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(Quinze heures six minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
LE PRESIDENT: Le député de Taschereau.
Rapport sur le projet de loi no 64
M. BONNIER: Qu'il me soit permis c'est bien ça de
déposer le rapport de la commission élue permanente des affaires
sociales qui a siégé le mercredi 4 décembre 1974, aux fins
d'étudier, article par article, le projet de loi no 64, Loi modifiant le
régime de rentes du Québec, et l'a adopté avec un
amendement.
LE PRESIDENT: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Réimpression du projet de loi no 41
Ordre d'envoi en deuxième lecture
M. LEVESQUE: M. le Président, suite à la
réimpression du projet de loi no 41, je propose que le projet de loi no
41, tel que réimprimé, Loi modifiant la loi sur les services de
santé et les services sociaux, soit substitué au projet de loi
original, déposé, étudié en commission élue
et dont rapport a été fait, et que l'ordre d'envoi en
deuxième lecture s'applique au projet de loi
réimprimé.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Vote enregistré.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en faveur de la
motion du leader parlementaire du gouvernement veuillent bien se lever s'il
vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Mailloux, Saint-Pierre, Choquette,
Garneau, Cloutier, Phaneuf, Lalonde, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom,
Quenneville, Hardy, Tetley, Drummond, Lacroix, Forget, Vaillancourt, Cadieux,
Arsenault, Houde (Fabre), Desjardins, Giasson, Perreault, Brown, Fortier,
Bossé, Kennedy, Blank, Bédard (Montmorency),
Brisson, Séguin, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance,
Lamontagne, Ostiguy, Fraser, Picard, Gratton, Gallienne, Carpentier, Dionne,
Faucher, Harvey (Charlesbourg), Larivière, Pelletier, Shanks, Bellemare
(Rosemont), Bérard, Bonnier, Boudreault, Chagnon, Marchand, Leduc,
Caron, Côté, Denis, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe,
Lecours, Malépart, Massicotte, Mercier, Pagé, Parent
(Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif, Vallières, Verreault, Morin,
Burns, Léger, Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Samson, Roy,
Bellemare (Johnson).
LE SECRETAIRE: Pour: 82 Contre: 0
LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée. M. LEVESQUE:
Adopté.
LE PRESIDENT: Présentation de projets de loi au nom du
gouvernement.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons en appendice huit
projets de loi au nom du ministre du Revenu. Comme ils sont prêts et que
ça permettrait aux honorables députés d'en prendre
connaissance une journée plus tôt, je suggère que, du
consentement unanime, nous puissions procéder à la
première lecture de ces projets de loi.
M. ROY: M. le Président, je donne mon consentement pour que ces
huit projets de loi soient déposés, mais pas tout ce qu'il y a en
appendice. Il y a une motion en bas, en appendice, et je ne donne pas mon
consentement.
M. BURNS: M. le Président, nous sommes d'accord à ce que
les avis de motions et de questions qui sont en appendice soient inscrits une
journée d'avance. J'espère que, quant au projet de motion qui est
inscrit au nom de M. Levesque, ça devra lui indiquer le style de
collaboration qu'entend lui donner l'Opposition. Je pense, en particulier,
à la motion du leader du gouvernement. Relativement à la
possibilité de faire cette motion qu'on appelle traditionnelle, mais qui
est une motion d'accélération des travaux en fin de session, nous
sommes prêts, M. le Président, pour autant que le gouvernement,
d'ici à la fin de la session ne le fasse pas exprès pour nous
apporter des projets de loi à caractère contentieux, qui de soi
sont litigieux, qui de soi vont provoquer des débats longs, acerbes,
difficiles, acrimonieux...
M. BELLEMARE (Rosemont): Des menaces?
LE PRESIDENT: Oui, oui!
M. LEVESQUE: Comme s'il parlait à la Chambre de commerce.
M. BURNS: Je ne pose pas de condition M. le Président, à
mon consentement. Je donne mon consentement sans aucune condition, mais je le
teinte simplement de certaines conditions que j'aurais pu poser de cette
façon. Nous sommes d'accord à mettre de côté les
délais requis par notre règlement là-dessus, toujours dans
le but de prouver au leader du gouvernement qu'il deviendra, sans aucun doute,
inutile, si le gouvernement est efficace et dynamique comme il prétend
l'être, de proposer sa motion.
LE PRESIDENT: Si je comprends bien, il y a consentement pour adopter
l'appendice au complet?
M. ROY: Non.
M. BURNS: Non, il n'y a pas consentement pour adopter l'appendice.
LE PRESIDENT: II y a un appendice de trop.
M. MORIN: C'est une appendicite.
Projets de loi nos 67 à 74 Première
lecture
LE PRESIDENT: En ce qui concerne la première lecture des projets
de loi inscrits au nom du ministre du Revenu, est-ce que je pourrais proposer
qu'on regroupe la première lecture de tous les projets de loi dans une
seule motion? Bon. L'honorable ministre du Revenu propose la première
lecture de la Loi modifiant la loi du ministère du Revenu et la loi de
l'impôt sur la vente en détail; la première lecture de la
Loi modifiant la loi sur les impôts et la loi concernant l'application de
la loi sur les impôts; la première lecture de la Loi modifiant la
loi favorisant le développement industriel au moyen d'avantages fiscaux;
la première lecture de la Loi modifiant la loi autorisant le paiement
d'allocations à certains travailleurs autonomes; la première
lecture de la Loi modifiant la loi de l'assurance-maladie; la première
lecture de la Loi modifiant la loi des droits sur les successions; la
première lecture de la Loi modifiant la loi de la taxe sur les repas et
l'hôtellerie, la première lecture de la Loi modifiant la loi de la
taxe sur les carburants.
Est-ce que cette motion groupée de première lecture...
Oui, le ministre du Revenu.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, il s'agit tout
simplement d'amender nos lois, par les projets de loi nos 67 à 74
inclusivement, pour rendre légales les dispositions annoncées
dans le discours du budget de mon collègue, le ministre des Finances,
lors du dernier budget. Je recommande l'adoption en première lecture de
ces projets de loi.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Est-ce que ces huit motions de
première lecture sont adoptées?
M. MORIN: Agréé.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ces projets de loi.
First reading of these bills.
M. GRATTON: M. le Président, pourrait-on demander si cela
comptera pour huit votes ou pour un vote au dossier de chacun des
députés?
UNE VOIX: Huit votes.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: II y a huit votes.
LE PRESIDENT:
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
L'honorable ministre des Transports.
Traversiers Matane-Godbout et
Matane-Baie-Comeau
M. MAILLOUX: M. le Président, depuis plusieurs mois, le maintien
du service de traversiers Matane-Godbout et Matane-Baie-Comeau a fait l'objet
de préoccupations de la part du gouvernement du Québec. Ce
problème est devenu crucial en raison de la nécessité
d'établir un mode de gestion en vue de la mise en service du nouveau
traversier brise-glace Camille-Marcoux dont le coût a été
défrayé conjointement par les gouvernements fédéral
et du Québec.
Ce navire doit effectuer la liaison Matane-Godbout et Matane-Baie-Comeau
actuellement assurée par la Traverse Matane-Godbout Limitée.
Cette compagnie a été fondée en 1961, afin d'exploiter un
service de traversier entre Matane-Godbout et Matane-Baie-Comeau. Le service a
débuté en 1962 à la suite de l'acquisition par cette
compagnie du navire N.-A. Comeau.
En février 1962, le gouvernement du Québec ratifiait une
entente de cinq ans avec la Traverse Matane-Godbout, afin d'assurer le maintien
du service entre les deux rives et s'engageait à verser à la
compagnie une subvention maximale annuelle de $50,000 payable sur preuve de
déficit avec clauses de récupération pouvant atteindre
$40,000. Cette entente a expiré le 31 mars 1967. En 1966, à la
suite de la signature des ententes Canada-Québec pour l'Est du
Québec, la compagnie fit l'acquisition du navire Sieur-D'Amour. En avril
1968, le gouvernement du Québec renouvelait son accord avec la compagnie
pour une période de trois ans.
En mars 1970, le gouvernement du Québec
louait à la Traverse Matane-Godbout Limitée le navire
Manic pour une période de trois ans. Cependant la compagnie le remettait
au gouvernement québécois dès avril 1971. En avril 1971,
un troisième contrat de service était signé entre les deux
parties; ce contrat expirait le 31 mars dernier. Toutefois, il a
été prolongé en raison de l'incertitude des modes
d'exploitation du service de traversier jusqu'à ce que soit
déterminé le mode de gestion du navire Camille-Marcoux.
Dans le cadre des ententes Canada-Québec pour l'Est du
Québec, le gouvernement fédéral met à la
disposition du Québec une somme de $6 millions qui couvrira une partie
des coûts de construction du navire Camille-Marcoux, dont le coût
total de réalisation se chiffre par près de $11 millions. Afin
d'accueillir ce nouveau navire, le gouvernement du Québec a fait
construire à Matane un nouveau quai et modifier la rampe du quai de
Baie-Comeau. Ces travaux représentent un investissement de
$2,600,000.
D'autre part, un nouveau quai d'une valeur de $3 millions doit
être construit à Godbout. Dans une première étape,
le gouvernement du Québec prévoyait la conclusion d'une entente
avec la Traverse Matane-Godbout Limitée en vue de la gestion des
activités du navire Camille-Marcoux. Dans cette optique, le
ministère des Transports avait accepté de payer depuis le 1er
juillet dernier le salaire de quatre employés de cette compagnie aux
chantiers de construction du navire Camille-Marcoux dans le but
d'entraîner une partie de l'équipage en vue de l'exploitation du
nouveau traversier.
De plus, le gouvernement québécois avait indiqué
son intention d'assurer lui-même le service de traversiers
Matane-Godbout, Matane-Baie-Comeau après une période de deux ou
trois ans. Depuis plusieurs mois, de nombreux organismes, conseils municipaux,
CRD, chambres de commerce ont réclamé la nationalisation du
service de traversiers Matane-Godbout et son exploitation par la
Société des traversiers du Québec. En vertu de la loi 5,
adoptée par l'Assemblée nationale le 31 juillet dernier, cette
société a le pouvoir de prendre en charge toutes les traverses du
Québec soit par négociation ou par expropriation.
Après avoir analysé ces diverses revendications et
procédé à une évaluation de la qualité du
service à maintenir, le gouvernement du Québec a
décidé de prendre en charge, dans le plus bref délai, le
service de traversiers Matane-Godbout et Matane-Baie-Comeau. En raison de
l'ampleur du débat populaire favorisant cette nationalisation, cette
solution ne cause peut-être pas une grande surprise. Par ailleurs,
diverses hypothèses s'offraient au gouvernement en vue de la prise en
charge de ce service: achat d'actions de gré à gré, achat
d'actifs de gré à gré, expropriation. Pour sa part, la
compagnie avait déjà indiqué au ministère des
Transports son évaluation de ses actions. Cependant, l'écart
entre cette évaluation et celle de nos conseillers techniques,
relativement à leur valeur réelle, est telle qu'il nous a
semblé approprié et juste pour les deux parties de
déférer tout désaccord profond au tribunal des
expropriations.
En conséquence, nous avons décidé d'acquérir
immédiatement, par expropriation ce qui a été fait
ce matin les actifs de la Traverse Matane-Godbout Limitée. La
prise de possession des navires de la Traverse Matane-Godbout Limitée
est l'amorce d'une passation des pouvoirs de cette société
à la Société des traversiers du Québec,
société déjà nantie de tous les pouvoirs pour
prendre la relève. Nous désirons ainsi minimiser les
difficultés éventuelles en vue du maintien du service au cours
des prochaines semaines en mettant les parties intéressées devant
un fait accompli.
A la suite du geste que nous posons aujourd'hui, il ne reste plus aux
parties qu'à négocier de gré à gré
l'acquisition d'autres actifs non visés par l'expropriation et à
considérer les dernières modalités de la transaction. Dans
l'immédiat, nous espérons que la Traverse Matane-Godbout
Limitée assurera le service des traversiers selon les modalités
du permis qu'elle détient auprès de la Commission des transports
de Québec jusqu'à ce que des ententes formelles soient conclues
relativement à la prise en charge du service par la
Société des traversiers du Québec.
D'autre part, nous sollicitons la collaboration du Syndicat des
employés de la Traverse Matane-Godbout. Limitée afin que la
passation des pouvoirs se concrétise le plus aisément
possible.
De notre côté, nous respecterons la convention collective
déjà signée avec les propriétaires actuels.
Finalement, nous tenons à dissocier, de façon claire,
l'idée de nationalisation de celle de gratuité du service de
traversiers Matane-Godbout, Matane-Baie-Comeau. En effet, la nationalisation de
la Traverse Matane-Godbout Limitée ne signifie nullement l'instauration
prochaine d'une politique de gratuité entre Matane et Godbout. Par
conséquent, nous nous soumettrons aux décisions
ultérieures de la Commission des transports, à laquelle une
demande de hausse de tarifs a déjà été soumise. A
la suite de la première année d'exploitation du service par la
Société des traversiers du Québec, nous serons en mesure
de mieux apprécier cette tarification.
Nous croyons que ces décisions ont été prises en
fonction d'une saine gestion du service de traversiers entre Matane-Godbout et
Baie-Comeau et dans le meilleur intérêt de la population.
LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, j'ai l'intention de limiter mes
observations aux trois points principaux de cette déclaration
ministérielle, d'abord la nationalisation, ensuite l'expropriation et,
enfin, la gratuité.
M. le Président, il y a quelques semaines, naissait sur la
Côte-Nord un comité...
UNE VOIX: Question.
M. BURNS: M. le Président...
M. LESSARD: Le député n'a pas compris qu'il s'agit d'une
déclaration.
LE PRESIDENT: D'accord.
M. LESSARD: M. le Président, il y a quelques semaines, naissait
sur la Côte-Nord un comité qu'on a appelé STOP qui se
traduisait par le Service de traversiers opérés publiquement. Il
y avait des gens de tout l'Est de Québec qui étaient
représentés à ce comité, en particulier des
régions de Rimouski, de Matane et de la Côte-Nord. L'un des
objectifs que poursuivait ce comité était justement d'en arriver
à la nationalisation du service de traversiers Matane-Godbout et
Matane-Baie-Comeau. C'est donc dire, M. le Président, que la
décision prise par le ministre des Transports et par le gouvernement du
Québec ne peut que nous réjouir et réjouir toute la
population de l'Est du Québec. En effet, il s'agissait d'un service
essentiel et nous ne comprenions pas que le gouvernement puisse exploiter ce
service.
Nous avons pu constater, il y a quelques semaines, lorsque la compagnie
Matane-Godbout a demandé une augmentation des tarifs à la
Commission des transports, que cette compagnie faisait des profits
considérables, avait un appétit constant et exigeait de nouveau
une augmentation des tarifs.
Devant ces faits, nous ne pouvons, encore une fois, qu'être
d'accord sur la décision du ministre. D'autre part, il était
difficilement admissible, le gouvernement du Québec ayant
subventionné, ayant financé, dis-je, la construction du bateau
Camille-Marcoux au coût de $11 millions, dont $6 millions avaient
été versés par le gouvernement fédéral, que
ce bateau puisse être exploité par une compagnie
privée.
Donc, je pense que c'était la décision la plus logique que
le gouvernement avait à prendre. Je suis assuré qu'il obtiendra
l'appui de la population sur ce terrain.
En ce qui concerne l'expropriation, je ne sais pas quelles sont les
offres qui ont été faites par le gouvernement du Québec,
cependant, j'aurais aimé les connaître. On m'a dit que les
exigences de la compagnie étaient très fortes et je pense que,
pour rendre justice à l'un comme à l'autre, l'expropriation
s'impose.
En ce qui concerne la gratuité du service, je suis d'accord: il
serait probablement hasardeux de se risquer, au moment où on commence
l'exploitation de ce système de traversier, de s'engager
immédiatement à rendre ce service gratuit. Je suis
complètement d'accord avec le ministre sur le fait qu'il y a une
distinction à faire entre la nationalisation et la gratuité.
Cependant, je souhaite qu'après une année d'exploitation,
tel que le prévoit le ministre, on puisse en arriver à des taux
qui seront beaucoup plus bas que ceux qui ont été
pratiqués jusqu'ici afin de permettre, justement, pour toute la
région de l'Est du Québec, un meilleur développement
industriel et un meilleur développement touristique. On sait qu'il
s'agit là d'un traversier qui est fort important pour l'un et l'autre
des objectifs que nous poursuivons sur la Côte-Nord comme dans toute la
région de l'Est du Québec.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, l'été dernier, lorsque
nous avons étudié le projet de loi no 5, qui permet au ministre,
actuellement, d'entrevoir cette nationalisation, j'ai eu l'occasion de faire
ressortir que, quant à nous, une question se posait.
Il s'agissait de savoir si nous devions considérer l'entreprise
privée pour ces questions ou encore si le service à donner au
public ne justifiait pas, dans des conditions comme celle des traversiers, par
exemple, d'en arriver sinon à la nationalisation, au moins d'envisager
dans le futur, pour des services à être donnés, que cela
soit fait par le gouvernement.
Il se trouve, M. le Président, que ce qui nous intéresse
avant tout, c'est le meilleur service possible à être donné
au public, et un service de traversiers n'est pas nécessairement un
service qui peut être rentable, qui peut produire des profits. Donc,
c'est un service au public à but non lucratif. Dans les circonstances,
déjà nous savons, que ce soit le traversier de Matane, Godbout et
Baie-Comeau ou les autres traversiers, qu'ils sont obligés de faire
appel à des subventions de l'Etat. Il nous paraît que, dans
plusieurs cas, il pourrait être possible que ces subventions de l'Etat
soient des subventions à des services médiocres ou encore des
subventions directes au profit, ce qui ne doit pas être le cas quand
c'est un service au public comme celui-là.
Evidemment, il n'y a pas tellement de possibilité de concurrence.
Donc, la libre concurrence ne peut pas être le régulateur valable
dans ces circonstances. C'est pourquoi, d'ailleurs, nous avions donné
notre consentement au projet de loi no 5, qui a été adopté
le 23 juillet dernier en troisième lecture, à l'unanimité
de l'Assemblée nationale. Par ce projet de loi, nous donnions au
ministre ces pouvoirs de nationaliser certains services.
Maintenant il reste à savoir si la nationalisation permettra une
nette amélioration du service, ce que j'espère et ce que,
cependant, le ministre aura à prouver une fois que la nationalisation
sera faite. Nous espérons que ce service sera grandement
amélioré. C'est l'occasion, en tout cas, pour le
ministère, de faire la preuve d'une possibilité
d'amélioration du service par cette nationalisation avant d'en entrevoir
et d'en entreprendre d'autres.
Si la preuve est faite, à ce moment-là il y aura
peut-être justification pour envisager de nationaliser d'autres services
de traversiers actuellement existants et aux mains de l'entreprise
privée. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT: Dépôt de documents.
Avant de passer à la période des questions, I should like
to point out the presence in the galery of the Honourable Claude Bennett,
Minister of Industry and Commerce and also responsible for Tourism in our
neighbour Province of Ontario. Bienvenue au Québec.
Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Industrie des textiles
M. MORIN: M. le Président, ma question est destinée au
ministre de l'Industrie et du Commerce, dont je salue la présence. Il y
a trois jours que je l'attends pour lui poser cette question.
DES VOIX: Ah! Ah!
LE PRESIDENT: Messieurs, messieurs!
M. MORIN: Dans le domaine des textiles, en raison de l'importation
massive et croissante de produits en provenance de l'étranger, et
notamment de produits japonais, il y a eu, au Québec, au cours des six
derniers mois, 1,200 à 1,300 mises à pied de travailleurs ainsi
que fermeture de deux usines.
En outre, les salaires dans cette industrie sont très bas. Des
conflits de travail très pénibles s'y prolongent, comme dans le
cas de la Pennman's, à Saint-Hyacinthe, où la grève dure
depuis six mois.
Le ministre peut-il nous dire quelles sont les pressions, les
démarches qu'il a pu faire auprès du gouvernement canadien pour
qu'il protège mieux l'industrie du textile devant l'invasion des
produits de l'étranger?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, on me permettra peut-être
de commenter la première partie de la question. Je vais donner mon
agenda au chef de l'Opposition; les trois derniers jours...
M. MORIN: Je suis heureux de vous voir.
M. SAINT-PIERRE: ... j'étais à la conférence des
ministres de l'Industrie et du Commerce qui avait lieu à Saint-Jean,
Terre-Neuve. Je suis debout depuis cinq heures ce matin, et si cela peut vous
satisfaire, je vais vous envoyer mon agenda.
A la question spécifique du textile justement, durant cette
conférence, il y a eu échange de certains documents avec les
collègues d'autres provinces, particulièrement ceux de l'Ontario
qui sont également touchés par ce problème de l'industrie
des textiles. Il y a eu également des échanges de correspondance
et des discussions au niveau des hauts fonctionnaires avec ceux du gouvernement
canadien, le Conseil canadien des textiles qui a la responsabilité
d'établir certains quotas. Des rencontres sont prévues au cours
de la semaine prochaine pour tenter de modifier ou d'apporter des correctifs,
bien qu'il n'y ait pas eu unanimité complète à
l'intérieur du secteur industriel sur les mesures qui devaient
être prises et l'ampleur de ces mesures. Dans le passé, lorsque
ces mesures ont été trop sévères, elles ont
invariablement conduit les pays étrangers à prendre des mesures
semblables vis-à-vis des textiles que nous exportons. Et en regardant
les statistiques on se rend compte que si, dans certains cas, comme les
chemises et autres choses semblables, il y a des importations massives des
Japonais, dans d'autres secteurs, en particulier les produits finis, les
complets et autres, il y a également des exportations importantes du
Canada vers ces autres pays.
La semaine prochaine, au niveau des hauts fonctionnaires, donc, des
rencontres à un stade terminal doivent tenter de définir une
politique sur ce point des trois gouvernements: le Québec, l'Ontario et
le fédéral.
M. MORIN: En question supplémentaire, compte tenu du fait que, la
semaine prochaine, il y aura rencontre à ce sujet, le ministre
pourrait-il nous donner une idée de la politique que son
ministère compte mettre de l'avant dans ce domaine auprès du
Conseil canadien des textiles, ainsi qu'auprès des organismes
fédéraux qui sont chargés de déterminer les droits
de douanes, les quotas? Et le ministre pourrait-il nous décrire, en
somme, la position du Québec, à l'égard des
négociations du GATT qui vont porter en particulier sur les textiles?
Votre ministère a-t-il déjà une position ferme dont vous
puissiez nous faire part?
M. SAINT-PIERRE: Sur les négociations du GATT, M. le
Président, il y a toute une équipe de fonctionnaires. Et vous le
savez c'est un autre sujet à l'étude, dans nos discussions
pour la première fois les provinces ont une représentation
particulière et collaborent à l'élaboration d'une position
canadienne, particulièrement en vue que le Canada, dans ses
négociations, prenne des engagements vis-à-vis de l'abaissement
de barrières non tarifaires.
Comme la plupart de ces barrières non tarifaires sont du ressort
des provinces on parle de programmes d'incitation, on parle des
politiques d'achats et d'autres mesures semblables il est donc essentiel
pour le gouverne-
ment fédéral d'obtenir une bonne collaboration des
provinces. En janvier prochain, nous devons soumettre au conseil des ministres
un document final sur certains points de vue que nous allons faire valoir dans
la période de préparation de la position canadienne. Nous
rendrons publiques ces positions; elles seront déposées ici,
comme la Chambre ne siégera pas, dès la reprise de la session,
mais il me fera plaisir de les envoyer au chef de l'Opposition.
Entre-temps, pour le secteur des textiles, je pense qu'avec beaucoup de
satisfaction il faut dire que le gouvernement du Québec n'y a pas vu,
comme première priorité, des mesures négatives,
c'est-à-dire des quotas ou des barrières tarifaires. Il a
tenté plutôt d'orienter son action vis-à-vis des mesures
plus positives et, en particulier, les programmes de "design", les programmes
d'aide à l'exportation, de stimulants à l'exportation que nous
avons entrepris au début des années soixante-dix les
programmes Montréal-Mode n'en étant qu'un élément
ont donné des résultats. Il suffira d'examiner les
statistiques. Alors qu'il y a à peine cinq ou six ans on
prédisait la mort de l'industrie du vêtement à
Montréal même, aujourd'hui il faut déplorer que l'absence
de croissance de cette industrie provient d'un manque de main-d'oeuvre,
beaucoup plus que d'un manque de débouchés. C'est donc dire que
notre industrie s'est transformée substantiellement. Je vous signale en
particulier le niveau très élevé de nos exportations vers
les Etats-Unis; alors qu'en 1968 je cite de mémoire nos
exportations étaient de l'ordre de $4 millions, l'an dernier, elles ont
dépassé, je pense, $60 millions. Cela montre l'évolution
très rapide dans ce secteur grâce à des programmes de
"design", à des programmes d'exportation, en fait à des mesures
positives pour rendre l'industrie plus concurrentielle.
LE PRESIDENT: Dernière?
M. MORIN: Oui, dernière question.
LE PRESIDENT: Dernière question.
M. MORIN: Le ministre admettra que la fermeture de deux usines, ce n'est
quand même pas ce qu'on pourrait appeler "un résultat". J'aimerais
lui poser une autre question: Quelles raisons ont été
invoquées par le gouvernement fédéral ou par les
organismes fédéraux concernés pour justifier la
libéralisation des échanges dans ce domaine précis des
textiles? Le ministre pourrait-il rapidement brosser un tableau de ces raisons
et nous dire quels sont les raisons que le pouvoir fédéral avait
à l'esprit? En faisant des concessions dans le domaine des textiles, il
devait nécessairement, probablement, favoriser d'autres secteurs. Quels
sont les secteurs qu'Ottawa a voulu favoriser?
M. SAINT-PIERRE: Non, le pouvoir fédéral et, à ce
point de vue, toutes les provinces canadiennes sont favorables à la
position de base voulant qu'une libéralisation du commerce international
soit à l'avantage de la croissance du Canada et à l'avantage des
consommateurs canadiens qui peuvent alors profiter de produits qui sont faits
à meilleur marché, qui leur coûtent moins cher dans leur
budget. Je pense que, dans ce secteur comme dans d'autres, en matière
politique, on ne peut pas regarder le gâteau et le manger en même
temps. On ne peut pas dire: On est favorable à une libéralisation
du commerce international parce qu'on veut que les produits canadiens
pénètrent des marchés étrangers... Qu'on pense
à notre papier journal, à notre papier fin, enfin on pourrait
donner toute la liste des secteurs; rappelons-nous que le niveau de nos
exportations est une proportion très importante de notre produit
national brut.
Alors, partant de ce principe que nous sommes favorables à la
libéralisation du commerce international, un des premiers secteurs, bien
sûr, qui étaient visés était celui des textiles.
Dans une large mesure, c'était pour permettre aux pays du Tiers-Monde,
il ne faudrait pas l'oublier, qui, eux aussi, veulent avoir une place au soleil
en matière d'industralisation... Le secteur des textiles est
peut-être un des secteurs qu'il est plus facile pour eux de
conquérir. Alors, nous avons accepté de spécialiser
davantage nos secteurs industriels, de renouveler notre machinerie. Je vous ai
donné les chiffres pour montrer la croissance que nous avons eue dans ce
secteur. Bien sûr, il a pu y avoir des industries qui n'ont pas voulu se
réadapter ou des régions qui en ont été
éprouvées, mais en général il y a eu
néanmoins croissance. Cela s'inscrivait dans un contexte de
libéralisation du commerce international, une politique que le
gouvernement fédéral et, je dois dire, à cet égard,
le gouvernement du Québec partagent entièrement. A ma
connaissance, c'est également la position du document économique
du parti de l'Opposition.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Transport du papier entre Baie-Comeau et
Québec
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Transports et concerne un autre service de traversiers. Vous me permettrez
un court préambule. En date du 20 novembre 1974, la compagnie
Québec North Shore annonçait son intention d'assumer le transport
de son papier journal en exploitant ou en créant un nouveau service de
traversiers entre Baie-Comeau et Québec.
Est-ce que le ministre des Transports peut nous dire s'il a l'intention
de s'opposer à ce nouveau service de traversiers, puisque, comme
le disait le ministre responsable de l'ODEQ, ça irait à
l'encontre du développement régional des régions de l'Est
du Québec et à l'encontre d'une décision de la Commission
des transports qui confiait l'exploitation d'un service de traversiërs par
bateau-rail entre les deux rives à la compagnie COGEMA?
M. MAILLOUX: M. le Président, dans la demande qui avait
été faite par la société COGEMA pour un permis de
traversier-rail entre Matane et Baie-Comeau, il avait été
indiqué clairement par COGEMA qu'elle avait besoin d'obtenir un volume
de 30,000 tonnes, si ma mémoire est fidèle ça peut
être 40,000, mais il me semble que c'est 30,000 tonnes de
marchandises venant de la compagnie QNS. Le gouvernement du Québec, par
la voix du premier ministre ou par la voix de mon collègue, le
député de Joliette, a toujours maintenu cette attitude d'inviter
la compagnie à expédier son papier par la rive sud, mais, si elle
n'y donnait pas suite, au moins de satisfaire aux exigences de COGEMA quand
elle a fait sa demande d'un permis devant la Commission des transports.
Depuis cette date, j'ai appris par différentes sources que la
compagnie QNS était intéressée à expédier
son papier par le port de mer de Québec. Incidemment, l'on sait qu'un
débarcadère est en construction ici. Il me semble avoir
déjà indiqué également que le gouvernement du
Québec ne pourrait empêcher la compagnie QNS de transporter du
papier vers Québec pour autant qu'elle le ferait en compte propre sur
son propre navire. J'ai été averti officieusement par certains de
mes officiers que la QNS s'apprêtait à louer d'Incan Ships,
semble-t-il, un navire construit par cette dernière et qu'avec un permis
de location elle pourrait faire du compte propre. Je ne voudrais pas me
prononcer à ce moment-ci, à savoir si la loi permettrait à
une telle compagnie de louer un navire pour faire du compte propre. Je pourrai
donner une réponse ultérieurement, car j'ai besoin de consulter
mes conseillers juridiques.
M. LESSARD: Mais le communiqué indique qu'il s'agit d'une entente
entre le Pacifique Canadien et la Québec North Shore. Est-ce que le
ministre, tel qu'il l'a déjà annoncé lorsqu'il a
affirmé en Chambre qu'il pourrait aller jusqu'à la saisie du
bateau, a encore les mêmes intentions et est-ce que le ministre,
étant donné, comme je le disais, que ça va à
l'encontre des politiques régionales, en collaboration avec le ministre
responsable de l'ODEQ, a l'intention de s'opposer avec fermeté,
puisqu'il l'a fait en ce qui concerne la nationalisation tout à l'heure,
à l'exploitation d'un service de traversiërs par bateau-rail entre
Baie-Comeau et Québec par la compagnie multinationale Québec
North Shore?
M. MAILLOUX: M. le Président, il ne s'agit pas de savoir si c'est
une compagnie multinationale ou non. J'ai déjà affirmé
publiquement qu'une compagnie qui voudrait faire du transport par
traversier-rail devrait détenir un permis de la Commission des
transports du Québec ou autrement posséder son propre navire pour
faire du compte propre, ce que la Commission des transports ne pourrait
empêcher. J'ai dit tantôt que j'avais besoin d'être
informé plus valablement à savoir si, quand une compagnie loue un
bateau, on peut également penser que c'est du compte propre. Mes
connaissances légales sont à ce point limitées que j'ai
besoin d'être mieux informé.
Il y a peut-être une autre possibilité dont on a
déjà discuté: c'est que si le Pacifique Canadien ou le
Canadien National, à même leur charte fédérale, en
prolongement des voies ferrées, avait décidé de faire
construire au nom propre des compagnies CP ou CN des navires pour prolonger les
voies ferrées par des traversiers-rail, je ne pense pas que la
Commission des transports ou le gouvernement du Québec auraient pu s'y
opposer.
Cela aurait été le prolongement d'un service par rail,
mais je ne suis pas informé sur quelque chose qui est quand même
aléatoire actuellement. On n'a pas été informé
valablement et officiellement que la compagnie agirait de cette façon,
mais, entre-temps, je vérifierai si une location pourrait permettre que
ce soit considéré comme du compte propre. En me
référant au compte propre quant au camionnage en vrac, comme il y
a un important débat actuellement là-dessus et que nous attendons
une décision de la Commission des transports, j'ai besoin de
connaître également de la commission ce qu'elle en pense, ainsi
que des conseillers juridiques du ministère.
M. LESSARD: Une dernière question additionnelle.
LE PRESIDENT: Dernière question additionnelle.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre voudrait dire que le gouvernement du
Québec n'a aucun contrôle sur les communications internes et va
être obligé de se soumettre à une décision d'une
compagnie multinationale qui risque de mettre en déficit une autre
compagnie?
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai dit que si ça ne
répondait pas aux exigences du Québec, à
l'intérieur de notre juridiction, je protesterais par les moyens qui
seront à ma disposition. Si ça répondait, par contre, aux
exigences actuelles des permis de transport, il ne resterait au
ministère des Transports qu'à accepter la situation. Si ça
va à l'encontre des lois du Québec, le gouvernement du
Québec se prononcera.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Commission Cliche
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre de la Justice. Je voudrais lui demander s'il a eu
l'occasion de prendre connaissance de certaines déclarations faites par
l'ambassadeur syndical québécois en Haiti, M. André
"Dédé" Desjardins, selon lesquelles le roi de la construction
aurait dit, s'il advient qu'il veuille retourner la balle à ses
détracteurs, que cela pourrait amener certains politiciens, des gens du
monde patronal ou syndical à rêver de quitter le
Québec.
