Il nous a
affirmé que le projet de loi no 53 ne serait pas déposé en
troisième lecture avant le rapport Martin.
Le leader du gouvernement s'est monté absolument pour rien. Je
n'ai jamais dit cela; j'ai dit qu'on avait préparé une liste de
projets. Il me semble que dans le temps qui nous est donné, on va avoir
le temps de faire tout ce programme tel quel. Il y a 27 projets de loi. Si
j'enlève quelques projets qui ne seront sûrement pas
appelés durant la présente session, il y a à peu
près une vingtaine de projets de loi; sur cela, il y en a plusieurs qui
sont en deuxième ou en troisième lecture. Je pense que nous
aurons amplement le temps de le faire.
Maintenant, ce n'est pas sur cela que je voudrais attirer l'attention du
gouvernement mais sur les règlements. Il est dit, à l'article 85,
qu'il faut "énoncer succinctement ses motifs" pour retirer une motion.
Mais la motion serait adoptée, M. le Président, si le leader du
gouvernement nous avait écoutés jeudi dernier. On n'avait pas
d'objection, on s'était entendu le député de
Sainte-Marie a fait beaucoup de travail dans ce sens non seulement pour
les commissions mais pour garder le quorum en Chambre, en vertu de l'article
28, et on devait aussi suspendre la Chambre à minuit. Cela aurait
été tellement facile. Là, le leader a dit: Non, non, non,
non, non. Alors, on dit: Non, non, non. Cela n'a pas fonctionné,
à la grande déception de tous ceux qui ont travaillé dans
ce sens. Il n'y avait qu'un argument, celui de minuit. Nous étions
prêts à accepter le reste.
Là, M. le Président, il y aurait eu aussi la
possibilité de faire deux séances sans demander
l'unanimité de la Chambre. En vertu de la motion qu'il veut
présenter, le leader n'aura pas le droit de faire siéger deux
commissions parlementaires en même temps; tandis que dans l'autre... Je
regrette qu'il l'ait retirée. Je suis convaincu qu'il n'y a qu'un petit
détail, celui de minuit, qui fait que cela n'a pas de sens. Nous,
personnellement, on l'aurait acceptée et le Parti libéral
je ne veux pas parler pour lui je suis presque convaincu qu'il l'aurait
acceptée aussi. Maintenant, il y a une chose qui est sûre, c'est
qu'après la motion qu'on va retirer, on va présenter une
deuxième motion et là, on va être obligés de
siéger le 24 décembre. On ne siégera pas le 26 parce que
c'est un congé légal mais on va être obligés de
siéger le 27. Et vous qui avez peut-être des engagements avec
madame pour aller faire un voyage bien mérité, cela
dérangera peut-être un peu votre horaire. Je ne voudrais pas
être un de ceux qui dérangeront votre horaire. J'aurais
été plus prêt à accepter l'autre motion, pour
minuit. En tout cas, si vous nous faites siéger
le 27 ou le 26, soyez assuré que les députés de
l'Union Nationale seront ici en grande majorité.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud, je
vous signale que cela prend le consentement unanime, compte tenu des
dispositions de l'article 85.
M. Burns: Si c'est bref, M. le Président, je suis bien
prêt. On est déjà rendus à 16 h 33.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, lorsqu'on m'a demandé ma
collaboration pour faire partie d'un sous-comité de la commission de la
réforme parlementaire, malgré la montagne d'ouvrage que j'ai
devant moi, je n'ai pas hésité. Ce n'est pas mon intention de
faire perdre le temps de la Chambre. Seulement, je voudrais dire à cette
Chambre que je déplore une chose: toutes les batailles que j'ai
livrées à l'Assemblée nationale avec le leader actuel du
gouvernement ont été vaines. Je croyais que, le 15 novembre
dernier, il y avait eu du changement au Québec. C'est la raison pour
laquelle j'ai accepté de faire partie des sous-comités, de
travailler de nombreuses heures à une réforme parlementaire et
d'offrir au gouvernement des modifications au règlement qui, comme l'a
dit le député de Johnson et comme l'a dit le député
de Laval, constituent des progrès sensibles pour nos travaux
parlementaires et qui évite au leader du gouvernement l'odieux d'avoir
à présenter une motion de fin de session avant l'ajournement
d'été et avant la fin de la session, à l'automne ou
à l'hiver.
Alors, plus cela change, plus c'est pareil; ce n'est sûrement pas
mieux. Si le leader du gouvernement avait accepté la suggestion que nous
lui avons faite, si, au lieu de nous faire siéger jusqu'à ce
qu'il décide d'ajourner les travaux de la Chambre, il nous avait fait
siéger jusqu'à minuit, on n'aurait pas perdu de nombreuses heures
à discuter pour savoir si on doit siéger ou pas avant ou
après minuit. C'est un peu ridicule, je trouve je terminerai
là-dessus de prendre des heures à discuter pour essayer de
gagner du temps pour ensuite devoir siéger après minuit.
On a offert d'adopter toute la motion du leader du gouvernement, qui est
inscrite à l'article 1) sans même discussion, à la seule
condition que le mot minuit soit ajouté. S'il avait dit oui, cela ferait
longtemps qu'elle serait acceptée; elle serait acceptée depuis
mardi de la semaine dernière et, à ce moment-ci, on serait en
train de travailler en commission parlementaire.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
votre droit de réplique.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, ma réplique est
très brève, parce que, de toute façon,
éventuellement, nous aurons à reprendre peut-être le
même sujet au cours de cette même séance. J'y tiens
beaucoup, à ces amendements. Je prends bonne note également du
regret unanimement exprimé par l'Opposition que nous n'ayons pu en
arriver à une entente définitive relativement aux modifications
permanentes du règlement. Je prends à témoin les leaders
parlementaires de l'Opposition. S'ils étaient dans mes souliers, je leur
demande s'ils accepteraient, eux, de lier le gouvernement à une
fermeture stable, stricte, définitive, finale, à une certaine
date de la session et, par-dessus le marché, de dire que les
séances, au cours des trois dernières semaines, devront se
terminer à minuit. C'est absolument impensable, M. le Président.
Je dois avouer que, dans un moment de distraction, jeudi dernier, sur la
suggestion du député de Laval, du leader parlementaire de
l'Opposition officielle, j'ai dit que je trouvais effectivement, je
continue de le croire que ce n'est pas facile de continuer de travailler
après minuit lorsqu'on a commencé à 10 heures le matin.
C'est bien sûr, mais il n'y a pas un gouvernement sensé, eu
égard à son programme de législation... Je ne vous ai pas
interrompu quand vous avez parlé, M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Je n'ai rien dit!
M. Burns: Non, mais vous bougonnez, quoi! Il n'y a pas un
gouvernement sensé, M. le Président, qui va accepter, d'une part,
de se lier les mains quant à la durée d'une session, quant
à la fin d'une session, qui est, je l'admets, parfaitement souhaitable,
et, d'autre part, de se limiter également quant à l'horaire
à être utilisé. Imaginons deux secondes la situation
suivante. Nous sommes rendus au 20 décembre et nous devons ajourner le
lendemain. Or, le 20 décembre, nous avons un projet de loi, mais pour
des fins de stratégie que je reconnais d'ailleurs, j'ai fait
quand même six ans et demi dans l'Opposition et je pense qu'à
l'occasion on a utilisé des stratégies semblables disons
que l'Opposition décide de nous empêcher sachant qu'un projet de
loi contentieux risquerait de commencer vers la fin de la séance et se
mette à parler jusqu'à minuit sur l'autre projet en
discussion.
M. le Président, qu'arrive-t-il de mon autre projet de loi que je
présente au nom du gouvernement? Je vous dis: Ce projet de loi est
"scrappé"...
M. Lavoie: 84.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: S'il y a urgence, vous avez l'article 84.
M. Burns: D'accord, il y a toujours l'article 84. On va
l'utiliser l'article 84 que voulez-vous? Je le regrette autant que les membres
de l'Opposition. Je souhaite, d'ailleurs, et ce n'est pas pour satisfaire le
député de Beauce-Sud, également le député de
Sainte-Marie et possiblement, le député de Saint-Laurent qui ont
fait un boulot avec le député de Richmond, je crois, très
valable, c'est d'ailleurs, le fruit de ce travail que j'ai
présenté, à toutes fins utiles, dans ma motion. En ce qui
me concerne, M.
le Président, ce n'est pas un retrait définitif.
J'espère qu'à des moments plus propices nous aurons l'occasion de
discuter à nouveau de toutes ces questions. Je prends acte, cependant,
et j'en prends acte sérieusement, parce que cela a été
unanime du côté de l'Opposition, que tous les cas qui sont soumis
dans l'article 1 de notre feuilleton d'aujourd'hui concernant les modifications
au règlement seraient acceptés d'emblée, sauf cette
fameuse fin de la journée de travail à minuit?
Peut-être que nous pourrons poursuivre nos discussions
relativement à cela, mais peut-être aussi pourrons-nous, au moins,
d'ici même peut-être la fin de la présente session mettre en
vigueur partiellement ces amendements. Je me fais fort de contacter mes
collègues leaders de l'Opposition pour en discuter avec eux afin que,
justement, le travail des gens que j'ai mentionnés tout à
l'heure, ne soit pas totalement inutile même si nous ne pouvions nous
entendre sur cette question.
M. le Président, sur ce, je vous demanderais simplement d'appeler
le vote relativement à cette question.
Le Président: Est-ce que cette motion du leader
parlementaire du gouvernement visant à retirer l'article 1 du feuilleton
est adoptée?
M. Lavoie: Vote enregistré, M. le Président. Le
Président: Qu'on appelle les députés.
Vote sur la motion de retrait
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons maintenant mettre aux voix la motion du leader parlementaire
du gouvernement visant à retirer l'article 1) du feuilleton. Que ceux
qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Burns, Cardinal, Bédard,
Laurin, Parizeau, Léonard, Couture, Tremblay, Johnson, O'Neill, Mme
Ouellette, MM. de Belleval, Joron, Mme Payette, MM. Proulx, Duhaime, Garon,
Michaud, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Vaugeois, Martel, Fallu,
Rancourt, Grégoire, Bertrand, Guay, Gendron; Mercier, Laberge, Marquis,
Lacoste, Ouellette, Perron, Brassard, Clair, Gosselin, Charbonneau,
Beauséjour, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel, Gagnon, Jolivet.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Mailloux, Saint-Germain, Raynauld,
Lamontagne, Giasson, Blank, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand, Verreault,
Bellemare, Grenier, Goulet, Brochu, Le Moignan, Dubois, Roy, Bisaillon.
Le Président: Que ceux qui désirent s'abstenir
veuillent bien se lever, S'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 45 Contre: 24
Abstentions: 0
Le Président: Motion adoptée.
Question de privilège
Contrat d'assurance pour les
hélicoptères de l'Hydro-Québec
Le Président: Je voudrais, avant les avis qui sont
généralement donnés par le leader parlementaire du
gouvernement, signaler à l'Assemblée que j'ai reçu dans
les délais prescrits par notre règlement un avis de
privilège de M. le ministre des Finances, qui se lit comme suit:
"Conformément à l'article 49, paragraphe 1, de notre
règlement, je désire vous faire part de mon intention de
soulever, cet après-midi, une question de privilège, après
les affaires courantes et avant que ne débutent les affaires du jour.
Veuillez agréer, M. le Président, l'expression de mes sentiments
distingués. Signé: Jacques Parizeau, ministre des Finances."
M. le ministre des Finances, je vous invite à soulever
brièvement votre question de privilège.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, de retour de voyage, j'ai eu
l'occasion de parcourir les Débats de l'Assemblée nationale de la
semaine dernière quant aux conditions d'un contrat d'assurance pour les
hélicoptères achetés par l'Hydro-Québec. La
question inscrite au feuileton par le député de Brome-Missisquoi
avait un certain caractère de neutralité. La question principale,
posée jeudi dernier par le doyen de l'Assemblée nationale, le
député de Johnson, portait des insinuations manifestes quant
à mon père et à moi. Elle se présentait, bien
sûr, sous une forme interrogative, selon le vieux procédé
qui consiste à faire planer des doutes tout en se protégeant
contre une accusation de diffamation.
La question supplémentaire posée par le doyen de notre
Assemblée commence cependant par la phrase suivante, que je cite au
texte: "Vous avez assez sali de monde, vous allez avoir votre part, ne craignez
pas". Le sens de la question principale est donc clair. Il s'agit d'essayer de
salir le ministre des Finances dont le père, au cours des 40
dernières années, avec l'aide de deux de ses fils et d'un nombre
croissant d'associés, a construit l'une des plus importantes entreprises
de courtage d'assurance au Québec comme au Canada, et dont
l'activité s'exerce dans plusieurs pays...
M. Marchand: Les Simard n'avaient rien fait!
M. Parizeau:... et d'essayer de salir aussi mon père parce
qu'il a un fils qui fait de la politique depuis quelques années et qui
est devenu ministre des Finances.
Je n'ai aucun intérêt financier dans Gérard
Parizeau Limitée. Je ne sais ni ne veux rien savoir des contrats
d'assurance que peut vouloir négocier ou obtenir Gérard Parizeau
Limitée. Le premier geste administratif que j'ai posé comme
ministre a été de déplacer le service du contrôleur
des assurances du ministère des Finances au ministère des Travaux
publics pour éviter justement toute ambiguïté. Je n'ai,
d'autre part, pas la moindre idée de la façon dont
l'Hydro-Québec place ses affaires d'assurances. Cela ne relève
pas de moi et je ne veux rien en savoir.
Je déplore vivement que notre doyen soit saisi sur le tard par la
tentation du salissage et je vous prie, M. le Président, de lui
transmettre l'expression de ma profonde indignation.
M. Bellemare: M. le Président, je soulève une
question de privilège.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M.
Bellemare: Question de privilège.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, je vous rappelle les dispositions de l'article 50 de notre
règlement qui ne permet pas de soulever un débat à la
suite d'une question de privilège.
M. Bellemare: M. le Président, quand le ministre des
Finances était conseiller de M. Johnson, en 1960, on m'a sali, moi
personnellement, quand on a...
Le Président: A l'ordre! M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale, je vous signale encore une fois les dispositions de
l'article 50 de notre règlement, qui interdisent un débat
à la suite d'une question de privilège. M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale, je voudrais que, comme doyen de cette
Assemblée, vous vous en teniez au règlement.
M. Bellemare: M. le Président, je ne laisserai pas salir
ma réputation, moi non plus, c'est sûr et certain. On insulte le
doyen de l'Assemblée nationale en disant que ce n'est pas croyable qu'il
va devenir un salisseur public. Ce n'est pas vrai. J'ai souffert, dans ma vie
politique, autant d'injures que je peux en avoir à endurer
aujourd'hui.
M. Bertrand: A l'ordre!
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale. M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, à l'ordre,
s'il vous plaît! A l'ordre! A l'ordre! M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale, je vous rappelle formellement à l'ordre! Je vous
demande votre collaboration. Je pense que parfois non pas le président,
mais l'institution elle-même est au seuil de la tolérance et qu'il
ne faudrait pas déborder ce seuil de la tolérance. Je vous
rappelle que l'article 50 interdit de soulever un débat autour de cette
question.
M. Bellemare: J'ai le droit de soulever une question de
privilège quand cela me concerne personnellement, en vertu de la
tradition de la Chambre. La meilleure réponse que peut avoir le ministre
des Finances, c'est celle qu'a donnée aujourd'hui le ministre de
l'énergie. La voilà, la réponse, la vraie, celle qu'il n'y
avait pas un soupçon et celle dans laquelle il est
spécifié véritablement que...
Le Président: A l'ordre! Je vous remercie, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale. M. le leader parlementaire du gouvernement,
avis à la Chambre.
Travaux parlementaires
M. Burns: Merci, M. le Président. Je croyais devoir
demander, M. le Président, le consentement à la Chambre pour
faire siéger deux commissions cet après-midi, mais je crois que,
étant donné l'heure, cela deviendra impossible. Egalement, je
m'apprête à appeler l'article 2) de notre feuilleton et je pense
bien que le leader de l'Union Nationale veut y participer, il m'en a
avisé avant la séance, de sorte que cela deviendrait à peu
près inutile de demander de faire siéger la commission du
travail, de la main-d'oeuvre après l'intervention du
député de Johnson.
M. le Président, je fais donc motion pour qu'immédiatement
la commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières se réunisse au salon rouge relativement au projet de
loi no 67, Loi sur l'assurance automobile.
M. Lavoie: Motion de retrait.
M. Levesque (Bonaventure): Motion de retrait.
M. Burns: Quoi donc?
M. Levesque (Bonaventure): C'est pour le retirer?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Je propose donc que cette commission puisse
siéger à compter de maintenant, avec suspension de dix-huit
heures à vingt heures, pour reprendre jusqu'à vingt-deux heures
ce soir, toujours relativement à ce même projet de loi no 67.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Motion adoptée. La commission
peut siéger immédiatement. M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Alors, les membres de la commission peuvent nous
quitter. Cela veut dire que les autres devraient rester probablement. Je vous
de-
manderais, M. le Président, s'il vous plaît, d'appeler
l'article 2) qui est maintenant devenu l'article 1).
Le Vice-Président: Je ne sais pas si l'article 2) devient
l'article 1), puisque j'ai le même feuilleton devant moi. L'article 2),
c'est une motion du leader parlementaire du gouvernement...
M. Burns: C'est l'article no 1), mais c'est toujours l'article
2).
Le Vice-Président: II y a eu retrait de l'article 1). Je
le sais.
Je ne pense pas que cette assemblée me demande de lire cette
longue motion qui est purement technique et qui demande d'utiliser encore plus
efficacement le temps disponible d'ici la fin de la présente
session.
M. le leader parlementaire du gouvernement, sur cette motion.
Règlement de fin de session
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, encore une fois, j'imagine et
j'entends déjà les doléances de mes collègues de
l'Opposition qui vont venir me dire qu'il est vraiment malheureux que le leader
du gouvernement...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
à l'ordre! M. le leader parlementaire du gouvernement, en vertu de
l'article 94.
M. Burns: Merci, M. le Président... en fin de session,
doive revenir avec une telle motion qui, traditionnellement, est appelée
la motion de fin de session, qui est une motion, à toutes fins utiles,
de suspension des règles de l'Assemblée nationale, du moins quant
à certaines règles.
Si, M. le Président, j'ai dû avoir recours à cette
motion, je pense que je l'ai indiqué tout à l'heure de
façon partielle, du moins, dans mon intervention relativement à
la révocation ou au retrait de l'affaire qui apparaissait à
l'article 1, c'est-à-dire la modification au règlement, je dois
dire, sans vouloir allonger le débat à ce sujet, que nous avons
vraiment fait toutes les tentatives de part et d'autre. J'avais compris,
cependant, qu'à la suite de ce comité informel qui avait fait le
travail, on arrivait avec une motion qui est maintenant retirée du
feuilleton, qui faisait l'unanimité. On s'est aperçu qu'elle ne
la faisait pas. Dans les circonstances, il était nécessaire;
encore une fois, c'est pénible de voir un leader du gouvernement arriver
en fin de session avec une motion comme celle-là. Je peux assurer nos
collègues de l'Assemblée nationale que ce n'est pas de
gaieté de coeur que je reviens avec une motion qu'en soi je
réprouve mais je n'ai aucun autre moyen de remplir mon devoir de leader
parlementaire du gouvernement, sinon de dire à tous nos collègues
de l'Assemblée nationale qu'il est essentiel qu'un gouvernement, dans
une période donnée, puisse mener à bien sa législa-
tion. Bien sûr, M. le Président, je m'attends que, encore une
fois, le chef de l'Opposition, mon bon ami, le député de
Bonaventure, je le vois fouiller dans le journal des Débats, va essayer
de trouver mes anciens discours et il va nous en citer beaucoup. Qu'est-ce que
vous voulez? J'ai passé le stade où ces choses-là
m'impressionnent. Je pense que, si on avait vraiment voulu de part et d'autre
en arriver à des délais absolument raisonnables de fin de
session, nous n'aurions pas eu besoin d'avoir recours à cette motion qui
est inscrite à mon nom. Quand je dis: Si nous avions voulu le faire
collégialement, si je peux dire, et que nous aurions pu éviter
cette motion, je n'ai qu'à vous donner l'exemple, M. le
Président, de quelque chose que je n'ose pas tout à fait
qualifier, parce que j'aurais peut-être des paroles antiparlementaires,
soit le débat qui a cours actuellement. Nous venons d'envoyer cette
commission, la commission des consommateurs, coopératives et
institutions financières, poursuivre ses travaux relativement à
la loi 67. Il suffit, M. le Président, de regarder quelques
journées de débat de cette commission...
M. Lavoie: Alors là, M. le ministre, si on n'a plus le
droit d'exercer les pouvoirs inhérents à un Parlement...
Le Vice-Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il
vous plaît! A l'ordre! Le leader parlementaire du gouvernement, bien
calmement. Je vous voyais aller vers une attitude... A l'ordre! Comme je n'ai
pas reçu de rapport de cette commission, je vous prierais comme
moi d'ignorer ce qui s'y passe.
M. Burns: Vous avez bien fait, M. le Président, de me
rappeler à l'ordre.
M. Lavoie: II est pire que Duhaime, M. le Président.
M. Burns: M. le Président, je m'en allais lentement vers
l'inégalité, vous avez bien fait de me rappeler à
l'ordre.
M. le Président, je dis qu'en général les travaux
de la Chambre ont piétiné. A cet égard, je pense que je
devais, pour permettre à l'Opposition de s'exprimer aussi longuement
qu'elle le veut, aussi verbeusement qu'elle le veut, sur quelque projet de loi
que ce soit, amener cette motion à ce stade-ci. Je devais
également permettre au gouvernement de respecter et de réaliser
son programme législatif, chose aussi pour laquelle nous avons
été élus; il ne faudra pas l'oublier, un gouvernement,
dans l'esprit de la population, est là pour administrer mais il est
là aussi pour légiférer. Nous avons quelques lois
très importantes qu'il faudra adopter avant quelque ajournement que ce
soit de la présente session.
Je dis tout de suite, M. le Président, qu'après
consultation avec encore une fois les représentants de
l'Opposition je n'aurais pas d'objection, dans le cadre d'un débat
limité, d'un débat qui ne traînerait pas en longueur, dans
ce cas et
j'en fais une distinction très importante de modifier ma
motion à la sixième ligne et au début de la
septième, en enlevant les mots "jusqu'à ce qu'elle décide
d'ajourner" pour les remplacer par "jusqu'à minuit". Si j'avais le
consentement de la Chambre, je n'aurais pas d'objection de ce
côté.
M. Lavoie: Faites-vous la motion ou non?
M. Burns: J'attends la réaction de l'Opposition.
M. Lavoie: Faites votre discours et nous ferons le nôtre
après.
M. Burns: Exactement, c'est cela, bien oui. Le
Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Vous n'avez rien à me dire, comment le faire; je
vais le faire comme je pense le faire. D'accord?
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement. Je vous en prie, adressez-vous à la présidence et
vous aurez, en vertu de l'article 94, le droit de réplique.
M. Burns: M. le Président, c'est parce que le
député de Laval s'ennuie de votre siège qu'il me donne
toujours des ordres.
Le Vice-Président: Non, non! A l'ordre, à l'ordre!
Je ne ferai pas de commentaires sur cette affirmation.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, est-ce que le
leader du gouvernement me permettrait une suggestion?
Le Vice-Président: C'est à lui de dire s'il veut
que vous l'interrompiez.
M. Burns: Oui, oui, je lui permets. Le Vice-Président:
D'accord.
M. Levesque (Bonaventure): Le leader du gouvernement vient
d'indiquer qu'il favoriserait un amendement qui changerait l'expression
"jusqu'à ce qu'elle décide de s'ajourner" par les mots
"jusqu'à minuit". Si telle était l'intention du gouvernement, on
épargnerait du temps qui est tellement précieux à
ce moment-ci si le ministre voulait faire cet amendement de façon
formelle, ce qui nous éviterait de reprendre tous les arguments relatifs
à cette expression. Je suis très prêt, d'ailleurs
j'ai conseillé au leader du gouvernement d'avoir le journal des
Débats comme livre de chevet je pense qu'il y a tout un volume
sur cette question de minuit ou jusqu'à ce qu'elle décide de
s'ajourner. On éviterait cette discussion. Je l'offre avec le sens des
responsabilités qui doit nous guider.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Est-ce que j'entends le même son de cloche de la
part du...
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: C'est avec beaucoup de courtoisie,
d'amabilité et de sens des responsabilités parlementaires que je
dis oui.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, sur cette question.
M. Burns: M. le Président, dans ces circonstances, je vois
que les membres de l'Opposition seraient prêts. Je ne leur demande pas
nécessairement de voter pour...
M. Levesque (Bonaventure): ... voter pour, c'est une question de
longueur des débats.
M. Burns: ... ce qui les grandirait encore plus, de ma motion,
mais de garder le débat dans ses limites normales. M. le
Président, je serais prêt immédiatement; je vous prie de
considérer avec le consentement de la Chambre, puisque cette
motion n'est pas amendable ma motion modifiée dans le sens dit
tout à l'heure.
C'est-à-dire en remplaçant, dans la sixième ligne
et dans la septième ligne les mots "jusqu'à ce qu'elle
décide de s'ajourner" par "jusqu'à minuit".
Le Vice-Président: Si j'obtiens le consentement unanime de
cette Assemblée, je considérerai qu'il ne s'agit pas d'un
amendement qui ne serait pas recevable, que par conséquent il n'y aura
pas de débat sur un amendement, et que la motion originale, du
consentement de tous, avec l'accord de la présidence, soit accueillie
dans sa nouvelle forme. Ce consentement est-il accordé?
M. Levesque (Bonaventure): Oui. Adopté.
Le Vice-Président: Consentement accordé. M. le
leader parlementaire du gouvernement, vous avez une motion de fond
nouvelle.
M. Burns: Oui, M. le Président, d'accord! Je sais fort
bien, comme vous, M. le Président, que cette motion n'est pas sujette
à amendement ni par moi ni par qui que ce soit d'autre. Donc, cela
prenait le consentement de la Chambre.
Ce que j'aimerais quand même, M. le Président, dans les
brèves remarques qui me restent à faire, c'est faire la
distinction entre je m'excuse, M. le Président, je ne veux pas
pousser plus loin des choses illégales, mais je vais les frôler,
parce que peut-être on pourra me le reprocher éventuellement
l'attitude du gouvernement relativement aux amendements permanents de
notre règlement, où nous refusons la suggestion de l'Opposition
de mettre cette limite à minuit, et ce cas-ci, où nous acceptons
la limite à minuit. C'est que nous n'avons pas, dans le cas d'une motion
de fin de session, cette espèce de guillotine qui, pour une fois,
s'applique au gouvernement quant à la durée
de la fin de session, chose que nous aurions vue, M. le
Président, si le règlement, comme tel, avait été
amendé. Nous ne pouvions pas, selon ma proposition qui apparaissait
à l'article 1, qui a été révoqué je
m'y réfère et j'en ai parfaitement le droit, de façon
incise, dans ma phrase ce que nous n'aurions pas eu, dis-je, dans ce
cas-là, que nous avons par cette motion-ci, même en la limitant
à minuit, c'est de pouvoir dépasser le 21 décembre, et
c'est cela qui est l'élément essentiel.
Si, par exemple, les travaux de la Chambre ne fonctionnent pas
normalement selon la prospective du gouvernement et c'est parfaitement
son droit, c'est pour cela qu'il est majoritaire à ce
moment-là, on peut poursuivre passé le 21 décembre. On
peut même revenir le 26 décembre parce que ce n'est pas une
fête légale.
M. Bellemare: Les fonctionnaires ne travaillent pas!
M. Burns: Cela pose un problème, mais je me rappelle
qu'une année, je crois, j'en prends à témoin le chef de
l'Opposition, nous avons siégé le 26 décembre, et c'est
une chose qui...
