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(Dix heures treize minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce que je peux avoir le
consentement de la Chambre pour que, si nous avons des rapports au cours de la
journée, nous puissions les déposer?
M. BURNS: D'accord, M. le Président. LE PRESIDENT: Consentement
accordé. M. LEVESQUE: Merci.
LE PRESIDENT: Présentation de projets de loi au nom du
gouvernement.
M. LEVESQUE: M. le Président, le ministre des Affaires sociales
m'a prévenu qu'il serait quelques minutes en retard. Est-ce que nous
pourrions attendre son arrivée et revenir à ce moment à la
présentation de projets de loi au nom du gouvernement? Je crois qu'il
aurait des explications à donner lui-même.
M. BURNS: Je suis également d'accord.
M. BOURASSA: Cela commence bien la journée.
M. BURNS: Cela va bien.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il n'y en a pas d'autres projets de loi au nom
du gouvernement?
M. LEVESQUE: Oui.
M. BURNS: Profitez-en, ce ne sera pas toujours de même.
M. BOURASSA: II y a un autre projet de loi qui s'en vient.
M. LEVESQUE: M. le Président, article e).
Projet de loi no 87 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire du gouvernement propose
la première lecture de la Loi modifiant la loi de la Législature
et la loi de l'exécutif.
M. LEVESQUE: M. le Président, ce projet de loi suggère un
ajustement des indemnités et allocations des membres de
l'Assemblée nationale.
M. MORIN: Ah oui?
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. MORIN: Vote enregistré.
M. BURNS: Vote enregistré, M. le Président. A la suite de
cette déclaration laconique du leader du gouvernement, je demande un
vote enregistré.
M. BOURASSA: Ils ne sont que quatre.
M. LEVESQUE: II faut être quatre, M. le Président, pour
demander le vote enregistré.
M. BURNS: II faut être cinq.
M. LEVESQUE: Cinq, je veux dire; est-ce qu'il y en a cinq qui demandent
le vote?
M. BURNS: Oui, il y en a cinq.
M. MORIN: Nous allons pouvoir identifier les sangsues des fonds publics
!
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Vote de première lecture
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de cette motion de première lecture
de la Loi modifiant la loi de la Législature et la loi de
l'Exécutif veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Parent (Hull), Mailloux,
Saint-Pierre, Choquette, Garneau, Cloutier, Phaneuf, Lachapelle, Berthiaume,
Quenneville, Hardy, Tetley, Drummond, Lacroix, L'Allier, Vaillancourt,
Arsenault, Houde (Fabre), Houde (Abitibi-Est), Desjardins, Giasson, Perreault,
Brown, Fortier, Kennedy, Bacon, Veilleux, Saint-Hilaire, Brisson, Cornellier,
Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Lamontagne, Gratton, Gallienne, Dionne,
Faucher, Harvey (Charlesbourg), Larivière, Pelletier, Pepin, Bellemare
(Rosemont), Bonnier, Boudreault, Boutin, Chagnon, Caron, Côté,
Harvey (Dubuc), Lapointe, Lecours, Malépart, Malouin, Massicotte,
Mercier, Pagé, Parent (Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif,
Tremblay, Vallières, Samson, Roy, Bellemare (Johnson).
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaft.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Léger, Charron,
Bédard (Chicoutimi).
LE SECRETAIRE: Pour: 68 Contre: 5
LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons trois projets de loi qui
paraissent en appendice au feuilleton, aujourd'hui. Si on n'avait pas
d'objection, on pourrait les déposer immédiatement.
M. BURNS: D'accord.
M. ROY: M. le Président, puis-je demander au leader du
gouvernement s'il compte appeler ces projets de loi en deuxième lecture
demain?
M. LEVESQUE: Je pense que si le député en prend
connaissance, il verra que ces trois projets de loi sont très brefs.
Après cela, on pourra répondre peut-être d'une façon
plus éclairée à la question de l'honorable
député.
M. ROY: Le projet de loi peut être bref, mais la discussion peut
être longue.
M. LEVESQUE: C'est pour cela que je veux attendre la réaction,
une fois qu'on aura lu les projets de loi.
Les trois projets de loi en appendice, M. le Président.
Projet de loi no 200
Première
lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture de la Loi concernant le Conseil de
sécurité publique de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. CHOQUETTE: M. le Président, l'article 1 de ce projet
prévoit l'institution d'un conseil consultatif pour le Conseil de
sécurité publique de la Communauté urbaine de
Montréal.
L'article 2 prévoit que les décisions relatives au plan
d'allocation des ressources humaines et physiques du Service de la police de la
communauté n'auront d'effet que si elles sont confirmées par le
gouvernement.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Projet de loi no 82 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Transports propose la
première lecture de la Loi modifiant la loi des autoroutes et le code de
la route.
L'honorable ministre des Transports.
M. MAILLOUX: M. le Président, l'article 1 et l'article 4
confirment le statut d'agent de la paix aux agents employés par l'Office
des autoroutes pour assurer l'observance de la loi et des règlements sur
les voies de communications.
L'article 2 décrète que l'amende prévue au
sous-paragraphe b) du paragraphe 12) de l'article 49 b) du code de la route est
une amende minimum.
L'article 3 permet de terminer l'intégration des cours
municipales de trois municipalités de la rive sud de Montréal en
autorisant chacune de ces municipalités à renoncer en faveur du
procureur général à la poursuite des infractions commises
dans son territoire aux lois et règlements concernant la circulation et
le stationnement et à convenir du partage des amendes.
M. le Président, j'ajoute que ces amendements sont
demandés par mon collègue de la Justice. Quand aux amendements au
code de la route, beaucoup plus importants, que désirait le
ministère des Transports, il ne nous est pas possible de les apporter
avant le début de la prochaine session.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Projet de loi no 84 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture de la Loi concernant les juges.
M. CHOQUETTE: M. le Président, ce projet prévoit que les
juges nommés par le gouvernement du Québec recevront, pour
l'année 1975, un montant forfaitaire déterminé
d'après l'augmentation de la moyenne des traitements et salaires
hebdomadaires pour l'ensemble des activités économiques du Canada
au cours des deux dernières années.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
L'honorable ministre des Finances.
Fiscalité des compagnies minières M.
Raymond Garneau
M. GARNEAU: M. le Président, j'ai mentionné, dans mon
discours sur le budget de mars dernier, que deux comités
interministériels avaient été chargés
d'étudier respectivement la fiscalité des compagnies
minières et des compagnies pétrolières. Il était
alors implicitement entendu que j'annoncerais, pendant l'année
financière 1974/75, des modifications applicables à ces deux
secteurs.
Le comité de révision de l'imposition des entreprises
minières a obtenu un mandat passablement vaste du conseil des ministres
et n'a pas encore terminé son analyse. De plus, il doit poursuivre ses
consultations avec les autres provinces canadiennes en vue d'assurer une
meilleure harmonisation fiscale.
Notre nouvelle politique d'imposition minière devrait être
annoncée lors du discours sur le budget du printemps prochain. Il
convient, cependant, de faire part dès maintenant d'une modification
fiscale intérimaire applicable à ces compagnies pour
l'année 1974/75, c'est-à-dire pour la période
s'étendant du 1er avril 1974 au 31 mars 1975.
Les compagnies dont l'exercice financier se termine ou débute au
cours de cette période verront leurs bénéfices miniers
imposés à des taux majorés de 50 p.c. pour les tranches de
profits inférieures à $10 millions et de 100 p.c. pour les
tranches excédant $10 millions.
Le taux minimum passera donc de 9 p.c. à 13.5 p.c. et le taux
maximum de 15 p.c. à 30 p.c. Par contre, l'exemption de base sera
portée de $50,000 à $150,000 pour la même
période.
Les compagnies minières devront, d'une part, calculer le montant
d'impôt minier qui aurait été payable si l'ancien
régime fiscal s'était appliqué durant tout l'exercice
financier des compagnies et, d'autre part, le montant qui serait payable si le
nouveau régime fiscal s'était appliqué durant tout
l'exercice financier de la compagnie. Puis elles détermineront le
montant d'impôt payable suivant chacune de ces structures en utilisant le
nombre de jours de l'exercice financier compris ou non dans la période
d'augmentation.
Les nouveaux taux seront donc, par tranches de profits miniers,
déduction faite de l'exemption, de 13.5 p.c. du profit n'excédant
pas $1 million, 16.5 p.c. du profit excédant $1 million mais
n'excédant pas $2 millions, 19.5 p.c. du profit excédant $2
millions mais n'excédant pas $4 millions, 22.5 p.c. du profit
excédant $4 millions mais n'excédant pas $10 millions et 30 p.c.
du profit excédant $10 millions.
Cette nouvelle structure de taux devrait rapporter au trésor
public environ $15 millions de revenus supplémentaires pour l'exercice
1974/75, tout en maintenant, en moyenne, les compagnies minières
québécoises dans une position concurrentielle avantageuse par
rapport à celles qui opèrent dans les principales provinces
productrices où des modifications fiscales ont été
annoncées. Toutes les autres dispositions actuelles de la Loi sur les
impôts, de la Loi concernant l'application de la loi sur les impôts
s'appliquant aux compagnies minières et de la Loi des droits sur les
mines demeureront inchangées, sauf pour ce qui est de certaines
dispositions de concordance avec la loi fédérale et dont il est
question dans le document intitulé "Renseignements
supplémentaires à la déclaration ministérielle",
qui sera distribué à tous les membres de cette Chambre.
Par ailleurs, à la suite de notre examen du régime fiscal
des compagnies pétrolières et gazières, et à la
suite également du budget fédéral, je voudrais faire part
de certaines modifications à la fiscalité de ces compagnies. Le
régime fiscal des compagnies gazières et
pétrolières sera modifié à partir du 6 mai 1974, de
façon à incorporer à la Loi sur les impôts et
à la Loi concernant l'application de la loi sur les impôts de
nouvelles dispositions prévues par l'avis de motion des voies et moyens
fédéral du 18 novembre 1974, résumé dans le
document annexé qui sera distribué à tous les
députés, c'est-à-dire que les redevances et autres
paiements ou considérations pouvant être assimilées
à des redevances versées aux gouvernements
fédéral et provinciaux, à leurs mandataires ou
représentants par des compagnies pétrolières et
gazières ne seront plus déductibles dans le calcul de leurs
revenus. L'épuisement gagné remplacera l'épuisement
automatique et sera déductible jusqu'à la limite de 25 p.c. des
bénéfices de production et sera gagné de la même
manière qu'au fédéral.
La définition des dépenses admissibles sera la même
et celles-ci donneront droit à $1 d'allocation pour chaque $3 de
dépenses admissibles. Les frais d'exploration canadiens engagés
par une entreprise principale demeureront amortissables au taux de 100 p.c,
alors que le taux sera de 30 p.c. sur le solde dégressif pour ce qui est
des frais d'aménagement canadiens non engagés au
Québec.
Cependant, les dispositions particulières suivantes seront
introduites dans la loi québécoise: la part des dépenses
admissibles engagées au Québec par les compagnies à partir
du 1er janvier 1975 donnera droit à $1 d'allocation d'épuisement
gagné pour chaque $2 de dépenses; les frais d'aménagement
engagés au Québec par les entreprises principales continueront
d'être amortis au taux de 100 p.c. comme antérieurement.
J'aimerais mentionner que l'ampleur de notre déficit
énergétique en hydrocarbures est tel que ces mesures
d'encouragement à la recherche et à la découverte
d'hydrocarbures au Québec nous semblent amplement justifiées. Ces
modifications à l'imposition des compagnies pétrolières et
gazières devraient rapporter dès cette année environ $25
millions supplémentaires au trésor provincial.
A la suite d'un changement important dans la conjoncture
économique, l'industrie reliée aux ressources forestières
a connu un renversement important de ses conditions d'opération.
L'industrie papetière est maintenant favorisée par des prix
mondiaux élevés, alors que l'industrie du bois de sciage est
violemment touchée par le ralentissement de la construction
résidentielle. Face à cette situation, le gouvernement a
décidé de réviser sa politique concernant les droits de
coupe de ces deux types d'industrie.
Concernant les producteurs de bois de sciage, le gouvernement les
autorisera à différer après le 1er avril 1975 les droits
de coupe, au montant de $7 millions environ, qu'ils auraient dû payer
pour l'année financière 1974/75. Ces droits seront payables sans
intérêt sur une période maximale de trois ans à
compter du 1er avril 197 5 selon un échéancier qui sera
établi suivant les conditions de reprise du marché des bois de
sciage.
Par contre les hausses importantes de redevances dans les autres
provinces et l'amélioration de la rentabilité de l'industrie des
pâtes et papiers justifient une hausse des redevances à compter du
1er janvier 1975, lesquelles seront portées, pour chaque unité de
100 pieds cubes de bois à pâte coupée, de $2.94 à $5
pour les bois résineux, de $2.32 à $4.38 pour les feuillus autres
que le peuplier et le tremble et de $1.19 à $2.36 pour le tremble et le
peuplier. Malgré ces ajustements, qui entraîneront une hausse de
revenu de l'ordre de $8 millions en 1975/76, les producteurs
québécois continueront d'être dans une position avantageuse
par rapport à leurs concurrents situés dans les autres
provinces.
Il convient également d'annoncer en cette Chambre que le
gouvernement a décidé d'adopter un programme
d'épargne-logement à compter de l'année 1974. Ainsi, en
vertu de ce régime, tout contribuable résidant au Canada, de 18
ans, et plus, et qui ne possède pas déjà une habitation
pourra verser jusqu'à $1,000 par an à un plan enregistré
d'épargne-logement. La contribution totale à un tel plan ne
pourra pas excéder $10,000. On ne pourra se prévaloir qu'une
seule fois de ce régime et ces versements seront déductibles dans
le calcul du revenu.
Le revenu des fonds ainsi placés ne sera pas imposé. Lors
de leur retrait, les montants investis dans un plan d'épargne-logement
et les revenus qui s'y sont accumulés ne seront pas imposés s'ils
servent à effectuer un versement initial sur l'achat d'une maison ainsi
qu'à l'acquisition de l'ameublement et des principaux appareils
ménagers au moment de l'aménagement. A l'expiration du
régime, la totalité des sommes versées et des revenus s'y
rapportant devra être retirée dans la mesure où le montant
versé dans un régime n'est pas utilisé à l'achat
d'une maison et de l'ameublement. Il pourra être transféré
à un régime enregistré d'épargne-retraite ou servir
à l'achat d'une rente d'étalement, laquelle est assujettie
à l'impôt.
Le fonctionnement de ce régime d'épargne-logement
s'apparentera à celui du régime actuel d'épargne-retraite.
Ainsi ce régime devra être enregistré dans l'année
ou dans les 60 jours qui suivent la fin de l'année d'imposition. Enfin,
je tiens à mentionner qu'en vertu de la loi québécoise,
comme ce sera vraisemblablement le cas en vertu de la loi
fédérale suite à mon intervention auprès du
ministre fédéral des Finances, les placements des fiduciaires
administrant les régimes enregistrés d'épargne-logement
auprès des caisses populaires seront considérés comme
admissibles.
Egalement le gouvernement a décidé d'inscrire dès
1974, dans la Loi sur les impôts, des dispositions de concordance avec la
loi fédérale en ce qui concerne l'exemption des premiers $1,000
de revenu d'intérêt reçus par un particulier. Elles
prendront effet rétroactivement à partir du début de
l'année civile 1974. Le coût de cette mesure est
évalué à environ $50 millions pour une année. Les
formulaires d'impôt permettront aux contribuables québécois
de se prévaloir des bénéfices de cette exemption de $1,000
ainsi que du programme d'épargne-logement lorsqu'ils rempliront leur
déclaration d'impôt pour l'année 1974.
Enfin, le gouvernement fédéral a présenté
plusieurs dispositions ayant pour objet de parachever la réforme fiscale
entreprise en 1972. De manière à minimiser la différence
de structure fiscale entre les provinces, nous allons donner
suite à plusieurs de ces dispositions. On trouvera d'ailleurs,
dans le document auquel j'ai fait allusion antérieurement, une liste et
un résumé des principales dispositions, prenant effet avant
l'année d'imposition 1975, que nous retenons pour le Québec.
La législation mettant en force diverses mesures sera
présentée au cours de la prochaine session de l'Assemblée
nationale. Cependant, elle aura les effets rétroactifs mentionnés
précédemment.
Dans un autre ordre d'idées, je voudrais annoncer dès
maintenant que le gouvernement ne reconduira pas l'exemption de la taxe de
vente sur l'achat de machinerie industrielle, et cela à compter du 1er
avril 1975. La loi de l'impôt sur la vente en détail a
été modifiée en 1972 pour exempter la machinerie
industrielle achetée entre le 19 avril 1972 et le 31 mars 1975.
Cependant, toute machinerie industrielle achetée après ce
soir et avant le 1er avril 1975 devra, pour pouvoir bénéficier de
l'exemption, être livrée avant le 1er avril 1976. C'est pour
éviter des complications administratives que j'ai voulu annoncer
dès maintenant la politique gouvernementale à l'égard de
cette mesure.
En terminant, je crois qu'il est important de souligner que cette
déclaration s'inscrit dans la ligne de pensée de mon dernier
discours sur le budget et constitue la poursuite des politiques
sociales-démocrates du gouvernement Bourassa.
LE PRESIDENT: Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: M. le Président, avant de me pencher sur les
détails de la déclaration ministérielle, il me parait
opportun de faire quelques observations de portée générale
sur la déclaration du ministre.
Ce qu'il est difficile de comprendre, après toutes les demandes
d'indexation de l'impôt émanant des milieux les plus divers, y
compris les analyses économiques, c'est que le ministre s'obstine
à refuser l'indexation des tables d'impôt sur le revenu des
particuliers.
A ce propos, pour répondre une fois pour toutes aux arguments du
premier ministre, qui soutient que ce sont les banques, comme il vient de le
répéter à sa manière habituelle de
collégien, pour répondre à cela et à son autre
prétention selon laquelle ce sont prétendument les riches qui
bénéficieraient de l'indexation, je voudrais lui citer quelques
extraits d'articles parus dans les revues spécialisées en
matière de fiscalité. Le premier ministre, s'il est encore
"fiscaliste" à ses heures, aura lu certains de ces articles.
M. BOURASSA: Je vais vous répondre.
M. MORIN: Je ne sais pas s'il a le temps de le faire...
M. BOURASSA: Je vais vous répondre.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais faire allusion en
particulier à un article fort bien documenté, probablement le
meilleur qui ait été publié récemment, dans le
Canada Tax Journal de juillet/août 1974. Dans cette revue, on trouve un
article signé par MM. Allan, Dodge et Poddar, qui sont tous experts du
ministère fédéral des Finances. Cet article
démontre, s'il était besoin, que l'indexation a pour but
d'éliminer les augmentations de taxes subreptices, presque
"involontaires" qui surviennent avec l'indexation, en somme ce que le ministre
Turner a appelé les hausses clandestines de taxes qui résultent
de la non-indexation des impôts en période d'inflation. Le
résultat, écrivent ces auteurs, en est une hausse réelle
des taxes. Et ils soutiennent, en conclusion, qu'il faut revenir au revenu
réel et non plus au revenu gonflé des "bénéfices"
inflationnistes, si l'on veut tenir compte de la capacité de payer, de
la capacité fiscale des contribuables.
Le premier ministre s'est fait l'écho de ces débats ici en
Chambre et devant le public. Il a dit que l'indexation
bénéficiait avant tout à ceux qui se situent dans les
échelons supérieurs des salaires. Mais les auteurs en question et
plusieurs autres articles démontrent que c'est faux. Et le pire, c'est
que le premier ministre le sait.
M. BOURASSA: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. MORIN: En tout cas, cet "admirable" expert financier, qu'il est,
devrait le savoir.
LE PRESIDENT: Une question de privilège. M. HARDY: ... faux
juriste.
LE PRESIDENT: Un instant, une question de privilège ou quoi?
M. BOURASSA: M. le Président...
M. MORIN: Est-ce une question de privilège?
LE PRESIDENT: J'aimerais le savoir.
M. BOURASSA: Je veux rectifier. Est-ce que le chef de l'Opposition me
permet de rétablir les faits?
M. LESSARD: M. le Président, au moment d'une
déclaration...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre! ... A l'ordre, s'il
vous plaît.
Une question de privilège uniquement si le député
se sent attaqué ou se sent...
M. MORIN: M. le Président, je comprends que, d'une certaine
façon, il se sente attaqué, parce qu'il n'a pas grand-chose
à répondre.
M. BOURASSA: Est-ce que vous me permettez de répondre.
M. MORIN: Vous répondrez après.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
A l'ordre, messieurs! S'il vous plaît!
M. MORIN: M. le Président, dans cet article de juillet/août
1974, qui constitue une contribution récente au débat, les
auteurs nous disent ceci, à propos de l'argument selon lequel ce sont
les contribuables les plus aisés qui seraient favorisés par
l'indexation: "It should be obvious that malheureusement, M. le
Président, il n'existe encore point de "Quebec Tax Journal" il y
en aura peut-être un, quelque jour; à ce moment, nous pourrons
citer en français. Pour l'instant, pour être bien sûr que je
me fais comprendre, je vais le citer dans la langue de l'original: "It should
be obvious that the additional tax incured by a purely inflationary increase in
incom will be greater the higher the marginal tax rate. It, therefore, follows
écoutez bien that, in moving towards a real income tax
system, the resulting tax saving will be larger, in absolute terms...
M. BOURASSA: Ah oui! mais c'est ce qui compte.
M. MORIN: ... for high than for low income tax-payers".
LE PRESIDENT: S'il vous plaft, messieurs!
M. MORIN: Oui, si on veut bien me laisser procéder, c'est assez
technique...
LE PRESIDENT: S'il vous plaît!
M. MORIN: M. le Président, et j'aimerais bien qu'on
écoute. "There is nothing intrinsically inequitable about this result.
It is merely the converse of the higher tax imposed by inflation upon higher
income tax-payers. Secondly, in endeavouring to assess the equity or
progressivity of indexing from the behaviour of the absolute dollars amount of
tax saving, this criticism is on extremely shaky ground".
J'espère que le premier ministre me suit. Et, plus loin:
"Indexing is a progressive adjustment to the tax system for the relative tax
saving falls continuously as taxable income rises". Est-ce que c'est clair?
Je pourrais d'ailleurs en citer encore plus longuement: "It is apparent
that, when a theoretically appropriate comparison is made, indexation is
revealed as being a non ambiguously progressive measure".
Cet article, dont je ferai parvenir copie au premier ministre, s'il en a
besoin...
M. BOURASSA: Oui, je l'ai lu.
M. MORIN: ... démontre... M. BOURASSA: Je l'ai lu.
M. MORIN: ... sans ambiguïté que l'indexation est une mesure
qui est progressive sur le plan fiscal...
M. BOURASSA: Oh!
M. MORIN: ... et progressiste sur le plan social.
M. BOURASSA: Oh!
M. MORIN: Et le premier ministre...
M. BOURASSA: C'est incroyable.
M. MORIN: ... aura beau faire des tas de simagrées, le premier
ministre aura beau faire des discours pour cacher cette
réalité...
M. BOURASSA: ... les preuves.
M. MORIN: ... il ne pourra pas contredire les tableaux qui se trouvent
dans cet article.
M. BOURASSA: Ils admettent qu'en termes absolus...
M. MORIN: M. le Président, d'ailleurs, dans plusieurs de mes
interventions sur ce même problème, notamment à
l'époque de la motion de blâme, j'ai montré, chiffres en
main, comment les contribuables qui se trouvent au bas de l'échelle
bénéficient plus de l'indexation que ceux qui se trouvent au haut
de l'échelle.
Je vous propose une dernière citation avant de passer aux
détails de la déclaration ministérielle. La conclusion est
la suivante, qu'on trouve à la page 369: "Indexing decreases the share
of total taxes paid by lower income tax-payers while increasing their share of
disposable income. It is thus unambiguously a progressive matter". M. le
Président, je laisse au premier ministre le soin de nous faire, encore
une fois, son petit discours clé sur le thème que l'indexation
bénéficie avant tout aux riches.
M. BOURASSA: J'ai les premiers ministres sociaux-démocrates du
Canada.
M. MORIN: II y reviendra. Pour l'instant, je n'ai pas terminé mon
commentaire.
Je me penche maintenant sur les détails de la déclaration
ministérielle. On indique dans cette déclaration
ministérielle qu'il y aura, en premier lieu, une majoration des taux
d'imposition sur les bénéfices miniers des compagnies dont
l'exercice financier se termine ou débute au cours de la période
allant du 1er avril 1974 au 31 mars 1975.
M. le Président, ce que j'entends dire là-dessus, c'est
que ces compagnies, qui vont subir un taux d'imposition un peu
supérieur, sont
déjà les entreprises les moins taxées du
Québec. Là-dessus, le ministre, d'ailleurs, commet un très
bel euphémisme, à la page 3 de sa déclaration: "Tout cela
dit-il cette nouvelle structure, va maintenir en moyenne les
compagnies minières québécoises dans une position
concurrentielle avantageuse par rapport à celles qui opèrent dans
les principales provinces productrices où des modifications fiscales ont
déjà été annoncées". Qu'en termes
élégants, fiscalement élégants, ces
choses-là sont dites! En somme, les majorations prennent bien garde de
toucher à la position préférentielle dont
bénéficient déjà au Québec ces compagnies
minières.
M. SAINT-HILAIRE: II ne comprend rien! M. MORIN: M. le Président,
je note...
M. BOURASSA: C'est épouvantable. Il faut créer du
chômage!
M. MORIN: Nous avons trop bien compris, voilà ce qui est. Trop
bien compris. M. le Président, je note aussi que l'exemption de base est
triplée pour la même période et cela me paraît tout
autant significatif.
En second lieu, je traiterai des droits de coupe des compagnies de
pâtes et papiers. La hausse de redevances, à notre avis, s'est
fait beaucoup trop attendre. On nous annonce maintenant qu'elle va être
portée, pour les bois résineux, de $2.94 à $5., pour les
feuillus autres que le peuplier et le tremble, de $2.32 à $4.38, et pour
le peuplier et le tremble, de $1.19 à $2.36.
M. le Président, ces redevances demeurent inférieures
à la rente économique que la collectivité
québécoise pourrait tirer de la richesse collective, de ses
richesses naturelles. Cela entraîne pour le gouvernement une hausse de
revenu qui est à peine de $8 millions. Quant on sait, M. le
Président, l'amélioration de rentabilité qu'ont connue ces
industries de pâtes et papiers depuis quelque temps, on s'étonne
que ce soit là le minuscule surplus que la collectivité retirera
de la richesse collective.
Le ministre reconnaît, par un nouvel euphémisme d'ailleurs,
que cet "ajustement", comme il dit, ne portera pas réellement atteinte
à la position privilégiée de ces compagnies de pâtes
et papiers. Ecoutez bien ce bel euphémisme: "Malgré cet
ajustement, les producteurs québécois continueront d'être
dans une position avantageuse par rapport à leurs concurrents
situés dans les autres provinces". Voilà la
réalité.
M. le Président, il reste du chemin à parcourir avant que
les Québécois puissent devenir les "Arabes" du papier, ou de
l'amiante...
DES VOIX: Ha! Ha!
M. MORIN: ... ou de cuivre, ou même du fer.
M. SAINT-HILAIRE: J'espère que les Québécois ne
deviendront jamais des Arabes!
M. MORIN: M. le Président, il reste bien du chemin à
parcourir avant que nous soyons les Arabes de quoi que ce soit. Merci.
M. SAINT-HILAIRE: S'il fallait que nos Québécois soient
des Arabes, cela ferait pitié.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, le ministre, ce matin, en nous
annonçant cette mesure, a tenté de faire croire, je pense bien,
aux Québécois, par le fait qu'on irait chercher plus d'argent
dans certaines entreprises, qu'il s'agirait en quelque sorte d'un cadeau
à l'endroit des contribuables du Québec.
Mais, lorsqu'on regarde cette déclaration, lorsqu'on regarde les
sous-entendus et lorsqu'on peut lire un peu entre les lignes, on
découvre que c'est loin d'être la situation.
On aurait été en droit de s'attendre, je pense, dans le
Québec, compte tenu du fait que le gouvernement est le plus grand
profiteur de l'inflation actuelle le gouvernement est à
pourcentage dans le système d'inflation que nous connaissons que
non seulement les compagnies, mais les contribuables du Québec puissent
se retrouver, eux aussi, dans une situation au moins aussi avantageuse sinon
plus que les contribuables des autres provinces.
Au lieu de cela, nous devons malheureusement constater, encore une fois,
que le gouvernement ne corrige rien pour le contribuable du Québec,
parce que les exemptions de base je dis bien les exemptions de base
à l'impôt sur le revenu n'ont pas été
changées. A titre d'exemple, un père de famille qui gagne de
$8,000 à $9,000 par année, compte tenu des augmentations
considérables qu'il a dû assumer pour faire vivre sa famille, n'a
encore aucune exemption de base pour chacun des enfants qu'il a à sa
charge.
Je pense qu'on n'a pas à se réjouir de la piètre
performance du gouvernement que nous avons devant nous. Le gouvernement aurait
pu et pourrait, à ce moment-ci de l'année, faire un cadeau
réel aux contribuables du Québec, mais il manque encore
l'occasion de le faire. Pourtant, ce n'est pas parce que le gouvernement ne
perçoit pas plus d'argent à cause de l'inflation. Il
préfère garder son pourcentage et distribuer quelques
miettes.
Pour ce qui a trait aux compagnies minières, le gouvernement va
chercher un petit montant additionnel de $15 millions face aux immenses
richesses que le Québec possède. Lorsque le gouvernement nous
annonce qu'il faut absolument tenir ces entreprises dans une position
concurrentielle avantageuse, je dis que nous sommes en train
d'hypothéquer dangereusement l'avenir. En effet, pendant que les
compa-
gnies viennent chez nous chercher nos richesses naturelles pour rien, il
est évident que d'autres attendent peut-être l'occasion d'avoir de
meilleurs prix.
A ce moment-là, nos richesses, qui ne sont quand même pas
inépuisables, seront épuisées et nous nous retrouverons
dans d'autres situations qui ne seront pas celles où, je pense, nous
aurions aimé que nos Québécois se retrouvent.
Pour ce qui a trait aux compagnies papetiè-res, je pense que le
ministre des Finances aurait dû consulter un peu son collègue du
ministère des Terres et Forêts. Lorsqu'on parle d'augmenter
quelque peu je dis bien quelque peu les droits de coupe des
compagnies papetières, avec les immenses privilèges qu'elles ont,
compte tenu du fait qu'on se propose de racheter leurs immobilisations, ce qui
sera une compensation plus qu'avantageuse, si on regarde un peu entre les
lignes, on se demande si réellement le Québec va aller chercher
des revenus additionnels.
Dans une troisième mesure, le gouvernement du Québec, et
j'en suis très heureux, consent à permettre à ceux qui
voudront bénéficier du programme d'épargne-logement du
gouvernement fédéral de bénéficier des mêmes
avantages de la part du gouvernement québécois.
Cela, c'est une heureuse mesure. J'avais, d'ailleurs, interrogé
le ministre des Finances à ce sujet-là, au début de la
semaine. Mais il y a quelque chose qui me surprend dans cette
déclaration.
Voici ce que dit le ministre à la page 9: "Enfin, je tiens
à mentionner qu'en vertu de la loi québécoise, comme ce
sera vraisemblablement le cas en vertu de la loi fédérale, suite
à mon intervention auprès du ministre fédéral des
Finances, les placements des fiduciaires administrant le régime
enregistré d'épargne-logement auprès des caisses
populaires seront considérés comme admissibles."
Je n'ai rien contre. Evidemment, je suis pour que les caisses populaires
soient admises mais, M. le Président, il y a eu des consultations et des
communications qui ont été faites hier soir avec l'honorable
ministre des Finances fédéral, M. Turner, et le ministre des
Finances fédéral est prêt à rendre éligibles
les caisses d'épargne et de crédit au Québec. Je me
demande pourquoi le gouvernement provincial veut limiter cela et donner
l'exclusivité aux caisses populaires alors qu'il y a toute une
série de caisses d'entraide économique dans le Québec et
tout un réseau de caisses d'établissement qui se sont justement,
elles, spécialisées d'une façon particulière pour
favoriser l'accès à la petite propriété
résidentielle. Il y a belle lurette que les caisses
d'établissement, depuis 1960, sont inscrites et font souscrire des plans
d'épargne dans la province de Québec, des plans
d'épargne-logement.
Je me demande pourquoi le gouvernement de la province impose
actuellement une restriction et veut limiter l'application de la loi
fédérale pour tâcher de donner l'exclusivité aux
caisses populaires. M. le Président, aussitôt que le ministre le
pourra, je serai prêt à donner mon consentement pour qu'il nous
donne des explications là-dessus; sinon, j'y reviendrai tout à
l'heure lors de la période des questions. Je me demande pourquoi cette
restriction du gouvernement provincial alors que le fédéral est
prêt, lui, en ce qui le concerne, à accepter tout le mouvement des
caisses d'épargne et de crédit. M. le Président, le
gouvernement, comme dernière mesure, accorde une exemption de $1,000 de
revenus provenant d'intérêts à ceux qui ont des revenus
d'intérêts. Nous avons demandé qu'il y ait une mesure de ce
genre depuis bien longtemps. Je pense que le gouvernement admet quand
même l'erreur qu'il a faite il y a quelques années alors qu'on a
décidé d'imposer l'intérêt. M. le Président,
à ce moment-là, je n'étais pas député, je
travaillais à l'intérieur du mouvement des Caisses
d'épargne et de crédit du Québec et j'étais en
mesure de me rendre compte des conséquences que cette imposition avait
eues, des conséquences énormes que cette imposition avait eues
à l'effet de décourager l'épargne
québécoise. Or, le gouvernement corrige la situation, accordant
$1,000 d'exemption d'impôt sur le revenu, c'est-à-dire en ce qui a
trait au revenu d'intérêts sur l'impôt sur le revenu. C'est
une mesure à laquelle nous souscrivons. J'aimerais bien à ce
moment-ci que le ministre des Finances aille un peu plus loin et, compte tenu
des petits montants qui sont collectés en intérêts dans les
caisses populaires et les petites caisses d'épargne et de crédit,
fasse en sorte de relever la base minimale exigée pour remplir une
formule fiscale, ce qui a pour effet d'alourdir et de compliquer
énormément l'administration des petites caisses d'épargne
et de crédit du Québec.
LE PRESIDENT: Dépôt de documents.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire du gouvernement.
Conseil consultatif du travail
M. LEVESQUE: M. le Président, pour et au nom du ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre, qu'il me soit permis de déposer le
rapport annuel de 1973/74 du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre.
LE PRESIDENT: II n'y a pas d'autre dépôt de documents de la
part du ministre de la Justice?
Tribunal de l'expropriation
M. CHOQUETTE: Oui, oui. M. le Président,
je voudrais déposer le rapport annuel du Tribunal de
l'expropriation pour l'année 1973/74.
Régie des loteries
M. CHOQUETTE: Je veux également déposer le rapport annuel
de la Régie des loteries et courses du Québec pour l'année
dernière.
LE PRESIDENT: Questions orales des députés. Le chef de
l'Opposition officielle. Non, le leader de l'Opposition officielle.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
M. BURNS: Le leader du gouvernement.
M. BOURASSA: Un beau lapsus. Un beau lapsus.
Contrats à une firme
d'ingénieurs
M. BURNS: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. J'ai appris comme tout le monde, par l'entremise de média
d'information, que le député de Drummond aurait, par l'entremise
de la firme d'ingénieurs dont il serait le président, obtenu un
certain nombre de contrats du gouvernement depuis 1970 d'une valeur d'environ
$6 millions, dit la nouvelle, et, depuis son élection, d'une valeur
d'environ $1 million. Je veux savoir du premier ministre s'il est en mesure de
confirmer ces faits ou de les infirmer et, d'autre part, ce qu'il a l'intention
de faire comme action immédiate dans ce cas.
M. BOURASSA: Je ne sais pas si on permettrait au député de
répondre. Je crois qu'il a prévenu le président qu'il aura
une question de privilège demain. Avec documents à l'appui.
M. BURNS: C'est au chef de l'exécutif que je m'adresse, et je lui
parle d'un de ses députés. Le député de Drummond a
tous les droits de faire les rectifications qu'il voudra, c'est un droit que je
ne lui nie pas du tout et nous l'écouterons religieusement, mais c'est
au chef de l'exécutif que je m'adresse.
M. MALOUIN: Demain.
M. BOURASSA: M. le Président, quand même, on doit donner le
temps au député de démontrer, preuve à l'appui, la
fausseté des affirmations qui ont été faites. Or le
député m'a demandé...
M. BURNS: C'est faux, là?
M. BOURASSA: Le député fait actuellement venir tous les
documents nécessaires de Drummondville, pour démentir cette
nouvelle qui ternit très injustement sa réputation. Je me
passerai de... Le député m'a dit qu'il avait démenti toute
cette histoire au journaliste, qui n'a pas tenu compte de son démenti,
et qui a publié la nouvelle quand même. Alors il fait venir tous
les documents de Drummondville, aujourd'hui, pour expliquer publiquement et
pour démontrer publiquement jusqu'à quel point l'article est
faux. On verra après ce qu'on fera.
M. BURNS: Alors si je comprends bien, le premier ministre nie
l'exactitude de ces faits-là. C'est comme ça?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai répondu à la
question du député.
M. BURNS: Non, vous n'avez pas répondu à ma question.
M. LEVESQUE: Mais voyons, M. le Président, à l'ordre!
M. BURNS: Je veux savoir parce que ça justifie ou non une
question supplémentaire de ma part je veux savoir si le premier
ministre, le chef de l'exécutif du gouvernement québécois,
nie les choses qu'on a apprises par l'entremise du media d'information dans le
cas du député de Drummond.
M. BOURASSA: Le député pose une question stupide. Je viens
de lui dire que le député fait venir de Drummondville tous les
documents aujourd'hui même.
M. BURNS: Vous niez l'exactitude des faits?
M. BOURASSA: M. le Président, je lui dis que le
député fait venir aujourd'hui tous les documents pour
démontrer la fausseté de l'article en question.
M. BURNS: Donc, M. le Président, je comprends, de la
réponse du premier ministre, qu'il nie l'exactitude des faits.
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement.
LE PRESIDENT: A l'ordre! C'est la dernière partie, je pense que
le règlement prévoit que vous n'avez pas le droit de faire des
déductions. C'est prévu à notre règlement.
M. BURNS: M. le Président... LE PRESIDENT: Dernière...
M. BURNS: ... j'ai le droit de comprendre ce que je veux des
réponses du premier ministre.
LE PRESIDENT: Cela...
M. BURNS: Et de la façon qu'il les donne, je
suis obligé de les interpréter constamment. C'est rien que
ça que j'ai à dire.
M. MALOUIN: Tes petits journalistes peuvent salir de la manière
qu'ils veulent.
M. BURNS: Je pose la question suivante au premier ministre: Que le cas
du député de Drummond soit exact ou inexact le premier
ministre apparemment prétend que c'est inexact est-ce que le
premier ministre envisage de donner des directives aux députés,
comme il l'a fait dans le cas des ministres, afin qu'ils ne soient pas
placés dans des conflits d'intérêts?
M. BOURASSA: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Maisonneuve veut insinuer quoi que ce soit, mais il est
au courant je l'ai dit à plusieurs reprises qu'il y a
actuellement un comité d'étude qui étudie cette question.
Des directives ont été données, dans le cas des ministres,
qui sont les plus sévères qui ont jamais existées au
Québec et au Canada, au sujet de transactions...
M. BURNS: Ce n'est pas sûr, ça.
M. BOURASSA: ... qui, actuellement, sont permises dans la presque
totalité des provinces. On est allé au-delà de
transactions qui actuellement sont permises dans la presque totalité des
provinces. Cela, on ne l'a jamais dit, mais je dis...
M. BURNS: Je veux savoir dans le cas des députés.
M.BOURASSA: J'ai dit: Le député de Maisonneuve
connaît la réponse. Pourquoi pose-t-il la question? C'est pour
cela que j'interprète la question du député de Maisonneuve
comme une insinuation. Il sait fort bien...
M. BURNS: Je ne connais pas votre réponse. Qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise?
M. BOURASSA: ... qu'il y a un comité actuellement qui examine le
cas...
M. BURNS: Je sais cela.
M. BOURASSA: ... des conflits d'intérêts. Je l'ai dit au
moins quinze fois qu'il y a un comité qui étudie actuellement
cette question. C'est tout à fait différent des accusations qui
sont démenties tour à tour par les députés
actuellement, et preuves en main. Est-ce qu'on a prouvé quoi que ce soit
contre le député d'Anjou? Est-ce qu'on a prouvé quoi que
ce soit contre le député de Louis-Hébert? Est-ce qu'on a
prouvé quoi que ce soit contre le député de Drummond?
M. BURNS: Avez-vous prouvé quoi que ce soit contre le
député de Taillon?
M. BOURASSA: On a prouvé un document dans le cas du chef de
l'Opposition, par exemple.
M. BURNS: Question additionnelle.
LE PRESIDENT: Question additionnelle.
M. BURNS: Les directives, elles vont venir? C'est ce que je veux
savoir.
LE PRESIDENT: Al'ordre! Le député de Gatineau.
M. GRATTON: Question additionnelle, M. le Président. Pourrais-je
demander au premier ministre s'il entend communiquer avec le Conseil national
du Parti québécois pour lui demander s'il va émettre, lui,
des directives pour les députés du Parti
québécois?
LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda. Oui? Question de
privilège.
