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(Quinze heures quatre minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
L'honorable leader parlementaire du gouvernement.
Rapport sur le projet de loi privé no
214
M. Levesque: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer un rapport du greffier en loi à la Législature
relativement au projet de loi no 214, Loi concernant la Compagnie de gestion de
Matane Inc. Le greffier indique que l'avis est suffisant et que le projet
déposé est conforme à l'avis.
Le projet ayant été déposé au
secrétariat des commissions le 25 novembre 1975 et le délai pour
ce faire validement étant écoulé, il y aurait lieu de
suspendre l'article 1 des règles de pratique en ce qui a trait à
ce projet de loi. Aucun avis n'ayant été publié avant le
dépôt du projet au secrétariat des commissions et seulement
un avis ayant été publié à ce jour dans la Voix
gaspésienne de Matane du 26 novembre 1975 et dans la Gazette officielle
du Québec du 29 novembre 1975, il y aurait lieu de suspendre
également l'article 5 des règles de pratique en ce qui a trait
à ce projet de loi.
Motion de suspension des règles de
pratique
M. Levesque: M. le Président, devançant la
période des motions non annoncées, je propose que, dans ce cas,
nous suspendions l'article 1 et l'article 5 des règles de pratique.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Je demande un vote enregistré, M. le
Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
Le Président: A l'ordre! Que ceux qui sont en faveur de la
motion du leader parlementaire du gouvernement veuillent bien se lever, s'il
vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Blank,
Parent (Hull), Mailloux, Saint-Pierre, Cloutier, Phaneuf, Lachapelle,
Berthiaume, Quenneville, Lalonde, Tetley, Drummond, Lacroix, Bienvenue, Hardy,
Forget, Toupin, L'Allier, Vaillancourt, Arsenault, Houde (Fabre), Desjardins,
Massé, Perreault, Brown, Lamontagne, Bédard (Montmorency),
Veilleux, Saint-Hilaire, Séguin, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote,
Fraser, Picard, Gratton, Assad, Carpentier, Dionne, Faucher,
Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Pelletier, Shanks, Springate,
Pepin, Beauregard, Bérard, Bonnier, Boudreault, Chagnon, Marchand,
Ostiguy, Caron, Côté, Déom, Déziel, Dufour, Harvey
(Dubuc), Lapointe, Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Parent
(Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallières, Morin,
Burns, Léger, Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Samson,
Bellemare (Johnson), Roy, Leduc.
Le Président: Un peu de silence, s'il vous plaît! Un
peu de silence!
Le Secrétaire: Pour: 82 Contre: 0 Le
Président: Cette motion est adoptée. Présentation de
motions non annoncées.
Retrait d'un projet de loi
M. Levesque: A l'article 4) du feuilleton se trouve le projet de
loi no 31. Il y aurait lieu de changer le titre: d'ailleurs, on le retrouve en
appendice avec un titre reflétant plus exactement ce qui se trouve dans
la loi qui sera de nouveau déposée, Loi visant à assurer
les services de santé et les services sociaux essentiels en cas de
conflit de travail. Comme ce titre représente mieux le contenu de la loi
que celui que l'on retrouve à l'article 4) de notre feuilleton, je
propose que l'article 4) soit retiré.
Le Président: Retrait de ce projet de loi.
M. Levesque: Oui.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. Levesque: Première lettre de Québec.
Projet de loi no 250
Première lecture
Le Président: L'honorable ministre des Affaires sociales
propose la première lecture de la Loi modifiant de nouveau la Loi de
l'assurance-maladie.
Le ministre des Affaires sociales.
M. Hardy: II s'agit d'une bonne loi. .
M. Forget: L'article 1 de ce projet autorise la Régie de
l'assurance-maladie du Québec à assumer, à compter du 1er
octobre 1975, le coût des services et médicaments que fournissent
les pharmaciens sur ordonnance d'un médecin ou
d'un chirurgien dentiste pour le compte de toute personne
âgée de 60 à 64 ans qui est bénéficiaire
d'une allocation en vertu de la partie 2-1 de la Loi sur la
sécurité de la vieillesse et qui aurait droit à l'aide
sociale sans cette allocation et qui détient un carnet de
réclamation.
L'article 2 est de concordance. L'article 3 permet au ministre des
Affaires sociales de délivrer des carnets de réclamation à
toute personne qui se qualifie en vertu du premier article.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Charron: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Projet de loi no 214 Première lecture
Le Président: Le député de Matane propose la
première lecture de la Loi concernant la Compagnie de gestion de Matane
Inc.
Cette motion de première lecture est-elle adoptée?
M. Burns: M. le Président, je voudrais savoir si
après la première lecture ce projet de loi sera directement
envoyé à la commission parlementaire plutôt que
d'être discuté en deuxième lecture.
M. Levesque: En effet, M. le Président, nous allons suivre
une tradition qui se révèle de plus en plus traditionnelle et,
dès que cette motion sera adoptée, je ferai une motion de
renvoi.
Le Président: D'accord. Cette motion de première
lecture est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté, M. le Président. Le
Président: Adopté.
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit maintenant déféré à la commission
parlementaire des transports, pour étude, article par article, et que
les règles de pratique de renvoi après la première lecture
ne s'appliquent pas dans ce cas.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Levesque: Ce projet de loi pourra être examiné
par la commission des transports, mardi matin, à 10 h 30. Je peux
immédiatement dire à quel endroit. Ce serait à la salle
81-A à 10 h 30, mardi prochain.
Le Président: Déclarations
ministérielles.
M. Burns: Avant, M. le Président, si cela était
possible je le suggère en tout cas étant
donné qu'il y a un nouveau dépôt d'un projet de loi visant
à assurer les services de santé et les services essentiels en cas
de conflit de travail, si ce projet de loi est prêt à être
redéposé, je n'ai pas d'objection à ce qu'il soit
déposé à nouveau, parce que je pense que dans les
circonstances actuelles il a une certaine importance. Il y aurait consentement
de notre côté à ce que, peu importe l'ordre des affaires du
jour, ce projet de loi soit déposé.
M. Levesque: Je remercie le député de Maisonneuve
de son offre de collaboration, dont je serai sûrement heureux de
bénéficier à une autre circonstance, mais pour le moment
je dois dire...
M. Burns: Pas toujours.
M. Levesque: Pas toujours. Je serai peut-être prêt,
demain, probablement demain.
Le Président: Déclarations ministérielles.
L'honorable ministre des Transports.
Politique de sécurité routière M.
Raymond Mailloux
M. Mailloux: Depuis le début de la présente
année, le ministère des Transports a mis en application plusieurs
mesures afin de renforcer la politique actuelle de sécurité
routière. D'autre part, j'ai déposé, il y a quelques
jours, le rapport des statistiques d'accidents de véhicules automobiles
au Québec pour l'année 1974. En raison de l'importance des
statistiques que ce document met en relief, je crois qu'il est opportun
d'attirer l'attention de cette Assemblée sur certaines
données.
Ainsi, les statistiques d'accidents de véhicules automobiles
révèlent que nous avons enregistré, en 1974, 158,649
accidents qui ont fait 54,079 blessés et entraîné 1,882
pertes de vie. Malheureusement, ce rapport n'indique pas les pertes de vie
survenues quelques semaines ou quelques mois à la suite de ces
accidents. Il ne précise pas non plus le coût des soins
médicaux et sociaux encourus en raison des blessures subies lors de ces
accidents routiers.
Je voudrais aussi souligner que ce n'est pas en période
hivernale, alors que les conditions de circulation sont souvent plus
difficiles, que nous enregistrons le plus grand nombre de mortalités. Au
contraire, nous établissons nos records en pleine période
estivale. De plus, 85% des acci-
dents surviennent dans de très bonnes conditions de
visibilité. Mentionnons aussi que les véhicules de promenade sont
impliqués dans 77% des accidents, comparativement à 8.9% pour les
camions et 2.9% pour les camionnettes, chacune des quatorze autres
catégories n'y étant retrouvée que pour environ 1%.
Finalement, tous ces accidents ne surviennent pas en majorité sur
de très grandes artères de circulation ou alors que les
conducteurs se déplacent sur de très grandes distances, mais
plutôt à des intersections ou entre des intersections. Les
premiers rapports trimestriels, pour la présente année, apportent
un éclairage similaire relativement aux éléments sur
lesquels nous devrions concentrer plus particulièrement notre attention
au cours des prochains mois. Essentiellement, les méthodes actuelles
nous ont permis de plafonner le nombre d'accidents par rapport au nombre accru,
d'année en année, de véhicules automobiles
supplémentaires.
Cependant, compte tenu des seules mesures actuelles nous ne pouvons
espérer, à brève échéance, une réd
uction satisfaisante des pertes de vie et des accidents. J'en suis donc venu
à la conclusion que nous devrons avoir recours à de nouvelles
mesures plus sévères appelées à modifier de
façon fondamentale les habitudes de conduite des automobilistes du
Québec.
Parmi celles-ci, la plus importante demeure, à mes yeux,
l'obligation du port de la ceinture de sécurité, dès le
début de l'été prochain. Cette mesure sera
accompagnée d'une réduction sélective des limites de
vitesse sur les routes considérées comme particulièrement
dangereuses.
D'autres éléments viendront aussi compléter ces
dispositions dont une nouvelle révision du système de points de
démérite au chapitre des suspensions pour conduite en état
d'ébriété qui demeure la grande cause des accidents
mortels dans le Québec, particulièrement pour les conducteurs de
véhicules publics, autobus, et autobus scolaires, l'inspection
mécanique, l'inspection des pneus dont on a parlé
récemment dans les journaux pour laquelle le rapport ne m'a
été remis à mon bureau que ce matin, et des nouvelles
méthodes de surveillance des routes.
En ce qui concerne le port obligatoire de la ceinture de
sécurité, je crois que je dérogerais à mes
responsabilités si je n'appliquais pas cette mesure à la suite de
la campagne de sensibilisation en cours. En effet, il s'agit d'une des seules
mesures n'entraînant pas de coût administratif
supplémentaire et pouvant être mise en vigueur à
brève échéance. Mais surtout, le port de la ceinture de
sécurité est susceptible de réduire de façon
significative l'envergure des blessures et le nombre de pertes de vie subies
lors d'accidents routiers. Incidemment l'expérience d'autres pays, tels
l'Australie, la Suède, le démontre très clairement. Je
suis conscient qu'il faudra prévoir certaines exceptions et surmonter
certaines difficultés d'application. Les détails du programme
seront expliqués lors de la discussion sur la refonte du Code de la
route à la reprise de la session en mars.
Compte tenu de cette révision de notre approche, la
présentation d'un nouveau Code de la route, que je prévoyais pour
maintenant, devra vraisemblablement être reportée à la
période dont je viens de parler, afin de permettre aux fonctionnaires de
mon ministère d'apporter les modifications nécessaires et de
compléter les échanges avec les autres ministères
impliqués.
En raison de ces contraintes administratives et législatives,
j'ai cru nécessaire de faire connaître immédiatement nos
intentions afin de mieux faire comprendre notre démarche. Notre bilan
tragique nous laisse très peu de choix, nous devons faire appel à
de nouvelles mesures et démontrer encore plus de fermeté. A
chaque automobiliste du Québec de prendre maintenant ses propres
responsabilités.
Le Président: Le député de Chicoutimi. M.
Marc-André Bédard
M. Bédard (Chicoutimi): Seulement quelques mots, M. le
Président. Nous ne sommes pas surpris du contenu de cette
déclaration ministérielle qui nous a été remise, en
passant, à la toute dernière minute. D'ailleurs, le ministre des
Transports se le rappellera, nous ne pouvons pas faire autrement qu'être
d'accord, étant donné que l'Opposition officielle elle-même
avait réclamé cette mesure lors de la discussion des derniers
crédits, au niveau du ministère des Transports.
Nous voyons également qu'il y a certaines mesures qui sont
préconisées, à savoir une surveillance accrue des routes.
Sans doute le ministre aura-t-il l'occasion de nous donner plus d'explications,
en temps et lieu, sur ce qu'il entend par cette surveillance accrue dont il
parle dans sa déclaration ministérielle. On nous mentionne
également certaines diminutions de vitesse, au niveau du code de la
route. Je voudrais profiter de l'occasion de cette déclaration
ministérielle pour dire que, d'une part, nous sommes d'accord avec
certaines mesures plus contraignantes qui s'imposent, étant donné
les accidents nombreux à travers le Québec; d'autre part, nous
croyons que, s'il y a des conducteurs dangereux et que des mesures plus
contraignantes s'imposent, il y a aussi des routes qui sont dangereuses, des
routes qui ne sont pas sécuritaires. Si le ministère des
Transports veut être logique jusqu'au bout, il s'agira d'appliquer les
mesures qui nous sont mentionnées dans la déclaration
ministérielle, mais également d'avoir comme priorité de
construire des routes qui sont plus sécuritaires.
Je voudrais mentionner et le ministre des Transports le sait
un cas de construction de route qui coûte des milliers de vies et
qui occasionne des accidents innombrables, à savoir la construction
sécuritaire des intersections. Le ministre connaît et on
voit cette remarque dans les statistiques qui ont été fournies
par le ministère des Transports la situation suivante.
Sur 155,000 accidents au Québec, pour l'année
dernière, 57,000 accidents se sont produits à
des intersections et 67,000 accidents se sont produits entre deux
intersections. Je pense qu'également il y a, à l'heure actuelle,
l'habitude que semble prendre le ministère des Transports de construire
des routes à quatre voies sans division, ce qui s'avère
très insécuritaire. De la même manière,
améliorer certaines routes par la construction de trois voies, mais avec
des finitions de trois voies qui arrivent d'une façon abrupte constitue
un autre danger du point de vue de la sécurité
routière.
Dans ce sens, M. le Président, j'espère que la
continuation des mesures qui nous sont annoncées par cette
déclaration ministérielle se traduira également par une
attention tout à fait particulière du ministère des
Transports à corriger la construction de certaines routes qui, à
l'heure actuelle, s'avèrent dangereuses.
M. le Président, il reste simplement à espérer que
le gouvernement saura faire appliquer la loi qu'il préconise d'adopter,
qu'il saura avoir la force de la faire appliquer.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, bien sûr, lorsque
l'honorable ministre des Transports nous fait part de son intention d'appliquer
une réglementation plus sévère aux fins d'en arriver
à une meilleure sécurité routière, nous ne pouvons
qu'applaudir à cette intention. Cependant, je me demande si les
fonctionnaires qui ont préparé les rapports à l'intention
du ministre ont bien réussi à faire la preuve que les
méthodes qui seront préconisées vont atteindre le but
visé, c'est-à-dire celui d'une meilleure sécurité
routière.
On mentionne, dans la déclaration ministérielle, que la
majorité des accidents, suivant les statistiques, n'arrivent pas sur les
grandes routes, sur les grandes artères. C'est un point assez
intéressant. Mais, quand on arrive aux conclusions et qu'on
découvre que le ministre devra appliquer des normes plus
sévères, nous sommes d'accord, mais est-ce que nous avons eu,
hors de tout doute, la preuve que le port de la ceinture de
sécurité obligatoire constituait une norme de
sécurité qui réduirait les accidents de façon
marquante?
Nous avions eu, il y a quelque temps déjà, je pense, une
commission parlementaire à ce sujet. Nous avions discuté avec les
fonctionnaires qui n'ont pas pu nous donner des réponses satisfaisantes
à une commission parlementaire convoquée spécialement pour
discuter du système de points de démérite, le ministre se
le rappellera. Cette commission avait été ajournée sine
die. Nous n'avons pas eu la chance de nous revoir depuis ce temps. J'aimerais
bien que le ministre prenne comme suggestion de convoquer à nouveau
cette commission parlementaire pour que nous puissions discuter avec les
fonctionnaires et les experts du bien-fondé de ces suggestions qui nous
viennent d'eux. S'ils réussissent à nous convaincre que le port
obligatoire de la ceinture permettrait d'éviter des pertes de vie, je
pense que nous ne poumons faire autrement que d'appuyer ces demandes, mais pour
le moment, je ne suis pas convaincu que le port obligatoire de la ceinture va
régler le problème.
Quant à la réduction sélective de la vitesse sur
certaines routes dangereuses, je suis d'accord, à la condition que nous
sachions bien déterminer quelles sont les routes dangereuses et quelles
sont les routes où on devrait permettre une vitesse normale.
Maintenant, M. le Président, je suis fier de voir que le ministre
prendra des dispositions pour que, à l'avenir, on fasse l'inspection
mécanique des véhicules automobiles. Je ne sais pas si, dans
l'esprit du ministre, cela veut dire l'inspection obligatoire, mais j'irais
jusqu'à demander que l'inspection des véhicules automobiles soit
obligatoire et annuelle pour tous les véhicules du Québec. Je
pense que ce serait là une meilleure mesure que le port de la ceinture
de sécurité, pour le moment. Parce qu'il y a trop de ce que nous
appelons dans le jargon de la vente automobile, des "minounes" sur le chemin,
qui sont dangereuses. Cela va peut-être faire rire la galerie, mais il en
vient trop qui nous sont vendues par l'Ontario, qui a des mesures de
sécurité extrêmement sévères ne permettant
pas la revente de bazous qu'on retrouve sur le territoire du Québec,
vendus par des vendeurs de voitures usagées. Là, M. le
Président, il y a quelque chose à faire et j'aurais aimé
qu'on nous dise aujourd'hui ce qu'on fera de ce
côté-là.
Maintenant, les méthodes de surveillance. Il y a un vieux
proverbe qui dit que la peur est le commencement de la sagesse. Je pense que le
ministre devrait demander au ministre de la Justice ou aux autorités
gouvernementales que la surveillance sur les routes se fasse par des policiers
bien identifiés. Qu'on les rencontre souvent sur les routes, cela fera
baisser la vitesse un peu, plutôt que de se faire arrêter par des
voitures-fantômes. Qu'est-ce que nous recherchons? Est-ce qu'on cherche
à prendre des automobilistes en défaut pour collecter de l'argent
par les billets de contravention ou est-ce qu'on veut protéger leur vie?
C'est une question qui se pose. Je me permets de suggérer au
gouvernement d'étudier cette question d'une façon
sérieuse. J'aimerais mieux voir plus de policiers sur la route, bien
identifiés, avec des lumières rouges, pour nous permettre de voir
qu'ils sont là; cela ralentirait la vitesse. Parce que le rouge est un
signe de danger, c'est reconnu par tout le monde. Cela ralentirait la
circulation et, à ce moment-là, on aurait des normes de
sécurité. Quand on va moins vite, c'est moins dangereux, mais ce
qu'on a sur la route, et on doit le dire, M. le Président, c'est
malheureux, c'est beaucoup plus de policiers cachés, fantômes,
distributeurs de contraventions que de policiers qui se montrent pour faire
baisser la vitesse.
Ces suggestions étant faites, j'espère qu'il sera
donné aux membres de la commission parlementaire de rencontrer les
experts sur ce sujet avant le dépôt du projet de loi.
Le Président: L'honorable député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je pense que ces
éléments élémentaires d'une politique de
sécurité routière viennent s'ajouter à d'autres
qui, sûrement, devraient être intensifiés vis-à-vis
des pertes de vie particulièrement considérables que la province
enregistre d'année en année.
J'ai quelques remarques à faire au ministre sur son
libellé.
Premièrement, est-ce que la part des municipalités au
point de vue de la surveillance, au point de vue de la juridiction sera
coordonnée avec le service de la police provinciale pour assurer la
sécurité car, comme le dit si bien le ministre dans son
mémoire, c'est surtout aux intersections des routes, ou entre ces
intersections... Je comprends que, premièrement, un nombre
considérable d'accidents arrivent dans les villes où il y a des
accidents mortels et de simples accrochages. Le gouvernement veut-il en venir
à une entente, pour la surveillance et pour l'application des
règles de sécurité, avec les municipalités? C'est
un point qu'il faudrait bien éclaircir dans la nouvelle programmation du
Code de la route. Deuxièmement, est-ce que les 55 milles à
l'heure que recommandent actuellement toutes les associations s'appliqueront
seulement sur les routes secondaires et non sur les grandes voies qu'on appelle
autoroutes? Là encore, il serait peut-être bien de faire une
différence entre celui qui s'en va sur une autoroute à 55 milles
à l'heure et celui qui s'en va à 55 milles à l'heure sur
une route régionale: il y a là toute la différence au
monde.
Troisièmement, il faudra peut-être aussi faire
disparaître, dans nos comtés ruraux, des endroits qui sont des
coins de la mort, c'est comme ça qu'on appelle ça chez nous. La
semaine dernière, à Saint-Hugues, au coin de la route 224 et de
la route du Moulin, un homme est mort, accidenté, à la suite de
quinze accidents durant la même année, à cause de la
mauvaise visibilité. Ne pourrait-on pas demander au ministère des
Transports de faire étudier, dans chacun de nos comtés, les
endroits stratégiques où il est impossible de voir et où
arrivent une foule d'accidents?
Lisez les statistiques des morts qui sont survenues dans les
comtés ruraux, dans certaines municipalités, et vous vous
apercevrez que les statistiques prouvent qu'il y a deux fois plus de morts
à ces intersections dangereuses dans nos comtés par manque de
visibilité.
Quatrièmement, je crois qu'il serait très utile au
gouvernement de faire des campagnes de publicité via
l'intéressé. Si on trouve $160,000 dans les engagements
financiers pour enseigner la sexualité, dans les centres d'accueil, aux
vieux et aux vieilles de 81 ans, je pense qu'on pourrait peut-être
trouver un $175,000 ou $200,000 pour faire une publicité intense
auprès de celui qui est propriétaire d'une automobile pour
l'inciter à la prudence.
Je fais ces recommandations au ministre, et je pense... Mon
collègue d'Outremont dit qu'ils apprennent à faire cela en
automobile, mais ce n'est pas le bon endroit pour être...
Une Voix: Là, la ceinture serait pratique.
M. Bellemare: Je ne sais pas de quelle sorte de ceinture il
faudrait parler!!
M. Mailloux: Je sais que la loi ne me permet pas de faire aucun
commentaire sur ce qui a été dit par chacun des membres des
formations politiques en présence. Si l'Opposition me le permettait, je
ferais, par contre, une très courte observation sur un des sujets qui
est peut-être le plus tragique dans le Québec actuellement.
On aura beau blâmer les officiers de la Sûreté du
Québec de ne pas être partout sur les routes du Québec,
ajouter des milliers de policiers, si vous le voulez, dépenser des
centaines de millions de plus sur les routes du Québec, et corriger
toutes les lacunes administratives que l'on voudra, je pense qu'il serait quand
même temps, M. le Président, qu'on prenne, comme le ministre des
Transports le fait, dans une position assez difficile, son courage à
deux mains.
Qu'on fasse donc un examen de conscience, chaque conducteur qui va
actuellement sur les routes du Québec. On me parle de l'état des
routes, qui, je pense, est quand même acceptable dans le Québec,
dans le contexte nord-américain que l'on connaît, et je regardais,
ce matin, sur les routes les mieux construites du Québec, le rapport de
l'Office des autoroutes. L'équipe affectée à la
surveillance aérienne de l'Office des autoroutes du Québec a
relevé, pour septembre seulement, 659 infractions découlant de
manoeuvres dangereuses allant de l'excès de vitesse au
dépassement par la droite, en passant par le refus de céder le
passage. Quant aux excès de vitesse, on dénombre 564 infractions
de 80 à 89 milles à l'heure, 233 de 90 à 99 milles
à l'heure et 285 pour 100 milles et plus.
M. le Président, quels que soient les policiers que l'on mettra
en place pour surveiller, quand on sait qu'ajouté à cela il y a
des milliers et des milliers de conducteurs qui ne se sont pas faits prendre...
Il y a actuellement trop de criminels en puissance qui se promènent aux
quatre coins des routes du Québec et c'est le temps que tout le monde
prenne ses responsabilités et que cesse la boucherie qu'on a
actuellement à déplorer sur les routes du Québec.
Le Président: Dépôt de documents. Le ministre
de la Colonisation.
M. Toupin: Non. Des Terres et Forêts. M. Garneau:
Des Terres et Forêts. Le Président: Terres et
Forêts.
DEPOT DE DOCUMENTS
Rapport sur la compagnie Photo Air Laurentides
M. Toupin: M. le Président, oui, je dis souvent que c'est
plus facile d'entrer dans le bois que d'en sortir.
En vertu de la Charte de la Société de cartographie du
Québec, article 15, je dépose le rapport d'évaluation sur
la compagnie Photo Air Laurentides qui a été acquise par la
Société de cartographie du Québec. La loi exige que les
rapports soient déposés à l'Assemblée nationale. Je
dépose trois copies de ce rapport. Je voudrais, M. le Président,
avant de déposer ces rapports, soutenir que j'aurais pu attendre
à la prochaine session pour le faire.
M. Lessard: Non, non.
Le Président: Le ministre responsable du Code des
professions.
Rapports de corporations professionnelles
M. Lachapelle: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer les rapports 1974/75 pour les corporations professionnelles
suivantes: l'Ordre des ingénieurs forestiers du Québec, la
Corporation professionnelle des comptables en administration industrielle du
Québec, la Corporation professionnelle des technologistes
médicaux du Québec, la Corporation professionnelle des comptables
généraux licenciés du Québec, ainsi que le rapport
du Barreau du Québec.
QUESTIONS DES DEPUTES
Emissions de lignes ouvertes
Le Président: Questions orales des députés.
Le chef de l'Opposition officielle.
M. Morin: M. le Président, jeudi dernier, j'ai
donné avis au premier ministre et au leader du gouvernement des
questions que j'avais l'intention de lui poser au sujet du noyautage des lignes
ouvertes par des fonctionnaires.
Vendredi, le leader du gouvernement nous a appris qu'une enquête
était en cours. J'imagine que le premier ministre est en mesure,
aujourd'hui, de nous donner tous les éclaircissements nécessaires
sur cette affaire et de nous donner en particulier, comme je le lui demandais,
le nom des personnes qui faisaient partie de ce groupe ou de ce réseau
d'appels, leurs fonctions, leur salaire et leur date d'engagement. On a
parlé d'une dizaine de personnes.
Je voudrais savoir du premier ministre qui a planifié, qui a
autorisé la mise sur pied de ce groupe, de ce réseau, qui en
faisait partie et quel est le ministre qui a autorisé la dépense
de fonds publics dans ce but, en particulier, j'aimerais soulever deux autres
courtes questions.
Le Président: A l'ordre! Je crois que vous pourrez revenir
en questions supplémentaires. Vous en avez déjà sept ou
huit, actuellement.
M. Morin: Avec votre permission, les questions que j'avais
à poser forment un tout. J'aimerais poser deux questions plus
précises au premier ministre qui, je l'espère, pourra y
répondre.
Premièrement, est-il exact que la ou les personnes qui se sont
livrées à cette manipulation de l'opinion publique étaient
rémunérées à même les fonds publics? Autre
question encore plus précise: Est-il exact que la direction de
l'opération était confiée au secrétaire
exécutif du premier ministre, M. Jean Prieur?
M. Bourassa: Je crois que le chef de l'Opposition évite de
faire une différence, qui est essentielle là-dedans, entre le
noyautage systématique et des appels occasionnels qui peuvent être
faits par les militants d'un parti. Parce qu'il ne fait pas cette
différence entre le noyautage systématique, qui n'existe pas, et
des appels qui sont...
M. Morin:... Est-ce que c'étaient des fonctionnaires?
Le Président: A l'ordre!
M. Bourassa: Je pourrai répondre. Le chef de l'Opposition
a posé une demi-douzaine de questions. Je pense bien que je peux d'abord
établir certaines prémisses. Il y a eu une étude qui a
été commandée sur les moyens, une étude touchant
les communications afin de connaître l'impact des lignes ouvertes sur les
politiques du gouvernement ou jusqu'à quel point la population pouvait
être informée, à travers les lignes ouvertes, des
politiques du gouvernement. Une étude a été faite,
contractuelle; un occasionnel a été engagé pour un contrat
de six mois. Nous aurons le rapport dans quelques jours. C'est une étude
de nature politique, c'est pourquoi nous avons demandé un avis à
la Commission de la fonction publique pour voir quelles sont les études
de nature politique qui peuvent être permises et par le bureau du premier
ministre et par le cabinet du chef de l'Opposition.
Je l'ai dit en fin de semaine, le chef de l'Opposition a, selon mes
informations, un personnel de treize personnes. Je suppose qu'il se fait des
études de nature politique par le personnel du chef de l'Opposition.
M. Léger:... personnel politique.
M. Bourassa: Nous allons continuer de faire des recherches, mais
cela me paraît, dans l'ensemble, une tempête dans un verre d'eau,
un autre ballon. On a lancé cette campagne ou ces affirmations comme la
question de la crise d'octobre. Il y a un mois que le député de
Maisonneuve on salue son retour, on salue le retour du
député de Maisonneuve...
M. Burns: Comme les Jeux olympiques, cela fait un an qu'on vous
en parle. Oui.
M. Bourassa: On est très heureux qu'il soit revenu en
bonne santé.
M. Burns: Oui, oui, oui. Laissez faire cela.
M. Bourassa: Sa présence nous a manqué la semaine
dernière, tout le monde l'a constaté. Il y a un mois, si le
leader parlementaire me le permet, le député de
Maisonneuve...
M. Burns: Répondez donc à la question du chef de
l'Opposition.
M. Bourassa: Qui m'a interrompu?
M. Burns: Parlez donc de cela II vous pose une question.
Le Président: A l'ordre, messieurs, à l'ordre!
Revenons à la question, s'il vous plaît.
M. Bourassa: Le député de Maisonneuve m'a
interrompu. Je lui ai dit que cela fait un mois qu'il me promet des questions
sur la crise d'octobre et je les attends encore. C'est un autre ballon comme
celui-là.
Le rapport qui m'a été fait à ce jour, par mon chef
de cabinet, M. Morin, est à l'effet que c'est une étude qui a
été commandée il y a six mois, qui se termine dans
quelques jours, sur les communications et, notamment, sur la question des
lignes ouvertes et la façon d'informer la population sur les politiques
du gouvernement à travers ces lignes ouvertes. Il n'est pas question de
noyautage systématique. C'était la prémisse du chef de
l'Opposition à toutes ses autres questions et c'est pourquoi ces
questions sont superflues.
M. Morin: J'aimerais demander au premier ministre, en question
supplémentaire, si l'étude qu'il a fait entreprendre soi-disant
par ses fonctionnaires comprenait des appels faits par ces fonctionnaires,
à des membres, à des membres de son cabinet participant à
des lignes ouvertes. Est-ce que l'étude comprenait ce genre d'appels?
Question plus précise: Est-ce que...
M. Bourassa: Je peux répondre immédiatement. Juste
celle-là.
M. Morin: Laissez-moi finir ma question. M. Burns: A
l'ordre!
M. Bourassa: L'étude en question a pour but
d'évaluer la qualité de l'information...
M. Burns: M. le Président, à l'ordre!
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre! Est-ce que vous voulez la reformuler ou quoi?
M. Morin: Non, je voudrais la compléter, M. le
Président, avec votre permission.
Le Président: La compléter. Complétez.
M. Morin: J'aimerais savoir, de façon précise, si
des fonctionnaires ont participé à un système d'appels
auprès de ministres participant à des lignes ouvertes. J'aimerais
savoir également si les ministres qui ont
bénéficié...
M. Bourassa: Est-ce que je peux quand même répondre
à une question à la fois?
Le Président: Un instant!
M. Morin: Je veux bien attendre, M. le Président.
Le Président: Vous êtes d'accord. Pour les questions
additionnelles, procédez une par une; autrement, on ne se comprendra
pas.
M. Morin: II arrive que nous en posions plusieurs.
M. Léger: Nous allons mêler le premier ministre, une
par une, il ne répond pas.
M. Bourassa: M. le Président, j'ai dit tantôt que
c'était une étude sur les communications qui était faite;
elle comprenait, entre autres, l'étude de l'impact des lignes ouvertes
comme moyen d'information. Un affidavit a été signé. On
note déjà une erreur dans l'affidavit, à ce qu'on nous a
dit; la seule vérification ou l'une des rares vérifications qu'on
pouvait faire, déjà il se trouve une erreur dans l'affidavit.
J'ai dit que, si nous lisons l'affidavit lui-même, c'est en dehors des
heures de travail des fonctionnaires.
M. Burns: Ah! ah! farceur.
M. Bourassa: M. le Président...
M. Burns: Ah non!
M. Morin: Avez-vous fini votre réponse.
M. Léger:... de la politique.
M. Bourassa: La loi...
M. Charron: Alors, il va falloir demander à la radio de
faire les "hot lines" pendant les heures de travail des fonctionnaires.
M. Léger: Etes-vous sur les ondes actuellement?
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Léger: Se moquer du monde de même!
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Saint-Pierre: On parlera de Maurice Giroux
durant les heures de travail. Il est employé de CLSC durant les
heures de travail.
M. Léger: Entre le personnel politique et les
fonctionnaires, il y a une différence.
M. Lessard: Le ministre connaît cela, le noyautage.
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! M.
Bourassa: J'ai dit, M. le Président...
M. Lacroix: Les fonctionnaires qui volent les documents pour
remettre au député de Lafontaine, sur les heures de travail, les
traîtres du PQ payés par le gouvernement.
Le Président: A l'ordre, messieurs! s'il vous plaît,
messieurs.
M. Lacroix: Bande d'hypocrites!
M. Bourassa: J'ai cité l'affidavit en question. J'ai dit
moi-même, en fin de semaine, que c'était une erreur de jugement de
la part de M. Simard de demander à M. Corbeil de faire des appels, et ni
M. Prieur, ni mon chef de cabinet, ni personne n'était au courant d'une
telle démarche. J'ai dit que c'était une erreur de jugement et
c'est une question qui doit se régler entre M. Simard et M. Corbeil. Si
M. Corbeil n'est pas d'accord avec M. Simard, il n'a qu'à se
prévaloir des droits qui existent dans la Loi de la fonction publique ou
même dans les autres lois. Ceci n'implique le gouvernement d'aucune
façon.
M. le Président, je prétends qu'il est malhonnête
d'impliquer le gouvernement parce que M. Simard a décidé de sa
propre initiative de demander à un certain nombre de personnes de faire
des appels comme ceux-là. C'est foncièrement malhonnête
d'impliquer le gouvernement dans une démarche d'un occasionnel qui est
engagé pour faire une étude sur les communications.
M. Morin: Une question additionnelle, M. le Président.
Est-ce que le premier ministre accepterait de convoquer la commission
parlementaire...
Le Président: S'il vous plaît, messieurs!
M. Morin: Est-ce que le premier ministre accepterait de convoquer
une commission parlementaire pour étudier tous les aspects de cette
question? Si vraiment le premier ministre n'a rien à cacher, si les
faits sont tels qu'il les rapporte, ce dont nous doutons fortement, est-ce
que...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: II est sur la limite, il est correct.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: Parfait, il est sur la limite.
M. Morin: Ma question est simple: Est-ce que le premier ministre
ne croit pas opportun, dans l'intérêt de son gouvernement, de
convoquer une commission parlementaire pour faire toute la lumière sur
cette affaire?
M. Bourassa: M. le Président, s'il fallait convoquer les
commissions parlementaires... Par exemple, le député de
Lafontaire, en fin de semaine, a incité les fonctionnaires à la
déloyauté. Puisqu'il avait un rapport du gouvernement, il a quand
même obtenu ce rapport d'une façon ou d'une autre, on peut
présumer qu'il a profité de la déloyauté de
certains fonctionnaires, et on ne fait pas de scandale avec cela.
M. Morin: Est-ce que je pourrais avoir une réponse
à ma question?
M. Bourassa: Nous pourrions convoquer des commissions
parlementaires. Je suis prêt à le faire si on a des faits plus
sérieux que ceux qui nous ont été soumis jusqu'à
maintenant. On a deux versions contradictoires sur plusieurs points. Si on a
des faits plus sérieux que ceux qui ont été soumis
jusqu'à maintenant, nous sommes prêts à examiner d'une
façon ou d'une autre, et poursuivre davantage l'enquête ou la
discussion sur cette question. Jusqu'à ce jour, d'après les faits
qui m'ont été soumis, cela me paraît une tempête dans
un verre d'eau qui ne justifie pas la convocation de la commission
parlementaire, d'autant plus que nous avons demandé un avis à la
Commission de la fonction publique sur la nature ou les études
politiques qui sont permises dans les cabinets du chef de l'Opposition ou des
chefs de partis reconnus ou du cabinet du premier ministre. Je pense qu'on doit
attendre l'avis de la Commission de la fonction publique là-dessus. Je
crois que jusqu'à maintenant il y a eu beaucoup d'exagération qui
a été faite sur cette question. Je crois que sur ce plan,
l'Opposition n'a pas de leçon à donner.