M. Levesque (Bonaventure): Je pense que c'était sur la
question du traitement des députés, si je me rappelle bien.
M. Burns: Oui, c'est cela, je me souviens de cela, chose que vous
ne manquerez pas de me rappeler en temps et lieu.
Le Vice-Président: S'il vous plaît, la pertinence du
débat, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, quand même, c'est en
toute bonhommie que ces remarques sont faites, je ne les prends pas de mauvaise
part de la part du chef de l'Opposition.
Le Vice-Président: Tous savent que nous sommes presque en
fin de session, malgré ce qui est devant nous.
M. Burns: Oui, M. le Président, et c'est pour cela que je
vais tout simplement résumer en disant que s'il était possible
que tout le monde mette l'épaule à la roue, quitte à ce
que l'Opposition ne soit pas d'accord avec certains de nos projets, quitte
à ce que même l'Opposition décide de bousculer certains de
nos projets, mais en se rendant compte que le rôle normal d'un
gouvernement, c'est de légiférer et d'administrer le
Québec, et c'est ce pourquoi nous avons été
élus...
Je ne peux pas faire un crime, M. le Président, de
lèse-population, si je peux m'exprimer ainsi, car c'est la population
qui nous a demandé de faire ces choses, et c'est dans ce sens que nous
présentons, entre autres, cette motion. Ce n'est pas la seule
façon de remplir notre mandat, mais étant donné que nous
sommes rendus à une période où tout le monde cesse de
travailler, du moins pour quelques jours, s'il y a moyen de met- tre un terme
à la session dans des délais normaux, cette motion j'en
suis convaincu, M. le Président nous aidera à le faire.
C'est dans ce sens que je la propose.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je n'ai pas
l'intention d'abuser du temps de la Chambre, mais je pense qu'il serait
absolument inconcevable qu'à la première occasion qui est
donnée au gouvernement d'apporter une motion de fin de session je ne
dise pas un mot, surtout lorsque j'ai devant moi tous ces documents, tous ces
extraits du journal des Débats qui me rappellent...
M. Burns: Je m'y attendais.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, je sais bien que vous vous y
attendiez... qui me rappellent d'une façon dramatique non seulement les
débats, mais les attitudes outragées du député de
Maisonneuve, alors leader parlementaire de l'Opposition officielle, qui
déchirait alors ses vêtements lorsqu'on parlait d'une motion pour
accélérer les travaux à la fin de la session. Je n'ai pas
l'intention de lire tous ces documents, tous ces extraits du journal des
Débats, mais ceux qui veulent être édifiés par la
logique, par la transparence, par la sincérité du gouvernement
toutes ces vertus sont évidemment très près des
parlementaires, particulièrement de ceux du Parti
québécois qui aiment à rappeler ces vertus continuellement
pourront relire le journal des Débats, particulièrement
entre les années 1970 et 1976, et ils seront réellement
édifiés. Je n'aurais, d'ailleurs, qu'à prendre quelques
extraits de ces discours si bien structurés et simplement, sans changer
une virgule, à les retourner au gouvernement actuel. Ce serait
pleinement d'actualité. Mais je ne veux pas me livrer à ce jeu,
M. le Président.
M. Burns: Est-ce que le chef de l'Opposition me permet une
question?
M. Levesque (Bonaventure): Sûrement.
M. Burns: Est-ce que, dans le même sens, il me permettrait
de lui retourner les réponses qu'il me donnait comme leader
parlementaire du gouvernement à l'époque?
M. Levesque (Bonaventure): Sûrement. D'ailleurs...
M. Burns: Ce serait intéressant.
M. Levesque (Bonaventure): ... je vais être très
logique.
M. Burns: On ferait gagner beaucoup de temps à la Chambre,
vous savez.
M. Levesque (Bonaventure): Justement, j'ai été
très logique dans les propos que je viens de tenir. J'ai simplement
souligné...
M. Burns: Vous êtes d'accord avec la motion.
M. Levesque (Bonaventure): Je vais vous dire ce que je veux faire
de la motion après, si vous me laissez terminer, si vous m'interrompez
moins. J'ai permis une question, mais je ne permets pas des interruptions
excessives. M. le Président, alors que j'avais à présenter
une telle motion comme leader du gouvernement, je me faisais répondre
ceci: Premièrement, le gouvernement a mal planifié son travail.
Deuxièmement, le gouvernement semble vouloir adopter trop de lois pour
que nous puissions le faire dans des conditions normales d'ici l'ajournement.
Cela va simplement constituer une mauvaise législation adoptée
à la vapeur. Là, je vois encore les titres des journaux, les
manchettes: Le gouvernement libéral sort le rouleau compresseur. Et les
éditorialistes revenaient: Est-ce possible que l'on veuille ainsi passer
à la vapeur des lois aussi importantes?
Mais jamais, M. le Président, avons-nous eu une série de
lois aussi significatives et déterminantes à adopter dans quelque
trois, quatre ou cinq jours de session? Cela n'a aucun sens, ce que le leader
du gouvernement nous a donné comme menu. Trois grandes pages, M. le
Président. Evidemment, il y a là-dedans des projets de loi qui
sont simplement des amendements. Il y a des projets de loi avec lesquels on va
concourir sans même de débats. Mais il y a là des projets
de loi auxquels la population s'oppose clairement et même à la
suite de sondages qui ont été tenus. Je pense, en particulier, au
projet de loi 67 que l'on veut entrer de force dans la gorge des citoyens et on
veut que les parlementaires concourent par des heures plus longues à
adopter de tels projets de loi.
Nous avons le projet de loi no 45 qui fait l'objet de discussions, qui
ne peut pas être l'objet d'un consensus et qui touche toute la question
du climat social. Nous avons là des projets de loi qu'on ne peut
accepter d'adopter à la vapeur. Il y a là, par exemple, toute la
question de l'amiante, l'avenir de l'amiante, la création d'une
société, justement, et plusieurs autres projets de cette nature.
Nous avons, par exemple j'ai hâte de voir cela la Loi
favorisant la conciliation entre locataires et propriétaires;
probablement qu'il va falloir l'apporter au mois de décembre comme
d'habitude. Mais j'imagine là que cela va être une loi-cadre,
évidemment, la grande réforme dans la question du logement.
On nous a tellement reproché de ne pas avoir une approche globale
des questions de logement, que je suis sûr qu'on va nous arriver
ce n'est pas encore déposé avec un projet de loi de nature
globale qui va vouloir que l'Assemblée se penche sur des questions aussi
essentielles. C'est pour cette raison que je dis, M. le Président, que
nous avons à peine une semaine de travaux et nous avons une telle motion
qui nous arrive. Non pas parce qu'elle arrive, non pas parce que nous ne
voulons pas travailler, mais parce que nous avons devant nous un tel menu
législatif là je rappelle encore au leader du gouvernement
qui va bien vouloir se souvenir en toute modestie soit que les travaux
n'ont pas été planifiés, soit que le travail du
gouvernement n'ait pas été suffisamment bien
préparé, soit que nous avons eu, et cela est un cas, je pense
bien qu'on peut souligner, des lois mal faites où la plupart des projets
majeurs ont dû être soit repris, mis de côté,
réimprimés ou autrement laissés simplement en plan. Nous
avons donc cette situation qui nous amène à dire que nous croyons
que, même si cette motion est justifiée dans le sens qu'elle
arrive à la fin de session, cela fait dix ou vingt ans que cela se fait.
On ne peut pas être surpris d'avoir une motion de principe, mais dans les
circonstances actuelles, nous pensons que le travail a été mal
préparé, mal planifié et nous avons devant nous une
situation qui, si on utilise ces heures additionnelles pour essayer de nous
faire adopter toute cette législation, encore une fois, mal
adaptée aux besoins de la population, je pense que cette motion est
moins justifiée que jamais, parce que devant un tel menu
législatif, nous devrions adopter dans quelques heures les projets de
loi qui ne sont pas litigieux ou qui sont simplement des amendements à
des lois existantes, ou encore des projets de loi qui ont été
préparés par l'ancienne administration et qui nous arrivent
simplement pour ajouter du corps au menu législatif.
Mais je dis que lorsqu'il s'agit des quelques projets de loi majeurs qui
ne sont pas voulus par la population, qui ne répondent pas à des
besoins réels de la population, qui ne règlent pas les
problèmes qui sont devant nous, à ce moment, je pense qu'il
serait beaucoup plus sage de reporter à une session ultérieure
des projets de loi qui sont réellement improvisés, qui sentent
l'improvisation, qui n'ont pas été suffisamment bien
articulés et qui ne tiennent pas compte des consultations qui ont eu
lieu, soit en commission parlementaire ou à l'extérieur de
l'Assemblée.
M. le Président, devant cette motion, nous entendions le leader
du gouvernement qui nous parlait de la nécessité d'avoir un
calendrier, avec un bon calendrier parlementaire, on réglerait tous les
problèmes. A la première occasion, celui-là même, le
leader parlementaire, encore une fois, pour donner suite à ses
velléités de calendrier parlementaire, nous en présente
un, mais en même temps doit le retirer quelques heures après
l'avoir présenté, parce qu'il veut absolument que ce calendrier
soit accompagné d'une discussion jour et nuit afin que l'on puisse
respecter le calendrier. Je dis que cela ne fait pas sérieux, cela ne
fait qu'ajouter à la série des improvisations.
Nous n'avons, dans cette motion, qu'à considérer tous les
articles que l'on veut suspendre. Je vous réfère, encore une
fois, au journal des Débats, en particulier du mardi 25 juin 1974, alors
que le leader du gouvernement, alors leader de l'Opposition officielle, prenait
tour à tour les articles 174, 24, 68, 78, etc.
Dans chaque cas, il nous faisait la démonstration que la
suspension de ces articles était anti-
démocratique et ne correspondait pas du tout au meilleurs
intérêts d'une saine administration et était contre le
véritable parlementarisme. C'est le même homme qui nous revient
aujourd'hui avec une motion où il répète presque
textuellement...
M. Vaugeois: Si le chef de l'Opposition me permet une question,
je la lui poserai. Je le trouve extrêmement intéressant, mais il
dit tout cela avec un sourire qui en cache une certaine partie. J'aimerais
qu'il nous dise plutôt que de constater que quand on est dans
l'Opposition on met toujours en cause la planification, l'intensité de
la législation au dernier momentsi derrière tout cela
plutôt que dans l'Opposition on dise telles choses et qu'au
pouvoir on dise telles autres choses il ne serait pas d'accord pour
admettre que la preuve se fait avec les années qu'il y a quelque chose
qui ne fonctionne pas dans notre règlement et que la vraie solution
n'est pas de faire ce débat chaque année et de dire, selon qu'on
est dans l'Opposition ou au pouvoir, le contraire. Ne devrait-on pas
peut-être s'atteler à une réorganisation de notre
fonctionnement qui pourrait être un peu différente, qui ne nous
replacera pas dans cette situation à chaque fin de session?
M. Levesque (Bonaventure): Je regrette que le
député de Trois-Rivières n'ait pas été
député du temps que nos amis nous faisaient face,
c'est-à-dire durant les années soixante-dix à
soixante-seize; cela lui est permis aujourd'hui de revenir avec cette sagesse
qui le caractérise pour nous dire: Ecoutez, les amis, pourquoi ne pas
régler toutes ces chicanes stériles? Pourquoi ne pas dire la
vérité, la grande Vérité avec un grand V? Nous
sommes tous d'accord, c'est ce que nous avons plaidé pendant les
années que nous étions au pouvoir.
M. Burns: V comme dans Vaugeois.
M. Levesque (Bonaventure): L'Opposition du temps... Pardon?
M. Burns: V comme dans Vaugeois.
M. Levesque (Bonaventure): L'Opposition du temps n'a jamais voulu
accepter qu'il y ait des circonstances où le gouvernement, qui doit
gouverner, a à prendre certaines décisions et à
présenter certaines motions. Je dis cependant que les circonstances
d'aujourd'hui défendent moins...
M. Grégoire: On s'assagit en vieillissant.
M. Levesque (Bonaventure): ... l'attitude du gouvernement que les
circonstances de notre temps. Puisqu'on veut parler de V comme Vaugeois, d'un
grand V, de V pour Vérité, on a eu un exemple il y a quelques
instants en cette Chambre où il y a eu non pas des accusations, mais
l'évocation de certains événements qui se sont
passés relativement à un contrat d'assurance. On se scandalise,
de l'autre côté, de cela. On a applaudi, pendant des minutes et
des minutes, à une certaine question de privilège.
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Levesque (Bonaventure): Quelle différence y a-t-il?
M. Burns: J'invoque le règlement!
M. Levesque (Bonaventure): Cela vous fait mal, n'est-ce pas?
M. Burns: Non, cela ne fait pas mal.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais quelle différence y
a-t-il?
M. Burns: Vous changez complètement la nature du
débat.
M. Levesque (Bonaventure): Un exemple!
M. Burns: Je donnais un exemple, tout à l'heure, et tout
le monde s'est mis à gueuler de votre côté.
M. Levesque (Bonaventure): Cela s'était passé en
commission parlementaire.
M. Burns: Bien oui, mais imaginez-vous que cela s'est
passé en Chambre, tout à l'heure.
M. Levesque (Bonaventure): Cela s'est passé en
Chambre.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais de le
rappeler à l'ordre, même si j'admets qu'on doit avoir une certaine
souplesse à l'endroit du chef de l'Opposition, non pas à cause de
ses nombreuses années en Chambre, pas à cause du fait que dans le
fond c'est peut-être lui le doyen de l'Assemblée nationale,
même si ce n'est pas en âge mais en termes d'ancienneté, je
comprends tout cela, mais il faudrait quand même qu'on revienne à
la pertinence du débat.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je suis
prêt, sans que vous ayez à intervenir, à revenir à
la pertinence du débat. C'est vous autres qui m'avez amené sur ce
terrain, c'est le député de Trois-Rivières qui m'a dit:
Pourquoi êtes-vous différent aujourd'hui de ce que vous
étiez hier?
M. Vaugeois: M. le Président....
Le Président suppléant (M. Marcoux): La parole est
au député de Bonaventure.
M. Vaugeois: ... je comprends le leader du gouvernement de
vouloir qu'on termine ce débat rapidement mais, plutôt que de le
reprendre chaque année, il serait peut-être bon qu'on se dise les
vraies choses, à un moment donné. Les vraies choses c'est: Vous,
comme leader du gouvernement, dans le temps, au riez-vous accepté de
geler le gouvernement avec le mot "minuit", par exemple? Je pense que non. A ce
moment-ci, si on
constate tous ensemble et qu'on en arrive à des mesures...
Des Voix: A l'ordre! A l'ordre! C'est un discours.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Un instant, M.
le député de Trois-Rivières, dans le mesure où le
député de Bonaventure vous laissait intervenir j'acceptais, mais
je constate qu'il préférerait terminer ses propos. M. le
député de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, M. le Président.
D'ailleurs, le député de Trois-Rivières aura toute
latitude tout à l'heure d'intervenir. Nous serons heureux de l'entendre
et si on veut lui poser des questions, je suis sûr qu'il se prêtera
volontairement et volontiers...
M. Vaugeois: ... Finissez ce débat. Il faut finir cela, il
faut travailler.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant! Un instant! Je voudrais
bien que le député de Trois-Rivières ne pense pas que
parce qu'il est intervenu, il va nous dire: Finissez ce débat-là.
Un instant, je ne voudrais pas que le député de
Trois-Rivières s'attribue une force de persuasion qu'il n'a
sûrement pas vis-à-vis de l'Opposition officielle. Nous sommes
prêts à collaborer, nous sommes mêmes prêts à
admettre volontiers qu'il y a des similitudes entre certaines réactions
de part et d'autre, selon qu'on soit d'un côté ou de l'autre de la
Chambre, mais de là à nous faire dire par le député
de Trois-Rivières: Cela va faire, on va passer à d'autres choses,
un instant! On a d'autres choses à dire. Tout à l'heure, ce
n'était sûrement pas pour violer le règlement que je
faisais une comparaison entre ce qui pouvait se dire dans l'Opposition et la
réaction du gouvernement. Je voulais simplement rappeler certains
événements que nous, nous avons connus. On nous a servi des
affaires comme Paragon, patati patata, aujourd'hui on applaudit à ces
choses-là, simplement parce qu'on a changé de côté.
Un instant! Un instant!
M. le Président, je voulais simplement, pour terminer, vous dire
que la situation actuelle est telle que nous pouvons difficilement concourir
à cette motion du leader du gouvernement. Non pas parce qu'elle arrive
à un mauvais moment dans le temps; il est normal que nous essayons de
prendre le plus de temps et le plus d'heures possible pour compléter le
travail que nous avons à faire, que ce soit en juin ou que ce soit en
décembre. Je comprends fort bien cela, j'ai été
moi-même le proposeur de plusieurs de ces motions de fin de session
à diverses reprises, mais je dis que cette année nous avons
à nous poser une question particulièrement importante. Est-ce que
l'on veut utiliser ces heures additionnelles pour nous forcer à adopter
des lois à la vapeur, lois qui ne sont pas voulues, nous le savons et on
le sait de l'autre côté de la Chambre, parce qu'il y a des
hésitations chez plusieurs députés vis-à-vis de
certaines de ces lois? Il y a même des cas de conscien.ee nous a- t-on
dit. Est-ce que ces heures additionnelles sont réellement
suggérées afin de permettre d'adopter des lois,
particulièrement les deux, trois ou quatre projets de loi importants,
à la dernière minute, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille
pas, que la population le veuille ou ne le veuille pas, parce que certains ne
veulent pas perdre la face, etc.? Je dis que c'est dangereux. Si c'est
simplement pour faire adopter les autres projets de loi du menu qu'on nous a
présenté, je pense que c'est très normal, très
bien, et nous n'hésiterons pas à siéger les heures qu'il
faudra, les jours qu'il faudra. Mais si c'est simplement pour faire adopter une
législation qui n'est pas voulue, qui n'est pas dans
l'intérêt public, à ce moment-là nous nous
opposons.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, j'ai
énormément souffert, parce que j'étais leader
parlementaire, d'entendre le Parti libéral, dans le temps, me faire des
reproches amers parce que j'amenais à la fin des sessions, moi aussi,
une motion d'urgence. J'ai découpé moi aussi dans le journal des
Débats certaines protestations véhémentes qu'a faites le
Parti libéral à ce moment-là. Je crois que le Parti
libéral avait raison, en 1966, de me reprocher, des fois avec
véhémence, d'imposer certaines lois à la dernière
minute. Je crois que c'est difficile pour un leader parlementaire. Celui qui
l'a été dans le précédent gouvernement a eu
énormément d'opposition lui aussi, quand j'ai été
dans l'Opposition avec le leader du gouvernement d'aujourd'hui.
Mais quand je vois le leader de l'Opposition affirmer qu'il y a des lois
qui sont des surprises, des discussions difficiles à entreprendre, il y
a un point sur lequel je ne partage pas tout à fait son opinion.
C'est que le leader du gouvernement a été d'une assez
grande générosité vis-à-vis de mon parti. Je ne
sais pas pour l'autre. Pour moi, je ne peux pas me traiter de
préféré, ni de mieux averti, mais il est rare que je n'aie
pas été mis au courant de la législation et
particulièrement du programme à suivre durant la semaine. Cela,
je ne le faisais pas quand j'étais leader parlementaire et je ne me
souviens pas de l'avoir vu faire par le chef de l'Opposition actuel qui
était, dans le temps, leader du gouvernement.
Il y a un point sur lequel, M. le Président, je voudrais apporter
un peu de oompréhension et particulièrement ma suggestion. Bien
sûr, on voit déjà dans la motion un grand changement
puisqu'on a remplacé "jusqu'à ce que la Chambre décide de
s'ajourner" par la période de "minuit". C'est une grande
amélioration. Il a dit: Je n'ai pu le faire à l'article 1) pour
les changements ses-sionnels, à cause de la date limite du 21
décembre. Il a dit cela. Moi, je n'ai pas le droit d'en parler, mais il
l'a dit.
Le Vice-Président: N'insistez pas.
M. Bellemare: Je n'insiste pas, mais je dis simplement que
là on vient de voir la véritable raison pour laquelle il nous a
accordé minuit. Comme il l'a dit, le 26, pour nous, n'est pas une
fête légale. En vertu de la convention collective, c'est une
fête légale reconnue pour les fonctionnaires, mais cela peut ne
pas l'être pour les députés. Il nous a dit: Le 26, c'est
pas légal. Donc, c'est sûr et certain que le 26 nous serons
rappelés, puis le 27, le 28, le 29 et le 30. Cela a été
jusqu'au 31 déjà; je me souviens de cela.
M. Burns: Oui, oui.
M. Bellemare: Restons mollo, là. La différence,
c'est que...
M. Burns: C'est pas pire. Votre estimation est pas mal.
M. Bellemare: Pardon?
M. Burns: Votre estimation est assez bonne.
M. Bellemare: Tout en étant mollo, supposons que ce
serait, en vertu de l'amendement, le projet de loi 67 qui bloquerait les
travaux de la Chambre. Il va y avoir, le 16, une motion d'urgence. Je n'ai pas
le droit d'en parler, mais elle est au feuilleton. Il va y avoir une motion
d'urgence pour finir les travaux. Le leader parlementaire du gouvernement a
fait un saut tout à l'heure. Je le comprends s'il n'a pas
été avisé par ses députés ou ses ministres
que le bill 53 ne serait pas adopté avant les Fêtes, parce que le
ministre nous a dit, sur une proposition que j'ai faite et une
contreproposition qu'a faite le député de Jean-Talon, que le bill
53 ne serait pas accepté avant le dépôt de la
commission...
M. Burns: C'est en commission, cela, M. le Président.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît. M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Vous avez laissé aller le leader du
gouvernement bien plus longtemps.
Le Vice-Président: Mais je l'ai interrompu, quand
même.
M. Bellemare: Mais il avait tout dit!
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
Vous aussi, vous avez tout dit: J'utilise une certaine hésitation
tout à fait conforme à nos moeurs parlementaires.
M. le député de Laurier, s'il vous plaît.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, comme tout va bien, je
vous prierais de continuer dans la même veine.
M. Bellemare: D'accord, je ne parlerai pas des lois 53 et 45.
Le Vice-Président: Non, non.
M. Bellemare: C'est défendu, même si les ministres
nous avaient dit que ce n'était pas avant les Fêtes. Je dirai, par
exemple, que dans le tableau que nous avons préparé, il n'y a
sûrement pas de problèmes cuisants, sauf celui de l'amiante. Cela
peut faire un débat qui peut être assez long. Le bill des
professions, ce n'est pas long.
M. Grégoire: C'est une bonne loi. M. Bellemare:
Pardon?
Le Vice-Président: A l'ordre, à l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre! M. le député de Frontenac, au moins si
vous étiez à votre siège.
M. Grenier: II commet deux péchés, lui; il n'est
pas à son siège et il parle.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, je veux vous dire qu'avec
la somme de travail que nous avons à accomplir d'ici le 22 ou le 23
décembre je ne suis pas prophète, mais j'ai vécu
dans cette Chambre des temps aussi difficiles que ceux que nous traversons
c'est bien rare qu'à la veille des Fêtes il n'y ait pas un
consensus qui s'établit. Je pense que celui-là aussi je
vous fais une prédiction va s'établir.
Même si c'est à minuit, je pense que tout ce qu'on
en est surtout après la motion sur l'article 67, on est capable
de nettoyer le feuilleton quant aux grands projets et, surtout, aux petits
projets qui sont en deuxième et troisième lectures
présentement. Il en restera à peu près onze, en tout et
partout. Je dis donc, M. le Président, que nous avons tout le droit de
comprendre que, en vertu de l'article 84, et même si la jurisprudence,
à la fin, nous dit que: "De plus, puisqu'il s'agit d'une mesure
exceptionnelle, l'Assemblée a le droit, non seulement de suspendre
l'application mais, encore, de fixer d'autres limites à cette
règle"... Je pense que la jurisprudence est assez claire pour nous
indiquer qu'on pourrait, nous aussi, ajouter d'autres applications qui sont
fixées par d'autres limites à cette règle.
M. le Président, nous ne le ferons pas, même si la
jurisprudence nous le dit. Nous allons accepter la limite de minuit, mais nous
allons forcément être obligés de voter contre l'amendement
parce que jamais, dans le Parlement, on a vu une Opposition accepter une
proposition en vertu de cette motion de clôture. Je dis que mon groupe,
tout en admettant que le leader du gouvernement fait une grosse
amélioration en précisant "jusqu'à minuit" sera contre
l'article 2 de notre feuilleton d'aujourd'hui.
Le Vice-Président: J'ai bien compris, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale.
M. Marchand: ... contre.
Le Vice-Président: N'insistez pas, M. le
député de Laurier. Est-ce que c'est la réplique?
M. Bellemare: Pas de réplique.
Le Vice-Président: Oui, il y a une réplique.
M. Burns: M. le Président, la réplique va
être très simple...
Le Vice-Président: De toute façon, ne discutons pas
de procédure, vous n'avez pas utilisé tout votre temps.
M. Bellemare: A part cela, en vertu de la motion spéciale
qu'il a faite, il aurait droit à une réplique.
Le Vice-Président: Un instant, ne mêlons pas deux
choses. Nous ne sommes pas sur la motion de retrait, nous sommes sur la motion
en vertu de l'article 84. Etes-vous d'accord?
M. Bellemare: C'est le fait du consentement unanime, tout
à l'heure.
Le Vice-Président: Oui, oui, c'était un
consentement unanime.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, seulement deux mots pour dire
que j'espère, avec les membres de l'Opposition, que ce sera la
dernière fois que j'aurai à faire une telle motion.
M. Bellemare: Très bien.
M. Burns: Cela ne veut pas dire cela.
M. Lavoie: Est-ce que vous montez sur le banc bientôt?
M. Burns: Non, vous seriez trop content.
M. Beilemare: Président, président de la loi no
2.
M. Burns: M. le Président, je dis donc que j'espère
que ce sera la dernière fois que nous aurons recours à ce
procédé. Malheureusement, comme le dit le chef de l'Opposition
peut-être de façon plus éloquente, c'est une motion qui est
là depuis des années et tant que nous ne changerons pas,
fondamentalement, notre règlement, tant qu'on n'arrivera pas à
cette espèce d'automatisme qui est tout à fait réaliste
d'ailleurs des trois ou quatre dernières semaines d'une période
de session, tant que nous n'imposerons pas la fin d'une session, tant que nous
n'imposerons pas le calendrier qui va ressembler le plus possible au calendrier
scolaire, je le répète et c'est encore un engagement de ma part,
nous aurons de ces situations difficiles à traverser. Je suis
peiné qu'après m'être convaincu de me rendre à
minuit, nos collègues d'en face doivent voter contre la motion.
M. Bellemare: Oui, contre la motion de clôture.
M. Burns: J'ai modifié ma motion pour enlever les mots
"jusqu'à ce que la Chambre décide de s'ajourner" et les changer
par "jusqu'à minuit". Je le regrette, M. le Président.
Par contre, je comprends leur situation; ils ne peuvent pas ravaler tous
les mots qu'ils ont mis dans le débat. Sans plus, je termine ici mon
droit de réplique.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je vais d'abord donner les avis
pour demain.
Une Voix: ... le vote.
M. Burns: Pardon? Non, il n'y a pas de vote, cela a
été adopté sur division.
M. Bellemare: Ce soir.
Travaux parlementaires
M. Burns: Oui, ce soir, mais je vais donner des avis pour demain
quant aux commissions parlementaires parce qu'il y a peut-être des
députés qui ne seront pas dans la possibilité d'être
ici demain.
M. Bellemare: Ce soir, ce sont les projets de loi 45 et 67?
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît! M.
le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je vais donner tous ces
renseignements, mais je vais les donner un par un, je ne peux pas en donner
quatorze à la fois. Le premier que j'ai à vous donner, ce sont
les commissions parlementaires qui vont siéger demain, et je vais
revenir à cela tout de suite après, d'accord?
