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(Dix heures quinze minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés. Présentation de motions non annoncées.
M. le leader du gouvernement.
Motion pour faire siéger la Chambre le lundi 20
décembre
M. Burns: Je propose que la Chambre se réunisse lundi
à 15 heures, aux heures prévues dans notre règlement pour
les sessions du mardi et du jeudi.
M. Lavoie: Vote enregistré, M. le Président. Le
Président: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
Le Président: A l'ordre, messieurs! Nous allons
procéder au vote. Que ceux qui sont en faveur de la motion du leader du
gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Laurin, Morin (Sauvé), Morin
(Louis-Hébert), Parizeau, Marois, Léonard, Couture, Tremblay,
Duhaime, O'Neill, de Belleval, Joron, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx,
Charron, Lazure, Léger, Garon, Tardif, Grégoire, Chevrette,
Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Alfred, Fallu,
Rancourt, Bertrand, Godin, Johnson, Laplante, Guay, Mercier, Laberge, Marquis,
Lacoste, Ouellette, Perron, Brassard, Clair, Gosselin, Lefebvre, Dussault,
Charbonneau, Beauséjour, Jolivet, Bordeleau, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Garneau, Mailloux, Goldbloom, Raynauld, Mme Lavoie-Roux,
MM. Giasson, Lamontagne, Lalonde, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Larivière, Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Biron,
Bellemare, Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan,
Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Le Secrétaire: Pour: 90 Contre: 0
Le Président: Cette motion est adoptée.
Des Voix: Absentéisme! Absentéisme!
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: Avez-vous renvoyé Mackasey à Ottawa?
Le Président: Déclarations ministérielles.
M. le ministre et député de Bourget.
Excusez. Présentation de projets de loi au nom du
gouvernement.
M. Burns: Projets de loi au nom du gouvernement.
Le Président: Je m'excuse, j'ai sauté deux
étapes.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Projets de loi au nom du gouvernement
Projet de loi no 82 Première lecture
M. Burns: Article a).
Le Président: Le ministre des Affaires municipales propose
la première lecture de la Loi concernant le déficit olympique de
la ville de Montréal et modifiant la charte de la ville de
Montréal.
Le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: Ce projet de loi, dans un premier temps, oblige la
ville de Montréal à assumer le financement de sa part,
établie à $214 millions, du déficit olympique. Dans un
second temps, il impose à la ville certaines mesures de contrôle
financier similaires à celles qui sont déjà
imposées à l'ensemble des municipalités du
Québec.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président: Deuxième lecture, séance
subséquente.
M. le leader de l'Opposition.
M. Lavoie: Je crois que c'est le moment opportun, d'après
une certaine tradition, pour demander au leader parlementaire s'il a
l'intention, après la première lecture, étant donné
le sujet, l'essence même du bill et l'importance de ce projet de loi pour
la métropole du Canada, de convoquer les parties. Je verrais que le
maire de Montréal et les membres de son opposition, du RCM puissent
venir avant qu'on étudie le principe du bill en deuxième lecture
et qu'on entende toutes les parties concernées sur une implication de
l'ordre de $200 millions, et peut-être même le RIO. Sinon
après la première lecture, j'insisterais pour qu'on les
reçoive et qu'on puisse les entendre par un accroc, peut-être,
à notre tradition parlementaire, mais, au moins, lors de l'étude,
après, en deuxième lecture.
Je crois que cette question est trop grave; il faut qu'elle soit
vidée une fois pour toutes.
M. Burns: Je reconnais la gravité de la question. A nos
yeux, c'est tellement grave que nous prenons la peine de présenter un
projet de loi à cet effet. Cependant, le leader de l'Opposition va
comprendre qu'il s'agit là également d'un problème urgent
et qu'il nous est impossible de tenir une commission parlementaire après
la première lecture. Après discussion avec le ministre, je verrai
s'il est possible de faire ces accrocs que mentionnait le leader de
l'Opposition, du consentement des membres de la commission, pour entendre les
gens peut-être après la deuxième lecture. Je
n'écarte pas cette possibilité, mais, là-dessus, je dois
consulter le ministre des Affaires municipales. Mais, de façon bien
certaine, c'est beaucoup trop urgent, ce projet de loi, pour que nous puissions
tenir des auditions avant la deuxième lecture.
M. Lavoie: Est-ce que vos consultations pourraient avoir lieu
dès ce matin et qu'on puisse avoir une réponse avant midi,
étant donné qu'on reconnaît qu'il y a urgence, sur le fait
que ce projet de loi sera déféré à la commission
pour étude dès le début de la semaine prochaine? Il y
aurait lieu de le savoir aujourd'hui pour que les parties concernées
puissent être avisées par le secrétariat des commissions
dès aujourd'hui, pour que leurs dossiers soient prêts pour qu'on
les entende dès lundi ou mardi.
M. Burns: Je vais consulter le ministre dès ce matin. Je
vous le dirai avant la fin de la séance aujourd'hui.
M. Lessard: Vous n'avez pas été capables de
décider, nous on va décider à votre place.
Le Président: A l'ordre!
M. Lessard: Vous n'êtes pas gênés!
Le Président:
Présentation de projets de loi au nom des députés.
Déclarations ministérielles
M. le ministre d'Etat et député de Bourget.
Déclaration ministérielle
Politique linguistique du gouvernement
M. Camille Laurin
M. Laurin: M. le Président, le gouvernement a
déjà annoncé son intention de procéder à une
révision en profondeur de la loi 22. Cette réforme visera en
particulier à faire du français la langue du travail et la langue
de l'entreprise. Le gouvernement entend affirmer ainsi sa volonté ferme
de franciser au plus tôt l'entreprise, de créer un mi- lieu de vie
où l'on travaillera, communiquera et négociera en
français, où les francophones accéderont aux plus hautes
carrières, participeront aux décisions économiques qui
affectent leur collectivité et feront bénéficier
l'entreprise de leurs compétences et de leur connaissance du milieu.
Il lui faut, pour cela, éliminer les derniers
préjugés, résistances et coutumes qui s'opposent à
la pleine affirmation des francophones sur le plan économique et il
entend s'y employer avec énergie.
C'est dans cette optique que le gouvernement a décidé
d'abroger le règlement concernant la francisation des entreprises. Ce
règlement s'inspire, en effet, d'une loi que nous devons modifier d'une
façon substantielle.
Toute action entreprise dans le cadre de ce règlement actuel
aurait donc dû être infléchie dès l'année
prochaine dans le sens des modifications législatives à venir, ce
qui risquerait d'engendrer dans le milieu des affaires, confusion et
incertitude.
Ceci ne veut pas dire, toutefois, que les entreprises qui se sont
engagées dans le processus de francisation doivent mettre celui-ci en
veilleuse. Bien au contraire, il est dans leur intérêt et dans
l'intérêt du Québec de l'accélérer et de le
pousser à son maximum, car c'est précisément là
l'objectif que visera le gouvernement par son projet de loi.
L'entreprise est un partenaire nécessaire, essentiel et
respecté du gouvernement. Ce sera là sa meilleure contribution
à la paix sociale, important facteur de productivité, à
l'utilisation maximale des aptitudes des travailleurs et à la pleine
réalisation de notre potentiel collectif.
Il ne fait, enfin, aucun doute que ces changements que souhaite depuis
longtemps la majorité francophone ne feront qu'assurer une meilleure
gestion, le progrès de l'entreprise et l'expansion de l'économie
québécoise.
Quant aux autres règlements portant sur l'affichage,
l'étiquetage, la publicité et les professions, ils restent,
évidemment, en vigueur et doivent être appliqués.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Le geste que vient d'annoncer le ministre d'Etat au
développement culturel est un geste précipité,
improvisé, inspiré par l'ignorance et la hargne. Le Parti
québécois vient de démolir et de détruire le
résultat d'un travail extrêmement précieux où des
dizaines et des centaines de Québécois avaient réussi
à créer un instrument dynamique de changement en
réconciliant les deux impératifs que l'on poursuivait, soit de
faire, dans le milieu de l'industrie et du commerce du français une
langue nécessaire tout en conservant le dynamisme économique si
indispensable à notre croissance et à notre
développement.
Ce qui est plus surprenant, M. le Président, c'est que l'on
démolit, on détruit, sans dire, parfois, que l'on remplacera
l'instrument que l'on vient de mettre de côté. C'est un geste qui
créera plus d'incertitude encore dans le milieu des affai-
res, plus d'inquiétude, et c'est à demander si ce n'est
pas le but du Parti québécois, justement, de créer, de
maintenir un climat mauvais dans notre société, non seulement
dans le domaine économique mais dans les autres secteurs, mais on parle
ici du domaine économique, de maintenir un climat mauvais pour pouvoir
faire passer éventuellement ses idées et atteindre ses
objectifs.
Je m'inquiète de voir la façon dont le gouvernement aborde
ou prépare ses dossiers. On démolit, on improvise, et, ensuite,
on laisse les Québécois devant des situations d'incertitude ou
d'inquiétude. Nous aurons encore plus d'insécurité dans ce
secteur et il me semble encore plus évident que jamais que c'est le but
que recherche le Parti québécois.
Il serait intéressant de savoir qui a été
consulté par le gouvernement pour atteindre ce but. Est-ce que la
Régie de la langue française, qui a été mise sur
pied à même le noyau de l'ancien Office de la langue
française, a été consultée? La régie
est-elle d'accord? Est-ce que le milieu des affaires a été
consulté? Je comprends que le premier ministre, lors d'un lunch avec le
milieu des affaires, la semaine dernière, l'aurait consulté. Ce
milieu est-il d'accord avec cette approche plus ou moins, enfin très
improvisée du Parti québécois? Ce sont des questions
auxquelles il restera à répondre et ce sont malheureusement les
seules conclusions que nous pouvons tirer du geste du gouvernement.
Le Président: Le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président.
Le Président: Le député de Laval.
M. Lavoie: J'aurais une question pour le superministre de
l'Education.
M. Burns: A l'ordre!
M. Lavoie: Je voulais lui demander s'il désirait exercer
son droit de réplique. C'est tout ce que je voulais lui demander.
Une Voix: Non.
Le Président: A l'ordre!
Le ministre des Affaires sociales.
Vaccin contre la grippe porcine M. Denis
Lazure
M. Lazure: M. le Président, soucieux de respecter une
saine tradition qui veut que le ministre annonce à l'Assemblée
certaines nouvelles importantes, il me fait plaisir de vous informer que nous
avons pris, ce matin, la décision, au ministère des Affaires
sociales, de suspendre indéfiniment la distribution et l'administration
du vaccin contre la grippe porcine. Je regrette de ne pas avoir le
communiqué écrit et de ne pas avoir pu, à cause du temps,
vous le transmettre, mais vous l'aurez un peu plus tard. Dans ce
communiqué, on vous donnera un peu plus de détails.
Essentiellement, les raisons sont les suivantes. En deux mots, certaines
régions du pays ou certains pays étrangers se sont rendu compte
de certaines réactions de paralysie à la suite du vaccin. Alors,
il est prudent de suspendre indéfiniment l'administration du vaccin.
Merci.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, nous n'avons pas eu, comme
l'a souligné en s'excusant le ministre des Affaires sociales, le texte
de sa déclaration. Nous n'étions donc pas avertis de la nature de
cette décision gouvernementale. Le ministre, tout à l'heure, a
été avare de détails et d'explications. Il y a certaines
inquiétudes qui, à un moment donné, ont été
provoquées par des résultats malheureux aux Etats-Unis. Mais ces
résultats malheureux n'ont pas été expliqués de
façon à établir un lien précis de cause à
effet entre l'administration du vaccin et les maladies et décès
qui ont eu lieu.
On a vu, par la suite, le programme se poursuivre aux Etats-Unis. On a
vu des hommes de marque, en commençant par le président Ford, se
faire administrer lé vaccin, avec photographies, pour encourager la
population à recevoir ce vaccin. Il y a peut-être l'argument que
l'on n'a pas démontré la nécessité d'un programme
généralisé d'administration du vaccin. Mais, M. le
Président, il y a des médecins de compétence et de
réputation, au Canada comme Aux Etats-Unis, qui ont étudié
cet aspect de la question et qui sont venus à la conclusion suivante: le
vaccin ne se conserve pas très longtemps.
Il y a aussi le problème que, d'année en année, le
virus a tendance à se modifier. Qu'est-ce qu'on va faire avec tes
quantités de vaccins qui ont été produites? Va-t-on tout
simplement les jeter? Est-ce que ce vaccin n'a plus de valeur quelconque? M. le
Président, c'est une question fort sérieuse. Est-ce que, si l'on
veut conserver le vaccin pour qu'il ait une certaine valeur, l'endroit tout
indiqué pour le conserver n'est pas le corps humain, s'il est
démontré qu'il est sans danger? Je pense, M. le Président,
que le ministre des Affaires sociales a le devoir de nous expliquer beaucoup
plus clairement la motivation de cette décision. Est-ce que c'est parce
que ses conseillers ont décelé un danger? Si oui, que la
population le sache; sinon, pourquoi est-ce qu'on abandonne un peu à la
légère un programme qui pourrait quand même protéger
des gens dans une certaine mesure? Il y a des divergences de vues parmi les
médecins. J'aimerais connaître le point de vue des conseillers du
ministre à cet égard et, aussi, je voudrais savoir si c'est vrai,
si j'ai bien compris. Je m'excuse, je n'avais pas saisi toutes les paroles
prononcées par le ministre. Je voudrais savoir si c'est toujours un
programme sélectif qui va se continuer en faisant administrer le vaccin
aux personnes âgées et aux personnes d'âge inférieur
qui
souffrent déjà de maladies respiratoires ou cardiaques. Je
pense qu'il y a beaucoup de détails...
M. Burns: Je m'excuse auprès du député.
Le Président: M. le Ministre des Affaires sociales.
M. Burns: Je comprends que le ministre a parfaitement...
M. Lavoie: ... connu, je crois.
M. Burns: J'ai soulevé une question de règlement,
est-ce que cela fait votre affaire, M. le Président?
M. Lavoie: Le président ne vous a pas accordé la
parole.
M. Levesque (Bonaventure): Qui est président?
Le Président: Je voudrais savoir si vous voulez soulever
une question de règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Burns: Je m'excuse, je n'ai peut-être pas
été assez clair. Je voulais tout simplement signaler sur cette
question de règlement que c'est bien beau de soulever des questions,
mais il y a une période de questions tout de suite après.
Evidemment, le ministre peut répliquer s'il y a des opinions qui
ont été exprimées par le député de D'Arcy
McGee. C'est bien sûr. C'est tout simplement cela que je voulais
signaler.
Le Président: Je pense, M. le leader du gouvernement, que
votre question de règlement était irrecevable puisqu'au sens de
l'article 179 le député de D'Arcy McGee avait parfaitement le
droit de soumettre des commentaires.
M. le Ministre des Affaires sociales.
M. Levesque (Bonaventure): Très bien.
M. Lazure: M. le Président, je vais essayer de
répondre brièvement aux commentaires du député de
D'Arcy McGee. Il ne semble pas au courant que le gouvernement des Etats-Unis a
décidé, hier, de suspendre indéfiniment toute
administration du vaccin, y compris pour les personnes âgées.
Un autre gouvernement, celui d'Ottawa, a peut-être
précédé les voeux du député de D'Arcy McGee.
Le gouvernement d'Ottawa a décidé de conseiller aux provinces de
continuer l'administration de ce vaccin pour les personnes âgées.
Questions orales des députés.
Le gouvernement de la province voisine, l'Ontario, a
décidé, hier, aussi de cesser immédiatement toute
administration du vaccin. Nos conseillers, au ministère des Affaires
sociales, hier soir et ce matin, se sont réunis et m'ont
conseillé fortement de suspendre indéfiniment l'administration de
tout vaccin. Or, je vais m'en tenir à cela. Encore une fois, vous aurez
un peu plus de détails dans la communication écrite.
M. Pagé: M. le Président, quel motif ont-ils
invoqué?
Le Président: Dépôt de documents. M. le
ministre de l'Education.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Documents relatifs aux tests linguistiques
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi de
déposer, en premier lieu, la lettre reçue du Protecteur du
citoyen au sujet des tests linguistiques, ainsi que le rapport du comité
spécial d'experts formé pour analyser la valeur des tests
destinés à mettre en oeuvre la Loi sur les langues
officielles.
Rapport annuel de l'Université du
Québec
M. Morin (Sauvé): J'ai également l'honneur de
déposer le rapport annuel de l'Université du Québec pour
l'année 1975-1976, accompagné d'un recueil de statistiques pour
la même année, lesquels ont déjà, à la suite
d'une erreur, été distribués aux députés. De
même, je dépose le schéma général de
développement de l'Université du Québec pour les
années 1976 à 1980.
Le Président: Rapport déposé. Le ministre du
Travail, de la Main-d'Oeuvre et de l'Immigration.
Rapport annuel de l'Office de la construction du
Québec
M. Couture: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel de 1975 de l'Office de la construction du
Québec.
Le Président: Rapport déposé.
Le ministre de la Fonction publique.
Rapport annuel de la Commission de la fonction publique
M. de Belleval: M. le Président, je dépose le
rapport de la Commission de la fonction publique du Québec pour
l'année 1975.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre des Affaires municipales.
Rapport annuel de la Société d'aménagement
de l'Outaouais
M. Tardif: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport pour l'année 1975-76 de la
Société d'aménagement de l'Outaouais.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
du Transport.
Rapport annuel de la Commission des transports
M. Lessard: M. le Président, permettez-moi de
déposer le rapport des activités de la Commission des transports
du Québec pour l'année financière terminée le 31
mars 1976.
Le Président: Rapport déposé.
M. Lavoie: M. le Président, je ne sais quel moyen
utiliser: une question de règlement, ou une question de
privilège. C'est votre privilège, à vous, M. le
Président. Je viens d'apprendre que le dépôt du rapport du
Protecteur du citoyen aurait été fait par le vice-premier
ministre, ministre de l'Education, alors que depuis que l'institution du
Protecteur du citoyen existe, le rapport a toujours été
déposé par le Président de l'Assemblée
nationale.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, avec votre
permission, il semble que le leader ait mal compris. Il ne s'agit point d'un
rapport, mais de la lettre qui m'est adressée en tant que ministre de
l'Education par le Protecteur du citoyen.
M. Lavoie: Je m'excuse, je croyais que c'était le rapport.
D'ailleurs, sur cette question, on n'a pas à être tellement
surpris, parce que...
Le Président: A l'ordre!
M. Lavoie: ... j'ai vu que le Président de
l'Assemblée était l'assistant du ministre...
Le Président: A l'ordre! M. le leader de l'Opposition.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
Tenue du référendum
M. Levesque (Bonaventure): Ma question s'adresse à
l'honorable premier ministre. Hier soir, sur les ondes de Radio-Canada, le
premier ministre a indiqué que, lors d'un diner avec les premiers
ministres des provinces et le premier ministre du Canada, il avait, en effet,
souligné la valeur de la relève dans son parti et cela,
apparemment, dans le contexte de l'échec éventuel du
référendum.
Le premier ministre peut-il dire à cette Chambre, afin qu'on
comprenne très bien ce qui est arrivé, ce qu'il a dit, la nature
exacte des propos qu'il a alors tenus, vu qu'ils sont maintenant dans le
domaine public je n'aurais pas posé la question,
évidemment, si tout cela ne s'était pas produit et surtout
dire à cette Chambre si le référendum sur
l'indépendance est toujours l'élément premier et
fondamental du programme de son parti? Si tel est le cas, peut-il expliquer,
comme il sait si bien le faire bien vulgariser pour qu'on comprenne bien
à cette Chambre comment le premier ministre peut-il laisser
entendre, comme il l'a fait hier à la presse, qu'un échec au
référendum n'engagerait pas la responsabilité de son
gouvernement et que, battu au référendum, son gouvernement
pourrait encore se dire le gouvernement du Québec en toute
légitimité?
M. Lévesque (Taillon): Au fond, ce que se trouve à
demander le chef de l'Opposition, c'est presque un rapport circonstancié
sur, au moins, le climat, sinon les détails, de la petite
conférence fédérale-provinciale qui vient d'avoir lieu et
qui portait essentiellement sur les arrangements fiscaux. Je ne sais pas si je
vais pouvoir recouper toutes ses questions. Il pourra me demander, s'il veut
bien, des précisions additionnelles. Très rapidement, ce que
j'aurais à dire, c'est ceci, d'abord, de façon
générale. L'élément premier et fondamental des
intentions politiques générales de notre parti, c'est
l'indépendance politique du Québec. Le référendum
intervient comme un moyen essentiel, démocratique. J'aurai
peut-être l'occasion d'en parler, sans insister, d'ailleurs, mais un peu
plus clairement au moment de l'intervention que je dois faire, peut-être
ce matin, dans le débat sur le discours inaugural.
Donc, sur le plan de la politique générale, ce qu'on peut
appeler la politique nationale du Québec, notre premier
élément fondamental de programme, il est bien connu, il vise
à l'indépendance, à la souveraineté politique du
Québec dans l'amitié et l'association avec les autres. Le long du
chemin, nous avons prévu et nous nous sommes engagés à
faire un référendum.
Au cours de la conférence fédérale-provinciale, il
y a eu ce dîner, que tout le monde pouvait croire intime, un dîner
de travail mais aussi, comme il arrive souvent dans ces cas-là, un
dîner, à certains moments, de franches discussions entre les
premiers ministres des dix provinces et le premier ministre du Canada.
J'ai dit hier, et je le répète ici, en Chambre
aujourd'hui, que j'ai trouvé particulièrement inqualifiable la
façon dont certaines mémères politiques ou autres ont fait
sortir de façon tronquée et de façon nettement
arrangée une partie des propos qui se sont tenus, à un moment
donné, très précisément sur les intentions du
nouveau gouvernement du Québec, qui, je crois, c'était
légitime, intéressaient mes interlocuteurs à ce
dîner. On a eu une franche discussion; je peux même vous dire
qu'elle a été assez vive et, même à l'occasion
brutale, pour qu'ils comprennent bien que le gouvernement que je dirige n'a pas
l'intention, d'aucune façon, d'abandonner son objectif national, et cela
ils l'ont très bien compris.
Et il y a eu des propos un peu acerbes à l'occasion. Il y a une
chose que je reconnaissais, moi. Je n'ai pas fait de bandes sonores pendant ce
dîner; alors, je n'ai pas enregistré les propos, mais tu gardes
quand même une certaine mémoire auditive. Il y a un propos que
j'ai reconnu: "It is none of your goddam business". Je me souviens, cela a
été prononcé le long du chemin. Cela a même
été employé de diverses façons, mais tout cela
s'est
résolu, je crois, dans un climat de compréhension, sinon
d'accord unanime. Je vais de nouveau et c'est la dernière fois
pour cette petite intervention employer une expression de nos amis
anglophones; on a terminé cela en disant: "We agree to disagree". Je
pense que tout le monde la comprend, celle-là; on s'est mis d'accord
pour dire qu'on n'était pas d'accord.
A propos du référendum plus spécifiquement, j'ai eu
l'occasion, pendant cette conversation, de répéter l'engagement
très clair que nous avons pris, sans entrer dans les scénarios
prématurément, qui est que, le long du chemin, pendant ce mandat
d'un gouvernement qui est clairement un gouvernement provincial qui, sur
ce plan, a un mandat majoritaire et qui doit avoir l'attitude responsable de
tout gouvernement qui a un mandat comme celui-là, c'est-à-dire
d'exercer le pouvoir pendant la durée normale de quatre ans ou
même légalement de cinq ans, il y aurait un
référendum, qu'on organiserait démocratiquement dans notre
milieu, chez nous, avec notre Assemblée nationale les conditions de ce
référendum pour qu'il soit nettement équitable et
démocratique et puis qu'on en accepterait le résultat et qu'on
travaillerait très fort, de tout notre coeur, pour obtenir la
réponse qui correspondrait à nos intentions politiques, en
permettant forcément à tout le monde, et ce sera
décidé dans cette Chambre d'ailleurs, de fixer les conditions de
cette consultation.
Tout cela a débouché sur la possibilité qu'on perde
le référendum. A ce moment-là, je leur ai dit: Et puis, il
me semble que normalement on doit continuer à exercer le pouvoir comme
gouvernement provincial, si cela arrive, mais j'ai bien confiance que cela
n'arrive pas. C'est à peu près la teneur des propos. Cela nous a
amenés tout simplement à parler de l'avenir. Vous savez, M. le
Président, que les partis au pouvoir, comme les premiers ministres,
s'imaginent souvent que c'est éternel ou, en tout cas, que c'est
permanent. On sait, grâce à des expériences
récentes, que ce n'est jamais complètement vrai. Alors, cela nous
a amenés, dans le détour de la conversation, à parler
d'avenir des uns et des autres. Moi, étant après M. Trudeau
quasiment le doyen de la réunion, je pense très
précisément le doyen après M. Trudeau, j'ai
été amené à dire, je l'ai dit souvent, je ne
suis pas prophète que je ne me pensais pas éternel, tout
le monde peut disparaître, mais que j'étais sûr
c'était une façon de les rassurer en même temps sur nos
intentions que, quoi qu'il arrive, il y avait tout ce qu'il faut de
relève, peut-être bien plus qu'ailleurs, tout ce qu'il faut de
relève éventuelle dans le Parti québécois pour
assurer cet avenir. En gros, c'est cela.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle. Une
question additionnelle?
M. Levesque (Bonaventure): Une question additionnelle, M. le
Président. Si j'ai bien compris le premier ministre je pense que
c'est assez important pour qu'il me permette, à ce moment-ci, de le
répéter premièrement, lorsqu'il parle d'ob- jectif
national, il ne veut pas impliquer qu'il s'agit d'un objectif national de la
population du Québec, mais bien de son parti. J'ai bien compris?
Non, c'est parce qu'il y a au moins 85% de la population qui n'en veut
pas du séparatisme.
J'irai plus loin que cela, il y en a dans son propre parti, dans son
propre cabinet qui n'en veulent pas du séparatisme. Ils n'ont même
pas applaudi, tout à l'heure.
Le Président: Je voudrais vous demander de bien vouloir
formuler votre question, s'il vous plaît.
M. Levesque (Bonaventure): La question est celle-ci: Est-ce que
le premier ministre, qui a donné des explications sur le cadre de ce qui
s'est passé beaucoup plus que sur le fond, voudrait répondre
à la question précise que j'ai posée? C'est-à-dire,
sur ce qu'il croit de la légitimité d'un gouvernement qui dit
avoir comme objectif fondamental la séparation du Québec et qui,
à la suite de l'échec d'un référendum, et cela dans
le contexte de notre tradition constitutionnelle, continuerait à assumer
le pouvoir.
M. Lévesque (Taillon): Sans entrer dans toutes sortes de
détails philosophiques là-dessus, je dirais d'abord ceci, en
réponse à la remarque initiale du chef de l'Opposition, que c'est
vrai que c'est l'objectif national pour l'instant, clair, à ce
plan-là seulement et accepté à ce plan-là seulement
de notre parti qui est maintenant le gouvernement du Québec, la
souveraineté nationale.
Ce n'est pas vrai, d'autre part, que 85% j'ai eu l'occasion de le
dire, je n'en ferai pas un débat quant à moi des gens du
Québec ne sont pas d'accord. C'est simplement que des sondages
ex-traordinairement hasardeux prétendent cela. Je ne pense pas que
personne les ait étudiés et je ne crois pas qu'il y ait
d'appareils de mesure...
M. Levesque (Bonaventure): On ne les a pas crus, les sondages,
nous autres non plus.
M. Lévesque (Taillon): Vous auriez dû. Mais, je
dirai simplement, pour ne pas en faire un débat, au chef de
l'Opposition, que les sondages sur les intentions de vote, cela m'a l'air de
pouvoir être des appareils de mesure assez précis. Sur les
intentions nationales d'avenir de tout un peuple, j'ai l'impression que c'est
un peu hasardeux. Enfin, on verra bien, éventuellement.
Pour ce qui est de la question spécifique du chef de
l'Opposition, je dirai simplement ceci: Nous considérons, nous et
je crois que l'ensemble des citoyens du Québec l'a bien
démontré, une pluralité, en tout cas, très claire
que nous avons un mandat de gouvernement provincial qui, lui, est
indiscutable dans les limites constitutionnelles actuelles et qui exige que
nous soyons le mieux possible un gouvernement efficace, un gouvernement
convenable pour le Québec dans son statut provincial. Cela, c'est
légalement une période de cinq ans, traditionnellement
plutôt, une période de quatre ans. Ce mandat est très clair
et
il implique une responsabilité à laquelle nous avons
à faire face. L'objectif fondamental de notre parti pour l'avenir qui va
se traduire par un référendum, enfin, dont la réalisation,
nous l'espérons, va se traduire par un référendum,
n'entache en rien et n'a rien à voir, que la réponse soit oui ou
non, avec ce mandat que les citoyens nous ont confié et que nous avons
l'intention d'assumer démocratiquement, de notre mieux, jusqu'au moment
des prochaines élections.
