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(Quinze heures huit minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs! Je suis
très heureux de me rendre compte que la paix est revenue en Irlande.
M. Samson: Pensez-vous que cela va avoir des effets
bénéfiques sur le Québec?
Le Président: Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Le député de Verdun.
Rapport sur les projets de loi privés nos 158
et 109
M. Caron: M. le Président, au nom de M. Georges
Massicotte, député de Lotbinière, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente de la justice
qui a étudié le projet de loi privé no 158 qu'elle a
adopté avec des amendements.
La commission a décidé de surseoir à l'adoption du
projet de loi privé no 109.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des députés.
Déclarations ministérielles.
Le ministre de l'Immigration.
Elargissement du mandat du ministère de
l'Immigration
M.Jean Bienvenue
M. Bienvenue: M. le Président, dans le discours inaugural
du 18 mars dernier, le gouvernement s'engageait à élargir le
mandat du ministère de l'Immigration, le situant dans le cadre plus
vaste des ressources humaines qui relie étroitement les problèmes
de population, de main-d'oeuvre et d'immigration. On sait, par ailleurs, M. le
Président, qu'afin de continuer d'accroître l'efficacité de
l'administration publique le gouvernement a opéré, au cours des
derniers mois, une réorganisation du fonctionnement du ministère
du Conseil exécutif qui a entraîné la constitution d'un
comité ministériel sur les ressources humaines.
L'élargissement ainsi annoncé du mandat du
ministère de l'Immigration au domaine des ressources humaines est
évidemment soumis à l'analyse de ce comité du Conseil
exécutif.
En effet, un projet de livre blanc émanant de mon
ministère lui a été soumis. Toutefois, toutes les
étapes nécessaires au cheminement de ce do- cument n'ont pas
été complétées à ma satisfaction, et il me
paraît primordial qu'elles le soient afin d'atteindre le plus haut
degré de perfection possible avant d'en saisir cette
Assemblée.
Nous sommes donc à examiner à ce niveau le projet que nous
avons d'élargir le mandat du ministère de l'Immigration du
Québec qui pourrait s'appeler ministère de la population, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration. Ce projet du gouvernement que vous le
savez 'ai annoncé à plusieurs reprises est une
priorité que trouvera sa traduction législative dès la
prochaine session. D'ici là les membres de cette Assemblée seront
appelés à participer à la définition d'une
politique québécoise des ressources humaines dans les domaines
que je viens d'énumérer, et cela sur la base de propositions que
je soumettrai à l'attention de la commission parlementaire
appropriée.
Le Président: Le député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, comme l'occasion nous a
été donnée de le faire au cours d'une conférence de
presse, le chef de l'Opposition et moi-même, lundi dernier, nous avons
déploré le fait que le gouvernement, à grands coups
d'encensoir dirigés en sa propre direction, utilisait le discours
inaugural pour donner de faux espoirs aux Québécois en leur
disant qu'il avait un programme législatif chargé et important.
Dieu sait qu'à ce moment nous avons dit effectivement que si on donnait
suite au discours inaugural, on se rendrait compte qu'au cours de cette session
on aurait fait quelque chose de très important, peu importent les
modalités, peu importent les distorsions ou les différences
d'opinion qu'on puisse retrouver du côté ministériel et du
côté de l'Opposition. Un des projets de loi que l'Opposition
considérait comme important et qui était annoncé dans le
discours inaugural était ce projet de loi concernant la création
d'un nouveau ministère des ressources humaines.
Je ne peux, à ce stade-ci, que déplorer le fait que non
seulement le projet de loi n'a pas été adopté mais encore,
tout au moins, que ce projet de loi aurait pu, à notre avis, être
déposé sous forme de document de travail pour qu'on puisse
l'examiner, du côté de l'Opposition. Je déplore cela
très sincèrement.
Dans la déclaration du ministre, ce qui me rassure un peu, ce
sont deux choses. A la fin de sa déclaration, il nous dit que ce projet
est une priorité du gouvernement. J'espère que cela demeure une
priorité du gouvernement. En ce qui nous concerne, dans l'Opposition, on
trouve que c'est quelque chose dont on devrait discuter très rapidement.
Ce qui me rassure également, dans la déclaration du ministre,
c'est le fait que probablement dans l'intersession il a l'intention de
soumettre un certain nombre de critères qui serviront à
bâtir le projet de loi éventuellement. Là-dessus, nous
serons entièrement à la disposition du ministre lorsqu'il voudra
nous soumettre ces documents.
Je ne peux cependant que regretter que le projet de loi j'insiste
là-dessus n'ait pas été déposé quitte
à ce qu'il subisse un certain nombre de réformes en cours de
route. C'est normal si on le soumet comme document de travail. On a vu,
à de nombreuses reprises, des projets de loi qui nous ont
été soumis et qui ont subi des réformes.
Je mets en garde cependant, M. le Président, le gouvernement et
surtout le ministre qui semble avoir son nom attaché à cet
éventuel projet de loi, à savoir qu'il faudrait, du
côté gouvernemental, pour que tout se déroule bien, qu'il y
ait suffisamment d'ouverture d'esprit dans d'autres secteurs de
l'administration publique pourqu'on ne se sente pas voler des juridictions.
C'est évident que le jour où appelons-le comme cela
un ministère des ressources humaines ou un ministère de la
population se créera, il y aura des domaines, il y aura des
compétences qui, actuellement, appartiennent à certains
ministères qui devront être transférés à ce
ministère. J'espère que personne, du côté
gouvernemental, ni chez un ministre, ni chez un haut fonctionnaire, n'aura des
attitudes de vouloir garder sa chasse-gardée à lui ou, si vous
voulez, son petit fief à lui. Je pense qu'il faudra avoir suffisamment
d'ouverture d'esprit au moment où on abordera la discussion d'un tel
projet de loi, que j'espère voir venir dès le début de
l'année 1976, pour pouvoir accepter qu'il y ait des juridictions qui,
actuellement, appartiennent à certains ministères et qui s'en
iront à cet éventuel ministère.
Je souhaite que ce ne soit pas cela, la raison du retard actuellement
et, si jamais c'était la raison et que je m'en apercevais, je vous
promets d'avance, M. le Président, que je le dénoncerai avec
toute la vigueur dont je peux faire preuve.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, s'il y a une
déclaration ministérielle qui est bienvenue, c'est celle
d'aujourd'hui, où le ministre de l'Immigration nous fait part de la
ferme intention, si j'ai bien compris, du gouvernement de
légiférer aux fins de former le ministère de la
population, de la main-d'oeuvre et de l'immigration.
Il a été donné à plusieurs
députés de cette Chambre, membres de la commission parlementaire
de l'immigration, à l'occasion d'une mission officielle en Europe,
où nous avions le plaisir d'être là en compagnie du
ministre de l'Immigration, de comprendre encore plus, sur place, en tenant
compte, M. le Président, des besoins et des faits signalés
à notre attention, à l'occasion des discussions avec les
représentants de l'immigration de la France, de l'Italie et de
l'Angleterre, qu'il y a un besoin de la formation de ce ministère et
d'un élargissement du mandat qui lui sera donné.
Nous avons pris connaissance, à l'occasion de cette mission
parlementaire spéciale, que le domaine de l'immigration est non
seulement intimement relié à la population et à la
main-d'oeuvre, mais directement relié à la main d'oeuvre. En
effet, le système de pointage, pour la qualification des immigrants qui
nous viennent de l'extérieur par le ministère de l'Immigration du
Canada en collaboration avec le ministère de l'Immigration du
Québec, donne du poids à la main-d'oeuvre dont nous avons besoin
au Québec et, pour le reste du Canada, dans les autres provinces.
Or, nous avons réalisé qu'il y avait un manque de
communications. C'est à Paris que cela nous est apparu comme le
problème le plus gros, c'est-à-dire qu'il y avait un manque de
communications entre les services de l'immigration et les services de la
main-d'oeuvre.
Les communications étaient à un tel point faibles que,
à Paris, ils recherchaient des infirmières pour différents
secteurs du Québec, dont le secteur de Rouyn-Noranda, alors que
j'étais parfaitement au courant que le système d'éducation
devait fermer la valve parce qu'il y a trop d'infirmières pour la
demande sur le marché du travail. C'est là, M. le
Président, qu'il m'est apparu absolument important que la main-d'oeuvre
et l'immigration soient fondues dans un seul et même ministère
pour que nous ayons une politique cohérente. Egalement, je pense que
cette déclaration est d'autant plus la bienvenue que nous faisons face
actuellement au Québec à un taux de dénatalité
extraordinaire. Alors l'immigration deviendra très bientôt un
point très important de nos activités.
C'est pourquoi il nous faut donner absolument des outils nouveaux au
ministère de l'Immigration et les outils nécessaires afin qu'il
fasse un meilleur travail. M. le Président, tout ce que je souhaite en
terminant, c'est que le ministre de l'Immigration qui fait aujourd'hui cette
déclaration ministérielle et qui engage le gouvernement
reçoive l'appui entier du gouvernement. Je souhaite qu'il ne lui arrive
pas ce qui est arrivé à d'autres ministres, c'est-à-dire
que le gouvernement les a laissés tomber sur certains dossiers. Je
souhaite que le ministre de l'Immigration obtienne toute la collaboration
nécessaire à l'avènement d'un ministère de la
population, de la main-d'oeuvre et de l'immigration.
Le Président: L'honorable député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je suis
très heureux d'apprendre par la bouche même de l'honorable
ministre qu'il y aura bientôt un déblocage très substantiel
et très significatif dans le dossier d'une véritable politique
québécoise des ressources humaines. D'ailleurs, M. le
Président, je suis très heureux de voir que cette
déclaration ministérielle rejoint presque à la lettre ce
qui était dans notre programme de 1973, considérant l'immigration
et les ressources humaines.
Je crois que, si on ne prend pas les moyens pour compenser le faible
taux de natalité au Québec par une politique rationnelle de
l'immigration,
la population du Québec est appelée à baisser
continuellement par rapport à celle des autres provinces.
Il semble que la belle province ait atteint un certain niveau de
saturation en ce sens que les décès prématurés dus
à des causes accidentelles, comme ceux inhérents à la
circulation, compensent pour les luttes qu'on a gagnées contre la
maladie. On prétend qu'il y a plus de gens qui quittent le Québec
qu'il y a de nouveaux citoyens qui y viennent. C'est pourquoi il est grand
temps qu'au Québec un ministère devienne responsable de ce
secteur démographique, qu'un ministère suive de très
près l'évolution de tous les facteurs qui conditionnent le nombre
d'une population et prenne les moyens efficaces pour qu'il y ait chez nous
suffisamment de citoyens pour véhiculer l'héritage culturel qu'on
veut conserver.
D'ailleurs, M. le Président, j'ai souhaité longtemps des
bureaux conjoints avec le gouvernement fédéral dans tous les pays
du monde puisque, dans ce domaine, l'Acte de l'Amérique britannique du
Nord nous donne une responsabilité partagée. J'attends avec
hâte la présentation de cette nouvelle politique
québécoise des ressources humaines et j'entends participer de
manière particulière aux délibérations qui se
tiendront à ce sujet.
Le Président: Le ministre de la Fonction publique.
Convention collective des fonctionnaires
provinciaux
M. Oswald Parent
M. Parent (Hull): M. le Président, plusieurs personnes,
dont le leader de l'Opposition en cette Chambre, avaient manifesté leur
pessimisme à la suite de l'annonce de l'entente de principe intervenue
le 3 décembre dernier avec le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec. C'est avec d'autant plus de satisfaction que j'ai le plaisir de
faire part à cette Chambre que les membres du Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec ont ratifié cette entente de
principe.
Si l'on en juge par le résultat de la votation, la volonté
de la base s'est exprimée de façon non équivoque. En
effet, il est intéressant de noter que 13,079 fonctionnaires et 4,681
ouvriers, soit au-delà de 50%, se sont prévalus de leur droit de
vote, soit un grand total de 17,760 employés, comparativement à
7,220 lors de la consultation semblable qui avait été
effectuée en 1972. Les fonctionnaires ont manifesté leur accord
dans une proportion de 67,37% et 91,62% des ouvriers se sont également
prononcés pour la convention collective.
M. Bourassa: L'Opposition est déçue?
M. Burns: Pourquoi? Pourquoi on le serait?
M. Léger: Pourquoi?
M. Cadieux: Le chef de l'Opposition voulait la grève
absolument.
Le Président: A l'ordre, messieurs, à l'ordre!
M. Bourassa: Vous vouliez le désordre, comme
d'habitude.
M. Parent (Hull): Cette entente, qui touche plus de 35,000
employés, constitue une étape importante dans la présente
ronde de négociations. Elle prouve aussi que les offres gouvernementales
déposées aux différentes tables de négociation sont
valables et méritent qu'un véritable dialogue s'engage afin d'en
arriver à la signature de conventions collectives dans tous les autres
secteurs. La convention collective, qui sera signée demain, engage une
masse salariale d'au-delà de $550 millions pour la première
année de la convention collective et accorde à tous les
employés de ce secteur une augmentation immédiate minimale de
28.84%. Cette convention prend effet à compter du 1er juillet 1975 pour
se terminer le 30 juin 1978.
Plusieurs avantages ont été consentis au cours des
négociations pour revaloriser la carrière des fonctionnaires et
des ouvriers. J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'en faire état lors de la
déclaration ministérielle que j'ai faite à la suite de
l'entente de principe intervenue le 3 décembre dernier. L'entente
intervenue prévoit également que la semaine de travail sera
portée à 35 heures dans les 90 jours de la signature de la
convention.
Tous les employés, faisant partie de ces deux unités de
négociation, recevront, après la signature de la convention
collective, une avance de 13% de leur salaire annuel le 17 décembre
1975, c'est-à-dire que nous verserons les chèques demain
après-midi. Les autres augmentations, résultant de la signature
de la convention collective, seront versées au cours du mois de janvier
1976.
La signature de cette convention collective vient s'ajouter à
plusieurs autres ententes que j'ai eu le plaisir de signer depuis ma nomination
comme ministre de la Fonction publique et ministre responsable des
négociations dans le secteur des organismes gouvernementaux.
C'est-à-dire que 13 conventions, à l'exception des deux dont je
viens de parler, ont déjà été signées pour
un total de 8,000 employés. Je tiens, encore une fois, à
remercier toutes les parties impliquées dans la négociation de la
convention collective des fonctionnaires et des ouvriers qui n'ont pas
ménagé leur temps et leurs efforts pour en arriver à
l'échéance que je m'étais fixée pour régler
cet important dossier, avant la fin de la présente année. Cela
prouve que le gouvernement du Québec est prêt a négocier
avec la plus grande célérité dans tous les autres secteurs
où la négociation se poursuit afin de trouver des terrains
d'entente menant à des règlements négociés dans des
délais raisonnables.
Je lance donc une nouvelle invitation à toutes les autres parties
en cause afin qu'elles accélèrent le dialogue à chacune
des tables sectorielles de
négociation, en vue de rétablir, le plus tôt
possible, le climat de sérénité nécessaire à
la bonne marche des activités de secteurs aussi vitaux que ceux de
l'éducation et des affaires sociales.
Le Président: Le député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt le chant du cygne du ministre
démissionnaire. Est-ce que je me trompe?
M. Parent (Hull): M. le Président, je n'ai nullement
l'intention de démissionner.
M. Léger: Est-ce qu'ils vont vous renvoyer?
M. Burns: Vous voulez me remettre de mauvaise humeur!
M. le Président, je tiens d'une part à dire que,
contrairement à ce que semblait vouloir indiquer le ministre de la
Fonction publique, l'Opposition n'est pas malheureuse de cette signature. Le
pessimisme que j'avais manifesté concernait particulièrement le
processus qu'utilisait le ministère de la Fonction publique, à
toutes fins pratiques, sa pression, pour ne pas dire son intimidation et son
chantage à l'endroit des fonctionnaires, des ouvriers et des autres
groupes visés par la présente négociation. C'est
là-dessus qu'on était en désaccord.
M. Bourassa: 91%.
M. Burns: Voulez-vous avoir des nouvelles du taux
d'insatisfaction du gouvernement?
Le Président: A l'ordre!
M. Bourassa: Attendez aux élections, vous allez voir!
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. Burns: Les sondages qui vous font plaisir, vous en parlez,
ceux qui ne vous font pas plaisir, vous n'en parlez pas.
M. Parent (Hull): ... sur le tas.
M. Burns: M. le Président...
Le Président: Messieurs, messieurs!
M. Burns: Je veux tout simplement dire, M. le Président,
que le procédé qu'on a utilisé c'est ce contre quoi nous
en avions. Ce contre quoi nous en avons encore aujourd'hui, entre autres, c'est
de menacer les fonctionnaires et les ouvriers de la fonction publique que
possiblement la rétroactivité devient quelque chose qu'ils
peuvent perdre si la convention n'est pas signée avant le 31
décembre. Je pense que c'est une méthode de négociation
absolument inacceptable. Le fait de tenir en l'air devant l'ensemble de la
fonction publique et parapublique le paiement des montants forfaitaires, il me
semble que c'est un procédé inacceptable, si on en fait une
condition que la convention collective soit signée avant la fin de
décembre. M. le Président, j'en profite pour poursuivre la
parenthèse que j'avais commencé à ouvrir la semaine
dernière par une question au ministre-de la Fonction publique. Je lui
suggère qu'il démontre à l'ensemble de la fonction
parapublique et publique qui n'est pas encore visée par cette entente sa
bonne foi en payant le forfaitaire également aux autres employés
de la fonction publique et para-publique avant les Fêtes, comme la
coutume s'est installée depuis l'année passée, au cours
des mois de juin, octobre et décembre. Il me semble que c'est rien que
cela qu'on demande au nom des employés et c'est leur droit
qui n'ont pas encore accepté de signer une convention collective.
Quand, M. le Président, d'autre part, j'entends le ministre nous
dire que de nombreuses conditions de travail ont été
changées à l'intérieur de cette convention dans
l'intérêt des travailleurs, je lui rappelle encore une fois que,
malgré les avis qui ont été donnés au gouvernement
par le Conseil du statut de la femme, malgré les nombreuses
interventions de l'Opposition à ce sujet il me semblait y avoir
une espèce de consensus autour de cela le gouvernement n'a pas
encore accordé le congé de maternité payé. Je pense
que le député de Bourassa, le ministre des consommateurs devrait
être capable de convaincre son collègue de la fonction publique,
si j'ai bien lu une certaine intervention qu'il a faite il y a quelques mois,
que c'est une des lacunes, entre autres, de la convention qui existe et des
autres conventions qu'éventuellement on s'apprêtera à
signer.
J'indique tout simplement au ministre de la Fonction publique qu'il me
semble qu'il est temps à ce stade... D'accord, il a une convention
collective signée, celle des ouvriers et des fonctionnaires. Tant mieux
si c'est ce qu'ils pensent majoritairement. Je n'ai pas à venir
m'imposer au-dessus d'eux et décider en leur nom que la convention
qu'ils ont signée est mauvaise ou qu'elle est bonne. Ce sont eux qui
avaient le jugement à porter, ce sont eux qui l'ont porté, mais
je pense qu'au moins le ministre de la Fonction publique, à compter de
cette signature très importante d'une convention collective, doit
maintenant montrer une grande ouverture et, s'il le faut, même accorder
aux fonctionnaires et ouvriers les bénéfices qu'il accordera
éventuellement à d'autres, qui ne sont pas actuellement dans la
convention collective. Entre autres, je vous signale le cas du congé de
maternité.
Le Président: Le député de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, bien sûr, nous ne
pouvons qu'être fiers de ce règlement et je félicite ceux
qui y ont participé d'en être arrivés à un ac-
cord. Je retiens une chose qui est très importante dans ce qui
s'est passé: c'est que si l'on compare la participation au vote de 1975
à celle de 1972 on voit que 17,780 employés ont voté en
1975 alors que seulement 7,220 l'ont fait en 1972, ce qui me démontre
que les salariés ont décidé de prendre leur affaire
eux-mêmes. C'est ce que cela me démontre.
J'ose espérer que le gouvernement a déjà pris des
mesures pour s'assurer que la commission Pépin ne viendra pas intervenir
comme elle a tenté de le faire après le règlement des
postiers à Ottawa. Une chose est certaine... Une Voix: ...
M. Samson: Tant mieux, parce que si c'était le cas, il
nous faudrait peut-être entreprendre un autre genre de débat, mais
je suis heureux de voir qu'il y a eu entente, règlement et que la
majorité, sans équivoque, a voté pour ce règlement.
C'est donc dire que le règlement faisait l'affaire des
intéressés. C'est à eux d'en décider. Ils ont
décidé et, à partir de ce moment, nous n'avons pas
à critiquer le règlement qui a été accepté
par la majorité, et la grande majorité.
Mais une chose ressort également de ce règlement. Les
statistiques nous disent que 91.62% des ouvriers ont voté en faveur du
règlement, c'est-à-dire que ceux qui sont un petit peu plus en
bas de l'échelle, généralement, ont voté en faveur
du règlement. Cela veut dire que, plus on est riche, plus on pourrait
peut-être favoriser une grève, mais moins on a de hauts salaires,
moins on a le moyen de favoriser des grèves. Ces gens ont compris cela
aussi. Ces familles concernées ont compris cela également. Dans
d'autres secteurs, le même problème peut se produire.
M. le Président, quant à nous, nous aimons mieux voir un
règlement de cette façon que voir une grève, que voir des
gens dans la rue, insatisfaits, avec une autre partie insatisfaite. En effet,
lorsqu'il y a grève, il y a deux parties qui ne sont pas satisfaites: la
partie patronale et la partie syndicale. Il y a aussi tous ceux qui doivent en
subir les conséquences. Or, là, il y a eu un règlement qui
s'est fait d'une façon normale et qui permettra à ceux qui
signeront la convention collective demain d'obtenir une
rétroactivité avant les Fêtes, ce qui, je pense, est une
chose qui ne se refuse pas.