Comme ce genre de déclaration peut laisser planer des
soupçons sur l'intégrité de certains membres du Parlement
et d'autres personnes concernées, est-ce que le ministre de la Justice
peut nous dire s'il est assuré que des dispositions seront prises pour
que ce personnage soit amené devant la commission Cliche comme il se
doit?
M. CHOQUETTE: M. le Président, le député de
Rouyn-Noranda est un député trop propre pour tomber dans le jeu
du député de Maisonneuve et faire des insinuations qui salissent
ses collègues. Aussi, je ne lui reproche pas...
M. SAMSON: M. le Président, je pose la question de
privilège. J'ai le droit de la poser, M. le Président.
M. HARDY: II est en train de vous faire des compliments.
M. SAMSON: Tout ceci pour dire que j'ai l'impression que le ministre m'a
mal interprété. Je n'ai pas l'intention de tomber dans quoi que
ce soit qui n'est pas dans mes habitudes.
M. CHOQUETTE: C'est ce que je voulais dire.
M. SAMSON: Ce que je veux dire par ceci, c'est que ce genre de
déclaration peut laisser planer des soupçons quant à
l'intégrité de certains membres du Parlement; c'est pourquoi je
pense qu'il faut agir.
M. CHOQUETTE: En effet...
M. BURNS: M. le Président, question de privilège. Toutes
les fois - et le premier concerné est le ministre de la Justice - que
j'ai posé des questions, j'ai demandé même au ministre de
la Justice de me prouver que j'avais tort de poser des questions salissantes,
comme il dit. Lui, il pense que c'est salissant. Moi, je pense que c'est
épurant; pas épeurant, épurant. Je pense que le premier
qui devrait être gêné de faire du "cover up", c'est le
ministre de la Justice lui-même, qui, depuis le début de l'affaire
Saulnier...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! J'ai permis votre question de
privilège, mais vous allez reconnaître avec moi que votre
deuxième soulèverait un débat.
M. BURNS: D'accord, M. le Président, mais vous allez
reconnaître aussi que le ministre de la Justice n'a pas le droit...
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
LE PRESIDENT: Un instant! A l'ordre, messieurs! Sur la question de
privilège.
M. BURNS: Le ministre de la Justice n'a pas le droit de m'accuser de
faire du salissage. C'est très facile de dire ça mais si vous
voulez que j'en fasse, du salissage, je vais faire du salissage quant à
ce que le ministre de la Justice n'a pas fait alors que, normalement, il devait
le faire. Cela, si vous voulez que je le fasse, M. le Président... Je
sais que vous ne m'y autoriserez pas, je ne le ferai pas, mais ne lui permettez
pas, je vous le demande, M. le Président, de m'accuser de faire du
salissage. Cela, c'est une autre affaire.
M. CHOQUETTE: M. le Président, la campagne de salissage du
député de Maisonneuve est tellement dégoûtante que
je le mets en demeure de porter des accusations contre le ministre de la
Justice, s'il en a à porter.
M. BURNS: M. le Président...
M. CHOQUETTE: Je me défendrai devant la Chambre.
M. MORIN: Mettez-le en demeure de déposer les rapports.
M. CHOQUETTE: Je mets le député de Maisonneuve en demeure
de soutenir ses accusations.
M. BURNS: M. le Président, question de privilège.
UNE VOIX: Qu'il retire ses paroles.
M. BURNS: Je vous mets en demeure de déposer le rapport Chaloux,
je vous mets en demeure...
LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre, messieurs, à l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce qu'on
pourrait revenir à la question de l'honorable député de
Rouyn-Noranda?
M. CHOQUETTE: M. le Président, je ne veux pas soulever de
débat et je vais garder mon calme. Je vais simplement dire ceci pour
clore cette discussion. Si le député de Maisonneuve a des
reproches à faire au ministre de la Justice, il n'a qu'une chose
à faire, porter des accusations
contre lui et je répondrai devant mes collègues. C'est
tout ce que j'ai à dire.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: Ceci étant dit, M. le Président, je sais que
le député de Rouyn-Noranda ne se chauffe pas du même bois
que le député de Maisonneuve. Cela me fait plaisir de
répondre à sa question.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: Mais je voudrais quand même, d'une certaine
façon...
Je ne pense pas que le député de Rouyn-Noranda rejoigne le
parti réformateur, à ce que l'on m'a dit. Ce n'était pas
une allusion à notre ancien collègue.
LE PRESIDENT: Bon.
M. CHOQUETTE: M. le Président, ce n'est pas ma faute si mes
propos provoquent l'hilarité dans cette Chambre. Je ne peux pas
m'empêcher d'avoir le sens de l'humour.
Ceci étant dit, je dirai au député de Rouyn-Noranda
qu'il y a beaucoup de gens qui discréditent les hommes publics, de nos
jours. Ceci est très malheureux, mais cela fait partie un peu de la
société dans laquelle nous vivons. Comme hommes publics, je pense
que nous y sommes exposés et que nous acceptons, d'une certaine
façon, ce fardeau de nous faire discréditer, même de nous
faire attaquer dans notre intégrité. Cela est malheureux, mais
c'est une des composantes de la situation.
Pour ma part, j'en ai pris mon parti, M. le Président, dans ce
sens que je n'admets pas ce genre d'insinuations "at large", ces questions
posées sans réponses, ces allusions aux hommes politiques en
général, ainsi qu'on a trouvé dans les propos de M.
Desjardins auquel le député de Rouyn-Noranda a fait allusion.
Ceci me rappelle certains propos qui ont été tenus
récemment par le député de Johnson où, dans son
discours sur le projet de loi no 50, il disait: Mais qu'est-ce que vous avez
dans votre projet de loi no 50 pour protéger les hommes publics contre
des insinuations, contre des accusations qui ne sont pas justifiées?
Donc, nous le déplorons tous, du moins, tous les gens
honnêtes déplorent ces accusations sans fondement, sans preuve et
venant souvent de gens qui n'ont pas le courage d'en porter devant la
Chambre.
Ceci étant dit...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque mon privilège de
député.
LE PRESIDENT: S'il vous plaît, messieurs! Messieurs! S'il vous
plaît, messieurs! Ne trouvez-vous pas que la situation est
déjà assez tendue comme ça? ...A l'ordre! s'il vous
plaît. ...A l'ordre...
M. BURNS: M. le Président, ce que vient de dire le ministre de la
Justice en me regardant et en me pointant...
LE PRESIDENT: Cela...
M. BURNS: Non, non!
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. BURNS: Ce que vient de dire le ministre de la Justice, en me pointant
et en dirigeant son attaque à mon endroit, M. le Président, je me
permets de soulever la question de privilège en mon nom de
député. Je dis ceci, chose que le ministre de la Justice, lui, le
suprême avocat du Québec devrait savoir,
c'est-à-dire...
M. CADIEUX: M. le Président, sur une question de
règlement.
LE PRESIDENT: Question de règlement.
M. CADIEUX: Je me demande si le député de Maisonneuve peut
se lever sur une question de privilège, s'il n'a pas été
nommé, s'il n'a pas été attaqué et seulement pour
dire qu'il a été visionné entre quatre yeux...
M. BURNS: Oui, puis...
M. CADIEUX: Je crois qu'il n'y a pas de question de privilège; il
n'a pas le droit, selon nos règlements, de soulever une telle question
de privilège. Jamais, dans les propos du ministre de la Justice, le
député de Maisonneuve n'a été nommé. Je ne
vois pas qu'il puisse soulever une question de privilège sur les propos
du ministre de la Justice.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Vous me demandez une décision
sur ce point de règlement. Je crois que, dans le contexte actuel, avec
les propos qui se sont tenus au cours de cet échange, depuis dix ou
quinze minutes, certaines polémiques avant, justement, la question ou
les derniers propos, sans nommer particulièrement une personne, et dans
un principe, je crois, de droit parlementaire où certainement
énormément de latitude est accordée, les droits de
privilèges ne doivent pas être restrictifs. Je crois que c'est un
droit de défense comme cela existe dans les tribunaux ou ailleurs. Cela
doit être interprété très largement.
Et si un député se sent visé sans que son nom soit
mentionné, je pense bien que dans cette libéralité de la
tradition parlementaire, messieurs, les questions de privilège, cela ne
doit pas être restrictif. Je dois accorder cette question de
privilège, mais dans le respect du règlement et sans soulever de
débat.
M. BURNS: M. le Président, j'allais dire justement, pour
préciser la question qui a été posée par le
député de Beauharnois... Non, non, sans...
LE PRESIDENT: Ma décision est rendue.
M. BURNS: Oui, je vous remercie, M. le Président. Pour
préciser simplement cette question, c'est que lorsque le ministre a
terminé ses paroles, c'est moi qu'il pointait et c'est dans ma direction
qu'il s'adressait. Peut-être qu'il a des problèmes de vision.
Alors, le ministre aura le droit...
M. CADIEUX: C'est toi qui a les yeux croches.
M. BURNS: ... de dire que ce n'est pas moi qu'il regardait, bon,
d'accord, et je n'aurai pas de question de privilège. Mais si le
ministre, eu égard à ce qu'il a dit avant, parlait de moi
concernant une campagne de salissage, je lui dis qu'il devrait savoir, lui, le
grand avocat du Québec, le procureur du gouvernement, que s'il a des
choses à me reprocher, n'importe quand, lui-même, en vertu
je vous cite l'article de l'article 80 de notre règlement, il
pourra me mettre en accusation de faire des choses absolument incompatibles
avec ma fonction.
Mais, pour le moment et jusqu'à ce qu'il ait posé ce
geste, je ne l'accepterai pas, et je vous demande en tant que protecteur,
surtout de l'Opposition, comme président de l'Assemblée
nationale...
M. BELLEMARE (Rosemont): Surtout!
M. BURNS: ... je vous demande de protéger mes droits quand un
ministre, qui refuse de dévoiler le rapport Chaloux...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! Je ne peux pas permettre
cette dernière phrase. ... Bon, d'accord. ... Oui, mais vous ouvrez le
débat.
M. BURNS: Je lui demande...
LE PRESIDENT: Comment voulez-vous que j'empêche le ministre de
répondre sur cette question?
M. BURNS: Je retire ces paroles, M. le Président.
LE PRESIDENT: Bon!
M. BURNS: Je les retire. Je demande simplement au ministre de se servir
du règlement s'il n'est pas content de ma façon de rendre compte
à mes électeurs du comté de Maisonneuve de mon mandat qui
m'a été donné à deux reprises, soit dit en
passant.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai quand même droit
à une brève réponse parce que dans le contenu de la
déclaration du député de Maisonneuve, on a fait une
allusion au rapport Chaloux que je refuserais de dévoiler.
Eh bien, moi, la question que je dirige vers le député de
Maisonneuve, c'est que si j'agis mal en ne rendant pas ce rapport public, je
mets le député de Maisonneuve en demeure de m'accuser...
M. BURNS: Comment voulez-vous...
M. CHOQUETTE: ... de manquer à mon devoir.
M. BURNS: ... que je le sache, je ne l'ai pas, le rapport Chaloux?
M. CHOQUETTE: Accusez-moi de manquer à mon devoir si vous en
êtes capable.
M. BURNS: Déposez le rapport Chaloux... LE PRESIDENT: A l'ordre!
A l'ordre! M. BURNS: ... et cela va être réglé.
M. CHOQUETTE: Bien non! C'est contraire à toutes les
règles d'éthique du droit criminel...
LE PRESIDENT: A l'ordre! ... A l'ordre! ... Est-ce qu'on peut revenir
maintenant à la question principale? ... A l'ordre, messieurs! ...
M. BURNS: Vous n'avez pas le droit de faire ça.
M CHOQUETTE: M. le Président, autre chose, j'invoque une question
de privilège. Le député de Maisonneuve fait allusion
à l'affaire Saulnier. Je le mets en demeure de m'accuser...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Je n'ai pas eu connaissance de cette affaire
Saulnier dans le moment... A l'ordre! ... A l'ordre! ... Je n'ai pas eu
connaissance...
M. CHOQUETTE: De toute façon, c'est un lâche, il ne
m'accusera pas.
LE PRESIDENT: A l'ordre! ... Un instant. Messieurs, je voudrais
prévenir les deux députés...... A l'ordre, s'il vous
plaît! ... A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre! ... Mes remarques
s'adressent aux deux membres de cette Chambre, le ministre de la Justice et le
leader parlementaire de l'Opposition officielle. Les articles du
règlement peuvent être invoqués par l'un ou l'autre
lorsqu'on désire attaquer la conduite d'un collègue de la
Chambre, mais il faut qu'il y ait une motion de fond préalablement
annoncée. Si vous avez des accusations réciproques, vous avez ce
moyen, qui est le seul que vous pouvez employer.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement pour
deux raisons et sur une question de privilège.
M. CADIEUX: Le règlement ou le privilège?
M. BURNS: Maudit cave, tu devrais te rendre compte...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! A l'ordre!
... A l'ordre! ... Un instant, un à la fois. Oui.
M. CADIEUX: M. le Président, sur une question de
privilège. D'abord...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. CADIEUX: ... je pourrais demander simplement au député
qu'il retire ses paroles. Mais avant qu'il les retire, je vais lui dire que le
plus cave, il n'est pas de ce côté-ci, c'est Burns, le
député de Maisonneuve.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre, messieurs! Je suis
prêt à rendre ma décision. ... A l'ordre, s'il vous
plaît! ...A l'ordre, messieurs! Je vous demande mutuellement de retirer
vos paroles.
M. BURNS: M. le Président, je retire mes paroles.
LE PRESIDENT: Est-ce que vous retirez également ce que vous venez
de dire? ...A l'ordre, messieurs!
M. CADIEUX: Ah! Parce que j'ai dit deux fois plus, d'accord, je les
retire.
LE PRESIDENT: Messieurs, un peu de calme, s'il vous plaft, autrement je
suis à la veille de suspendre la séance.
M. BURNS: M. le Président, j'étais sur ma question de
privilège et je m'excuse, d'ailleurs. Non seulement je retire mes
paroles, je m'excuse auprès du député de Beauharnois
d'avoir...
M. BELLEMARE (Rosemont): C'est facile de s'excuser après.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaft, l'honorable
député de Rosemont! Je vous demanderais de garder le silence.
M. BELLEMARE (Rosemont): M. le Président, une question de
privilège.
LE PRESIDENT: Je vous demanderais de garder... Il n'y a pas de question
de privilège. Je vous rappelle à l'ordre pour la deuxième
fois. ... Je vous rappelle à l'ordre pour la troisième fois et je
vous enlève votre droit de parole pour la présente séance.
... Je vous rappelle à l'ordre pour la dernière fois, autrement
je vous demanderai de quitter les lieux. ... Je vous demande de quitter les
lieux immédiatement. ... Pour la journée, s'il vous plaft! ...
Bon, je vous demande de quitter les lieux. ...
A l'ordre, s'il vous plaft! ... A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, voici ma question de privilège.
Le ministre de la Justice a fait, à mon endroit, un certain nombre
d'insinuations que je ne lui ai pas demandé de retirer. D'ailleurs,
j'ai, je pense, donné l'exemple en retirant une parole malheureuse de ma
part, je l'admets, à l'endroit du député de
Beauharnois.
M. le Président, le ministre de la Justice m'a d'abord
traité d'ordure, ce qui est très facile. Je ne lui demande
même pas de retirer cela, mais je lui demande de retirer une parole qu'il
a dite à mon égard et qui, elle, M. le Président, est
carrément antiparlementaire, lorsqu'il a dit que j'étais un
lâche.
Je lui ai dit en quoi je n'étais pas un lâche;
j'étais prêt à faire face à n'importe quelle motion
qu'il pouvait faire à mon endroit. Je vous réfère, M. le
Président, à l'ancien règlement, à la page 95
non, M. le Président pour vous dire que le mot
"lâche"...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaft! Cela ne m'impressionne pas, la
litanie qu'il y a dans l'ancien règlement, parce que, tous les jours, il
y a une litanie trop longue. Elle est vieux jeu, à part cela, et elle ne
m'impressionne pas.
A l'ordre, s'il vous plaît! ... Est-ce que je pourrais vous
demander, peut-être, de retirer ce mot?
M. CHOQUETTE: Par déférence pour vous, je retire le mot
"lâche", mais je dirai...
LE PRESIDENT: Sans commentaires.
M. CHOQUETTE: Oui, mais avec un petit commentaire, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Non, ce n'est pas permis dans le règlement.
DES VOIX: Ah! Ah!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le règlement ne le permet
pas.
M. CHOQUETTE: Je suis déférent, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Bon. Je vous remercie de votre...
M. CHOQUETTE: Mais je dirais que, quand un député dit des
choses à l'égard de collègues, il devrait avoir le courage
moral de porter des accusations.
LE PRESIDENT: C'est ce que j'ai indiqué, d'ailleurs.
M. CHOQUETTE: Est-ce que ce n'est pas la règle de notre
Parlement...
LE PRESIDENT: C'est ce que j'ai indiqué tout à
l'heure.
M. CHOQUETTE: ... que, quand on met en doute l'intégrité
des collègues en les accusant...
LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! ... Par une motion de fond et
dûment annoncée.
A l'ordre, messieurs! ... A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Je n'ai pas fini.
LE PRESIDENT: J'ai terminé, moi, en ce qui me concerne et la
période des questions est terminée. Je passe aux affaires du
jour. Je passe aux affaires du jour.
M. BURNS:Une question de privilège.
LE PRESIDENT: Une question de privilège, c'est une question de
privilège.
M. BURNS: M. le Président, une question de privilège,
parce que je n'avais pas fini ma question de privilège. Il y avait un
volet, qui était le fait qu'on m'accusait d'être lâche.
LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. Un instant, s'il vous
plaît. Je me rappelle bien j'étais tout à fait
lucide et je le suis toujours que vous avez soulevé votre
question de privilège et que vous avez demandé à
l'honorable ministre de la Justice de retirer le mot "lâche".Vous avez
repris votre fauteuil, je me suis levé. J'ai demandé à
l'honorable ministre de la Justice de retirer ce mot. Il l'a fait. J'avais la
parole.
A ce moment-là, vous ne pouvez pas vous lever de nouveau avec un
deuxième volet.
M. BURNS: J'ai repris mon fauteuil parce que vous vous êtes
levé. C'est par respect pour vous.
LE PRESIDENT: De toute façon... Un instant! ... Un instant, s'il
vous plaît. Affaires du jour.
M. BURNS: M. le Président, question de privilège.
M. CHOQUETTE: M. le Président...
M. MORIN: Vous ne pouvez pas refuser, M. le Président.
M. SAMSON: Je pense, M. le Président, que...
M. CHOQUETTE: M. le Président, question de privilège.
M. BURNS: Une question de privilège.
LE PRESIDENT: Une question de privilège.
M. BURNS: Cela ne restera pas là, M. le Président. Cela ne
restera pas là.
LE PRESIDENT: Cela ne m'impressionne pas davantage.
M. BURNS: Non, je le sais.
M. CADIEUX: Moi non plus, cela ne m'impressionne pas et on va le finir
en dehors de la Chambre.
LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît. Une question de
privilège.
M. MORIN: On ne pensait pas que le bordel prendrait comme cela
aujourd'hui!
M. CADIEUX: Tu vas voir que je ne suis pas un lâche!
M. BURNS: M. le Président, je n'ai pas l'intention de faire une
longue chicane avec cela. Je veux tout simplement souligner, M. le
Président, et c'était le deuxième volet... Je vous ai dit,
quand je me suis levé, que j'avais deux points à soulever dans ma
question de privilège. Le premier a été
réglé, je n'y reviens pas. Je ne discute même pas de cela.
Si je me suis rassis, M. le Président, c'est parce que vous étiez
debout.
LE PRESIDENT: Venez à votre question de privilège.
M. BURNS: Même si le ministre de la Justice me traite de faiseux,
il peut continuer à me traiter de faiseux.
LE PRESIDENT: Un instant, messieurs!
M. BURNS: Je ne dirai même pas que c'est le gros comique du
Québec. Cela me peinerait de dire cela, M. le Président. Je ne le
ferai pas.
DES VOIX: Ah! Ah!
LE PRESIDENT: Je vous remercie de votre collaboration.
M. BURNS:M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! ... A l'ordre,
messieurs!
M. BURNS: Je veux tout simplement signaler, comme question de
privilège et c'est le deuxième volet que c'est
assez étonnant, M. le Président, que le ministre de la Justice,
au Québec, dans ce qu'il a dit tout à l'heure...
UNE VOIX: Où est la question?
LE PRESIDENT: Un instant. Je la suis de près.
M. BURNS: Oui. Je sais que vous allez m'arrêter si je
dépasse les bornes, M. le Président.
LE PRESIDENT: Oui.
M. BURNS: ... soit à un point tel en dehors de la fonction de
ministre de la Justice qu'il puisse me dire, à moi,
député, en pleine Assemblée nationale: Je vais le
régler, votre cas. Cela, M. le Président, je pense que c'est une
question de privilège, parce que je considère que c'est une
menace à mon endroit.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. BURNS: S'il a l'intention...
M. MORIN: C'est grave, cela.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, cela aurait été fait par
le ministre des Terres et Forêts, par le ministre des Affaires
culturelles, par le ministre des Affaires municipales, je ne l'aurais pas
compris de la même façon. Mais, à partir du moment
où ça vient du ministre...
M. CADIEUX: Par le député de Beauharnois qui va le
régler, ton cas.
M. BURNS: ... de la Justice, le fait qu'il me dise qu'il va
régler mon cas, je comprends très bien quel genre de ministre de
la Justice nous avons.
LE PRESIDENT: A l'ordre ! A l'ordre ! Question de privilège?
M. CHOQUETTE: Oui, question de privilège, mais pas pour envenimer
les choses, M. le Président. Je vais régler le cas du
député de Maisonneuve à la télévision,
dimanche, quand je vais aller au programme Politique atout. C'est ça que
je vais faire.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Question de privilège. Bien calmement, on va les passer, l'une
après l'autre, les questions de privilège.
UNE VOIX: Question de règlement.
LE PRESIDENT: Les questions de privilège ont
préséance.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, à cause de
l'incident malheureux qui s'est produit tout à l'heure, je voudrais bien
que la Tribune de la presse soit très prudente quand elle parlera de
Bellemare qui a été exclu. C'est le député de
Rosemont, il faudra le dire.
LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs! A l'ordre!
Question de privilège.
L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je ne voulais pas faire une question
de privilège; je voulais tout simplement terminer la question que
j'étais en train de poser au ministre. Je pense que c'est raisonnable
qu'on me permette de le faire.
LE PRESIDENT: Messieurs, je préférefais que cette question
soit reposée à la prochaine séance. Je m'en excuse. Dans
le contexte présent, je vais adopter une prudence peut-être
extrême. Je passe immédiatement aux affaires du jour.
M. SAMSON: M. le Président, là, cela m'oblige à
poser la question de privilège, parce que mon privilège de
député me permet de poser des questions, lorsque j'ai votre
permission et je l'avais. Ce n'est pas ma faute si cela a tourné en
débat.
LE PRESIDENT: Je regrette, vous interpréterez ma décision
comme vous l'entendrez. Je prends mes responsabilités comme
président. Je regrette les incidents qui se sont déroulés.
Maintenant, le calme est revenu et je n'ai pas l'intention que ce dossier
légèrement houleux se rouvre dans la même
journée.
Nous avons, d'ailleurs, dépassé la période des
questions et j'inviterais le député de Rouyn-Noranda à
revenir à cette question à une autre séance, alors que le
climat sera sans doute plus propice pour poser sa question.
M. BELLEMARE (Johnson): Je voudrais simplement, M. le Président,
parce que c'est une question certainement très urgente, demander au
ministre d'Etat...
LE PRESIDENT: Je regrette, il n'y a qu'un seul poids, une seule
mesure.
Ma décision est prise. Je regrette. Elle est déjà
trop longue, je m'excuse. Vous n'êtes pas le seul dans ce cas-là;
il y a l'honorable député de Rouyn-Noranda, l'honorable
député de Beauce-Sud, trois députés de
l'Opposition, le député de Charlesbourg, le député
de Saint-Louis. Je m'excuse.
A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. CHOQUETTE: M. le Président, pour vous faciliter la
décision que vous avez à prendre et pour que le
député de Rouyn-Noranda ne souffre pas...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Nous le savons que vous serez là.
Affaires du jour.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, est-ce que vous pourriez
me donner une directive pour savoir si l'honorable ministre d'Etat va s'occuper
de la grève...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Vous aviez bien raison hier lorsque vous disiez
que vous étiez rempli de ruse. Je le reconnais.
Affaires du jour.
M. LACROIX: C'est M. Bellemare de Johnson, cette fois-là.
Travaux parlementaires
M. LEVES QUE: M. le Président, immédiatement, au salon
rouge, commission des institutions financières, compagnies et
coopératives pour poursuivre l'étude du rapport Gauvin.
Article...
LE PRESIDENT: Cette motion pour la tenue de la commission... Laquelle
déjà?
M. LEVESQUE: Des institutions financières.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté, et cette commission peut siéger
immédiatement.
M. LEVESQUE: Article 13.
M. ROY: M. le Président, est-ce que l'honorable leader du
gouvernement pourrait nous dire, après l'article 13 qui est actuellement
appelé, quels seront les autres articles qui seront appelés au
fur et à mesure cet après-midi?
M. LEVESQUE: Est-ce que le député me demande le menu de la
journée?
M. ROY: Ce qui va venir par la suite.
M. LEVESQUE: Je ne suis pas tenu d'y répondre mais cela me fait
plaisir de coopérer. Pour autant que ce sera possible, nous prendrons
l'article 13, comme je l'ai mentionné; ensuite, l'article 2 et, par la
suite, nous entreprendrons l'étude du budget supplémentaire.
Rapport sur le projet de loi no 27
LE PRESIDENT: Article 13: Prise en considération du rapport de la
commission permanente des richesses naturelles et des terres et forêts
qui a étudié le projet de loi no 27, Loi modifiant la loi des
terres et forêts. L'honorable député des Mille-Iles, pour
l'honorable député d'Abitibi-Ouest, propose l'agrément de
ce rapport.
DES VOIX: Agréé.
UNE VOIX: Discours.
LE PRESIDENT: Ce rapport est-il agréé?
M. BURNS: Agréé.
DES VOIX: Agréé.
LE PRESIDENT: Agréé. Troisième lecture...
M. BURNS: Séance subséquente.
M. CHOQUETTE: Jaune. Je vais être à la Chambre ce soir, M.
le Président, et vous allez entendre parler d'autre chose.
M. BURNS: M. le Président... M. CHOQUETTE: ...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait, messieurs!
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
demande encore une fois...
M. LEVESQUE: Est-ce qu'on peut finir?
M. BURNS: ... tant que le ministre de la Justice va être aussi
bouffon et...
LE PRESIDENT: A l'ordre! M. BURNS: ... stupide...
LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre, à l'ordre! A l'ordre,
messieurs! Je ne vois pas, malheureusement, il peut y avoir du bruit, du
brouhaha, c'est l'honorable leader du gouvernement qui avait la parole et je
n'ai compris, dans ses paroles, aucun sujet qui pouvait prêter à
soulever une question de privilège.
L'honorable leader du gouvernement.
M. BURNS: Vous n'avez pas compris, M. le Président...
LE PRESIDENT: Non.
M. BURNS: ... ce qu'il m'a dit?
LE PRESIDENT: Non, je n'ai pas compris.
M. BURNS: D'accord, M. le Président, vous lirez le journal des
Débats.
LE PRESIDENT: D'accord.
M. BURNS: Vous lui auriez demandé une deuxième fois de
retirer ses paroles.
LE PRESIDENT: A l'ordre! D'accord. Messieurs, s'il vous plaît
!
M. LEVESQUE: M. le Président, avec le consentement de la Chambre,
nous pourrions adopter unanimement le projet de loi que nous venons
d'étudier, la prise en considération du rapport, article 13.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement pour la troisième
lecture?
M. BURNS: L'autre troisième lecture, l'article 13?
M. LEVESQUE: Le projet de loi no 27, Loi modifiant la loi des terres et
forêts.
M. BURNS: Oui, consentement, M. le Président.
Troisième lecture
LE PRESIDENT: Consentement. Est-ce que cette motion de troisième
lecture du projet de loi no 27, proposée par l'honorable ministre des
Terres et Forêts, est adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Article...
LE PRESIDENT: On ne l'a pas, le rapport n'a pas été
déposé.
M. LEVESQUE: Article 2.
Projet de loi no 56 Troisième lecture
LE PRESIDENT: Troisième lecture. Article 2. L'honorable ministre
de la Fonction publique, mais je crois que c'est en sa qualité de
ministre d'Etat aux Finances, propose la troisième lecture du projet de
loi no 56, Loi modifiant la loi de la curatelle publique et la loi de la
protection du malade mental. Adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Cette motion de troisième lecture est-elle
adoptée?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. M. LEVESQUE: Adopté, bon.
M. BELLEMARE (Johnson): Demandez donc au ministre de la Justice de faire
fermer son micro, on l'entend d'ici. On l'entend d'ici.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas ma faute...
M. BELLEMARE (Johnson): Qu'à la console on ferme son micro.
UNE VOIX: Enlevez votre appareil, vous entendrez moins.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs! A l'ordre, s'il vous plaît! Bientôt je vais entendre
là. A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît! J'écoute le
leader parlementaire du gouvernement.
M. LEVESQUE: Merci, M. le Président. Puis-je appeler l'article
1?
LE PRESIDENT: Commission plénière pour étude des
crédits. L'honorable député de Saint-Louis, si vous voulez
prendre le fauteuil s'il vous plaît!
M. BLANK (président de la commission plénière): Je
demande la suspension trois minutes.
Budget supplémentaire Commission
plénière
M. BLANK (président de la commission plénière): A
l'ordre, messieurs! Les affaires sociales, programme 2, élément
1.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, à
l'élément 1 qui concerne l'aide aux ménages privés
de moyens de subsistance, j'imagine que ce montant de $32,350,000 de budget
supplémentaire représente des sommes qui ont pu s'avérer
nécessaires suite à l'augmentation de l'aide sociale,
l'augmentation de juin, l'augmentation minime de $9. Deuxièmement il y
aurait également, j'imagine, les changements qui ont été
annoncés aux barèmes de logement, et l'augmentation du 1er
janvier 1975 qui représente l'indexation pour les trois premiers mois.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire, sur chacun de ces articles, quelles
sont les sommes qui y sont affectées?
M. FORGET: Je n'ai pas une analyse différentielle comme celle que
suggère le député de Chicoutimi, M. le Président.
J'ai un relevé seulement des déboursés mensuels. On doit
admettre que pour retracer la différence dans les coûts, il
faudrait faire deux hypothèses ou enfin il faudrait comparer les
déboursés depuis le mois de juin à ce qu'ils auraient
été en l'absence d'une modification. C'est un calcul, que je n'ai
pas ici, qui devrait être fait évidemment en comparant ces
déboursés mensuels avec les déboursés mensuels
estimés en début d'année.
Cependant je peux donner une indication de l'ordre de grandeur en
donnant le déroulement des versements. Par exemple, on voit qu'en
avril
1974, les déboursés mensuels de l'aide sociale
étaient de $32,753,000. C'est une somme légèrement
supérieure, dans le mois de mai, de $33,176,000, donc un chiffre aux
environs de $33 millions pour les mois précédant le mois de juin.
Pour ce qui est du mois de juin, un déboursé qui a grimpé,
à partir de juin, à $34 millions, c'est $33,940,700 en juin, donc
une majoration d'environ $1 million. L'ordre de grandeur, c'est à peu
près 4 p.c. Effectivement c'est ce qu'on retrouverait dans une analyse
différentielle.
Evidemment il y a d'autres variations qui interviennent d'un mois
à l'autre puisque le nombre de bénéficiaires varie d'un
mois à l'autre. On sait en effet qu'il y a environ 40,000 inscriptions
ou radiations, 40,000 changements aux dossiers effectués mensuellement
à l'aide sociale. Donc il y a plusieurs modifications. Pour les premiers
mois de 1975, on prévoit des déboursés mensuels de l'ordre
de $35 millions en décembre. Ceci avant l'indexation, et pour les
premiers mois de 1975, encore une fois, des déboursés qui
grimperont à $38,750,000. Donc une majoration de $3,750,000 dans le
rythme des déboursés mensuels.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il nous dire maintenant
quels sont les nouveaux programmes, s'il y en a, qui peuvent être
concernés dans la somme de $32,350,000?
M. FORGET: Non, il n'y a pas de nouveaux programmes. Il s'agit,
essentiellement, du programme existant, y compris les majorations dans les
barèmes. Le programme d'aide sociale lui-même est inchangé
pendant la période qui est couverte par le budget supplémentaire.
