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(Quinze heures et huit minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
L'honorable député de Lévis.
Rapport sur les projets de loi nos 254, 255, 256 et
260
M. Chagnon: Qu'il me soit permis de déposer le rapport de
la commission élue permanente des affaires municipales qui a
étudié les projets de loi 254, 255 et 256, qu'elle a
adoptés avec des amendements, de même que le projet de loi no 260
qu'elle a adopté sans amendement.
Le Président: Rapport déposé. L'honorable
député de Taschereau.
Rapport de la commission de l'Assemblée
nationale
M. Bonnier: J'ai l'honneur de déposer le rapport de la
commission de l'Assemblée nationale qui a siégé le 18
décembre 1975 aux fins d'instituer trois sous-commissions
destinées à: premièrement, proposer les transformations
qui s'imposent à la Loi de la Législature; deuxièmement,
proposer les modifications nécessaires au règlement de
l'Assemblée nationale et, troisièmement, examiner la question de
la législation déléguée et la façon dont le
pouvoir réglementaire doit être assujetti au contrôle
parlementaire.
Le Président: L'honorable député de
Taschereau.
Rapport sur le projet de loi no 253
M. Bonnier: Qu'il me soit permis de déposer le rapport de
la commission élue permanente des affaires sociales, qui a
étudié le projet de loi no 253, qu'elle a adopté avec des
amendements.
M. Burns: M. le Président, y a-t-il juste le
député de Taschereau qui travaille dans cette Chambre-là,
qu'est-ce qu'il se passe?
Une Voix: II travaille fort.
M. Burns: II travaille fort, il a fait trois rapports depuis ce
matin.
Une Voix: C'est notre meilleur.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi.
M. Levesque: M. le Président, puis-je demander le
consentement pour le dépôt du rapport de la commission de
l'Assemblée nationale qui a étudié le projet de loi no 9
qui n'est pas encore arrivé, mais il devrait l'être
incessamment?
M. Burns: D'accord, M. le Président.
M. Levesque: A l'heure tardive à laquelle...
M. Burns: C'est normal que le rapport ne soit pas prêt, les
travaux se sont terminés vers une heure trente ou deux heures moins
vingt. Il y a consentement de toute façon.
Le Président: II sera déposé plus tard.
M. Levesque: Et en même temps, M. le Président, le
secrétaire général m'indique qu'il a bonifié le
rapport sur COGEMA. Il voudrait que celui qui a été
distribué y soit substitué.
M. Burns: M. le Président, avant de recevoir ce rapport et
de donner mon consentement je ne sais pas si j'adresse ma question au
leader du gouvernement ou au président de l'Assemblée
nationale...
M. Levesque: Je voudrais dire au député de
Maisonneuve que je ne suis pas au courant s'il y a eu des changements et quels
changements il y a eu.
M. Burns: D'accord. C'est peut-être au président
alors.
M. Levesque: D'accord.
M. Burns: Merci, je ne veux pas vous embêter avec cela.
M. Levesque: Je viens de le recevoir.
M. Burns: C'est qu'en donnant mon consentement, je suis bien
prêt à le donner d'ailleurs, mais je voudrais, si c'est possible,
M. le Président, qu'on ait simplement les modifications... Moi aussi je
viens de le recevoir et, malheureusement, je n'ai pas eu le temps de le
lire.
M. Levesque: Je suis d'accord que s'il y a des... On peut le
recevoir et si, au cours de la séance, le député de
Maisonneuve a des remarques à faire, il les fera et je n'ai pas
d'objection à changer de nouveau pour une deuxième ou une
troisième fois le rapport, s'il n'est pas exact.
M. Burns: Ou bien encore si on attend le moment où il sera
agréé, peut-être qu'à ce moment, au moment
où... il l'est déjà agréé, mais c'est le
consentement pour ramener un nouveau rapport, c'est pour cela.
M. Levesque: Tous les consentements seront donnés, la
seule chose c'est que je crains de l'oublier, c'est tout.
C'est pour cela que je demande que ce soit substitué. La liste de
catalogue est plus longue d'habitude.
Le Président: Du consentement de la Cham-
bre, ce rapport, avec les réserves du député de
Maisonneuve, est substitué.
M. Burns: En fait, ce n'est pas conditionnel, c'est seulement
pour qu'on s'assure bien que, si on a eu des modifications à faire,
elles soient...
M. Levesque: ... à ce qui s'est passé.
M. Burns: ... tout à fait fidèles à ce qui
s'est passé; c'est cela. D'accord.
Le Président: Présentation de motions non
annoncées.
M. Léger: M. le Président...
Le Président: Le député de Lafontaine.
M. Léger: Etant donné que nous sommes dans les
derniers jours de la session et dans l'intérêt de tous les membres
de cette Chambre, je demande le consentement unanime pour représenter la
motion suivante: Que les membres de cette Assemblée renoncent à
l'indexation de leurs indemnités qui est prévue pour le premier
janvier 1976. Ai-je le consentement pour m'expliquer?
Le Président: Y a-t-il consentement unanime?
M. Bellemare (Rosemont): Question de privilège, M. le
Président. Cela me touche. C'est une question de privilège. Je
suis consentant à renoncer à l'augmentation pour autant...
Le Président: A l'ordre! Je m'excuse, la motion n'est pas
acceptée. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Léger: ... consentement.
Le Président: Présentation de projets de loi au nom
du gouvernement.
M. Marchand: Bandes d'hypocrites!
Le Président: Présentation de projets de loi au nom
des députés.
M. Marchand: Va vendre tes enveloppes.
Le Président: S'il vous plaît, messieurs! S'il vous
plaît!
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents.
L'honorable ministre des Finances.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport annuel de la Commission consultative de
l'enseignement privé
M. Garneau: M. le Président, j'aimerais déposer le
sixième rapport annuel de la Commission consultative de l'enseignement
privé.
Le Président: Questions orales des députés.
Le député de Chicoutimi.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
SAQ et CECO
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, ma
question s'adresse au premier ministre.
Les questions que j'ai posées depuis une dizaine de jours et les
bribes d'information que j'ai pu obtenir du Solliciteur général
et du premier ministre ont permis la mise à jour d'un système
très élaboré de patronage à la SAQ, dont des
milliers de Québécois ont eu à faire les frais. Les
députés qui en doutent encore aujourd'hui n'ont qu'à lire
les journaux pour s'en convaincre.
Une Voix: Ah!
M. Bédard (Chicoutimi): Ma question au premier ministre
est la suivante: Le premier ministre a-t-il l'intention d'ordonner la tenue
immédiate d'une enquête judiciaire publique sur l'administration
de la SAQ, de la même manière que le gouvernement
fédéral l'a fait dans le cas d'Air Canada pour des motifs
beaucoup moins graves?
Des Voix: Ah! Ah!
M. Bédard (Chicoutimi): En attendant...
Le Président: S'il vous plaît, messieurs!
M. Bellemare (Rosemont): ... M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): ... le résultat de cette
enquête...
Le Président: L'honorable député de
Rosemont, s'il vous plaît, je vous demanderai...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, vous êtes
toujours assuré de ma collaboration!
Des Voix: Ha! Ha!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le premier
ministre a-t-il l'intention d'ordonner la tenue immédiate d'une
enquête judiciaire publique sur l'administration de la SAQ, comme le
gouvernement fédéral l'a fait dans le cas d'Air Canada pour des
motifs beaucoup moins graves? En attendant le résultat de cette
enquête, le premier ministre a-t-il l'intention de demander à son
ministre des Finances, en tant que ministre responsable de la SAQ, de
démissionner, étant donné qu'au moins deux de ses
collaborateurs sont directement impliqués et encore en fonction?
M. Garneau: M. le Président, j'invoque mon
privilège de député.
Le Président: Une question de privilège.
M. Garneau: M. le Président, depuis quelques
jours, on a rapporté toutes sortes de rumeurs sur cette question.
Hier, le député de Chicoutimi n'a pas eu le courage de me poser
des questions. J'attendais ses questions. Aujourd'hui, je m'étais promis
d'attendre jusqu'à la fin et, s'il ne m'en posait pas, de me lever sur
une question de privilège. Il me donne l'occasion de dire, M. le
Président, qu'au moment de mon assermentation comme ministre des
Finances, le 1er octobre 1970, la Société des alcools dont il
parle n'existait pas. Ce qui existait, c'était l'ancienne Régie
des Alcools dont la structure incorporait à la fois la section de la
commercialisation et la section d'émission des permis de vente de
boissons alcooliques.
Depuis 1968, une commission d'enquête dirigée par le juge
Lucien Thinel, secondé par MM. Marcel Bélanger, C.A., et Otto
Thur, économiste, poursuivait des études. Ce mandat avait
été donné par l'ancien gouvernement.
Le mandat de cette commission était, entre autres, de faire
enquête sur le commerce des boissons alcooliques au Québec depuis
le 1er janvier 1964, de rechercher les moyens les plus efficaces et les plus
économiques pour assurer la surveillance de ce commerce, pour en
permettre la poursuite dans l'ordre et pour procurer des revenus essentiels au
développement du Québec, sous forme d'impôt ou autrement.
C'était là le mandat de la commission.
Avant que la commission Thinel n'ait déposé son rapport,
il était difficile d'entreprendre une réforme de l'ancienne
Régie des alcools. Le rapport Thinel, qui est daté du 1er
février 1971... Ah! bien non, par exemple, il y a toujours une
limite.
M. Burns: Question de privilège.
M. Marchand: Assis, assis!
Une Voix: Cela fait mal, cela fait mal!
M. Bellemare (Rosemont): Salisseurs publics!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare (Rosemont): Gang de salisseurs publics!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: Pas du tout. Sur la question de règlement, je
n'ai pas du tout l'intention d'empêcher le ministre des Finances
d'invoquer son privilège de député et loin de moi cette
pensée. Tous les quolibets qu'on m'a lancés, actuellement, ne
s'appliquent même pas, vous allez vous en rendre compte, M. le
Président. Sauf que M. le Président, je vous le demande, c'est
pour cela que je soulève la question de règlement, je voudrais
que le ministre des Finances qui a probablement une déclaration
assez longue, et je pense qu'il mérite une certaine latitude dans sa
déclaration nous expose, avant de faire sa déclaration, en
quoi il soulève une question de privilège.
Jusqu'à maintenant, j'ai entendu une déclara- tion
ministérielle, c'est ce que j'ai entendu, jusqu'à maintenant.
Maintenant, je conçois aussi, et je le répète, que le
ministre des Finances doive se voir accorder une certaine latitude. Mais il
faudrait, quand même, qu'au départ, il vous explique en quoi il a
une question de privilège. Il me semble que c'est cela.
M. Garneau: M. le Président...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre, messieurs!
M. Garneau: M. le Président, le député de
Chicoutimi, soit directement ou soit indirectement, m'a mis en cause en disant
que certains de mes adjoints seraient intervenus d'une façon
illégale ou autrement, et demandait au premier ministre ma
démission.
Si ce n'est pas là une cause suffisante pour soulever une
question de privilège, M. le Président, je serais heureux que
vous m'indiquiez sur quoi un député, à un moment
donné, pourrait soulever une question de privilège.
M. le Président, avant que la commission Thinel n'ait
déposé son rapport, il était difficile pour moi, comme
ministre des Finances, comme pour l'ancien ministre de la Justice, d'intervenir
dans la restructuration de la Commission de contrôle des permis
d'alcool.
Le rapport nous a été déposé
conjointement...
M. Cloutier: Ah non! pas une question de privilège
à l'intérieur d'une question de privilège.
Le Président: Pouvez-vous répéter?
M. Garneau: M. le Président, j'ai dit qu'avant que la
commission Thinel dépose son rapport, il était difficile autant
pour l'ancien ministre de la Justice que pour celui qui vous parle de savoir
quelles seraient les recommandations qu'on allait nous faire et d'apporter
immédiatement des changements de structures.
Le rapport Thinel est daté du 1er février 1971 et a
été remis au gouvernement et à celui qui vous parle
à la fin de l'hiver 1971. Ce rapport recommandait essentiellement que
soient séparées complètement les opérations
commerciales de celles de l'émission des permis de vente de boissons
alcooliques. C'était la recommandation numéro 1 du rapport
Thinel.
Pour ce qui est de la partie concernant la commercialisation, la
recommandation était de former une société à
capital-actions, laquelle devait être gérée par un conseil
d'administration dirigé par un président directeur
général et, sous réserve de l'approbation du conseil
d'administration, le président directeur général devait
choisir lui-même ses principaux collaborateurs. C'étaient les
recommandations 68, 69, 70 et 71.
Le rapport Thinel a donc été déposé à
la fin de l'hiver 1971. Dès ce moment, j'ai entrepris l'étude des
principales recommandations et proposé au conseil des ministres une
législation donnant suite aux recommandations du rapport Thinel pour
ce
qui est de la commercialisation. En fait, la loi a été
sanctionnée le 10 juillet 1971; le président directeur
général entrait en fonction au milieu du mois d'août et la
première réunion du nouveau conseil d'administration avait lieu
au début de septembre 1971. C'est donc dire que, six mois après
le dépôt du rapport Thinel, ses recommandations étaient
transformées en législation et la nouvelle Société
des alcools était créée remplaçant l'ancienne
régie. C'était le départ d'une transformation fondamentale
dont les principales étapes sont rappelées dans le rapport annuel
du président de la Société des alcools, rapport annuel qui
a été distribué à tous les députés de
cette Chambre et qui note toutes les transformations administratives qui ont
été faites.
Ceux qui ont connu l'ancienne Régie des alcools et l'ancienne
Commission des liqgeurs et qui connaissent aujourd'hui la façon dont la
Société des alcools procède sont en mesure
d'apprécier l'importance des changements qui se sont produits:
réorganisation des divisions administratives; transformation des
magasins à caractère vieillot en magasins de libre service
améliorant la qualité des services à la clientèle;
ouverture de maisons spécialisées; établissement d'une
politique d'achat, laquelle était rendue publique en février
1972, quelques mois seulement après l'assermentation du nouveau conseil
d'administration; disparition des intermédiaires dans les achats de vin
en vrac à être commercialisé par la Société
des alcools; soumissions publiques auprès des compagnies
québécoises pour l'achat de ce que l'on appelle
communément l'alcool; établissement de directives concernant les
conflits d'intérêts; communication avec toutes les entreprises
pour leur demander d'abandonner des pratiques qui, quoique
généralement observées dans le commerce au détail
privé, étaient incompatibles avec l'éthique d'une
société administrant les biens publics.
Ayant été l'un des principaux instigateurs de cette
réforme qui a transformé profondément les us et coutumes
qui sans être illégaux, me semble-t-il, pouvaient mettre en doute
la transparence de l'administration, je suis extrêmement
déçu et trouve profondément injuste tout ce qui s'est dit
et écrit depuis quelques jours.
La direction de la Société des alcools actuelle, son
président et son conseil d'administration et les officiers de la
Société des alcools actuellement en place ont conservé
toute ma confiance. Pour eux aussi qui ont travaillé ardument à
ennoblir l'administration de cette société publique, je suis
également déçu, parce que tous leurs efforts risquent
d'être annihilés par des rumeurs et des insinuations. Une chose
est certaine, c'est que je suis fier d'avoir été à
l'origine de la réforme de l'ancienne régie.
Cela ne veut pas dire que des erreurs administratives ne peuvent plus
être commises. Je pense que ce serait bien présomptueux de
soutenir une telle affirmation. Mais ce que je peux affirmer, c'est que par
cette réforme, par la qualité des administrateurs nous avons mis
en place des dispo- sitifs qui évitent ou qui peuvent rendre plus
transparents des gestes qui pourraient être répréhen-sibles
ou encore empêchent l'instauration de systèmes qui seraient de
nature à être à rencontre de l'intérêt
public.
Il y a eu effectivement enquête, tout le monde le sait. La
commission a complété un document de travail indiquant au
Solliciteur général qu'elle lui remettait le dossier, parce
qu'elle jugeait que cela ne relevait pas de son mandat. La commission
suggérait que des compléments d'enquête se fassent, afin de
vérifier certaines informations et prendre des poursuites s'il y avait
lieu. Les enquêtes se poursuivent et personnellement je suis bien heureux
qu'il en soit ainsi. En complet accord avec le Solliciteur
général, s'il y a des gens qui ont commis des gestes
répréhënsibles, je tiens à ce que l'enquête
l'établisse clairement.
Pour ma part, je n'ai rien à me reprocher. Au contraire, je me
réjouis d'avoir été à l'origine de la
réforme qui a fait que la Société des alcools du
Québec, aujourd'hui, soit une société publique bien
administrée par des gens compétents et dévoués
à l'intérêt supérieur du Québec.
M. Burns: M. le Président, question de
règlement.
M. Bourassa: Pour répondre à la question du
député de Chicoutimi.
M. Burns: Une question de règlement. Non je m'excuse, ce
ne sera pas long, ce ne sera pas long du tout du tout. Puis on va attendre
votre réponse après.
Le Président: Une question de règlement.
M. Bourassa: Vous ne perdez rien pour attendre.
M. Burns: C'est parce que c'est à ce moment-ci que je dois
poser une question. Je vais poser une question: Vous voulez la collaboration de
l'Opposition, en ces jours de fin de session?
M. Levesque: Chantage, chantage, chantage!
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Tetley: Qu'il retire ses paroles.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Tetley: Qu'il retire ses paroles.
Le Président: A l'ordre!
M. Tetley: Qu'il retire ses paroles, M. le Président.
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: Qu'est-ce que j'ai dit de mal? J'ai posé une
question au gouvernement: Vous voulez la collaboration de l'Opposition?
M. Tetley: Que le leader de l'Opposition retire ses paroles.
C'est du chantage. Il a Insisté pour que nous ne posions pas de
questions, autrement, nous allons rester ici jusqu'à Noël. Posez
vos questions. C'est du chantage.
M. Léger: II ne comprend pas le français
certain.
M. Levesque: Question de règlement. Le
Président: Question de règlement.
M. Levesque: On sera surpris ensuite qu'il y ait des motions de
fin de session. On sera surpris.
M. Burns: Encore la division des deux Irlan-des.
M. Levesque: Mais ne soyez pas surpris parce qu'à la
prochaine occasion il y aura une bonne motion et elle viendra de bonne
heure.
M. Morin: C'est parfait.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bellemare (Rosemont): Le chef de l'Opposition fait poser ses
questions par l'autre chef de l'Opposition.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre ! Allez, question de
règlement.
M. Bellemare (Rosemont): Le chef de l'Opposition n'a même
pas le coeur de se lever!
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: C'est tout simplement une directive que je veux vous
demander. Etant donné la longueur de la réponse donnée ou,
si vous voulez, de la question de privilège du ministre des Finances, je
vous demande, puisque la période des questions a commencé
à trois heures et quart, si ce temps, jusqu'à maintenant, a
été compté durant la période des questions. Je vous
demande cela avant le départ.
Le Président: On verra, on verra. D'ailleurs, qu'est-ce
qui me dit qu'il y aura des questions? On verra. D'ailleurs, quand je vous
donne cinq, dix ou quinze minutes de plus, personne ne dit un mot.
M. Levesque: II y a un an qu'on fait cela.
Le Président: Laissez donc cela à mon petit
jugement.
M. Burns: C'est pour cela que je vous demandais la directive
avant.
Je m'excuse auprès du premier ministre. S'il veut
répondre.
M. Bourassa: Nous assistons, en cette fin de session, au
même scénario qu'à la fin de session de l'an dernier
où on avait attaqué injustement et gratuitement cela a
été prouvé par la suite plusieurs
députés libéraux; au même scénario qu'en
juillet 1973 où on s'en était pris, avec l'affaire Laporte et
l'affaire Saulnier, à l'ancien ministre de la Justice. On a vu les
résultats quelques mois plus tard. Je ne pense pas que c'est avec ce
salissage assez sauvage de la part de l'Opposition que les institutions
publiques seront rehaussées au Québec.
On voit que, finalement, il n'y a absolument rien de sérieux qui
demeure. On demande une enquête judiciaire, on cite Air Canada. Qu'a dit
le chef du Parti québécois sur les conclusions du rapport Estey?
Quelles critiques a-t-il apportées sur la démission d'Yves
Pratte? C'est un député péquiste qui demande une
enquête sur Air Canada? Il devrait lire les conclusions de son propre
chef là-dessus.
Le ministre des Finances vient d'énumérer toutes les
mesures concrètes, les réformes que nous avons apportées
à des situations qui existaient depuis 1921. Cela faisait 51 ans qu'il y
avait des agences, dans le cas de la vente en vrac, et c'est ce gouvernement,
encore une fois, à la suite du rapport Thinel, qui a été
le premier à mettre fin à ce système. Nous sommes bien
confiants que lorsque l'opinion publique ou la population, directement
hélas, on voit les manchettes qui nous impliquent directement ou
indirectement, d'une façon combien injuste aura connaissance de
tous les faits, nous aurons le même appui que nous avons eu depuis que
nous avons pris le pouvoir il y a six ans.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour que la population ait la
connaissance de tous les faits...
Des Voix: Question!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président: Messieurs, s'il vous plaît, s'il vous
plaît, question additionnelle?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je vais
demander au premier ministre, au nom de l'intégrité de tous les
employés de la SAQ en place, actuellement, tenant compte de
l'élaboration de tous les faits qui paraissent dans les journaux,
actuellement, et qui mettent en cause bien des individus, tenant compte...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bédard (Chicoutimi): Tenant compte également du
fait que le Solliciteur général n'a pu nier qu'un ministre ou que
de ses adjoints spéciaux soient impliqués dans cette
enquête, il ne l'a pas nié...
Le Président: Question, question!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, te-
nant compte également du fait qu'il y a des adjoints
spéciaux en place...
Le Président: Question!
M. Bédard (Chicoutimi): ... de ministre à l'heure
actuelle en place...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais demander au premier
ministre, tenant compte de tous ces faits, s'il ne trouve pas opportun,
nécessaire, pour la crédibilité du gouvernement, pour la
crédibilité du chef du gouvernement également, d'ordonner
la tenue immédiate d'une enquête judiciaire publique sur
l'administration de la SAQ.
M. Bourassa: M. le Président, le Solliciteur
général a dit qu'il y avait une escouade spéciale de la
Sûreté du Québec qui enquêtait d'une façon
tout à fait particulière sur cette question et ils doivent faire
rapport au mois de janvier. Si le député de Chicoutimi a des
accusations précises de gestes répréhensibles ou
illégaux qui auraient été posés, qu'il les fasse,
il a l'immunité parlementaire. Est-ce que le député de
Chicoutimi peut citer un cas d'extorsion, un seul cas? Oui, j'en viens à
cela parce qu'avec la démagogie puis les calomnies qui se font on en
vient aux faits. La meilleure façon de répondre à la
calomnie c'est de poser des questions de fait. Est-ce que le
député de Chicoutimi a un seul cas d'extorsion, un seul cas
illégal? Qu'il en cite un seul et nous allons sévir. Nous allons
sévir immédiatement; si le député est capable de
citer un seul exemple, nous allons sévir immédiatement.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le premier
ministre parle du député de Chicoutimi qui pose certaines
questions en se servant de l'immunité parlementaire.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! Allez!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président je pourrais
poser une question de privilège.
Le Président: Question de privilège.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'en pose pas une, mais je
tiens à dire au premier ministre, puis il le sait, que toutes les
questions que j'ai posées ici en Chambre, je n'ai pas eu peur de les
répéter en dehors de la Chambre. Qu'il prenne bien en note que
tout ce que je vais dire en Chambre, je suis capable de le dire à
l'extérieur de la Chambre. Alors ne vous énervez pas, parce que
vous ne m'énerverez pas, d'accord?
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. Lacroix: ... parce que les gros chiens qui mordent les petits
bébés, on n'a pas peur de cela.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! ... A
l'ordre! ... A l'ordre, messieurs!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
M. Bellemare (Rosemont): Gang de salisseurs publics que vous
êtes, vous êtes une gang de salisseurs!
Le Président: A l'ordre, une deuxième fois! La
troisième fois...
M. Bellemare (Rosemont): Ce sont des salisseurs publics quand
même.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Bellemare (Rosemont): C'est un avocat faible, ce n'est pas lui
qui défendrait les Dubois.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président: Si vous intervenez encore une fois, je
prendrai le dernier recours qu'il me reste. Cela s'adresse au
député de Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): Merci, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Etant donné que c'est ma
dernière...
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. Bédard (Chicoutimi): ... additionnelle, je grouperai,
M. le Président, quelques questions et j'espère que le premier
ministre y répondra. Ensuite si on me permet d'autres questions
additionnelles, on verra.
Je voudrais demander au premier ministre: Est-il exact que la compagnie
Polarin a été imposée à la SAQ par
l'intermédiaire de l'intervention de M. Letarte, chef de cabinet adjoint
du ministre des Finances? Est-il exact que M. Paul Desrochers, l'adjoint
immédiat du premier ministre, a imposé à la
Société des alcools du Québec une liste de fournisseurs
privilégiés? Est-il exact que le trésorier du Parti
libéral, M. Jean Morissette, est le propriétaire majoritaire
d'une agence détenant 52 "listings" à la Société
des alcools du Québec? Est-il exact qu'une très large part des
1400 "listings" de la Société des alcools du Québec sont
détenus par une douzaine de compagnies qui ont toutes des liens
très étroits avec le Parti libéral? Est-il exact que M.
Robert Perron, un ancien...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre, messieurs!
M. Marchand: ... Laurentides.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Marchand: La compagnie de René Levésque a $1
millions en ses amis, ses cousins.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bédard (Chicoutimi): Réglez votre
problème, on réglera le nôtre.
M. Marchand: Vous en avez assez, vous en avez pleins les
bras!
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bédard (Chicoutimi): J'ajouterais, M. le
Président, deux autres questions à ce groupe de questions. Est-il
exact que M. Robert Perron, un ancien directeur général du Parti
libéral, et M. Henri Dutil, un autre libéral influent,
possèdent, par l'entremise des agences Desautels et par la
société générale d'importation, plus de "50
"listings"? Est-il exact que l'enquête de la CECO a
démontré que les compagnies qui refusaient de se prêter
à ce jeu de patronage voyaient diminuer leurs "listings" à la
Société des alcools du Québec. Je demande au premier
ministre, comme dernière question: Est-ce que la déclaration du
juge Dutil au Montreal Star, à l'effet que l'enquête que la CECO
avait conduite au sujet de la SAQ avait révélé des liens
avec le crime organisé, mais avait contribué à la
découverte d'un tas de patronages et que c'était pour cette
raison que le dossier avait été remis entre les mains du
gouvernement.
M. Bellemare (Rosemont): ...démagogue.
M. Bourassa: M. le Président, j'ai dit tantôt qu'il
y avait beaucoup de faussetés dans la grappe de questions du
député de Chicoutimi. J'ai dit tantôt que nous avions
apporté des réformes à des systèmes qui existaient
depuis 1921. Lorsque le gouvernement ne peut pas se passer d'agence, lorsque
des agences sont nécessaires à cause des besoins des
consommateurs, à cause de la publicité qui doit être faite
aux consommateurs, il faut qu'il y ait des agences. Lorsqu'il ne peut pas y
avoir de soumissions, il peut y avoir des recommandations qui sont faites.
Il y en a plusieurs qui ont été au pouvoir dans
l'Opposition y compris votre chef, cela m'étonnerait qu'il n'ait pas
transmis des recommandations qui lui étaient faites aux organismes
appropriés.
Non, ce n'est pas une insinuation parce que les hommes politiques,
continuellement parce que nous sommes responsables devant la population
reçoivent des représentations et des suggestions, dans
l'Opposition comme au pouvoir. Que ce soit transmis aux organismes
appropriés par la suite, je pense que tous ceux qui sont au pouvoir,
quel que soit leur degré de vertu, quel que soit leur parti, c'est une
chose qui peut certainement être explicable. Je suppose que votre chef,
sans l'attaquer parce que ce n'est pas une attaque quand il
était au pouvoir, quand les gens lui faisaient des
représentations, devait transmettre les représentations aux
organismes appropriés.
Quand le chef de l'Union Nationale était au pouvoir,
c'était la même chose.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est autre chose de les
transmettre et de les imposer.
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. Bourassa: M. le Président...
M. Marchand: Le père Gédéon.
Une Voix: Joron.
Le Président: A l'ordre!
M. Marchand: Le plus gros "racketeer".
M. Bourassa: M. le Président, nous avons...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
messieurs!
M. Lacroix: Le Mocambo, avec René Lévesque!
Le Président: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît!
S'il vous plaît, messieurs!
M. Bourassa: M. le Président, nous avons apporté,
comme l'a dit tantôt le ministre des Finances, aussitôt que nous
avons eu le rapport Thinel, les réformes les plus radicales. On l'a fait
dans tous les secteurs. L'enquête sur le crime organisé, c'est
quand même nous. Depuis quelques mois, l'intensification de
l'enquête contre le crime organisé est encore plus forte, puisque
nous nous attaquons, depuis quelques mois, aux véritables chefs de la
pègre. Plusieurs ont fui le Québec ou sont en prison. Alors, on
n'a aucune leçon à recevoir de qui que ce soit sur la lutte au
crime organisé, d'autant plus que, depuis quelques mois, elle est encore
plus forte.
M. le Président, ce que je veux dire, c'est que toutes les
réformes administratives qui ont pu être faites ont
été faites. Lorsqu'il ne peut y avoir de soumissions pour des
raisons évidentes, parce qu'il n'y a pas d'alternative on ne peut
pas demander à des gens de faire des soumissions et d'entraîner
des frais lorsque le choix d'entreprises est inévitable, que le
gouvernement ne s'acharne pas à nommer des ennemis politiques, il n'y a
pas beaucoup de Québécois qui vont s'étonner de cela.
Lorsque le choix est inévitable, qu'on ne choisisse pas des
péquistes pour rendre des services au gouvernement, je pense que c'est
normal. Nous avons, M. le Président, depuis quelques jours, une
manifestation d'hypocrisie sans pareille de la part du Parti
québécois. En temps opportun, je me chargerai de les
démasquer.
Une Voix: Bravo!
Le Président: Une question additionnelle.
M. Burns: Une question additionnelle, M. le Président, au
premier ministre. Le premier ministre est-il conscient ou se rend-il compte du
fait qu'en ne répondant pas aux questions précises du
député de Chicoutimi, ce n'est pas à lui seulement qu'il
fait mal; c'est à l'institution parlementaire et à l'institution
gouvernementale?
Des Voix: Ah! Ah! Pharisien!
M. Burns: Deuxièmement, M. le Président...
M. Bourassa: Je veux simplement dire...
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas fini ma
question.
M. Bourassa: Une question de privilège, M. le
Président.
M. Burns: Je n'ai pas fini ma question. Le Président: Une
question de privilège. M. Burns: D'accord.
M. Bourassa: Le leader de l'Opposition a dit que je n'avais pas
répondu aux questions.
M. Burns: Cinq, six.
M. Bourassa: M. le Président, le Solliciteur
général, le directeur de la Sûreté lui a dit ce
matin...
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas fini ma
question.
M. Bourassa: Laissez-moi terminer, c'est une question de
privilège.
M. Burns: Répondez quand j'aurai fini. Le
Président: A l'ordre!
M. Bourassa: M. le Président, c'est une question de
privilège. Je comprends que vous ayez peur de certaines
réponses.
M. Burns: Ce n'est surtout pas aujourd'hui que vous allez nous
intimider, vous savez.
M. Bourassa: M. le Président, en juillet 1973, lorsqu'on
s'était acharné contre l'ancien ministre de la Justice, j'avais
dit au Parti québécois...
M. Choquette: L'ancien ministre de la Justice est capable de se
défendre tout seul. Il n'a pas besoin du premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je cite un fait. Le
Président: A l'ordre!
M. Bourassa: Qu'on se souvienne des événements de
juillet 1973, lorsqu'on avait attaqué l'ancien ministre de la
Justice.
M. Choquette: ... le poids était très lourd
à transporter.
Le Président: A l'ordre, à l'ordre, messieurs! A
l'ordre!
M. Bourassa: Lorsqu'on avait attaqué l'ancien ministre de
la Justice, en juillet 1973, j'avais dit, M. le Président...
M. Burns: C'est vraiment une question de privilège, M. le
Président!
M. Bourassa: Non, non, mais je veux simplement, M. le
Président... On accuse le gouvernement de ne pas répondre. Je dis
simplement qu'il a été dit, à plusieurs reprises, que cela
nuisait à l'enquête; le directeur de la sûreté a dit
au Solliciteur général, aujourd'hui, que tous ces débats
et ces questions nuisent à l'enquête qui est en cours. C'est
clair, cela. Cela nuit à l'efficacité de l'enquête qui est
en cours. Le député de Maisonneuve, qui est avocat, devrait avoir
suffisamment d'expérience pour savoir que les opérations
policières peuvent être considérablement
compliquées...
M. Burns: ... M. le Président.
Le Président: La question de privilège est
terminée. Posez votre question.
M. Bourassa: ... par toutes ces questions. C'est pour
l'efficacité de l'enquête policière elle-même que
nous ne pouvons pas donner tous les détails qui sont demandés. En
temps et lieu, nous allons les donner.
M. Burns: M. le Président, il me reste...
Le Président: Votre dernière question était:
Est-ce que le premier ministre est conscient?
M. Burns: M. le Président, je m'adresse au soi-disant chef
de l'Etat québécois.
Le Président: Posez une question factuelle!
M. Burns: S'il y a quelqu'un, M. le Président, qui doit
avoir, au Québec, qui devrait avoir, au Québec, de
l'intérêt pour l'institution gouvernementale et parlementaire,
c'est le premier ministre.
Le Président: A l'ordre, à l'ordre!
M. Burns: Je...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre, à
l'ordre!
M. Burns: M. le Président, je ne répéterai
pas ma question. Elle demeure là, cette question, et elle était
à deux volets, le premier étant qu'il y a six questions
précises qui ont été posées par le
député de Chicoutimi et je n'ai pas entendu de réponse. Le
rapport Thinel et tout ce que vous voulez, cela ne répond pas à
cela. Quant au deuxième volet, le premier ministre ne croit-il pas, et
là je m'adresse au chef de l'Etat québécois, encore une
fois, que dans l'intérêt de l'institution gouvernementale et de
l'institution parlementaire, il est de l'intérêt public qu'il
tienne une enquête, même
pour se disculper, même s'il a toutes les raisons de croire que
cette enquête va disculper son gouvernement?
Des Voix: Question!
M. Burns: II y a entre autres, M. le Président...
M. Bourassa: M. le Président...
M. Burns: ... le fait que, toujours dans ma question, vous avez
deux des plus grands quotidiens du Québec cela, ce ne sont pas
des questions en Chambre qui, aujourd'hui, sortent des choses qui vont
être lues par tout le monde. Il me semble que c'est l'obligation du chef
de l'Etat de demander une enquête dans les plus brefs délais.
M. Bourassa: Ce sont les manchettes des journaux qui doivent
décider de l'action du gouvernement?
M. Burns: Pas seulement cela.
M. Bourassa: Est-ce que dans ces deux quotidiens on a cité
un seul cas d'extorsion? Est-ce qu'on a cité un seul cas de fait
je ne parle pas des manchettes et des impressions qui peuvent être faites
est-ce qu'on a cité un seul cas d'extorsion impliquant le
gouvernement?
M. Léger: Ce n'est pas à la presse de faire
l'enquête à votre place!