En terminant, M. le Président, positivement et objectivement, je
souhaite que, dans les deux autres secteurs concernés, il y ait des
discussions objectives dans le sens de la recherche d'une solution. S'il y a
des discussions objectives dans le sens de la recherche d'une solution, comme
cela a été le cas pour les fonctionnaires, je pense qu'il y aura
une solution.
Le Président: L'honorable député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare M. Bellemare (Johnson): M. le
Président, je me réjouis très fortement de voir que
l'honorable ministre de la Fonction publique a pu obtenir ce vote populaire qui
justifie bien ses efforts.
J'ai moi-même négocié déjà d'autres
conventions collectives, dans des circonstances un peu plus difficiles, parce
que je pense que le gouvernement n'avait pas l'expérience de ces
conventions collectives qu'il signait avec ses propres employés et
n'était pas entouré des experts qu'il fallait pour
répondre du tac au tac aux experts des centrales syndicales.
On s'est amendé et on a, dès le début,
organisé des tables sectorielles où on a fait appel à des
consultants et particulièrement à des experts. Je pense que c'est
le bon moyen de faire un débat qui peut être compris entre gens du
métier. Je donne toujours la chance au coureur je n'ai besoin de
parler de personne mais, quand des négociations achoppent, je
suis d'avis que c'est peut-être parce que l'autre partie n'est pas
composée d'experts!
M. le Président, je termine en félicitant le ministre de
cet apport particulier qu'il fait par ce bon climat qu'il ramène dans la
fonction publique. Même s'il y a eu seulement 50% des fonctionnaires qui
ont voté en faveur de l'accord, je dis que c'est un gros pourcentage
quand on regarde ce qui se passe dans d'autres domaines où l'on obtient
difficilement une majorité.
Je dis, par exemple, en terminant, ceci au ministre: il ne faudrait pas
non plus, à l'avenir, par l'attitude que prend le gouvernement, devenir
un concurrent de l'entreprise privée, ou de l'entreprise en
général. Je ne voudrais pas non plus que les normes qui ont
été fixées dans tous les échelons qui ont
été discutés et qui ont été
sanctionnés deviennent des barèmes pour d'autres entreprises.
Le Président: Dépôt de documents. L'honorable
ministre des Affaires municipales.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Prévisions budgétaires pour les
installations olympiques
M. Goldbloom: M. le Président, suivant un engagement
donné par mon collègue, l'honorable Solliciteur
général, j'ai l'honneur de déposer un document qui
constitue la mise à jour, en date de novembre 1975, des
prévisions budgétaires pour les installations olympiques.
M. Léger: ... engagement du Solliciteur?
Le Président: A l'ordre, messieurs! Questions orales des
députés. L'honorable député de Chicoutimi.
QUESTIONS DES DÉPUTES
SAQ et CECO
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, j'au-
rais, encore une fois, une autre question à poser au Solliciteur
général, au sujet de l'enquête de la CECO sur la
Société des alcools.
Je voudrais savoir s'il est exact qu'il a été
affirmé, sous serment, lors de l'enquête à huis clos devant
la CECO, que la compagnie Polarin, dont j'ai parlé hier, a
été imposée comme intermédiaire, grâce
à des interventions d'un membre actuel du conseil des ministres ou de
l'un de ses adjoints immédiats.
M. Lalonde: M. le Président, je pense que le
député de Chicoutimi n'a rien compris. Je vais quand même
essayer, encore une fois, de lui expliquer ce qu'est l'intégrité
de l'administration de la justice.
Je pourrais m'en tenir simplement au texte du règlement, à
l'article 171, et refuser de répondre, mais je vais encore tenter de lui
expliquer ce qu'est la responsabilité d'un gouvernement dans un cas
comme celui-là.
M. Bédard (Chicoutimi): D'intérêt public.
M. Lalonde: J'ai fait preuve de célérité
dans le traitement de ce dossier et je crois que le gouvernement a
adopté les mesures nécessaires, les mesures que justifiaient les
circonstances. Ce qu'il ne comprend pas et cela m'étonne,
étant donné que c'est relativement facile à comprendre
c'est qu'il serait nuisible aux enquêtes que je fasse des
commentaires publiquement, aussi longtemps qu'elles ne sont pas
terminées. Je pense que c'est élémentaire.
Je pense que je dois mettre en garde le député de
Chicoutimi; la manoeuvre qu'il a adoptée, depuis quelques jours, de
laisser tomber des noms en les reliant aux enquêtes qui sont en cours
dans cette affaire est tout à fait injuste. Il peut lui-même nuire
aux enquêtes en éventant la mèche, alors que ces
enquêtes ont besoin, pour être utiles et pour apporter des
résultats escomptés, d'être faites, d'être conduites
sinon dans le secret le plus total, parce qu'il y a quand même un certain
nombre de personnes qui le savent, dans l'entourage des policiers, mais au
moins dans une confidentialité que je m'étonne que le
député ne reconnaisse pas.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le
Solliciteur général peut invoquer l'intérêt
public.
Maintenant, au nom du même principe de l'intérêt
public, je tiens à reposer ma question, M. le Président, et je
crois qu'elle mérite...
Le Président: A l'ordre! ...A l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que je pourrais rappeler à l'honorable
député de Chicoutimi les dispositions de l'article 99,
quatrièmement: "II est interdit à un député qui a
la parole de parler d'une affaire qui est devant les tribunaux ou devant un
organisme quasi judiciaire ou d'une affaire qui est sous enquête,
lorsque, dans ce dernier cas, les paroles prononcées peuvent être
préjudiciables à une personne."
Sur la question de règlement?
M. Burns: Sur la question de règlement, M. le
Président, il nous apparaît à moins que le ministre
ne nous dise le contraire, c'est possible, mais, jusqu'à maintenant, en
tout cas, j'ai suivi de façon très précise les questions
du député de Chicoutimi à l'endroit du Solliciteur
général très clair qu'il n'est plus de la
juridiction de la Commission d'enquête sur le crime organisé de
faire enquête sur ce qu'on appelle le dossier de la Société
des alcools du Québec. Il nous apparaît, d'autre part, très
clair le ministre l'a confirmé, à moins qu'il ne me dise
que je l'ai mal compris qu'il s'agit là d'une enquête
policière qui relève strictement du Solliciteur
général et non plus de la Commission d'enquête sur le crime
organisé.
M. le Président, si on utilise l'article 99, c'est-à-dire
la partie qui nous dit qu'il nous est défendu de parler "d'une affaire
qui est sous enquête, lorsque, dans ce cas, les paroles prononcées
peuvent être préjudiciables a une personne, on parle, je pense,
d'une enquête à caractère judiciaire. Autrement, tous les
ministres, l'un après l'autre, pourraient constamment ce n'est
pas le but de cet article 99 nous objecter qu'il y a un policier qui
fait enquête dans telle et telle situation, donc que l'affaire est sous
enquête et, à ce moment-là, refuser de nous répondre
ou encore, ce qui est pire, M. le Président, nous empêcher de
poser la question.
Il m'apparaît que l'article 99, paragraphe 4) ne s'applique pas en
l'occurrence, parce que cette affaire, à moins que le ministre ne nous
dise qu'il a redonné mandat à la Commission d'enquête sur
le crime organisé de poursuivre son dossier relativement à la
Société des alcools du Québec, n'est plus dans les mains
de la Commission d'enquête sur le crime organisé, donc n'est plus
visée par l'article 99, paragraphe 4), encore une fois, à moins
qu'il ne nous dise qu'il a changé le mandat de la CECO ou qu'il a
donné cela à une autre commission d'enquête. Mais, M. le
Président, il m'apparaît très clair c'est ce que je
soumets que l'article 99, alinéa 4), ne vise que des commissions
d'enquête, ne vise pas une enquête que n'importe quel individu
pourrait faire, par exemple, une enquête policière. Autrement, M.
le Président, il n'est plus possible de poser des questions.
Le Président: Bon. Je m'excuse parce que si, je me
rappelle bien, la première question, il y a quelques jours, avait
été posée relativement à la CECO, je crois. Mais je
suis d'accord avec l'honorable député de Maisonneuve; il y a
uniquement l'article 171 qui pourrait s'appliquer en l'occurrence.
L'honorable député de Chicoutimi.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais simplement qu'on
lise l'article 171 également.
Le Président: Je n'ai pas juridiction; c'est le ministre
qui a juridiction à l'article 171.
M. Levesque: Je le sais.
Le Président: D'accord.
M. Levesque: Mais ce qu'il y a, c'est que l'article 171 je
pense bien que c'est implicite dans la réponse du ministre dit:
"Un ministre ou un député auquel une question est posée
peut refuser d'y répondre s'il juge contraire à
l'intérêt public de fournir les renseignements demandés".
Alors, c'est peut-être implicite dans la réponse du ministre, M.
le Président. Quant à la question de l'article 99,
quatrièmement, je crois que je dois me soumettre à votre
interprétation qui suit l'argumentation de mon collègue de
Maisonneuve, mais, lorsque nous étudierons bientôt les
règlements, je crois que c'est une des choses que nous devrions regarder
de près. Ici, il n'est pas question d'enquête ni judiciaire, ni
policière, ni quasi judiciaire; c'est une enquête.
M. Burns: D'accord.
M. Levesque: Alors, "il est interdit à un
député qui a la parole de parler d'une affaire qui est devant les
tribunaux cela me semble clair ou devant un organisme quasi
judiciaire ou d'une affaire qui est sous enquête, lorsque, dans ce
dernier cas, les paroles prononcées..." Alors, une affaire qui est sous
enquête, cela ne précise pas si c'est une enquête
judiciaire. Un instant, M. le Président, je n'ai pas terminé. Un
instant.
Le Président: Très bien.
M. Levesque: On ne dit pas si c'est une enquête judiciaire
ou une enquête policière. Deuxièmement, M. le
Président, vous vous rappelez que nous avons j'en profite pour
vous le souligner ensemble travaillé à la rédaction
de ce règlement. Le député de Maisonneuve, sans en
être un des auteurs mais cela a certainement aidé à sa
rédaction, se rappelle que...
M. Burns: Un des complices.
M. Levesque: Complice, oui. Lorsque nous avons écrit ce
règlement, nous nous sommes inspirés du règlement
antérieur. On se rappellera, M. le Président, que dans ce cas-ci
nous n'avons pas exactement tenu compte de la façon dont c'était
présenté dans l'ancien règlement; dans l'ancien
règlement on se rappellera qu'on ne retrouvait pas ces dispositions au
chapitre actuel. On a voulu fondre ce que l'on trouve dans les questions avec
ce que l'on trouve dans ce qui est aujourd'hui l'article 99 et qui
correspondait à 200 quelque chose dans l'ancien règlement, si ma
mémoire est fidèle.
Cela crée l'équivoque aujourd'hui et a créé
l'équivoque récemment en commission élue, alors que nous
avions à intervenir comme législateur et où on nous
opposait le fait qu'on parlait d'une question devant les tribunaux. M. le
Président, je crois que lorsque nous avons refait ce règlement
et c'est là que c'est important, je pense, j'arrive à mon
point nous avons pu escamoter certaines considérations que j'ai
voulu évoquer très rapidement.
Tout ce que j'espère c'est que, lorsque nous reviendrons en
commission ou en sous-commission, nous puissions rendre ces dispositions plus
claires et peut-être enlever de 99 ce qui appartient à 171.
Le Président: Suite à vos remarques, je crois bien
que le mot "enquête" à 99 je serais plutôt d'accord
avec l'argumentation de l'Opposition couvre quand même une
enquête judiciaire ou quasi judiciaire. Par contre, je suis d'accord avec
vous qu'on devra reconsidérer dans l'étude de notre
règlement l'article 99. D'après l'interprétation et les
études qu'on a faites à la suite des projets de loi qui ont
été étudiés, je crois que cela pourrait rester tel
quel, avec une clarification sur enquête, mais on ne pourrait pas parler,
je crois, lors d'une motion ou lors d'une question, de choses devant les
tribunaux. Erskine May fait une distinction mais on peut le permettre lors de
la législation, il y a une distinction à faire, pour ne pas
brimer les pouvoirs du Parlement de légiférer.
Revenant à votre première observation, je crois que vous
dites que les remarques du Solliciteur général étaient
implicites. Je préfère qu'elles soient plus explicites.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, M. le Président,
dans l'intérêt public, je voudrais savoir si le Solliciteur
général a été informé que la compagnie
Polarin, dont j'ai parlé hier, a été imposée comme
intermédiaire suite à des interventions d'un actuel membre du
conseil des ministres ou d'un de ses adjoints immédiats.
M. Lalonde: Si j'ai bien compris, M. le Président, c'est
la même question que tantôt.
M. Bédard (Chicoutimi): Informé, oui ou non.
M. Lalonde: Alors j'ai dit de façon assez explicite, tout
en voulant l'expliquer encore une fois au député, que le juge
contraire à l'intérêt public de discuter en Chambre,
à cette Assemblée, du contenu des renseignements qui m'ont
été donnés par le document de travail remis par la CECO,
lequel document de travail, avec les dépositions qui le sous-tendent, a
été confié à la Sûreté du
Québec pour des compléments d'enquête.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, voici ce
que je veux savoir très précisément; si le ministre veut
prendre avis, je sais que c'est son droit, s'il ne veut pas répondre, je
sais que c'est son droit.
Ce que je veux avoir, c'est une réponse puisque je pose une
question précise: Est-ce que le ministre a été
lui-même, informé que la compagnie Polarin, dont j'ai parlé
hier, a été imposée comme intermédiaire suite
à des interventions d'un membre actuel du conseil des ministres ou d'un
de ses adjoints immédiats? Si le ministre ne peut pas me
répondre, qu'il me le dise.
M. Lalonde: II me semble que je l'ai dit. Les
seules informations qui sont à ma disposition sont les
renseignements contenus dans le rapport ainsi que dans les dépositions.
Ce sont justement ces documents qui sont actuellement à la source des
compléments d'enquête qui sont faits actuellement. Je pense que le
député essaie de trouver une façon détournée
pour m'entraîner à révéler ce qui est contenu dans
ces enquêtes. Je crois que c'est contre l'intérêt public que
ce soit fait aussi longtemps que les compléments d'enquête ne
seront pas terminés.
M. Lessard: M. le Président, question additionnelle.
M. Bellemare (Rosemont): Question supplémentaire.
M. Lessard: Question additionnelle.
Le Président: Un instant, un instant! Après.
L'honorable député de Saguenay.
M. Léger: Ne vous mêlez pas de cela, c'est trop
grave.
M. Bellemare (Rosemont): Mêlez-vous de vos affaires.
Le Président: Le député de Saguenay.
M. Lessard: Question additionnelle au ministre.
Le Président: Question additionnelle.
M. Lessard: Le ministre pourrait-il nous dire s'il a
été informé qu'un de ses collègues membre du
conseil des ministres ou un de ses adjoints a été impliqué
dans l'affaire Polarin? Au nom de l'intégrité du gouvernement, le
Solliciteur général pourrait-il nous dire si, oui ou non, l'un
des membres actuels du conseil des ministres est impliqué dans l'affaire
Polarin? C'est clair, ça! Oui ou non.
Le Président: C'est la même question.
M. Lessard: M. le Président, est-ce que le premier
ministre...
Le Président: Bon, formulez-la différemment.
M. Lessard: ... a été informé, soit par le
Solliciteur général ou par toute autre voie, qu'un de ses
ministres, actuellement membre du conseil des ministres, ou l'un des adjoints
immédiats de ce ministre est impliqué dans l'affaire Polarin?
A-t-il été informé, oui ou non?
M. Bourassa: Si nous dévoilons le contenu des rapports de
police avant la fin des enquêtes, je ne crois pas que nous travaillions
dans l'intérêt public.
M. Bellemare (Rosemont): Question supplémentaire, M. le
Président...
Le Président: Question supplémentaire. L'honorable
député de Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): ... à l'honorable Solliciteur
général. Pour respecter l'intégrité des
commissaires, je demande à l'honorable Solliciteur général
s'il y a possibilité de faire enquête à savoir, si fuites
il y a, d'où viennent les fuites parce que le tout était à
huis clos.
M. Burns: Est-ce qu'il s'agit là d'une confirmation que
c'est exact, ce qu'on est en train de dire?
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: Est-ce cela que vous êtes en train de nous
dire?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable ministre.
M. Lalonde: C'est une question hypothétique, mais
relativement hypothétique. Si des indications sérieuses nous sont
communiquées à l'effet que des fuites de documents
d'enquêtes policières ont eu lieu, il n'y a pas de doute que nous
devrons enquêter sur la source de ces fuites.
M. Bédard (Chicoutimi): Question additionnelle.
M. Burns: M. le Président...
Le Président: Question additionnelle. Un à la
fois.
M. Burns: Ah! excusez-moi.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Sur la
même question. Pour vous, c'est votre dernière sur cette
même question.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Etant donné que
lorsque la compagnie Polarin a été formée, en juillet
1970, le premier ministre était lui-même, à titre de
ministre des Finances, responsable de la Société des alcools du
Québec et étant donné qu'un des adjoints spéciaux
du premier ministre, M. Guy Potvin, qui signe M. Jean-Guy Potvin, était
l'un des trois actionnaires de la compagnie Polarin au moment de sa
création, est-ce que le premier ministre ne croit pas que
l'intérêt public exige la publication immédiate de tous les
témoignages entendus par la CECO sur l'affaire Polarin?
M. Bourassa: M. Potvin n'avait pas été
engagé par mon bureau lorsqu'il a été actionnaire, durant
quelques semaines de cette compagnie.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il est à votre
bureau, présentement?
M. Bourassa: Oui, mais il n'avait pas été
engagé. Il a démissionné avant d'être engagé
par mon bureau...
M. Bédard (Chicoutimi): On vous donnera d'autres
informations.
M. Bourassa:... prêté par Bell Canada. Le
Président: A l'ordre, messieurs! M. Burns: Question
additionnelle.
Le Président: Bon. Dernière question
additionnelle.
M. Burns: Nous avons, à plusieurs reprises, demandé
au Solliciteur général de déposer la lettre de
démission de M. Henry Keyserlingk. Est-ce qu'il est en mesure de nous
dire, aujourd'hui, qu'il peut déposer cette lettre?
Soit dit en passant, ça peut avoir une relation avec un certain
nombre de questions qui sont posées par le député de
Chicoutimi.
Mme Bacon: C'est lui qui a fourni les fuites.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai été
informé par la Commission d'enquête sur le crime organisé
que la raison du départ de M. Henry R. Von Keyserlingk de la CECO est
une divergence d'opinion quant à l'orientation des travaux de la CECO.
La CECO a suivi un programme de travail qui n'a pas paru convenir à M.
Keyserlingk. Maintenant, la commission m'a aussi informé que la
correspondance qu'il a pu y avoir entre Me Keyserlingk et la commission
contient des références à des enquêtes, des dossiers
qui sont actuellement, soit devant la commission soit en préparation
pour être éventuellement soumis à la commission. Et
l'opinion de la commission est qu'il ne serait pas dans l'intérêt
public de déposer ces documents.
M. Burns: Est-ce qu'il y a des références, dans la
lettre de démission de M. Keyserlingk, à l'affaire Polarin et en
particulier à l'affaire, si vous voulez, en général, de la
Société des alcools?
M. Lalonde: Etant donné que la commission juge qu'il
serait contraire à l'intérêt des enquêtes de la
commission que de déposer les documents, la correspondance, il est
possible qu'il y ait plusieurs lettres. Je ne le sais pas. Tout s'est
passé entre la commission et Me Keyserlingk. Quant à moi, je n'ai
jamais eu de communication de Me Keyserlingk ni au niveau de son travail, ni au
niveau de sa démission. Je peux difficilement commenter un document en
particulier qu'il serait, d'après l'avis de la commission, contraire
à l'intérêt public de dévoiler.
M. Burns: Dernière question additionnelle. Elle est
très brève.
Le Président: C'est votre troisième
dernière.
M. Burns: C'est la dernière. Puisqu'on ne veut pas
déposer le document normalement j'aurais posé une question
si on le déposait, mais là...
Le Président: A l'ordre! Il déclare que ce n'est
pas d'intérêt public, vous n'avez pas de commentaires à
faire.
M. Burns: Je ne commente pas, M. le Président, j'essaie
d'obtenir au moins une partie de la réponse, celle qui pourrait
être d'intérêt public. Ma dernière question, M. le
Président je vous en assure d'avance : Est-ce que les
raisons de divergence d'opinion entre Me Keyserlingk et la CECO sont sur le
type de plaintes à porter et l'endroit où les plaintes doivent
être portées, c'est-à-dire contre qui ces plaintes doivent
être portées?
M. Lalonde: Non, M. le Président. D'après ce qu'on
m'a expliqué c'était surtout sur l'orientation des travaux. La
commission avait décidé d'entendre un certain nombre de dossiers
devant elle à la suite de l'enquête sur la viande, le printemps
dernier, et Me Keyserlingk, d'après les explications de la commission,
n'a pas semblé accepter cette décision, ce programme de travail.
Il aurait probablement voulu qu'il soit différent.
Le Président: Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Léger: Un instant, une question principale, M. le
Président.
M. Bourassa: M. Potvin a démissionné comme
administrateur de Polarin le 2 novembre alors que son engagement s'est fait par
un contrat le 26 novembre.
Le Président: Le député de Rouyn-Noranda.
Vols sur les chantiers olympiques
M. Samson: M. le Président, je voudrais adresser ma
question également au Solliciteur général. Est-ce que le
Solliciteur général est au courant que le président de la
Régie des Jeux olympiques, M. Claude Rouleau, a déclaré
hier avoir demandé au sous-ministre de la Justice, également au
président du conseil de sécurité de la CUM, et au chef
adjoint de la police de la Communauté urbaine de faire enquête sur
le cas des vols commis sur le chantier des Jeux olympiques et dont les
estimations sont d'environ de $10 millions à $15 millions? Est-ce que le
ministre peut nous dire s'il est vrai qu'une telle demande a été
faite?