M. MALOUIN: Non. Question supplémentaire, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Question supplémentaire. Le député de
Drummond.
M. MALOUIN: Est-ce que je pourrais demander au premier ministre s'il a
l'intention de changer la Loi de la Législature qui permet à
certains petits journalistes d'écrire des faussetés semblables et
de s'abriter derrière un paravent? Peut-être qu'ils pourraient se
rétracter demain, mais le mal est fait, je crois. Est-ce que le premier
ministre pourrait étudier la possibilité de changer cette loi qui
permet de telles choses aux journalistes?
M. MORIN: Museler la presse?
M. MALOUIN: Assis-toi, accusé Morin, parce qu'on pourrait en dire
d'autres.
M. MASSICOTTE: Vierge offensée!
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MALOUIN: Je suis prêt à mettre mon siège en jeu
vis-à-vis du...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Le député
de Drummond. Avez-vous quelque chose?
M. BOURASSA: A la suite de l'article qui a été
publié ce matin dans la Gazette, il faut certainement comprendre la
question du député de Drummond. Je ne sais comment auraient
réagi les députés de l'Opposition quand on voit sa
réputation ternie aussi gratuitement. Je pense que, pour tous les hommes
publics, ce qui compte...
M. MORIN: Je puis très bien comprendre cela, mais je ne m'en
prendrai pas à la liberté de la presse, cependant.
UNE VOIX: C'est de la démagogie. M. BOURASSA: M. le
Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît !
M. BOURASSA: ... je ne m'attends pas à ce que le Parti
québécois s'en prenne aux journaux. Personne ne s'attend dans
l'opinion publique à ce que le Parti québécois s'en prenne
aux journaux. On ne s'attend pas à cela.
UNE VOIX: Ni Radio-Canada.
M. BOURASSA: Je comprends très bien la question du
député de Drummond, étant donné le traitement qu'il
a subi hier. Le député de Drummond pourra s'expliquer demain. Il
a donné avis d'une question de privilège. Il m'a dit qu'il avait
dit aux journalistes que tout cela était faux. On n'a pas tenu compte de
son démenti. On publie une nouvelle à la une, ternissant sa
réputation, comme on l'a fait dans d'autres cas, il y a quelques jours.
Je pense qu'il n'est pas étonnant que ces députés se
posent des questions sur les changements qui peuvent être apportés
aux lois.
LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine. Le suivant, le
député de Rouyn-Noranda.
Spéculation foncière dans la région de Hull
M. LEGER: Ma question s'adresse au ministre des Affaires municipales. Le
Ministre peut-il nous dire s'il est exact qu'il a fait faire une étude
sur la spéculation foncière dans la région de Hull et
qu'il aurait le rapport en main?
M. GOLDBLOOM: Pas précisément dans la région de
Hull. Il y a une étude qui se poursuit de façon
générale. Je ne me suis pas penché sur une région
en particulier.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président. Le
ministre peut-il nous dire s'il est au courant que M. Marcel Beaudry, les
frères Bourque, Maurice Marois, Paul Brunet, Fern Philips, organisateurs
libéraux, possèdent tous des terrains dans la partie de Hull qui
deviendra regroupée, dont la valeur risque d'augmenter de façon
énorme par le regroupement et qu'ils sont tous des organisateurs
très près des libéraux?
M. LACROIX: Guy Joron n'en aurait pas? LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il
vous plaît! M. GOLDBLOOM: Non. Je ne sais pas qui est propriétaire
de quel terrain. C'est précisément pour ne pas poser quelque
geste que ce soit en ce qui concerne un transfert possible de territoires que
j'ai fait rédiger le projet de loi qui est devant la Chambre, de
façon à faire abstraction de toute participation du niveau
provincial.
Ce sera par entente entre les municipalités ou ce sera par la
recommandation d'une personne professionnelle, s'il y a un changement de
délimitation.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre est au courant que d'autres députés, en
plus des organisateurs libéraux, possèdent des terrains et que
dernièrement les terrains ont même tellement augmenté que
le député fédéral et ministre Jean-Paul Goyer a
vendu un terrain acheté $400,000 pour $8 millions? Est-ce que le
ministre est au courant de la grande spéculation foncière qui
existe dans le regroupement municipal de Hull, avec les amis organisateurs
libéraux qui poussent le projet?
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. MALOUIN: Ils sont bons comme salis-seurs.
M. LESSARD: Les chacals se...
M. GOLDBLOOM: M. le Président, simplement non, je ne suis pas au
courant de ces choses. Je n'ai pas l'intention de m'occuper de cet aspect d'un
problème qui ne relève pas de ma responsabilité en ce qui
concerne le regroupement. Si le député de Lafontaine a des
accusations à porter en ce qui concerne des gestes qu'il trouve non
conformes au bon ordre, qu'il porte ses accusations et nous ferons
enquête.
LE PRESIDENT: Dernière question additionnelle.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre comprend
maintenant les raisons pour lesquelles les pressions ont été
faites sur lui pour qu'il accepte cette fusion forcée de la
région, premièrement? Et est-ce que, maintenant que je lui ai
donné ces faits, il a l'intention...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! S'il vous plaît, messieurs! Je
crois qu'il y a un projet de loi devant la Chambre, actuellement, et vous aurez
l'occasion, soit en commission ou en motion de deuxième lecture, de
soulever ce que vous soulevez actuellement.
Formulez votre question pour qu'elle soit acceptable.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre, à la
suite des faits que je viens de lui
donner, a l'intention de faire faire une enquête sur les
conséquences de cette spéculation foncière avant que le
projet de loi ne soit adopté?
LE PRESIDENT: Messieurs, s'il vous plaît!
M. GOLDBLOOM: M. le Président, d'abord, dans le projet de loi qui
est devant la Chambre, on ne touche pas aux limites de la cité de Hull.
Deuxièmement...
M. LEGER: Puis les négociations pour l'augmenter...
M. GOLDBLOOM: ... si l'honorable député de Lafontaine veut
me faire parvenir par écrit les faits qu'il allègue, je ferai
enquête.
M. LEGER: D'accord.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
Ministère du Travail
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Je voudrais lui demander s'il a pris connaissance, ce matin, d'une
déclaration de M. Michel Bourdon de la CSN qui accuse le ministre du
Travail de vouloir placer ses amis au ministère du Travail avant sa
démission? Pour la meilleure compréhension de la question, M. le
Président, il est dit que le ministre du Travail voudrait se
débarrasser de MM. Réal Mireault et Claude Mérineau pour
les remplacer par MM. Gilles Laporte et Yvon Dansereau. On dit même dans
l'article que le conseil des ministres aurait étudié cette
question hier soir. Est-ce que...
M. BOURASSA: Hier?
M. SAMSON: Aujourd'hui, ce matin. Est-ce que le premier ministre peut
nous dire s'il est vrai que l'on a discuté de cette question au conseil
des ministres? S'il est au courant de telles intentions qui sont
prêtées au ministre du Travail? Et si... Je vais attendre la
réponse, M. le Président.
M. BOURASSA: M. le Président, ce que je peux dire, c'est que
l'opposition, actuellement au Québec, quelles que soient ses formes,
qu'elle soit parlementaire ou autre, est dangereusement malade.
M. SAMSON: M. le Président, je n'ai pas demandé au premier
ministre de faire un diagnostic sur l'opposition au Québec. Je lui ai
demandé de me dire s'il était véridique qu'il y a eu de
telles discussions au conseil des ministres, si...
M. HARDY: Voyons donc!
M. SAMSON: ... selon lui, ces accusations sont fondées, oui ou
non. C'est une question assez précise et je pense que ça pourrait
amener une réponse précise.
M. BOURASSA: M. le Président, on passe les trois quarts de la
période des questions à commenter des bobards, des racontars, du
oui-dire, alors qu'il y a tellement de problèmes concrets actuellement
au Québec. Pas une question sur le problème de la construction
aujourd'hui. C'est le problème, de loin, le plus sérieux qui
affecte...
M. BURNS: Le ministre du Travail n'est jamais là.
M. BOURASSA: Posez-moi les questions.
M. BURNS: Comment voulez-vous qu'on lui pose des questions sur...
M. BOURASSA: Posez-moi les questions.
M. BURNS: ... la construction. Voyons donc!
M. BOURASSA: C'est un dossier que je suis de très
près.
M. BURNS: Arrêtez donc!
M. MERCIER: Vous n'aviez pas demandé la parole.
M. BOURASSA: Pas une question.
M. BURNS: A chaque fois qu'on vous pose une question...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: ... en son absence, vous dites: Je vais le consulter.
M. BOURASSA: Pas une question sur le problème des CEGEP.
M. BURNS: Voyons donc! Arrêtez donc de faire des farces!
M. BOURASSA: Simplement des questions qui ont pour but de salir
gratuitement les hommes publics, de démolir les institutions.
M. SAMSON: M. le Président, puisque le premier ministre semble
vouloir des questions sur la construction, il paraîtrait, selon
l'article, que MM. Gilles Laporte et Yvon Dansereau auraient été
invités à comparaître devant la commission Cliche,
justement sur les problèmes de la construction.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Posez votre question.
Votre première, que vous
aviez posée tout à l'heure. Est-ce que vous croyez que le
ministre qui veut amener deux personnes dans le ministère, c'est
d'intérêt public?
M. SAMSON: Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT: C'est d'intérêt public?
M. SAMSON: Oui, M. le Président, c'est d'intérêt
public.
LE PRESIDENT: D'accord.
M. SAMSON: On veut savoir ce qui se passe.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il faut étudier tous les 30,000
fonctionnaires...
M. SAMSON: Ah non! Un instant.
LE PRESIDENT: ... ou les 100,000 fonctionnaires du Québec
individuellement?
M. SAMSON: Non, non, non!
LE PRESIDENT: Je ne vois pas où est l'intérêt
public.
M. SAMSON: Ah non!
LE PRESIDENT: Bien, posez votre question.
M. SAMSON: II ne s'agit pas de 100,000 fonctionnaires, il s'agit d'un
ministre ou d'un sous-ministre. C'est différent. C'est
déjà rendu dans le public. C'est de l'intérêt
public. Je demande au premier ministre si c'est parce que ces gens ont
été convoqués devant la commission qu'on veut les amener
au ministère avant qu'ils soient devant cette commission?
M. BOURASSA: S'il fallait se fier aux journaux... J'ai un journal ici:
"Samson...
M. SAMSON: Bien, dites donc!
M. BOURASSA: ... n'a pas respecté sa parole". Fabien Roy.
M. SAMSON: M. le Président, je pose la question de
privilège. Je sais que...
UNE VOIX: Samson n'a pas respecté sa parole !
M. SAMSON: Ah non, non! Si j'avais à faire un diagnostic sur le
premier ministre et ses acolytes, je ne les trouverais pas dangereusement
malades, je les trouverais trop malades.
Mais, je pense que le premier ministre a des réponses à
nous donner. Il y a des accusations dans le journal. Ce n'est pas moi qui ai
fait ces accusations. Et si vous voulez que la population sache ce qui se
passe, donnez des réponses aux questions que l'on pose. Cessez de
contourner les problèmes comme vous le faites depuis le
début.
M. BOURASSA: M. le Président, le chef parlementaire du Ralliement
créditiste ne doit quand même pas se mettre en colère. Il a
cité un article du journal. J'en ai cité un autre. C'est
tout.
M. ROY: Qu'est-ce que cela peut avoir à faire avec...
M. SAMSON: M. le Président...
M. ROY: ... l'administration de la province?
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. ROY: Quel rapport cela peut avoir avec l'administration de la
province?
M. SAMSON: J'invoque le règlement, M. le Président. Il
s'agit là de l'administration du Québec. Nous avons, dans
l'Opposition, et même les députés ministériels, le
droit de poser des questions à l'administration. Mais je ne sache pas
qu'en vertu de notre règlement le gouvernement ait le droit de poser des
questions à l'Opposition. Ce n'est pas nous qui sommes responsables de
l'administration, c'est le gouvernement, et c'est le gouvernement qui doit
donner des réponses...
LE PRESIDENT: A l'ordre! M. SAMSON: ... quand on...
LE PRESIDENT: A l'ordre! ... A l'ordre! ... A l'ordre!
M. BOURASSA: M. le Président, le chef parlementaire, je ne sais
pas s'il a assez de recherchistes. Il aurait pris connaissance du fait que le
ministre du Travail a démenti la nouvelle.
M. SAMSON: Quand l'a-t-il démentie? M. BOURASSA: II l'a
démentie... M. SAMSON: C'est paru ce matin?
M. BOURASSA: Oui, c'est paru. Le ministre Cournoyer a démenti la
nouvelle. C'est paru dans un journal. Je pourrai envoyer... Pourquoi poser...
Je ne blâme pas le chef parlementaire...
M. SAMSON: Est-ce que le premier ministre...
M. BOURASSA: ... en particulier. M.HARDY: A l'ordre!
M. SAMSON: Mais dites-nous oui ou non... M. BOURASSA: Mais tout ce qu'on
fait...
M. SAMSON: ... c'est tout ce que l'on veut savoir.
M. BOURASSA: Bien oui, mais quand même...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: ... est-ce ainsi qu'on doit passer le temps précieux
de l'Assemblée nationale? On nous reproche parfois, nous, de faire des
commentaires. Ici, dans le Devoir: "Bourdon dénonce des nominations
à venir que dément Cournoyer." C'était dans d'autres
journaux aussi. Alors, pourquoi poser des questions? Je ne blâme pas le
député de Rouyn-Noranda en particulier.
M. MERCIER: II n'a que ça à faire, lire les journaux.
M. BOURASSA: Tout ce que fait l'Opposition, c'est poser des questions
sur des articles de journaux, qui sont démentis le plupart du temps,
alors qu'il y a des problèmes très importants actuellement au
Québec. Je veux vous aider à poser des questions pertinentes.
M. SAMSON: Une dernière, M. le Président...
LE PRESIDENT: Dernière question.
M. SAMSON: ... question supplémentaire.
LE PRESIDENT: Dernière.
M. SAMSON: Est-ce que le premier ministre peut nous assurer qu'il n'est
pas question de ces changements au ministère du Travail et qu'il n'en
sera pas question? Est-ce que le premier ministre peut rassurer cette
Chambre?
M. BOURASSA: A quels changements se réfère-t-il? Il y a
50,000 fonctionnaires. Qu'est-ce qu'il me demande, là?
M. SAMSON: Non, non. Il y a un sous-ministre et un sous-ministre adjoint
qu'il est question de remplacer par MM. Gilles Laporte et Yvon Dansereau.
Est-ce que le premier ministre peut nous dire qu'il n'est pas question et qu'il
ne sera pas question de ces changements.
M. BOURASSA: Pour combien de temps? Pour 15 ans, 20 ans?
M. SAMSON: Pour le temps que vous serez là, et cela ne sera pas
long!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Question suivante, l'honorable député de Johnson.
Démission de M. Dell'Aniello
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je ne voudrais pas
passer pour un homme malade, même si je représente l'Opposition.
Ma question s'adresse à l'honorable premier ministre. Hier, l'honorable
premier ministre a répondu, à ma question au sujet de M.
Dell'Aniello, que la nuit portait conseil et que, peut-être, il y aurait
lieu de demander la démission de M. Dell'Aniello à cause du poste
très important qu'il occupe, présentement, dans la province.
Je demande à l'honorable premier ministre s'il a pris la
décision de demander la démission de M. Dell'Aniello.
UNE VOIX: II a démissionné.
M. BELLEMARE (Johnson): II a démissionné? Bon. M. le
Président, je viens d'apprendre, par un de mes collègues, qu'il
aurait...
UNE VOIX: II faudrait lire les journaux.
M. BELLEMARE (Johnson): Ah non! j'ai autre chose à faire.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE (Johnson): C'est une réponse de l'Opposition. On
vient de m'annoncer que...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît. L'honorable
ministre.
M. LALONDE: M. le Président, pour répondre à la
question, lors d'une conversation téléphonique, ce matin, M.
DeH'Aniello m'a annoncé qu'il remettait sa démission comme
président de la Régie de la langue française.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques, une
question additionnelle.
M. CHARRON: Puisque le ministre d'Etat au Conseil exécutif devra
maintenant trouver un successeur à M. Dell'Aniello...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre.
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT: S'il vous plaît, messieurs! Je ne peux pas
suivre.
M. CHARRON: M. le Président, puisqu'on devra procéder
à un changement à la direction de la Régie de la langue
française, est-ce que le ministre d'Etat a l'intention de nommer
quel-
qu'un déjà membre du conseil de la régie ou s'il a
l'intention de chercher ailleurs? Deuxièmement, sera-t-il plus vigilant,
cette fois, lorsqu'il établira les critères de
sélection?
M. LALONDE: M. le Président, non, je ne peux pas me limiter
simplement, dans les recommandations que je pourrai faire au conseil des
ministres, aux membres actuels de la régie, mais je crois qu'on doit
conserver la plus entière liberté.
Quant à la deuxième partie de la question, je la trouve
impertinente.
UNE VOIX: Très bien.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Ecole pour enfants semi-éducables
M. BOUDREAULT: M. le Président, ma question sera certainement
pertinente et d'intérêt public, surtout dans
l'intérêt de mes concitoyens de l'Est de Montréal. Ma
question s'adresse à l'honorable ministre de l'Education. La question a
deux volets: Le ministre est-il en mesure de nous indiquer quelle est la
situation qui prévaut actuellement relativement à la demande de
certains parents de l'île de Montréal et à l'intention de
la commission scolaire Jérôme Le Royer de construire, dans l'Est
de Montréal, une école pour enfants semi-éducables?
D'autre part, étant donné que certaines personnes
intéressées semblent vouloir faire croire à la population
de l'Est de l'île de Montréal que le ministère de
l'Education s'oppose à la construction de cette école, le
ministre es-il en mesure de réitérer brièvement qu'il ne
s'oppose pas à la construction de cette école?
UNE VOIX: Cela a été posé il n'y a pas
longtemps.
M. CLOUTIER: Oui, M. le Président, mais c'est la première
fois que c'est posé d'une façon claire et précise.
M. LEGER: Est-ce que le ministre a fait poser la question par son
député?
M. CLOUTIER: Hier, il s'agissait de la question du député
de Lafontaine.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education, s'il vous
plaît.
M. CLOUTIER: M. le Président, il m'est maintenant possible
d'apporter des précisions. Je reprendrai en gros les termes d'une lettre
que le sous-ministre du ministère de l'Education a adressée
à ma demande au directeur général du conseil scolaire.
J'ai eu l'occasion d'expliquer quel était le rôle du conseil
scolaire en ce qui concerne les équipements sur l'île.
Premièrement, l'attitude du ministère de l'Education
à l'égard des locaux spécialisés pour
l'enseignement aux semi-éducables a toujours été de
favoriser le réaménagement de locaux qui ne servent plus à
l'enseignement régulier, par suite de la baisse des clientèles
à l'élémentaire. C'est là une politique
générale.
Deuxièmement, cependant, la croissance démographique que
connaît une partie du territoire de la commission scolaire
Jérôme Le Royer rend peut-être difficile la conversion de
locaux pour remplacer ceux qui sont actuellement utilisés pour dispenser
l'enseignement aux semi-éducables, locaux qui ne sont pas
satisfaisants.
Troisièmement, dans les circonstances, nous avons
recommandé au conseil scolaire de chercher à trouver, en
collaboration avec les responsables de Jérôme Le Royer, des locaux
décents pour l'enseignement dispensé aux
semi-éducables.
Il est entendu que le ministère de l'Education ne verrait
absolument pas d'objection à donner suite à une résolution
du conseil scolaire de l'île de Montréal, qui remonte à
l'automne 1973, permettant l'autorisation de construire une école pour
semi-éducables s'il n'est pas possible d'utiliser des locaux
déjà existants.
Je crois que c'est très clair, le ministère de l'Education
laisse le conseil scolaire établir ses priorités et est
prêt à accepter sa recommandation, soit un
réaménagement de locaux existants, soit la construction d'une
école neuve.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, ma question fait suite à la
déclaration ministérielle du ministre des Finances tout à
l'heure.
Le ministre des Finances pourrait-il me dire s'il est bien au courant
que M. Turner a déclaré publiquement qu'il pouvait rendre
éligibles au système d'épargne-retraite
fédéral toutes les caisses d'épargne et de crédit,
c'est-à-dire toutes les caisses d'épargne et de crédit qui
sont régies par la Loi des caisses d'épargne et de crédit
et non se limiter uniquement aux caisses populaires?
Deuxièmement, j'aimerais qu'il me dise pourquoi, ce matin, dans
sa déclaration ministérielle, il s'est limité uniquement
aux caisses populaires?
M. GARNEAU: M. le Président, d'abord, il est exact que, pour ce
qui est du régime d'épargne-retraite, en vertu des
règlements actuels de la Loi de l'impôt, en autant que mes
informations soient précises et je pense qu'elles le sont, les
placements effectués par les administrateurs des régimes
d'épargne-retraite, les placements auprès des caisses populaires
sont admissibles actuellement. La seule difficulté qui existait,
à notre point de vue, ce n'est pas tellement que le gouvernement
fédéral ne voulait pas rendre permissibles des placements dans le
cas de l'épargne-logement. Mais, suivant la
tradition habituellement suivie, ou ce qui a été
expérimenté dans le passé, avant que tous les
règlements soient approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil il se passe toujours trois, quatre ou cinq mois. Comme le cas de
l'épargne-logement est particulièrement précis et
s'applique dans le temps, puisqu'il ne reste que 60 jours à ceux qui
voudront s'inscrire pour le faire, c'est la raison pour laquelle nous
demandions au gouvernement fédéral d'agir dès maintenant
pour modifier des règlements et non pas attendre trois ou quatre mois
comme il l'avait fait dans le cas d'autres lois.
C'est la raison pour laquelle nous avons agi de la sorte. Quand je parle
des caisses populaires précisément c'est parce que ça
s'inscrivait dans le cadre de la demande que nous avons faite. Je ne voudrais
induire personne en erreur, mais je préfère attendre qu'au moins
il y ait une percée véritable d'effectuée dans un des
secteurs d'épargne et de crédit, et probablement que ça va
s'étendre après. Mais il est clair que les caisses populaires
sont répandues dans toute la province, c'est un mouvement qui est bien
connu non seulement des Québécois mais également des gens
qui administrent au niveau fédéral. C'est la raison pour laquelle
nous avons d'abord voulu utiliser ce mouvement connu par sa solidité
financière, par ses réseaux de vérification, etc., un peu
comme fer de lance pour essayer de percer une brèche. Une fois que cette
chose sera faite, elle sera vraisemblablement étendue à toutes
les caisses d'épargne et de crédit. Mais si on ne réussit
pas à passer à travers dès maintenant, avec l'ampleur de
l'organisation des caisses populaires, ça ne donne rien d'essayer de le
faire avec une organisation qui est très valable mais qui est quand
même plus petite, en termes d'ampleur et d'étendue sur le
territoire, et d'épargne accumulée en cours.
M. ROY: II me semble qu'il n'y aurait aucune difficulté, au
niveau du gouvernement fédéral actuellement selon toutes mes
informations, et j'en ai pris plusieurs hier. La seule difficulté que
l'on rencontre actuellement serait justement au niveau du gouvernement
provincial actuel.
Le ministre serait-il prêt à dire publiquement ce matin
que, pour être éligible à administrer le plan
d'épargne-logement, toutes les caisses d'épargne et de
crédit qui souscrivaient aux normes et aux exigences de la loi...
M. GARNEAU: M. le Président, il y a une distinction importante.
Je n'ai jamais demandé que le pouvoir de fiduciaire soit donné
aux caisses populaires individuellement ou aux caisses d'épargne et de
crédit. Et je ne crois pas que le ministère des Institutions
financières, qui a la responsabilité des caisses populaires et de
crédit, même les caisses populaires elles-mêmes, dans leur
administration supérieure, demande de transmettre le pouvoir de
fiduciaire à toutes les caisses populaires. Il y en a de toutes les
tailles, il y en a de très petites, il y en a de plus grosses, mais on
ne peut pas demander à une caisse populaire qui est toute petite d'avoir
les pouvoirs de fiduciaire au même titre que les sociétés
de fiducie, comme la Société de fiducie du Québec qui, de
toute façon, appartient aux caisses populaires.
Donc, là-dessus, je voudrais qu'on soit bien compris. Il y a eu
mésentente, me semble-t-il, de la part de certaines personnes au niveau
fédéral, qui disaient: Bien que le Québec donne le pouvoir
de fiduciaire aux caisses populaires, il n'y aura pas de problème. Ce
n'est pas cela qu'on demande; d'ailleurs, les caisses populaires ne le
demandent pas. Tout ce qu'on demande, c'est que les caisses populaires
d'épargne et de crédit soient admissibles pour recevoir les
placements en vertu des règlements de la loi fédérale et
de la loi québécoise pour les fins de l'épargne-logement,
de telle sorte que la Société de fiducie qui appartient aux
caisses populaires serait l'agent qui enregistrerait les régimes
d'épargne-logement, qui en tiendrait la vérification et
l'administration générale. Les caisses populaires pourraient
recevoir, pour le compte de la Société de fiducie et garder comme
placements, les contributions des épargnants à ce nouveau
régime. C'est la philosophie qui sous-tend notre demande. J'ai
parlé personnellement avec M. Alfred Rouleau, le directeur
général de l'ensemble du mouvement Desjardins et mes
fonctionnaires ont rencontré les légistes du mouvement Desjardins
qui s'occupent de la fiscalité. C'est là-dessus qu'il y a eu
entente et c'est notre demande de façon générale pour
l'ensemble, évidemment, des caisses d'épargne et de crédit
pour autant qu'elles soient en mesure d'avoir un organisme, qui a le pouvoir de
fiduciaire, qui voudra transiger avec ces caisses séparées. C'est
pourquoi la Société de fiducie des caisses populaires pourrait
être habilitée à recevoir les programmes et accepter que
les placements soient laissés dans les caisses populaires; d'abord, cela
aiderait leur liquidité et, deuxièmement, cela aiderait
également à la distribution et à la vente de ce nouveau
programme auprès des participants aux caisses populaires.
LE PRESIDENT: Deux dernières questions dans l'ordre suivant,
l'honorable député d'Anjou et l'honorable député de
Chicoutimi.
M. Laurent Laplante à
Radio-Québec
M. TARDIF: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Communications. Est-ce que le ministre est en mesure
de confirmer la nouvelle à l'effet que Radio-Québec, organisme
dont le ministre est responsable, aurait embauché, à titre
d'animateur d'une série portant sur les affaires parlementaires, M.
Laurent Laplante, éditorialiste au jour-
nal Le Jour et journaliste engagé politiquement?
M. L'ALLIER: M. le Président, je remercie le député
d'Anjou de sa question dont il m'avait donné un préavis. Les
nominations à Radio-Québec sont faites par les autorités
de Radio-Québec, soit le conseil d'administration dans certains cas, qui
peut déléguer cette responsabilité au directeur
général de Radio-Québec, M. Yves Labonté. Suite aux
rumeurs qui ont couru dans les corridors de l'Assemblée, ces derniers
jours, au sujet de la nomination de M. Laplante, j'ai vérifié ce
matin auprès de M. Labonté. Je dois malheureusement vous
confirmer ce qu'il m'a dit, soit que M. Laplante avait vu ses services retenus
pour être l'animateur d'une série de télévision
à Radio-Québec portant sur les affaires parlementaires.
Je considère, M. le Président, qu'autant l'autonomie de
Radio-Québec est absolument essentielle à cet organisme pour
qu'il puisse fonctionner comme télévision éducative,
autant cette autonomie doit être respectée par tous, y compris par
les administrateurs de Radio:Qué-bec quant à l'essence
même de Radio-Québec. En effet, il ne s'agit seulement pas d'une
autonomie par rapport à l'administration, pas plus que par rapport
à la population; il s'agit d'une authentique autonomie qui fait en sorte
que l'instrument ne serve à personne d'autre qu'à
l'intérêt public. Or, en ce sens, M. le Président, je pense
que la nomination de M. Laplante est une mauvaise nomination à
Radio-Québec et qu'elle est une erreur de jugement assez grave de la
part de ceux qui l'ont faite.
J'ai vérifié auprès de M. Labonté qui m'a
dit que le conseil d'administration n'avait été ni
informé, ni consulté sur cette nomination, que cette nomination
était la responsabilité d'un réalisateur dont il
était lui-même responsable, et forcément, je n'ai
été moi-même ni consulté ni avisé de cette
nomination. Je n'avais pas à être consulté; on aurait pu
m'en informer avant que j'aie à solliciter l'information.
Je considère que cette nomination est mauvaise, M. le
Président, et, s'il était en mon pouvoir de faire quelque chose
pour la faire changer, je le ferais. D'abord, parce que je ne crois pas que M.
Laplante, compte tenu de ce que nous avons pu en voir, même s'il est un
excellent journaliste de la presse écrite, soit un bon animateur de
télévision et maftrise mal cet outil de travail.
Deuxièmement, parce qu'il s'agit d'une série
d'émissions.
Si l'on devait confier à M. Laplante l'animation d'une
émission à l'occasion, je n'aurais évidemment aucune
objection. On a déjà demandé par le passé à
M. Laplante, comme à bien d'autres journalistes, de collaborer, avec
Radio-Québec, à certains types d'émission et d'une
façon occasionnelle. Dans ce contexte, je n'aurais aucune objection
à ce que M. Laplante vienne à Radio-Québec animer telle ou
telle émission d'un caractère qui touche des sujets qu'il
connaît plus spécifiquement, soit le ministère de la
Justice, soit celui de l'information.
Qu'on lui confie cependant le poste d'animateur dans une série de
vingt ou vingt-six émissions portant sur les affaires parlementaires,
compte tenu en plus de son engagement politique, s'il veut en assumer la
responsabilité, c'est aussi une erreur de jugement de sa part que
d'avoir accepté cette responsabilité. L'autonomie de
Radio-Québec me permet, M. le Président, d'émettre cette
opinion, parce qu'en définitive cette autonomie, si elle me rend
responsable de répondre des actes de Radio-Québec devant cette
Assemblée, ne m'oblige pas automatiquement à les partager.
M. TARDIF: Une question supplémentaire, M. le
Président...
LE PRESIDENT: Oui.
M. TARDIF: Est-ce que le ministre est en mesure de nous laisser savoir
quel est le salaire qui est versé à M. Laplante? Sinon, est-ce
qu'il pourra informer la Chambre au cours des prochains jours du salaire qui
est versé?
M. L'ALLIER: M. le Président, le directeur général
de Radio-Québec, M. Labonté, doit me faire parvenir demain une
note écrite sur le détail non seulement de cette nomination, mais
aussi sur le fait que Radio-Québec aurait demandé d'occuper des
bureaux à l'intérieur des espaces déjà
réservés à la galerie de la presse. Or,
Radio-Québec n'étant pas une télévision
d'information, je veux quand même savoir de quoi il s'agit pour pouvoir
en informer cette Chambre. Dans la mesure où ces espaces sont
réservés à la galerie de la presse, il me paraît
important que l'on sache quelles décisions seront prises soit par la
galerie, soit par la présidence de l'Assemblée, quels sont les
besoins de Radio-Québec en termes de locaux.
Deuxièmement, pour ce qui est de cette série
d'émissions, j'aurai demain ou au début de la semaine plus amples
informations à fournir au député. J'aurai d'ailleurs
l'occasion, avec l'autorisation de cette Chambre, de déposer
auprès des membres de l'Assemblée la grille complète et
détaillée de la programmation de Radio-Québec pour au
moins les six premiers mois de la diffusion, diffusion qui commence en ondes
ouvertes le 9 janvier prochain.
M. MORIN: Ue question supplémentaire, M. le Président.
M. BELLEMARE (Rosemont): Une question supplémentaire.
LE PRESIDENT: Le chef de l'Opposition officielle est le suivant. Vous
serez le suivant après.
M. MORIN: Je voudrais demander au minis-
tre des Communications s'il se rend compte que la déclaration
qu'il vient de faire empiète sur l'autonomie qu'il affecte de respecter,
et, deuxièmement, s'il peut...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. MORIN: ... nous donner une définition de ce qu'est
"l'engagement politique". Je me rends compte que moi, j'ai un engagement
politique. Oui, M. le Président. Le ministre se rend-il compte qu'avec
une expression aussi élastique que celle-là, il peut facilement
exercer auprès de la presse le genre de chantage qu'on exerce
auprès de l'Opposition en ce moment?
UNE VOIX: Le petit choux de Bruxelles.
LE PRESIDENT: Le ministre des Communications.
UNE VOIX: Faites le choux de Bruxelles.
M. L'ALLIER: M. le Président, pour répondre à la
question du député de Sauvé, je suis tout à fait
conscient du fait que l'autonomie de Radio-Québec est une chose avec
laquelle il ne faut pas jouer, mais je voudrais qu'il se rende compte aussi que
je respecte cette autonomie. Je n'ai pas demandé à M.
Labonté ou au conseil d'administration de rescinder leur
décision. Je veux tout simplement, M. le Président, que cette
Assemblée sache que cette autonomie ne doit pas être
considérée comme m'empêchant, comme responsable d'un
organisme qui doit fonctionner dans l'intérêt public, de donner
publiquement une opinion sur ce que je considère être, dans un
domaine extrêmement important, celui des affaires parlementaires, une
nomination qui risque très sérieusement d'entacher la
crédibilité de Radio-Québec auprès de ses
auditeurs, parce que le député de Sauvé sait très
bien, comme tout le monde le sait, qu'en matière d'information, quels
que soient les efforts qui pourront être faits par M. Laplante, il
continuera parrallèlement d'écrire dans le Journal Le Jour et que
les deux fonctions seront assumées parallèlement. Tout le monde
sait que ce que l'on considère...
M. MORIN: Est-ce que le fait d'écrire dans Le Jour ostracise
quelqu'un?
M. L'ALLIER: Le fait d'écrire dans le journal Le Jour, le journal
La Soleil, le journal Le Devoir n'empêche absolument pas un journaliste
de travailler à la télévision...
M. MORIN: Ah! Je suis heureux de vous l'entendre dire.
M. L'ALLIER: Ceci étant dit, est-ce que le député
de Sauvé pourrait me dire... Je ne peux pas lui poser de question,
d'accord, M. le Président...
M. MORIN; Oui, je le veux bien.
M. L'ALLIER: Est-ce que le député de Sauvé pourrait
me dire...? Je ne peux pas lui poser de questions. D'accord, M. le
Président.
M. MORIN: Oui. Je le veux bien.
M. L'ALLIER: J'aurais aimé connaître ses commentaires, par
exemple, si on avait retenu les services de M. Ryan pour animer une
série d'émissions sur les affaires parlementaires.
M. MORIN: Pourquoi pas?
LE PRESIDENT: Messieurs, à l'ordre! Question additionnelle. Le
député de Rosemont.
M. BELLEMARE (Rosemont): M. le Président, ma question sera
très simple. Je voudrais tout simplement savoir aussi...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE (Rosemont): Après que le collègue d'Anjou a
demandé le salaire de M. Laplante, quel est le salaire de Mathias
Rioux.
LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
Projet Ferchibal
M. BEDARD (Chicoutimi): Ma question s'adresse au ministre des
Transports. La semaine dernière, j'avais demandé au ministre des
Transports de faire le point sur le projet Ferchibal et sur la décision
à l'effet que le gouvernement fasse procéder à une
étude en vue de la construction d'un chemin de fer du lac Albanel
à la Baie. Le ministre m'avait dit qu'une décision serait prise
sur ce sujet à l'occasion du conseil des ministres qui se tenait hier
soir. Je voudrais demander au ministre quelle décision a
été prise.
M. MAILLOUX: Effectivement, le Conseil du trésor a accepté
hier matin de recommander certaines firmes pour faire les études
nécessaires au projet Ferchibal. Ayant été absent quelques
minutes du conseil des ministres, hier soir, je ne puis affirmer que le conseil
des ministres a accepté le document, ce que je crois. Si le document
avait été accepté en soirée, je pourrais le
déposer demain à l'ouverture de la Chambre.
M. le Président, si on me permet, le député de
Saguenay avait posé certaines questions relativement à l'achat de
l'île d'Anticosti. Je voudrais maintenant déposer quelques copies
des documents en question et ajouter ceci: On trouvera d'abord un premier
document où il y a la déclaration de règlement hors
tribunal. Il y a également l'entente réglant les modalités
du transfert de la propriété à l'île d'Anticosti.
Suite à l'achat des valeurs immobilières de l'île
d'Anticosti, j'avais, dans ma première déclaration, fait
référence à l'évaluation de la machinerie dont
disposait la compagnie Consolidated-Bathurst, qui, effectivement, ne fait pas
partie de la transaction immobilière.
La demande faite par la compagnie Consoli-dated-Bathurst pour cette
machinerie s'établissait à $675,000. L'offre qu'avait faite le
ministère était de $425,000 et l'entente qui a été
conclue, pour laquelle les documents seront signés, est une offre finale
de $460,000, acceptée par les deux parties.
Ultérieurement à cet achat de machinerie, il faudra
nécessairement qu'après le 31 décembre, période
où se termine l'administration par la compagnie Consolidated-Bathurst de
l'île d'Anticosti, le ministère des Travaux publics fasse
l'inventaire des marchandises dont la Consolidated-Bathurst a eu besoin pour
l'administration jusqu'au 31 décembre, que l'on fasse également
l'évaluation des revenus qu'a eus la Consolidated-Bathurst, qu'elle
devra diminuer de cet inventaire. Le ministère devra également
faire l'évaluation de camionnettes qu'avait louées la compagnie
Consolidated-Bathurst pour la chasse et la pêche que voudra
peut-être retenir le ministère des Travaux publics. A ce moment,
cela devrait compléter toute la transaction.
LE PRESIDENT: Dernière question.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, le ministre a
changé de sujet assez vite. Je ne sais pas si c'est parce que le sujet
est brûlant, mais je voudrais avoir d'autres renseignements, en question
supplémentaire, concernant le projet Ferchibal, concernant la
construction du chemin de fer, certaines décisions qui auraient
été prises.
Le ministre est-il au courant un peu, peut-il nous dire à l'heure
actuelle quel est le nom de la firme dont les services auraient
été retenus et également nous dire quel est le sens du
document qui sera déposé demain à l'Assemblée
nationale?
M. MAILLOUX: Si la Chambre me le permettait...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... parler, M. le premier ministre. C'est un
dossier libéral. Ce n'est pas un...
M. BOURASSA: Ce sont des choses concrètes. Ce sont des bonnes
questions.
M. MAILLOUX: Si la Chambre me le permet, je vais vérifier au
conseil des ministres. Si cela a été entériné en
fin de séance hier soir, je pourrai déposer le document.
De toute façon, il y a eu des mandats acceptés par le
Conseil du trésor à trois ou quatre bureaux de consultants, mais
l'information pourra être donnée à la Chambre
aussitôt que je me serai procuré le document, s'il a
été accepté, hier soir.
LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour, je vais accorder la
parole à l'honorable député de Louis-Hébert sur une
question de privilège.
Question de privilège Articles de
journaux
M. Gaston Desjardins
M. DESJARDINS: M. le Président, je soulève une question de
privilège à l'égard de certains articles qui ont
été publiés dans certains journaux et qui comportent des
accusations fausses, tendancieuses et malicieuses visant à nuire
à mon intégrité en ma qualité de
député dans cette Chambre.
Je commence d'abord par l'article signé par le journaliste
Normand Girard, du Journal de Québec et du Journal de Montréal,
en date du 18 décembre 1974. Cet article porte le titre suivant:
"Troisième avocat et député libéral dans le
pétrin". Tout d'abord, j'avise ces gens, M. le Président, que je
ne suis pas dans le pétrin, mais je connais certains journalistes qui
pourraient le devenir dans un avenir très rapproché.
L'article débute de la façon suivante: "Le
député de Louis-Hébert à l'Assemblée
nationale, Me Gaston Desjardins, serait le troisième avocat membre de
l'actuelle représentation libérale qui aurait continué
à exercer une fonction publique après son élection
à l'Assemblée nationale, le 29 octobre 1973".
A la lecture de cet article, M. le Président, le lecteur doit
nécessairement conclure que j'ai en fait exercé cette fonction
après mon élection, ce que j'ai nié et ce que je nie
encore. Mais le journaliste continue, il ne lâche pas facilement, M. le
Président. "Il y a quelques temps, j'ai eu l'occasion de rencontrer M.
Desjardins dans un couloir du parlement et de m'inquiéter de cette
situation. Le député m'a répondu avoir obtenu un jugement
attestant qu'il n'avait pas été présent en cour, lors des
auditions et poursuites auxquelles son nom était associé,
après le 29 octobre 1973". Ceci est exact, M. le Président. Si le
journaliste en question s'était donné la peine de prendre
connaissance du ugement rendu, il aurait pu affirmer en manchettes que je n'ai
pas agi au nom du gouvernement du Québec, depuis mon élection, au
lieu de laisser planer des doutes à ce sujet. Le journaliste continue
à l'alinéa suivant en disant: "Si tel est le cas, comment se
fait-il que le nom d'un procureur puisse continuer à figurer au
rôle des causes judiciaires, fonction à laquelle un salaire est
rattaché, si ce procureur ne fait pas le travail? "
Voilà encore une insinuation à l'effet que j'aurais agi,
ce que j'ai nié à maintes reprises et ce que je nie à
nouveau. Il ajoute ceci: "Si, par ailleurs, un juge peut effacer le nom d'un
procureur porté au rôle des poursuites sur la prétention de
celui-ci selon laquelle il n'y était
pas, il y a davantage lieu de s'interroger de la justice en
général".
Je commenterai cela un peu plus loin, mais pour l'instant, je soumets
que la justice en général est entre bonnes mains au
Québec, M. le Président.
