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Dix heures treize minutes
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. LEVESQUE: Article c).
Projet de loi no 89 Première lecture
LE PRESIDENT: Le ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives propose la première lecture de la Loi
sur la protection des acheteurs de maisons neuves et de terrains.
Le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives.
M. TETLEY: M. le Président, ce projet réglemente certains
aspects de la construction et de la vente de maisons neuves, ainsi que de la
vente et du louage de terrains. Il contient, entre autres choses, des
dispositions obligatoires sur la forme et le contenu des offres et des
contrats, de même que des règles particulières sur la
responsabilité des vendeurs et des constructeurs de telles maisons,
règles qui ajoutent ou dérogent au code civil.
Ainsi, une maison ne peut être construite que suivant plans et
devis ou suivant une maison témoin. Tout engagement de vendre un terrain
avec une maison à y construire doit être constaté dans une
offre. Le vendeur doit tenir les plans et devis à la disposition de
toute personne pour fins d'examen. L'offre de vente ou, selon le cas, le
contrat de construction doit contenir des mentions obligatoires.
Le projet augmente aussi la responsabilité des vendeurs et des
constructeurs. Il est interdit, par ailleurs, pour le constructeur ou le
vendeur de se réserver le droit d'augmenter unilatéralement le
prix énoncé ou de modifier, sans le consentement du client, les
modalités du paiement.
Il lui est aussi interdit de se dégager de sa
responsabilité. En effet, c'est une loi de la protection du consommateur
pour les maisons et pour les terrains.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. BURNS: Vote enregistré, M. le Président. LE PRESIDENT:
Qu'on appelle les députés.
Vote de première lecture
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de cette motion de première lecture
du projet de loi sur la protection des acheteurs de maisons neuves et de
terrains veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Parent (Hull), Mailloux,
Saint-Pierre, Choquette, Cloutier, Phaneuf, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom,
Hardy, Tetley, Lacroix, Forget, Vaillancourt, Arsenault, Houde (Fabre),
Desjardins, Perreault, Brown, Fortier, Bacon, Blank, Veilleux, Houde
(Limoilou), Lamontagne, Dionne, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Pepin, Bonnier,
Marchand, Leduc, Caron, Côté, Déziel, Harvey (Dubuc),
Lecours, Malouin, Massicotte, Pagé, Picotte, Tardif, Morin, Burns,
Léger, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Roy, Bellemare
(Johnson).
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement pour inscrire le nom du
ministre des Finances?
DES VOIX: Oui.
LE SECRETAIRE: Pour: 52 Contre: 0
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Deuxième lecture, prochaine séance ou séance
subséquente.
M. LEVESQUE: Article d).
Projet de loi no 98 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose la
première lecture de la Loi concernant certaines municipalités de
l'Outaouais et du Haut-Saguenay.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'article 1 de ce projet de loi
prévoit la constitution d'une nouvelle ville sous le nom de
Jonquière.
Les articles 2 à 6 prévoient, à compter du 1er
janvier 1976, la constitution d'une nouvelle ville sous le nom de
Chicoutimi.
Les articles 7 à 11 prévoient, à compter du 1er
janvier 1976, la constitution d'une nouvelle ville sous le nom de La Baie.
Les articles 12 à 16 prévoient la constitution, à
compter du 1er janvier 1978, d'une nouvelle ville regroupant les nouvelles
villes de
Jonquière et de Chicoutimi sous le nom de Saguenay.
L'article 17 prévoit la constitution du conseil
métropolitain du Haut-Saguenay et en définit la composition et
les fonctions.
Les articles 18 à 23 prévoient la constitution, à
compter du 1er janvier 1975, des nouvelles villes de Gatineau, Buckingham et
Lucerne et des nouvelles municipalités de Val-des-Monts, La Pêche
et Pontiac.
Les articles 24 et 25 prévoient des négociations entre la
ville de Hull et la municipalité du canton de Hull, partie ouest, et
entre la ville de Hull et la nouvelle ville de Lucerne au sujet d'une nouvelle
délimitation possible de leur territoire respectif.
Les articles 26 à 33 apportent des modifications à la Loi
de la Communauté régionale de l'Outaouais.
L'article 34 autorise le ministre des Affaires municipales à
verser à toute municipalité constituée en vertu de la
présente loi une subvention n'excédant pas $15 per capita.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: M. le Président, avec le consentement de la Chambre,
nous aurions deux projets de loi que nous pourrions déposer
immédiatement, pour l'information des membres de la Chambre, soit le
projet de loi au nom de M. Toupin et le projet de loi au nom de M. Choquette,
les deux premiers paraissant en appendice.
M. BURNS: D'accord.
Projet de loi no 85 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture propose la
première lecture de la Loi modifiant la loi favorisant le crédit
à la production agricole. C'est l'honorable leader parlementaire du
gouvernement qui propose ce projet de loi, au nom du ministre de
l'Agriculture.
M. LEVESQUE: M. le Président, l'article 1 de ce projet de loi
propose d'inclure dans la loi les définitions d'aspirant agriculteur, de
coopé- rative d'exploitation agricole et d'emprunteur conjoint comme
nouvelles catégories d'emprunteurs.
L'article, de plus, réduit de 66 2/3 p.c. à 60 p.c. ou
fixe à 60 p.c, selon le cas, la proportion des intérêts que
doivent détenir les exploitants agricoles dans une corporation
d'exploitation agricole, une coopérative d'exploitation agricole ou une
société d'exploitation agricole pour rendre ces groupes
admissibles à un prêt.
L'article, de plus, propose de modifier la définition d'emprunt
pour que ce terme s'applique aussi à une ouverture de crédit.
L'article 2 est de concordance.
L'article 3 augmente de $15,000 à $50,000 le montant total du
maximum d'un emprunt qu'un emprunteur peut obtenir d'une banque ou d'une caisse
d'épargne et de crédit.
L'article 4 prévoit la garantie qu'accorde le gouvernement au
prêteur.
L'article 5 modifie les fins pour lesquelles un prêt peut
être consenti.
L'article 6 prévoit que chaque prêt doit faire l'objet d'un
billet ou d'une reconnaissance de dette.
L'article 7 permet de fixer, par règlement, les délais de
remboursement des prêts pourvu qu'en aucun cas ils n'excèdent 30
mois.
L'article 8 prévoit que l'emprunteur doit fournir des garanties
dans les cas prévus par règlement.
L'article 9 est de concordance.
L'article 10 abroge une disposition qui permet le transfert d'un
prêt à une tierce personne.
L'article 11 permet au gouvernement de fixer les conditions accessoires
d'un prêt.
L'article 12 accorde au prêteur et à l'Office du
crédit agricole un pouvoir d'enquête et d'inspection.
L'article 13 prévoit la réglementation nécessaire
à l'application de la loi.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
UNE VOIX: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Projet de loi no 97 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la
Justice propose la première lecture de la Loi sur les
nantissements agricole et forestier. L'honorable ministre de la Justice.
M. CHOQUETTE: M. le Président, ce projet de loi a pour but
d'établir, dans le code civil, le nantissement forestier.
L'article 1 est de concordance.
L'article 2 modifie l'article 1979 a) du code civil en combinant le
nantissement agricole et le nantissement forestier. Il permet de nantir non
seulement pour garantir un prêt mais aussi une ouverture de
crédits.
Il autorise, par ailleurs, une personne à nantir ses biens pour
garantir un emprunt effectué par un tiers qui lui aussi tire ses revenus
de l'exploitation agricole ou forestière.
Les articles 3, 4 et 5 sont des dispositions de concordance et l'article
6 modifie la Loi de la protection des colons.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice.
Commission de police
M. CHOQUETTE: M. le Président, je dépose deux exemplaires
du rapport de la Commission de police du Québec, en date du 10
décembre 1974, rapport d'enquête sur l'étude de liens
possibles entre Nicola Di Irio et Frank Dasti, membres du crime
organisé, Pierre Laporte, ministre, René Gagnon, chef de cabinet,
et Jean-Jacques Côté, organisateur politique.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales.
Handicapés visuels M. FORGET: M. le Président, j'ai
l'honneur de déposer le rapport du comité d'étude
constitué il y a un an pour étudier la situation des
handicapés visuels au Québec.
LE PRESIDENT: Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Coût des Jeux olympiques
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Est-il exact que le premier ministre aurait eu une rencontre, en fin
de semaine, avec les autorités de Montréal, du COJO et qu'un
rapport aurait été donné sur la situation
financière ou les nouvelles prévisions budgétaires du
coût des jeux olympiques? Est-il vrai que le coût des jeux
olympiques ou de l'immobilisation olympique aurait doublé par rapport
à ce qui avait été prévu au départ?
M. BOURASSA: M. le Président, la rencontre avait lieu sur la
situation de la construction à Montréal. On a très
brièvement discuté la question du coût des jeux olympiques,
et je crois qu'aujourd'hui il y a un rapport qui doit être soumis au
comité exécutif de Montréal. Alors, avant que le
comité exécutif ait pris connaissance de ce rapport, dont je n'ai
moi-même pas pris connaissance c'est la ville de Montréal
qui est maître d'oeuvre, comme le député le sait il
est prématuré pour moi d'en donner le contenu.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre ne pourrait pas remplir l'engagement pris par son
gouvernement, par la voix du ministre responsable auprès du COJO, de
déposer les prévisions budgétaires immédiatement au
moment où il savait qu'elles étaient augmentées? Comme
c'est le cas actuellement, est-ce que le premier ministre ne peut pas remplir,
au moins, cette promesse de déposer les nouvelles prévisions
budgétaires, puisque, nous le savons, elles sont beaucoup plus hautes
que celles prévues dans le budget initial?
M. BOURASSA: Je ne les ai pas reçues, M. le Président. Je
viens de le dire au député; qu'il fasse juste un petit effort ce
matin. C'est la ville de Montréal qui est le maître d'oeuvre;
donc, c'est la ville de Montréal qui va prendre connaissance des
informations ou du rapport qui va lui être soumis. Il est possible
qu'elle apporte des modifications à ce rapport. Donc, il est
prématuré... Je me souviens que le ministre avait dit le
chef de l'Opposition donne ses conseils que, s'il y avait des
changements
significatifs, ce serait déposé à
l'Assemblée nationale. On va attendre les décisions du
comité exécutif de la ville de Montréal et on le
déposera aussitôt qu'il sera possible de le faire.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le premier ministre peut
nous affirmer ou nous infirmer le fait que, dans le rapport qu'il a eu...
M. BOURASSA: Je n'ai pas eu de rapport, M. le Président.
M. LEGER: Vous n'avez pas eu de rapport. Est-ce que le premier ministre
peut nous dire premièrement s'il sait, oui ou non, que cela va
coûter au-delà de $485 millions pour l'immobilisation,
comparativement aux $250 millions prévus pour l'immobilisation? Comme je
ne veux pas éterniser le débat, je vais lui en donner d'autres;
cela va lui permettre de patiner à travers tout cela. La deuxième
question est la suivante: Est-ce que le gouvernement se rend compte que, tel
qu'on le lui a dit depuis deux ans, il était absolument essentiel qu'il
y ait une surveillance du Parlement québécois sur l'organisation
et le financement des Jeux olympiques pour que les Québécois
sachent combien cela leur coûte? Est-ce que le gouvernement est
prêt à convoquer la commission parlementaire, tel qu'on le lui
demande depuis un an, pour entendre les représentants de Montréal
et du COJO sur les implications budgétaires, autant des revenus qui
doivent augmenter que des dépenses qui vont doubler?
M. BOURASSA: Bon, alors, là, le député pose
plusieurs questions dans sa question. Je lui dis, pour la troisième
fois, que ce soir, la ville de Montréal ou le comité
exécutif de la ville de Montréal va prendre connaissance du
rapport. Donc, il est possible, comme c'est la ville de Montréal qui est
maître d'oeuvre, qu'elle prenne des décisions sur le plan de
réductions ou de changements qui pourraient être apportés,
qui pourraient modifier le coût total, indépendamment de la
question de la hausse des revenus que vient de soulever le député
de Lafontaine.
Alors, je pense que je dois répéter la réponse que
j'ai donnée tantôt:
II est prématuré pour le gouvernement, avant même
que la ville de Montréal modifie, ou accepte, ou refuse, ou apporte des
changements au rapport qui va lui être soumis, il est
prématuré de le déposer ce matin. Je ne l'ai même
pas reçu moi-même.
M. LEGER: Une dernière question supplémentaire...
LE PRESIDENT: Une dernière.
M. LEGER: ... Est-ce que le ministre, qui n'a pas nié, peut nous
dire, oui ou non, s'il y a une grosse augmentation du coût? Et est-ce que
le ministre s'engage à déposer, dès qu'il les aura en sa
possession, ces nouvelles prévisions budgétaires?
M. BOURASSA: M. le Président, dès que la ville de
Montréal aura pris position la ville de Montréal est
maître d'oeuvre, encore une fois sur le rapport qui sera
déposé, comme le ministre l'a dit, ce sera déposé
à l'Assemblée nationale. Le ministre l'a dit il y a quelques
semaines, je ne vois pas pourquoi le gouvernement ne respecterait pas
l'engagement du ministre.
M. LEGER: Une dernière question. Est-ce que le coût est
augmenté ou pas.
M. BOURASSA: Vous verrez.
M. LEGER: Vous ne voulez pas le dire?
M. BOURASSA: Vous verrez.
M. LEGER: Vous avez honte?
LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
Malartic Hygrade Gold Mines
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Institutions financières à qui je posais une question, le 12
novembre dernier, concernant la Malartic Hygrade Gold Mines et certains agents
de la Commission des valeurs mobilières. Le ministre m'avait alors
répondu qu'il devait, le lendemain, déposer le rapport. Est-ce
que le ministre des Institutions financières pourrait donner suite
à cette réponse? Et est-ce que le ministre accepterait de
déposer le rapport de ses fonctionnaires concernant certains agissements
de fonctionnaires de la Commission des valeurs mobilières?
M. TETLEY: Je n'ai pas encore reçu le rapport, mais
j'espère le recevoir avant la fin de la session, autrement, je vais
l'envoyer directement aux journaux et aux députés.
M. LESSARD: Une question additionnelle, M. le Président. Est-ce
que le ministre pourrait nous confirmer si le rapport est terminé? C'est
une situation qui dure depuis un certain temps, d'autant plus que ces
fonctionnaires ont conservé leurs fonctions, ils n'ont pas
été suspendus.
M. TETLEY: Je dois répéter ce que j'ai affirmé il y
a deux ou trois semaines, que je ne vois aucune...
M. LESSARD: Cela, c'est la parole du ministre, on veut avoir des
preuves.
M. TETLEY: Cela, c'est la parole du ministre, exactement, et je dois
affirmer que je n'aime pas vos remarques, insinuations, sans preuve...
M. LESSARD: Ce ne sont pas vos problèmes. Cela, ce ne sont pas
vos problèmes. Déposez votre rapport.
M. TETLEY: ... qui sont très injustes envers deux fonctionnaires.
Je trouve que le député de Saguenay est très injuste de
critiquer ces gens sans aucune preuve. C'est très sale de faire
ça. M. le Président, j'ai dit, il y a trois semaines, que,
suivant mon enquête, je ne trouvais aucune faute chez mes deux
fonctionnaires accusés, et vous allez voir que le rapport fait preuve de
cette constatation.
M. LESSARD: Une question de privilège, M. le
Président.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. LESSARD: Puisque le ministre tente de m'accuser en disant que je
laisse de fausses impressions, que je fais des insinuations concernant la
conduite de fonctionnaires, je dis que ce que j'ai fait est que j'ai
posé une question en date du 12 novembre 1974 nous sommes le 17
décembre concernant certains agissements de fonctionnaires
à la Commission des valeurs mobilières. Je n'ai accusé
personne. Cependant, le fait que le ministre ne dépose pas le rapport
laisse l'impression que le ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives n'a pas fait son travail dans ce secteur et
nous attendons le rapport.
LE PRESIDENT: Le député de Beauce-Sud.
Epargne-logement
M. ROY: Ma question s'adresse au ministre des Finances. Dans le cadre du
programme fédéral d'épargne-logement, le ministre
pourrait-il nous dire s'il a obtenu l'assurance du gouvernement
fédéral que les caisses d'épargne et de crédit
seront, à l'avenir, autorisées à recueillir des
dépôts de la part d'individus qui désirent
bénéficier des avantages de ce régime?
M. GARNEAU: Ma réponse est non pour le moment.
M. ROY: Le ministre veut-il répéter sa réponse?
M. GARNEAU: J'ai dit que pour le moment je n'ai pas eu cette assurance
formelle.
M. ROY: Le ministre pourrait-il nous dire quelles sont les
démarches qu'il fait actuellement et quelles sont les
représentations qu'il fait auprès du gouvernement
fédéral de façon à ce que les caisses
d'épargne et de crédit puissent être reconnues? Comme on le
sait, ce programme entre en vigueur le 1er janvier. Il est de la plus haute
importance que cette question soit réglée avant le 1er janvier.
Si le fédéralisme est aussi rentable qu'on le prétend du
côté gouvernemental, j'aimerais bien qu'on nous dise exactement ce
qu'il en est et ce qu'il en sera.
M. GARNEAU: J'ai soulevé cette question à la
conférence des ministres des Finances. J'ai exposé le point de
vue du Québec. Mes fonctionnaires ont discuté du problème
avec les fonctionnaires fédéraux. Même si je ne peux donner
l'assurance à cette Chambre aujourd'hui que les dépôts
faits auprès des caisses populaires seront admissibles à titre de
placement dans le cadre d'épargne-logement, je suis quand même
assez optimiste et nous attendons une confirmation sous peu. J'ai eu d'autres
discussions avec le mouvement des caisses populaires, mouvement qui
était en contact avec les fonctionnaires fédéraux pour
bien s'entendre sur les aspects techniques du problème, mais je ne peux
en dire plus pour le moment.
M. ROY: J'aurais une question additionnelle à poser au ministre.
J'ai parlé des caisses d'épargne et de crédit et le
ministre m'a parlé de caisses populaires. On sait que les caisses
populaires sont des caisses d'épargne et de crédit, mais il y a
d'autres types de caisses d'épargne et de crédit qui sont
spécialisées dans le prêt pour l'habitation et entre
autres, à titre d'exemple, je vais citer les caisses
d'établissement.
Je voudrais savoir si le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives fait des
représentations uniquement en ce qui a trait aux caisses populaires ou
s'il fait ses représentations au niveau des caisses d'épargne et
de crédit habilitées à le faire.
M. GARNEAU: Les représentations que nous avons faites portaient,
essentiellement, sur les caisses populaires et ce qu'il est convenu d'appeler,
dans les autres provinces, les "credit unions". Je ne peux dire si les
modifications aux règlements, puisque ce sont les règlements qui
doivent être modifiés et non pas une loi, parleront de caisses
d'épargne et de crédit ou de caisses populaires. Mais, puisque le
député de Beauce-Sud me pose la question, notre intervention a
porté d'abord sur les caisses populaires, qui sont des institutions qui
ont une très longue tradition au Québec, caisses populaires qui
sont également sous la surveillance d'unions régionales et d'un
organisme central qui en assurent la parfaite gestion et la solidité sur
le plan financier. C'est dans ce cadre que nous avons fait nos
interventions.
Est-ce que la réglementation pourrait être modifiée
pour aller plus loin? Je ne pourrais pas répondre à cette
question maintenant, mais je pense que ce qui est important est de faire
d'abord la percée au niveau des institutions qui sont le plus largement
étendues au Québec sur le territoire québécois. Si
cette étape est fran-
chie, nous verrons ce qu'il y a possibilité de faire pour les
autres institutions du même genre.
LE PRESIDENT: Dernière question additionnelle.
M. ROY: M. le Président, merci. Je voudrais savoir du ministre si
le Québec songe actuellement à apporter des modifications
à ses lois fiscales de façon à offrir les mêmes
avantages, par rapport aux lois fiscales québécoises aux
Québécois qui sont désireux de se prévaloir de ce
régime. On sait qu'actuellement c'est une loi fédérale qui
exempte de l'impôt fédéral. J'aimerais savoir du ministre
si le gouvernement du Québec songe à offrir
l'équivalent.
M. GARNEAU: M. le Président, nous y songeons.
M. ROY: M. le Président, le ministre donne des petites
réponses vite, on n'a même pas le temps...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY: J'aimerais bien pouvoir l'entendre.
LE PRESIDENT: C'est affirmatif, ce qu'il vous dit.
M. ROY: Je n'ai pas compris, M. le Président.
M. GARNEAU: Le député de Beauce-Sud m'a demandé si
le gouvernement songeait à faire telle chose, j'ai dit: Oui, nous y
songeons.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Johnson.
Main-d'oeuvre importée
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, hier, l'honorable leader
parlementaire a répondu à la question que je lui ai posée
au sujet des compagnies qui vont chercher en Europe des ouvriers
spécialisés; il m'a dit: Après consultation avec le
ministre du Travail, ce sont des mineurs. Est-ce que l'honorable ministre est
au courant qu'il y a d'autres employés spécialisés que ces
compagnies minières recherchent?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai dit qu'il s'agissait de gens,
d'ouvriers spécialisés qui travaillaient dans l'exploitation
minière.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez dit des mineurs.
M. LEVESQUE: Des mineurs!
M. BELLEMARE (Johnson): C'est ce que vous avez dit.
M. LEVESQUE: Enfin, si on peut préciser, ce que j'ai compris du
ministre du Travail, c'est qu'il s'agissait d'ouvriers travaillant dans
l'exploitation minière. J'ai peut-être employé le mot
"mineur", mais dans son sens large.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le ministre pourrait nous dire
à quoi est attribuée cette déficience dans notre
système éducatif ou autre?
M. LEVESQUE: M. le Président, je peux dire qu'il s'agit
peut-être d'un manque d'intérêt. Quant à la question
des programmes, cela relève beaucoup plus du ministre de l'Education que
de celui qui vous parle.
M. CLOUTIER: Je prends avis, M. le Président.
M. BELLEMARE (Johnson): Merci, vous êtes très aimable.
LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
Enfants semi-éducables
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Education. Depuis deux ans, je lui ai écrit en plusieurs circonstances
au sujet des parents d'enfants semi-éducables ou handicapés qui,
dernièrement, occupaient l'école Dawkeith, à ville
d'Anjou, et qui réclament depuis cinq ans une école pour les
enfants semi-éducables. Est-ce que le ministre peut, aujourd'hui, nous
affirmer ou nous confirmer qu'il y aura une construction nouvelle,
spécialement adaptée, avec les équipements pour les
enfants semi-éducables de l'est de Montréal?
M. CLOUTIER: Non, M. le Président, je ne peux pas le confirmer.
En fait, si le député se référait à ma
réponse à une question de son collègue de Maisonneuve,
alors que j'expliquais de quelle façon le conseil scolaire faisait
actuellement l'arbitrage dans l'optique d'un plan quinquennal, il saurait
pourquoi il ne m'est pas possible, aujourd'hui même, d'apporter une
confirmation.
Tout ce que je veux dire, c'est que le ministère suit de
très près toute cette question des enfants semi-éducables
et aura certainement quelque chose à annoncer sous peu.
Cependant, étant donné l'existence du conseil scolaire, il
est normal que nous attendions le résultats du plan que cet organisme
est en train de mettre sur pied.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président. Le
ministre est-il au courant que le conseil scolaire a proclamé qu'il
était impossible de réaménager une nouvelle école
pour semi-éducables et qu'en plus de cela les parents se
préparent à occuper de nouveau les locaux
parce que, pour eux, ce n'est pas un réaménagement mais
une nouvelle école avec un équipement spécialisé
pour ces enfants?
Maintenant que le ministre est au courant que le rapport du conseil
scolaire dit qu'ils ne peuvent pas réaménager l'école pour
ces enfants, est-ce qu'il peut nous dire dans combien de temps il acceptera la
construction d'une nouvelle école? Son ministère l'avait
déjà acceptée il y a trois ans, et les parents attendent
une réponse depuis cinq ans. Ils sont exaspérés.
M. CLOUTIER: M. le Président, je vais être obligé de
répéter ce que j'ai essayé de dire. Le conseil scolaire a
la responsabilité de la définition d'un plan quinquennal
d'équipement. Il est exact qu'il y a déjà eu une prise de
position de la part du conseil scolaire à cet égard. Je n'en ai
pas été informé officiellement. Je l'ai appris par la voie
des journaux.
En ce qui me concerne, je vais attendre d'avoir le plan d'ensemble pour
porter un jugement.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce-Sud.
Promotion de l'avortement
M. ROY: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse à
l'honorable ministre de la Justice. Je n'ai pas souvent l'occasion de
l'interroger. Est-ce que le ministre de la Justice pourrait nous dire si,
actuellement, faire la promotion de l'avortement est devenu une des
préoccupations majeures de son ministère?
M. CHOQUETTE: Le député de Beauce-Sud n'est pas
sérieux, M. le Président!
M. ROY: M. le Président, le député de Beauce-Sud
est très sérieux. Est-ce que le ministre de la Justice est au
courant qu'actuellement il y a une série d'émissions
radiophoni-ques, enregistrées par Jean-Paul Nolet, et dispensées
en vertu du programme ou encore des crédits qui sont mis à la
disposition de l'aide judiciaire? On invite la population à se rendre
aux bureaux locaux d'aide juridique pour avoir toutes les informations
pertinentes, de connaf-tre tous leurs droits, les avantages concernant les
possibilités de se prévaloir de l'avortement, droit discutable,
discuté, contesté et contestable. J'aimerais savoir si le
ministre est au courant de ces choses.
M. CHOQUETTE: Je l'apprends du député de Beauce-Sud, M. le
Président. Je vais vérifier quelle est la nature de la
publicité ou enfin les programmes de radio qui sont diffusés par
l'aide juridique. Je pourrai donner une réponse au député
aussitôt que je me serai enquis des faits.
Est-ce que le député aurait d'autres détails
à me demander?
M. ROY: Une autre question. Je voulais demander au ministre, lorsqu'il
sera au courant de l'existence de cette série d'émissions
je pourrais même lui donner les endroits et les heures où ces
émissions ont été diffusées s'il compte, une
fois qu'il sera informé, faire le nécessaire pour mettre fin
à cette campagne qui n'a pas d'autre objet que de favoriser le
génocide des Québécois.
M. CHOQUETTE: Mais est-ce que le député de Beauce-Sud ne
se méprendrait pas? Ce ne serait peut-être pas la première
fois qu'il se méprendrait, je lui suggère cela. Il s'agit
peut-être d'informations juridiques sur le divorce, et le
député se méprend peut-être.
M. ROY: Non. M. le Président, j'ai très bien compris. J'ai
noté l'émission. Il est question de divorce dans d'autres
émissions. Mais il y en a une qui traite particulièrement de
l'avortement. Comme le ministre est au pouvoir mais qu'il n'est pas au courant,
je l'informe ce matin.
M. CHOQUETTE: Premièrement, M. le Président, la Commission
des services juridiques a son autonomie par rapport au ministère de la
Justice. Je tiens à informer le député de Beauce-Sud de ce
fait. Mais je vais m'enquérir de la nature de cette annonce au sujet de
l'avortement et j'informerai le député.
Erreurs dans le rapport de la commission de
police
M. CHOQUETTE: Maintenant, M. le Président, puisque je suis
debout, me permettrait-on de signaler qu'il y a eu une erreur dans le rapport
que j'ai déposé ce matin, qui émanait de la Commission de
police? Apparemment, il manque certaines pages dans ce rapport. Les pages 89,
91 et 108 manqueraient. Je suis en train de les faire photocopier et elles
seront distribuées incessamment aux députés, de
façon que leurs exemplaires soient complets.
Je tiens à les assurer que ces erreurs ont été
commises à l'imprimerie et que je les ignorais au moment où j'ai
fait le dépôt du document. Les pages 89, 91 et 108, me dit-on.
M. BELLEMARE (Johnson): La page 91 est là.
M. CHOQUETTE: Je pense qu'il y a certains exemplaires qui comportent la
page 91, mais il y a d'autres exemplaires où ces pages manquent.
M. ROY: C'est complet.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Sécurité sur le boulevard Talbot M. BEDARD
(Chicoutimi): M. le Président,
ma question s'adresserait au ministre des Transports. De janvier
à novembre 1974, il y a eu, comme le ministre le sait, au moins 355
accidents sur le boulevard Talbot, qui se sont soldés par 29 morts et
près d'une centaine de blessés.
Les policiers en fonction sur le boulevard Talbot ont exprimé des
récriminations à l'effet que le ministère ne leur
fournissait pas les moyens nécessaires pour assurer adéquatement
la sécurité sur cette voie de circulation.
Je voudrais savoir du ministre s'il entend prendre des mesures
concrètes additionnelles afin d'assurer la sécurité du
public qui a à emprunter cette voie de communication.
M. MAILLOUX: M. le Président, le ministre des Transports, je
pense bien, tente, depuis quelques mois, de faire l'impossible pour
réduire le trop grand nombre d'accidents sur les routes. Ce n'est
peut-être pas facile. C'est encore moins facile en pays montagneux
où le verglas et les tempêtes, tels que nous en subissons une
actuellement, n'arrêtent quand même pas les gens de circuler.
Nous faisons l'impossible pour améliorer les mesures de
sécurité, autant sur le boulevard Talbot qu'ailleurs, mais il ne
faudrait pas que les gens s'imaginent en pays montagneux je pense que le
député de Chicoutimi connaît très bien le
phénomène que c'est un champ de course, le boulevard
Talbot, comme la route 15. Nous insistons auprès du ministère de
la Justice pour que plus de personnes soient mandatées pour y faire la
surveillance. Je veux espérer que les crédits dont disposera mon
collègue lui permettront d'avoir une surveillance accrue sur la route
dont parle le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre a l'intention de donner
suite à une suggestion que nous lui faisions dans une lettre que je lui
adressais à l'effet de corriger la signalisation des fins de trois
voies? Comme la signalisation, à l'heure actuelle, n'est pas
adéquate, cela a comme résultat que la grande majorité des
accidents, pour l'année actuelle, sont arrivés justement à
la fin de trois voies qui ne sont pas adéquatement indiquées.
Il me semble que ce serait au moins un geste concret que le
ministère devrait faire, et rapidement.
M. MAILLOUX: M. le Président, on donnera suite à l'une des
conclusions du coroner dans un accident survenu à
Saint-Joseph-de-la-Rive, près des Eboulements. Dans tous les endroits
montagneux du Québec où les pentes sont trop abruptes, une
nouvelle signalisation sera apportée. Actuellement, on est à
revoir l'ensemble des problèmes de la signalisation pour qu'au printemps
elle puisse correspondre davantage aux exigences d'une signalisation plus
parfaite.
LE PRESIDENT: Deux dernières questions, l'honorable
député de Saguenay et l'honorable député de
Johnson.
Grève à la Gorton Pew aux
Iles-de-la-Madeleine
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre de l'Industrie et du Commerce et concerne la grève aux
Iles-de-la-Madeleine, la grève à la Gorton Pew. Le ministre
peut-il faire le point sur cette grève qui pourrit depuis près
d'un mois et demi?
M. LACROIX: ... les bateaux sont en haute mer et...
M. LESSARD: A moins que le ministre des Iles-de-la-Madeleine puisse le
faire, M. le Président.
M. LACROIX: Mon vicaire a eu de mauvaises informations de son
curé dominicain défroqué.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, le député des
Iles-de-la-Madeleine, je pense, jeudi dernier, m'avait posé une question
à cet effet. J'avais répondu en Chambre qu'il semble que la
question ne soit plus pertinente; le conflit n'est plus en état de
pourriture puisqu'il est réglé. Je peux vérifier à
nouveau pour voir s'il y aurait un nouveau malentendu. Mais, en autant que je
sache, les bateaux avaient pris la mer jeudi ou vendredi dernier.
M. LACROIX: Ceux qui étaient disponibles. Il y en a trois qui
sont au quai, en réparation.
LE PRESIDENT: Le député de Johnson.
Avocats au dossier de l'île d'Anticosti
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de la Justice. Hier le ministre de la Justice nous a dit que les
avocats qui avaient transigé le contrat de l'île d'Anticosti
étaient de ses officiers. Est-ce qu'il y a eu certaines consultations
d'autres avocats à l'extérieur de son bureau, qui ont
participé à cette transaction?
M.CHOQUETTE: M. le Président, je crois que j'ai répondu
hier que j'avais l'impression que les avocats qui s'étaient
occupés des négociations avec la compagnie Consolidated Bathurst
étaient des avocats du ministère, mais je ne peux pas l'affirmer
catégoriquement. Je vais faire des vérifications pour être
en mesure de répondre au député de Johnson et lui dire
s'il est bien exact, comme je l'ai dit hier, qu'il s'agissait d'avocats du
ministère de la Justice.
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre serait-il au courant qu'un ancien
premier ministre, qui est déjà conseiller auprès du
gouvernement, aurait été impliqué dans les transactions
pour la vente de l'île d'Anticosti?
M. CHOQUETTE: Vous faites allusion sans doute à M. Jean Lesage.
Je ne sais pas si ses services ont été retenus dans cette
affaire.
M. BELLEMARE (Johnson): Le ministre pourrait-il nous le dire?
M. CHOQUETTE: Oui, je vais vous le dire, certainement.
LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour, messieurs,
l'honorable député de Fabre aimerait soulever une question de
privilège.
Question de privilège
Québec d'aujourd'hui
M. Gilles Houde
M. HOUDE (Fabre): M. le Président, avant de poser ma question de
privilège, je tiens à souligner que je la soulève non pas
en tant que membre d'une formation politique, député
libéral, mais en tant que parlementaire de l'Assemblée nationale
du Québec.
Hier, à l'émission Québec d'Aujourd'hui,
diffusée entre une heure et trois heures, au poste de radio CKAC, je
considère que l'animateur, M. Mathias Rioux, a exagéré
d'une façon honteuse à l'égard de tous les parlementaires
et en particulier du Parlement en tant qu'institution.
Je crois sincèrement que, malgré toutes les imperfections
de notre Parlement vous l'avez répété très
souvent vous-même, M. le Président il peut se comparer
à n'importe quel Parlement, et cela dans n'importe quel pays au
monde.
Je ne crois pas que la majorité des parlementaires au
Québec soient des fainéants. Je ne crois pas que la
majorité des gens de cette Chambre soient des gens malhonnêtes. Je
ne crois pas que la majorité des gens de cette Chambre manquent
d'imagination.
Je crois que la majorité des gens de cette Chambre ont d'autres
préoccupations que celle de faire de l'argent, de recevoir des
pots-de-vin. Je ne crois pas que la majorité des membres de cette
Chambre soit des députés à mi-temps et que ce qui est le
plus intéressant pour eux, c'est de venir perdre leur temps ici. En
conséquence, M. le Président, je demande et j'exige que le poste
de radio CKAC fasse parvenir à chacun des députés une
copie du texte intégral de cette émission. J'exige
également que M. Mathias Rioux, animateur, se rétracte et qu'il
accorde la même période de temps à un représentant
de son choix de l'Assemblée nationale, soit deux heures, pour que les
milliers et milliers d'auditeurs de CKAC entendent l'autre côté de
la médaille. Sans quoi, M. le Président, je me réserve mon
droit et mon privilège de député de demander à une
autre occasion, par motion, que ce journaliste comparaisse devant la commission
parlementaire de l'Assemblée nationale, selon la Loi de la
Législature, pour répondre de ses accusations et de ses
affirmations, que cette même Assemblée ou cette même
commission, s'il y a lieu, puisse prendre les mesures qui s'imposent.
Merci.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: M. le Président, quelques réponses encore
aujourd'hui à des questions posées au feuilleton du mercredi 11
décembre 1974. Article 9), question de M. Bellemare (Johnson),
réponse de M. Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: Lu et répondu, M. le Président. (voir
Annexe)
M. LEVESQUE: Article 10), question de M. Bellemare (Johnson),
réponse de M. Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: Lu et répondu. (voir Annexe)
M. LEVESQUE: Article 27), question de M. Bédard (Chicoutimi),
réponse de M. Mailloux.
M. MAILLOUX: Lu et répondu, (voir Annexe)
Travaux parlementaires
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour que la
commission des institutions financières, compagnies et
coopératives siège au salon rouge pour poursuivre l'étude
du projet de loi no 7, Loi sur les assurances.
LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît! Je vais mettre cette
motion aux voix. Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT: Adopté. Cette commission des institutions
financières peut siéger immédiatement.
M. LEVESQUE: M. le Président, comme nous serons...
LE PRESIDENT: Un instant!
M. LEVESQUE: ... dans un instant...
LE PRESIDENT: L'honorable député de Johnson, en
vertu...
M. LEVESQUE: Laissez-moi finir simplement, parce que...
LE PRESIDENT: Bon, d'accord!
M. LEVESQUE: Comme la Chambre va se transformer en commission
plénière, je fais motion également pour qu'à la
salle 91-A la commission de l'agriculture puisse siéger pour poursuivre
l'étude du projet de loi no 20, Loi sur l'assurance-récolte.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Cette commission pourra siéger dès que la
commission plénière sera formée. L'honorable
député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): Une question au leader parlementaire, en vertu
de l'article 34, M. le Président. Je lui ai demandé il y a
quelques jours si c'était l'intention du gouvernement d'apporter
d'autres lois litigieuses d'ici la fin de la session. Il m'a répondu:
Non, sauf quelques exceptions. Est-ce que, parmi ces exceptions, je dois
comprendre que la Loi modifiant la loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction est un projet volumineux? Est-ce que...
M. LEVESQUE: M. le Président, il s'agit simplement d'un avis.
Nous ne l'avons pas proposée en première lecture. Il n'y a eu
aucun dépôt de la loi.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que c'est l'intention du gouvernement
d'apporter d'autres lois litigieuses d'ici la fin de la session?
M. LEVESQUE: II faudrait attendre le jugement du député de
Johnson avant de le qualifier.
M. BELLEMARE (Johnson): Avant de quoi?
M. LEVESQUE: Avant de qualifier le projet de loi.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, non, pas celui-là; d'autres
lois.
M. LEVESQUE: Oui, mais il faut toujours attendre la réaction du
député de Johnson pour voir si c'est litigieux ou non.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais est-ce que vous avez d'autres projets de
loi à part celui-là, que vous avez à déposer d'ici
à la fin de la session?
M. LEVESQUE: Evidemment, lorsque le gouvernement propose des projets de
loi, normalement, dans son esprit, ce n'est pas litigieux, c'est la meilleure
chose qui puisse arriver à la population du Québec.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, va-t-on profiter de la
fin de la session pour présenter des projets de loi très
litigieux pour les adopter en vitesse? C'est ce que je veux savoir.
M. CHOQUETTE: ... quand vous avez adopté le bill 290.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais comme vous avez fait, mon cher
monsieur, avec le bill 22.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY: M. le Président, en vertu de l'article 34...
LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît! M. ROY: En vertu de
l'article 34...
LE PRESIDENT: Un peu de silence, s'il vous plaît!
M. ROY: ... je pense qu'il serait dans l'intérêt de tous
les membres de l'Assemblée nationale, y compris les
députés ministériels, de savoir un peu où nous
allons.
Lorsque la motion a été acceptée à
l'Assemblée nationale, le leader du gouvernement, à une question
que je lui avais posée, avait dit qu'il avait tout au plus une dizaine
de projets de loi à déposer. Avec ceux qui sont inscrits en
appendice au feuilleton de ce matin, il s'agit de 21 projets de loi.
J'aimerais savoir du leader du gouvernement combien de projets de loi il
entend annoncer à nouveau à partir d'aujourd'hui, d'ici à
la fin de la session.
M. LEVESQUE: M. le Président, je dirai au député de
Beauce-Sud que c'est simplement pour son information et l'information des
collègues de la Chambre que plusieurs de ces projets de loi sont
déposés. Ils ne seront étudiés qu'à une
session subséquente. C'est simplement en avance sur la prochaine
session, pour donner de l'information aux honorables députés,
afin qu'ils puissent consulter leurs électeurs et électrices
durant la période intersessionnelle.
M. BELLEMARE (Johnson): Le projet sur le salaire des
députés, je suppose.
M. LEVESQUE: II y a quelques-uns de ces projets de loi qui seront soumis
pour étude aux membres de cette Assemblée, mais qu'on soit
patient un peu et les intentions du gouvernement seront connues dans les heures
qui suivent.
M. BELLEMARE (Johnson): Comme je sais que le gouvernement provincial
aime bien...
LE PRESIDENT: Une dernière question selon l'article 34.
M. BELLEMARE (Johnson): ... copier les gens du fédéral, je
ne sais pas ce qu'il va faire au point de vue de nos salaires.
M. LACROIX: Vous n'aviez pas l'air de vous y opposer hier.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, monsieur.
M. LACROIX: Au moins, vous n'êtes pas hypocrite comme les gars du
PQ.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, à l'ordre! A l'ordre!
A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 1).
LE PRESIDENT: Article 1), la commission...
M. LEVESQUE: Je voudrais prévenir la Chambre qu'il y aura
ajournement de nos travaux à midi aujourd'hui, autant ici qu'en
commission.
LE PRESIDENT: Midi, jusqu'à quand?
M. LEVESQUE: Jusqu'à quinze heures cet après-midi.
LE PRESIDENT: De midi à quinze heures.
M. LEVESQUE: J'ai voulu dire suspension; je m'excuse si mon vocabulaire
a été imprécis une autre fois.
LE PRESIDENT: Commission plénière.
Budget supplémentaire Commission
plénière
M. HOUDE (Limoilou, président de la commission
plénière): A l'ordre, messieurs! Etude des crédits
supplémentaires 1974/75.
L'honorable ministre des Finances.
M. GARNEAU: Le ministère de l'Education.
M. BELLEMARE (Johnson): Simplement une question au ministre.
Il y a un certain temps, dans la province, à cause des centres
d'apprentissage, il y avait beaucoup de travailleurs qui se
spécialisaient dans toutes sortes de fonctions: plombiers,
électriciens, etc. Le ministre a créé des polyvalentes
où l'on enseigne beaucoup de spécialités, mais à
temps partiel. Ma question n'est pas un reproche, mais simplement une
constatation; les compagnies, aujourd'hui, sont obligées d'aller dans
des pays étrangers pour chercher des travailleurs
spécialisés quand notre système éducatif pourrait
en former, à l'aide de nos polyvalentes, et surtout depuis qu'on a
accaparé des centres de formation professionnelle. On a, actuellement,
diminué énormément la qualité de l'enseignement et
surtout le nombre de spécialistes dans ce domaine.
Je demande simplement au ministre s'il est bien au courant de cette
situation de la diminution des travailleurs spécialisés à
cause des écoles polyvalentes qui ont placé sous leur juridiction
des écoles de formation professionnelle.
M. CLOUTIER: J'ai écouté le député de
Johnson avec beaucoup d'intérêt. Je dois, cependant, lui faire
observer que ce que nous discutons actuellement est le budget
supplémentaire du ministère de l'Education et que la discussion
devrait normalement porter sur les programmes impliqués,
c'est-à-dire le programme 7 et le programme 8. Je crois que sa question
pourrait faire l'objet d'un débat extrêmement intéressant
lorsque nous arriverons à la discussion des crédits l'an
prochain.
Maintenant, je n'ai pas d'objection à lui dire que c'est une
préoccupation que j'entretiens personnellement. Je lui donne largement
raison sur bien des points. Il existe un comité conjoint avec le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeu-vre qui tente justement de
coller le plus possible aux prévisions du marché du travail.
Le député de Johnson, à cause de sa vaste
expérience, sait fort bien qu'il est extrêmement difficile de
faire de telles prévisions, surtout lorsqu'on s'adresse à des
périodes qui dépassent cinq ans, mais cependant on peut en
arriver à des approximations suffisantes.
Dans le domaine minier je n'ai pas voulu tout à l'heure
faire un débat il y a des CEGEP qui forment des techniciens
miniers et nous essayons là encore de coller le plus possible aux
besoins.
Alors, si le député de Johnson se satisfait de cette
réponse, je suggérerais que nous y revenions dans le cadre de la
discussion générale des crédits.
M. BELLEMARE (Johnson): J'accepte cette réponse du ministre avec
beaucoup de plaisir. Je serais fort intéressé, s'il y avait un
résumé de fait, durant les vacances de Noël, au sujet de ce
que les écoles spécialisées produisent. On est en
diminution de ce côté énormément dans les centres de
formation professionnelle, qui étaient autrefois les centres
d'apprentissage. J'en prends comme preuve ce qui se présente dans le
domaine de la construction. Je remercie
le ministre de me permettre d'entrer dans ce sujet, très
brièvement, même si cela n'est pas dans les crédits que
nous discutons présentement. Je veux simplement attirer son attention
sur la baisse considérable qu'il y a dans la spécialisation dans
la province de Québec, maintenant que nos écoles de formation
professionnelle sont entrées dans le système de la
polyvalence.
M. CLOUTIER: Je donne entièrement raison là encore au
député de Johnson parce que je suis moi-même
préoccupé par la question. Je me suis aussi demandé si on
n'était pas allé un peu vite en faisant disparaître ces
écoles de formation professionnelle et en les intégrant au
système collégial.
Nous avons peut-être gagné pour certaines
spécialités et nous avons peut-être perdu pour d'autres. Il
existe des statistiques et je me ferai un plaisir de les faire parvenir au
député de Johnson.
Je pense également qu'on a peut-être fait fausse route
lorsqu'on a multiplié les options au niveau de certains CEGEP. Il y a
actuellement des centaines d'options et on aurait peut-être
été mieux avisé de se restreindre à des options
plus identifiées. Evidemment, tout ça est parti du concept de
polyvalence dont j'ai parlé à plusieurs reprises et de la
nécessité de recycler constamment la main-d'oeuvre. Mais je suis
de ceux qui croient que l'on a peut-être commis certains excès de
ce point de vue. Et dans le cadre d'une révision générale
des programmes à tous les niveaux, j'ai demandé que l'on tente de
resserrer un peu ces options, d'une part, pour que les jeunes ne soient pas aux
prises avec des décisions prématurées quand il s'agit de
se spécialiser et, d'autre part, pour que nous collions le plus possible
au marché du travail et aux aspirations de la société.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 7, élément 2,
financement. Adopté?
Adopté.
Programme 8, enseignement élémentaire et secondaire
privé, élément 1. Adopté?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Elément 2?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 10, enseignement
collégial privé, élément 1, adopté?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 15, promotion du sport,
élément 2?
M. MORIN: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
Les crédits supplémentaires de l'Education sont
adoptés.
M. MORIN: M. le Président, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de
passer les finances d'abord? Je suis à la disposition du ministre, en
tout cas, s'il voulait procéder de la sorte. Pour les Transports, je
vois que mon collègue est allé chercher ses dossiers. Je pense
que les finances peuvent être expédiées assez
rapidement.
M. GARNEAU: C'est parce que je voulais libérer mes
collègues. Pardon?
M. MORIN: Je pense que les crédits des Finances peuvent
être expédiés assez rapidement.
M. GARNEAU: Je n'ai pas d'objection. Comme mes collègues
étaient restés pour cela, je voulais les libérer d'abord,
compte tenu du fait que moi je vais rester jusqu'à la fin. Je n'ai pas
d'objection à passer aux finances immédiatement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Alors Finances. Programme 4, fonds de
suppléance.
M. MORIN: M. le Président, en ce qui concerne ce fonds de
suppléance de $160 millions, j'aimerais faire observer que ces
crédits supplémentaires seront affectés aux paiements
forfaitaires, ce qu'on appelle quelquefois les bonis de vie chère,
prévus dans la convention collective des fonctionnaires. A ce même
chapitre, pour l'année 1974/75, des montants ont déjà
été prévus. Lors du budget principal, au mois de mars
dernier, un montant de $135 millions émargeait au budget.
Le budget supplémentaire du 18 juin dernier nous apportait un
montant additionnel de $77 millions, si la mémoire ne me fait pas
défaut, et enfin, dans ce budget supplémentaire qui est à
l'étude, un nouveau montant de $160 millions paraît. Cela
constitue un total de $372 millions. Si je comprends bien, ces montants
couvrent, en tout cas en partie au moins en partie les besoins
financiers prévus pour les deux années de convention collective,
c'est-à-dire le paiement forfaitaire prévu pour la période
allant du 30 juin 1973 au 30 juin 1974. Il s'agit du paiement forfaitaire de
8.01 p.c. fait en deux versements, 3 p.c. du printemps 1974 et 5 p.c. environ
à l'automne 1974.
Egalement, fait partie de ces besoins financiers le paiement forfaitaire
pour la période qui va de juin 1974 à juin 1975; selon nos
calculs, ce paiement équivaudra à 16 p.c. ou 17 p.c. environ.
