Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures trois minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
Société d'habitation du Québec
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer
le rapport 1972/73 de la Société d'habitation du
Québec.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce.
Projet d'aciérie dans l'Est du Canada
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer deux copies d'une lettre transmise le 16 décembre dernier
à M. Donald Jamieson, ministre de l'Expansion économique
régionale, au sujet d'un projet d'une aciérie dans l'Est du
Canada.
LE PRESIDENT Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Transport en commun Québec-Lévis
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports. Le ministre pourrait-il nous dire si, en attendant la
loi-cadre sur le transport en commun qu'il a promise pour l'an prochain, il
compte prendre des mesures immédiates pour faire face au problème
spécial que connaît la rive sud de Québec à la suite
de l'incendie qui a détruit le garage de la compagnie Autobus
Lévis?
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai pris connaissance, par la voie
des journaux, de l'incendie dont parle le député de Chicoutimi.
Il est indiscutable que lorsque nous connaîtrons davantage les faits et
la position difficile qu'aura à subir la compagnie d'autobus
Québec-Lévis, le ministère des Transports tâchera de
conclure une entente susceptible de faire en sorte que le transport en commun
de la rive sud soit continué.
Je voudrais quand même dire au député de Chicoutimi
qu'il n'était pas facile hier d'avoir des commentaires
supplémentaires, étant donné que les fonctionnaires ne
sont à peu près pas entrés au ministère. Je ferai
l'impossible, dans les premiers jours de l'année, pour me rendre compte
de la situation et faire une déclaration publique à ce
moment-là.
M. BEDARD (Chicoutimi): Etant donné que la compagnie Autobus
Lévis était déficitaire, est-ce que le ministre envisage
la possibilité de subventionner cette compagnie, lorsqu'il sera question
de reconstruire?
M. MAILLOUX: M. le Président, la compagnie d'autobus
Québec-Lévis a déjà, si ma mémoire est
fidèle, été subventionnée par le ministère
des Affaires municipales. Je pense que mon collègue fera
également le nécessaire pour voir la situation financière
de la compagnie et de quelle façon le transport devra s'effectuer.
Est-ce que ce sera par la compagnie d'autobus Québec-Lévis
ou en addition au transport qui est effectué par la Commission des
transports de la région de Québec? Je pense qu'il faudra quand
même attendre quelques jours avant que les ministères
concernés puissent se prononcer.
LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
Budget de la commission Cliche
M. BURNS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
la Justice. Le ministre serait-il en mesure de nous dire s'il a reçu de
la commission Cliche une demande pour un budget additionnel dont, semble-t-il,
la commission Cliche aurait un urgent besoin particulièrement en vue
d'engager des experts-comptables pour terminer le travail qu'elle a
commencé?
M. CHOQUETTE: M. le Président, je n'ai pas reçu une telle
demande. Le député de Maisonneuve peut être informé
que le budget de la commission Cliche émarge au budget du
ministère du Travail et non pas du ministère de la Justice.
Maintenant s'il s'agissait de services d'enquêteurs, à ce
moment-là, nous mettons à la disposition de la commission Cliche
les agents de la Sûreté du Québec. Est-ce que le juge
Cliche aurait dirigé une demande vers le ministère de la
Justice pour obtenir des services de comptables afin de poursuivre ses
enquêtes en parallèle avec les enquêtes policières?
Je l'ignore au moment où je vous parle. Mais je vais
m'enquérir.
Une chose est certaine, M. le Président, le gouvernement a mis
à la disposition de la commission Cliche toutes les facilités
budgétaires et les disponibilités en personnel ainsi qu'en
enquêteurs. Par conséquent il n'y a aucune espèce
d'inquiétude à y avoir quant au désir du gouvernement de
satisfaire aux besoins de cette commission.
M. BURNS: Etant donné la réponse du ministre, M. le
Président, est-ce que je peux poser cette même question au premier
ministre? Aurait-il eu connaissance, lui, que le ministère du Travail ou
encore le Conseil exécutif ait reçu une telle demande de la part
de la commission Cliche? Si oui, quelle a été la
réponse?
M. BOURASSA: M. le Président, à quelques reprises, j'en ai
parlé avec le président de la commission, qui avait fait une
intervention auprès du Conseil exécutif. Je lui ai dit que, comme
vient de le dire le ministre de la Justice, nous étions prêts
à donner le maximum de collaboration possible pour le travail de la
commission Cliche.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce-Sud.
Commission des accidents du travail
M. ROY: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable leader du gouvernement. Elle aurait pu également s'adresser
à l'honorable ministre du Travail. Les 22 et 29 mai dernier, à
l'occasion de la journée des députés, le mercredi, j'avais
présenté une motion à l'effet que soit convoquée la
Commission des accidents du travail devant la commission parlementaire du
travail et de la main-d'oeuvre de façon qu'on examine toute
l'administration, le fonctionnement de cette fameuse commission.
Cette motion a été adoptée par le gouvernement et
adoptée à l'unanimité de la Chambre comme en fait foi et
tel que rapporté à la page 883 du journal des Débats. Or,
cet été je n'ai pas trop insisté, étant
donné les nombreux problèmes qu'il y avait au niveau du
ministère du Travail. Mais je voudrais demander à l'honorable
leader du gouvernement, durant la période de janvier et février,
avant que ne reprennent les travaux de l'Assemblée nationale, s'il a
l'intention de prendre toutes les mesures pour que cette commission soit
convoquée et qu'on donne suite aux voeux exprimés par la
Chambre.
M. LEVESQUE: M. le Président, je crois en effet qu'il faut donner
suite aux voeux exprimés par la Chambre. S'il y a eu délai
jusqu'à maintenant, c'est simplement parce que, de part et d'autre, on a
considéré qu'il y avait d'autres priorités. Mais je n'ai
aucune objection à considérer une demande qui me parviendrait du
ministre du Travail à l'effet d'avoir une telle convocation entre les
deux sessions. J'espère que le journal des Débats sera
porté à la connaissance du ministre du Travail. Je dis ceci parce
que je sais que quelqu'un écoute et je veux qu'un message soit transmis
au ministre du Travail pour qu'il m'indique à quel moment il veut que la
commission se réunisse.
M. ROY: En somme, le leader du gouvernement est prêt à
faire le nécessaire pour que cette commission parlementaire
siège?
M. LEVESQUE: Oui.
M. ROY: On peut avoir les garanties de ce côté.
M. LEVESQUE: Quant au leader du gouvernement, il est prêt mais je
n'irai pas m'asseoir à la commission pour m'occuper de cette question.
Alors, il faut que je m'assure que le ministre du Travail soit d'accord pour
que la commission siège.
M. ROY: Je voudrais dire à l'honorable leader du gouvernement
qu'on n'a pas besoin du ministre à cette commission. Il peut venir s'il
veut.
M. LEVESQUE: C'est commode.
M. ROY: Ce sont les gens de la commission qu'on est
intéressé à interroger.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Cours d'anglais aux immigrants
M. MORIN: II y a deux ou trois jours, M. le Président, j'ai
posé au premier ministre une question au sujet de l'organisation de
classes clandestines de langue anglaise destinées aux enfants des
immigrants en vue de leur permettre de contourner les dispositions
ambiguës de la loi 22. Depuis ce moment, on a fait état de cette
affaire dans plusieurs journaux, des détails ont commencé
à sortir. Le premier ministre peut-il nous dire s'il est au courant que
des classes ont été organisées par l'Italian Canadian
Educational Council, de même que par la Federation of English Speaking
Catholic Teachers? S'il est au courant, qu'entend-il faire?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai l'impression que, depuis
quelques jours, le chef de l'Opposition pose des questions sur des faits qui
sont plus ou moins vrais, comme hier sa question sur le présumé
transfert de terrain au gouvernement fédéral.
M. MORIN: Transfert de compétence.
M. BOURASSA: Oui, mais vous aviez dit transfert de terrain.
M. MORIN: Non, de compétence.
M. BOURASSA: J'ai vérifié dans l'entente, et ce n'est pas
le cas.
M. MORIN: Ne jouez pas sur les mots.
M. BOURASSA: De toute façon, c'est peut-être à cause
de ses erreurs qu'il n'a pas voulu accepter son augmentation de salaire hier et
que c'est le ministre de l'Industrie et du Commerce...
M. MORIN: Trêve de blagues; répondez donc à la
question.
M. SAMSON: C'est une réponse ordinaire.
M. BOURASSA: II y a un haut fonctionnaire du ministère de
l'Education qui a fait une réponse hier ou un commentaire
démentissant en très bonne partie les propos du chef de
l'Opposition.
M. MORIN: C'est l'art de l'esquive, cela. Je voudrais que le premier
ministre me dise s'il a pris connaissance de ces faits. On a même
mentionné des chiffres dans les journaux et il s'agit, au bas mot, d'un
objectif de 3,000 à 4,000 enfants, donc d'un nombre significatif.
J'aimerais demander au premier ministre, de façon précise,
à la suite de la réponse un peu ambiguë qu'il m'a
donnée l'autre jour, comment la loi 22 et la réglementation
peuvent empêcher que de tels moyens ne soient utilisés pour rendre
à la fois la loi et la réglementation totalement
inopérantes.
M. BOURASSA: M. le Président, la question du chef de l'Opposition
est hypothétique. Hier, un représentant du ministère de
l'Education a démenti les chiffres que vient de mentionner le chef de
l'Opposition publiquement. Alors, je ne sais pas dans quel journal il a pris
les chiffres en question...
DES VOIX: Le Jour!
M. BOURASSA: ... mais il y a eu un démenti de la part d'un
représentant du ministère de l'Education. C'est pourquoi je
voudrais que le chef de l'Opposition je comprends que, pour lui comme
pour nous, la plupart de nos fonctionnaires ou de nos recherchistes sont en
congé vérifie davantage avant de poser des questions,
comme il l'a fait hier sur le transfert de terrain et comme il le fait
aujourd'hui. Je crois que...
M. MORIN: En question supplémentaire, M. le Président. Il
ne s'agit pas d'un démenti, les faits ont été
confirmés. Je voudrais demander...
UNE VOIX: Par qui?
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: ...au premier ministre s'il a pris connaissance, à tout
le moins, des déclarations qui ont été faites par
l'Italian-Canadian Educational Council, qui a confirmé les faits, et par
la Federation of English Speaking Catholic Teachers qui, elle aussi, a
confirmé les faits par la voix de son secrétaire, M. Philippe
Shore. Le premier ministre a-t-il au moins pris connaissance de ces
déclarations?
M. BOURASSA: Dans quel journal cela paraissait-il?
M. MORIN: Cela a paru dans plusieurs journaux. Dans le Star,
notamment.
M. BOURASSA: Lesquels? Je sais qu'hier, j'ai lu dans la Gazette un
éditorial approuvant l'augmentation de salaire pour les
députés. Il y avait un éditorial dans la Gazette hier,
là-dessus, mais...
LE PRESIDENT: Dernière.
M. MORIN: Existe-t-il une question pour demander au premier ministre de
répondre aux questions qu'on lui pose? Je lui pose la suivante: Pourquoi
ne répondez-vous pas aux questions que je viens de vous poser?
LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
Fermeture de l'école de Mont-Brun
M. SAMSON: Je voudrais adresser ma question au vice-premier ministre qui
est responsable de l'OPDQ. Nous savons tous que le printemps dernier, un grave
problème s'est présenté à la paroisse de Mont-Brun
concernant la fermeture de l'école paroissiale et, suite à
certaines manifestations des parents de cette paroisse, le gouvernement, par
l'entremise du ministère de l'Education, pour désamorcer cette
crise, leur avait annoncé la formation d'un comité d'étude
composé de représentants du ministère de l'Education, de
l'OPDQ et des parents, comité qui doit faire rapport le 15 mars
prochain. Or, il arrive que nous apprenons que les parents qui sont partie
à ce comité, qui
n'a siégé que deux fois, n'ont aucune espèce de
budget pour fonctionner, alors que le ministère de l'Education et l'OPDQ
ont des budgets et des recherchistes, ce que le groupe de parents n'a pas. Ces
parents ont demandé à l'OPDQ un budget pour pouvoir faire cette
étude.
Le ministre peut-il me dire s'il est disposé à mettre
à la disposition du groupe de parents concernés par
l'étude des paroisses marginales dans le Nord-Ouest
québécois un budget qui leur permettrait de travailler?
M. LEVESQUE: Je serais porté à prendre avis de la
question, mais au cas où les circonstances feraient que je n'aie pas
l'occasion de revenir plus tard sur ce sujet, je veux rassurer le
député de Rouyn-Noranda en lui disant que je vais
considérer cette question de très près et que s'il y a des
mesures à prendre que nous jugeons opportunes, nous le ferons sans aucun
doute.
M. SAMSON: Une question supplémentaire, M. le Président.
Au cas où le ministre n'aurait pas l'occasion de me répondre en
Chambre prochainement, est-ce que je peux considérer que le ministre
prendra les dispositions pour me communiquer une réponse dans la semaine
qui suivra peut-être?
M. LEVESQUE: Je ne peux pas m'engager, mais...
M. SAMSON: Est-ce qu'au moins je peux compter que le ministre va
communiquer avec moi?
M. LEVESQUE: Je vais essayer de le faire. M. SAMSON: Merci.
LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
Maison Cornelius Krieghoff
M. CHARRON: Une courte question au ministre des Affaires culturelles. Je
voudrais m'informer s'il est exact qu'il ne manque que sa signature à
lui pour que la maison Cornelius Krieghoff, sur la Grande-Allée à
Québec, soit classée comme bien culturel, en vertu de la loi des
biens culturels?
M. HARDY: M. le Président, je n'ai pas eu connaissance de ce
dossier. Je ne sais pas à quelle étape ce dossier en est rendu.
Je m'informerai et, si la Chambre devait siéger au cours des prochains
jours, il me fera plaisir de répondre au député.
LE PRESIDENT: Le ministre de l'Industrie et du Commerce aimerait
apporter une réponse à une question.
Industrie des pêches maritimes
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, hier on m'a soulevé la
question de l'aide du gouvernement fédéral aux pêcheurs de
la côte de l'Atlantique et de la province de Québec. La diminution
des captures, l'augmentation très prononcée des coûts du
carburant et des agrès de pêche, le coût élevé
de l'argent, la chute des prix du poisson et enfin les inventaires massifs sur
le marché américain, principal acheteur de la production
exportée par le Canada, sont autant de facteurs qui se sont
conjugués pour créer la situation très difficile que
vivent en ce moment, bien qu'à un degré différent, les
pêcheurs et les transformateurs, les producteurs. Ces conditions qui ont
prévalu en 1974, autant sur la côte de l'Atlantique que sur la
côte du Pacifique, se sont doublées de circonstances
particulières à Terre-Neuve et sur la Basse-Côte-Nord du
Québec, alors que la présence tardive de glace a retardé
de près de deux mois le retour en production des usines de
transformation. Tous ces faits ayant été portés à
la connaissance du ministre fédéral des Pêcheries, une
enquête a été menée concurremment par des
représentants d'Environnement-Canada ainsi que par le Conseil canadien
des pêches en vue d'en arriver à un ordre de grandeur du manque
à gagner des pêcheurs et des transformateurs. C'est à la
suite de ces consultations que ces deux organismes ont recommandé au
gouvernement fédéral de rendre disponible une aide à court
terme d'un montant de $20 millions, lequel serait utilisé pour
versements de paiement d'appoints à l'égard de la production de
poisson de fond congelé, en vertu de la Loi sur le développement
de la pêche durant la période qui ira du 1er janvier 1975 au 30
avril 1975. Une première étude a porté sur le poisson de
fond pêché par les flottes hauturières. En ce moment, les
producteurs complètent des déclarations portant sur la
pêche côtière et le tout donnera une image globale de la
situation présente.
Nous ne pouvons établir, à ce stade-ci, les sommes,
même approximatives, dont les producteurs québécois
pourront bébéficier puisque, malgré tout, la situation des
pêches au Québec ne se compare pas à celle de Terre-Neuve
et de la Nouvelle-Ecosse, pour ne mentionner que deux provinces qui ont
été plus touchées que les pêcheurs
québécois.
Dans l'ensemble, les pêcheurs québécois se sont
relativement bien tirés d'affaire, particulièrement au niveau de
la pêche au homard qui a donné de bons prix et de bonnes captures,
cette année. Il en fut de même pour certains propriétaires
d'usines de transformation.
Les états financiers des sociétés
québécoises de transformation n'ont pas encore été
publiés, ce qui explique un manque de renseignements qui pourrait nous
aider à faire même la mathématique
élémentaire des manques à gagner. Mais il est vrai de dire
que le principe retenu
sera le suivant, c'est-à-dire que le Québec touchera, au
niveau des transformateurs de poissons, une part du montant global de $20
millions, proportionnel aux pertes encourues par rapport à l'ensemble
des provinces de l'Atlantique.
