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(Quinze heures dix minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
L'honorable député d'Iberville.
Projet de loi no 95
M. Tremblay: Qu'il me soit permis de déposer le rapport de
la commission élue permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières qui a étudié le projet de loi no
95, Loi modifiant la Loi concernant la Fédération de
Québec des unions régionales des caisses populaires Desjardins,
et l'a adopté avec un amendement.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de projets de loi au nom du gouvernement.
M. Levesque: Article 1).
Projet de loi no 256 Première lecture
Le Président: L'honorable ministre des Affaires
municipales propose la première lecture de la Loi modifiant la Loi de la
Communauté régionale de l'Outaouais.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Goldbloom: J'ai deux pages de notes explicatives; je pourrais
les résumer en vous disant que l'objectif de ce projet de loi est de
modifier la structure du conseil de la Communauté régionale de
l'Outaouais afin de permettre à tous les maires des huit
municipalités d'y siéger, aussi d'augmenter le nombre de membres
du conseil d'administration de la Société d'aménagement de
l'Outaouais de cinq à sept. Les autres articles sont de concordance.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote de première lecture
Le Président: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de la motion de première lecture,
proposée par le ministre des Affaires municipales, veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Leves- que, Blank,
Mailloux, Saint-Pierre, Cloutier, Phaneuf, Lachapelle, Berthiaume, Giasson,
Cournoyer, Goldbloom, Simard, Quenneville, Mme Bacon, MM. Lalonde, Tetley,
Lacroix, Bienvenue, Forget, Toupin, Vaillancourt, Cadieux, Arsenault, Houde
(Fabre), Houde (Abitibi-Est), Desjardins, Massé, Perreault, Brown,
Fortier, Bossé, Kennedy, Bacon, Lamontagne, Bédard (Montmorency),
Veilleux, Saint-Hilaire, Brisson, Séguin, Comellier, Houde (Limoilou),
Lafrance, Pilote, Fraser, Picard, Gratton, Gallienne, Assad, Carpentier,
Dionne, Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Larivière,
Shanks, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier, Boudreault,
Boutin, Chagnon, Marchand, Ostiguy, Caron, Ciaccia, Côté, Denis,
Déom, Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe,
Lecours, Malouin, Mercier, Pagé, Parent (Prévost), Picotte,
Tardif, Tremblay, Verreault, Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard,
Bédard (Chicoutimi), Samson, Bellemare (Johnson), Choquette, Roy,
Leduc.
Le Secrétaire: Pour: 95 Contre: 0 Le
Président: Cette motion est adoptée.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents. Questions orales des députés.
M. Tetley: Je m'excuse, M. le Président.
Dépôt de documents.
Le Président: Ah oui! excusez-moi. L'honorable ministre
des Travaux publics.
M. Burns: M. le Président, c'est passé cela.
M. Bourassa: Le rapport Tetley qu'on attend depuis très
longtemps.
M. Burns: Le ministre a-t-il besoin de notre consentement?
M. Tetley: Moi oui.
M. Burns: Accordé, M. le Président.
M. Léger: ... que celui de l'autre ministre des
Institutions financières. Son rapport de l'Ouest.
Le Président: L'honorable ministre des Travaux
publics.
M. Tetley: Posez votre question très bientôt.
M. Léger: Vous nous ferez rapport de votre voyage dans
l'Ouest, il y a un an.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
DÉPÔT DE DOCUMENTS Investissements
étrangers
M. Tetley: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer un document de travail intitulé Le cadre et les moyens
d'une politique québécoise concernant les investissements
étrangers.
M. Morin: Puis-je savoir du ministre si c'est le rapport au
complet?
M. Tetley: Oui.
M. Morin: Avec les conclusions, les recommandations?
Le Président: Questions orales des députés.
Le député de Maisonneuve.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
Montant forfaitaire aux fonctionnaires
M. Burns: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre. Comme tout le monde le sait, les employés des secteurs
public et parapublic, au cours de l'an dernier, avaient
bénéficié d'une indexation qui se chiffre au total par
17.13%.
Tout le monde sait également que ces versements ont
été accordés aux employés des secteurs public et
parapublic, à des périodes précises qui sont les mois de
décembre, de juin et d'octobre. Ce que j'aimerais savoir du premier
ministre, c'est comment il peut expliquer la raison pour laquelle le
gouvernement refuse cette année de verser un montant forfaitaire, qui,
en quelque sorte, est un droit acquis puisque déjà c'est
intégré dans les offres qui sont faites par le gouvernement. Et
comment se fait-il que le gouvernement, à ce stade, semble-t-il, refuse,
pour le mois de décembre, de donner la partie, qui concerne les
employés des secteurs public et parapublic, du montant forfaitaire
auquel ils auraient droit si la convention avait pu continuer à suivre
son cours? Cela a-t-il affaire aux négociations qui sont en cours?
M. Bourassa: M. le Président, si la convention est
signée, comme il y a des bonnes chances qu'elle le soit elle est
soumise actuellement aux voix des fonctionnaires je crois qu'il y a eu
des pourparlers qui feraient que le 18 décembre, un chèque serait
envoyé aux membres du syndicat.
M. Burns: Actuellement, M. le Président, je rappelle au
premier ministre que le vote auquel il se réfère ne concerne que
les fonctionnaires et les ouvriers du gouvernement. Je vous parle de l'ensemble
des secteurs public et parapublic donc tout le groupement des employés
des hôpitaux, les enseignants, etc., tous qui, dans le passé, ont
bénéficié de ce montant forfaitaire. Comme l'offre et
toutes les offres qui ont été faites par le gouvernement,
jusqu'à maintenant, comportent le maintien de cette indexation qui avait
été versée sous forme forfaitaire l'année
dernière et comme, cette année, même les offres du
gouvernement intègrent ce forfaitaire au salaire dans sa première
offre, il me semble qu'il ne serait que normal que le gouvernement accepte tout
au moins, au cours du mois de décembre, de verser le montant
forfaitaire. A moins que le premier ministre ne me dise que c'est un
élément de négociation et que c'est utilisé dans le
cadre des négociations. Si c'est le cas, j'aurai d'autres questions
à poser.
M. Bourassa: Je ne crois pas que ce soit le dernier point mais le
député de Maisonneuve, leader parlementaire, est au courant que
dans les années précédentes, le gouvernement est
allé au-delà de la convention collective pour accommoder les
fonctionnaires et les membres des secteurs public et parapublic. Alors qu'on
n'y était pas obligé, à certains moments, on a
versé par anticipation, avec des...
M. Burns: Vous n'êtes pas allé au-delà.
M. Bourassa: Non, non mais on aurait pu s'en tenir...
M. Burns: Quand même, il ne faudrait pas... Vous
n'êtes pas allé au-delà. Vous avez brisé en quelques
périodes des sommes que vous vous étiez engagés à
payer.
M. Bourassa: C'est-à-dire qu'on a versé...
M. Burns: II faudrait quand même être
honnête.
M. Bourassa: Non, non. On va...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bourassa: On va rétablir les faits. Nous avons
versé par anticipation le député va être
d'accord des sommes très importantes aux membres des secteurs
public et parapublic et ceci a coûté au gouvernement des montants
sous forme de taux d'intérêt. Evidemment, c'étaient des
montants assez marginaux. Il reste que le gouvernement...
M. Burns: C'étaient des montants que vous vous
étiez engagés à payer.
M. Bourassa: Non, non.
Le Président: Messieurs, s'il vous plaît!
M. Bourassa: Le gouvernement ne s'était pas engagé
à payer par anticipation aux dates pour lesquelles... Bon. Ceci a voulu
dire un montant additionnel pour le gouvernement pour permettre ces paiements
par anticipation. D'accord?
M. Burns: Ce n'est pas sûr, c'est moins sûr. M.
Bourassa: C'est une question de bon sens!
M. Burns: C'est moins sûr.
M. Bourassa: C'est une question de bon sens. Si on donne des
dizaines de millions de dollars six mois ou trois mois à l'avance, il y
a des taux d'intérêt qui sont impliqués.
On se pose des questions pour savoir si le Parti québécois
sait compter, mais, pour l'ensemble des Québécois, c'est
évident qu'il y a des montants d'intérêts qui ont
été perdus. Donc, cela a constitué un coût pour le
gouvernement. Ceci étant dit, cela démontre la bonne foi du
gouvernement en vue d'essayer d'arriver à une entente avec les membres
de la fonction publique et para-publique.
Actuellement, on me dit qu'il n'y a pas de convention de signée.
C'est parce qu'il n'y a pas de convention de signée que nous sommes
empêchés de faire ce que nous avons fait durant la durée de
la convention. Le ministre peut compléter ma réponse.
M. Parent (Hull): M. le Président, ce que le
député de Maisonneuve demande, en réalité, c'est la
prolongation d'une convention collective qui est expirée depuis le 30
juin. Il demande qu'on continue à perpétuer les
bénéfices prévus dans cette convention, oubliant le
contexte dans lequel on est présentement, c'est-à-dire de
négocier de nouvelles conventions collectives qui prévoient,
particulièrement sur le coût de la vie, toute une nouvelle
méthode d'indexation, différente de celle qui était
prévue antérieurement dans les conventions collectives
expirées le 30 juin 1975.
Les ententes que j'ai conclues avec le Syndicat des fonctionnaires
disent, qu'advenant la signature de la convention, le 18 décembre
prochain, nous serions disposés, la journée même, à
remettre un acompte de 50% à tous les employés couverts par cette
convention collective. C'est le même privilège que nous avons
accordé à deux autres conventions collectives que je signerai
lundi et mardi; une, pour une catégorie d'employés de la
Société des alcools du Québec, l'autre, pour une
catégorie d'employés de la Place des Arts. On sait que le
gouvernement, dans la dernière convention collective, avait consenti des
avances à cause de l'augmentation du coût de la vie; plutôt
que d'attendre les trois mois suivant la date du 30 juin pour remettre
l'ajustement au coût de la vie, nous l'avons fait par anticipation, en
trois versements. Mais la convention est expirée, je pense que c'est ce
qu'il faut retenir. Pour la convention que nous prévoyons signer le 18,
il y aura, à ce moment-là, les avances prévues. Nous avons
fait de même en adoptant les résolutions par la Commission de la
fonction publique pour permettre de restaurer 15% dans les échelles de
salaires aux cadres, aux adjoints aux cadres. Nous l'avons fait dans le
réseau scolaire et dans le réseau des affaires sociales pour les
catégories non couvertes par les conventions collectives.
Le Président: Question additionnelle.
M. Burns: Additionnelle, M. le Président. N'est-il pas
exact que tout ce qui n'est pas syndiqué à l'emploi du
gouvernement, c'est-à-dire les cadres, vont effectivement recevoir, au
cours du mois de décembre, cette somme qui équivaut au montant
forfaitaire qui a été payé tout au cours de
l'année?
N'est-ce pas exact? Si oui, pourquoi faire la différence entre
les cadres qui n'ont pas plus signé de convention collective que les
employés qui, actuellement, sont en discussion avec le gouvernement et
avec les autres instances?
M. Parent: M. le Président, je pense qu'il faudrait bien
admettre qu'il y a une gérance et que la gérance n'est pas
régie par des conventions collectives, que la question de la
rémunération est convenue par le conseil des ministres ou par le
conseil du trésor et que les formalités ont été
suivies dans ces cas, étant donné qu'il n'y a pas de conventions
collectives. Mais dans tous les secteurs, affaires sociales, éducation
ou fonction publique, nous n'avons pas donné l'annualité,
c'est-à-dire l'augmentation pour la rémunération de 1976.
Nous l'avons simplement restaurée pour une période de six mois
quitte à revoir, après la signature des conventions collectives,
la rémunération des cadres dans les trois secteurs dont le
gouvernement a la responsabilité.
En ce qui concerne les autres fonctionnaires où il y a
négociation, où il y a de nouveau des dépôts de
faits par le gouvernement sur une nouvelle formule d'indexation, je ne vois pas
comment il serait possible à ce moment-ci d'aller verser des acomptes au
moment où nous sommes à négocier des conventions
collectives.
M. Burns: M. le Président... Le Président:
Dernière.
M. Burns: ... je n'ai pas senti qu'on avait répondu
à ma question mais je la repose: Est-ce qu'il est exact que les cadres
vont recevoir l'équivalent du montant forfaitaire au cours du mois de
décembre? J'en profite pour mentionner simplement une toute petite
parenthèse. Le ministre de la Fonction publique semble faire une
difficulté légale ce qui n'en est pas une à mon
avis, en tout cas il a le droit de ne pas avoir la même opinion que moi
de ce versement parce qu'il y a négociation. En ce qui me
concerne une convention collective continue à avoir ses effets tant
qu'une nouvelle n'est pas signée.
Mais j'en profite pour poser une deuxième question
additionnelle...
M. Bourassa: II y a une nouvelle formule d'indexation. Le
député n'a pas expliqué comment le gouvernement pourrait,
alors qu'il y a une nouvelle formule d'indexation... Là où les
syndiqués ont signé il n'y a pas de problème...
M. Burns: Bien si...
M. Bourassa: ... mais là où il n'y a pas de
syndicat...
M. Burns: ... le premier ministre me le demande, je suis
prêt à lui répondre. Actuellement, dans les offres qui sont
faites...
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: M. le Président, permettez-moi simplement de
répondre cela. Dans les offres qui sont faites, le montant forfaitaire
est intégré au salaire; alors il n'y a pas péril en la
demeure, si on peut dire.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: Je sais bien que je n'ai pas à répondre
à la période de questions, en tout cas jusqu'à ce qu'un
nouveau gouvernement soit formé...
M. Bourassa: Allez-vous être là?
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre,
messieurs!
M. Burns: Non, mais c'est un risque que je prends.
M. le Président, je demande simplement, en terminant, en plus de
demander une réponse précise par un oui ou par un non, est-ce
qu'il est exact que les cadres, eux, vont recevoir ce forfaitaire ou en tout
cas la partie qui concerne le mois de décembre? J'aimerais bien que le
ministre me réponde là-dessus, parce que la rumeur court
actuellement, très fortement, dans le milieu de la fonction publique. Je
ne parle pas de la fonction parapublique, mais de la fonction publique.
Deuxièmement, est-ce qu'il est exact que, déjà, les
nouvelles offres qui ont été faites par le gouvernement et qui
sont actuellement en discussion, c'est-à-dire qui sont soumises au vote
des syndiqués concernés, est-ce qu'il est exact que les
chèques de paye sont ajustés aux nouvelles offres,
déjà au moment où on se parle? Est-ce qu'il y a moyen de
me répondre là-dessus? Parce que cela a une drôle
d'importance si c'est cela qui arrive.
M. Parent (Hull): M. le Président, je ne sais pas si c'est
la période des fêtes qui crée des illusions au
député de Maisonneuve, c'est passager...
M. Burns: Je vous dis que c'est une rumeur qui court, infirmez-la
ou confirmez-la.
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. Parent (Hull): ... je voudrais simplement lui dire... Je
voudrais simplement lui dire, en ce qui concerne les cadres, je l'ai dit tout
à l'heure, que nous avions donné l'accord, mercredi dernier, pour
qu'il y ait restauration et versement de cette restauration aux cadres et
à la gérance intermédiaire du gouvernement,
c'est-à-dire la Fonction publique, au secteur des affaires sociales et
au secteur de l'éducation.
M. Burns: Dans le mois de décembre?
M. Parent (Hull): Les résolutions requises et les
arrêtés en conseil requis ont été adoptés.
Pour ce qui concerne...
M. Burns: Cela doit être versé en décembre,
c'est cela que je veux savoir, aux cadres?
M. Parent (Hull): Nous essayons de le compléter. Quant
à l'autre aspect de la question, j'ai dit tout à l'heure que
j'avais conclu une entente, avec le Syndicat des fonctionnaires, que s'il y
avait signature de la convention collective le 18 décembre, la
journée même nous remettrions les chèques aux
employés, pour couvrir 50% du montant de rétroactivité, du
1er juillet au 31 décembre, et que l'ajustement définitif sur le
nouveau barème de rémunération des fonctionnaires serait
fait au mois de janvier.
M. Burns: Et cela veut dire que les nouveaux taux de salaire sont
déjà inscrits dans le système de paye. C'est cela?
M. Parent (Hull): II y a 50%; les ajustements se feront en
janvier, mais tout est en préparation.
Le Président: Le député de Chicoutimi.
M. Burns: De toute façon, quelle que soit la
décision qui sera rendue par le syndicat, il...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: ... va y avoir une augmentation sensible des gens de
la...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre
M. Parent (Hull): Si l'opération s'avère
infructueuse, nous détruirons ce que nous avons fait.
Le Président: L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Burns: Deux séries de chèques que vous allez
faire.
Le Président: Le député de Chicoutimi.
SAQ et CECO
M. Bédard (Chicoutimi): Ma question s'adresse au
Solliciteur général, au sujet de la Société des
alcools du Québec. En réponse à une question que je lui ai
posée hier, le Solliciteur général avait promis de
s'informer auprès des autorités de la CECO des raisons qui ont
motivé la démission de Me Keyserlingk. Il m'avait
également promis de vérifier si la lettre de démission de
Me Keyserlingk pourrait être déposée à
l'Assemblée
nationale. Est-ce que le ministre est en mesure de nous donner les
renseignements demandés hier?
M. Lalonde: Non, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors...
Le Président: Question additionnelle?