J'aimerais peut-être compléter ma réponse pour ce qui est
de l'impact des modifications aux barèmes de logement. Les
barèmes de logement qui sont venus en vigueur au début de
novembre ajoutent aux déboursés mensuels de l'aide sociale une
somme de $500,000 mensuellement, c'est-à-dire une addition totale, sur
un an, de l'ordre de $6 millions.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quand il parle des barèmes de logement,
le ministre des Affaires sociales sait qu'à plusieurs reprises nous
avons souligné la situation d'injustice qui pouvait se présenter
pour des assistés sociaux à la suite de l'obligation qu'ils ont
d'assumer le paiement de leur compte d'électricité, de leur
compte de chauffage et de leur compte de taxe d'eau.
Je voudrais, pour essayer d'avoir une réponse précise,
dissocier la question de la taxe d'eau de la question de
l'électricité et du chauffage. Le ministre me corrigera. Nous
pensons qu'à l'heure actuelle, quand il s'agit du paiement de
l'électricité et du chauffage, comme ces services sont
quelquefois compris dans le prix du loyer pour certaines personnes, et que pour
d'autres assistés sociaux ces services ne sont pas compris dans le
coût de leur loyer, certains assistés sociaux, profitant des
nouvelles normes, des nouveaux barèmes au niveau du paiement du
logement, voient, lorsque les services électricité et chauffage
sont incorporés dans leur loyer, ces montants payés en même
temps qu'on paie leur loyer.
Je m'explique. Disons qu'un assisté social a un loyer de $60 ou
$70 et qu'il a un compte de chauffage et d'électricité
incorporé au prix de son loyer, ce qui donne au bout de la ligne $85 ou
plus, l'assisté social en question se trouve à recevoir une
partie du paiement de son chauffage et de son électricité,
contrairement à un autre assisté social qui, lui, ne voit pas
incorporé dans son loyer le chauffage et
l'électricité.
Ce dernier, par exemple, s'il a un compte de loyer de $70 et qu'il a
droit, en vertu des règlements, à $85, à ce moment il ne
reçoit que $70 et il est obligé de payer son compte
d'électricité et son compte de chauffage en plus de son loyer. Il
ne jouit pas de l'avantage qu'a l'assisté social dont le compte
d'électricité et de chauffage est incorporé au loyer.
Lorsque cette situation se présente, il est clair que cela peut
être une injustice entre certains assistés sociaux qui ont tout
autant besoin l'un que l'autre des sommes qui sont mises à la
disposition par le règlement ou par ce qui est prévu à
l'aide sociale.
Est-ce que le ministre entend essayer d'apporter les correctifs
nécessaires pour corriger cette situation qui, à mon sens, est
inacceptable? On a deux assistés sociaux qui ont les mêmes
besoins, puis il y en a un qui est plus favorisé que l'autre tout
simplement à cause d'une situation technique, du fait que son compte
d'électricité et de chauffage est incorporé au prix de son
loyer. Il me semble qu'il y a une situation d'injustice à corriger.
L'assisté social qui paie $70 pour son loyer et qui a droit à
$85, si le compte de l'électricité et de chauffage n'est pas
incorporé à ce moment, la différence de $15, entre $70 et
$85, ce n'est pas lui qui en profite; ce sont $15, autrement dit, qui
reviennent entre les mains du gouvernement. S'il a un loyer qui est moins cher
que celui d'un autre, à ce moment il se trouve à faire une sorte
d'économie qui profite non pas à l'assisté social, mais
plutôt au gouvernement.
Je me demande jusqu'à quel point, étant donné ces
situations d'injustice qui se retrouvent beaucoup plus souvent qu'on ne peut le
penser, il n'y aurait pas avantage à ce que le montant global auquel a
droit un assisté social ne soit pas sujet à la
réglementation qu'on retrouve dans la Loi de l'aide sociale au point
3.02. Deux assistés sociaux ayant les mêmes besoins, je ne vois
vraiment pas au nom de quel critère de justice, au nom de quelle
réglementation on pourrait se permettre que l'un ne soit pas
traité sur le même pied que l'autre.
L'autre article, j'ai voulu le traiter séparément, nous
l'avons déjà abordé auprès du ministre des Affaires
sociales, cela concerne la
taxe d'eau. Tel que nous l'avons déjà dit, à notre
humble opinion, c'est le ministère qui devrait payer cette taxe d'eau.
Mais nous avons reçu naturellement, à notre suggestion, une fin
de non-recevoir du gouvernement pour les raisons qu'a exprimées,
à ce moment, le ministre des Affaires sociales. Mais nous continuons de
soutenir auprès du ministre des Affaires sociales ou du gouvernement
qu'encore, dans ce problème tout à fait spécial de la taxe
d'eau, il y a vraiment une injustice qui est tout aussi inacceptable que celle
que j'ai mentionnée tout à l'heure concernant
l'électricité et le chauffage. Je sais que le ministre des
Affaires sociales est au courant du problème.
C'est que dans certaines villes, comme Montréal, la taxe d'eau
n'est pas incorporée au prix du loyer alors que dans d'autres
municipalités ou dans d'autres villes, suite à une
réglementation, la taxe d'eau est incorporée au prix du loyer. Ce
qui donne comme résultat que selon, dans certains cas, pour la taxe
d'eau, qu'on est locataire et que la réglementation demande que la taxe
d'eau soit incorporée au loyer, ou encore selon qu'on est
propriétaire et que la réglementation n'oblige pas à
l'incorporation du prix de la taxe d'eau au loyer, ceci donne comme
résultat qu'il y a certains assistés sociaux qui, en même
temps qu'on assume le paiement de leur loyer, voient leur taxe d'eau
payée parce qu'elle est incorporée au prix du loyer, alors qu'il
y a certains assistés sociaux ils sont très nombreux,
c'est le cas de presque l'ensemble de Montréal qui, lorsque le
ministère paie leur loyer, il ne paie pas leur taxe d'eau parce que
cette taxe n'est pas incorporée au prix de leur loyer.
Je crois que c'est un cas que nous avons déjà
souligné au ministre des Affaires sociales. Je sais qu'il nous a
répondu, concernant ce problème, qu'il était en train
d'établir, et je le cite: "le plus rapidement possible", un
régime de revenu garanti et qu'effectivement c'était difficile de
remédier à la situation parce qu'il arrivait que, dans certaines
régions, par exemple, le prix du logement était plus
élevé que dans une autre que le prix de la nourriture
était plus élevé dans une région que dans l'autre,
même d'une ville par rapport à l'autre, même d'un village
par rapport à l'autre. Autrement dit, selon son raisonnement, à
moins que je l'aie mal compris, il fallait s'accommoder quand même de
certaines injustices comme celle que je souligne concernant la taxe d'eau, en
vue d'accéder au but final qui est l'établissement d'un
régime de revenu garanti.
Je soumets respectueusement que ceci ne constitue pas nous
l'avons souligné à ce moment-là une motivation du
gouvernement de ne pas agir dans le cas précis de la taxe d'eau parce
que le fait de vouloir s'orienter vers un régime de revenu garanti, le
fait même de l'avoir établi n'empêchera pas, encore une
fois, que subsistent et que continuent ces différences de prix au niveau
du loyer d'une ville à l'autre ou d'une région à l'autre.
De la même manière, cela n'empêchera pas la nourriture de
coûter plus cher dans une ville que dans une autre ou dans une
région que dans une autre.
Alors, cette réponse, que nous avions eue lorsque nous avons
posé la question à l'honorable ministre, il le sait, ne nous a
pas satisfaits. Et puisque nous sommes à l'étude des
crédits, j'espère que le ministre trouvera le moyen d'expliquer
mieux les raisons du gouvernement ou du ministère de ne pas intervenir,
encore une fois, dans un cas que j'appelle un cas d'injustice dont les
assistés sociaux d'une certaine région ont à souffrir.
Cela se situe surtout dans la région de Montréal, par rapport
à d'autres assistés sociaux d'autres régions, à
cause d'une réglementation à laquelle ils sont astreints et dont
ils ne sont pas les responsables.
J'espère que le ministre pourra nous répondre concernant
la taxe d'eau et concernant aussi la situation d'injustice qui existe,
lorsqu'on parle de cette possibilité, à cause de la
réglementation.
Pour certains assistés sociaux, leur compte
d'électricité et de chauffage est payé parce que c'est
incorporé au prix de leur loyer, alors que, pour certains autres
assistés sociaux, il n'est pas payé, ce qui, je crois, est une
situation inacceptable dans les trois points que j'ai mentionnés.
M. FORGET: M. le Président, j'imagine que je vais, chaque fois
qu'on parlera des crédits ou de quelque autre mesure qui implique l'aide
sociale, avoir à répéter cette argumentation. Je crois que
je vais le faire aussi inlassablement que l'on va poser les mêmes
questions, avec peut-être un certain étonnement, cependant.
Quand j'écoute le député de Chicoutimi poser ses
questions, je ne peux faire autrement que de me demander sur quelles bases il
les pose. Je pense qu'on peut poser des questions sur une base d'ignorance des
réponses, c'est une base suffisante.
M. BEDARD (Chicoutimi): Sur des plaintes.
M. FORGET: Mais il y a, derrière les questions, M. le
Président, des hypothèses au moins ou des alternatives au
régime actuel je parle du régime d'aide sociale; je ne
parle pas du régime gouvernemental qui sont présentes
à l'esprit du député. Puisque je connais ce régime
et que j'en comprends bien les raisons, les hypothèses que le
député de l'Opposition fait, sont très évidentes
pour moi.
Ce qui m'embête un peu dans ma réponse, c'est que, pour sa
première question, il semble se baser sur une hypothèse ou une
option et que, pour la deuxième question, il se base sur une
deuxième hypothèse ou une deuxième option. Ce qui
m'ennuierait, si j'étais à sa place, c'est de raisonner, dans le
fond, sur le même problème, qui est le problème de l'aide
sociale, l'aménagement du régime, en se basant sur deux choses
qui sont aussi contradictoires que les
deux options qu'il fait quand il me pose respectivement sa
première et sa deuxième question.
Quand il parle du problème du chauffage, il suggère
essentiellement que ce qui fait la caractéristique du paiement du
logement dans le système actuel, caractéristique qu'il
déplore, soit essentiellement éliminé. J'ai
déjà indiqué que j'étais absolument d'accord sur
une telle option, parce qu'elle consiste précisément à
faire disparaître de l'aide sociale, progressivement, une mesure de
besoin qui est là pour des raisons que j'ai expliquées
déjà, qui n'a rien à voir avec notre propre orientation,
qui n'a rien à voir avec les objectifs qu'on poursuit, mais dont on
hérite à cause principalement de la nécessité
financière de partager les coûts de l'aide sociale en vertu du
régime canadien d'assistance publique. Cette mesure, je me permets de le
souligner, n'a pas vraiment été imposée au Québec
en dépit de sa volonté, mais au contraire, elle a
été, à l'époque on remonte seulement
à 1966 largement inspirée par le Québec dans sa
formulation et je dirais même largement inspirée par le ministre
québécois du Bien-Etre de l'époque, qui depuis est devenu
le chef du parti de l'Opposition.
Donc, ce régime, on ne peut pas le désavouer aussi
allègrement qu'on pourrait le faire d'un autre régime
fédéral, puisque sa conception même est vraiment
très intimement liée à la conception que se faisait le
Québec à cette époque, il y a seulement huit ans. Il reste
que les idées évoluent rapidement en huit ans.
Dans un tel système, à l'époque, on
considérait la mesure des besoins comme une caractéristique
essentielle d'un programme d'aide sociale. Ce qui fait que c'est devenu une
exigence sur le plan du financement, exigence avec laquelle il nous faut
composer pour le moment, en attendant une nouvelle formule de financement qui,
indubitablement, va découler des discussions actuelles entre les
gouvernements des provinces et le gouvernement fédéral.
Quelle est-elle, cette mesure des besoins? Elle est unique, comme je
l'ai dit, se bornant à spécifier un barème de logement.
Notre intention de supprimer le barème de logement dans l'aide sociale
n'est pas seulement une déclaration symbolique de principe; on la
retrouve dans une décision qui a été appliquée
aussi récemment qu'au début de novembre de cette année
lorsque nous avons diminué les barèmes de logement.
Nous les avons diminués non pas pour diminuer le montant qui est
accordé aux assistés sociaux au titre du logement, mais nous les
avons diminués parce que ce barème de logement doit
éventuellement disparaître, et la seule façon de le faire
disparaître, c'est de réduire les sommes qui figurent sur ce
barème, de manière que finalement elles ne s'appliquent plus
à personne. Elles s'appliquent au ménage qui
bénéficie de l'aide sociale, dans le moment, seulement pour
réduire leur prestation, non pas pour la majorer. On sait très
bien que les dépenses de logement sont incluses dans l'allocation
forfaitaire, et l'allocation forfaitaire est réduite en fonction du
barème de logement.
Il ne s'agit donc pas, comme on le sait, d'un remboursement. Il s'agit
d'une mesure du besoin, mesure que nous voulons éliminer, que nous avons
déjà réduite en partie, au moins cette année, pour
les familles de plus de deux enfants et qui devrait, avec le temps, s'effacer
graduellement, mais qui ne pourra pas s'effacer de toute façon
totalement tant et aussi longtemps qu'un nouvel accord financier ou un nouvel
arrangement financier ne sera pas aménagé.
Mais on n'a pas à remplacer une mesure de besoin si l'on veut un
régime de sécurité sociale basé sur une autre
mesure qui est déjà inscrite dans l'aide sociale et qui est la
mesure de la déficience des revenus. Un régime de revenu garanti,
essentiellement, consiste justement dans la suppression de la mesure des
besoins, suppression sans remplacement, puisqu'il y a une autre mesure qui
permet de distribuer l'aide, de faire la répartition de l'aide entre les
ménages en fonction seulement de la mesure des revenus, qui devient le
seul critère, le seul barème, mettant de côté, bien
sûr, les besoins spéciaux pour des prothèses oculaires ou
des prothèses auditives dans des cas bien spécifiques. Mais, de
ceci, évidemment, on ne parle pas dans le moment, c'est
complètement différent.
Donc, on veut éliminer, sans espoir de retour,
complètement, définitivement, sans substitution le barème
de logement et n'avoir pour seul barème qu'un barème de revenu.
Ceci est déjà en marche, cela se fait et l'on ne peut pas dans
une telle optique, parler de cette déficience de logement, sauf dans
l'optique où je l'indique d'une réduction progressive de
l'utilisation d'une mesure des besoins. Il est évident que les loyers
sont d'autant plus bas, en effet, que certains éléments sont
assumés par le locataire lui-même, comme le chauffage,
l'élément le plus important. C'est d'ailleurs la raison,
connaissant la hausse des coûts de chauffage, pour laquelle nous avons
diminué, cette année, le barème de logement dans la mesure
de nos moyens. Encore là, il y a des contraintes financières.
J'ai indiqué que l'impact sur les déboursés annuels de
l'aide sociale étaient de l'ordre de $6 millions.
S'il avait été possible d'y consacrer $12 millions,
peut-être aurait-il été possible aussi de diminuer
davantage les barèmes de logement, mais il s'agit là
essentiellement d'un problème de majoration du budget de l'aide sociale
au niveau des principes. Il y a une entente totale sur ce sujet, je pense, avec
au moins le parti de l'Opposition officielle. Ceci pour le premier volet.
Le deuxième volet constitue une approche enfin tel qu'il
se retrouve dans la question du député de Chicoutimi
totalement différente.
On nous parle de la taxe d'eau. Or, si nous convenons qu'il n'est plus
approprié, certainement pas, d'introduire de nouvelles mesures
spécifiques de besoins, il est difficile de comprendre que l'on nous
fasse le reproche de ne pas reconnaître un besoin spécial, en
quelque sorte, une mesure spéciale du besoin qui s'appellerait taxe
d'eau. En effet, la taxe d'eau est une forme d'imposition directe par les
municipalités, d'imposition foncière par les
municipalités, qui est utilisée d'ailleurs par certaines
municipalités mais pas par toutes.
Elle se retrouve à certains endroits dans les taxes
foncières générales plutôt que par ce
moyen-là et elle doit être assumée dans sa
globalité, je parle de la fiscalité municipale, dans son impact
sur les ménages, dans une allocation forfaitaire. Autrement, il faudrait
instaurer une injustice. S'il était question d'injustice au niveau des
frais de chauffage, il est évident que l'assisté social à
qui on paierait des frais additionnels, une allocation additionnelle pour la
taxe d'eau alors que lui, il a une taxe d'eau à payer, mais que nous ne
paierions pas une telle taxe, nous ne rembourserions pas un tel besoin
spécifique à un autre bénéficiaire de l'aide social
alors que lui, dans sa municipalité, le fardeau des services municipaux
se reflète généralement dans son loyer parce que ce
sont les propriétaires dans cette municipalité qui paient les
taxes municipales en totalité ou dans la taxe foncière
générale, enfin c'est la même chose, à ce
moment-là il y aurait une injustice. Nous créerions une injustice
puisque nous donnerions plus d'argent à une personne en fonction d'un
besoin qui a des expressions différentes dans différentes
municipalités, des besoins qui sont fondamentalement les mêmes
mais qui s'expriment de manière différente. Nous
réintroduirions un barème de besoins qui, nous en convenons sans
peine avec nos collègues d'en face, est une chose qui doit être
éliminée progressivement.
Evidemment, on peut déplorer que dans certains cas une
municipalité au Québec, et pas des plus négligeables, ait
jugé bon de profiter d'une situation de fait alors que l'administration
de l'aide sociale lui était déléguée, ait
profité de cette situation pour se favoriser à titre de
créancier. Il est exact que si nous confiions l'administration de l'aide
sociale aux épiciers et que les épiciers en prenaient acte et en
prenaient avantage pour se payer eux-mêmes avant de remettre une
allocation nette aux bénéficiaires, nous serions les premiers
à dire qu'il s'agit d'une situation irrégulière et qu'il
faut corriger.
Mais ce n'est rien d'autre qui s'est produit à Montréal;
la ville se payait elle-même et nous lui avons demandé de cesser,
sans changer le montant des allocations. Elle se payait elle-même
à partir des mêmes sources et des allocations telles que
déterminées par les règlements. Donc, cette obligation de
payer la taxe d'eau n'est pas une obligation nouvelle pour ce qui est du
quantum ou du niveau des prestations sociales pour les
bénéficiaires de l'île de Montréal ou de la ville de
Montréal. C'est un état de paiement différent, une
méthode de paiement qui les respecte davantage comme contribuables,
comme personnes dans la société qui ont droit aux mêmes
présomptions de responsabilité en face de l'ensemble de leurs
obligations que l'ensemble de la société.
Alors il me semble, pour me résumer, M. le Président, que
tout autant je suis d'avis que les mesures spécifiques de besoins ne
doivent pas être retenues, que leur importance doit être
diminuée, tout autant logiquement il faut aussi être
d'accord, il faudrait que l'Opposition, à mon avis, soit d'accord avec
nous nous ne reconnaissons pas créer un nouveau besoin
spécial. Je reconnais qu'au niveau des mécanismes de paiement
l'imposition nouvelle d'une obligation de payer directement la taxe d'eau
plutôt que de la voie prélevée à la source impose
une responsabilité nouvelle aux assistés sociaux de la ville de
Montréal. C'est une responsabilité que nous avons essayé
de faire la plus légère possible, au moins durant cette
première année. En effet, nous avons fait coïncider
premièrement cette modification avec une majoration qui fut et on
le sait mais nous ne reviendrons pas là-dessus, je ne veux pas en faire
un débat sur le montant des allocations sociales somme toute
assez substantielle, en janvier dernier. Mais, tenant compte du fait qu'il
s'agissait d'une première année, tenant compte du fait que les
taxes sont imposables pour une période commençant avec le dernier
trimestre de 1973, nous avons assumé le quart, c'est-à-dire
l'équivalent de trois mois, si on veut, de cette taxe d'eau, de
manière à amortir le choc de ce changement dans les
mécanismes de paiement mais non pas dans les obligations au point de vue
financier. Nous avons aussi déterminé, en collaboration avec le
service de perception des taxes de la ville de Montréal, un
mécanisme qui permette d'étaler sur plusieurs mois les paiements
de manière qu'on ne demande pas un versement forfaitaire en une seule
fois. C'est un mécanisme qui est disponible sur demande de la part des
assistés sociaux.
Devrais-je signaler, mais je pense qu'il n'est pas étranger au
débat là-dessus, que les taxes d'eau, même si elles ne sont
pas très fréquentes dans les municipalités au
Québec, ne sont quand même pas propres à la seule ville de
Montréal? D'autres municipalités en imposent, en petit nombre, il
est vrai, mais d'autres municipalités en imposent, et ça depuis
plusieurs années. N'ayant jamais eu à administrer elle-même
l'aide sociale, elles ne se sont jamais payées elles-mêmes en
priorité, donc elles ont demandé aux assistés sociaux de
les payer, et l'expérience de ces municipalités dans le
recouvrement de leur créance est tout à fait rassurante et
satisfaisante. Il n'y a jamais eu de problème particulier et nous en
avons plusieurs témoignages.
Donc le problème est un problème de transition. Ce n'est
pas un problème d'imposition d'une charge nouvelle. Il s'agit simplement
d'une transition dans des mécanismes de paiement, mécanismes de
paiement que nous avons assouplis au maximum et qui sont raisonnables, je
pense, étant donné la majoration des taux de l'aide sociale
considérée dans son ensemble.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Picard): Un instant s'il vous plaît. Le
député de Beauce-Sud. Vous aurez l'occasion de revenir tout de
suite après si vous voulez.
Le député de Beauce-Sud.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est parce que c'était sur le même
sujet puis je terminais...
M. ROY: C'est également sur le même sujet. J'aurais eu
quelque chose à ajouter après ce que le député de
Chicoutimi a dit tout à l'heure, avant même que le ministre donne
sa réponse à ce sujet-là; j'ai laissé parler le
ministre quand même. Je voudrais bien, M. le Président, ne pas
être obligé de faire un débat de procédure chaque
fois que je veux intervenir à l'Assemblée nationale. Je pense
qu'aujourd'hui je n'en ai pas abusé non plus.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne crois pas qu'il y ait de débat
nécessaire.
M. ROY: M. le Président, j'ai écouté le ministre,
après les remarques de mon collègue de Chicoutimi, lorsqu'il a
parlé du coût du chauffage. Le ministre s'est demandé
combien de fois il serait obligé de répéter les
mêmes choses devant l'Assemblée nationale. Je dois dire au
ministre qu'il va être obligé de les répéter tant et
aussi longtemps que ce ne sera pas changé. Je le lui dis bien
amicalement.
Mais quand même je veux être honnête avec le ministre.
J'ai été heureux d'apprendre qu'au ministère des Affaires
sociales, on se propose de venir à un régime beaucoup plus
universel que celui qui existe à l'heure actuelle, de façon qu'on
respecte le choix des individus et qu'on leur accorde une allocation en leur
faisant confiance pour qu'ils puissent administrer et décider ce qui est
bon pour eux. Cela c'est une très très bonne nouvelle et je suis
très heureux de l'avoir entendue.
Mais en attendant il y a un problème. Il y a un problème
sur lequel le gouvernement devrait se pencher immédiatement, c'est
urgent, et ce problème, le gouvernement peut le régler sans
être dans l'obligation de venir devant l'Assemblée nationale,
puisque c'est un problème qui peut se régler au niveau de la
réglementation.
Le député de Chicoutimi a très bien signalé
à l'attention du ministre que le coût du chauffage, dans beaucoup
de cas, est inclus dans le prix du loyer. Et pour les
bénéficiaires de l'aide sociale qui peuvent négocier leur
logement avec une entreprise, une compagnie, c'est plus facile en ville que
dans les milieux ruraux d'avoir un logement chauffé. Ils peuvent
bénéficier plus largement de leur budget et des ressources qu'on
leur alloue sous forme d'aide sociale.
Mais lorsqu'il arrive, dans le cas de locataires, que dans le prix du
logement le chauffage n'est pas inclus, ces gens sont obligés de prendre
sur leur allocation de ressources pour payer le chauffage, ce qui crée
actuellement et ce qui a créé depuis un bon bout de temps une
injustice sérieuse à l'endroit de ces personnes. Il y a
également un deuxième point, c'est que dans les milieux ruraux,
contrairement aux milieux urbains, la majorité des gens sont
propriétaires. Alors parce qu'ils sont propriétaires de leur
petite maison, parce qu'ils sont propriétaires de leur logement, ils
sont obligés de prendre sur leur allocation de ressources tous les frais
concernant le chauffage. C'est ce que je voulais ajouter à ce que disait
le député de Chicoutimi, et pour confirmer ce qu'il disait
à propos de la taxe d'eau.
C'est une situation qui prévaut actuellement dans toute la
province de Québec. En attendant que le minsitre en vienne à
modifier complètement le régime d'aide sociale actuel, pourquoi,
au niveau de la réglementation, n'apporterait-on pas une modification,
de façon à aider les bénéficiaires de l'aide
sociale, qui ont des problèmes énormes à l'heure actuelle,
en face de cette question? On peut trouver le moyen de corriger la situation.
Je pense que c'est une question de justice. Pourquoi, dans une même
localité, une personne qui est locataire dans un immeuble dont le prix
du loyer inclut le prix du chauffage, serait plus avantagée que la
personne qui demeure dans la même rue mais qui serait locataire dans un
duplex, dans une maison à deux logements, où le prix du chauffage
n'est pas inclus? Celle-ci se verrait pénaliser, autrement dit, serait
défavorisée par rapport à l'autre.
Je dis au ministre et au gouvernement que c'est une question de justice
à l'endroit de ces gens-là. C'est beaucoup plus vrai dans les
milieux ruraux que dans les milieux urbains, à cause du plus grand
pourcentage de gens qui sont propriétaires ou à cause du fait que
les locataires ne le sont pas dans des séries de maisons d'appartements
comme à Montréal ou à Québec où nous voyons
des rues complètes où les gens sont locataires. C'est un des
problèmes qui existent.
Il y a un deuxième problème que je veux souligner à
l'attention du ministre. Lorsqu'on a majoré, le printemps dernier, les
allocations d'aide sociale et qu'à cause de l'augmentation du coût
de la vie on a tenu compte d'une certaine forme d'indexation, les personnes
seules se sont vu allouer un montant additionnel de $7, si ma mémoire
est bonne, et les couples, un montant de $10. Mais, dans le cas des personnes
seules qui demeurent avec leurs parents c'est
souvent leurs vieux parents, des personnes invalides, des personnes
infirmes et qui sont parfois rendues à 30, 40 et même 45
ans, pourquoi ne leur a-t-on pas donné une majoration comme aux
autres?
Encore là, on a fait une mesure par laquelle on permet à
certaines personnes de bénéficier de l'augmentation, alors que
d'autres catégories n'en bénéficient pas uniquement parce
qu'elles demeurent avec leurs parents. Si la même personne va demeurer
ailleurs, elle a droit à l'augmentation de $7 et elle n'est pas
plafonnée à $125. On lui donne le plein montant, $179. Mais, si
la personne demeure avec ses vieux parents, quelquefois des parents malades,
des personnes infirmes, des personnes âgées, elle est
plafonnée à $125 et n'a pas droit à une augmentation.
Pourquoi? Pourquoi, au niveau du ministère des Affaires sociales,
fait-on toujours en sorte de pénaliser les familles? On dirait qu'il y
a... Ce sont peut-être des coincidences, mais les coincidences se
multiplient et c'est toujours la même chose. Lorsque les gens demeurent
dans la famille, lorsque les gens demeurent ensemble, ils ne peuvent pas avoir
les mêmes avantages que ceux qui s'en vont.
Je vais prendre des cas. Je le souligne encore à l'attention du
ministre parce que c'est devenu une plaie sociale au Québec. Il y a des
gens qui ont des difficultés de ménage et, parce qu'ils sont sur
l'aide sociale, lorsqu'ils vivent ensemble, l'homme, la femme et les enfants,
ils ont droit à une telle allocation, ils bénéficient tous
de l'aide sociale. Mais, si on disloque le foyer, qu'est-ce qui arrive? On
donne la pleine allocation au mari, la pleine allocation à la dame. Si
la dame ne peut pas arriver, parce qu'elle est seule pour élever sa
famille, on va donner jusqu'à $100 par mois pour faire garder les
enfants ailleurs. C'est ce qu'on fait au ministère des Affaires
sociales. Des cas, on pourrait en citer.
Le ministre n'est pas sans connaître si le ministre n'a pas
de mémoire qu'il consulte M. Colpron qui est directeur
général de l'aide sociale des centaines de dossiers dans
ce genre-là. Combien de fois, et encore cette année, a-t-on
entendu dire par des inspecteurs du ministère des Affaires sociales qui
passent par les portes: Si vous voulez en avoir plus, séparez-vous. Je
pense que c'est notre devoir et notre responsabilité de souligner ces
faits à l'attention de l'honorable ministre. Le ministre devrait prendre
les mesures qui s'imposent pour donner des avertissements très
sévères à ces inspecteurs de l'aide sociale qui vont
visiter les familles et qui font de telles déclarations.
Le gouvernement devrait être des plus sévères et des
instructions très sévères devraient être
données à ces personnes. C'est évident que je ne veux pas,
à ce moment-ci, discuter de toute la question de l'aide sociale, mais ce
sont des points que nous devons soulever pour y attirer l'attention du
ministre. L'occasion idéale, il est évident que c'est lors de
l'étude des crédits du gouvernement, des crédits du
ministère, mais il y a également l'étude d'un budget
supplémentaire qui nous permet d'y revenir, au cours de l'année,
parce que notre règlement ne nous permet pas de soulever n'importe quel
débat tous les jours.
Il y a trois points bien précis dans les propos que je viens de
tenir. Il y a la question du coût du chauffage pour les petits
propriétaires, les bénéficiaires de la loi. C'est un
point. Le deuxième point, ce sont les personnes seules. Pourquoi deux
poids, deux mesures? Pourquoi des personnes qui choisissent de demeurer avec
leurs parents reçoivent-elles moins que des personnes qui
résident à l'extérieur? Même chez le voisin,
même chez un frère. Chez un frère, on va le
considérer comme un étranger, mais, chez les vieux parents, chez
des parents assez souvent infirmes et défavorisés
eux-mêmes, l'allocation est inférieure.
Pourquoi deux poids deux mesures? Et est-ce que le ministre peut nous
donner la certitude, aujourd'hui, qu'il prendra les mesures qui s'imposent pour
qu'on avertisse tous les agents de l'aide sociale au Québec de cesser de
se promener dans la province de Québec pour conseiller aux familles de
se séparer comme cela se fait, à l'heure actuelle?
Je n'irai pas jusqu'à apporter des dossiers, malgré que je
pourrais en apporter et que j'aurais des cas typiques. Mes collègues du
côté ministériel en auraient également. Je suis
convaincu de cela. S'ils font du bureau, ils sont au courant des
problèmes qu'il y a dans leur comté.
Je ne veux pas que ce soit une directive qui touche une région
particulière. Je pense que c'est une directive très
précise qui devrait être donnée, un avertissement
très sévère qui devrait être donné à
ces personnes.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, j'ai écouté
attentivement l'intervention du député de Chicoutimi qui, au nom
du Parti québécois, reprenait les points que nous avions
soulevés au sujet de la taxe d'eau, et j'ai écouté
d'autant plus attentivement la réponse du ministre des Affaires
sociales.
Le ministre nous a rappelé que ce problème se soulevait du
fait que le régime d'aide sociale et la politique du revenu au
Québec étaient en voie de transition. Il a même habilement
souligné que le Parti québécois, dans ses objectifs, dans
son programme, souscrivait aux mêmes objectifs d'atteindre, le plus
rapidement possible, un revenu minimum garanti.
Mais, M. le Président, de là à présenter le
problème qui frappe les assistés sociaux de Montréal,
actuellement, comme je pense reprendre les mots du ministre des Affaires
sociales un simple problème de transition dans les
mécanismes de paiement, il y a une marge.
Le but visé par les différentes politiques sociales au
cours des dernières années est de n'avoir qu'un seul
barème, nous a-t-il dit, celui des revenus, ce qui voudrait dire comme
conséquences tout à fait aussi technocratiques que logiques,
qu'il faudrait remplacer ou faire disparaître je pense que la
deuxième explication est plus réelle l'évaluation
selon les besoins spécifiques, comme on l'a toujours connue dans
l'application de la loi 26, par exemple.
M. le Président, lorsque le ministre est intervenu, tout à
l'heure, je l'ai interrompu brièvement pour demander si c'était
faire disparaître ou remplacer. Il m'a dit: II n'est pas question de
remplacer, parce que justement le but est de faire disparaître toutes les
évaluations en besoins et de n'en faire une qu'en revenus. Je n'avais
quand même pas l'intention d'interrompre le ministre pour rien. Dans
l'application actuelle et dans la période transitoire c'est
ça qui est tout le problème où nous nous trouvons,
entre deux régimes de politique de revenu, il faut se poser la question
et elle existe sur le terrain de Montréal à savoir
si ces contingences administratives nécessaires à
l'arrivée d'un nouveau régime vont avoir le dessus pendant une
certaine période de temps, en particulier dans une année
où l'inflation est si forte, sur la justice que ces deux régimes
affirmaient avoir comme objectifs.