Même si ce paiement n'est dû, selon la convention
collective, qu'à l'automne 1975, le
gouvernement a accepté de verser une avance de 6 p.c. avant
Noël. Ces considérations m'amènent à poser quelques
questions au ministre. La première est celle-ci: Ce montant de $160
millions, qui paraît aux crédits supplémentaires qui sont
à l'étude couvre-t-il en totalité l'avance de 6 p.c.
annoncée par le gouvernement? Ce montant couvre-t-il aussi une partie
des 5.01 p.c. versés sur ce forfaitaire pour juin 1973 à juin
1974?
M. GARNEAU: Non. Cela couvre uniquement l'avance que l'on prend sur le
forfaitaire qui, normalement, aurait été dû après le
30 juin 1975. En d'autres termes, ce qui constituait les 8.01 p.c. ou 8.1 p.c.
du forfaitaire, suite à l'augmenation du coût de la vie
calculée suivant la formule incluse dans la convention collective, et
qui était dû après le 30 juin 1974 était couvert par
les budgets antérieurs. Les $160 millions sont une avance que l'on fait
sur les paiements forfaitaires qui, normalement, seraient dus après le
30 juin 1975.
M. MORIN: Bien. Le ministre pourrait-il me dire pourquoi ce montant fait
l'objet de deux inscriptions différentes, deux catégories
différentes? D'abord, les traitements, $25 millions et, ensuite, sous la
rubrique transferts, $135 millions. Les $135 millions seraient-ils pour le
parapublic...
M. GARNEAU: C'est juste.
M. MORIN: ... et les $25 millions pour des salaires de la Fonction
publique elle-même?
M. GARNEAU: C'est ça, parce que les salaires dans le secteur
parapublic sont payés à même les subventions
d'équilibre budgétaire, qui sont versées aux commissions
scolaires et les transferts qui sont faits aux institutions
hospitalières ou de bien-être. Elles sont incluses dans la
catégorie de dépenses transferts. Les salaires payés
directement par le gouvernement pour ses employés, que l'on qualifie de
la Fonction publique proprement dite, sont inclus dans la catégorie
traitements de la Fonction publique québécoise.
M. MORIN: Bien. Pourriez-vous M. le Président, me dire comment se
répartit ce montant de $135 millions dans le secteur parapublic? Par
exemple, entre le secteur scolaire, le secteur hospitalier et ainsi de
suite.
M. GARNEAU: II s'agit d'un montant de $60 millions pour les Affaires
sociales, $76 millions là je vous donne les chiffres arrondis
et $23 millions.
M. MORIN: $76 millions, c'est pour... M. GARNEAU: Pour l'Education. M.
MORIN: Pour l'Education.
M. GARNEAU: Oui.
M. MORIN: Et les $23 millions?
M. GARNEAU: Les $23 millions sont pour la Fonction publique.
Evidemment, c'est une chose un peu difficile à calculer avec
précision, à ce moment-ci. C'est uniquement lorsque tous les
calculs sont faits pour connaître le nombre de personnes en place, au
moment du paiement, qu'on pourra connaître exactement le coût de
ces 6 p.c. Mais c'est calculé avec le plus de précision dont on
dispose. Il est possible qu'il y ait des marges de $300,000, $400,000 ou
$500,000, en plus ou en moins, qui, en dernière analyse, soient
vérifiées.
M. MORIN: J'imagine que vos ordinateurs sont en mesure de vous donner,
quand même, des réponses pas mal approximatives.
M. GARNEAU: Oui. Quand on prend la décision, nos ordinateurs
peuvent le donner pour la Fonction publique avec une assez grande
précision.
Mais au moment où on effectuera le paiement, comme il s'agissait
de la paie du 18 décembre, entre le moment où les calculs ont
été faits probablement que la décision
là-dessus a dû être prise vers la mi-octobre et le
montant où les paiements sont faits, il y a peut-être des
départs, des arrivées, de telle sorte qu'il peut y avoir des
variations, quand même marginales, mais pas importantes.
Pour ce qui est du secteur de l'éducation et des affaires
sociales, le système électronique n'est pas conçu de telle
sorte que nous puissions savoir, à un moment précis, d'une
façon centrale, quel est le nombre de personnes et quelle est la masse
salariale applicable à ce nombre de personnes à une date
précise. Cela demande des calculs plus élaborés et ce
n'est qu'après que tous les détails ont été
calculés que nous pouvons avoir le montant précis, au cent
près.
M. MORIN: J'entends bien. Le ministre pourrait-il nous donner quelques
précisions dans le secteur de l'éducation? Ce montant de $76
millions, comment peut-on le répartir entre le secondaire et
l'élémentaire, par exemple?
M. GARNEAU: Un instant, je vais vérifier à savoir si on
pourrait avoir les informations?
A l'élémentaire, il y aurait $34 millions et, au
secondaire, $21 millions,.le solde étant pour les niveaux
collégial et universitaire.
M. MORIN: C'est-à-dire $21...
M. GARNEAU: II y a un rajustement qu'on veut m'expliquer. Un instant, je
vais avoir les explications.
M. MORIN: ... millions pour le collégial et l'universitaire.
M. GARNEAU: ... millions pour le collégial et environ $12
millions pour l'universitaire.
M. MORIN: $12 millions. M. GARNEAU: Oui.
M. MORIN: C'est cela. Bien. Doit-on conclure que la taxe
foncière, la taxe scolaire habituelle n'a pas été
suffisante pour couvrir ces nouveaux besoins?
M. GARNEAU: Certainement pas, parce que les subventions
d'équilibre budgétaire couvrent à peu près les
trois quarts.
La taxe foncière couvre à peu près le tiers des
dépenses générales d'éducation.
M. MORIN: Oui, je sais cela, mais je me demandais si j'ai raison de
tirer, des chiffres que vous venez de me donner, la conclusion que la taxe
foncière est absolument insuffisante, en l'occurence, pour couvrir cette
différence entre les chiffres anticipés et les chiffres qui nous
sont donnés maintenant.
M. GARNEAU: L'ensemble du forfaitaire est couvert par des subventions
d'équilibre budgétaire. C'est-à-dire que les 6 p.c. seront
totalement payés à partir...
M. MORIN: Totalement?
M. GARNEAU: ... des subventions d'équilibre
budgétaire.
M. MORIN: A combien estimez-vous les revenus de la taxe foncière,
M. le ministre, pour l'année courante, l'année qui
s'achève?
M. GARNEAU: Je devrai vous donner un chiffre approximatif, je ne l'ai
pas devant moi. Cela doit être de l'ordre de $450 millions à $475
millions.
M. MORIN: Est-ce plus que ce que vous aviez anticipé?
M. GARNEAU: Dans certaines régions, il semble que oui; dans
d'autres régions, non. Par exemple, du côté du
Saguenay-Lac-Saint-Jean ou dans certaines régions, peut-être
à cause d'un établissement industriel plus grand ou d'une
application plus stricte de l'article 193 de la Loi de l'instruction publique,
il y a eu des recettes plus grandes. Cela dépend des régions.
Comme l'objectif est de demander aux contribuables fonciers un effort fiscal
comparable d'une région à l'autre et d'une commission scolaire
à l'autre et que les subventions d'équilibre budgétaire
viennent au-delà de cet effort minimum qui est demandé au niveau
de la taxe foncière scolaire, les subventions d'équilibre sont
rajustées en conséquence.
M. MORIN: Ce programme 4, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 4, adopté?
M. MORIN: ... à moins que les autres membres de l'Opposition
n'aient des questions, nous sommes prêts à l'adopter.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 4, adopté.
Programme 6, Traitement électronique centralisé des
données.
M. MORIN: A ce programme, M. le Président, j'aimerais demander au
ministre, pour les $200,000 de loyer qui n'apparaissaient pas dans le budget
original, comment se décompose ce montant.
M. GARNEAU: Nous avons connu un certain nombre de difficultés au
niveau du traitement électronique des données à cause de
la capacité trop restreinte de l'ordinateur et aussi de son
vieillissement. Par exemple, sur le plan strictement administratif, des
difficultés sont survenues dans le traitement des données, par
exemple, pour le remboursement des comptes de dépenses des
fonctionnaires qui voyagent et à qui on donne des avances, les
inspecteurs de toutes sortes. Il est arrivé à plusieurs reprises
des bris de machine, car c'est un ordinateur d'un certain âge. Je ne sais
pas depuis combien d'années il est en fonction. Il n'est pas
suffisamment puissant et l'objectif est de le renforcer. A la suite de
discussions qui ont eu lieu ce sont des machines louées
avec différentes sociétés, on avait intérêt
au centre de traitement électronique, à installer cet ordinateur
le plus tôt possible pour régler ces problèmes techniques.
D'autre part, société IBM était dans la position d'offrir
cet ordinateur rapidement et se faisait une obligation de l'installer avant le
31 décembre. C'est pourquoi nous avons procédé par budget
supplémentaire plutôt que d'attendre le printemps prochain.
M. MORIN: Les fournitures, pouvez-vous nous donner une idée de ce
que représente ce montant? Ce sont des estimations ou des montants
suffisamment certains?
M. GARNEAU: La note qu'on me fournit, c'est que les fonds
supplémentaires sont demandés en raison principalement de
l'insuffisance des crédits alloués au budget du présent
exercice financier. En fait, nous avons dû recourir au fonds de secours
pour obtenir un montant de $150,000 en vue précisément de
suppléer à cette insuffisance.
Il y aurait un remboursement du fonds de secours et le solde, $50,000,
servirait à faire face à l'augmentation des dépenses.
M. MORIN: M. le Président, j'aurais encore une ou deux questions
à poser au ministre avant l'adoption de ce programme.
En 1973-74, les revenus du gouvernement avaient été, en
gros, de $5,038,000,000. En mars 1974, au moment de la présentation de
son budget, le ministre avait prévu des revenus de l'ordre de
$5,865,000,000, c'est-à-dire qu'il avait prévu un taux
d'augmentation d'un peu plus de 16 p.c.; 16.4 p.c. si ma mémoire est
bonne.
Est-ce que le ministre est en mesure aujourd'hui, étant
donné les crédits supplémentaires qu'il nous propose,
d'avancer une estimation révisée des revenus pour l'année
financière 1974/75?
M. GARNEAU: M. le Président, nous estimons globalement et
je l'ai transmis dans un communiqué d'information remis à la
presse à la suite du dépôt du budget supplémentaire
que les revenus atteindront environ $6,387,000,000; ce seraient
là les revenus probables que nous escomptons retirer au terme de
l'année financière 1974/75, donc du présent exercice
financier. Les...
M. MORIN: Oui. C'est une augmentation considérable; est-ce que le
ministre peut la chiffrer en pourcentage par rapport à 1973/74?
M. GARNEAU: Vous voulez indiquer les $6,387,000,000 par rapport aux
revenus réels de 1973/74?
M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: Cela veut dire $5,290,000,000...
M. MORIN: Cela va monter largement au-dessus de 20 p.c, de 25 p.c.
même.
M. GARNEAU: Cela va donner à peu près 20 p.c.
M. MORIN: Cela fait une différence de plus d'un milliard dans les
revenus, d'une année à l'autre.
M. GARNEAU: C'est juste, cela fait $1 milliard...
M. MORIN: $1,349,000,000.
M. GARNEAU: $6,387,000,000 moins $5,290,000,000, ce qui donne
$1,097,000,000.
M. MORIN: Oui.
M. GARNEAU: Le gros de l'augmentation, par rapport à ce que
j'avais prévu dans mon discours du budget, vient du gouvernement du
Canada, à la suite de la péréquation des revenus du
pétrole et du gaz, où l'évaluation présente est
entre $130 millions et $150 millions de plus que ce qui avait été
prévu dans mon discours sur le budget.
M. MORIN: Combien, M. le ministre?
M. GARNEAU: Entre $130 millions et $150 millions, tout dépend du
volume qui sera effectivement sorti des puits de pétrole et de gaz,
puisque les redevances sont calculées d'après le volume. Il y a
une marge qui peut être plus ou moins grande, dépendamment du
volume de production. C'est pourquoi le chiffre final variera probablement
entre $130 millions et $150 millions. Je prends une marge de manoeuvre de mon
côté parce que, dans son récent discours, M. Turner
indiquait lui-même $150 millions. Mais comme d'autres facteurs nous
indiquent qu'il y aurait une diminution dans l'exportation du pétrole
d'un type particulier de la Saskatchewan de façon spéciale, il
pourrait y avoir un peu de baisse dans les redevances. Comme c'est
"péréquaté" à la moyenne suivant la
déficience québécoise dans ce domaine, il est possible que
ce soit un peu moins. C'est pourquoi je donne la marge entre $130 millions et
$150 millions de péréquation additionnelle.
M. MORIN: Cela, c'est le montant total?
M. GARNEAU: En total, pour le pétrole et le gaz. Malheureusement,
je n'ai pas les détails devant moi pour les autres types de
péréquation mais il n'y a pas de variation sensible sur les
autres.
M. MORIN: Avez-vous une idée de l'augmentation de toute la
péréquation par rapport à l'année
dernière?
M. GARNEAU: L'année dernière, on a eu... Je m'excuse. Tout
à l'heure, M. le Président loin de moi l'idée
d'induire la Chambre en erreur au lieu de prendre les revenus de
l'année 1973/74, j'ai pris le volume des dépenses, ce qui modifie
le pourcentage que j'ai donné au chef de l'Opposition, en termes
d'augmentation du taux de revenu d'une année réelle, 1973/74, par
rapport au probable...
M. MORIN: C'était $5,038 millions.
M. GARNEAU: $5,032 millions en 1973/74.
M. MORIN: Trente-deux millions?
M. GARNEAU: Oui c'est ça.
M. MORIN: Ce qui veut dire que l'augmentation des revenus, d'une
année à l'autre, dépasserait $1,350 millions?
M. GARNEAU: C'est ça.
M. MORIN: $351 millions, je pense, de manière plus
précise. Non, plus que ça, même. Enfin disons que
l'augmentation est de l'ordre de $1,350 millions, ce qui est
considérable. Le ministre nous dit que c'est dû, pour une bonne
part, à l'augmentation de la péréquation. S'il peut nous
donner un chiffre sur le total de l'augmentation de la
péréquation, ça m'amènera peut-être à
lui poser d'autres questions sur les autres sources de l'augmentation de ces
revenus.
M. GARNEAU: Je ne croyais pas que nous aborderions cette question
aujourd'hui sous cet angle, alors je n'ai pas les tableaux. J'ai les
données générales sur les variations globales mais non pas
par source de revenu et...
M. MORIN: Je ne veux pas prendre le ministre en défaut.
M. GARNEAU: Non, écoutez...
M. MORIN: II sait qu'à l'occasion des crédits, d'habitude,
nous lui posons ce genre de question.
M. GARNEAU: Je les ai eus longtemps par-devers moi, mais comme j'ai
travaillé à d'autres dossiers qui me demandaient ces documents,
entre autres sur le budget de l'an prochain, je ne les ai pas par-devers moi.
C'est évident qu'au niveau de l'impôt sur le revenu des
particuliers et de la taxe de vente, qui a un taux de croissance assez
important qui se reflète suite à l'augmentation du taux,
disons, du revenu personnel, et également à cause de
l'augmentation des prix en particulier sur la taxe de vente, il y a eu
un impact spécial, pour des raisons difficiles à évaluer,
sur le plan technique. Les explications qu'on me donne sont à peu
près de la nature suivante. Lorsque les nouvelles voitures de 1975 ou
à la veille que les voitures 1975 arrivent sur le marché, il y a
eu beaucoup d'articles disant qu'il y avait une augmentation du prix des
modèles de voitures 1975. Il semble qu'il y a eu un nombre important de
transactions sur les voitures restantes de 1974, ce qui a augmenté de
façon importante la taxe de vente. Et, comme c'est un
élément important parce que ça s'applique à des
gros montants, il y a eu un accroissement substantiel de la taxe de vente au
cours du mois de septembre en provenance de la vente d'automobiles. Est-ce que
ça se maintiendra? Je ne peux pas le dire, mais les deux sources
principales...
M. MORIN: C'est douteux que ça se maintienne.
M. GARNEAU: Oui, mais vous me demandez d'où viennent les
augmentations, c'en est une source. L'autre est l'impôt sur le revenu des
particuliers qui montera de façon assez importante également. Je
n'ai pas le détail, je pourrai le donner certainement lors de l'analyse
des crédits, au moment où j'aurai des chiffres précis et
aussi au moment où nous connaîtrons les autres modifications qui
pourraient être apportées à la fiscalité. J'ai
l'intention d'ailleurs, de faire une déclaration jeudi à ce
sujet.
M. MORIN: Une déclaration sur...?
M. GARNEAU: Sur certaines modifications fiscales que nous voulons
apporter. D'ailleurs, c'est dans le sens de la réponse que j'ai
donnée au député de Beauce-Sud tout à l'heure,
lorsque j'a-dit que nous y songions. Evidemment, ça impliquait que
certaines mesures de concordance avec le dernier budget fédéral
seront appliquées, de telle sorte que ça modifiera certainement
l'évolution de nos revenus pour l'année 1974/75.
M. MORIN: Est-ce que votre souci de concordance pourrait aller
jusqu'à l'indexation?
M. GARNEAU: Non. Un gouvernement social-démocrate n'oserait
jamais poser de tels gestes.
M. MORIN: Pourriez-vous, quand même, essayer de nous donner un
ordre de grandeur pour l'augmentation des revenus due aux impôts sur le
revenu des particuliers? Vous n'avez pas une idée de l'ordre de
grandeur? Il me semble que cela doit être l'un des chiffres qui hantent
constamment votre esprit.
M. GARNEAU: Nos prévisions d'augmentation, par rapport aux
prévisions de budget, sont de l'ordre de $100 millions à peu
près.
M. MORIN: Sur le revenu des particuliers?
M. GARNEAU: Oui. Je m'excuse. On m'avait remis le document et il
était joint aux notes explicatives. Notre estimation est que, du
côté du revenu des particuliers, il y aura une centaine de
millions, mais il y a des choses que je serai plus en mesure de préciser
après ma déclaration ministérielle de jeudi.
M. MORIN: Bien.
M. GARNEAU: Du côté de la taxe de vente, il y aura
également une centaine de millions de plus. C'est ce que l'on
prévoit, en tenant pour acquis que les entrées qui ont
été vérifées au cours des neuf ' premiers mois
continuent dans les mois qui vont suivre. Sur ce plan, nous avons eu quelques
expériences difficiles en 1972/73, je crois. Pour des raisons qui sont
un peu inexplicables sur le plan technique, il y a eu une chute
d'entrées et modification dans les habitudes des consommateurs et,
à la fin de l'année, on est sorti avec des revenus réels
de $84 millions de moins que la prévision que j'avais faite et que
j'avais donnée en Chambre au mois
de novembre. Depuis cette expérience un peu pénible, je
suis extrêmement prudent lorsque je donne des chiffres, parce qu'il est
arrivé une fois qu'ils se sont avérés beaucoup trop
optimistes, ce qui avait dû nous faire modifier de façon
substantielle notre programme d'emprunts. C'est pourquoi j'aime mieux parler en
termes globaux que m'identifier à des sources précises à
ce moment-ci.
M. MORIN: Revenons seulement, encore une dernière fois
peut-être, sur la question de l'augmentation des revenus cette
année par rapport à l'année dernière. A combien
avez-vous estimé le pourcentage? Je ne suis pas sûr que nous
l'ayons calculé avec précision. Mon impression est que cela
dépasse 25 p.c.
M. GARNEAU: Cela serait de l'ordre de...
M. MORIN: Les nouveaux chiffres dont vous avez tenu compte.
M. GARNEAU: Cela doit donner 26 p.c. à peu près, si ces
prévisions se réalisent, oui.
M. MORIN: Si elles se matérialisent, oui, bien sûr.
M. GARNEAU: Si mes prévisions actuelles se
matérialisaient, cela donnerait à peu près 26 p.c.
d'augmentation.
M. MORIN: C'est phénoménal.
M. GARNEAU: C'est élevé, j'en conviens.
M. MORIN: Le ministre pourrait-il risquer un pourcentage de cette
augmentation pour ce qui est de la part due à l'inflation?
M. GARNEAU: Très difficile. Au niveau de la taxe de vente, on
pourrait dire que l'augmentation des prix due à l'inflation s'y
reflète jusqu'à un certain point, puisque c'est un pourcentage
qui s'est appliqué au prix de vente, mais quelle est la part? Est-ce
qu'on peut dire que c'est le moment total de l'augmentation du coût de la
vie? Cela serait difficile de risquer ce chiffre, parce qu'il y a une partie
importante des éléments qui entre dans l'indice des prix à
la consommation.
Ils sont des éléments non taxables pour les fins de la
taxe de vente au détail, comme la nourriture, par exemple, qui est un
élément important dans l'indice des prix à la
consommation. Quelle est la partie due à l'inflation? Je pense qu'on
pourrait risquer des chiffres, mais techniquement ils ne seraient pas
vérifiés. Je n'oserais pas en donner. J'en ai demandé et
comme je n'en ai pas reçu de précis, je ne veux pas vous en
donner que je tirerais un peu au hasard.
M. MORIN: Peut-être pour la taxe de vente.
Pour l'impôt sur le revenu des particuliers, vous n'avez pas une
idée, parce qu'après tout, je pense bien...
M..GARNEAU: Si vous parlez...
M. MORIN: ... qu'une fois de plus, vos ordinateurs, s'ils ne sont pas
grippés...
M. GARNEAU: Si vous avez...
M. MORIN: ... pourraient peut-être vous donner une
idée.
M. GARNEAU: II est difficile de savoir quelle est l'augmentation de
salaire accordée dans le cadre d'une négociation collective qui
est due à l'inflation et quelle autre n'est pas due à
l'inflation. Ce que l'on sait, c'est qu'il y a eu une augmentation
réelle du revenu des contribuables québécois qui est de
l'ordre de 4 p.c. à 5 p.c. en termes réels. Si on regarde les
chiffres qui ont été donnés par M. Saint-Pierre, si on
parle de revenu personnel, l'augmentation du revenu personnel et on le
compare à l'augmentation du coût de la vie cela donne 3
p.c. ou 4 p.c. Je n'ai pas les chiffres devant moi. Est-ce qu'on pourrait dire
que tout le reste est dû à l'inflation? J'en doute, parce qu'il y
a certainement une partie des augmentations de traitement qui sont dues
à autre chose qu'à l'inflation, à une augmentation de
productivité ou encore à une augmentation dans les
responsabilités des gens. Lorsqu'un fonctionnaire est adjoint aux cadres
et qu'il devient administrateur, il y a une augmentation de traitement qui
n'est pas due à l'inflation. La même chose existe dans les
entreprises. Comment décortiquer ce facteur? Je ne serais
réellement pas en mesure de le dore.
Si, dans l'esprit du chef de l'Opposition, son objectif est de tenter de
savoir combien de moins aurait été le taux d'augmentation du
revenu personnel si nous avions indexé les tables d'impôt, si
c'est cela son objectif, je lui dirai que financièrement, pour
l'année 1974/75, compte tenu des gestes que nous avons posés par
ailleurs comparativement aux autres provinces, les sommes d'argent
impliquées, à notre sens, s'équilibrent avec les $25
millions de coût additionnel que nous avions estimé au
début de l'année. Donc, en termes totaux, je ne crois pas que
cela aurait eu une influence en termes de pourcentage. D'ailleurs, quand on
regarde le taux d'augmentation de l'impôt sur le revenu du gouvernement
fédéral, qui a indexé son impôt, les taux
d'augmentation sont passablement voisins. Peut-être que la
différence est due au fait que nous n'avons pas taxé les
allocations familiales et qu'il les taxe, mais par contre, il les indexe, de
telle sorte que les courbes de croissance sont des montants assez
appréciables, c'est $500 millions. Ce sont quand même des montants
importants.
M. MORIN: Seulement sur les allocations familiales?
M. GARNEAU: Bien oui. C'est peut-être de $500 à $600
millions. Les parties fédérale et québécoise
ensemble, celle-ci n'étant pas taxée.
M. MORIN: Oui, fédérale et québécoise
ensemble.
M. GARNEAU: Mais nous, nous ne taxons ni l'une ni l'autre et le
fédéral taxe les deux. Chose certaine, c'est qu'avec les quelques
différences que nous avons dans notre structure fiscale, il reste qu'il
y a un parallélisme, un degré de rapprochement assez
étroit entre des évaluations d'augmentations du revenu personnel
au niveau fédéral et au niveau du Québec.
M. MORIN: M. le Président, il est déjà midi moins
dix et la Chambre doit suspendre à midi. Je sais que le ministre des
Transports aimerait bien qu'on procède à l'étude de ses
crédits. En ce qui me concerne, j'arrêterai là mes
questions. Nous aurons certainement l'occasion de reprendre cette analyse de
plus près. En ce qui me concerne, je veux bien que ce programme 6 soit
adopté.
M. GARNEAU: L'éditorialiste en chef du Devoir me laisse la
responsabilité de poursuivre mes fonctions de ministre des Finances.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): ... j'aurais seulement une couple de questions
à poser à l'honorable ministre des Finances. Combien a
rapporté en surplus la taxe sur le revenu, cette année, en
moyenne?
M. GARNEAU: Vous parlez de l'impôt sur le revenu des
particuliers?
M. BELLEMARE (Johnson): oui.
M. GARNEAU: Cela doit être de l'ordre de 25 p.c. ou 26 p.c. Mais,
encore là, j'hésite à donner des informations de ce genre
parce qu'il y a quatre mois qui ne sont pas entrés encore. Cela
m'inquiète de beaucoup de donner des chiffres précis. C'est pour
cela que je donne un ordre de grandeur de 25 p.c. ou 26 p.c.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que ce serait possible que,
jusqu'à présent, il y ait eu un surplus budgétaire de
revenus de l'ordre de $191 millions sur ce qui a été
annoncé dans le budget?
M. GARNEAU: Vous voulez dire... Les revenus totaux, si je compare les
montants qui étaient prévus par rapport à ce que nous
prévoyions, il y a une augmentation de $522 millions.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui. C'est-à-dire que vous avez une
augmentation dans l'impôt sur le revenu, vous avez une augmentation aussi
sur la taxe des consommateurs de 12.7 p.c.
M. GARNEAU: La taxe de vente et également sur la
péréquation...
M. BELLEMARE (Johnson): Oui.
M. GARNEAU: ... qui est le montant le plus élevé dans ces
catégories-là.
M. BELLEMARE (Johnson): Maintenant, ma question est celle-ci: Si le
revenu moyen en 1972 était de $3,406; en 1973, de $3,843; en 1974, il
est prévu à $4,373, quelle est, per capita, la dette reconnue? En
1973, elle était de $429.14 et, en 1974, elle est prévue pour
combien, M. le Président?
M. GARNEAU: Un instant, je vais vous donner le chiffre, je l'ai ici.
M. BELLEMARE (Johnson): ... la dette à long terme.
M. GARNEAU: Vous voulez parler de quelle dette?
M. BELLEMARE (Johnson): La dette per capita.
M. GARNEAU: Oui. La dette, per capita...
M. BELLEMARE (Johnson): Elle était de $429.14 en 1973.
M. GARNEAU: En dollars courants, en 1974, elle était de
$467.51.
M. BELLEMARE (Johnson): Elle est augmentée donc...
M. GARNEAU: C'est la dette nette. Je compare avec le concept de la dette
nette.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui. Elle est augmentée, cette dette
nette...
M. GARNEAU: La dette nette est passée de $429 à $467.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui. Cela veut dire qu'elle serait
augmentée de $38.51 à peu près.
M. GARNEAU: Mais le concept de la dette nette est
interprété différemment d'une province à
l'autre.
Le critère qu'utilise la Banque du Canada dans ses revues
trimestrielles pour évaluer la charge ou l'endettement des provinces par
rapport aux autres, consiste à prendre l'encours des obligations
émises, c'est-à-dire les titres que
les gouvernements ou les sociétés d'Etat vendent sur les
marchés. C'est ce qu'on retrouve dans le fascicule des états
financiers publié récemment, à la page 45, où on
donne et c'est tiré de la revue de la Banque du Canada de
septembre 1974 l'encours per capita de la dette directe et indirecte. On
prend le Québec et la moyenne pondérée des autres
province, parce qu'on aurait trouvé un peu indécent de donner
cela par province dans un document québécois. On a pris la
moyenne pondérée, qui est tirée des chiffres
donnés.
M. BELLEMARE (Johnson): La moyenne per capita, pour la province, de sa
dette à long terme serait $536.
M. GARNEAU: $536.
M. BELLEMARE (Johnson): Comparativement à celle d'autres
provinces, qui pourraient se chiffrer par $740 ou $741.
M. GARNEAU: La moyenne, $741. C'est selon les chiffres donnés par
la Banque du Canada.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui. Maintenant, les revenus du
fédéral ont augmenté de l'ordre de 7.6 p.c, M. le
Président. Est-ce la péréquation?
M. GARNEAU: Les revenus du gouvernement fédéral, si on
prend les revenus de 1973/74 tout à l'heure, le chef de
l'Opposition m'a demandé ces renseignements et je ne croyais pas que je
les avais, mais je viens de les retrouver il y avait $629 millions de
payés en paiements inconditionnels c'est de la
péréquation en 1973/74, $629,768,000. Et nous
prévoyons qu'en 1974/75, nous aurons $942,400,000, ce qui donne $313
millions sur $629 millions, soit tout près de 50 p.c.
d'augmentation.
J'avais raison de mentionner, tout à l'heure, que c'était
la principale source, la principale raison de l'augmentation si substantielle
de nos revenus entre la prévision du début de l'année et
celle que nous pouvons faire maintenant, à la suite des accords
intervenus sur la péréquation du pétrole et du gaz.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 6, adopté?
Transports. Programme 8, élément 1.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, au niveau du budget
supplémentaire du ministère des Transports, je voudrais demander
au ministre si le montant de $9,583,800 consiste en des subventions statutaires
ou si c'est pour d'autres fins.
M. MAILLOUX: M. le Président, cela consiste en certaines
subventions aux commissions scolaires à charte spéciale, payables
en vertu du projet de loi no 51, Loi modifiant la loi des transports,
adoptée à la dernière session, c'est-à-dire
ultérieurement à l'adoption des crédits par la Chambre.
Cela fait suite, en partie également, à des augmentations qui
n'étaient pas prévisibles d'une façon aussi importante
qu'elles se sont produites, étant donné les contrats qui ont
été donnés pour une période de trois ans,
renouvelables pour six ans. Comme cela suppose des décisions de la
Commission des transports pour ceux qui sont allés au-delà des
montants qui étaient fixés, il y a en partie l'augmentation et en
partie ce qui découle de la loi votée par la Chambre lors de la
dernière session.
M. BEDARD (Chicoutimi): Avec ce nouveau budget, cela porte l'aide au
transport scolaire à plus de $98 millions.
M. MAILLOUX: De $88,660,000 qu'elle était.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela. Le ministre pourrait-il nous dire
où il en est concernant le politique d'intégration scolaire
commune qui avait été mise de l'avant dans les 40
municipalités visées par le plan d'intégration?
M. MAILLOUX: Je pense qu'au moment où on a indiqué que,
dans 40 villes et municipalités du Québec, on tentait
l'intégration pour un meilleur rendement des investissements, on avait
dit que ce serait une période, quand même, où l'on
regarderait la situation évoluer et que, par la suite, on verrait s'il y
a une possibilité que ce soit davantage étendu. Mais je pense que
la période nécessaire pour une telle évaluation se fixe
à au-delà d'une année. Cela prendra peut-être deux
ans avant qu'on puisse élargir cela, à moins que des demandes
précises ne nous viennent entre-temps, où il y aurait une
justification d'une réduction des coûts pour le transport de
personnes et des écoliers.
M. BEDARD (Chicoutimi): Maintenant, concernant la possibilité de
fusionner le transport en commun et le transport scolaire, est-ce que ceci
équivaut à laisser entendre qu'avant deux ans il ne sera
peut-être pas possible d'établir une politique définitive
de ce côté-là et qu'entre-temps on va continuer à
fonctionner avec des subventions statutaires?
M. MAILLOUX: II y a un autre problème qui se pose, c'est que,
dans le dernier discours du budget, à Ottawa, on avait laissé
entendre qu'éventuellement le gouvernement se pencherait davantage sur
les transports en milieu urbain, comme sur les transports de banlieue. Cela
supposait que certains crédits pour le renouvellement de
l'équipement et pour d'autres fins seraient disponibles.
On pense que dans les mois qui vont suivre, cet ordre de gouvernement va
se prononcer, ce qui nous permettrait de faire avancer nous-mêmes le
dossier. J'hésite à penser que le gouvernement, devant les
coûts extraordinaires que cela va entraîner, pourrait se prononcer
dans les mois qui vont suivre; cela va prendre une étude qui va nous
mener plus loin qu'une période d'une année, je pense. Cela va
continuer avec des subventions qui sont connues à ce jour et des
subventions d'équilibre budgétaire pour un certain temps.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme le ministre le sait il a eu
l'occasion de rencontrer des organismes représentatifs ou des conseils
de ville du Haut-Saguenay au niveau du transport en commun dans le
Haut-Saguenay, la situation est urgente. Je sais que des subventions avaient
été consenties par le ministère, moyennant une certaine
contribution de $25,000 par les villes, mais elles devaient prendre fin le 2
décembre, quitte à reconsidérer la situation. Le 2
décembre étant passé, est-ce qu'on doit comprendre que la
politique sera de renouveler ces octrois statutaires selon les besoins qui
seront explicités au ministre?
M. MAILLOUX: En ce qui concerne le Haut-Saguenay, comme certains autres
endroits urbains pris avec le même problème, étant
donné que nous avons défendu d'organiser d'autres commissions de
transport, nous avons dit de quelle façon nous pourrions temporairement
les aider. Evidemment, la politique qui se termine le 2 décembre, quant
à ce qui a été annoncé précédemment,
se continuera de manière que le transport puisse s'effectuer dans des
conditions acceptables. Même s'il n'y a pas de commissions de transport
d'organisées, nous allons continuer à les aider de la même
façon.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon.
M. MAILLOUX: Par l'entremise, peut-être, d'un autre
ministère que le mien, soit les Affaires municipales. Mais que ce soit
l'un ou l'autre, il y aura une continuité dans les subventions
accordées là-bas.
M. BEDARD (Chicoutimi): Comme le ministre l'a déjà
mentionné, les coûts du transport scolaire augmentent
continuellement. Est-ce que le ministère entend prendre des mesures
spéciales pour freiner cette hausse?
M. MAILLOUX: Bien, il serait difficile de prendre des mesures tout
à fait spéciales quand on sait, d'abord, qu'une facette du
problème qui coûte extrêmement cher actuellement, ce sont
les salaires qui constituent près de 75 p.c. du coût d'un
transporteur scolaire, et on sait...
M. BEDARD (Chicoutimi): Qu'ils augmentent...
M. MAILLOUX: ... qu'ils augmentent graduellement. Il y a
l'équipement qui augmente sans cesse également, et les
carburants, évidemment, qui sont à des conditions
inacceptables.
On avait espéré, malgré des chiffres assez
pessimistes, qu'avec $88 millions ont passerait à travers et l'on
constate que ç'a été $98 millions. Vouloir penser qu'on a
atteint un sommet... Quant aux contrats, malgré qu'ils sont
donnés pour une période de plusieurs années, on pourrait
quand même les revoir, s'il y avait une escalade dans la crise du
carburant et d'autres choses. Je pense que ça pourrait quand même
coûter plus cher que ce qui est actuellement connu.
M. BEDARD (Chicoutimi): Seulement deux dernières questions.
Est-ce que le ministre peut évaluer à l'heure actuelle le taux de
profit moyen des propriétaires de flotte d'autobus scolaires?
M. MAILLOUX: II faudrait que je vérifie les documents
auprès de mes fonctionnaires et de la Commission des transports parce
qu'il y a eu quantité de causes entendues. On pourrait
ultérieurement, en janvier ou février, déposer l'analyse
qui en a été faite.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous pourriez nous fournir ces
renseignements?
M. MAILLOUX: Oui.
M. BEDARD(Chicoutimi): Bon. Je n'ai pas d'autres...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Programme 8, adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): J'avais simplement une dernière question.
Si vous n'avez pas encore l'appréciation définitive du profit
moyen des transporteurs scolaires, sur quels critères vous basez-vous
pour établir les barèmes?
M. MAILLOUX: C'est la Commission des transports qui se prononce, ce
n'est pas le ministère des Transports, sur l'état...
M. BEDARD (Chicoutimi): La Commission des transports se prononce
à partir de quel barème?
M. MAILLOUX: Le ministère lui-même, d'après
l'étude que nos fonctionnaires avaient faite, avait fixé une
fourchette à ne pas dépasser, et seuls ceux qui étaient
au-delà de la fourchette devaient se présenter devant la
Commission des Transports. L'étude des profits et pertes est
analysée à chaque fois par la Commission des transports qui doit
se prononcer individuellement dans chacun des cas. Quant à
l'étude du ministère sur laquelle nous avions basé la
fourchette en question, on pourrait la rendre publique
immédiatement.
Quand quelqu'un est capable de prouver, parce qu'il se trouve dans une
région éloignée ou pour d'autres conditions, qu'il n'est
pas en mesure d'arriver, il doit en faire la preuve devant la Commission des
transports. A ce moment-là, les chiffres sont également
disponibles et la Commission des transports peut fournir l'évaluation
qui lui a été présentée.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autre question, M. le
Président. Adopté.
M. GARNEAU: M. le Président, en vertu de l'article 128,
troisièmement, et de ce qui a été expliqué par le
leader de la Chambre tout à l'heure, pour considérer que les
crédits sont automatiquement adoptés, je propose de faire
rapport.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Crédits supplémentaires
1974/75, adoptés.
M. le Président j'ai l'honneur de faire rapport que votre
commission a adopté les crédits supplémentaires
1974/75.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que ce budget est adopté: en
faisant les trois lectures du projet de loi suivant l'article 131?
Adopté.
Première, deuxième et troisième
lectures
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première, deuxième et
troisième lectures de ce projet de loi. First, second and third reading
of this bill.
M. BIENVENUE: M. le Président, je demande la suspension des
travaux de la Chambre jusqu'à quinze heures cet après-midi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à quinze heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 7)
Reprise de la séance à 15 h 5 Travaux
parlementaires (suite)
M. LEVESQUE: Je fais motion pour qu'au salon rouge,
immédiatement, siège la commission parlementaire des richesses
naturelles et des terres et forêts pour entendre les représentants
de l'Hydro-Québec et de la Société d'énergie de la
baie James, en conformité du mandat que j'ai déjà
décrit en cette Chambre, il y a quelque temps, lorsque j'ai fait la
motion originale.
LE PRESIDENT: Qu'arrive-t-il des autres commissions?
M. LEVESQUE: M. le Président, à moins qu'il n'y ait
consentement unanime, ce dont je doute, je prierais les deux autres
commissions, soit la commission des institutions financières, compagnies
et coopératives, ainsi que la commission parlementaire de l'agriculture
de suspendre leurs travaux pour le moment.
M. BURNS: Votre suggestion est très bien accueillie et il n'y a
évidemment pas de consentement, parce que c'est impossible.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas sollicité de consentement. Je voudrais
bien qu'on le note. J'ai présumé de l'attitude normale d'une
Opposition qui a des problèmes.
M. BURNS: Normale.
M. LESSARD: Et évidente.
LE PRESIDENT: Cette motion à l'effet de permettre à la
commission des richesses naturelles de siéger est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Veuillez, s'il vous plaît, messieurs les
greffiers...
M. BURNS: On ne demande pas de vote enregistré.
M. LEVESQUE: Le demander serait téméraire!
LE PRESIDENT: Messieurs les secrétaires adjoints, voulez-vous
donner des instructions ou prendre les moyens pour que les deux autres
commissions suspendent leurs travaux?
M. LEVESQUE: Article 8).
Projet de loi no 93 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires
sociales propose la deuxième lecture du projet de loi no 93, Loi
modifiant la loi de l'assurance-maladie et la loi de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
Le ministre des Affaires sociales.
M. Claude Forget
M. FORGET: Merci, M. le Président. L'honorable
lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce projet de loi et
il en recommande l'étude à la Chambre. Je dépose en
deuxième lecture le projet de loi intitulé Loi modifiant la loi
de l'assurance-maladie et la loi de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
Je désire d'abord rappeler que le présent projet de loi
s'insère dans la politique du gouvernement visant à assurer une
plus grande accessibilité des soins et une gestion plus efficace des
services de santé. Un bref aperçu chronologique des gestes
posés en ce sens depuis 1970 démontre, de la part de notre
gouvernement, une volonté constante de poursuivre l'amélioration
du système d'assurance-maladie.
La Loi de l'assurance-maladie instaurée en 1970
décrétait la gratuité des services médicaux.
Dès 1971, elle a été modifiée pour comprendre les
services dentaires rendus aux personnes dont l'âge est fixé par
règlement ainsi que les médicaments prescrits aux personnes qui
touchent l'aide sociale ou qui reçoivent, à compter de 65 ans, le
supplément maximum de revenu mensuel garanti. La loi a été
amendée une seconde fois en 1973 pour permettre d'incorporer aux
services qu'elle assure le coût des orthèses et prothèses,
et pour constituer des comités de révision habilités
à se prononcer sur le paiement des services assurés.
Le projet de loi actuel veut proposer de nouvelles modifications
à la Loi de l'assurance-maladie ainsi qu'à la Loi de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec qui lui est
corrélative. Comme je le disais aux membres de cette Assemblée,
lors du dépôt en première lecture, ce projet de loi
contient un grand nombre de dispositions. Je voudrais maintenant vous en
exposer les principales.
En premier lieu, l'extension de la couverture des médicaments
dans le régime.
Dans l'un des articles, nous proposons d'étendre à toutes
les personnes âgées de 65 ans et plus qui reçoivent le
supplément du revenu mensuel garanti aux termes de la Loi sur la
sécurité de vieillesse, soit environ 300,000 personnes, la
couverture des médicaments. Présentement, seules les personnes
qui touchent le maximum du supplément, au nombre d'environ 150,000,
bénéficient de cette protection, ainsi que les
bénéficiaires de l'aide sociale. Le fait de doubler ainsi le
nombre de bénéficiaires âgés hausserait le
coût annuel total du programme de $28 à environ $36 millions, soit
quelque $8 millions de plus que les coûts actuellement assumés.
Cette mesure, M. le Président, se concilie avec nos priorités en
faveur des personnes âgées et elle aurait l'avantage de mettre fin
aux inégalités de traitement dont font actuellement et
particulièrement état les personnes qui ne reçoivent pas
le supplément maximum parce qu'elles bénéficient d'un
faible revenu provenant d'une autre source telle que la Régie des rentes
du Québec, par exemple.
Une autre extension au régime d'assurance-maladie consiste dans
l'extension du régime décrété par un amendement de
1973 et permettant la couverture des orthèses et prothèses.
En prévision, pour les premiers mois de 1975, de la mise en place
du programme en vue d'assurer le paiement du coût d'achat, d'ajustement,
de remplacement ou de réparation des prothèses et appareils
orthopédiques ou autres je rappellerais, M. le Président,
que j'ai déposé aujourd'hui le rapport du comité
d'étude que j'ai formé en décembre 1973 pour
étudier la situation des handicapés visuels au Québec,
rapport qui s'inscrit dans le même contexte. Alors, dans la perspective
d'une application prochaine relativement aux appareils orthopédiques et
autres appareils du même genre, une disposition nouvelle prévue
dans le présent projet de loi permettrait d'assumer le coût de
tels appareils ou services fournis non seulement par des établissements
ou laboratoires au Québec mais aussi en dehors du Québec, s'ils
sont reconnus, c'est-à-dire si ces établissements sont reconnus
à ces fins par le ministre. Il permet aussi de payer directement les
laboratoires, c'est-à-dire de payer les laboratoires qui fournissent ces
appareils plutôt que les bénéficiaires eux-mêmes,
mais interdit toutefois aux laboratoires de charger plus que les prix
remboursés par le ministre.
J'aimerais exposé un autre ensemble de mesures qui ont trait
à la répartition géographique des professionnels de la
santé sur le territoire du Québec.
L'accessibilité aux services de santé à laquelle a
droit la population, en vertu des lois actuellement en vigueur, suppose une
répartition géographique adéquate des professionnels de la
santé. Aussi, nous avons prévu dans ce projet de loi, et aussi en
plus des mesures prévues dans ce projet de loi, un certain nombre de
dispositions à cet effet.
Premièrement, pour assurer une meilleure répartition
géographique des professionnels de la santé, le projet de loi
prévoit la possibilité pour le ministre d'établir, par
ententes avec les professionnels de la santé, une procédure
relative ayant pour effet de déterminer le nombre de professionnels
admissibles à participer au régime d'assurance-maladie ou au
régime d'assurance-hospitalisation dans un même territoire ou
établissement en tenant compte, évidemment, de la
catégorie ou de la spécialité à laquelle ces
professionnels appartiennent.
Deuxièmement, de plus, en vue d'inciter un certain nombre de
médecins à exercer leur
profession dans une localité "désignée" au terme de
leurs études, la Régie de l'assurance-maladie financerait un
régime de bourses d'étude au profit des étudiants qui
s'engageraient à exercer leur art dans une localité
désignée. Cette mesure incitatrice assurerait un meilleur
équilibre entre la distribution des ressources professionnelles et les
besoins de la population, et viendrait en aide aux régions
dépourvues de médecins.
Ces mesures législatives, comme je l'indiquais tout à
l'heure, M. le Président, font partie d'une politique d'ensemble
comportant deux autres éléments pour améliorer la
répartition géographique des médecins.
Troisièmement, ainsi, je me propose de formuler, dans le cadre
des négociations en cours pour renouveler les ententes avec les
fédérations médicales, la proposition d'un régime
d'incitation à la pratique de groupe dans certains endroits
éloignés du territoire québécois,
présumément les mêmes, M. le Président, que ceux
dont l'occupation sera prévue par les mesures précédemment
décrites de bourses aux étudiants.
Ce régime comportera une garantie pour les médecins
impliqués d'un revenu comparable aux revenus qu'ils pourraient tirer
d'une pratique médicale dans des endroits plus normalement
peuplés. L'expérience, en effet, a démontré que la
pratique de groupe offre le seul espoir de continuité dans les
conditions particulièrement difficiles d'exercice de la médecine
dans ces endroits.
Quatrièmement, et en dernier lieu, je discuterai avec les
conseils régionaux de la santé et des services sociaux une
rencontre étant d'ailleurs prévue pour jeudi de cette semaine
à cet effet des difficultés que peuvent éprouver
les médecins dans ces endroits, particulièrement à leur
arrivée, à loger commodément à la fois leur famille
et leur cabinet professionnel. Je discuterai avec les conseils régionaux
non seulement du problème lui-même mais également,
évidemment, des moyens à envisager pour aplanir ces
difficultés.
Outre ces mesures visant d'une part l'extension du régime ou des
modalités administratives pour garantir une meilleure administration du
régime étendu d'assurance-maladie et des mesures visant à
assurer une meilleure répartition des professionnels sur le territoire
du Québec, d'autres mesures sont contenues dans ce projet de loi. En
particulier, on y prévoit une information aux
bénéficiaires.
Un article du projet oblige la Régie de l'assurance-maladie
à transmettre à chaque résident assuré, au moins
chaque année, un relevé faisant état du nom des
professionnels de la santé qui lui ont fourni des services
assurés, des dates auxquelles ils ont été fournis, du
montant payé par la régie pour chaque prestation de services et
de la somme totale ainsi payée pour ces services durant la
période couverte par ces relevés.
Parmi les autres dispositions contenues dans le projet de loi no 93,
nous prévoyons adopter certaines dispositions ayant trait à
l'inscription des bénéficiaires, à la nomination des
membres du comité de révision ainsi qu'à la liste de
médicaments, le tout dans le but d'assurer une meilleure application de
la loi.
Nous envisageons également, dans le domaine de la recherche, de
permettre à la régie de verser, sur la recommandation du Conseil
de la recherche en santé du Québec, des bourses de chercheurs qui
permettront d'assurer la continuité de l'effort de recherche en
santé dans les établissements d'affaires sociales. Ces bourses
seront soumises à une évaluation rigoureuse et seront
attribuées pour une durée limitée quoiqu'elles seront
renouvelables. Elles permettront d'accentuer la contribution du régime
d'assurance-maladie au maintien et au développement des médecins
et d'une médecine de qualité élevée, ce qui
constitue indubitablement un des objectifs prioritaires du régime. Ces
bourses serviront uniquement à la rémunération des
professionnels chercheurs et non au fonctionnement des laboratoires maintenus
par des établissements, maintenant ainsi l'utilisation usuelle des fonds
de l'assurance-maladie.