M. Bédard (Chicoutimi): Question additionnelle. Je
demanderais au ministre d'essayer de nous préciser, tout à
l'heure, quand il pense être en mesure de nous fournir ce petit
renseignement. Est-ce que le ministre pourrait également
compléter la réponse qu'il nous a donnée hier au sujet de
l'enquête confiée au lieutenant Chartrand et qu'on appelle, je
crois, l'opération Z, du moins dans le milieu? Est-ce que le ministre
pourrait nous dire combien de policiers participent à cette
enquête dont il a parlé hier et, deuxièmement, combien de
rapports ont déjà été complétés, si
c'est le cas? Peut-il nous dire également quels sont les
résultats, à ce jour, de ces quatre mois d'enquête
additionnels?
M. Lalonde: Je prends avis de la question. Le
Président: L'honorable député...
M. Bédard (Chicoutimi): Question additionnelle.
Le Président: Dernière.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait
nous dire si la teneur du dossier remis par la CECO a été
communiquée à d'autres membres du cabinet, notamment au premier
ministre et au ministre responsable de la Société des alcools du
Québec, c'est-à-dire le ministre des Finances?
M. Bourassa: Cela ne vous regarde pas.
M. Lalonde: M. le Président, les communications entre
ministres sont privilégiées.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je voudrais adresser une question à l'honorable
premier ministre. Je voudrais lui demander...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je n'avais
pas terminé.
M. Burns: M. le Président...
Le Président: C'était la dernière.
M. Burns: J'ai une question additionnelle, moi aussi,
là-dessus.
Le Président: Question additionnelle, l'honorable
député de Maisonneuve.
M. Burns: Je vais la poser au premier ministre lui-même.
Est-ce que le premier ministre cela n'est pas privilégié
comme responsable devant cette Chambre, a pris connaissance du dossier
qui a été remis par la CECO au Solliciteur général
ou, puisque, apparemment, il ne veut pas nous répondre de façon
directe, du dossier qui a été présu-mément remis
par la CECO? Est-ce que le premier ministre et le ministre des Finances ont
pris connaissance de cela? Peut-être qu'il ne peut pas répondre au
nom du ministre des Finances, mais je pose la question au premier ministre.
M. Bourassa: Le premier ministre reste informé sur tous
les sujets importants de son administration.
M. Burns: Est-ce que le premier ministre, après avoir pris
connaissance... Je suis encore obligé de présumer, parce qu'on ne
veut pas, apparemment, nous donner des réponses claires sur cette
affaire, mais, éventuellement, je pense que vous le devrez. Ce n'est pas
à nous autres que vous en devez, des réponses...
Le Président: Question, question, s'il vous plaît.
Question.
M. Burns: ... c'est à l'opinion publique que vous devez
des réponses là-dessus.
Le Président: Question.
M. Burns: On n'est que l'instrument, nous autres, ici.
Le Président: Question, s'il vous plaît!
M. Burns: Je dis: Après en avoir pris connaissance,
puisque je suis obligé de présumer que le premier ministre en a
pris connaissance, quelles sont les démarches que le premier ministre a
faites ou a demandé au Solliciteur général
d'entreprendre?
M. Bourassa: M. le Président, lorsque le chef du
gouvernement est informé, il donne les instructions habituelles,
c'est-à-dire que la justice suive son cours. On a posé des
questions de détail cet après-midi. Le Solliciteur
général va y répondre.
Le Président: Une dernière question...
M. Bédard (Chicoutimi): Une dernière question
additionnelle.
Le Président: ... l'honorable député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le premier ministre et
le ministre des Finances, pour autant qu'il peut nous répondre, ont
été mis au courant, au moins verbalement, du contenu
général du dossier transmis par la CECO au Solliciteur
général?
M. Bourassa: M. le Président, je ne vois pas les raisons
d'être de ces questions. On essaie encore de lancer un autre ballon alors
que le gouvernement...
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourassa:... a pris des mesures. On essaie toujours de lancer
toutes sortes d'insinuations malveillantes...
M. Burns: C'est parce que vous ne vous sentez pas à l'aise
que vous...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une question ordinaire.
M. Burns: ... voyez ça.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre,
messieurs!
M. Bourassa: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une petite question
normale.
M. Bourassa: ... je pense qu'on n'a pas de leçon de vertu
à recevoir du Parti québécois, ni de son chef...
M. Burns: C'est une question normale qu'on vous pose.
M. Bourassa: ... y compris dans la question qui est
discutée.
M. Burns: On vous pose de petites questions, répondez.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Léger: Répondez.
M. Samson: M. le Président...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Une Voix: Répondez au moins.
Le Président: Un peu d'ordre, s'il vous plaît!
M. Charron: Ne faites pas semblant de savoir pourquoi on vous
pose...
Casino au Québec
M. Samson: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable premier ministre. Je veux savoir de l'honorable premier ministre
s'il est vrai que, en fin de semaine dernière, il a
déclaré que son gouvernement est encore disposé à
faire avancer le dossier concernant l'éventuelle installa- tion d'un
casino au Québec et plus probablement dans la région de
Charlevoix, au Manoir Richelieu.
M. Bourassa: II y a des problèmes juridiques, M. le
Président, qui empêchent le gouvernement, actuellement, de
procéder. Il y a des problèmes d'administration également.
Nous sommes encore au niveau des pourparlers dans cette question.
M. Samson: Est-ce que le premier ministre peut me dire s'il est
vrai qu'il aurait également déclaré que des pourparlers
sont en cours avec le gouvernement fédéral pour faire amender le
code pénal pour en arriver à pouvoir procéder à
l'instauration d'un casino au Québec?
M. Bourassa: II y avait eu des pourparlers. Mais je ne crois pas
que c'était des pourparlers officiels. Je ne crois pas qu'ils avaient un
caractère officiel. A ma connaissance, nous n'avons pas de document.
L'ancien ministre de la Justice m'avait signalé qu'il en avait
discuté avec les autorités fédérales mais je ne
crois pas qu'il y ait de démarche officielle comme telle pour
l'instant.
M. Samson: Est-ce que le premier ministre peut nous dire si c'est
l'intention de son gouvernement d'entreprendre des démarches
officielles, d'abord pour obtenir un amendement au code pénal, pour que
soit rendue possible l'instauration d'un casino au Québec?
M. Bourassa: Disons donc qu'avant de faire une démarche
officielle nous avons l'intention de voir les avantages administratifs ou les
possibilités administratives d'établir un tel casino. Le premier
choix, pour le gouvernement du Québec, reste La Malbaie. L'acquisition
du Manoir Richelieu peut être un élément de la situation
pour faire avancer le dossier. Il n'y a pas de décision finale qui a
été prise encore.
Le Président: Dernière question.
M. Samson: Une dernière question, M. le Président.
Justement, est-ce que le premier ministre peut nous donner une idée de
la date à laquelle il sera en mesure d'annoncer, suite à cette
étude administrative, si le gouvernement a l'intention de demander au
gouvernement fédéral d'amender le code pénal?
M. Bourassa: Je ne peux pas dire la date immédiate. Disons
que je pense que d'ici quelques mois on pourra être fixé sur les
avantages d'avoir un casino au Québec.
Le Président: L'honorable député de
Johnson.
Regroupement des chauffeurs de taxi
M. Bellemare (Johnson): Ma question s'adresse à
l'honorable ministre d'Etat aux Transports. Il a fait une déclaration le
5 décembre
concernant le regroupement des propriétaires et chauffeurs de
taxis à Montréal. Et dans sa déclaration du 5
décembre, il avait dit à un paragraphe particulier, je le cite:
"Des mesures législatives nécessaires devraient être
déposées à l'Assemblée nationale dès la
semaine prochaine".
Ma première question, M. le Président est celle-ci: La
Fraternité des chauffeurs de taxi de la conurbation de Montréal
peut-elle conserver son nom? La deuxième: Un amendement au
règlement no 6 où il est question que tous les membres de la
fraternité fassent partie de cette conurbation est-il déjà
fait et est-ce que le ministre étudie la possibilité de le
réaliser?
M. Berthiaume: M. le Président, quand je parlais des
amendements ou des dispositions législatives qui pourraient être
déposées cette semaine, en fait, elles ont été
déposées vendredi dernier ou au début de cette semaine. Il
s'agit de la loi amendant la Loi des transports. Dans le texte de ma
déclaration ministérielle de la semaine dernière, je
faisais référence à un contrôle des associations de
services et non pas à la formation comme telle d'une association de
chauffeurs.
En ce qui concerne les amendements au règlement no 6 qui
pourraient avoir comme objectif de protéger les chauffeurs en tant que
chauffeurs, ce n'est pas possible, étant donné que la Loi des
transports, à l'heure actuelle, ne permet que la formation de ligues de
propriétaires de taxis.
Cependant, je tiens à réitérer la volonté
que j'ai de proposer des amendements possibles comme je l'ai
déjà dit en Chambre aux lois du travail, en
coopération avec le ministre du Travail, pour permettre aux chauffeurs
de se regrouper comme travailleurs. Je l'ai dit la semaine dernière, je
tiens à le réitérer aujourd'hui. C'est ma volonté
de faire ces démarches. Maintenant, comme je l'ai déjà
expliqué, il n'est pas possible techniquement pour nous de faire marcher
en parallèle et l'organisation des propriétaires et
l'organisation des chauffeurs.
Nos ressources techniques sont quand même assez limitées.
Je compte qu'aussitôt que nous aurons réglé le
problème de l'agglomération A-11 en ce qui concerne les
propriétaires de taxis, nous pourrons mettre à la disposition des
groupements de chauffeurs ces mêmes ressources techniques de façon
à arriver à proposer des amendements soit à la Loi des
transports, soit aux lois du ministère du Travail, mais c'est un
processus qui pourrait être assez long, compte tenu de la
complexité du sujet.
M. Bellemare (Johnson): Question supplémentaire, M. le
Président. Le ministre n'aurait-il pas saisi l'occasion, puisqu'elle
était fortuite, de régler ce problème à fond
puisque la semaine dernière un magistrat de Montréal a
demandé de suspendre toutes les procédures à la nouvelle
ligue qui s'est formée d'une autre association, ce qui entraîne
sûrement des complications nouvelles? Cela aurait été
très facile d'assurer d'abord aux chauffeurs de taxi de Montréal
le nom de la
Fraternité des chauffeurs de taxi de la conurbation de
Montréal, et, deuxièmement, de faire le petit amendement qui a
été donné aux propriétaires de taxis. Cet
amendement au règlement no 6 aurait sûrement accordé cet
avantage qui aurait réglé le problème dans son ensemble
puisque la grande majorité est là. Je ne sais pourquoi le
ministre veut ressusciter ce débat qui a été assez
tumultueux. Quand on voit qu'il y a actuellement des chauffeurs...
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui. Très bien, M. le
Président. Non, mais le vote qui a eu lieu avant-hier prouve la
nécessité qu'il y a pour cette association de se tenir et de
prouver qu'elle est une association. Un meurtre est encore arrivé. Un
petit garçon de 24 ans a tué un chauffeur de taxi.
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. Bellemare: Ils demandent simplement d'avoir un syndicat qui
leur appartienne.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Berthiaume: Ecoutez, M. le Président. On parle de deux
problèmes qui se ressemblent à certains égards, sans aucun
doute. On parle, d'une part, du problème des propriétaires de
taxis et on pense au petit propriétaire, celui qui a de un à
trois taxis. Ce genre de propriétaires est un problème. Le
problème des chauffeurs est un problème analogue à
plusieurs égards, mais foncièrement différent,
étant donné qu'ils ne sont propriétaires de rien.
Là où les deux problèmes se ressemblent, c'est que
ce sont deux secteurs faibles de notre société, deux groupes
économiquement faibles, et c'est bien l'intention du gouvernement de les
rendre économiquement plus forts. Il n'y a aucun doute là-dessus.
Je désire le réitérer.
Maintenant, sur le plan juridique, le problème se présente
d'une façon complètement différente. La Loi des transports
nous donne les moyens d'établir un règlement qui s'appelle le
règlement no 6 qui touche les propriétaires, mais ne donne pas
les pouvoirs de toucher un autre secteur de l'industrie du taxi, soit les
chauffeurs.
On n'a pas les pouvoirs à l'heure actuelle. J'ai l'impression,
à première vue, à cause de discussions antérieures,
qu'il faudra amender les lois du travail pour pouvoir régler le
problème des chauffeurs. Je ne suis pas capable de faire les deux en
même temps.
Le député de Johnson a déjà
été membre d'un gouvernement. Il sait très bien qu'un
amendement aussi important au niveau des principes ne peut pas être
préparé dans quelques minutes. Il faut d'abord qu'il y ait des
rencontres pour bien définir le problème, il faut bien
définir la solution ensuite, passer au processus de rédaction des
lois, aller au comité de législation, au conseil des ministres et
finalement la faire adopter par l'Assemblée natio-
nale. C'est un processus qui prend sûrement trois ou quatre mois
au minimum.
Les ressources techniques que j'ai à ma disposition pour
régler le problème du taxi sont maintenant concentrées sur
le problème de l'agglomération A-11.
M. Bellemare (Johnson): II y a...
M. Berthiaume: J'aimerais terminer, M. le Président.
Le Président: Un instant, le ministre n'a pas
terminé.
M. Bellemare (Johnson): Je pensais qu'il...
M. Berthiaume: Je veux admettre toute l'importance de cette
question. Je ne veux aucunement en diminuer l'importance. Les ressources que
j'ai sont occupées au problème de l'agglomération A-11,
à Montréal, qui est le problème, dans la province de
Québec, au point de vue taxi. C'est le problème. Mes ressources
sont là dans le moment. On a un problème d'injonction et on va
voir, dans quelques jours, je l'espère, ce qui va arriver avec cette
fameuse injonction. On va voir si on peut avoir l'élection,
éventuellement, ou toute autre formule pour régler le
problème.
J'ai commencé l'étude de ce problème il y a
au-delà de deux ans. Cela me fait de la peine que cela prenne tant de
temps mais cela prend du temps. Là, on aboutit. Je ne suis pas pour
lâcher cela en plein milieu pour aller commencer à m'occuper d'un
autre problème, parce que là, je vais avoir deux choses qui vont
avorter.
Il y a une chose importante dans tout ce cas. Je comprends l'impatience
des chauffeurs de taxi et je suis totalement sympathique à cela. Mais si
les gars vont trop vite et ne sont pas appuyés techniquement, ils vont
se casser le nez. Je ne veux pas qu'ils se cassent le nez. Je les ai
rencontrés à midi et je leur ai dit qu'ils vont avoir l'appui
technique.
Je prévois qu'en janvier à moins qu'il n'y ait un
autre pépin extraordinaire qui survienne ce support technique
pourra leur être donné pour arriver justement aux objectifs
souhaités par à peu près tout le monde.
Le Président: Dernière courte question
additionnelle.
M. Bellemare (Johnson): Oui, certainement. Le ministre m'a dit,
dans sa réponse, qu'il avait rencontré à midi des gens de
la fraternité. Sont-ils partis satisfaits?
M. Berthiaume: Satisfaits, pas totalement. Candidement, je dois
vous avouer qu'ils ne sont pas totalement satisfaits. Ils aimeraient que je le
règle tout de suite. J'ai été obligé de leur
expliquer que je ne suis pas capable. Je pense qu'ils ont compris.
Le Président: L'honorable député de
Beauharnois.
Une question additionnelle? Dernière.
M. Burns: ... une partie de la réponse du ministre
lorsqu'il dit qu'il ne peut pas s'occuper parallèlement des deux
problèmes. Il nous dit qu'actuellement il s'occupe du problème de
la ligue des propriétaires et que, parallèlement, il ne peut pas
s'occuper du problème des chauffeurs de taxi. Est-ce que le ministre est
en mesure de se rendre compte qu'une telle attitude est préjudiciable,
à plus ou moins court terme, aux chauffeurs de taxi en ce sens que,
d'une part, la Ligue des taxis, elle, qui va se former et qui va devenir
éventuellement quelque chose de concret, pourra peut-être poser
des gestes qui causeront préjudice à un groupe de chauffeurs de
taxi qui n'ont plus d'organisme ou qui n'ont pas d'organisme pour se faire
représenter?
Deuxièmement c'est l'autre aspect que je considère
préjudiciable est-ce que le ministre se rend compte que tout
retard et toute hésitation de la part du ministère des Transports
dans ce domaine risque de causer une prolifération d'organisations de
chauffeurs de taxi, ce qui n'est sûrement pas dans le meilleur
intérêt des chauffeurs de taxi à Montréal?
M. Berthiaume: A la première question, M. le
Président, je reconnais qu'il y a danger que des gestes soient
posés par les propriétaires vis-à-vis des chauffeurs.
Mais, justement, dans la Loi amendant la Loi des transports, j'ai des
dispositions, si l'Assemblée nationale les adopte, pour me permettre de
réglementer les associations de services qui tendent à diminuer
ce danger. Je ne peux pas l'éliminer complètement. Je dois
reconnaître qu'il y a toujours un risque. Peut-être que par
d'autres actions plutôt "diplomatiques" on pourra éliminer ou
réduire ce risque au minimum.
En ce qui concerne la prolifération possible et peut-être
même probable des associations ou des fraternités de chauffeurs,
là encore il y a un danger. Je pense qu'il serait important, à
court terme, de donner au moins une assurance morale à des gens qui nous
apparaissent de bonne foi, soit ceux de la Fraternité des chauffeurs de
Montréal qui m'apparaissent de bonne foi. Je suis disposé
à les appuyer sauf que comme gouvernement, il est dangereux qu'on appuie
un groupe plutôt qu'un autre à la suite de rencontres assez
occasionnelles et sans reconnaissance officielle de ces groupes.
Mais je dois dire qu'ils m'apparaissent de bonne foi. Je suis
disposé, de ce côté, à leur donner l'appui que je
peux leur donner, compte tenu que j'agis au nom d'un gouvernement;
là-dessus, il faut que je sois prudent.