M. Garneau: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Une question additionnelle. Le premier ministre
pourrait-il indiquer à cette Chambre comment il peut faire la jonction
de deux idées celle qu'un gouvernement qui présente un
projet de loi de fond, dans une Assemblée nationale ou à la
Chambre des communes, et qui est battu par une pluralité de
députés qui, en fait, ne composent qu'une partie très
infime de la population du Québec, un tel gouvernement qui se fait
défaire à l'Assemblée nationale, il est de tradition qu'il
démissionne; le lieutenant-gouverneur appelle une autre personne ou il y
a un déclenchement d'élections comment peut-il faire la
jonction entre cette tradition qui existe au Québec et qui a
existé, je pense, dans toutes les juridictions à caractère
parlementaire de type britannique, comment peut-il faire la jonction entre
cette tradition et le fait qu'une population entière, rejetant une
option fondamentale d'un parti, puisse conserver à ce parti la
légitimité du pouvoir?
M. Lévesque (Taillon): Parce que je crois tout simplement
et on aura l'occasion d'en reparler souvent, j'ai bien l'impression, au
cours des deux ou trois prochaines années, en tout cas que nous
interprétons un peu mieux que le député de Jean-Talon ou
le chef de l'Opposition la substance même et le sens fondamental des
institutions parlementaires britanniques d'origine dans lesquelles nous sommes
et qui disent qu'un gouvernement doit quitter le pouvoir sauf erreur, je
ne suis pas constitutionnaliste, ni expert en droit public, on me corrigera si
je fais des erreurs de détail mais que le gouvernement ne peut
perdre le pouvoir, sauf quand il perd la confiance de la Chambre, sauf au
moment prévu des élections, au moment annoncé, peu
importent les suspenses ou alors à la limite légale de son
mandat.
Un référendum qui fait appel à l'ensemble des
citoyens n'affecte pas la légitimité du pouvoir parlementaire et,
par conséquent, exécutif aussi, du parti qui est au pouvoir.
Je ne vois pas du tout quelle confusion on peut faire. Je donne un
exemple, si on me le permet. Je donne un exemple et cela se termine là
pour aujourd'hui parce que je ne vois pas pourquoi on essaierait de "picocher"
de ce côté. Au fond, c'est clair.
Si M. Wilson je donne un exemple très ré- cent
en Angleterre, avait perdu Dieu sait d'ailleurs que cela a pris
un bon bout de temps avant qu'il ajuste ses attitudes son gouvernement,
le référendum à propos de l'appartenance au marché
commun ou de l'exit, l'"opting out" du marché commun, je ne crois pas
que personne ait jamais évoqué la possibilité qu'à
cause d'une réponse négative il soit obligé de
démissionner comme gouvernement.
M. Garneau: M. le Président, une question
additionnelle.
Le Président: Dernière question accessoire à
ce sujet.
M. Garneau: C'est un sujet extrêmement important. Je
considère qu'il y va presque de notre vie démocratique. Le
premier ministre... Ai-je dit un sacrilège?
Une Voix: II rit de la démocratie. Le Président:
A l'ordre, messieurs!
M. Garneau: L'interprétation que donne le premier ministre
de la responsabilité ministérielle et la distinction casuistique
qu'il fait en la responsabilité face à la Chambre et la
population... Il donne l'exemple de M. Wilson qui malheureusement pour nous et
heureusement pour son exemple a gagné le référendum. Mais
je pourrais donner l'exemple, également, de ce qui s'est produit dans un
autre pays, en France.
Le Président: Pourriez-vous formuler votre question, s'il
vous plaît?
M. Garneau: Est-ce que le premier ministre ne pourra pas
considérer l'exemple donné par le général de Gaulle
lorsqu'il a engagé l'avenir de son gouvernement, ce qui était
différent dans le cas de M. Wilson où son propre parti
était divisé sur cette question? Ne peut-il pas considérer
que, lorsqu'il s'agit d'une ligne de parti et que le gouvernement et le parti
s'engagent, il y a une distinction fondamentale entre ce type de situation et
celle qui existait dans le cas de M. Wilson?
M. Lévesque (Taillon): Enfin, on pourra considérer
toutes ces hypothèses. Je remercie, entre-temps, l'Opposition de nous
aider à amorcer, je crois, d'une façon qui peut devenir
très féconde très rapidement, le débat fondamental
dont il est question.
Propriétaires de boisés
privés
M. Giasson: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre responsable du dossier des Terres et Forêts. Nous savons tous
que, dans plusieurs régions du Québec, des centaines, pour ne pas
dire des milliers, de petits producteurs de bois, propriétaires de
boisés privés, sont aux prises avec la mévente de leurs
produits. Ce qui est
plus tragiquevous me permettez, M. le Président, de le
signaler c'est que plusieurs de ces petits producteurs ont
déjà vécu une année difficile parce que beaucoup
d'entre eux sont des producteurs laitiers et on sait quelles furent les
conséquences de la politique de la Commission canadienne du lait
vis-à-vis des producteurs du lait.
Je voudrais savoir du ministre responsable quelles sont les mesures
immédiates qu'il entend prendre afin de permettre à ces
propriétaires de boisés privés, à ces petits
producteurs d'écouler, au cours des prochaines semaines, ce bois qui,
s'il ne quitte pas les régions où il a été
exploité, n'aura plus aucune valeur puisque les usines de pâtes et
papiers ne voudront plus l'accepter. Il s'agit d'un problème qui n'est
pas hypothétique, qui est d'une actualité cuisante et qui
nécessite une décision rapide.
M. Bérubé: Je remercie M. le député
de son intérêt pour la cause des petits producteurs de bois; c'est
une situation réelle. Présentement, nous travaillons à un
programme pour la distribution, la répartition de la matière
ligneuse et, dès que nous aurons une politique clairement
définie, je me ferai un devoir de vous la soumettre.
M. Giasson: Question additionnelle, M. le Président.
Je comprends que le ministre est bien animé de l'intention de
mettre sur pied un programme d'allocation des bois aux usines de pâtes et
papiers. J'en suis à 100%, mais j'aimerais qu'il réponde à
ma question dans le sens de mesures immédiates et pratiques. Entend-il
intervenir auprès de certaines usines de pâtes et papiers?
Entend-il demander à REXFOR de suspendre provisoirement ses
expéditions de bois coupé sur les forêts publiques afin de
permettre, par entente avec les offices de producteurs de bois ou les
syndicats, aux petits producteurs d'écouler le bois qui va se perdre
définitivement, quitte à demander à REXFOR d'entreprendre
ses expéditions aux usines après l'entrée du bois des
petits propriétaires?
Le Président: M. le ministre des Terres et
Forêts.
M. Bérubé: Ma réponse était
suffisamment explicite. Il n'y a pas de mesures immédiates puisque nous
avons l'habitude de réfléchir avant d'agir.
M. Levesque (Bonaventure): ... réponse à rien.
M. Goulet: M. le Président, cela s'adresse au ministre de
l'Agriculture. M. le ministre, entendez-vous faire quelque chose concernant le
monopole que détient l'UPA sur la commercialisation du bois?
Des Voix: II ne le sait pas.
M. Garon: II s'agit là de questions à
l'étude.
M. Lavoie: Vous allez faire un cours classique de huit ans au
moins, vous.
Le Président: M. le député de
Lotbinière.
Entente avec les Cris de la baie James
M. Biron: Ma question s'adresse au premier ministre. Devant
l'affirmation récente du ministre fédéral des Affaires
indiennes, M. Warren Allmand, à l'effet qu'une nouvelle disposition
législative était devenue nécessaire puisque certains
avantages octroyés aux Cris, en vertu de l'entente de la baie James, ne
sont pas prévus dans la loi actuelle des Indiens, le premier ministre et
son gouvernement sont-ils déjà à l'étude de
l'implication pour le Québec de ce nouveau texte de loi
fédéral que M. Allmand doit déposer au début de
l'année 1977?
M. Lévesque (Taillon): Je pense que la question aurait pu
s'adresser et, même là, aurait demandé une certaine
étude additionnelle, plutôt au ministre des Richesses naturelles.
M. le Président, en réponse au député de
Lotbinière, tout ce que je peux vous dire est que toutes les
implications de cette entente, qu'elles soient
fédérales-provinciales dans le contexte actuel ou qu'elles soient
aussi budgétaires, sont non seulement à l'étude, mais sont
en voie de réalisation de la part du gouvernement
québécois. En ce qui concerne l'attitude du gouvernement
fédéral, on admettra qu'on attende qu'elle se dessine un peu plus
clairement pour avoir à se prononcer là-dessus.
M. Biron: J'ai une question additionnelle là-dessus. Elle
s'adresse encore au premier ministre parce que c'est une question très
urgente, je pense, concernant plus précisément le gouvernement du
Québec. Je veux savoir s'il va accepter sans réserve la cession
de 1274 milles carrés de terrain au fédéral c'est
ce que les nouvelles nous donnaient à entendre dernièrement
conformément au terme de l'entente sur les revendications
territoriales de la baie James.
M. Bellemare: Qui appartiennent au Québec.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je crois
que le député de Lotbinière se trouve à
véhiculer, de bonne foi sans doute, un adjectif et des mots qui ont
été employés surtout dans les titres des journaux à
propos de cela. Je ne sais pas s'il y avait là l'indication d'une
certaine mauvaise volonté de la part de M. Allmand, j'espère que
non, parce que cela ne correspond pas à la vérité. Il est
prévu dans l'entente, je crois, qu'il y aura la cession non pas de la
propriété parce que la propriété absolue du
territoire québécois demeure québécoise mais
la cession administrative de certaines enclaves dans le Nord, ce qui
était prévu dans l'entente. Automatiquement, elles tomberaient,
dans certains cas, sous le régime, si vous voulez, de la Loi des
Indiens, c'est-à-dire devien-
draient des réserves. A ce moment, s'il s'agit de cessions
administratives, malheureusement, dans le contexte actuel, les populations
autochtones sont encore régies par cette loi fédérale.
S'il s'agit de la propriété, ce qui impliquerait le mot
"cession", il n'est pas question de cela du tout.
M. Biron: Dernière question additionnelle
là-dessus, M. le Président, très brève. Elle
s'adresse peut-être au ministre d'Etat responsable de
l'aménagement du territoire et concerne le même sujet. Je voudrais
savoir s'il y a déjà un dossier préparé dans cette
affaire et qui va garantir quand même au Québec ses droits miniers
et autres dans cette région de la baie James.
M. Levesque (Bonaventure): Où est-il?
M. Bellemare: Où est-il le super?
M. Levesque (Bonaventure): II n'est pas là.
Une Voix: II ne le sait pas.
M. Bellemare: Le super!
Une Voix: II connaît cela comme le ministre de
l'Agriculture.
M. Léonard: Je n'ai pas en main ce dossier de la baie
James.
M. Samson: M. le Président...
M. Léonard: Je prends avis de la question,
présentement.
Propriétaires de petits abattoirs
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, j'aurais une
question à poser au ministre de l'Agriculture. Hier, le
député de Beauce-Sud lui posait une question en ce qui concerne
les petits abattoirs. Pour ma part, je voudrais lui poser la question suivante.
Le 28 mai 1976, le ministre de l'Agriculture avait donné un sursis aux
propriétaires de petits abattoirs pour dire s'ils voulaient fermer leurs
établissements ou continuer leurs opérations. Le ministre a-t-il
l'intention de prolonger ce sursis, étant donné que le sursis
finit le 31 décembre 1976?
M. Garon: J'ai répondu hier au député de
Beauce-Sud que je ferais une déclaration ministérielle au
début de la semaine prochaine à ce sujet.
M. Vaillancourt (Orford): Comme question supplémentaire,
est-ce que la déclaration ministérielle va se faire avant la fin
de l'année, c'est-à-dire durant la présente session?
M. Garon: C'est évident qu'elle va se faire avant la fin
de cette année. J'ai dit que je la ferais au début de la semaine
prochaine et je pense que la semaine prochaine finit avant la fin de
l'année.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président...
Le Président: Dernière question additionnelle du
député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Cela veut-il dire que le ministre de
l'Agriculture n'accordera pas de sursis et que tous les petits abattoirs,
à partir du 1er janvier, devront fermer leurs portes?
M. Garon: Je ferai une déclaration au début de la
semaine prochaine. Si ce que vous dites était vrai, je n'aurais pas
besoin de faire une déclaration.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
Centrales hydroélectriques de l'Alcan
M. Samson: M. le Président, je voudrais adresser ma
question au premier ministre. Suite aux nouvelles parues selon lesquelles la
CSN réclame la nationalisation des centrales hydroélectriques de
l'Alcan, le premier ministre peut-il nous dire si son gouvernement est en
mesure, aujourd'hui, devant cette Chambre, de nous informer si c'est
l'intention du gouvernement de nationaliser les pouvoirs
hydroélectriques de l'Alcan?
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je dois
rappeler au député de Rouyn-Noranda qu'il y a maintenant un
ministre délégué à l'énergie en la personne
du député de Mille-Iles. Si le député n'y voit pas
d'inconvénient, je demanderais au ministre délégué
à l'énergie de répondre à sa question.
M. Joron: M. le Président, pour répondre à
la question du député de Rouyn-Noranda, cela ne fait pas partie
des intentions immédiates du gouvernement; par contre, nous
étudions présentement la question des redevances qui doivent
être payées par les utilisateurs privés, pour l'utilisation
de l'eau, pour des fins de génération de pouvoir hydraulique.
Nous sommes en train de regarder cela. Le député de Rouyn-Noranda
doit savoir que ces redevances sont demeurées inchangées depuis
1946. Il me semblerait sans que l'on puisse annoncer dès aujourd'hui
notre politique définitive à ce sujet, que ce dossier doive
certainement être revu dans un bref avenir.
M. Samson: M. le Président, question additionnelle. Le
ministre peut-il me dire si, dans l'étude de ce dossier, sont prises en
considération les déclarations publiques faites par les
représentants de l'Alcan, que s'il y a effectivement nationalisation,
ils sont prêts à quitter le Québec, dans un premier temps,
et est-ce que... Je ne vois pas pourquoi on rit de cela. M. le
Président, j'ai l'impression qu'on n'aurait pas intérêt
à ce que ces gens quittent le Québec. Le ministre peut-il me dire
également si, lorsqu'il m'a répondu tantôt que ce
n'était pas l'intention du gouvernement, dans l'immédiat, on doit
sous-entendre que, dans
l'étude de ce dossier, on prévoit la possibilité de
la nationalisation?
M. Joron: II ne faut jamais écarter quelque
possibilité que ce soit. On ne peut pas engager l'avenir pour
l'éternité, cela est évident. Pour répondre
à la première partie de votre question additionnelle, oui, j'ai
pris connaissance aussi des déclarations de la direction de l'Alcan,
mais vous les interprétez de façon erronée. Ces gens n'ont
pas dit qu'ils déménageraient du Québec.
Ils ont dit que, si les redevances devenaient trop coûteuses,
là, ils pourraient remettre en cause leurs programmes d'immobilisation
au Québec. C'est bien différent. Il faudrait que le
député se rappelle que c'est une façon... Je comprends
qu'on procède de cette façon. C'est leur "bargaining power". Le
nôtre, là-dedans, c'est le suivant. La raison principale pour
laquelle l'Alcan est installée au Saguenay-Lac-Saint-Jean et heureuse
d'y être, c'est parce que, dans le coût de la fabrication de
l'aluminium, vous savez que le coût de l'énergie est un des
facteurs les plus importants. Il n'y a pas un lieu au monde, aujourd'hui,
où l'électricité coûte meilleur marché, pour
les fabricants d'aluminium, qu'au Québec. En d'autres mots, ce que je
veux dire, c'est que le gros bout du bâton, ne vous inquiétez pas,
c'est quand même le Québec qui le possède.
M. Samson: M. le Président, je pose la question de
privilège.
Le Président: M. le député...
M. Samson: Le ministre a laissé sous-entendre que j'avais
mal interprété ou que j'avais mal cité les propos qui ont
été tenus publiquement. Pour l'information du ministre et pour
rétablir les faits, je cite un journal de ce matin: "Les porte-parole de
la compagnie ont déjà fait savoir, par suite de cette
requête, que l'Alcan pourrait quitter le Québec si le gouvernement
lui enlevait son énergie électrique". Je pense que c'est
différent.
M. Léger: Continuez à rire, vous allez
comprendre.
M. Samson: Cela fait référence, pour ceux qui ont
la rigolade facile, à la nationalisation des centrales
hydroélectriques de l'Alcan. Peut-être que vous rirez moins
tantôt si vous n'êtes pas prudents. Je dis qu'il est normal qu'on
prenne les questions, même venant de l'Opposition, en
considération et sérieusement en considération, et qu'on
donne des réponses, qu'on dise aux Québécois si on a
l'intention, oui ou non, de nationaliser ces centrales
hydroélectriques.
Le Président: Le député de Laurier.
M. Marchand: Une question additionnelle.
Le Président: II n'y aura plus de question ad- ditionnelle
là-dessus, M. le député de Laurier, parce que le temps
presse.
M. Garneau: De quel droit, M. le Président, je ne pourrais
pas poser une question? Il y a eu seulement une question principale et j'ai une
question extrêmement importante dans le cadre de ce que le ministre a
déclaré. Je ne vois pas comment on peut dire comme cela qu'il n'y
a plus de question additionnelle.
M. Lavoie: Sur la question de règlement, avant que vous ne
rendiez votre décision, dans le passé, au moins sur une question
principale de l'importance de celle qui est posée par le
député de Rouyn-Noranda, à plusieurs reprises, il y a eu
des questions supplémentaires, non pas uniquement par celui qui avait
posé la question principale, mais par les autres partis qui pouvaient y
greffer une question additionnelle. Je pense bien que cela a été
reconnu et c'est arrivé à plusieurs reprises. Je verrais,
personnellement, d'un très mauvais oeil que vous refusiez une ou
peut-être deux questions supplémentaires à d'autres
députés, qu'ils soient de l'Union Nationale ou du Parti
libéral, sur une question aussi importante.
M. Bellemare: M. le Président, en parlant de question de
règlement, nous avons commencé la séance ce matin à
10 h 20 à cause de certains retards. Cela fait plusieurs fois que cela
se répète depuis le commencement de la session. Les questions ont
commencé à 10 h 59, parce qu'il y a eu, d'abord, la
déclaration ministérielle qui a été très
longue. Il y a eu les dépôts de documents. Donc, en vertu de la
tradition, notre demi-heure n'est pas épuisée, tel que le veulent
nos règlements. Je vous soumets très humblement que nous avons
droit à cette demi-heure particulière de questions. Quand le
gouvernement nous retarde de vingt minutes, qu'il y a une déclaration
ministérielle qui dure presque vingt autres minutes et les
dépôts de documents et qu'on commence les questions à 10 h
59, tel que je l'ai noté, on arrive à 10 h 20, il doit nous
rester au moins encore 24 minutes. Je pense qu'on aurait droit, et je soumets
humblement à vo-tre considération ces détails qui sont
très importants, on devrait permettre à nos députés
de pouvoir poser au moins une question. On avait droit à deux questions
ce matin. On a seulement une question par le chef et on a une autre question
très importante par un de nos députés. J'aimerais bien que
ce député puisse aussi se faire entendre.
Le Président: Je vais profiter de l'occasion pour
préciser comment j'entends régir la période des questions
orales. Tout d'abord, je voudrais préciser à M. le
député de Johnson que la période de questions a
commencé, suivant le secrétaire adjoint et suivant
moi-même, à 10 h 47 précisément, de telle sorte que,
normalement, elle serait terminée.
Je sais, M. le député de Johnson, que vous avez, depuis
longtemps, des litiges avec le secrétaire adjoint au sujet de l'heure du
début des questions.
M. Bellemare: II protège le trône, lui.
Le Président: M. le député de Johnson, je
vous rappelle que de même qu'il vous arrive de ne pas voir le
Président, de même vous arrive-t-il de ne pas voir l'heure.
Vous avez mentionné, tout à l'heure, M. le
député de Johnson, que vous aviez droit à deux questions.
Je voudrais préciser la politique que j'entends suivre. Je verrai si,
à l'usage, elle doit être prolongée, en ce qui concerne la
période des questions. Je permettrai toujours, au départ, deux
questions à l'Opposition officielle, ensuite, une question au parti de
l'Union Nationale. Par la suite, quant à la quatrième question,
je verrai à qui elle doit être accordée, suivant les
membres de cette Assemblée que je pourrai reconnaître. Je voudrais
tout de suite rectifier votre affirmation voulant que vous ayez droit à
deux questions.
En ce qui concerne les questions additionnelles, je pense que mon
prédécesseur avait fait bien attention cela est important
et j'entends suivre la même politique de ne pas trop permettre de
questions additionnelles, de telle sorte que cela puisse empêcher les
membres de cette Assemblée de poser des questions principales. On
pourrait s'éterniser sur des questions accessoires et ne jamais pouvoir
formuler de questions principales. C'est pourquoi, d'ailleurs, j'ai
donné la parole à M. le député de Laurier. Je vais
lui donner la parole et ainsi terminer la période de questions.
M. Bellemare: M. le Président, je me permets, simplement
par déférence pour votre décision, de vous dire qu'il
avait été entendu que nous aurions droit à deux questions
pour protéger notre groupe. Je vous rappellerai que vous-même,
sans faire aucune indiscrétion...
M. Lavoie: A l'ordre, s'il vous plaît, à l'ordre!
Question de règlement, M. le Président. Je crois qu'il
n'appartient pas au député de Johnson de critiquer la
décision du Président.
M. Bellemare: Non, non.
M. Lavoie: Je crois que c'est même indécent.
M. Bellemare: II faudrait rappeler à l'honorable leader de
l'Opposition comment, tout à l'heure, il a manqué son coup; mais
je ne veux pas tourner le fer dans la plaie.
M. le Président, si vous décidez qu'on a droit à
une question, je me soumettrai, mais j'espère que vous allez me
reconnaître avant les autres pour la quatrième. En tout cas! Je
voudrais vous rappeler, M. le Président, qu'il avait peut-être
été entendu entre nous, lors d'une visite que vous m'avez
aimablement faite, que vous pensiez, vu l'importance...
Des Voix: Ah, ah!
M. Bellemare: Oui, lors de l'étude des règlements,
ici, en public, il avait été peut-être entendu que
nous...
M. Burns: A l'ordre, M. le Président, à l'ordre! M.
le Président, j'invoque le règlement. Votre décision est
rendue, M. le Président, et je vous demande de la maintenir. En ce qui
concerne la majorité, nous la respectons. Nous avons entendu
l'Opposition officielle dire qu'on la respectait et qu'on s'y soumettait; je ne
vois pas pourquoi un parti déciderait de ne pas s'y soumettre.
Le Président: M. le député de Johnson, une
dernière fois, je maintiens ma décision. Je vous rappelle, d'une
part, que quand je suis allé vous rendre visite, il aurait fallu que
vous mentionniez que je n'étais pas Président.
D'autre part, je répète que je maintiens ma
décision.
M. Marchand: M. le Président...
Le Président: M. le député de Laurier.
M. Bellemare: En ne s'occupant pas des autres, c'est cela qui
arrive. On prend toute la place des autres. On se souviendra de cela.
Des Voix: A l'ordre!
Avenir des installations olympiques
M. Marchand: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre tuteur ou pupille... au ministre responsable du dossier olympique.
Dans sa décision de rejeter le maire Jean Drapeau, le
député de Saint-Jacques, l'honorable ministre, a-t-il
consulté les autres membres du RIO?
M. Charron: J'espère que l'attention que porte
l'Opposition à ce dossier n'est pas symbolisée par le
député qui pose la question.
Je voudrais expliquer rapidement la décision prise relativement
à ce dossier. J'ai refusé la suggestion de la ville de
Montréal, savoir que le maire de Montréal soit le
délégué de la ville au comité chargé
d'étudier l'avenir des installations olympiques, pour deux raisons: la
première, parce que le maire de Montréal s'est fait, depuis
l'origine, le promoteur, le principal vendeur et le principal prophète
d'une des hypothèses de parachèvement des installations
olympiques que le comité sera chargé d'étudier.
Mais les quatre autres membres de ce comité n'ont
été en aucun temps liés à l'une des
hypothèses que nous devrons étudier. J'avais recruté ces
personnes à cause de cette impartialité, à cause de cette
neutralité qu'elles pourront manifester devant chacune des
hypothèses, et le maire de Montréal ne me paraissait pas
convenable dans le cadre de neutralité et d'impartialité que l'on
voulait.
La deuxième raison pour laquelle j'ai refusé cette
suggestion, c'est qu'il me paraissait évident et j'ai tenu
à le répéter que la solution que ce comité
devra recommander au Conseil des ministres, par l'entremise de celui qui vous
parle, M. le Président, devra être une solution socialement
justifiable et économiquement raisonnable.
Et quand on parle d'un corridor aussi étroit qu'une solution
socialement justifiable et économiquement raisonnable, je pense que le
maire de Montréal est depuis longtemps disqualifié.
M. Marchand: Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: Une dernière question
additionnelle.
M. Marchand: Est-ce que le ministre n'aurait pas dû, dans
sa décision, respecter tout de même les élus du peuple de
la ville de Montréal, qui avaient choisi le maire de Montréal
pour les représenter, ou est-ce que le ministre ne donne pas justement
un signe que le nouveau ministre désire écarter tous ceux qui
sont de pensée différente de ses opinions politiques à
lui?
M. Charron: Nullement, M. le Président. D'abord, je tiens
à dire que je n'avais pas demandé à la ville de
Montréal de me déléguer quelqu'un. J'avais demandé
de me faire une suggestion, parce qu'il était important que la
décision pour la formation de ce comité, vu la
nécessité de l'impartialité et de la neutralité,
soit celle du ministre responsable de ce dossier. La deuxième raison
est, je n'ai pas du tout l'intention d'écarter quelque hypothèse
que ce soit, y compris celle qu'incarne le maire de Montréal. Le
comité, lorsqu'il sera formé, sera heureux de recevoir,
j'espère, non seulement une opinion écrite de la part de la ville
de Montréal, qui est directement intéressée dans l'avenir
des installations olympiques, à cause des revenus qui en
découleront pour elle et à cause de son intérêt
premier dans le développement du parc olympique, mais j'espère
même aussi et je le dis bien clairement que le maire de
Montréal acceptera de venir rencontrer le comité, lors d'une de
nos séances, pour nous parler de son hypothèse à lui,
alors qu'aucun des membres de ce comité, à ce moment, ne sera
lié à une autre hypothèse en particulier.
Le Président: Avant de clore la période de
questions, j'ai été informé par M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce qu'il aimerait répondre à une question
qui a été posée antérieurement. Je laisse la parole
à M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Hausse du salaire minimum
M. Tremblay: Merci beaucoup, M. le Président. Le
député de Lotbinière posait mercredi passé une
question intéressante, à savoir si le salaire minimum affectait
les entreprises multinationales. Il aurait été fastidieux de
dresser une liste exhaustive de tous les noms des sociétés
multinationales et de leur implication dans le salaire minimum, mais j'ai quand
même fait le tour de la question et je pense que nous pouvons
présenter la question de façon satisfaisante pour les membres de
l'Assemblée.
Les sociétés multinationales ici je parle de
sociétés internationales sont impliquées de deux
façons par le salaire minimum: directement et indirectement. Au plan
direct, il faut se rappeler qu'au Québec parmi les salariés au
taux minimum, il y en a 57% dans les deux secteurs suivants: commerce de
détail et hôtellerie. Or, ce sont deux secteurs où il
existe plusieurs multinationales qui oeuvrent au Québec.
Par contre, il faut se rappeler que les grandes sociétés,
comprennent souvent des syndicats et que certains hôtels et certains
restaurants ont avec leurs employés, des conventions collectives dont
les règlements sont supérieurs au salaire minimum. D'autre part,
les grandes sociétés font souvent de la sous-traitance. Par
conséquent, même si, dans leurs conventions collectives, elles ne
sont pas soumises au salaire minimum, il est possible que, dans leurs travaux
de sous-traitance, elles emploient du personnel qui est, lui, soumis au salaire
minimum.
Maintenant, en ce qui concerne l'implication indirecte, il existe des
conventions collectives de sociétés multinationales qui
règlent parfois leurs salaires sur le salaire minimum, soit par un
montant fixe supplémentaire ou par un pourcentage.
De cette façon, le salaire minimum se trouve à les
affecter indirectement, puisque leurs règles de détermination des
salaires se trouvent à être reliées au salaire minimum.
Merci.
Le Président: C'est la fin de la période des
questions.
M. Pagé: Une question de règlement. J'avais
posé une question cette semaine au ministre du Tourisme qui s'est
engagé à formuler la réponse avant la fin de la semaine.