Le journaliste continue et il ajoute: "Lorsque le doute est semé
le mal est fait. Aucune dénégation n'arrive à bout de
convaincre vraiment".
Je pense qu'il exprime là de beaux principes, M. le
Président, mais il a été le premier à y
déroger, puisque son article en entier comporte un paquet d'insinuations
et d'affirmations fausses. Justement, il sème le doute, et une fois le
doute semé il s'écrie, en vierge offensée: Lorsque le
doute est semé, le mal est fait.
En plus, dans ce même alinéa, alors qu'il parle du mal
semé par un doute, ce journaliste mentionne: "Ne faudrait-il pas savoir
de la part des greffiers, sténographes et autres clercs mis en cause,
sous la foi du serment, ce qui en est vraiment".
M. le Président, c'est justement ce que le journaliste aurait
dû faire avant d'écrire son article, aller consulter les clercs
concernés, ce qui aurait évité de me salir par ce genre
d'article.
Plus loin, il rattache l'intégrité des
députés et la mienne en disant: "II semble qu'il soit grand temps
pour l'actuel gouvernement de rassurer la population sur
l'intégrité d'un certain nombre de députés, objets
constants de rumeurs c'est vrai, objets constants de rumeurs de la part
des journalistes, oui et d'associations à des gestes plus ou
moins catholiques. "Si ce ne sont là que des calomnies, que l'on punisse
les calomniateurs".
En effet, j'ai l'intention de donner une réponse affirmative aux
souhaits de ce journaliste et de tenter, au moins, de punir les
calomniateurs.
Plus loin, ce journaliste demande au premier ministre: "Si ces faits
sont exacts, d'avoir le courage d'exiger la démission de ces quelques
députés qui font passer tous les hommes politiques pour des
profiteurs, des voleurs, des transgresseurs de la loi, bref des bandits".
Ainsi, par ses insinuations et malgré la réserve qu'il a faite en
disant "si ces faits sont exacts", ce journaliste laisse entendre que les
députés en général et moi en particulier
nous sommes de tels individus douteux et que le premier ministre devrait
avoir le courage d'exiger notre démission. Ce sont là des
allusions directes à mon intégrité, ce qui me cause un
préjudice grave.
Je rétablis les faits de la façon suivante, maintenant
:
Premièrement, avant mon élection, j'ai agi pour le
gouvernement du Québec et j'en suis fier. J'en avais le droit.
Deuxièmement, après mon élection, j'ai
démissionné, par écrit, de tous les mandats du
Québec et ma lettre de démission porte la date du 31 octobre
1973. Est-ce que cela ne ferait pas une belle manchette, ce que je viens de
dire là.
M. HARDY: Bien non!
M. DESJARDINS: ... au lieu d'insinuer...
M. HARDY: Bien non!
M. DESJARDINS: ... ce qu'on insinue depuis quelques jours dans les
journaux? Est-ce que cela ne ferait pas une belle manchette, mais dans un
journal respectable?
M.HARDY: Ah!
M. DESJARDINS: Troisièmement, je suis allé moi-même
porter ma lettre de démission au bureau du ministre de la Justice en
date du 31 octobre 1973. J'en ai laissé une copie au bureau du
sous-ministre qui me l'avait demandé. Cela aussi ferait une belle
manchette, il me semble.
Quatrièmement, depuis mon élection, je n'ai pas agi pour
le gouvernement du Québec, ni directement, ni indirectement. Je n'ai pas
perçu d'honoraires, ni directement, ni indirectement, depuis le 2
octobre 1973.
Malgré cela, malgré ma démission et mes
démarches pour éliminer tout soupçon, j'ai eu vent,
à un moment donné, grâce à des renseignements de
personnes honnêtes, de l'imminence d'une attaque à mon endroit, en
Chambre, cette attaque étant basée, selon mes renseignements, sur
des faits semblables à ceux reprochés à
l'ex-député de Johnson.
J'ai alors pris le soin de me rendre à la cour et de
vérifier personnellement tous les dossiers concernés et d'en
vérifier tous les procès-verbaux. Je peux vous dire que c'est une
"mautadi-te job"!
J'ai alors constaté que certains procès-verbaux
étaient erronés en ce qu'ils stipulaient que j'étais
présent ou représenté en cour après mon
élection. Or, ces écritures dans les procès-verbaux
erronés ont été faites hors ma connaissance et sans mon
consentement. Il faut savoir qu'un procès verbal, c'est un document
judiciaire, il fait preuve à sa face même et, comme le dirait
l'actuel député de Johnson, prima facie.
Il faut comprendre qu'un tel procès-verbal prêtait flanc
à une attaque à mon endroit. Selon mes renseignements, qui
étaient de source sûre, ce sont justement ces
procès-verbaux dont on devait se servir en Chambre pour m'attaquer et me
tramer devant la commission de l'Assemblée nationale, Or, j'aurais
été acquitté honorablement devant la commission de
l'Assemblée nationale, mais combien sali en cours de route et combien
sali au retour. Et l'attaquant aurait pu s'en tirer facilement en invoquant la
bonne foi, étant donné qu'il avait un procès-verbal, un
document judiciaire faisant preuve prima facie.
C'est alors qu'avec mon expérience j'ai pensé à
rédiger une requête. Cela a fait mal à certaines
personnes. J'en parlerai tantôt. J'ai rédigé une
requête, laquelle a été présentée au juge en
chef Albert Dumontier de la cour de Québec. Les conclusions de cette
requête demandaient la correction des procès-verbaux
erronés.
Le procès-verbal étant un document judiciaire, je
prétends que le juge a juridiction sur ce document.
Il y eu audition publique. Le tribunal était
présidé par M. le juge en chef. Des témoins ont
été entendus, pas seulement moi, M. le Président. La
preuve a été prise par un sténographe officiel. Ceux qui
veulent des copies, allez en acheter. Je ne vous les fournirai pas. J'ai alors
fait la preuve, devant la cour, de ma démission, en déposant ma
lettre de démission comme pièce à conviction. J'ai alors
fait la preuve que je n'ai pas agi comme procureur du gouvernement depuis mon
élection. J'ai alors fait la preuve que je n'ai pas perçu
d'argent depuis le 2 octobre 1973, selon la preuve, et le jugement a
été rendu, dans tous les dossiers, ordonnant la correction de
tous les procès-verbaux erronés.
Ce jugement n'a pas effacé mon nom des procès-verbaux. Un
jugement ne peut pas enlever d'un dossier de la cour un document qui y est
déjà. Mais il a ordonné la correction. Si on se
réfère à ces dossiers, la correction paraît en marge
de chacun des procès-verbaux.
Ici, je cite le Bâtonnier du Québec, Me Michel Robert qui,
malgré encore le titre plein d'insinuations d'un certain journaliste de
la Gazette, mentionne bien ce matin, dans le journal The Gazette, qu'il est
possible je traduis, M. le Président de faire des
requêtes afin de changer les procès-verbaux à l'effet de
savoir si l'avocat était présent ou non, à condition que
cela corresponde à la réalité.
Eh bien! ma preuve a correspondu à la réalité.
Alors, M. le Président, dès que ce jugement a été
obtenu, j'en ai remis copie à mes honorables collègues
députés de l'Opposition, de même que je leur ai remis la
liste de tous les dossiers concernés, corrigés et même
d'autres dans lesquels il y avait des erreurs qui ne me concernaient même
pas. Je dois dire que l'Opposition c'est tout à son honneur
a collaboré et m'a indiqué de façon suffisamment
claire que ce jugement, quant à moi, en tout cas, semblait fermer ce que
j'appelais mon dossier.
Ce jugement est attaqué. On y fait allusion. On essaie de laisser
planer des soupçons sur ce jugement. Je comprends qu'il y a des
personnes qui auraient préféré que je ne m'en rende pas
compte, je comprends qu'il y a des personnes et ici, je ne vise pas
nécessairement l'Opposition, M. le Président, parce qu'il y a de
l'opposition en dehors de la Chambre, je ne la nommerai pas bien que j'en aie
bien envie qui auraient bien aimé me salir en Chambre et ternir
ma réputation. Cela ne fait pas l'affaire de tout le monde mais il est
là, le jugement. Le délai d'appel est expiré, et il va
rester au dossier, le jugement.
J'ouvre brièvement une parenthèse pour dire que de telles
erreurs dans les dossiers, commises par le greffier en cinquième
division, sont parfaitement normales et humaines, vu la bousculade dont le
greffier est l'objet lors de l'appel du rôle. En effet, ce greffier doit
répondre à tout le monde en même temps et il fait son
inscription aux procès-verbaux de la meilleure façon possible. Et
de un.
En voici un deuxième, M. le Président. Un article du
journal La Presse, signé par Pierre Vennat, 17 décembre 1974,
intitulé: La CSN dénonce une nouvelle affaire Boutin. A la fin de
l'article, on intitule quelque chose qui me concerne, sous le titre: "L'affaire
Desjardins". Le journaliste mentionne ceci: "De plus, la CSN revient sur le cas
du député Gaston Desjardins à qui Roger Perreault a
confié les mandats de la Commission de l'industrie de la construction
dans la région de Québec".
Cette affirmation et là je me contiens pour dire seulement
cela elle est fausse, puisque j'ai commencé à recevoir des
mandats dans le domaine de l'industrie de la construction bien avant
l'arrivée de Roger Perreault comme directeur du décret, et je ne
connaissais même pas M. Perreault à cette époque.
Mais le journaliste continue: "Comme la CIC n'est pas un organisme
gouvernemental, le tout est légal C'est cela qui aurait dû
être la manchette. Le tout est légal. Pourquoi salir? mais
serait, d'après la CSN, nettement indécent". Imaginez! La CSN qui
vient dire à quelqu'un qu'il y a quelque chose de nettement
indécent.
DES VOIX: Ha! Ha!
M. DESJARDINS: Je crois, M. le Président, que j'occupe là
un mandat normal, légal et moral. C'est plutôt le journaliste et
M. Audette, de la CSN, qui sont indécents.
Le journaliste continue en citant M. Audette, un représentant de
la CSN, qui se permet ici une affirmation gratuite qui touche tous les
députés de la Chambre, mais moi en particulier. Elle est lourde
de conséquences cette affirmation puisqu'il s'agit d'une accusation de
favoritisme lancée contre un avocat-député, avocat qui
doit demeurer impartial dans tous les mandats qui lui sont confiés.
Ce M. Audette aurait dit ceci et il va le ravaler en se
référant à mon conflit d'intérêts dans les
causes de la CIC: "Lorsqu'il y a des plaintes, dit-il, contre des amis du parti
libéral..." Or, M. le Président, je suis fier d'affirmer dans
cette Chambre que, depuis que j'agis pour la CIC, je n'ai jamais reçu,
ni directement ni indirectement, la moindre intervention de qui que ce soit
pour m'amener à accorder une faveur quelconque, qu'il s'agisse d'une
poursuite pénale ou civile. Et j'ajoute: Les principales interventions
dans ce domaine à l'égard de poursuites dans l'industrie de la
construction m'ont été faites par des députés
membres de l'Opposition et... non, un instant, elles ont été
faites à bon droit, en toute honnêteté et en toute
conscience par ces députés.
A chaque fois, j'ai demandé à mes interlocuteurs d'exposer
leur intervention par écrit et j'ai toujours spécifié que
je ne possédais aucune espèce d'autorité pour retirer une
plainte au pénal ou pour accorder un rabais dans une réclamation
civile et que le tout devait être référé au
gérant local, qui seul a autorité en cette matière.
Par conséquent, il n'y a aucun ami ou député qui a
tenté de m'impressionner ou de m'influen-cer de quelque façon que
ce soit.
Le journaliste continue ses insinuations et ses accusations en
référence à l'application des lois sur la
sécurité sur les chantiers de construction. Or, je n'ai jamais
raçu de mandat sur la sécurité, sur les chantiers de
construction.
Je continue. Quant aux honoraires présumément "gloutons"
qui me seraient payés, selon l'expression de M. Audette, ce sont des
honoraires basés sur le tarif de la cour, tarif vieux d'une cinquantaine
d'années, et d'un pourcentage accepté par les avocats depuis
environ une cinquantaine d'années également. Ces honoraires n'ont
jamais été indexés, comme le salaire de M. Audette l'a
sûrement été, et c'est sûrement moins cher et moins
élevé que les honoraires des avocats de la CSN.
Et de trois, et je termine avec ce dernier, jamais deux sans trois,, M.
le Président. J'arrive ici au sommet de l'incompétence et de la
malice ou de la volonté de salir le gouvernement et le
député qui vous parle. Ce sommet, on le retrouve dans le journal
La Gazette du 18 décembre 1974, dans un article signé par Ralph
Noseworthy, remarquez bien le nom: Ralph Noseworthy, dont je pourrais dire
"that he is not even worthy to put his nose in this matter."
J'ai dit que c'était le sommet qu'il y avait malice. J'ai dit en
anglais, à la radio, je ne me suis pas caché et je le
répète: "This article is false, malicious and vicious." J'affirme
que cet article est malicieux parce que ce journaliste m'a
téléphoné la veille de la parution de l'article et j'ai
pris le temps et le soin de lui relater tous les faits pertinents, dans un
excellent anglais.
A la fin de cet entretien j'ai insisté auprès du
journaliste en lui disant d'être prudent dans son article afin de ne pas
toucher à ma réputation de quelque façon que ce soit, vu
les dispositions que j'avais prises et que je lui ai expliquées pour
justement éviter de telles accusations.
Ce journaliste m'a bien promis qu'il ne relaterait que les faits sans
déroger à la vérité.
Regardons l'article brièvement, et je cite: "Gaston Desjardins,
Liberal MNA for Louis-Hébert, has violated Quebec law by acting as
provincial prosecutor in at least 140 cases after being elected to the National
Assembly in the Oct. 29, 1973, provincial elections, The Gazette has learned.
"Desjardins, a 42-year-old lawyer, is the second MNA this year to be implicated
in Legislature Act violations by acting as provincial prosecutor while holding
an Assembly seat. "Jean-Claude Boutin earlier this year faced censure and
ejection from the Assembly admit charges he violated the act more than 100
times. Instead, he resigned his Johnson riding seat and was defeated in an Aug.
28 by-election".
M. le Président, j'ai bien mentionné au journaliste, lors
de notre conservation téléphonique, that I did not act either
directly or indirectly as provincial prosecutor after my election in
Louis-Hébert riding. I told him also that my name did appear in the
minutes of certain files at the Court without my knowledge and without my
authorization and the clerk admitted his errors. I told him also that I have
resigned by writing on October 31st, 1973 and that I brought myself that letter
to the Justice Department.
Je lui ai dit également que j'avais constaté des erreurs
dans les procès-verbaux de la cour, que j'avais présenté
une requête en correction, qu'il y avait eu audience publique, que
jugement avait été rendu corrigeant tous les
procès-verbaux et confirmant ainsi que je n'avais pas agi pour le
gouvernement du Québec.
M. le Président, ce journaliste a admis qu'il avait ce jugement
en sa possession. Ce n'est pas moi qui le lui ai remis, je ne dis pas que c'est
l'Opposition, c'est un document public. Il a admis qu'il avait ce jugement en
sa possession et malgré tout cela, il a osé écrire les
trois alinéas dont je viens de donner lecture, malgré
l'avertissement que je lui ai donné. J'ai été bien clair
là-dessus mais le journaliste a préféré affirmer le
contraire, me créant ainsi un préjudice très grave.
Malgré ce jugement et malgré tout ce que je lui ai dit,
les précautions à prendre, ce journaliste affirme dans son
article que j'ai agi dans le dossier 172,030 de la cour des Sessions de la paix
de Québec. Je pense que la prudence la plus élémentaire
d'un journaliste c'est de vérifier; en vérifiant le dossier, il
se serait aperçu que mon nom ne paraissait nulle part dans ce dossier,
je l'ai vérifié encore hier, et qu'il s'agissait là d'un
dossier dirigé par un autre avocat de Québec, d'une autre
étude légale que la mienne.
Ce journaliste continue ses insinuations, j'achève, M. le
Président, en faisant allusion au dossier de la CIC; cela leur fait mal,
la CIC. Certaines personnes aimeraient peut-être que j'abandonne mes
mandats, mais au profit de qui? Est-ce que quelqu'un aurait des suggestions,
par hasard? De toute façon, M. le Président, je crois qu'il y a
lieu à rétraction. Je demande donc au Journal de Québec,
au Journal de Montréal, à Normand Girard, au journal La Presse,
au journaliste Pierre Vennat, à Florent Audette, au journal the Gazette
et à Ralph Noseworthy: Premièrement, qu'il y ait
rétractation dans leur journal respectif en rétablissant les
faits; deuxièmement, que la place réservée à cette
rétractation soit aussi importante que la place réservée
aux accusations fausses; troisièmement, qu'il y ait rétractation
de la part
des journalistes mentionnés ainsi que de Florent Audette en
accordant autant d'importance à cette rétractation qu'ils ont
accordée aux insinuations et aux accusations relatées dans les
articles; quatrièmement, si de telles rétractations n'ont pas
lieu ou si elles ne sont pas faites à ma satisfaction, j'envisagerai
alors les mesures à prendre pour que l'on punisse les calomniateurs;
cinquièmement, je dois dire en toute honnêteté que, dans au
moins un cas et peut-être dans tous les cas, même s'il y a
rétractation, je vous avise à l'avance que je ne renonce à
aucun recours et que je ne renonce pas à mes droits à
l'égard des journaux et des personnes concernées.
Je termine, M. le Président, en vous disant que la justice
humaine, celle qui cherche la reconnaissance et le respect des droits de la
personne, en son nom, au nom de cette justice, les faits devraient être
rétablis, et je crois qu'on devrait cesser de salir indûment ceux
qui tentent d'accomplir leur travail dans la quiétude et dans la paix.
Je vous remercie.
M. BURNS: Une question de règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT: Une question de règlement.
Le député de Maisonneuve.
Motion de M. Bienvenue
Question de règlement
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, la question de règlement que
j'ai l'intention de soulever a trait à la motion qui paraît en
appendice du feuilleton no 100 d'aujourd'hui. Je vous demanderais, ainsi
qu'à nos collègues de me donner un peu de latitude pour pouvoir
exposer le plus brièvement possible, je l'avoue, M. le Président,
la question de règlement.
A la page 7 du feuilleton d'aujourd'hui, paraît une motion au nom
du ministre de l'Immigration concernant le chef de l'Opposition, relativement
et à la suite de la question de privilège qui a été
soulevée, hier, par le ministre de l'Immigration. Or, M. le
Président, en date du 26 mars 1974, vous avez décidé
qu'avant qu'une motion puisse être inscrite il appartenait au
président de décider si, prima facie, il y a atteinte à
des privilèges. Je vous cite, à la page 140 des Débats de
cette année-là, votre décision: "La coutume parlementaire
veut que le président décide si une question de privilège
qu'un député soulève est une question qui concerne
directement les privilèges de la Chambre ou de quelque
député. Il doit juger si, prima facie, il y a atteinte à
des privilèges".
Or, je voudrais vous démontrer très brièvement que,
dans le cas de la question soulevée par le député de
Crémazie, il n'y a, à la face même de la question,
absolument aucune matière qui donne ouverture à une accusation de
bris de privilège. Notre argumentation, M. le Président, est
faite en deux volets. Le premier volet, c'est que l'article 96 de la Loi de la
Législature auquel s'est référé le
député de Crémazie ne peut conduire à un bris de
privilège. Il suffit de comparer le texte de cet article 96...
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement.
LE PRESIDENT: Une question de règlement.
M. LEVESQUE: C'est plutôt pour vous demander une directive. A la
faveur de cet appel au règlement du député de Maisonneuve,
est-ce qu'on n'est pas en train présentement d'entrer dans le
débat qui est prévu pour demain?
LE PRESIDENT: Pas encore.
M. BURNS: M. le Président, c'est d'ailleurs pour ça que
j'ai rédigé le texte, pour être bien sûr de ne pas
entrer au fond. Je ne veux pas discuter du mérite et le leader du
gouvernement serait en droit de me rappeler à l'ordre, si je le faisais.
Je ne veux que justifier, ici devant la Chambre, principalement à
l'endroit du président de l'Assemblée nationale, les raisons qui
m'incitent à croire, suite à sa décision du 26 mars, que
la motion ne devrait même pas être en appendice aujourd'hui. C'est
uniquement là le but, M. le Président. Si jamais je
dépasse cette norme, je vous prie de me rappeler à l'ordre et je
me rendrai à votre décision immédiatement.
Je disais donc, M. le Président, qu'il suffit de comparer le
texte de cet article 96 à celui des articles 75, 77, 78, 79 ou 86 de la
Loi de la Législature pour en être convaincu. En effet, les
articles 75, 77, 78, 79 et 86 contiennent tous une prohibition précise
qui défend aux députés de poser certains gestes et de
recevoir certains paiements. Ils sont complétés par une sanction
bien définie que l'on retrouve dans le texte même de ces articles
ou dans des articles qui s'y réfèrent expressément.
M. le Président je ne vous lirai pas in extenso ces articles;
qu'il suffise de se référer simplement pour votre information
évidemment, vous l'avez déjà, cette information
au texte qui est en marge de ces différents articles. Par
exemple, à l'article 75, on voit inhabilité des fonctionnaires
provinciaux et on parle, encore une fois, d'inhabilité à se
présenter comme d'inhabilité à siéger. A l'article
77, on parle de l'inhabilité des fonctionnaires fédéraux;
à l'article 78, de l'inhabilité des fonctionnaires d'autres
provinces, à l'article 79, de l'inhabilité des entrepreneurs et,
finalement, à l'article 86, des récompenses interdites,
sanctionné par l'article 88 qui prévoit une prohibition de la
même nature.
Alors, je continue.
Au contraire. Si on se réfère au texte du l'article 96
invoqué par le député de Crémazie, on constate
qu'il est de nature tout à fait différente. Il ne s'agit pas ici
de défendre aux députés de poser certains gestes, mais au
contraire de permettre aux autorités de l'Assemblée nationale de
verser aux députés certaines allocations pour frais de voyage,
maintien de local ou résidence secondaire.
Cela vaut peut-être la peine de lire cet article 96 puisque...
M. LEVESQUE: ... provoquer un débat.
M. BURNS: Non.
M. LEVESQUE: C'est ce qui va arriver.
M. BURNS: M. le Président, je n'argumente pas sur le fond. Je
veux simplement...
LE PRESIDENT: Je crois que la question de règlement... Le
député de Maisonneuve voudrait conclure que cette motion ne
devrait pas être au feuilleton et, sur une base de règlement,
qu'il ne s'agirait pas d'une question de privilège. C'est la
question.
M. LACROIX: ... la même chance au député de
Johnson.
M. LEVESQUE: II faudra permettre au ministre de l'Immigration
ensuite...
M. BURNS: Je suis entièrement d'accord.
M. LEVESQUE: Ce qui va arriver, c'est qu'on va avoir le débat
aujourd'hui au lieu de demain.
LE PRESIDENT: Non. Je ne permettrai pas d'aller au fond.
M. BURNS: Je suis entièrement d'accord, M. le Président,
pour que le ministre de l'Immigration ait à me répondre sur la
question de recevabilité. C'est absolument normal et aucunement
contesté de ma part.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Si
j'ai bien compris le sens de votre décision, à laquelle se
réfère le député de Maisonneuve, vous avez
demandé que le député qui veut ainsi soulever une question
de privilège le fasse avant qu'on voie au feuilleton l'avis en question.
C'est simplement pour permettre que l'accusation soit, prima facie, assez
sérieuse pour être mise en avis. Je comprends le sens de votre
décision et je conclus comme ceci: Si vous avez permis qu'elle soit mise
en avis, c'est que vous en étiez venu vous-même à la
conclusion que, prima facie, il s'agissait d'une question de privilège.
Alors, pourquoi commencer à ce moment-ci à vous poser des
questions alors que le fait que cela se retrouve en avis est que je
présume que vous en êtes déjà venu à la
conclusion, que, prima facie et je dis cela en toute objectivité
il s'agit, à ce moment, d'une question de privilège. Je
n'accepterai pas qu'à ce moment-ci on entre dans une discussion qui
aurait l'une ou l'autre des conclusions ou des effets suivants: soit que l'on
veuille faire un débat aujourd'hui plutôt que demain et qu'on
commence à faire ce débat qui est prévu pour demain, ou
qu'on mette en doute la sagesse de votre décision d'avoir reconnu qu'il
s'agissait là d'une question de privilège, prima facie, qui
pouvait faire l'objet d'un avis au feuilleton.
LE PRESIDENT: La manière dont j'interprète cette question
de règlement est que cette argumentation qui se fait actuellement
pourrait être faite demain.
M. LEVESQUE: ... c'est évident.
LE PRESIDENT: Un instant... Dès qu'on appellerait la motion pour
discussion, on dirait: "Question de règlement, M. le Président",
et j'invoquerais, en vertu du règlement, que cette motion ne doit pas
être appelée parce qu'elle est irrégulière. Je
préfère avoir cette question de règlement aujourd'hui
plutôt que de l'avoir demain pour pouvoir prendre une décision
éclairée. Je crois que cela sera mieux comme cela, plutôt
que d'avoir demain une question de règlement, étant donné
que c'est un débat qui, normalement, si la motion est acceptée,
est limité à trois heures, après l'ouverture de la
séance, avec des droits de parole partagés. Vous voyez ce qui
pourrait arriver s'il y avait une question de règlement qui pourrait
durer une heure demain. Je vais être très prudent pour ne pas
permettre au député de Maisonneuve d'aller au fond de la
question, mais je voudrais que la question de règlement soit
vidée pour donner le temps à la présidence d'être
bien éclairée pour pouvoir déjà prendre sa
décision dès que cette motion sera appelée demain.
M. LEVESQUE: M. le Président, je respecte votre décision,
comme j'ai toujours respecté celle des présidents de
l'Assemblée nationale, mais je tiens à vous dire
immédiatement que, sans vouloir prêter des intentions au
député de Maisonneuve, on sait fort bien que s'il apporte
présentement ses arguments, c'est beaucoup plus pour des fins de fond
que des fins de forme.
M. BURNS: Je m'oppose à cette dernière remarque...
M. LEVESQUE: ... et je ne permettrai pas autrement que nous...
M. BURNS: ... du leader du gouvernement. M. le Président, j'ai
été clair et vous verrez que la conclusion de mon intervention
vise quelque chose qui nous intéresse immédiatement, qui
intéresse le chef de l'Opposition immédiatement. C'est
pour cela que je n'ai pas attendu à demain pour soulever cette question.
Que le leader soit un peu patient et cela va aller bien plus vite. Cela ne sera
pas tellement long. Je veux simplement exposer, au niveau de la
recevabilité...
Je vous prie de me croire, M. le Président, que je vais m'en
tenir à cela, au niveau de la recevabilité d'une question de
privilège, tel que mentionné par l'intervention du ministre de
l'Immigration, hier, et tel que mentionné dans la motion qui
paraît aujourd'hui en appendice.
M. le Président, le député de Crémazie s'est
appuyé sur le deuxième alinéa du paragraphe 2 de l'article
96, en voulant faire passer cet alinéa, qui n'est qu'une restriction au
paragraphe précédent comme l'indique d'ailleurs la note
dans la marge de cet alinéa comme s'il s'agissait d'une
prohibition. Or, il suffit de lire le texte, M. le Président...
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce qu'on me permettrait une
interruption qui n'a rien à voir avec cela? Est-ce qu'on permettrait
à la commission de siéger immédiatement?
UNE VOIX: Laquelle?
M. LEVESQUE: Les affaires sociales ou une autre du choix de
l'Opposition; c'est simplement pour que les travaux puissent se continuer,
M. BURNS: Cela dépend, à quelle heure le leader entend-il
suspendre?
M. LEVESQUE: A une heure.
M. BURNS: A une heure. A ce moment, cela devient utile qu'une commission
siège. Quant à nous, nous n'avons pas d'objection à ce que
la commission des affaires sociales siège.
M. LEVESQUE: Et nous pourrons faire la première lecture du projet
de loi immédiatement, ce que j'avais retardé tout à
l'heure, de consentement. D'accord pour la première lecture?
LE PRESIDENT: On suspend la question de règlement.
Projet de loi no 88 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
première lecture de la Loi modifiant la loi de la protection de la
santé publique.
L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. FORGET: Merci, M. le Président. Ce projet de loi a pour but de
modifier la Loi de la protection de la santé publique. Je me bornerai,
M. le Président, d'en résumer les dispositions principales.
L'article 2 impose l'obligation à tout propriétaire d'une usine
de filtration de procéder à l'analyse des eaux fournies par
l'usine. Il stipule également que, si la teneur naturelle en fluor est
inférieure à 1.2 partie par million, le propriétaire de
l'usine doit y joindre un appareil de fluoration et opérer cet appareil
de façon que les eaux fournies aient une teneur en fluor de 1.2 partie
par million.
LE PRESIDENT: Un peu de silence, messieurs!
M. FORGET: Donne des délais dans lesquels ces opérations
doivent être effectuées; empêche le propriétaire de
l'usine d'opérer l'appareil avant qu'une personne autorisée par
le ministre ait délivré un certificat et, finalement, autorise le
ministre à financer l'achat et l'installation des appareils de
fluoration. L'article 3 impose l'obligation à toute personne qui
opère une colonie de vacances ou un studio d'esthétique de
détenir un permis délivré en vertu de la loi. L'article 4
impose l'obligation à toute personne qui pratique la crémation de
cadavres de détenir un permis, mais crée une exception pour les
établissements dans les cas déterminés par
règlement.
Les autres dispositions de la loi sont des modifications qui ont pour
but d'améliorer le fonctionnement des dispositions actuelles ou des
nouvelles dispositions de la loi.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. ROY: Je vais demander un vote enregistré, M. le
Président.
M. LEVESQUE: Est-ce que vous êtes cinq? M. ROY: On est cinq. M.
SAMSON: Oui, six.
M. LEVESQUE: Mais l'inscription de votre dissidence ne suffirait-elle
pas?
M. SAMSON: Pas sur la fluoration, non.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a lieu de voter immédiatement ou
vers une heure moins cinq ou moins dix?
M. LEVESQUE: Très bien, M. le Président, à une
heure moins cinq.
LE PRESIDENT: On appellera le vote vers une heure moins cinq.
Vous avez une motion pour faire siéger une commission.
Motion pour faire siéger la commission sur le
projet de loi no 93
M. LEVESQUE: Oui, M. le Président, je fais motion pour que la
commission parlementaire
des affaires sociales puisse siéger immédiatement afin
d'étudier article par article le projet de loi no 93, et cela au salon
rouge.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. Cette commission peut siéger
immédiatement.
L'honorable député de Maisonneuve.
Motion de M. Bienvenue (suite)
M. BURNS: M. le Président, je disais donc, avant cette
interruption, que le député de Crémazie s'est
appuyé sur le deuxième alinéa du paragraphe 2 de l'article
96 en voulant faire passer cet alinéa, qui n'est qu'une restriction au
paragraphe précédent, comme s'il s'agissait d'une prohibition.
Or, il suffit de lire le texte du paragraphe 2 pour constater que le premier
alinéa est une autorisation de paiement et que le deuxième
alinéa n'est qu'une restriction apportée à cette
autorisation.
J'insiste d'ailleurs sur le libellé même de cet
alinéa qui dit: "Aucune allocation ne peut être accordée en
vertu de la présente disposition.". Cela montre bien que cet article 96
concerne j'insiste là-dessus les autorités de
l'Assemblée nationale, ce qu'elles peuvent faire et les limites de leurs
compétences. Et c'est parce qu'il ne s'agit pas d'une question...
M. BIENVENUE: Une question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Oui.
M. BIENVENUE: Je m'excuse, cela va être très bref. Je ne
veux pas empêcher le député de continuer, quant à
lui. Mais pour les raisons qu'a invoquées il y a un instant le leader du
gouvernement sur la notion que l'on a que, prima facie, c'est recevable puisque
vous l'avez permis au feuilleton et que, en conséquence, toute
discussion actuellement sur le sujet appartient à la séance de
demain, je vous dis à l'avance que, peu importe ce que dira le
député de Maisonneuve, je ne me lèverai pas et je ne
plaiderai rien, ce matin.
M. BURNS: Vous auriez pu dire ça après, ce n'est pas une
question de règlement.
Je dis que c'est parce qu'il ne s'agit pas d'une prohibition. Toujours
je tente de justifier la non-recevabilité, j'insiste beaucoup
là-dessus; j'aurai d'autres choses à dire si jamais vous trouvez
qu'elle est recevable, la motion.
C'est parce qu'il ne s'agit pas d'une prohibition que l'on ne trouve
nulle part, dans la Loi de la Législature, de sanctions qui fassent
référence à cet article, comme c'était au con-
traire le cas pour les articles 75, 77, 78, 79 et 86.
J'en conclus qu'il est impossible que l'article 96 donne ouverture
à une question de privilège car, même si le montant
forfaitaire a été payé au chef de l'Opposition, selon vos
propres directives, M. le Président, et sans qu'il en fasse jamais la
demande, il s'agissait tout simplement d'une dépense de fonds publics
que vous n'aviez pas le droit d'autoriser, dépenses dont vous seul
seriez responsable, M. le Président, en tant qu'administrateur des
services de l'Assemblée nationale, aux termes mêmes de l'article
10 de notre règlement.
C'est tout comme si, en vertu de l'article 96, seize voyages statutaires
au lieu de quinze étaient payés par erreur à un
député. Cela ne rendrait aucunement, à mon avis, le
député en question inhabile à siéger.
S'il en était autrement, on voit tout de suite dans quelle sorte
de traquenard ou de "frame-up" tous les députés risqueraient de
tomber. Si les députés ne pouvaient pas se fier au fait que les
sommes qu'ils reçoivent à l'Assemblée nationale sont des
sommes qu'ils sont en droit de recevoir, la vie deviendrait absolument
impossible pour les députés.
Pour rendre un député inhabile à siéger, il
suffirait de lui payer, à son insu, soit un voyage de trop ou une
allocation de trop pour assistance aux commissions et le tour serait
joué.
Il n'y a, à notre connaissance, aucun cas, dans aucun Parlement
du même style que le nôtre, où une telle question de
privilège pourrait être possible, à cause des raisons
qu'allègue le ministre de l'Immigration.
Le deuxième volet de mon argumentation, c'est qu'en autorisant le
paiement, vous avez déjà vous-même décidé que
l'article 96 n'empêche aucunement le paiement d'un montant forfaitaire au
chef de l'Opposition pour le rembourser des dépenses qu'il a encourues
comme membre de la délégation québécoise à
la réunion de l'AIPLF à Bruxelles.
En effet, je vous signale le texte même de la lettre que le chef
de l'Opposition a reçue de votre adjoint, avant de recevoir le montant
en question. Je vais simplement extraire le dernier paragraphe de cette lettre,
avec votre permission, M. le Président, pour éviter que je la
cite au long.
M. BIENVENUE: ... n'est-ce pas le fond? M. BURNS: A la fin de cette
lettre du 29...
M. BIENVENUE: ... le fond, M. le Président?
M. BURNS: Non, M. le Président.
M. BIENVENUE: On n'est pas dans la preuve, M. le Président?
M. BURNS: Non, M. le Président.
LE PRESIDENT: Je pense qu'on est un peu plus loin là, oui.
M. BURNS: Non.
LE PRESIDENT: Bien.
M. BIENVENUE: De toute façon, je ne parle plus.
LE PRESIDENT: Vous avez votre opinion et j'ai la mienne.
M. BURNS: C'est le deuxième volet, M. le Président. Je
vous dis que je me force absolument pour ne pas entrer au mérite. Je
peux citer tout simplement la fin de cette lettre du 29 juillet 1974,
adressée à M. Jacques-Yvan Morin, chef de l'Opposition, et
signée par le directeur des relations publiques et interparlementaires,
M. Roberto Wilson. Cette lettre se termine comme suit: "Au cours de la
réunion dont il fait mention plus haut, il vous sera remis, selon les
directives du président Lavoie, l'enveloppe forfaitaire concernant ce
voyage".
Ce que je dis, c'est très simple. Vous ne pouvez pas juger au
mois de juillet qu'un montant doit être payé au chef de
l'Opposition et juger, en décembre parce que c'est ça
qu'on vous demande de faire que ce même montant ne peut pas
être payé et qu'il donne ouverture à un bris de
privilège. C'est ça le lien, non pas au mérite, mais le
lien concernant la recevabilité de la motion.
Un député qui se fie à votre interprétation,
M. le Président, je vous le soumets bien respectueusement, ne peut pas
se tromper. Et c'est ça, la question de fond.
Récusation de M. le Président
LE PRESIDENT: Un instant. Je vous interromps immédiatement parce
que, premièrement, je ne participerai pas à ce débat. Vous
comprendrez que ma position est très... D'ailleurs, mon opinion
était arrêtée dès hier. Je vous écoute. Vous
me demandez d'interpréter les lois. Ce n'est pas mon rôle
d'interpréter les lois.
M. BURNS: Mais la Loi de la Législature?
LE PRESIDENT: Un instant, on n'aura pas de débat sur cela. En
plus de cela, mon idée est bien arrêtée depuis hier que la
décision qui sera rendue demain sur le sujet sera rendue par un des
vice-présidents. Je ne demanderai pas qu'on me récuse. Je vais me
récuser moi-même.
Je vous dis également que je pense que c'est tout à fait
logique. En effet, je ne peux pas présupposer quelle sera la
décision de l'Assemblée, si la motion, toujours dans
l'hypothèse, est acceptée, mais je serai tout probablement
appelé à comparaître, si enquête il y a, devant la
commission de l'Assemblée nationale, comme témoin ou autrement.
C'est la raison. Je vous écoute, actuellement, pour qu'il y ait un
président ici, pour que ce soit enregistré au journal des
Débats et la décision sera rendue par un des
vice-présidents.
M. BURNS: Sur la recevabilité, M. le Président?
LE PRESIDENT: Même sur la recevabilité.
M. BURNS: M. le Président, dans tout ce que je vous ai dit
là, je n'ai pas indiqué que je n'ai pas confiance en votre
jugement sur la recevabilité, loin de là.
LE PRESIDENT: Au cas où il y aurait des doutes, je
préfère ne pas le rendre.
M. BURNS: Loin de là, M. le Président. Je tiens même
à vous dire que je me sens pas mal plus en sécurité avec
vous qu'avec d'autres.
LE PRESIDENT: Bon.
DES VOIX: Ah! Ah!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Non, non, on va être clair, là. Je vais vous le
dire.
M. CADIEUX: On s'attaque aux vice-présidents.
LE PRESIDENT: Messieurs!
M. BURNS: Je n'ai mentionné personne. S'il y en a qui se sentent
visés, qu'ils comprennent.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre.
M. BURNS: M. le Président, en tout cas, qu'il soit clair que moi,
je n'insiste pas et même je vous inviterais peut-être au
contraire.
LE PRESIDENT: S'il vous plaît, messieurs!
M. BURNS: Je n'ai pas à discuter de vos raisons, M. le
Président.
LE PRESIDENT: J'insiste et je me convaincs moi-même.
M. BURNS: Bon. Si vous êtes convaincu, je n'insisterai pas, mais
je peux vous dire et que ce soit bien clair qu'en ce qui me
concerne j'aurais parfaitement accepté que vous présidiez au
moment où la décision sur la recevabilité de cette motion
sera rendue.
M. le Président, je vais tout simplement conclure en vous disant
c'est la dernière fois que je me réfère à
vous que c'est de vous dont
il est question, vous comme président et non pas comme individu,
dans le paragraphe 2 de l'article 96. Il vous est donc impossible, comme
président et même si ce n'est pas vous, M. le
Président, qui rendez la décision, je pense qu'il y a permanence
à la présidence; je m'excuse de vous le dire, mais vous
êtes une institution comme président et, comme tel, vous avez un
caractère de permanence d'accepter aujourd'hui la
recevabilité de la motion du député de Crémazie
sans, à toutes fins pratiques, renverser votre propre décision du
mois de juillet dernier et surtout sans surprendre la bonne foi du chef de
l'Opposition et sans vous faire je le dis respectueusement, M. le
Président le complice d'un traquenard que je ne saurais
qualifier, même s'il n'origine pas de vous.
C'est pourquoi, M. le Président, je vous demande de
déclarer qu'il n'y a pas, prima facie, d'atteinte à des
privilèges dans la question soulevée par le député
de Crémazie et d'ordonner que l'avis qui paraît au feuilleton
d'aujourd'hui soit radié.
M. le Président, à la demande du chef de l'Opposition,
j'aimerais terminer par une requête, celle de vous prier instamment, vous
ou celui que vous désignerez pour rendre la décision, de rendre
votre décision, si possible, dès aujourd'hui, afin que, si jamais
vous décidiez d'accepter la motion du député de
Crémazie, nous puissions en débattre le plus tôt possible.
En effet, M. le Président, le chef de l'Opposition tient beaucoup
je me fais son porte-parole en le disant à ce que cette question
soit vidée avant l'ajournement de Noël et je crois que c'est un
minimum qu'il est en droit d'exiger.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Bon! Aucun commentaire pour le moment. Au sujet
de votre dernière requête, je vais en discuter avec les
vice-présidents. Je ne peux pas me prononcer pour eux.
Affaires du jour.
M. BIENVENUE: Article 7, M. le Président.
LE PRESIDENT: Article 7. L'honorable député de
Saint-Jacques n'est pas là.
M. BURNS: Article 7.
Le leader adjoint accepterait-il que je vérifie, dans les 30
secondes qui viennent, la possibilité que le député de
Saint-Jacques se joigne à nous?
