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(Dix heures douze minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de projets de loi au nom du gouvernement.
M. Levesque: Article j).
Projet de loi no 254 Première lecture
Le Président: L'honorable ministre des Affaires
municipales propose la première lecture de la Loi modifiant la Loi sur
l'évaluation foncière.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. le Président, il s'agit d'une
série d'articles pour améliorer l'application de la Loi de
l'évaluation foncière qui est en vigueur depuis
déjà un certain temps. Je n'ai pas de notes explicatives qui sont
écrites de façon formelle, mais ce que je viens de dire
résume essentiellement la nature du projet.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Vote enregistré, M. le Président, s'il
vous plaît.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote de première lecture
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Que ceux qui sont en faveur de cette motion de première lecture
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque, Mailloux, Garneau,
Cloutier, Phaneuf, Berthiaume, Giasson, Goldbloom, Tetley, Drummond, Lacroix,
Hardy, Forget, Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Arsenault, Houde
(Abitibi-Est), Desjardins, Massé, Perreault, Brown, Bossé, Bacon,
Lamontagne, Bédard (Montmorency), Veilleux, Saint-Hilaire,
Séguin, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance, Fraser, Picard,
Carpentier, Dionne, Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg),
Larivière, Pepin, Bérard, Bonnier, Boudreault, Marchand, Caron,
Côté, Denis, Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lecours,
Malépart, Massicotte, Mercier, Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay,
Brisson, Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard, Bédard
(Chicoutimi), Samson, Roy, Leduc.
Le Secrétaire: Pour: 68 Contre: 0
Le Président: Cette motion est adoptée.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Levesque: Article m).
Projet de loi no 253 Première lecture
Le Président: L'honorable ministre des Affaires sociales
propose la première lecture de la Loi visant à assurer les
services de santé et les services sociaux essentiels en cas de conflit
de travail.
L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. Forget: Ce projet contient des dispositions relatives à
la détermination et au maintien des services essentiels dans le secteur
des services de santé et des services sociaux et prévoit des
dispositions particulières et complémentaires à celles
déjà prévues au Code du travail en ce qui concerne la
négociation des services essentiels, le respect des ententes dans cette
matière de même que l'acquisition du droit de grève et du
lock-out.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Levesque: Article n).
Projet de loi no 84 Première lecture
Le Président: L'honorable ministre de la Justice propose
la première lecture de la Loi modifiant la Loi de la Commission de
contrôle des permis d'alcool.
M. Levesque: Ce projet autorise la Commission de contrôle
des permis d'alcool à délivrer des permis spéciaux au Parc
olympique et au Stade olympique de Montréal et autorise le gouvernement
à réglementer l'exploitation de ces permis.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Lévesque: Première lettre de Québec.
Projet de loi no 251
Première lecture
Le Président: L'honorable ministre des Transports propose
la première lecture de la Loi modifiant la Loi des transports et
d'autres dispositions législatives.
M. Mailloux: Je pense que l'Assemblée devrait me dispenser
de lire six ou sept pages de notes explicatives. Je ne voudrais qu'apporter
deux réflexions. Le nombre de juges et de commissaires de la commission
sera augmenté par ce projet de loi. Il y a également le pouvoir
du lieutenant-gouverneur en conseil de s'opposer au transfert
d'intérêts du Québec à des étrangers. Quant
à l'ensemble des informations qui sont données sur les pouvoirs
de réglementation, sur les taux et autres, je pense que la Chambre
pourra en prendre connaissance au moment où ce projet de loi sera
appelé.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des députés.
Déclarations ministérielles.
Le ministre d'Etat aux Transports.
Industrie du taxi à Montréal M. Paul
Berthiaume
M. Berthiaume: M. le Président, habituellement, quand on
fait une déclaration ministérielle, c'est pour annoncer des
choses heureuses. Je dois avouer que, ce matin, certains éléments
de ma déclaration font état de choses malheureuses.
Hier, un magistrat ordonnait à l'exécutif provisoire de la
ligue nouvelle de taxis de Montréal, agglomération A-11, de
suspendre temporairement les procédures en vue de l'élection de
l'exécutif de cette nouvelle ligue du taxi. On sait que cette
élection devait se tenir dimanche prochain. Considérant les
réactions qu'une telle décision pourrait susciter dans
l'industrie du taxi à Montréal et tout en respectant les
décisions du pouvoir judiciaire, je crois nécessaire de
clarifier, ce matin, la position gouvernementale face aux initiatives de
regroupement des propriétaires et des chauffeurs de taxis à
Montréal.
Comme vous le savez, l'industrie du taxi à Montréal a
été le témoin de nombreux remous au cours des
dernières années. Plusieurs efforts en vue d'un regroupement des
propriétaires artisans et des chauffeurs de taxis ont été
frustrés pour diverses raisons. De son côté, le
gouvernement québécois a cherché, dès l'adoption de
la loi 23 à mettre de l'ordre dans cette industrie. Dans cette optique,
l'adoption du règlement no 6, en 1973, a marqué une
évolution importante, permettant d'identifier les orientations
fondamentales du ministère des Transports.
Ce règlement prévoit notamment la formation de ligues de
taxis dans au-delà de 50 agglomérations ou municipalités
regroupées pour les fins du règlement no 6, au Québec,
afin de favoriser le regroupement des propriétaires artisans du taxi et
la mise en commun de certains services. Convaincu de la nécessité
de cette mesure, le ministère des Transports a fourni une aide technique
aux propriétaires de taxis désirant collaborer à
l'application du règlement no 6.
Plusieurs personnes ont eu à surmonter des difficultés
importantes afin de réaliser le consensus nécessaire
auprès des propriétaires de taxis en vue de la mise sur pied des
diverses ligues Personnellement, j'ai toujours appuyé cet effort de
regroupement des propriétaires artisans. Je tiens, aujourd'hui, à
réaffirmer cet appui non équivoque, mais aussi à mettre en
garde certaines associations de services qui combattent cette démarche,
parce qu'elles risquent de mettre en péril la paix sociale dans
l'industrie du taxi à Montréal.
Même si nous avons d'abord concentré nos efforts afin de
favoriser le regroupement des propriétaires artisans, nous ne demeurons
pas moins convaincus de la nécessité d'apporter un support
réel aux chauffeurs de taxi, en vue de la formation d'une association de
chauffeurs et de l'établissement de certaines conditions de travail.
C'est pourquoi le ministère des Transports a déjà
annoncé son intention de réglementer les associations de
services. Les mesures législatives nécessaires devraient
être étudiées à l'Assemblée nationale,
dès la semaine prochaine.
Notre objectif fondamental demeure le rétablissement d'un
équilibre des forces dans cette industrie.
Pour ce faire, nous devons franchir certaines étapes. L'une des
plus importantes constitue le regroupement des propriétaires à
temps plein et des chauffeurs de taxi afin de leur permettre de faire valoir
collectivement leurs revendications.
Cette étape doit être franchie, coûte que
coûte. C'est pourquoi j'invite ceux qui, par impatience ou par
dépit, seraient portés à avoir recours à d'autres
moyens pour faire valoir leurs revendications, à faire preuve de
compréhension et de modération. Je les prie donc de respecter les
dé-
cisions de la magistrature afin de ne pas compromettre tous les efforts
que nous avons collectivement consentis depuis deux ans afin de faire
évoluer l'industrie du taxi.
Le Président: Le député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, je remercie d'abord le ministre
de m'avoir fait parvenir une copie de sa déclaration
ministérielle avant l'ouverture de la Chambre. Je tiens simplement
à dire que ce n'est pas à nous de nous poser en appel d'une
décision judiciaire. Je n'ai pas à critiquer cette
décision. Je n'ai, cependant, qu'à constater que cette
décision judiciaire rendue hier, accordant une injonction provisoire
à certains intérêts, qui ne semblent pas partager les
mêmes buts que ceux de la ligue du taxi, risque de causer un certain
nombre de perturbations dans le domaine du taxi.
Je souhaite, avec le ministre, que ces perturbations n'aient pas lieu.
Je souhaite que les propriétaires qui, déjà, sont
frustrés depuis un certain nombre d'années, je dirais, et surtout
les artisans je parle des petits propriétaires, ceux qui ont un
véhicule se rendent compte que c'est encore un autre
élément, une frustration bâtie, constituée par
certaines grosses compagnies dans le domaine du taxi.
Je n'ai pas à aller plus loin que cela, M. le Président.
La décision du juge en question est rendue et on verra ce qu'elle
donnera comme résultat. J'ai été particulièrement
intéressé de voir dans la déclaration du ministre,
cependant, son acceptation de donner aux chauffeurs de taxi,
c'est-à-dire les véritables salariés du milieu du taxi, un
appui aussi grand que celui qu'il a donné jusqu'à maintenant aux
propriétaires et aux artisans. Entre autres, je prends acte de l'avis
que le ministre nous donne qu'il est convaincu de la nécessité
d'apporter un appui réel aux chauffeurs de taxi, en vue de la formation
d'une association de chauffeurs et de rétablissement de certaines
conditions de travail.
Il faudra trouver rapidement une solution dans ce domaine du taxi qui
est, à Montréal, un problème il n'y a pas de doute
là-dessus qui n'est pas facile à régler. Il y a
plusieurs personnes qui ont tenté de trouver des solutions à
cela. Il y a plusieurs personnes qui passez-moi l'expression se
sont cassé le nez à tenter de trouver des solutions. Il est
peut-être temps de dire qu'il y aura syndicalisation obligatoire dans le
taxi, comme il était temps, en vertu du règlement no 6 provenant
de la loi 23, de dire que les propriétaires se regroupent.
Il est peut-être temps aussi qu'on dise qu'on va trouver des
formules concrètes pour que les chauffeurs de taxi, peu importe la
direction d'une éventuelle association des chauffeurs de taxi, se
donnent un instrument pour revendiquer de façon claire et nette un
certain nombre de conditions de travail.
Cela n'a absolument aucun bon sens de laisser le milieu du taxi,
à Montréal... Quand je dis à Montréal, cela veut
dire également à Québec.
C'est peut-être moins aigu, c'est peut-être moins grave,
mais il est temps qu'on mette de l'ordre dans ce domaine. Là-dessus, je
tiens à assurer le ministre qu'il aura l'appui de l'Opposition
dès qu'il voudra apporter des correctifs clairs, nets et précis
dans le domaine du taxi.
En terminant, M. le Président, je souhaite avec le ministre qu'il
n'y ait pas de perturbations sérieuses à la suite de l'injonction
qui a été accordée. J'oserais même je n'ai
pas l'intention de le faire comme une espèce de prophète
faire un appel aux gens du taxi de rester calmes malgré la situation
frustrante pour eux, je l'admets. Je leur demanderais quand même, encore
une fois, d'attendre les étapes, surtout que le ministre nous avise
qu'il est prêt à légiférer à très
court terme. A ce moment-là, il me semble que c'est une raison
additionnelle d'attendre que les étapes normales soient franchies et
qu'on ne perturbe pas la situation plus qu'elle ne l'est actuellement.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, bien sûr, après
avoir pris connaissance du jugement d'hier, ma première réflexion
est la suivante: La justice permet que les parties adverses se
présentent devant elle et une décision doit être prise. A
partir du moment où cette décision est prise, quelle qu'elle
soit, si nous voulons continuer à vivre dans une société
organisée, il nous faut respecter les décisions du tribunal et
surtout ne pas les critiquer.
Alors, quant à nous, il s'agit du respect de la magistrature,
pour le moment. Je pense que la meilleure chose à faire, à ce
moment-ci, étant donné que c'est une situation qui pourra
être corrigée par des mesures législatives la semaine
prochaine je pense que le délai est quand même assez court
est de demander aux intéressés d'être le plus calme
possible, pendant ce court délai. Les choses ne s'arrangent pas dans la
rue, les choses ne s'arrangeront pas dans la rue, elles s'arrangeront en
discutant. Le ministère fait, je pense, preuve d'une attention
particulière à ce problème. Nous verrons quelles
dispositions législatives nous seront présentées la
semaine prochaine, mais d'ici là le délai est assez court que
tout le monde devrait garder son sang-froid. En tout cas, c'est la
recommandation que je fais, M. le Président.
Le Président: Dépôt de documents. Questions
orales des députés.
L'honorable député de Lafontaine.
QUESTIONS DES DÉPUTES
M. Léger: M. le Président, j'avais une question
à poser au ministre de l'Education, qui était là il y a
quelques secondes; est-ce qu'il ne serait pas à côté?
Le Président: Peut-être pourrions-nous passer
à une question et vous pourriez revenir un peu plus tard?
L'honorable député de Chicoutimi.
Fusion municipale autour de Beauport
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, ma
question s'adresse au ministre des Affaires municipales. Je voudrais savoir si
le ministre serait capable de nous faire le point, ce matin, sur la fusion en
cours à Beauport et nous dire, plus exactement, si l'intention du
gouvernement est de favoriser le rattachement de Saint-Michel-Archange à
Québec ou à Beauport.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai rencontré, hier
soir, pour la deuxième fois, les autorités de
Saint-Michel-Archange en présence des autorités municipales
intéressées des deux côtés. Je pense que je serai en
mesure de laisser savoir, définitivement, la décision au
début de la semaine prochaine, quand le projet de loi sera
déposé.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre est sans doute au
courant de certains règlements de fusion volontaire et non pas
forcée, pour une fois, qui ont été adoptés par la
municipalité de Saint-Michel-Archange et la ville de Québec. Pour
une fois qu'il y a une situation de fusion volontaire, je voudrais savoir
quelle est l'attitude du ministre. Est-ce qu'il va aimer mieux continuer
à fonctionner par fusion forcée ou, étant en face d'une
situation de fusion volontaire, s'il va la prendre en considération?
M. Goldbloom: M. le Président, sans vouloir être
désobligeant à l'endroit de l'honorable député de
Chicoutimi, je pense que je dois invoquer le règlement de la Chambre en
vertu du fait qu'il y a un projet de loi qui est inscrit au feuilleton et qui
sera déposé au début de la semaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Si je comprends bien, l'intention
du gouvernement est d'adopter cette loi...
Le Président: A l'ordre! ... A l'ordre! L'honorable
député de Saint-Jacques.
Garderie Saint-Jean-Baptiste
M. Charron: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Travaux publics et touche un problème social de la
région de Québec. Effectivement, tout un quartier de cette ville
peut se trouver très bientôt privé d'un service de garderie
édifié depuis déjà quelque temps dans un
édifice même du ministère des Travaux publics. Je voudrais
demander au ministre des Travaux publics, en premier lieu, de nous expliquer
pourquoi il faut immédiatement fermer cette garderie, selon sa
décision, et chasser les familles qui y plaçaient leurs enfants
si, comme j'en suis informé, l'intention du ministre des Travaux publics
de démolir l'édifice en question en vue de l'aménager pour
le palais de justice de Québec reporte les travaux à l'automne
prochain. Pourquoi donc le besoin de chasser en décembre 1975, d'un
édifice qu'ils occupent déjà et dont ils sont satisfaits,
des familles, des parents qui y placent des enfants alors que l'édifice
demeurera sur place, sans être touché, au moins jusqu'à
l'automne 1976?