M. Bourassa: Dans lequel? Lequel, M. le Président.
M. Lessard: Question additionnelle, M. le Président.
M. Bourassa: Des faits, ce qu'on demande pour juger, ce qu'on
demande pour prendre des décisions... M. le Président, le premier
jour de la session, le député de Maisonneuve a dit: Je vais avoir
des questions sur la crise d'octobre pendant des semaines; il n'en a pas
posé une le lendemain de mes réponses. Pas une question. Ce
devait être un scandale...
M. Burns: Vous devez être content, vous devez être
content.
M. Bourassa: Le rapport Gans devait être un scandale.
Qu'est-il advenu de cela?
M. Léger: ... comme un gant.
M. Bourassa: Des attaques contre le député de
Drummond, cela devait être un scandale. Des attaques contre le ministre
de l'Agriculture, cela devait être un scandale. Tous des ballons qui ont
éclaté, M. le Président.
M. Burns: Est-ce que c'est un ballon? Est-ce que cela est un
ballon? Ce que vous faites là, ce n'est pas un ballon?
M. Bourassa: Le Parti québécois s'adonne à
un salissage sauvage qui frappe peut-être temporairement certains hommes
publics, mais qui frappe plus sérieusement les institutions du
Québec. Il s'avère totalement irresponsable dans son attitude. Il
va payer pour cela vis-à-vis de l'électo-rat.
M. Burns: Vous, vous laissez faire cela! C'est cela.
M. Lessard: Question additionnelle.
Le Président: La dernière question additionnelle
sur ce sujet.
M. Lessard: Alors, ma question additionnelle, M. le
Président...
Le Président: Un instant!
M. Lessard: ... s'adresse au premier ministre. Comment...
Le Président: A l'ordre!
Des Voix: Debout!
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Lessard: ... le premier ministre peut-il espérer laver
son gouvernement de tout soupçon si c'est lui-même qui fait
enquête?
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. Lessard: Je dis, M. le Président, comment...
M. Marchand: II est arrivé tout nu à
l'Assemblée nationale.
Le Président: A l'ordre!
M. Lessard: ... le premier ministre peut-il espérer laver
son gouvernement et son ministre dés Finances de tout
soupçon...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, question de
privilège. Je m'excuse...
M. Lessard: ... si c'est lui-même qui fait
enquête?
M. Bellemare (Rosemont): ... question de privilège.
Le Président: Question de privilège.
M. Bellemare (Rosemont): Question de privilège, M. le
Président. La question que l'honorable député pose est:
Comment peut-il laver son gouvernement? Alors, j'ai des collègues ici,
si je suis impliqué, qu'on m'accuse et qu'on ne pose pas ces
questions.
Le Président: A l'ordre!
M. Lessard: M. le Président, je voudrais reprendre ma
question au premier ministre, elle m'apparaît importante: Comment le
premier ministre peut-il espérer laver son gouvernement de tout
soupçon et son ministre des Finances si c'est lui-même qui fait
enquête?
M. Garneau: M. le Président... Le Président:
Question de privilège. M. Garneau: ... question de
privilège. Le Président: Question de privilège.
M. Garneau: M. le Président...
Le Président: Question de privilège. L'honorable
ministre des Finances.
M. Garneau: M. le Président, le député de
Saguenay, en posant sa question au chef du gouvernement, m'implique
personnellement en soumettant et en faisant l'hypothèse que moi, comme
ministre des Finances, ayant exercé mes responsabilités dans ce
domaine depuis le 1er octobre 1970, je me serais comporté de telle
façon que je sois sali. Je m'oppose à cela, M. le
Président, et je dis que ce sont là tout simplement des
affirmations gratuites qui n'ont pas lieu d'être posées en Chambre
à moins qu'on porte une accusation directe.
M. Lalonde: M. le Président, question de
privilège.
Le Président: Question de privilège. L'honorable
Solliciteur général.
M. Lalonde: La question du député, M. le
Président, semble jeter un doute sur l'intégrité de la
Sûreté du Québec. C'est à la Sûreté du
Québec que l'enquête a été confiée et ce
n'est pas le gouvernement qui fait enquête, c'est la Sûreté
du Québec. S'il a des accusations à porter contre la
Sûreté, qu'il les porte. A ce moment-là, on lui
répondra.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président: A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre,
messieurs! ... A l'ordre!
M. Lessard: M. le Président... M. Marchand:
Hypocrite.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! ... A
l'ordre, messieurs!
M. Lessard:... comment l'exécutif peut-il faire
enquête sur l'exécutif? Est-ce que le premier ministre ou le
Solliciteur général, qui vient de soule- ver une question de
privilège, peut nier le fait qu'un ministre du conseil des
ministres...
M. Bellemare (Rosemont): Nomme-le.
M. Lessard: ... ou, M. le Président, ses collaborateurs
immédiats...
M. Bourassa: ... l'accusation.
M. Lessard: ... soient intervenus...
M. Bourassa: Faites l'accusation précise.
M. Lessard: ... auprès...
Le Président: A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre!
Une Voix: Nommez les noms.
M. Lessard: On a parlé du ministre des Finances tout
à l'heure. Je demande, M. le Président, est-ce que le premier
ministre...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, messieurs!
M. Lessard: ... ou le Solliciteur général peut nier
que le ministre des Finances, responsable de la Société des
alcools du Québec, ou ses collaborateurs immédiats soient
intervenus auprès de la Société des Alcools du
Québec...
Une Voix: Démagogue.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, messieurs! A
l'ordre!
M. Lessard: ... pour...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Marchand: Démagogue.
Le Président: A l'ordre! Ecoutez, je pense qu'à la
suite des questions du député de Chicoutimi et du
député de Maisonneuve, il y a eu des questions de
privilège d'invoquées par le ministre des Finances, le ministre
de l'Education, qui a déclaré qu'il n'a fait aucune intervention
directement dans les prétendues accusations. Vous revenez à la
charge encore dans votre question. Je pense bien qu'il y a quand même une
certaine gentilhommerie qui doit exister; on doit prendre la parole de
quelqu'un. Bon. A l'ordre, messieurs! Dans les circonstances, avec le ton et la
tournure de cette période, je mets fin, après 40 minutes,
à la période des questions.
M. Garneau: M. le Président, il y a quand même une
chose...
Le Président: Question de privilège.
M. Garneau: ... on m'a demandé si j'étais in-
tervenu pour imposer à la Société des alcools une
société qui s'appelle Polarin. Je réponds: non, M. le
Président. Si le député de Saguenay veut me reprocher, par
exemple, d'avoir transmis un nom mais sans l'imposer, qu'il me pose la
question. J'ai reçu, depuis que je suis ministre des Finances
responsable de la Société des alcools et d'autres institutions
gouvernementales, de la part des députés du Parti
québécois comme de la part d'autres personnes de
l'extérieur, des demandes parfaitement logiques, parfaitement normales,
qu'on fait à un membre d'une administration publique, d'une
administration privée. On nous dit: Voici, monsieur, j'offre mes
services au gouvernement. Et on ne pourrait pas les transmettre aux
administrations responsables?
Si c'est de cela que m'accuse le Parti québécois, en
particulier le député de Saguenay, qu'il le dise clairement et
qu'il porte une accusation. Mais, s'il veut m'accuser également d'avoir
imposé une société, un intermédiaire à la
Société des alcools, qu'il porte l'accusation clairement.
M. Lessard: Est-ce qu'on me permet, M. le Président, de
continuer? Est-ce qu'on me permet? Est-ce qu'on me permet de poser une autre
question au ministre des Finances?
Des Voix: Non.
M. Samson: M. le Président, je pense que je vais soulever
une question de privilège.
Le Président: Une question de privilège. A l'ordre,
messieurs!
M. Samson: M. le Président, je suis obligé de
soulever une question de privilège. Cela fait trois quarts d'heure qu'on
est sur le même sujet et nous avons des questions à poser, le
Ralliement crédi-tiste, l'Union Nationale et peut être les
autres.
Nous avons, je pense, droit...
M. Choquette: Une question de privilège, M. le
Président.
M. Samson: Je n'ai nommé personne, M. le
Président.
M. Choquette: Oui, oui, je sais, mais une question de
privilège. C'est pour rappeler au Chef du Ralliement créditiste
que nous nous appelons le Parti national populaire.
M. Samson: Ce qui veut dire, M. le Président, le Parti
néo-policier.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
Coupures d'électricité et de gaz
M. Samson: M. le Président, je voudrais utiliser le
privilège qui nous est...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Samson: ... généralement réservé
pour poser une question d'urgence au ministre des Affaires sociales. Nous
apprenons ce matin, M. le Président...
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement de la Chambre?
C'est la seule question. Consentement unanime de la Chambre?
Des Voix: Oui.
Le Président: Consentement.
M. Samson: Nous apprenons ce matin qu'il y a 10,000 familles,
à Montréal, qui sont privées des services essentiels,
suite à des coupures d'électricité et de gaz. Je demande
au ministre, puisqu'il a dit la semaine dernière, en cette Chambre, que
des mesures avaient été prises pour venir en aide à ces
familles, comment il se fait qu'une dame qui, hier, comparaissait devant un
tribunal à Montréal, se plaigne qu'on a coupé le gaz
à sa résidence, pour la deuxième fois,
dernièrement? Il y a des enfants qui sont impliqués dans ces
problèmes-là. On est à des degrés sous zéro
et c'est dangereux pour la vie de certaines personnes de ne pas avoir de
chauffage dans les maisons à ce temps-ci de l'année. Quelles
seront les mesures d'urgence prises par le ministre des Affaires sociales pour
régler ce problème?
M. Forget: M. le Président, au moment où on se
parle, des représentants de la compagnie de Gaz métropolitain et
des fonctionnaires de mon ministère discutent des raisons qui peuvent
expliquer que les ententes auxquelles nous en étions arrivés, en
mars et en avril 1974, ont cessé de s'appliquer. Je n'ai pas la
réponse encore qui découlera de ces entretiens. Je peux,
cependant, déposer les lettres qui relatent les accords de type
administratif qui sont intervenus, d'une part, entre le ministère des
Affaires sociales et, d'autre part, entre la compagnie de Gaz
métropolitain et l'Hydro-Québec, le 10 avril 1974, et au mois de
mars 1974, dans le cas du Gaz métropolitain Inc. Dès que j'aurai
des rapports, évidemment, de la réunion qui se déroule
aujourd'hui, je serai en mesure de dire quelles actions précises vont
être prises pour mettre fin à ces interruptions de services
essentiels.
Le Président: Une seule question additionnelle.
M. Samson: M. le Président, puisque c'est tellement
important, je vais demander au premier ministre s'il est en mesure de nous dire
si le gouvernement prendra des mesures pour qu'à l'avenir des compagnies
comme Gaz métropolitain ne puissent interrompre le service de gaz,
à ce temps-ci de l'année, dans des familles. Est-ce qu'il y aura
des mesures législatives ou des arrêtés en conseil ou
autres prévus pour que cela n'arrive plus?
M. Bourassa: Je sais qu'une question avait
été posée là-dessus, mais je vais
certainement en discuter ce soir si la session se terminait cet
après-midi, on a un conseil des ministres pour discuter du budget
avec le ministre des Richesses naturelles.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que la Chambre m'accorderait une
question?
Des Voix: Oui.
Le Président: Une seule, sans question additionnelle.
Ecole de conduite automobile
M. Bellemare (Johnson): Je pense bien qu'il n'y aura pas de
question additionnelle. Elle s'adresse au ministre que j'ai prévenu, le
ministre de l'Education. Une école des routiers professionnels du
Québec, qui enseigne la conduite des véhicules lourds, a
reçu $700,000 de subvention du ministère et ne donne pas de cours
présentement. A cause de certains montants dus à l'impôt
fédéral et à l'assurance-chômage, elle est à
l'état de faillite.
Est-ce qu'on a retiré le permis à cette école ou
a-t-on pris des dispositions pour combler le déficit?
M. Garneau: Je remercie le député de Johnson de
m'avoir donné préavis de sa question, ce qui m'a permis de
communiquer avec les services administratifs avant l'ouverture de la Chambre
même si c'est là une question qui relève, au point de vue
juridique, de mon collègue le ministre d'Etat à l'Education.
L'administration m'informe qu'il n'y a pas de subvention versée à
cette école, mais c'est par voie d'achat de cours que...
M. Bellemare (Johnson): Fédérale-provinciale.
M. Garneau: L'entente fédérale-provinciale. C'est
par des achats de cours que cette école, qui sert d'école de
conduite pour les véhicules lourds, fonctionne, de telle sorte que, s'il
n'y a pas de cours, évidemment, il n'y a pas de subvention
donnée. On m'informe également que cette école est en
négociation avec ses instructeurs et, évidemment, tout
dépend des conditions qui sont à l'annexe de l'entente
fédérale-provinciale dans ces achats de cours. Ce sont là
les seules informations que j'ai pu avoir très rapidement.
Si le député me permet, j'aurai plus d'informations et je
pourrai les lui transmettre demain, si la Chambre siège; sinon, je les
lui transmettrai par écrit.
M. Bellemare (Johnson): Vous m'écrirez.
M. Morin: M. le Président, je pense que je connais la
réponse, mais puis-je demander également le consentement unanime
pour poser une question?
Des Voix: Non, non, non. M. Morin: Je me doutais de la
réponse. Le Président: A l'ordre, à l'ordre! A l'ordre!
Affaires du jour.
L'honorable député d'Anjou, en vertu de l'article 34.
Projet de loi sur l'organisation judiciaire
M. Tardif: J'ai deux questions à poser en vertu de
l'article 34 du règlement. Ma première question s'adresse au
leader parlementaire et ministre de la Justice. Il n'est pas là? Il est
réapparu. Est-ce que le ministre de la Justice est en mesure de nous
dire si, avant la fin de la session, il va déposer le projet de loi sur
l'organisation judiciaire qui apparaît aujourd'hui au feuilleton?
M. Levesque: Je trouve que cette question est pertinente. Je suis
heureux d'informer l'Assemblée de mon intention de déposer, en
effet, mais au tout début de la prochaine session, un projet de loi
visant à modifier substantiellement l'organisation judiciaire au
Québec. Lorsque j'ai assumé mes fonctions de ministre de la
Justice, je me suis penché sérieusement sur ce sujet important,
particulièrement sur le livre blanc sur la justice contemporaine, ce qui
m'a permis d'en réaliser la complexité étant donné
que toute réforme, dans ce secteur, touche à l'une des pierres
angulaires de notre système démocratique, c'est-à-dire
l'exercice de la justice.
Vous comprendrez également que le rythme
accéléré des travaux sessionnels, même si le chef de
l'Opposition manifeste certains doutes à ce sujet, ou l'a fait
dernièrement, ne m'a pas permis d'arrêter complètement ma
pensée à cet égard, mais je compte bien y arriver dans les
semaines qui suivront. Ce projet de loi, en outre de réviser en
profondeur l'organisation judiciaire du Québec, créera un Conseil
de la magistrature ayant, entre autres, comme objectif d'améliorer le
processus de nomination des juges et instituera un mécanisme de
contrôle de la déontologie judiciaire. Il devra également
prévoir une juste rémunération pour les membres de la
magistrature qui tiendrait compte de la rémunération
accordée à leurs homologues des cours de comtés des autres
provinces et qui leur accorderait un régime de retraite et d'assurance
sociale plus adéquat.
M. Mailloux: Plus on change de ministre de la Justice, plus c'est
pareil.
M. Levesque: Je compte bien que certaines de ces dispositions
aient un effet à compter du 1er janvier prochain. Ce projet de loi
devrait, en même temps, comporter des dispositions visant à
faciliter davantage l'accès des justiciables au processus judiciaire
tout en augmentant la charge de tra-
vail des juges de façon que la population puisse maintenir et
même améliorer l'idée qu'elle se fait de la justice au
Québec.
Ce sont mes derniers mots à l'endroit du député
d'Anjou: Cette pièce de législation majeure qui sera soumise
dès les premiers jours de l'ouverture de la prochaine session, comme je
l'ai déjà indiqué, pourra être étudiée
en profondeur à la commission parlementaire de la justice et devrait
être sanctionnée je l'espère bien, c'est un voeu que
je formule à la fin du printemps pour ensuite être mise en
application progressivement.
M. Burns: Sur cette question, M. le Président, est-ce que
le ministre de la Justice a l'intention de déposer le projet
même s'il n'est pas adopté à cette session-ci pour
qu'il puisse être étudié dans l'intersession? Puisque vous
avez presque cité le projet de loi, est-ce que vous n'iriez pas un peu
plus loin et nous le soumettre, quitte à ne l'adopter qu'à la
prochaine session?
M. Levesque: Je dois dire, M. le Président, que quant
à moi la rédaction est à peu près complète.
Il reste quelques chapitres que je voudrais terminer. Evidemment, ce projet de
loi n'a pas encore été soumis au comité de
législation. Dans les circonstances, je crois qu'il serait
prématuré de le déposer à ce moment-ci.
M. Tardif: Mais toujours en vertu de l'article 34, M. le
Président, étant donné que la session va bientôt
s'ajourner, est-ce que le ministre du Travail est en mesure de nous dire s'il
va fournir les réponses qu'il s'était engagé à
donner relativement aux honoraires payés par la commission Cliche au
juge et aux procureurs?
M. Harvey (Jonquière): Oui, M. le Président.
Le Président: ... déclaration ministérielle
déguisée.
Honoraires versés à la commission
Cliche
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, H est bien
vrai que lors de l'étude du budget supplémentaire, je
m'étais engagé à l'endroit du député de
Saint-Jacques à lui fournir le montant des honoraires qui ont
été payés aux commissaires de la commission Cliche et, sur
une question du député d'Anjou, aux différents procureurs,
même ceux qui étaient d'allégeance politique autre que la
nôtre. Actuellement, le comptable est en train de comptabiliser le
montant des honoraires professionnels de tous ceux qui ont agi comme procureurs
à la commission Cliche. Ces renseignements parviendront et au
député de Saint-Jacques et au député d'Anjou par
courrier durant l'intersession.
Le Président: Le député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, en vertu de l'article
34, je voudrais poser au leader du gouvernement deux questions. Le leader du
gouvernement nous avait promis, hier, qu'il nous déposerait aujourd'hui
est-ce que le leader peut me regarder ou m'écouter la
réponse à la question 39 du feuilleton.
M. Levesque: Un instant, M. le Président, vous ne pensez
pas que j'ai assez de réponses! Ne me mêlez pas plus! Attendez,
vous verrez ce que j'aurai déposé et vous me ferez des reproches
après.
M. Léger: Non, mais si vous êtes rendu là...
Un instant, je ne vous fais pas de reproches, je pose une question bien
gentiment. Si le ministre est prêt à répondre, je suis
d'accord. Si vous le faites, ça va.
Le Président: A l'ordre!
M. Levesque: M. le Président, j'aimerais bien
répondre à certaines questions au feuilleton.
Le Président: Le député de Gatineau.
Rapport sur le projet de loi no 9
M. Gratton: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission de l'Assemblée nationale qui
a étudié le projet de loi no 9, article par article, qu'elle a
adopté avec amendements.
Le Président: Rapport déposé.
Le leader parlementaire du gouvernement.
Questions inscrites au feuilleton
M. Levesque: Article 2 au feuilleton d'hier. Question de M.
Bellemare (Johnson)... Est-ce que c'est le sapin?
M. Burns: Oui.
M. Levesque: Joyeux Noël! Réponse de M. Harvey
(Jonquière).
M. Harvey (Jonquière): Lu et répondu. (voir
annexe)
M. Levesque: Article 3, d'abord. Question de M. Bellemare
(Johnson). Réponse de M. Toupin.
M. Toupin: Lu et répondu, M. le Président, avec le
sapin. (voir annexe)
M. Samson: Est-ce que vous fournissez les boules avec le
sapin?
M. Levesque: Article 15. Question de M. Bellemare (Johnson).
Réponse de M. Lalonde.
M. Lalonde: Lu et répondu. (voir annexe)
M. Levesque: Article 18, question de M. Lessard, réponse
de M. Bourassa.
Article 20, question de M. Bellemare (Johnson), réponse de M.
Harvey (Jonquière).
M. Harvey (Jonquière): Lu et répondu. (voir
annexe)
M. Levesque: Article 22, question de M. Lessard. Je propose que
cette question soit transformée en motion pour dépôt de
document.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée.
Adopté.
M. Burns: Est-ce que le leader du gouvernement aimerait
qu'à ce stade nous fassions un vote enregistré?
M. Levesque: J'en aurai un dans un instant, il me semble, car je
viens de lui remettre certains documents qui pourraient faire l'objet d'un
vote.
M. Burns: Oui, d'accord.
M. Levesque: Article 25, question de M. Bellemare (Johnson),
réponse de M. Bourassa. Pour M. Bourassa, lu et répondu. (voir
annexe)
Article 26, question de M. Lessard. Je propose que cette question soit
transformée en motion pour dépôt de documents.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
M. Levesque: Réponse de M. Drummond, documents
déposés. Article 27, question de M. Roy, réponse de M.
Drummond. Pour M. Drummond, lu et répondu. (voir annexe)
Motion de M. Burns, article 32, dépôt de M. Garneau.
Merci?
M. Burns: Merci beaucoup. Cela fait assez longtemps que j'attends
après que je ne me souvenais plus comment dire merci.
M. Levesque: Article 37, motion de M. Roy, dépôt de
M. Drummond. Pour M. Drummond, documents déposés.
Article 39, motion de M. Léger, dépôt de M.
Levesque.
M. Tardif: Un beau cadeau de Noël pour Marcel.
M. Levesque: Confidentiel.
Article 54, motion de M. Lessard, dépôt de M. Lalonde.
Articles 57, 58, 59, 60, 61 et 62, motions de M. Charron, dépôt de
M. L'Allier. Documents déposés.
Article 63, motion de M. Lessard, dépôt de M. Drummond.
Pour M. Drummond, documents déposés.
Une Voix: Vote.
M. Levesque: Je n'en ai pas d'autre.
M. Roy: J'aimerais demander au leader du gouvernement,
étant donné qu'il reste, quand même, un certain nombre de
questions et de motions auxquelles nous n'avons pas de réponse au
feuilleton, quelles sont les intentions du gouvernement? Etant donné
que, tout à l'heure, le leader du gouvernement lui-même a
parlé d'une nouvelle session, les questions devront-elles être
inscrites à nouveau ou est-ce que le gouvernement pourra nous donner des
réponses avant la convocation d'une nouvelle session? Il y a quand
même des questions qui ont été inscrites le 20 mars
dernier.
M. Levesque: M. le Président, j'ai répondu à
toutes les questions qui m'étaient parvenues et je ne sais pas ce que je
peux faire de plus.
Une Voix: Après les Rois.
M. Levesque: On peut penser à venir passer Noël et le
Jour de l'An ici pour attendre si cela viendrait, mais je crois que l'effort
fait ce matin est assez considérable. Depuis hier, nous avons, je crois,
répondu par écrit à une vingtaine de questions. Je crois
que c'est louable; je ne m'attendais pas à avoir des
félicitations du député de Beauce-Sud. Per capita, je
pense que le député de Beauce-Sud a eu plusieurs réponses
cette année aux questions qu'il a posées. La procédure
prévoit que, si les réponses ne sont pas parvenues au moment de
la reprise ou de la prochaine session, on n'a qu'à les réinscrire
et c'est tout.
M. Roy: M. le Président, je note l'effort qu'a fait le
gouvernement, parce que c'est la première fois qu'on a autant de
réponses dans une journée.
Ce n'est pas la raison de ma question. C'est qu'il en reste quand
même un certain nombre. J'ai également encore des questions pour
lesquelles j'attends des réponses. Je voudrais demander au leader du
gouvernement si on peut espérer recevoir ces réponses avant que
la nouvelle session soit convoquée. C'est tout simplement ce que j'ai
demandé au leader du gouvernement. Quant au fait de les inscrire
à nouveau, nous verrons, et ce sera à nous de décider
à ce moment-là.
M. Levesque: Alors vous verrez!
M. le Président, est-ce qu'on peut revenir au dépôt
de documents? Il y aurait encore un autre document à déposer,
peut-être à l'intention du député de Beauce-Sud.
Le Président: Dépôt de documents. L'honorable
ministre d'Etat à l'Education.
Rapport annuel du Conseil des
universités
M. Lachapelle: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le plan quinquennal d'investissement
universitaire pour la période 1975 à 1980, et
également le rapport annuel 1974/75 du Conseil des
universités.
Nomination des membres de la
Commission des droits et
libertés de la personne
M. Levesque: M. le Président, une procédure a
été prévue dans notre législation à l'effet
que pour la nomination de membres de la Commission des droits et
libertés de la personne, il doit y avoir un vote d'au moins les deux
tiers de l'Assemblée nationale.
Je soumets donc, M. le Président, les noms des personnes que nous
avons l'intention de proposer pour compléter le groupe. On se rappellera
qu'à la dernière partie de la session je pense que
c'était le 27 juin 1975 le ministre de la Justice avait
proposé six noms, je crois.
M. Choquette: Sept.
M. Levesque: Six. Il en reste cinq parce que M. Perry Meyer a
dû démissionner, ayant été nommé juge de la
Cour supérieure. Il en restait cinq, li restait M. Hurtubise, comme
président, M. Champagne, comme vice-président, trois autres
membres qui sont encore en fonction: M. Saint-Louis, je crois, Mme Matte
et...
M. Choquette: M. Nolet.
M. Levesque: ... M. Jean-Paul Nolet. Il y en a cinq
présentement en fonction, à moins que je ne m'abuse, mais ce sont
les renseignements que j'ai. Nous avons, pour répondre à un voeu,
qui a été exprimé même en cette Chambre, et qui a
été formulé même en dehors de la Chambre, d'avoir
une représentation aussi complète que possible, tenant compte des
sexes, tenant compte de la re-. présentation géographique et
régionale, tenant compte des groupes socio-économiques, de
l'expérience dans les questions de droits de l'homme, dans les questions
juridiques, nous avons porté le nombre, malgré qu'il ne soit pas
limité dans la loi, à onze.
M. Morin: Le ministre me permettrait-il une question très
courte?
M. Levesque: Certainement.
M. Morin: J'aimerais lui demander si, avant de procéder
à ces nominations, il a reçu des recommandations de la commission
elle-même quant aux personnes que la commission souhaitait voir nommer ou
qu'elle recommandait à l'attention du ministre.
La question qui suit tout naturellement est celle-ci: A-t-il tenu compte
de ces recommandations?
M. Levesque: M. le Président, ce n'est pas, je crois, la
tradition, au moins, de dire à l'Assemblée et
particulièrement à celui qui pose la question à savoir
quelles ont été les recommandations et de qui elles venaient.
Mais je ferai exception je ne veux pas que ce soit un
précédent et je lui dirai que j'ai reçu non pas
seulement de la commission elle-même mais j'ai reçu
évidemment de la commission des représentations quant à
des nominations suggérées, et j'ai tenu compte de ces
recommandations. Même, il y a des noms qui figurent dans la liste des
personnes recommandées par la commission.
J'ai tenu compte de recommandations faites par le Conseil du statut de
la femme, la Ligue des femmes du Québec. J'ai tenu également
compte de recommandations faites même individuellement par des membres de
la Commission des droits de l'homme.
Je crois que cela répond à la question, je ne peux pas
dire que je m'en suis tenu, cependant, uniquement à ces
recommandations.
M. Morin: L'autre jour j'ai demandé au ministre s'il
tiendrait compte des divers milieux socio-économiques. En consultant
cette liste, je n'ai pas l'impression qu'il ait tenu compte de tous ces
milieux.
M. Levesque: M. le Président...
M. Morin: Est-ce que mon impression est erronée?
M. Levesque: M. le Président, j'en ai tenu compte, autant
que possible, en me limitant à onze membres. L'on parle de groupes
socio-économiques et le chef de l'Opposition avait également
parlé de représentation régionale. J'avais, à ce
moment-là, exposé la difficulté d'avoir toutes les
régions, tous les groupes socio-économiques
représentés ainsi que tous les experts dans la question de droits
de la personne, dans un nombre aussi limité. Pourtant nous sommes
passés de six à onze; nous avons presque doublé le nombre
de membres. C'est ainsi que nous avons pu avoir des gens du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, de l'Estrie, de Québec et même des gens
qui ont vécu aux Iles-de-la-Madeleine. Il est difficile de couvrir
toutes les villes ou les régions.
M. Morin: Oui, mais, M. le Président, qu'en est-il des
divers milieux sociaux?
M. Levesque: Cependant, je tiens à faire remarquer
à l'honorable chef de l'Opposition qu'au lieu de les nommer pour cinq
ans, nous ne les nommons que pour trois ans. Ce qui permettra un renouvellement
et permettra également à d'autres régions d'être
représentées. Le chef de l'Opposition, qui est bien familier, je
pense, avec ces questions, admettra que ce sont des questions quelquefois assez
arides, quelquefois assez techniques et souvent très juridiques et
d'ordre constitutionnel qui sont posées de sorte que je m'imagine que le
fait d'avoir une certaine expérience dans le domaine ne doit pas
être écarté.
M. Morin: M. le Président, si vous me le permettez,
j'ajouterai que je n'ai aucune hésitation à voter pour la liste
qui nous est fournie, car toutes ces personnes me paraissent compétentes
pour occuper ces postes.
Je n'ai rien contre les avocats, qui sont nombreux sur cette liste. J'ai
encore moins à redire lorsqu'on propose des universitaires, mais je me
demandais s'il n'y aurait pas lieu, tout de même, de diversifier
légèrement l'éventail des nominations. Bien qu'il soit
trop tard pour cette fois je m'en rends parfaitement compte je me
permettrais de suggérer au ministre, pour la prochaine fois, qu'il
essaie de nommer des représentants des milieux du travail, par exemple,
qui ne sont guère présents à la commission telle qu'elle
est constituée actuellement.
C'est ce que j'entendais par diversité, la représentation
des divers secteurs du milieu socio-économique. Je crois que sur ce plan
il y a des lacunes. Cela ne nous empêchera pas cependant de voter pour la
liste proposée par le ministre.
M. Levesque: M. le Président, je crois bien que je n'ai
pas à relire le curriculum vitae de tous et chacun, mais on s'apercevra
que le milieu du travail est un des milieux dont on a tenu compte, et cela
apparaît même prima facie dans la liste.
M. le Président, je propose donc, au nom du premier ministre,
parce que je pense que le projet de loi mentionne que c'est la proposition du
premier ministre: "Que l'Assemblée nationale nomme, comme membres de la
Commission des droits de la personne, les personnes suivantes: Mme Lucille G.
Delaney-Caron, Mme Yolande Dugal-Taylor, Me Herbert Marx, Me Michael Cain, Me
Nicol Henry, M. Dennis Healy; que Mme Lucille G. Delaney-Caron soit
nommée pour une période de cinq ans; que les autres membres
soient nommés pour une période de trois années."
M. le Président, je tiens à signaler la différence.
C'est que Mme Delaney-Caron sera permanente avec M. Hurtubise et M. Champagne,
tandis que les autres sont membres à temps partiel.
M. Choquette: Est-ce que nous pourrions savoir qui est M. Healy,
Dennis Healy?
M. Levesque: Je m'excuse auprès du député
d'Outremont.
Je vais en même temps en profiter pour faire parvenir je
n'en ai pas suffisamment ici aux chefs des partis un document qui
indiquera plus de détails sur les personnalités en question. Mais
M. Healy est principal et vice-chancellier de l'université Bishop.
Le Président: Je crois qu'il y a lieu de procéder
automatiquement à un vote enregistré.
M. Levesque: Oui.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la nomination
Le Président: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de la motion du leader parlementaire du
gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Blank,
Parent (Hull), Mailloux, Garneau, Cloutier, Phaneuf, Lachapelle, Berthiaume,
Giasson, Goldbloom, Simard, Quenneville, Mme Bacon, MM. Lalonde, Tetley,
Drummond, Lacroix, Bienvenue, Forget, L'Allier, Harvey (Jonquière),
Vaillancourt, Cadieux, Arsenault, Houde (Fabre), Houde (Abitibi-Est),
Desjardins, Massé, Perreault, Brown, Fortier, Bossé, Kennedy,
Bacon, Lamontagne, Veilleux, Brisson, Séguin, Cornellier, Houde
(Limoilou), Lafrance, Pilote, Fraser, Picard, Gratton, Gallienne, Assad,
Carpentier, Dionne, Faucher Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg),
Larivière Pelletier, Springate, Pepin, Beauregard, Bellemare (Rosemont),
Bérard, Bonnier, Boudreault, Boutin. Chagnon, Marchand, Ostiguy, Caron,
Côté, Denis, Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance,
Lapointe, Lecours, Malépart, Massicotte, Mercier Pagé, Picotte,
Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallières, Verreault, Morin, Burns,
Léger, Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Samson, Bellemare
(Johnson), Choquette, Roy, Leduc.
Le Secrétaire: Pour: 97 Contre: 0 Le
Président: Cette motion est adoptée.
Traitements du Vérificateur
général et du Protecteur du citoyen
M. Levesque: Nous avons une loi qui prévoit la même
procédure dans le cas du Vérificateur général et du
Protecteur du citoyen, qui doivent passer par l'Assemblée nationale pour
la question de leurs traitements et des allocations. C'est pourquoi je propose
ce qui suit:
Que, conformément à l'article 73 de la Loi de
l'administration financière (Lois du Québec, 1970, chapitre 17)
le traitement du Vérificateur général soit majoré
de 15% à compter du 1er juillet 1975 et qu'il continue à
bénéficier de son allocation, à titre de frais de
représentation, de $1,000 par année sur présentation de
pièces justificatives et de $100 par mois à titre d'allocation
d'automobile, et à être indemnisé de ses dépenses de
voyage sur la même base que les sous-ministres du gouvernement.
Egalement, il bénéficie, de la même manière que les
cadres supérieurs du gouvernement, le cas échéant, de
l'allocation d'un montant forfaitaire pour tenir compte de l'augmentation du
coût de la vie.
Je propose également que, conformément à l'article
1 de la Loi du Protecteur du citoyen (Lois du Québec, 1968, chapitre 11)
le traitement du Protecteur du citoyen soit majoré de 15% à
compter du 1er juillet 1975 et qu'il continue à bénéficier
de son allocation, à titre de frais de représentation, de $1,000
parannée sur présentation de pièces justifica-tives et de
$100 par mois à titre d'allocation d'automobile, et à être
indemnisé de ses dépenses de voyage sur la même base que
les sous-ministres du
gouvernement. Egalement, il bénéficie, de la même
manière que les cadres supérieurs du gouvernement, le cas
échéant, de l'allocation d'un montant forfaitaire pour tenir
compte de l'augmentation du coût de la vie.
M. Burns: Est-ce que le leader du gouvernement me permettrait une
question, soit à lui ou au ministre de la Fonction publique. J'aimerais
savoir en quoi la hausse du traitement du Protecteur du citoyen, ainsi que
celle du Vérificateur général sont conformes aux offres
qui sont déjà faites et même à l'entente qui est
déjà intervenue avec les fonctionnaires et les ouvriers du
gouvernement.
M. Parent (Hull): Le traitement qui est accordé au
Vérificateur général et au Protecteur du citoyen est le
même qui a été accordé aux cadres, aux
sous-ministres en titre, aux sous-chefs, aux cadres supérieurs et
adjoints aux cadres supérieurs, c'est-à-dire une restauration de
15% rétroactive au 1er juillet, pourcouvrir leur pouvoir d'achat du 1er
juillet au 31 décembre. C'est le seul avantage qui leur est
donné, celui qui est accordé aux cadres supérieurs du
gouvernement et dont nous avons versé les premiers acomptes
aujourd'hui.
M. Burns: Comment cela se compare-t-il quant aux fonctionnaires
et aux ouvriers qui viennent d'accepter les offres qui viennent d'être
faites?