M. le Président, on peut continuer, le député de
Saint-Jacques n'avait pas parlé. Tout ce qui peut lui arriver, c'est
qu'il perde sa priorité s'il n'est pas ici.
LE PRESIDENT: II lui restait trois minutes. M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT: Actuellement, c'est le député de Saguenay
sur le débat de deuxième lecture.
Projet de loi no 98
Deuxième lecture (suite)
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais vous rappeler que ce
n'est pas la première fois que nous avons à discuter dans une
période semblable d'un projet de loi semblable. En effet, on se rappelle
qu'au cours du mois de décembre 1972, nous avions à
étudier un projet de loi dont le principe était semblable,
à savoir la fusion de certaines municipalités pour créer
la grande municipalité de Gaspé.
En décembre 1972, nous avions aussi insisté sur le fait
qu'il était très difficile de discuter d'un projet de loi aussi
important alors que nous étions dans une période qui
n'était pas propice à cette discussion, où les
différents corps intermédiaires, comme les différents
individus, comme les municipalités, étaient
préoccupés d'abord par autre chose que discuter un projet de loi
de cette importance. Nous avions aussi insisté sur le fait qu'il
était très difficile pour l'Opposition de pouvoir discuter de ce
projet de loi au moment où nous fonctionnons avec les procédures
spéciales.
En effet, il est normalement entendu, en vertu des règlements,
que nous puissions discuter selon des heures normales, surtout lorsqu'il s'agit
de projets de loi fort importants.
A cette période, nous avions aussi la motion de fin de session et
nous devions discuter d'un projet de loi aussi important que le projet de loi
de Gaspé, qui a créé la municipalité de
Gaspé, au moment non seulement d'une période qui n'était
pas propice à cette discussion, mais selon des procédures qui
étaient anormales.
On se rappelle que malgré les remarques que nous avions pu faire,
malgré les interventions que nous avions pu faire auprès de
l'ex-ministre des Affaires municipales on a passé outre à ces
interventions. Il est vrai que les députés du Parti
québécois ont appuyé à ce moment-là le
ministre des Affaires municipales, que les députés de
l'Opposition ont appuyé le principe de ce projet de loi, les
députés du Parti québécois et non pas de
l'Opposition au complet puisque l'Union Nationale s'était opposée
à ce projet de loi, avait voté contre ce projet de loi. Les
députés du Parti québécois ont donc voté,
étant donné les explications qui avaient été
données par l'ex-ministre des Affaires municipales, avec le
gouvernement.
Nous connaissons actuellement les conséquences de ce projet de
loi de 1972. Nous savons actuellement qu'en 1972 les députés du
Parti québécois, comme les députés
ministériels, se sont trompés en créant un
éléphant blanc qui n'a donné aucun résultat positif
pour la population des régions concernées.
Or, M. le Président, nous disons aujourd'hui encore à ce
gouvernement que la période n'est pas propice; nous disons encore
à ce gouvernement qu'il faudrait attendre que les groupes
concernés puissent se faire entendre; nous disons encore à
ce gouvernement qu'il n'est probablement pas aussi urgent de créer ces
deux municipalités qu'on nous propose. Et nous le disons, M. le
Président, avec d'autant plus de fermeté qu'en 1972 ce
gouvernement nous avait trompés concernant des télégrammes
qui avaient été envoyés aux maires, concernant des
revendications qui avaient été faites par la population. Ce
gouvernement, par l'entremise de l'ex-ministre des Affaires municipales, nous a
trompés en 1972. Et nous ne voulons pas, en 1974, que ce gouvernement
puisse encore une fois nous tromper; nous ne voulons pas que d'ici un, deux ou
trois ans les populations concernées viennent nous voir, nous de
l'Opposition comme vous autres du gouvernement, en disant: Vous vous êtes
trompés en 1974. Vous vous êtes trompés parce que vous
n'avez pas donné le temps aux populations concernées de se faire
entendre. Vous vous êtes trompés parce que vous n'avez pas pris le
temps nécessaire pour étudier un projet de loi d'une telle
importance, un projet de loi qui touche des individus, qui touche des
municipalités.
Etant donné l'expérience de l'ex-ministre des Affaires
municipales et vous savez où il est rendu cet ex-ministre des
affaires municipales actuellement étant donné
l'expérience que nous avons vécue en 1972, étant
donné l'expérience que vivent actuellement des populations dans
la municipalité de Gaspé, nous croyons, M. le Président,
qu'il serait normal que nous attendions, avant d'accepter un tel projet de loi,
que les populations concernées puissent se faire entendre. Je pense
qu'il est normal que nous exigions qu'un référendum soit fait
avant de nous engager dans un projet de loi d'une telle importance.
M. le Président, ce n'est pas la première fois que les
membres de l'Opposition officielle demandent un report à trois mois. Ce
n'est pas la première fois que les membres de l'Opposition officielle,
sur un projet de loi aussi important, demandent au gouvernement d'en retarder
l'adoption. Mais, quand il s'agit de créer une municipalité,
quand il s'agit de chambarder toutes les structures d'une région, quand
il s'agit de forcer des gens à vivre ensemble, nous croyons que cette
demande devient d'autant plus importante. Le programme même du Parti
québécois, comme nous avons tenté de l'expliquer, nous
oblige, nous parlementaires parce que nous respectons nos programmes, et
c'est là la différence entre les députés
ministériels et les députés de l'Opposition
à nous battre ici à l'Assemblée nationale parce que l'une
des exigences fondamentales inscrites dans notre programme, lorsqu'il s'agit de
regrouper des municipalités, c'est d'abord qu'on passe par le
référendum. M. le Président, nous avons l'intention de
nous battre pour exiger de ce gouvernement, de ce ministre qu'il respecte au
moins ses engagements.
Il disait qu'on ne ferait pas de fusion forcée.
Or, M. le Président, ce ministre, comme l'ex-ministre des
Affaires municipales, n'a jamais respecté sa parole concernant les
municipalités, n'a jamais respecté sa parole concernant les
conseils de comté. Comment voulez-vous qu'actuellement des populations,
comment voulez-vous, actuellement, que des municipalités, comment
voulez-vous que le conseil de comté aient confiance en ce ministre qui
n'a jamais respecté sa parole? Cela peut créer une situation
grave au Québec concernant la fusion des municipalités,
concernant le regroupement municipal.
On se rappelle que l'ex-ministre des Affaires municipales avait pris
aussi cet engagement de ne pas forcer les municipalités à
fusionner. On se rappelle aussi, M. le Président, que l'ex-ministre des
Affaires municipales avait tenté à quelques reprises d'imposer
des fusions. On se rappelle, aussi, la contestation qui s'est soulevée
à travers le Québec. On se rappelle la démission de
l'ex-minitre des Affaires municipales. Et je pense que le nouveau ministre des
Affaires municipales, le ministre actuel, devra probablement, d'ici quelques
mois, envisager aussi sa démission, parce que ce ministre n'a plus la
confiance des municipalités, parce que ce ministre n'a plus la confiance
des conseils de comté du Québec. Je disais qu'il est tout
à fait normal qu'on puisse penser à regrouper différentes
municipalités du Québec. Nous ne sommes pas contre le
regroupement municipal, mais nous le sommes avec la population. Nous sommes
d'accord avec les principes généraux qu'on a
élaborés concernant le regroupement des municipalités et
nous favorisons, nous l'avons dit à maintes reprises, la diminution des
municipalités au Québec. En effet, il est anormal qu'on ait
autant de municipalités. Cependant, nous le faisons en autant que les
municipalités seront consultées et nous jugeons actuellement que
ça n'a pas été le cas.
Nous jugeons actuellement qu'en particulier dans la région du
Haut-Saguenay, la consultation n'a pas été complètement
faite ou n'a pas été aussi profondément faite qu'on tente
de nous le faire croire. Nous croyons que des organismes comme les conseils de
comté doivent se faire entendre sur ce projet de loi. Nous croyons que
ce n'est pas à quelques jours de l'ajournement que nous devrions
étudier un projet de loi d'une telle importance. Je voudrais simplement
vous donner un exemple de ce que ça peut donner que d'accepter ce projet
de loi-là. Les conseils de comté, vous en faites quoi, M. le
Président? Vous en faites quoi, M. le ministre, les conseils de
comté? Avez-vous une politique concernant les conseils de comté?
Est-ce que vous avez décidé de les faire disparaître, les
faire disparaître à petit feu? Qu'arrivera-t-il, par exemple, au
conseil de comté de Papineau?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Le
ministre des Affaires culturelles sur une question de règlement.
M. HARDY; M. le Président, j'invoque le règlement. Je
comprends qu'à ce stade du débat en deuxième lecture, on
étudie le principe d'une loi, on puisse élargir les propos, mais
actuellement nous étudions un projet de loi dont le champ est quand
même bien circonscrit.
Il s'agit d'un regroupement au Lac-Saint-Jean et à Hull, et voici
que le député de Saguenay est en train de demander au ministre
s'il y a une politique générale des conseils de comté.
Je ne pense pas que cela soit l'occasion. Je ne dis pas qu'il n'y a pas
beaucoup de choses intéressantes à dire sur les conseils de
comté, mais il n'y a pas de relation entre le projet actuel et
l'élaboration d'une politique générale de conseils de
comté.
M. le Président, je vous inviterais, avec beaucoup de respect,
à demander au député de Saguenay de respecter la
pertinence du débat.
M. ROY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: J'ai écouté avec attention mon collègue de
Saguenay et je viens d'écouter également les remarques du
député de Terrebonne. J'ai été en mesure de me
rendre compte que le député de Terrebonne aurait
intérêt à relire son règlement. Il aurait surtout eu
intérêt à écouter mon collègue de Saguenay,
parce que si on parle de regroupement municipal, il est évident que dans
les régions rurales, voire même semi-urbaines, cela concerne les
conseils de comté parce que cela change les relations.
M. HARDY: ... sur place.
M. ROY: Lorsque le député de Saguenay parlait des conseils
de comté...
M. HARDY: II parlait d'une politique générale.
M. ROY: ... j'ai les mêmes questions à poser au ministre et
j'entends les poser. C'est pourquoi je dis que le rappel au règlement du
député de Terrebonne est tout à fait hors d'ordre.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de...
M. LESSARD: M. le Président, je pense que le...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Question de règlement?
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, certainement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): A la suite de l'intervention du
député de Terrebonne, l'article 120 se termine par ces mots que
vous connaissez bien: "... ou à toute autre méthode d'atteindre
ses fins". Les conseils de comté seront frustrés, et c'est bien
important qu'on le dise... Je pense que le député de Saguenay...
C'est pertinent au débat et l'honorable député qui a
déjà occupé le fauteuil sait qu'il y a pertinence au
débat.
M. LESSARD: Je pense que le député de Terrebonne, qui a
été vice-président de la Chambre, aurait
intérêt à relire ses règlements parce qu'il semble
que depuis qu'il est ministre des Affaires culturelles, il les a fortement
oubliés. Je pense que j'ai le droit, en vertu de ces règlements
pas en vertu des règlements du ministre des Affaires culturelles
en vertu de ces règlements, de parler des implications d'un
projet de loi, et cela sera encore plus précis.
Concernant certains conseils de comté de la région de
Hull, je voudrais demander ce qu'il adviendra de ces conseils de comté.
N'eût été l'intervention inopportune du ministre des
Affaires culturelles, le ministre aurait certainement compris et
vous-même, M. le Président...
M. HARDY: II n'y a que lorsque vous parlez que c'est opportun. Pour vous
faire plaisir, il faudrait...
M. LESSARD: Oui, il y a une politique qui est implicite dans ce projet
de loi vis-à-vis des conseils de comté et il faudrait que le
ministre nous en parle. Le ministre a-t-il décidé de les faire
disparaître à petit feu? Si c'est le cas, qu'il le dise, qu'il
fasse exactement comme l'ex-ministre des Affaires municipales l'a fait,
l'honorable ministre Tessier, lorsqu'il s'est présenté à
un congrès des conseils de comté et lorsqu'il a été
rabroué justement parce qu'il est allé dire aux administrateurs
des conseils de comté qu'il avait l'intention de les faire
disparaître ou du moins de les réformer. Mais la conclusion en
arrivait toujours au même.
M. le Président, qu'arrivera-t-il pour le conseil de comté
de Papineau, puisque sept municipalités disparaissent qui sont
actuellement membres de ce conseil de comté, et dont l'évaluation
est estimée à $15 millions. Qu'arrivera-t-il au conseil de
comté de Pontiac, alors que la loi fait disparaître quatre
municipalités et $9 millions d'évaluation? Qu'arrivera-t-il au
conseil de comté de Gatineau, alors que la loi fait disparaître
neuf municipalités membres de ce conseil de comté, soit $84
millions d'évaluation sur $128 millions? Or, M. le Président, le
ministre s'aperçoit de plus en plus, je pense, que ce projet de loi est
contesté et a été contesté. Le ministre devrait
prendre conscience qu'à sa place, comme responsable du ministère
des Affaires municipales, a déjà siégé un autre
ministre qui, lui aussi, avait perdu la confiance des administrateurs
municipaux, qui, lui aussi, avait perdu la confiance des différentes
munici-
palités du Québec, et ce ministre n'a pas
été capable de faire son travail. Ce ministre, en perdant la
confiance des personnes mêmes avec lesquelles il devait travailler, a
dû démissionner. Je pense que c'est ce qui arrivera à
l'actuel ministre des Affaires municipales, qui n'est pas capable de se tenir
debout, qui n'est pas capable de respecter ses engagements, de respecter sa
parole, M. le Président.
On va vous en citer des engagements que le ministre a pris, on va en
citer.
M. HARDY: ...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: Le ministre, actuellement, est la marionnette des deux
députés régionaux, qui sont les véritables parrains
de ce projet de loi.
M. HARDY: ... capable de discuter sur le plan des idées.
M. LESSARD: Que disiez-vous le 24 mai 1973?
M. HARDY: Vous êtes incapable de discuter sur le plan des
idées.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! A l'ordre! ...A l'ordre!
...
Comme je l'ai mentionné hier, si le ministre des Affaires
culturelles veut intervenir sur ce projet de loi, on va continuer cet
après-midi. A l'ordre!
M. LESSARD: Je termine, mais si le ministre des Affaires culturelles,
qui ne fout rien à l'intérieur de son ministère, n'est pas
capable...
M. HARDY: Continuez à faire des personnalités.
M. LESSARD: ... d'écouter, qu'il retourne à son
ministère.
M. HARDY: Vous êtes incapable de discuter d'idées.
M. LESSARD: Voici, M. le Président, ce que le ministre actuel des
Affaires municipales disait le 24 mai 1973...
M. HARDY: ... intellectuel.
M. LESSARD: C'est vraiment son style, d'ailleurs, comme ministre des
Affaires municipales: "Je serais profondément malheureux si on
s'opposait à ce que la commission municipale aille siéger dans
quelque région que ce soit de la province pour entendre les
intéressés. "C'est comme cela que nous allons nous pencher sur
leurs problèmes. C'est un organisme indépendant qui a la
responsabilité de conseiller le ministre sur certaines choses, de faire
des recommandations. Il faut que la commission aille siéger et que les
renseignements qui se dégageront de ces audiences soient fournis
à la population. Ce n'est qu'une étape qui n'a rien
d'exécutoire". Donc, "j'y tiens beaucoup, vous savez", avec la
fermeté habituelle dont il a fait preuve depuis qu'il est ministre. "J'y
tiens beaucoup. Je pense que c'est une formule qui est logique et que nous
allons poursuivre". C'est là le respect des engagements du ministre
actuel des Affaires municipales? Est-ce que la Commission municipale a
siégé dans le Haut-Saguenay?
UNE VOIX: Non.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre pourrait nous le dire?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Je
vous inviterais à terminer en 30 secondes.
M. LESSARD: Je termine, M. le Président. Est-ce, là aussi,
l'engagement du responsable de la région du Lac-Saint-Jean auprès
de l'Office de planification et de développement économique du
Québec, M. Normand Toupin, qui, devant les municipalités disait:
Pas de fusion si les quatre maires ne sont pas d'accord. C'est ça,
l'engagement de ce gouvernement, c'est ça l'engagement de ce ministre
des Affaires municipales?
Vous n'êtes, comme ministre des Affaires municipales qu'une
marionnette actuellement entre les mains de patroneux du Parti
libéral.
M. BELLEMARE (Rosemont): Vous autres, vous êtes les marionnettes
de votre exécutif.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président...
M. BELLEMARE (Rosemont): Vous êtes une marionnette de
l'exécutif de votre parti.
M. ROY: ... puis-je proposer la suspension du débat?
UNE VOIX: Des marionnettes du Parti québécois.
M. ROY: Vous ne perdez rien pour attendre. UNE VOIX: II y a un vote.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés.
Vote de première lecture sur le projet de loi
no 88
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Il
s'agit de la mise aux voix d'un projet de loi, en première
lecture, proposé par l'honorable ministre des Affaires sociales, Loi
modifiant la loi de la protection de la santé publique.
Que ceux qui sont en faveur de cette motion de première lecture
veuillent bien se lever s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Parent (Hull), Mailloux,
Saint-Pierre, Cloutier, Cournoyer, Goldbloom, Quenneville, Hardy, Tetley,
Lacroix, Bienvenue, Forget, L'Allier, Harvey (Jonquière), Cadieux, Houde
(Fabre), Houde (Abitibi-Est), Desjardins, Giasson, Perreault, Brown, Fortier,
Bossé, Kennedy, Bacon, Veilleux, Brisson, Cornellier, Houde (Limoilou),
Lafrance, Pilote, Lamontagne, Fraser, Picard, Gratton, Gallienne, Carpentier,
Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Pelletier, Springate, Bellemare
(Rosemont), Bonnier, Boudreault, Boutin, Marchand, Caron, Ciaccia,
Côté, Denis, Dufour, Harvey (Dubuc), Lapointe, Lecours,
Malépart, Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Parent
(Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallières, Morin,
Burns, Léger, Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi).
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Samson, Roy, Bellemare (Johnson).
LE SECRETAIRE: Pour: 73. Contre: 3.
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. LEVESQUE: Suspension à quinze heures.
LE PRESIDENT: L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à
quinze heures.
(Suspension de la séance à 13 h 8)
Reprise de la séance à 15 h 5
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
Le député de Beauce-Sud.
Projet de loi no 98
Deuxième lecture (suite)
M. Fabien Roy
M. ROY: M. le Président, aujourd'hui, 19 décembre, le
gouvernement propose à l'Assemblée nationale un projet de loi
portant le numéro 98, Loi concernant certaines municipalités de
l'Outaouais et du Haut-Saguenay. Selon la formule habituelle, Sa
Majesté, de l'avis et du consentement de l'Assemblée nationale du
Québec, décrète ce qui suit dans ce projet de loi: la
constitution de la ville de Jonquière, la constitution de la ville de
Chicoutimi, de Gatineau et de Buckingham.
Evidemment, nous ne pouvons nous référer aux notes
explicatives qu'il y a dans ce projet de loi: le gouvernement n'a même
pas eu le temps de les écrire. C'est un projet de loi de dernière
minute, comme d'habitude, qui est proposé à l'Assemblée
nationale, alors que nous avons au-dessus de nous une motion qui a
été acceptée en Chambre, concernant l'abolition des
règles de procédure parlementaire normales, de façon
à nous faire siéger à des heures indues.
Ce n'est pas nouveau; nous avons été dans la même
situation lorsque le bill 276, Loi favorisant le regroupement des
municipalités, a été proposé devant
l'Assemblée nationale.
Pourquoi à la dernière minute? Pourquoi au dernier
instant, sinon pour obliger les députés à faire le moins
d'interventions possible ou encore pour avoir le moins de temps possible pour
consulter les personnes concernées afin d'exprimer devant
l'Assemblée nationale un point de vue qui reflète les
intérêts logiques, normaux, réels de la population
concernée?
C'est pourquoi je demande au gouvernement: Pourquoi avoir attendu
à la dernière minute pour présenter un projet de loi qui
veut mettre de côté la consultation populaire pour imposer, par
voie législative, des lois que la population ne désire pas?
Cela fait changement avec les déclarations qu'a faites le
ministre des Affaires municipales en Haute-Gatineau, le mardi, 8 mai 1973, et
qui ont été rapportées dans le journal Le Droit.
Evidemment, à ce moment-là, il y avait des élections dans
l'air, il ne fallait pas ameuter la population. Il fallait que la population
soit bien rassurée, bien tranquillisée concernant les intentions
du gouvernement.
Un gouvernement champion de la participation populaire, un gouvernement
soucieux et M. le Président, je cite leurs propos du
respect des opinions de la population...
M. VEILLEUX: Bravo!
M. ROY: ... et un gouvernement qui se
voulait soucieux de donner au peuple les lois que le peuple attend de
lui". Et voici ce que le ministre disait lui-même: "Je ne vais pas
imposer le regroupement...
Vous n'applaudissez plus?
UNE VOIX: Attendez.
M. ROY: Je pensais que vous étiez pour continuer d'applaudir.
M. GRATTON: Est-ce que le député me permet une
question?
M. ROY: "Je ne vais pas imposer le regroupement...
M. GRATTON: M. le Président, est-ce que le député
me permettrait...
M. ROY: ... mais je vais inviter les populations à se pencher sur
leurs problèmes d'administration municipale", de dire le ministre des
Affaires municipales et responsable de l'Environnement, le docteur Victor
Goldbloom, de passage à Maniwaki, hier matin, en compagnie du
député de Gatineau, M. Michel Gratton. Celui qui vient d'invoquer
le règlement.
M. GRATTON: M. le Président... UNE VOIX: Le
député...
M. ROY: Le ministre Goldbloom, qui représentait les maires des
municipalités de la Haute-Gatineau, a souligné qu'il était
primordial c'est le ministre qui parle "de créer un climat
de bonne entente et de consultation entre les municipalités afin
qu'elles puissent au moins se rencontrer pour discuter de regroupement
municipal". C'était avant les élections.
M. GRATTON: M. le Président, est-ce que le député
de Beauce-Sud...
M. ROY: Avant les élections, M. le Président...
M. GRATTON: ... me permettrait une question?
M. ROY: ... le même ministre continue: "Quant au changement
d'attitude du ministère des Affaires municipales...
M. GRATTON: Est-ce qu'il m'en permet une, pensez-vous?
M. ROY: ... depuis quelques mois...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cela a l'air que le député
ne permet pas de question.
M. ROY: ... quant au regroupement... M. le Président, je n'ai pas
peur des questions de vos petits stratèges, mais je n'ai que 20 minutes
à ma disposition. Et vous êtes les premiers, quand je demande du
temps supplémentaires, à me...
M. GRATTON: On vous empêcherait de dire des bêtises.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. ROY: Je ne permets pas de question...
M. GRATTON: On vous empêcherait de dire des bêtises,
peut-être.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Je serais entièrement d'accord pour permettre à
mes illustres collègues illustres entre guillemets
d'intervenir sur le projet de loi. Je continue, M. le Président.
Quant au changement d'attitude du ministère des Affaires
municipales depuis quelques mois quant au regroupement, le ministre Goldbloom
s'est contenté de faire remarquer que chaque ministre exprimait un style
de travail à son ministère et que les grosses décisions
étaient toujours entre les mains du conseil des ministres au chapitre
des politiques d'ensemble. M. le Président, le ministre continue en
rassurant la population à l'effet qu'il n'imposerait pas de regroupement
municipal obligatoire.
Qu'est-ce que nous avons devant nous, M. le Président? Nous avons
une loi qui impose le regroupement municipal obligatoire malgré la
volonté des populations concernées et sans que le gouvernement se
soit donné la peine de permettre aux populations concernées de
s'exprimer. M. le Président, lorsque je dis permettre aux populations
concernées de s'exprimer il y a des dispositions dans la loi 276 qui
concerne le regroupement municipal.
L'article 2 dit je le citerai à l'attention de mes
honorables collègues que le ministre, à partir de
données lui permettant de croire qu'il y aurait avantage à ce que
les municipalités se fusionnent ou qu'une étude soit faite sur
l'opportunité pour certaines municipalités de se fusionner, peut
établir des unités de regroupement comprenant des
municipalités de cité, de ville, de village ou de campagne et y
rattacher toute partie de territoire non organisé contiguë à
l'une d'elles.
Et le ministre dit plus loin dans sa loi qu'"une requête conjointe
peut être présentée par la moitié des conseils des
municipalités comprises dans une unité de regroupement et
représentant au moins la moitié de la population de toutes les
municipalités comprises dans les unités de regroupement". On
ajoute que "les municipalités qui ne sont pas comprises dans une
unité de regroupement peuvent, quelle que soit la loi qui les
régit, présenter une requête
conjointe". L'article 5 dit que "chacun des conseils municipaux qui
désire présenter une requête visée à
l'article 3 ou 4 doit adopter un règlement à cette fin".
Il est également dit plus loin dans la loi qu'il est question de
consulter la population et de soumettre ça à la population par
voie de référendum. Or, M. le Président, que fait le
gouvernement de sa propre loi? Que fait le gouvernement d'une loi qu'il a
votée, qu'il a imposée à l'Assemblée nationale,
à la dernière minute d'une session, parce qu'encore là,
nous étions à la veille de la fête de Noël et
c'était urgent? Il fallait siéger à des heures indues. Je
voudrais rappeler au gouvernement, que...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît! Il y a
deux autres caucus ici. S'il vous plaît, le caucus de l'Opposition et le
caucus du premier ministre, j'attirerai... Les caucus, dehors, s'il vous
plaft.
M. BURNS: Quelques-uns des démissionnaires.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Beauce-Sud.
M. HARDY: Est-ce qu'on était en train de composer un cabinet de
coalition?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, pour revenir au projet de loi, je ne
sais pas si ça fait partie d'une tactique gouvernementale d'interrompre
les collègues lorsqu'ils parlent d'une question aussi importante que
celle que nous étudions. Cela contribue évidemment à
améliorer le décorum de l'Assemblée nationale; cela permet
une étude objective et un travail objectif et sérieux de la part
de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas nouveau. C'est toujours de cette
façon et ça ne change pas.
M. GRATTON: C'est du "niaisage" ça, là.
M. ROY: M. le Président, est-ce que je dérange le
député de Rimouski? Si je ne vous dérange pas, ayez donc
la décence de vous taire.
M. SAINT-HILAIRE: Tu sais que je t'écou-te.
M. ROY: M. le Président, je disais donc que ce projet de loi no
98 qui veut imposer aux populations concernées un regroupement dont
elles ne veulent pas, un regroupement non désiré et un
regroupement non demandé...
Je me demande quelle est la raison fondamentale qui fait que le
gouvernement présente cette loi à ce moment-ci et pour quelle
raison il a voulu agir de façon aussi rapide dans une question aussi
importante.
On pourrait se demander s'il n'y aurait pas quelques politiciens,
quelques membres de l'Assemblée nationale de certains comtés qui
auraient des intérêts particuliers à défendre, pour
voir s'ils ne sont pas intéressés...
M. GRATTON: Nommez-les.
M. ROY: Oui, je vais nommer le député de
Jonquière.
M. GRATTON: Nommes-les.
M. ROY: Oui, je vais nommer le député de Jonquière,
entre autres, qui veut peut-être se créer une espèce de
royaume pour y placer ses amis. Je pose la question, parce que si le
gouvernement avait voulu agir de façon sérieuse...
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, question de
privilège.
M. ROY: ... il aurait pu agir autrement.
M. HARVEY (Jonquière): Le texte du projet de loi no 98 identifie
bien que le gouvernement crée la ville de Saguenay, comprenant le
comté complet de Chicoutimi, une partie de Dubuc et le comté que
je représente. C'est une trame urbaine, et les affirmations du
député de Beauce-Sud sont stupides parce que je créerais
un royaume à d'autres.
UNE VOIX: Elles sont à son image!
M. ROY: Je savais bien qu'en touchant cette question le
député de Jonquière se sentirait blessé. La
réaction a été très positive. Cela fait mal
lorsqu'on parle de ces choses parce qu'on touche à la
réalité, quoiqu'en dise et quoiqu'en pense le ministre
lui-même. Si le ministre du Revenu et député de
Jonquière avait été sérieux pour imposer une loi,
pour quelle raison a-t-il inclus la question qui le touche d'une façon
particulière à l'intérieur d'une loi qui touche
également d'autres territoires du Québec? Pour quelle raison
n'a-t-il pas eu le courage le député de Jonquière
de présenter une loi particulière en ce qui a trait aux
gens de son comté? Pourquoi le député de Jonquière
a-t-il attendu à la dernière minute pour présenter cette
loi à l'Assemblée nationale?
M. le Président, la loi n'est même pas imprimée.
Nous avons des feuilles photocopiées devant nous. La loi n'était
même pas prête. Elle n'a pas été imprimée
selon la formule habituelle à l'Assemblée nationale. Et le
ministre du Revenu et député de Jonquière va se sentir
vexé par les propos qu'on tient? Qu'il réponde aux questions que
je viens de lui poser pour voir si ce n'est pas encore une question de
cache-cache, de cachette à la dernière minute pour tâcher
de sauver les intérêts de certains amis, pour placer ses amis ou
encore pour permettre
de faire plus de patronage, comme il y en a et comme il y en a toujours
eu dans son comté depuis qu'il est là.
Il va falloir qu'on appelle les choses par leur nom et qu'on dise la
vérité. Je pense que cela commence à être important.
Si le député de Jonquière se sent vexé, qu'il donne
des explications et qu'il réponde aux questions que je viens de lui
poser. Pensez-vous que le ministre a décidé et que les gens ont
décidé cela la semaine dernière de fusionner?
Il y a belle lurette que ces plans sont préparés, sont
patentés dans les bureaux du ministre ou avec d'autres personnes qui
sont près de lui, pour venir à l'Assemblée nationale
à la dernière minute. Il y a belle lurette que c'est prêt,
M. le Président, mais on attend justement à la dernière
minute pour se présenter devant l'Assemblée nationale, de
façon que nous soyons pris avec l'étude, dans la même
session, de trois, quatre ou cinq autres projets de loi pour que le monde de
l'information, limité par les débats que nous avons,
limité par l'espace disponible, limité par le temps, ne puisse
pas rendre compte exactement de tout ce qui se passe à
l'Assemblée nationale et en informer les populations
concernées.
On sait cela, M. le Président. On arrive avec un projet de loi
comme celui là. Pour quelles raisons n'a-t-on pas voulu procéder
selon les formules clairement établies dans la loi 276? Pour quelles
raisons refuse-t-on les référendums? Pour quelles raisons
refuse-t-on de consulter la population, sinon parce qu'on veut procéder
à la dernière minute, en toute hâte, à l'insu de la
population? Ainsi, les gens se retrouvent après, alors que le mal est
fait et que la loi est votée par l'Assemblée nationale.
M. le Président, ceci démontre que nous avions de bonnes
raisons de voter contre la loi 276, en 1971. Nous avons voté contre. Les
députés de l'Union Nationale ont également voté
contre la loi 276, en 1971. Nous avions raison, parce qu'à ce moment
nous représentions tous des comtés ruraux et nous avions
rencontré les gens de nos municipalités. Nous avions
rencontré les dirigeants municipaux et on ne voulait pas de cette
espèce de carcan, de cette loi qui permettait au ministre et au
ministère des Affaires municipales de mettre en tutelle certaines
municipalités du Québec ou encore d'imposer des vues de
regroupement qui ne tenaient aucunement compte des intérêts et des
aspirations des populations concernées.
M. le Président, que le ministre nous en nomme une, nous donne en
exemple une seule communauté urbaine, un seul cas de regroupement qui
s'est fait selon des lois particulières devant l'Assemblée
nationale et qui fonctionne à merveille, qui est une
réussite.
UNE VOIX: Alma.
M. ROY: Alma, c'est une question différente et c'est très
petit, mais je parle de grosses agglomérations qu'on a voulu faire.
Qu'on nous en nomme. On ne nous parlera pas de Gaspé, on ne nous parlera
pas de la Communauté urbaine de Québec, on ne nous parlera pas de
la Communauté urbaine de Montréal, non, qui continuent à
administrer et à fonctionner de façon catastrophique, si bien
qu'à chaque session on est obligé, à l'Assemblée
nationale, de chercher des moyens pour régler les problèmes
qu'elles ne peuvent pas régler. Leur situation démontre
jusqu'à quel point on est en train de s'embourber avec toutes ces
mesures gouvernementales.
M. le Président, le gouvernement n'est pas là pour imposer
toujours ses vues aux populations.
Le gouvernement n'est pas là pour toujours imposer ses vues
à la population. Le gouvernement est là pour aider la population.
Les structures municipales que nous avons au Québec sont quand
même des structures qui répondent à des besoins. Le
rôle du gouvernement du Québec, ce n'est pas de leur imposer des
carcans, de leur imposer des fusions malgré elles. Le rôle du
gouvernement du Québec, c'est de les aider, de façon qu'elles
puissent offrir les meilleurs services à leur population.
Le seul critère qui nous permet de nous guider dans le domaine
des fusions et des regroupements sont des critères qui émanent de
la population elle-même, qui peuvent être justifiés par le
fait que les gens trouvent des avantages dans les fusions. Mais si les gens ne
veulent pas des fusions et si la loi no 276 est un fiasco parce personne ne
semble vouloir s'en prévaloir au Québec, ce n'est pas par des
projets de loi comme le projet de loi no 98 que nous avons devant nous qu'on va
corriger la situation. Le ministre et cela me surprend devrait le
savoir. Le ministre devrait être au courant. Ce n'est pas quand des lois
ne répondent pas aux besoins de la population, alors qu'on a fait en
sorte que pour ces lois il y ait un minimum de consultation et un minimum de
volontariat à l'intérieur de ces lois, qu'on va corriger le mal
par les lois totalement arbitraires comme le projet de loi que nous avons
devant nous, le projet de loi no 98.
Nous vons reçu des télégrammes de groupements,
d'associations qui protestent justement contre cette fusion. Je vais en lire un
qui émane du comté du ministre du Revenu: "Comptons sur votre
appui ainsi que sur celui de vos confrères de l'Opposition pour sauver
la démocratie au Québec en vous objectant de toutes vos forces
contre le nouveau projet de loi des municipalités,
présenté par le ministre des Affaires municipales aujourd'hui.
Groupement Diffusion, secteur d'Arvida." Cela est de la consultation, ce que
ces gens disent. C'est signé par M. Côté,
secrétaire.
M. HARVEY (Jonquière): Lucien Côté, un dissident, on
le sait.
M. ROY: Nous en avons rencontré des gens
dans votre région hier. Qu'est-ce que les gens sont venus nous
dire? Ils sont venus nous dire qu'ils sont contre. Le ministre me fait signe
qu'il n'y en a qu'un qui est contre.
M. HARVEY (Jonquière); Une dissidence.
M. ROY : Pour quelle raison avez-vous peur du référendum
s'il y a seulement une personne qui est contre? Pour quelle raison avez-vous
pour du référendum?
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, une question de
privilège.
M. ROY: Pour quelle raison n'a-t-on pas procédé par...
M. HARVEY (Jonquière): J'invoque l'article 96.
M. ROY: ... voie démocratique?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'ai fait un
discours, hier soir, sur la question de fond et j'invoque mon privilège.
J'ai parlé d'une dissidence, d'un dissident...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! ... Ce n'est pas une
question de privilège. Vous pourrez vous servir de l'article 96
après le discours du député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, l'honorable ministre n'avait pas
à soulever une question de privilège parce que je ne le citais
pas. Je ne le citais pas. Il n'y a rien qui le justifie d'invoquer une question
de privilège dans de pareilles circonstances.
Je disais donc que ce projet de loi no 98 est un projet de loi
totalement arbitraire, un projet de loi qui impose à ces gens des
structures municipales, supramunicipales non désirées, qui
semblent non désirables, de toute évidence, et à
l'intérieur d'un projet de loi dans lequel on a inclus justement la
création de quatre regroupements qui pourraient faire en sorte que,
justement, il y en ait un ou deux parmi ces regroupements qui pourraient avoir
des options différentes.
Je me demande encore pourquoi le gouvernement, sinon pour des raisons de
dernière minute, des raisons pour lesquelles il fallait que cela se
fasse de toute urgence afin que cela passe le plus rapidement possible, a
inclus tout ceci dans la même loi.
En ce qui a trait à la région de la Gatineau, nous
pourrions ajouter une chose en disant que justement un rapport a
été présenté, le fameux rapport Fullerton.
Lorsqu'on regarde la loi, on se rend compte que c'est à peu près
les recommandations du rapport Fullerton dont a tenu compte le ministre des
Affaires municipales dans l'élaboration et la préparation de ce
projet de loi.
Mais encore là qu'est-ce qu'on a fait de la consultation et de
l'opinion des dirigeants municipaux de ces endroits, de l'opinion de la
population? A un colloque organisé dans le cadre de l'Institut canadien
d'administration publique, auquel participaient M. Rocheleau, maire de la ville
de Hull, M. Séguin et M. Denis Cunningham, ces trois personnes pourtant
concernées par ce projet de regroupement se sont prononcées
catégoriquement contre ce fameux rapport. La seule personne qui a
défendu le rapport fut le docteur Isabelle, député du
comté de Hull au fédéral. Et, évidemment, ce
député fédéral n'avait que des éloges
à faire sur ce rapport.
M. GRATTON: Question de règlement, M. le Président.
M. ROY: ... et qui, pour lui, était bien étoffé,
bien rédigé.
M. GRATTON: Question de règlement, s'il vous plaît, M. le
Président.
L'honorable député de Beauce-Sud est en train de charrier
sur une question qui n'a absolument rien à voir avec le projet de loi no
98. Il nous parle du rapport Fullerton, qui exprime des opinions sur
l'administration de la région de la capitale nationale, autant du
côté ontarien que du côté québécois.
Comparer ce que le ministre des Affaires municipales fait dans le bill 98 avec
ce qui se passe sur le territoire de l'Outaouais est tout à fait faux,
tout à fait le fruit de l'imagination du député de
Beauce-Sud.
Je l'inviterais à revenir à la pertinence du débat,
M. le Président.
M. HARDY: M. le Président, je ne suis pas tout à fait
d'accord avec mon collègue je regrette le
député de Gatineau. Je pense que le député de
Beauce-Sud n'est pas tout à fait en dehors de la question de
règlement. Il affirme peut-être des choses fausses cela ne
me surprendrait pas, cela ne serait pas nouveau mais je pense que
l'ensemble de ses propos sont pertinents car il parle d'un rapport qui a trait
à une région sur laquelle on veut adopter une loi.
Alors sur la question de règlement, M. le Président, je
pense que le député de Beauce-Sud a raison. Sur le fond, je suis
prêt à donner raison au député de Gatineau, que le
député de Beauce-Sud erre comme trop souvent,
malheureusement.
UNE VOIX: Très bien.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je pense que la définition du
débat de deuxième lecture est assez large pour couvrir le cas du
rapport Fullerton.
M. ROY: Merci, M. le Président. Le député de
Terrebonne a droit à ses opinions concernant le fond. Mais je me rends
compte, cependant, que lorsqu'on touche au rapport Fullerton, ça fait
mal, ça semble faire très mal du côté
ministériel, ça chatouille, ce fameux rapport. Et, lorsque nous
en parlons, vous voyez la meute rugir immédiatement. On ne voudrait pas
qu'on en parle ou qu'on fasse certaines allusions sur certaines
méthodes, certains camouflages habilement faits par le ministre des
Affaires municipales et présentés de façon tout à
fait inoffensive devant l'Assemblée nationale du Québec,
espérant, évidemment, que durant la fin de session, les
députés n'auront pas le temps de faire de recherche pour regarder
les sous-entendus et ce qui se cache derrière les projets de loi.
C'est là le point. Ils sont surpris lorsqu'on fait allusion au
rapport d'une commission d'enquête qui a étudié la question
et qui a fait des recommandations. Ils sont tout surpris, ils ne pensaient pas
qu'on pourrait y toucher, ils ne pensaient pas qu'on aurait le temps de
fouiller là-dedans.
Même si nous devrons travailler jour et nuit, nous allons faire
notre travail, nous allons remplir notre mandat, nous allons faire en sorte que
justement l'envers de la médaille soit connu devant l'Assemblée
nationale et devant la population du Québec.
Comme mon temps de parole est terminé, je dirai donc que ce
projet de loi nous paraît complètement inacceptable. Si le
gouvernement avait un peu de décence je ne peux pas,
évidemment, refaire la motion que mon collègue de Rouyn-Noranda a
faite hier soir il devrait suspendre l'adoption de ce projet de loi. Si
le règlement me le permettait, je demanderais que l'adoption de ce
projet de loi soit suspendue pour au moins 48 heures de façon que la
commission parlementaire puisse siéger et que nous puissions interroger
les personnes concernées. A ce moment-là, nous aurions d'autres
points de vue qu'il serait important, qu'il serait très
intéressant de connaître avant de procéder à
l'étude de ce projet de loi article par article et avant qu'il soit
adopté par l'Assemblée nationale.
M. BELLEM ARE (Rosemont): Point de règlement, M. le
Président.
M. ROY: M. le Président, c'est la raison pour laquelle je vous
demande, encore une fois, en terminant...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Question de règlement.
M. BELLEMARE (Rosemont): Selon l'ancien règlement, je l'avoue,
à la page 95, article e), "II est antiparlementaire d'être
hypocrite, pharisien et sans scrupule".
M. ROY: M. le Président, au moins nous devons admettre que le
député de Rosemont se reconnaît.