Est-ce qu'il s'agit vraiment simplement d'une période de paiement
de la taxe d'eau qui soit différente? Ce qui est arrivé, pour une
grande partie de l'évaluation qui est à la base des
chèques d'allocations que reçoivent les
bénéficiaires de l'aide sociale, une grande partie des besoins
spécifiques encore maintenus, non encore disparus, non encore
remplacés, une grande partie de ces besoins spécifiques sur
lesquels on fonctionne encore, en ce jour du 5 décembre 1974, avant
l'établissement d'une politique de revenu minimum garanti, c'est qu'une
bonne partie de ces besoins spécifiques ont subi, au cours de
l'année en cours, une croissance supérieure à ce qui avait
été prévu dans l'augmentation de janvier 1974 et à
ce qui est même prévu dans toute allocation supplémentaire
qui aurait pu s'y joindre.
Quand les assistés sociaux, en octobre dernier, ont
manifesté alentour du bureau du ministre des Affaires sociales, à
Montréal, j'y étais, M. le Président, accompagnant des
citoyens de mon quartier.
Il y avait un slogan entre autres. Ces gens ne sont vraiment pas
il fallait les voir des professionnels des manifestations et ils
étaient sortis par besoin. Et c'est uniquement des besoins fondamentaux
qui les faisaient sortir des quartiers qu'ils habitent. Quand ces gens avaient,
entre autres slogans, celui de dire "Les 8 p.c, on les a mangés", ils
signifiaient, à leur façon et en leurs mots, ce que je suis en
train d'expliquer au ministre des Affaires sociales.
On a changé la méthode de paiement de la taxe d'eau et en
fin de compte on l'a laissé reposer sur une décision que
l'assisté social avait à prendre lui-même quant à la
répartition de son budget, parce qu'il est exact que la ville de
Montréal a accepté d'étaler les paiements sur certains
mois. Lorsqu'il se trouvait avec cette responsabilité et cette
décision d'administrer cette partie de son budget qu'il n'avait pas
avant à administrer, puisqu'elle était contenu dans son loyer, il
se rendait compte que d'autres besoins spécifiques, tels que la
nourriture, tels que le vêtement, tels que les dépenses
personnelles qui sont dans la vie de chacun, avaient grugé les 8 p.c. en
question avant qu'il n'ait l'occasion lui-même de les envoyer à la
ville de Montréal.
C'est la croissance des besoins et donc l'insuffisance du revenu
accompagnant ces besoins, parce qu'aujourd'hui on fonctionne encore avec
l'évaluation des besoins spécifiques, qui ont fait que ces
citoyens se sont trouvés à ce point dépourvus. Ils ont
décidé de brûler les comptes de taxe d'eau que la ville de
Montréal leur avait fait parvenir pour l'excellente raison qu'ils se
trouvaient incapables de répondre à ce besoin spécifique
nouveau, parce que cela en était un, ce besoin spécifique nouveau
auquel ils devaient faire face sans avoir eu les recours financiers pour le
faire.
Le ministre dit qu'on a essayé de faire que cette nouvelle
responsabilité parce que cela en était une, mise sur les
épaules des assistés sociaux, quant à leur maigre budget
soit la plus légère possible. Il parle de l'augmentation
de janvier 1974 qui, soi-disant, aurait inclus dans son fondement même
elle en incluait beaucoup plus qu'elle ne pouvait en porter en
réalité la réponse à certains besoins
spécifiques et à la croissance de ces besoins
spécifiques.
Cet arrangement avec la ville de Montréal, le ministre dit qu'on
a essayé de faire face à cette responsabilité et de la
rendre la plus légère possible. Nous soutenons pour vivre
probablement avec autant d'acuité que le ministre des Affaires sociales
et pour vivre, nous, à notre façon, cette situation le
fait que cette responsabilité, au contraire, est apparue comme une
charge encore plus difficile pour les assistés sociaux qu'ils faisaient
face à une croissance démesurée de l'inflation.
S'il est des victimes de l'inflation actuelle, ce sont évidemment
les plus démunis. S'il est un endroit où l'inflation a les plus
crû au cours des derniers mois, c'est dans le domaine alimentaire. Et ces
gens-là mangent autant que vous, pas autant probablement, mais ils ont
autant besoin que nous de manger. Et, en ce sens, la partie de leur budget qui
y est consacrée a pris une croissance certainement beaucoup plus
grande.
Je conclus avec ces mots: Quelle que soit l'étape de la
transition où nous sommes entre un régime d'aide sociale vers un
autre qui serait basé, lui, plutôt sur une évaluation des
revenus essentiels, cette étape administrative difficile à
traverser, qui oblige nécessairement à éliminer le calcul
selon les besoins spécifiques il n'y a personne de mieux
placé que le ministre des
Affaires sociales pour nous faire toutes les acrobaties technocratiques
qu'il se trouve à imposer à son régime, nous lui faisons
largement confiance dans ce domaine ne peut, en aucun temps, se faire
sur le dos des assistés sociaux.
Or, c'est justement le cas qui s'est produit cette année. La
croissance des autres besoins spécifiques maintenus dans
l'évaluation a été telle que cette nouvelle
responsabilité, qu'on leur a laissée, paraît
nécessairement comme une surcharge inutile et proprement injuste.
LE PRESIDENT (M. Picard): Est-ce que vous avez d'autres questions
à poser? Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, j'ai été
le premier à poser la question. Dans sa réponse, le ministre des
Affaires sociales nous fait le reproche de poser souvent les mêmes
questions.
Il est évident que si nous les posons, c'est que nous pouvons lui
faire le reproche également de nous donner toujours les mêmes
réponses. En cela, je dois dire que le ministre des Affaires sociales
est fidèle à lui-même. Lorsqu'il a donné une
réponse négative une première fois sur ces
problèmes que nous avons soulevés concernant les assistés
sociaux en ce qui regarde des sujets très précis comme
l'électricité, le chauffage, la taxe d'eau, les assistés
sociaux reçoivent une fin de non-recevoir. J'admets que le ministre est
resté toujours fidèle à lui-même de ce
côté par rapport au problème que nous soulevions et qui,
à mon sens, recèle une injustice envers des assistés
sociaux.
On n'est pas avec des gens, M. le Président, qui gagnent $25,000
par année. Si c'étaient certains mécanismes administratifs
qui feraient qu'au lieu de $25,000, certains en recevraient seulement $24,000,
je n'insisterais pas de la même manière. Mais on est avec des gens
qui, on le sait, sont en-deça du seuil de la pauvreté, pour qui
les dollars veulent dire quelque chose, et s'il y a une classe de gens qui ne
peut souffrir aucune injustice, c'est bien celle des assistés sociaux,
M. le Président.
C'est impensable qu'on puisse accepter, comme gouvernement, qu'à
l'intérieur d'une classe aussi défavorisée que celle des
assistés sociaux, il puisse y avoir, d'une façon très
perceptible, des injustices, et que le gouvernement n'accepte pas de les
corriger, parce que ces gens sont victimes de certains mécanismes dont
ils ne sont pas responsables ou de certaines réglementations dont ils ne
sont pas responsables.
Nous ne désavouons en aucune façon le régime que
veut instaurer le ministre des Affaires sociales. Cette instauration le plus
vite possible d'un régime de revenu garanti, nous sommes pour. Nous
sommes d'accord avec cela. D'ailleurs, le programme du Parti
québécois est très clair sur ce sujet depuis plusieurs
années. Il n'est pas question non plus pour nous de désavouer ce
but qui est poursuivi par le gouvernement, par l'entremise du ministre des
Affaires sociales, à savoir l'instauration d'un régime de revenu
garanti.
Mais, même si on poursuit un but louable en soi, le fait de
vouloir atteindre ce but louable ne permet pas qu'en chemin on puisse se
permettre, pour atteindre ce but, de créer des situations qui
représentent des injustices. M. le Président, on a un but
à atteindre, mais ce but ne sera peut-être pas atteint avant,
quoi, peut-être cinq ans, peut-être plus. A l'heure actuelle,
est-ce qu'à cause d'un but louable à atteindre, on peut se
permettre d'accepter des situations d'injustice pour des gens qui, eux, sont
pris quotidiennement avec les problèmes que nous avons soulignés
tout à l'heure au ministre des Affaires sociales.
M. le Président, le ministre des Affaires sociales nous dit qu'il
aimerait bien avoir des suggestions concernant, entre autres, une
première situation d'injustice qui se retrouve souvent je ne
détaillerai pas à nouveau concernant
l'électricité et le chauffage, concernant les barèmes de
logement.
Si le ministre nous dit que, de plus en plus, les montants
affectés au logement parce qu'on poursuit un but final qui est le
revenu garanti que, de plus en plus, dis-je, ce montant affecté
au logement va diminuer, ce serait peut-être le moment de se demander
jusqu'à quel point ce ne serait pas le temps qu'il disparaisse. Quand on
voit les montants qui sont alloués à cet article: $65 dans le cas
d'une personne seule et $85 pour une famille, il me semble que ce sont des
montants, à l'heure actuelle, qui sont dans ce qu'il y a de plus minimum
comme loyer mensuel. Il est inacceptable qu'à cause d'un
règlement comme celui-là on en arrive à créer une
situation d'injustice, pas pour n'importe qui, mais entre des assistés
sociaux, entre des gens, à mon sens, parmi lesquels il ne doit
sûrement pas y avoir de classes parce qu'ils sont tous pris avec le
même problème, celui de joindre les deux bouts.
Alors, il me semble que le ministre des Affaires sociales pourrait
réviser ses positions concernant les comptes
d'électricité, de chauffage, la taxe d'eau aussi. Cette semaine,
je dois l'avouer, pour la première fois, lors d'un exposé qu'il a
fait sur la Loi modifiant le régime de rentes, le ministre des Affaires
sociales m'a semblé avoir vraiment une condescendance très
marquée pour les assistés sociaux. C'était peut-être
la première fois en Chambre que je le voyais défendre cette
classe qui est souvent injustement étiquetée. En effet, la
population juge souvent les assistés sociaux parce qu'elle ne les
connaît pas vraiment. Quels sont-ils, les assistés sociaux?
Jusqu'à quel point existent leurs besoins? Souvent, la perception de la
population vis-à-vis des assistés sociaux vient à partir
de l'observation qu'ils font de certaines personnes, toujours trop nombreuses
naturellement, qui, elles, abusent des mesures sociales, de l'aide sociale, et
qui, à ce moment-là par leur comportement, contri-
buent à déprécier, je dirais, les vrais
assistés sociaux.
M. le Président, encore une fois, nous avons posé les
questions, nous avons eu encore les mêmes réponses. Je me fais
tout autant un devoir de continuer à reposer les mêmes questions
que le ministre se sent responsable en nous donnant toujours les mêmes
réponses.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le ministre.
M. FORGET: M. le Président, j'aimerais, en quelques minutes,
relever certaines des remarques qui ont été faites. Comme tous
ces propos sont consignés au journal des Débats, même si
nous couvrirons encore un terrain familier, il me semble essentiel de ne pas
laisser de telles remarques sans au moins des indications qui permettront aux
intéressés, le cas échéant, de retrouver plus
complètement peut-être ailleurs d'autres éléments
d'éclaircissements.
Je me permets d'adresser mes remarques presque dans l'ordre où
elles ont été faites, malgré l'absence du
député de Beauce-Sud qui semble avoir perdu intérêt
à connaître les réponses à ses questions, mais qui
probablement en prendra connaissance par une lecture assidue du journal des
Débats.
Il a fait mention du problème du chauffage. Je ferai
crédit de ce point au représentant de l'Opposition officielle qui
l'a mentionné avant lui et au sujet duquel j'ai fait ma première
intervention.
Il fait allusion, comme son collègue, d'ailleurs, du même
parti l'a fait à quelques reprises, à un problème qui n'a
peut-être pas été aussi souvent discuté que les
autres dans cette Assemblée depuis quelque temps.
C'est celui des personnes qui sont en chambre et pension dans leur
famille ou chez des membres de leur famille. Il attire notre attention sur le
niveau inchangé de ces prestations pour cette catégorie de
bénéficiaires dans l'année courante.
Encore là mes remarques seront très brèves mais il
importe de souligner une chose. Loin de pénaliser les familles par le
régime actuel des prestations à ceux qui sont en chambre et
pension mais chez un membre de leur famille, les décisions prises au
cours des deux ou trois dernières années par le gouvernement,
relativement à cette catégorie de bénéficiaires,
ont eu pour but au contraire de favoriser la bonne entente dans ces familles.
Je fais allusion à la situation qui a précédé la
situation actuelle alors que ces personnes recevaient des prestations, si l'on
veut, normales, celles que l'on donne aux personnes seules. Mais, en
contrepartie, les familles chez qui ces bénéficiaires se
trouvaient et dans une large mesure, M. le Président, il s'agit
de bénéficiaires de l'aide sociale devaient comptabiliser
un revenu puisqu'il est évident qu'une personne seule qui vit chez de
purs étrangers doit payer une pension, d'ailleurs l'expression
même y fait allusion, il est clair également qu'une personne qui
recevrait une allocation de personne seule au plein montant, mais qui vivrait
dans une famille qui est elle-même bénéficiaire de l'aide
sociale, serait appelée à contribuer aux dépenses de cette
famille pour le logement et l'alimentation. Par conséquent, une certaine
partie des dépenses de la famille chez qui elle se trouve, au titre du
logement en particulier, serait ainsi compensée par un revenu.
Donc, il y avait dans les règlements d'aide sociale, il y a deux
ans, une disposition permettant de comptabiliser des revenus provenant de
chambre et pension. Cette comptabilisation des revenus provenant de personnes
qui se trouvent soit chez leurs parents ou leurs enfants respectivement, toutes
les situations étant possibles, a créé beaucoup de
difficultés. Je crois qu'à l'époque tous les
députés ou presque pourraient en témoigner un
très grand nombre d'entre eux ont eu à intervenir ou à
s'intéresser au problème de bénéficiaires chez qui
cette comptabilisation des revenus provoquait des difficultés
considérables. Il fallait bien faire des hypothèses. On ne
demandait pas des preuves et des pièces justificatives; il n'y a pas de
contrat entre les membres d'une famille, il n'y a pas de baux qui sont
signés. Il fallait bien faire des suppositions sur le montant de ces
paiements à l'intérieur d'une même famille, mais entre des
bénéficiaires distincts.
Ces difficultés ayant été jugées presque
insurmontables, il a été décidé il y a un an ou
deux, je n'ai pas à l'esprit la date exacte de cette modification, de
supprimer cette comptabilisation mais, par contre, de diminuer le montant que
ces bénéficiaires recevaient de manière à se
débarrasser d'un problème administratif insoluble. Mais au net et
globalement, il fut décidé de traiter ces familles de
façon qui ne soit pas moins avantageuse que dans le passé.
Etant donné certains problèmes de droits acquis, des
difficultés dans lequelles je ne veux pas entrer, le niveau de ces
prestations avait été situé à l'époque
légèrement au-dessus de ce qu'il aurait dû être si on
avait voulu être absolument juste, c'est-à-dire compenser dans le
même degré l'insuffisance des revenus de ce type de
bénéficiaires par rapport aux autres. Etant conscients de cette
surcompensation qui avait été décidée largement
pour des raisons de droits acquis et de problèmes administratifs
qu'aurait imposés autrement une réduction, nous avons
décidé durant l'année en cours de ne pas effectuer de
majoration. Une majoration, quelque désirable qu'elle soit pour des
raisons humanitaires, affectait malgré tout l'équilibre du
régime en compensant davantage les dépenses de ces personnes
qu'il nous est possible, malheureusement, de le faire dans le cas d'autres
types de bénéficiaires.
Je précise ceci, sans vouloir pour autant dire puisque
j'ai déjà allégué le contraire cette semaine
même, lors du discours de deuxième lecture sur le projet de loi du
régime de
rentes que toutes nos prestations sont à un niveau
suffisant. Il s'agit là, on l'aura compris, d'un problème de
répartition entre différentes catégories de
bénéficiaires, répartition qui n'a pas été
au désavantage des familles mais qui a, au contraire, cherché
à diminuer l'incidence de considérations administratives de
l'aide sociale sur justement la paix et l'harmonie qui doivent régner au
sein des familles.
Un troisième et dernier point a été
mentionné par le député de Beauce-Sud et il a trait aux
incitations présumées qui seraient données parce
qu'il faut employer le conditionnel dans tout ça, M. le Président
qui seraient données par certains agents d'aide sociale à
la séparation.
Il est indubitable, si l'on considère le montant des prestations
isolément, que des personnes seules, qui peuvent constituer un couple
à d'autres égards mais qui sont considérées par
l'aide sociale comme des personnes seules, sont appelées à
recevoir davantage comme personnes seules que comme couple. Il est
évident cependant et c'est un fait que le député de
Beauce-Sud a peut-être ignoré il est évident
cependant que les personnes qui vivent séparément ont des
dépenses supérieures, ne serait-ce qu'au titre du logement,
à la moitié des dépenses d'un couple.
C'est un fait largement connu, que, je pense bien, n'importe qui peut
vérifier dans sa vie personnelle. Certainement les députés
sont bien à même de vérifier la vérité d'une
telle proposition. Je pense qu'il est normal, si l'on veut un régime qui
soit neutre, de donner un peu plus à des gens qui vivent
isolément, puisqu'autrement on pourrait accuser le régime de
favoriser, je ne sais pas, le concubinage, de forcer les gens à vivre
ensemble pour diminuer les dépenses et leur permettre de vivre dans des
situations qui soient tolérables.
Le problème de la neutralité d'un régime d'aide
sociale, il va se poser, de toute manière. On ne peut pas être
absolument neutre, on essaie de l'être le plus possible en reliant la
disparité des prestations à la disparité des
dépenses observées, dans la mesure où ces choses peuvent
se démontrer et puis dans la mesure où elles peuvent être
vraies pour tout le monde, ce qui, évidemment, n'est jamais le cas.
Pour ce qui est des autres remarques, je ne reviendrai pas, M. le
Président, sur la question des frais de chauffage. Je ne fais
certainement pas reproche aux députés de l'Opposition de revenir
sur cette question. Je n'ai qu'indiqué qu'aux mêmes questions ils
auraient les mêmes réponses, parce que je crois sincèrement
que les réponses que j'ai apportées sont des réponses qui
respectent la justice entre les bénéficiaires, qu'il n'y a pas
lieu de crier à l'injustice. Il y a une justice, et j'ai indiqué
pourquoi cette justice me paraît exister. C'est essentiellement qu'on ne
peut pas baser l'injustice sur la considération d'un article
spécifique dans l'ensemble d'un budget, il faut voir à l'ensemble
du budget. Et pour ce qui est de l'ensemble du budget, j'ai donné les
raisons pour lesquelles il faut justement permettre à l'individu de
faire des choix, de déterminer ses priorités et d'en garder le
bénéfice également, ce que seule une allocation
forfaitaire peut faire. Dès qu'il est question de rembourser des besoins
spécifiques et de le faire spécifiquement, on tombe dans le
danger que d'ailleurs le député de Chicoutimi a souligné
à l'occasion des frais de logement.
Je n'ai pas l'intention d'élaborer davantage là-dessus,
sauf pour dire que si le député de Saint-Jacques utilise
l'expression "besoins spécifiques" pour désigner, dans le fond,
par une espèce de jeu de mots, l'ensemble des dépenses que font
les assistés sociaux, il est évident que les besoins
spécifiques vont demeurer éternellement. Personne, dans sa vie
personnelle, ne fait des dépenses générales. On fait tous
des dépenses spécifiques.
Ce qui est important, c'est que nos revenus ne sont pas affectés
spécifiquement par notre employeur ou par les gens qui nous le
fournissent à titre d'allocation sociale pour payer notre tabac à
pipe ou autre chose. C'est une allocation qu'on est libre d'utiliser comme bon
nous semble. C'est dans ce sens-là que nous avons déjà, au
moins pour les assistés sociaux, un régime de revenu garanti
puisqu'il ne s'agit pas d'une transition, à tous égards, qui nous
place dans le futur. Nous avons déjà, par l'abandon progressif,
des mesures de besoins spécifiques et l'utilisation de l'insuffisance
des revenus comme seuls critères, nous avons, au moins pour cette
clientèle, déjà un revenu garanti. La seule
différence qui pourrait résulter d'une
généralisation de l'adoption plus poussée d'un
régime de revenu garanti pour les bénéficiaires d'aide
sociale, ce n'est pas ce qui arriverait du côté de leurs
dépenses mais c'est ce qui arriverait du côté de leur
revenu, c'est-à-dire la capacité qu'ils auraient, en travaillant,
de gagner et de ne pas perdre tout le fruit de leur travail par les
règles actuelles de l'aide sociale qui, comme je l'ai indiqué,
sont déficientes à cet égard.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
précisions concernant l'élément 2 du programme 2 qui
représente $1 million?
LE PRESIDENT (M. Blank): Elément 1,. adopté.
Elément 2.
M. FORGET: A l'élément 2, il s'agit de l'aide
préventive. Il s'agit d'une aide en vertu d'un article particulier et
où il y a eu une majoration dans le nombre sous réserve de
vérification, mais je pense qu'il s'agit bien de ça de
bénéficiaires. Il y a aussi un phénomène
d'indexation qui n'avait pas été entièrement
anticipé puisqu'il s'y reflète, ici aussi, la majoration de juin
dernier.
C'est un article qui permet, pour des personnes qui pourraient devenir
des assistées sociales, une aide. C'est un article de la loi qui est
spécifique et qui est, à tous autres égards, comme l'aide
sociale générale.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quel article de la loi? Cela représente
quand même...
M. FORGET: Je n'ai pas la loi avec moi.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... au bout de la ligne, $1 million.
M. FORGET: De mémoire, il s'agit d'un article qui permet de
donner une aide de manière à empêcher qu'une famille ne
devienne totalement dépendante en lui fournissant de l'aide même
si, à strictement parler, elle n'est pas dans une situation de
dénuement total.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ah! bon.
M. FORGET: C'est préventif dans ce sens-là.
M. BELLEMARE (Johnson): Juste une question. Est-ce que, dans ce montant,
sont comprises les augmentations qui ont été annoncées
dernièrement de 10 p.c.
M. FORGET: Oui, elles sont comprises. D'ailleurs, dans les versements
mensuels, comme j'indiquais tantôt, le versement mensuel de
décembre est estimé à $35 millions; le versement mensuel
de janvier 1975, à $38,750,000, donc, une majoration de $3,750,000 qui,
essentiellement, est due à l'indexation de 10.4 p.c.
LE PRESIDENT (M. Blank): Elément 2, adopté. Programme 2,
adopté. Programme 4.
M. BELLEMARE (Johnson): Dans les services communautaires, au programme
4, les soins généraux, est-ce que les soins à domicile
sont compris?
M. FORGET: Oui, les soins à domicile sont compris dans les soins
généraux, en effet, D'ailleurs, la ventillation de ce montant de
$3,275,000 qui apparaît aux crédits est la suivante: Soins
généraux, $2,904,000; soins à domicile, $371,000.
LE PRESIDENT (M. Blank): Soins généraux et soins à
domicile ce sont deux éléments.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, concernant
l'élément 1 du programme 4, je voudrais demander au ministre ce
que ça représente comme augmentation de coûts si ce sont de
nouveaux services ou encore de nouveaux programmes, à part les CLSC?
M. FORGET: Je vais vous donner...
M. BEDARD (Chicoutimi): Tout ce que ça peut comporter, mais
à part les CLSC.
M. FORGET: Par rapport aux CLSC, je n'ai pas la ventilation ici, mais je
peux vous donner une ventilation sur une base différente. Il ne s'agit
pas ici, il faut bien le noter, de modifications dans les programmes, mais
d'ajustements qui sont attribuables dans une large mesure puisqu'on
aborde, au programme 4, une série de programmes qui affectent le
réseau parapublic, c'est-à-dire le réseau des
établissements d'affaires sociales, de services sociaux et de services
de santé à la révision du taux d'accroissement des
budgets, étant donné l'estimation de la progression des salaires
et des prix des fournitures, par exemple, qui a dû être faite
durant l'année à la lumière des faits tels qu'ils
devenaient connus. Il serait peut-être utile, parce que je ne pense pas
que nous aurons l'occasion de le faire, de la même façon, que je
vous donne, pour l'ensemble des programmes, la grande ventilation entre
différents postes de majoration que l'on retrouve dans tous les
programmes.
En effet, sur l'ensemble des programmes 4 à 12,
c'est-à-dire 4, 5, 7, 8, 9,11 et 12, il y a une majoration totale de
$105 millions. Alors, ceci recouvre tous ces programmes, mais c'est une analyse
qui permet d'attribuer à des causes la majoration qu'on retrouve dans
chacun des programmes. Sur ce total de $105 millions, la révision du
taux d'accroissement des budgets attribuable aux facteurs que je viens de
mentionner compte pour $32,950,000. Les griefs de conventions collectives,
c'est-à-dire certains arbitrages, certains règlements de griefs
attribuables à l'application des conventions collectives, comptent pour
$4,500,000. L'accroissement des salaires des cadres compte pour $1,400,000
environ. L'accroissement des dépenses au titre du perfectionnement
compte pour $371,000. L'application des dispositions de l'assurance-salaire,
qui est une disposition, comme on sait, de la convention collective, compte
pour $2,400,000. Il y a un autre article ici qui va vous paraître
mystérieux, mais ce sont certains versements de l'exercice financier
précédent qui sont effectués en 1974/75; ceci compte pour
$5,285,000. Cet article mérite quelques explications.
Comme on le sait peut-être, les dépenses des
établissements leur sont payées par anticipation par 26e,
c'est-à-dire par périodes de deux semaines.
Il y a donc 26 versements qui sont effectués pendant
l'année. Or, on se rend compte, lorsqu'on examine un calendrier, qu'il
n'y a pas une correspondance exacte entre 26 périodes de quinze jours et
365 jours. Ce qui veut dire qu'au bout d'un certain nombre d'années, il
y a un certain décalage et que, dans une année en particulier, il
y a plus de 26 paiements qui doivent être faits. Ce point reflète
dans l'exerci-
ce 1974/75 l'incidence de ce phénomène qui compte pour
$5,200,300.
Certains déficits ont été encourus par des
établissements en 1973 et n'étaient pas inclus dans la base de
calcul des budgets de l'année courante dans le budget initial. Ceci
compte pour $10 millions.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous pourriez détailler
là-dessus, quels sont les établissements?
M. FORGET: Le détail par établissement, malheureusement,
je pourrais peut-être vous le donner ce soir. Il y a un très grand
nombre d'établissements. Je ne l'ai pas avec moi. Cela recouvre
plusieurs dizaines d'établissements, pour des montants parfois modestes
mais qui totalisent, évidemment, une somme considérable,
étant donné que tous ces programmes intéressent environ
900 établissements.
M. BEDARD (Chicoutimi): Puisque le ministre je le comprends
ne peut pas nous la donner au moment où nous la demandons, est-ce
qu'on pourrait tenir pour acquis que le ministre des Affaires sociales pourrait
nous faire parvenir...
M. FORGET: Ecoutez...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... la liste de ces établissements...
M. FORGET: ... je ne voudrais pas m'engager...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... parce que cela représente quand
même $10 millions? Alors, j'imagine que cela peut être
important.
M. FORGET: Je ne voudrais pas... Oui. Je comprends que c'est une somme
importante. C'est malgré tout seulement 10 p.c. de la somme dont on
parle et on doit réaliser que cela représente une compilation
extrêmement considérable puisqu'il y a plusieurs centaines
d'établissements qui peuvent être impliqués pour des
montants minimes. Je me demande s'il serait possible de considérer
peut-être seulement les établissements où ce
phénomène est le plus important parce que, autrement, on risque,
de toute façon, de ne pas pouvoir physiquement vous produire de telles
données dans un délai raisonnable.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je serais d'accord sur ce point.
M. FORGET: Bon. On pourra voir, ce soir, à la reprise de la
séance, s'il sera possible de vous donner une indication de l'ordre de
grandeur de certains déficits.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord.
M. FORGET: Enfin, pour le premier trimestre de 1975, il y a une
prévision qui est faite aussi, au montant de $10 millions, pour les
majorations des budgets, étant donné l'accroissement
nécessaire dans les budgets d'une année à l'autre.
J'allais négliger une somme de $34,186,000 qui résulte de
révisions dans les approbations initiales de budget qui ont
été faites en cours d'année pour répondre à
certains problèmes de fonctionnement causés par une augmentation
de volume, par exemple, et à des besoins urgents du côté
des établissements.
Il s'agit donc, dans ce cas, de décisions prises au niveau
d'établissements et entérinées par le ministère
alors que, dans le cas des autres modifications, il s'agit de processus plus
mécaniques en quelque sorte.
Ceci, c'est pour la ventilation des causes auxquelles on peut attribuer,
dans l'ensemble des programmes, les augmentations demandées. Maintenant,
dans le programme 4, élément 1, une ventilation plus
spécifique peut être faite. Sur $2.9 millions, on peut attribuer
à la révision du taux d'accroissement, c'est-à-dire
essentiellement l'incidence des phénomènes inflationnistes
actuels, $1.3 millions. Le phénomène des versements, la
discontinuité des versements, dont j'ai parlé, est responsable
pour près de $700,000, soit $673,000. Les prévisions pour le
premier trimestre 1975 sont responsables pour $400,000, ce qui fait $2.3
millions sur les $2.9 millions. Les autres causes, comme assurance-salaire,
perfectionnement, accroissement du salaire des cadres, griefs et
révision des approbations initiales, se partagent les $600,000 qui
restent au niveau des variations reflétées dans ce budget
supplémentaire.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Non.
M. le Président, c'est au niveau de ce programme, je crois, que
je peux poser certaines questions au ministre des Affaires sociales, concernant
les CLSC.
On sait que lorsque nous avons eu l'occasion d'en discuter, soit lors de
l'étude des crédits ou, en commission, à l'occasion de
l'étude de certains projets de loi, des problèmes majeurs se
posaient pour l'établissement et le bon fonctionnement des CLSC. Entre
autres, un problème se situait au niveau de la difficulté de
recruter des médecins pour pouvoir effectivement exercer à
l'intérieur de ce cadre. Il y avait également, d'une façon
toute spéciale, le problème de la pénurie ou du manque de
médecins dans certaines régions du Québec, même dans
plusieurs régions du Québec.
Entre autres, lors de l'étude de ses crédits, nous avions
discuté avec le ministre de l'opportunité qu'il y aurait pour le
gouvernement d'adopter, d'établir ou de mettre sur pied une certaine
politique soit de bourses ou de prime d'éloignement pour effectivement
influencer
certains médecins à accepter d'aller pratiquer non
seulement dans les grands centres, mais également dans ces
régions qui ont un pressant besoin de médecins.
A ce moment-là, on nous avait parlé de ce problème
de recrutement de médecins, de manque de médecins et de la
nécessité de voir à l'élaboration d'une politique
qui pourrait contrer ces difficultés. Je demanderais donc au ministre si
effectivement il est, je ne sais pas, peut-être moins pessimiste qu'il ne
l'était dans le temps de l'étude des crédits.
M. FORGET: Oui, M. le Président, le député a raison
de souligner que j'en étais à des réflexions il y a
quelques mois, quelques semaines, sur ce sujet. Mes réflexions sont
maintenant terminées. Malheureusement, je ne suis pas en mesure
d'annoncer ce soir le fruit de ces réflexions, mais j'espère
pouvoir le faire bientôt.
C'est donc dire que je peux être aussi optimiste qu'il le croit
possible, en effet, relativement à cette question. Je pense bien que
nous aurons d'ici peu des nouvelles à annoncer de ce côté.
Mais, malheureusement, pas ce soir.
M. BEDARD (Chicoutimi): Sans dévoiler... M. le Président,
il est six heures.
M. LEVESQUE: Suspension jusqu'à vingt heures quinze.
LE PRESIDENT (M. Blank): La commission suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures quinze ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. BLANK (président de la commission plénière): A
l'ordre, messieurs! Article 1.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, sans vouloir pousser mon
interrogatoire plus qu'il ne faut sur le sujet, lorsque nous avons suspendu, le
ministre nous a dit que sa période de réflexion était
terminée concernant l'élaboration d'une politique du gouvernement
qui aurait comme effet de palier les problèmes du manque de
médecins dans les CLSC, d'une part, et dans certaines régions du
Québec. Je ne sais pas si, sans entrer dans les détails,
l'honorable ministre pourrait nous dire les grandes lignes de cette politique
dont a accouché le gouvernement à la suite d'une longue
réflexion.
M. FORGET: Je regrette, M. le Président, je dois m'en tenir aux
remarques que j'ai faites avant la levée de la séance de cet
après-midi, à ce sujet. A grand regret d'ailleurs.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pardon?
M. FORGET: J'ai indiqué, avant la levée de la
séance cet après-midi, qu'il ne m'était pas...
LE PRESIDENT (M.Blank): A l'ordre, messieurs!
M. FORGET: ... possible actuellement d'annoncer les conclusions
auxquelles ma réflexion m'a mené.
M. LESSARD: M. le Président, on ne se comprend pas. On ne
comprend pas le ministre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut s'attendre à
connaître au moins, avant les Fêtes, ce que serait cette
politique?
M. FORGET: Oui, on peut s'y attendre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant les CLSC, M. le Président,
j'ai eu l'occasion d'écrire à plusieurs reprises, sur la
nécessité que les lettres patentes soient émises au CLSC
de Saguenay-Nord, dans la région, et je sais que, récemment, au
début de décembre, les lettres patentes en question ont
été émises.