M. Tetley: M. le Président, tout d'abord je remercie le
député d'en face de m'avoir averti de la question; pas des termes
de la question mais du sujet, au moins. Je suis aussi sympathique que lui et
que le ministre des Affaires sociales à la garderie Saint-Jean-Baptiste
mais laissez-moi expliquer la situation. La garderie occupe un édifice
au coin de Berthelet et Saint-Amable qui était la
propriété d'une communauté religieuse. La
communauté a transféré l'édifice au gouvernement
lorsqu'elle eut terminé certaines de ses activités. Après
le transfert au gouvernement, la communauté a alloué à la
garderie une partie de l'édifice, quelques salles de l'édifice
avec, évidemment, la collaboration du gouvernement. L'édifice est
chauffé à très grand prix par la communauté
religieuse qui a avisé la garderie, il y a longtemps, qu'elle ne pouvait
plus payer la note du chauffage. Le système de chauffage est d'ailleurs
vétuste. Le coût de la garde et du chauffage excède de plus
le budget total de la garderie.
Les soeurs ont quand même prolongé le bail pour trois
autres mois. Voici les circonstances. Evidemment, je n'ai pas donné
ordre de démolir l'édifice; ça n'a même pas
passé le stade d'une demande de C.T. auprès du Conseil du
trésor. Mais le problème est plus grave et plus grand que cela,
c'est que la garderie cherche un endroit et les coûts sont beaucoup trop
élevés.
J'ai vu moi-même certaines suggestions raisonnables de mon
collègue le ministre des Affaires sociales que, apparemment, la garderie
a refusées. Je ne peux pas dire entre nous, parce que c'est très
public, mais je peux dire que j'ai trouvé un moyen de payer l'huile
à chauffage, par notre ministère, par quelque truchement de
comptabilité que je ne comprends pas, mais apparemment qui existe.
M. Charron: M. le Président, est-ce qu'il n'existe pas,
dans les lois du ministère des Travaux publics, "un article" que le
ministre ne comprendrait pas et qui permettrait quand même de faire que
le séjour de la garderie Saint-Jean-Baptiste, dans cet édifice au
coin de Berthelet et Saint-Amable, soit prolongé jusqu'à la
nécessité obligatoire de fermeture, c'est-à-dire automne
1976, si ce n'est pas reporté plus loin comme certains projets
gouvernementaux le sont actuellement?
M. Tetley: Je cherche une solution; tout est possible. D'autre
part, je dois dire que j'ai le même problème dans mon
comté, c'est le fédéral qui a commencé certains
projets et nous a laissés les mains pleines avec ces projets. J'en ai
dans mon comté.
M. Charron: Je ne le vous fais pas dire.
M. Tetley: Je suis la cible de toutes sortes de plaintes dans mon
comté à cause de cela, Head & Hands est un exemple, et une
autre garderie. Ce n'est pas le ministère des Travaux publics qui est le
ministère des Affaires sociales du fédéral et je suis
coincé par le Conseil du trésor. Evidemment, il faut que je suive
la loi, mais je cherche à trouver une solution avec mon collègue
des Affaires sociales. Je peux chauffer la garderie pour peut-être
quelques semaines, mais après il faut que la garderie accepte certaines
suggestions et je crois que le ministère des Affaires sociales a fait de
bonnes suggestions, j'en ai vu en tout cas.
Le Président: Le député de
Rouyn-Noranda.
Coupure d'électricité aux
assistés sociaux
M. Samson: M. le Président, il y a quelque temps, je
m'adressais au premier ministre pour savoir quelles seraient les mesures
prises, pour venir en aide aux assistés sociaux qui étaient
victimes de coupures d'électricité et de gaz dans la ville de
Montréal ainsi que dans les autres villes du Québec pour ce qui
est de l'électricité. Nous apprenons, ce matin, que justement il
y a eu perquisition hier, chez M. Jean Pilon qui s'occupait de rétablir
les services, en attendant, pour aider ces gens qui avaient perdu le service de
l'électricité. Je demande, ce matin, au ministre des Affaires
sociales, s'il a des développements, des réponses à donner
aux questions que j'ai déjà posées il y a quelque
temps?
M. Forget: II y a quelque temps, des ententes ont
été conclues avec l'Hydro-Québec et le Gaz
métropolitain en vertu desquelles les arrérages accumulés
par les bénéficiaires de l'aide sociale sont remboursés
à un rythme mensuel de $10, en contrepartie de quoi les deux entreprises
en question s'engagent à ne pas interrompre la fourniture des services
de gaz et d'électricité. L'avantage de ces ententes est qu'elles
continuent de s'appliquer même après que ces
bénéficiaires de l'aide sociale cessent d'être
bénéficiaires de l'aide sociale, pourvu, évidemment,
qu'ils continuent à en respecter les termes.
Ces ententes sont intervenues dans la région de Montréal,
mais nous sommes intéressés à en généraliser
l'application à travers tout le Québec. Les assistés
sociaux, qui se trouvent dans cette position, peuvent, en s'adressant à
leur bureau local, obtenir l'intervention de celui-ci auprès des
compagnies d'utilité publique, encore une fois, dans la région de
Montréal, mais ces mesures seront d'application générale
graduellement à travers tout le Québec.
M. Samson: Bien sûr, quand il s'agit de la question du gaz,
le ministère doit faire affaires avec différentes compagnies,
mais, quand il s'agit de l'électricité, c'est la même
compagnie, c'est l'Hydro-Québec. Pouvons-nous avoir l'assurance du
ministre que ces arrangements pris pour la région de Montréal, au
moins pour les questions d'électricité, seront étendus
rapidement à toute la province pour qu'ailleurs aussi on puisse
bénéficier de ces mêmes avantages car le même
problème existe dans les autres villes où les assistés
sociaux se voient couper les services de l'électricité?
M. Forget: J'ai bien indiqué que c'est notre intention
d'en généraliser l'application partout au Québec. Je me
permets d'ajouter que, sur le territoire de la ville de Montréal,
actuellement, environ 500 ménages bénéficiaires de l'aide
sociale profitent de ces ententes.
Le Président: Dernière question
supplémentaire.
M. Samson: Le ministre peut-il nous assurer, en attendant que des
arrangements soient pris, que des directives seront données à
tous les bureaux d'aide sociale, à l'extérieur de
Montréal, pour que ces cas soient traités sur une base semblable
à celle de l'arrangement fait pour Montréal?
M. Forget: Je crois que c'est déjà fait. Je vais
m'en assurer, cependant, mais j'ai toute raison de croire que les bureaux
locaux sont déjà informés de ces dispositions. Je consens
volontiers à m'en informer.
Le Président: Le député de Matane; suivant,
l'honorable député de Lafontaine.
Câblodistribution à Matane
M. Côté: Ma question s'adresse à l'honorable
ministre des Communications. Le 13 septembre 1974, M. François Dionne,
de Matane, se voyait octroyer par la Régie des services publics un
permis de câblodistributeur pour desservir la région de Matane. Le
5 décembre 1975, encore rien de concret n'a été fait dans
la région de Matane. J'aimerais savoir du ministre quelles sont ses
possibilités d'intervention dans ce domaine, puisque les gens de Matane
ne sont desservis encore que par un seul poste de télévision.
M. Hardy: Contrairement à ce qui arrive souvent en cette
Chambre, les informations contenues dans la question du député de
Matane sont exactes. En effet, M. François Dionne a obtenu un permis
à la date mentionnée.
Le 15 juin dernier le service de câblodistribution sur le
territoire pour lequel il avait obtenu un permis devait fonctionner. Or, le 15
juin, rien n'avait été fait. Dès le 17 juin,
c'est-à-dire deux jours après le moment déterminé
pour le fonctionnement du service, le Procureur général du
Québec a demandé l'émission d'une injonction contre M.
Dionne pour l'obliger à se soumettre à l'ordonnance de la
Régie des services publics. L'injonction demandée par le
Procureur général
du Québec a été refusée par la Cour
supérieure le 9 juillet dernier. Simultanément,
c'est-à-dire le 18 juin 1975, le Procureur général
déposait douze plaintes pénales contre M. Dionne pour refus de
s'être conformé à l'ordonnance de la Régie des
services publics. Ces plaintes ont été remises au 22 août
et, à ce moment, un avis d'inconstitution-nalité a
été déposé par les procureurs de M. Dionne.
Donc, d'une part, le ministère des Communications, avec la
collaboration du Procureur général, a fait tout ce qui
était humainement et légalement possible pour obliger M. Dionne
à se conformer à l'ordonnance de la régie et à
servir les citoyens de la région de Matane pour les raisons que je viens
de vous énumérer. Le 5 décembre, il n'y a encore rien.
Mais, si d'une part le ministère des Communications ne peut pas
lui-même établir un service de câblodistribution sur le
territoire de Matane, je puis vous dire que, si une autre personne se
présente devant la Régie des services publics pour demander un
permis pour le même territoire, il est fort possible je ne peux
pas décider à la place de la Régie des services
publics puisque la loi le permet à la régie, que le permis
de M. Dionne soit annulé et qu'un permis soit accordé à
une autre personne qui démontrerait être en mesure d'accorder un
service aux citoyens de Matane. A toutes fins pratiques, ce qui est l'objectif
fondamental, ce qui nous intéresse, nous, c'est que les citoyens de
Matane puissent jouir de la câblodistribution.
Le Président: Le député de Lafontaine.
Offres salariales aux enseignants
M. Léger: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Education. Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il est
exact qu'il doit rencontrer, demain, le bureau de direction de la
Fédération des commissions scolaires catholiques et que l'objet
de cette rencontre est de discuter une révision possible des offres
salariales du gouvernement aux enseignants de l'élémentaire et du
secondaire, tel que souhaité par la fédération?
M. Garneau: M. le Président, je n'ai pas l'habitude de
donner le détail de mon programme à l'Assemblée
nationale.
M. Léger: Une question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce qu'il est axact que le ministre avait
déjà déterminé, par son ministère, avec la
Fédération des commissions scolaires, au début du mois
d'octobre, une offre de près de 31.5% d'augmentation salariale et que le
plan Trudeau a fait changer d'avis le gouvernement sur ses propositions
antérieures, contrairement au voeu des fédérations des
commissions scolaires du Québec?
M. Garneau: M. le Président, le seul mandat que j'ai
été autorisé à déposer en tant que ministre
de l'Education, avec mon collègue de la Fonction publique, a
été celui qui a été déposé
effectivement et dont copie a été remise aux
députés de cette Chambre.
M. Léger: M. le Président, le ministre n'infirme ni
ne confirme le fait que les offres ont été changées.
M. Garneau: M. le Président, c'est une
interprétation du député; puisqu'il n'y a eu qu'un seul
mandat, il ne peut pas y avoir eu de changement.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire si tous
les représentants du gouvernement ont leur mandat, actuellement, pour
négocier aux tables avec les membres de la fédération,
qui, eux, ont eu leur mandat? Deuxièmement, est-ce que le ministre
permettrait aux commissions scolaires de faire elles-mêmes des offres
plus généreuses que celles proposées par le gouvernement
si la Fédération des commissions scolaires décidait que
c'est important pour la qualité de l'enseignement actuellement?
M. Garneau: M. le Président, les offres qui ont
été déposées aux tables sectorielles l'ont
été après plusieurs mois de consultation avec des
représentants de la Fédération des commissions scolaires;
je pense que c'est l'avant-veille ou la veille du dépôt des offres
que nous avons faites.
J'ai eu personnellement une rencontre d'une demi-journée avec le
président de la Fédération des commissions scolaires du
Québec. Certains points étaient encore en discussion. Nous en
sommes arrivés à une offre commune qui a été
déposée et je ne vois pas comment cette offre pourrait être
modifiée ailleurs qu'à la table des négociations.
Le gouvernement a négocié avec le Syndicat des
fonctionnaires et, à la table des négociations, des amendements
ont été apportés. Mais, que voulez-vous, on ne peut pas
apporter d'amendements à l'intérieur d'une négociation qui
n'a pas lieu parce que la partie adverse, en particulier en ce qui regarde les
représentants de la CEQ, ne veut pas négocier aux tables. Elle a
une présence physique, mais non une présence de
négociateurs.
Je ne sais pas si les représentants ont des mandats. Les
mandataires du gouvernement aux tables sectorielles ont le mandat de
négocier et...
M. Léger: Les mandataires du gouvernement ont leur mandat?
Le ministre affirme cela?
M. Garneau: M. le Président, j'ai affirmé et je le
répète que les mandats que nous avons déposés ne
sont pas de la foutaise. Ils sont là et ils sont négociables aux
tables de négociations, mais non dans le milieu de la rue.
M. Lessard: Le ministre nous dit que les mandats sont
négociables aux tables de négociations. Pourrais-je demander au
ministre si les offres salariales et même les incidences concernant les
conditions normatives sont négociables aux tables
de négociations? Ou la position gouvernementale concernant
particulièrement ces offres salariales, sans parler de
réaménagement à l'intérieur, est-elle
définitive et non négociable, autrement dit, le gouvernement
est-il disposé, selon la négociation, à ajouter des
montants supplémentaires à ces offres salariales?
M. Garneau: Les réponses que le gouvernement aura à
faire, il les fera à la table de négociations. Je ne peux pas les
faire à l'Assemblée nationale, ce serait aller à
l'encontre du principe même de la négociation. Je pense que, dans
le cas de la négociation avec les fonctionnaires, il y a eu des
concessions de part et d'autre. Cela se fait normalement dans le cadre d'une
négociation. Mais, que voulez-vous, je ne peux pas négocier seul,
et nos mandataires aux tables ne peuvent pas négocier seuls.
M. Charron: Dernière question additionnelle. Le
Président: Question additionnelle.
M. Charron: Le ministre peut-il nous dire si demain, lors de sa
rencontre avec les représentants de la Fédération des
commissions scolaires, il se voit soumis à ce qui a déjà
été annoncé publiquement par les porte-parole de cette
fédération, à savoir une modification des offres pour les
rendre plus généreuses, dans le but d'améliorer la
qualité de l'enseignement?
Répondra-t-il oui ou répondra-t-il non à ceux qui
lui demanderont de modifier ces offres? Et je ne parle pas des
négociations avec ce que le ministre a appelé la partie adverse.
Je parle de la négociation interne qui doit se passer dans le milieu
patronal lui-même. Effectivement, ce qui paralyse actuellement la
négociation, c'est qu'il y a mésentente du côté
patronal entre le gouvernement et ses partenaires des commissions scolaires,
pour ne pas parler des parents qui se sont également
prononcés.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Garneau: M. le Président, je n'ai pas répondu
à la première question du député de Lafontaine, je
ne vois pas comment je pourrais répondre à celle-là.
Le Président: Le député de Beauce-Sud.
M. Charron: Ma question ne portait pas sur votre agenda, elle
portait sur vos intentions. Est-ce que oui...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Garneau: Le député de Beauce-Sud.
Société d'habitation et
municipalités
M. Roy: Ma question s'adresse à l'honorable ministre des
Affaires municipales, responsable du dossier habitation. Le 18 novembre
dernier, je posais une question au ministre pour l'informer que seulement 78
des 253 projets soumis à la Société d'habitation du
Québec avaient été acceptés. Le ministre m'avait
dit qu'au cours de la semaine suivante, il informerait la Chambre et ferait le
point de la situation, à savoir si d'autres dossiers pourraient
être acceptés d'ici la fin de l'année. Il y a plus d'une
semaine que j'attends la réponse du ministre. J'aimerais lui demander,
ce matin, s'il est en mesure de faire le point sur cette question?