Elle devient tellement hypocrite, M. le Président, dans les
affirmations qu'elle fait...
M. Burns: Ce n'est pas le personnel politique; ce sont des
fonctionnaires.
Le Président: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît!
A l'ordre, messieurs! A l'ordre! S'il vous plaît, messieurs!
M. Bourassa: J'ai répondu, M. le Président, que si,
de sa propre initiative, M. Simard a décidé de demander à
un de ses amis, comme il l'a dit lui-même, de faire des appels sur des
lignes ouvertes, cela n'implique pas le gouvernement. C'est une question
à régler entre M. Simard et M. Corbeil. Je ne vois pas pourquoi
on convoquerait une commission parlementaire quand le gouvernement n'est pas
impliqué. Là où le gouvernement est impliqué, c'est
dans le fait qu'on a demandé une étude touchant les
communications et l'impact des lignes ouvertes. Je crois que c'est
justifié, étant donné que c'est une étude de nature
politi-
que et de portée restreinte, quand même. Durant six mois,
je crois que c'est justifié. De toute façon, la Commission de la
fonction publique pourra nous aviser là-dessus. Qu'on ne rattache pas
les initiatives de M. Simard à la politique du gouvernement.
M. Burns: Qui est le supérieur immédiat de M.
Simard?
Le Président: Le député de Johnson a une
question supplémentaire. Je reviendrai à vous. Le
député de Johnson.
M. Burns: Question additionnelle?
Le Président: Oui, additionnelle. A l'ordre,
messieurs!
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je voudrais
simplement faire une rectification. Dans le débat qui s'est
engagé la semaine dernière, quelqu'un a prononcé le nom de
M. Clément Vincent comme étant un employé de la province,
payé par la province. Je vous ai...
M. Burns: Rappelez-le à l'ordre.
Le Président: Question de règlement.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection à ce que la question
additionnelle passe à un autre parti, mais, si c'est une question
additionnelle, je veux être prévenu que c'en est
véritablement une; sinon, j'en ai une additionnelle à poser.
M. Bellemare (Johnson): Question additionnelle, M. le
Président. Je voudrais savoir si vous avez reçu la lettre que je
vous ai fait parvenir à votre bureau, le 9 septembre.
M. Burns: Ça n'a rien à faire avec ma question
principale, M. le Président.
M. Bellemare (Johnson): M. Vincent n'a pas été
payé par la province après...
Le Président: A l'ordre! Question additionnelle.
Le député de Maisonneuve.
M. Burns: Je demande au premier ministre: Puisqu'il dit que M.
Simard a agi de sa propre initiative, le premier ministre peut-il nous dire,
dans un premier temps, qui est le supérieur immédiat de M.
Simard; deuxièmement, s'il a pris des renseignements auprès du
supérieur immédiat de M. Simard et troisièmement, quels
sont les résultats de cette enquête auprès du
supérieur immédiat de M. Simard?
M. Bourassa: M. le Président, M. Prieur m'a dit qu'il
n'avait aucunement autorisé M. Simard à demander à des
fonctionnaires d'appeler sur les lignes ouvertes.
M. Burns: Ce n'est pas cela que je vous demande. Je vous demande
qui est son supérieur immédiat.
M. Bourassa: II reste un fait: Que des fonctionnaires, pour le
Parti québécois ou pour les autres partis, en dehors des heures
de travail, fasse des appels, pas d'une façon systématique...
C'est là tout le fond du débat; il s'agit de faire la
différence entre un noyautage systématique et des appels
occasionnels. Que ce soit par des militants ou des fonctionnaires militants du
Parti québécois, comme du Parti libéral, c'est cette
distinction que le Parti québécois n'a pas faite et
peut-être ne l'a-t-il pas faite délibérément pour
essayer de créer une autre tempête politique inutile.
Le Président: Le député de Chicoutimi.
M. Burns: Vous n'avez pas répondu à ma
deuxième question. Avez-vous vérifié auprès du
supérieur immédiat de M. Simard s'il avait des ordres de faire
cela ou pas? Deuxièmement, quelle était l'autorité de M.
Simard de dire à un autre fonctionnaire qu'il pouvait être mis en
dehors de la tablette s'il suivait ces indications?
M. Bourassa: M. Simard a nié à mon chef de cabinet
avoir fait de telles déclarations. C'est à M. Corbeil de se
prévaloir de ses droits. On a déjà...
M. Morin: C'est pour cela qu'il faut une enquête
parlementaire.
M. Bourassa: Oui, mais...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Bourassa: Ce n'est pas sérieux. Quand même, faire
une enquête parlementaire parce qu'il y a une chicane entre deux
fonctionnaires! Il faut quand même être sérieux.
Le Président: Le député de Chicoutimi,
question additionnelle.
M. Burns: Question additionnelle, M. le Président.
Dernière additionnelle.
Le Président: Dernière additionnelle.
M. Burns: Le ministre de la Justice, à la suite des
questions que nous lui avons posées la semaine dernière, a fait
enquête supposément, je ne dis pas qu'il y en a eu
sur les allégations de chantage et les tentatives de corruption
auprès d'un fonctionnaire, visées par l'article 110 du Code
criminel. Entre autres, si vous me le permettez, M. le Président, je
ferai deux brèves citations de ['affidavit de M. Corbeil: "Après
les échanges d'usage, M. Simard me dit qu'il est chargé d'un
certain travail pour le Parti libéral et que, si je veux bien
collaborer, cela aiderait à régler mon cas?
Deuxième citation: "Je lui dis que je n'aime pas l'idée de
participer à un tel arrangement. C'est
alors qu'il me dit que je n'ai pas le choix et, d'ailleurs, lui non plus
n'a pas le choix, puisqu'on l'a chargé de faire ce travail".
Est-ce que le ministre de la Justice a fait enquête
particulièrement sur ces deux allégations puisque c'est quelque
chose, comme le disait le député de Chicoutimi la semaine
dernière, qui est visé par le Code pénal actuellement au
Canada?
M. Levesque: M. le Président, à la suite de la
question posée par le député de Chicoutimi relativement
à l'application de l'article 110 du Code criminel, j'en ai parlé
à mon collègue le Solliciteur général.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai vérifié au
ministère de la Justice. Aucune plainte n'a été faite au
ministère de la Justice relativement à la commission d'un crime
en rapport avec cette affaire. Si une plainte est faite et si des documents
nous sont envoyés... Apparemment, M. Corbeil aurait choisi plutôt
de faire une plainte aux journalistes que de faire une plainte au
ministère de la Justice!
M. Burns: Question de privilège, M. le Président!
Question de privilège.
M. Lalonde: Au moins, qu'il nous en fasse parvenir une copie.
M. Morin: Quelle honte!
M. Lalonde: Au moins, qu'il nous en fasse parvenir une copie.
Tout ce qu'on a, ce sont des rapports dans les journaux.
M. Burns: M. le Président, la question est en Chambre
depuis la semaine dernière, elle est dans les journaux depuis la semaine
dernière.
Le Président: Question, s'il vous plaît.
M. Burns: Le Solliciteur général ne trouve-t-il pas
que c'est une plainte suffisamment publique pour qu'il s'en occupe?
Des Voix: Non!
M. Burns: Non, ce n'est pas assez important, comme disent les
"back-benchers", les gars de la "pool room" là-bas?
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. Burns: C'est ce que vous dites? Eh bien, dites cela!
Le Président: A l'ordre, messieurs! M. Lalonde: M. le
Président...
M. Bourassa: Pour compléter, est-ce que le Solliciteur
général doit enquêter sur le député de
Lafontaine? Est-ce que le Solliciteur général doit enquêter
chaque fois que le PQ a fait des gestes...
M. Morin: S'il estime que c'est opportun, oui.
M. Burns: S'il a des raisons, qu'il le fasse!
M. Morin: S'il a de bonnes raisons, qu'il n'hésite
pas!
M. Burns: Qu'il le fasse! Ce sont des fonds publics, cela, cette
affaire-là, voyez-vous?
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: C'est ça, le problème!
Le Président: A l'ordre, messieurs'... A l'ordre, s'il
vous plaît! Est-ce que vous avez une question? L'honorable
député de Rouyn-Noranda.
M. Léger: Est-ce qu'on revient à une question
principale?
Le Président: Je reviendrai à vous après la
question principale. Cela fait 20 minutes que nous sommes sur cette question,
d'ailleurs.
L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Financement des Jeux olympiques
M. Samson: M. le Président, je voudrais poser une question
à l'honorable premier ministre concernant le financement des Jeux
olympiques. Nous avons entendu dire, en fin de semaine, qu'il y avait des
pourparlers entre Québec et Ottawa aux fins d'en arriver à la
possibilité que le fédéral prête une somme de $500
millions à $600 millions sans intérêt pour le financement
des Jeux olympiques. Le premier ministre peut-il nous dire où en sont
ces pourparlers, s'ils se font entre le Québec et Ottawa directement ou
s'ils se font entre la ville de Montréal et Ottawa directement et de
quelle façon, dans ces pourparlers, le Québec endosse cette
demande du maire de la ville de Montréal?
M. Bourassa: M. le Président, je n'ai pas discuté
de cette question avec M. Trudeau. Il y a plusieurs remarques, plusieurs
annonces qui ont été faites là-dessus mais je n'ai pas
discuté de cette question avec M. Trudeau pour l'instant.
M. Samson: Est-ce que c'est l'intention du gouvernement du
Québec d'en arriver à discuter de cette question,
c'est-à-dire le financement d'une partie, soit $500 millions à
$600 millions, sur la base d'un prêt sans intérêt?
M. Bourassa: La position du gouvernement du Québec
là-dessus est bien connue, M. le Président. Je l'ai
énoncée à plusieurs reprises. Elle avait été
exprimée il y a trois ans dans une lettre que j'avais envoyée
à M. Trudeau en disant qu'il n'y aurait pas de demande de subside
spécial. Quand on parle de prêt, il n'est plus question de subside
spécial. Mais avant de parler davantage sur la position du
Québec, je voudrais en discuter au conseil des ministres.
M. Samson: M. le Président, le premier ministre peut-il
nous dire s'il a l'intention étant donné
que le gouvernement fédéral fait déjà des
prêts sans intérêt à des pays étrangers pour
certaines circonstances et pour des périodes de 50 ans et plus, pour
cette circonstance spéciale, étant donné que ce
déficit de $500 millions ou $600 millions n'avait pas été
prévu, étant donné qu'il semble découler de la
montée de l'inflation dont le gouvernement fédéral est
quand même grandement responsable, le gouvernement du Québec
a-t-il l'intention, dis-je, de faire valoir ses droits, au même titre
qu'il y en a de disponibles pour les pays étrangers, c'est-à-dire
des millions sans intérêt?
M. Bourassa: M. le Président, j'ai répondu il y a
quelques minutes que pour l'instant nous ne pouvions pas changer la politique
du gouvernement du Québec là-dessus.
M. Samson: Est-ce que, M. le Président...
Le Président: Dernière question
supplémentaire.
M. Samson: Est-ce que cela veut dire que le premier ministre a
l'intention de laisser porter tout le fardeau...
Le Président: Question, s'il vous plaît!
M. Samson: C'est une question, M. le Président, elle est
peut-être embarrassante...
Le Président: C'est une déduction et ce n'est pas
prévu par le règlement.
M. Samson: Non, non, je ne déduis pas, je lui demande s'il
a l'intention de laisser porter le déficit seulement par des
contribuables du Québec, plutôt que de tenter de trouver une
solution via le gouvernement fédéral.
M. Bourassa: M. le Président, j'ai répondu
que...
M. Samson: Vous n'avez pas répondu.
M. Bourassa: A plusieurs reprises, j'ai répondu que le
gouvernement fédéral avait contribué, d'une façon
importante, peut-être insuffisante pour beaucoup de
Québécois, mais importante au financement des Jeux olympiques. Il
y a des faits nouveaux qui se sont développés depuis trois ans,
depuis l'engagement de la province et de la ville de Montréal à
ne pas demander d'aide additionnelle au gouvernement fédéral.
C'est ce que nous voulons examiner, ces jours-ci, afin de voir s'il y a lieu de
modifier notre politique.
M. Samson: ... M. le Président, je la pose autrement, pour
que le premier ministre me comprenne bien. Si le gouvernement
fédéral offre au Québec un prêt de $600 millions
sans intérêt à la demande de M. Drapeau, est-ce que le
gouvernement du Québec va accepter?
Je veux une réponse, allez-vous accepter?
M. Bourassa: M. le Président, est-ce que cela se
refuse?
M. Samson: Bon, d'accord.
Le Président: L'honorable député de...
M. Samson: Je pense que le maire de Montréal l'obtiendra
si vous n'êtes pas capable d'y aller vous.
Le Président: L'honorable député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, question
supplémentaire.
Le Président: Je regrette, mais je ne pourrai vous
permettre une question principale après.
M. Léger: M. le Président...
Le Président: Faites votre choix.
M. Léger: Ecoutez...
Le Président: Soit votre question additionnelle ou une
question principale.
M. Léger: Nous avons des questions principales et
additionnelles.
Le Président: Oui, je m'excuse, mais je suis obligé
de partager 30 à 35 minutes entre tous les députés. Je ne
peux pas faire la multiplication des pains.
M. Léger: Alors, M. le Président, nous reviendrons
demain.
Le Président: Question principale. L'honorable
député de Chicoutimi.
Transport entre Montréal et Mirabel
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, ma
question s'adresse au ministre des Transports, concernant sa politique de
transport en commun nolisé vers Mirabel, c'est-à-dire la
politique de transport qui représente la ligne la plus payante.
Le ministre m'avait déclaré, la semaine dernière,
que le gouvernement avait la ferme intention de favoriser la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal et la Commission
de transport de Laval, concernant le transport nolisé entre
Montréal et Mirabel, par rapport à Murray Hill. Alors, comment le
ministre peut-il justifier cette affirmation qu'il faisait au début de
la semaine passée et le dépôt de sa politique de transport
en commun nolisé vers Mirabel, qui, effectivement, permet à
Murray Hill d'étendre son champ d'action, non seulement à Dorval,
mais également à Mirabel et qui place Murray Hill sur un pied
d'égalité, dans un état de concurrence avec la Commission
de transport de la Communauté urbaine de Montréal et la
Commission de
transport de Laval, alors que le ministre sait très bien que tous
les pouvoirs de marketing sont, à l'heure actuelle, entre les mains de
la compagnie Murray Hill?
M. Mailloux: M. le Président, au moment où j'ai
donné réponse au député de Chicoutimi, la semaine
dernière, quant aux privilèges qui seraient accordés
à la Commission de transport, quand on m'a demandé s'il y aurait
exclusivité, j'ai dit non.
Le gouvernement par le ministère des...
M. Bédard (Chicoutimi): ...
privilégié...
M. Mailloux:... Transports a accordé l'exclusivité
à la Commission de transport de la CUM pour tout le transport
régulier vers Mirabel à l'intérieur de son territoire. Il
a accordé le même privilège exclusif à la Commission
de transport de Laval, pour le territoire de la Commission de transport de
Laval. Il a accordé, également, le même privilège en
exclusivité, entre Mirabel et Dorval, pour tout le transport
régulier également. Il accorde également, à la
Commission de transport de la CUM, le droit à la charte-partie qui est
en exclusivité à Murray Hill, entre Dorval et Montréal. Il
permet et à la commission de transport, sur son territoire, de faire de
la charte-partie vers Mirabel et il laisse également le droit à
ceux qui, Murray Hill ou d'autres, détiennent des droits à la
charte-partie, par les permis qu'ils détiennent de la commission des
transports, de faire de la concurrence à la commission de transport.
L'Opposition pourrait peut-être me dire: Pourquoi ne lui
donnez-vous pas toute l'exclusivité et ne mettez-vous pas fin aux
opérations de Murray Hill? Il y a quand même un droit
d'équité aussi. Je ne connais personne qui a des
intérêts à Murray Hill, je sais que le gouvernement n'aime
pas trop parler de Murray Hill, ce sont des intérêts
peut-être indésirables. Il ressort qu'il y a quand même 450
employés que je ne connais pas et qui demandent à vivre
également. Il appartient à la Commission de transport de
Montréal de faire la preuve qu'elle est en mesure d'effectuer, comme
d'autres unités qui font du transport, comme Murray Hill, Voyageur ou
autre, de la charte-partie. Elle a le moyen de le faire. Le public a le moyen
d'encourager les commissions de transport de Montréal et de Laval. Il
appartient au public d'encourager les commissions de transport dont nous
assumons les déficits, mais je pense qu'il serait injuste de ma part,
comme ministre des Transports et de la part de mon assistant de
recommander que l'on mette fin à tout transport qu'effectuait la
compagnie Murray Hill pour elle et ses employés. Je pense que les
privilèges que nous avons accordés aux deux commissions de
transport, comme ceux que nous avons conservés à d'autres qui
avaient des permis, c'est la logique, c'est l'équité qui a fait
prendre cette décision.
Le Président: Une dernière.
M. Marchand: Allez-y!
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais plusieurs questions
supplémentaires.
Le Président: Groupez-les, si possible.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre accepte-t-il de
convenir avec moi qu'en plaçant sur un pied
d'égalité...
Le Président: Ce n'est pas permis. Vous demandez une
opinion personnelle. La période de questions est pour obtenir des
renseignements, des faits, des chiffres, la politique du gouvernement, et non
pas...
M. Bédard (Chicoutimi): II faudrait peut-être nous
laisser finir la phrase, M. le Président, et peut-être qu'à
ce moment-là...
Le Président: Cela ne me prend pas une demi-heure à
comprendre, je m'excuse. A l'ordre, messieurs!
M. Marchand: Vas-y, Mao!
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre croit-il
vraiment...
Le Président: Messieurs, un peu de silence.
M. Bédard (Chicoutimi): ... que la compagnie Murray Hill
est sur un même...
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président: Question de règlement.
M. Hardy: Vous venez de dire au député de
Chicoutimi que la période de questions n'est pas un moment où
l'on doit demander des opinions. Or, il recommence sa question en disant: "Le
ministre croit-il?" Donc, c'est une invitation à donner une opinion.
C'est directement contraire au règlement. Si le député de
Chicoutimi est incapable de poser une question conformément au
règlement, qu'il se taise.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement, si le député de Terrebonne n'est pas capable de
comprendre que lorsqu'une phrase commence par...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: ... "Le ministre croit-il", il s'agit d'une question
posée à l'endroit de la politique du ministère
c'est ce qui est demandé par le député de Chicoutimi
si le député de Terrebonne n'est pas capable de faire
cette distinction, ce n'est pas mon problème, mais je pense que vous, M.
le Président, êtes capable de faire cette distinction.
Le Président: A l'ordre, messieurs! Question
supplémentaire, s'il vous plaît.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais savoir si le
ministère, avant de prendre sa décision, puisque le ministre nous
a parlé des implications économiques que sa décision
pouvait avoir concernant Murray Hill et les commissions de transport, avait en
main une étude des répercussions économiques de sa
décision pour les commissions de transport et pour la compagnie Murray
Hill, avant d'en arriver aux conclusions auxquelles il en est venu.
M. Mailloux: Je pense que le ministère des Transports, le
ministre d'Etat, le sous-ministre principal et nos officiers avaient toutes les
études pertinentes avant que la décision soit prise. Quand j'ai
compris la question du député de Chicoutimi, cela semblait, dans
mon esprit, vouloir dire: Quand le ministre des Transports met en concurrence
la commission de transport versus Murray Hill ou d'autres... Vous semblez
penser que...
M. Bédard (Chicoutimi): II ne s'agit pas de concurrence
loyale, à mon sens, parce que l'un est dans le marché depuis bien
longtemps et a ses contacts et l'autre n'a rien.
Le Président: A l'ordre, messieursl
M. Mailloux: On me permettra quand même de dire poliment
que s'il fallait, avant que je place en concurrence Murray Hill, qui est en
activité depuis des années, qui a fait la preuve d'un marketing
profitable, qui a fait la preuve d'une performance, d'avance je
préjugeais que la commission de transport était si mal
administrée qu'elle n'était pas en mesure de faire face à
l'autre, j'aurais une bien pauvre opinion des commissions de transport dans le
Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut s'attendre,
puisque des études ont été faites...
Le Président: Dernière.
M. Bédard (Chicoutimi): ...à avoir le
dépôt de ces études?
M. Lessard: II y a bien des ministres aujourd'hui, là!
M. Mailloux: M. le Président, je pense qu'il sera possible
d'éclairer les membres de la Chambre, au fur et à mesure des
besoins, sur les études qui ont été poursuivies au
ministère. Je pense que quand la décision finale a
été rendue, il y a des fonctionnaires qui sont pas mal plus
socialistes que le ministre qui vous parle et qui étaient pleinement
d'accord avec la décision qui a été rendue.
Le Président: Vous aimeriez ajouter quelque chose?
M. Berthiaume: Oui, M. le Président, avec le consentement,
j'aimerais compléter la réponse du député de
Charlevoix en ce qui concerne les considérations économiques,
justement.
Le transport à charte-partie, actuellement, entre Dorval et
Montréal représente à peu près 25% du chiffre
d'affaires de Murray Hill en ce qui concerne ses activités à
charte-partie. C'est la partie non rentable des opérations de Murray
Hill, parce que l'intérêt de Murray Hill, dans toute cette
affaire, c'est justement de pouvoir prendre les clients à Dorval ou
à Mirabel, de les amener à Montréal et ensuite les amener,
de Montréal, ailleurs dans la province. La CTCUM n'a pas le permis
d'amener les gens de Montréal ailleurs dans la province. La
clientèle qui intéresse Murray Hill est justement cette
clientèle touristique qui veut et c'est i'exemple que j'ai
donné la semaine dernière partir de Dorval ou Mirabel, se
rendre à Montréal, y coucher un soir et ensuite aller ailleurs en
province, pour justement faire profiter l'industrie touristique de toute la
province. C'est un facteur dont il faut tenir compte.
Strictement parlant, la partie Mirabel-Montréal n'est pas
rentable, sauf quelques rares exceptions quand il s'agit d'équipes de
hockey, d'équipes de football ou de baseball et c'est la partie qui
intéressait la CTCUM. D'ailleurs je me permets de dire que ni la CTCUM,
ni la CTM n'ont jamais demandé la charte-partie. C'est nous qui leur
avons dit que c'était rentable et qu'elles pouvaient faire de l'argent
avec cela. Prenez la partie que vous pouvez prendre et que vous pouvez servir
convenablement avec les autobus que vous avez.
Une autre chose que je veux ajouter, M. le Président, c'est que
tant que je serai membre de ce gouvernement, je n'accepterai jamais qu'on
exproprie une compagnie sans compensation. Et si le député de
Chicoutimi veut proposer qu'on exproprie Murray Hill, je le prierais de le
faire savoir.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, on
connaît cela. M. le Président, question
supplémentaire...
Le Président: Un instant.
M. Léger: Est-ce que le ministre est au courant que la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
avait investi $3 millions en achat d'équipement pour faire le transport
à charte-partie rentable, afin d'éponger par la suite les
déficits possibles provenant de l'ensemble des activités de la
Commission de transport de Montréal?
M. Berthiaume: M. le Président, le député de
Lafontaine est mal informé parce qu'il n'a jamais été
question de charte-partie avec la CTCUM. C'est le ministère des
Transports. Messieurs, laissez-moi terminer. Le ministère des Transports
l'a...
M. Léger: Oui, oui, oui.
M. Berthiaume: ... proposé, à un moment
donné, et il a même proposé ce que nous croyons
être encore plus intéressant pour la CTCUM. La CTCUM n'a pas voulu
le prendre. Les investissements qu'a faits la CTCUM, c'est en prévision
du transport régulier entre Mirabel et Montréal, pas autre
chose.
M. Léger: La charte-partie aussi.
M. Berthiaume: On leur a offert plus que cela. On leur a offert
le transport régulier entre Dorval et Mirabel, ce qui n'avait pas
été prévu originellement. Alors, les investissements qu'a
faits la CTCUM pour l'achat d'équipement seront sûrement
profitables, compte tenu du fait qu'ils ont non seulement le régulier
entre Montréal et Mirabel, qu'ils ont la charte-partie entre ces deux
aéroports, mais qu'ils auront la charte-partie vers Dorval
également et qu'ils auront le transport régulier entre les deux
aéroports.
Le Président: Ecoutez, je vous en prie. Le
député de Saint-François. Cela fait à peu
près une semaine qu'il me demande le privilège de poser une
question.
Le député de Saint-François.
Prothèses et appareils
orthopédiques
M. Déziel: C'est vrai, M. le Président. Si vous me
permettez, je ferai un très bref exposé afin de mieux situer ma
question qui traite des stomisés, question que j'adresse au ministre des
Affaires sociales. M. le Président, les amendements récents
à la Loi de l'assurance-maladie en vigueur depuis le 1er juillet 1975
prévoient, au titre 15, que les prothèses et appareils
orthopédiques ou autres seront dorénavant
considérés comme des services assurés. Le dépliant
explicatif publié par la Régie de l'assurance-maladie dit
textuellement, au premier paragraphe: A compter du 1er juillet 1975, le
coût d'achat, d'ajustement, de remplacement et de réparation de
prothèses, d'appareils orthopédiques ou autres
déterminés par le règlement est assuré par la
Régie de l'assurance-maladie du Québec.
Or, dans la liste des prothèses établie par le
règlement découlant de l'amendement, nulle mention ne touche les
appareils collecteurs des stomisés. Sans ces appareils, ceux-ci sont
réduits le plus souvent à un état d'invalidité
presque totale...
Le Président: Question, s'il vous plaît! Posez votre
question.
M. Déziel:... et ne peuvent fonctionner dans la
société. Ma question est la suivante: Prévoit-on, à
court terme, amender le règlement de façon à inclure cette
prothèse dans la définition des directives
générales des prothèses: "appareils destinés
à remplacer en tout ou en partie un organe ou un membre amputé ou
déformé congénitalement et à lui restituer sa
fonction"? Prévoit-on inclure, à l'intérieur de la
Régie de l'assurance-maladie, cette prothèse qui remplace tout de
même un organe vital à l'être humain?
M. Forget: Ce programme a commencé en juillet dernier,
ceci après plusieurs mois d'attente qui ont accompagné des
négociations avec les groupes intéressés,
prothésistes et orthésistes. Il était inévitable
que l'introduction d'un nouveau régime s'accompagne d'un certain
achalandage hors de l'ordinaire. Nous voulions attendre que ce premier afflux
de clientèle soit passé avant de considérer des
prolongements possibles au régime qui aurait, autrement, taxé les
ressources administratives chargées d'effectuer des remboursements. Il
est évident que notre souci est d'assurer une couverture de plus en plus
complète des prothèses et des orthèses. On se souviendra,
d'ailleurs, que, pour ce qui est des prothèses visuelles, un rapport
nous a déjà été soumis, à l'implantation
duquel nous travaillons. Il en est de même, dans une mesure
limitée, d'autres problèmes, d'autres handicaps qui peuvent
être palliés, dans une mesure variable, par des prothèses
ou des orthèses.
Afin d'assurer le prolongement rationnel de la couverture du programme,
je créerai, d'ici quelques jours au plus tard, un comité
consultatif où seront représentés les organismes
professionnels du secteur public et du secteur privé, de manière
qu'une révision, peut-être annuelle, de la liste soit
effectuée. Ce comité considérera en priorité les
problèmes que vient de soulever le député de
Saint-François, de même qu'un certain nombre de cas particuliers
qui peuvent nécessiter des amendements à la liste de temps
à autre. Ces amendements, comme je l'indiquais tantôt, se feront
probablement à la date anniversaire de l'introduction de la liste
actuelle.
Le Président: Une courte question du député
de Bourget.
Bénéficiaires sociaux de
Montréal
M. Boudreault: M. le Président, si j'insiste pour poser ma
question, c'est qu'elle est d'urgence. Ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Affaires sociales. Samedi matin, le 29 novembre, dans
les bureaux des Affaires sociales de Montréal, de mon comté, il
se distribuait des tracts et on faisait signer une pétition (par des
jeunes de 15 et 16 ans) à savoir que les bénéficiaires
sociaux perdraient des avantages si le ministère des Affaires sociales
du Québec prenait en main ce service.
Ma question est celle-ci: Pourrions-nous savoir si ces affirmations sont
véridiques afin de rassurer nos bénéficiaires si ce n'est
pas le cas?
M. Forget: Je suis content que cette question me soit
posée parce qu'elle me permet d'apporter une mise au point importante.
On m'a informé, ce matin même, de plusieurs sources,
qu'effectivement une pétition a circulé, qu'il y a eu un effort
d'information au cours du week-end de la part d'employés du service des
affaires sociales de Montréal alléguant que les assistés
sociaux perdraient des avantages qu'ils ont actuellement advenant
l'intégration aux Affaires sociales des services actuellement
administrés par la ville. Il a été
question de ce problème récemment à
l'Assemblée nationale et j'ai indiqué, à cette occasion,
que cette intégration se ferait dans le respect des droits acquis du
personnel en question.
Dans ces circonstances, de pareilles assertions, de pareilles
affirmations de la part de ces employés me paraissent des tentatives
sordides et malhonnêtes pour enrôler la population au service
d'intérêts personnels ou de ce que ces gens estiment être
leurs intérêts personnels. Ils mentent, en ce faisant,
délibérément à la population, car ils savent
très bien que l'intégration n'a pas pour but et n'aura pas pour
effet de faire perdre aux assistés sociaux quelque avantage que ce
soit.
Ce sont les mêmes lois qui sont administrées par les
employés de la ville de Montréal que celles qui sont
administrées au bénéfice de tous les résidants du
Québec et ils ont d'ores et déjà le même
régime que les résidants de l'ensemble du Québec. Ils ne
perdront donc rien et, encore une fois, il s'agit de mensonges dans un but, qui
me paraît sordide, malhonnête, de tromper la population alors qu'on
sait très bien qu'il n'en sera rien.
Le Président: Je vais vous donner la
préséance demain, je m'excuse, il y a eu deux questions du
côté ministériel. Une courte question.
Financement des Jeux olympiques (suite)
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est une
question au premier ministre. On a appris, hier soir...
Le Président: C'est la dernière question.
M. Bellemare: Oui. On a appris, hier soir, qu'il y aurait une
nouvelle source de financement pour les jeux; est-ce que le gouvernement en a
été avisé? S'il a été avisé, est-ce
qu'il serait de bon ton que l'Assemblée nationale en soit mise au
courant?
M. Bourassa: Malheureusement, je n'ai pas regardé
l'émission. M. Drapeau a discuté avec les membres du gouvernement
de certaines autres formules de financement mais, pour l'instant, ce n'est pas
opportun d'en donner le détail.
Le Président: S'il y a consentement et si la question est
très courte, je n'ai pas d'objection; le député de
Laviolette. Demain? Est-ce qu'il y a consentement?
M. Léger: Je vous ai demandé d'avoir une question
supplémentaire, tantôt...
Le Président: Pardon? Ecoutez, je voudrais vous faire
remarquer qu'il n'y a pas eu une question du côté
ministériel qui a été prise dans les 30 minutes. La
période de 30 minutes a toute été consacrée
à l'Opposition et les questions qui ont été posées
par les députés de Saint-François et de Bourget
dépassaient les 30 minutes.
M. Lessard: Une demi-heure pour l'Opposition et une demi-heure
pour le gouvernement, envoyez donc.
M. Lacroix: On vaut toujours le député de
Saguenay.
Le Président: Affaires du jour.
Travaux parlementaires
M. Levesque: M. le Président, j'ai un avis à donner
à cette Chambre. La commission parlementaire des affaires municipales se
réunira le mardi 9 décembre 1975 à 10 h 30 à la
salle 91-A aux fins d'étudier le projet de loi privé no 196, Loi
modifiant la charte de la ville de Laval. Il y aura probablement, mardi
prochain, à 10 h 30 trois commissions parlementaires qui
siégeront. J'en ai annoncé une tout à l'heure, la
commission parlementaire des transports, à la salle 81-A.
Présentement, je viens de donner avis pour la commission parlementaire
des affaires municipales, à la salle 91-A. Probablement au salon rouge,
à la même heure, mardi prochain, la commission parlementaire de la
justice siégera pour étudier les bills privés qui y sont
ou qui y seront déférés. Il s'agira sans doute de deux
projets de loi, pour informer ceux qui s'intéressent
particulièrement à la commission parlementaire de la justice. Il
sera question du projet de loi no 123, Loi concernant la succession de
Charles-Séraphin Rodier, et du projet de loi no 211, Loi concernant
certains immeubles de Peel-Sherbrooke Holdings Limited. Tout probablement, il y
aura deux autres projets de loi, s'ils sont déposés demain, qui
apparaissent au feuilleton en avis, soit l'article g) et l'article h). Donc,
mardi prochain.
M. Burns: M. le Président, est-ce que le leader du
gouvernement me permettrait de lui souligner le fait qu'il annonce trois
commissions parlementaires pour mardi prochain? Mais il y a deux de ces
commissions qui sont celles des transports et celle des affaires municipales
qui, en ce qui concerne l'Opposition, jusqu'à maintenant, à
première vue, sont confiées au député de
Chicoutimi. N'étant pas doué de l'ubiquité, il ne pourra
pas être aux deux commissions. Est-ce que le leader du gouvernement
accepterait que cet avis ne soit pas, si on peut dire, ferme dans le sens qu'on
puisse discuter éventuellement s'il n'y aurait pas moyen
d'aménager cela autrement? C'est une suggestion que je lui fais.
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection mais, en regardant le
contenu des projets de loi en question, je me suis imaginé que ce serait
le député de Saguenay.
Ce n'est pas de mes affaires, mais j'ai pensé que peut-être
le député de Saguenay s'intéresserait à...
M. Burns: Au projet de loi de Cogema?
M. Levesque: ... à la Commission des Transports,
mais...
M. Burns: D'accord.
M. Levesque: On peut le rendre plus ferme, comme cela.
Une Voix: D'accord. M. Burns: Le raffermir.
M. Levesque: Je fais motion pour qu'en la salle 81-A), la
commission parlementaire des affaires municipales poursuive l'audition des
organismes intéressés à l'administration de la
Communauté urbaine de Québec.
Comme l'heure passe, j'avais pensé que ce soir nous aurions pu
demander à la commission parlementaire des finances, des comptes publics
et du revenu d'étudier les projets de loi du ministère du Revenu
qu'ont pourrait déférer cet après-midi. On verra au cours
de l'après-midi. A ce moment, nous pourrons savoir si nous pouvons
laisser continuer ce soir la commission parlementaire des affaires municipales.
Enfin, au cours de l'après-midi, nous pourrons avoir des consultations
qui, j'espère seront fructueuses.
Article no 10. La motion est-elle adoptée pour la commission
parlementaire?
M. Burns: Adopté.
Projet de loi no 85 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
sociales propose la deuxième lecture du projet de loi no 85, Loi
modifiant le Régime des allocations familiales de Québec et le
Régime de rentes de Québec.
Le ministre des Affaires sociales.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, le but de ce projet de loi est
extrêmement simple. Il est le suivant: d'une part, l'article 21 du
Régime des allocations familiales et l'article 214 du Régime de
rentes défendent à la régie et à ses fonctionnaires
de fournir tout renseignement à toute personne qui n'est pas
légalement autorisée à l'obtenir. C'est une règle
de prudence que nous ne voulons pas briser, puisqu'il est important que cet
organisme qui administre deux lois de portée très
générale pour tous les Québécois soit lié
par les règles de confidentialité.