Enfin, certaines dispositions sont prévues pour assurer une plus
grande coordination. Il s'agit entre autres, d'une part, de permettre au
ministre des Affaires sociales de formuler à la régie des
instructions pour rappeler celle-ci au respect des objectifs que la loi lui
impartit, si elle vient à s'en écarter, à s'attacher
à des fins qui les dépassent ou à utiliser pour les
réaliser des moyens inappropriés. Cette disposition permet de
concilier l'autonomie de la régie quant à son administration
courante avec la responsabilité que la loi impute au ministre pour son
application. Les instructions envisagées ne pourront viser que les
options majeures pouvant influer de manière significative sur
l'utilisation des deniers publics, l'application des ententes entre le ministre
et les organismes représentatifs des professionnels de la santé
ou la santé publique elle-même. De telles instructions devront
être déposées devant l'Assemblée nationale de
manière à assurer que le ministre rende compte de toute
utilisation qu'il fait de ce pouvoir.
En deuxième lieu, parmi les mesures visant à assurer une
meilleure coordination, une disposition permet d'habiliter le
lieutenant-gouverneur en conseil à autoriser le ministre responsable de
l'application de la loi à conclure des accords dont l'objet serait
d'étendre la couverture des services assurés par la Loi de
l'assurance-maladie et la Loi de l'assurance-hospitalisation au
bénéfice de personnes qui n'ont pas la qualité de
résidents, à certaines conditions, y compris le paiement d'une
prime.
Il s'agit là, M le Président, d'une mesure qui doit
être envisagée pour donner suite aux accords dans lesquels le
gouvernement s'est déjà commis relativement aux
représentants des
Etats étrangers auprès de l'Organisation de l'aviation
civile internationale.
J'apporterai, lors de l'étude en commission élue, un
amendement à ce projet de loi no 93 qui permettra dans certains cas de
lier tout établissement à une entente ou partie d'entente conclue
avec les professionnels de la santé en ce qui a trait à
l'assurance-maladie. Le texte de cet amendement que je proposerai sera le
suivant: "Toute entente ou partie d'entente peut, s'il y est pourvu
expressément, lier tout établissement. Toutefois, le ministre
doit consulter les établissements ou groupes d'établissements
susceptibles d'être liés par l'entente et ceux-ci peuvent
transmettre au ministre des recommandations quant aux modalités de leur
participation à la conclusion de cette entente ou partie d'entente".
La plupart des médecins, dans le système actuel, sont
rémunérés en vertu de la Loi de l'assurance-maladie.
Certains d'entre eux, toutefois, radiologistes, pathologistes,
hématologistes et certains autres dans les centres hospitaliers
reçoivent une rémunération en vertu de la Loi de
l'assurance-hospitalisation pour les services rendus dans le centre
hospitalier. Ces arrangements ont précédé d'une dizaine
d'années l'introduction de l'assurance-maladie en 1970. Il est
désormais temps d'harmoniser la détermination de ces
rémunérations aux modalités générales de
négociations et d'ententes effectuées en vertu du régime
d'assurance-maladie.
De la même manière, une entente à intervenir en
vertu de cette disposition entre le ministre et la Fédération des
médecins omnipraticiens pourra permettre de déterminer les
conditions de travail des médecins associés aux CLSC.
Enfin, M. le Président, la loi contient un asssez grand nombre
d'autres dispositions de concordance ou des dispositions visant à
améliorer le fonctionnement du régime ou celui de la Régie
de l'assurance-maladie elle-même.
En terminant, je souligne que les propositions contenues dans ce projet
de loi sont, à mon sens, très pratiques et
bénéfiques pour nos concitoyens. Aussi, je souhaite qu'elles
soient considérées par les membres de cette Assemblée avec
toute l'attention et le sérieux qui doivent présider à
l'étude et à l'adoption des mesures destinées à
assurer le progrès social que nous recherchons tous. Je recommande donc
à cette Assemblée, M. le Président, l'adoption en
deuxième lecture du projet de loi no 93, modifiant la loi de
l'assurance-maladie et la loi de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Chicoutimi.
M. Marc-André Bédard
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, concernant le projet de
loi no 93, nous sommes d'accord avec plusieurs des mesures qui y sont
préconisées. D'autre part, nous sommes en complet
désaccord avec d'autres mesures, et nous expliquerons pourquoi dans
quelques minutes. Il est clair que nous ne pouvons qu'être d'accord avec
l'extension de la couverture de la régie concernant les
médicaments pour les personnes qui ont droit au supplément du
revenu mensuel garanti, conformément à la Loi sur la
sécurité de la vieillesse.
Mais nous sommes surpris que le ministre s'arrête à ce
stade-là. En effet, nous savons qu'il y a quelques mois, la Régie
de l'assurance-maladie avait un fonds accumulé ou un surplus qui se
chiffrait par $70 millions, selon les chiffres que nous avait donné le
ministre même lors d'une question à l'Assemblée nationale.
Et nous savons que, présentement, la Régie de l'assurance-maladie
a un surplus de près de $100 millions.
Avec un tel surplus, M. le Président, tout ce que le ministre
trouve à faire et il se croit très généreux
c'est de tout simplement étendre aux seules personnes
âgées qui jouissent du supplément mensuel du revenu garanti
le paiement des médicaments. Il est évident que le ministre a les
moyens d'aller plus loin, entre autres au minimum et nous le soumettons, et
d'étendre les médicaments gratuits à toutes les personnes
âgées sans exception. Nous croyons qu'avec un tel surplus, il
serait également tout simplement décent que le ministre pense
à la possibilité d'assurer la gratuité des soins dentaires
à tous les enfants de 8 à 14 ans.
Ce que ce projet de loi annonce aujourd'hui, à savoir,
l'extension aux seules personnes âgées qui jouissent du
supplément mensuel du revenu garanti la gratuité des
médicaments.
Depuis longtemps, nous en faisions la demande au ministre des Affaires
sociales.
Dès le 20 février 1974, nous avions fait une demande en ce
sens au ministre des Affaires sociales. Je cite textuellement cette demande que
nous avions faite: "Le ministre des Affaires sociales doit élargir les
normes permettant aux personnes âgées dans le besoin d'obtenir
gratuitement les médicaments dont elles ont besoin. Toute personne
âgée qui reçoit un supplément de revenu mensuel
garanti devrait obtenir la gratuité des médicaments et non plus
seulement celles qui reçoivent le maximum de ce supplément? C'est
une demande que nous faisions, le 20 février, au ministre des Affaires
sociales.
Il était évident, à ce moment, que la
réglementation qui prévalait conduisait à des
absurdités, surtout depuis que le régime de rentes du
Québec commençait à produire ses effets.
Il était absolument nécessaire que le ministre des
Affaires sociales nous annonce cette mesure, puisque, auparavant, on
rencontrait des cas, comme celui-ci: une personne, parce qu'elle recevait $8
par mois de la Régie des rentes, voyait sa pension
fédérale réduite de $4 et perdait son droit d'obtenir
gratuitement les médicaments dont elle avait besoin. Quand on
sait ce que coûtent par mois, les médicaments à de
nombreuses personnes âgées, nous avons souligné, à
ce moment, qu'on ne pouvait que se scandaliser d'une telle situation et qu'il
fallait légiférer au plus vite. Le ministre des Affaires sociales
le fait, mais en limitant beaucoup trop sa générosité, si
on peut employer cette expression, quand on sait, encore une fois, que la
Régie de l'assurance-maladie a, à l'heure actuelle, non plus un
surplus de $70 millions qu'elle avait au moment où nous avons fait cette
demande, mais un surplus qui se chiffre par près de $100 millions.
Nous croyons que le gouvernement a les moyens et se doit, en
conséquence, d'aller plus loin. Le fonds de la Régie de
l'assurance-maladie n'est pas un fonds électoral, qui ne pourrait
servir, avec des surplus accumulés, qu'à voir l'urgence de
prendre des mesures simplement à la veille des élections. Au
contraire, c'est un organisme qui se doit d'assurer les services de
santé à l'ensemble de la population. A un moment où on
constate que la Régie de l'assurance-maladie a un tel surplus, je crois
qu'il serait, encore une fois, urgent de la part du ministre des Affaires
sociales...
A un moment où on constate que la Régie de
l'assurance-maladie a un tel surplus, M. le Président, je crois qu'il
serait, encore une fois, urgent de la part du ministre des Affaires sociales
non seulement de légiférer pour les personnes
désignées dans le projet de loi, mais également
d'étendre les médicaments gratuits à toutes les personnes
âgées et d'assurer la gratuité des soins dentaires aux
enfants de 8 à 14 ans.
M. le Président, le projet de loi parle également de
mesures qui sont préconisées afin d'apporter une solution
à un problème majeur, à savoir le manque de
médecins dans les régions éloignées. Nous savons,
M. le Président, que ce problème est très important, nous
savons que la situation est très grave. D'ailleurs, nous avons
soulevé ce problème à maintes et maintes reprises
auprès du ministre des Affaires sociales, entre autres, dans une
première phase, lors de l'étude des crédits de son
ministère et également lors de l'étude de ses
crédits supplémentaires, il y a quelques jours. Le ministre,
suite à nos questions, nous avait dit que sa réflexion
était finie et qu'il verrait à nous informer des mesures qu'il
entendait prendre pour remédier à ce problème. La
situation étant tellement grave, que ce soit au niveau de la
région de l'Abitibi, au niveau de la région de la
Côte-Nord, de la Gaspésie, de Chibougamau et de Chapais, et les
CLSC, qui avaient de la difficulté à retenir ou à
s'approprier, si on peut employer l'expression, les services de
médecins, voyant leurs possibilités de fonctionner compromises,
il était nécessaire que le ministre agisse concernant ces
situations.
Entre autres, nous avions soulevé, il y a quelques jours, le
problème du CLSC de Senne-terre. Ce n'est pas notre intention d'y
revenir. Pour régler ce problème, le projet de loi propose deux
moyens. Le premier moyen qu'il propose est le contingentement. Nous sommes
satisfaits, M. le Président, de constater que ce contingentement se
fera, selon le texte du projet de loi, après entente ou consultation,
peut-être même négociation il s'agirait de
préciser mais tout au moins après entente avec les
fédérations de médecins. Il est clair que cette
démarche était nécessaire. Il aurait été
très maladroit, et que cela aurait risqué de compromettre
même l'efficacité des mesures proposées, que de telles
ententes avec les fédérations de médecins n'aient pas
été dans l'esprit de la loi. Cependant, nous croyons, et nous en
faisons une sorte de recommandation au ministre des Affaires sociales, que pour
qu'une véritable entente puisse se conclure avec les
fédérations de médecins et le ministère des
Affaires sociales et pour que ces ententes soient dans l'intérêt
de l'ensemble de la population, il faut que, naturellement, le ministre des
Affaires sociales ou le ministère prenne toutes les mesures pour que ce
projet de loi n'attire, en aucune façon, la réticence ou le
boycottage des médecins.
Et, en ce sens, nous croyons que le ministre des Affaires sociales se
devrait de consulter également le Collège des médecins,
qui est chargé, d'une façon plus générale, de la
protection du public et de la qualité des soins qu'on se doit d'assurer
à l'ensemble de la population.
Il est évident et c'est normal que les
fédérations sont là pour défendre prioritairement
les intérêts de leurs membres tout en ayant, naturellement,
à l'esprit l'intérêt de l'ensemble des consommateurs de la
santé. Mais, de par sa fonction même ou de par sa formation
même, il est clair aussi que le Collège des médecins a une
vocation beaucoup plus générale, beaucoup plus précise,
à savoir celle d'assurer la protection du public et la qualité
des soins.
Le projet de loi, pour essayer de régler le problème du
manque de médecins dans les régions éloignées,
propose un deuxième moyen, afin d'amener les médecins dans ces
régions qui ont besoin de professionnels de la santé. Ce
deuxième moyen qui est préconisé par le projet de loi,
c'est l'instauration d'un système de bourses pour les étudiants
en médecine qui seraient prêts, moyennant l'attribution de ces
prêts ou de ces bourses, à consacrer quelques années de
leur vie, de leur travail pour aller servir des populations qui sont en dehors
des grands centres.
Nous soumettons qu'à long terme c'est une bonne mesure.
Cependant, il est clair que ce programme de bourses aux étudiants en
médecine ne pourra avoir d'effet avant cinq ans, c'est-à-dire le
temps pour ces étudiants de terminer leurs études.
Prenons pour acquis que les ententes avec la Fédération
des médecins et avec le Collège des médecins pourront
prendre quelque temps, pour ne pas dire quelques années. Je suis
convaincu que ce ne sera pas si long de
s'entendre sur ce sujet, sur ce plan, mais il reste que, d'une
façon générale, ce plan ne pourra être efficace
pleinement que dans cinq ans, alors que les problèmes de santé
sont immédiats pour les populations des régions
éloignées qui n'ont pas de médecin à l'heure
actuelle pour répondre à leurs besoins. Ce qui veut dire que le
ministre ne doit pas se fier uniquement sur un régime de bourses pour
croire qu'il a réglé la situation.
La disposition, encore une fois, est bonne à long terme mais,
pour les régions qui n'ont pas de médecin, cela constitue un
problème immédiat. Cela est un problème qui fait que, au
moment où on se parle, il y a dans certaines régions des
populations qui ne sont pas desservies adéquatement en matière de
santé. Ce projet de loi n'enlève pas l'obligation du ministre des
Affaires sociales de trouver, à court terme, des moyens pour satisfaire
aux besoins de ces régions éloignées dans un secteur aussi
important que celui de la santé et des soins médicaux.
Il y a, M. le Président, concernant cette suggestion qui est
faite, dans le projet de loi, d'accorder des bourses aux étudiants en
médecine, un aspect du programme avec lequel nous sommes
complètement en désaccord. Nous n'acceptons pas que les bourses,
qui, effectivement, seront accordées à des étudiants,
doivent être payées à même les fonds de la
régie, mais nous croyons qu'il est absolument dans la logique et
absolument normal que le montant de ces bourses soit payé à
même les fonds généraux.
Pourquoi, M. le Président? Tout simplement parce que, nous le
savons, la régie se finance à partir de contributions
spéciales qui sont données dans un but très précis;
les soins médicaux à la population. Comme ces contributions
doivent être affectées à un but très précis,
qui est d'assurer les soins adéquats à l'ensemble de la
population, nous croyons que ne se justifie en aucune façon le fait que
le montant de ces dispositions du projet de loi soit défrayé par
le fonds spécial de la régie.
M. le Président, comme dernière critique au projet de loi
no 93, nous percevons que, dans le projet de loi, le ministre se donne des
pouvoirs additionnels, à tel point que ceci équivaut, à
notre avis, dans les faits, à une mise en tutelle de la Régie de
l'assurance-maladie.
Je sais que le ministre, tout à l'heure, nous a dit que les
pouvoirs nouveaux que le ministre s'accordait par ce projet de loi
n'étaient que des pouvoirs pour assurer une meilleure coordination. Nous
ne partageons en aucune façon son opinion et nous croyons que les
pouvoirs que le ministre se donne par ce projet de loi équivalent
à une mise en tutelle de la Régie de l'assurance-maladie.
Il s'agit simplement, M. le Président, de lire le contenu de
l'article 19 pour percevoir que nous n'en sommes pas à des pouvoirs qui
n'assureraient qu'une simple coordination com- me l'a affirmé tout
à l'heure le ministre des Affaires sociales. Cet article 19 stipule, M.
le Président, que "le ministre peut émettre des directives
portant sur les objectifs et l'orientation de la régie dans
l'exécution des fonctions qui lui sont confiées par la loi
à l'égard de l'utilisation des deniers publics, de la
santé du public, des droits des bénéficiaires des services
assurés et du respect des ententes auxquelles le ministre est partie.
"Ces directives doivent être soumises au lieutenant-gouverneur en conseil
pour approbation. Si elles sont ainsi approuvées, elles lient la
régie qui est tenue de s'y conformer".
A moins qu'on apporte des amendements à cet article, d'une
façon spéciale, ou que des explications plus
élaborées de la part du ministre nous soient fournies, nous
croyons que la portée de cet article sera loin d'avoir comme seul effet
d'assurer une plus grande coordination.
Surtout, M. le Président, que nous nous demandons pourquoi le
ministre veut augmenter ses pouvoirs vis-à-vis de la Régie de
l'Assu-rance-maladie. La situation actuelle, c'est que le ministre
détermine quels soins sont couverts par le régime de
l'assurance-maladie et, naturellement, les pouvoirs législatifs qu'il
peut se donner via l'Assemblée nationale. Mais nous sommes en face d'un
organisme, la Régie de l'assurance-maladie, qui fonctionne très
bien, qui est très bien organisé, où on trouve une
représentation équitable tant des usagers que des corps
intermédiaires.
On en a fait c'est le législateur qui en a
décidé ainsi un organisme complètement autonome.
Pour une fois qu'il y a une régie qui fonctionne très bien, nous
ne voyons, en aucune façon, pourquoi le ministre sent le besoin de se
donner plus de pouvoirs vis-à-vis de cette régie, si ce n'est par
un désir d'avoir des pouvoirs excessifs, qu'il nous expliquera sans
doute lors de l'étude de ce projet de loi article par article.
Nous nous opposons fortement à cette mainmise du ministère
parce qu'elle donne trop de pouvoirs au ministre des Affaires sociales.
D'ailleurs, nous savons, si ce n'est déjà fait à l'heure
actuelle, qu'il y a ou qu'il doit y avoir aujourd'hui une réunion du
conseil d'administration de la régie et nous sommes impatients de voir
à quelles conclusions le conseil d'administration de la régie en
arrivera.
Alors, M. le Président, c'est l'ensemble des
considérations que nous avons à faire sur ce projet de loi 93.
Nous sommes surtout surpris nous le répétons en terminant
que le ministre des Affaires sociales, alors qu'il sait que le fonds de
la Régie de l'assurance-maladie se chiffre par près de $100
millions, ne nous ait annoncé que ce qu'il y a dans ce projet de loi,
alors qu'il y aurait eu lieu d'aller beaucoup plus loin et de pousser beaucoup
plus loin sa générosité, si
générosité il y a. Merci.
M. BIENVENUE: Je pense qu'il n'y a pas d'autre orateur, M. le
Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): II n'y a pas d'autre orateur. Le ministre
va exercer son droit de réplique.
M. Claude Forget
M. FORGET: M. le Président, je désirerais m'arrêter
aux trois points qui ont été soulevés par le
député de Chicoutimi relativement au projet de loi no 93. Sur le
premier, qui met en question la sagesse de limiter la gratuité des
médicaments aux personnes âgées qui
bénéficient d'une partie du supplément du revenu garanti
en vertu de la Loi sur la sécurité de la vieillesse, je ne ferai
qu'un commentaire très bref. Je me bornerai à rappeler que, dans
l'évaluation des ressources qui sont mises à la disposition de la
Régie de l'assurance-maladie, il est important de ne pas confondre,
comme semble le faire le député de Chicoutimi, l'écart qui
existe, dans une année en particulier, entre les déboursés
du régime et les recettes provenant de la perception des cotisations
spéciales exigées aux employés et aux employeurs. Si on
considère cet écart, au moment où nous nous parlons, nous
voyons qu'il s'agit d'un écart qui peut paraître substantiel, en
termes absolus, mais qui, néanmoins, en termes relatifs,
c'est-à-dire tenant compte à la fois des revenus et des
dépenses et de leur ordre de grandeur très important, n'est que
de l'ordre de 3 p.c. à 4 p.c.
L'évaluation prospective qu'il est nécessaire de faire des
revenus, de même que des déboursés du régime au
cours des prochains mois et des prochaines années, ne peut pas
être faite avec un degré de certitude tel qu'une telle marge de
sécurité ne soit pas de l'ordre de la marge de
sécurité qu'il est prudent de se ménager, de
manière à éviter des crises dans le financement du
régime, des difficultés, d'avoir à prendre des
décisions brutales et rapides quant au niveau de financement de ce
régime extrêmement important.
Sans doute, durant les dernières années, s'est-il
accumulé à la régie des surplus importants. Il s'agit
là cependant de surplus qui existent à un moment dans le temps et
qui ne s'accroîtront que dans la mesure où des surplus
continueront à exister. Il est évident que les propositions
faites par le député de Chicoutimi auraient vite fait de
réduire à néant les surplus actuels et, par
conséquent, de nous conduire dans une situation d'impasse, à
moins d'évaluer très soigneusement et très prudemment les
implications de toutes les actions qui sont prises relativement à la
prolongation de la couverture du régime.
Or, M. le Président, quels que soient les reproches que l'on
puisse faire au gouvernement, on ne peut certainement pas lui faire le reproche
d'avoir refusé obstinément d'étendre la couverture du
régime d'assurance-maladie. J'ai cité les amendements successifs
intervenus en 1971 et en 1973, qui ont eu pour effet d'ajouter la
gratuité des médicaments d'abord pour les assistes sociaux et
pour les personnes recevant le maximum, maintenant pour une autre
catégorie extrêmement importante de personnes âgées;
d'ajouter également à partir du 1er mai de cette année les
soins dentaires pour les enfants de huit ans ou moins. D'autres amendements
permettront dans les prochains mois d'ajouter également la couverture
des prothèses et orthèses et nous permettront d'envisager la
prolongation graduelle des régimes de soins dentaires et de couverture
de prothèses, soit dans le domaine des prothèses visuelles, soit,
comme je l'ai indiqué il y a quelques mois, dans le domaine des
prothèses auditives pour les enfants.
Ce sont là nos priorités, mais chaque étape doit
être prise avec beaucoup de délibérations; elle doit
être prise aussi à la lumière de l'expérience
observée dans les extensions précédentes du régime.
Par exemple, pour ce qui est de l'extension du régime applicable aux
soins dentaires, il est encore trop tôt pour préciser si les
évaluations de coûts qui avaient été faites au
moment de la décision gouvernementale de s'aventurer dans cette
direction se vérifieront dans les faits. Avant de disposer d'une
évaluation précise de l'expérience acquise, il serait
téméraire, il serait prématuré de prendre des
décisions d'aller plus loin.
Relativement aux mesures prises pour attirer dans les régions
éloignées des médecins qui y font parfois cruellement
défaut, je note généralement une expression de
satisfaction de la part du député de Chicoutimi. Je pense qu'en
effet les mesures que nous prenons dans la loi, jointes à celles que
nous prendrons en dehors de la loi, mais dans le cadre, par exemple, des
ententes, épuisent en quelque sorte les possibilités qui ont
été énoncées de diverses sources depuis quelques
années pour mettre un terme à ce problème, bien
évidemment pas de façon instantanée, mais de façon
graduelle et sans se fier uniquement à des mesures qui auront un effet
à long terme, comme les bourses. Encore que là, M. le
Président, ces bourses seront disponibles dès l'an prochain pour
les étudiants qui termineront leur cours et auront donc dès 1976
un certain impact qui aura tendance à croître au cours des
prochaines années.
Pour ce qui est des consultations qui doivent être faites, il est
évident, M. le Président, que ce problème de services
médicaux dans les régions éloignées ne recevra pas
une réponse arbitraire, une réponse qui prendrait comme seule
base les connaissances que nous pouvons avoir du problème à
Québec et au sein du gouvernement. Nous allons consulter largement non
seulement les organismes régionaux, mais également les organismes
professionnels impliqués, de manière à faire toute la
lumière possible sur ce problème et sur les moyens d'y
remédier.
D'ailleurs, toutes ces mesures se complètent les unes les autres.
Par exemple, les incitations ou les ententes pouvant impliquer soit les
étudiants, soit les professionnels en exercice seront facilitées
dans leur application dans la mesure où les garanties que j'ai
mentionnées existeront pour la pratique de groupe dans ces
régions. Il s'agit donc là de mesures qui se complètent
les unes les autres et dont nous espérons que l'effet combiné
permettra dans un avenir malgré tout pas trop éloigné
d'apporter enfin une solution à un problème qui semblait
jusqu'à il y a peu de temps presque insoluble.
On indique, de l'autre côté, un désaccord quant au
mécanisme de financement de ces bourses. Je ne sais pas si l'on est de
l'autre côté tout à fait cohérent lorsque l'on nous
adresse un tel reproche. Dans le même souffle, M. le Président, on
nous incite à aller plus loin dans la fourniture des médicaments
gratuits et, quelques secondes plus tard, on nous fait le reproche de financer
des bourses à même un fonds qui est destiné à la
rémunération, dit-on, exclusivement des soins
médicaux.
Alors il faudrait s'entendre, M. le Président, il faudrait
décider si ce fonds est destiné uniquement au paiement des soins
médicaux ou s'il peut être utilisé pour d'autres fins.
C'est un sujet sur lequel je laisse le député de Chicoutimi
s'entretenir et diverger d'opinion, le cas échéant, avec la
Chambre de commerce ou le Conseil du patronat, qui à certaines occasions
nous ont fait tenir des observations à cet égard. Mais il me
semble qu'il est tout à fait dans l'ordre que des services
médicaux ou des services d'autres professionnels ou certaines
prothèses ou certains médicaments qui profitent directement aux
bénéficiaires de services soient payés à même
ce fonds, qui est en somme un fonds d'assurance sociale, un fonds
d'assurance-santé, qui peut avoir, rien ne l'empêche dans sa loi,
une destination passablement large.
Pour ce qui est des bourses en particulier, M. le Président, ce
n'est certainement pas contraire aux principes du régime
d'assurance-maladie d'envisager que ce régime, non seulement va servir
à payer la prestation des services, mais va servir également
à créer un contexte général dans lequel la
prestation des services va répondre à toutes les
préoccupations qu'on peut avoir à son égard,
préoccupations d'une distribution équitable sur le territoire,
préoccupations d'une qualité maintenue à un niveau
élevé par une incitation à la recherche, pourvu que nous
ne confrontions pas les genres et que nous ne cherchions pas à faire
assumer, par le fonds de l'assurance-maladie, des dépenses qui
émargent très clairement déjà au budget du
ministère des Affaires sociales.
Or on sait très bien que ce n'est pas le cas, ni dans l'un ni
dans l'autre des exemples que j'ai cités. Il me paraît tout
à fait normal que ce régime ne soit pas considéré
comme un régime de simple remboursement de prestations de services, mais
que l'on en considère l'ensemble de la distribution des services
médicaux, l'ensemble de ce qui peut faire de ces services
médicaux une opération viable et valable à long terme.
Ceci ne peut se faire que si l'on tient compte également de la
distribution géographique, de même que du maintien de la
qualité, ces deux objets qui sont très bien servis par les
amendements que nous présentons.
Enfin, M. le Président, le député de Chicoutimi a
abordé un troisième point. Par ce point il fait allusion au
pouvoir additionnel que ce projet de loi comporte pour le ministre des Affaires
sociales. Je ne sais pas s'il s'agit de pouvoir additionnel. En effet, la loi,
dans sa formulation actuelle, prévoit que le ministre des Affaires
sociales est responsable de l'application des lois de l'assurance-maladie et de
la Régie de l'assurance-maladie. Or je crois que le moment est venu de
donner un contenu spécifique à cette clause qui risque autrement
d'être une clause de style dans plusieurs lois où l'on retrouve un
foisonnement d'organismes, de sociétés, de corporations qui sans
aucun doute ont un statut autonome, mais dont, précisément, ce
statut autonome est mal concilié, imprécisément
concilié, avec les responsabilités qui doivent, malgré
tout, exister, qui doivent, malgré tout être assumées par
le gouvernement dans l'application des lois.
C'est l'effort que nous faisons par cette disposition, un effort qui
n'est pas inconciliable, loin de là, avec le maintien d'une autonomie
dans la gestion courante des lois qui sont confiées, justement, à
l'administration de ces organismes, mais qui assurent, dans tous les cas
où il peut y avoir difficulté, dans tous les cas où il
peut y avoir controverse, que la responsabilité ultime du gouvernement
ne sera pas mise en échec, que l'exercice de cette responsabilité
sera publique, que l'exercice de cette responsabilité pourra donner lieu
à des débats dans cette Chambre qui constitue encore le meilleur
forum pour la discussion de cette responsabilité gouvernementale que la
loi affirme de façon plutôt platonique, à l'heure
actuelle.
Ce n'est donc pas un nouveau pouvoir, à mon avis. C'est
l'explicitation d'un pouvoir qui existe déjà et qui doit
être affirmé, si l'Etat moderne, avec toute sa complexité,
avec la multiplicité des organismes parallèles qui sont
crées à presque toutes les sessions de l'Assemblée
nationale, peut, malgré tout, se concilier avec l'autorité
éminente que doit posséder tout Etat démocratique, de
manière à s'assurer que nous ne créons pas, par voie de
législation spéciale, des institutions qui ne sont finalement
responsables à personne puisqu'elles n'ont pas d'actionnaires. Si le
gouvernement ne peut pas, dans une certaine mesure, tout en respectant les
lois, tout en respectant l'autonomie de gestion qu'il leur aura
conféré, s'il ne peut pas affirmer son autorité dans les
cas graves, s'il ne peut pas être comptable de la tutelle de ces
organismes de façon éminente, nous n'aurons créé
qu'un
immense chaos, qu'une situation de confusion plutôt que d'avoir
créé un régime qui est susceptible de promouvoir
l'intérêt public.
De toute manière, ces dispositions, comme les autres
dispositions, seront l'objet d'une discussion lors de l'étude article
par article. Je crois que, dans ce contexte, il nous sera possible de
démontrer que l'exercice de ces pouvoirs, de même que son
libellé, est tout à fait compatible avec les objectifs valables
qui ont présidé à la formation de la Régie de
l'assurance-maladie, qui ont fait d'un certain nombre de groupes
organisés, de même que des consommateurs, les partenaires de
l'Etat dans l'administration d'un régime public et qui demeure public
par son financement de même que par son intention.
Je vous remercie.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
M. BEDARD (Chicoutimi): Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. BIENVENUE: Je fais motion pour que ce projet de loi soit
déféré à la commission parlementaire des affaires
sociales pour étude, article par article.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de
déférence à la commission parlementaire pour étude,
article par article, est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
M. BIENVENUE: Article 12, et j'ai demandé au premier orateur de
faire cela "snappy".
Projet de loi no 86 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives propose la
deuxième lecture du projet de loi no 86, Loi modifiant la loi des
renseignements sur les compagnies.
Le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives.
M. William Tetley
M. TETLEY: J'ai une directive, après ces instructions. Est-ce que
"make it snappy" veut dire que je dois parler en anglais ou s'il y a une
traduction de "make it snappy"?
La Loi modifiant la loi des renseignements sur les compagnies, projet de
loi no 86, est une loi importante, mais pas primordiale. Je ne veux pas
exagérer son importance, malgré que la loi soit importante pour
certaines compagnies, certaines corporations qui aident notre
économie.
Ce projet de loi est la conclusion de l'action du ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives en ce qui a
trait à l'opération nettoyage pour les compagnies
incorporées au Québec qui ne produisaient pas les rapports
annuels requis par la Loi des renseignements sur les compagnies.
Comme j'en faisais part à un honorable député de
cette Assemblée, le député de Johnson, le ministère
a étudié 21,724 dossiers et, de ce nombre, 11,852 compagnies ont
vu leur charte annulée pour non-production du rapport annuel.
Cette action bénéfique n'a pas été sans
causer parfois certains problèmes de liquidation principalement
auprès des créanciers. Les mécanismes prévus
à la loi pour remettre en vigueur la charte d'une compagnie dissoute se
sont révélés quelquefois inadéquats à cause
de l'inaction des dirigeants de ces compagnies dissoutes, mais aussi à
cause de certains facteurs, tels l'inutilité de faire revivre une
compagnie dissoute si certaines autorisations ou permis annuels ne reprenaient
eux-mêmes effet.
En conséquence, la commission parlementaire des institutions
financières, compagnies et coopératives a dû, à
quelques reprises, au moins à trois occasions, adopter des bills
privés pour remettre en vigueur la charte des compagnies
requérantes. Considérant que le travail de cette honorable
Assemblée peut être mieux utilisé à d'autres projets
de loi et à d'autres fins que la solution de problèmes
administratifs par voie législative, le projet d'amendement propose que
le délai d'un an pour produire une révocation soit porté
à deux ans lorsqu'il s'agit d'une compagnie qui, pour exercer son
activité principale, a besoin d'un permis ou d'une autre autorisation
émanent du gouvernement du Québec et de l'un de ses mandataires
ou organismes.
Le délai de deux ans a été rendu nécessaire
à cause de l'absence de coincidence entre les dates de remise en vigueur
de la compagnie et de l'autorisation ou du permis à l'intérieur
d'une même année.
J'achève, M. le leader parlementaire.
M. BIENVENUE: C'est très bien.
M. TETLEY: L'article 2 du projet accorde jusqu'au 30 juin 1975 à
une telle compagnie pour demander la révocation de sa dissolution.
L'article 3 établit que la compagnie qui produit une demande de
révocation est réputée n'avoir jamais été
dissoute, sous réserve, évidemment, des droits acquis par les
tiers, et le permis ou
autres autorisations qu'elle détenait avoir toujours
été en vigueur.
L'article 4 donne un effet rétroactif au présent projet de
loi pour permettre aux compagnies dissoutes depuis cette date de se
prévaloir du présent projet de remettre en vigueur la charte de
la compagnie dissoute.
M. le Président, il a été nécessaire de
prévoir des changements aux mécanismes eu égard à
mon intention bien arrêtée de poursuivre l'opération
nettoyage et d'imposer les sanctions prévues à la loi.
Le présent projet a pour but également de régler
administrativement la question de la révocation de la dissolution, tout
en permettant des mécanismes à la mesure de l'action
énergique que je veux prendre en vue de l'observance de la loi. Nous
voulons aussi assurer aux créanciers de ces compagnies une protection
additionnelle et permettre un plus long délai de production de la
requête en révocation de dissolution.
In summary, Mr. Speaker, the law will allow certain companies who have
business with the Government, who have licences with the Government to have two
years before the dissolution of their charter takes place.
Je vous remercie, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, cela me surprend. Les derniers mots du
ministre mettent en doute dans mon esprit l'application qu'on fait de la loi
22. Je me suis dit: II me semble que tous les anglophones au Québec
devraient avoir compris le discours du ministre. Je ne vois pas pourquoi il
voulait, en quelques mpts, le résumer. Peu importe ...
M. BIENVENUE: Bel effort!
M. BURNS: ... je n'avais pas l'intention de faire un long discours
à ce sujet. Il est exact, comme le ministre l'a dit, qu'il ne s'agit pas
d'un projet de loi de très grande importance, mais il s'agit d'un projet
de loi, je pense, qui peut avoir son utilité et, dans ce sens-là,
nous lui accorderons notre appui, sans nous étendre plus longtemps
là-dessus.
Je pense que le projet de loi protège au moins deux choses. Il
évite à des compagnies dont on a annulé la charte et qui
ont été dissoutes par suite de négligence ou autrement,
d'avoir à revenir de façon un peu exceptionnelle devant
l'Assemblée nationale par voie de projets de loi privés. Je
saurai gré au ministre si on peut éviter le plus possible ce type
de projets de loi privés pour corriger la négligence de certains
administrateurs de compagnies. Je suis complètement d'accord
là-dessus.
D'autre part, le projet de loi tient compte des intérêts
que certains créanciers peuvent avoir à l'endroit de compagnies
dissoutes, et cela me satisfait, de sorte que, M. le Président, sans
plus de commentaires, nous serons favorables au projet de loi.
M. BIENVENUE: Me prévalant de mon droit de parole dans le
débat, M. le Président ...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de
l'Immigration.
M. BIENVENUE: ... je veux dire que c'est de loin et de beaucoup les
meilleurs discours du député de Maisonneuve et du ministre des
Institutions financières, "by far and very much"! C'est sûr qu'il
n'a pas de droit de réplique à exercer !
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
Commission plénière
M. BIENVENUE: Je fais motion, M. le Président, pour que vous
quittiez maintenant le fauteuil et que nous étudiions ce projet de loi
article par article en commission plénière.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
M. GRATTON (président de la commission plénière):
La commission plénière siège pour l'étude article
par article du projet de loi no 86, Loi modifiant la loi des renseignements sur
les compagnies.
L'article 1 sera-t-il adopté?
M. BURNS: Oui, adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 2?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 3?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 4?
M. BURNS: L'article 4 n'est pas tout à fait
adopté. Je veux poser une question au ministre. Tout le monde
connaît les réticences que tous les parlementaires en
général ont vis-à-vis de l'effet rétroactif qu'on
peut donner à une loi. Or, l'article 4 rend le projet de loi no 86
rétroactif au 7 juillet 1971.
J'aimerais que le ministre, sans que je m'y oppose, nous donne tous les
fonds et tréfonds de sa décision relativement au fait de rendre
le projet de loi rétroactif au 7 juillet 1971. D'une part quant à
la rétroactivité et, deuxièmement, quant à la date
elle-même.
M. TETLEY: En effet, le député de Maisonneuve a
soulevé un point important. La loi qui a modifié la Loi des
renseignements sur les compagnies a été adoptée ici et
sanctionnée le 7 juillet 1971. C'est le chapitre 76. Je sais que le
député de Maisonneuve cherchait le cahier. Oh! Il l'a.
M. BURNS: Je l'ai ici.
M. TETLEY: Un deuxième exemplaire.
M. BURNS: Je voulais vous l'entendre dire.
M. TETLEY: Parfait. Donc, cette loi, qui stipulait un an, a
été adoptée en juillet 1971 et sanctionnée le 7
juillet 1971. Selon mes conseillers légaux, il faut qu'il y ait
l'article 4 pour donner effet à la loi, pour stipuler clairement que
toutes les compagnies, même de celles qui tombent sous les conditions de
l'article 5 f ) et les autres, même les compagnies dissoutes depuis le 7
juillet 1971, peuvent revenir. Il y a certains avocats qui disent que l'article
n'est pas nécessaire; d'autres disent que oui. Donc, j'ai jugé
bon d'inclure l'article dans le projet de loi.
M. BURNS: Remarquez que le ministre aurait très bien pu mettre de
côté cet aspect rétroactif, quoique je ne lui en fais pas
querelle. Une compagnie qui a été dissoute on le sait,
cela se fait régulièrement peut revenir sous une autre
forme. Je me demande si c'est par négligence ou autrement. A moins que
la vigilance du ministère soit à un point tel qu'on
vérifie dans les détails, ce dont je doute, parce que ce n'est
pas toujours possible je ne blâme pas les fonctionnaires
affectés à ce travail, loin de là qu'il
vérifie la coincidence de la nouvelle requête avec une dissolution
antérieure.
Je posais le problème, je voulais tout simplement que le ministre
nous donne le cadre dans lequel je peux maintenant accepter une certaine
rétroactivité. Je suis prêt à adopter l'article
4.
M. TETLEY: Merci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 4, adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 5? M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le titre, Loi modifiant la loi des
renseignements sur les compagnies, sera-t-il adopté?
M. BURNS: Bien, je ne sais pas! Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté.
Ceci complète l'étude article par article du projet de loi
no 86. Messieurs, je vous en remercie.
M. BURNS: Simplement, M. le Président, avant que nous revenions,
est-ce que je peux j'aurais peut-être dû le demander
à l'article 1 mais je pense bien que le ministre n'aura pas d'objection,
avec la célérité avec laquelle nous avons adopté le
projet de loi demander s'il aurait certaines statistiques, en terminant,
à nous donner relativement au nombre de compagnies qui n'ont pas produit
de rapport annuel ou au nombre d'avis adressés au gouvernement,
etc.?
J'aurais peut-être dû le demander à l'article 1, mais
je...
M. TETLEY: M. le Président, c'est une autre bonne question qui
était déposée parmi les centaines de questions au
feuilleton. C'était déposé par le député de
Johnson. J'ai donné la réponse suivante. Il a posé la
question: Combien de compagnies n'ont pas produit de rapport annuel en 1973? La
réponse: Les formules du rapport annuel prescrites par le
ministère ont été expédiées, pour
l'année 1973, à quelque 82,204 compagnies. De ce nombre, 75,815
rapports nous ont été retournés dûment
complétés, laissant environ 16,489 compagnies dans un état
de délinquance. Mais ces compagnies ne sont pas encore dissoutes.
Une autre question: Combien de procédures de dissolution ont
été intentées en 1973? Evidemment, c'était pour
1972. La réponse: 21,724 dossiers ont été
étudiés par les responsables du Service des compagnies du
ministère. De ce nombre, 11,852 compagnies ont vu leur charte
annulée pour non-production du rapport annuel.
Nous croyons qu'il en résulte que 95 p.c. des compagnies actives
se conforment à la loi aujourd'hui comparativement à 65 p.c. dans
les années passées, ce qui a augmenté nos revenus
d'à peu près un demi-million aussi.
M. BURNS: D'accord.
M. GRATTON (président de la commission plénière):
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre commission
plénière a siégé et adopté article par
article le projet de loi no 86, Loi modifiant la loi des renseignements sur les
compagnies.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Ce rapport est-il
agréé? Agréé.
M. BIENVENUE: Tout va tellement bien, M. le Président, que, de
peur d'avoir un refus, je m'oppose à ce qu'on ait la troisième
lecture cet après-midi.
M. BURNS: Vous avez donc raison! M. TETLEY: Vous vous opposez? M.
BIENVENUE: Oui. M. TETLEY: Pourquoi?
M. BIENVENUE: J'ai des raisons. C'est parce que je devine.
M. BURNS: Troisième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Troisième lecture?
M. BIENVENUE: A la prochaine séance. UNE VOIX: La semaine
prochaine !
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Un député s'est
opposé, mais je ne sais pas si les autres s'y opposent aussi. Est-ce que
vous vous opposez également?
M. BURNS: Le leader adjoint s'est opposé, il trouvait qu'il y
avait des bonnes raisons. J'ai trouvé qu'il y avait de très
bonnes raisons aussi.
M. BIENVENUE: J'espérais de la contradiction, M. le
Président, mais il pense comme moi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Troisième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. BIENVENUE: M. le Président, article 18.
Rapport sur le projet de loi no 90
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Taschereau propose la prise en considération du rapport de la commission
permanente des affaires sociales qui a étudié le projet de loi no
90, Loi modifiant la loi de la protection du malade mental.
L'honorable député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, sur ce projet de loi,
nous avons proposé à l'Assemblée nationale un amendement,
vous le savez, qui aurait pour but de remplacer l'article 1 par le suivant:
"L'article 17 de la Loi de la protection du malade mental est modifié en
ajoutant l'alinéa suivant: Le juge doit s'assurer que la personne au
sujet de laquelle la requête est déposée est
représentée par un avocat".
M. le Président, comme nous le savons, l'ancienne loi
créait l'obligation au juge devant qui une personne était
amenée de procéder à un interrogatoire aux fins de savoir
si la personne qui était devant lui devait se soumettre à un
examen psychiatrique.
L'article qui est présenté, l'article 1 du projet de loi
no 90, a pour effet de permettre au juge d'accorder une requête pour
forcer une personne à subir un examen psychiatrique contre sa
volonté sans entendre cette personne.
Nous soumettons que lorsqu'on légifère sur un sujet aussi
important, qui peut avoir comme conséquence, à la fin du
processus, qu'une personne soit placée ou puisse être mise en cure
fermée, il faut être très prudent puisque nous
légiférons sur un bien fondamental de tout individu, sa
liberté.
Dans ce sens, un législateur ne peut qu'être très
minutieux et très prudent. L'article 17 enlève l'obligation au
juge de procéder à un interrogatoire, qu'il fera très
succinctement, selon les circonstances, cela est remis à sa
discrétion, si nous avons affaire à une personne en plein
état de crise, ou qui pourra être plus élaboré
lorsqu'il s'agit d'une personne au sujet de laquelle une requête a
été faite dans le but de lui faire subir un examen
psychiatrique.
Actuellement, une personne qui veut en faire placer une autre se
présente devant la cour pour obtenir un examen psychiatrique si la
personne concernée refuse. Pour ce faire, il y a un processus
contradictoire, à savoir la cour elle-même où l'individu
qui est amené a la possibilité de se défendre ou
d'être représenté. Il est important de souligner qu'il ne
s'agit pas ici de personnes qui sont en état de crise ou encore dans un
état dangereux.
Pour ces personnes, il y a des mécanismes prévus, il y a
des possibilités qui s'offrent. Ces personnes dangereuses ou encore en
état de crise sont, comme on le sait, directement envoyées
à l'hôpital et la loi prévoit un autre mécanisme
pour les examens. Il s'agit ici, M. le Président, de
légiférer sur le cas qui se présente très souvent,
à savoir celui de personnes seules qui sont victimes souvent de
dépression nerveuse. Il peut arriver que les individus qui ont la charge
de vieux parents, femme ou enfants, veuillent, dans une certaine mesure, les
faire placer et je n'emploie pas le terme s'en débarrasser. Ils doivent
alors aller en cour pour obtenir un examen psychiatrique de ces personnes
qu'ils veulent faire placer. A notre avis, il est absolument nécessaire
que le juge voie cette personne qu'on veut faire placer et l'entende afin qu'il
y ait maintien du processus contradictoire. La psychiatrie n'est pas une
science exacte, nous le savons, et il peut y avoir des divergences sur le
diagnostic.
Il est primordial de maintenir le droit pour une personne au sujet de
laquelle une requête
pour examen psychiatrique est présentée de se
défendre devant la cour. M. le Président, j'espère que
l'argumentation du ministre ne sera pas pour nous parler des personnes qui sont
en état de crise ou qui sont dans un état dangereux. Je
répète que, pour ces personnes, il y a d'autres mécanismes
ou d'autres possibilités qui s'offrent pour répondre à la
situation. Dans le cas présent, cet article concerne surtout les
personnes seules qui ne sont pas en état de crise. Ces personnes, nous
le soumettons, se doivent non seulement d'être interrogées par le
juge, mais également elles devraient et c'est le sens de ce que
nous voulons ajouter à l'article par notre amendement être
représentées par un avocat afin qu'elles soient
adéquatement défendues.
La situation même de l'individu qui a à se faire interroger
par un juge et qui est placé dans ces circonstances le commande. Il
s'agit de personnes qui peuvent être momentanément dans un
état tel de santé qu'on peut concevoir très facilement
qu'elles puissent difficilement assurer pleinement une défense pleine et
entière. C'est dans ce sens que nous croyons que le processus
contradictoire, qui est nécessaire devant toute cour en vue de
l'obtention de la justice, doit être maintenu, surtout dans le cas d'une
personne pour qui on demande un examen psychiatrique.
Le ministre des Affaires sociales nous a entretenus lors de la
discussion article par article de certains arguments qui l'incitèrent
à ne rien changer à l'article 1, il nous a dit, entre autres, que
les juges à l'heure actuelle suivaient plus ou moins ce qui leur
était ordonné par l'article 17 de la Loi de la protection du
malade mental.
Le ministre a allégué qu'en vertu de l'ancien
article...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs! Est-ce que vous
pourriez nous procurer votre amendement?
M. BEDARD (Chicoutimi): Pardon?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'amendement que vous proposez,
est-ce que vous pourriez nous le faire parvenir?
M. BEDARD (Chicoutimi): II a été déposé, M.
le Président. Il a dû être déposé. Le ministre
a soutenu que l'article 17 qui existait auparavant était rarement suivi
par les juges et que les difficultés se situaient au niveau de la
possibilité d'amener devant le juge la personne au sujet de laquelle on
veut demander un examen. Le ministre des Affaires sociales nous a dit que cet
amendement à l'article 1 était nécessaire parce que,
souvent, on ne pouvait signifier l'ordonnance à la personne au sujet de
laquelle on voulait demander un examen, à cause du traumatisme que la
signification de cette ordonnance pouvait produire sur la personne
concernée.
Il est évident que cette signification d'une ordonnance peut
amener un certain traumatisme chez la personne concernée, mais nous ne
devons pas nous en demeurons convaincus minimiser le traumatisme
sérieux qui peut être occasionné à des personnes
à qui on ferait subir un examen psychiatrique alors qu'elles n'en
auraient pas besoin. Qu'on ne nous dise pas que cette situation ne s'est pas
présentée. Nous savons qu'elle s'est présentée et
nous avons eu l'occasion, tant au niveau de la deuxième lecture que lors
de la discussion en commission, de citer des cas très précis
où des personnes avaient été l'objet de requêtes de
la part d'autres personnes de leur entourage pour les soumettre à des
examens psychiatriques et avaient été libérées par
le juge dès le stade de l'interrogatoire.