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse auprès
du député de Beauce-Sud. C'est dans toute l'activité de
l'Assemblée nationale que certaines choses peuvent parfois se perdre un
peu, et je fournirai une réponse la semaine prochaine. Je m'en
excuse.
M. Roy: J'aimerais demander, en guise de question additionnelle,
si le ministre serait quand même en mesure de nous dire aujourd'hui s'il
y aura déblocage ou non de ce côté? Plusieurs
municipalités attendent, plusieurs municipalités ont même
dépensé de l'argent et attendent toujours la décision de
la Société d'habitation du Québec.
J'aimerais savoir si le ministre peut assurer à la Chambre, ce
matin, qu'on peut espérer qu'il y aura un déblocage d'ici la fin
de l'année.
M. Goldbloom: M. le Président, il y aura certainement un
déblocage. Est-ce que ce sera dans les quatre semaines qui restent ou
dans les six ou huit semaines qui s'en viennent? C'est un peu difficile pour
moi de répondre immédiatement ce matin. Nous travaillons
très fort pour effectuer ce déblocage. Il est évident que
pour donner le feu vert à un projet, il faut d'abord avoir l'argent
nécessaire. Deuxièmement, il faut procéder par les
étapes normales, c'est-à-dire préparer les plans et
retenir les services de professionnels pour que ces plans deviennent des plans
d'exécution.
Or, tout cela prend plusieurs mois dans chaque cas. Vu les
difficultés que nous avons connues au cours de l'année, vu la
nomination, il n'y a pas tellement longtemps, d'un nouveau président, il
a fallu un certain temps après cette nomination pour donner le nouvel
élan que nous voulons donner à la Société
d'habitation. Cela est en marche. Il y aura déblocage. Quand je pourrai
donner une réponse plus détaillée, la semaine prochaine,
je pourrai probablement donner un peu plus précisément des
perspectives de calendrier.
M. Roy: M. le Président, dernière question
additionnelle. J'aimerais quand même dire au ministre qu'il y a deux
catégories de dossiers. Il y a les dossiers dont les formalités
n'ont pas été complétées, il y a les dossiers pour
lesquels des soumissions publiques ont été demandées. S'il
y a trop de retard je l'ai d'ailleurs dit au ministre le 18 novembre
dernier il y a un risque que les contrats doivent être
renégociés ce qui va nécessiter des hausses à cause
de l'inflation pyramidale
que nous connaissons. Cela placera les municipalités et la
Société d'habitation du Québec dans une situation
où tout devra être repris du début à la fin. C'est
cette catégorie de dossiers pour laquelle je demande au ministre le plus
de précisions possible afin de savoir quand les municipalités
pourront être assurées d'avoir une réponse
définitive pour être en mesure de mettre en marche les
travaux.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Beauce-Sud cerne davantage le problème qu'il voudrait examiner. S'il
parle des cas où des contrats ont été signés, nous
devons prendre l'attitude que, ces contrats étant signés, ils
doivent être respectés. Si, comme le prétendent certains
entrepreneurs, le fait que les procédures ont pris plus de temps que
prévu risque d'entraîner des augmentations de coûts, cela
est vrai, il est évident que des procédures sont prévues
pour en tenir compte.
Ce que nous ne pouvons accepter, c'est que l'entrepreneur qui a
signé un contrat ne procède pas à la mise à
exécution de son contrat et à la mise en chantier des immeubles.
Nous avons, de la part de certains entrepreneurs, des communications dans
lesquelles ils nous disent: Nous ne voulons pas procéder. Nous devons
leur répondre: Procédez. Vous avez signé un contrat,
procédez. Si, effectivement, les conditions du contrat se trouvent
modifiées en cours de route pour des raisons qui sont
indépendantes de votre volonté, nous allons en tenir compte de la
façon normale. Nous allons les examiner avec vous selon la loi.
Le Président: L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: Est-ce que c'est la dernière question, M. le
Président? Je sais que le député de Saguenay a aussi une
question.
Le Président: La période des questions est
pratiquement terminée. Je vous accorde une autre question, qui sera
votre quatrième ce matin, et une au député de Verdun.
Terres vendues aux étrangers
M. Morin: Vous êtes bien aimable, M. le Président.
Ma question s'adresse au ministre de l'Agriculture. En guise de
préambule, je voudrais rappeler à cette Chambre que le 21
novembre 1973, le ministre de l'Agriculture de l'époque déclarait
qu'il était urgent pour l'avenir de l'agriculture au Québec de
saisir l'Assemblée nationale d'un projet de loi qui limiterait la
propriété foncière des sols arables par les
étrangers, notamment par les Américains. A quelque temps de
là, le 18 juin de la même année, le ministre de l'Industrie
et du Commerce nous entretenait de la possibilité d'interdire
"prochainement" aux non-résidants de venir spéculer sur les
terres du Québec.
Or, la semaine dernière, était déposé
à Ottawa le rapport du Comité fédéral-provincial de
la pro- priété étrangère du sol, rapport soumis aux
premiers ministres. On peut y lire ceci, à la page 10: "Contrairement
aux autres provinces, le Québec semble considérer que toute cette
question relève surtout d'Ottawa".
Le ministre peut-il, ce matin, nous dire si cela signifie que le
gouvernement du Québec n'a plus l'intention de légiférer
sur cette question des terres vendues aux étrangers?
M. Drummond: M. le Président, en ce qui concerne les
terres vendues aux étrangers, il y a un article ou, disons, une section
dans la loi sur le zonage agricole qui traite de cette question qui est
actuellement à l'étude par le comité
interministériel d'aménagement du territoire. Alors, il n'est
aucunement question dans mon esprit de céder une juridiction quelconque
au gouvernement fédéral.
M. Morin: J'ai une question supplémentaire. Est-il exact
que le ministère de l'Agriculture a fait effectuer une sorte
d'inventaire général de toutes les propriétés d'une
acre ou plus qui seraient, à l'heure actuelle, entre les mains de
non-résidants? Est-il exact que cet inventaire devait être
terminé pour décembre 1975? Si tel est le cas, le ministre est-il
disposé à rendre cet inventaire public, ou, à tout le
moins à le déposer devant cette Chambre?
M. Drummond: M. le Président, il y a un tel rapport qu'on
est en train de préparer. Je ne l'ai pas lu encore; alors, je ne peux
pas m'embarquer dans une telle décision tout de suite.
M. Morin: Le "premier" ministre pourrait-il, du moins ce
n'est pas tout à fait ma dernière question, il y en aura une
autre, M. le Président nous donner une date? Peut-il nous dire
quand il pense être en mesure soit de saisir l'Assemblée de ce
rapport, soit de nous apprendre qu'il l'a entre les mains?
M. Drummond: M. le Président, c'est une promotion non
méritée, je pense bien, que je viens de recevoir de la part du
chef de l'Opposition.
M. Morin: On ne sait jamais!
M. Drummond: Un lapsus? A ce moment-ci, je ne peux mentionner une
date. Je vais lire le rapport et, s'il y a lieu, je vais le déposer,
mais je ne peux pas parler d'une date sans avoir lu ce rapport.
Le Président: Dernière question?
M. Morin: Oui, ce sera ma dernière, M. le
Président. Le ministre sait peut-être que la Cour suprême a
rendu un arrêt, le 25 juin 1975, dans lequel elle reconnaît aux
provinces, contrairement aux prétentions fédérales, le
droit qu'ont celles-ci de réglementer la propriété non
seulement des étrangers non résidants, mais des citoyens non
résidants. Compte tenu de cette décision de la Cour
suprême, j'aimerais savoir comment il se fait que
le gouvernement n'ait pas déjà décidé
d'agir. Pourquoi retarder? Pendant ce temps-là, les Américains
achètent des terres dans les Cantons de l'Est et les Ontariens
achètent dans l'Outaouais. Quand allez-vous vraiment vous décider
à intervenir?
M. Drummond: II semble que Charles Azna-vour désire
acheter des terres aussi dans les Cantons de l'Est! Je sais bien, M. le
Président, mais je ne peux pas parler, moi, pour tout le gouvernement
dans ce domaine, évidemment, des achats par les étrangers de
toutes les terres. Mais on fait une étude et ce sera une décision
qui sera prise par le gouvernement tout entier, pas seulement par le ministre
de l'Agriculture.
M. Morin: Mais quand?
M. Lessard: Question additionnelle, M. le Président.
M. Drummond: En ce qui concerne ce projet de loi, il est
actuellement à l'étude par le comité
interministériel d'aménagement du territoire. Alors, lorsque la
décision sera prise, le projet de loi sera déposé.
M. Lessard: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Oui.
M. Drummond: M. le Président, j'avais toujours l'espoir de
déposer ce maudit projet de loi à cette session-ci.
Malheureusement, cela progresse assez bien, mais je ne serai pas en mesure de
le déposer avant Noël. Je ferai tous les efforts pour qu'il soit
déposé dès la reprise après Noël.
M. Lessard: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Oui. Une question additionnelle.
M. Lessard: Devant le fait que l'ex-ministre de l'Agriculture
nous avait garanti qu'il déposerait ce projet de loi avant l'automne
dernier et devant l'urgence de la situation, le ministre peut-il nous dire
quand, véritablement, il déposera ce projet de loi urgent qu'est
celui du zonage?
Le Président: A l'ordre, messieurs!
A l'ordre! Il vient de répondre justement à cela.
M. Lessard: II n'a pas répondu. Il a répondu que ce
n'est pas encore Noël, mais quand? Est-ce que le ministre...
M. Drummond: Je suggère qu'il lise le journal des
Débats.
M. Lessard: M. le Président, je reprends ma question.
M. Drummond: Je viens de répondre à cela.
Le Président: A l'ordre! Ecoutez, un peu de collaboration.
Un instant, s'il vous plaît! Tout allait bien ce matin, pourquoi
gâter la sauce? Bon, tout allait bien. Le ministre vient de dire qu'il a
fait tout son possible pour déposer ce projet de loi à la
présente session. Il n'a pas pu le faire mais il entend le faire
dès le début de la prochaine session. A l'ordre!
M. Lessard: Je reprends ma question. M. Morin: Nous irons
encore plus haut.
Le Président: A l'ordre! Je ne vous permettrai pas de
gâter la sauce. Allez-y mais...
M. Lessard: Je ne gâte pas la sauce.
Le Président: Allez-y, posez votre question.
M. Lessard: Vous présumez de mes intentions.
Le Président: A l'ordre! ... A l'ordre! A l'ordre,
messieurs, s'il vous plaît!
M. Lessard: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
pourquoi il n'est pas capable de s'imposer à l'intérieur du
conseil des ministres...
Le Président: A l'ordre!
M. Lessard: ... pour faire accepter sa loi du zonage?
Le Président: A l'ordre!
M. Drummond: M. le Président, je veux répondre
à cette question parce que c'est...
Le Président: Question de privilège, parce que
cette question n'est pas acceptée. Question de privilège.
Allez-y!
M. Drummond: Question de privilège, M. le
Président. Nous sommes un gouvernement qui travaille ensemble, ce n'est
pas une question de vedette, des choses comme cela. Il faut une
cohérence dans la législation. Je pense que cette loi peut
être discutée par tout le monde mais nous sommes solidaires.
Le Président: Dernière question. L'honorable
député de Verdun.
Permis de chauffeurs de taxi
M. Caron: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre d'Etat aux Transports et aux Finances. M. le ministre, vu
qu'au début de cette Assemblée vous avez parlé de taxi, je
voudrais savoir si le ministre est au courant que, pour avoir un numéro
de poche à Montréal, cela
prend au-delà de trois mois, trois mois et demi. Quand les
municipalités s'en occupaient, on pouvait sortir un numéro de
poche dans l'espace d'un mois. En plus de cette lenteur, je pense qu'on ouvre
la porte à des chauffeurs de taxi indésirables qui conduisent
sans numéro de poche. Est-ce que le ministre pourrait me dire si le
système peut être amélioré pour rendre un service
aux chauffeurs de Montréal?
M. Berthiaume: M. le Président, comme je l'ai
indiqué dans ma déclaration ministérielle, les intentions
gouvernementales visent à améliorer le sort des chauffeurs de
taxi. Un des problèmes que nous avons présentement à
Montréal, c'est justement qu'il y a un excès de "pocket number",
de numéros de poche, de permis de chauffeur.
M. Burns: II y a trop de poches pour le nombre de taxis.
M. Berthiaume: II y a trop de poches pour le nombre de taxis. De
toute façon, la lenteur qui existe à l'heure actuelle est due au
fait qu'il est difficile de concilier les exigences d'un contrôle
serré et les exigences qu'on pourrait avoir de l'efficacité ou de
la rapidité. Il est certain que le contrôle des "pocket number"
est beaucoup plus sévère aujourd'hui qu'il ne l'était
antérieurement lorsque l'émission de ces permis relevait des
municipalités. Cela explique en partie les lenteurs. Je dois dire, pour
la bonne compréhension du problème, qu'il n'y a pas, à
l'heure actuelle, une très grande motivation pour les rendre plus
facilement ou plus rapidement accessibles. Cela est dû au fait,
particulièrement à Montréal, qu'il y a peut-être un
trop grand nombre de permis de chauffeur. Alors, si on raccourcit les
délais, à ce moment-là on rend l'accessibilité plus
facile et on envenime le problème des gens qui ne gagnent pas leur vie
pleinement dans le taxi, c'est-à-dire des chauffeurs de taxi
occasionnels.
Les permis sont en circulation, c'est difficile de les retirer sans
enlever des droits que les gens peuvent avoir déjà mais
l'émission de nouveaux permis à la pochetée, si on me
permet l'expression, ne semble pas un objectif désirable à court
terme.
Le Président: Affaires du jour.
Travaux parlementaires
M. Levesque: M. le Président, tout d'abord, je fais motion
pour que la commission des finances, des comptes publics et du revenu poursuive
l'étude, article par article, du projet de loi no 64, Loi concernant les
mesures anti-inflationnistes, et cela immédiatement au salon rouge.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté. Cette commission peut
siéger immédiatement.
M. Levesque: Je rappelle aux membres de cette Assemblée
qu'il y aura trois commissions parlementaires qui siégeront, mardi
prochain, le 9 décembre, à compter de 10 h 30, aux fins
d'étudier certains projets de loi, etc. Au feuilleton d'aujourd'hui on a
les détails. Il y aurait une certaine correction. Il y aura d'abord,
à la salle 81-A, l'étude du projet de loi privé no 214,
Loi concernant la Compagnie de gestion de Matane Inc., par la commission des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement.
Ensuite, il y aura la commission parlementaire de la justice qui
siégera au salon rouge, à la même heure, à 10 h 30,
aux fins d'étudier les projets de loi privés no 123, 211, 113 et
170, lesquels sont identifiés plus clairement au feuilleton. Enfin il y
aura une troisième commission à la même heure, à la
salle 91-A, mardi prochain encore, à 10 h 30 du matin, je le
répète; ce sera la commission parlementaire des affaires
municipales. Or, au feuilleton, on dit que ce sera pour l'étude du
projet de loi no 196, Loi modifiant la charte de la ville de Laval ainsi que le
projet de loi no 213, Loi concernant la ville de Chibougamau.