Est-ce que celui-ci pourrait suivre le bon exemple qui lui est donné par
le ministre de l'Industrie et du Commerce et me répondre?
M. Duhaime: Si j'avais bien compris, la question du
député de Portneuf visait à savoir s'il y avait des
incidences économiques de la hausse du salaire minimum pour les
employés de l'hôtellerie. En fait, j'aurais peut-être eu
besoin de quelques heures, mais je puis vous répondre maintenant
qu'après en avoir discuté, en portant ce salaire à $2.65
dans l'hôtellerie, il est évident que c'est un point très
marginal. En effet, si vous prenez Montréal, à l'heure actuelle,
le coefficient d'occupation des grands hôtels de Montréal est aux
alentours de 50%, 45% et même 40% dans certains cas. Ce bas taux
d'occupation n'est en aucune manière relié au salaire minimum
décrété ou antérieur. Il est beaucoup plus
relié, et ce malgré la tenue des Jeux olympiques en 1976, au haut
taux de taxe locative qui affecte les grands hôtels de
Montréal.
Là-dessus, soyez assuré que j'ai rencontré
dès hier des gens en autorité qui sont intéressés
et que nous allons, au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, envisager des formules pour faire en sorte de contrer cette
espèce de descente qui pourrait faire de Montréal une ville hors
marché pour les grands congrès.
Le Président: Affaires du jour.
M. Burns: Aux affaires du jour, j'appellerai d'abord l'article
2). Je rappelle, pour les autres députés qui seraient
intéressés à savoir ce qu'on va faire cet
après-midi, que nous suspendrons la séance, tel que l'ordre en a
été donné hier, à 12 h 30 pour reprendre à
14 h 15. Si, à ce moment-là, l'article 2), c'est-à-dire la
reprise du débat sur le message inaugural et les motions de censure qui
s'y relient sont terminées, si on en a disposé, nous
entreprendrons l'article 1), c'est-à-dire la commission
plénière pour l'étude des crédits.
J'en donne avis à tous les membres qui seraient
intéressés à suivre exactement la progression des travaux
aujourd'hui. Nous finirons, si possible, avant 17 heures, sinon à 17
heures cet après-midi au plus tard. M. le Président, l'article
2).
Reprise du débat sur le message
inaugural
Le Président: Reprise du débat sur le message
inaugural.
M. le premier ministre.
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Je suis inutile de vous le
dire très heureux et très fier de m'adres-ser pour la
première fois, de façon semi-solennelle, au nom du nouveau
gouvernement, à cette Assemblée nationale où le
récent scrutin m'a permis, enfin, avec tant d'autres qui sont nouveaux
ici moi, cela renouvelle un morceau de ma vie de rentrer au
moment où, personnellement, j'étais sur le point de ne plus y
compter.
Cela me rappelle que je voudrais commencer en remerciant du fond du
coeur les électeurs du comté de Taillon qui m'ont fait cette
confiance et souligner aussi que ce résultat était beaucoup moins
le fruit de mon travail que de celui de centaines de militants et de
bénévoles de notre parti qui ont travaillé d'arrache-pied
jusqu'au 15 novembre.
Comme pour tous les autres, à la suite de ce résultat
j'ai eu l'occasion de le dire au moment où se déroulait
l'assermentation du nouveau Conseil des ministres je considère
qu'autant qu'il est humainement possible, un de mes premiers devoirs demeure,
quand même, d'essayer d'être un bon député,
même dans ce tue-monde, d'ailleurs passablement inattendu cette
année, comme le rappelait le chef de l'Opposition, qu'est le poste que
je dois occuper maintenant.
Malgré cela, je voudrais essayer de réussir de mon mieux
je pense que nous sommes tous remplis des mêmes intentions
au moment où ce sera possible d'être un bon
député.
J'ai toujours remarqué d'ailleurs, et je le dis pour les nouveaux
qui n'ont jamais connu cela encore, durant les années où j'ai
siégé antérieurement comme député, que c'est
dans cette partie du rôle politique en tout cas à titre
personnel, c'est ce que j'ai ressenti qu'on a souvent, plus qu'ailleurs,
l'impression de faire des choses qui sont concrètes et utiles. Vous
savez, il est important il y a des gens qui diront que c'est plus
important et ils ont peut-être raison de participer, par les
travaux de l'Assemblée nationale, à l'élaboration des
lois, des budgets. Il y en a qui diront aussi que c'est plus important de
participer au travail du Conseil exécutif, c'est-à-dire de
veiller à l'application des décisions du Parlement et à
l'administration des fonds publics.
C'est peut-être vrai. S'il s'agit simplement de la satisfaction
personnelle que l'on peut avoir à jouer un rôle politique,
officiellement, il me semble que c'est en aidant, au niveau des comtés,
à régler des cas humains, très précis, très
tangibles et, pour ainsi dire, de servir modestement, mais souvent d'une
façon que l'on ressent, dans la même journée, de protecteur
du citoyen, jusqu'à un certain point, dans le coin qui nous a fait
l'honneur de nous élire.
Cela dit et, autant que possible, cela fait, à l'occasion, exige
donc d'être membre, d'abord, de cette Assemblée que l'on appelle
nationale. Nationale est un mot sonore. Je me souviens du moment où il a
été inscrit dans la Loi de la Législature, je crois. C'est
un mot sonore et logique pour désigner le Parlement d'un peuple. Comme
celui, d'ailleurs, d'Etat. Je suis sûr que le chef de l'Opposition, un
autre survivant, comme moi, des années soixante, s'en souvient. C'est un
peu comme celui d'Etat que l'on avait mit à la mode au moment de cette
période que l'on a appelée la révolution tranquille.
L'Assemblée nationale de l'Etat du Québec.
Derrière les mots il y a une sorte de nostalgie collective. Je
pense que tout le monde l'admettra. Il est bon que les mots expriment ce genre
de nostalgie en attendant parce qu'il ne serait pas bon, à mon avis et
à l'avis du gouvernement au pouvoir depuis trois semaines maintenant,
que pendant trop longtemps la réalité politique ne corresponde
pas adéquatement aux mots que l'on a voulu employer pour exprimer une
certaine nostalgie collective. C'est une façon très simple, en
partant des mots que nous employons tous les jours, d'exprimer le but que
poursuit fondamentalement le Parti québécois, au plan national,
le but suprême que doit poursuivre et que poursuivra maintenant le
gouvernement qui vient d'être élu. C'est-à-dire, justement,
de donner tout son sens, le plus complet, le plus entier, à cet adjectif
de "nationale" qui qualifie déjà notre Assemblée
parlementaire.
Je crois que si l'on veut parler de valoriser ou de revaloriser
l'institution parlementaire et Dieu sait que l'on s'est gargarisé
souvent, et non sans résultats, à certains points de vue, avec
cette expression si l'on veut vraiment valoriser ou revaloriser le
Parlement, cela doit passer d'abord ou, si l'on préfère, cela
doit passer enfin par ce contenu du mot "national" qui, même en
désignant notre Parlement, n'est pas tout à fait adéquat,
en ce moment.
Cela passe aussi, évidemment, par beaucoup de réformes qui
ont trop tardé dans bien des cas, des réformes concernant le
fonctionnement de
l'institution parlementaire. Nous l'avons tous souligné trop
rapidement, mais je dois dire que nous sommes conscients, de ce
côté de la Chambre, du travail assez remarquable, même
extraordinaire à certains points de vue, que l'ancien président
de la Chambre, le leader parlementaire d'aujourd'hui, député de
Laval, a effectué ces dernières années. Je crois que les
députés du Parti québécois en étaient
conscients et ont su lui rendre hommage à ce point de vue. Je suis
sûr aussi que le nouveau président de la Chambre, avec les
intentions qu'il nous a exprimées, la formation dont il dispose, pourra
enchaîner sur ces développements qui étaient très
heureux et qui étaient un aspect de la revalorisation nécessaire
du Parlement.
Mais, dans cette perspective, il y a aussi des choses qui touchent
l'exercice de ces pouvoirs comme Parlement. Celui, entre autres par exemple,
d'être placé dans la position de vraiment savoir ce qui se passe
dans l'ensemble de l'administration publique. Là-dessus, on a pas mal de
rattrapage à faire. Il y a aussi des choses directement reliées
à ce qu'on peut appeler non seulement l'image, mais
l'intégrité réelle du Parlement et qui concerne la vie des
partis, leur représentativité, leur intégrité comme
formations politiques, la qualité de leur vie démocratique
interne.
A ce point de vue, nous arrivons au gouvernement avec des vues
extrêmement précises qui sont bien connues et qui expliquent, pour
une grande part, la création, parmi les ministères d'Etat, de
celui qu'occupera désormais, qu'occupe maintenant le leader
parlementaire, c'est-à-dire ministre d'Etat à la réforme
parlementaire, parce qu'il y a tout un ensemble sur lequel on aura tous
à travailler. La réforme parlementaire, quant à nous,
comprend aussi, comme une de ses dimensions essentielles, la réforme
électorale qui, je crois que tout le monde l'admettra, n'a jamais
été complétée. Cela fait partie de nos
priorités. Je crois qu'elles sont logiques et nécessaires.
Ce qui m'amène, en parlant de réforme électorale,
à commenter très brièvement, cela ne demande pas de
commentaires détaillés, le résultat des élections
qui se sont déroulées il y a tout juste un mois. Je me permettrai
d'abord de noter, ce que tout le monde admettra, que le résultat de ce
scrutin nous a donné, quand même, peu importent les
déceptions ou les satisfactions des uns ou des autres, globalement, une
Assemblée nationale qui est beaucoup mieux équilibrée en
fonction de la volonté populaire que le Parlement auquel elle
succède. C'est beaucoup plus représentatif, je crois, de la
véritable volonté populaire que le résultat de 1973.
Cela me permet de souligner en passant que, dans cette
représentativité améliorée, se trouve une
présence beaucoup plus substantielle et, je crois, extrêmement
justifiée de l'Union Nationale qui représente quand même
une tendance permanente dans notre société comme dans n'importe
quelle autre, c'est-à-dire la tendance foncièrement conservatrice
je crois que le mot n'a rien d'offensant, c'est une
réalité qui a des racines aussi profondes chez nous
qu'ailleurs et qui, à cause de sa présence très
concrète dans la population et dans les esprits, méritait ce
retour en force ou en demi-force, peu importe, que dirige maintenant le
député de Lotbinière en qui je crois, en toute
équité. Il faut dire que son coup d'essai a été un
coup de maître.
Evidemment, en dépit de ce que je viens de dire, cette
représentativité parlementaire, telle qu'illustrée par les
résultats du 15 novembre, est loin d'être parfaite. Il est
évident qu'elle ne le sera jamais complètement. Ce n'est pas
possible de trouver une adéquation absolue entre la volonté
populaire et les résultats arithmétiques qui s'inscrivent au
Parlement dans les 110 ou 112 sièges, peu importe. Ce ne sera jamais
parfait même si certaines réformes, que là aussi nous
gardons l'intention d'effectuer, permettent et permettront sûrement
d'améliorer encore les choses et la situation sur ce plan. Un plan,
d'ailleurs, comme sur tant d'autres et là je
généralise mes remarques, mais je crois que là aussi la
plupart des gens, peut-être pas tout le monde, mais la plupart des gens
l'admettront un plan, celui des élections, où le dernier
scrutin a été le signe, quant à nous, éclatant
d'une maturité politique sans précédent. Elle était
là, mais elle s'est révélée comme jamais dans
l'ensemble de la population québécoise.
Je crois qu'il est évident qu'il y avait, après une
demi-douzaine d'années de l'autre gouvernement, dans tous les domaines,
ou à peu près, un besoin de plus en plus grand, une espèce
d'appétit très visible de changement et de renouveau, aussi bien
dans le secteur de l'administration des affaires publiques que dans la place
que le peuple québécois doit occuper dans sa propre vie
économique, dans sa propre société à tous les
points de vue et aussi, dans le régime politique, dont ce peuple fait
partie jusqu'à nouvel ordre.
Contre ce besoin et cet appétit de plus en plus grand se
dressaient, comme toujours et c'est normal quand il s'agit de changement
et bien exploité de nouveau, comme toujours, toutes les
ressources d'une propagande politique admirablement organisée qui se
servait évidemment et qui s'est servie encore du conditionnement
héréditaire, de génération en
génération, à un certain statu quo. Cette fois, une partie
suffisante de la population pour que cela compte dans les résultats
s'est dressée, dans un sursaut que je trouve extraordinaire je
l'ai déjà dit, je crois que même si on n'est pas d'accord,
on peut en être très fier contre cela; elle a dit non
à tout cela qui était employé encore une fois, au fond,
contre elle. Cette population québécoise je crois que le
moteur de ce sursaut était surtout la fierté et la confiance en
soi retrouvées nous a mis majoritairement de ce
côté-ci de la Chambre, non pas comme la cause de ce qui est
arrivé, mais bien plutôt comme le résultat. C'est un
résultat dont il ne sera pas facile d'être digne, on le sait,
parce que cela charrie beaucoup d'espoir. On n'a pas essayé de le
gonfler avec des illusions, mais l'espoir était quand même
là et cela en véhicule beaucoup. Notre devoir à nous
et on espère bien, chaque fois qu'on sera d'accord, avoir la
coopéra-
tion de tous les partis, de tous les députés dans cette
Chambre c'est de ne pas transformer cet espoir en
désillusion.
Evidemment, la vraie réalisation d'une partie de ces espoirs, au
moins, ce n'est pas pendant cette mini-session que nous avons en ce moment
qu'on la verra se dessiner clairement. Ces jours-ci, il s'agit
concrètement, et à peu près exclusivement, en ce qui
concerne le travail tangible que l'Assemblée nationale a à
accomplir, de faire face à certaines urgences. Il y a des urgences
budgétaires, bien entendu je n'apprendrai rien à l'ancien
gouvernement qui maintenant forme nos vis-à-vis, en particulier au
député de Jean-Talon auxquelles quelque élu qui
fût sorti des élections du mois dernier aurait eu à faire
face.
Il y a aussi des urgences législatives qui répondent et
qui doivent répondre avant la fin de l'année à des besoins
qui sont là, chez beaucoup de groupes de citoyens, et qui exigent une
action du Parlement. Tout cela, nous avons systématiquement
évité d'y ajouter quoi que ce soit pour qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté ou qu'il n'y ait pas, si vous le voulez, de
tiraillement à ce point de vue, tout cela, dis-je, fait clairement
partie de la succession que nous ont léguée nos amis d'en
face.
Il y aura aussi, bien sûr, dans deux cas, en tout cas, des
amendements à des lois fondamentales comme celle de l'Exécutif et
celle de la Législature pour des raisons qui découlent
à l'évidence du résultat des élections en ce
qui concerne le parti de l'Union Nationale et en ce qui concerne je
voudrais insister très rapidement là-dessus, pendant deux ou
trois minutes la nouvelle structure de fonctionnement du Conseil
exécutif. On y reviendra, bien sûr, dans le détail au
moment de la discussion des amendements à la loi.
Dans le cas du Conseil exécutif, particulièrement, il va
s'agir, pour l'Assemblée nationale, si elle le veut, de ratifier
quelques changements importants et à notre avis prometteurs. C'est
à l'usage ou, comme le dirait le député de Rouyn-Noranda,
je pense, à l'usure qu'on verra, en tout cas... Il s'agit de changements
qui, dans la structure et le fonctionnement du cabinet, par l'arrivée en
particulier d'un groupe de 5 ministres d'Etat reliés à deux ou
trois autres de leurs collègues, y compris votre serviteur, M. le
Président, dans un comité des priorités, devraient
permettre, quant à nous, d'augmenter l'efficacité et la
cohérence de l'action gouvernementale. On n'invente pas le monde, c'est
une formule qui a été testée ailleurs. Il ne s'agit pas
d'un "inner cabinet" on l'a déjà dit comme on les a
faits en Grande-Bretagne, c'est-à-dire d'un cabinet où il y a
deux niveaux de décision qui sont inégaux. Il s'agit
essentiellement de ministres qui sont tous ministres à titre
égal, même salarialement, mais de ministres dont certains sont
chargés de ce qu'on peut appeler la coordination à laquelle,
souvent, n'ont pas le temps de s'adonner les ministres départementaux
qui ont un poids énorme à porter de budget, d'effectifs,
d'administration.
Il s'agit de ministres qui, à l'intérieur du cabinet, avec
le même pouvoir de décision que les autres, auront à
travailler à la coordination dans la société
complexe où nous sommes, presque tout a besoin d'être
coordonné, si on veut aboutir clairement à des décisions
et éventuellement à des réalisations et aussi
à mâcher des priorités, des urgences qui là aussi
peuvent être extrêmement complexes. Il n'y a presque plus rien
aujourd'hui qui peut s'appeler, à l'état pur, social, culturel,
économique. Presque tout intervient sur presque tout. Il est impossible
on l'avait d'ailleurs déjà noté dans les
gouvernements précédents avec des comités
interministériels plus ou moins permanents, plus ou moins ad hoc
de penser qu'on peut répondre aux besoins de la société en
gardant les ministères comme des compartiments séparés.
Ils ont toujours cette tendance. Il est normal, au niveau de la décision
politique et non pas seulement au niveau des fonctionnaires, qu'il y ait une
partie du Conseil exécutif, des ministres qui soient chargés
d'actionner ces décisions interdépartementales, de piloter des
projets qui affectent plusieurs secteurs. Autrement dit, on pourrait dire que,
dans la société de plus en plus complexe, avec ses besoins de
plus en plus extraordinairement interreliés auxquels tout gouvernement
aura à faire face il n'y a rien qui soit complet en soi, il faut
absolument qu'il y ait des coordonnateurs on pourrait dire que
là, dans la structure du gouvernement jusqu'à un certain point,
comme on peut le dire ailleurs, il peut y avoir de la souveraineté
départementale, à condition que ce soit dans
l'interdépendance.
Il faut, et on croit que c'est nécessaire pour
l'efficacité, pour la cohérence de l'action, qu'il y ait un
certain nombre de personnes politiques, et non pas simplement administratives
qui pilotent cette coordination, cette mastication des priorités, ce qui
ne les rend ni plus ni moins ministres dans le contexte que nous envisageons
que les autres, au moment en tout cas décisionnel qu'ils partagent avec
leurs collègues départementaux. Bien sûr, cela demande
beaucoup de solidarité. C'est une formule qu'on met à l'essai en
en connaissant les risques. Cela va demander un sens de l'équipe qui, je
crois, n'a jamais été demandé à aucun gouvernement.
Je crois aussi, que c'est ce qu'ont bien compris nos amis d'en face; cela ne
leur a pas pris de temps à comprendre cela, parce que j'ai
remarqué que leur instinct jugulaire qu'ils essaient de retrouver, les
pousse déjà à essayer de trouver des failles, à
voir s'il n'y aurait pas moyen de trouver l'occasion de voir s'il ne serait pas
possible de créer de la bisbille. A mon humble avis, ils pourront
toujours chercher, parce que nous sommes profondément convaincus que la
fonction que représente la création de ces ministères
d'Etat est absolument essentielle pour un gouvernement moderne; qu'elle puisse
s'amender en cours de route, qu'elle puisse sûrement s'améliorer,
on n'en doute pas, mais qu'elle réponde à un besoin de tout
gouvernement de notre époque, quel qu'il soit, dans quelque contexte que
ce soit, je crois que cela non plus on ne commencera pas à en
douter, à cause de certains "picossages" de l'Opposition.
Je dirais la même chose concernant un autre changement sur lequel
je vais passer rapidement, mais que je voudrais souligner, un autre changement
qui est en fait tout simplement un retour, à mon humble avis, au bon
sens et à une certaine conception de la démocratie. Je veux
parler de ce début d'une politique d'information, un début
très modeste, en tout cas, d'information permanente, si je puis dire,
pour les citoyens, par le truchement des media d'information, sur les gestes et
les décisions du Conseil exécutif. On a toujours dit et je
crois que c'est plus que le moment de le pratiquer après avoir
vécu six années gouvernementales assez opaques, assez difficiles
à percevoir par le public et l'ensemble des citoyens du Québec
qu'à notre avis, il fallait que le gouvernement, au sens en
particulier de l'administration publique, soit d'une transparence maximum, qui
ose continuellement exposer ses décisions et les exposer sans
délai. Cela prend la forme, pour le moment, c'est une forme très
préliminaire, si on veut, très modeste, je le
répète, de conférences de presse très rapides, qui
suivent et qui suivront désormais, sauf exception imprévisible,
les réunions du Conseil des ministres; avec certains de mes
collègues, je vais les tenir régulièrement, et pour ceux
qui ne s'en souviennent pas, je rappellerai que c'était la tradition
établie au temps de gouvernements comme ceux de M. Lesage, de M. Johnson
et jusqu'à un certain point celui de M. Bertrand. Puis l'habitude s'en
est perdue, pour des raisons que nous connaissons.
Nous avons tenu à retrouver cette tradition afin de dire
strictement, au plan de l'Exécutif, c'est-à-dire de ce groupe de
fonctionnaires que nous sommes, en tant que ministres, et qui sont
chargés d'administrer, de dire, aussi vite que possible quand c'est
clair, ce que nous faisons, quand c'est décidé, et ce que nous
avons l'intention de faire strictement sur ce plan.
A notre époque, et peut-être singulièrement dans le
contexte québécois, je crois que c'est la seule façon
normale de procéder. Je soulignerai aussi qu'il n'y a rien
là-dedans il n'y a rien là, comme on dit
familièrement et pas même en temps de session
parlementaire, qui puisse contribuer à une ignorance, encore moins
à des brimades des droits et des privilèges législatifs de
la Chambre, sauf, bien entendu, que, chaque fois que ce sera indiqué, en
temps de session, bien sûr, même si ce n'est pas obligatoire, c'est
bien l'intention du gouvernement de mettre l'Assemblée nationale au
courant, et en premier lieu chaque fois que ce sera possible, de
décisions importantes dans le domaine administratif aussi ou dans le
domaine exécutif. Je donnerai simplement comme exemple une ou deux
déclarations ministérielles. La première a
été celle du vice-premier ministre et ministre de l'Education; il
y a eu celle du ministre d'Etat au développement culturel; il y en aura
d'autres qui indiquent déjà cette intention de ne pas faire
exprès pour retarder l'information de la Chambre, au contraire, de la
privilégier cha- que fois que ce sera possible, mais dans un domaine
où ni la loi ni la coutume ne rend cela obligatoire. Je crois qu'il y
avait, dans certaines discussions qui ont suivi les questions, hier en
particulier, une confusion sûrement involontaire, mais une confusion
entre les deux plans.
Quant à l'avenir, la seule chose qu'on peut dire, c'est qu'il va
venir vite. On s'en aperçoit déjà. Dans l'immédiat,
on répète souvent, depuis quelques jours j'ai bien
l'impression qu'on va continuer à le répéter chaque fois
que l'occasion s'en présentera chez nos amis d'en face, que cet
avenir se profile dans une espèce de nuage d'incertitude. C'est vrai.
Seulement, je crois que, sur certains points, on admettra sur certains
points extrêmement importants, essentiels que c'est
peut-être moins vrai qu'avant le 15 novembre.
Je veux répéter ici ce que j'ai eu l'occasion de dire
brièvement en réponse a une question. Je veux
répéter ceci: Pendant tout le mois qui a
précédé le jour du scrutin, cela a été mon
rôle je pense que c'est normal de faire beaucoup de
tournées qui m'ont permis de voir, dans toutes les régions du
Québec, ce qu'on peut percevoir trop rapidement, mais quand même
assez clairement pour l'essentiel, de l'état de l'opinion publique, de
l'opinion des citoyens face aux affaires publiques, au gouvernement, au
Parlement, à l'administration de leur argent et de leurs lois. Depuis,
j'ai eu des rencontres, et mes collègues, maintenant, en ont eu aussi,
avec des milieux représentatifs de ce que pourrait être
l'inquiétude dont parle l'Opposition, aussi bien des milieux
économiques que des milieux sociaux, du Québec et même de
l'étranger.
Je répète ce que j'ai dit et je le répète
avec l'absolue certitude de dire la vérité. L'inquiétude
est toujours là, dans le sens de l'incertitude, oui, mais une chose est
certaine, c'est qu'il y a un espoir on espère le justifier
dans tous ces milieux dont je parle et dans l'opinion publique, sur lequel ils
ne comptaient plus en ce qui concerne deux zones d'incertitude, qui
étaient devenues des inquiétudes criantes au Québec et
même à l'étranger, en ce qui concernait l'état
collectif de nos affaires; il s'agit de la qualité de l'administration
publique ou, si on préfère, du bon sens de l'administration
publique du côté des priorités, du côté des
choix qu'il faut faire dans toute société, du côté
de l'absolue nécessité, dans le contexte que nous traversons ces
années-ci, d'éviter, autant que possible, les gaspillages, de ne
pas se jeter tête première et ensuite, littéralement, se
noyer financièrement ou budgétairement dans des
éléphants blancs, de travailler d'arrache-pied, d'abord et avant
tout, sur des besoins criants qui sont concrets et des besoins sur lesquels, je
dois dire, on a accumulé depuis quelques années des records
négatifs qui étaient probablement sans précédent,
qu'il s'agisse des besoins de logement, qu'il s'agisse, par exemple, de
santé agricole, qu'il s'agisse de besoins de développement, le
mieux possible équilibrés interrégionalement, parce que le
Québec est grand, sa population est dispersée. De tout ce
côté, sur tout ce plan, si vous préférez, qui peut
s'appeler administratif, gouverne-
mental, non seulement au jour le jour, mais dans la perspective des
années qui passent, je crois qu'il y a moins d'incertitude c'est
à nous de justifier cette diminution depuis le 15 novembre, qu'il
y en avait avant cette date. Cela nous a été souligné et
je crois que la même chose peut s'appliquer aussi au climat social.
On avait un climat social qui était fait presque, on peut dire,
de façon endémique, d'affrontements qui devenaient inextricables,
de conflits qui pourrissaient sur pied pendant des mois et des mois dans le
secteur public et aussi dans le secteur privé. Je ne mets pas toute la
responsabilité de cela, loin de là, sur le gouvernement qui nous
a précédés, et on ne l'a jamais fait d'ailleurs; mais il y
a une chose certaine, c'est que le gouvernement qui nous a
précédés avait sa large part de responsabilité. En
ce qui concerne le secteur public, il avait, quant à nous, une
responsabilité première, parce qu'il était à la
fois l'interlocuteur et éventuellement celui qui a le bâton dans
ce domaine. Je crois qu'à ce point de vue, il y a déjà une
confiance qui règne, ici comme à l'extérieur en
tout cas, il n'y aurait pas moyen d'avoir pire comme résultat il
y a un espoir renouvelé de nettoyer le climat et d'obtenir, dans la
justice, puis dans la clarté aussi, dans la compréhension des
partis, ce qu'on appelle la paix sociale.
Maintenant, cela ne change pas le fait que, même si on
réussit, si peu que ce soit, mais le plus vite possible, si on
réussit en premier lieu, comme une tâche essentielle, à
dissiper ces deux zones d'incertitude qui étaient au centre du climat
québécois, à lever ces deux hypothèques, même
si on réussit cela, il va demeurer quand même, pendant un certain
temps, une autre grande incertitude, à plus long terme, et
celle-là, elle concerne le statut politique du peuple
québécois. Là-dessus, il ne faudrait tout de même
pas oublier, quand on parle avec insistance, comme l'a fait entre autres le
chef de l'Opposition, un peu le député de Lotbinière et
d'autres, il ne faudrait pas oublier, dis-je, quand on parle de cette
incertitude spécifique et très grande, que cela fait tout de
même deux siècles, en fin de compte, que ce peuple
québécois, que nous sommes, vit dans une incertitude collective,
quant à son avenir, et même à l'occasion, et c'est vrai
singulièrement depuis une quinzaine d'années, ou depuis la
Deuxième Guerre mondiale, une incertitude collective quant à sa
capacité même de continuer dans le contexte où il se
trouve.
Ce n'est pas pour rien qu'on a fait dans notre vocabulaire un mot
clé du mot survivance. Il n'y a pas beaucoup de peuples dans le monde,
de peuples constitués, substantiels, qui ont une identité bien
connue, bien définie, je n'en connais pas d'autres, moi, en tout cas, il
n'y en a sûrement pas beaucoup de peuples dans le monde, qui ont fait un
mot central dans leur vocabulaire, d'un mot qui est comme une demi-vie, parce
que, survivre, cela veut dire s'accrocher à la vie fondamentalement,
cela veut dire: Est-ce qu'on est capable de passer à travers encore
pendant une génération ou deux générations?
