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(Quinze heures treize minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
La séance est ajournée pour quelques instants.
M. Burns: M. le Président, elle est suspendue.
Le Président: Suspendue, plutôt. (Suspension de la
séance)
Reprise de la séance à 15 h 19
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Le lieutenant-gouverneur va maintenant faire son entrée. Veuillez
vous lever.
Allocution d'ouverture
Le Lieutenant-Gouverneur: Mesdames et messieurs de
l'Assemblée nationale, il m'est très agréable d'accueillir
ici dans cette enceinte les représentants du peuple réunis pour
entreprendre les travaux de la deuxième session de la 31e
Législature.
Je désire souhaiter à tous et à chacun une cordiale
bienvenue. Il est heureux que cette première session
régulière de la nouvelle Législature s'ouvre en ce Jour
international de la femme. Cela nous permet de rendre un hommage particulier au
rôle essentiel que les Québécoises ont joué dans la
survie de notre nation et à celui, plus grand encore, qu'elles sont
appelées à remplir dans son épanouissement.
Les travaux que vous entreprenez aujourd'hui seront certainement d'une
grande importance pour le bien-être et l'avenir des citoyens et des
citoyennes du Québec par les solutions profondes et réalistes que
vous apporterez aux problèmes politiques, économiques et sociaux
qui les confrontent présentement.
En vertu d'un amendement que vous avez apporté lors de la
dernière session au règlement de l'Assemblée nationale,
c'est le premier ministre qui, dans un instant, vous en donnera les grandes
lignes. Pour ma part, en déclarant ouverte cette deuxième session
de la 31e Législature, je vous exhorte à toujours mettre au
premier plan de vos préoccupations le bien général de la
nation et à poursuivre vos discussions avec la dignité qui a
marqué votre première session.
Mesdames et messieurs de l'Assemblée nationale, puissent vos
délibérations être éclairées pour le plus
grand bien du Québec et de tous ceux et de toutes celles qui
l'habitent.
Le Président: Veuillez vous asseoir.
Question de privilège Décision de M. le
Président
Le Président: J'ai reçu avis, avant l'ouverture de
cette session, d'une question de privilège que le leader parlementaire
de l'Opposition officielle voulait soulever avant l'appel des affaires du jour.
Si on s'en tient à l'article 49, paragraphe 1, une question de
privilège ne peut être soulevée qu'avant l'appel des
affaires du jour. Or, aujourd'hui, conformément à un protocole
précis établi par le règlement, la session n'est ouverte
que par l'allocution d'ouverture qu'en fait le lieutenant-gouverneur
prévue à l'article 3 du feuilleton du 8 mars 1977. Il ne peut
donc rien y avoir avant l'appel des affaires du jour puisque la session n'est
pas ouverte.
En interprétant le règlement, je ne peux donc aujourd'hui
entendre la question de privilège du leader parlementaire de
l'Opposition officielle. Je dois donc la renvoyer à demain,
première journée ordinaire de la session.
D'autant plus que je dois m'en tenir à l'interprétation
qui avait déjà été soutenue devant cette Chambre le
7 mars 1972, journée de l'ouverture d'une session, dans des
circonstances similaires, par le député de Bonaventure,
aujourd'hui chef parlementaire de l'Opposition officielle: Tout le monde sait
ici, et vous le savez mieux que quiconque, M. le Présidentc le
président c'était le député de Laval
qu'à chaque journée de l'ouverture de la session nous
procédons selon un ordre qui a été établi dans ce
règlement à l'article 90 et également par les usages de
cette Chambre.
Le 23 février 1971, un an plus tôt, dans les mêmes
circonstances, le jour de l'ouverture de la session, le président
d'alors, aujourd'hui leader parlementaire de l'Opposition officielle, avait
refusé d'accepter la présentation d'une motion d'urgence, s'en
tenant à la lettre à l'ordre du jour prévu pour cette
journée spéciale d'ouverture de la session.
Je prends donc la question en délibéré et nous y
reviendrons demain.
M. Lavoie: M. le Président, sur une question de
règlement, je me rends compte que vous avez rendu déjà
votre décision avant que je puisse argumenter sur la question de
règlement quand même.
M. Burns: M. le Président, sur une question de
règlement également, je m'excuse, vous avez justement, selon les
mots du leader de l'Opposition, rendu votre décision. Je ne vois pas
qu'à partir de maintenant on puisse faire autre chose que d'utiliser
l'ordre du jour qui est préparé aux affaires du
jour. Je ne vois pas que le leader de l'Opposition puisse venir nous
dire, à ce stade-ci, parce qu'il n'y a pas d'appel des décisions
du président... Vous verrez, à un moment donné, combien
notre style de gouvernement est assez différent du vôtre. Vous
verrez cela.
Une Voix: De la dictature.
M. Burns: Et là-dessus, M. le Président, pour
répondre au député de Verdun qui ose, lui qui a
participé avec quel brio dans le passé, avec quel brio...
M. Lavoie: A l'ordre! M. le Président, question de
règlement!
M. Burns: En répondant à ce député,
je vous demande de revenir aux affaires du jour, c'est-à-dire au stade
où nous en sommes rendus. Je m'excuse, M. le Président.
M. Lavoie: M. le Président, une question de
règlement. Une question de règlement. Vraiment, avec tout le
respect que je vous dois, vous ne m'avez pas permis un seul mot pour appuyer la
présentation de ma question.
C'est un précédent que je n'ai jamais connu en 17 ans,
déjà, de parlementarisme ici, que vous n'ayez pas permis, cela ne
s'est jamais produit, à ma connaissance, que vous ne donniez pas
l'occasion et là je soulève une question de
privilège à un membre de cette Assemblée de pouvoir
dire ce qu'il a à dire à l'appui d'une motion. Je prends à
témoin les six ou sept députés qui siègent en face
de nous à savoir si, à une seule occasion, un incident de la
sorte s'est produit.
Je voudrais, sur cette question de privilège, citer
peut-être un seul auteur, Bouriot, quel que soit...
M. Burns: M. le Président, je m'excuse, mais votre
décision est rendue.
M. Lavoie: Est-ce que je peux dire un mot après tout ce
qu'il a dit tout à l'heure en dehors de toute règle
parlementaire, M. le Président?
Le Président: M. le leader de l'Opposition officielle, si
votre intervention est pour venir à rencontre de ma décision, je
vous dis que je maintiens ma décision et qu'elle est finale. Si c'est
pour autre chose, je suis disposé à vous entendre.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, on me
permettra à ce moment-ci d'intervenir sur une question de
règlement également. Vous comprendrez, M. le Président,
que nous avons toujours manifesté un grand respect pour la
présidence, mais, comme le signalait il y a un instant le
député de Laval, il nous semble, et c'est dans la pratique
parlementaire, qu'un député qui veut présenter une
question de privilège, qui vous en a donné avis selon les
dispositions de notre règlement, devrait avoir, même s'il y a dans
votre déci- sion des éléments dont vous nous avez
informés, au moins sur la question de l'opportunité d'en discuter
aujourd'hui, l'occasion de s'exprimer.
Je m'oppose fermement à cette intervention du leader
parlementaire du gouvernement à savoir qu'il s'agit d'un style de
gouvernement. C'est là, M. le Président, que je m'oppose et je
m'oppose fermement, parce que ce n'est pas un style de gouvernement, c'est un
style...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président: Ma décision est rendue.
M. Lavoie: M. le Président, excusez-moi, sur cette
question...
M. Bellemare: Sur la même question, juste un instant, M. le
Président, j'aimerais tout simplement vous faire remarquer une chose, en
respectant votre décision qui est peut-être logique dans les
circonstances, mais que nous n'approuvons pas comme parlementaires.
Bien entendu, nous avons le droit à notre dissidence. Il y a
aussi un règlement qui est fait pour tout le monde dans cette Chambre,
un règlement par lequel il est prescrit un ordre bien spécifique
que vous êtes personnellement tenu de suivre. Il est dit à
l'article 3: La procédure normale à suivre et dans laquelle il
est tenu compte de toutes les exceptions que pourraient invoquer soit le leader
du gouvernement ou un autre membre de cette Chambre, et particulièrement
dans une question de privilège comme celle qui est aujourd'hui devant
nous...