L'aide à court terme prévoit également qu'en vertu
de la Loi sur le soutien des prix des produits de la pêche, le ministre
d'Etat aux Pêcheries et Environnement-Canada soient autorisés
à acheter du poisson de fond congelé jusqu'à concurrence
de $3 millions et à négocier avec le Secrétaire d'Etat aux
Affaires extérieures pour qu'il puisse l'utiliser dans des programmes
internationaux d'aide alimentaire. En fait, demande a également
été faite pour que le ministre d'Etat aux Pêcheries
à Ottawa soit autorisé à mettre sur pied un programme de
prêts de fonds de roulement jusqu'à concurrence de $3 millions
afin de permettre l'ouverture d'usines dont les activités sont
tributaires de l'état des glaces à Terre-Neuve, au Labrador
terreneuvien et sur la Côte-Nord du Québec.
Ce sont là des éléments d'aide financière
dont les modalités n'ont pas encore été
arrêtées. Devant l'impossibilité de rejoindre les
responsables directement concernés du ministère de
l'Environnement Canada, en raison du congé de Noël, il a
été impossible de faire le point jusqu'à maintenant sur
les mesures proposées et engagées dans les deux derniers cas.
Dès que nous pourrons le faire, il me fera plaisir de transmettre
l'information et les renseignements au chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: M. le Président, je suis heureux d'apprendre que cette
subvention de $20 millions sera distribuée en se fondant sur le principe
selon lequel la part des Québécois sera proportionnelle aux
pertes encourues par rapport à l'ensemble des pertes au Canada.
Il y a cependant un seul détail du document, qu'il vient de nous
lire, qui me laisse songeur. Je vois très mal comment on peut utiliser
le poisson congelé pour de l'aide alimentaire internationale, le poisson
congelé constitue un aliment de luxe, en quelque sorte, destiné
à des marchés bien spécialisés. Ce dont on a
besoin, sur le plan international, c'est de farine de poisson, de
protéines sèches.
C'est un détail; ce n'est peut-être pas l'aspect majeur du
document que vous venez de nous lire, mais pourrais-je avoir votre
interprétation de cette clause selon laquelle $3 millions vont servir
à acheter du poisson congelé qui pourrait être
destiné à de l'aide alimentaire? Cet aspect me paraît
franchement farfelu.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, c'est bien sûr que, dans
l'ensemble du programme d'aide canadien qui dépasse les $400 millions
annuellement, une somme de $3 millions est relativement petite.
Deuxièmement, il faut se rappeler que le problème,
fondamentalement, à cause d'un surplus d'inventaire sur le marché
américain et d'un écroulement des prix, se trouve dans
l'écoulement d'une partie de la production des usines de transformation
au niveau du poisson congelé.
Je diffère d'opinion avec le chef de l'Opposition officielle. Il
y a des types de poissons qui se prêtent très bien à la
congélation. On pense au sébaste, à d'autres types de
filets de poissons, qui ne sont pas nécessairement un aliment de luxe.
Je suis d'accord avec lui qu'il est peut-être moins coûteux de
faire une farine de poisson, mais cela ne signifie pas nécessairement
qu'ils ne puissent pas, en matière d'aide sur le plan alimentaire,
expédier à des pays du Tiers-Monde du poisson congelé.
M. MORIN: Aux pays tropicaux peut-être.
M. SAINT-PIERRE: Non, je pense qu'il y a d'autres pays qui pourraient
les recevoir.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Usine de pâtes et papiers de
Saint-Félicien
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Terres et Forêts, concernant le projet de l'usine de
pâtes et papiers de Saint-Félicien. Cette semaine, son
ministère a émis un communiqué annonçant, encore
une fois, la remise à plus tard du projet, alors que cela fait au moins
presque dix ans que ce projet est dans l'air, est annoncé. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire pourquoi, après huit ans d'études, on
annonce à nouveau que la société Donohue doit
reconsidérer l'opportunité de construire l'usine de pâtes
et papiers à Saint-Félicien?
M. DRUMMOND: M. le Président, je pense que c'est tout simplement
le fait que tous les rapports nécessaires pour que Donohue puisse
arriver à une décision n'étaient pas
complétés. Il semblait, selon nos discussions avec Donohue et
avec le ministère de l'Industrie et du Commerce, ainsi qu'avec la SGF,
que, dans les plus brefs délais, la compagnie Donohue serait en mesure
de donner son point de vue. Quand ses rapports seront complétés,
on pourra regarder toute la question.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme le ministre le sait, Duplessis faisait
trois élections avec un projet de pont. Le Parti libéral est en
train de faire presque quatre élections sur ce projet.
DES VOIX: Question!
M. BEDARD (Chicoutimi): Je voudrais savoir du ministre quand la
décision finale sera annoncée, ainsi que, si c'est possible, la
date du début des travaux, de manière qu'une fois pour
toutes ce projet puisse se concrétiser ou qu'une fois pour
toutes, la population sache qu'il ne se concrétisera pas.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, comme responsable de la
Société générale de financement et, par biais,
également de la société Donohue, je pense que le
député ferait oeuvre utile en assurant à la population
qu'au cours des douze derniers mois personne n'a perdu son temps dans le projet
Donohue.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela fait dix ans que c'est annoncé. Cela
fait quatre élections.
M. SAINT-PIERRE: Un instant. Je n'ai pas l'intention de parler de Kruger
et je n'ai pas l'intention de parler des années 1966 à 1970, mais
je vous dis que sur un projet de cette envergure, compte tenu néanmoins
d'une hausse assez précipitée du taux d'intérêt, qui
a monté en novembre dernier à 12 p.c, 13 p.c. et 14 p.c. pour des
projets semblables, compte tenu des difficultés que nous avions
nous-mêmes, dans le secteur de la construction, dans la province de
Québec, où on voyait nos estimations de coûts monter
énormément, c'était de la sagesse politique
élémentaire, avant simplement de livrer à la pâture
d'une population un projet qui est à demi réellement bien
pensé, de prendre quelques mois de plus pour bien s'assurer que sur un
projet de $200 millions on pouvait faire au moins des pas décisifs.
Mais je veux assurer au député, ce que déjà
d'ailleurs le député de Roberval et vice-président de la
Chambre m'avait demandé à plusieurs reprises, que la
société Donohue a complété toute une série
de rapports. Au mois de janvier nous aurons des premières discussions
pour familiariser l'ensemble du conseil des ministres, le Conseil du
trésor et d'autres qui sont appelés à faire des
souscriptions de fonds et, sans porter de jugement sur les projets
antérieurs, ce projet-ci de Donohue, grâce à la
collaboration du ministère des Terres et Forêts en ce qui touche
l'approvisionnement, grâce au travail des sociétés
québécoises impliquées dans ce projet de transformation de
nos richesses naturelles, est un projet sérieux, bien fondé, et
toutes nos énergies sont mises à contribution pour sa
réalisation à l'intérieur de la région.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dernière question, M. le
Président. Je voudrais savoir du ministre s'il est exact que la
société française du nom de Cellulose du Pin vous
me corrigerez si ce n'est pas le cas participerait directement au projet
en augmentant de 29 p.c. à 34 p.c. la part des actions qu'elle
détient dans la société Donohue?
M. SAINT-PIERRE: C'est justement, M. le Président, une partie des
questions qu'il nous reste à régler. Est-ce que la nouvelle
société sera nécessairement une filiale de la
société Donohue? Il y a eu, dans le passé, des discussions
avec d'autres partenaires canadiens qui ont échoué, à
notre demande, à cause de nos exigences puisque la société
canadienne nous demandait, à notre point de vue, une participation trop
grande dans le capital actions de la nouvelle entreprise. Sur le plan
strictement de la fiscalité ou sur le plan de nombre d'autres facteurs,
il est important de bien prévoir la structure corporative de la nouvelle
société et comment elle se relie aux efforts que le Québec
peut faire dans le secteur forestier.
La compagnie que vous avez mentionnée est déjà
partenaire avec nous dans la compagnie Donohue, elle a déjà
exprimé l'intérêt d'apporter une production
supplémentaire au nouveau projet, comme d'ailleurs l'ont fait d'autres
sociétés. C'est l'ensemble de ces propositions que nous
étudions dans le moment pour arriver, encore une fois, dans les plus
brefs délais mais je ne voudrais pas me faire enfermer par une
date avec un projet complet où tous les éléments du
projet sont en place, se tiennent, se défendent et peuvent être
justifiés devant la population.
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire du gouvernement aimerait
apporter une réponse.
Aménagement du mont Valin
M. LEVESQUE: M. le Président, c'est une réponse à
une question qui m'a été posée hier par le
député de Chicoutimi relativement à une étude de
rentabilité qui serait faite présentement concernant
l'aménagement du mont Valin pour en faire un centre de ski d'envergure
provinciale. C'était la question. Voici un rapport que je reçois
du secrétaire général de l'Office de planification et de
développement du Québec concernant l'étude de
rentabilité économique du mont Valin. D'abord, le 2 avril 1974,
le groupe ministériel de planification et de développement donne
son accord de principe au financement, par l'office, de l'étude
économique du projet mont Valin. Le 25 avril 1974, le
délégué régional de l'office à Chicoutimi
demande au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, qui
est le ministère sectoriel concerné par un tel projet, de
préparer un devis pour une telle étude qui devrait se situer sur
les deux plans suivants: étude technique à savoir si le mont
Valin se prête à des aménagements possibles et de
qualité en fonction du ski; étude économique à
savoir si les investissements requis pour un projet de cette envergure
pourraient s'avérer rentables.
Dans sa lettre, le délégué fait part de la
décision du 2 avril du groupe ministériel. La même
journée, le délégué de l'office informe M.
Charles-Julien Gauvin, président de la Société
d'aménagement du mont Valin, de sa démarche
auprès du Tourisme. Le 25 septembre, en réponse aux
demandes du CRD, qui, depuis le début, a suivi de très
près ce projet, le ministère du Tourisme indique, dans une lettre
adressée au directeur général du CRD, M.
Thomas-Eugène Simard, que le ministère n'a pas encore
acquiescé à ce projet et que, de toute façon, cela ne
pourrait pas être avant le prochain exercice financier, faute de
personnel et de budget pour un tel projet.
Alors, à ce jour, l'étude économique du mont Valin
n'est pas commencée mais il est probable que tout dépend
évidemment du budget qui sera accordé au ministère
sectoriel pour le début de l'année nous pourrons envisager
cette étude assez prochainement mais je ne peux pas m'engager avant que
le budget soit accepté.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
DÉPÔT DE DOCUMENTS (suite)
M. LEVESQUE: M. le Président, pouvons-nous revenir un instant au
dépôt de documents?
Lettre de démission de M. René
Gagnon
M. BIENVENUE: Je dépose, M. le Président, comme je m'y
étais engagé à la demande du député de
Maisonneuve, une copie d'une lettre en date du 19 juin 1974, lettre de
démission de M. René Gagnon.
Motion pour faire siéger la
commission de l'Assemblée nationale
sur le projet de loi no 87
M. LEVESQUE: D'abord, M. le Président, j'ai une motion à
faire. Je propose que la commission de l'Assemblée nationale se
réunisse immédiatement pour poursuivre ses travaux de la
même façon, sereine, objective, efficace, au salon rouge...
M. SAMSON: ... rapide.
M. LEVESQUE: Méticuleuse. Au salon rouge, afin de continuer
l'étude article par article du projet de loi no 87.
M. BURNS: Vote enregistré, M. le Président.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en faveur de la
motion du leader parlementaire du gouvernement veuillent bien se lever, s'il
vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Mailloux, Saint-Pierre,
Choquette, Garneau, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom, Quenneville, Mme Bacon,
MM. Hardy, Tetley, Drummond, Bienvenue, L'Allier, Harvey (Jonquière),
Vaillancourt, Arsenault, Houde (Fabre), Desjardins, Giasson, Perreault, Brown,
Bossé, Bacon, Blank, Veilleux, Brisson, Séguin, Saindon,
Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance, Lamontagne, Fraser, Picard, Gratton,
Assad, Carpentier, Dionne, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Pelletier, Shanks,
Springate, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier, Chagnon,
Marchand, Caron, Côté, Denis, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance,
Lecours, Malépart, Massi-cotte, Pagé, Picotte, Tremblay,
Vallières, Samson, Roy, Bellemare (Johnson).
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Charron, Bédard
(Chicoutimi).
LE SECRETAIRE: Pour: 68 Contre: 4
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée et la commission de
l'Assemblée nationale peut siéger immédiatement.
M. LEVESQUE: Article 2.
Projet de loi no 46 Troisième lecture
LE PRESIDENT: Le ministre de l'Immigration propose la troisième
lecture du projet de loi no 46, Loi modifiant la loi du ministère de
l'Immigration. Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Article 3.
Projet de loi no 78 Troisième lecture
LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose la troisième
lecture du projet de loi no 78, Loi concernant les enfants soumis à des
mauvais traitements. Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. M. LEVESQUE: Article 11.
Rapport sur le projet de loi no 84
LE PRESIDENT: Le député de Nicolet-Yamaska propose
l'adoption du rapport de la commission permanente de la justice qui a
étudié le projet de loi no 84, Loi concernant les juges.
M. CHOQUETTE: J'aurais un discours...
LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je voudrais simplement, pour les raisons que j'ai
mentionnées en commission hier, enregistrer la dissidence du
député de Chicoutimi et la dissidence du député de
Maisonneuve.
M. CHOQUETTE: En réplique, M. le Président... Bien oui,
j'ai le droit de répliquer au député. Je réplique.
Je vais prendre le temps qu'il faut pour répliquer. Depuis quand est-ce
vous qui minutez les orateurs?
LE PRESIDENT: Ce n'est pas moi. C'est le règlement...
M. CHOQUETTE: Pas du tout.
LE PRESIDENT: ... qui s'applique à tout le monde.
M. CHOQUETTE: J'ai le droit de prendre le temps voulu pour
répliquer.
LE PRESIDENT: Oui.
M. CHOQUETTE: Alors, arrêtez de me mettre dans un corridor
étroit. Je vais prendre le temps voulu. Je veux seulement signaler, dans
ma réplique...
LE PRESIDENT: Je vous ferai remarquer que nous ne sommes pas dans un
droit de réplique. Nous sommes à la considération du
rapport et vous pouvez parler plusieurs fois, d'ailleurs. Vous
répliquerez en troisième lecture.
M. CHOQUETTE: Je voudrais seulement signaler jusqu'à quel point
la dissidence du député de Maisonneuve et du Parti
québécois est modérée quant à ce projet de
loi.
LE PRESIDENT: Messieurs, est-ce que vous êtes d'accord pour qu'on
adopte le rapport?
M. LEVESQUE: Adopté.
LE PRESIDENT: Rapport agréé...
M. BURNS: Avec les dissidences, M. le Président.
LE PRESIDENT: ... sur division, avec la dissidence du
député de Maisonneuve et celle du député de
Chicoutimi.
M. LEVESQUE: Article 12.
Rapport sur le projet de loi no 200
LE PRESIDENT: Le député de Nicolet-Yamaska propose
l'adoption du rapport de la commission permanente de la justice qui a
étudié le projet de loi no 200, Loi concernant le Conseil de
sécurité publique de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. BURNS: Avec la même restriction, j'inscris la dissidence du
député de Maisonneuve et du député de Chicoutimi.
J'aurai l'occasion, sans doute, lorsque nous étudierons le projet de loi
en troisième lecture, d'expliquer davantage les raisons de ces
dissidences.
M. LEVESQUE: Voulez-vous le faire tout de suite?
M. BURNS: Non.
M. SAMSON: Je veux enregistrer ma dissidence aussi.
M. BURNS: Je parlerai du contenu du projet de loi.
LE PRESIDENT: Ce rapport est agréé sur...
M. LEVESQUE: On peut donner le consentement pour la troisième
lecture; ce n'est pas difficile.
M. BURNS: Non, non, plus tard.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas difficile.
M. BURNS: Plus tard.
LE PRESIDENT: Ce rapport est agréé sur division avec la
dissidence des députés de Maisonneuve, Chicoutimi et
Rouyn-Noranda. Adopté sur division.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous allons suspendre nos travaux
jusqu'à quinze heures.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, sur la motion de
suspension, est-ce qu'il me serait permis de demander au leader du gouvernement
s'il a l'intention d'ici la fin de la session de fournir d'autres
réponses à nos questions ou à nos motions?
M. LEVESQUE: C'est une suggestion pour
lundi? ... Je vais certainement la considérer, parce que je n'ai
pas de réponses à mon bureau présentement. S'il m'en
arrive d'ici lundi, rien ne me fera plus plaisir que de les transmettre au
député.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le leader du gouvernement...
M. LEVESQUE: Le député a été choyé.
C'est lui, je pense, qui a le plus grand pourcentage de réponses.