M. Bellemare: D'accord!
M. Burns: Non, c'est dans l'intérêt des
députés qui vont vouloir s'absenter et qui ne seront
peut-être pas là ce soir; j'espère qu'il n'y en aura pas
trop.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, sur vos avis pour demain et ensuite ce soir.
M. Burns: Demain matin, à la salle 91-A, la commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières
poursuivra ses travaux re-
lativement au projet de loi no 67, d'accord? Donc, l'étude,
article par article. Si j'ai le consentement donc, vous savez ce qui s'en
vient, c'est pour cela que je voulais vous donner cet avis avant de
l'Assemblée nationale et, à ce moment-là, je voudrais que
cela devienne un ordre de la Chambre, au salon rouge, la commission du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration poursuivrait l'étude, article
par article, relativement au projet de loi no 45 et, à la salle 81-A,
les projets de loi nos 260, 72 et 77 seraient examinés par la commission
parlementaire de la justice.
Je vous dis tout de suite avant que vous ne me donniez ce
consentement que j'ai l'intention de faire siéger la Chambre
demain matin, à compter de 10 heures, avec trois commissions.
M. Bellemare: Et quels seraient les sujets, à 10
heures?
M. Burns: Là, je reviens à ce soir et je vais vous
satisfaire, et voyez-vous qu'il y a une logique dans tout cela? Ce soir, le
ministre des Finances entreprendrait l'examen, en deuxième lecture, de
tous les projets de loi qui sont inscrits en son nom pendant que la commission
des consommateurs, coopératives et institutions financières
et ce serait la seule, ce soir, qui siégerait poursuivrait
l'examen du projet de loi no 67. Cela fait partie déjà,
d'ailleurs, de la motion qui a été adoptée tout à
l'heure.
M. Bellemare: A la salle 91-A?
M. Burns: Toujours au salon rouge, quant à
aujourd'hui.
M. Bellemare: Aujourd'hui, au salon rouge. M. Gendron:
L'assurance automobile, c'est...
M. Burns: C'est au salon rouge, ils sont au salon rouge, ils vont
continuer au salon rouge.
M. Grenier: Quant au projet de loi no 67, c'est au salon
rouge?
M. Burns: C'est cela, elle est déjà là,
d'ailleurs, cette commission.
M. Bellemare: Demain, elle...
M. Burns: Ce soir étant donné l'heure, M. le
Président, je vais proposer la suspension de nos travaux jusqu'à
20 heures nous aurions cette commission, qui continuerait ses travaux
demain, avec possiblement les deux autres commissions et la Chambre
relativement aux projets de loi inscrits au nom du ministre des Finances parce
que j'ai l'impression qu'on ne réussira pas, ce soir, à passer au
travers de tous les projets de loi en deuxième lecture qui sont inscrits
en son nom.
Si tel était le cas, à ce moment, M. le Président,
nous continuerions en commission plénière avec les projets de loi
inscrits au nom du ministre des Finances, ce soir. J'ai l'intention d'appeler
les uns après les autres tous les projets de loi en deuxième
lecture, de les déférer à la commission
plénière et, par la suite, s'il nous reste du temps... J'ai
l'intention de siéger, je vous le mentionne, à des heures
raisonnables, ce soir. Je n'ai pas l'intention d'abuser de la motion qui vient
d'être adoptée, de sorte que nous pourrions finir probablement
vers 22 h 30 ou 23 heures, ce soir. Si tous ces projets étaient
adoptés en deuxième lecture, nous pourrions aller, avant 22 h 30,
ou 23 heures, en commission plénière.
S'ils ne sont pas adoptés, nous reviendrions demain, dès
10 heures, après les affaires courantes, évidemment, aux projets
de loi du ministre des Finances. Sinon, nous commencerons l'examen du projet de
loi amendant la Loi de la législature qui est inscrit à mon nom.
Par la suite, nous aborderions, sans aucun doute, la motion qui est inscrite
également en mon nom et qui apparaît aujourd'hui en appendice: la
motion en vertu de l'article 156 relativement au projet de loi no 67.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Lavoie: En ce qui concerne le consentement qui est
sollicité pour demain matin, afin de faire siéger, en plus de
l'Assemblée elle-même, trois commissions, je dois réserver
ma réponse pour après le dîner parce que j'aimerais mieux
consulter. Je pense bien que cela va être difficile.
M. Burns: A ce moment...
M. Lavoie: Qu'il y ait quatre lieux de travail, la Chambre et
trois commissions, c'est un peu fort.
M. Burns: C'est pour aider tous les membres de l'Assemblée
nationale que je fais cette proposition constructive. J'aime mieux marcher
à la vapeur deux semaines avant l'ajournement, si ajournement il y a,
que deux jours avant l'ajournement.
M. Lavoie: II y a vapeur et vapeur.
M. Burns: II y a vapeur et vapeur. Je suis bien d'accord et je
suis prêt, à l'heure du dîner, à recevoir toutes les
suggestions constructives venant de l'Opposition.
M. Lavoie: Trois, ce ne sera pas possible.
M. Burns: Je vous ai donné cette indication. J'aimerais
que le leader de l'Opposition officielle, le leader de l'Union Nationale et
tout autre député qui serait intéressé à
m'en parler me fassent des suggestions constructives à l'heure du
dîner. Je vous donnais cela un peu comme une indication puisque
maintenant nous avons cette fameuse motion de fin de session. De façon
certaine...
M. Grenier: On ne manquera pas de projets de loi, on va manquer
de locaux.
M. Burns: De façon certaine, M. le Président, il
est à prévoir que demain la motion inscrite à
mon nom en appendice, aujourd'hui, relativement à l'application
de l'article 156 sera débattue. J'ai nettement l'intention de l'appeler.
Sur ce...
Le Vice-Président: Un instant. M. le leader parlementaire
de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Juste une chose. Demain mardi, vous comprendrez
sûrement que je serai là jusqu'à 12 h 30, mais un devoir
m'impose d'être présent aux funérailles de celui qui est
décédé en plein milieu... Je comprends que cela ne vous
regarde pas, j'essaierai de me faire représenter quand même
à la commission...
M. Burns: Excusez-moi. J'espère que vous
n'interprétez pas mon geste dans le sens que cela ne me regarde pas,
mais je dis: C'est bien difficile...
M. Bellemare: Je vais m'organiser pour qu'il y ait quelqu'un dans
l'après-midi au projet de loi no 45. Le matin, j'y serai jusqu'à
midi et trente pour aller aux funérailles dans l'après-midi. Mais
je voudrais justement savoir si, ce soir, nous entreprenons les projets de loi
no 52, no 60, no 61 et no 63 du ministre des Finances.
M. Burns: C'est cela, oui. C'est sûr, cela.
M. Bellemare: C'est sûr.
M. Burns: Absolument certain.
M. Bellemare: D'accord.
M. Burns: Alors...
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement, un
instant. Je comprends que je n'ai pas le consentement et que cet article est
suspendu jusqu'à la reprise des travaux.
M. Burns: C'est cela, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Comme il n'est pas 18 heures exactement, je propose la
suspension de nos travaux jusqu'à 20 heures.
Le Vice-Président: Motion adoptée? Une Voix:
Adopté.
Le Vice-Président: Les travaux de cette Assemblée
sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 53)
Reprise de la séance à 20 h 5
Le Vice-Président: A l'ordre, messieurs! L'honorable
leader parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 63 Deuxième lecture
(suite)
M. Burns: M. le Président, si vous voulez me donner un
instant.
M. le Président, j'aimerais appeler l'article 9: Reprise du
débat sur la motion de M. Parizeau proposant le projet de loi no 63, Loi
de la taxe sur la publicité électronique, où nous avions
une motion afin qu'elle soit adoptée en deuxième lecture. La
parole était au ministre d'Etat au développement social. Mais on
m'indique qu'il renonce à sa priorité, de sorte que le
débat est ouvert à n'importe qui voudrait intervenir
là-dessus.
Le Vice-Président: Si vous permettez, M. le leader
parlementaire du gouvernement, vous appelez l'article 9: "Reprise du
débat sur la motion de M. Parizeau proposant que le projet de loi no 63,
Loi de la taxe sur la publicité électronique, soit maintenant lu
la deuxième fois".
Vous avez raison, M. Marois avait la parole; comme il n'est pas
présent, je demande quelqu'un de l'Opposition.
M. le député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Dans le projet de loi
no 63, qui affecte le domaine des communications, je crois que le gouvernement
devrait porter une grande attention avant de légiférer dans ce
domaine et, surtout, de le faire avec grande prudence. A première vue,
il semble que ce projet de loi impose une taxe sur les media
électroniques, une taxe sur la publicité, et ne devrait pas
susciter d'objection de la part de la population. Mais, en examinant le projet
de loi, nous voyons qu'il y a des principes fondamentaux qui sont
affectés, qui sont mis en jeu et que nous devons examiner.
Premièrement, il y a le droit à l'information. La taxe
proposée par le ministre ouvre la porte à la possibilité
d'abus. Je m'y référerai plus tard dans mon intervention. Il y a
aussi la question de liberté d'expression, M. le Président.
Cela ne devrait pas être au nom de la protection du consommateur
qu'on devrait porter atteinte à cette liberté fondamentale. Si on
veut protéger le consommateur, il y a d'autres moyens de le faire, il y
a d'autres mesures qu'on peut prendre, que le gouvernement pourrait prendre et
non une mesure qui peut porter atteinte à une liberté
fondamentale. Nous ouvrons aussi la porte, dans ce projet de loi, à la
discrimination, non seulement discrimination entre différents types de
media, écrit et électronique, mais à l'intérieur
même du réseau électronique.
On peut favoriser certains réseaux ou postes de radio; on peut en
affecter négativement d'au-
très et cela peut causer de graves problèmes dans ce
domaine. On court le risque de la politisation et du contrôle de
l'informatique par le gouvernement. Le gouvernement exploite
Radio-Québec et on a le risque d'un conflit d'intérêts par
le gouvernement avec Radio-Québec et les autres réseaux
d'information. L'expansion du réseau gouvernemental devrait se faire
d'une façon normale et démocratique et non pas par des moyens qui
vont pénaliser le réseau privé ou l'obliger de cesser de
fonctionner. En ce faisant, on laissera la porte ouverte à un monopole
gouvernemental dans le domaine de l'information.
M. le Président, c'est ce qui peut et qui va se produire si le
gouvernement persiste dans son idée; cela va se produire dans certaines
régions du Québec par l'application de cette taxe sur la
publicité électronique. Dans son discours sur le budget, je
voudrais rappeler au ministre qu'il a dit que les Québécois
étaient les citoyens les plus taxés au Canada et, en disant cela,
il a quand même décidé d'imposer d'autres taxes
additionnelles. On peut se demander: Pourquoi cette taxe? Certainement, par les
montants très peu élevés qui seront perçus, ce
n'est pas vraiment une taxe pour percevoir des revenus, quand nous voyons le
montant de la taxe par rapport au budget global de la province. Alors ce n'est
pas principalement une taxe pour percevoir des revenus.
On peut se demander quelles sont les vraies intentions du gouvernement
en imposant une taxe sur les media électroniques. Si ce projet de loi
faisait partie d'une politique globale sur les communications, on pourrait
être en mesure de juger les intentions et la portée de la taxe
dans ce domaine. Mais, jusqu'à ce jour, la politique du gouvernement sur
les communications n'a pas été dévoilée. Nous avons
entendu quelques remarques très peu dignes de la part du premier
ministre sur le comportement de certains juges "anglophones" de la Cour
suprême. Nous n'avons pas d'indications du gouvernement sur sa politique
sur les communications, à l'exception de cette taxe et sauf certaines
remarques de certains députés ou de certains ministres. Cette
taxe est plutôt une indication de l'intention du gouvernement dans le
domaine des communications qu'une taxe pour percevoir des revenus. On peut se
demander, quand on entend les déclarations de certains
députés, de certains membres du parti ministériel sur les
éditoriaux de certains media ou sur le comportement de certaine opinion
publique, quelles sont les intentions du gouvernement dans le contrôle,
dans la gestion des communications.
On pourrait dire que ce projet de loi est une indication du dirigisme du
gouvernement qui veut, qui semble vouloir contrôler les media. C'est
certainement une autre indication du fait que le gouvernement ne veut
certainement pas encourager l'entreprise privée. Je m'étonne, M.
le Président, de la prise de position du ministre des Communications,
qui devrait être le défenseur de ceux qui oeuvrent dans ce
domaine; il devrait contester les principes de ce projet de loi. En commission
parlementaire, quand on lui a demandé son opi- nion, à savoir
s'il était contre les principes du projet de loi, il semble avoir
indiqué qu'il était tout à fait pour. C'est malheureux que
le ministre des Communications ne protège pas et ne soit pas le
défenseur de ceux qui ont besoin d'aide, qui ont besoin d'être
défendus quant à leur liberté dans ce domaine.
M. le Président, il y a certaines représentations qui ont
été faites au gouvernement par l'Association canadienne de la
radio et de la télévision de langue française. Ils ont
donné certaines raisons très pratiques pour lesquelles ce projet
de loi pouvait affecter de façon très négative ceux qui
oeuvraient dans ce domaine et ils ont demandé au gouvernement de retirer
le projet de loi. Premièrement, Mme le Président, ils ont
porté à l'attention du gouvernement que les pertes dues à
la taxe seront subies non pas par les compagnies qui font les annonces, mais
plutôt par les postes de radio et de télédiffusion. La
compagnie qui fait l'annonce n'augmentera pas son budget en vue de s'adapter
à la nouvelle taxe, mais va plutôt concentrer ses messages dans
les marchés à forte densité de population. Ces messages ne
seront pas réduits, mais les marchés moins peuplés seront
affectés.
Alors, Mme le Président, vous pouvez concevoir les
conséquences de cette action. Cela va réduire le réseau
où cette activité est la plus nécessaire. Par
conséquent, on va affecter, en réduisant ce réseau dans
certains milieux marginaux au point de vue des opérations, le droit
à l'information. On peut se demander: Est-ce que le gouvernement impose
cette taxe, prend ces moyens pour que l'Etat puisse prendre le contrôle
et fonctionner dans ces régions en exclusivité? Nous avons
déjà eu un exemple dans la région de Hull, Mme le
Président, où un poste de télévision demandait une
certaine subvention, une certaine aide du gouvernement pour continuer ses
opérations. Le gouvernement, plutôt que d'aider ce poste et ceux
qui contrôlaient cette entreprise, a laissé tomber l'entreprise.
Le poste a fait faillite et c'est le gouvernement qui a pris contrôle et
qui maintenant exploite ce poste de télévision. Avec
l'expérience qu'on a des activités du gouvernement, on peut se
demander si cette taxe n'agira pas de la même façon dans les
régions où il y a plusieurs postes de radio et de
télévision qui ont certaines difficultés
financières.
Ils en auront peut-être encore plus avec le projet de loi 63.
C'est une restriction additionnelle pour les petits commerçants et ce
n'est pas une mesure pour encourager les petites et moyennes entreprises dans
ce domaine. L'association à laquelle je me suis
référé a démontré et a pris note que
c'était une taxe discriminatoire. Cette dernière dit ceci: "Nous
comprenons mal pourquoi le ministre des Finances a voulu établir une
distinction discriminatoire entre la publicité
radiotélévisuelle, d'une part, et les autres formes de
publicité véhiculées par les media non
électroniques, d'autre part". Je crois que c'est une question
très valable à laquelle le gouvernement n'a pas répondu du
tout, parce que le gouvernement semble nous
donner, comme raison, que les revenus de cette taxe seront
utilisés pour protéger le consommateur.
Mme le Président, je voudrais signaler au gouvernement que
pénaliser le media électronique seulement pour les messages
publicitaires qui sont contenus non seulement dans le media électronique
mais aussi dans le media écrit, je crois que c'est quelque chose qui est
totalement discriminatoire. De plus, cela va seulement permettre aux compagnies
les plus riches de pouvoir continuer de faire des abus, et ce sont seulement
les compagnies les moins capables qui seront mises hors de concurrence qui vont
en souffrir. Alors, ce n'est pas la façon d'aider le consommateur. La
compagnie la plus riche va continuer, si elle abuse déjà, de
faire certains abus, et ce sera seulement les petites et moyennes entreprises
qui seront pénalisées. Ce n'est pas une façon et je ne
crois pas que ce soit la raison principale pour imposer une taxe de ce
genre.
Mme le Président, la raison la plus importante de mon opposition
à cette taxe, c'est la possibilité d'abus de la part du
gouvernement. Il se peut que nous ayons une campagne
référendaire, c'est fort possible; or cette taxe semble
être un pied dans la porte de la liberté de la presse et semble
créer une épée de Damoclès au-dessus de la
tête de ceux qui sont affectés. S'ils ne suivent pas la ligne du
parti au pouvoir, ils pourront être soumis à certaines pressions
pour augmenter la taxe.
Dans une situation où un gouvernement tente de vendre une option
politique à la population, celle de l'indépendance du
Québec, il est absolument inacceptable que ce même gouvernement se
dote de lois telles que le présent projet de loi qui peuvent lui
permettre de contrôler l'information à la population dans
certaines régions du Québec et ouvrir la porte à des
pressions politiques dans d'autres régions du Québec. Je crois
que c'est un abus du pouvoir gouvernemental qui peut avoir des
conséquences assez graves pour toute la population. C'est malheureux,
Mme le Président, que la population ne soit pas assez informée
sur les abus possibles de ce projet de loi. Si elle était
informée sur tous les aspects et les abus qui pourraient être la
conséquence de ce projet de loi, la population n'accepterait pas.
Mme le Président, trop souvent le gouvernement semble donner
l'impression qu'il ne dit jamais ce qu'il va faire et ne fait jamais ce qu'il
dit. Dans un projet de loi tel que celui que nous avons devant nous, une telle
approche est très dangereuse. Dans les circonstances, cette loi est
discriminatoire et malhonnête. Elle est sujette à des abus
possibles et ce n'est pas par les déclarations des ministres quant
à la protection du consommateur que nous serons satisfaits de la
validité de ce projet de loi. S'il est possible d'avoir des abus de ce
genre dans le domaine de l'information, dans le domaine de la liberté
d'expression, je crois que c'est le devoir du gouvernement de retirer ce projet
de loi. S'il veut protéger les consommateurs, certainement, cela peut se
faire d'une autre façon, d'un autre moyen, sans porter atteinte à
la liberté d'expression, sans donner l'impression que c'est le
gouvernement qui veut contrôler la façon dans laquelle
l'information sera donnée à la population. A l'époque
où nous nous trouvons, pour la paix sociale, pour toute la transparence
et pour nous donner au moins l'impression d'honnêteté et que le
gouvernement n'a pas d'arrière-pensée, ce projet de loi est
inutile. Ce ne sont pas les petits $2 millions que cela peut rapporter; on ne
sait pas combien cela va coûter pour administrer et pour prendre ces $2
millions sur un budget global de $8 milliards, $9 milliards.
Je crois que c'est le devoir du gouvernement, Mme le Président,
tenant compte des circonstances très spéciales qui existent
aujourd'hui dans notre société, tenant compte de ce que le
gouvernement tente d'accomplir, de ne pas donner l'impression qu'il veut
manipuler le public, qu'il veut exercer des pressions politiques sur ceux qui
donnent l'information.
Il lui faut agir en toute honnêteté et en enlevant toute
discrimination possible. Pour ces raisons, je voterai contre le projet de loi.
Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Terrebonne.
M. Ciaccia: ... le projet de loi. M. Elie Fallu
M. Fallu: Mme le Président, c'est donc un débat de
deuxième lecture en vertu de l'article 120. Il est entendu qu'il est
toujours difficile de débattre un sujet en deuxième lecture car
nos règlements nous astreignent à certaines règles qui
sont relativement limitées. Néanmoins, il est de mise dans cette
Assemblée de laisser un peu de liberté, lorsque l'on s'exprime,
pourvu du moins que cela ne dépasse pas trop le cadre de la loi.
J'espère que vous aurez envers moi cette indulgence, car si d'une
part je veux parler de la loi, de ses principes, je veux surtout parler de ses
effets. J'espère que nos règlements nous permettent de parler des
effets d'une loi.
Une Voix: Oui.
M. Fallu: Merci.
Le 13 avril dernier, le ministre des Finances proposait, lors de son
budget, une taxe de vente sur la publicité électronique. C'est
donc dire que par les mécanismes d'une loi budgétaire, elle est
entrée en fonction la journée même. Cette taxe,
rappelons-le, s'applique à la vente de ce qu'on appelle
communément le temps d'antenne, du moins, lorsque ce temps d'antenne
sert de support à un message publicitaire. Or, cette taxe n'a pas
été constituée en vue de subvenir aux besoins
généraux de l'Etat. Il a été manifeste dès
le dépôt du projet de loi fiscal que les quelque $2 millions
attendus de cette taxe, quoique versés au fonds consolidé du
Québec, devaient servir d'une façon prioritaire à
accroître les crédits alloués à l'Office de
protection du consommateur.
Voilà donc, Mme le Président, l'effet de la loi. Il ne
s'agit pas d'un impôt affecté; il s'agit
bien d'une intention qui est donnée d'attribuer les montants
ainsi tirés à certaines fonctions, alors qu'un impôt
affecté aurait fait au ministre l'obligation d'accorder pour des projets
de cette nature l'ensemble des fonds. Néanmoins, je crois que le
ministre et ses fonctionnaires ont tenté, après
évaluation, de verser justement à l'Office de la protection du
consommateur ou en fonction de la protection du consommateur l'ensemble des
fonds ainsi cueillis.
On ne peut parler en cette Chambre de ce qui, depuis lors, depuis ce 13
avril, a été fait de tous ces fonds. Il faudrait, je crois, le
dire à cette Chambre, parler justement des effets de la loi. J'en
parlerai brièvement. Lors de la discussion d'une certaine loi, il y a
quelques jours à peine, en cette Chambre, sur le Code de la route, M. le
ministre des Transports nous parlait d'un Gaulois quelconque qui se serait
appelé Clignautobusagix, Sagix pour les intimes. D'où viennent
les fonds? Précisément de cette taxe. Il est question aussi d'un
petit million qui s'en va à l'Office de la protection du consommateur
pour certains types de messages de contrepublicité. Mme le ministre,
dans son exposé, lorsque nous parlions justement, en deuxième
lecture, il y a quelques semaines, de la loi, a dans des termes très
généraux évoqué l'usage qu'elle en ferait.
Déjà, quelques messages sont apparus sur nos écrans pour
nous parler des médicaments. Est-ce qu'il s'agit vraiment d'une campagne
antimédicaments? Oui, certes, dans le sens où les
Québécois surconsomment les médicaments.
Pour ma part, je voudrais mettre l'accent sur un petit montant de $200
000 confié aux services de protection de l'environnement, qui va servir
à changer le comportement environnemental de nos concitoyens. En effet,
Mme le Président, un concours fut lancé à travers le
Québec pour solliciter les Québécois à proposer,
à travers des groupes bénévoles, à travers des
associations sans but lucratif, au gouvernement des actions concrètes,
des interventions rapides sur le milieu, auprès des gens, auprès
des collectivités, auprès des groupes déjà
organisés ou non organisés, en vue de leur faire prendre
conscience de leur environnement.
De tous points de vue, visuel, auditif ou autres, les
Québécois ont répondu. Quelque 75 projets sont parvenus au
service de protection de l'environnement et peut-être que quelques-uns de
nos collègues, peut-être vous-même, Mme le Président,
vous avez appris que ce sont des collègues même de
l'Assemblée nationale, tant du parti ministériel que des
Oppositions qui ont participé à la formation d'un jury, pour
sélectionner ces projets, 20 projets au total en raison de $10 000 le
projet. Mme le Président, je n'en ajouterai pas davantage car demain,
à onze heures, le jury, par ma bouche comme président,
l'annoncera aux Québécois, j'allais dire les chanceux, non, les
citoyens consciencieux qui ont bien voulu profiter de ces fonds pour animer
leur milieu. Mais, Mme le Président, s'ils pourront, à partir de
demain, le faire, c'est parce que le 13 avril 1977, le ministre des Finances
ins- crivait dans son budget une taxe sur le temps d'antenne des messages
publicitaires.
Voilà les effets de la loi. Ces effets, Mme le Président,
et c'est un voeu que j'exprime ici au ministre des Finances, j'espère
que nous les aurons à chaque année, pour que les citoyens
puissent par le biais d'une contrepublicité positive, informer,
éduquer, afin que notre société devienne un peu plus
consciente d'un certain type d'agression: agression de la publicité,
agression qui nous est faite par la société dans laquelle nous
vivons, que ce soit la société industrielle, que ce soit le
désir qu'on essaie de nous inculquer de surconsommer et, à
travers cela, faiblement, d'année en année on finira par avoir
une conscience et c'est ainsi peut-être, avec peu de moyens qu'on
arrivera à faire un peuple qui ait plus d'allure. Merci, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le ministre exercera-t-il son
droit de réplique? M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Mme le Président, avant de conclure en
deuxième lecture sur la loi 63, je voudrais relever certaines des choses
qui ont été dites au cours du débat et qui me semblent
présenter un intérêt particulier. On a dit que la taxe dont
il s'agissait représenterait un coût si élevé,
compte tenu de ce qu'elle produirait, que vraiment à tous égards,
il ne valait pas la peine de la percevoir. C'est l'argument administratif
contre la taxe.
Je vous avouerai ne pas être persuadé par cet argument et
même en être un peu étonné, puisqu'il est entendu,
dès le départ et depuis que cette taxe a été
annoncée dans le discours du budget, que les mandataires de la
perception sont les postes de radio et de télévision
eux-mêmes.
Je ne veux pas dire que ces postes sont nécessairement ravis de
leur statut de mandataire mais, comme ce sont eux qui doivent percevoir la taxe
au nom du gouvernement, vous comprendrez, Mme le Président, que les
frais de perception du gouvernement sont minimes. Je ne sais pas s'il faut
parler du principe qui veut que cela aille directement du producteur au
consommateur mais, en tout cas, la perception est d'une simplicité
enfantine.
On a dit de cette taxe: C'est une taxe de nuisance. Il faudrait qu'on
s'entende. Entre le député d'Outremont qui dit que c'est une taxe
de nuisance et le député de Mont-Royal qui dit que cela remet en
cause la liberté d'expression, je voudrais bien qu'on s'entende. Est-ce
de la nuisance, Mme le Président, ou est-ce une limitation de la
liberté d'expression? La liberté d'expression n'est
sûrement pas une nuisance; c'est bien plus grave que cela. Une taxe de
nuisance est un enquiquinement qu'on impose aux contribuables; la
liberté d'expression est un des principes fondamentaux de la
démocratie. Alors, est-ce la mouche qu'on écrase avec le
marteau-pilon? De quoi s'agit-il?
Je suis un peu étonné par cet argument là
aussi parce que, en somme, imaginons qu'on laisse de côté
le député d'Outremont et qu'on prenne plutôt le
député de Mont-Royal. Ce n'est pas de la nuisance, c'est une
entrave à la liberté d'expression. En somme, une taxe de 2% est
une entrave à la liberté d'expression, mais le contrôle du
CRTC des postes de télévision et de radio est parfaitement
acceptable. Mme le Président, j'ai de la difficulté à
comprendre l'équation qu'on fait quant à un organisme
fédéral qui contrôle à peu près tout ce qui
passe dans les postes de radio et télévision, qui impose des
normes quant à l'origine des émissions, qui surveille ce qui y
passe, qui s'érige en juge de la moralité, de la
canadia-nité, de toutes les caractéristiques de la radio et de la
télévision; cela n'est pas une limitation du droit d'expression.
Une taxe de 2%, c'est une limitation au droit d'expression. Ce qui veut dire,
Mme le Président, que ce qui vient du fédéral est bon et
que ce qui vient de Québec est mauvais; c'est à peu près
la seule conclusion que je peux en tirer, Mme le Président.