M. Lalonde: M. le Président, je ne peux pas confirmer
quant au montant qui est mentionné par le député de
Rouyn-Noranda. En effet, le président de la régie a
communiqué avec le sous-ministre et j'ai eu aussi l'occasion de
m'entretenir avec lui. J'ai demandé au directeur de la
Sûreté du Québec de donner, dans la mesure du possible, sa
coopération à la police de la CUM quant aux chantiers, quant
à la sécurité tout d'abord, et aussi quant au bon ordre
sur le chantier du stade olympique.
Maintenant, quant aux mesures particulières qui seraient prises,
ce serait simplement de voir à ce que les lois soient respectées;
au cas de viola-
tion de ces lois, par voie de vol ou autrement, que les enquêtes
soient faites le plus rapidement possible et les coupables amenés devant
les tribunaux.
M. Samson: A-t-il été porté à
l'attention du ministre, en même temps, que ces présumés
vols auraient servi à des travailleurs ainsi qu'à des
entrepreneurs dont les machineries lourdes auraient été au
travail dans les régions de la Gaspésie, des Laurentides et
même en Ontario? Ces cas ont-ils été portés à
l'attention du ministre ou du sous-ministre en même temps que la demande
d'enquête a été faite?
M. Lalonde: Pas tellement dans ces détails, il y en a
sûrement sous enquête actuellement. J'aime mieux ne pas en discuter
publiquement pour les mêmes raisons que celles que je mentionnais
tantôt à l'Opposition officielle.
M. Samson: Je voudrais demander au ministre...
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. Samson: ... comment il se fait, selon la nouvelle qui
paraît, que la police, qui croit à l'existence de
véritables réseaux de voleurs sur les chantiers de construction,
a déjà interrogé une vingtaine d'ouvriers, mais semble
entravée dans son travail par le retrait de plusieurs plaintes. Comment
le ministre peut-il expliquer ces retraits de plaintes qui entraveraient le
travail de la police dans cette enquête? Qui a fait les plaintes, qui
retire les plaintes et pour quelles raisons?
M. Lalonde: Si le député me le permet, j'aimerais
prendre avis de cette question parce qu'il se réfère à un
cas bien particulier de retrait de plaintes. Demain, j'essaierai d'apporter une
réponse à cette question.
Le Président: Deux dernières questions. Les
députés de Johnson et de Maisonneuve.
Connaissance de l'économique
M. Bellemare (Johnson): Je regrette de ne pas avoir avisé
le ministre de l'Education. C'est à lui que s'adresse ma question. Il
est de notoriété publique maintenant, par le rapport CEGIR
cela a été publié dans tous les journaux que 90%
des Québécois sont des purs ignares en matière
d'économie. C'est à la suite de cette déclaration que ma
question aujourd'hui se pose au ministre puisque dans ce rapport de CEGIR, qui
était adressé à l'Industrie et au Commerce, on dit que
seuls 400,000 Québécois, soit 1% de la population de quinze ans
et plus, selon le rapport, sont équipés de notions de base en
économie.
C'est très grave que ce rapport qui a été fait par
des consultants dise des choses semblables de notre peuple, sans y apporter des
solutions. Je demande au ministre, c'est là ma question, s'il va
intégrer dans le système scolaire certaines notions
préliminaires, soit dans les CEGEP, les universités ou même
dans les écoles primaires, certaines notions d'économique pour
préparer nos gens. Le rapport dit qu'il y a même des gens qui ne
connaissent absolument rien du système bancaire. D'autres arguments sont
à l'effet qu'il y a plusieurs centaines de milliers de personnes qui
sortent de l'école ne sachant pas ce qu'est une hypothèque et
toute une série de choses qui sont inadmissibles dans un peuple.
Ma question au ministre c'est qu'après avoir pris connaissance
je ne sais pas s'il l'a vu du rapport CEGIR, voudra-t-il apporter
certaines réponses?
M. Garneau: M. le Président, il est certainement
déplorable qu'un nombre aussi important de Québécois
n'aient pas plus de connaissance de la façon dont fonctionne une
économie ou un système bancaire ou des notions de base des
activités courantes de la vie quotidienne. On se rappellera que l'an
dernier, je crois, le ministre de l'Industrie et du Commerce avait
annoncé l'intention du gouvernement d'agir dans le secteur en
collaboration avec l'Education. Des travaux ont été faits pour
voir quel pourrait être le contenu d'un programme de cette nature surtout
au niveau secondaire puisqu'au niveau collégial il existe des cours, des
options dans ce secteur.
Mais il n'y a pas, en effet, une connaissance suffisante de
l'économie et il y aura certainement lieu d'accélérer de
ce côté. Quelles seront les mesures précises qui pourront
être prises quant à l'horaire des élèves au niveau
secondaire? Je ne suis pas en mesure de répondre la-dessus maintenant.
Le député de Johnson sait fort bien que dans plusieurs secteurs
on nous suggère d'additionner des cours à l'horaire des
étudiants, que ce soit pour l'histoire ou pour la géographie dont
on dit, par exemple, que les connaissances ne sont pas suffisantes. Il s'agit
de trouver, à l'intérieur d'un horaire obligatoire, du temps pour
améliorer ces connaissances.
Je peux assurer le député que c'est une question qui me
préoccupe personnellement pour toutes sortes de raisons et que je vais
certainement prendre connaissance du problème en détail
j'en ai pris connaissance par la voie des journaux pour voir ce qu'il
est possible de faire dans ce secteur parce que je souscris aux
préoccupations qu'il a.
M. Bellemare (Johnson): Dernière question
supplémentaire, M. le Président.
Le Président: Dernière.
M. Bellemare (Johnson): II existe un service d'éducation
économique au ministère de l'Industrie et du Commerce.
Peut-être ce n'est pas une question mais une suggestion que
ce service pourrait rencontrer les officiers du ministère de l'Education
pour trouver une solution.
M. Garneau: M. le Président, cela a déjà
été fait. Des travaux ont déjà été
mis en oeuvre pour essayer de voir quel pourrait être le contenu d'une
telle éducation économique. Je ne suis pas en mesure de dire
maintenant quel genre de rapport final ce travail constitue.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, est-ce qu'on
pourrait obtenir...
Le Président: Un peu de silence, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): Je regrette l'absence du ministre de
l'Industrie et du Commerce qui pourrait peut-être me répondre.
Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de ce rapport?
M. Garneau: C'est justement, M. le Président, le sens de
la réponse que je viens de donner. Je sais qu'il y a des travaux
comme je l'indiquais qui ont été faits mais je n'ai pas
encore pris connaissance du résultat de ces travaux. Comme ministre de
l'Education, cela ne fait pas tellement longtemps que je suis là, et il
y a eu passablement d'autres sujets qui ont retenu mon attention. C'est une
chose sur laquelle je veux m'appliquer au cours des prochains mois parce que je
trouve la question fort importante.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, est-ce que...
Le Président: Un instant, je m'excuse. A la prochaine
séance.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre me dit qu'il ne peut pas me
remettre le rapport. Les journaux en font état. J'aimerais le lire au
complet.
Le Président: A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Garneau: Si le député de Johnson se
réfère à l'analyse du journal, d'accord.
Le Président: Dernière question. A la place du
député de Maisonneuve, le député de Lafontaine.
Primes d'assurance-automobile
M. Léger: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières. En cette fin de session et à la suite des questions
que je lui ai posées la semaine dernière sur
l'assurance-automobile ainsi que celles que j'ai posées au premier
ministre, le ministre peut-il nous dire maintenant s'il s'est informé
auprès des compagnies d'assurance-automobile des hausses possibles des
primes d'assurance-automobile?
Mme Bacon: M. le Président, je me suis informée au
niveau du service des assurances de mon ministère et nous n'avons
été avisés d'aucune façon par les compagnies
d'assurance de hausses de taux possibles dans les mois qui viennent.
Il est évident qu'il faut tenir compte du fait que les gens qui
renouvellent maintenant leur prime d'assurance sont frappés de la hausse
des primes qui a eu lieu en 1975, soit au cours des derniers six mois. Ce ne
sont pas de nouvelles hausses, mais la même hausse qui avait
frappé les Québécois en 1975.
M. Léger: Une question supplémentaire, M. le
Président. Le ministre peut-il nous dire pourquoi il ne s'est pas
informé auprès des compagnies et comment il conçoit la
protection des consommateurs s'il ne va pas au-devant des problèmes
puisque les compagnies ne sont pas obligées d'informer le ministre?
Deuxièmement, le ministre est-il au courant de la circulaire du
Groupe Royal, le plus gros groupe d'assurance au Canada, qui fin novembre 1975,
annonce aux courtiers que la hausse des primes d'assurance-automobile
dépassera de beaucoup les normes prévues par les lois
antiinflationnistes du gouvernement fédéral et du gouvernement
provincial et qu'il ne sait pas comment s'ajuster là-dessus? Le ministre
est-il au courant de cette augmentation prévue dans la circulaire du
Groupe Royal?
Mme Bacon: M. le Président, je n'ai pas
téléphoné moi-même aux compagnies d'assurance. J'ai
demandé au responsable du service des assurances de mon ministère
de communiquer et de faire un sondage auprès des différentes
compagnies, ce qui a été fait.
Il est possible que certaines compagnies nous arrivent avec quelques
hausses des primes d'assurance, mais nous n'avons pas la certitude que ce sera
l'ensemble des compagnies d'assurance.
M. Léger: Question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: Dernière question. L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: Le ministre peut-il nous dire si, devant les
hausses assurées que je viens de lui mentionner ou les hausses possibles
puisque le ministre ne s'est pas informé au début
de 1976, il a l'intention de demander au conseil des ministres d'ordonner
à la Régie de contrôle des prix de faire enquête sur
ces hausses en vertu de l'article 51 de la loi 64, anti-inflation, et d'exiger
qu'aucune hausse ne soit accordée avant l'autorisation du commissaire,
comme elle en a le pouvoir actuellement?
Mme Bacon: Déjà, M. le Président, les
compagnies de 500 employés et plus sont soumises à la loi 73 du
gouvernement fédéral. Avec la loi 64, j'ai l'intention, pour les
compagnies de 500 employés et moins, de demander au lieutenant-
gouverneur en conseil d'autoriser la régie à analyser les
hausses de taux de primes d'assurance, s'il y a lieu de le faire. S'il y a des
hausses de taux de primes d'assurance, ils auront la collaboration des
actuaires de mon ministère.
Je pense que nous ferons l'impossible pour donner l'assistance
nécessaire aux membres de la régie afin de protéger
davantage les consommateurs québécois et de faire en sorte que
les hausses de primes soient réduites au minimum.
M. Samson: Question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: Je m'excuse, deux dernières questions
supplémentaires: l'honorable député de Rouyn-Noranda et
l'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. Samson: Je voudrais demander, M. le Président, au
ministre si le ministère a reçu des informations concernant les
raisons qui feraient que plusieurs, sinon toutes les compagnies d'assurance
limitent actuellement la vente des polices d'assurance automobile. Si oui,
qu'on nous donne les raisons; sinon, est-ce que, au ministère, on
voudrait s'enquérir de ces raisons?
Mme Bacon: Rien ne nous indique, au ministère, M. le
Président, qu'il y a limite dans la vente des assurances automobile, de
couvertures assurance automobile. Je vais enquêter et je pourrai
répondre, M. le Président, à cette Chambre.
Le Président: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Dernière question additionnelle.
M. Morin: M. le Président, j'ai été un peu
étonné de la réponse du ministre, à
l'instant...
Une Voix: Question.
M. Morin: ... à l'une des questions du
député de Lafontaine. Est-ce que le ministre n'estime pas qu'il
serait plus logique, si on doit tenter de contrôler la hausse des primes
d'assurance par le biais des mesures anti-inflationnistes, de tenir compte du
nombre d'assurés ou de la valeur des primes payées par les
assurés, plutôt que de tenir compte du nombre d'employés
qui sont au service des compagnies d'assurance en question?
Mme Bacon: M. le Président, il est évident que
c'est un problème global et que nous devons l'analyser dans son
ensemble. Mais si on se fie à la rédaction, en fait, des deux
projets de loi, soit 64 et 73, la législation nous permet, soit à
l'article 40 et l'article 11e) de la loi 64, d'avoir un certain contrôle.
Mais si ce contrôle s'avérait inefficace ou incomplet, nous
pourrons le faire par le biais de la régie.
Le Président: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. Levesque: M. le Président, en réponse à
des questions au feuilleton, et j'espère en avoir encore demain, sans
faire de promesse absolue, mais c'est ce qu'on m'indique.
Article 4), question de M. Bellemare (Johnson), je propose que cette
question soit transformée en motion pour dépôt de
documents.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. Levesque: Motion de M. Morin, article 30), dépôt
de M. Garneau.
M. Garneau: Document déposé.
M. Levesque: M. Drummond, document déposé
également.
Article 51), motion de M. Lessard, dépôt de M. Simard.
M. Simard: Document déposé.
M. Levesque: Article 52), motion de M. Lessard,
dépôt de M. Simard. Article 70), M. le Président.
M. Burns: Avant qu'on reprenne les débats, juste avant
qu'on reprenne les débats, j'avais signalé au leader du
gouvernement, un certain nombre de questions ou de motions qui avaient
été soumises par l'Opposition.
Globalement, j'avais souligné également celles qui
faisaient partie de la première partie de la session. Dans celles que
j'avais soulignées, je m'étais référé
à l'article 39). Je ne sais pas quel numéro elle portait la
semaine dernière, mais, à l'article 39), vous aviez une motion du
député de Lafontaine pour que soit...
M. Levesque: Je pense que ce sera déposé
demain.
M. Burns: Cela va être déposé demain?
M. Levesque: Je crois que oui. Mes indications sont que ce sera
prêt demain.
M. Burns: Etes-vous en mesure de me l'assurer?
M. Levesque: Je n'aime pas faite des promesses, parce
qu'ordinairement je les tiens.
M. Burns: Ecoutez, c'est parce que ce n'est pas un document
compliqué. C'est quelque chose qui vient, tout simplement, de la
comptabilité. Je présume que, si vous ne l'avez pas en main
actuellement, vous pourriez, sur un simple coup de téléphone,
l'obtenir.
M. Levesque: Mes indications sont que ce sera demain.
M. Burns: Demain? D'accord.
M. Levesque: On parle de l'article 39).
M. Burns: M. Léger, l'article 39).
M. Levesque: Léger, oui, Léger. Article 70).
M. Burns: C'est cela, on se comprend bien? C'est l'article 39),
3-9.
M. Levesque: Celui dont le député vient de
parler?
M. Burns: C'est cela.
M. Levesque: J'ai dit que j'avais des indications voulant que ce
soit déposé demain.
M. Burns: D'accord.
M. Levesque: Alors, on passe à autre chose?
M. Burns: D'accord.
M. Levesque: Ah bon! C'est pour cela que je dis article 70).
M. Burns: D'accord.
Projet de loi no 9 Deuxième lecture
(suite)
Le Président: Article 70). Reprise du débat.
L'honorable député de Beauce-Sud.
M. Fraser: Absent. Des Voix: Absent.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais exercer mon
droit de réplique.
Le Président: Oui. L'honorable ministre de la Justice, en
exerçant son droit de réplique, mettra fin au débat de
deuxième lecture.
M. Levesque: M. le Président, je propose l'adoption de ce
projet de loi en deuxième lecture.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote de deuxième lecture
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
messieurs! Le député de Laurier, s'il vous plaît.
Que ceux qui sont en faveur de la motion de deuxième lecture du
projet de loi no 9 proposée par le vice-premier ministre veuillent bien
se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Blank,
Parent (Hull), Mailloux, Cloutier, Phaneuf, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom,
Simard, Quenneville, Mme Bacon, MM. Lalonde, Tetley, Bienvenue, Forget, Toupin,
L'Allier, Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Cadieux, Arsenault, Houde
(Abitibi-Est), Desjardins, Massé, Perreault, Brown, Fortier,
Bossé, Kennedy, Bacon, Lamontagne, Bé-dard (Montmorency),
Veilleux, Brisson, Séguin, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance,
Pilote, Fraser, Picard, Gratton, Gallienne, Assad, Carpentier, Dionne, Faucher,
Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Larivière, Pelletier, Springate,
Pepin, Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier, Boudreault, Boutin,
Chagnon, Marchand, Ostiguy, Caron, Côté, Denis, Déom,
Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours, Massicotte,
Mercier, Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallières, Verreault,
Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi),
Samson, Bellemare (Johnson), Leduc.
Le Secrétaire: Pour: 90 Contre: 0
M. Giasson: On ne m'a pas donné la chance, M. le
Président, d'indiquer mon abstention au vote.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever. Que ceux qui désirent s'abstenir veuillent bien
se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Giasson.
Le Secrétaire: Pour: 90 Contre: 0
Abstention: 1
Le Président: La solidarité ministérielle!
Cette motion est adoptée.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
M. Levesque: Je suis sûr, M. le Président, que si
vous le permettiez, maintenant, le vote serait positif. Est-ce que le
député voudrait le mettre positif, maintenant qu'il est
entré?
M. Giasson: Oui, oui, si tout le monde est d'accord. Autrement,
s'il y a des refus, je demeure absent.
M. Levesque: Alors, à l'unanimité.
M. Burns: M. le Président, moi, je ne l'ai...
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Burns: ... pas vu entrer; alors je présume que...
M. Levesque: II était là. M. Burns: II
était là, oui? M. Levesque: Oui.
M. Burns: Oui, d'accord. M. Levesque: A l'unanimité.
Le Président: Avec le consentement unanime, vous pouvez
modifier le vote de l'honorable ministre d'Etat aux Affaires sociales pour le
rendre plus positif.
M. Levesque: La commission des affaires municipales va
siéger un peu plus tard si on pouvait lui déférer un
projet de loi, le projet de loi no 260, pour donner certains pouvoirs à
la ville de Québec.
Le Président: L'article 73). M. Levesque: L'article 73),
c'est cela.
Projet de loi no 260 Deuxième lecture
Le Président: L'honorable ministre des Affaires
municipales propose la deuxième lecture du projet de loi no 260, Loi
modifiant la charte de la ville de Québec.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: Très brièvement, le contrat entre la
ville de Québec et le Club de course Jacques-Cartier Inc., pour
l'exploitation de la piste de course située sur les terrains du Parc de
l'exposition provinciale, prend fin le 31 décembre de cette
année. La ville devait procéder à des soumissions
publiques; elle l'a fait et elle a reçu, à la toute
dernière seconde, une seule soumission. Cette soumission ne fut pas
jugée conforme, plusieurs articles du devis ayant été
rayés, et il faut prévoir la continuation de l'exploitation de la
piste de course.
Il y a un précédent dans le cas de la ville de
Trois-Rivières, qui exploite une piste de course. Nous savons que ce
n'est pas la ville directement mais bien la Commission de l'exposition
provinciale qui va faire l'exploitation.
En terminant, je voudrais faire remarquer qu'une entente devra
être conclue avec Loto-Perfecta pour que toute contribution de sa part
soit faite au profit de la ville de Québec.
Le Président: L'honorable député de
Maisonneuve.
M. Burns: J'aurais un long discours à faire sur ce
débat en deuxième lecture, mais je suis convaincu que le
député de Chicoutimi, en commission, pourra faire part au
ministre des Affaires municipales de toutes les remarques que j'aurais pu vous
faire à ce stade-ci, de sorte que je suis prêt à passer au
vote immédiatement.
Le Président: Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
M. Morin: On a manqué un bon discours. Projet de loi
déféré à la commission
M. Levesque: Je propose que ce projet de loi soit
déféré à la commission parlementaire des affaires
municipales pour étude article par article.
Travaux parlementaires
M. Levesque: J'en profite pour faire une autre motion, que j'ai
escamotée tout à l'heure, demandant que le projet de loi no 9
soit déféré à la commission parlementaire...
Le Président: Assemblée nationale.
M. Levesque:... de l'Assemblée nationale.
Le Président: Est-ce que ces deux motions sont
acceptées?
M. Burns: Adopté.
Le Président: La déférence du bill de
Québec? Adopté. Déférence du projet de loi no 9
à la commission de l'Assemblée nationale?
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
M. Levesque: Est-ce que la commission de l'Assemblée
nationale, ne s'étant pas réunie pour l'autre fin, pourrait, en
même temps, disposer de la question du mandat qui doit être...
M. Burns: On pourrait lui donner un double mandat, je pense.
M. Levesque: Oui.
M. Burns: Moi, je serais d'accord qu'en même temps qu'on
fait la déférence pour le projet de loi no 9 on donne
également, parce que ce seront les mêmes gens qui seront
là, le mandat à cette commission de décider qui formera
les sous-comités en matière de règlement, etc.
M. Levesque: C'était l'esprit dans lequel je posais la
question, tout à l'heure. M. le Président, j'imagine que vous
allez présider au moins momentanément, peut-être au
début, je ne sais pas, cette commission. On pourrait peut-être
disposer immédiatement au début des questions qui ont trait au
mandat de la commission pour la réforme des règlements, de la Loi
de la Législature et aux questions qui touchent la législation
déléguée.
M. le Président, la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale se réunira demain matin à dix
heures. Je pense bien que le salon rouge sera libre demain matin. Donc, au
salon rouge, à dix heures, à moins qu'il y ait d'autres
commissions. Je ne crois pas qu'il y ait d'autres commissions qui aient
été convoquées à ce moment et à cet endroit,
mais ce sera à dix heures. Si ce n'est pas au salon rouge, ce sera
à la salle 81 ou 91.