M. BELLEMARE (Johnson): J'ai été peut-être le plus
curieux aussi.
M. le Président, est-ce que le ministre, le leader du
gouvernement a l'intention, s'il n'a pas toutes les réponses, de faire,
comme la tradition le voulait, accepter en principe certains documents, quitte
à les produire entre les deux sessions et nous en envoyer une copie?
M. LEVESQUE: Je n'ai pas d'objection.
M. BELLEMARE (Johnson): Cela se faisait couramment autrefois. On
acceptait les motions ou les questions et on les produisait entre les sessions
avec copie à ceux qui sont intéressés.
M. LEVESQUE: Je pourrais consulter le secrétaire
général pour voir comment on peut faire cela, je n'ai pas
d'objection en principe.
LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 10 h 48)
Reprise de la séance à 15 h 2
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose la suspension de nos
travaux jusqu'à seize heures.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à...
M. BURNS: Adopté, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): ... seize heures.
M. LEVESQUE: La commission continue ses travaux quelque part.
(Suspension de la séance à 15 h 3)
Reprise de la séance à 16 h 1
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: M. le Président, il semble qu'il y ait des
problèmes de quorum.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Oui, je constate que nous n'avons pas le
quorum, en Chambre. Je suspends les travaux de la Chambre jusqu'à quatre
heures et demie.
M. LEVESQUE: Seize heures trente, M. le Président. Je vous
remercie.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à seize heures trente.
(Suspension de la séance à 16 h 2)
Reprise de la séance à 16 h 30
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
Voyant que nous n'avons pas encore le quorum, je suspends les travaux de
la Chambre jusqu'à 17 heures.
(Suspension de la séance à 16 h 31)
Reprise de la séance à 17 h 1
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Veilleux): A l'ordre, messieurs!
La Chambre suspend ses travaux jusqu'à dix-sept heures
trente.
M. TETLEY: M. le Président, une directive.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Veilleux): L'honorable ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives.
M. TETLEY: Avant que vous ne donniez votre ordre de suspension, je
voudrais faire une suggestion, à savoir que nous siégions durant
l'heure du souper, c'est-à-dire de dix-huit heures à vingt
heures.
UNE VOIX: Adopté.
M. TETLEY: Je fais cette motion.
UNE VOIX: II n'y a pas quorum.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Veilleux): La Chambre ajourne ses travaux
jusqu'à dix-sept heures trente.
(Suspension de la séance à 17 h 2)
Reprise de la séance à 17 h 39 LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs!
M. LEVESQUE: Article 11, troisième lecture.
Projet de loi no 84 Troisième lecture
LE PRESIDENT: De consentement unanime, le leader parlementaire du
gouvernement, au nom du ministre de la Justice, propose la troisième
lecture du projet de loi no 84, Loi concernant les juges.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, en troisième lecture, mon
intervention sera très brève. Je veux tout simplement faire, avec
ce projet de loi, comme je l'ai fait en deuxième lecture, comme nous
l'avons fait lors de l'examen du projet de loi article par article, à la
commission parlementaire de la justice, un parallèle avec ce que nous
avons fait dans le cas du projet de loi no 87, Loi modifiant la loi de la
Législature, mais ayant pour principal but d'augmenter le salaire et les
traitements des députés.
Encore une fois, ce n'est pas que nous soyons contre le principe de
l'indexation, pas plus dans le cas des juges que dans le cas des
députés, mais nous croyons qu'encore une fois on allait à
quelque chose qui n'était pas essentiel, qu'il y a d'autres
éléments de la société qui auraient dû voir
leur sort traité avec beaucoup plus de célérité de
la part du gouvernement.
Par contre, je vous avoue qu'on n'est pas allé beaucoup plus loin
là-dessus parce qu'en fait, dans le cas des juges, il n'y a qu'une
augmentation pour cette année et il n'y a qu'un montant forfaitaire qui
leur est accordé, basé sur la perte de leur pouvoir d'achat.
Encore une fois, pas que le salaire des juges n'ait pas perdu de son pouvoir
d'achat, je serais, M. le Président, naiï de tenter de vous
convaincre de cela. Je pense que, comme tout le monde, les juges ont perdu de
leur pouvoir d'achat. Mais nous considérons qu'on aurait dû aller
à des choses beaucoup plus importantes avant de traiter de ce
problème. C'est pourquoi, M. le Président, nous voterons contre
le projet de loi en troisième lecture.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, je serai très bref. Le projet
de loi no 84, nous avons voté pour en deuxième lecture. Nous
avons donné toute l'argumentation que nous avions à donner
à ce moment-là. Il n'y a pas eu de changements majeurs en
commission parlementaire, seulement des amendements qui sont conformes avec le
projet de loi. Alors, je serai conforme avec mon vote de deuxième
lecture, M. le Président. Je vais voter en faveur du projet de loi.
LE PRESIDENT: Cette motion de troisième lecture est-elle
adoptée? Dissidence?
M. BURNS: M. le Président, si vous voulez enregistrer la
dissidence du député de Sauvé, du député de
Chicoutimi et du député de Maisonneuve, s'il vous
plaît.
LE PRESIDENT: Ce projet de loi est adopté sur division, avec la
dissidence des honorables députés de Sauvé, de Maisonneuve
et de Chicoutimi. Adopté sur division.
M. LEVESQUE: Article 12, troisième lecture.
Projet de loi no 200 Troisième lecture
LE PRESIDENT: Avec le consentement unanime de l'Assemblée, le
leader parlementaire du gouvernement, au nom du ministre de la Justice, propose
la troisième lecture du projet de loi no 200, Loi concernant le Conseil
de sécurité publique de la Communauté urbaine de
Montréal.
L'honorable leader de l'Opposition officielle.
M. Robert Bums
M. BURNS: M. le Président, c'est avec beaucoup plus de vigueur
que je voterai contre le projet de loi no 200, parce qu'à mon avis, bien
que le ministre de la Justice n'ait pas voulu se rendre à nos arguments,
le député de Rouyn-Noranda et moi-même, bien que le
ministre de la Justice refuse encore d'admettre qu'il y a intervention du
processus exécutif dans le processus judiciaire par le projet de loi no
200, je continue, M. lePrésident, à le maintenir. Comme je l'ai
mentionné tant en deuxième lecture qu'au niveau des discussions
en commission, ce qu'à toutes fins pratiques vient faire d'essentiel le
projet de loi no 200, c'est accorder un droit de veto au lieutenant-gouverneur
en conseil, soit au cabinet, soit au pouvoir exécutif. Cela, c'est un
principe nouveau dans notre droit.
On n'a qu'à regarder l'actuel article 53 du chapitre 93 des Lois
de 1971, c'est-à-dire l'article même qui est amendé par le
projet de
loi no 200, et on va se rendre compte qu'il y a effectivement processus
quasi judiciaire. M. le Président, à l'article 53, dans le but
d'établir comment on va faire une bonne allocation des ressources
humaines dans le cas de l'intégration du service de police de la
Communauté urbaine de Montréal, des étapes sont
prévues, la première étant que le directeur du service de
police se doit de faire des recommandations au Conseil de
sécurité. Une fois que ces recommandations sont faites, les
diverses municipalités de l'île de Montréal peuvent
intervenir pour faire valoir au Conseil de sécurité leur point de
vue. De là, M. le Président, naît un rapport. Ce rapport
suggère une allocation des ressources humaines, comment on va utiliser
le personnel policier sur l'île de Montréal, pour le
mieux-être de l'ensemble de la population montréalaise ou de la
Communauté urbaine de Montréal, en vue de leur donner la plus
grande protection policière possible, en vue d'en arriver à une
lutte efficace contre la criminalité.
Mais, M. le Président, il y a des personnes dans cela, il y en a
même des milliers de personnes qui sont affectées par cela, de
sorte que la loi actuelle, qu'on vient amender par le projet de loi no 200,
prévoit un droit d'appel.
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'article 53 qui dit qu'il y a appel
de la décision rendue par le Conseil de sécurité devant la
Commission de police. Il y a non seulement appel, il y a possibilité
d'être entendu par la Commission de police. Non seulement il y a appel et
possibilité d'être entendu, il y a, effectivement, décision
de la Commission de police. Si ce n'est pas du processus judiciaire, je ne sais
pas ce que c'est. Surtout qu'on ajoute, qu'on prend la peine, comme dans toutes
les lois où on crée des tribunaux administratifs à
caractère quasi judiciaire, d'ajouter qu'il n'y a pas appel de cette
décision.
C'est la loi elle-même qui nous dit qu'on est engagé dans
un processus judiciaire. Que vient faire le contenu actuel de la loi no 200? Il
vient tout simplement ajouter une étape absolument inouïe dans un
processus judiciaire. L'exécutif a un droit de veto sur la mise en
application de la décision de la Commission de police, et je
considère que c'est un principe absolument inacceptable.
L'autre volet de la loi est qu'il y a, comme je le disais tout à
l'heure, des personnes qui sont visées par toutes ces décisions.
Essentiellement, on parle d'allocations de ressources humaines. Que va-t-on
faire avec les policiers pour les intégrer dans la grande
Communauté urbaine de Montréal? Que va-t-on faire avec les
fonctionnaires qui sont reliés au service de police de la
Communauté urbaine de Montréal?
C'est cela qui a inquiété même la Fraternité
des policiers de Montréal, à un point tel qu'elle a
désiré être entendue à la commission et qu'elle est
venue faire part à la commission de ses inquiétudes. Nous avons
proposé, à ce moment, un amendement qui dirait, au moins pour
limiter les mauvais effets que je viens de décrire, que les droits des
associations de salariés, les droits des salariés visés
par une accréditation ne devraient pas être touchés,
affectés, en aucune façon, par quelque décision que ce
soit dans le processus quasi judiciaire que je viens de mentionner.
Cet amendement, qui se voulait un atténue-ment au pouvoir
excessif que le lieutenant-gouverneur en conseil veut se donner
d'émettre son veto à l'endroit d'une décision de la
Commission de police, même cet amendement a été
rejeté.
Je considère qu'il m'est absolument impossible d'endosser cet
accroc à un des principes de base dans notre démocratie, à
moins qu'on nous annonce que cela a été changé depuis 1970
et surtout depuis 1973, c'est-à-dire l'indépendance du pouvoir
exécutif par rapport au législatif, par rapport au judiciaire et,
surtout, l'indépendance de tous et chacun de ces pouvoirs,
individuellement, les uns à l'égard des autres.
Et c'est le grand accroc que le projet de loi no 200 que je
considère comme un dangereux accroc, un dangereux
précédent dans notre législation qui, peut-être,
dans l'immédiat, va rendre service au gouvernement qui a un certain
nombre de problèmes à régler eu égard à
l'intégration policière sur l'île de Montréal, mais
je considère je le dis et le répéterai tant et
aussi longtemps, M. le Président, que j'aurai l'occasion de le faire
dans cette Chambre que c'est un précédent dangereux que
j'espère ne jamais voir se répéter dans une autre loi de
même type et que je crains, étant donné qu'on fait une
première, voir se répéter la chose dans d'autres lois.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, le projet de loi no 200 a plusieurs
volets dont un qui nous parle de la création d'un conseil consultatif
auprès du Conseil de sécurité de la CUM. En ce qui
concerne cette partie du projet de loi, évidemment, nous sommes
d'accord, mais il y a une autre partie qui n'est pas acceptable quant à
nous, c'est celle qui permet en quelque sorte au gouvernement d'exercer un
droit de veto sur l'application du plan d'allocation des ressources humaines et
physiques, en quelque sorte le rapport Daigneault.
J'ai demandé, à l'occasion du débat en
deuxième lecture, M. le Président, au ministre de la Justice de
retarder l'adoption de ce projet de loi. Je l'ai demandé parce que je
croyais normal qu'on tienne une commission parlementaire sur le sujet afin de
permettre à toutes les parties intéressées de se faire
entendre. Nous savons, M. le Président, que les parties
intéressées, dont les municipalités, la Fraternité
des
policiers de Montréal, etc., ont un délai de quinze jours
pour produire des mémoires qui devront être entendus par la
Commission de police du Québec. Ici, à l'Assemblée
nationale, on s'est dépêché, le gouvernement s'est
dépêché de voter un projet de loi avant même que ces
mémoires soient entendus par la Commission de police, avant même
qu'il y ait conclusion ou décision finale par la Commission de police.
C'est donc dire, M. le Président, qu'à l'avance ils seront
subordonnés à l'exécutif et, compte tenu de ce qui
pourrait y avoir dans le rapport qui fera ou ne fera pas l'affaire du
gouvernement, le gouvernement s'est réservé le droit par le
projet de loi no 200 tout simplement de ne pas permettre l'application des
conclusions du rapport Daigneault.
Evidemment, j'ai ouvert une parenthèse et je n'ai pas d'objection
à l'ouvrir encore, M. le Président. Le gouvernement doit aussi,
puisqu'il a des responsabilités envers le public, savoir de quelle
façon seront dépensés les fonds publics et dans quelle
proportion ils seront engagés. Je suis d'accord sur cela. Je n'ai pas
voulu critiquer ce point.
Au contraire, je dis qu'il nous fallait avoir un mécanisme
permettant à la fois au gouvernement d'avoir un droit de regard mais
également que ce mécanisme n'empêche pas l'application du
rapport, si ce rapport est considéré comme valable par la
Commission de police du Québec. Alors, il aurait été
avantageux, pour la population de l'Ile de Montréal, pour les gens qui
sont intéressés, également pour la population du
Québec, que ce projet de loi soit retardé pour que nous agissions
en toute connaissance de cause une fois que les conclusions du rapport seront
connues et une fois que la Commission de police les aura
étudiées.
Alors, M. le Président, puisqu'on a refusé cette
commission parlementaire, puisqu'il ne nous a pas été possible
à nous d'entendre toutes les parties intéressées, je
maintiendrai la position qui a été la nôtre en
deuxième lecture, qui a été la nôtre à
l'occasion de la présentation du rapport et je voterai contre le projet
de loi 200.
LE PRESIDENT: Le député de Louis-Hébert, si je
comprends bien, exerce le droit de réplique du ministre de la
Justice.
M. DESJARDINS: C'est exact, M. le Président. En l'absence du
ministre de la Justice, qui a dû s'absenter...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Cela fait du bien aux adjoints parlementaires de se faire
brasser un peu.
M. Gaston Desjardins
M. DESJARDINS: Je ferai remarquer au député de Maisonneuve
que je n'ai pas besoin de me faire brasser pour grouiller.
M. le Président, en l'absence du ministre de la Justice, je me
permets d'intervenir brièvement sur ce projet de loi et de m'inscrire en
faux à l'égard des arguments qui viennent d'être
soulevés par le député de Maisonneuve. Il a d'abord
parlé d'intervention de l'exécutif dans le judiciaire et il se
réfère évidemment aux décisions qui seraient prises
par la Commission de police. Or, le député de Maisonneuve sait
fort bien, et on le lui a répété en commission
parlementaire, qu'il existe les pouvoirs législatif, exécutif et
judiciaire, très bien, mais qu'il existe maintenant aujourd'hui
et c'est reconnu, et le député de Maisonneuve le sait le
pouvoir administratif et qu'il existe le droit administratif. Or, la Commission
de police, qui est appelée à se prononcer en vertu de l'article
cité au projet de loi rend une décision strictement
administrative et l'intervention du conseil exécutif devient une
intervention dans un domaine strictement administratif. Il n'y a donc pas
d'intervention de l'exécutif dans le pouvoir judiciaire. En commission
parlementaire, le leader de l'Opposition a mentionné je crois que
c'est lui qui l'a mentionné l'exemple de la Commission de
contrôle des permis d'alcool ou d'un tribunal d'arbitrage. Or, dans ces
cas il y a intervention directe d'un organisme para-gouvernemental dans le
droit particulier d'un individu. Il y a là donc des décisions
quasi judiciaires et ce sont là des organismes quasi judiciaires.
Dans le cas qui nous concerne, il s'agit strictement d'une
décision de la Commission de police, dans un domaine strictement
administratif. Cette première partie étant dite, M. le
Président, affirmant à deux mains et à deux pieds qu'il ne
s'agit nullement d'une intervention de l'exécutif dans le judiciaire, je
passe maintenant au douzième volet de l'objection du
député de Maisonneuve.
Je pense qu'il faut d'abord affirmer, et être catégorique
là-dessus, que ce projet de loi n'écarte pas du tout la
réalisation complète et même immédiate du plan
d'allocation des ressources humaines et physiques qui sera
présenté. Il n'écarte pas du tout, en soi, je dis bien en
soi, la réalisation complète du rapport Daigneault. Cependant,
l'Opposition officielle, comme d'habitude, je le soumets, a complètement
ignoré l'impact financier, les conséquences fiscales, les
conséquences financières de cette position qui est prévue
à ce projet de loi. En effet, si un plan d'allocation doit être
imposé ou institué à un moment donné, je pense que,
tous, nous admettrons qu'il y a là des conséquences fiscales et
des conséquences financières. Or, celui qui, en dernier lieu,
sera, si vous voulez, "poigné" pour payer la note, eh bien! c'est le
contribuable de la Communauté urbaine de Montréal.