Cela représente un choix fondamental. Ce qui vient du
fédéral, autant que possible en anglais, cela fait
sérieux, comme je vous le disais cet après-midi, est bon; ce qui
vient de Québec est, par définition, folklorique et mauvais. Le
CRTC s'est penché, Mme le Président, comme vous le savez, sur
cette taxe pour essayer d'en déterminer le caractère
constitutionnel; il a conclu qu'effectivement c'était constitutionnel
parce que, d'aucune façon, disait le CRTC, cher à Ottawa et
à ceux qui le suivent, cela ne limitait de quelque façon que ce
soit le droit des postes d'exprimer ce qu'ils veulent. Ce n'est pas moi qui le
dit; c'est le conseiller juridique du CRTC, tel que reproduit dans les journaux
et, Mme le Président, en anglais, donc sérieusement.
On a dit, d'autre part, cette taxe n'est pas neutre; elle s'applique
à certains media d'information et pas à d'autres; je le
reconnais. Ainsi, je l'ai indiqué dans le discours du budget, la taxe,
je pense, devrait avoir une extension beaucoup plus large que simplement les
media électroniques. La difficulté, ainsi que j'ai essayé
de le dire au début de l'intervention en deuxième lecture, c'est
qu'il est très difficile de dire ce qu'est un journal. Il va falloir
faire pas mal de travail pour savoir ce qu'on entend exactement par des media
écrits. Jusqu'où cela va? Je suis, d'autre part, très
conscient qu'il faudrait taxer d'autres moyens publicitaires; j'en ai
parlé d'ailleurs dans le discours du budget, et les travaux avancent
à cet égard, mais ils sont remarquablement compliqués. Je
reconnais, par exemple, qu'il faudrait taxer toute espèce de moyens
publicitaires, tels que les tirages, les concours, etc., dont on sait à
quel point ils sont nombreux dans notre société; je ne vois
vraiment pas en vertu de quoi on ne les taxerait pas. Donc, quand on dit: C'est
une taxe discriminatoire ou c'est une taxe de nuisance, je réponds: Non,
Mme le Président, ce n'est pas une taxe de nuisance ou une taxe
discriminatoire, c'est une taxe expérimentale; c'est le premier pas dans
cette voie. Ceux qui disent: "II y en aura davantage" ont parfaitement raison;
il y en aura davantage, ainsi que je le disais d'ailleurs à l'occasion
du discours du budget.
Quant à savoir si cette taxe est discriminatoire quant aux
Québécois par rapport aux non-Québécois cela
aussi a été soulevé Mme le Président,
là je ne comprends pas. Ce que nous taxons, c'est le temps d'antenne. On
ne se demande pas si celui qui a préparé l'émission est
Québécois, Canadien, Américain, s'il s'exprime en
souahéli ou s'il vient du pays des Papous. On lui dit: Vous avez du
temps d'antenne, c'est le temps d'antenne qu'on taxe. Il n'y a aucune
espèce de discrimination quant à la race, le sexe, la religion,
la couleur et tous les autres critères dont, d'après ce que je
peux voir par les journaux, on a discuté la semaine dernière dans
cette Chambre, Mme le Président. Le problème est de savoir si on
a réservé du temps d'antenne. On taxe les minutes de temps
d'antenne; pas l'origine, pas ceux qui ont travaillé dessus, pas ceux
qui ont fait le temps de production. Le montant de la location du temps
d'antenne. C'est une taxe qui, à l'égard de tous les
critères qui intéressent les droits de l'homme, est d'une
neutralité totale. C'est le temps, cela se compte en minutes, quelle
qu'en soit l'origine.
Fi nalement, je pense et là je reviens su r certaines des
choses qui ont été dites du côté ministériel
qu'il est temps, dans un cadre plus large, qu'on se rende compte
à quel point, pas seulement dans notre société, mais dans
bien d'autres, on a pris l'habitude de taxer les produits, parce que les
produits se comptent, ce sont des matières, cela se palpe, et on a
finalement assez peu taxé les services. Au fond rien ne me plairait
davantage, Mme le Président, que de taxer davantage les services et
moins les produits. Tout le monde sait que celui qui a peu d'argent,
finalement, consomme beaucoup de produits et peu de services et qu'au fur et
à mesure où les revenus s'élèvent on consomme
relativement moins de produits et relativement beaucoup plus de services.
Rien ne serait, dans notre société, je pense, aussi
légitime, sur le plan d'une certaine équité sociale, que
d'avoir des taxes de consommation qui se déplacent graduellement vers
les services et qui, de plus en plus, graduellement, au fur et à mesure
du passage des années, exemptent les produits. C'est évidemment
un idéal qui prendra bien des années. Je suis parfaitement
conscient qu'il va falloir faire des expériences nombreuses avant
d'aborder cette espèce de principe général que je viens
d'esquisser parce qu'on se heurte ici à des habitudes de tous les
gouvernements, qui sont extraordinairement enracinées. Il n'en reste pas
moins que même si on sait que ces choses peuvent prendre longtemps, cela
me paraît, dans l'établissement général des taxes
à la consommation, un principe qui devrait nous guider. Ceci
étant dit, Mme le Président, je vous remercie.
Mme le Vice-Président: Cette motion du ministre des
Finances proposant la deuxième lecture du projet de loi no 63, Loi de la
taxe sur la publicité électronique, est-elle adoptée?
M. Lamontagne: Sur division.
Mme le Vice-Président: Adopté sur division. M. le
leader du gouvernement.
Motion de renvoi à la commission
plénière
M. Burns: Mme le Président, je propose que ce projet de
loi no 63 soit déféré à la commission
plénière de l'Assemblée nationale.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Une Voix: Pas tout de suite?
M. Burns: Pas tout de suite.
M. Lamontagne: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Mme le Président, cette commission
plénière pourra siéger un peu plus tard. Je voudrais, s'il
vous plaît, si vous le voulez bien, appeler l'article no 11.
Projet de loi no 60 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre du Revenu propose la
deuxième lecture du projet de loi no 61, Loi modifiant la loi de
l'impôt sur la vente en détail.
M. Burns: Je m'excuse, madame, il s'agit de...
Mme le Vice-Président: Pardon, je me reprends. Le projet
de loi no 60, Loi modifiant la Loi de la taxe sur les repas et
l'hôtellerie, et c'est bien l'article 11, M. le leader du
gouvernement.
M. le ministre du Revenu.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Mme le Président, la loi dont je vais parler,
l'honorable lieutenant-gouverneur en a pris connaissance, il en recommande
l'étude à la Chambre.
Mme le Président, la modification qui est apportée
à la taxe sur les repas et l'hôtellerie est une de ces nombreuses
adaptations à l'inflation que périodiquement l'on doit faire.
Jusqu'à ce que, à l'occasion du discours du budget, cette
modification soit apportée, le taux de taxation était de 8% sur
le prix d'un repas dépassant $2. Que l'on n'ait pas changé cela
depuis fort longtemps est un peu étonnant. Si l'on tient compte, en
effet, de ce que, au début des années soixante, le repas qui
était exempté de la taxe de vente était de $1, on aurait
pu imaginer qu'au fur et à mesure que les prix augmentaient on augmente
aussi l'exemption. Qu'est-ce que cela aurait donné, Mme le
Président? En 1977, cela aurait voulu dire que tous les repas de moins
de $3.14 auraient dû être exemptés pour représenter
la même exemption qu'au début des années soixante. En
somme, ce qui s'est produit, c'est un certain retard à exempter les
repas bon marché.
D'un autre côté indexer d'un seul coup l'exemption des
repas de plus de $3 était une chose que l'on pouvait difficilement se
payer à l'occasion du dernier budget. Le trésor public, cette
année, Mme le Président, sans être à sec, n'est pas
riche. Nous avons passé l'année à surveiller les
dépenses et à ramasser autant d'impôts que possible
à l'intérieur des lois existantes pour faire en sorte que le
gouvernement de Québec fonctionne à l'intérieur des
limites d'une prudence raisonnable et s'éloigne un peu des feux
d'artifice qui l'avaient marqué dans un temps jadis, mais pas
très éloigné.
Alors, ce qui a été décidé, finalement, cela
a été, d'une part, d'exempter de la taxe tous les repas de moins
de $3.25, mais de se rembourser en faisant passer à 10% la taxe sur les
repas de plus de $3.25. Ceci avait un avantage: ce n'était pas
coûteux pour le trésor public et, d'un autre côté, on
permettait à tous ces gens qui mangent dans des restaurants à
prix populaire le midi de ne pas payer la taxe qu'ils ne payaient pas en 1960
pour des repas équivalents.
Bien sûr, en modifiant la loi de la taxe, on a essayé
d'éviter, autant qu'il est possible, de gêner le fonctionnement
des hôtels dont on sait que le niveau de taxation au Québec est
déjà très élevé par rapport à celui
qui existe ailleurs. Je suis parfaitement conscient que les taxes
foncières, par exemple, des hôtels à Montréal sont
très élevées par rapport à celles que l'on trouve
dans d'autres villes d'Amérique du Nord. Je pense qu'au fur et à
mesure que l'on creuse ce dossier on devrait être en mesure d'en arriver
à une solution raisonnable. Je reconnais aussi qu'il n'aurait pas fallu
et ce n'est pas, d'ailleurs, ce que nous avons fait appliquer la
taxe de 10% aux chambres d'hôtel; elles sont déjà
suffisamment taxées comme cela.
On a même créé, dans l'application, une exemption
pour ces plans que l'on appelle américains et où le client paie,
à la fois, sa chambre et ses repas dans une même facture; cela, on
l'a laissé à 8%. Ce qu'on a taxé à 10%,
essentiellement, c'est le repas pris isolément de plus de $3.25 et on
s'est servi de la rentrée des impôts correspondante pour faire en
sorte que tous ceux qui consomment des repas de moins de $3.25 puissent
être exemptés de la taxe.
C'est là, Mme le Président, le principe
général qui se trouve derrière cet amendement. Ce n'est,
évidemment, pas nécessairement ce qu'un Etat à l'aise,
disposant de financement copieux, aurait pu souhaiter. Mais c'est une mesure
qui me paraît d'intérêt social et qu'on financera
jusqu'à ce que le Québec ait les moyens d'être un peu plus
généraux à même les repas de ceux qui ont davantage
d'argent ou qui sont capables de se payer des repas plus cher. Encore une fois,
ce n'est pas l'idéal, mais dans la mesure même où un bon
nombre de gens le midi, qui travaillent, qui ont des travaux souvent mal
rémunérés, mangent dans des restau-
rants, dont le prix des repas est inférieur à $3.25, je
pense qu'il était normal que le gouvernement actuel cherche à
exempter ceux-là en faisant payer ceux qui ont davantage les moyens un
peu plus cher.
J'espère, au cours des prochaines années, le
Québec, une fois passé la phase des feux d'artifice, pourra faire
en sorte de réduire le fardeau fiscal d'un peu tout le monde, en tout
cas de ceux qui ne sont pas très riches. Dans l'intervalle, cependant,
des ajustements de cet ordre me paraissent nécessaires,
inévitables et une conséquence du type d'inflation que nous
connaissons depuis une dizaine d'années. Mme le Président, je
vous remercie.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Roberval.
M. Robert Lamontagne
M. Lamontagne: Mme le Président, le ministre des Finances
nous a exposé les raisons de la présentation de la loi 60, Loi
modifiant la Loi de la taxe sur les repas et l'hôtellerie. Je me disais
que les ministres des Finances au Québec comme ailleurs ont sans aucun
doute de meilleurs moments et sont sans aucun doute également plus
éloquents lorsqu'il s'agit de baisser les taxes plutôt que de les
augmenter. Je pardonne au ministre des Finances de ne pas avoir la science
infuse dans le domaine de l'hôtellerie et également sur tout ce
qui se passe au Québec dans le domaine du tourisme. J'espère pour
lui qu'en d'autres moments, comme il le souhaite lui-même, il aura
à nous présenter d'autres soirées que cette soirée
de taxes de décembre 1977.
Mme le Président, dans l'intervention qu'il faisait à
l'Assemblée nationale, le 21 octobre dernier, le premier ministre du
Québec disait: "Pour une première année, le gouvernement a
choisi de privilégier d'abord l'assainissement des finances publiques,
d'où une restriction des dépenses, le maintien d'un effort fiscal
constant."
Le premier ministre soutenait donc, devant les membres de cette
Assemblée, que le gouvernement avait maintenu au Québec l'effort
fiscal à un niveau constant. En entreprenant l'étude de ce projet
de loi 60, intitulé Loi de la taxe sur les repas et l'hôtellerie,
je ne peux m'empêcher de dire que les propos que tenait alors le premier
ministre en cette Chambre, le 21 octobre dernier, concernant l'effort fiscal,
étaient pour le moins mensongers. En effet, le projet de loi 60
prévoit une augmentation de 8% à 10% du taux de la taxe sur les
repas lorsque le coût de ces derniers dépasse $3.25. Il y a donc,
Mme le Président, une augmentation du niveau de la fiscalité
puisque les revenus escomptés de la taxe sur les repas et
l'hôtellerie passeront de $125 millions en 1976/77 à $147 millions
en 1977/78 suivant les prévisions révisées du ministre des
Finances, le taux de croissance des revenus provenant de cette taxe atteindra
17,5%.
Mme le Président, je trouve complètement
inappropriée cette décision du gouvernement de surcharger les
clients de notre industrie touristi- que d'une taxe qui rend cette
dernière moins compétitive sur le marché, surtout
lorsqu'il s'agit d'attirer dans nos hôtels des congrès regroupant
un grand nombre de participants venant des Etats-Unis ou d'ailleurs au Canada.
Déjà l'industrie touristique québécoise avait
été durement frappée par l'augmentation du salaire minimum
qui avait amené, nécessairement, un redressement des
échelles de salaires de presque tout le personnel oeuvrant dans
l'hôtellerie et la restauration.
Evidemment, il serait souhaitable que tous les employés de
quelque secteur que ce soit aient des revenus toujours plus
élevés. Mais dans le cas de l'industrie touristique, à
moins que le gouvernement ne subventionne les propriétaires
d'hôtel, ces derniers doivent concurrencer des concurrents qui, non
seulement n'ont pas à faire face à un niveau de salaire minimum
aussi élevé, mais qui, en plus, n'ont pas à faire
supporter à leurs clients une taxe de 10% sur les repas à partir
de $3.25. Si encore ce plancher avait été fixé à $5
ou $6, cela aurait peut-être été acceptable. Mais tel n'est
pas le cas, c'est notre industrie touristique qui se voit frappée de
tous bords et de tous côtés.
A la taxe sur les repas portés à 10% s'ajoute un salaire
minimum qui est le plus élevé, non seulement au Canada, mais en
Amérique du Nord. A ces deux facteurs s'ajoute aussi, comme on le sait,
l'impôt foncier très élevé auquel doivent faire face
nos propriétaires d'hôtel, en particulier pour les constructions
neuves dont la valeur au rôle d'évaluation est portée bien
souvent au niveau du prix de construction plutôt qu'à la valeur
marchande, laquelle est toujours difficile à déterminer dans ce
genre de commerce.
Salaire minimum plus élevé en Amérique du Nord,
taxe foncière qui atteint jusqu'à $2300 par chambre dans le cas
de certains hôtels de la région de Québec et, maintenant,
le gouvernement donne le coup de massue additionnel en augmentant à 10%
la taxe sur les repas. Plus est, depuis quelques mois, les directives ont
été émises aux hôteliers et restaurateurs à
l'effet que le service ou pourboire de 10%, 12% ou 15% qui est porté sur
la facture du client doit faire également l'objet de la taxe de 10%. Ce
qui veut dire que, pour aller chercher de l'argent, le gouvernement
péquiste, non seulement taxe le prix du repas, mais aussi les service ou
pourboire porté à la facture.
A l'occasion d'une conférence de presse que donnait à
Montréal, le 17 septembre dernier, l'Association des hôtels du
grand Montréal, le président, M. Fernand Roberge, soulignait que
l'industrie hôtelière québécoise, avec les
investissements de l'ordre de $600 millions, fournissait de l'emploi à
plus de 90 000 Québécois. Cette industrie, au seul chapitre de la
taxe sur les repas en hôtellerie, rapportera au trésor public $142
millions, montant qui est maintenant estimé à $147 millions.
L'association soulignait que cette industrie avait dû procéder
à de nombreuses mises à pied en juin et juillet 1977,
période où normalement elle a recours à des
employés surnuméraires.
Les recettes touristiques au Québec dépasseraient le
milliard de dollars, ce qui est presque le même niveau que l'industrie
des pâtes et papiers.
L'association hôtelière faisait des recommandations au
gouvernement lui demandant d'établir à $6, comme en Ontario, le
prix du plancher en dessous duquel aucune taxe ne serait perçue.
J'avais donc raison de dire que ce projet de loi portant à 10% la
taxe sur les repas constitue un dur coup pour une industrie aussi importante
chez nous, une industrie qui, pour vivre et progresser, doit être
concurrentielle sur le marché canadien et nord-américain.
Dans le journal Le Soleil lorsqu'il paraissait, au mois de juillet, le
27 plus précisément, M. Robert Fleury soulignait que "les
coûts élevés de séjour seraient la principale cause
de la baisse du tourisme dans les grands hôtels du Québec et
même du Canada". Et une autre étude parue dans le Globe and Mail
le 25 octobre dernier soulignait également que c'est au Québec
que le taux d'occupation des chambres d'hôtel a été le plus
bas pour les huit premiers mois de l'année en cours. Encore faut-il
tenir compte que, dans la grande région de Montréal, le nombre
des chambres disponibles a diminué à cause de la fermeture de
certains établissements.
Des statistiques pour la région de Montréal indiquent,
pour le mois de septembre 1976, qu'il y avait 336 210 chambres disponibles,
c'est-à-dire le nombre de chambres multiplié par le nombre de
jours du mois, alors qu'en 1977 ce nombre a baissé à 301 710. En
septembre 1977, à Montréal, il y eut 228 734 nuitées,
comparé à 233 468 en 1976,soit une baisse de quelque 5000.
Il est clair, Mme le Président, qu'une loi comme celle que
propose le gouvernement aui jourd'hui n'améliorera pas la
situation. D'ailleurs, ce projet de loi confirme une décision du budget
Parizeau-Lévesque du mois d'avril dernier, décision qui a
déjà eu ses effets au cours de l'année 1977.Le journal Le
Devoir du 8 septembre dernier, rapportant le document de l'Association des
hôtels du grand Montréal, disait: "Le gouvernement a
échoué de façon lamentable à s'affirmer comme une
saine administration orientée vers la relance économique du
Québec". D'autre part, le journal Montréal-Matin du mercredi 30
août 1977 titrait: "Tourisme: La situation est alarmante. Le tourisme a
régressé à Montréal cet été. De
l'avis du président de l'Association des hôteliers du grand
Montréal, la présente saison touristique est la pire que ceux-ci
ont connue depuis le début des années 1960". Le journal La Presse
du mercredi 24 août 1977 titrait: "De plus en plus de
Québécois vont en vacances aux Etats-Unis". Cet article, sous la
signature de M. Maurice Jannard, signalait entre autres: "Plutôt que
d'écouter les conseils du ministre Duhaime qui les incite à
rester chez eux cet été, les Québécois
préfèrent suivre l'exemple de leur premier ministre ce
n'est pas nécessairement un bon exemple et c'est en plus grand
nombre que l'an dernier qu'ils vont prendre leurs vacances aux Etats-Unis. Au
mois de juillet seulement, les douanes américaines ont vu 806 000
personnes se rendre en voiture aux Etats-Unis par les postes de
frontière touchant le Québec. C'est une augmentation de plus de
50% par rapport à 569 000 personnes enregistrées en juillet
1976". Mme le Président, je pense qu'on doit féliciter le
ministre du Tourisme pour le succès de sa publicité 1976.
Il ne faut pas être surpris que les Québécois soient
attirés vers les Etats-Unis puisque, même avec la
dévaluation que connaît le dollar canadien, plusieurs estiment
qu'il en coûte moins cher d'aller dans le Maine que d'aller en
Gaspésie. Cela est dû en grande partie aux causes que je
soulignais au début de mon exposé, entre autres cette taxe de 10%
sur les repas dont le prix dépasse $3.25. L'augmentation des taxes et le
fait que le gouvernement est tellement à court d'argent qu'il taxe
maintenant le service et les pourboires ne sont certainement pas
étrangers au fait que plus de 1000 employés ont dû
être mis à pied par les hôtels dans la seule région
de Montréal. D'ailleurs, Mme le Président, la Gazette du 23
juillet titrait également qu'à Montréal les hôtels
ont mis à pied plus de 1000 employés et qu'il y en a encore plus
à venir.
Je serais très surpris si tout le monde se trompait en même
temps, sauf ces messieurs et dames du gouvernement. Mme le Président,
l'arrogance ministérielle n'a d'égale que leur incapacité
à produire des mesures et des politiques susceptibles de créer un
climat favorable à la relance de l'activité économique, en
particulier, celle qui est reliée au secteur de l'industrie touristique.
Au cours de l'après-midi et au cours des dernières semaines, nous
avons entendu plusieurs déclarations du ministre des Finances.
Rappelons-en une, dans son discours du budget, qui disait que
l'indépendance devait passer par des finances saines. Avec des lois
comme celle que nous étudions aujourd'hui, cela peut produire, sur une
courte période, une augmentation des revenus pour le trésor
public mais, à moyen et à long termes, cela devient un
désastre. Les employés sont mis à pied et doivent
être supportés par l'assurance-chômage et l'aide sociale. En
définitive, c'est toute l'économie qui s'en ressent. En soi,
cette augmentation de la taxe sur les repas que propose le projet de loi no 60
aurait pu être adoptée sans trop de dommages si elle ne
s'inscrivait pas dans un contexte plus général des politiques
néfastes du gouvernement péquiste. On dirait que les grands
penseurs de ce gouvernement ont décidé que la seule façon
de réaliser l'indépendance, était d'avoir un climat
économique et social à la débandade. On dirait que
l'indépendance passe non pas par des finances publiques saines, mais par
un chômage élevé. Peut-être que c'est là la
cause de la recrudescence des naissances qu'on voit depuis un certain temps,
comme le soulignait le député d'Outremont.
Mme le Président, le projet de loi 60 n'est qu'un très
petit morceau du puzzle et, comme je l'ai dit, pris séparément et
isolément, il n'y aurait pas lieu d'en faire toute une chicane. Mais il
reste qu'associé aux autres mesures péquistes ce projet de loi
affecte durement notre industrie touristique et les Québécois qui
y travaillent. Cette mesure contribue à envenimer le climat, à
décourager les
entrepreneurs qui oeuvrent dans cette industrie et ajoute à la
détérioration du climat économique en
général.
Mme le Président, nous disons au gouvernement, depuis des mois et
des mois, que son attitude, ses déclarations intempestives et les
politiques qu'il prône vont à l'encontre des meilleurs
intérêts des travailleurs québécois. Notre
décision de voter contre cette loi se veut un avertissement additionnel
que l'on donne au gouvernement pour qu'il se ressaisisse et qu'il cesse
d'administrer dans tous les secteurs de l'économie tantôt des
coups d'épingle, tantôt des coups de massue qui constituent autant
d'entraves à une relance économique souhaitée et
désirée par tous les travailleurs québécois.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laurier.
M. André Marchand
M. Marchand: Mme le Président, si je me vois dans
l'obligation de me prononcer sur ce projet de loi, c'est afin d'énoncer
mon désaccord total sur le projet de loi 60, Loi modifiant la Loi de la
taxe sur les repas et l'hôtellerie. En effet, Mme le Président, je
ne puis approuver cette loi qui est encore une nouvelle taxe que ce bon et beau
gouvernement nous propose, comme il l'a fait depuis sa prise du pouvoir, car
cette taxe affectera encore plus particulièrement nos gagne-petit. Cette
taxe ne fera qu'attirer des mises à pied importantes dans le domaine de
l'hôtellerie, domaine qui est déjà malade. Cette maladie,
qui s'est aggravée davantage depuis le 26 novembre 1976, continuera
à s'aggraver avec l'adoption du projet de loi 60.
Cette taxe contribuera sûrement à chasser de nos
hôtels de toute la province des congrès qui auraient pu y venir et
signifiera, par le fait même, une perte de revenus très importants
pour l'administration et l'équilibre du budget de celui qui nous la
propose au nom de toute la province de Québec. Cette taxe contribuera
à augmenter le chômage qui est depuis votre arrivée au
pouvoir dans un état lamentable. Un autre effet très important de
cette nouvelle taxe, encore plus néfaste peut-être, c'est qu'elle
contribuera à la diminution du tourisme qui assure, dans plusieurs
parties de la province de Québec, la survie de ces régions. Cette
diminution du tourisme est déjà commencée à cause
de la Loi sur l'assurance automobile qui fait peur à nos voisins des
Etats frontaliers, car ils ne savent plus s'ils seront assurés.
Maintenant, ils vont payer plus de taxes et cela va coûter plus cher.
Cette nouvelle taxe contribuera à les empêcher de venir nous
visiter, nous qui, dans le passé, étions tellement fiers de
recevoir nos voisins américains, ontariens et de tout le Canada.
J'ai l'impression qu'avec cette nouvelle taxe, Mme le Président,
nous aurons peut-être des problèmes à voir ces visiteurs
qui nous apportaient leurs deniers et permettaient à une foule de nos
travailleurs de gagner leur vie. Je me demande, Mme le Président,
à ce moment, quelle est l'incu- rie du ministre du Tourisme qui n'a pas
su invoquer le ministre des Finances, qui n'a pas su voir l'importance que
comportait cette taxe sur le tourisme, qui n'a pas su voir, Mme le
Président, tout ce que comportait au point de vue économique,
comme d'ailleurs c'est un fait que ce gouvernement, au point de vue
économique, pour autant qu'on parle de référendum, de
séparation, on s'occupe de rien. Je me demande pourquoi le ministre du
Tourisme n'est pas allé voir le ministre des Finances et dire: C'est
assez les folies, on en a assez fait depuis qu'on est là; il est
à peu près temps qu'on arrête nos folies et qu'on passe
à quelque chose. L'argent qui vient de l'extérieur, cela fait de
petites pièces de monnaie, et des petites pièces de monnaie, on
les empile et cela en fait des grosses. Après cela, on est capable de
rivaliser, de faire des affaires avec les autres pays. Mais ce n'est pas cela.
Le ministre du Tourisme, dans son incurie, qui a l'assiette pleine,
comprenez-vous, il fait des gros "party", il remplit son assiette; après
cela, il n'est pas capable d'aller voir le ministre des finances pour lui dire:
Mon assiette est vide maintenant, parce que je l'ai vidée dans un soir,
il faudrait que, quand même, tu arrêtes d'imposer aux touristes une
taxe susceptible de les empêcher de venir au Québec.
Le ministre du Tourisme, dans son incurie, son incapacité, a
seulement de l'arrogance, après cela il n'y a plus rien. Le ministre du
Tourisme n'est pas capable d'aller voir le ministre des Finances pour lui dire:
M. le ministre des Finances, voulez-vous s'il vous plaît ne pas nuire au
tourisme dans la province de Québec, parce que déjà cela
coûte une fortune pour venir dans les hôtels du Québec,
parce que les taxes sont très élevées. Je pense qu'il a
oublié peut-être de faire une petite étude dans ce domaine,
ce que cela coûtait d'aller dans un hôtel du Québec et on
sait aussi, il aurait été mieux de faire une petite propagande
parmi les hôteliers de la province de Québec et leur dire: Baissez
vos prix, on va avoir plus de monde et on va faire plus d'argent. Je pense
qu'il n'a pas pensé à cela, mais il va réfléchir
une bonne journée, malgré qu'il est arrogant, il n'a pas l'air
d'un gars qui manque totalement d'intelligence. Une bonne journée, il va
arriver à cela et il va aller voir le ministre des Finances pour le
projet de loi no 60. Il va lui dire: M. le ministre des Finances, s'il vous
plaît, arrêtez d'imposer des taxes; allez donc chercher l'argent
là où il est; il est au tourisme.