Le projet de loi no 253 est étudié présentement
à la salle 91. D'accord, l'étude du bill 253 se continuera
également s'il n'est pas terminé ce soir.
M. Burns: Le député de Saint-Jacques vous invite
à son bureau.
Une Voix: Ah oui!
M. Levesque: Oui. M. le Président, si on me le permet, je
voudrais attirer l'attention de l'Assemblée sur l'article 69).
Projet de loi no 258 Troisième lecture
Le Président: Le leader parlementaire du gouvernement,
pour le ministre des Communications, propose la troisième lecture du
projet de loi no 258, Loi concernant certaines installations d'utilité
publique et modifiant la Loi de l'Hydro-Québec, la Loi de la
Régie de l'électricité et du gaz et la Loi de la
Régie des services publics. Cette motion de troisième lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
M. Charron: ... M. le Président, ce sont les chiens.
M. Levesque: Nous pourrions peut-être disposer de l'article
72, quitte à l'étudier en commission plénière
demain.
M. Bellemare (Johnson): Dans la réimpression, M. le
Président, il y a simplement le changement du plafond de $9,000 à
$13,500?
M. Levesque: C'est tout.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que le ministre pourrait nous
donner la statistique des autres provinces? Il l'a, je crois...
M. Levesque: A la commission demain. M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Levesque: D'accord.
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à éviter à la Chambre des discours de deux- ième
lecture du député de Saguenay et de moi-même, pour autant
que tout le monde comprend qu'on nous laissera une certaine latitude au
début de la commission pour exprimer notre point de vue de façon
générale. Là-dessus je n'ai pas d'objection.
M. Levesque: Demain, à la reprise des travaux de la
Chambre, normalement.
M. Burns: D'accord.
M. Lessard: Est-ce que le ministre du Travail est d'accord?
M. Levesque: En commission plénière.
M. Lessard: Est-ce que le ministre du Travail est d'accord
concernant la latitude qu'on demande?
M. Harvey (Jonquière): J'ai dit: Pas d'objection.
M. Lessard: D'accord, j'avais compris non.
M. Harvey (Jonquière): J'ai dit: Pas d'objection. Je
répète: Pas d'objection, et cela veut dire oui.
M. Levesque: II y a des instruments qui sont mis à la
disposition des députés.
Projet de loi no 65 (réimpression)
Deuxième lecture
Le Président: Le ministre du Travail propose la
deuxième lecture du projet de loi no 65, Loi modifiant la Loi des
accidents du travail (réimpression). Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Le Président: Vous allez faire la déférence
en commission plénière immédiatement et les
écritures de ce projet de loi?
M. Levesque: C'est-à-dire pas d'écritures. On
reviendra en commission plénière demain. Je fais la proposition
que vous quittiez le fauteuil. Si c'est ce genre d'écritures, oui, M. le
Président.
Commission plénière
Le Président: Formation de la commission
plénière et rapport de la commission plénière.
M. Levesque: Demandant de siéger de nouveau.
Le Président: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): En vertu de l'article 34, M. le
Président...
M. Levesque: Un instant, si on me permet de terminer.
M. Bellemare (Johnson): Certainement. M. Levesque: L'article 73 a
été déféré. M. Burns: II y aurait les
articles 75 et 76.
M. Levesque: Pour les articles 74, 75, 76 on peut passer
l'étape de la prise en considération?
M. Burns: Oui.
Projets de loi nos 251, 259, 64 et 89 Rapports de la
commission
Le Président: Le député de Nicolet-Yamaska
propose l'adoption du rapport de la commission permanente des transports, des
travaux publics et de l'approvisionnement, qui a étudié les
projets de loi nos 251 et 259, Loi modifiant la Loi des transports et d'autres
dispositions législatives et Loi constituant la Société du
port ferroviaire de Baie-Comeau-Hauterive.
Est-ce que ce rapport est agréé?
M. Burns: Agréé.
Le Président: Agréé.
Le député de Bellechasse propose l'adoption du rapport de
la commission permanente des finances, des comptes publics et du revenu qui a
étudié le projet de loi no 64, Loi concernant les mesures
anti-inflationnistes. Est-ce que ce rapport est agréé?
M. Burns: Agréé.
Le Président: Le député de Saint-Maurice
propose l'adoption du rapport de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts qui a étudié le projet
de loi no 89, Loi des droits sur les mines (réimpression). Ce rapport
est-il agréé?
M. Burns: Agréé. Le Président:
Agréé.
M. Levesque: Dans ces trois cas. Troisième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente.
M. Burns: Demain.
M. Levesque: Alors, article 77)?
M. Burns: On peut l'adopter maintenant, M. le
Président.
Projet de loi privé no 214 Troisième
lecture
Le Président: Le député de Matane propose la
troisième lecture du projet de loi no 214, Loi concernant la Compagnie
de gestion de Matane Inc. Cette motion de troisième lecture est-elle
adoptée?
M. Burns: Adopté.
M. Levesque: Article 78.
Le Président: Si je comprends bien, le
député de Laporte a terminé son droit de réplique
et il propose l'adoption du projet de loi.
M. Déom: C'est exact, M. le Président.
Projet de loi privé no 205 Deuxième
lecture
Le Président: Le député de Laporte propose
la troisième lecture du projet de loi no 205, Loi concernant la
cité de Rimouski.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Levesque: Deuxième lecture.
Le Président: Excusez-moi c'est la deuxième
lecture.
M. Levesque: Après, les écritures si vous
voulez.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Le Président: Ecritures de la commission
plénière en ce qui concerne le projet de loi no 205 et adoption
du rapport de la commission plénière.
M. Burns: M. le Président, je m'excuse, j'avais cru avoir
l'opinion de mes collègues en disant "adopté" relativement au
projet de loi no 205, en deuxième lecture. Je voudrais simplement vous
signifier, sans demander un vote enregistré, que l'Opposition officielle
voterait, en deuxième lecture, contre le principe du projet de loi et je
vous demanderais d'enregistrer la dissidence du chef de l'Opposition, le
député de Sauvé, celle des députés de
Lafontaine, de Saint-Jacques, de Saguenay et de Maisonneuve. Je présume
que, si le député de Chicoutimi n'était pas retenu
ailleurs actuellement...
M. Levesque: C'est assez.
M. Burns: ... il inscrirait sa dissidence aussi.
Une Voix: Je ne suis pas sûr.
Le Président: Le projet de loi no 205 est adopté en
deuxième lecture, avec la dissidence de l'honorable chef de l'Opposition
officielle, des députés de Maisonneuve, de Lafontaine, de
Saint-Jacques et de Saguenay. Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Commission plénière
Le Président: Ecritures de la commission
plénière. Adoption du rapport de la commission
plénière du projet de loi no 205, suivant l'étude qui en a
été faite en commission après la première lecture.
Troisième lecture, prochaine séance.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce le temps d'intervenir, M. le
leader, sans déranger votre programme?
M. Levesque: Nous vous écoutons.
Travaux parlementaires (suite)
M. Bellemare (Johnson): Je pense qu'il avait été
entendu par le leader que, dès qu'il aurait rencontré le ministre
du Travail et le président de la Commission des accidents du travail, il
y aurait une convocation d'une séance possible. Comme je pense qu'on est
plutôt à la fin de la session, pourrait-on, au moins, obtenir du
ministre du Travail ou du leader qu'il y ait une séance en janvier de la
commission?
M. Levesque: M. le Président, je suis heureux de la
question de l'honorable chef de l'Union Nationale. Nous avions convenu, en
effet, d'avoir une telle séance. Ce matin, le ministre et les membres de
la Commission des accidents du travail se trouvaient ici, à la
commission, parce que nous avions convenu de nous réunir ce matin,
à dix heures. Je ne sais pas s'il y a eu oubli ou si on a
présumé peut-être qu'il s'agissait d'un ordre de la
Chambre, mais, lorsqu'on m'a appelé pour me dire que le ministre
était présent et que les officiers de la Commission des accidents
du travail étaient présents, j'ai rappelé à ces
gens que nous n'avions pas formellement donné d'avis à cet effet,
d'autant plus que le député de Beauce-Sud, qui était celui
revenu à la charge pour la tenue de cette commission, m'avait
demandé hier si c'était possible de la remettre en janvier, comme
vient de le faire, d'ailleurs le député de Johnson.
J'ai donc rencontré le ministre du Travail aujourd'hui et nous
avons convenu que nous donnerions suite à ce voeu qui vient d'être
répété d'ailleurs par le député de Johnson.
Dans les circonstances, à moins de choses imprévues et
imprévisibles à ce moment-ci, nous aurons une commission dans
l'intersession.
M. Bellemare (Johnson): Cela me satisfait.
J'espère bien que le député de Beauce-Sud, membre
du Parti national populaire, sera content.
M. Lessard: Y-a-t-il de l'union dans le Parti national
populaire?
M. Burns: M. le Président, j'aurais une question au niveau
de l'article 34.
M. Levesque: Je voudrais simplement faire motion pour que la
commission des affaires municipales puisse siéger immédiatement,
à la salle 81-A, aux fins d'étudier article par article les
projets de loi qui lui ont été déférés. En
particulier, je pense qu'il reste un article au projet de loi no 255, qui est
en suspens, il reste le projet de loi no 254, Loi modifiant la Loi sur
l'évaluation foncière et, depuis cet après-midi, le projet
de loi no 260, Loi modifiant la charte de la ville de Québec.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté.
Le Président: La commission des affaires municipales peut
siéger immédiatement.
M. Levesque: Evidemment, M. le Président, ce soir,
après consultation en même temps je demande le consentement
les commissions suivantes pourront siéger même si la
Chambre a terminé ses travaux, c'est-à-dire la commission
parlementaire des affaires municipales, si nécessaire, et la commission
parlementaire des affaires sociales pour poursuivre l'étude du bill 253
relatif aux services essentiels en cas de conflit de travail. Deux commissions
pourraient donc siéger ce soir, quelle que soit la situation en
Chambre.
C'est le consentement que je demande, M. le Président. Qu'il en
soit ainsi immédiatement, d'abord, et quel que soit le fait que ce soit
mercredi ou non.
Le Président: Je crois que l'avis est suffisant.
M. Charron: A 20 h 15?
M. Levesque: A 20 h 15.
Le Président: L'avis est suffisant.
M. Levesque: Dans les deux cas.
Le Président: Oui.
M. Burns: D'accord.
M. Levesque: M. le Président, il nous resterait ici, en
Chambre...
Le Président: Est-ce que la Chambre siège?
M. Levesque: C'est pour cela que j'ai demandé, M. le
Président, qu'il y ait...
Le Président: Bon, d'accord. Pour plus de
sûreté.
M. Levesque: Mais je ne crois pas. On pourrait peut-être
dépasser six heures dépendant des circonstances. Je ne le sais
pas encore. On verra à ce moment-là.
Le Président: Consentement unanime et ordre de la Chambre
à cet effet.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais simplement
indiquer aux membres de l'Assemblée qu'après consultation, nous
en sommes venus à la conclusion que nous poumons ici, en Chambre,
aujourd'hui, disposer des deux articles suivants, c'est-à-dire l'article
28 et l'article 1.
Le Président: L'article 28 est prioritaire.
M. Levesque: Ce sera selon l'ordre qu'on voudra.
M. Charron: Article 28 parce qu'on peut finir plus vite si on
veut.
M. Levesque: D'accord. Article 28.
Le Président: L'honorable député de
Taschereau.
M. Bonnier: M. le Président, à la reprise de ce
débat, je voudrais simplement souligner...
M. Levesque: Le député de Taschereau me
permettrait-il...
M. Bonnier: Oui.
M. Levesque: Je le prie de m'excuser. J'avais oublié une
chose dont je m'étais entretenu, d'ailleurs, avec le
député de Maisonneuve. C'était la possibilité que
la commission parlementaire de la justice aille recueillir certaines
coordonnées ou certaines données que voudraient faire à la
commission parlementaire de la justice les requérants que nous avons
rencontrés hier à deux reprises et qui voudraient nous revoir. Si
c'était possible que la commission parlementaire de la justice aille,
pendant que nous continuons, immédiatement...
M. Burns: D'accord.
M. Levesque: ... à la salle 91-A.
M. Burns: Oui, je suis d'accord à consentir cela, mais
est-ce qu'on peut également s'entendre sur un fait? Vous allez
comprendre qu'il y a beaucoup de députés de l'Opposition qui
seront à gauche, à droite, aux affaires municipales, aux affaires
de la justice peut-être; est-ce qu'on peut...
M. Levesque: Ce sera très très court.
M. Burns: ... s'entendre pour que, quel que soit le nombre de
députés de l'Opposition qui soient en Chambre, même si le
nombre réglementaire de cinq députés n'est pas atteint, on
puisse avoir quand même, sur la motion du député de
Saint-Jacques, un vote enregistré?
M. Levesque: M. le Président, je pense bien qu'on pourrait
disposer des deux articles 1 et 28 et réserver le vote pour après
cela, à la fin.
Motion de M. Claude Charron
concernant la situation des
assistés sociaux (suite)
Le Vice-Président (M. Blank): L'honorable
député de Taschereau.
M. Irénée Bonnier
M. Bonnier: M. le Président, il me restait simplement
quelques considérations à la suite de ce dont je parlais la
semaine dernière.
Je soulignais d'abord qu'il était évident que, dans
l'ordre des principes et des objectifs à atteindre, ce dont nous
devrions davantage parler et j'espère que ce sera possible dans
un avenir pas trop éloigné ce serait de revenu minimum
garanti, que ce soit associé avec une formule d'impôt
négatif ou non, puisqu'à partir de ce moment-là tous les
individus sont sur un même pied.
Cela ne veut pas dire que le Canada n'est pas avancé au niveau de
la sécurité sociale, il est beaucoup plus avancé qu'un bon
nombre de pays occidentaux et que certains autres également, mais il
reste que, actuellement, les études ne sont pas terminées dans ce
domaine, non plus que les expériences qui nous permettent de croire
qu'un revenu minimum garanti est facilement finançable.
Quoi qu'il en soit, étant donné qu'il s'agit d'un domaine
d'aide sociale, il faut se demander s'il n'y a pas lieu que la
réglementation soit soumise aux groupes de personnes les plus
directement concernées par l'application de cette aide sociale. La
réglementation porte certaines difficultés de
compréhension; d'autre part, à cause de ces difficultés
d'interprétation, on a vu un certain nombre de groupes qui ont surgi,
justement dans le but d'aider les bénéficiaires d'aide sociale
à mieux interpréter la loi.
Malgré ce fait, il me semble que, si on demandait
immédiatement à ces groupes de se réunir,
c'est-à-dire de rencontrer la commission parlementaire des affaires
sociales, ne serait-ce qu'au début de janvier, déjà nous
retarderions de quelques jours, sinon de quelques semaines, l'acceptation de la
nouvelle réglementation. Comme je le soulignais la semaine
dernière, j'ai eu l'occasion de rencontrer des groupes de
bénéficiaires d'aide sociale et ils sont impatients de voir
apporter un certain nombre de modifications.
Il aurait peut-être valu la peine, M. le Président, de
demander à ces groupes de nous faire parvenir des mémoires ou que
la commission des
affaires sociales siège, il y a déjà plusieurs
mois, à cet effet. Mais comme on ne l'a pas fait, il me semble qu'il
serait vraiment malheureux que les bénéficiaires d'aide sociale
aient à attendre plus longtemps des modifications absolument
essentielles et nécessaires, je dirais même urgentes. A cause de
ces raisons, je pense que nous devrions refuser la suggestion du
député de Saint-Jacques, malgré toute la bonne
volonté qu'il a sans doute mise dans cette proposition.
C'est bien sûr que la réglementation doit être en
accord avec les besoins réels des bénéficiaires, mais
étant donné qu'elle est prête, il me semble qu'il est
préférable que cette réglementation soit
présentée le plus tôt possible et qu'elle entre en vigueur
le plus tôt possible. Il y a des bénéficiaires qui,
actuellement, souffrent d'un manque non seulement d'interprétation de la
réglementation par certains fonctionnaires qui la comprennent d'une
drôle de façon parfois ou d'une façon restrictive mais, de
plus, les bénéfices eux-mêmes ne sont pas réellement
suffisants pour correspondre aux besoins des gens. Je pense qu'il est plus
avantageux, pour le bien même des bénéficiaires, que cette
réglementation soit déposée au plus tôt pour qu'elle
devienne en vigueur dès le début de janvier, si possible, et que
par la suite, si nécessaire, on puisse, soit à la suite des
rencontres avec des bénéficiaires que les députés
ont sans doute chacun dans son comté, soit à la suite d'une
étude spéciale de la commission des affaires sociales, regarder
à l'expérience ces nouvelles propositions du ministre des
Affaires sociales.
Je conclus donc qu'il ne m'apparaît pas opportun à l'heure
actuelle de réunir immédiatement tous ces groupes, malgré
le bien-fondé, sans doute, de la motion, car ce serait vraiment au
détriment des bénéficiaires. A cause de cela, M. le
Président, je me verrai forcé de voter contre la proposition de
l'honorable député de Saint-Jacques.
Le Président suppléant (M. Gratton): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, la semaine dernière,
lorsque le ministre des Affaires sociales est intervenu sur la motion qui est
présentée par le député de Saint-Jacques, il a fait
valoir un certain nombre d'arguments, à savoir que la motion du
député de Saint-Jacques était d'abord malvenue parce que,
justement, on devait présenter prochainement une nouvelle
réglementation. C'était en fonction de cette nouvelle
réglementation qu'on devait analyser l'avenir des
bénéficiaires de l'aide sociale et la motion, telle que
constituée, aurait voulu dire que nous aurions été dans
l'obligation non pas de discuter des règlements à venir, mais des
règlements existants.
De même, M. le Président, le ministre des Affaires sociales
a fait valoir que la motion venait trop vite, parce que, justement, dès
le début de janvier une nouvelle réglementation devait être
présentée et que c'était sur cette nouvelle
réglementation que nous devions, les députés comme les
personnes intéressées, engager une discussion. Je pense que
l'argumentation du ministre des Affaires sociales avait une certaine
valeur.
En l'occurrence, j'aurai l'occasion de présenter une motion
d'amendement pour permettre justement que la commission des affaires sociales
puisse siéger non pas pour examiner l'ancienne réglementation
mais la réglementation à venir et dès qu'elle sera
déposée. Mais avant, M. le Président, de présenter
cette motion, je voudrais souligner qu'il est extrêmement important, pour
l'Assemblée nationale, que nous acceptions le principe d'entendre des
personnes intéressées à une réglementation aussi
importante.
Quand on vient me dire, M. le Président, que ce serait là
retarder l'application de la nouvelle réglementation, je trouve cela
passablement curieux. C'est assez drôle qu'ici à
l'Assemblée nationale, quand c'est le temps d'entendre des groupes
fortement organisés, quand c'est le temps d'entendre des compagnies, que
ce soit, par exemple, sur le livre blanc des terres et forêts, quand
c'est le temps d'entendre les syndicats sur certaines réformes
importantes, on s'empresse immédiatement de convoquer des commissions
parlementaires et d'entendre les personnes intéressées à
ces problèmes-là.
Mais quand c'est le temps d'entendre des mouvements peu
organisés, quand c'est le temps d'entendre des laissés pour
compte, quand c'est le temps d'entendre les plus faibles de la
société québécoise, on n'a jamais le temps de le
faire. On est trop pressé pour le faire. Or, je dis qu'il est
extrêmement important que les personnes intéressées soient
entendues avant l'application de la nouvelle réglementation, quitte,
pour répondre à l'argumentation du député de
Taschereau, à mettre en application immédiatement, s'il y a lieu,
la nouvelle réglementation, mais en même temps à permettre
aux personnes intéressées de venir se faire entendre
immédiatement au moment de la présentation de la nouvelle
réglementation.
Nous avons eu l'occasion de le constater, avec l'ancienne
réglementation, je ne pense pas que des fonctionnaires, et quelle que
soit la compétence des fonctionnaires, qui sont, bien souvent, dans
leurs bureaux sans tenir compte des besoins particuliers de cette population ou
de cette catégorie de population-là, je ne pense pas que des
fonctionnaires puissent corriger certaines anomalies importantes de la
réglementation actuelle. J'ai peur justement que ces anomalies puissent
se reproduire avec la nouvelle réglementation. Au nom du principe, il
faut entendre les groupes les moins organisés. Je pense que ces groupes
ont le droit de se faire entendre, parce que nous les représentons ici
aussi à l'Assemblée nationale comme députés.
M. le Président, pour vous démontrer comment on peut en
arriver, lorsqu'on fait une loi dans des bureaux, ou une réglementation
dans des bureaux, comment on peut en arriver à des anomalies qui
réapparaissent, en tout cas, per-
sonnellement, absolument ridicules, je voudrais vous donner deux cas de
ce que peut donner la loi actuelle, puis ce que pourra peut-être donner
la réglementation qui viendra.
J'ai eu l'occasion, dans mon comté, dernièrement, de
rencontrer un étudiant, marié, père de trois enfants qui
avaient décidé de retourner aux études. Sa femme ne
travaille pas, n'est pas sur le marché du travail, elle ne peut pas se
trouver d'emploi. Le seul revenu que cet étudiant peut recevoir, c'est
la somme de tout près de $2,000 comme bourse du ministère de
l'Education, $2,000 comme bourse. Cette personne se présente au
ministère des Affaires sociales pour se faire expliquer qu'étant
donné que la loi est en déficit entre les revenus qu'il
reçoit et ses besoins tels qu'estimés en fonction des
critères et des normes de la loi du ministère des Affaires
sociales, il aurait normalement droit à une compensation. S'il recevait
l'aide sociale, il aurait droit à $400 par mois, ayant trois enfants et
deux adultes à l'intérieur de la maison. On lui répond
qu'il ne peut à la fois recevoir de l'aide sociale et à la fois
recevoir une bourse comme étudiant.