Cependant, les lois du Régime des allocations familiales et du
Régime de rentes prévoient que, dans quelques cas, des
renseignements confidentiels peuvent être fournis. C'est dans ce contexte
qu'il faut considérer l'actuel projet de loi. En effet, nous nous
trouvons dans une situation paradoxale en vertu de laquelle cette disposition,
qui permet, par exception, de communiquer des renseignements à certains
organismes, comporte une autorisation générale de le faire
à l'endroit d'organismes d'autres gouvernements dans l'administration de
certaines lois qui leur sont confiées, par exemple, du gouvernement du
Canada dans l'administration de certains régimes de retraite, dans
l'administration de la loi des pensions du Canada, alors qu'elle ne donne pas
la même flexibilité, la même possibilité dans le cas
d'organismes du gouvernement du Québec.
Le problème s'est présenté dans trois cas et je
crois qu'il est possible, en fournissant ces illustrations, de démontrer
l'opportunité de ce projet de loi. En premier lieu, le ministère
de l'Education a, comme on le sait, besoin de données
démographiques assez précises pour lui permettre de projeter les
populations scolaires dans différentes régions du Québec,
c'est-à-dire qu'il a besoin non seulement de données
démographiques de caractère général pour l'ensemble
du Québec, mais de données qui lui permettent de voir où
sont situés ces enfants sur le territoire, par groupes d'âge.
Ces renseignements se trouvent évidemment dans le fichier de la
Régie des rentes qui administre la loi des allocations familiales et,
d'ordre public, il apparaît opportun, pour éviter d'obliger le
ministère de l'Education à entreprendre des relevés
extrêmement coûteux de la population future d'âge scolaire,
de permettre à la Régie des rentes de communiquer au
ministère de l'Education non pas le nom et l'identité de chaque
enfant individuellement mais, par groupes d'âge, le nombre d'enfants qui
se retrouvent dans différents secteurs géographiques à
travers le Québec.
De la même façon, la Commission administrative des
régimes de retraite doit administrer le régime de pensions dans
les secteurs public et parapublic et est tenue, d'après les
règles mêmes de ces régimes supplémentaires de
rentes, de détenir certaines informations sur les revenus d'autres
sources dont bénéficient certaines personnes à la
retraite. Parmi ces revenus d'autres sources, on retrouve les prestations du
Régime de rentes. C'est donc un autre cas où, dans les
circonstances actuelles, les bénéfices auxquels ont droit les
retraités de l'Etat et les retraités du secteur parapublic
doivent attendre le versement de leur pension puisqu'il faut recourir à
une autorisation individuelle dans chaque cas, ce qui serait
évité et qui est évitable en autorisant le régime
de rentes à communiquer non pas des informations sur les gains ou sur
les cotisations payées dans le passé par le
bénéficiaire mais simplement sur le montant de la prestation de
rente qui est attribuée à ce bénéficiaire d'un
régime supplémentaire de rentes.
Il en est ainsi aussi pour la Régie de l'assurance-maladie qui
dépend pourtant du même ministre, à l'Assemblée
nationale, mais qui ne peut obtenir de cet autre organisme qu'est la
Régie des rentes certaines informations essentielles sur les adresses,
par exemple, des bénéficiaires et d'autres données
analogues qui lui permettraient de donner un meilleur service à sa
clientèle en utilisant des données déjà disponibles
et que la
Régie des rentes n'est pas autorisée à lui
donner.
Le but de cet amendement n'est pas de donner une autorisation
générale et sans restriction à la Régie des rentes
vis-à-vis de ces deux programmes mais d'astreindre la communication de
ces informations aux conditions spécifiées par le
lieutenant-gouverneur en conseil et en excluant toutefois, comme la loi
l'indique, dans le cas du régime de rentes, les renseignements relatifs
aux gains et aux contributions des cotisants au Régime de rentes du
Québec.
Dois-je mentionner, M. le Président, que ces amendements ont
été formulés à la suite des difficultés
éprouvées par les organismes que je viens de mentionner et
à cause des coûts considérables auxquels ils auraient
à faire face pour surmonter ces difficultés dans l'application
des programmes qui leur sont confiés? Ce n'est donc pas un amendement
qui cherche à résoudre un problème hypothétique
mais au contraire un problème très réel dont l'incidence
budgétaire est très réelle également et bien connue
maintenant puisque c'est un problème qui existe depuis quelques
années et auquel nous cherchons, par cet amendement, à apporter
une solution.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, je pense que la portée
très relative et très minime de ce projet de loi mérite
son adoption sans aucun autre commentaire.
M. Samson: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): Je voudrais juste ajouter un mot, M. le
Président. Au sujet de ce projet de loi, qui semble apporter certaines
modifications, il y aurait peut-être lieu de demander à
l'honorable ministre s'il n'aurait pas des exemples pratiques à nous
donner quant à ces renseignements qui vont être demandés.
Je pense bien que le ministre ne poussera jamais les directives à ses
employés jusqu'à pénétrer dans la vie privée
des gens.
Une Voix: On verra cela en commission plénière.
M. Bellemare (Johnson): D'accord.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion de
deuxième lecture du bill 85 est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit maintenant déféré à la commission
plénière pour étude article par article.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que la motion pour
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en commission
plénière est adoptée?
M. Charron: M. le Président, n'y aurait-il pas lieu
d'adopter les trois deuxièmes lectures et de faire la commission
plénière des trois projets de loi ensemble plutôt que de
faire parader les présidents?
M. Levesque: D'accord.
Deuxième lecture du projet de loi, M. le Président, qui
paraît à l'article 12). Je pense bien que ce sera assez court.
Projet de loi no 87 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
sociales propose la deuxième lecture du projet de loi no 87, Loi
abrogeant la Loi des unités sanitaires.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, c'est une loi qui est
extrêmement brève et qui se limite à abroger une
disposition de nos statuts qui est désormais désuète. Ce
discours de deuxième lecture pourrait être très long si
l'on voulait faire l'historique de cette institution qui est fort
vénérable chez nous mais je m'en abstiendrai pour faciliter les
travaux de la Chambre.
Je ne voudrais quand même pas m'asseoir sans rendre hommage, M. le
Président, à tous ceux qui, depuis une cinquantaine
d'années, ont oeuvré pour la santé publique dans ce
cadre-là; ils ont trouvé un nouveau domicile dans les centres
hospitaliers désignés.
Cette intégration est à la veille de se terminer; on me
dit qu'à la fin de janvier il ne restera en suspens que le cas de six
fonctionnaires sur plus de 1,200 que comportaient ces unités sanitaires,
il y a environ quatre ou cinq ans. C'est une opération qui se termine en
beauté, puisqu'elle se termine dans l'harmonie générale.
C'est pourquoi je crois qu'il y a bien peu de chose à dire sur le fond
de cette mesure.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que le projet de loi
no 87 est adopté en deuxième lecture?
M. Charron: M. le Président, l'Opposition officielle et
déloyale à Sa Majesté n'a aucune objection à
l'adoption de cette loi.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
M. Levesque: Article 13, M. le Président.
Projet de loi no 86 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
sociales propose la deuxième lecture du projet de loi no 86, Loi
modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, cette loi est également
très brève et elle se borne à prolonger de trois ans le
délai qui était originalement fixé à la fin de 1974
et qui a été prolongé d'un an l'an dernier. Les
problèmes que pose sa mise en application, problèmes de nature
administrative et budgétaire, nous amènent à recommander
cette prolongation de délai.
Il s'agit, comme on le sait, du délai qui est donné aux
centres d'accueil, non incorporés la plupart du temps, pour effectuer
toutes les opérations que les hôpitaux ont effectuées
à compter de 1962, c'est-à-dire, d'une part, la constitution en
corporation de l'établissement, la séparation de leur patrimoine
d'avec le patrimoine de l'organisme tuteur, largement les communautés
religieuses, et la détermination du désintéressement,
c'est-à-dire des montants d'argent qu'il est raisonnable et
équitable de verser à ces communautés pour les
investissements consentis dans le passé à même leurs
propres ressources dans ces centres d'accueil. Toutes ces opérations
légales, impliquant des inventaires, des expertises, des
négociations, s'appliquent à plusieurs centaines
littéralement, de centres d'accueil. Un certain nombre de dossiers ont
déjà été réglés, mais, pour
régler l'ensemble de ces dossiers en suspens, il semble impossible,
physiquement, de le faire dans le délai originalement imparti et nous
demandons la prolongation de trois ans.
Je dois ajouter, M. le Président, qu'il me semble que ce
délai de trois ans devrait être suffisant et, à mon avis,
sera suffisant pour terminer cette opération fort laborieuse, mais fort
nécessaire et souhaitée, dois-je le souligner, par les
communautés elles-mêmes qui, à cause de l'évolution
des moeurs, du changement dans leur recrutement, de la venue de nouveaux
membres, sont acculées à des situations très difficiles,
ne peuvent plus assumer la gestion de ces centres d'accueil et souhaitent s'en
voir libérées par le processus qui est sous-jacent à cet
article et à ce projet de loi.
Le Vice-Président (M.BIank): Le député de
Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, ce projet de loi a une
portée qui a un peu plus d'envergure que celle des deux
précédents. Il mérite donc que nous nous y arrêtions
au moins pour quelques minutes.
Le but de ce projet de loi est de prolonger, pour une troisième
fois, une loi existant depuis 1971, qui a d'abord été
amendée une première fois, l'année dernière, en
1974 et qui le sera pour la deuxième fois en 1975. En 1969, l'article 53
de la loi des services sociaux autorisait le gouvernement du Québec
à reprendre en main certains établissements autrefois ou encore
aujourd'hui, et pour encore trois ans, faut-il le croire
propriétés de communautés religieuses ou d'autres
corporations sans but lucratif.
Je n'ai pas besoin d'évoquer le passé du système
social, des services sociaux québécois, M. le Président,
et je n'ai pas besoin de remonter très loin. Il y a effectivement encore
très peu de temps dans notre histoire collective que l'ensemble des
services hospitaliers, que les services sociaux, que tout ce qui s'appelait
services à la communauté sous l'angle social, de l'orphelinat
jusqu'à l'hébergement des personnes âgées,
était littéralement propriété, et
propriété jalouse des communautés religieuses.
L'entrée de l'Etat dans cette préoccupation a fait que non
seulement l'Etat s'est senti obligé, à l'occasion, de
légiférer et de réglementer ce qui n'était
que de la pure décence dans certains cas ce que l'on faisait
à l'intérieur de ces édifices, mais aussi de s'occuper
légitimement de la gestion de fonds publics qui étaient
déjà engloutis dans ces services publics. Les hôpitaux,
tant qu'ils étaient contrôlés et administrés par les
communautés religieuses, par exemple, dépendaient largement,
même à cette époque, de fonds publics qui leur
étaient remis. Ils ont donc été, à plusieurs
occasions, payés, à tout le moins en partie, par des fonds
publics.
Quand l'Etat a voulu prendre le contrôle de leur gestion et
réglementer la gestion des services sociaux et des services de
santé sur le territoire du Québec, il s'est senti obligé,
légitimement, à l'occasion, dans une loi votée en 1969, de
se rendre propriétaire de certains établissements. Cela n'allait
pas être facile. En 1971, on nous demandait, pour la première
fois, d'amender la loi pour prolonger, une fois de plus, le délai que le
gouvernement s'était lui-même fixé le gouvernement
précédent, celui qui est en face de nous, il faut le
mentionner.
En 1974, on est revenu pour nous demander de prolonger encore les
négociations avec les communautés religieuses pour que l'achat de
ces édifices, la reprise en propriété publique de ces
édifices soit terminée le 31 décembre 1975, soit dans 29
jours.
Ce que nous dit le ministre aujourd'hui en présentant cette loi,
c'est qu'il n'a pas pu se rendre à la tâche, tellement peu,
faut-il croire, qu'il demande un délai additionnel de trois ans cette
fois, pour être bien sûr de ne pas avoir à revenir une autre
fois l'année prochaine pour demander un délai additionnel. Je
pense qu'il en prend plus que moins dans le délai qu'il nous
demande.
Je ne nie aucunement ce qu'a affirmé le ministre des Affaires
sociales voulant que ces négociations avec les communautés
religieuses puissent être, à l'occasion, fort laborieuses. La
preuve en
est qu'aujourd'hui on est à la troisième demande de
prolongation. Il aurait pu ajouter qu'elles sont aussi fort coûteuses
pour le bien public et que, si, effectivement, les communautés
religieuses tardent à vendre certains établissements ou à
céder l'utilisation de certains établissements à la
propriété publique, c'est qu'elles sont en plein
"bargaining".
Le ministre a effleuré la situation de certaines
communautés religieuses. Il est vrai que le nouveau climat du
Québec n'est peut-être plus aussi enrichissant qu'il a pu
l'être, à l'occasion, dans le passé québécois
pour certaines communautés religieuses; il reste qu'un bon nombre
d'entre elles ne sont pas sur le bord de la faillite. Evoquons simplement une
maison célèbre du centre-ville de Montréal que vous et moi
avons travaillé à préserver du pic des
démolisseurs; ce n'est pas une communauté qui est sur le point de
devenir bénéficiaire de la Loi de l'aide sociale, M. le
Président, tout le monde en conviendra, le ministre le premier.
Il m'est arrivé, comme membre de l'Opposition, de siéger
à la commission des engagements financiers où, à chaque
mois, nous découvrons des sommes fantastiques versées à
des communautés religieuses pour l'achat, ici d'un hôpital,
là d'un hospice, dans un autre coin d'un orphelinat, tout cela depuis
longtemps intégré dans le réseau des Affaires sociales du
Québec mais qui demeurait propriété des communautés
religieuses. Des sommes astronomiques, M. le Président. Il faut croire
que, si leur "bargaining" spirituel a diminué au Québec, elles
gardent encore beaucoup d'attaches économiques et que les bons
placements qu'elles ont su faire à l'époque du "bargaining"
spirituel leur servent aujourd'hui d'entrée, autant que n'importe quelle
compagnie multinationale, dans les cabinets du gouvernement actuel.
L'Etat ne fait pas d'économie en reprenant cela. D'autant plus
et c'est à signaler que nous les avons probablement
maintes fois payés, ces établissements. Maintes fois.
J'ouvre une parenthèse qui s'adresse, toutes proportions
gardées, au sujet que nous débattons. Lorsque le ministère
de l'Education, s'est lui aussi mis à une certaine époque
à racheter des collèges privés, des pavillons de
communautés religieuses à l'abandon et que, pour étendre
le réseau d'éducation publique du Québec, plutôt que
de se lancer dans des constructions nouvelles on préférait
racheter certains édifices anciens cela d'ailleurs pouvait
même faire partie du "bargain" de la création d'un
ministère de l'Education publique; tout cela n'a jamais
été mis noir sur blanc sur la place publique comme tout cela n'a
jamais été nié non plus c'a été aussi
certaines sommes fantastiques qui ont été versées par le
Québec pour racheter des collèges, des maisons, des couvents, des
institutions, des écoles d'infirmières et bientôt des
hôpitaux, des hospices maintes fois payés à l'occasion par
les deniers publics, au cours de l'occupation de ces édifices par les
communautés religieuses.
Je ne dis pas, M. le Président, que l'Etat aurait dû
procéder à une mainmise uninatérale sur ces
communautés religieuses, disant comme on peut nous le redire à
l'occasion: Vous avez suffisamment occupé de terrain, maintenant nous y
avons investi tellement d'argent, au cours des 40, 50,100 années
où vous avez été propriétaires de ces
édifices, que nous croyons essentiel d'en prendre maintenant la
propriété de façon unilatérale, sans versement de
fonds. Là n'est pas la question.
Je dis que nous devons négocier effectivement avec les
communautés religieuses, payer pour le rachat de ces édifices. Il
n'est pas question de les saisir, mais je dis que si, aujourd'hui, on nous
demande un délai additionnel de trois ans, ce qui aura conduit à
sept ans lorsque tout cela sera terminé, huit ans ou neuf ans, pour le
rachat d'institutions où les deniers publics ont été
maintes fois déposés, je dis qu'à cette occasion le
ministre échappe ou veut nous faire échapper une partie de la
discussion: c'est le fait que les négociations ne sont pas uniquement
fort laborieuses, mais qu'elles sont fort douteuses et que, lorsqu'on
autorisera par l'adoption de cette loi le ministre à faire durer de
nouvelles négociations, plus elles dureront, plus elles seront à
l'avantage de ces entreprises qui peuvent connaître actuellement des
difficultés financières, à cause de certains mauvais
agissements ou mauvais placements dans le passé ou de transformations
sociologiques du Québec que les Québécois n'ont pas
à payer plus qu'ils ne l'ont déjà fait. Je dis donc que le
délai additionnel de trois ans nous paraît énorme et
à l'avantage de ceux avec qui le gouvernement négocie, donc au
désavantage des deniers publics qui sont déjà largement
investis dans ces entreprises.
C'est pourquoi, lorsque vous appellerez le vote sur cette question, je
demanderai que vous enregistriez l'abstention du député de
Maisonneuve et de moi-même.
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre a le droit de
réplique.
M. Forget: Je ne veux empêcher personne d'exercer son droit
de parole. Est-ce que...
Le Vice-Président (M. Blank): Non, cela va, je l'ai
demandé au député de Johnson.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, je n'avais pas le désir
d'intervenir longuement sur ce projet de loi qui me paraît un projet au
sujet duquel on peut, bien sûr, soulever toutes sortes de
problèmes de principe, mais qui est un projet de caractère
plutôt administratif, si l'on peut dire.
Mais comme le député de Saint-Jacques a soulevé ces
points de principe, je dois y apporter au moins certains éléments
de réponse, et je précise qu'il ne s'agit que de certains
éléments de réponse. Il serait possible de lui
répondre beaucoup plus longuement et avec beaucoup plus d'arguments
détaillés, mais je réserverai cela pour un autre moment,
une autre occasion, si jamais c'était nécessaire.
Je ne sais pas, M. le Président, à écouter le
député de Saint-Jacques, s'il nous invite, par ses remarques,
à être plus mesquin ou s'il nous reproche une trop grande
libéralité, mais je désire le rassurer sur ce premier
point, à savoir que nous avons, dans cette négociation, dans ces
transformations, assuré à tout moment que l'intérêt
public était respecté.
Il n'y a, dans ces règlements financiers qui interviennent avec
les communautés religieuses, aucun oubli de ce que l'Etat ou le public
en général a pu contribuer dans le passé,
séparément des communautés religieuses elles-mêmes,
pour la constitution de ces actifs et la création de ces
établissements.
Il est indubitable, et nous l'avons souligné nous-mêmes
à l'occasion, qu'à une époque où les gouvernements
n'avaient pas les responsabilités qu'on leur attribue aujourd'hui, il
était inévitable et il était d'ailleurs heureux pour notre
développement social que des groupes sans but lucratif que sont les
communautés se soient consacrés à la constitution de ces
oeuvres et en aient assuré le fonctionnement. Nous leur devons au moins
cette dette de reconnaissance, nous leur devons au moins de ne pas oublier leur
contribution et de ne pas la passer sous silence sous prétexte que nous
sommes avec eux dans des négociations.
Cette contribution qu'elles ont faite dans le passé ne diminue en
rien le fait qu'effectivement soit l'Etat par des subventions
discrétionnaires, soit le public par des souscriptions, par des dons qui
étaient faits explicitement ou implicitement pour les oeuvres de ces
communautés, a constitué lui-même une grande partie de ces
actifs. J'ai eu le plaisir de constater, par mes contacts avec les
communautés religieuses, que ces communautés l'admettent
elles-mêmes et font la part de cette contribution du public et de l'Etat
dans ce qu'elles croient cependant leur revenir maintenant pour les oeuvres
qu'elles doivent abandonner pour toutes sortes de raisons.
Les règlements qui sont intervenus depuis quelques années
dans le secteur des affaires sociales ne sont pas des achats d'actif. Cette
formule a peut-être été, dans le passé, celle qui
était utilisée, et c'était une formule qui s'inspirait
peut-être trop d'une conception commerciale de l'opération en
cause. Ces communautés, qui étaient les fiduciaires de
l'intérêt public à une autre époque, ont tout
simplement passé leur succession à d'autres corporations,
organisées sur un autre modèle. Pour la cession des biens
immobiliers qui est impliquée, le transfert se fait, comme on le sait,
de façon traditionnelle, pour $1 symbolique plus la prise en charge des
dettes à long terme que la communauté, ou la corporation
créée par la communauté et contrôlée par
elle, a dû assumer envers des tiers. Il est normal que lorsqu'une
corporation, constituée en vertu de nos lois les plus récentes,
assume les actifs d'un établissement, elle en assume également le
passif vis-à-vis des tiers.
Pour ce qui est des autres considérations, pour ce qui est de la
contribution de la commu- nauté elle-même, les négociations
ont une tournure qui est tout à fait dans l'ordre, étant
donné la nature de la contribution de ces communautés. Dans tous
les cas où il m'a été donné de participer au
règlement final et ces cas sont très nombreux depuis
quelques années, comme on le sait la compensation versée
aux communautés est basée sur un décompte précis,
aussi précis qu'il est possible de le faire sur la base de
l'étude des bilans, de l'étude des états financiers, sur
une période qui s'étend parfois sur vingt ans, d'une étude
détaillée, dis-je, de la contribution véritable de cette
communauté quant aux salaires non payés aux membres de ces
communautés religieuses pendant des périodes de cinq, dix ou
quinze ans, salaires qui ont été imputés, qui ont
été laissés dans l'établissement pour contribuer
à son développement immobilier et contribuer à la
constitution des actifs que nous prenons en charge aujourd'hui.
C'est sur cette base, accompagnée d'un intérêt
très raisonnable et inférieur au taux commercial, que nous avons
effectué ces compensations. Dans tout ceci, donc, ni la
société en général ni les communautés n'ont
été spoliées de quelque manière que ce soit. Nous
avons reconnu la contribution des communautés en tenant compte de cette
situation anormale qui ne serait plus tolérée de nos jours
puisque même les membres des communautés religieuses
bénéficient des avantages des conventions collectives en vertu
desquelles on ne versait pas les salaires pourtant minables de l'époque
aux membres de ces communautés pour pouvoir financer les constructions
de l'époque, financer l'achat de l'équipement.
Il nous a paru raisonnable de tenir compte de ces dépenses parce
qu'il y a un autre volet à ce tableau de la situation des
communautés dans notre société, c'est qu'elles demeurent
encore responsables de leurs membres qui vieillissent et qui sont malades dans
des hôpitaux et dans des hospices qu'elles financent elles-mêmes,
ces communautés.
C'est une charge que la société n'a pas à absorber.
Dans une situation où l'âge moyen de ces communautés est
souvent en haut de 60 ans, pour ne pas dire plus dans certaines d'entre elles,
ce fardeau des malades chroniques, ce fardeau des vieux, des vieilles est un
fardeau extrêmement lourd à porter. Les services qu'ils donnent
à leurs membres doivent être, eux, financés au taux
d'aujourd'hui, en payant les salaires d'aujourd'hui et en payant les
immobilisations qui sont nécessaires au prix d'aujourd'hui pour loger
ces personnes âgées qui sont membres de la communauté.
Je n'avais pas l'intention de considérer l'ensemble de la
situation, encore une fois, mais, puisqu'on en a parlé, je crois que
nous pouvons regarder la tête haute ce dossier des
désintéressements. Il a été fait en tenant compte
de l'intérêt des communautés. Je serais le dernier à
vouloir faire part de mesquineries envers des groupes qui ont joué, dans
notre histoire, un rôle extrêmement important,
disproportionné peut-être, selon les opinions de notre
époque actuelle, mais malgré
tout très réel et unique puisqu'il n'y avait, à
l'époque, aucune législation sociale. C'est d'ailleurs l'absence
de législation sociale qui explique l'opération que nous devons
mener aujourd'hui. Il n'y avait aucune loi avant 1971 qui obligeait même
ces communautés à incorporer ces centres d'accueil, ces foyers
pour personnes âgées de sorte que les actifs étaient
mêlés les uns aux autres. Ainsi, il faut, sur une période
de cinq ans, soit depuis seulement 1971, faire pour des centaines de centres
d'accueil ce qu'il aura fallu environ quinze ans dans les centres hospitaliers,
puisque c'est à compter de 1962, dans les centres hospitaliers, qu'il y
a eu dans les lois une obligation de séparer les patrimoines et de
s'incorporer sur une base autonome quand il s'agissait d'un hôpital.
Donc, que cette opération dure de 1971 à 1978 dans le cas de
centaines de centres d'accueil, alors qu'on a tout juste pu, en presque quinze
ans, régler la situation des centres hospitaliers, ne m'apparaît
pas du tout disproportionné, M. le Président. Je crois que cette
loi est tout à fait défendable sous tous ses aspects et je
pourrais en parler encore très longtemps, parce que ce dossier, je le
connais bien et je peux assurer les membres de cette Assemblée qu'il est
au-dessus de tout reproche.
M. Burns: Allez-y.
Une Voix: Très bien, très bien.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion de
deuxième lecture du projet de loi no 86 est-elle adoptée?
Sur division?
M. Burns: M. le Président, je voudrais enregistrer
l'abstention du chef de l'Opposition, le député de Sauvé,
du député de Saint-Jacques et du député de
Maisonneuve. Je suis convaincu que, si mes autres collègues qui sont
retenus dans les commissions parlementaires étaient ici, ils feraient de
même.
Le Vice-Président (M. Blank): D'accord. Adopté?
M. Levesque: Adopté, M. le Président.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
M. Levesque: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit déféré, comme les deux précédents,
à la commission plénière et que vous quittiez maintenant
le fauteuil afin que nous procédions à l'étude de ces
trois projets de loi, article par article.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que cette motion que
je quitte le fauteuil pour que les projets de loi nos 85, 86 et 87 soient
étudiés par la commission plénière est
adoptée?
M. Burns: Adopté, M. le Président.
Une Voix: Avec plaisir.
Commission plénière
M. Lafrance (président de la commission
plénière): A l'ordre, messieurs!
Projet de loi no 85, Loi modifiant le Régime des allocations
familiales du Québec et le régime de rentes du Québec,
article 1.
M. Charron: Lequel avez-vous appelé, M. le
Président?
Le Président (M. Lafrance): Le projet de loi no 85.
M. Charron: Le député de Johnson avait des
questions sur ce projet de loi.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Dans ce dossier, M. le Président,
je voudrais simplement demander que le ministre nous fournisse certains
exemples de ces demandes de renseignements permissibles en vertu d'un
arrêté en conseil qui sera déterminé; simplement
quelques exemples pour ne pas que la vie privée des gens soit mise en
cause, particulièrement dans des cas douloureux dans certaines familles.
Je comprends que je n'ai pas besoin de donner plus d'explications au
ministre.
M. Forget: M. le Président, plutôt que de citer des
cas particuliers, puisqu'il s'agit d'un problème malgré tout qui
affecte des catégories de personnes, je veux citer une des questions qui
est à l'origine de ce projet de loi.
Pour illustrer un des problèmes que nous voulons trancher, je
ferai la lecture d'une lettre qui provient de M. Guy Monfette, le
président et directeur général de la Commission
administrative du régime de retraite et qui illustre assez bien, je
pense, les difficultés auxquelles on veut remédier. Cette lettre
est adressée à M. Fortier, président de la Régie
des rentes. Elle se lit comme suit: "Cher collègue, "Permettez-moi en
premier lieu de vous remercier des démarches que vous avez faites
actuellement puisque la conclusion de ce travail pourrait nous permettre de
travailler de façon encore plus efficace qu'actuellement et limiterait
de beaucoup les démarches que nous avons avec les employeurs, au nombre
de 1,300, et les participants aux régimes de retraite public et
parapublic, au nombre de 300,000. "Plus précisément, la Loi du
régime de retraite des fonctionnaires, à l'article 4, dernier
paragraphe, et à l'article 47, dernier paragraphe, ainsi qu'aux articles
5 et 49 nous oblige à connaître le montant exact payé par
la Régie des rentes du Québec pour faire le calcul d'une pension.
Il en est de même pour la Loi du régime de retraite des
enseignants où l'on retrouve les mêmes stipulations aux articles 3
et 4. Au niveau, des différents
régimes d'assurance-salaire de base, c'est-à-dire pour les
104 premières semaines d'invalidité, la plupart des conventions
collectives stipulent que ces prestations doivent être réduites
des montants de la rente d'invalidité qui est accordée par la
Régie des rentes du Québec. "Comme notre organisme a la
responsabilité de coordonner dans l'ensemble l'application de ces
régimes d'assurance, il arrive fréquemment que nous ayons besoin
de connaître des renseignements sur les bénéfices
payés par la Régie des rentes. Dans un contexte plus
général, notre organisme a besoin des mêmes renseignements
que la Régie des rentes du Québec concernant environ 250
régimes supplémentaires de rentes. "De plus, il nous serait
très utile, voire même essentiel de se servir du fichier valideur
de votre organisme pour être en mesure de relier constamment le bon
numéro d'assurance sociale aux bonnes personnes, puisqu'on ne peut tenir
compte des prestations que si on peut bien identifier les
bénéficiaires. Nous aimerions également pouvoir nous
servir du registre de gains de la Régie des rentes du Québec qui
permet de faire une relation directe entre un employé et son employeur
pour chaque année. Cette question est une question qui n'est pas
touchée dans le projet de loi. "Quoique je sois, tout comme vous,
intéressé à une solution qui satisfasse les deux
organismes le plus rapidement possible, je crois qu'on devrait examiner la
situation dans son ensemble et à plus long terme."
Ici, on fait allusion au fait que plusieurs de ces problèmes se
posent vis-à-vis d'autres programmes. Ceci est une illustration
conforme, je pense, aux voeux exprimés par le député de
Johnson.
Je peux également donner un exemple qui est tiré d'une
demande signée par M. Pierre Martin, sous-ministre de l'Education,
également adressée au président de la Régie des
rentes. "M. le Président, "En réponse à votre lettre
concernant l'utilisation par notre ministère d'informations contenues
dans votre fichier des allocations familiales, je vous rappelle que nos
objectifs sont les suivants: a)comparer les données des inscriptions
scolaires suivant l'âge avec les données par âge du fichier
des allocations familiales; b)obtenir, pour les fins de prévisions de la
clientèle scolaire, des données récentes sur la population
âgée de 0 à 16 ans, premièrement, pour les fins des
immobilisations en obtenant pour des territoires municipaux la population par
âge, notamment de 0 à 4 ans; deuxièmement, pour les fins
d'immobilisations en analysant l'évolution de la structure par âge
entre 1971, qui est la date du recensement fédéral, et 1974, ce
qui nous permettra de mesurer la migration nette; c)obtenir les données
qui nous permettront de valider le recensement scolaire et voir comment les
informations des allocations familiales pourraient être utilisées
pour les fins de recensement. "Bref, l'atteinte de ces objectifs nous permettra
de valider certaines de nos statistiques concernant les élèves,
d'entrevoir s'il n'y aurait pas lieu d'abandonner le recensement scolaire
annuel et ainsi d'économiser d'importantes sommes d'argent tout en
améliorant la qualité de nos données et,
troisièmement, d'améliorer, grâce à une meilleure
connaissance des migrations et une connaissance plus à jour de
l'évolution de la population au niveau local, les prévisions de
population scolaire nécessaires pour les fins des immobilisations. "Il
est bon de rappeler que ce budget d'immobilisations s'élève
annuellement à environ $200 millions pour les seuls niveaux
élémentaire et secondaire".
Ceci, je pense, M. le Président, permet de voir qu'il est
évidemment possible de surmonter les difficultés du
caractère confidentiel de certaines données actuelles, mais au
prix de dépenses considérables pour obtenir essentiellement les
mêmes fins.
Il n'est pas question, dans le cas des données transmises a
l'Education et ceci ferait partie des conditions attachées
à la transmission d'informations que l'on puisse identifier des
individus, que l'on puisse identifier des familles, mais il s'agit de pouvoir
leur donner, par division de recensement ou par municipalité des
chiffres globaux.
M. Bellemare (Johnson): Je comprends. Il y a deux cas
particuliers qui me frappent.
Ce sont les legs, les héritages que reçoivent certains
parents pour les enfants. Est-ce que cela peut-être dans le domaine des
questions qui peuvent être posées? Parce qu'ils sont nommés
comme des administrateurs et des tuteurs dans le legs qui est fait par une
certaine personne à des enfants mineurs. Les intérêts, par
exemple, qui s'accumulent sur ces legs sont souvent déposés en
fidéicommis ou dans une caisse particulière au nom des enfants.
Est-ce qu'on peut aller jusque-là pour détecter certaines
informations?
Mon deuxième point le ministre me répondra
est le cas typique d'une femme mariée qui vient demeurer dans la
province de Québec après avoir épousé un Canadien
français et qui, elle, reçoit une pension de travail des
Etats-Unis, parce qu'elle y a travaillé un certain temps. Est-ce que ces
gains, qui n'ont pas été accumulés dans la province de
Québec, sont encore taxables? Est-ce qu'on peut faire certaines
investigations pour connaître les biens que possèdent les
époux?
Troisièmement c'est peut-être long, mais ce sont des
cas qui m'ont été soumis et je pense qu'il serait bon de les
étudier si un enfant reçoit une allocation familiale et
place il a un tuteur, ses parents sont morts ces sommes et
qu'elles rapportent des intérêts, est-ce qu'on peut pousser la loi
qu'on adopte jusqu'à faire des investigations dans le domaine
privé de l'enfant?
M. Forget: M. le Président, je crois pouvoir affirmer sans
l'ombre d'un doute que la réponse est négative dans les trois
cas, puisque les renseignements dont parle le député de Johnson
sont
relatifs à des biens ou à des prestations qui sont en
dehors du régime des allocations familiales ou du régime de
rentes.
Même dans son dernier exemple, les allocations familiales, une
fois versées, appartiennent à leur bénéficiaire et
leur accumulation ou les revenus qui peuvent découler de leur
accumulation échappent, bien évidemment, au contrôle de la
Régie des rentes.
Les questions qui viennent d'être posées, telles que je les
vois, rassortissent plutôt au domaine de la Loi de l'impôt sur le
revenu qu'à cette loi-ci, qui est une loi de prestations. Ce sont des
lois en vertu desquelles on paie des sommes.
M. Bellemare (Johson): Si le ministre me le permet, je suis
porté à croire que cette permission servira à des fins
d'impôt plus tard. J'y vois ce danger. Je veux simplement dire au
ministre que je suis porté à croire que cette permission va
détecter certains revenus qui pourront peut-être influencer, un
peu plus tard, l'impôt sur le revenu.
M. Forget: Non, parce que, pour fins d'impôt, c'est
déjà fait. Comme on le sait, les prestations du régime de
rentes, comme les prestations d'allocations familiales font déjà
l'objet d'une déclaration au fisc, à l'administration fiscale.
Elles sont déjà imposables. Donc, il n'est pas question de
modifier tout cela. Il s'agit de transmettre une information qui est
nécessaire. Par exemple, dans le cas des retraites des fonctionnaires,
la retraite du fonctionnaire est basée sur un certain montant à
être atteint en termes de prestations totales, partie à même
le Régime de retraite supplémentaire et partie à
même le Régime de rentes du Québec. Pour calculer la somme
qui doit être prélevée à même le régime
supplémentaire de retraite des fonctionnaires, il faut savoir combien
est payé par le régime de rentes à cet individu. C'est ce
genre de renseignements.
De toute manière, l'impôt est déjà
informé, quelle que soit la source de la prestation totale. Que cela
vienne de la Régie des rentes ou que cela vienne de la Commission
administrative des régimes de retraite, l'impôt est
déjà informé de ces revenus qui sont payés à
cet individu. Cela ne change pas le statut fiscal des sommes en question.
M. Charron: M. le Président, dans l'exemple que vient de
donner le ministre des Affaires sociales, le calcul de la retraite d'un
fonctionnaire est basé sur deux nombres. Comment fonctionne-t-on
actuellement? Vous avez cité des articles de la loi. On fonctionne
actuellement uniquement sur consentement individuel à
révéler le montant reçu du Régime de rentes.
M. Forget: Au moment où un fonctionnaire prend sa
retraite, on lui envoie une formule où on lui demande la permission de
demander à la Régie des rentes combien il gagne. Mais tant qu'il
n'a sas fourni cette information, puisqu'elle est essentielle au paiement de sa
retraite, il n'est pas payé.