M. Parent (Hull): Si on parle des fonctionnaires du gouvernement,
ils ont reçu la garantie de restauration plus 10%, ce qui fait 28.84%,
alors que, pour les cadres supérieurs, nous n'avons pas
déterminé encore l'annualité de leur
rémunération pour 1976. Nous n'avons fait que restaurer les 15%
dans les échelles pour tous les cadres supérieurs du
gouvernement.
M. Burns: C'est la même chose que les cadres, mais ce n'est
pas tout à fait la même chose que les fonctionnaires et les
ouvriers.
Une Voix: C'est moins.
M. Parent (Hull): C'est moins 2.13%.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée avec le
même enregistrement de vote?
M. Burns: D'accord.
Le Président: Même vote sur les deux motions.
Adopté.
M. Levesque: Article 4).
Projet de loi no 89
Troisième lecture
Le Président: L'honorable leader parlemen- taire du
gouvernement, pour l'honorable ministre des Richesses naturelles, propose la
troisième lecture du projet de loi no 89, Loi des droits sur les mines
(réimpression).
Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Sur division, de la part du chef de l'Opposition, du
député de Sauvé, des députés de Lafontaine,
de Saint-Jacques, de Saguenay et de Maisonneuve.
Le Président: Adopté, avec les dissidences
mentionnées.
M. Levesque: Article 5).
Projet de loi no 251 Troisième lecture
Le Président: L'honorable ministre des Transports propose
la troisième lecture du projet de loi no 251, Loi modifiant la Loi des
transports et d'autres dispositions législatives. Cette motion est-elle
adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Levesque: Article 6).
Projet de loi no 259 Troisième lecture
Le Président: L'honorable ministre des transports propose
la troisième lecture du projet de loi no 259, Loi constituant la
Société du port ferroviaire de Baie-Comeau-Hauterive.
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Levesque: Article 11).
Projet de loi privé no 205
Troisième lecture
Le Président: Le député de
Saint-François, pour le député de Laporte, propose la
troisième lecture du projet de loi no 205, Loi concernant la cité
de Rimouski. Cette motion est-elle adoptée?
M. Lessard: M. le Président, nous avions voté
contre le principe de ce projet de loi en deuxième lecture, parce que
nous en avions contre le fait ou le danger d'intervention du légisgatif
dans le judiciaire. Cependant on sait qu'à la suggestion du
député de Chicoutimi il y a eu des amendements très
importants qui ont été présentés et qui modifiaient
sensiblement le projet de loi no 205. En l'occurrence, M. le Président,
nous sommes prêts à l'accepter et à voter pour en
troisième lecture.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté. Le Président: Adopté. M. Levesquc
Article 12).
Projet de loi privé no 158 Deuxième
lecture
Le Président: Le député de
Maskinongé, pour le député d'Anjou, propose la
deuxième lecture du projet de loi no 158, Loi concernant la succession
de Joseph David Rodolphe Forget. Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Le Président: Est-ce qu'il y a lieu de faire les
écritures de la commission plénière?
M. Levesque: Oui.
Commission plénière et troisième
lecture
Le Président: On peut faire les écritures de la
commission plénière sur le projet de loi no 158 et adoption du
rapport de la commission plénière. Est-ce qu'il y a lieu de
passer à la troisième lecture?
Le même propose la troisième lecture du projet de loi no
158, Loi concernant la succession de Joseph David Rodolphe Forget. Cette motion
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté. M. Levesque: Article 13).
Projet de loi privé no 109 Deuxième
lecture
Le Président: Le député de Saint-Louis
propose la deuxième lecture du projet de loi no 109, Loi concernant une
donation à l'Institution royale pour l'avancement des sciences. Cette
motion est-elle adoptée?
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, très brièvement.
J'ai participé aux travaux de cette commission et j'ai
écouté tous les intervenants qui sont venus nous parler, soit
pour ou soit contre l'adoption de ce projet de loi. Il semble, au cours de nos
séances, que deux au moins des parties opposantes se soient entendues.
Cependant, je n'ai pas été convaincu moi, M. le Président,
qu'il fallait amender la donation qui, à l'origine, avait
été faite par Sir William Macdonald concernant le collège
Mac-donald à Sainte-Anne-de-Bellevue, à l'université
McGill à toutes fins pratiques, qui s'appelle officiellement
l'Institution royale pour l'avancement des sciences.
J'ai été particulièrement impressionné par
les remarques qui nous ont été livrées de la part du
président de l'Union des producteurs agricoles, de la part du
président de l'Ordre des agronomes, de la part d'associations
d'éleveurs d'Holstein, de la part de professeurs du collège
Macdonald. Ils craignaient cette intrusion, à toutes fins pratiques,
d'un CEGEP ou d'un collège John Abbott, sur le campus du collège
Macdonald et ce, en contradiction des dispositions de la donation. Sir William
Macdonald avait demandé que la donation soit utilisée
particulièrement aux fins précises pour lesquelles elle
était faite, et ces fins étaient entre autres, le collège
Macdonald. J'ai cependant pris note de l'opinion du ministre de l'Agriculture,
qui nous a dit que selon lui les programmes qui affectent la recherche en
matière d'agriculture qui doivent se continuer au collège
Macdonald se poursuivront, n'en seront pas affectés. Mais, malgré
cette opinion, j'ai encore beaucoup de réserve à voter pour le
principe d'un tel projet de loi.
Je ne peux m'empêcher d'exprimer des craintes au sujet de cette
intrusion, même si elle est de bon aloi de la part d'un collège
qui s'appelle le Collège John Abbott, et c'est ce que je ne suis pas en
mesure d'évaluer à ce stade. Je reste encore avec de très
sérieux doutes, à cause du fait que c'est un projet de loi
privé où nous modifions les conditions particulières d'une
donation et, en fait, la condition principale qui avait été
imposée par le donateur lui-même, donateur qui est maintenant
décédé et qui ne peut pas venir nous dire s'il est
d'accord avec cette modification.
Je pense que, dans un tel cas, je dois m'abstenir de voter en faveur du
projet de loi, même j'irais jusqu'à voter contre le projet de loi
parce que là, vraiment, on s'introduit dans la volonté d'un
donateur qui est actuellement décédé. Je dis ceci en toute
justice pour les parties qui ont négocié et pour le ministre de
l'Agriculture, malgré le fait que M. David Stewart, qui est un des
héritiers et un des représentants de la McDonald Foundation, ait
donné son accord à l'entente.
Je dois dire quand même, à l'endroit de ceux qui ont
appuyé le projet de loi, que mes craintes ont été
diminuées. Elles auraient été pires si on n'avait pas
limité, dans le temps et l'espace, le cadre qu'on est en train d'ouvrir
par le projet de loi 109. Il n'en demeure pas moins, M. le Président,
que je vous demanderai d'enregistrer ma dissidence, celle du chef de
l'Opposition, celle du député de Saguenay et la mienne
également.
M. Blank: M. le Président...
Le Président: Le droit de réplique du
député de Saint-Louis mettra fin aux Débats.
M. Harry Blank
M. Blank: Parlant de ce projet de loi, je veux seulement
rectifier des faits, après le discours du député de
Maisonneuve. Pour commencer, ce n'était pas tellement un changement
à la donation de Sir William Macdonald, c'est seulement une
clarification d'un paragraphe; il n'y a aucune modification.
Deuxièmement, le député de Maisonneuve tient pour acquis
que la donation de Sir William Macdonald était seulement dans le but de
créer le Collège Macdonald pour des fins agricoles. Mais cela est
faux. On peut lire, dans la convention qui a été signée
pour la création du Collège Macdonald, que Sir William a fait
cette donation pour deux fins: la fin agricole et la fin de créer une
école normale.
M. Burns: L'école normale est disparue.
M. Blank: L'école normale maintenant a
déménagé à la Place Saint-Ovide; on l'a
utilisée pour fins d'éducation encore, et McGill, à cause
de ce nouvel emplacement, a eu l'argent et la capacité et, par
écrit, promet au Collège agricole Macdonald une nouvelle
bâtisse, qui va coûter entre $5 millions et $6 millions, et la
création du nouvel Institut de recherche sur la nutrition et donner des
garanties par écrit qu'il va maintenir, élargir et
développer le Collège agricole Macdonald.
Le Président: Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté, avec les dissidences mentionnées,
M. le Président.
Le Président: Avec trois dissidences, le chef de
l'Opposition officielle, le leader de l'Opposition officielle et le
député de Saguenay.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Commission plénière et troisième
lecture
Le Président: On va faire les écritures pour la
formation de la commission plénière, il y a eu des amendements,
je crois, au rapport.
Adoption du rapport de la commission plénière?
Adopté.
Troisième lecture par le même proposeur avec les
mêmes dissidences?
M. Burns: C'est cela, M. le Président. Le
Président: Adopté.
M. Burns: J'aurais une suggestion pour le leader. Si vous voulez
faire avancer les choses, il y a l'article 10 que je serais prêt à
adopter tout de suite, soit la deuxième et la troisième lecture,
et on pourrait faire les écritures.
Le Président: Article 10).
M. Burns: D'accord pour l'article 10).
M. Levesque: Ah! l'article 10), parfait.
M. Lessard: On est prêt à donner notre
consentement.
M. Burns: Je donne mon consentement. Le ministre du Travail
voudrait peut-être...
M. Levesque: Est-ce que le député voudrait ne pas
compliquer mon travail?
M. Burns: Le ministre du Travail voudrait peut-être...
M. Harvey (Jonquière): Pour autant que vous avez à
l'esprit la formule Rand que j'ai.
M. Levesque: M. le Président, article 3).
Projet de loi no 64 Troisième lecture
Le Président: L'honorable leader parlementaire du
gouvernement pour le ministre des Finances propose la troisième lecture
du projet de loi no 64, Loi concernant les mesures antiinflationnistes.
L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque: On va attendre.
M. Morin: Etes-vous prêt à procéder à
la troisième lecture?
M. Levesque: Je veux juste disposer, avec le leader de
l'Opposition officielle... Je vous prie de m'excuser.
M. Morin: Je vous en prie, du moment que j'aurai, tout à
l'heure, l'occasion de faire connaître mon opinion.
M. Levesque: Oui, oui.
M. Morin: Cela va.
M. Levesque: Oui, oui.
Le Président: Cette motion est suspendue pour le
moment.
M. Levesque: M. le Président, les rapports des projets de
loi nos 254, 255, 256 et 260 ont été déposés.
Pourrions-nous en faire la prise en considération?
Rapport sur les projets de loi nos 254, 255, 256,
260
Le Président: L'honorable député de
Verchères, pour l'honorable député de Lévis,
propose
l'adoption du rapport de la commission des affaires municipales qui a
étudié, après la deuxième lecture, les projets de
loi suivants: projet de loi no 254, Loi modifiant la Loi sur
l'évaluation foncière; projet de loi no 255, Loi regroupant
certaines municipalités de la région de Québec; projet de
loi no 256, Loi modifiant la Loi de la Communauté régionale de
l'Outaouais; projet de loi no 260, Loi modifiant la charte de la ville de
Québec.
Cette motion et ces rapports sont-ils agréés? Oui?
M. Goldbloom: M. le Président, je veux vous demander une
directive. En revoyant ces textes, nous avons trouvé deux petites choses
qui doivent être corrigées. Est-ce que c'est à ce moment
que je dois m'en occuper?
Le Président: Oui.
M. Goldbloom: J'ai des copies que je peux faire distribuer aux
intéressés, M. le Président. Dans le cas de la Loi
modifiant la Loi de la Communauté régionale de l'Outaouais,
à l'article 10, nous avions voulu éliminer l'expression "conseil
exécutif" pour la remplacer par le mot "conseil", et il y a un endroit
où ce remplacement a été oublié. C'est simplement
pour corriger cela.
Dans le cas du projet de loi no 254, Loi modifiant la Loi sur
l'évaluation foncière, nous avons prévu que la Commission
municipale du Québec et la Corporation professionnelle des
évaluateurs agréés du Québec s'entendraient sur les
critères qui présideraient aux examens pour l'obtention du droit
d'exercice de la profession et j'ai appris ce matin que la Commission
municipale du Québec a prévu des examens pour la semaine
prochaine.
Il y a les critères existants qui doivent être
utilisés la semaine prochaine parce qu'il n'y a pas le temps
nécessaire pour que la commission et la corporation s'entendent sur de
nouveaux critères. Il s'agit donc d'ajouter un alinéa qui
permettrait de se servir des critères existants pour les examens de la
semaine prochaine.
Le Président: II y a deux amendements: un au projet de loi
no 256 et un au projet de loi no 254. Est-ce que ces deux amendements, l'un
à l'article 41 du projet de loi no 254 et l'autre à l'article 10
du projet de loi no 256, proposés par l'honorable ministre des Affaires
municipales, sont adoptés?
M. Burns: Adopté, M. le Président.
Le Président: Adopté.
Maintenant, est-ce que les quatre rapports proposés...
M. Levesque: M. le Président, puis-je intervenir à
ce moment-ci en attendant? Je voudrais simplement, avant de l'oublier, faire
une motion pour que les commissions parlementaires de l'Assemblée
nationale soient autorisées à siéger après la
prorogation de la présente session.
Les projets de loi, ordres ou affaires qu'elles auront à
étudier pourront être inscrits au feuilleton ou rapportés
à l'Assemblée, au début de la prochaine session, au stade
où ils se trouveront, sur motion du leader parlementaire du
gouvernement, dans le délai prévu à l'article 6 du
règlement; que les sous-commissions soient également
autorisées à siéger, avec tous les droits et
privilèges accordés aux membres des commissions.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté, M. le Président. Le Président:
Adopté.
M. Levesque: Est-ce que c'est terminé, le projet de loi?
Est-ce qu'on continue avec autre chose?
M. Parent (Hull): M. le Président, dans le projet de loi
no 256, le rapport de la commission, à l'article 26, alinéa c),
on dit: "En remplaçant dans les deuxième et troisième
lignes du dernier alinéa les mots, "ou traitement" par les mots
"traitement ou pension".
L'effet que nous recherchions était de donner la
possibilité au président de la Société
d'aménagement de bénéficier d'une pension à la fin
de son terme. Or, si nous insérons, comme le texte le dit ici
"traitement ou pension" cela ne donne pas l'effet qui est recherché.
L'ancien article disait: "Lieutenant-gouverneur en conseil fixe les
honoraires, allocations ou traitements ou, suivant le cas, les traitements
additionnels de chacun des membres". Il y aurait lieu d'inscrire "les
honoraires, allocations ou traitements, pension ou, suivant le cas, les
traitements additionnels de chacun". C'est pour que le lieutenant-gouverneur en
conseil ait le droit de faire un plan de retraite pour le président de
la Société d'aménagement. Il s'agirait d'enlever le "ou"
et le remplacer par une virgule.
M. Burns: Cela m'apparaît difficile non pas que je
ne crois pas que ce soit nécessaire d'apporter cet amendement
n'ayant pas vu le document comme tel, de mettre de côté les
règles. Je vous demanderais quand même de suspendre l'adoption de
ce rapport, quitte à ce qu'on ait le temps de prendre connaissance de
votre amendement.
D'accord? On pourra y revenir un peu plus tard, dans le courant de la
séance.
M. Levesque: Qu'est-ce qui est suspendu?
M. Burns: Le projet de loi no 256. Parce que le ministre de la
Fonction publique nous propose un amendement à ce projet de loi. Je n'ai
personnellement pas participé directement à la discussion du
projet de loi, article par article. Je vois le député de
Chicoutimi qui arrive. Il pourra sans doute consulter le ministre de la
Fonction publique, à savoir si cet amendement est acceptable, de
sorte
que je vous suggère de suspendre, pour quelques minutes,
l'adoption du rapport sur le projet de loi no 256.
M. Levesque: D'accord, mais les autres, est-ce qu'on peut
procéder davantage?
M. Burns: Les autres, ça va. M. Levesque:
Alors...
M. Burns: On peut adopter le rapport de 254, 255 et 260.
Le Président: Cette motion du député change
encore? Le député de Lévis. Le rapport de la commission
qui a étudié les projets de loi no 254, 255 et 260 est
adopté?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté. Ces trois rapports sont
adoptés.
M. Levesque: Troisième lecture?
Projets de loi nos 254 et 260 Troisième
lecture
Le Président: Troisième lecture. L'honorable
ministre des Affaires municipales propose la troisième lecture du projet
de loi no 254, Loi modifiant la Loi sur l'évaluation foncière; le
projet de loi no 255, Loi regroupant certaines municipalités de la
région de Québec; le projet de loi no 260, Loi modifiant la
charte de la ville de Québec.
M. Roy: Avant que cette motion soit adoptée, il y aurait
peut-être lieu de faire une motion différente sur chacune des
lois. Parce que concernant la loi no 255, concernant le regroupement de
certaines municipalités de la région de Québec, nous
aurions quelques observations à faire, avant que le vote ne soit pris.
Ce ne serait peut-être pas le même vote que sur les autres.
Alors, je pense, M. le Président, qu'il y aurait lieu, pour que
tout procède normalement, qu'il y ait une motion pour chaque projet de
loi, en ce qui concerne la troisième lecture.
Le Président: On peut en adopter deux pour le moment?
M. Roy: II n'y aurait pas de problème à adopter la
loi no 254 et la loi no 160. Il n'y a pas d'objection de ce
côté.
Le Président: Est-ce que ces deux motions de
troisième lecture des projets de loi no 254 et 260 sont
adoptées?
Des Voix: Adopté.
M. Levesque: Est-ce que le député veut voter
autrement?
M. Roy: Oui, j'aurais eu quelques observations, M. le
Président.
M. Levesque: Pas en troisième lecture? M. Roy:
Pardon?
M. Levesque: Pas en troisième lecture? M. Roy: En
troisième lecture, oui.
M. Levesque: Ah non! Il n'y a pas de discours en troisième
lecture.
M. Roy: Pardon?
M. Levesque: II n'y a pas de discours en troisième
lecture, sauf par un représentant de chacun des partis reconnus.
M. Roy: M. le Président, il y a quand même des
dispositions dans le règlement...
M. Levesque: II y a plusieurs députés ici...
M. Roy: D'abord, est-ce que la motion est appelée
actuellement sur le projet de loi no 255?
M. Levesque: D'accord, on va l'appeler.
M. Roy: Elle est appelée là? Bon, M. le
Président, j'aurais quelques observations à faire sur ce projet
de loi.
M. Levesque: Mais non, M. le Président, tous les
députés ici, normalement, pourraient poser le même geste ou
exprimer le même désir, mais nos règlements ne le
permettent pas à cette étape-ci, autrement que pour un seul
représentant par parti reconnu, sauf que nous avons donné des
exceptions au cours de la session pour le Ralliement créditiste et pour
l'Union Nationale.
M. Choquette: Nous réclamons le même
privilège qui a été donné aux autres partis,
même si techniquement ils ne sont pas reconnus. Je pense que le leader
parlementaire de notre parti a le droit d'exprimer son avis. On rigole, M. le
Président.
M. Levesque: Non, non, M. le Président, s'il y a
consentement unanime, c'est évident que le député pourra
parler. Mais, s'il n'y a pas consentement unanime, je n'y peux rien.
M. Choquette: Cela va plus loin que cela.
M. Roy: M. le Président, question de règlement.
Dans notre règlement, il y a un amendement qui a été
adopté le 21 mars 1974, sur lequel je veux attirer votre attention.
C'est une addition qui a été faite à l'article 10 de notre
règlement et qui se lit comme suit, en parlant des pouvoirs du
président. Voici ce que dit l'article 10, paragraphe 6 a): "II peut
accorder à un député n'appartenant pas à un parti
reconnu un temps de parole analo-
gue à celui que prévoit le règlement pour les chefs
des partis reconnus autres que le premier ministre et le chef de l'Opposition
officielle".
Or, M. le Président, c'est à vous que je demande la
permission de dire quelques mots sur le projet de loi no 255, parce que,
justement, nous voulons expliciter notre vote. Je pense que c'est un droit
strict de parlementaires, représentant un parti politique à
l'Assemblée nationale, de pouvoir s'exprimer sur ce point.
M. Burns: M. le Président... M. Levesque: M. le
Président... Le Président: Un à la fois.
M. Levesque:... j'avais demandé qu'on puisse disposer des
projets de loi où il n'y avait pas d'intervention et, ensuite, on
prendrait ceux où il y aurait des interventions. Même si vous
décidiez en faveur de cette demande, je demanderais que l'ordre soit
retiré pour le moment afin que nous procédions sur d'autres
choses dont nous devons disposer immédiatement.
M. Burns: Sur la question de règlement. Je pense qu'en
toute justice pour le député de Beauce-Sud il faut rappeler
l'existence du règlement sessionnel qui vous permet, M. le
Président, d'accorder ce droit. Je pense que c'est à vous que
cela revient. Je ne voudrais pas qu'on soit pris avec un
précédent. "Il peut accorder en parlant de vous, M. le
Président à un député n'appartenant pas
à un parti reconnu un temps de parole analogue à celui que
prévoit le règlement pour les chefs des partis reconnus autres
que le premier ministre et le chef de l'Opposition officielle". C'est notre
règlement sessionnel qui est en vigueur depuis le 21 mars 1974.
Le Président: Bon. De toute façon, je rendrai ma
décision dans quelques minutes.
M. Levesque: M. le Président, est-ce qu'on peut
revenir...
Le Président: Cette motion est suspendue pour le
moment.
M. Levesque: ... au projet de loi no 256? Le Président:
Lequel? 256? M. Levesque: 256, oui.
M. Parent (Hull): M. le Président, je pense, après
consultation avec l'Opposition, que nous pourrions remplacer dans le rapport
"ou" par "et".
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, nous
sommes d'accord avec cet amendement.
Le Président: Est-ce que cette motion d'amendement
proposé par le ministre de la Fonction publique telle
qu'explicitée est adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté. Et la motion pour l'adoption
du rapport, proposée par le député de Lévis, de la
commission des affaires municipales qui a étudié le projet de loi
no 256, Loi modifiant la Loi de la communauté régionale de
l'Outaouais, est-elle adoptée? Ce rapport est-il adopté?
M. Burns: Adopté.
Projet de loi no 256 Troisième lecture
Le Président: Le ministre des Affaires municipales propose
la troisième lecture du projet de loi no 256. Troisième lecture,
adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
M. Levesque: Celui qui est en suspens c'est lequel, M. le
Président?
Le Président: 255.
M. Levesque: 255. Et nous sommes rendus à l'étape
de la troisième lecture.
Le Président: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, sur 255,
nous voulons exprimer...
Le Président: La motion n'est pas appelée
encore.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. M. Levesque:
Article no 2).
Projet de loi no 80
Troisième lecture
Le Président: Le ministre de la Justice propose la
troisième lecture du projet de loi no 80, Loi prolongeant et modifiant
la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires.
Le ministre de la Justice.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, je voudrais suggérer
que nous revenions un instant, en vertu de notre règlement, à la
commission plénière, au moins qu'on fasse les écritures
pour deux amendements à l'article 16. Nous avons voulu faire une loi
assez sévère, mais non plus il ne faut pas que l'effet de la loi
soit différent de celui que l'on poursuit. Nous avons voulu
protéger par un moratoire les locataires contre l'éviction. Dans
le cas
du paragraphe 7, nous avons voulu qu'on ne puisse pas, dans certaines
circonstances, rendre un très mauvais service à certains
locataires que l'on voudrait voir, dans certains milieux, devenir
propriétaires à des conditions extrêmement
onéreuses.
En attendant d'avoir les rapports que nous attendons du groupe de
travail sur l'habitation et du comité sur l'urbanisation, nous avons
établi ce moratoire et nous avons ajouté le paragraphe 7 de
l'article 16. Lorsque l'on parle d'un ensemble d'unités, il ne faudrait
pas que l'on inclue les duplex ou les triplex, choses qui n'étaient pas
visées. Ce que nous visions c'étaient des ensembles plus grands.
C'est pourquoi nous ajoutons cette précision: Un ensemble de 100 locaux
d'habitation. Je pense que le but que nous poursuivions est atteint; autrement
nous atteindrions un but qui serait de nature à nuire inutilement et
causer des préjudices inutiles et qui ne rendrait aucun service aux
locataires, d'ailleurs, que nous voulons protéger.
Alors, je propose l'amendement suivant qui remplacerait le premier
alinéa du paragraphe 7 par le suivant: 7) A compter du 26 novembre 1975,
et sous réserve du paragraphe 4, nul ne peut directement ou
indirectement, dans un ensemble immobilier comprenant au moins 100 locaux
d'habitation, construits et utilisés principalement à des fins de
location résidentielle, vendre, promettre de vendre, ni offrir en vente
un local d'habitation occupé par un locataire, ni conférer sur ce
local un droit d'occupation ou d'usage ou autres droits semblables.
On comprendra que ces dispositions, si elles étaient permanentes,
seraient de nature à être "questionnées", dans le sens
anglais du terme, mais comme il s'agit d'un moratoire et, comme il s'agit d'une
mesure provisoire, j'en fais motion.
Je propose, en second lieu, d'ajouter au paragraphe 9 l'alinéa
suivant: "Est sans effet tout avis donné au locataire avant
l'entrée en vigueur de la présente loi à l'effet que son
bail n'est pas prolongé en raison d'une vente, d'une promesse de vente
ou d'une offre de vente du local d'habitation ou d'une convention
conférant sur ce local un droit d'occupation ou d'usage ou un autre
droit semblable, survenu par suite d'une autorisation accordée par la
Commission des loyers en matière de conversion en
copropriété, à moins que le local d'habitation n'ait
été alors effectivement vendu par acte authentique, en minutes,
et enregistré ou à moins que le locataire n'ait quitté le
local ou n'ait consenti à le quitter par écrit."
Ceci afin qu'il n'y ait pas d'ambiguïté. On a
été témoin de certaines décisions contradictoires
chez certains administrateurs de la Commission des loyers et certains ont
prétendu qu'une promesse de vente équivalait à une vente.
A ce moment-là, on veut être sûr, c'est pour cela que nous
ajoutons "à moins que le local d'habitation n'ait été
alors effectivement vendu par acte authentique, en minutes, et
enregistré" afin que l'on ne croie pas que cette interprétation
puisse nous permettre de contourner la loi. Nous avons eu les
représentations de certains locataires qui ont eu un peu peur de cette
possibilité de contourner la loi. Je dis: Trop fort ne casse pas. C'est
une précision qui apporte un éclairage plus sûr qui ne
permet pas de contourner la loi et les objectifs que nous poursuivons.
M. Burns: Est-ce qu'il y aurait lieu de révoquer l'ordre
de troisième lecture et de venir en commission? J'aurais quelques
questions à poser au ministre quand nous viendrons en commission
plé-nière.
M. Levesque: Nous avions convenu que nous étions comme en
commission plénière, à ce moment-ci.
M. Burns: Ah oui? Bon, si j'ai le consentement.
M. Levesque: Allons en commission plénière.
Révocation de la troisième
lecture
Le Président: Cette motion de révocation de l'ordre
de troisième lecture est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté. Formation de la commission
plénière.
Commission plénière
M. Choquette: Est-ce que je peux avoir un exemplaire des
amendements que le ministre apporte?
M. Levesque: Je les ai fait distribuer. Est-ce que le
député en a? Un instant. Je remets en même temps au
député d'Outremont le texte tel qu'il avait été
modifié en commission, l'original, mais avec l'amendement que je
propose. Est-ce que le député de Maisonneuve voudrait avoir le
texte que nous avons adopté en commission?
M. Burns: Je l'ai.
M. Lamontagne (président de la commission
plénière): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. Burns: Si je comprends bien le sens des amendements qu'on nous
présente ou que s'apprête à nous présenter le
ministre de la Justice à l'article 16, alinéa 7, c'est, à
toutes fins pratiques, une réduction de la conception qu'on pouvait se
faire, que n'importe qui aurait pu se faire, d'ailleurs, avec la
rédaction originale, de ce qu'était un ensemble immobilier
comprenant plusieurs logements. Le texte actuel nous dit: "Un ensemble
d'immeubles construits et utilisés principalement à des fins de
location résidentielle".
J'aimerais savoir, de la part du ministre de la Justice et je
comprends le sens ou la restriction qu'il veut apporter à l'application
de ce paragra-
phe d'où lui est venue l'idée d'utiliser le chiffre
100 comme étant le nombre de logements qui donnait, si vous voulez, le
cadre de cet alinéa 7.
M. Levesque: L'enquête que j'ai faite m'arrêtait
à 40, dans le fond. J'avais vu des cas qui m'avaient été
soumis et cela montait à peu près jusqu'à 40. J'avais
indiqué 40. Ensuite, j'ai eu des remords. Ceux qui étaient
réellement visés étaient au-delà de 100. Alors, je
ne voulais pas que des victimes innocentes soient affectées.
M. Burns: Parce que moi, ce que je pensais qu'on voulait viser
par le texte original, c'étaient ce qu'on appelle des édifices
d'appartements où il y a plusieurs logements et des ensemble de
complexes conçus dans le style de celui de Val-Martin. Je pensais que
c'étaient les deux qu'on voulait viser.
M. Levesque: Non.
M. Burns: Seulement le type de complexes comme Val-Martin, par
exemple?
D'accord, une série de duplex, je crois.
M. Levesque: Quelque chose du genre.
M. Burns: Est-ce que le ministre de la Justice a eu connaissance
de cas moi non, en tout cas où des édifices qu'on
appelle les édifices d'appartements pourraient être visés
de la même façon?
M. Levesque: La seule façon de le faire, c'est en les
transformant en copropriété et là c'est prévu dans
les autres articles du projet de loi. Je tiendrais à dire que j'ai eu,
évidemment, des représentations assez vives de la part
d'associations de constructeurs de toutes les régions du Québec.
On a pensé que c'était une disposition d'ordre
général qui arrêtait les ventes complètement
à travers la province. C'est pour cela que j'apporte cet amendement. Une
fois que je leur eus fait part de mon intention, ils se sont
déclarés d'accord. Il ne faut pas, non plus, empêcher tout
le monde de vendre, arrêter toutes les ventes dans la province de
Québec; ce n'est pas cela qu'on voulait.
M. Burns: Ce n'est d'ailleurs pas fait pour cela; c'est fait pour
empêcher que des prospecteurs, si on peut dire, immobiliers ne se
servent, pour attirer des gens dans leur complexe, d'un loyer souvent
très peu cher pour, par la suite, les mettre de force dans une situation
un peu aberrante, en changeant le type de relations.
M. Levesque: D'ailleurs, nous avons eu des témoignages
le député se le rappelle à la commission,
où des gens qui avaient un loyer X, avec l'opération d'achat ou
de vente, si vous voulez, se retrouvaient avec des paiements mensuels de plus
du double. Alors, c'était une façon peut-être
élégante peut-être pas de contourner les dispositions de la
loi de conciliation, mais d'avoir une augmentation de revenus assez
considérable. Si on n'avait pas apporté cette disposition,
c'était de nature à affecter considérablement les anciens
locataires ou les locataires actuels.
M. Burns: Quant à moi, M. le Président...
M. Choquette: M. le Président, j'ai examiné les
amendements qui ont été apportés en commission
élue, ainsi que les amendements qui sont maintenant proposés par
le ministre de la Justice. Je me demande si le ministre de la Justice a
considéré cet aspect qui me semble résulter des
amendements apportés autant en commission élue que les
amendements apportés aujourd'hui quant à leur aspect
rétroactif. Est-ce que le ministre de la Justice s'est
intéressé à cet aspect de la législation et en
particulier des amendements qu'il propose?
Deuxièmement, est-ce que le ministre de la Justice s'est
posé la question de l'application de la charte des droits et
libertés fondamentales de la personne en ce qui concerne une
législation ayant une portée rétroactive?
M. Levesque: Evidemment, il y a une certaine
rétroactivité, mais très légère. On verra
qu'il y a une rétroactivité, si l'on veut, lorsque j'ai
déposé la loi, qu'elle prendrait effet au moment du
dépôt, qu'on ne pouvait plus enregistrer de déclaration de
copropriété à partir non pas de la sanction de la loi,
mais du dépôt de la loi. Je pense que c'est léger, cela. Il
y a des précédents à cet effet. Il y avait une situation
d'urgence.
Il y avait une situation où tous les locataires étaient
extrêmement inquiets et où il y avait des injustices de faites
à certains locataires et le nombre montait tous les jours. On avait
trouvé une faille à la loi et on avait une façon de
contourner la régie, la Commission des loyers et la loi. Je crois que
c'était dans l'intérêt public d'arrêter cette
hémorragie et des inquiétudes mortelles qui atteignaient des
groupes de centaines et de centaines de locataires et cela se produisait chaque
jour.
Nous avons dû, à ce moment, prendre des dispositions assez
radicales. Je n'ai par l'intention de le faire tous les jours, mais si nous
n'avions pas pris ces dispositions... Nous sommes même allés plus
loin après. Nous avons même dit que même si l'autorisation
était donnée par la Commission des loyers, même à
cela, nous allions protéger les locataires jusqu'au 30 juin 1977 et ce
n'est qu'un moratoire. Nous avons également dit qu'il était
possible que nous modifiions cette loi avant l'expiration du moratoire selon le
résultat des études présentement en cours autant au groupe
de travail sur l'habitation qu'au groupe de travail sur l'urbanisation.
Dans les circonstances, M. le Président, je vais défendre
cette position. Evidemment, on peut avoir des attitudes très
respectables quant au droit de l'homme, quant à la question de savoir si
on doit agir rétroactivement, mais, dans une situation comme
celle-là, je défendrai ce projet de loi tant et aussi longtemps
que je serai convaincu que l'intérêt public est en cause.
M. Choquette: M. le Président, il est arrivé en
d'autres circonstances qu'on légifère rétroactivement. Je
ne dis pas et ne laisse pas entendre que toute loi rétroactive est
mauvaise. Je comprends que, là, il y a un problème social qui a
surgi d'une espèce de mouvement d'une certaine amplitude à
Montréal pour convertir des maisons d'appartements multiples en maisons
en copropriété et que c'est cette situation qui a fait
naître la nécessité de cette loi. Donc, je n'ignore pas du
tout le contexte dans lequel cette loi et ses amendements sont
présentés.
Tout ce que je peux dire au ministre de la Justice, c'est que, dans la
Charte des droits et libertés fondamentales de la personne, il est dit
qu'on doit faire exception nommément au principe de la
rétroactivité ou au principe qui interdit la
rétroactivité d'une loi dans une loi subséquente du
Parlement et j'attire son attention sur ce fait pour lui demander si, tout en
voulant légiférer rétroactivement, il n'y a pas lieu de
dire que ceci se fait nonobstant les dispositions de la Charte des droits et
libertés fondamentales de la personne, car, autrement, la loi
présentée par le ministre de la Justice pourrait être
déclarée inopérante.
M. Levesque: M. le Président, je ne me rappelle pas que la
loi sur les droits de la liberté d'une personne dise exactement ce que
vient de dire le député d'Outremont. Je peux vérifier dans
un instant. Mais je dirai cependant qu'il y a également un autre
article, si ma mémoire est fidèle, qui dit que les articles de la
charte ne prennent pas préséance sur les autres.
M. Choquette: Je pense que je vais être obligé de
donner un cours de droit au ministre de la Justice, avec l'assistance du chef
de l'Opposition, parce que...
M. Levesque: Je reviens à la façon... M.
Choquette: ... parce que...
M. Levesque: Oui, un instant, laissez-moi terminer. Parce qu'il y
a une certaine ressemblance entre le chef de l'Opposition et le
député d'Outremont.