Les changements sont les suivants: on ajoutera l'étude non encore
complétée du projet de loi relatif à la cité de
Rimouski. Le ministre m'informe qu'on n'a pas tout à fait
terminé. Nous conserverons l'étude du projet de loi no 213, la
Loi concernant la ville de Chibougamau et quant au projet de loi no 196, Loi
modifiant la charte de la ville de Laval, il ne sera pas étudié,
contrairement à ce qui paraît au feuilleton. Le gouvernement ayant
récemment été saisi de demandes de modifications à
la structure administrative de la CTCUQ, de la CTCUM, et de la CTCRO, on a
décidé d'en faire un examen coordonné en même temps
qu'on étudiera la demande de la ville de Laval.
Dans les circonstances, M. le Président, je répète:
la commission des affaires municipales étudiera les projets de loi
suivants, mardi matin: Loi concernant la ville de Chibougamau et Loi concernant
la cité de Rimouski.
Est-ce que je puis demander si on peut, ce matin, disposer des projets
de loi qui apparaissent au feuilleton aux articles 2 à 10
inclusivement?
M. Burns: M. le Président, le chef de l'Opposition aurait
un discours unique en troisième lecture pour tous ces projets de loi.
Malheureusement, le chef de l'Opposition doit s'en aller en commission pour
l'étude du projet de loi no 64, sur les mesures anti-inflationnistes.
S'il était possible...
M. Levesque: Si on me disait le temps dont aurait besoin le chef
de l'Opposition et si ce n'était pas trop long, je n'aurais pas
d'objection à retarder la tenue de la commission. Par contre, s'il a un
discours ou bien s'il préfère attendre, je n'ai pas d'objection
non plus.
M. Morin: Je préférerais attendre, avec votre
consentement, M. le Président...
M. Levesque: D'accord.
M. Morin: ... mardi ou mercredi peut-être. M. Levesque:
D'accord.
M. Morin: Plutôt mardi que mercredi, naturellement.
M. Levesque: D'accord, c'est simplement parce que cela prend
beaucoup de place au feuilleton, c'est tout.
M. Burns: Cela vous encouragerait de voir cela disparaître
du feuilleton.
Le Président: Mesure d'économie. M. Levesque: Bien
oui. M. Morin: D'ailleurs, nous aussi. M. Levesque: C'est cela.
M. Morin: Si cela peut vous faire plaisir, nous le ferons le plus
rapidement possible.
M. Levesque: D'accord.
M. Burns: De toute façon, M. le Président, j'avise
la Chambre, après avoir consulté le chef de l'Opposition, que
celui-ci a un seul discours sur l'ensemble des projets de loi.
Cela prendra le temps que cela prendra mais dans un seul cas.
M. Levesque: D'accord. A moins de changement, on pourrait
peut-être le faire dès mardi, à la reprise. D'accord.
Est-ce qu'on pourrait disposer d'un projet de loi en deuxième
lecture afin de le déférer à la commission parlementaire
de la justice, soit le projet de loi paraissant à l'article 15. Je
pourrais donner simplement une note explicative et on pourrait le
déférer. Etes-vous d'accord?
M. Burns: D'accord, M. le Président. M. Levesque:
Merci.
Projet de loi no 8 Deuxième lecture
Le Président: L'honorable ministre de la Justice propose
la deuxième lecture du projet de loi no 8, Loi modifiant la Loi de la
division territoriale.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque: Les districts judiciaires sont actuellement
définis dans la Loi de la division territoriale par
référence aux limites des districts électoraux. Or, les
limites des districts électoraux ont été modifiées
par le chapitre 4 des lois de 1972, lequel est entré en vigueur en 1973.
Toutefois, par le chapitre 9 des lois de 1973, ces modifications des. districts
électoraux ont été déclarées ne pas
s'appliquer aux districts judiciaires. Il convient donc de
légiférer afin de donner une assise logique aux districts
judiciaires.
Le projet de loi suggère des modifications qui sont, dans
l'ensemble, assez mineures et résultent principalement de
l'évolution territoriale des municipalités situées
à la périphérie de certains districts judiciaires ou ne
concernent que des rectifications de limites pour faciliter la description.
Toutefois, une modification majeure est apportée au district judiciaire
d'Abitibi, lequel inclura, en vertu du projet de loi, les territoires
d'Abitibi, de Mistas-sini et du Nouveau-Québec, tel qu'ont eu le
plaisir, de l'annoncer récemment dans la région
intéressée le député d'Abitibi-Est et le
député d'Abitibi-Ouest.
Le projet de loi décrit, premièrement, le
périmètre du district judiciaire en fonction du cadastre et,
deuxièmement, énumère les municipalités que
renferme ce district judiciaire. Les limites décrites sont celles que
possédait chacun des districts selon le chapitre 5 des Statuts refondus
du Québec de 1964 et des lois qui l'ont amendé, et cela, d'une
façon générale, c'est le cas. De plus, les
frontières des districts judiciaires coïncident, dans la
très grande majorité des cas, avec celles des régions
administratives du gouvernement. Nous avons fait un effort de ce
côté.
Aussi, ce projet de loi modifie certains articles de la Loi des
tribunaux judiciaires, d'une part, en éliminant l'expression "district
électoral de" et, d'autre part, en lui substituant les
municipalités que renferme ce district électoral.
Enfin, il abroge trois juridictions concurrentes.
M. Mailloux: Bravo! Bravo! M. Levesque: Voilà!
Le Président: L'honorable député de
Maisonneuve.
M. Burns: C'est un projet de loi qui a un caractère plus
technique qu'autre chose. Je pense que les remarques que nous pourrons faire,
nous les ferons à l'occasion de l'étude du projet de loi en
commission parlementaire. Je présume que ce projet de loi sera
déféré à une commission parlementaire élue
et non pas en commission plénière.
Ai-je raison de présumer cela? Si le ministre de la Justice
m'entend...
M. Levesque: Non.
M. Burns: Je présumais, tout haut, à l'intention du
ministre de la Justice.
M. Levesque: Excusez, M. le Président.
Le Président: Oui, une question vous est
adressée.
M. Burns: II n'y a pas de presse, comme on disait pendant la
grève. Ce n'est pas grave.
M. Levesque: C'est l'indépendance... M. Burns: Non, je
présumais tout haut. M. Levesque:... qui me soufflait à
l'oreille.
M. Burns: Est-ce que le député de Beauce-Sud peut
me laisser le ministre de la Justice quelques secondes?
Je présumais tout haut que ce projet de loi sera
déféré à une commission parlementaire élue
et non pas en commission plénière.
M. Levesque: Je préfère une commission élue
parce que nous pourrons, avec une carte appropriée, avoir tous les
détails d'un seul coup d'oeil, tandis que lire toutes ces descriptions
techniques de territoire, c'est presque un travail de moine.
M. Burns: C'est ce qui sous-tendait mon argumentation. Je disais
qu'étant donné le caractère technique de ce projet de loi,
cela va m'éviter de faire un discours sur le principe du projet de loi
en deuxième lecture. Les remarques que nous aurions à faire
seront faites éventuellement en commission élue. Ce que je
remarque et je tiens à le souligner de très logique
et qui me permet de donner notre appui au projet de loi, c'est principalement
le fait que, constatant la mobilité des districts électoraux,
constatant que, dans le passé, les districts judiciaires...
M. Levesque: ... le principe...
M. Burns: ... étaient reliés aux districts
électoraux, il est sage, je pense, qu'on enlève cette
référence constante aux districts électoraux qui,
évidemment, continueraient à affecter constamment les districts
judiciaires. Dans ce sens, je pense que c'est la grosse modification qu'il y a
dans ce projet de loi. Cependant, nous serons prêts à examiner
dans les faits les modifications qui sont proposées par le ministre de
la Justice. Que ceci me suffise pour dire simplement que nous sommes d'accord
sur le projet de loi.
M. Samson: M. le Président, ce ne sera pas long.
Le Président: Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: C'est un peu dans le même sens que le
député de Maisonneuve. Je pense que ce projet de loi doit
plutôt être discuté en commission parlementaire. C'est une
question technique. Je n'ai pas d'objection...
M. Levesque: Le chef du Ralliement créditiste est heureux,
comme député de ce coin, de voir la grandeur de ce district
judiciaire du Québec j'en parlais au député
d'Abitibi-Est et au député d'Abitibi-Ouest qui, je pense,
va être plus grand que le reste de la province.
M. Samson: C'est presque un aveu du gou- vernement que notre
territoire est assez grand pour former une onzième province.
M. le Président, nous n'avons pas d'objection...
M. Burns: Séparatiste!
M. Samson: Un nouveau séparatiste. Nous n'avons pas
d'objection sur le principe de ce projet de loi. Evidemment, il vaudrait mieux,
je pense, qu'on passe en commission parlementaire pour en discuter
davantage.
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit déféré...
Le Président: On va l'adopter.
M. Levesque: Oui, on va l'adopter. C'était tellement
unanime, M. le Président, que j'avais compris que c'était
implicite.
Le Président: Cette motion de deuxième lecture du
projet de loi no 8 est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté, M. le Président. Le
Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit déféré à la commission parlementaire de la
justice pour étude article par article, à une date qui sera
annoncée ultérieurement.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. Levesque: On me souligne un désir qui semble être
partagé de disposer d'un autre projet de loi qui serait l'article 20),
le projet de loi no 252, Loi modifiant le Code de la route. Mais je ne pourrais
appeler ce projet de loi que si on voulait le déférer à
une commission parlementaire, à ce moment-ci, et si le ministre
était disposé à aller dans une salle pour en discuter en
commission, si on avait le consentement.
M. Bédard (Chicoutimi): Personnellement...
M. Samson: J'ai également donné mon accord à
cette proposition.
Le Président: Le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Personnellement, M. le
Président, je n'ai pas d'objection, parce que nous n'avons pas
d'intervention à faire au niveau de la deuxième lecture, mais en
ce qui a trait à l'étude article par article, nous aurons
certains amendements à apporter.
M. Levesque: Deuxième lecture du projet de loi no 252.
Projet de loi no 252 Deuxième lecture
Le Président: Le ministre des Transports propose la
deuxième lecture du projet de loi no 252, Loi modifiant le Code de la
route. Est-ce qu'il y a la formule du lieutenant-gouverneur, non?
Cette motion de deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté. Le
Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit maintenant déféré à la commission
parlementaire des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement.
Le Président: Pour étude article par article, cette
motion est-elle adoptée?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
M. Levesque: M. le Président, avec le consentement unanime
de la Chambre, puis-je suggérer que cette commission siège
immédiatement à la salle 81-A, si elle est disponible? Si elle ne
l'est pas, vous en trouverez une autre.
Le Président: Consentement unanime?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, M. le Président.
Le Président: Cette motion est adoptée et cette
commission peut siéger immédiatement.
M. Levesque: Article 16).
Projet de loi no 80 Deuxième lecture
Le Président: L'honorable ministre propose la
deuxième lecture du projet de loi no 80, Loi prolongeant et modifiant la
Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires.
L'honorable ministre de la Justice.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque: Le projet de loi dont nous entamons
présentement l'étude a trois objectifs principaux. Il fait
d'abord en sorte de prolonger la Loi pour favoriser la conciliation entre
locataires et propriétaires. Il apporte certains amendements dans le
corps de cette loi et, enfin, il décrète un moratoire dans le
domaine des transformations en copropriété.
Est-il besoin de démontrer la nécessité de
maintenir pour une autre année la loi de conciliation à une
époque où la spirale inflationniste est devenue une
préoccupation nationale et mondiale et où les gouvernements
interviennent énergiquement pour tenter de juguler ce fléau?
La loi s'est d'ailleurs montrée efficace, non seulement pour
éviter les hausses abusives de loyers, mais aussi pour éviter aux
locataires des expulsions arbitraires et permettre aux propriétaires
d'évincer des locataires indésirables. Il s'avère donc,
dans les circonstances, impérieux de prolonger l'application de cette
loi, qui prend fin en juin 1976, jusqu'au 30 juin 1977.
Par ailleurs, certaines modifications à la loi sont rendues
nécessaires, non seulement pour faciliter la gestion interne de la
Commission des loyers, mais aussi pour améliorer la situation des
locataires et celle des propriétaires.
C'est ainsi qu'un greffe des appels sera instauré à
Québec, que la commission pourra prescrire l'emploi de formules
obligatoires et que la méthode de fixation des loyers sera à
l'avenir édictée par règlement du lieutenant-gouverneur en
conseil.
De plus, un locataire ou un propriétaire pourra obtenir la
révision des décisions de la Commission des loyers lorsqu'il aura
été empêché de se présenter à
l'audience ou de fournir une preuve, soit par surprise, soit par fraude, soit
par tout autre motif jugé suffisant.
Il pourra aussi faire réviser la décision si la Commission
des loyers a omis de se prononcer sur une partie de la demande. Par ailleurs,
un locateur aura le droit de reprendre possession du logement pour y loger ses
grands-parents ou ses petits-enfants. Enfin, le conjoint séparé
ou divorcé qui continue à occuper le domicile pourra obtenir en
son nom la prolongation du bail.
Finalement ceci est l'une des caractéristiques les plus
importantes de ce projet de loi le projet suspend jusqu'au 31
décembre 1976 l'enregistrement d'une déclaration de
copropriété sur un immeuble déjà habité. Ce
moratoire n'empêche pas la construction de condominiums, mais interdit la
transformation en condominiums d'immeubles déjà occupés
par des locataires.
Le gouvernement a pris conscience du fait que plusieurs
propriétaires d'immeubles à logements, pour éviter le
contrôle des hausses de loyer ou pour d'autres motifs,
préfèrent transformer ceux-ci en copropriétés. Or,
ce phénomène, qui ne cesse de croître depuis un an, cause
de sérieuses difficultés aux locataires de ces immeubles qui,
dans bien des cas, parce qu'ils ne sont pas en mesure d'acheter leur
unité de logement, se voient forcés de déménager,
alors que le taux de vacance de logements locatifs est extrêmement
faible. On me dit que les statistiques indiquent que ce taux serait d'environ
1%.
Etant donné l'état du marché actuel, ce
phé-
nomène a pour effet, à toutes fins pratiques, de mettre
ces gens dans une situation extrêmement pénible, car ils risquent
de ne pouvoir se reloger dans un appartement semblable à celui qu'ils
laissent ou de payer un loyer beaucoup plus élevé.
Devant cet état de choses, M. le Président, il fallait
intervenir en suspendant provisoirement la transformation en
copropriété. En effet, le gouvernement n'a pas voulu, sans faire
les recherches et les études appropriées, imposer une solution
définitive à ce problème. Le temps dont il dispose lui
permettra d'analyser à fond la situation et de proposer l'an prochain
des remèdes qui tiendront compte de tous les éléments
reliés à la conversion en copropriété et qui
préviendront pour l'avenir ce genre de difficultés, du moins, je
l'espère.
Le groupe de travail sur l'habitation et le comité
interministériel sur l'urbanisation, créé depuis peu,
seront saisis du problème et devront fournir des recommandations dans
les plus brefs délais.