Vous lirez vous-même, M. le Président, je sais que vous le
connaissez. Cinquièmement: la procédure de l'Assemblée
nationale fait que nous sommes régis par des lois c'est ça
la loi de la procédure par le règlement lui-même,
par des règlements adoptés pour la durée de la
présente session, par des ordres spéciaux adoptés en vertu
de certains articles. Mais, M. le Président, j'attire votre attention
sur le cinquièmement, par les précédents établis
par suite de l'interprétation des règlements de la
procédure parlementaire. Et plus loin que cela, dans notre
règlement, à l'article 4, vous avez une spécification qui
vous concerne, vous, personnellement, dans cette reconnaissance des
précédents établis, puisqu'on dit à l'article 4: Le
président décide en tenant compte de tous les usages et des
coutumes de l'Assemblée nationale depuis son origine. Et cette
décision, je la respecte, puisque nous sommes forcés de le faire,
mais comme parlementaire, je dis par exemple qu'elle outrepasse un peu le droit
qu'ont les députés de faire cette intervention.
En vertu véritablement de notre Parlement, s'il faut
déchirer la page, M. le Président, c'est signe que cette page
n'est plus bonne, parce que ce sont les gens de l'autre côté...
Si, en respectant votre décision, je suis obligé de
déchirer quarante pages de mon règlement pour faire plaisir
à ces honorables messieurs...
Le Président: M. le leader de l'Union Nationale, je ne
voudrais pas non plus déchirer la page qui vous dit que lorsque le
président se lève, vous devez vous asseoir.
M. Lavoie: M. le Président, pour terminer cet incident,
avec votre permission...
Le Président: A l'ordre! Messieurs, je voudrais expliquer
encore une fois, que la décision que j'ai rendue ne portait pas sur la
nature de la question de privilège. Je n'ai jamais dit que la question
de privilège était irrecevable. J'ai dit que j'en prenais avis
pour demain. Je ne voudrais pas qu'on mêle les choses. Alors, pour
être bien clair, je prends avis de votre question, M. le leader de
l'Opposition officielle, pour demain.
M. Burns: A l'ordre!
M. Lavoie: Avec votre permission, M. le Président...
Des Voix: A l'ordre! A l'ordre!
M. Lavoie: Voulez-vous arrêter de vous énerver, la
session vient juste de commencer?
M. Burns: Bien, voyons-donc! Qu'est-ce que vous faisiez dans le
temps que vous étiez là? Vous avez fait cela.
Le Président: A l'ordre! Est-ce que M. le leader du
gouvernement voudrait me remplacer? Un dernier mot.
M. Lavoie: M. le Président, au lieu de remettre ma
question de privilège et pouvoir en discuter demain ce n'est pas
mon intention de changer le scénario qui était prévu
avec votre permission, pourrais-je faire ma question de privilège
immédiatement après le discours du premier ministre, avant
l'institution de la commission de l'Assemblée nationale? Je crois qu'une
question de privilège doit être faite à la première
occasion. Demain, vous pourriez me dire: Vous auriez dû l'invoquer hier
et je ne veux pas perdre mon droit.
Le Président: Votre question de privilège a
été faite à la première occasion, si vous voulez
vous rassurer; ce sera pour demain.
M. le premier ministre.
Une Voix: Cela fait l'affaire du président et c'est notre
jour.
M. Lavoie: Allez-vous tolérer que vos partisans
applaudissent dans les tribunes?
Le Président: M. le leader de l'Opposition
officielle...
M. Lavoie: Je peux me retirer.
Le Président: ... nous sommes à l'Assemblée
nationale, je crois. Je voudrais demander aux gens qui sont dans les galeries
réservées au public de ne pas manifester de quelque façon
que ce soit.
Message inaugural
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, mesdames et
messieurs les députés. Le 15 novembre dernier l'Assemblée
nationale du Québec se métamorphosait, ce qui, on s'en rend
compte, ne change pas nécessairement toute l'atmosphère du jour
au lendemain. On l'a déjà dit, ce bouleversement électoral
n'est pas apparu d'abord, ni même principalement, comme le
résultat de l'action directe des partis.
A notre humble avis, ce qui est vraiment arrivé, c'est
l'expression éclatante, et jusqu'au dernier moment plutôt
inattendue, d'une prise de conscience collective qui avait fait son chemin peu
à peu, en se précisant et en s'accentuant d'année en
année.
C'est le plus normal des phénomènes, d'ailleurs, que ce
genre de cycle qui, dans l'évolution d'une société, vient
périodiquement lui permettre de faire le point sur elle-même,
d'exprimer avec une clarté inhabituelle certaines de ses plus fortes et
profondes aspirations aussi bien que les plus aigus de ses sujets de
mécontentement, et ainsi de faire savoir pour un certain temps comment
et avec qui elle entend corriger le présent et aménager
l'avenir.
Voilà, selon nous, l'événement qu'a vécu
l'automne dernier le peuple québécois, ou plus
précisément le Québec français. Et nous n'avons pas
à cacher la fierté que nous ressentons, de ce
côté-ci de la Chambre et partout où nous sommes
présents et actifs, d'avoir été désignés par
les citoyens pour être les instruments politiques de cette étape
de renouveau.
Aucun parti, bien sûr, pas plus qu'aucun homme ni aucune femme,
n'aurait la prétention ridicule d'aller jamais s'imaginer qu'il puisse
pleinement mériter un tel choix. Aux plans du Parlement et du
gouvernement, comme partout dans la vie, les instruments humains seront
toujours terriblement imparfaits. Mais l'imperfection même dont nous
sommes bien conscients n'est qu'une incitation de plus à consacrer tous
les dons et toutes les énergies dont on peut disposer, ou qu'on peut
mobiliser, à l'accomplissement des projets et des réformes, de
relance comme de remise en ordre que le peuple a très évidemment
souhaités.
La suite de ce discours et puis la session tout entière diront si
nous n'avons pas trop mal compris ces exigences et si nous tâchons
adéquatement d'y répondre pendant la première année
de notre mandat. Mais, pour commencer, il serait utile, et peut-être
même indispensable, d'essayer de définir quelques-uns des traits
principaux du visage que le Québec semble vouloir se donner
dorénavant, et qu'il espère sans doute que nous tous, des deux
côtés de cette Chambre, nous aidions à modeler solidement
pour l'avenir.
Parmi ces choses qui se passent en nous de ce temps-ci au Québec,
et qu'on doit sentir à moins d'être vraiment coupé du
peuple québécois,
il en est une qui est peut-être la plus importante de toutes:
c'est ce sursaut extraordinaire de confiance en soi qui a sans aucun doute
constitué la caractéristique la plus saisissante du scrutin de
novembre et de ses lendemains.
En réagissant comme elle l'a fait contre l'arsenal naguère
encore si puissant des propagandes de la peur et de la petitesse, notre
collectivité a franchi un seuil qui mérite, incontestablement, ce
qualificatif d'historique dont on abuse trop souvent II y avait là un
tournant si clairement perceptible et si sain à la fois que, même
chez ceux que les résultats avaient déçus, il en est
beaucoup qui se sont mis à partager, par la suite, la fierté
tranquille et décontractée par laquelle le Québec
était parcouru. Cette fierté nouvelle et cette confiance en soi,
issues d'un processus parfaitement démocratique, représentent
à la fois un progrès sans précédent et un tremplin
pour le lancement de tous les projets et de tous les espoirs
réalisables.
N'est-ce pas de là, par exemple, qu'est sorti pour s'affirmer
comme jamais cet immense désir qu'il y a, présentement, d'une
société qui trouverait le moyen d'être à la fois
plus efficace et plus humaine? Il est des gens pour qui ces
préoccupations apparaissent contradictoires, comme si l'une devait
automatiquement exclure l'autre. Pourtant, il n'en est rien. Au contraire,
toutes et chacune des sociétés du monde industrialisé
sont, comme nous, face à ce double défi d'avoir,
désormais, à se montrer en même temps plus productives et
plus vivables aussi. Les générations nouvelles nous signifient
sans équivoque qu'elles n'accepteront plus jamais que le facteur humain
soit traité, comme autrefois, en laissé pour compte des
opérations économiques. Une loi nouvelle, aussi impérative
que n'importe quelle autre, s'ajoute ainsi aux statuts les plus fondamentaux de
la société civilisée, celle du respect de l'homme et de la
qualité de sa vie.
Mais, d'autre part, la vieille loi du travail demeure toujours en
vigueur elle aussi. Dans un monde qui devient de plus en plus impitoyable pour
les traînards, les Québécois, comme tous les peuples, ont
l'obligation de se retrousser les manches, et chacun, selon ses
capacités, doit fournir sa juste part de l'activité et de la
richesse collective. Lorsqu'on est équipé pour le faire, c'est
même un devoir de stricte honnêteté à l'égard
de la société que de ne jamais se laisser porter passivement par
les autres qui acceptent de trimer.