M. Morin: Je ne sais lequel de nous doit protester.
M. Levesque: Cette façon d'intervenir a un certain air qui
n'est pas de nature à recueillir tellement de votes.
M. Choquette: Je ne sais pas, M. le Président, nous
jugerons cela lors de la prochaine consultation électorale et...
M. Levesque: C'est commun quelquefois à certaines
personnes qui restent dans certaines sphères outremontoises.
M. Morin: Mais cela n'est pas notre souci.
M. Choquette: Oui.
M. Levesque: Mais on donne des leçons. On est porté
à donner des leçons. Est-ce que l'on a une leçon à
donner...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Choquette: Non, mais le ministre de la Justice a
fréquenté des institutions d'enseignement outremontoises et cela
paraît, n'est-ce pas?
M. Levesque: Non. J'ai rencontré ce genre de personnes, je
dois l'admettre, mais j'ai essayé de ne pas être contaminé
ou être trop influencé.
M. Choquette: M. le Président, je pense que le ministre de
la Justice prend la mouche au moment où j'essaie de l'aider à
faire une loi qui ne soit pas contestée. Je n'ai pas l'intention de
faire une leçon de droit au ministre de la Justice. J'ai seulement
soulevé la question et j'aimerais avoir une réponse du ministre
de la Justice s'il est capable de discuter de la question en connaissance de
cause.
M. Levesque: Evidemment, le député d'Outremont
voudrait qu'on introduise, j'imagine, un "nonobstant" ou quelque chose comme
cela.
M. Choquette: Je ne veux rien du tout, je soulève la
question.
M. Levesque: Certainement. C'est cela qu'il me dit. Mais j'ai
fait venir la Loi sur les droits et libertés de la personne je ne
l'ai pas devant moi et, dès que je la recevrai, on pourra aborder
cette question. Je ne veux pas parler sans texte.
M. Choquette: II y a une autre question qu'il faut se poser
aussi, je le suggère au ministre de la Justice: Est-ce que la Loi sur
les droits et libertés fondamentales de la personne s'applique à
ce moment-ci? Est-ce que cette loi a été proclamée? En
somme, est-ce qu'elle a sa pleine application? C'est une autre question que le
ministre de la Justice pourrait se poser.
M. Levesque: Attendez. On n'est pas pressé.
M. Morin: Le ministre de la Justice attend justement un
professeur qui puisse répondre à sa place.
M. Levesque: C'est un autre genre de remarques qui s'apparentent
à celles du député d'Outremont. Restez dans vos tours
d'ivoire.
M. Choquette: Est-ce que le ministre de la Justice ne veut pas
que nous l'assistions dans la préparation de lois? Est-ce qu'il n'est
pas heureux d'avoir le concours du chef de l'Opposition et de moi-même
pour lui faciliter sa tâche?
M. Levesque: Plus vous parlez, plus vous confirmez ce que j'ai
dit.
M. Choquette: Je ne comprends pas pourquoi le ministre de la
Justice prend les choses sur ce ton.
M. Levesque: Le député pourrait peut-être
aider en disant à quel article il s'est référé tout
à l'heure et à quel numéro?
M. Choquette: C'est dans les droits judiciaires, je pense, vers
l'article 34 ou 35.
M. Levesque: L'article 36: "Nul accusé ne peut être
condamné pour une action ou une omission qui, au moment où elle a
été commise, ne constituait pas une violation de la loi."
M. Choquette: Je ne sais pas, M. le Président.
M. Levesque: A ce moment-là, c'est pénal. On ne
voit pas autre chose, dans cette loi, que cette disposition.
M. Choquette: C'est la seule interdiction à une loi
rétroactive.
M. Levesque: C'est tout ce qu'on me dit qu'on peut trouver dans
cela.
M. Choquette: Très bien. M. Levesque: D'accord?
Le Président (M. Lamontagne): Les deux amendements,
adoptés? Adopté.
M. Burns: Adopté, quant à moi, M. le
Président.
Le Président (M. Lamontagne): Adopté.
M. Lamontagne (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission plénière a étudié
à nouveau le projet de loi no 80 et l'a adopté avec deux
amendements.
Le Président: Ce rapport est-il agréé?
Agréé. Est-ce que vous voulez procéder à la
troisième lecture immédiatement?
M. Levesque: Oui.
Troisième lecture
Le Président: L'honorable ministre de la Justice propose
la troisième lecture du projet de loi no 80, Loi prolongeant et
modifiant la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Levesque: Là, je vais demander au député
d'Outremont, au député de Sauvé, au député
de Johnson et au député de Maisonneuve s'ils voudraient
récapituler avec moi les articles qui nous restent.
Je souhaite avoir la collaboration de tous et de chacun afin qu'on
comprenne les articles qui nous resteraient...
Il reste l'article 3), est-ce qu'on veut suivre? Est-ce qu'on veut
suivre pour être sûr qu'on arrive...
M. Burns: Oui, certainement.
M. Levesque: Les articles 3), c'est-à-dire le bill 64.
M. Burns: Là-dessus, le chef de l'Opposition aura un
discours de quelques minutes; je présume que c'est de 15 à 20
minutes; un discours de troisième lecture sur la Loi concernant les
mesures anti-inflationnistes.
M. Levesque: Ensuite, il y aurait l'article 7), la loi 65.
M. Burns: Oui, là-dessus, il y aurait des remarques
à faire, malgré que le projet de loi soit très court, il
ne comporte que trois articles. Mais il y aura des remarques à faire au
cours de la discussion en commission plénière.
M. Samson: M. le Président, je m'excuse, mais je pense que
cela aidera au leader parlementaire; sur le bill 64, j'en aurai pour 30
secondes à une minute, tout au plus, mais j'aimerais prendre la parole
sur le bill 64
M. Levesque: D'accord. Alors, ce sont ces deux projets de loi qui
paraissent sur cette page. Pardon?
M. Burns: Ça va.
M. Levesque: Ensuite, il y aurait... Le projet de loi 255 est en
suspens. Il resterait celui-là en troisième lecture.
M. Burns: M. le Président, je pense que le
député de Chicoutimi veut intervenir en troisième lecture,
comme il nous l'a mentionné tout à l'heure.
M. Bédard (Chicoutimi): Pas plus de 4 ou 5 minutes.
M. Levesque: II reste si...
M. Roy: ... nous demanderions à peu près le
même temps, M. le Président, sur le bill 255, comme je l'ai dit
tout à l'heure, quatre ou cinq minutes environ.
M. Leduc: M. le Président, quant à cet article du
règlement, sur le bill 255, j'en aurai pour à peu près 45
à 50 secondes, mais j'aimerais aussi avoir le droit de parole.
M. Levesque: Bon, et ensuite, il y aurait le projet de loi 253.
Est-ce qu'il y a des représentations à faire?
M. Bellemare (Johnson): Pas très longues; le
député de Saint-Jacques a une intervention, j'en ai une qui n'est
pas très longue, mais on s'entend. Dans le dépôt de la
commission parlementaire, il y a eu une erreur qui s'est glissée; il
faudra aller en commission plénière parce qu'à l'article
7, il y a une modification qui n'est pas correcte dans le texte et qui n'est
pas correcte dans les amendements.
M. Levesque: D'accord. Il y a également le projet de loi
no 9.
M. Choquette: Sur ce projet de loi, M. le Président, il
n'y aura pas de consentement pour que l'on aborde la troisième lecture
aujourd'hui.
M. Levesque: Cela rend ma situation un peu délicate.
M. Choquette: Ce qui fait qu'on pourrait abandonner le projet de
loi et ne pas le faire adopter, M. le Président.
M. Levesque: Bon. Ceci étant dit, M. le Président,
vu qu'il n'y a que quelques secondes, de part et d'autre, pour le projet de loi
no 255, on pourrait peut-être en disposer, parce qu'il n'y a que quelques
remarques de part et d'autre. Nous serions d'accord pour entendre le
député sans précédent nous serions
d'accord pour entendre le député de Beauce-Sud et,
évidemment, le représentant de l'Opposition officielle, mais si
ce n'est pas très long. Je ne veux pas vous couper la parole,
comprenez-moi bien.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous le dis honnêtement,
trois ou quatre minutes.
M. Levesque: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Si on continue à parler,
cela baisse de...
M. Levesque: D'accord.
Projet de loi no 255 Troisième lecture
Le Président: Projet de loi no 255. L'honorable ministre
des Affaires municipales propose la troisième lecture du projet de loi
no 255, Loi regroupant certaines municipalités de la région de
Québec.
L'honorable député de Chicoutimi.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, nous
n'avons que quelques remarques à faire puisque nous avons eu l'occasion,
lors de l'étude article par article de ce projet de loi, d'en discuter
quand même assez longuement et de faire valoir les positions de
l'Opposition sur l'ensemble de ces articles.
Egalement, nous avons eu l'occasion d'expliciter la position de
l'Opposition lors du débat de deuxième lecture où nous
avons enregistré un vote contre ce projet de loi.
M. le Président, nous enregistrerons également un vote
contre, en troisième lecture, concernant ce projet de loi et je tiens
à expliquer très rapidement pourquoi. Nous sommes d'accord sur
l'objectif qui est poursuivi et qui peut peut-être s'imposer du point de
vue économique, à savoir le regroupement de plusieurs
municipalités afin de former les villes de Charlesbourg et de Beauport.
Cependant, nous n'acceptons pas la technique législative qui est
employée par le gouvernement pour faire adopter ces projets de fusion.
Nous soumettons simplement ceci: II y a une loi générale sur les
regroupements et cette loi générale doit être
respectée. Qu'elle ne réponde pas à toutes les exigences,
qu'elle ait besoin d'améliorations, nous n'en doutons pas. D'ailleurs,
le ministre des Affaires municipales s'était engagé à
proposer des amendements majeurs à la Loi sur les regroupements de telle
façon que ça puisse les favoriser et que de tels amendements
puissent être de nature à ne pas nous mettre dans l'obligation
d'adopter des lois spéciales afin de conclure ces fusions.
Or, M. le Président, au rythme où vont les choses depuis
deux ans à l'Assemblée nationale concernant les fusions, je
dirais, pour essayer de résumer le mieux ma pensée, que
l'Assemblée nationale est en train de devenir le tribunal des fusions
qui se font à travers le Québec et qu'on procède morceau
par morceau, tout en ne se servant pas d'une loi générale qui est
déjà existante, à savoir la Loi sur les regroupements.
Pour cette raison et également pour une autre raison, qui est la
nécessité de consulter les populations, nous voterons contre ce
projet de loi. Que les élus aient été consultés,
qu'à la suite des négociations entre les différentes
municipalités et les différents individus concernés, on
ait trouvé à chacun un poste, de telle façon que tout le
monde est d'accord au bout de la ligne, nous avons eu l'occasion de le
vérifier à l'occasion de l'étude de ce projet de loi.
Mais l'Opposition fait une distinction fondamentale entre consulter les
élus et consulter les populations concernées dans des
regroupements. Que les élus aient leur mot à dire, même
qu'ils essaient d'indiquer une direction très précise aux
populations qu'ils représentent, nous en convenons. C'est d'ailleurs
l'exercice de leurs responsabilités qui le commande. Mais que les
élus, après avoir pris une position déterminée,
alors qu'il s'agit non pas de l'avenir des élus mais de l'avenir de
l'ensemble des populations qui sont concernées dans un regroupement, ne
trouvent pas le moyen de consulter par référendum l'ensemble de
la population du territoire concerné par une fusion, cela, M. le
Président, nous sommes absolu-
ment contre. Le Parti québécois s'est toujours
prononcé, dans son programme comme sur les tribunes, contre les fusions
forcées. M. le Président, c'est une des raisons, une autre des
raisons majeures qui fait que nous voterons contre le projet de loi.
Qu'on nous dise encore une fois que les élus étaient
d'accord et que ceci ne représente pas des fusions forcées, sous
un aspect on aura raison d'invoquer cet argument, mais il reste quand
même que ce sont les populations qui doivent être consultées
et on doit mettre en oeuvre des mécanismes d'information objective
auprès de ces populations qui sont capables de se prononcer même
si le sujet d'une fusion est un sujet assez complexe en soi.
L'Opposition croit qu'une population bien éclairée est
capable de se prononcer adéquatement sur l'avenir qu'elle entend donner,
qu'entendent se donner les collectivités qui sont concernées dans
un regroupement. Le fait de ne pas accepter de les consulter, c'est, en quelque
sorte, minimiser leurs capacités de compréhension et, à
mon sens, c'est faire abstraction d'un principe démocratique qui est
excessivement important si on veut continuer à parler de
démocratie.
Alors, M. le Président, pour ces raisons, à savoir le fait
qu'on ait procédé, encore une fois, par loi spéciale et
qu'on n'ait pas effectué une consultation suffisante à
l'idée de l'opposition des populations concernées, nous voterons
contre le projet de loi.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Quelques mots pour dire que nous voterons
également contre ce projet de loi, projet de loi no 255, qui concerne le
regroupement de certaines municipalités de la région de
Québec.
M. le Président, je tiens bien à préciser cependant
que nous voterons contre ce projet de loi, non pas parce que nous sommes
systématiquement contre les fusions, mais nous avons dit ceci au cours
du débat de deuxième lecture, c'est qu'il ne devrait pas
appartenir à l'Assemblée nationale du Québec, de
décider qui doit se fusionner et quand on doit se fusionner.
Il appartient aux municipalités, aux populations, aux citoyens,
aux contribuables des municipalités concernées de décider
eux-mêmes ce qu'ils doivent faire. Ce principe de consultation n'a pas
été respecté, avant que ce projet de loi ne soit
déposé devant l'Assemblée nationale. C'est un principe qui
est fondamental et c'est un principe que nous entendons défendre, M. le
Président. Il appartient aux municipalités, aux citoyens, aux
contribuables des municipalités concernées de décider de
la fusion ou de la non-fusion de leurs municipalités avec d'autres
municipalités.
M. le Président, je répète même ce que j'ai
dit à l'occasion de la deuxième lecture, c'est qu'on est en train
de faire de l'Assemblée nationale du
Québec, un tribunal de fusion municipale surtout si on regarde le
nombre de lois concernant les fusions qui ont été soumises
à l'Assemblée nationale, depuis une couple de semaines.
Il y a aussi un autre point sur lequel je veux attirer votre attention.
Nous sommes en train de nous demander, s'il y aura une loi pour chaque fusion
qui sera déposée devant l'Assemblée nationale. Je pense,
M. le Président, que ce point devrait quand même faire
réfléchir le gouvernement, afin de bien mesurer le danger qui le
guette contre la lourdeur que ceci risque d'entraîner à
l'Assemblée nationale du Québec.
Il y a aussi une dernière question sur laquelle je veux attirer
l'attention de la Chambre. Est-ce qu'il y aura également une charte pour
chaque ville du Québec? M. le Président, ce sont toutes des
questions qui se posent actuellement à notre attention, mais ce sont
toutes des questions qui devraient faire l'objet d'une attention
particulière, immédiate, de la part du gouvernement, de
façon que la loi concernant le regroupement ou les fusions des
municipalités du Québec soit repensée si
nécessaire, que la loi soit refaite, que la loi soit soumise à
nouveau devant l'Assemblée nationale afin qu'à l'intérieur
de cette loi on ait prévu toutes les dispositions nécessaires,
toutes les dispositions essentielles pour donner aux citoyens des
différentes municipalités du Québec toutes les
possibilités et que l'on ait prévu tous les mécanismes
auxquels ils pourraient se référer, qui pourraient être
utilisés en vue d'une fusion sans qu'il soit nécessaire pour cela
de revenir à chaque fois devant l'Assemblée nationale du
Québec.
Tous ces principes étant en cause, il est évident que nous
ne pouvons pas accepter ce projet de loi dans les circonstances et nous
demandons au gouvernement, avant de revenir sur des lois semblables devant
l'Assemblée nationale du Québec, de repenser le problème
en profondeur, de façon à éviter cette lourdeur et ce
travail immense qu'on est en train d'imposer à l'Assemblée
nationale du Québec et qui risque de causer énormément
d'injustices en demandant aux législateurs, venant de toutes les
régions du Québec, de décider à la place des
populations qui connaissent les problèmes de leur milieu, de
décider eux-mêmes de ce qui est bon pour elles-mêmes.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Taillon.
M. Guy Leduc
M. Leduc: J'ai eu, au cours de ma courte carrière
politique, à vivre deux fusions de municipalités. Devant le
projet de loi no 255, je m'aperçois qu'après les
référendums, après la visite de la Commission municipale
sur les lieux, c'était probablement la façon la plus logique, la
plus réaliste et la plus rapide de résoudre un problème
qui se présentait dans la région de Québec, ce qui fait
que je voterai en faveur, en troisième lecture, de ce projet de loi avec
lequel je suis totalement d'accord.
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: Je n'avais pas l'intention d'intervenir, mais
j'aimerais faire un seul commentaire. L'on ne doit pas perdre de vue qu'il
s'agit ici de deux fusions qui sont essentiellement volontaires à
l'exception d'une municipalité sur les onze qui est dans une situation
très particulière. Je parle de la municipalité qui est
principalement un hôpital et qui s'appelle Saint-Michel-Archange. A part
le problème particulier de Saint-Michel-Archange sur lequel nous avons
dû nous prononcer, les autres municipalités ont signé
volontairement un protocole d'entente et, à cause de certaines
technicités, il a semblé nécessaire de confirmer,
d'entériner ces protocoles d'entente par une loi plutôt que par
l'émission de lettres patentes qui auraient pu être émises
en vertu de l'une ou l'autre de nos lois, n'eussent été ces
technicalités, et cela même dans le cas de
Saint-Michel-Archange.
Je voudrais dire ceci: S'il s'agit de deux municipalités qui sont
voisines... Il y a un excellent exemple dans le comté de Beauce-Sud
où deux municipalités portent le nom de Saint-Georges et qui sont
situées des deux côtés d'une rivière. Il me semble
tout à fait logique que l'on se fie totalement au jugement de la
population de l'une et de l'autre de ces municipalités en ce qui
concerne une fusion possible. Quand on est dans les grandes
agglomérations où le destin de la province est en jeu, je pense
que nous avons à prendre certaines décisions et quand il y a de
nombreuses municipalités qui sont impliquées, il devient
difficile de ne pas prendre une vue d'ensemble pour en arriver à une
conclusion quant au meilleur avenir de la région qui doit être
pour toute la province une force motrice.
C'est pour cette raison que j'ai accepté d'entériner les
protocoles d'entente en présentant le projet de loi.
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que cette motion de
troisième lecture du projet de loi no 255, Loi regroupant sept
municipalités de la région de Québec est
adoptée?
M. Roy: Un instant, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur division, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Blank): Sur division, avec la
dissidence des députés de Maisonneuve, Sauvé, Chicoutimi,
Saguenay, Outremont, Beauce-Sud.
M. Bienvenue: Le projet de loi no 253, le ministre des Affaires
sociales
Projet de loi no 253
Révocation de la motion
de troisième lecture et commission
plénière
M. Forget: M. le Président, qu'il me soit permis de
souligner à ce point-ci une erreur à laquelle on a
déjà fait allusion d'ailleurs dans le compte rendu de la
commission. Il faut présumément retourner faire les
écritures en commission pour corriger, à la page 6 du rapport,
l'amendement apporté à l'article 7 du projet dont l'effet serait
le suivant: Que le deuxième alinéa de l'article 7 dudit projet de
loi soit modifié en remplaçant les mots "et sur la
possibilité d'accès des bénéficiaires" par les mots
suivants: "ainsi que sur la possibilité d'accès et les besoins
particuliers des bénéficiaires".
M. Lessard: Est-ce que ça prendrait, comme on l'a fait
tout à l'heure, une révocation de la motion de troisième
lecture pour retourner en commission plénière...
Le Vice-Président (M. Blank): D'accord, révocation
de troisième lecture, retour en commission plénière pour
les écritures, le rapport. Est-ce que ce rapport est accepté?
Une Voix: Oui.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Blank): Accepté. La motion de
troisième lecture de ce projet de loi est-elle adoptée?
M. Bienvenue:] On n'aurait pas dû poser la question.
M. Charron: Peut-être le ministre voulait-il parler sur la
troisième lecture?
M. Forget: Je n'ai rien de particulier à dire, à
moins que vous ne souhaitiez le faire.
Le Vice-Président: Le député de
Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, cette Assemblée avait
confié à la commission élue des affaires sociales le soin
d'étudier, article par article, un projet de loi qui avait fait
l'unanimité de l'Assemblée quant à son principe. Il n'est
pas question pour moi de revenir sur ce principe. Je suis encore tout à
fait d'accord pour que cette Assemblée établisse un
mécanisme devant assurer les services essentiels en cas de conflit de
travail dans le domaine des affaires sociales. Mais nous avions bien dit, au
moment où nous avons donné notre accord au principe, que ce
serait tartuferie et que ce serait
absolument être irresponsable que de se prononcer pour
l'établissement de services essentiels en cas de conflit de travail et,
en même temps, d'établir des mécanismes qui, à leur
vue même, conduiraient à la négation, de par leur forme, de
par leur structure ou de par leur contenu, de toute chance de voir les services
essentiels assurés en cas de conflit de travail. Autrement dit, nous
avions dit, à ce moment, nous sommes d'accord sur le principe d'accorder
les services essentiels, mais nous nous réservons le droit d'examiner
scrupuleusement le mécanisme contenu dans la loi qui dit et qui
prétend pouvoir les assurer.
Or, à la suite de l'étude ou de l'examen article par
article, tel que contenu dans le rapport de la commission, il y a des
éléments de la loi qui nous apparaissent actuellement acceptables
qui ont été modifiés, qui ont été
bonifiés. Il y en a d'autres où nous avons dû je
parle au nom du député de Johnson comme de moi-même
là-dessus, parce que, sur la plupart des amendements, nous nous sommes
rejoints nous avons dû plier bagage et nous plier au refus du
ministre d'accepter nos amendements.
Je veux en signaler quelques-uns, à ce moment, M. le
Président. L'objection principale que la partie syndicale nous avait
apportée lors de l'invitation que nous lui avions transmise la semaine
dernière et qu'elle a acceptée et celle que j'avais
signalée lors de mon intervention de deuxième lecture portaient
essentiellement sur une chose, le pouvoir extraordinaire qu'un patron en
relations de travail peut se réserver de se convertir en juge ou, s'il
ne se convertit pas en juge, de choisir le juge.
Cette disposition n'est pas disparue. Le lieutenant-gouverneur en
conseil, dans l'article 2 de ce projet de loi, se garde encore le droit de
déterminer qui sera le juge en cas de conflit. Ce qui est meilleur, ce
qui est neuf, ce qui nous assure plus de garantie de justice dans ce cas, ce
sont d'autres amendements que nous avons réussi à intercaler dans
le projet de loi.
Par exemple, il ne plaisait à personne de voir le Tribunal du
travail, organisme éminemment respectable, être
"traîné" dans un affrontement patronal-syndical du gouvernement.
Si le respect qu'un organisme de ce genre s'est gagné par son
intégrité et par la sagesse de ses décisions devait,
à un autre moment, être utilisé à des fins
partisanes, que ce soit d'une partie ou de l'autre, cela nous apparaissait
inacceptable; d'autant plus que, dans sa version originale, avant les
amendements que nous avons suggérés et qui ont été
retenus, la confusion entre le rôle de médiateur du commissaire
émanant du Tribunal du travail et son rôle éventuel en cas
d'échec, d'adjudicateur des services essentiels, était un
élément inacceptable.
C'est déjà assez d'aller chercher le Tribunal du travail
et de l'inciter à se prononcer sur un conflit, disons-le, proprement
politique sans l'obliger d'être à la fois médiateur et
adjudicateur ou celui qui décide de façon exécutoire sur
certains éléments devant établir les services essentiels
en cas de conflit.
M. le Président, cette distinction sur laquelle j'avais
insisté en deuxième lecture, sur laquelle le député
de Maisonneuve avait insisté en deuxième lecture, sur laquelle
tous les deux nous avons réinsisté à nouveau, à
l'ouverture des travaux de la commission devant accomplir son mandat
d'étudier article par article le projet de loi, a fini par avoir gain de
cause. Effectivement, dans la version nouvelle du projet de loi, le
médiateur dont pourront convenir les parties n'est pas et ne doit pas
être celui qui, en cas d'échec de la médiation dans les 30
jours suivant l'avis donné au ministre du Travail en vertu de l'article
42 du code, devra trancher la question. Il sera jusqu'à ce moment partie
indépendante de tout le conflit y compris même de la
médiation. Pour respecter son rôle et surtout pour lui assurer
l'efficacité de son rôle, il nous semblait essentiel de lui
réserver cette impartialité. C'est un gain qui apparaît
dans le rapport de la commission, un amendement du Parti
québécois qui a été accepté et qui est
reconnu dans le projet de loi.
Autre amendement essentiel, M. le Président. On peut se
gargariser et sans aucun doute qu'on se gargarisera, du côté
gouvernemental, pour dire que cette fois-ci le gouvernement a pris toutes les
précautions pour que les services essentiels soient assurés lors
du prochain affrontement patronal-syndical dans le secteur hospitalier. Ce
qu'il faut dire, c'est que toutes les conditions n'avaient pas
été prises à l'origine pour qu'effectivement les services
essentiels soient assurés.
Par exemple c'est peut-être l'élément
essentiel et un autre amendement du Parti québécois inclus dans
le projet de loi qui mérite de signaler demeurait le danger qu'un
employeur s'étant vu refuser, lors de son plaidoyer devant le
commissaire ou son adjoint aux services essentiels, un certain nombre de
services, passe outre à ses décisions et, par son pouvoir,
embauche de nouveaux travailleurs, en cas de grève, introduise à
l'intérieur de l'établissement d'autres travailleurs devant
assurer des services qui n'auraient pas été classifiés ou
reconnus comme essentiels.
En d'autres mots, M. le Président, et pour ne pas allonger le
débat sur cette question, demeurait à l'employeur le pouvoir
d'engager des "scabs". Pour la première fois, une loi intervenant dans
les relations de travail et j'espère que ce n'est pas la
dernière; je n'ai, et je vous le dirai, M. le Président, aucun
regret que ce soit un amendement de l'Opposition officielle qui ait
été à l'origine de cette initiative pour la
première fois, enfin, une loi intervenant dans le domaine des relations
de travail spécifie, à l'article 13, c'est un amendement que le
Parti québécois a présenté, que, dans les cas de
conflit de travail où les services essentiels reconnus par accord ou
reconnus par jugement auront été établis, il est interdit
à un employeur de faire entrer des "scabs" dans un établissement
en grève.
Autrement dit, si les travailleurs à qui nous demandons
aujourd'hui, par une loi, cet effort d'assurer les services essentiels dans un
centre hospitalier, ou dans un centre d'accueil ou dans
un foyer d'accueil, en cas de conflit, font ce compromis, en
contrepartie, nous leur garantissons, par cette loi, que leur pouvoir de
pression ultime, qui est celui de la grève, sera reconnu et qu'aucun
autre service que les services essentiels reconnus par accord ou reconnus par
jugement ne sera offert dans l'établissement; que le pouvoir de pression
de ces travailleurs leur sera intégralement remis entre les mains, dans
la mesure où les services essentiels auront été,
auparavant, assurés.
Je pense que c'est un gain considérable, M. le Président.
Je vois le ministre du Travail, pour la première fois dans ce
débat; c'est pourtant lui que l'article 23 du projet de loi nomme comme
responsable de ce projet de loi. Vous admettrez que j'ai moins
d'expérience que vous, M. le Président. C'est rare, mais j'ai six
ans d'expérience dans cette Assemblée et je vous dirai que c'est
la première fois que je discute d'un projet de loi où le
titulaire responsable de son application ne montre même pas son nez
à la commission parlementaire étudiant, article par article, le
projet de loi en cause.
M. Harvey (Jonquière): Je connais le projet de loi 25 fois
comme vous et je vais l'appliquer.
M. Charron: Le député de Jonquière peut se
gargariser de ses connaissances infuses des projets de loi, mais je pense qu'il
aurait gagné à certaines explications du Code du travail que le
député de Johnson et moi-même aurions pu lui donner, lors
de ce débat. Et c'est irresponsable. Je laisse au député
de Johnson, ancien ministre du Travail, le soin d'expliquer ce point. Je vous
signale immédiatement que je suis tout à fait d'accord avec lui
pour dire que c'est aussi irresponsable qu'inacceptable qu'un ministre
responsable de l'application de cette loi ne soit même pas venu cinq
minutes en commission parlementaire pour au moins entendre les
députés de l'Opposition sur cette question. Nous dira-t-il qu'il
n'en avait pas besoin et que cela lui était inutile? Je le laisserai
à son attitude de fanfaron, s'il veut la prendre sur cette question,
mais, au moins, qu'il nous explique comment lui, puisque la loi
nommément à l'article 23 lui remet entre les mains l'application
de cette loi, en entrevoit une explication. C'est le ministre des Affaires
sociales qui nous a expliqué comment le ministre du Travail allait
l'appliquer. Ce n'est pas une méthode coutumière, M. le
Président. C'est un peu comme si une loi devant être
appliquée par le ministre des Affaires culturelles devait être
défendue en commission par le ministre de l'Agriculture.
Il n'y a pas là matière à ébranler la
solidarité ministérielle, mais vous conviendrez entre vous et
moi, M. le Président, que s'il existe dans cette province un ministre
des Affaires culturelles, j'aimerais bien que ce soit lui qui vienne
m'expliquer la loi qu'il aura à appliquer dans le domaine qui le
concerne et non pas le ministre de l'Agriculture. Nous nous sommes
trouvés à peu près dans cette situation. Mais, peu
importe, il reste, sur le fond du projet de loi, tel qu'il nous est
livré aujourd'hui en troisième lecture, que l'amendement
anti-scab que l'Opposition a réussi à faire inclure dans le
projet de loi, avec le consentement du ministre des Affaires sociales devrait
apparaître comme un précédent important. Le ministre du
Travail, lorsqu'il prendra connaissance du texte de la loi qu'il est
responsable d'appliquer, devrait remarquer avec intérêt que son
collègue des Affaires sociales, lui, n'a pas hésité
je le reconnais, c'est tout à son mérite à inclure
dans le projet de loi cet amendement. C'est un amendement qui devrait
apparaître non seulement dans la loi 253 mais dans le Code du travail
lui-même. Cette mesure anti-scab, à cause de son absence
actuellement dans le Code du travail et souvent à cause de
désordre social, nous lui avons donnée dans le projet de loi 253,
une injection qui, je le soumets très respectueusement et sans me
prendre pour un autre, M. le Président, est un précédent
remarquable et am-plifiable. C'est le moins que je puisse dire pour ce
moment.
Nous n'avons pas réussi à retirer, sur le même
élan de bonne entente, le pouvoir discrétionnaire il faut
l'appeler comme cela que l'article 99 du Code du travail, et je le
signale à l'intention du ministre du Travail, est l'article qui permet
au procureur général, lorsqu'à son avis la santé
publique est en cause, de procéder devant les tribunaux et de demander
une injonction.
J'aurais aimé voir le ministre du Travail en commission pour
avoir l'occasion de lui expliquer cet article du code qu'il ne connaît
pas, mais ce pouvoir discrétionnaire, dis-je, puisque nous en
étions à l'établissement d'une nouvelle structure devant
assurer les services essentiels, nous aurions voulu le voir disparaître
du projet de loi, justement pour nous assurer que l'esprit avec lequel les
parties aborderont le fonctionnement de ce nouveau mécanisme aura toutes
les chances de réussir.
Nous sortons toutefois de ce débat, et j'incite le ministre du
Travail responsable de l'application de cette loi à prendre connaissance
de la transcription de nos discussions en commission parlementaire, pour y
retrouver l'engagement, je dis bien l'engagement, que son collègue des
Affaires sociales a pris devant la commission lorsqu'il a refusé notre
amendement pour retirer l'application de l'article 99 du Code du travail dans
ce domaine, de dire et de nous donner sa parole, c'est son expression
même, de nous donner sa parole, que c'est en tout dernier ressort et
parce que ce moment avait été au cours de la grève de
1972, absolument dévalué, de ne recourir à ce moyen
d'injonction contre le droit de grève légal de travailleurs qu'en
tout dernier ressort.
J'y vois donc, M. le Président, l'affirmation, même si nous
n'avons pas réussi à intercaler notre amendement, l'affirmation
qu'en parrainant cette troisième lecture du projet de loi, le ministre
des Affaires sociales prend l'engagement que la façon abusive,
désordonnée et provocante avec laquelle on a recouru aux
injonctions lors du conflit de 1972 est désormais chose du passé
II faut donner
aux nouveaux mécanismes contenus dans la loi 253 toutes les
chances de jouer et s'assurer que les mesures d'intervention judiciaire sont
à toutes fins pratiques écartées.
Il y a d'autres amendements, M. le Président, qu'il aurait fallu,
qu'il aurait été intéressant de voir dans le projet de
loi, mais sa logique et sa structure, une fois établies, ne nous
permettaient pas d'intervenir avec un esprit différent et donc de
modifier le texte même de la loi. Ce seront mes mots de conclusion, M. le
Président. Je souhaite à ce mécanisme toutes les chances
de réussite, autrement dit, je souhaite que, dans l'exercice de leur
droit de grève, les travailleurs de ce secteur de notre vie collective
s'ils décident de l'utiliser, soient intégralement
respectés, sans que les services essentiels devant être
assurés aux patients ou aux personnes résidant dans ces centres
d'accueil et dans ces foyers d'accueil ne soient altérés.
Mais je soutiens encore, M. le Président...
M. Bienvenue: M. le Président, je m'excuse auprès
du député de Saint-Jacques, en a-t-il pour longtemps, c'est parce
qu'il est six heures et huit, il va falloir suspendre, est-ce qu'il en a pour
longtemps?
M. Charron: Deux minutes. M. Bienvenue: Deux minutes.
M. Charron: Je soutiens encore que cette déposition d'un
projet de loi intervenant au beau milieu des négociations et ayant
même pour effet premier de retarder la date du droit d'exercice de
grève de ces travailleurs d'environ trois semaines, c'est tout l'esprit
abordant les négociations du patron avec ses employés dans le
secteur public et parapublic qu'il faut modifier. Quelque effort que nous ayons
mis à bonifier le mécanisme intervenant au milieu des
négociations, ce n'est qu'une goutte d'eau dans un océan. C'est
l'attitude, c'est l'esprit, c'est l'approche et c'est l'effort financier aussi
que le gouvernement, entre tous ses projets, accepte de mettre auprès de
ses employés ou auprès de ceux qui ont pour fonction de rendre
les services essentiels à la collectivité qu'il fallait modifier.
Ce pouvoir, l'Opposition ne l'a pas.
Il n'y a pas un amendement qui nous permette de modifier l'attitude
d'esprit, l'approche mentale que peut avoir un gouvernement dans ses relations
avec ses ouvriers, avec ses employés. Que voulez-vous? Quand un parti au
pouvoir voit devant lui, comme unique chance de se réchapper, son
pouvoir de se livrer à une campagne démagogique contre des
travailleurs syndiqués, ce n'est pas par un amendement ou ce n'est pas
par un paragraphe additionnel à une loi ou à un article que
l'Opposition peut changer son opinion. Quand un gouvernement peut avoir en
tête et décider délibérément que, pour faire
oublier toutes les vagues de scandales ou les vagues de patronage qui
accompagnent son administration, il lui reste le grand salut d'une campagne
populaire contre des travailleurs en grève, unique moyen pour lui de
sauver la face de son administration, il n'y a pas d'amendement, il n'y a pas
d'article, il n'y a pas de virgule qui puissent intervenir
là-dedans.