Ce que je conseille à ces gens je le leur ai dit quand je
les ai rencontrés c'est: Essayez donc de retenir vos gars et
n'allez pas trop vite; laissez aller les autres et ceux qui vont trop vite,
c'est à peu près certain qu'ils se casseront le nez. De
grâce, laissez ces gens-là se casser le nez tout seuls, si ce ne
sont pas des gens qui sont de
bonne foi, mais les gens de bonne foi, allez-y avec prudence, n'essayez
pas de tout faire dans le premier mois ni dans la première année,
parce que là vous vous casserez le nez. C'est tout ce que je peux dire
sur la question.
Le Président: L'honorable député de
Beauharnois.
Conférence de presse des Dubois
M. Cadieux: M. le Président, j'ai une question à
poser au Solliciteur général de la province. Les journaux de ce
matin nous rapportent en première page que la Commission d'enquête
sur le crime organisé implique deux journalistes dans un coup
monté par la famille Dubois.
On a appris que la conférence de presse, qui avait
été donnée par des amis de la famille Dubois et des gens
de la famille Dubois, pour dire qu'ils avaient été
maltraités par des gens de la Sûreté du Québec ou
par la police au Québec, fut une conférence de presse
truquée. Il y a une jeune fille qui a dit qu'elle avait la poitrine
brûlée; elle a avoué qu'elle s'était
brûlée elle-même.
A la demande des gens de la famille Dubois, il y a des journalistes qui
ont assisté à cette conférence de presse, ils ont dit que
c'était un coup monté et ils ont été
impliqués.
Je demande au Solliciteur général si,
parallèlement, il peut demander à la Sûreté du
Québec de faire enquête pour savoir si ces journalistes
étaient au courant, avant et pendant la conférence de presse, que
c'était une conférence de presse truquée.
M. Lalonde: M. le Président, dans ce cas-là comme
dans tous les autres cas qui sont révélés à la
Commission d'enquête sur le crime organisé, l'étude,
l'examen est fait des éléments de preuve qui sont
révélés. Dans celui-là, comme dans les autres, s'il
y a lieu de prendre des procédures judiciaires, si la preuve est
suffisante pour amener des personnes suspectes devant les cours, nous le
ferons.
Le Président: L'honorable député de
Saguenay.
Difficultés à la SAMOCO
M. Lessard: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre des Terres et Forêts et je la ferai aussi brève que
possible.
On se rappelle qu'il y a quelques mois la population de Sacré
-Coeur avait réussi à concrétiser un projet d'une certaine
importance, à savoir une scierie très moderne qui portait le nom
d'affaires de SAMOCO. Le ministre a-t-il été informé que
Montreal Trust a mis cette société en tutelle, depuis lundi, je
pense? Si oui, le ministre peut-il nous dire quelles sont, étant
donné qu'il y a une panique dans la population de la région, les
mesures concrètes qu'entend prendre le gouvernement pour éviter
que l'entreprise ne soit mise en faillite par Montreal Trust, d'autant plus que
le gouvernement a participé à monter cette société,
cet organisme. Il s'agit d'éviter des pertes non seulement au
gouvernement, mais aux citoyens de Sacré-Coeur et de la région,
qui ont investi dans le projet et également aussi d'éviter que
cette entreprise locale ne soit achetée peut-être par une
compagnie multinationale.
M. Toupin: M. le Président, il est vrai que cette
entreprise, SAMOCO, est présentement sous tutelle, demandée
d'ailleurs par les deux principaux financiers qui sont Roynat et BCN. Le
gouvernement actuellement n'a pas l'intention d'intervenir sous quelque forme
que ce soit, puisqu'il s'agit d'une entreprise privée majoritaire.
Chibougamau Lumber, je pense, est son président et, à ce titre,
nous considérons qu'il s'agit d'une entreprise privée. Je ne vois
pas comment le gouvernement peut, dans les circonstances actuelles, intervenir
à ce chapitre.
M. Lessard: M. le Président, REXFOR est aussi partie de
cette entreprise. Alors, je demande au ministre s'il a l'intention, sinon
directement par le gouvernement, mais au moins par l'intermédiaire de
REXFOR, de faire en sorte que cette société puisse intervenir
pour amener peut-être du sang nouveau ou de l'argent nouveau à
cette entreprise, afin qu'elle puisse continuer ses opérations et ne pas
tomber entre les mains, justement, d'une compagnie étrangère,
cela empêchant que des montants assez condidérables ne soient
perdus par la population.
Autre question supplémentaire, M. le Président: Est-ce que
le ministre pourrait me dire comment il se fait, alors qu'en date du 21 octobre
il annonçait que REXFOR devait acheter les copeaux des petites scieries,
que cette entreprise n'a pu vendre ses copeaux à la
société Donohue ou au moins à la société
REXFOR? Ceci a contribué pour une part très importante à
la mettre dans la situation dans laquelle elle est actuellement, en tout cas
pour une certaine part. Il y a $600,000 de copeaux qui ne sont pas vendus et
cela empêche la compagnie de payer au moins ses comptes courants.
M. Toupin: M. le Président, je ne connais pas toutes les
causes qui ont amené cette entreprise sous tutelle par les principaux
financiers mais le problème que vit présentement SAMOCO au niveau
des copeaux cela fait plusieurs o est vécu par les autres
entreprises aussi. Toutes les autres entreprises de sciage du Québec ont
à peu près les mêmes problèmes que SAMOCO à
ce niveau, sauf celles qui avaient des contrats d'approvisionnement avec des
usines de pâtes et papiers à plus long terme.
REXFOR a un programme que nous allons rendre public bientôt; j'ai
rencontré les administrateurs de scieries et je leur ai dit que REXFOR
interviendrait pour leur aider à se débarrasser des surplus de
copeaux; alors si ce n'est aujourd'hui ce sera demain, un communiqué de
presse sera
émis où on expliquera clairement l'attitude que prendra
REXFOR vis-à-vis des surplus de ce produit au Québec. Alors,
SAMOCO, à ce niveau, se situe au même niveau que les autres
entreprises.
Pourquoi Donohue n'a-t-elle pas acheté les copeaux de SAMOCO? Il
faudrait le demander à Donohue ou à SAMOCO. S'il y a des surplus
de copeaux, Donohue a les mêmes problèmes que les autres
entreprises; elle avait probablement des contrats d'approvisionnement avec
d'autres personnes. La distribution de ce sous-produit au Québec n'est
pas encore planifiée de façon intégrale mais un programme
d'approvisionnement se prépare au ministère. Au cours de la
prochaine année de fonctionnement nous serons en mesure d'offrir aux
scieries un programme plus complet, plus rationnel, de distribution de ce
sous-produit.
C'est dans ce contexte que se situe également le problème
de SAMOCO.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président: Dernière courte question, s'il vous
plaît!
M. Lessard: D'accord, M. le Président.
Le Président: Et courte réponse, si possible.
M. Lessard: M. le Président, c'est quand même
important dans la région. Je demanderais au ministre s'il peut
répondre à la première question que je lui ai posée
tout à l'heure, à savoir s'il a l'intention de demander à
REXFOR, qui est partie même dans le capital investi et qui est partie
dans cette usine, d'intervenir directement dans le dossier comme on l'a fait,
par exemple, pour Tembec dans Témiscamingue et comme on l'a fait aussi
pour des coopératives du Nord-Ouest où REXFOR est intervenue. Je
pense qu'il y a un dossier qui est d'une certaine importance et le ministre
devrait le traiter certainement avec sérieux. Est-ce que vous avez
l'intention de demander à REXFOR d'intervenir?
M. Toupin: M. le Président, REXFOR est intervenue
déjà dans certaines autres entreprises, notamment à
Taschereau, mais c'étaient des entreprises coopératives; il ne
s'agissait pas d'entreprises privées. Dans le cas qui nous concerne
présentement, c'est une entreprise privée dont l'actionnaire
majoritaire est un individu. Le député de Saguenay devrait
comprendre que, si, demain matin, je posais un geste économique pour
aider une entreprise comme celle-là, toutes les autres entreprises sur
le territoire qui ont des difficultés économiques seraient
justifiées de demander l'intervention du gouvernement et l'intervention
de REXFOR.
Un problème comme celui-là trouvera sa solution un jour ou
l'autre mais pour le moment le gouvernement n'a pas l'intention d'investir de
l'argent dans SAMOCO. Si REXFOR juge qu'elle peut trouver des solutions
acceptables pour éviter une faillite, elle pourra nous en informer. Je
rencontre d'ailleurs son président ces jours prochains pour discuter
avec lui et ce problème et celui de l'achat des copeaux dans l'ensemble
de la province de Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Juste une petite question
additionnelle, M. le Président.
Le Président: Messieurs, il y a deux députés
qui veulent poser une question depuis trois jours, du côté
ministériel. Nous avons déjà dépassé de dix
minutes la période des questions. Demain, peut-être? L'honorable
député de Lévis, une courte question, et l'honorable
député de Dorion.
Accostage périlleux à la traverse
Québec-Lévis
M. Chagnon: M. le Président, ma question s'adresse
à l'honorable ministre des Transports. Est-il exact que l'un des
traversiers qui naviguent entre Québec et Lévis et qui sont la
propriété du gouvernement a failli entrer en collision avec un
autre navire.
Dans l'affirmative, pourrions-nous avoir des explications du
ministre?
M. Mailloux: M. le Président, je pense que la
réponse que je donnerai au député de Lévis est
peut-être telle que la clientèle des bateaux-passeurs
disparaîtra pour quelques jours. De toute façon, cet
après-midi, à deux heures, un rapport m'a été remis
par mes officiers supérieurs, de même que par mon sous-ministre
attaché au transport des personnes, rapport dans lequel il a
été constaté que lors de l'accostage d'un navire ce matin,
un des moyens de contrôle entre la chambre du capitaine et celle des
machines, soit une valve qui doit être absolument ouverte durant la
manoeuvre extrêmement compliquée d'accostage, était
fermé. Cette valve étant fermée, il est indiscutable que
le moins que je puisse dire, c'est que l'accostage a été rendu
extrêmement périlleux et que n'eût été
l'expérience des plus valables du capitaine, un danger peut-être
plus grand aurait été envisagé.
M. le Président, quelques instants après ce rapport, j'ai
demandé à mes fonctionnaires de me donner le contexte dans lequel
un tel geste aurait pu être posé. L'on m'a fait rapport, avant mon
entrée en Chambre, qu'effectivement, depuis quelques jours, on
constatait à bord des traversiers du Québec que des mesures de
harcèlement durant les négociations des conventions de travail
avaient été décelées et qu'une demande avait
été faite que toute la négociation se fasse à la
table centrale. On m'a même informé, tantôt, à mon
entrée en Chambre, que la CSN se serait apprêtée, cet
après-midi, à donner une conférence de presse sur le
navire même, chose qui aurait peut-être été
décommandée.
Il est indiscutable, M. le Président, que je ne peux
préjuger de la conclusion de l'enquête qui a été
demandée aux officiers de la Sûreté du Québec et qui
est en cours actuellement. Mais s'il
s'avérait que nous retrouvions un geste
délibérément posé pouvant mettre la
sécurité publique en danger, je donnerais ordre
immédiatement, tant que la situation ne sera pas rétablie, de
prendre les navires et de les mettre en hivernage.
Je pense que ma responsabilité ne me permettrait pas de faire
autrement, quelle que soit la personne qui puisse être en cause, parce
qu'il a quand même eu un geste de posé entre le départ de
Lévis et l'accostage, je pense, puisque cette conduite était
ouverte lors du départ précédent, alors qu'à
l'arrivée cette conduite, qui ne peut être fermée par un
pur esprit, était complètement bloquée, rendant la
manoeuvre très périlleuse. Je ne ferai aucune autre
déclaration en dehors de la Chambre. Il ressort quand même que si
c'est un geste qui a été posé par quelqu'un qui est membre
de l'équipage, il sera difficile de qualifier une telle
irresponsabilité.
Le Président: Dernière question. Le
député de Dorion.
Salaire des technologistes médicaux
M. Bossé: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de la Fonction publique. Il s'agit des technologistes médicaux
du secteur hospitalier, c'est-à-dire des techniciens en radiologie et
techniciens en laboratoire. Ces derniers ont obtenu la parité salariale
en 1968 avec les infirmières, grâce à l'intervention du
médiateur spécial qui agissait alors pour le compte de l'Union
Nationale, c'est-à-dire le ministre actuel des Richesses naturelles.
Cette parité fut obtenue en tenant compte de la politique salariale du
temps, c'est-à-dire des facteurs de scolarité et de travail,
soir, nuit et jour, ainsi que des responsabilités...
Le Président: Question, s'il vous plaît.
M. Bossé: Oui. J'y arrive, M. le Président. Je
voudrais savoir du ministre de la Fonction publique si ces technologistes,
qu'on retrouve dans chacune ou à peu près des institutions
hospitalières, ont lieu d'espérer obtenir les mêmes 44% au
lieu des 27% qu'on leur a offerts, c'est-à-dire le maintien de la
parité salariale avec les infirmières, telle qu'ils l'avaient
obtenue en 1968.
M. Parent (Hull): Je ne voudrais pas m'ingérer dans les
tables sectorielles. C'est évident que la question que pose le
député demande une clarification pour préciser la nature
du geste qu'il me demande de poser, à savoir la conservation de la
parité de salaire avec les infirmières. Il est bien
évident que même si, à la table des négociations,
les clauses salariales peuvent être discutées, je ne pourrais
sûrement pas envisager la parité de salaire ou la conservation de
la parité de salaire des enseignants avec les technologistes,
contrairement à ce que nous venons de parapher, à
l'intérieur de la Fonction publique et à l'intérieur du
syndicat des professionnels de la Société des alcools. Cela irait
complètement à rencontre de ces deux ententes que nous avons
paraphées.
M. Bossé: Question additionnelle.
Le Président: Une seule question additionnelle.
M. Bossé: Une seule question additionnelle. Le
Président: Messieurs, s'il vous plaît!
M. Bossé: Justement, les technologistes médicaux
m'ont fait valoir l'argument suivant, à l'effet qu'ils espéraient
bien que le ministre de la Fonction publique n'utilise pas un groupe
minoritaire, parce qu'eux sont majoritaires en ce qui a trait au nombre. Et en
ce qui a trait à la comparaison de salaire par rapport à
l'Ontario, c'est $247...
Le Président: Question, s'il vous plaît!
M. Bossé: ... en comparaison de $170 dans la province de
Québec.
Le Président: Je crois qu'il n'y a pas lieu de donner de
réponse, il n'y a pas eu de question. C'est de l'argumentation ou de la
négociation.
Avant de passer aux affaires du jour, l'honorable député
de Montmorency m'a donné un préavis d'une question de
privilège.
Des Voix: Ah! Ah!
Question de privilège
de M. Marcel Bédard concernant
un article de journal
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, je veux
me prévaloir de l'article 49 de notre règlement parce que je
crois que mon intégrité comme député du
comté de Montmorency a été attaquée ce matin, dans
un article paru dans le Journal de Québec, lequel article s'intitule
"Les fusions: Saint-Michel-Archange à Beauport et Gérard Grenier
écarté. Signé, Gaétan Fontaine". En passant,
Gérard Grenier est le maire d'une des municipalités
regroupées, soit le maire de la ville de Villeneuve.
Je lis au début de cet article: "Saint-Michel-Archange ira
à Beauport. Obéissant à la logique ou cédant aux
menaces du député-maire de Beauport, le projet de loi no 255,
déposé hier par le ministre des Affaires municipales, et
prévoyant la formation du grand Beauport et du grand Charlesbourg, en
décide ainsi". Tout d'abord, je veux clarifier la situation et dire que
je n'ai fait aucune menace au ministre des Affaires municipales. Si un
député travaille pour les intérêts des citoyens de
son comté, on lance des accusations de ce genre; si le
député ne fait rien, on l'accuse de dormir.
Ce n'est pas l'intervention principale que je voulais faire, suivant cet
article 49. Ce qui est pire, c'est la fin de l'article, les trois derniers
paragraphes. On donne une très mauvaise information au public. Je lis
textuellement: "Un changement important, quant à la formation du conseil
provisoire
de Beauport, mérite toutefois d'être signalé.
Contrairement à la requête en fusion, le projet de loi ne
prévoit pas l'élection automatique du maire de Villeneuve, M.
Gérard Grenier, au sein du conseil provisoire, alors que les maires de
Cour-ville et de Montmorency, par exemple, doivent en faire partie. Pourtant,
l'apport financier de la ville de Villeneuve, l'agglomération..." Je
vous laisse le soin de continuer à lire l'article.
C'est complètement faux d'écrire quelque chose du genre.
Je référerais le journaliste en question à l'article de la
requête, l'article 4-b)i) qui devient textuellement, dans le projet de
loi no 255, l'article 5-b)1). Le seul changement a été de
remplacer le i) pour un 1). Je ne vous lirai pas cet article, mais la raison
fondamentale pour laquelle les maires de Villeneuve et de
Sainte-Thérèse-de-Lisieux pour l'information des membres
de l'Assemblée dans cette intégration des six
municipalités, ne font pas partie automatiquement du conseil provisoire,
c'est à la demande même de ces conseils municipaux, lors de la
préparation de la requête en juin dernier, et étant
donné que les conseillers étaient élus au suffrage
universel, contrairement à tous les autres conseillers de la côte,
c'es't pour cette raison que le maire de Villeneuve et le maire de
Sainte-Thérèse-de-Lisieux seront élus, s'ils viennent au
conseil par intérim, par les membres mêmes de leur conseil.
J'exige donc un article d'excuse de la part du journaliste en question
et je lui demande de rectifier les faits, s'il vous plaît!
M. Burns: Sinon? Le Président: Sinon?
M. Bédard (Montmorency): Sinon, M. le Président, je
verrai à me faire justice moi-même!