La loi, quand il s'agit de disposer de la liberté des gens, ne
peut jamais être trop prudente et le législateur doit prôner
des dispositions pour éviter tout abus possible et laisser le moins
d'arbitraire possible sur un sujet aussi important que celui de la
liberté d'une personne. C'est dans ce sens que nous demandons que
l'ancien article de la loi demeure tel qu'il était. Le ministre aurait
eu simplement à corriger cet article en édictant que lorsque
l'ordonnance est émise par un juge et qu'elle est signifiée
à une personne, on peut en même temps amener cette personne devant
le juge pour procéder à un interrogatoire.
Les arguments du ministre ne nous ont pas convaincus non plus que
l'ancien article ne pouvait pas être appliqué avec quelques
modifications. Nous croyons que cet ancien article avait une rédaction
et une portée qui garantissaient beaucoup plus le respect de la
liberté des personnes concernées par ce projet de loi.
C'est dans ce sens que non seulement nous en demandons le maintien, mais
également que les personnes qui sont amenées devant le juge
soient représentées par un avocat.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable...
M. BEDARD (Chicoutimi): En terminant, M. le Président, au
maintien du bien-fondé de cet amendement, je voudrais souligner une
chose. Lors de l'étude du projet de loi 40, le ministre a accepté
un amendement que nous avions fait, qui avait comme objet de préciser
que la commission qui aurait à entendre des appels en vertu de la Loi de
la protection du malade mental devrait obligatoirement entendre la personne qui
faisait un appel accompagnée d'un avocat pour pouvoir
équitablement assurer sa défense.
Alors, acceptant cet amendement au projet de loi 40, nous croyons que la
suite logique serait de l'accepter dans la loi 90.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. FORGET: M. le Président, c'est le droit le plus strict du
député de Chicoutimi de revenir à la charge sur une
argumentation qu'il a déjà abondamment défendue en
commission élue et dont nous avons disposé, non pas en
l'ignorant, mais après une discussion extrêmement précise,
extrêmement longue, extrêmement détaillée du
mécanisme même d'application de la Loi de la protection du malade
mental. L'argumentation défendue par le député de
Chicoutimi est basée, à mon avis, sur des prémisses
erronées. La première de ces prémisses erronées
consiste dans l'affirmation que l'objectif poursuivi par l'article 17 et les
quelques articles qui le précèdent dans la loi a pour but
d'obtenir le placement c'est-à-dire, je le suppose, l'introduction de la
cure fermée...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai pas dit le placement. J'ai dit: L'examen
psychiatrique pour arriver au placement en cure fermée.
M. FORGET: Laissez-moi exposer mon point de vue. Je vous ai
laissé exposer le vôtre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui. Vous prenez de nos arguments. Au moins,
interprétez-nous comme il faut.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Comme vous le savez...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne sais pas si c'est une question de
privilège, mais lorsqu'on commence une argumentation comme le fait le
ministre, en interprétant erronément ce que j'ai
avancé...
M. COTE: Etes-vous président de commission, vous?
M. BEDARD (Chicoutimi): ... il me semble que, dès le
départ, je dois rectifier.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): ... l'article 96 qui vous donne tous
les droits, mais après.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon. En vertu de l'article 96.
M. COTE: Etes-vous président de commission en plus?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. FORGET: Si, en 35 minutes de discussion et d'explications, le
député de Chicoutimi a encore des précisions à
donner, il me fera plaisir de l'entendre, mais il reste que je crois et
je le réfère au journal des Débats l'avoir entendu,
effectivement, relier l'application de l'article 17 au placement.
Or, bien entendu, le but de toute la loi est d'édicter des
dispositions qui visent à assortir la cure fermée le
placement, si vous voulez de certaines précautions, de certaines
sauvegardes des droits des individus. C'est indubitable. Cependant, l'objet
plus spécifique de l'article 17 et des articles qui le
précèdent n'est non pas de produire la cure fermée comme
aboutissement, mais d'obtenir, dans les cas où la personne qui fait
l'objet d'une requête s'y oppose, que cette personne se soumette à
un examen psychiatrique.
Donc, il ne s'agit pas d'interner ou d'enfermer quelqu'un contre son
gré dans un établissement, mais d'obtenir une expertise
médicale relativement à un problème sérieux qui a
fait l'objet d'une requête appuyée par un affidavit de la personne
qui est la requérante.
En deuxième lieu, et c'est la deuxième prémisse qui
me paraît erronée dans l'argumentation du député de
Chicoutimi, il affirmait il a même annoncé à
l'avance que je le dirais que le raisonnement qui sous-tend notre projet
de loi quant à cet article est basé sur le caractère
dangereux de la personne au sujet de laquelle on présente une
requête. Il a affirmé que d'autres dispositions de la loi
prévoient ce qu'il faut faire dans les cas où il y a
effectivement un danger pour la personne elle-même ou pour son
entourage.
Or, M. le Président, il n'existe pas d'autres dispositions que
celle dont nous discutons présentement.
Les autres dispositions qui pourraient exister pourraient
peut-être être prises en vertu du code criminel, mais supposeraient
une dénonciation criminelle de tentative de voies de fait ou de
tentative de meurtre et ou de voies de fait. Il est évident que nous
nous plaçons ici dans un contexte étranger et assez
répugnant aux familles qui ont à invoquer cette disposition de la
loi de manière à faire intervenir de façon forcée
les soins psychiatriques ou la cure fermée dans la vie d'un des membres
de cette famille.
Ce ne sont donc pas les recours auxquels nous songeons. Nous songeons
à un recours en vertu de cette Loi de la protection du malade mental et
nous songeons à un recours qui est nécessaire, indispensable
lorsque, dans une famille, on se trouve dans une situation où l'on
entretient des doutes sérieux sur l'état mental d'un membre de
cette famille et où l'on désire faire intervenir une expertise
psychiatrique pour vérifier si ces doutes sont bien fondés ou
non.
Acceptons pour un instant, M. le Président, l'hypothèse du
député de Chicoutimi. Acceptons pour un instant qu'il soit
nécessaire que cette personne au sujet de qui une requête est
demandée pour un examen psychiatrique obligatoire puisse et doive
même être représentée par un avocat. Nous nous
trouvons dans une situation où, d'une part, le requérant, sur la
base d'un affidavit, déclare qu'il a des raisons probables et
raisonnables de croire que cette person-
ne est sérieusement malade, qu'elle représente un danger
soit pour elle-même ou pour autrui et, d'autre part, par la personne qui
fait l'objet de la requête, représentée cependant par un
avocat qui prétend qu'il n'en est rien, qu'elle est saine d'esprit et
qu'elle n'a pas du tout besoin de traitements psychiatriques.
Devant une telle situation, que pourrait faire le juge sinon demander
une expertise? Il est futile en effet de présumer que le juge pourra
trancher dans ce débat et ordonner un examen psychiatrique, à
moins d'avoir lui-même un examen psychiatrique au dossier, puisqu'on lui
demanderait, dans ce cas, de porter un jugement d'expert relativement à
l'état mental de cette personne alors qu'il n'a comme preuve que
l'affirmation, d'une part, qu'il y a un risque sérieux de maladie
mentale et la dénégation, d'autre part, que cet état
existe. C'est donc une situation impossible et qui ne peut être
éclairée par des argumentations d'avocat. Ceci dit, sans diminuer
en rien le respect que l'on doit à cette profession, il demeure que ce
n'est pas par des arguties ou des arguments de légistes que l'on pourra
faire ressortir l'état mental d'une personne. Ce n'est que par une
expertise médicale. Le problème est justement posé par le
refus qui doit précéder toute cette procédure, le refus
qu'oppose une personne dont on doute de l'état de santé mentale
à subir volontairement une expertise médicale, à subir
volontairement un examen pour les fins de l'application de cette loi.
Si nous en venons, non pas nous, mais si le juge en vient à une
conclusion qu'il faut, sur le vu de la déclaration et de l'affidavit,
effectivement requérir ou exiger que cette personne soit soumise
à un examen psychiatrique, il n'en découle pas pour autant que la
cure fermée sera décrétée. En effet, la cure
fermée est un mécanisme qui comporte non seulement une expertise
médicale, mais bien deux, et qui est assorti d'autres sauvegardes telles
que celle que lui procure le fonctionnement même de la commission de
protection du malade mental. Ce sont donc des situations d'urgence, situations
où la sécurité, où la santé des malades
eux-mêmes ou des personnes qui les entourent sont en danger, où il
n'existe aucun autre recours, sauf peut-être des recours criminels qu'il
répugne d'utiliser dans de telles circonstances et où il faut de
toute nécessité autoriser, par la décision d'un juge, la
saisie éventuelle de ce malade soupçonné, de ce
présumé malade et sa mise en présence d'un psychiatre qui
pourra faire cette expertise.
En effet, dans la situation actuelle, il est clair que les forces
policières ne peuvent pas se saisir d'une personne avant de disposer
d'un ordre du tribunal. Or, pour disposer d'un ordre du tribunal, il faudrait,
selon cette théorie, déjà disposer d'une preuve de nature
médicale. C'est précisément la carence de cette preuve qui
donne lieu à la procédure. Nous aurions donc un cercle vicieux
complet.
Il me semble indispensable d'autoriser de façon légale les
moyens nécessaires, les moyens de force nécessaires pour mettre
en présence un malade et un expert, un médecin, un psychiatre
dans le cas prévu, de manière à obtenir un
élément de preuve qui pourra servir pour les étapes
subséquentes ou qui pourra démontrer que la requête
était non fondée.
C'est une exigence de base qui, d'ailleurs, est déjà
reconnue dans le projet de loi puisque, dans un article
précédent, soit l'article 15, le projet de loi prévoit que
la requête, qui est formulée par une personne dans l'application
de ces mesures, peut même ne pas être signifiée à la
personne dont on doute de la santé mentale. Elle peut ne pas lui
être signifiée si l'on croit que cette signification de la
requête pourrait mettre en péril sa santé, ou la
santé ou la sécurité des personnes qui l'entourent. A plus
forte raison, si l'on hésite à lui signifier la requête,
doit-on hésiter à exiger sa présence en cour, si sa
présence en cour est requise. Le but de l'amendement est de donner la
discrétion au juge d'apprécier si, oui ou non, la présence
de la personne au sujet de laquelle la requête est formulée est
indispensable.
Enfin, on cite ce que nous avons fait, à la suite de
l'étude article par article du projet de loi no 40 à la
commission des affaires sociales, de manière à prévoir
que, devant la commission, qui appliquerait, à ce moment-là, les
dispositions de la Loi de la protection du malade mental, la personne qui fait
appel pourrait être représentée et devrait même
être représentée par un avocat. Ce n'est donc pas un refus
aveugle de la possibilité d'être représenté par
avocat que nous opposons aux remarques du député de Chicoutimi.
C'est un refus qui est basé sur un discernement, sur une distinction
essentielle entre deux procédures distinctes: une procédure
d'urgence prévue dans ces articles, et une procédure d'appel qui
peut être mûrie, qui dispose en ce moment de toute l'expertise
nécessaire, expertise qui peut être mise en doute, mais qui est
totalement différente d'une procédure urgente qui est requise
afin de pouvoir donner essentiellement des mandats applicables, le cas
échéant, par les forces policières sans risque pour elles
de s'impliquer dans des situations où elles devraient rendre compte, au
titre du droit civil, de leurs actions.
Ce sont deux recours entièrement distincts, qu'il ne faut pas
confondre. Dans un cas, nous avons admis volontiers la nécessité
d'une représentation par avocat, dans l'autre cas, nous devons la
repousser parce que si nous l'acceptions nous mettrions en échec
l'application de la Loi de la protection du malade mental et nous ferions une
invitation à utiliser des moyens beaucoup moins appropriés pour
résoudre le problème que ce projet de loi est destiné
à résoudre.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je ne peux
absolument pas retenir l'amendement proposé par le député
de Chicoutimi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous allons nous prononcer sur
l'amendement proposé par l'honorable député de Chicoutimi
qui propose de remplacer l'article 1 par le suivant: L'article 17 de la Loi de
la protection du malade mental 1972, chapitre 44, est modifié en
ajoutant l'alinéa suivant: Le juge doit s'assurer que la personne au
sujet de laquelle la requête est déposée est
représentée par un avocat.
M. BIENVENUE: Défait sur division, M. le Président. Je
n'ai pas d'objection à ce que l'on nomme les divisés.
UNE VOIX: Non.
M. BIENVENUE: Non? D'accord.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): La motion est rejetée sur
division.
Le rapport.
Est-ce que vous êtes prêts à vous prononcer sur le
rapport?
M. BIENVENUE: Adopté sur division?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Rapport adopté sur
division.
M. BIENVENUE: Article 19), M. le Président.
Rapport sur le projet de loi no 40
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Taschereau propose la prise en considération du rapport de la commission
permanente des affaires sociales qui a étudié le projet de loi no
40, Loi de la Commission des affaires sociales.
L'honorable député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, sur ce projet de loi,
nous avons inscrit un amendement, au stade de la troisième lecture, qui
aurait pour effet d'ajouter, après le paragraphe b) de l'article 39, les
alinéas suivants: Les membres et le personnel des comités
d'examen des titres et du contrôle de l'acte médical du Conseil
des médecins et dentistes ne peuvent être poursuivis en justice en
raison d'actes officiels accomplis de bonne foi dans l'exercice de leurs
fonctions.
Les dispositions de l'article 33 du code de procédure civile ne
s'appliquent pas...
M. FORGET: Est-ce que je pourrais poser une question au
député? Est-ce qu'il s'agit bien d'un amendement à ce
projet de loi ou au projet de loi no 41?
M. BEDARD (Chicoutimi): Au projet de loi no 41.
UNE VOIX: C'est le projet de loi no 40 actuellement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): On vient de remettre l'amendement.
C'est un amendement au projet de loi no 41.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je croyais que vous en étiez au projet de
loi no 41, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Non, au projet de loi no 40.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le projet de loi no 40 est adopté, M. le
Président. Pas de problème.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le rapport est-il
agréé?
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, oui.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Agréé.
M. FORGET: Excusez-moi, vous pouvez continuer.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non, d'accord! Je croyais que
c'était sur le projet de loi no 41.
M. VEILLEUX: II oublie ses projets de loi, le ministre. C'est bien,
cela.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Avec votre permission, on m'avait
informé d'un troisième rapport.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord.
Rapport sur le projet de loi no 41
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Taschereau propose la prise en considération du rapport de la commission
permanente des affaires sociales qui a étudié le projet de loi no
41, Loi modifiant la loi sur les services de santé et les services
sociaux.
L'honorable député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, à l'article 39 du
projet de loi no 41, nous soumettons un amendement qui aurait pour but
d'ajouter, après le paragraphe b), les alinéas suivants: "Les
membres et le personnel des comités d'examen des titres et du
contrôle de l'acte médical du Conseil des médecins et
dentistes ne peuvent être poursuivis en justice en raison d'actes
officiels accomplis de bonne foi dans l'exercice de leurs fonctions. Les
dispositions de l'article 33 du code de procédure civile ne s'appliquent
pas à ces comités".
M. le Président, nous avons eu l'occasion, en commission, de
discuter longuement de cet amendement. Le ministre, suite à la
discussion, l'a refusé en commission, en nous disant, quand même,
qu'il voyait déjà la nécessité de répondre
à cette situation ou de voir à ce que le législateur
prenne les dispositions nécessaires pour y répondre, mais qu'il
envisageait de le faire dans un avenir plus éloigné.
Nous soumettons, M. le Président, que cet amendement doit
être incorporé dès maintenant à la loi. Nous le
faisons non pas pour répondre simplement à des demandes expresses
qui ont été faites par les différentes
fédérations des médecins, mais nous le faisons
également dans l'intérêt de l'ensemble de la population et
des malades qui ont le droit d'être rassurés au maximum sur la
compétence des médecins auxquels ils ont à faire appel
pour des soins spécifiques.
M. le Président, nous savons que, depuis quelque temps, les
poursuites judiciaires se multiplient contre les médecins qui ont
à juger l'acte médical d'un de leurs confrères comme
membres d'un comité de contrôle de l'acte médical, ce qui a
comme conséquence que bien des médecins se trouvent placés
dans une situation très difficile pour remplir leur devoir.
D'une part, c'est déjà une tâche assez ardue d'avoir
à juger l'acte médical d'un de leurs confrères. Si on y
ajoute le danger que ces médecins, qui agissent dans le cadre de leurs
fonctions, puissent être poursuivis en dommages et intérêts
pour avoir rempli un devoir nécessaire, la situation devient
difficile.
Cette situation peut amener comme résultat que les
médecins soient très réticents à accepter de
siéger à un comité de contrôle ayant à juger
l'acte d'un de leurs confrères ou encore, étant à un tel
comité de contrôle, aient de la difficulté à remplir
leur mandat adéquatement, dû au fait qu'ils s'exposent
continuellement à des poursuites judiciaires en
dommages-intérêts.
Nous savons que ces médecins qui agissent à
l'intérieur d'un comité de contrôle de l'acte
médical remplissent des fonctions je dirais presque quasi judiciaires.
Nous savons que les membres des différentes régies qui sont
formées par le gouvernement sont assurés de l'immunité
dans l'exercice de leur devoir qu'ils remplissent de bonne foi.
C'est dans ce sens, non seulement pour les médecins mais surtout
pour le bien de l'ensemble de la population et des consommateurs de la
santé, que nous faisons cet amendement qui assurerait une
immunité aux membres de la profession médicale qui auraient
à juger les actes de leurs confrères en faisant partie d'un
comité de contrôle à cet effet.
Le ministre nous dira peut-être qu'il a présentement des
consultations avec les différentes fédérations ou les
organismes qui représentent la profession médicale. Cette
consultation, si elle n'est pas faite, nous ne voyons pas en quoi elle pourrait
aboutir à autre chose qu'à conclure à là
nécessité d'accorder l'immunité demandée.
Les consultations qui se continueraient seraient des consultations
assurément vouées à une seule conclusion, celle de
l'immunité. D'ailleurs les médecins, dans un congrès au
mois de décembre, où étaient réunies 74
fédérations, ont très clairement explicité la
nécessité que le législateur leur accorde cette
immunité pour qu'ils puissent assurer un meilleur contrôle de la
qualité de la médecine et ce non seulement dans
l'intérêt de leur profession mais également dans
l'intérêt de l'ensemble de la population.
C'est dans cet esprit que cet amendement est proposé et nous
espérons qu'il sera accepté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. FORGET: M. le Président, comme l'a indiqué le
député de Chicoutimi, cette question de l'immunité
à être donnée aux membres des conseils ou des
comités du conseil des médecins et dentistes dans les
établissements hospitaliers a fait l'objet d'une assez longue discussion
en commission élue.
J'ai indiqué, lors de ce débat en commission élue,
qu'il m'apparaissait, en effet, que ce problème de l'immunité
devrait, dans un avenir non pas éloigné, mais assez
rapproché, faire l'objet de la considération la plus attentive
mais qu'il était prématuré à ce moment-ci de
vouloir l'incorporer dans les lois qui sont présentement devant
l'Assemblée nationale par une disposition qui semble toute menue et
toute mineure mais qui effectivement comporte des implications très
lourdes de conséquences, conséquences qui ne sont pas toutes
évaluées au moment où nous en parlons.
Il est exact que l'évolution des moeurs probablement et
l'évolution des pratiques juridiques aussi a produit une situation
où les poursuites en responsabilité médicale sont devenues
beaucoup plus fréquentes que ce n'était le cas dans le
passé.
Il est clair que ce phénomène, ajouté à
d'autres phénomènes du même genre, produit une situation de
risques, toute proportion gardée, qui est plus considérable que
ce n'était le cas dans le passé lors de l'exercice par les
médecins de leurs responsabilités au sein des comités
d'examen des titres et au comité de l'évaluation médicale
du Conseil des médecins et dentistes d'un établissement
hospitalier. C'est un, problème auquel nous avons été
abondamment sensibilisés durant les dernières semaines et, encore
une fois, il me fait plaisir de dire que j'accepte très volontiers
l'idée de la nécessité de se pencher sur cette question et
d'y trouver certaines réponses.
Par ailleurs, M. le Président, même si l'on peut dire que
les décisions prises par ce Conseil des médecins et dentistes
revêt un caractère quasi judiciaire, ce n'est que par une
très large et très généreuse extension du concept
qu'on
peut qualifier ainsi le fonctionnement des comités et des
conseils de médecins et dentistes. En effet, leur procédure n'a
rien de très judiciaire telle qu'elle est conçue actuellement. En
effet, dans une certaine mesure, elle implique des personnes qui peuvent
être appelées à être à la foi juge et partie
dans les décisions qui sont ainsi prises. Elle implique des
procédures qui ne donnent pas nécessairement droit de parole et
de représentation aux personnes qui peuvent être affectées
par ces décisions. Et ce sont des procédures certainement qui
laissent fort peu de place aux possibilités d'appel dans les cas
où des irrégularités seraient commises, dans les cas
où la preuve sur les faits ou sur le droit serait mal
évaluée, mal appréciée et appellerait des
correctifs.
C'est donc dans une situation d'imprécision et d'un certain
risque que l'on envisagerait dès maintenant d'étendre
l'immunité qu'ont les juges à ces comités des conseils des
médecins et dentistes. Les conséquences qui pourraient en
résulter sont au point de vue des dommages, des préjudices qui
pourraient en résulter pour les individus ainsi affectés, soit
dans leur vie professionnelle, soit dans leur réputation, soit encore
dans leur revenu. Ces conséquences pourraient être très
considérables, et nous priverions effectivement les victimes d'une
décision négligente, d'une décision hâtive ou d'une
décision influencée par des considérations
étrangères aux problèmes, mais peut-être tirant sa
racine de la composition de ces comités ou des circonstances dans
lesquelles un problème a été soulevé. Nous
produirions des situations d'injustice qu'il nous serait, encore une fois,
impossible de corriger.
Il existe sans aucun doute, sur le plan du contrôle de
l'activité professionnelle, une immunité qui est consacrée
par la législation professionnelle, le code des professions et les lois
connexes. Ce type d'immunité a été accordé à
titre de régime d'exception puisque, encore une fois, M. le
Président, il n'est guère que dans l'application des lois des
tribunaux judiciaires que l'on retrouve la pleine application de ce concept. Et
s'il a été étendu aux corporations professionnelles,
c'était en regard de leur statut public de défenseurs de
l'intérêt public. C'était également en fonction de
leur caractère absolument singulier dans l'ensemble du réseau de
distribution de services médicaux et de services de santé,
caractère singulier qu'ils tirent premièrement de leur
prééminence dans chaque profession, de l'attention et du choix
qui est apporté à la désignation de leurs membres, et
également qu'ils tirent aussi du pouvoir de surveillance et de tutelle
qu'exercent à leur égard l'Office des professions et le conseil
interprofessionnel.
M. le Président, le problème soulevé va recevoir
éventuellement une solution. Plusieurs possibilités s'offrent
à nous pour ce qui est d'une solution à ce problème.
Durant les prochains mois, nous allons poursuivre, avec les organismes
professionnels et les groupes impliqués, des discussions pour mettre sur
pied les moyens nécessaires pour assurer la protection du public, mais
également assurer la protection de tous les individus, qu'ils soient
bénéficiaires de services ou prestataires de services, les
protections que les lois doivent accorder à tous et qui doivent
être le plus possible susceptibles des mesures de droit commun, des
mesures d'appel, des mesures de représentation par avocat, etc.
Dans l'intérim, M. le Président, pour les groupes
impliqués, qui voient une certaine injustice dans le fait que certains
membres individuels de leur profession sont appelés à supporter
seuls le coût de l'application de certaines mesures, il serait possible
de prévoir des moyens d'absorber ou d'amortir en quelque sorte les
conséquences financières qui pourraient découler, pour ces
individus, dans une période de transition, de l'application des lois
dans leur état actuel, c'est-à-dire sans comporter
d'immunité.
C'est une disposition qui serait facile de mettre en place, qui ne
nécessiterait qu'un minimum de formalités et qui permettrait sans
aucun doute à ces comités de continuer à fonctionner, en
assurant à tous les individus qui y participent une certaine
immunité non pas juridique, mais au moins financière, en
attendant des solutions de fond à un problème extrêmement
difficile. C'est un problème qui nous imposera probablement de
créer un droit nouveau, d'innover assez profondément dans
l'esprit général de nos lois et du droit relatif à la
responsabilité civile. On sait l'importance de ces dispositions de nos
lois dans notre droit et l'importance qu'il faut attacher à toute
proposition d'en modifier de façon importante, de façon
substantielle, l'application dans certains cas particuliers.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, encore ici, je ne
puis retenir l'amendement proposé, tout en faisant les remarques que
j'ai faites sur l'opportunité générale de
considérer ce problème et d'envisager à court terme les
solutions appropriées pour y remédier.
M. BEDARD (Chicoutimi): Simplement, M. le Président, pour
exprimer la constatation que le ministre des Affaires sociales tient un langage
dans cette Chambre différent de celui qu'il a tenu à la
commission parlementaire chargée d'entendre les différents
groupes intéressés. Le ministre des Affaires sociales avait
justement agréé cette demande que nous faisons par l'amendement
que nous proposons. Le ministre des Affaires sociales, lors de la commission
parlementaire, avec les organismes concernés, avant accepté cette
demande. Il s'agit simplement de se référer au journal des
Débats d'octobre 1974, alors que le ministre s'était dit d'accord
sur l'essentiel du contenu de l'amendement que nous apportons aujourd'hui.
Le ministre nous dit simplement qu'il y a certains risques à
accepter notre amendement.
Nous lui disons qu'il y a des risques certains à garder la
situation telle qu'elle est, puisque nous n'assurons pas à la population
cette garantie à laquelle elle a droit, à savoir celle
d'être certaine que les médecins auxquels elle fait appel ont les
critères de compétence et de qualité qu'elle a droit
d'avoir.
M. FORGET: M. le Président, très brièvement, je ne
nie pas la sympathie que j'ai exprimée à plus d'une reprise et
que je viens de réitérer pour le principe de cette idée,
mais je désire, malgré tout, dire que je n'ai pris aucun
engagement en commission parlementaire relativement à cette question ou
relativement à aucune autre. Je suis tout à fait capable de vivre
avec ce que j'ai dit à ces corporations professionnelles et à ces
autres groupes qui sont venus en commission parlementaire. J'ai tout à
fait l'intention d'y donner suite, en tenant compte, cependant, de la
réflexion que j'ai faite depuis sur les autres aspects qui n'ont pas
fait l'objet d'une discussion parlementaire, mais qui sont non moins
réels, aspects de risque d'un changement fondamental dans l'esprit de
nos lois, qui méritent plus de réflexion, qui méritent des
discussions plus approfondies et qui méritent la mise en place d'autres
moyens que l'immunité seule, de manière à s'exercer sans
créer plus de problèmes que l'on n'en résout.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'amendement présenté par le
député de Chicoutimi sur le projet de loi est rejeté sur
division?
M. BEDARD (Chicoutimi): Sur division, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Sur division. Le rapport de la commission
sur le projet de loi no 41 est-il adopté?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
M. BIENVENUE: M. le Président, j'avais défié le
ministre des Affaires sociales d'adopter trois rapports dans une demi-heure. Il
a dépassé de huit minutes. Je suis extrêmement
déçu, avec un sourire pour les fins du journal des
Débats.
Article 13.
Projet de loi no 91 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre des Affaires municipales
propose la deuxième lecture de la loi no 91, Loi modifiant de nouveau la
loi des cités et villes et le code municipal.
Le ministre des Affaires municipales.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la nécessité de ce
projet de loi est d'une évidence très claire et je suis heureux
que nous soyons en mesure de le présenter. Nous avons traversé
une période dans l'histoire de la ville de Montréal, notamment,
et d'autres villes, d'autres municipalités aussi, où des
immeubles d'une qualité certaine ont été perdus,
malgré l'existence d'une loi sur les biens culturels. Plus que cela, il
y a des immeubles groupés ensemble qui, individuellement, n'ont
peut-être pas de grande valeur historique, ni même de grande valeur
architecturale, mais qui, par leur contiguïté, par l'harmonie de
leur aspect esthétique, par le cachet qu'ils donnent à leur
municipalité, méritent d'être conservés.
Il a été dit par un certain nombre de personnes que ce
genre de loi n'est vraiment pas nécessaire, ce genre de modification
à la Loi des cités et villes et au code municipal, parce que
après tout, c'est ce que nous faisons.
Ces personnes ont invoqué le fait qu'il existe la Loi sur les
biens culturels, qui permet au ministre des Affaires culturelles, ayant
reçu l'avis de son conseil consultatif, d'intervenir par une
déclaration, et que cette déclaration protectrice protège
l'immeuble en question.
Il a aussi été dit que la protection est assurée
par le pouvoir de la municipalité d'adopter des règlements de
zonage par lesquels on peut conserver des immeubles ou même des
quartiers.
Il est évident que, dans les deux cas, il y a une mesure de
vérité, mais cette mesure n'est pas suffisante.
On constate que le ministère des Affaires culturelles, qui a
à sa disposition la Loi sur les biens culturels depuis deux ans et
quelques mois cette loi a été sanctionnée le 8
juillet 1972 a dû nécessairement accomplir en peu de temps
un travail énorme et a dû, nécessairement, consacrer son
attention, d'abord, aux immeubles dont le caractère historique ou
artistique saute aux yeux et où une décision a été
plus urgente que dans d'autres cas. Entre temps, il y a des rangées de
maisons qui ont été perdues, qui sont remplacées par des
structures qui auront peut-être un jour un cachet que quelqu'un
appréciera, mais il faut admettre que les Québécois
d'aujourd'hui n'apprécient pas autant, sur le plan esthétique,
les immeubles modernes qui ont tendance à remplacer ces bâtiments
que nous avons à certains endroits depuis 50 ans, 100 ans, même
plus, et... (panne de micro).
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): M. le ministre, voulez-vous
m'excuser? Votre micro ne semble pas fonctionner depuis la dernière
phrase.
M. GOLDBLOOM: ... discuté de la question. Ayant discuté de
cette question avec mon
collègue, l'honorable ministre des Affaires culturelles, je suis
venu à la conclusion que l'adoption d'un projet de loi tel que celui que
nous présentons serait avantageuse pour son ministère dans le
travail assez imposant qu'il a à accomplir et surtout au cours de la
prochaine année. Le fait donc de donner douze mois de sursis à
certains immeubles permettrait effectivement au ministère des Affaires
culturelles et à son conseil consultatif de faire à tête
reposée un travail professionnel sérieux et, ainsi, arriver aux
meilleures décisions possible.
Deuxièmement, M. le Président, en ce qui concerne les
règlements de zonage, on peut constater qu'ils empêchent la
construction d'un immeuble qui ne leur est pas conforme, mais n'empêchent
pas la démolition de ce qui est sur l'emplacement et donc ne
protègent pas les immeubles que l'on voudrait conserver. Or, M. le
Président, c'est la raison d'être du présent projet de loi.
Je suis convaincu que cette éventuelle loi, parce que je suis certain
qu'elle sera adoptée, sera utilisée à bon escient par les
municipalités. Il est évident que nous permettons aux
municipalités un accroc d'une certaine importance mais je ne
trouve pas cette importance exagérée au droit de
propriété. Je pense que les droits de la collectivité,
quant à des immeubles de ce caractère, justifient ce genre
d'accroc au droit strict de propriété.
Finalement, M. le Président, la question a été
posée: Est-ce que ce projet de loi qui propose des modifications
à la Loi des cités et villes et au code municipal donnera la
protection dans les quelques municipalités, notamment la ville de
Montréal, qui ne sont pas régies par l'une ou l'autre de ces
lois? La réponse est oui. La loi prévoit que même les
municipalités qui ne sont pas régies par la Loi des cités
et villes sont soumises à l'application de cette éventuelle
loi.
M. le Président, j'ai beaucoup de plaisir à recommander
à la Chambre l'adoption de ce projet de loi.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): L'honorable député
de Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. CHARRON: M. le Président, je suis de ceux que le ministre
mentionnait au début de son intervention, de ceux qui doutent du
caractère utile de ce projet de loi. Non seulement je suis d'accord sur
la liste de mécanismes déjà existants, quant à la
protection des biens culturels et qui peuvent déjà jouer, mais
j'en ai surtout à cette espèce de conviction, que voudrait nous
faire partager le ministre, que les mécanismes
précédemment cités n'étant pas toujours
adéquats et ne réussissant pas toujours à apporter le
résultat escompté lorsque nous les avions créés et
adoptés ensemble, le projet de loi no 91 se trouverait à rajouter
la dimension manquante et ainsi à assurer plus de
sécurité.
Or, j'ai beaucoup de doutes quant à la portée
réelle du projet de loi no 91. Bien sûr, cela peut être
envisagé aujourd'hui comme acceptable puisque c'est une façon de
plus de protéger le patrimoine culturel des Québécois.
Mais avons-nous véritablement réglé le problème par
le projet de loi no 91?
Sur le plan strict de l'efficacité, tout le monde sait que les
édifices susceptibles d'être classés comme biens culturels
occupent presque tout le temps des terrains qui font la convoitise des
promoteurs immobiliers de tout acabit, et cela avec la
bénédiction tacite des municipalités à qui,
aujourd'hui, le projet de loi no 91 rajoute un pouvoir de réglementation
quant à la protection de ces mêmes édifices.
Le dossier des administrations municipales du Québec, quant
à la protection du patrimoine culturel, est un dossier chargé. Le
ministre des Affaires municipales conviendra avec moi en
commençant par l'administration municipale de la ville de
Montréal qui, en ce domaine, s'est comportée avec un manque de
civisme total, mais allant aussi jusqu'à des municipalités de
moins grande envergure que celle de Montréal que ce n'est pas au
niveau des administrations municipales que l'engouement, que la
dévotion, je dirais, pour la protection du patrimoine culturel des
Québécois a fait le plus de champions. Au contraire, je citerai
simplement à l'attention du ministre des Affaires municipales, parrain
de ce projet de loi, le sort qui a été réservé, par
exemple, à la maison Van Horne à Montréal, et le
désintéressement total de l'administration municipale de
Montréal quant à la protection de cet édifice.
Encore plus et je le dis pendant qu'il arrive à
l'Assemblée n'eût été l'intervention, qu'il
nous restera à mesure dans les faits, bien sûr, du ministre des
Affaires culturelles, où était l'intérêt de la
municipalité de Montréal ou de la ville de Montréal dans
la protection de la maison mère des Soeurs Grises, qu'aujourd'hui on
doit considérer comme bien culturel, désormais
protégé?
Et pourrais-je nommer d'autres municipalités du Québec?
N'eût été l'intervention de la Direction
générale du patrimoine du ministère des Affaires
culturelles, l'administration municipale, par exemple, de Sainte-Catherine de
Portneuf était prête à liquider et à laisser partir
un édifice valable qui est désormais protégé. La
ville de Trois-Rivières n'a pas, à ce que l'on puisse dire, au
niveau du conseil municipal un grand intérêt pour la protection de
ce genre de patrimoine culturel.
Je n'en fais pas porter un seul blâme aux autorités
municipales. Ce sont des gens qui sont élus, la plupart du temps, sous
le couvert d'administrateurs et qui se donnent donc comme vocation le
développement économique de la ville en question. Ils ont
l'intention de rendre compte de leur mandat à leurs électeurs
presque
au pied carré d'investissement, à la tonne de béton
qui aura coulé dans la municipalité en question pour dire: Vous
voyez, j'ai été un bon administrateur municipal ou je n'ai pas
été un bon administrateur municipal.
Il y a, au fond, une hiérarchie de valeurs. Et c'est exactement
le problème que tente de souligner le ministre des Affaires culturelles:
le développement économique d'une ville et la protection du
patrimoine culturel de cette ville en question entrent souvent en conflit.
Je soutiens que parmi les tenants de la première par rapport
à la deuxième, ceux qui avantagent toujours le
développement économique et qui font entrer le souci de la
protection culturelle en second, sinon en dernier lieu, lorsqu'il s'agit de
prendre des décisions quant au développement d'une
municipalité, sont très souvent les autorités municipales
elles-mêmes.
Le ministre des Affaires culturelles nous entend, M. le
Président. S'il y a des gens, encore, à convaincre de la
nécessité de protéger le patrimoine culturel, s'il y a un
terrain où il est difficile d'aller chercher des gens pour participer
à cette protection du patrimoine culturel, c'est très souvent,
malheureusement, au niveau des autorités municipales
elles-mêmes.
Là, M. le Président, ce que vient faire le projet de loi
no 91, c'est permettre aux autorités municipales de réglementer,
maintenant pouvoir accru de réglementation pour interdire
la démolition du patrimoine culturel. Je sais bien, M. le
Président, qu'il n'y a aucune loi qui puisse obliger un individu,
surtout en poste de responsabilité publique comme le sont les
administrateurs municipaux, à être intéressé
à son patrimoine culturel. Je ne blâme pas le ministre des
Affaires municipales de ne pas nous avoir présenté un projet de
loi qui aurait dit: Sa Majesté oblige maintenant tous les
administrateurs municipaux à avoir cette conception du bien public, qui
soit un peu différente de celle qu'ils ont véhiculée. Ce
n'est pas ce que je présente, parce que c'est ridicule.
Il n'y a que les appels répétés du ministre des
Affaires culturelles, de celui qui vous parle et de tous ceux qui ont
l'occasion, dans différents mouvements, d'attirer l'attention de
l'opinion publique sur cette nécessité de protéger le
patrimoine culturel. Mais je dis, M. le Président, que le pouvoir accru
donné aux autorités municipales dans le projet de loi no 91 n'est
aucunement, lorsqu'on regarde les faits passés, une garantie qu'on ne
procédera pas à une démolition systématique, encore
une fois, de certains édifices de valeur.
Par exemple, M. le Président, reprenons le cas de la maison Van
Horne, dont j'ai parlé et dont a été saisi le
ministère des Affaires culturelles. Si le projet de démolition de
la maison Van Horne arrivait, disons, demain, après l'adoption de cette
loi, la maison Van Horne serait-elle plus protégée, qu'elle ne le
fut? Pas nécessairement, M. le Président. C'est ce que je
soutiens. La ville de Montréal, maintenant, dans une nouvelle
hypothèse, aurait le pouvoir d'interdire la démolition pendant
douze mois, de soumettre, comme le dit le projet de loi no 91, à
l'attention du ministre des Affaires culturelles cette question, lui demandant
son avis. Si, au bout de douze mois, le ministre des Affaires culturelles
n'avait pas rendu compte du mandat que venait de lui confier la ville de
Montréal, si vous me permettez cette définition, la maison aurait
pu être détruite. Mais il aurait fallu que la ville de
Montréal se montrât intéressée à la
protection, à l'utilisation du pouvoir de réglementation.
Ce n'est pas parce qu'un pouvoir de réglementation existe qu'il
est nécessairement utilisé. La ville de Montréal n'a rien
fait pour protéger la maison Van Horne, comme elle n'a rien fait, M. le
Président, pour empêcher le saccage de certains districts de
Montréal, le carré Saint-Louis, par exemple, comme l'a
signalé à plusieurs reprises le député de ce
comté, ici même, à l'Assemblée nationale.
Ce n'est pas parce qu'un pouvoir de réglementation existe qu'on a
la garantie que la réglementation va être utilisée. On
ajoute, par le projet de loi no 91, un pouvoir discrétionnaire à
un étage de décision où l'intérêt pour la
chose culturelle je ne dis pas, est complètement absent a
encore beaucoup de terrain à gagner.
M. HARDY : Me permettez-vous une question?
M. CHARRON: Bien sûr.
M. HARDY: Le député de Saint-Jacques apprendrait
peut-être avec intérêt que, ce matin même, le
directeur je ne veux pas défendre la ville de Montréal,
mais cela pourrait peut-être synthétiser le discours du
député de Saint-Jacques du contentieux de la ville de
Montréal, Me Michel Côté, était au ministère
des Affaires culturelles, rencontrait la Direction générale du
patrimoine justement pour tâcher de développer des
mécanismes qui permettront à la ville de Montréal,
grâce à cette loi, d'assurer la protection d'édifices
à caractère historique.
M. CHARRON: M. le Président, l'intervention du ministre des
Affaires culturelles complète la dernière phrase que je venais de
faire. Je n'ai pas dit qu'il n'y a pas d'intérêt.
Si la ville de Montréal en a manifesté ce matin en
envoyant son chef du contentieux, en voilà un exemple. Mais je dis que
le domaine des édiles municipaux dans le Québec, c'est encore un
endroit où on a beaucoup de conviction à faire.
Tant mieux si les pressions non seulement des députés de
l'Assemblée nationale, intervenant là-dessus depuis la Loi sur
les biens culturels, mais aussi, il faut bien le reconnaître, de citoyens
très vigilants comme le groupe Sauvons Montréal qui, à
chaque occasion, a
manifesté à plusieurs reprises, peuvent avoir
réussi à ébranler les administrations municipales. Mais
j'en suis à analyser ce que j'appellerais la portée réelle
de la loi 91. Elle est une possibilité de garantie de plus, mais elle
n'en est pas une en elle-même.
D'autre part, je crois qu'une véritable garantie aurait pu
être d'une double nature. D'abord, peut-être une modification
à la Loi sur les biens culturels elle-même. Je pense
qu'après deux ans d'application, nous conviendrons tous que, si elle
porte une bonne partie des fruits que nous escomptions lorsque nous l'avons
adoptée, elle est amendable et elle doit être amendée pour
justement être renforcée.
Entre autres choses, plutôt qu'une loi parrainée par le
ministre des Affaires municipales qui nous invite à adopter sa loi
aujourd'hui, peut-être le ministre des Affaires culturelles aurait-il eu
de lui-même à proposer, avant la fin de cette session, un
amendement à la Loi sur les biens culturels qui l'obligerait
lui-même, en quelque sorte, à utiliser le pouvoir de geler les
démolitions dès qu'elles sont demandées.
Autrement dit, les véritables chiens de garde si vous me
permettez cette expression du patrimoine culturel des
Québécois sont de simples citoyens beaucoup plus que des
édiles municipaux, des autorités municipales. Quand les
autorités municipales s'y intéressent, c'est qu'il y a eu, dans
cette ville, de simples citoyens qui ont attiré l'attention de leurs
élus sur cette question. Actuellement, un groupe peut manifester
rapidement son intérêt pour la protection d'un édifice en
voie de démolition. Je n'invente rien, il y a encore quelques semaines
se posait le cas du petit séminaire de la rue Saint-Paul à
Montréal.
En vertu de la loi no 2, Loi sur les biens culturels, le ministre a
été immédiatement saisi du dossier, mais c'était
à sa discrétion d'y donner suite ou pas. Il me semble qu'on
devrait en être rendu à l'époque où, dès
qu'un groupe de citoyens demande au ministre la protection d'un édifice,
le mécanisme, sans discrétion, s'ébranlerait de
lui-même. Je ne dis pas qu'il devrait toujours conduire à
l'adoption ou au classement de l'édifice en question. Tout le
mécanisme doit se dérouler et il se peut, à la longue,
après avoir étudié le dossier, qu'on ne juge pas le bien
comme devant être considéré sous l'empire des biens
culturels et donc qu'on décide de ne pas le protéger. Je ne dis
pas que chaque demande doit irrémédiablement conduire â un
classement officiel. Je dis que chaque demande devrait déclencher le
mécanisme d'évaluation où, à la fin, on aura ou on
n'aura pas un classement. C'est ce que je veux dire quand je dis que la loi no
2 devrait être amendée au point que la demande de citoyens comme
ceux du groupe Sauvons Montréal devrait ipso facto, sans intervention
discrétionnaire du ministre qui, je le reconnais, l'utilise la plupart
du temps dans l'intérêt de la protection du patrimoine, ce n'est
pas sa conduite que je mets en jeu et je pense qu'il comprend très bien
le sens de mon intervention... Mais on devrait enlever cet aspect
discrétionnaire pour qu'aussitôt le mécanisme se mette en
branle. Cela me paraîtrait être une garantie meilleure pour la
protection du bien culturel ou, disons une garantie supplémentaire, mais
cette fois avec un sens d'utilité, que ce qui nous est proposé
dans la loi no 91 ou, plutôt que d'éteindre le côté
discrétionnaire, on y a rajouté un étage, celui des
édiles municipaux.
Ce sont eux qui décideront et ce sera à leur
discrétion d'utiliser les pouvoirs réglementaires qu'on leur
rajoute maintenant dans la Loi des cités et villes, dans le code
municipal.
Ce sont les remarques essentielles que j'avais à faire sur ce
projet, non pas pour le dire néfaste, mais pour dire que sa
portée réelle est peut-être beaucoup moindre et, elle ne
résout qu'en très faible partie le problème de la
protection des biens culturels tel que nous l'avons au Québec
actuellement.
J'aurai l'occasion, M. le Président, en commission
plénière ou élue, selon le désir du leader adjoint,
de proposer un ou deux amendements qui amélioreront, je l'espère,
le projet de loi que nous discutons en ce moment. Mais je voulais faire cette
intervention parce qu'il me semblait essentiel, tout en adoptant cette loi,
qu'on en détermine la juste portée et qu'on ne pense pas que,
parce qu'on a rajouté un pouvoir discrétionnaire aux mains des
autorités municipales, des saccages véritablement des
saccages de quartiers de ville ou de centre-ville du Québec sont
maintenant disparus ou écartés. Nous parlons très souvent,
lorsque nous abordons ces questions, des grandes villes où bien
sûr la construction d'artères à plusieurs voies oblige la
démolition d'édifices. Mais je pense que le ministre des Affaires
culturelles conviendra avec moi qu'il n'y a pas que les grandes villes qui sont
concernées et qui procèdent très souvent avec une
conception du développement qui fait fi de la protection du patrimoine
culturel. Il y a tout le long du Chemin du Roi, par exemple, entre
Québec et Montréal, d'innombrables petites municipalités
qui ont fait l'histoire du Québec. A peu près chacun d'entre nous
pouvons dire que nous avons eu, à un moment ou à un autre de
notre généalogie, des ancêtres qui y ont vécu et qui
y ont travaillé; cela a été le coeur du Québec, M.
le Président.
Or, il arrive souvent que dans ces petites villes, 5,000, 10,000
habitants, on procède avec une conception du développement qui
incite, par exemple, à regrouper alentour de l'église ou de
l'hôtel de ville l'ensemble des services. C'est alors que le gouvernement
fédéral décide d'ériger son superbe bureau de poste
en béton, à côté d'un hôtel de ville ou d'une
mairie qui, eux, datent du siècle dernier. Il se trouve ainsi à
saccager littéralement le coeur de ces petits villages ou ces petites
villes. Donc, je pense que cette loi s'adresse à l'ensemble du
Québec. Comme nous avons encore beaucoup de chemin
à faire pour convaincre les édiles municipaux que c'est la
ville même qui y gagne à ce que son quartier historique soit
intégralement protégé, je pense que nous ne devons pas
nous contenter de cette garantie qu'est la loi 91 mais en rajouter d'autres.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): L'honorable député
de Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. BLANK: M. le Président, comme le député de
Saint-Jacques a dit, je m'intéresse beaucoup aux questions de
démolition et aux questions des arrondissements historiques et des
immeubles culturels et historiques. Dans le comté de Saint-Louis, qui
comprend presque tout le coeur de Montréal, c'est là que sont
survenus tous les problèmes que nous avons eus à ce jour, mais
nous avons aussi des règlements. Le Vieux-Montréal, c'est presque
tout dans le comté de Saint-Louis et une partie du beau comté de
Saint-Jacques. Toutes les bâtisses qui ont été
classées dernièrement par le ministre sont dans le comté
de Saint-Louis. Je pense que n'importe quelle loi, même si elle n'aide
qu'un peu, c'est pour le mieux, parce qu'on a encore du chemin à faire
dans le coeur de Montréal. Ce n'est pas seulement des immeubles qu'on
peut classer comme biens culturels ou historiques, il y a des sections
complètes de la ville, des arrondissements historiques qu'on a
définis dans la Loi des biens culturels. On peut aller de l'est à
l'ouest dans mon comté, on en trouvera au moins trois, quatre ou cinq;
en premier, à l'est, le carré Saint-Louis, qui, bâtisse par
bâtisse, immeuble par immeuble, n'est pas peut-être un bien
culturel mais, quand on prend l'ensemble du carré Saint-Louis, on a
besoin d'une protection. La seule protection que le ministre peut donner
maintenant c'est de classer le carré Saint-Louis comme arrondissement
historique, mais cela c'est une décision sérieuse et
peut-être qu'il y a des gens qui lui conseillent de ne pas la prendre
immédiatement.