Autrement dit, et en conclusion, les chances de succès de ce
mécanisme, que nous croyons sincèrement avoir contribué
à bonifier par rapport à sa version originale, ne sont pas
mécaniques, si vous me permettez ce pléonasme. Il n'y a rien,
dans le texte qui est soumis à l'attention de l'Assemblée pour
adoption finale, qui nous garantisse le succès de ce mécanisme.
Si le gouvernement continue à biffer et à rebiffer à la
table patronale de négociation, s'il continue à vouloir
délibérément un affrontement avec les travailleurs
syndiqués, qu'on ajoute trois, quatre, quinze ou vingt-cinq
commissaires, il faudra malheureusement les considérer comme des outils
aux mains de la stratégie partisane et politique du gouvernement.
Et dans ce sens, il faudra déplorer encore plus le fait que le
tribunal du travail y soit traîné. Il reste à nous dire, et
je ne doute pas que l'appel sera lancé une fois de plus, à ia
partie syndicale de fonctionner avec diligence et bonne foi, à
l'intérieur de sa structure. Mais il nous reste à nous, comme
opposition, à dire au gouvernement que la responsabilité
patronale, pour le fonctionnement de ce mécanisme auquel nous avons
accepté de travailler, repose et pour beaucoup sur la façon dont
le gouvernement conduit l'ensemble de ces négociations et aborde
l'ensemble de la question fondamentale des travailleurs dans les secteurs
public et parapublic.
Merci, M. le Président.
Le Président: Le député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): J'ai l'honneur de vous demander la
suspension du débat.
Rapport sur les sous-commissions de l'Assemblée
nationale
M. Bienvenue: M. le Président, tout en maintenant le droit
de parole du député de Johnson pour la période qui suivra
la suspension, est-ce qu'on pourrait tout de suite et ce sera prêt
à adopter il y a eu des rapports faits, je pense, cet
après-midi, l'un, entre autres, sur les trois sous-commissions de
l'Assemblée nationale. Est-ce qu'ils ont été
déposés?
Est-ce que l'Opposition aurait objection?
M. Burns: Non.
M. Bienvenue: Et l'autre c'était sur le projet de loi du
financement des partis politiques, le projet de loi no 9, que nous pourrions
adopter sous réserve évidemment de ce que dit...
M. Choquette: M. le Président, nous aurons un amendement
à proposer à ce rapport et nous avons jusqu'à vingt-deux
heures, en vertu du règlement, pour le proposer.
M. Bienvenue: D'accord. Alors, M. le Prési-
dent, je demande la suspension des travaux jusqu'à vingt heures,
ce soir.
Le Président: Messieurs, j'ai organisé, avant la
suspension, une courte réception pour tous ceux qui oeuvrent autour de
l'Assemblée autant les députés que le personnel des
membres de l'Assemblée, le personnel de l'Assemblée, la tribune
de la presse, les gardiens, constables, toute la grande famille de
l'Assemblée nationale. Il y a une réception qui se tiendra
immédiatement au Parlementaire. Tout est organisé.
L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à vingt heures
quinze.
(Suspension à 18 h 17)
Reprise de la séance à 20 h 8
M. Blank (vice-président): A l'ordre, messieurs!
Projet de loi no 253 (suite)
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, pour une fois
nous avons assisté, à la commission parlementaire, à des
travaux très sérieux qui m'ont donné au moins l'impression
que l'Opposition pouvait être en certaines circonstances fort utile. Je
n'ai pas besoin de vous redire, M. le Président, que c'est dans une
atmosphère très cordiale et très souple que le ministre
des Affaires sociales a entrepris et a terminé ce débat en nous
rappelant que c'était en esprit que son collègue du Travail
était avec nous pendant toute la discussion.
Une Voix: C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): Je suis sûr, M. le
Président, que j'ai confiance aux esprits et particulièrement
à ceux qui sont des extra-terrestres. Je n'ai pas besoin de vous dire
que la commission parlementaire aurait vivement apprécié,
à part l'esprit qui a pu animer le ministre des Affaires sociales et
l'absence notée et renotée du ministre du Travail, cette
expérience très vaste du ministre du Travail et qu'on aurait pu,
M. le Président, au contact de ces suggestions, probablement très
perspicaces et surtout très constructives, peut-être trouver
d'autres solutions meilleures.
L'absence, surtout, du ministre du Travail nous a chagriné
profondément, M. le Président, parce qu'un homme dont la
compétence au point de vue du droit ouvrier est reconnue à
travers la province nous a manqué.
Il est un homme fort occupé.
M. Harvey (Jonquière): Le poignard!
M. Bellemare (Johnson): Probablement, M. le Président,
qu'il l'est dans l'étude de ses prévisions aux amendements du
Code du travail, qui, nous assure-t-on, avec ces grands registres et ces grands
planificateurs seront déposés au printemps 1980.
Nous sommes assurés qu'à ce moment, après avoir
longuement étudié toute la procédure qui doit être
instaurée, le ministre du Travail pourra faire acte d'éclat. Mais
c'est presque impardonnable qu'on étudie dans une commission
parlementaire un projet de loi qui crée dans le domaine du travail, des
articles qui sont extrêmement utiles et particulièrement quand on
oeuvre dans du droit nouveau.
Cela en est, M. le Président, pour une fois, du droit nouveau en
législation ouvrière. J'aurais pensé, M. le
Président, que l'honorable ministre du Travail n'aurait pas
manqué l'occasion de venir avec nous approfondir ces orientations
nouvelles et particulièrement nous signaler, à l'occasion, les
difficultés que rencontrera son collègue, l'honorable ministre
des Affaires sociales, dans les négo-
dations qui sont déjà en cours pour le renouvellement
d'une convention collective.
Mais, M. le Président, absence totale. Nous avons pris la peine
d'être extrêmement délicats à l'endroit du ministre
du Travail pour ne pas l'offenser dans sa grandeur et surtout dans ses grandes
connaissances. Nous avons pris la peine, M. le Président, de faire une
motion pour demander, pour requérir sa présente. Il a dit: Je
suis à Jonquière. Je suis absent pour vaquer à mes devoirs
de député du comté. D'accord, M. le Président.
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas pour cela.
M. Bellemare (Johnson): Mais on s'est dit: II va sûrement
être présent demain. Non, il n'est pas apparu une seule fois
à cette commission, très importante, où on lui remet, en
vertu de l'article 23, la responsabilité de l'application de cette
loi.
M. le Président, je ne veux pas chicaner le ministre du Travail.
Je trouve cela de la dernière indécence; cela montre le peu
d'intérêt que démontre le ministre du Travail en pareille
circonstance. Voici une liste qui traite de droit nouveau. Voici une loi qui
explore un domaine tout particulier, intéressant au plus haut point le
ministre du Travail qui devra appliquer cette loi. C'est
incompréhensible, M. le Président, qu'il ait été
absent à ces réunions. Mais qu'importe, il va la lire et
j'espère que ses dévoués conseillers vont lui expliquer,
phase par phase, comment fonctionne le mécanisme nouveau, comment
s'établissent les prescriptions de la nouvelle loi.
Je dirai que le ministre et je regrette qu'il ne soit pas en
Chambre, j'ai déjà été assez dur pour le ministre
des Affaires sociales, mais j'attendrai son retour ce n'est pas
édifiant, en tout cas, d'avoir un ministre du Travail qui néglige
si gravement...
M. Bienvenue: Une question de règlement, M. le
Président.
Je suis sûr que le député de Johnson, dont je
connais le coeur d'or et la vertu, sera d'accord avec ce que je vais dire. Si
on devait apprendre j'espère par tous les dieux que je me trompe
qu'une raison très grave avait empêché le ministre
des Affaires sociales d'être ici, je suis sûr que le
député de Johnson serait le premier à se détester,
en lisant le journal des Débats, d'avoir dit ce qu'il vient de dire. Je
ne le sais pas, mais...
M. Betlemare (Johnson): Attendez donc que je dise, vous allez
voir... J'allais le complimenter, pour le première fois.
M. Bienvenue: C'était une invitation que je faisais.
M. Bellemare (Johnson): Non, M. le Président, cette fois,
si j'ai une réparation d'honneur à faire, je la fais, parce que
ce n'est pas le ministre que j'ai le plus aimé, en Chambre. Il a une
certaine arrogance et un ton hautain. Je pense détecter beaucoup de
gêne dans son attitude, probablement que c'est cela. Je l'ai
trouvé admirable, pendant la commission parlementaire. Il a
été d'une patience exemplaire. Je l'ai même interrompu une
couple de fois, pas grossièrement, mais j'ai entrecoupé ses
phrases et il était d'une sérénité!
M. Bienvenue: Angélique!
M. Bellemare (Johnson): Je n'aurais pas enduré cela.
Une Voix: A la recherche d'un angélique!
M. Bellemare (Johnson): Je pense, M. le Président, que,
pour une fois, je dois lui rendre témoignage qu'il a été
d'une extrême vertu de patience, mais il a donné la preuve
évidente qu'on pouvait, avec un peu de temps, réfléchir
sur certains amendements qui sont, qui étaient très importants,
mais qui nous ont donné la preuve évidente que, lorsqu'on veut
véritablement négocier, dans une commission parlementaire, on
peut atteindre certains buts que l'Opposition recherche. Nous nous sommes
sentis utiles, pour une fois, nous nous sommes sentis utiles à partager
avec le ministre et ses officiers la responsabilité de bâtir une
loi qui va faire figure de droit nouveau dans l'avenir.
C'est peut-être la base de tous les services essentiels et
peut-être aussi la loi anti-scab la plus véridique qui n'a jamais
existé dans la province de Québec. La voilà la loi
anti-scab.
M. le Président, je ne dirai pas de mal, ni ne ferai aucun
reproche au ministre, parce qu'il a été extrêmement
obligeant.
M. le Président, nous avons d'abord réussi à faire
disparaître, avec beaucoup d'élégance, les organismes
assimilés, qui étaient, pour moi et pour d'autres, ainsi que mon
collègue de Saint-Jacques, de la redondance, où on pouvait se
créer des difficultés énormes, parce que les organismes
assimilés, cela peut comprendre la buanderie, comme cela peut comprendre
des produits pharmaceutiques ou des services d'alimentation. On a réussi
à faire enlever complètement les organismes assimilés et
à le faire rayer dans tous les articles de la loi. C'est une grande
victoire que nous ne nous sommes pas attribuée, mais que nous avons
attribuée à la bonne entente qui existait à cette
commission.
On a achoppé, M. le Président, sur le Tribunal du travail.
J'avais toujours pensé que le ministère avait créé
de toutes pièces un Tribunal du travail pour remplacer cette
infâme Commission des relations de travail qui était honnie de
tous les gens, et les juges qui en faisaient partie n'étaient plus
montrables nulle part dans la province.
Quand on a recours aux statistiques, on voit le nombre de milliers de
causes qui sont restées étendues sur la corde à linge et
qui ne sont jamais passées devant la Commission des relations de
travail. M. le Président, pour ne pas répéter cette erreur
de la Commission des relations de travail, où on prenait un juge et
où on l'envoyait faire de
la négociation, j'ai dit: Ne touchez donc pas à ce
Tribunal du travail, qui va si bien, dont la réputation est excellente,
par ses jugements, par sa procédure et surtout par la jurisprudence qui
a été établie.
On nous a dit: Non, c'est un recours utile que de prendre un tribunal
qui a bonne réputation et de l'investir de ce pouvoir.
M. le Président, j'aurais accepté, et si jamais le
ministre du Travail veut, et je souhaite très ardemment qu'il le
veuille, qu'il y ait une chambre à part dans le Tribunal du travail qui
s'appellerait la chambre administrative, composée de juges, d'accord!
Mais au lieu d'interpréter légalement les articles de la loi,
soit l'accréditation, soit les griefs, les
commissaires-enquêteurs, etc., ils feraient peut-être, dans
certaines circonstances, office d'administrateurs, c'est-à-dire qu'on
pourrait piger, à même ces gens fort renseignés sur le Code
du travail, des juges qui pourraient nous rendre de grands services dans la
négociation ou bien dans le règlement de certaines grèves,
au lieu de prendre le Parlement comme dernier ressort.
Le Parlement n'a pas le droit, à mon sens, M. le
Président, de brimer sa propre loi et de passer par-dessus le Code du
travail pour régler les problèmes de conventions collectives ou
de grève. Ils ont obtenu légalement, en vertu de la loi, le droit
de grève et le gouvernement, huit jours plus tard, décide
d'adopter une loi parce qu'il dit que l'intérêt public est en
jeu.
Il faudrait sortir le gouvernement de ce piège et que ce soit un
service administratif, la chambre du Tribunal du travail qui s'occuperait,
elle, de l'administration. Je pense que là, M. le Président, on
trouverait un joint qui rendrait service. D'ailleurs, je le dirai dans quelques
minutes, notre Code du travail je l'ai dit en deuxième lecture
est périmé. On est dépassé, M. le
Président, et ce ne sera pas encore long que, même si on apportait
des amendements, il faudra le revoir à chaque année. En
1939-1945, on a vécu en vertu des mesures de guerre; de 1945 à
1964, on a vécu dans une certaine incertitude. En 1964, est
arrivé le Code du travail qui a changé complètement tout
le régime de négociation, de grève. En 1967, nous avons eu
le Tribunal du travail qui nous a donné un outil valable pour
créer, à la place de la Commission des relations du travail, des
commissaires-enquêteurs et le système qui existe aujourd'hui qui
n'est pas parfait, mais qui est rodé pour rendre service aux deux
parties.
M. le Président, je voudrais vous dire aussi que, puisqu'on n'a
pas pu obtenir que le Tribunal du travail ne soit pas impliqué par un
commissaire qui serait nommé en vertu de l'article 2, nous avons
amélioré sensiblement les articles 9 et 10. Là, au moins,
on a un joint; on a un médiateur que les parties peuvent nommer et des
délais sont impartis pour faire rapport au commissaire. Je pense que
là il y a une soupape qui protège énormément entre
l'adjudication et particulièrement après la médiation.
Je pense que là on a fait un grand pas en améliorant et le
ministre a apporté sa meilleure colla- boration pour amender ces deux
articles qui étaient des articles clés dans tout le processus.
Nous avons aussi amendé l'article 12, où nous avons, comme l'a si
bien dit le député de Saint-Jacques, fait adopter quelque chose
d'extraordinaire dans une loi de la Législature
québécoise, une loi anti-scabs. Le ministre s'est
prêté à tous les arguments qu'on lui a apportés et
il nous a aidés même avec ses officiers à trouver
véritablement les mots, les termes qu'il fallait pour la créer.
Pour la première fois de l'histoire du Québec, dans les relations
patronales-ouvrières, c'est le patron aujourd'hui, le gouvernement, qui
a créé la première loi anti-scabs.
On doit être fier, en ce 18 décembre, et dire qu'on a un
grand pas de fait. Quand le député de Saint-Jacques a
apporté son amendement, le ministre ne l'a pas rejeté
indifféremment. Non, il a pris le soin, avec ses officiers, de nous
dire: Si vous voulez, nous allons y réfléchir et cela, pour un
ministre, c'est rare. Il a dit: Nous allons y réfléchir et nous
allons penser aux termes les plus appropriés dans lesquels nous
pourrions l'adopter.
Ce n'est pas tout. Nous avons aussi obtenu du ministre que dans
l'article 9 on introduise ce que l'article 41 du Code du travail nous dit et
que nous avons déjà fait améliorer parce que les
négociations doivent se poursuivre avec diligence et de bonne foi. Le
ministre a semblé dire, à un moment donné, qu'il ne le
croyait pas nécessaire, qu'il allait plutôt le mettre dans
l'article 9 que dans l'article 10. J'ai dit: En tout cas, une chose est
certaine, tant et aussi longtemps qu'il y aura négociation il faudra que
les parties se voient, il faudra que les parties se rapprochent. C'est
là que le ministre a trouvé, avec ses officiers, en terme qui est
ajourd'hui dans la loi et qui dit que, dès l'expédition de l'avis
visé à l'article 8, les parties ont l'obligation de se
rencontrer. Cela, c'est un mot important. Le ministre l'a mis, ce mot,
l'obligation. C'est important, ce mot, l'obligation de se rencontrer et de
négocier un accord avec diligence et bonne foi.
Je voudrais simplement dire au ministre qu'il y a un point noir,
à part le Tribunal du travail; on n'a pas pu gagner cela. Mais il y a un
point noir, et c'est à la toute fin qu'il est arrivé, c'est
l'amendement du député de Saint-Jacques pour qu'on suspende
l'application de l'article 99 du Code du travail. Dans les centrales
syndicales, le mot "injonction" fait aussi peur que le Père Sept Heures
aux enfants qui n'ont pas l'âge de raison.
Une Voix: Le Bonhomme Sept Heures.
M. Bellemare (Johnson): Le Bonhomme Sept Heures. Les injonctions,
pour nous autres les ouvriers, c'est sacré. On les déteste
souverainement. L'honorable juge en chef, le juge Deschênes, disait
dernièrement que ce n'est pas à coups d'injonctions que vous
allez réussir à contrôler la masse. Le ministre, dans sa
deuxième lecture, nous avait laissé voir que l'article 99 du Code
du travail, qui concerne un peu les injonctions, serait complètement
disparu par l'adoption de ce projet de loi dans les services essentiels. Il
nous a as-
sure, et cela, il faudrait le copier et l'envoyer au ministre du Travail
pour qu'il le prenne bien en note.
Il nous a assurés et je crois le ministre sincère
que l'article 99 du Code du travail, surtout en ce qui regarde les
injonctions, ne serait utilisé qu'en ultime nécessité, en
dernier ressort.
M. le Président, il y a des gens qui ont écrit que
l'Opposition voulait faire du "filibuster". Je dis aux gens qui ont
écrit cela que c'est mal comprendre le rôle de l'Opposition quand
elle discute et surtout quand on essaie de trouver des solutions convenables
aux propositions.
Le ministre n'était pas ici quand j'ai fait son éloge,
mais j'espère qu'il lira le journal des Débats. C'est dans cette
atmosphère qu'on peut le mieux travailler: quand un ministre
compréhensif attend des membres de l'Opposition certaines suggestions
qui sont fort constructives et ne les rejette pas du revers de la main.
M. le Président, je ne serai pas plus long, je remercie
très sincèrement... Cela ne fait rien, je vais continuer, M. le
Président. Je suis convaincu que le ministre a donné aujourd'hui,
à plusieurs de ses collègues, pour ceux qui ont assisté
à la commission parlementaire depuis quelques jours, une leçon de
droit parlementaire, que l'Opposition n'est pas là simplement pour faire
des critiques stériles, pour apporter des amendements et en avoir tout
le prestige.
Non, le ministre a pris le temps; il a fait preuve de patience. Il a
pris surtout nos recommandations comme venant d'un bon naturel et je suis
très heureux de voir que, même si nous n'avons pas tout obtenu,
nous avons fait un grand pas dans le rôle que doit jouer l'Opposition
dans l'élaboration des lois. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que ce rapport est
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Forget: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
sociales.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, je désirerais, avant
que cette motion soit adoptée, indiquer mon appréciation pour la
collaboration qu'ont apportée tous ceux qui ont participé
à l'étude de ce projet de loi, y compris les membres de
l'Opposition.
Je crois que cette coopération, particulièrement notable
lors des dernières heures de l'étude en commission,
résulte du fait que tout le monde a compris que l'intention
véritable du gouvernement, en apportant ce projet de loi, n'était
pas d'intervenir de façon intempestive dans le déroulement normal
d'une négociation.
Elle était plutôt de protéger effectivement les
intérêts du public qui ne sont pas partie dans cette
négociation.
On a reconnu également que cette loi constitue pour le
gouvernement l'instrument privilégié du maintien des services
essentiels. On a fait allusion dans les remarques du député de
Saint-Jacques et du député de Johnson à des outils qui
sont plus anciens mais moins appropriés, et c'est parce que nous avons
porté ce jugement nous aussi, du côté gouvernemental, que
nous avons décidé d'apporter cette nouvelle mesure, ce nouveau
mécanisme dont nous attendons d'immenses bienfaits pour la population,
quelles que soient les difficultés que nous devions exprimer ou
éprouver dans le déroulement des négociations.
Mon collègue, le ministre du Travail, sera chargé de
l'application de cette loi. Dans l'application de cette loi, il tirera, sans
aucun doute...
M. Charron: M. le Président, j'invoque le
règlement. De ce côté de la Chambre, nous sommes incapables
d'entendre ce que dit le ministre des Affaires sociales.
M. Marchand: Pourrait-on savoir pourquoi?
M. Charron: Vous parlez et vous parlez abondamment.
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! S'il vous
plaît, à l'ordre! Le ministre des Affaires sociales.
M. Forget: M. le Président, mon collègue, le
ministre du Travail qui sera appelé à administrer cette loi s'en
inspirera et s'inspirera de l'expérience qu'il acquerra dans
l'application d'une loi comme celle-ci dans la refonte du Code du travail
auquel il travaille, auquel il a décidé d'accorder toute son
attention, au cours des prochains mois. C'est dans ce contexte de la recherche
de nouvelles solutions qu'il faut voir ce projet précis pour
répondre à un problème d'une extrême urgence et
d'une extrême gravité. Il ne s'agit pas, en effet, M. le
Président, de retirer le droit de grève et je crois que c'est
là également une dimension de ce projet et de cette loi qui a
été comprise par tous.
Il s'agit d'aménager l'exercice du droit de grève de
façon à protéger l'intérêt du public et
à disposer des conditions auxquelles les services essentiels, pas plus
et pas moins, seront conservés et maintenus dans les
établissements des Affaires sociales.
Dans le projet de loi et ceci apparaît encore plus
clairement dans sa version définitive il est clair qu'il
appartient d'abord aux parties de s'entendre entre elles pour déterminer
ces services essentiels. Pour rechercher une telle solution entre les parties,
il est désormais consacré dans la loi ce qui n'était pas,
de toute façon, exclu dans la version originale, que les parties peuvent
faire appel à l'aide d'un conciliateur. Si elles échouent dans
cette tentative, les parties verront leur position respective rendue publique
de manière à faire porter sur chacune des parties l'odieux, s'il
doit en être ainsi, l'odieux d'une position dogmatique, d'une position
non raisonnable. Or, ceci, je crois, s'inscrit très bien dans la ligne
de ce que nous ont dit les parties syndicales elles-mêmes, comme un
voeu qu'elles exprimaient vis-à-vis de ce processus de
détermination des services essentiels.
C'est donc par les parties et par la publication de leur position
respective que nous cherchons d'abord à régler le problème
et c'est enfin par un mécanisme qui va trancher, si les parties sont
incapables de le faire, et trancher de façon autoritaire, de
façon judiciaire, de façon définitive et immédiate
le problème des services essentiels et de leur maintien.
Je crois qu'en adoptant ce projet de loi, l'Assemblée nationale
et le Québec dans son ensemble franchissent une étape importante
pour résoudre un problème qui infecte, en quelque sorte, les
relations patronales-ouvrières dans tout le secteur des affaires
sociales depuis des années. J'ai personnellement les plus grands espoirs
en cette législation qui nous apportera enfin la solution de ce
problème, qui nous permettra enfin d'aborder le renouvellement des
conventions collectives dans un esprit libre de cette inquiétude
intolérable de savoir si, oui ou non, le public, dans sa santé,
dans sa sécurité essentielle, bénéficiera de la
protection à laquelle il a droit. C'est pourquoi, M. le
Président, je me réjouis avec tous les membres de cette
Assemblée de l'adoption de ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que les amendements
apportés par le ministre dans le rapport sont adoptés?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Blank): Le rapport est-il
adopté? Adopté. Troisième lecture adoptée?
M. Charron: Adopté, M. le Président. M. Morin:
Adopté, M. le Président.
M. Bienvenue: Je prends du temps à parler, M. le
Président, parce que je voudrais voir apparaître dans la porte
celui dont je vais parler pour annoncer son projet de loi. Alors, je cherche
pendant ce temps, M. le Président. Accordez-moi 20 secondes, M. le
Président; sinon, j'appellerai un autre projet de loi.
M. le Président, je fais motion pour que vous quittiez maintenant
le fauteuil afin que nous étudiions, en commission
plénière, le projet de loi no 65 au nom du ministre du
Travail.
Projet de loi no 65 Commission plénière
(suite)
Le Vice-Président (M. Blank): La motion pour que je quitte
le fauteuil et que la Chambre se forme en commission plénière
est-elle adoptée?
M. Morin: Adopté.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, le ministre nous
avait dit qu'en commission plénière il nous remettrait certains
documents au sujet des statistiques qui existent dans les autres provinces.
M. Harvey (Jonquière): Je vous avais dit que je vous
donnerais les informations. Je n'ai pas promis de remettre un document. Si vous
avez des demandes à faire, faites-les.
M. Bellemare (Johnson): L'insignifiant. Le Vice-Président
(M. Blank): Article 1.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, quelles que
soient les paroles gentilles qu'aura à mon endroit le
député de Johnson, il a tout simplement...
M. Bellemare (Johnson): II nous a dit cela en belles paroles,
oui, je déposerai cela en commission plénière. Il est
menteur, monsieur, comme je ne l'ai jamais vu.
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): II a dit cela et je vais aller chercher
le procès-verbal dans lequel vous étiez censé
déposer des documents.
M. Harvey (Jonquière): J'ai dit que j'avais les
renseignements...
M. Bellemare (Johnson): Voyons donc! Voyons donc!
M. Harvey (Jonquière): ... et je les ai. Si vous avez des
questions à poser, posez-les!
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
L'article no 1?
M. Burns: M. le Président, à l'article no 1,
j'aimerais savoir du ministre du Travail, puisqu'il n'y a pas eu de discours de
deuxième lecture, quelle est la raison qui, tout d'un coup, le motive
à proposer une augmentation du montant maximum qui peut être
considéré comme gains admissibles, de le faire passer de $9,000
à ce qu'il est, je pense, depuis une couple d'années, depuis
1972, à $13,500. J'aimerais bien que le ministre du Travail nous donne,
tout au moins, puisqu'il n'y a pas eu de discours de deuxième lecture,
l'exposé des raisons qui le motivent à présenter cet
article.
M. Roy: M. le Président, j'invoque le règlement.
Nous avons énormément de difficultés à entendre ce
qui se dit, ce qui se passe à l'Assemblée nationale. N'y
aurait-il pas un peu possibilité qu'on revienne au calme, parce que,
quand même, ce sont des projets de loi excessivement importants, auxquels
nous apportons nous aussi une attention particulière? Il est quand
même important de savoir un peu ce qui se dit.
M. Harvey (Jonquière): En réponse au
député de Maisonneuve, le projet de loi a été
limité à un article de fond premièrement, parce qu'il y
aura, tel qu'annoncé le 4 novembre, la refonte complète...
M. Burns: Cela a été annoncé dans le
discours inaugural. Il a été annoncé dans le discours
inaugural une refonte complète, qu'on n'a pas vue encore. Remarquez que
vous l'avez annoncée à nouveau, le 4 novembre; cela, vous avez
raison, je ne nie pas cela.
M. Harvey (Jonquière): De toute façon, nous ne nous
obstinerons pas. Le but...
M. Burns: Remarquez aussi que vous n'étiez pas ministre du
Travail à ce moment-là, je ne vous en blâme pas.
M. Harvey (Jonquière): Le seul et unique but, c'est
d'avoir le même plafond assurable, de gains assurables que dans la loi 52
adoptée par ce Parlement le 27 juin dernier.
Egalement, étant donné que, dans notre province et
là je rejoins ce que j'ai affirmé en disant que j'avais aussi des
informations sur le plafond maximum des autres provinces du Canada, nous avions
au Québec un plafond qui a été modifié de $6,000
à $9,000, prenant effet le 1er janvier 1972.
Au moment où on se parle, il est en Ontario de $15,000, il est de
$13,000 en Alberta, il est de $12,500 en Colombie-Britannique, il est de
$10,500 à Terre-Neuve, il est de $10,000 au Manitoba et en Saskatchewan
et il est de $9,000 au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Ecosse. Il est aussi de
$9,000 au Québec. Le plus bas plafond est dans l'Ile-du-Prince-Edouard
avec $8,000.
La Commission des accidents du travail a la responsabilité de
l'administration de la loi 52 à laquelle est joint un mécanisme
qui fait changer le plafond de la loi 52. Bien sûr, nous aurions pu venir
devant cette Chambre, avec le projet qui a été
déposé et retiré, mais les consultations avec les
ministères impliqués et l'organisme impliqué, la
Régie des rentes du Québec, n'étaient pas
terminées.
Nous avons préféré présenter des amendements
à la loi, une refonte complète, après avoir terminé
toutes nos consultations et assuré une cohérence complète
dans ce que le gouvernement vise comme refonte de la Loi des accidents du
travail, avec les ministères et organismes concernés ou
impliqués.
Voici le but, M. le Président. La CAT étant responsable de
l'application de la loi 52 avec un plafond de gains assurables de $13,500, il
aurait été, à son sens et à mon sens, ridicule, le
1er janvier qui vient, d'appliquer une loi générale aux
accidentés du travail avec un plafond de $9,000. C'est l'unique raison
pour laquelle j'ai demandé cela, suite à plusieurs demandes
répétées de ceux qui ont la responsabilité de
piloter ce projet de loi avec cet article, bien qu'ils aient été
extrêmement déçus de ne pas avoir terminé toute la
consultation et nous-mêmes, au ministère du Travail, c'est
la même chose pour pouvoir présenter la refonte de la loi.
Mais cela fera l'objet d'un projet de loi, comme le disait cet
après-midi le leader parlementaire, l'un des premiers que les
parlementaires auront à étudier au cours de la session de
1976.
M. Burns: C'est, à toutes fins pratiques, de la part du
ministère du Travail, une promesse que, dès le début de la
prochaine session, c'est-à-dire au printemps de 1976, nous aurons ce
projet de loi qui constituera une refonte complète de la Loi des
accidents du travail. Je prends cela comme une promesse, un engagement
même, de sa part.
M. Harvey (Jonquière): Je ne donne pas de date, mais c'est
l'objectif que nous poursuivons. J'ai même annoncé, durant la
session de 1976... Ce que je ne voudrais pas faire ce soir, c'est arriver et de
vous dire: Au mois de mars...
M. Burns: Je ne veux pas avoir de mois, je veux seulement avoir
une approximation.
M. Harvey (Jonquière): Pour la session de 1976, bien
sûr, il y aura... C'est la deuxième plus grande priorité du
ministère que je dirige, au cours de la session de 1976, la
première étant des amendements à la Loi du salaire
minimum, tel qu'annoncé le 4 novembre, pour y inclure des conditions
minimales de travail aux assujettis, la refonte complète de la Loi des
accidents du travail, et, également, amendements au Code du travail,
avec un chapitre concernant les services essentiels dans les secteurs public et
parapublic. J'en profite, parce que...
M. Burns: Ce serait contraire à la loi qu'on vient
d'adopter.
M. Harvey (Jonquière): J'en profite, pendant que j'en ai
l'occasion, pour dire au député de Johnson, qui se permet
n'importe quoi, que moi, je ne m'en fais pas, M. le Président. Moi, je
peux me vanter, partout où je suis allé dans ma vie, les postes
que j'ai occupés, je peux transiger une deuxième fois avec les
mêmes individus, et j'ai tout dit quand j'ai dit cela au
député de Johnson.
Il y aura des amendements au Code du travail. Il est certain que
l'expérience que je vivrai dans l'application de la loi qui a
été adoptée il y a quelques instants me permettra
peut-être, comme le souhaitait le député de Saint-Jacques
et comme le souhaite certainement le député de Maisonneuve,
d'innover dans le Code du travail, dans le chapitre permanent qu'on y
retrouvera lors des amendements, au secteur des services essentiels.
M. Lessard: Alors, M. le Président, j'avais l'intention de
profiter de cette loi pour discuter de l'ensemble de la Loi des accidents de
travail et particulièrement de la Commission des accidents de travail
qui nous pose, je pense, non seulement aux députés de
l'Opposition, mais aussi aux députés ministériels, des
problèmes considérables. Alors, devant l'engagement du ministre,
je suspendrai en tout cas ces remarques que j'aurai à faire, puisqu'il y
a juste quelques jours et j'ai reçu à ce sujet une
réponse du ministre je lui soumettais un cas qui me paraissait,
en tout cas, très grave, qui avait été à mon sens
très mal discuté au niveau de la Commission des accidents de
travail et très mal réglé.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de faire le
débat à ce stade puisque le ministre s'engage à nous
soumettre une réglementation générale, parce qu'on ne peut
pas régler le problème de la Commission des accidents du travail,
sans avoir une loi-cadre, sans avoir une loi générale. Je pense
qu'il faut modifier non seulement des articles, mais c'est surtout la
philosophie générale qu'il faut changer, l'esprit même de
la loi et l'esprit même dans lequel travaille la Commission des accidents
de travail. Je comprends que la Commission des accidents de travail soit dans
l'obligation de respecter l'esprit de la loi et, bien souvent, cela apporte des
conséquences absolument mauvaises, pour l'ensemble des travailleurs.
Cependant, M. le Président, si je ne soulève pas la
question générale de la Commission des accidents de travail, je
voudrais poser une question au ministre du Travail, à ce stade-ci,
concernant une loi qui touche justement ce problème, la loi 52. J'avais
posé une question au ministre du Travail. Le ministre du Travail m'a
répondu à l'Assemblée nationale, mais je pense que cette
réponse n'était pas complète parce que le ministre du
Travail m'avait dit que d'ici je pense que cela fait déjà
un mois ou un mois et demi, près d'un mois, il parlait à la
période où je lui posais la question quelques semaines, le
problème de la loi 52 serait réglé et les employés
qui souffrent de maladies industrielles, d'amiantose, de silicose, pourraient
recevoir les indemnisations prévues en vertu de la loi 52.
Or, M. le Président, je souligne encore une fois, au ministre,
que la loi 52 n'est pas appliquée actuellement et que les
employés qui souffrent, qui devraient normalement être soumis
particulièrement à l'article 2, de la loi 52, n'ont pas encore
reçu à la fois les indemnisations forfaitaires et les
indemnisations complémentaires prévues à la loi no 52. Je
demande donc au ministre si on a l'intention de prendre toutes les mesures
urgentes possibles, pour faire en sorte justement que cette loi, qui
était urgente en juin dernier et qui est encore urgente, s'applique dans
le plus bref délai possible.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je vais
répondre à sa question si vous me permettez, c'est parce qu'il
m'a posé une question. Pour compléter la réponse que
j'avais donnée au député de Saguenay, avant, laissez-moi
vous dire que je partage votre opinion quant à la discussion de fond que
vous vouliez avoir sur la loi actuelle de la Commission des accidents du
travail. Qu'on se rappelle qu'elle a été adoptée en 1931
et qu'à part de rares amendements qui ont porté surtout sur le
plafond assurable en raison de la situation économique ou des besoins
qui s'y prêtaient, il est bien sûr que la discussion de fond est
sur le mécanisme qui fera que le montant des gains assurables
évoluera, je l'espère, quand on amendera la loi pour
éviter de revenir uniquement pour ce motif devant la Chambre. Je
compléterai la réponse que je vous donnais. La commission m'avait
assuré à ce moment-là qu'elle serait en mesure, dans
quelques semaines, de détenir toutes les informations lui permettant de
prendre ses responsabilités en vertu de la loi no 52.
Comme vous le savez, le député de Beauce-Sud avait
insisté pour que la commission siège. Avant de quitter, non pas
pour des besoins particuliers du comté que je représente, mais
afin de faire mon travail comme ministre du Travail du Québec
mardi j'étais à Jonquière j'avais convenu avec le
leader parlementaire, que mercredi matin à dix heures, les commissaires
seraient ici.