Je ne dis pas qu'il y aura nécessairement hausse d'impôts,
je n'affirme pas que le gouvernement ne subventionnera pas, je ne veux pas
l'affirmer, on ne peut pas émettre d'hypothèse, mais je dis que,
théoriquement, il est possible
quand même que celui qui sera appelé à payer la
note, c'est le contribuable de la Communauté urbaine de Montréal.
Du même coup, celui qui peut être appelé à payer la
note, c'est le gouvernement du Québec qui doit subventionner la
Communauté urbaine de Montréal, surtout au chapitre de la force
policière.
Je pense qu'il est très important que le conseil des ministres
statue en dernier lieu et en définitive sur l'institution ou
l'implantation d'un plan d'allocation des ressources humaines et physiques,
à cause justement de ces conséquences financières et
fiscales. Il est fort possible qu'une commission de police bien
intentionnée ne soit pas capable d'évaluer les
conséquences prévues par le gouvernement et ne connaissent pas
l'enveloppe budgétaire à l'intérieur de laquelle le
gouvernement doit manoeuvrer. Par conséquent, il est important, afin
d'éviter une hausse d'impôt sur les contribuables de la
Communauté urbaine de Montréal, que le conseil des ministres
garde cette décision en dernier ressort, de telle sorte que, pouvant
manoeuvrer à l'intérieur d'une enveloppe budgétaire que
lui seul connaît, à ce moment, il pourra décider si le
rapport Daigneault ou si le plan sera appliqué intégralement
immédiatement ou s'il devra procéder au moyen de
priorités.
En conclusion, M. le Président, connaissant l'attitude du
ministre de la Justice et l'attitude du gouvernement du Québec à
l'égard du développement des forces policières au
Québec et à l'égard de la lutte faite à la
criminalité par le gouvernement du Québec, je pense que cette
expérience vécue et cette attitude devraient rassurer les
policiers de la Communauté urbaine de Montréal. Je vous
remercie.
LE PRESIDENT: Si je comprends bien, cette motion de troisième
lecture du projet de loi no 200 est adoptée sur division, avec la
dissidence des honorables députés...
M. BURNS: M. le Président, je pense que c'est un projet de loi
suffisamment important pour que je demande un vote enregistré.
LE PRESIDENT: Vote enregistré?
M. BURNS: S'il vous plaît, M. le Président.
LE PRESIDENT: Est-ce que l'Assemblée est prête à se
prononcer immédiatement?
M. LEVESQUE: Un instant.
Vote de troisième lecture
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de cette motion de
troisième lecture du projet de loi no 200, Loi concernant le Conseil de
sécurité publique de la Communauté urbaine de
Montréal, veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Mailloux, Saint-Pierre,
Garneau, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom, Quenneville, Mme Bacon, MM. Hardy,
Tetley, Drummond, Bienvenue, Harvey (Jonquière), Vaillancourt,
Arsenault, Desjardins, Giasson, Perreault, Brown, Bossé, Bacon, Blank,
Veilleux, Brisson, Saindon, Cornellier, Lafrance, Pilote, Lamontagne, Ostiguy,
Fraser, Assad, Carpentier, Dionne, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Pelletier,
Shanks, Springate, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier,
Chagnon, Caron, Côté, Denis, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance,
Lecours, Malépart, Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Picotte,
Sylvain, Tremblay, Vallières.
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Charron, Bédard
(Chicoutimi), Samson, Roy, Bellemare (Johnson).
LE SECRETAIRE: Pour: 62 Contre: 7
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
M. LEVESQUE: M. le Président, le rapport relativement au projet
de loi no 87.
Rapport sur le projet de loi no 87
M. FAUCHER: M. le Président, conformément à notre
règlement, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission
élue permanente de l'Assemblée nationale qui a
étudié le projet de loi no 87, Loi modifiant la loi de la
Législature et la loi de l'exécutif.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: M. le Président, la prise en considération du
rapport, j'ai le droit de parler là-dessus?
LE PRESIDENT: Oui. L'honorable député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, je vais être très bref
parce que j'ai l'impression que tous les arguments que nous avions à
donner n'ont pas réussi à ébranler la majorité
gouvernementale... Quoi? Y a-t-il des problèmes, des problèmes
sexuels dans ce coin-là?
Je dis tout simplement, M. le Président, que je pourrais, que
nous aurions pu, l'Opposition, à ce stade-ci, répéter tous
et chacun de nos amendements, dont ceux que nous avons fait
valoir à l'endroit de la proportion des indemnités
accordées tant aux ministres, au chef de l'Opposition, qu'à
vous-mêmes, M. le Président pas que nous croyions que vous
ne le méritiez pas cette proportion des indemnités par
rapport au salaire de base du député que nous croyions être
trop élevée, bien que nous ayons applaudi à la nouvelle
mesure qui place le salaire du président et celui du chef de
l'Opposition sur le même pied que celui de n'importe quel ministre. Je
n'insisterai pas là-dessus, M. le Président. Mes collègues
et moi-même avons, au cours de la commission, donné tous les
arguments à l'appui de ce problème.
Je voudrais tout simplement, à ce stade-ci, me limiter à
deux des amendements que nous avons proposés et qui, à mon sens,
auraient pu quand même donner un peu plus de caractère à
cette loi qui, actuellement, à la période des Fêtes, nous
paraît et paraît, je pense, à l'ensemble du public
comme une espèce de vente de feu: Allez, on vend tout! C'est une
grande aubaine, c'est la période des Fêtes. Personne ne regarde ce
qui se passe à l'Assemblée nationale. On se vote des
augmentations de salaire à qui mieux mieux et on se donne des
indemnités, etc.
M. le Président, une des choses qui m'ont bien
déçu, c'est de voir l'attitude gouvernementale lorsque nous avons
proposé que le projet de loi ne prenne effet qu'à compter du 1er
janvier 1975. C'est qu'au moins, croyions-nous, on devait avoir la
décence, alors que nous sommes les gens qui décidons de notre
salaire, au moins de mettre en vigueur les nouveaux salaires à compter
du 1er janvier, c'est-à-dire dans quelques jours, en 1975. Cet
amendement a été refusé, dans les quelques heures qui
viennent de se passer. On sait les difficultés le premier
ministre est de ceux qui connaissent ces difficultés, puisqu'il a
participé à certaines négociations dans les mois qui
viennent de passer des travailleurs.
Or, on sait que certains travailleurs sont obligés de faire des
grèves, souvent illégales, pour essayer uniquement d'obtenir la
récupération de leur perte de pouvoir d'achat. Je pense, entre
autres, des cas bien connus du premier ministre, aux travailleurs de la CTCUM,
à Montréal, la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, qui ont été obligés,
forcés, pour obtenir un maigre $750 de récupération de
pouvoir d'achat, de faire trois semaines de grève en cour de convention
collective. Je pense aux pompiers de Montréal, qui ont été
obligés, eux aussi, de faire un arrêt de travail, en cour de
convention, pour tenter de récupérer un certain montant d'argent,
et à ma connaissance, à moins que mes informations ne soient pas
exactes, ce n'est même pas encore réglé, alors qu'ils sont
retournés au travail.
On pourrait citer de nombreux autres cas. On pourrait citer un cas qui
dure depuis un an, M. le Président; bientôt, on va fêter
l'anniversaire de la grève de la United Aircraft, où dans la
négociation, régulière celle-là, et au cours d'une
grève l'employeur se refuse encore de reconnaître, pour le
passé et pour l'avenir, dans les deux cas, une formule de
récupération de la perte du pouvoir d'achat.
Et nous, M. le Président, nous qui avons les pouvoirs non
seulement de nous voter des salaires, mais de voter toutes les autres
conditions afférentes aux salaires, nous osons nous voter des
arrérages, nous osons nous voter une indexation rétroactive au
1er avril 1974, ce qui, comme nous l'avons dit il y a quelques instants en
commission, veut dire un minimum de rétroactivité de $4,050. Il y
a un tas de travailleurs au Québec, par année, qui ne gagnent
même pas cela. Et nous, nous nous le votons sous forme de
rétroactivité.
C'est le petit point encore plus indécent que les autres que nous
aurions voulu voir disparaf-tre de la loi. Malheureusement, M. le
Président, cet amendement, qui a été fait pas nous, a
été refusé. L'autre point que j'aimerais signaler à
ce stade-ci, et qui était également un de nos amendements, c'est
qu'on semble vouloir et, contrairement à ce que disait le
ministre de l'Industrie et du Commerce, pour nous, ce n'est pas une question de
sous. On sait fort bien que cette disposition ne coûtera pas cher au
gouvernement. C'est cette disposition qui fait que dans l'intersession, pendant
que la Chambre ne siège pas, on soit obligé, pour assurer la
présence des députés aux commissions parlementaires, de
leur payer une allocation de $50.
M. le Président, on trouve qu'en principe cette chose est
absolument inacceptable. On aurait dû, au moins, saisir l'occasion de
l'étude du projet de loi no 87, qui amende la Loi de la
Législature, pour enlever même ce pouvoir aux commissaires en
vertu de l'article 54, c'est-à-dire la commission de régie
interne de l'Assemblée nationale.
Si, M. le Président, il est exact et si tout le monde y
croit que la fonction de député, en 1974 et dans les
années qui viennent, est devenue une fonction à temps plein, s'il
est exact qu'il est tellement difficile d'exercer cette fonction que cela
justifie, dans l'immédiat, un salaire de $21,000 par année de
base et, dans quelques jours, d'environ $23,000, il me semble qu'on doit
être conséquent avec soi-même.
On doit dire: Ces députés qui travaillent douze mois par
année, supposément, qui reçoivent douze mois par
année leur traitement n'ont pas besoin de nanan, de petits bonbons, de
petits cadeaux pour les amener à des commissions parlementaires. Ce
n'est qu'une partie normale de leurs fonctions que de participer au travail
législatif, qu'il se déroule en cours de session ou qu'il se
déroule pendant l'intersession.
Je limiterai mes remarques à ces deux points, mais ce sont les
deux points qui nous ont véritablement déçus dans
l'attitude gouvernementale. Malgré notre objection de base au projet de
loi lui-même, et pour les raisons qu'on
a eu souventefois l'occasion de mentionner depuis quelques semaines,
malgré tout cela, nous aurions voulu voir le projet de loi
bonifié, au moins dans ces deux sens, et dans les autres sens que je me
limiterai actuellement, à ce stade-ci, à ne pas mentionner
puisqu'ils l'ont été de façon très éloquente
par le chef de l'Opposition et par le député de Saint-Jacques au
cours de la discussion en commission parlementaire.
M. ROY: Je garderai mes observations pour la troisième lecture du
projet de loi de façon à faire tout en même temps.
LE PRESIDENT: Je m'excuse, ce n'est peut-être pas une directive
mais un conseil que je voudrais donner au député de Beauce-Sud.
Le débat de troisième lecture est beaucoup plus restreint que le
débat qui pourrait être permis à l'étape du rapport.
La troisième lecture doit se limiter au contenu et au détail,
alors qu'à l'étape du rapport, on peut faire une révision
des amendements ou des débats qui ont eu lieu en commission. C'est
peut-être seulement un conseil que je vous donne.
M. ROY: Pas de problème.
M. BELLEMARE (Johnson): Pas de problème.
LE PRESIDENT: Y en a-t-il qui ont des problèmes? Est-ce qu'il y a
un droit de réplique? Ce n'est même pas un droit de
réplique. Est-ce que d'autres députés désirent
participer au débat sur la prise en considération du rapport?
Est-ce que ce rapport, proposé par l'honorable
député de Nicolet-Yamaska, rapport de la commission élue
de l'Assemblée nationale qui a étudié le projet de loi no
87, est adopté?
M. BURNS: Je demanderais un vote enregistré, M. le
Président et je suis prêt à ce qu'on le prenne
immédiatement.
LE PRESIDENT: On peut le prendre. Voulez-vous avertir les
députés qui sont dans les parages de...
M. BURNS: Vous n'êtes pas encore en vacances. Vous devez rester
ici.
Vote sur l'adoption du rapport
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Est-ce qu'on est prêt à
se prononcer? Que ceux qui sont en faveur de cette motion d'adoption du rapport
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Mailloux, Saint-Pierre,
Garneau, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom, Quenneville, Mme Bacon, MM. Hardy,
Tetley, Drum- mond, Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Arsenault,
Desjardins, Giasson, Perreault, Brown, Bossé, Bacon, Veilleux, Brisson,
Cornellier, Lafrance, Pilote, Lamontagne, Ostiguy, Fraser, Picard, Assad,
Carpentier, Dionne, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Pelletier, Shanks,
Springate, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier, Chagnon,
Marchand, Caron, Côté, Denis, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance,
Lecours, Malépart, Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Picotte,
Sylvain, Tremblay, Vallières, Samson, Roy, Bellemare (Johnson).
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Charron, Bédard
(Chicoutimi).
LE SECRETAIRE: Pour: 64 Contre: 4
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée. M. LEVESQUE: M. le
Président...
M. BURNS: M. le Président, une question de privilège
très brève. J'ai entendu, et mon collègue de Chicoutimi
vient de me le signaler, un député du côté
ministériel faire une remarque, à mon avis, très
désobligeante à l'endroit du député de Saguenay en
disant : II a été franc, lui, il n'est pas venu. Je tiens
à dire, tout simplement pour le bénéfice de la Chambre,
surtout pour le bénéfice du député, derrière
moi, qui a fait cette remarque, que le député de Saguenay est
actuellement alité parce qu'il est malade.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît!
Traitements du Vérificateur
général et du Protecteur du citoyen
M. LEVESQUE: Je propose, conformément à l'article 73 de la
Loi de l'administration financière 1970, chapitre 17, que le traitement
du Vérificateur général soit fixé à $40,300
à compter du 1er janvier 1975, et qu'à compter de cette date son
allocation, à titre de frais de représentation, soit fixée
à $1,000 par année sur présentation de pièces
justificatives. Je propose également qu'il bénéficie, de
la même manière que les cadres supérieurs du gouvernement,
le cas échéant, de l'allocation d'un montant forfaitaire pour
tenir compte de l'augmentation du coût de la vie.
M. le Président, également, je propose,
conformément à l'article 1 de la Loi du Protecteur
du citoyen 1968 chapitre 11, que le traitement du Protecteur du citoyen
soit fixé à $40,300 à compter du 1er janvier 1975 et
qu'à compter de cette date son allocation, à titre de frais de
représentation, soit fixée à $1,000 par année sur
présentation de pièces justificatives. Je propose
également qu'il bénéficie de la même manière
que les cadres supérieurs du gouvernement, le cas échéant,
de l'allocation d'un montant forfaitaire pour tenir compte de l'augmentation du
coût de la vie.
M. BURNS: M. le Président, la motion du leader du gouvernement ne
fait, si je l'ai bien comprise, que respecter la moyenne d'augmentation qui est
accordée aux cadres supérieurs; on l'applique à ces deux
hauts fonctionnaires qui relèvent de l'Assemblée nationale.
M. LEVESQUE: Justement parce qu'ils relèvent de
l'Assemblée nationale, c'est la seule façon de disposer de ces
cas.
M. BURNS: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, nous serons d'accord sur cette motion
qui vise à fixer le salaire du Vérificateur général
et du Protecteur du citoyen à $40,300 par année plus
l'allocation, ainsi que l'indexation. On ne s'est pas offusqué de voir
qu'il y avait des besoins d'indexation dans d'autres domaines, on ne
s'offusquera pas plus dans ce domaine parce qu'il y a également des
besoins. Je pourrais peut-être souligner en passant, M. le
Président, que, quant au protecteur du citoyen, j'en vois plusieurs ici
aussi des protecteurs du citoyen, on pourrait dire qu'il y en a 110. C'est
notre rôle, nous allons continuer à le jouer.
LE PRESIDENT: Cette double motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Consentement unanime, troisième lecture du projet de
loi 87?
M. BURNS: Est-ce qu'on a dit: Prochaine séance?
Projet de loi no 87 Troisième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable vice-premier ministre propose, avec le
consentement unanime, la troisième lecture du projet de loi no 87.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que je peux, avec la permission
unanime de la Chambre, puisqu'on demande le consentement unanime, sans prendre
le temps du chef de l'Opposition, qui va parler en troisième lecture,
simplement expliquer le consentement que nous sommes prêts à
donner à entendre la troisième lecture aujourd'hui. Nous nous
sommes montrés, je pense, vigoureusement contre le projet de loi, tout
au long de son étude. Je ne veux pas entrer dans un débat
à ce sujet, mais c'est l'opinion que nous avons du travail que nous
avons fait.