Enfin, parmi ces courants que l'on ne peut pas ne pas ressentir, on
discerne aussi chez les Québécois un besoin sans
précédent de clarté et d'information, le désir de
connaître leur réalité vraie, de savoir au fur et à
mesure la nature exacte de leurs problèmes, les vrais mobiles des
agissements politiques, administratifs et autres, qui s'effectuent en leur nom.
Le gouvernement a tâché, depuis quelques mois, pour commencer
à répondre à ce besoin, d'agir le plus possible au grand
jour, de mettre la population au courant de son action, des difficultés
rencontrées aussi bien que des solutions esquissées. C'est ainsi
qu'on a rétabli, dès le départ, peut-être même
à l'excès parfois, les contacts réguliers avec les media
d'infor- mation, et qu'on rend publics les mandats qui sont confiés aux
membres du gouvernement. Nous avons l'intention de maintenir et d'accentuer
sans cesse cette "transparence" de la prise de décision et de la besogne
de l'Etat, et, il va sans dire, d'en faire le fondement des relations que le
gouvernement entend avoir avec l'Assemblée nationale.
Non seulement ce climat de clarté maximum est-il une condition
préalable à toute participation sérieuse des citoyens aux
principaux efforts de développement, mais il constitue également
un des piliers les plus essentiels de la liberté tout court.
Derrière la façade indispensable mais fragile des droits formels,
en effet, surtout à une époque complexe et jargonneuse comme la
nôtre, il n'est plus de véritable liberté pour une
population si l'on ne prend pas soin de lui transmettre
régulièrement le portrait réel et bien concret de sa
condition sociale et économique. C'est dans cette perspective,
justement, que le gouvernement abordera, d'ici quelques semaines, l'examen des
crédits budgétaires aussi bien que la présentation du
budget pour l'année qui vient.
Voilà donc, brièvement, la toile de fond telle qu'elle
nous apparaît. Il y a là autant de fécondes promesses que
nous avons à tenir ensemble, autant de potentiels tangibles qu'il va
falloir stimuler sans répit, car tout cela provient du fond le plus
riche et le plus éclairé du Québec. Et ce serait
véritablement pour reprendre, en l'adaptant un peu, une
expression qui a déjà servi un crime contre l'avenir de
tout un peuple que d'aller gaspiller cet élan qui peut nous porter
ensemble vers plus de justice, plus de liberté, plus de dignité
et plus de démocratie.
Or, dans le fonctionnement d'une société
démocratique, il n'est probablement rien de plus indispensable que la
crédibilité des institutions politiques et celle des partis qui
se forment en vue d'en assumer la direction. Cette crédibilité,
les sondages ne sont pas seuls à nous apprendre qu'elle est
dangereusement entamée par les temps qui courent. Nous aurons donc, en
priorité, à la renforcer sur le plan national par des lois qui
régiront strictement les caisses électorales et qui augmenteront,
du même coup, le financement public des activités essentielles des
partis, mais tout en facilitant aussi, par une déductibilité
modeste des contributions, la participation populaire à ce financement
de l'action politique. Nous devrons également nous préparer
à remplir une tâche équivalente et tout aussi
indiquée à l'échelle municipale. En cours d'année,
nous entamerons, de plus, le travail plus vaste et complexe qui nous
mènera à une réforme complète de la loi aussi bien
que de la carte électorales, dont l'une et l'autre auront à
être en place bien avant le prochain scrutin.
A notre avis, il est non moins nécessaire d'améliorer dans
quelques secteurs clés la gestion interne du gouvernement afin de mieux
assurer aussi bien l'intégrité que l'efficacité de
l'administration publique. C'est ainsi que nous aurons à procéder
à une refonte de la Loi de la fonction publique, de même
qu'à l'adoption d'une loi sur le Vérificateur
général.
On proposera également une loi nouvelle sur la gestion du domaine
foncier de l'Etat. Enfin, la Loi de l'administration financière sera
modifiée afin de définir plus précisément les
rapports entre le gouvernement et les sociétés d'Etat qui se sont
multipliées en ordre plutôt dispersé depuis une quinzaine
d'années et qui représentent une part sans cesse croissante du
patrimoine collectif.
De plus, à la suite de certains gestes préliminaires, nous
entendons définir très prochainement un ensemble cohérent
de nouvelles mesures administratives qui auront pour objectif de
débarrasser l'administration publique de tout favoritisme politique.
Les fonds publics ne sont pas ceux du parti au pouvoir. Ils ne doivent
donc pas servir à favoriser des amis ou à récompenser ceux
qui ont contribué au financement électoral. Tout comme les
fonctionnaires doivent être nommés suivant la règle du
mérite, les contrats gouvernementaux doivent être accordés
en fonction de la compétence et du moindre coût.
Au cours des quinze dernières années, des progrès
ont été accomplis dans l'élimination du patronage, dans
l'embauche des fonctionnaires et l'octroi des contrats. Mais il est
malheureusement demeuré des zones qu'on pourrait dire
réservées, où le "bon patronage" est demeuré roi et
maître, notamment dans les contrats de construction de moins de $25 000,
dans la location d'immeubles, dans l'embauche du personnel occasionnel et du
personnel étudiant, dans les contrats de services professionnels comme
aussi dans l'octroi de subventions discrétionnaires.
Le gouvernement a décidé de prendre les mesures
nécessaires pour mettre fin, autant qu'il est humainement possible,
à tout patronage quel qu'il soit. Même dans les cas où il
est impossible de définir des critères objectifs de
compétence ou de prix, on peut s'arranger pour donner, autant que
possible, une chance égale à tous et éliminer les choix
politiques.
Mais un tel changement, s'il ne veut pas rester une simple
déclaration de bonnes intentions, suppose la mise en oeuvre de nouvelles
règles administratives et l'établissement d'un appareil de
contrôle efficace. Dès le mois de décembre dernier, le
gouvernement a demandé au Conseil du trésor de lui proposer une
façon de procéder pour atteindre cet objectif. Ce travail
littéralement gigantesque s'est poursuivi depuis à une cadence
accélérée, au point où un premier rapport sera
présenté au Conseil des ministres au cours des prochaines
semaines et on prévoit que l'ensemble de la réforme pourrait
être mis en place d'ici la fin de l'été.
Ajoutons, en ce qui touche directement la vie parlementaire, qu'on
poursuivra la révision de la Loi de la législature pour
moderniser et pour renforcer les règles régissant la
prévention des conflits d'intérêts. Et nous gardons aussi
bon espoiren dépit de certaines déceptions initiales
d'aborder bientôt l'expérience éminemment
démocratique et possiblement instructive de la
télédiffusion des débats de la Chambre.
Parmi ces débats qui occuperont les mois qui viennent, tout le
monde sait que certains des plus importants seront d'ordre culturel. Dans une
société nationale à laquelle le jeu de l'évolution
politique, économique et démographique a fait subir de
très sérieux problèmes d'identité, et même de
simple survivance, il est évident que la vitalité culturelle et
linguistique va constituer une priorité absolue, une priorité
dont l'élément central, à la fois l'âme et le
ciment, c'est toujours la langue. Comme l'écrivait Alexis de
Tocqueville, ce grand observateur que d'aucuns prétendent annexer
à leurs vues sans le consulter, "le lien du langage est peut-être
le plus fort et le plus durable qui puisse unir les hommes". Comme aussi, bien
sûr, il peut les désunir dangereusement à l'occasion.
Or, il est bien connu que la législation actuelle sur la langue
n'a pas donné des résultats satisfaisants, à tel point que
pendant la dernière campagne électorale, tout un chacun en est
venu à parler de la modifier ou de la remplacer.
Vu l'incertitude qui règne à ce propos autour de la
prochaine année scolaire, et quoiqu'il soit très conscient du
caractère extrêmement délicat de l'opération, le
gouvernement a décidé qu'il fallait bel et bien la remplacer sans
plus attendre. Nous aurons donc à étudier très
bientôt une nouvelle loi générale, qui sera
accompagnée d'un livre blanc aussi explicite que possible, et dont nous
espérons qu'elle pourra vraiment mériter de s'appeler la Charte
du français au Québec.
Sur ce continent, dont les courants dominants tendent a nous
pénétrer comme autant d'incitations constantes à une
certaine décomposition culturelle, cette loi devra d'abord être
une affirmation claire, vigoureuse et sans détour de la primauté
absolument normale de la langue française au Québec. Mais elle
devra, en même temps, refléter la confiance en soi et l'esprit de
tolérance adulte d'une nation qui sait aujourd'hui qu'elle n'a pas
besoin de former un ghetto pour s'affirmer et s'épanouir.