C'est la plus grande industrie du Québec; on l'avait auparavant,
on est en train de la perdre. On est en train de perdre le tourisme; les gens
du Maine, avec l'assurance automobile, ne voudront plus venir au Québec
parce qu'ils ne sauront plus comment ils seront assurés. Le ministre du
Tourisme, aujourd'hui, n'est même pas capable de dire au ministre des
Finances, il n'est même pas capable de se lever pour parler du projet de
loi et défendre le tourisme. Imaginez-vous, c'est le ministre du
Tourisme cela, l'assiette pleine; pleine de quoi? Je ne le sais pas, mais vide
de bon sens.
Je demande au ministre du Tourisme aujourd'hui d'aller voir le ministre
des Finances et de
lui dire: Cela n'a pas d'allure votre affaire, M. le ministre, parce que
vous êtes en train de vous caler davantage, on est assez calé
comme cela. Nous autres, on l'aime notre province, on veut vivre dans notre
province, comme on a élevé nos enfants dans la province. Le
ministre du Tourisme devrait en être le défenseur. Je me demande
pourquoi il ne le fait pas une journée dans sa vie; depuis qu'il est
là, il est arrogant, il nous crie toutes sortes d'affaires. Mais
dites-nous donc une chose qu'il a faite comme il faut.
M. le ministre du Tourisme, je vous supplie. Vous voulez que je me
taise, M. le ministre du Tourisme; cela vous fait mal. Allez donc le voir le
ministre des Finances et dites-lui donc d'arrêter d'imposer des taxes sur
ce qui nous apporte des piastres; cela va être plus payant que cette
taxe-là qui ne vaut pas deux cents, parce qu'elle est en train de tuer
l'hôtellerie de Montréal qui est déjà dans la
misère; l'hôtellerie de la ville de Québec; allez voir
l'hôtellerie de la Gaspésie l'été prochain s'il va y
en avoir du tourisme américain; s'il va y en avoir du tourisme
otarien.
Vous souriez comme vous le faites d'habitude, mais vous souriez
bêtement actuellement. Je pense que vous ne devriez pas sourire, mais
vous devriez devenir sérieux une fois. Cela vous apprendra
peut-être que si vous y pensez sérieusement, demain matin, vous
allez vous asseoir calmement avec vos fonctionnaires qui vont peut-être
vous raisonner, eux; ils vont peut-être vous enlever cette arrogance et
ils vont peut-être dire: Ces gars-là, ils avaient raison dans le
temps qu'ils s'occupaient du tourisme, qu'ils voulaient l'améliorer.
C'est une chose que vous devriez faire.
C'est pour cette raison que je voterai contre ce projet de loi. Je vous
remercie, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: Merci, Mme le Président. Il me fait plaisir
d'apporter quelques commentaires sur le projet de loi no 60, fruit, je le
crois, d'un manque de réflexion et d'imagination du ministre des
Finances. Il va sans dire qu'à prime abord on a voulu aider le
gagne-petit et le travaillant en faisant disparaître toute taxe sur les
repas de moins de $3.25. C'est un geste peut-être noble, Mme le
Président, mais l'on s'aperçoit que cette mesure prend un tout
autre aspect puisqu'en général les repas de commodité, de
cafétéria, de centres commerciaux et des grandes institutions ont
en grande majorité augmenté presque immédiatement
après l'annonce de cette modification. Les augmentations ont, dans bien
des cas, été d'un ordre de 10% à 30% pour les repas de
moins de $3.25. Alors, il y a de quoi se demander quel effet positif cette
modification a eu pour la masse des travaillants qui recherchent des repas
à prix modique.
Sur le plan touristique, Mme le Président, cette industrie se
voit davantage pénalisée et ajoute à l'accentuation de
notre balance défavorable dans le domaine touristique et
hôtellier. Les statistiques indiquent que depuis quatre ans le nombre de
touristes a diminué de 6,3%, alors il est à se demander
réellement: Que vient donc faire, encore une fois, une telle mesure du
ministre des Finances? Pourtant, on ne se lasse pas d'indiquer et de faire
valoir l'importance primordiale de ce secteur de l'activité
économique québécoise. Le Québec est
présentement la province la plus mal en point dans le domaine
touristique ainsi que dans celui de l'hôtellerie. L'insouciance
gouvernementale dans cette industrie fut et est encore très
évidente. Le Québec se fait ronger par la concurrence de plus en
plus perfectionnée dans la sollicitation touristique et la crise
actuelle qui s'accentue depuis 1973 n'a pas encore reçu la
considération des ministères à caractère
économique.
Le Québec ne répond pas aux besoins du monde des affaires,
il ne s'attaque pas courageusement et résolument à revitaliser
une économie qui dégringole vers le marasme. Le taux d'occupation
des hôtels décroît constamment. Tous savent que notre plus
grand centre touristique, qu'est Montréal, connaît une taxation
que l'on qualifie de la plus haute en Amérique du Nord. Plutôt que
d'augmenter la taxe sur les repas d'encore 2%, je crois que les ministres, et
particulièrement celui chargé des dossiers du tourisme, auraient
pu trouver un moyen plus logique d'enrayer notre dégringolade dans la
balance touristique du Québec. Il semble que plus on a de
problèmes dans ce domaine, plus on taxe. Je crois que c'est une
drôle de réaction pour des gens qui disaient avoir des
réponses à tous les problèmes avant le 15 novembre.
Par-dessus tout, on a augmenté le salaire minimum, comble
d'ingéniosité du gouvernement. Mme le Président, l'Ontario
pourrait une fois de plus nous servir de guide et le ministre des Finances
aurait pu imiter la taxation sur les repas en Ontario qui est de 10% sur les
repas de $6 et plus seulement.
Mme le Président, face aux aspects négatifs que cette loi
nous apporte, nous devrons voter contre en deuxième lecture. Je vous
remercie, madame.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Shefford.
M. Richard Verreault
M. Verreault: Mme le Président, je serai quand même
assez bref. Dans le passé, il y avait un domaine dans lequel, je crois,
tout fonctionnait passablement bien, même pas mal bien et celui-ci
était le domaine touristique. Mais, depuis que le gouvernement "P.
Quiou", comme le dirait le député de Johnson, a commencé
à se mettre le nez dedans, les choses se sont gâtées,
regâtées et détériorées.
Evidemment, aujourd'hui, le ministre du Revenu, absent en cette Chambre,
nous présente les
projets de loi no 60, no 61 et no 63, réussite du gouvernement
actuel puisqu'ils imposent toujours aux mêmes, aux petits contribuables,
des taxes supplémentaires. Pendant les quatre années que j'ai
été ici, en cette Chambre, Mme le Président, j'ai entendu
les membres de l'Oppositionils n'étaient pas nombreux, mais cela
gueulait comme 100 parler de l'indexation de l'impôt des
particuliers. A toutes les fois où notre ex-ministre ou ministre des
Finances à l'époque présentait des budgets quand
même pas mal plus intéressants et beaucoup plus avantageux pour
les Québécois, les gens d'en face gueulaient, et je mettrais bis
au point de vue gueulage.
Aujourd'hui, le projet de loi no 60 nous amène une surtaxe de 2%
sur les repas. Le ministre du Revenu se lève, en deuxième
lecture, pour dire que c'est une chose excellente, que c'était tout
à fait normal et que les mêmes niaiseux Québécois
qui paient des taxes vont continuer de payer des taxes, cela pour essayer de
corriger les erreurs commises par le gouvernement "P.Quiou".
Savez-vous une chose? cette loi est du tape-à-l'oeil je ne
dirai pas d'autre chose mensonger parce qu'on essaie de faire croire que
les Québécois n'auront pas à payer une taxe sur les repas
de moins de $3.25 alors que, dans le passé, on la payait à partir
de $2, et cela à 8%.
Mme le Président, vous êtes une mère de famille,
vous allez sûrement chez McDonald manger des "big Mac" avec vos enfants,
et si vous prenez plus d'un "big Mac", si vous prenez des petites frites, si
vous prenez un coke et si vous prenez les petites tartines qui vont avec, vous
payez les 10%. Pourtant, les gens qui ont les moyens de se payer des "big Mac"
n'ont pas les moyens d'aller à l'hôtel. Dans les circonstances,
c'est la même chose dans tous les domaines. Que vous preniez les
employés de l'Etat, que vous preniez le petit travailleur, que vous
preniez n'importe qui, si vous avez le malheur d'inviter votre petit ami ou
l'ami du voisin, sur une facture, si on inclut deux repas de $1.75 chacun, la
fameuse taxe de 10% est ajoutée.
Somme toute, je ne vous dirai pas que j'approuve le ministre du Revenu
je crois que les Québécois auront à le juger ainsi
que son gouvernement, ce que le député de Johnson appelle le
gouvernement "P. Quiou". Comme le disait le ministre du Revenu, cela fait chic
de le dire en anglais, et cela fera exactement chic pour les
Québécois de payer ces fameux 2% supplémentaires. Ce ne
sera pas la première ni la dernière des hausses, Mme le
Président. Nous avons vu l'augmentation des permis de conduire, nous
allons avoir d'autres taxes additionnelles sur l'essence pour payer la fameuse
assurance automobile, nous avons vu la taxe sur les vêtements qui va
être adoptée prochainement, nous avons vu la taxe sur les media
électroniques. Lors du discours sur le budget, je disais en toute
sincérité et honnêtement c'était le reflet de
mes électeurs que le gouvernement actuel présentait le
budget le plus inflationniste qu'on n'ait jamais vu. Vous savez ce qui arrive
avec un budget inflationniste, et le gouvernement va le savoir parce qu'il aura
à négocier bientôt des conventions de travail. Quand on
paie d'une main il faut retirer de l'autre. Alors, si le gouvernement veut nous
faire accroire que ces revenus qu'il soutirera de petits contribuables, de
petits salariés, va être suffisant pour permettre au ministre de
prêcher le bon évangile auprès du consommateur, et que ces
quelques petits revenus supplémentaires vont vraiment aider l'Etat, je
vous dis: Mon oeil!
Cela ne touche pas simplement aux repas. On parle de l'ensemble du
domaine touristique au Québec. Mes collègues et ceux de
l'Opposition, en général, vous ont parlé tout à
l'heure de la baisse du tourisme au Québec, des problèmes que
nous avons dans le domaine touristique et dans d'autres, mais
particulièrement dans le domaine touristique. Les chambres
d'hôtel, dans le Québec, sont presque à moitié
vides. Je ne sais pas si vous l'avez expérimenté tout
récemment; il en coûte meilleur marché d'aller passer un
week-end à New York que de le passer à Montréal. Cela nous
revient meilleur marché d'aller passer une semaine à Miami, y
compris le transport, que de la passer à Montréal.
De plus, Mme le Président, les gens de l'Ontario, les gens des
provinces ou des Etats voisins, comment voulez-vous qu'ils viennent ici au
Québec, sachant d'avance que le premier ministre prend lui-même
ses vacances en dehors du Québec parce que cela lui coûte meilleur
marché? C'est la même question au niveau des salaires, du salaire
minimum. Sur cela, je garde quand même des réserves. Comme je vous
le disais, je ne veux pas être très long, parce que j'en aurais
pas mal à dire sur le sujet et mes électeurs vont en avoir
davantage à dire.
De toute façon, vous savez, pour être vraiment
égoïste je ne prendrai pas ce terme et
méchant, je dirais presque que j'ai envie de voter pour de telles lois.
Cela prouve une incapacité flagrante du gouvernement à trouver
des sources de revenus pour pouvoir corriger par ces revenus des erreurs qu'il
commet tous les jours. Si ce n'était l'Opposition officielle, Mme le
Président, je me demande ce que le gouvernement "P.Quiou" ferait, comme
le dirait le député de Johnson. Je m'excuse de le citer souvent.
Il ne ferait rien et moins que rien. On appelle cela des zéros par chez
nous.
De toute façon, Mme le Président, la loi 60 est loin
d'être bonne. Je sais que cela choque le leader du gouvernement, mais que
voulez-vous...
M. Burns: Le "front bench" de l'Opposition officielle doit
être bien content.
M. Verreault: Mme le Président, avez-vous vu cela un homme
de même? C'est effrayant. Il interrompt tout le monde quand ce n'est pas
le temps. De toute façon, Mme le Président, étant
donné que je m'aperçois que cela choque énormément
les gens d'en face, tout comme l'Opposition officielle, l'Opposition en
général, nous allons voter contre cette loi. J'aurai la chance de
revenir tout à
l'heure parce que le ministre du Revenu va présenter son autre
fameux projet de loi qui taxe les vêtements et les souliers d'enfant. De
toute façon, on s'en prend toujours aux plus faibles que soi-même
et je comprends les faiblesses du gouvernement et son incapacité de
réagir dans un cas semblable. Ils sont extrêmement jaloux de notre
ministre des Finances, le député de Jean-Talon.
J'ai réellement hâte, Mme le Président, de voir le
ministre des Finances, le ministre du Revenu et le gouvernement d'en face venir
nous présenter un projet de loi où on parlera de l'indexation des
impôts et tout cela à l'avantage des petits salariés et des
Québécois en général. Merci, madame.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Maskinongé.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Mme le Président, je dois vous dire, en tout
premier lieu, que je n'avais pas l'intention de parler sur ce projet de loi,
mais, lorsque j'ai entendu tantôt l'honorable ministre des Finances
mentionner tout simplement qu'il fallait trouver au Québec, dans les
années qui viennent, de nouvelles mesures et de nouvelles façons
de taxer, je dois vous dire, Mme le Président, que c'est surtout cela
qui m'inquiète. Ce gouvernement qui est en face de nous,
présentement, nous sommes forcés de le croire, a réussi le
championnat de la taxation déguisée au Québec. Quand je
dis le championnat de la taxation déguisée au Québec, Mme
le Président, je veux dire tout simplement ceci; c'est qu'à un
moment donné un semblant de projet de loi, qu'on appelait 31, a
été déposé en cette Chambre et les
Québécois peuvent féliciter et remercier l'Opposition
officielle de l'avoir presque enterré avant la fin de l'année
1977.
Je vous l'avais mentionné à ce moment-là: C'en
était une taxe déguisée et hypocrite. Nous avons aussi de
nouveaux modes de taxation au Québec qu'on essaie de trouver pour les
Québécois. Nous en avons trois spécimens qui nous sont
apportés ce 12 décembre 1977 ici même à
l'Assemblée nationale. On en a vu un tantôt. Nous sommes en train
d'en étudier un autre qu'on appelle le projet de loi no 60 qui a
déjà commencé à aller puiser dans les poches des
citoyens du Québec.
On en aura un autre tantôt et peut-être demain qu'on va
appeler la taxe sur les vêtements d'enfants. C'est justement ce que le
ministre des Finances a mentionné tantôt, ce nouveau mode de
taxation au Québec, contre lequel je m'inscris en faux et à
toutes les occasions où je me rends compte que le gouvernement apporte
de nouvelles mesures législatives concernant les taxes. Etant issu d'une
région économiquement très faible, qui fait pitié
présentement, je me dois de m'élever contre toute forme de
taxation possible.
Quand tout le monde est opposé à un projet de loi, on
dirait que ce gouvernement qui en face de nous prétend que tout le monde
se trompe et qu'il n'y a que lui qui possède la vérité.
L'association des hôteliers a fait des déclarations. Je pense
qu'il y a des gens qui connaissent ce domaine peut-être encore plus que
mon collègue de La Mauricie, le ministre du Tourisme. S'il y a quelqu'un
qui connaît ce domaine, je pense que ce sont eux.
Comme je vous le mentionnais tantôt, parce que c'est l'Opposition
qui dit au gouvernement que ce n'est pas bon, parce que des associations
viennent dire au gouvernement, soit par conférence de presse, ou autre
que ce n'est pas bon, on dirait que le gouvernement prétend, lui, que
c'est ex cathedra et ce qu'il a décidé, c'est pour le meilleur
des mondes et pour le pire.
Comme je vous le mentionnais tantôt, c'est impensable qu'on
accepte et qu'on demande aux Québécois de payer cette taxe
additionnelle, non seulement au point de vue touristique, mais à
plusieurs autres égards. Lorsqu'on essaie de camoufler le prix total du
repas sans taxe, c'est-à-dire qui était de $1.99 et est
passé à $3.24 et lorsqu'on essaie de faire croire aux
Québécois qu'on leur donne simplement une chance de ce
côté, je pense que c'est mentir effrontément et c'est
d'essayer de prendre les Québécois pour des gens qui ne voient
pas clair et qui ne savent pas ce qu'il se passe.
Je pourrais vous donner des exemples. Des travailleurs dans mon
comté, la veille du budget Parizeau où cette mesure a
été annoncée, ont payé des repas $1.99 dans nos
restaurants pour ne pas payer de taxe et, le même repas, après
l'annonce du budget Parizeau, était déjà rendu à
$3.24. On aurait été bien mieux de le laisser au même prix
et la différence qui s'est produite aurait coûté bien moins
cher aux Québécois, même si on leur avait demandé la
taxe à 8%, il y aurait eu $0.16, ce qui aurait coûté aux
Québécois. C'était encore mieux d'exiger la taxe sur le
repas à $1.99 que de faire passer ce même repas de $1.99 à
$3.24 en une journée. On va chercher cela dans la poche des
Québécois.
Mes collègues qui m'ont précédé ont
parlé de l'industrie touristique au Québec. Je pense que c'est
une industrie qui était, et qui j'espère, va continuer à
être une industrie de plus en plus prospère et une des meilleures
industries au Québec. Mais je pense qu'on ne se fâchera pas pour
le dire, on n'a pas besoin de crier non plus, mais je pense qu'on sera tous
d'accord pour dire que des mesures semblables ne sont pas des mesures qui
peuvent faciliter ce développement touristique et cette économie
touristique au Québec. Parce que c'est évident je ne dirai
pas que les gens vont se promener en dehors, parce que le premier ministre est
allé, c'est de ses affaires et cela le regarde que le touriste
qui veut faire des visites, qui veut visiter le pays, il regarde d'une
façon et d'une autre ce que cela va lui coûter au bout de la
ligne. Des mesures semblables, il n'y a personne qui peut me faire croire que
cela va simplement aider notre industrie touristique au Québec, pas plus
d'ailleurs que l'augmentation du salaire minimum, qui est souhaitable dans
plusieurs cas.
Il reste qu'on doit se rendre compte qu'une bonne partie des gens qui
travaillent dans l'industrie touristique peuvent, en surplus du salaire mi-
nimum qui pourrait être plus bas, trouver d'autres moyens d'aller
chercher des sommes qui, la plupart du temps, sont bénéfiques
pour eux. Les pourboires sont laissés sur les tables et, en plus
d'augmenter le salaire de ces gens, c'est libre d'impôt si je peux
m'exprimer ainsi parce que ce n'est pas déclaré sur les
rapports d'impôt. Dans ce domaine bien spécifique, il est
important qu'on garde le statu quo le plus possible du côté du
salaire minimum. Mme le Président, on a lu des articles de journaux; par
exemple, dans Le Devoir du 8 septembre 1977 on dit: "Le tourisme se meurt.
L'hôtellerie réclame aussi son mini-sommet". Ces gens ne se
plaindraient pas si ça n'allait pas mal au Québec de ce
côté. Mme le Président, comme je l'ai mentionné
tantôt, soyez bien assurée que ce n'est pas par caprice que je
voterai contre une telle loi mais pour les raisons mentionnées. En plus,
je dois vous dire que, personnellement, dans mon comté, les gens n'ont
pas les moyens de subir une hausse de taxes, que ce soit une taxe
prélevée directement sur les rapports d'impôt ou une taxe
déguisée de cette façon. Mme le Président, je
voterai non seulement contre cette loi mais je vous préviens que je vais
me servir de mon droit de parole afin de voter contre l'autre loi qui
vient.
M. Burns: Reposez-vous.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale,
le député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Mme le Président, je ne voudrais pas
être taxé de rancunier puisque les propos que je vais tenir ne
s'attaquent pas à la personne même du ministre mais au
régime. Si on lit le principe de cette loi, c'est que le taux de la taxe
sur les repas est augmenté de 8% à 10%; d'autre part, que
l'exemption de cette taxe sur le prix d'un repas était portée de
$2 à $3.25. L'article 2 permet au ministre d'établir le montant
du cautionnement exigible dans certains cas pour obtenir le certificat
d'enregistrement nécessaire pour tenir un établissement.
Voyez-vous cela, Mme le Président? Les gens qui ont fait une lutte
acerbe, presque dix mois par année, trois jours par semaine, contre ce
que l'on peut appeler l'imposition de nouvelles taxes et qui ont écrit
des choses merveilleuses comme programme d'avenir pour le futur Québec
libre. Celui qui est aujourd'hui ministre des Finances a été
notre conseiller quand j'étais ministre du Travail et du Commerce. Et
Dieu sait, Mme le Président, combien j'étais contre les principes
louvoyant qu'avait cet homme. Je le lui ai dit personnellement, en maintes
circonstances, quand il nous faisait siéger des samedis, toute la
journée, pour pérorer sur certaines organisations afin
d'éviter l'exemption de taxe. Et c'est cet homme, Mme le
Président, qui vient candidement dire aujourd'hui, avec l'air d'un homme
bien sérieux: Je voudrais porter la taxe sur le prix d'un repas de 8%
à 10%. Après cela, le prix d'un repas était porté
de $2 à $3.25. Cela paraît bien mais, dans le peu- ple, par
exemple, cela a une répercussion terrible contre un homme qui a
écrit dans le programme, probablement lui-même, ce que seraient
les objectifs généraux d'un "P. Quiou" au pouvoir.
Mme le Président, je vous en fais lecture pour votre grande
édification. Programme, statuts et règlements du PQ. "Objectifs
généraux. L'économie du Québec n'est pas vraiment
sous-développée mais elle fonctionne mal parce qu'elle est
vieillie, mal équilibrée et divorcée de la
société québécoise." J'espère que vous
entendez, que vous comprenez bien. "Les signes en sont la pauvreté
est-ce qu'on est plus riche? le chômage..." Est-ce qu'il y
en a moins? Est-ce que le ministre des Finances a véritablement fait
quelque chose à part se promener comme il le fait dans tous les pays du
monde? Quand il faut se serrer la ceinture, il faut absolument que notre
ministre aille se pavaner en Suède, à Genève et à
Bruxelles et à Paris pour voir les grandes capitales. Mon Dieu Seigneur
du bon Dieu! Mon Dieu Seigneur! L'assiette à Duhaime, cela va être
comme les culottes à Vautrin. Cela va vous rester marqué.
Déjà chez nous les gens disent: L'assiette à Duhaime, je
dis: C'est comme les culottes à Vautrin. Continuons...
M. Duhaime: N'oubliez pas la graine à Bégin, la
graine à Bégin aussi.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, M. le ministre!
M. Bellemare: ... "une croissance insuffisante..." Est-ce que le
gouvernement a fait quelque chose à part tenir des mini-sommets ou des
sommets pour prétendre qu'il y aurait des grands développements
au point de vue finance? ... "des disparités grandissantes de revenus,
un gaspillage de ressources dans la production de biens inutiles, et enfin
l'absence des Québécois des centres de décision qui
orientent le développement et créent l'avenir économique."
Qu'est-ce que ce ministre a fait, à part présenter aujourd'hui
des lois? Est-ce que ce ministre qui préconisait pendant sa campagne
dans le comté de Prévost "d'indexer annuellement au coût
réel de la vie les tables d'impôt sur le revenu, les
exonérations et les crédits d'impôt..."? Pendant que le
leader du gouvernement était dans l'Opposition, je l'ai entendu pendant
une heure de temps sur l'indexation de l'impôt.
Si on relit cela aujourd'hui et qu'on le compare à ce qu'il fait
aujourd'hui...
M. Burns: Voulez-vous me dire à quelle page du journal des
Débats j'ai dit cela?
Mme le Vice-Président: A l'ordre, M. le leader?
M. Bellemare: Mme le Président...
M. Burns: Je vais vous dire que je n'ai jamais parlé
d'indexation d'impôt.
M. Bellemare: ... j'ai entendu le leader et le chef du parti dans
ce temps-là faire des discours de deux heures...
M. Burns: Quelle page? Quelle page au journal des
Débats?
M. Bellemare: ... pendant des jours et des semaines nous casser
les oreilles sur l'indexation je vais vous la donner, la page
demain.
M. Burns: Oui, bien vous avez besoin de chercher.
Mme le Vice-Président: Monsieur le leader du gouvernement,
à l'ordre! Je vous rappelle à l'ordre!
M. Bellemare: Mme le Président, je vous remercie d'avoir
le courage de rappeler le leader du gouvernement à l'ordre, ce n'est pas
n'importe qui qui peut faire cela.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Mme le Président, et j'arrive à la
fin. "La fiscalité, les Québécois sont lourdement
taxés." Ah bien! regarde-moi donc cela, il sourit quand il dit cela.
"Les Québécois sont lourdement taxés. Les deux niveaux de
gouvernement qui perçoivent chacun environ la moitié des
impôts, non seulement neutralisent leur action dans des conflits,
pourparlers, négociations interminables (ce qui implique un coût),
mais présentent aussi un dédoublement de services et de
ministères fort coûteux. Dans cette jungle fiscale, le
contribuable québécois..." vous en avez honte aujourd'hui, vous
avez honte que je le dépose, mais cela ne me fait rien, j'en ai six
autres chez nous en haut dans mon bureau..." Dans cette jungle fiscale, le
contribuable québécois a perdu le contrôle de tous ses
impôts. Il ne peut non plus s'assurer que le régime fiscal est
juste et équitable." C'est le ministre des Finances qui a écrit
cela dans son programme "P.Quiou". Cela est écrit en toutes lettres,
à la page 11, sur la fiscalité et là il entreprend, le
ministre des...
M. Parizeau: Question de privilège, Mme le
Président.
M. Bellemare: Cela ne le touche pas.
M. Parizeau: II faudrait, je pense, mettre au point la question
suivante: ce n'est pas le ministre des Finances qui rédige le programme
du Parti québécois; c'est le parti dans son congrès.
Mme le Vice-Président: M. le ministre. Je pense qu'il
faudra peut-être demander à M. le député de Johnson
d'intervenir davantage sur les principes du projet de loi, mais, M. le ministre
des Finances, vous disposez d'un droit de réplique et vous pourrez
l'utiliser.
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Madame, je suis sur le principe de la loi. J'ai
pris la précaution de bien lire le principe; c'est une augmentation de
taxe. Je vous ai cité des passages bien spécifiques et j'ai
comparé ce qu'ils font avec ce qu'ils ont écrit. Quand ils se
sont fait élire, ils ont écrit un programme et le ministre des
Finances avait écrit le budget de l'An I, le budget de l'An II, le
budget de l'An III, et le budget de l'An IV. Cela dépendait
sûrement de quelqu'un; surtout lui, un expert qui est passé
directement à la haute charge de ministre des Finances, sans aucune
objection. Là, il est obligé maintenant de regarder avec
tristesse le programme du "P.Quiou" qui l'a fait élire et de dire: Pas
capable. Je voudrais que vous compreniez, messieurs de l'Opposition, que c'est
trop fort pour nous autres. On avait parlé de l'indexation, Mme le
Président; c'était le quatrièmement: "Indexer annuellement
au coût réel de la vie les tables d'impôt sur le
revenu."
Ce n'est pas fait, mais il y a encore pire que cela. Allons voir un peu
plus loin; il y en a plusieurs, je n'ai pas le temps de vous lire tout cela.
"Abolir la taxe de vente sur les comptes d'électricité pour usage
domestique". Ah, ah, ah! C'est dans leur programme; "abolir la taxe de vente
sur les comptes d'électricité". On vient de dire à
l'Hydro-Québec: Même, vous n'aurez pas le droit d'avoir les 10%
rachetables si vous payez avant. Imaginez-vous donc! "Assurer aux pouvoirs
locaux et régionaux des sources directes de revenus fiscaux". On peut en
voir un exemple aujourd'hui avec le ministre des Affaires municipales,
là où il mène la province.