Maintenant que le projet de loi a été adopté, au
cours de toutes ces étapes, y compris l'étude article par
article, au nom de l'Opposition officielle, je me verrais dans une très
mauvaise position que de forcer l'Assemblée nationale à revenir
lundi pour la simple considération de la troisième lecture, chose
que nous pourrions faire en refusant notre consentement. Uniquement pour
démontrer qu'il peut y avoir, même dans un débat
acrimonieux comme celui qui a eu lieu, un sens de logique du côté
de l'Opposition, nous ne voyons pas pourquoi nous forcerions l'ensemble des
députés et des services qui travaillent pour l'Assemblée
nationale à revenir lundi puisque c'est le dernier projet de loi,
à ma connaissance, qui sera considéré au cours de cette
session.
C'est la raison pour laquelle nous donnons notre consentement à
la troisième lecture.
LE PRESIDENT: Avant de donner la parole au chef de l'Opposition
officielle, est-ce que je comprends qu'il y a consentement unanime pour que la
période du souper soit suspendue, soit considérée comme
non avenue?
Le chef de l'Opposition officielle.
M. Jacques-Y van Morin
M. MORIN: M. le Président, puisque plus rien ne peut être
fait pour empêcher l'adoption de ce projet de loi, je ne me lancerai pas
dans une longue diatribe contre une loi que j'estime, avec mes
collègues, être injuste dans le contexte québécois
actuel. Je serai très bref. Ce sera une manière
d'épilogue.
Nous n'avons jamais nié que les députés, que les
membres de cette Assemblée aient subi la perte de leur pouvoir d'achat,
tout comme les autres citoyens du Québec. Nous pensions simplement qu'il
convenait, devant la situation économique du Québec et des
Québécois, de régler d'abord les problèmes de ceux
qui sont les plus touchés par la hausse du coût de la vie. Nous
pensions qu'il convenait de régler d'abord les problèmes de ceux
qui se trouvent au salaire minimum et qui, eux, ne bénéficient
pas de l'indexation. Nous pensions qu'il convenait de régler d'abord les
problèmes des travailleurs qui n'ont pu obtenir jusqu'ici la
réouverture de leur
convention collective pour y faire inclure des clauses prévoyant
l'indexation de leur salaire. M. le Président, le gouvernement a
refusé ces conditions que nous lui proposions. Ce comportement, il ne
m'appartient pas exclusivement de le juger.
Ce seront les Québécois qui le jugeront et ils auront
amplement l'occasion de le faire au cours des mois et des années qui
viennent.
M. le Président, je crains bien que nous ne nous soyons
comportés comme des politiciens de "réplique de bananes". Je
crains que nous n'ayons eu ce comportement qu'on retrouve si souvent dans des
pays en voie de développement qui ont des difficultés sur le plan
économique, qui ont de la difficulté à démarrer,
mais où les hommes politiques, n'ayant guère le souci de leurs
concitoyens, commencent par se servir eux-mêmes.
Au seuil d'une année qui s'annonce difficile sur le plan
économique, il faut certes conserver l'espoir que la situation ne sera
pas trop dure. Elle risque fort de l'être, cependant, car le gouvernement
n'a pris, depuis les mois que s'annonce cette récession, aucune mesure
pour freiner l'inflation, aucune mesure pour protéger le pouvoir d'achat
des Québécois. La seule mesure vraiment efficace qu'il ait prise,
c'est cette loi pour protéger le pouvoir d'achat des
députés et ministres.
Un gouvernement qui a refusé d'indexer l'impôt des
particuliers, qui a refusé d'indexer le salaire minimum, qui a
refusé de permettre la réouverture des conventions collectives
par une modification au code du travail, un tel gouvernement était fort
mal placé pour faire adopter un tel projet de loi. Et je ne suis pas le
seul à le penser. On aurait pu prétendre que, sur ce point, nous
avons fait de l'opposition pour le plaisir d'en faire ou encore pour marquer
des points sur le strict plan politique. Ce n'est pas le cas.
J'ai trouvé récemment, dans plusieurs commentaires de la
presse écrite et parlée, la confirmation des attitudes que nous
avons prises dans cette Chambre et devant la commission parlementaire. Je
pense, en particulier, à un editorial qui, hier, reprenait
j'allais dire presque mot à mot, mais ce n'est pas le cas les
thèmes développés dans mon discours de deuxième
lecture.
Je voudrais citer quelques lignes de M. Marcel Adam dans la Presse
d'hier, qui me paraissent particulièrement aptes à traduire
l'anxiété des Québécois au seuil de l'année
1975 et à décrire leur attitude devant la façon dont nous
nous sommes conduits dans cette Chambre. M. Adam écrit: "Aussi, les
députés ne devraient-ils pas ajouter à leur
discrédit l'odieux de se voter eux-mêmes, dans un moment
d'inattention populaire et avec une célérité louche, des
hausses de traitement exagérées dans une conjoncture
économique qu'ils sont incapables de contrôler et qui
empêche une majorité des citoyens de simplement protéger
leur pouvoir d'achat. Dans une période de folle inflation où
l'exagération est maîtresse d'où viendra l'exemple de la
modération si les députés se laissent eux-mêmes
entrafner dans la psychose du chacun pour soi?
En effet, M. le Président, si jamais, au cours des mois qui
viennent, cette Assemblée était obligée de réclamer
des Québécois des sacrifices sur le plan économique et sur
le plan social, ce qu'à Dieu ne plaise, de quoi aurions-nous l'air,
nous, députés responsables du bien commun, voulant limiter le
salaire minimum ou l'empêcher de monter convenablement, refusant
peut-être, à cause de la stagnation de l'économie, des
hausses de salaires auxquelles les citoyens prétendent avoir droit? De
quoi aurons-nous l'air quand on viendra nous dire: Messieurs, vous vous
êtes servis, au moins n'empêchez pas les autres de vouloir agir de
la même façon? C'est bien ce que dit M. Adam en terminant: "Les
électeurs ne seraient-ils pas alors tentés de suivre cet exemple
venu de haut et qui paraît s'appuyer sur cette maxime devenue subversive:
On n'est jamais si bien servi que par soi-même?
M. le Président, je souhaite au gouvernement, je nous souhaite
à nous, membres de cette Assemblée, que l'année 1975 ne
soit pas trop dure, parce qu'il risque alors d'y avoir des retours de
bâton. Il risque d'y avoir des Québécois qui nous demandent
des explications. Néanmoins, tentons d'envisager l'avenir avec un
certain optimisme. Tournons-nous vers l'avenir maintenant que nous nous sommes
servis les premiers. Essayons de voir ce qu'il reste à faire. Nous avons
réglé notre problème. Il en reste quelques autres à
régler.
Le gouvernement devra rapidement prendre des mesures de relance de
l'économie. Il devra prendre des mesures que le chômage ne
s'étende pas davantage. Il devra indexer, qu'il le veuille ou non, les
salaires, à commencer par le salaire minimum, et il devra indexer
l'impôt sur le revenu des particuliers. Il devra préserver le
pouvoir d'achat des Québécois. Ce sont là des tâches
essentielles.
Nous les avons oubliées temporairement pour vaquer à nos
propres problèmes. Nous les avons maintenant royalement
réglés. Nous en avons remis, nous nous sommes bien servis.
Maintenant, il reste à nous rappeler que nous sommes responsables du
bien commun. Il reste à ne pas perdre de vue que les
Québécois comptent, malgré tout, sur nous pour
régler leurs problèmes économiques et sociaux.
Maintenant que nous nous sommes mis à l'abri, maintenant que nous
avons songé à nous-mêmes, à nos familles, il reste
à penser aux Québécois et à leurs familles. Nous ne
sommes pas les seuls, nous, privilégiés, à avoir des
problèmes économiques, à avoir des problèmes de
hausse du coût de la vie.
M. le Président, à mon avis, dans ce projet de loi, c'est
la conception même du député qui était en cause.
C'est la raison pour laquelle j'estime que nous avons manqué gravement
à
notre devoir en ne réglant pas d'abord les problèmes de
nos commettants. N'ayons pas d'illusion. Ce sont la réputation et
l'image du député, du serviteur du bien commun qui étaient
en cause.
Je ne pense pas que nous les ayons servis, je ne pense pas que nous
ayons servi la cause du parlementarisme. Je ne pense pas que nous ayons
répondu à ce dicton qu'on entend si souvent dans la bouche des
Québécois: Les députés sont là pour se
servir, sont là pour s'occuper d'abord d'eux-mêmes. M. le
Président, je crains bien que nous n'ayons écouté que
notre intérêt à court terme et que nous n'ayons pas
suffisamment tenu compte de notre intérêt collectif à long
terme, ni même de notre intérêt personnel à long
terme.
Pour le reste, ce sont les Québécois qui jugeront. Ne
pensons pas échapper à leur jugement. Il y aura des comptes
à rendre d'ici quelques mois. Même si nous nous sommes
comportés comme des politiciens de "république de bananes", nous
vivons dans un Québec qui n'admet plus d'être.traité comme
tel. Nous sommes devant des citoyens qui n'admettent plus que nous ayons des
comportements comme ceux-là. Au cours de ce débat, M. le
Président, les Québécois ont commencé à nous
juger. Je crains que nous n'ayons confirmé dans leur esprit les pires
préjugés qu'ils entretenaient à notre endroit. Ils vont
maintenant, à la lumière de cette loi, continuer de nous juger et
je crains qu'ils ne nous attendent maintenant. Merci, M. le
Président.
M. MERCIER: Les bananes en haut!
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. ROY: M. le Président, bien que le règlement de
l'Assemblée nationale permette une intervention d'une heure, j'ai bien
l'intention de me limiter à quelques minutes seulement parce que nous
avons eu amplement l'occasion de faire connaître notre point de vue
pendant les nombreuses heures de séances que nous avons eues à la
commission élue, chargée d'étudier ce projet de loi
article par article. C'est donc à quelques phrases seulement que je veux
limiter mon intervention.
M. le Président, on se rappellera qu'en deuxième lecture
nous avons voté en faveur de ce projet de loi mais avec la restriction
suivante. C'est que, si nous reconnaissions nécessaire l'augmentation
raisonnable du salaire des députés, nous voulions que cette
augmentation se fasse selon un pourcentage qui respecte les normes de
l'évolution de nos dépenses, en tenant compte, évidemment,
des responsabilités que nous avions comme parlementaires, en tenant
compte des responsabilités que nous avons dans chacun de nos
comtés et des engagements et de toutes les dépenses que cela
comporte.
M. le Président, nous avons offert au gouvernement, de
façon à éviter un filibuster qui a duré plusieurs
jours, un compromis qui nous semblait raisonnable et qui respectait un taux
d'augmentation annuel qui pouvait se situer entre 4 p.c. et 5 p.c. Nous avons
proposé que l'augmentation projetée soit réduite de
$21,000 à $19,000 et demandé, dans notre amendement, que
l'indexation qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 1975 soit
reportée au 1er janvier 1976. M. le Président, notre compromis,
qui aurait dû faire l'unanimité de l'Assemblée nationale,
de tous les membres de la commission parlementaire, a été
rejeté d'abord par l'Opposition officielle et ensuite par le
gouvernement.
M. le Président, personne ne peut déclarer ne pas avoir
connu les intentions du gouvernement, qui n'a jamais caché son intention
de faire adopter ce projet de loi tel que coûte que coûte. Les
intentions du gouvernement étaient connues. Mais, si nous avions pu
rallier l'Opposition vers un compromis acceptable de part et d'autre, cela
aurait été dans l'intérêt de tous les contribuables
du Québec.
Je ne veux pas être malin envers qui que ce soit, mais en rejetant
notre compromis, il est évident qu'à ceux qui l'ont rejeté
les premiers, je pourrais dire ceci: Un gros chèque est toujours mieux
qu'un plus petit. Je pense que ces choses, il va falloir se les dire. Il faut
avoir le courage de nos opinions, et dire la vérité à la
population.
M. le Président, l'augmentation dont on a tant parlé, dont
on parle encore et dont on n'a pas fini de parler, l'augmentation nette,
dis-je, est loin d'être celle que tous croient. Je savais que nous avions
des lois fiscales dévorantes à l'endroit des salariés du
Québec, et j'ai été plus que surpris de constater, par les
chiffres qui nous ont été fournis par le gouvernement, le
pourcentage que le gouvernement récupère de l'augmentation de
salaire de ses parlementaires. Un député, marié, avec deux
enfants je prends la formule et les chiffres qui nous sont fournis par
le ministre de l'Industrie et du Commerce qui avait un salaire de
$15,600, les impôts totalisaient $3,146.43; et avec un salaire de
$21,000, les impôts totalisent $5,155.78. Donc, $2,009.35 d'augmentation
d'impôts, de sorte que nous nous retrouvons avec une augmentation
diminuée à $3,250.65. Et si on déduit de cela le fonds de
pension, qui est quand même pris sur le salaire, cela veut dire que
l'augmentation va être de l'ordre de $2,700 annuellement.
Par contre, si je regarde le palier supérieur, je vois que pour
un ministre, marié, avec deux enfants de moins de seize ans,
l'impôt sur le revenu passe de $9,799.74 à $16,578.11. M. le
Président, je pense que le moment est choisi pour que le gouvernement
s'interroge sérieusement sur l'ampleur de la fiscalité au
Québec.
M. le Président, je serais tenté, à ce moment-
ci, de rappeler au gouvernement combien de personnes qui, après
avoir bataillé, après avoir fait une grève de plusieurs
semaines, voire même plusieurs mois pour avoir l'indexation de leur
salaire, se sont retrouvées, après la bataille, au même
point, sinon pires qu'elles étaient auparavant. Je pense que c'est
là l'occasion idéale pour nous rendre compte de l'ampleur et de
la dimension de nos lois fiscales. Quand nous disons au gouvernement qu'il est
le plus grand bénéficiaire de l'inflation actuelle, nous en avons
une preuve, et la preuve la plus évidente par le présent projet
de loi actuellement en discussion.
M. le Président, j'avais été surpris, l'an dernier,
de rencontrer des travailleurs qui, après avoir réussi à
obtenir une augmentation de salaire, après avoir réussi à
obtenir l'indexation de leur salaire, et dans certains cas, toucher une petite
rétroactivité, j'ai été surpris de voir des
travailleurs venir me trouver à mon bureau pour me dire qu'après
s'être battus pour avoir une augmentation de salaire de $0.50 l'heure,
ils se sont retrouvés, en fin de semaine, avec un chèque
augmenté de $1.00 ou encore de $1.50. C'est là, M. le
Président, qu'il est permis de constater jusqu'à quel point nous
sommes, les contribuables du Québec, je parle des contribuables du
Québec, "poignés" par les lois fiscales que nous avons.
M. le Président, je l'ai dit et je le répète,
l'occasion aurait été idéale, pour nous, de faire le
procès du gouvernement, de faire le procès de l'économie
québécoise, de faire le procès du pouvoir
législatif. L'occasion était idéale. J'ai voulu me limiter
en deuxième lecture, comme pendant toute l'étude de la loi en
commission élue, au présent projet de loi en discussion, au
présent projet de loi à l'étude, tel que convenu et tel
qu'entendu réciproquement au mois de juin dernier.
M. le Président, nous avons siégé le 24
décembre, le 26 décembre et nous avons siégé
aujourd'hui le 28 décembre qui ne sont pas des jours ordinaires de
session. Ce sont des jours qui vont coûter au trésor public, aux
contribuables du Québec des sommes additionnelles je dis bien des
sommes additionnelles pour étudier ce projet de loi, alors que
nous aurions pu l'étudier avant. Nous aurions pu l'examiner avant si la
Chambre avait été convoquée plus tôt ou encore si le
projet de loi avait été déposé plus tôt
devant l'Assemblée nationale.
C'est pourquoi, voulant agir de façon responsable, je n'ai pas
voulu profiter de l'occasion pour prolonger ce débat, pour prolonger ce
filibuster, de façon à augmenter les frais des contribuables du
Québec. En effet, actuellement, je ne sache pas que ce filibuster,
même s'il avait duré encore deux semaines, aurait permis
d'économiser un seul sou, pour la bonne raison que les intentions du
gouvernement étaient connues et que ce gouvernement en avait fait son
lit.
M. le Président, il y a dans ce projet de loi des dispositions
que nous acceptons. Il y en a d'autres sur lesquelles nous ne sommes pas
d'accord, c'est évident. Nous serons appelés dans quelques
minutes à voter en troisième lecture pour ou contre ce projet de
loi.
Il est assez difficile de bien trancher ou de trancher à la ligne
exacte, à la ligne précise l'évaluation d'un projet de
loi, c'est-à-dire ce qu'il y a à son actif et ce qu'il y a
à son passif. Je ne me place pas à notre point de vue personnel;
je me place au point de vue de la justice distributive, tout simplement.