Et, cela est devenu particulièrement grave, chacun ne vit pas
cela tous les jours; cela ne nous empêche pas de dormir un par un, mais
collectivement, pour les esprits qui sont éveillés à la
réalité d'ensemble du Québec, elle est devenue
particulièrement grave, cette incertitude, depuis les lendemains de la
Deuxième Guerre mondiale et singulièrement depuis une quinzaine
d'années, depuis qu'on a pris conscience de l'effet conjugué de
phénomènes comme la dénatalité, par exemple, de
notre société et de l'assimilation des immigrants qui viennent
chez nous et que le contexte lui même ce n'est pas notre faute, ce
n'est pas leur faute, c'est notre faute, si on ne change pas cela, par exemple
amène à s'assimiler contre nous, dans des régions
aussi essentielles pour notre vie collective que la grande région
métropolitaine de Montréal et tout ce qu'on peut appeler l'Ouest
du Québec.
Chez les esprits qui en sont conscients, chez ceux surtout que leur
travail ou leurs préoccupations amènent à se pencher sur
des problèmes comme cela, cela nous a amenés non seulement
à l'incertitude, mais à quelque chose qui ressemble à une
sorte d'angoisse existentielle pour une collectivité.
Il n'y a pas de peuple que je connaisse, qui ait la substance et la
cohérence du peuple québécois dans le monde d'aujourd'hui,
qui soit obligé de passer par des choses comme cela indéfiniment.
C'est cela qui a donné depuis une vingtaine d'années ces moments
d'éveil, de sursauts successifs, de remises en question qu'on a plus ou
moins englobés sous le terme de révolution tranquille. C'est cela
qui a suscité aussi chez nous, en partie, et autour de nous dans le pays
dont nous faisons partie, des deux côtés, un peu partout, la
fameuse-question, la question non seulement débattue, mais rebattue a
n'en plus finir et qui se pose toujours comme ceci: "What does Québec
want?" "What does Québec want?" Au fond, ce que nous proposons avec un
objectif qui est bien connu, c'est qu'on finisse par y répondre et que,
comme tout peuple qui se respecte, on finisse par se définir
nous-mêmes notre avenir et le genre de statut politique dans lequel nous
voulons vivre. Pour nous, il s'agit de l'indépendance, c'est très
clair. Le chef de l'Opposition s'est amusé à parler
d'étapisme feutré en visant le député de
Louis-Hébert, mais en visant aussi les engagements, évidemment,
que nous avons pris pendant la campagne électorale. En effet, cette
indépendance à laquelle nous croyons comme un objectif non
seulement fondamental, mais indispensable pour la collectivité
québécoise, dans les années qui viennent, nous voulons
et nous nous sommes engagés à ce que ce soit comme cela
qu'elle passe par une consultation démocratique,
c'est-à-dire le référendum, c'est-à-dire un vote
très clair. En effet, il ne peut pas être autrement que clair,
puisqu'il s'agit d'une question à laquelle on répond oui ou
non.
Un référendum, une consultation démocratique
où tous auront leur mot à dire, où tous ceux qui seront
reconnus comme des interlocuteurs
pour le pour ou pour le contre auront également les mêmes
droits, les mêmes privilèges dans la préparation de cette
consultation. Quant à nous, cela ne représente pas du tout de
l'étapisme feutré, mais représente plutôt une
façon démocratique, fondamentalement démocratique
d'arriver à une décision aussi importante que
celle-là.
Si le référendum est une chose qui est dans nos moeurs au
niveau municipal quand il s'agit de projets importants, je ne vois pas en quoi
cela ne serait pas encore plus indispensable quand il s'agit de l'avenir de
toute la collectivité.
Le chef de l'Opposition, de son côté, a
réitéré que, dans cette perspective et pour aussi loin que
l'avenir puisse se dessiner, apparemment, lui et son parti vont demeurer
fédéralistes. Ils ne seront pas seuls à l'être. Il y
en a d'autres, en d'autres lieux; il y en d'autres dans cette Chambre. J'ai
trouvé un peu curieux à ce point de vue là le silence, au
moment de son discours sur le message inaugural et de l'ouverture d'une
nouvelle session, en même temps que d'un nouveau Parlement, qui me semble
avoir marqué d'un bout à l'autre l'intervention du chef de
l'Opposition sur le genre de fédéralisme dans lequel il aimerait
vivre. Parce qu'il ne suffit pas de dire qu'on est fédéraliste;
c'est un système extrêmement complexe, le
fédéralisme, qui a beaucoup d'aspect et qui concrètement
présente partout où il est employé du pour et du contre.
Je voudrais bien savoir un jour, puisqu'il s'agit d'un débat fondamental
qui va se poursuivre, quel genre de fédéralisme nos amis d'en
face voudraient substituer à l'indépendance dans la perspective
de l'avenir.
Ce fédéralisme a toujours été affublé
politiquement, surtout ces dernières années, de toutes sortes
d'adjectifs qui se renouvellent continuellement: rentable, renouvelé,
enfin, j'en passe, mais je pense que tout le monde en a d'autres à la
mémoire, coopératif.
M. Laurin: Pendable.
M. Lévesque (Taillon): Pendable? Non, celui-là...
Mais, il y a un seul adjectif qui semble permanent dans l'esprit de nos amis
libéraux et d'autres; c'est fédéralisme additionné
de ce que j'appellerais l'adjectif probablement il résume tout le
reste inconditionnel, c'est-à-dire finalement un
fédéralisme qui serait sans issue, parce qu'on s'enlève
même dans une espèce de conception
fédéraliste traditionnelle avec cette espèce
d'in-conditionnalité, presque tout le "bargaining power" sur lequel on
devrait compter, même dans ce régime.
J'aurais aimé et j'espère qu'un de ces jours on se
reprendra que le chef de l'Opposition et d'autres qui véhiculent
le fédéralisme auquel ils ont droit, comme opinion, nous disent,
par exemple, en partant de l'expérience de ces derniers jours, ces
dernières semaines, celle des ministres des Finances comme celle de
l'autre conférence qui a suivi, comment se réconcilie leur
fédéralisme avec ce genre de maquis permanent dans lequel
finalement, et je crois que lorsqu'on fait l'addition d'année en
année, c'est toujours vrai, en fin de compte, le Québec est
toujours perdant.
On aimerait que nos amis d'en face, le chef de l'Opposition et d'autres,
qui voudraient si vite nous demander à nous, après trois
semaines, de tout préciser, même des mécaniques pour
l'avenir, nous fassent part du fruit de leurs espérances et de leurs
réflexions sur ce bon vieux sujet, ce bon vieux régime qu'ils ont
si fidèlement pratiqué et qu'ils continuent encore de
considérer comme le nec plus ultra de l'organisation politique.
Il nous faut, quant à nous, nous donner à
nous-mêmes, comme peuple, tous les moyens de nous développer, qui
nous appartiennent comme peuple. Non pas par hostilité contre les
autres, contre personne, ni au Québec, ni à l'extérieur,
au contraire, en amitié avec les autres, à commencer par
l'amitié avec ceux qui nous entourent, mais une amitié qui ne
signifie plus cette espèce de tolérance de la
dépendance.
Nous croyons que le peuple québécois est assez grand
garçon pour y arriver librement, calmement, après un débat
qui a des chances il me semble qu'il s'amorce dans ce sens non
seulement ici au Parlement, mais dans l'ensemble de notre
société, d'être serein, d'être fécond et, en
particulier, d'être bien informé, de plus en plus, à mesure
que le temps passera et que le débat se développera, d'être
bien informé de lui-même, ce peuple, de toutes ses ressources et
aussi de tout son potentiel que l'on lui a trop caché.
Je suis sûr que la période d'incertitude, le long du
chemin, que nous aurons à traverser, parce que c'est normal dans toute
période de transition c'est vrai ici comme cela a toujours
été vrai partout où il y a eu des transitions je
suis sûr que cette période d'incertitude elle-même sera
chargée d'espoir. Elle est une période qui mène, quant
à nous, en tout cas et c'est à cela que nous travaillerons
de tout notre coeur à un régime qui répond aux
conditions essentielles non seulement de l'avenir, mais de la continuité
d'une société nationale. Dans cette perspective, je peux vous
dire que nous espérons, M. le Président, que les partis de
l'Opposition en viendront à assumer, eux aussi, d'abord,
l'inévitabilité de cette incertitude transitoire, et assumer
aussi, peu à peu, l'espoir historique qui accompagne cette
transition.
En attendant, aussi bien sur le plan économique que sur le plan
social ou culturel, dans les limites assez vites atteintes et ça,
l'Opposition est aussi au courant que nous pouvons l'être, nous,
maintenant d'un gouvernement provincial, ce que nous proposons
d'accomplir, sur ces plans divers de la société, c'est bien
connu.
En général, la perspective est claire, nous ne l'avons pas
cachée, et même de façon particulière bien des
projets concrets sont déjà, dans les attitudes officielles,
écrites, démocratiquement votées et qui ont
été traduites dans le programme du Parti québécois
qui, pas plus avant les élections que maintenant, n'a rien de
caché.
Ce programme est toujours disponible et nos amis d'en face, comme tous
les citoyens du Québec, peuvent le consulter. Le gouvernement actuel
a été élu à partir de ce programme. Il ne
s'agit pas évidemment de prétendre qu'on va le réaliser
mot à mot dans chaque détail parce que le Parti
québécois et ses militants sont aussi conscients que quiconque
que la réalité évolue et qu'il faut s'ajuster en cours de
route. Les articulations essentielles sont les choses que nous avons à
respecter. Là-dessus, je suis sûr que la vigilance de nos amis
d'en face aussi bien que celle de nos propres membres dans le parti que nous
avons formé, fait grandir depuis une dizaine d'années tous
ensemble, nous empêchera de nous écarter de cette orientation
générale. Il est évident aussi que ce qui peut être
fait là-dedans ne se fera pas du jour au lendemain.
Particulièrement, si on songe qu'une bonne partie du programme que nous
avons dessiné et c'est là que réside une certaine
ambiguïté, on en est conscient ne pourrait pas s'appliquer
de toute façon, sauf dans le contexte d'indépendance auquel nous
aspirons. Tout ce qui peut, entre-temps, être réalisé ou
amorcé, en tout cas, le plus vite possible le sera aussi
complètement et aussi efficacement que nous le pourrons. A cela j'ajoute
qu'à plus court terme, nous avons pris aussi, durant la dernière
campagne électorale, un certain nombre d'engagements concrets. Des
engagements aussi précis qu'un parti d'Opposition peut les dessiner
avec, toujours, une marge d'erreur possible. Nous avons pris, donc, un certain
nombre d'engagements concrets que nous avons pesés de notre mieux et
dont on verra la réalisation s'effectuer dès la prochaine session
qui sera, en fait, la première session dont notre gouvernement sera
vraiment responsable. Je les évoque très succinctement et sans
entrer dans le détail, ces engagements, un peu pour les renouveler ici
officiellement à l'Assemblée nationale qui, désormais,
aura la responsabilité de les juger, de les discuter et, nous en sommes
confiants, le cas échéant, de les mettre en vigueur.
Sur le plan politique, par exemple, la chose concrète à
court terme, qui viendra bientôt, est l'abolition une fois pour toutes du
système traditionnel de financement des partis par des caisses
électorales coulissières et qui enfoncent toujours cette partie
essentielle de l'action politique dans une espèce de mystère qui
est profondément malsain. Je crois bien que, sûrement, le chef de
l'Opposition et d'autres de son parti seront d'accord puisque là, non
seulement nous voulons obtenir un des premiers engagements de principe de notre
parti à nous, mais nous voulons aussi reprendre, pour la
réaliser, une promesse de l'ancien gouvernement qui avait
été solennellement évoquée à plusieurs
reprises depuis 1970.
Sur le plan économique, nous voulons, avec les contraintes
budgétaires que nous connaissons en ce moment, essayer en grattant les
fonds de tiroirs, comme il a déjà été dit, en
essayant aussi de nous gratter la cervelle et en comptant sur les idées
qui peuvent venir aussi bien d'en face que tout autour de nous, par tous les
moyens possibles relancer l'agriculture du Québec ou, en tout cas,
l'empêcher de s'enfoncer trop profondément dans la stagnation qui
la menace de plus en plus actuellement. Cela vient des politiques
fédérales. On va les combattre de notre mieux.
On va essayer d'amener, dans le régime actuel puisque nous
y sommes encore le gouvernement fédéral à
comprendre qu'il est en train de faire un mal avec ses politiques, un mal qui
peut devenir mortel à l'ensemble de l'agriculture
québécoise, surtout dans le domaine laitier sur lequel repose,
pour l'essentiel, comme un pilier fondamental, notre agriculture d'aujourd'hui.
On voudrait trouver, le plus vite possible, en coopération avec tout le
monde, les moyens, les mécanismes non pas de cataplasme... Je me suis
fait dire, dès le lendemain des élections, par les
représentants des agriculteurs: Ce ne sont pas des cataplasmes qu'on
veut, ce ne sont pas des bouche-trous. Ce qu'on veut, ce sont des lois et de
l'administration qui nous permettent, parce qu'on est des gens fiers, les
agriculteurs, et on ne tient pas à devenir les pupilles pour
reprendre un terme qu'aime beaucoup l'Opposition ces temps-ci en parlant de
nous on n'a pas envie de devenir les pupilles permanents d'une
espèce d'administration de bouche-trous. Ce qu'on veut, c'est avoir des
lois, une administration et les budgets, forcément, de soutien qui
permettent à des agriculteurs modernes non seulement de durer, de se
développer, mais aussi d'assurer l'avenir de leurs enfants. Une des
choses qui est particulièrement intéressante dans le domaine
agricole, c'est la difficulté d'avoir de la relève, d'assurer
l'avenir pour la prochaine génération. Avec le poids des
investissements qui sont exigés des agriculteurs aujourd'hui, il est
devenu presque surhumain, pour un jeune, même s'il hérite d'une
ferme familiale, de s'installer et d'organiser son agriculture. Pour nous,
peut-être particulièrement parce que nous sommes un gouvernement
indépendantiste, c'est fondamental, l'avenir de l'agriculture parce
qu'il s'agit, quant à nous, de tout un pays où il y a du sol
partout qui nous appartient. Aussi bien la qualité de notre
société que sa rentabilité dépendent d'abord de
choses fondamentales comme la capacité de nous nourrir nous-mêmes
autant que notre climat nous le permet. C'est un engagement qu'il s'agirait de
définir concrètement, le plus vite possible, et de
réaliser, d'aider au maximum à la relance, aussi permanente que
possible, de notre classe agricole.
Aussi, par tous les moyens dont on pourra disposer, de stimuler
également en tout cas, commençant par la maintenir, parce
qu'elle aussi est en danger notre petite et moyenne entreprise, qu'elle
soit coopérative on sait le penchant et je crois qu'il est
normal, c'est dans le domaine coopératif qu'il y a certaines des
réalisations dont nous pouvons effectivement être le plus fiers,
nous les Québécois ou qu'elle soit privée, la PME,
comme on le dit, de trouver d'employer tous les moyens disponibles pour
l'aider. Cela va nous aider à sortir, en partie au moins, d'une sorte
d'obsession qui, finalement, nous a coûté assez cher. Une
obsession qui n'était pas voulue, qui était, je crois, une
absence de politique ou de compréhension de la réalité
économique du Qué-
bec actuel. Cette obsession de l'étranger... L'étranger,
personne ne prétend l'exclure du développement du Québec
pourvu qu'il nous respecte et pourvu qu'il y trouve son avantage, mais nous
aussi, d'abord et avant tout. On est dans un monde où ces
choses-là, ces échanges, ces investissements, tout cela sont
essentiels à peu près à tous les peuples. Il n'est pas
question de les exclure, mais il est question de revenir au bon sens
fondamental qui dit que le progrès économique comme les autres,
c'est d'abord nous qui allons le faire chez-nous. Si ce n'est pas nous d'abord,
on sera toujours plus ou moins les objets manipulés des autres.
Or, il y a une chose qui est remarquable et qu'on a oubliée un
peu dans les attitudes du gouvernement précédent.
Voici: Lorsqu'il s'agit d'emplois et Dieu sait qu'on a
parlé d'emplois dans le vocabulaire courant, publicitaire aussi, du
gouvernement qui nous a précédés il ne faudrait pas
oublier que plus de la moitié des emplois qui sont créés
chaque année au Québec proviennent non pas des multinationales,
non pas des investissements étrangers, mais bel et bien et dans
certaines régions, il n'y en aurait pas d'autres, s'il n'y avait pas
cela des petites et des moyennes entreprises québécoises
qui fonctionnent dans toutes les régions à l'échelle de
notre territoire. Plus de la moitié des emplois créés
viennent de là.
Cela explique que, dès le début, sans même commencer
à faire de l'académisme là-dessus et sans reprendre des
études qui étudiaient des études qui ont été
faites d'année en année depuis longtemps, dès le
début, c'est le ministre d'Etat au développement
économique qui en est chargé, on a décidé de mettre
en marche, avec les limites que cela comportera, avec les tranches
forcément restreintes qu'on pourra employer au début, de mettre
en marche une politique d'achat préférentielle de biens et de
services du gouvernement et de ses émanations, des institutions, une
expérience qui a déjà d'ailleurs dix ans d'âge
à l'Hydro-Québec.
Je me souviens d'avoir participé au début de
l'expérience d'achat chez nous, si on veut, de l'Hydro-Québec,
d'avoir connu les premières difficultés, d'avoir vu que cela
pouvait quand même donner des résultats concrets. Maintenant, il
s'agit d'étendre cela en l'adaptant à l'ensemble des achats
gouvernementaux année après année. Les premiers mois ne
donneront peut-être pas tous les résultats sûrement
pas qu'on peut escompter pour l'avenir, mais, chose certaine, c'est que
si on ne s'y met pas et si on continue à étudier, on n'y arrivera
jamais. Il faut commencer à s'y mettre, et le plus vite possible,
à cause de l'hiver auquel on fait face, en prenant la chance de faire
des erreurs, mais en se disant que ce qui sera gagné sera gagné,
et on va apprendre en cours de route.
Sur le plan social, très rapidement, ce qui sous-tend les
engagements que nous avons pris, c'est l'obsession que le parti a
développée, qu'il a mise dans son programme et qu'il veut
maintenir, d'essayer d'arriver comme d'autres y sont parvenus sans jamais
atteindre la perfection, mais mieux que nous, d'essayer d'arriver,
d'étape en étape et le mieux possible, à une
société qui soit vraiment une société
d'égalité des chances.
C'est ce qui explique particulièrement l'urgence le
ministre du Travail et tous mes collègues en sont conscients
qu'on a mise pendant la campagne électorale et qu'on veut mettre dans
notre action aussi, sur le plan social, en ce qui concerne la santé et
la sécurité des travailleurs québécois.
On a dit à plusieurs reprises pendant la campagne
électorale, et il faut que cela se traduise dans la
réalité, qu'autant le gouvernement actuel va demeurer aussi
préoccupé que n'importe quel autre de la prospérité
et de la rentabilité économique, autant il considère qu'on
doit placer, non pas pour la détruire, cette rentabilité, mais
pour lui donner, si vous voulez sa dignité et sa respectabilité,
on doit placer au-dessus du rendement économique la dignité et la
sécurité des hommes et des femmes qui travaillent dans
l'économie.
D'autant plus je l'ai dit souvent et c'est vrai que, dans
certains secteurs, le capital ne vient pas de chez nous. Même
l'équipement vient d'ailleurs. La seule chose qu'on ait, comme
participation dans certains secteurs de notre économie, jusqu'à
nouvel ordre, ce sont les gens qui y travaillent et qui, eux, sont de chez
nous. Je considère comme une chose absolument inacceptable, et à
certains points de vue scandaleuse, la façon dont a été
négligé, ces dernières années, cet aspect
absolument essentiel d'une société civilisée.
Plus concrètement, aussi, on a pris des engagements à
court terme, qu'il va falloir réaliser à court terme, en ce qui
concerne la santé, surtout les besoins urgents dans le milieu des
personnes âgées, chez les jeunes et dans les régions
isolées ou excentriques du Québec. Egalement, on va essayer de
faire face l'ancien gouvernement avait essayé, in extremis,
d'ajuster une solution qui, quant à nous, n'était pas une bonne
solution; on va voir si on peut l'améliorer, on croit que oui
à cette urgence de plus en plus criante qui traîne sur les
tablettes depuis quelques années, on l'admettra, dans le domaine de
l'assurance-automobile.
Enfin, sur le plan culturel, on s'est engagé je n'entre
pas dans le détail, cela commence déjà à se
développer de façon transitoire à réviser ou
à remplacer, au besoin, la politique linguistique qui a
été présentée par l'ancien gouvernement de
façon générale, pour ne pas anticiper, je dirais cela
comme ceci de façon à assurer dans le présent,
autant que possible, et encore plus pour l'avenir, la sécurité et
l'avancement de la langue française au Québec ou, comme l'a dit
un vieil auteur, si on le préfère, la défense et
l'illustration, mais concrète, de la langue française au
Québec, parce que c'est la langue d'une majorité nationale pour
qui cela fait partie de son identité même. Cela va sans dire, mais
on est dans un contexte où, parfois, il faut le dire. En même
temps et ce n'est pas facile, mais ce n'est pas non plus la quadrature
du cercle, si on y met assez
de bonne foi et de générosité des deux
côtés qu'on doit faire cela, il faudra trouver le moyen
d'assurer aussi les droits que nous reconnaissons et que nous voulons
maintenir à nos concitoyens anglophones au Québec.
Cela ne se fera pas facilement. La solution ne sera jamais parfaite
parce qu'il s'agit de trouver le point de jonction enre les droits d'une
majorité et ceux que nous reconnaissons à une
minorité.
Dans cela il y a toujours une zone grise sur laquelle on discutera ou
peut-être même à l'occasion on se tiraillera. Mais, en y
mettant le plus de clarté puis le plus de bonne foi possible, on croit
que même là il y a moyen d'y atteindre. En tout cas, pour tout
résumer, c'est dans tous ces domaines où il y a tout cela qui
peut venir rapidement et il y a combien d'autres choses qui peuvent venir
pendant les années qui viennent. Quand on aura fini, le mieux possible,
tout le travail des années qui viennent, il y en aura encore sans
arrêt aussi loin qu'on puisse voir dans l'avenir parce qu'on est dans un
genre de monde où c'est rendu peut-être à un point
où presque la seule stabilité sur laquelle on puisse compter,
c'est la stabilité du changement.
Dans un contexte comme celui-là, voici ce que je crois qu'il faut
exiger des gouvernements. Cela pourrait se développer longuement. J'ai
essayé, et on a essayé ensemble de ce côté-ci, de le
résumer en trois adjectifs, trois adjectifs qui font, peuvent
paraître, même prétentieux et qu'on ne réussira
jamais à réaliser vraiment dans la réalité,
à réaliser vraiment dans l'action, mais qui sont, si on veut, au
moins un idéal dont on peut s'approcher le mieux possible. C'est que
dans un contexte mouvant et complexe comme celui de notre époque et
singulièrement au Québec, après les expériences
vécues, ce qu'on exige du gouvernement cela s'applique aussi au
Parlement, je crois, mutatis mutandis c'est que ces institutions
fonctionnent de manière aussi intègre, aussi efficace et aussi
humaine que possible.
Alors, je pense qu'on peut demander en terminant, avec confiance,
à tous les députés des deux côtés de la
Chambre ou des trois côtés, si on veut, de nous aider par leur
vigilance, et le cas échéant par toutes leurs critiques, à
mettre le contenu qu'il faut et qui n'est pas toujours facile à
définir surtout dans le quotidien dans ces trois adjectifs
exigeants, mais en même temps nécessaires, qui
représentent, je crois, le résumé le meilleur qu'on puisse
donner de ce que les citoyens attendent de nous.
M. Garneau: M. le Président, je demande la suspension du
débat.
Le Vice-Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Je demande la suspension du débat.
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Jean-Talon. La séance est suspendue jusqu'à 14 h 15.
M. Burns: Avec votre permission.
Le Vice-Président: Si l'Assemblée est consentante,
j'accorde la permission au leader parlementaire ministériel.
M. Burns: Je serai très bref. Après les
consultations que nous avons eues, le ministre des Affaires municipales et
moi-même, nous avons pensé également, pour la même
raison que je vous ai mentionnée ce matin, c'est-à-dire l'aspect
urgent de ce projet de loi, l'aspect urgent d'y trouver une solution... Le fait
que la ville de Montréal aurait pu elle-même nous empêcher
de légiférer dans ce domaine, c'est-à-dire les principaux
intéressés, nous avons pensé qu'il n'était pas
possible d'inviter, lors de l'étude du projet de loi article par article
en commission, des personnes autres que les députés membres de
cette commission à s'exprimer.
M. Garneau: Puis-je poser une question au leader parlementaire
sur les travaux de la Chambre? Quand le leader parlementaire parle de l'urgence
de l'adoption de ce projet de loi, sur quoi s'appuie-t-il, pourquoi ne
pourrait-il pas être adopté au mois de février?
M. Burns: Sauf erreur, je crois que ce projet de loi doit
être adopté avant le 31 décembre.
M. Garneau: Je ne connais pas de raisons pour lesquelles le
projet de loi doit être adopté avant le 31 décembre,
à moins que le premier ministre veuille nous en indiquer.
M. Lévesque (Taillon): Je pense que le
député de Jean-Talon pose une question, dans son cas,
particulièrement inutile, parce qu'il ne pouvait pas ne pas être
au courant des implications financières, des implications de
crédit, même fondamentales, qui sont attachées à
cette date ou à cette échéance.
M. Garneau: Oui, mais il n'y a rien qui empêche de...
Le Vice-Président: A l'ordre! M. le député
de Jean-Talon.
M. Lavoie: Je trouve cela quand même un peu cavalier et
anormal de ne pas entendre, non pas uniquement le maire de Montréal,
mais l'Opposition du maire de Montréal, le RCM, qui a peut-être
des arguments à apporter. Je vois un anachronisme dans votre
manière ou vos promesses d'administrer à ciel ouvert. Vous ne
voulez pas entendre les parties impliquées.
M. Burns: Cela va être à ciel ouvert, cela va
être dans une commission parlementaire ou n'importe qui pourra être
là.
Le Vice-Président: A l'ordre! Mesdames, messieurs,
à l'ordre!
J'ai permis une question par le chef de l'Opposition ou le leader de
l'Opposition ou le leader parlementaire du gouvernement. La réponse a
été donnée. Aucun débat ne peut être tenu au
sujet de cette réponse. Je répète que la séance est
suspendue jusqu'à quatorze heures quinze.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
Reprise de la séance à 14 h 30
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Je soulève une question de privilège.
Ce matin, on nous a rapporté que le greffier adjoint avait écrit
10 h 47 en se fiant à l'horloge. On vient justement, M. le
Président, avant de commencer, d'avancer l'horloge de sept minutes,
parce qu'elle était en retard. D'après ma montre je ne
voudrais pas être attaqué dans mon intégrité pour
avoir trompé la Chambre sciemment je voudrais dire que
c'était bien à 10 h 59 que la période des questions avait
commencé.
Cela dit, je pense qu'on en tiendra note. Quand j'ai vu l'horloger en
chef de la province venir remettre l'horloge à l'heure, c'était
peut-être pour rappeler aussi au gouvernement qu'il était en
retard de plusieurs minutes au début.
Le Vice-Président: A l'ordre, M. le député
de Johnson! D'après les informations que possède la
présidence, l'horloger en chef du Québec n'a touché
qu'à l'aiguille des heures et non pas à celle des minutes. Par
conséquent, la question de privilège du député de
Johnson est acceptée. Je pense que l'incident est clos et que nous
pouvons procéder.
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, comme c'est la coutume,
j'aimerais prendre les premiers instants de mes remarques pour offrir au
président et à ses adjoints mes félicitations pour leur
élection et leur offrir mes voeux dans l'accomplissement de cette
tâche qui est certainement difficile et délicate.
Je voudrais également, au début de mon intervention,
remercier très sincèrement les électeurs du comté
de Jean-Talon pour la confiance qu'ils m'ont renouvelée pour la
troisième fois et pour l'occasion qu'ils m'offrent à nouveau de
les servir et de servir l'ensemble des citoyens du Québec. Je les
remercie de cette marque de confiance et les assure à l'avance de mon
entier dévouement à la cause du comté de Jean-Talon et aux
intérêts de l'ensemble des Québécois.
Je voudrais également rendre hommage à celui qui, pendant
près de sept ans, a dirigé les destinées du Parti
libéral et, pendant près de six ans et demi, celle du
gouvernement du Québec. Dans le contexte difficile où il a
assumé ses responsabilités, M. Robert Bourassa a attaché
un soin bien particulier à rétablir une certaine paix sociale qui
était si fragile à la fin de la dernière décennie.
Qu'on se rappelle les bombes qui éclataient à tout bout de champ
à Montréal, les manifestations violentes dont nous étions
souvent témoins et qui, portées et grossies sur le plan
international par les media, causaient un tort considérable au
Québec.