Le Président: A l'ordre, messieurs! Des Voix: Des
menaces!
M. Burns: M. le Président, je dois dire au
député que ce n'est pas moi qui ai écrit l'article!
Le Président: Affaires du jour.
Travaux parlementaires
M. Burns: M. le Président, avant les affaires du jour,
j'aurais une question, je l'admets, qui est frontière en vertu de
l'article 34. Je dis frontière en ce sens que cela pourrait être
une question que l'on poserait au niveau de la période normale des
questions.
M. Levesque: Essayez-la.
M. Burns: Non, je vais l'essayer, parce qu'on arrive à la
fin de la session. Alors, j'aimerais savoir du leader parlementaire du
gouvernement s'il a consulté, par exemple, le ministre des Affaires
sociales, qui, récemment, a annoncé à plusieurs or-
ganismes qu'il était prêt à déposer un projet de loi
à l'Assemblée nationale concernant les chiens guides pour les
aveugles.
Nous avons eu et je suis convaincu que, de l'autre côté de
la Chambre, il y a eu également un tas de représentations qui ont
été faites. Je voudrais savoir...
M. Cadieux: Cela va en prendre six en partant!
M. Burns: Si vous voulez faire des farces avec ça, je
trouve que c'est un sujet quand même très sérieux.
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: Je pense qu'il serait d'intérêt public,
à ce stade-ci, de savoir si le gouvernement a l'intention de
déposer ce projet de loi concernant les chiens guides pour aveugles,
dès la présente session.
M. Forget: M. le Président, il est peut-être trop
tôt pour parler officiellement d'une intention gouvernementale. Mais je
crois que je peux dire à cette Chambre un fait que connaissent
déjà les groupes intéressés de handicapés
que nous avons consultés à ce sujet: Je prépare, pour le
soumettre au conseil des ministres durant les prochaines semaines, un projet de
loi qui, entre autres problèmes, traite de cette question des chiens
guides et que nous cherchons à y apporter une solution d'ensemble
plutôt qu'une solution particulière.
M. Burns: Cela veut dire qu'on n'est pas en droit de s'attendre
que le projet de loi soit déposé au cours de cette session-ci.
C'est ça?
M. Forget: Certainement pas au cours de cette session-ci,
non.
Le Président: L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. Roy: En vertu de l'article 34, j'aimerais redemander au leader
de la Chambre, aujourd'hui, s'il y a une décision de prise concernant la
convocation, devant la commission parlementaire du travail et de la main
d'oeuvre, de la Commission des accidents du travail.
M. Levesque: Je le dirai aussitôt que je le pourrai, M. le
Président.
M. Roy: M. le Président, je ne voudrais pas faire une
question de privilège, ni une question de règlement. J'ai
posé la même question à l'Assemblée nationale avant
l'ajournement de nos travaux, le 27 juin dernier. J'ai reposé la
question depuis le 4 novembre. Et je reçois un "noui". Je veux savoir
si, oui ou non, le gouvernement a l'intention de convoquer la commission
parlementaire du travail et de la main d'oeuvre suite à une
motion qui a été adoptée en Chambre depuis deux ans
qui a été ajournée sine die à partir du
moment...
Le Président: A l'ordre! M. Roy: ... où on
avait...
Le Président: A l'ordre!... A l'ordre!... A l'ordre, s'il
vous plaît!... A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
Bon. Le début de la question a été posé. Je
ferais remarquer que surtout en vertu de l'article 34, on ne peut pas revenir;
on doit se satisfaire de la réponse donnée, même si on ne
la trouve pas satisfaisante. On doit l'accepter.
M. Levesque: Ma réponse est oui.
M. Roy: Quand, M. le Président? Quand?
M. Levesque: Dès que je pourrai l'annoncer.
M. Roy: M. le Président...
Le Président: A l'ordre! Messieurs!
M. Roy: ... je comprends qu'en vertu de l'article 34 je dois
quand même accepter la réponse du ministre, mais à la
condition d'avoir une réponse.
Le Président: A l'ordre!
M. Roy: On n'a pas de réponse.
Le Président: Un ministre est toujours libre de
répondre ou de ne pas répondre. Je m'excuse...
M. Roy: M. le Président, le fait est là...
Le Président:... on est lié par ce
règlement.
M. Roy:... il y a un ordre de la Chambre.
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre,
messieurs!
Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. Levesque: Article 14 au feuilleton, question de M. Bellemare
(Johnson), réponse de M. Quenneville.
Article 15, question de M. Bellemare (Johnson), réponse de M.
Quenneville.
M. Quenneville: Lu et répondu. (voir annexe).
M. Levesque: Article 28, question de M. Lessard, réponse
de M. Drummond.
M. Drummond: Lu et répondu. (voir annexe).
M. Levesque: Article 29, question de M. Lessard, réponse
de M. Tetley.
M. Tetley: Lu et répondu. (voir annexe).
M. Levesque: Article 53, motion de M. Morin, dépôt
de M. Levesque, documents déposés.
Article 54, motion de M. Morin, dépôt de M. Parent.
M. Parent (Hull): Documents déposés.
M. Levesque: Si on me permet, M. le Président, d'attirer
l'attention de cette Chambre sur l'article 70, pourrions-nous en disposer?
M. Burns: D'accord, M. le Président, on est prêt
à l'adopter.
Projet de loi no 250 Troisième lecture
Le Président: Article 70, l'honorable ministre des
Affaires sociales propose la troisième lecture du projet de loi no 250,
Loi modifiant de nouveau la Loi de l'assurance-maladie. Cette motion de
troisième lecture est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté, M. le Président. Le
Président: Adopté.
Questions inscrites au feuilleton (suite)
M. Burns: M. le Président, pendant qu'on nettoie le
feuilleton...
M. Levesque: Oui, l'article 83.
M. Burns: ... j'attire pour la troisième ou
quatrième fois l'attention du leader du gouvernement sur l'article no 34
qui est inscrit à mon nom...
M. Levesque: J'ai attiré l'attention des gens...
M. Burns: ... et sur l'article 41, qui est au nom du
député de Lafontaine, qui sont apparemment simplement pour des
photocopies de documents.
M. Levesque: J'ai également fait le nécessaire.
M. Burns: On demande simplement des photocopies de documents.
M. Levesque: Je n'ai pas perdu espoir d'avoir ces deux
réponses avant que nous ne nous quittions.
M. Burns: Et je vous signale, soit dit en passant, qu'il y aurait
au moins, si le leader du gouvernement... A moins qu'il nous dise que ce n'est
pas possible, je signale que les cas qui apparaissent au feuilleton aux
articles 1 à 12 ainsi que les articles 31 à 46 sont des choses
qui ont toutes été inscrites au feuilleton peu importe par
quel parti dans la première partie de la session, soit entre le
mois de mars et le mois de juin. Les autres, je comprends que c'est
peut-être trop récent,
car il y a des inscriptions aux mois de septembre, octobre, novembre et,
dans certains cas, décembre, mais est-ce qu'il y aurait au moins une
garantie ou une assurance que tous les efforts seront déployés
pour qu'on ait les réponses à ces questions ainsi que les
documents qu'on demande de déposer, qui remontent...
M. Levesque: Quant à moi, nous allons les avoir, mais
comme je le dis, j'ai fait récemment encore un effort particulier
auprès des divers ministères et organismes afin que l'on puisse
répondre à ces questions. Dès que je recevrai les
réponses et documents je les déposerai, comme je le fais
toujours. D'un autre côté, j'imagine qu'il y a des questions qui
prennent beaucoup de temps. Il y a des questions qui sont de...
M. Burns: Dans le cas de l'article 34, je suis sûr que ce
n'est pas dans l'intérêt du député de
Louis-Hébert que cela reste au feuilleton constamment comme cela.
M. Levesque: Non, mais j'ai attiré l'attention sur les
articles 34 et 41 d'une façon particulière, à la suite de
représentations du député de Maisonneuve.
Disons que je vais attirer l'attention sur tous les numéros,
voulez-vous?
M. Bellemare (Johnson): Le no 2, pour le sapin, ce n'est pas bien
difficile.
M. Levesque: Tous. Parce que si j'attire l'attention sur tous les
numéros qu'on nous mentionne, cela va être une discrimination
inexplicable pour ceux que vous n'avez pas mentionnés. Ils deviennent
minoritaires.
M. Burns: Surtout ceux qui ont été inscrits durant
la première partie de la session.
M. Levesque: J'ai compris.
M. Burns: II me semble que c'est important.
M. Roy: M. le Président, pour la question no 6...
M. Levesque: Je formule le même voeu.
M. Roy: Pour la ^question no 6, on nous avait dit qu'on avait
déjà des réponses au mois d'avril. On nous avait dit ici
à l'Assemblée nationale qu'il y avait déjà des
réponses au mois d'avril. Je me demande quel est le problème
parce qu'il y a...
M. Levesque: Vous pensez pas passer un bon Noël?
M. Roy: quand même une dizaine de questions qui sont
rattachées à la question principale.
M. Levesque: Le député de Beauce-Sud ne pourra pas
passer un bon Noël s'il ne sait pas combien de personnes accompagnaient le
premier ministre au cours de sa visite officielle en France au printemps
dernier?
M. Roy: M. le Président, il y a dix questions qui se
rapportent à cette grande question.
Des Voix: Ah! Ah!
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Roy: Je me demande pourquoi le gouvernement serait
gêné de dire qui accompagnait le premier ministre.
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Est-ce que le gouvernement est gêné de dire
qui accompagnait le premier ministre?
Le Président: A l'ordre!
M. Levesque: A moins que vous ne soyiez intéressé
à savoir qui...
M. Roy: Je suis intéressé à avoir des
réponses à mes questions, M. le Président. Je n'ai pas
l'intention de soumettre mes questions au leader du gouvernement avant!
M. Levesque: ... a coupé l'épinette à la
question no 2 au feuilleton?
Le Président: A l'ordre!
M. Levesque: On veut savoir, M. le Président, qui a
coupé le sapin ou l'épinette.
Le Président: A l'ordre! Ce n'est pas moi! A l'ordre!
Affaires du jour
Rapport sur le projet de loi no 252
M. Levesque: M. le Président, article 83). Est-ce que j'ai
le consentement pour faire passer une étape à l'article 83)?
J'attire l'attention "du député de Maisonneuve sur l'article 83)
ainsi que celle de mes collègues de Rouyn-Noranda et de Johnson.
M. Veilleux: II est préoccupé!
Une Voix: Adopté.
Des Voix: D'accord.
Le Président: Cela va?
M. Burns: Oui, d'accord, M. le Président.
Le Président: L'honorable député de
Beauce-Nord propose l'adoption du rapport de la
commission élue permanente des transports, des travaux publics et
de l'approvisionnement qui a étudié le projet de loi no 252, Loi
modifiant le Code de la route.
Des Voix: Un discours!
Le Président: Ce rapport est-il agréé?
M. Burns: Agréé, M. le Président.
Le Président: Agréé.
M. Levesque: Troisième?
M. Burns: Prochaine séance.
M. Levesque: Prochaine séance ou séance
subséquente.
Il y a deux projets de loi qui sont en troisième lecture, les
articles 84) et 85).
Le Président: Cela va?
M. Burns: D'accord, M. le Président.
Projet de loi no 193 Troisième lecture
Le Président: L'honorable député de Gatineau
propose la troisième lecture du projet de loi no 193, Loi refondant la
charte de la cité de Hull.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
Projet de loi no 198 Troisième lecture
Le Président: L'honorable député de
Roberval, pour l'honorable député de Saint-Louis, propose la
troisième lecture du projet de loi no 198, Loi concernant la ville de
Saint-Laurent.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
Travaux parlementaires (suite)
M. Levesque: M. le Président, nous allons siéger
lundi prochain si la session n'est pas terminée cette semaine. Je donne
un avis à cet effet. Ce sera à quinze heures, à moins que
je ne change cette motion mais je crois que quinze heures, c'est raisonnable
pour les gens qui doivent se déplacer. Alors lundi, quinze heures.
Nous allons également tenter de siéger demain matin mais
ce sera confirmé d'ici la fin de la présente séance. Nous
avions pensé pouvoir sié- ger ce soir mais ce fut impossible
à la suite des consultations. Les consultations ne sont pas
terminées quant à demain matin. Nous confirmerons d'ici 18 heures
mais il est probable que nous pourrons siéger demain matin à
partir de dix heures.
Une commission parlementaire commencera cependant à siéger
à neuf heures demain matin, soit la commission des finances, des comptes
publics et du revenu qui se réunira à neuf heures, dans la salle
91-A, aux fins de poursuivre l'étude du rapport du Vérificateur
général. Mais, à dix heures, on devra suspendre pour la
période des affaires courantes ici en Chambre et reprendre s'il y a lieu
à onze heures les travaux de cette commission. Ici, nous poursuivrons
l'étude, normalement, du projet de loi sur les services essentiels au
nom du ministre des Affaires sociales.
M. Burns: Dans l'éventualité d'un tel accord, M. le
Président...
M. Levesque: La motion privilégiée commencera
à quinze heures, je suppose.
M. Burns: J'irais plus loin que cela. Je le soumets à la
considération du leader. J'imagine qu'on va se voir dans le courant de
l'après-midi. Je soumets à sa propre considération la
possibilité que la période des questions ait lieu demain
après-midi quand même et que, demain matin, on puisse commencer
directement avec la législation, ce qui n'apparaîtrait pas comme
quelque chose d'impossible à faire si on veut véritablement
hâter les travaux. On aurait à ce moment-là vraiment trois
heures complètes.
M. Levesque: Ce serait peut-être mieux. Une Voix:
Bonne suggestion!
M. Levesque: On pourrait en décider demain matin en
arrivant.
M. Burns: On va se consulter dans le courant de
l'après-midi, j'imagine.
M. Levesque: D'accord.
M. le Président, cet après-midi, la seule commission qui
siègera, siègera à 17 h 15. Je pense bien que de17 h
15à18heures,onpourraitdisposerduprojet de loi sur la division
territoriale.
M. Burns: Oui.
M. Levesque: Alors, la commission parlementaire de la justice se
réunira au salon rouge, à 17 h 15, pour étudier article
par article le projet de loi relativement à la division territoriale. Au
feuilleton de ce jour, il apparaît sous le titre de "Projets de loi
inscrits au nom du gouvernement et transmis pour étude à des
commissions après la deuxième lecture". C'est le projet de loi no
8, M. le Président, que nous étudierons article par article au
salon rouge; donc, commission de la justice, à 17 h 15, et j'en fais une
motion, M. le Président.
Une Voix: Quand?
M. Levesque: Aujourd'hui.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: A quelle heure siégera-t-elle?
M. Levesque: A 17 h 15.
Le Président: Article 52). L'honorable
député de Saint-Jacques.
Motion de M. Charron concernant la situation des
assistés sociaux
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, cette motion inscrite au
feuilleton est déjà connue du ministre des Affaires sociales
depuis un certain temps. Effectivement, lors de l'étude du budget
supplémentaire qui contenait des sommes relativement importantes pour le
ministère des Affaires sociales, nous avons eu l'occasion de soulever un
certain nombre de questions attenantes à cette motion. Les
réponses que nous avons reçues étaient à ce point
insatisfaisantes qu'il nous est apparu essentiel de soumettre pour discussion
à l'Assemblée, cet après-midi, à nouveau, en bonne
et due forme, cette motion.
Le but de cette motion est clair. Dans quelques semaines c'est
déjà en retard par rapport à la promesse que nous avions
reçue au printemps dernier, à l'effet que tout cela serait rempli
en novembre 1975 ou dans quelques jours une nouvelle
réglementation de la Loi de l'aide sociale sera annoncée par le
ministre des Affaires sociales.
Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président, l'importance de
cette réglementation. Elle apportera, semble-t-il, des modifications
majeures à ce qui est actuellement, ni plus ni moins, que le
détail des conditions de vie d'un très grand nombre de
Québécois.
Jamais l'Assemblée nationale n'a eu, depuis l'adoption de la Loi
de l'aide sociale en 1969, l'occasion d'étudier non seulement cette loi,
mais la réglementation de la Loi de l'aide sociale, telle qu'elle fait
le quotidien, jour après jour, de la vie de nombreux
Québécois. La réglementation nouvelle que nous
connaîtrons est le résultat de plusieurs pressions; pressions
émanant en particulier des bénéficiaires de la Loi de
l'aide sociale qui ont, au cours des années, sous l'empire de cette loi,
tenté et réussi à l'occasion à s'organiser en
groupes devant assurer leur défense et promouvoir leurs revendications
les plus essentielles. Cette nouvelle réglementation interviendra
également à la suite de pressions nombreuses émanant des
membres mêmes de cette Assemblée, qui ont à être les
avocats ou les défenseurs ou à expliquer cette loi et cette
réglementation auprès de leurs commettants.
Je soutiendrai même que cette nouvelle ré- glementation est
aussi, en même temps, le fruit d'une cogitation à
l'intérieur même du ministère des Affaires sociales, car il
aurait fallu qu'il soit complètement borné pour ne pas
s'apercevoir que la réglementation actuelle, celle du 10 décembre
1975, est inadéquate. Leurs propres services ont dû
eux-mêmes se rendre compte que les services d'aide sociale
méritaient d'être modifiés et que cette loi et sa
réglementation devaient être changées.
Tout cela a été plaidé à plusieurs reprises
à l'intérieur du débat des crédits du
ministère des Affaires sociales. Au printemps dernier, nous avons obtenu
l'assurance qu'une nouvelle réglementation viendrait vers la fin de
l'automne. Nous sommes dans l'hiver avancé et cette
réglementation n'est pas encore apparue.