M. Charron: II n'est pas payé?
M. Forget: II ne peut pas être payé puisqu'on ne
sait pas quel montant lui donner, étant donné qu'il faut
déduire ce qu'il reçoit du Régime de rentes pour calculer
le solde qu'on lui doit en vertu de son régime de retraite
supplémentaire.
M. Charron: II est déjà obligé de le
fournir, mais la tâche relève de lui.
M. Forget: II est obligé parce que ce sont les termes de
son contrat de travail et du Régime de rentes, des régimes
supplémentaires de rentes, que d'être payé pour le
supplément qui est nécessaire, au-dessus de ce qu'il
reçoit du Régime de rentes, pour atteindre certaines sommes.
Alors, forcément, il doit donner l'information; s'il ne la donne pas,
son dossier est incomplet et on ne peut pas procéder.
M. Charron: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Article 1, adopté.
Article 2?
M. Bellemare (Johnson): II n'y a pas d'effet rétroactif
à cette loi, M. le Président? Il n'y a pas d'effet
rétroactif?
M. Forget: Non.
M. Bellemare (Johnson): Cela ne couvre pas certains cas, non
plus?
M. Forget: Non. Cela ne couvre pas, excusez-moi, cela ne couvre
pas certains...?
M. Bellemare (Johnson): Certains cas qui sont des cas en
suspens.
M. Forget: Non, cela ne peut avoir d'effet que pour l'avenir,
qu'au moment de la promulgation de la loi.
Le Président (M. Lafrance): Article 3, adopté. Le
projet de loi no 85 est adopté.
Projet de loi no 86, Loi modifiant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. Article 1 ?
M. Charron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Adopté. Article 2?
M. Bellemare (Johnson): Je voudrais moi aussi, M. le
Président, déplorer simplement la mise en place du
système; elle est moins rapide que prévu, probablement pour des
motifs financiers ou autres, mais je déplore énormément ce
fait que...
Le Président (M. Lafrance): Article 2, adopté. Le
projet de loi no 86 est adopté. Projet de loi no 87, Loi...
M. Bellemare (Johnson): ... M. le Président, une
minute.
M. Levesque: II n'y a qu'un article.
M, Bellemare (Johnson): Oui, mais je suis tout seul pour...
Le Président (M. Lafrance): Alors, je n'ai pas
d'objection, on peut ajourner cinq minutes pour vous permettre de tourner une
page.
M. Bellemare (Johnson): Non, non, non, non.
Le Président (M. Lafrance): Projet de loi no 87.
M. Bellemare (Johnson): Quatre-vingt-sept.
Le Président (M. Lafrance): Loi abrogeant la Loi des
unités sanitaires, article 1?
M. Charron: Adopté sur division.
Le Président (M. Lafrance): Adopté sur division.
Article 2? Adopté sur division aussi?
M. Charron: Non, adopté.
Le Président (M. Lafrance): Adopté à
l'unanimité. Le projet de loi no 87 est adopté.
M. Charron: Nous sommes contre les locataires mais pour les
unités sanitaires.
M. Lafrance (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission plénière a étudié les
projets de loi nos 85, 86 et 87 et en a adopté tous les articles.
Le Vice-Président (M. Blank): Ce rapport est-il
adopté? Adopté. Troisième lecture?
M. Charron: Non.
Le Vice-Président (M. Blank): Troisième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente pour ces trois
projets de loi.
M. Levesque: Vous n'avez pas d'objection à adopter la
troisième lecture d'un projet de loi qui a été
adopté...
M. Charron: Mardi? M. Levesque: Oui.
M. Charron: Non. On peut le faire, on peut le faire.
M. Levesque: Alors, no 2, M. le Président.
Projet de loi no 12
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre
d'Etat propose la troisième lecture du projet de loi no 12, Loi
modifiant la Loi des régimes supplémentaires de rentes. Ce projet
de loi est-il adopté?
M. Charron: Adopté, M. le Président. Le
Vice-Président (M. Blank): Adopté.
M. Levesque: M. le Président, je propose que nous
groupions les projets de loi apparaissant aux nos 14 à 22 inclusivement,
du feuilleton qui sont des projets de loi au nom du ministre du Revenu, qui
donnent suite au budget du ministre des Finances, en grande partie je crois. Vu
le caractère technique de ces projets de loi, je suggérerais que
vous en fassiez l'appel, que nous les adoptions en deuxième lecture et
qu'ils soient immédiatement déférés à la
commission parlementaire compétente.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que je comprends, M. le
Président, que ce sont tous les projets de loi de 14 à 22?
M. Levesque: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Même celui de la Loi modifiant
l'assurance-maladie?
M. Levesque: Oui, c'est une loi d'ordre fiscal.
M. Bellemare (Johnson): D'accord, mais même
celui-là.
M. Levesque: Oui.
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre du Revenu dit-il
la formule habituelle?
Projets de loi no 59, 71 à 78
Lois amendant certaines lois fiscales
Deuxième lecture
M. Quenneville: M. le Président, le lieutenant-gouverneur
a pris connaissance de ces projets de loi et en recommande l'étude
à l'Assemblée.
Le Vice-Président (M. Blank): La Chambre est-elle
prête à se prononcer sur la deuxième lecture des projets de
loi no 59, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77 et 78?
M. Burns: Nous sommes prêts à adopter la
deuxième lecture. Je suis entièrement d'accord avec les remarques
du leader du gouvernement; ce sont des projets de loi très techniques.
Dans le passé, nous avons toujours, à l'occasion du
dépôt des projets de loi amendant les lois fiscales,
accepté que la deuxième lecture soit adoptée en Chambre et
que le débat sur le mérite se fasse en commission parlementaire.
Je présume que c'est l'intention du gouvernement d'envoyer ces
projets
de loi en commission parlementaire. Si tel est le cas, nous sommes
prêts à adopter les projets de loi sans plus de discours, ni de
remarques, quitte à faire les remarques au début de chacun des
projets de loi en commission parlementaire.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Johnson est d'accord?
M. Bellemare (Johnson): Je suis bien d'accord, M. le
Président, car je pense que c'est bien logique; cela fait gagner un
temps considérable à la Chambre. C'est quand?
M. Levesque: Ce soir, à 9 heures.
M. Bellemare (Johnson): Sur toutes les...
M. Levesque: La commission choisira et fera ce qu'elle pourra ce
soir. Si ce n'est pas terminé, elle continuera demain ou à une
séance subséquente.
Le Vice-Président (M. Blank): Ces projets de loi sont-ils
adoptés en deuxième lecture?
M. Burns: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ces
projets de loi. Second reading of these bills.
Projets de loi déférés à
la commission
M. Levesque: M. le Président, tel qu'il avait
été convenu, je propose que ces projets de loi nos 59, 71, 72,
73, 74, 75, 76, 77 et 78, apparaissant aux articles 14) à 22) du
feuilleton, soient maintenant déférés à la
commission parlementaire des finances, des comptes publics et du revenu pour
être étudiés article par article.
Le Vice-Président (M.BIank): Cette motion de
déférence est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté.
M. Levesque: Cette commission siégera à partir de
21 heures aujourd'hui.
M. Burns: A la salle 91, car je pense que la salle 81 est
occupée actuellement.
M. Levesque: A la salle 91-A. Libre aux membres de la commissions
de changer s'ils le désirent, mais, pour le moment, c'est à la
salle 91-A, à 21 heures, ce soir.
M. le Président, si je ne m'abuse, nous avions convenu, à
ce moment-ci, de vous demander de quitter le fauteuil, je crois. C'est une
motion que je fais bien à regret, M. le Président, mais, dans les
circonstances, je n'ai pas le choix. Je fais donc la motion que vous quittiez
immédiatement le fauteuil afin que nous puissions nous transformer en
commission plénière pour l'article 1) du feuilleton.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que cette motion pour
que je quitte le fauteuil et que la Chambre se forme en commission
plénière pour étudier les crédits est
adoptée?
Adopté.
Etude des crédits supplémentaires
Commission plénière (suite)
M. Lafrance (président de la commission
plénière): A l'ordre, messieurs! Nous reprenons
l'étude des crédits du ministère des Affaires
sociales.
Le député de Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, une entente de travail dans
le temps limité de l'étude de ces crédits m'obligera, une
fois de plus, à écourter l'échange que je me propose
d'avoir avec le ministre des Affaires sociales, puisque, dans quelques minutes,
le ministre de l'Industrie et du Commerce et le chef de l'Opposition ont
déjà convenu d'utiliser, à cette période-ci de
l'après-midi, le temps réservé à la fin des travaux
de la Chambre pour l'étude des crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce.
Etant limité par le temps et aussi par le sujet, je dirai que, la
dernière fois où, inopinément, le leader du gouvernement
est venu vous demander de faire rapport, j'avais déposé une
question très précise à l'attention du ministre des
Affaires sociales. Si je sors de cet échange avec une réponse
positive, cela en aura valu la peine.
Je pose de nouveau ma question. Dans les précédents
échanges avec le ministre des Affaires sociales, lorsque vous avez
appelé l'article de l'étude des crédits des Affaires
sociales, nous avons obtenu confirmation que, d'ici quelques jours, avant
probablement la fin de l'année 1975, ce qui nous était promis
pour novembre aura lieu.
Il s'agit d'une nouvelle réglementation attenant à la Loi
de l'aide sociale, réglementant donc le partage des revenus des
bénéficiaires de l'aide sociale, réétablissant des
critères d'éligibilité, des critères de
non-éligibilité. Cela est le renouveau que nous attendons tous
d'une loi qui a en plusieurs occasions prouvé son injustice, comme le
fait qu'elle était carrément inadéquate à subvenir
aux besoins actuels des assistés sociaux. Tout cela devra être
présenté avant la fin de l'année 1975.
Or, j'ai déjà inscrit au feuilleton de l'Assemblée
nationale, M. le Président, une motion qui normalement devrait
être débattable mercredi prochain et qui demande au ministre des
Affaires sociales de faire siéger la commission des affaires sociales,
afin que non seulement les membres de cette commission, mais tous les
députés qui ont affaire à l'application de cette loi
d'aide sociale dans leur comté aient l'occasion d'étudier, de se
prononcer, d'apporter des suggestions à partir de l'expérience
concrète qu'ils ont prise, chacun dans son comté, de
l'application d'une loi injuste. C'est une loi qui à l'occasion n'est
peut être pas
injuste dans son principe, mais qui l'est dans des règlements,
chacun d'entre nous a eu l'occasion de le vérifier, combien de fois, M.
le Président.
La semaine dernière, le député de Jacques-Cartier,
lors de la commission qui étudiait l'avant-projet de loi de la jeunesse
a apporté un cas précis. Nombre d'autres députés
sont en mesure de le dire, voici ce que nous demandons, ce que je demanderais
par ma motion, que je suis bien prêt à retirer si, dès ma
demande verbale de ce soir, j'en obtiens la confirmation. Nous membres de la
commission des affaires sociales, nous députés de
l'Assemblée avons à chaque lundi, si ce n'est pas tous les autres
jours de la semaine, lorsque nous sommes dans nos comtés respectifs,
à juger de l'application de cette loi. Nous avons à servir
d'intermédiaire entre les fonctionnaires des affaires sociales et
certains bénéficiaires qui n'ont pas trouvé justice ou qui
croient ne pas avoir trouvé justice. Nous devons, parfois mal
éclairés sur les intentions réelles du ministre, expliquer
une réglementation sur laquelle nous n'avons jamais été
consultés et dont nous devons faire les frais nous-mêmes. Est-ce
que nous aurons, sur cette nouvelle réglementation, l'occasion de nous
prononcer, l'occasion de l'étudier point par point, exactement comme
nous avons déjà étudié la réglementation de
la Loi de la câblodiffusion, à la commission des
communications?
Ce ne sera pas la première fois qu'une commission se penchera,
non seulement sur un projet de loi, mais sur la réglementation qui en
découle. Aux yeux de tout le monde, il est bien évident que ce
qui affecte le quotidien de l'application de cette loi c'est beaucoup plus la
réglementation attenante à cette loi que le principe même
de la loi no 26 qui est à son origine, tout le monde en conviendra.
Or, nous députés pouvons nous prononcer à
l'occasion sur le principe d'un projet de loi, mais n'avons jamais le loisir
d'étudier la réglementation. Or, celle-là touche un grand
nombre de citoyens québécois. Elle touche un grand nombre
d'électeurs dans la plupart des comtés des députés
de cette Assemblée. Certains en ont plus, certains en ont moins. Mais
tous au moins doivent avoir le souci de la justice et de l'équité
sociale et tous doivent certainement avoir intérêt à
étudier la réglementation. Notez, M. le Président, que mes
propos sont délibérément calmes et non partisans. Je
réclame simplement l'intérêt que j'ai et que je connais
d'autres députés à étudier en commission
parlementaire la nouvelle réglementation de la Loi de l'aide
sociale.
Je dis, en conclusion, que je suis effectivement parrain d'une motion
qui doit être appelée dans les prochains jours. Elle demande la
convocation de la commission des affaires sociales sur ce sujet et d'entendre
aussi les députés en auront le droit les
différents organismes que les assistés sociaux, au fil des
années, pour combattre leur situation et pour tâcher d'en sortir,
ont su se donner dans différentes régions. J'en ai
rencontré dans la vôtre, M. le Président, j'en ai
rencontré dans toutes les régions du Québec où je
suis allé, y compris à Montréal bien sûr. Jamais,
jamais réglementation aussi importante, puisqu'elle affecte le
quotidien, la pitance, la subsistance même, donc la vie en somme de
plusieurs milliers de citoyens québécois, jamais nous n'avons
entendu des gens qui oeuvrent auprès de ces personnes venir nous
exprimer leur opinion, nous faire leurs suggestions quant aux modifications
qu'ils voudraient voir apporter à la réglementation.
Pourtant, combien de fois cette Assemblée a eu des séances
de commission où nous avons écouté des tas de gens et des
opinions tellement différentes mais qui, jamais, ne touchaient aussi
concrètement à la vie des gens dont nous parlons. C'est de ce
qu'ils ont pour manger, pour vivre, pour se vêtir, pour vivre comme des
citoyens normaux qu'il s'agit ici.
Que nous entendions des gens qui sont devenus des porte-parole de ces
gens, assistés sociaux eux-mêmes, et surtout que les
députés, qui ont chacun une expérience très
concrète et quotidienne de l'application de cette loi aient l'occasion
de dire au ministre et, disons-le, aux hauts fonctionnaires qui rédigent
la réglementation de cette loi, mais parfois de très loin, comme
chacun d'entre nous a eu l'occasion de le rappeler, de dire très
modérément, non pas de faire une critique destructive, mais de
dire: Puisque nous sommes enfin à établir une nouvelle
réglementation de la Loi de l'aide sociale, pouvons-nous vous faire part
de certaines expériences personnelles? Je sais que certains
députés pourraient se dire experts dans l'application de cette
loi tellement on a eu à la discuter et à l'appliquer à
plusieurs occasions. Nous pourrions faire des suggestions pour que cela aille
mieux; non seulement pour que les critiques à l'égard du
ministère diminuent, ce qui peut être un objectif envisageable,
mais pour que la situation du bénéficiaire, au bout de la ligne,
soit meilleure.
Je demande donc au ministre des Affaires sociales: Au cours de
l'intersession, entre la fin de celle-ci, qui devrait normalement finir avec
les Fêtes, et la reprise de l'autre, fin février ou début
mars, je ne sais trop, mais au cours de cette période de janvier et de
février, membres de la commission parlementaire des affaires sociales
comme tout autre député intéressé à la
question, aurons-nous l'occasion d'étudier la réglementation
nouvelle promise et attendue?
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Papineau.
M. Assad: M. le Président, je me demande si c'est
l'occasion. Je crois que oui, concernant les crédits des Affaires
sociales. Je crois qu'il y a eu une étude de faite, il y a quelques
années, concernant ceux qui bénéficient de l'aide sociale
et qui sont aptes au travail. C'est une idée qui a déjà
été lancée et je n'en suis pas l'auteur, celui qui a
proposé cette idée.
Est-ce qu'il y a déjà eu quelqu'un qui s'est penché
sur la possibilité que tous ceux qui reçoivent des
bénéfices de l'aide sociale et qui sont aptes au travail, le
gouvernement remarquez bien
que je n'ai pas les modalités pourrait leur donner le
salaire minimum et qu'ils pourraient être mis à l'oeuvre au niveau
remarquez bien que c'est une suggestion municipal? C'est une
idée dont on a parlé à droite et à gauche. J'en ai
discuté avec les autorités municipales afin de savoir, s'il y
avait de la main-d'oeuvre disponible, si elles pourraient l'employer. C'est une
idée, mais je me demande si cela ne pourrait pas faire l'objet d'une
étude.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: S'il est un sujet qui est fréquemment
abordé à l'Assemblée nationale, c'est sans aucun doute
celui de l'aide sociale. Je m'étonne un peu que le député
de Saint-Jacques veuille susciter, après tant d'occasions, d'autres
occasions d'en discuter, mais je ne m'en étonne qu'à demi
puisqu'il ne manque jamais une occasion et c'est son droit le plus
strict, de revenir sur ce thème de nous reparler des
préoccupations qui sont celles de tout député membre de
cette Assemblée et qui, évidemment, sont celles également
de l'Opposition.
J'aimerais rappeler que l'aide sociale, qui est une loi
extrêmement importante touchant environ 400,000 Québécois,
n'a pas évolué, depuis quelques années, en vase clos.
Il y a eu, dans l'expérience des quelques dernières
années, de profondes transformations qui, non seulement ont fait l'objet
de débats lorsqu'elles sont survenues, mais qui sont la meilleure
réponse qu'il nous a été possible d'apporter aux
difficultés de parcours dans l'application d'une loi qui était
très innovatrice à son époque, au Québec et qui,
inévitablement, a suscité des difficultés.
Je crois que le progrès qui a été fait depuis
quelques années dans l'application de cette loi est un fait que tous
peuvent constater. Sans aucun doute, cette loi s'applique de façon assez
rigide en vertu d'une loi, de règlements et de critères assez
stricts. C'est, malgré tout, la direction qui a été prise
consciemment afin de minimiser l'arbitraire, le paternalisme dans l'application
d'une mesure sociale afin de concrétiser la notion qu'il s'agit de
droits de tout citoyen du Québec, plutôt que d'une faveur ou d'une
charité, qui leur est ainsi octroyée. Il est vrai que la justice
est parfois raide, qu'elle est parfois implacable et que sa manifestation dans
le domaine social choque parfois, heurte parfois. Mais c'est un prix, je pense,
qu'il faut payer, tout en le rendant le plus léger possible, pour donner
un sens véritable à la notion de droit strict qui ne
tolère pas l'arbitraire, qui ne tolère pas le paternalisme.
C'est donc un progrès continu vers la poursuite d'un certain
nombre d'objectifs que je ne réitérerai pas aujourd'hui,
objectifs liés à la poursuite de l'autonomie des
bénéficiaires, autonomie qui signifie que nous prenions pour eux
et en leur nom le moins de décisions possible, afin de les respecter
comme hommes, comme citoyens, une démarche qui vise à assurer,
dans toute la mesure du possible, dans toute la mesure des capacités
financières du gouvernement, un niveau de vie qui, sans être un
niveau de vie moyen, ni même confortable, est un niveau de vie qui permet
d'éviter la misère abjecte. C'est le niveau de protection qu'une
société comme la nôtre peut accorder et qui a
progressé, comme on le sait, de façon remarquable, au cours des
dernières années, dans le même souci d'assurer un minimum
vital et même un peu au-delà dans toute la mesure du possible.
Le sens de mes remarques, M. le Président, consiste, à ce
moment-ci, à souligner que nous nous inscrivons dans une démarche
continue vers une amélioration des règles d'application d'une loi
qui remonte à 1969, que nous ne cherchons pas à apporter,
à ce moment-ci, un bouleversement majeur dans les règles
d'application de ce régime, puisque nous poursuivons, avec, grâce
au ciel, quelque espoir de succès pour un avenir pas trop
éloigné désormais, des discussions, une planification pour
un régime de supplémentation qui viendra éventuellement
compléter ce qu'il est possible de faire à l'aide sociale.
C'est dans cette optique qu'il faut envisager les modifications des
règlements que nous nous apprêtons à apporter. Il ne s'agit
pas de bouleverser le régime, mais il s'agit de préciser,
à la lumière de l'expérience, les difficultés
d'application, les imprécisions, les incohérences
éventuelles qui peuvent se trouver dans les textes actuels.
L'expérience qui nous aide à apporter ces
perfectionnements dans les règles d'application, ce n'est pas seulement
l'expérience administrative du ministère, c'est aussi
l'expérience vécue par les bénéficiaires. C'est
l'expérience telle qu'elle se reflète dans les plaintes
formulées au ministère, et elles sont nombreuses, mais ne sont
pas aussi nombreuses que cela, tout compte fait. C'est l'expérience
accumulée à la lumière des décisions qui sont
prises par les différentes instances administratives et par les
instances quasi judiciaires que représente actuellement la Commission
des affaires sociales, ayant succédé à la Commission
d'appel de l'aide et des allocations sociales. C'est l'expérience
également, encore une fois, des bénéficiaires qui se sont
exprimés sur ce sujet par l'intermédiaire des
députés, par l'intermédiaire de l'Opposition, mais aussi
directement soit au ministère, soit aux hauts fonctionnaires
chargés de l'application de la loi.
On ne compte plus les rencontres qui ont eu lieu avec ces
différents groupes, les contacts suivis avec un très grand nombre
de personnes et de groupes qui ont soulevé, à notre attention des
problèmes concrets, particuliers auxquels nous chercherons à
apporter une solution.
Dans un tel contexte d'une amélioration progressive, tenant
compte que cet effort n'est pas nécessairement définitif, mais se
veut un effort significatif pour régler les problèmes concrets,
je crois que la période qui est la plus appropriée pour juger du
succès ou de l'insuccès de ces efforts ne se situe pas aux
alentours de la date de publication soit avant, soit après
de ces règlements, mais se situe, avec un certain recul, quelques mois
plus tard.
A ce moment, quant à l'application nouvelle de la loi, sous
quelques aspects seulement faut-il le souligner, puisqu'il ne s'agit pas
de tout changer, loin de là; il s'agit de clarifier, de rendre plus
systématique, plus accessible un texte d'application il sera
possible de voir si ces efforts de clarification, ces efforts
d'amélioration, dans les faits, donnent des résultats valables ou
non.
Je crois qu'il sera très difficile à une commission
parlementaire ou à un groupe qui le fait sur la base d'un raisonnement
peut-être un peu abstrait, sans les bénéfices de
l'expérience d'application du nouveau texte, d'en venir à un
jugement concluant. Nous ne refusons pas, M. le Président, d'apprendre
nous-mêmes, à la lumière de cette expérience. Il
n'est fait aucun doute qu'au cours des mois qui vont suivre la publication des
nouveaux règlements non seulement les officiers supérieurs du
ministère, le personnel de première ligne des bureaux locaux et
des bureaux régionaux du ministère, de même que mon
collègue, le ministre d'Etat, s'emploieront à tester la
validité de cet effort de réaménagement des
règlements et que nous pourrons, après quelques mois, voir si des
corrections sont opportunes.
Je suis sûr qu'à ce moment nous serons à la
période de l'étude des crédits et que notre
collègue de Saint-Jacques se fera un devoir de revenir, à la
lumière des informations qu'il aura à ce moment, sur la question
et fort abondamment. On sait que l'on passe normalement plusieurs jours en
commission parlementaire, en avril ou au tout début de mai, pour
évaluer le chemin parcouru à l'aide sociale, évaluer les
problèmes résolus et surtout les problèmes non
résolus. Il me semble que ce sera un cadre beaucoup plus
approprié que celui que nous suggère le député de
Saint-Jacques, pour le moment.
Pour ce qui est de la question du député de Papineau, il
me semble effectivement qu'il y a eu, dans le passé, des efforts du
genre de ceux qu'il souhaite voir s'instaurer, c'est-à-dire des efforts
pour retourner au travail des personnes qui sont aptes à un travail,
mais qui se trouvent bénéficiaires temporairement de l'aide
sociale.
Il s'agit, évidemment, de l'opération placement à
laquelle a succédé un programme d'emploi nouveau avec la
collaboration, cette fois, non seulement d'un ou de deux ministères,
mais avec une collaboration élargie à plusieurs ministères
du gouvernement du Québec.
Je crois qu'il sera possible, encore une fois, lors de l'étude
des crédits, de faire le tour de cette expérience sur un peu plus
que quelques mois seulement. Il est exact qu'il existe, parmi les
bénéficiaires de l'aide sociale, des personnes qui sont aptes
à un travail mais nous n'avons jamais voulu discriminer sur cette base.
Je ne pense pas qu'il faille interpréter de cette manière non
plus les remarques du député de Papineau. C'est par des
programmes de création d'emplois, c'est par un développement
économique général dont peuvent bénéficier
les assistés sociaux qu'il sera possible de remédier de
façon véritable au problème d'in- suffisance de revenus.
Les programmes spécifiquement dirigés vers eux n'ont pas, dans le
passé, été toujours couronnés d'autant de
succès qu'il serait souhaitable de le voir. C'est presque
inévitable. Malgré tout, les efforts ne sont pas diminués
pour autant. Au contraire, comme je l'ai indiqué, nous avons
essayé, et d'ailleurs réussi dans une large mesure, d'obtenir la
souscription ou la collaboration d'un certain nombre de ministères.
Les résultats, comme les résultats de l'opération
placement, sont dans une certaine mesure encourageants. Je ne voudrais pas
aller plus loin que cela parce qu'il est clair que, dans un climat
économique qui est celui que nous connaissons, ceux qui souffrent d'un
handicap quelconque et je crois que les personnes qui
bénéficient à un moment ou l'autre de l'aide sociale sont
parfois considérés comme souffrant d'un handicap, au moins sur le
plan social sont particulièrement difficiles à placer,
à retourner à une occupation normale.
C'est donc une période dont il faut tenir compte dans
l'évaluation de tout programme. Il me fera plaisir de faire tenir aux
collègues de l'Assemblée nationale, de manière à ne
pas prolonger indûment les travaux de cette commission, des
renseignements plus spécifiques sur le succès de ce programme et
son déroulement.
Le Président (M. Lafrance): Tous les programmes des
crédits du ministère des Affaires sociales sont-ils
adoptés?
M. Burns: Adopté.
Le Président (M. Lafrance): Adopté.
Je crois que les crédits du ministère de l'Industrie et du
Commerce ont été adoptés. Il y avait eu une restriction
à l'effet qu'on se réservait le droit de poser des questions au
ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Morin: En effet, M. le Président, j'avais consenti
à ce que le député des Iles-de-la-Madeleine fasse son
discours sur les pêcheries et on m'avait assuré que le ministre
serait disponible pour répondre à un certain nombre de
questions.
Je serai très bref, M. le Président, puisque le ministre
lui-même m'a laissé entendre qu'il comptait déposer sous
peu le rapport Marsan portant sur les aspects techniques de l'aluminerie de
Saint-Augustin ou du projet d'aluminerie de Saint-Augustin et qu'il
s'apprêtait sans doute à prendre position publiquement à
nouveau sur cette question. Donc, je me ferai très bref ce soir.
J'ai quelques questions sur d'autres aspects du projet d'aluminerie.
J'imagine que le ministre a pris connaissance d'un mémoire
présenté par son propre ministère au Conseil consultatif
de l'environnement, mémoire qui a été soumis et
commenté par l'un de ses fonctionnaires, le 11 novembre dernier, et qui
contient des affirmations, des interrogations que je qualifierais
d'étonnantes.
On y apprend, par exemple, que la possibilité de poursuivre la
transformation de l'aluminium
jusqu'au produit fini nous apparaît des plus
aléatoires.
C'est à la page 8 du mémoire que l'on trouve cette
affirmation. On lit, également, dans le dossier que cet objectif de la
transformation de l'aluminium, de l'aluminium brut, introduit, "des
complications considérables qui peuvent à elles seules faire
complètement avorter le projet". Le représentant du
ministère ajoutait: "Y aura-t-il un complexe intégré
d'aluminium à construire à Saint-Augustin."
A la lumière de ces déclarations, qui sont quelquefois des
affirmations, quelquefois des interrogations, des hésitations du
fonctionnaire devant le projet, j'aimerais demander au ministre s'il peut nous
dire où en sont rendues les négociations avec les principaux
partenaires intéressés à ce projet et notamment avec la
National South Wire?
M. Saint-Pierre: M. le Président, comme je l'ai
mentionné privément au chef de l'Opposition officielle, demain,
à 15 heures, à l'Assemblée nationale, je déposerai
le rapport préparé par la firme du Dr André Marsan qui
traite de l'aspect des retombées, ou enfin des conséquences
écologiques que le projet, s'il avait été implanté
à Saint-Augustin, aurait pu avoir, tant vis-à-vis de la faune, de
la flore, que de la santé humaine et autre.
J'ai également mentionné que jeudi, suite à des
réunions au conseil des ministres, demain, et à des
réunions du comité ministériel des Affaires
économiques et du développement régional, je serais en
mesure de donner la position du gouvernement sur l'ensemble de ce dossier. Je
dois donc, aujourd'hui, ne pas être aussi loquace que je le voudrais,
puisqu'on comprendra que mes collègues du cabinet ont droit, eux aussi,
à des réponses; c'est également mon devoir d'obtenir d'eux
l'assentiment sur les orientations qui seront proposées.
Pour répondre à la question soulevée, le projet a
continué de faire l'objet d'études en profondeur. Dans un premier
temps, je rappelle peut-être... je tente d'expliquer les mots que M.
Marsan avait prononcés devant ce comité consultatif de
l'environnement, lorsqu'il disait que l'objectif que nous poursuivons, soit la
transformation poussée de l'aluminium cause de contraintes importantes.
Le problème est que, traditionnellement, les marchés de produits
finis ont toujours déterminé l'implantation des usines,
l'implantation, sur le plan de l'emploi à savoir où se trouvaient
les emplois manufacturiers, où se trouvait la valeur ajoutée.
Dans un contexte général d'une pénurie d'énergie et
compte tenu d'une possibilité, au Québec, d'avoir une carte qui
prend plus d'importance, nous tentons justement de briser ce cercle qui a fait
que, traditionnellement, pendant très longtemps, même si nous
l'avions voulu je suis certain que d'autres spécialistes se sont
penchés sur ce dossier il n'était pas possible d'avoir, au
Québec, une transformation plus poussée, compte tenu du fait que
là, il n'aurait été carrément pas économique
pour les entreprises qui étaient dans le sec- teur de l'aluminium, que
ce soit l'Alcan et l'autre, de le faire.
Alors, l'objectif que nous poursuivons et nous ne
démordrons pas de cet objectif introduit des contraintes
importantes, puisqu'il affecte et continue d'affecter, à cause des frais
de transport, vis-à-vis des marchés réels,
vis-à-vis, à l'occasion, des barrières tarifaires,
négativement la rentabilité du projet, sans parler, bien
sûr, d'autres aspects.
C'est dans ce sens que M. Marsan a indiqué que notre objectif
pouvait causer des difficultés qui pouvaient rendre aléatoire la
réalisation de ce projet.
Nous avons poursuivi nos études tant au niveau des compagnies qui
n'avaient pas été identifiées en dehors de la National
South Wire et qui, dans différents secteurs, auraient pu transformer
l'aluminium brut en des produits finis et semi-finis. Nous avons
également exploré des discussions avec Hydro-Québec sur
l'ensemble des coûts d'énergie et tenté de rationaliser
notre approche dans ce secteur. Nous avons tenté d'approfondir notre
connaissance des projets en cours ou à l'étude dans
différentes parties du monde et tenté de voir quel était
le contexte économique de ces projets. Nous avons continué
d'approfondir notre connaissance sur la demande probable d'aluminium dans les
années à venir, de même que sur révolution probable
et possible des coûts de l'aluminium brut dans les années à
venir.
Il serait, je pense, nécessaire de dire que le groupe National
South Wire, sans être éliminé du dossier, n'est pas
l'unique interlocuteur que nous avons pour tenter de mettre au point un projet
qui, nous l'espérons, s'il est annoncé, sera à l'avantage
de tous les Québécois.
Encore une fois, dans ma déclaration de jeudi à
l'Assemblée nationale, il y aura des éléments
d'information que je ne me sens pas en loisir d'affirmer aujourd'hui.
M. Morin: Si j'ai bien compris le ministre, il nous a dit que,
conformément à son discours de Francfort, l'objectif de la
transformation sur place de l'aluminium brut demeure au premier plan des
préoccupations du ministère. Autrement dit, il n'a pas
démordu de cet objectif.
M. Saint-Pierre: Absolument pas. D'ailleurs, personnellement, si
le projet ne pouvait pas se réaliser avec une très forte
transformation, non seulement nous abandonnerions nos efforts, mais je pense
que nous serions en mesure de conseiller le gouvernement de garder en
réserve des ressources énergétiques pour d'autres fins que
simplement la production d'aluminium brut.
M. Morin: Parmi les interlocuteurs récents du ministre,
s'est-il trouvé des villes, des régions, des communautés
urbaines autres que la CUQ et Saint-Augustin?
A-t-on envisagé autrement dit, a-t-on étudié la
possibilité d'autres emplacements?
M. Saint-Pierre: En réponse à la question, M. le
Président, je dois malheureusement référer le chef de
l'Opposition à la déclaration de jeudi. Un des
éléments de la position gouvernementale, jeudi, sera justement
les mesures que nous entendons prendre au sujet du site. Il y a eu, bien
sûr enfin, je réponds strictement mot pour mot à la
question plusieurs villes qui nous ont fait savoir leur
intérêt d'avoir l'aluminerie, compte tenu d'une opposition
apparente à Saint-Augustin, mais il nous a semblé
préférable d'attendre d'avoir le rapport que j'ai eu à
midi. En passant, je me permets de mettre en doute, malgré les
affirmations de l'éditeur de la presse, que ce journal était en
possession du rapport Marsan. Je connais trop le désir des journalistes
de la presse, sans exception, de bien informer la population et je pense que,
si les journalistes avaient eu en leur possession le rapport au complet, on
n'aurait pas hésité à en citer de larges extraits. Si on
lit l'article en question, on voit que c'est plutôt les reflets de
conversations qu'on a pu avoir avec des gens. Encore une fois, j'exprime le
doute qu'il s'agit de gens qui ont pu, non pas voir le rapport, mais en avoir
entendu parler.
M. Morin: Et nous pourrons juger de cela demain, quand le
ministre aura déposé le rapport.
M. Saint-Pierre: Oui, volumineux.
M. Morin: Le ministre a fait allusion, il y a un instant,
à des négociations avec l'Hydro-Québec...
M. Saint-Pierre: Pas des négociations, M. le
Président; c'est peut-être entre le ministère des Richesses
naturelles et le ministère de l'Industrie et l'Hydro-Québec,
enfin, une démarche, une recherche pour mieux cerner le problème
des tarifs industriels dans un contexte donné.
M. Morin: Je veux bien qu'on appelle cela une discussion
plutôt qu'une négociation, étant donné qu'il s'agit
d'un organisme québécois.
M. Saint-Pierre: Ce n'était pas pour un projet
donné. Vous savez, ce n'était pas pour l'aluminerie
c'était dans le contexte général de l'évolution des
tarifs industriels.
M. Morin: Mais on se souviendra qu'à la commission
parlementaire l'Hydro-Québec avait jugé excessif le tarif
préférentiel qui avait été proposé à
la National South Wire par le gouvernement dans son arrêté en
conseil, qui, je crois, portait le no 475, du 15 février de cette
année. Ces tarifs préférentiels entraînaient, comme
on l'a déclaré devant la commission parlementaire, une subvention
de l'ordre de $217 millions.
M. Saint-Pierre: Je me permets de répéter parce que
c'est très important: Une subvention, dans la mesure où on
accepte intégralement le fait que le tarif de l'Hydro-Québec
augmentera de 10% par année. Une subvention est en rapport avec un tarif
de base, un tarif officiel; lorsqu'on dit $217 millions, c'est parce qu'on
accepte, dans le cas de l'Opposition officielle, que le tarif officiel va
augmenter de 10% par année pour les 30 prochaines années.