M. BELLEMARE (Rosemont): ...
M. ROY: M. le Président, je demande, encore une fois, en
terminant, au gouvernement ainsi qu'au ministre des Affaires municipales...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. ROY: ... d'avoir suffisamment de sens démocratique, vraiment
démocratique, pour suspendre la deuxième lecture de ce projet de
loi et de faire en sorte qu'en commission parlementaire nous puissions
rencontrer les organismes et les personnes concernées, en leur donnant
évidemment le temps de s'organiser pour qu'ils puissent exposer leur
point de vue devant la commission parlementaire.
Quand je parle des organismes, je parle non seulement des gens de la
région du Saguenay, mais également de la région de
l'Outaouais. Si le gouvernement veut être logique avec lui-même, si
le gouvernement veut respecter les grandes politiques ou les grandes lignes
d'orientation qu'il s'est lui-même données, lorsqu'il dit que la
commission parlementaire est ouverte à la consultation et que pas un
projet de loi ne passera devant l'Assemblée nationale avant que les
personnes intéressées soient consultées, il doit, à
ce moment-ci, prendre les dispositions qui s'imposent pour qu'avant que ce
projet de loi soit adopté la commission parlementaire tienne ses
séances et qu'on puisse consulter les personnes concernées.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Y a-t-il d'autres opinants avant que le
ministre exerce son droit de réplique? Le ministre clôt le
débat avec son discours de réplique.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il va sans dire que j'ai
écouté attentivement, à part les brèves
périodes où j'ai dû malheureusement m'absenter de la
Chambre, les interventions des députés qui ont voulu s'exprimer
sur ce projet de loi.
M. le Président, en faisant ma réplique, je voudrais
revenir aux toutes premières remarques que j'ai faites en
deuxième lecture. Il s'agit de vider le dossier de la loi 276. Pour le
vider, il faut disposer des trois chemises qui y restent. Dans un cas, je ne
crois pas qu'il soit opportun d'intervenir de la façon dont nous le
faisons dans les deux autres; mais, dans les deux autres, il y a lieu d'agir
parce que les dossiers sont mûrs. Il y a lieu d'agir même s'il n'y
a pas d'unanimité et elle n'existera jamais, M. le
Président. Quand on a affaire à 140,000 de population,
dans un cas, et à 160,000 dans un autre, l'unanimité n'existera
jamais. Quand même, comme gouvernement, nous avons la
responsabilité de prévoir le meilleur destin possible pour les
importantes régions de la province.
L'honorable député de Saguenay a fait allusion aux
conseils de comté. Justement, M. le Président, j'ai
consacré un temps important hier et aujourd'hui c'est la raison
de mon absence de la Chambre pour un certain temps à des
rencontres avec l'Union des conseils de comté et avec les trois conseils
intéressés au regroupement dans l'Outaouais. M. le
Président, l'honorable député de Saguenay a cité
certains chiffres, a invoqué certaines pertes de revenus pour les
conseils de comté intéressés. Je voudrais dire
publiquement ce que j'ai dit privément aux conseils concernés: Je
vais compenser ces pertes parce que je trouve que c'est normal que la
collectivité les compense. Il y a quelques conseils de comté, les
trois en question notamment, qui sont doublement impliqués ou dont les
municipalités membres sont doublement impliquées dans un conseil
de comté, d'un côté, et dans une communauté
régionale, celle de l'Outaouais, de l'autre côté. Il y a
deux cotisations à payer. La réorganisation et la restructuration
de l'Outaouais québécois entraînent une situation
différente qui occasionne une perte pour les conseils de comté,
parce que certaines municipalités sont englobées dans des
unités qui seront régies par la Loi des cités et villes.
J'ai accepté de compenser ces pertes parce que je ne veux pas voir
disparaître les conseils de comté.
M. le Président, il y a plus que cela. Vous savez, parce que les
journaux, les media d'information en ont fait état, que j'ai entrepris
déjà l'examen en profondeur des problèmes de la
Communauté urbaine de Québec et de la Communauté urbaine
de Montréal. Dans le cas particulier de la CUM, le premier ministre s'y
est intéressé.
Le ministre de la Justice a constitué, conjointement avec celui
qui vous parle, un groupe de travail pour qu'on examine en profondeur et en
détail tous les problèmes qui existent. Le ministre de la Justice
a ensuite déposé un projet de loi pour améliorer les
relations entre les municipalités et les organismes
métropolitains qui doivent exister.
Ayant donné ces exemples, M. le Président, je voudrais
vous affirmer que j'ai l'intention de faire de même pour la
Communauté régionale de l'Outaouais. J'inviterai prochainement,
mais pas immédiatement parce que j'ai les deux autres dossiers devant
moi, au cours de 1975, les municipalités de la Communauté
régionale de l'Outaouais à s'asseoir avec moi et à passer
en revue chacun des services et à examiner les structures
administratives, le mode de financement, le partage de la responsabilité
financière de cet organisme.
M. le Président, le débat de deuxième lecture qui
tire maintenant à sa fin n'a pas porté beaucoup sur le fond de la
question. Il a porté davantage sur l'opportunité de
présenter en ce moment ce projet de loi et a centré son attention
sur des suggestions de retard, de délai. M. le Président, ces
demandes de retard et ce n'est pas péjoratif ce que je dis; je ne
veux pas prêter quelque intention que ce soit aux honorables
députés de l'Opposition je constate qu'elles arrivent
à la suite de certaines mesures prises par certains dissidents, et ces
mesures, en toute objectivité, je dois les qualifier de dilatoires.
Il y a eu à plusieurs occasions, dans le débat, une
demande de référendum. J'aimerais en parler très
ouvertement et aussi objectivement que possible. Il est facile d'invoquer le
mécanisme que l'on appelle référendum pour dire que c'est
la façon par excellence de consulter la population.
M. le Président, je vous soumettrai, en toute humilité et
toute objectivité, que si l'on examine l'historique des
référendums au niveau municipal au Québec, on sera
obligé de constater une participation terriblement faible. Faible au
point d'être inquiétante. Dans un des cas qui nous concernent,
dans une municipalité qui compte plusieurs milliers de personnes, une
municipalité où l'opposition a l'idée que la fusion dans
ce cas avec la ville de Hull était une idée qui semblait
répugner à la population, il y a eu un référendum
et à peine 1,000 personnes se sont déplacées pour voter.
Sur ces 1,000 personnes, il y en avait approximativement 600 contre et 450
pour. Pourtant, quand nous avons fait un sondage scientifique, nous avons
trouvé que 80 p.c. de la population était opposée à
la fusion. M. le Président, quand on regarde l'historique des
référendums, on trouve facilement que ce sont les opposants qui
se mobilisent, qui sortent et qui vont voter, et ceux qui sont pour ont
tendance à exprimer leur satisfaction en restant chez eux.
Plus que cela, M. le Président, il y a, dans les
référendums que nous avons connus, une tendance regrettable
à une démagogie facile, à cause du facteur que je viens
d'invoquer: une décision prise effectivement par une minorité
agissante, contre la volonté d'une majorité satisfaite.
M. le Président, si nous habitions le genre de pays où les
lois rendaient obligatoire la présence aux boîtes de scrutin, nous
pourrions compter sur un référendum comme expression
fidèle de la volonté de la population. Ce n'est pas un tel
régime que vous vivons.
Demandez aux conseils municipaux de cette province leur
expérience vis-à-vis des référendums. Vous n'aurez
pas à demander très longtemps pour apprendre que les conseils
municipaux demandent au gouvernement de modifier les règles du jeu quant
au référendum, d'augmenter le nombre de citoyens, de
contribuables qui peuvent exiger ce référendum et songent
et moi aussi j'y songe à modifier la formule pour créer un
référendum négatif pour que les
opposants puissent prouver leur force véritable dans la
population pour bloquer une mesure, pas simplement une question de fusion, mais
la question relativement banale d'un règlement d'emprunt.
Combien de règlements d'emprunt au Québec ont
été battus au référendum quand le conseil municipal
savait pertinemment qu'ils étaient nécessaires? Combien de fois,
depuis deux ans, sommes-nous et je parle comme ministre de
l'environnement appelés, invités à émettre
une ordonnance pour passer outre à un référendum, soit
pour l'éviter, soit pour passer outre à son résultat parce
que le bon sens et l'intérêt du bien commun exigent qu'on passe
à l'action? On a voté contre en faible majorité, mais
quand même, au sein de cette minorité qui s'est
déplacée pour aller voter, il y a eu une majorité contre
la mesure.
C'est en partie pour cette raison que j'ai voulu rejoindre la population
en faisant un échantillonnage scientifique. Cet échantillonnage
scientifique a montré que dans les deux cas qui nous préoccupent
et si je n'agis pas dans le cas de Saint-Hyacinthe, c'est que je n'ai
pas fait de sondage dans ce cas et je n'agirai pas sans faire un sondage parce
que je veux rejoindre la population par un vrai échantillonnage. Cet
échantillonnage, dans les deux cas qui nous préoccupent, a
montré une prépondérance d'expression favorable à
la fusion que nous proposons.
Il n'y a pas d'unanimité. J'ai dit qu'il n'y en aura jamais. Il y
a quand même un large consensus. Ce large consensus nous indique que,
dans le Haut-Saguenay, il y a une ville à créer et que, dans
l'Outaouais, il y a une force à donner à cette région par
la réduction du nombre de municipalités. Nous avons
essayé, autant que possible, de répondre à la
volonté des gens en proposant ce projet de loi. On prévoit des
difficultés dans plusieurs quartiers. J'en suis. Il y en aura
sûrement. Si l'on fusionnait et l'on s'en allait, on risquerait,
véritablement, de connaître des difficultés majeures. Telle
n'est pas notre intention. On va y rester et l'on va aider et l'on va
surveiller et l'on va mener à bien les mesures que l'on prend en
présentant ce projet de loi pour adoption.
M. le Président, si l'on regarde le Saguenay, on constate que,
sur douze, il y en a onze qui sont d'accord.
On me dit que c'est une fusion forcée parce qu'il y en a une qui
est dissidente. Si j'agissais dans la perspective de la seule unité de
regroupement JAK, ce serait vrai, M. le Président, mais les
intérêts de la collectivité saguenéenne exige qu'on
passe à l'action, qu'on passe outre à cette dissidence que je
regrette. Mais je regrette encore davantage, M. le Président, le fait
que la ville d'Arvida ne se soit pas présentée aux tables de
discussion. Je pense que ce que nous sommes sur le point de faire preuve, une
fois de plus, selon le vieux dicton, que les absents ont toujours tort.
Et dans l'Outaouais, M. le Président, il y a un coin, à
l'extrémité ouest du territoire de la communauté
régionale, où les municipalités à caractère
rural ne sont pas d'accord sur leur fusion. Mais comment pourrais-je les
laisser telles quelles? Je peux m'asseoir avec elles et redéfinir, si
possible, leur rôle dans la communauté régionale, mais je
ne peux pas les en exclure. Il faut que je leur donne un moyen d'expression
plus efficace que celui qu'elles possèdent présentement.
M. le Président, en recommandant ce projet de loi pour son
adoption par la Chambre, je vous dis simplement: Donnons une nouvelle
maturité, donnons un nouvel élan à deux des plus
importantes régions du Québec.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que ce projet de loi est
adopté en deuxième lecture?
M. MORIN: Vote enregistré.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Qu'on appelle les
députés!
Vote de deuxième lecture
LE PRESIDENT: A l'ordre! Que ceux qui sont en faveur de la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 98 veuillent bien se lever, s'il
vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Parent (Hull), Mailloux, Choquette,
Garneau, Cloutier, Lachapelle, Goldbloom, Simard, Hardy, Tetley, Lacroix,
Bienvenue, Forget, Toupin, Massé, Harvey (Jonquière), Cadieux,
Arsenault, Houde (Fabre), Houde (Abitibi-Est), Desjardins, Giasson, Perreault,
Fortier, Bacon, Blank, Veilleux, Saindon, Cornellier, Houde (Limoilou),
Lafrance, Pilote, Lamontagne, Picard, Gratton, Gallienne, Carpentier, Dionne,
Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Larivière, Pelletier,
Shanks, Springate, Pepin, Beauregard, Bellemare (Rosemont), Bonnier,
Boudreault, Boutin, Chagnon, Marchand, Côté, Denis, Dufour, Harvey
(Dubuc), Lapointe, Lecours, Malépart, Malouin, Massicotte, Mercier,
Pagé, Parent (Prévost), Picotte, Sylvain, Tremblay,
Vallières, Verreault.
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard,
Bédard (Chicoutimi), Samson, Roy, Bellemare (Johnson).
LE SECRETAIRE: Pour: 71. Contre: 9.
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que le projet de loi qui
vient d'être adopté en deuxième lecture soit maintenant
déféré à la commission parlementaire des affaires
municipales et que cette commission siège immédiatement au salon
rouge, afin que ce projet de loi soit étudié article par article
dans la plus grande sérénité et la plus grande
objectivité.
DES VOIX: Ha! Ha!
M. BURNS: M. le Président, il y a déjà une
commission qui siège.
M. LEVESQUE: M. le Président, ma motion implique que l'autre doit
cesser ses travaux.
M. BURNS: II faut le dire à ce moment-là.
M. LEVESQUE: Je puis être plus explicite pour ceux... Non, je ne
voudrais pas être insultant à l'égard de mon honorable ami
!
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. BURNS: Adopté, M. le Président, avec réticence,
parce que le député n'a pas été explicite.
LE PRESIDENT: Cette commission parlementaire des affaires municipales
peut siéger immédiatement, la commission des affaires sociales
devant suspendre ses travaux.
M. LEVESQUE: M. le Président, le ministre des Affaires sociales a
été consulté et a adhéré avec plaisir
à cet ordre des travaux, de même que l'Opposition officielle de Sa
Majesté.
M. BURNS: Là, c'est plus explicite!
M. SAMSON: Ils sont en train d'humaniser les affaires sociales?
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons l'intention, à ce
moment-ci, de procéder aux articles 15, 6 et 5. Ce n'est pas absolu, ce
que je viens de dire. On verra ensuite. Mais il est possible que si nous
disposions de ces deuxièmes lectures, nous pourrions aller ensuite en
commission, la Chambre s'ajournant.
Les commissions, évidemment, ne sont pas encore
déterminées, mais les possibilités sont que la commission
des affaires municipales poursuive ses travaux jusqu'à ce qu'elle ait
disposé du projet de loi qui lui est confié, que la commission de
l'agriculture puisse siéger pour déterminer ses travaux sur le
projet de loi no 20, que la commission parlementaire de la justice puisse se
réunir pour discuter article par article des projets de loi nos 79, 80
et du projet de loi qui va être appelé à l'instant et que
la commission parlementaire des affaires sociales puisse également
terminer ses travaux quant au projet de loi no 93.
De plus, il faudra bien songer, peut-être, à d'autres
commissions dont la convocation pourra être faite un peu plus tard, selon
les circonstances. Si nous disposions des articles 15, 6 et 5, on pourrait
ajourner la Chambre et procéder seulement en commission, si tout le
monde est d'accord sur cette procédure.
M. BURNS: L'article 14 est-il prévu au programme du leader pour
aujourd'hui? Je n'ai pas entendu parler de l'article 14, Loi concernant la
protection des enfants soumis à des mauvais traitements.
M. LEVESQUE: Pas aujourd'hui.
Projet de loi no 92 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
deuxième lecture du projet de loi no 92, Loi modifiant certaines
prescriptions. Est-ce qu'il y a vraiment un principe dans ce bill?
M. CADIEUX: Est-ce que le député Morin a le droit de
siéger?
M. CHOQUETTE: M. le Président, il y a sans doute de très
grands principes dans ce projet de loi. Je m'étonne qu'un homme de votre
profession ne les ait pas décelés à la lecture des
articles.
LE PRESIDENT: II y en a plusieurs?
M. CHOQUETTE: Beaucoup. Mais, M. le Président, je pense que nous
serions peut-être plus à l'aise pour discuter de ce projet si nous
passions immédiatement en commission.
Je fais motion à cet effet.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, je serai d'accord pour abréger
le plus possible la deuxième lecture. Je signale simplement, en
deuxième lecture, un regret. Au moment où nous nous occupons de
certaines prescriptions qui sont prévues au code civil, en particulier
dans les cas de responsabilité médicale alors qu'on étend
à trois ans le délai de prescription et c'est parfaitement
justifié, normal je m'étonne qu'on n'ait pas pris cette
occasion pour corriger une situation qui est absolument incompréhensible
dans le code civil actuel; cela aurait pu se faire avec autant de
facilité. Je parle en particulier de la prescription d'un an dans le cas
de
blessures corporelles. Alors que les dommages matériels se
prescrivent par deux ans, on est devant la situation absurde de voir un vieux
code civil, toujours aussi valable évidemment, garder un anachronisme
tel qu'on accorde plus d'importance, par la longueur de la prescription, aux
dommages matériels, c'est-à-dire deux ans. Mais les dommages
personnels, blessures corporelles se prescrivent par un an. Tout le monde qui a
eu le moindre contact avec ce genre de réclamations s'est rendu compte
qu'il arrive très souvent qu'il y ait des poursuites intentées au
bout de onze mois et vingt-huit jours, tout simplement pour sauvegarder les
droits de la personne qui a été blessée, qui a subi des
dommages corporels.
Souvent, ces actions-là pourraient ne pas se présenter du
tout devant les tribunaux si on avait le temps normal pour permettre à
la personne qui a subi des blessures corporelles de récupérer
suffisamment pour pouvoir quantifier son dommage.
Au moment où on révise certaines prescriptions, et encore
une fois on est entièrement d'accord sur la responsabilité
médicale, je me demande si un tout petit effort de plus ne devrait pas
venir améliorer cette loi en poussant à deux ans au moins, sinon
trois ans, comme dans le cas de la responsabilité médicale, le
cas de la prescription pour les blessures corporelles.
Je me limite à cela, M. le Président, je pense que je n'ai
pas à élaborer davantage. Nous voterons en faveur du projet de
loi, malgré les réserves que je viens de faire.
LE PRESIDENT: Le droit de réplique du ministre.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: Pour répondre au député de
Maisonneuve, M. le Président, ma réplique est assez simple,
j'abonde entièrement dans le sens, quant au fond, des propos du
député de Maisonneuve. Mais je ne peux pas, en fait donner suite
à sa suggestion de modifier immédiatement le délai de
prescription autre que le délai en matière de dommages qui
résultent d'un acte médical ou d'un acte survenu dans un
hôpital, parce que le sujet de la prescription en est un sur lequel se
penche actuellement l'Office de révision du code civil.
On sait que l'Office de révision a reçu le mandat
extrêmement vaste de reprendre les dispositions essentielles du code
civil. Le professeur Paul Crépeault et ses collaborateurs examinent
à l'heure actuelle les prescriptions qui se trouvent à notre code
civil. Je n'ai aucun doute qu'ils vont rapporter à cette
Assemblée nationale, par mon intermédiaire, des changements
fondamentaux dans les dispositions qui concernent la prescription, et en
particulier celle pour les blessures corporelles à laquelle le
député de Maisonneuve a fait allusion.
Il est incontestable que le Québec se trouve dans une situation
anachronique par rapport à la plupart des autres juridictions. La
prescription annuelle ou annale qui s'applique aux blessures corporelles est
nettement trop courte et devrait être allongée. Je pense que cette
prescription sera éventuellement fixée à trois ans, tout
comme l'a dit le député de Maisonneuve; je crois que c'est un
chiffre vers lequel nous nous orientons tous. D'ailleurs, des discussions que
j'ai eues avec M. Crépeault ainsi qu'avec d'autres spécialistes
de la question m'incitent à croire qu'un délai de trois ans en
matière de blessures corporelles serait probablement le délai le
meilleur, le plus indiqué.
Mais pour le moment, je ne voudrais pas commencer à jouer trop
dans les parties du code civil les plus importantes. Je pense que la loi que je
présente aujourd'hui correspond à un besoin très
particulier qui résulte d'un jugement rendu par la cour Suprême,
jugement qui a surpris l'ensemble des avocats et possiblement les
hôpitaux ainsi que les médecins. On avait l'impression,
généralement, jusqu'à ce jugement récent de la cour
Suprême, que la prescription à l'égard des actes
médicaux ou hospitaliers aurait été de 30 ans, et ceci en
vertu de la théorie de la prescription en matière contractuelle,
alors que la cour Suprême a appliqué, dans son dernier jugement,
qui, évidemment, va fixer la jurisprudence une fois pour toutes, les
délais qui s'appliquent à la prescription délictuelle.
Ainsi, beaucoup de demandeurs, beaucoup de victimes de "malpractices"
médicaux ou hospitaliers pourraient se trouver dans des circonstances
particulièrement difficiles en raison de ce jugement.
Alors, la portée de ce projet de loi est exclusivement de
corriger les effets de ce jugement de la cour Suprême qui, comme je le
disais tout à l'heure, a causé la surprise. Cela ne veut pas
dire, M. le Président, que je ne pense pas qu'il faille corriger
d'autres dispositions du code civil au sujet de la prescription, en particulier
de la prescription en matière de blessures corporelles. Mais je pense
qu'arriver, dans les circonstances actuelles, en fin de session, avec une
disposition aussi fondamentale que celle de la prescription en matière
de blessures corporelles, je ne serais pas sûr que je présente un
projet qui ne causerait pas des perturbations.
Comme je n'ai pas reçu de recommandations définitives de
l'Office de révision du code civil à ce sujet, je pensais que ce
serait quelque peu téméraire. C'est la raison pour laquelle je ne
peux pas donner suite à la suggestion du député de
Maisonneuve, malgré qu'il n'y a absolument rien qui nous sépare
sur le fond. Je suggère que nous passions maintenant à
l'étude du projet de loi en commission, si c'est dans l'ordre.
LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture du projet de loi
no 92, Loi modifiant certaines prescriptions, est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté, M. le Président.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice, pour le leader parlementaire du
gouvernement, propose la formation de la commission plénière.
Est-ce que cette motion est adoptée?
M. BURNS: Adopté, M. le Président. LE PRESIDENT: Le
député de Limoilou.
Commission plénière
M. HOUDE Limoilou (président de la commission
plénière): A l'ordre, messieurs! Projet de loi no 92, Loi
modifiant certaines prescriptions. Article 1?
M. BURNS: M. le Président, c'est la seule remarque que j'ai
à faire sur le projet de loi. Comme je n'avais pas le droit de
réplique au ministre et que lui l'avait sur son projet de loi, je lui
dis que je comprends les raisons je pense qu'elles sont
justifiées qui le motivent à ne pas inclure dans le projet
de loi les amendements que je lui suggérais relativement aux blessures
corporelles. Je suis très heureux, cependant, qu'il semble retenir
comme la plupart des avocats, d'ailleurs, qui ont eu le moindre contact
avec le cas en pratique privé des blessures corporelles et qui ont
constaté cette espèce de disproportion dont on parlait le
fait que ça devra être corrigé éventuellement et
ça me suffit en ce qui me concerne.
Déjà, je pense qu'au moins on a une acceptation en
principe, d'une amélioration éventuelle du code civil,
relativement à ce type de prescriptions. En ce qui me concerne, M. le
Président, vous pouvez faire les écritures concernant le projet
de loi. Je n'ai pas d'autres remarques à faire.
M. CHOQUETTE: Avant que le président ne procède à
adopter les différents articles, je voulais seulement mentionner aussi,
au cas où ça passerait inaperçu, qu'il y a une disposition
dans ce projet de loi qui renouvelle le délai pour les victimes d'actes
criminels. On sait que, quand nous avions adopté cette loi, nous avions
permis à toutes les victimes d'actes criminels, depuis 1966, je pense,
de présenter leurs réclamations à la Commission des
accidents du travail. Or, il est venu à notre attention que certaines
personnes, peut-être à cause du manque d'information, ont
présenté leurs réclamations hors des délais.
Elles n'avaient que six mois, six mois ou un an, je ne m'en souviens
plus, mais, de toute façon, elles ont perdu leur recours. Alors, nous
leur donnerons une nouvelle chance de présenter leurs
réclamations. De plus, en ce qui concerne les réclamations en
vertu de la Loi de l'indemnisation des victimes d'actes criminels, en
général la prescription était de six mois en vertu du
projet de loi qui a été adopté par l'Assemblée
nationale, il y a quelques années.
Nous changeons ce délai pour donner maintenant un an, parce que
nous pensons que ceci va quand même donner l'occasion à ces
victimes de faire leur réclamation dans l'année. En fait,
l'organisme gouvernemental qui a la charge d'administrer cette loi ne souffrira
pas de préjudice du fait que nous allongeons le délai quelque
peu.
M. BURNS: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Articles 1 à article 10
inclusivement, adoptés sans amendement.
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que votre commission a adopté le projet de loi no 92 sans
amendement.
LE PRESIDENT: Ce rapport est-il agréé?
M. BURNS: Agréé.
LE PRESIDENT: Agréé. Troisième lecture?
M. BURNS: Troisième lecture, séance
subséquente.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on accepterait ce n'est pas une question
de principe pour libérer le ministre de la Justice, car
apparemment il reste seulement quelques minutes... Est-ce que c'est le cas,
pour le louage de choses, en commission?
M. BURNS: Oui. Je pense qu'on pourrait... j'accepterais de retourner en
commission plénière...
M. LEVESQUE: Ici, en commission plénière?
M. BURNS: Ah oui.
M. LEVESQUE: D'accord.
M. BURNS: Cela va simplifier les choses. On n'aura pas besoin de
reconvoquer la commission parlementaire.
M. LEVESQUE: Je remercie le député de Maisonneuve et je
fais motion pour révoquer l'ordre de déférence à la
commission élue de la justice. M. le Président, je propose que
vous quittiez maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en commission
plénière pour poursuivre l'étude article par article des
projets de loi 79 et 80.
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Les projets de loi 79 et 80. Vous proposez la formation de la commission
plénière pour étudier les projets de loi 79...
M. BURNS: ... et 80.
LE PRESIDENT: ... et 80, conjointement.
M. BURNS: Oui. C'était d'ailleurs le mandat de la commission.
LE PRESIDENT: D'accord. Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
Le député de Rivière-du-Loup, s'il vous
plaît.
Projets de loi nos 79 et 80 Commission
plénière
M. LAFRANCE (président de la commission plénière):
A l'ordre, messieurs!
M. CHOQUETTE: Lors de l'étude du projet de loi no 79, une
discussion a eu lieu à la commission de la justice relativement au
problème des coupures d'électricité dans les
édifices à logements multiples et où
l'électricité est alimentée dans l'immeuble par un
compteur unique.
La situation qui peut résulter de cet état de choses est
qu'advenant le défaut par le propriétaire de payer la facture
d'électricité due au fournisseur d'électricité, le
fournisseur peut, en vertu des aspects de la loi qui le lui permettent, couper
le service électrique comme moyen de pression pour forcer un acheteur
d'électricité à ainsi payer son compte, avec des
conséquences sur le bien-être et possiblement la santé de
locataires, qui eux ont payé, par l'intermédiaire de leur loyer,
les sommes qui doivent être, en partie, utilisées par le
propriétaire d'un tel édifice pour le paiement de
l'électricité qui est fournie collectivement.
C'est une situation qui s'est produite à quelques reprises au
cours de l'hiver dernier et qui avait fait naître, du côté
des locataires, des protestations car ces locataires disaient: Nous avons
payé notre loyer, qui comprend l'électricité, et
voilà qu'un propriétaire, en faisant défaut à ses
obligations vis-à-vis de l'Hydro-Québec ou d'un autre fournisseur
d'électricité, entraîne ou cause une interruption de
courant qui a des conséquences sur notre situation comme locataires.
Devant le problème que cause cette situation, nous avons
examiné plusieurs solutions. Il est incontestable, M. le
Président, que cette situation, même si on doit reconnaître
que les locataires bénéficient de toute notre sympathie, n'est
pas facile à régler au plan juridique. En effet, donner au
fournisseur d'électricité, et en particulier à
l'Hydro-Québec, un recours aussi efficace que la menace ou
l'exécution de la coupure d'électricité, cela est assez
difficile. En effet, suivant les autorités de l'Hydro-Québec, la
menace de la coupure d'électricité et, parfois même, la
mise à exécution de cette menace constituent une arme
extrêmement puissante entre les mains de l'Hydro-Québec pour
forcer les propriétaires à payer leur compte
d'électricité. On peut comprendre qu'une compagnie
d'utilité publique, doive, dans la plupart des circonstances, utiliser
ce procédé qui fait que les propriétaires respectent leurs
engagements.
Lorsque l'on songe à ce problème, surtout à la
situation des locataires qui souffrent des conséquences du défaut
de propriétaire de donner suite à ses obligations juridiques, et
que l'on veut remplacer l'efficacité du recours de la coupure
d'électricité par un autre recours juridique, on doit penser, par
exemple, à la création d'un privilège immobilier. On peut
penser à la création d'un privilège immobilier pour tenir
lieu de ce droit de couper l'électricité. Or, la création
d'un privilège immobilier, sur le plan juridique, représente des
difficultés incontestables surtout dans les circonstances d'une fin de
session. Là, on joue dans tous les principes du code civil quant aux
privilèges. On est en train d'essayer de situer le privilège que
pourrait avoir l'Hydro-Québec par rapport à d'autres
privilèges immobiliers.
On doit se demander quels seraient les effets de ce privilège sur
le plan des créanciers hypothécaires, et l'on sait que les
créanciers hypothécaires sont très considérables
sur ce genre d'édifices à appartements multiples.
Donc, même s'il nous paraît que la solution, en
définitive, sera la création d'un privilège, je croirais
tromper la Chambre si je recommandais immédiatement l'adoption d'une
telle protection et d'un tel mode d'exécution pour les fournisseurs
d'électricité, car on pourrait faire des erreurs
extrêmement graves dans la hâte de la fin d'une session.
C'est donc dire qu'il nous a fallu songer à une solution purement
temporaire pour assurer une protection efficace aux locataires, une solution
qui serait consacrée par un certain nombre d'articles. Je vais faire
distribuer aux honorables collègues certains amendements à la Loi
de la conciliation entre locataires et propriétaires. Ils pourront
constater, à ces amendements, que nous suggérons une solution qui
durerait environ cinq mois, d'ici le 1er juin, et qui ferait que, durant cette
période, il sera interdit à tout fournisseur
d'électricité, qui dessert un édifice à logements
ou appartements multiples qui a un compteur unique, de couper
l'électricité.
Par contre, le propriétaire d'un tel édifice
qui ne paiera pas son compte d'électricité dans un
délai de 45 jours, ce qui est stipulé aux amendements, non
seulement pourra-t-il voir l'Hydro-Québec ou tout fournisseur
d'électricité exercer un recours civil rapide contre lui par voie
de requête et nous avons créé une procédure
particulièrement accélérée pour ce problème
mais en plus de cela il commettra une infraction pénale qui sera
sanctionnable devant les tribunaux criminels.
Il nous a fallu penser à cette façon de procéder
pour éviter qu'il n'y ait abus de la part de certains
propriétaires devant, en somme, la renonciation forcée par
l'Hydro-Québec et les autres fournisseurs d'électricité au
recours que leur donnait autrefois leur loi, à leur recours qui est
extrêmement puissant et efficace, celui que je décrivais tout
à l'heure, la coupure d'électricité.
Alors, nous pensons qu'en tenant la situation dans cet état
pendant une période de cinq mois, ceci va permettre à nos
légistes de préparer des amendements appropriés au code
civil, de façon à créer un privilège en faveur de
l'Hydro-Québec et d'autres fournisseurs d'électricité.
Ce privilège pourra être introduit dans le code civil et
pourra éviter des interruptions de courant électrique lorsqu'il y
aura des édifices à logements multiples et qu'en fait la position
des locataires souffrirait préjudice par l'inaction d'un
propriétaire.
Je tiens à dire, cependant, que les amendements que nous
présentons n'autoriseront pas, M. le Président, tous les
propriétaires du Québec, demain matin, quelle que soit leur
situation, à ne pas payer leur compte d'électricité ou
à s'imaginer que, parce que nous avons adopté ces amendements,
ceci est une licence donnée par l'Assemblée nationale à ce
qu'ils ne paient pas leur facture d'électricité.
M. BURNS: Quelle est la définition que vous donnez, dans la loi,
d'une immeuble à loyers multiples? Est-ce qu'il y a un minimum?
M. CHOQUETTE: Je fais distribuer immédiatement, M. le
Président, les amendements.
M. BURNS: Est-ce qu'il y a un minimum de logements?
M. CHOQUETTE: Non, il n'y a pas de minimum. Je vais donner lecture des
amendements. "Article 27. Le présent article s'applique exclusivement
dans un immeuble comportant plus d'un local d'habitation, au service
d'alimentation en électricité d'un local: "a) pour lequel la
consommation d'électricité n'est pas mesurée de
façon distincte; "b) occupé par un locataire en vertu d'un bail
résidentiel comportant pour le propriétaire ou le locateur
l'obligation d'acquitter le prix d'un tel service au fournisseur".
Alors, cela ne s'applique qu'à des apparte- ments groupés
pour fins résidentielles et au compteur unique.
J'ai seulement lu le premier article, M. le Président, car il y a
d'autres articles qui suivent cet article 27.
M. BURNS: M. le Président, j'ai pris connaissance des amendements
que le ministre vient de nous soumettre et je me demande s'il ne faut pas faire
amende honorable à Me Jacoby, qu'on a inutilement accablé l'autre
soir, lorsque nous étions en commission élue.
J'ai nettement l'impression que ces amendements sont de son cru, pas que
le ministre ne serait pas capable de pondre de tels amendements, mais sans
doute qu'il se réfère à son expert en cette matière
pour arriver à obtenir un résultat aussi acceptable de la part de
l'Opposition.
En ce qui me concerne, je trouve que du moins de façon
provisoire, de façon temporaire, on règle le problème. Je
pense que le ministre a été très exact dans sa description
de la situation, comme nous l'avions été l'autre soir quand nous
avons soulevé le problème.
Je pense qu'au fond la situation actuelle avant cet amendement
fait tout simplement payer, au point de vue des inconvénients,
des conséquences, des difficultés, à quelqu'un qui n'est
pas le véritable créancier les suites d'une interruption de
l'alimentation en électricité.
C'est ce pourquoi je serai entièrement d'accord là-dessus,
je le précise, comme mesure provisoire, temporaire transitoire. Le
ministre nous assure qu'il y aura éventuellement une solution à
long terme et qu'à ce moment-là ce ne sera peut-être pas
celle-ci, quoique celle-ci ne soit pas bête. Je me demande si on ne
devrait pas, en envisageant des solutions à long terme, retenir les
solutions qui sont là comme étant des éléments de
pression de part et d'autre. Auprès du propriétaire et de
l'Hydro-Québec qui a, comme le disait le ministre, comme seul moyen de
pression d'arrêter son alimentation en électricité. On lui
donne donc une autre forme de pression et je pense que, du moins je
l'espère, à la pratique, on s'apercevra que cette autre option
qui paraîtra maintenant dans le projet de loi saura mettre suffisamment
la pression sur le propriétaire, pression qui autrefois était
exercée par le retrait de l'alimentation en
électricité.
Je remercie le ministre de s'être rendu, du moins au point de vue
des résultats, à la demande que nous lui faisions, demande qui,
dans le fond, peut se verbaliser et se résumer de la façon
suivante: II ne faut pas pénaliser les gens qui ne sont pas, comme tels,
créanciers de l'Hydro-Québec et qui ont également
l'impression d'avoir rempli leurs obligations à l'endroit du bail qu'ils
ont signé avec leur propriétaire.
Encore une fois je serai entièrement d'accord sur cet
amendement.
M. CHOQUETTE: Très bien. Je n'ai rien d'autre à ajouter
sur ça.
M. SAMSON: Ce ne sera pas long, M. le Président, je voudrais
également remercier le ministre des amendements qu'il nous dépose
aujourd'hui. En effet, le ministre, en plus de rendre justice à
plusieurs locataires du Québec, a été sensibilisé
par le regroupement des locataires du Québec métropolitain qui
revendiquaient une solution en ce sens depuis quelque temps. Je ne sais pas si
le ministre les a rencontrés lundi matin, mais j'ai l'impression
que...
M. CHOQUETTE: Je ne les ai pas rencontrés personnellement parce
que mon avion n'est pas arrivé à temps, mais Me Jacoby et mes
assistants au ministère ont rencontré M. Métayer, je
crois, et les autres membres de son groupe ainsi que leur avocat. En fait, on
m'a fait part du point de vue des locataires et par la suite il y a eu la
discussion, le même soir, sur les projets de loi nos 79 et 80 avec le
député de Maisonneuve, qui m'en avait déjà
parlé. Nous étions sensibilisés au problème.
Tout cela a fait que ces amendements ont été
préparés pour régler ce problème.
M. SAMSON: M. le Président, malheureusement, je n'étais
pas présent au début de la semaine, ayant été
retenu au loin pour des raisons de mauvais temps, mais je suis heureux de voir
que la rencontre a eu lieu avec les hauts fonctionnaires et que finalement,
après discussion, une solution est présentée.
J'ai cru comprendre tantôt que le ministre nous parlait de cinq
mois, d'une solution pour quatre ou cinq mois.
M. CHOQUETTE: Oui, cela va jusqu'au 1er juin.
M. SAMSON: Jusqu'au 1er juin. Je suis peut-être un peu de l'avis
du député de Maisonneuve. Je ne trouve pas cela si mal comme
solution. Je me demande s'il ne serait pas valable de la retenir de
façon permanente, tout au moins aussi permanente que la loi 80, qui est
une permanence, comme vous le savez.
De toute façon, il serait peut-être valable de la retenir
et de l'essayer.
Si on voit qu'en pratique cela donne un bon résultat, il serait
peut-être bon de la retenir. De toute façon, on n'est pas, quant
à nous, fermés à toute autre solution à être
envisagée, à la condition que cela respecte le principe. Alors,
si le ministre nous présente une autre solution qui respecte le
même principe, c'est-à-dire que ces locataires ne subissent pas de
préjudice, il n'y aura pas de problème quant à nous. Ce
que nous voulions, c'était un résultat, et c'est à
l'honneur du ministre, M. le Président. On n'a pas tellement l'occasion
de le féliciter; je pense que, quand c'est le temps, il faut en
profiter.
C'est à l'honneur du ministre s'il a apporté dans ce cas
particulier une solution qui nous donne satisfaction.
M. CHOQUETTE: Je remercie les collègues de leur collaboration et
je pense que ce n'est pas seulement moi qui ai fait que nous puissions
régler ce problème mais leurs interventions qui ont
concordé toutes dans le même sens.
Maintenant, M. le Président, nous avons découvert quelques
coquilles dans ce projet de loi no 80. Je voudrais profiter des circonstances
actuelles et du fait que nous sommes en commission plénière pour
les corriger, si les honorables députés me le permettent,
même si certains de ces articles ou, je pense, les deux articles en
question ont été adoptés. Je vais faire distribuer aux
députés les deux amendements dont il s'agit. L'un a trait
à l'article qui traitait de la conversion d'immeubles à logements
multiples en immeubles en copropriété. L'autre a trait à
l'article qui traitait des immeubles construits et sous l'autorité de la
Société d'habitation du Québec. Il y a juste quelques
précisions à apporter. Ces précisions m'ont
été signalées depuis que nous avons siégé
lundi soir. Je m'excuse auprès des députés de
présenter cela d'une façon tardive, mais ce sont des choses qui
se produisent, je pense bien.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le projet de loi no 80 est adopté,
avec l'addition d'un nouvel article qui devait être l'article 27 mais
qui, à cause de la nouvelle numérotation, sera l'article 28,
ainsi qu'avec les modifications: Ajouter, au paragraphe 5 de l'article 26b)
édicté par l'article 16 du projet de loi no 80, l'alinéa
suivant nous allons ajouter en annexe les amendements proposés
par le ministre.
M. BURNS: Je demanderais au ministre s'il pourrait simplement
élaborer ces amendements; il nous parle de coquilles.
M. CHOQUETTE: Le premier amendement est à l'effet d'ajouter, au
paragraphe 5 de l'article 26 b) édicté par l'article 16 du projet
de loi no 80, l'alinéa suivant: "Aucun droit d'action n'existe pour le
recouvrement du loyer si l'autorisation n'a pas été obtenue". Il
s'agit là de donner un recours au cas de conversion non autorisée
d'un immeuble en copropriété.
M. BURNS: D'accord. Adopté, M. le Président.
M. CHOQUETTE: Le deuxième amendement, sur la même feuille,
consiste à ajouter, au paragraphe 6 de l'article 34 édicté
par l'article 22 du projet de loi no 80, le sous-paragraphe suivant: "c)
appartenant à la Société d'habitation du Québec".
Il faut prévoir les cas où des immeubles sont la
propriété de la Société d'habitation du
Québec car, depuis un certain temps, la Société
d'habitation du Québec a été
habilitée à construire et à être
propriétaire de logements à prix modiques.
Par conséquent, ce cas n'avait pas été prévu
dans l'ancienne loi de la conciliation entre propriétaires et
locataires. Le député de Maisonneuve a manifesté un
certain désaccord quant à l'absence de contrôle sur les
logements à prix modiques. Par contre, je pense bien qu'il est assez
logique que, si les offices municipaux d'habitation ainsi que d'autres
logements construits avec l'autorisation de la Société
d'habitation ne tombent pas sous le contrôle de la Régie des
loyers, à plus forte raison, les logements à prix modiques,
construits et appartenant à la Société d'habitation du
Québec elle-même, ne devraient pas tomber sous le contrôle
de la Régie des loyers.
Par conséquent, je ne demande pas au député de
Maisonneuve de voter pour cet amendement avec enthousiasme, mais il est
conforme à la position que nous avons adoptée l'autre soir et qui
a été amplement discutée de part et d'autre.