Aussi, pour ces minorités actuelles de notre peuple qui sont
d'autres souches et qui ont conservé ou adopté l'anglais comme
langue principale, la loi devra également, avec
sérénité, et pourquoi pas avec
générosité, leur permettre de maintenir, à
l'école et ailleurs, leur propre identité. En y mettant de part
et d'autre toute la bonne foi et la compréhension dont nous sommes
capables, je suis sûr que nous arriverons à résoudre
convenablement cette apparente quadrature du cercle.
Par ailleurs, le gouvernement précédent avait
présenté à la population, au moyen d'un livre vert, toute
une gamme de choix possibles quant à la définition d'une
politique globale de la culture. Depuis lors, on a reçu près de
deux cents mémoires au sujet de ces hypothèses de travail. Afin
de passer le plus rapidement possible à la phase de l'action, le
gouvernement a donc chargé le Comité permanent du
développement culturel de définir, avant l'ajournement
d'été, les éléments essentiels de cette politique,
les structures nécessaires pour la mettre en oeuvre et les lois
spécifiques qu'il faudra aussi adopter.
De même, du côté de l'éducation, en même
temps que des ressources accrues seront immédiatement affectées
à l'enseignement du français, à l'enseignement religieux
et à celui de l'histoire et de la géographie, en même temps
aussi qu'on poursuivra les efforts pour mieux établir les conditions
d'une vigoureuse décentralisation scolaire, il va falloir, le plus vite
possible, poursuivre et conclure l'examen d'ensemble de tout le système
et de son contenu qu'exigent à l'évidence les difficultés
croissantes de ces dernières années et l'inquiétude, pour
ne pas dire le mécontentement, qu'elles ont suscités dans tous
les milieux. Cela prendra en priorité la forme, déjà
annoncée, d'une étude sur l'université et son avenir.
Mais c'est le résultat tout entier des grands chambardements des
années soixante qu'il va falloir également scruter avec beaucoup
de soin, et c'est déjà commencé, afin d'en corriger les
lacunes de plus en plus flagrantes tout en évitant de laisser
dévaluer le rattrapage et la démocratisation indispensables
qu'ils ont permis.
Ce qu'il faut enrayer avant tout, dans le secteur public en particulier,
c'est une impopularité croissante de l'éducation elle-même,
qui risque d'être considérée comme une sorte de mal
nécessaire que les citoyens endurent en trouvant que ça
coûte trop cher pour ce que cela rapporte, où les enseignants se
voient de plus en plus comme les mal aimés de la société
et où un nombre angoissant d'élèves ont tout simplement
hâte d'en sortir. S'il s'agit de bien préparer notre avenir
immédiat aussi bien que lointain, il n'est guère de plus haute ni
de plus pressante urgence.
On pourrait dire des choses passablement analogues et il faut envisager
le même genre de révision en ce qui concerne le secteur non moins
vaste, non moins vital et non moins coûteux des Affaires sociales.
Effectivement, le gouvernement s'est déjà mis à
l'étude intensive des correctifs les plus nécessaires, et il en
fera part à l'Assemblée nationale et à la population
dès qu'il y verra clair.
Entre-temps, il est un certain nombre d'actions précises,
constituant pour la plupart des engagements formels du gouvernement, que nous
proposerons au cours de cette session. On vous demandera
d'accélérer la fourniture gratuite des soins dentaires aux
enfants. Egalement de rendre les médicaments accessibles à toutes
nos personnes âgées.
Nous entendons de plus mettre sur pied, au rythme le plus rapide que
permettront les contraintes budgétaires, un système efficace de
transport des malades, dont l'insuffisance et même parfois l'absence
à peu près complète sont devenues absolument
intolérables.
Compte tenu des moyens disponibles, d'autres mesures budgétaires
seront également prises pour accroître les services de garderies
et de soins à domicile.
Il est par ailleurs des catégories de personnes qui souffrent
plus que leur part normale d'épreuves, et qui ont souffert encore
davantage à cause des délais prolongés que l'Etat a mis
à soulager leurs problèmes. C'est pourquoi vous serez appe-
lés, le plus tôt possible, à étudier la Loi de la
protection de la jeunesse ainsi qu'une loi destinée à assurer les
droits de la personne handicapée.
Un autre domaine de véritable urgence sociale, dont le
gouvernement a l'intention de s'occuper intensément, c'est celui de la
protection du consommateur. Le Ouébec a dû attendre jusqu'en 1971
pour obtenir sa première loi à ce sujet, mais cette
législation, qui est toujours en vigueur, est tellement timide que
l'ancien gouvernement avait jugé bon lui-même, l'an dernier, d'en
proposer une refonte complète. Ce travail sera repris à la
lumière des représentations qui ont été
reçues, de manière à rétablir une bonne fois
l'équilibre depuis longtemps rompu entre consommateurs et
commerçants. Et l'on visera à ce que le nouveau texte de la loi
soit plus clair et plus facilement applicable que l'ancien en même temps
qu'il accroîtra les pouvoirs et les ressources de l'Office de protection
du consommateur.
C'est dans la même optique que l'on vous présentera aussi
une loi permettant l'action de groupe qui, sous le nom de "class action", s'est
déjà généralisée un peu partout en
Amérique du Nord.
Probablement parce qu'il cadrait mal avec l'individualisme foncier de
notre droit civil, ce recours collectif n'avait pas encore trouvé sa
place dans notre procédure judiciaire et comporte pourtant
d'énormes avantages pour le citoyen ordinaire à qui il permet de
faire reconnaître des droits qui, autrement, seraient condamnés
à demeurer purement théoriques, surtout lorsqu'il faut affronter
de grandes entreprises contre lesquelles tout recours est normalement trop
complexe et trop onéreux. Nous vous demanderons donc d'introduire chez
nous cette nouvelle et indispensable procédure, tout en évitant
qu'on puisse en abuser par une multiplication futile des litiges ou par des
poursuites exorbitantes.
Dans le même ordre d'idées, nous vous suggérerons
également d'amender le Code de procédure civile pour faciliter le
recours aux tribunaux, notamment en augmentant à $500 la juridiction de
la Cour des petites créances.
Est-il besoin d'ajouter aussi que vous serez appelés dans les
plus brefs délais à vous pencher sur notre régime
d'assurance-automobile, dont tous reconnaissent depuis longtemps qu'il est dans
un état lamentable. Non seulement les Québécois
paient-ils, et de loin, les primes les plus élevées au Canada,
mais encore sont-ils très mal protégés, surtout en
matière de dommages corporels: le règlement des litiges est
devenu interminable et près de 30% des victimes n'arrivent pas à
se faire indemniser. Seul un régime public d'assurance-automobile pourra
corriger cet état de fait. Le gouvernement s'est engagé à
mettre sur pied, dès cette année, la première étape
d'un tel régime, et il tiendra promesse. De plus, étant
donné que cette loi touchera directement presque toutes les familles
québécoises, elle sera soumise à une forme nouvelle de
consultation qui n'aura pas à s'éterniser tout de même, je
tiens à le souligner, c'est-à-dire la consultation par voie
de
commission parlementaire itinérante. Ainsi, nous pouvons
espérer qu'avant la fin de l'année, les automobilistes du
Québec pourront bénéficier d'un nouveau régime
d'assurance qui répondra adéquatement à l'essentiel de
leurs besoins.
Quant à la protection de l'environnement, nous avons
déjà marqué l'importance que nous lui accordons en nommant
un ministre qui est responsable à temps plein. Voués
jusqu'à ce jour à des tâches normatives, les Services de
protection de l'environnement joueront dorénavant, en plus, un
rôle de promoteur, avec la mission précise d'aider tous les
Québécois à acquérir ce qu'on pourrait appeler une
conscience sociale à l'égard de leurs milieux de vie, avec le
goût de les protéger et de les défendre adéquatement
contre toute agression.
Pour en arriver à cet objectif, on commencera par mettre sur
pied, dans les plus brefs délais, un réseau de groupes de
citoyens prêts à animer un programme de participation à
cette défense de la qualité du milieu. Pour sa part, le Conseil
consultatif se verra confier un mandat d'écoute plus active des
personnes, des corps intermédiaires et des entreprises qui font face
à des situations-problèmes.