Nous étions tous ici. On m'a remis, hier, la copie du document et
des informations qu'ils ont enfin pu obtenir. Cela leur permettra, au cours des
prochaines semaines, puisqu'on est dans le temps des Fêtes, de
compléter leurs responsabilités et de rendre les décisions
qui s'imposent concernant les victimes de l'amiantose.
Donc, pour une partie des dossiers qui étaient à ce
moment-là terminés, les paiements provisoires avaient
été effectués; le reste peut être fait
immédiatement. Concernant le problème des permis, à partir
du document qu'ils ont en main depuis quelques jours et dont j'ai copie depuis
hier matin, la commission peut prendre ses décisions. On m'a
assuré que, dès les premiers jours de 1976, des décisions
seront prises et des annonces seront faites en conséquence, en fonction
de la loi 52, de l'article qui vous intéresse et également en
fonction de permis de certains mineurs.
M. Lessard: Est-ce que le document que vous avez en main...
M. Roy: M. le Président, j'aurais des commentaires
à faire avant que l'on engage un interrogatoire, si vous voulez, ce qui
est tout à fait normal lors de la discussion d'un projet de loi. Comme
il n'y a pas eu de deuxième lecture, il est de coutume de faire quelques
commentaires, voire même d'interroger le ministre sur quelques questions
particulières.
Je veux dire qu'il est très regrettable que l'on ait attendu
à la toute dernière minute d'une session pour présenter un
projet de loi qui est bon en soi, parce qu'il constitue quand même une
amélioration pour permettre aux éventuelles victimes d'accidents
du travail d'avoir des compensations qui correspondent au salaire qu'elles
gagnaient auparavant. C'est, quand même, regrettable parce que nous
aurions été en droit de nous attendre à un autre projet de
loi que celui que le gouvernement nous a présenté. Le ministre du
Travail vient justement d'y faire allusion; depuis longtemps, nous demandons
à l'Assemblée nationale d'avoir la possibilité d'examiner,
en commission parlementaire, toutes les procédures administratives, la
façon dont on procède pour fixer les indemnités aux
victimes d'accidents du travail, voire même d'examiner les structures,
l'organisation, l'administration et le fonctionnement de la Commission des
accidents du travail dans son ensemble.
On se rappellera que, le 22 mai 1974, une motion a été
déposée devant l'Assemblée nationale.
Cette motion a été discutée lors de la
journée des députés, un mercredi, et a finalement
été adoptée, le mercredi 29 mai 1974, à
l'unanimité par la Chambre. Cette motion donnait ordre au gouvernement
de convoquer, dans les meilleurs délais, la Commission des accidents du
travail et ses dirigeants devant la commission parlementaire. Il a fallu un an
avant que nous puissions interroger une première fois les dirigeants de
la Commission des accidents du travail. Ce fut justement à l'occasion du
conflit de l'amiante, dans la région de l'amiante, où un point
était primordial, celui d'en venir à trouver une solution au
fameux problème de l'amiantose, qui concerne les mineurs de l'amiante,
que ce soit à l'occasion de l'émission de leur permis, que ce
soit à l'occasion des examens qu'ils doivent ou qu'ils devraient subir
à des intervalles réguliers, et qui touche même les
conditions minimales de protection qui devraient être mises sur pied par
les compagnies minières en vue de réduire la poussière
d'amiante et les autres.
Le député de Saguenay vient justement d'en parler. Il y a
eu une loi qui a été votée dans le mois de juin, soit la
loi 52. Après avoir interrogé les mineurs eux-mêmes,
après avoir travaillé pendant un certain nombre d'heures à
cette commission parlementaire, la loi 52 a été adoptée.
Il semble qu'il y ait eu un consensus de façon que de nouvelles
dispositions soient prises par la Commission des accidents du travail afin de
protéger le mieux possible les mineurs de l'amiante et les victimes de
l'amiantose, de même que leur famille.
Malheureusement, au moment même où nous sommes à la
toute fin d'une session, où nous avons une loi qui modifie la Loi des
accidents du travail qu'y a-t-il eu de fait? Je viens d'entendre le ministre,
à la suite des questions posées par mon collègue de
Saguenay, nous dire qu'au cours des prochains jours, au cours des deux ou trois
prochaines semaines, le ministère du Travail va avoir en main les
données nécessaires pour faire quelque chose dans ce domaine.
M. le Président...
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Beauce-Sud a mal compris. La loi étant sanctionnée le 27 juin,
comme il s'agit d'une loi spécifique concernant les victimes
d'amiantose, la commission ne pouvait pas procéder sur des dossiers
dès le lendemain. Au moment où j'ai répondu à la
question du député de Saguenay, la majorité des dossiers
n'étaient pas encore terminés au point de vue de l'étude,
pour établir le pourcentage d'atteinte d'amiantose des mineurs
impliqués.
Ce que j'ai mentionné tout à l'heure comme document final
identifie le nombre total de victimes d'amiantose au Québec, le nombre
de ceux qui sont à leur retraite, le nombre de ceux qui ne sont plus
dans les mines d'amiante, le nombre de ceux qui y sont encore. Ce
n'était pas possible; même si cela avait été le
député de Beauce-Sud qui avait eu des budgets pour indemniser ces
personnes en vertu de la loi, il n'aurait pas pu procéder au paiement
forfaitaire, au paiement final qu'oblige la loi 52.
C'est avec toute la diligence et toute la pres- sion qu'ils ont pu
mettre sur ceux qui devaient leur fournir les renseignements, à la suite
d'examens, à la suite de rapports qui devaient être
concrétisés, que la commission a fait part à celui qui
vous parle, parce qu'il est responsable de la Commission des accidents du
travail devant la Chambre, qu'elle est en mesure de procéder.
Tout à l'heure le député de Beauce-Sud disait que
nous avons, au ministère du Travail, des statistiques. C'est le ministre
du travail qui est responsable de la Commission des accidents du travail devant
la Chambre, mais ce n'est pas le ministère du Travail qui, au point de
vue administratif, fait le travail de la CAT. Le député de
Beauce-Sud devrait le savoir.
M. Roy: Je le sais, M. le Président, je n'avais même
pas terminé mes observations...
M. Lessard: Le document dont vous parlez, pouvez-vous le
déposer?
M. Roy: Le ministre est intervenu. Il est vrai qu'il est
difficile de se comprendre un peu à l'Assemblée nationale, et je
m'en suis plaint tout à l'heure, parce qu'il y a
énormément de bruit dans l'Assemblée nationale.
M. le Président, je veux quand même dire ceci au ministre
aujourd'hui. Je suis bien prêt à croire que le ministre est de
bonne foi et admettre que cela ne fait pas tellement longtemps qu'il est au
ministère du Travail et qu'il a dû procéder avec le plus de
diligence possible, mais il y a quand même un fait. Ce n'est pas
d'aujourd'hui qu'il en est question de ce problème de l'amiantose. Ce
n'est pas d'aujourd'hui qu'on parle des permis de mineurs.
M. le Président, j'ai eu l'occasion de me rendre dans la
région de l'amiante il n'y a pas tellement longtemps. Les mineurs et les
dirigeants du syndicat de l'amiante s'inquiètent du fait qu'il y aurait
peut-être deux permis qui seraient émis aux mineurs de
l'amiante.
Ce sont des questions que nous avons le droit de nous poser parce que,
en aucun moment, d'aucune façon, il n'a été question
devant la commission parlementaire qu'il y ait deux catégories de permis
émises. Je me demande pourquoi nous sommes arrivés à cette
proposition, pourquoi on en est arrivé à cette formule, et dans
le but de protéger qui et de protéger quoi?
Nous avons le droit de nous poser ces questions, M. le Président.
Nous avons le droit de nous poser ces questions. Dans le but de protéger
qui et de protéger quoi? Autant de questions qui sont demeurées
en suspens et autant de questions qu'il aurait été
nécessaire, très utile de discuter à ce moment-ci, puisque
nous avons l'occasion de discuter du dossier de la Commission des accidents du
travail, parce que nous avons une loi actuellement, devant nous, qui modifie la
loi de la Commission des accidents du travail.
M. le Président, il n'y a pas un député en cette
Chambre qui n'a pas eu des problèmes multiples avec ses commettants et
qui n'a pas eu à commu-
niquer avec la Commission des accidents du travail à un moment
donné. Il n'y a pas un député qui n'a pas eu l'occasion de
se rendre peut-être à la Commission des accidents du travail pour
discuter et essayer d'intervenir en vue que les personnes que nous
représentons puissent avoir un traitement équitable, qu'on puisse
procéder.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de reprendre des propos
que j'ai tenus à l'Assemblée nationale en 1974 et ceux que j'ai
tenus également en 1975 lorsque la Commission des accidents du travail a
comparu devant une commission parlementaire.
La loi qui est devant nous apporte des modifications, je suis bien
d'accord, positives. Mais il y a une autre chose qui est urgent au niveau de la
Commission des accidents du travail.
Il y a encore des gens, M. le Président, qui reçoivent des
prestations de la Commission des accidents du travail pour des salaires et des
échelles de salaire qui datent d'avant les années 1950 et qui
reçoivent une compensation en fonction des salaires de ce temps, de
cette époque. Il y a des gens qui sont très mal pris à
l'heure actuelle et qui sont obligés d'avoir recours à l'aide
sociale. Or, on taxe les citoyens au niveau du gouvernement provincial parce
qu'on prête des sommes prises dans le fonds consolidé du revenu de
la province pour tâcher de compenser une loi qui n'a pas
été rajustée, qui aurait dû l'être au moins
depuis cinq ans de ce côté, et rétroactivement.
Il serait temps de faire des lois rétroactives de façon
à réexaminer la question et à rétablir la situation
en tenant compte de l'actuel coût de la vie et de l'évolution
qu'il y a eu dans les salaires pour des personnes victimes d'accidents de
travail. Malheureusement, je ne peux pas tellement aborder ce sujet, à
ce moment, parce qu'il n'y a aucune disposition dans la loi. Je ne peux que
déplorer actuellement que le gouvernement n'ait pas été
plus prévoyant quant à nous présenter une loi à
l'Assemblée nationale et surtout attendre à
l'avant-dernière journée de la session ou la
dernière pour appeler cette loi.
On est toujours à la dernière minute, avec de petites
lois, pour essayer de régler de petits problèmes, et les grands
problèmes et les situations graves restent ce qu'ils sont et ce qu'ils
étaient. C'est ce que je déplore dans la loi actuelle parce que
cela fait suite aux propos tenus lors du discours inaugural, lors des
engagements et des promesses faites au cours de l'année, lors
également des déclarations faites par le ministre du Travail
actuel ou le ministre précédent. On a annoncé à
grands renforts de publicité: Vous allez avoir une grande réforme
dans la Loi des accidents du travail en 1975.
On est aux derniers jours de 1975. Je ne parle pas du mois de novembre,
je vais parler des mois précédents. Des déclarations ont
été faites antérieurement.
M. Harvey (Jonquière): L'année 1976, je n'ai jamais
dit 1975.
M. Roy: On nous garroche comme cela de mois en mois et on nous
parle de l'année 1976. M. le Président, je veux croire le
ministre, mais je veux quand même lui dire que nous allons sûrement
prendre bonne note des propos qu'il tient ce soir. Nous allons les garder
précieusement en note. Or, comme il a été question
également que la Commission des accidents du travail comparaisse devant
la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre dès
janvier, nous en prenons bonne note également et nous allons tenter
à ce moment de faire un travail vraiment positif pour en venir à
proposer au gouvernement des modifications à la loi, des modifications
au fonctionnement de la Commission des accidents du travail, de façon
que les travailleurs du Québec victimes d'accidents soient
protégés le mieux possible et, lorsqu'ils sont victimes
d'accidents, qu'ils puissent avoir des compensations qui tiennent compte de
leur état, de leur situation et également du travail qu'ils
faisaient avant d'être victimes d'accidents de travail.
Il y a plusieurs domaines, il y a quelques points en particulier que
j'aimerais soulever à ce moment-ci, puisque l'occasion nous est
donnée, mais je ne pense pas que ce soit l'occasion, à ce moment;
nous en aurons l'occasion dans quelques semaines, lorsque la CAT
comparaîtra. Nous pourrons alors réexaminer ces dossiers et
interroger les dirigeants de la Commission des accidents du travail et,
à la lumière des renseignements que nous aurons, nous pourrons
connaître les intentions du gouvernement et faire les propositions qui
s'imposent.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, juste un
mot, non pas en réponse au discours que vient de faire le
député de Beauce-Sud, mais pour souligner qu'il ne faudrait pas
laisser l'impression que ceux qui ont eu des accidents dans les années
passées sont ignorés. Je pense que ceux qui ont eu à voter
sur des amendements augmentant le plafond, des gains assurables dans le
passé ont été à tour de rôle les ministres du
Travail et qu'ils l'ont fait conscients que ce plafond était
ajusté en fonction d'un besoin et non d'une façon
rétroactive.
Par ailleurs, on sait fort bien que la rente de tous ceux qui
reçoivent des compensations en vertu d'un accident du travail est
indexé de façon à protéger leur pouvoir d'achat en
vertu de la rente établie en fonction du pourcentage d'incapacité
au moment où ils ont subi cet accident.
Quant à suivre le raisonnement du député de
Beauce-Sud, je ne voudrais pas être le ministre qui placerait la commande
aux actuaires qui en feraient l'étude. Cela équivaudrait à
demander à un actuaire de nous faire un calcul pour présenter une
demande aux lois actuelles d'allocations familiales au gouvernement
fédéral ou provincial pour ceux qui ont eu des enfants ayant
même que cela n'existe ou pour ceux qui étaient trop vieux pour en
recevoir.
Le but de la loi, c'est simple, c'est, à compter du 1er janvier
1976, d'avoir un plafond similaire à celui qui existe dans la loi 52
votée par le Parlement le 27 juin dernier. Quant aux mécanismes
et
quant aux amendements de fond que souhaitent autant le
député de Beauce-Sud que le député de Saguenay, que
le député de Maisonneuve et que probablement tous les
députés de cette Chambre, c'est à l'occasion de la refonte
de la loi, nos consultations et les organismes impliqués, la
Régie des rentes, le ministère des Affaires sociales
également qui a des versions à nous donner afin d'être
sûrs d'arriver avec une refonte complète de la Loi des accidents
du travail datant de 1931, une loi répondant, une nouvelle loi, une
refonte complète, aux besoins d'une société moderne.
J'aime mieux, M. le Président, comme titulaire du ministère du
Travail, être quelques mois en retard sur la promesse de mon
prédécesseur, mais arriver avec une loi que nous pourrons
défendre en commission parlementaire. Si nécessaire nous
entendrons des personnes intéressées critiquer le contenu de la
refonte de la Loi des accidents du travail. Ce soir, nous voulons rendre
cohérentes deux lois, la loi générale et une loi
particulière qui s'appelle la loi 52, sur le plafond assurable parce
qu'on constate que le salaire moyen en 1974 a été de $7,429,
celui en 1975, $8,004 et c'est toujours en fonction de ce besoin. Près
de 55% des accidentés, l'an dernier, avaient des salaires
supérieurs au plafond de $9,000 et on était
considérablement en bas des provinces industrialisées, comme
l'Ontario, l'Alberta, la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et les autres.
C'est le besoin, provisoirement, avant d'arriver à des amendements de
fond, qui nous a amenés, avant la fin de la session et quand on
dit que c'est une loi de dernière minute à un article pour
modifier le plafond assurable de $9,000 $13,500. Je ne vois pas ce que vient
faire la fin de la session, le milieu ou le début.
Le Président (M. Picard): Article 1 adopté.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Picard): Article 2?
Des Voix: Adopté.
M. Burns: Non, M. le Président. L'article 2...
Le Président (M. Picard): Article 2, le
député de Maisonneuve.
M. Burns: ...c'est l'article qui, à toutes fins pratiques,
prive de toute rétroactivité la mesure que nous nous
apprêtons à adopter par le projet de loi no 65. Si le ministre du
Travail s'en souvient et je présume qu'il s'en souvient puisque
tout à l'heure il l'a mentionné, sans doute qu'il est au courant
en 1972, nous avons fait passer le montant des gains admissibles de
$6,000 à $9,000. A l'époque, je me rappelle que son
prédécesseur, le député de Robert Baldwin, je
crois, avait refusé d'accepter notre forme de raisonnement parce que les
$6,000 qui existaient depuis un certain nombre d'années, étaient
tout à coup changés à $9,000, quant aux gains admissibles
pour fins de calcul de l'incapacité ou de la rente, à la suite de
l'évaluation de l'incapacité. Nous avions demandé qu'il y
ait une certaine rétroactivité sur cela. Je m'apprête, sans
faire un amendement formel, à demander au ministre du Travail de
reconsidérer l'article 2 de la loi tel qu'il est présenté
actuellement.
Qu'est-ce que donne en pratique une législation libellée
de cette façon? Attachons-nous aux dates prévues dans le projet
de loi, c'est-à-dire le 31 décembre 1975 et toutes les dates qui
précèdent, c'est-à-dire celle qui nous concerne
aujourd'hui, le 18, par exemple, et voyons ce que cela veut dire.
C'est qu'aujourd'hui quelqu'un peut subir un accident de travail, gagner
la somme de $15,000 et, à cause de la disposition de l'article 2, alors
qu'on s'apprête à faire la modification, voir ses gains
admissibles pour fins de calcul de sa rente maintenues à $9,000. Une
fois qu'on aura établi son incapacité, temporaire ou permanente,
partielle ou totale, on lui dira: Vous savez, on vient d'adopter cette mesure,
le 18 décembre. Vous avez subi un accident de travail le 18
décembre, mais, pour vous, même si vous gagnez $15,000, vos gains
admissibles, quant au calcul de la. rente, ne doivent pas dépasser
$9,000.
On se rend compte de ce que cela veut dire, quand on se met à
jauger la méthode d'établissement des rentes. Ce n'est
peut-être pas inutile de le rappeler, peut-être pas pour le
ministre, parce que je présume qu'il est au courant, mais même
dans un cas d'incapacité totale, même quand la Commission des
accidents du travail juge qu'un travailleur n'est plus capable, à la
suite de son accident de travail, de gagner quelque chose par son travail, il a
une évaluation d'incapacité qui, en principe, devrait être
considérée comme étant 100%, chose qu'on pourra
peut-être soulever à un moment donné, lorsqu'on reviendra
à l'étude de la refonte totale du projet de loi, mais cela lui
donne en pratique 75% de quoi? De ses gains admissibles.
Aujourd'hui, il n'est pas surprenant de voir des travailleurs, par
exemple, de la construction, de voir des débardeurs, de voir des
employés de commissions de transport gagner plus que $9,000.
Habituellement, ce montant de gains admissibles est examiné sur la
période des 12 mois précédents.
Le ministre me dira peut-être en réponse que je
soulève un faux problème, en ce sens qu'on amende la loi et qu'il
aurait toutes sortes de façons de calculer la date où on pourrait
augmenter les gains admissibles, tels que prévus à l'article
1.
D'autre part, M. le Président, à l'article 1, on nous a
fait valoir qu'il s'agissait de faire un parallèle avec le projet de loi
52 relativement aux mineurs qui sont affectés d'amiantose et qui,
à un moment donné, doivent quitter leur travail. Je serais
tenté, au départ, de vous dire que ma première
réaction serait que les $12,500 remontent au 1er janvier 1972; je sais
ce que cela peut comporter comme problème. Cela a de l'effet non
seulement sur les incapacités totales temporaires, non
seulement sur les incapacités totales permanentes, mais cela a de
l'effet également sur le calcul des rentes prévues en cas
d'incapacité partielle temporaire et partielle permanente. Il n'y a pas
de doute que cela affecte tout le système et je pense que je peux
admettre, à ce stade-ci, qu'il y a des effets actuariels qui risquent,
si on ne les évalue pas longtemps à l'avance, d'être
néfastes.
Si on veut être logique, cependant, il m'apparaît qu'on
devrait retourner, tout au moins, à la date de la mise en vigueur du
projet de loi no 52. Il a été adopté, me dit-on, le 27
juin 1975. Malheureusement, de mémoire, je ne suis pas en mesure de dire
quand il a été mis en vigueur. Il a peut-être
été mis en vigueur dans les jours qui ont suivi ou
peut-être sur promulgation; le ministre pourra me le dire. Mais il me
semble que, si on veut faire des corrélations entre les deux projets de
loi, on devrait, tout au moins, reculer, à l'article 2, à la date
de la mise en application du projet de loi no 52.
Si on me dit, M. le Président, que c'est le 31 décembre
1975, je vais dire que je vous ai parlé pendant cinq minutes pour
rien.
Mais, si ce n'est pas le cas, j'aimerais que le ministre me prouve la
logique des deux attitudes. Je n'ai malheureusement pas le projet de loi no 52
sous les yeux ou la loi no 52 maintenant, qui, je présume, est en
vigueur. J'aimerais, d'une part, que le ministre nous dise à quelle date
les dispositions du projet de loi no 52 sont entrées en vigueur et,
deuxièmement, si je me trompe, à ce moment, je vais retirer tout
ce que je viens de dire. On attendra, lors de la refonte totale de la loi, pour
revenir sur l'ensemble du problème.
Mais il m'apparaît qu'il devrait y avoir une corrélation
entre les deux dates.
M. Harvey (Jonquière): D'abord, la loi no 52 est
entrée en vigueur le jour de sa sanction.
M. Burns: Le 27 juin.
M. Haryey (Jonquière): Le 27 juin. Le mécanisme
instauré, prévu dans la loi pour faire évoluer le plafond
assurable, je dois dire au député de Maisonneuve que le plafond
de la loi no 52, pour l'année 1972, est de $12,000, c'est-à-dire
pour 1975.
M. Burns: Pour 1975, oui.
M. Harvey (Jonquière): C'est de $12,000.
M. Burns: Pour toute l'année?
M. Harvey (Jonquière): Pour toute l'année, à
compter...
M. Burns: A partir...
M. Harvey (Jonquière): ... du 27 juin, son plafond
assurable...
M. Burns: Rétroactivement au 1er janvier? M. Harvey
(Jonquière): Non.
M. Burns: Pour l'année, à compter de son
adoption.
M. Harvey (Jonquière): Pour l'année, parce que les
cotisations... Je vais revenir sur le problème de fond. C'est un
problème de cotisations également sur le plafond imposable, qui
est fait sur une base annuelle, du 1er janvier au 31 décembre, à
l'endroit des employeurs, sur le plafond assurable.
La loi no 52, qui était nouvelle, donnait un plafond, en 1975, de
$12,000, mais le mécanisme introduit à 130% fait qu'en 1976 il
sera de $13,500. C'est pour cela qu'on met $13,500, pour l'uniformiser. Si on
suivait, lors des amendements c'est hypothétique ce qui
est suggéré dans la loi no 52, qui deviendra, probablement, un
chapitre d'une refonte de la Loi des accidents du travail, on ne sait jamais,
à ce moment, vous avez le tableau je l'ai ici le plafond,
en 1977, pour les victimes d'amiantose, serait de $15,000. En 1978, il serait
de $16,500; en 1979, à 145%, $17,000, et en 1980, à 150%,
$18,000.
Ce que suggère le député de Maisonneuve est
sûrement intelligent. Mais cela demanderait, au niveau administratif,
pratiquement, d'abord, absence d'étude d'actuaires pour pouvoir
déterminer, de façon sûre, ce qu'on serait appelé
à demander à des gens qui ont été cotisés en
fonction d'une formule des fréquences d'accidents, pour la base annuelle
du 1er janvier au 31 décembre 1975. C'est pour cela que, tout à
l'heure, j'avais envie de répondre au député de Beauce-Sud
que c'est peut-être une bonne chose que de diminuer le nombre de jours
possibles quant à l'amendement qu'on apporte au plafond assurable, parce
qu'on ne sait jamais qui peut avoir un accident dans les derniers jours de
l'année. Généralement et traditionnellement, quand ces
plafonds sont augmentés, ils le sont sur la fin d'une année, pour
pouvoir commencer, avec l'année nouvelle, la facturation et l'envoi des
avis de cotisation, qui sont faits sur le plafond assurable. Imaginez-vous la
différence qu'il y a entre $9,000 et $13,500 pour une loi adoptée
par un Parlement soi-disant de gens intelligents, avec une
rétroactivité de douze mois qui serait automatique du 1er janvier
1975 au 31 décembre 1975.
C'est bien sûr que, si j'étais assis sur le siège du
député de Maisonneuve, j'aurais fait cette proposition. Mais,
avec comme contrainte ce que nous avons, on a à souhaiter que personne
n'ait à subir un accident qui le priverait, pendant quelques jours, de
jouir d'un plafond assurable. Il peut fort bien arriver que ce soit un individu
qui ne gagne pas le montant de $13,500. S'il ne le gagne pas, même si son
plafond assurable est de $13,500, il n'est pas affecté.
M. Burns: Je suis prêt à admettre, à part
cela, que ce n'est pas la majorité des cas.
J'aimerais savoir du ministre si, avant de nous présenter ce
projet de loi, qu'il a sans doute étudié longuement avec ses
conseillers, qu'il a sans doute soumis à l'appréciation des gens
de la Commission des accidents du travail, il est en mesure de nous dire si,
depuis la mise en vigueur de
la loi no 52, c'est-à-dire depuis le 27 juin 1975, il y a
beaucoup de cas qui sont placés dans la situation, disons-le injuste, de
ne pas recevoir une rente basée sur une somme qui se situe entre $9,000,
montant des gains admissibles à cette date, et $12,000 pour la
période qui nous concerne jusqu'à maintenant, et si cela peut
avoir un effet quelconque à compter du 1er janvier à l'endroit
des personnes qui se seraient placées, dans l'établissement de
leur rente, se seraient basées sur un critère entre $12,000 et
$13,500 à compter du 1er janvier.
Est-ce qu'on est en mesure d'avoir des chiffres à cet
égard? Cela pourrait nous indiquer à peu près, en tout cas
vaguement, quel est le coût d'une telle mesure de rente
rétroactive, la mesure qu'on nous suggère actuellement,
c'est-à-dire de monter le plafond des gains admissibles d'une part,
peut-être en deux temps, de $9,000 à $12,000 pour une certaine
période et de $12,000 à $13,500 pour une autre
période.
M. Harvey (Jonquière): On me dit qu'actuellement, dans les
études que nous avons pour cette catégorie spécifique, les
actuaires n'ont pas ces chiffres. On pourrait certainement, à la suite
d'études rapides, les sortir. Mais l'unique raison qui me fait refuser
la suggestion du député de Maisonneuve et là, je raisonne
peut-être comme ministre du Revenu par déformation
professionnelle, c'est qu'à moins d'un avis, d'une déclaration
ministérielle de la part du ministre des Finances, qui est responsable
de la politique fiscale, financière d'un gouvernement, on ne peut pas
amener une loi imposant un contribuable de façon rétroactive.
Et si on voulait appliquer le principe, oui, par le biais...
M. Burns: Ce n'est pas cela, M. le ministre. Ce n'est pas le cas.
Excusez-moi de vous interrompre, mais je ne veux pas qu'on se lance dans un
long débat qui nous mènerait à des répliques, des
suppliques puis des contrerépliques, tout ce que vous voulez. Il s'agit,
à toutes fins pratiques, de la façon que la Commission des
accidents de travail est conçue actuellement, d'une compagnie
d'assurance mutuelle. C'est cela avec tout ce que je trouve d'inacceptable dans
cette approche. Je n'endosse pas cette position. Vous verrez qu'à
plusieurs reprises, lors de l'examen des crédits du ministère du
Travail, je me suis plaint de cette conception de la Commission des accidents
du travail comme d'une espèce d'assurance mutuelle. C'est-à-dire
que, plus il y a de fonds, plus... En tout cas, c'est autofinancé etc.,
cela crée une atmosphère assez particulière dans l'examen
des réclamations. Mais je vais plus loin que cela, et si le ministre a
les chiffres devant les yeux, il sera en mesure de me le dire, vous avez des
fonds de réserve absolument incroyables à la Commission des
accidents du travail.
Il n'y a pas une compagnie sérieuse, il n'y a pas une caisse
populaire sérieuse qui se monte des fonds de réserve comme la
Commission des accidents du travail à moins que cela ait bien
changé depuis un an, depuis les crédits de l'année
dernière. Et qu'est-ce qu'on fait de cet argent? On le laisse
s'accumuler au lieu de donner des bénéfices aux gens pour qui
cette loi a été conçue. Les fins mêmes de cette loi,
c'est de protéger le travailleur qui a subi un accident de travail.
C'est ce que je vous demande. On a beau me parler éventuellement d'une
refonte totale de la loi, c'est bien beau, cela, M. le ministre, mais il va
falloir faire plus avant de faire une refonte totale, parce que vous allez
être conseillé par la Commission des accidents de travail, vous
allez être conseillé par tous les gens qui, depuis des
années, retardent notre politique en matière d'indemnisation des
victimes d'accidents de travail et par le même biais maintenant, les
mineurs qui subissent des maladies industrielles, par le même biais
depuis quelques années, les victimes d'accidents qui ne sont pas
protégés, parce qu'ils sont frappés par un chauffard, sont
blessés à l'occasion d'un accident par quelqu'un qui n'est pas
solvable.
C'est tout cela. Il y a les victimes d'actes criminels et il y a tout ce
que vous voulez. On peut élargir cela. C'est toute une conception qui
est derrière cela. Il me semble que, dans un premier pas, dans un
premier geste, vous pourriez dire, vous, à la commission... Parce
qu'éventuellement la personne ou les personnes qui décident de
cette athmosphère que je trouve réprouvable à la
Commission des accidents du travail, les personnes qui décident, elles
sont ici et sous la direction, sous le leadership, si je peux dire, du ministre
du Travail. Une des choses qu'il faut leur dire une fois pour toutes, c'est
qu'ils ne sont pas une compagnie d'assurance, la Commission des accidents du
travail, et ils ne marchent pas en fonction de faire des profits. C'est vrai
qu'ils s'autofinancent, c'est vrai qu'ils veulent essayer de voir le plus
possible à ce que ça coûte le moins cher à ceux qui
contribuent, c'est-à-dire aux employeurs, à ce système,
mais c'est vrai aussi qu'il est temps de leur dire, aux gens de la Commission
des accidents du travail, que c'est un phénomène
dépassé, qu'on est encore au XIXe siècle dans cette
conception.
La Commission des accidents du travail, sous la direction et sous le
leadership que le ministère du Travail peut lui donner, est en mesure,
même avec les fonds de réserve qui sont déjà
existants, d'améliorer la situation. A long terme, et avec beaucoup
d'efforts de la part du gouvernement, elle est en mesure aussi d'aller beaucoup
plus loin que cela. C'est de reconnaître que des gens, qui, à un
moment donné, sont des travailleurs dans une société, sont
des éléments de la richesse nationale au même titre et
sûrement de façon plus importante que toutes nos autres richesses
naturelles. Il me semble qu'on est capable de reconnaître cela et il va
falloir le reconnaître quand vous ferez la refonte. Peut-être que
je sais que je n'irai pas loin avec mon argumentation ce soir et vous
n'êtes peut-être pas en mesure, parce que vous n'avez pas les
études actuarielles, de me donner raison immédiatement, mais si
je vous le dis ce soir, c'est dans le but justement que cela serve en
tout cas
si ça peut servir comme guide par rapport à
l'approche que l'Opposition officielle prendra lorsque vous présenterez
votre réforme.
Je ne vous demande pas de tout changer cela ce soir, je serais d'un
irréalisme absolument réprouvable, il n'y a pas de doute
là-dessus, mais je pense que toute l'atmosphère et toute
l'approche de la Commission des accidents du travail doit être
changée et c'est sous le leadership du ministère du Travail que
cela va être changé ou que ça ne le sera pas. Vous avez la
chance, M. le ministre du Travail actuel, de ne pas avoir encore commis trop de
gaffes dans ce domaine-là. Vous n'avez pas encore subi...
M. Harvey (Jonquière): Vous allez vous faire gronder par
le député de Johnson.
M. Burns: ... de motion de blâme. Vous allez me dire:
Peut-être que cela viendra un jour. Je vous réponds:
Peut-être que cela viendra un jour. Vous avez la chance, étant
nouveau dans le ministère du Travail, d'insuffler cette nouvelle
approche à la conception même de ce qu'est un accident de travail,
de la façon dont on détermine éventuellement les rentes
d'un accidenté du travail et de la reconnaissance, cela, il va falloir
qu'on le dise une fois pour toutes, que l'accidenté du travail ne fait
pas cela pour son plaisir personnel, chose que croient beaucoup de compagnies
d'assurance. C'est cette approche de certaines compagnies d'assurance qui fait
qu'on ne paie pas, qu'on ne rembourse pas totalement la perte de salaire du
travailleur.
On dit: Tout à coup, à un moment donné, le risque
assuré c'est un raisonnement de compagnie d'assurance
c'est-à-dire le salaire, en l'oc-curence, est perçu par le
travailleur parce qu'il veut bien le percevoir. Moi, c'est bien dommage, mais
à moins d'avoir affaire à des fous, je ne connais pas de gens qui
se "pètent" de façon délibérée des doigts
sur une scie ronde. Je n'en connais pas. Je ne connais pas de plombiers qui se
font couper le bras gauche de façon délibérée,
à moins, encore une fois, que ce soient des fous. On les traitera comme
des fous. C'est quelque chose d'exceptionnel.
Ce n'est pas cela. Souvent et je n'embarque même pas dans
l'autre aspect de l'affaire c'est à cause du dédain, du
souverain mépris que certains employeurs ont de la vie et de la
santé de leurs travailleurs qu'un certain nombre d'accidents de travail
arrivent.
C'est souvent dû, je l'admets, à certaines
négligences des travailleurs. Mais cela, ça fait partie
inhérente de ce tableau. Je m'arrête là. Je pense que je
n'ai pas à élaborer longtemps, mais je vous dis que nous serons,
nous de l'Opposition, très vigilants lorsque vous présenterez la
refonte. Je souhaite que vous la présentiez le plus rapidement possible.
Il est temps qu'on mette la hache dans un certain nombre de conceptions
vieillottes qui survivent encore à la Commission des accidents du
travail. Il est temps qu'on ait une toute nouvelle approche à cela.
J'espère pour le ministre du Travail actuel qu'il sera celui qui
donnera le leadership nécessaire à ce changement
d'atmosphère, à ce changement d'approche. S'il le fait, M. le
Président, j'aurai suffisamment d'honnêteté et de franchise
à son endroit pour l'en féliciter lorsqu'il le fera.
Le Président (M. Picard): Article 2, adopté.
Article 3?
M. Roy: Je m'excuse, avant l'article 2...
Le Président (M. Picard): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je suis placé un peu en
arrière et, quand je demande la parole, je fais signe, mais le
président est assez mal placé pour me voir. Je ne veux pas faire
de débat là-dessus, mais j'ai une question à poser
à l'honorable ministre, à ce moment-ci.
Lorsque la loi qui modifiait la Loi des accidents du travail, qui. a
été sanctionnée le 23 décembre 1971, chapitre 45
des Lois de 1971, a été amendée, il y avait l'article 1 de
la loi qui remplaçait le mot $6,000 par le mot $9,000 aux articles 12,
42 et 90 du chapitre 159 des Statuts refondus de 1964.