Je voudrais souligner, cependant, que, depuis le dépôt du
projet de loi, des associations de locataires et des groupements de
propriétaires ont fait de nombreuses représentations sur
l'article 16 du projet qui décrète le moratoire. A la
lumière des différents rapports soumis, il nous est apparu que
cet article ne répondait pas entièrement aux objectifs que nous
nous étions fixés. En effet, l'adoption de cette disposition
aurait maintenu certaines injustices tant pour les locataires que pour les
propriétaires. J'ai donc l'intention, sans pour autant changer le
principe de ce projet de loi, d'y apporter un amendement qui aura pour effet de
suspendre pour un an non seulement l'enregistrement d'une déclaration de
copropriété, mais aussi les demandes d'autorisation de convertir
en copropriété devant la Commission des loyers. Cependant, les
demandes de conversion qui ont été formulées avant le
dépôt du projet de loi, soit avant le 26 novembre, seront
entendues par la Commission des loyers. Une fois l'autorisation obtenue, si
elle l'est, le propriétaire devra, s'il veut vendre des unités de
logement, faire préalablement enregistrer une déclaration de
copropriété sur l'immeuble. Il en sera de même pour les
autorisations accordées avant le dépôt du projet de
loi.
Mais, et ceci m'apparaît capital, les locataires de ces immeubles,
même ceux-là, auront le droit, même en cas de vente, de
demeurer dans leur logement jusqu'au 30 juin 1977. On voit là que la
protection aux locataires va plus loin encore que celle qui avait
été prévue dans le projet de loi original.
Par cet amendement, nous répondons, je crois, aux besoins de
toutes les parties impliquées dans le processus d'une transformation en
copropriété. Je ne vois pas comment une personne soucieuse du
bien public pourrait sérieusement mettre en doute les principes de ce
projet de loi.
Je me permets de souligner, une fois de plus, qu'il est
nécessité par les conditions économiques
générales. Que l'on note, en outre, la valeur pacificatrice qu'a
eue la loi de conciliation depuis son entrée en vigueur, surtout
lorsqu'elle évite des af- frontements longs et coûteux entre gens
qui souvent ont à vivre les uns près des autres.
L'on comprendra facilement que voter pour ce projet de loi, c'est voter
dans l'intérêt de l'ensemble de la population. Nous avons voulu
répondre à un besoin social, à un malaise. Nous
espérons que ce projet de loi, tel que présenté, avec les
amendements annoncés, saura, encore une fois, donner la preuve que
lorsque nous nous penchons, comme nous le faisons régulièrement,
sur la situation des citoyens de cette province et particulièrement des
citoyens les moins favorisés, nous ne faisons, évidemment, que
notre devoir, et nous avons l'impression que nous travaillons pour le bien
commun. De tels projets de loi méritent d'être appuyés
fortement par tous les membres de cette Assemblée.
Le Président suppléant (M. Picard): Le leader
parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, au risque de paraître
vouloir nécessairement radoter, c'est peut-être la sixième
occasion qu'il m'est donnée de reprocher au gouvernement de ne pas, une
fois pour toutes, donner un caractère de permanence à la loi que
nous amendons encore une fois aujourd'hui.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de revenir sur ce sujet;
je l'ai dit au cours de toutes les années 1970 à 1974
inclusivement et je répète simplement mes remarques tous les mois
de décembre. Nous revenons avec cette perpétuelle remise en
vigueur de la Loi favorisant la conciliation entre propriétaires et
locataires.
Il me semble, sans que je pousse mes commentaires plus loin, qu'il
serait temps qu'on accorde à cette loi le caractère de permanence
qu'elle doit avoir. Ceux qui voudront avoir de plus longues explications sur ma
pensée pourront se référer à toutes mes
interventions depuis 1970, au mois de décembre, lorsque ce projet de loi
nous est ramené.
C'est d'ailleurs un peu dans ce sens, de façon symbolique, que
l'Opposition officielle s'est refusée à voter pour le
dépôt du projet de loi en première lecture. On a voulu
interpréter, du côté ministériel, ce refus de voter
pour comme étant un refus de donner aux locataires la protection normale
que cette loi leur donne.
Je tiens à faire cette parenthèse, M. le Président,
pour vous expliquer que c'était une forme et peut-être la
seule que nous ayons de protestation contre ce phénomène,
où on nous ramène, de façon automatique, un projet de loi
dont tout le monde sait qu'il a un caractère permanent. On nous le
ramène tous les ans; alors, je m'adresse au nouveau ministre de la
Justice et je lui demande: Pourquoi ne pas, une fois pour toutes, se pencher
sur cette loi, quitte à y ajouter annuellement des modifications,
d'accord! Bien sûr que c'est une loi, c'est un domaine de
législation où la mobilité est nécessaire.
Bien sûr, on devra s'ajuster d'année en année; bien
sûr, il y aura, à chaque année, de nouvelles situations
qu'il faudra couvrir par une amélioration de la législation, et
j'en suis. Mais je n'admets pas que faussement on garde cette loi en vigueur
uniquement pour une année. Depuis 1951 qu'on répète ce
scénario et que tout le monde sait que le projet de loi a quand
même essentiellement, intrinsèquement, un caractère de
permanence, pourquoi ne pas définitivement en arriver à dire: Ce
projet de loi devient de la législation québécoise et,
lorsqu'il méritera d'être amélioré, on
l'améliorera?
Mise à part cette remarque, M. le Président, le projet de
loi no 80 tel que présenté n'apporte que peu de modifications
à la Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et
propriétaires. La majeure partie des modifications à la loi ne
sont, en fait, que des éclaircissements permettant à la
régie une application plus souple des principes de contrôle et des
cas où ce contrôle est applicable sont précisés. Sur
ces points, nous ne pouvons qu'être d'accord.
On me permettra de faire la référence à deux
articles, même si, en principe, je n'ai pas à discuter du projet
de loi article par article. Il y a quand même deux parties du projet de
loi qui attirent mon attention et, en particulier, on retrouve un de ces
principes à l'article 13. Cet article, si on le lit avec les
dispositions de l'article 3, transfère de la Régie des loyers au
lieutenant-gouverneur en conseil la responsabilité d'établir le
barème de fixation des loyers que la commission et ses administrateurs
devront utiliser pour fixer éventuellement les loyers. Nous n'aurons pas
je tiens à le dire au ministre d'objection à ce
transfert. Nous aimerions éventuellement savoir comment la
réglementation va être déterminée et surtout
à quel moment cette réglementation sera déterminée.
C'est bien beau d'en arriver à énoncer le principe du transfert
de l'établissement des normes, partant de la régie et allant
jusqu'au lieutenant-gouverneur en conseil, mais je pense que pour que cette
disposition législative devienne opérante, il faudrait qu'on
sache quelle va être la réglementation attachée à
cela.
J'insiste beaucoup sur cette question auprès du ministre de la
Justice. J'insiste beaucoup sur cette question auprès du ministre de la
Justice et je me demande si dès...
M. Levesque: J'écoute, j'écoute.
M. Burns: C'est vrai qu'on n'est plus grand monde. J'insisterais
sur ce point. Je comprends que le ministre de la Justice, qui est
également chargé des travaux de la Chambre et de la coordination
des travaux, puisse être occupé ailleurs, à
l'extérieur de la Chambre, mais c'est une question que je lui posais
directement et c'est pour cela que je me suis interrompu pour qu'il puisse
prendre connaissance de cette question.
Je parlais justement de ce transfert que l'article 13, entre autres, lu
en conjonction avec l'article 3, fait des droits de fixation des loyers,
passant de la commission elle-même au lieutenant-gouverneur en conseil.
Je me dis que cette mesure est parfaitement acceptable; nous n'avons pas
d'objection à cette mesure. D'autre part, pour que cette mesure soit
applicable, il me semble qu'on devrait dès maintenant avoir une
connaissance tout au moins d'un projet de réglementation en ce sens.
J'aimerais savoir particulièrement à quel moment le ministre de
la Justice entend faire adopter par le lieutenant-gouverneur cette
réglementation. Si possible, M. le Président, à cette fin,
j'aimerais demander au ministre de la Justice le dépôt des projets
de règlements avant l'adoption du projet de loi, ainsi que je
pense que cela peut être important le nom des personnes qui ont
travaillé à l'établissement de ces fameuses normes.
Il y a eu, à ma connaissance, un comité
interministériel sur l'habitation qui a été à
l'origine de ce changement. J'aimerais, si possible, que le ministre de la
Justice nous dise si effectivement le comité interministériel sur
l'habitation a travaillé à ceci. Finalement, toujours sur ce
problème particulier, j'aimerais savoir si le comité
interministériel sur l'habitation a remis un rapport et, si tel est le
cas, je demanderais au ministre de la Justice de déposer ce rapport.
En second lieu, M. le Président, le deuxième article qui
attire mon attention, dans le projet de loi, c'est l'article 16. Cet article
décrète un moratoire d'un an sur l'enregistrement des
déclarations de copropriété, lorsque l'immeuble comprend
un local occupé comme lieu d'habitation. Encore là, M. le
Président, nous ne ferons pas grief au gouvernement pour l'application
de cette mesure. Nous serons d'accord avec cette mesure.
Cependant, M. le Président, ce moratoire temporaire devrait
à notre avis normalement permettre au ministère d'étudier
ce type de transactions et leurs répercussions sur les locataires des
immeubles. En ce qui nous concerne, nous aimerions savoir par qui et dans
quelles conditions cette enquête sera entreprise, si
éventuellement elle est entreprise. Mais je dis tout de suite au
ministre que nous trouvons que ce moratoire d'un an est souhaitable en ce sens
qu'éventuellement peut-être reviendrons-nous à la situation
actuelle. Je ne sais pas si c'est l'intention à long terme.
Peut-être même que le ministre de la Justice n'est pas en mesure de
répondre à ce moment-ci. Mais ce moratoire serait, à notre
avis, l'occasion pour faire une étude, si jamais on doit revenir
à la situation actuelle, de la possibilité de transfert en
condominium de propriétés à logements multiples.
Je lui fais cette suggestion de la façon la plus constructive
possible. Il me semble que l'utilisation de ce moratoire devrait se traduire
par une commission ou, si vous voulez, un comité qui examinerait les
effets à long terme de ce fameux transfert de propriété
à logements multiples en condominium.
D'autre part, M. le Président, je m'en voudrais de ne pas
signaler un certain nombre de choses qui n'apparaissent pas dans le projet de
loi et que
j'aurais aimé voir, à ce stade-ci, nous être
présenté à l'Assemblée nationale. L'an dernier,
lors de l'adoption du projet de loi pour prolonger cette même loi de la
régie, nous avions obtenu qu'il soit interdit aux compagnies de gaz et
d'électricité de couper le service à l'ensemble des
locataires d'un immeuble lorsque, ce service étant à la charge du
propriétaire, ce dernier se trouvait en défaut de payer ses
factures.
Vous vous souviendrez, M. le Président, que nous avions eu
à ce moment-là de nombreuses représentations de
groupements de locataires, tant dans la région de Québec que dans
la région de Montréal. Ils nous faisaient valoir qu'il
était absolument intolérable et inacceptable et je pense
que l'ensemble des membres de la commission parlementaire qui avaient
étudié le projet s'étaient rangés derrière
cette opinion lorsqu'un propriétaire assume lui-même le
paiement des factures d'électricité et de gaz, qu'en
défaut de paiement par le propriétaire ce soient les locataires
qui en souffrent.
Alors, M. le Président, cet article, je le signale au ministre de
la Justice, a cessé d'être en vigueur et il n'est pas repris cette
année. J'aimerais que le ministre de la Justice éventuellement,
soit au moment de la deuxième lecture, ou encore en commission
parlementaire, nous dise qu'elles sont les raisons précises pour
lesquelles on ne reprend pas cet article. Je pense qu'il est essentiel, je
pense que les coupures de gaz et d'électricité vont à
nouveau se présenter. Ce n'est pas parce qu'un propriétaire est
un propriétaire d'un immeuble important, à logements multiples
qu'il n'est pas sujet à ne pas avoir les fonds nécessaires pour
payer ses factures de gaz et d'électricité.
Donc, par voie de conséquence, il n'est pas assuré que ce
type de locataire soit protégé, et j'en suis un qui serait
drôlement visé si, une bonne journée, on coupait
l'électricité à l'intérieur de l'édifice que
j'habite. Il me semble que le locataire qui fidèlement paie son loyer
est en droit, au moins, d'avoir les services qui y sont afférents.
Alors, je pense qu'également cette protection devrait revenir
dans la loi. C'est une suggestion que je fais au ministre de la Justice.
D'autre part, M. le Président, le projet de loi no 80 ne comporte, je
tiens à le signaler, aucune modification à l'article 34 de la Loi
pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires. En
particulier, cet article 34, c'est ce fameux article qui décrète
entre autres que la loi ne s'applique pas aux logements à loyers
modiques appartenant à des corps publics tels que les
municipalités ou le cas le plus évident actuel est celui que nous
vivons à Montréal, appartenant, via la ville de Montréal,
à la Société d'habitation.
Cette situation entraîne, depuis plusieurs années, des
injustices flagrantes car les administrateurs peuvent se comporter d'une
façon abusive face aux locataires, sans pour autant que ces locataires
puissent se rendre devant la régie. S'il est peut-être vrai que la
fixation des loyers, dans le cas des HLM, répond à des
critères différents je suis prêt à l'admettre
de ceux qui s'appliquent aux autres locaux d'habitation, ce n'est pas
une raison suffisante pour soustraire des pouvoirs de la régie les
conflits qui peuvent surgir dans ces locaux et qui ne sont pas d'ordre
pécuniaire.
Dès ce moment-ci, on n'a qu'à faire une toute petite
enquête dans les logements à prix modique à
Montréal. On aurait une foule, une liste de griefs que les locataires
seraient normalement, s'ils étaient couverts par la loi de la
régie, en droit de soulever devant la régie des loyers, ce qu'ils
ne peuvent pas faire. On a pensé, au moment de l'adoption de la loi,
l'année dernière, exclure ce type d'habitation en disant que ce
n'est pas tout à fait le genre de propriétaires qui voudraient
éventuellement abuser des hausses de loyer. C'est peut-être vrai.
Dans certains cas, je suis en mesure de vous dire que ce n'est pas
nécessairement vrai. Il y a des hausses de loyer actuellement, dans
certains HLM à Montréal, qui sont de l'ordre de $20 à $30
par mois. Or, les locataires qui sont affectés par cela sont ceux qui
doivent bénéficier d'une habitation à loyer modique.
Bien sûr, les coûts ont affecté toutes les
sociétés d'habitation du Québec, que ce soit à
Montréal ou ailleurs; tous ces HLM, si on peut les appeler ainsi, ont
à subir les augmentations de coût en matière de chauffage,
en matière d'électricité, et, à tous égards
en matière d'entretien. Il me semble que c'est une raison de plus, parce
qu'on a affaire à cette catégorie de locataires qui ont
bénéficié d'une situation spéciale,
c'est-à-dire qu'on leur confie une habitation à loyer modique, un
HLM, à cause de leur situation financière, pour mieux les
protéger et les inclure dans cette loi pour les cas où
eux-mêmes penseraient qu'ils sont mal servis par une augmentation de
loyer qu'on leur impose d'autorité, sans qu'il puisse y avoir appel.