Le point que je soulève pourrait intéresser le chef de
l'Opposition. Toute discussion, sur le tarif qui était mentionné
dans cet arrêté en conseil et je tiens à
préciser qu'il n'y avait aucun engagement contractuel du gouvernement
dans cela est peut-être...
M. Morin: Je le sais.
M. Saint-Pierre:... futile en ce sens que le tarif
mentionné ne fait plus l'objet n'est plus une partie de notre analyse de
ce dossier. Ainsi, si jamais le projet, à la suite des travaux que nous
faisons, devait arriver à terme, on ne retrouvera pas le tarif qui a
été mentionné dans l'arrêté en conseil, mais
d'autres formules que nous explorons.
M. Morin: D'autres formules préférentielles
ou...?
M. Saint-Pierre: Non, des formules qui se rapprochent
énormément et, je pense, qui pourraient satisfaire la commission
de l'Hydro-Québec.
M. Morin: Je ne voudrais pas laisser dire au ministre, sans
sourciller, que nous acceptons des augmentations de l'ordre de 10% pour les 30
prochaines années, mais c'est l'Hydro-Québec elle-même qui
nous a fourni ces chiffres-là, jusqu'à nouvel ordre. Nous n'avons
pas, nous, de ligne ouverte avec l'Hydro-Québec et j'avoue que j'ai eu
tendance à faire confiance à l'Hydro-Québec. Si le
ministre veut dire que je ne peux pas faire confiance à
l'Hydro-Québec ou aux chiffres qu'elle nous donne, c'est une autre
affaire. Je ne pense pas que c'est ce qu'il veuille dire.
M. Saint-Pierre: Non, je fais confiance à
l'Hydro-Québec.
M. Morin: Je ne voudrais pas le lui faire dire, en tout cas.
M. Lessard: Les questions n'étaient pas posées par
des libéraux.
M. Saint-Pierre: J'explique simplement que la différence
entre deux sommes... Bien sûr, on accepte que le montant qui serait
perçu est relié à une augmentation de 10% par année
jusqu'à la fin des temps.
M. Morin: Nous reviendrons là-dessus, j'espère, en
commission parlementaire, si, par hasard, nous avons l'occasion d'entendre
l'Hydro-Québec avant la fin de l'année, ce qui paraît peu
probable, malheureusement. Nous allons revenir sur cette question au cours des
jours qui viennent.
J'aurais peut-être une dernière question de façon
à libérer le ministre dès maintenant. Le mi-
nistre peut-il nous dire s'il y a eu d'autres études techniques
sur le projet d'aluminerie soit à Saint-Augustin, soit ailleurs, qui lui
auraient été remises par des firmes d'ingénieurs-conseils
autres que le rapport Marsan dont il nous a parlé il y a un instant?
M. Saint-Pierre: II y a eu une étude technique qui m'a
été remise à la fin de juin et qui avait été
préparée conjointement, dont le coût avait
été défrayé à 50% par la National SouthWire
et à 50% par la SGF.
Cette étude technique avait été faite conjointement
par le groupe Lalonde et Valois de Montréal et le groupe Kayser
Engineering des Etats-Unis, si ma mémoire est bonne. Ce document ne sera
pas rendu public, mais il ne concluait pas à la non-rentabilité
du projet dans la façon dont il avait été abordé.
Par la suite, nous avons repris le dossier. Des études ont
été confiées au groupe Gaucher Bélec et M. Gaucher
a entrepris pour nous une série d'études dont j'ai obtenu copie
mardi dernier. Ce sont des études sur l'aspect économique du
dossier, compte tenu d'une conjoncture très fluctuante sur
l'approvisionnement en bauxite, sur l'énergie, sur différents
projets. Il ne me paraît pas d'intérêt public de rendre
disponible cette étude, puisque, bien sûr, elle dévoile
dans une large mesure les cartes que peut posséder le Québec par
rapport à d'autres pays. Je pense qu'en rendant public le dossier, je ne
servirais pas les intérêts des Québécois.
M. Morin: Vous ne croyez pas qu'à tout le moins le rapport
de Kayser et Lalonde et Valois pourrait, lui, être utile et ne pas
compromettre les chances du Québec? Il aurait l'avantage de jeter un peu
de lumière dans un dossier qui est resté passablement confus
jusqu'ici.
M. Saint-Pierre: C'est simplement parce que les media
d'information et d'autres personnes ont fait les annonces
prématurées de projets que, encore une fois, il est difficile de
donner les éléments d'un dossier lorsque nous sommes à le
bâtir. Je peux revérifier cette étude technique, mais,
encore une fois, l'étude porte sur une possibilité de projet
telle qu'elle était envisagée à l'époque, qui n'est
plus d'actualité, c'est-à-dire que nous avons
abandonnée.
M. Morin: Cela pourrait quand même jeter de la
lumière sur l'ensemble du dossier, si le ministre voulait bien
considérer la possibilité de publier au moins celui-là.
L'autre, dans la mesure où il contient des renseignements qui pourraient
compromettre la position du Québec, je veux bien convenir que cela
demeure un document de travail interne. Mais celui-là, je pense, serait
de nature à intéresser tous ceux qui suivent ce dossier fort
intéressant. Je tiens à dire au ministre, encore une fois, que,
de la part de l'Opposition officielle, nous avons toujours mis des conditions
à la réalisation de ce projet, mais nous ne nous sommes jamais
opposés à l'idée d'une aluminerie. Il s'agit de savoir
dans quelles conditions elle viendrait et je me souviens l'avoir dit
bien clairement au ministre, à plusieurs reprises, en commission
parlementaire nous n'avons pas changé d'avis.
M. Saint-Pierre: Je suis heureux d'entendre le chef de
l'Opposition.
J'avais cru comprendre qu'à la même réunion dont
vous faisiez mention, l'abbé Louis O'Neil, le porte-parole du parti
politique que vous représentez, avait plutôt émis l'opinion
que la région de Québec n'avait pas besoin d'industries
secondaires. Et citant l'exemple d'Ottawa, j'avais cru comprendre qu'il pensait
que la région de Québec avait plutôt une vocation tertiaire
et qu'il ne fallait pas la contaminer...
M. Lessard: Peut-être faut-il aussi voir là...
M. Saint-Pierre:... J'avais cru voir là une
différence d'opinion, mais je suis heureux de voir que vous êtes
toujours...
M. Lessard: C'est peut-être faussé par les "hot
lines" du ministre.
M. Saint-Pierre: Non, je ne le sais pas. J'ai le texte au bureau.
Je suis heureux de voir que la position du Parti québécois est
toujours que, si les conditions apparaissent que le projet est avantagé
à plus d'un égard pour les Québécois, vous
êtes favorable, s'il y a respect de l'écologie...
M. Morin: Oui, je croyais que le ministre l'avait compris puisque
nous nous sommes longuement penchés sur ce projet, il y a plusieurs
mois. Nous avions dit que nous n'avions pas d'objection de principe, mais il
s'agissait de démontrer la rentabilité économique et
sociale pour les Québécois, et aussi de...
M. Saint-Pierre: J'exprime ma surprise aux propos qu'a tenus
l'abbé O'Neil, et je me demandais si cela reflétait les positions
officielles...
M. Morin: Je ne connais pas ces propos. La façon dont le
ministre les présente m'étonne un peu parce que je ne crois pas
que ce soit la position qui ait été prise par le Parti
québécois régional de Québec sur la question. Je
pense que la position était essentiellement celle que nous avions prise
puisque la nôtre reflétait en somme des études faites sur
le plan régional. Nous allons attendre la déclaration
ministérielle de jeudi et le rapport Marsan, demain matin, avant de
faire d'autres commentaires.
M. Saint-Pierre: Demain après-midi.
M. Morin: Demain après-midi. Bien sûr. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): Les crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce sont adoptés et la
commission plénière... avant de suspendre les travaux.
M. Levesque: Oui, avant de suspendre, M. le
Président, vous me permettez. Je crois qu'il reste à peu
près une heure et quinze minutes, d'après ce que j'ai
vérifié, il y a quelques instants. Je ne sais pas si l'Opposition
a l'intention de prendre tout le temps à sa disposition mais, de toute
façon, j'ai l'intention de poursuivre l'étude. Et à la
suggestion du leader de l'Opposition officielle, nous pourrons commencer par
les Finances, à vingt heures et quinze minutes, parce que le ministre de
la Fonction publique pourra se libérer, à vingt heures et quinze
minutes, pour à peu près une demi-heure. Je ne sais si ce sera
assez parce qu'il reste une heure et quinze minutes en tout pour les
crédits, peut-être une demi-heure ou trois quarts d'heure. Je ne
sais pas combien de temps cela prendra, mais le ministre de l'Agriculture a
également été prévenu d'être ici et il
prendra la relève, à moins qu'on ait d'autres suggestions.
M. Burns: M. le Président, je suis ouvert à toute
suggestion. Les deux ministères que nous envisagions pour ce soir, quant
aux critiques que nous pouvons faire au budget supplémentaire, pouvaient
être les Finances ou l'Agriculture, l'un avant l'autre ou l'un
après l'autre, peu importe.
M. Levesque: D'accord, M. le Président. Si on peut toucher
au budget du ministère de la Justice, je serai ici au cas où on
aurait des questions à poser là-dessus.
M. le Président, je suggère que vous suspendiez
jusqu'à vingt heures quinze.
Le Président (M. Lafrance): La commission
plénière suspend ses travaux jusqu'à vingt heures
quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 8)
Reprise de la séance à 20 h 22
M. Lafrance (président de la commission
plénière): A l'ordre, messieurs!
Nous commençons l'étude des crédits
supplémentaires du ministère des Finances. Programme 4,
élément 2.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Adopté?
M. Bums: Non, M. le Président. Je m'en voudrais de passer
l'étude des crédits supplémentaires des Finances sans
toucher, si brièvement qu'il soit, aux négociations de la
fonction publique et parapublique, actuellement en cours.
Sans vouloir, à ce stade-ci, me prononcer sur les offres qui ont
été faites par le gouvernement, il m'apparaît très
important de sortir au moins un certain nombre de points de la
négociation et ces points-là je pourrais les résumer en
six différentes catégories.
C'est au ministre de la Fonction publique, je présume, qu'il
appartiendra de me répondre là-dessus. Ce sont des questions que
je pose, avec, je l'admets, un certain nombre d'opinions qui feront plaisir au
gouvernement ou qui ne lui feront pas plaisir; de toute façon je ne suis
pas ici pour faire plaisir au gouvernement. Mais il y a un certain nombre de
points sur lesquels j'aimerais que me réponde le ministre de la Fonction
publique, au nom du conseil des ministres et dans le cadre de ces
crédits supplémentaires aux Finances, même si directement
ces crédits supplémentaires ne sont pas affectés à
la négociation actuelle complètement; cela se résumerait
à six points, si vous voulez.
Le premier, concernant les écarts entre les offres qui sont
faites à l'ensemble de la fonction publique et en particulier dans le
domaine hospitalier, pour les hommes et pour les femmes; les congés de
maternité; la charge de travail dans le domaine de l'enseignement; les
diplômés de CEGEP; les professionnels et, finalement, la
rétroactivité.
Quant au premier point, M. le Président, je prétends que
l'offre actuelle accroît les écarts entre les salaires
payés aux hommes et les salaires payés aux femmes. J'aimerais,
très brièvement, vous rappeler que le 12 septembre 1974 le
premier ministre déclarait, dans un communiqué remis à la
presse, que le gouvernement endossait pleinement l'objectif de
l'égalité des chances pour tous, au sein de la fonction publique
québécoise.
Son gouvernement, précisait-il, allait assumer le leadership dans
ce domaine en adoptant des programmes d'administration de son propre personnel
qui consacrent, dans les faits, l'objectif de l'égalité des
chances. Il assurait entre autres, le Conseil du statut de la femme de la
collaboration de toutes les instances de décision gouvernementales dans
l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes nécessaires
à la promotion de la femme au sein de la fonction publique du
Québec.
Pourtant, les offres du gouvernement et c'est là-dessus
que j'aimerais que le ministre puisse nous donner un certain nombre de
réponses telles que nous les évaluons, maintiennent et,
dans certains cas, augmentent l'écart salarial entre les hommes et les
femmes pour des fonctions absolument similaires.
Dans le secteur des affaires sociales et je pense que c'est
là que nous retrouvons la catégorie d'injustice la plus criante
par exemple, l'aide buandière, l'aide féminine à la
cuisine et à la lingerie, l'employée de restaurant, l'aide
infirmière et l'aide féminine de service recevraient, si l'offre
était acceptée telle que proposée, $3.71 l'heure au 1er
juillet 1975, $4.01 l'heure au 1er juillet 1976 et $4.25 au 1er juillet
1977.
D'autre part, l'homme qui effectue exactement la même fonction,
toujours selon les offres faites par le gouvernement, travaillant le même
nombre d'heures, dans le même service ou dans la même unité,
recevrait, pour les périodes correspondantes, $3.96 par rapport à
$3.71, $4.28 par rapport à $4.01 et, finalement, $4.54 par rapport
à $4.25 l'heure, et ceci pour les trois périodes
concernées dans l'offre gouvernementale.
La différence qui est actuellement de $0.25 l'heure et qui se
précise en période 1, passe à $0.29 l'heure en
période 3. Sur une base hebdomadaire parce que c'est plus facile
peut-être de le calculer de cette façon et cela nous
apparaît peut-être plus évident lorsqu'on calcule sur une
base hebdomadaire le salaire des hommes passe de $153.45 par semaine
à $175.93 pour une semaine de 38 3/4 heures.
Le salaire des femmes, toujours pour une même semaine de travail,
toujours pour une même fonction, celle que je décrivais tout
à l'heure, passe de $143.76 par semaine à $164.69. L'écart
entre les deux, qui est de $9.69 au début de la convention, passe
à $$11.21 à son expiration, toujours sur une base hebdomadaire.
Si on compare ces offres aux salaires actuellement payés, on
s'aperçoit qu'elles mettent complètement de côté les
efforts qui ont été déployés depuis un certain
nombre d'années pour essayer de rendre les plus égaux possible,
les salaires payés aux hommes et aux femmes pour des mêmes
fonctions dans la fonction publique.
Je fais une parenthèse, M. le Président. Il me semble que
s'il y a quelqu'un, s'il y a un organisme, s'il y a un employeur qui doit
véritablement donner l'exemple dans ce domaine, il me semble que ce
serait le gouvernement, surtout après la déclaration, que j'ai
citée au début de mon intervention, celle du 12 septembre 1974,
qui a été faite par le premier ministre, qui dit: Nous allons
tenter de mettre sur pied un système qui va préconiser
l'égalité des chances entre toutes les personnes
concernées à l'intérieur de la fonction publique. Il me
semble que cela vaut pour les employés d'hôpitaux aussi.
Il me semble, M. le Président, que les efforts des années
antérieures pour réduire l'écart entre les salaires
payés aux femmes et les salaires payés aux hommes pour des
mêmes fonctions, on est en train de les gâcher par les offres
salariales qui sont faites. Le salaire hebdomadaire des hommes qui remplissent
ces fonctions, c'est-à-dire les aides à la buanderie, à la
lingerie, etc., ceux que je citais tout à l'heure, les salaires actuels,
pour les hommes, sont de $113.15 par semaine, tandis que celui des femmes est
de $110.53. La différence actuelle entre les deux est de $2.32 par
semaine.
Cette différence, M. le Président, elle passera, avec les
offres du gouvernement, à $11.21 à l'expiration de la convention
collective. Est-ce qu'on s'est aperçu de ce phénomène, du
côté gouvernemental, lorsqu'on a fait des offres? Si on s'en est
aperçu, j'aimerais bien que le ministre de la Fonction publique nous
dise pour quelles raisons on tend à faire augmenter cet écart
entre le salaire qu'on offre pour une même fonction, dans un même
département.
A des hommes, on offre une somme plus élevée et, à
des femmes, une somme moins élevée pour la même fonction et
on tend à accroître cet écart.
La proposition gouvernementale, en ce qui me concerne, est encore plus
ridicule pour les commis magasiniers. On offre aux hommes un salaire horaire
qui va de $3.72 à $4.57 au début de la convention, pour en
arriver à $4.28 jusqu'à $5.24 à son expiration.
L'échelle, ai-je besoin de le rappeler, a six échelons. On offre
aux femmes un salaire horaire qui va de $3.64 à $3.97 au début de
la convention et de $4.17 à $4.35 à la fin de cette convention.
Dans leur cas, l'échelle, c'est drôle, n'a plus que trois
barreaux, n'a plus que trois échelons. Pour le même travail, la
différence hebdomadaire, qui est de $21 actuellement, passera à
$24.15 à l'expiration de la convention.
Ces catégories d'employés, qui remplissent des
tâches essentielles pour le bon fonctionnement des hôpitaux, sont
les moins bien rémunérésil faudra se le rappeler
de toute la fonction publique et parapublique, c'est-à-dire ceux
pour qui le gouvernement, il me semble, devrait faire un effort plus que
spécial. Une première étape consiste en tout cas,
c'est une suggestion que l'Opposition vous fait et j'aimerais entendre le
ministre de la Fonction publique là-dessus à ramener
l'offre faite aux femmes au niveau de celle faite aux hommes pour les
mêmes catégories, pour les tâches similaires. Il ne s'agit
pas de la simple application du principe à salaire égal, travail
égal ou vice versa, travail égal à salaire égal.
Une telle opération, à notre avis je pense que c'est cela
que le ministre de la Fonction publique devrait examiner très
sérieusement aurait pour effet d'augmenter le salaire minimum
payé par le gouvernement à un point tel qu'il serait
porté, à toutes fins pratiques, à $175.93 à la fin
de la convention pour une semaine de 38 heures et quarante cinq minutes.
C'était une remarque générale sur cet écart
établi entre le salaire des hommes et le salaire des femmes.
J'aimerais bien que le ministre de la Fonction publique nous fasse ses
remarques et surtout justifie ses offres dans ce domaine pour nous expliquer
exactement en quoi cette offre est conciliable avec l'affirmation du chef du
gouvernement, en septembre 1974.
Concernant le deuxième point, M. le Prési-
dent, il semble que le gouvernement devrait reconnaître que la
grande majorité des employés des secteurs public et parapublic
sont des femmes. Simplement pour citer quelques chiffres, je rappelle au
ministre de la Fonction publique, au cas où il l'aurait oublié,
que les femmes représentent 61,2% de l'ensemble des employés du
secteur de l'éducation et qu'elles représentent 74,7% du secteur
des affaires sociales. Donc, je ne parle pas d'un problème marginal, je
ne parle pas d'un problème qui ne concerne que quelques individus au
hasard. Entre autres, dans ces deux secteurs, on parle de la grande
majorité des employés. C'est donc dire qu'une politique
c'est là-dessus, M. le Président, que j'aimerais entendre le
ministre de la Fonction publique nous répondre de congé de
maternité adéquat en ce qui nous concerne est d'une importance
primordiale pour toutes les employées de ce secteur. Cette importance
devient dramatique pour les techniciennes en radiologie. J'aimerais que le
ministre de la Fonction publique m'écoute plutôt que de faire des
sourires à son collègue qui est à sa droite ou à
son sous-ministre qui est à sa droite; j'aimerais bien qu'il
écoute cette partie qui est, à mon avis, grave. Je vous parle des
techniciennes en radiologie.
Est-ce que vous ne croyez pas, M. le ministre, que cela a une
particulière importance, en plus des chiffres que je viens de vous
citer, lorsqu'on sait qu'on établit des congés sans solde,
actuellement, pour des catégories d'employés qui sont, entre
autres comme tout les autres employés du domaine hospitalier
les techniciennes en radiologie et qu'on leur dise qu'il faut quitter
à une date précise et que ces employées, dans nombre de
cas, sont obligées, pour continuer à garder leur emploi, de
cacher leur grossesse? Est-ce qu'on se rend compte, du côté
gouvernemental, de ce que cela veut dire pour une technicienne en radiologie
que cacher sa grossesse? Est-ce qu'on se rend compte des conséquences
que cela peut comporter pour l'enfant qui est actuellement dans le sein de
cette femme qui travaille comme technicienne en radiologie? L'absence de
congé de maternité payé, à mon avis, force cette
catégorie d'employées à cacher leur état, ce qui
représente un très grave danger pour l'enfant.
Les clauses actuelles des conventions, à notre avis, sont
inacceptables. Elles stipulent que la salariée enceinte a droit à
un congé sans solde pour maternité mais, d'autre part, aucune
garantie ne lui est donnée de retrouver son emploi après sa
grossesse.
A mon avis, M. le Président, il est primordial que le
gouvernement offre ce qui devrait faire partie des conditions minimales de
travail devant s'appliquer à tous les employeurs. Là-dessus, le
gouvernement devrait donner le ton, c'est-à-dire un congé de
maternité payé avec garantie de retrouver son poste sans perdre
ses droits acquis. Une politique de congé-maternité ne doit plus
être laissée comme objet de négociations.
Il me semble que le gouvernement se doit d'ouvrir la voie dans ce
domaine. Si le ministre de la Fonction publique prend la chose à la
légère, comme il la prenait, il y a quelques semaines, lorsque je
lui posais la question, s'il ne se rappelle pas que j'ai été
obligé de soulever une question de privilège pour lui rappeler
qu'un certain nombre de syndicats... Ah! vous avez bien beau rire, M. le
ministre de la Fonction publique, vous trouvez cela drôle.
Il y a un tas de gens, imaginez-vous, la majorité des gens qui
sont dans le domaine que vous êtes en train de ridiculiser par votre
rire, M. le ministre, la majorité des gens qui sont visés par les
conventions collectives que vous vous apprêtez à signer où
vous imposez un certain nombre de conditions de travail dans ce domaine sont
des femmes.
Cela est un problème que vous ne devriez pas prendre à la
légère, le mettant de côté comme une chose
particulière parce que, de toute façon, il y a des femmes qui
passent dans la fonction publique. Elles y entrent, puis, elles en sortent.
Pourquoi? Parce qu'elles deviennent enceintes. Peut-être auriez-vous un
peu moins de "turnover", si vous me passez l'expression, si vous preniez
sérieusement en ligne de compte ce phénomène.
On se plaint, M. le Président, du côté
gouvernemental. J'ai entendu, dans le temps qu'elle était ministre
d'Etat aux Affaires sociales, le député de Bourassa
puis-je la nommer? madame Lise Bacon, se plaindre que les femmes
n'accédaient pas à des postes importants dans la fonction
publique.
Bien sûr qu'elle a raison, bien sûr qu'elle aurait encore
raison de dire la même chose mais, encore, il faudrait peut-être
leur donner les moyens de garder une certaine continuité à
l'intérieur de la fonction publique. C'est un des problèmes. Si
le gouvernement ne s'en préoccupe pas, ne vous attendez pas à ce
que des employeurs, dans l'entreprise privée, en tiennent compte. Il me
semble que cela mérite autre chose qu'un sourire du ministre de la
Fonction publique.
M. le Président, le troisième point que je voulais
soulever, c'est celui du secteur de l'enseignement. Les demandes des
enseignants, on pourra les qualifier d'une façon ou de l'autre, on
pourra gloser au sujet de ces demandes mais il faudra, je pense, toujours aller
au coeur de ces demandes. Il faudra se demander pourquoi, actuellement, les
enseignants sont aussi je n'exagère pas, j'utilise un mot que
j'ai vraiment examiné quant à la situation exigeants.
Pourquoi sont-ils aussi exigeants?
Les demandes des enseignants ne se limitent pas uniquement à un
problème d'augmentation de salaire. Il faudrait qu'on en soit tous
convaincus, des deux côtés de la Chambre. Je voudrais surtout
qu'au ministère de la Fonction publique on en soit convaincu. Ils sont
tous aussi préoccupés de la qualité de l'enseignement
offert aux étudiants. C'est cette préoccupation qui leur a
assuré je pense que le ministre devrait en tenir compte
l'appui de plusieurs parents, des commissions scolaires, des directeurs
d'école et des comités de parents.
La diminution du nombre d'élèves était l'oc-
casion rêvée pour améliorer la qualité de
l'enseignement, et particulièrement au niveau élémentaire,
en abaissant le rapport professeur-étudiants, en maintenant une charge
de travail qui permet une plus grande humanisation des rapports entre les
enseignants et les enfants, en ouvrant de nouvelles spécialités,
particulièrement en introduisant des cours d'éducation physique
obligatoires au niveau élémentaire et finalement ce serait
le résultat rêvé d'une part et de l'autre en
assurant aux enseignants une meilleure sécurité d'emploi.
Cela fait des années, M. le Président, qu'on entend du
côté gouvernemental des gens qui nous disent: C'est impossible
d'assurer une sécurité d'emploi aux enseignants. Vous avez
l'occasion rêvée de le faire.
On peut gloser aussi longtemps qu'on voudra sur le
phénomène de la dénatalité, sur le
phénomène qu'un certain nombre d'enseignants ne sont plus
nécessaires, parce qu'il y a moins d'étudiants qui se
présentent à l'école, qui entrent dans le cycle scolaire.
On peut gloser longtemps là-dessus, M. le Président.
Là, on a l'occasion de réviser notre politique
là-dessus et, là, il y a peut-être une coordination qui
n'existe pas, qui devrait être faite entre le ministère de la
Fonction publique, le ministère des Finances et le ministère de
l'Education pour repenser ce que peuvent coûter exactement des demandes
sérieuses de la part des enseignants pour améliorer la
qualité de l'enseignement, d'une part, en diminuant le rapport
élèves-professeur ou professeur-élèves, mais en
même temps pour assurer aux enseignants une sécurité
d'emploi.
Vous savez, il n'est pas tellement facile pour un enseignant de croire
à ce qu'il fait lorsqu'il est constamment dans cet état
d'insécurité lorsqu'on pense, dans ce milieu, qu'on est
simplement un rouage d'une machine, qu'on peut changer éventuellement,
qu'on peut mettre de côté, alors que c'est bien plus que cela, le
travail d'un enseignant. Il me semble que le rôle du gouvernement devrait
être de revaloriser ce rôle. La façon de revaloriser ce
rôle serait, entre autres, d'établir un contact
étudiant-enseignant qui est beaucoup plus normal, qui reflète
davantage, si vous voulez, la situation actuelle. La diminution du nombre
d'élèves, à notre avis, aurait été
l'occasion pour améliorer cette qualité d'enseignement, mais,
au-delà de tout cela, le gouvernement non seulement n'utilise pas cette
occasion; il augmente la charge de travail de 22 1/2 périodes à
25 périodes. Il offre à ces enseignants une
séciruté d'emploi ridicule. Il ne diminue pas de façon
significative le rapport maître-élèves au niveau
élémentaire. Il remplace celui du niveau secondaire par une
répartition des enseignants entre les commissions scolaires et,
finalement, leur offre des augmentations moins fortes qu'à tous les
autres employés.
Comment voulez-vous que cette catégorie d'employés de la
fonction puis-je utiliser l'expression parapublique se sentent
respectés à l'intérieur de cela? C'est le nerf de notre
société de demain; c'est la colonne vertébrale de notre
société de demain. On pourra faire toutes les bla- gues qu'on
voudra sur les enseignants, dire qu'ils ne travaillent pas souvent, qu'ils ne
travaillent pas longtemps, qu'ils ont deux mois de vacances
l'été. Ils sont quand même et cela, le gouvernement
devrait le reconnaître par ses offres que vous le vouliez ou non,
qu'ils soient péquistes ou non, qu'ils soient libéraux ou non,
qu'ils soient unionistes ou non, qu'ils soient créditistes ou non, ceux
qui ont charge, actuellement, de former la société de demain.
Cela, il me semble, qu'on devrait s'en rendre compte. Je ne vous dis pas qu'il
faut leur donner plus qu'aux autres; il faudrait quand même leur donner
au moins autant qu'aux autres.
La proposition gouvernementale, M. le Président, à mon
avis, est une véritable provocation pour tous ceux qui oeuvrent dans le
secteur de l'éducation.
Je n'exagère pas en disant que vous faites tout en votre mesure
pour provoquer un véritable affrontement dans ce domaine, par le type
d'offres que vous venez de formuler à l'endroit des enseignants.
Le ministre de la Fonction publique a le droit de ne pas être
d'accord avec moi, j'ai le droit de ne pas être d'accord avec les offres
qu'il vient de formuler. C'est ce que je suis en train de lui dire,
partiellement.
En quatrième lieu, j'aimerais, très brièvement,
toucher au problème des diplômés de CEGEP. Les offres
gouvernementales, à notre avis, devraient être rajustées de
façon à offrir à tous les diplômés du CEGEP
qui ont une formation équivalente les mêmes conditions salariales
tout en tenant compte du nombre d'heures travaillées. C'est bien
évident que l'on est obligé de tenir compte de tout cela. Ces
employés ont le même nombre d'années de scolarité
que les infirmières; pourtant il existe rappelez-vous le, M. le
ministre une différence entre les salaires. L'infirmière
débutera à un taux horaire de $5.56, tandis que
l'inhalothérapeute et différentes catégories de
technologistes et de techniciennes débutent à un taux horaire de
$4.86, soit une différence horaire de $0.70, ou, si von veut le mettre
en termes hebdomadaires, de $24.50 pour une semaine de 35 heures. Une telle
disparité ne fera qu'augmenter les difficultés de recrutement
dans ce domaine. On se plaint qu'on a de la difficulté à
recruter, particulièrement dans ces goupes de paramédicaux.
Certaines catégories d'employés, comme les
diététistes et les phy-siothérapeutes, entrent
ai-je besoin de le rappeler au ministre sur le marché du travail
deux ans plus tard à cause de l'internat nécessaire à
l'obtention de leur diplôme. N'y aurait-il pas lieu, dans les offres
actuelles, de tenir compte de ce fait, tout au moins de rajuster les offres, de
les rendre logiques par rapport au nombre d'années requises en ce qui
concerne l'enseignement, tout au moins, en ce qui concerne l'éducation
requise pour entrer dans ce domaine?
Finalement, dans un avant-dernier point, j'aimerais vous parler des
offres qui ont été faites aux professionnels. Près de
1,500 postes de professionnels et le ministre me contredira si j'ai tort
sont actuellement sans titulaire à l'intérieur
de la fonction publique. Tous les ministères se plaignent des
difficultés de recrutement et du haut taux de roulement observé
pour ces catégories d'employés.
Je me rappelle, lors de l'étude des crédits du
ministère de la Fonction publique, l'année dernière, avoir
entendu le même ministre de la Fonction publique me dire: Ecoutez, les
normes actuelles nous empêchent de recruter véritablement des
professionnels compétents dans tous et chacun des ministères;
c'est pour cela que nous sommes obligés d'avoir recours à des
pigistes ou en termes de budget gouvernemental à des
contractuels. C'est pourquoi on est obligé d'aller voir des avocats de
l'extérieur, des notaires de l'extérieur, des architectes de
l'extétieur, des comptables de l'extérieur, et mettez-en.
Je vous donne simplement les remarques que vous-même, M. le
ministre, nous avez données au cours des discussions que nous avions,
l'année dernière, lors de l'étude de vos
crédits.
Ces mêmes professionnels, apparemment, vous avez toutes les
difficultés du monde à les recruter. Qu'est-ce que vous faites
pour cela? Combien de fois est-ce que nous avons entendu, par exemple, le
ministre du Revenu, le ministre chargé de la protection de
l'environnement, celui de la Fonction publique, celui à qui je parle
actuellement, nous parler de la concurrence fédérale dans le
recrutement des professionnels? Combien de fois est-ce qu'on a entendu des
ministres pleurer là-dessus et combien de fois avons-nous dit à
ces mêmes ministres, dans le cas du Revenu, il me semble que c'est bien
évident que pour les agents de gestion, lorsque vous voyez qu'il y a
à peu près le double du salaire qui est offert au
fédéral, par rapport à ce qui est offert au provincial...
Oui, M. le ministre, j'ai déposé un document, à vos
propres crédits, ne faites pas le surpris aujourd'hui. Je vous ai
montré cela, vous l'avez appris à ce moment-là.
J'espère que vous ne l'avez pas oublié depuis ce temps. La
proposition patronale accroîtra et ne fera qu'accroître ces
difficultés de recrutement. Elle dénote la volonté
à peine camouflée du gouvernement de continuer de faire affaires
avec des professionnels de l'extérieur.
Si c'est cela que vous voulez, dites-le nous. On va le savoir. On va
savoir exactement comment jauger votre type d'offres et les professionnels
à l'emploi du gouvernement, surtout, eux vont le savoir. Mais, M. le
Président, nous pensons en termes d'une fonction publique beaucoup plus
constante, beaucoup plus solide qu'une fonction publique qui est bâtie
pour des amis du régime et, très souvent, des amis moins
compétents que les fonctionnaires en poste. Cette offre aux
professionnels, M. le Président, est anormalement basse, si l'on tient
compte de l'augmentation des heures de travail et elle ne peut, à notre
humble avis, que contribuer à une plus grande démobilisation. Si
c'est cela que le gouvernement veut, qu'il le dise. Qu'il dise carrément
qu'il n'en veut plus, de professionnels à l'emploi permanent du
gouvernement. Mais, au moins, on ne brisera pas des carrières. On ne
fera pas luire, devant les yeux de cer- tains professionnels qui veulent faire
carrière dans la fonction publique, la possibilité d'arriver
à un statut qui est acceptable à l'intérieur de la
fonction publique.
Si ce n'est pas cela qu'on veut, qu'on le dise. Il me semble que c'est
un minimum de justice, tant pour la population qui s'imagine qu'elle a un corps
de professionnels qui travaillent pour le gouvernement, qui se donnent à
la fonction publique, que pour ces mêmes professionnels qui, eux, ont
décidé que c'était dans ce domaine qu'ils voulaient
oeuvrer.
Finalement, M. le Président, je ne peux pas oublier
j'aimerais que le ministre de la Fonction publique nous donne des
détails là-dessus la menace qui a été faite
par le gouvernement à l'effet que les conventions collectives qui ne
seraient pas signées avant la fin de l'année 1975 verraient
remettre en question le phénomène de la
rétroactivité. J'ai peut-être mal compris. Si j'ai mal
compris, M. le Président, j'aimerais bien que le ministre de la Fonction
publique nous dise que j'ai mal compris, mais à tous les secteurs
à qui je me suis adressé, j'ai compris qu'on avait compris
cela.
J'ai compris, par exemple, que les fonctonnai-res du gouvernement se
hâtent de signer une convention collective qui est malheureuse, soit dit
en passant.
Je n'ai pas à me prononcer, je ne suis pas membre du syndicat des
fonctionnaires, ni de celui des ouvriers. Vous avez une hâte absolument
inexplicable de signer une convention collective, pour les fonctionnaires et
pour les ouvriers du gouvernement, qui ne se justifie que par la hâte de
signer avant la fin de l'année 1975 pour que le phénomène
de la rétroactivité ne devienne pas un élément
négociable. Si c'est cela, le problème, je dis que c'est
absolument écoeurant que le gouvernement ait posé comme condition
de signer avant la fin de l'année 1975 sans cela, vous savez, votre
rétroactivité, messieurs et mesdames les fonctionnaires, cela
devient quelque chose de négociable. J'appelle cela du chantage,
j'appelle cela de l'intimidation et j'appelle cela une façon absolument
anormale, de mauvaise foi, de négocier.
Il y aurait un tas d'autres choses que je pourrais dire sur la
façon dont les négociations se tiennent actuellement. Je vais
vous le dire tout de suite, j'ai été, qu'on le veuille ou non,
que j'aie eu raison de le faire ou non, dix ans, avant de faire de la politique
active, dans le domaine de la négociation collective. Comme
négociateur, imaginez-vous! Je négociais du côté
syndical. Je n'ai jamais vu un employeur jamais, et j'ai cherché
depuis que j'ai vu vos offres sortir faire des offres salariales avant
que cet employeur soit raisonnablement assuré qu'au moins la
majorité de ces clauses mécaniques, non pécuniaires soient
réglées. Ce n'est pas le cas, actuellement, dans la
négociation de la fonction publique. Je trouve cela pour le moins
bizarre!