Il est évident que voter contre ce projet de loi et se promener
dans le Québec en disant: J'ai voté contre le projet de loi, avec
le chèque dans mes poches, je ne peux le faire. Je vais être franc
avec tout le monde. Je ne peux faire cela, parce que je dis que
l'honnêteté politique nous commande d'aller jusqu'au bout. Il n'y
a pas une seule loi au Québec qui existe pour forcer quelqu'un à
prendre ce qu'il ne veut pas prendre.
Il est de notre responsabilité et de notre devoir de bien
examiner ce principe. Voter contre un projet de loi en troisième
lecture, puis retourner dans mon comté et dire à mes
électeurs: J'ai voté contre le projet de loi en troisième
lecture, pour démontrer que j'ai défendu leurs
intérêts, pour démontrer que j'ai travaillé pour le
peuple du Québec, pour démontrer que je fais de
l'abnégation en politique, pour démontrer que je suis un peu
philanthrope en politique, mais avec le chèque dans mes poches, je vous
le dis, je ne suis pas capable de le faire.
Devant une telle alternative, nous n'avons pas tellement le choix. J'ai
dit tout à l'heure qu'il y avait des dispositions dans ce projet de loi
auxquelles je ne souscrivais pas et je le répète.
Il y a des choses dans ce projet de loi que nous avons demandées.
Nous avions demandé la reconnaissance de notre formation politique
à l'Assemblée nationale, de façon à ne pas
fonctionner en vertu d'une tolérance, mais bien en vertu d'un droit.
Nous avons retrouvé dans le projet de loi des dispositions qui
reconnaissent les postes qui font que nous sommes reconnus comme formation
politique. Il s'agit d'un prolongement de ces mêmes dispositions qui nous
reconnaissaient dans l'ancienne Législature.
J'accepte cela parce que nous l'avons demandé et nous l'avons
répété à maintes et maintes occasions.
Ce que nous n'avons pas demandé, ce que je n'ai pas
demandé, c'est la rétroactivité. Dans le projet de loi tel
qu'il nous a été présenté, il n'y avait pas de
rétroactivité. La rétroactivité nous est
arrivée cet après-midi par un amendement qui a été
proposé par le gouvernement.
M. LEVESQUE: La rétroactivité était prévue
attention dans la loi.
M. ROY: Dans la loi, il était bien indiqué que
c'était seulement l'article 92 qui était rétroactif.
M. LEVESQUE: Le salaire de base des députés.
M. ROY: ... le salaire de base du député.
M. LEVESQUE: Le député de Beauce-Sud est un
député.
M. ROY: Oui, le salaire de base du député, la
rétroactivité. Mais je parle de la rétroactivité
qui nous est accordée au niveau de la reconnaissance comme parti. C'est
de cette rétroactivité que je parle, M. le Président. Je
remercie le leader du gouvernement de m'avoir donné l'occasion de bien
préciser la nuance entre les deux. Or, cette
rétroactivité, je l'ai dit, M. le Président, nous ne
l'avions pas demandée et j'ai été un peu surpris de
constater...
M. LEVESQUE: Apparemment, c'est moins payant de l'accepter que de la
refuser. Peut-être pas dans votre cas.
M. ROY: Bien, écoutez...
M. LEVESQUE: Dans le cas des ministres.
M. ROY: Oui, dans le cas des ministres, cela peut être plus
payant, cela me surprendrait moins. Mais, dans mon cas, je sais que ce ne sera
pas plus payant, M. le Président. Quand même, je vais tenir
parole; j'ai dit hier soir que je ne la demandais pas et que je ne
l'accepterais pas. Je l'ai répété cet après-midi,
et je ne l'accepte pas personnellement. M. le Président, la
rétroactivité qui est rattachée à la
rémunération qui nous est accordée, la
rémunération supplémentaire qui nous est accordée
comme parti reconnu à l'Assemblée nationale, c'est de
celle-là que je parle, M. le Président.
M. LEVESQUE: Est-ce la position de votre caucus?
M. ROY: M. le Président, je pourrais dire au leader du
gouvernement que je suis assez grand et assez vieux pour prendre mes
décisions moi-même. M. le Président je ne sais pas
si on va cesser de nous interrompre je disais donc tout à l'heure
que l'honnêteté politique commande d'aller jusqu'au bout et j'irai
jusqu'au bout. Or, je ne vais pas prêcher l'exemple, je vais le
pratiquer. Je passerai aux actes, mais je tiens à dire ceci: Je n'ai
aucunement le sentiment de ne pas l'avoir gagnée et je n'ai aucunement
le sentiment de la devoir, aucunement, M. le Président. Mais il y a des
gens dans cette Assemblée qui méritent une leçon et je
vais leur donner cette leçon. Ils la méritent, cette
leçon. L'honnêteté politique, quand on fait des
débats contre des choses et qu'on accepte de faire dépenser de
l'argent pour faire un filibuster comme on en a fait dépenser aux
contribuables du Québec alors que tout le monde savait, connaissait les
intentions du gouvernement... Je n'ai pas trop de félicitations à
faire au gouvernement de ce côté, M. le Président. Nous
l'avons dit, nous l'avons répété et je n'ai pas à
revenir sur cette question.
M. le Président, je dis que je passerai aux actes et je vais
pratiquer l'exemple. Mais, M. le Président, de façon à ne
pas passer pour un hypocrite aux yeux des Québécois, je voterai
pour la loi en troisième lecture.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, une chose est à
retenir de ce débat et surtout de cette loi particulière qui nous
a été présentée et que nous avons discutée
en commission parlementaire pendant 33 heures. M. le Président, le
gouvernement a eu la main heureuse de demander à des personnes
extraparlementaires, des gens d'expérience, de former ce qu'on a
appelé le comité consultatif Bonenfant. Le comité
consultatif Bonenfant, M. le Président, a eu un rapport fort bien
étayé mais a eu aussi, je pense, dans les journaux,
particulièrement, une réception assez louangeuse. C'est M. Claude
Ryan, qui, le mardi 17 décembre 1974, écrivait
particulièrement ce paragraphe que je vous cite: "Le comité
Bonenfant a soumis un rapport documenté et fort judicieux." C'est un
homme d'expérience, ce n'est pas un tout-nu. Cela, M. le
Président, c'est un homme qui a le respect de tous les journalistes de
la province, plus que certains députés dans cette Chambre qui
n'ont plus l'estime de personne.
On ne voit pas au nom de quel masochisme il faudrait refuser
indéfiniment de donner suite à ces conclusions.
Cela c'est un document qui va rester, écrit par une main de
maître, pas par un scribouilleur, pas par un barbouilleur de
réputation. Devant la complexité, continue M. Ryan, sans cesse
croissante de la fonction de député, cette charge requiert
désormais en principe le temps complet du titulaire. Elle doit en
conséquence donner droit à une rémunération qui
soit l'équivalent d'un salaire à plein temps. Cela c'est mieux
que la bouillabaisse de certains députés. M. le Président,
je cite un autre journaliste, imminent lui aussi, d'une grande valeur
intellectuelle, chose que certains députés n'ont pas. M. Vincent
Prince écrit le 5 décembre dans le journal La Presse: "Comment
réagir à ces deux propositions? A notre avis, il faut
réagir de façon positive. D'une part, il importe que les
élus du peuple reçoivent donc une rémunération qui
corresponde à leurs grandes responsabilités. D'autre part, il est
non moins important de soustraire cette rémunération à un
vote périodique de l'Assemblée nationale et de la
démagogie". M. Prince ajoute ceci à l'inten-
tion de certains scribouilleurs: "Donc, l'idée d'un barème
qui permettrait un ajustement périodique de la
rémunération des élus du peuple a quelque chose de
fascinant". Bien plus que le regard de certains députés.
M. BELLEMARE (Rosemont): II se cache en arrière du Jour.
M. BELLEMARE (Johnson): Le problème, dit M. Prince, il s'agit de
s'entendre sur ce barème. Voilà, M. le Président, deux
citations que je voudrais au début de mon intervention vous apporter
pour vous dire qu'une fois pour toutes l'affaire des indemnités des
députés est enfin réglée et pour longtemps. On
n'entendra plus ces discours de bouillabaisse comme on en a entendu pendant 33
heures. Je retrouve presque au texte, M. le Président, dans le rapport
Bonenfant, ces mots qui peuvent intéresser peut-être ces grands
chercheurs bien payés, qui sont nombreux, cex chercheurs de l'Opposition
du PQ. Je vais être rappelé à la pertinence du
débat.
M. BURNS: Ne parlez pas trop en leur faveur, on va être
obligé de les augmenter si cela continue.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, probablement c'est ce que vous allez faire
avec beaucoup de gaieté de coeur. M. le Président, je continue,
la citation du rapport Bonenfant. Le grand public, en effet, éprouve des
difficultés énormes à comprendre que les
députés sont à la fois juge et partie ce n'est pas
écrit par le député de Saint-Jacques à la
fois juge et partie dans leur propre cause. Il est facile, parfois avec
démagogie, de répéter que la plupart des travailleurs
doivent négocier péniblement leur augmentation de salaires alors
que les députés eux peuvent, sans tractations et sans opposition,
décider des leurs.
C'est pour cela que depuis un certain nombre d'années, dans
plusieurs pays, on recherche des moyens de fixer l'indemnité
parlementaire sans que les députés interviennent directement.
M. le Président, je saute un paragraphe parce qu'il donne les
endroits où cela s'est produit et je continue ma citation du rapport
Bonenfant: "Un procédé qui aurait l'avantage de régler les
problèmes futurs ce serait d'établir périodiquement un
comité comme le nôtre ou un comité composé de
certaines personnes choisies en raison de leurs fonctions, pour établir
d'année en année, l'indemnité".
C'était d'ailleurs essentiellement la recommandation du rapport
de la commission consultative, les indemnités et dépenses
parlementaires.
M. le Président, je termine ma citation du rapport Bonenfant.
Mais, M. le Président, quel scandale y a-t-il pour des élus du
peuple? Malgré qu'on m'accuse de vieux clichés, je l'ai dit
à la commission, est-ce qu'on voudrait qu'à mon âge, je me
promène tout nu pour faire un nuvite?
M. BURNS: Dieu nous en garde!
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas ce que tout le monde a dit, j'ai
reçu de certains journalistes des avis péremptoires! M. le
Président, on se scandalise, on dramatise: situation économique
extraordinairement défavorable, à la veille d'une
récession c'est terrible la réception qu'on va subir et le
paquet est petit récession qui va faire mal aux petits, oui, M.
le Président, je le conçois. Mais je conçois qu'il y en a
d'autres qui sont bien payés. Si je prends le livre de poche du
fonctionnaire, 1974 c'est la dernière édition que j'ai pu
avoir nous allons remarquer qu'il y a des fonctionnaires qui sont
payés $53,000, $44,000, $42,000, $41,000, $38,000, $39,000, $36,000,
$35,000, $33,000, $32,000 et le plus bas a $30,000, on a arrêté
là. Ce sont des chiffres de 1973. Parce que j'ai vérifié
avec un, en particulier, qui est dans la liste de $33,448 et j'ai ici la
réponse que m'a remise le secrétaire général
à la suite de la question que j'ai posée, il est payé
maintenant $38,000. Quel scandale y a-t-il à ce que des employés
aient un salaire raisonnable? D'accord, qu'ils soient payés en
conformité de l'indexation au coût de la vie, d'accord; qu'ils
reçoivent, en vertu des conventions collectives qu'on négocie, un
salaire équitable et basé sur le travail qu'ils font, d'accord.
Mais la convention collective leur impose 32 heures et demie par semaine,
tandis que nous, les députés sans faire de vieux
clichés quand le travail parlementaire est fini, nous avons chez
nous, dans chacun de nos comtés, du bureau à faire, nous recevons
les gens parce que nous n'avons pas, parfois, dans les centres, toutes les
organisations des ministères qui pourraient répondre aux besoins
de nos électeurs.
Nous sommes obligés de payer par un apostolat de la
présence qui vaut bien, dans bien des cas, l'apostolat de la
prière, à tous les dimanches. Vous allez dire que je dramatise?
Non. Demandez à chacun des députés s'il n'est pas
obligé, trois ou quatre jours par semaine, de venir au parlement pour
régler certains problèmes. Demandez à mon épouse
qui, pendant trente ans, m'a secondé, ce qu'elle a enduré
courageusement en donnant l'exemple et en secondant ma vie publique pour
qu'elle soit une réussite et, à elle, je lui rendrai, ce soir, le
témoignage, comme à toutes les femmes de tous les
députés, qu'elles ont véritablement mérité
de notre collectivité. Combien de sacrifices ont fait nos
épouses? C'est le ministre des Transports qui m'a véritablement
ému l'autre soir en me racontant l'histoire de sa petite fille. Il y a
combien de cas où ça peut se présenter et ça ne se
paye pas avec des dollars, ni avec des cents. On a ri l'autre jour parce que
j'ai évoqué la mémoire de certains anciens premiers
ministres qui sont disparus très jeunes.
Je ne voudrais pas vous répéter le sort qui a
été réservé à Pierre Laporte. Mais est-ce
parce qu'il était journaliste qu'on l'a lynché et qu'il est mort,
ou est-ce parce qu'il était ministre du gouvernement? Est-ce que M.
Daniel Johnson et je remercie ici le député de Maisonneuve
qui lui a rendu un beau témoignage, contrairement à d'autres
Daniel Johson, qui est mort au devoir, au barrage Johnson, est-ce que M.
Bertrand, tout jeune, après une carrière politique
extraordinaire, qui est mort lui aussi, est-ce que M. Paul Sauvé, qui
était un jeune homme de 52 ans, est-ce qu'ils n'ont pas tous payé
de leur personne pour jouer le rôle qu'on leur a décerné,
qu'ils avaient accepté de jouer? Mais ils l'ont payé
chèrement.
Ah! non, ce n'est pas de la sympathie, ce ne sont pas de vieux
clichés, ce n'est pas folklorique non plus. Ce qui est plus folklorique,
comme disait Paul Sauvé, ce sont ceux qui ont eu l'avantage d'avoir de
l'éducation, de l'instruction. Et Paul Sauvé disait:
L'éducation, c'est comme la boisson. Il y a bien des gens qui ne peuvent
pas la porter.
Le chef de l'Opposition nous a dit, lors de l'étude de l'article
8 et je pense que c'est pertinent au débat, vous m'avez bien
averti tout à l'heure, je vous en remercie. Je suis très
précautionneux, prudent. Vous avez dit qu'il fallait rester dans le
débat le chef de l'Opposition nous a dit, accompagné de
son collègue de Saint-Jacques: Pourquoi donner ça à de
vieux partis qui sont disparus de la carte? Tâchez donc d'apprendre
à vous humilier et d'accepter le verdict populaire. Vous êtes
disparus à jamais. Et les commentaires, je n'ai pas besoin de vous dire
que ce n'était pas élogieux en faveur de mon parti. Je n'ai pas
à défendre le parti de mes excellents amis de Rouyn-Noranda et de
Beauce-Sud, mais le mien.
J'ai entendu de mes oreilles, et j'ai fait enregistrer sur un disque
bien particulier, dans Johnson, les mêmes prohéties de malheur,
que je devrais disparaître à jamais. Un vieux bonhomme tout
recroquevillé, ça va disparaître de la carte, on n'a plus
besoin de ça au Parlement. Qu'est-ce qui est arrivé? Il a fait
plus de tort à son parti qu'il a gagné de votes.
En 1960, quand on a connu la défaite je prends l'argument
dont s'est servi mon collègue de Saint-Jacques pour dire que notre
majorité avait continuellement baissé lorsque nous avons
perdu le pouvoir, plusieurs journalistes de renom, plusieurs personnes bien
intentionnées ont écrit à ce moment-là: L'Union
Nationale est disparue de la carte de la province. Fini, le règne de
Duplessis et de tous ses acolytes. Le peuple vient de se prononcer sur une
formation politique. Elle est disparue. Savez-vous, M. le Président,
particulièrement vous plus qu'un autre, que six ans plus tard on
était au pouvoir?
LE PRESIDENT: Question de privilège.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Prési- dent, ces prophètes
de malheur ont répété la même chose hier contre leur
collègue de Rouyn-Noranda et leur collègue de Beauce-Sud. Mais je
n'ai jamais été aussi humilié, sans pouvoir me
défendre parce que j'avais de l'intérêt dans l'article et
je ne pouvais donner aucune réponse. C'était en vertu de
l'éthique parlementaire, le respect que je devrais apporter puisque
j'étais personnellement en cause.