En plus de ce programme qu'on a bon espoir d'enraciner directement dans
la population, il va sans dire que les Services de protection de
l'environnement gardent aussi leur rôle dans la lutte contre la pollution
industrielle qu'ils auront à intensifier en s'occupant principalement
des dossiers sur la qualité de l'atmosphère et sur les
méfaits du mercure, de l'amiante et de l'anhydride sulfureux.
En matière de protection publique, le Québec a connu
récemment des perturbations graves qui ont heureusement pu être
contenues dans les limites tolérables, mais dont il importe
d'éviter la répétition dans l'avenir. A cette fin, le
gouvernement s'attachera à redéfinir les fonctions respectives du
Conseil de la Communauté urbaine de Montréal, du Conseil de
sécurité et du Service de la police de la Communauté
urbaine. Il verra également à ce que les policiers municipaux,
dont les salaires ont fait l'objet d'un avis de la Régie des mesures
anti-inflationnistes, soient traités avec équité.
Quant à la réorganisation des tribunaux, dont
l'étude avait été entreprise sous le gouvernement
précédent, c'est notre intention d'en saisir l'Assemblée
nationale au cours de la présente session.
En novembre 1975, d'autre part, une entente a été
signée avec les Indiens et les Inuit affectés par le
développement de la baie James. Comme il s'était engagé
à le faire, le gouvernement du Québec a fait ratifier cette
entente par l'Assemblée nationale. Il est à espérer que le
gouvernement fédéral, qui a également signé
l'entente et qui a pris le même engagement, verra à y donner suite
dans les meilleurs délais. Quant à nous, nous ferons le
nécessaire pour remplir les obligations qui ont été
assumées en vertu de cette entente, en saisissant l'Assemblée
nationale d'une série de projets de loi pour mettre en place les
mécanismes qui y sont prévus.
Parallèlement, nous poursuivrons les négociations avec les
autres nations indiennes en vue d'en arriver, là aussi, à des
accords satisfaisants.
Et maintenant, je voudrais traiter quelques instants, avec une
insistance spéciale, de la manière dont le gouvernement entend
aborder ces deux grandes facettes de l'activité collective, que l'on
oppose facilement l'une à l'autre, parce qu'elles sont
régulièrement génératrices de conflits, alors
qu'elles sont aussi et indissolublement complémentaires: le
développement économique et les relations de travail.
Disons d'abord ce que chacun sait. Dans l'ensemble, la conjoncture
économique n'est pas réjouissante, et cette langueur maintient un
chômage cruellement élevé, qui refuse de se
résorber.
C'est un fait brutal que cette permanence excessive du chômage, et
qui s'est encore accentué depuis deux ans, tandis que la situation
économique allait se détériorant sans cesse davantage. De
6,6% en 1974, c'est ainsi que le taux moyen du chômage au Québec
augmentait à 8,1% en 1975, puis à 8,7% l'an dernier. Vu le
plaisir morbide qu'on semble prendre dans certains milieux à nous
inventer une crise qui serait brusquement apparue un certain soir de novembre,
il est sûrement légitime de souligner que les graves
difficultés d'aujourd'hui ne sont surtout pas nouvelles. Il n'est pas
inutile non plus de noter à condition de ne pas s'en attribuer le
mérite que, même si la situation n'a pas substantiellement
changé, il y a eu une légère amélioration depuis
quelques mois. En effet, au cours des trois derniers mois dont les statistiques
soient connues, et par rapport aux trois mois précédents,
l'emploi au taux annuel a même progressé de 2,8% au Québec,
comparativement à une diminution de 2,5% en Ontario et de 0,8% dans
l'ensemble du Canada.
Ajoutons tout de suite que ces chiffres ne sont pas employés du
tout pour donner le change. Ils ne révèlent de toute
manière qu'une amélioration marginale et fragile. Le gouvernement
est douloureusement conscient de l'impossibilité de modifier la
conjoncture économique de façon décisive non seulement du
jour au lendemain, mais par quoi que ce soit d'autre qu'un patient et
inlassable effort de développement, qui devrait requérir une
vraie mobilisation de toutes nos ressources. Mais, dans le contexte actuel,
l'Etat québécois se sait privé d'une part
prédominante de ces ressources et de plusieurs des instruments les plus
essentiels de l'action économique, qui demeurent l'apanage exclusif du
gouvernement fédéral, et dont on aurait besoin pour agir chez
nous avec un maximum d'efficacité. Nous savons donc que nous n'avons pas
les moyens de tout régler, mais aussi que nous n'aurions pas d'excuse si
nous négligions d'employer tous les outils dont nous disposons pour
stimuler l'économie et réduire quelque peu le chômage.
C'est ce que nous entendons faire assidûment, et chaque fois que le
gouvernement fédéral voudra bien agir dans le même sens,
dans le contexte actuel, il sait que nous n'hésiterons pas à
collaborer avec lui.
En matière de développement économique, la
philosophie du gouvernement est très claire: Nous
comptons mettre en valeur d'abord et avant tout les facteurs proprement
québécois. Ces facteurs, ils sont suffisamment nombreux et riches
en potentiel pour nous rendre vraiment prospères, à condition que
cette prospérité, ce soit nous qui la fassions. On peut et on
doit s'attendre, sans doute, à des apports intéressants de
l'extérieur, mais on ne doit jamais s'attendre au progrès
d'ensemble comme à un cadeau. Comme tous les peuples, les
Québécois ont à compter d'abord sur eux-mêmes et sur
leurs propres ressources.
C'est d'ailleurs dans cet esprit que nous avons déjà
annoncé un certain nombre de mesures que nous sommes présentement
à mettre en place. Ainsi, nous entendons mettre en oeuvre la politique
d'achat du gouvernement qui favorise résolument nos entreprises
québécoises et aussi en étendre la portée à
tout le secteur public et parapublic, y compris les municipalités.
Nous n'allons pas nous arrêter là. Au contraire, en
dépit du caractère terriblement serré des calculs
budgétaires que nous imposent aussi bien la conjoncture que certaines
coupures injustifiables effectuées par Ottawa, nous allons mettre de
l'argent neuf dans la lutte au chômage, jusqu'à la limite des
possibilités. Le gouvernement a décidé de lancer un
programme spécial de mesures à court terme destinées
à créer de l'emploi et d'y consacrer plusieurs dizaines de
millions de dollars. Les modalités en seront annoncées dans les
crédits budgétaires que le ministre des Finances déposera
avant la fin du mois.
Mais je tiens à préciser immédiatement que ce
programme spécial comprendra un volet particulièrement important
d'aide à l'habitation et au développement domiciliaire, de
façon à faire d'une pierre deux coups: combattre le chômage
et répondre à des besoins sociaux criants. Et pour soulager les
régions périphériques qui sont les plus touchées
par la pénurie d'emplois, nous proposerons des travaux de reboisement et
d'amélioration de l'accès aux ressources forestières, de
même qu'une extension des traitements sylvicoles et aussi une assistance
à l'embauche d'ouvriers agricoles. Il y aura également des
programmes spéciaux, entre autre aux ministères des Travaux
publics et des Transports.
Il ne faut cependant pas limiter au court terme l'action dans le domaine
économique. Notre développement passe par un accroissement de la
productivité du secteur industriel, sinon il sera toujours compromis.
Cela viendra surtout d'une modernisation des modes de production et d'une
présence plus agressive de nos industries sur le marché
international. C'est pourquoi nous vous proposerons des mesures
concrètes pour stimuler, notamment, le développement de
l'industrie manufacturière au moyen d'avantages fiscaux et d'incitations
au réinvestissement des profits au Québec. Il y aura
également une loi pour aider à l'expansion et à la
réorganisation des entreprises proprement québécoises. Et
nous comptons aussi vous présenter bientôt la loi qui
créerait cet organisme impatiemment attendu, une société
de développement coopératif.
Il y aura encore une nouvelle loi sur l'allocation de la matière
ligneuse, de façon à favoriser l'exploitation rationnelle de nos
forêts qui alimentent notre principal secteur industriel. Sans compter
les efforts budgétaires qu'il faut consacrer à la relance de
l'industrie minière dans le Nord-Ouest québécois et une
promotion substantiellement accrue de l'industrie touristique.
Quant à l'agriculture, le moins qu'on puisse dire, c'est que les
politiques conçues en dehors du Québec n'ont guère servi
à aider nos producteurs; ces derniers temps surtout, elles semblent
même viser systématiquement à leur couper l'herbe sous le
pied. C'est ainsi que, l'an dernier encore, le revenu des agriculteurs
québécois a connu une baisse substantielle.