Etes-vous en train de faire un nouveau style de négociation
collective ou si vous êtes en train d'acheter des négociations
collectives? Je vous prie de ne pas rire, M. le ministre de la Fonction
publique. C'est une question très sérieuse. Actuellement,
peut-être que cela vous fait rire, mais il y a un paquet de milliers de
travailleurs au Québec qui ne rient pas actuellement, qui se posent
cette même question. Moi, je me souviens des nombreuses fois où je
revenais devant des assemblées syndicales en leur disant: Je ne peux pas
vous présenter d'offre salariale pour une raison bien simple, le patron
refuse d'en faire. Je me rappelle avoir défendu le patron dans son
attitude. J'ai défendu le patron parce que je me disais: Le patron,
c'est normal qu'il ne fasse pas d'offre salariale parce qu'il ne sait pas ce
qu'il va y avoir au point de vue normatif, ce qu'il va y avoir au point de vue
non pécuniaire, si on veut appeler les choses par leur nom. Il veut
savoir, avant tout, comment sa convention collective va fonctionner.
Tout à coup, vous avez, du côté gouvernemental, un
génie, le ministre de la Fonction publique, puisque c'est lui qui est le
chef négociateur, prétendument si ce n'est pas lui, il
devrait l'être qui décide que, pour la première fois
dans l'histoire des relations de travail au Québec, on fait des offres
salariales à tout le monde, à qui mieux mieux. On joue les uns
contre les autres. Vingt point quelque chose quelque part, et on cache les 17.3
là-dedans et tout ce que vous voulez. Bon! On s'aperçoit que,
dans la majorité des cas, la majorité des clauses normatives ne
sont même pas réglées. Je vais plus loin: la
majorité des clauses normatives n'ont même pas été
discutées.
Je trouve cela époustouflant! J'aimerais que le ministre de la
Fonction publique nous explique sa nouvelle technique géniale de la
négociation collective. Comment se fait-il que, tout à coup, un
patron se découvre une générosité telle qu'il se
balance complètement de tout ce qui peut avoir une relation au texte
normatif, au texte mécanique, au texte non pécuniaire d'une
convention collective et que, généreusement, il fasse des offres
pécuniaires?
Moi, je vous dis que vous êtes en train de tenter de fourrer les
syndiqués; c'est ça que je vous dis. Vous avez le droit de rire
encore une fois, M. le ministre. J'aimerais cela que tous vos rires soient
enregistrés au journal des Débats, parce qu'il y a du monde qui
va les juger ces rires. C'est pour cela que, chaque fois que vous riez, cela me
fait plaisir de le dire.
M. Lacroix: On a enregistré ceux de Laberge, hier, aussi,
de Pepin, puis de Charbonneau.
M. Burns: M. le Président, il y a quelque chose de grave
qui se passe. Je prends cette occasion pour le dire, c'est la première
qui nous est donnée. On n'est quand même pas pour provoquer un
débat d'urgence tous les jours sur cette affaire. Dieu que j'aimerais
que vous vous rappeliez les choses qu'on vous a dites; on avait les bancs
à droite, à ce moment, en 1972. En 1971, puis en 1970, on
était nouveau, on était complètement perdu dans ce grand
bordel ici, on était mêlé dans tout cela. Disons-le,
qu'est-ce que vous voulez?
M. Lacroix: C'était une maison respectable avant que vous
y arriviez.
M. Burns: On était tout à fait nouveau
là-dedans. Puis, je me rappelle avoir dit au ministre de la Fonction
publique du temps, au premier ministre du temps: Faites attention à ce
que vous êtes en train de faire. C'est important, ce n'est pas une farce,
une négociation de l'ensemble de la fonction publique et de la fonction
parapublique. Vous avez tous les domaines des services essentiels. Bien
sûr, cela pourrait être facile, à un moment donné,
s'il y a une grève totale, générale, comme c'est
arrivé en 1972, de dire: Voyez comme l'opinion publique est contre les
syndiqués. Bien sûr, cela va être facile de jouer cela. Mais
il y a plus que cela. Contrairement à ce que le ministre de la Fonction
publique actuel pense, non seulement vous vous devez d'être un bon
employeur; vous devez donner l'exemple à tous les employeurs au
Québec. Je ne vous dis pas de payer plus cher que n'importe quel
employeur au Québec; ce n'est pas cela que je suis en train de vous
dire. Ce n'est pas nécessaire, puis ce n'est pas nécessairement
possible, je l'admets, mais vous êtes obligé, au moins, de
démontrer une bonne foi qui ne paraît pas actuellement dans la
fonction que vous détenez, M. le ministre de la Fonction publique, et
qui ne paraît pas, actuellement, dans les négociations que vous
entretenez avec les syndicats qui sont vos vis-à-vis. Si j'avais juste
une chose à vous dire, si je pouvais vous convaincre d'une seule chose,
ce serait de vous dire, sans vouloir vous faire la leçon, sans vouloir
avoir l'air du gars qui vous prend par la main et qui vous dit: Je suis plus
intelligent que vous, je suis plus fin que vous, ce n'est pas cela que je suis
en train de vous dire... Je suis peut-être plus conscient que vous,
cependant, de la gravité de ce que vous manipulez actuellement. Je suis
peut-être plus proche de sentir ce danger que vous manipulez, ce danger
et pour l'institution démocratique, et pour le syndicalisme en
général. Il me semble que le ministre de la Fonction publique
doit être conscient de cela plus que tout autre, y compris l'Opposition.
Il me semble que vous devriez être plus fébrile à l'endroit
de ce problème que même nous, de l'Opposition, nous pouvons
l'être. Je vous demande simplement d'être conscient de cela, M. le
ministre de la Fonction publique. Je vous demande aussi, si vous le pouvez, de
me donner quelques réponses aux questions que je vous ai
posées.
Le Président (M. Lafrance): Le ministre de la Fonction
publique.
M. Parent (Hull): M. le Président, j'ai
écouté avec beaucoup d'attention les propos du
député de Maisonneuve. J'ai eu l'impression, à l'occasion,
que j'étais l'élève assis sur le banc qui recevait des
leçons du professeur.
M. Lessard: S'il n'intervenait pas, lui!
M. Parent (Hull): Cela ne sert à rien de discuter avec des
gens qui ne comprennent pas, mais j'ai cru comprendre que le
député de Maisonneuve avait reçu un message important du
président de la CEQ lors de la réunion tenue, il y a dix jours,
à Rimouski. On a dit que le Parti québécois n'était
pas le parti des travailleurs et on reprochait au Parti québécois
son attitude dans la présente négociation...
M. Burns: Arrêtez de faire des farces, je vous pose des
questions. M. le Président...
M. Parent (Hull): Ah!
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: Ecoutez, s'il veut faire des farces, moi, je vais
sacrer mon camp tout de suite. C'est aussi simple que cela.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Parent (Hull): Vous êtes bien mieux de vous en aller
tout de suite, parce que j'ai à parler.
M. Burns: Ecoutez, faites donc... si vous voulez continuer
à faire des farces comme cela. Ce sont exactement des choses de cette
valeur que vous êtes capables de donner.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Hardy: C'est cela le respect de la liberté de
parole.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre!
M. Burns: Non, pas des farces. Cela ne m'intéresse pas
d'en entendre. Il me semble que je n'ai pas fait de farces, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre!
M. Burns: II me semble que j'ai été bien
honnête, j'ai même été très franc. J'ai
distingué, il me semble que j'ai pris même un certain nombre de
choses sur mon dos...
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre! A l'ordre!
M. Burns: ... que je n'ai pas l'impression d'avoir le monopole de
la vérité. Je pose des questions au ministre, mais s'il commence
des foli-chonneries comme cela, j'aimerais que tout le monde sache que c'est un
ministre folichon qu'on a, que ce n'est pas un ministre qui est apte à
faire une négociation...
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre!
M. Burns: ... aussi importante que celle qui nous concerne
actuellement. Or, faites-le maintenant. Si vous voulez faire des farces,
allez-y!
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président: Question de règlement.
M. Burns: Vous aussi, si vous voulez bouffon-ner, allez-y!
M. Hardy: II y a quand même des limites. Nous avons tous
écouté avec beaucoup d'attention le député de
Maisonneuve. Je n'ai pas à juger du contenu de ses propos. Je
présume qu'il est sincère, qu'il n'est pas ici pour
défendre des intérêts particuliers, qu'il n'est pas ici en
conflit d'intérêts. Je présume tout cela et je l'ai
écouté, mais je lui demanderais d'avoir
l'élémentaire décence, au nom de la liberté de
parole, d'entendre et d'écouter ceux qui ont autre chose à dire,
même si cela ne coïncide et si cela ne concorde pas avec son
idéologie ni avec ses théories. C'est la liberté de parole
et c'est le parlementarisme.
M. Burns: J'ai le droit de lui laisser faire toutes les
bouffonneries qu'il veut, c'est ce que vous voulez dire?
M. Hardy: C'est ce que vous jugez, mais la population jugera qui
a raison, vous ou lui.
M. Burns: M. le Président, je fais amende honorable, je
permets au ministre de la Fonction publique de faire toutes les bouffonneries
qu'il voudra à compter de maintenant, je ne dirai pas un mot.
Le Président (M. Lafrance): Je vous remercie de votre
grande collaboration et nous écoutons à nouveau le ministre de la
Fonction publique.
M. Parent (Hull): M. le Président, comme je n'ai pas
l'intention de faire de bouffonneries, je dirai à cette Chambre que j'ai
déposé les offres du gouvernement. A mon avis, il n'y a pas de
discrimination. C'est l'égalité de chances qui prédomine
et les problèmes qu'a bien voulu soulever le député de
Maisonneuve sont des sujets qui peuvent être discutés aux tables
de négociations.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Maisonneuve.
M. Burns:... puis-je demander au ministre si je me trompe lorsque
je lui cite des chiffres je vais les lui répéter pour
une fonction, par exemple, dans le domaine des affaires sociales?
M. Lessard: II ne connaît rien, lui.
M. Burns: L'aide buandière, l'aide féminine
à la cuisine, à la lingerie, l'employée de restaurant,
l'aide infirmière et l'aide féminine de service, selon les offres
qui sont faites par le ministère de la Fonction publique, est-il exact
que cette catégorie d'employés gagneraient $3.71 l'heure le 1er
juillet 1975 par rapport à $3.96 pour la même fonction lorsqu'elle
est occupée par un homme? Est-il exact que cette employée
gagnerait $4.01 l'heure le 1er juillet 1976 par rapport à $4.28 l'heure
pour un homme et est-il exact que cette même employée gagnerait
$4.25 le 1er juillet 1977, toujours selon les offres, par rapport à
$4.54 l'heure pour un homme, toujours pour la même fonction? Ai-je tort
de dire cela?
M. Parent (Hull): M. le Président, si on croit qu'il y a
discrimination, les syndicats s'en chargeront à la table de
négociations.
M. Burns: M. le Président, ce n'est pas cela que je vous
demande. Ce que je vous demande est si j'ai raison de dire que ce sont les
offres que vous avez faites. Vous rappelez-vous ces offres? Est-il exact, par
exemple, que ces offres augmentent l'écart entre des employés qui
exercent une même fonction lorsque c'est une femme ou lorsque c'est un
homme et que cet écart augmente entre les employés
féminins et les employés masculins? Ai-je tort de dire cela, M.
le ministre? Mais je vous pose une question.
M. Parent (Hull): Comme bouffonnerie, je n'ai pas de
réponse.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Maisonneuve.
M. Bums: M. le ministre, non écoutez, je ne perdrai pas
mon calme, ne vous inquiétez pas. Il n'y a pas de danger. Est-ce que les
offres qui sont faites actuellement par le ministère de la Fonction
publique respectent la déclaration qui a été faite par le
premier ministre, M. Robert Bourassa, le 12 septembre 1974, disant que
l'égalité de chances serait une des priorités
accordées par le gouvernement tant pour les femmes que pour les
hommes?
Est-ce qu'à votre avis les offres qui sont faites actuellement
respectent cet énoncé? Si oui, dans quelle mesure est-ce que cela
respecte cette déclaration?
M. Parent (Hull): M. le Président, les offres salariales
du gouvernement respectent en tout point sa politique salariale et
normative.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je trouve, au moment
où nous avons pour la première fois l'occasion de poser un
certain nombre de questions au ministre responsable de la négociation
collective, qui est quand même un secteur très important...
M. Parent (Hull): Je n'ai pas de temps à perdre avec des
bouffons!
M. Lessard: Intervenez donc, le ministre des Communications!
M. Burns: II vient de nous traiter de bouffons là.
M. Hardy: Mais qui avait commencé?
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, à l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Burns: J'ai pensé qu'à un moment donné il
faisait des bouffonneries.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre!
M. Burns: S'il ne veut pas faire de bouffonneries, je suis bien
d'accord pour l'écouter mais là, il continue à bouffonner.
C'est une autre affaire.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Hardy: M. le Président, avec les gens d'en face, quand
on parle, quand on donne des explications, ce sont des bouffonneries. Quand on
est laconique, ce sont des bouffonneries.
M. Veilleux: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Burns: Quelle sorte d'explications nous avez-vous
données jusqu'à maintenant?
Le Président (M. Lafrance): Question de
règlement.
L'honorable député de Saint-Jean.
M. Bums: Qu'est-ce que vous nous avez dit jusqu'à
maintenant?
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Une question de règlement, l'honorable député de
Saint-Jean.
M. Veilleux: Je voudrais dire au ministre des Communications,
lorsqu'il mentionne les personnes d'en face, de bien indiquer quelles personnes
en face.
M. Hardy: M. le Président, j'ai utilisé
l'expression "d'en face"; pour le député de Saint-Jean, ce n'est
pas sous l'angle physique mais...
M. Veilleux: Je suis assis en face de vous. M. Hardy:...
sous l'angle parlementaire. M. Veilleux: Merci.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, nous vivons actuellement,
comme d'ici quelques mois nous allons le vivre, des moments assez importants
dans la vie politique québécoise et dans la vie économique
québécoise. On se rappelle qu'en mai 1972 nous avons vécu
des problèmes dans la négociation collective. On se rappelle que
le climat a été extrêmement difficile. Il faudrait y
réfléchir au moment où nous sommes en train de renouveler
pour ces mêmes personnes une convention collective. Il faudrait se
souvenir d'une chose; qu'on ne peut pas écraser continuellement du monde
et qu'à un moment donné il y a du monde qui va riposter à
quelque part.
Ce qu'on demande au ministre ce soir, et de façon
sérieuse... Je pense que les députés libéraux
devraient être...
M. Côté:... Sept-lles en fin de semaine.
M. Lessard: ... aussi conscients... Est-ce que j'ai le droit de
parole, M. le Président? Parce qu'il va y avoir des problèmes
à quelque part, je vous le garantis.
Le Président (M. Lafrance): Je m'excuse mais je vous ai
reconnu. Alors, continuez. Je serai aussi sévère pour tous les
membres de cette Assemblée, qu'ils soient d'un côté ou de
l'autre de la Chambre. Je prends bonne note de votre remarque.
M. Lessard: II me semble, M. le Président, que tous les
députés de cette Chambre, quels qu'ils soient, devraient
être conscients que nous avons à passer des moments assez
importants dans la négociation collective. Particulièrement, le
ministre de la Fonction publique devrait comprendre que la négociation
collective qui est faite par le gouvernement québécois sous-tend
toute une politique générale et que c'est important. Il ne s'agit
pas de n'importe quel patron qui négocie actuellement. Ce n'est pas
n'importe quel patron. C'est le gouvernement des Québécois. Il me
semble que cette négociation, comme toutes les autres
négociations, dans le passé, doit sous-tendre toute une politique
non seulement économique mais sociale et cela est important.
M. Parent (Hull): ... dépasse.
M. Lessard: ... Ce qui nous dépasse, M. le
Président, c'est qu'il ne semble pas que le ministre ait conscience de
cela. Parce que le député de Maisonneuve n'a pas... je ne pense
pas, en tout cas et M. le Président, jusqu'à ce que le ministre
commence à intervenir, personne, ici, à l'intérieur de
cette Assemblée nationale, n'a dit au député de
Maisonneuve qu'il soulevait des questions folichonnes. Quand le
député de Maisonneuve parlait, à un moment donné,
de la différence qui semblait s'amplifier entre le salaire de la femme
et le salaire de l'homme, il me semble que c'est là un problème
important. Quand le député de Maisonneuve parlait du
problème des congés de maternité, c'est là une
politique importante. Vous qui parlez d'une politique familiale au
Québec, au moment de la négociation collective c'est le temps de
nous dire si vous en avez une politique familiale au Québec, c'est
important. Toute la négociation collective peut nous préciser,
justement, si vous tenez compte de la vie familiale ou de la situation de
l'épouse à l'intérieur du foyer... C'est important, ce ne
sont pas des folichonneries! Savoir que la femme, une fois qu'elle aura eu un
enfant, ne sera même pas assurée de retrouver, à
l'intérieur... regardez le ministre des Communications qui rie de cela,
M. le Président, ne sera même pas assurée...
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Lafrance): Question de règlement,
le ministre des Communications.
M. Hardy: M. le Président, je me demande si je devrais
invoquer le règlement parce que c'est devenu tellement une farce que
cette Opposition. Je ne ris pas du sujet...
M. Lessard: Vous avez ri...
M. Hardy:... mais je ris de vous.
M. Lessard: C'est donc facile!
M. Hardy: Et je ris de la façon dont vous traitez des
sujets sérieux. Parce que vous, actuellement, vous vous comportez comme
un bouffon.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président...
M. Hardy: Devant un bouffon, il y a deux choses possibles: on
pleure ou on rit. J'ai décidé de rire.
M. Lessard: M. le Président, je ne demande même pas
qu'il retire ses paroles parce qu'il n'est pas responsable de ce qu'il dit.
Mais, M. le Président, nous sommes quand même, ici, et nous
avons essayé de le faire depuis le début, nous sommes en train de
discuter de problèmes qui nous apparaissent importants et qui seront
importants d'ici quelques semaines et d'ici quelques mois.
Nous posons des questions qui nous apparaissent sérieuses. Et le
député de Maisonneuve, jusqu'ici, je pense, a soulevé un
certain nombre de questions qui sont importantes. Nous essayons de savoir, pour
la première fois nous avons l'occasion de le faire, du ministre de la
Fonction publique, qui négocie au nom du gouvernement et donc au nom de
tous les Québécois, quelle est sa politique
générale dans la négociation? Quelles sont les
réponses aux questions que nous soulevons?
Il reste un secteur où j'aurai l'occasion d'intervenir,
probablement d'ici quelque temps, le secteur de l'enseignement. Beaucoup de
députés, à
un moment donné, ont déjà été dans ce
secteur, et j'espère qu'ils n'ont pas renié les principes qu'ils
défendaient au moment où ils étaient enseignants.
Je pense, M. le Président, que c'est la base même,
l'enseignement, le niveau scolaire, et nous comprenons que les parents
commencent à se poser des questions. Le niveau scolaire est la base
même de toute société quelle qu'elle soit. Si vous avez un
bon secteur, si vous avez un bon enseignement, vous aurez, en tout cas, des
possibilités d'avoir une société qui se tient. Si le
ministre des Communications est avocat aujourd'hui, c'est parce qu'il a eu une
petite maîtresse d'école qui lui a enseigné les premiers
éléments de l'élémentaire et, après cela, du
secondaire et après cela il est allé à
l'université. C'est important cela.
Or, actuellement, les parents se posent des questions, et avec raison,
sur la situation dans nos écoles publiques. On demandait, tantôt,
au ministre quelle était la politique que sous-tendaient ces offres
salariales, concernant la qualité de l'enseignement. Il me semble que ce
sont là des problèmes sérieux. J'arrête ici, il
restera trois ou quatre minutes, M. le Président. Il me semble que le
ministre devrait faire l'effort minimum de répondre de façon
sérieuse à des questions qui sont sérieuses. Je comprends
que ce soit actuellement à la table des négociations, mais, en ce
qui concerne les politiques générales du gouvernement concernant
toute la négociation collective, je pense que le ministre est capable de
nous informer de ces problèmes, des questions qui sont soulevées.
Sans cela, nous nous demanderons si le gouvernement ne veut pas simplement
renouveler la provocation qui a été faite en 1972.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Le député de Maisonneuve, que vous avez eu
l'occasion d'écouter, comme moi d'ailleurs, a posé tantôt
un certain nombre de questions au ministre de la Fonction publique. Il est
évident que ce n'étaient pas des questions qui intervenaient
directement dans la négociation comme telle; c'étaient des
questions de principe préalables que tout le monde se pose et qui sont
l'objet d'inquiétude un peu partout au Québec. Il y a de la
poudre dans l'air, tout le monde le sait. Il y a un autre front commun qui se
prépare et on voit que le gouvernement semble vouloir adopter une
politique extrêmement rigide, provocante mais je n'aime pas
employer ce terme de façon à durcir les positions de part
et d'autre, peut-être pour des intérêts, qu'il ne veut pas
avouer à ce moment-ci.
Le ministre, en refusant de répondre, m'a décidé
à intervenir sur cette question; je préparais un autre dossier
pour intervenir sur d'autres postes du budget. Je me suis rappelé les
paroles qu'a dites le ministre des Finances lui-même, lorsqu'il a
demandé, devant l'Assemblée nationale, la permission de
présenter un budget supplémentaire, selon nos règles
normales, habituelles de procédure. Je rappelle ces paroles à
l'intention du mi- nistre: "M. le Président, je dois dire
qu'effectivement le gouvernement déposera un budget
supplémentaire qui sera de l'ordre de $575 millions, dont près de
$400 millions pour satisfaire aux exigences de la convention collective. Ces
$400 millions s'ajoutent aux réserves que nous avons déjà
dans le budget pour ces fins, ce qui portera à peu près à
$700 millions le montant total qui sera nécessaire pour défrayer
les coûts des conventions collectives des offres patronales qui ont
été faites".
C'est notre droit le plus strict, le plus élémentaire de
demander des explications au gouvernement lorsqu'on s'adresse à
l'Assemblée nationale pour demander que des crédits soient
accordés pour des fins spécifiques. C'est notre droit le plus
strict et qu'ai-je entendu? Le ministre a dit: Je ne réponds pas aux
bouffonneries, je ne réponds pas aux bouffons. Ce furent les
réponses du ministre responsable, s'il vous plaît, de la Fonction
publique.
Si c'est de cette façon que le ministre de la Fonction publique
se présente et reçoit ses hauts fonctionnaires chargés de
négocier au nom du gouvernement, il n'est pas surprenant que ça
aille mal.
Nous, députés élus, représentants de la
population du Québec, avons des comptes à rendre à la
population; nous devrons nous représenter devant notre population pour
rendre compte de notre mandat. Lorsqu'un budget supplémentaire de
l'ordre de $559 millions est demandé un des plus gros budgets
supplémentaires qui aient jamais été déposés
devant l'Assemblée nationale et que, sur le poste le plus
important, $393 millions, on demande des explications au ministre, il dit:
C'est de la bouffonnerie. Je ne réponds pas à des bouffons. C'est
comme cela que les parlementaires et les députés sont
informés par l'actuel ministre de la Fonction publique.
Il y a de quoi se poser des questions et je me demande si ceux qui nous
regardent, à l'heure actuelle, trouvent que notre ministre est vraiment
responsable de la haute fonction qu'il a à l'heure actuelle et s'il est
capable d'assumer ses responsabilités.
M. le Président, on a le droit de se poser ces questions, puis on
a le droit d'interroger le ministre. Il y a des dispositions dans notre
règlement qui sont très claires; on peut demander des
explications au ministre, sur des principes qui sont fondamentaux.
M. le Président, j'ai eu des questions de posées par les
gens de mon comté, en fin de semaine, justement sur des sujets que le
député de Maisonneuve a soulevés tout à l'heure. On
ne peut pas répondre, évidemment, on n'est pas au courant, on
n'est pas à la table des négociations, on n'est pas au courant de
toutes les intentions du gouvernement. Mais pourquoi le ministre et le
gouvernement se présentent-ils devant l'Assemblée nationale du
Québec pour demander un budget supplémentaire, dont $400 millions
pour la négociation dans la fonction publique et parapubli-que, alors
qu'on refuse de répondre aux questions
que les députés posent pour et au nom de la
population?
C'est cela, M. le Président; après cela on s'étonne
qu'à chaque semaine il y ait des contestations devant le parlement. On
s'étonne qu'il y ait des marches et de la protestation partout.
Après cela on s'étonne que les enseignants, à l'heure
actuelle, exercent des moyens de pression auprès des
élèves, auprès des parents, on s'étonne de cela. On
s'étonne en plus, M. le Président, que les employés du
secteur hospitalier tentent d'intervenir ou d'employer des moyens de pression,
et auprès de qui? Pas auprès des gens qui sont chez eux, dans les
maisons privées, mais ils emploient les moyens qu'ils ont à leur
disposition pour tenter de sensibiliser l'opinion publique, pour tâcher
de se faire entendre. Puis on sera surpris de cela, M. le Président.
Si le ministre refuse de répondre à l'Assemblée
nationale du Québec aux députés élus auxquels
lui-même demande aujourd'hui des crédits de $400 millions,
à qui le ministre va-t-il répondre tout à l'heure,
à qui le ministre va-t-il rendre des comptes, quel est le mandat du
ministre à l'heure actuelle? Ce sont toutes des questions qu'on est en
droit de se poser. Je trouve indécente, pour ne pas dire plus,
indécente, irresponsable l'attitude du ministre de la Fonction publique
à l'endroit du député de Maisonneuve, qui a posé
des questions et qui les a exclues, et j'ai bien écouté le
député de Maisonneuve...
M. Parent (Hull): Changez-vous de parti encore?
M. Roy: M. le Président, voyez-vous, nous avons l'exemple
du quotient intellectuel, l'exemple...
Une Voix: Petit politicien de bas étage!
M. Roy: ...de responsabilité du ministre de la Fonction
publique. Il essaie de jouer au petit poli-ticailleur. Je trouve cela
malheureux; depuis le début de mon intervention, j'ai voulu me tenir
au-dessus des querelles de partisanerie.
M. Parent (Hull): Oh!
M. Roy: Oui, M. le Président, au-dessus des querelles de
partisanerie politique.
M. Parent (Hull): Ah! Ah! Ah!
M. Roy: Nous avons un ministre qui est mandaté par la
population, qui a été nommé par le premier ministre, qui a
été assermenté comme ministre de la Fonction publique.
Nous avons un gouvernement qui se présente devant l'Assemblée
nationale du Québec, qui est la plus haute autorité au
Québec, pour demander des crédits supplémentaires de $559
millions comme je viens de le dire. C'est la responsabilité des
députés de cette Chambre d'interroger le ministre sur la
façon dont les crédits vont être utilisés.
C'est élémentaire, M. le Président, c'est un droit
strict que nous avons. L'Opposition a un rôle à jouer de ce
côté, le rôle n'est pas toujours facile. J'ai bien
écouté le député de Maisonneuve; il a pris bien
soin et j'ai remarqué tous ses propos de ne pas teinter
ses remarques de partisanerie politique, puis de faire de la petite
politicaiIlerie avec les questions qu'il a posées. Il a posé des
questions bien précises au ministre. Le ministre se lève,
répond aux membres de l'Assemblée nationale: C'est de la
bouffonnerie, ce sont des bouffons, on ne répond pas à des
bouffons. En ce qui me concerne...
M. Parent (Hull): II faudrait penser que c'est le
député de Maisonneuve qui soulevait un point de
règlement.
M. Roy: M. le Président, assoyez-le.
M. Parent (Hull): Ah! Je peux rester debout.
M. Hardy: En voulez-vous des réponses?
M. Roy: Assoyez-le, M. le Président. Il se lèvera
et demandera la parole comme je l'ai demandée tout à l'heure,
puis j'ai attendu mon tour, M. le Président.
M. Parent (Hull): Mais n'allez pas m'impliquer des motifs qui
appartiennent au député de Maisonneuve d'abord.
M. Roy: Je ne vous implique pas des motifs, je veux avoir des
réponses aux questions qui vous ont été posées, M.
le Président. Si le ministre avait répondu le moindrement
intelligemment aux questions qui ont été posées par le
député de Maisonneuve, je ne serais même pas intervenu dans
ce débat, mais, étant donné l'attitude du ministre, je
pense que cela mérite qu'on y porte une attention particulière.
Si le ministre n'a rien à cacher, si le ministre veut tout simplement
être honnête intellectuellement, puis agir comme une personne
responsable devant l'Assemblée nationale du Québec, il a une
chose à faire, c'est de répondre aux questions que le
député de Maisonneuve a posées. C'est tout cela.
C'est une question que nous avons le droit de savoir à l'heure
actuelle, et c'est notre responsabilité de le savoir, puis le ministre
est là pour répondre à nos questions.
Je terminerai mon intervention là-dessus. Je ne voudrais pas
être obligé de répéter les propos que j'ai tenus
tout à l'heure en disant que si le ministre continue de refuser de
répondre aux questions pertinentes qui lui ont été
posées tout à l'heure, je considérerai cela comme de
l'indécence et de l'irresponsabilité.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Saint-Jean.
M. Veilleux: Je voudrais quand même intervenir quelques
minutes sur les propos que viennent
de tenir le député de Saguenay et le député
de Beauce-Sud. Le ministre a commencé à répondre tout
à l'heure et il s'est arrêté. C'est très
compréhensible, compte tenu de l'attitude que prenaient les membres de
l'Opposition officielle dès les premiers propos tenus par le ministre de
la Fonction publique.
C'est la première fois, à ma connaissance, que les
députés de l'Opposition soulèvent le problème des
offres gouvernementales à l'Assemblée nationale. Ils avaient eu
des occasions, bien avant, de soulever cette question, soit à la
période des questions. Si c'était un problème si grave au
Québec, les offres gouvernementales, c'était le temps de le
soulever lors de la période des questions.
M. Burns: J'invoque le règlement.
Le Président (M. Lafrance): Question de
règlement.
L'honorable député de Maisonneuve.
M. Burns: J'invoque le règlement pour vous dire tout
simplement que si le député de Saint-Jean connaissait mieux son
règlement, il saurait que nous avions la possibilité de nous
faire dire par le président, et à bon droit d'ailleurs, que si
nous posions des questions à ce sujet, il y avait une autre occasion,
qui était aussi bonne, soit lors de l'étude des crédits
supplémentaires. C'est ce pourquoi nous l'avons fait à ce
moment-ci. Je pense que le président de l'Assemblée nationale
aurait eu de bonnes raisons de nous dire: Vous aurez l'occasion de discuter de
cela à temps plein.
Deuxièmement, je pense que le député de Saint-Jean
n'a pas à discuter des moyens que l'Opposition utilise. C'est une
question uniquement, purement et simplement à l'intérieur du
règlement. C'est son problème à lui. S'il pense qu'on
aurait dû en parler avant, c'est son problème. En ce qui nous
concerne, si on en avait parlé à la période des questions,
il nous aurait dit: Parlez-en donc au moment de l'étude des
crédits supplémentaires. Ce que nous faisons aujourd'hui.
M. Hardy:...
M. Lessard: Arrêtez donc de salir tout ce que vous touchez,
vous, le ministre des Communications.
M. Levesque: M. le Président, parlant sur la question de
règlement...
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, à l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Lessard: C'est un véritable salissage, comme
ministre.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît! Il y a des intervenants qui m'ont demandé de faire
respecter le règlement. Je demanderais encore la collaboration de tout
le monde pour le respecter. Sur une question de règlement, l'honorable
leader du gouvernement.
M. Lessard:... et de se la fermer aussi.
M. Côté: Allez demander au Dr Tremblay des
ordres!
Le Président (M. Lafrance): L'honorable leader du
gouvernement sur une question de règlement.
M. Levesque: Je dois me dissocier des commentaires du leader de
l'Opposition officielle car je ne suis pas d'accord avec son
interprétation du règlement. Je ne crois pas que le
président de la Chambre puisse empêcher que des questions soient
posées par l'Opposition parce qu'il y a un budget supplémentaire
qui sera discuté. Autrement, presque toutes les questions auraient
été irrégulières. On sait fort bien que
l'Opposition peut poser des questions sur des sujets que l'on retrouve dans
l'étude des crédits qui couvre pratiquement tous les
ministères.
Deuxièmement, quant au choix des moyens par l'Opposition,
évidemment, je m'incline.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Saint-Jean.
M. Veilleux: Le député de Maisonneuve aura beau
prendre n'importe quel moyen d'interprétation du règlement, il ne
m'empêchera pas de dire aux députés de l'Opposition ce que
je pense de leur intervention ce soir, compte tenu du fait qu'ils ne se sont
pas gênés de dire ce qu'ils pensaient du ministre de la Fonction
publique. Je dis et je soutiens que si le député de Maisonneuve a
soulevé ce point ce soir aux crédits, endossé par le
député de Saguenay...
M. Lessard: Oui!
M. Veilleux: ... réendossé par le
député de Beauce-Sud, qui se pose peut-être la question
è savoir s'il ne s'en ira pas avec les péquistes, c'est tout
simplement parce que Charbonneau, président de la CEQ, leur a
donné l'ordre, il n'y a pas longtemps, de s'occuper des chefs syndicaux
à l'Assemblée nationale; pas des syndiqués, des chefs
syndicaux. Les propos tenus par le député de Maisonneuve ce soir,
je le dis et je le répète je l'ai dit dans mon
comté en fin de semaine et je vais encore le répéter, je
peux aller à des lignes ouvertes le dire c'est uniquement parce
que Charbonneau, de la CEQ, lui a dit que c'était le temps qu'il
sème le trouble à l'Assemblée nationale, comme lui essaie
de semer le trouble chez les syndiqués et dans les syndicats.
Le député de Maisonneuve, je reprends textuellement ses
mots, parlant du Syndicat des fonctionnaires du Québec, les a quasiment
qualifiés de traîtres parce que Harguindeguy, lui, semblait
satisfait des offres gouvernementales, parce que Harguindeguy, M. le
Président, a le courage d'aller rencontrer les syndiqués du
Québec, un par un, leur expliquer les offres gouvernementales, leur
demander de se prononcer. Parce que ces syndiqués acceptent les offres
patronales, le député de
Maisonneuve, le député de Saguenay reprennent
textuellement les propos de Charbonneau lorsque Charbonneau les a
traités de traîtres, propos endossés par Pepin et Laberge.
C'est exactement ces propos qu'ils ont tenus, ce soir.
M. Lessard:...
M. Veilieux: Eux rencontrent peut-être des
syndiqués, mais moi aussi j'en rencontre des syndiqués. Chaque
lundi, je prends mon déjeuner avec les fonctionnaires, à
Saint-Jean. S'ils veulent savoir où: au casse-croûte de
l'édifice du gouvernement, à Saint-Jean. Chaque lundi matin, je
déjeune avec eux. Et ils ont dit...
M. Roy: Est-ce que c'est avec les propriétaires de
l'édifice Seigle?
M. Veilieux: M. le Président, demandez donc au
député de Beauce-Sud de se fermer. Je l'ai écouté,
tout à l'heure, lorsqu'il invectivait le ministre de la Fonction
publique. Qu'il se taise, lui aussil II reprochait au ministre des
Communications de ne pas respecter le règlement, au ministre de la
Fonction publique de ne pas respecter le règlement parce qu'il voulait
intervenir, parce que monsieur parlait. Dites-lui donc, M. le Président
qu'il respecte les règlements lui aussi quand le député de
Saint-Jean parle...