Comme je l'ai dit, M. Bourassa a voulu atta-
cher un soin bien particulier à éviter les politiques
d'affrontement pour rechercher, par la voie du consensus, des solutions de
compromis acceptables. Nous pouvons dire qu'il a répondu aux exigences
que lui posaient les dossiers de l'histoire et qu'il a réussi à
rétablir ce climat de confiance qui a permis un développement
économique très important, lequel a pu financer des programmes
sociaux fort remarquables. Permettez-moi d'en citer quelques-uns:
l'assurance-maladie, les médicaments aux personnes âgées
bénéficiant du supplément de revenu garanti, les soins
dentaires aux enfants de moins de 10 ans, l'aide juridique, les allocations
familiales triplées et non taxées par le Québec, l'aide
accrue aux victimes de certaines maladies industrielles, une loi d'aide sociale
remodelée, les prestations accrues et indexées, une politique
fiscale à l'avantage des petits contribuables. Toutes ces mesures
à caractère social ont pu être financées par une
économie québécoise qui connaissait en 1972,
particulièrement en 1973/74 et même en 1975, un taux de croissance
élevé et même à plus d'un chapitre, un taux de
croissance plus élevé que la moyenne canadienne ou que le taux
des pays industrialisés.
Si on veut imputer à M. Bourassa, comme certains ont tenté
de le faire, tous les aspects négatifs de la vie
québécoise, je crois qu'il serait également honnête
de lui imputer quelques-uns des mérites qui peuvent être
imputés à celui qui a dirigé le Québec pour ce qui
est des aspects positifs.
Je veux également rendre hommage à Mme Bourassa qui, par
son courage et sa ténacité, a su accepter la difficile
tâche d'être l'épouse d'un premier ministre. Son rôle
a été d'autant plus difficile qu'elle avait, aux yeux de
certains, l'immense handicap d'être issue d'une famille de
bâtisseurs du Québec, d'une des familles
canadiennes-françaises qui ont réussi à construire un des
rares empires industriels et financiers contrôlés presque en
entier par des Québécois, des Canadiens français
authentiques.
Mme Bourassa, une femme d'une grande simplicité et d'une grande
dignité, a su, malgré les injustices et les écarts de
langage à son endroit et à celui de sa famille, remplir ses
responsabilités d'épouse, de mère de famille et de
première dame du Québec, d'une façon qui a fait
l'admiration de plusieurs.
Au nom des députés et des membres du Parti libéral
du Québec et de tous ceux qui ont une grandeur d'âme capable de
les élever au-dessus de la basse partisanerie, je veux rendre hommage
à Andrée Bourassa pour son courage et sa dignité dans
l'accomplissement de ses fonctions de première dame du Québec
entre le 29 avril 1970 et le 15 novembre 1976.
Nous sortons d'une élection qui, pour plusieurs, fut une
surprise. Mes conversations avec des collègues de cette Chambre m'ont
porté à croire, M. le Président, que la surprise
était aussi grande à votre droite qu'à votre gauche.
Surprise ou pas, les Québécois sont allés aux urnes et ils
ont élu ou défait des candidats. Je crois trop aux valeurs
fondamentales de la démocratie pour critiquer le résultat des
élections. J'accepte avec humilité le verdict de
l'électorat. La démocratie, la vraie, s'exerce dans la
liberté de pensée et d'initiative de chacun des citoyens
électeurs. Dans le respect des lois et des règlements, la
démocratie place au premier rang des préoccupations collectives
le respect des droits de l'individu, droit à sa langue, droit à
sa religion, droit à la libre expression de ses opinions, mais aussi de
ses initiatives individuelles. A chaque fois qu'une démocratie tente,
pour quelque motif que ce soit, de limiter les droits fondamentaux de certains
de ses citoyens, dès lors s'installent les injustices qui provoquent des
réactions vigoureuses. Si une démocratie n'accepte pas de
reconnaître cette réalité et qu'elle utilise la force du
nombre pour mater les droits reconnus comme fondamentaux par la tradition et
l'histoire, nous sommes peut-être à la porte d'autres sortes de
réactions.
Beaucoup d'électeurs québécois ont placé au
premier rang de leurs préoccupations, au cours de la récente
campagne électorale, la réalité du chapitre V de la loi
22. Consciemment ou non, distinc-tivementou non, l'exercice démocratique
du 15 novembre 1976 nous transmet un message qui nous indique, me semble-t-il,
que la lumière jaune s'est allumée pour porter à la
réflexion collective un sujet qui touche fondamentalement et
émotivement un nombre important de citoyens et qu'une solution
acceptable devra faire preuve de tolérance, d'ouverture d'esprit de
chacun des Québécois.
La démocratie, pour la vivre véritablement et pleinement,
doit offrir à ses membres la liberté d'initiative et
d'entreprise.
Pour grandir et s'épanouir, la démocratie ne peut enterrer
ses membres sous le joug d'une technocratie écrasante et
désincarnée que ne manque pas de produire une présence
étatique à outrance qui place, comme vertu centrale du
développement économique et social, l'étatisation de
toutes les fonctions importantes de notre vie économique. Pour moi, la
survie de notre démocratie est aussi reliée à la
liberté d'entreprise qu'au respect des droits des individus. L'un ne va
pas sans l'autre, et vice versa. Ces deux valeurs sont comme les deux mains
d'un individu. L'efficacité humaine est joliment handicapée
lorsqu'une de ces mains lui est amputée. Au respect des droits
individuels et à la liberté d'entreprise s'incorpore, me
semble-t-il, la reconnaissance d'une rémunération de l'effort et
du risque et la reconnaissance des compétences qui s'exercent en
réponse à un choix librement exprimé par les citoyens,
à la condition, évidemment, que la société,
démocratiquement, offre et favorise l'égalité des chances
à tous et à chacun de ceux qui veulent fournir les efforts de
promouvoir leurs talents et leur esprit d'initiative.
M. le Président, je voudrais consacrer également quelques
minutes de mes propos au comté qui m'a renouvelé sa confiance et
aussi à la région de Québec. On me permettra de souligner
certains des problèmes auxquels devront s'attarder nos réflexions
au cours des prochaines semaines et des
prochains mois. Je pense particulièrement aux personnes
âgées.
Je voudrais profiter de mes propos sur le discours inaugural pour
suggérer au ministre responsable de la Société
d'habitation et peut-être aussi à celui qui est responsable des
Affaires sociales d'analyser sérieusement la possibilité qu'il y
aurait de tirer profit d'une situation qui est fort désagréable,
j'en conviens, en tentant de rentabiliser au mieux une situation qui s'est
produite récemment dans la région de Québec où une
entreprise appartenant à des francophones semble avoir rencontré
des difficultés financières. Je parle du Parc Samuel-Holland. Il
y a là une entreprise qui a investi des capitaux et qui, pour des
raisons que je ne veux pas reprendre ici, s'est vue acculée à la
faillite parce qu'une chaîne d'hôtels, semble-t-il, a retiré
un consentement qui avait été donné de venir
s'établir à Québec. Nous avons là un immeuble dont
la structure est complétée, dont l'organisation est conçue
en fonction d'une exploitation à partir de chambres et de services
communs. Je me demande s'il n'y aurait pas possibilité que la
Société d'habitation du Québec, en collaboration avec le
ministère des Affaires sociales, envisage sérieusement de
racheter de la faillite au moins la partie de l'immeuble qui devait servir
d'hôtel pour la transformer en centre d'accueil ouvert aux personnes
âgées que j'appellerais non autonomes et qui ont besoin de soins
prolongés, ce que nous appelons des malades chroniques.
Nous avons senti depuis quelque temps, et j'en ai fait état
durant la lutte électorale, jusqu'à quel point le problème
des personnes âgées se plaçait au centre des
priorités d'à peu près tous les partis politiques. Et nous
avons là la chance, je crois, de concrétiser rapidement, et
peut-être à des coûts plus bas que ne le serait
l'établissement d'un nouvel immeuble, de répondre à un
besoin pressant de la population pour ce genre d'habitations pour les personnes
âgées.
Je voudrais également souligner à l'attention du ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche l'importance du dossier dont il
a fait écho ce matin et qui est relié à la taxation
foncière des entreprises hôtelières. La région
métropolitaine de Québec et bien d'autres régions vivent
et ont comme principale entreprise l'industrie touristique. A Québec et
dans la région de Montréal aussi, nous avons constaté, au
cours des dernières années, jusqu'à quel point les taxes
foncières sur des immeubles neufs qui viennent d'être construits
étaient un fardeau financier énorme pour les chaînes
d'hôtels et plaçaient leur concurrence dans une situation fort
précaire face au réseau hôtelier nord-américain et
particulièrement de la Nouvelle-Angleterre, de l'Etat de New York et de
la région métropolitaine de Toronto où le prix des
chambres était plus bas que celui que pouvaient offrir aux congressistes
des grandes chaînes d'hôtels installées au Québec, en
particulier à cause de la taxe foncière et également
à cause du salaire minimum.
J'ai été surpris de constater comment la direction des
chaînes d'hôtels avait changé rapidement de point de vue.
Est-ce que c'est le nouveau gouvernement qui l'a fait changer de point de vue
aussi rapidement? Je me rappelle avec quel acharnement ces chaînes
d'hôtels avaient combattu des augmentations trop rapides du salaire
minimum, soumettant les effets que cette augmentation avait non seulement sur
les employés qui travaillaient au salaire minimum et qui pouvaient
bénéficier dans certains cas de certains pourboires, mais
également l'effet qu'il y avait sur l'ensemble des conventions
collectives signées à l'intérieur de ces grandes
chaînes d'hôtels, étant donné que, si
l'employé de premier niveau a une augmentation de 10%, 15% ou 20%,
évidemment, l'employé supérieur qui le supervise doit
également bénéficier d'une augmentation de traitement.
C'est la pyramide évidemment qui doit être rehaussée dans
chacun de ces points et on m'avait souvent exprimé les dangers qu'il y
avait lorsqu'on comparaît l'état du salaire minimum au
Québec avec celui de l'Ontario pour ce qui est de l'industrie
touristique.
Je voudrais également suggérer au gouvernement et au
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, et également
peut-être au ministre des Finances, d'analyser un dossier qui
était en branle et qui, évidemment, n'avait pas franchi toutes
les étapes, mais j'aimerais bien qu'ils puissent continuer à
l'analyser.
Peut-être que la suggestion n'est pas acceptable. Je ne veux pas
la placer comme étant une valeur fondamentale, mais n'y aurait-il pas
possibilité d'analyser les ouvertures ou les voies que proposerait, par
exemple, une diminution ou une remise en proportion du montant de la taxe de
vente perçue sur les chambres d'hôtel. Une des raisons pour
laquelle nous n'avions pas agi antérieurement, c'est que nous n'avions
pas trouvé de formule qui aurait pu donner justice aux grands et aux
petits hôtels. De telle sorte qu'il nous fallait traiter, je crois
c'est le désir de tous les gouvernements sur un même pied
l'ensemble des concurrents dans le domaine de l'industrie touristique.
Je me demande si l'approche, par le biais d'une remise d'une partie de
la taxe perçue sur la location des chambres, ne serait pas une voie
à explorer pour diminuer le fardeau, placer ces entreprises touristiques
dans une meilleure situation de concurrence et également assurer un
équilibre entre les grands et les petits hôtels, étant
donné que leurs chiffres d'affaires et l'ampleur de leurs immeubles et
de leurs taxes foncières sont certainement étroitement
reliés au nombre de chambres qu'ils louent et au montant des taxes
perçues à ce chapitre.
Evidemment, je voudrais également attirer l'attention du
gouvernement au niveau du développement industriel de la région
de Québec et espérer que les engagements qui avaient
été pris au niveau de la Société Inter-Port
puissent être continués, si possible, augmentés.
J'espère que cet organisme qui, pour une fois, régionalisera
véritablement les efforts de promotion industrielle dans la
région de Québec, que cet organisme qui a
peut-être souffert pendant trop longtemps de crédits
additionnels, que cet organisme, qui a véritablement vu le jour au cours
du printemps dernier, puisse avoir les fonds nécessaires pour remplir
véritablement sa tâche.
Je voudrais consacrer la dernière partie de mes remarques
à l'intervention que nous a livrée le premier ministre, ce matin.
Je dois dire que ses propos m'ont déçu et ont déçu
plusieurs des députés autour de moi. J'imagine bien que les
membres du gouvernement apprendront rapidement qu'en cette Chambre l'Opposition
et le gouvernement sont rarement d'accord. Mais, dans le cas du premier
discours du premier ministre, nous nous attendions véritablement
à une autre sorte d'intervention.
Je dois dire qu'il a déçu beaucoup de
députés autour de moi, eux, surtout, qui ont à la
mémoire tout frais à la mémoire les propos
que tenaient les membres de ce parti lorsqu'ils siégeaient à
notre place dans l'Opposition. Ces gens avaient solution à tout durant
la campagne électorale, M. le Président. Je suis sûr que,
abandonnant l'impartialité de votre fauteuil, vous deviez
également avoir quelques réponses à certains
problèmes qui vous étaient soumis.
Faisant abstraction de votre impartialité, M. le
Président, par votre entremise, je voudrais m'adresser aux membres du
gouvernement et aux députés qui, dans les différents
comtés, ont eu des réponses à tout durant la campagne
électorale, réponses au chômage, réponses au niveau
de la taxation il fallait indexer à tout prix la table de
l'impôt réponses à la promotion du français,
réponses aux problèmes agricoles, réponses qui puisaient
inmanquablement leur source dans les mots "on est capable". Combien de fois
avons-nous entendu, de l'ancien gouvernement, les membres de l'Opposition nous
déballer comme ça, sur le coin de la table, des solutions
à tous les problèmes en disant: On est capables!
Je suis déçu, aujourd'hui, du discours et de
l'intervention du premier ministre, parce qu'une fois au pouvoir, ce parti
politique, qui avait si facilement réponse à tout, n'a, en fait,
réponse à rien. Ce qui me déçoit le plus, c'est que
la source d'inspiration qui, dans l'Opposition, faisait jaillir à pleins
poumons des solutions qui semblaient s'inspirer d'un élément
positif qu'on pouvait sentir dans ces mots que je viens de dire, "on est
capables", ce qui m'a déçu, c'est que le dynamisme choc des
discours de l'Opposition a transporté sa source d'approvisionnement dans
la mollesse d'une nostalgie qui me rappelle et qui me rappelait, ce matin, en
écoutant le premier ministre, celle de Thomas Morus.
J'ai été déçu que la source d'inspiration
à laquelle entend s'abreuver ce gouvernement soit celle de la nostalgie,
nostalgie qui est une bien mauvaise conseillère de l'action
concrète. Je dis, M. le Président, que le premier devoir des
vrais Québécois, c'est de combattre la tentation de la nostalgie
que nous a proposée le premier ministre du Parti québécois
ce matin.
Je ne veux pas être de ceux qui bâtissent l'avenir en
s'appuyant sur ce qu'aurait dû être le passé. Le Parti
libéral du Québec continuera de s'inspirer de la
réalité, de l'histoire et des leçons tirées de
l'évolution des sociétés modernes
développées pour offrir à ses concitoyens un schéma
d'avenir qui s'inscrit en continuité avec la réalité
historique, et cela dans l'atteinte de nos objectifs.
Dans le fond, nos objectifs, les objectifs des membres de cette Chambre,
à quelque parti qu'ils appartiennent, peuvent se ressembler d'une
drôle de façon. En fait, on peut résumer presque tout
ça en disant que nos objectifs à tous, dans cette Chambre, les
110 députés 109 pour le moment, M. le Président
c'est d'assurer le mieux-être des Québécois et de
garantir l'existence et la promotion de la culture française chez nous.
Je n'avais cependant jamais réalisé autant que ce matin
jusqu'à quel point il y avait une divergence profonde entre
l'inspiration de l'action et les moyens à mettre en oeuvre pour
atteindre nos objectifs.
Je ne veux pas bâtir l'avenir du Québec sur des valeurs
nostalgiques. Quand je vois que ce que nous proposent nos amis d'en face est,
en quelque sorte, une forme de Québec où les structures
juridiques s'apparentent à celles de l'Acte d'Union, je réponds:
Nous ne vivons plus en 1841.
Je dis à mes amis d'en face: Relisez l'histoire. Voyez les
raisons qui ont amené la création de la fédération
canadienne. Comparez cette évolution avec celle des grands courants de
pensée contemporaine et vous conclurez que notre avenir culturel ne peut
pas s'appuyer sur des formules dépassées.
Le nationalisme, à mon sens, est une valeur de droit qui ne colle
plus aux structures modernes des Etats développés. J'invite les
membres de cette Chambre, qui en auraient l'opportunité, de relire les
discours des hommes politiques qui ont précédé la
création et la formation de la fédération canadienne et,
en particulier, des francophones qui ont défendu cette option. Qu'ils
relisent le discours, par exemple, de Georges-Etienne Cartier, qu'il
prononçait à Saint-Hyacinthe dans les années qui ont
précédé la création de la passation de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique. Ils verront jusqu'à quel point
ils pouvaient mettre en lumière les dangers, les inconvénients et
surtout les limites que constituait le genre de structure politique à
laquelle s'apparente l'option que nous propose le Parti
québécois.
L'option canadienne du Parti libéral certes demande comme valeur
motrice autre chose que la nostalgie qu'évoquait le premier ministre.
Elle réclame le courage, la ténacité, la connaissance
précise de nos capacités, mais aussi, il faut bien l'admettre, la
limite de nos possibilités.
Nous sommes et serons toujours entourés de 250 millions à
300 millions de parlant anglais. Nous sommes géographiquement
situés sur un coin de terre qui est riche en promesses, mais qui aussi
est exigeant en termes de concurrence. Ce qui m'effraie, quand j'entends le
premier ministre parler sur le ton doucereux, comme il l'a fait ce matin, c'est
qu'il cache consciemment ou non des réalités bien
concrètes et il apprendra vite que le
prolongement de son discours électoral, le 15 novembre dernier,
ne pourra guère dépasser l'étape de cette
mini-session.
Il a parlé comme un chef de l'Opposition pourrait le faire devant
un groupe de dames de la bonne Sainte-Anne. Je l'entendais parler, par exemple,
d'agriculture qu'il fallait développer, des petites et moyennes
entreprises qu'il fallait créer, tout cela dans le contexte qu'il avait
précédemment décrit comme celui d'un Québec ouvert
sur le monde.
L'esprit de son discours était certes exaltant, mais la lettre
bien inquiétante, car elle est chargée de contradictions dont il
réalisera vite la limite.
M. le Président, parlant d'agriculture, on constate, par exemple,
que le Québec produit 40% du lait industriel au Canada, qu'il a besoin
pour assurer son développement agricole de marchés internationaux
qui ne s'obtiennent pas sans qu'il y ait une contrepartie.
En d'autres mots, nous ne pouvons pas penser pouvoir vendre sur le
marché international nos produits agricoles, nos surplus de production
agricole sans même, en même temps, admettre l'ouverture de nos
propres marchés aux productions qui viennent de l'extérieur.
Quand je constate, par exemple, que, dans d'autres productions, nous
avons besoin dans les productions sans sol en particulier
d'approvisionnement en grain, nous avons besoin de sources d'approvisionnement
dans l'Ouest Canadien, également pour le boeuf, quand je constate que de
simples problèmes comme ceux des oeufs et des poulets, par exemple, ont
créé tout un remue-ménage dans l'économie agricole
québécoise et canadienne, je ne peux m'empêcher de
considérer, comme étant des voeux pieux, les propos que tenait le
premier ministre ce matin.
Lorsqu'il parlait du développement de la petite et de la moyenne
entreprise, là aussi j'étais inquiet d'entendre et
d'apprécier la candeur de ses propos. Vous savez, c'est vrai qu'il
parlait de 50% des nouveaux emplois créés par la petite et la
moyenne entreprise. Je pense qu'il était conservateur, parce que c'est
probablement plus que cela.
Mais la petite et la moyenne entreprise gravitent autour d'ensembles
industriels beaucoup plus complexes et développés.
Si on va dans le Lac-Saint-Jean, par exemple, et qu'on fait
l'hypothèse que l'Alcan disparaisse demain matin, je me demande, M. le
Président, ce qu'il adviendrait des petites et moyennes entreprises qui
gravitent autour de ce géant industriel. Si on va sur la
Côte-Nord, c'est la même chose, à Baie-Comeau, avec
Québec North Shore, avec la compagnie d'aluminium qu'il y a là;
si on va vers Sept-Iles, c'est la même chose. Dans un comté que
connaît bien le député de Bonaventure, avant que n'existe
l'entreprise fabriquant du carton ondulé à New Richmond, combien
y avait-il de petites et moyennes entreprises? Considérons maintenant
combien il peut y en avoir. Nous avons besoin certes de développer la
petite et la moyenne entreprise, mais nous avons également besoin
d'investissements importants pour assurer à cette petite et moyenne
entreprise la possibilité de se développer.
Quand on regarde également les marchés, il faut bien
admettre que là aussi c'est une question de "give and take" pour
employer un terme bien courant. Nous ne pouvons pas protéger
indéfiniment nos marchés et penser que nos entreprises moyennes
ou plus grandes auront accès aux marchés étrangers sans
aucune difficulté. J'entendais, durant la campagne électorale,
à une tribune où il me précédait, le
député de Gouin parler, comme mesure de développement
industriel, de la création d'une zone franche de droits dans la
région de l'aéroport de Mirabel. Une zone, disait-il, où
il n'y aurait aucun impôt de perçu, aucune taxe de perçue
sur les établissements qui auraient feu et lieu à cet endroit.
J'essayais d'analyser cette proposition qu'on pourrait calculer
d'intéressante dans d'autres milieux mais qui, provenant d'un membre de
ce gouvernement, ne pouvait faire autrement que me scandaliser. J'ai entendu en
cette Chambre les députés de l'Opposition du temps, les
députés du Parti québécois, critiquer le
gouvernement parce qu'il avait fait un prêt sans intérêt de
quelque $20 millions pour l'établissement d'une usine sur la très
Basse-Côte-Nord pour utiliser une essence forestière qui, de toute
façon, si elle n'était pas utilisée, allait
s'évanouir par le vieillissement. Maintenant je regarde toutes les
accusations de corruption, d'attachement aux grandes entreprises, aux grands
consortiums financiers dont on a été affublé. Et quand
j'entendais le député de Gouin proposer, dans une région
fortement industrialisée qui est celle de Montréal, d'exempter
d'impôt de toute nature les établissements qui iraient s'y
établir, qui auraient feu et lieu dans le parc industriel environnant
l'aéroport de Mirabel, je ne pouvais faire autrement que me scandaliser
et me dire: Qu'est-ce qui se passe? Est-ce moi qui deviens subitement sourd ou
est-ce que ce sont les gens qui aujourd'hui sont en face de nous qui changent
de chemise comme la température change?
J'aurais bien d'autres exemples à donner pour indiquer à
ce gouvernement jusqu'à quel point est près la limite de son
action dans cette aventure qui nous propose non seulement la création et
la séparation du Québec du reste du Canada sur le plan
économique dans un premier temps pour une association éventuelle
si possible par la suite, mais jusqu'à quel point il y a une limite dans
l'établissement et la modification des règles du jeu d'une
économie que, au demeurant, on veut conserver ouverte sur le monde. Avec
une population de 6 millions, une économie qui compte quelque $50
milliards de produit national brut, nous ne pouvons pas nous permettre de
modifier les règles du jeu au point où, comme je le disais dans
d'autres lieux, on pourrait siffler un hors jeu à la ligne bleue pour
une partie et un hors jeu à la ligne rouge pour une autre partie du
milieu des affaires.
Je crois qu'il faut se rendre à l'évidence qu'il y a loin,
bien souvent, entre les voeux pieux et la réalité. Je ne fais pas
plus grief que cela pour l'instant au gouvernement de ne pas avoir
proposé de
mesures concrètes, mais je reviens sur ce grand thème que
j'ai voulu développer dans les quelques minutes qui m'ont
été consacrées. Je veux laisser le temps à mes
collègues qui veulent intervenir. Nous ne pourrons pas bâtir
l'avenir du Québec et développer la francophonie
québécoise au Québec et sur le plan international en
s'appuyant uniquement sur la nostalgie des mots.
J'ai personnellement souscrit à bien des choses. Lorsque le
gouvernement rappelait l'utilisation de mots qui avaient été mis
en lumière durant les années soixante, je peux dire que, pour mon
humble part, j'ai contribué à ce vocabulaire puisque
c'était un temps où une de mes responsabilités
était de faire le dur travail de préparation de textes de
discours pour les hommes politiques.
J'ai utilisé ce terme, mais jamais je n'avais pensé qu'il
pouvait comporter la nostalgie qu'a voulu lui donner le premier ministre ce
matin. Je l'ai utilisé et je l'ai proposé à ceux pour qui
je travaillais. En aucun cas, il ne m'avait inspiré cette
réflexion. Au contraire, pour moi, le terme "Etat du Québec"
signifiait la réalité des choses, signifiait la
réalité de l'histoire, lorsqu'un groupe de citoyens canadiens
réunis dans des provinces différentes avaient
décidé de s'associer dans une fédération
canadienne. Pour moi, je dis et je répète que l'utilisation de
ces mots ne traduisait pas une nostalgie, mais une réalité
concrète de ce que devait être le Canada, de ce que devait
être le Québec à l'intérieur du Canada. Je suis
certain que mes collègues de ce côté de la Chambre, mes
collègues de l'Opposition, ont utilisé et utiliseront encore ce
terme, mais voudront lui donner son sens véritable, son sens historique
pour conserver au Québec l'autonomie dont il a besoin pour faire face
à ses obligations et à son statut spécial à
l'intérieur du Canada, mais aussi pour s'associer à cet ensemble
canadien qui constitue pour nous une garantie de notre développement
économique. Pour ce faire, on doit laisser à l'ensemble canadien
suffisamment d'autonomie également sur ce plan et suffisamment de force
pour remplir une des principales responsabilités qui m'apparaissent
être celles du gouvernement canadien, soit celle de la répartition
de la richesse, soit celle de permettre à toutes les régions du
Canada de bénéficier d'un niveau de vie comparable, par
l'intermédiaire et l'entremise d'un niveau de revenu également
comparable à celui de la moyenne canadienne.
Voilà la fin de mes propos, M. le Président.
J'espère que cette mini-session se terminera et que se termineront
également les discours dou-ceureux qu'on nous a servis ce matin, parce
qu'à partir du mois de février prochain je crois que ce seront
des réponses que l'Opposition exigera et non pas des voeux pieux.
Le Vice-Président: Le député de Westmount.
M. George Springate
M. Springate: M. le Président, mes premières
remarques dans cette nouvelle session sont pour vous féliciter de votre
élection à la présidence de l'Assemblée nationale.
Vous êtes le gardien des droits des parlementaires du Québec et le
premier responsable de la sauvegarde et de la promotion de l'autorité de
l'Assemblée nationale elle-même. Je vous assure que je vous
accorderai à vous et à vos adjoints ma pleine et entière
collaboration. Malheureusement, je ne peux pas en dire autant pour le
gouvernement, un gouvernement qui cherche à détruire mon pays. Je
suis contre la séparation. Je vais lutter fort et de toutes mes forces
pour combattre ceux qui prônent la séparation. Je vous promets que
le référendum no 1, le référendum no 2, le
référendum no 3...
Une Voix: Alouette!
M. Springate: ...seront rejetés par la population du
Québec. Mon devoir, comme membre de l'Opposition, est d'appuyer le
gouvernement lorsque les lois qu'il propose sont bonnes et égales pour
tous les Québécois et de critiquer et d'essayer d'amender les
lois qui laissent à désirer. Quelquefois, le gouvernement en face
de moi me fait peur. Je ne suis pas le seul qui ai peur. L'incertitude face
à l'avenir du Québec et du Canada fait peur aux investisseurs.
Tout le monde se trouve sur le "stand by". Nous allons attendre, nous allons
voir. Pourquoi investir maintenant? Nous allons attendre et voir si les
séparatistes gagnent le référendum. Tout le monde attend,
les petites et les moyennes entreprises, les investisseurs, les
multinationales, les Québécois. Qu'est-ce qui va arriver de notre
économie, d'ici le ou les référendums?
Comme je l'ai mentionné, je ne suis pas le seul à avoir
peur.
Un séparatiste, un M. Santerre, l'ex-président de
l'association du Parti québécois de Saint-Louis et membre du
parti séparatiste depuis sa fondation, est nerveux. Mercredi, dans un
discours prononcé dans le comté de Westmount, mon comté,
il a dit: I am a little nervous. I did not expect things to move that fast. Il
a continué: He refers to the new PQ government's plan to increase the
minimum wage to $3 an hour without fear of economic effects, developing the
Mirabel area, increase family allowances, set up on an automobile insurance
plan and provide free dental care for children, etc., etc.