Depuis l'entrée en vigueur de la Loi de l'aide sociale, de la
réglementation attenante, plusieurs injustices ont été
signalées. Ce que nous demandons aujourd'hui par cette motion c'est que,
lorsque la nouvelle réglementation sera déposée, les
députés membres de la commission des affaires sociales puissent
je n'ai aucune objection à ce que la commission ouvre ses portes
à tous les autres députés non membres de la commission qui
auraient des représentations à faire poser des questions
et apporter des suggestions au ministre et aux technocrates qui l'entourent au
ministère des Affaires sociales pour effectivement améliorer la
réglementation qui nous sera proposée. Ou, à tout le
moins, M. le Président, ou à tout le moins, connaître, mais
cette fois-ci de vive voix et de façon claire, par un échange et
par un dialogue avec le ministre des Affaires sociales, les intentions du
ministre derrière la nouvelle réglementation, les buts, les
objectifs, les modalités. Parce que chacun d'entre nous a à en
être l'avocat, a à en être l'explicateur. Je connais
d'avance la réponse probable du ministre des Affaires sociales
puisqu'elle m'a été fournie lors de l'étude de son budget
supplémentaire.
L'occasion traditionnelle de l'étude des crédits à
chaque printemps n'est pas une occasion suffisante. Nous sommes, dans cette
période, obligés, dans des limites de temps très
sévères, d'étudier un budget qui, l'année
dernière, pour l'année en cours, était de l'ordre de $2.8
milliards. Le ministre sait lui-même qu'au cours de la dernière
période de l'étude des crédits, nous n'avons même
pas pu étudier de façon convenable le budget, par exemple, des
centres hospitaliers qui, à eux seuls, totalisent plus de $1.2 milliard.
Non pas que les députés manquaient d'intérêt mais
parce que les travaux d'autres commissions requéraient notre attention
ailleurs et aussi parce qu'une limite de temps nous est fixée.
Il est vrai que nous avons, au cours de ces débats, chaque
année, dans les limites, choisi d'aborder la question de la Loi de
l'aide sociale. Nous avons, à l'occasion, fait différentes
représentations, mais nous n'avons jamais, comme nous serait
donnée l'occasion si nous adoptions cette motion, l'occasion de discuter
une réglementation, point par point. Tout ce que les
députés peu-
vent faire à cette occasion c'est soulever des problèmes
et la plupart du temps se faire répondre que le ministère est
conscient des problèmes que nous soulevons et que, autrement dit, la
conscience produira des fruits dans une réglementation
annoncée.
Ce n'est pas de cela qu'il faut se satisfaire, il faut regarder la
réglementation ensemble. C'est le droit strict des
députés, s'ils sont les élus, d'étudier une
réglementation qui, comme je vous disais précédemment, M.
le Président, fixe les détails de la vie quotidienne de 400,000
Québécois. Ils sont effectivement 400,000 Québécois
dits assistés sociaux aujourd'hui. Selon les derniers chiffres que j'ai
en main, ils sont 102,584 personnes seules vivant donc de ce que cette
réglementation leur offrira. La majorité d'entre elles sont des
citoyens âgés de plus de 45 ans. 44,464 d'entre elles sont des
femmes chefs de famille, veuves, séparées légalement ou de
fait, divorcées ou littéralement abandonnées.
Cette réglementation touche donc une catégorie de nos
concitoyens qui connaissent les difficultés les plus pénibles
à vivre. Il n'est que juste, raisonnable et essentiel que
l'Assemblée consacre, dans l'intersession, en janvier et février,
quelque temps de l'énergie de ses membres à étudier ce qui
est une réglementation qui les touche directement. Si nous avons de la
considération pour ces gens, il ne s'agit pas uniquement d'en voter les
crédits globaux lors de l'étude de budgets, que ce soit le budget
annuel ou le budget supplémentaire, mais bel et bien d'étudier en
même temps la réglementation, les droits et les modalités
pour ces citoyens de toucher les sommes que l'Assemblée leur vote chaque
année.
La grande majorité de ces 400,000 citoyens est inapte au travail.
Donc que ce que nous fixons dans ce débat sont des conditions de vie,
pour la plupart du temps, jusqu'à la fin de leurs jours ou
jusqu'à ce que ces gens deviennent des pensionnés du
régime de pension de vieillesse du gouvernement fédéral,
qui n'est guère mieux, guère plus élevé en revenu
que ce que l'aide sociale peut offrir.
Voilà donc, M. le Président, de qui nous parlons. Ajoutons
un détail, qu'il y a à peu près 175,000 enfants
québécois qui vivent dans des familles dites d'assistés
sociaux et que les chances de réussite de ces enfants peuvent être
directement affectées par une décision ou par un règlement
attenant à ces décisions qui seront annoncées dans les
prochains jours.
M. le Président, il faut éviter que cette refonte
importante soit faite en vase clos, sans consultation, uniquement à
partir des bureaux du ministère, sans cela ce sera encore une fois une
réforme de technocrates, éloignée de la
réalité et sans que ceux qui en vivent aient eu l'occasion de se
prononcer. J'ai parlé, M. le Président, de l'intérêt
manifeste que les députés peuvent avoir, comme c'est leur
rôle et comme c'est leur devoir, d'intervenir dans ces conditions. Je
suis moi-même député d'un comté où 8,500 au
moins de mes concitoyens qui m'ont élu pour les représen- ter ici
sont directement touchés par cette réglementation.
Et je manquerais littéralement à mon devoir envers eux si
je n'insistais pas et d'autres députés y manqueraient
également s'ils ne se joignaient à moi, dans cette motion que
j'ai présentée, pour que nous ayons l'occasion de parler d'eux,
de leur condition de vie, de ce que l'Etat leur offre et de la façon
dont ils peuvent s'en tirer. Quand je fais cette demande d'étude de la
réglementation d'aide sociale par une commission parlementaire, c'est
d'abord et avant tout pour eux et parce que nous devons le faire que je le
fais.
Mais, M. le Président, et ce sera une dernière remarque,
il y a aussi dans cette motion un autre volet. Non seulement les
députés doivent-ils se faire, comme ils le doivent, les
porte-parole de leurs commettants et donc insister pour que la
réglementation soit étudiée en commission parlementaire,
mais ces gens eux-mêmes, outre leurs députés, se sont
donné au cours des années des regroupements qui sont des
porte-parole valables, qui connaissent le quotidien de ces gens et qui peuvent
eux-mêmes l'exprimer.
Le ministre connaît ces regroupements, je dis même que le
ministère des Affaires sociales, à l'occasion, a accepté
de lui-même de travailler avec ces groupes. Certains ont même
établi des kiosques dans des édifices appartenant au
ministère des Affaires sociales. C'est donc dire qu'ils sont des
porte-parole valables que nous devons entendre en commission parlementaire. Je
n'en nomme que quelques-uns, M. le Président, que mon expérience
au dossier des affaires sociales pour l'Opposition m'a amené à
connaître.
L'Association pour la défense des droits sociaux du
Montréal métropolitain, qui regroupe dix associations de quartier
sur le seul territoire de Montréal; l'Union des
défavorisés de Sept-lles; l'Association des femmes chefs de
famille de Chicoutimi; l'Association des bénéficiaires de l'aide
sociale de Rivière-du-Loup; l'Union des assistés sociaux de
Rimouski; l'Union des assistés sociaux d'Esprit-Saint; l'Association
pour la défense des droits sociaux du Québec
métropolitain; le Centre d'information populaire de Roberval;
l'Association des familles monoparentales du Saguenay-Lac-Saint-Jean; les
Avocates populaires qui oeuvrent dans la basse-ville de Québec, et
combien d'autres.
Ce sont des groupes qui n'existaient pas en 1969, lorsque la
réglementation qui les affecte aujourd'hui a été
établie par le gouvernement, en vertu de la loi no 26. En fait je dirais
même que ces groupes sont nés de cette réglementation,
à l'occasion, il est vrai, pour la combattre, mais c'était pour
se défendre. C'est parce qu'ils n'avaient jamais été
consultés sur cette réglementation qui fixait leurs conditions de
vie quotidienne qu'ils se sont, au cours des années, regroupés.
Ces regroupements ont été reconnus par le ministère des
Affaires sociales, au dire même du ministre, lors de l'étude des
crédits de son ministère au printemps dernier.
Car, effectivement, ces groupes peuvent
mieux que n'importe qui nous éclairer parce qu'il s'agit de leurs
propres conditions de vie. Les députés n'hésitent pas
à consulter des groupes socio-professionnels beaucoup mieux
structurés, qui ont souvent beaucoup plus d'argent et beaucoup plus de
prestige. Nous n'hésitons pas à envoyer des projets de loi en
commission élue pour permettre aux gens qui vivent directement d'une loi
de venir nous dire: Voilà, la loi que vous vous apprêtez à
adopter nous touche directement et nous croyons que vous devriez, à tel
ou tel endroit, la modifier. Les députés n'hésitent pas
non plus, à l'occasion, à modifier la loi lorsque les gens
directement touchés par elle viennent nous dire que nous faisons fausse
route.
Que dire, donc, de 400,000 Québécois qui peuvent aussi
venir nous dire à l'occasion et cela les touche dans ce qu'ils
mangent, dans ce qu'ils vivent, dans la façon dont ils sont
logés, dans la façon dont ils sont habillés et dans la
façon dont leurs enfants vont connaître une croissance normale ou
pas ce qu'ils pensent d'une réglementation qui fixe les
détails de leur vie quotidienne? Si nous n'hésitons pas pour les
gros et pour les puissants, nous ne devrions jamais hésiter à
adopter cette motion pour que ces gens viennent nous parler, ici à
l'Assemblée, de tel ou tel détail de la réglementation qui
affecte directement l'établissement de certains besoins essentiels dans
leur vie.
Je crois donc que l'Assemblée pourrait, en adoptant la motion que
j'ai présentée, littéralement non seulement émettre
un voeu mais, par l'adoption de cette motion, un ordre de la Chambre pour que
dès que la nouvelle réglementation promise et attendue
interviendra, sans vouloir la retarder ou sans vouloir lui nuire, mais pour
qu'elle soit meilleure parce que rarement une réglementation
touche autant de Québécois d'un seul coup et jusque dans les
détails de leur vie quotidienne cette réglementation soit
étudiée en commission parlementaire. Cela pour que nous ayons
l'occasion d'entendre les groupes que les assistés sociaux se sont
eux-mêmes donnés au cours des années et que ces groupes
viennent nous expliquer et nous aider à suggérer au ministre des
Affaires sociales, à l'occasion, des modifications et, à d'autres
endroits, recevoir des explications sur l'intention réelle d'une
réglementation qui, j'espère, sera déposée
très prochainement pour le plus grand bien des
bénéficiaires de l'aide sociale.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Rouyn-Noranda m'a signifié qu'il veut parler, mais il a oublié
ses notes et il est monté les chercher.
M. Lessard: M. le Président, cela nous permettra de
demander qu'on sonne les cloches puisque nous n'avons pas quorum.
Le Vice-Président (M. Blank): II n'y a pas quorum, est-ce
qu'on peut trouver des députés? Qu'on appelle les
députés, s'il vous plaît!
L'honorable député de Rouyn-Noranda. M. Camil
Samson
M. Samson: M. le Président, cette motion, qui est
présentée cet après-midi par le député et
qui vise à demander que soit convoquée la commission permanente
des affaires sociales aux fins d'étudier la situation des
assistés sociaux et des problèmes soulevés par
l'administration de la loi et des règlements de l'aide sociale et
entendre les représentations des personnes intéressées,
bien entendu, je ne peux faire autrement qu'être d'accord avec la
motion.
D'abord, toute l'administration de l'aide sociale au Québec est,
comme nous le savons, une administration assez douloureuse en fonction du genre
de travail que doivent exercer les employés du gouvernement, les
employés du ministère des Affaires sociales dans leurs relations
directes avec la population.
Or, il se trouve que les représentants du ministère des
Affaires sociales doivent rencontrer la population et leur expliquer
régulièrement les bénéfices qui découlent de
la Loi de l'aide sociale ou encore, dans plusieurs occasions leur expliquer
surtout pourquoi ils ne peuvent pas obtenir certains bénéfices
qui seraient nécessaires je ne dis pas des
bénéfices luxueux mais des bénéfices qui seraient
nécessaires dans plusieurs cas.
Même avec les annonces faites dernièrement qu'il y aura
hausse des allocations sociales, à partir du 1er janvier, de 11.2%,
même avec ces annonces, il reste que plusieurs injustices demeureront
dans l'administration de l'aide sociale. Je ne veux pas dire injustices en
provenance volontairement des fonctionnaires qui ont à appliquer la loi
mais injustices qui découlent directement de la loi et des
règlements.
Je voudrais, à l'appui de mon argumentation, faire savoir que
déjà, à l'occasion du débat sur les crédits,
au printemps dernier, nous avions soulevé plusieurs lacunes. Nous avions
soulevé et fait connaître plusieurs problèmes qui
découlent de la loi même et des règlements de l'aide
sociale.
C'est ainsi que j'ai souligné que, par exemple, dans le cas d'un
bénéficiaire de l'aide sociale qui demeure avec ses parents, soit
avec un parent, son père, sa mère ou encore le père ou la
mère qui demeure avec un enfant, à la maison, pour lui, les
allocations d'aide sociale sont plafonnées à $110 par mois. La
même personne qui désirerait demeurer plutôt chez un
frère ou une soeur, ou encore chez un cousin ou une cousine, ou encore
tout simplement chez des étrangers, pourrait avoir droit à un
bénéfice qui peut se chiffrer aux alentours de $195 par mois.
M. le Président, si je donne des chiffres approximatifs, c'est
que je n'ai pas les barèmes devant moi. Tantôt, j'ai tenté,
malgré que vous m'ayez donné un coup de main en appelant le
quorum, d'être aussi rapide que possible pour aller chercher mon dossier.
Malheureusement, je n'ai pas réussi à mettre la main sur tous les
documents dont j'aurais eu besoin. De mémoire, quand
même, à quelques dollars près peut-être, il
reste qu'il y a un écart entre une même personne qui demeurerait
chez ses parents ou qui demeurerait chez des étrangers, ce qui, à
mon sens, est inconcevable.
J'ai eu, il n'y a pas tellement longtemps encore, une lettre en
provenance du ministète des Affaires sociales concernant des cas
particuliers que j'avais soulignés à l'attention des officiers
supérieurs du ministère. Dans l'une de ces lettres, je me
rappelle que l'on m'a indiqué qu'au ministère on faisait
actuellement l'étude de ces cas en particulier. Jusqu'à ce
moment, en tout cas, je n'ai pas entendu dire qu'on avait trouvé une
solution ou qu'on allait annoncer prochainement une solution à ces cas
qui sont très particuliers, mais qui, quand même, entraînent
des injustices que je considère graves. En effet, une personne qui peut
être âgée d'une quarantaine d'années, qui est
célibataire, qui demeure avec son père ou sa mère ou les
deux, peut se voir restreindre l'aide sociale à environ $110 par mois,
alors que, si cette même personne décide d'aller vivre chez le
voisin, physiquement ou théoriquement, les services de l'aide sociale
pourraient considérer, dans un cas comme celui-là, un
bénéfice d'environ $195.
C'est pourquoi je considère que, dans un cas comme
celui-là, la commission parlementaire des affaires sociales pourrait
sûrement être un apport très important dans l'étude
de ces questions.
Justement, je pense que j'ai devant moi la copie d'une lettre qui
m'était envoyée par le directeur des règlements et normes
d'aide sociale, M. Jean-Yves Uhel. Je ne donnerai pas de noms, M. le
Président, mais il s'agissait d'un cas particulier. L'essence de la
lettre est ceci: M. Untel réside chez ses parents et, pour cette raison,
sa prestation d'aide sociale est limitée à $110 par mois. "J'ai
déjà eu l'occasion, dans une lettre toute récente, de vous
faire part des principes qui justifient cette disposition des règlements
de l'aide sociale. Cette disposition, qui a fait l'objet de critiques, est
cependant plus souvent remise en question lorsque le bénéficiaire
d'aide sociale concerné est invalide. "Dans le cas de M. Untel, qui est
aveugle, mais en réalité à travers le cas particulier des
bénéficiaires qui vivent chez un parent, ces critiques mettent en
relief de façon beaucoup plus générale certaines
difficultés résultant de l'absence de différences de
traitements dans l'ensemble du programme d'aide sociale entre les personnes
invalides et celles qui ne le sont pas. "C'est un débat fondamental de
la sécurité du revenu qui n'a pas encore reçu de solution
satisfaisante. Un groupe de travail fédéral-provincial sur la
sécurité du revenu se penche actuellement sur cette question et
devrait formuler des recommandations précises dans le courant de
l'année. "Ces recommandations sont susceptibles de conduire à des
modifications dans la réglementation de l'aide sociale. Il est cependant
encore trop tôt pour que l'on puisse en prévoir à la fois
l'ampleur et l'échéance."
Cette lettre était datée du 7 mars 1975. J'en ai d'autres
également qui font référence exactement aux mêmes
problèmes. L'une est signée par un directeur régional qui
nous fait comprendre à peu près la même chose,
c'est-à-dire que, si la personne concernée demeure en pension
chez sa fille, par exemple, et non plus chez son neveu, cela fait toute la
différence.
Voyez comme ce sont des cas très pénibles parce qu'une
personne bénéficiant de l'aide sociale a un barème
d'environ $195 parce qu'elle demeure chez un neveu et, si, par la suite, elle
décide de résider chez sa mère ou chez ses parents, elle
se voit réduire de telle sorte ses allocations sociales.
Evidemment, nous avons plusieurs cas particuliers sur lesquels nous
pouvons nous baser pour faire valoir qu'il y a lieu à un changement et
à une considération particulière pour ces cas.