M. le Président, cet étudiant, ne pouvant continuer ses
études, parce qu'avec moins de $200 par mois il ne pouvait faire vivre
sa famille, à donc dû arrêter en principe ses études.
Une fois ses études arrêtées, il s'est
présenté à nouveau au ministère des Affaires
sociales et là, on a accepté de lui verser le montant
prévu en vertu des critères et des normes.
On aimait mieux payer cet individu à ne rien faire, à
rester chez lui dans sa maison privée, alors qu'il était
désireux de continuer ses études. La loi faisait en sorte qu'il
était possible à cet individu de rester à ne rien faire,
d'arrêter ses études, de recevoir en même temps le plein
montant, la pleine compensation prévue en vertu de la loi, alors qu'on
refusait de donner cette différence entre le montant qu'il recevait en
vertu de la loi des prêts et bourses et le montant qu'il aurait dû
recevoir en vertu de la Loi de l'aide sociale et, ainsi, poursuivre ses
études. Voilà le ridicule d'une situation, voilà où
nous conduit le ridicule d'une réglementation qui a été
fabriquée en vase clos.
Un autre cas qui m'a été soumis, il y a quelques mois
et que j'ai d'ailleurs soumis au ministre des Affaires sociales pour lui
démontrer que c'étaient là des cas qui prouvaient le
ridicule de la situation est celui d'une veuve qui se fait frapper
accidentellement par une automobile. Elle reçoit, d'une compagnie
d'assurance, la somme de $32,000. Conseillée par son avocat, la personne
ayant un âge pas trop avancé, elle s'achète une rente
viagère. Cela lui donne $200 par mois garantis à vie. La personne
vit pratiquement dans un taudis et elle n'est même pas
propriétaire du terrain, qui appartient au ministère des Terres
et Forêts. Elle doit donc acheter le terrain et faire des
réparations à sa maison. On s'adresse au ministère des
Affaires sociales pour recevoir de l'aide et on lui dit: Madame, en vertu de la
Loi de l'aide sociale, vous avez droit à $195 par mois. Et
c'était vrai. Comme vous recevez, comme rente viagère, la somme
de $200 par mois, il est impossible pour vous de recevoir de l'aide sociale. Du
moins, la seule chose qu'on peut faire, c'est de vous compenser, s'il y a des
réparations qui s'imposent, ou de verser un montant qui était de
$300 à $400 par mois.
Là où je veux vous montrer le ridicule de la
réglementation, c'est qu'en réalité l'avocat en question,
qui voulait épargner de l'argent aux contribuables
québécois et, en même temps, assurer à la personne
une rente à vie, lui avait conseillé de s'acheter une telle
rente. Si la personne était venue me voir, étant, si vous voulez,
surveillant de la dépense des deniers publics, j'aurais dû
probablement lui conseiller la même chose. Mais, si j'avais pris
strictement l'intérêt de ma commettante, ce que j'aurais dû
lui dire, connaissant la situation et connaissant la Loi de l'aide sociale,
c'est: Dépensez vos $32,000, construisez-vous ou aménagez-vous
une belle maison, achetez votre terrain et, après, on s'adressera au
ministère des Affaires sociales. De toute façon, vous aurez droit
à votre montant de $195 à vie alors que maintenant elle ne peut
même pas recevoir de l'aide sociale.
Voilà deux situations qui démontrent certaines anomalies
de la réglementation actuelle et qui démontrent que les
règlements qui sont faits en vase clos peuvent amener des situations qui
me paraissent quelquefois absolument scandaleuses. Je pourrais vous citer
d'autres cas. D'ailleurs, le député de Rouyn-Noranda, je pense,
en a souligné dans son intervention de mercredi dernier.
Motion d'amendement
M. Lessard: Afin de corriger la motion du député de
Saint-Jacques ou de l'améliorer dans le sens que le désirait le
ministre des Affaires sociales, je ferai donc la motion d'amendement suivante:
Que la motion en discussion soit amendée en retranchant, dans la
troisième ligne, les mots "sans délai" et en ajoutant à la
fin les mots suivants "avant que les nouveaux règlements n'entrent en
vigueur". De sorte que la motion amendée se lise comme suit: Que cette
Assemblée est d'avis que la commission permanente des affaires sociales
doit siéger pour étudier la situation des assistés sociaux
et les problèmes soulevés par l'administration de la loi et des
règlements de l'aide sociale et entendre les représentations des
personnes intéressées avant que les nouveaux règlements
n'entrent en vigueur.
Si on veut insérer à l'intérieur de cet amendement
je pense que j'ai l'accord du député de Saint-Jacques
que la réglementation puisse entrer en application quand
même, en même temps que se fait la discussion au niveau de la
commission parlementaire, nous n'avons pas d'objection. Nous ne voulons pas
faire du juridisme sur le dos des bénéficiaires de l'aide
sociale. Mais le principe, je pense, que nous devons accepter, c'est que ces
personnes ont le droit d'être consultées sur une
réglementation avec laquelle elles vont être dans l'obligation de
vivre constamment. Il y a
un principe aussi, M. le Président, que nous devons
démontrer en acceptant cette motion telle qu'amendée, c'est que
l'Assemblée nationale ne se préoccupe pas exclusivement des gros,
ne se préoccupe pas exclusivement des groupes organisés, mais que
l'Assemblée nationale aussi se préoccupe des laissés pour
compte dans la société québécoise, que
l'Assemblée nationale se préoccupe des mal pris et que
l'Assemblée nationale est prête à entendre ces gens, comme
elle a déjà démontré qu'elle était
prête à entendre les gros. Je pense que c'est là un
principe important. Ces gens, maintenant qu'ils sont un peu plus
organisés qu'ils ne l'étaient dans le passé, sont capables
de venir nous dire quels sont leurs besoins. Ils sont capables de venir nous
expliquer en quoi la nouvelle réglementation peut apporter certaines
anomalies ou en quoi la nouvelle réglementation peut être
améliorée pour le meilleur sort de ces personnes qui doivent
vivre avec un minimum vital.
Merci, M. le Président.
M. Charron: M. le Président, me permettez-vous
d'intervenir, même si mon droit de parole est expiré, avant le
droit de réplique?
Le Président suppléant (M. Gratton): Sur
l'amendement?
M. Charron: Je peux intervenir, d'ailleurs, sur l'amendement.
C'est pour vous faire remarquer que je suis tout à fait disposé
à inclure immédiatement cet amendement à ma motion. Il
n'en altère pas le sens; il ne fait que préciser ce que j'ai
moi-même développé dans mon intervention de deuxième
lecture.
Le Président suppléant (M. Gratton): Est-ce que
d'autres députés veulent parler sur la motion d'amendement du
député de Saguenay?
Est-ce que le ministre d'Etat aux Affaires sociales veut parler sur
l'amendement du député de Saguenay?
M. Julien Giasson M. Giasson: M. le Président...
Le Président suppléant (M. Gratton): Le ministre
d'Etat aux Affaires sociales.
M. Giasson: ... évidemment, la première motion que
nous avions au feuilleton, qui était celle formulée par le
député de Saint-Jacques, nous donnait avis de convoquer
immédiatement la commission des affaires sociales afin de
procéder à l'examen de la loi, afin d'entendre certains
assistés sociaux, afin de recevoir également des groupes, que ce
soit de handicapés, de veuves ou autres, etc. Cette commission devait
également examiner le contenu des règlements de la Loi de l'aide
sociale, ainsi que ses modalités d'administration ou d'application.
Lorsque j'ai pris connaissance de la motion au feuilleton, je n'ai pu
faire autrement que me rappeler ce qui avait fait souvent l'objet de
réflexions sur ce qu'était en elle-même la Loi de l'aide
sociale et surtout sur ce que comportaient les règlements qui la
régissent dans son application pratique. Pour ma part, il y a quelques
années, j'avais été à même d'examiner
l'application des anciennes lois qui pouvaient apporter une certaine
sécurité à des groupes de citoyens. Je parle de
l'époque où l'aide qui pouvait être consentie par le
gouvernement à ces groupes de citoyens les plus démunis
était partagée entre différentes lois. On n'a qu'à
se souvenir des lois des veuves, des mères nécessiteuses, des
aveugles, des invalides. Enfin, il y avait toutes sortes de législations
qui contribuaient à apporter un minimum de revenu à
différents groupes dans la société, selon l'état de
chacun.
Mes collègues se souviennent sans doute qu'à
l'intérieur de ces lois ou des modes d'application qui étaient en
usage, à l'époque, il y avait toujours eu une très large
place pour des décisions très discrétionnaires. Nous avons
tous vécu des cas pratiques qu'il nous a été donné
d'examiner par rapport à d'autres cas similaires de situations
vécues, mais qui étaient traités de façon
très différente et surtout qui n'accordaient pas les mêmes
montants d'aide dans des situations je dis bien qui
étaient à peu près similaires ou qui se ressemblaient
étrangement. C'est dire qu'à l'époque de l'application de
ces anciennes lois, le législateur, tant dans la loi que dans la
réglementation qui permettait de l'appliquer, avait laissé
beaucoup de place à l'arbitraire, au niveau des ministères
c'était surtout dirigé par un ministère qui était
le ministère des Affaires sociales, qui avait à l'époque
un autre nom pour ceux qui devaient appliquer ces lois. Je me souviens
de citoyens qui, pour obtenir une augmentation du montant d'aide n'avaient
qu'à s'adresser au député du comté, celui-ci
faisant une intervention du côté de Québec. On se souvient
que ces lois, au lieu d'être administrées à partir
d'établissements situés dans les différentes
régions s'appliquaient à partir du lieu du gouvernement, soit de
Québec et possiblement de Montréal. Je présume qu'à
l'époque déjà on appliquait ces lois dans la ville de
Montréal ou dans des établissements situés
là-bas.
Lorsqu'il nous a été donné de prendre connaissance
de différents cas et des bases sur lesquelles ils étaient
traités, nous nous disions et je pense que n'importe quel citoyen
logique avec lui-même se disait: II doit y avoir possibilité chez
nous de structurer toute l'aide qu'il nous faut apporter, comme
société, aux citoyens les plus mal pris, les plus démunis.
Il doit y avoir des façons d'établir une législation et
des règles qui puissent, dans la mesure du possible, abolir toute cette
marge de discrétion à l'endroit de ceux qui avaient comme
fonction de les appliquer. C'est pour cette raison qu'à la suite d'une
longue étude, d'une recherche qui a été faite vers les
années 1967-1968 par une commission nommée à cette fin,
non seulement pour examiner à l'intérieur de la province ce que
nous avions comme loi en vigueur à ce mo-
ment, mais également pour examiner des politiques d'aide à
des personnes qui étaient sans ressource, dans des législations
d'autres provinces, d'autres pays. Je pense, entre autres, aux Etats-Unis, nos
voisins, et aux législations qui existaient également dans des
pays d'Europe.
Cela a débouché sur une loi que l'Assemblée
nationale a adoptée en 1969, mais qui n'a pas été mise
immédiatement en vigueur, parce que le temps nécessaire pour
bâtir la réglementation à greffer sur cette loi, qui
était le projet de loi 26 et qui est encore la loi en vertu de laquelle
nous fonctionnons, a fait que cela a été seulement à la
fin de l'année 1970 que nous avons pu appliquer et tenter
d'expérimenter cette nouvelle loi.
Dans un premier temps, il a été convenu qu'une
décentralisation de l'administration était absolument
nécessaire pour être en mesure d'évaluer des cas par une
équipe de gens qui vivraient dans un milieu donné, qui pourraient
se rendre sur place au lieu de traiter ces cas de Québec, sans
connaître la situation précise que ses citoyens pouvaient vivre
dans leur milieu propre.
Donc, ce principe de décentralisation a fait naître dans
toutes les régions du Québec des bureaux d'aide sociale, bureaux
à l'intérieur desquels se sont bâties, se sont
montées des équipes qui ont commencé à appliquer la
loi, l'étendant à tous ces groupes de citoyens qui avaient
vécu sous l'empire des anciennes lois.
Au cours de mon premier mandat, mon mandat de 1970, je fus un de ceux
qui, par la force des choses, par les nombreuses visites que j'ai eues à
mon bureau, par les appels téléphoniques qui m'ont
été faits pour me soumettre des cas, je fus-un de ceux, comme
vous tous dans cette Assemblée, je présume, qui ont eu à
prendre connaissance du contenu du bill 26, qui ont eu à prendre
connaissance de ses règlements. Dans un premier temps, il nous fallait
peut-être aller aux informations, aux recherches vis-à-vis de nos
bureaux d'aide sociale, parlant à des agents de sécurité,
parlant au directeur du bureau. Comme il n'était pas toujours facile de
sortir de tous les dédales possibles à l'intérieur de
cette réglementation par rapport à chacun des cas qui nous
étaient soumis, on a eu à faire venir une copie du
règlement pour vérifier fondamentalement ce que
représentait l'application de cette réglementation
vis-à-vis des différents types de cas qui nous étaient
soumis.
Même si le législateur avait voulu, à
l'époque, dans sa loi, éliminer le plus possible de cet
élément discrétionnaire ou arbitraire, la loi laissait
encore certaines marges puisqu'elle prévoyait des besoins
spéciaux et l'évaluation de ces besoins laissait
nécessairement une certaine marge d'appréciation aux agents de
sécurité sociale.
Mais nous avons réalisé que rien n'est facile aussi.
Justement par l'existence même d'une philosophie qui se voulait la plus
statutaire dans l'application de la loi, nous avons vécu des
problèmes qui nous causaient un dilemme. Nous nous disions: Face
à tel cas, devant une loi qui tente le plus possible d'être
statutaire et de régler, de traiter tous les cas à partir de
principes qui sont les mêmes pour tout le monde, cela comporte encore des
inconvénients puisque nous retrouvons, dans certains dossiers, dans
certains cas, chez les personnes qui soumettent des problèmes, un
besoin je dis bien un besoin si on voulait vraiment être en
mesure de répondre adéquatement à ces situations, de marge
discrétionnaire.
Je ne vous dis pas par là que je le souhaite, mais je constate
tout simplement que vis-à-vis de certains problèmes qui se
présentaient de manière très spécifique dans le cas
de citoyens québécois, on se dit: Pour être en mesure de
soulager ces personnes, d'apporter une aide minimale véritable en
fonction du cas qui nous est soumis, il faudrait des dispositions
additionnelles, dans notre loi, afin de trouver une issue ou une solution. Je
suis sûr que la plupart de mes collègues, en cette Chambre, ont eu
à vivre cela.
J'ai vécu des cas tellement particuliers que j'ai pensé
qu'il était de mon devoir de me rendre avec des gens qui vivaient d'aide
sociale ou qui auraient dû être admissibles à de l'aide
sociale, compte tenu de tous les éléments que je possédais
sur ces cas, et de demander à ces gens d'aller devant la commission
d'appel. Comme ils ne connaissaient personne qui pouvait les aider à ce
niveau, qu'ils n'avaient pas les moyens de retenir les services d'avocats et
que, souvent, c'étaient des personnes qui n'avaient pas de
facilité d'expression, qui auraient été difficilement en
mesure de donner la vraie dimension du problème vécu, qui
auraient pu en oublier des éléments, j'ai cru de mon devoir de me
rendre jusqu'à la commission d'appel accompagner ces gens. Je n'y allais
pas pour prendre leur place, mais leur laissant l'occasion d'exprimer leur
situation, pour compléter, si possible, apporter des facteurs, des
connaissances du dossier qui avaient un caractère particulier, de
manière à bien faire saisir par les commissaires ou les membres
de la commission d'appel quel était le problème véritable
ou fondamental vécu par ces personnes.
Il s'agissait surtout de cas qu'on peut retrouver plus
spécifiquement dans nos régions rurales. Je parle de
problèmes découlant de situations de cultivateurs qui, approchant
de la retraite, ayant une santé largement diminuée, n'avaient pas
d'autre choix que de transmettre ce bien agricole à l'un de leurs fils
qui était consentant à le prendre.
Dans ce contexte, imaginez la situation d'un père de famille qui
a une petite entreprise agricole dans nos régions, surtout dans
certaines parties de nos comtés, cela se retrouve en assez bon nombre
qui avait pu faire vivre une famille, de peine et de misère
souvent. Le dilemme était le suivant: le père, ayant atteint un
certain âge, soit 50 ou 60 ans et même parfois davantage, mais
n'ayant pas encore atteint l'âge de la retraite pour fins
d'admissibilité à la pension de la sécurité de la
vieillesse, décidait de donner son bien à son fils. Il y a eu des
cas de dons, mais je parle également de cas de ventes, parce que
ceux-là étaient encore beaucoup plus pathétiques. Donc, le
père décide de vendre à un fils qui avait consacré
quelques années, au cours de sa jeunesse, à travailler sur
cette entreprise agricole, sans exiger aucun salaire de son père.
Il avait donné généreusement son temps surtout pendant les
saisons d'exploitation agricole. Je parle de la période du temps des
sucres, des semences, de la fenaison, des foins et de la récolte
d'automne. Lui, père de famille, voulant reconnaître l'aide que le
fils lui avait apportée, avait décidé de vendre son
entreprise à un prix déterminé, mais qui tenait compte
d'une valeur du temps consenti par le fils à qui il avait donné,
tout simplement, la nourriture au moment où celui-ci, pendant
peut-être quatre ou cinq ans et même davantage, avait
travaillé pour l'entreprise familiale.
A ce moment-là, le père, ayant vendu à un prix qui
tenait compte du temps donné par son fils, plaçait une demande
d'aide sociale, puisqu'il était absolument sans ressources; il n'avait
aucune économie, il n'avait pas de ressources de revenus. Donc, il
faisait une demande pour toucher des prestations d'aide sociale. Une
première analyse faite par le bureau local devait déterminer la
valeur des biens dont ce cultivateur venait de se départir. Lorsqu'on
constatait que, pour la valeur des biens transmis par une vente le prix
semblait nettement plus bas que la valeur déterminée, on refusait
tout simplement à cet ex-cultivateur tout droit à l'aide
sociale.
Lorsqu'un cas semblable vous est soumis, que vous examinez toutes les
capacités que la loi aurait de lui aider, pour réaliser qu'il n'y
a rien dans la loi pour faire face à un cas semblable, vous dites:
Même si le législateur a voulu traiter de façon uniforme ou
à peu près égale tous ceux qui auraient droit à des
prestations d'aide sociale, il y a encore une situation qui fait que des
citoyens au Québec, peut-être pas par milliers, ne sont pas en
mesure d'obtenir des prestations, parce qu'on n'a pas prévu, à
l'intérieur de la loi et de sa réglementation, une
capacité d'apporter une aide qui était absolument
essentielle.
Face au cas que je vous exprime, j'ai dû conseiller à ces
gens, après la décision du bureau régional qui avait
révisé le dossier du bureau local je n'ai pas eu d'autre
possibilité d'aller devant la commission d'appel et d'exposer des
faits que les gens du bureau local, que les gens du bureau régional ne
sont pas en mesure d'évaluer.
Il faudra aller à une autorité à qui on va
soumettre l'appréciation de votre dossier, pour qu'on soit en mesure de
rendre une décision qui soit en sorte de vous apporter, selon le point
de vue que j'ai, une aide qui vous est absolument nécessaire, puisque
vous n'avez aucune ressource et aucun revenu.
C'est pour vous indiquer que ce désir de vouloir traiter sur le
même pied tous les Québécois qui auraient droit, à
cause de leur situation, à de l'aide sociale, cette façon de
traiter sur une base statutaire tous les cas, même si cela corrige, et de
beaucoup, les situations que nous avons connues sous l'empire des anciennes
lois, ne peut encore tout régler. Il nous faudra, comme
législateurs, tout en respectant ce désir de vouloir une
législation qui ne laisse pas de place pour l'arbitraire, trouver des
formules qui permettront à ces diffé- rents cas qui vont
naître constamment au Québec d'avoir la solution, tout en y
apportant le meilleur principe d'équité que l'on puisse
rechercher.
Evidemment, je pourrais aujourd'hui traiter de différents cas sur
lesquels je me suis arrêté à réfléchir.
Je pense que des opinants qui m'ont précédé la
semaine dernière ont eu l'occasion de traiter devant cette Chambre de
cas qui sont plus particuliers. Je me suis demandé souvent comment nous
pourrions trouver la formule précise tout en respectant un principe
d'équité valable pour tout le monde. Comment pourrions-nous
trouver une formule qui permettrait de traiter un peu mieux ces veuves qui
n'ont pas encore atteint l'âge de la retraite mais qui pourraient
être âgées de 56 ans, 58 ans et même davantage, de ces
veuves qui souvent ont élevé une famille assez nombreuse, qui ont
apporté à la société québécoise de
façon énorme?
Examinons le contexte dans lequel ces personnes ont dû vivre, la
situation économique de la famille. Après un nombre assez
important d'années, une femme a donné le meilleur
d'elle-même, de son être, pour servir la société au
meilleur de ses capacités, dans toutes les dimensions qu'on peut
atteindre. Elle se voit frappée par la perte de son mari, elle voit ses
enfants cela, c'est normal la quitter pour se lancer comme tout
citoyen le fait habituellement. Elle se retrouve dans un état de
veuvage, au moment où son époux n'avait pu contribuer à la
Régie des rentes du Québec, donc incapacité pour elle
d'obtenir la rente de veuve ou même la rente d'orphelin si elle a encore
des enfants admissibles à cette rente d'orphelin. Elle n'a ni
ressources, ni bénéficié du produit de polices
d'assurance-vie de son époux; de toute façon, dans la plupart des
cas, ils ne pouvaient même pas s'en payer.
Nous retrouvons cette veuve limitée à l'intérieur
des barèmes d'aide sociale qui sont les nôtres, tentant de
maintenir une résidence; c'est sa seule richesse, son seul bien, la
résidence que, pendant une vie de travail, le couple a pu se gagner.