Il y avait également l'article 2 de ladite loi qui modifiait
l'article 3 du chapitre 52 des Lois de 1966/67, en faisant en sorte que la
rente mensuelle était augmentée. Je me demande pourquoi il n'y a
pas de disposition dans le projet de loi no 65 identique à celle qu'on
retrouvait dans la loi de 1971, en ce qui a trait aux indemnités qui
sont payées.
M. le Président, on demande à la Chambre l'autorisation
d'augmenter les cotisations. Il est entendu qu'il y a des calculs de
cotisations qui vont être faits et que les victimes d'accidents vont
avoir certains droits, pour un certain nombre. Prenons, par exemple, l'article
2 du chapitre 45 qui disait ceci, au sous-paragraphe a): "En remplaçant
le sous-paragraphe b) du paragraphe 1 par le suivant: b) Lorsqu'un veuf
invalide ou une veuve est le seul dépendant, une rente mensuelle de
$140."
Une veuve, suite à la perte de son mari par un accident de
travail, avait une pension qui était fixée, par l'amendement du
23 décembre 1971, à $140. Je ne retrouve pas de disposition qui
permette de rajuster cette pension.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le député
de Beauce me permettrait de lui dire pourquoi? C'est parce que c'est
indexé. L'an dernier, une pension comme celle qu'il signalait tout
à l'heure, si elle était de $160, a augmenté le 1er
janvier 1975, de 10.4%. Elle le sera de 11.2% sur des critères
d'indexation. Cela a été corrigé pour ne plus avoir besoin
de faire ce qu'il vient de décrire. C'est pour cela qu'on dit que les
accidentés d'autrefois ont plus grâce aux législateurs qui
ont permis d'indexer les allocations qui leur sont versées en vertu du
système. C'est corrigé, ce qu'il signale.
M. Roy: Je remercie le ministre pour la ré-
ponse qu'il vient de nous donner. Nous en prenons note et nous aurons
évidemment l'occasion de revenir sur le sujet au mois de janvier. Je
remercie le ministre pour la réponse qu'il vient de me fournir.
M. Harvey (Jonquière): Adopté.
Le Président (M. Picard): Article 2, adopté.
Article 3, adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre
commission plénière a étudié, article par article,
le projet de loi no 65, Loi modifiant la Loi des accidents du travail, et l'a
adopté sans amendement.
Le Président: Ce rapport est-il agréé? M.
Burns: Agréé.
Troisième lecture
Le Président: L'honorable ministre du Travail propose la
troisième lecture du projet de loi no 65, Loi modifiant la Loi des
accidents du travail.
M. Bienvenue: Adopté? Le Président: Cette motion est-elle
adoptée? M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, deux mots seulement. Je vois le
ministre de l'Immigration qui semble découragé parce que je dis
deux mots. Ce seront vraiment deux mots. Je retiens, de la part du ministre du
Travail et je pense que c'est important que je le dise en
troisième lecture son intention et celle du gouvernement de nous
amener une refonte complète de la Loi des accidents de travail. Je ne
veux pas répéter tout ce que j'ai dit tout à l'heure. Je
la retiens, et je peux vous dire que de notre côté nous vous
rappellerons constamment cette promesse. Nous vous rappellerons
également l'obligation que vous aurez, je pense, je vous le dis en toute
modestie, de suivre les opinions que l'Opposition vous a données
relativement à la consultation sur ce qui existe actuellement à
la Commission des accidents du travail.
Je vous rappelle la motion du député de Beauce-Sud qui est
devenue caduque avec le temps, qui n'a pas eu de suite. Mais je peux vous dire
qu'en ce qui nous concerne vous avez dit que c'était une de vos
priorités, M. le ministre du Travail, et je suis très heureux de
vous l'entendre dire.
Je vous dis qu'en ce qui nous concerne, à l'Opposition
officielle, c'est également une de nos priorités. On vous
appuiera éventuellement dans la mesure où vous montrerez que vous
avez l'intention de changer quelque chose d'important. Cela nous fera plaisir
de le faire, à ce moment.
Le Président: L'honorable ministre du Travail. Le droit de
réplique.
M. Gérald Harvey
M. Harvey (Jonquière): Droit de réplique
très bref, M. le Président. Je répète qu'il est
sûr qu'au cours de la session 1976 il y aura une refonte complète
de la Loi des accidents du travail. De plus, à la demande du ministre
d'Etat à l'Education, qui est responsable du Conseil du statut de la
femme, il y aura des amendements, lors de la refonte, qui vont correspondre
à des besoins et à des demandes formulées auprès
des autorités de la CAT, soit au ministre d'Etat à l'Education,
responsable du Conseil du statut de la femme, ou des autorités de la
Commission des accidents du travail. Il y a bien sûr également le
voeu exprimé par le député de Beauce-Sud, même si on
s'est rendu pour rien, il y a eu de l'imprévu, il a dû quitter lui
aussi le parlement pour des obligations. Ils se sont rendus pour rien, mais
cela n'est pas grave. Au cours du mois de janvier, vers la troisième ou
la quatrième de janvier, la commission siégera ici pour
répondre à un ordre de la Chambre à cet effet pour pouvoir
préalablement permettre au député de Beauce-Sud et aux
députés ministériels ou de l'opposition d'obtenir des
renseignements de base, soit sur l'administration ou sur la philosophie, comme
le disait tout à l'heure le député de Maisonneuve, de
certaines personnes à la commission, tel qu'il le disait.
Je suis persuadé qu'à la Commission des accidents du
travail avec les études qui ont été faites au cours
de la dernière année et dont les derniers rapports et dates
viennent tout juste d'entrer et d'autres sont à recevoir d'ici la fin de
janvier ou début de février ils seront en mesure de
répondre à plusieurs de vos questions quant à leurs
propres intentions, quitte, dans des cas d'arbitrage, à prendre les
décisions à l'endroit approprié, au comité de
législation après que le cabinet aura disposé du projet de
loi constituant la refonte totale de la Loi des accidents du travail du
Québec.
Le Président: Cette motion de troisième lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
M. Bienvenue: M. le Président, la troisième lecture
du projet de loi no 64, le ministre des Finances.
Projet de loi no 64 Troisième lecture
Le Président: Le projet de loi no 64, Loi concernant les
mesures anti-inflationnistes. L'honorable ministre des Finances.
M. Raymond Garneau M. Garneau: M. le Président, lors de
l'étude
du projet de loi no 64 en commission parlementaire, le chef de
l'Opposition avait suggéré un amendement à l'article 72
à l'effet que soit déposée devant l'Assemblée
nationale copie des ordonnances rendues par le commissaire.
Je lui ai alors dit que je voulais d'abord consulter les conseillers
juridiques afin de voir toutes les implications de sa suggestion dans le cas
général de l'application de la loi. Le commissaire doit, en vertu
de l'article 52, faire rapport au ministre sur chaque enquête qu'il fait
à la demande de la régie ou du lieutenant-gouverneur en conseil
et les rapports sont déposés à l'Assemblée
nationale. De même, le commissaire fait aussi rapport au ministre sur
l'exercice des fonctions et pouvoirs que lui confère la loi
conformément aux directives qu'il reçoit de lui et ces rapports
sont également déposés à l'Assemblée
nationale en vertu des dispositions de la loi.
Il y a donc, comme je viens de l'indiquer, dépôt à
l'Assemblée nationale des rapports d'enquête de même que le
rapport d'exercice des fonctions et pouvoirs conférés au
commissaire par la loi. L'amendement proposé par le chef de l'Opposition
aurait pour effet de rendre obligatoire le dépôt des ordonnances
rendues par le commissaire, ce qui n'est pas implicitement contenu dans les
rapports dont il est question à l'article 52. La réticence que
j'avais eue en commission parlementaire avait trait à la nature
confidentielle des informations que peuvent contenir ces ordonnances. En effet,
l'article 44 stipule que sont confidentiels les renseignements obtenus dans
l'exercice de leurs fonctions par un membre de la régie ou une personne
concourant à l'exercice des fonctions de celle-ci en vertu de la
présente loi sur une personne, une entreprise ou une association de
salariés. Sauf disposition contraire à la loi, nul ne peut
sciemment les communiquer ou en permettre la communication à un tiers ou
lui permettre de les examiner ou d'y avoir accès si ce n'est par
l'application de la présente loi. La portée de cet article est
étendue par l'article 116 relatif à la confidentialité des
renseignements. L'article 116 de la loi impose cette confidentialité non
seulement aux membres qui travaillent à la régie ou chez le
commissaire, mais également au ministre et aux autres personnes qui
concourrent à l'application de la loi.
L'article 124, paragraphe b) rend coupable d'une infraction quiconque
contrevient à l'article 44 qui s'applique directement ou en vertu de
l'article 116. Le seul autre article de la loi relatif à la
confidentialité des renseignements est l'article 106. Aux termes de cet
article, les témoignages ou les renseignements portant sur une personne
ou une entreprise fournis et obtenus au cours d'une audience devant la
commission, ne peuvent pas, si cette dernière juge qu'ils sont
confidentiels, être publiés d'une manière qui les rendent
accessibles aux entreprises qui leur font concurrence. Ainsi, il n'appartient
qu'à la commission d'appel et à la commission d'appel seule de
juger de la confidentialité des témoignages ou renseignements
relatifs à des personnes ou entreprises qui sont en appel devant elle.
Ni le commissaire, ni le ministre, ni la régie ne sont habilités
à juger de la confidentialité des informations reçues.
Rien ne s'oppose à ce que le ministre ou le commissaire ne divulgue les
ordonnances pour autant qu'elles ne contiennent pas d'information ou de
renseignements confidentiels. Cependant, les difficultés pratiques
qu'entraînerait la divulgation des ordonnances seraient énormes.
Chacune d'elles devrait être amputée de façon plus ou moins
arbitraire des renseignements confidentiels. Cette façon de faire
entraînerait des complications sérieuses au niveau des ententes
administratives et de leur application. Enfin, le principe de la
séparation des pouvoirs semble devoir s'appliquer à ces
ordonnances et l'application quotidienne de la loi se doit d'être
autonome. Pour ces raisons, et tout en reconnaissant l'importance de publiciser
les buts et les mesures prises en vertu de cette loi, je me dois de
décliner la suggestion du chef de l'Opposition, préférant
attendre, à la lumière de l'expérience de l'application de
la loi, ce qui pourrait être apporté comme
amélioration.
Le Président: L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin: M. le Président, s'il est une formation
politique qui a dénoncé les méfaits de l'inflation, tant
sur le plan économique que sur le plan social, c'est bien l'Opposition
officielle. Pour nous, l'inflation est un véritable fléau social
et il est grand temps d'intervenir. Je pense même que nous avons trop
attendu. Nous réclamons depuis maintenant plus d'un an, que le
gouvernement québécois intervienne contre la hausse du coût
de la vie. C'est pourquoi, nous serions mal venus aujourd'hui de nous prononcer
contre l'objectif qui consiste à lutter contre la perte du pouvoir
d'achat, mais nous ne pouvons être d'accord avec les modalités que
le gouvernement fédéral a choisies pour lutter contre ce
fléau.
M. le Président, en deuxième lecture, j'ai eu l'occasion
de faire connaître les objections de l'Opposition, objections de principe
au projet de loi fédéral C-73 dont le projet no 64 n'est qu'une
pâle copie.
Certes, le ministre des Finances a accepté quelques modifications
mineures que nous lui avons suggérées, mais aucun amendement
important destiné à s'assurer que cette loi constitue un
instrument valable de lutte contre l'inflation, sous toutes ses formes.
L'étude en commission, loin de nous rassurer sur la portée
du projet de loi, a plutôt confirmé notre attitude initiale
à l'effet qu'il s'agit là de mesures qui risquent
d'entraîner des conséquences injustes pour de très nombreux
salariés. En outre, nous avons de multiples raisons, à la suite
de l'étude article par article, de douter de l'efficacité
même de ce projet de loi.
Le projet sera sûrement efficace à l'endroit des salaires,
de cela nous ne pouvons douter, mais lutter contre l'inflation, ce n'est pas
seule-
ment freiner les hausses de salaires; lutter contre l'inflation, c'est
s'en prendre à un phénomène qui offre de multiples
facettes. Quand on veut lutter de la sorte, il faut s'en prendre non seulement
aux salaires, mais encore aux prix, aux profits, aux dividendes, au loyer de
l'argent et à tous les aspects de la vie économique.
Or, M. le Président, pour ne prendre que la question du loyer de
l'argent, le ministre a admis, au cours de la commission, qu'il n'y aura de
fait aucun contrôle, ni par le biais des prix ni par le biais des
profits, sur l'intérêt. Dieu sait que l'intérêt est
une dimension importante de la vie économique, surtout dans un pays
endetté comme l'est le Québec.
Lorsque cette loi sera entrée en vigueur et lorsque la loi
fédérale le sera également, il n'existera aucun
contrôle sur l'intérêt, aucun contrôle sur les frais
hypothécaires, aucun contrôle sur le crédit à la
commission ni sur l'intérêt que les gens devront payer pour
obtenir les petits prêts qui sont habituels dans notre
société. Or, c'est l'un des éléments les plus
importants du budget des familles québécoises que le loyer de
l'argent, surtout si les salaires sont limités dans leur croissance et
si les prix continuent d'augmenter. On verra les Québécois de
plus en plus emprunter pour arriver à joindre les deux bouts. On verra
les Québécois s'endetter plus qu'ils ne le sont et le
Québec est, à l'heure actuelle, je vous le rappelle, la province
la plus endettée, per capita, de ce pays.
C'est le secteur financier si on doit me donner la
réplique, on me la donnera tout à l'heure qui exploite le
plus les citoyens en période d'inflation. Alors que les profits se sont
stabilisés au niveau élevé de 1974 pour l'ensemble des
industries, les profits des banques continuent d'augmenter, même en
pleine période de récession, à un taux d'augmentation
qu'on peut qualifier d'excessif, puisqu'il a atteint 46% en 1975 par rapport
à 1974.
Dans ces conditions, le fait de ne pas imposer aux organismes
prêteurs des contraintes spécifiques quant au taux
d'intérêt qu'ils perçoivent aura pour conséquence,
sinon d'augmenter, à tout le moins de ne pas restreindre la croissance
déjà ef-farente du crédit à la consommation.
Or, c'est précisément cette forte croissance du
crédit disponible qui constitue l'une des causes importantes de
l'inflation. C'est la raison pour laquelle les pays qui ont entrepris de lutter
sérieusement contre ce phénomène interviennent directement
pour restreindre la croissance de ce crédit.
En second lieu, nous avons découvert que l'un des effets du
projet de loi est de soustraire les tarifs d'électricité aux
contrôles anti-inflationniste, sans qu'aucun organisme
québécois, indépendant du gouvernement, n'assure un
contrôle a priori des augmentations.
M. Bourassa: M. le Président, je dois m'absenter. J'ai
seulement une petite question à poser au chef de l'Opposition.
M. Morin: Non, si vous voulez me répondre, restez et
écoutez-moi!
M. Bourassa: Je m'excuse... Si !e chef de l'Opposition me le
permet.
M. Morin: Je regrette infiniment, M. le Président.
M. Bourassa: Les tarifs d'électricité ont
augmenté de 25% en Ontario avec l'organisme...
Le Président: Est-ce que vous acceptez? M. Bourassa: Merci
beaucoup!
M. Morin: Je veux bien accepter une question, mais ce sera
à charge de revanche; le premier ministre n'aime guère qu'on
l'interrompre quand il a la parole.
M. Bourassa: Je suis extrêmement tolérant.
Je veux simplement demander au chef de l'Opposition, puisqu'il parle
justement des tarifs d'électricité il critique souvent le
développement de la baie James s'il est conscient qu'en Ontario,
avec l'organisme indépendant auquel il se réfère, les
tarifs d'électricité ont été accrus de 25%
récemment, alors que, chez nous qui n'avons pas d'organisme
indépendant, cela a été simplement de 10%, d'où
l'avantage de développer la baie James par rapport aux centrales
nucléaires. Nos tarifs ont augmenté de 50% de moins, au minimum
qu'en Ontario.
M. Morin: M. le Président, ce que le premier ministre ne
dit pas, c'est que cette augmentation, telle qu'on la prévoit, de 10%
environ, cette année, va avoir des suites au cours des années
suivantes, et c'est une augmentation cumulative. C'est 10% d'augmentation, par
rapport à l'année précédente, sur une
période de plusieurs années.
M. Bourassa: C'est 70% dans d'autres régions.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Veuillez
continuer.
M. Morin: Merci, M. le Président! Si le premier ministre
estime que ces augmentations sont justifiées, pourquoi n'accepte-t-il
pas qu'elles soient soumises, justement, à un contrôle qui soit
indépendant du gouvernement? Quant à nous, M. le
Président, nous allons continuer de soutenir que le tarif
d'électricité, dans un pays comme le Québec, touche de
très près le budget des citoyens et que c'est un
élément majeur de l'inflation dont nous sommes
témoins.
Il en va de même, d'ailleurs, pour le tarif de la CTCUM, que je
prends à titre d'exemple. Aucune révision de la hausse
récente de 40% n'a eu lieu et nous n'avons reçu aucune garantie
qu'il y aura contrôle, a priori, des hausses prévues pour
l'avenir.
Prenons maintenant, M. le Président, le cas des primes
d'assurance-automobile dont nous avons parlé justement, il n'y a pas si
longtemps, dans cette Chambre. Voilà un autre secteur quasi
essentiel où les compagnies pourront facilement justifier
à peu près n'importe quelle augmentation de prix ou de profits,
puisque, selon le ministre, il n'y aura probablement pas d'autorisation
préalable. M. le Président, permettre des augmentations et
n'exercer qu'un contrôle a posteriori, c'est accepter à peu
près n'importe quelle augmentation d'avance. Un contrôle efficace
des prix exige d'être exercé avant que les prix n'augmentent.
M. le Président, l'autre jour, en réponse à l'une
de nos questions, le ministre déclarait, en Chambre, que la question des
primes d'assurance-automobile ne relève pas de l'Etat; cela
relève des entreprises privées.
Mme Bacon: M. le Président, question de privilège!
Je n'ai jamais dit que l'assurance-automobile...
Le Président: Question de privilège! M. Morin: Et,
M. le Président...
Mme Bacon: Question de privilège, M. le Président.
C'est faux! Je n'ai jamais dit que l'assurance-automobile ne relève pas
de l'Etat. Question de privilège!
M. Lessard: M. le Président, question de
règlement!
Le Président: Question de règlement sur la question
de privilège!
M. Lessard: M. le Président, question de règlement,
c'est que je ne pense pas que le ministre ait la possibilité de soulever
une question de privilège. Si le ministre veut faire une rectification
de ses propos, elle pourra le faire en vertu de l'article 96 des
règlements.
Le Président: Je m'excuse, je n'ai pas suivi tout à
fait les débats, mais je pense bien que le ministre n'a pas
participé à ce débat. Elle ne peut pas corriger, la seule
manière qu'elle a c'est une question de privilège.
M. Lessard: II n'y a pas de question de privilège.
Le Président: Est-ce que vous avez...
M. Morin: S'il y a lieu, le ministre pourra rectifier par la
suite.
Le Président: Non, nous sommes en troisième
lecture...
Mme Bacon: Vous avez...
Le Président: ... et uniquement le ministre a droit de
réplique en troisième lecture.
M. Morin: M. le Président, le ministre pourra se lever
pour demander à rectifier.
Mme Bacon: Non, non, j'ai le droit...
M. Morin: Elle n'aura pas à faire de discours.
Le Président: Elle ne peut pas rectifier, parce qu'elle
pourrait rectifier sur une intervention qu'elle a faite. Ecoutez avec toute la
liberté qu'on peut s'accorder sur une question de privilège, je
pense bien, surtout lorsque c'est demandé par une dame, qu'on ne devrait
pas la refuser.
M. Morin: Je n'ai pas d'objection à ce que le ministre
fasse la rectification qu'elle estime nécessaire, car c'est ce qui a
été rapporté, M. le Président.
Mme Bacon: Le député de Sauvé lit trop les
journaux, M. le Président. Je n'ai jamais dit que l'assurance-automobile
n'était pas l'affaire de l'Etat. Ce que j'ai dit c'est que nous
n'étions pas présentement dans un régime étatique
concernant l'assurance-automobile et que ce n'était pas à l'Etat
de fixer les taux puisque ce n'était pas l'assurance
étatique.
Le Président: Bon, vous pouvez continuer.
M. Morin: M. le Président, je me souviens distinctement
avoir entendu le ministre répondre, c'était d'ailleurs à
l'une de mes questions ou à une question du député de
Saguenay, que tant que l'assurance-automobile ne serait pas une question
intéressant directement l'Etat, tant que nous n'aurions pas un
régime d'Etat dans ce domaine l'Etat est obligé de laisser les
compagnies fixer leurs primes. Je me souviens distinctement l'avoir entendu
dire cela. De toute façon, il semble bien qu'il n'y aura pas de
contrôle a priori, et c'est cela que nous déplorons. Je pourrais
continuer longtemps à décrire les lacunes qui sont apparues
à l'étude du projet article par article. Je ne retiendrai que
quelques autres lacunes qui me paraissent être les plus importantes.
Prenons par exemple, si vous voulez bien, le cas des cadres et des
salariés qui reçoivent un revenu élevé. Le ministre
a admis que des promotions artificielles pourront permettre de contourner les
directives sur les augmentations salariales.
Prenons le cas des profits et des dividendes. Ce contrôle va
être exercé sur la base suivante: les profits et les dividendes ne
pourront dépasser en période de récession les sommets
atteints en période d'expansion cela constitue un contrôle tout
à fait illusoire.
Pour toutes sortes de raisons, M. le Président, le ministre des
Finances refuse de discuter publiquement et préalablement le contenu
précis des mesures proposées. S'il est un domaine où
l'utilisation du pouvoir réglementaire aura de très graves
conséquences, c'est bien celui des mesures anti-inflationnistes. On nous
a refusé une disposition qui aurait permis de faire entendre les corps
intermédiaires en commission parlementaire, avant l'adoption des
règlements ou des directives. On nous a refusé, également,
de nous permettre de
discuter les règlements et les principes directeurs avant qu'ils
n'entrent en vigueur. M. le Président, j'estime que le contrôle de
l'Assemblée sera fort ténu quant au pouvoir réglementaire
exercé par le gouvernement dans ce domaine.
Autre exemple, le ministre a refusé l'un de nos amendements,
à l'effet de permettre à l'Assemblée nationale d'exiger du
commissaire une enquête sur les hausses de prix qui paraîtront
excessives ou injustifiées; qu'il s'agisse de l'assurance-automobile, de
l'électricité, de produits pétroliers, des produits
alimentaires, la réponse du ministre a toujours été la
même. L'Assemblée ne pourra pas exiger du commissaire des
enquêtes lorsqu'il lui paraîtra opportun d'en faire une.
J'en viens à mes conclusions. Le ministre a admis implicitement
que le projet présentait un aspect de "deux poids, deux mesures". Selon
le ministre, l'économie du projet de loi consiste à intervenir, a
priori, lorsqu'il s'agit des salaires, par exemple, par une intervention
auprès de l'employeur avant le paiement des salaires, tandis que,
lorsqu'on en vient aux prix et aux profits, il s'agira d'un contrôle a
posteriori, dans la plupart des cas.
Je me résume en reprenant mes observations de deuxième
lecture. Le fardeau des mesures anti-inflationnistes sera porté avant
tout par les salariés et, parmi ceux-ci, par les salariés qui ne
sont pas syndiqués et qui ont le moins de protection. Nous n'avons
aucune garantie d'un contrôle efficace des prix, d'un contrôle qui
serait aussi efficace que celui des salaires le sera. J'irais même
jusqu'à dire que ces contrôles risquent de permettre à
certaines entreprises de réaliser des profits supérieurs à
ceux qu'elles auraient réalisés sans l'existence de ces
contrôles, parce que ceux-ci vont d'abord viser les salaires. A
l'augmentation limitée des coûts de production en salaire
correspondra la faiblesse des mécanismes de contrôle des prix et
profits. Les petits salariés non syndiqués, c'est-à-dire
ceux qui n'ont pas de convention collective, ne pourront se voir rembourser
à la fin de l'année une perte réelle du pouvoir d'achat si
l'inflation devait dépasser 8% la première année, 6% la
deuxième et 4% pour la troisième.
En somme, nous sommes devant un projet de loi qui comprend trop de
lacunes essentielles pour que nous puissions lui accorder notre appui. Certains
inconvénients majeurs de la législation fédérale et
de ce projet de loi commencent déjà, d'ailleurs, à
apparaître clairement. Je pense, en particulier, au fait que le
système de contrôle des salaires...
Le Président: Messieurs, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Morin:... arrive à point pour servir d'arme à
certains employeurs qui sont aux prises avec des grèves. Comme il est
arrivé à point pour servir d'arme au gouvernement dans les
négociations avec le secteur public.
Laissez-moi prendre un exemple qui, je crois, est fort éloquent.
La grève des papetiers est en cours depuis plusieurs mois maintenant;
ceux-ci étaient en grève avant l'annonce des mesures
anti-inflationnistes proposées par le gouvernement
fédéral. Ils le sont maintenant depuis deux mois et demi à
trois mois et demi, selon le cas, à Lebel-sur-Quévillon; à
la Wayagamack; à la St. Lawrence, à Trois-Rivières;
à la "Consol", à Grand-Mère; à la Belgo, à
Shawinigan; à l'Anglo Pulp, à Baie-Comeau, et j'en passe.
Les négociations en cours ont été
complètement désorganisées par les mesures Trudeau. Les
employeurs se sont contentés, dès qu'ils ont connu les intentions
du gouvernement fédéral, de se retrancher derrière les
normes, même si une entreprise du Nouveau-Brunswick, la
société Irving, a offert à ses travailleurs une hausse de
21% pour la première année. Cette offre de la compagnie Irving,
est bloquée, à l'heure actuelle, depuis des jours, dans les
engrenages fédéraux, à la merci de l'organisme
présidé par M. Pépin. Les grévistes
québécois doivent attendre que M. Pépin se décide
à accepter l'augmentation accordée au Nouveau-Brunswick.
Je ne sais pas si vous connaissez les habitudes qui prévalent
dans cette industrie, mais les salaires tendent, à travers l'ensemble du
Canada, à s'aligner sur les négociations qui intervienne dans
l'une ou l'autre des provinces, de sorte que l'on aurait pu s'attendre que les
travailleurs papetiers du Québec obtiennent ces 21% d'augmentation de
salaire pour la première année qui ont été
accordés au Nouveau-Brunswick.
A l'heure actuelle, le mécanisme fédéral
empêche les travailleurs québécois de toucher ce qui est
vraiment leur dû, une augmentation des plus raisonnables, et les patrons
des compagnies pape-tières québécoises se servent des
mécanismes fédéraux du plan Trudeau pour refuser des
augmentations qui sont raisonnables.
On voit là, M. le Président, les effets d'un
système de contrôle des salaires qui est trop partiel et
déséquilibré. Il y a en effet un
déséquilibre profond entre les techniques de contrôle des
augmentations salariales qui-seront sûrement efficaces puisqu'elles
s'appliqueront a priori, c'est-à-dire avant que les salaires ne soient
augmentés, tandis que le contrôle des prix et des profits demeure
des plus aléatoires, s'exerçant a posteriori dans la plupart des
cas. Un tel système risque d'entraîner un écart croissant
entre les salaires et les prix. Un tel écart constitue une catastrophe
pour les salariés du bas de l'échelle, surtout s'ils ne sont pas
syndiqués.
M. le Président, nous ne saurions nous porter caution d'un projet
de loi dont les conséquences sociales sont de cette nature. Je vous
remercie.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, le projet de loi 64 nous
amène, bien sûr, après la commission élue, à
nous poser certaines questions. Nous savons que ce projet de loi 64 a pour but
direct de geler les
salaires des Québécois en même temps qu'il ne
garantit d'aucune façon le contrôle des prix.
M. le Président, comme mesure antiinflationniste, c'est
très peu, c'est très peu de garanties, parce que je
considère que cette mesure est plutôt une mesure antisalariale,
une mesure qui est antipouvoir d'achat pour les Québécois.
M. le Président, cette mesure est à mon sens hypocrite,
hypocrite dans le même sens que nous en avons connu tous les ans. Tous
les ans, nous avons eu des projets de loi qui, sous le prétexte d'une
augmentation quelconque, sous le prétexte d'une amélioration
quelconque de la vie au Québec, faisait porter leur poids sur le dos des
Québécois. C'est ainsi que nous avons eu toutes sortes de motion
ou d'interventions plus ou moins hypocrites.
M. le Président, bien sûr, chacun des
Québécois veut améliorer son sort. Bien sûr, chacun
des Québécois veut obtenir sa part d'équité, sa
part des biens et des services que l'abondance du Québec peut lui
procurer. Mais il me semble que nous retrouvons un jour dans la bouche d'une
personne des paroles qui, le lendemain ou quelques mois après, peuvent
se contredire, au gré des vents et marées, au gré des
vents et marées, M. le Président.
Cette fin de session ressemble drôlement à la fin de la
session 1974 alors que les journalistes, alors que les employés du
restaurant du parlement, alors que les employés du journal des
Débats, alors que les employés du parlement en
général s'attendaient à pouvoir prendre leurs vacances
à une date déterminée, ils se sont retrouvés devant
la triste réalité qui a fait qu'un seul parti politique, faisant
un "filibuster" démagogique, les a obligés à revenir une
semaine plus tard pour décider une chose qu'ils auraient pu
décider la semaine précédente.
Or, M. le Président, nous nous retrouvons ce soir dans les
mêmes circonstances, dans les mêmes dispositions, alors que deux
personnes seulement, ne faisant même pas partie d'un parti politique
organisé, alors que deux députés indépendants
seulement refusent leur accord unanime pour nous permettre, dans ce projet de
loi 64 comme dans les autres, de continuer et de terminer nos travaux.
Ce soir, par la grâce que vous avez eue de nous offrir avant le
souper une petite réception, j'ai personnellement rencontré des
journalistes, des employés du journal des Débats, des
employés du restaurant, des employés de tout le parlement, qui
m'ont fait part du fait qu'ils en avaient contre les imbéciles qui
avaient décidé de nous faire revenir.
Les journalistes, qui passent leur année à nous suivre,
comme dans le débat sur le projet de loi 64, comme dans ce débat,
ont fait leur travail, ont fait leur devoir. Ces journalistes ont droit
à leurs vacances des Fêtes comme tout le monde. Ils y ont droit;
ils ne sont pas censés être pris dans la trappe dans laquelle nous
sommes présentement parce qu'il y a deux imbéciles dans le
Parlement qui n'ont pas risqué d'aller selon la logique, mais qui, selon
les amendements qui nous ont été déposés
tantôt, sont des plus démagogiques.
Je reviens au projet de loi 64, parce que c'est sur ce projet de loi que
je parle.
M. Bienvenue: Non, non, ne venez pas.
M. Samson: Mais, en revenant au projet de loi 64, M. le
Président, je ne peux faire autrement, en troisième lecture, que
citer les propos qui ont été portés au journal des
Débats du 28 décembre 1974 par un député qui disait
ceci: "Nous avons siégé le 24 décembre, le 26
décembre et nous avons siégé aujourd'hui le 28
décembre qui ne sont pas des jours ordinaires de session. Ce sont des
jours qui vont coûter cher au trésor public." Parce que cela
coûte $200,000 par jour pour siéger ici, au Parlement. Or, deux
imbéciles, sous le prétexte d'épargner $400,000 au
trésor public, vont nous faire perdre $400,000 et vont faire chercher
$400,000 de dépenses au trésor public ce soir, parce qu'ils ont
refusé l'unanimité pour la troisième lecture. Cette
même personne disait: "Je dis bien des sommes additionnelles pour
étudier ce projet de loi, alors que nous aurions pu l'étudier
avant. Nous aurions pu l'examiner avant si la Chambre avait été
convoquée plus tôt ou encore si le projet de loi avait
été déposé plus tôt devant l'Assemblée
nationale. C'est pourquoi, voulant agir de façon responsable, je n'ai
pas voulu profiter de l'occasion pour prolonger ce "filibuster" de façon
à augmenter les frais des contribuables du Québec. En effet,
actuellement que je ne sache pas que ce "filibuster", même s'il avait
duré encore deux semaines," même s'il avait duré encore
deux semaines, M. le Président...
M. Roy: J'invoque le règlement.
Le Président: A l'ordre! Question de règlement.
M. Roy: J'invoque le règlement à l'article 126. Je
n'ai aucunement l'intention de relever un seul propos que vient de soutenir le
99e, M. le Président, et je pense qu'on m'a compris.
Ce que je veux vous dire, M. le Président, c'est que nous avons
un règlement dans cette Assemblée. Pour que nos
délibérations se déroulent dans l'ordre et selon ce qui
est prévu au règlement, je vous invite simplement, non pas
à faire retirer les propos, même s'ils sont antiparlementaires,
mais je vous invite simplement, M. le Président, pour un peu de
dignité à l'Assemblée nationale, un miniminimum de
dignité, de le rappeler à l'ordre et qu'on applique les
dispositions de l'article 26 parce que, si je me souviens bien, c'est la Loi
des mesures anti-inflationistes.
Le Président: 126.
M. Roy: Je comprends que cela peut enfler quelqu'un, mais ce sont
les mesures anti-inflationistes, et je vous invite, M. le Président,
à faire respecter le règlement de la Chambre.
Le Président: Si vous voulez vous asseoir, l'honorable
député... Bon! Voulez-vous nous parler, s'il vous plaît,
des mesures anti-inflationistes?
M. Samson: M. le Président, je vous parle justement des
mesures anti-inflationistes et le député qui vient de vous parler
je vous parle sur le point de règlement, M. le Président
le 28 février 1974...
M. Veilleux: Une question de règlement.
M. Lafrance: M. le Président, une question de
règlement, s'il vous plaît. Je ne voudrais pas être
désagréable envers le député de Rouyn-Noranda, mais
je voudrais vous demander, M. le Président, en vertu de quel article du
règlement il est permis de manger à l'Assemblée
nationale.
Le Président: D'accord. L'honorable député
de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, pour faire plaisir au
député de Rivière-du-Loup, je lui soulignerai qu'il n'est
pas permis de manger, sauf qu'il y en a qui mangent leur prochain. Le
même député qui vient de soulever un point de
règlement, et je parle sur le point de règlement, M. le
Président, signait en date du 28 février 1974; A qui de droit, M.
Untel est autorisé par les présentes à faire du
recrutement et à requérir des souscriptions pour le parti Untel
et c'est signé par le député qui vient de parler, M. le
Président.
Le Président: A l'ordre! Revenons au projet de loi no
64.
M. Samson: M. le Président, les purs on ne les retrouve
pas où on pense qu'ils sont. J'ai mon voyage. C'est clair, j'ai mon
voyage. C'est signé et je pourrais le déposer comme
dépôt de document si vous le voulez. M. le Président, qu'on
ne vienne pas dire à cette Assemblée qu'on est assez pur
pour...
M. Roy: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président: Question de règlement.
M. Samson: J'ai mon voyage, je suis sur la question de
règlement.
M. Roy: J'exige la question de règlement.
M. Samson: Je suis sur la question de règlement et je n'ai
pas fini. Qu'il attende son tour.
Le Président: Un instant. Règlement sur
règlement. Vous reviendrez à votre question de
règlement.
M. Samson: Je suis sur la question de règlement.
Le Président: L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, un mot seulement pour vous dire
que j'exige le dépôt de ce document.
Le Président: II faut le consentement unanime.
M. Samson: M. le Président, je le dépose. Le
Président: Consentement unanime.