Je voudrais simplement demander au ministre s'il est capable de nous
dire, à ce stade-ci, quelle est l'ampleur, quelles sont les sommes
approximatives qui pourraient être investies dans ce CLSC à
Saguenay-Nord?
M. FORGET: M. le Président, il s'agit essentiellement d'une
question qui porte plutôt sur le budget de l'an prochain que sur le
budget supplémentaire. Je ne crois pas que nous aurons, dans le budget
que nous avons devant nous, des sommes appréciables, ni même
quel-
que somme que ce soit relativement à la mise en route de ce CLSC.
Comme on le sait, l'ordre de grandeur normal d'un budget de CLSC est entre
$200,000 et $300,000.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est la même chose pour celui de
Roberval, j'imagine?
M. FORGET: Oui, la même réponse vaut dans tous les cas de
nouvelles chartes accordées dans les dernières semaines.
M. BEDARD (Chicoutimi): A deux occasions au moins nous avons
demandé au ministre si une décision définitive
était prise concernant l'implantation d'un CLSC dans Montmagny-Nord.
Est-ce qu'il y a d'autres développements depuis ce que le ministre nous
a dit il y a deux mois?
M. FORGET: M. le Président, ce n'est certainement pas que je
refuse de répondre aux questions du député sur le
programme lui-même, mais on doit reconnaître, je pense, que je n'ai
que tous les dossiers de mon ministère présents à
l'esprit, certainement pas en ma possession ici, pas plus que le
déroulement de chacun des dossiers. Je vous avoue que sur des programmes
substantiels, je ne suis pas en mesure ce soir de vous répondre à
cette question spécifique. Je suis désolé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que des crédits sont prévus
pour cela?
M. FORGET: Ecoutez, je vais le demander, je vais consulter, si on me
permet de revenir sur cette question.
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a un cas de CLSC qui est peut-être
plus présent à l'esprit du ministre.
Il s'agit de l'éventualité de l'implantation d'un CLSC
à Senneterre. On sait qu'à un moment donné un groupe de
citoyens de Senneterre est descendu ici même, à Québec, aux
fins de donner une conférence de presse à laquelle nous avons
participé, où ces gens exprimaient carrément leur
opposition à l'implantation d'un CLSC à Senneterre avant d'avoir
la confirmation qu'il y aurait les améliorations nécessaires
à l'hôpital de la place quant à l'augmentation des
lits.
Les gens que nous avons eu l'occasion de rencontrer étaient
d'autant plus exacerbés que, durant toute la campagne électorale,
des promesses très précises avaient été faites
à l'effet qu'une fois la campagne finie des médecins seraient
amenés en nombre suffisant et qu'un hôpital adéquat serait
assurément établi à Senneterre. Ces promesses ont
été faites non pas par le parti de l'Opposition officielle mais
par des représentants du parti au pouvoir. Etant donné les
représentations qui ont été faites par ce
groupe-là, nous croyons qu'il y a lieu de souligner, d'une façon
particulière, le cas de
Senneterre parce que, selon les statistiques produites par la
Régie de l'Assurance-maladie du Québec pour l'année 1973,
la région du Nord-Ouest québécois se trouve
défavorisée par rapport aux autres régions.
En effet, à Montréal, on retrouve une moyenne de douze
lits par 1,000 personnes de population. A Québec, quatorze lits; dans
les Cantons de l'Est, onze, alors que dans le Nord-Ouest il n'y a que sept lits
par 1,000 personnes de population. La moyenne de lits est, d'une façon
générale, au Québec de dix lits par 1,000 habitants.
En cela, je crois que les gens de Senneterre avaient raison d'expliciter
leur demande avec force, auprès du ministre des Affaires sociales. Si on
prend la moyenne du Québec, ceci permettrait à Senneterre, qui
compte une population de 12,000 personnes, d'avoir droit au moins à 120
lits si on se base sur la moyenne québécoise, et si, même,
on prend la moyenne existant dans le Nord-Ouest, elle aurait droit à 84
lits.
C'est dans ce sens que les groupes qui se sont rendus à
Québec, tout dernièrement, qui représentaient, j'en suis
convaincu une large partie de la population, ont trouvé le moyen
d'expliquer que ce dont ils avaient besoin, à Senneterre, n'était
pas tant d'un CLSC que d'un nombre de lits adéquat, compte tenu de la
population, parce que cette carence, en termes de lits d'hôpital, avait
des conséquences très précises pour l'ensemble de cette
population. Parmi les inconvénients qui ont été
énumérés par l'Association des citoyens, il y a, entre
autres, ceux des travailleurs de la forêt accidentés qui doivent
parcourir parfois 40 milles en plein bois pour gagner l'hôpital de
Senneterre où on ne peut pas les soigner, et qui doivent poursuivre leur
route vers un autre établissement situé à 48 milles plus
loin. Cette deuxième étape doit se faire en ambulance aux frais
du passager, ce qui représente $85 pour aller seulement. Ceci
amène des conséquences aussi pour les femmes qui ne peuvent
accoucher à Senneterre lorsqu'il y a danger de complication et qui
doivent être transportées à Val d'Or ou ailleurs. Dans le
premier cas, les frais d'ambulance sont remboursés par la Commission des
accidents de travail, mais dans l'autre cas, c'est la famille qui les
absorbe.
Egalement, les citoyens de Senneterre ont fait ressortir, à bon
droit, qu'il n'y a, à cet endroit, que deux médecins pour 12,000
personnes de population et que ceux-ci n'envisagent pas de demeurer en place si
le ministère y implante un CLSC.
Ils ont également porté à l'attention du
ministère des Affaires sociales puisqu'il y a eu même un
mémoire, je crois, qui a été acheminé vers le
ministre des Affaires sociales qu'au cours des douze derniers mois au
moins 300 personnes ont été dirigés, pour un examen
complet seulement, de Senneterre vers d'autres établissements, que 33
p.c. des usagers de la clinique externe de Val-d'Or viennent de Senne-
terre ou des environs, qu'environ 360 personnes de Senneterre et des
environs sont reçues chaque année à l'hôpital de
Val-d'Or et que de 250 à 300 personnes de cette région sont
envoyées à l'hôpital d'Amos.
Alors, je pense qu'il n'est, en aucune façon, possible pour le
ministre des Affaires sociales de nous dire qu'il n'a pas son dossier entre les
mains, puisque nous savons pertinemment que le cas lui a été
référé de façon toute particulière non
seulement par un mémoire, mais également par la rencontre de
citoyens et aussi par la voie des journaux. Pour ne pas être plus long
sur ce cas, qui exige au plus vite une réponse de la part du
ministère des Affaires sociales, je n'élaborerai pas le trac
électoral qui avait été distribué dans le temps
à cette population, où on lui promettait d'une façon nette
et précise des médecins et un hôpital, lesquelles
représentations d'ailleurs, on le fait depuis, selon eux, une
douzaine d'années les ont amenés à faire confiance
aux porte-parole qui leur faisaient ces promesses.
J'aimerais, sur ce cas, avoir une réponse très claire du
ministre, à savoir si une décision a été prise,
parce que je crois qu'elle se doit d'être prise à l'heure
actuelle. On ne peut pas indéfiniment faire chanter, je dirais, une
population en laissant sous-entendre, comme certains citoyens l'ont
explicité, que, s'ils ne prennent pas le CLSC alors qu'on le leur offre
et s'ils continuent à faire leur bataille pour avoir un hôpital
adéquat, ce à quoi ils ont droit, à ce moment-là,
ils peuvent perdre l'un et l'autre. Je ne crois pas qu'il y a lieu d'essayer de
faire du maquignonnage avec quelque chose d'aussi important que la
santé, que ce soit dans la région du Nord-Ouest ou ailleurs.
Je demanderais donc au ministre si une décision finale est prise
concernant les réclamations et les revendications de la population de
Senneterre.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. FORGET: Le député de Chicoutimi, M. le
Président, a tout à fait raison de dire que ce dossier m'est
familier. Soyez assuré que je ne le désappointerai pas quant
à la réponse qu'il attend à sa question, d'ailleurs fort
détaillée.
Il a mentionné toutes les raisons que j'avais de connaître
le dossier. Il en a oublié cependant une, peut-être la plus
importante dans ce cas particulier. C'est que le député de la
région, le député d'Abitibi-Est, est, je dois le dire sans
offenser le député de Chicoutimi, mieux au fait que lui des
problèmes auxquels la population de la région en question a
à faire face, qu'il...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas...
M. FORGET: ... a très clairement perçu la nature de ses
problèmes et qu'il a également complètement assumé
cette responsabilité au plan des objectifs poursuivis, qui est
l'amélioration de l'état de santé de la population et non
pas la réalisation d'un moyen particulier qui pourrait être, dans
certaines circonstances, un hôpital.
En effet, je n'ai jamais vu, personnellement, qu'un lit d'hôpital
ait soigné personne. Très clairement, dans la région du
Nord-Ouest québécois, s'il n'en était que des lits,
contrairement à l'opinion exprimée par le député de
Chicoutimi, nous aurions là la population en meilleure santé du
Québec.
En particulier dans la région du Nord-Ouest, les objectifs
d'accessibilité en lits d'hôpitaux que nous avons adoptés
pour l'ensemble du Québec nous porteraient à définir un
besoin de 784 lits, alors que la région dispose d'un peu plus de 1,000
lits. Il n'y a donc pas un déficit quant à la
disponibilité des lits dans la région du Nord-Ouest. Il existe au
contraire et c'est bien connu au moins par ceux qui y vivent un
déficit quant à l'accessibilité ou à la
disponibilité du personnel.
D'ailleurs, si on regarde le fonctionnement des hôpitaux de cette
région, si on regarde les problèmes auxquels ils ont à
faire face dans le recrutement du personnel spécialisé, on n'est
pas surpris de constater que, dans un certain nombre de ces hôpitaux et
en particulier dans l'hôpital de Senneterre, nous nous trouvons souvent
en face d'un taux d'occupation qui n'est guère supérieur à
50 p.c. et, pour ce qui est de l'accessibilité à certaines formes
de soins, indépendamment des lits puisque, encore une fois, ce ne
sont pas les lits qui donnent des soins, ce sont des personnes, ce sont des
ressources humaines spécialisées il n'est pas surprenant
de voir un taux d'occupation, un taux d'utilisation de ces lits qui soit
même inférieur à la normale et à ce que l'on peut
observer dans d'autres régions.
Donc, s'il est un problème de santé,
d'accessibilité aux services de santé dans le Nord-Ouest, et sans
aucun doute un tel problème existe, c'est au niveau de la
disponibilité de ressources humaines spécialisées. Ceci,
le député d'Abitibi-Ouest l'a très bien compris. En
dépit de sa première impression à l'effet qu'un
hôpital pouvait résoudre ce problème, il a très bien
compris, ce en quoi j'invite le député de Chicoutimi à
l'imiter, que ce n'était pas par des constructions...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... comprendre en population.
M. FORGET: ... qu'on allait résoudre ce problème mais par
une meilleure organisation des services, organisation qui rendrait en
particulier disponible pour les gens de Senneterre les quelques ressources
spécialisées qui existent à Val-d'Or et à Amos.
Pour organiser de tels services, la dernière chose à faire
peut-être c'est précisément d'aller construire un
hôpital à Senneterre qui va apporter comme tendance
inévitable de fermer cette ville à l'apport des ressources
de l'extérieur.
Au contraire, la solution que nous favorisons, et des rencontres ont eu
lieu à la fin de novembre à cet effet, c'est l'organisation de
services en conjonction avec les médecins d'Amos, de Val-d'Or, de
manière que dans le cadre de l'organisation d'un CLSC ils puissent eux
se déplacer pour faire leur consultation spécialisée
à Senneterre, un jour par semaine ou un jour à toutes les deux
semaines, plutôt que d'obliger les gens de Senneterre aux
déplacements auxquels on a fait allusion.
C'est dans la recherche d'une solution coopérative de cette
nature, mettant en jeu toutes les ressources de cette région, que nous
voyons la solution au problème de Senneterre et non pas dans la
construction d'un hôpital qui est à ce moment-ci
déjà sous-utilisé et qui ne pourrait l'être que
davantage si on l'agrandissait.
M. LESSARD: ... explications que vous avez données aux gens de la
Côte-Nord.
M. FORGET: Pour ce qui est donc de cette réponse
spécifique que le député de Chicoutimi recherchait, je
puis lui dire que la décision a déjà été
prise, elle a déjà été annoncée. Cette
décision consiste à rechercher, précisément par
l'organisation d'un centre de santé, de services communautaires, la
collaboration maximum des faibles ressources humaines qui sont disponibles pour
cette région.
Je laisse de côté l'autre volet de son argumentation
relativement aux mesures à prendre pour accroître
l'accessibilité des ressources médicales, en particulier dans le
Nord-Ouest, puisque j'ai dit que ça ferait l'objet d'une intervention de
ma part d'ici quelques semaines.
Pour ce qui est de l'ensemble du problème, il n'y a pas d'autre
problème que celui-là pour ce qui est de répondre aux
besoins de santé de la population.
Certaines personnes, bien entendu, se sont inquiétées;
elles se sont inquiétées, à mon avis, sans raison et
à cause d'un risque imaginaire de perte d'emploi qui serait
consécutif à ces réaménagements. Comme on le sait,
c'est un risque imaginaire puisque les conventions collectives de travail
accordent à tous les travailleurs, dans le secteur des affaires
sociales, comme d'ailleurs dans tous les autres secteurs où le
gouvernement est impliqué dans le réseau des affaires sociales,
une sécurité d'emploi et la possibilité de continuer
à travailler dans un nouveau contexte à Senneterre. C'est donc
une crainte qui ne doit pas justifier en elle-même un mouvement pour
l'obtention d'une institution qui ne serait pas une réponse aux besoins
en cause.
D'ailleurs, et je termine là-dessus, M. le Président, je
m'interroge un peu sur la question qu'a posée le député de
Chicoutimi à cet égard. Dans d'autres contextes et à
d'autres moments, lui-même ainsi que ses collègues de l'Opposition
officielle veulent prendre le manteau de l'avocat des centres communautaires,
les CLSC, veulent faire croire qu'ils sont derrière l'effort du
gouvernement pour instituer de tels centres. Mais ils adoptent, dès
qu'ils en ont la chance est-ce par opportunisme politique des
arguments qui sont en totale contradiction avec cette position et qui sont
totalement démodés. Je crois qu'on peut en effet s'interroger sur
les motifs qui les poussent à défendre une telle cause.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, le ministre ne nous en
voudra sûrement pas de nous faire les avocats de l'implantation des CLSC.
Cela ne veut pas dire qu'on est d'accord pour l'implantation n'importe
où et à n'importe quel moment; j'espère que ce ne sont pas
les conditions qu'il exige pour que nous puissions dire notre
appréciation ou notre approbation concernant l'implantation des CLSC.
D'ailleurs, s'il n'y avait pas les membres de l'Opposition et quelques
députés libéraux clairsemés pour défendre
l'implantation des CLSC, j'ai l'impression que cela n'irait pas tellement loin
comme réforme. Si on se rappelle l'attitude des députés
libéraux lors de l'étude des crédits concernant la
question, entre autres, de l'implantation des CLSC, si on se rappelle la
commission parlementaire qu'il y a eue sur le bill 41 où certains
représentants de CLSC ont témoigné, on a vu, à ce
moment-là, encore une fois, les réactions, toujours les
mêmes, réactions acerbes de la part de la majorité des
députés libéraux... Réactions
démodées? Ce n'est pas l'Opposition qui est
démodée, M. le Président, ce sont plutôt les
remarques du ministre...
UNE VOIX: ... dépassé.
UNE VOIX: A l'ordre!
UNE VOIX: Vous vous défendez.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non, on ne se défend pas, on vous
défend de ce côté, et vous le savez, à part
cela.
M. HARDY: On va perdre notre cause avec vous.
M. LESSARD: Malheureusement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ah! je sais, parce que cela me surprendrait que
les libéraux voient d'un bon oeil l'implantation des CLSC qui consistent
à rapprocher les soins de plus en plus de la population. Cela, je sais
que ça les dérange dans leur petit patronage, dans toutes leurs
petites manoeuvres électorales ou électora-listes qu'ils avaient
auparavant. Cela change le système.
M. LACROIX: Vous n'avez pas honte de parler de même?
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non, non, au contraire.
M. LACROIX: Vous avez du front en étoile.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît
!
M. LACROIX: Vous avez du front tout le tour de la tête pour parler
de même.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas du front; j'ai seulement de
l'observation, parce qu'à ces commissions parlementaires nous
étions présents, puis nous avons vu l'attitude, à ce
moment-là, des députés libéraux.
M. LACROIX: Vous avez vu ce qu'on a fait pour le charmant candidat du
RCM à Montréal avec cet argent?
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ça, quand vous êtes mal pris,
vous nous parlez du candidat du RCM, à Montréal.
M. LACROIX: Vous êtes une "gang" de tartufes, d'hypocrites, puis
de menteurs.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! S'il vous plaît, à
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. LESSARD: On aime mieux voir le député des
Iles-de-la-Madeleine assis aussi...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Assis. Ne provoquez pas...
M. LESSARD: ... parce qu'il ne comprend rien là-dedans. Il ne
comprend rien là-dedans.
M. LACROIX: Quand je me lève, ça paraît au moins.
Vous, quand vous vous levez, ça ne paraît pas. Vous n'êtes
pas...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, les deux, s'il vous plaît! A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît !
Le député de Chicoutimi.
M. LESSARD: On peut en parler du braconnage, ne vous cassez pas la
tête. Amenez votre ministre du Tourisme, on va en parler. Là,
c'est l'Hydro-Québec qui en fait du braconnage avec vous autres.
M. TARDIF: Agitateur.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
Messieurs, s'il vous plaît, on doit être un peu sociable, on
est aux Affaires sociales.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, M. le Président, concernant
toujours le cas de Senneter- re, le ministre a dit, à un moment
donné, qu'il comprenait que la population soit alarmée au
moins, il le comprend, il le réalise qu'elle est alarmée
parce qu'il y avait un certain risque imaginaire de perte d'emplois, entre
autres, comme il l'a mentionné. Je dois dire, M. le Président,
que j'ai eu l'occasion d'assister à la conférence donnée
par des gens de Senneterre qui, devant l'urgence de la situation dans laquelle
ils sont placés face aux soins médicaux et aux services
médicaux qu'ils n'ont pas, ont trouvé le moyen, alors qu'ils n'en
avaient pas beaucoup de moyens, de partir de Senneterre pour venir donner une
conférence de presse ici à Québec. Je considère que
ces gens-là ne sont pas partis de Senneterre pour simplement venir
conter des peurs ici à Québec.
Peut-être que le député de Chicoutimi connaît
moins leurs problèmes que le député de la place qui, en
passant, n'était même pas présent à la
conférence de presse, mais je crois aussi une chose, c'est que les gens
de Senneterre, ceux qui vivent vraiment le problème sont peut-être
mieux renseignés sur les conséquences de la situation, parce
qu'ils la vivent, que ne peut l'être le ministre des Affaires sociales.
Je dois dire que, durant tout le temps de la conférence de presse qu'ils
ont tenue ici pour expliciter leurs griefs, jamais il n'a été
question d'une certaine peur qu'ils auraient pu avoir concernant un risque de
perte d'emplois.
Cela n'a jamais même été énoncé dans
leur esprit, mais au contraire, par exemple, ces gens-là ont
énoncé les difficultés que ça représentait
je les ai énumérées tout à l'heure
pour les femmes qui ont à accoucher, pour les accidentés du
travail qui ont à parcourir des distances d'au-delà de 100 milles
avant de pouvoir être soignés. Ces gens-là ont fait
état de personnes qui étaient décédées parce
qu'elles n'avaient pas eu les soins à temps. Ces gens-là ont
relaté, quand même, des faits très précis et,
jusqu'à preuve du contraire, en tout cas en ce qui me regarde, j'aime
mieux croire leur version que celle que le ministre nous donne ce soir avec le
sourire aux lèvres.
Le député du coin, qui est peut-être ici, pourrait
me contredire quand j'avance ces points-là. Si je me trompe tant que
ça, jamais je ne croirai que je ne serai pas au moins contredit par le
député de cet endroit-là.
M. LACROIX: Les conférences de presse ont été
données dans les bureaux du PQ; elles n'ont pas été
données dans les bureaux du Parti libéral.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si ce n'est pas vrai, ce qu'on dit; si ce n'est
pas vrai ce que je dis présentement, que le député de ce
comté se lève pour me contredire face à sa population.
Qu'il le fasse donc.
M. LACROIX: Assoyez-vous. Assoyez-vous. UNE VOIX: Quel comté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Parce que, dans la campagne électorale,
il était pas mal plus fanfaron que cela, M. le Président.
UNE VOIX: Quel comté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Regardez ça. Votez libéral. Des
médecins, tant que vous allez en vouloir dans le Nord-Ouest. Un
hôpital à Senneterre, c'était clair, ça.
UNE VOIX: C'est encore vrai.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est avec ça qu'on a inspiré la
confiance à cette population. Il y a quand même 12,000 personnes
dans ce coin-là.
M. LACROIX: Cela en prend trop pour vous soigner; c'est pour ça
qu'il en manque en Abitibi.
M. BEDARD (Chicoutimi): II me semble que ça vaut la peine de
passer dix ou quinze minutes à parler de leur problème.
M. LESSARD: II est là, le député.
M. CARON: M. le Président, est-ce que je peux poser une question
au député de Chicoutimi?
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui.
M. CARON: Qui a payé pour le manifeste que vous avez et dont on
parle? Est-ce le gouvernement ou le Parti libéral? Est-ce le
ministère des Affaires sociales?
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est votre question? Vous appelez cela une
question?
M. CARON: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela montre jusqu'à quel point ça
ne vous intéresse pas, le problème dont on parle.
M. SYLVAIN: C'est donc bien embarrassant de répondre, c'est donc
bien compliqué!
M. BEDARD (Chicoutimi): 12,000 personnes sont concernées.
M. TARDIF: C'est le Parti québécois. UNE VOIX: Cela fait
mal!
M. BEDARD (Chicoutimi): 12,000 personnes qui peuvent, quand même,
se poser des questions et qui peuvent avoir un certain sentiment
d'insécurité face au fait que les services médicaux ne
sont pas adéquats pour eux. Le manifeste dont je vous parle, ce n'est
pas le manifeste du Parti québécois; c'est le manifeste de la
campagne électorale.
M. CARON: Oui, mais je voudrais savoir qui a payé pour ce
manifeste-là.
UNE VOIX: Le Parti québécois. M. LESSARD: Qui a
payé?
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne vous dirai pas qui a payé pour le
manifeste, je ne le sais pas, mais je sais une chose, cependant, parce qu'ils
l'ont dit lors de la conférence de presse.
UNE VOIX: Nous autres, on le sait, pour le RCM.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'étaient de pauvres femmes qui
étaient descendues de Senne-terre, qui ont payé de leur poche
leur voyage ici à Québec pour avoir une chance d'être
entendues non pas par leur député, mais peut-être au moins
par le ministre des Affaires sociales. Elles ont dit qu'elles n'avaient pas les
moyens de venir ici. Le problème était sans doute assez urgent,
le problème avait sans doute assez d'importance pour qu'elles trouvent
le moyen de venir ici, à Québec.
Qu'on nous réponde avec des sourires, je n'ai pas d'objection,
mais je me permets de dire que ce n'est pas une manière d'agir pour un
gouvernement responsable, pour un ministre des Affaires sociales qui
n'arrête pas de parler d'humanisation. Encore une autre image du Parti
libéral, l'humanisation ! Leur petite campagne électorale en
matière de garderies, leur petite campagne électorale avec les
personnes âgées. C'est la même chose; ils créent des
espoirs et, après, les gens se réveillent avec des frustrations.
Pour cette population-là, je considère...
M. LACROIX: Le député de Chicoutimi pense qu'avec la
démagogie qu'il fait il aide pas mal à l'humanisation.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'en fais pas de démagogie; je le dis
parce que je le crois.
M. LACROIX: Vous êtes un vulgaire démagogue.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... parce que je le crois.
M. LACROIX: Vous êtes un démagogue.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. LACROIX: Vous êtes un démagogue.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je les ai suivies, les petites campagnes
électorales sur les garderies, qui vous donnent quoi, comme
résultat? Après trois ou quatre mois d'application d'une
politique des garderies, le ministre responsable est obligé de la
reprendre toute en profondeur, de la réviser en profondeur.
M. LACROIX: Votre grand chef...
M. BEDARD (Chicoutimi): Là, vous avec une campagne
électorale aussi pour les personnes âgées. Qu'est-ce que
ça donne, ça?
M. LACROIX: ... qui a été ministre du Bien-Etre social,
qu'est-ce qu'il a fait du temps où il était là? Il n'a
rien fait, comme toujours. Il a placoté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai pas à régler le cas de
l'ancien chef ou du chef du Parti québécois...
M. LACROIX: On lui a réglé son cas, on va le régler
encore et, la prochaine fois, on va régler le vôtre aussi.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... lorsqu'il était au gouvernement.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. BEDARD (Chicoutimi): J'ai été élu pour les
quatre prochaines années...
M. LACROIX: Vous êtes un démagogue.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... en ce qui me regarde.
UNE VOIX: Trois.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'ai été élu pour dire ce
que je pense. Quand je crois qu'il y a un problème à un endroit,
quand je crois qu'une population a raison de s'inquiéter, je ne me
demande pas si dans quatre ans je vais être battu ou si je vais gagner.
Une chose est certaine, je sais qu'il est de mon devoir de souligner la
situation. C'est juste dans ce sens-là que je travaille.
M. LACROIX: II y en a d'autres qui font le leur aussi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Toute la tournée électorale qu'on
fait à l'heure actuelle concernant les personnes âgées
on va en parler dans un autre programme qui coûte des
milliers de dollars consiste à dire quoi aux gens? Simplement le
résultat d'une analyse. L'inventaire des besoins a déjà
été fait par un comité directeur qui a été
chargé de faire ce travail-là. Là, on laisse se promener
quelqu'un simplement pour donner le résultat de cette
enquête-là. Là, on crée des besoins, on fait
naître les espoirs et, au bout de la ligne...
M. FORGET: M. le Président, point d'ordre.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... on se ramasse avec des frustrations.
LE PRESIDENT (M. Blank): Point de règlement.
M. LACROIX: Démagogie.
LE PRESIDENT (M. Blank): Question de règlement.
M. LACROIX: Démagogie.
M. BEDARD (Chicoutimi): En tout cas, on va le voir, tout à
l'heure, dans le programme. Il n'a même pas d'argent.
M. FORGET: M. le Président, question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Blank): Question de règlement. A l'ordre, s'il
vous plaît! A l'ordre! Il y a une question de règlement.
UNE VOIX: Arrêtez-le, il va s'étouffer.
M. FORGET: M. le Président, je pense qu'il faudrait être
ramené à la pertinence du débat. On se promène de
gauche à droite dans l'ensemble des activités de mon
ministère. Je n'ai aucune objection à en parler, mais, si on ne
le fait pas dans un certain ordre, on n'en sortira jamais.
M. LESSARD: Demandez à vos collègues de suivre le
règlement.
M. GARNEAU: Oui, c'est encore notre faute. Vous êtes deux debout,
vous autres.
LE PRESIDENT (M. Blank): D'accord. Les services communautaires. Est-ce
qu'il y a autre chose?
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors...
LE PRESIDENT (M. Blank): Je pense que vous avez dépassé
vos vingt minutes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce sûr?
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce qu'il y a quelque chose de plus?
M. LESSARD: Non, non, M. le Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, sur ce point très
particulier de Senneterre, on a élaboré plus à cause des
interventions des libéraux. Peut-être que ça nous a permis
simplement de les sensibiliser un peu aux problèmes des gens de cette
région-là. Je pense que le ministre pourrait nous répondre
autrement que par quelques sourires.
M. FORGET: M. le Président, si le député de
Chicoutimi, revenant à son calme, prend, demain, le temps de lire le
journal des Débats, il verra
que j'ai effectivement répondu très clairement à
ses questions.
Pour ce qui est de son apitoiement sur les déplacements d'un
certain nombre de personnes de la région d'Abitibi, je lui dirai tout
simplement que la seule raison de ce déplacement a été la
rencontre que ces personnes ont voulu avoir avec les députés de
l'Opposition, parce que pour ce qui est de rencontrer leur
député, elles peuvent le faire régulièrement,
puisqu'il est dans sa région. Quant à ce qui est de rencontrer
les responsables du ministère des Affaires sociales, nous nous rendons
régulièrement dans cette région. On peut avoir ce dialogue
avec le Conseil régional du Nord-Ouest qui, en cette question en
particulier, appuie totalement la décision qui a été prise
par le ministère.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si j'ai bien compris, dans votre réponse,
également, parce que je ne voudrais pas mal vous interpréter,
vous avez dit que le député du comté avait compris la
situation, dans le sens de la solution apportée par le ministère,
c'est ça?
M. FORGET: Oui, c'est bien ce que j'ai dit.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous m'avez demandé de comprendre dans le
même sens, mais moi, j'ai mes réticences.
M. FORGET: Le député a fait siennes nos conclusions. Il a
fait siennes nos conclusions et il a rencontré tous les gens dans la
région, sur place, sans les obliger à faire un déplacement
vers Québec. Il est au courant de cette situation. Les officiers de mon
ministère ont eu plusieurs rencontres, dont quelques-unes à la
fin du mois de novembre, avec les gens de la région, avec les groupes de
citoyens impliqués, avec les professionnels de la région et avec
ceux des villes avoisinantes, et le conseil régional a
procédé à ses propres consultations. Ce n'est donc pas une
décision qui est le fruit du hasard ou qui intervient de façon
spontanée. Il y a eu toutes ces consultations. Les gens du milieu savent
pourquoi cette décision a été prise et le
député le sait également. Il a pu l'expliquer et a fait
siennes nos conclusions.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, mais j'ai de la misère à
croire le ministre lorsqu'il nous dit qu'il y a eu tant de rencontres que
ça. Il nous mentionne jusqu'au cours du mois de novembre. Or, ces gens
sont descendus faire une conférence de presse le 27 novembre. Ecoutez,
c'est le 27 novembre qu'ils prétendaient de ne pas être capables
de voir personne, justement, et c'est pour cela qu'ils sont descendus ici.
C'est parce qu'il n'y en avait pas qui allaient les voir. Ceux qui devaient
aller les voir n'y allaient pas.
M. FORGET: C'est faux, je peux...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ils sont descen- dus ici justement pour voir les
personnes concernées.
M. FORGET: J'ai moi-même pris connaissance des
procès-verbaux de toutes ces rencontres et les rencontres ont eu
lieu.
M. LESSARD: Mais est-ce que le député pourrait parler? Le
député a-t-il quelque chose à dire? Est-ce qu'il pourrait
parler, le député, pour confirmer ce que le ministre vient de
dire? C'est que le ministre dit que le député est d'accord sur
cette décision...
M. BOUTIN: Est-ce que je peux faire une précision?
M. LESSARD: II me semble qu'on a un député, actuellement,
qui est ici et le député doit, à ce qu'il me semble,
représenter aussi les intérêts de sa population. Or, depuis
huit heures et quart ce soir, le député n'a pas dit un mot.
Est-ce qu'on pourrait savoir ce que le député pense de tout
ça?
M. BOUTIN: Justement, M. le Président, pour clarifier la
situation il y aurait peut-être une question de géographie que le
député de Saguenay pourrait apprendre. La ville de Senne-terre
est dans le comté d'Abitibi-Est et je représente
l'Abitibi-Ouest.
M. LESSARD: Donc, le député d'Abitibi-Est n'est pas ici ce
soir?
M. LACROIX: II est retenu dans son comté.
M. LESSARD: Ah! il est retenu dans son comté? Alors, il n'est pas
là pour défendre les intérêts de ses
électeurs.
M. LACROIX: II s'occupe de son comté, oui. Il va défaire
la démagogie que vous faites, il a la permission du whip, à par
cela.
M. LESSARD: Oui, d'accord.
M. LACROIX: Ce n'est pas vous autres qui allez le conduire.
M. LESSARD: Non, non, d'accord. Mais on remarque ceci...
M. LACROIX: Prenez votre autre bout et ça ne fera pas encore un
homme avec le député de Saint-Jacques.
M. LESSARD: On remarque ceci, M. le Président, et vous me
permettrez de l'indiquer: c'est qu'au moment où on discute des
problèmes de sa région, le député d'Abitibi-Est
n'est pas ici ce soir.
M. COTE: ... pour les deux dernières semaines...
M. LACROIX: Quand vous avez monté les cultivateurs, il n'y a pas
un mois, est-ce que vous vous occupiez des affaires de la province? Est-ce que
vous vous occupiez des affaires de votre comté?
M. LESSARD: Justement, M. le Président...
M. LACROIX: Quand vous étiez en train de faire de l'agitation
dans le comté d'Arthabaska...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît! ... A
l'ordre! ...
Cela n'a rien à faire avec cela... A l'ordre, s'il vous
plaît! ...A l'ordre! ...
M. LESSARD: Une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Blank): Une question de règlement.
M. LESSARD: M. le Président, justement parce que les
députés libéraux ne s'occupent pas de leurs
problèmes, il faut bien que les députés du Parti
québécois...