Mais, Mme le Président, pour revenir à cette
économie et à cette fiscalité dont il était
question, "le gouvernement du Parti québécois s'engage à:
1) ramener au Québec tous les impôts actuellement perçus
par Ottawa", la vieille chanson; "2) assimiler aux revenus pour fins
d'impôt les gains de capital, les dons, les successions, les allocations
sociales, suivant les recommandations de la commission Carter". Ah, ah! Tout
cela, ils ont oublié cela. "3) remplacer le système actuel de
déductions personnelles et compenser les charges familiales par des
allocations, ainsi qu'il est indiqué dans la section sociale du
programme. Le quatrièmement, je vous l'ai lu; c'était "indexer
annuellement au coût réel de la vie les tables d'impôt sur
le revenu; 5) exempter de tout impôt sur le revenu ceux dont les gains ne
dépassent pas le revenu minimum garanti". Mme le Président, c'est
la fiscalité du parti PQ que je mets en doute. C'est leur
sincérité lorsqu'ils ont fait la campagne électorale pour
s'emparer du pouvoir et, aujourd'hui qu'ils ont le pouvoir avec une
majorité presque absolue, qu'est-ce qu'ils font? Ils font, madame, des
bills comme celui-là, pour taxer les petits. Pourquoi ne taxez-vous pas
les gros, vous qui étiez un ardent défenseur de l'idée de
taxer les multinationales quand j'étais ministre du Travail et ministre
de l'Industrie et du Commerce? Vous étiez un de ceux qui venaient nous
prêcher pendant des heures les samedis, nous faire manger des sandwichs,
le diable et son train. On devait vous entendre pérorer sur
l'impôt de capital qu'on
devait imposer aux multinationales. Qu'est-ce que vous faites? Rien,
sauf vous promener pour dire: Vous savez dans la province de Québec, ne
vous inquiétez pas, on vous paiera avec notre argent, avec l'argent
qu'on va créer. Imaginez-vous donc! Ils vont croire cela, les gens qui
sont habitués aux finances; avec l'argent, le produit brut de la
province de Québec. Vous avez eu le culot d'aller dire cela.
Après tout, Mme le Président...
M. Burns: Mme le Président, s'il vous plaît! La
pertinence, la pertinence.
M. Bellemare: ... un ministre des Finances a une certaine
responsabilité.
M. Lamontagne: Le défenseur.
M. Burns: La pertinence du débat, quand même. On a
le respect de nos institutions et le député de Johnson en est
une, mais quand même, il ne faudrait pas aller plus loin.
M. Lavoie: Le ministre des Finances passe tous les gouvernements.
C'est une vraie institution.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, je m'attendais qu'une question de règlement soit
soulevée. Je vous ferai remarquer que nous sommes à
étudier le projet de loi no 60, Loi modifiant la Loi de la taxe sur les
repas et l'hôtellerie. Alors, je vous demanderais de vous en tenir, le
plus possible, à la pertinence du débat.
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: II me reste combien de temps, Mme le
Président?
Mme le Vice-Président: Vous avez encore cinq minutes, M.
le député, sur le temps qui vous est alloué. A moins que
vous ne parliez au nom de votre parti, vous avez encore cinq minutes.
M. Bellemare: Je pense bien que je m'autorise à cela,
madame.
M. Garon: Le caucus est d'accord. M. Bellemare: Une taxe
de 10%...
Mme le Vice-Président: Alors, puisque vous parlez au nom
du chef du parti, M. le député de Johnson, vous avez droit
à une heure.
M. Bellemare: Je vous remercie beaucoup, madame, vous êtes
bien indulgente de me supporter tout ce temps. Je vais essayer de tout le
prendre.
Mme le Vice-Président: A ce moment-là, M. le
député de Johnson, je vous demanderais de vous en tenir à
la pertinence du débat, parce que la question a déjà
été soulevée.
M. Bellemare: Oui, mais est-ce que la perti- nence du
débat je voudrais avoir une directive va avec la
pertinence du programme du PQ, au point de vue de la fiscalité?
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, je pense que vous connaissez déjà la réponse.
Nous parlons sur le projet de loi no 60.
M. Bellemare: II ne faudrait plus être dans le Parlement,
si on n'a pas le droit de parler de ce que le PQ nous avait déjà
promis de faire et de réaliser.
M. Burns: Une question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: A l'ordre! M. le
député, un moment s'il vous plaît!
M. le leader du gouvernement, sur la question de règlement.
M. Burns: Je suis d'accord avec le député de
Johnson et je suis convaincu, madame, que vous êtes d'accord
également, qu'il peut, au cours de son intervention, citer tous les
passages pertinents au présent débat, qu'ils viennent d'un
programme d'un parti politique, et je ne lui contesterai jamais ce droit. Je
pense bien qu'il a le droit de faire le parallèle entre la
législation que le gouvernement actuel présente devant
l'Assemblée nationale et le programme de ce parti, sauf que cela ne lui
permet pas de remonter jusqu'à Pilate et peut-être même
avant, Mathusalem peut-être, relativement à des choses qui ne sont
normalement pas en éthique parlementaire permise, c'est-à-dire
parler du ministre des Finances lorsqu'il était l'un de ses
fonctionnaires, comme ministre du Conseil exécutif. Mme le
Président, cela m'apparaît comme quelque chose de vraiment non
pertinent au débat.
M. Lavoie: Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Je voudrais vous citer cinq lignes de notre
règlement. Nous sommes en deuxième lecture sur un projet de loi
de fiscalité et l'article 120 dit que "Le débat sur toute motion
de deuxième lecture doit être restreint à la portée
jusque là on vous suit à l'à-propos, aux
principes fondamentaux..."
Mme le Vice-Président: "... à la portée...
aux principes fondamentaux et à la valeur intrinsèque du projet
de loi, ou à toute autre méthode d'atteindre...
M. Lavoie: Allez.
Mme le Vice-Président: ... ses fins". Or, les fins du
projet de loi, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Un instant, Mme le Président. ... ou à
toute autre méthode d'atteindre ses fins". "At-
teindre ses fins", c'est aller chercher à peu près $22
millions de taxes additionnelles dans les goussets ou dans les coffres de
l'Etat.
Mme le Vice-Président: Alors, monsieur...
M. Lavoie: Un instant, je vais finir mon argumentation.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, messieurs! M. le
ministre, à l'ordre, s'il vous plaît! M. le leader de l'Opposition
officielle, j'ai bien entendu votre intervention. Je pense que votre question
de règlement ne doit quand même pas intervenir sur le projet de
loi lui-même. Vous pouvez disposer d'un droit de parole si vous avez
l'intention de le demander. Je vous donnerai la parole après M. le
député de Johnson.
Sur la question de règlement, comme elle est soulevée
maintenant, je pense que le député de Johnson a suffisamment
entendu les interventions pour maintenant s'en tenir à la pertinence du
débat.
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Je voudrais, Mme le Président, remercier
très sincèrement le leader du gouvernement de vous avoir
donné une certaine tolérance, quant à la pertinence du
débat et à la pertinence du programme "PQuiou".
M. Burns: Ce n'est pas moi, c'est le règlement.
M. Bellemare: Je vous remercie, M. le leader, je vous reconnais
comme un excellent parlementaire. Je vous sais gré de vous servir de
votre expérience pour me permettre, à moi qui suis un homme qui
ne connaît pas cela, de continuer ma mise en demeure.
Dans le projet de loi, sans citer des articles, on voit, par exemple,
qu'il est question d'une taxe de 10% qui serait imposée sur le prix
dû ou payé de chaque repas de plus de $3.25. C'est un principe du
projet de loi: On prend la taxe de 8% et on la monte à 10%, et on change
le prix qui était de $2.00 pour $3.25. Mais ils se sont fait
élire en brandissant l'épouvantail et en disant: Vous avez un
gouvernement de "taxeurs", vous avez un gouvernement qui ne vit que pour vous
imposer des taxes. On lui a demandé, nous, personnellement, de vouloir
indexer chaque année l'impôt sur le revenu, cela a
été un non catégorique; c'est un "ta-xeur", battez-le et
effacez-le de la carte. Aujourd'hui qu'ils ont maintenant eu la sentence,
c'est-à-dire le rapport officiel des élections, ils sont au
pouvoir avec 50? Non. Avec 60? Non. Avec 70? Ils sont avec 72
députés.
Des Voix: 71.
M. Bellemare: 71 députés.
M. Bisaillon: C'est Le Moignan qui va passer!
M. Bellemare: Pauvre homme! Ne faites pas comme le journal Le
Devoir, qui essaie, mon cher monsieur, par toutes les manigances au monde, le
jour de notre caucus, de dire qu'on a deux députés qui vont nous
laisser aller au "PQuiou". Consolez-vous! J'ai des petites nouvelles plus
intéressantes que cela pour vous, qui concernent les vôtres! Avant
longtemps, vous allez subir cela. Je continue, Mme le Président.
M. Burns: Des mots!
M. Bellemare: C'est le leader du gouvernement qui m'a
entraîné.
M. Burns: Des paroles!
Mme le Vice-Président: Je reconnais que le leader
parlementaire du gouvernement...
M. Bellemare: Vous admettez cela, merci, Mme le Président,
mais aujourd'hui nous avons un ministre, le meilleur parmi eux tous,
probablement, celui qui a le plus d'expérience, celui qui a vécu
dans l'intimité de tous les partis, que ce soit le Parti libéral,
que ce soit l'Union Nationale, que ce soit le Bloc populaire, je ne le sais
pas, étiez-vous là? Qui a vécu dans l'intimité de
l'Union Nationale, qui a vécu dans l'intimité du Parti
libéral, on l'admettait, au Conseil des ministres, comme si
c'était un homme qui avait le droit de tout entendre. Un jour, je me
suis révolté et j'ai dit, Mme le Président, et c'est une
chose qu'il faut admettre, le ministre des Finances peut vous
répéter que c'est vrai...
Une Voix: A l'ordre!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, vous pouvez disposer effectivement d'une heure, mais je vous
demanderais de ne pas trop vous écarter du débat.
M. Bellemare: Mme le Président, vous avez le don de couper
toute mon intervention, vous avez le don, justement, de dégonfler mon
inspiration.
Mme le Vice-Président: ... vos envolées.
M. Bellemare: A la minute où je vais dire des choses qui
sont intéressantes...
Mme le Vice-Président: Je regrette, M. le
député, que voulez-vous?
M. Bellemare: ... vous vous levez et vous dites: Monsieur, vous
avez droit à une heure pour dire n'importe quoi, mais faites attention!
Je vous remercie, Mme le Président, j'espère que c'est la
dernière fois et que je vais pouvoir dire ce que je pense, au moins, de
ce grand ministre des Finances qui, lui, représente...
Mme le Vice-Président: J'aimerais mieux que vous disiez ce
que vous pensez du projet de loi, M. le député.
M. Bellemare: Mais les deux vont ensemble. On ne peut pas exclure
l'un sans prendre l'autre. Qui, au ministère, Mme le Président,
peut donner l'alerte, peut sonner le tocsin, si ce n'est pas le ministre des
Finances qui devait, lui, nous apporter une révolution au point de vue
fiscal? Qu'a-t-il fait? Il est arrivé tout penaud à
l'Assemblée nationale, un soir où nous l'avons
écouté avec attention. Si jamais il pouvait apporter quelque
chose pour soulager les petits! Mais non, madame, il est arrivé avec
cette taxe extraordinaire, déplaisante pour le peuple, pour le petit qui
n'a pas d'argent, qui est taxé, surtaxé, qui n'a peut-être
pas les revenus que vous avez, ni que j'ai. Quand il arrive pour payer le repas
$3.25, c'est 10% de taxe. C'est cela la loi. C'est $0.32 ou $0.33 de plus par
repas. Cela veut dire $1 de plus par jour. Cela fait $365 par année si
on mange au restaurant 365 jours.
A cela on rit. On trouve cela drôle parce que c'est le petit qui
va payer. Parce que, madame, on sait d'avance qu'eux sont l'ami du pauvre,
l'ami de l'ouvrier, l'ami de l'agriculteur, et qu'a-t-on fait? On a entendu le
député d'Arthabaska descendre son gouvernement, on a entendu le
député de Matapédia descendre encore son gouvernement, et
les autres... Comment a-t-on vu cela dans les journaux, les descentes contre le
gouvernement actuel et surtout, madame, contre le ministre des Finances?
M. Grégoire: Question de privilège.
M. Bellemare: Je dis et je répète, madame, que
c'est honteux.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, un moment s'il vous plaît. M. le député de...
M. Grégoire: Je pense que l'honorable député
de Johnson va comprendre ma question de privilège. Je l'écoute
avec attention dans mon écouteur et chaque fois qu'il donne un coup de
poing sur le bureau, évidemment j'entends le son dans mon
écouteur. Je l'écoute avec intérêt, mais les coups
de poing près du micro, cela me fait sauter les oreilles. Je voudrais
lui demander s'il ne pourrait pas faire son discours autrement qu'avec ses
poings, s'il vous plaît!
M. Bellemare: Je ne savais...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, messieurs! Après
cette mise au point, M. le député de Johnson...
M. Bellemare: Mme le Président, je continuerai à
affirmer ce que je crois être la vérité. Je continuerai
à dire que le ministre des Finances est une faillite vis-à-vis du
Parti québécois. Je continuerai à dire qu'il ne s'est
jamais forcé, d'aucune manière, pour imposer à ses
collègues une vraie indexation de l'impôt sur le revenu.
Peut-être qu'à la veille des élections, peut-être
qu'après en avoir tant parlé, il nous arrivera avec une petit
cataplasme, mais, Mme le Président, quand on voit au- jourd'hui en 1977,
le 12 décembre, une loi qu'eux auraient vilipendée dans
l'Opposition, contre laquelle ils auraient été pendant des heures
et des heures... Il n'y en aurait pas un des six qui n'aurait pas
parlé.
Parce que j'emploie un peu plus de temps qu'un député
ordinaire, on est suffoqué. On dirait que cela ne passe pas dans le
gosier. Madame, parce que j'emploie de la force, de la conviction et que
j'essaie de comparer les deux textes, la loi et le programme, et que je vois
tant de différences, je me demande si le véritable ministre des
Finances n'est pas un autre que lui, le député de Prévost.
Madame, aujourd'hui, on lui a peut-être imposé...
M. Parizeau: Question de privilège, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le ministre des Finances et du Revenu.
M. Parizeau: Pour la deuxième fois, on me désigne
comme étant le député de Prévost. Je vous assure,
Mme le Président, j'assure le député de Johnson que je ne
suis pas le député de Prévost.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Madame, je m'excuse auprès de l'honorable
député de l'Assomption, mais la véritable élection
qu'il a perdue c'est dans l'Assomption. D'accord. On se comprend, là?
Vous avez fait votre effort dans cela et on a vu le résultat. 5000 voix
de majorité.
Une Voix: On n'a pas compris.
M. Bellemare: Vous n'avez pas compris, à Re-pentigny? Ah
bon. Cela devait être un assez bon exemple pour vous. Le
vice-président du "P.Quiou" qui se présente et qui se fait battre
par 5000 voix. Arrêtez-moi un peu. Pas un seul de ses adeptes n'a
été élu. Pas un. Cela doit vous énerver un peu.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Johnson, je sais que vous connaissez votre règlement, entre autres
l'article 120. Est-ce que je vais devoir vous le rappeler? Je pense que vous le
connaissez suffisamment.
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Encore une fois, j'ai été interrompu,
pas par les députés, mais par le président.
Je reviens donc à cette imposition d'une taxe qui me semble
inconsidérée, une taxe que va payer le petit, le faible, celui
qui est obligé de manger dans les restaurants et surtout de choisir les
repas en bas de $3.25, parce qu'à $3.25 il va être obligé
de payer la taxe. Il va aller manger des hamburgers ou des comment ils
appellent cela des "maxi Mac". Mais est-ce qu'au point de
vue de l'équité le ministre des Finances peut nous donner
la certitude qu'il n'y avait pas un autre moyen que d'aller chercher un
supplément de taxe sur les repas des petits? Lui qui était un
grand planificateur et qui était devant nous pour nous exposer des
thèses que nous étions obligés d'entendre sans souvent les
comprendre, parce qu'il planifiait, nous disait: II faut de toute
évidence que nous allions chercher des taxes parmi les multinationales.
Est-ce une multinationale, un déjeuner, un dîner ou un souper? Je
vous le demande personnellement, Mme le Président. Une taxe
augmentée à 10%. Ce n'est pas tout; nous allons revenir tout
à l'heure avec un autre projet de loi où il va être
question des enfants. Cela va être encore pire.
En toute justice, j'ai déjà vu un premier ministre ici,
que j'ai qualifié de Jean Lataxe, parce qu'il avait imposé
pendant son règne des taxes formidables et consécutives à
toute la population. Je l'avais baptisé Jean Lataxe. Mais aujourd'hui,
je vais changer d'expression; je vais l'appeler Jacques Lataxe. Cela va lui
rester attaché comme un boulet à ses pieds. Jamais il ne pourra
se défaire de cela. Dans les restaurants, quand les gens vont le
rencontrer, ils vont dire: C'est lui le ministre des Finances; c'est lui qui a
augmenté la taxe sur les repas à $3.25 de 8% à 10%? Oui,
oui, c'est lui. Ah bien! qu'il me déçoit donc cet homme! Vous
n'avez pas honte, M. le ministre, de vous promener dans la province avec un
écriteau dans le front comme cela où c'est écrit: taxe de
10% au lieu de 8%!
Vous n'avez pas honte d'aller dans les autres pays, de vous
présenter et de dire: C'est moi qui fais les taxes au Québec. Ou
est-ce que ce ne sont pas les multinationales qui vous imposent de taxer plus,
ici dans la province de Québec, ces petits? Cela ne vient pas tout seul,
cette taxe. C'est venu par le conseil de bien d'autres, peut-être de M.
Goyette avant qu'il vous laisse. J'en parle parce que, quand M. Goyette est
parti, le sous-ministre des Finances, on a perdu un grand citoyen, un grand
Québécois qui était une compétence remarquée
et remarquable. Maintenant, vous êtes obligé de faire vos cahiers
brouillons tout seul. Maintenant, vous êtes obligé de chercher
l'imposition de certaines taxes. Au lieu d'aller les chercher chez les gros,
les puissants, les multinationales, ceux qui sont capables de payer, ceux qui
font $50 millions de profits par année vous en connaissez de ces
gens; on en décrit toute une série dans un certain petit
pamphlet, M. le Président vous allez taxer des petits. Ce n'est
pas étonnant que le climat de l'économie du Québec s'en
aille à la va comme je te pousse.
Mme le Président... M. le Président, excusez-moi, je
n'avais pas remarqué ce changement extraordinaire. Je puis vous
prédire que le ministre des Finances ne fera pas plus qu'un mandat,
jamais. C'est impossible. Il peut faire son possible pour tâcher de
vendre la province de Québec à des Européens. Le premier
ministre peut aller aux Etats-Unis, mais, quand on lui montrera dans le peuple
cet écriteau qu'il porte "La taxe à Pari-zeau", cela va
être la vôtre.
Et ce n'est que le commencement parce qu'il y en a une autre qui est
encore pire; je ne lui toucherai pas tout de suite. Mais c'est
épouvantable comme le PQ en a perdu depuis le budget que vous avez si
augustement lu en cette Chambre, il n'y a pas si longtemps. Vous avez perdu les
pédales, vous qui nous disiez de ne pas les perdre, il y a un certain
temps. Vous les avez perdues maintenant.
M. Duplessis m'avait demandé, quand on avait été
élu: Maurice, quelle pointure de chapeau? C'est un 6 3/4. Il dit: Que je
ne te voie jamais porter un 7 3/4. Cela vous va bien. Le ministre des Finances,
qui était un ami intime de M. Lesàge, un ami intime de M.
Johnson, M. Bertrand et de tous les autres qui se sont succédé,
est venu maintes fois nous conseiller. M. le Président, je vous dis que
si Maurice Bellemare n'avait pas existé pour être contre au
Conseil des ministres, qu'on traite bien des imaginations qu'avait le ministre
des Finances, on aurait été bien moins longtemps au pouvoir.
Mais, M. le Président, le ministre des Finances aujourd'hui n'a pas
honte de présenter cette loi? Il se dit fier d'imposer une nouvelle taxe
aux Québécois? Lui qui, dans le programme, avait bien
défini qu'on était dans un état de pauvreté, qu'on
était dans un état où il était nécessaire de
réfréner les dépenses du gouvernement pour employer
l'argent à meilleur escient. M. le Président, je pense que j'ai
un peu raconté l'histoire qui va s'écrire sur le ministre des
Finances. On a un ministre "taxeux"; la population ouvrière de chez
nous, la population des cultivateurs de chez nous l'appelle déjà
"la taxe à Parizeau". Imaginez-vous ce qui va arriver quand on parlera
de l'autre taxe qui s'en vient après celle-ci. On va en avoir une
litanie d'ici quelques années.
Le PQ, qui avait une vue politique et un programme qui était une
belle planification, n'a planifié rien, sauf d'aller dans nos poches y
chercher la petite monnaie, les $0.35 de plus. Ce n'est pas seulement moi qui
vais les payer; ce sont tous les petits. M. le ministre des Finances croit que
cela va passer comme une lettre à la poste et que les gens vont
s'habituer à payer $3.25 plus les $0.33. Cela ne s'oubliera pas et la
taxe à Parizeau va demeurer une enseigne lugubre pour le PQ. Ce n'est
pas la seule, mais c'en sera une parmi celles qu'on élèvera
bientôt dans les pancartes: "Parizeau, le PQ, la taxe à Parizeau"
et "Ci-gît le potentat de la taxe sur les repas".
M. Jolivet: La violence.
M. Bellemare: Ce sera lui, M. le Président, qui portera
cette effigie. Et ce ne sera pas long, ça achève. On a
déjà un an de fait, on s'en va sur deux ans prochainement; je ne
sais pas s'ils feront trois ans, mais ils vont essayer de se maintenir pendant
trois ans. Mais vous allez voir un appel au peuple. Les sondages que l'on
entend aujourd'hui, qui nous parviennent d'un peu partout, ne vous y fiez pas
trop, M. le Président.
M. Jolivet: Nommez-les.
M. Bellemare: J'ai ici, dans mes cahiers, des sondages de 1952 et
de 1956. Si vous me donnez la permission, tous les sondages de 1952 et de 1956
étaient défavorables à l'Union Nationale. Qu'est-ce qui
est arrivé? Elle a été battue et
écrasée.
M. Burns: A l'ordre!
M. Bellemare: On n'en parle plus.
M. Burns: Arrêtez.
M. Bellemare: On n'en parle plus de sondages.
M. Burns: Ne charriez pas.
M. Bellemare: Vous pensez que je n'aurai pas l'occasion de vous
donner mon opinion?
M. Burns: Si vous voulez, je vous invite, demain nous allons
recevoir...
Le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît, de part et d'autre! Je suis debout. M. le leader parlementaire,
à l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, tout le monde!
Bon, l'esprit étant passé pendant quelques secondes, M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: J'aurais une question à poser au ministre
des Finances. Est-ce que cela lui est déjà arrivé de
relire le programme de la fiscalité du PQ?
M. Burns: M. le Président, le député aura
longuement l'occasion, en commission plénière ou en commission
élue, de poser toutes les questions qu'il voudra. Qu'il termine donc ce
long barati-nage, qu'il passe s'il ne trouve pas d'autres façons de
"tougher" son heure sans lire le programme'du Parti québécois.
Mais qu'est-ce que vous voulez? Ce n'est pas mon problème, c'est le
sien!
M. Bellemare: Ah, M. le Président! De quel droit
m'interrompt-il, lui? Parce qu'il veut dire que...
M. Lavoie: M. le Président...
Le Vice-Président: A l'ordre! Tout le monde a raison. M.
le leader parlementaire du gouvernement, s'il vous plaît! Attendons tout
simplement que le temps de M. le leader parlementaire de l'Union Nationale soit
terminé, s'il s'en tient à la pertinence du débat.
M. Bellemare: M. le Président, vous parlez de la
pertinence du débat; ce n'est pas quand je suis entraîné
sur d'autres sujets par d'autres membres de cette Chambre que je laisserai
passer une attaque vulgaire. Non, parce que je connais ceux...
M. Burns: Vulgaire?
M. Bellemare: Oui, inadmissible.
Le Vice-Président: A l'ordre! M. le leader parlementaire
de l'Union Nationale, ce n'est pas une question de privilège. Je viens
de vous dire que j'ai rappelé à l'ordre M. le leader
parlementaire du gouvernement et je vous demande de vous en tenir au
débat sur cette motion de M. le ministre des Finances.
M. Bellemare: J'aime mieux être un "brake-man" qu'un gars
qui va se faire baptiser l'assiette à Duhaime, les culottes à
Vautrin, cela va vous rester pour le restant de vos jours.
M. Duhaime: La graine à Bégin aussi. M.
Bellemare: Parlez-nous...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît, je sais que
c'est difficile rendu à cette heure-ci. Non, il y a une motion qui nous
retient. M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Pour la onzième fois, je me relève,
après avoir été interrompu par la présidence;
deuxième station, je ne rencontre pas les femmes de
Jérusalem...
M. Burns: Si Duplessis était ici il vous dirait:
Assis-toé.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! A
quoi cela vous sert-il? Je vous ai déjà indiqué qu'au
moment... M. le député de Saint-Maurice, à l'ordre, s'il
vous plaît! M. le leader parlementaire adjoint, M. le
député de Saint-Maurice, M. le député de Laurier,
s'il vous plaît!
M. le député de Laurier, je vous ai indiqué qu'au
moment où le président se lève, les paroles que vous
prononcez ne sont pas retenues dans l'histoire de ces débats. Je
voudrais que M. le leader parlementaire de l'Union nationale revienne à
la pertinence du débat et que du côté ministériel on
ne l'interrompe point.
M. Bellemare: M. le Président, puisque j'ai votre
permission de terminer, je voudrais vous dire bien calmement que le ministre
des Finances n'a pas relu le programme du "P.Quiou" depuis qu'il a
été écrit. S'il l'avait relu quelques fois, comme nous le
faisons, nous, il se serait inspiré de ses grands principes qui
étaient d'éloigner la pauvreté et détaxer les
faibles et les pauvres. M. le Président, puisque j'ai l'occasion d'en
parler très sereinement au chapitre des objectifs
généraux, "quatre siècles d'histoire commune ont fait des
Québécois une nation" mais une nation appauvrie, une nation qui
sera encore taxée, surtaxée par le gouvernement "P.Quiou". Le
principe de ce bill que nous présente aujourd'hui le ministre des
Finances est d'établir une nouvelle taxe: la taxe de 8% monte à
10%; il n'y aura pas $2.00, ce sera $3.25.
Je vous dis que si vous, vous n'en avez pas entendu parler, M. le
Président, il y en a énormément dans la population qui
nous en parlent à nous quand nous faisons du bureau. Je peux vous dire
que, s'il y avait un véritable sondage sur un article comme
celui-là, le programme et l'article de la taxation Parizeau, on verrait
comment la population réagit.
Il est temps dans la province de Québec que quelqu'un prenne
l'offensive contre un gouvernement qui était tout-puissant, qui pouvait
tout faire dans l'Opposition; il avait les meilleures intentions. On a cru,
quand il a été élu, qu'il serait véritablement un
gouvernement nouveau, mais après un an, M. le Président, on
arrive avec une série de taxes qui sont des taxes comme celle qu'on
vient de passer en deuxième lecture et celle qu'on passera probablement
ce soir. Je me demande véritablement où sont les principes qui
ont guidé ces gens qui ont fait le programme du "P.Quiou", quand on a
considéré que c'était un programme véritablement
fiscal. Il fallait de toute nécessité voir à
réformer la fiscalité dans la province de Québec, surtout
à apporter ces solutions salvatrices à ceux qui vivent notre vie
de tous les jours. Qu'est-ce qu'on fait? Qu'est-ce qu'on voit?