La motion qui est faite ne met pas de date, ce qui veut dire que cette
commission parlementaire pourrait sans doute siéger à l'occasion
de l'intersession, c'est-à-dire au moment où nous ne sommes pas
pris par la session et au moment où il y aurait possibilité
d'inviter des groupes qui se spécialisent dans les questions d'aide
sociale.
Il y aurait évidemment le groupe du ministère qui pourrait
être là, les experts du ministère pourraient fournir
certaines explications et certains points de vue. Mais les groupes qui sont
organisés pour venir en aide aux assistés sociaux pourraient
aussi, je pense, avec la collaboration du ministère, venir faire valoir
certains points de vue qui pourraient sûrement être susceptibles de
jeter de la lumière dans le débat. D'une façon objective,
ils pourraient tenter ensemble, avec les députés, membres de la
commission, de formuler des suggestions objectivement et positivement de sorte
que ce débat puisse être des plus valables.
Bien sûr, s'il s'agit d'associations pour assistés sociaux
de certaines régions très éloignées, ces gens
n'auraient même pas la posbilité financière de se
déranger. Alors, si nous réclamons la tenue d'une commission
parlementaire, il faut également faire valoir immédiatement que,
pour certains groupes qui pourraient venir de loin, il y aurait lieu d'avoir
une assistance quelconque pour leur permettre le déplacement. Une
commission parlementaire où nous invitons tous les groupes
organisés qui s'occupent d'affaires sociales et surtout de l'aide
sociale, je ne voudrais pas que ce soit une commission parlementaire qui
permette seulement aux résidents de Québec, de Montréal ou
des environs de venir formuler leurs revendications. J'aimerais que la
permission soit donnée, avec les moyens nécessaires pour que ces
gens puissent se rendre devant la commission, ou que la commission prenne la
décision de mettre un budget quelconque à leur disposition,
budget qui pourrait être discuté sur une base raisonnable.
Evidemment, il ne s'agirait pas de faire venir de Rouyn-Noranda une
cinquantaine de personnes mais au moins un représentant de cette
région ou une représentante du mouvement des assistés
sociaux de Rouyn-Noranda ou du Nord-Ouest québécois ou encore
d'un autre mouvement d'assistés
sociaux éloigné. Un ou deux représentants
pourraient être invités à venir devant la commission.
C'est donc sur une note très objective, M. le Président,
que je considère que cette commission pourrait sûrement
déboucher, avec un débat raisonnable, sur des conclusions qui
pourraient permettre que l'aide sociale soit appliquée dans sa forme et
ses règlements d'une façon plus équitable pour tous.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Bourget
Rapport sur les projets de loi nos 211, 113, 123 et
170
M. Boudreault: M. le Président, j'aurais un rapport
à déposer.
M. le Président, qu'il me soit permis de déposer le
rapport de la commission élue permanente de la justice qui a
siégé le 9 décembre 1975 afin d'étudier le projet
de loi privé no 211 qu'elle a adopté sans amendement et les
projets de loi nos 113, 123 et 170 qu'elle a adoptés avec des
amendements.
Le Vice-Président (M. Blank): Ce rapport est-il
agréé? Agréé.
M. Léger: M. le Président, on donne notre
consentement pour le dépôt du rapport.
Le Vice-Président (M. Blank): D'accord. Rapport
déposé.
On continue le débat.
Le ministre des Affaires sociales.
Motion de M. Claude Charron (suite) M. Claude
Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. La motion qui est
débattue nous invite à considérer comme une question
d'urgence la convocation d'une commission parlementaire, la commission
parlementaire permanente des affaires sociales, pour étudier le
fonctionnement et l'application des règles actuelles de l'aide
sociale.
J'ai noté dans les propos du député de
Saint-Jacques qu'il reconnaissait lui-même que cette question a
déjà fait l'objet de l'attention du ministère; que nous
avons d'ailleurs déjà eu l'occasion, lors de l'étude des
crédits, de lui indiquer que nous avions l'intention de déposer,
de publier de nouveaux règlements complètement
révisés et refondus de l'aide sociale, qui faisaient suite, de
notre côté, à la conscience que nous avons des
problèmes d'application, des difficultés d'application de cette
loi.
Ayant eu de sa bouche l'admission qu'il connaissait notre projet, qu'il
avait eu l'occasion de prendre connaissance, pour une certaine part, de nos
intentions dans ce secteur, je m'interroge sur l'opportunité de la
motion qu'il a présentée, parce que, en même temps il nous
affirme qu'il en a assez d'entendre parler d'intentions, qu'il désire
voir des propositions concrètes et que, d'autre part, sachant que cette
réglementation nouvelle s'en vient, il désire
immédiatement une commission parlementaire qui ne pourra faire autre
chose, dans l'immédiat, que de discuter d'intentions, discuter de
projets de modification.
En effet, jusqu'au moment où une réglementation sera
connue et appliquée, il est inévitable que toute discussion
détaillée de l'application de l'aide sociale devra se limiter, de
notre côté, à des déclarations d'intentions, puisque
c'est parce que tout le processus de l'approbation gouvernementale à des
propositions qui sont déjà formulées n'est pas
terminé que nous ne pouvons pas publier ni appliquer ces
règlements. Donc, dans le contexte d'une discussion sur l'application de
la loi, application qui se fait sur la base des règlements actuellement
en vigueur, nous serions forcément limités aux mêmes
généralités que le député de Saint-Jacques
déplore, que je déplore aussi, mais qui ne peuvent être
surmontées que par la préparation, l'adoption, la publication et
l'application de nouveaux règlements.
Il dit que l'étude des crédits est un cadre
inapproprié pour l'étude de la réglementation de l'aide
sociale. Il a en partie raison, M. le Président, mais en partie
seulement. Parce que j'ai un très bon souvenir des séances en
commission parlementaire pour l'étude des crédits, et je sais
très bien que nous avons passé le plus clair du temps sur les
trois premiers articles, les trois premiers programmes du ministère des
Affaires sociales, qui sont précisément les programmes qui
appartiennent à l'aide sociale. Nous avons passé
littéralement des dizaines d'heures sur la discussion de l'application
des règlements actuels et, pour autant que l'on veuille se consacrer
à l'étude des règlements actuels, de l'administration
telle qu'elle est faite de la loi dans le moment, nous avons déjà
eu amplement l'occasion de parcourir ce chemin-là dans tous les sens,
non seulement avec le député de Saint-Jacques, mais avec son
collègue qui, anciennement, assurait pour l'Opposition l'étude de
ce dossier des affaires sociales en général, donc à plus
d'une reprise.
Mais, je devine très bien que ce n'est pas seulement à une
discussion sur la situation de l'aide sociale à l'heure actuelle, sur
les règlements actuels de l'aide sociale à laquelle l'Opposition
nous invite à participer. C'est sur l'évolution de cette loi,
l'évolution de cette réglementation et l'évolution
au-delà de la loi et des textes réglementaires du régime
d'aide sociale lui-même que l'Opposition nous incite à avoir une
discussion. Je pense qu'il est toujours approprié de discuter de
l'évolution de l'aide sociale et nous le faisons nous-mêmes de
plusieurs façons. Nous le faisons d'abord dans le cadre de la
révision de cette réglementation et dans la vie de tous les jours
de ce programme extrêmement important qui fait l'objet d'une
évolution constante. J'aimerais, dans ce contexte, situer
un peu ce débat qui ne peut être utile à ce
moment-ci que précisément si on essaie de voir depuis le
début de son application tout le chemin qui a été
parcouru.
On n'a pas à se reporter tellement loin en arrière, en
effet, pour tracer l'histoire de cette mesure sociale de première
importance. Ce n'est, en somme, qu'en 1970 que l'on a commencé à
vivre sous ce régime de l'aide sociale. Seulement pour fixer les
esprits, il est utile de se rappeler que cette Loi d'aide sociale est
intervenue pour mettre fin à une période prolongée, une
période qui s'étend aussi loin que le rôle du gouvernement
dans ce secteur où l'arbitraire, la discrétion presque absolue du
gouvernement était le régime général.
Avant, en effet, la Loi d'aide sociale, nous vivions sous un
régime mixte qui permettait d'accorder à certaines
clientèles telles que les invalides, telles que les aveugles ou les
mères nécessiteuses ou les chômeurs à long terme,
des prestations déterminées selon les règles qui
étaient propres à chacune de ces clientèles, et qui
attribuait au-dessus de ces lois spécifiques un rôle
discrétionnaire extrêmement large à la Commission des
allocations sociales telle qu'elle était connue à
l'époque. Ce régime beaucoup de membres de cette
Assemblée s'en souviennent sans doute était marqué
au coin de l'arbitraire le plus complet.
Des attributions étaient faites sur la base d'évaluations
souvent subjectives, en l'absence de critères rigoureux et on obtenait
la situation paradoxale suivante selon laquelle des individus, dans des
circonstances identiques et ayant des besoins identiques, recevaient des
prestations sociales fort différentes. On dira: Tout ceci est l'histoire
du passé. Mais il est utile de se rappeler que ce passé a
existé et qu'il a existé à une période passablement
récente. Il a fallu plus de sept ans pour sortir d'un système
comme celui-là, et plus de trois ans pour exploiter les ressources de la
nouvelle loi fédérale de l'assistance publique,
décrétée en 1966, pour finalement mettre en vigueur les
recommandations du rapport Boucher, publié en 1963, et qui recommandait
précisément l'établissement d'un régime
général de soutien du revenu pour tous les
défavorisés, évitant ainsi les situations où une
personne qui n'appartenait à aucune des catégories
spécifiquement reconnues dans les lois se trouvait assise entre deux
chaises, pour ainsi dire.
A la suite de la proclamation de la Loi d'aide sociale en 1970, nous
n'avons pas eu immédiatement un régime qui soit vraiment
satisfaisant. En effet, même si la loi était assez bien
définie quant à son orientation, son application, comme on le
sait, laissait très largement à discuter et à
désirer.
Il y avait, bien sûr, des problèmes sur lesquels je
n'insisterai pas de la formation du personnel, personnel nouveau pour une
tâche également nouvelle, l'installation à travers tout le
territoire du Québec d'un très grand nombre de bureaux. La
formation de ce personnel, son orientation, tout ceci a nécessité
littéralement des années pour que nous sortions de cette
période première d'apprentissage et que nous ayons un
système qui administrativement soit viable.
Mais laissons ces considérations administratives.
Considérons plutôt la façon dont cette loi était
administrée et considérons l'importance des besoins
spéciaux de cette caisse de dépannage dont les
déboursés mensuels étaient presque égaux aux
déboursés de la paie régulière. Cette caisse
spéciale servait à toutes les fins et continuait dans les faits
la tradition établie par la Commission des allocations sociales,
c'est-à-dire la tradition des attributions discrétionnaires de
montants qui allaient dans toutes les directions et pour toutes les causes,
contribuant ainsi à projeter du système de l'aide sociale une
image éminemment critiquable, prêtant flanc à des abus de
toutes sortes. Ces abus, qui étaient évidemment soulignés,
impressionnaient la population et les contribuables et, dans le fond,
pénalisaient les assistés sociaux en donnant d'eux une image
fausse et en donnant du régime une image abusive, une image de mauvaise
administration, une image de dilapidation des fonds publics.
Ce n'est qu'à force de modifications patientes et parfois
très difficiles dans la réglementation de l'aide sociale et dans
son administration qu'il a été possible de mettre fin à
cet arbitraire et d'en arriver à une transformation progressive de
l'aide sociale qui en fait aujourd'hui, de façon beaucoup plus
réelle que dans le passé, un véritable régime de
sécurité du revenu; régime partiel certes, mais
régime véritable de droit social qui permet à tout
individu de savoir exactement où il en est vis-à-vis de l'aide
qu'il peut avoir de l'Etat et qui permet à l'individu d'obtenir des
décisions qui sont justes au moins dans le sens suivant, mais le sens
essentiel qu'il n'est pas traité différemment qu'un autre
individu ayant les mêmes besoins et se trouvant dans des circonstances
analogues.
Cette évolution a été, encore une fois,
pénible, parce que certains des changements qu'il a fallu apporter pour
obtenir cette transformation n'étaient pas nécessairement
populaires, n'étaient pas nécessairement toujours
agréables. Ils ont dû, dans bien des cas, être
appliqués avec énormément de discernement et
énormément de patience, en tenant compte des droits acquis qui
ont toujours été respectés dans l'administration de l'aide
sociale.
Des développements autres que ceux relevant proprement de l'aide
sociale ont aussi contribué au contexte évolutif des
dernières années. Il y a eu, il y a quelques années,
l'adoption de la Loi de l'aide juridique et la création, donc, d'une
ressource de consultation et d'assistance qui est utilisée de
façon intensive par les assistés sociaux pour leur aider à
mieux définir leurs droits et à mieux les revendiquer.
C'est un développement qui, bien sûr, a un impact direct
sur ceux qui utilisent de tels services, mais qui ne peut pas ne pas avoir de
répercussion sur la façon dont la réglementation de l'aide
sociale est conçue et sur la façon dont elle est
appliquée. En effet, si l'administration de l'aide sociale devient la
cause ou l'occasion de demandes formelles devant un tribunal d'appel, il est
clair que les motifs de l'octroi ou du refus d'une prestation sociale devront
être beaucoup mieux
explicités, les règles d'application beaucoup plus
claires, beaucoup plus rigides, puisqu'il s'agit de façon très
concrète, de façon très réelle, d'un
véritable droit que l'on peut revendiquer devant un tribunal et qu'il
n'est pas permis d'être vague, d'être imprécis, puisqu'il ne
s'agit pas, bien évidemment, de transférer l'autorité
administrative, sur un programme de cette envergure, des administrateurs aux
juges.
Il s'agit, bien sûr, de s'assurer qu'il y a une distinction, une
division des tâches qui reposent essentiellement sur des
règlements clairs, des règlements explicites qui sont
appliqués par des administrateurs, dans un premier temps, et dont
l'application est sujette à révision par un tribunal d'appel,
dans un deuxième temps.
Ce développement de l'aide juridique, même s'il est
étranger comme tel à l'aide sociale, a nécessairement et
continuera d'avoir des répercussions très importantes sur l'aide
sociale. L'année 1975 a été particulièrement
fructueuse en leçons de ce côté puisque nous avons eu,
comme tout le monde le sait, au moins deux décisions et peut-être
même davantage qui affectent profondément la façon dont
l'aide sociale est susceptible d'être utilisée. Je fais allusion
à la décision rendue en février de cette année
relativement au statut du gréviste face à l'aide sociale, dont on
a parlé en cette Chambre à l'occasion d'une question il y a
quelques jours, et je fais allusion également à une
décision rendue en novembre relativement aux mères
célibataires.
Je ne veux pas m'attacher, ici, au fond de la question, mais nous avons
deux exemples où l'administration ou, si vous voulez, les
administrateurs de l'aide sociale avaient défini, par directives
internes, une interprétation légitime à défaut
d'autres indications plus positives, plus autorisées, de la loi et des
règlements, qui avait un sens bien défini dans chacun de ces deux
cas. Il se trouve que dans chacun de ces deux cas la Commission d'appel de
l'aide et des allocations sociales, en février, et son successeur, la
Commission des affaires sociales, en novembre, en ont décidé
autrement.
Le but de mes remarques à ce sujet est de souligner que nous
sommes maintenant dans un système qui voit son évolution
infléchie non seulement par des procédures administratives, non
seulement par des directives internes, mais de façon fort
déterminante, sur des points extrêmement importants, par une
commission administrative, un tribunal. Sauf pour le nom, c'est essentiellement
un tribunal qui jouit de la même autonomie, de la même
indépendance vis-à-vis de l'administration que tout autre
tribunal. Ces deux décisions, à mon avis, sont la
démonstration éclatante de cette indépendance.
Donc, il y a eu cette loi de l'aide juridique et l'utilisation qui en
est faite et les retombées sur le système, mais il y a d'autres
facteurs qui influent également sur l'évolution des
règlements. Il y a, depuis deux ans on dira que deux ans c'est
très long une discussion qui est peut-être une des
discussions les plus importantes qui aient eu lieu au Canada depuis la guerre
pour ce qui est de l'évolution de nos politiques sociales, une
discussion qui s'est faite au sein des conférences
fédérales-provinciales, à laquelle j'ai cherché
à donner à toutes les occasions possibles toute la
répercussion imaginable dans la mesure où cela dépend de
moi seul. Je crois que les propositions qui sont avancées de part et
d'autre, dans le cadre de cette revue de la sécurité sociale au
Canada, seront déterminantes pour notre avenir et mettent en jeu des
questions qui sont d'une extrême importance et sur lesquelles l'opinion
publique devrait se prononcer. J'aurai, au cours des prochains mois, encore une
fois l'occasion de faire connaître plus complètement le
développement de la position du Québec relativement à
cette question de la sécurité du revenu, relativement à
cette question de la supplémentation du revenu qui est un prolongement
normal de l'aide sociale? Mais il reste qu'en parallèle, donc, avec
l'évolution administrative, l'évolution judiciaire nous avons eu
l'évolution de l'ensemble du problème de la
sécurité du revenu qui, lui aussi, a des retombées
certaines sur l'aide sociale, sur la façon dont ce régime est
conçu, sur la façon dont ces règlements sont conçus
et administrés.
C'est à la lumière de ces considérations que les
règlements qui seront bientôt publiés, qui seront
bientôt appliqués et administrés ont été
formulés. Leur formulation a été extrêmement
laborieuse, et pour cause, parce qu'il a fallu faire le point sur tous ces
plans: sur le plan administratif, sur le plan proprement juridique et sur le
plan aussi de l'évolution d'un régime de sécurité
du revenu qui n'est pas à un point mort, mais qui, a un moment de son
existence, où de nouveaux développements, inévitablement,
viendront s'inscrire dans nos lois, dans le cadre de la collaboration
fédérale-provinciale puisque, quelle que soit la conjoncture
économique et c'est une question de temps pour qu'elle
s'améliore, tout le monde le sait il faudra, un jour, envisager
cette question et il faudra, un jour, y faire face...