Mais avec la loi que le ministre a déposée, s'il l'amende,
comme je le lui ai suggéré, qu'on ajoute, dans le paragraphe qui
parle des biens culturels, des arrondissements culturels, des arrondissements
historiques définis dans la loi, cela va couvrir le cas du carré
Saint-Louis. La ville, sous la pression des citoyens, sous la pression de
groupes comme Sauvons Montréal ou "Green Spaces" et les autres, va
prendre les dispositions qu'on nous donne dans ces lois et, au moins, ce serait
protégé pour les douze mois à venir pour donner une chance
au ministre des Affaires culturelles et ses conseillers de décider si
vraiment on doit le classer.
Pour ma part, je pense qu'on doit le classer parce que c'est un
arrondissement historique dont on a besoin dans cette section de la ville. Si
on va plus à l'ouest, you find what is known as the Square Mile. The
Square Mile is the area bounded on the West by Côte-des-Neiges, on the
East by University Street, on the South by Sherbrooke and on the North by the
Slopes of Mount Royal.
In this Square Mile, one will find practically all the history of
Montreal, in the later part of the 19th and the early part of the 20th century.
Sure the buildings are not 200 years old or 150 years old, but the people who
built these buildings and the type of architecture one finds in these buildings
are such that this area should be and must be preserved. You will find that the
people who created Montreal as a commercial and metropolitan centre built their
homes and beautiful mansions which still exist in this area of the Square Mile.
And not only will you find the Molson and the McGill but you will find Lomer
Gouin, former premier of Quebec, who built his home there, and Mr.
Greenshields, the son of a great jurist of Quebec who built his home in this
Square Mile, but, slowly and but surely, they are being demolished one by one
to erect skyscrapers. The city of Montreal has tried to protect them by having
zoning laws, but I think an overall study must be made of the entire area to
decide how one can best protect this Square Mile. Do you know that in this area
there are less then 100 homes left out of some perhaps 1,000 to 1,500 that have
existed at one time. There are less than 100 and of these approximately half
are being used as rooming houses.
Well, something must be done to save them, but when one takes individual
building by individual building, it is difficult for the Minister of Cultural
Affairs to decide whether to classify or not to classify. With this law and
again with the pressure of citizens group like Save Montreal, and particularly
some of the people involved, like architect Michael Fish, Phyllis Lambert and
Loney Echenberg, who really have devoted their time, their energy and their
resources to this cause of saving Montreal, I think the city of Montreal will
take the advice of these people, and particularly in view of the recent
election, let us call a spade a spade. A great number of the opposition
councillors in the City of Montreal were elected on the banner of Save
Montreal.
It was Save Montreal that put them into office and the pressure they
will exercise on City Hall will see that City Hall will ask to classify certain
areas. There are other areas, Crescent street, from Sherbrooke to Maisonneuve.
Each individual building is perhaps not a historical site, but take the whole
street, it is a beautiful street and one of the finest shopping streets in
Canada.
Further South, you will find Bishop Street, The Bishop Court apartments
on Bishop between Maisonneuve ans St. Catherine, the Grey Nuns Convent, the
area that has not been touched by Concordia. The old grey stones that are still
there, they can be saved by the City of
Montreal. By using this law which will give the Minister at least twelve
months to get his men on the job and to see what should be saved because what
we are going to save there is the history of Montreal.
Perhaps I am speaking in a very local attitude, in a sense, as the
member for St-Louis, but I happen to be in St. Louis and we must do everything
we can to preserve this, even though, I agree with the Member for St. Jacques,
this law is perhaps not necessary in a sense, but who is closer to the people
than a municipal council?
The Minister who is busy with a million and one things does not always
get the telegram immediately, that so and so building is going to be demolished
or that so and so property is in danger.
With the lines of communication we have with the Ministry of Culture and
from areas in the City of Montreal, it is difficult sometimes for him to act
quickly, but the City Council is there. They are closer to the people, and they
should be closer to the people, and the people can exercise their pressure
quicker and faster on the City Council. And this bill gives the City Council a
chance to give the Minister of Cultural Affairs the time in order for him to
really study the problem and to come to a sensible and proper conclusion.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): L'honorable ministre des
Affaires culturelles.
M. Denis Hardy
M. HARDY: M. le Président, je voudrais, tout d'abord, remercier
mon collègue, le ministre des Affaires municipales, d'avoir
présenté cette loi qui sera d'une très grande
utilité pour le ministère que je dirige et, plus
particulièrement, pour la Direction générale du
patroimoi-ne.
Cette loi que présente le ministre des Affaires municipales est
un peu une loi d'exception. Dans une situation normale là-dessus,
je concours avec ce que disait tantôt le député de
Saint-Jacques cette loi n'aurait pas été
nécessaire, mais il faut tenir compte de la réalité telle
qu'elle se présente.
Or, à l'heure actuelle, d'une part, il y a des besoins
extraordinaires un peu partout dans la province, mais d'une façon plus
spéciale, à Montréal, à cause d'une certaine
philosophie du développement qui n'est pas nécessairement celle
de ceux qui veulent conserver le patrimoine, il arrive que nous avons, presque
quotidiennement, de nouveaux cas qui surgissent.
Or, les moyens dont dispose, à l'heure actuelle, le
ministère des Affaires culturelles, que ce soit sur le plan des
ressources humaines ou des ressources financières, ne nous permettent
pas d'appliquer la Loi des biens culturels telle qu'elle devrait l'être.
Cette loi, amendant la Loi des cités et villes et le code municipal,
nous accordera un laps de temps. En effet, contrairement à ce que disait
tantôt le député de Saint-Jacques, ce n'est pas exact que
les municipalités sont à ce point
désintéressées de la conservation du patrimoine et, plus
particulièrement, Montréal.
Je ne suis pas ici pour défendre les autorités municipales
de Montréal, mais je suis obligé de dire que depuis que j'ai la
responsabilité du ministère des Affaires culturelles, très
fréquemment, c'est le service d'urbanisme ou le contentieux de la ville
de Montréal qui nous a prévenus de certaines situations. Le
service qui s'occupe de l'émission des permis se voyait demander un
permis et, très souvent, Me Michel Côté lui-même
appelait à la Direction générale du patrimoine pour nous
dire: II y a danger de démolition de tel édifice. C'est à
partir de cette communication qui nous venait de la ville de Montréal
que nous pouvions, à partir de la loi 2, envoyer l'avis d'intention et
donner 60 jours à la Direction générale du patrimoine pour
faire l'étude. Mais on comprendra que 60 jours, dans bien des cas, ce
n'est pas suffisant. D'abord, à cause, encore une fois, du manque de
ressources humaines, mais même à cause de la complexité du
problème. Il y a des recherches historiques, il y a une foule de
recherches qu'il faut faire qui prennent plus de temps, souvent, que 60 jours.
Alors avec cette loi, et j'en suis persuadé, encore une fois, à
cause de ce qui s'est passé au cours des douze derniers mois, j'ai la
conviction morale que la ville de Montréal et d'autres
municipalités, mais c'est surtout la ville de Montréal
actuellement qui est en cause se servira de ce pouvoir que lui accordera
la loi pour suspendre un permis de démolition pendant un an. A ce
moment, nous aurons, nous, à la Direction générale du
patrimoine, un an pour procéder à l'examen.
Le député de Saint-Jacques a parlé, tantôt,
d'amendements à la Loi des biens culturels. Je suis tellement d'accord
avec lui que déjà, depuis plusieurs semaines, je dirais
même depuis plusieurs mois parce que c'est à l'occasion
d'une rencontre qui a eu lieu à Percé, une réunion de la
Commission des biens culturels à laquelle j'assistais depuis ce
moment, la Commission des biens culturels elle-même est en train
d'examiner la loi, à la lumière de l'expérience
passée, de même que la Direction générale du
patrimoine. Je serai en mesure, au cours de la prochaine session, d'apporter
des amendements assez importants à la Loi des biens culturels.
Il n'y a pas de contradiction entre le projet de loi que
présente, aujourd'hui, le ministre des Affaires municipales et les
amendements que j'ai l'intention d'apporter à la Loi des biens
culturels. Mais je veux terminer en disant ceci, et c'est l'aspect encore le
plus positif du projet de loi du ministre des Affaires municipales, c'est que
la protection du patrimoine, c'est la responsabilité de l'ensemble de la
collectivité. C'est la responsabilité des citoyens, c'est la
responsabilité de différents organismes, que ce soient des
sociétés historiques, des organisations comme Sauvons
Montréal ou autres, et c'est également la responsabilité
des autorités municipales.
Je pense que cet amendement, ce projet de loi que le ministre des
Affaires municipales présente est une façon d'associer davantage
les autorités municipales, qu'elles soient au niveau des villes et des
municipalités rurales, à la conservation du patrimoine.
S'il y a seulement des fonctionnaires du gouvernement ou s'il y a
seulement le ministre des Affaires culturelles qui s'occupe de la conservation
du patrimoine, nous n'atteindrons pas les objectifs que nous poursuivons. Il
faut que tous les agents, que toutes les forces vives de la
société s'intéressent à cette question, et les
autorités municipales doivent s'y intéresser.
A l'heure actuelle, les autorités municipales n'avaient à
peu près pas de pouvoirs, sauf par le biais du règlement de
zonage et, encore là, c'était un outil assez imparfait. Donc, je
dis que le projet de loi qui est devant nous va largement aider le
ministère des Affaires culturelles à faire observer la loi
actuelle. Et ceci n'est aucunement une raison pour nous empêcher
d'amender la Loi des biens culturels pour qu'elle soit plus conforme à
la réalité actuelle.
UNE VOIX: Très bien.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): L'honorable ministre des
Affaires municipales exercera son droit de réplique, ce qui mettra fin
au débat.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'honorable député
de Saint-Jacques a fait le commentaire que le projet de loi aurait pu
être présenté par le ministre des Affaires culturelles. Il
est évident qu'il aurait pu être présenté par l'un
ou l'autre des ministres. Mais je pense qu'il est essentiel que le milieu
municipal, la clientèle du ministère des Affaires municipales
soit sensibilisée par les canaux d'information et les relations
soutenues qu'a le ministère avec les instances de responsabilités
locales à ce genre de problèmes.
Et c'est essentiellement pour cette raison qu'entre les deux ministres
il a été décidé que ce serait le ministre des
Affaires municipales qui présenterait le projet de loi.
Il est évident que, dans bien des cas, la décision ne sera
pas facile et justement parce que le caractère des immeubles ne sera pas
clairement d'une valeur historique, clairement d'une valeur esthétique
aux yeux de tous. Les goûts diffèrent et les yeux voient
différemment les aspects esthétiques et architecturaux.
Mais il est évident que, dans certains cas, certaines personnes
pencheront vers la démolition et d'autres, vers la
préservation.
Celui qui vous parle, M. le Président, est celui qui
connaît peut-être mieux que tout autre, à cause de ses
responsabilités ministérielles, les pressions économiques
qui s'exercent sur les conseils municipaux et qui font que, sans prêter
de mauvaises intentions à qui que ce soit et sans traiter qui que ce
soit d'incurie ou de philistinisme, le conseil municipal a tendance à
pencher vers la démolition, et les citoyens intéressés,
vers la préservation.
Il y a un autre commentaire que je voudrais faire, M. le
Président. Dans l'histoire du monde, on a remplacé bien des
immeubles et bien des villes. Quand l'archéologue Schliemann a fait
l'excavation de Troie, si ma mémoire est fidèle, il a
trouvé sept niveaux de villes, l'une bâtie par-dessus l'autre. Je
pense que c'est la troisième qui était la Troie qu'Homère
a décrit dans ses poèmes. Là non plus je ne voudrais pas
critiquer de façon générale quelque groupe professionnel
que ce soit. Il est sûr et certain que je n'ai pas la compétence
pour juger de l'économique de l'architecture, de la construction et du
choix des matériaux, mais je suis obligé de me permettre la
réflexion qu'un élément de notre problème, c'est la
qualité esthétique de ce qui a tendance à remplacer les
vieux bâtiments qui nous sont chers, et qui nous sont chers à
cause d'un élément de tradition. Mais peut-être, si ce que
l'on nous proposait comme remplacement, si ce que nous voyons comme
construction récente dans nos principaux centres était d'une
qualité esthétique et architecturale différente,
accepterions-nous un peu plus facilement la disparition de certains vieux
bâtiments et de certains vieux quartiers.
Je pense que nous avons donc une responsabilité collective
à travailler vers la stimulation de tout ce monde, pour nous donner
quelque chose qui sera au moins distinctif. On peut, aujourd'hui, visiter
n'importe quelle grande ville du monde occidental, à peu près, et
trouver le même genre de béton rectangulaire avec le même
caractère extérieur même à Paris.
La tour Montparnasse est une abomination quant à moi, je m'excuse
de le dire, mais le cachet de Paris est gâté complètement
par ce qu'on a bâti dans la partie sud de la ville.
Alors, M. le Président, je rejoins ce que disait tout à
l'heure mon collègue le ministre des Affaires culturelles. Il est
évident que le député de Saint-Jacques a raison en
soulignant que le projet de loi donne une possibilité, un pouvoir
facultatif aux conseils municipaux, mais n'impose pas, à même ce
niveau de pouvoir législatif, une protection précise.
Quand même, notre société a été
bâtie de façon à nous donner des municipalités.
D'autres pays ont des gouvernements essentiellement unitaires où les
instances locales ne font pas grand-chose et ne décident pas
grand-chose.
Nous avons voulu créer un grand nombre de municipalités et
leur donner des pouvoirs réels
et cela dans un contexte démocratique où l'on choisit ceux
qui siègent à ce niveau de pouvoir. Il me semble que, si nous
mettons en question la validité d'une loi qui donne aux conseils
municipaux un pouvoir qu'ils ne détiennent pas présentement, nous
devons, par le fait même, aller plus loin et remettre en question les
municipalités et peut-être repenser la structure municipale du
Québec en termes de régionalisation, de regroupement, de
n'importe quoi. Mais il est évident que, dans le contexte actuel, le
pouvoir manquant, il faut le donner. Il faut compter sur tous les appuis et
tous les efforts de sensibilisation pour obtenir les résultats voulus.
Cela m'amène à dire en terminant que celui qui vous parle est
forcément plus sensible au problème de la fiscalité
municipale que toute autre personne en cette Chambre parce que c'est la
responsabilité que j'ai. Je sais que, dans la mesure que je pourrai,
avec l'aide de mes collègues, et notamment celui des Finances,
améliorer la fiscalité municipale, je pourrai indirectement, mais
vraiment assez directement, aider à résoudre le problème
que nous discutons ici aujourd'hui.
Je ne promets pas de miracle mais je dis simplement que l'année
qui commence dans quelques jours sera celle au cours de laquelle nous nous
pencherons de façon sérieuse, avec la collaboration des
municipalités, sur le problème de la fiscalité municipale
espérant, à la fin de cette année, avoir trouvé des
amélioration sensibles, importantes pour permettre justement aux
municipalités de vivre sans sacrifier le genre d'immeubles, le genre de
cachet que nous cherchons, de façon partielle, je l'admets, à
protéger ici aujourd'hui.
LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture, du projet de loi
no 91, Loi modifiant de nouveau la loi des cités et villes et le code
municipal, est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
M. BIENVENUE: Je fais motion, M. le Président, pour que vous
quittiez maintenant le fauteuil pour très peu de temps.
LE PRESIDENT: Pour ce projet de loi-là? L'honorable leader
parlementaire du gouvernement propose la formation de la commission
plénière. Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. BIENVENUE: Je vous demande, M. le Président de la commission
plénière, de faire rapport pour une séance à la
même séance.
M. BLANK (président de la commission plénière): Je
fais rapport que la commission demande la permission de siéger à
nouveau à cette séance ou à une séance
subséquente.
LE PRESIDENT: Permission accordée.
M. BIENVENUE: Alors, M. le Président, je demande la suspension
des travaux jusqu'à 8 h 15 ce soir.
LE PRESIDENT: L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à 20 h
15.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 25
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre messieurs !
M. LEVESQUE: Article 14).
Projet de loi no 96 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre des Affaires municipales
propose la deuxième lecture du projet de loi no 96, Loi concernant la
protection de l'environnement.
Le ministre des Affaires municipales.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je serai extrêmement bref. A
la lecture du projet de loi, on constate qu'il s'agit de transférer de
l'ancien régime de la loi sur l'hygiène publique, qui n'existe
plus comme loi mais dont les règlements ont été
conservés, une série de règlements, plusieurs chapitres.
On se rappelle qu'il y en avait 17. Alors ce sont les règlements qui
avaient été conservés sous le régime de l'ancienne
loi qui sont transférés à la Loi de la qualité de
l'environnement et cela vide le dossier de l'ancienne loi sur l'hygiène
publique.
Il y a aussi un élément qui paraît à
l'article 5 de la loi, où on dégage un peu la façon de
laquelle les services de protection de l'environnement peuvent
déterminer un partage de coûts entre municipalités. La loi
telle qu'adoptée en décembre 1972 prévoyait que ce partage
devait être déterminé selon un règlement à
être adopté par le lieutenant-gouverneur en conseil. Nous avons
trouvé que c'est tellement une question d'appréciation qu'il est
extrêmement difficile d'établir des règles précises,
des normes précises et ainsi rédiger un règlement.
Entre-temps il y a des municipalités qui ne sont pas en mesure de
percevoir des normes, parce qu'il n'y a pas de règlement, donc pas de
détermination de partage par le directeur des services de protection de
l'environnement.
Or, c'est pour corriger cette situation que ce projet de loi propose un
amendement relativement mineur à la Loi de la qualité de
l'environnement.
M. LEVESQUE: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La deuxième lecture du projet de
loi no 91 est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
Commission plénière
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que vous quittiez
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en commission
plénière pour l'étude du projet de loi no 96.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion pour que je quitte le
fauteuil et que la Chambre se forme en commission plénière
est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 1, adopté?
M. BURNS: Vous souffrez de dédoublement de personnalité.
Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 2?
M. LEVESQUE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 3?
M. LEVESQUE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 4?
M. LEVESQUE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 5?
M. LEVESQUE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 6?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, vous me permettrez un seul mot
d'explication additionnelle.
DES VOIX: Un "filibuster"!
M. GOLDBLOOM: Oui, mais je voudrais que ce soit clair. On constatera que
les règlements sont transférés de l'ancienne loi à
la loi existante, de façon rétroactive à partir de la date
d'entrée en vigueur de la nouvelle loi. Mais on sait que la nouvelle loi
a des pénalités beaucoup plus fortes que l'ancienne loi de
l'hygiène publique et l'on constatera que la nouvelle loi n'impose les
nouvelles pénalités qu'à partir de l'adoption du projet de
loi que nous avons devant les yeux.
LE PRESIDENT (M. Blank): J'ai l'honneur de faire rapport que le projet
de loi no 96 a été adopté par la commission
plénière sans amendement.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Ce rapport est-il
agréé?
M. BURNS: Agréé. UNE VOIX: Agréable.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Troisième lecture?
M. LEVESQUE: Adopté. M. BURNS: Non.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article 10.
Projet de loi no 94 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre des Affaires municipales
propose la deuxième lecture du projet de loi no 94, Loi concernant le
régime de retraite des maires, des conseillers des cités et
villes.
Le ministre des Affaires municipales.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai le plaisir de vous informer
que l'honorable lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce
projet de loi et en recommande l'étude à la Chambre.
C'est un projet de loi qui essaie de rendre justice à un groupe
de personnes qui, pendant un certain nombre d'années, sont au service de
leur municipalité, donc de la collectivité
québécoise. Il est vrai, M. le Président, que ces
personnes travaillent, en très grande majorité, à temps
partiel. Il est également vrai que ces personnes consacrent, en grande
majorité, une partie relativement restreinte de leur vie active au
service de la municipalité. Il est vrai aussi qu'il est difficile de
généraliser quant à la somme de travail fourni par ces
personnes. Quand même, on sait que pendant les années de service
consacrées par de nombreux maires et conseillers au Québec, il y
a un effort très considérable qui est fourni et il y a un
dérangement très considérable et
répété qui est subi par ces maires et conseillers. Il y en
a qui, sans pouvoir gagner leur vie en remplissant la fonction de maire ou de
conseiller, doivent sacrifier soit le temps qu'ils auraient pu autrement
consacrer à leur famille, soit même leur revenu en termes de leur
gagne-pain principal. Pour cette raison, il a été
décidé de créer, pour ces personnes, un régime de
retraite.
C'est une promesse faite par mon prédéces- seur, M. le
Président, l'ancien député de Rimouski, aujourd'hui juge
et président de la Commission des accidents du travail, et c'est une
promesse que j'ai renouvelée. Après maintenant 22 mois de service
au ministère des Affaires municipales, je suis d'autant plus heureux,
à cause de ma connaissance du milieu municipal et du respect que j'ai
pour un grand nombre de maires et conseillers, de pouvoir proposer un tel
projet de loi et pouvoir, donc, créer une certaine protection pour la
période de retraite des maires et conseillers en question.
Maintenant, vous constaterez, à l'examen du projet de loi, que le
régime créé, est facultatif. La municipalité n'est
pas obligée de s'inscrire. Elle doit adopter une résolution afin
de faire inscrire son nom sur la liste des municipalités participantes
au régime.
Le régime est facultatif aussi pour le maire et pour chaque
conseiller, même si une résolution est adoptée par le
conseil municipal, inscrivant la municipalité au régime. Chaque
maire ou conseiller peut choisir de s'inscrire ou de ne pas s'inscrire.
Mais si les deux options celle au niveau du conseil municipal et
celle individuelle du maire ou du conseiller sont prises, la
municipalité s'engage à verser une somme dans la caisse, le maire
ou le conseiller aussi. Entre parenthèses, il serait impensable, en
1974, de créer un régime qui ne soit pas contributoire, surtout
pour des personnes qui travaillent à temps partiel et pour une
période relativement limitée de leur vie active.
Alors, nous avons voulu aussi assurer la stabilité actuarielle du
régime. Pour cette raison, nous avons choisi d'établir une
relation entre les contributions versées et les prestations
reçues par la suite. C'est donc un investissement qui se voudrait
intéressant, qui a un seuil, un minimum, parce qu'il faut être
raisonnable. C'est une mesure qui devrait, je crois, intéresser
davantage des personnes de qualité à la carrière au niveau
municipal.
Sans critiquer, sans viser qui que ce soit, je crois que nous devons
dire que le niveau municipal ne réussit pas toujours à attirer
des personnes de qualité. Il y a beaucoup de candidats possibles qui
sont invités, parfois de façon pressante, par leurs concitoyens
à se présenter aux postes de maire et de conseillers et qui
refusent.
Ils disent: Ce serait difficile pour moi de sacrifier les autres
éléments de mon activité professionnelle et sociale pour
assumer cette tâche. Il est évident qu'il y a, dans ce refus, un
facteur économique. Et peut-être qu'en créant ce
régime nous aiderons à réduire ce facteur négatif
qui existe sur le plan économique et à attirer des personnes de
la meilleure qualité possible vers une carrière dans le milieu
municipal.
Enfin, M. le Président, à cause de ce que j'ai
indiqué quant à la nature du régime, la nature
contributoire et la relation entre les contributions et les
bénéfices, nous avons discuté avec l'Union des
municipalités et avec l'Union des conseils de comté de
l'opportunité de présenter une telle loi.
L'union des municipalités, évidemment, était
favorable et a demandé au gouvernement de procéder avec cette
présentation. L'on sait que dans la Loi des cités et villes,
actuellement, il y a un régime qui est disponible aux
municipalités de 50,000 âmes et plus.
L'Union des conseils de comté, par contre, a exprimé
l'avis qu'en milieu rural, les montants versés en traitements aux maires
et conseillers étant relativement réduits, il ne serait pas
intéressant d'amener ces personnes à investir à cause des
montants qui sortiraient du régime à la fin.
Vous verrez donc, M. le Président, que le projet de loi no 94
modifie seulement la Loi des cités et villes. Le régime
s'applique donc aux maires et conseillers des cités et villes. Alors, M.
le Président, je suis heureux de pouvoir présenter ce projet de
loi, d'autant plus qu'il s'agit d'un investissement; il ne s'agit pas d'un
risque pris par le contribuable vis-à-vis de ces maires et conseillers,
risque actuariel. Il s'agit d'une récompense, d'accord, mais je pense
que, dans la majorité des cas, cette récompense est
méritée.
Pour cette raison, nous posons un geste utile et raisonnable en
proposant la création d'un régime de retraite pour les maires et
conseillers des cités et villes.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que vous quittiez
maintenant le fauteuil afin que la Chambre se forme en commission
pléniè-re.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La motion pour que je quitte le fauteuil
et que la Chambre se forme en commission plénière est-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
Commission plénière
M. BLANK (président de la commission plénière): A
l'ordre, messieurs! Article 1, adopté? Adopté.
Article 2, adopté? Adopté. Article 3, adopté?
Adopté. Article 4, adopté? Adopté. Article 5,
adopté? Adopté. Article 6?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je vous demanderais de ne pas
aller trop rapidement, il y a des éléments que je voudrais
retoucher.
Cela va, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 6, adopté. Article 7?
M. BURNS Le ministre n'est pas sûr de son projet de loi.
M. GOLDBLOOM: Je suis sûr mais je cherche un détail.
Cela va, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 7, adopté.
Article 8? Adopté.
M. GOLDBLOOM: Adopté, M. le Président. LE PRESIDENT (M.
Blank): Article 9? M. GOLDBLOOM: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 10?
M. GOLDBLOOM: Oui.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 11?
M. GOLDBLOOM: Cela va, M. le Président, oui.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 12? Adopté.
Article 13? Adopté. Article 14? Adopté. Article 15?
Adopté. Article 16? Adopté. Article 17? Adopté Article 18?
Adopté. Article 19? Adopté. Article 20? Adopté. Article
21? Adopté. Article 22? Adopté. Article 23?
M. GOLDBLOOM: C'est à l'article 23 que je voudrais apporter une
modification. L'article 23 a été rédigé de
façon à définir le terme du service du maire ou du
conseiller à 96 mois; c'est une façon d'exprimer huit ans, mais
il aurait été préférable d'inscrire huit ans. Je
m'explique, M. le Président. Il y a eu dans le passé des mandats
qui ont été irréguliers par rapport au régime que
nous avons créé depuis
où tout le monde a quatre années. Il y a donc des maires
qui, ayant servi deux mandats complets, ayant servi huit ans si on s'exprime
ainsi, ont 94 ou 95 mois. Il ne semble pas juste de les priver pour une
différence de deux ou trois mois de leur admissibilité au
régime. C'est pour cette raison que je préférerais, M. le
Président, que nous rédigions l'article de façon à
faire allusion à huit ans.
UNE VOIX: C'est juste.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté avec amendement?
M. BURNS: Adopté...
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 24?
M. BURNS: ... tel qu'amendé, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 25?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 26?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 27?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 28, adopté?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 29, adopté. Article 30,
adopté. Article 31, adopté. Article 32, adopté. Article
33? Est-ce qu'il y a un amendement? On parle de 96 mois là aussi.
UNE VOIX: II faut faire une correction.
LE PRESIDENT (M. Blank): II faut changer cela pour huit ans aussi?
M. GOLDBLOOM: Huit ans, oui.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 33, adopté tel qu'amendé.
Article 34, adopté. Article 35, adopté. Article 36,
adopté.
M. GOLDBLOOM: A l'article 37, M. le Président, il y a aussi la
mention 96 mois qu'il faudra remplacer par huit ans.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 37, adopté tel qu'amendé.
Article 38, adopté.
Article 39, adopté. Article 40, adopté. Article 41,
adopté. Article 42, adopté. Article 43, adopté. Article
44, il y a encore un amendement.
M. GOLDBLOOM: A l'article 44, paragraphe c), il y a le changement
à faire.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Article 44, adopté tel
qu'amendé. Article 45, adopté. Article 46, adopté.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, si je peux vous demander un moment
d'indulgence, il y a une vérification que je dois faire par rapport
à une définition à l'article 1, à cause des
modifications que nous avons faites.
M. le Président pour concordance, il faudra revenir au paragraphe
f) de l'article 1 qui devrait alors se lire : " "service
crédité": exprimée en années, la période
pendant laquelle un membre du conseil a participé au régime
général en comptant, s'il y a lieu, le temps de service
transféré ou acheté en vertu de la présente loi,
toute partie d'année étant considérée comme une
année complète".
Il y a plusieurs précédents pour cela et dans des projets
de loi privés, nous avons déjà accordé cet avantage
à ceux qui ont fait sept années et quelques mois pour leur
permettre d'adhérer à un régime. C'est une situation qui
est temporaire, évidemment, parce qu'en mettant tout le monde au
même diapason, les termes seront de quatre années, il n'y aura
plus de problème après quelques années.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission a adopté le bill 94 avec des amendements.
M. GOLDBLOOM: Est-ce que je peux vous demander de regagner votre
fauteuil? Il m'est suggéré qu'à la fin de l'article 1, il
faudra ajouter un paragraphe i) qui se lirait: " "année": période
continue de douze mois ".
Evidemment, M. le Président, si on ne faisait pas cette
précision, on pourrait interpréter année comme voulant
dire l'année du calendrier et on pourrait avoir une partie
d'année au début et une partie d'année à la fin
dont chacune pourrait compter pour une année entière, ce qui
n'est pas l'intention de la loi.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission a adopté le bill 94 avec des amendements.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Est-ce que ce rapport est
agréé? Agréé. Troisième lecture à la
prochaine séance ou à une séance subséquente.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous sommes déjà en
commission plénière à l'article 13. Pourrions-nous y
revenir pour quelques instants? Et je fais motion pour que vous quittiez le
fauteuil.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion pour que je quitte le
fauteuil et que la Chambre se forme en commission plénière
est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
Projet de loi no 91 Commission plénière
(suite)
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Projet de loi no 91, Loi modifiant de
nouveau la loi des cités et villes et le code municipal. Article 1.
M. BLANK: Comme je l'avais suggéré dans mon discours de
deuxième lecture, à l'article 1.1 °d), je pense qu'on doit
ajouter arrondissement historique pour couvrir des cas où il y aurait un
groupe de bâtisses qui ne sont pas tellement de nature historique mais
qui, par le groupe, sont historiques ou culturelles, si on peut dire. Je pense
qu'on doit ajouter cela à la définition de l'article 1.1
°d).
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Deuxième ligne.
M. BLANK: Deuxième ligne.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député de
Saint-Louis m'avait mentionné sa préoccupation quant à la
rédaction de cet article et quant au fait que, dans la Loi des biens
culturels, la définition donnée à l'expression biens
culturels couvre un certain nombre de sous-définitions,
c'est-à-dire oeuvres d'art, biens historiques, monuments historiques,
sites historiques ou biens archéologiques et sites
archéologiques. Mais elle ne couvre pas les expressions arrondissement
historique ou arrondissement naturel, ces expressions ayant chacune leur propre
définition. On pourrait interpréter l'expression biens culturels
d'une façon très large et si l'on veut protéger toute une
rue, par exemple, on pourrait définir chaque immeuble comme étant
un bien culturel et agir de cette façon. Mais, pour être plus
complet, je pense qu'il y a lieu d'accepter d'ajouter, dans cette
définition de l'article 1 de ce projet, l'expression arrondissement
historique ou naturel. J'aimerais donc proposer une rédaction qui serait
un peu plus précise et un peu plus complète. Cela serait,
évidemment, dans le texte que nous avons devant les yeux, le premier
alinéa de ce qui est identifié comme l'article l.l°d) et on
écrirait: "Pour interdire pendant une période n'excédant
pas douze mois la démolition de tout immeuble pouvant constituer..." Je
souligne cette modification, au lieu de dire: "... constituant un bien
culturel...", on dirait: "... pouvant constituer un bien culturel..."
M. CHARRON: Le ministre des Affaires municipales a devancé mon
amendement.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse.
M. CHARRON: Je voulais vous proposer: "... susceptible de
constituer...". Comme vous le dites, ça va.
M. GOLDBLOOM: C'est un choix de mots, évidemment, mais autrement
on jugerait à l'avance, ce qui n'est l'intention.
Alors, je reprends, M. le Président: ... "pouvant constituer un
bien culturel au sens de la Loi des biens culturels (1972, chapitre 19) ou
situé dans un territoire identifié comme pouvant constituer un
arrondissement historique ou naturel, au sens de ladite loi.
M. CHARRON: D'accord.
M. GOLDBLOOM: Et vous verrez un peu plus loin qu'il y a une autre
modification de concordance qu'il faudra faire.
M. CHARRON: M. le Président, je pense que, sans
l'interpréter à sa place, cela rejoint l'intention du
député de Saint-Louis, et j'étais d'accord sur cette
intention. On accepte l'amendement.
Maintenant, M. le Président, dans le même but
d'améliorer le projet de loi, est-ce que le ministre consentirait
à ajouter, à la fin du deuxième alinéa du
paragraphe 1 d ) sur lequel nous travaillons et qui se lit comme suit: "Cette
interdiction prend effet à compter de l'avis de motion du
règlement visant à interdire la démolition". La phrase
suivante: Copie de cet avis doit être immédiatement envoyée
au ministre des Affaires culturelles.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je constate que l'honorable
député de Saint-Jacques fait une distinction entre ce qui est
prévu au quatrième alinéa qui oblige la
municipalité à adresser au ministre des Affaires culturelles une
requête, mais suite à l'adoption du règlement. Il demande
que l'avis de motion soit immédiatement transmis au ministre des
Affaires culturelles. Au premier abord, je trouve que c'est une chose utile et
que le ministre, saisi à une étape antérieure, pourrait
mieux planifier son travail. Je pense que c'est tout à fait raisonnable
et je serais disposé à accepter cette modification.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre des Affaires culturelles entrevoit ce
que je veux faire par cet amendement?
M. HARDY: Le ministre des Affaires culturelles est toujours très
intéressé à être le mieux informé
possible.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Voulez-vous répéter?
M. CHARRON: Je répète, M. le Président, parce que
je n'en ai qu'une seule copie. C'est une phrase nouvelle ajoutée
à la fin du deuxiè-
me alinéa : Copie de cet avis de motion doit être
immédiatement envoyée au ministre des Affaires culturelles.
M. le Président, un peu plus loin...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Si le député de
Saint-Jacques me permet. Ce paragraphe se lirait maintenant comme suit: "Cette
interdiction prend effet à compter de l'avis de motion du
règlement visant à interdire la démolition". On
ajouterait: "Copie de cet avis de motion doit être immédiatement
envoyée au ministre des Affaires culturelles".
L'honorable député de Saint-Jacques aurait quelque chose
à ajouter.
M. CHARRON: Oui.
M. le Président, une dernière suggestion que je fais au
ministre, à ajouter à la troisième ligne du
cinquième alinéa de ce même paragraphe 1 d). Celui qui
commence par: "Si à l'expiration du délai". Après les mots
"immeuble concerné", j'ajouterais les mots des biens culturels".
M. HARDY: M. le Président, là, je vois moins
l'utilité. Ce serait prétendre une inaction presque effroyable de
la part du ministère. Il y a un an. Si je comprends bien l'amendement du
député de Saint-Jacques, c'est qu'au bout d'un an, le ministre
des Affaires culturelles pourrait envoyer l'avis de 60 jours. Malgré les
restrictions que j'ai soulignées avant l'heure du dîner, que nous
avions des ressources humaines et financières restreintes, situation qui
j'espère bien, va s'améliorer, je ne pense pas que cela
ajouterait grand-chose aux 60 jours ou 12 mois que nous aurions
déjà.
Je n'ai pas d'objection; je ne me batterai pas jusqu'à minuit
pour empêcher ça, mais je n'y vois vraiment pas une très
grande utilité.
M. CHARRON: Voyez-y surtout l'intention d'augmenter encore les garanties
de protection du patrimoine. Moi aussi, notez bien, je n'ai pas l'impression
que cette disposition, que je vous suggère de rajouter, serait monnaie
courante. J'aurais à critiquer fortement l'action d'un ministre qui non
seulement aurait reçu copie du règlement qui lui aurait
donné un an pour agir, mais, puisque mon amendement a été
suggéré, aurait même été avisé,
dès l'avis de motion, du règlement qu'une municipalité
entendait produire.
Mais, puisqu'on a ajouté une garantie au début du
processus, je me disais: Peut-être qu'on peut en rajouter une autre en
arrière. Moi non plus, je ne me battrai pas jusqu'à minuit sur
cet amendement.
M. HARDY: Est-ce que ce serait une précaution que vous voudriez
vous donner dans la loi au cas où, un jour, vous seriez appelé
à exercer ces responsabilités?
M. CHARRON: Ah! Non, M. le Président.
Je pense que l'intérêt suffira, à ce
moment-là, à le faire. Mais je rajoute quand même une
précision.
Supposons qu'il s'agit d'un quadrilatère en entier, dans un grand
centre comme Montréal...
M. HARDY: Un arrondissement.
M. CHARRON: Un arrondissement. Le député de Saint-Louis en
intervenant cet après-midi mentionnait la rue Crescent. Avant qu'une
décision soit prise par le ministre des Affaires culturelles sur le fait
de classer ou non ce quadrilatère comme arrondissement historique et
donc, ainsi, le protéger dans le cas d'un édifice en voie
de démolition, j'admets que le délai d'un an est
déjà suffisant je pense que vous seriez soumis, au moment
où vous auriez tel avis ou tel règlement entre les mains,
très certainement à plusieurs représentations, car il y a
plusieurs intérêts dans tout un quadrilatère d'un centre
ville, par exemple, qui sont en cause.
Pour des décisions plus difficiles à prendre, justement,
celles qui nécessitent un dossier plus approfondi parce qu'elles ne
peuvent pas se prendre à la légère ou, disons, aussi
rapidement qu'une autre, ne serait-ce que pour le temps, il se peut qu'au bout
d'un an vous n'ayez pas encore pris la décision, mais que vous vous
réserviez le temps de le faire et ainsi, comme le suggère mon
amendement, que vous manifestiez votre intention de le faire en vertu de la Loi
des biens culturels.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais suggérer une
modification au texte; elle couvrira les quatrième et cinquième
alinéas. Tout à l'heure, en écoutant l'honorable
député de Saint-Jacques, nous avons essayé de
rédiger quelques mots additionnels pour tenir compte de sa
préoccupation.
Alors, peut-être que, M. le Président, si je peux lire
lentement, vous m'écouterez et je pourrai vous passer le papier
après.
M. CHARRON: Dites-nous d'abord où, dans le texte, vous rajoutez
les phrases?
M. GOLDBLOOM: Je vais lire de nouvelles versions des quatrième et
cinquième alinéas et ce sera à la toute fin qu'il y aura
une suggestion, à la fin du cinquième alinéa.
M. CHARRON: D'accord.
M. GOLDBLOOM: "Dans les quinze jours suivant l'adoption d'un tel
règlement, la municipalité doit adresser au ministre des Affaires
culturelles une requête afin que l'immeuble concerné soit reconnu
ou classé bien culturel au sens de la Loi des biens culturels (1972,
chapitre 19) ou que le territoire identifié soit déclaré
arrondissement historique ou arrondissement naturel au sens de ladite loi".
C'est pour
concordance avec la modification déjà apportée.
Maintenant, le cinquième alinéa: "Si, à
l'expiration du délai de douze mois de la date de l'avis de motion, le
ministre des Affaires culturelles n'a pas reconnu ou classé comme bien
culturel l'immeuble concerné, ou n'a pas déclaré le
territoire concerné comme arrondissement historique ou arrondissement
naturel, ou si le ministre des Affaires culturelles n'a pas donné l'avis
d'intention en vertu de la Loi des biens culturels, avec les
références, le règlement cesse d'avoir effet".
M. CHARRON: Absolument d'accord. Cela rejoint mon intention.
M. le Président, est-ce que les amendements que nous venons
d'adopter à l'article 1 du projet de loi, puisque la modification au
code municipal, à l'article 2, a à peu près le même
libellé, vont s'y retrouver également?
M. GOLDBLOOM: Notre point de vue a été que la loi devrait
s'appliquer à toutes les municipalités, quelle que soit leur
importance. Donc, ce serait la même série d'amendements. Je ne
crois même pas avoir besoin de dire mutatis mutandis.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Article 1 d), adopté avec les
amendements? Adopté. Article 2.
M. CHARRON: II y a aussi les mêmes amendements?
M. GOLDBLOOM: Si la procédure peut être acceptée, on
pourra tout simplement rédiger le même texte pour l'article 2. Ce
serait le même texte, sauf que le dernier alinéa de l'article 1
n'est pas nécessaire dans l'article 2, qui concerne le code municipal.
Avec cette seule restriction, ce serait exactement la même chose. On
pourra peut-être en faire la rédaction entretemps, sans faire
perdre le temps de la Chambre.
M. CHARRON: D'accord. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Article 2, adopté avec amendements.
Article 3?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Adopté.
M. CORNELLIER (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission plénière a adopté le projet de
loi no 91 avec amendements.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Ces amendements sont-ils
agréés?
M. CHARRON: Oui, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Agréé. Le rapport est-il
accepté? Adopté. Troisième lecture?
M. CHARRON: Demain, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A la prochaine séance ou à
une séance subséquente.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 16, projet de loi no
95.
Projet de loi no 95 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre de la Fonction publique
propose la deuxième lecture du projet de loi no 95, Loi sur les
négociations collectives dans le secteur de l'éducation, des
affaires sociales et des organismes gouvernementaux.
Le ministre de la Fonction publique.
M. Oswald Parent
M. PARENT (Hull): M. le Président, au printemps de 1971, à
l'occasion de la présentation de la Loi du régime de
négociations collectives dans les secteurs de l'éducation et des
hôpitaux, le gouvernement s'était donné comme principal
objectif d'assurer sa présence aux négociations intervenant dans
ces secteurs.
Tout en étant partie à ces négociations, le
gouvernement y associait étroitement ses partenaires et tenait compte de
la représentation syndicale. Le présent projet de loi qui vous
est soumis, tout en maintenant une continuité au niveau des objectifs
visés par la loi no 46 de 1971, comporte un certain nombre
d'éléments nouveaux qui ont été
dégagés à partir des principes qui ont
présidé à la préparation de ce projet de loi.
L'explication de ces principes illustre les nouveaux objectifs qui ont
été poursuivis et les mécanismes de négociation qui
en résultent. Avant de préciser les principes sous-tendant ce
projet de loi, j'aimerais, en premier lieu, faire part à cette Chambre
des raisons qui m'amènent à le présenter. Quoique
certaines dispositions confèrent à mes collègues de
l'Education et des Affaires sociales des pouvoirs accrus dans la
négociation survenant dans leur secteur respectif, le gouvernement m'a
confié le mandat d'assurer la coordination requise au cours du
déroulement des négociations qui s'effectueront en 1975.
Le présent projet de loi détermine le cadre et les
règles de négociation en ce qui concerne les prochaines
négociations entre le gouvernement et une partie fort importante des
employés du secteur public.
Essentiellement, ce projet de loi établit les modalités
juridiques à partir desquelles vont s'effectuer les négociations
collectives entre les salariés du réseau du ministère des
Affaires sociales et du ministère de l'Education et, d'autre part, le
gouvernement du Québec.
Au surplus, ce texte législatif se propose de régir les
conventions collectives entre le gouvernement et certains organismes
financés en totalité ou en partie par l'Etat.
Sur ce point, le présent projet de loi innove en ce sens que la
loi 46, qu'il remplace, se limitait aux salariés du réseau du
ministère de l'Education et du ministère des Affaires
sociales.
A ce niveau, d'ailleurs, ce projet de loi innove aussi du fait que la
loi s'appliquera non seulement aux établissements publics mais à
ceux du secteur privé dont le fonctionnement est assuré par des
subventions gouvernementales.
Ce texte propose, en guise de principe premier, un régime de
négociations collectives à l'échelle de la province en ce
qui concerne les négociations collectives entre le gouvernement et les
salariés des secteurs de l'éducation et des affaires
sociales.
Pourquoi proposer un tel type de négociations collectives? Je
répondrai à cette question essentiellement en invoquant
l'expérience, d'une part, de négociations qui avaient
précédé la loi 46 et, d'autre part, les
négociations s'étant déroulées à la suite de
la loi 46, qui préconisait ce type de négociations
collectives.
Cette orientation reflète également l'option qui a
été retenue par le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre.
A l'occasion des discussions qui ont eu lieu lors de la
présentation du projet de loi no 46, on a invoqué, pour mettre de
l'avant ce type de négociations collectives, que ce régime de
négociations était susceptible de rendre une meilleure justice
aux travailleurs, d'une part, et, d'autre part, d'être un régime
facilitant la poursuite des pourparlers.
Un tel régime de négociations collectives permet plus
facilement d'en arriver à des conditions de travail cohérentes
à travers le secteur public. En effet, puisque souvent, à travers
les différentes régions, les services des employés d'une
même catégorie sont similaires, il est normal et juste que la
rémunération tienne compte de ce facteur et que ces
employés aient un traitement et des conditions de travail
identiques.
Le régime provincial instauré par la loi 46 a permis de
tendre vers cet objectif, ce que ne permettaient pas une multitude de
négociations collectives, même pour une catégorie de
salariés, en fonction, par exemple, de l'institution gouvernementale
où ils travaillent ou en fonction de la répartition sur le
territoire du Québec.
Conséquemment, la loi 46 a permis une uniformisation des
conditions de travail par un régime de négociations collectives
à l'échelle provinciale, uniformisation qui fut dans les
meilleurs intérêts des travailleurs du secteur public.
Pour ces motifs, le présent projet conserve, à titre de
base essentielle, ce type de régime de négociations collectives.
Ce type de négociations collectives permet une simplification importante
des procédures de négociations collectives. En effet, cette
simplification est obtenue par le fait que les syndicats
accrédités délèguent leur pouvoir de
négociation par l'effet des dispositions de la loi à un
regroupement d'associations accréditées duquel ils font
partie.
Cependant, en ce qui concerne une association accréditée
qui n'est pas membre d'un tel groupement, la loi prévoit qu'elle peut
être représentée à la table de négociations
collectives provinciale par l'agent négociateur qu'elle
désigne.
Ainsi donc, tout en respectant la liberté d'un syndicat de base
d'être ou de ne pas être affilié à un groupement
d'associations accréditées, la loi permet, en reconnaissant les
groupements d'associations accréditées comme interlocuteur de la
partie gouvernementale, une grande simplification des négociations
collectives.
Cette simplification des négociations collectives est
également atteinte en permettant, au niveau patronal, à des
institutions et à leur administration de se regrouper au sein de
groupements qui les représentent à la table de
négociations collectives, diminuant ainsi le nombre
d'interlocuteurs.
Dès lors, pour des raisons de justice sociale, d'une part, et
d'efficacité par le fait de négociations collectives plus
simples, la loi soumise à votre étude maintient la ligne de fond
de la loi 46, soit un régime de négociations collectives à
l'échelle provinciale.
Ceci étant dit, il demeure que le projet actuel adopte la
règle de la négociation collective, à l'échelle de
la province, à la réalité. Nous pouvons affirmer ceci
parce que, en ce qui concerne le réseau de l'éducation, ce texte
législatif permet, dans les 90 jours qui suivent la mise en vigueur de
la présente loi, la conclusion d'ententes sur certains objets de
négociations collectives à une échelle autre que
provinciale.
Par conséquent, il est à noter que cette loi est
différente de la loi 46 en ce sens qu'une entente des parties peut
permettre une négociation collective à l'échelle
régionale ou même au niveau local. La possibilité de
négociation à ces niveaux a été prévue parce
que les commissions scolaires ou les collèges implantent dans le
quotidien les politiques du ministère de l'Education. A ce titre, il est
normal que ces institutions puissent jouer un rôle accru dans la
négociation des conventions collectives. Cette approche est d'ailleurs
conforme aux orientations actuelles de ce ministère qui veut
décentraliser de plus en plus ses interventions.
Il est possible, tout comme en ce qui concerne la loi 46, qu'il y ait
des arrangements
locaux, lesquels ont été négociés quant
à leur cadre et à leur objet lors des négociations
collectives à l'échelle provinciale. Ce type d'arrangement permet
une adaptation de certaines conditions de travail au milieu de travail,
notamment en fonction de la région ou du type de clientèle qui
s'y trouve. D'autre part, le régime proposé en est un non
seulement de négociation collective à l'échelle
provinciale mais également au niveau sectoriel. En effet, l'objectif de
négociation collective au niveau sectoriel est davantage atteint en ce
sens que non seulement le secteur de l'éducation est couvert en grande
partie mais également le secteur des affaires sociales, ce qui
n'était pas le cas avec la loi 46 qui ne couvrait pas une partie
importante du secteur des affaires sociales, soit le secteur privé de ce
ministère. Donc, une négociation collective davantage au niveau
sectoriel est instaurée par ce projet de loi en ce qui concerne le
secteur public. Il s'agit du deuxième principe de base de ce projet de
loi.