M. Marchand:...
M. Veilieux: ... qui est décidé à leur dire
leur vérité. Moi aussi, M. le Président, pour revenir aux
propos que je tenais, je les rencontre les syndiqués, puis ils m'ont
tous dit, lorsque l'entente de principe a été signée entre
le ministre de la Fonction publique et M. Harguindeguy: Qu'ils viennent nous
faire voter, puis on va les accepter les offres gouvernementales. Parce qu'ils
acceptent les offres gouvernementales, M. le Président, ce sont des
traîtres. Qu'ils viennent donc dire cela aux syndiqués de la
fonction publique à Saint-Jean! Qu'il vienne, le député de
Saguenay, lundi prochain, je l'invite à huit heures trente à mon
bureau, on va les rencontrer les syndiqués de Saint-Jean! Qu'il vienne
leur dire les propos qu'il tenait ce soir avec le député de
Maisonneuve, que ce sont des traîtres parce qu'ils acceptent les offres
gouvernementales! Si vous n'avez jamais vu un gars sortir de l'édifice,
et ce n'est pas moi qui vais le sortir, ce sont les syndiqués de
Saint-Jean. Vous allez le voir planer, tomber dans son automobile et puis
retourner au Saguenay. Parce qu'à Saint-Jean, ils sont satisfaits, les
syndiqués de la fonction publique, des offres gouvernementales. Moi
aussi, je les rencontre, les enseignants. Ils me téléphonent
aussi, les enseignants. Lorsque le ministre a déposé les offres
gouvernementales si mes lignes sont "tapées", on pourra le voir
au moins cinq enseignants m'ont téléphoné pour me
demander de leur apporter à Saint-Jean les offres gouvernementales qui
touchent l'éducation. Ils n'avaient jamais entendu parler de ces
fameuses offres gou- vernementales, sauf par des déclarations à
la radio et dans les journaux. Ils voulaient voir, de la première
à la dernière ligne, les offres gouvernementales pour être
capables de se prononcer en toute connaissance de cause. Cela ne veut pas dire
que toutes les offres gouvernementales, sans exception, répondent
à toutes les demandes des enseignants. Certainement pas, M. le
Président. Quand la Centrale des enseignants du Québec demande un
congé de paternité, c'est sûr que les offres
gouvernementales ne répondent pas à cette demande de la Centrale
des enseignants du Québec, c'est sûr. Mais ils auraient eu
avantage, les députés...
M. Lessard:...
M. Veilieux: Regardez, M. le Président, le
député de Saguenay n'est même pas au courant de cette
demande syndicale à la table de négociation. Moi je les ai lues
les demandes syndicales, j'ai lu les réponses du gouvernement...
M. Lessard: On avait cela en 1969. M. Veilieux: Oui, M. le
Président...
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: Au moment où il était
syndicaliste...
M. Veilieux: II ne les a pas lues, lui. M. Lessard: On avait cela
en 1969.
M. Veilieux: A part cela, demandez-lui de se lever pour
parler.
M. Berthiaume: Est-ce que le député de Saint-Jean
me permet une question?
M. Lessard: II ne se rappelle pas son ancienne convention
collective qu'il a négociée lui-même.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
On demande de respecter le règlement, mais je demande à
ceux qui le demandent au moins de le respecter.
M. Berthiaume: M. le Président, le député de
Saint-Jean me permet-il une question?
M. Veilieux: Certainement.
M. Berthiaume: Je voulais savoir si...
M. Veilieux: Vous pouvez me poser une question
sérieuse.
M. Berthiaume: Le congé de paternité, est-ce la
veille de la conception ou le lendemain?
Le Président (M. Lafrance): Question de
règlement.
Le député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, j'aurais une question de
règlement.
M. Harvey (Charlesbourg): Pour le savoir, il faudrait aller
à la table de négociations.
Le Président (M. Lafrance): Question de
règlement.
Le député de Saguenay.
M. Harvey (Charlesbourg): Sur le même sujet, M. le
Président...
M. Lessard: II faudrait quand même en profiter pour
rappeler au député de Saint-Jean...
M. Harvey (Charlesbourg): Je voudrais savoir si le
député de Saint-Jean en a déjà profité.
M. Lessard: C'est une question qui est plus ou moins
sérieuse. Le congé, lors de la naissance d'un enfant, n'est pas
demandé au moment de cette négociation, cela existait même
au moment où négociait le député de Saint-Jean en
1968-69 et 1967, c'est ridicule.
M. Hardy: J'invoque le règlement. En vertu de quel article
du règlement, M. le Président, le député de
Saguenay peut-il interrompre le député de Saint-Jean?
M. Lessard: Comme le ministre des Communications, j'en ai
profité.
M. Hardy: Y a-t-il un règlement spécial pour le
député de Saguenay, est-ce que les péquistes...
M. Lessard: Comme le ministre des Communications, j'ai
soulevé une question de règlement pour passer mon message.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaîtl Ce n'est pas une question de règlement.
M. Hardy: M. le Président, je vous demande une
directive.
M. Marchand:... candidat libéral.
M. Hardy: Vos amis séparatistes ont-ils un
règlement spécial en cette Chambre?
M. Marchand: Ce n'est pas drôle. Une chance qu'on n'a
pas... Il a voulu être candidat libéral et on l'a
rejeté.
Le Président (M. Lafrance): Je voudrais encore une fois
demander à tous les membres de cette Assemblée de respecter le
règlement. Ceux qui n'en ont pas d'exemplaire, on pourrait leur en
fournir.
M. Veilleux: On a reproché...
Le Président (M. Lafrance): On pourra leur en fournir, je
m'excuse, M. le député de Saint-Jean. On est intervenu à
plusieurs reprises pour demander de faire respecter le règlement. Il
existe pour tout le monde. Ceux qui demanderont de le faire respecter devront
au moins le respecter au départ.
Le député de Saint-Jean.
M. Lessard: M. le Président, je suis d'accord avec vous,
mais c'est probablement parce que...
Le Président (M. Lafrance): J'espère que vous allez
être d'accord jusqu'à la fin de la séance.
M. Lessard: Le député de Saint-Jean n'étant
pas marié, il n'a jamais obtenu un congé de paternité.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saint-Jean.
M. Veilleux: Pouvez-vous qualifier les derniers propos du
député de Saguenay de sérieux? Pas moi! On a
reproché au ministre de la Fonction publique de changer les
règles du jeu de la négociation parce que le ministre de la
Fonction publique, au nom du gouvernement, dans les offres gouvernementales, a
déposé les offres dites non normatives avant d'avoir
réglé toutes les clauses normatives. Je me souviens des propos
tenus, il y a quelques minutes, par le député de Maisonneuve. Il
disait, il sommait, il prononçait l'anathème contre le ministre
de la Fonction publique parce que celui-ci avait fait cela, prétextant
qu'on brisait le jeu de la négociation. Que font ce soir le
député de Maisonneuve, le député de Saguenay, le
député de Beauce-Sud sinon briser le jeu des négociations?
Parce que depuis quinze jours le premier ministre du Québec, le ministre
de la Fonction publique demandent aux centrales syndicales de retourner
à la table de négociations pour négocier comme on doit le
faire dans toute négociation? Parce qu'on n'a pas aimé la
façon dont le ministre de la Fonction publique, ou le gouvernement du
Québec, a déposé ses offres, Charbonneau, Pepin, La-berge
ne veulent pas retourner négocier, et ils ont sommé, il y a une
semaine, le député de Maisonneuve de venir faire à
l'Assemblée nationale la négociation qu'ils n'ont pas le courage
d'entreprendre à la table de négociation.
Si le député de Maisonneuve était sérieux,
comme il l'a dit, si le député de Saguenay était
sérieux, comme il l'a dit, si le député de Beauce-Sud
était sérieux, comme il l'a dit, ils ne diraient pas aux chefs
syndicaux et aux centrales syndicales de faire des mouvements de pression
devant leurs demandes aux étudiants. Ce qu'ils diraient, c'est
exactement ce que le premier ministre du Québec a dit au canal 10, il y
a quelques jours, ce qu'a répété le ministre de la
Fonction publique, ce qu'a redit en fin de semaine, devant 600 personnes
à Châteauguay, le premier ministre de la province de
Québec: il a demandé aux chefs syndicaux de retourner
négocier.
Le député de Maisonneuve disait qu'il y avait un
écart entre les offres gouvernementales relati-
vement aux hommes et aux femmes, on payait plus les hommes que les
femmes. Le ministre de la Fonction publique a répété, ce
soir: Qu'on retourne à la table de négociations, qu'on rediscute
de toutes ces choses. Et si on veut s'entendre pour un salaire égal
à tous les niveaux entre les hommes et les femmes qui travaillent au
gouvernement du Québec, ce n'est pas ici, à l'Assemblée
nationale, que cela va se régler, c'est à la table de
négociations.
C'est cette attitude qu'ont prise, jusqu'ici, le premier ministre du
Québec et le ministre de la Fonction publique, qui est sérieuse
et non l'attitude de mes trois collègues de l'Opposition, ce soir.
M. le Président, à l'instar du premier ministre et du
ministre de la Fonction publique, je dis à tous les enseignants du
Québec, à tous les syndiqués du Québec de dire
à leurs chefs syndicaux de retourner négocier sérieusement
à la table de négociations avant de tenir des propos...
M. Marchand: Insipides.
M. Veilleux: ... insipides, insignifiants comme en ont tenu ce
soir les députés de Maisonneuve, de Saguenay et de Beauce-Sud.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Programme 4,
élément 2, adopté?
M. Lessard: Combien cela a-t-il rapporté à la
caisse électorale?
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Lessard: Les 30 deniers de Judas. M. Burns: M. le
Président, le ministre...
M. Veilleux: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Saint-Jean.
M. Veilleux: Si le député de Saguenay veut tenir
des propos contre le député de Saint-Jean, qu'il ait le courage
de se lever et de les tenir au micro, ici. S'il est courageux, M. le
Président. S'il l'est.
M. Lessard: M. le Président, j'ai demandé au
député de Saint-Jean s'il avait reçu ses 30 deniers de
Judas, s'il veut que je répète.
Le Président (M. Lafrance): Je crois que le programme 4
est beaucoup plus important. La parole est à l'honorable
député de Maisonneuve.
M. Levesque: M. le Président, le temps est expiré.
Je ne vois pas ce qu'on fait...
M. Burns: Vous nous bâillonnez?
M. Levesque: Non, mais c'est fini! Vous avez choisi de faire ce
que vous avez fait pendant huit heures et je ne sais combien...
M. Marchand: Ils ont fait assez de politique!
M. Burns: Ce n'est pas obligatoire que ce soit limité
à huit heures. Cela peut être limité à huit
heures.
M. Levesque: Cela l'est.
M. Burns: Cela peut continuer.
M. Levesque: On pourrait continuer.
M. Burns: Exemple, les 45 jours qui s'appliquent à
l'étude des crédits généraux ont, de nombreuses
fois, moult fois été mis de côté et nous avons
souvent dépassé le nombre d'heures, qui est limité
à dix, en principe, à chaque ministère. Nous avons souvent
étudié des crédits pendant 18, 20, 22 heures à
l'intérieur de chaque ministère, comme nous avons, à
certaines occasions, discuté des crédits pendant deux heures et
demie, trois heures ou quatre heures. Alors, ni l'Opposition n'est
obligée de parler pendant dix heures lors de l'étude de
crédits ou de l'ensemble des crédits du budget gouvernemental, ni
le gouvernement n'est obligé de mettre la hache dans le débat
à partir de dix heures. Il me semble que c'est le même
phénomène qui se présente au moment où nous
étudions un projet de budget supplémentaire.
C'est bien sûr que, si le gouvernement veut insister pour que la
règle des huit heures s'applique, les huit heures s'appliquent, mais il
me semble que nous n'avons pas eu trop de réponses,
particulièrement à ce stade-ci de nos discussions relativement
aux négociations, pour que nous puissions dire que le problème
est réglé et qu'on n'a plus rien a dire là-dessus. En ce
qui me concerne, j'aurais encore une ou deux questions à poser au
ministre.
M. Levesque: Allez-y.
M. Burns: Le ministre de la Fonction publique peut-il me dire si
le problème du "différentiel" si vous me passez
l'expression entre le salaire des employés féminins et des
employés masculins, pour une même tâche, a été
discuté et si une politique gouvernementale a été
établie à cet égard?
M. Parent (Hull): II y a une politique gouvernementale, M. le
Président, et elle est suivie dans les négociations.
M. Burns: Quelle est cette politique, s'il vous plaît, M.
le ministre?
M. Parent (Hull): L'égalité des chances.
M. Burns: Comment les offres actuelles représentent-elles
l'égalité des chances, lorsqu'il y a un décalage
augmenté entre le salaire des hommes et celui des femmes pour une
même tâche?
M. Parent (Hull): C'est selon les définitions et les
responsabilités d'emploi.
M. Burns: Est-ce que la définition est différente
pour les employés masculins et les employés féminins?
M. Parent (Hull): Oui, parce qu'un homme, dans quelques domaines,
ne fait pas le même travail qu'une femme.
M. Burns: Par exemple, pour un employé qui s'appelle un
aide à la buanderie, un aide à la cuisine ou un aide à la
lingerie, est-ce qu'il y a des différences de définitions de
tâches pour un homme ou pour une femme?
M. Parent (Hull): Pas de réponse. M. Burns: Quelle
est votre réponse? M. Lessard: Pas de réponse. M.
Parent (Hull): Pas de réponse.
M. Burns: Pourquoi pas de réponse? Ce n'est pas dans
l'intérêt public de me répondre?
M. Parent (Hull): J'ai dit: Pas de réponse.
M. Burns: Pourquoi pas de réponse? Ce n'est pas dans
l'intérêt public de me répondre?
M. Parent (Hull): J'ai dit: Pas de réponse.
M. Burns: Vous n'avez pas de réponse. Parce que vous
n'êtes pas capable de me répondre?
M. Parent (Hull): Je trouve que ce sont des niaiseries.
M. Burns: Ce sont des niaiseries! Ce sont des niaiseries! M. le
Président, j'ai mon supervoyage, mon supervoyage.
M. Parent (Hull): II y a longtemps que je l'ai.
M. Burns: C'est absolument incroyable. M. le ministre, je pense
que, jusqu'à maintenant, je n'ai rien fait pour vous provoquer; j'ai
tout simplement tenté d'obtenir des réponses. Si vous ne voulez
pas me donner des réponses, M. le ministre, dites-le-moi
carrément. Est-ce que c'est cela que vous...
M. Parent (Hull): Je ne veux pas vous en donner.
M. Burns: Vous ne voulez pas me donner de réponse? C'est
ce que vous venez de me dire?
M. Parent (Hull): C'est cela.
M. Burns: Pour quelle raison ne voulez-vous pas me donner de
réponse?
M. Parent (Hull): Quand on discutera d'une façon
consciente et sereine, ce sera possible.
M. Burns: M. le Président, je vous prends à
témoin, je prends même les députés
ministériels à témoins, est-ce que c'est conscient et
serein la façon dont je discute actuellement? Vous dites que cela ne
l'est pas? Ce n'est pas conscient et serein?
M. Parent (Hull): Non, parce que la Chambre vous permettait
à vous de faire de grands exposés et moi cela m'était
défendu.
M. Burns: Je vous le permets, si vous avez un grand exposé
à faire...
M. Parent (Hull): Oui, oui...
M. Burns: Sauf que ne commencez pas à nous conter des
histoires, au départ. Je vous demande de me répondre sur les
négociations.
M. Parent (Hull): J'ai écouté vos histoires pendant
40 minutes et vous n'avez pas été capable d'entendre au moins
deux minutes de l'histoire que j'avais à vous dire.
M. Burns: Non, parce que vous ne parliez pas du sujet dont on
parlait. C'est là la différence. Je veux savoir...
M. Parent (Hull): Dans un cas semblable je n'ai plus de
réponse.
M. Burns: Vous n'avez plus de réponse. Alors, M. le
ministre, on va passer au deuxième sujet, quitte à revenir au
premier éventuellement.
M. Parent (Hull): Je n'ai pas de réponse non plus.
M. Burns: Je n'ai pas posé la question encore!
M. Parent (Hull): Avant que vous ne la posiez, je n'ai pas de
réponse.
M. Burns: Vous n'avez pas de réponse.
M. Parent (Hull): Je sais une chose, je sais le mandat que j'ai
à assumer présentement et ce n'est pas avec des séances de
cette nature, comme nous avons ce soir, que nous allons progresser dans les
négociations. Etant tellement conscient des responsabilités que
j'assume, je n'ai aucun moment à perdre à discuter comme nous
avons fait ce soir.
M. Lessard: Vous êtes responsable en Chambre!
M. Burns: M. le ministre, vous êtes le ministre
responsable. M. le ministre, vous allez m'expliquer à moi...
M. Parent (Hull):... responsable contrairement à d'autres
qui ne le sont pas responsables.
M. Burns: Vous allez m'expliquer, un instant, je vous ai
laissé parler. Vous allez m'expliquer, à moi...
M. Parent (Hull):... quand vous voudrez.
M. Burns: ... comment il se fait que vous êtes censé
être le ministre responsable des négociations actuelles. Comment
se fait-il que les députés de l'Opposition ne peuvent pas vous
poser de questions en attendant des réponses? A un moment donné,
quand les négociations iront mal, vous allez venir ici en pleurant,
comme vous l'avez toujours fait, et vous allez nous dire: Mais, mon Dieu,
qu'est-ce qu'ils font les députés de l'Opposition? Ils sont
inconscients de la situation. On vous pose des questions avant que cela
n'arrive. Vous allez nous péter une loi spéciale sur la gueule,
n'importe quand, et vous allez nous faire croire qu'on n'a pas pris nos
responsabilités. On les prend ; il n'y en a pas de conflit actuellement,
et tant mieux, et je souhaite qu'il n'y en ait pas.
Mais, actuellement, M. le ministre, vous êtes censé
être le ministre responsable. Si vous me dites que vous êtes un
ministre irresponsable, je suis prêt à prendre acte de cela. Mais,
ce n'est pas cela. Je ne vous accuse pas de cela, je vous demande simplement
des réponses très précises; votre politique en
matière de décalage entre les employés féminins et
les employés masculins; votre politique en matière de
congés de maternité; votre politique concernant les enseignants,
les rapports, l'augmentation du fardeau, de la tâche; votre politique
relativement à la rétroactivité; votre politique
relativement aux différentes offres qui ont été faites,
à gauche et à droite, à hue et à dia; votre
position, M. le ministre, concernant le fait que vous fassiez des offres
pécuniaires avant que tout le normatif, le non-pécuniaire, le
mécanique ne soit réglé. C'est ce que je vous pose comme
questions. Etes-vous capable de répondre à cela? Vous pensez que
c'est illogique de vous poser une question comme cela? Moi, je pense que c'est
normal qu'un député de l'Opposition pose cela.
Vous en avez trois actuellement, le député de Beauce-Sud,
le député de Saguenay et le député de Maisonneuve,
qui vous demandent, au nom de l'Opposition, quelles sont vos réponses
là-dessus.
M. Parent (Hull): Mes réponses, M. le Président,
sont déjà aux tables de négociations.
M. Burns: M. le Président, je conçois que je n'ai
pas à me prononcer pour les syndiqués et je pense qu'à
aucun moment, au cours de mon intervention, je n'ai dit que je me
prononçais pour les syndiqués.
Mais il y a un certain nombre de choses que, je pense, le gouvernement
doit donner comme réponse devant l'Assemblée Nationale. Si nous
avons tort de poser ces questions, qu'on nous le dise et qu'on nous dise
pourquoi. Si, à un moment donné, le gouvernement se trouve dans
une impasse, il sera peut-être heureux d'avoir informé
l'Opposition; il sera peut-être heureux à moins qu'il s'en
fiche éperdument d'avoir l'appui de l'Opposition si
nécessaire. L'Opposition, si jamais elle s'oppose à l'attitude du
gouvernement, ne pourra que s'opposer d'une façon plus
éclairée si le ministre accepte, comme le minimum de
démocratie et de relation parlementaire l'exige, de donner les
réponses aux questions qui sont posées par les gens de
l'Opposition.
Ne vous attendez pas, M. le Ministre, à avoir des questions
embêtantes, achalantes, de la part des députés
ministériels. Cela fait bientôt six ans que je siège
à l'Assemblée nationale. Je suis certain que vous êtes
capable de mettre plusieurs années de plus à votre crédit
que ce que je viens de mentionner, mais je suis certain qu'à nous deux,
nous ne sommes pas capables de trouver de cas où des gens, du
côté ministériel, ont posé des questions
embêtantes; quand je dis embêtantes je veux dire des questions que
le ministre n'aime pas nécessairement recevoir et auxquelles il n'aime
pas nécessairement donner de réponses. Je vous demande
simplement, au nom de l'institution dans laquelle nous sommes, de nous donner
un minimum de réponses.
Si vous pensez que cela nuit aux négociations, le genre de
questions que nous vous posons actuellement, dites-le nous. Je vous demanderai
pourquoi, je vous le dis tout de suite. Il me semble que vous êtes
capable de me dire quelle est la politique du gouvernement en matière de
congé de maternité, d'écart de salaire entre les
employés féminins et masculins, entre par exemple, les
diplômés de CEGEP qui se retrouvent avec des salaires
inférieurs; ce n'est pas inférieur à d'autres
diplômés de CEGEP, je parle des techniciennes en radiologie, etc.
Est-ce compliqué pour vous, M. le ministre, de nous répondre?
Quels sont les principes de base? Je ne vous dis pas que $2.95, c'est trop et
que $6.72, ce n'est pas assez; je vous pose des questions sur une base de
principe. Je me suis forcé jusqu'à maintenant pour ne pas vous
parler de salaire minimum à $165 par semaine, il me semble que vous n'en
saurez gré. J'aurais pu vous engueuler et vous dire que cela n'avait pas
de bon sens; alors peut-être que le député de Saint-Jean
aurait eu raison de dire que j'ai reçu des ordres de quelqu'un pour
venir vous engueuler. Ce n'est pas ce que je vous dis actuellement. Je ne vous
ai pas parlé du minimum de $165 par semaine.
Je vous demande simplement sur quels principes vous étayez votre
négociation sur un certain nombre de choses et je vous en ai
mentionné six. Y a-t-il moyen d'avoir une réponse
là-dessus? Est-ce trop vous demander, M. le ministre?
Le Président (M. Lafrance): Conformément à
l'article 128 du règlement car nous sommes obligés de
suivre le règlement paragraphe 3: "Dans le cas d'un budget
supplémentaire dont l'étude a été envoyée
globalement à la commission plénière, ce délai
d'étude ne doit pas dépasser huit heures pour l'ensemble des
crédits". Je
constate que les huit heures sont dépassées et on devra
faire rapport.
M. Burns: M. le Président, avant que vous fassiez rapport,
je veux vous dire... Je ne ferai pas de crise, je ne déchirerai pas mon
linge ni rien, je ne me brûlerai pas sur la place publique cela
ferait trop plaisir à bien des gens mais je vais vous dire que je
n'avais pas beaucoup d'estime, comme ministre et non comme individu, pour le
ministre de la Fonction publique. J'en ai encore moins.
M. Côté: C'est de trop.
M. Burns: II n'arrive pas à la cheville du dernier des
"back-benchers" que nous avons en Chambre actuellement. Il n'est même pas
capable j'en suis sûr et je le dis carrément de
répondre aux questions. Ce n'est que cela, vous savez.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: C'est une ignorance crasse totale, ça vient de
s'éteindre.
M. Roy: M. le Président...
M. Burns: Que les syndiqués le sachent.
M. Parent (Hull): ...contreproposition syndicale.
M. Lessard: C'est un petit patroneux, il ne connaît que le
patronage.
M. Burns: C'est bien le temps de parler.
Le Président (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: On va l'aider, dans la région de Hull, à
faire son petit patronage.
M. Lessard: Le patronage, c'est ridicule.
Le Président (M. Lafrance): C'est vous qui avez
demandé de faire respecter le règlement plus tôt, alors
respectez-le. A l'ordre!
M. le Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que la
commission plénière a étudié pendant plus de huit
heures les crédits supplémentaires de 1975/76.
Le Président: Ce rapport est-il agréé?
Une Voix: Agréé.
M. Burns: M. le Président, sur division. Je trouve
que...
Le Président: Sur division.
M. Burns:... je ne peux pas agréer ce rapport.
Le Président: Sur division.
M. Burns: Puis, je vous demande d'inscrire la dissidence
également du député de Saguenay.
M. Roy: Et ma dissidence également.
Le Président: Oui, adopté avec la dissidence du
député de Maisonneuve, du député de Saguenay et du
député de Beauce-Sud.
M. Burns: Je n'ai jamais vu une affaire de même. Cela n'a
pas de maudit bon sens.
M. Levesque: Le bill.
Le Président: Le leader parlementaire du gouvernement,
pour le ministre des Finances, propose les première, deuxième et
troisième lectures du projet de loi no 82, Loi octroyant à Sa
Majesté des deniers requis pour les dépenses du gouvernement pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1976 et pour d'autres
fins du service public. Est-ce que ces motions de première,
deuxième et troisième lectures sont adoptées?
M. Burns: M. le Président, je vous demande d'inscrire ma
dissidence, ainsi que celle du député de Saguenay.
M. Roy: Et veuillez ajouter la mienne, M. le
Président.
Le Président: Adopté...
M. Levesque: M. le Président, est-ce que je comprends bien
la signification de ce vote que l'Opposition a fait?
M. Burns: Vous comprenez quelque chose qui est bien simple, c'est
que cela n'a pas de bon sens de ne pas se faire répondre plus que cela.
C'est cela que vous comprenez. N'essayez pas de faire de la démagogie
avec cela.
M. Levesque: Est-ce que je comprends bien que l'Opposition vote
contre l'aide sociale, contre l'assistance-maladie?
Le Président: A l'ordre! Un instant, un instant,
messieurs! Je suis debout. Je suis debout.
M. Roy: J'invoque le règlement.
Le Président: Je suis debout, personne ne peut invoquer le
règlement. A l'ordre! Tout le monde s'assoit. Ce projet de loi est
adopté avec dissidence des députés de Maisonneuve, de
Saguenay et de Beauce-Sud. Adopté. A l'ordre!
Bon! Adopté.
M. Levesque: Ce projet de loi, M. le Président, cela me
surprend.
Le Président: Revenons à un autre. A l'ordre!
M. Levesque: Cela ne devrait pas me surprendre, mais cela me
surprend quand même qu'on vote contre cela.
M. Bums: J'espère pour le leader du gouvernement qu'il ne
fera pas le bouffon comme le ministre de la Fonction publique a fait le bouffon
ce soir.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
A l'ordre! A l'ordre!
M. Levesque: M. le Président, c'est bon tout de même
qu'on puisse faire remarquer à l'Opposition, si certains veulent changer
leur vote, que c'est encore le temps. L'autre jour, ils ont fait une erreur
contre les locataires; je pensais...
Le Président: II n'y a rien d'enregistré, je crois,
je suis debout. Je suis debout. Messieurs, s'il vous plaît! Quel est
l'article suivant?
M. Levesque: Article...
M. Burns: M. le Président, je demande au leader...
Le Président: Le vote est terminé. Le vote est
terminé. Non, non, il est trop tard, c'est terminé.
Terminé. Terminé. Terminé. Terminé.
Terminé.
M. Levesque: Article 6. Le Président: Article
6.
Projet de loi no 79
Deuxième lecture
Le Président: Le ministre de la Justice propose la
deuxième lecture du projet de loi no 79, Loi constituant la
Société québécoise d'information juridique.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque: Le lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce
projet de loi et en recommande l'adoption ou au moins l'étude à
cette Chambre.
M. le Président, ce projet de loi s'inscrit dans le cadre de
l'action que mon ministère a entreprise dans le but de favoriser
l'accès du monde juridique et aussi des justiciables à diverses
formes d'information juridique. Il n'est pas suffisant, je crois, de se reposer
sur la règle qui veut que la loi doit être connue de tous. Il faut
encore qu'en pratique l'information juridique soit, dans la mesure du possible,
le plus largement diffusée afin que ceux qui doivent, par profession ou
par intérêt, déterminer l'état du droit puissent le
faire dans les meilleures conditions.
Il est certain que des organismes comme le Barreau, la Chambre des
notaires et les facultés de droit, de même que des entreprises
privées ont joué un rôle important à cet
égard et qu'ils vont continuer dans l'avenir à contribuer
largement à cette diffusion de la documentation juridique.
Toutefois, il est apparu que l'Etat devait également assumer ses
responsabilités comme il l'avait fait, notamment, en confiant la
publication des lois à l'Editeur officiel et, plus récemment, en
prenant la relève du Barreau dans la publication des rapports
judiciaires des tribunaux québécois.
En effet, de façon plus spécifique, le présent
projet de loi a pour but de promouvoir concrètement la recherche, le
traitement et le développement de l'information juridique en vue d'en
améliorer la qualité et l'accessibilité au profit de la
collectivité, de conférer un statut de société
d'Etat à un organisme qui s'appelle le Service de documentation
juridique, ou SEDOJ, qui, jusqu'à ce jour, oeuvrait en vertu de la
troisième partie de la Loi des compagnies tout en assumant des
responsabilités de nature publique et tout en étant largement
subventionné par les fonds publics. C'est donc SOQUU qui,
dorénavant, publiera les rapports judiciaires des tribunaux
québécois en collaboration avec l'Editeur officiel.
Le projet de loi a également comme but de confirmer, par la
même occasion, la volonté du gouvernement d'associer à la
direction de l'organisme les divers éléments qui composent le
monde juridique, c'est-à-dire la magistrature, les facultés de
droit, le Barreau, la Chambre des notaires ainsi que la ministère des
Communications et l'Editeur officiel et, bien entendu, le ministère de
la Justice.
Par cette composition du conseil d'administration de SOQUIJ, nous
croyons assurer non seulement la participation des milieux les plus directement
intéressés mais également la qualité des travaux et
l'autonomie de la société. Il serait assurément peu sage
que le gouvernement ou le ministère de la Justice soit en mesure
d'influencer l'orientation de la publication des décisions judiciaires
individuelles. La sélection des décisions implique l'observance
de certains critères relatifs à l'importance de la
décision dans le cadre de la jurisprudence propre à chacune des
branches du droit. Il est nécessaire que ce travail soit accompli dans
un contexte d'autonomie.
Enfin, cette autonomie sera encore très utile au
développement, si besoin est, d'accords et d'ententes avec divers
organismes privés et publics qui oeuvrent déjà dans ce
secteur et dont certains débordent les frontières du
Québec. Est-ce que j'ai dit quelque chose qui a soulevé l'ire de
mon ami le député de Maisonneuve?
M. Burns: Non, je m'excuse, je suis encore sous le coup...
M. Levesque: Ah bon, c'est l'autre débat!
M. Burns: ... de la stupidité du débat
précédent. Ce n'est pas votre faute.
M. Levesque: Sans relater en détail l'histoire des
diverses étapes de l'intervention de mon ministère dans ce
domaine, je dois quand même préciser que c'est à la suite
de l'impossibilité pratique dans laquelle se trouvait le Barreau de
pour-
suivre la publication des rapports judiciaires que celle-ci fut
confiée au Service de documentation juridique, c'est-à-dire
SEDOJ. Un accord approuvé par le Conseil du trésor fut
signé à cette fin le 18 février 1974 entre le Barreau, le
ministère de la Justice et l'Editeur officiel et cela pour une
durée de dix ans.
Effectivement, SEDOJ publie les rapports judiciaires des tribunaux
québécois en collaboration avec l'Editeur officiel depuis plus
d'un an. Malgré les difficultés compréhensibles de
démarrage, SEDOJ a, de fait, amélioré de façon
significative la présentation des jugements et a accru
considérablement le nombre de décisions rapportées. Son
objectif est de publier éventuellement près de 10% de l'ensemble
des jugements, compte tenu de leur importance, c'est-à-dire 2,500
jugements par année. Actuellement, moins de 1,000 jugements sont
rapportés.
Ce n'est pas faire injure au Barreau de dire qu'il était,
à l'époque, très loin de cet objectif, lequel ne
paraît pas tellement exagéré. On comprend mieux
l'importance de ce projet de loi lorsque l'on songe que dorénavant
SOQUIJ sera en mesure de regrouper, dans une même publication, les
jugements de la Cour d'appel, de la Cour supérieure, de la Cour
provinciale et aussi des décisions des tribunaux administratifs et de la
plupart des organismes quasi judiciaires. Les praticiens et les juristes, en
général, disposeront alors d'un instrument de travail des plus
approprié.
Parallèlement à ces travaux relatifs aux rapports
judiciaires, SEDOJ avait également développé la recherche
jurisprudentielle par le moyen de l'ordinateur, suivant un programme
appelé Datum. En fait, le ministère de l'Education avait,
à cette fin, accordé, sur une période de quelques
années, près de $1 million en subvention à la
faculté de droit de l'Université de Montréal, dans le but
précisément de mettre au point cette technique de repérage
qui se situe à l'avant-garde dans le domaine. D'autres
expériences canadiennes analogues ont depuis avorté, de sorte
qu'aujourd'hui, même le Conseil canadien d'information juridique croit
nécessaire d'appuyer financièrement l'initiative de SEDOJ.
Incidemment, j'ai pu constater personnellement que, contrairement à ce
que l'on pouvait croire, ce ne sont pas les gros bureaux d'avocats qui
profitent le plus de ces travaux de recherche jurisprudentielle. Les bureaux
qui se trouvent en dehors des grands centres et qui ne disposent pas de
personnel de recherche abondant utilisent largement ce service. Les contentieux
du gouvernement et la magistrature sont également des clients
intéressés. On voit tout de suite l'intérêt qu'il y
a à réunir, dans un même organisme, la sélection et
la publication des jugements sous forme de recueils et l'enregistrement des
mêmes jugements sur une bande magnétique pour établir la
jurisprudence sur une question déterminée.
Dans le même sens, M. le Président, on peut ajouter le
développement du microfilm à la fois pour les décisions
judiciaires, certains ouvrages de doctrine et même les textes de loi et
des micro- fiches minibiblex sont déjà utilisées depuis
plusieurs années par les avocats. Il est permis de penser que le
perfectionnement ou la technologie dans ce domaine va permettre de
réaliser des économies substantielles, principalement en ce qui
concerne l'espace consacré à la conservation des documents.
En résumé, M. le Président, et je termine
là-dessus, par la création de SOQUU, nous voulons donner suite
à des engagements dont le caractère public est évident.
Nous voulons favoriser concrètement l'accessibilité à
divers types d'information juridique. Nous voulons établir une
collaboration étroite avec le ministère des Communications et
l'Editeur officiel, en évitant ainsi des dédoublements
coûteux, et finalement, nous voulons fournir aux intéressés
des instruments de travail et de connaissance de la meilleure qualité
possible.
Le Président: Le député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, je pense bien que l'Opposition
n'est pas en mesure de blâmer le gouvernement de former une
société qui se donne comme objet de fournir des renseignements
à caractère juridique à l'ensemble de la population. Je
pense que c'est le but principal, si on veut le résumer, de la
création de cette nouvelle société gouvernementale et de
ce nouveau sigle qu'on appelle SOQUU après SOQUEM, SOQUIP et tous les
autres.
Je pense qu'il n'y a pas à faire de long discours
là-dessus. Je voudrais simplement, au niveau du discours de principe en
deuxième lecture, souligner deux dangers qui, je pense, ont
été étudiés de façon très
concrète et très sage par M. Laurent Laplante, dans un texte qui
a paru dans le journal Le Jour, le samedi, 15 novembre 1975, qui titrait: Une
nouvelle intrusion de l'Exécutif? Je pense que ce que M. Laplante nous
dit très sagement est une espèce de rappel d'une
possibilité d'intrusion de l'Exécutif en matière
législative.
Bien sûr, tout le monde connaît l'adage: "Nul n'est
censé ignorer la loi". Malheureusement, dans les faits, les avocats qui
ont eu à pratiquer devant les tribunaux savent fort bien que ce n'est
pas toujours vrai. Ils savent fort bien que certains citoyens, même si
l'adage existe, ne connaissent pas la loi.
Que le gouvernement forme une société qui a pour but
éventuellement de publiciser la nature, le fond, le mérite des
lois qu'il adopte, il me semble que c'est tout à fait louable. Il me
semble, d'autre part, qu'il y a un certain danger. Si le gouvernement et
là-dessus je m'inspire des propos qui ont été
livrés dans l'article que je citais tout à l'heure de M. Laurent
Laplante cependant, admet que nul n'est censé ignorer la loi,
donc il doit faire connaître la loi le plus possible, principe louable
s'il en est un, et par la suite, il dit qu'il faut aussi faire connaître
l'application de cette loi, c'est-à-dire la jurisprudence
elle-même.
Encore une fois, l'article auquel je me référais
tantôt cite l'exemple des décisions du juge Siricca aux
Etats-Unis, au cours de cette fameuse bataille qu'on appelle maintenant
l'affaire du Watergate. Il est évident que la Maison-Blanche
n'était pas intéressée à faire connaître
certaines décisions judiciaires du juge Siricca, ou si vous voulez
encore, certaines jurisprudences du juge Siricca à l'endroit de la
Maison-Blanche.