Donc, il n'est pas étonnant, dans un contexte aussi complexe,
aussi difficile, que nous ayons mis un délai plus important que nous ne
l'avions espéré au départ. J'ai moi-même dû
retourner pour plus amples études, à plus d'une reprise, les
projets qui m'étaient présentés. Il faut dire
immédiatement que nous débouchons sur une réglementation
qui va à la limite de ce pourquoi la Loi de l'aide sociale actuelle a
été conçue. Une des questions qu'il faudra essentiellement
se poser au cours des mois à venir, c'est de savoir jusqu'à quel
point la loi de 1969, promulguée en 1970, continue à être
un support adéquat pour un programme qui est beaucoup plus complet,
beaucoup plus rigoureux, beaucoup plus précis et beaucoup plus important
dans ses implications futures que la commission Boucher de 1963 l'avait
envisagé et que les législateurs de 1969 avaient osé
l'entrevoir également.
Lorsque ces règlements seront publiés, lorsqu'ils auront
reçu un début d'application lorsque l'expérience nous aura
instruits sur le succès ou
l'insuccès je ne veux pas présumer du succès
dans tous les cas de cette nouvelle formulation des règlements
à résoudre un certain nombre de problèmes qui nous sont
bien connus... Je ne veux pas prendre le temps de cette Chambre pour redire,
encore une fois, tous ces problèmes auxquels il faut trouver des
solutions et auxquels, je crois, nous avons trouvé des solutions. Mais,
encore là, il ne s'agit pas seulement de regarder des textes; il s'agira
de voir, le moment venu, si ces textes nouveaux nous apportent effectivement
des réponses efficaces aux questions posées.
C'est la raison pour laquelle je crois que cette motion est
prématurée, non pas prématurée dans le sens absolu
qu'il faut, bien évidemment, considérer les problèmes,
évaluer des solutions possibles, mais prématurée dans le
sens où nous sommes à la veille, enfin, après des
délais évidemment très grands, de disposer de
réponses. Avant de juger de ces réponses, avant de juger de cette
nouvelle réglementation, il faut au moins en faire un essai, un essai
pragmatique, un essai réel et ne pas limiter notre évaluation
à ce que seule peut nous donner une discussion théorique en
commission parlementaire des mérites supposés ou des
démérites d'une réglementation qui n'aurait pas subi
l'épreuve de l'expérience, l'épreuve du temps, d'au moins
un temps minimum nécessaire pour voir si cette expérience est
valable ou pas.
C'est pour cette raison que, sans nécessairement juger
déplacé le souhait de l'Opposition de discuter de l'aide sociale,
puisque nous sommes, en tout temps, disposés à en discuter
nous l'avons fait et nous le ferons encore, amplement, en long et en large, et
dans tous les sens, mais sans remettre en question l'opportunité, en
principe, de discuter de l'aide sociale je crois que le débat que
recherche l'Opposition, est malvenu à ce moment-ci. Il tombe un peu en
porte-à-faux puisqu'il porterait essentiellement, à ce moment-ci,
sur des règles d'application, sur un style d'administration qui sera
désuet, qui sera périmé dans quelques semaines. Avant de
pouvoir former un nouveau jugement sur de nouvelles règles, il faudrait
au moins prendre le temps de voir ce que donneront ces nouveaux
règlements et de juger d'après une expérience vécue
plutôt que d'après des conceptions théoriques ou
d'après des préconceptions ou des préjugés, ce qui
est encore pire.
En concluant, M. le Président, je voudrais inviter les membres de
cette Assemblée à ne pas retenir cette motion puisqu'elle est
inopportune à ce moment. Encore une fois, il m'apparaît
nécessaire et même souhaitable que toute cette question de l'aide
sociale fasse l'objet de débats, et je suis sûr que nous pourrons
le faire durant les prochains mois et que nous devrons même le faire.
Même si l'Opposition ne souhaitait pas le faire à ce moment, il
faudrait trouver des occasions d'en discuter, mais cette fois sur la base de
choses réelles plutôt que de simples notions
théoriques.
M. Samson: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Est-ce que j'aurais la permission de poser une
question au ministre à ce moment?
M. Forget: Oui, bien sûr.
M. Samson: En ayant tenu compte des propos du ministre, je
voudrais lui demander ceci, si la motion se présentait autrement. Si au
lieu de dire, par exemple, que cette Assemblée est d'avis que la
commission permanente des Affaires sociales doit siéger sans
délai, si les mots "sans délai" étaient enlevés, le
ministre aurait-il la même approche ou pourrait-il considérer
recevable la motion?
M. Forget: M. le Président, je ne sais pas, à ce
moment, ce que voudrait dire précisément une telle motion
puisque, à moins de contenir une certaine indication quant au temps,
cela peut demeurer un voeu un peu trop abstrait, mais peut-être que je me
suis mal avisé sur la procédure. Ce n'est pas impossible.
J'aimerais y réfléchir avant d'indiquer si je pourrais être
d'accord ou non, parce que je ne suis pas sûr que je comprends bien le
sens de la motion à ce moment.
M. Samson: Toujours en guise de question parce que je ne
peux pas faire autrement que de poser une question au ministre sans
fixer de délai, après la mise en application de la
réglementation dont il est question et à l'usage de cette mise en
application, le ministre croit-il qu'après cela il pourrait y avoir lieu
de tenir une telle commission parlementaire? S'il croit que oui, la motion ne
pourrait-elle pas être considérée comme une
déclaration de principe? Une fois qu'on aura commencé à
appliquer les nouveaux règlements, nous accepterions aujourd'hui le
principe d'une réunion en commission parlementaire pour faire le point
sur la nouvelle réglementation.
C'est dans ce sens que je voulais faire mon intervention. Si le
règlement me le permettait, je pourrais peut-être donner mon point
de vue au ministre mais le règlement ne me le permettant pas, je suis
obligé de le faire sous forme de question.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Beauce-Nord. Ah! je pensais que le ministre...
M. Samson: J'ai posé une question. Il y a un petit
caucus.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): II est en consultation.
Le ministre consulte.
M. Forget: M. le Président, effectivement, tel que
formulé par le député de Rouyn-Noranda, il me semble que
c'est tout à fait conforme au sens de mes remarques. Il faudra, une fois
une certaine expérience acquise dans la nouvelle réglementa-
tion, la réévaluer. Maintenant, ceci étant dit, je
n'ai évidemment aucun ordre à donner à l'Assemblée
nationale. Mais pour le principe je suis tout à fait d'accord que l'on
examine le fonctionnement de la nouvelle réglementation après
qu'un certain temps, pas des années bien sûr, se sera
écoulé de manière à pouvoir prendre un certain
recul vis-à-vis de la nouvelle réglementation et en
évaluer l'efficacité.
M. Samson: A ce moment, je voudrais demander au ministre s'il
accepte une nouvelle question de ma part. Ceci dit, le ministre accepterait-il
de recevoir la motion si elle était amendée dans le sens que je
l'ai suggéré, c'est-à-dire les mots "sans délai"?
Je ne peux plus l'amender, mon droit de parole est terminé, mais il y a
d'autres opinants qui pourraient peut-être suggérer un amendement.
J'aimerais recevoir une indication du ministre, à savoir s'il pourrait
considérer la motion comme recevable si elle était
amendée.
M. Forget: Ecoutez...
M. Lessard: Le sens de la motion.
M. Forget: S'il y a un amendement formel, on pourra le voir, mais
il me semble que ce n'est pas nécessaire, dans les circonstances,
puisque j'indique au député qu'il n'y a, de notre
côté, aucune objection, le moment venu et quand nous jugerons
collectivement qu'il est opportun de le faire, à ce que la commission
parlementaire soit convoquée pour l'étude de cette
réglementation après que nous en aurons acquis une certaine
connaissance à l'usage. Mais je ne vois pas l'utilité d'aller
plus loin que cela à ce moment-ci.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Beauce-Nord.
M. Denis Sylvain.
M. Sylvain: M. le Président, la motion du
député de Saint-Jacques invite les membres de cette Chambre
à se prononcer pour ou contre la convocation de la commission
parlementaire des affaires sociales pour entendre spécialement des
groupes d'assistés sociaux aux fins que le ministère et les
membres de cette Chambre puissent mieux se prononcer sur la Loi de l'aide
sociale existante et la réglementation qui en a découlé
depuis quelques années. Quoique je ne puisse présumer du
succès ou de l'insuccès de cette motion à l'heure actuelle
je voudrais quand même reconnaître que cette motion du
député de Saint-Jacques me permet d'apporter quelques
commentaires sur cette Loi de l'aide sociale et sa réglementation.
Je dirai simplement que la Loi de l'aide sociale ou l'aide sociale en
tant que telle et la réglementation, même si, parmi des groupes
d'individus les mieux nantis de notre société, on y trouve
souvent à redire, il faut considérer la nécessité
d'une Loi de l'aide sociale. C'est bien évident.
C'est peut-être en reconnaître trop ou en dire
déjà beaucoup pour ce qui est reconnu.
Le ministre a dit, dans son intervention sur cette motion, en outre, que
le changement de système de la Loi de l'aide sociale et de la
réglementation plaçait tout groupe d'individus faibles
économiquement dans un même panier ou vis-à-vis d'une
même loi d'aide sociale. Je crois qu'il faut reconnaître que
certains groupes d'individus ou d'assistés ont, dans l'étude de
chacun de leurs dossiers, certains besoins spéciaux à
démontrer au niveau du ministère des Affaires sociales pour avoir
davantage de revenus.
Il faudrait quand même expliquer, si le ministre nous dit qu'une
nouvelle réglementation découlant de la Loi de l'aide sociale
devrait suivre au début de l'année 1976, qu'à l'heure
actuelle trois problèmes fondamentaux, au niveau de la Loi de l'aide
sociale et de sa réglementation, apparaissent.
M. le Président, pour ceux qui ont à oeuvrer comme
députés à l'intérieur de comtés ruraux ou de
régions qui sont plus marginales que d'autres, où le revenu
moyen, pour la population, est faible et où le taux de chômage
prévaut plus qu'ailleurs, nous sommes souvent appelés à
interpréter ou à aider à interpréter cette Loi de
l'aide sociale et sa réglementation. Plusieurs cas nous sont soumis.
Ainsi, je voudrais simplement noter cette question de
réglementation pour essayer de calculer financièrement les
revenus que devrait procurer la Loi de l'aide sociale à un
assisté social. Il m'apparaît que dans un groupe d'assistés
sociaux où particulièrement la loi ou la réglementation
est inadéquate, c'est ce problème qu'a la famille nombreuse, qui
peut compter cinq, six ou sept enfants et où un adulte est en charge de
la famille, soit la femme à cause du décès du mari ou
à cause du divorce ou de la séparation de corps des
époux.
Voilà un cas concret qui m'a été soumis il y a deux
semaines. Une femme ayant à sa charge six enfants me disait qu'au niveau
des revenus, elle pouvait compter, certes, sur la Loi de l'aide sociale avec un
maximum de $297 par mois, sur un autre revenu lui provenant des allocations
familiales provinciales de $41 et des allocations familiales
fédérales de $191 pour établir un revenu mensuel à
$529. En comparaison, dans l'ordre de ses dépenses mensuelles, il lui en
coûtait au-delà de $525 seulement pour deux choses. C'est facile
à comprendre. Mettre $75 par semaine pour la nourriture, à
l'heure actuelle, à mon sens, ce n'est pas trop. Ce qui lui
coûtait cher aussi, notamment, c'était le logement. Elle avait
été obligée de déménager de ville pour
essayer de trouver, à elle et ses six enfants, un logement convenable,
et ce logement convenable de $225 faisait que la dépense seulement en
nourriture et logement se chiffrait par $525.
Ce qui est défectueux à l'heure actuelle, dans le contexte
où on a connu l'inflation et où le logement est plus difficile
à trouver, c'est que, dans la réglementation actuelle du
ministère, le barème quant au logement soit de $85.
Si nous devons avoir une nouvelle réglemen-
tation, une réglementation révisée, au cours des
prochaines semaines ou des prochains mois, il faudra sans doute que, dans le
calcul du revenu des familles, surtout pour les familles nombreuses, ce
critère d'appréciation d'un logement soit pris en
considération pour qu'en fait, véritablement, ces revenus
correspondent au logement.
Même si le ministre disait qu'avant la loi actuelle et cette
réglementation il existait un système où on avait voulu
faire des groupes d'assistés sociaux et faire des calculs particuliers
pour chacun des groupes, je ne suis pas d'accord en totalité avec le
ministre surtout pour deux groupes qui sont mis dans de telles positions ou
sont forcés d'être des assistés sociaux souvent.
Nous avons les handicapés physiques et les veuves. Il faut
prendre la peine de discuter et de visiter ces groupes qui, souvent, sont
forcés d'être des assistés sociaux. Pour quelqu'un qui a
ses deux mains, ses deux jambes et une bonne tête, c'est peut-être
facile d'aller sur le marché du travail ou de faire un effort principal,
mais pour celui qui est un handicapé physique, même si la
réglementation actuelle reconnaît des besoins spéciaux,
socialement il faut donc dire qu'on devrait, sortir de la Loi de l'aide sociale
actuelle et de la réglementation pour calculer précisément
les revenus dont ce handicapé physique a besoin. Sans doute, des moyens
de transport, sans doute des besoins spéciaux, comme je le disais, sont
reconnus. A l'heure actuelle, dans le contexte où ce handicapé
physique a des besoins de logement très particulier, a besoin de soins
très particuliers, on me dira: Les soins sont fournis quasi gratuitement
au Québec, mais ces sortes de soins aux handicapés physiques et
notamment des soins de garde ne sont pas toujours fournis dans le contexte
où on les calcule, avec la réglementation à l'heure
actuelle.
Pour ce qui est des veuves, hier la motion du
député de Saint-Jacques me permettra d'en parler une veuve
me faisait part d'un revenu d'aide sociale de $196, alors qu'elle pouvait
garder sa résidence suite au décès de son mari, mais
affectée d'une hypothèque qui lui coûtait $70 par semaine.
Donc, cela lui laissait un revenu mensuel de $126 pour vivre, avec compte de
téléphone, avec nourriture, avec habillement, avec logement et
avec différentes autres dépenses se rapportant à la simple
petite vie quotidienne d'une personne qui est ainsi frappée.
Vous savez, il est facile pour une femme de vivre avec un époux
qui, lui, est le gagne-pain, mais cela devient très difficile moralement
pour une personne seule indépendamment des ressources financières
qu'une personne peut avoir. Cette veuve, qui est l'ancienne épouse d'une
personne qui avait eu, dans sa vie, l'occasion de faire de l'argent ou avait eu
la prévision de prendre des polices d'assurance, vous dira
déjà que c'est énormément difficile de continuer
cette vie sans être affectée par ce besoin de revenus qui,
à l'heure actuelle, n'est pas ou est très peu
considéré au niveau de la veuve en particulier et des
handicapés physiques.
La motion du député de Saint-Jacques nous invite à
nous prononcer sur ce besoin que nous aurions d'entendre les assistés
sociaux, ou les assistés sociaux représentés par
groupes.
Je comprends que les groupes ou les associations de handicapés
physiques du Québec, je comprends aussi que les associations de
veuves... Il n'existe pas au Québec d'associations de veuves
représentatives dans tous les comtés, mais dans la région
de la Chaudière et en particulier dans Beauce-Nord et dans Beauce-Sud
j'ai eu l'occasion de rencontrer ces associations de veuves. Est-ce que c'est
la seule façon de faire des représentations au ministère
des Affaires sociales que de passer par le biais de cette motion ou par le
biais de cette présence des groupes devant les commissions
parlementaires? Je ne le pense pas. J'ai beaucoup de difficultés
à comprendre pourquoi on voudrait interroger, interroger et
réinterroger des groupes.
Quotidiennement, ou du moins pendant les fins de semaines ou hors
session, nous sommes, je pense, de par notre fonction, collés à
ces groupes qui ont besoin, à un moment donné, d'être
épaulés. Pour ma part, M. le Président, je n'ai pas
attendu une motion comme celle du député de Saint-Jacques. Le
ministre des Affaires sociales et le ministre d'Etat aux Affaires sociales
reconnaîtront que les associations des veuves et les associations de
handicapés physiques, celles qui sont mal reconnues
financièrement par la loi et qui ont des contraintes à
l'intérieur de la Loi de l'aide sociale et de la réglementation,
ont déjà présenté certains rapports et certaines
prétentions par la voie de documents ou par celle des
députés représentant le comté. J'ose être
persuadé à l'heure actuelle que la nouvelle réglementation
devant être déposée au cours des premiers mois de
l'année 1976, elle pourra correspondre davantage aux besoins, aux
aspirations et aux attentes de ces groupes de handicapés physiques et de
veuves, en particulier. Je ne voudrais pas non plus minimiser cette question de
la reconnaissance, à l'heure actuelle, du besoin de logements
adéquats et en conséquence la reconnaissance du besoin d'un
revenu à l'intérieur de la réglementation qui corresponde
plus facilement, en 1975 et en 1976, à un revenu décent et
adéquat pour permettre à une famille, notamment pour une veuve ou
une femme séparée avec cinq, six ou sept enfants, de trouver un
logement qui permette réellement une vie décente aujourd'hui.