M. BURNS: D'ailleurs, tout en n'étant pas d'accord sur
l'amendement, c'est évident que je ne ferai pas un long débat
là-dessus. Le débat a été fait l'autre soir, je
n'ai pas du tout l'intention de le reprendre. Mais comme je n'étais pas
d'accord pour qu'on exclue de l'application de la loi les loyers à prix
modiques, et comme je n'étais pas d'accord non plus pour qu'on exclue
les édifices bâtis après le 31 décembre 1973 pour
une période de cinq ans, évidemment je conçois que, dans
la logique que le ministre avait défendue l'autre soir, il puisse
apporter cet amendement. N'étant pas d'accord sur l'autre attitude, je
vous demanderais d'adopter sur division l'amendement proposé par le
ministre.
M. CHOQUETTE: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'amendement est adopté sur
division.
M. BURNS: Sur division.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je présume que vous avez
noté les deux amendements que j'ai...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On les a déposés en annexes au
projet de loi.
M. CHOQUETTE: Ils sont déposés, n'est-ce pas?
Alors, M. le Président, c'est tout ce qu'il y avait à dire
de notre côté sur le projet de loi no 80 qui a été
amendé à trois reprises cet après-midi. Je n'ai rien
d'autre à ajouter sur le projet de loi no 79. Je m'excuse, M. le
Président, je dois retirer ce que je viens d'avancer. Je crois qu'il y
aura un amendement dans le même sens que celui apporté à la
Loi pour favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires, le
projet de loi no 80, relativement aux immeubles appartenant à la
Société d'habitation du Québec. Il y aura, dis-je, un
amendement dans le même sens à apporter au bill 79, la loi qui
amende le code civil. Cet amendement a exactement le même effet, et il se
lit ainsi: Introduire dans le projet de loi un article 7 a): L'article 1664 a)
dudit code est modifié par l'insertion, après le paragraphe 2, du
suivant: "3. appartenant à la Société d'habitation du
Québec".
Alors je vous remets, M. le Président, copie de cet amendement.
Vous l'avez, d'ailleurs, je ne sais pas si l'Opposition l'a. Nous faisons
distribuer des exemplaires mais c'est le même problème que
précédemment.
M. BURNS: Je conçois que c'est le même problème, et
je présume que cet amendement sera adopté mais je vous
demanderais d'inscrire ma dissidence. Donc, adopté sur division.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le nouvel article 7 a) est adopté sur
division. Il faudra renuméroter totalement le reste du projet de loi en
conséquence. Alors le projet de loi no 79...
M. BURNS: C'est un 7 a), ça ne changera pas les
numéros.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): C'était le dernier...
M. BURNS: Non, non, ce n'est pas le dernier article, on insère un
7 a) au lieu de mettre 8 et de renuméroter. Cela ne change pas le
numérotage.
M. LEVESQUE: En ce cas ça ne change pas le numérotage.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors les deux projets de loi sont
adoptés sur division.
M. BURNS: Non, non! les projets de loi sont adoptés.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Adopté.
M. BURNS: Le ministre a quand même fait un effort louable dont on
l'a félicité et je pense que le projet de loi est
adopté.
M. LAFRANCE (président de la commission plénière):
J'ai l'honneur de vous faire part que la commission plénière a
étudié les projets de loi nos 79 et 80 et les a adoptés
avec des amendements.
LE PRESIDENT: Ce rapport de la commission plénière, qui a
étudié les projets de loi no 79 et 80, est-il
agréé?
M. BURNS: Agréé.
LE PRESIDENT: Agréé.
M. LEVESQUE: Article 6.
Projet de loi no 59 Deuxième lecture
(suite)
LE PRESIDENT: Reprise du débat. Il s'agit du droit de
réplique du ministre des Affaires intergouvernementales.
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais exercer mon droit de
réplique et simplement relever certains propos qui m'ont frappé
davantage dans les interventions de nos honorables amis d'en face, que je
remercie, d'ailleurs, pour l'intérêt qu'ils ont manifesté
à l'étude de ce projet de loi.
D'abord, on me permettra de faire quelques commentaires sur
l'intervention de l'honorable chef de l'Opposition, surtout relativement au
mandat du ministère tel que défini à l'article 10.
L'intention du projet de loi, comme je l'avais d'ailleurs souligné
vendredi soir dernier, n'est pas de modifier la nature du mandat de
coordination du ministère, mais plutôt d'en préciser la
portée.
L'article 10 cité par le chef de l'Opposition ne définit,
en effet, qu'une partie de ce mandat. Il ne remplace pas à lui seul
l'article 2 de la loi actuelle. Cette dernière disposition se trouve, en
vérité, remplacée par les articles 10 à 15 et 34
à 36 du projet.
Il importe donc de le lire dans le contexte de l'ensemble des
dispositions nouvelles dont l'effet n'est manifestement pas de réduire
le mandat du ministère, mais plutôt de l'expliciter.
Le deuxième alinéa de l'article 10 que le chef de
l'Opposition a cité hors contexte, en le comparant à l'article 2
de la loi actuelle, vise à habiliter le ministre à établir
et à maintenir avec les autres gouvernements et leurs ministères
les relations que le gouvernement du Québec juge opportun d'avoir avec
eux. Je veux souligner les mots établir et maintenir.
La loi actuelle n'attribue formellement qu'un pouvoir de surveillance
à l'égard de ces relations. Le texte proposé confie au
ministre je le répète la fonction de les
établir et de les maintenir. Je ne vois pas comment on peut
interpréter cette disposition comme ayant effet de restreindre le mandat
actuel du ministère.
En fait, le projet de loi attribue au ministre trois types de
responsabilités en ce qui a trait aux matières visées
à l'article 10. Premièrement, il élabore la politique du
gouvernement en matière de ralations exétieures et assure la mise
en oeuvre de cette politique.
Le texte du premier alinéa de l'article 10 qui attribue ce
pouvoir au ministre comporte peut-être un défaut que j'ai
l'intention de proposer de corriger par une modification, lors de
l'étude détaillée du projet.
A la troisième ligne je me permets d'annoncer cet
amendement le mot "intergouvernementales" doit être
remplacé par le mot "extérieures" pour traduire clairement cette
idée. Donc, au niveau de la politique, la responsabilité du
ministère porte sur l'ensemble des relations extérieures.
Deuxièmement, il établit et maintient avec les autres
gouvernements et leurs ministères les relations...
M. MORIN: Je vois que le ministre a bien compris mon intervention.
M. LEVESQUE: Voyez-vous, lorsqu'on essaie de bonifier une loi, nous en
savons gré et nous essayons d'apporter toute correction qui semble de
nature à améliorer la situation. "Il établit et maintient,
en deuxième lieu, avec les autres gouvernements et leurs
ministères les relations que le gouvernement du Québec juge
opportun d'avoir avec eux". A ce niveau, ce sont les relations
intergouvernementales qui sont visées et non les relations
extérieures dans l'ensemble. Je crois bien que le chef de l'Opposition
est prêt également à admettre cette distinction. Parce que
ce n'est pas notre intention je le souligne de monopoliser
l'établissement et le maintien de l'ensemble des relations avec des
tiers à l'extérieur du Québec.
M. MORIN: Jamais!
M. LEVESQUE: Des relations de caractère privé
n'intéressent un ministère comme le nôtre que dans leur
ensemble et non pas du point de vue de l'établissement et du maintien de
chacune d'elles. Cela est l'évidence même. Seules les relations
intergouvernementales doivent être assumées par nous. Les
ministères sectoriels pourront continuer à. développer les
relations qu'ils ont présentement avec des personnes autres que les
gouvernements et les organismes qui y sont rattachés. Ils le feront
cependant dans le cadre de la politique que j'ai mentionnée il y a
quelques instants.
Enfin, le ministère coordonnera les relations des organismes du
gouvernement, fonction compatible avec tout statut d'autonomie qui puisse leur
être confié ou conféré. Comme vous le voyez, cet
élément du mandat du ministère se trouve explicité
et nuancé par l'article 10, et non pas restreint. Si je
considérais le chef de l'Opposition comme un lecteur moyen mais
ceci n'est pas dit péjorativement les propos qu'il a tenus
vendredi là-dessus m'indiqueraient que la lettre de la disposition
projetée ne traduit peut-être pas d'une façon suffisamment
claire ces nuances. Nous examinerons donc, lors de l'étude
détaillée du projet, les possibilités de modifications
susceptibles de clarifier l'article 10.
M. MORIN: Bien.
M. LEVESQUE: C'est le premier point que, réellement, avait
soulevé le chef de l'Opposition. Il y en avait un autre qui avait
attiré mon attention; c'est la question de la ratification des
traités, etc., visée à l'article 15.
Le débat de deuxième lecture a permis au chef de
l'Opposition d'étaler avec un certain humour des connaissances
techniques sur le droit international traditionnel. Il a plus
particulièrement invoqué le sens donné par le droit
international traditionnel. Il a plus particulièrement invoqué le
sens donné par le droit international classique au terme "ratification"
qui paraît à l'article 15 du projet. Abordant la question selon
une approche statique du droit international et du droit constitutionnel, il a
formulé deux hypothèses sur l'interprétation à
donner à cette disposition qui habilite le ministre à recommander
au gouvernement la ratification des traités ou accords internationaux
dans les domaines ressortissant à la compétence constitutionnelle
du Québec. Ou bien, affirme-t-ii, la disposition vise les traités
et accords conclus par le gouvernement fédéral, et alors
l'utilisation du terme "ratification" serait techniquement incorrecte, car
selon lui, on ne peut ratifier un accord que l'on n'a pas conclu...
M. MORIN: Bien, vous avez compris.
M. LEVESQUE: ... ou bien, poursuit le chef de l'Opposition, dans
l'alternative, le texte s'applique à des traités conclus par le
gouvernement du Québec. Là, une telle portée lui
conférait le caractère de geste historique pour l'avenir du
Québec. Voilà. Evidemment, le chef de l'Opposition
préfère la seconde hypothèse, car dans son esprit...
M. MORIN: On ne peut rien vous cacher.
M. LEVESQUE: ... elle se situe dans une perspective qui mène
à un objectif qui lui est cher et qui nous divise pour l'instant.
M. MORIN: Peut-être pas pour toujours?
M. LEVESQUE: Je dis "pour l'instant", car je ne puis m'empêcher
d'observer, comme la plupart des journalistes, des observateurs de la
scène politique le font depuis quelques mois en particulier, que le
groupe politique du chef de l'Opposition officielle évolue, quant
à cette idée fondamentale de l'indépendance, dans la bonne
direction.
M. MORIN: Oh!
M. LEVESQUE: II s'agit d'une évolution très lente, mais
à l'égard de laquelle il ne faut pas désespérer.
J'ai pour ma part une confiance inébranlable, M. le Président,
dans la force de la raison pour déterminer l'avenir des peuples.
Lors des dernières élections, cette puissance de la raison
s'est d'ailleurs manifestée de façon éclatante au
Québec, à telle enseigne qu'il a fait naître au sein de
l'Opposition officielle un commencement de sagesse qui permet d'espérer
qu'un jour ils nous rejoindront sur la voie de la construction du
Québec, dans laquelle nous sommes engagés particulièrement
depuis 1970.
M. CHARRON: Vous avez de la misère à dire cela sans
rire.
M. LEVESQUE: C'est parce que je vous vois venir. Je vois le retour au
bercail.
M. SAMSON: C'est un effort louable que vous faites là.
M. LEVESQUE. Est-ce utopique de penser ça ou est-ce qu'on peut
s'imaginer qu'avec ce qui se fait depuis quelque temps...
M. SAMSON: C'est statique.
M. LEVESQUE: ... ce que l'on entend, ce que l'on observe, il n'y a pas
un retour vers le bon sens?
M. SAMSON: C'est statique.
M. LEVESQUE: Enfin, oui! Vous pensez que c'est statique. Le chef du
Ralliement créditiste pense que c'est statique. Il a peut-être
raison. Mais moi, je n'ai pas fini d'espérer. Je ne
désespère pas encore.
De toute façon, je n'ai pas l'intention d'amorcer un débat
sur cette question aujourd'hui et je veux bien...
M. MORIN: Je croyais.
M. LEVESQUE: ... fermer cette parenthèse. Revenons, pour un
instant, à l'astucieuse alternative présentée par le chef
de l'Opposition quant à l'interprétation de l'article 15.
Je me permettrais, à cet égard, de lui rappeler, sans
prétendre bien sûr ajouter à son bagage considérable
de connaissances techniques en droit international classique et traditionnel,
que, par ratification, on entend généralement l'acte par lequel
un engagement pris par un gouvernement envers un autre gouvernement est
approuvé par les organes habilités par le droit constitutionnel
à engager internationalement l'Etat.
Or, les organes étatiques ayant pouvoir de signer un
traité ou un accord ne sont généralement pas les
mêmes que ceux qui sont compétents pour les ratifier. Il est vrai
qu'aucun traité n'est conclu, c'est-à-dire n'engage
juridiquement, tant que l'échange des ratifications n'a pas
été fait. Il n'est pas exact de dire cependant, à mon
sens, que l'on ne peut ratifier un traité que l'on n'a pas signé.
Cette distinction est spécialement importante dans un régime
fédéral comme le nôtre, où la souveraineté
est partagée entre deux ordres de gouvernement.
M. MORIN: Est-ce que le ministre me permettrait une question d'ordre
technique?
M. LEVESQUE: Je vais terminer. On s'en va en commission. On va
certainement en parler...
M. MORIN: C'est une question importante tout de même.
M. LEVESQUE: On va certainement en parler. Or, selon notre
interprétation du droit constitutionnel canadien, seuls les Etats
membres sont habilités à ratifier, au sens technique du terme,
les engagements pris par le gouvernement fédéral dans les
domaines de leurs compétences car seule cette approbation peut rendre
obligatoires les dispositions du traité.
M. MORIN: Cela est inexact.
M. LEVESQUE: Vous n'avez qu'à penser...
M. MORIN: Cela est inexact.
M. LEVESQUE: ... à l'OIT, nombre de résolutions...
M. MORIN: Non.
M. LEVESQUE: ... elles ne sont pas mises en oeuvre avant que les
instances où se trouvent la souveraineté et la compétence
en aient décidé.
M. MORIN: Oui, mais vous confondez ratification et mise en oeuvre.
M. LEVESQUE: Laissez-moi terminer. Je vais peut-être vous
convaincre, c'est l'espoir qu'il me reste. Bon!
La question d'échange des instruments de ratification, qui doit
être distinguée de celle de la ratification comme telle, n'est pas
soulevée par l'article 15. Donc, le premier volet de l'alternative
posée par le chef de l'Opposition doit être nuancé
considérablement. Techniquement, le gouvernement du Québec,
à titre d'organe habilité implicitement par le droit
constitutionnel canadien, peut ratifier un traité qu'il n'a pas
signé. L'article 15 peut donc viser les traités conclus par le
gouvernement fédéral.
Il importe d'ajouter cependant que l'approche conservatrice du chef de
l'Opposition, qui nous conduit à discuter de façon savante de
vieilles notions du droit international classique envisagées comme un
ensemble de règles figées et statiques, n'est pas celle du
gouvernement ni celle que traduit l'article 15.
M. MORIN: Vous dites cela sur le plan technique?
M. LEVESQUE: Oui. Attendez, je n'ai pas terminé. L'utilisation du
terme "accords internationaux", en plus du terme "traités" dans cette
disposition illustre bien que nous enten- dons nous situer dans une perspective
dynamique. Selon cette approche, la seule d'ailleurs qui tienne compte de la
réalité juridique québécoise, on appelle
ratifications et celle-ci, c'est peut-être une définition
un peu plus dynamique, un peu moins conservatrice, un peu moins traditionnelle,
un peu moins classique...
M. MORIN: Un peu moins exacte, pour tout dire.
M. LEVESQUE: Bien oui, mais vous ne l'avez pas entendue encore. Comment
pouvez-vous dire ça? C'est ça que je ne comprends pas.
M. MORIN: Bien, voyons.
M. LEVESQUE: Voici, je vais vous la soumettre...
M. MORIN: II ne faut pas jouer sur les mots.
M. LEVESQUE: Enfin. L'acte par lequel là vous me direz ce
que vous en pensez après; non, vous n'avez pas le droit ...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre, s'il vous plaît! Je ne sais pas si vous avez l'impression qu'on
est en train...
M. LEVESQUE: Non, M. le Président.
M. MORIN: C'est un débat passionnant, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui. Mais, tout de même, c'est
le droit de réplique.
M. LEVESQUE: D'accord, M. le Président. L'acte par lequel...
Pour revenir, voici une définition que je soumets à
l'attention de l'honorable chef de l'Opposition et aux membres de cette
Chambre: L'acte par lequel le gouvernement du Québec, habilité
à ce faire par l'article 15, approuve un traité conclu par le
gouvernement fédéral ou un accord conclu par lui ou l'un de ses
ministères avec un gouvernement étranger et lui donne force
obligatoire sur le territoire du Québec.
M. MORIN: "Approuve", pas "ratifie".
M. LEVESQUE: C'est cela, la ratification. Ma définition...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, une fois de plus! Ecoutez,
nous allons nous conformer au règlement.
M. LEVESQUE: C'est en définitive, M. le Président, l'acte
par lequel le gouvernement assume effectivement les obligations d'un
traité ou d'un accord international. Au-delà de l'as-
pect formel auquel le chef de l'Opposition se rattache, cette
définition rejoint l'essentiel de la notion de ratification. Son
application, et les accords conclus par le gouvernement du Québec, est
donc, selon cette perspective évolutive, tout à fait
justifiée.
Permettez-moi de noter enfin que cette mesure, en introduisant dans la
constitution interne du Québec un mécanisme de la ratification,
reflète en bonne partie une pratique en voie de s'établir. Le
geste n'a donc pas le caractère de précédent historique
que le chef de l'Opposition a eu l'habilité, si l'on veut, de lui
conférer. Parce qu'il ne vise pas que les traités
fédéraux, il témoigne cependant, de façon non
équivoque, de la conception que le Québec se fait du partage des
compétences au Canada en matière de relations
internationales.
M. le Président, quant au député de Rouyn-Noranda,
il a insisté, lors de son intervention, sur le caractère
fondamental du dossier de la fiscalité dans le domaine des relations
fédérales-provinciales. Je ne saurais souscrire davantage
à ses propos qu'en lui rappelant l'importance primordiale que le
gouvernement a attachée, depuis les dernières années,
à ces questions.
En effet, le gouvernement du Québec s'est employé avec
détermination, fermeté et compétence à obtenir un
consensus au sein des onze gouvernements canadiens en vue de la modification de
certains éléments fondamentaux du financement de la
fédération canadienne. C'est ainsi que le système de
péréquations, comme l'a souligné le premier ministre, a pu
être modifié de manière à élargir la base de
calcul des paiements faits aux provinces. Cette conclusion des impôts
scolaires, par exemple, dans la liste des sources de revenus admissibles au
titre de la péréquation, contribuera de façon
significative à réduire l'écart qui sépare le
Québec des provinces mieux nanties sur le plan économique.
Ces paiements de péréquations, il faut le noter,
constituent des transferts nets en vue de permettre de financer l'exercice de
compétences purement provinciales, purement québécoises.
Compte tenu des disparités de revenus entre les deux ordres de
gouvernement au Canada, ils constituent un pas dans la bonne direction vers
l'exercice effectif des compétences attribuées aux provinces par
la constitution.
D'autre part, le gouvernement du Québec a amorcé avec le
gouvernement fédéral et les gouvernements des autres provinces
des discussions qui conduiront, en 1977, à un nouveau partage fiscal. Le
financement des programmes de santé de même que la
sécurité du revenu font, dans cette perspective, l'objet d'une
attention toute particulière de la part du ministère des Affaires
intergouvernementales, de la part du ministère des Finances et de la
part du ministère des Affaires sociales.
Evidemment, ces discussions avec le gouvernement fédéral
ne produisent pas toujours des résultats immédiats et
spectaculaires. Parfois, elles donnent même l'impression d'avoir conduit
à des échecs. C'est le cas des représentations faites par
le Québec, de concert avec l'ensemble des gouvernements des provinces,
auprès du ministre fédéral des Finances relativement
à la taxation des ressources. C'est ainsi que le ministre des Finances
du Québec, comme l'a souligné le député de Johnson,
a pu manifester sa déception, à l'issue de la dernière
conférence fédérale-provinciale des ministres des
Finances, devant l'inflexibilité du ministre fédéral des
Finances. En décidant de supprimer la déductibilité des
redevances provinciales de l'impôt fédéral s'appliquant aux
entreprises qui exploitent les ressources naturelles, le ministre
fédéral des Finances place évidemment les provinces
productrices dans un carcan du point de vue de leur système de
redevances.
Cette suppression de la marge de manoeuvre est le résultat du
parallélisme des deux systèmes fiscaux au Canada. Les deux ordres
de gouvernement, selon le droit constitutionnel, sont parfaitement libres
d'aménager les impôts directs comme ils l'entendent. La
constitution, en effet, leur attribue des pouvoirs parallèles dans ce
domaine. La capacité de payer du contribuable constitue cependant une
limitation sérieuse à l'exercice de ces droits. C'est pourquoi
les accords fiscaux interviennent, afin d'éviter ce qu'on a
appelé la double taxation.
Il est dommage que, dans le domaine de taxations des entreprises
exploitant les ressources, une telle entente n'ait pas eu lieu lors de la
dernière conférence des ministres des Finances. Rien n'exclut
cependant qu'un compromis puisse intervenir à ce sujet au niveau de la
conférence des premiers ministres qui devrait normalement avoir lieu en
début d'année. Dans cette perspective, la proposition faite par
le Québec de hausser l'abattement proposé par le ministre des
Finances tient toujours.
Ces décisions du gouvernement fédéral constituent,
à notre avis, des abus de droit, comme l'a indiqué le ministre
des Finances du Québec. Elles sont cependant valides, à
première vue, selon le droit constitutionnel. Il ne nous est donc pas
possible, techniquement, de parler d'empiètement dans le domaine des
ressources naturelles, à moins de faire un procès d'intention au
gouvernement fédéral.
Je sais que le député de Johnson, soit par
tempérament, soit par l'effet de l'influence qu'ont eue sur lui les
chefs de l'Union Nationale, a une conception très pittoresque et
très romantique des relations fédérales-provinciales.
Dans son intervention d'hier matin, il s'est étonné de ce
qu'il a appelé le manque de fermeté des attitudes du gouvernement
dans ses relations avec le gouvernement central. Il s'est même
demandé ce que le ministre des Affaires intergouvernementales attendait
pour faire ce qu'il a appelé une vraie scène au gouvernement
fédéral.
Eh bien, je lui répondrai ceci: L'effort de ce ministère,
que nous avons restructuré au cours
des deux dernières années, porte sur une rationalisation
des rapports avec le gouvernement fédéral. A cette fin, nous
avons mis sur pied des mécanismes de concertation que j'ai
décrits lors de l'étude de nos crédits au printemps de
1974. Ces mécanismes dont les deux éléments essentiels
sont, au palier des fonctionnaires...
S'il vous plaît, M. le Président, voulez-vous rappeler
votre président à l'ordre? Merci.
Ces mécanismes, dont les deux éléments essentiels
sont, au palier des fonctionnaires, le comité consultatif des relations
intergouvernementales et, au palier ministériel, le comité
interministériel des Affaires intergouvernementales, ont permis
d'assurer une qualité sans précédent au dossier des
relations fédérales-provinciales.
Les fonctionnaires du ministère des Affaires
intergouvernementales, dont le rôle est notamment d'assurer le soutien de
ces instances interministérielles, ont manifesté dans ce cadre
une compétence et une loyauté qui leur ont valu une
crédibilité sans tache dans l'ensemble du gouvernement.
J'espère que ce témoignage que je tiens à leur
rendre est de nature à rassurer le député de Rouyn-Noranda
qui se demandait dans quelle mesure la philosophie des fonctionnaires
s'accordait avec celle du gouvernement.
Si j'ai bien compris ce qu'il a dit, il référait à
certains fonctionnaires qui ne sont plus au ministère. Cet effort de
rationalisation...
M. SAMSON: Je les ai nommés, M. le Président.
M. LEVESQUE: ... des relations fédérales-provinciales,
appuyé sur des dossiers solides, a permis d'établir des
éléments de stratégies dans l'ordre des relations
interprovinciales et fédérales-provinciales, stratégies
qui vont au-delà de la simple attitude théâtrale qui rend
le député de Johnson un peu nostalgique. Si, dans certaines
circonstances, la tactique des coups de poing sur la table paraît utile
pour faire avancer une question, eh bien, elle n'est pas exclue. Un
gouvernement moderne ne saurait, cependant, en faire une règle
générale.
Le ministre des Affaires intergouvernementales ne fera donc pas de
scène, au sens où le député de Johnson l'entend,
à moins d'avoir l'assurance qu'elle produira des résultats
positifs, car c'est bien par nos résultats dans ce domaine que nous
serons jugés et non pas par la beauté du spectacle que nous
aurons donné à la population.
Je vous remercie, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
M. MORIN: Adopté, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que vous quittiez
maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en commission
pléniè-re pour étudier ce projet de loi no 59, Loi du
ministère des Affaires intergouvernementales, et cela article par
article.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Commission plénière
M. HOUDE, (Limoilou) (président de la commission
plénière): A l'ordre, s'il vous plaît! Projet de loi no 59,
Loi du ministère des Affaires intergouvernementales. Article 1?
M. MORIN: M. le Président, pouvons-nous parler du titre, s'il
vous plaît? Ai-je la parole?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui, allez !
M. MORIN: Merci. Le ministre nous a appris il y a quelques instants
qu'il entendait proposer une modification à l'article 10 en substituant
au mot "intergouvernementales" le mot "extérieures", si j'ai bien
compris. L'article 10 se lirait donc comme suit: "Le ministre a pour
responsabilité d'élaborer et de proposer au gouvernement une
politique en matière de relations extérieures et de mettre en
oeuvre la politique adoptée par ce dernier". Je me suis réjoui
tout à l'heure, en deuxième lecture, de cet amendement que le
ministre a l'intention d'apporter à l'article 10, qui est le principal
article, pour la définition de ses responsabilités.
Aussi, M. le Président, maintenant que le ministre a
lui-même qualifié de façon plus précise et je dois
dire aussi un peu plus ferme, ses responsabilités, je proposerais que le
titre du projet de loi et le nom du ministère qu'il a l'honneur
d'administrer soient modifiés et que, désormais, le titre soit
"Loi du ministère des Affaires extérieures". De même, dans
les articles qui suivent, comme l'article premier, on trouverait
évidemment la même modification; chaque fois que le mot
"intergouvernementales", qui est quelque peu péjoratif, qui, j'allais
dire, diminue les véritables responsabilités du ministre, qui ne
convient plus au statut du Québec aujourd'hui, est employé, qu'on
le remplace partout par le mot "extérieures".
M. LEVESQUE: M. le Président, ce n'est pas la première
fois que cette suggestion est faite. On me pose de temps en temps la question
à savoir si c'est un ministère des Affaires extérieures.
Quelquefois, lorsque l'on veut faire com-
prendre à quelqu'un moins initié, de l'extérieur,
ce qu'est le ministère des Affaires intergouvernementales, on nous pose
la question: Est-ce que c'est comme le ministère des Affaires
extérieures ou est-ce un ministère des Affaires
étrangères, etc.?
M. MORIN: Je n'ai pas proposé "étrangères" encore,
simplement "extérieures".
M. LEVESQUE: Oui. M. le Président, si j'ai parlé de
l'amendement que nous allions suggérer à l'article 10, c'est pour
souligner que nous nous intéressons à la politique pour autant
que l'on touche aux activités extérieures. Mais on trouvera dans
le projet de loi, en dehors de ce changement, une préoccupation qui ne
touche en général que les relations intergouvernementales et je
crois que ce titre ou ce nom est plus fidèle au mandat du
ministère, à ce qu'il est véritablement.
Maintenant, je ne ferai pas de querelle avec le chef de l'Opposition
pour lui dire que cela n'a pas de sens. Je pourrais poser la même
question, si j'étais assis à la Chambre des Communes ou dans un
comité et demandais au gouvernement fédéral pourquoi il
conserve toujours le nom de ministère des Affaires extérieures?
Il me semble que ce n'est pas à moi à lui dire quoi faire, mais
si j'étais là, je poserais la question, je dirais: Mais pourquoi
ne changez-vous pas cela pour ministère maintenant, là
des Affaires étrangères? J'ai déjà dit en
blague que lorsque Ottawa changera son titre, son appellation de
ministère des Affaires extérieures pour les Affaires
étrangères, on pourra songer peut-être à changer le
nom du ministère des Affaires intergouvernementales pour le
ministère des Affaires extérieures.
M. MORIN: M. le Président, ce serait peut-être de nature
à hâter le changement au niveau fédéral si le
Québec adoptait dès maintenant le mot "extérieures". On
verrait peut-être au cours des prochains mois les fédéraux
se dépêcher d'adopter le mot "étrangères"...
M. LEVESQUE: C'est peut-être...
M. MORIN: "... les mots relations étrangères". C'est pour
cela que j'ai proposé l'amendement! D'autant plus que le ministre
lui-même n'est pas insensible au regain de prestige verbal que lui
vaudrait cette modification puisqu'il l'a proposée pour l'article 10. Je
maintiens ma proposition.
M. LEVESQUE: Non.
M. MORIN: Le ministre m'a l'air d'être tout près d'accepter
mon amendement, et, au fond, qu'est-ce qui l'empêche de le faire?
Peut-être un petit coup de pouce, un petit peu de courage, que sais-je?
ce projet de loi, nous nous sommes aperçus que la préoccupation
à travers tous ces articles du projet de loi ce sont les relations
intergouvernementales. J'ai mentionné, dans la réplique, que nous
n'avions pas l'intention d'intervenir dans les relations des ministères
avec les tiers qui ne sont pas des gouvernements à l'extérieur du
Québec. Alors je pense que le titre lui-même, l'appellation du
ministère correspond à une réalité. Maintenant,
comme je l'ai dit, on pourrait en discuter toute la soirée, mais je ne
fais pas de querelle au chef de l'Opposition de l'avoir suggéré
et je ne dis pas que c'est une suggestion qui n'est pas valable.
M. MORIN; Mais vous ne l'acceptez pas? Enfin, je maintiens ma
proposition. Je trouve que les temps sont mûrs, que ce mot
d'intergouvememental, vraiment, minimise trop, à tout le moins sur le
plan verbal, les ambitions du ministère dont nous traitons.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors le titre, accepté sur
division?
M. MORIN: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 1.
M. MORIN: Je n'ai pas d'observation particulière.
Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 2.
M. MORIN: Même chose.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 3.
M.MORIN: Un instant, voulez-vous? Oui, cela va.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté, article 4.
M. LEVESQUE: Les neuf premiers articles sont les articles
réguliers ou traditionnels des ministères.
M. MORIN: Oui, je sais, mais, prenons le temps de les adopter l'un
après l'autre, si vous le voulez bien. Nous sommes à l'article
4.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 4, oui.
M. MORIN: Bien.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 5.
M. MORIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 6.
M. MORIN: Cela va.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 7.
M. MORIN: Un instant, voulez-vous? Bien, adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté, Article 8.
M. MORIN: De même.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 9.
M. MORIN: A l'article 9, je dois faire observer au ministre que
jusqu'ici ses rapports se sont fait plutôt attendre et, si je ne m'abuse,
j'ai même vu passer deux rapports annuels ensemble, le même jour,
soit avant-hier ou lundi, je ne sais plus.
M. LEVESQUE: C'est pour respecter un engagement que j'avais pris devant
le chef de l'Opposition, lors de la convocation de la commission des affaires
intergouvemementales, de la présidence du conseil, etc. J'avais dit
à ce moment-là que je regrettais cette habitude qui semblait
être devenue traditionnelle, que les rapports arrivaient trop tard. Alors
j'ai demandé aux fonctionnaires du ministère de faire un effort
considérable, ce qu'ils ont fait. Je pense bien que nous sommes à
jour et que nous sommes un des premiers ministères à avoir
déjà mis le rapport 1973/74 entre les mains des membres de
l'Assemblée nationale et du public.
M. MORIN: Alors, si j'interprète bien les propos du ministre, cet
article 9 n'est pas de pure forme. Il a l'intention de s'y conformer. Nous
pouvons compter sur ses rapports...
M. LEVESQUE: De fait, le rapport que j'ai déposé hier,
j'avais jusqu'à la reprise, en 1975, pour le déposer. Nous sommes
plusieurs mois en avant de l'obligation légale; même je trouve que
cette obligation c'est très bien, mais en plus de ça on voudrait
être un peu plus rapide que la loi ne l'exige.
M. MORIN: Le ministre pourrait-il me dire, dans ces conditions, quand
nous recevrons, au plus tard, le prochain rapport de son ministère?
M. LEVESQUE: Si le chef de l'Opposition savait ce que cette promesse que
j'avais faite m'a fatigué et combien j'ai disputé dans le
ministère, parce que ce n'est pas facile.
Il y a beaucoup de gens qui doivent collaborer à la mise en place
d'un rapport annuel. Alors, je ne voudrais pas faire de promesse, mais est-ce
que je puis dire simplement le voeu que j'ai exprimé?
M. MORIN: Oui, c'est bien. Je ne tends pas de piège au
ministre.
M. LEVESQUE: Non.
M. MORIN: Je lui demande: D'après la loi, telle que
rédigée, quelle sera la date ultime du dépôt du
prochain rapport?
M. LEVESQUE: Ce serait à la session de 1976, si elle avait lieu,
supposons, en février 1976.
M. MORIN: Février ou mars 1976?
M. LEVESQUE: Oui. J'espère qu'on l'aura...
M. MORIN: Est-ce que...
M. LEVESQUE: Le sous-ministre dit à l'automne 1975, mais moi
j'aimerais que ce soit à l'été 1975.
M. MORIN: Bien.
M. LEVESQUE: Alors, on ne s'entend pas trop, mais enfin.
M. MORIN: Est-ce que, dans l'intervalle, le ministre compte
déposer le bilan des rapports entre Ottawa et Québec, ce fameux
bilan tenu secret et dont je l'ai entretenu in extenso durant l'étude de
ses derniers crédits? Est-ce une possibilité qu'enfin nous ayons
ce fameux document qui reste enfoui dans les archives du ministère ou
sur lequel le ministre reste assis?
M. LEVESQUE: Je dirai au chef de l'Opposition que ce rapport n'est pas
enfoui. C'est un excellent document de travail qui nous sert continuellement,
et particulièrement depuis que nous avons restructuré le
ministère et depuis que nous avons mis sur pied particulièrement
le comité des hauts fonctionnaires, le CCRI Comité de
coordination des relations intergouvernementales et que nous avons mis
sur pied ce comité interministériel dont j'ai déjà
parlé lors de l'étude des crédits qu'on appelle le CIDA
le Comité interministériel des affaires
intergouvernementales qui siège... D'ailleurs, je viens de retirer mon
sous-ministre, M. Brière, d'une réunion du CIDA qui est
présentement en marche.
M. MORIN: Vous n'y étiez pas vous-même, M. le ministre?
M. LEVESQUE: J'y étais. Je suis revenu à la course. Vous
savez, on essaie d'être un peu partout, mais on n'a pas le sens de
l'ubiquité encore.
M. CHARRON: A qui le dites-vous?
M. LEVESQUE: Je veux dire au chef de l'Opposition que c'est un
instrument de travail extrêmement utile pour ces instances, en
particulier, et pour les fonctionnaires qui l'utilisent, chapitre par chapitre,
selon les fonctions qu'ils occupent et les sujets qu'ils doivent traiter. Mais
quant à le déposer, il est en évolution constante. On
parle toujours de la mise à jour de différents chapitres.
Je crois que nous l'avons toujours considéré comme
document de travail. Nous en avons discuté longuement. Je n'ai pas
changé d'idée, pas parce que je ne puis pas changer
d'idée. Il y a seulement une sorte de gens qui ne changent pas
d'idée. Je ne voudrais pas en être. Pour le moment, je ne crois
pas qu'il soit d'intérêt public d'en faire la distribution,
malgré que je peux assurer le chef de l'Opposition qu'il n'y a pas le
secret de la bombe atomique là-dedans.
M. MORIN: Non. Le Québec n'en est pas encore là. Mais la
question que je me pose est celle-ci: Peut-être n'ai-je pas assez
insisté là-dessus lors de l'étude de vos crédits.
Il y a tout de même des choses qui sont sorties dans la presse et qui ont
créé une impression, disons, pénible, sur l'état
des rapports intergouvernementaux auxquels participe le Québec, et je me
demandais si cela n'était pas dans l'intérêt du
ministère et du Québec aussi qu'on sache exactement à quoi
s'en tenir.
Nous avons pris connaissance de bribes, de morceaux de rapport qui
étaient d'ailleurs très négatifs sur l'état de nos
rapports avec Ottawa. Je pense que sur 25 ministères, il y en avait 20
où le rapport était essentiellement négatif.
M. LEVESQUE: Voici, M. le Président...
M. MORIN: Ne croyez-vous pas que cela clarifierait
l'atmosphère...?
M. LEVESQUE: Si le chef de l'Opposition me le permet, d'abord, je dois
dire que je continue cette discussion, sachant que nous sommes hors du sujet,
de toute façon, mais...
M. MORIN: Voyez. Nous parlons des rapports détaillés de
votre activité.
M. LEVESQUE: Oui. Je ne ferai pas de procédure.
M. MORIN: Bon.
M. LEVESQUE: Je sais que le chef de l'Opposition dit que cela a eu une
publicité un peu pénible ou je ne sais pas. Quant au contenu
lui-même, je n'ai pas d'objection du tout à en faire part à
ceux qui s'intéressent particulièrement au sujet des relations
intergouvernementales.
La seule chose, c'est l'élément stratégie qui me
retient. Ce n'est pas la question de ne pas parler du contentieux
Ottawa-Québec. C'est simplement parce que nous ne croyons pas qu'il soit
dans l'intérêt public de mettre sur la table à tout moment,
parce que ce dossier est continuellement en évolution, les documents
dont une partie contient une stratégie que nous ne croyons pas
justifié de publier. C'est tout.
M. MORIN: Oui, je n'en ferai pas non plus un débat de fond. Je me
demandais seulement dans quelle mesure il ne serait pas utile de vous appuyer
sur une opinion publique un peu mieux renseignée dans ce domaine. Or,
une opinion publique bien renseignée, c'en est une à qui on remet
autre chose que des fuites; c'est une opinion publique qui n'est pas
réduite à spéculer sur l'état véritable des
dossiers, comme c'est le cas depuis quelques années en matière
d'affaires intergouvernementales.
M. LEVESQUE: Tout gouvernement a une stratégie vis-à-vis
de ses relations avec les autres gouvernements. Je ne vois pas qu'il y ait un
gouvernement qui étale complètement tout le contentieux qu'il a
avec d'autres gouvernements, particulièrement en ce qui peut toucher une
certaine stratégie. Mais à chaque fois qu'un dossier est
préparé, est prêt et qu'il y a une conférence
fédérale-provinciale, cela sert et, à ce moment, la
problématique est connue, la stratégie est mise à jour et
le ministre sectoriel en question, ou le premier ministre, à certains
moments, devient le porte-parole, et beaucoup des éléments du
bilan sont utilisés pour publication.
M. MORIN: Si j'ai bien compris le ministre et je n'entends pas en
faire un plat la réponse à ma question au sujet du rapport
du bilan des rapports fédéraux-provinciaux, c'est, pour
l'instant, "non". C'est bien cela?
M. LEVESQUE: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 9, adopté?
M. MORIN: Oui, adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 10.
M. MORIN: A l'article 10, le ministre nous a fait part tout à
l'heure d'une modification.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que l'article 10 soit
modifié, a) en remplaçant, dans la troisième ligne du
premier alinéa, le mot "intergouvernementales" par le mot
"extérieures"; b) en remplaçant, dans la quatrième ligne
du deuxième alinéa, le mot "opportune" par les mots "opportun
d'avoir avec eux"; c) en remplaçant le troisième alinéa
par le suivant: "II coordonne toutes les activités du gouvernement
à l'extérieur du Québec ainsi que celles de ses
ministères et organismes".
M. MORIN: Pourriez-vous répéter ce dernier amendement?
M. LEVESQUE: Je vous ai fait parvenir le texte. J'avais demandé
qu'on le fasse.
M. MORIN: Je l'ai dans la pile de papiers, un petit instant.
Bien, je vois que dans le dernier alinéa le ministre s'est rendu
aux observations que je faisais sur son mandat, l'autre jour, et qu'en somme il
accepte qu'on revienne à la rédaction de l'article 2 de la loi
existante.
M. LEVESQUE: Afin qu'il n'y ait pas de malentendu. Le chef de
l'Opposition a semé un doute, non pas seulement chez moi, mais chez mes
collaborateurs, et nous avons convenu d'apporter cette correction afin que ce
soit plus clair et que le mandat soit encore plus explicite.
M. MORIN: Cette fois, le ministre m'oblige vraiment. Je le remercie;
c'est un progrès sensible.
M. LEVESQUE: Je remercie le chef de l'Opposition de sa contribution
positive.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 10, adopté tel
qu'amendé?
M. MORIN: Un instant, M. le Président, il y a un dernier
alinéa. Oui, je pense qu'on peut l'adopter.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté tel qu'amendé.
Article 11.
M. MORIN: A l'article 11, il y a une petite faute de frappe, peu de
choses en somme, mais il me semble que lorsqu'on parle des
Québécois, on devrait y mettre un Q majuscule. C'est ce qu'on
fait d'habitude pour les peuples qui se respectent.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas d'objection, mais je ne sais pas ce que les
légistes pensent de cela.