Elle reçoit des prestations d'aide sociale qui, voulant traiter tout le
monde sur une base identique, ne reconnaît pas cette situation qui est
tout à fait particulière, dans le cas que je viens de
décrire, de cette personne qui a donné énormément,
qui a consacré sa vie à l'intérieur de l'économie
de notre province, qui a donné naissance et qui a éduqué
souvent plusieurs enfants. Donc, pour moi, elle représente une situation
particulière par rapport à d'autres situations. Son époux
n'a jamais eu cette capacité, malgré tout le désir qu'on
puisse attendre d'un homme, d'atteindre, je ne dirai pas une aisance mais de
donner une certaine sécurité aux siens.
Il m'apparaît, tant qu'on ne m'aura pas prouvé le
contraire, qu'il faut examiner davantage des situations comme celle-là.
Dans le contexte présent que nous vivons, où le coût de la
vie s'accroît à un rythme très rapide, où
l'inflation nous gruge de toutes parts, il y a également d'autres
éléments à l'intérieur de notre
réglementation qui méritent un
examen plus approfondi. La réglementation permet à des
citoyens qui sont en santé, vivant de prestations d'aide sociale, qui
seraient en mesure de gagner leur vie mais qui sont incapables de se trouver un
emploi pour différentes raisons les raisons peuvent être
multiples lorsqu'on examine les cas individuellement d'aller se chercher
un petit peu de gains vous allez me dire: C'est minime sans
réduire leur allocation ou prestation. Je pensequ'on permet$45 par mois,
plus $5 pour l'épouse et $5 par enfant. Nous, législateurs qui
faisons les lois, qui examinons les réglementations, donnons cette
possibilité aux citoyens en santé d'aller se chercher un petit
peu de gains dont on ne tient pas compte lorsque le montant ne dépasse
pas le taux déterminé par le règlement. A
côté, nous sommes en présence de véritables
invalides, des gens qui n'ont absolument pas accès au marché du
travail en dépit d'une volonté d y aller, des invalides
véritables, des handicapés de façon sérieuse, qui
n'auront jamais cette capacité d'aller se gagner $45, et davantage s'ils
sont chefs de famille. Mais on les traite exactement de la même
façon, les limitant à la prestation qui est
déterminée par le barème, sans tenir compte de cette
incapacité d'aller chercher un petit peu de gains.
Je pense que je dépasse le temps, là.
Je vais tenter d'aller vers l'acheminement de la fin. Enfin, vous savez
tous, collègues qui vivez dans des comtés, qui recevez des gens,
qui prenez des appels téléphoniques pour entendre les situations
vécues par les personnes qui doivent vivre d'aide sociale, qu'on ne peut
pas rester indifférent. C'est pour cela que je disais au début de
mon intervention que la motion telle que formulée par le
député de Saint-Jacques ne peut pas nous laisser
indifférents puisqu'elle nous ramène à la surface cette
expérience pratique que nous vivons. Mais cependant, on l'a
déjà dit au cours du présent débat sur la motion,
une nouvelle réglementation doit être publiée très
prochainement. La Gazette officielle du Québec va faire connaître
à la population, à tous les citoyens toutes les modifications qui
seront apportées à la Loi de l'aide sociale.
Peut-être que cette nouvelle réglementation ne
répondra pas aux attentes des citoyens. Je le concède. Ce sera au
moment où elle sera connue qu'on pourra évaluer les
différences qui prévalent à l'intérieur de ces
nouveaux règlements par rapport aux anciens, qu'on pourra
également commenter l'aspect des barèmes qui déterminent
les montants minimaux qui vont être accordés aux citoyens
québécois mal nantis, démunis de ressources ou de revenus.
Pour le moment, je pense que là n'est pas la question. On ne pourra
jamais se fixer définitivement ou émettre une opinion qui tienne,
face à cette nouvelle réglementation, si nous ne lui permettons
pas d'être en vigueur.
Je crois que c'est à l'oeuvre comme à l'épreuve,
pour une loi comme pour beaucoup de choses, qu'on est en mesure
d'évaluer ce qu'elle donne en pratique, voir où elle peut sembler
complète, là où il y a encore des éléments
qui ne sont pas complets, là où il y a des aspects qui ne
répondent pas à toutes les attentes. Evidemment, cela ne peut pas
répondre à l'attente de tous les
Québécois; nous sommes six millions. Je veux bien croire
que chacun n'est pas sensibilisé par la Loi de l'aide sociale, mais tout
de même nous avons un pourcentage assez important de la population qui
doit examiner quelle est la politique précise d'application d'une loi et
sa règlementation.
Pour ma part, il m'apparaît nécessaire, il m'apparaît
même opportun que cette nouvelle réglementation qui va être
connue au cours des prochaines semaines, subisse ce que j'appellerais le test
de son application véritable. C'est lorsque nous l'aurons
véritablement mise à l'épreuve que nous pourrons
évaluer les correctifs ou les corrections que les modifications au
règlement pourront apporter à l'intérieur de la
société vis-à-vis de ceux qui doivent compter sur le
produit de cette législation.
Je constate que celui qui m'a précédé a voulu
modifier la motion du député de Saint-Jacques. J'ai pu avoir une
copie du texte que je n'ai pas encore lu.
M. Levesque: M. le Président, l'avis, si je comprends
bien, est simplement une précision à la motion. Si vous
permettez, mon cher collègue...
M. Giasson: Cela ne modifie pas la motion.
M. Levesque: ... c'est simplement pour que le délai soit
plus précis. Au lieu d'être sans délai, c'est simplement
avant la publication. Je ne pense pas qu'il s'agisse même d'une motion,
c'est une précision.
M. Charron: Je l'ai incluse dans la motion. M. Levesque:
C'est inclus dans la motion.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Il s'est peut-être glissé une petite erreur. Ce n'est
pas avant la publication, mais avant la mise en vigueur.
M. Levesque: Avant la mise en vigueur. Excusez-moi.
M. Giasson: Je viens de prendre connaissance du nouveau texte. Je
ne crois pas que cela modifie véritablement le sens ou l'esprit de la
motion initiale.
M. Levesque: Cela précise.
M. Giasson: A tout événement, comme je venais de
vous le dire, cette réglementation est prête, cette
réglementation doit être publiée dans la Gazette officielle
au cours des prochains jours. Il me paraît que nous devrons
l'expérimenter, la mettre en vigueur.
Motion d'amendement
M. Giasson: C'est pourquoi, au lieu d'aller dans le sens de
l'amendement apporté à la motion du député de
Saint-Jacques, je proposerais un
amendement qui se lirait comme suit: Que tous les mots après le
mot "siéger" soient remplacés par les suivants "au plus tard
quatre mois après la publication, dans la Gazette officielle, des
règlements révisés de l'aide sociale présentement
en préparation aux fins d'étudier l'expérience acquise
dans l'application de ces nouveaux règlements".
M. Levesque: M. le Président, ce que j'ai compris du
député de Saint-Jacques, c'est qu'il modifiait sa motion et c'est
le député de Saguenay qui l'a fait, mais c'était
simplement une précision qu'il apportait. C'est comme telle que nous
pouvons l'amender présentement, telle qu'elle est
précisée. Autrement, on serait obligé de faire un
amendement, disposer de cet amendement, voter contre, ensuite revenir.
M. Lessard: Ah bon! Pour ne pas compliquer...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: ... la situation, et c'est d'ailleurs dans ce sens
que le député de Saint-Jacques, tout à l'heure, est
intervenu. Il acceptait que l'amendement que j'avais proposé ou que la
motion d'amendement que j'ai proposée soit intégrée
à l'intérieur de sa motion et devienne motion principale.
Maintenant, nous avons une motion d'amendement à la motion
corrigée du député de Saint-Jacques.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Parfait. Ceci
étant clarifié, l'honorable député de Rouyn-Noranda
sur l'amendement.
M. Samson: Non, sur le point de règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Sur le point de
règlement.
M. Camil Samson
M. Samson: Je suis d'accord avec cette procédure pour
aujourd'hui. C'est une procédure qui, je pense, a besoin de
l'unanimité parce que, dans d'autres circonstances, quand on propose un
amendement, même quand c'est pour préciser, il faut qu'il prenne
le chemin ordinaire des amendements. Je ne voudrais pas que cela devienne un
précédent.
Evidemment, je suis d'accord. Aujourd'hui, on est tous d'accord, on a
l'unanimité. C'est bien beau, l'unanimité.
Sur l'amendement qui vient d'être proposé, compte tenu du
temps qui est alloué et qui est très court, parce qu'on doit
terminer pour six heures et prendre le vote, cet amendement à mon sens
vient changer complètement la forme de la motion du député
de Saint-Jacques. J'ai entendu avec beaucoup d'intérêt le ministre
d'Etat aux Affaires sociales, qui me semble plein de bonne volonté dans
l'application des nouveaux règlements. Mais reve- nir en commission
parlementaire pour étudier des règlements après qu'ils
auraient subi le test ne nous apporterait pas satisfaction. L'esprit de la
motion du député de Saint-Jacques c'est justement de permettre
à tous les députés de cette Chambre de prendre
connaissance des règlements avant l'application. Ainsi on pourrait
peut-être avoir d'excellentes suggestions à apporter et ces
règlements pourraient être modifiés avant qu'ils subissent
le test. Subir le test de cela, cela ne veut pas dire que l'on confère,
si vous voulez, l'absolue excellence à ces règlements.
Tous les députés de cette Chambre, je pense, connaissent
l'application des règlements actuels, des anciens règlements et
sont les plus en mesure, je dirais, d'apporter une lumière
différente sur les règlements nouveaux qui sont
préparés par les fonctionnaires qui doivent appliquer la loi
actuelle et les règlements actuels. Cela ne veut pas dire que leur point
de vue n'est pas bon. Il est sûrement très valable. Mais nous
avons, à toutes les semaines, en tant que députés,
à prendre connaissance de différentes plaintes qui proviennent de
l'application de la Loi et des règlements de l'aide sociale. Ces
plaintes ne sont pas toujours justifiées mais, à 95% ou 96%, nous
paraissent comme justifiées.
C'est pourquoi, M. le Président, je considère qu'une
commission parlementaire pour étudier...
Le Président: Je m'excuse, si je me rappelle bien, vous
êtes intervenu. Nous sommes toujours sur la question de règlement
et pour régler...
M. Samson: Non, sur la motion.
Le Président: Non, un instant. Je vais trancher sur la
motion, vous pourrez peut-être parler après.
M. Samson: Je m'excuse, M. le Président, j'avais compris
que la motion était reçue.
Le Président: Non, un instant. Pour clarifier quand
même le procès-verbal, pour qu'on s'entende et que ce soit dans
l'ordre, je pense bien qu'avec le consentement unanime de la Chambre ce serait
le député de Saint-Jacques qui modifierait sa motion principale;
ce serait beaucoup plus simple. Avec le consentement de la Chambre, le
député de Saint-Jacques modifie ou amende sa propre motion pour
qu'elle se lise telle que soumise ici. Ça va?
Et maintenant, sur cette motion, le ministre d'Etat aux Affaires
sociales a apporté un amendement et là vous pouvez parler sur
l'amendement. Je m'excuse, mais...
M. Samson: D'accord, M. le Président, je vous remercie
beaucoup. D'ailleurs, je pense que c'est très prudent de procéder
de cette façon pour ne pas créer de précédent qui
pourrait nous amener dans d'autres discussions un autre jour.
Je continue en disant, M. le Président, que les
députés, quelle que soit leur affiliation politique en
cette Chambre, sont aux prises régulièrement avec des
problèmes qui leur sont soumis par des gens qui sont des
bénéficiaires de l'aide sociale directement ou indirectement. Si
l'on nous soumettait la nouvelle réglementation à une commission
parlementaire avant de la mettre en vigueur, cela nous permettrait d'en prendre
connaissance et d'essayer, s'il y a lieu, avant même qu'elle soit mise en
application, d'apporter des suggestions si nous croyons qu'il y a lieu de le
faire. Si, par contre, il semble à l'ensemble des députés
que la nouvelle réglementation est très valable, il n'y aurait
pas lieu de la changer.
Je pense, M. le Président, qu'aucun député de cette
Chambre aime siéger pour le plaisir de le faire. Nous croyons que les
tests de la réglementation de l'aide sociale il y en a eu des
tests dans le passé et c'est toujours le même grand
problème dans ces réglementations, aux Affaires sociales comme
dans d'autres ministères on nous fait connaître cela
seulement après la loi, plusieurs mois après la loi, dans bien
des cas. Ce sont des personnes qui sont dans le milieu, oui, mais qui n'ont pas
à recevoir les plaintes de la même façon qu'on les
reçoit, donc qui ne voient pas les choses du même oeil. Les
personnes qui préparent ces réglementations ne sont pas des
élus; elles n'ont pas de mandat de la population. Ce sont des
fonctionnaires payés qui n'ont pas à se soucier, et je
pèse bien mes mots, de la satisfaction à être donnée
à la population, en ce sens qu'ils n'ont pas à se
présenter devant la population pour demander un renouvellement de
mandat.
Il y a toute une différence entre une réglementation vue
par des députés qui, eux, doivent régulièrement
retourner devant la population toutes les semaines et également tenter
de se faire élire s'ils veulent revenir, donc, qui doivent donner
satisfaction à leur population.
M. le Président, j'aurais beaucoup de choses à dire, mais
je viens de voir le député de Saint-Jacques qui vous fait signe
de son désir de parler. Comme il est déjà 17 h 55,
étant donné qu'il est le parrain de la motion principale, je
voudrais bien lui permettre de dire son point de vue. Je vous souligne
cependant que je voterai contre la motion d'amendement proposée par le
ministre d'Etat aux Affaires sociales et que je voterai pour l'amendement
principal du député de Saint-Jacques.
Le Président: Sur l'amendement. Le député de
Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, je n'aurais pas d'objection
à ce qu'on groupe mon intervention sur l'amendement et mon droit de
réplique sur la motion. Cela pourrait permettre à la motion du
député de Matane d'être entendue rapidement. Chaque fois
que l'Opposition a le don et le courage, à l'occasion, d'apporter une
motion difficilement condamnable du fait que son fond est amplement
justifié, l'attitude traditionnelle du gou- vernement, qui ne veut pas
se prononcer sur cette question, est d'inclure un amendement qui la rend
à peu près caduque, sans jamais la condamner totalement. Je vous
réfère à la motion du député de Maisonneuve
sur le salaire minimum, qui a marqué le début des travaux de
cette session.
On ne vote pas contre, on n'a pas le courage de voter contre, on la
dilue, on la rend insignifiante et on l'adopte.
C'est exactement l'oeuvre à laquelle vient de se livrer le
ministre d'Etat aux Affaires sociales en présentant cet amendement.
Le but de ma motion est clair. Il est de permettre aux élus de la
population, à ceux qui ont été él us, entre autres,
par ces 400,000 Québécois vivant de l'aide sociale, d'exercer
leur pouvoir de décision sur une réglementation qui touche
directement leurs conditions de vie; non pas leur pouvoir de
vérification, ni leur pouvoir d'entendre et d'écouter, ni leur
pouvoir, quatre mois plus tard, de se plaindre s'ils ne sont pas satisfaits de
la réglementation. Ce pouvoir, nous l'avons quotidiennement et il est
frustrant. A tous les députés libéraux qui voteront pour
cet amendement pour rendre ma motion insignifiante, je dis, à travers
vous, M. le Président, que je ne veux plus en entendre un seul venir se
plaindre du pouvoir des technocrates, venir se plaindre du pouvoir des
fonctionnaires. Surtout, je ne voudrais pas en voir un seul répondre
à quelque assisté social que ce soit, qui se présentera
à son bureau: Ah! tu sais, moi, je ne suis qu'un petit rouage
là-dedans. C'est le ministre qui décide et le ministre est
entouré de gros technocrates, le ministre est lui-même un
supertechnocrate tiré de la technocratie et moi, je ne suis qu'un pauvre
petit pion qui se lève en Chambre pour voter quand c'est son tour. Je
n'ai rien à faire là-dedans. Il faut que tu me le pardonnes.
Ce n'est pas vrai. Vous avez l'occasion, dans la motion que je
présente actuellement, d'exercer ce pouvoir d'examiner la
réglementation de la Loi de l'aide sociale. C'est l'occasion que la
motion que je présente offre aux députés. Arrêtez
d'être des plaignards. Ce sont souvent des excuses très faciles
pour justifier une impuissance à l'occasion. Ce que je propose aux
députés par cette motion, c'est d'exercer leur rôle de
députés, exactement dans le sens que vient de le dire le
député de Rouyn-Noranda. C'est notre devoir de le faire ici
puisque cette réglementation je vous le rappelle, M. le
Président touche les conditions de vie quotidiennes
réelles de 400,000 Québécois dont 175,000 enfants. Quand
nous parlons des conditions de vie de ces enfants, nous déterminons
jusqu'à leur avenir, le genre de citoyens qu'ils seront. Ce n'est pas
une réglementation qui affecte les clubs privés de chasse ou de
pêche, malgré toute l'importance que peut avoir ce dossier. Ce
n'est pas une réglementation qui concerne la signalisation
routière le long des autoroutes, malgré toute l'importance que
cela peut avoir aussi.
C'est la réglementation fondamentale sur le droit à la
vie, à la santé et au bien-être de 400,000
Québécois, dont certains d'entre eux sont littéra-
lement, par maladie, par incapacité de travail ou parce qu'ils
sont des handicapés, uniquement dépendants des décisions
que nous prenons ici.
Ma motion invite les députés à se prononcer sur la
réglementation avant qu'elle ne le fasse. Sinon, M. le Président,
dans quatre mois au plus tard, si on suit l'invitation contenue dans
l'amendement du ministre d'Etat aux Affaires sociales, ce sera quoi notre
pouvoir? La commission des affaires sociales se réunira, dans les quatre
mois après qu'une nouvelle réglementation, qui nous aura
passé sous le nez, comme à peu près toutes les
réglementations émanant du ministère des Affaires
sociales, aura été appliquée et il sera permis aux
députés de se plaindre.
Le ministre sera de l'autre côté et dira: Je prends avis,
je prends bonne note. Les technocrates feront semblant de griffonner bien des
affaires pour nous faire croire que nous sommes importants dans cette
affaire.
Après que la commission aura siégé ils s'en
retourneront dans le ministère et nous enverront promener, comme
à peu près chaque fois qu'on intervient, ils nous envoient
promener.
Ce que je demande aux députés c'est d'avoir du coeur au
ventre, de dire que cette réglementation est tellement importante pour
les Québécois visés qu'on va la prendre en charge
nous-mêmes, et qu'on peut en être capable, avec l'appui des
fonctionnaires, non pas à leur place, nous ne pouvons pas le faire, mais
avec leur appui. Ne diluons pas les rôles; les fonctionnaires et les
technocrates sont ceux qui peuvent nous préparer un projet de
réglementation à partir de la connaissance réelle qu'ils
ont des dossiers. Mais ceux qui ont à décider dans cette affaire,
c'est nous. Nous en avons tous des choses à dire. Ne remarquez que les
interventions sur cette motion, M. le Président, depuis qu'elle est
soumise à l'attention de l'Assemblée; le député de
Beauce-Nord, la semaine dernière; le député de Saguenay;
le député de Taschereau; tous ont profité de cette
occasion pour donner leur avis, et je ne leur en tiens grief aucunement, sur la
Loi de l'aide sociale.
Je suis convaincu que les députés qui s'occupent des
citoyens de leurs comtés ont des choses à dire là-dessus.
Ce que je vous propose, dans ma motion, c'est qu'on en prenne le temps, c'est
tout. Même le ministre d'Etat aux Affaires sociales, que j'aurais pu
interrompre 20 fois, M. le Président, en vertu du règlement,
parce qu'il était largement en dehors de la motion, nous a
évoqué son passé de député, des cas de
bien-être social de son comté. La preuve en était
même, chez le proposeur de l'amendement qui tend à tuer ma motion,
que c'est un sujet qui nous tient à coeur et qui doit normalement tenir
à coeur aux membres de cette Assemblée.
La motion d'amendement qui nous remet à quatre mois, au plus
tard, viendra dans le rôle traditionnel qui nous est donné, celui
de surveiller, celui d'examiner et celui de se faire fourrer aussi par les
technocrates qui décident à notre place, qui sont orientés
et appuyés par le ministre des Affaires sociales dans cette
décision.
Si c'est ce jeu que vous voulez continuer en appuyant la motion, alors,
que je n'en voie plus un seul se lever à l'Assemblée pour chialer
contre les technocrates. Si vous voulez qu'ils le fassent, si vous voulez vous
contenter, dans quatre mois, de dire gnigni et gnagna quand vous ne serez pas
contents des effets que cela aura, couchez avec votre décision! Mais ce
n'était pas le sens de ma motion.
Le sens de ma motion, avant cet amendement, c'était que nous
avons suffisamment d'expérience j'ai six ans dans le corps, il y
en a qui en ont deux seulement, il y en a qui en ont dix d'application
de cette loi ou des lois qui ont précédé cette loi, qu'on
n'a pas besoin d'attendre quatre mois d'application de la nouvelle
réglementation. La seule expérience de la réglementation
actuelle suffit pour que nous puissions, dès janvier prochain,
dès le dépôt de la réglementation, indiquer ce que
nous en pensons.