Ce projet de loi recèle un troisième principe fondamental,
soit le maintien et l'extension de la présence du gouvernement lors de
ces négociations. Nul n'ignore l'importance pour le gouvernement de ces
négociations collectives. En effet, les sommes qui devront être
défrayées par le gouvernement en vertu de ces conventions
collectives représentent une partie importante de son budget global. Au
surplus, ces sommes doivent servir à dispenser à la population le
maximum de services et des services de la meilleure qualité
possible.
Pour ces motifs, tant au niveau de l'éducation que des affaires
sociales, le présent projet stipule que le gouvernement est le
partenaire des collèges, commissions scolaires et établissements.
Ainsi donc, une stipulation d'une convention collective ne sera valide qu'en
autant qu'elle aura été négociée par le ministre du
secteur concerné. Cependant, la présence du gouvernement se fait
plus précise en ce sens que l'interlocuteur n'est pas le gouvernement
dans son ensemble mais le ministre des Affaires sociales ou le ministre de
l'Education selon le cas. Sur ce point, ce projet de loi modifie la loi 46
quant à son contenu et permet d'associer étroitement les
ministres à la négociation dans leur secteur, vu qu'ils sont les
premiers responsables de l'implantation et de la gestion de leurs politiques.
Conséquemment, il s'agit d'une mesure qui vise à permettre d'en
arriver à des relations de travail mieux adaptées à la
réalité des différents secteurs.
D'autre part, par ce projet de loi, le gouvernement étend sa
présence en devenant le partenaire de certains organismes
gouvernementaux à la table de négociations collectives,
organismes qui se situent à l'extérieur des réseaux des
ministères de l'Education et des Affaires sociales. En effet, il est
normal que le gouvernement soit présent lors des négociations
collectives dans ces organismes puisqu'ils fonctionnent en totalité ou
en partie à même le fonds de l'Etat. Ici comme au niveau des
réseaux, le gouvernement doit s'assurer que les sommes d'argent qu'il a
à investir sont utilisées dans les meilleurs
intérêts de la population. Afin d'assurer la coordination requise
dans les négociations à intervenir dans ces organismes
gouvernementaux, le ministre de la Fonction publique se voit confier par des
dispositions précises un droit à la négociation dans ces
organismes.
Par un quatrième principe de base, cette loi se distingue de la
loi 46 et constitue certes une amélioration. En effet, cette loi
n'oblige pas les syndicats accrédités à s'exprimer
à la table des négociations par le truchement d'interlocuteurs
mentionnés d'une façon expresse dans la loi. Lors de la passation
en deuxième lecture de la loi 46, l'Opposition avait attaqué
cette loi du fait que les syndicats de base devaient s'exprimer par
l'intermédiaire des centrales syndicales. A ce mode de
délégation des pouvoirs de négociation que proposait la
loi 46, sauf au niveau de l'éducation, un mode plus souple de
délégation est proposé par l'actuel projet. En effet, les
syndicats de base s'exprimeront par le truchement de l'agent négociateur
que le groupement auquel il appartient aura choisi, ou par le truchement de
l'agent négociateur qu'ils auront envoyé à la table des
négociations collectives s'ils ne sont pas affiliés ou membres
d'un tel groupement.
Evidemment, une telle modification dans le processus de
délégation des pouvoirs de négociation collective vise
essentiellement à respecter la liberté syndicale des syndicats de
base.
Cette nouvelle orientation vise à répondre aux voeux des
associations accréditées d'être libres de se donner des
interlocuteurs répondant à leurs désirs et non des
interlocuteurs déterminés d'une façon expresse par la
loi.
Cette loi vise, en effet, à proposer un régime de
négociations collectives et non à modifier ce qui touche la
liberté syndicale ou l'application des conventions collectives. Une
telle modification se retrouve au niveau patronal. Encore ici, les
collèges, commissions scolaires ou établissement ne se voient pas
assigner leurs porte-parole par la loi. Le gouvernement, en présentant
un tel projet de loi, indique clairement sa volonté d'atteindre certains
objectifs d'uniformisation et de justice sociale, tout en respectant
l'autonomie de ses partenaires et, d'autre part, la liberté
syndicale.
Un cinquième principe inhérent à ce projet de loi
fut, dans la mesure du possible, de simplifier les négociations
collectives par une nouvelle méthode, soit en réduisant les
tables de négociations collectives. En effet, au niveau de
l'éducation, par l'introduction du principe des catégories de
salariés, les tables de négociations sont réduites
à six, soit une table distincte pour les enseignants, le personnel
professionnel non enseignant et le personnel de soutien au niveau des
collèges, d'une part, et au niveau des commissions scolaires d'autre
part.
Cette réduction des tables de négociations est un autre
facteur qui vise à la simplification des négociations
collectives. Le présent projet innove en ce sens, du fait que la loi no
46 visait à une simplification uniquement par la réduction des
interlocuteurs par le truchement d'une délégation des pouvoirs de
négociations collectives des syndicats accrédités.
Finalement, la présente loi se distincte de la loi no 46 en ce sens
qu'elle abroge cette loi qui était essentiellement temporaire et la
remplace par une loi permanente.
En conclusion, le projet que nous vous soumettons maintient les
principes de fond de la loi no 46 en apportant, cependant, certains
assouplissements qui furent dictés par l'expérience de la mise en
application de la loi no 46. Nous croyons que ces nouvelles dispositions
améliorent nettement la structure actuelle de la négociation et
en simplifient la procédure de déroulement, et ce dans le plus
grand respect de l'autonomie des associations de salariés et en
conservant des relations étroites avec nos partenaires patronaux.
Toutes ces raisons nous portent à croire que ce projet de loi
dont nous proposons maintenant l'adoption sera agréé par tous les
partis de cette Chambre.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, lors de l'adoption du projet de loi no
46, en 1971, nous avions été parmi ceux qui avaient le plus
vertement critiqué l'approche du gouvernement, en ce sens qu'on
imposait, à toutes fins pratiques, à des syndicats, et
c'était surtout à eux qu'on l'imposait, une négociation
sectorielle qui n'avait pas été décidée par eux. On
imposait même la forme de cette négociation sectorielle sans
même avoir discuté avec eux la possibilité et le contexte
dans lequel cette négociation devait avoir lieu. C'est principalement
sous cet égard que nous avions critiqué le projet de loi no 46,
mon collègue de Saint-Jacques et moi-même.
M. le Président, devant le projet de loi qu'on nous
présente, au niveau du principe, je ne peux que me réjouir de la
flexibilité qu'on semble vouloir donner maintenant aux
négociations qui s'en viennent en 1975, en particulier dans le domaine
qui est exprimé au quatrième principe, dans le discours du
ministre. Le quatrième principe de base, selon lui, fait une distinction
essentielle entre la loi no 46 et ce projet de loi en ce que celui-ci n'oblige
pas les syndicats accrédités à s'exprimer à la
table de négociation par le truchement d'interlocuteurs
mentionnés d'une façon expresse dans la loi.
Il me semble que ce qu'il y avait de nettement inacceptable dans le
projet de loi no 46, c'était ce carcan qu'on imposait à tous les
syndicats, surtout quand on connaît l'économie de notre code du
travail et quand on sait qu'à la base de l'accréditation, c'est
d'abord et avant tout une unité syndicale déterminée,
très précise, dans un cadre d'entreprise au sens large du mot,
c'est-à-dire soit une école, un collège, un hôpital,
une maison de vieillards, une maison pour malades chroniques ou quoi que ce
soit.
Cela devenait quelque chose d'absolument incompréhensible qu'on
impose, un carcan tel que l'unité de base accréditée
n'avait plus son mot à dire, sinon par l'entremise soit de la centrale
syndicale, soit du groupement syndical qui était déterminé
par le projet de loi no 46.
Il est évident, M. le Président, que, dans un premier
temps, le gouvernement a voulu réunifier un certain nombre de choses au
niveau des maisons d'enseignement, au niveau des établissements
hospitaliers et autres. Il fallait, à cause de cela, rendre
présente la contribution du gouvernement au niveau verbal; il fallait
que le gouvernement se retrouve dans ces négociations. Nous avions
critiqué cette première formule qui semblait tout simplement
brimer les droits fondamentaux des syndicats à la base, et je suis
personnellement très heureux de voir la loi venir assouplir les
principes qu'on avait amenés par l'entremise du projet de loi no 46.
J'espère que cette flexibilité est un présage.
J'espère qu'elle annonce des jours intéressants pour la
négociation qui s'en vient en 1975. J'espère que cette ouverture
d'esprit qui est démontrée dans le projet de loi, projet de loi
que nous endosserons sans aucune réserve...
M. PARENT (Hull): C'est évident.
M. BURNS: Ce n'est pas aussi évident que cela, et je vais vous
poser un petit problème, M. le ministre. Le ministre de la Fonction
publique semble dire que parce que je trouve que le projet de loi exprime une
certaine ouverture d'esprit de la part du gouvernement, il est évident
que tout va bien se dérouler en 1975. Je ne veux pas faire le
prophète de malheur, mais je vous dis simplement ceci : II y a des
dangers à cette ronde de négociations de 1975 et il faut que le
gouvernement en soit conscient. Je ne suis pas dans le secret des dieux, je
n'ai pas participé à des réunions de stratégie du
côté syndical, ni quoi que ce soit; je ne suis qu'un simple
observateur de la scène syndicale patronale au Québec et, en
particulier, de la scène syndicale-patronale au niveau du gouvernement.
Malgré cette flexibilité, malgré cette ouverture d'esprit
qui paraît dans l'amendement que nous propose aujourd'hui le ministre de
la Fonction publique dans son projet de loi no 95, je me pose encore un certain
nombre de problèmes, et c'est peut-être la première
occasion que j'ai de poser ce problème, simplement au niveau de la
question...
Je me souviens que dans la dernière ronde de négociations,
en 1972, pendant des années, des
mois je ne dirai pas des années, j'exagérerais en
parlant d'années pendant les mois précédant le
conflit qu'on a connu, nous avons averti le gouvernement qu'il était
impossible de commencer une ronde de négociations avec l'ensemble des
employés de l'Etat sans d'abord être très ouvert sur
d'autres points de vue que ceux sur lesquels le gouvernement semble être
ouvert actuellement.
Comme je l'ai dit tantôt, j'admets la flexibilité qu'on
permet par l'introduction du projet de loi no 95, flexibilité qui ne
paraissait pas dans le projet de loi no 46, mais là, j'étends le
problème un peu plus loin et je ne me restreins pas tout simplement aux
employés concernés par le domaine de l'éducation et par le
domaine des services hospitaliers. Je me dis: Est-ce que le gouvernement,
à ce stade-ci, a pensé au problème qui a été
posé au gouvernement la dernière fois et qui va sans
être, encore une fois, dans le secret des dieux encore une fois,
j'en ai l'impression, être posé au gouvernement, à savoir:
Est-ce que la masse salariale fait partie de la négociation? Est-ce que
la structure salariale est discutable? Est-ce que la politique salariale du
gouvernement est discutable? Est-ce que ces choses pourront subir le test d'une
pré-négociation? Est-ce que le gouvernement sera ouvert, quels
que soient les mécanismes nouveaux et flexibles qu'on tente de mettre
sur la table? Est-ce que le gouvernement pourra faire face à ce
défi qui, dans le fond, pourrait se résumer de la façon
suivante: Est-ce que le budget du Québec est une vache sacrée
qu'on ne peut pas ouvrir aux personnes avec qui on négocie?
C'est cela que pose fondamentalement le problème de la
négociation avec les employés de la fonction publique ou
parapublique. Dé-pendamment de la réponse que le gouvernement
saura donner à cette question, il y aura ou il n'y aura pas de conflit.
Encore une fois, je ne veux pas être prophète de malheur, je ne
veux pas dire au gouvernement: Si vous faites telle chose vous allez avoir un
problème et, si vous ne faites pas telle chose, vous n'en aurez pas. Ce
n'est pas cela que je dis.
Je dis qu'essentiellement, lorsque des syndiqués, des
travailleurs s'unissent, face à un employeur, que cet employeur
s'appelle ABC Inc. ou que cet employeur s'appelle le gouvernement du
Québec ou les organismes publics qui sont reliés au gouvernement
du Québec, il y a un problème de base qui se pose de la
façon suivante: Est-ce qu'il est possible de négocier
véritablement avec cet employeur? Est-ce qu'il est possible de dire
à cet employeur: Voici nos besoins, voici comment nous les
évaluons, voici comment nous pensons régler le problème?
Ou bien et cela est l'autre membre de l'alternative est-ce que
nous sommes face à un employeur qui dit tout simplement: II n'y a aucune
façon de discuter avec moi de quelque augmentation que ce soit de la
masse salariale, de la politique salariale; la structure salariale, surtout, ne
peut pas faire partie de la discussion?
Si c'est la deuxième partie ou le deuxième membre de cette
alternative qui dirigera le gouvernement dans les prochaines
négociations, je lui prédis un échec. Je lui prédis
des conflits, que j'espère pas trop graves. Encore une fois, je ne veux
pas être celui qui vous dis d'avance: Vous en aurez, mais je pense que ce
sont des prérequis que le projet de loi no 95 nous suggère,
au-delà des techniques, au-delà des structures que le projet de
loi no 95 suggère, au-delà de la flexibilité artificielle,
dirais-je.
Il faudra tout simplement que le gouvernement, dans la
négociation et surtout eu égard aux trois domaines que j'ai
mentionnés, ait l'ouverture d'esprit qu'il semble vouloir manifester
dans le projet de loi no 95.
En ce qui me concerne, le projet de loi améliore la situation,
j'oserais même dire: C'est moins pire qu'avant, sans vouloir être,
encore une fois, défaitiste et prévoir des journées,
peut-être des semaines et des mois noirs, que je n'espère pas,
loin de là; c'est moins pire qu'avant. Mais ce sera moins pire qu'avant
et ce sera surtout mieux qu'avant si on présente la même ouverture
d'esprit, non seulement au point de vue de la forme, comme on semble le
présenter dans le projet de loi no 95, mais au point de vue du fond.
Il n'y a rien de plus inacceptable pour des syndicats qui discutent avec
quelque organisme que ce soit de se faire dire d'avance: L'offre que je vous
fais, c'est une offre finale. C'est une offre que vous avez à accepter
ou à refuser. A partir du moment où la masse salariale, à
partir du moment où la structure salariale, à partir du moment
où la politique salariale du gouvernement n'est pas objet de
négociation, je vous prédis tout simplement une série de
problèmes. Il n'y a aucun syndicat qui se tienne debout et Dieu
sait qu'il y en a dans la fonction publique et parapublique des syndicats qui
se tiennent debout qui va accepter, au niveau strictement salarial,
parce que cela est principalement le problème qui se pose aux yeux du
gouvernement, il n'y a aucun de ces syndicats qui va accepter facilement
d'avaler le fait que tel, tel et tel secteur de la négociation ne font
plus partie de la discussion, parce que l'employeur, en l'occurrence le
gouvernement, en a décidé autrement.
Il y a beaucoup de choses que le gouvernement peut accommoder dans ses
négociations, mais il y a surtout beaucoup de choses que le gouvernement
peut préparer dans les prochaines négociations. Ce que j'indique
là, je pense que c'est le point central. Je suis certain qu'avec cette
structure flexible au niveau provincial, au niveau sectoriel, au niveau local,
il y a des possibilités de règlement de problèmes qu'on
peut dire très particuliers. De sorte que le seul véritable
problème qui m'inquiète c'est: comment le gouvernement non
seulement réagira, quand il recevra les demandes des
différents
syndicats ou des différents groupes de syndicats avec qui il sera
appelé à négocier, mais comment il réagira d'avance
à leur endroit. Comment, à l'endroit d'un budget qui s'en vient,
qui sera sûrement l'objet de la discussion de la prochaine session,
comment, à l'endroit de ce budget, fera-t-il face à des demandes
que je présume parfaitement normales, parfaitement naturelles et
parfaitement prévisibles de la part des syndicats qui vont discuter avec
lui sur les points que j'ai mentionnés?
Si, à ce moment-là, le gouvernement leur montre le budget
qui aura été préparé pour l'année 1975,
à compter du 1er avril 1975, et qu'on leur dit tout simplement: Ceci ne
fait pas partie de la négociation parce que le gouvernement en a
décidé ainsi, je pense que le gouvernement se dirige vers un
conflit. J'espère que le ministre de la Fonction publique agira
auprès de ses collègues du cabinet pour les convaincre.
J'espère, maintenant, qu'avec son expérience de quelques
années à la tête de son ministère, il sait qu'un
syndicat n'accepte pas facilement de se faire offrir à ce niveau une fin
de non-recevoir. Pardon? Est-ce que le ministre des Affaires culturelles a
quelque chose d'intelligent à nous dire?
M. HARDY: Pardon?
M. BURNS: Est-ce que vous avez quelque chose d'intelligent à nous
dire?
M. HARDY: J'ai toujours des choses intelligentes à dire.
M. BURNS: Qu'est-ce qui est intelligent cette fois-ci?
M. HARDY: Vous savez très bien qu'on a fait nos études sur
les mêmes bancs.
M. BURNS: Oui. C'est intelligent, ça?
M. MAILLOUX: Ce n'est pas un certificat...
M. BURNS: Je ne trouve rien d'intelligent là-dedans. Ce n'est pas
une référence.
M. MAILLOUX: Ce n'est pas une référence.
M. BURNS: Ce n'est sûrement pas une référence. M. le
Président, je m'excuse d'avoir débordé un peu le cadre du
projet de loi, mais je pense que le projet de loi n'est pas là comme un
objet en soi, il est fait en vue de ce qui va arriver dans les mois qui
viennent. Je me devais, je pense, comme député de l'Opposition,
non pas de prédire le malheur mais au moins d'avertir le gouvernement
qu'il doit avoir au moins cette même ouverture d'esprit à
l'endroit des négociations qui viennent que celle qu'il démontre
au niveau des structures de négociations.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de
l'Education.
M. François Cloutier
M. CLOUTIER: M. le Président, le projet de loi no 95 est,
à mes yeux, un projet extrêmement important. En effet, il fournit
un cadre juridique à la prochaine convention collective. En même
temps, il indique un style de négociation qui, manifestement, se situe
sous le signe de la souplesse.
Lorsqu'on pense à l'importance des masses salariales à
notre époque, on se rend compte qu'au fond une négociation
collective revient à négocier une partie du budget du
gouvernement. Lorsqu'on songe également aux répercussions des
conflits de travail au niveau de la paix sociale, on doit également
admettre la très grande importance d'un cheminement souple et facile
dans un domaine aussi délicat.
Je ne reviendrai pas sur l'exposé qu'a fait le ministre de la
Fonction publique. Il a su admirablement dégager les principes de ce
projet de loi, en particulier par rapport aux lois qui l'ont
précédé et qui ont servi de cadre aux discussions des
conventions collectives précédentes.
Il est clair que le projet actuel est fondé sur le postulat de la
responsabilité de toutes les parties. Et je crois qu'il convient de s'en
réjouir.
Je me bornerai seulement à quelques remarques qui touchent de
plus près mon domaine, qui est celui de l'éducation. Je crois
qu'il est important, dès maintenant, d'affirmer la responsabilité
qui est la mienne par rapport à la prochaine convention collective.
Il y a trois points que je désire souligner. Le premier de ces
points, c'est que le projet de loi no 95 dissocie les trois secteurs de
négociation: éducation, affaires sociales et fonction publique.
Il y a là, par rapport à la loi 46, un progrès
considérable.
En effet, nous qui avons vécu la dernière
négociation savons fort bien qu'il a été difficile pour
les ministres responsables d'un ministère sectoriel de toujours pouvoir
s'affirmer dans cette dialectique complexe d'une négociation. Je sais
pertinemment que les syndicats ont également eu de la difficulté
à se situer vis-à-vis des ministres sectoriels.
Or, il est évident que ce sont eux qui ont à appliquer les
conventions collectives. Par conséquent, il est normal qu'ils puissent
avoir un certain contrôle sur les contenus et même sur les mandats,
ce qui n'exclut pas, loin de là, une coordination.
Cependant, il me paraît que la coordination dans le cadre du
projet de loi no 95 sera plus facile et plus efficace qu'elle pouvait
l'être dans le cadre de la loi 46, alors que c'était uniquement le
ministre de la Fonction publique qui était identifié, à ce
moment-là, comme représentant du gouvernement.
Par conséquent, il y a là, très certainement, un
progrès et, déjà, tous les mécanismes existent dans
le cadre de la coordination qui s'imposera.
Le deuxième point, M. le Président, concerne les
négociations à deux niveaux, c'est-à-dire les
négociations provinciales et locales. Là encore,
l'expérience acquise lors de la dernière négociation nous
a certainement permis d'en arriver à une définition
intéressante en ce qui concerne le projet de loi no 95. Nous
répondons ainsi à un désir qui a été
affirmé à maintes reprises par les partenaires, en particulier,
du secteur de l'éducation et également par les syndicats.
Il est évident qu'il y a des problèmes au niveau
provincial, mais il y a également des problèmes au niveau local.
Il y a intérêt à ce que certains arrangements puissent se
faire au niveau local. Un des grands problèmes administratifs,
d'ailleurs, qui se posent dans le domaine de l'éducation et
peut-être même dans le domaine des affaires sociales, c'est la
question du situs des responsabilités. A quel niveau la
responsabilité doit-elle être située, à quel niveau
doit-elle être assumée? Il règne une très grande
confusion de ce point de vue et il est très possible que la
négociation en cours nous permette de préciser, en permettant des
arrangements au niveau local, ce situs des responsabilités et de pallier
un bon nombre de difficultés.
D'ailleurs, la loi, de ce point de vue, permet, dans une première
étape, aux syndicats de définir les objets qui devront
paraître soit au niveau provincial, soit au niveau local. Un
mécanisme est prévu de manière qu'après un certain
délai de 90 jours, si une entente n'est pas réalisée, le
gouvernement puisse trancher. Il y a quand même là une ouverture
qui n'existait pas auparavant et qui est très certainement un garant
d'efficacité.
Enfin, M. le Président, il y a un troisième point que je
tiens à souligner, c'est le respect de la liberté syndicale. Le
député de Maisonneuve n'a pas eu tort il est dommage,
d'ailleurs, qu'il quitte son siège juste au moment où je lui
donne raison, où je le félicite pour certaines de ses remarques
de souligner l'espèce de carcan que pouvait constituer la loi
antérieure, dans la mesure où elle imposait des regroupements qui
n'étaient peut-être pas toujours souhaités. Pour ma part,
je m'en réjouis et je m'en réjouis d'autant plus qu'ayant
vécu encore, je le répète, la situation de la convention
précédente, j'ai pu me rendre compte que, parfois, nous forcions
des alliances qui n'étaient pas souhaitées. Il y a, dans le
domaine de l'éducation, en particulier entre les syndicats anglophones
et les syndicats francophones, un certain nombre de préoccupations qui
diffèrent, ce qui n'est pas anormal. Il vaut mieux que, de par une
dynamique qui serait propre à ces différents groupements, des
arrangements se fassent de manière que les interlocuteurs puissent
être clairement définis.
M. le Président, dans le domaine de l'éducation, je suis
particulièrement heureux que tous ces principes s'inscrivent dans une
optique de décentralisation. Vous n'ignorez pas que le ministère
de l'Education, actuellement, tente de décentraliser de plus en plus son
fonctionnement, c'est-à-dire de donner au milieu des
responsabilités clairement définies et plus considérables
qu'auparavant. Il me semble que la dynamique même de ce projet de loi va
tout à fait dans ce sens.
En conclusion, je ne puis que m'associer aux remarques de mon
collègue, le ministre de la Fonction publique, que je félicite
d'ailleurs du rôle qu'il a joué dans l'élaboration de cette
loi et du leadership qu'il a assumé depuis que nous avons mis en place
les mécanismes de coordination qui groupent le ministre de la Fonction
publique, avec mon collègue des Affaires sociales, moi-même et le
ministre des Finances.
Il ne nous reste plus qu'à faire tous les efforts
nécessaires pour en arriver à une entente négociée.
J'ai vécu depuis plus de deux ans dans le cadre d'un décret et je
sais jusqu'à quel point un décret peut être contraignant,
et non pas seulement contraignant pour la partie syndicale mais
également pour la partie patronale.
Ce n'est certainement pas un décret qui constitue le meilleur
point de départ pour assurer la paix dans un secteur mais il reste que,
lors de la dernière négociation collective, pour tout un ensemble
de raisons, il a fallu en arriver à une démarche de cet
ordre.
Je ferai tout en mon possible pour que cette fois-ci nous
débouchions, comme il se doit d'ailleurs dans les relations de travail,
vers une entente négociée, ce que je souhaite.
J'ai d'ailleurs été amené à rouvrir le
décret de 1971 à au moins deux reprises, de manière
à apporter un règlement au problème de la classification.
Il reste que le carcan était là et que si nous avions eu une
entente négociée, il n'aurait peut-être pas
été nécessaire de procéder de cette manière.
Nous aurions peut-être pu faire l'économie d'un certain nombre de
conflits.
Cependant, il ne faut pas avoir la naiveté de penser qu'il n'y
aura pas de difficulté dans les mois qui viennent. Il est dans la nature
des relations de travail, alors que des intérêts peuvent
être divergents, qu'il en soit ainsi, et je pense que le
député de Maisonneuve a posé d'excellentes questions. Ce
sont des questions que le gouvernement a clairement à l'esprit, mais il
reste que le gouvernement doit tenir compte de l'intérêt
général, de l'équilibre entre ses diverses
priorités et qu'il doit également tenir compte des contraintes
budgétaires qui sont les siennes et qui sont en quelque sorte les
contraintes budgétaires de toute la société
québécoise.
Dans le domaine de l'éducation, j'ai fréquemment dit qu'il
n'y avait pas de dogme; qu'il était par conséquent possible de
remettre en cause un bon nombre des principes qui ont
pu fonder l'évolution du système jusqu'ici. Mais en
revanche, si nous sommes ouverts à tout un ensemble de suggestions,
même de recommandations, celles-ci devront toujours s'inscrire à
l'intérieur des contraintes que je viens de décrire.
Par conséquent, il ne faut pas avoir la naiveté, parce que
nous avons un cadre juridique qui est souple et qui, je crois, colle à
la réalité et nait de l'expérience acquise de la
dernière convention collective, de croire que tout va se passer d'une
façon absolument idyllique.
Il y a d'ailleurs un point, je pense, qu'il convient également de
souligner. C'est que, qu'on le veuille ou non, toutes ces négociations
se déroulent souvent dans un climat de politisation qui n'est pas
souhaitable mais qui fait probablement partie de l'ordre des choses.
Bien sûr, si l'on pouvait toujours se dissocier de ces
implications politiques ou idéologiques, on pourrait s'adresser au
problème qui est véritablement un problème de relations de
travail alors qu'il s'agit à ce moment-là de déterminer
des structures salariales, des montants de salaires et également tout un
ensemble de clauses d'ordre normatif.
Il reste que, surtout dans le domaine de l'éducation, à
cause de certaines prises de positions syndicales, il y a très
très certainement une politisation. Mais je pense, M. le
Président, et c'est un appel que je lance, que dans
l'intérêt du système d'éducation, parce que sur le
plan des objectifs il ne peut pas y avoir de véritable divergence
il peut y avoir des différences d'opinions sur le plan des moyens et je
le conçois parfaitement bien je pense, dis-je, que de part et
d'autre il convient de se détacher de ce qui peut être
considéré comme des idéologies souvent contraires pour,
dans l'intérêt de toute la société
québécoise et dans l'intérêt du système
d'éducation, s'appliquer aux vrais problèmes.
Je vous remercie, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. CHARRON: M. le Président, la participation du ministre de
l'Education à ce débat s'est voulu un engagement de sa part,
comme je l'ai compris, à mener le plus rondement possible des
négociations devant aboutir, cette fois, à une convention
collective négociée, qu'il affirme nettement
préférer au décret qu'il a dû appliquer dans le
secteur dont il est responsable devant la Chambre. Il reste quand même
que le parrain du projet de loi no 95, quand il est intervenu, n'a pas voulu
cacher qu'au fond ce projet de loi no 95 constitue en bonne partie un acte de
contribution du gouvernement et une admission d'une certaine partie de ses
responsabilités dans le pourissement du conflit en 1972.
Effectivement, M. le Président, si nous revenons à la
lettre, les cinq principes que le ministre affirme retrouver dans son projet de
loi et qui, dit-il, constitueront des améliorations sensibles à
la précédente négociation, c'est en même temps
affirmer que l'absence de ces cinq principes lors de la
précédente négociation a constitué un handicap
sérieux, non seulement pour la partie patronale, qui était le
gouvernement, mais, devrions-nous le découvrir ce soir si cela n'avait
jamais été affirmé encore, pour l'ensemble de la
société québécoise. En ce sens, M. le
Président, je félicite le ministre de la Fonction publique de
même avoir pris la peine de souligner, à un des principes qu'il
dit un des plus fondamentaux au projet de loi que nous étudions ce soir,
que l'Opposition avait manifesté dès ce moment-là un
certain nombre de remarques qu'il admet aujourd'hui je ne pense pas lui
forcer les mots dans la bouche avoir eu à l'époque
déjà leur bien-fondé.
Mais, M. le Président, il ne s'agit pas de voir aujourd'hui qui
avait été le meilleur devin et qui ne l'avait pas
été. Nous n'étions pas à la même place et
j'aime autant dire ce soir que nous procédions tous les deux avec la
meilleure foi au monde. Maintenant nous entamons la prochaine convention
collective, et je pense que tous les membres de l'Assemblée sont
convaincus que ce sera dans un contexte encore plus difficile, sur le plan
économique, peut-être pas sur le plan politique. Sur le plan
économique, on n'a qu'à regarder les chiffres que nous a
donnés le ministre de l'Industrie et du Commerce lui-même en fin
de semaine, quant au climat économique qui marquera l'année 1975,
pour savoir que la négociation du secteur public et parapublic
intervient dans cette même année de difficultés
économiques. Vu que ces négociations constituent un pôle
pour l'ensemble de l'économie québécoise à cause du
nombre de travailleurs impliqués et de l'espèce de barème
que se trouve à constituer le secteur public par rapport au secteur
privé, M. le Président, nous pouvons d'ores et
déjà, sans être des prophètes de malheur, dire,
comme vient de le dire le ministre de l'Education, qu'il faut envisager des
difficultés.
M. le Président, le ministre de l'Education j'interviens
pour lui répondre comme c'est un peu devenu mon métier a
voulu signaler deux points particuliers qu'il retrouve dans le projet de loi et
qui, dit-il, le concernent directement. Je les prendrai un après
l'autre, non pas pour contredire le ministre, parce que je crois qu'il a dans
les deux cas souligné exactement de véritables dimensions
nouvelles qu'apportera la convention, mais peut-être pour en rajouter
d'autres qui je ne sais si elles ont échappé aux ministres
me paraissent tout aussi importantes.
La première, le ministre a parlé de cette distinction
qu'avait signalée le ministre de la Fonction publique, distinction
sectorielle que s'impose le gouvernement de lui-même, de son
côté de la table, avant même de rencontrer le
partenaire de négociation. En ce sens, le ministre des Affaires
sociales et le ministre de l'Education deviendront dans cette
négociation beaucoup plus parties liées, je dirais, que lors de
la précédente. Le ministre y voit des avantages certains; ceux
qu'il a signalés, je les endosse. J'ajoute un fait, M. le
Président, qui m'a paru, lors de la convention collective de 1972, comme
ayant été sérieusement un obstacle et un manque lors de
toutes les négociations.
C'est que la présence, symbolique vous me direz, mais la
présence à la table de négociation du ministre de
l'Education et du ministre des Affaires sociales en ce sens enfin, M. le
Président, vous savez bien que je ne veux pas dire la présence
physique leur implication immédiate à la table, non pas
simplement représentée par le ministre de la Fonction publique et
ses officiers mais d'eux-mêmes, pourra éviter ce qui n'avait pas
été évité en 1972: une fausse distinction entre les
problèmes de fond et les problèmes de forme, c'est-à-dire
qu'on a érigé, en 1972, une espèce de contradiction
très artificielle, à mon avis, très artificielle et qui a
conduit au pourrissement du conflit de cette nature.
Lorsque les syndiqués de l'éducation, par exemple,
discutant une norme, discutant un chiffre, discutant un salaire, disaient que
ç'avait de l'effet sur le contenu pédagogique, sur la
santé de l'éducation, sur son développement normal, ce que
nous souhaitons tous aujourd'hui, ils se faisaient alors presque
irrémédiablement répondre: C'est un problème qui se
réglera au ministère de l'Education. Vous en discuterez avec la
Direction générale de l'enseignement élémentaire ou
secondaire, ou vous en discuterez avec la Direction générale de
l'enseignement collégial, mais ça c'est ailleurs, c'est le fond.
Ici on est ici pour parler en termes de piastres, de salaire, d'échelle
salariale, etc.
M. le Président, lorsque les syndiqués soutenaient que
cette contradiction était artificielle, fausse et inexistante dans les
faits pour ceux qui vivent dans le monde de l'éducation, pour ceux qui
enseignent dans les polyvalentes, pour les salariés du niveau
collégial, pour les administrateurs, pour les classes de soutien, tant
au niveau de la maternelle qu'à la dernière année du
collégial, lorsqu'ils disaient qu'on ne peut pas aussi artificiellement
que ça distinguer le fond de la forme, ils avaient raison.
Et je pense qu'il y a, dans la décision d'impliquer les deux
ministres en titre à la table même de négociation, un aveu
en même temps du gouvernement, de sa responsabilité sur ce
chapitre lors de la dernière négociation. Et je me permets de
dire que j'espère que cette nouvelle dimension évitera les
camouflages artificiels qu'on avait faits et que, pour un meilleur esprit de
négociation, justement, on sera parfaitement conscient que lorsqu'on
discute de la place qu'occupe dans une école un enseignant, lorsqu'on
parle de ses possibilités d'amélioration de niveau de vie, de sa
sécurité professionnelle, lorsqu'on parle de sa
disponibilité, de son amélioration de niveau de vie, on parle de
l'éducation même.
On parle de la qualité de ce qui est enseigné, de ce qui
est diffusé dans les écoles; l'un ne va pas sans l'autre. Les
salariés de l'éducation, qui vivraient, disons-le, une
période d'insécurité quant à leur emploi, un
tatillonnage et une mesquinerie quant à leur rémunération
juste et essentielle en période inflationnaire, ne peuvent pas
être en même temps des gens de qui on exige du grand
bénévolat et sur les épaules de qui on fait tout reposer:
le meilleur climat et l'humanisation de l'école. Cette distinction
était fausse et puisse l'amélioration du projet de loi
l'établir, une fois pour toute, que l'un ne se sépare pas de
l'autre.
L'autre distinction, M. le Président, l'autre amélioration
qu'a signalée le ministre de l'Education est celle que contiennent les
premiers articles du projet de loi qui, enfin, reconnaissent que tout ne se
règle pas au niveau provincial. Il y a des choses qui, pour le
mieux-être de l'éducation, pour le mieux-être des
partenaires de l'éducation et finalement pour le mieux-être des
étudiants eux-mêmes vont nous le dire, une fois ne
sont pas obligées d'aboutir à une table provinciale, ne sont pas
obligées d'avoir des normes provinciales, où elles sont toujours
obligées quel que soit le cas de Rouyn-Noranda, de Sept-Iles, de
Québec ou de Sherbrooke d'aboutir toujours et de s'enfermer dans
ce carcan des normes administratives faites pour tout le Québec.
Il y a là un principe reconnu que je considère essentiel
et dont je ne puis que souhaiter l'étendue la plus grande possible dans
le délai le plus court possible. Je pense que c'est une victoire des
syndiqués et c'est en même temps un bon geste du ministère
de l'Education que d'avoir reconnu ce principe à la table sectorielle de
l'éducation.
Mais, M. le Président, je soulève, tout en endossant ce
principe, une interrogation que n'a pas signalée le ministre de
l'Education. Ce partage que j'appellerai régional-provincial, puisque le
projet de loi affirme que certaines questions pourront être
réglées par une ou des commissions scolaires, par exemple,
réunies, par un ou des collèges d'enseignement
général et professionnel réunis au niveau régional
ou réunis sur une autre base, c'est négociable. C'est
déjà indiqué à l'article 7 du projet de loi.
Il reste un autre problème que ce phénomène se
trouve à impliquer. Du côté patronal également, on
devra participer, on devra s'entendre au départ sur un partage. Lorsque
les parties se rencontreront, en vertu de l'article 7 du projet de loi, la
partie syndicale arrivera avec une proposition qui dira: Nous souhaitons que
telle question soit débattue au niveau régional, soit selon les
régions administratives, soit selon les régions du
ministère de l'Education pour sa propre administration et, quant
à telle autre question, nous souhaitons la voir débattue à
la table dite provinciale.
Mais quelles seront les propositions patrona-
les, de l'autre côté, quant à ce partage? Qu'est-ce
que le gouvernement, qu'est-ce que le ministre de l'Education et, par analogie,
qu'est-ce que le ministre des Affaires sociales qui, lui aussi, a des
partenaires du côté patronal auront à proposer pour cette
négociation quant au partage des tables?
Je dis que le ministre de l'Education ne pourra pas présenter son
projet de ce qui est négociable au régional et de ce qui est
négociable au provincial, s'il ne s'est pas auparavant entendu avec ses
partenaires patronaux. Cela impliquera dans les faits, plus que dans des
discours de fin de congrès de fédérations de commissions
scolaires, une véritable décision sur ce qui est
décentralisé et ce qui ne l'est pas.
Quand le ministre admettra que la question, par exemple, des
aménagements d'horaires sera négociable au niveau
régional, en même temps, de son côté, lorsqu'il fera
cette proposition, il aura avec ses partenaires de la Fédération
des commissions scolaires si nous traitons de
l'élémentaire et du secondaire, par exemple
décidé que ces questions relèvent des commissions
scolaires. Ces questions sont de l'autorité des commissions scolaires.
Il admet qu'il n'a pas à les ramener à la table provinciale. Non
seulement pour les fins de la négociation qui, elles, passeront, comme
tout le monde le sait si ce n'est pas pour aboutir à une
convention collective, ce sera pour aboutir à un décret, mais
elles passeront mais dans les faits, cela voudra dire que ceux qui ont
négocié cet arrangement avec les syndiqués seront, en
même temps, ceux qui devront appliquer cette disposition de la convention
collective et que, donc, on reconnaîtra aux commissions scolaires qu'on
aura mandatées pour négocier la responsabilité d'appliquer
ce qu'elles auront elles-mêmes négocié.
C'est donc pour vous dire que le partage patronal je l'appelle
ainsi auquel devra procéder le ministre de l'Education, avec ses
partenaires pour établir où il veut discuter, comment il veut
discuter, avec qui il veut discuter et de quoi il veut discuter, sera
peut-être un véritable test de la décentralisation si
souvent annoncée au niveau des instances administratives pour
employer l'expression même du ministre de l'Education et un
véritable test également de la portée réelle de ce
qui a été affirmé.
Sans vouloir mettre le feu aux poudres, je me permets de vous dire que,
du côté de la décentralisation, les gages concrets, les
gages réels ne sont pas aussi nombreux qu'on aime nous le faire miroiter
à l'occasion.
Il est très facile de dire que le ministère de l'Education
mène à fond de train une charge pour la décentralisation,
qu'il est le plus soucieux lui-même de remettre le plus d'autonomie
possible.
Bien sûr, il y a loin, M. le Président, de la coupe aux
lèvres, comme disait Homère, il y a loin d'une affirmation
à sa réalisation. Puis-je vous donner simplement l'exemple de ce
que cette Assemblée a connu, vendredi dernier, entre l'affirmation de
l'autonomie des collèges d'enseignement général et
professionnel et l'espèce de carcan qu'on a imposé à
chacune de ces institutions? Quelle qu'ait été la nature du
conflit chez elles, qu'il ait duré quatre semaines ou quatre jours,
qu'il ait eu toutes les conséquences d'une occupation qui a
complètement paralysé l'édifice ou qu'il n'ait eu que
l'allure d'un débrayage occasionnel et que le CEGEP n'ait pas connu plus
de désordre qu'il en fallait, quelle que soit la nature de cela, il y a
un carcan qui s'est abattu sur les institutions collégiales, jeudi
dernier, qui les soumet à un calendrier dans un cadre d'autonomie
très relative, quand on voit les innombrables rapports et les
innombrables échéances qui s'abattent sur la tête de
chacune de ces institutions. Pourtant, M. le Président, le ministre de
l'Education pourrait, s'il avait le droit de réplique sur cette loi, se
lever et me dire que c'est quand même l'intention très ferme de la
Direction générale de l'enseignement collégial et du
ministre lui-même de procéder à une
décentralisation.
Il est drôle qu'en période de crise j'admets que
c'était littéralement une période de crise qu'a
traversée le niveau collégial, ce n'est pas encore achevé,
nous ne sommes qu'en période de trêve, nous ont indiqué les
étudiants toutes les promesses de décentralisation
disparaissent aussi rapidement que les minutes au cadran d'une montre.
M. le Président, ce sera une période de crise aussi, la
négociation collective. Ce sera également une période
très difficile, où céder sur un coefficient, par exemple,
ou céder sur une norme pourra avoir des conséquences
refusées, combattues, dénoncées par la partie syndicale.
Que penser de ces intentions affirmées au départ, si on sait
qu'à chaque fois qu'il y a crise, chaque fois qu'il y a danger, vlan!
les bonnes intentions prennent le bord et on revient toujours au carcan
centralisateur du ministère de l'Education ou de son digne rival dans le
domaine de la centralisation, le ministère des Affaires sociales?
Voilà donc les remarques que je voulais faire sur ce projet de
loi en endossant, bien sûr, ce qu'a dit le député de
Maisonneuve, en particulier je n'ai pas voulu revenir là-dessus,
parce que j'ai cru qu'il l'avait fait abondamment et avec beaucoup de brio,
selon son habitude sur la question de la masse salariale à
négocier qui, elle aussi, influera directement sur la qualité de
la vie de l'éducation dans le Québec.
Merci, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. Claude Forget
M. FORGET: M. le Président, si je me lève à mon
tour pour ajouter mes remarques à celles
de mes collègues je dois dire, ce soir, non seulement mes
collègues de ce côté-ci de l'Assemblée, mais mes
collègues de l'autre côté également c'est
pour souligner la signification que nous attachons à ce projet de loi.
Je ne peux m'empêcher de remarquer que l'importance que nous y attachons,
ce soir, démontre assez clairement que l'importance de tout projet de
loi lui vient beaucoup plus du sujet sur lequel il porte que de la
véhémence des oppositions qu'il peut parfois susciter. Je
n'oserais pas faire cette remarque si parfois, malheureusement, dans nos
débats, il semblait en être autrement.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, d'élaborer
longuement les aspects de ce projet de loi qui a déjà fait
l'objet des commentaires que nous venons d'entendre, commentaires qui ont
souligné tout particulièrement la souplesse avec laquelle le
gouvernement aborde ces discussions, ces négociations dans les immenses
secteurs public et parapublic qui regroupent, on le sait, plusieurs centaines
de millions d'employés. Cette diversité, je dois cependant la
souligner à mon tour pour manifester que j'y attache une importance
égale à ceux qui ont parlé avant moi. Ceci n'est pas sans
signification, puisque le projet de loi nous appelle, et appelle le ministre
des Affaires sociales en particulier à jouer un rôle direct, un
rôle actif dans le déroulement de ces négociations dont on
met en place les mécanismes par une telle loi.
La diversité ne jouera pas seulement, comme l'a souligné
mon collègue de l'Education, relativement à l'organisation du
gouvernement lui-même vis-à-vis de ces négociations
à venir, relativement au rôle qu'y jouent pour la première
fois, dois-je dire, le ministère de l'Education et le ministère
des Affaires sociales, avec toutes les perspectives qu'une telle souplesse peut
ouvrir pour faire la part des diversités souhaitables sans,
malgré tout, abandonner les objectifs qui ont été
poursuivis dans le passé pour éliminer les disparités
inacceptables qui ont eu lieu et dans lesquelles on trouve l'origine du projet
loi que celui-ci remplace, le projet de loi no 46 de 1971.
Lorsque les historiens seront appelés à faire le bilan de
cette expérience d'élaboration d'un droit du travail dans les
secteurs public et parapublic, il semblera, sans aucun doute, que les
étapes successives ont été franchies très
rapidement. Il y a moins de quinze ans, le Québec commençait une
réforme profonde de l'éducation et, il y a moins de cinq ans, la
même chose ou à peu près était entreprise dans le
secteur des affaires sociales.
Pendant la même période, le rôle de l'Etat, quant
à toutes ses autres activités, s'est développé ou
s'est même décuplé. Il est peu surprenant de constater,
pour tenir compte de ces développements très substantiels,
très importants, des changements de nature et non pas seulement de
quantité ou d'ordre de grandeur, qu'il a fallu élaborer des
règles nouvelles avec un certain tâtonnement, sans aucun
doute.
Il y a donc là un apprentissage inévitable dans
l'élaboration des règles qui, un jour, pourront peut-être
avec plus de stabilité, espérons que nous en sommes là,
assurer un déroulement normal des relations de travail dans l'ensemble
de ces secteurs d'activité.
La souplesse qui caractérise ce projet se retrouve
également dans les possibilités de dispositifs
négociés sur un plan local à l'intérieur même
du cadre ainsi déterminé sur un plan provincial. C'est une
souplesse qui très importante si l'on veut ne pas
déposséder sans espoir de retour non seulement les groupes de
salariés qui oeuvrent à l'intérieur
d'établissements particuliers mais les établissements
eux-mêmes qui ont après tout, maglré leur similitude,
différentes caractéristiques qui leur sont propres. Ils doivent
pouvoir, avec les employés qui y travaillent, élaborer des
aménagements qui satisfont ces besoins particuliers et qui correspondent
à ces caractéristiques propres.
Mais plutôt que d'insister plus longuement sur ces aspects de
souplesse dans les mécanismes mis en place, sur lesquels, je crois, on a
assez insisté jusqu'à maintenant, il demeure qu'il y a d'autres
considérations qui, dès l'adoption et dès la sanction de
ce projet de loi, vont prendre le premier plan.
Ces considérations seront plus étroitement liées
aux négociations qui vont s'amorcer, aux objectifs particuliers à
chacune des parties et aussi aux stratégies que chacun voudra mettre en
place pour assurer la réalisation de ces objectifs.
Ce qu'il importe de ne pas perdre de vue durant la période qui
s'ouvre par l'adoption d'un tel projet de loi, c'est qu'au-delà de ces
conflits, au-delà de ces difficultés sur lesquelles mon
collègue de l'Education a insisté tout à l'heure,
au-delà de ces difficultés de parcours, de ces conflits, de ces
oppositions d'intérêts il ne faut pas oublier qu'il demeure encore
plus essentiel d'assurer le respect et la satisfaction d'objectifs qui sont
communs aux deux ou aux trois parties qui s'engagent dans ces
négociations.
Nous avons, dans l'ensemble de ces secteurs des activités de
l'Etat, des activités publiques qui se déroulent au
bénéfice de la population dans son ensemble. Il ne peut y avoir
quant à cet objectif de différences majeures qui opposent les
parties.
Il ne faut pas que dans la poursuite de négociations, dans la
poursuite de stratégies particulières à certains groupes
ou au gouvernement que l'on oublie, durant tout le déroulement de ces
négociations qui sera sans aucun doute fort ardu, fort difficile, que
l'on oublie la réalité et l'importance de ces objectifs
communs.
Il n'existe plus, ou si peu, dans tous ces secteurs, de situations
où l'utilisation du personnel salarié peut donner ouverture
à des
accusations d'exploitation. Il y a dans une large mesure, au contraire,
une identité d'intérêts entre l'utilisateur de ces services
et celui qui travaille à les fournir. Chacun de ces employés des
secteurs public et parapublic est à la fois un ouvrier, un travailleur
et un consommateur, sans oublier qu'il est également un contribuable.
Ces intérêts communs, qui sont groupés sous des
étiquettes différentes, ne pourront se réaliser que si
nous apprenons à poursuivre au-delà des objectifs
immédiats de la négociation ces objectifs communs qui sont loin
d'être tous pleinement réalisés, on le sait fort bien.