LE PRESIDENT (M. Blank): Ce n'est pas une question de règlement,
ça.
M. LESSARD: ... s'occupent des problèmes des régions.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! ... A l'ordre, s'il vous
plaît! ......A l'ordre! ...
M. LESSARD: Qui à un moment donné est intervenu...
LE PRESIDENT (M. Blank): ... A l'ordre! ... A l'ordre!
M. LESSARD: Cela faisait huit mois que le député, à
un moment donné...
M. LACROIX: Aux Iles-de-la-Madeleine... vicaire, c'est toujours le
curé qui mène encore.
M. DUFOUR: M. le Président...
M. LESSARD: Le député ne s'occupe pas de ses
problèmes, lorsqu'il est ici à Québec, il faut que les
députés de l'Opposition s'en occupent.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Vanier.
M. DUFOUR: Je voudrais dire mon mot dans ce tumulte. Je voudrais
rappeler à l'honorable député de Chicoutimi qu'il se
trompe grandement quand il dit que le député d'Abitibi-Est ne
s'est pas occupé de son affaire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pardon?
M. DUFOUR: Vous avez dit, tout à l'heure, que le
député d'Abitibi-Est ne s'était pas occupé des gens
de son comté.
M. BEDARD (Chicoutimi): En aucun moment...
M. DUFOUR: Vous l'avez insinué pour le moins.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... pour rétablir les faits, je n'ai dit
qu'il ne s'en était pas occupé. J'ai dit simplement que
j'étais présent à une conférence de presse
où il n'était pas.
M. DUFOUR: Vous avez dit...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai pas explicité pourquoi il y
était ou n'y était pas. Il pouvait peut-être avoir de
très bonne raisons. C'est à lui à s'expliquer avec ceux
qui l'ont élu. Je ne suis pas allé plus loin que ça. Je
n'ai pas â juger la conduite du député de ce comté.
Il y a une chose dont j'ai parlé concernant le député,
c'est sa campagne électorale, disant avec preuves à l'appui, que
sa campagne électorale avait été faite avec la promesse
d'un hôpital à Senneterre. Puis...
M. DUFOUR: II a fait...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... effectivement, les citoyens s'en
souviennent. Mais...
M. DUFOUR: Je voudrais dire...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... je n'ai pas voulu faire...
M. DUFOUR: ... pour l'information...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... le procès du député du
comté, la population le fera.
M. DUFOUR: Je voudrais dire, pour l'information du député
de Chicoutimi, que le député d'Abitibi-Est s'est occupé du
problème et sérieusement. J'ai été appelé
moi-même...
M. BEDARD (Chicoutimi): ...
M. DUFOUR: ... à aller à Val-d'Or. J'ai rencontré
des organismes très sérieux et le problème, comme le
ministre des Affaires sociales vient de le mentionner, est un problème
de ressources humaines, de médecins. Alors, essayez de nous trouver une
solution. Nous avons essayé d'en trouver une avec eux. Nous avons
discuté de plusieurs éléments de solution.
M. LESSARD: ... des médecins.
M. DUFOUR: On n'est arrivé à rien pour le moment. On
manque de médecins. Et je crois que la base du problème de
Senneterre, c'est un manque de médecins. Le ministre, tout à
l'heure, nous l'a bien expliqué.
Je crois que, pour le reste, on a autant de coeur au ventre que les
membres de l'Opposition, que je respecte. Alors, inutile d'essayer de faire de
la démagogie sur le dos des gens qui sont dans un grand besoin.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon. M. le Président, sur ce point, comme
je l'ai dit tout à l'heure, j'ai parlé du député de
ce comté, mais pas en essayant d'analyser, en aucune façon, sa
conduite. C'est simplement au niveau de faits très précis que,
lors d'une conférence de presse où il n'était pas, des
gens sont venus exprimer leur mécontentement. En aucune façon je
ne suis intéresssé à faire le procès du
député de ce comté.
Soyez sûrs d'une chose. Si j'avais voulu faire de la
démagogie, j'aurais pu relater toutes les remarques qui ont
été faites par les gens qui ont tenu la conférence de
presse concernant leur député. Je ne l'ai pas fait parce que
c'est tout simplement essayer de faire un genre de preuve par oui'-dire et je
n'accepte pas ça.
S'il y a un certain mécontentement qui a pu s'exprimer au niveau
d'une conférence de presse qui a été tenue, ce n'est pas
mon devoir et je ne crois pas que ce soit nécessaire, même pour
l'intelligence du débat, que j'en informe l'Assemblée.
D'ailleurs, je ne l'ai pas fait.
M. DUFOUR: M. le Président, je ne voudrais pas prolonger
davantage ce débat, qui déjà est trop long. On est sur ce
sujet depuis huit heures et quart. Mais je crois que le député
d'Abitibi-Est n'a pas été invité parce que, apparemment,
c'était organisé par un groupe de péquistes contestataires
du comté.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. BEDARD (Chicoutimi): Moi, je vais vous dire...
M. BOUDREAULT: La voilà, la vérité.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, des remarques comme
ça, j'ai l'impression que cela fait la preuve jusqu'à quel point
on est peu sensible...
M. DUFOUR: C'est choquant parce que vous en faites à coeur de
jour.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... au problème. On essaie de nous
reprocher de vouloir faire de la démagogie ou de la politique en parlant
d'un problème particulier et là, on essaie de conclure le
débat en en faisant.
M. DUFOUR: Ce n'est même pas de la politique, M. le
Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je ne me suis même
pas informé au niveau de cette conférence de presse si quelqu'un
était péquiste ou libéral. Il sera ce qu'il voudra.
Quelqu'un qui, à mon idée, est dans le besoin...
M. DUFOUR: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... c'est quelqu'un qui mérite
d'être écouté.
M. DUFOUR: Ce n'est même pas de la politique...
M. BEDARD (Chicoutimi): J'imagine que c'est l'attitude...
M. DUFOUR: ... c'est de la politicaillerie.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... qu'un député responsable doit
avoir à l'endroit de ceux qui peuvent lui confier leurs
problèmes.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que l'élément 1 est
adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Attendez un peu. Attendez un peu, s'il vous
plaît.
M. BURNS: Non, non! Ce n'est pas adopté, ça. On va
attendre le ministre et après ça on a d'autres choses à
dire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, M. le Président, je serais
prêt à accepter l'élément 1 du programme 4.
LE PRESIDENT (M. Blank): Elément 1, adopté. Elément
2 du programme 4, soins à domicile.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait nous
détailler le montant de $371,000 qui est demandé?
M. FORGET: M. le Président, il s'agit d'un montant que l'on peut
ventiler à peu près de la façon suivante, en suivant les
mêmes principes que j'ai exposés cet après-midi.
D'abord, révision du taux d'accroissement, $223,000; versements
en 1973/74, déboursés en 1974/75, $100,000; griefs des
conventions collectives, $30,000; accroissement du salaire des cadres, $10,000;
assurance-salaire, $17,000; prévisions pour les majorations au premier
trimestre de 1975, $68,000; divers, $19,000 et une révision de
l'approbation initiale à la baisse de $100,000, ce qui fait
$371,000.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant les soins à domicile, est-ce
que le ministre pourrait nous dire combien il était prévu dans le
budget? Cela regarde un peu les personnes âgées, également,
quand vous parlez des...
M. FORGET: Non.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous voulez aborder ce point des
soins à domicile en
fonction de soins à domicile donnés aux personnes
âgées?
M. FORGET: Les soins à domicile, tels que couverts par cet
élément de programme, 4.02, comprennent essentiellement, dans
leur plus large part, les soins à domicile de nature médicale,
pour un montant d'environ $12 millions par année dans les crédits
de l'année courante. C'est essentiellement ce type de services à
domicile qui est couvert.
Il y en a aussi, dans une certaine mesure, des services à
domicile à partir des centres de services sociaux. Ce sont largement des
services d'auxiliaires familiales.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais parler au ministre des
soins à domicile et particulièrement, encore une fois, des soins
qui sont organisés dans les régions périphériques.
Que ce soit le député d'Abitibi-Est ou d'Abitibi-Ouest, je pense
que ce problème, qui est commun à ma région, doit aussi
être commun à d'autres régions du Québec.
Je voudrais, M. le Président, faire une comparaison. En date du 6
novembre 1974, un communiqué de presse du ministère des Affaires
sociales se lisait comme suit: "Grâce à une subvention du
ministère des Affaires sociales, les personnes âgées de la
région métropolitaine de Trois-Rivières pourront, encore
cette année, bénéficier de repas chauds servis à
leur domicile. "En effet, le Centre de bénévolat du
Trois-Rivières métropolitain Inc. vient de se voir accorder une
subvention de $8,500 pour l'année 1974/75. Cet apport financier du
ministère, a précisé M. Forget, ministre des Affaires
sociales, permettra à cet organisme d'assurer les frais accourus par la
distribution, deux fois par semaine, de repas chauds...
UNE VOIX: Encourus!
M. LESSARD: Des frais encourus, dis-je, par la distribution...
DES VOIX: Ah ! Ah!
M. LESSARD: M. le Président, il me semble qu'on discute de choses
sérieuses et si certains députés libéraux ne sont
pas intéressés à cette discussion, s'il vous plaît,
M. le Président, on peut leur demander de quitter l'Assemblée
nationale.
M. TARDIF: ... intelligente!
M. LESSARD: On pourra avoir une discussion beaucoup plus sereine.
Je lis donc, M. le Président: "Cet apport financier du
ministère, a précisé M. Forget, ministre des Affaires
sociales, permettra à cet organisme d'assurer les frais encourus par la
distribution, deux fois par semaine, de repas chauds servis à des
personnes âgées à leur résidence. Cette initiative
permet aussi d'éviter ou de retarder, dans plusieurs cas, le placement
en foyer".
Les bénévoles du centre de Trois-Rivières
métropolitain incorporé desservent les villes de
Trois-Rivières, de Trois-Rivières-Ouest et de
Cap-de-la-Madeleine. Je dis immédiatement que je n'ai absolument rien
contre le fait que des personnes âgées puissent profiter de repas
chauds à leur domicile dans des régions comme la région de
Trois-Rivières. Cependant, je voudrais aussi souligner le fait qu'en
même temps que ces personnes âgées profitent de repas
chauds, chez nous, dans nos régions, on ne profite de rien, et les
services à domicile ne sont aucunement organisés.
Je suis prêt à accepter que des services, je dirais,
supplémentaires soient accordés à des personnes
âgées mais quand l'essentiel ou le minimum est accordé dans
d'autres régions périphériques du Québec.
Chez nous, nous n'avons absolument rien, et j'écrivais à
ce sujet au ministre des Affaires sociales, le 25 novembre, et j'espère
recevoir une réponse bientôt. En effet, en faisant une comparaison
avec ce qui était accordé dans la région de
Trois-Rivières et ce qui n'est pas accordé dans notre
région, je disais au ministre : "Considérant que l'organisation
des soins médicaux â domicile est inexistante dans ma
région et probablement aussi dans d'autres régions du
Québec et qu'il serait urgent qu'une telle initiative soit faite en ce
sens, comme je l'indiquais dans ma lettre du 7 novembre à laquelle je
n'ai pas encore reçu de réponse, adressée à Mme
Lise Bacon, ministre d'Etat, dont je vous envoie copie, serait-il possible
d'obtenir une subvention on ne demande rien d'extraordinaire mais une
subvention permettant à un organisme sans but lucratif de mettre
en place au moins un service à domicile pour les soins médicaux
les plus élémentaires. On ne demande pas des repas chauds,
on demande les soins médicaux les plus élémentaires.
Je compte que cette demande sera étudiée," ainsi de
suite.
Je pense que le ministre des Affaires sociales a bien plus l'occasion
d'étudier des statistiques que de voir les problèmes concrets
tels qu'ils sont vécus par des citoyens des régions
périphériques du Québec. Tel que le ministre des Affaires
sociales a répondu tout à l'heure, concernant l'intervention du
député de Chicoutimi, touchant les gens de Senneterre, nous
aussi, dans la région de la Côte-Nord, il nous a répondu
à peu près de la même façon.
Les planificateurs du ministère ont décidé qu'en
vertu des normes et des critères prévus par le rapport
Castonguay-Nepveu, ce n'était pas tant de lits que nous devions avoir
dans notre région, mais c'était le nombre de lits qui avait
été fixé arbitrairement par le ministre des Affaires
sociales.
Je voudrais ouvrir un petit peu les yeux du
ministre, qui est habitué tout simplement à voir des
statistiques, à étudier des statistiques; c'est le ministre le
plus désincarné, je pense, actuellement, des Affaires sociales au
Québec.
Chez nous, pour vous donner un exemple concret, étant
donné que nous n'avons même pas le strict minimum des services de
santé à domicile pour les personnes âgées, et, de
plus, étant donné que nous n'avons même pas un foyer pour
vieillards... Le ministre tente de prendre cela en riant; pendant que je parle,
il parle au ministre de la Justice en riant. Je pense qu'il y a des
problèmes qui sont importants à ce ministère.
M. FORGET: A cause de vos longueurs.
M. LESSARD: M. le Président, si le ministre ne veut rien
comprendre, qu'il le dise. Nous avons eu l'occasion de le rencontrer, à
maintes reprises; je vais lui parler tantôt des services ambulanciers sur
la Côte-Nord comme dans d'autres régions
périphériques parce que les députés libéraux
n'ont pas le courage de se lever pour dire au ministre qu'il fait fausse route
dans ses décisions bureaucratiques.
M. BOUDREAULT: Des bebelles. M. LESSARD: M. le Président... M.
HARDY: ... comme vous autres.
M. LESSARD: M. le Président, d'abord il n'y a pas de
privilège en commission. Le ministre l'a déjà reconnu
à plusieurs reprises; alors, si le ministre veut...
M. HARDY: Un instant.
M. LESSARD: ... poser une question de règlement, que le ministre
se lève.
M. HARDY: Vous allez me dire en vertu de quoi il n'y a pas de question
de privilège en commission plénière.
M. LESSARD: M. le Président, en commission, qu'elle soit
plénière ou élue, il n'y a pas de question de
privilège.
M. HARDY: M. le Président, la question de privilège, telle
que formulée dans notre règlement, ne fait pas de distinction si
nous sommes en Assemblée nationale ou en commission
plénière.
M. LESSARD: Le ministre aime cela se contredire.
M. HARDY: II n'y a pas de distinction.
M. LESSARD: Le ministre aime cela se contredire.
M. HARDY: M. le Président, le député de
Saguenay prétend que, parce que les députés
libéraux ne proclament pas les mêmes âneries qu'il proclame,
parce que nous ne faisons pas la démagogie qu'il fait, parce que nous ne
soulevons pas de faux problèmes, nous n'avons pas de courage.
M. LESSARD: De faux problèmes!
M. HARDY: M. le Président, le véritable courage politique
c'est de dire la vérité, c'est d'être franc, c'est
d'analyser les problèmes objectivement. La malhonnêteté et
le manque de courage, c'est de faire de la petite politique avec des
problèmes aussi graves que les problèmes sociaux, comme vous
faites présentement. De la démagogie ! N'importe quel politicien
est capable d'en faire comme vous. Les députés libéraux
essaient, devant ces problèmes graves, de les analyser à leur
mérite, objectivement. C'est cela le courage politique. Ce n'est pas ce
que vous faites d'une façon infâme.
M. LESSARD: M. le Président, que le ministre des Affaires
culturelles s'occupe de régler ses problèmes...
M. TARDIF: Debout!
M. LESSARD: ... et il en a déjà assez, M. le
Président.
M. TARDIF: Braconnier!
M. LESSARD: Or, si le ministre des Affaires culturelles pense que le
problème que je soulève ce soir à l'Assemblée
nationale est une question démagogique, jamais...
M. HARDY: Ce n'est pas le problème, c'est la façon avec
laquelle vous le traitez. Ce n'est pas le problème.
M. BURNS: A l'ordre, M. le Président. A l'ordre.
M. LESSARD: D'accord, vous avez soulevé votre question de
privilège, elle vous a été reconnue, mais ce
n'était même pas une question de privilège.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: Qu'on nous laisse, M. le Président, intervenir
auprès du ministre. Si j'interviens, comme je le ferai tout à
l'heure, concernant les services ambulanciers, c'est justement parce que le
ministre des Affaires sociales ne veut pas se préoccuper de ces
problèmes parce que, pour lui, ce ne sont pas des problèmes, ces
problèmes concrets dont souffrent les gens des régions
périphériques, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. TARDIF: C'est un petit démagogue, Lulu.
UNE VOIX: A l'ordre!
M. LESSARD: J'ai déjà vécu, M. le Président,
les problèmes qui ont été résolus...
M. SYLVAIN: ... pour t'occuper de tes affaires.
M. LESSARD: ... par votre ministre actuel des Affaires sociales...
M. TARDIF: Vous n'en aurez jamais de ministre, vous, dans votre
parti.
M. LESSARD: On a vécu, M. le Président, comment ce
bureaucrate applique simplement les critères et les normes du rapport
Caston-guay-Nepveu pour les régions périphériques. On
épargne de l'argent pour les régions périphériques
pour donner à d'autres régions du Québec, M. le
Président. Et chacun d'entre vous autres, probablement, les
députés libéraux des régions
périphériques, vous êtes aux prises avec ces
problèmes et vous n'avez pas même le courage de vous élever
pour demander au ministre des Affaires sociales...
M. SYLVAIN: On ne s'énervera pas. M. TARDIF: De nous
élever!
M. LESSARD: ... de changer ses normes et ses critères.
M. TARDIF: De nous élever.
LE PRESIDENT (M. Blank): ... adopté?
M. LESSARD: Pas adopté du tout, M. le Président.
UNE VOIX: On recommence. UNE VOIX: Parle donc français.
M. LESSARD: Que le député se lève donc pour qu'on
puisse constater quelle langue il parle. En tout cas, on ne l'entend pas
souvent.
M. TARDIF: Je parle passablement plus souvent que toi, Lulu.
M. LESSARD: On ne l'entend pas souvent. M. TARDIF: Je n'agite pas,
moi.
LE PRESIDENT (M. Blank): S'il vous plaît, messieurs !
M. LESSARD: Voici, M. le Président, un problème concret
pour simplement expliciter ce que peut donner l'incurie du gouvernement
libéral dans les régions périphériques en ce qui
concerne les soins à domicile, alors qu'en même temps, M. le
Président, dans d'autres régions du Québec, on donne des
subventions pour accorder des repas chauds à domicile. Encore une fois,
je n'en veux pas aux gens de la région de Sherbrooke qui ont pu obtenir
une subvention de $8,500.
Je pense que, dans une véritable planification telle que l'aime,
que la souhaite le ministre actuel des Affaires sociales, en même temps
qu'on accorde des subventions comme celles-là, on devrait au moins
prévoir, dans les régions périphériques comme celle
de la Côte-Nord, les soins les plus élémentaires.
Encore une fois, voici un exemple concret. Je pourrais les multiplier,
parce que j'ai une dizaine de dossiers qui m'ont été
donnés et ce ne sont que ceux que m'ont remis des gens qui sont venus me
voir à mon bureau. Voici une situation qui me paraît assez
tragique et qui vous démontrera la nécessité, d'ailleurs,
d'organiser des soins à domicile. Si le ministre le faisait, ça
voudrait dire le député de Vanier pourra confirmer comme
médecin ce que je dis aurant de personnes qui ne seraient pas
dans l'obligation de rentrer à l'hôpital, qui est
subventionné par le gouvernement et où les coûts peuvent
aller jusqu'à $60 ou $65 par jour, à ma connaissance.
Si on pouvait organiser des soins à domicile, ça
coûterait probablement passablement moins cher que ce que paie le
gouvernement actuellement. En effet, des personnes âgées sont
obligées d'entrer à l'hôpital parce qu'elles ne sont pas
capables d'obtenir les soins à domicile, et c'est le cas actuellement.
Une personne n'ayant pas voulu laisser son épouse, qui est
complètement paralysée, dans un hôpital a dû
justement s'organiser pour donner elle-même les soins à
domicile.
L'épouse de cette personne est complètement
paralysée et son état nécessite les soins d'une
infirmière à domicile, puisque des sondes doivent lui être
mises. C'est drôle? Oui, des sondes, je pense que le député
de Vanier pourrait me confirmer que c'est bien le terme médical. En tout
cas, c'est le terme qui est compris par tout le monde.
M. DUFOUR: C'est ça. C'est bien ça.
M. PICOTTE: On sait tout ça. On sait tout ça. On sait ce
que c'est, mais on le sonde.
M. TARDIF: C'est un érudit, lui. M. LESSARD: Continuez de sonder.
UNE VOIX: C'est un cas de consultation. M. TARDIF: II va te "charger". M.
SYLVAIN: As-tu la Chargex?
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que vous voudriez, comme vous
le demande l'article 10, faire appliquer les règlements comme
président de cette commission parlementaire et demander à ces
trois insignifiants de laisser parler le député ou sinon se
lever?
M. TARDIF: II s'est regardé.
M. LESSARD: Présentement, c'est M. X qui doit le faire, puisque
ce service n'existe pas. De plus regargez le ridicule ne tue pas
il est impossible...
M. LACROIX: Vous en êtes le plus bel exemple.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaft ! A l'ordre, s'il
vous plaît !
M. LESSARD: Dans sa charte des droits de l'homme, le ministre de la
Justice devrait inscrire la protection des personnes âgées.
M. CHOQUETTE: J'attends votre suggestion.
M. LESSARD: Si le ministre veut intervenir, dans sa charte des droits de
l'homme, il devrait inscrire ça, puis intervenir auprès du
ministre de la Justice pour que les droits de ces personnes soient
protégés.
M. CHOQUETTE: Venez nous faire cette suggestion à la commission
de la justice. On vous écoutera avec beaucoup d'intérêt,
appuyé que vous serez par le chef de l'Opposition.
M. LESSARD: M. le Président, avant l'intervention inopportune du
ministre de la Justice qui ne comprend rien, je disais...
M. CLOUTIER: Oh! c'est injurieux!
M. LESSARD: On l'a compris, cet après-midi, vous ne comprenez
rien.
M. CHOQUETTE: Cela vous fâche quand je vous approuve?
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaft!
M. LESSARD: Que le député des Iles-de-la-Madeleine aille
travailler ailleurs.
M. LACROIX: Je perdrais toute votre belle dialectique.
M. LESSARD: Parce qu'ici on travaille; on n'écrit pas des
lettres.
M. LACROIX: Cela m'a tout l'air que vous ne travaillez pas, vous
jasez.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LESSARD: Je reviens sur ce que je disais, M. le Président,
avant l'interruption du ministre de la Justice et des députés
libéraux.
Présentement, c'est le mari de cette personne qui doit placer les
sondes à son épouse. Mais il est impossible de se procurer dans
les pharmacies de la région les sondes nécessaires, si ce n'est
par quantité de 100. Il est impossible...
UNE VOIX: C'est un problème individuel.
M. LESSARD: M. le Président, c'est peut-être un
problème individuel, mais c'est un problème qui touche
passablement de personnes âgées chez nous, au Québec. C'est
un problème individuel, mais je pourrais en donner d'autres. Et
même le député de Vanier intervient auprès de ses
collègues, je pense, parce qu'il est au courant de ce problème et
il prend ce problème au sérieux. Et c'est sérieux parce
que si l'on n'établit pas de soins à domicile, ça va
coûter des frais considérables au Québec. Les
médecins, comme le député de Vanier, sont obligés,
à un moment donné, d'entrer ces personnes à
l'hôpital, ce qui coûte plus cher à la province, alors que
si on organisait ces services à domicile, ça coûterait
passablement moins cher.
Je pense et le député de Vanier semble être
d'accord que c'est un problème important. Il est impossible de se
procurer, dans les pharmacies de la région, à Hauterive ou
à Baie-Comeau, les sondes nécessaires si ce n'est par
quantité de 100. Vous comprendrez très bien qu'un individu ne
peut pas acheter des sondes par quantité de 100, étant
donné que la grandeur peut être modifiée, ou le calibre,
pour utiliser un terme médical. En effet, comme le calibre de ces
appareils doit être changé fréquemment, M. X n'est pas en
mesure, financièrement, d'en acheter une aussi grande quantité.
Dans ces circonstances, comment voulez-vous que Mme X reçoive les soins
les plus élémentaires que nécessite son état?
Je disais, dans ma lettre du 7 novembre: ce n'est qu'un cas. Je pourrais
vous en citer de nombreux autres. Peut-être qu'au ministère des
Affaires sociales on établit des statistiques globales, mais chez nous
comme chez d'autres députés libéraux, s'ils étaient
sérieux, comme chez d'autres députés libéraux qui
doivent vivre ces problèmes, des personnes se rendent à leur
bureau pour leur expliquer, surtout dans les régions
périphériques, qu'elles ne sont pas capables de recevoir les
soins les plus essentiels, les plus élémentaires. Je pense qu'il
s'agit là d'un problème individuel mais d'un problème qui
touche quantité de Québécois, en particulier les personnes
âgées.
Cela aurait été beaucoup moins long que ça si les
députés libéraux avaient pris le problème au
sérieux. J'aimerais savoir, de la part du ministre, quelles sont ses
intentions non seulement pour la Côte-Nord mais pour d'autres
régions périphériques du Québec qui n'ont pas le
strict nécessaire, qui n'ont pas les soins les plus
élémentaires, alors qu'ailleurs, dans d'au-
tres régions du Québec plus centralisées, comme la
région de Sherbrooke, on organise des repas chauds pour les personnes
âgées. Je suis complètement d'accord et tant mieux si on
peut le faire, mais, cependant, il ne faudrait quand même pas oublier
qu'en même temps, dans d'autres régions du Québec, on n'a
rien, et on n'a même pas de foyers pour vieillards. Donc, les
hôpitaux sont obligés, bien souvent, d'accepter d'héberger
ces personnes et ça coûte très cher au gouvernement du
Québec.
Si le ministre voulait donner à notre région, comme
à d'autres régions du Québec, la somme de $8,500 par
année, comme on l'a donnée pour les régions de Sherbrooke,
je suis assuré que quantité d'infirmières, dans notre
région, seront prêtes à organiser ces soins à
domicile, comme une personne me l'a affirmée après avoir
discuté avec moi.
On demande strictement, M. le Président, les soins les plus
essentiels. Je pense que ce serait très important que le ministre
organise, dans le plus bref délai possible, une planification de ces
soins pour les régions les plus éloignées du
Québec. J'aimerais avoir une réponse du ministre.
M. FORGET: M. le Président, je pense qu'on mélange les
choux et les raves lorsqu'on reproche une subvention donnée à un
groupe de bénévoles pour la distribution de repas chauds, qui
figure au programme 6 qui, remarquons-le, ne fait pas l'objet d'une majoration
ce soir, à l'occasion d'une discussion sur le programme 4 qui, lui, fait
l'objet d'une majoration. Donc, si l'on regarde seulement le budget
supplémentaire qui est devant nous, on peut observer qu'effectivement,
c'est du côté des soins à domicile que nous cherchons
à augmenter nos budgets.
Mais cependant, M. le Président, là n'est pas la question
puisque dans ce budget, qui est un budget supplémentaire, nous ne venons
pas proposer de nouveaux programmes, mais simplement un ajustement financier
à certains coûts inattendus qui ont été encourus
dans l'administration de ces programmes.
J'invite le député de l'Opposition à faire les
mêmes remarques dans quelques mois, lorsque nous étudierons les
crédits de l'exercice financier 1975/76. Il sera possible de voir,
à ce moment, dans quelle mesure les soins à domicile constituent
pour nous, effectivement, une considération concrète qui nous
amène à augmenter ces services, à les rendre accessibles
dans les régions où ils ne le sont pas dans le moment.
Il y a des considérations financières derrière
l'absence d'accessibilité à de tels services dans certaines
régions. Pourtant, le Québec consacre déjà une
quinzaine de millions de dollars aux services à domicile de nature
médicale, plus je me permets de le souligner que toute
autre province au Canada, même celles qui sont plus riches. Nous avons
comme objectif de les rendre accessibles à toutes les régions,
mais, bien sûr, pas de façon instantanée, puisqu'il faudra
prendre quelques années pour obtenir un tel résultat.
Les coûts impliqués, en effet, sont considérables
et, malgré les perspectives d'économies hypothétiques par
rapport à d'autres formules, il demeure que les coûts des services
à domicile sont très importants. Ce n'est pas une somme de $8,500
qui permettrait de résoudre ce type de problème dans la
région du Saguenay.
M. LESSARD: Pas pour l'ensemble du Québec, je le comprends.
M. FORGET: Cela ne paierait même pas le salaire d'une
infirmière, à moins, bien sûr, que des infirmières
veuillent le faire sur une base bénévole, puisque c'est de cela
qu'il est question dans la subvention à laquelle on a fait
allusion...
M. LESSARD: Elles sont obligées de le faire, de toute
façon.
M. FORGET: ... pour la distribution des repas chauds. Mais il
m'étonnerait que ce soit là la suggestion qui a été
faite relativement à cette région, il est certain qu'aucun groupe
ne nous a approchés avec une telle suggestion. Il est bien
évident que les appels au travail bénévole ne peuvent
venir du gouvernement, mais du milieu lui-même. Dans le passé,
nous n'avons pas fait la sourde oreille à des groupes
bénévoles qui voulaient, en attendant peut-être une
provision de services financés en totalité par l'Etat, prendre
sur eux la charge d'organiser de tels services. Mais ce n'est pas le
problème qui nous est posé dans la plupart des cas.
Encore une fois, ce sera une priorité concrète que l'on
verra dans le budget de l'an prochain. Pour le moment, il s'agit de majoration
de salaires, de majoration dans le prix des fournitures et, bien entendu, le
député est tout à fait justifié de soulever un
problème de principe sur l'orientation du programme lui-même. Une
véritable réponse ne pourra cependant lui être
donnée que lorsqu'on verra et que l'on étudiera les
crédits de l'an prochain qui feront une place élargie aux
services à domicile, au titre des services médicaux comme au
titre des services sociaux, c'est-à-dire auxiliaire familiale et
autres.
Un prérequis, tout le monde le sait, a existé depuis
quelques années au développement des services médicaux
à domicile: ce prérequis est constitué par l'organisation
des départements de santé communautaires. Heureusement, cette
étape est pratiquement franchie, maintenant, puisque 29 sur 31
départements de santé communautaires sont organisés, ce
qui nous permettra de débloquer des sommes et de donner une expansion
aux services à domicile en définissant toutefois de façon
très soigneuse, le type de problèmes auxquels ces services
peuvent répondre.
Ils ne peuvent pas être une panacée à tous les maux,
une solution universelle. Ils ont fait des preuves dans certains secteurs et
pour certains problèmes et c'est de ce côté qu'il nous
appartiendra de les orienter.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, c'est justement dans le
sens des représentations que fait le ministre des Affaires sociales que
nous ne pouvons faire autrement que de nous étonner qu'il y ait aussi
peu d'argent qui soit demandé pour être consacré aux soins
à domicile. Je suis convaincu que tous les membres de l'Opposition,
étant donné l'ampleur du problème, étant
donné l'urgence d'une intervention gouvernementale devant ce
problème des personnes âgées et la nécessité
de leur assurer des soins à domicile, auraient acquiescé si le
gouvernement avait demandé des millions de dollars. Je comprends que
peut-être le gouvernement ne peut pas le faire parce que, même si
c'était une priorité au départ, c'est peut-être
moins une priorité maintenant.
Nous savons qu'à un moment donné le ministre des Finances
a mis le ministre des Affaires sociales en demeure de choisir entre le
programme des garderies et un programme pour les personnes âgées.
Le ministre des Finances évaluait quel serait le programme le plus
rentable et jusqu'à quel point le Québec aurait les
possibilités financières de mettre sur pied ces deux programmes,
tant le programme des garderies que le programme d'aide pour les personnes
âgées. Par après, le ministre des Finances a parlé
des coûts de la baie James et ces coûts étaient
supérieurs à ceux qui étaient prévus auparavant,
comme il l'a dit. Ils entraîneraient comme conséquence qu'il y
aurait certaines priorités gouvernementales qui seraient mises de
côté. On ne peut pas faire autrement que de se poser la question:
Jusqu'à quel point, en fait, ce n'est pas le programme des garderies qui
est mis de côté? Parce que, même dans l'étude du
budget, on ne voit rien de spécial. On aura l'occasion d'en discuter au
programme qui suivra.
Mais même pour le programme des soins à domicile, c'est
complètement ridicule le montant qui est demandé alors qu'on voit
le gouvernement, en date du 17 septembre, lancer une grande campagne
d'humanisation des services dispensés aux personnes du troisième
âge et aux malades chroniques. D'abord, avant d'humaniser les services,
on se rend compte que, dans bien des cas, il faudrait qu'il commence par donner
des services avant de les humaniser. Dans bien des régions, dans bien
des endroits, ce sont les services qui manquent. Alors, le premier signe
d'humanisation, ce serait peut-être de les donner.
Et en ce qui regarde les endroits où les services existent,
disons que je fais plus confiance aux gens du milieu pour humaniser ces
services que je ne fais confiance au gouvernement. Je crois qu'avant de se
lancer dans une grande campagne d'humanisation le ministère des Affaires
sociales devrait commencer par s'humaniser avant de lancer une campagne de
cette envergure.