M. le Président, je sais d'avance que les dés sont
pipés et que l'amendement du ministre sera adopté par cette
Assemblée et que ma motion sera adoptée, par la suite, par le
gouvernement libéral de l'autre côté pour me faire plaisir
probablement, mais surtout pour se couvrir la face. Même si c'est un peu
biaiser le règlement je demanderais votre tolérance, M. le
Président j'aimerais au moins obtenir, ne serait-ce que par
l'assentiment du proposeur de cet amendement, que si, effectivement, cette
Assemblée décide, tout à l'heure, à l'appel du
vote, d'accepter votre amendement et de remettre cette séance de la
commission des affaires sociales pour étudier la situation de vie de
400,000 Québécois à quatre mois, au plus tard,
après la mise en vigueur de la nouvelle réglementation, cela se
fasse lors de séances bien particulières, non pas à
l'intérieur de l'étude des crédits parce que le
piège et le panneau est trop facilement ouvert. Après que nous
aurons, dans le cadre de l'étude des crédits, discuté
quatre ou cinq heures de cette réglementation, qu'on me dise:
Voilà, l'ordre de la Chambre a été rempli; cela s'est tenu
quatre mois au plus tard, c'est-à-dire avant le mois de mai, ce n'est
pas ce que je veux.
L'étude des crédits du ministère des Affaires
sociales, c'est une chose. Cela devra en demeurer une importante
également, j'en conviens, c'est le ministère le plus important du
Québec dans le budget québécois. Mais j'espère bien
que c'est ce qu'affirme le parrain de l'amendement, soit que, quatre mois, au
plus tard, après que cette réglementation sera en vigueur, la
commission des affaires sociales sera convoquée.
J'espère que ça ne sera pas dans le cadre de tous les
autres travaux de la Chambre uniquement, comme je l'ai signalé
moi-même dans ma motion, pour étudier la situation des
assistés sociaux et entendre les différents groupes
représentatifs de ces assistés sociaux, ceux qui se sont
formés à travers le Québec et ceux qui voudront bien
répondre à notre invitation. Autrement dit, pour que cette motion
ne soit pas carrément hypocrite, cela veut dire que, dès ce soir,
les députés et les groupements d'assistés sociaux
apprennent
que, quatre mois au plus tard après que la nouvelle
réglementation sera entrée en vigueur, ils auront l'occasion de
venir ici comme les présidents de grosses compagnies, comme les
syndicats les plus puissants et les plus organisés, comme le signalait
le député de Saguenay, mais tels qu'ils sont. On ne s'est jamais
donné la peine de les entendre ici, dans cette Assemblée qui est
la leur aussi bien que celle de tout le monde. Nous les invitons à
partir de ce soir et que cette invitation aura une précision quant
à la date à l'intérieur des quatre mois que contient
l'amendement du ministre d'Etat aux Affaires sociales et que donc la
décision se trouve prise. Cette session n'est pas incluse dans
l'étude des crédits du ministère des Affaires
sociales.
J'en serai le premier fort aise, M. le Président, ce qui nous
permettra enfin de discuter d'autres choses à l'intérieur du
temps limité que nous avons pour étudier le budget des Affaires
sociales; cela se fera effectivement quatre mois au plus tard après. Les
groupes sont dès ce soir invités; donc, dès que le nouveau
règlement sera établi, ils sauront que, quatre mois au plus tard
après ce nouveau règlement, ils pourront venir se prononcer.
Si je n'ai pas cette précision, si je n'ai pas cette assurance,
alors je devrai conclure qu'il s'agit uniquement d'une façon de diluer
et d'anéantir ma motion, parce qu'ils ont peur de dire qu'ils ne veulent
pas entendre les assistés sociaux sur cette question et ils ont peur de
permettre aux députés de se prononcer sur cette
réglementation; ils préfèrent eux comme les autres laisser
cette question aux fonctionnaires.
M. le Président, puis-je avoir le consentement de la Chambre, un
oui ou non d'un des deux ministres des Affaires sociales, la réponse
à ma question que je viens de poser? Je pense que c'est dans
l'intérêt du vote que chaque député prendra.
M. Lessard: Vous êtes contre le fait que les
bénéficiaires de l'aide sociale soient entendus?
M. Tetley: Adopté, M. le Président.
M. Lessard: L'ancien ministre de la protection des
compagnies.
M. Tetley: Posez-moi une question.
Le Président: Messieurs, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Giasson: Ai-je bien compris votre question? Vous
désirez savoir si, dans les quatre mois qui vont suivre l'entrée
en vigueur, donc la publication dans la Gazette officielle des
règlements modifiés, nous acceptons de recevoir les
assistés sociaux ou les groupes qui les représentent. Est-ce
cela?
M. Charron: Je précise, M. le Président, avec votre
consentement, encore une fois; A l'intérieur d'une séance de la
commission des affaires sociales qui soit uniquement consacrée à
ce sujet.
M. Giasson: Oui, pour entendre les représentants.
M. Charron: Exactement.
M. Giasson: Personnellement, je suis d'accord pour qu'on le
fasse.
M. Charron: C'est votre engagement? M. Giasson: Oui.
M. Charron: Merci, M. le Président. M. Tetley:
Adopté.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
Je crois qu'il y a lieu de suspendre le vote sur cet amendement et sur
la motion principale pour entreprendre le deuxième débat. Les
deux votes seront pris à la fin de ce deuxième débat.
Motion privilégiée de
M. Marc-Yvan Côté concernant
le projet de loi privé intitulé
Loi concernant la Compagnie de gestion de Matane
Inc.
Ceffe motion se lit ainsi:
Que cette Assemblée déclare que les compagnies Rail &
Water Terminal of Montréal Ltd. et Les Chargeurs Unis Inc. de même
que Me Reynold Langlois, leur procureur, ont violé les droits de cette
Assemblée et d'un de ses membres, soit le député de
Matane, en tentant d'empêcher ladite Assemblée et ledit
député d'accomplir leurs devoirs de législation à
l'occasion de l'étude du projet de loi no 214 et ce, le 9
décembre 1975, alors qu'ils ont présenté une requête
d'injonction qui, si elle avait été satisfaite dans ses
conclusions, aurait brimé cette Assemblée et le
député de Matane dans l'exercice de leurs droits.
Que cette Assemblée assigne lesdites compagnies et Me Reynold
Langlois à comparaître devant la Commission de l'Assemblée
nationale dans les délais qu'elle déterminera.
Que la Commission de l'Assemblée nationale soit autorisée
à s'enquérir de toutes les affaires et de toutes les
matières que l'Assemblée lui aura envoyées ou qui sont de
sa compétence, à faire de temps à autre des rapports
exprimant ses observations et ses vues sur cette affaire et à envoyer
chercher les personnes, les pièces et les dossiers dont elle aura
besoin.
Le Président: L'honorable député de Matane.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: Avec le consentement de la Chambre,
j'aimerais apporter deux amendements à la motion pour y introduire, dans
le premier paragraphe, après "Les Chargeurs Unis Inc.", "les
administrateurs et leurs mandataires", et, au deuxième
paragraphe, pour faire disparaître, à la première
ligne, "lesdites compagnies" pour y introduire "les administrateurs et
mandataires desdites compagnies".
M. le Président...
Le Président: Excusez-moi. Oui.
M. Côté: Répéter l'amendement? Ce
serait pour introduire au premier paragraphe, après "Les Chargeurs Unis
Inc.", les mots "leurs administrateurs et mandataires", et, au deuxième
paragraphe, faire disparaître les mots "lesdites compagnies" pour y
introduire les mots "les administrateurs et mandataires desdites
compagnies".
Le Président: Amendement accepté?
M. Côté: II serait difficile de traduire la
compagnie sans qu'on assigne quelqu'un. A ce moment-là, leurs
administrateurs ou leurs mandataires pourraient les représenter en
commission.
Le Président: Amendement agréé de
consentement unanime.
L'honorable député de Matane.
M. Côté: M. le Président, dans tous les pays,
le Parlement jouit de divers privilèges. Collectivement, ces
privilèges sont nécessaires au maintien de son autorité et
à l'exercice des fonctions qui lui sont confiées par la
constitution. De plus, d'autres privilèges sont reconnus à leurs
membres pris individuellement, à l'effet de protéger leur
personne et assurer leur indépendance et leur dignité.
Quelques privilèges ne reposent que sur la coutume, d'autres ont
été établis par les lois. Dans tous les pays, les membres
du Parlement jouissent, en premier lieu, des privilèges jugés
nécessaires à l'exercice de leurs fonctions. Un de ces
privilèges, c'est l'immunité parlementaire dont le principal
corollaire est celui de l'irresponsabilité juridique des paroles qu'ils
prononcent au Parlement ou devant une de ses commissions et des gestes qu'ils
posent dans l'accomplissement de leurs droits parlementaires.
Anson, dans son volume intitulé: Loi et pratique
constitutionnelles de l'Angleterre de 1903, à la page 206, centre toutes
les violations des privilèges autour des travaux de la Chambre et du
député en tant que membre de la Chambre: "On peut citer d'une
façon générale comme offense punissable à ce titre,
violation des privilèges, le manque de respect d'une personne
étrangère à la Chambre envers un député, en
tant que membre de la Chambre, le manque de respect d'un député
ou d'une personne quelconque pour la Chambre prise collectivement, la
désobéissance aux ordres de la Chambre et l'ingérance dans
sa procédure ou dans des actes, soit de ses officiers, dans l'exercice
de leurs fonctions, soit des témoins appelés à
déposer devant la Chambre ou une commission de la Chambre."
Cette immunité est clairement exprimée dans notre Loi de
la Législature aux articles 64 et 67.
L'article 64 dit: "Nulle personne n'est passible de
dommages-intérêts ou n'est sujette à aucun autre recours
à raison d'actes accomplis sous l'autorité de l'Assemblée
nationale agissant dans la mesure de ses pouvoirs. Les statuts refondus de 1964
C. 6 et A. 64 et de 1968 C. 9 et A. 10."
L'article 67 consacre donc une des plus importantes immunités,
elle est à la base même de l'indépendance du Parlement.
Comme corollaire aux immunités dont jouit l'Assemblée nationale,
ses commissions parlementaires et ses membres, notre Loi de la
Législature a énuméré certains actes qui sont
considérés comme des offenses au Parlement, parce qu'ils sapent
à sa base son indépendance et celle de ses membres. Il y a, entre
autres, l'article 66 qui énumère une série d'actes
défendus, afin que le député puisse accomplir librement,
sans aucune contrainte extérieure, ses droits parlementaires. Avant de
lire cet article, est-il nécessaire de mentionner que le premier devoir
d'un député c'est de légiférer?
Est-il nécessaire de dire qu'un des droits fondamentaux des
députés inhérents à son devoir de
légiférer, c'est de présenter un projet de loi? L'article
112 de notre règlement dit, d'ailleurs, que tout député
peut présenter un projet de loi. Est-il nécessaire de dire que
tout projet de loi privé doit être présenté,
piloté par un député?
Revenons à l'article 66: "Les actes suivants sont défendus
et considérés comme infractions aux dispositions du
présent paragraphe: 1)Commettre des voies de fait sur la personne d'un
député ou proférer des injures ou publier des
écrits diffamatoires à son adresse, pendant la session, ou
pendant les vingt jours qui précèdent et les vingt jours qui
suivent chaque session; 2)Molester, menacer ou tenter de violer ou d'intimider
un député; 5) Suborner ou tenter de suborner quelqu'un au sujet
du témoignage qu'il doit rendre devant l'Assemblée nationale ou
une de ses commissions."
Si on veut s'en reporter, M. le Président, aux faits
précis que j'ai eus à vivre, le 2 décembre 1975, les
voici. Je présente et parraine à cette Assemblée, en tant
que député de Matane, le projet de loi privé no 214 qui a
pour objet la Compagnie de gestion de Matane Inc. Après l'adoption en
première lecture, le projet de loi est déféré
à la commission parlementaire des transports et des travaux publics qui
siégera à la salle 81-A, le mardi 9 décembre 1975,
à 10 h 30 de la matinée. A 8 h 50 de la matinée, je suis
informé qu'une requête pour l'émission d'une ordonnance
d'injonction interlocutoire provisoire et d'une injonction interlocutoire est
présentée devant l'honorable juge Pierre Côté, de la
Cour supérieure du district de Québec, portant les numéros
200 et 05-004665-75, mettant en cause les parties suivantes: Rail & Water
Terminal of Montreal et Les Chargeurs Unis Inc., requérants, versus la
Compagnie de gestion de Matane Inc. et Marc-Yvan Côté,
intimé, et sera plaidé à neuf heures de la matinée,
soit dix minutes après que j'eus été avisé par un
représentant de la Compagnie de gestion de Matane Inc.
J'ai alors été représenté par Me Ross
Goodwin qui n'a pu s'introduire que quinze minutes après les
débuts de l'audition. A cet effet, j'ai relevé, dans les notes
sténographiques du 9 décembre de l'introduction de la plaidoirie,
à la page 3, les propos de Me Ross Goodwin. "Votre Seigneurie et
je pense que cela revêt une importance assez capitale dans
l'argumentation de Me Goodwin à ce moment le sténographe
n'avait pas commencé à prendre les notes et je vous indiquais que
je représentais Marc-Yvan Côté en sa qualité de
membre de l'Assemblée nationale.
Me Langlois m'a demandé si je le représentais comme
parrain du projet de loi no 214 et j'aimerais qu'il soit noté que c'est
justement un des arguments de droit. C'est qu'une fois que le projet de loi est
présenté aux membres de l'Assemblée nationale... excusez,
le parrain du projet de loi n'existe plus. C'est que l'Assemblée
nationale en est saisie, soit par voie de comité ou soit par voie de
l'Assemblée siégeant en comité plénier".
A la suite de l'argumentation de Me Dionne et citant des extraits d'un
discours de l'honorable juge Bora Laskin, je cite les propos du juge, Me Pierre
Côté, en page 6: "Bien coudon! Je vais prendre le risque de me
faire casser une deuxième fois".
M. le Président, cet intimé, Marc-Yvan Côté,
est député de Matane à l'Assemblée nationale. Cette
requête était appuyée d'un affidavit signé par Me
Sylvio Thibeault, domicilié à 161, avenue de la Chaudière,
Saint-Nicolas, district de Québec, secrétaire-trésorier
des deux compagnies. Elle a été présentée et
plaidée par Me Langlois et Me La-flamme, de l'étude Langlois,
Drouin et Laflamme, au nom des requérantes.
Dans quelques-unes de ses conclusions, la requête demandait au
tribunal d'enjoindre au député de Matane comme à l'autre
intimé ce qui suit: a)de cesser immédiatement la
présentation à l'Assemblée nationale du Québec
d'une requête pour l'introduction, l'adoption et la sanction d'un projet
de loi privé, dit no 214, concernant la Compagnie de gestion de Matane
Inc., de même que tout geste relatif à cette présentation;
b) de cesser d'imprimer ou de faire imprimer le texte dudit projet de loi ou
tout autre texte relatif au projet de loi; c) de s'abstenir dès
maintenant de demander à l'Assemblée nationale de la province de
Québec l'adoption dudit projet de loi no 214, lequel est
allégué dans la présente requête.
Dans son jugement, l'honorable juge Pierre Côté
suggéra de retenir l'injonction interlocutoire provisioire à
l'intimée la Compagnie de gestion de Matane Inc., à ses
employés, agents et mandataires et de ne pas la retenir contre
l'intimé, Marc-Yvan Côté.
J'aimerais vous citer, en pages 20 et 21 toujours du relevé
sténographique du 9 décembre, par la cour: "Je comprends. Suite
aux remarques qui nous sont faites, je serai disposé, M. Laflamme,
à accueillir la requête suivant ces conclusions, mais dans la
mesure où, au paragraphe 1, si vous voulez en prendre connaissance,
là, "et à toute autre personne concernée à qui le
jugement aura été signifié personnellement". Alors, disons
que je limiterai ma défense, moi, aux intimés, employés,
agents et mandataires.
M. Laflamme parle: "Parfait".
Par Me Goodwin, de COGEMA, et à nouveau par Me Laflamme: Oui,
tout mandataire de COGEMA."
Je tiens à préciser, M. le Président, que mardi le
9 décembre 1975 à 12 h 45 de l'après-midi, à
l'ajournement de la commission parlementaire des transports et travaux publics,
un huissier m'attendait dans le corridor adjacent à la salle 81-A pour
me signifier l'ordonnance.
Suite à cette ordonnance de la cour, la commission entendit les
représentants des Chargeurs unis Inc. et dut se prévaloir de
l'article 91 de la Loi de la Législature pour assigner un
représentant de COGEMA, aux fins d'éclaircir certains aspects du
projet de loi.
Ces faits et gestes visaient à empêcher la commission de
faire son travail, soit de légiférer. Je soumets respectueusement
à cette Assemblée qu'en préparant, formulant,
présentant une telle requête et en plaidant en sa faveur les deux
compagnies requérantes, leurs mandataires et leurs procureurs ont
porté une atteinte grave au privilège de cette Assemblée
et du député de Matane et ont violé leurs droits, faits et
gestes constituant une offense à l'endroit de l'Assemblée
nationale du Québec et du député de Matane.
Ce faisant, ils ont tenté d'empêcher un membre de cette
Assemblée d'accomplir son devoir en tant que législateur. Que la
requête ait été satisfaite ou non de la part de la cour, il
y a eu violation des droits du député de Matane et offense
à l'Assemblée nationale.
May, dans son Traité des lois, privilèges,
procédures et usages du Parlement, tome I, 1909, aux pages 90 et 91, dit
et nous citons: "Entamer un procès devant une cour de justice contre
quelqu'un pour sa conduite conforme aux ordres du Parlement ou à la
pratique parlementaire est une violation du privilège".
Nous citons à nouveau: "Les cours de justice ont refusé
d'admettre des procès contre des membres du Parlement ou contre un
officier de la Chambre, à raison d'actes accomplis dans
l'exécution d'affaires parlementaires. Une personne envoya à deux
membres une pétition pour la présenter. Les pétitions
furent retournées à leur expéditeur parce qu'elles
étaient contraires au règlement de la Chambre. Cette personne
entama de ce fait un procès contre les membres et le clerc qui avaient
agi en cette affaire, mais la plainte fut rejetée par ce motif que les
griefs de la plainte ne relevaient pas d'une cour de justice. Dans une instance
ultérieure, il a été décidé qu'une personne
désireuse de pétitionner auprès de la Chambre n'a pas le
droit de contraindre un membre à présenter sa pétition et
que nulle action ne pourra être intentée contre le membre se
refusant à agir".
En s'inspirant de May, M. le Président, je
pense qu'à plus forte raison on ne peut contraindre ou tenter de
contraindre un député à ne pas présenter une
pétition, un projet de loi ou en poursuivre l'étude.
En conclusion, M. le Président, je crois que la tenue de cette
commission, si la motion est acceptée évidemment, nous permettra
d'entendre les explications des compagnies, leurs mandataires et procureurs, et
de jeter un peu de lumière sur les rôles respectifs du
législatif et du judiciaire. Je vous remercie.
Le Président: L'honorable député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, mes remarques vont être
très brèves. Simplement, d'autre part, pour signifier mon accord
sur la motion du député de Matane qui, je pense, soulève
un problème qui est fondamental quant à l'indépendance
même de l'Assemblée nationale et de ses membres. C'est une
institution pour laquelle, malgré certaines réticences que nous
pouvons avoir à certaines occasions, nous avons quand même
beaucoup de respect. Dans ce sens, je pense que les requérants, leurs
procureurs je parle des requérants dans la requête en
injonction ont, à toutes fins pratiques, tenté de
s'immiscer dans le processus d'adoption d'une loi.
J'ai eu l'occasion, en commission parlementaire, de donner
brièvement mon point de vue là-dessus. Je vais même plus
loin que cela et je me demande si ce ne serait pas on ne pourra pas le
faire parce que là ce serait immiscer le législatif dans le
judiciaire également à l'endroit des juges en question
qu'il faudrait adresser notre réprobation pour cette facilité
avec laquelle certains juges accordent des injonctions. Je suis content, dans
le fond, qu'un député libéral ait
expérimenté cela, parce que imaginez-vous que les syndicats
ouvriers expérimentent cela régulièrement, cette
signification à la dernière minute avec un avis de dix minutes
pour aller plaider une injonction. Remarquez, je ne suis pas mécontent
que cela soit arrivé à un député libéral, il
va savoir ce que cela veut dire maintenant. Il va savoir que les syndicats
ouvriers, cela leur arrive régulièrement, c'est monnaie
courante.
Mise à part cette petite vengeance personnelle de ma part, M. le
Président, je pense qu'il y a au-delà et bien au-dessus de cela
le problème de l'indépendance de l'Assemblée nationale et
de chacun de ses membres. J'ai, comme je le disais tout à l'heure, eu
l'occasion en commission parlementaire de dire qu'à mon avis je
ne me prétends pas une autorité là-dessus, il
m'apparaît que cela se défend en droit parlementaire.
A mon avis, dis-je, lorsqu'un pétitionnaire, comme on les
appelait dans le temps, s'adresse à la Législature pour avoir un
projet de loi adopté en sa faveur, dès qu'un député
a attaché son nom au projet de loi, il n'y a plus de
pétitionnaire, mais un député qui présente un
projet de loi devant l'As- semblée nationale. Dès le 2
décembre, lorsque le député de Matane s'est levé et
a proposé le projet de loi en question, il n'y avait plus de
pétitionnaire. On pourrait gloser longuement sur le fait que,
peut-être, un juge de la Cour supérieure et cela, c'est
normal; ils sont humains a erré dans sa décision.
Mais ce sont les conséquences de tout cela, je pense, qu'on ne
doit pas laisser passer. C'est dans ce sens que je voterai pour la motion du
député de Matane. Il m'apparaît que même les gens qui
sont intervenus devant la commission parlementaire, à notre demande...
Je pense, par exemple, à Me Paquet qui représentait un des
intimés dans la requête en injonction, qui nous a même
demandé notre protection pour intervenir, parce qu'à toutes fins
pratiques il était un des agents des intimés et, par
conséquent, visé par l'injonction. Nous lui avons accordé,
M. le Président, cette protection et nous avons dit en commission
parlementaire que nous croyions qu'il était essentiel que nous
entendions les parties de quelque côté que ce soit.