M. Santerre n'a pas accepté le fait que le salaire minimum soit
augmenté à $3 l'heure. Même le ministre s'est
prononcé contre un tel programme. C'est vrai, M. le Président,
que le ministre s'est rallié, lors d'une réunion du Conseil des
ministres, mais cela n'efface pas le fait que le ministre en question
était contre.
Je dois vous avouer, M. le Président, aussi que je suis
déçu. Je suis déjà déçu de ce
gouvernement qui se trouve en face. Pendant sept ans, alors que j'étais
"back-bencher" ministériel, j'ai écouté des discours
prononcés par les membres du Parti québécois. Ils nous
disaient à maintes reprises que les séparatistes étaient
des hommes honnêtes, des hommes intègres et que leurs paro-
les étaient la vérité. S'ils disaient quelque
chose, c'était parce que c'était vrai. Et, M. le
Président, ils ont continuellement accusé notre gouvernement de
manquer de fair-play, de dire une chose et d'en faire une autre. Ils disaient
que le gouvernement n'était pas un gouvernement du peuple, que
c'était un gouvernement qui avait deux poids et deux mesures. Mais, M.
le Président, mercredi passé, le deuxième jour de cette
première session, l'honorable ministre de l'Education nous a
montré les vraies couleurs de ce gouvernement et du Parti
québécois: contradiction et attitude flagrante. L'attitude de
dire ce qu'il faut pour être élu et, une fois élu, faire ce
qu'on veut.
Permettez-moi, M. le Président, de vous citer une partie d'un
éditorial du Devoir du jeudi, le 16 décembre, signé par
Michel Roy. "Dans ce contexte d'une révision complète de la loi
22, en particulier de son chapitre V, comment expliquer la double
décision de M. Morin? "Pendant toute la campagne électorale, le
Parti québécois a dénoncé avec raison les tests
linguistiques que M. Lévesque tient pour "odieux". Pendant toute cette
campagne, le président du Parti québécois s'est
engagé à revoir cette loi dont l'application au secteur scolaire
présente d'énormes obstacles, sources d'injustices. Il est
même allé plus loin: les enfants de parents anglophones
établis depuis peu au Québec allaient être, à toutes
fins utiles, dispensés de l'obligation de fréquenter
l'école française; la loi n'allait s'appliquer qu'aux "futurs"
immigrants. Devant ces déclarations, les diverses communautés
ethniques de Montréal avaient toutes les raisons de penser que le Parti
québécois, s'il était appelé à former le
gouvernement, s'efforcerait au moins de résoudre dans l'immédiat
le problème des 250 enfants ayant échappé aux tests et
celui des 920 dont les parents en ont refusé les résultats. Les
péquistes laissaient presque entendre, en fin de campagne, qu'ils
accorderaient la liberté de choix aux enfants des groupes ethniques
arrivés depuis peu au Québec. A plus forte raison devaient-ils
alors régulariser le cas des "victimes" du "testing". "Réponses
provisoires et mesures transitoires, déclare M. Morin, mais
décision qui, il faut bien le dire, trahit la confiance que les
communautés ethniques ont accordée au Parti
québécois.
M. le Président, Michel Roy a continué: "Mais rien
n'obligeait à conclure, comme le fait M. Morin, que la loi doit
être respectée et ses règlements observés. Car si
les tests étaient mauvais et "odieux" pendant la campagne, ils n'ont pas
cessé de l'être aujourd'hui, quelles que soient les "conditions
nouvelles" dans lesquelles on voudrait les administrer. On ne comprend pas que
le gouvernement, à moins qu'il ne soit poussé par ses
fonctionnaires "spécialisés" du ministre de l'Education,
s'acharne à perpétuer des tests que le président du PQ et
M. Morin lui-même ont si justement dénoncés avant le 15
novembre."
Double talk. Promise is one thing and do another. Once in power, forget
what was said and promised during the election campaign. That, Mr Speaker,
unfortunately is the attitude of this Government. On the very first occasion
this Government had, it went against his word. Oh yes, another minister held a
press conference on that very same day and made even more promises that, in the
new year, Section 5 of the official language's Act would be amended and
everybody would be happy.
But minister's words no longer impress me, action does. And on Wednesday
last, Mr Speaker, we saw the true Parti québécois at work. While
one, a super duper jumbo minister, was out making promises to reporters,
another was in this House proclaiming to all, that the task that he personally,
that his leader, that his supporters claimed to be unjust and inhuman was going
to be continued. A hell of a lousy way to start, gentlemen, a hell of a lousy
way.
Mr Speaker, there are other things that have got now to a bad start
also. The oecumenical non confessional prayer has been dropped. English, an
official language of this country and the language of more than one million
Quebeckers has been dropped by the clerk of the National Assembly. Naturally, I
suspect, on orders from above. And the Lieutenant-Governor's inaugural speech
was void of English, an insult to more than one million Quebeckers. It was not
an oversight. It was planned, calculated, deliberate. Tradition, usage,
customs, folk ways and morals of Quebec mean nothing to this group that is
front of us. And where is this Government going? How will it treat its
minorities, a sizeable majority in number that is larger than the respective
population of six provinces, Newfoundland, PEI, New Brunswick, Nova Scotia,
Manitoba and Saskatchewan?
Mr President, one judges a Government by how it treats its minorities.
Today, after one week of a new session, of a new Government, your performance
does not augur well for the future of the minorities. Double talk,
contradiction, false promises, socialism, uncertainty, no respect for
minorities. Add that up. Mr. Speaker and all I can say is that Quebec with this
Government attitude does not have much to look forward.
Le Vice-Président: M. le député de Roberval.
M. Robert Lamontagne
M. Lamontagne: M. le Président, comme vous êtes mon
successeur immédiat, je voudrais d'abord vous offrir mes plus
sincères félicitations et, ayant participé à votre
élection, m'en féliciter moi-même et peut-être vous
rappeler qu'au cours des trois dernières années et demie j'ai,
avec mon collègue le député de Laval, essayé de
revaloriser tant l'Assemblée nationale que toute la réforme
parlementaire.
Je devrais peut-être vous rappeler également, et vous faire
notre intermédiaire pour le rappeler au président de
l'Assemblée nationale, que nous avions établi la coutume, au
cours des dernières années, de consulter
régulièrement tous les partis de l'Opposition lorsqu'il
s'agissait d'annoncer ou
de préconiser des mesures qui touchaient tous les
parlementaires.
Je dois vous dire que c'est avec grand étonnement et avec
énormément de déception personnelle malgré
qu'une décision ait été rendue et je ne voudrais pas
aujourd'hui la contester que nous avons vu le président de
l'Assemblée nationale, sans consulter les partis de l'Opposition,
décider qu'un moment de réflexion n'égalait pas une
prière en 1976.
J'espère qu'au cours des prochains jours ou des prochaines
semaines, les deux vice-présidents et le président voudront bien
reconsidérer cette interprétation qui, depuis 20 ans et 30 ans
avait toujours été en usage ici, au Québec.
Le 15 novembre, évidemment, il y a eu plusieurs changements.
Peut-être pour toutes sortes de raisons a-t-on voulu décider ici
qu'il fallait faire vite, qu'il fallait aller au plus pressé, et, j'en
conviens, on est peut-être allé aux premiers articles du
règlement, mais, de grâce, M. le Président, ne faisons pas
des changements pour le seul plaisir d'en faire.
On a décidé, sans nous consulter, qu'il n'y avait plus de
prière à l'Assemblée nationale. Mais, mon Dieu! je ne sais
pas ce que les gens en disent au Québec. On a décidé que
nos bons amis et collaborateurs n'avaient plus le droit de prononcer quelques
mots d'anglais, ici, à l'Assemblée nationale. Changement majeur
pour l'avenir du Québec, j'en conviens, mais tellement important que,
pour nous, au moins, et lorsqu'on a le respect de tous les parlementaires, la
première chose dans ce respect, c'est de les consulter.
Egalement... Vous m'excuserez, M. le Président, j'en ai
déjà endormi un.
Le Vice-Président: A l'ordre! Une Voix: II
s'était endormi avant.
M. Lamontagne: Ceux qui ne dorment pas ne sont pas là de
toute façon.
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
M. Lamontagne: Si vous voulez couper mon temps, il y a au moins
M. le député de Johnson qui vient me solliciter pour que je parle
plus longtemps.
Le Vice-Président: A l'ordre! Si vous permettez, le temps
est présentement compté. Je pense que vous ne devriez pas vous
distraire à d'autres faits qu'à ce discours.
M. Lamontagne: Mais, tout de même, il y a des changements
radicaux. C'est que, maintenant, le parti ministériel n'est plus
présent à l'Assemblée nationale. Et j'en vois, comme mon
bon ami, le ministre, qui étaient présents, j'en conviens,
régulièrement, mais il sait fort bien combien ses amis de
maintenant ont dit qu'à l'Assemblée nationale, lorsqu'on
siège, il faut toujours être assis à son siège. J'en
sais une qui est assise là et qui l'a répété sur
toute la... Je ne la vois pas. Vous le savez, M. le Président, comme
elle l'a dit, qu'il fallait être présent à
l'Assemblée nationale.
M. Marchand: Ils font des mots croisés.
M. Lamontagne: J'aurais aimé, cet après-midi, lui
faire ce message personnel. Oui, qu'on soit ministre ou député,
il faut être assis et présent, écouter tout ce qui se dit.
De grâce, essayez de nous écouter et vous allez bien vous
instruire. C'est important.
Ceci étant dit, je voudrais également féliciter mes
collègues de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean; il y a le
député de Jonquière, mais le député du
Lac-Saint-Jean n'est pas là, je ne peux pas le féliciter.
Une Voix: Le député de Dorion non plus.
M. Lamontagne: Cependant, je voudrais leur rendre ce
témoignage d'être maintenant avec nous et leur offrir ma meilleure
collaboration pour le succès et le développement du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Hier, le chef de l'Opposition officielle demandait à l'honorable
premier ministre ce qui était important. Pour le moment, le changement
le plus important, et peut-être que le ministre des Finances pourrait
faire le message à tous ceux de ses collègues qui ne sont pas
ici, c'est de dissiper cette inquiétude que vous êtes en train de
créer. Comme député de Roberval et de l'avis de plus en
plus de Québécois face aux paroles que le premier ministre a
prononcées ce matin et antérieurement, on est en train de vouloir
parler presque exclusivement d'indépendance du Québec. Lorsque,
pendant la campagne électorale, nous vous invitions à en parler,
vous avez essayé et réussi, j'en conviens, à faire voter
la population du Québec contre quelque chose. Je comprends le ministre
des Finances; avec les succès qu'il a eus en 1973, on ne l'a pas entendu
parler, et c'est peut-être ce qu'il y a de mieux qui ne vous est pas
arrivé.
Mais cependant, j'ai mentionné pendant la campagne
électorale et je le mentionne encore je mentionne le terme que
j'ai employé en prenant à témoin le député
de Jonquière cela a été une "fraude
électorale", parce que vous n'avez pas parlé de votre programme.
Vous n'avez pas voulu parler de ce que vous préconisez depuis le 16
novembre maintenant.
Une Voix: Le séparatisme...
M. Lamontagne: Le séparatisme! Ils veulent faire peur en
nous traitant de séparatistes! Bien oui, vous en êtes des
séparatistes! C'est ça... Les back-benchers...
Une Voix: ...un "poolroom"...
M. Lamontagne: M. le Président, il y a des choses
très importantes à faire actuellement au
Québec, et l'honorable premier ministre devrait en premier
lieu...
Une Voix: ..."poolroom"...
M. Lamontagne: ...rassurer tous les Québécois qu'il
désire être un bon gouvernement. Bien sûr, je le souhaite de
tout coeur, avec tous les Québécois. Mais d'abord, avant
d'instaurer...
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Lavoie: Commencez par faire vos preuves...
Le Vice-Président: A l'ordre, M. le député
de... M. Lavoie: ...vous applaudirez après.
Le Vice-Président: ...M. le leader de l'Opposition.
M. Lamontagne: Avant de parler d'indépendance et de
référendum, et de canaliser toutes les énergies des
Québécois et les vôtres en particulier, parlez donc de ce
qui nous préoccupe réellement: La petite et la moyenne
entreprise. Bien sûr, on dit: Nous lui donnons le coup de départ,
nous. On en a parlé durant toute la campagne électorale. C'est le
temps de l'aider. On augmente le salaire minimum. Cela aide! Vous savez, vous,
l'honorable député de Jonquière...
M. Couture: Cela aide les petits salariés. Le
Vice-Président: A l'ordre! Une Voix: ...dans le
"poolroom"...
M. Lamontagne: Ah mon Dieu! Ce n'est pas long qu'ils perdent leur
contrôle et leur sang-froid! Ce n'est pas long. Vous n'avez pas fini,
vous commencez.
Mais, dans notre région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, alors que
pendant la campagne électorale, on a connu une des grèves les
plus sérieuses même dans toute l'histoire du Québec, une
grève, évidemment, qui a influencé grandement la campagne
électorale parce que cette grève, pendant la campagne
électorale, c'était la faute à Bourassa cependant,
hier, le ministre de l'Education, lui, pendant la grève de
l'université je ne voudrais pas... j'ai peine, avec ma voix,
à imiter religieusement son ton disait qu'il ne faut pas s'y
ingérer. C'est à votre tour à vous y ingérer, M. le
Président. C'est vous qui êtes là. Vous avez crié
contre les grèves. Maintenant, réglez-les!
En terminant...
Le Vice-Président: Si le député de Roberval
veut bien s'asseoir, je veux seulement dire un mot, je lui donnerai ensuite le
droit de parole.
Je veux simplement rappeler au député de Roberval, comme
à tout autre membre de cette Chambre, qu'il a déjà
dépassé légèrement son temps. Je lui permets
cependant de conclure s'il le fait brièvement.
Je rappellerai au député de Westmount que ce n'est pas de
la gentillesse. C'est simplement l'impartialité de la
présidence.
M. le député de Roberval.
M. Lamontagne: Je termine peut-être en invitant le ministre
des Richesses naturelles à venir de près suivre un dossier fort
important dans le comté de Roberval, le dossier de Gagnon et
Frères, dont le ministre a déjà été saisi.
Je pense qu'on devrait inviter tout le monde, ceux qui sont
préoccupés, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
à venir bâtir notre région un peu. C'est important.
J'espère que vos signes sont un assentiment à la demande
qui vous a été faite. Je transmettrai que vous avez fait signe
que oui, que vous êtes favorables à ceux qui me l'ont
demandé.
C'est une courte intervention pour dire, parfois avec un peu d'ironie
et, j'espère avec un peu d'humour, qu'il faut apporter des changements
au Québec, depuis le 15 novembre, mais il faut qu'ils soient
sérieux en même temps. Il faut qu'ils soient planifiés et
qu'ils soient en fonction des véritables besoins des
Québécois.
M. Burns: C'est ce que nous allons faire.
M. Lamontagne: J'espère que vous allez finir par le faire
un jour, avant les prochaines élections.
M. le Président, je vous remercie et j'espère que j'aurai
l'occasion de vous rencontrer à nouveau, à cette Assemblée
nationale, au cours des prochains mois.
Le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: M. le Président, je voudrais,
premièrement, vous donner quelques notes explicatives au sujet de mes
interventions dans cette Chambre.
Après ces remarques, je m'adresserai à vous, toujours en
anglais, pour trois raisons. Premièrement, parce que je suis un
anglophone et que je représente les Québécois d'expression
anglaise; deuxièmement, 84% de mes électeurs sont aussi
anglophones et ils veulent que je les représente non seulement sur ce
point de vue, mais aussi comme représentant du fait anglais au
Québec dans le journal des Débats; troisièmement, je ne
voudrais pas être mal interprété par un manque de
facilité de m'exprimer avec suffisamment de clarté en
français.
M. Lavoie: Très bien.
M. Shaw: Je me réserve quand même le droit de
m'exprimer de temps en temps en français, quant aux questions relatives
à mes électeurs francophones de mon comté, parce que je
suis fier de leur appui.
Ladies and Gentlemen, I wish to address myself firstly to the character
of this Assembly and to its predecessors who now fortunately have been
relegated to the seats on my right.
Une Voix: Temporarily.
M. Shaw: We are here supposedly to represent our constituents in
the vehicle of democracy, in Quebec, its elected Assembly. Unfortunately,
democracy in this province has been abused, because its has denied one of its
vital characteristics, the respect for the minority. Every democracy is
measured as to its ethics and these ethics are judged by the respect it shows
to its minorities and to minority rights. A Government that uses its majority
to abuse a minority is without ethics and is not worthy to call itself
democratic, fascist maybe, but not democratic.
You see, there are 1400 000 non-francophones in our province. There is
as much an English fact in Québec as there is a "fait français"
au Canada, but the consecutive Québec Governments have been bullying the
minorities by abusing "du pouvoir de la collectivité".
There are earlier examples such as the unilingual road signs and
deliberate franchisation of the Provincial Civil Service, but the culmination
of this was in the infamous Bill 22 which declared French as the only official
language in Québec and established mechanisms which eventually extend to
force everyone in this province to speak French.
This was using the power of the collectivity to bully the minority. It
was bad enough to pass a bill forcing four and five-year-old to take oral
language tests but, after criticizing this policy during the election, the
Government suggests now that the law must be upheld and bespeaks the injustice
of a philosophy that the power of the collectivity can do anything.
I represent a party committed to the policy of two official languages in
this province which, while respecting the need to emphasize the preeminence of
the French language and culture in the province, is equally committed to
respecting the rights of the minorities. The French language and culture have
never been stronger in Québec and in Canada, but the ethical environment
has never been sicker. Can you imagine a province wherein one fifth of its
population is non-French and yet less that 1% of its Civil Service is
represented by its minority? Can you imagine, although fully bilingual, an
Anglophone senior policeman in Montréal, recognized as the most capable
man for the job, is told he could never aspire to this position as an
anglophone? This, while in our national Government, where the power of
collectivity is not abused, both the Chief of the Joint Chiefs of Staffs of the
Canadian Forces and the Director of the Royal Canadian Mounted Police are
French Canadians.
There are thousand other examples. But while I recognize that there is
injustice perpetrated on the English-speaking side to which I assure you that I
will be equally critical. My job and your job is to cure the sickness of our
ethnical environment and restore democracy in its real sense where the
interests of the people are paramount and that the differences are respected.
We can build a great Québec together through understanding and tolerance
and above all respect. Respect for its institutions and its responsibility to
administer for the people and respect for each other in spite of our
differences and respect for those values which make our democracy so vital,
such as the freedom to be different the essential brotherhood of all men and
the essential quality of all people.
I have entered the field of politics because I feel sincerely that my
predecessors who represented the English-speaking community in Québec
have failed to express firmly enough that we, Québécois
d'expression anglaise, have had enough abuse. Perhaps it is being that for some
times there have been no Anglophones in the Opposition and the restriction of
party discipline and party solidarity have muted those who were with the
Government.
However, this election has changed it. I am committed to be positive and
responsible, a critic of this Government but rest assured that every example of
discrimination or abuse of any minority in this province either for my county
or otherwise would be brought to the attention of this Assembly. To this end, I
would like to suggest that the minister of Education reconsider his ministerial
declaration and suspend testings until he has introduced the new language
legislation at the next session of the Assembly. This would be in keeping with
the philosophy of the Prime Minister's declarations during the election
campaign, when he termed the tests odious and more, it will demonstrate that
the Parti québécois, who proclaim their committment to democracy,
will show that they are truly democratic rather than abuser of the power of the
collectivity.
As well, the ministerial declaration concerning the language of work,
made this morning, completely ignores the economic reality of Québec and
is again contrary to the Prime Minister's declaration in the Montreal Gazette
wherein he said he would never force anyone to speak French. What is more, the
right to declare only one language official in Québec as yet not be
completely tested in the courts. Therefore, it makes no sense to precipitate
further exodus of business from Québec when this sort of legislation
could shortly be declared ultra vires.
Furthermore, the question of the referendum has capital investments in a
state of suspension. The effects of this will soon aggravate an already
unacceptable level of unemployment. The people of Québec have the right
to know now your intentions to this end. Be assured that I and my constituents
are unquestionably Canadian as I am sure the constituents of the majority of
the ridings in this House.
We would like to demonstrate this so that with the future of
Confederation settled we can get on with the business of governing the
province. We are blessed with one of the most advantaged
countries in the world. For some reasons, there are those who would
destroy it but I assure you that there are more who would like to keep it.
Le Vice-Président: M. le député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: M. le Président, c'est avec beaucoup de joie et
de plaisir que je me retrouve cette année à l'Assemblée
nationale et que je prononce, aujourd'hui, le premier discours depuis
l'élection du 15 novembre dernier.
Tout d'abord, mes premiers mots, vous me permettrez, M. le
Président, seront pour remercier les citoyens du comté de
Richmond qui m'ont redonné une fois de plus leur confiance cette
année, que j'aime profondément et qu'il me fait plaisir de
servir. Je voyais tout à l'heure mon ancien collègue, puisque
j'avais siégé dans cette Chambre de 1970 à 1973, le
député de Saint-Jacques, qui est maintenant ministre
délégué au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports. Je me rappelais le moment où on était,
à ce moment, les plus jeunes de l'Assemblée nationale. Je me
rappelle également les propos que le premier ministre a tenus ce matin
et qui me faisaient dire que peut-être, désormais, en voyant les
plus jeunes que nous qui sont là maintenant, nous allons peut-être
devoir nous résigner à dire nous aussi que nous sommes contents
de cette relève qui s'en vient derrière nous et à
être des députés d'un moyen âge maintenant à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, à l'instar de mon chef, j'entends
être le représentant de tous les citoyens de mon comté,
quelle que soit leur allégeance politique, quelle que soit l'option
qu'ils ont prise lors de la dernière élection. J'entends bien
d'ailleurs, tel que je l'ai annoncé publiquement à la suite de
l'élection, être le député de tout le monde. Je
pense que ce principe devrait être un principe directeur pour le nouveau
gouvernement également qui se doit, je pense, et surtout à ce
stade, d'être vraiment le gouvernement de tous les citoyens du
Québec, de tous ceux qui vivent actuellement dans notre province.
M. le Président, le présent débat, si on peut
l'appeler ainsi, sur le message inaugural, me porte à certaines
réflexions et j'aimerais vous faire part de quelques-unes de ces
réflexions. Nous avons au Québec un nouveau gouvernement, et
même, si vous me passez l'expression, un gouvernement nouveau,
c'est-à-dire de nouvelle forme ou de nouveau style. Quelques points qui
illustrent, en fait, cette affirmation: La façon avec laquelle le choix
des membres du Conseil des ministres a été rendu public; les
structures internes du cabinet où la planification semble être un
souci évident; les déclarations ministérielles qu'on nous
a faites jusqu'à ce jour, malgré qu'elles soient parfois
ambivalentes ou inégales en valeur du moins; le style en cette Chambre
et à l'extérieur du premier ministre et de ceux qui forment
maintenant le cabinet; enfin, évidemment, l'idéologie d'un
nouveau parti politique qui forme ce gouvernement.
Oui, pour sûr, tout ceci nous amène à conclure et
à reconnaître au point de départ que nous avons à
faire face à un type nouveau de gouvernement et d'administration.
L'avenir, et l'avenir pas trop lointain, il me semble, nous dira si, pour
autant, il sera représentatif des Québécois, de leur
véritable attente individuelle et collective. Par ailleurs, les citoyens
de nos sociétés attendent de plus en plus, je pense, de la part
de nos dirigeants et de la part de nos gouvernements. Il faut dire aussi, il
faut le reconnaître, que leurs différents problèmes ont
également tendance à s'amplifier.
La prise du pouvoir de façon aussi éclatante par le Parti
québécois, le 15 novembre dernier, a créé chez
plusieurs, je pense, l'impression qu'une ère nouvelle commençait
pour le Québec, où les gens pourraient se sentir plus heureux,
plus prospères, plus attentifs les uns aux autres, imbus peut-être
d'un sens plus aigu de collaboration et d'une volonté plus ferme de
construire le Québec. On a dû, cependant, se rendre compte,
dès le lendemain matin, et j'ai l'impression que cela a
été aussi le lot des ministres et du premier ministre, une fois
l'euphorie de la victoire passée, on a dû se rendre compte
dès le lendemain matin que les problèmes de notre
société étaient demeurés exactement les mêmes
que ceux de la veille, et surtout aussi que les gens non plus n'avaient pas
changé tout d'un coup, mais que la bonne vieille nature humaine continue
encore de pousser davantage chacun à tirer un petit peu la couverte de
son côté plutôt qu'à se préoccuper des autres
et du bien de l'ensemble. Après l'euphorie de la victoire, pour le
gouvernement, il y a eu, je pense, la réalité.
Pour l'heure, et je pense que c'est une question
d'honnêteté aussi, nous devons assurer au nouveau gouvernement
notre collaboration en plaçant les intérêts du
Québec au-dessus des intérêts de partis.
Nous devons également placer les intérêts de
l'ensemble des Québécois et je pense ici en particulier
à ce qu'il est convenu d'appeler le citoyen ordinaire au-dessus
des intérêts de tel ou tel groupement de notre
société. Nous avons un nouveau gouvernement, c'est-à-dire
un nouveau type de gouvernement. Là aussi, on peut souligner quelques
faits pour démontrer que cette structure est différente de ce
qu'on a connu dans le passé. Simplement souligner, par exemple et
tous ceux qui ont déjà siégé en Chambre peuvent le
mentionner et pourraient peut-être de façon beaucoup plus
éloquente que moi le décrire ceux qui ont
siégé dans cette Chambre, dis-je, peuvent comparer.
L'atmosphère déjà est changée à
l'Assemblée nationale de ce que c'était par les années
passées.
Les initiatives, également de type nouveau, de la part de la
présidence, changent aussi la forme du Parlement que nous connaissons
actuellement. J'en profite d'ailleurs, M. le Vice-Président, pour vous
transmettre mes félicitations pour le poste que vous occupez et je vous
prie en même temps de transmettre à la présidence mes plus
sincères félicitations et vous assurer de notre collaboration la
plus entière parce que vous représentez, dans
cette Chambre, l'autorité dûment constituée et nous
entendons collaborer avec vous en ce sens.
Il y a également l'approche nouvelle que le leader du
gouvernement en Chambre entend donner aux travaux de l'Assemblée
nationale et je pense que, dès le début, on a senti aussi une
volonté d'un nouveau type de leadership, si je peux m'exprimer ainsi, de
la part du gouvernement en matière d'organisation des travaux.
Par ailleurs, l'important projet de réforme parlementaire, dont
nous connaissons déjà les grandes lignes, atteste aussi de cette
volonté de changement. Nous en discuterons d'ailleurs plus loin et nous
aurons l'occasion d'expliciter la question.
Enfin, ce type nouveau de Parlement se retrouve surtout et
j'insiste un peu sur ce fait dans la composition même de cette
Assemblée nationale nouvelle. D'une part, nous avons un gouvernement
majoritaire qui était hier encore un tiers parti. D'autre part, nous
nous retrouvons avec une Opposition officielle qui, hier encore de son
côté, avait la taille d'un gouvernement trop fort de 100
députés, qui est allé au peuple, sous prétexte
d'obtenir un mandat plus clair, quel qu'en soit le paradoxe. Nous avons
également...
Le Vice-Président: A l'ordre! M. le député
de Johnson sait qu'on peut rire et sourire, mais qu'on ne peut pas parler
pendant qu'un orateur ou un opinant parle déjà.
M. Brochu: Nous avons également dans cette description de
cette nouvelle Assemblée nationale des députés comme ceux
de Beauce-Sud et de Rouyn-Noranda qui, avec leur personnalité propre,
font que ce Parlement est une mosaïque véritable où tous les
citoyens du Québec peuvent se retrouver.
Enfin, nous avons une nouvelle Opposition avec l'Union Nationale
revivifiée. Hier encore, un parti moribond, une Union Nationale qui a
été fondée pour la deuxième fois par l'honorable
député de Johnson avec lequel, d'ailleurs, j'ai eu l'occasion,
l'honneur et le plaisir de travailler dans l'historique comté de Johnson
pour redonner à l'Union Nationale son premier député
à l'Assemblée, à ce moment-là. Nous avons donc
cette Union Nationale qui est revivifiée, qui a été
fondée pour la deuxième fois et qui a été si bien
relancée par l'actuel chef du parti, le député de
Lotbinière, sous la direction duquel je suis heureux de servir
aujourd'hui.
C'est donc vraiment, M. le Président, un Parlement tout à
fait de type nouveau que nous trouvons actuellement à l'Assemblée
nationale et dorénavant, c'est là mon avis, la politique ne se
fera plus de la même façon à l'Assemblée nationale
qu'elle s'est faite par le passé.
Déjà les problèmes, sinon nouveaux, sont
présentés de façon nouvelle, et je pense que
déjà certaines autres amorces de solutions ont été
faites. En ce qui nous concerne, nous avons bien l'intention de continuer, par
des propositions concrètes et positives, d'apporter du nouveau dans ce
sens pour suggérer des solutions véritables aux problèmes
véritables qui existent.