Je n'ai jamais passé, M. le Président, trois heures de vie
pour être sur le gril aussi vif. Ce n'est pas de la rancune, ni de la
vengeance que je voudrais exercer, ce soir. Non. Ce n'est pas à la fin
d'une session qu'un homme comme moi ne peut pas comprendre les impulsions d'une
jeune tête folle je retire cela, M. le Président
d'un jeune qui, pour se rendre un peu drôle, puisqu'il appartient au
"show business", a voulu essayer, par des allusions malicieuses,
malhonnêtes et perfides, faire un peu le procès de mon parti.
Mais, M. le Président, quand il m'a traité de vendu, que
je couchais, que j'étais entré dans l'étable
gouvernementale et que j'étais couché dans la
crèche...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
voudrais simplement...
M. HARDY: Cela fait mal!
M. BURNS: Vous prenez les mauvaises habitudes de votre premier
ministre.
M. le Président, je veux tout simplement demander gentiment, par
votre entremise, au député de Johnson de s'en tenir aux
dispositions de l'article 26, c'est-à-dire de parler du contenu. Si
chicane il pouvait y avoir à la commission parlementaire, je pense que
le député de Johnson pouvait très bien, avec les talents
qu'on lui connaît, faire cette chicane. Ce n'est pas le moment en
troisième lecture.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je persiste à
dire que je parle d'étiquette personnelle. Surtout, quand le cas du chef
de l'Opposition est arrivé, il s'est lui-même abstenu de tout
débat, comme le député de Maisonneuve s'est abstenu de
tout débat quand il a été question de son cas. Je
pense...
M. BURNS: II n'a pas été question de mon cas, ici.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, alors à la commission parlementaire.
Quand il s'agissait de l'article qui vous concernait, vous avez dit que vous ne
vouliez pas prendre part au débat, sauf...
M. BURNS: Je n'étais pas là, j'étais en
Chambre.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous étiez là, M. le
Président. Je dis que, pour respecter cela, je me suis abstenu, mais, ce
soir, je ne veux
exercer aucune vengeance. Cela ne serait pas digne d'un parlementaire de
30 années d'expérience qui prêche le respect de ses
collègues. Je ne le ferai pas, soyez-en assuré.
Seulement, M. le Président, me faire traiter de vendu, me faire
traiter de gars qui a été acheté par le gouvernement, je
pense que cela peut venir au monde seulement dans un cerveau ramolli.
LE PRESIDENT: Un instant.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous ne m'avez pas laissé finir. Vous ne
savez pas ce que je vais dire.
LE PRESIDENT: Le député de Johnson connaît trop bien
son règlement, qui est né de l'ancien, pour que je lui permette
de ressusciter ici un débat qui eu lieu en commission. Le mandat de la
commission est terminé, le rapport est arrivé à
l'Assemblée, le rapport a été adopté et, en plus de
cela, le président doit se tenir tout à fait étranger
à ce qui se passe en commission. On ne peut pas rouvrir le dossier de la
commission.
Par contre, le député de Johnson a parfaitement le droit
de défendre un article du bill, entre autres l'article 8 du projet de
loi, où il est question des allocations ou des traitements de chefs de
parti ou autres. J'aimerais, avec le respect qu'il a du Parlement, qu'il le
fasse dans des termes acceptables.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est sûr. D'ailleurs, M. le
Président, vous avez dû remarquer que, depuis le début, je
m'en suis tenu à l'article 8, à part d'avoir cité le
rapport Bonenfant. Mais, sur l'article 8, on a eu, à mon endroit,
personnellement... si c'est bon de défendre la loi, je pense bien que
c'est aussi bon de défendre sa réputation. Admettez-vous
cela?
LE PRESIDENT: C'est un projet de loi.
M. BELLEMARE (Johnson): Pardon? Non, mais écoutez, on a dit,
à cause de l'article 8, qu'on nous avait achetés, qu'on
était tombés dans la crèche gouvernementale.
LE PRESIDENT: Vous avez le droit de faire cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Je suis bien trop grand et bien trop pesant pour
coucher dans une crèche.
LE PRESIDENT: Ce que vous nous dites là est parfaitement
acceptable, mais, par contre, vous n'avez pas le droit de contre-attaquer quant
à un débat qui a eu prétendument lieu en commission. Vous
n'avez pas le droit de rouvrir le débat et de contre-attaquer.
Défendez-vous, c'est votre privilège.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela que je dis. Je suis convaincu que
c'est de l'hystérie politique. Quand on accuse un député
comme moi ou mon collègue d'avoir été acheté ou
vendu au gouvernement, je dois avoir le droit de dire cela, il est temps que ce
député voit un psychiatre.
D'ailleurs, M. le Président, sur cet article, permettez-moi de
vous citer la loi de la Colombie-Britannique, adoptée en juin 1974
elle vient d'être adoptée qui dit ceci: Leader d'un
parti politique reconnu désigne le leader d'une affiliation des
électeurs compris dans une organisation politique dont le but principal
est la présentation des candidats pour leur élection à
l'Assemblée législative, mais, pour les fins de cette loi
"Members of the Legislative Assembly" n'inclut pas le premier ministre et le
leader officiel de l'Opposition. Cela, M. le Président, c'est en toutes
lettres dans la loi de la Colombie-Britannique.
M. le Président, en 1970, il y a eu un amendement
d'apporté. On a prétendu qu'à ce moment-là on
devait, à cause d'une représentation qui équivalait
à 35 p.c. du vote populaire, faire certaines concessions à un
parti politique qui n'était pas reconnu. A ce moment-là,
l'honorable M. Bertrand et l'honorable M. Paul ont concouru pour faire amender
la Loi de la Législature et reconnaître ce parti qui, aujourd'hui,
est le parti officiel de l'Opposition, malgré qu'il n'a que six membres,
mais pas pour longtemps, M. le Président. Je vous dis qu'on aurait pu
être un peu plus silencieux devant l'effort qu'ont fait ces honorables
messieurs dans le temps pour faire amender la Loi de la Législature pour
permettre à ceux qui obtenaient au moins 20 p.c. du vote populaire
d'être des partis reconnus.
M. le Président, ce n'est pas mon seul point. On retrouve cela
dans d'autres pays que je cite très rapidement. En Belgique, sur 212
membres de l'Assemblée, pour être un parti reconnu, il faut trois
membres, tandis qu'en Colombie-Britannique il s'agit d'en avoir un seul. Mais,
en Belgique, 212 membres, trois membres seulement et le chef est reconnu comme
chef d'un parti reconnu.
Vous avez en Autriche, cinq membres sur 165 députés. Vous
avez, en France, 30 membres sur 487 députés. Alors, la tradition
est déjà bien ancrée, le précédent est
déjà bien ancré dans les us et coutumes parlementaires. Si
nous regardons un peu du côté du gouvernement
fédéral, nous y verrons des gens d'un parti qui, n'ayant pas
véritablement tout ce que prescrit la loi au point de vue du nombre,
sont officiellement reconnus présentement.
Ce sont des précédents qui, je pense, ne permettent pas
à certains individus malades d'une certaine démagogie et surtout
voulant nous traîner dans ... D'ailleurs, M. le Président, je n'ai
pas besoin d'aller plus loin. Tout ce qu'il touche, lui, le
député de Saint-Jacques, c'est pour le salir, pour l'avilir. Que
ce soit au nom du passé ou de l'histoire, que ce soit en Chambre, M. le
Président, aucun respect. Je
peux lui remettre, M. le Président, que toutes ses objections,
après tant d'années de politique, ne vont pas à la hauteur
de mon talon.
M. le Président, je voudrais terminer en disant ceci: Je souhaite
ardemment que le gouvernement, lors de la réception, en février
prochain, du rapport Castonguay, qui est une étude sur le salaire
minimum, nous apporte, dès la prochaine session, une
réévaluation du salaire minimum. J'en serais fort aise,
même si on allait jusqu'à $2.60 ou $2.75. Je pense que le rapport
Castonguay va peut-être le démontrer de toute évidence. Il
n'y a pas seulement le salaire minimum, mais aussi tous les décrets qui
ont été négociés depuis quelques années,
où on rencontre des salaires qui sont réellement pitoyables,
à cause justement de la cherté de la vie et de l'inflation que
doivent subir ces gens.
Ma dernière observation, en terminant, c'est que nous avons
demandé que l'absentéisme soit sévèrement puni.
L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce nous a dit que
dès le mois de février, un rapport des suggestions qui seront
étudiées nous sera transmis. J'espère bien, M. le
Président, que, tel que je l'ai suggéré, un
député absent sera immédiatement taxé de $100,
compte à envoyer immédiatement par le secrétaire
général de l'Assemblée nationale, quitte à lui, le
lendemain ou le surlendemain de la réception de cet avis, de se
justifier devant le secrétaire général de son absence. Si
elle est motivée, très bien, on n'en tient pas compte. Si elle
n'est pas motivée, $100, M. le Président, et il faudra fixer un
délai raisonnable pour permettre au député qui sera absent
et qui sera taxé de $100 par jour de faire sa preuve. Mais la preuve lui
reviendra de dire s'il est, oui ou non, malade, ou s'il occupait à ce
moment une charge ou une responsabilité représentative. Ce sera
à lui à faire sa preuve. La peur, c'est le commencement de la
sagesse. Encore un vieux cliché. Mais, M. le Président, entre la
lettre qui tue, il y a l'esprit, dans cette loi, qui vivifie.
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire du gouvernement.
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: M. le Président, mon intervention sera courte. Je
veux simplement exercer mon droit de réplique et, en même temps,
signaler que ce droit de réplique sera d'autant plus court que nous
avons eu tellement l'occasion, en commission élue, de faire toutes les
démonstrations nécessaires, d'expliquer les diverses dispositions
contenues dans le projet de loi. J'en profite pour signaler
particulièrement l'appréciation que j'ai pour le travail fait par
tous les membres de la commission de l'Assemblée nationale. Je remercie
mes collègues, le ministre des Affaires culturelles et le ministre de
l'Industrie et du Commerce, également le ministre des Finances et tous
ceux qui ont apporté une collaboration de tous les instants et qui ont
eu l'occasion de rétablir d'une façon très objective,
scientifique, dans le seul but d'enlever de ce projet de loi tout ce qu'on
pouvait y apporter d'éléments étrangers, comme des
éléments de démagogie, des éléments qui ne
méritent pas d'être qualifiés.
M. le Président, le chef de l'Opposition, dans son intervention
de troisième lecture, a reproché au gouvernement d'avoir fait de
cette affaire une affaire de dernière minute. Le chef de l'Opposition
est complètement injuste ou inconscient. Le processus a d'ailleurs
commencé au mois de juin dernier. Ce n'est pas une affaire de
dernière minute. L'Assemblée nationale, en commission
plénière, a étudié avec vous, M. le
Président, toute cette question. Ce sont les membres de
l'Assemblée nationale et particulièrement les membres de
l'Opposition officielle qui ont inspiré la création du
comité Bonen-fant. Non seulement l'ont-ils inspirée, M. le
Président, mais ils ont participé à la nomination des
membres du comité Bonenfant. Ils étaient d'accord, une fois que
les membres ont été connus, sur le mandat. Personne mieux qu'eux
n'était au courant, M. le Président, parce que vous les teniez au
courant de chacune des étapes, tant de l'établissement du
comité, de la précision du mandat que de la marche des travaux de
la commission.
Vous avez vous-même, M. le Président, et le comité
Bonenfant a suivi cette directive, voulu que toute l'Assemblée nationale
puisse participer à ces travaux. Le comité Bonenfant a
communiqué avec chacun des membres de l'Assemblée nationale pour
que chacun puisse donner son point de vue, donner son expérience
à ce comité.
Jamais un provessus n'a été aussi démocratique et
jamais, à la préparation d'une loi gouvernementale, a-t-on fait
participer non pas seulement les ministériels mais tous les
représentants de tous les partis politiques, de toutes les formations
politiques. Chacun des députés de l'Assemblée nationale a
pu apporter sa contribution aux travaux du comité Bonenfant, et
particulièrement l'Opposition officielle. A toutes les étapes,
depuis juin 1974, depuis le débat à la commission de
l'Assemblée nationale, le 19 juillet 1974, alors que le mandat
était confié au comité Bonenfant constitué ce
jour-là même, jusqu'au dépôt ici, le 12 novembre
1974, à l'Assemblée par vous-même, M. le Président,
du rapport du comité Bonenfant, selon toute apparence, ce rapport n'a
pas été contesté. Tout le monde le lisait avec
intérêt. Partout, autour du Parlement, on entendait parler de
l'objectivité du rapport Bonenfant.
Et même, ce n'est pas un secret que, jusqu'au moment où on
a entendu parler certains éléments étrangers, des corps
étrangers de l'Assemblée nationale, jusqu'à ce
moment-là, il y avait un concours évident de toute
l'Assemblée nationale. Et qu'on ne me dise pas non,
parce que si on dit non, seul le chef de l'Opposition a peut-être
été... parce que c'est un secret de polichinelle que cinq sur six
des membres de l'Opposition officielle étaient d'accord...
M. MORIN: Non. C'est faux.
M. LEVESQUE: C'est tellement vrai...
M. MORIN: C'est faux.
M. LEVESQUE: ... que l'Opposition officielle est allée plaider sa
cause devant le conseil national du parti, et ce n'est qu'après cela
qu'on a vu la volte-face. C'est là que nous avons entendu parler d'un
filibuster jusqu'au dernier survivant, le filibuster le plus incohérent
dont on ait été témoin. Celui dont parlait tout à
l'heure le député de Johnson, ce député qui, du
même souffle, disait qu'il fallait diminuer le salaire du ministre et
votre salaire, M. le Président, et le salaire du chef de l'Opposition,
une fois qu'il eût terminé de régler votre cas, M. le
Président, il a essayé de patiner un peu et de ne pas
présenter de motion quant au chef de l'Opposition, mais lorsqu'il a
finalement présenté sa motion...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LEVESQUE: ... forcé par le ministre de l'Industrie et du
Commerce...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas terminé.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement
calmement, sans distortion des faits. Je réfère, par votre
entremise, le leader du gouvernement à l'article 126. Je lui demande de
respecter, comme difficilement le député de Johnson l'a
respecté, mais il l'a respecté...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui! Ah oui! Parce que je vous dis que j'ai
fait...
M. BURNS: Je sais que vous avez fait des efforts.
M. BELLEMARE (Johnson): ... de l'acrobatie parlementaire.
M. BURNS: Je sais que le député de Beauce-Sud aussi, a
difficilement respecté l'article 126, et je sais aussi que le chef de
l'Opposition a difficilement, lui aussi, respecté l'article 126. Je
demande simplement, M. le Président, que vous rappeliez le leader du
gouvernement à l'ordre et que vous lui demandiez, comme dans tout
discours de troisième lecture, de respecter les dispositions de
l'article 126, c'est-à-dire de par- ler du contenu du projet de loi, pas
de ce qui s'est passé en commission.
Si le leader du gouvernement voulait parler en commission, il avait la
possibilité de venir réfuter tous les arguments qu'il
considère absolument illogiques, inacceptables, du côté de
l'Opposition. D'ailleurs, M. le Président, il était membre de
cette commission...
M. MORIN: II n'est pas venu.
M. BURNS: ... il s'est fait remplacer à toutes et chacune des
séances.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Voulez-vous...
M. LEVESQUE: M. le Président, nous allons revenir...
LE PRESIDENT: ... respecter le plus difficilement possible, tel que le
fait le chef de l'Opposition...
M. LEVESQUE: Oui, mais je dois tout de même, comme l'a fait le
député de Maisonneuve, parler de la commission. Il vient parler
de la commission, il vient parler de mon absence de la commission.
M. BURNS: Vous parlez de la commission. C'est vous qui parlez de la
commission. Je vous dis que vous n'avez pas le droit.
M. LEVESQUE: C'est-à-dire que les dernières paroles du
leader et la voix s'élève ne sont pas tellement
mielleuses. Tout à l'heure, il était très mielleux. M. le
Président. Pourriez-vous demander à mon ami, le leader... Il est
mielleux parce qu'il n'a pas le droit de réplique à ce moment-ci,
M. le Président, il est mielleux. Il est obligé d'endurer le
leader. Vous, vous ne l'aurez plus le droit de parole, fini.
M. MORIN: Vous êtes fielleux.
M. LEVESQUE: Cela fait assez longtemps qu'on est obligé
d'endurer, et Dieu sait que ce n'est pas facile d'endurer les litanies...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LEVESQUE: ... les inepties, les arguties du chef de
l'Opposition...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: ... comme dirait le député de Saint-Jean.
Pardon, est-ce qu'il y a autre chose?
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT: Qu'est-ce qu'il y a?
M. LEVESQUE: Mielleusement quoi? Mielleusement vôtre.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Je n'ai rien entendu dans les derniers
propos...
M. BURNS: M. le Président, quand vous êtes rendu, dans un
discours de troisième lecture, à entendre des choses...
DES VOIX: A l'ordre!
M. BURNS: Quand vous êtes rendu, en troisième lecture,
à être obligé d'entendre des choses du style: On est
obligé de supporter l'Opposition. Je sais bien que cela les "achale", M.
le Président.