Aussi, le gouvernement a-t-il décidé de prendre, comme il
l'avait d'ailleurs promis, une série de mesures pour tâcher
jusqu'à la limite de ses pouvoirs et de ses moyens d'améliorer la
situation autant que faire se peut.
Dans les crédits budgétaires, on allouera des sommes d'une
importance majeure au drainage souterrain, afin d'augmenter au plus vite la
productivité de nos terres et l'autosuffisance dans divers secteurs.
Le programme de stabilisation des revenus sera étendu et une aide
accrue sera accordée aux boisés privés. On
procédera aussi à la construction de serres
expérimentales, afin de propager cette forme encore trop méconnue
de production et que, pourtant, notre climat appelle de toute
évidence.
Pour commencer aussi à réaliser un engagement tout autant
social qu'économique, nous amorcerons une mise en place progressive de
la distribution gratuite du lait dans les écoles.
Et enfin, pour donner suite à un autre engagement formel et
particulièrement important pour l'avenir, le gouvernement saisira
l'Assemblée nationale d'un projet de loi destiné à assurer
enfin le zonage et la protection de nos terres agricoles, ce qui mettra nos
sols arables à l'abri de la spéculation et de l'envahissement
urbain et permettra de préserver pour demain l'un des morceaux les plus
précieux du patrimoine collectif.
J'en viens maintenant à cet autre aspect essentiel de la
santé collective, y compris la santé économique: les
relations de travail. Chez nous, comme n'importe où dans le monde, il
est indispensable au progrès que le climat du travail et les relations
entre employeurs et employés se portent le mieux possible et que,
même et surtout en cas de désaccord, on parvienne au moins
à s'entendre sur certaines réalités auxquelles on
n'échappe pas et sur les limites certaines qu'on ne saurait
dépasser sans se faire plus de tort que de bien.
Pour notre part, nous avons profité de quelques questions
épineuses, qui étaient déjà pressantes avant notre
entrée en fonction, pour poser en vrac les premiers jalons de la marche
que nous entendons suivre. C'est ainsi que le gouvernement a opté, sans
délai, pour le respect intégral des conventions collectives
signées par ses prédécesseurs, qu'il a respecté
scrupuleusement l'autono-
mie des parties tout en faisant tous les efforts légitimes pour
hâter le règlement de conflits aigus dans le monde universitaire
et de tensions toujours inquiétantes au sein de nos corps policiers, et
puis aussi qu'il acceptait d'emblée, tout récemment, d'accorder
des droits normaux aux employés occasionnels de l'Etat.
Evidemment, il va falloir aller bien plus loin. Il nous faudra sans
doute, d'ici quelque temps, effectuer de profonds changements dans le Code du
travail. Ce n'est pas d'hier qu'on en ressent le besoin, de toute façon,
puisqu'on a même annoncé, à diverses reprises, quelque
chose comme une révision ou une refonte qui n'est pas venue. Avant d'en
faire autant, on comprendra que, la leçon ayant porté fruit, le
gouvernement actuel tienne d'abord à être sûr de son fait et
à procéder à toute la consultation nécessaire.
D'ici là, cependant, il est un bon nombre de situations
précises et bien connues que nous pouvons et que nous devons rectifier
sans retard. Ainsi, vous serez appelés à établir par une
loi ces conditions minimales de travail qu'attendent depuis trop longtemps une
multitude de petits salariés qui n'ont, jusqu'à présent,
aucun recours organisé et auxquels ce cadre nouveau ne fournira que la
protection de leur dignité et de leur sécurité les plus
élémentaires.
C'est cette même préoccupation pour la dignité
fondamentale des Québécois qui a inspiré la
priorité à laquelle le gouvernement est tenu de donner suite
dès cette année concernant la santé et la
sécurité physique des travailleurs.
Très bientôt, de premiers correctifs seront donc
présentés concernant, entre autres, la Loi des accidents du
travail et aussi la Loi sur l'indemnisation des victimes d'amiantose et de
silicose. Dans ce dernier secteur, on doit, de plus, promulguer incessamment,
par voie d'arrêtés en conseil, certaines mesures parmi les plus
urgentes recommandées par la commission Beaudry. Et surtout, avant la
fin de l'année, le comité permanent de développement
social s'est engagé à nous présenter une loi
générale qui définira clairement et vigoureusement les
principes, les structures et les méthodes d'application d'une
véritable politique en matière de santé et de
sécurité au travail. Et l'on peut être assuré que
cette politique de respect pour la première de toutes nos ressources, le
capital humain, ne saurait se traduire que par des gains substantiels sur tous
les autres plans, y compris celui de la rentabilité économique.
Car, il faut le répéter, l'économie qui prétendrait
encore faire passer l'homme après les machines serait vouée
à l'échec.
C'est précisément dans le but de mettre en lumière
cette interdépendance du progrès de l'économie et de
l'amélioration du sort des travailleurs que le gouvernement a
décidé de convoquer, en mai prochain, une conférence des
grands agents socio-économiques.
Nous espérons voir le plus de lumière possible, et
même un certain accord au moins sur les faits les plus têtus et les
plus importants, résulter de cette conférence, où se
retrouveront pour la première fois à une même tribune un
bon nombre des porte-parole les plus autorisés du monde syndical, des
milieux patronaux, du mouvement coopératif et de l'Etat
québécois.
Est-il besoin d'ajouter qu'on compte y rencontrer aussi des
députés de tous les partis qui sont représentés
dans cette Chambre? Personne ne se fait l'illusion qu'il pourrait sortir de
là la sorte de concertation qui mettrait tout le monde d'accord comme
par enchantement.
Notre société est le lieu de trop d'affrontements, de trop
de disparités et aussi, hélas, de trop d'inégalités
encore douloureuses pour qu'on puisse rêver en couleur à pareille
harmonie instantanée. Mais il est tout de même permis de songer
modestement à l'amorce d'une compréhension commune des
problèmes et d'un dialogue de bonne foi, qui pourraient nous engager sur
le chemin ardu de ce minimum de paix sociale dont on sent partout le
besoin.
Avant de terminer, on me permettra de mentionner encore quelques-uns des
sujets plus prospectifs sur lesquels on travaille présentement à
élaborer des politiques, ou du moins des positions de départ,
dont certains auront donc à mûrir au-delà de la session,
alors que d'autres vous seront soumis dès cette année.
Il y a d'abord la question fondamentale entre toutes que pose
l'évolution politique du Québec, avec les échéances
qu'elle commande. Le seuil que j'évoquais au début, ce seuil que
le Québec a franchi démocratiquement le 15 novembre dernier,
c'était à notre avis, celui de la maturité nationale. A
partir de là, un peuple peut commencer calmement à évaluer
et à bâtir lui-même sa carrière propre, comme aussi
à définir ou à redéfinir librement ses relations
avec les autres. Tout le monde respectera sûrement ce droit indiscutable
que possède le peuple québécois de
s'autodéterminer, et l'exercice qu'il sera appelé à faire
de ce droit. En première étape, l'Assemblée nationale aura
à se prononcer, dès cette session, sur une loi permettant la
tenue du référendum auquel le gouvernement s'est engagé
à procéder avant la fin de son présent mandat. Ce projet
de loi sera soumis à l'examen d'une commission parlementaire, afin que
tous aient l'occasion de s'exprimer sur son contenu.
Parallèlement, le gouvernement précisera l'option qu'il
proposera lui-même, de concert avec ceux qui seront de son avis, au
peuple québécois-Cette option c'est celle de la
souveraineté nationale, comme chacun sait, c'est-à-dire le seul
régime qui puisse à notre avis assurer notre pleine
sécurité et notre plein épanouissement. Mais c'est en
même temps tout le contraire d'une option d'isolement ou de repli sur
soi. Il s'agit d'établir plutôt un nouveau type d'association,
inspirée de formules que bien d'autres peuples pratiquent
déjà, et qui leur a grandement servi à coopérer et
à se développer ensemble, mais sans les tensions permanentes, les
inégalités politiques et les risques constants d'animosité
du fédéralisme traditionnel. Quoi qu'il en soit, nous avons
entrepris sur les modalités de cette association une étude
complète, dont les résultats vous seront
communiqués, comme à tous les citoyens du Québec,
aussitôt qu'ils seront disponibles.