Je signale également tous les autres problèmes
afférents. Ce ne sont pas seulement les augmentations de loyer qui
peuvent être soumises à la régie. Il y a tous les
problèmes de relations entre propriétaires et locataires qui
peuvent être soumis. Là, parce qu'on agit d'autorité dans
ces organismes publics qui contrôlent les habitations à loyer
modique, il me semble qu'il y a lieu de mettre un terme à cette
situation et de permettre aux locataires de s'adresser à la régie
et de se plaindre d'un certain nombre de situations qu'on impose, je le
répète, d'autorité parce qu'on se dit qu'il n'y aura pas
d'appel, il n'y aura pas de contrôle de cette décision.
En commission parlementaire, j'aurai, évidemment, des remarques
encore plus détaillées à ce sujet. Pour ceux qui
voudraient prendre de l'avance, je vous référerai aux remarques
que nous avons faites l'année passée lors de l'adoption de ce
même projet de loi. Dans une tentative de proposer au ministre de la
Justice une solution, étant donné que, par l'article 13 du projet
de loi, le pouvoir d'établir les normes de fixation est remis au
lieutenant-gouverneur en conseil c'est une modification, je l'ai
mentionné tout à l'heure, sur laquelle nous sommes d'accord
je me dis qu'il y a, dans cette modification, un élément
de solution. Ne serait-il pas plus à propos de fixer, par
règle-
ment, des conditions différentes de fixation des loyers pour les
HLM et les édifices construits après le 31 décembre
1973?
C'est sûr qu'on a affaire, dans ces deux domaines, à un
type de logements qui doivent être considérés comme
différents de ceux qui sont construits depuis plus de cinq ans ou encore
de ces logements qui sont la propriété privée de certains
organismes.
A ce moment, M. le Président, cela nous permettrait
peut-être de faire disparaître de l'article 34 de la loi les
alinéas 6 et 7 qui font une exception de ces deux types de logements.
Cela nous permettrait également, via une réglementation qui,
maintenant, appartiendra au lieutenant-gouverneur en conseil, de faire une
réglementation parfaitement adaptée à ce type de
logements.
Ainsi, on pourrait avoir un règlement qui permettrait, par
exemple, aux propriétaires de locaux construits après le 31
décembre 1973 d'obtenir des hausses de loyer plus considérables,
compte tenu du marché spécial qu'ils peuvent représenter.
On pourrait également faire des règlements de même nature
dans les cas des habitations à loyer modique. L'effet secondaire de
cette procédure, M. le Président, consisterait à donner un
recours, quand même, aux locataires de ces deux types d'habitations pour
tous les problèmes qui ne relèvent pas de la fixation des loyers,
mais qui relèvent quand même des relations entre les
propriétaires et les locataires.
M. le Président, je ne répéterai pas toute ma
réprobation à l'endroit de l'exclusion qu'on a faite,
l'année dernière, lorsque le député d'Outremont
était ministre de la Justice, et sous son parrainage, lorsqu'on a exclu
les habitations de moins de cinq ans de l'application de la présente
loi. Je sais qu'il y a toutes sortes d'arguments économiques en faveur,
par exemple, de la construction d'un nouveau logement, qui peuvent appuyer la
thèse du maintien de ce texte dans la loi. Mais il y a également
une série d'arguments qui appuient, d'autre part, la thèse
suivant laquelle c'est agir de façon très mesquine, lorsqu'on
applique une loi d'une importance telle que la présente loi et qu'on en
exclut toute une catégorie de gens qu'on livre littéralement en
pâture aux propriétaires de nouvelles habitations.
Qu'est-ce qu'on veut faire, sinon permettre de hausser artificiellement
des loyers durant une certaine période, après qu'on aura
littéralement attiré les gens sur place par des loyers
inférieurs? Je m'explique, M. le Président. Quelle est la
technique dans le cas des nouvelles maisons d'habitation qui sont exclues
pendant cinq ans? On dit: Venez ici, j'ai un beau cinq et demi en plein coeur
de Montréal à vous louer pour $150. N'importe qui ici irait louer
un cinq et demi à $150 en plein coeur de Montréal, actuellement.
Bien sûr, c'est en dehors du marché, bien sûr que c'est
"cheap", ce n'est pas cher, bien sûr que tout le monde va être
attiré par ce type de location d'habitation. Moi, je serais le premier
à choisir un cinq et demi, avec tous les services compris à $150.
C'est la technique pour attirer le locataire. On remplit l'édifice et
puis on dit: Bienvenue chez nous, regardez comme c'est bon! Regardez comme
c'est beau! Et regardez comme ce n'est pas cher! Sauf que pendant cette
période de cinq ans, qui est vraiment la permission de livrer un certain
nombre de locataires en pâture à des propriétaires, le
montant se met à augmenter pour rejoindre le marché. Cela, je
trouve ça malhonnête, M. le Président. Je trouve
particulièrement malhonnête que nous cautionnions ce type de
fonctionnement via une loi de l'Assemblée nationale.
Il me semble que, s'il y a un marché, s'il y a une loi de l'offre
et de la demande, en matière d'habitation, elle devrait jouer dès
le départ. Ce n'est pas, à mon avis, anormal de penser que les
nouveaux locataires d'un nouvel édifice d'habitations doivent savoir
exactement ce à quoi ils s'engagent. Vous allez dire: Ce n'est pas
grave, s'ils bénéficient d'un loyer inférieur pendant
quelques années et qu'à un moment donné ils subissent une
hausse qui n'est pas contrôlée par la Régie des loyers, ce
n'est pas grave, ils auront quand même bénéficié
pendant quelques années d'un loyer inférieur pour les attirer.
Mais je dis qu'il faut constamment penser au fait qu'à chaque fois qu'un
locataire est obligé de déménager et je vous
souligne qu'en particulier, dans bien des cas, maintenant, de ces habitations
à logements multiples, on n'a plus, comme on avait autrefois, des
logements loués avec tous les meubles inclus. C'est devenu de plus en
plus rare. Même les habitations à logements multiples, maintenant,
pour la plupart disent aux gens: Apportez vos meubles.
Si le locataire veut exercer son choix de ne pas subir cette hausse non
contrôlée par la régie, cela équivaut à dire
tout simplement à cette personne: Trouvez-vous un autre logement,
déménagez, avec tous les coûts que cela comporte.
Il me semble, M. le Président, qu'on devrait, c'est un essai de
solution que je vous soumets, tant pour les HLM que pour ces loyers qu'on veut
exclure, pendant une période de cinq ans après la date de la
construction du logement, d'une part, réaliser, tenir compte du fait
qu'il s'agit de logements particuliers, bien sûr, qui ne doivent pas
nécessairement être réglementés comme les autres.
Mais, à ce moment, qu'on les couvre quand même par la loi, tout en
permettant au lieutenant-gouverneur en conseil qui, à l'avenir, aura le
pouvoir de faire une réglementation, de tenir compte de cette
distinction.
Mais, au moins, tous les autres problèmes an-cillaires,
accessoires à la fixation du loyer pourront, eux, être soumis
à la régie des loyers, éventuellement, ou à
l'administrateur des loyers. Il me semble que c'est une solution qui est
logique, qui ne va pas tellement loin, qui est à mi-chemin entre la
situation actuelle de la loi et une situation uto-pique. Je pense qu'on
pourrait imaginer, dans le cadre actuel et dans l'économie actuelle, en
matière d'habitation, une situation où tout le monde serait
couvert.
Bien sûr, M. le Président, je suis prêt à
tenir compte d'un certain nombre d'impératifs comme ceux-là.
C'est pour cela que je fais au ministre de
la Justice une suggestion qui est une solution à moyen terme.
M. le Président, nous aurons d'autres remarques lorsque le projet
de loi viendra à l'étude article par article. Pour le moment,
c'est ce que, essentiellement, je pense du projet de loi et ce qui me permettra
quand même, je dois le dire, de voter pour le projet de loi, même
si je déplore, encore une fois, qu'on soit obligé de nous le
ramener par bribes année après année.
Le Président suppléant (M. Picard): Le
député de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, je pense que mes
premières paroles seront un peu dans le même sens que celles du
député de Maisonneuve. C'est la sixième fois que j'ai
l'occasion, je pense, de discuter aussi de ce projet de loi. Cependant, il y a
une différence cette année. C'est la première fois avec
l'actuel ministre de la Justice. Espérons c'est un voeu que je
fais à la veille des Fêtes; c'est le temps des voeux que
l'actuel ministre de la Justice ne prenne pas cinq ans avant de nous arriver
avec un projet de loi plus permanent que celui-là. Bien sûr, on
pourra invoquer toutes sortes de bonnes raisons pour vous dire qu'il nous faut
être souples et ajuster la loi à chaque année. Nous sommes
d'accord, M. le Président. Il faut ajuster les lois selon les
besoins.
Je suis de ceux qui croient que les institutions doivent servir les
hommes et non les hommes servir les institutions, mais un fait demeure. Nous
avions gagné l'an passé, avec les lois 80 et 81, si je me
rappelle bien, un peu de terrain que nous sommes en train de perdre cette
année, quant à la garantie que nous avions donnée aux
locataires qu'il n'y aurait pas de coupures d'électricité pour
eux, le propriétaire étant responsable. Certaines dispositions de
la loi garantissaient en effet que l'Hydro-Québec continuerait le
service.
Cette année, si nous enlevons dans cette loi cette disposition,
peut-être la retrouverons-nous dans une autre loi. C'est peut-être
l'intention du ministre de nous présenter cette garantie dans une autre
loi, sous une autre forme, peut-être plus permanente, parce que si je me
rappelle bien, l'an dernier, la garantie qui avait été
donnée était temporaire.
Je souscris aussi à cette demande que nous retrouvions, au moins,
cette garantie, car les locataires ont déjà payé un loyer
assez cher.
En effet, lorsque les loyers sont fournis d'eau et
d'électricité, ce sont généralement des loyers
assez chers. Que nous retrouvions des situations aussi pénibles que
celle qu'ont connue les locataires du secteur Apollo, aux Saules, à
Québec, je pense que c'est inacceptable et que nous devons donner
certaines garanties.
Ces gens paient des loyers dans un quartier nouveau où
l'entrepreneur a eu des difficultés financières, ce qui peut
arriver à tout le monde et à tous les entrepreneurs. Après
un certain retard dans les paiements de l'électricité de la part
du propriétaire, l'Hydro-Québec a coupé
l'électricité pour tout le monde. Le secteur Apollo regroupe des
centaines de familles.
Je crois donc qu'il serait dans l'ordre que, si nous ne le retrouvons
pas dans le projet de loi, au moins le ministre nous indique que ce genre de
garantie se retrouvera dans un autre projet de loi à être
présenté très prochainement.
M. le Président, dans un autre ordre d'idées, il y a la
question des condominiums ou des copropriétés. Bien sûr, en
Amérique du Nord, c'est un fait relativement nouveau. C'est une chose
qui existait plutôt en Europe. Qu'il me soit permis, pour mieux me faire
comprendre, de citer un article qui paraissait dans le Devoir du 28 mai 1975
concernant justement la copropriété. Voici seulement quelques
passages. Le journaliste se posait des questions, évidemment: "Qu'est-ce
au juste que la copropriété, cette formule qui a fait ses preuves
depuis longtemps en Europe et depuis peu aux Etats-Unis sous une formule
toutefois différente? La copropriété, c'est la
propriété d'un immeuble répartie entre ses
propriétaires en fractions égales. Ces fractions comprennent
à la fois une partie, exclusive réservée à chaque
propriétaire, et une quote-part des parties communes.
"C'est-à-dire que chacun des propriétaires, en plus de
posséder en propre une partie déterminée de l'immeuble,
soit son logement, possède aussi collectivement les parties dites
communes de l'immeuble: escaliers, toiture, garages, etc. Ainsi, qu'il s'agisse
d'un immeuble à appartements, ou d'un duplex, chacun des participants
aura droit de propriété sur son logement et un droit de
copropriété sur les parties communes de l'immeuble. "On comprend
donc l'utilité d'une formule légale spécifique, car,
à rencontre de la situation de locataire, elle comporte un droit de
propriété sur un immeuble partagé collectivement entre
différents participants: les copropriétaires. Ce compromis entre
différents individus permet de réaliser une économie
d'échelle à l'achat qui peut faire, dans certains cas, la
différence entre devenir propriétaire ou demeurer locataire."
M. le Président, cette forme relativement nouvelle de
propriété est, je pense, une nouvelle forme d'accès
à la propriété pour des locataires qui, autrement,
demeureraient toujours des locataires. Nous devons la favoriser pour autant que
cette nouvelle forme de propriété puisse réellement
favoriser un ancien locataire; mais, si cette nouvelle forme de
propriété ne faisait qu'engendrer des problèmes, soit des
chicanes entre voisins et le reste, parce que les lois ne seraient pas
suffisamment claires, je pense qu'en tant que législateurs nous
rendrions un très mauvais service à ces futurs
propriétaires et actuels locataires.
A ce chapitre, je ne peux que souscrire à l'idée du
ministre d'un moratoire permettant une étude plus approfondie du
sujet.
Qu'il me soit permis de souligner qu'avant de parler de la loi 80 cette
année, nous avons, à mon bureau de recherche, pris la
précaution de communiquer avec certaines associations de loca-
taires, dont l'Association des locataires du Québec
métropolitain, dont le président est M. Wilfrid Métayer,
qui déjà depuis plusieurs années s'intéresse
particulièrement aux problèmes que connaissent les locataires.
Bien sûr, nous avons demandé les avis de ces gens qui
s'intéressent particulièrement à cette situation et qui
sont dans le milieu. L'avis que nous avons reçu est à l'effet que
la loi 80 ne comprend pas de clauses qui pourraient amener un débat de
la part des locataires. Elle semble en général, sauf
peut-être quelques exceptions, acceptable par les représentants
des locataires avec qui, en tout cas, nous en avons discuté. Le seul
problème c'est qu'eux aussi réclameraient, comme nous le faisons
depuis six ans, que la Régie des loyers subisse une réforme en
profondeur, c'est-à-dire que cela devienne quelque chose de plus
permanent, dans le genre d'un tribunal qui pourrait prendre des
décisions sur des bases peut-être un peu plus scientifiques que
celles qui sont prises aujourd'hui.
Tout le monde sait que les administrateurs et les différents
bureaux de la Régie des loyers dans le Québec sont
généralement des gens qui sont engagés en dehors de la
fonction publique, pour des raisons différentes, qui peuvent
différer en tout cas, et dont la préparation à ce genre de
travail n'est pas toujours garantie.
C'est ainsi que nous retrouvons plusieurs administrateurs de la
régie dont les anciens métiers étaient vendeurs de patates
frites ou des choses comme cela. Cela ne veut pas dire que ce sont des gens qui
n'ont pas de jugement; ces gens-là peuvent avoir un jugement tout aussi
bon qu'un fonctionnaire qui franchirait tout le processus de la fonction
publique, bien entendu. Mais un fait demeure c'est que, dans cette question de
conciliation entre propriétaires et locataires, il y a toute une
technique; nous demandons à ces gens-là, à ces
administrateurs de devenir des juges, en quelque sorte. Un juge,
généralement dans le système de notre justice actuelle,
est choisi parmi les bons avocats ou ceux qui ont fait leurs preuves. Or,
à la Régie des loyers, nous avons là aussi des juges; il
serait valable qu'une réforme plus en profondeur soit
présentée devant le Parlement, pour que les locataires qui
auraient, aussi bien que les propriétaires, à avoir recours aux
services de la régie aient absolument l'impression qu'ils ont recours
à un tribunal d'arbitrage des plus compétents.