M. MORIN: C'est conforme à l'usage. Quand on dit les
Britanniques, les Français, les Egyptiens, c'est toujours avec une
majuscule, toujours.
M. LEVESQUE: Oui, j'aimerais mieux cela.
M. MORIN: Merci. Alors, c'est adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, dans la quatrième
ligne...
M. MORIN: C'est adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): ... Québécois, avec une
majuscule.
L'article 11 est adopté, avec amendement. Article 12?
M. MORIN: Un instant, M. le Président. Voulez-vous nous laisser
chaque fois quelques secondes pour qu'on relise attentivement?
M. le Président, si je comprends bien, il s'agit, avant tout, des
organisations internationales qui ont des locaux ou des représentants
sur le territoire du Québec. A l'heure actuelle, il y a avant tout
l'OACI, n'est-ce pas? dont les quartiers généraux sont à
Montréal.
M. LEVESQUE: La première partie de la phrase couvre toutes les
organisations internationales, comme par exemple l'Agence de coopération
culturelle et technique. La deuxième partie couvre disons l'OACI.
M. MORIN: Dans la deuxième partie, est-ce que des organismes
autres que l'OACI sont visés?
M. LEVESQUE: Non.
M. MORIN: Pour l'instant, il n'y en a pas d'autres.
M. LEVESQUE: Pour l'instant, non.
M. MORIN: Dans la première partie de l'article 12, est-ce qu'il
s'agit dans votre esprit de toutes les organisations internationales, y compris
par exemple l'UNESCO?
M. LEVESQUE: Dans la deuxième partie, si on veut simplement s'en
tenir aux organisations internationales, c'est l'OACI. Mais il faut lire: "...
il maintient à cet effet les liaisons nécessaires avec les
représentants de ces derniers..." Ces derniers, ce ne sont pas seulement
les organisations internationales, ce sont également les
gouvernements...
M. MORIN: Les autres gouvernements.
M. LEVESQUE: Pardon?
M. MORIN: Les autres gouvernements.
M. LEVESQUE: Bien oui. Alors, à ce moment-là, il y en a
plusieurs.
M. MORIN: A ce moment-là, cela peut être aussi bien les
consuls...
M. LEVESQUE: Les consulats.
M. MORIN: ... que les ambassadeurs, quoique... Non, il n'y en a pas, que
je sache, sur le territoire du Québec.
M. LEVESQUE: Ce sont des consulats... M. MORIN: Oui, des consulats.
M. LEVESQUE: ... que nous avons en particulier.
M. MORIN: Ou encore des bureaux de commerce.
M. LEVESQUE: Oui, il y a des bureaux de... M. MORIN: Est-ce que...
M. LEVESQUE: ... qui viennent d'autres gouvernements, même
d'autres provinces du Canada ou des Etats des Etats-Unis.
M. MORIN: Oui. Il y a quelques années, votre
prédécesseur ou l'un de vos prédécesseurs
à moins qu'il n'ait pas été titulaire de votre
ministère, mais en tout cas il s'occupait d'affaires
intergouvernementales M. Paul-Gérin La-joie, avait fait une
déclaration dans laquelle il soutenait que les représentants des
Etats étrangers, en particulier les consuls, devaient obtenir
l'exequatur du gouvernement québécois. Est-ce que c'est toujours
le cas? Est-ce que vous maintenez cette revendication?
M. LEVESQUE: Non. Ce n'est pas le cas. Nous maintenons une liste
officielle; cependant on aura remarqué que j'ai déposé un
autre projet de loi qui tient compte d'une certaine
réciprocité.
M. MORIN: Notamment, dans le traitement fiscal.
M. LEVESQUE: Oui.
M. MORIN: Oui, mais ce n'est pas...
M. LEVESQUE: Notamment.
M. MORIN: ... de cela que je vous parle. Ce dont je vous parle, c'est la
revendication bien précise de... Je ne sais pas s'il était votre
prédécesseur. En fait, je pense qu'il était, dans ce
temps, ministre...
M. LEVESQUE: De l'Education.
M. MORIN: ... de l'Education. Mais il s'occupait...
M. LEVESQUE: Oui, oui.
M. MORIN: ... de questions intergouvernementales. Votre
prédécesseur, vous le savez, a bel et bien déclaré
que les consuls en poste au Québec devaient désormais
requérir, obtenir l'exequatur.
M. LEVESQUE: II a peut-être formulé le voeu qu'il en soit
ainsi mais il faudrait que je vérifie. A notre connaissance, cela n'a
pas eu lieu. Cela n'a pas été le cas.
M. MORIN: Pourrais-je inviter le ministre à relire la
déclaration de son prédécesseur, en 1965, pour être
plus précis, par laquelle non seulement il formulait un voeu, mais il
affirme que juridiquement les consuls doivent obtenir l'exequatur de
Québec?
M. LEVESQUE: Ce n'est pas le cas.
M. MORIN: Vous avez abandonné cette revendication.
M. LEVESQUE: Apparemment, cela n'a pas été fait, mais je
vais vérifier. Au moins, je pourrai en parler, à un moment
donné, au chef de l'Opposition.
M. MORIN: Bien. De doute façon, si le ministre oublie de m'en
parler, je lui en recauserai lors de l'étude des crédits.
M. LEVESQUE: D'accord.
M. MORIN: Alors, pour cet article...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 12, adopté?
M. MORIN: Article 12. Encore une ou deux questions.
A l'heure actuelle, le Québec a-t-il des rapports, des
communications officielles avec l'UNESCO?
M. LEVESQUE: Evidemment, il faut définir ce qu'on entend par
communications: communications officielles, communications directes.
M. MORIN: Je ne pense pas à la correspondance.
M. LEVESQUE: Nous avons des participations, mais nous n'avons pas de
communications formelles et directes.
M. MORIN: Pas avec l'UNESCO? M. LEVESQUE: Non.
M. MORIN: Avec l'Organisation internationale du travail?
M. LEVESQUE: C'est la même chose.
Cependant, dans ces cas, nous devons dire que, surtout durant la
dernière année, nous avons commencé à nous
intéresser davantage aux relations entre notre gouvernement et ces
organismes internationaux. Nous nous sommes intéressés
particulièrement à la préparation des conférences
auxquelles nous participons avec le gouvernement fédéral.
M. MORIN: Le ministre pourrait-il me dire, pour résumer tout
cela, quelles sont les institutions spécialisées avec lesquelles
le Québec a des communications officielles, à l'heure
actuelle?
M. LEVESQUE: II y a l'Agence de coopération culturelle et
technique avec laquelle le gouvernement du Québec, étant
donné qu'il est un...
M. MORIN: Un membre participant.
M. LEVESQUE: ... gouvernement participant, a des relations directes.
M. MORIN: C'est tout? C'est modeste.
M. LEVESQUE: Si on laisse les organismes internationaux pour le moment,
on peut parler du gouvernement de France avec lequel nous avons des liens
directs et privilégiés.
Il y a évidemment les Etats membres de la
fédération canadienne, ainsi que l'Etat central.
M. MORIN: Bien sûr, mais là vous n'avez pas le choix,
tandis que, pour les autres, vous auriez le choix.
Bon. Pour l'article 12, réduit à ces modestes proportions
dans les faits, nous sommes prêts à l'accepter.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 12, adopté. Article
13?
M. MORIN: M le Président, je voudrais demander au ministre ce
qu'il peut faire lorsque la compétence constitutionnelle du
Québec n'est pas respectée par le pouvoir
fédéral.
Je vois qu'il a le souci de veiller à ce qu'elle le soit, ce qui
suppose que, quelquefois, elle ne l'est pas.
M. LEVESQUE: Je vais vous donner l'exemple des meuneries.
Nous avons décidé d'aider même vis-à-vis des
frais judiciaires. Alors, il y a là un geste que nous avons posé.
Je ne peux pas faire tout le tour de la question. S'il y avait quelque chose
dans l'article auquel s'opposait le chef de l'Opposition, je serais très
heureux de le regarder avec lui. Mais je pense qu'une des choses que le
ministère doit faire, c'est bien de veiller à ce que soit
respectée la compétence constitutionnelle du Québec.
Je pense que dans le mandat dont on parlait tout à l'heure, c'est
un élément essentiel et peut-être le premier
élément.
M. MORIN: Oui, bien sûr et je ne suis pas en
désaccord...
M. LEVESQUE: Les relations fédérales provinciales.
M. MORIN: ... avec ce qu'a dit le ministre. D'ailleurs je m'étais
déjà réjoui de voir qu'il avait accordé son appui
aux meuneries dans leur imbroglio avec le gouvernement fédéral,
avec les tribunaux fédéraux.
Le sens de ma question, c'est: quels sont les moyens à la
disposition du ministre lorsque surgit un grave conflit, un conflit permanent
de compétence constitutionnelle? Le ministre sait qu'il y en a.
M. LEVESQUE: II y a les tribunaux.
M. MORIN: II y en a dans la main-d'oeuvre, les communications...
M. LEVESQUE: II y a les tribunaux.
M. MORIN: Les tribunaux.
M. LEVESQUE: II y a les conférences
fédérales-provinciales, si vous le voulez, la pression politique,
il y a divers moyens, il y a tout un processus de consultations, il y a, enfin,
1,000 moyens.
M. MORIN: Mais, revenons au premier que vous avez indiqué, M. le
ministre, celui des tribunaux.
M. LEVESQUE: Je l'ai nommé le premier mais...
M. MORIN: Ce n'est pas votre préféré.
M. LEVESQUE: Peut-être que c'est celui qui vient lorsque les
autres moyens ayant été utilisés se sont
avérés inutiles.
M. MORIN: Autrement dit, c'est le moyen ultime.
M. LEVESQUE: Oui.
M. MORIN: Est-ce que c'est, selon vous, un moyen satisfaisant?
M. LEVESQUE: Voulez-vous parler de la cour constitutionnelle que vous
envisagez ou si vous voulez parler de la cour Suprême?
M. MORIN: Nous parlons de l'état des choses existantes. Nous
parlons du pitoyable présent.
M. LEVESQUE: Je pense que lorsque vous posez la question, si on
continuait à discuter, on arriverait à ce point-là,
et...
M. MORIN: Pour ne rien vous cacher, c'est à ce point-là
que j'essaie d'en venir.
M. LEVESQUE: Alors, le gouvernement du Québec a
déjà exprimé assez clairement, à plusieurs
reprises, qu'il préférerait un autre statut que celui qu'a
présentement la cour Suprême, si cette cour doit être la
cour de dernière instance en matière constitutionnelle.
Nous ne croyons pas qu'une cour, nous l'avons dit à maintes
reprises, je n'ai pas d'objection à le répéter,
formée exclusivement par la volonté d'un des gouvernements au
litige, ce n'est pas satisfaisant. Je suis convaincu que ce sont des hommes de
grand calibre, d'une grande objectivité, d'une grande
honnêteté, mais simplement la structure elle-même ne semble
pas répondre à notre satisfaction simplement intellectuelle.
M. MORIN: Maintenez-vous les positions de vos
prédécesseurs ou des premiers ministres antérieurs du
Québec, notamment M. Lesage et M. Johnson, à l'effet de ne pas
reconnaître la
compétence de la cour Suprême du Canada, en particulier
dans certains domaines comme les droits miniers sous-marins?
M. LEVESQUE: Nous avons dit, dans les droits miniers sous-marins, qu'il
s'agissait là d'un problème qui, dans notre esprit, devrait avoir
un règlement d'ordre politique.
Nous nous refusions à voir ce problème
décidé par les tribunaux. Je pense bien que le gouvernement
central, depuis lors du moins, a accepté ce point de vue du
Québec.
M. MORIN: Vous êtes donc sûr que le gouvernement central
n'aura pas recours à un avis consultatif de la cour Suprême sur
cette question? Vous en êtes assuré?
M. LEVESQUE: Evidemment, nous ne sommes pas les seuls en cause dans
cette question. Si le chef de l'Opposition a suivi le dossier récemment,
on a vu qu'une province en particulier, Terre-Neuve, semblait plus
intéressée à une décision ou à un avis de la
cour Suprême.
M. MORIN: Je dois dire que sa position est constitutionnellement
beaucoup plus forte que celle du Québec.
M. LEVESQUE: Je ne peux pas faire d'admission de cette nature, vu le
mandat qui est le mien. C'est peut-être...
M. MORIN: Je sympathise avec le ministre et je n'insiste pas. Tout cela
pour dire que les moyens d'action dont dispose votre ministère sont,
tout de même, en définitive, limités par un certain carcan
constitutionnel, qui fait partie de la nature des choses dans ce pays et qui
limite la portée réelle, la portée dans les faits de cet
article 13. Mais, enfin, M. le Président, si on ne peut pas être
volontaire, il faut au moins...
M. LEVESQUE: Le chef de l'Opposition admettra que, lorsqu'on analyse les
moyens que les Etats ont pour régler, par exemple des conflits entre
Etats, que l'on pense à la Cour internationale de justice ou que l'on
pense aux Nations Unies, il y a toujours un endroit où peut-être
on ne retrouve pas tous les moyens aussi satisfaisants que l'on voudrait pour
avoir raison, quand on voudrait avoir raison.
M. MORIN: Cest une question de degré, n'est-ce pas, et je pense
que le ministre serait peut-être plus content de plaider devant la Cour
internationale que devant la cour Suprême, à ce qu'il m'a dit tout
à l'heure.
M. LEVESQUE: M. le Président, je n'ai pas dit cela. Je n'ai rien
dit, tout à l'heure.
M. MORIN: Le ministre n'a rien dit tout à l'heure, M. le
Président. Puisqu'on ne peut pas se montrer plus brave que les faits ne
nous le permettent, eh bien, montrons-nous velléitaires et adoptons
l'article 13.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 13, adopté. Article
14?
M. MORIN: Ah! j'ai une question. Il semble qu'il y ait eu là une
certaine dilution de l'autorité du ministère. On dit que "le
ministère collabore avec les autres ministères du gouvernement
dans la mise en oeuvre à l'extérieur du Québec des
politiques dont ils ont la responsabilité". On énumère
certains domaines, comme l'immigration, l'éducation, l'industrie et le
commerce, les communications et les affaires culturelles. Est-ce que cela ne va
pas à l'encontre de l'article 10 dans lequel on disait qu'il coordonnait
les relations entre... Il faut que je prenne connaissance de l'amendement une
fois de plus.
M. LEVESQUE: Voici ce que l'on veut dire par là, M. le
Président.
C'est que nous n'avons pas voulu enlever je ne sais pas si c'est
assez clair, on pourrait peut-être le clarifier si on veut c'est
que l'on n'a pas l'intention d'assumer la responsabilité du contenu
sectoriel. C'est pourquoi l'on dit que le ministre collabore avec d'autres
ministères du gouvernement dans la mise en oeuvre, à
l'extérieur du Québec, des politiques dont ils ont la
responsabilité. Cette responsabilité c'est la
responsabilité sectorielle purement et simplement, responsabilité
interne du ministère. C'est pour ça que nous ne voulons pas
entrer dans le contenu lui-même parce que ça ça ne regarde
pas précisément le ministère des Affaires
intergouvernementales, pas plus qu'au gouvernement du Canada le
ministère des Affaires extérieures va introduire dans le contenu
même des politiques qui sont la responsabilité propre du ministre
sectoriel.
Mais nous ne pouvons cependant pas être étranger à
cela. C'est pourquoi nous collaborons avec.
M. MORIN: Autrement dit, l'article 14 doit être
interprété à la lumière de l'article 10.
D'après l'article 10, vous coordonnez toutes les activités du
gouvernement à l'extérieur du Québec ainsi que celle des
ministères...
M. LEVESQUE: Oui.
M. MORIN: ... et organismes et l'article 14 se situe à une sorte
de niveau inférieur, qui est celui des politiques internes. J'ai bien
compris?
M. LEVESQUE: Pas nécessairement inférieur mais disons
sectoriel.
M. MORIN: Sectoriel.
M. LEVESQUE: Je n'aimerais pas dire ça.
M. MORIN: Non, je comprends. Je com-
prends, mais le ministre sait la haute opinion que j'ai de son
ministère. Est-ce qu'il ne serait pas nécessaire de
préciser peut-être, je n'en fais pas un plat, mais est-ce qu'on ne
pourrait pas ajouter "internes" après "des politiques", ou
"sectorielles"? Je pense que "internes" serait plus précis.
M. LBVESQUE: Vous pouvez l'ajouter.
M. MORIN: Comment? On peut l'ajouter. Bon, alors, pour que les choses
soient en bonne et due forme, je propose qu'à l'article 14, à la
4e ligne, le mot "internes" soit ajouté après le mot
"politiques".
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Est-ce que cet amendement est
adopté? Adopté. Article 14, adopté avec amendement.
M. MORIN: Adopté. L'article 14 est adopté aussi, oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 15.
M. MORIN: A l'article 15...
M. LEVESQUE: Vous me permettrez, c'est parce que je posais une question
au sous-ministre en même temps.
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: Lorsqu'on dit "internes", on veut dire... Vous avez
proposé d'ajouter "internes".
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: Oui. Ce qu'on veut dire par là, c'est sectoriel. Je
pense par exemple à l'immigration, qui a des responsabilités
externes au Québec; par définition immigration est
sélection des immigrants. En mettant le mot "internes" l'on n'a pas
l'intention à ce moment-là d'enlever au ministère de
l'Immigration ses responsabilités sectorielles.
M. MORIN: Ce n'est pas le sens de... M. LEVESQUE: Non.
M. MORIN: Maintenant, si le ministre... Je ne veux pas non plus
créer des embêtements au ministre. J'ai fait cette proposition
d'amendement en toute bonne foi. Si elle crée des embêtements, le
ministre n'a qu'à le dire. On peut peut-être mettre le mot
"sectoriel" à la place. Mais je pense que c'est le mot "interne" qui
rend exactement ce que le ministre m'a dit, en tout cas. Cela va?
M. LEVESQUE: Très bien. On va vivre avec cela.
M. MORIN: Bien.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté...
M. MORIN: Oui. L'article 14 est adopté, mais...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): ... avec l'amendement. Article
15.
M. MORIN: ... l'article 15 n'est pas encore adopté.
UNE VOIX: Non, je le sais.
M. MORIN: Le ministre m'a expliqué tout à l'heure qu'il
utilisait le mot "ratification" dans un sens dynamique, mais je dois lui dire
que sur le plan du droit international, il y a des limites à la
façon dont on doit utiliser les mots. Si le ministre veut bien se
référer à la convention de Vienne sur le droit des
traités, il verra que la ratification a un sens hautement technique. La
convention de Vienne représente, à l'heure actuelle,
l'état du droit international. C'est une codification de la coutume et
je ne crois pas qu'on doive s'éloigner trop de ces termes.
Je ne veux pas non plus diminuer la portée du tournant historique
que le ministre est en train de faire prendre à son ministère
avec cet article, à supposer que la seconde hypothèse dont je
faisais état la semaine dernière soit l'hypothèse
correcte, mais je me demande si ce que le ministre veut dire n'est pas
"l'approbation" des traités, qui est un terme beaucoup plus
général et qui s'accommode mieux de la dynamique.
M. LEVESQUE: C'est une mise en oeuvre. C'est plus qu'une approbation,
c'est une mise en oeuvre. C'est une acceptation, par nous, un engagement, par
nous, de mettre en oeuvre des dispositions d'un accord.
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: A ce moment, on appelle cela "ratification". Maintenant, je
suis prêt à vivre avec cela pour mes propres fins, parce qu'il ne
s'agit pas pour moi de commencer à écrire du droit international,
ni pour nous ici. Si, dans la conception du chef de l'Opposition, l'alternative
lui plaît plus, il la comprendra comme cela.
M. MORIN: C'est-à-dire que je n'ai pas d'objection.
M. LEVESQUE: Je ne veux pas enlever de plaisir ou de jouissance au chef
de l'Opposition. S'il voit là-dedans quelque chose d'un geste
historique, il sera très heureux. Cela ne changera pas le texte de
l'article 15 du projet de loi. Quant à moi, ce qu'il veut dire, c'est
que le
gouvernement du Québec, par l'article 15, peut ratifier.
Si on n'aime pas le mot "ratifier", c'est accepter et mettre en oeuvre
et rendre obligatoires des dispositions sur lesquelles on s'était
entendu dans un accord ou un traité, au niveau international.
M. MORIN: Seulement pour clarifier cette question, dois-je comprendre
que le Québec va émettre des lettres de ratification?
M. LEVESQUE: Cela ne préjuge pas de cela.
M. MORIN: M. le ministre, qui ratifie, en général,
émet des lettres de ratification.
M. LEVESQUE: Ce qui arrive, je ne pense pas que nous soyons en droit
international purement, proprement dit. Il y a là un mécanisme
interne et il y a la transmission de cette décision ensuite par les
canaux réguliers.
M. MORIN: Vous voulez dire que vous communiquez votre soi-disant
ratification au pouvoir fédéral, c'est ça?
M. LEVESQUE: Dans certains cas. Cela n'exclut pas que l'on puisse faire
autrement. Mais, cela implique cette possibilité.
M. MORIN: Alors, cela fait deux ratifications pour un même
Etat?
M. LEVESQUE: C'est-à-dire que même si le gouvernement
fédéral ratifie quelque chose sur lequel il n'a pas
compétence, qu'est-ce que cela vaut? C'est lettre morte.
M. MORIN: C'est-à-dire qu'il peut le faire techniquement. Il ne
peut pas mettre en oeuvre.
M. LEVESQUE: II peut le faire, mais qu'est-ce que cela donne?
M. MORIN: II ne peut pas mettre en oeuvre. Si on utilise les mots
justes.
M. LEVESQUE: Même s'il prétendait pouvoir le faire ou
même s'il prétend pouvoir le faire, la mise en oeuvre est soumise
à la volonté du gouvernement du Québec dans les domaines
qui sont de la compétence exclusive de ce gouvernement. C'est cela que
je dis.
M. MORIN: C'est fort bien dit, mais ce qui m'étonne un peu, c'est
que le ministre semble confondre ratification et mise en oeuvre. Pour ce qui
est de la mise en oeuvre, je n'ai jamais eu le moindre doute que dans les cas
où cela relève de la compétence exclusive du pouvoir
québécois, du gouvernement québécois, le seul
pouvoir apte à mettre en oeuvre c'est bien, effectivement, cette
Assemblée, n'est-ce pas? Mais cela ne veut pas dire pour autant, si l'on
s'en tient au sens technique des mots, que le gouvernement
québécois soit habilité, dans l'état actuel de la
constitution, à ratifier ces mêmes accords.
M. LEVESQUE: C'est la question de définition du mot "ratifier"
qui peut faire qu'on pourrait discuter chacun prenant sa définition,
mais nous croyons être habilités à ratifier au sens
technique du mot. La définition utilisée par le chef de
l'Opposition me porte à croire que ce n'est pas réellement une
ratification.
M.MORIN: Pas si...
M. LEVESQUE: Mais je pense que nous allons rester avec ce texte.
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: En effet, que ce soit dans l'optique du chef de
l'Opposition ou dans l'optique que j'ai essayé d'élaborer et de
définir, ce texte correspond à ce que veut l'Assemblée
nationale.
M. MORIN: Oui. Le ministre ou le sous-ministre connaissent-ils la
pratique antérieure? Effectivement, il y a eu des cas où le
Québec a donné son approbation ou son consentement
souvent, les textes expédiés par Québec étaient
rédigés en anglais; alors, si vous regardez dans vos archives,
vous allez trouver "the Quebec's consent" à des accords conclus et
ratifiés par le pouvoir fédéral. Je pense, en particulier,
aux conventions sur la procédure civile. Le ministre sait cela.
M. LEVESQUE: C'est exact.
M. MORIN: Bon. Il y a donc des précédents et le mot
"approbation" ou le mot "consentement" a déjà été
utilisé dans le passé. Si je comprends bien, c'est cela que le
ministre a dans l'idée, sauf qu'il emploie un mot nouveau, un
néologisme, et qu'il appelle ça la ratification.
M. LEVESQUE: Sous le parapluie "ratification", vous avez l'exemple que
vous venez de donner. Mais il peut, avec l'évolution des choses, y avoir
d'autres genres qui rentrent sous le parapluie "ratification", quant à
ma conception.
M. MORIN: Oui. Tout à l'heure, le ministre disait que
j'évoluais dans son sens. Si je comprends bien, il est en train
d'évoluer dans le mien.
M. LEVESQUE: Ce que je viens de dire n'est pas du tout dans le sens de
ce que vient de dire le chef de l'Opposition. Mais il y a des accords, par
exemple, qui peuvent être... Le droit international évolue. Il y a
des choses qui n'auraient pas été pensables il y a dix ans.
Mais,
même avec le régime fédéral que nous
connaissons, il y a des gestes, que nous avons posés récemment
dans le domaine international, qu'il n'aurait pas été possible
même d'envisager il y a dix ans.
M. MORIN: Oui. Je vois qu'il est six heures.
M. LEVESQUE: Est-ce que je puis demander au chef de l'Opposition... A ce
moment, je quitte le chapeau de ministre des Affaires intergouvernementales et
je reprends celui du leader du gouvernement. J'aimerais pouvoir donner une
indication aux membres de l'Assemblée des commissions qui pourront
être convoquées ce soir.
M. MORIN: Nous avons adopté quinze articles, M. le
Président, parce que j'allais consentir à ce que l'article 15
soit adopté.
M. LEVESQUE: Oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'article 15, adopté.
M. MORIN: Oui. Mais il nous en reste, ma foi, encore 25. Je ne peux pas
vous dire de façon précise combien de temps cela va prendre. Je
vois que j'ai des questions. Peut-être trois quarts d'heure, une heure,
peut-être un peu plus même. Cela dépendra de la
volubilité du ministre.
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on pourrait essayer de convoquer les commissions
pour neuf heures, réunir la Chambre de huit heures et quart à
neuf heures, espérant que, comment appelez-vous cela, l'humilité
ou je ne sais quoi, la coopération... On peut convoquer les commissions
pour neuf heures?
M. MORIN: Je pense que probablement, pour neuf heures, on peut compter
avoir fini.
M. LEVESQUE: Je remercie le chef de l'Opposition. Les commissions
suivantes devront se réunir à neuf heures.
Faites donc rapport, s'il vous plaît. Excusez-moi.
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre commission n'a pas
fini de siéger et demande la permission de siéger à
nouveau.
LE PRESIDENT: Permission accordée.
Travaux parlementaires
M. LEVESQUE: M. le Président, les commission suivantes
siégeront ce soir, à partir de neuf heures, dans les salles
suivantes:
Au salon rouge, où on vient de suspendre les travaux, il s'agit
de la commission parlementaire des affaires municipales, qui poursuivra ses
travaux non pas à neuf heures, elle, mais à huit heures
quinze.
A neuf heures, à la salle 81-A, la commission des affaires
sociales, pour l'étude des projets de loi au nom du ministre des
Affaires sociales. Je pense qu'il ne s'agissait que d'un projet de loi, le
projet de loi no 93.
A la salle 91-A, également à neuf heures, le projet de loi
no 20, Loi sur l'assurance-récolte, à la commission de
l'agriculture.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, pour ce qui est du
projet de loi no 20, Loi sur l'assurance-récolte, mon collègue de
Beauce-Sud et moi-même sommes fortement intéressés mais
nous sommes pris, actuellement, à l'autre commission. Je pense que
l'honorable ministre va concéder que sur l'assurance-récolte, on
a fait tous les deux des débats. Actuellement, nous sommes pris avec
un...
M. LEVESQUE: L'honorable député comprendra que nous avons
convoqué...
M. CARPENTIER: II est membre de toutes les commissions.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non, non. Je ne vais pas partout. C'est
impossible.
M. LEVESQUE: ... non pas seulement le ministre de l'Agriculture, mais
les fonctionnaires du ministère de l'Agriculture. J'ai beaucoup de
compréhension et de sympathie pour le député de Johnson,
qui doit se diviser en trois lorsqu'il y a trois commissions qui
siègent, mais d'un autre côté on ne peut pas paralyser les
travaux de la Chambre, surtout à ce moment-ci. J'espère que le
député de Johnson ne m'en voudra pas, qu'il pourra
peut-être passer une heure à un endroit et une heure à
l'autre.
J'ai toujours manifesté beaucoup de bonne volonté,
j'aimerais bien pouvoir faire plaisir; d'ailleurs, je sais que le
député de Chicoutimi est bien intéressé, c'est sa
propre région qui est touchée. Il était sans doute
à la commission parlementaire des affaires municipales mais, à
neuf heures, il devra aller à la commission parlementaire des affaires
sociales. C'est la même chose pour les ministériels qui, eux
aussi, aimeraient, j'en suis convaincu, particulièrement dans le domaine
social ou agricole, être à la commission parlementaire des
affaires municipales. Moi-même, j'aimerais être aux trois.
M. MORIN: M. le Président, n'avions-nous pas retardé un
vote cet après-midi?
M. LEVESQUE: Nous l'avons fait, je pense. LE PRESIDENT: C'est ce matin,
je crois.
M. MORIN: Je me suis absenté dans l'intervalle.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avions convenu, ce matin, que
nous pourrions déposer un rapport. Il s'agit du rapport sur les
assurances. La Loi sur les assurances.
M. CHARRON: M. le Président.
LE PRESIDENT: C'est inscrit au nom du député de
Lévis. Vous avez la parole.
Rapport sur le projet de loi no 7
M. CHAGNON: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives qui a
étudié le projet de loi no 7, Loi sur les assurances, et qui a
adopté tous les articles et leurs amendements.
LE PRESIDENT: Rapport déposé. Est-ce qu'on peut s'entendre
pour que le délai pour apporter des amendements au projet de loi soit
prolongé peut-être jusqu'à demain midi?
M. LEVESQUE: D'accord, M. le Président.
M. BURNS: Volontiers.
LE PRESIDENT: Consentement?
M. LEVESQUE: Sans affecter les étapes, s'il y a lieu.
M. MORIN: Non, sans modifier les étapes. LE PRESIDENT: Sans
modifier les étapes...
M. LEVESQUE: Je ne crois pas que cela les modifie, mais au cas
où.
LE PRESIDENT: ... de l'étude du projet de loi.
M. LEVESQUE: M. le Président, la Chambre ajournera vers neuf
heures, d'après les consultations que nous avons eues tout à
l'heure, pour que les trois commissions puissent siéger à partir
de neuf heures.
En attendant, je propose la suspension de la Chambre jusqu'à
vingt heures quinze.
LE PRESIDENT: L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à
vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 10)
Reprise de la séance à 20 h 22
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: Je fais motion pour que vous quittiez maintenant le
fauteuil et que la Chambre se forme en commission plénière.
LE PRESIDENT: Pour étudier...?
Projet de loi no 59 Commission plénière
(suite)
M. LEVESQUE: Le projet de loi dont l'étude a été
entamée avant la suspension, soit le projet de loi no 59, Loi du
ministère des Affaires intergouvernementales.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. MERCIER (président de la commission plénière): A
l'ordre, messieurs!
M. MORIN: II y a d'abord le titre du chapitre 3, M. le Président,
sur lequel j'aurais quelques observations. Depuis 1965 environ, on a
créé cette expression d'ententes intergouvernementales. Je me
suis toujours demandé si elle était heureuse ou pas, si elle
traduisait bien le genre d'accord qui est conclu par le Québec.
Effectivement, les premières "ententes" conclues par le Québec
étaient intitulées accords; avant que la terminologie ne devienne
plus sûre, on parlait d'accords. D'ailleurs, je fais remarquer au
ministre que, dans le troisième paragraphe de l'article 16, on trouve
une définition de l'entente qui est la suivante: "On entend par "entente
intergouvernementale", dans la présente loi, un accord intervenu, etc."
Donc, ce vocabulaire, qui ne pèche pas par précision, me
paraît peut-être un peu trop vague et je ne vois pas pourquoi le
ministère des Affaires intergouvernementales hésite à
parler d'accord, carrément d'accord.
En tout cas, je le proposerai au ministre. Avant d'en faire une
proposition en bonne et due forme, j'aimerais bien qu'il me donne son sentiment
là-dessus. Autrement dit, il s'agirait d'enlever ce mot d'"entente" et
de parler d'accords gouvernementaux.
Etant donné qu'on a choisi le mot "intergouvernementales" de
préférence au mot "extérieures", je pense qu'il faut
garder intergouvernementaux. Mais le mot "ententes" ne me parait pas
satisfaisant. Il étonne en tout cas. Je puis assurer le ministre qu'il
étonne à l'étranger.
On se demande ce que c'est, ce mot "ententes", qui n'existe pas dans le
vocabulaire technique du droit international. Alors, je proposerais
que le chapitre III soit intitulé Les accords
intergouvernementaux et que, dans tous les articles suivants où le mot
"ententes" paraît, on y substitue le mot "accords", ce qui
entraînerait peut-être une petite modification de l'article 16, par
la suite, où on définit une entente comme étant un accord.
Si le ministre accepte l'idée du mot accord, on pourrait, par la suite,
dire: On entend par accord intergouvernementaux là, on peut
utiliser le mot entente qui n'a pas de sens technique toute entente
intervenue entre le gouvernement, etc.
Autrement dit, le titre officiel, le vocable officiel serait "accords
intergouvernementaux". Je regrette que le sous-ministre n'ait pas
été là pour entendre...
M. LEVESQUE: J'attendais l'arrivée du sous-ministre, parce que
moi, je n'avais pas une bonne réponse prête. Il semble que le
sous-ministre, non plus, n'a pas une bonne réponse prête, parce
que, dans le fond, ce sont des synonymes.
M. MORIN: Bien, pas tout à fait. C'est parce que accord, c'est le
mot qui est consacré sur le plan international. On parle toujours
d'accords internationaux ou...
M. LEVESQUE: Par contre, voici ce qui me vient à l'esprit: Si
c'était simplement les accords...
M. MORIN: Intergouvernementaux.
M. LEVESQUE: ... entre le gouvernement du Québec et un
gouvernement étranger, je songerais peut-être naturellement au mot
accord. Là, j'essaie de nuancer un peu; peut-être que j'ai tort,
mais je crois que le mot ententes se prête mieux à l'ensemble des
accords, si on veut, qui touchent les relations entre Etats membres de la
fédération canadienne. Là, ce serait plutôt des
ententes intergouvernementales. Je réfléchis tout haut,
laissez-moi finir.
Je crois que de tels accords entre le gouvernement fédéral
et le gouvernement du Québec pourraient être plus dans le genre
d'entente suivant: Je pense à l'entente-cadre, par exemple, de
développement régional. Il s'agit là beaucoup plus d'une
entente que d'un accord.
Je crois que c'est un terme plus générique, à mon
sens. Je n'ai pas eu le temps de l'étudier. C'est ma première
réaction, je l'avoue, mais je crois qu'entente, dans mon esprit du
moins, est plus générique que le mot accord, qui semble plus
technique au point de vue d'ententes internationales, d'Etat à Etat.
M. MORIN: II faut peut-être se référer à
l'anglais pour voir à quel point on a créé pour le
Québec un vocabulaire qui en quelque sorte minimise la portée de
ce qu'il fait. En anglais, c'est le mot "agreement"...
M. LEVESQUE: C'est peut-être plus réaliste.
D'ailleurs, en anglais, on garde le même nom "agreement,
agreement".
M. MORIN: Bon, bien c'est cela.
M. LEVESQUE: "... the words "intergovernmental agreement" mean an
agreement...".
M. MORIN: Voilà. Bon. Je pense que le ministre commence à
comprendre mon point. En anglais, qu'il s'agisse d'accords internationaux, on
emploie le mot "agreement"; qu'il s'agisse d'accords interprovinciaux ou
fédéraux-provinciaux, c'est toujours "agreement". Je ne vois pas
pourquoi vous ne standardiseriez pas le vocabulaire en français
aussi.
M. LEVESQUE: II me semble que le mot accord en français a une
connotation un peu différente. Je crois qu'en ayant deux mots en
français c'est justement parce qu'il y a une nuance entre le mot accord
et le mot entente. Et je pense que ce que nous faisons présentement,
enfin, ce qui colle le plus à la réalité de nos relations
intergouvernementales et la conclusion des ententes, c'est le mot entente qui
le traduit le mieux.
M. MORIN: Vous avez failli dire accord, et vous auriez eu raison, parce
qu'en fait... Ecoutez. Vous ne m'avez pas convaincu, M. le ministre.
J'espérais vous convaincre plus facilement que cela.
M. LEVESQUE: D'accord. On va simplement vérifier certaines
définitions et on y reviendra à la fin, si l'on veut, parce que
je ne veux pas en faire une question de...
M. MORIN: Non, mais cela aurait l'avantage, à l'égard de
l'extérieur, de simplifier peut-être la situation du
Québec. Lorsqu'on entend utiliser cet étrange vocabulaire qui
n'est connu nulle part, qui est spécifique au Québec, à
l'étranger on dit: Qu'est-ce que c'est, entente? Cela n'a pas cours dans
le jargon technique. On ne parle jamais de cela. On a inventé cela pour
le Québec, une sorte de diminutif qu'on a inventé pour le
Québec. Alors, je trouve que c'est désuet. A l'époque
où l'on hésitait, où le Québec faisait ses premiers
pas dans ce domaine, on pouvait peut-être se contenter d'une telle
expression.
Aujourd'hui, je n'en vois pas la raison.
M. LEVESQUE: Voulez-vous prendre la suggestion d'attendre et d'y revenir
simplement? C'est une question de vocabulaire.
M. MORIN: Alors on pourra y revenir tout à l'heure.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 16.
M. MORIN: L'article 16 est suspendu, si je comprends bien.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 17.
M. MORIN: A l'article 17, M. le ministre, je suis amusé de
trouver l'expression "approuvées" et non "ratifiées".
L'expression que je vous suggérais tout à l'heure d'employer
à la place de "ratification".
M. LEVESQUE: Approuvées, voulez-vous dire?
M. MORIN: Bien oui, vous utilisez justement le mot "approuvées"
et non "ratifiées". Pourquoi ne standardisez-vous pas votre vocabulaire?
Pourquoi ne dites-vous pas également ici "ratifiées"?
M. LEVESQUE: Je pense que "ratifiées" comprend plus qu'une
approbation, parce que cela implique peut-être une décision de
l'Assemblée nationale.
M.MORIN: Ah! non. M. LEVESQUE: Peut-être.
M. MORIN: La ratification est toujours un acte de l'Exécutif.
M. LEVESQUE: Je comprends, mais elle donne suite à une
approbation ou un vote de l'Assemblée nationale. On ne peut pas donner
suite à des accords dans le domaine du travail... Des accords
internationaux, souvent, cela prend une législation.
M. MORIN: Je m'excuse, M. le ministre, on confond encore "ratification"
et "mise en oeuvre".
M. LEVESQUE: La mise en oeuvre, oui.
M. MORIN: La ratification, c'est de ça qu'il s'agit ici.
L'approbation est un acte de l'Exécutif, tandis que la mise en oeuvre,
est un acte législatif.
M. LEVESQUE: Justement, je pense que je suis de plus en plus convaincu
qu'"ententes intergouvernementales" est l'expression juste, parce qu'ici, il
s'agit autant d'accords ou d'ententes qui sont approuvés et qui touchent
les rapports entre le gouvernement du Québec et d'autres Etats membres
de la fédération.
M. MORIN: Mais dans la langue...
M. LEVESQUE: A ce moment, il n'y a pas de ratification, il n'y a pas de
traité. Cela couvre l'ensemble, c'est beaucoup plus
générique.
M. MORIN: J'ai beaucoup moins d'objection à utiliser
"approuvées" ici, qui me paraît peut-être plus
réaliste, qu'à l'utilisation de "ratifier" dans l'article 15, si
ma mémoire est bonne, pourvu qu'on en vienne, éventuellement,
à la conclusion que les mots "accord intergouvernemental" est plus
juste. On peut effectivement approuver un accord intergouvernemental. Je n'en
fais pas un plat; je voulais attirer l'attention du ministre sur ce vocabulaire
quelque peu hésitant. Je suis prêt à approuver l'article
17.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 17, adopté. Article
18?
M. MORIN: Un instant, M. le Président. Est-ce que le ministre
pourrait expliquer la portée de cet article?
M. LEVESQUE: ... assuré que lorsqu'une loi prévoit la
signature d'un ministre, le présent projet de loi ne le libère
pas de cette obligation, à moins que le lieutenant-gouverneur en
conseil...
M. MORIN: Vous êtes sûr que c'est cela que cela veut dire?
J'ai l'impression, puisqu'il s'agit de donner effet aux ententes, que cela veut
dire que le ministre, si je le comprends bien...
M. LEVESQUE: II y aura deux signatures: celle du ministre des Affaires
intergouvernementales et celle du ministre que la loi indique.
M. MORIN: Pour donner effet, c'est-à-dire tous les décrets
d'application, éventuellement. C'est cela?
M. LEVESQUE: Je crois qu'il est important que, si une loi exige la
signature d'un ministre sectoriel, et que cette signature continue d'être
requise, cette loi-ci ne libère pas le ministre de cette obligation.
M. MORIN: Autrement dit, il y a des actes gouvernementaux...
M. LEVESQUE: Mais, ici, on parle...
M. MORIN: ... qui vont exiger deux signatures.
M. LEVESQUE: Non. Mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit toujours des
ententes intergouvernementales.
M. MORIN: Oui. J'ai compris. Mais est-ce que cela signifie que, dans
certains cas...
M. LEVESQUE: Mais pas des décisions internes, disons,
d'application. Ce n'est pas ça qui est touché. Ce sont les
ententes elles-mêmes.