Donc, M. le Président, devant tout ce changement à tous
les paliers, que ce soit dans la structure même du gouvernement ou dans
l'Assemblée nationale, nous devons conclure que nous, les
députés, qui sommes en réalité les outils de ce
Parlement, nous devons, nous aussi, nous renouveler dans ces circonstances. Ce
qui m'amène à dire que le type d'Opposition parlementaire que
nous avons connu par le passé doit donc également se
renouveler.
M. le Président, le défi auquel nous convie le
gouvernement du Parti québécois est de contrer en Chambre et
auprès de la population l'option souverainiste. Et sa tendance
socialiste à quelques égards nous amène à
être exigeants envers nous-mêmes d'abord, nous de l'Opposition,
pour être ensuite très exigeants envers lui, le gouvernement. Plus
jamais, Madame et Messieurs les libéraux et ceci, mes
collègues de l'Union Nationale et mon chef en tête l'ont compris
et ont déjà commencé à le vivre plus jamais,
dis-je, l'Opposition en cette Chambre, si elle veut être crédible
dans l'opinion publique, ne sera ou ne devra être ce qu'elle a
été dans le passé, de façon
générale.
Je comprends que c'est peut-être un peu inconfortable pour un
gouvernement de passer du pouvoir à l'Opposition, dans un jugement aussi
sévère que celui qui a été rendu. Mais il faudra,
une fois l'émotion de la déception passée, réaliser
ce nouveau type d'Opposition, si ce Parti libéral veut être
encore, en Chambre, plus que des présences simplement de cors
retentissants.
M. le Président, les moments historiques que nous vivrons ces
prochains mois, ces prochaines années nous amènent, nous incitent
à nous dépasser, et justement à éviter
peut-être ce genre d'interventions qu'on fait à tout propos, comme
viennent de faire les libéraux durant le discours que je viens de faire,
mais avoir peut-être même plus de tenue à l'Assemblée
nationale, pour lui donner vraiment tout le décorum et toute la noblesse
à laquelle on doit s'attendre d'une assemblée
délibérante.
M. le Président, nous ne sommes pas ici pour embêter le
gouvernement au point de départ. Nous ne sommes pas ici pour
préparer les prochaines élections ou, pour certains, comme je
viens d'entendre encore un député libéral, celui de
Roberval, pour préparer la venue d'un nouveau chef de parti ni, non
plus, pour plaire à quelque conseil national que ce soit. Les
applaudissements sont plus rares, je le comprends, M. le Président, mais
quand même je me dois de le dire. Nous sommes ici, M. le
Président, pour tenter de replacer le Québec sur la voie du bon
sens, sur la voie de la paix sociale, sur la voie de la relance
économique, dans la mesure de nos possibilités.
Il n'y a pas que le Parti québécois qui n'a pas le droit
de manquer son coup, c'est tout le Parlement, à l'heure que
connaît le Québec, qui n'a pas le droit de manquer son coup, c'est
l'ensemble
des députés de l'Opposition et c'est également
l'Union Nationale et j'ai bonne confiance que cela ne se produira pas
qui n'a pas le droit non plus de manquer son coup. Nous avons un
défi à relever et nous entendons bien le relever.
Oui, M. le Président, comme mon chef l'a mentionné
à plusieurs reprises, nous constituerons, nous de l'Union Nationale, une
Opposition tout aussi positive et constructive que vigilante. Dans son premier
discours en cette Chambre, notre chef a multiplié les suggestions
à l'endroit du gouvernement et il a parlé de la relance
économique, des relations fédérales-provinciales et de
plusieurs sujets de l'heure. L'Union Nationale a compris le sens du scrutin du
15 novembre dernier et déjà elle constitue l'Opposition en cette
Chambre, une Opposition de type nouveau qui s'est adaptée
immédiatement et qui s'apprête à définir le nouveau
lien canadien qui se substituera au statu quo actuel et qui remplacera le
rêve séparatiste.
M. le Président, quant à moi, je m'intéresserai de
plus près à l'immense secteur des richesses naturelles et des
terres et forêts, sans négliger pour autant les dossiers
d'importance, que ce soit l'agriculture ou tous les autres sujets.
Je le ferai avec d'autant plus d'enthousiasme que le programme et le
chef de mon parti reconnaissent au développement des ressources
l'importance qui lui est due.
Le Vice-Président: A l'ordre! Je rappellerai au
député de Richmond qu'il a déjà
dépassé son temps. Je lui permettrais, évidemment, de
terminer brièvement.
M. Brochu: M. le Président, je vous remercie et je me
conforme immédiatement à votre directive en disant tout
simplement que j'ai l'intention, en tant que membre de l'Opposition, de jouer
pleinement, loyalement et honnêtement mon rôle en cette Chambre et
que te comté de Richmond, par la voix de son député,
participera pleinement au sein de l'Union Nationale à une vraie
Opposition québécoise.
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames, messieurs! Comme
je ne reconnais plus aucun député qui se lève et que
l'entente a été respectée, je crois que je dois
considérer que le débat sur le discours inaugural est
terminé. Mesdames, messieurs, nous allons procéder au vote sur
les motions de censure. La première de ces motions...
M. Lavoie: Vote enregistré.
Le Vice-Président: Que l'on appelle les
députés!
Vote sur la motion de censure de M. Gérard D.
Levesque
Le Vice-Président: Je n'ai pas eu tantôt l'occasion
de lire la motion. Or, cette motion du chef de l'Opposition officielle se lit
comme suit: "Que cette Assemblée regrette que le gouvernement n'ait rien
fait pour dissiper le climat d'inquiétude et d'incertitude qui est
absolument néfaste au bien-être des Québécois et de
leurs familles."
Que ceux qui sont en faveur de cette motion de censure du chef de
l'Opposition officielle veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Garneau, Mailloux, Goldbloom, Mme Lavoie-Roux, MM.
Giasson, Lamontagne, Lalonde, Caron, O'Gallagher, Picotte, Marchand,
Pagé, Verreault, Springate, Biron, Bellemare, Grenier, Russell, Goulet,
Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion de
censure du chef de l'Opposition officielle veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Burns, Morin (Sauvé),
Parizeau, Léonard, Couture, Bérubé, Duhaime, O'Neill, de
Belleval, Joron, Lessard, Proulx, Léger, Garon, Grégoire,
Chevrette, Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Alfred, Martel,
Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Godin, Desbiens, Johnson, Lapiante, Guay,
Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste, Ouellette, Perron, Clair, Gosselin,
Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau, Beauséjour, Jolivet, Baril,
Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Gagnon.
Le Vice-Président: Y a-t-il des députés qui
s'abstiennent?
Le Secrétaire adjoint: Abstention, M. Roy.
Le Secrétaire: Pour: 28 Contre: 49
Abstention: 1
Des Voix: L'absentéisme!
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames, messieurs!
Cette motion n'est pas adoptée.
Vote sur la motion de censure de M. Rodrigue
Biron
Le Vice-Président: La deuxième motion de censure,
proposée par le député de Lotbinière, se lit comme
suit: "Que cette Assemblée blâme le gouvernement pour ne pas avoir
annoncé immédiatement des mesures concrètes pour assurer
la relance économique du Québec et atténuer le
degré élevé de chômage qui sévit à
l'heure actuelle." Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Burns: M. le Président, je fais une suggestion à
la Chambre. On pourrait peut-être faire le même vote à moins
que quelqu'un veuille changer de bord.
M. Lavoie: Si le député de Beauce-Sud est d'accord,
on peut prendre le même vote.
M. Roy: Même vote.
M. Burns: D'accord. Le même vote, cela va sauver du
temps.
Le Vice-Président: D'un commun accord, le même vote
est enregistré.
M. Levesque (Bonaventure): C'est la balance du pouvoir.
Le Vice-Président: A l'ordre! Cette deuxième motion
est également rejetée.
M. le leader du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, revenant à l'article 1,
je propose que vous quittiez immédiatement votre fauteuil, non pas parce
qu'on ne vous aime pas, mais pour que nous devenions la commission
plénière de l'Assemblée nationale des crédits.
Le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: La formation de la commission
plénière?
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): On pourrait peut-être demander
à vos gens de rester encore un peu. Vous en avez perdu 21.
J'espère que cela va pouvoir finir correctement.
M. Burns: J'espère qu'ils vous entendent. Une Voix:
II faudrait initialer cela aussi après.
Etude des crédits supplémentaires
Commission plénière
M. Cardinal (président de la commission
plénière): A l'ordre, s'il vous plaît! Je
désirerais rappeler aux membres de cette commission
plénière qu'ils peuvent se prévaloir de l'article 129 du
règlement indiquant que "Lorsqu'un budget supplémentaire est
déposé à l'Assemblée, avant que ne commence
l'étude des crédits, un représentant de chaque parti
reconnu a droit à un commentaire général de quinze minutes
et le ministre des Finances a un droit de réplique de même
durée. La durée de ce débat fait partie du temps
prévu à l'article 128". Les représentants des partis
désirent-ils se prévaloir de ce privilège?
M. Garneau: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
faire d'intervention, comme cela a été souvent l'habitude lors
des crédits. J'aurais peut-être des questions d'ordre
général au départ, mais je pense qu'il n'y a pas lieu de
faire de discours à ce moment-ci.
Le Président (M. Cardinal): ...lorsqu'on appellera le
premier article.
M. Roy: M. le Président, c'est un peu la même
chose...
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre!
M. Roy: ...en ce qui me concerne, j'aurais des questions à
poser à l'honorable ministre, mais ce sont des questions d'ordre
général également afin d'obtenir des renseignements avant
d'entreprendre, justement, l'étude article par article de ce budget
supplémentaire.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: Je regrette, mais je ne pense pas qu'on soit
obligé, qu'on soit capable de passer à côté de
l'article du règlement voulant que ce ne soit réservé
qu'aux partis reconnus.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire du
gouvernement, si vous me permettez, si on prend le texte de l'article tel que
rédigé, c'est un droit qui est reconnu aux partis reconnus, ils
peuvent y renoncer. Si tous les partis reconnus y renoncent, nous pourrons
procéder à l'appel du premier programme d'un
ministère.
M. Burns: D'accord, M. le Président. Je sens, dans votre
voix, une incitation d'y renoncer, j'y renonce au nom du gouvernement.
M. Bellemare: M. le Président, nous n'avons aucune
objection à respecter l'article 129 pour autant où, bien entendu,
on va aussi respecter l'article 160 qui est bien précis quant à
la durée des discours. S'il fallait... autrement, on ne sortirait pas
d'ici avant Noël.
Le Président (M. Cardinal): Je suis bien d'accord, M. le
député de Johnson, puisque l'article 127 en lui-même fait
référence au temps qui est prévu, vous avez raison,
l'article 160 s'applique également.
M. Bellemare: C'est pour chacun des intervenants dans un
budget.
Le Président (M. Cardinal): Exactement.
M. Bellemare: Ce n'est pas la même chose.
Le Président (M. Cardinal): Je suis d'accord.
M. Roy: Au sujet d'un point qui a été
soulevé, je ne veux pas faire un débat de procédure
à ce moment-ci, mais il est bien dit dans l'article 129 qu'un
commentaire général de 15 minutes ne peut
être fait que par les représentants des partis reconnus. En
ce qui me concerne, j'ai bien dit que je n'avais pas l'intention d'invoquer cet
article, ou encore, de demander l'unanimité de la Chambre; mais je pense
bien qu'il est de tradition à l'Assemblée nationale que n'importe
quel député, lorsqu'il s'agit d'une commission
plénière, puisse poser des questions avant que ce budget soit
adopté...
M. Burns: Pas de problème.
M. Roy: ...que ce soit des questions d'ordre
général ou d'ordre particulier concernant un poste en
particulier. A ce moment-ci, j'aimerais bien qu'on se comprenne très
bien de façon que les travaux puissent entrer dans l'ordre.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me le permettez, sur
les questions de règlement, il n'y a vraiment pas de problème,
puisque le député de Johnson l'a rappelé, l'article 160
donne un temps déterminé à chacun des
députés qui veut lui-même intervenir. C'est 20 minutes. Il
ne peut le faire qu'une fois.
L'article 129 est simplement une faculté qui est accordée
au représentant au singulier de chacun des partis reconnus
au pluriel, dans ce cas-ci et par conséquent, il ne faut
pas mêler les deux.
Comme les partis reconnus ont tous les deux renoncé à
l'application de l'article 129, nous nous en tiendrons à l'application
de l'article 160. Je pense que l'expérience du député de
Johnson fera qu'il sera d'accord avec la présidence.
M. Bellemare: D'accord. D'ailleurs, c'est ce qu'il s'est fait
depuis des années, le droit de reconnaître un opinant pour vingt
minutes sur un sujet, mais pas plus. Il peut se lever deux ou trois fois, mais,
quand son temps est limité, c'est vingt minutes.
Le Président (M. Cardinal): Mesdames, messieurs, les
affaires culturelles, programme 1. M. le ministre des Finances.
M. Garneau: M. le Président, je ne sais pas si j'ai bien
interprété ou mal interprété, mais, avant
d'entreprendre chacun des ministères, j'avais compris, comme c'est la
coutume, qu'on pourrait poser des questions d'ordre général non
seulement sur le ministère des Affaires culturelles, mais sur
l'ensemble, comme, par exemple, le ministre des Finances a donné des
réponses à des questions qui lui étaient posées par
la presse hier et j'aimerais bien qu'il puisse nous les redire ici, en Chambre,
et confirmer si les chiffres fournis dans le journal Le Soleil d'hier, jeudi,
le 18 décembre...
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, avant
que vous ne posiez votre question, le député de Jean-Talon a
parfaitement raison. D'après la tradition qui prévaut en cette
Assemblée, il est d'usage que les députés puissent poser
des questions aux ministres responsables avant de commencer
véritablement le débat sur les crédits. Alors, le
député de Jean-Talon est donc autorisé à poser ses
questions.
M. Burns: M. le Président, est-ce que le
député de Jean-Talon permettrait au ministre des Finances de
faire un très court exposé, m'a-t-il dit, pour présenter
l'ensemble du budget. Je pense que cela peut peut-être éviter un
certain nombre de questions d'ordre général...
M. Garneau: Non.
M. Burns: ... sinon, à ce moment, on passera aux questions
à caractère général.
M. Bellemare: Est-ce que cela n'est pas compris dans l'article
129?
Le Président (M. Cardinal): Oui.
M. Bellemare: C'est la permission qu'a le parti reconnu de
prendre quinze minutes pour poser toutes les questions
générales...
M. Burns: Beaucoup plus bref que ça.
M. Bellemare: Le parti au pouvoir comme le parti de l'Opposition
peut le faire. C'est l'article 129 qui s'applique.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Johnson a encore raison. Cependant, je voulais respecter cette tradition sans
m'en tenir au texte même de l'article 129. C'est pourquoi, avec la
permission courtoise du député de Jean-Talon, je demande au
ministre des Finances de faire son bref exposé et, ensuite, le
député de Jean-Talon pourra poser ses questions.
M. Parizeau: M. le Président, les crédits
supplémentaires qui sont présentés à cette
assemblée se montent, ainsi qu'on !'a indiqué, à $590
millions. Ils représentent, pour l'essentiel, pour la
quasi-totalité, en fait, des dépenses qui avaient
été approuvées par l'ancien gouvernement. Et même
pour celles qui ont été approuvées de façon
définitive par le nouveau gouvernement, il faut reconnaître
ceci ne se monte pas à une somme importante que la
majorité avait déjà donné lieu soit à
l'engagement de programmes ou était à ce point avancée
dans les programmes qu'il était difficile de reculer. Quelques-uns des
éléments, un petit nombre d'éléments, cependant,
ont donné lieu à de véritables décisions, si je
peux m'exprimer ainsi, du nouveau gouvernement.
Elles sont peu nombreuses et j'aurai l'occasion, lors de l'étude
des crédits, de les signaler au passage. Mais on peut dire que, dans
l'ensemble et à toutes fins pratiques, ces crédits
supplémentaires sont essentiellement le résultat de l'oeuvre de
l'ancien gouvernement.
A partir de ces crédits supplémentaires, on estime
maintenant que les dépenses pour le présent exercice financier
s'élèveront à $10 247 000 000 et
ses revenus à $9 310 000 000. C'est donc dire que le
déficit budgétaire qui, à l'occasion du discours du
budget, aurait été prévu comme devamt être $630
millions, serait maintenant de $937 millions. Quant au programme d'emprunt qui
avait été, au début de l'année fiscale,
estimé à $986 millions, il sera maintenant de $1 331 000 000.
Sans vouloir m'étendre longuement sur la description de ces
crédits, nous aurons l'occasion de les examiner un à un, je
voudrais simplement mettre en lumière cependant et mettre l'accent sur
un poste particulièrement important et qui est le suivant,
c'est-à-dire les sommes qu'il a fallu affecter au règlement des
conventions collectives, en particulier dans le domaine de l'éducation
et des affaires sociales, en sus de ce qui avait été prévu
dans le budget général précédent. Il s'agit d'une
somme importante. A toutes fins pratiques il s'agit de $378 millions sur,
encore une fois, des crédits supplémentaires de $590 millions.
Donc, on peut considérer, si vous voulez, que les trois
cinquièmes, à peu près, de l'ensemble des crédits
supplémentaires, viennent essentiellement du règlement des
conventions collectives, en particulier, encore une fois, dans le secteur de
l'éducation et des affaires sociales.
Voilà, je pense, ce qu'on pouvait dire à titre
d'introduction à ces crédits supplémentaires. Vous
comprendrez, d'autre part, que je ne veux pas greffer là-dessus une
sorte d'appréciation de la situation actuelle des finances publiques au
Québec et de l'état de la dette publique. J'aurai l'occasion de
présenter quelque chose d'un peu plus synthétique d'ici peu de
temps, je l'espère, mais il m'est apparu qu'il n'était
peut-être pas tout à fait normal, en un certain sens, de greffer
quelque chose qui, nécessairement, doit avoir certaines perspectives
vers l'avenir sur ce qui, à toutes fins pratiques, vous le comprendrez,
est une sorte, comment dire j'allais dire de liquidation, le mot n'est
peut-être pas exact, mais enfin la fin des crédits de
l'ancienne administration. Merci, M. le Président.
M. Garneau: M. le Président, dans l'évaluation des
revenus que le ministre des Finances nous indique à $9 310 000 000, les
entrées de novembre doivent presque toutes être compilées
maintenant. Est-ce que la tendance, au niveau de la taxe de vente, du rendement
de la taxe de vente se maintient suivant les prévisions
antérieures? Je constate que $9 310 000 000, c'était les
prévisions que je faisais en novembre et j'avais une certaine
inquiétude concernant la taxe de vente. Je me demande si les
entrées de novembre se sont maintenues ou si on doit escompter une
diminution additionnelle à ce chapitre.
M. Parizeau: Je vais prendre préavis de cette question.
J'ai le même genre d'inquiétude à ce sujet. Les
prévisions que je viens de donner sont celles du 15 décembre,
mais, quant aux entrées de novembre, aux chiffres des entrées de
novembre proprement dit, j'irai aux renseignements.
M. Garneau: M. le Président, est-ce que le ministre des
Finances pourrait nous dire si, à la suite de la conférence des
ministres des Finances... Vous savez, il y a eu la discussion sur les points
d'impôt pour ce qui est de la garantie de recettes fiscales. Dans ces
discussions que vous avez eues, celles qui étaient reliées aux
deux formules qui étaient en négociation entre le
fédéral et les provinces, à savoir la méthode "side
by side" ou économétrique, est-ce qu'il y a eu des ententes
nouvelles ou si la décision fédérale a été
appliquée bon gré, mal gré?
Et au cours du présent exercice financier, y a-t-il eu des
modifications quant aux entrées en provenance du gouvernement
fédéral au chapitre de la garantie de recettes fiscales?
M. Parizeau: II n'y a pas eu de changements, et je comprends que
pour l'année en cours, il n'y aura pas de modifications dans les
entrées. Il pourrait cependant y avoir des changements pour le courant
de l'année 1977/78 et je crois que les fonctionnaires sont encore au
niveau des discussions à ce sujet.
M. Garneau: Merci. Une autre question, concernant toujours les
relations fédérales-provinciales et la fiscalité. Au cours
de la conférence qui a eu lieu récemment, on nous a
annoncé que le gouvernement fédéral avait consenti 12,5
points pour les programmes à frais partagés et le programme de
l'éducation postsecondaire. Le ministre pourrait-il nous dire quelle
attitude il entend prendre face aux points d'impôt que nous
détenons, que le Québec détient déjà dans ce
qu'il est convenu d'appeler l'"opting out" au niveau de
l'assurance-hospitalisation, lequel représentait 14 points, si ma
mémoire m'est fidèle? Est-ce l'intention du gouvernement de
négocier avec le fédéral pour maintenir ces points
d'impôt en sus de ceux qui s'appliqueront normalement à "l'opting
out" maintenant devenu véritable, ou s'il a l'intention d'en faire
bénéficier directement les contribuables
québécois?
M. Parizeau: Je pense, M. le Président, que le
problème se présente d'une façon un peu différente.
Ces 16 points parce que c'est 16 points qui nous restent, après
les 12,5 points ces 16 points ont toujours été, en un
certain sens, je m'excuse du jargon, des faux points, en ce sens que, quand
leur rendement montait, la contribution financière du gouvernement
fédéral tombait en conséquence.
Nous avons déjà donné avis au gouvernement
fédéral que nous préférerions affecter ces 16
points à la contribution financière, exclusivement à la
contribution financière que le gouvernement fédéral entend
offrir aux provinces pour les trois grands programmes de
l'assurance-santé, l'assurance-hospitalisation et le postsecondaire, de
façon que, là encore, si vous me passez l'expression, on
transforme ces faux points en vrais points, si bien que l'augmentation de leur
rendement nous resterait.
II est loin d'être évident que le gouvernement
fédéral doit satisfaire à cette demande, mais dans le
document que j'ai présenté à la conférence des
ministres des Finances, je l'avais explicitement demandé. Maintenant on
sait qu'à Ottawa ce qu'on demande n'est pas nécessairement
accordé.
M. Garneau: Je pense que le ministre des Finances va admettre
avec moi on ne peut blâmer personne d'essayer et là-dessus
je ne peux pas le blâmer, j'ai fait la même chose dans le
passé que maintenant que les 12,5 points et les autres 50% seront
payés par des transferts financiers, il apparaît pour le moins
réaliste de penser que la demande telle qu'elle a été
formulée a plus de chance d'être rejetée
qu'acceptée, compte tenu du fait qu'il y aurait là une injustice,
face au rendement, à moins que les corrections se fassent sur les autres
paiements du transfert financier, il y aurait une injustice face aux autres
provinces. Dans l'hypothèse où cette demande du ministre ne
serait pas acceptée, est-ce qu'il a l'intention, quand même, de
demander et de conserver ces points et de les appliquer en contrepartie des
paiements de péréquation ou d'autres paiements qui sont
effectués en vertu du programme canadien d'assistance publique?
M. Parizeau: Oui. Oui, M. le Président.
M. Garneau: M. le Président, est-ce que le ministre des
Finances a compris rapidement qu'il y avait là des avantages
marqués sur le plan des revenus pour la province, étant
donné que le rendement du point d'impôt fédéral, le
rendement du point d'impôt provincial, compte tenu de notre structure
fiscale différente, est à l'avantage du ministre des Finances
plus qu'à celui des contribuables? Alors, je comprends qu'il a
l'intention de continuer de bénéficier de cet avantage, comme
ministre des Finances.
M. Parizeau: Quant à savoir si, comme ministre des
Finances, comme le dit le député de Jean-Talon, j'en profiterai
et garderai cet avantage, je pense que le premier budget du gouvernement,
c'est-à-dire au printemps, le révélera davantage.
M. Garneau: Dans la mesure où les points d'impôt qui
ne sont pas retournés, cet avantage, peu importe la structure, à
moins qu'il ramène toute la structure d'impôt au niveau du
rendement et du taux de progression de celle du fédéral...
Evidemment, il y aura toujours un avantage pour le trésor public
de procéder comme il le suggère, plutôt que de
procéder par la remise aux contribuables sur une base directe. On pourra
revenir là-dessus.
Est-ce que je comprends, par la réponse du ministre des Finances
également, qu'il n'a pas l'intention de modifier les lois fiscales ou de
proposer des modifications aux lois fiscales avant le prochain budget, pour
tenir compte des ententes qui viennent d'avoir lieu ou de la décision
qui a été prise par le gouvernement fédéral? Ce
serait peut-être plus juste, en regard du financement des programmes
à frais partagés.
Je reprends ma question différemment. Si la session reprenait,
par exemple, le 15 ou le 20 janvier et que son discours sur le budget
était quelque part à la mi-avril, il ne présenterait pas
de modifications ficales pour répondre aux ententes ou aux
décisions du gouvernement fédéral avant, quand même,
son discours sur le budget, lequel apporterait des amendements
rétroactifs au 1er janvier. Est-ce que je comprends bien?
M. Parizeau: J'aurai à faire une déclaration
ministérielle au début de la semaine prochaine quant à
certaines modifications d'ordre technique. Mais, quant à la question de
fond que vous posez, il me semble beaucoup trop tôt pour y
répondre. Advenant ce qui serait proposé par le gouvernement
fédéral, advenant la nouvelle loi qui serait
déposée à Ottawa, s'il y a certains ajustements à
faire, il faudra bien sûr les faire.
Il reste, néanmoins, que les modifications principales quant au
régime d'impôt, si tant est qu'il y en ait et qu'il y en ait de
substantielles, à moins d'y être forcés, autrement
passeront dans le prochain budget.
M. Garneau: Dans le programme d'emprunt le ministre a
indiqué un niveau de revenus, un niveau de dépenses; je comprends
qu'il escompte des crédits périmés de tout près de
$350 millions. J'ai lu dans les journaux, récemment, que le Conseil du
trésor avait donné des directives de coupures au niveau de
plusieurs travaux, de plusieurs projets qui étaient sur les planches
à dessin. J'espère qu'il pourra atteindre cet objectif de $350
millions, malgré les inconvénients que cela pourrait créer
à d'autres chapitres.
Je voudrais savoir, dans son programme d'emprunt de $1,331 milliard,
s'il entend aller sur les marchés financiers étrangers ou s'il
pense pouvoir compléter son programme d'emprunt uniquement sur les
marchés canadiens.
M. Parizeau: Cela ne me paraît pas être le genre de
question à laquelle on répond à l'avance de façon
très spécifique. Il va de soi que le programme d'emprunt du
gouvernement, d'ici la fin de l'année, va essayer de s'appuyer
essentiellement sur les marchés que le Québec a toujours connus.
Il y en a d'ici, bien sûr, et il y en a à l'étranger aussi.
Quant à savoir quelle forme cela prendra et à quel moment cela va
tomber, là cela me paraît être vraiment tout à fait
prématuré d'y répondre. Mais, il n'y a pas de raison
particulière pour laquelle on considère qu'un marché est
en soi préférable à un autre. On suivra les conditions
à la fois sur le marché canadien, sur le marché
américain et bien sûr, pourquoi pas, sur les marchés
européens aussi.
M. Garneau: M. le ministre...
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président, j'aimerais demander
au ministre des Finances s'il a l'in-
tention de faire appel davantage à l'épargne
québécoise en utilisant plus qu'une émission d'obligations
vendues au public québécois, pour financer la province à
l'avenir. On se rappellera, au cours des dernières années, qu'il
n'y a eu qu'une campagne annuelle pour solliciter l'épargne
québécoise dans le but de financer le gouvernement de la
province. Je voudrais savoir du nouveau ministre des Finances si au cours du
prochain budget il a l'intention d'aller davantage de ce côté pour
éviter, évidemment, la servitude qui peut découler de trop
d'emprunts qui peuvent être faits en dehors du territoire.
M. Parizeau: Je pense que c'est une question qui est importante
et qui dépasse, d'ailleurs, le seul fait d'émettre des
obligations d'épargne. Parce que c'est bien à cela, si je
comprends bien, que le député de Beauce-Sud pensait.
Pour une province qui est encore une province, s'appuyer fortement sur
des obligations d'épargne est toujours dangereux, simplement parce que
le gouvernement de la province en question n'a pas accès à une
banque centrale au cas où il y aurait des remboursements
accélérés. La Colombie-Britannique a déjà
très bien vu le danger, il y a quelques années.
Il est clair que le gouvernement de Québec, lui, pour
éviter des réductions radicales ou des remboursements importants
d'obligations d'épargne, a dû périodiquement, depuis
quelques années, remonter ses taux d'intérêt pour faire en
sorte que les gens ne s'amènent pas aux banques pour obtenir des
remboursements chaque fois que les taux d'intérêt à court
terme montent assez rapidement.