D'ailleurs, cette campagne, à l'heure actuelle, d'humanisation
des services dispensés aux personnes âgées, on
s'aperçoit qu'elle a plus ou moins sa raison d'être, sinon une
raison qui serait plutôt électorale. La tournée consiste
non pas à aller à la recherche des problèmes, aller
à la recherche des solutions.
Déjà, la direction des communications du ministère
des Affaires sociales a présenté un dossier qui contient les
principaux éléments de la politique générale du
ministère en ce qui a trait, en fait, aux personnes âgées,
et la campagne qui se fait à l'heure actuelle est simplement pour en
communiquer le contenu.
M. le Président, je suis vraiment surpris qu'après avoir
voulu tant mettre l'accent sur l'humanisation, sur les personnes
âgées, on se ramasse avec une demande de budget additionnel aussi
ridicule. Comme nous le savons, la population âgée de plus de 65
ans passera de 7 p.c. à 8.7 p.c. d'ici 1989, et là-dessus, il y a
à peu près 6 p.c. des personnes âgées qui sont en
institution. En 1972/73, le budget, au poste des soins à domicile,
était de $8,094,000; en 1973/74, $9,240,000; en 1974/75,
$11,214,000.
Autrement dit, même s'il y a urgence, ce sont simplement des
augmentations qui couvrent à peine les augmentations de salaire
nécessaires, augmentations qui sont loin d'être suffisantes face
à l'urgence d'agir pour un gouvernement qui dit vouloir humaniser, face
à l'urgence d'un gouvernement d'agir dans le domaine des soins à
domicile.
D'ailleurs, je comprends que, peut-être, la proportion a
changé, présentement, mais on sait qu'en 1971, seulement 83 des
3,163 personnes qui travaillaient dans les centres de services sociaux
s'occupaient des personnes âgées, dont 18 dans le Montréal
métropolitain, ce qui veut dire qu'il n'en restait pas bien bien pour
les régions à l'extérieur de Montréal.
M. le Président, il est clair que s'il y avait plus de services
à domicile adéquats, il n'y aurait pas d'aussi longues listes
d'attente pour entrer dans les foyers et, par conséquent, il y aurait
aussi moins de pressions pour construire des foyers.
Il est clair également et cela, pas besoin de faire des
tournées électorales pour le comprendre qu'une vraie
politique pour les personnes âgées, pour le troisième
âge, doit avoir comme préoccupation de voir à ce que les
personnes âgées puissent demeurer le plus longtemps possible chez
elles, dans leur milieu, parce que c'est là qu'elles y trouvent le
bonheur, plutôt qu'une politique qui serait orientée vers la
construction des édifices pour placer des personnes
âgées.
Je sais que c'est une des préoccupations du ministère.
C'est bien beau d'avoir la préoccupation mais, à un moment
donné, il faut que cela se traduise en gestes concrets. C'est là
que nous
sommes plutôt déçus de l'attitude du
ministère des Affaires sociales. Lorsqu'il dit qu'une politique des
personnes âgées doit surtout viser à garder ces personnes
âgées le plus longtemps possible dans leur milieu, eh bien il
faut, pour en arriver à ce résultat, leur assurer de plus en plus
de services de santé à domicile, entre autres, l'entretien
ménager, la nourriture pour des chambreurs, des endroits de rencontre,
des loisirs organisés, des centres de jour, des transports. Par exemple,
M. le Président, régler le problème du transport seulement
entre les endroits où ces personnes âgées reçoivent
des services, essayer de trouver la possibilité de donner les moyens
à ces personnes de se rendre utiles, par des occupations à temps
partiel, et non pas les pénaliser dès qu'ils obtiennent des
occupations à temps partiel. Il faut aussi voir à l'existence de
cliniques externes efficaces, avec des soins spécialisés pour les
personnes âgées.
A l'heure actuelle, les nécessités sont toutes connues au
ministère par les différents mémoires qui ont
été envoyés par les organismes qui
bénévolement s'occupent depuis longtemps du sort des personnes
âgées. Le ministère le sait aussi par les enquêtes
qu'il a pu faire et par les expériences personnelles qui ont pu
être portées à son attention. Je pense que le temps des
études est assurément terminé et que c'était
vraiment du surplus de coiffer cela par un genre de campagne à travers
le Québec au niveau des foyers d'accueil. Cette campagne a beaucoup plus
une saveur électorale que l'allure d'une vraie recherche ou d'une vraie
préoccupation de régler les problèmes que le
ministère connaît déjà.
On sait que les personnes âgées sont à peu
près celles qui sont les plus touchées par les bouleversements
des structures sociales. Ce sont les personnes qui sont assurément les
premières victimes des bouleversements des structures sociales et qui
sont les moins bien préparées à les affronter. Il est
clair qu'à l'heure actuelle, une prise de conscience de la situation
réelle du vieillard s'impose pour tous les Québécois, pour
un gouvernement qui parle d'humanisation, pour n'importe quel gouvernement qui
a au moins le respect de ceux qui ont construit le Québec. On peut le
dire sans faire de démagogie, parce que je crois que c'est quand
même la vérité. Ces gens, après avoir
travaillé, ont quand même le droit de profiter, d'une certaine
façon, des résultats de ce travail qu'ils ont apporté
à la société durant nombre d'années.
Cette prise de conscience collective se doit d'être faite, parce
qu'on sait très bien que le degré de civilisation d'une
société s'évalue souvent à la manière dont
cette société traite ses vieillards. Nous savons qu'à
l'heure actuelle, et le gouvernement le sait, il y a une insuffisance des
foyers d'hébergement. On a également besoin d'hôpitaux de
convalescence et on assiste, à l'heure actuelle, à une
quasi-inexistence des services à domicile.
Le sens des représentations que nous avons à faire, c'est
qu'on trouve curieux, pour une fois, qu'il n'y ait pas plus d'argent, pas plus
de crédits que cela demandés au poste dont nous parlons et qui a
tant d'importance, à savoir les soins à domicile pour les
personnes âgées. Une chose est certaine, c'est que n'importe quel
membre de l'Opposition je pense que je peux dire n'importe quel
député même du parti au pouvoir ne pourrait
qu'être d'accord sur des crédits qui seraient beaucoup plus
importants que ceux-là et qui auraient la chance de répondre aux
vrais problèmes qui se posent à l'heure actuelle pour les
personnes âgées. Ces personnes, entre vous et moi, sont
sûrement les plus isolées et les plus divisées. Elles sont
dans l'impossibilité de faire des pressions; elles n'ont pas les
possibilités qu'ont les jeunes de faire des pressions. Elles n'ont pas
la possibilité qu'ont les travailleurs de faire des pressions via leurs
groupes organisés. A ce moment-là, tout simplement, elles n'ont
d'autre solution que de remettre leur existence entre les mains d'une
société qu'elles ont construite et qu'elles espèrent assez
civilisée et suffisamment, je ne dirais pas condescendante, mais juste
pour leur remettre au moins en partie certaines facilités auxquelles
elles ont droit pour leurs vieux jours.
Parce que ces vieillards souffrent, entre autres, nous le savons, de la
maladie de la solitude. La vraie maladie de la pauvreté pour les gens
âgés, c'est souvent la dépendance dans laquelle ils
sont.
Ils ont continuellement ce besoin des autres. Ils sont dans cette
situation d'insécurité en espérant toujours des secours
hypothétiques de la part du gouvernement ou de la part de la
société en général. M. le Président, le
ministre des Affaires sociales nous dit que dans le prochain budget, à
moins que je l'aie mal compris, on va avoir d'heureuses surprises parce qu'il y
aura des sommes, des crédits vraiment substantiels qui seront
demandés pour répondre aux besoins des personnes
âgées. Mais les personnes âgées, M. le
Président, sont actuellement, au moment où on se parle, aux
prises avec les problèmes à tous les jours, et il me semble,
à moins qu'il ait fait un choix de priorités qui n'entrent pas
dans sa ligne de pensée, que le gouvernement devrait reviser sa
position, revenir devant l'Assemblée nationale, demander de nouveau des
crédits beaucoup plus substantiels, et l'Opposition serait d'accord pour
les accorder.
M. FORGET: Accordez-moi au moins ceux-ci. Accordez-moi au moins ceux-ci.
Accordez-moi au moins ceux-ci.
M. LESSARD: ... de la baie James.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ah! ces crédits-là nous vous les
accordons, mais nous nous permettons...
M. FORGET: Merci.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... de vous dire que nous sommes
étonnés que vous n'en demandiez pas plus que cela pour un
gouvernement, encore une fois, qui est en campagne électorale sur le dos
des personnes âgées. Je croyais que ces $371,000 payaient juste la
petite tournée électorale dans les foyers d'accueil.
M. LESSARD: C'est ça.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ridicule! Autrement dit, le ministre des
Finances a gagné son point: le programme des garderies, cela ne
coûtera pas cher. Il a juste $5 millions et sur cela, j'ai hâte de
voir combien il y en a de dépensé. Quant au programme pour les
personnes âgées, tel qu'il l'a déclaré, comme ce
n'est pas rentable, j'ai bien l'impression que la baie James va passer encore
une fois avant les budgets substantiels qu'on devrait accorder en
priorité pour les personnes âgées. Je comprends que le
gouvernement a fait un choix, M. le Président.
M. GARNEAU: M. le Président, j'invoque le règlement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. GARNEAU: ... pour souligner au député de Chicoutimi
qu'il n'y a absolument rien dans le budget de la province il n'y en a
pas eu, il n'y en a pas et il n'y en aura pas l'année prochaine
pour le développement de la baie James. Le développement de la
baie James, c'est tout un autre programme.
M. LESSARD: II n'y a pas de limite...
M. GARNEAU: II me semble que le député de Chicoutimi
devrait savoir cela.
M. LESSARD: Je comprends, il n'y a pas de limite pour la baie James.
Vous êtes rendus à $20 milliards.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Chicoutimi.
C'est vous qui avez la parole? A l'ordre, s'il vous plaît ! Est-ce que
vous aviez la parole?
M. GARNEAU: Toi, tu connais cela, explique-le-lui donc, un peu. Il est
nouveau, lui.
M. LESSARD: Vous n'avez pas de limite, vous êtes rendus à
$20 milliards.
M. GARNEAU: Le député de Chicoutimi est nouveau, le
député de Saguenay va lui expliquer cela.
M. LESSARD: Parce que justement, vous avez tellement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: ... pris de budget et de possibilités d'emprunt pour
la baie James...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LESSARD: ...que vous n'êtes même plus capables de
financer des projets sociaux comme ceux-là.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! M. GARNEAU: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît! Le
député de Chicoutimi avait la parole.
M. GARNEAU: M. le Président, je ne peux pas laisser passer cela
comme cela.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Chicoutimi.
M. LESSARD: Bien, c'est réel, c'est vous-même qui l'avez
dit.
M. GARNEAU: Le député de Saguenay affirme ou croit, et si
c'est ça...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Saguenay
n'avait pas la parole, M. le ministre. C'est le député de
Chicoutimi qui avait la parole.
M. GARNEAU: Mais j'ai entendu des bruits venant de la bouche du
député de Saguenay.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je n'ai rien entendu. C'est le
député de Chicoutimi...
M. LESSARD: Vous l'avez dit vous-même.
LE PRESIDENT (M. Séguin): ... qui a la parole.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous pouvez dire qu'avec votre baie James, vous
avez hypothéqué le Québec pour longtemps.
M. GARNEAU: C'est le député de Pointe-Claire... Il
prétend qu'on finance nos dépenses courantes...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! Le député de
Chicoutimi.
M. GARNEAU: ... à même des emprunts. C'est
complètement ridicule.
M. LESSARD: Les possibilités d'emprunt du Québec sont
quand même limitées, que ce soit par l'Hydro-Québec ou la
Société d'énergie de la baie James.
M. GARNEAU: Avez-vous entendu le député de Saguenay, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Non, le député de
Chicoutimi, s'il vous plaît!
M. GARNEAU: Vous n'avez pas entendu encore?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Chicoutimi,
s'il vous plaît!
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, M. le Président...
M. GARNEAU: ... pour entendre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II est sourd d'une oreille.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, pour voir jusqu'à
quel point le ministère est sensible non seulement en paroles mais en
acceptant de poser des gestes concrets, pour voir jusqu'à quel point le
ministère, le gouvernement est sensible aux problèmes des
personnes âgées, je voudrais poser au ministre une question que je
vais essayer de faire la plus précise possible, ou lui suggérer
une intervention que pourrait faire le gouvernement à l'heure actuelle
s'il est vraiment préoccupé par le problème autant qu'on
nous le dit. C'est qu'à l'heure actuelle, vous avez des organismes, vous
avez des individus qui n'ont pas attendu l'action du gouvernement avant de
s'occuper des soins à domicile pour les personnes
âgées.
Vous avez des organismes et des individus qui
bénévolement, depuis plusieurs années déjà,
se dévouent pour les personnes âgées. Ils font un travail
tout à fait formidable, un travail qui a une portée sociale qu'on
ne peut pas, à mon sens, ne pas encourager, non seulement par des
paroles, mais, je le dis bien, par des gestes concrets.
Des gens et des organismes posent des gestes et le gouvernement, je
l'espère, répondra affirmativement à leurs demandes de
subventions. Je voudrais, entre autres, simplement souligner au ministre des
Affaires sociales la demande de subvention qui lui a été faite
par une association qu'il connaît très bien, qui est
établie à Montréal depuis douze ans. Ils n'ont pas attendu
que le gouvernement s'inquiète des personnes âgées; depuis
douze ans ces gens-là travaillent bénévolement pour aider
les personnes âgées et répondre à leurs besoins les
plus essentiels.
Cette association s'appelle les Petits frères des pauvres. Elle
est établie à Montréal depuis douze ans.
Dernièrement, ils ont fait une campagne de souscription parmi la
population et ont trouvé le moyen de récolter la somme de
$240,000. Cela prouve deux choses; premièrement, comme je l'ai dit, il y
a des personnes qui n'ont pas attendu le gouvernement pour agir, ils agissent
bénévolement; deuxièmement, la population, elle, se rend
compte jusqu'à quel point il est nécessaire qu'on intervienne en
faveur des personnes âgées. Cette population à laquelle on
demande des dons, elle répond d'une façon tout à fait
généreuse, parce qu'elle comprend l'urgence du
problème.
Je voudrais savoir si le gouvernement va au moins avoir le même
humanisme que les gens qui s'occupent de l'association des Petits frères
des pauvres de Montréal et si le gouvernement est capable d'avoir la
même générosité que la population, qui a
donné $240,000. En conséquence, est-ce que le gouvernement va
accepter de donner une subvention à cet organisme qui continue de
fonctionner et qui a besoin des fonds du gouvernement pour continuer son
travail formidable?
UNE VOIX: Adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une seconde. Je veux une réponse.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Est-ce que...
M. FORGET: Je remercie le député de Chicoutimi de sa
suggestion.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Sud.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas une suggestion, M. le
Président; non, non question de règlement, ce n'est pas une
suggestion. J'ai demandé au ministre des Affaires sociales s'il
acceptera de subventionner, pas seulement avec des paroles, mais
financièrement les Petits frères des pauvres, un organisme qui
fonctionne depuis douze ans à Montréal avec le
bénévolat. Je lui demande simplement s'il est prêt à
répondre à leur demande de subvention. Ce n'est pas une
suggestion.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si j'ai compris, M. le
député, le ministre avait déjà répondu en
disant tout simplement qu'il avait reçu vos commentaires.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non ce ne sont pas des commentaires. C'est
une question que je pose.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Si le ministre veut répondre
c'est certainement à lui de le faire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas une suggestion que je fais.
LE PRESIDENT (M. Séguin): II ne faudrait pas se fâcher trop
trop.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non je ne suis pas fâché du
tout.
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le ministre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vais l'être encore moins si le ministre
répond bien.
M. FORGET: La réponse c'est non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): La réponse est non. Le
député de Beauce-Sud.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une réponse aussi sèche que le
coeur du ministère des Affaires sociales.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. ROY: M. le Président, tout à l'heure, j'entendais mes
collègues de l'Opposition parler des soins à domicile.
Après avoir écouté la réponse du ministre, je ne
peux faire autrement qu'intervenir quelque peu dans ce débat.
Je veux tout simplement dire que le ministre, de la façon dont il
répond aux questions, de la façon dont il répond aux
remarques de l'Opposition aujourd'hui, nous démontre, une fois de plus,
que nous sommes en face le règlement de l'Assemblée
nationale ne me permet pas de le dire, M. le Président, mais je vais
employer un autre terme d'un bloc de glace.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est exactement cela.
M. ROY: Un bon bloc de glace très froid qui n'a aucune
espèce d'humanité. Et c'est au nom de l'humanisation des
politiques sociales qu'on vient nous présenter... Je viens d'entendre
les propos du ministre: On va faire l'humanisation des politiques sociales. Si
le ministre a pensé, s'il croit ou si quelqu'un lui a dit qu'il fallait
faire l'humanisation des politiques sociales, je pense que nous avons là
la preuve évidente que ce n'est pas humain aux Affaires sociales. Ce
n'est pas humain, c'est un monstre et les résultats sont monstrueux, aux
Affaires sociales.
Qu'on vienne nous parler des soins à domicile comme le ministre
vient de le faire, c'est une chose que je n'accepte pas parce que des soins
à domicile, dans la province de Québec, il n'y en a pratiquement
plus, sauf dans quelques endroits bien déterminés, selon des
critères fixés par le ministère. Qu'on vienne dans le
comté de Beauce-Sud. Je ne parlerai pas au nom de mon collègue de
Beauce-Nord, mais c'était la même chose lorsque je
représentais toute la grande Beauce. C'est la même chose pour le
comté de Bellechasse et les environs et la région de La
Chaudière. Humaine, la façon dont les individus, les citoyens
sont traités par le ministère des Affaires sociales? Ils sont
traités comme des choses et non comme des êtres humains.
Lorsqu'on voit des gens qui méritent des soins, des malades
chroniques qui sont soignés dans leur résidence, par les membres
de la famille et pour lesquels il n'y a aucune espèce de
possibilité jamais d'avoir un médecin à la
maison, et on va venir nous parler de politique humaine? On va venir nous
parler de soins à domicile? Les soins à domicile, qu'on ait donc
le courage de le dire, sont disparus de la province de Québec quand le
gouvernement a adopté l'assurance-maladie, avec les méthodes
qu'il a utilisées et avec ses règlements. C'est à ce
moment qu'on a vu disparaître, dans toutes les régions rurales du
Québec, même dans les milieux urbains, les soins à
domicile. Il n'y a plus de soins à domicile dans la province de
Québec sauf ce que je viens de dire et ce que le ministre a
décidé lui-même. Et on vient nous parler d'humanisation! De
soins à domicile!
On pourrait parler des problèmes hospitaliers parce que ça
concerne quand même les soins à domicile. Quand les soins à
domicile sont requis, c'est parce qu'il n'y a pas de place dans les
hôpitaux. On est en train de faire, à ce niveau-là, des
hôpitaux spécialisés avec de petits hôpitaux ruraux
de soins généraux dans le Québec, ajouté à
cela l'odieux des situations que nous avons à subir et des situations
que nous avons à souffrir. C'est ça la situation devant laquelle
on se trouve aux Affaires sociales. Et ce sont les réponses que le
ministre des Affaires sociales nous donne.
Quand même je prendrais deux heures, ce soir, trois heures pour
parler des politiques du ministère des Affaires sociales, je sais
très bien à l'avance... Le président me dit que le
règlement... Selon le règlement, je suis d'accord avec vous, M.
le Président, mais selon l'attitude du ministère des Affaires
sociales, c'est complètement différent. C'est ce que je voulais
dire. Cela ne change à peu près rien, on perd notre temps
complètement. C'est décidé d'avance par les technocrates
et non par les élus du peuple. Même du côté
ministériel, ils n'ont pas grand pouvoir et ils n'ont pas grand mot
à dire eux non plus. Même du côté ministériel,
c'est une chose qui est perdue d'avance. Ce sont les technocrates qui
décident. Et les êtres humains sont moins bien soignés, ont
moins de considération que les animaux, en vertu de la Loi de
l'assurance-santé animale présentée par l'honorable
ministre de l'Agriculture.
Je pourrais donner des exemples typiques dans lesquels on a plus de
considération pour les animaux, dans la Loi de l'assurance-santé
animale, qu'on en a actuellement pour les individus, pour les citoyens de la
province de Québec par l'entremise de notre ministère des
Affaires sociales. Il y a quand même des limites. Que le ministre vienne
nous dire qu'il fait des efforts inouis pour augmenter les soins à
domicile, je dis que c'est de l'illusion et, encore une fois, on trompe la
population, on l'induit en erreur. C'est ce qu'on fait et on fait ça
à coup de milliards dans la province. Le ministre trouve ça
drôle. Le ministre peut trouver ça drôle quand il a le
salaire qu'on sait, la limousine et
tout ce qu'il a; il n'est pas préoccupé par des
problèmes matériels.
Je m'excuse, M. le Président, mais il vient un temps où,
lorsque nous avons à rencontrer notre population dans nos bureaux et
lorsque nous avons à répondre à ces gens-là qui
viennent nous rencontrer, lorsqu'on voit dans quelle situation pénible
ils se trouvent, lorsqu'on voit jusqu'à quel point des familles
québécoises, des familles dans lesquelles il y a des invalides,
il y a des malades chroniques, lorsqu'on voit que notre gouvernement du
Québec n'a aucune considération pour ces gens-là, aucune
considération...
J'ai dû faire des démarches personnelles, à
plusieurs reprises, pour faire en sorte que des personnes puissent être
hospitalisées, des malades chroniques. Je ne raconterai pas des
histoires à peu près. Cette année, un membre de ma
famille, pas capable d'être hospitalisé, cinq heures dans une
salle d'attente, dans un hôpital de la province de Québec. Cinq
heures sans rien avoir, retournez chez vous. Quatre jours après, la
personne était décédée. C'est cela la
considération, ce sont les politiques humaines que nous avons du
ministère des Affaires sociales.
M. le Président, je n'avais pas l'intention d'intervenir sur cet
article, mais après avoir entendu le ministre, tout à l'heure, je
n'accepte pas les propos et l'attitude que le ministre adopte à
l'Assemblée nationale devant les élus du peuple.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'ailleurs, M. le Président, devant la
réponse aussi sèche...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je voudrais prévenir le
député de Chicoutimi, si on me le permet, toujours au sujet de la
restriction du temps selon le règlement, à l'article 160, que, si
vous intervenez sur le même article, vous avez une période de
vingt minutes. Vous avez déjà presque vingt minutes
d'écoulées. Alors, si votre intervention est très longue,
vous êtes prévenu.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Combien de temps?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Du moment que ce n'est pas un
discours.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est au niveau d'une question.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous reviendrez tant que vous voudrez
sur d'autres articles. Chaque député a le droit, selon le
règlement, à vingt minutes.
M. LESSARD: M. le Président, combien de temps lui reste-t-il?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je ne l'ai pas mentionné. C'est
large.
M. LESSARD: Combien de temps lui reste-t-il?
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ecoutez, je veux prévenir le
député.
M. LESSARD: Vous avez parlé de vingt minutes.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Ne me demandez pas combien de temps.
Dans le cas du député de Beauce-Sud, il a pris exactement sept
minutes. Il peut revenir à l'intérieur des vingt minutes à
plusieurs reprises, s'il le veut, sur le même article. Dans le cas du
député de Saguenay et dans le cas du député de
Chicoutimi, votre temps est presque écoulé. Ne me demandez pas de
préciser.
Le député de Chicoutimi, vous avez la parole.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est parce que la réponse
négative du ministre concernant la possibilité de financer des
organismes déjà existants qui ont fait leurs preuves concernant
les soins aux personnes âgées, je me l'explique difficilement,
à moins que le ministre ne me dise que ce sera la politique
générale du ministère de ne pas accepter de subventionner
des organismes déjà existants dans le milieu et qui ont
déjà fait leurs preuves. Est-ce la politique
générale du ministère que le ministre nous a
énoncée tout à l'heure, avec sa réponse
négative?
M. FORGET: Est-ce votre seule question?
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est une suggestion que je fais au ministre. Il
me semble qu'il y a moyen d'humaniser les soins pour les personnes
âgées, sans être obligé de tout bureaucratiser. Je
crois que c'est nécessaire qu'on se serve des organismes
déjà existants, qu'on les encourage. Le ministère n'est
pas obligé d'avoir, comme seul critère pour financer un
organisme, le pouvoir de le contrôler avant de le financer. Le ministre
va me l'expliquer; je ne vois pas comment on peut parler d'humanisation, alors
qu'on ne reconnaît pas les efforts de ceux qui travaillent justement pour
le bien des personnes âgées dans leur milieu depuis plusieurs
années.
M. FORGET: M. le Président, on a fait un grand nombre
d'observations. Je ne suis pas sûr qu'elles méritent toutes des
réponses, parce qu'elles sont faites sur un ton qui, sous le couvert de
l'indignation, est parfois à peine sérieux.
M. LESSARD: Ce n'est pas la question; on vous demande ce que vous allez
faire comme ministre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous êtes si sérieux que cela,
répondez-nous.
M. FORGET: On a cherché à faire croire...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous êtes si sérieux que
ça...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre !
M. BEDARD (Chicoutimi): ... répondez-nous.
M. FORGET: On a cherché à faire croire que le
ministère des Affaires sociales est en train de fermer ses portes, qu'il
n'y a plus de services à domicile, qu'il n'y a plus de garderies, qu'il
n'y a pas de service pour les personnes âgées, qu'il n'y a pas
d'hôpitaux, autrement dit, qu'il y a rien.
Cependant, on a un ministère qui, tout le monde le sait,
d'ailleurs fort douloureusement dans certains cas, absorbe 35 p.c. à 40
p.c. du budget de l'Etat provincial et qui, dans l'année courante, aura
affiché, quand tous les comptes publics seront compilés, un taux
d'accroissement sur l'exercice précédent, en termes de
dépenses réelles, tout juste inférieur à 20
p.c.
Quand un tel pourcentage s'applique à une masse de plus de $2
milliards, on saisit tout de suite l'importance des ressources additionnelles
que mon collègue, le ministre des Finances, puisqu'on a mentionné
son nom, a mises à notre disposition pour un tas de programmes. Bien
sûr, prononcer le mot "priorité" crée chez certains
l'impression un peu simpliste que toutes nos ressources vont se diriger dans un
secteur donné. C'est évidemment illusoire. C'est
évidemment irréaliste. Dans un certain ordre d'idées, bien
sûr, quand on pense aux services vis-à-vis de certaines
clientèles identifiées, on peut fixer des priorités, mais
ces priorités n'impliquent pas qu'on abandonne tout le reste.
Devant le développement général des services,
devant l'accessibilité générale des services au
Québec, je crois que le gouvernement peut se montrer très
confiant du jugement de la population puisque ces services se
développent et se développent dans toutes les directions. Sans
aucun doute, tous les objectifs ne sont pas réalisés. Sans aucun
doute, dans certaines régions manque-t-il certaines ressources. Mais
c'est un peu se payer la tête des gens que de faire croire que c'est par
entêtement ou absence de conscience morale que de tels services ne
deviennent pas magiquement et instantanément disponibles.
On a posé une question. On s'est étonné de ma
réponse. Elle est pourtant tellement naturelle et tellement normale. On
a cité tantôt le cas d'une subvention qui est versée
à un organisme bénévole pour la distribution de repas
chaud. C'est donc le signe que le ministère des Affaires sociales ne
refuse pas du tout de reconnaître des organismes qu'il ne contrôle
pas. Bien au contraire, le programme 6, d'ailleurs, nous en avons fait un
programme séparé qui n'a d'autre justification que d'apporter une
aide financière à des groupes qui ne sont pas du tout ni d'aucune
manière contrôlés par le ministère. Il y a une somme
de quelques millions de dollars qui est consacrée à ces fins.
Cependant, il faut être extrêmement prudent puisque l'Etat,
quand il veut aider, peut également, à long terme,
détruire les initiatives et la spontanéité des milieux
qu'il veut aider. C'est dans cette optique que le ministère a
adopté, comme politique générale, en effet, et non pas par
une décision fantaisiste sur un cas particulier, de ne pas subventionner
des organismes qui sont précisément, par définition,
l'expression de cette volonté de la population, de manière
autonome, de contribuer à la solution des problèmes sociaux.
On sait très bien ce qui se produirait si le gouvernement, par un
désir dans le fond politique, cherchait à récupérer
ces organismes, à s'approprier une partie du mérite qu'ils ont et
qu'ils ont véritablement auprès de la population en contribuant
une somme qui serait, au début, peut-être plus symbolique que
réelle, mais qui deviendrait par la force des choses une incitation
à ces groupes à s'en remettre à l'Etat pour tous leurs
besoins et toutes leurs organisations.
C'est pourquoi les organismes comme la Société
Saint-Vincent-de-Paul, comme l'organisme dont il a été fait
mention, ne reçoivent pas notre secours pas plus qu'un certain nombre
d'organismes analogues qui n'ont pas de vocation particulière mais qui
ne sont que l'expression valable et qui doit demeurer d'un dynamisme propre
à la société dans laquelle nous vivons.
Nous ne prétendons pas que le ministère des Affaires
sociales épuise par ses activités toutes les
préoccupations sociales de la société dans laquelle nous
vivons. Il y a un dynamisme propre à cette société qui
doit trouver une expression, et il est important que pour des raisons
politiques nous ne cherchions pas à récupérer ces
organismes, à les financer mais à les embrasser d'une
étreinte qui, finalement, les étoufferait parce que l'on se
dirait... Cela s'est déjà produit. Des organismes sont morts, des
organismes bénévoles sont morts de cette façon, par une
aide de l'Etat qui a donné à tout le monde la justification
idéale pour s'en désintéresser.
Cela ne signifie pas, M. le Président, que nous n'aidons pas des
organismes bénévoles, mais nous le faisons pour des organismes
qui ont des fins spécifiques, des fins auxquelles nous souscrivons mais
nous souscrivons de façon à relier de manière tout
à fait directe et proportionnelle nos contributions à celles qui
peuvent venir du milieu lui-même.
C'est une forme d'encouragement à certaines activités de
solidarité sociale et, encore une fois, nous avons un programme dont le
seul but, la
seule raison d'être est de favoriser de telles
activités.
Le député de Saguenay en a donné des exemples
puisqu'il a cité lui-même une subvention qui paraît à
ce programme, celui des popotes roulantes ou des repas à domicile. Il y
en a d'autres, encore une fois, et je sais que tous les députés
qui sont au moins membres de la commission parlementaire des affaires sociales,
au moment de l'étude des crédits, ont eu l'occasion de prendre
connaissance de la liste de ces organismes.
Ils sont nombreux et ils sont valables mais nous n'avons pas, encore une
fois, le désir de tous les récupérer. Ceux qui ont une
vocation très générale d'exprimer les
préoccupations de la société envers un éventail de
programmes, c'est le cas d'un certain nombre d'organismes que j'ai
mentionnés, ceux-là nous ne voulons pas y contribuer. Nous
croyons qu'ils sont, au contraire, entre très bonnes mains et que leur
succès, qu'ils ont démontré dans le passé, à
mobiliser les ressources financières et humaines, dans leur milieu, est
un gage de leur succès, que nous ne voulons perturber d'aucune
manière et que nous ne voulons pas nous approprier non plus.
Je pourrais d'ailleurs faire des commentaires de la même nature
que ceux qui ont été faits par nos collègues de l'autre
côté, de la même nature désobligeante, d'ailleurs,
vis-à-vis de certaines initiatives que l'on peut percevoir pour
récupérer de tels organismes chez d'autres, mais je m'en
abstiendrai. Je crois que je me suis fait assez bien comprendre.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Elément 2, programme 4,
adopté?
M. SYLVAIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: M. le Président, ce n'était pas mon intention
d'arriver tout de suite dans le débat, à l'élément
2 de ce programme 4, traitant plus spécialement des soins à
domicile. Mais pu'sque le député de Beauce-Sud est
intervenu...
UNE VOIX: Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: ... sur les soins à domicile et qu'il a visé
les comtés de Beauce-Nord, Bellechasse, Frontenac, en fin de compte la
vallée de la Chaudière, j'aimerais aviser le député
de Beauce-Sud ou vous, M. le Président, de façon
prématurée peut-être, que j'interviendrai au niveau des
programmes 11 et 12, et non pas au programme 4, pour parler des soins
spécialisés et des soins chroniques, dans la région de la
Beauce en général.
Puisque le député de Beauce-Sud a parlé de ceux qui
avaient certaines difficultés, dans la région, à se faire
hospitaliser, je pose tout de suite cette question de principe: Vaut-il mieux
établir avant des soins à domicile qu'établir, dans notre
région, des soins spécialisés et des soins pour malades
chroniques accessibles à la majorité de la population?
Pour ce qui concerne les soins à domicile, M. le
Président, il ne paraît pas que ce soit là un
problème d'extrême urgence, du moins dans mon comté et dans
une région que je connais. En ce qui concerne les soins
spécialisés et les soins pour malades chroniques, voilà le
problème. Voilà le problème: Que ces soins
spécialisés soient accessibles à la Beauce en
général.
On devrait beaucoup plus parler, et le député de
Beauce-Sud, certainement, interviendra au niveau de ces programmes 11 et 12, de
cette déficience des soins médicaux spécialisés et
pour malades chroniques que nous avons.