Si on avait suivi aveuglément l'injonction, imaginez-vous donc
qu'à toutes fins pratiques le député de Matane, même
s'il n'était pas mentionné, pouvait passer pour un agent de la
compagnie COGEMA. Je me rappelle, d'ailleurs, avec beaucoup de déplaisir
le fait qu'on a presque retardé l'intervention du député
de Matane tout au cours de cette commission parlementaire, parce qu'on disait:
Bien, on va songer exactement aux conséquences. On a même
retardé l'audition des principaux intéressés au projet de
loi jusqu'à l'après-midi pour la même raison et on a
procédé, pour une fois, exactement à l'envers de ce qu'on
fait habituellement, c'est-à-dire que ceux qui demandent que la
Législature se prononce, on les a entendus après avoir entendu
les opposants.
Alors, M. le Président, il me semble qu'on doit être
très clair dans un cas comme celui-ci, puis vraiment s'opposer à
ce type d'intervention du judiciaire dans le législatif. Je suis aussi
fortement contre ce type d'intervention que je suis contre l'intervention
inverse, c'est-à-dire du législatif dans le judiciaire. Il me
semble que nous avons une occasion de le dire et de manifester clairement notre
autonomie au niveau de l'Assemblée nationale et, surtout, de
protéger pour l'avenir quelque membre que ce soit, de quelque
côté de la Chambre qu'il se trouve.
C'est dans ce sens que je n'hésiterai pas à voter
pour.
Je souhaite, cependant, qu'on fasse un léger amendement à
la motion pour préciser qui aura l'autorité de convoquer la
commission parlementaire. Le deuxième paragraphe de la motion du
député de Matane ne me paraît pas très clair,
malgré l'amendement qu'il a apporté tout à l'heure. Il se
lit comme suit: Que cette Assemblée assigne les mandataires desdites
compagnies et Me Ray-nold Langlois à comparaître devant la
commission de l'Assemblée nationale dans les délais qu'elle
déterminera.
On est, je pense, à la veille d'un ajournement. Donc, il est fort
possible que cette commission
parlementaire siège en janvier. Est-ce à des dates que
déterminera l'Assemblée nationale que veut dire la motion? Je
préférerais qu'on mentionne que les dates doivent être
fixées par la commission de l'Assemblée nationale
elle-même.
En ce sens, à moins que le député ne consente
à la modification, je proposerais qu'on amende le deuxième
paragraphe en disant: Dans les délais que cette dernière,
c'est-à-dire la commission, déterminera. Il n'y a pas de
problème; si le député fait sien mon amendement, je n'ai
même pas besoin de le faire. Je pense que ce serait
préférable qu'on détermine dès maintenant que c'est
la commission parlementaire de l'Assemblée nationale elle-même qui
fixera les dates où elle doit siéger et non pas
l'Assemblée. Il y a une certaine ambiguïté dans le
texte.
Ceci dit, je remercie le député de Matane d'accepter cet
amendement. En ce qui me concerne, je réitère tout simplement mon
appui à cette motion.
Le Président: Si je comprends bien votre amendement de
clarification, on pourrait dire: Que cette Assemblée assigne lesdites
compagnies... Avec les autres amendements qui ont été faits pour
intégrer les mots "mandataires et administrateurs" devant la commission
de l'Assemblée nationale dans les délais que cette
dernière déterminera.
M. Burns: C'est cela. La dernière mentionnée, c'est
la commission de l'Assemblée nationale.
Le Président: Oui, "cette dernière", ce n'est pas
encore clair.
M. Burns: Si vous voulez "cette commission", je n'ai pas
d'objection. Si le député de Matane n'a pas d'objection.
Le Président: Cette commission. L'honorable
député de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Je serai assez bref. Je pense que nous devons
féliciter le député de Matane d'avoir eu le courage de
présenter la motion qui est devant nous aujourd'hui.
M. le Président, j'imagine que ce n'est pas facile pour lui de
présenter cette motion. Il y a évidemment des implications, il y
aura du travail à faire et la commission de l'Assemblée
nationale, en assignant les témoins, devra aussi faire un certain
travail. Mais je pense que le temps est venu que quelqu'un prenne sur lui de
démontrer que les privilèges de l'Assemblée et de ses
membres doivent être respectés. La Loi de la Législature,
M. le Président, à l'article 66 dit que "les actes suivants sont
défendus et considérés comme infractions aux dispositions
du présent paragraphe: "Molester, menacer ou tenter de violenter ou
d'intimider un député".
M. le Président, dans l'exercice de ses fonc- tions, un
député doit avoir toute liberté d'action. Un
député doit pouvoir faire son travail librement sans contrainte
aucune. Dans le cas présent, je ne veux pas juger, il est simplement
question d'une motion pour faire comparaître devant la commission de
l'Assemblée nationale certaines personnes, mais il pourrait y avoir eu
dans le passé, à plusieurs occasions, des raisons pour
présenter des motions semblables. Le député de Maisonneuve
me fait remarquer qu'il y a plus qu'une convocation devant la commission. Il a
raison d'ailleurs, parce que c'est une déclaration de violation des
droits.
Nous nous rappellerons que, à quelques occasions, des
députés se sont levés en cette Chambre pour manifester du
fait qu'à l'occasion de l'étude de différents projets de
loi, certaines personnes, dans les corridors, avaient, à demi-mot, fait
comprendre à des députés qu'il valait mieux aller dans tel
sens plutôt que dans tel autre. Je me rappelle que des gens se sont
levés pour dire cela.
M. le Président, c'est peut-être le temps, aujourd'hui, de
donner une leçon qui servira à d'autres pour que tous les
députés de cette Chambre sachent bien qu'ils ont un mandat de la
population, qu'ils peuvent exercer librement, sans aucune contrainte, que les
contraintes viennent de qui que ce soit.
Là, il y a une contrainte qui provient d'une action. A l'article
67, il est dit que nul député n'est sujet à une action.
Alors, il est question, dans le cas présent, d'une action, mais dans
d'autres cas, cela peut être autre chose. Nous avons eu des projets de
loi où il était extrêmement difficile pour les
députés d'exercer leur libre droit. La pression était
très forte sur les épaules des députés. Je me
rappelle le projet de loi no 38, en 1970. C'était une loi
spéciale pour un retour au travail dans le domaine de la construction.
Quand un député sortait de la commission parlementaire, dans le
corridor, on lui faisait voir, à peine à mots couverts, certaines
choses. Et il y avait de la pression sur les épaules de plusieurs
personnes à ce moment. Alors je voudrais que cela serve de leçon
pour l'avenir, pour que quiconque qui a à venir devant
l'Assemblée, devant les commissions, pour défendre ou appuyer des
projets de loi, sache que les députés sont les élus du
peuple avec un mandat clair et précis et des privilèges qui sont
attachés à cela. A ce moment, on saura aussi qu'on doit laisser
les députés faire leur travail librement.
M. le Président, je pense que le député de Matane a
fait son devoir. Il est question, dans cette affaire, de la souveraineté
du Parlement. Le Parlement est souverain, je pense qu'on doit défendre
cela, et c'est pour ces raisons et plusieurs autres que je pourrais mentionner,
si on avait beaucoup de temps mais comme il est déjà tard
et que l'heure du dîner, je pense, intéresse tout le monde, je
n'en dirai pas plus. Mais je vous dis que j'apprécie le geste de courage
du député de Matane, et si je devais voter à main
levée, je voterais à deux mains pour sa motion.
Le Président: Le député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, comme un
vétéran doyen de cette Assemblée nationale je me dois de
participer à ce débat d'une manière très
brève.
M. Levesque: Vous êtes venu m'enlever mon titre, vous.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Levesque: Vous êtes venu m'enlever mon titre!!
M. Bellemare (Johnson): Je regrette! Je suis bien prêt
à vous concéder quelques années, mais pas toutes!
M. le Président, voici un cas particulier où les droits et
privilèges des députés sont mis en cause. Le
véritable parlementarisme est étayé, d'après tous
les auteurs, sur le respect que la Chambre doit posséder partout et
toujours, avec liberté complète d'action.
Je n'ai pas besoin de vous citer des textes nombreux que j'ai
présentement devant moi ce serait trop long pour vous dire
pourquoi la Chambre est souveraine, pourquoi la Chambre et les
députés doivent posséder cette liberté d'expression
et cette liberté d'action.
Il y a eu, M. le Président, ici même dans ce Parlement, un
jour, la FTQ qui est venue bouleverser toute une commission. C'était, en
vertu de la Loi de la Législature, une offense grave contre les
privilèges et les droits des députés. Personne n'a
réagi. Il y a eu aussi l'UPA qui, un jour, a séquestré le
ministre Mailloux et des députés, avant une commission
parlementaire. Cela aussi, c'était brimer la liberté d'expression
d'un ministre ou d'un parlementaire. Personne n'a réagi, sauf le
président. Je pense que, dans le temps, vous l'aviez dit.
M. le Président, il y a eu, dans ce Parlement où l'on
parle, déjà un journaliste, M. Roberts, le 22 octobre 1922, le
directeur du journal L'Axe. Il avait écrit contre le gouvernement et
avait fait des affirmations contre certains députés de cette
Chambre, contenues dans un journal. Il a été cité à
la barre, ici même, par M. Taschereau. Là, on lui a donné
la chance de s'expliquer. Vous retrouvez aux journaux de l'Assemblée
législative de la province de Québec, à la session de
1922, tout le débat qui s'est produit, les questions qui ont
été posées et les réponses qui ont
été données.
M. le Président, il y a eu, à la suite de ce mandat
d'amener...
M. Levesque: Vous êtes sûrement le doyen! M.
Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Levesque: Vous êtes sûrement le doyen. En
1922!
M. Bellemare (Johnson): Oui. Mais je vous en donnerai une plus
récente dans deux minutes. Cela ne sera pas très long.
Il a été cité ici, à la barre, et,
après avoir été trouvé coupable d'offense grave
contre le Parlement, il a été, en vertu d'un bill,
présenté par M. Taschereau et appuyé par M. Perron,
condamné à un an de prison. Il en a appelé devant un
comité parlementaire, ici, après sa condamnation.
C'est au Conseil législatif que s'est réglé le
débat; les conseillers législatifs du temps ont vertement
condamné l'attitude de M. Roberts et ont donné raison au
Parlement. Il a passé un an en prison, parce qu'il avait écrit
dans le temps quelque chose au sujet de la réputation de deux
députés qu'il avait accusé d'être des gens qui
avaient...
Je vous lis l'article, M. le Président: "Les noms de deux membres
de la Législature provinciale se trouvent impliqués dans le
sinistre crime et l'on peut entendre ouvertement mentionner leurs noms et
discuter publiquement leur prétendue culpabilité dans la
cité de Québec. L'on dit librement et franchement que la cause de
l'inaction de la part des autorités pour élucider le
mystère et traduire le coupable en justice tient au fait que ces deux
personnes sont membres de la Législature". C'était dans le cas du
meurtre de Blanche Gar-neau et on avait prétendu que deux
députés...
Une Voix: Vous vous rappelez cela...
M. Bellemare (Johnson): ... étaient impliqués dans
la perpétration de ce crime. Alors, M. le Président, voici un
exemple où nous avons devant nous, véritablement, une attitude
ferme, de la part du gouvernement, pour protéger les droits et
privilèges des députés.
M. le Président, je n'ai pas besoin de vous rappeler ici
l'incident qui vient d'arriver pendant la session fédérale,
où un député a été accusé, par un
journal de Montréal, d'avoir dévoilé certains secrets du
budget Turner. Il a fait une motion en Chambre et il a convoqué la
commission parlementaire des privilèges et des droits des
députés. On a entendu, pendant des heures et des heures, le
plaignant et, plus particulièrement, les deux membres qui avaient
participé à la rédaction de cet écrit.
M. le Président, dans un geste fort louable, après
plusieurs heures de séance, la commission parlementaire a
exonéré le député de toute indiscrétion,
mais disant, en particulier, que le privilège d'un député
est sacré et que ses droits et privilèges doivent être
respectés en dehors de la Chambre.
M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire que c'est lourd
de conséquences ce précédent, mais ce n'est pas un
précédent, au contraire. Je pense que c'est une attitude
très ferme que le gouvernement doit prendre et je suis
entièrement d'accord avec le député de Matane pour lui
dire que, dans ce Parlement, on doit être extrêmement prudent
à l'extérieur sur ce qu'on écrit ou ce qu'on dit. Nous
avons des droits, si on voulait souvent les faire revivre, si on voulait
véritablement se donner la peine de faire respecter notre
parlementarisme, nos droits et privilèges, on pourrait peut-être
souvent revenir contre certaines gens qui nous accusent de toutes sortes de
malheurs.
Mais, M. le Président, je ne veux pas aller plus loin. Je crois
à la bonne foi de tous les journalistes et je suis sûr et certain
que les droits et privilèges de notre Parlement, pour une autre fois,
vont être affirmés d'une manière très positive en
regard de tous ces précédents que nous avons déjà
cités.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, je voudrais simplement,
à ce moment-ci, avant.de passer au vote, féliciter tous les
intervenants et particulièrement le parrain de cette motion. Le
député de Matane attire l'attention de l'Assemblée
nationale et de l'opinion publique québécoise sur l'importance
que nous accordons à nos droits et à nos privilèges de
législateurs. J'espère que ceci sera de nature à rappeler
à tous et à chacun l'importance de sauvegarder la liberté
d'expression, la liberté des moyens qui sont ceux du législateur.
Je n'ai pas l'intention de répéter tous les arguments qui ont
été apportés aux fins d'approuver et d'appuyer cette
motion du député de Matane, mais je tiens à dire que le
gouvernement s'associe à ce voeu de l'Assemblée nationale de voir
à ce que ses prérogatives et ses privilèges soient
respectés par quiconque.
Le Président: Tel qu'il avait été convenu
auparavant, je crois qu'il y a lieu d'appeler les députés pour un
vote enregistré sur...
M. Burns: Sur les deux.
Le Président: Bon.
M. Burns: Sur les deux, M. le Président?
Le Président: Oui. Qu'on appelle les députés
pour les deux votes!
Vote sur Ia motion d'amendement de M. Giasson
Le Président: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de la motion d'amendement proposée
par le ministre d'Etat aux Affaires sociales, à la motion principale
proposée par le député de Saint-Jacques veuillent bien se
lever s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Blank,
Parent (Hull), Mailloux, Garneau, Phaneuf, Berthiaume, Giasson, Goldbloom,
Quenne-ville, Mme Bacon, MM. Tetley, Bienvenue, Forget, Harvey
(Jonquière), Cadieux, Houde (Abitibi-Est), Jesjardins, Massé,
Perreault, Brown, Fortier, Kennedy, Bacon, Lamontagne, Veilleux, Brisson,
Séguin, Saindon, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Fraser, Picard,
Gratton, Gallienne, Carpentier, Dionne, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg),
Larivière, Springate, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bérard,
Boudreault, Boutin, Marchand, Ostiguy, Caron, Côté, Denis, Dufour,
Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours, Mercier, Picotte, Sylvain, Tardif,
Tremblay, Vallières, Verreault, Leduc.
Le Président: Que ceux qui sont contre cet amendement
veuillent bien se lever s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Morin, Burns, Léger,
Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Samson, Bellemare (Johnson).
Le Secrétaire: Pour: 66 Contre: 8
Le Président: Cet amendement est adopté. Maintenant
nous allons prendre le vote sur la motion principale.
M. Lessard: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
s'informer où serait rendu le député de
Nicolet-Yamaska?
Une Voix: II n'a jamais manqué de vote.
M. Léger: C'est le premier vote qu'il manque.
M. Lessard: C'est la première fois qu'il manque un
vote.
M. Léger: Cela doit mal aller dans le Parti
libéral; c'est pour cela qu'il est parti.
M. Lessard: C'est inquiétant. Vote sur la motion de M.
Charron amendée
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
Que ceux qui sont en faveur de la motion principale, telle
qu'amendée, veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Morin, Burns, Léger,
Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Bourassa, Levesque, Blank, Parent
(Hull), Mailloux, Garneau, Phaneuf, Berthiaume, Giasson, Goldbloom,
Quenneville, Mme Bacon, MM. Tetley, Bienvenue, Forget, Harvey
(Jonquière), Cadieux, Houde (Abitibi-Est), Desjardins, Massé,
Perreault, Brown, Fortier, Kennedy, Bacon, Lamontagne, Veilleux, Brisson,
Séguin, Saindon, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Fraser, Picard,
Gratton, Gallienne, Carpentier, Dionne, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg),
Larivière, Springate, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bérard,
Boudreault, Boutin, Marchand, Ostiguy, Caron, Côté, Denis, Dufour,
Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours, Mercier, Picotte, Sylvain, Tardif,
Tremblay, Vallières, Verreault, Samson, Bellemare (Johnson), Leduc.
Le Secrétaire: Pour: 74 Contre: 0 Le
Président: Cette motion est adoptée.
Vote sur la motion de M. Côté
Le Président: Nous allons procéder à la mise
aux voix de la motion de l'honorable député de Matane. Est-ce
qu'on pourrait enregistrer le même vote?
M. Burns: Même vote, M. le Président.
Le Président: La motion du député de Matane,
même vote. Cette motion est adoptée.
M. Bellemare (Johnson): Je pose un geste qui sera peut-être
accusé de partisanerie, mais le député de Nicolet-Yamaska
a donné un exemple à cette Chambre; parce que c'est en dehors des
heures et probablement parce qu'il n'a pas été avisé, je
pense qu'on devrait enregistrer en sa faveur ces trois votes qu'on vient de
prendre.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement unanime?
M. Burns: M. le Président, au nom de la protection des
droits du député de Nicolet-Yamaska, je m'oppose, on ne sait
comment il aurait voté.
Le Président: A l'ordre!...
M. Tetley: M. le Président, c'est un geste...
Le Président: II n'est pas là. Il n'y a pas de
consentement.
M. Levesque: M. le Président, pour tenir compte des
remarques, parce que je pense qu'elles sont très justes, du
député de Maisonneuve, mais également de la
générosité manifestée par le chef de l'Union
Nationale, n'y aurait-il pas lieu à la prochaine occasion de demander au
député de Nicolet-Yamaska de quelle façon il aurait
voté et, à ce moment, enregistrer son choix pour ne pas nuire
à son record?
M. Léger: Je veux simplement dire au leader que le
député de Nicolet-Yamaska fait plus de bruit quand il est absent
que quand il est présent.
M. Lessard: D'accord, mais pour autant qu'il explique
pourquoi.
Le Président: II n'y a pas de consentement.
Votre motion.
A l'ordre, messieurs!
M. Levesque: M. le Président, est-ce qu'on peut revenir au
dépôt de rapports de commissions élues et aux motions non
annoncées pour un instant?
Le Président: Le député de Verdun.
Rapport sur le projet de loi no 109
M. Caron: M. le Président, pour M. Georges Massicotte,
député du collège électoral de Lotbinière,
qu'il me soit permis de déposer le rapport de la commission élue
permanente de la justice qui a étudié le projet de loi no 109 et
l'a adopté avec des amendements.
Le Président: Rapport déposé.
Changement de membres à la commission de
l'Assemblée nationale
M. Levesque: Qu'il me soit permis de faire motion pour que nous
procédions aux changements suivants à la commission de
l'Assemblée nationale: que le nom de M. Bienvenue soit substitué
à celui de M. Caron, que le nom de M. Gratton soit substitué
à celui de M. Marchand, que celui de M. Desjardins soit substitué
à celui de M. Mercier et, de plus, que les noms suivants soient
ajoutés à cette commission: le tout et les changements que
je viens de mentionner et les ajouts que je vais également mentionner
uniquement, pour les fins du mandat confié le 15 décembre 1975,
à savoir étudier la Loi de la Législature, le
règlement de l'Assemblée nationale et la question de la
législation déléguée MM. Lachapelle,
Bonnier, Veilleux, Lessard, Samson, Bellemare et Roy.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je voudrais
savoir quel Bellemare?
M. Levesque: Oh, excusez-moi! J'avais envie, M. le
Président, de dire les deux. Mon intention était... Je me
référais au député de Johnson.
M. Burns: D'accord, M. le Président.
Le Président: Bellemare senior. Il y a Bellemare junior.
Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. Marchand: Mais quel Roy? Le Président:
Adopté.
M. Levesque: M. le Président , ce soir il y a deux
commissions qui siégeront à partir de 20 h 15, soit, à
81-A, la Commission des affaires municipales et, à 91-A, la Commission
des affaires sociales pour étudier les projets de loi qui ont
été déférés à ces commissions
après la deuxième lecture. Demain matin, à dix heures
également, à 81-A et 91-A respectivement, les affaires
municipales et les affaires sociales siégeront si ces commissions n'ont
pas terminé leur travail ce soir.
De plus, au salon rouge, demain matin, à dix heures
également, la commission de l'Assemblée nationale siégera
pour étudier les mandats qui seront donnés aux
sous-comités qui seront formés à l'occasion de cette
réunion, tel que je l'ai mentionné tout à l'heure au cours
de la motion non annoncée que j'ai proposée et qui a
été adoptée par cette Chambre et également pour
étudier article par article le projet de loi no 209, Loi sur le
financement des partis.
Une Voix: Neuf.
M. Levesque: Le projet de loi no 9.
Le Président: Le projet de loi no 9.
M. Levesque: Oui. No 9. Le no 9.
M. Burns: Le 20 était de trop.
M. Levesque: Le 20 était no.
M. Burns: Les deux zéros étaient de trop.
M. Levesque: Ne continuons pas parce qu'on va passer pour des
nonos!
Le Président: Etant donné qu'il est 18 heures,
l'Assemblée ajourne ses travaux à demain, quinze heures.
(Fin de la séance à 19 h 4)