Même s'il prétend que c'est du baratin, même s'il
prétend que c'est de la comédie, j'aime mieux être
comédien et dire la vérité telle que je la conçois
pour qu'eux autres, qui sont des grands planificateurs, puissent recevoir cette
vérité. Qu'ils disent tout ce qu'ils voudront contre moi, qu'ils
essaient de me mettre dans n'importe quel piège, n'importe quel
traquenard, je n'ai pas peur pour ma réputation. J'ai été
ministre, j'ai été député, et je suis encore dans
l'Opposition, mais je reviendrai au pouvoir avant longtemps. M. le
Président, cette taxe néfaste qui est aujourd'hui imposée
par le "P.Quiou" va avoir un retentissement formidable dans l'économie
de la province. Les gens de l'Ontario, les gens des Etats-Unis et les touristes
qui viennent chez nous vont se souvenir de la taxe à Parizeau; ils vont
s'en souvenir parce que, aujourd'hui plus que jamais, le touriste
s'éloigne de la province de Québec, le touriste s'en va ailleurs;
vous ne voyez presque plus d'Américains sur nos routes. Pourquoi? Parce
que quand ils venaient chez nous, autrefois, ils étaient bien nourris,
ils étaient bien servis, avec des prix raisonnables. Aujourd'hui, quand
on rentre dans un restaurant, c'est $7, $8, $9 et $10 pour un repas. Mais le
petit, pensez-vous qu'il a les moyens de payer cela? Il va dans un restaurant
où il va payer $3.25, $3.50 et là il va être obligé
de payer la taxe pour manger un peu mieux qu'un hot-dog ou un "maxi Mac".
M. le Président, Parizeau-la-taxe, cela ne s'effacera pas.
Parizeau-la-taxe sur les repas, cela va demeurer. La jeunesse qui monte,
surtout, la jeunesse qui la subit, elle, plus que tout autre, parce qu'elle
travaille dans les usines et qu'elle prend des repas dans les restaurants, elle
va se souvenir de la taxe Parizeau.
Vous allez voir demain les grands écriteaux: Taxe à
Parizeau. C'est le commencement de la débandade. C'est le commencement
de la fin du ré- gime du PQ. M. le Président, vous assisterez
peut-être à cette débandade et on vous retrouvera
peut-être avant longtemps du côté de l'Opposition. Mais,
quand nous serons au pouvoir, M. le Président, nous vous
répéterons ces choses et nous vous dirons, comme à
d'autres: Vous souvenez-vous quand je vous prédisais que vous
retourneriez dans l'Opposition; vous y êtes!
Un premier ministre, un jour, m'avait dit: Le député de
Champlain, le député de Bagot, le député de
Missisquoi, cela va disparaître de la "map". Imaginez-vous qu'on a eu des
élections générales et, à un moment donné,
celui qui nous avait dit cela s'est retrouvé justement au siège
de l'Opposition officielle. Quand il est rentré à trois heures du
matin, je lui ai demandé: Qu'est-ce qu'elle fait là? Il
était dans l'Opposition. Ils nous avaient menacés de
disparaître. Quand bien même le ministre des Finances dirait: J'ai
écouté avec beaucoup d'attention les remarques judicieuses qu'a
faites le député de Johnson au sujet de Parizeau la taxe... Il ne
dira pas cela, c'est vrai. Il ne comparera pas avec le programme. Nous avons le
droit de le faire et nous allons le faire et nous n'avons pas fini. On a dit au
ministre de l'Agriculture l'autre jour ce qu'il y avait dans son programme. On
le dit aujourd'hui au ministre des Finances. On le dira à un autre
ministre tantôt, parce que cela est écrit, M. le Président.
C'est la bible du "P.Quiou". Il y a assez de "Q" dessus, un, deux, trois,
quatre...
M. Bertrand: 71 PQ.
M. Bellemare: II y en a 25. Est-ce qu'il y a 25 ministres? M. le
Président, je termine. Je vous remercie de la patience qu'ont eue les
honorables députés de m'écouter. Je sais que, s'ils m'ont
entendu, ils m'ont comrpis. Bien des gens, dans leur coeur, disent: C'est vrai,
ce que dit le député de Johnson. On n'aurait pas dû, la
première année, taxer les petits. C'est vrai qu'on n'aurait pas
dû faire cela. Comme disaient si bien certains députés
j'ai conservé sur mon bureau des déclarations qu'ils ont
faites contre le gouvernement c'est vrai, M. le Président, que le
gouvernement n'est pas en force et il ne s'en va pas vers un succès
phénoménal. Non, M. le Président. Le ministre des
Finances, qui va s'appeler la taxe à Parizeau, aura à nous rendre
la réciproque quand on sera au pouvoir et qu'on fera comme lui. Si,
après avoir dit: On n'imposera plus de taxe, on venait à
être obligé d'en imposer, il pourra nous dire, dans le temps,
quand il sera... Il ne sera peut-être pas réélu.
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Johnson. Est-ce que je comprends que le député de Charlevoix veut
prendre la parole?
M. Mailloux: Oui, pourquoi pas?
Le Vice-Président: D'accord. Me permettez-vous quand
même de dire ceci, M. le député de Johnson? Vous avez
impliqué la présidence. Je
vous prierais de croire que je ne pense pas aux prochaines
élections. Je fais simplement mon métier actuel.
M. le député de Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, cela fait bientôt
quinze ans que j'écoute mon collègue, le député de
Johnson, dans cette Chambre et j'ai toujours un plaisir nouveau à
l'écouter puisque, dans des termes qui lui sont propres, il lui
appartient quand même, chaque fois, de dire au gouvernement ou autres
partis qui siègent à cette Chambre des vérités
qu'on aurait peut-être intérêt à se rappeler. Je
l'écoutais tantôt, sur un bill de fiscalité, dire qu'un
gouvernement qui occupe 71 sièges peut paraître très fort.
Je me rappelle que certains de mes collègues, dans un parti qui en
comptait 102, avaient parfois les mêmes vantardises. On se rappelle ce
que cela a donné, un certain soir du 15 novembre dernier.
M. Bellemare: Oui, surtout le 28 août.
M. Mailloux: M. le Président, j'écoutais
tantôt le député de Johnson dire au ministre des Finances
que, si mon ex-patron, M. Lesage, avait hérité d'un surnom et
qu'on l'avait surnomméTi-Jean La-taxe, il hériterait
lui-même d'un surnom. Ce ne sera pas Jacques Lataxe, mais Jacques
Lasurtaxe, parce que, dans les semaines qui ont précédé
les mesures de fiscalité, on en présente trois en ce 12
décembre il y a quand même déjà des mesures
sur l'immatriculation qui ont été présentées, qui
restent en plan devant cette Chambre. J'espère que celle-là au
moins sera retournée d'où elle vient.
Il y a déjà des mesures de fiscalité sur le permis
de conduire, et tantôt, on discutera d'une mesure très
discriminatoire sur les vêtements d'enfants. M. le Président, il
n'est peut-être pas facile pour le ministre des Finances d'aller chercher
les montants nécessaires pour suffire aux besoins financiers du
Québec. Je me rappelle avoir déjà blâmé celui
qui était en charge du gouvernement précédent pour avoir
imposé des mesures qu'on a payées chèrement quelques mois
après. Je serais prêt, comme membre de l'Opposition, à
accepter de permettre au ministre des Finances d'aller chercher tous les
montants requis pour l'administration de la province pour autant, par contre,
qu'il s'ingénue un peu plus à aller taxer dans des endroits qui
feraient moins mal à une certaine catégorie de la population. Je
me réfère de bonne foi et je dis que quant à
l'immatriculation des véhicules automobiles, quant aux permis de
conduire, quant aux vêtements d'enfants, on aurait pu, dans une seule
mesure non pas d'un bien essentiel aller chercher tout l'argent
que toutes ces mesures de fiscalité vont apporter en taxant un bien qui
n'est pas nécessaire: la bière. Il n'y en a pas un qui a le
courage, gouvernement après gouvernement, d'aller taxer des biens qui ne
sont pas des biens de consommation absolument de né- cessité
courante comme les vêtements d'enfants, comme l'immatriculation des
véhicules d'un travailleur et des permis de conduire, et ce que vous
voudrez!
Que le ministre des Finances aille donc faire un inventaire on se
compare souventefois à l'Ontario, dans les problèmes de taxation
et se référer au taux de taxe du gallon de bière en
Ontario et qu'on regarde, par la suite, celui du Québec. Je me suis
toujours demandé, en voyant des mesures aussi impopulaires que
celle-là, tantôt, alors que vous disiez que cela coûtait
dans notre pays ou ailleurs, on commence à payer déjà pour
l'imposition de taxe... Je vous mentionnerai immédiatement un
phénomène.
M. le Président, quand on impose des taxes aussi impopulaires que
celle-là, je vous donne un exemple qui vient de se passer hier alors que
dans mon comté, on a voté, la semaine dernière un projet
de loi, pour décréter une élection à six
sièges à la Petite-Rivière-Saint-François. Le
président du PQ de Charlevoix et cinq des principaux partisans du PQ ont
été lavés tous les six!
Prenez votre siège et venez me répondre!
Avec toutes les armes que suppose le pouvoir et tout le chantage que le
président du Parti québécois a pu faire valoir devant
l'ensemble d'une population qui, quand même, a besoin de l'action
gouvernementale.
M. Bertrand: Le député de Charlevoix me permet-il
une question?
M. Mailloux: Oui.
M. Bertrand: Est-ce que le député de Charlevoix a
comparé les résultats de cette élection municipale avec
ceux de l'élection provinciale du 15 novembre 1976?
M. Marchand: Brillante intervention! Comédien!
M. Mailloux: M. le Président, je ne voudrais pas augmenter
ma popularité, mais il demeure que, lors de mes élections, dans
un comté qui n'a que 20 000 votants, il me semble avoir eu 10 000 de
majorité et 5000 de majorité; alors c'est assez difficile de
comparer avec une élection municipale.
M. Bertrand: M. le député de Charlevoix, tout ce
que je voulais indiquer, c'est que lors de la dernière élection
provinciale à Petite-Rivière-Saint-François, je pense que
le Parti libéral avait obtenu quelque 650 voix contre environ 200 pour
le Parti québécois. Les résultats ont été un
peu plus serrés, cette fois-ci, à l'élection municipale,
que je sache.
M. Lavoie: Vous êtes au courant, vous l'avez suivie?
M. Bertrand: Oui.
M. Lavoie: Vous étiez organisateur à
Petite-Rivière-Saint-François?
M. Bertrand: Non.
M. Mailloux: Puisqu'on sort de l'actualité, je ne voudrais
pas m'éloigner de mon sujet.
M. Marchand: Parlez-nous donc de Repenti-gny!
M. Mailloux: Pour répondre au député qui
vient de me questionner, je dirai simplement qu'à
Petite-Rivière-Saint-François, j'ai énormément de
concitoyens qui étaient, comme moi, d'anciens caboteurs, et probablement
qu'ils avaient peut-être encore plus d'attachement à l'endroit du
député qu'ils en ont à l'endroit du Conseil municipal.
De toute façon, je pense que ce que je viens de souligner, qui
s'est passé hier, c'est une indication au ministre des Finances
qu'à force d'imposer des taxes et des taxes extrêmement
impopulaires, cela va donner le résultat qu'on connaît
maintenant.
M. le Président, et je voudrais dire cela sans froisser qui que
ce soit, j'écoutais l'allocution du ministre des Finances tantôt,
et je ne suis pas pour l'obliger à se promener dans tous les restaurants
où on peut manger à $3.25 ou moins. Sans lui faire reproche, je
pense qu'on a plusieurs le même défaut, le député de
L'Assomption est une personne qui fait bonne chair. C'est bien son droit, je
pense, d'aller se régaler là où il lui plaît de le
faire.
A écouter, auparavant, mon collègue de Roberval, avec la
caricature qui paraissait ce matin, ceux-là ne mangent jamais à
$3.25. Le député de L'Assomption, comme il semble inquiet, je lui
envoie une caricature sur mon collègue de Roberval. Le
député de L'Assomption, s'il faisait la navette un peu partout
dans le Québec actuellement, dans tous les endroits dont il parlait au
début de son allocution, à savoir les cafétérias,
les endroits où les gens à revenus modestes peuvent aller manger
à $3.25 et moins, il s'apercevrait, comme le disaient quelques-uns de
mes prédécesseurs tantôt, que les restaurateurs du coin ont
très vite augmenté leur prix jusqu'à $3.25 et
davantage.
Il faut demander des rôties et un café, quelque chose de
semblable. Les routiers qui doivent arrêter partout sur l'ensemble du
réseau routier, pour un repas le moindrement soutenant, doivent payer la
taxe de 10%. Je représente un comté essentiellement touristique.
Les gens qui, heureusement, ont réussi à remplir le Manoir
Richelieu, ce ne sont pas, je pense, les bourgeois de la clientèle
antique que l'on connaissait des Etats-Unis. Ce sont des gens à revenu
moyen, qui travaillent ici dans le parlement, dans la fonction publique ou
ailleurs, qui viennent passer quelques jours de vacances. Quand dans le Manoir
Richelieu pouvez-vous avoir, à moins de prendre un déjeuner
très matinal, quelque chose à $3.25?
Qu'est-ce qui n'est pas taxable à 10%? Et dans tous les
hôtels de Québec dont on a parlé tantôt, que ce soit
dans le café du parlement ou ailleurs, je ne connais plus rien qu'on
peut manger, à moins d'être très matinal, qui n'est pas
taxé. La crise hôtelière fait que dans l'ensemble des
régions, telles Montréal et Québec, on voit un taux
d'occupation de 30% à 60% ou environ. Il faudrait que le ministre des
Finances constate qu'on ne peut ajouter aux contraintes apportées par le
gouvernement américain sur les congrès qui ne sont pas
déductibles de l'impôt s'ils ont lieu au Québec. Si l'on
ajoute des mesures de taxation semblables, M. le Président, il est
impossible de résoudre la crise hôtelière qu'on
connaît maintenant. Le ministre des Finances, dans une telle
décision, fait en sorte que l'invitation qu'on fait aux gens de toutes
les régions voisines, de toutes les provinces, des pays voisins ne
puisse être concurrentielle avec l'avantage qu'apporte l'Ontario.
On peut bien se l'avouer, si on n'est pas capable dans le Québec
de manger à $3.25 quelque chose de soutenant, qu'on s'en aille à
Miami, actuellement, et à $3.25 vous êtes capable de prendre un
repas complet dans presque 50% des restaurants. Le ministre des Finances semble
hésitant, qu'il regarde dans tout ce qu'il y a de Black Angus ou quelque
chose de semblable, c'est $3.25 ou $3.29, ce qu'on ne retrouve pas dans le
Québec.
Quand on vit dans le Québec qu'on connaît, avec le climat
nordique qui est le nôtre, cela prend deux et parfois trois repas par
jour pour soutenir une personne, alors que dans les pays un peu plus chauds,
avec un repas solide par jour, on peut facilement subsister.
M. le Président, je ne voudrais pas m'éterniser davantage,
mais je dis que le gouvernement, dans ses mesures de fiscalité pour
aller chercher les sommes dont il a besoin, fait des mauvais choix qui nous
obligent à voter contre de telles mesures. Il est indiscutable que
tantôt quand nous serons appelés à parler de taxe sur les
vêtements d'enfants, quand même on viendra nous faire miroiter le
problème de l'évasion de la fiscalité pour certaines
grandes personnes qui pouvaient abuser, suivant leur taille, d'une
réduction sur la possibilité de s'habiller de la même
façon que les plus jeunes, on dira que ce sont deux mesures
complètement anormales dans le contexte actuel. Le ministre des Finances
a mal choisi les endroits où il devait taxer pour aller chercher les
sommes dont il avait besoin.
Le Vice-Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, si je me lève pour
parler au sujet de ce projet de loi à cette heure tardive à
laquelle les media d'information brillent par leur absence, c'est parce qu'il y
a quelque chose d'important qui se passe ici. Nous avons devant la Chambre un
projet de loi étrange, et sont plus étranges encore la
conviction, la fierté, le sourire même avec lesquels les
ministériels présentent et défendent ce projet de loi.
Le ministre des Finances a dit que c'est une adaptation à
l'inflation. Il y a peut-être une petite adaptation dans cette
augmentation du plancher au-delà duquel la taxe devient imposable. Mais
l'inflation gruge déjà le pouvoir d'achat des gens. Si ces gens
dépensent moins pour faire tourner la roue de l'économie parce
qu'ils dépensent davantage pour payer des taxes au gouvernement, ce
n'est pas ce que moi j'appelle une lutte à l'inflation.
Nous avons en jeu ici une industrie qui, selon les calculs que font
savamment les économistes est ou bien la deuxième ou bien la
troisième en importance au Québec. Nous parlons beaucoup de notre
industrie touristique.
Nous dépensons pour faire l'annonce de notre valeur touristique
un peu partout dans le monde, notamment en Amérique du Nord. Nous avons
des délégations générales ici et là. Si une
des importantes fonctions de ces délégations
générales n'est pas d'attirer des touristes vers nous, surtout
depuis la baisse de l'immigration que nous connaissons depuis un certain temps,
je me demande pourquoi nous dépensons toutes ces sommes.
Comme vous, peut-être, M. le Président, comme plusieurs
dans cette Chambre, j'en suis convaincu, j'ai été à la
délégation du Québec à New York, sur la 50e Rue, si
ma mémoire est fidèle. On y entre et qu'est-ce que l'on voit au
foyer et dans le principal bureau d'accueil? Ce sont des annonces touristiques
et du matériel touristique, des dépliants que l'on offre à
tout le monde et des conseillers sont là pour indiquer aux gens les
attraits du Québec. Mais, M. le Président, quand les gens
apprennent ce que coûte une chambre d'hôtel à
Montréal, par comparaison avec ce que la même chambre ou une
chambre tout à fait comparable coûte à Toronto ou ailleurs
au Canada, ce n'est pas exactement un attrait pour le Québec.
Qu'on pense, M. le Président le ministre en a fait mention
brièvement, mais il n'a pas insisté beaucoup là-dessus
au régime de taxation qui est fait aux hôtels de
Montréal notamment. Je parle notamment de Montréal parce que
là on a ce régime particulier de taxe d'eau, inventé il y
a un certain nombre d'années et qui demeure parce que, de toute
évidence, la ville ne se presse pas pour faire disparaître cette
taxe spéciale, ayant besoin d'argent, comme on le sait. Le gouvernement
aurait pu se pencher là-dessus. Il aurait pu modifier ce régime
particulier ou amener la ville à le modifier en offrant un petit coup de
main qui aurait compensé cette perte de revenus. Quand on pense aux
taxes d'affaires, quand on pense aux taxes scolaires qui sont le double pour
les industries sur l'île de Montréal, quand on pense à la
surtaxe de $0.60 sur l'excédent des $100 000 d'évaluation, ce qui
couvre, de toute évidence, presque tous les hôtels, on peut
comprendre pourquoi les chambres sont cotées à des niveaux aussi
élevés. On peut comprendre aussi que le taux d'inoccupation soit
aussi élevé qu'on le connaît présentement.
M. le Président, ici-même, dans la ville de
Québec, il était un temps où si, par exemple, la
Chambre, par une motion de fin de session, était appelée à
siéger le lundi et qu'un député, arrivant à
Québec pour cette séance de la Chambre, sans avoir pensé
que normalement la Chambre siège à partir du mardi, n'avait pas
fait de réservation de Chambre d'hôtel, pouvait se trouver dans
une difficulté considérable pour trouver une telle chambre. Mais
savez-vous ce qui se passe maintenant, M. le Président? On appelle les
hôtels de Québec, on demande la réservation d'une chambre
pour se faire répondre: On n'a pas besoin de prendre des détails,
venez tout simplement.
Nous avons beaucoup de chambres libres. C'est dans ce climat et ce
contexte économique que l'on augmente la taxe. J'ai dit que c'est un
projet de loi étrange, M. le Président.
On parle de la valeur de notre industrie touristique, parce que, pour
créer un nouvel emploi, il faut un certain investissement et l'on dit
que, si l'on compare l'industrie touristique avec l'industrie
manufacturière, avec l'industrie lourde, l'investissement par nouvel
emploi est inférieur et de beaucoup a celui qui est nécessaire
pour créer un emploi dans l'industrie lourde, par exemple.
Peut-être que l'écart est de 1 à 5 ou de 1 à 6
même.
Nous avons une école où nous formons du personnel
spécialisé pour assurer que notre industrie touristique sera
accueillante aux visiteurs. Mais, M. le Président, si nous n'avons pas
de visiteurs, nous allons là aussi créer des chômeurs
instruits.
Je viens de lire, dans une revue américaine, quelque chose qui
n'est même pas une annonce pour le Québec, c'est un article
où l'auteur veut suggérer au lecteur des endroits en
Amérique du Nord où l'on peut aller à bon marché,
si l'on ne peut se permettre d'aller plus loin en payant plus cher les frais de
voyages. Il est indiqué là en quelque sorte, ce que je traduis
approximativement: Si vous ne pouvez aller à Paris, allez donc à
Montréal, vous pouvez y trouver une cuisine française de
première classe je m'excuse auprès de nos amis
français; mais je cite l'auteur sans la prétention sadique
que l'on trouve dans certains restaurants en France. C'est une bonne annonce
pour le Québec, une annonce gratuite, mais des gens risquent de venir et
de trouver que véritablement ce n'est pas moins cher qu'à
Paris.
M. le Président, il me semble que si l'on veut améliorer
les choses, améliorer l'économie du Québec, il faut
commencer par la productivité. Entre parenthèses, je suis loin
d'être convaincu que ce que nous annonce le gouvernement, comme institut
de productivité, va changer grand-chose. Il y a une volonté, une
inspiration, il y a un engagement qu'il faut inculquer aux gens et il faut un
leadership gouvernemental pour faire cela, pas simplement la création
d'un organisme quelconque. Il faut améliorer le climat
économique, M. le Président, ou bien la roue ne tournera pas et
c'est ce qui se passe en ce moment.
Pendant que j'étais ministre et avant et depuis, j'ai toujours eu
l'habitude de ce que je pour-
rais appeler des visites paroissiales. Je suis allé un peu
partout dans la province. Je me rappelle qu'il n'y a pas tellement longtemps,
j'étais dans une petite municipalité située à la
frontière des Etats-Unis.
J'étais au presbytère et je causais avec le curé.
Le curé me racontait avec tristesse son habitude de s'asseoir ou bien
sur le perron de l'église ou bien devant le presbytère et compter
les voitures qui traversaient vers les Etats-Unis. Et il m'a dit: C'est
extraordinaire le nombre que je peux compter en une seule journée, et ce
n'est même pas une porte principale douanière des Etats-Unis.
C'est un bureau secondaire de douanes. Il comptait 1000 voitures par jour et
plus certaines fins de semaine de l'été.
M. le Président, ce n'est pas avec de telles lois que nous allons
renverser la direction de ces voitures, que nous allons les garder au
Québec.
M. le Président, je résume ma pensée en disant
simplement ceci: Le ministre parle d'une adaptation à l'inflation. Lui
et son gouvernement parlent d'une amélioration quelconque de la
situation économique au Québec. Ils me font penser au mauvais
vieux temps de la médecine où l'on pensait pouvoir guérir
des maladies en saignant le malade.
Le Président suppléant (M. Boucher): M. le
député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je ne pouvais
évidemment m'êmpêcher d'intervenir dans le débat en
deuxième lecture sur le projet de loi no 60, présenté
aujourd'hui par le ministre des Finances, qui prévoit une augmentation
très substantielle encore une fois au chapitre des différentes
taxes imposées aux contribuables québécois. Ce projet de
loi affectera tout le flot de touristes, je ne sais pas si le terme "flot de
touristes" peut être adéquat depuis quelques années, mais
quand même toutes les personnes qui sont susceptibles d'avoir besoin des
services de l'hôtellerie.
M. le Président, vous savez, mon collègue de D'Arcy McGee,
comme d'autres, probablement, avant que j'aie l'occasion d'arriver, a fait
état de l'importance du secteur du tourisme, du ministère du
Tourisme, de l'activité commerciale du tourisme au Québec, de
l'importance, dis-je, pour notre économie. On se rappellera qu'à
de nombreuses reprises les membres du gouvernement ou autres ont informé
la Chambre ou d'autres groupes ou associations qu'au Québec une des
industries importantes était l'industrie touristique. M. le
Président, dès l'annonce de la nomination du ministre du
Tourisme, vers le 26 novembre dernier, quant à moi, je me disais que
probablement ce ministre serait appelé, en tant que titulaire du
ministère du Tourisme, en tant que membre du Conseil des ministres,
à sensibiliser le ministre des Finances à l'égard de
certaines politiques budgétaires.
Je me disais: Cet homme-là, le titulaire du tourisme, aura
certainement beaucoup de boulot à abattre, compte tenu de la conjoncture
internatio- nale, compte tenu de la conjoncture américaine. On se
rappellera la position du gouvernement américain pour les congrès
tenus à l'extérieur des Etats-Unis. On était en droit de
s'attendre, somme toute, à un effort particulier déployé
par le gouvernement pour favoriser le développement de notre industrie
touristique.
On se rappellera d'ailleurs que le gouvernement, la formation politique
qui forme le gouvernement, le Parti québécois, avait repris
certains termes de sa campagne électorale. On n'a qu'à consulter
le programme, comme vous l'avez certainement fait avec beaucoup d'attention, M.
le Président, pour constater que le train de mesures au chapitre du
développement touristique qui était proposé par ce
gouvernement, qui devait être un vrai et un bon gouvernement, ne va pas
du tout dans le sens du projet de loi qui est déposé ce soir. Et
par surcroît, M. le Président, on était d'autant plus en
droit de s'attendre que des mesures particulières seraient
adoptées pour favoriser le développement de cette industrie que
dès le début de sa nomination à titre de ministre du
Tourisme, le député de Saint-Maurice, dans une de ses nombreuses
conférences de presse, une de ses nombreuses déclarations,
disait: Vous savez, il faut absolument que le gouvernement tente
d'équilibrer la balance commerciale qui est nettement déficitaire
pour le Québec au chapitre de l'industrie touristique parce qu'on sait
pertinemment qu'un paquet de gens du Québec vont à
l'extérieur. Fort de cette déclaration, fort de cette intention
du ministre, je présumais, M. le Président, que dans le budget
qui allait suivre, le premier budget de ce gouvernement, on aurait des mesures
qui, somme toute, viendraient diminuer la taxation, parce que c'est là
que c'est important.
Je vous ai dit, M. le Président, tantôt, toute l'importance
de cette mesure américaine qui est venue dire aux Américains: Si
vous allez faire des congrès à l'extérieur, si vous allez
tenir vos congrès à l'extérieur, cela aura une incidence
fiscale. Cette incidence est telle que beaucoup de groupes ont tenu leurs
activités dans leur pays et c'est explicable.
Par surcroît, le gouvernement comme en faisait état mon
collègue de D'Arcy McGee, depuis plusieurs années, fait de la
promotion à l'étranger. On vante le Québec, on dit que
c'est beau chez nous. C'est vrai que c'est beau chez nous. C'est vrai que c'est
bien chez nous. C'est vrai qu'on a beaucoup de choses à offrir. C'est
vrai qu'on a un potentiel qui est immense, mais encore faut-il, M. le
Président, qu'on ait la clientèle, qu'on se donne les moyens,
qu'on se dote des moyens pour favoriser cette expansion. Ceux qui sont quelque
peu familiers avec le type de clients qui viennent au Québec on
peut appeler nos touristes des clients constateront que tout près
de 68% de nos visiteurs utilisent, entre autres, un véhicule automobile.
