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(Quinze heures quatorze minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Rapport sur le projet de loi no 26
M. HARVEY (Dubuc): M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives qui a
siégé les mardi et mercredi 26 et 27 novembre 1974 aux fins
d'étudier le projet de loi no 26 dont elle a adopté tous les
articles avec leurs amendements, les articles 8 et 27 ayant été
adoptés sur division.
LE PRESIDENT: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. LEVESQUE: Article a). M. DRUMMOND: Article a).
Projet de loi no 57 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Terres et Forêts propose la
première lecture de la Loi sur les réserves
écologiques.
M. DRUMMOND: M. le Président, ce projet permet au gouvernement de
constituer des réserves écologiques sur les terres publiques afin
de les conserver à l'état naturel, de les réserver
à la recherche scientifique ou, s'il y a lieu, à
l'éducation ou encore de sauvegarder les espèces animales et
végétales menacées de disparition ou d'extinction.
Le gouvernement peut aussi autoriser le ministre des Terres et
Forêts à acquérir des terrains privés à ces
fins.
Dans une réserve écologique, la chasse et la pêche,
l'exploitation forestière, les fouilles ou les sondages, la prospection,
les travaux de terrassement et de construction ainsi que,
généralement, les travaux de nature à modifier l'aspect du
terrain ou de la végétation et les actes de nature à
perturber la faune ou la flore sont interdits.
De plus, nul ne peut introduire d'espèces animales ou
végétales dans les réserves écologiques.
Le ministre des Terres et Forêts pourra toutefois, dans certains
cas, déroger aux règles précédentes pour faciliter
l'étude scientifique de l'évolution du milieu.
Il sera aussi interdit de pénétrer ou de circuler dans une
réserve écologique sans une autorisation écrite du
ministre des Terres et Forêts, autorisation qui sera donnée
seulement pour fins de recherches scientifiques ou, dans certains cas, pour
fins d'éducation.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture...
M. ROY: Vote enregistré, M. le Président. M.MORIN: Vote
enregistré, s'il vous plaît.
LE PRESIDENT: II y a cinq députés qui demandent le vote
enregistré.
M. ROY: Un, deux, trois, quatre, cinq.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote de première lecture
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de
première lecture de la Loi sur les réserves écologiques
veuillent bien se lever s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Parent (Hull), Mailloux, Choquette,
Garneau, Cloutier, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom, Simard, Quenneville,
Hardy, Tetley, Drummond, Lacroix, Bienvenue, Forget, Toupin, Massé,
Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Cadieux, Arsenault, Desjardins,
Giasson, Perreault, Fortier, Bacon, Veilleux, Saindon, Cornellier, Houde
(Limoilou), Lafrance, Picard, Carpentier, Dionne, Faucher, Harvey
(Charlesbourg), Larivière, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bonnier,
Boudreault, Chagnon, Marchand, Caron, Côté, Dufour, Harvey
(Dubuc), Lachance, Malouin, Massicotte, Parent (Prévost), Picotte,
Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallières, Verreault, Morin, Léger,
Charron, Bédard (Chicoutimi), Roy, Bellemare (Johnson).
LE SECRETAIRE: Pour: 65 Contre: 0
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Cette motion est adoptée.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education.
Révision des prêts-bourses
M. CLOUTIER: M. le Président, je désire déposer un
document de mise au point concernant la révision des
prêts-bourses.
LE PRESIDENT: Questions orales des députés. QUESTIONS
DES DÉPUTÉS
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Grains de provende
M. MORIN: En guise de préambule, M. le Président, je
voudrais rappeler que, le 14 novembre, le ministre de l'Agriculture nous a
déclaré qu'il avait obtenu de l'Office canadien des provendes
l'assurance que les approvisionnements seraient suffisamment abondants dans les
entrepôts de l'Est, cet hiver, pour répondre à l'ensemble
des besoins des Québécois, tant en grains de provende qu'en
céréales.