Si on veut faire appel au public, pour drainer davantage
l'épargne du Québec, il ne faut pas le faire seulement par le
truchement d'obligations d'épargne. Il y a d'autres véhicules
à trouver. Il est clair que je pense qu'il faut essayer de les trouver.
Il faut être capable d'offrir au public québécois non pas
un titre comme l'obligation d'épargne, mais une série de titres,
tout un éventail. Quant à l'objectif, je ne peux pas être
plus d'accord... Maintenant, quant aux moyens, c'est une autre paire de
manches.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Lotbinière.
M. Biron: Je veux demander au ministre des Finances s'il projette
d'intervenir directement pour avoir des prêts plus substantiels de la
part de la Caisse de dépôt.
M. Parizeau: La Caisse de dépôt a été
créée, à l'origine, pour pouvoir satisfaire plusieurs
objectifs à la fois: financer le gouvernement, l'Hydro-Québec,
enfin des corps publics de niveau supérieur, si on peut dire; financer
les municipalités, les commissions scolaires, les hôpitaux, les
CEGEP, les universités en deuxième lieu, et,
troisièmement, financer le secteur privé, soit sous forme
hypothécaire, soit sous forme d'actions et d'obligations. Depuis que la
Caisse de dépôt est créée, elle a, sur ces trois
plans, joué un rôle important.
Je sais fort bien qu'il y a des pressions considérables pour
essayer de forcer la Caisse de dépôt à orienter presque
exclusivement les sommes qu'elle obtient vers le financement du gouvernement de
Québec. Cela me paraîtrait abusif d'aller jusque-là, pour
la raison que le rôle joué par la Caisse de dépôt non
pas seulement pour le financement des entreprises d'une assez grande taille,
mais même pour le financement d'entreprises moyennes est un rôle
important au Québec, et, à mon sens, on aurait tort de le faire
disparaître.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Est-ce que le ministre des Finances pourrait indiquer
qui, dans le gouvernement, fait des pressions pour que l'ensemble des fonds
soit orienté vers l'Etat uniquement, parce qu'il vient de faire
référence à des pressions qui s'exercent sur la Caisse de
dépôt?
M. Parizeau: Non, M. le Président, pas sur la Caisse de
dépôt, sur moi. Cela ne vient pas du gouvernement. Cela vient de
toute une série de gens de l'extérieur du gouvernement qui
disent: Au fond, la façon simple pour le gouvernement d'obtenir
davantage d'argent, c'est de faire en sorte que tous les fonds de la Caisse de
dépôt aillent au gouvernement, ce qui, soit dit en passant, pour
les âmes simples, est une façon facile de conclure.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Lotbinière.
M. Garneau: J'aimerais entendre le ministre des Finances...
M. Biron: Est-ce que le...
M. Garneau: Sur le même sujet?
M. Biron: Oui.
M. Garneau: D'accord. Je reviendrai après.
M. Biron: Est-ce que le ministre des Finances peut quand
même nous donner une garantie morale que le gouvernement n'interviendra
pas directement à la Caisse de dépôt pour faire des
placements exclusivement au gouvernement du Québec?
M. Parizeau: Le président-directeur général
de la Caisse de dépôt a, dans nos lois, un statut juridique qui
s'apparente, à bien des égards, au statut du gouverneur de la
Banque du Canada quant aux protections dont il peut disposer. Il y aurait,
à mon sens, quelque chose de déshonorant pour un ministre des
Finances d'essayer de tordre les bras, ou non seulement de rompre la lettre de
la loi, ce qui n'est pas possible, mais même d'essayer d'en enfreindre
l'esprit.
Nous avons, dans nos lois, donné un statut au directeur de la
Caisse de dépôt. Je pense qu'il est parfaitement normal qu'on
respecte cette loi.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, je suis bien heureux
d'entendre le ministre des Finances prendre une telle position, car j'ai connu
ce genre de pressions. Je les avais surtout de la part du critique financier du
Parti québécois lorsque nous étudiions les crédits
du ministère des Finances dans les années passées. Je suis
bien content que le ministre des Finances actuel confirme la position qui a
toujours été maintenue sous divers gouvernements par les
ministres des Finances, c'est-à-dire de ne pas s'ingérer dans les
décisions que prend la Caisse de dépôt à
l'intérieur de la loi qu'administre le conseil d'administration.
Tout à l'heure, le député de Beauce-Sud, je crois,
a posé des questions sur les obligations d'épargne. Je voudrais
demander au ministre des Finances quel est le montant d'obligations
d'épargne je lui ai donné avis de la question qui
était en circulation, disons aujourd'hui ou hier, la date la plus
récente. D'habitude, on a des rapports presque quotidiens ou
hebdomadaires là-dessus.
M. Parizeau: En date d'aujourd'hui, le montant d'obligations
d'épargne du Québec en circulation est de $725 millions. Je
remercie le député de Jean-Talon de m'avoir donné
préavis de sa question.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Le ministre des Finances pourrait-il indiquer
à cette Chambre comment il se fait qu'il y ait eu, depuis quelques mois
pour tout près de $100 millions d'obligations d'épargne de
rachetées par les Québécois, alors qu'il ne me
paraît pas qu'il y ait eu de variation importante à la hausse des
taux d'intérêt? Au contraire, les obligations d'épargne me
paraissent être actuellement un placement extrêmement rentable,
avec un taux d'intérêt important. Je m'aperçois que, depuis
le 30 septembre, il y en a quand même pour tout près de $100
millions qui ont été rachetées.
M. Roy: Est-il exact qu'il y a pour $100 millions de moins?
M. Parizeau: Je pense qu'il y a deux phénomènes ici
qui jouent. Il me semble un peu amusant, si je peux me le permettre, que le
député de Jean-Talon établisse le montant à $100
millions, parce qu'il y a deux phases. Il y a une phase à l'automne
où, en raison d'autres sollicitations pour les souscriptions
d'obligations d'épargne, il y a toujours, comme il le sait, passablement
de remboursements d'obligations d'épargne du Québec. Il y a
ensuite une deuxième phase qui suit l'élection du 15 novembre,
pour toutes espèces de rai- sons qui tiennent à des facteurs
psychologiques dont le premier ministre parlait ce matin. Il y a eu une
liquidation totale de $50,3 millions exactement, depuis le 15 novembre.
Au cours de la première quinzaine, cela a donné $29,9
millions de liquidés. La seconde quinzaine, c'est-à-dire du 1er
au 16 décembre, $19 millions et, aujourd'hui alors que nous
commençons une autre période, il y avait $1 million.
C'est-à-dire que l'excitation allait retomber un peu. Les facteurs
psychologiques dont on parlait tout à l'heure s'atténuent, enfin
jusqu'à maintenant.
M. Garneau: M. le Président, j'ai indiqué $100
millions parce que cette question m'a été posée à
l'occasion de ma conférence de presse, lorsque j'ai quitté le
ministère des Finances. Au moment où la période
électorale a commencé, c'est-à-dire au moment où
les sondages d'opinion ont commencé à indiquer une forte tendance
vers la thèse que prône le Parti québécois, il y
avait à ce moment pour $812 millions d'obligations d'épargne en
circulation. Vous m'indiquez aujourd'hui qu'il y en a pour $725 millions. C'est
pourquoi je disais qu'il y en avait pour tout près de $100 millions qui
ont été rachetées au cours de cette période.
Le ministre des Finances s'est référé à des
tendances du passé. Evidemment, s'il fouille d'un peu plus près,
il va se rendre compte que les pourcentages de rachat, comparativement aux
années passées, même si on tient compte des montants, est
plus élevé. Lorsque j'ai quitté le ministère,
durant la période qui a précédé
immédiatement l'élection, nous étions déjà
rendus à 33% de plus de rachat que par les années passées.
Mais je ne veux pas entrer dans les détails, parce que je trouve que
plus on en parle, plus on donne crédit à cette forme
d'insécurité qui existe.
Le ministre des Finances pourrait-il dire s'il a prévu d'autres
emprunts auprès de la Caisse de dépôt avant le 31
décembre cette année? Celui de $75 millions a été
conclu, si je comprends bien. Prévoit-il en faire d'autres avant la fin
de l'exercice financier de la caisse qui est le 31 décembre?
M. Parizeau: Probablement.
M. Garneau: Le ministre parle d'exploiter tous les marchés
financiers, pourrait-il indiquer à cette Chambre si la province, le
Conseil exécutif a autorisé le dépôt ou la demande
d'un prospectus auprès de la Security and Exchange Commission pour un
emprunt sur le marché américain dans les prochains mois?
D'habitude on le fait toujours avec trois ou quatre semaines d'avance. Est-ce
qu'un geste de cette nature a été posé à ce
jour?
M. Parizeau: Pour le gouvernement de Québec? Non.
M. Garneau: Pour l'Hydro? M. Parizeau: Non.
M. Roy: M. le Président, on a beaucoup parlé de la
Caisse de dépôt tout à l'heure et le ministre des Finances
nous a dit également que le gouvernement fédéral, quand on
a fait une comparaison tout à l'heure, lorsqu'il faisait appel à
des obligations d'épargne du Canada pouvait se servir,
évidemment, de la banque centrale comme outil puisqu'elle agit comme
agent financier du gouvernement, cela devient plus facile, et que le
Québec ne disposait pas d'un tel outil.
J'aimerais demander à l'honorable ministre des Finances si on
songe éventuellement, puisque nous sommes encore une province, du moins,
pour un certain temps, à modifier le statut de la Caisse de
dépôt et de placement de façon je comprends que ce
n'est pas une banque, qu'elle n'a pas les pouvoirs d'une banque centrale
qu'elle puisse jouer en partie ce rôle d'agent financier pour le
gouvernement du Québec.
Je me réfère entre autres, à un exemple, c'est
qu'au moment où nous sommes arrivés ici, à
l'Assemblée nationale, en 1970, on se rappellera, qu'à ce moment,
le gouvernement du Québec, pour transiger avec la Caisse de
dépôt, passait par des agents financiers, par des courtiers.
Evidemment, par la suite, à la suite de plusieurs remarques et demandes
qui ont été faites ici, à l'Assemblée nationale, le
gouvernement a décidé de transiger directement avec la Caisse de
dépôt, ce qui a permis, évidemment, d'économiser les
sommes d'argent et qui a évité de payer des commissions
inutiles.
Je voudrais bien savoir, à ce moment-ci, si, au niveau de la
Caisse de dépôt, étant donné ses structures
actuelles et étant donné la loi qui la régit, le nouveau
gouvernement songe à modifier son statut de façon à lui
faire jouer un rôle plus grand ou lui permettre de servir, du moins en
partie, d'agent financier pour le gouvernement de la province.
Le Président (M. Cardinal): Le ministre des Finances.
M. Parizeau: Avant de répondre au député de
Beauce-Sud, je veux m'excuser auprès du député de
Jean-Talon au sujet d'une réponse que je lui ai donnée. Il n'y a
pas de demande auprès de la Security and Exchange Commission pour les
emprunts directs de Québec ni pour l'Hydro, à l'heure actuelle,
mais bien sûr, il y a l'emprunt de SIDBEC qui est garanti.
Quant à la question du député de Beauce-Sud, elle
me fait un plaisir immense puisque, depuis plusieurs années, j'ai eu
l'occasion d'intervenir justement sur la façon dont les rapports entre
le gouvernement, d'une part, la caisse, d'autre part, et certains des groupes
financiers canadiens étaient menés, organisés et
structurés. Il faisait allusion aux pressions qui ont été
faites à l'intérieur de cette Chambre pour amener des
modifications dans la façon dont ces trois pivots sont
structurés. Je l'assure qu'en dehors de cette Chambre, il y avait aussi
passablement de pression, si bien qu'il va falloir examiner le rôle que
la Caisse de dépôt peut jouer, j'allais dire en ligne directe avec
le gouvernement, et par rapport aux milieux financiers, d'autre part. Il s'agit
cependant de mécanismes qui sont assez délicats et dans lesquels
il faut faire attention pour ne pas lancer des marteaux. J'ai l'intention d'en
discuter avec la direction de la Caisse de dépôt et d'en discuter,
d'ailleurs, avec les représentants des milieux financiers de
façon que le gouvernement de Québec puisse tirer de la Caisse de
dépôt, qui après tout a été faite pour cela,
le maximum d'avantages possibles sur le plan des interventions sur les
marchés financiers, ce qui ne veut pas dire du tout que je contredis la
réponse que je donnais tout à l'heure.
Il ne s'agit pas de tirer des fonds de la Caisse de dépôt,
il s'agit de faire en sorte que cet instrument qui existe serve le mieux
possible les intérêts du Québec. Elle les a, je pense,
très bien servis jusqu'à maintenant. N'importe quoi est
perfectible. L'orientation que le député de Beauce-Sud donnait
tout à l'heure, elle m'est trop familière et trop chère
pour que j'aie des discussions avec lui là-dessus.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Lotbinière.
M. Biron: M. le Président, pour l'information de beaucoup
de nouveaux députés qui sont ici à l'Assemblée
nationale, est-ce que le ministre des Finances pourrait nous informer si les
taux d'intérêt payés par la province de Québec sont
comparables avec les taux d'intérêt payés par d'autres
provinces dans le pays? Sinon, est-ce qu'il pourrait trouver ces documents au
cours de [a semaine prochaine?
M. Parizeau: II est clair que, depuis l'élection du 15
novembre, l'écart s'est agrandi entre le taux de rendement sur les
obligations du Québec et ces obligations qui servent toujours plus ou
moins de normes de référence au Canada pour l'ensemble des
provinces que sont les obligations du gouvernement de l'Ontario. L'écart
existant n'est cependant pas, comment dire, ahurissant, en ce sens que, quand
on voit des écarts de 60 points de base, c'est-à-dire $0.60, si
vous voulez, par $100, je m'excuse, plutôt soixante centièmes pour
cent, lorsque cela atteint des niveaux comme ceux-là, il faut tout de
même se souvenir qu'on a connu des époques au Québec
où l'écart atteignait au-delà de 100 points. Il est
évident que les écarts, à l'heure actuelle, se sont
accrus. Je pense que, dans les semaines qui viennent, on va assister à
une sorte de stabilisation. Là encore, il y a des mouvements qui, pour
une part, sont psychologiques, qui ne sont pas particulièrement
surprenants, qu'il fallait d'ailleurs anticiper. Je vous avouerai que, si une
chose est frappante là-dedans, c'est que les milieux financiers dont on
s'attendait, dans certains milieux, qu'ils paniquent, n'ont pas paniqué.
Evidemment, il y a eu des reculs, des tassements, mais les écarts,
encore une
fois, de taux de rendement entre les obligations du Québec et
celles de l'Ontario, n'ont pas atteint les écarts maximaux qu'on a
connus dans le passé.
M. Garneau: M. le Président, est-ce que l'indication que
vient de donner le ministre des Finances, est-ce que c'est un lapsus ou s'il
vient de nous dire indirectement que l'écart entre le Québec et
l'Ontario pour les mêmes fonds est de 60 points de base? Est-ce que c'est
la situation présentement?
M. Parizeau: Je donnais un exemple.
M. Garneau: Quelle est la situation précise? J'ai des
chiffres antérieurs, mais je n'ai pas les rapports précis. On les
reçoit d'habitude avec une semaine de retard.
M. Parizeau: M. le Président, je ne voudrais pas ici... Si
la chose intéresse, je les donnerai en date d'aujourd'hui, au
début de la semaine prochaine.
M. Garneau: Je l'apprécierais, M. le Président.
D'accord. Ceux en date du 26 novembre, évidemment, m'apparaissent trop
éloignés. C'est le seul rapport que j'ai. Le ministre des
Finances a indiqué tout à l'heure qu'il voulait probablement
revenir auprès de la Caisse de dépôt avant la fin de
l'exercice financier de la caisse. Est-ce qu'il pourrait nous dire si le
gouvernement du Québec a fait jusqu'à maintenant ou se propose de
faire avant la fin de l'exercice financier des emprunts à court terme
auprès de l'Hydro-Québec?
M. Parizeau: Rien n'est prévu à ce sujet pour le
moment.
M. Garneau: II n'y en a pas eu de faits depuis son assermentation
comme ministre des Finances.
M. Parizeau: Ah non!
M. Garneau: M. le Président, le ministre des Finances
pourrait-il nous dire quelle est la marge de crédits, si elle est
engagée... quel est le pourcentage de marge de crédits
autorisés qui serait actuellement engagée, si tel est le cas?
M. Parizeau: Je ne pourrais pas dire, en date d'aujourd'hui,
quelle proportion de la marge de crédits est engagée. Je vais
prendre aussi préavis de cette question.
M. Garneau: Vous pourriez nous le fournir lundi, j'imagine,
à la reprise des travaux.
M. Parizeau: Ce ne sera peut-être pas fourni par moi lundi,
mais je demanderai à un de mes collègues de fournir le
renseignement.
Le Président (M. Cardinal): Puis-je rappeler au
député de Jean-Talon et au ministre des Finances qu'on ne
connaît pas encore l'ordre de la
Chambre de lundi? Je comprends que vous demandez que le plus tôt
possible une réponse soit accordée.
M. Garneau: Je tenais pour acquis que nous allions étudier
les crédits, mais si tel n'est pas le cas, ce sera mardi.
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai rien mentionné.
Je disais simplement que vous teniez une chose pour acquise et je ne tiens rien
pour acquis. Tout est à la discrétion de cette
Assemblée.
M. Garneau: M. le Président, je n'ai pas d'autres
questions à poser pour le moment.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Une dernière question, encore pour l'information
des nouveaux députés ici, à cette Assemblée. Quant
aux sommes d'argent qui entrent chaque jour à la Caisse de
dépôt, est-ce que le ministre des Finances veut nous en informer,
en moyenne, ou à la fin de l'année?
M. Parizeau: Monsieur, je ne comprends pas. Vous voulez dire le
montant global?
M. Biron: Le montant global de la Caisse de dépôt,
les recettes de la Caisse de dépôt pour un an.
M. Parizeau: Je n'ai pas vérifié
précisément, mais c'est de l'ordre actuellement de $600 millions
par année. Encore, je prendrai préavis, j'irai regarder le
montant et je vous le donnerai. Prenez ce que je viens de vous dire pour une
très juste approximation. Je n'ai pas vérifié depuis
déjà quelque temps le montant qui entre annuellement, mais c'est
de l'ordre de plusieurs centaines de millions, aux environs de $600
millions.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, le ministre nous a parlé
du déficit tout à l'heure. Il nous a dit que c'était un
déficit de $937 millions, soit le plus gros déficit administratif
budgétaire que le Québec ait jamais connu (l'héritage de
l'ancien gouvernement).
J'aimerais savoir de l'honorable ministre des Finances de quelles sommes
ce déficit dépasse le montant des immobilisations qui sont
prévues au budget. Parce qu'on sait très bien... je me souviens
des discours de l'ex-ministre des Finances et de la tradition qui veut que le
montant du déficit de la province ne doit pas dépasser le montant
des immobilisations qui sont prévues dans les budgets de chaque
année de façon à ne pas financer à long terme des
dépenses courantes. Il semble que, cette année, le déficit
dépasse largement le montant des immobilisations.
J'aimerais savoir dans quelle proportion, si ce chiffre est disponible.
Si ce chiffre n'est pas disponible, M. le Président, je n'en tiens pas
rigueur, car je doute qu'on puisse adopter tous ces crédits d'ici cinq
heures; on pourra peut-être prendre note de ma question et y
répondre à une prochaine séance.
M. Parizeau: C'est de l'ordre de $625 millions.
M. Roy: $625 millions, ce sont les immobilisations qui sont
prévues?
M. Parizeau: C'est cela.
M. Roy: Ce qui veut dire que le déficit net, le
déficit budgétaire et le déficit administratif, est de
l'ordre de $312 millions environ. C'est cela si j'ai bien compris? Selon ma
façon d'interpréter le déficit budgétaire, le
déficit administratif, c'est le déficit en déduisant les
immobilisations qu'on veut financer à long terme, habituellement. Le
déficit administratif comme tel serait de l'ordre de $312 millions?
M. Parizeau: C'est ce qu'on appelait autrefois le déficit
aux comptes ordinaires, c'est-à-dire la différence entre les
revenus et les dépenses courantes.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Dans ce que le ministre des Finances vient
d'indiquer, est-ce qu'il incorpore les subventions aux réseaux qui sont
des subventions de nature capitale ou s'il donne uniquement les chiffres
d'investissements directs des ministères, investissements
effectués par eux-mêmes?
M. Parizeau: Les investissements directs seulement.
M. Garneau: Est-ce que le ministre des Finances pourrait indiquer
quel est l'ordre de grandeur j'imagine qu'il n'a probablement pas
beaucoup changé; s'il a changé, son conseiller pourrait le dire
du montant prévu au niveau des dépenses capitales totales,
investissements directs du gouvernement et de ses ministères et les
subventions au réseau éducatif et au réseau social, pour
fins de dépenses capitales? Quel serait le montant total?
Le Président: Le ministre des Finances.
M. Parizeau: On me dit que les subventions pour les constructions
dans les réseaux seraient de l'ordre de $200 millions. Il resterait donc
un déficit aux comptes ordinaires, même en incluant des
subventions d'une centaine de millions de dollars.
Le Président: Mesdames et messieurs, si vous me le
permettez, est-ce que je puis demander aux membres de cette commission
plénière s'ils ont d'autres questions d'ordre
général à poser?
M. Roy: C'est tout, M. le Président.
Le Président: Alors, merci. Mesdames, messieurs, la
commission suspend ses travaux jusqu'à l'heure que suggérera le
leader parlementaire du gouvernement et je ferai rapport au président
dans quelques secondes. Merci, mesdames, messieurs.
M. Burns: ... de sortir.
M. Cardinal (président de la commission
plénière): M. le Président, la commission
plénière, n'ayant pas terminé l'étude des
crédits supplémentaires, demande la permission de siéger
de nouveau.
Le Président: Quand siégera-t-elle? M. Burns:
A la prochaine séance.
Le Président: A la prochaine séance.
L'Assemblée ajourne ses travaux à lundi.
Travaux parlementaires
M. Lavoie: S'il vous plaît, M. le Président,
pourrais-je demander au leader du gouvernement quel serait l'ordre prévu
des travaux lundi?
M. Burns: Quand vous me direz quand le budget
supplémentaire va être adopté, je pourrai peut-être
vous donner de meilleures indications. Ce n'est pas une menace que je fais. Il
m'est difficile de le dire actuellement, à cause du fait que le ministre
des Finances doit être nécessairement, dans mon esprit,
libéré de l'étude des crédits
supplémentaires pour que nous puissions commencer à examiner les
projets de loi qui le concernent. Ce sont des projets de loi à
caractère technique qui sont déjà
déférés à une commission parlementaire; je pense,
par exemple, à la Loi modifiant la Loi sur les impôts.
Mon intention serait d'abord et avant tout de terminer les
crédits supplémentaires. Je suis à la disposition du
leader de l'Opposition et des représentants des autres partis en
Chambre, pour, dès lundi, à l'heure du lunch, vous donner un plan
qui pourrait être suggéré. Je vous indique tout de suite,
cependant, qu'après entente avec le premier ministre j'appellerai des
mardi la Loi de l'exécutif, à cause du besoin d'une plus grande
disponibilité du premier ministre. Après entente avec lui, j'ai
prévu à toutes fins pratiques pour mardi cette loi.
Le ministre des Finances m'indique, d'autre part, que je devrai
peut-être réviser la situation concernant l'examen du budget
lundi.
M. le Président, à votre question, tout à l'heure,
je dirai: Prochaine séance ou séances subséquentes.
M. Lavoie: ...lundi?
M. Burns: Apparemment, le ministre des Finances ne serait pas
disponible lundi, ce qui voudrait dire qu'on fera de la législation.
Comme j'avais prévu ça pour lundi, et comme je pensais
même qu'on terminerait avant cinq heures aujourd'hui, tout est
à réviser, et je vous indiquerai, dès l'heure du lunch
lundi, les projets de loi. Je peux vous indiquer déjà que les
projets de loi au nom du ministre des Affaires municipales seront fort
probablement les premiers à être appelés lundi.
M. Lavoie: Est-ce qu'il y a des commissions de convoquées
pour lundi, d'une manière définitive?
M. Burns: Non, il n'y en a pas.
M. Lavoie: Pas encore.
M. Burns: II n'y en a pas encore.
M. Lavoie: Vous ne pouvez même pas nous dire quelle
commission siégera lundi?
M. Burns: ... je ne pouvais vraiment pas planifier tant que le
discours inaugural n'était pas terminé et tant que l'examen du
budget n'est pas terminé.
M. Lavoie: M. le Président, je pense bien qu'il n'y a
aucune insinuation de la part du leader du gouvernement... D'ailleurs, ce n'est
pas notre intention je parle pour l'Opposition officielle d'abuser
de l'étude des crédits, mais il faut considérer que nous
avions droit à huit heures et que nous avons commencé il y a
à peine une heure environ.
M. Burns: Je ne vous blâme pas du tout.
M. Lavoie: Bon! En ce qui nous concerne, l'Opposition officielle,
si nous avions encore deux heures d'étude de crédits, je pense
bien que ce serait suffisant pour approuver le budget supplémentaire.
Environ une couple d'heures.
Mais, par contre, nous aimerions bien savoir quels sont les projets de
loi prioritaires que nous allons étudier. Il y a des projets de loi qui
sont déférés à des commissions élues,
actuellement. Je pense que ce serait possible, peut-être, de
déterminer aujourd'hui, non? s'il y a des commissions qui vont
siéger lundi pendant que la Chambre va siéger, et lesquelles de
ces commissions.
M. Burns: Lesquelles? Je ne peux pas vous le dire. Ce sera une de
celles qui sont actuellement déférées, et probablement pas
cela va déjà vous donner une autre indication celle
qui concerne le ministre des Finances... Où est le feuilleton?
M. Lavoie: ... aux Affaires municipales et une...
M. Burns: II reste les Affaires municipales, et il y aurait
probablement, peut-être, une deuxième lecture du projet de loi
concernant les loyers.
M. Lavoie: Oui...
M. Burns: Le projet de loi... M. Lavoie: Sur la
conciliation.
M. Burns: C'est cela. En fait, je vous donne deux indications. La
première est que, de façon ferme, j'ai l'intention d'appeler,
mardi, le projet de loi au nom du premier ministre, la Loi de
l'Exécutif. Lundi, c'est cela qu'il reste à déterminer
à cause de la disponibilité ou de la non-disponibilité des
ministres qui ont à défendre les projets de loi.
Je signale au leader de l'Opposition, qui semble atterré par le
fait que je ne sois pas capable actuellement de lui donner de façon
précise le menu législatif de lundi, que c'est à sa
demande que j'ai évité d'entrer dans de la législation au
lieu du budget supplémentaire. J'aurais pu appeler de la
législation, mais il m'a à bon droit d'ailleurs je ne
critique pas sa demande fait valoir que certains points techniques sur
le plan de la législation restaient à être
vérifiés chez vous. Je vous comprends, parce que j'ai fait cela
pendant six ans de temps, demander au leader du gouvernement de retarder
l'étude de tel ou tel projet.
En tout cas, pour le moment, je vous demanderais d'être
prêt, si on veut finir la semaine prochaine c'est peut-être
cela la recommandation que je pourrais vous faire sur tous les projets
de loi qui sont au feuilleton actuellement.
M. Bellemare: M. le Président, doit-on comprendre qu'il
sera d'abord question du bill 47 du ministre des Affaires municipales,
où il est question de mutations immobilières?
M. Burns: Je sais que le ministre des Affaires municipales m'a
indiqué qu'il était prêt à présenter
n'importe quel de ses projets de loi au moment où je le lui
indiquerais.
M. Bellemare: Quant au projet de loi concernant la ville de Hull,
le bill 85, je ne vois pas beaucoup de difficultés. Le projet de loi 78,
celui qui prolonge et modifie la Loi pour favoriser la conciliation entre
locataires et propriétaires, c'est encore, je pense...
M. Burns: Je peux vous dire que lundi, à l'heure du lunch,
je vous le dirai. Nous ne siégeons qu'à 15 heures.
M. Bellemare: Votre présomption, c'est que ce sera
d'abord...
M. Burns: Les projets de loi au nom du ministre des Affaires
municipales.
M. Bellemare: Ce sont les projets de loi 47 et 78.
M. Burns: C'est cela.
M. Bellemare: Mais la loi de l'Exécutif en Chambre
à 15 heures.
M. Burns: C'est votre recommandation.
M. Bellemare: Je ne le sais pas, vous venez de nous dire que
c'est la loi de l'Exécutif.
Une Voix: Mardi.
M. Bellemare: Oui, mardi. D'accord, mardi.
Le Président: L'Assemblée ajourne ses travaux au
lundi 20 décembre à quinze heures.
(Fin de la séance à 17 h 7)