M. Samson: Alors qu'il n'avait pas, M. le Président,
l'autorisation du parti pour signer un tel document, il l'a fait. C'est
signé: Fabien Roy, MAN, député de Beauce-Sud. M. le
Président, vous avez eu le dépôt de document, je pourrai
vous en déposer d'autres, mais on va se contenter de celui-là
pour ce soir parce que je veux revenir au bill 64, M. le Président.
M. Mercier: Les timbres ont été payés par
qui?
M. Samson: Je veux revenir au bill 64 qui est celui qui fait que
l'on permet des hausses de profit alors qu'on ne permet pas de hausse de
salaire. Le bill 64 est analogue au bill 9 en ce sens que nous devons permettre
aux partis politiques de faire leur travail sans être obligés de
quêter dans la main de ceux qui vont profiter du bill 64. Je dis que la
seule façon honnête, légitime est sans faire de
détour, c'est d'arrêter d'être des hypocrites comme ceux que
se prétendent le parti des navots populaires. Je n'ai pas fini, M. le
Président, parce que je pourrais continuer à citer ce que jadis
quelqu'un disait alors qu'il occupait un siège, mais qui dit tellement
le contraire aujourd'hui alors qu'il occupe un autre siège
derrière quelqu'un. M. le Président, chez nous il est parti parce
qu'il était le deuxième; il est rendu le dernier ailleurs. De
toute façon, nous avons compris tout de suite, on a compris chez nous
qu'il aimait mieux être le dernier ailleurs que deuxième chez
nous.
De toute façon, M. le Président, je continue en vous
disant que le projet de loi no 64 est intimement relié à ce que
quelqu'un disait le 28 décembre 1974: "II est évident que voter
contre ce projet de loi et se promener dans le Québec en disant: J'ai
voté contre le projet de loi, avec le chèque dans mes poches"; je
ne peux le faire, M. le Président, je veux être franc avec tout le
monde, je ne peux faire cela, parce que je dis, avec honnêteté
politique, que cela nous commande d'aller jusqu'au bout.
Il n'y a pas une seule loi au Québec qui existe pour forcer
quelqu'un à prendre ce qu'il ne veut pas prendre, M. le
Président. Alors, je pense que, si nous reculons un an en
arrière, ou bien on disait la vérité à ce
moment-là ou bien on ment aujourd'hui, ou bien on mentait à ce
moment-là ou bien on dit la vérité aujourd'hui.
Je pense, M. le Président, que nous n'avons pas et
toujours en vertu du projet de loi no 64,
par analogie... Je continue parce que je sais que le projet de loi no 64
bloque les salaires dans l'escalier et permet aux prix de monter par
l'élévateur et même après la commission élue,
M. le Président, même après avoir siégé en
commission, je sais qu'il y a des analogies directes avec ce que je
relève présentement.
Cette même personne disait, un petit peu plus loin: "II y a des
choses dans ce projet de loi que nous n'avons pas demandées; nous avions
demandé de la reconnaissance de notre formation politique, à
notre Assemblée nationale", cela ressemble drôlement
à...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre! A l'ordre, s'il
vous plaît!
Je vous demanderais de revenir au contenu du projet de loi, maintenant.
Je pense qu'on pourrait terminer ce débat, du moins sur le projet de loi
no 64.
M. Samson: Le projet de loi no 64, M. le Président,
m'inspire grandement. J'allais dire que, par analogie, je dois prendre un
exemple. Par analogie, je continue. "... de façon à ne pas
fonctionner en vertu d'une tolérance, mais bien en vertu d'un droit.
Nous avons retrouvé dans le projet de loi des dispositions qui
reconnaissent les postes qui font que nous sommes reconnus comme formation
politique..."
Le Président: A l'ordre, à l'ordre! Je vous
rappelle pour la deuxième fois. A la troisième fois, vous perdrez
votre droit de parole.
M. Samson: M. le Président, si vous me laissez encore une
minute, cela ne me fera rien de le perdre. Mais, M. le Président, je
reviens au projet de loi no 64. Le projet de loi no 64 anti-inflation, c'est
par mesure anti-inflationniste qu'on veut réduire de $400,000 à
$1.00; des gens veulent le faire, des gens de bonne foi, mais mal
conseillés. Je dis, M. le Président, que, par analogie, j'ai le
droit de dire que cela ressemble drôlement à ce que disait
quelqu'un qui disait ceci et j'achève: II s'agit d'un prolongement de
ces mêmes dispositions qui nous reconnaissaient, dans l'ancienne
Législature M. le Président, cela ressemble
drôlement...
Le Président: Troisième fois, je m'excuse.
M. Samson: M. le Président, est-ce que vous
m'arrêtez?
Le Président: Oui, je vous arrête de parler.
M. Samson: Même si vous m'arrêtez, M. le
Président, je vous remercie, j'ai fini de dire ce que j'avais à
dire.
Le Président: L'honorable député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare (Johnson): Je ne voulais pas prendre part à
ce débat, M. le Président, mais, pour que le climat redevienne un
peu plus serein, la vitalité d'une démocratie dépend, en
grande partie, des membres qui la constituent.
Je n'ai pas besoin de vous répéter, M. le
Président, que, chez nous, bien plus qu'ailleurs, le vote que nous
allons donner, dans quelques minutes, est très significatif. Nous ne le
donnons pas contre un homme, nous n'avons absolument rien contre le ministre,
mais, dans l'expression d'une saine démocratie, il est bon de se dire
des fois certaines choses qui pourraient peut-être être
considérées souvent comme un exemple.
Le projet de loi no 64, M. le Président, que nous avons eu le
temps de regarder peut-être en diagonale, est un projet de loi
très contentieux.
Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président, que le sort de
toute démocratie, ses fondements intrinsèques se jouent davantage
en dehors des périodes électorales, et, aujourd'hui plus que
jamais, mes propos n'auront peut-être pas le ton aussi enflammé
que ceux de mon prédécesseur, mais ce n'est pas sur le même
sujet...
M. Samson: Vous allez me rejoindre par le coeur.
M. Bellemare (Johnson): ... non plus, malgré qu'en
certaines circonstances je ne sais pas si le parlementarisme y regagne
énormément à ces scènes qui... Vous savez, on doit,
je pense, dans ce Parlement, comme partout aileurs, et on a le droit d'avoir
ses opinions. Personnellement, j'en ai eu contre d'autres, moi aussi, mais si
le parlementarisme est fait d'attaques personnelles, M. le Président, je
ne vois pas comment on pourrait réaliser plus tard une certaine
accalmie, même dans le rôle que nous sommes appelés à
jouer.
Le parlementarisme, M. le Président, se veut... Par mon
expérience personnelle, j'ai vu dans cette Chambre des débats au
sujet du respect intégral particulièrement des droits et
privilèges de tous les membres de cette Chambre. Dans le bill 64, je
pense qu'on attaque un peu directement cette autonomie des
députés et des privilèges des parlementaires. Il convient
de donner à l'ensemble des citoyens, je pense, des lois qui soient
conformes aux besoins. On adopte aujourd'hui la Loi concernant les mesures
anti-inflationnistes. On veut faire des analogies, M. le Président, qui
sont peut-être difficiles, à accepter pour certaines personnes.
Peut-être que le député s'est laissé emporter aussi,
parce qu'il avait bien des choses sur le coeur...
M. Samson: Je ne me suis pas laissé emporter, j'ai dit la
vérité.
M. Bellemare (Johnson): Non, M. le Président, je pense que
l'honorable député...
M. Samson: Je pourrais le redire encore.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais il y a peut-être des
moyens de le dire, dans les circonstances difficiles actuelles.
M. le Président, je pense que je serai obligé de voter
contre cette loi no 64, à mon grand déplaisir, parce que c'est un
ami très personnel, l'honorable ministre des Finances, qui est le
responsable du bill. Mais à cause du copiage, à cause de cette
loi fédérale qui va très loin, malgré les
amendements qu'a consenti d'accepter le ministre des Finances, je crois qu'elle
va extrêmement loin, trop loin pour le salarié et pas assez pour
la hausse des prix, qui ont pris une envergure sans
précédent.
M. le Président, je pense que j'ai expliqué un peu la
raison pour laquelle je voterai contre. C'est du plagiat et du plagiat au
mauvais endroit. Si on avait apporté autant d'attention que l'on en a
apporté pour les salariés à bâtir toute une
perspective de pourcentage sur ceux qui, déjà, ont prévu
cette loi par l'augmentation des prix... Vous vous présentez aujourd'hui
dans un magasin ou dans une épicerie, et vous vous apercevez que, avec
$40 pour une petite famille de deux ou trois enfants, vous avez vite
mangé vos $40. Les prix sont rendus 300% de fois plus
élevés qu'il y a à peine un an. On savait, M. le
Président, que cette inflation existait. On l'a laissée quand
même courir à bride abattue. Je peux vous dire que je le regrette,
mais je serai obligé de voter contre cette loi.
Le Président: L'honorable ministre désire exercer
son droit de réplique.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, depuis que nous avons
entrepris l'étude du projet de loi 64, du côté de
l'Opposition officielle comme celui des autres Oppositions, on s'est
appliqué à définir le mal de l'inflation, à
demander ou à vouloir même accuser le gouvernement de ne pas avoir
agi assez vite pour combattre cette inflation. Or, lorsque le gouvernement
propose une approche pour tenter de contrer l'inflation sans mettre en danger
d'une façon trop abrupte le pouvoir d'achat des contribuables
québécois ou des travailleurs québécois, on nous
dit que ce n'est pas correct.
On nous dit que le projet de loi est copié sur celui du
fédéral. On nous dit que, dans certains cas, on a gelé les
salaires et qu'on laisse monter les prix. Je crois que, dans tout cela, il y a
beaucoup plus de considérations politiques que de considérations
économiques. Si on fait un bilan de ce qui s'est fait, de ce qui a
été tenté ailleurs, pour combattre l'inflation. Qu'on
prenne l'exemple des Etats-Unis qui ont tenté de décréter
un gel des prix pour une période de 90 jours.
Si on prend certaines expériences qui ont été
tentées en Angleterre, pour exercer un contrôle très strict
des prix et des salaires. Si on regarde certaines autres expériences qui
ont été faites en France, on s'aperçoit que, finalement,
toutes les mesures draconiennes, toutes les mesures extrêmement strictes
et sévères de gel n'ont jamais abouti. Au contraire, lorsque ces
périodes de gel, qui nécessairement étaient
appliquées pour des courtes périodes, lorsque la période
de 60 jours et de 90 jours était terminée, c'était un
rattrapage et la spirale inflationniste recommençait.
Cette approche qui a été suggérée par le
gouvernement canadien, à laquelle nous avons souscrit comme la plupart
des autres provinces du Canada, est une approche beaucoup plus souple qui
permet aux salaires... Ceux qui ont dit et répété que le
projet de loi allait geler les salaires alors que les prix allaient monter,
c'est complètement faux, M. le Président. Il y a exactement le
même type de contrôle des salaires qu'il y a des prix,
c'est-à-dire qu'il y a des directives de données, ces directives
pour les salaires ne doivent pas dépasser, pour la première
année d'application, 10%, dans certaines conditions 12% et, s'il y a des
cas particuliers, la régie peut accepter des augmentations plus grandes,
augmentations de salaire qui tiennent compte non seulement de l'inflation, mais
également de l'augmentation de la productivité.
Du côté des prix, M. le Président, les prix pourront
augmenter, les prix ne sont pas complètement gelés et leur
augmentation, suivant les directives, devra correspondre à
l'augmentation des coûts, c'est-à-dire qu'une entreprise ne pourra
pas augmenter le prix de détail de ses produits dans une mesure qui soit
supérieure à l'augmentation de ses coûts, de telle sorte
que, s'il y a une restriction du côté des salaires, il n'y a pas
un gel des salaires. S'il y a une restriction dans les marges de profit, il n'y
a pas un gel complet, de telle sorte que nous faisons l'hypothèse, nous
formons l'espoir que cette mesure un peu plus souple, qui devra
nécessairement obtenir la collaboration de l'ensemble des agents
économiques, mesure beaucoup plus souple, a peut-être des chances
de réussir alors que les autres n'ont pas réussi.
Je m'attendais à ce que le chef de l'Opposition officielle, au
cours de son intervention en troisième lecture, revienne aux propos
qu'il tenait, je crois, en deuxième lecture, mais certainement en
commission parlementaire, concernant les mesures prises par le gouvernement de
la Colombie-Britannique, le gouvernement Barrett, qui nous citait en exemple.
Je suis surpris que ce soir, en troisième lecture, le chef de
l'Opposition n'ait plus cité le gouvernement Barrett comme un exemple
pour lutter contre l'inflation.
Je ne sais pas ce qui s'est produit, M. le Président, je ne sais
pas si les amitiés entre le chef de l'Opposition officielle et l'ancien
premier ministre de la Colombie-Britannique sont disparues, mais toujours
est-il qu'il ne nous a pas recommandé, cette fois, de geler
complètement les prix et les salaires. M. le Président, à
l'occasion de la deuxième lecture, j'ai mentionné en commission
parlementaire, que le secteur privé... C'était notre intention en
vertu de l'article 22, de notre projet de loi et de l'article 5, du projet de
loi fédéral, d'en arriver à une entente administrative de
telle sorte que le contrôle des prix et des salaires dans le secteur
privé puisse être administré par un seul organisme,
reconnaissant par là l'importance qu'il y avait d'appliquer des mesures
similaires, d'avoir
un organisme qui applique à travers le pays les mêmes
directives, d'autant plus que ces directives qui s'appliquent aux entreprises
de 500 employés et plus signifient que ces entreprises ont des
activités à l'extérieur du Québec, soit par des
succursales de vente, soit par des unités de fabrication. S'il n'y a pas
cette concordance, cette unité d'action, il est fort possible que la
lutte à l'inflation n'atteigne pas les effets recherchés.
Le chef de l'Opposition a parlé longuement tout à l'heure,
dans son intervention de troisième lecture, du fait que les petits
salariés allaient être pénalisés, ceux qui n'ont pas
de convention collective. M. le Président, j'ai déjà eu
l'occasion de mentionner que ce projet de loi et les directives qui sont
émises en vertu de ce projet de loi, à l'exception des
entreprises de construction, s'appliquent aux entreprises de 500
employés et plus.
Je ne vois donc pas pourquoi le chef de l'Opposition se morfond à
m'expliquer ou tente de faire croire aux gens que les salariés qui ne
sont pas syndiqués pourraient être pénalisés par
cette loi. Je connais très peu d'entreprises de 500 ou 600
employés et plus où les employés ne sont pas
syndiqués. Dans le cas d'entreprises de moins de 500 employés,
les directives ne s'appliquent pas de telle sorte que le marché pourra
continuer à déterminer les taux de rémunération et
ces taux de rémunération pourraient éventuellement
être plus élevés que les directives qui ont
été émises quoique, comme ministre des Finances et
responsabile de la présentation de cette loi, je ne crois pas qu'il
serait sage qu'une partie importante de la main-d'oeuvre puisse avoir des
augmentations de traitement, surtout si elle ne se situe pas au salaire minimum
mais à un salaire intermédiaire.
Ce sont à peu près les remarques que je voulais faire en
troisième lecture de ce projet de loi. Je veux terminer en mentionnant
que si nous voulons obtenir quelque succès que ce soit dans cette lutte
contre l'inflation, que ce soit au niveau du Québec, au niveau de
l'Ontario ou au niveau de l'ensemble du pays, il sera nécessaire d'avoir
l'appui de l'ensemble des agents économiques. Si chacun, dans cette
lutte contre l'inflation, essaie de tirer son épingle du jeu pour ses
fins personnelles et pense que d'autres feront le nécessaire pour
combattre l'inflation, je crois que c'est l'ensemble de la collectivité
qui sera affecté. C'est finalement, chacun des individus qui aura
à souffrir de cette spirale inflationniste qui gruge les revenus des
citoyens et qui, j'en suis persuadé, affecte d'une façon
importante le développement de l'économie canadienne, le
développement de l'économie du Québec.
C'est pourquoi, en terminant, je fais appel à l'ensemble des
agents économiques, que ce soient les syndicats, les entreprises, que ce
soient les entreprises de fabrication ou de détail, je fais appel
à ces gens pour qu'ils concourent avec nous à l'application des
directives, au respect de la loi de telle sorte qu'avec une coopération
de tous ces agents économiques nous puissions mettre un terme à
ce fléau qui a affecté largement le niveau de vie des Canadiens
et qui pourrait l'affecter en- core davantage si nous ne faisions rien pour
lutter contre cette inflation.
M. Harvey (Charlesbourg): Vote enregistré. Le
Président: Cette motion est-elle adoptée? M. Harvey
(Charlesbourg): Vote enregistré.
M. Burns: Vote enregistré, M. le Président, avec la
collaboration du député de...
M. Harvey (Charlesbourg): De Charlesbourg. Oui, très
bien.
M. Burns: ... Charlesbourg, celle du député de
Rouyn-Noranda, celle du député de Johnson...
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote de troisième lecture
Le Président: Que ceux qui sont en faveur de la motion de
troisième lecture du projet de loi no 64, Loi concernant les mesures
antiinflationnistes, veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire-adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Garneau,
Cloutier, Phaneuf, Lachapelle, Giasson, Goldbloom, Quenneville, Mme Bacon, MM.
Tetley, Lacroix, Bienvenue, Forget, Cadieux, Houde (Abitibi-Est), Brown, Bacon,
Lamontagne, Veilleux, Brisson, Séguin, Cornellier, Houde (Limoilou),
Lafrance, Pilote, Picard, Carpentier, Dionne, Faucher, Saint-Germain, Harvey
(Charlesbourg), Bonnier, Boutin, Marchand, Caron, Côté,
Déziel, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours, Malépart,
Massicotte, Mercier, Pagé, Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay,
Vallières, Verreault, Leduc.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire-adjoint: MM. Morin, Burns, Charron, Lessard,
Bédard (Chicoutimi), Samson, Bellemare (Johnson), Roy.
Le Secrétaire: Pour: 53 Contre: 8 Le
Président: Cette motion est adoptée.
Travaux parlementaires
M. Marchand: Le député de Lafontaine n'y est pas.
Il est parti.
Une Voix: II est allé vendre des enveloppes.
M. Marchand: II est allé vendre des enveloppes. C'est
cela, ah!
M. Levesque: J'ai été absent un peu et je de-
manderais au président si on est d'accord pour procéder
sur le projet de loi 9.
M. Roy: M. le Président...
M. Levesque: Y a-t-il des objections particulières?
M. Marchand: Fabien, donnes-y!
M. Roy: II y a des objections particulières. Il y a des
dispositions du règlement. Nous avons déposé un amendement
et la prise en considération du rapport devra se faire demain.
M. Levesque: Je n'ai pas vu l'amendement. Est-ce celui qu'on
vient de nous remettre, il y a quelques minutes, dans une enveloppe
signée Fabien Roy pour Jérôme Choquette?
M. Roy: L'amendement est un amendement du député
d'Outremont. Je l'ai remis, mais on m'a demandé de signer l'amendement
pour celui qui l'a présenté.
M. Levesque: Mais il n'a pas signé. M. Tetley:
C'est illégal.
M. Levesque: Le député n'a pas signé
l'amendement?
M. Roy: M. le Président, j'ai rencontré le
vice-président de l'Assemblée nationale; je lui ai soumis le cas
et on m'a dit que c'était correct. Or, M. le Président, si ce
n'avait pas été correct, on n'avait qu'à me le dire
à ce moment et j'aurais fait la démarche nécessaire pour
le faire signer. On dira peut-être que c'est une négligence de ma
part, mais elle a été acceptée comme telle.
M. Levesque: Un instant, M. le Président, avant qu'un
député ne signe pour un autre, cela commence à être
sérieux. A-t-on falsifié les signatures?
M. Roy: M. le Président, question de règlement.
Chaque matin ou chaque jour, lorsqu'il y a des motions présentées
ou des rapports, même de projets de loi privés des
deuxièmes lectures ou des troisièmes lectures, on dit souvent
à l'Assemblée nationale: Le député Untel propose
pour tel député, puté.
M. Levesque: C'est un amendement, là.
M. Roy: Alors, je pourrais citer une jurisprudence d'au moins 200
ou 300 exemples...
Le Président: Silence, s'il vous plaît!
M. Roy: ... où on a procédé de cette
façon à l'Assemblée nationale. Si on veut être plus
scrupuleux, parce qu'il s'agit d'une question particulière, c'est une
autre chose. Mais il y a une jurispru- dence et des habitudes à cette
Assemblée. Le règlement est bien clair de ce côté.
Le règlement est bien clair de ce côté. Si cela ne fait
pas, M. le Président, je vais proposer l'amendement à mon nom,
étant donné que je l'ai signé, et cela va régler
l'affaire.
Le Président: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît!
Je dois présumer de la solidarité de membres d'un même
parti.
M. Levesque: Un instant, M. le Président! Une question de
règlement.
M. Mercier: Un député indépendant.
M. Levesque: De quel parti voulez-vous parler à ce
moment-ci, M. le Président? Il n'y a pas d'autre parti reconnu que ceux
qui le sont d'après la loi. Or, en vertu de quoi, M. le
Président, le PNP? Je ne peux pas concevoir, M. le Président,
à ce moment-ci, qu'on recevrait un bout de papier de je ne sais qui, qui
serait signé supposément par le député d'Outremont.
C'est marqué Jérôme Choquette, si je me rappelle bien.
C'est le bout de papier qu'on a reçu tout à l'heure. C'est
marqué Jérôme Choquette pour... Merci. Est-ce que c'est
cela qu'on appelle un amendement, M. le Président? Fabien Roy, ça
doit être celui-là, pour Me Choquette. Est-ce que c'est le
député d'Outremont?
M. Roy: M. le Président, j'invoque le règlement.
Question de privilège.
M. Levesque: M. le Président, il faudrait d'abord qu'on
s'entende...
Le Président: L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Une question de règlement! Une question de
privilège!
Le Président: A l'ordre!
M. Levesque: ...sur cette question de règlement. Quelqu'un
qui est féru de procédure comme le député de
Beauce-Sud nous arrive avec cela à ce moment-ci de la session...
Le Président: A l'ordre, messieurs! L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: On est habitué, à la dernière
journée de la session, à voir cette petite comédie de la
part du leader du gouvernement, mais je tiens...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Roy: ...à lui dire qu'il ne m'impressionne pas du tout,
l'honorable leader du gouvernement. M. le Président, ce ne sont pas les
partis politiques qui signent les motions. Et depuis quand? Le leader du
gouvernement a suffisamment d'expé-
rience parlementaire pour savoir que ce ne sont pas les partis
politiques qui signent les motions et qui proposent les amendements. Le leader
du gouvernement devrait être assez intelligent et avoir assez
d'expérience parlementaire pour le savoir.
M. Marchand:... du parti.
M. Roy: Depuis quand est-ce que cela fonctionne comme cela
à l'Assemblée nationale? C'est un député... M. le
Président, je suis sur ma question de privilège. Il y a quand
même des limites pour livrer l'Assemblée nationale à une
autre comédie. Il y a quand même des limites.
M. Levesque: M. le Président, une question de
privilège.
M. Roy: M. le Président, je suis sur une question de
privilège.
Le Président: Messieurs. Je vais considérer
très bientôt qu'il est 23 heures.
M. Levesque: M. le Président, je crois que mon
privilège a été attaqué.
Le Président: Une question de privilège sur la
question de privilège.
M. Levesque: Je crois que mon privilège a
été attaqué. Excusez. Le président est assis,
d'après ce que je peux voir. M. le Président, ce n'est pas une
comédie. S'il y a une comédie, c'est bien celle qui est
écrite ici, que nous avons devant les yeux. C'est réellement une
comédie. Je n'ai jamais vu cela dans mon expérience de 20 ans de
parlementarisme à laquelle on vient de se référer.
Je n'ai jamais vu un amendement signé par un député
pour un autre député qui n'est pas ici pour dire si c'est bien
son amendement, M. le Président.
Le député de Beauce-Sud vient de dire qu'il ne croit pas
aux partis politiques, ce n'est pas une question de parti politique, il a dit
tout cela il y a un instant. Si ce n'est pas un parti politique qui les
réunit, comment le député de Beauce-Sud peut-il signer un
document pour un autre député qui n'est pas ici pour dire s'il
est d'accord avec cet amendement? Je crois, M. le Président, que nous
avons ici une situation assez grave, assez grave.
M. Cadieux: Je dirais plus, je dirais même!
M. Levesque: M. le Président, vous savez, la bonne foi
peut être présumée; je connais votre grandeur d'âme,
votre générosité, M. le Président. Mais ici nous
sommes peut-être devant quelque chose qui constitue un
précédent dans l'histoire parlementaire du Québec et seuls
le député de Beauce-Sud et un autre de ses collègues, le
député d'Outremont, pouvaient se permettre quelque chose qui
à sa face même est une inégalité monstrueuse.
M. le Président, nous avons un bout de papier, supposément
c'est l'amendement; supposément c'est l'amendement. Qu'allez-vous faire
avec cela? J'aimerais bien avoir les auteurs ici, auxquels on pourrait se
référer.
Mon collègue, M. le Président, le ministre de
l'Immigration, me dit qu'il voudrait faire appel à la doctrine et vous
citer un auteur.
M. Bienvenue: Certainement, certainement, M. le
Président.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement. Sur la question de règlement, M. le
Président.
M. Bienvenue: Je voulais citer un auteur et prendre à
témoin le député de...
M. Burns: Avant, après; ne croyez-vous pas que
l'Opposition officielle pourrait dire son mot, pourrait...
M. Bienvenue: Je vais citer, M. le Président, un auteur
que connaît bien le député de Maisonneuve, qui est May
(Willie) et qui a soulevé à plusieurs reprises, dans ses
opinions, un vieux principe de droit romain que connaît le
député de Johnson et qui reçoit son application dans le
cas de cette question de signature déléguée. Le
député de Johnson sera avec moi pour se rappeler delegata non est
deleganda.
M. Bellemare (Johnson): Canis discipuli ma-gister.
Le Président: L'honorable député de
Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, loin de moi de vouloir
participer à quelque spectacle que ce soit.
Je me sens, cependant, M. le Président je ne veux pas
jouer au Zorro québécois, je ne veux pas jouer au grand justicier
l'obligation, dans toute cette affaire, de vous signaler l'existence de
l'article 66 de notre règlement, lequel se lit comme suit: "Une motion
doit être présentée par le député qui en a
donné avis. Avec sa permission, elle peut toutefois être
présentée par un autre député." C'est tout ce que
j'ai à dire, M. le Président.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais féliciter
mon ami, le député de Maisonneuve, de son sens de l'humour. Il
vient, M. le Président, de le prouver. Mais il y a un autre
règlement beaucoup plus important que celui-là, c'est que,
lorsqu'il est 11 heures, la Chambre doit s'ajourner.
Le Président: Et sur ce, l'Assemblée...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, ce matin, j'ai
demandé à l'honorable député de Rouyn-Noranda,
moi-même, de présenter un amendement sur le bill 9. On retrouve,
dans le rapport de la commission élue: Au nom du
député
de Johnson, le député de Rouyn-Noranda propose
l'amendement suivant à l'article 31. Il ne faudrait pas être trop
sévère et considérer une motion comme celle-là
comme dangereuse.
Le Président: Elle est acceptée.
M. Bellemare (Johnson): Un instant! Il y a des habitudes
parlementaires qui veulent que des députés peuvent demander
à un autre membre de la présenter pour eux. Surtout, en vertu de
l'article 66, c'est très clair, M. le Président. Je n'ai pas
besoin de répéter ce que vient de dire l'honorable
député. Voici une preuve évidente...
M. Levesque: M. le Président, le député de
Johnson s'associe au député de Maisonneuve dans le grand sens de
l'humour qui caractérise certains membres de l'Assemblée.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je dois dire que
l'élève n'est pas plus drôle que le maître.
M. Roy: M. It Président, avec votre permission...
M. Levesque: Ah bien, non! M. Roy: ... seulement un mot.
Des Voix: II est onze heures. Le Président: A l'ordre!
M. Mercier: Assis! Assis! Assis!
Le Président: A l'ordre!
M. Mercier: En vertu de quel article?
Le Président: C'est sur la question de
règlement.
M. Roy: Sur la question de règlement, M. le
Président, seulement un mot...
Le Président: Oui.
M. Roy: ... M. le Président, avec votre permission,
à l'endroit de mon collègue, l'honorable leader du gouvernement.
J'espère qu'il s'est rendu compte que sa petite comédie ne
voulait absolument rien dire...
M. Mercier: Bouffon!
M. Roy: ... puisque, M. le Président, jamais je n'ai
dérogé au règlement, aux habitudes et aux traditions de
l'Assemblée nationale du Québec. J'espère, au moins, que
l'honorable leader du gouvernement aura assez d'honnêteté
intellectuelle pour l'admettre.
M. Cadieux: Dernière question. Je voudrais seulement vous
faire remarquer que le député d'Outremont avait beaucoup raison
de dire qu'il ne fallait pas être exigeant au début.
Le Président: A l'ordre!
Sur ce, cette motion est acceptée et l'Assemblée ajourne
ses travaux à demain, 10 heures, et bonne nuit tout le monde!
(Fin de la séance à 23 h 1)
ANNEXE Question de M. Bellemare (Johnson) 1. Monsieur Gilles
Laporte a-t-il été engagé sur honoraires par un
ministère en 1974? 2. Dans l'affirmative, quel a été le
montant total de ses honoraires, de ses dépenses de voyage et de ses
autres dépenses pour l'année 1974?
Réponse de M. Cournoyer 1. Monsieur Laporte a
été engagé à honoraires en vertu du C.T. 68849 du
24 janvier 1973. 2. a) Honoraires: $77,052.50 b) Les frais de séjour et
de déplacements de monsieur Laporte ont été
absorbés par lui-même à même les honoraires encourus
pour cette même périoda.
Question de M. Bellemare (Johnson) 1. A qui a-t-on confié
l'entreprise de couper et de transporter le sapin ou l'épinette offert
à la ville de Paris à l'occasion de la visite du premier ministre
de la province à l'automne de 1974? 2. Quel montant a été
payé à chaque personne ou à chaque entreprise en rapport
avec ce sapin ou cette épinette entre le moment de sa coupe et le moment
de son installation à Paris?
Réponse de M. Toupin
A l'occasion de la Fête de Noël, pour la ville de Paris, le
gouvernement du Québec a accepté d'aménager la Place
Maillot. Les coûts ont été les suivants:
Dépenses directes occasionnées à Rexfor
$1,306.18
Consolidated Bathurst Ltd 311.36
Armand Guay Inc. 6,425.44
Raoul Guérette Inc. 10,672.89
Total 18,715.87
Question de M. Bellemare (Johnson) 1. Le ministère de la
Justice a-t-il reçu un ou plusieurs rapports suite à
l'enquête spéciale faite conjointement par la Sûreté
du Québec et le Contrôleur des Finances à la Direction
générale du Nouveau-Québec, ministère des Richesses
naturelles? 2. Dans l'affirmative, ce ou ces rapports seront-ils rendus
publics? 3. Combien d'accusations ont été ou seront
portées d'ici peu dans cette affaire? Réponse de M.
Lalonde 1. Le ministère de la Justice a reçu de nombreux
rapports policiers depuis le début de l'enquête soit depuis le
mois d'octobre 1974. Nous prévoyons que l'enquête durera encore
quelques mois et d'autres rapports policiers nous seront soumis. En ce qui
concerne le travail fait par les employés du Contrôleur des
Finances, la question devrait être posée au ministre des
Finances.
Non, car il n'est pas dans l'intérêt public de publier ces
rapports.
Une dizaine d'accusations de fraude et de vol ont été
portées contre deux (2) fonctionnaires du ministère des Richesses
naturelles. Une centaine d'accusations de fraude, de vol et de faux ont
été portées contre certaines personnes ayant des relations
d'affaires avec le ministère des richesses naturelles.
En ce qui concerne les autres plaintes qui seront portées, il
serait nuisible pour l'enquête si nous les dévoilions
immédiatement.
Question de M. Lessard 1. Le premier ministre a-t-il
rencontré l'Alliance laurentienne des Métis et Indiens sans
statut qui a sollicité à plusieurs reprises une entrevue avec lui
pour discuter de la situation des Métis et Indians sans statut? 2. Si
non, pourquoi? Réponse de M. Bourassa 1. Non. 2. Les
problèmes de l'Alliance Laurentienne des Métis et Indiens
devaient être d'abord discutés avec le ministère des
Richesses naturelles.
Question de M. Bellemare (Johnson) 1. Du 1er septembre 1973 au
1er septembre 1975, quel est le montant total des subventions accordées
à des organismes ou à des entreprises en vertu du programme des
emplois nouveaux? 2. Quel est le nombre total d'emplois permanents et
temporaires créés à la suite de ces subventions? 3.
Combien de bénéficiaires de l'aide sociale possèdent
maintenant un emploi grâce à ce programme? 4. Quelle est la
moyenne des salaires payés à ces personnes?
Réponse de M. Harvey (Jonquière) 1. 1973-1974:
$4,540,850.00 1974-1975:$2,500,000.00 1er avril 1975 au 1er septembre 1975:
$3,591,152.00 TOTAL: $10,632,002.00 2. 1973-1974: emplois permanents: 77
emplois temporaires: 2,017 1974-1975: emplois permanents: 13 emplois
temporaires: 1,033 1er avril 1975 au 1er septembre 1975: Projets
présentés: 52
Projets permanents: 5
Projets temporaires: 47 emplois permanents: 118 emplois temporaires:
2,895 3. Il est assez difficile d'établir un pourcentage précis
sur le nombre de personnes qui possèdent maintenant un emploi
régulier grâce à ce programme. Cependant, nous croyons
qu'environ une personne sur trois, ayant participé à nos projets,
possède maintenant un emploi régulier sur le marché du
travail. 4. Le salaire annuel accordé aux bénéficiaires
d'aide sociale travaillant sur les projets est basé sur la moyenne
généralement observée, chiffres établis par le
ministère de la Fonction publique.
Actuellement, la moyenne des salaires payés aux personnes
oeuvrant sur les projets se situe autour de $3.00 l'heure.
Question de M. BeIlemare (Johnson) 1. Relativement à une
application possible du paragraphe 10a de l'article 92 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, y a-t-il eu des pourparlers ou des
négociations entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement du Québec ou l'un ou plusieurs de ses organismes au sujet
d'un réseau intégré des lignes de distribution de
l'électricité dans les cinq provinces de l'est du Canada? 2. Dans
la négative, quelles sont les mesures que le gouvernement entend prendre
pour conserver le contrôle complet sur les lignes de distribution de
l'Hydro-Québec?
Réponse de M. Bourassa
La question fait l'objet de travaux en cours, et il n'est pas
d'intérêt public d'en dévoiler pour le moment le
contenu.
Question de M. Roy 1. Combien de livres de sirop d'érable
de classe C et D, de la récolte 1974, ont été
achetées par la Raffinerie de Sucre du Québec, en vertu d'une
entente intervenue le 11 juin 1975 entre Ottawa et Québec? 2. Quel est
le montant de la perte encourue découlant de l'entente signée par
Ottawa et Québec pour l'achat et la vente du sirop d'érable de
classe C et D de la récolte de 1974? 3. Quel est le montant de la perte
assumé par Ottawa en vertu de l'entente intervenue le 11 juin 1975 entre
l'Agriculture Canada et le ministère de l'Agriculture du
Québec?
Réponse de M. Drummond 1. 4,000 de livres. 2.3. Le
processus de récupération n'est pas encore terminé.
Dès que tout le travail sera complété, il nous fera
plaisir de vous faire parvenir les résultats.