Comme on vous a rappelé, d'autre part, que c'est aujourd'hui le
Jour international de la femme, soulignons également que le gouvernement
a l'intention de mener à bien une étude en profondeur
destinée à définir une politique d'ensemble sur la
condition féminine. Cet examen devrait revoir d'abord en détail
les multiples lois et pratiques qui touchent directement le sort de la
Québécoise, notamment celles portant sur les conditions de
travail, et aussi prévoir l'amélioration ou, le cas
échéant, la résurrection de divers services, comme l'aide
à domicile et les garderies, dont la carence actuelle se fait lourdement
sentir.
Dans le secteur des loisirs, on s'attend d'ici quelques mois a pouvoir
nourrir notre réflexion grâce a un livre vert et il en ira de
même en ce qui concerne la définition d'une politique
scientifique.
Nous comptons pouvoir annoncer aussi, avant trop longtemps, la forme que
prendra pour de bon la politique du gouvernement au sujet de l'industrie de
l'amiante et la façon la plus indiquée d'y instaurer un
contrôle québécois.
Quant à la politique globale que le ministre d'Etat et le
comité permanent travaillent très fort à définir en
matière d'aménagement du territoire, elle doit viser tout
spécialement à une décentralisation des
responsabilités, afin de ramener le plus grand nombre possible de
décisions le plus près possible des citoyens qu'elles
concernent.
Les municipalités, en particulier, qui sont le niveau
démocratique le plus proche de la population, doivent être
considérées comme des partenaires à part entière
dans l'ensemble administratif québécois.
C'est dans cette perspective qu'on soumettra à l'Assemblée
nationale de nouveaux mécanismes pour définir les
découpages régionaux les plus appropriés, ainsi que les
relations qui doivent s'établir entre les administrations locales.
Evidemment, cette politique devra prévoir que des ressources
adéquates accompagneront les pouvoirs et les responsabilités que
les autorités locales auront à assumer. Ce sera alors le moment
d'une réforme complète, et qui est intensément
désirée, comme on le sait, de la fiscalité municipale.
Tout cela sera éventuellement encadré par une loi
générale de l'aménagement qui devra servir de base non
seulement au développement harmonieux du territoire, mais aussi à
one relance décisive du développement régional.
Entre-temps, des jalons importants seront posés, au cours de la session,
avec l'adoption d'une loi renouvelée sur l'urbanisme, d'une loi sur les
parcs et d'une loi créant des organismes intermunicipaux de transport en
commun.
Enfin, pour ce qui est de l'énergie, domaine où nous, les
Québécois, faisons toute notre part d'un gaspillage depuis trop
longtemps universel, mais désormais condamné à finir pour
nous comme pour les autres avant bien des lustres, un livre blanc sera
publié en cours d'année sur l'ensemble de la question. Et
déjà, comme premier élément de l'indispensable
politique de l'avenir, un Bureau de conservation de l'énergie est en
voie d'organisation; son action, si elle peut devenir vite efficace,
permettrait d'épargner à l'économie
québécoise des dépenses considérables.
Voilà donc les grandes lignes du programme d'action que le
gouvernement entend mettre en oeuvre au cours de cette première
année de son mandat. Il s'agit, nous en sommes conscients, d'un
programme ambitieux. Mais c'est aussi, croyons-nous, un programme
réaliste si tous se donnent la main pour le réaliser. Chacune des
mesures qu'il contient a été évaluée et
analysée au sein des comités ministériels permanents, et
jusqu'au Conseil des ministres, et le coût de chacune a été
estimé soigneusement par le Conseil du trésor. Le calendrier
d'exécution a été établi en fonction des
disponibilités de personnel. Tout cela peut donc se faire si chacun
accepte de mettre l'épaule à la roue.
Quant à nous du gouvernement, nous sommes fermement
décidés à ne ménager aucun effort pour remplir ces
objectifs. Je suis confiant que la fonction publique, qui a été
intimement associée à la définition de ce programme,
voudra également collaborer avec enthousiasme à sa mise en
oeuvre. Et nous comptons bien que les membres de l'Assemblée nationale
eux aussi voudront mettre les bouchées doubles pour faire de la session
qui commence une des plus productives qu'ait connues le Québec.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je propose
l'ajournement des débats.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Burns: Adopté, M. le Président.
Le Président: Adopté.
Le leader du gouvernement.
Formation de la commission de l'Assemblée
nationale
M. Burns: Merci, M. le Président. Avant de terminer, qu'on
ne se quitte, je pense qu'il y aurait au moins deux motions qu'il faudrait
faire. Il y en a une en vertu de notre règlement que je me dois de
faire. Conformément aux articles 22 et 136 de notre règlement, je
propose que la commission de l'Assemblée nationale soit instituée
et que MM. Bellemare, Bertrand, Blank, Burns, Cardinal, Clair, Mme Cuerrier,
MM. Fallu, Gendron, Grenier, La-plante, Lamontagne, Lavoie, Marcoux, Proulx,
Richard et Vaillancourt (Jonquière) en soient les membres et que cette
commission se réunisse le mercredi 9 mars 1977, à 10 h 30,
à la salle 81-A.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Lavoie: M. le Président, juste pour éclairer
l'Assemblée; si je comprends bien, vous avez je
n'ai pas tous les titres de ces personnes le leader parlementaire
du gouvernement, le whip...
M. Burns: Et ses whips adjoints.
M. Lavoie: Combien y a-t-il de whips adjoints?
M. Burns: Deux.
M. Lavoie: ... ainsi que le leader de l'Opposition officielle, le
whip, un membre additionnel, le leader parlementaire de l'Union Nationale, le
whip et cinq additionnels que vous avez choisis parmi l'équipe
majoritaire.
M. Burns: Et un que vous avez choisi. M. Lavoie: II n'y a
pas d'autres membres?
M. Burns: Non, il n'y en a pas d'autres. Plus, évidemment,
le président et les deux vice-présidents.
M. Lavoie: D'accord.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Burns: Sur cela, M. le Président, je propose qu'aux
fins de la prise en considération du message inaugural,
l'Assemblée ajourne ses travaux au 9 mars 1977, à 15 heures.
Le Président: Alors, avant non pas la suspension, mais
l'ajournement, je voudrais convier les membres de cette Assemblée, ainsi
que leurs invités à venir fraterniser au restaurant Le
Parlementaire. Est-ce que la motion du leader de l'Opposition est
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. On pourrait demander un vote
enregistré, vous savez.
M. Burns: Cela ferait une autre fois où vous changeriez
d'idée, quoi.
Le Président: Est-ce que la motion est adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Alors, messieurs, l'Assemblée ajourne
ses travaux à demain, 9 mars, 15 heures.