On peut donc conclure qu'ils viennent du continent et particulièrement
d'autres provinces, d'un autre pays, le pays voisin qui est les Etats-Unis,
où il y a quand même beaucoup de concurrence à ce chapitre.
C'est important, avant de se rendre dans un endroit, de savoir combien
cela va nous coûter exactement. Aujourd'hui, on dit que la taxe
sur les repas partira de 8% et qu'elle montera à 10%. M. le
Président, cela a un impact appréciable.
Mon collègue de Charlevoix, tout à l'heure,
déplorait le coût élevé des repas au Québec
comparativement aux autres provinces et à certains Etats
américains. C'est fondé, M. le Président. Il n'est pas
rare, aujourd'hui, d'avoir à payer $20 ou $25 pour un repas pour deux
personnes. Si on tient pour acquis que ce repas coûte $20, par exemple,
avec une taxe de 10%, cela fait $22.
Avec un pourboire de 10% à 15%, cela fait encore $2 ou $3 de
plus. Pour quelqu'un qui envisage de venir faire un séjour d'une semaine
ou deux au Québec, cela a un impact particulier. Si le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche avait vraiment voulu favoriser
l'expansion du tourisme au Québec et inciter les Québécois
comme les gens des autres provinces ou d'autres pays à faire des
séjours plus prolongés au Québec et à profiter de
l'industrie hôtelière, on aurait été en droit de
s'attendre à une diminution des taxes à ce chapitre, parce que
cela coûte cher, dans l'hôtellerie.
Le député de D'Arcy McGee, qui connaît très
bien tout le secteur de Montréal et évidemment beaucoup d'autres
secteurs en raison de ses occupations depuis quelques années, a dit
tantôt des choses vraies. Nos hôtels sont vides à 60%, et
cela dans des périodes qui étaient les plus fortes pendant
l'année. Cela s'explique. Qu'on prenne le cas de Montréal comme
le cas de Québec, ici, les taxes municipales, les taxes directes ou
indirectes, les impôts fonciers ou autres sont tels que le prix des
chambres est exorbitant. Il est normal que le touriste américain ou
autre, avant de venir au Québec, avant de choisir le Québec,
compare les prix à gauche et à droite. C'est explicable, c'est ce
qu'on fait à l'occasion.
Alors, c'est très surprenant de voir un projet de loi comme
celui-là qui, somme toute, ne s'inscrit pas dans la volonté
exprimée, mais seulement exprimée par le ministre du Tourisme. De
deux choses l'une: soit que le gouvernement ne considère pas à
juste titre ou comme il le devrait les voeux formulés ou la
volonté du ministre du Tourisme et, alors, c'est inquiétant que
le ministre du Tourisme n'ait pas plus de poids que cela à
l'intérieur du conseil; ou encore on considère que notre
industrie touristique est dans une situation suffisamment confortable pour se
permettre une telle augmentation de taxe. Les deux sont inquiétants, M.
le Président.
On a eu, par surcroît, tout un train de mesures qui affectent le
tourisme, entre autres lorsqu'on a eu notre fameuse campagne "C'est beau chez
nous", l'été dernier. Mon collègue de D'Arcy McGee citait
tout à l'heure la rencontre qu'il avait eue avec un curé d'une
municipalité, près des frontières et il disait combien de
gens s'en allaient vers les Etats-Unis. Le projet de loi 60 vient s'ajouter
à cette conclusion de la politique: C'est beau chez nous! D'une part, la
politique, comme telle, pour inciter les Québécois à
rester au Québec n'a pas été concluante, ni positive.
D'ailleurs, le ministre du Tourisme l'a déclaré lui-même
à une émission qu'il enregistrait à
Télémétropole, il y a quelque temps, en disant: Vous
savez, je n'ai pas été chanceux. D'une part, le temps n'a pas
été beau au Québec et les gens sont allés à
l'extérieur et, d'autre part, les ministres ne m'ont pas
écouté; ils y sont allés eux aussi, le premier ministre en
tête. Un des impacts de cette politique a fait en sorte que beaucoup de
gens de l'extérieur et je suis convaincu que si le ministre du
Tourisme prenait la peine d'en discuter avec les représentants
gouvernementaux dans d'autres provinces, il serait à même de le
constater ne sont pas venus au Québec à la suite de cette
campagne qui, somme toute, disait aux gens: N'allez pas ailleurs qu'au
Québec, n'allez pas en Ontario, n'allez pas dans le Maine, et restez
chez nous! La réaction a été normale dans plusieurs cas:
des gens qui devaient venir au Québec ou qui avaient l'intention de
venir faire un tour au Québec on dit: Si c'est comme cela, si ce
gouvernement demande à ses citoyens de ne pas venir chez nous, on n'ira
tout simplement pas chez eux.
C'est un élément. Un autre élément, c'est le
projet de loi 60 comme tel. M. le Président, je vous disais tantôt
que plus de 60% des gens qui viennent au Québec viennent en automobile.
Je pourrais parler de l'effet de la loi 67 sur le tourisme, parce qu'il y aura
un effet. On est à même de le constater à la lecture du
projet de loi, selon les débats qui sont intervenus en Chambre et en
commission parlementaire, les réponses qui ont été
données par le député de Dorion, que l'application du
régime aux gens d'autres provinces ou d'autres pays qui viendront ici au
Québec fera en sorte définitivement que beaucoup de gens seront
probablement sceptiques avant de venir ici avec leur véhicule
automobile, en raison des normes qui s'appliqueront suite à l'adoption
de la loi 67.
Un autre élément, M. le Président, qui vient
s'ajouter à plusieurs autres et qui fait en sorte que le gouvernement
actuel, non seulement ne fait rien pour promouvoir l'industrie touristique,
mais, par surcroît, dans ce cas, il ajoute, par le projet de loi 60, une
taxe additionnelle qui, encore une fois, viendra mettre de côté,
viendra balayer peut-être l'immense travail qui a été fait
par les gouvernements précédents pour la promotion du
Québec. Tout le monde sait, M. le Président, je suis convaincu
que tous les membres de l'Assemblée sont conscients de toute la
dimension des approches, des échanges qui ont lieu
régulièrement par les fonctionnaires du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, par nos représentants dans
d'autres provinces ou à l'étranger, pour la promotion du
Québec.
Particulièrement, dans un type nouveau de voyages depuis quelques
années, un type de voyages sur lequel le gouvernement du Québec a
mis l'accent, soit le voyage-récompense. On se rappellera que le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, peu de temps
après sa nomination, après avoir pris connaissance des dossiers,
après avoir constaté que l'orientation de son
ministère dans son action à l'étranger se dirigeait
notamment vers une promotion accrue au chapitre des voyages-récompenses,
disait: Vous savezje me le rappelle, on avait eu l'occasion d'en discuter
aux crédits le gouvernement continuera à mettre l'accent
de la promotion du Québec au chapitre des
voyages-récompenses.
Dans les voyages-récompenses, M. le Président, cela
implique l'invitation aux étrangers à venir faire un
séjour au Québec. M. le Président, je peux vous donner
l'exemple de mon comté. Cet hiver, pour la première fois dans la
province de Québec, en collaboration avec les clubs de motoneigistes, en
collaboration avec l'entreprise privée, en collaboration avec des
groupes américains, nous aurons dans Portneuf pendant sept semaines un
groupe d'une cinquantaine de motoneigistes par semaine qui viendront en voyage
au Québec faire de la motoneige pour probablement la première
fois pour plusieurs d'entre eux. Cela, M. le Président, c'est plusieurs
milliers de dollars qui se dépenseront dans une région qui
s'appelle Portneuf, dans un comté qui s'appelle Portneuf.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre de ce nouveau type de
promotion, soit le voyage-récompense.
Directement, de façon définitive, un projet de loi comme
celui-là vient limiter, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, et
de beaucoup, les efforts, les interventions et les démarches qui sont
faits tant par les fonctionnaires du ministère que par nos maisons du
Québec, par nos représentants à l'étranger.
M. le Président, je ne formulerai qu'un voeu à la fin de
mon intervention de ce débat en deuxième lecture. Ce projet de
loi nous démontre, comme je vous le disais tantôt, soit que le
gouvernement considère que cela va bien dans l'industrie touristique;
c'est florissant, il n'y a pas de problème, on peut se permettre
d'augmenter et de taxer davantage. Soit que le gouvernement se dit cela ou
encore... Le ministre délégué à l'énergie
semble d'accord, mais j'aimerais bien qu'il me le confirme. M. le
Président, est-ce que j'ai le droit de poser une question? Non, on n'est
pas à la période des questions. M. le Président, vous
devriez envoyer un petit page. Le ministre délégué
à l'énergie ne déploie pas beaucoup d'énergie.
M. le Président, je disais ceci...
M. Bellemare: Le leader pourrait peut-être réveiller
le ministre délégué à l'énergie.
M. Pagé: Est-ce que le député de Johnson
veut dire que le leader devrait réveiller le ministre
délégué à l'énergie?
M. le Président, je disais en conclusion: II y a deux choses, le
projet de loi no 60 démontre deux possibilités. Soit que ce
gouvernement considère que cela va bien dans l'industrie touristique,
qu'il n'y a pas de problème, que c'est florissant, que les hôtels
sont pleins; cela va pour le mieux dans le meilleur des mondes. S'il le pense,
il se trompe, la situation est tout autre. Le ministre du Tourisme devrait le
savoir et par surcroît devrait le faire va- loir au Conseil des
ministres. Si ce n'est pas cela, c'est l'autre possibilité. Le ministre
du Tourisme, même s'il a formulé des voeux pieux, même s'il
a exprimé sa volonté de promouvoir le Québec,
d'améliorer la situation qui prévaut actuellement, même
s'il a fait tout cela, cela démontre qu'il n'a pas d'autorité
dans le Conseil des ministres, pas du tout. Le ministre des Finances lui a
probablement dit: Tes remarques, tes commentaires, on les met de
côté, on a besoin d'argent, on va chercher 2% additionnels dans ce
secteur et cela va se chiffrer par tant de millions par année, on en a
besoin. Vous, M. le député de Saint-Maurice, tranquille!
M. le Président, que ce soit une possibilité ou l'autre,
c'est particulièrement inquiétant dans le contexte où
cette industrie est importante pour le Québec. C'est une des industries
importantes du Québec, un des secteurs importants. Compte tenu de la
situation qui prévaut, c'est plus qu'inquiétant. J'ose croire
qu'on n'aura pas d'autres projets de loi comme ceux-là qui pourront
éventuellement affecter l'industrie touristique. Ce serait
inacceptable.
Le Vice-Président: Est-ce que je comprends que M. le
ministre fait la réplique? M. le ministre des Finances.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais d'abord
présenter en réplique un certain nombre d'observations quant au
projet de loi lui-même et, pour terminer, un certain nombre de
réflexions quant aux pensées exprimées à haute voix
du leader de l'Union Nationale qui, je pense, serviront utilement à
terminer cette journée.
Commençons par le projet de loi lui-même. Une chose
m'étonne dans un certain nombre de réflexions qui ont
été apportées ce soir et c'est la suivante: II
était clairement indiqué dans les renseignements
supplémentaires pour le discours sur le budget, page 18, que la
majoration de 8% à 10% sur les repas au-delà de $3.25 compensait,
était d'un montant équivalent au coût, pour le
trésor public, d'augmenter de $2 à $3.25 l'exemption.
C'est écrit, imprimé et connu. Je vous avouerai que dans
ces conditions, je n'arrive pas à comprendre ceux qui m'ont
précédé et qui s'imaginent que, par cette taxe, le
gouvernement irait chercher de l'argent. C'est revenu une demi-douzaine de fois
ce soir et à moins ce que je me refuserais, M. le
Président de considérer que les membres de cette
Assemblée ne lisent pas le discours du budget, ni les notes
supplémentaires, ni les notes explicatives, jamais je n'accepterai une
pareille hypothèse.
Je suis malgré tout surpris de constater qu'entre un certain
nombre de discours de ce soir et la page 18 encore une fois des
renseignements supplémentaires sur le discours du budget, il ne semble y
avoir aucune espèce d'adéquation. On aurait pu reprocher à
ces estimations de ne pas être correctes; on aurait pu, j'imagine, dire
que le ministre des Finances s'est trompé; on aurait pu
mettre en doute les chiffres dont il s'agit. Mais affirmer froidement
que c'était un moyen, pour le gouvernement, d'aller chercher de l'argent
alors qu'il est clair comme de l'eau de roche, dans ce que je viens d'indiquer,
que c'est hors de question que le gouvernement aille chercher de l'argent
là-dedansce n'était pas du tout son intention me
paraît un peu surprenant. Il faut croire que, les mois passant, la
mémoire s'estompe et que, peut-être, l'énergie de lire
s'estompe aussi.
Cette mesure a été envisagée dès le
départ comme une mesure de redistribution et rien d'autre. On a dit: II
n'y a pas de repas en bas de $3.25 actuellement et on invoque, pour ce dire,
que le ministre des Finances doit manger plus cher que cela. Piètre
argument, M. le Président. Bien sûr, on pourra rectifier le tir;
je suggérerais qu'au fur et à mesure où les années
passent, on relève périodiquement ce niveau. L'idée reste
fondamentalement la même, c'est-à-dire que ceux qui n'ont pas des
revenus très élevés puissent manger le midi
surtout, puisque ce sont les heures qui sont entre leurs périodes de
travail sans être taxés.
Deuxième chose, M. le Président, on a dit: Cette mesure
gêne le tourisme horriblement. Le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, manifestement, n'aurait pas fait les pressions
nécessaires auprès du ministre des Finances. On a dit, comme le
suggérait le député de Johnson, que même des gens
qui n'ont pas beaucoup de moyens auront à payer $0.35 de plus. Je ferai
observer au député de Johnson que $0.35 de plus, en vertu de la
taxe dont nous parlons ce soir, ne peuvent être perçus que sur des
repas de $17.50 chacun.
Je l'invite fortement, d'abord, à procéder par la
règle de trois, puis ensuite à faire la démonstration par
la preuve par neuf, que nous avons tous apprise à l'école. $0.35
de plus, M. le Président, représentent un repas de $17.50. Si des
repas de $17.50 365 jours par année sont disponibles à un certain
nombre de gens, je suggère que ce ne sont probablement pas les gens qui
n'ont pas beaucoup de moyens.
Une Voix: Un à zéro.
M. Parizeau: Je continuerai en disant ceci: Effectivement, M. le
Président, pour les repas de plus de $3.25, on accroît la taxe de
8% à 10%. Je n'irai pas jusqu'où allait le député
de Johnson; je me limiterai à des repas de $10. Pour un repas de $10,
cela fait $0.20 de plus. Impact sur le tourisme. Bien, impact sur le tourisme,
M. le Président, cela veut dire essentiellement ceci: depuis un an, le
taux de change du dollar canadien a baissé de 10%. Donc, pour
l'Américain qui vient au Québec, un repas de $10 lui coûte
$9 dans son argent à lui, par rapport à il y a un an. On l'a
augmenté de $0.20, mais il a gagné $1. Je soumets, M. le
Président, sans que nous soyons responsables de la dévaluation du
dollar canadien, que le touriste au Québec aujourd'hui est passablement
plus avantagé qu'il ne l'était il y a un an, par exemple.
M. Bertrand: Deux à zéro.
Une Voix: Sophisme.
M. Parizeau: J'entends, M. le Président, sophisme. Je
reviens non pas au sophisme, mais à la règle de trois que nous
avons tous apprise à l'école et à la preuve par neuf.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. Parizeau: Mais bien sûr. Le Vice-Président:
II le permet.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre réalise qu'il y a quand
même dans la cuisine des importations américaines, dans les
saisons d'hiver que nous avons; légumes, salades ou autres? Est-ce que
les prix des repas au Québec sont les mêmes par rapport à
l'année dernière cette année?
M. Parizeau: Puisque c'est à cela que fait allusion le
leader de l'Opposition officielle, le taux d'inflation au Canada est, à
l'heure actuelle, un peu supérieur à 8%. Il avait
été prévu, avant la dévaluation du dollar canadien,
comme devant être de l'ordre de 6% ou de 6 1/2% Effectivement, la
dévaluation du dollar canadien implique sur l'indice du coût de la
vie une augmentation de combien? 1,5% peut-être, 2% au maximum, parce
que, dans l'indice du coût de la vie, entrent bien d'autres choses que le
prix net des importations.
M. Lavoie: Le salaire minimum qui a été
augmenté depuis l'année dernière.
M. Parizeau: Dans ces conditions... A l'ordre!
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: A l'ordre! Oui, M. le Président, à
l'ordre!
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Lavoie: C'est du sophisme pur.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Parizeau: Alors, reprenons...
Le Vice-Président: M. le ministre, à l'ordre, s'il
vous plaît! Sans nommer personne, M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Reprenons, M. le Président, la
démonstration et, puisqu'on exige des précisions, que chacun
sorte son crayon et qu'on calcule.
M. Bertrand: Pas trop vite.
M. Parizeau: L'augmentation du coût de la vie au Canada est
de l'ordre de 8.5%. L'augmentation du coût de la vie aux Etats-Unis est
voisine de 7%. Devinette?
M. Marchand: ... coûte combien?
M. Parizeau: Pour une différence de 1.5%, est-ce qu'une
dévaluation de 10 est supérieure à 1.5? Oui ou non.
Réponse: Oui, c'est supérieur de 8.5? 10 moins 1.5%, cela fait
à peu près 8.5.
Je cite ces chiffres de mémoire, M. le Président, je
pourrais me tromper de un, deux ou trois dixièmes, je m'en excuse
à l'avance, mais je n'ai pas les chiffres devant moi. Il n'en reste pas
moins que je continue de soutenir que le touriste qui vient au Québec
aujourd'hui est dans une situation préférable à ce qu'elle
était il y a un an à pareille date. Cela ne veut pas dire, et
j'ai été le premier à le reconnaître, que les
hôtels ne sont pas trop taxés. Il me semble qu'effectivement, sur
le plan de la taxe foncière, toutes les études qu'on a faites au
cours des derniers mois, indiquent qu'il y a au Québec une situation qui
me paraît anormale et qu'il faudrait peut-être corriger. Je suis
vivement intéressé, pour ceux qui voulaient attaquer le ministre
du Tourisme tout à l'heure, à discuter ces choses pour voir dans
quelles mesures cela peut être corrigé. Cela n'a rien à
voir avec le projet de loi que nous avons devant nous.
Il me reste, M. le Président, pour conclure...
M. Marchand: La défense est faible.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Parizeau: ... à discuter d'un certain nombre de choses
qui n'ont absolument rien à voir avec le projet de loi, mais dont j'ai
compris tout à l'heure que la présidence reconnaissait qu'elles
pouvaient être discutées, c'est-à-dire le rôle que,
dans sa grande générosité, le leader de l'Union nationale
m'attribuait, alors que j'étais fonctionnaire. Je ne sais pas, M. le
Président, quel rapport cela peut avoir avec le débat de ce soir.
Mais, puisque la présidence dans un premier temps a reconnu que le
député de Johnson pouvait en faire état, j'espère
que la présidence tolérera que j'en discute aussi.
J'ai toujours pensé, M. le Président, que les
gouvernements étaient faits pour gouverner. Lorsqu'un ancien ministre de
la couronne indique qu'un fonctionnaire pouvait forcer un gouvernement à
siéger le samedi, pouvait forcer un gouvernement à manger des
sandwichs, pouvait forcer un gouvernement à faire toute espèce de
choses qu'un gouvernement normalement ne peut pas faire, je ne peux que noter
une chose, M. le Président, c'est que c'était un gouvernement qui
devait être, par certains de ses membres, en tout cas, très
faible.
M. Bertrand: Quatre à zéro.
M. Lavoie: Est-ce que le député de Vanier applaudit
son père?
M. Parizeau: Je crois, M. le Président...
Le Vice-Président: Messieurs, rien de ce que vous dites
n'est enregistré. Je vous en prie. M. le ministre des Finances, sur la
pertinence du débat.
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais...
M. Lavoie: ... éducation...
M. Parizeau: ... conclure...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
à l'ordre, à l'ordre!
M. le député de Laurier, s'il vous plaît! M. le
ministre des Finances, attendez tout simplement que l'orage soit
passé.
M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Je crois, M. le Président, comme je le disais
tout à l'heure, que ce n'est pas parce que le gouvernement était
faible, mais parce que certains de ses membres l'étaient. Et lorsque je
vois, les années ayant passé, des hommes regretter de ne pas
avoir eu, à ce moment, l'énergie qu'il aurait fallu pour imposer
au gouvernement dans lequel ils étaient de ne pas procéder comme
ces hommes auraient voulu que les gouvernements procèdent, je suis
peiné, j'ai un peu pitié. Je me dis qu'au fond ils étaient
probablement pas tout à fait dans le coup, parce que les gouvernements,
normalement, gouvernent, parce que les premiers ministres auxquels le
député de Johnson faisait allusion étaient des premiers
ministres, parce qu'ils savaient ce qu'ils voulaient. Si tant est que l'un ou
l'autre des ministres ait regretté le rôle qu'il n'a pas tenu
à ce moment-là, c'est son problème. Et lorsque, par
exemple, le député de Johnson a dit, et je pense qu'on constatera
que cela a été enregistré, lorsqu'il a dit: Si je n'avais
pas été là malheureusement, je le paraphrase, je
n'ai pas encore les textes devant moi ou si je les ai, je ne les ai pas encore
lus lorsqu'il dit: Si je n'avais pas été là nous
serions restés moins longtemps au pouvoir, en me disant qu'à
cause de moi le gouvernement qu'il représentait serait resté
moins longtemps au pouvoir, M. le Président, je dis ceci: Comment
peut-on rester au pouvoir moins longtemps que la période entre deux
élections? Ce gouvernement a été élu en 1966, il a
été battu en 1970 et j'ai quitté ce gouvernement comme
fonctionnaire, comme consultant, en 1969. Je veux bien avoir raccourci la
période entre deux élections, mais cette période n'est que
de quatre ans, M. le Président, et elle déterminait
essentiellement le choix d'un premier ministre.
M. Bellemare: On sait comment elle a été aussi.
M. Parizeau: Alors, dans ces conditions... M. Bertrand:
Sept à zéro. M. Bellemare: Cela fait pitié.
M. Lavoie: ... Québec si vous n'étiez pas venu au
monde, vous.
M. Parizeau: Dans ces conditions, M. le Président, j'en
termine avec ces réflexions de fin de soirée qu'évoquaient
chez moi les observations du député de Johnson. Je crois, comme
je l'ai dit, qu'elles n'avaient aucune espèce de pertinence au
débat, mais je ne pouvais pas m'empêcher, vous l'accepterez
volontiers, d'y répondre. Je reviens au débat lui-même et
je propose l'adoption, en deuxième lecture, ainsi que je l'avais fait au
début de ce débat, de la loi 60.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Est-ce que, de part et d'autre, M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle...
Une Voix: Ce n'est pas enregistré...
Le Vice-Président: Je le sais. A l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député de Laurier. M. le leader parlementaire
du gouvernement, après la réplique du ministre, je me demande ce
que vous désirez.
Travaux parlementaires
M. Burns: M. le Président, je suis informé que mes
collègues d'en face vont demander un vote enregistré. Est-ce que
je présume bien de vos intentions? On me dit oui du côté de
l'Opposition officielle. Dans ces circonstances, je vous demanderais, en vertu
de notre nouveau règlement ses-sionnel, de reporter le vote, s'il vous
plaît, à la période requise aux affaires courantes
demain.
Le Vice-Président: D'accord. Evidemment, si vous me le
permettez, pour que tout soit en ordre, M. le leader parlementaire du
gouvernement, il y a consentement, le projet de loi no 60,
présenté par le ministre des Finances, a été
débattu et le vote est reporté, selon notre nouveau
règlement, à demain, à l'heure que nous choisirons.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
donner un cours à qui q'ue ce soit, surtout qu'il y en a sûrement
quelques-uns qui pourraient m'en donner, sur la procédure parlementaire,
mais, à cause de la motion qui a été adoptée
demain, pardon déjà la fatigue nous prend en fin
d'après-midi, qui nous permet de siéger maintenant à
compter de 10 heures le matin, je rappelle à nos collègues que la
période des questions parce que la question m'a été
posée à plusieurs reprises aujourd'hui et les affaires
courantes en général commencent dès 10 heures. L'ordre du
jour est prescrit dans la motion, mais il faudrait quand même se rendre
compte que c'est dès demain matin que la période des questions
aura lieu, c'est-à-dire l'élément probablement le plus
électrisant des affaires courantes.
Je rappelle également, M. le Président, que je ferai
motion le consentement m'a été refusé pour trois
commissions pendant que la Chambre siège, mais possiblement je
l'obtiendrais pour deux, du moins, on verra demain si j'ai le
consentement demain, pour qu'il y ait deux commissions, à moins qu'on ne
veuille en faire un ordre de la Chambre immédiatement. Demain? Vous
voulez voir si je vais être un bon garçon d'ici ce temps.
D'accord. Si tel était le cas, c'est-à-dire si j'avais ce
consentement, M. le Président, il s'agira de la commission des
consommateurs, coopératives et institutions financières
relativement au projet de loi 67 et de la commission de la justice relativement
aux projets de loi qui sont inscrits au feuilleton d'aujourd'hui. A ce moment,
on serait obligé de laisser tomber la commission du travail et de la
main-d'oeuvre qui devait siéger relativement au projet de loi no 45,
demain matin.
En même temps, en Chambre, nous reviendrons avec le projet de loi
no 61 inscrit au nom du ministre du Revenu et qui apparaît au feuilleton
à l'article 12) Loi modifiant la Loi de l'impôt sur la vente en
détail. Dans le cours de l'après-midi, demain j'essaie de
vous donner le plus possible d'informations nous aurions, si jamais le
projet de loi no 61 n'était pas terminé à 12 h 30
même si je suis autorisé à faire siéger la Chambre
jusqu'à 13 heures demain, nous arrêterons à cause de
l'ordre de nos travaux et à cause surtout du personnel qui nous assiste
à l'Assemblée nationale, à midi trente pour ne reprendre
nos travaux qu'à 14 heures.
A 14 heures, nous reprendrions sur l'article qui, demain,
apparaîtra je ne sais pas à quel numéro
probablement au numéro 1, mais qui est en appendice aujourd'hui,
c'est-à-dire la motion de clôture relativement au projet de loi no
67.
M. Bellemare: Est-ce que...
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: A titre de renseignement, est-ce que le projet de
loi no 67 sera au salon rouge ou au 91-A?
Celle de la justice, à quel endroit
précisément?
M. Burns: M. le Président, je m'excuse, on vient de
m'indiquer quelque chose. J'en sais gré au secrétaire
général de l'Assemblée nationale. Nous reprendrons nos
travaux demain après-midi, seulement à 15 heures, parce que la
motion le dit textuellement. Ne tenez pas compte de cet avis de 14heures que je
vous ai donné. De toute façon, ce n'était pas un avis, on
aurait sûrement débattu ce problème demain, lorsque
l'occasion se serait présentée.
M. Bellemare: Est-ce que le leader du gouvernement peut nous dire
que le projet de loi no 67 sera au salon rouge et la justice à 81-A?
M. Burns: Non, je ne peux pas vous dire cela, ce sera
probablement demain après les affaires courantes que je vous le
dirai.
Le Vice-Président: Je m'excuse, M. le leader parlementaire
du gouvernement, est-ce que je
comprends... A l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que je comprends
que les travaux de cette Assemblée ne reprendront que demain à 15
heures.
M. Burns: Non.
Le Vice-Président: A 10 heures. Bon. Vous ferez vos avis
et vos motions.
M. Burns: Sur ce, M. le Président, pour que ce soit bien
clair, je propose l'ajournement des travaux de l'Assemblée nationale
à demain...
Une Voix: C'est débattable.
M. Burns: Oui, c'est débattable jusqu'à minuit. ...
10 heures.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division. Les travaux
de cette Assemblée reprendront demain à 10 heures, sur
division.
(Fin de la séance à 23 h 35)