LE PRESIDENT: Je pense que c'est réciproque.
M. BURNS: Non, M. le Président, je demande simplement ceci: Si le
leader du gouvernement a un discours de troisième lecture à
faire, qu'il le fasse dans les cadres de l'article 126...
LE PRESIDENT: Bon, discours de troisième lecture.
M. BURNS: ... on va être bien d'accord.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai dit que je serais bref. Si on
veut que je sois bref, qu'on me laisse donc terminer, j'arrive justement.
M. BURNS: Parlez en vertu de l'article 126, vous allez être
bref.
M. LEVESQUE: M. le Président, je vais parler de ce que je vais
vouloir. L'article 126 peut intéresser le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, procédurier comme il est, je vais lui laisser
son livre de règlement pour l'intersession et il regardera l'article 126
et tous les articles qu'il voudra. Quant à moi, ce qui m'importe
présentement, c'est de démasquer ce que plusieurs, sinon tous,
ont décrit non pas seulement comme un procédé
démagogique, mais comme un exemple d'hypocrisie donné à la
population du Québec.
Ce que j'ai voulu simplement dire en troisième lecture,
c'était de rappeler le processus qui avait été suivi, non
pas une loi de dernière minute, mais le processus qui a
été suivi depuis le mois de juin 1974, le concours de
l'Opposition officielle à toutes les étapes de la
préparation de ce projet de loi, sa volte-face à la suite des
ordres de corps étrangers. Nous savions que nous avions une Opposition
officielle petite en nombre; nous savons maintenant que nous avons une
Opposition officielle petite en stature et rapetissée encore par sa
dépendance au conseil national, corps étranger à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, nous avons des témoignages; nous n'avons
pas besoin de les citer tous ici ce soir pour terminer ce débat de
troisième lecture. Nous avons, comme l'a souligné tout à
l'heure celui qui m'a précédé dans son intervention
où il citait, par exemple, l'éditorialiste du Devoir, M. Ryan,
qui disait entre autres: "Le Parti québécois a
décidé, dans sa sagesse puritaine et électoraliste, qu'il
ferait une lutte de principe au gouvernement sur cette question". "On a,
néanmoins, du mal à comprendre le bien-fondé de sa
position. Les députés, en se faisant élire à
l'Assemblée nationale, n'ont pas fait, que l'on sache, le voeu de
pauvreté. Ils n'ont pas davantage fait le voeu de servir d'otages dans
la recherche d'un partage plus équitable de la richesse. Ils se sont au
mieux engagés à travailler honnêtement, au meilleur de
leurs connaissances et de leur expérience, à
l'amélioration du sort de leurs concitoyens et à la bonne gestion
des affaires publiques".
M. le Président, avons-nous besoin d'autres témoignages?
Regardons simplement le rapport Bonenfant lui-même, qui cite Maurice
Duverger qui disait: "La démagogie autour de l'indemnité
parlementaire est facile". M. le Président, l'Opposition officielle a,
encore une fois, cédé à la facilité. Quant à
nous, nous avons l'intention, comme nous l'avons fait jusqu'à
maintenant, de continuer de faire notre devoir, de servir nos concitoyens,
même dans les missions plus délicates. Les premières
paroles que j'ai dites en deuxième lecture, c'était justement que
la question du salaire des députés a toujours constitué un
sujet délicat, surtout parce que ce sont les députés
eux-mêmes qui doivent en discuter.
Je pense que nous avons fait un pas immense. Nous avons confié
cette question à un comité d'experts reconnus par l'ensemble de
l'Assemblée, reconnus par toutes les formations politiques. Nous avons
sorti cette question de la volonté même des députés
et nous l'avons ainsi inscrite dans une loi pour qu'à l'avenir ce ne
soit pas la volonté des députés eux-mêmes, mais
l'ensemble des conditions économiques qui fixe les
rémunérations des députés et des autres membres de
l'Assemblée qui ont des fonctions particulières. C'est ainsi, M.
le Président, que je crois que nous avons aidé réellement
la démocratie. Je dis en terminant: Fi à la démagogie,
vive la véritable démocratie !
LE PRESIDENT: Est-ce que cette motion de troisième lecture est
adoptée?
M. BURNS: M. le Président, je demanderais un vote
enregistré, s'il vous plait.
LE PRESIDENT: Un vote enregistré? Qu'on appelle les
députés !
Vote de troisième lecture
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de la troisième lecture du projet de
loi no 87, Loi modifiant la Loi de la Législature et la Loi de
l'exécutif, veuillent bien se lever, s'il vous plait.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Mailloux, Saint-Pierre,
Garneau, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom, Quenneville, Mme Bacon, MM. Hardy,
Tetley, Drummond, Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Arsenault,
Desjardins, Perreault, Brown, Bossé, Bacon, Veilleux, Brisson, Saindon,
Cornellier, Lafrance, Pilote, Lamontagne, Ostiguy, Fraser, Picard, Assad,
Carpentier, Dionne, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Pelletier, Shanks,
Springate, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier, Chagnon,
Marchand, Caron, Côté, Denis, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance,
Lecours, Malépart, Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Picotte,
Sylvain, Tremblay, Vallières, Samson, Roy, Bellemare (Johnson).
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Charron, Bédard
(Chicoutimi).
LE SECRETAIRE: Pour: 64 Contre : 4
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, voici ma dernière
question, à l'occasion de ma première session, â
l'honorable leader du gouvernement: Est-ce qu'il a pensé à la
question que je lui ai soumise ce matin quant à la production des
documents en réponse aux questions afin que le secrétaire
général puisse les recevoir, comme ça s'est fait, et qu'il
nous en fasse parvenir une copie?
M. LEVESQUE: J'ai pris des renseignements mais il faut dire que cela a
été assez rapide. Ce n'est pas concluant; alors je ne peux pas
m'engager à les déposer entre les sessions. Si, par contre, la
réponse que je reçois, après une étude un peu moins
sommaire, est à l'effet qu'il serait opportun de le faire, je n'y ai pas
d'objection en principe mais je ne peux pas m'engager à le faire
aujourd'hui.
M. BELLEMARE (Johnson): Alors, M. le Président, mon numéro
de téléphone au Cap-de-la-Madeleine est 375-2083.
Commissions parlementaires entre les sessions
M. LEVESQUE: J'ai une motion, je ne sais pas si c'est nécessaire,
pour la tenue des commissions élues entre les sessions; l'avis que j'ai
reçu du secrétaire général, c'est que ce n'est pas
nécessaire. Il y a la commission parlementaire de la justice, je crois,
pour le projet de loi no 50. Il y a la commission parlementaire sur le rapport
Gauvin; il y a celle un instant sur la protection de la
santé publique et la commission de l'Assemblée nationale. Si on
en parle, je dois rappeler à la Chambre que quant à la
convocation de la commission de l'Assemblée nationale, la motion du
ministre de l'Immigration, nous en avons parlé, le leader de
l'Opposition officielle et moi, mais nous n'avons pas pu trouver de temps
disponible à cause d'une fin de session assez bousculée. Nous
avons convenu de nous revoir après la prorogation afin d'établir
une date pour la convocation qui serait acceptable par les deux.
M. ROY: Sur la commission des comptes publics?
M. LEVESQUE: Un instant.
M. BURNS: Alors, M. le Président, je tiens à confirmer les
propos que le leader du gouvernement rapporte concernant nos conversations. A
cause des travaux des derniers jours, il nous a été difficile de
pouvoir nous asseoir et de fixer une date pour la convocation de cette
commission. Par contre, le leader du gouvernement et moi-même, nous nous
sommes dit qu'il fallait, après l'ajournement, nous rencontrer ou tout
au moins communiquer ensemble pour essayer de fixer une date qui ferait
l'affaire des deux partis.
M. ROY: II y aurait la commission parlementaire des comptes publics pour
examiner le rapport du vérificateur général. Nous en avons
parlé. Il y aurait également la commission parlementaire du
travail et de la main-d'oeuvre concernant la Commission des accidents du
travail. Il y a aussi les voeux exprimés par le ministre de
l'Agriculture concernant la convocation de la commission parlementaire de
l'agriculture.
Cela fait passablement de commissions parlementaires. Il y a aussi
l'autre point. Je ne le dis pas pour moi, parce que nous ne sommes que deux.
Nous ne pouvons pas assister tous les deux aux commissions parlementaires. Il y
a la question posée par mes collègues du Parti
québécois concernant l'augmentation du nombre des
représentants dans les commissions parlementaires en dehors des
sessions, pour en doubler le nombre.
D'habitude, le leader du gouvernement fait une motion à ce
sujet.
M. LEVESQUE: M. le Président, si je ne l'ai pas fait, c'est
volontairement. Je crois que, pour le moment, je vais y penser un peu plus.
Nous sommes en train de... M. le Président, je crois que vous avez
confié un mandat pour étudier toute la Loi de la
Législature?
LE PRESIDENT: Si vous me demandez le renseignement, j'ai donné un
mandat, au mois de juillet ou au début d'août je peux le
dévoiler à M. Bonenfant pour qu'il prépare un
projet d'une nouvelle Loi de la Législature. M. Bonenfant m'a dit au
téléphone, récemment, que son projet était
très avancé. Il devait le produire, d'ailleurs, pour le mois de
novembre ou de décembre, mais à cause de la commission sur les
allocations et indemnités, je pense bien avoir un projet qui sera soumis
à des légistes au début de 1975.
M. LEVESQUE: M. le Président, le secrétaire
général me dit qu'on n'a pas besoin de faire de motion. Vous
aimeriez mieux que j'en fasse une?
LE PRESIDENT: Une motion.
M. LEVESQUE: Je la fais. Je fais la motion pour que les commissions
parlementaires puissent siéger après la prorogation.
LE PRESIDENT: Ce qui m'inquiète, c'est uniquement pour les
projets de loi qui ont été déférés
après la première lecture et après la deuxième.
M. LEVESQUE: C'est exact, pour tous ces projets de loi, M. le
Président.
LE PRESIDENT: II n'y en aurait que deux, je crois.
M. LEVESQUE: II y a le projet de loi no 50.
LE PRESIDENT: Le projet de loi no 50 et le projet de loi no 88,
après la première lecture, la Loi de la protection de la
santé publique.
M. VEILLEUX: La Loi sur l'assurance-récolte. Une partie de la loi
n'a pas été proclamée.
LE PRESIDENT: Le bill no 87, je ne pense pas, il vient d'être
adopté.
M. LEVESQUE: II y avait le bill no 50 et le bill no 88, quant au
feuilleton.
UNE VOIX: II y a le no 20.
M. LEVESQUE: L'assurance-récolte, cela a été
adopté.
M. VEILLEUX: II y a deux parties dans la loi, le système
individuel et le système collectif.
M. LEVESQUE: Oui, d'accord.
M. VEILLEUX: Le système collectif a été
retourné à la commission parlementaire.
M. LEVESQUE: C'est vrai, c'est exact.
Pour tout ce qui a été déféré
déjà à une commission parlementaire, si telle commission
parlementaire est convoquée à la demande du leader du
gouvernement.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Suspension, M. le Président, pour la sanction.
LE PRESIDENT: Nous allons suspendre pendant quelques minutes, pour la
sanction des projets de loi qui ont été adoptés en
troisième lecture et nous allons revenir ici. Nous allons inviter le
lieutenant-gouverneur à proroger la session.
Nous allons suspendre pendant dix minutes environ.
(Suspension de la séance à 19 h 55)
Reprise de la séance à 20 h 4
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable lieutenant-gouverneur va
faire son entrée.
Message du lieutenant-gouverneur
LE LIEUTENANT-GOUVERNEUR: Madame et messieurs de l'Assemblée
nationale, au terme de cette deuxième session de la trentième
Législature, je veux, en vous remerciant, mettre en relief la valeur du
travail législatif accompli et souligner l'importance du geste
historique que vous avez posé en proclamant le français la langue
officielle du Québec.
Votre action a rejoint une variété de sujets qui font
l'objet des préoccupations quotidiennes de vos concitoyens. Vous avez
ainsi été appelés à prendre des mesures en vue
d'accroître la qualité de vie des Québécois et de
permettre à notre société de faire des progrès
significatifs sur le plan des droits individuels et collectifs, comme sur celui
du développement économique et de la démocratie
sociale.
You have thus been called upon to adopt measures designed to enhance the
quality of life of the inhabitants of Québec, and to enable the society
we live in to make significant progress in the sphere of individual and
collective rights, as well as in that of economic development and social
democracy.
La responsabilité de l'homme public devient de plus en plus
grande en raison de la complexité des problèmes de notre temps.
C'est en continuant, comme vous l'avez fait au cours de cette deuxième
session, de vous attacher à l'essentiel des questions que vous saurez
conserver la confiance de la population.
Madam and Gentlemen of the National Assembly, in prorogering this second
session of the 30th Legislature, I wish to offer you and to your loved ones my
best wishes for health, happiness and prosperity.
Madame et messieurs de l'Assemblée nationale, en prorogeant cette
deuxième session de la 30e Législature, je veux vous offrir,
ainsi qu'à ceux qui vous sont chers, mes meilleurs voeux de
santé, de bonheur et de prospérité.
Voeux de fin de session M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: Quelques mots pour remercier tous les membres de
l'Assemblée nationale de leur collaboration. Je crois que c'est une
autre session très productive puisque plus d'une centaine de lois ont
été adoptées de manière à faire avancer le
progrès culturel, économique et social. Je veux encore une fois
témoigner du travail particulier qui a été fait,
notamment, par ceux qui n'ont peut-être pas, à l'extérieur
de l'enceinte parlementaire, tout le mérite qu'ils devraient avoir. Il
faut travailler intra muros pour constater, par exemple, le travail
exceptionnel que fait le leader parlementaire, député de
Bonaventure, travail, évidemment, très précieux à
la bonne marche et au fonctionnement de l'Assemblée nationale.
Je veux souhaiter une bonne année à tous les membres, au
personnel de l'Assemblée nationale, qui a dû s'imposer des heures
supplémentaires à l'occasion de cette fin de session, et
également à tous les journalistes.
J'espère que nous pourrons revenir dans quelques semaines pour
entreprendre une autre session aussi productive.
Merci, M. le Président.
M. Jacques-Yvan Morin
M. MORIN: M. le Président, même dans les circonstances
actuelles, je ne voudrais pas manquer de souhaiter aux collègues une
bonne année, une année qui nous rapprochera plus rapidement, il
faut l'espérer, du moment où le Québec sera enfin un pays
de justice, de partage et de fraternité.
Les sessions se terminent plutôt mal, depuis quelque temps; elles
se terminent sur des notes discordantes au milieu de dures controverses.
Néanmoins, je veux me tourner résolument vers l'avenir, non pas
que le passé puisse être effacé, mais en espérant
que l'année qui vient réserve des jours meilleurs pour tous les
Québécois. C'est à eux surtout que je veux penser ce soir
puisque nous les représentons, puisque nous sommes chargés du
bien collectif, de leur bien. C'est à eux que je souhaite
sûrement, au nom de tous les députés de cette
Assemblée, une bonne et heureuse année. Merci.
LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais, au nom de notre parti
maintenant reconnu, profiter de l'occasion...
M. BURNS: On a le droit de se conter des peurs comme on veut.
M. SAMSON: ... qui m'est donnée, M. le président, pour
souhaiter, en mon nom personnel, au nom du député de Beauce-Sud,
une bonne et heureuse année à tous les membres de
l'Assemblée nationale et également aux membres de leur famille.
Je ne voudrais pas oublier les officiers de l'Assemblée ainsi que tous
les employés: gardiens, secrétaires, personnel du journal des
Débats, personnel du restaurant, journalistes, enfin tous. Et je
souhaite, M. le Président, que tous puissent profiter des quel-
ques jours de congé qui restent, durant ce congé des
Fêtes, pour fêter comme il se doit la nouvelle année.
Je souhaite, en terminant, que l'an prochain, à la fin de la
session, il me soit possible d'offrir mes voeux de Joyeux Noël.
M. le Président
LE PRESIDENT: Je dois prononcer quelques mots sacramentels, soit le
message du lieutenant-gouverneur pour la prorogation. Quant à mes voeux
personnels, ils s'adressent à tous ceux qui travaillent autour de cette
Assemblée nationale et qui font partie de cette grande famille. Je pense
que nous pourrions avoir l'occasion de nous serrer la main mutuellement dans la
bibliothèque qui se trouve en arrière du fauteuil ici,
après que les mots suivants seront dits.
Prorogation
LE PRESIDENT: C'est la volonté et le désir de l'honorable
lieutenant-gouverneur du Québec que cette Législature soit
prorogée sine die et, en conséquence, cette Législature
est prorogée sine die. Mes meilleurs voeux vous accompagnent.
(Fin de la séance à 20 h 14)