M. LESSARD: Programme 11. Vous en parlerez au programme 11.
M. TARDIF: Assieds-toi, Lulu!
UNE VOIX: C'est ce qu'il dit depuis tantôt!
M. TARDIF: Assieds-toi, Lulu!
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! Le député de
Beauce-Nord.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. LESSARD: ... est-ce que le député de Beauce-Nord veut
nous parler du programme 11 avant qu'on discute du programme 11 et qu'on
règle les problèmes précédents...
M. TARDIF: Assieds-toi donc, Lulu!
LE PRESIDENT (M. Séguin): M. le député...
M. LESSARD: ... ou s'il veut nous parler des soins à domicile? Il
nous dit que ce n'est pas un problème, les soins à domicile, chez
lui. Si ce n'est pas un problème, qu'il s'assoie et qu'il attende qu'on
discute des soins spécialisés.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Votre intervention m'empêche
d'entendre le député de Beauce-Nord, qui veut s'exprimer.
Le député de Beauce-Nord, s'il vous plaît,
allez-y.
M. SYLVAIN: M. le Président...
M. LESSARD: M. le Président, le programme 11 ou le programme
4?
M. TARDIF: Assieds-toi donc, Lulu!
M. SYLVAIN: M. le Président, sur cette
question de règlement, je suis énormément surpris
du député qui discute depuis huit heures ce soir.
Il est dix heures quinze, sur les problèmes de soins
médicaux au Québec vienne priver un député de son
droit de parole. Je ne parlerai pas longtemps, mais je ne veux pas qu'il
m'arrive ce que vous avez reproché aux autres tout à l'heure. Si
vous voulez parler des soins médicaux de la Beauce, vous semblez
drôlement préparé puisque vous traitez des problèmes
régionaux et vous avez dit que vous prendriez nos
responsabilités. Je suis prêt à vous en laisser parler mais
vous ne les connaissez pas. N'allez pas me faire croire cela, je suis le
représentant de Beauce-Nord et je connais ce problème des soins
médicaux; vous ne le connaissez pas.
M. LESSARD: Parlez-en!
M. BEDARD (Chicoutimi): Parlez-en! Cela fait deux heures.
M. LESSARD: Mais pas sur les soins spécialisés, parlez sur
les soins à domicile. C'est ce que nous étudions.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. le député, s'il vous plaît, faites vos
commentaires au président de la commission et, par son entremise, au
ministre, et n'entrez pas, s'il vous plaît, en discussion avec un autre
député sur la question en cause. S'il vous plaît adressez
vos commentaires au président.
M. SYLVAIN: M. le Président, pour terminer, je dirai simplement
que si j'interviens dans le cadre du programme 4, je ne voudrais pas violer le
règlement mais le député de Beauce-Sud a bien
mêlé la question des soins spécialisés à ce
programme des soins à domicile.
M. ROY: M. le Président, j'invoque le règlement.
Le député de Beauce-Nord, je comprends mal son
intervention à ce moment-ci. J'ai fait référence à
l'hospitalisation dans l'argumentation des soins à domicile. Mais mon
intervention a été faite uniquement dans le cadre des soins
à domicile.
M. HARDY: M. le Président, question de règlement.
M. ROY: Pas besoin d'une intervention, je suis sur une question de
règlement, M. le Président.
M. HARDY: On a le droit d'invoquer le règlement sur une question
de règlement.
M. ROY: M. le Président, un instant. Je suis sur une question de
règlement. Je n'ai pas terminé et je comprends mal que le
ministre des
Affaires culturelles se lève pour interpréter mes propos
alors que je n'ai même pas terminé.
M. HARDY: Oui, M. le Président, je me lève parce que le
député de Beauce-Sud est en train de dire que le
député de Beauce-Nord l'a mal interprété. C'est
l'article 96.
M. ROY: M. le Président, j'invoque le règlement...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
J'avais prévu les deux interventions quelques instants
auparavant. Le député de Beauce-Nord, voulez-vous continuer s'il
vous plaît?
M. ROY: M. le Président, j'invoque le règlement. Question
de privilège. Le ministre des Affaires culturelles m'a traité de
malhonnête. Vous le savez, selon notre règlement il n'est pas
permis de traiter un de ses collègues de malhonnête. Je vous
demande, M. le Président, de faire appliquer le règlement et de
demander au ministre des Affaires culturelles de retirer ses propos.
M. HARDY: M. le Président, je retire mes propos tels que
prononcés, mais je dis qu'intellectuellement le député de
Beauce-Sud n'est pas honnête.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. ROY: Si vous faites votre jugement de par votre quotient
intellectuel, on peut s'attendre à n'importe quoi.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Bien, on pourrait passer la nuit ici,
le député de Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: M. le Président, vous me permettrez de ne pas
continuer ce débat. Je dirai simplement que si je suis intervenu au
niveau du programme 4, c'est que ce n'est pas moi qui, au départ, ai
mêlé les choux et les raves. Le député de Beauce-Sud
a dit que des gens de la région attendaient quatre et cinq heures...
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, en ce qui nous regarde,
le député qui a la parole présentement peut prendre une
demi-heure s'il le veut pour parler, à ce programme-ci, du programme 11,
prenez tout votre temps.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Beauce-Nord,
s'il vous plaît.
M. GARNEAU: Assoyez-vous, vous n'avez pas de leçon à
donner. Il a le droit de parole, ce n'est pas le frère directeur, le
député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): II a demandé le consentement.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de
Beauce-Nord.
M. SYLVAIN: C'est parce que, M. le Président, on a traité
des personnes qui attendaient dans des salles, à l'hôpital, des
quatre ou cinq heures. Justement, avant de parler des soins à domicile,
il faudrait peut-être parler du problème crucial des soins
médicaux de la Beauce. C'est juste pour rétablir cette situation
de fait et bien plus pour être poli envers le député de
Beauce-Sud, car je sais que ce dossier l'intéresse. C'est un
énoncé, je fais cela d'une façon toute polie en disant
qu'en arrivant aux programmes 11 et 12 on aura certainement à
débattre le dossier, devant le ministre, des frais médicaux
spécialisés et chroniques de la Beauce.
M. LESSARD: Vous parlerez du programme 11, cela fait dix minutes que
vous dites que vous allez parler du programme 11. Alors, si vous n'êtes
pas capable de parler sur les soins à domicile, il n'y a pas de
problème, attendez au programme 11.
M. TARDIF: Règlement, Lu-Lu.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 4, adopté.
M. TARDIF: II a dit en dix minutes ce que tu n'a pas dit en deux heures,
espèce de yo-yo.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 4, adopté.
Elément 2.
M. LESSARD: Le ministre des yo-yo est l'autre bord.
M. TARDIF: C'est toi, le yo-yo!
M. LESSARD: Le ministre des yo-yo est de l'autre bord; c'est le ministre
de l'Agriculture, comme vous le savez.
M. TARDIF: Toi, es-tu un braconnier? UNE VOIX: Lui, c'est le
député yo-yo.
M. SYLVAIN: M. le Président, pour répondre seulement, par
votre intermédiaire, au député de Saguenay, c'est qu'en
aucun moment ce soir je ne suis intervenu dans le débat, en aucun
moment.
M. LESSARD: En aucun moment? Vous avez passé votre temps à
hurler et à crier tout à l'heure, pendant que je suis
intervenu.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre!
M. SYLVAIN: Si le député de Saguenay était assez
haut de son siège pour me voir, il pourrait parler.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. SYLVAIN: Ouvre-toi les yeux! M. LESSARD: Bon, vous allez... M.
SYLVAIN: Ouvre-toi les yeux!
M. LESSARD: ... parler au programme 11. D'accord? On est d'accord.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme... M. SYLVAIN: Bottine!
M. ROY: M. le Président, en vertu de l'article 96, je me dois de
faire une certaine précision. Je ne sais pas pourquoi mon
collègue de Beauce-Nord, mon illustre voisin, s'est senti si
blessé...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Commencez par les flatteries.
M. ROY: L'article 96: "Le député qui prend la parole pour
donner des explications sur le discours qu'il a déjà
prononcé ne peut le faire que lorsque le discours qui les provoque est
terminé, à moins que celui qui le prononce ne consente à
être interrompu". C'est ça, je veux faire une mise au point pour
dire qu'en aucun moment et en aucun cas je n'ai parlé du
député de Beauce-Nord. Deuxièmement, je n'ai pas
parlé des soins hospitaliers de la Beauce. Je n'ai pas parlé de
la Beauce en particulier. Si mon collègue de Beauce-Nord avait bien
écouté, il aurait compris. J'ai dit que, dans les hôpitaux
régionaux du Québec, actuellement, les petits hôpitaux qui
ont été organisés pour donner d'abord des soins
généraux, on est en train d'éliminer les soins
généraux pour en faire des soins spécialisés et
cela, c'est sur tout le territoire du Québec, ce n'est pas uniquement
sur le territoire de la Beauce.
Pour ce qui regarde la Beauce, il y a un programme qui porte le no 11
et, tout à l'heure...
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! A l'ordre!
M. ROY: ... je ferai les interventions qui s'imposent à ce sujet.
Mais, M. le Président, je ne pouvais quand même pas...
M. DUFOUR: M. le Président...
M. ROY: ... permettre une interprétation aussi fausse des propos
que j'ai tenus.
M. DUFOUR: M. le Président, revenons à nos moutons.
LE PRESIDENT (M. Séguin): A l'ordre! Elément 2, programme
4, adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Une seconde, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Programme 5,
élément 1?
M. BEDARD (Chicoutimi): Ah! Ah! Une seconde ! On a laissé parler
les autres.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Quels autres? Qui a demandé la
parole? Qui a demandé la parole?
M. BEDARD (Chicoutimi): Une seconde. On vous demande le temps de...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Vous ne l'avez pas adopté? Ah!
sur l'autre programme. Programme 5, élément 1?
M. LESSARD: Programme 4.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Je l'appelle.
M. LESSARD: On est au programme 4.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le feu n'est pas pris encore.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, élément 2
du programme 4, adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté. Programme 5,
élément 1 ?
M. DUFOUR: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le député de Vanier.
M. DUFOUR: ... je voudrais demander au ministre des Affaires sociales si
les examens que le ministère de l'Education exige de la part de certains
élèves qui sont obligés de se diriger soit au bureau du
médecin ou à l'hôpital, à la clinique externe, pour
certains examens de préadmission, sont inclus dans les $343,000. Parce
que vous savez que le ministère de l'Education exige certains examens de
préadmission, soit au CEGEP ou à l'université et,
actuellement, ces enfants reçoivent un compte de l'hôpital. Est-ce
compris dans les $343,000?
M. FORGET: Cette question des examens qui sont exigés par
différentes lois au Québec et qui ne sont pas, comme tels,
assumés par la Régie de l'assurance-maladie, lorsqu'il s'agit
d'examens médicaux, fait l'objet actuellement d'une étude
à ma demande par la Régie de l'assurance-maladie. Il y a un
très grand nombre de lois, et nous en faisons le recensement, qui
exigent dans certaines circonstances des exa- mens qui ne sont pas actuellement
couverts par le régime d'assurance-maladie. Encore une fois, nous
voulons en connaître toutes les implications avant de prendre une
décision sur la couverture possible de tels examens par le
régime. Donc, dans le moment, ce n'est pas couvert et les sommes en
question ne comprennent pas de crédits pour les couvrir. Si des
crédits devaient être prévus pour les couvrir, ce seraient
des crédits qui apparaîtraient, dans le fond, au budget de
l'assurance-maladie.
M. DUFOUR: Mais pour le moment, est-ce qu'on va forcer les parents
à payer certains examens qui ne sont pas nécessaires du tout? Je
trouve ça tout à fait anormal de forcer des parents à
payer pour des examens pour des enfants qui sont en parfaite santé. On
va exiger des prélèvements pharyngés, on va demander des
examens de selles, des cultures de selles, des formules sanguines lorsque
l'examen médical fait par le médecin révèle qu'il
n'y a absolument aucune raison valable pour exiger de tels examens.
Je trouve qu'on crée ainsi préjudice à des parents
qu'on force à payer des sommes qu'ils n'ont pas du tout affaire à
payer selon moi.
M. FORGET: Relativement à cette question, il y a un
problème, peut-être, quant à l'opportunité de
certaines exigences qu'on peut trouver soit dans la loi, soit dans des
règlements quant à des examens de routine. Il demeure que ces
lois relèvent de différents ministères et doivent
être examinées à la lumière de leurs exigences
propres. Par exemple, les manipulateurs d'aliments, comme on sait, sont soumis
à certains tests. Le milieu scolaire est un milieu extrêmement
important de propagation de certaines maladies. Donc, puisque les enfants sont
très sensibles et susceptibles aux maladies infectieuses, par exemple,
une attention toute particulière est requise.
Maintenant, est-ce que ces examens sont requis dans tous les cas
où ils devraient l'être et seulement dans ces cas-là? C'est
une situation qui mérite une attention individuelle. J'imagine
cependant, sans pouvoir affirmer que c'est dans tous les cas ce qui se passe,
que lorsque des examens sont demandés dans les hôpitaux, ils le
sont à la demande d'un médecin, ou s'ils le sont par une autre
catégorie de personnel, ce personnel est lui-même sous une
surveillance médicale.
De toute manière, c'est un problème, cette surveillance
médicale des services de santé en milieu scolaire, qui devrait
recevoir une réponse dans le cadre de l'organisation des
départements de santé communautaires, puisqu'il y a dans ces
départements des médecins spécialisés en
santé publique qui pourront mieux orienter ce personnel. Comme on le
sait, nous venons de traverser une période de transition. Ces services
étaient assumés en large mesure à partir des unités
sanitaires. Tout le monde connaît, je pense, les problèmes qu'ont
expérimentés,
qu'ont connus les unités sanitaires dans le recrutement de leur
personnel médical, entre autres. Par la nouvelle organisation des
départements de santé communautaires, nous avons
déjà des indications très concrètes que nous
pourrons recruter ce personnel médical.
Nous pourrons donc assurer une meilleure supervision et une meilleure
conception des programmes de dépistage et de surveillance de
l'état de santé des enfants au niveau primaire et au niveau
secondaire. Il est fort possible qu'il existe des problèmes. En effet,
je pense que les circonstances que je viens de décrire en sont la cause.
Pour ce qui est de la prise en charge de ces frais par les parents, il est
clair que c'est une autre question qui doit, pour sa solution, supposer que la
demande des tests est valable, et dans la mesure où elle est valable,
dans la mesure où les lois en vertu desquelles ces exigences sont
posées sont de bonnes lois, je pense que ce sont toutes des
hypothèses qu'il faut faire au départ. Si ce n'est pas couvert
par l'assurance-maladie, il faut bien que les parents les payent, en effet.
C'est le sujet de l'étude que j'ai demandée à la
Régie de l'assurance-maladie, de manière que si nous envisageons
une couverture, nous sachions exactement dans quoi nous nous engageons sur le
plan financier et aussi sur le plan d'une revision possible de certaines de ces
lois, si l'on voit que quelques-unes datent de plusieurs décennies et
mériteraient peut-être d'être réexaminées
avant de faire l'objet d'une mesure de financement public.
M. DUFOUR: Très bien, M. le Président, je vous remercie.
Mais il ne faudrait pas oublier, quand vous aurez à discuter ces
problèmes, d'essayer au moins de consulter des médecins qui sont
en clientèle privée et actuellement en pratique et non pas
prendre des gens qui ont laissé la médecine depuis à peu
près vingt ans. Je pense que vous auriez peut-être un jugement
plus sérieux dans l'ensemble.
M. FORGET: Là-dessus, les médecins qui sont des
spécialistes en santé publique sont des médecins qui sont
en pratique et ils travaillent en collaboration avec des médecins de
médecine familiale. Ce ne sont pas des médecins qui ont
abandonné la pratique. Au contraire, ce sont dans la plupart des cas les
plus jeunes parmi la profession médicale.
M. BEDARD (Chicoutimi): A ce programme 5, M. le Président,
lorsqu'il y avait eu l'étude des crédits, le ministre des
Affaires sociales avait annoncé certains programmes de prévention
au niveau de la délinquence juvénile, au niveau des drogues dans
le milieu scolaire.
Le ministre pourrait-il faire le point sur ces études qui ont
été faites? Est-ce que le programme a été mis en
application et y a-t-il des résultats?
M. FORGET: Dans ces services, les crédits que l'on observe sont
des crédits pour le personnel, les infirmières en milieu scolaire
et, quand on passe aux services sociaux, les travailleurs sociaux en milieu
scolaire. Donc, c'est essentiellement des crédits pour la
rémunération du personnel et les déplacements puisque
plusieurs de ces personnes desservent plusieurs écoles, soit au niveau
primaire et même au niveau secondaire. Elles doivent parfois partager
leur temps entre plusieurs institutions scolaires.
Dans un autre programme, le dernier, le programme no 16, nous allons
avoir l'occasion de discuter certains crédits supplémentaires
pour la préparation de documents d'information et d'enseignement
audio-visuel auprès des enfants, ne serait-ce que pour aider ces
travailleurs de la santé ou des services sociaux en milieu scolaire
à faire passer le message plus facilement auprès des gens dont
ils s'occupent relativement au danger de la consommation des drogues, la
cigarette, l'alcool, etc. Il y a plusieurs documents qui sont en
préparation ; il y a aussi, évidemment, d'autres documents qui
sont en préparation de manière à fournir des instruments
de travail à ce personnel. Donc, on retrouve ça à un autre
crédit.
M. BEDARD (Chicoutimi): Au programme no 16?
M. FORGET: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Au programme no 16?
M. FORGET: Maintenant, pour ce qui est de l'évaluation, c'est un
peu les mêmes remarques que je faisais au député de Vanier,
tantôt. Pour ce qui est de l'évaluation, il y a une
évaluation qui, maintenant, est en voie de s'organiser au sein des
départements de santé communautaires. Ils ont été
créés justement pour s'assurer que ces programmes, ce n'est pas
simplement du personnel qui est laissé à lui-même, sans
direction, sans supervision et sans possibilité d'évaluation.
Donc, il y a des programmes pour la santé infantile, en particulier, la
santé maternelle et infantile.
Il y a une évaluation des services en milieu scolaire, des
services de santé, une orientation et une formation du personnel de
santé en milieu scolaire qui s'imposent et qui se font via ces
départements de santé communautaires selon les priorités
qu'ils se tracent eux-mêmes. Déjà, nous avons eu des
indications des fruits de cet effort d'évaluation. Evidemment, dans
certains cas, cela suppose une remise en question totale de la façon
dont on a procédé jusqu'à maintenant, mais je pense que le
tableau, dans son ensemble, est assez encourageant. Encore là, je crois
que nous serons en mesure, lors de l'étude des crédits de l'an
prochain, de déposer des documents qui feront le point sur ces
questions et qui permettront d'évaluer le chemin parcouru depuis
quelques mois ou quelques années.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président... Oui? Est-ce sur le
même sujet?
M. BONNIER: M. le Président, est-ce que, dans ce cas-là,
les crédits supplémentaires qui sont demandés supposent
une augmentation de personnel tant au niveau des services de santé que
des services sociaux, dans le domaine scolaire, par rapport aux crédits
qu'on a approuvés?
M. FORGET: Pour ce qui est de ce budget supplémentaire, il ne
s'agit pas d'un développement mais de la prise en considération
de certains coûts. A 5-1, il s'agit, encore là, de révision
de l'approbation initiale en fonction de certaines hypothèses qui ne se
sont pas vérifiées au niveau de ces coûts. Aussi, la
révision du taux d'accroissement dû aux fournitures, il y a
$92,000. Griefs des conventions collectives... Il s'agit là de la
ventilation dont j'ai fait état.
Prévisions pour le premier trimestre 1975, c'est au niveau de la
rémunération, des prix des fournitures, de l'application des
conventions collectives, des clauses d'assurance-salaire, etc. C'est, en
entier, attribuable à ce genre de causes.
M. BONNIER: Merci.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 5, adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): J'aurais seulement une autre question au
programme 5, M. le Président. Lors de l'étude des crédits,
avait été soulevé le problème concernant la
qualité de l'alimentation au niveau des CEGEP, des polyvalentes.
On reçoit continuellement des plaintes de la part d'associations
d'étudiants sur la mauvaise qualité de l'alimentation. Est-ce que
le ministre pourrait faire le point sur ce sujet? Lors de l'étude des
crédits on avait parlé d'une action à faire de la part du
gouvernement sur ce sujet.
M. FORGET: M. le Président, le point que je peux faire à
ce moment-ci, là-dessus, est essentiellement celui que j'avais
tracé lors de l'étude des crédits, au printemps. Le
ministère a collaboré avec le gouvernement fédéral
et les autres provinces à une étude des problèmes de
nutrition, à l'échelle canadienne et à l'échelle du
Québec en particulier. Le rapport sur l'ensemble du problème de
nutrition au Canada a été publié, comme on le sait, l'an
dernier, un rapport analogue sera publié pour le Québec,
incessamment.
A la lumière des observations faites, lors de cette étude
des problèmes de nutrition, le ministère, par ses consultants
nutritionistes, avait élaboré des normes de nutrition dans les
institutions, dans le milieu scolaire en particulier. Ce cahier de normes a
été distribué par les soins du ministère de
l'Education aux établissements, aux institutions d'enseignement. Mais
j'estime, M. le Président, que le rôle de mon ministère
s'arrête là, pour ce qui est de l'amélioration des services
alimentaires dans un milieu qui n'est évidemment pas de ma
responsabilité.
Nous avons indiqué les préoccupations, les
considérations dont on devait tenir compte. Il reste aux commissions
scolaires, aux comités de parents et aux parents eux-mêmes
à s'intéresser aux problèmes de la nutrition. Nous ne
pourrons le régler qu'à la condition que les parents, les
comités de parents, les commissions scolaires assument leurs
responsabilité à cet égard. Il ne nous appartient pas
d'édicter des directives ou une réglementation qui pourraient, de
quelque façon que ce soit, s'appliquer aux commissions scolaires.
Il s'agit là d'un problème sur lequel nous nous bornons
à sensibiliser l'opinion. D'ailleurs, parmi les documents audio-visuels
qui sont en préparation, de manière à donner des
instruments aux professionnels dans le champ, en quelque sorte, nous avons un
film ou un diaporama qui va pouvoir être utilisé de manière
à illustrer les avantages d'une alimentation saine et les moyens
à prendre pour respecter certaines normes nutritives.
M. BEDARD (Chicoutimi): Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 5, adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Adopté, le programme 5.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 6.
M. BEDARD (Chicoutimi): Sur le programme 6, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Programme 7.
M. BEDARD (Chicoutimi): Sur le programme 7, je demanderais des
détails au ministre. Il s'agit des centres de services sociaux.
Qu'est-ce que c'est? Est-ce que ce sont des nouveaux services? Des programmes?
Je ne le sais pas.
M. FORGET: Ici encore, il s'agit, M. le Président, d'une somme de
$1 million...
M. BEDARD (Chicoutimi): $176,000. M. FORGET $1,200,000 grosso modo... M.
BEDARD (Chicoutimi): $1,176,000.
M. FORGET: ... qui se ventile de la façon suivante:
Révision du taux d'accroissement, suite à l'augmentation des prix
des fournitures
de 12 p.c. contre une prévision originale d'environ 4 p.c,
bénéfices d'inventaire, et avec un impact financier pour ces
établissements de $690,000; griefs des conventions collectives,
$125,000; accroissement des salaires des cadres, $44,600.
Perfectionnement, $11,900; assurance-salaire, $77,000; pour des
problèmes de versements d'une année relativement à
l'autre, comme je l'ai indiqué d'une façon sommaire, $43,000;
$400,000 de déficit 1973 non inclus dans la base d'approbation des
budgets 1974. Il s'agit donc d'une "escalation" pour tenir compte d'un
dépassement budgétaire l'année précédente.
On avait omis d'inclure le total dans les budgets 1974.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je demanderais...
M. FORGET: Diverses autres modifications. $84,000.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... un peu de silence pour qu'on comprenne le
ministre.
M. FORGET: En déduction de ceci, des crédits disponibles
de $300,000, ce qui fait qu'au net nous avons une exigence additionnelle de
$1,200,000.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le programme 7, adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Le programme 7,adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Le programme 8,élément
1?
UNE VOIX: Adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, M. le Président. Est-ce que le
ministre peut nous donner des précisions concernant le montant de
$3,712,000?
M. FORGET: Oui. Nous avons la même ventilation, M. le
Président.
M. SYLVAIN: M. le Président, sur le programme 8...
LE PRESIDENT (M. Séguin): Un instant, s'il vous plaît; le
ministre est en train de donner des explications. A l'ordre, le
député de Beauce-Nord !
M. SYLVAIN: II faut crier, on n'est pas entendu.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Nous revien- drons. Le ministre est en
train de faire des commentaires.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'ai posé une question, M. le
Président. Le ministre va répondre. Ensuite...
LE PRESIDENT (M. Séguin): C'est ça.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... il pourra intervenir.
M. FORGET: Au programme 8, élément 1, le taux
d'accroissement des budgets relativement à l'augmentation des ressources
qui leur sont nécessaires pour faire face à l'augmentation des
prix est passé de 7.5 p.c. à 10.8 p.c, ce qui correspond à
un accroissement supplémentaire d'environ 8.9 p.c. pour les services et
les fournitures. Ceci se traduit par une dépense de l'ordre de
$1,835,900 à comparer aux $3,700,000 prévus. Diverses autres
augmentations pour près de $1 million. $848,000 pour les déficits
de 1973 non inclus dans la base, la même chose que pour le programme
précédent. Différentes applications des conventions
collectives, accroissement des salaires des cadres, etc., pour $174,000,
$52,000, $13,900 et $90,000 respectivement. Un crédit disponible de
$300,000, ce qui donne, au net, $3,700,000.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant les mésadaptés sociaux,
nous avions eu déjà l'occasion de soulever devant
l'Assemblée nationale, par des questions au ministre des Affaires
sociales, le problème du centre Berthelet et le problème des
enfants, disons des mineurs, qui, à l'heure actuelle, à cause de
services inadéquats.
Ils sont obligés d'être détenus dans des prisons
pour adultes, alors qu'on sait que c'est une situation non seulement
inacceptable humainement parlant mais également illégale. A
partir du moment où on respecte la loi, celle-ci ne le permet pas.
Nous avons soulevé le cas du Centre Berthelet, le cas du Centre
Saint-Vallier. Egalement, comme le ministre est sans doute au courant,
aujourd'hui même, une autre situation d'urgence se présente dans
la région de Hull-Ottawa, où on trouve huit enfants qui sont
détenus à la prison de Hull.
Je me permets de donner le contenu le plus court possible de l'article
qui a paru sur ce problème et qui dit ceci: "La prison de Hull loge
encore huit enfants, malgré les promesses répétées
du ministère des Affaires sociales de cesser cette pratique. Certains de
ces jeunes proviendraient de la maison Berthelet, de Montréal, et ne
seraient ici que provisoirement alors qu'on nous a dit que la question
de Berthelet, à Montréal, était réglée
mais un porte-parole du centre de détention hullois nous a
confirmé qu'on en recevait presque continuellement. Certains qui
attendent de comparaître, d'autres qui ont comparu ne peuvent
être
reçus dans un centre pour les jeunes, faute de place. "Devant cet
état de fait, le directeur des services aux délinquants du
Pavillon du Parc, M. Alain Blaise, a demandé aux deux ministères
concernés la permission de mettre quatre éducateurs
spécialisés au service de ces jeunes, mais on le lui a
refusé, sous prétexte que c'était contraire aux
politiques".
Comme on sait que c'est contraire à la loi que des mineurs soient
détenus avec des adultes dans des prisons, je demanderais au ministre
s'il est au courant de cette situation et si son ministère entend
prendre les dispositions qui s'imposent.
M. FORGET: II y a plusieurs problèmes qu'il faut distinguer. Il y
a, relativement à la détention des mineurs, une situation
chronique à la solution de laquelle nous nous employons depuis plusieurs
mois par l'aménagement, dans des centres d'accueil pour
mésadaptés sociaux, d'unités de détention qui sont
malheureusement nécessaires dans certains cas.
Il existe, particulièrement dans la région de Hull, un
projet en voie de réalisation par la Corporation du Pavillon du Parc qui
comprend une telle unité. Malheureusement, comme il n'est pas possible
de faire surgir de terre de tels travaux, de tels ouvrages de façon
instantanée, ce n'est que dans les mois à venir que cette
ressource deviendra disponible.
En attendant, il faut malheureusement, dans toute la mesure où
d'autres ressources ne peuvent pas être utilisées, avoir recours
à la prison commune.
Relativement à l'évolution de ce problème
chronique, il faut attirer aussi l'attention, comme le font d'ailleurs les
personnes spécialisées dans les questions de la
délinquance juvénile, sur le caractère évolutif du
problème, son aggravation à certains égards. Seulement
cette année, on se retrouve, dans la région de Montréal,
avec 13 meurtres commis par des jeunes de moins de 18 ans. On se trouve donc
devant un phénomène de criminalité juvénile assez
sérieux et il est évident que dans certains cas la
détention, jusqu'à l'audition, est une mesure absolument
nécessaire.
Mais, dans toutes les régions du Québec, des ressources de
détention pour mineurs sont prévues, sont en voie de
réalisation. Dans un avenir prévisible, à court terme, il
sera possible, dans toutes les régions, de disposer de ces ressources et
d'éviter l'utilisation des prisons communes, sauf évidemment les
situations absolument anormales, soudaines et temporaires qui peuvent exiger
d'avoir recours à tous les moyens du bord, et c'est bien là ce
qui s'est produit dans le cas des événements de Berthelet.
Il s'agit d'événements absolument sans
précédent par leur gravité qui ont rendu nécessaire
l'évacuation complète d'un édifice qui avait
été, en partie, bouleversé par une émeute mais
aussi d'une situation qui était explosive à plusieurs
égards, étant donné l'état de surexitation en
quelque sorte dans lequel à la fois les bénéficiaires et
le personnel avaient été placés.
Cependant, dès les premières heures qui ont suivi
l'évacuation, une équipe de fonctionnaires du ministère
des Affaires sociales, en collaboration d'ailleurs avec les autorités du
ministère de la Justice et en particulier les juges de la cour du
Bien-Etre social, se sont employés à reclasser tous ces jeunes,
à leur assurer, dans toute la mesure du possible, une audience rapide
devant un juge. Ainsi cela a permis certaines libérations, certains
placements dans des milieux moins sécuritaires, pour les cas qui
pouvaient le tolérer, et une relocalisation dans le cas où, dans
la précipitation des premières heures, les premiers placements
avaient été faits de façon erronée.
C'est donc une situation sous contrôle. Mais, étant
donné le développement de la situation à Berthelet, les
mesures très énergiques qu'il a fallu prendre et les
remèdes qu'il faudra apporter avant de considérer possible ou
opportun le fonctionnement du centre Berthelet, il est nécessaire de
faire durer certains placements exceptionnels dans une certaine mesure.
D'ailleurs, la Ligue des droits de l'homme a collaboré avec nous de
façon spontanée pour s'assurer que ceux de ces jeunes qui
étaient dans des prisons communes puissent recevoir la visite d'un
groupe indépendant et aviser le ministère, les familles
impliquées et les milieux professionnels impliqués de toute
situation qui pourrait porter préjudice à ces jeunes.
D'ailleurs, les autorités du ministère de la Justice nous
ont assuré, ce qui est d'ailleurs une chose que l'on a pu constater, que
dans tous les cas où les prisons communes ont été
utilisées d'une manière temporaire, il y avait une
séparation effective entre les adultes et les jeunes qui leur avaient
été confiés.
Dans le cas de Montréal, de l'utilisation des ressources de la
Sûreté à Montréal, ce n'est pas dans la prison, dans
le centre de détention, que ces jeunes ont été
envoyés, mais dans les locaux de la Sûreté même, donc
bien séparés par des barrières physiques des locaux de
détention pour adultes.
Dans tout ceci, on se trouve devant une situation clairement
exceptionnelle. Il n'est pas possible d'avoir en attente, en "stand by", des
centres de détention qui pourraient être activés lorsque,
par un événement comme celui que nous avons connu il y a quelques
semaines ou à la suite, par exemple, d'une descente policière
dans un cabaret ou dans un lieu où se déroulent des
activités illégales, on est amené à mettre en
détention, de façon provisoire jusqu'à leur comparution
devant la cour du Bien-Etre, un nombre exceptionnel de jeunes. C'est
arrivé certaines fins de semaines, très peu fréquemment,
mais il s'agit là de nécessité absolument
incontrôlable et il serait déraisonnable d'avoir en attente des
ressources.
Pour ce qui est du problème de Berthelet, évidemment c'est
une autre question qui nous mènerait beaucoup plus loin, et je pense que
j'ai déjà eu l'occasion d'en parler à l'Assemblée
nationale.
M. LEVESQUE: M. le Président, voulez-vous faire rapport?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Séguin): Donc, nous sommes au programme 8,
élément 1.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est cela, M. le Président.
M. SEGUIN (président de la commission plénière): M.
le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la commission n'a pas
terminé l'étude des crédits.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Quand siégera-t-elle?
Prochaine séance ou séance subséquente.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain, dix heures.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'Assemblée ajourne ses
travaux à demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 58)