(Fin de la séance à 16 h 34)
ANNEXE
MEMBRES DU CONSEIL DES MINISTRES
à l'ouverture de la 2e session de la 31e
Législature au 8 mars 1977
(ordre protocolaire)
M. René Levesque Premier ministre
M. Jacques-Yvan Morin Vice-premier ministre
Ministre de l'Education
M. Robert Burns Ministre d'Etat à la réforme
parlementaire
M. Claude Morin Ministre des Affaires intergouvernementales
M. Jacques Parizeau Ministre des Finances
Ministre du Revenu
M. Camille Laurin Ministre d'Etat au développement culturel
M. Pierre Marois Ministre d'Etat au développement social
M. Bernard Landry Ministre d'Etat au développement
économique
M. Jacques Léonard Ministre d'Etat à
l'aménagement
M. Marc-André Bédard Ministre de la Justice
M. Lucien Lessard Ministre des Transports
Ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement
M. Marcel Léger Ministre délégué à
l'environnement
M. Claude Charron Ministre délégué au
Haut-commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports
M. Guy Joron Ministre délégué à
l'énergie
Mme Lise Payette Ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières
M. Jean Garon Ministre de l'Agriculture
M. Denis Lazure Ministre des Affaires sociales
M. Guy Tardif Ministre des Affaires municipales
M. Jacques Couture Ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre
Ministre de l'Immigration
M. Louis O'Neil Ministre des Affaires culturelles
Ministre des Communications
M. Yves Bérubé Ministre des Richesses naturelles
Ministre des Terres et Forêts
M. Rodrigue Tremblay Ministre de l'Industrie et du Commerce
M. Yves Duhaime Ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche
M. Denis de Belleval Ministre de la Fonction publique
LISTE DES ADJOINTS PARLEMENTAIRES
à l'ouverture de la 2e session de la 31e
Législature
M. Guy Chevrette Adjoint parlementaire au ministère du
Travail
M. Pierre de Bellefeuille Adjoint parlementaire au ministère des
Affaires culturelles
M. Gilles Grégoire Adjoint parlementaire au ministère des
Richesses naturelles
M. Richard Guay Adjoint parlementaire au ministère des
Communications
Mme Denise Leblanc Adjoint parlementaire au ministère de
l'Industrie et du Commerce pour les pêcheries
M. Maurice Martel Adjoint parlementaire au ministère des Affaires
sociales
M. Réal Rancourt Adjoint parlementaire au ministère de
l'Agriculture
M. Denis Vaugeois Adjoint parlementaire au ministère des Affaires
intergouvernementales
LISTE DES MEMBRES DE L'ASSEMBLEE NATIONALE DU
QUEBEC
PRÉSIDENT: M. Clément Richard
VICE-PRÉSIDENTS: M. Jean-Guy Cardinal Mme Louise Cuerrier
Nom, prénoms
Affiliation
Profession ou métier
District électoral
politique
Alfred, Jean P.Q. Professeur Papineau
Baril, Jacques P.Q. Agriculteur Arthabaska
Beauséjour, Jacques P.Q. Educateur Iberville
Bédard, Marc-André P.Q. Avocat Chicoutimi
Bellemare, Maurice U.N. Serre-freins Johnson
Bertrand, Jean-François P.Q. Professeur Vanier
Bérubé, Yves P.Q. Ingénieur Matane
Biron, Rodrigue U.N. Industriel Lotbinière
Bisaillon, Guy P.Q. Conseiller technique Sainte-Marie
Blank, Harry P.L.Q. Avocat Saint-Louis
Bordeleau, Jean-Paul P.Q. Technicien Abitibi-est
Boucher, Jules P.Q. Directeur Rivière-du-Loup
Brassard, Jacques P.Q. Professeur Lac-Saint-Jean
Brochu, Yvon U.N. Secrétaire Richmond
Burns, Robert P.Q. Avocat-syndicaliste Maisonneuve
Cardinal, Jean-Guy P.Q. Notaire Prévost
Caron, Lucien P.L.Q. Administrateur Verdun
Charbonneau, Jean-Pierre P.Q. Journaliste Verchères
Charron, Claude P.Q. Professeur Saint-Jacques
Chevrette, Guy P.Q. Secrétaire général
Joliette-Montcalm
Ciaccia, John P.L.Q. Avocat Mont-Royal
Clair, Michel P.Q. Avocat Drummond
Cordeau, Fabien U.N. Directeur de services Saint-Hyacinthe
Couture, Jacques P.Q. Organisateur communautaire Saint-Henri
Cuerrier, Louise P.Q. Enseignante Vaudreuil-Soulanges
de Bellefeuille, Pierre P.Q. Journaliste Deux-Montagnes
de Belleval, Denis P.Q. Fonctionnaire Charlesbourg
Desbiens, Hubert P.Q. Enseignant Dubuc
Dubois, Claude U.N. Commerçant Huntingdon
Duhaime, Yves P.Q. Avocat Saint-Maurice
Dussault, Roland P.Q. Enseignant Châteauguay
Fallu, Elie P.Q. Professeur Terrebonne
Fontaine, Serge U.N. Avocat Nicolet-Yamaska
Forget, Claude P.L.Q. Economiste Saint-Laurent
Gagnon, Marcel P.Q. Aviculteur Champlain
Garon, Jean P.Q. Economiste et avocat Lévis
Garneau, Raymond P.L.Q. Economiste Jean-Talon
Gendron, François P.Q. Educateur Abitibi-Ouest
Giasson, Julien P.L.Q. Courtier d'assurances Montmagny-L'Islet
Godin, Gérald P.Q. Journaliste Mercier
Goldbloom, Victor C. P.L.Q. Médecin D'Arcy-McGee
Gosselin, Gérard P.Q. Travailleur communautaire Sherbrooke
Goulet, Bertrand U.N. Professeur Bellechasse
Gratton, Michel P.L.Q. Ingénieur Gatineau
Gravel, Raymond P.Q. Moniteur en réadaptation Limoilou
Grégoire, Gilles P.Q. Homme d'affaires Frontenac
Grenier, Fernand U.N. Directeur général
Mégantic-Compton
Guay, Richard P.Q. Avocat Taschereau
Johnson, Pierre-Marc P.Q. Médecin Anjou
Jolivet, Jean-Pierre P.Q. Agent syndical Laviolette
Joron, Guy P.Q. Conseiller financier Mille-Iles
Laberge, Henri P.Q. Assureur-vie agréé Jeanne-Mance
Lacoste, Jean-Marc P.Q. Commissaire d'école Sainte-Anne
Lalonde, Fernand P.L.Q. Avocat Marguerite-Bourgeoys
Lamontagne, Robert P.L.Q. Notaire Roberval
Landry, Bernard P.Q. Avocat Fabre
Laplante, Patrice P.Q. Commissaire-administrateur Bourassa
Larivière, Jean-Guy P.L.Q. Homme d'affaires
Pontiac-Témiscamingue
Laurin, Camille P.Q. Médecin Bourget
Lavigne, Laurent P.Q. Enseignant Beauharnois
Lavoie, Jean-Noël P.L.Q. Notaire Laval
Lavoie-Roux, Thérèse P.L.Q. Administrateur scolaire
L'Acadie
Lazure, Denis P.Q. Médecin-administrateur Chambly
Leblanc, Denise P.Q. Journaliste et étudiante
Iles-de-la-Madeleine
Lefebvre, Charles P.Q. Ingénieur Viau
Léger, Marcel P.Q. Administrateur Lafontaine
Le Moignan, Michel U.N. Prêtre Gaspé
Léonard, Jacques P.Q. Comptable agréé
Laurentides-Labelle
Lessard, Lucien P.Q. Professeur Saguenay
Levesque, Gérard-D. P.L.Q. Avocat et administrateur
Bonaventure
Lévesque, Léonard P.Q. Cultivateur
Kamouraska-Témiscoua
Lévesque, René P.Q. Journaliste Taillon
MacKasey, Bryce P.L.Q. Administrateur Notre-Dame-de-Grâce
Mailloux, Raymond P.L.Q. Homme d'affaires Charlevoix
Marchand, André P.L.Q. Imprimeur Laurier
Marcoux, Alain P.Q. Administrateur scolaire Rimouski
Marois, Pierre P.Q. Avocat Laporte
Marquis, Léopold P.Q. Administrateur Matapédia
Martel, Maurice P.Q. Pharmacien Richelieu
Mercier, Jean-Guy P.Q. Administrateur Berthier
Michaud, Gilles P.Q. Administrateur Laprairie
Morin, Claude P.Q. Economiste Louis-Hébert
Morin, Jacques-Yvan P.Q. Professeur Sauvé
O'Gallagher, John P.L.Q. Ingénieur civil Robert-Baldwin
O'Neill, Louis P.Q. Professeur Chauveau
Ouellette, Adrien P.Q. Professeur Beauce-Nord
Ouellette, Jocelyne P.Q. Educatrice Hull
Pagé, Michel P.L.Q. Avocat Portneuf
Paquette, Gilbert P.Q. Directeur pédagogique Rosemont
Parizeau, Jacques P.Q. Economiste L'Assomption
Payette, Lise P.Q. Journaliste Dorion
Perron, Denis P.Q. Opérateur Duplessis
Picotte, Yvon P.L.Q. Principal d'école Maskinongé
Proulx, Jérôme P.Q. Professeur Saint-Jean
Rancourt, Réal P.Q. Agriculteur St-François
Raynauld, André P.L.Q. Economiste Outremont
Richard, Clément P.Q. Avocat Montmorency
Roy, Fabien P.N.P. Directeur gérant Beauce-Sud
Russell, Armand U.N. Homme d'affaires Brome-Missisquoi
Saindon, Zoël P.L.Q. Médecin-chirurgien Argenteuil
Samson, Camil R.C. Vendeur Rouyn-Noranda
Shaw, William Frédéric U.N. Chirurgien-dentiste
Pointe-Claire
Springate, George P.L.Q. Homme d'affaires et sportif Westmount
Saint-Germain, Noël P.L.Q. Optométriste Jacques-Cartier
Tardif, Guy P.Q. Professeur Crémazie
Tremblay, Rodrigue P.Q. Economiste Gouin
Vaillancourt, Claude P.Q. Avocat Jonquière
Vaillancourt, Georges P.L.Q. Administrateur Orford
Vaugeois, Denis P.Q. Historien et éditeur
Trois-Rivières
Verreault, Richard P.L.Q. Homme d'affaires Shefford
P.Q. Parti québécois
P.L.Q. Parti libéral du Québec
U.N. Union nationale
R.C. Ralliement créditiste
P.N.P. Parti national populaire