Ceci pourrait éviter, bien entendu, des plaintes et
peut-être l'impression qui est donnée. Certaines gens qui ont eu
recours à la Régie des loyers dans le passé, l'impression
qui leur est donnée est qu'ils n'ont pas obtenu justice alors que dans
plusieurs cas ce n'est peut-être pas vrai. Ils ont peut-être eu
justice, mais ils ont quand même conservé l'impression de ne pas
avoir obtenu justice.
M. le Président, je suis de ceux qui favoriseraient une refonte
en profondeur et que nous cessions de revenir à tous les ans, à
la veille de Noël, pour allonger, si vous voulez, l'agonie de la loi de la
Régie des loyers.
Qu'il me soit permis de dire que quand on parle de la Loi de
conciliation entre locataires et propriétaires, il n'y a pas seulement
les locataires qui ont des griefs. C'est une loi de conciliation, alors cela
veut dire qu'il y a deux parties en cause.
Je me référerai, M. le Président, à un
article qui a paru dans un journal dernièrement qui, justement, nous
parlait du dernier congrès des constructeurs de logements. Voici ce
qu'on dit, dans Le Jour, le 1er décembre 1975: "Pour les constructeurs
d'habitations du Québec en congrès, la Commission des loyers
favorise trop les locataires." Vous voyez, il y a là un son de cloche
différent aux yeux des constructeurs d'habitations du Québec, les
locataires ont trop beau jeu face aux propriétaires d'immeubles
locatifs. La Commission des loyers qui s'inspire pourtant d'une loi de
conciliation entre propriétaires et locataires demeure à leurs
yeux un organisme favorisant les locataires aux frais et dépens des
propriétaires. "C'est avec un certain cynisme et parfois avec des
accents de colère que les délégués au
congrès de l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du
Québec ont interrogé et pris à partie M. Claude
Chapdelaine, de la Régie des loyers. Le taux de vacance des logements
s'amenuisant de plus en plus depuis 1972, les propriétaires sentent
très bien les pressions à la hausse sur les loyers, pressions qui
s'accroissent d'autant plus que les mises en chantier d'immeubles locatifs ont
chuté considérablement, 38.5% en 1974." De là
évidemment la fameuse clause de l'an dernier pour ne pas inclure dans la
loi les loyers de cinq ans ou moins.
L'article continue en disant ceci: "Cependant, la création, dans
plusieurs provinces, d'offices ou de régies de contrôle des loyers
leur donne l'impression de se faire couper les ailes au moment où ils
espéraient rattraper un marché libre." Si je me rappelle bien,
l'an dernier, nous avions voté une loi qui exemptait les
propriétaires de la loi de conciliation pour un immeuble de cinq ans ou
moins. Bien entendu, l'effet était pour tenter de permettre qu'il y ait
davantage de construction face à cette chute dans la construction que
l'année 1974 avait connue au Québec.
La situation est maintenant changée. A partir du moment
où, dans les autres provinces, il y a aussi des offices ou des
régies de loyers, bien sûr le marché libre compte utiliser
les entrepreneurs en 1974 en se rendant plutôt dans d'autres provinces
pour construire au lieu de construire au Québec. Ce qui fait que,
maintenant, la situation est redevenue la même ou presque la même
à travers le pays. Donc, nous pourrions envisager d'inclure dans la loi
tous les immeubles de location et que tous les propriétaires soient
soumis à cette loi de conciliation entre propriétaires et
locataires, la situation étant maintenant changée, étant
maintenant différente.
M. le Président, je poursuis en signalant que, toutefois, je suis
satisfait de voir qu'on a pensé aux propriétaires qui auront
besoin à l'avenir d'un logement pour leurs parents. On a élargi
la loi de ce côfé. C'était là aussi une question
litigieuse qui, en quelque sorte, ne permettait pas à un nouveau
propriétaire, dans plusieurs cas, de prendre non seulement son
logement mais d'en faire bénéficier sa parenté la plus
près de lui. Nous avons des modifications qui semblent bonifier la
loi.
De toute façon, je voterai pour la loi parce que, même s'il
faut voter une fois par année, même si je crois qu'il faudrait une
refonte en profondeur, même si je crois que nous devrions cesser de
revenir devant le Parlement une fois par année pour la même chose,
malgré tout cela, il reste que faute de pain on mange de la galette.
Pour le moment, il est de la plus haute importance, en attendant de le
faire en permanence, de continuer, au moins, à protéger les
droits des locataires, ainsi que ceux des propriétaires. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Picard): Le ministre des
Travaux publics et de l'Approvisionnement.
M. William Tetley
M. Tetley: M. le Président... Please hold your applauses
for the end.
M. le Président, je voudrais tout d'abord féliciter le
ministre de la Justice d'avoir conçu et présenté ce projet
de loi no 80, intitulé Loi prolongeant et modifiant la Loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires. C'est un
projet de loi de grande envergure sociale. C'est un projet de loi qui a
suscité, dans le comté de Notre-Dame-de-Grâce, sur
l'île de Montréal, et dans toute la province, des éloges.
C'était, en effet, une loi pour protéger le consommateur.
C'est un projet de loi véritable de la justice et notre ministre
de la Justice, le député de Bonaventure, a fait preuve d'un souci
pour les petits, un souci pour la société. M. le
Président, je voudrais aussi noter que certains groupes de notre
société ont aidé et ont appuyé la
présentation d'un tel projet de loi. Dans le comté de Saint-Henri
se trouve, tout près du comté de Notre-Dame-de-Grâce, un
développement au nom de Elmhurst Development ou Westhaven Development.
Dans le comté de Fabre, il y a d'autres séries d'appartements qui
seraient, comme Westhaven Development ou le Elmhurst Development,
affectés énormément si le projet de loi no 80
n'était pas présenté.
Mr. President, I would like to note that this law will help a great many
areas in Montreal, including Elmhurst area which is not in my riding, but which
I have been looking after really for the last seven years off and on. In the
constituency of Fabre as well, there is a development that needs protection and
will receive it by this bill. I vould like to congratulate certain persons who
have made representations to the Government, including the Monitor magazine, or
a weekly newspaper in NDG, le Messager de ville LaSalle, Lachine et de ville
Saint-Pierre, and the Star, and the Gazette.
Je voudrais aussi féliciter the Reverend Ian Stuchberry, of St.
Phillip's Church in Montreal West, who got up an enormous petition on behalf of
the residences of the Elmhurst Development. He was aided by the Reverend
William Brown, of St. Ignatius parish, also in NDG.
M. le Président, je crois que ce projet de loi est la preuve d'un
travail fait par les citoyens et le gouvernement. C'est une preuve que le
gouvernement peut travailler avec et pour la société. Je
félicite encore le ministre de la Justice de son projet de loi, vraiment
juste, vraiment social. Merci, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Picard): Le
député d'Anjou.
M. Yves Tardif
M. Tardif: M. le Président, je voudrais m'asso-cier aux
orateurs qui m'ont précédé pour féliciter le
ministre du projet de loi que nous avons devant nous. Il semble que tout le
monde soit d'accord pour affirmer que le projet de loi en question soit bien
fondé.
Je note qu'à la suite d'une situation nouvelle, qui est apparue
plus particulièrement à Montréal et à
Québec, le gouvernement et le ministre de la Justice n'ont pas
hésité à prendre les mesures nécessaires afin de
remédier aux abus qui auraient pu découler de cette nouvelle
situation. Comme vous le savez, je fais allusion aux condominiums ou aux
immeubles en copropriété.
Le projet de loi que nous étudions est revenu devant les
parlementaires de l'Assemblée nationale à plusieurs reprises
depuis qu'une telle loi a été adoptée vers 1951. A chaque
année, le gouvernement du Québec a essayé, par les
amendements qu'il proposait, d'améliorer le projet de loi existant.
Encore une fois, cette année, c'est ce que le gouvernement fait, non
seulement dans le domaine des condominiums mais également dans d'autres
domaines mentionnés dans le projet de loi no 80. Malgré tout, il
n'en reste pas moins que c'est un domaine où il y a quelques plaintes
qui surgissent de la part de nos électeurs à chaque année.
Certaines de ces plaintes découlent des amendements qui ont
été adoptés au cours des deux ou trois dernières
années. Ces amendements, qui ont amené des améliorations
tant au Code civil qu'à la Loi pour promouvoir la conciliation entre
propriétaires et locataires, ont aussi amené des
complexités inouïes dans les méthodes, formules et
procédures.
Selon les renseignements que j'ai, il semble que ce soient des
complexités telles que les propriétaires, les locataires, les
fonctionnaires de la commission, voire les administrateurs des loyers et leurs
assistants et même les commissaires ont exprimé des doutes
sérieux sur certaines des méthodes de 1974 et de 1975, et plus
particulièrement les formules RNFL-1 et RN-1 ainsi que leurs corollaires
et résultats; il semble qu'il ne soit pas exagéré de dire
qu'à tous les paliers on arrive parfois difficilement à en
comprendre les rouages et les implications.
Au cours des dernières années, on a essayé
d'ajouter des critères un peu plus scientifiques à la
détermination du loyer qui doit être payé par un locataire.
C'était sûrement une excellente chose et je pense que cela a
été une initiative heureuse de la part du gouvernement. Avec
l'introduction de
ces formules scientifiques il semble, d'autre part, que la paperasserie
se soit accumulée en ce sens que désormais, avec les formules que
les locataires et les propriétaires doivent remplir, ils se trouvent
face à des situations qui sont difficiles pour eux car ils doivent
fournir un nombre considérable de chiffres. Les formules en question,
que je viens de mentionner, sont peut-être parfois aussi
compliquées que des rapports d'impôt.
On sait qu'il y a bien des individus qui ne sont pas en mesure de
remplir eux-mêmes leur rapport d'impôt et qui doivent faire appel
à des firmes spécialisées pour ce faire. Les formules qui
doivent être remplies à la Régie des loyers
requièrent des renseignements assez nombreux qui provoquent parfois des
recherches assez longues, assez coûteuses pour les parties
impliquées. Je pense que ce serait peut-être un
élément sur lequel le ministre de la Justice devrait
réfléchir, peut-être pas avant l'adoption du projet de loi
en question, parce que nous avons peu de temps devant nous, mais lors de la
refonte globale qui, j'imagine, se fera éventuellement au cours de la
prochaine année ou d'ici deux ans.
A l'occasion de l'introduction de ces critères scientifiques, il
semble que certaines personnes qui travaillent à la régie
je ne dis pas toutes mais certaines aient pris l'habitude de dire
parfois aux locataires ou aux propriétaires que maintenant
c'étaient les ordinateurs, pour ainsi dire, qui décidaient.
Certes, les administrateurs adjoints qui prennent des décisions ont
maintenant des chiffres devant eux; ils doivent se fonder sur les augmentations
qui ont été accordées au cours des années
précédentes, du taux d'inflation, du taux d'intérêt,
du taux de rendement que doit rapporter une telle propriété, des
dépenses occasionnées par les améliorations faites au
local d'habitation. Ce sont des éléments positifs, mais certaines
des personnes qui travaillent à la régie ont peut-être pris
la manie de dire que c'étaient maintenant un ordinateur qui rendait les
décisions alors que nous savons tous que ce sont les administrateurs
adjoints de la Régie des loyers ainsi que les commissaires de la
Commission des loyers qui doivent prendre des décisions.
Il va de soi qu'on a peut-être voulu, parfois, pas
nécessairement pour une mauvaise raison, trop simplifier en disant que
les décisions étaient automatiques, étaient
ultra-scientifiques et que passé un certain montant on ne pouvait pas
faire autrement que de se résigner.
Egalement, M. le Président, j'aimerais, avant qu'on ait
l'occasion d'étudier ce projet de loi, soit en commission
plénière ou en commission parlementaire, que le ministre de la
Justice s'informe s'il y a encore des inspecteurs qui font des visites dans les
locaux d'habitation. Ayant été associé de près,
pendant un certain temps, à la Régie des loyers, à
Montréal, j'ai eu...
M. Levesque: J'ai répondu au député, tout
récemment, à ce sujet.
M. Tardif: Pardon?
M. Levesque: Le député devrait recevoir une
réponse par écrit dans son courrier de fin de semaine.
M. Tardif: Relativement à cette question? D'accord. Je
vois que le ministre de la Justice avait déjà deviné ma
question, alors je ne continuerai pas sur ce sujet.
Toutefois, je voudrais faire une dernière remarque, et c'est la
suivante: II arrive en fait, lorsqu'un conflit surgit entre un
propriétaire et un locataire, que le propriétaire va demander un
montant pour le local d'habitation qu'il loue à un locataire. Il va de
soi que la Régie des loyers ou la Commission des loyers ne peuvent
accorder plus que le montant demandé par le propriétaire parce
que ce serait juger ultra petita, mais on m'a souligné certains cas
où la Régie des loyers a accordé, à la suite d'une
audition, moins que le montant que le locataire était prêt
à payer. J'ai un certain nombre d'exemples, mais je n'ai malheureusement
pu fouiller mes dossiers parce que je ne savais pas qu'on discuterait de cette
question ce matin. J'ai malgré tout un exemple devant moi d'un
propriétaire de la ville d'Anjou qui n'avait pas demandé
d'augmentation pendant les dernières années et qui voulait voir
le loyer de son locataire passer de $130 à $150, c'est-à-dire une
augmentation de $20, représentant à peu près 15% ou 16%.
Lors de l'audition, le locataire a admis qu'une augmentation de $15,
c'est-à-dire de 11%, serait raisonnable et qu'il ne voulait pas accepter
une augmentation de $20, puisque cela lui paraissait injustifié. A la
suite de l'audition, la Régie des loyers a rendu une décision par
laquelle elle accordait une augmentation de $6 par mois, qui était de $9
inférieure à ce que le locataire était prêt à
payer. Il s'agissait alors d'une augmentation qui ne représentait pas
5%, alors que le local d'habitation n'avait pas subi d'augmentation au cours
des dernières années. Or, le taux de 5% n'est même pas
équivalent au taux d'inflation, n'est même pas équivalent
au taux d'intérêt et, en fin de compte, cela constitue pour ainsi
dire un certain déni de justice vis-à-vis du propriétaire.
La décision a été portée devant la Commission des
loyers et celle-ci a jugé bon de ne pas intervenir. Comme vous le savez,
M. le Président, la décision de la Commission des loyers est sans
appel. On pourrait porter cela devant la Cour supérieure en demandant
une évocation, mais il faudrait alors prouver que la Régie des
loyers et la Commission des loyers ont excédé leur juridiction,
ce qui n'était sans doute pas le cas.
Je me demande, M. le Président, si on ne devrait pas
prévoir dans ce projet de loi-ci, ou lors d'une refonte
éventuelle que la Régie des loyers et la Commission des loyers ne
peuvent pas accorder un montant moindre que ce que le locataire
déclarerait être prêt à payer à l'occasion
d'une audition. En somme, si la Régie des loyers et la Commission des
loyers ne peuvent pas juger ultra petita, à mon avis, elles ne devraient
pas être en mesure de juger ce que je pourrais appeler intra petita,
c'est-à-dire en dessous du montant que le locataire serait prêt
à payer.