Je voudrais en terminant, M. le Président, et avant finalement de
me prononcer sur cette motion, reconnaître qu'à l'heure actuelle,
bien que l'ensemble de la population, l'ensemble des couches sociales n'accepte
pas souvent ce système d'aide sociale au Québec, et cette
réglementation d'aide sociale, dire qu'il faut reconnaître et que
je reconnais d'abord et avant tout que nous sommes obligés socialement,
que nous sommes obligés moralement d'aider financièrement le
gouvernement, ces assistés sociaux et ces plus démunis dans notre
société. C'est bien évident. La chose que je
déplore énormément à l'heure actuelle,
c'est qu'à chaque fois qu'on devrait parler d'assistance sociale
ou de réglementation concrète pour régler les
problèmes au niveau des assistés sociaux au Québec, il
semble que seul le gouvernement, à part quelques groupes qui sont
très marginaux, veuille s'occuper des assistés sociaux.
M. le Président, je finirai en disant que vous n'avez qu'à
considérer l'ensemble des clubs de service qui, à l'heure
actuelle, oeuvrent dans des domaines qui ne sont pas particuliers à des
problèmes d'assistance sociale. Il m'a été donné de
regarder je voudrais par là essayer de passer un message, du
moins aux clubs de services de ma région le fonctionnement et les
buts ultimes visés par les clubs de services de ma région. Le
plus souvent je suis loin de leur en faire le reproche ces clubs
de service vont s'orienter vers des services à une classe de la
population, jeune ou vieille, qui est capable déjà de s'offrir
des services sur le plan financier. On n'aura qu'à donner l'exemple de
tous les clubs de services qui, à l'heure actuelle, financent des clubs
de hockey, des ligues de hockey mineur, etc. C'est déjà louable
mais il faudrait, à l'intérieur de notre société et
à l'intérieur des villes, qu'on arrête de donner au
gouvernement la tâche de toujours et toujours faire le travail
d'assistance sociale et le financement des assistés sociaux, qu'on
regarde les particuliers souvent former un club et s'occuper de ces
assistés sociaux.
Alors, M. le Président, je dirai simplement qu'à l'heure
actuelle, la motion du député de Saint-Jacques me paraît
non pas inopportune, mais peut paraître, comme disait le ministre tout
à l'heure, prématurée. Il faudrait, selon moi, regarder
avant tout, si la réglementation qui sera en cours au début de
l'année 1976 peut correspondre à certaines aspirations et
à certaines attentes de ces groupes qui se sont exprimés à
l'intérieur de la collectivité des assistés sociaux. Quant
à moi, au début de l'année 1976, je voudrais savoir si les
représentations faites principalement au niveau de quelque amendement
à la Loi de l'aide sociale et de la réglementation, je voudrais
savoir si cette nouvelle réglementation en tiendra compte. M. le
Président, une motion semblable pourrait être
présentée un peu plus tard, quand on aura eu l'occasion
d'expérimenter ces nouvelles formules ou cette nouvelle
réglementation de l'aide sociale. Il serait important, à mon
sens, non pas tellement de convoquer des dizaines ou des dizaines de groupes
pouvant représenter les assistés sociaux pour faire
enquête, puisque l'enquête, je le répète, on est dans
une position, si on veut la faire, de la faire tous les jours, mais de pouvoir
discuter, à tout le moins en commission parlementaire des affaires
sociales. Au moins, que les députés puissent s'exprimer,
vis-à-vis du ministre des Affaires sociales, sur cette nouvelle
réglementation une fois expérimentée.
De toute façon, je ne rejette pas du revers de la main et sans
considération la motion du député de Saint-Jacques. Tout
simplement, pour moi, elle devrait être présentée alors
qu'il y aurait une espèce d'expérimentation de cette correction
que le ministère veut amener. Je remercierais simplement le
député de Saint-Jacques de ce moyen qui, à
l'intérieur des règlements, aura permis au moins au
député de Beauce-Nord de se faire entendre sur un problème
qui, hélas je ne connais pas à fond et qu'il m'est donné
de connaître de plus en plus grâce aux contacts que j'ai avec cette
classe de personnes moins nanties de notre société et que nous
devons continuer à aider de cette façon.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Taschereau.
M. Irénée Bonnier
M. Bonnier: M. le Président, je vais commencer
tranquillement, je sais que le ton va monter, sans qu'il en soit de ma faute.
La question de l'aide sociale, M. le Président, c'est une question que
tous les députés de cette Chambre connaissent assez bien. Nous
avons eu l'occasion de répondre à des questions sur lesquelles
nous avons tous eu l'occasion, dans nos bureaux de comté ou ailleurs, de
nous arrêter. Je pense, M. le Président, qu'on ne cessera pas de
parler de ce terme que je n'estime pas particulièrement, le terme "aide
sociale", tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas, dans nos
sociétés, ce qu'on est convenu d'appeler, actuellement, le revenu
minimum garanti.
Il est difficile, je le sais, que ce revenu minimum s'installe. Il y a
déjà eu des commissions d'enquête à ce propos et il
est évident qu'une conception d'un revenu minimum garanti supposerait
qu'on réexamine l'ensemble de nos mesures de sécurité
sociale et de revenu garanti pour en faire un seul programme. Il y a quelques
années, à la suite d'un certain nombre d'enquêtes, nous
avons fait d'un faisceau de lois sociales un seul tout, alors que nous avions
un certain nombre de mesures de sécurité sociale éparses.
De même qu'il fut possible de réaliser cette loi sociale, je pense
qu'éventuellement il nous faudrait également trouver la solution
pour établir cette idée de revenu minimum garanti qui, à
mon avis, respecte davantage la personnalité des individus que cette
terminologie d'aide sociale qui se réfère continuellement
à des individus qui sont considérés comme un peu marginaux
dans notre société.
Cette nécessité de l'aide sociale ou d'un revenu minimum
s'impose dans nos sociétés. C'est ce qui rend peut-être la
discussion plus difficile. Elle s'impose à cause de nos changements
technologiques, d'une part, à cause également de la fermeture
d'un certain nombre d'entreprises, c'est-à-dire des changements dans les
marchés, d'autre part. Elle s'impose également parce qu'un
certain nombre d'individus sont atteints de problèmes physiques, de
problèmes mentaux. L'autre jour, j'écoutais un chansonsier pour
lequel j'avais, auparavant, un certain respect, mais mon respect commence
à diminuer non pour le chansonnier lui-même, mais pour sa
composition, quand il disait que la meilleure façon d'assassiner un
homme, c'est de lui procurer de l'aide sociale.
A mon avis, quelqu'un qui connaît le fonctionnement de nos
sociétés modernes, de quelque type que ce soit, est obligé
d'admettre que tous les individus ne sont pas capables, également, de
pourvoir à leurs propres besoins.
Dans quelque société, dans quelque système
économique et social que nous nous trouvions, dans les différents
pays à travers le monde, il y a malheureusement un certain nombre
d'individus qui ont de la difficulté à s'ajuster à
l'évolution même de la société, tant sur le plan
social que sur le plan économique. Et, de ce fait, il est bien
évident que des mesures de sécurité du revenu, de
sécurité sociale ou même de revenu minimum vont s'imposer
dans l'avenir.
Et il ne faudrait pas regarder comme étant des êtres
inférieurs ceux qui, malheureusement, à une certaine
époque de leur vie et je pense que cela peut nous arriver
à nous autres comme à nos voisins doivent avoir recours
à ces mesures que tout Etat qui se respecte doit mettre sur pied. Et ce
n'est pas pour ces individus demander une aumône mais un droit
réel en tant qu'humain et participant dans une
société.
Evidemment, tout système comme celui-là suppose une
certaine réglementation. Je suis d'accord avec les députés
qui disent que les règlements d'aide sociale, puisqu'il faut utiliser ce
mot à l'heure actuelle, sont parfois défectueux. Ils sont mal
compris par un certain nombre de bénéficiaires d'aide sociale,
d'une part, et, deuxièmement, dans bien des cas, ne correspondent pas
tout à fait à des besoins.
C'est bien sûr que nous avons vu apparaître, à cause
de ces difficultés d'interprétation, un certain nombre de
groupements, tels les avocats populaires en particulier, qui se sont
donné comme mission d'aider les bénéficiaires d'aide
sociale à comprendre cette loi et cette réglementation.
Nous avons tous été témoins de
bénéficiaires d'aide sociale qui avaient droit à tel et
tel bénéfice, qui, malheureusement, ne pouvaient pas le recevoir
parce que l'agent d'aide sociale ou d'assistance sociale avait
interprété le règlement de telle et telle
façon.
C'est bien certain qu'il y a eu des impairs de commis, il y a même
eu des injustices qui ont été commises dans le passé
vis-à-vis d'un certain nombre de bénéficiaires.
Je pense que c'est pour cela que nous avons demandé
l'ensemble des députés, je le pense bien, est d'accord
avec les groupes de population, avec les bénéficiaires de l'aide
sociale eux-mêmes, qu'il y ait une révision de la
réglementation. Or, cette réglementation s'en vient, elle est
toute prête. J'avais l'occasion, il y a à peine une semaine, de
discuter avec un groupe de bénéficiaires d'aide sociale justement
sur l'importance de cette réglementation. C'est bien sûr que ces
gens avaient un point de vue quant au revenu qu'ils devraient recevoir, quant
à l'interprétation de certaines données comme, par
exemple, quelle était la quantité d'argent qu'un
bénéficiaire devait avoir.
M. le Président m'a fait signe qu'il est six heu- res et je
demande l'ajournement. Il me fera plaisir, si vous êtes d'accord, de
continuer la semaine prochaine.
M. Levesque: M. le Président, y a t-il une motion
d'ajournement du débat? Oui.
Le Président: Cette motion d'ajournement du débat
est-elle adoptée? Adopté.
M. Levesque: M. le Président, après consultation,
nous en sommes venus à une entente que je voudrais voir confirmée
par la Chambre. C'est que nous ne siégerons pas ce soir. Nous allons
ajourner à demain matin, dix heures. Nous procéderons demain
matin avec l'étude du projet de loi au nom du ministre des Affaires
sociales relativement aux services essentiels en cas de conflit de travail, le
projet de loi no 253, dont nous disposerons avant treize heures.
Il n'y aura pas de période de questions à dix heures afin
de permettre que le débat se termine avant treize heures. A quinze
heures, nous reprendrons la séance par la période des questions
et les autres affaires courantes pour ensuite passer à la motion
privilégiée. Je pense que c'est le consensus.
M. Burns: Entièrement d'accord, M. le Président. Je
présume qu'il s'agit là d'un ordre de la Chambre à compter
de maintenant.
Le Président: Je vais le déclarer. Si je comprends
bien, il y a deux volets à votre motion: Que l'Assemblée
siège demain matin à dix heures et qu'on passe directement aux
affaires du jour, qu'elle siège jusqu'à treize heures...
M. Levesque: Ou, si on a fini, avant.
Le Président: ... et qu'au plus tard à treize
heures, le vote soit pris sur la motion de deuxième lecture du projet de
loi no 253...
M. Burns: Non, non, M. le Président. Je ne pense pas. Je
pense que cela dépasse... Ce que j'ai dit, en tant que
représentant de l'Opposition, c'est que je présumais que tout le
travail sur le projet de loi no 253 serait terminé, en principe, avant
une heure. Je ne voudrais pas, cependant, que cet aspect devienne un ordre de
la Chambre.
Si je ne peux pas le prévoir, il n'y a personne ici qui
puisse le prévoirle débat prend une allure telle que tout
le monde veut s'en mêler, je ne veux pas qu'on brime les droits
d'intervention sur un projet de loi aussi important que le projet de loi no
253.
Ce que j'ai dit au leader du gouvernement, tout à l'heure, au
cours de nos discussions, c'est qu'en calculant simplement le fait qu'entre
autres le ministre a un droit de parole d'une heure, que le
député de Saint-Jacques a utilisé son droit de parole
d'une heure au nom de l'Opposition, que le député de
Rouyn-Noranda a utilisé son droit de parole d'une heure, à toutes
fins pratiques il ne
reste qu'un droit de parole d'une heure et c'est celui du
député de Johnson. En principe également, si on fait tous
ces calculs, on est en droit de croire qu'on aurait terminé
l'étude du projet de loi en deuxième lecture avant une heure,
mais je ne voudrais pas, quand même, que cela devienne un ordre.
M. Levesque: D'accord.
M. Burns: Ce que j'accepte qui devienne un ordre, c'est que la
période des questions soit remise à demain après-midi et
qu'on siège demain matin.
M. Bienvenue: C'est une motion juris et de jure.
M. Burns: II y a une présomption, comme dit le ministre de
l'Immigration, juris et de jure, c'est-à-dire juris tantum et non pas
juris et de jure...
M. Bienvenue: J'ai fait exprès pour dire de jure.
M. Burns: C'est-à-dire que cette présomption peut
être corrigée par les faits.
Le Président: Mutatis mutandis.
M. Burns: C'est cela. Habeas corpus et tout le "kit"!
M. Levesque: Est-ce que l'abbé je ne sais qui a
été consulté?
M. Burns: L'abbé Normandin n'a pas été
consulté!
Le Président: Bon. Si on se comprend bien... Oui?
L'honorable député de Viau.
M. Picard: II y a un ordre de la Chambre qui prévoit que
la commission des Finances doit siéger demain matin à neuf
heures. Dois-je comprendre que cette commission va continuer à
siéger sans interruption jusqu'à une heure ou si elle va
arrêter à dix heures?
M. Levesque: Non, sans interruption. M. Picard: Sans
interruption.
M. Levesque: La préiode des questions et les affaires
courantes étant reportées à trois heures, vous pourrez
continuer à siéger.
Le Président: Ordre de la Chambre à l'effet que
cette commission siège à partir de neuf heures sans interruption
jusqu'à au moins treize heures et ordre de la Chambre de siéger
demain matin à dix heures et de passer directement aux affaires du jour.
Les affaires courantes seront reprises à quinze heures.
M. Burns: C'est cela, M. le Président.
Le Président: L'Assemblée ajourne ses travaux
à demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 18 h 4)
ANNEXE
Question de M. Bellemare (Johnson) 1. Le gouvernement a-t-il
engagé d'anciens membres de la Gendarmerie royale du Canada pour
surveiller le comportement des fonctionnaires du ministère du Revenu? 2.
Si oui, combien d'anciens membres de la Gendarmerie royale du Canada ont
été engagés, à quelle date et à quelles
conditions?
Réponse de M. Quenneville 1. Le ministère du
Revenu, par l'intermédiaire de la Commission de la fonction publique, a
embauché du personnel pour son service d'enquêtes administratives.
Les fonctions de ce service sont:
Voir à l'application des mesures de sécurité dans
les édifices occupés par le ministère, en collaboration
avec les ministères concernés, notamment celui des Travaux
publics et de l'Approvisionnement.
Assurer au personnel une protection efficace lorsque des plaintes sont
formulées contre des employés du ministère par des
contribuables ou des mandataires.
Effectuer des enquêtes dans les cas de dérogation à
la Loi du ministère du Revenu, à la Loi de la fonction publique
et aux directives internes d'administration. Les cas à incidence
criminelle sont référés au ministère de la
Justice.
Faire des investigations de pré-emploi pour vérifier les
antécédents de certains candidats à des postes au
ministère du Revenu.
2. Deux membres du personnel de ce service sont d'anciens membres de la
Gendarmerie royale du Canada. Ils ont été embauchés comme
suit: a) 1er décembre 1970, au traitement annuel de $10,540.00 b)4
janvier 1972, au traitement annuel de $10,209.00
Question de M. Bellemare (Johnson) 1. Quel est le montant
d'impôt versé au gouvernement de la province de Québec par
les dix (10) plus importantes compagnies multinationales de produits
pétroliers pour les années 1972/73, 1973/74 et 1974/75? 2. Quel
est le montant payé en impôt (taxe de vente et taxe de gazoline)
par les consommateurs québécois au cours des mêmes
périodes pour des achats de produits pétroliers?
Réponse de M. Quenneville 1. Impôt sur le revenu,
taxe sur le capital, taxe sur les places d'affaires, taxe d'éducation.
1972/73 $ 7,928,403. 1973/74 $ 8,826,212. 1974/75
$20,085,411. 2. Montants payés au gouvernement du Québec par les
consommateurs québécois au titre de la taxe sur l'achat de
produits pétroliers imposés en vertu de la Loi de la taxe sur les
carburants. 1972/73 $342,110,152. 1973/74 $381,281,011. 1974/75
$392,959,207.
Les montants payés sur l'achat de produits pétroliers
imposés en vertu de la Loi de l'impôt sur la vente'en
détail ne sont pas disponibles parce qu'ils ne sont pas
comptabilisés séparément de la taxe sur les autres
articles imposés en vertu de la même loi.
Question de M. Lessard 1. Le ministère de l'Agriculture
a-t-il entrepris d'effectuer un recensement général des terres
agricoles de plus d'une acre, acquises par des non-résidents? 2. Si oui,
prévoit-on en rendre les résultats publics? 3. Quand?
Réponse de M. Drummond 1. Oui 2. Oui 3. Dès que
l'analyse et la compilation des données le permettront.
Question de M. Lessard Quel est le nom de la puissance
étrangère intéressée à faire l'acquisition
de l'île d'Anticosti et dont il est fait mention à la page 73 du
dernier rapport annuel du ministère des Travaux Publics et de
l'Approvisionnement.
Réponse de M. Tetley Le dernier rapport
annuel ne fait aucune allusion à une puissance étrangère
qui serait intéressée à faire l'acquisition de l'île
d'Anticosti. On ne fait qu'exprimer, de façon hypothétique, la
crainte de voir passer l'île d'Anticosti entre les mains d'un autre pays
à cause de sa situation géographique et de l'attrait qu'elle
comporte à plusieurs égards, soit du point de vue touristique,
stratégique, etc...