M. MORIN: Bien oui, mais ici on parle de donner effet aux ententes.
Donner effet aux ententes, c'est les mettre en oeuvre, c'est les appliquer.
M. LEVESQUE: Pardon? Excusez-moi.
M. MORIN: Donner effet à une entente, c'est l'appliquer, c'est la
mettre en oeuvre. Bon. Alors, expliquez-moi. Est-ce que cela signifie que, sur
le plan interne, quelquefois cela va être une signature autre que celle
du ministre et même, dans certains cas, cela pourrait être la
signature, votre signature, plus celle d'un autre ministre ou celle d'une autre
personne qui a signé l'entente?
M. LEVESQUE: Cela peut être la signature on le verra
à l'article 19 avec l'autorisation du lieutenant-gouverneur, du
ministre des Affaires intergouvernementales seul. Mais l'article 18, à
moins qu'il n'y ait cette autorisation, indique que le ministre sectoriel doit,
lui aussi, signer. Autrement dit, c'est une ou deux signatures. Mais, pour
avoir seulement une signature du ministre des Affaires intergouvernementales,
cela prend l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. MORIN: Bien. D'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 18, adopté?
M. MORIN: Je suis prêt à l'adopter, oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 19?
M. MORIN: Pourriez-vous, comme pour l'article 18, élaborer un peu
le sens précis de cet article?
M. LEVESQUE: II me semble que j'ai été assez clair. Pour
rendre valide une entente intergouvernementale, il s'agit d'avoir la signature
du ministre sectoriel. Il est normal que le ministre sectoriel ne perde pas
l'autorité sur les responsabilités qui lui incombent par la loi.
Mais on veut être sûr également que, s'il s'agit d'ententes
intergouvernementales, le ministre des Affaires intergouvernementales y
participe. Donc, deux signatures.
Cependant, l'article 19, lui, permet que seul le ministre des Affaires
intergouvernementales y participe et signe seul. A ce moment-là, il ne
peut pas le faire, c'est normal, sans que ses collègues du cabinet ne
l'aient autorisé à ce faire, incluant le ministre sectoriel. Par
exemple, en cas de maladie, d'absence.
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 19, adopté. Article
20?
M. MORIN: Le ministre pourrait-il, à l'égard du second
alinéa de cet article, indiquer dans quelles circonstances une
commission scolaire peut être habilitée à signer une
entente, au nom du gouvernement, avec un autre gouvernement, comme le
gouvernement du Canada ou un gouvernement étranger?
M.LEVESQUE: Premièrement, une commission scolaire ne fait jamais
une telle entente en son nom, mais au nom du gouvernement.
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: On me dit qu'il arrive certains cas, comme les commissions
scolaires dans le Grand Nord, dans le Nouveau-Québec, la question des
Indiens, qui doivent s'engager vis-à-vis du gouvernement
fédéral dans le domaine de l'éducation, de l'enseignement
aux Indiens. Il y a également l'éducation des adultes, lorsqu'il
y a des ententes entre une commission scolaire qui va donner des cours aux
adultes dans certains cas précis et dont les fonds proviennent du
gouvernement fédéral dans une compétence de lutte au
chômage.
A ce moment-là, la commission scolaire ne le fait pas en son nom
mais au nom du gouvernement du Québec et elle y est autorisée au
préalable.
M. MORIN: Est-ce seulement la conclusion qui doit être
autorisée au préalable ou si la négociation doit
l'être également? Autrement dit, est-ce que l'initiative peut
venir de la commission scolaire qui entame des négociations avec le
gouvernement fédéral, par exemple, votre autorisation
n'intervenant qu'au moment de la conclusion, avant la conclusion?
M. LEVESQUE: C'est pour cela que nous avons marqué "avec
l'autorisation préalable" pour éviter toute initiative de la part
d'une commission scolaire.
M. MORIN: Alors, ce ne serait pas mieux de mettre "négocier"
à la place de "conclure", parce que conclure, techniquement, c'est
seulement le dernier acte? Quand on a fini de négocier, on conclut
l'accord.
Je vois que votre sous-ministre est d'accord, ce serait peut-être
"négocier" qui serait le mieux, ou "négocier et conclure", je ne
le sais pas.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas cela qui me frappe; c'est qu'on devrait
peut-être utiliser la négative à ce moment-là.
M. MORIN: J'aimerais mieux, moi, la négative, personnellement. En
fait, ce que vous avez dans l'idée, c'est une interdiction.
M. LEVESQUE: Oui.
M. MORIN: Vous le présentez autrement, comme une sorte
d'autorisation.
M. LEVESQUE: ... négocier, j'aimerais mieux la
négative.
M. MORIN: Moi aussi. On pourrait dire alors: "Aucne commission scolaire
ne peut négocier une telle entente au nom du gouvernement sans
l'autorisation préalable de ce dernier".
M. LEVESQUE: Je ferai remarquer que le premier alinéa est
négatif. Le toutefois amène donc une demande de positif dans le
deuxième.
M. MORIN: Oui. "Négocier" réglerait le
problème.
M. LEVESQUE: Peut-être que le mot "ou" serait mieux:
"négocier ou conclure"...
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: ... et non pas "et" parce qu'à ce moment-là
il faudrait les deux.
M. MORIN: Oui, d'accord. "Négocier ou conclure".
M. LEVESQUE: "Négocier ou conclure".
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors, après "nullité",
on dit: "négocier ou conclure". Article 20, adopté?
M. MORIN: Un instant, un instant.
M. LEVESQUE: Une commission scolaire peut c'est la
première ligne du deuxième alinéa...
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: "Toutefois une commission scolaire peut négocier ou
conclure une telle entente au nom du gouvernement..."
M. MORIN: C'est cela. Maintenant, est-ce que vous voulez qu'on revienne
un instant dans le premier alinéa? Je vois "nulle commission
scolaire..." Ne croyez-vous pas que ce serait plus français de dire
"aucune"? Nulle c'est anglais, je pense, c'est une traduction peut-être
un petit peu trop littérale.
M. LEVESQUE: Pas d'objection, si vous pensez que...
M. MORIN: Je pense que c'est nettement mieux de dire "aucune commission
scolaire ne peut faire telle chose. Remarquez, c'est...
M. LEVESQUE: Je n'ai pas d'opinion arrêtée
là-dessus, on peut laisser aux légistes peut-être, du
consentement de la commission, s'il y avait des raisons particulières
pour employer "nulle" ou "aucune", de le mettre indifféremment. Je n'ai
pas d'objection à accepter l'amendement, sous cette réserve.
M. MORIN: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 20, adopté tel
qu'amendé?
M. MORIN: Tel qu'amendé et avec l'entente que nous venons de
conclure, entente !
M. LEVESQUE: Entente ou accord! M. MORIN: Vous avez... ou accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 21.
M. MORIN: M. le Président, j'aimerais demander au ministre qui
est visé par cet article. Quel organisme en particulier? L'on recommence
de la même façon, c'est encore...
M. LEVESQUE: Vous avez...
M. MORIN: ... cette mauvaise rédaction qui commence par
"nul".
M. LEVESQUE: On va arrêter cela. Il y aura concordance s'il y a
lieu.
M. MORIN: Oui, d'accord. Alors, on dirait éventuellement
"aucun...
M. LEVESQUE: Organisme public, il est défini au troisième
alinéa.
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: Alors, c'est ce que je veux dire par organisme public. Il y
a trois volets dans le troisième alinéa; il y a les organismes
publics: Dont le lieutenant-gouverneur en conseil ou un ministre nomme la
majorité des membres; c'est un cas. Le deuxième, c'est: Dont la
loi ordonne que les fonctionnaires ou employés soient nommés ou
rémunérés suivant la Loi de la fonction publique. Il y a
un "ou" si on remarque bien, avant le troisième c'est "ou". Alors, ce
n'est pas nécessaire d'avoir les trois éléments, mais un
ou l'autre de ces éléments.
M. MORIN: Je vois.
M. LEVESQUE: Le troisième, c'est: Dont les ressources proviennent
pour plus de la moitié du fonds consolidé du revenu. Alors on
peut songer à l'Hydro-Québec, on peut songer aux
universités, on peut songer à une foule d'organismes. C'est
pourquoi on a l'article 22 qui permet au lieutenant-gouverneur en conseil
d'exclure de l'application de la présente loi en tout ou en partie les
catégories est-ce que c'est cela? Oui d'ententes qu'il
désigne. D'ailleurs, un peu plus loin, dans les disposi-
tions finales, on dit: "La présente loi entre en vigueur le jour
de sa sanction à l'exception de l'article 21". Alors, justement parce
qu'on n'a pas toutes les données, on a trouvé plus prudent de
mettre en vigueur l'article 21 un peu plus tard lorsque nous aurons
complété notre enquête et nos consultations.
M. MORIN: Sur tous les organismes qui sont susceptibles d'avoir conclu
des ententes ou d'en conclure.
M. LEVESQUE: Oui, exactement et le type également d'entente qu'il
conclut. Alors pour être plus prudents, nous avons jugé à
propos, tout en définissant "organisme public", de laisser quelque temps
passer, afin de compléter notre étude de la situation.
M. MORIN: D'accord. Est-ce que vous acceptez...
M. LEVESQUE: En rapport avec leur ministère de tutelle. Nous
sommes déjà en rapport avec les ministères de tutelle de
plusieurs de ces organismes pour nous renseigner davantage, avant de promulguer
l'article 21.
M. MORIN: Je comprends. Est-ce que le ministre accepterait de mettre
"aucun" à la place de "nul" au début de cet article, de la
même façon?
M. LEVESQUE: Mutatis mutandis, si on change un on changera l'autre avec
la même réserve. On va laisser les savants légistes nous
dire s'ils ont des objections. Quant à moi je n'en ai pas.
M. MORIN: A l'article 21 nous n'avons pas d'objection, ni à
l'article 22, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors "nul" est remplacé par
"aucun".
M. LAVOIE: M. le Président, avec votre permission, il est vrai
qu'il est plutôt rare qu'un président prenne part au débat,
mais la coutume parlementaire a toujours permis à un président de
prendre part à la discussion en commission plénière ou en
commission parlementaire. A la suite de la lecture de l'article 21 et de
l'article 22, tels que rédigés, je craindrais que le
troisième paragraphe de l'article 21 puisse couvrir l'Assemblée
nationale, qui nécessairement est comprise dans la définition
qu'on voit au troisième paragraphe de l'article 21, entre autres, "dont
le lieutenant-gouverneur en conseil ou un ministre nommé", et un peu
plus loin, "dont la loi ordonne que les fonctionnaires ou employés sont
nommés ou rémunérés suivant la Loi de la fonction
publique" qui s'applique à l'Assemblée nationale.
M. MORIN: Oui, le président a raison là-dessus.
M. LAVOIE: Et, également, "ou dont les ressources proviennent,
pour plus de la moitié, du fonds consolidé du revenu." Je pense
bien qu'il y aurait danger. Je connais quand même le respect du ministre
qui présente le projet de loi pour le grand principe du partage des
pouvoirs entre l'exécutif et le législatif. Même si une
tutelle amicale pourrait être acceptable de la part du ministre des
Affaires intergouvernementales, je pense bien que, dans le respect de
l'autonomie de notre Parlement et de l'Assemblée nationale, il faudrait
prévoir que cette loi n'assujettirait pas une institution qui est
l'Assemblée nationale à l'Exécutif, notamment au
ministère des Affaires intergouvernementales.
Et pour cette raison, je pense bien qu'à l'article 22 on pourrait
ajouter un paragraphe, après consultation avec les légistes
d'ailleurs et préavis, qui pourrait se lire comme suit: sont notamment
exclues de la présente loi les ententes auxquelles l'Assemblée
nationale est partie. Je ne sais pas si ce serait suffisant. Vous savez que
nous faisons partie de deux associations internationales, entre autres l'AIPLF,
l'Association internationale des parlementaires de langue française, et
CPA, Commonwealth Parliamentary Association ou l'Association des parlementaires
du Commonwealth, et il peut y avoir des protocoles, il peut y avoir des
échanges.
Il y a eu même un fonctionnaire, qui était du
ministère des Affaires intergouvernementales, qui a été
prêté à l'AIPLF. Mais si cette rédaction,
d'après les conseillers juridiques, est satisfaisante, moi...
M. MORIN: Je suis en gros, d'accord. Je m'interroge seulement sur la
meilleure façon d'exprimer la chose. Dans les autres pays, les
Assemblées nationales, les Parlements ne concluent pas d'accords, ne
concluent pas d'ententes internationales, encore moins, à fortiori,
intergouvernementales.
Il y a, généralement, tout de même, certaine
sujétion des rapports que pourrait avoir une Assemblée nationale
avec les Etats étrangers, sujétion à la diplomatie de
l'Etat en question.
La question se pose peut-être moins chez nous, puisque nous
n'avons pas encore de diplomatie, sauf celle du président de
l'Assemblée, comme à Bruxelles, mais, sur le plan juridique, j'ai
quelques hésitations.
M. LAVOIE: Je pourrais vous donner un exemple. Entre autres, lors d'une
dernière mission à Paris, au mois d'octobre, nous avons voulu,
sans écrit concret, institutionnaliser des échanges de
parlementaires. Une année, le Québec recevrait un groupe de cinq
ou six parlementaires, ici, en visite au Parlement, en comité de
travail, et, l'année suivante, avec une rotation un peu continue, les
parlementaires du Québec seraient les invités des parlementaires
français. Nous l'avons fait de vive voix, sans écrit. Avec
l'évolution qu'a le Parlement du Québec actuellement et
l'ouverture que l'As-
semblée a même avec des pays de droit parlementaire
britannique ou de l'autre section, de notre tradition de francophonie, ou
même avec d'autres pays, nous avons couramment des échanges soit
avec la Hongrie, à l'occasion avec la Roumanie ou d'autres. Ce n'est pas
l'intention de l'Assemblée de partir en campagne pour établir des
relations écrites et formelles avec les autres Parlements. Mais nous
voulons pousser encore de l'avant ces échanges. C'est une
expérience nouvelle pour les parlementaires québécois et
nous voulons apporter à l'étranger notre expérience et la
contribution du Québec et du Canada, quitte à aller chercher
ailleurs des renseignements utiles pour les travaux de notre
Assemblée.
Vous dites que ce n'est pas la coutume, qu'il n'est pas question pour
l'Assemblée de signer des traités. Je voudrais me limiter, dans
le respect du partage des pouvoirs, entre l'Exécutif et le
Législatif. Pour le moment et pour longtemps, c'est cela. Nous devons
respecter cette division qui doit exister entre le Législatif et
l'Exécutif. La rédaction que vous trouverez convenable sera
acceptable à celui qui vous parle.
M. MORIN: Moi aussi, M. le ministre, je suis prêt à m'en
remettre à vos conseillers juridiques sur ce point...
M. LEVESQUE: D'accord.
M. MORIN: ... à la condition que vous nous informiez du
résultat.
M. LEVESQUE: Oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 21, adopté tel
qu'amendé, et article 22, adopté tel qu'amendé. Article
23? Je remarque qu'à l'article 23 il manque un "i" à
ministre.
M. MORIN: Oui, cela, c'est l'imprimeur.
A l'article 23, nous n'avons pas d'objection.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 24?
Adopté?
M. MORIN: Non, un instant. Si j'ai bien compris la portée de cet
article, le délégué général
représente, dans le pays où il se trouve, tous les
ministères. Quand vous dites "tous les secteurs d'activité qui
sont de la compétence constitutionnelle du Québec", vous voulez
dire, en fait, aussi bien le ministère de l'Immigration que le
ministère des Affaires culturelles, que tous les ministères qui
ont des activités à l'étranger? C'est bien cela?
M. LEVESQUE: C'est cela.
M. MORIN: Alors, d'accord pour l'article 24.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 26?
M. MORIN: Non, article 25. Vous avez sauté par-dessus l'article
25.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 25?
M. MORIN: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 26?
M. MORIN: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 27?
M. MORIN: A l'article 27, si vous voulez, on va prendre une seconde.
J'ai quelques observations à faire. Oui... Si j'ai bien compris la
portée de cet article, cela vous autorise à signer des ententes
dans les domaines constitutionnels où il existe une compétence
conjointe ou partagée, comme on dit quelquefois, signer des accords avec
le gouvernement fédéral, de façon que vous puissiez placer
des fonctionnaires du ministère des Affaires intergouvernementales ou,
j'imagine, des fonctionnaires appartenant à d'autres
ministères...
M. LEVESQUE: L'Immigration, par exemple.
M. MORIN: ... comme l'Immigration, comme les Affaires culturelles, dans
les bureaux des missions diplomatiques ou consulaires canadiennes, là
où le Québec n'a pas de délégué.
M. LEVESQUE: ... n'a pas de délégué.
M. MORIN: Bien. M. le ministre, je voudrais attirer votre attention sur
l'expérience assez malheureuse de votre collègue de l'Immigration
dans ce domaine. Je lisais récemment l'un de ses discours, un discours
du 26 mars 1974, dans lequel votre collègue disait ceci: "Avant de
mettre en place une politique d'immigration plus dynamique et qui rencontre les
besoins du Québec, il faudra d'abord franchir un obstacle majeur, celui
de notre absence, doublé de notre ignorance, qui fait que nous ne
connaissons pas les candidats à l'immigration, que nous ne les
sélectionnons pas, que nous ne les recrutons pas, que nous ne savons pas
qui arrive au Québec et, par conséquent, que nous ignorons s'ils
correspondent à nos besoins. En d'autres termes, et pourquoi se le
cacher dit toujours votre collègue qui parle le
Québec n'a aucune présence ni aucun pouvoir en ce qui concerne la
sélection et le recrutement de ces nouveaux venus". Le ministre faisait
allusion au fait que son ministère disposait de seulement sept
agents
en poste à l'étranger, dont trois dans les ambassades
canadiennes à Athènes, à Beyrouth et à Rome.
Et, là-dessus, il faisait le commentaire suivant. C'est à
la page 9 de son discours: "Ces agents ne rencontrent que les candidats du pays
où ils sont en mission et sous deux conditions. Il faut que ces derniers
acceptent l'entrevue et cela, après avoir été
explicitement référés par les agents
fédéraux. Par ailleurs, les agents du Québec n'ont pas de
pouvoir propre de recrutement aux termes de l'entente". Il s'agit de l'entente
signée par le ministre actuel de l'Education, je crois, à
l'époque où il était au ministère des Affaires
intergouvernementales, une entente qui a fait passablement rire du
Québec, je crois, à Ottawa.
M. LEVES QUE: Qui était aux Affaires intergouvernementales?
M. CHARRON: II était à l'Immigration. Quand M.
Cloutier...
M. MORIN: M. Cloutier, oui,...
M. CHARRON: ... était à l'Immigration.
M. MORIN: ... quand il était à l'Immigration.
M. LEVESQUE: Ah bon!
M. MORIN: Bon. Alors, cela étant constaté, je me demande
si ce système peut fonctionner, s'il répond aux besoins du
Québec. Dans tous les cas, semble-t-il, où vous avez
utilisé cette formule, d'insérer des fonctionnaires
québécois à l'intérieur des missions
fédérales, on les a parqués dans les coins et on a fait
comme s'ils n'existaient pas.
M. LEVESQUE: Je veux rassurer immédiatement le chef de
l'Opposition. Il aura l'occasion de poser la question sans doute à mon
collègue qui me suit dans la législation, relativement au
ministère de l'Immigration. Mais je dois lui dire que nous n'avons pas
l'intention de mettre des gens en poste à l'Immigration et de conclure
de telles ententes, qui sont permises par l'article 27, sans la volonté
du ministre sectoriel.
Alors, c'est un pouvoir que nous avons. Si le ministre de l'Immigration
est d'avis que cela ne répond pas à ce qu'il recherche, nous ne
sommes pas obligés d'appliquer l'article 27 si ce n'est pas dans les
intérêts du Québec. C'est simplement un pouvoir que nous
avons. Il peut arriver, et c'est déjà arrivé, que le
ministre nous demande de placer un de ses fonctionnaires à tel endroit,
à l'intérieur d'une ambassade. Nous pouvons le faire, à
condition qu'il ne s'agisse pas d'une compétence exclusive du
Québec et à condition qu'il n'y ait pas de
délégué dans ce pays.
M. MORIN: J'ai compris. Est-ce que les fonctionnaires de l'Immigration
qui sont en poste à Paris, à Beyrouth, à Rome
relèvent de votre ministère, à l'heure actuelle?
M. LEVESQUE: Ceux qui sont à Paris relèvent du
délégué général. Ceux qui sont à
Beyrouth, etc., pour leurs allocations, etc., pour leur bien-être
autrement dit, relèvent de nous. Mais les instructions qu'ils
reçoivent, ils les reçoivent de leur ministère, soit le
ministère de l'Immigration.
M. MORIN: Est-ce que ces instructions, vous les coordonnez...
M. LEVESQUE: Oui, mais quant au contenu...
M. MORIN: ... en vertu des articles...
M. LEVESQUE: Je parle de la politique de l'immigration du Québec.
Cela relève du ministère sectoriel. Nous n'avons pas l'intention
de nous attaquer au contenu par l'introduction des dispositions que l'on
retrouve dans le présent projet de loi.
M. MORIN: Mais est-ce que, d'après l'article 10,...
M. LEVESQUE: Nous pouvons coordonner.
M. MORIN: Oui, vous coordonnez toutes les activités du
gouvernement à l'extérieur du Québec...
M. LEVESQUE: C'est ça.
M. MORIN: ... ainsi que celles de ses ministères et
organismes.
M. LEVESQUE: Mais présentement, nous avons et on le voit
un peu plus loin ici, à l'article 30: "Seul le ministre peut affecter
à l'extérieur du Québec des membres du personnel de la
fonction publique". Cela est un peu plus nouveau.
M. MORIN: Est-ce que vos collègues sont d'accord sur cet
article?
M. LEVESQUE: Oui, oui, aujourd'hui. M. MORIN: Aujourd'hui mais pas hier.
M. LEVESQUE: Aujourd'hui!
M. MORIN: Bien. Alors l'article 27 peut être accepté,
quoique je doute fort qu'il soit vraiment utile.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 27, adopté. Article
28.
M. MORIN: Dois-je comprendre que le
ministre met à la disposition des personnes
déléguées à l'étranger des bureaux,
même au sein des missions diplomatiques ou consulaires du Canada, ou bien
s'il s'agit, dans leur cas, de l'article 28, des bureaux qui relèvent
des délégations générales ou des bureaux du
Québec à l'étranger?
M. LEVESQUE: Avec l'exception de l'article 27...
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: ... dans tous les autres cas, c'est notre
responsabilité.
M. MORIN: Autrement dit...
M. LEVESQUE: C'est l'aspect matériel.
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: Evidemment, dans les bureaux fédéraux, on n'a
pas besoin de le faire. Ils sont logés.
M. MORIN: Bon, j'ai compris. Je voulais savoir si cela se
référait aussi à l'article 27.
M. LEVESQUE: C'est pour cela qu'on commence l'article 28 avec les mots:
"Sous réserve de l'article 27..."
M. MORIN: Oui. Bon. Très bien, c'est clair.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 28, adopté? Article
29.
M. MORIN: Oui, adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Article 30.
M. MORIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté?
M. MORIN: Oui, adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 31.
M. MORIN: Un instant, voulez-vous?
M. LEVESQUE: M. le Président, je pense qu'on le comprend. "Le
ministre ne peut affecter à l'extérieur du Québec des
personnes pour représenter un ministère autre que le sien..."
C'est-à-dire que, pour le ministère des Affaires
intergouvernementales, cela va de soi. On n'a pas de consultation à
faire. Tandis que dans le cas d'un ministère sectoriel, on ne nommera
pas quelqu'un sans le consentement du ministère sectoriel.
M. MORIN: J'ai compris, oui. C'est la contrepartie de l'article 30.
M. LEVESQUE: C'est cela, de l'article 30.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 31, adopté?
M. MORIN: C'est ce que vous avez été obligé de
concéder pour obtenir l'article 30.
M. LEVESQUE: C'est normal.
M. MORIN: Oui, je comprends. D'accord. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Article 32.
M. LEVESQUE: On peut même prendre quelqu'un de l'extérieur
de la fonction publique et le nommer. Lorsqu'on va dans un ministère
sectoriel, c'est normal de demander l'assentiment du ministre.
M. MORIN: Oui, c'est normal. Je ne conteste pas.
Article 32, adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 33.
M. MORIN: Un instant. Oui, cela, c'est la disposition presque
standard.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 34.
M. MORIN: Est-ce que c'est ce qu'on pourrait appeler je
m'interroge les pleins pouvoirs que vous visez à l'article 34?
L'une des questions que je me suis posées en lisant votre projet de loi,
particulièrement au chapitre consacré aux ententes ce que
je préférerais appeler pour ma part les accords il n'est
pas fait allusion aux pleins pouvoirs. Vous savez que dans les accords
antérieurs du Québec, particulièrement pour ce qui est de
l'accord signé entre le ministre Pierre Laporte et M. François
Leduc, ambassadeur de France, cet accord avait fait l'objet de pleins
pouvoirs.
M. Laporte avait reçu les pleins pouvoirs. Dans un autre cas,
c'est M. Gérin-Lajoie qui a reçu les pleins pouvoirs du conseil
des ministres. Est-ce que ces pleins pouvoirs ont disparu de votre pratique
gouvernementale?
M. LEVESQUE: Evidemment, les pleins pouvoirs, c'est un mandat qui vient
du lieutenant-gouverneur en conseil; c'est le pouvoir d'engager le
Québec. Cela a toujours existé, disons, cela se pratique
maintenant, mais, d'un autre côté, l'article 34 articule cela
d'une façon assez précise.
M.MORIN: Ce ne sont pas vraiment des pleins pouvoirs à l'article
34; c'est simplement une constitution de délégation. Mais cette
délégation-là pourrait-elle être appelée
à signer des ententes, par exemple?
M. LEVESQUE: La délégation officielle est
constituée, mais également mandatée par le
lieutenant-gouverneur; elle reçoit un mandat clair et précis.
M. MORIN: Alors, ce sont des pleins pouvoirs, dans ce cas-là.
M. LEVESQUE: Cela peut être des pleins pouvoirs.
M. MORIN: C'est un instrument de pleins pouvoirs. Je n'ai pas
très bien saisi votre réponse. Pourquoi n'a-t-on pas prévu
les pleins pouvoirs au chapitre consacré aux ententes
intergouvernementales?
Je vois que votre sous-ministre fait signe qu'il ne comprend pas. Le
sous-ministre doit savoir que, pour qu'une entente puisse être
signée de façon à lier le Québec, il faut que la
personne qui signe obtienne les pleins pouvoirs. C'est comme cela que ça
s'est fait dans le passé au Québec. Le ministre n'a qu'à
regarder les archives, ses dossiers, il va trouver cela.
M. LEVESQUE: Cela se fait chaque fois qu'une entente est signée.
Le conseil des ministres a l'arrêté et, ensuite, l'annexe en
question. A ce moment-là, il autorise le ministre à signer
l'entente qui est en annexe.
M. MORIN: Mais ce qui me frappe, c'est que vous avez prévu la
"ratification" l'approbation, la mise en oeuvre, mais vous n'avez pas
prévu la première étape qui est les pleins pouvoirs. Je ne
veux pas en faire un plat, mais il me semble que ça manque.
M. LEVESQUE: Je pense qu'on va vivre avec ça au moins
jusqu'à la prochaine session. S'il nous manque des pleins pouvoirs, nous
reviendrons.
M. MORIN: En tout cas, j'attire votre attention là-dessus;
ça me frappe.
M. LEVESQUE: D'accord.
M. MORIN: Je vois que votre sous-ministre est d'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 34, adopté. Article
35?
M. MORIN: Un instant.
Article 35, paragraphe un, cela va. Mais je voudrais prendre le temps de
lire attentivement le second alinéa.
Dans le cas du second alinéa, on suppose que le gouvernement
fédéral a signé un accord...
M. LEVESQUE: Avec un gouvernement étranger.
M. MORIN: Avec un gouvernement étranger naturellement dans un
domaine qui relève de la compétence du Québec. C'est bien
ça? Je vois le sous-ministre qui dit oui de la tête, mais, si le
ministre pouvait me répondre, ce serait plus clair.
M. LEVESQUE: II y a, par exemple on peut illustrer cela un
accord qui me vient à l'esprit: c'est l'accord belgo-canadien, accord
scientifique, technique et industriel, si je me rappelle bien le titre. Le
Québec a accepté de participer à la mise en oeuvre de cet
accord.
M. MORIN: Si je comprends bien, c'est dans les cas où vous auriez
voulu vous-même signer l'accord, mais le gouvernement
fédéral est arrivé avant vous et vous a damé le
pion.
M. LEVESQUE: Non, parce qu'en 1967, lorsque le Canada a fait une entente
avec la Belgique, un accord culturel pas une entente, un accord culturel
le Québec, n'ayant pas été consulté et
n'ayant pas été partie à cette négociation, n'a pas
voulu y donner suite.
M. MORIN: C'est cela, c'est ce que je dis.
M. LEVESQUE: Tandis que dans l'accord scientifique, nous participons,
parce que nous avons été consultés, nous avons
été partie à la négociation et nous sommes heureux
de participer à la mise en oeuvre. Dans le cas de l'accord culturel
belgo-canadien de 1967, même aujourd'hui, "motte".
M. MORIN: Eh! bien, je félicite le ministre parce s'il veut bien
se remémorer la chose, cet accord belgo-canadien en matière
culturelle avait pour but d'empêcher le Québec d'en signer un,
justement. C'était pour...
M. LEVESQUE: Nous étions, d'une part, en négociation avec
nos amis belges et, d'autre part, à un moment donné, on s'est
aperçu qu'il y avait eu... Je n'étais pas là, à ce
moment, c'était un gouvernement antérieur, mais en lisant les
dossiers, je m'aperçois de ce qui s'est passé.
M. MORIN: L'ambassade canadienne à Bruxelles a fait son boulot,
comme cet été à la conférence de l'AIPLF.
M. LEVESQUE: Hum!
M. MORIN: Bien. M. le Président, cela va pour l'article 35.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 35, adopté. Article
36.
M. MORIN: Je voudrais demander au ministre s'il peut préciser
l'expression "participe". J'ai l'intuition qu'elle a un sens bien
précis, mais est-ce qu'il ne serait pas plus simple de parler des
institutions francophones dont le Québec est membre?
M. LEVESQUE: C'est plus restrictif, plus limitatif. J'aime mieux garder
cela plus large.
M. MORIN: Mais qu'est-ce que cela veut dire "les institutions auxquelles
nous participons"? Cela ne veut-il pas dire automatiquement qu'on en est
membre? Connaissez-vous des cas où...
M. LEVESQUE: J'y pense, je suis...
M. MORIN: ... nous participons sans être membre?
M. LEVESQUE: II y a des situations où nous présidons une
délégation canadienne.
Nous voulons même, à l'intérieur de
délégations canadiennes je pense aux sports et loisirs; on
voudrait que ce soit assez large, même si nous ne sommes pas membre comme
tel. Mais à cause...
M. MORIN: Cela pourrait-il être une participation au sein d'une
délégation fédérale? C'est ça que ça
veut dire?
M. LEVESQUE: Cela pourrait être ça. C'est-à-dire on
ne voudrait pas le rendre plus restrictif, on voudrait avoir les coudées
franches là-dedans pour s'assurer de favoriser la consolidation des
institutions francophones internationales, même là où nous
ne sommes pas membres, mais où nous apportons une participation,
où nous sommes présents.
M. MORIN: D'accord, là je comprends. Je m'interrogeais sur la
raison pour laquelle c'était rédigé de façon si
vague, mais là je comprends très bien pourquoi; alors cela va.
Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 36, adopté. Article
37.
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M.Houde, Limoilou): Adopté. Article 38.
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 39,
adopté.
M. MORIN: Un instant. Oui, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article 40.
M. MORIN: L'article 40, est-ce que le ministre pourrait nous donner des
précisions sur l'application concrète de cet article? Quelles
sont les personnes des autres ministères qui sont
transférées au ministère des Affaires
intergouvernementales? Est-ce que ce sont des services, des directions qui sont
transférés et ça touche combien de personnes en tout?
M. LEVESQUE: Je pense qu'il y a deux mots importants là-dedans:
les mots "fonctions principales", aux troisième et quatrième
lignes. Et, la dernière phrase: "Suivant que le détermine le
lieutenant-gouverneur en conseil". Nous avons mis ces précisions. Nous
n'avons pas l'intention de vider les autres ministères, nous avons
l'intention de nous limiter à ceux dont c'est réellement la
fonction de s'occuper de la coopération, de la technique de la
coopération. Nous n'avons pas l'intention d'enlever tous les gens qui
sont dans le contenu dans les ministères sectoriels.
Nous voulons également que cela se fasse progressivement, pas du
jour au lendemain, immédiatement demain matin, mais à mesure que
le lieutenant-gouverneur en conseil fera les détachements en question,
si on veut. Nous songeons par exemple, pour vous donner une illustration
je ne suis pas pour donner toute la nomenclature ou l'énumération
au service de coopération du ministère de l'Education.
On sait qu'au ministère de l'Education il y a un service de
coopération assez important et qui s'explique pour des raisons
historiques; sa présence précédait la création du
ministère des Affaires intergouvemementales. Cela se comprend. Aux
Affaires sociales, c'est un peu le même cas, pas tout à fait, mais
c'est une création plus récente. Tout de même, là
encore, il y a un service de coopération internationale et ainsi de
suite.
M. MORIN: A l'Immigration, monsieur...
M. LEVESQUE: A l'Immigration, nous ne songeons à aucun
transfert.
M. MORIN: Est-ce qu'il y a d'autres ministères? Vous avez
mentionné Education, Affaires sociales...
M. LEVESQUE: II y a certaines personnes dans d'autres ministères,
mais ce n'est pas précisé. Les sous-ministres de notre
ministère et des ministères en question doivent se rencontrer
pour déterminer exactement qui occupe des fonctions dont l'essentiel se
relie aux relations intergouvernementales, plutôt qu'au contenu dans le
ministère même, aux techniques, autrement dit, de
coopération.
M. MORIN: Mais vous avez quand même une idée assez
précise.
M. LEVESQUE: Dans les autres ministères, c'est plus difficile
à identifier, vous comprendrez, parce qu'ils n'ont pas tous des services
de coopération internationale. Mais nous pensons bien que, d'ici
à quelques mois, pour le plus gros des effectifs, cela devrait se faire
et, ensuite, au cours d'une année ou deux, on devrait être en
mesure d'avoir complété l'opération.
M. MORIN: Avez-vous déjà consulté vos
collègues à ce sujet?
M. LEVESQUE: Longuement.
M. MORIN: C'est ce que je pensais. Vous n'auriez pas
rédigé cet article, vous ne l'auriez pas inclus dans le projet de
loi sans déjà amorcer la négociation.
M. LEVESQUE: Comme toujours, évidemment, nous avons eu une
acceptation de principe au cabinet. Nous l'avons soumis à la commission
de législation. Nous avons eu des discussions là-bas, autant au
niveau ministériel qu'au niveau des hauts fonctionnaires, etc.
D'ailleurs, cela a été présenté à diverses
instances et nous en sommes arrivés à cette conclusion.
M. MORIN: En somme, deux ministères vont être
touchés; l'Education et les Affaires sociales. L'Immigration ne le sera
pas. En gros, c'est le tableau.
M. LEVESQUE: Non, mais il y a d'autres ministères
également. Il y a certainement des gens dans d'autres ministères
qui seront affectés, mais cela ne sera pas en grand nombre. Ce sera
seulement les personnes c'est bien spécifié "dont
les fonctions principales correspondent à celles attribuées par
la présente loi au ministre".
M. MORIN: Est-ce qu'il y en a à l'Industrie et au Commerce?
M. LEVESQUE: II y en a sûrement. Maintenant, il s'agit simplement
de les identifier.
M. MORIN: Y en a-t-il au ministère des Transports?
M. LEVESQUE: Peut-être, mais...
M. MORIN: Pourriez-vous me nommer les ministères, en gros, qui
seront touchés, autres que ceux que j'ai déjà
mentionnés?
M. LEVESQUE: Aux Affaires culturelles, peut-être quelques-uns.
M. MORIN: Oui. En somme, c'est tout.
M. LEVESQUE: Au ministère des Communications, mais encore avec un
point d'interrogation.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 40, adopté?
M. LEVESQUE: II serait prématuré, à ce moment-ci,
de donner une liste. Je pense qu'on est mieux d'attendre que les consultations
soient terminées. Je serai très heureux, à une question
que me posera à moi ou à mon successeur le chef de l'Opposition
ou son successeur, enfin, de collaborer.
M. MORIN: Dans un cas comme dans l'autre, on peut penser que cela peut
se passer dans plusieurs années.
Cela va pour l'article 40.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 40. Adopté. Article
41. Adopté?
M. MORIN: Oui, cela va.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté. Alors, revenons
à l'article 16 qui est en suspens.
M. MORIN: Oui.
M. LEVESQUE: Cela fait sept ou huit dictionnaires qu'on vient de lire et
on n'est pas plus avancé.
M. MORIN: Si vous n'êtes pas plus avancé ou si vous
hésitez entre les deux, je dirais qu'à tout prendre vous feriez
mieux de pencher pour l'expression qui est connue internationalement.
M. LEVESQUE: Justement, j'aime mieux le mot entente encore, parce que
c'est plus générique. Accord est plus technique au point de vue
international, tandis que je songe aux ententes que nous avons entre Etats
membres de la fédération. C'est pour cela que j'aime mieux garder
le mot entente. C'est une préférence, malgré qu'on vient
de me dire...
M. MORIN: C'est kif-kif.
M. LEVESQUE: C'est kif-kif. Je le garde. Je peux bien le garder vu que
je suis le parrain de la loi.
M. MORIN: C'est le seul argument qu'il vous reste.
Je trouve cela un peu regrettable, parce que sur le plan
fédéral-provincial, je crois que les documents
fédéraux parlent d'accords, ils ne parlent pas d'ententes. Cela
aurait été bon d'avoir le même vocabulaire partout.
M. LEVESQUE: Si jamais je changeais d'idée la nuit porte
conseil en troisième lecture, je
serais prêt à vous donner raison si mes conseillers disent
que... Moi, je n'ai pas de préférence. La petite
préférence que j'ai, je la garde, pour tout de suite.
M. MORIN: D'accord. Un dernier argument, qui n'emportera peut-être
pas le morceau, mais on ne sait jamais. Vous vous êtes donné du
muscle en employant à l'article 15 le mot "ratification", n'est-ce pas?
Vous vous comportez dans le vocabulaire comme un Etat qui conclut des accords
internationaux. Pourquoi n'utilisez-vous pas le même raisonnement
à l'article 16?
M. LEVESQUE: D'accord.
Il y a une chose que je voudrais ajouter, si on me le permet. A
l'article 22, on a trouvé une formule je ne sais pas si cela fait
l'affaire des membres de la commission disant que "sont notamment
exclues de la présente loi les ententes conclues dans le cadre des
relations établies par l'Assemblée nationale avec des
institutions parlementaires à l'extérieur du Québec." Je
pense que l'objection ou l'inquiétude manifestée par le chef de
l'Opposition trouverait ici une solution. Nous l'avons présenté
au président de l'Assemblée nationale qui est d'accord sur ce
texte.
M. MORIN: Oui, cela répond à mon inquiétude.
M. LEVESQUE: Finalement, il y avait le mot...
M. MORIN: Nous n'avons pas formellement adopté l'article 16
encore.
M. LEVESQUE: Lequel?
M. MORIN: L'article 16. Si nous devons le faire, M. le Président,
nous le considérons comme adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Article 16, adopté.
M. MORIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Un instant, est-ce qu'on peut revenir
maintenant à un amendement que nous avions accepté à
l'article 14?
M. MORIN: Avons-nous accepté l'article 22, formellement, avec
l'amendement?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. MORIN: Oui, très bien. Alors, l'article 14, maintenant.
M. LEVESQUE: A l'article 14, il y avait le mot interne que j'aimerais
voir remplacé par un autre, par le mot..." Le ministre collabore avec
les autres ministères du gouvernement dans la mise en oeuvre à
l'extérieur du Québec des politiques particulières,
"plutôt qu"'internes", parce qu'avec le mot "extérieur" juste
avant...
M. MORIN: D'accord, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Après "politiques" à la
quatrième ligne.
M. LEVESQUE: Au lieu d"'internes". On avait accepté un
amendement...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Au lieu du mot "internes", inscrire
"particulières"?
M. LEVESQUE: "Particulières" au lieu d"'internes".
M. MORIN: Oui. Je suis d'accord, M. le Président, et on peut
considérer que l'article 14 est adopté.
Je pense que cela met fin au travail.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le projet de loi no 59, Loi du
ministère des Affaires intergouvernementales, est adopté avec
amendements.
M. LEVESQUE: Je remercie ceux qui ont participé à
l'étude de ce projet de loi et ceux qui ont contribué à
l'améliorer.
M. HOUDE, Limoilou (Président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que votre commission a adopté le projet de loi no 59 avec des
amendements qu'il vous prie d'agréer.
LE PRESIDENT: Est-ce que ce rapport est agréé?
DES VOIX: Agréé.
LE PRESIDENT: Agréé.
M. LEVESQUE: M. le Président, les commissions siégeront
immédiatement, tel qu'annoncé: Commission permanente de
l'agriculture à la salle 91-A, commission permanente des affaires
sociales à la salle 81-A, et la commission permanente des affaires
municipales au salon rouge.
Je propose l'ajournement de la Chambre à demain, dix heures.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adopté?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à demain
matin, dix heures.
(Fin de la séance à 21 h 28)