Je pense qu'il s'agit simplement d'une mesure de justice,
d'équité, qui ne favorise ni le propriétaire, ni le
locataire, mais qui permettrait, à mon avis, d'en arriver à des
relations plus harmonieuses entre le propriétaire et le locataire.
J'espère qu'on aura l'occasion de discuter de ces questions,
peut-être pas à l'occasion de l'étude de ce projet de
loi-ci, mais au cours de la refonte éventuelle de la loi qui devrait se
produire, j'imagine, au cours de la prochaine année, ou d'ici deux
ans.
Le Président suppléant (M. Picard): L'exercice du
droit de réplique par le ministre mettra fin au débat de
deuxième lecture.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, je serai très bref.
D'abord, je voudrais remercier ceux qui ont participé au débat,
particulièrement mes collègues, le ministre des Travaux publics
et le député d'Anjou qui ont apporté une contribution
très positive à l'étude de ce projet de loi. Nul doute
qu'en commission parlementaire ou en commission plé-nière, nous
pourrons aborder certains sujets soulevés particulièrement par le
député d'Anjou.
M. le Président, le leader parlementaire de l'Opposition a fait
son possible pour essayer d'excuser le vote de première lecture du Parti
québécois, vote qui, on se rappelle, était
défavorable à ce projet de loi. Il a fait tous les efforts et son
parti ne pourra lui reprocher quoi que ce soit à ce sujet.
Evidemment, il faut, pour être juste envers le
député de Maisonneuve, rappeler qu'il était absent au
moment du vote et que c'était la confusion la plus totale chez le Parti
québécois.
M. le Président, si ses collègues ont voulu, par leur vote
en première lecture, se dissocier d'un principe qui était celui
de la prolongation de la loi de conciliation, j'espère que le
député de Maisonneuve rappellera les dispositions de notre
règlement quant à la signification des votes de première,
deuxième et troisième lecture. Tout le monde sait ce que veut
dire un vote de première lecture. La motion de première lecture,
d'après l'article 117, est la présentation du texte du projet de
loi à l'Assemblée après qu'il a été remis au
président. Voilà la signification, M. le Président.
Il y a une autre signification qui s'est ajoutée
récemment, c'est l'occasion d'avoir un vote. Dans ces deux cas, je ne
crois pas que l'on parle du principe du projet de loi. Or, si on a voulu
s'élever contre le principe du projet de loi, on devrait le faire en
deuxième lecture. Si on s'est pas élevé contre le principe
du projet de loi, de toute façon, on saura où se situe le Parti
québécois lorsque je vais demander un vote enregistré. Si
les députés préfèrent qu'on le remette, je ne le
demanderai pas s'ils sont absents partout dans les commissions parlementaires.
Je vais demander, cependant, d'ajourner à mardi, afin que nous ayons un
vote et qu'on se prononce réellement sur le principe du projet de
loi.
A ce moment-là, on aura toute la fin de semaine pour y penser
sérieusement.
M. Burns: Je vous ai dit comment on voterait. Je vous ai
déjà dit qu'on voterait pour.
M. Levesque: Je sais, je sais que le député de
Maisonneuve a dit comment il voterait. Je ne sais pas s'il va pouvoir
convaincre son caucus. Je sais qu'il n'y a pas de problème parce qu'on
le regrette, M. le Président, depuis longtemps. Ce vote stigmatisera
pour longtemps le député de Saint-Jacques, en particulier.
M. Burns: Sauf que, si vous continuez, le député de
Saint-Jacques va peut-être essayer de me convaincre de voter contre.
M. Levesque: M. le Président, on m'a posé des
questions de part et d'autre. Le député de Rouyn-Noranda a
insisté plus particulièrement sur un autre sujet auquel je
reviendrai dans un instant, mais disons qu'on a parlé de la permanence
de la loi de conciliation. Pourquoi n'a-t-on pas apporté ce
caractère de permanence, à ce moment, alors que depuis cinq ans
le député de Maisonneuve mentionne qu'il a
répété cette demande?
Je ne suis pas responsable des anciennes demandes du
député de Maisonneuve. Si cette année j'ai
préféré garder un caractère temporaire à
cette loi, qui est excellente et dont je demande, par une partie du projet, la
prolongation, c'est qu'on n'est pas sans se rappeler qu'il existe
présentement deux comités qui travaillent exactement à ce
sujet, soit le groupe de travail sur l'habitation présidé par M.
Legault, de Montréal, et également le comité de travail
sur l'urbanisation, qui est présidé par M. Claude Castonguay.
Dans lesdeux cas, je tiendrais à informer cette Chambre de
représentations que j'ai reçues de ces deux comités. En
date du 10 octobre 1975, M. Claude Castonguay, président du groupe de
travail sur l'urbanisation, écrivait à M. André
Gélinas, directeur de la recherche au ministère de la
Justice.
Il disait ceci: "Cher monsieur, "Pour faire suite à notre
récente conversation, je désire vous rappeler que le groupe de
travail sur l'urbanisation que je préside a reçu le mandat
d'élaborer les lignes directrices d'une politique en matière
d'urbanisation et que nous devons notamment traiter de la question de
l'habitation. "Conformément à ce mandat, nous allons proposer les
lignes directrices d'une politique d'habitation couvrant notamment la question
du contrôle des loyers. Pour cette raison, nous nous demandons s'il n'y
aurait pas lieu que le gouvernement attende la réception de notre
rapport avant de proposer une politique permanente en matière de
contrôle des loyers. "Présentement, la rédaction de notre
rapport va bon train,"etc.
J'ai reçu une copie et une copie a été
adressée également au ministre des Affaires municipales.
De plus, de M. Legault, je recevais directement une lettre en date du 17
octobre dans le même sens. M. le Président, M. Legault disait, par
exemple: "II ne saurait être question, lors de cette session, de
transformer, selon les recommandations du groupe de travail sur l'habitation,
la loi en profondeur étant donné que le contrôle des loyers
fait
partie d'un ensemble de dispositions qui seront contenues dans le
rapport final du groupe de travail", etc.
M. le Président, à la demande de ces deux comités
qui travaillent précisément sur cette question, je crois que
j'aurais été irresponsable, à ce moment-là, pendant
justement que deux groupes de travail payés à même les
deniers des contribuables, pendant qu'on est en train de faire ces
études, de m'autoriser à tenter de mettre dans un projet de loi
une refonte ou un caractère de permanence qui ne tienne pas compte des
avis que j'ai ainsi reçus.
M. Burns: Est-ce que ces deux groupes, M. le ministre, vous ont
donné une indication quant à la date où ils seraient
prêts à faire leurs rapports?
M. Levesque: Je n'ai pas ici la date exacte. Nous avons
prolongé, je sais, dans le groupe de travail sur l'habitation et, si ma
mémoire est fidèle, sur le groupe de travail sur l'urbanisation,
mais dans les deux cas, ce serait avant le 31 mars 1976, si ma mémoire
est fidèle.
M. le Président, je crois que ceci explique d'une façon
plus éloquente que les mots que j'emploie la raison qui nous a
amenés à présenter le projet de loi dans sa forme
actuelle.
M. le Président, on nous a parlé d'un règlement
relativement à l'article 13 du projet de loi. Mes renseignements sont
à l'effet que ce projet de règlement serait déjà
prêt et qu'il aurait été préparé par le
service technique de la Commission des loyers, un service qui est
présidé par l'économiste M. Claude Chapdelaine. Mais je ne
suis pas en mesure, à ce moment-ci, de dire si je puis le déposer
ou le présenter parce que je dois dire que, personnellement, je n'en ai
pas encore pris connaissance. Mais si ce projet de règlement est
approuvé au niveau du ministère et à mon niveau, je
n'aurai pas d'objection à le présenter pour adoption en temps
opportun.
M. Burns: Y aurait-il moyen c'était un peu le but
de ma question si vous en prenez connaissance et si vous l'approuvez,
à titre de projet on ne vous liera pas à cela car
évidemment vous avez la possibilité de le modifier en cours de
route qu'au moment de la commission parlementaire parce que
j'imagine qu'il y aura une commission élue qui étudiera le projet
de loi vous en donniez une copie aux membres de la commission?
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection, lorsque le règlement
sera approuvé, mais je crois que c'est mon devoir, parce que ce sera un
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil, d'en faire part d'abord
au cabinet des ministres. Je ne suis pas en mesure de m'engager davantage.
Quant aux loyers des HLM, un groupe de travail de la
Société d'habitation du Québec serait à l'oeuvre
présentement pour étudier justement le sujet soulevé par
le député de Maisonneuve. Si j'ai bien compris, le
député de Maisonneuve s'oppose à ce que ces loyers soient
enlevés de la juridiction de la Régie des loyers ou de la
Commission des loyers, même si c'est administré par un office
municipal d'habitation. On m'informe que la Société d'habitation
du Québec étudie précisément ce point-là;
nous pourrons nous en reparler lorsque nous nous retrouverons à un
moment donné; tout dépend, évidemment, des conclusions de
l'étude en question.
M. le Président, le député de Rouyn-Noranda, qui
s'est montré favorable au projet de loi, a cependant eu l'infortune
c'est un conseil que je lui donne de suivre les traces du
député de Maisonneuve dans son argumentation sur la situation que
l'on faisait aux locataires quant aux comptes d'électricité qui
ne sont pas payés par le propriétaire. Il a pris ses mots;
probablement qu'il a été inspiré, à moins que ses
recherchistes ne soient inspirés par les recherchistes du
député de Maisonneuve. Il a pris à son compte la
même argumentation.
M. Samson: Ils ont peut-être été dans la
même bibliothèque.
M. Levesque: La même bibliothèque? Mais, enfin,
votre bibliothèque n'est pas à jour. En effet, M. le
Président, tous les députés de cette Chambre sont au
courant parce que cela a été adopté à
l'unanimité par le projet de loi no 48. C'est une inconscience, M. le
Président, que je ne peux pas admettre. Ici même, cette
année, on a réglé cela par le projet de loi no 48, Loi sur
le mode de paiement du service d'électricité dans certains
immeubles, adopté en première, en deuxième et en
troisième lecture à l'unanimité, M. le Président.
On voudrait introduire cela dans le projet de loi actuellement à
l'étude. Je dis au député de Rouyn-Noranda de faire
attention, de ne pas suivre, jamais, les traces de l'honorable
député de Maisonneuve. D'habitude, l'honorable
député de Maisonneuve...
M. Samson: M. le Président...
M. Levesque: ... n'est pas mal. Je lui rends hommage, mais, cette
fois-ci...
M. Samson: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait une petite question?
M. Levesque: ... je ne sais pas si ses recherchistes ont fait une
erreur ou s'il a été fort distrait. Mais je donne un bon conseil
au député de Rouyn-Noranda: Ne suivez pas aveuglément le
député de Maisonneuve.
M. Samson: Le ministre me permet-il une question, M. le
Président?
M. Levesque: Certainement.
M. Samson: Est-ce que le ministre admet que, quand je suis
présent, je suis présent à 100%, mais, quand je suis
absent, je suis absent à 100%?
M. Burns: M. le Président, si le ministre me le permet, je
désire faire amende honorable. Quand on se trompe, il faut avoir la
grandeur de l'admettre. Je me suis trompé. Je m'excuse surtout d'avoir
donné cette fausse information au député de Rouyn-Noranda.
M. le Président, je rends hommage au ministre; il a parfaitement raison,
je me suis trompé. J'avais véritablement omis de prendre
connaissance de l'existence de la loi no 48. Je le remercie de m'indiquer
l'existence de cette loi; même si ce projet de loi a été
voté à l'unanimité, sans doute qu'il m'a
échappé.
M. Levesque: M. le Président, avec son habileté
coutumière, le député de Maisonneuve vient de me
désarmer.
Tout le reste de mon discours vient de tomber. J'aurai eu un plaisir
fou, ce vendredi matin, il m'en restait encore cinq minutes, à
pourfendre ces adversaires, ces amis d'en face, mais devant cette confession
générale, que voulez-vous?
M. Samson: M. le Président, le ministre...
M. Levesque: Péché avoué étant
à demi pardonné...
M. Burns: A tout péché miséricorde.
M. Samson: M. le Président, le ministre devrait...
M. Levesque: Pour prendre les mots du député de
Rouyn-Noranda, ce n'est pas 50% de pardonné, c'est 100% ou rien, donc
100%.
M. Samson: Le ministre, je pense, va admettre qu'il arrive
parfois qu'on ne peut pas être présent et, finalement, on ne peut
pas tout lire après non plus. On remercie...
M. Levesque: Le procès-verbal ne contient à ce
sujet qu'un paragraphe, M. le Président...
M. Samson: Je remercie également...
M. Levesque: ... et je sais que le député de
Rouyn-Noranda a sûrement lu ce paragraphe important du
procès-verbal.
M. Samson: M. le Président, je remercie également
le ministre de nous avoir informés de cette chose qui nous a
peut-être échappé, mais il reste que je suis
rassuré: ce qu'on voulait avoir, on l'a. Tout ce que nous voulons, c'est
obtenir des résultats, et quand on a des résultats, on ne
chiâle pas.
M. Lacroix: Prenez la parole de "l'évêque" et mettez
cela au pied de la croix.
M. Levesque: M. le Président, on comprendra que dans
toutes les bonnes lois que le gouvernement adopte... Voici un exemple d'une
excellente loi qui a même été demandée une
deuxième fois cette année. Ces lois n'ont peut-être pas la
publicité qu'elles méritent. On a un exemple assez frappant ce
matin. Des bons coups du gouvernement sont tellement passés sous silence
que même les deux, le leader parlementaire de l'Opposition officielle et
le chef du Ralliement créditiste, ne le savent pas, ils ont votée
cette loi à l'unanimité, et devant évidemment la galerie
pleine de journalistes. Je pense bien que cela prendrait une troisième
demande, M. le Président, à la prochaine occasion, parce que je
ne sais même pas si nos honorables amis de la tribune...
M. Burns: Est-ce que vous avez pardonné, oui ou non?
M. Levesque: Pardon?
M. Burns: Est-ce que vous avez pardonné, oui ou non?
M. Levesque: Ah oui! j'ai pardonné. M. Burns: Bien,
lâchez-nous!
M. Samson: Arrêtez de nous faire mal.
M. Levesque: Alors, M. le Président, pour être
sûr de pardonner, je vais...
M. Lacroix: ... deux fois.
M. Levesque: ... immédiatement terminer mes remarques tout
en réservant les autres pour la commission élue, ce sera
peut-être la meilleure façon.
Le Président: Etant donné que vous demandez que le
vote ne soit pris que mardi, cela revient à un ajournement du
débat?
M. Levesque: C'est cela, M. le Président, je propose
l'ajournement du débat. Je propose également, tout en rappelant
les trois commissions que nous avons mardi matin, à dix heures trente,
l'ajournement de la Chambre à mardi, quinze heures.
Le Président: Cette motion d'ajournement du débat
est adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: L'Assemblé ajourne ses travaux
à mardi, quinze heures.
(Fin de la séance à 12 h 55)