Je pense que cela est une des précautions que nous devons prendre
lorsque nous adopterons ce projet de loi, sachant que, d'une part, il est
normal qu'une société unique, gouvernementale, diffuse la
législation. Il faudra peut-être y penser. Je pense que je le
soulèverai lorsque nous en discuterons en commission. Il faudra
peut-être y penser, si ce n'est pas un organisme extérieur
à l'exécutif, loin de l'Exécutif, formé de juristes
qui doivent diffuser les décisions ou, si vous voulez, l'application des
lois. Je ferais cette distinction.
Deuxièmement, je pense qu'on devra aussi appliquer, dans la mise
en vigueur de cette loi, une deuxième précaution,
c'est-à-dire celle qui nous dit qu'il faut que l'exécutif,
c'est-à-dire le cabinet, le gouvernement, soit le plus minoritaire
possible dans le choix des personnes qui feront partie de cette fameuse
société québécoise d'information juridique.
Là-dessus, nous aurons des amendements en vue de diminuer encore
plus l'influence même si l'influence est encore minoritaire, dans
le projet de loi actuel car nous pensons qu'on doit diminuer encore plus
l'influence du gouvernement dans la nomination des personnes qui forment cette
société d'information juridique. Avec ces deux précautions
en vue, le projet de loi m'apparaît parfaitement acceptable.
L'Opposition est tout à fait d'accord avec le projet de loi, en
principe, mais voudrait cependant que le gouvernement retienne ces deux
modalités qu'éventuellement nous proposerons, au niveau de
l'étude du projet de loi article par article. Cela voudrait dire, par
exemple, qu'au lieu de nommer deux fonctionnaires au ministère de la
Justice, il faudrait peut-être en nommer un seul, comme le mentionne un
certain article. Cela veut dire qu'au lieu de nommer deux fonctionnaires du
ministère des Communications, il faudrait peut-être en nommer un
seul. Cela veut dire, comme conséquence, qu'il faudrait peut-être
réduire le comité en question de 13 à 11, encore une fois
uniquement avec la préoccupation de garder la présence
gouvernementale à l'intérieur de cette société
québécoise d'information juridique, mais en montrant, du
côté gouvernemental, qu'on ne veut pas donner plus d'influence
qu'il ne le faut à la présence gouvernementale à
l'intérieur de cette société.
On peut, peut-être passez-moi l'expression faire
d'une pierre deux coups en réduisant cette influence.
Peut-être qu'à ce moment, on aura plus confiance que les
décisions, qu'elles soient favorables au gouvernement, qu'elles soient
contre le gouvernement, auront une publicité égale, quelle que
soit la direction du jugement lui-même.
Il y aurait une autre façon d'envisager une telle
société. Je suis prêt à en discuter avec le ministre
au moment où nous étudierons le projet de loi dans les
détails, article par article. Peut-être y aurait-il lieu tout
simplement de dire carrément que c'est le milieu juridique qui devrait
composer exclusivement cette société. Si c'était le cas,
je verrais très facilement que l'importance de la magistrature soit
augmentée à l'intérieur de la Société
québécoise d'information juridique. Ce sont quand même les
juges qui appliquent cette loi et il est quand même
particulièrement important, dans une démocratie comme la
nôtre, de garder la distance la plus grande possible entre le
législatif et le judiciaire, entre l'exécutif et le
judiciaire.
Cela pourrait être une suggestion. Je ne vais pas aussi loin que
de dire qu'il faut absolument que ce soit comme cela, mais il me semble que
c'est une chose à laquelle il faudrait réfléchir. Je
crains simplement qu'une telle société, avec tous les bons motifs
qui animent le ministre de la Justice de nous présenter un tel projet de
loi, ne puisse apparaître tellement contrôlée par
l'exécutif qu'elle ne serve pas aux fins pour lesquelles elle est
conçue, c'est-à-dire une meilleure information de l'ensemble de
la population sur ce qui est législatif et sur ce qui est
également l'application du législatif.
Sur ce, M. le Président, je crois que je vais arrêter mes
remarques relativement au projet de loi, tout en vous disant que ce sont les
deux réserves qui ne m'empêchent pas, cependant, de voter en
faveur du projet de loi.
Le Président: Le droit de réplique du ministre de
la Justice mettra fin au débat de deuxième lecture.
M. Levesque: M. le Président, je sais que l'honorable
député de Maisonneuve était un peu secoué par le
débat antérieur. Il a peut-être été un peu
distrait au cours des paroles que j'ai prononcées en deuxième
lecture, dans lesquelles j'avais un peu prévu la réaction du
député de Maisonneuve, d'autant plus que j'avais lu
également les commentaires que faisait M. Laplante à ce
sujet.
J'avais mentionné, dans mon discours de deuxième lecture,
le soin que nous avions pris pour assurer cette autonomie de SOQUIJ, la
nouvelle société à créer. Il faut bien comprendre
que le gouvernement n'a jamais couru après cette responsabilité.
Il faut bien comprendre dans quelle situation nous nous trouvions, à un
moment donné, au cours de l'année, alors qu'on nous demandait de
procéder à la création d'une corporation comme celle qui
fait l'objet de la présente loi. C'est le milieu qui nous a
demandé cette loi. Ce n'est pas une création ou le fruit d'une
velléité du Conseil exécutif. Le Conseil exécutif a
accepté la recommandation du ministre de la Justice et le ministre de la
Justice a puisé cela dans le milieu, cette demande.
Il faut bien que je rappelle à cette Chambre ce que je disais au
tout début de mes remarques en deuxième lecture, dans ma
présentation, lorsque je
parlais de l'historique de ce projet de loi, de ce qui l'a
précédé. Je disais l'impossibilité pratique,
d'abord, dans laquelle se trouvait le Barreau de poursuivre la publication des
rapports judiciaires. C'est un fait. Ensuite, le tout a été
confié au Service de documentation juridique qu'on appelle SEDOJ. C'est
le conseil de SEDOJ, où siègent également des
représentants du ministère de la Justice, qui nous a
demandé ce projet de loi.
M. Burns: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. Levesque: Oui.
M. Burns: Est-ce qu'on a consulté, par exemple, ce qui est
l'équivalent du Conseil de la magistrature, si vous voulez, l'ensemble
des juges de juridiction québécoise relativement à cela,
de même que le Barreau?
M. Levesque: Oui.
M. Burns: Est-ce que ces deux organismes...
M. Levesque: Oui.
M. Burns:... plus la Chambre des notaires ont été
consultés?
M. Levesque: Oui. D'ailleurs, je l'ai mentionné, c'est
peut-être que le député était pris encore avec son
traumatisme du débat précédent. Je disais qu'un accord
approuvé par le Conseil du trésor a été
signé, aux fins de SEDOJ, le 18 février 1974, entre le Barreau,
le ministère de la Justice et l'Editeur officiel, et cela pour une
durée de dix ans. Un peu plus tard, une fois que ceci s'est mis en
marche, SEDOJ, je me suis même rendu sur les lieux, à
l'Université de Montréal, visiter les installations, rencontrer
les gens du conseil d'administration et le directeur, etc. Ce sont eux qui nous
ont demandé de bien vouloir leur donner une charte, une
société reconnue par la loi, plutôt que de continuer en
vertu de la troisième partie de la Loi des compagnies. Le tout a
été discuté entre des représentants du Barreau et,
je crois, des représentants de la magistrature.
Je pourrais peut-être, en commission, donner plus de
précisions sur les personnes qui ont été
consultées, à ce moment-là, mais je sais qu'il y a le
Barreau, la Chambre des notaires et les juges. A l'article 3, en commission
je sais bien que je n'ai pas le droit de parler de cela, trop, trop, M.
le Président je serai en mesure de peut-être
préciser davantage. On verra que la composition de la
société tient compte des voeux de la magistrature. Lorsqu'on dit
deux juges nommés après recommandation des juges en chef des
cours de justice, ceci c'est à la suite d'une entente avec la
magistrature. Les universités ont été consultées,
la faculté de droit également, la même chose est vraie pour
le Barreau du Québec et la Chambre des notaires. Ces organismes
voulaient, également, la présence des deux ministères, du
ministère de la Justice, pour le joint, si vous voulez, pour faire un
peu de coordination entre les divers éléments qui font partie de
l'administration de la justice, et également du ministère des
Communications, à cause du lien avec l'Editeur officiel.
On verra que la composition de cette société rend le
gouvernement très minoritaire, malgré les subventions qu'il sera
appelé à verser. Alors, nous avons voulu respecter, d'une
façon non équivoque, l'autonomie de cette société
d'information juridique, dont nous demandons la création. Mais, si on
veut aller plus en détail, M. le Président, nous aurons
l'occasion de le faire en commission. Je propose que vous quittiez maintenant
le fauteuil pour que la Chambre...
M. Burns: Deuxième lecture avant.
M. Levesque: ... une fois la deuxième lecture
adoptée, M. le Président, que la Chambre se forme en commission
plénière.
Le Président: Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjont: Deuxième lecture de ce projet
de loi. Second reading of this bill.
Le Président: L'honorable leader parlementaire du
gouvernement propose la formation de la commission plénière.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Commission plénière
M. Blank (président de la commission
plénière): A l'ordre, messieurs! L'article 1.
Adopté?
M. Burns: Excusez, avant que ce soit adopté, M. le
Président, le ministre de la Justice voudrait peut-être nous
donner, à cet article-ci, les consultations qu'il nous promettait lors
de son discours de deuxième lecture et dont il n'avait pas, au moment
où il en parlait, tous les détails précis. Si tel
était le cas, il me semble que ce serait plutôt à l'article
1 qu'il pourrait nous donner ces réponses. En ce qui me concerne, je
serais particulièrement intéressé d'avoir le détail
des consultations qui ont été effectuées par son
ministère, avant que le projet de loi concernant la
Société québécoise d'information juridique soit
déposé devant l'Assemblée nationale.
Si, par contre, le ministre n'a pas, à ce stade-ci, les
détails particuliers, je serais consentant, en ce qui me concerne,
d'attendre à un peu plus tard, lorsque le ministre aura ces
informations. Il serait assez intéressant qu'il nous donne tout le
détail des consultations qui ont été faites non
seulement
relativement à SEDOJ et au Barreau, mais de toute autre
consultation qui aurait pu être tenue par le ministère de la
Justice relativement à ce projet de loi.
M. Levesque: On m'informe qu'il y a eu, effectivement,
consultation, même concertation et consensus avec ces divers organismes.
Cependant, le conseiller qui est ici ce soir n'a pas été
présent à ces réunions de consultation; il ne le sait pas
personnellement, mais il m'informe que ces consultations ont eu lieu. J'ai
d'ailleurs eu l'impression, en rencontrant moi-même le conseil
d'administration de SEDOJ, que ces consultations avaient été
complètes. Je vais même être assez candide et naïf pour
dire à la commission plénière et au député
de Maisonneuve qu'au comité de législation j'avais trouvé
un peu complexes ces histoires. J'avais demandé: Pourquoi faire cela
tellement différent des autres sociétés où le
lieutenant-gouverneur en nomme dix ou douze et ça finit là? On
fera les consultations, mais nommer tout cela, nommer après
recommandation des juges, des doyens des facultés, c'est rare qu'on voie
cela dans une loi. J'ai suggéré au comité de
législation de laisser tomber ces histoires-là; pour moi, cela me
paraissait assez superficiel... Peut-être pas superficiel, mais quelque
chose d'inutile, qui alourdissait inutilement tout cela.
En fait, le comité de législation a accepté de le
faire sauter. Ce qui se lisait à ce moment, c'était que la
société était formée de treize membres, dont le
président et le vice-président, nommés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, deux juges, deux universitaires, trois
avocats, un notaire, deux fonctionnaires, etc.
Alors, je suis retourné avec mon projet de loi et j'ai dit: C'est
adopté au point de vue de la législation. A un moment
donné, le sous-ministre a mis la main là-dessus et il est revenu
à mon bureau en disant: M. le ministre, cela n'a aucun sens, cela ne
tient pas compte des ententes qui ont eu lieu avec la magistrature, avec le
Barreau, avec la Chambre des notaires. C'est là que j'ai appris que
toutes ces consultations avaient eu lieu et que nous avons repris le texte tel
qu'il avait été d'abord soumis.
M. Burns: Et que ces consultations avaient reçu un appui
favorable des organismes concernés.
M. Levesque: Exactement. Alors, je ne peux pas me confesser, me
mettre à nu plus que cela, c'est semi-privé.
M. Burns: D'accord, ne soyez pas indécent, M. le
Ministre.
Le Vice-Président (M. Blank): II y a un amendement au
paragraphe 1. A l'article 1, on doit ajouter l'alinéa suivant: "La
société peut aussi être désignée sous le
sigle SOQUIJ".
M. Burns: Sigle.
M. Levesque: Sigle.
Le Vice-Président (M. Blank): Le sous-amendement à
l'amendement. L'article est-il adopté avec l'amendement?
M. Levesque: II est déjà accepté. M. Burns:
Adopté avec amendement.
Le Vice-Président (M. Blank): A l'article 2, il y a un
amendement aussi.
M. Levesque: Je pense qu'il y a eu une erreur d'addition.
Le Vice-Président (M. Blank): Changer le mot "treize".
M. Lavoie: Si vous additionnez trois...
M. Levesque: C'est que nous pensions que le président ne
faisait pas partie de la nomenclature. Après, le texte a
été changé au moment où je suis retourné
avec ce que j'avais voulu changer, parce que nous sommes revenus au texte
originel et nous n'avions pas fait le changement à ce moment-là.
C'est réellement douze personnes et non pas treize, parce que le
président est inclus dans les douze, il sera choisi parmi les douze.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que cet article est
adopté avec l'amendement?
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais simplement
de suspendre l'adoption uniquement pour une question de corrélation
parce que je ne veux pas me mêler moi non plus, je ne suis pas
très fort en arithmétique. Je ne voudrais pas vous proposer de
diminuer les chiffres prévus à l'article 2 parce que j'ai des
amendements à proposer à l'article 3 qui pourraient
éventuellement changer le chiffre de l'article 2.
M. Levesque: Je comprends. Vous aviez dit dans vos remarques de
deuxième lecture que vous vouliez suggérer...
M. Burns: Je demande simplement de suspendre et, selon votre
réaction à mes suggestions, ce sera adopté à
l'article 2.
M. Levesque: D'accord.
Le Président (M. Blank): Article 2, suspendu. Article
3.
M. Bums: Alors, à l'article 3, M. le Président, si
vous me permettez. Il n'y a pas d'amendement du gouvernement à l'article
3?
Le Président (M. Blank): II y a deux amendements du
gouvernement. Excusez-moi c'est à l'article 15.
M. Burns: II n'y a pas d'amendement. Alors, M. le
Président, à l'article 3, j'ai, si vous voulez, un amendement
global mais qui peut se déterminer paragraphe par paragraphe. D'abord
à l'alinéa c) je remarque que les trois avocats qui sont
nommés par l'intervention du Barreau sont nommés après
consultation du Barreau du Québec, n'est-ce pas, M. le ministre?
M. Levesque: Pardon?
M. Burns: Je remarque qu'à l'alinéa c)...
M. Levesque: Je sais ce que le député veut
dire...
M. Burns:... il y a nomination à la suite d'une
consultation du Barreau, alors qu'aux deux alinéas
précédents, c'est-à-dire celui qui vise à nommer
deux juges, ils sont nommés après recommandation des juges en
chef des cours, et au paragraphe b), deux universitaires nommés
après recommandation des doyens des facultés du droit. On trouve
une formule différente à l'alinéa c), trois avocats
nommés après consultation du Barreau. Je pense qu'il y a
peut-être une mince nuance, mais elle est là quand même et
je ne verrais pas pourquoi on n'utiliserait pas la même expression,
c'est-à-dire la recommandation de la même façon qu'on le
fait pour les universitaires et les juges, la recommandation du Barreau du
Québec. Alors, j'en fais la proposition, à l'alinéa c),
remplacer le mot "consultation" par le mot "recommandation". Je pense que
c'aurait pour effet de donner une unité au texte.
J'aurai également la même recommandation ou la même
proposition quant à l'alinéa d) qui concerne le notaire
nommé après consultation, dans le texte actuel de la Chambre des
notaires. Il me semble que ça devrait être à la suite d'une
recommandation de la Chambre des notaires, à moins que le ministre me
convainque qu'on veuille à bon droit utiliser une terminologie
différente, pour la Chambre des notaires et pour le Barreau, de celle
qu'on utilise pour les universitaires et pour les juges.
M. Levesque: Alors, M. le Président, je dois dire que le
député de Maisonneuve sait fort bien, il en a fait
l'expérience, d'ailleurs, très récemment, que lorsque je
trouve que quelque chose a du bon sens, je suis le premier à
coopérer pour essayer de bonifier une loi. D'ailleurs, je pourrais fort
bien prendre l'amendement ou les amendements suggérés à
l'article 3 quant aux recommandations, quant au nombre de fonctionnaires ou
encore quant à la dernière partie, pour ajouter un alinéa.
Tout cela, je pourrais le défendre moi-même, être d'accord
avec lui, aussi bien...
M. Burns: Enfin un ministre qui me comprend. M. Levesque:
Je pourrais fort bien me faire...
M. Burns: Surtout après ce que je viens de passer à
la fonction publique, c'est soulageant.
M. Levesque: Mais tout de même, ce ne serait
peut-être pas plus avançant, d'une certaine façon, parce
que premièrement je vais dire...
M. Burns: Vous avez raison je suis prêt à les
accepter.
M. Levesque: La première raison c'est que j'ai
déjà essayé de changer cet article et je suis revenu, puis
j'ai été obligé de le reprendre alors je n'y touche plus,
premièrement, je n'y touche plus. Ce n'est peut-être pas le
meilleur argument, mais c'en est un très pratique.
M. Burns: Ce n'est pas votre plus fort.
M. Levesque: Deuxièmement, c'est que mes renseignements
sont à l'effet qu'on a voulu ici s'assurer d'une représentation
équilibrée régionale. C'est pour cela qu'on veut
consulter, c'est évident, le Barreau, comme on le fait dans la
nomination des juges, comme on le fait dans la nomination des conseils de la
reine, etc. On veut pouvoir consulter mais, en consultant, s'assurer de ne pas
nommer des gens tous du même endroit et tous de la même discipline,
etc., garder une diversité.
M. Burns: Mais, sur le plan des disciplines, il y a quand
même déjà une démarcation entre chaque groupe. Vous
avez un notaire, vous avez des universitaires.
M. Levesque: Parmi les avocats... M. Burns: Oui.
M. Levesque: ... on ne veut pas prendre les trois du bureau du
député de Maisonneuve tous ensemble. On va essayer de tenir
compte...
M. Burns: II n'y a plus de danger.
M. Levesque: ... des régions. C'est la raison qu'on me
donne pour justifier qu'on ait gardé cela et le Barreau est parfaitement
d'accord. Quant à la question des notaires, c'est la même chose,
au cas d'alternance; quant aux fonctionnaires, les deux fonctionnaires du
ministère de la Justice, il y en a un qui est là sur les
principes, non sur la politique, et l'autre pour s'occuper des finances, des
dépenses et du budget, seulement pour cela.
Il y en a un pour discuter et faire le lien entre les divers groupes,
magistrature, Barreau, pour faire un peu la coordination à
l'intérieur du ministère de la Justice quant aux politiques.
L'autre s'occupe des finances. Du côté du ministère des
Communications, il y a l'Editeur officiel qui s'occupe ordinairement des
politiques. Jusqu'à maintenant, c'est comme cela que ça s'est
passé, me dit-on, parce que je n'ai pas assisté à leur
conseil d'administration.
Mon conseiller, ici, y assiste régulièrement. M.
Gélinas est chargé de la recherche au ministère de la
Justice. Je pense que son adjoint est également... L'autre est
plutôt du côté technique, pour
l'impression et la fabrication des documents. C'est pour cela qu'il y en
a deux de chacun. Ils sont très minoritaires parce que, sur douze, ils
sont quatre dont deux ne s'occupent pas des politiques, mais s'occupent
simplement de la technique soit budgétaire ou de la technique
d'impression. C'est pour cela que c'est important.
Quant à moi, je n'ai pas d'objection, comme je l'ai dit à
l'honorable député de Maisonneuve. Je pourrais défendre
cet amendement n'importe quand.
M. Burns: Pourquoi ne le défendez-vous pas en votant
pour?
M. Levesque: Je pourrais, mais c'est mon sens des
responsabilités qui me dit que, dans l'équilibre des avantages et
des inconvénients, je préfère rester comme cela pour le
moment.
M. Burns: Cela a peut-être l'air d'une question de
détail, ce que je soulève, mais il me semble qu'il y a plus
qu'une question de détail, puisqu'on en est rendu à la formation
même de cette société. Ce que je disais en deuxième
lecture et ce à quoi le ministre de la Justice a répondu,
d'ailleurs, c'est principalement notre préoccupation de voir que ce soit
une société qui, même si elle reçoit une
participation gouvernementale, ait quand même suffisamment
d'indépendance.
Je pousse cela un peu plus loin dans les mots. Vous me corrigerez si
j'ai tort, mais il me semble qu'il y a quelque chose de plus fort, lorsqu'on
dit sur recommandation d'un organisme que sur consultation. Sur recommandation,
l'initiative vient d'un organisme; c'est ce qu'on fait pour les juges, c'est ce
qu'on fait pour les universitaires. Sur consultation, l'initiative vient de
celui qui, éventuellement, nommera, c'est-à-dire le
lieutenant-gouverneur en conseil. Le fait que le Barreau dise: Je nomme Me
Gaston Desjardins, Me Denis Hardy, Me Robert Burns ou je vous suggère Me
Jean Bienvenue; je vous recommande ces personnes n'est pas du tout la
même chose que si le gouvernement dit: Je vous consulte pour savoir si Me
Desjardins, Me Hardy, Me Bienvenue sont acceptables.
Si on veut véritablement faire de cette commission quelque chose
qui a un minimum d'autonomie, quant à ces deux professions
particulièrement, qui sont importantes, quant à la
présence de l'information juridique, le Barreau et les notaires, il me
semble qu'il faut laisser aux deux corporations professionnelles
concernées le pouvoir de faire la recommandation, laquelle, je pense,
selon tous les principes de droit administratif, peut être mise de
côté, si jamais le candidat est inacceptable.
M. Hardy: Sans me désolidariser de la position du
ministre, je serais presque d'accord avec vous. C'est peut-être un peu
utopique, mais à partir des noms que vous avez
suggérés tantôt en supposant qu'un jour vous soyez
peut-être ministre de la Justice, on aurait peut-être plus de
chance d'être nommé à cette commission avec votre formule
qu'avec la formule du ministre actuel de la Justice.
M. Burns: II y en a quelques-uns que j'ai nommés
cela ne vous vise pas qui seraient probablement nommés,
même si j'étais ministre de la Justice.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais
immédiatement rassurer le député de Maisonneuve;
d'ailleurs je ne lui ferai pas grief de sa préoccupation. Mais je lui
rappelerai une chose, c'est que ce conseil d'administration établit des
politiques, etc., mais ne touche pas ce qui inquiète très
normalement le plus le député de Maisonneuve, c'est-à-dire
quels arrêts seront publiés et quels arrêts ne le seront
pas. Il y a toute une équipe que j'ai rencontrée lorsque je suis
allé voir cela et me sensibiliser au travail qui se faisait là.
Ce sont des arrêtistes qui sont là qui font le choix, qui font la
sélection, qui lisent chacun des jugements et ce n'est pas le conseil
d'administration qui leur dit quel arrêt publier.
M. Burns: D'accord, M. le ministre, vous avez raison, puis
là on est tous de bonne foi tout le monde, vous le premier, moi le
deuxième; tout le monde ici, on est tous de bonne foi. Mais vous avez lu
le deuxième alinéa de l'article 19, par exemple: "La
société peut aussi exécuter tout projet et toute
tâche, à la demande d'un ministère ou d'un organisme du
gouvernement dans le but d'appliquer au domaine du droit les diverses
techniques de traitement et de conservation de l'information." Vous savez que
vous avez une intrusion qui est quand même très claire. C'est pour
cela que je prends ces précautions, au départ. D'ailleurs j'aurai
un amendement à vous proposer quand on arrivera à l'article 19,
mais le deuxième alinéa...
M. Levesque: J'en ai un moi aussi.
M. Burns: Pardon?
M. Levesque: J'en ai un moi aussi.
M. Burns: Vous en avez un, peut-être qu'il est meilleur que
le mien, je ne suis pas arrivé là encore.
M. Levesque: Vous devez l'avoir.
M. Burns: Oui, je l'ai, mais je n'y suis pas arrivé
encore, je viens de le recevoir. Il reste quand même que cela nous laisse
songeurs quand on voit que la société peut aussi exécuter
tout projet et toute tâche à la demande d'un ministère ou
d'un organisme du gouvernement, etc. dans le but d'appliquer, etc. Mais on sait
que cette société a pour fonction de promouvoir la recherche, le
traitement et le développement de l'information juridique en vue d'en
améliorer la qualité et l'accessibilité au profit de la
collectivité. Je trouve que ce ce sont des beaux principes, c'est
parfait; je n'ai
rien à dire contre cela, en principe. Mais je vous rappelle, M.
le ministre, peut-être vous en souviendrez-vous, l'Office d'information
et de publicité du Québec, OIPQ, qui relevait du ministère
des Communications, si je ne me trompe, dans les années soixante-douze.
A un moment donné, on lui a confié un certain nombre de choses et
on lui a trouvé toures sortes de défauts, tant positifs que
négatifs, c'est-à-dire certains disaient qu'il fallait que cet
office continue à relever du ministère des Communications,
certains disaient qu'il ne fallait pas, il fallait que ce soit
indépendant.
Je me rappelle, entre autres, qu'en commission parlementaire, lors de
l'étude des crédits du ministère des Communications, on
disait que c'était anormal que l'information gouvernementale passe par
un organisme qui relève du gouvernement. Je pense qu'on avait même
réussi, pratiquement avec quatre partis politiques
présents, c'est-à-dire dans le Parlement précédent,
alors qu'il y avait l'Union Nationale comme Opposition officielle, le Parti
créditiste et le Parti québécois dans l'opposition
à un moment donné, à trouver quasiment un consensus autour
du fait qu'il était difficile et pratiquement inhumain de demander
à un organisme gouvernemental d'avoir de l'objectivité dans
l'information gouvernementale.
Evidemment, vous allez me dire qu'on est loin quand on parle
d'information juridique, qui est beaucoup plus objective que de l'information
gouvernementale. C'est admis, M. le Président, sans aucune
difficulté, mais il reste quand même que cette distinction existe
encore. Il me semble qu'on doit prendre vraiment ce problème avec toutes
les pincettes voulues; on doit se protéger avant d'avoir une
accusation.
Imaginez-vous qu'à un moment donné le député
des Iles-de-la-Madeleine s'aperçoit que cet organisme est bourré
de péquistes, imaginez-vous donc quel "chiard" on aura en Chambre. Cela
ne sera pas possible. Je veux dire qu'à ce moment, je panse que le
gouvernement doit quand même prendre une certaine distance à
l'endroit de cet organisme pour pouvoir agir et dire: Ecoutez, cet organisme,
objectivement, fausse les buts pour lesquels il a été
conçu.
Non, non, mais si c'est cela, si à un moment donné on
s'aperçoit qu'effectivement on fausse les buts pour lesquels cet
organisme a été conçu... Ce n'est pas parce qu'il y aura
des péquistes, vous en avez plein le gouvernement. Il y en a partout,
comme il y en a partout au Québec, comme il y a des libéraux
partout au Québec. S'il y a 55% des voix qui vous ont été
accordées lors de la dernière élection, il y a des chances
que tous les organismes soient teintés à 55% à peu
près de libéraux, comme c'est normal que tous les organismes
soient teintés à peu près à 31% de
péquistes. Sauf que si on se met à mettre le "spot light" sur
ceux-là, on risque à un moment donné de changer, si vous
voulez, l'optique en vertu de laquelle on doit regarder un tel organisme.
Sachant qu'il peut y avoir des tâches accordées par des
ministères à cette société québécoise
d'information juridique, il me semble simplement, qu'on doit prendre toutes les
précautions pour que le gouvernement soit le moins présent
possible. Qu'il le soit, d'accord, mais qu'il le soit le moins fortement
possible. C'est en ce sens que je vous propose, d'une part, que les nominations
aient lieu, et que je me fie au bon sens du Barreau et de la Chambre des
notaires pour qu'ils respectent la disparité régionale.
Eux-mêmes devraient, en principe, tenir compte de cela. Ce n'est pas au
gouvernement de dire: Après avoir consulté le Barreau, M. Untel,
M. Untel, M. Untel devraient faire partie de cette société. Je
pense qu'il faut se fier au sens commun des organismes en question. Ce sont
quand même deux corps professionnels qui ont leurs propres lois, qui sont
respectés actuellement comme corps professionnels.
Il me semble qu'on peut se fier à leurs recommandations. C'est
uniquement dans le sens de vouloir garder cette distance entre le gouvernement
et ces nominations.
Si vous faites une consultation, l'initiative est gouvernementale. Si
c'est fait à la suite d'une recommandation, l'initiative est, à
l'origine, partie de ce corps professionnel concerné. Je me dis qu'il
faut se fier au bon sens de ces groupes.
C'est la même raison pour laquelle je vous propose de
réduire les deux fonctionnaires du ministère de la Justice
à un, et les deux fonctionnaires du ministère des Communications
à un. Cela changera le nombre total de la société qui est
formée, comme vous le mentionnez à l'article 2, de douze
personnes.
M. Levesque: M. le Président, je ne veux pas prolonger la
discussion. Encore une fois, je dois dire que ce n'est pas une mauvaise
suggestion que fait le député de Maisonneuve. Je m'en tiens
à une entente qui a été faite avec toutes les instances.
Tout le monde est heureux de cette entente. Le gouvernement est très
minoritaire. C'est la société qui, parmi toutes les
sociétés qui ont été créées ici, est
la plus indépendante, la plus autonome. Je n'ai pas
étudié, tout récemment, la Loi de la Législature et
ce qui a trait à l'Editeur officiel mais j'ai l'impression, de
mémoire, qu'il y a encore plus d'autonomie ici.
M. Burns: Vous avez la loi des CLSC à laquelle je vous
réfère.
M. Levesque: Laissez-moi finir. Je ne l'ai pas regardée
récemment mais je pourrais la faire venir. En ce qui a trait au pouvoir
et au devoir de l'Editeur officiel et à son autonomie, lui qui a la
responsabilité de la publication des lois, des arrêtés en
conseil, etc., des règlements, je pense qu'il y a encore plus
d'autonomie ici. Je ne suis pas du tout inquiet de cette structure quant
à la protection de l'autonomie de la société.
M. Burns: M. le Président, je ne suis jamais inquiet avant
l'adoption d'une loi. D'expérience, je n'ai jamais été
inquiet...
M. Levesque: Le gouvernement est très minoritaire.
M. Burns: ... avant l'adoption d'une loi. J'ai toujours je
pense qu'on m'en saura gré accordé la bonne foi, ce qui
est normal, au ministre qui me présentait un projet de loi en me disant:
Je vais l'appliquer, cette loi, selon les meilleures règles de l'art, si
vous me passez l'expression. Je suis prêt à dire cela. Mais c'est
avec le temps que les problèmes se posent.
C'est là qu'on voit l'application d'une loi. Peut-être que
je suis trop prudent, mais je vous le mentionne, M. le ministre:
J'espère que dans un an je n'aurai pas à me féliciter de
vous avoir dit cela, parce qu'à un moment donné la
société en question passera à côté de ses
buts. Vous savez que quatre fonctionnaires compétents, comme celui qui
est à votre gauche actuellement et les trois autres qui se joindront
peut-être à lui, à l'intérieur d'un groupe comme
celui-là, ont souvent, à cause de la permanence qu'ils
représentent, plus d'importance parce qu'ils sont constamment
dans le bain, parce qu'ils sont constamment dans ce domaine, parce qu'on se
réfère à eux, à cause de leur compétence
que les cinq ou six ou dix autres personnes qui sont nommées. Le
poids que je veux jauger, dès l'adoption de la loi, c'est, d'une part,
la volonté concrètement acceptée par le gouvernement de
rendre ce comité-là le plus indépendant possible de
l'exécutif; c'est uniquement dans ce sens que je fais ces
propositions.
Je ne veux pas éterniser le débat. Si le ministre de la
Justice ne change pas d'idée, je vais tout simplement lui demander de
prendre un vote et d'enregistrer sa dissidence et celle de la majorité
gouvernementale sur mon amendement. Cet amendement, simplement pour qu'il soit
enregistré au journal des Débats, il me semble que je me dois de
vous le lire. Alors, globalement, même si on en a discuté, et je
suis prêt à cesser la discussion après avoir lu
l'amendement, je propose que l'article 3 soit amendé de la façon
suivante: d'abord, à l'alinéa c) en remplaçant le mot
"consultation" par le mot "recommandation"; deuxièmement, à
l'alinéa d), en remplaçant le mot "consultation" par le mot
"recommandation"; troisièmement, à l'alinéa e), en
remplaçant le mot "deux" par le mot "un"; quatrièmement à
l'alinéa f), en remplaçant le mot "deux" par le mot "un";
cinquièmement, à l'alinéa g), je propose de rajouter
à la fin, après le mot "besoins" les mots suivants "et sur
recommandation de la majorité des membres votants de la
société". Ceci dans le but de respecter cette distance qui, selon
moi, devrait normalement être installée entre l'influence de
l'exécutif sur l'existence même ou sur la formation même de
la Société québécoise d'information juridique.
Le Président (M. Blank): Cette motion d'amendement
est-elle adoptée?
M. Levesque: Non.
Le Président (M. Blank): Rejeté sur division.
M. Burns: Rejeté sur division, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Article 2, adopté?
Le Président (M. Blank): Avec l'amendement? M. Burns:
Avec l'amendement proposé par... M. Levesque: Douze au lieu
de treize.
M. Burns: Excusez, M. le Président, l'article 2 devient
adopté on y revient d'accord, sur division.
Le Président (M. Blank): Sur division.
M. Bums: Oui, vous changez treize pour douze. Je vous avais
demandé de suspendre à cause de l'amendement.
M. Levesque: D'accord, on revient. Le Président (M.
Blank): L'article 4?
M. Burns: En ce qui me concerne, l'article 4 peut être
adopté.
Le Président (M. Blank): L'article 5?
M. Burns: A l'article 5... Je ne sais pas si vous voulez
continuer, j'ai plusieurs autres amendements.
M. Levesque: Vous en avez plusieurs?
M. Burns: Je peux vous en livrer copie et, si vous le voulez,
nous pourrons continuer demain.
M. Levesque: Peut-être que nous pourrions faire examiner
cela en attendant.
M. Burns: Je suis entièrement d'accord. J'ai une
série d'amendements que je peux vous donner et vos conseillers
juridiques pourront les examiner.
M. Levesque: Nous pourrons peut-être, à ce
moment-là, donner une indication, en revenant en commission, de ce que
nous pouvons accepter, s'il y a lieu.
M. Burns: D'accord, comme il est onze heures...
M. Levesque: D'ailleurs, j'ai remis mes amendements au leader de
l'Opposition.
M. Burns: D'accord. Je suis prêt à vous rendre la
politesse et à vous remettre une copie de mes amendements à
compter de l'article 5.
M. Levesque: Merci.
M. Blank (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission plénière a étudié le
projet de loi no 79 et demande la permission de siéger de nouveau.
Le Président: Quand siégera-t-elle? Prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Levesque: M. le Président, la commission parlementaire
des finances, des comptes publics et du revenu poursuivra demain matin,
à compter de dix heures, à la salle 81-A, l'étude des
projets de loi nos 59 et 71 à 78 inclusivement, qui avaient
été déférés à cette commission
parlementaire au cours de la présente journée, pour
l'étude article par article. J'imagine que demain nous allons poursuivre
l'étude de la motion au nom du député de Johnson, motion
qui avait été discutée mercredi dernier et dont nous
terminerons l'étude demain.
Je propose que nous ajournions à demain, quinze heures.
Le Président: L'Assemblée ajourne ses travaux
à demain, quinze heures.
(Fin de la séance à 23 h 1)