Seulement dans le domaine des affaires sociales, il est évident
que l'amélioration des services à la population,
l'amélioration de leur accessibilité comme de leur qualité
va supposer, dans les années à venir, la poursuite d'un effort
soutenu de la part de tous ceux qui y sont engagés. Ces
négociations doivent être une occasion non seulement de
réaliser des gains matériels, de réaliser des avantages
immédiats mais également de s'entendre, puisque c'est là
l'objet des négociations collectives, sur les meilleurs moyens à
prendre pour réaliser de tels objectifs.
Cette réalisation ne sera pas facile, puisque nous avons non
seulement des objectifs en commun mais également un obstacle commun. Le
coût des services de santé ce n'est un secret pour personne
est un objet de préoccupation de tous les gouvernements des pays
développés. Des citations nombreuses de même que des
chiffres plus qu'abondants pourraient être cités pour documenter
ce phénomène qui est extrêmement préoccupant,
préoccupant au point que certaines sociétés qui sont
très proches de nous ont dû se poser des questions
sérieuses quant à leur possibilité non seulement de
développer davantage les services existants mais même de maintenir
le niveau des services déjà acquis, déjà
obtenus.
Le Québec, dans cette situation, non seulement partage-t-il les
mêmes problèmes que ses voisins mais est-il dans une situation
particulièrement difficile. Dans une certaine mesure, le Québec,
en effet, a été un précurseur dans l'établissement
de certains modes de négociation. Ceci a fait partie de son
apprentissage et peut-être de l'apprentissage de ses voisins, sans s'en
douter, mais il a néanmoins dû payer un coût fort
élevé pour cet apprentissage, un coût élevé
non seulement pour l'Etat mais également pour tous les travailleurs qui
sont dans ce réseau.
Les négociations à venir doivent nous fournir les moyens
d'obtenir un plus haut niveau de satisfaction non seulement pour le travailleur
mais aussi pour le consommateur, au nom de qui toute cette activité se
fait. Il y a beaucoup de travail à faire dans cette direction. Lorsque
le député de Maisonneuve nous invitait, du côté
gouvernemental, à ne pas envisager de sujet tabou, à ne pas jeter
d'exclusive sur quelque discussion que ce soit, je crois qu'il est oppor- tun
de signaler qu'en considérant les objectifs que les deux parties, dans
cette négociation, ont en commun, en considérant également
les obstacles auxquels ils ont à faire face et auxquels ils devront
apprendre à faire face en commun, il est important que toutes les
parties, dans cette négociation, les abordent avec l'esprit le plus
ouvert, sans exclusive, sans mettre de côté des questions qui sont
considérées comme réglées, comme acquises, comme
tranchées une fois pour toutes.
Je n'ai pas d'objection, pour ma part, M. le Président, à
ce que nous abordions ces discussions avec l'esprit le plus ouvert, avec le
véritable désir de trancher les problèmes et d'apporter
des réponses positives, mais ce désir, je crois qu'il devra
être partagé car ce n'est qu'à ce prix et ce n'est
qu'à cette condition que nous pourrons faire véritablement
avancer la poursuite des objectifs communs.
Enfin, M. le Président, et pour terminer sur ce sujet, durant les
discussions faudrait-il voir non seulement ce qui nous divise, mais aussi ce
qui est susceptible de nous rapprocher au-delà de la table de
négociations; il faudra aussi s'occuper des autres, de ceux qui ne sont
pas à la table de négociations.
Dans le secteur dont j'ai la responsabilité et sans faire de
mélodrame, on sait très bien qu'il s'agit de l'enfance
inadaptée, des vieillards, des malades psychiatriques, des malades
chroniques et d'autres clientèles peut-être moins
dépendantes, du moins sur une certaine période, mais tout aussi
importantes aux yeux de tous.
Ces personnes, ces intérêts qui n'auront pas de voix
à la table de négociations, parce que le projet de loi no 95 est
certainement incomplet, au moins à cet égard, il faudra bien que
toutes les parties en tiennent compte non seulement dans les objectifs qu'elles
poursuivent, mais dans la façon dont elles voudront les poursuivre et
dans les stratégies qu'elles voudront adopter.
Il ne s'agit pas de faire d'otages, ni de part ni d'autre, dans ces
négociations. Il s'agit d'avoir toujours présentes à
l'esprit les immenses responsabilités qui sont les nôtres dans ce
secteur. Pour ma part, j'invite tous nos partenaires et tous ceux avec qui nous
aurons à négocier durant les prochains mois à ne pas
perdre de vue des considérations analogues.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de prolonger ce
débat qui non seulement a été déjà
passablement long, mais qui a fait très bien ressortir que, quant
à l'essentiel du projet de loi, il y a, je pense, un accord unanime, du
moins de ce côté de l'Assemblée. Je désirerais, en
terminant, me joindre à mon collègue de l'Education pour
féliciter notre collègue de la Fonction publique pour le
rôle qu'il a joué dans la préparation de ce projet et pour
le rôle qu'il continuera à jouer dans la coordination des efforts
du gouvernement, pour assurer, dans l'harmonie de tous les ministères
impliqués et du gouvernement lui-même, la réalisation des
objectifs propres à chaque secteur.
M. HARDY: M. le Président, je propose que vous... Pardon, la
deuxième lecture.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
M. CHARRON: Adopté, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
M. HARDY: M. le Président, je propose que vous quittiez
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en commission
plénière.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle
adoptée?
M. CHARRON: Adopté, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
L'honorable député de Gatineau.
Commission plénière
M. GRATTON (président de la commission plénière): A
l'ordre! La commission plénière procède maintenant
à l'étude article par article du projet de loi no 95, Loi sur les
négociations collectives dans les secteurs de l'éducation, des
affaires sociales et des organismes gouvernementaux.
Article 1, adopté?
M. BURNS: Adopté.
M. CHARRON: Ce sont toutes des définitions, M. le
Président...
M. BURNS: Déjà dans la loi.
M. CHARRON: ... déjà dans la loi. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 2.
M. CHARRON: A l'article 2, M. le Président, c'est plus une
information qu'autre chose que je veux demander. Au niveau du personnel
visé par la catégorie b) de l'article 2, "le personnel
professionnel non enseignant", cela regroupe combien d'associations de
travailleurs comme on les a précédemment décrites au
paragraphe i) de l'article 1?
M. PARENT (Hull): II y en a quatorze.
M. CHARRON: II y en a quatorze. Serait-il possible de déposer la
liste de ces syndicats ou de ces associations? Pour simple information. Les
autres sont plus connues, j'ai l'impression.
M. PARENT (Hull): Oui, on peut la déposer.
M. CHARRON: D'accord, M. le Président, adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 2, adopté. Article 3.
Adopté?
M. CHARRON: Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 4, adopté?
M. CHARRON: Oui, M. le Président. LE PRESIDENT (M. Gratton):
Article 5. M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'article 6, il y a un amendement
proposé par le ministre: Que le deuxième alinéa soit
remplacé par le texte qui suit: "Ces stipulations sont signées
pour le gouvernement sur autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil par
la personne qu'il désigne." Cet article sera-t-il adopté tel
qu'amendé?
M. BURNS: M. le Président, je me pose une question et c'est
beaucoup plus une inquiétude que j'exprime, parce que je ne connais pas
l'intention du gouvernement quand il veut remplacer les mots "conventions
collectives" par le mot "stipulations". Quelle est l'intention derrière
cela? Parce que...
M. PARENT (Hull): Les conventions sont locales...
M. BURNS: ... non, écoutez...
M. PARENT (Hull): ... on parle de stipulations.
M. BURNS: ... je vais compléter ma question. C'est que vous
pouvez peut-être me répondre que, évidemment, s'il y a en
cours de route des ententes particulières, c'est évidemment des
stipulations et que...
M. PARENT (Hull): Si le...
M. BURNS: ... par conséquent le ministre de l'Education
étant...
M. PARENT (Hull): ... député de Maisonneuve voulait
regarder l'article 13, je pense qu'il aurait la réponse à ce
qu'il cherche.
M. BURNS: Vous avez... oui, d'accord, à l'article 13, on peut
regarder. Sauf que c'est un
nouveau langage. Je vois l'article 13 mais c'est un nouveau langage en
matière de négociation collective. Est-ce que cela veut dire que
vous changez véritablement quelque chose? C'est un nouveau langage,
parler de stipulations en matière de négociation de convention
collective. On peut parler d'ententes, ce que les syndiqués comprennent
très bien; on peut parler même de protocole d'entente, ce que les
syndiqués connaissent très bien; on peut parler de convention
collective qui a une définition dans les diverses lois, y compris
celle-ci; on peut parler de tout ce que vous voulez qui est courant dans le
domaine des relations patronales-ouvrières. Quand on parle de
stipulations, vous introduisez un nouvel aspect. Je veux savoir quelle
portée vous voulez lui donner.
M. PARENT (Hull): Je pense qu'il y a deux volets à l'article 6.
Le premier dit que le ministre de l'Education est partie à la
négociation. Le deuxième volet, qui remplace le deuxième
alinéa de l'article 6, dit que le ministre de l'Education, même
s'il était partie à la négociation, ne peut engager le
gouvernement que par l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BURNS: Bien oui, mais ça nous paraissait clair, il me semble
moi, par le deuxième alinéa actuel de l'article 6...
M. CLOUTIER: M. le Président.
M. BURNS: ... qui disait que les conventions collectives contenant ces
stipulations sont signées par le gouvernement sur autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil par la personne qu'il désigne.
M. CLOUTIER: Je pense que je peux répondre peut-être
à cela; c'est que le ministre, étant donné qu'il y a une
négociation à deux niveaux, n'intervient qu'au niveau provincial.
Autrement dit, il ne signe que les stipulations alors qu'il est présent
à la négociation. Si les conventions collectives débordent
les stipulations provinciales, il peut y avoir des conventions collectives au
niveau local alors que le ministre ne sera pas présent. C'est uniquement
une question juridique et ce sont les conseillers juridiques qui ont
demandé cette modification pour coller davantage à la
réalité. L'article auquel on s'est référé
tout à l'heure, l'article 13, décrit ce que c'est que les
différentes conventions collectives et distingue a), b), c),
c'est-à-dire les stipulations et ce sont des stipulations dont il
est question à 6 ensuite distingue les arrangements
négociés et agréés et distingue les stipulations
négociées et agréées en vertu des articles 11 et
12. C'est là qu'on fait la distinction entre le provincial et le
local.
M. PARENT (Hull): II faudrait comprendre aussi qu'il s'agit des
mêmes dispositions qui existaient dans le bill no 46, les articles 7 et
8. On parle de convention collective à 7; à 8 on parle de
stipulation. C'est le même langage qui est employé dans le bill
46, de 1971.
M. BURNS: Ce n'est pas parce que c'est dans le bill 46; d'ailleurs nous
étions contre à ce moment-là et nous l'avons
décrié fortement quand ç'a été
adopté. Mais je vous dis que c'est un nouveau langage qui jusqu'à
maintenant n'a pas eu, je pense, son reflet dans le domaine de l'ensemble des
relations patronales-ouvrières. Je me demande très
sérieusement pourquoi on utilise de façon aussi courante les
nouveaux termes de stipulations et arrangements, surtout qu'on ne les
définit pas à l'article 1.
Par contre on définit la convention collective à l'article
1, sauf erreur. Je passe à travers des définitions, vous avez, au
paragraphe b), la définition d'une convention collective qui est mutatis
mutandis la définition habituelle d'une convention collective. Nulle
part ailleurs dans les autres paragraphes ne retrouvez-vous les
définitions de stipulations et d'arrangement que vous retrouvez à
l'article B, mais qui pour la première fois apparaissent au paragraphe 6
dans l'amendement que vous apportez.
M. FORGET: M. le Président, si vous permettez je crois qu'on peut
clarifier cette distinction entre les stipulations et les conventions
collectives en précisant que le projet de loi no 95 ne change pas les
modalités de l'accréditation des syndicats locaux relativement
à leur présence dans chaque établissement. Les conventions
collectives c'est une expression qui s'applique aux ententes au sein de chaque
établissement de l'éducation ou des affaires sociales par
exemple, entre le syndicat local ou localement accrédité et
l'établissement ou l'institution d'enseignement. Mais les stipulations
font partie d'ententes agréées sur le plan provincial par exemple
et ne constituent pas comme telles les conventions collectives mais elles se
retrouvent dans les conventions collectives, parce qu'ayant été
agréées sur un plan provincial ou régional...
M. BURNS: Très bien, en tout cas...
M. FORGET: ... dans la loi no 46 de 1971.
M. BURNS: Oui, je sais bien qu'elles sont là, mais je veux aller
plus loin que le fait qu'on me dise que c'est dans la loi no 46 de 1971. Je
veux que vous me disiez ce que vous concevez comme étant des
stipulations et des arrangements, même s'ils sont définis à
l'article B. Même si on me répète que c'est défini,
je ne pense pas que ce soit défini. L'article 13 nous dit simplement
qu'une convention collective liant une association de salariés et une
commission scolaire contient: a) les stipulations négociées et
agréées à l'échelle provinciale et visées
à l'article 10; b) les arrangements négociés et
agréés en application de l'article 11; c) les stipulations
négociées et agréées en vertu de l'article 12.
Quelle est la raison de cette distinction?
M. PARENT (Hull): Le député de Maisonneuve...
M. BURNS: II me semble, dans l'ensemble, que ce que vous avez voulu
faire par le projet de loi no 95 était de simplifier la situation, et
là, vous réaménagez quelque chose de compliqué dans
la loi, à moins que vous ne me disiez que c'est absolument
nécessaire. Et si c'est le cas, j'aimerais savoir pourquoi.
M. PARENT (Hull): On pourrait remplacer le mot stipulations par
articles. Cela reviendrait à la même chose, si le
député de Maisonneuve veut comprendre le texte ou le sens de
l'amendement que nous apportons, mais qui était contenu sous une autre
forme. Une stipulation, c'est ce qui est convenu à l'échelle
provinciale par le projet de loi et par la négociation elle-même,
mais qui se retrouvera, par la suite, dans la convention collective qui sera
agréée au niveau local et au niveau régional. La
stipulation, c'est au niveau provincial, puisqu'on dit qu'il y a une
période de 90 jours pour convenir des matières qui feront l'objet
de discussions à l'échelle provinciale. A ce moment, cela devient
des stipulations que nous allons retrouver dans les conventions collectives
devant être signées entre chaque établissement.
M. BURNS: Par exemple, les stipulations ont deux sens dans votre loi. Si
vous regardez votre paragraphe a) de l'article 13, ce sont les stipulations
"visées à l'article 10". A l'article 10, ce sont "les
matières de négociation provinciale visées aux articles 7
et 8. Et les articles 7 et 8 vous disent que, dans un cas, il peut y avoir
entente et, dans l'autre cas, c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui les
impose.
Et vous avez un autre type de stipulations, celles prévues
à l'article 12, c'est-à-dire "les matières de
négociation autre que provinciale sont négociées et
agréées entre une ou plusieurs associations de salariés et
une ou plusieurs commissions scolaires".
Il me semble que si vous voulez mêler le problème, vous
êtes parfaitement parti dans ce sens. Si vous voulez compliquer les
affaires, je dis: Parfait, continuez ainsi.
M. PARENT (Hull): L'amendement qu'on apporte, je pense je ne sais
pas si le député de Maisonneuve n'en comprend pas le sens...
M. BURNS: Vous remplacez convention collective par stipulation.
M. PARENT (Hull): Non. Les stipulations, on le dit dans le premier
alinéa, pour la convention collective et les stipulations
également qui sont visées... Les deux sont dans la
première partie de l'article 6 qui reste. La première partie de
l'article 6 dit: "Le ministre de l'Education, par l'entremise de ses
représentants, est de droit partie à la négociation des
stipulations visées à l'article 10 et à l'article 17".
C'est l'autre section que nous changeons pour dire que ces stipulations sont
signées pour le gouvernement, sur autorisation du lieutenant-gouverneur
en conseil, par la personne qu'il désigne. C'est convenir que ce qui a
été négocié à l'échelle provinciale
va faire partie des conventions collectives auxquelles le lieutenant-gouverneur
en conseil va désigner le ministre qui va être signataire des
conventions collectives.
M. BURNS: Ce que je veux savoir est ceci: Pourquoi avez-vous
changé, dans votre texte original imprimé, que nous avons sous
les yeux, à l'article 6, le deuxième alinéa? Vous dites:
Les conventions collectives contenant ces stipulations sont signées pour
le gouvernement, sur autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil, par la
personne qu'il désigne. Ce que je veux comprendre ce n'est pas
tellement moi qui veux comprendre, ce sont les personnes qui auront à
appliquer cette loi, surtout les personnes qui seront régies par cette
loi c'est pourquoi vous avez changé le deuxième
alinéa. Pourquoi avez-vous enlevé l'aspect convention collective
au deuxième alinéa de l'article 6 pour parler de stipulations qui
sont signées pour le gouvernement.
M. PARENT (Hull): C'est parce que, dans le premier alinéa, on
dit: "Le ministre est de droit partie à la négociation des
stipulations...". On fait la concordance dans le deuxième alinéa
en disant quec es stipulations sont signées pour le gouvernement sur
autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil par la personne qu'il
désigne.
C'est déjà le premier alinéa qui dit qu'il est
partie à la négociation des stipulations qui sont prévues
aux articles 10 et 17. Le deuxième alinéa est seulement une
concordance pour aller avec le premier alinéa.
M. BURNS: Je ne pense pas que cela soit une concordance.
M. PARENT (Hull): Non?
M. BURNS: Je m'excuse, mais je ne pense pas que ce soit une concordance.
Parce que j'ai l'impression qu'on parle chinois et allemand, puisqu'on essaie
d'avoir un dialogue.
UNE VOIX: Le texte anglais...
M. BURNS: Le texte anglais, ce n'est pas par cela qu'on
interprète un projet de loi au Québec. C'est le texte
français qui nous permet d'interpréter un texte.
On va éviter une discussion double. Les remarques que je fais
à l'endroit de l'article 6 valent pour l'article 22 où vous
apportez
exactement le même amendement pour le ministre des Affaires
sociales.
Je vous le dis, je vous parle comme quelqu'un qui a été
dans ce milieu, je ne comprends pas l'intention du gouvernement. Je suis
obligé de me demander s'il y a une intention derrière ce
changement, lorsqu'on prend un texte qui dit: "Ces conventions collectives sont
signées sur autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil par la
personne qu'il autorise," et qu'on change complètement l'approche pour
dire: Les stipulations, donc les éléments de convention
collective, "sont signées pour le gouvernement sur l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil." Je veux savoir exactement quelle
portée a cette affaire. Dans le fond, je vais poser la question comme il
faut: Voulez-vous signer des bribes de conventions collectives, morceau par
morceau, ce qui est contraire à l'économie d'une politique de
relations patronales-ouvrières?
M. PARENT (Hull): Le gouvernement va signer les conventions collectives
pour les objets qui sont stipulés à l'article 10, mais ne sera
pas signataire des objets stipulés à l'article 12. C'est aussi
simple que cela.
M. BURNS: Les articles 10 et 17, c'est la même chose, c'est
l'autorité du ministre de l'Education.
M. PARENT (Hull): Parce que le gouvernement n'est pas l'employeur
tacitement dans le secteur de l'éducation, ni dans le domaine des
affaires sociales. Dans le domaine de l'éducation, ce sont les
commissions scolaires et les CEGEP. Dans le domaine des affaires sociales, ce
sont les centres hospitaliers et les centres d'accueil. Le gouvernement,
même s'il était partie dans la négociation par le ministre
ou ses représentants, ne va contresigner les conventions que pour ce qui
fait l'objet des stipulations qui seront négociées à
l'échelle provinciale, mais ne sera pas signataire des matières
qui seront à caractère régional ou local et dans la
signature entre la corporation et le syndicat dûment
accrédité, parce que nous ne sommes pas l'employeur, le
gouvernement. Nous sommes partie à la négociation, mais pas comme
employeur.
L'employeur, c'est la commission scolaire de Montréal ou c'est
l'Hôtel-Dieu de Montréal; ce n'est pas le gouvernement qui signe
la convention collective. Mais, par le fait que la loi détermine que des
matières doivent être négociées à
l'échelle provinciale, le gouvernement est une partie
intéressée et impliquée par le ministre responsable du
secteur concerné. Il sera signataire, le ministre, pour les stipulations
des matières à caractère provincial, mais chacune des
institutions concernées ou chacun des organismes signera la convention
collective comme employeur tacite.
M. FORGET: On a à l'article 27, par exem- ple, dans le secteur
des affaires sociales, une illustration de ce que vient de dire le ministre de
la Fonction publique. On y énumère ce que contient une convention
collective. On fait l'énumération en trois parties: a) "les
stipulations négociées et agréées à
l'échelle provinciale et visées à l'article 21;" en b) et
c), ce sont d'autres arrangements qui ne font pas partie de négociation
à l'échelle provinciale et qui tombent sous l'application
d'autres règles, soit les articles 25 et 26. Mais ce sont des
stipulations qui ont été négociées à
l'échelle provinciale afin d'être contenues dans des conventions
collectives.
M. BURNS: Ecoutez, je vous souhaite bonne chance avec ce texte.
D'accord? Je vous souhaite bonne chance.
M. PARENT (Hull): Je suis très optimiste.
M. BURNS: Tant mieux, et j'espère que vous allez réussir,
pas à fourrer les travailleurs, mais j'espère que vous allez
réussir quand même.
M. CLOUTIER: ... du député de Maisonneuve parce que...
M. BURNS: Je vous dis...
M. CLOUTIER: ... je ne vois pas la difficulté qu'il a...
M. BURNS: Oui. C'est parce que, à un moment donné, vous
avez, actuellement, tellement de "fornicaillage" entre vos différents
textes. On parle, par exemple, à l'article 13, des stipulations
visées à l'article 10; à l'article 10 on vous dit que ce
sont celles qui sont de matière provinciale, "les matières de
négociation provinciale visées aux articles 7 et 8"; à
l'article 7 vous avez des choses concernant même le cadre de
négociation et quand ce n'est pas le cadre de négociation, tel
que réglé entre les parties, on vous dit, à l'article 8,
que c'est le lieutenant-gouverneur qui va le déterminer.
M. CLOUTIER: Le problème.
M. BURNS: Bien. Je veux dire: Amusez-vous à faire une loi comme
celle-là... Je veux dire que je vous félicite d'avoir mis une
certaine je l'ai dit d'ailleurs en deuxième lecture
flexibilité aux structures. Mais là, vous imposez du caoutchouc
mousse un peu partout, à toute l'affaire. Et il y a du monde, des
travailleurs qui vont être obligés d'interpréter comment
ils fonctionnent avec vous autres par ça. Et ils vont se faire "pitcher"
de l'article 13 à l'article 7, à l'article 8 et à
l'article 6 avec les amendements et avec le nouveau langage qui, soit dit en
passant, n'est pas un langage commun en matière de relations
patronales-ouvrières. Il me semble que le gouvernement devrait au moins
donner l'exemple là-dessus.
Demandez à n'importe quel représentant, du
côté patronal, d'accord, demandez-lui s'il est familier avec ce
type de langage. Si vous voulez faire une ouverture, si vous voulez
améliorer le contact, si vous voulez le faciliter et si vous voulez
accorder la souplesse que vous mentionniez, bien servez-vous d'un autre langage
que ça. Vous êtes dans un domaine de relations humaines, ne
l'oubliez pas. Ce n'est pas un domaine purement et simplement légal dans
lequel on se trouve. Il ne faut jamais l'oublier.
M. PARENT (Hull): Je pense que le député de...
M. BURNS: Si vous parlez de stipulations, d'arrangements et
d'emmanchures, de l'article 7 à l'article 8, à cause de l'article
13, parce que l'article 6... vous allez vous empêtrer et vous allez vous
retrouver devant les tribunaux.
M. PARENT (Hull): Je pense que le député de Maisonneuve
devrait comprendre...
M. BURNS: Je ne vous le souhaite pas, je vous souhaite bonne chance.
M. PARENT (Hull): Oui. Le député de Maisonneuve devrait
comprendre...
M. BURNS: Bonne chance tout le monde.
M. PARENT (Hull): ... qu'il s'agit ici d'un projet de loi pour donner un
cadre à une négociation. Mais ce n'est pas le corps de la
négociation, c'est un cadre. Ce n'est pas le corps.
M. CHARRON: Vous savez vous-même que le cadre est important parce
que si vous avez apporté ces modifications, c'est que le cadre, à
la précédente convention collective, avait affecté les
conventions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. PARENT (Hull): Cela dépend de quel corps.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Bon. L'amendement est-il adopté?
Adopté. L'article 6 est-il adopté tel qu'amendé?
Adopté. Article 7? ... A l'ordre! L'article 7 est-il adopté?
Adopté.
M. CHARRON: Non, non.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je voudrais profiter...
M. MARCHAND: ... profiter qu'il s'habille.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît
!
L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: A l'article 7, je voudrais profiter de cet article pour
peut-être inviter le ministre de l'Education à répondre
à l'interrogation que je lui posais dans mon intervention en
deuxième lecture.
C'est dans cet article, j'ai l'impression, qu'obligation vous est faite,
avec vos partenaires patronaux, c'est-à-dire la Fédération
des commissions scolaires essentiellement, de proposer à la partie
syndicale ce que vous souhaitez voir négocié à la table
provinciale, ce que vous souhaitez voir à la table régionale.
Comment allez-vous, de votre propre côté, avant même
de rencontrer la partie syndicale, préparer votre position?
M. CLOUTIER: M. le Président, je suis très heureux d'avoir
l'occasion de répondre à cette question. Il est évident
que la partie patronale aura à s'entendre sur ses objets. Il y a
déjà un comité de concertation qui existe et qui s'y
emploie.
J'élargis parce que le député de Saint-Jacques a
profité de sa question pour remettre en cause jusqu'à un certain
point cette politique de décentralisation dont je parle assez souvent.
Mais à chaque fois que j'ai parlé de cette politique de
décentralisation, je désire faire remarquer au
député de Saint-Jacques que je n'ai jamais prétendu
qu'elle était encore implantée au ministère. J'ai toujours
dit qu'une politique de décentralisation devait passer par deux
voies.
Premièrement, le financement des commissions scolaires ou des
collèges et, deuxièmement, les conventions collectives. Il est
bien évident qu'il n'est pas possible d'implanter de façon
complète la décentralisation souhaitée si on n'a pas
changé le mode de financement et si on ne s'est pas entendu sur la
convention collective.
Or, nous sommes justement au début d'une négociation et,
par conséquent, il était impossible de faire l'année
dernière ce que l'on peut réaliser cette année. Il a
raison de dire qu'il doit y avoir entente sur certains objets, ce qui peut
signifier le retour, au niveau local, de certaines responsabilités.
M. CHARRON: Dans les 90 jours, dit l'article 7, M. le Président,
on devra rencontrer la partie syndicale, proposer ce qui doit être
négocié à la table provinciale et ce qu'on concède
devant être négocié à la table régionale.
Pendant ces 90 jours, quelles sont les rencontres prévues par le
ministre avec la Fédération des commissions scolaires? Et y
a-t-il déjà eu des représentations de faites et des
ententes de faites au niveau patronal pour ce qui sera la proposition
patronale?
M. CLOUTIER: Je ne me suis peut-être pas exprimé
clairement, M. le Président, mais j'ai fait allusion, tout à
l'heure, à un comité de concertation. En fait, il y a à
peu près un an que ce comité travaille précisément
dans cette
optique. Il ne faut quand même pas oublier que tout cela est
souhaité par nos partenaires. En fait, les 90 jours ont davantage pour
objet et le ministre de la Fonction publique pourra peut-être
donner plus de détails de permettre à la partie syndicale
d'en arriver à définir ses objets. Il va de soi qu'il faut une
limite quelque part, parce que, s'il n'y a pas de limite quelque part, je ne
vois pas comment nous pourrions déboucher, dans un deuxième
temps, sur une négociation.
M. CHARRON: D'accord. Article 7, adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 7, adopté.
Article 8?
M. BURNS: M. le Président, à l'article 8, je trouve
absolument incompréhensible que nous nous retrouvions avec un tribunal
qui soit en même temps le juge et la partie, c'est-à-dire que le
lieutenant-gouverneur en conseil, il ne faut pas se le cacher, c'est le cabinet
des ministres. Je pense que c'est de là qu'émanent toutes les
réglementations gouvernementales autorisées par une loi.
Ce que l'article 8 dit, c'est que, si jamais l'article 7 ne fonctionne
pas, une des deux parties... Il ne faut pas se le cacher, vous êtes
partout partie à ces négociations. On vient de voir, justement
à l'article 6, que le ministre de l'Education, qui est membre de ce
lieutenant-gouverneur en conseil, il ne faut pas se le cacher, va influencer le
juge, parce qu'il en fait partie, relativement à la décision
concernant les choses qui doivent être considérées comme
matière provinciale ou les choses qui doivent être
négociées à une échelle autre que provinciale.
Moi, M. le Président, je trouve cela inacceptable, en 1974
surtout que cela va être appliqué en 1975 dans un
type de loi qui se veut moderne, que la partie, même si c'est le
gouvernement cette partie-là, soit en même temps juge et
partie.
Je propose, M. le Président, tout simplement qu'on remplace les
mots "le lieutenant-gouverneur en conseil" par "le tribunal du travail". Si
vous voulez avoir quelqu'un d'objectif, si vous voulez avoir quelqu'un qui,
même s'il est payé par le gouvernement, a au moins un
caractère de neutralité, vous allez le retrouver dans un domaine
spécifique, dans un domaine spécialisé. Vous allez avoir
le tribunal du travail, en qui j'ai la plus totale confiance. Ils ont
derrière eux, je pense, des choses qui sont tout à leur honneur,
qu'ils ont réussies quand même. C'est malheureux que le ministre
du Travail ne soit pas ici parce que j'ai l'impression qu'il
témoignerait de la même façon que moi en faveur du tribunal
du travail.
Il est temps, M. le Président, que l'organisme
québécois qui connaît véritablement, au niveau
judiciaire, le problème concret qui se passe dans le domaine du travail
se voit confier des responsabilités lorsque le gouvernement est en
état de conflit, disons-le, d'intérêts.
M. CHARRON: D'intérêts. C'est cela.
M. BURNS: C'est exactement le problème qui se pose.
Moi, si je dis, par exemple: le député de Saint-Jacques et
moi avons une société ensemble, et le jour où nous
dissoudrons cette société, est-ce moi qui vais décider
comment ça va se répartir?
M. MARCHAND: C'est ce que vous avez fait en fin de semaine.
M. BURNS: Bon! le député de Laurier voulait s'inscrire au
journal des Débats. C'est fait.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. MARCHAND: Si vous pensez que c'est seulement pour ça, ce n'est
pas pour ça.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: J'espère que c'est la dernière fois parce qu'on
parlait entre gens sérieux. Merci, bonsoir.
M. CHARRON: Bonsoir. Merci beaucoup.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MARCHAND: D'abord, j'aimerais que le député de
Saint-Jacques aille s'habiller, et après cela il reviendra discuter.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. MARCHAND: Le député de Saint-Jacques est habillé
en guenillou. J'aimerais que le député de Saint-Jacques aille
s'habiller.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je demanderais la collaboration de tout le
monde.
M. MARCHAND: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II se fait tard, on pourrait aller se coucher
bientôt.
M. MARCHAND: J'aimerais que le député de Saint-Jacques
aille s'habiller.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable député de Maisonneuve.
M. MARCHAND: On n'est pas dans une assemblée de guenilloux.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MARCHAND: On n'est pas dans une assemblée de guenilloux, M. le
Président.
M. BURNS: M. le Président, "ça achève tu, cette
folie-là"?
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'espère. M. BURNS: On parlait
sérieusement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): J'espère. A l'ordre!
L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: Merci. Je disais tout simplement, M. le Président, que
c'est un principe inacceptable et en droit strict et surtout en droit du
travail. Il est absolument incompréhensible, même si la partie
patronale s'appelle le gouvernement, que dans une loi nous consacrions un
principe de ce style qui apparaît à l'article 8.
M. le Président, c'est pour cela que je fais la proposition. Ce
n'est peut-être pas la meilleure proposition. Encore une fois, je suis
ouvert à une autre proposition. Si vous pensez que c'est un autre
organisme que le tribunal du travail qui devrait être la partie neutre
qui trancherait le problème, en cas de conflit prévu à
l'article 7 et qui résulterait à l'application de l'article 8, je
suis bien d'accord, je suis bien ouvert. Si vous pensez que c'est un tribunal
d'arbitrage, je vais vous dire tout de suite que je pense que ça n'aura
pas la célérité requise par les dispositions des articles
7 et 8.
Je pense que vous avez un tribunal qui a un caractère permanent
qui s'appelle le tribunal du travail. Il est là, il est
spécialisé, il connaît le domaine des relations
patronales-ouvrières. Je dis pourquoi ne pas l'utiliser? Nous l'avons
formulée cette demande à l'occasion de tous les problèmes
qui peuvent s'élever, à l'occasion de la discussion des services
essentiels en cas de grève dans la fonction publique.
C'est peut-être, soit dit en passant, l'organisme qui serait le
mieux placé pour décider, en cas de conflit, si jamais on
décidait de mettre des règles d'établissement des services
essentiels avant une grève dans la fonction publique. C'est sans doute
l'organisme le mieux préparé pour établir ce que sont les
services essentiels. Je pense, de la même façon, que c'est le
meilleur organisme pour décider ce que sont les matières qui
seront négociées et agréées à
l'échelle provinciale, et ce que sont les matières qui seront
négociées et agréées à une échelle
autre que provinciale.
M. PARENT (Hull): M. le Président, il est bien évident que
nous ne pouvons accepter un amendement tel que le propose le
député de Maisonneuve. Il va admettre, dès le
départ, qu'il y a un gouvernement responsable qui doit répondre
de ses actes et de l'engagement des deniers publics qu'il fait, soit à
l'égard de ses salariés, soit à l'égard de
conventions qu'il doit conclure dans les autres secteurs d'activité.
Il est évident ici qu'il ne s'agit pas de négociations. A
l'article 8, nous parlons de matières qui devraient faire le sujet de
discussions, ou de négociations à l'échelle...
M. BURNS: Lisez l'article 7.
M. PARENT (Hull): ... provinciale.
M. CHARRON: Vous pensez que ce ne sont pas des négociations?
M. PARENT (Hull): Ce ne sont pas des négociations. Il s'agit de
déterminer les matières...
M. MARCHAND: Habillez-vous. Habillez-vous.
M. PARENT (Hull): ... qui feront le sujet de négociations
à l'échelle provinciale, de matières, il ne s'agit pas de
la négociation de la matière...
M. BURNS: M. le ministre...
M. PARENT (Hull): ... en somme de déterminer le cadre dans lequel
les parties vont s'engager à négocier.
Comment pourrait-on, logiquement, dans un gouvernement responsable,
confier à un tribunal du travail, comme le suggère le
député de Maisonneuve, de décider quelles sont les
matières qui devraient être apportées à une table
à l'échelle provinciale ou à une échelle autre que
provinciale.
Le gouvernement, dans ce cas, abdiquerait ses pouvoirs et ses
responsabilités pour confier à un tribunal, même s'il peut
être indépendant, un organisme qui n'a pas à
répondre de ses actes devant la population ou n'a pas à justifier
les dépenses de deniers publics qu'il aura à encourir. Je pense,
dans les circonstances, que le délai de 90 jours qui est accordé
aux parties en cause... Le ministre de l'Education vient de dire que, depuis
déjà près d'une année, les parties en cause se
réunissent régulièrement et envisagent le problème
de la négociation. En effet, nous ne l'avons pas envisagé
à la dernière heure. Déjà même, nous avons,
malgré que le député de Maisonneuve a bien voulu souligner
tout à l'heure son pessimisme, reçu du Syndicat des
fonctionnaires le projet de convention collective; il a été
déposé jeudi passé, au moment où je recevais
l'exécutif du Syndicat des fonctionnaires.
Nous savons donc l'orientation d'un des syndicats qui seront
appelés durant cette période à négocier des
conditions. Nous connaissons
maintenant sa présentation, nous connaissons les modalités
qui sont soumises. Ici, on parle non pas d'une convention collective, mais de
sujets comme il y en a eu à la table du front commun lors de la
dernière ronde; on a déterminé à la table quelles
seraient les matières qui seraient discutées à la table
centrale. Or, un délai implicite de 90 jours... Dans les affaires
sociales, je sais qu'on en est venu à des accords déjà et
cela fait déjà plusieurs mois qu'on est en préparation
pour cette ronde de négociations. Il faut donc décider des sujets
qui feront l'objet de négociations au niveau provincial et des autres
matières qui devront faire l'objet de discussions aux niveaux
régional et local, mais cela n'est pas impératif par l'article.
Il s'agit purement et simplement de déterminer les sujets, les
matières qui feront l'objet de discussions en somme à
l'échelle provinciale, soit avec un front commun, soit par une centrale
syndicale comme la CEQ qui voudra apporter des sujets au niveau provincial.
Déjà, elle a même fait valoir presque publiquement quels
sont les sujets qu'elle voulait voir discutés au niveau provincial.
Pour ma part, je pense que le gouvernement ne peut pas abdiquer ses
responsabilités et confier à un autre le soin de
déterminer quelles seraient les matières à être'
discutées, advenant qu'il n'y ait pas entente entre les parties dans la
période de 90 jours que prévoit la loi.
M. BURNS: Mais, M. le ministre, le gouvernement n'a-t-il rien appris de
la dernière négociation? Est-ce cela que vous êtes en train
de me dire? Il y a des tables qui ont été bloquées
pendant...
M. PARENT (Hull): Cela, c'est dans votre esprit.
M. BURNS: ... des mois pour la simple et unique raison qu'on
s'engueulait pour savoir si on négociait au niveau local, au niveau
sectoriel, à la table provinciale. Imaginez-vous, vous n'avez rien
appris! Vous allez perdre un temps énorme que vous réduisez tout
simplement à 90 jours. Je me dis à ce moment-là: Soyez
donc honnête et n'essayez pas de leurrer les gens. Le temps énorme
qu'on a passé, lors des discussions la dernière fois, à
savoir si cela se négocierait à la table locale, à la
table sectorielle ou à la table provinciale, vous le réglez par
votre article 7 qui, à mon avis, est de l'hypocrisie pure et simple.
Vous dites: On va régler le problème de temps; on va mettre 90
jours. Lisez bien l'article 7: Si dans 90 jours les parties ne conviennent
pas... Vous savez ce que cela veut dire, M. le ministre, convenir? Convenir
veut dire s'entendre sur quelque chose. Donc, vous leur donnez un pouvoir qui,
dans le fond, est un leurre, un pouvoir qui n'existe pas, parce que, tout de
suite après, vous dites: Tu prends cela ou bien moi, je décide.
C'est exactement ce que vous faites.
Lorsque le ministre de la Fonction publique aura reçu le rapport
de ses mandataires qui auront dit, tout simplement: On a essayé dans les
90 jours de s'entendre, moi je sais tout de suite je pourrais même
vous l'écrire la décision du lieutenant-gouverneur en
conseil.
Si vous êtes logique avec vous-même puis si je veux
être vraiment masochiste, je vais vous dire que vous n'avez même
pas à faire un article 7. Gardez votre article 8 puis corrigez-le pour
dire que dans tous les cas c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui va
décider ce qui est matière provinciale, ce qui n'est pas
matière provinciale.
Vous n'êtes pas sérieux si vous n'acceptez pas cet
argument. Vous faites des farces aux gens avec qui vous allez négocier,
vous leur dites tout simplement: On va négocier avec vous...
M. MARCHAND: Vous dites souvent ça.
M. BURNS: ... des matières qui sont provinciales ou non
provinciales. Le ministre sait fort bien...
M. MARCHAND: Vous êtes souvent farceur aussi.
M. BURNS: ... je l'incite à regarder les mois qu'ont pris les
discussions, la dernière fois, pour savoir ce qui était
matière provinciale, ce qui était matière sectorielle, ce
qui était matière locale.
Et, comme solution, qu'est ce qu'on nous apporte? On nous dit: On va le
régler vite le problème, il n'y a pas de raison que ça
traîne tant de mois que ça. On donne 90 jours de
négociation parce que c'est ça que ça veut dire,
"convenir". C'est le pouvoir que vous donnez à l'article 7. Vous donnez
aux parties le pouvoir de convenir de ce qui est de tel domaine ou de tel
autre, puis vous dites: S'il n'y a pas d'entente, c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui va décider. Je dis que c'est une
farce absolue, monumentale, si vous ne mettez pas ça entre les mains
d'une partie neutre.
A moins que vous me disiez que vous n'avez pas confiance au tribunal du
travail, à moins que vous me disiez que vous n'avez pas confiance qu'un
tribunal quelconque puisse agir avec autant de sagesse et surtout autant de
neutralité...
M. PARENT (Hull): Je ne veux pas que le député de
Maisonneuve se méprenne. J'ai dit tout à l'heure les raisons pour
lesquelles...
M. BURNS: ... non, non, un instant, avec autant de sagesse et autant de
neutralité que le gouvernement lui-même. Si c'est ça que
vous êtes en train de me dire, bien moi je me dis vous vous
préparez une belle atmosphère de négociation. Si vous
n'êtes même pas capable de décider d'avance de remettre
à une partie non impliquée parce que c'est ça le
tribunal du
travail, il n'est pas impliqué dans la négociation
si vous n'êtes pas capable de remettre à cette partie le choix de
décider ce qui est matière provinciale ou autre, je dis comment
ça va se dérouler cette négociation. Cela va être de
toute beauté; cela va être le feu d'artifice des années
soixante-dix. En tout cas, si c'est ça l'atmosphère qui doit
présider aux prochaines négociations, encore une fois je vous
souhaite bien bonne chance.
M. PARENT (Hull): Je constate le pessimisme du député de
Maisonneuve mais je crois que le gouvernement ne peut pas abdiquer les
responsabilités qui sont siennes. Je pense que le climat est très
favorable et nous avons fait tous les efforts nécessaires pour nous
assurer que les discussions pourront se poursuivre dans un climat des plus
sereins. Mais il arrive que le gouvernement a des responsabilités qu'il
doit assumer. Ce n'est pas un manque de confiance, comme l'a dit le
député de Maisonneuve, aux tribunaux d'arbitrage ni aux tribunaux
du travail. C'est une question de responsabilité gouvernementale qui ne
peut pas être confiée à une tierce partie qui n'a pas
à répondre des engagements des deniers publics dont le
gouvernement doit assumer l'entière responsabilité. Je suis
convaincu, ne possédant pas le pessimisme du député de
Maisonneuve, que grâce à l'article en question, qui donne un
délai de 90 jours pour déterminer les matières devant
faire l'objet de négociations à l'échelle provinciale,
nous ne serons pas dans l'obligation d'utiliser l'article 8.
M. CHARRON: M. le Président, sur l'amendement du
député de Maisonneuve.
M. MARCHAND: M. le Président, une question de
privilège.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Laurier sur une
question de privilège.
M. MARCHAND: Une question de privilège.
M. BURNS: A l'ordre, M. le Président, une question de
règlement. Il y a des décisions, il y a plusieurs
décisions on est en commission parlementaire ici qui s'appelle
par hasard une commission plénière dont, malheureusement,
j'ai été victime à plusieurs reprises, qui disent que si
vous avez une question de privilège, vous la ferez à
l'Assemblée nationale. On est en commission ici.
M. MARCHAND: M. le Président, une question de
privilège.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
si c'est à l'effet que le député de Saint-Jacques ne porte
pas la cravate, puis-je suggérer au député de Laurier que
je vais lui prêter la mienne? Est-ce que ça pourrait...
M. MARCHAND: M. le Président, est-ce que vous pourriez attendre
que je dise ce que j'ai à dire?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'excuse, mais il n'y a pas de question de
privilège en commission. Je ne peux absolument pas vous entendre sur une
question de privilège. Si vous avez une question de privilège,
vous pourrez l'invoquer tantôt, une fois que nous serons retournés
à l'Assemblée nationale.
M. MARCHAND: M. le Président, c'était tout simplement par
respect de la galerie en haut qui est bien habillée. Voir un
crotté en avant de moi...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre s'il vous
plaît. Le député de Saint-Jacques.
M. BURNS: Beau travail! Beau travail!
M. CHARRON: Est-ce que cela se peut? A l'appui de l'amendement du
député de Maisonneuve, l'article 8 permet ni plus ni moins une
première loi spéciale au gouvernement, se réservant la
deuxième, celle qu'on a connue lors de la précédente
convention collective, si les négociations n'aboutissent pas au
résultat escompté par la partie patronale.
M. BURNS: A l'ordre, M. le Président!
M. CHARRON: Ce n'est pas sans importance. Le ministre a refusé
tantôt d'admettre que l'article 7 parlait de négociation et
pourtant il n'était pas au poste qu'il occupe actuellement. II
était membre du gouvernement quand il a eu l'occasion de suivre en 1971
et en 1972, le déroulement de la convention collective et il sait
très bien que ce qu'a dit le député de Maisonneuve tout
à l'heure est parfaitement vrai. La plupart du temps de la
négociation a été consacrée à savoir
où se négocierait tel et tel autre sujet. Ce n'est pas seulement
une question de savoir si la table doit être ronde ou rectangulaire.
C'est qu'il en va de savoir qui est le centre de décision dans un
domaine ou dans un autre et, pour les syndiqués en particulier, ce
phénomène est très important.
C'est pour cela que, lorsqu'ils se sont battus lors de la
précédente convention collective pour qu'un certain nombre de
décisions soient laissées au secteur sectoriel, n'appartiennent
pas à la table centrale, c'est qu'ils avaient la conviction que
l'autorité décentralisée était meilleure juge de
leurs demandes que la lointaine administration toute provinciale.
Ce sont des gens qui connaissent les problèmes quotidiens et qui
ont vécu l'application d'une convention collective qui savent, par
exemple, que telle demande va recevoir meilleure oreille d'une administration
qui, elle aussi,
dans la polyvalente, qui, elle aussi, dans le CEGEP, a eu à
appliquer la convention collective. Ils savent qu'il y a donc plus de chances
d'arriver à un rendement à l'amiable et à une convention
négociée, paraphée par les deux parties, avec tel
interlocuteur qui vit quotidiennement dans la même maison d'enseignement
ou dans la même maison de service social, que de s'en remettre à
une autre instance qui, elle, a à appliquer.
Quand ils se battent pour savoir à quelle table ou à
quelle autre cela va se négocier, c'est cela. Cette manche ou cette
période de négociations influe énormément sur la
deuxième. C'est clair. Pour les syndiqués, c'est comme prendre
une avance ou accuser un retard à la fin de la première
période de trois ou quatre à zéro et de savoir qu'ils s'en
vont en deuxième période avec un tel désavantage. En
partant, ils savent que l'interlocuteur de l'autre côté n'est pas
le mieux placé pour entendre leurs propositions.
Ils savent donc qu'ils ont moins de chances de réussir. Ils ont
plus de chances d'être acculés à la grève et,
finalement, plus de chances encore une fois de se voir imposer un décret
par une loi spéciale comme la loi 19.
Or, la table a de l'importance. Vous le savez vous aussi que la table a
de l'importance puisque vous avez admis dans ce projet de loi qu'il y aurait
une table provinciale et des tables régionales pour certains sujets. Il
y a plus de chances que cela se règle à une place comme il y a
plus de chances que cela se règle à une autre.
Or, que dit l'article 8? Il dit ce que disent d'autres lois. Dans le cas
d'impasse dans les négociations, c'est le patron qui se transforme en
juge. On l'a vu lors de la loi 19 et c'est lui. Là, le patron pourra le
faire deux fois, II pourra le faire, d'abord, en vertu de l'article 8 de la loi
95 et dire: La première période a assez duré. Et regardez
bien l'article 9! Permettez-moi de devancer, à l'appui de mon argument
sur l'article 8. L'article 9 dit : Ce sur quoi on se sera entendu pour ce qui
doit relever de la partie provinciale, le lieutenant-gouverneur en conseil ne
pourra quand même pas revenir là-dessus il ne faudrait pas
qu'il pousse l'audace jusque-là et ce qui aura été
entendu sera entendu; ce qui n'aura pas été entendu, le
lieutenant-gouverneur en conseil achèvera de faire le partage. Est-ce
que j'ai bien compris le sens de l'article 9?
Vous voyez bien que ce qui est mentionné dans l'article 9
encore une fois, je devance à l'appui de mon argumentation sur l'article
8 c'est que les matières pour lesquelles toutes les parties
visées aux articles 3, 4 et 6, c'est-à-dire les syndiqués,
le ministre de l'Education et ses partenaires patronaux, ont convenu de
négocier à l'échelle provinciale.
Ce qui est litigieux au fond, ce qu'affirme l'article 9, ce qui va
être litigieux dans la négociation prévue à
l'article 7, ce n'est pas de savoir ce qui va à la table provinciale,
c'est de savoir ce qui va à la table régionale. C'est de savoir
ce que le gouvernement ne contrôlera pas et ce qu'il remettra à
ses partenaires.
Si on avait dit dans l'article 9: Ont convenu de négocier
à l'échelle régionale, comme si c'était
celle-là qui faisait le problème. Ce qui fait le problème,
ce n'est pas à la table provinciale. Si on s'en tenait à la
version patronale de ceux qu'on a en face de nous, tout serait à
l'échelle provinciale, tout exactement, comme si la leçon de la
convention collective de 1969, de 1972, 1975 n'avait encore servi à
rien. C'est une concession quand on parle désormais de table
régionale. Mais qu'est-ce que cela laisse entrevoir comme
négociation pendant les 90 jours, puisque les articles 8 et 9 existent
comme possibilités de recours?
Je le dis au ministre de la Fonction publique, cela peut laisser
entendre que si un gars disait ce soir, après avoir lu les articles 7,8
et 9: Sais-tu ce que ça veut dire? Cela veut dire qu'ils vont faire cela
pour la frime. Ils ont compris qu'ils ne peuvent plus tenir le bout et dire:
Cela va être juste provincial. Ils vont offrir des "peanuts" à la
table régionale, des questions secondaires, embarrassantes, finalement
pour l'empêtrer de normes et de critères administratifs à
la grandeur du Québec. Tellement embarrassants que même les
technocrates les plus centralisateurs en sont venus à admettre que
c'était fatigant à la longue. On doit toujours bien les remettre
à quelqu'un quelque part, pour qu'on puisse parler des vraies choses et
prendre tout le temps qu'il faut pour en parler. On va proposer, dans les 90
jours, des grenailles à la table régionale. Et lorsque les 90
jours seront passés, ce qui sera convenu à l'échelle
provinciale, plus ce qu'aura en vain demandé la partie syndicale pour
être amené à la table régionale, mais qu'on aura
refusé de concéder tout au long de ce simulacre de
négociation pendant 90 jours, en vertu de l'article 9, on consacrera ce
qui aura été entendu à l'échelle provinciale, et en
vertu de l'article 8, on consacrera, comme juge, ce que le patron avait
proposé à la table patronale.
La première loi spéciale, dans la négociation de
1975, interviendra dès ce moment. C'est pour cela, M. le
Président, pour éviter que ce jeu ne soit pas aussi facile que
cela et qu'au fond ce soit une leçon dont on a tiré simplement
des leçons de stratégies mais pas des leçons de
fond, comme les ont manifestées les deux précédentes
conventions collectives négociées au Québec que cet
article existerait.
Si c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui peut, comme quand il y
aura grève, par exemple, se transformer soudainement en juge du bien
commun, et imposer, à quelques modifications près, ses positions
patronales, comme décret provincial, cela ne donne rien d'avoir
prévu l'article 7. C'est un écran de fumée d'avoir dit
qu'il y aura des tables régionales.
J'ai bien hâte de voir, au seul chapitre de l'éducation,
puisque c'est de celui qu'on traite ici, qu'est-ce que cela va être, les
positions patronales qu'on va présenter dans les 90 jours à la
partie syndicale, de ce qu'on concède qui sera négocié aux
tables régionales. Puis là, la
partie syndicale va arriver et va dire: Ecoutez, 1972 devrait vous avoir
servi à quelque chose. Nous, on veut qu'il y ait plus que cela de
négocié à la table régionale. On fera semblant de
négocier pendant 90 jours et au bout de 90 jours le patron
s'érigera en juge, en vertu de l'article 8, et dira: C'est simple, se
négocieront aux tables régionales, par exemple ce que je
vous disais tantôt dans mon discours de deuxième lecture
les aménagements d'horaires ou autres choses comme cela; mais à
la table provinciale, toutes les normes, toute la charge de travail, toutes les
obligations de l'enseignant, toutes les échelles de salaire et encore,
cela reste aux mains des technocrates du ministère.
C'est pour cela que l'article 8, à notre sens, ne constituera un
acquis pour la prochaine convention collective que s'il porte comme juge un
tribunal impartial et reconnu de tous, plus que le patron. Si on
prévoit, dans la loi, que le patron va se déguiser en juge au
bout de 90 jours, on commence déjà sur un drôle de pied,
comme disait le député de Maisonneuve.
M. PARENT (Hull): M. le Président, je ne peux pas comprendre
l'insistance que met le député de Saint-Jacques à parler
de cette restriction qui lui semble un écran de fumée.
Or, en 1972, toute la négociation était à
l'échelle provinciale et sectorielle. Les entités, commissions
scolaires, collèges d'enseignement, centres hospitaliers ne faisaient
que signer la convention qui était intervenue à l'échelle
provinciale et sectorielle. Aucune discussion en ce qui concerne le
régional et le local.
Il y a eu une table centrale du front commun. Quels sont les sujets
qu'on discutait à la table centrale du front commun? Des matières
qui étaient intersectorielles, pas plus que ça. Qui a
amené la discussion au niveau de la province? On prend comme exemple le
secteur des affaires sociales. En 1966, 1968, c'est la partie syndicale qui a
demandé que toutes les négociations, au point de vue de la
convention collective, soient au niveau provincial, sans demander...
M. BURNS: Ce n'est pas le même cas, M. le Président.
M. PARENT (Hull): ... que ce soit au niveau régional ou
local.
M. BURNS: Ne perdez pas de temps, voyons donc.
M. PARENT (Hull): La loi no 71 n'a fait que confirmer la règle
qui avait été établie. Or, là, ce qu'on voudrait,
c'est trouver une formule qui ferait beaucoup plaisir au Parti
québécois, pour qu'il y ait des brèches durant les
négociations...
M. BURNS: Non. Non.
M. PARENT (Hull): ...mais non garder la paix.
M. BURNS: Non. Au contraire, c'est pour...
M. PARENT (Hull): Je pense que, dès le départ...
M. BURNS: ... conserver la paix qu'on vous propose ça.
M. PARENT (Hull): ... il faut savoir quelles sont les matières
qu'on va discuter à l'échelle provinciale et
référer à l'échelle régionale ou locale ou
à chacune des corporations les éléments qu'elles peuvent
négocier pour régler des conflits comme on en a vu depuis trois
ans, qui sont intervenus dans certaines corporations.
C'est là l'avantage que nous voulons offrir. La souplesse de ce
projet de loi va permettre justement d'aller régulariser et
résoudre des problèmes qui sont intervenus dans
différentes institutions.
Je pense que, dans le cas actuel, le gouvernement ne peut pas
céder sa responsabilité. S'il n'y a pas entente dans la
période de 90 jours, il doit y avoir un arbitre et l'arbitre, c'est
simple, c'est celui qui a le pouvoir et la responsabilité d'assumer
l'administration de la province.
M. BURNS: M. le Président, je fais vraiment un dernier appel au
ministre. J'ai nettement l'impression que le ministre... Je le sais trop
intelligent pour pouvoir dire qu'il ne comprend pas pas ce qu'on dit. Je dis
tout simplement qu'il ne veut pas comprendre ce que nous sommes en train de
dire.
Imaginez-vous que ce sont des étapes préliminaires
à la négociation dont on est en train de discuter.
UNE VOIX: C'est ça.
M. BURNS: Ce sont des étapes qui vont conditionner en grande
partie l'atmosphère qui va présider aux négociations. Moi,
qu'un ministre de la Fonction publique, qui est, à toutes fins
pratiques, le directeur du personnel du gouvernement... Il ne faut pas se le
cacher, c'est lui qui est le chef du personnel, c'est lui qui,
éventuellement, est responsable auprès de cet employeur qui
s'appelle le gouvernement, c'est-à-dire le cabinet des ministres, le
lieutenant-gouverneur en conseil, de ce qui se passe par l'entremise de ses
fonctionnaires. J'espère qu'il ne le fera pas lui-même, comme son
collègue du Travail en a donné la mauvaise habitude à un
tas de gens en matière de relations de travail. J'espère qu'il ne
fera pas lui-même les travaux qui doivent être confiés
à de bons spécialistes qu'il a, d'ailleurs, dans son
ministère. Je ne nie pas la qualité des gens qui sont dans son
ministère pour faire ces travaux.
Mais, comme chef du personnel du gouvernement, il aura, à un
moment donné, à faire rapport au cabinet des ministres du travail
de ses collaborateurs immédiats, qui ont pour fonction d'aller
négocier avec les différents organismes syndicaux.
Imaginez-vous dans quelle atmosphère vous allez permettre
à ces négociations de se dérouler si vous décidez
vous-même, vous, chef du personnel, M. le ministre sur recommandation du
grand "boss", le lieutenant-gouverneur en conseil, qu'est-ce qui est
négociable à tel niveau et qu'est-ce qui l'est à tel autre
niveau? Cela, c'est avant même qu'une seule clause ait pu être
négociée. Les syndicats vont être très heureux d'une
décision en cas de conflit, prévue à l'article 7,
réglée selon la méthode prévue à l'article
8? Cela va aider, M. le ministre, à l'atmosphère des
négociations? Cela va permettre un dialogue lorsque l'une des deux
parties qui se rencontrent fait face à des cris dans le désert et
que, dans le fond, c'est un monologue, et ce n'est surtout pas cette
partie-là qui tient le bout de la parole du monologue?
C'est cela qu'on est en train de poser comme problème. Ce qu'il y
a de plus grave, c'est qu'il se repose à d'autres endroits dans le
projet de loi. Ce problème se repose à l'article 15. Ce qu'il y a
de pire, c'est qu'il se repose à l'article 32. C'est une constante dans
votre projet de loi.
Je vous ai félicité, en deuxième lecture, sur le
principe du projet de loi qui voulait accorder une certaine souplesse aux
négociations, mais je ne suis pas entré dans les détails
pour la simple raison que c'est à ce stade-ci que cela se discute. S'il
y a des détails absolument inacceptables dans ce projet de loi, on les
retrouve à l'article 8, à l'article 15, qui reproduit la
même disposition et une disposition encore pire à l'article 32,
où on nous dit que le lieutenant-gouverneur en conseil peut exclure du
champ d'application de la présente section soit dit en passant la
section du domaine des organismes gouvernementaux tout organisme ou
toute catégorie d'organismes y visés qu'il désigne.
C'est lui qui décide, cela vient de s'éteindre. C'est une
constante, cela, M. le ministre. Vous ne viendrez pas me dire que la
dernière fois, vous n'avez pas eu des difficultés avec les
syndicats. Si le ministre ne le comprend pas j'espère me tromper
là-dessus j'en appelle à ses collaborateurs silencieux
autour de lui. Ils savent fort bien que la dernière fois, cela a
été un des problèmes entre les parties, à savoir
qu'est-ce qui se négociait au niveau provincial, qu'est-ce qui se
négociait au niveau sectoriel, qu'est-ce qui se négociait au
niveau local.
Les partis ont perdu quand je parle des parties, je parle du
gouvernement représenté par le lieutenant-gouverneur en conseil
et des syndicats un temps énorme à discuter de cela. M.
Larouche est bien placé pour le dire. Il a été là
tout au long. Je suis convaincu qu'il est en mesure de confirmer ce que je
dis.
Ce qu'on fait là, c'est qu'une fois que le problème...
Même si le ministre nous dit: Cela va bien, on a une entente avec tel
syndicat, on a une entente avec telle autre, vous avez à faire face
à environ 200,000 syndiqués, dans l'ensemble, n'est-ce pas? Ne
nous cachons pas le chiffre. C'est cela que cela veut dire, dans la pratique.
Et vous avez affaire à des centrales syndicales de tendances diverses,
d'affiliations diverses et vous avez affaire à des syndicats
indépendants. Celui que vous m'avez cité, tout à l'heure,
c'est un syndicat indépendant. Bien oui, s'il est d'accord, tant mieux.
C'est un problème de moins. S'il est d'accord avec cela, tant mieux.
Vous n'aurez pas le problème.
M. PARENT (Hull): II n'est pas affecté par cela.
M. BURNS: Mais je ne vous dis pas que vous n'aurez pas le
problème avec les autres.
M. PARENT (Hull): Le Syndicat des fonctionnaires n'est pas
affecté par cela.
M. BURNS: Bien non, mais en tout cas, je vous dis tout simplement que
tout à l'heure, vous me l'avez cité en disant : Cela va bien avec
lui. Tant mieux si cela va bien avec lui. Si vous pensez ne pas avoir de
problème, bravo. Mais ce n'est pas un critère. Vous avez un tas
de gens, actuellement, qui vont se pencher sur le caractère de bonne foi
du gouvernement dans ces négociations, sur la façon dont il va
approcher les négociations. C'est une des façons. L'autre, c'est
celle que je vous ai mentionnée cet après-midi, à savoir
comment vous allez discuter apparemment, vous m'avez opposé une
fin de non-recevoir des problèmes de la masse salariale et de la
politique salariale. C'est là-dessus que je vous ai souhaité bien
bonne chance aussi.
Mais, M. le Président, si le gouvernement n'est pas capable
d'admettre qu'il est un mauvais juge parce que partie dans cette affaire.
Je me pose de sérieuses questions sur sa capacité
réelle de ne pas créer, de ne pas provoquer des conflits dans la
prochaine négociation. Parce que cela va teinter toute
l'atmosphère des prochaines négociations. Si, à un moment
donné, parce qu'un syndicat pourrait avoir une opinion différente
de celle du gouvernement relativement au fait que telle ou telle chose devrait
être négociée au niveau provincial au lieu du niveau local,
et que ça doive nécessairement, en cas de conflit, amener une
décision du patron, moi je me demande dans quelle atmosphère vont
commencer ces négociations.
La perche que nous vous tendons, M. le ministre, et je termine
là-dessus, je ne ferai pas de long débat là-dessus, il a
déjà duré assez longtemps, c'est d'exprimer à vos
vis-à-vis en négociation par une loi dont vous avez le
contrôle, non seulement dont vous avez le contrôle mais qui
s'applique à eux en plus que vous êtes prêt à
discuter d'égal à égal. Je vous demande simplement de ne
pas revenir à la période qui a dû être
changée, la période de Jean Lesage. Il a peut-être fait des
bonnes choses, Jean Lesage, mais il y a quelques conneries qu'il a faites et il
continue à en faire. Mais, la connerie principale qu'il a faite en
matière de relations patronales-ouvrières c'est quand il a
dit: "La reine ne négocie pas avec ses sujets." Il refusait même
toute forme d'accréditation des fonctionnaires au Québec.
Oui et il a été obligé de ravaler sa salive comme
il a ravalé sa salive quand il a dit: "Jamais il n'y aura un
ministère de l'Education au Québec." Et dès la session
suivante il y avait un ministère de l'Education au Québec et
dès la session suivante, en 1965, je crois, il y avait un syndicat des
fonctionnaires du Québec. Malgré que M. Lesage ait dit qu'il n'y
aurait jamais de ministère de l'Education sous son règne,
malgré qu'il ait dit que la reine ne négociait pas avec ses
sujets.
Si vous ramenez, de façon subtile, je l'admets, de telles
dispositions, du style de l'article 8 de la présente loi, vous
êtes en train de dire: La reine ne négocie pas avec ses sujets,
comme M. Lesage, et vous serez obligés de le ravaler. J'espère
que vous ne ravalerez pas cela de façon trop amère et
j'espère que vous ne gâterez pas trop l'atmosphère des
négociations parce que cela va se faire avant les véritables
négociations.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission est prête
à se prononcer sur cet amendement du député de Maisonneuve
à l'effet de remplacer les mots "lieutenant-gouverneur en conseil" par
"tribunal du travail"?
Cet amendement est-il adopté?
M. PARENT (Hull): Non.
M. BURNS: Le vote par debout et assis. En commission
plénière, c'est par debout et assis.
LE PRESIDENT (M. Gratton): D'accord, je ne vous avais pas entendu.
Que ceux qui sont en faveur de cet amendement veuillent bien se lever,
s'il vous plaft.
M. BURNS: Je voudrais que vous enregistriez le député de
Laurier, qui est debout.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Que ceux qui sont contre cet amendement
veuillent bien se lever, s'il vous plaft.
Alors, l'amendement est rejeté.
L'article 8 sera-t-il adopté?
M. CHARRON: Sur division.
M. BURNS: Sur division, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté sur division. Article 9?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 10?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 11?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 12?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 13?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 14?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 15?
M. BURNS: A l'article 15, M. le Président, je fais la même
motion.
M. CHARRON: Même amendement.
M. BURNS: Même amendement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Même vote.
M. PARENT (Hull): Même résultat.
M. BURNS: Je présume que le vote sera le même. Je ne veux
pas recommencer le débat, je considère que les raisons que
j'avais, même si on a été battus à deux contre je ne
sais pas combien...
M. VEILLEUX: 40.
M. BURNS: 40, je prends la parole du député de Saint-Jean.
Je pense que les mêmes raisons me motivent à faire le même
amendement à l'article 15:
Remplacer les mots "le lieutenant-gouverneur en conseil" par "le
tribunal du travail". Et, M. le Président, je considère, sans
plus de discussions, que le même résultat va arriver à
cette motion d'amendement...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Qu'il en soit ainsi.
M. BURNS: ... de sorte que l'article 15, en ce qui me concerne, devrait
être adopté sur division.
M. CHARRON: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Qu'il en soit ainsi. Article 16.
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 17.
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 18.
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 19.
M. CHARRON: Adopté. Article 20 également, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pardon?
M. CHARRON: Article 20 également, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, les articles 18, 19, 20,
adoptés. Article 21.
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 22: L'honorable
ministre propose l'amendement suivant, soit de remplacer le deuxième
alinéa par le texte qui suit...
M. CHARRON: C'est la même patente.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... "Ces stipulations sont signées
pour le gouvernement, sur autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil, par
la personne qu'il désigne." Cet amendement est-il adopté?
M. BURNS: Voulez-vous nous livrer la substance de cet amendement?
M. PARENT (Hull): Mutatis mutandis, comme à l'article 6.
M. CHARRON: C'est ça. Adopté. M. BURNS: Je comprends
bien.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 21, adopté tel
qu'amendé?
M. CHARRON: Ce n'est pas 21, c'est 22.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 22 c'est-à-dire.
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 23: L'honorable ministre propose, en
amendement, de remplacer le premier alinéa par le suivant, à
savoir: "Les associations de salariés faisant partie d'un même
groupement d'associations de salariés négocient et agréent
les stipulations à être contenues dans une convention collective
par l'entremise d'un agent négociateur nommé par leur
groupement." Et remplacer le deuxième alinéa par le suivant: "Les
associations de salariés qui ne font pas partie du même groupement
d'associations de salariés négocient et agréent les
stipulations à être contenues dans une convention collective par
l'entremise d'un agent négociateur qu'elles nomment." Cet amendement
est-il adopté?
M. CHARRON: Oui.
M. BURNS: Encore une fois, je voudrais avoir la substance de ces
amendements.
M. PARENT (Hull): Je pense qu'il y a une distinction que nous faisons
dans le premier alinéa à savoir que nous modifions "par
l'entremise d'un agent négociateur nommé par leur groupement" par
"les associations de salariés faisant partie d'un même
groupement." Dans le premier alinéa, c'est "le même" qui change,
pour permettre qu'à l'intérieur d'un même groupement,
puisqu'il y a des associations...
M. BURNS: Je ne vois pas cela dans votre amendement, moi. Est-ce que ce
sont les légistes qui vous ont suggéré un nouveau
texte?
M. PARENT (Hull): Bien...
M. BURNS: C'est ce que je veux savoir.
M. PARENT (Hull): Oui. Dans la deuxième ligne du texte
écrit, nous ajoutons "d'un même" au lieu "d'un groupement
d'associations de salariés", dans la deuxième ligne.
M. BURNS: Oui.
M. PARENT (Hull): Faisant partie d'un même groupement.
M. BURNS: Oui.
M. CHARRON: Ah! oui. d'accord.
M. BURNS: Je pensais que c'étaient des corrections de style que
vous faisiez tout simplement.
M. CHARRON: Non, cela n'ajoute pas grand-chose.
M. BURNS: Cela n'ajoute pas grand-chose, bon.
M. PARENT (Hull): Dans le deuxième alinéa, nous clarifions
la question des stipulations.
UNE VOIX: Très bien, adopté. M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alors, l'amendement est adopté.
L'article 23, adopté tel qu'amendé? Adopté. Article
24?
M. BURNS: M. le Président, voulez-vous rappeler le
député de Laurier à l'ordre. Depuis tout à l'heure
qu'il se mêle de choses qui ne le
regardent pas, surtout qu'il ne comprend pas, ce qui est encore plus
grave. Alors, M. le Président, je vous demande de le rappeler à
l'ordre. En ce qui me concerne, on a tenu, je pense, avec les ministres
concernés une discussion à un niveau qui sied à cette
Assemblée, puis j'ai l'intention de continuer à tenir une
discussion à ce niveau-là. Cela vise tout le monde dans
l'Assemblée nationale actuellement en commission
plénière.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre propose un amendement à
l'article 24, soit de remplacer le premier alinéa par le suivant,
à savoir: "Les établissements faisant partie d'un groupement
d'établissements négocient et agréent des stipulations
à être contenues dans une convention collective par l'entremise de
leur groupement". Aussi de remplacer le deuxième alinéa par le
suivant, à savoir: "Les autres établissements négocient et
agréent des stipulations à être contenues dans une
convention collective par l'entremise d'un groupement d'établissements
choisi par chacun d'eux". Cet amendement est-il adopté?
M. CHARRON: Adopté. M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. L'article 24, adopté
tel qu'amendé?
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 25?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 26?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 27?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 28?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 29?
M. CHARRON: Aussi, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 30?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 31?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Article 32?
M. BURNS: M. le Président, encore une fois, je ne fais pas
d'amendement, mais je demande au ministre de justifier l'article 32 qui pose le
même problème dans le domaine des organismes gouvernementaux ou
encore... Oui.
M. PARENT (Hull): Le député de Maisonneuve pourrait-il
regarder d'abord l'article 1 j)?
M. BURNS: Oui. On va regarder ça. Si je fais erreur, je vais
m'excuser, M. le Président. C'est possible que je fasse erreur; je n'ai
pas le monopole de la vérité. M. le Président,
malheureusement, je ne peux pas avouer que je suis coupable. Ce à quoi
le ministre me réfère, c'est au paragraphe j) de l'article 1.
J'invite le ministre à le lire et on va le lire ensemble. "Organisme
gouvernemental: tout organisme visé à l'annexe et tout autre
organisme que désigne le lieutenant-gouverneur en conseil pour
l'application de la présente loi". Ce que l'article 32 dit, c'est qu'il
peut exclure aussi un organisme.
M. PARENT (Hull): On peut en ajouter aussi.
M. BURNS: Bien, M. le Président, c'est ça que je veux
savoir.
M. PARENT (Hull): On peut en ajouter et en exclure.
M. BURNS: L'article 32 dit "peut exclure".
M. PARENT (Hull): Bien oui, par j) on peut en ajouter.
M. BURNS: On peut en ajouter, ce n'est pas grave. J'espère que
vous sentez la différence entre en ajouter, puis en exclure. En ajouter,
c'est permettre à des organismes du domaine public, qui ne sont pas
couverts actuellement, d'être couverts, ce qui en soi ne pose pas de
problème, en général.
Il y a même des organismes, actuellement, je peux vous parler de
la Commission de formation professionnelle, je peux vous parler d'autres
organismes parapublics le ministre est parfaitement au courant parce
qu'on en a discuté au niveau de la Loi du régime de retraite des
fonctionnaires qui voudraient être couverts par le régime
public actuellement. Que vous les incluiez, cela ne pose pas de
problème, mais qu'à un certain moment, vous décidiez, vous
le lieutenant-gouverneur en conseil, d'en exclure du champ d'application,
encore une fois, c'est intervenir de façon patronale, juge et partie,
dans le domaine des négociations parce qu'il y aura eu un organisme qui
s'appelle quel que soit le nom de l'organisme la
Commission de la fonction publique, ou que cela s'appelle le
commissaire-enquêteur ou l'enquêteur du tribunal du travail du
ministère du Travail...
M. CHARRON: La Régie du Grand Théâtre!
M. BURNS: Si vous commencez à exclure des organismes qui
déjà sont régis, à ce moment, je trouve que vous
vous donnez pas mal de pouvoir. Je trouve que c'est un pouvoir qui est
analogue, et on pourra recommencer le même débat qu'on a tenu
relativement aux articles 8 et 15.
Je conçois que le gouvernement puisse dire: A compter de
maintenant, des organismes gouvernementaux qui n'étaient pas
régis sont régis, ce que dit le paragraphe j) de l'article 1.
C'est un pouvoir que vous avez qui est normal, parce que vous passez du moins
au plus. Mais ce que nous dit l'article 32, c'est que vous voulez passer du
plus au moins. Là, il y a des personnes qui c'est ce qui est
grave peuvent avoir des droits acquis. Qu'advient-il de ces droits
acquis? La loi ne le dit pas, et le pouvoir discrétionnaire continue
d'exister. C'est ce que je me demande pour les mêmes raisons que je me
demandais cela, mais dans une application différente, aux articles 8 et
15 du projet de loi. Je me demande comment il se fait que l'employeur
décide, tout à coup... Encore une fois, si on était dans
le domaine strict des relations de travail, je suis sûr de la
réponse du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre si je lui posais
la question: Un employeur peut-il décider tout à coup que le
département de finition dans son usine ne fait plus partie de
l'accréditation?
Par analogie, c'est un peu ce que dit l'article 32. Le champ
d'application de la présente loi ne s'applique plus aux groupes auxquels
le lieutenant-gouverneur en conseil aura décidé, simplement, de
ne plus vouloir faire appliquer la présente loi.
M. PARENT (Hull): Ce n'est pas cela.
M. BURNS: C'est cela. Vous posez des règles, vous posez des
normes concernant les négociations collectives dans le secteur de
l'éducation, des affaires sociales, des organismes gouvernementaux et,
tout à coup, vous pouvez dire que la présente loi, qui pose des
règles, qui pose des normes, ne s'applique plus à des gens qui
sont régis par cette loi. Donc, vous changez le processus de
négociation, et ce qui m'inquiète, c'est le moment où vous
changez ce processus de négociation.
Je sais ce gouvernement qui est en face de nous capable d'une
indécence absolue, capable de changer cela en plein milieu des
négociations. On a eu l'exemple du projet de loi no 9 dans le domaine de
la construction où, en plein milieu des négociations, on a
décidé de dire qu'il n'y avait plus qu'une association syndicale
qui était capable de négocier, c'est-à-dire la
FTQ-Construction.
On a dit ça en plein milieu des négociations, alors qu'il
y avait des gens de la CSD, des gens de la CSN qui représentaient des
travailleurs de la construction. S'il y a un gouvernement qui est capable de
faire cela, moi je m'attends à n'importe quoi de lui. C'est possible,
à ce niveau. Vous savez ce qu'il est advenu. J'espère qu'on va
savoir ce qu'il va advenir de tout ça, avec la commission Cliche, dont
je n'ai pas le droit de parler, M. le Président. Je n'en parlerai pas.
Mais on sait fort bien que vous avez été capables de faire cela
dans un domaine aussi important et avec les problèmes que vous
connaissez du côté gouvernemental, qui existaient au moment
où vous avez pris le pouvoir et vous saviez ces problèmes. Si,
vous avez été capables, en cours de route, de changer le
processus des négociations, moi, je me dis: L'article 32, c'est un fusil
que je n'ai pas le droit de vous mettre entre les mains. Je ne suis pas
d'accord et je vais vous demander de supprimer l'article 32.
Je vous demande simplement de garder le pouver qui existe à
l'article 1 j) et de ne pas exagérer. C'est une chose que je n'ai pas
confiance de vous voir utiliser, l'article 32, parce que vous avez
derrière vous une histoire de cas qui ne m'incite pas à vous
laisser cette arme entre les mains.
M. PARENT (Hull): Je ne savais pas que le député de
Maisonneuve avait une crainte semblable à mon endroit.
M. BURNS: Quand je parle à vous, M. le ministre, je parle au
gouvernement dans son ensemble.
M. PARENT (Hull): M. le Président, j'ai l'impression que le
député de Maisonneuve n'a pas compris l'article. Dans cette
section qui concerne les organismes gouvernementaux, il s'agit encore une fois
pour le ministre de la Fonction publique d'agir comme coordonna-teur. Mais en
plus, parce que cette section concerne les organismes gouvernementaux, de
confier au ministre de la Fonction publique d'être partie aux
négociations, avec l'organisme en question.
L'article 1 j) permet d'en ajouter si la liste n'était pas
complète. L'article 32 permet, par exemple, d'en soustraire. Si j'avais
fait une demande au conseil des ministres d'ajouter tel organisme
gouvernemental pour lequel il y a de la négociation à faire et
qu'on réalisait par la suite, après avoir adopté
l'arrêté en conseil, que l'organisme ne peut pas être
assujetti à cause de sa loi constitutive, nous retirons cette
demande.
Le fait qu'il y ait retrait d'un organisme gouvernemental ne signifie
pas une perte de négociation; cela signifie tout simplement que le
ministre de la Fonction publique...
M. BURNS: Ce n'est pas cela que j'ai dit, M. le ministre.
M. PARENT (Hull): ... n'est pas partie à la négociation,
mais l'organisme est indépendant, à ce moment, pour faire la
négociation avec ses syndicats. Il ne s'agit pas d'un sauve-qui-peut
à savoir que nous allons limiter ou éviter de la
négociation dans un organisme quelconque. Cette section de la loi a pour
objet de permettre au ministre de la Fonction publique, comme
représentant du gouvernement, d'être partie à la
négociation avec l'organisme, mais pas pour le compte de l'organisme.
C'est l'organisme qui va négocier.
M. BURNS: Mon Dieu Seigneur! Cela me fait de la peine de vous dire cela,
vous avez l'air de ne pas comprendre. Vous n'avez pas l'air de comprendre que,
si vous agissez en vertu de l'article 32, vous changez le processus de
négociation. C'est possible que cela se fasse en cours de route.
C'est ça que je suis en train de vous dire. Il me semble que
c'est tellement évident. Je vous dis...
M. PARENT (Hull): ... le faire.
M. BURNS: ... que si je n'étais pas si "tough", je me mettrais
à brailler de vous entendre répondre à mes questions. Je
vous le dis. C'est à brailler de vous...
M. PARENT (Hull): C'est disgracieux.
M. BURNS: ... entendre répondre à ça. Le ministre
me dit: Bien, ce n'est pas ça que cela dit, l'article. L'article ne dit
pas ça. Je n'ai pas d'affaire à trouver ça extraordinaire
ce que j'exclus du champ d'application de cette section. Bien, le champ
d'application de cette section, c'est l'article 28 qui vous dit que vous, comme
chef du personnel du gouvernement, vous intervenez, vous êtes partie aux
négociations. A un moment donné, vous pouvez décider
vous-même, par l'entremise de votre grand "boss", c'est-à-dire le
bureau de direction qui s'appelle, soit dit en passant, le
lieutenant-gouverneur en conseil, encore une fois, "d'exclure du champ
d'application", c'est-à-dire de vous exclure c'est ça que
cela veut dire d'une négociation tout simplement alors qu'il y a
des prérequis, alors qu'il y a des règles qui sont
établies dans la loi. C'est toujours le même "moses" de principe
qui dit que vous n'avez pas le droit d'intervenir unilatéralement dans
une négociation. Vous n'avez pas le droit d'intervenir
unilatéralement dans des relations patronales-ouvrières dont vous
tenez un bout du bâton.
Ce n'est que ça, le principe. Si vous n'êtes pas capable de
comprendre ça, je ne suis plus capable de vous faire comprendre rien.
Qu'est-ce que vous voulez? Et je devrai conclure que vous ne comprenez
strictement rien en matière de relations
patronales-ouvrières.
M. PARENT (Hull): M. le Président, je voudrais bien que le
député de Maisonneuve sache que ceci n'a que pour effet de
couvrir un champ d'activité qui n'était pas couvert par le bill
46. La Loi de la Fonction publique continue de s'appliquer. Tous les
employés dans les organismes gouvernementaux, dont la loi constitutive
prévoit la nomination et le paiement, sont couverts par la Loi de la
Fonction publique, et le ministre de la Fonction publique est responsable de la
négociation dans ce secteur où ces employés sont
nommés et rémunérés selon la Loi de la Fonction
publique.
Il s'agit ici d'organismes gouvernementaux. Par exemple, il pourrait
bien s'avérer, à l'occasion, que la Société des
alcools du Québec ... Quand j'ai fait mon exposé, en
deuxième lecture, j'ai dit: Les organismes qui paraissent dans les
engagements du gouvernement, partiellement ou totalement, la
Société des alcools du Québec, à ce que je sache,
n'est pas un organisme dépendant du gouvernement comme tel.
C'est une société de la couronne, une
société à but lucratif qui n'émarge pas au budget
de la province. Il pourrait donc arriver qu'en cours de route la
Société des alcools, ayant fait toute sa structure de
négociation, dise: Nous voudrions... Il reste que c'est une entreprise
commerciale qui n'a aucun rapport avec la question de la fonction publique,
avec la question des affaires sociales ou avec la question de
l'éducation.
M. BURNS: M. le ministre, est-ce que vous avez envie de me dire que vous
n'êtes pas intéressé, comme ministre de la Fonction
publique au "pattern" de négociation on va utiliser les
expressions du milieu de la Société des alcools?
M. PARENT (Hull): Absolument. C'est pour cela que je l'ai
incorporée.
M. BURNS: Avez-vous envie de me dire que vous laisserez aller la
Société des alcools comme elle veut, dépasser vos
barèmes et fourrer vos négociations qui viennent? Bien, voyons
donc! Jamais !
M. PARENT (Hull): C'est pour cela qu'on l'a incorporée.
M. BURNS: Jamais.
M. PARENT (Hull): On l'a incorporée aussi.
M. BURNS: Bien oui. Si, à un moment donné, vous vous
extrayez de cette négociation, il faudrait au moins que cela se fasse
par des critères un peu plus objectifs que ceux que prévoit
l'article 32, s'il vous plaît.
M. PARENT (Hull): II pourrait y avoir, peut-être des
contestataires comme on en retrouve dans certains milieux. Il pourrait
arriver
qu'en vertu de la loi constitutive de la Société des
alcools du Québec ils puissent négocier sans la présence
du ministre de la Fonction publique en vertu de la loi, dépendant des
gens qui sont en place. Je ne dis pas que c'est une chose qui peut arriver,
parce qu'on peut dialoguer avec ces gens-là, mais ce sont des situations
qui peuvent se présenter et qu'on doit prévoir.
M. BURNS: Pourquoi avez-vous mis cela dans la loi, M. le ministre?
M. PARENT (Hull): Pardon?
M. BURNS: Pourquoi avez-vous mis cela dans la loi, l'article 32?
M. PARENT (Hull): L'article 32?
M. BURNS: Le législateur est censé être
intelligent.
M. PARENT (Hull): C'est au cas où on aurait
échappé...
M. BURNS: D'habitude, quand il légifère, c'est parce qu'il
pense à une situation soit passée, soit actuelle ou à une
situation qu'il prévoit. J'aimerais savoir quelle est la situation
passée, s'il en est une, actuelle, s'il en est une, ou éventuelle
qui justifie la venue, tout à coup, de l'article 32.
M. PARENT (Hull): C'est qu'on a fait une énumération,
parce que nous ne réussissions pas à trouver un texte qui nous
aurait permis de couvrir tous les organismes gouvernementaux, comme
définition. Comme tel, si j'avais perdu une brebis, je voulais la
récupérer.
M. BURNS: C'est le contraire. Vous voulez en échapper par
l'article 32.
M. PARENT (Hull): Cela peut être l'inverse aussi. Je peux en avoir
incorporé dans la liste.
M. BURNS: Article 1, paragraphe j).
M. PARENT (Hull); Je peux l'avoir incorporée dans la liste qui
est annexée...
M. BURNS: Non, non mais...
M. PARENT (Hull): ... et, en vertu de ces lois, je serais obligé
de la laisser aller.
M. BURNS: Non, non. Je vous parle de l'article 32 en particulier.
L'article 32 vous dit, tout simplement, que vous pouvez échapper cette
brebis, volontairement.
M. PARENT (Hull): Si par le paragraphe j) de l'article 1, je les ai fait
entrer, je ne peux pas les faire sortir.
M. BURNS: Vous voulez dire que vous en auriez trop pris à j)?
M. PARENT (Hull): Nous avons fait une liste assez... ce n'est pas une
liste qui a été complétée à la suite de la
revue de toutes les lois, parce que si je me fie à ce que je connais par
le Conseil du trésor, je pense que nous avons environ 175
sociétés, corporations, commissions, etc. Or, nous avons fait une
liste de ceux qui, croyions-nous n'étaient pas couverts ou dont les
employés n'étaient pas nommés et
rémunérés selon la Loi de la fonction publique.
Ceux-là, la Loi de la fonction publique en tient compte.
Nous avons voulu couvrir ici des employés et des organismes dont
les employés ne sont pas nommés et rémunérés
selon la Loi de la fonction publique. C'est ce que nous avons voulu couvrir par
cela.
Mais nous ne savons pas s'il y a oubli. C'est la raison du paragraphe
j). Il permet d'en rajouter, mais si, au moment où nous en rajoutons,
nous nous apercevons qu'il y a lieu d'en soustraire parce qu'ils ne tombent pas
sous notre juridiction, il faut pouvoir les sortir.
Je ne vois pas en quoi on peut ainsi brimer le droit d'un
syndiqué puisqu'il s'agit pour le ministre de la Fonction publique
d'être partie dans des organismes dont les employés ne sont pas
nommés et rémunérés selon la Loi de la fonction
publique.
M. BURNS: Mais c'est toute la différence...
M. PARENT (Hull): Cela n'empêche pas la négociation,
ça n'empêche pas la signature d'une convention collective,
ça ne fait perdre aucun droit ni à l'organisme ni au
salarié.
M. BURNS: C'est toute la différence entre penser à un
moment donné cela peut être stratégique du
côté patronal au point de vue du gouvernement être
régi par l'ensemble des conditions des négociations de la
fonction publique et tout à coup ne pas l'être. Nous pourrions
vous citer un cas, une histoire à Saint-Hilaire, le sucre
d'érable ou je ne sais pas trop quoi, à Saint-Hilaire, je ne me
souviens pas du nom, la betterave à sucre de Saint-Hilaire qui, à
un moment donné, a fait l'objet... Cela a été
interprété, il ne faut pas se le cacher, comme un geste
provocateur de la part du gouvernement, par les syndiqués. Je le dis en
toute liberté, je ne faisais aucunement partie du groupe qui
était concerné à ce moment-là. Mais ce sont des
détails comme ceux-là qui peuvent provoquer une attitude et une
atmosphère, vous avez l'air de l'oublier.
Le monde qui vous entoure je ne parle pas des
députés, je parle des fonctionnaires compétents qui vous
entourent, j'espère qu'ils m'entendent c'est d'une grande
importance, l'atmosphère qui va présider aux prochaines
négo-
dations. Je n'ai pas l'impression que le projet de loi no 95 favorise
cela s'il est utilisé au maximum. Ce n'est que cela que j'ai à
dire.
M. PARENT (Hull): M. le Président, je peux dire que dans les
trois secteurs avec lesquels je travaille depuis plusieurs mois, l'Education,
les Affaires sociales et la Fonction publique, la collaboration a
été plus qu'excellente. Nous avons d'excellents fonctionnaires,
dévoués, qui ont travaillé avec celui qui vous parle
à la rédaction de ce projet de loi. Ils sont conscients des
difficultés que nous pourrions rencontrer. Je pense...
M. BURNS: Je suis sûr que vous avez de bons fonctionnaires; c'est
grâce à eux que vous êtes un ministre montrable.
M. PARENT (Hull): Cela est peut-être l'opinion du
député de Maisonneuve, je ne sais pas si...
M. BURNS: Non, écoutez, je vous le dis.
M. PARENT (Hull): Je ne sais même pas s'il serait acceptable.
M. BURNS: Non et, si j'étais à votre place, je dirais
merci, grâce au fait que peut-être je serais un ministre montrable,
moi aussi. Non, je ne vous dis pas cela d'une façon péjorative,
c'est grâce à eux que vous êtes montrable comme ministre.
Parce que, écoutez, il y a tellement de problèmes dans
j'allais dire un mot méchant cette organisation; je dis tout
simplement ceci: C'est grâce à eux et vous devriez aussi tenir
compte de leur opinion de temps à autre.
M. PARENT (Hull): J'en ai tenu compte énormément, c'est
ça l'affaire.
M. BURNS: Oui.
M. PARENT (Hull): Mais le député de Maisonneuve
surtout...
M. BURNS: Je pense que vous tenez plus compte...
M. PARENT (Hull): ... devrait également faire confiance à
celui qui lui parle parce qu'il a tout intérêt à
régler les conventions collectives au cours de 1975 et sans qu'il y ait
de grève.
M. BURNS: Je n'en veux pas, moi non plus.
M. PARENT (Hull): Adopté.
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté.
M. PARENT (Hull): II faudrait changer le dernier numéro, je pense
qu'il était 36 au lieu de 33.
LE PRESIDENT (M. Gratton): C'est cela. Article 33, adopté?
M. CHARRON: Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté tel qu'amendé. L'annexe
est-elle adoptée?
M. CHARRON: Certainement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Est-ce que le titre est
adopté?
M. CHARRON: Bien sûr.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Ceci complète
l'étude...
M. BURNS: La couleur du papier aussi, M. le Président, toute
l'affaire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... article par article du projet de loi no
95, avec mes remerciements.
M. GRATTON (président de la commission plénière):
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la commission
plénière a adopté tous les articles du projet de loi no 95
avec certains amendements.
LE PRESIDENT: Est-ce que ce rapport est agréé?
M. BURNS: Oui, M. le Président. LE PRESIDENT: Merci,
messieurs.
M. LEVESQUE: Troisième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
LE PRESIDENT: Automatiquement.
M. LEVESQUE: Automatiquement. Le ministre des Affaires municipales
aurait un document à déposer, une annexe.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quand j'ai déposé ce
matin, en première lecture, le projet de loi no 98, les annexes
n'étaient pas jointes au texte qui a été distribué.
Alors, je les dépose; j'en ai deux exemplaires. La distribution se fera
demain matin.
M. BURNS: Merci.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement?
M. BURNS: Consentement, M. le Président. LE PRESIDENT: Annexes
déposées.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous allons mettre fin à nos
travaux et nous retrouver demain matin, à dix heures. J'en fais une
motion.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que le leader pourrait nous
donner quelques indications sur nos travaux demain matin?
M. LEVESQUE: M. le Président, les articles suivants: d), 2,
3...
M. BURNS: Article d) sous forme de deuxième lecture, parce que
c'est déjà déposé?
M. LEVESQUE: Cela a été déposé aujourd'hui.
C'est la deuxième lecture.
M. BURNS: D'accord, vous parlez du feuilleton d'aujourd'hui,
c'est-à-dire d'hier, il y a quelques minutes.
M. LEVESQUE: D'hier. Article d) et, à la page suivante, les
articles 2 et 3.
LE PRESIDENT: Demain matin? A quelle heure?
M. LEVESQUE: A partir de dix heures. Article 17.
M. BURNS: Article 17.
M. LEVESQUE: Oui. Article 15 et les autres articles qui ont
été adoptés ajourd'hui, mais dont il reste la
troisième lecture. Il y en a plusieurs, il y en a neuf.
M. BURNS: Pour les troisièmes lectures, M. le Président,
je peux vous assurer qu'on va être aussi peu loquaces que possible.
M. LEVESQUE: Je vous remercie.
M. BURNS: C'est simplement selon notre habitude. On va tout simplement
faire les remarques aux endroits où nous croyons qu'il y a des remarques
à faire en troisième lecture.
M. ROY: Au niveau des commissions parlementaires, demain matin, est-ce
que le leader parlementaire pourrait nous donner des indications?
M. LEVESQUE: Pourrais-je ajouter aussi les articles que nous avons
adoptés aujourd'hui et qui apparaissent en appendice dans le même
feuilleton, soit les projets de loi au nom du ministre de l'Agriculture et du
ministre de la Justice que j'avais omis de signaler? Je n'ai pas compris quelle
était la question du...
M. ROY: J'ai demandé quelles étaient les intentions du
gouvernement demain matin en ce qui a trait aux séances des commissions
parlementaires.
M. LEVESQUE: Je crois bien qu'on ne doit pas avoir fini de
délibérer.
M. ROY: La commission parlementaire des richesses naturelles et des
terres et forêts concernant Hydro-Québec est terminée sine
die.
M. LEVESQUE: Ah bon!
M. ROY: C'est terminé. Comme vous voyez, l'Opposition
collabore.
M. LEVESQUE: Dans ce cas, il y aura le projet de loi no 7 qui irait en
commission, suivi de près, je m'imagine, par les autres qui attendent
leur tour.
M. ROY: Est-ce que c'est l'intention du leader du gouvernement de faire
siéger la Chambre demain toute la journée?
M. LEVESQUE: Pas nécessairement et si nous disposons des projets
de loi en deuxième lecture, il est possible que nous ajournions la
Chambre pour avoir trois commissions qui siègent en même
temps.
M. ROY: D'accord.
M. CHARRON: Très bien.
LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à demain
matin, dix heures.
(Fin de la séance à 0 h 8)
ERRATUM
Dans le Journal des Débats du mardi 10 décembre 1974, 2e
colonne, 5e paragraphe 15e ligne
II aurait fallu lire:........................."incorporés pour
l'année 1974-1975"
Plutôt que:............................."incorporés pour
l'année 1973-1974" et plus loin :
II fallait lire:.........................."En revanche, pour
l'année 1975-1976"
Plutôt que:..........................."En revanche, pour
l'année 1974-1975"
ANNEXE Question de M. Bellemare (Johnson)
Le gouvernement a-t-il pris des dispositions pour que les biens-fonds
des compagnies soient assujettis à un taux d'impôt foncier
scolaire supérieur au taux d'imposition des biens-fonds des
particuliers?
Réponse de M. GoldbloomNon.
Question de M. Bellemare (Johnson) Le gouvernement
a-t-il donné suite à la recommandation XV-4 du rapport de la
Commission royale d'enquête sur la fiscalité relative à un
service de crédit municipal?
Réponse de M. Goldbloom Non.
Question de M. Bédard (Chicoutimi) 1. Les
esquisses du trajet de la route 6 dans la zone de Paspébiac sont-elles
arrêtées? 2. Si oui, ce trajet passe-t-il au travers ou en
périphérie de Paspébiac et le ministre peut-il
déposer le tracé exact? 3. Si non, quand ce trajet sera-t-il
déterminé et quelles consultations locales auront lieu à
ce sujet? 4. Quelle section locale de la voirie s'occupe de l'entretien
primaire des routes nationales dans ce comté? 5. Est-il exact que le
comté de Matapédia ne bénéficie d'aucune
équipe ordinaire et permanente d'entretien de voirie localisée
sur place?
Réponse de M. Mailloux 1. Les esquisses du trajet de la
route 132 (6) sont arrêtées. 2. Le réaménagement
proposé pour ce tronçon devrait se faire dans l'axe actuel, mais
le plan de dépôt n'est pas encore préparé. 3. Un
exposé du projet a été fait le 19 novembre 1974 au bureau
du Ministère des Transports de New-Carlisle. Etaient présents
à cette rencontre les conseils municipaux de New-Carlisle,
Paspébiac-ouest, Paspébiac-est, Hope-Canton; il n'y avait pas de
représentants de Hope-Town bien qu'ils fussent invités.
Copie de ces plans seront transmis prochainement à ces conseils
municipaux, afin qu'ils puissent informer la population et par la suite ils
nous feront part de leurs commentaires. La longueur du tronçon
traité est d'environ 15 milles et le calendrier de réalisation
devrait être respecté selon l'échéancier
prévu après acceptation des gens concernés. 4.
Ministère des Transports, district de New-Carlisle. 5. Entretien
d'été
Lac-au-Saumon 50 à 60 personnes*
Entretien d'hiver
Mont-Joli à Sayabec Outillage du ministère 5 personnes
Sayabec à Lac-au-Saumon Contrat à Lucien Michaud
Lac-au-Saumon à la limite du comté Contrat à
Matapédia Construction
Amqui à Causapscal
Contrat donné à la ville par le ministère * 1
contremaître 5 permanents 31 saisonniers 25 occasionnels