Or, en raison de la grève des inspecteurs
céréaliers, les Québécois, vont semble-t-il,
souffrir bientôt d'une pénurie très sérieuse de
grains de provende et de produits alimentaires de base. Cela risque de se
traduire par une hausse dramatique des prix et même par de la
spéculation.
Le ministre peut-il nous dire, maintenant que la crise est à nos
portes, quelles démarches il a entreprises et quelles mesures
concrètes et immédiates il entend prendre pour que soient
acheminés vers le Québec les grains dont la population, et en
particulier la population agricole, aura besoin cet hiver?
M. TOUPIN: M. le Président, je n'ai d'abord jamais
déclaré que les entreposages étaient suffisants. J'ai
déposé un document qui démontrait la différence
qu'il y avait cette année par rapport à l'année
dernière, aux mêmes dates, en ce qui concerne les entreposages de
provendes. J'ai soutenu, à ce moment-là, que, si la situation se
détériorait davantage, il y aurait danger de pénurie.
Effectivement, la grève des inspecteurs des provendes dans les
provinces de l'Ouest paralyse tout transport possible, que ce soit par voie
navigable ou par voie ferrée. Nous en avons discuté à
plusieurs reprises avec le gouvernement fédéral. J'ai eu
l'occasion également d'en discuter avec le président ou le
responsable de l'Office canadien des provendes.
Le problème est relié essentiellement à cette
grève des inspecteurs des grains.
Evidemment, du fait que la navigation va bientôt fermer ses
portes, si on peut s'exprimer ainsi, il y a sans doute danger pour que les
céréales, au Québec, cette année, se maintiennent
à des niveaux très bas, voire même dangereux. Si la
navigation ne reprend pas d'ici une semaine ou peut-être même d'ici
quelques jours, ce danger deviendra de plus en plus imminent.
Quant au transport par voie ferrée, nous avons à peu
près le même problème. Toutes les céréales
qui partent des provinces de l'Ouest en direction de l'Est doivent être
inspectées, à moins, bien sûr, que la Commission canadienne
du blé ou que le gouvernement fédéral n'accepte que des
céréales partent de l'Ouest en direction de l'Est sans
inspection. Cela serait, semble-t-il, aller à l'encontre de la loi
fédérale concernant la manutention et la commercialisation des
provendes, tant à l'intérieur du pays que dans le monde entier en
général, là où le Canada a des contrats
d'exportation.
Nous en avons non seulement l'intention, mais nous allons, demain,
à nouveau, prendre contact avec le gouvernement fédéral,
notamment le ministre de l'Agriculture, M. Whelan, qui est responsable des
inspecteurs des grains, pour lui faire voir de façon très nette
et très ferme qu'il y a danger pour le Québec d'une
pénurie de provendes, non seulement pour l'alimentation du bétail
mais peut-être aussi pour l'alimentation humaine en ce qui a trait plus
particulièrement au blé, parce que le pain se fait surtout
à base de blé.
Donc, c'est demain que nous prendrons contact par
téléphone et, si cela s'avère nécessaire, à
la suite de cette communication, qui fera suite au télégramme que
nous avons déjà envoyé, j'irai personnellement à
Ottawa rencontrer le ministre de l'Agriculture pour lui exposer clairement la
situation. Si je n'arrive pas à le faire par l'intermédiaire du
ministre de l'Agriculture, j'entends soulever la question au conseil des
ministres aussitôt que l'occasion m'en sera donnée et, si
nécessaire, demain.
M. MORIN: J'aimerais poser une question additionnelle au ministre. Je
vois qu'il est conscient du problème, mais je ne sais s'il en voit toute
l'acuité.
Premièrement, le ministre est-il conscient du fait qu'au 17
décembre prochain, on prévoit que les réserves de grain
auront baissé à 8,500,000 boisseaux? Or, notre consommation
hebdomadaire est de 1,200,000 boisseaux et il n'est pas besoin...
LE PRESIDENT: Question.
M. MORIN: Je me demande si le ministre est conscient, après avoir
fait un calcul très simple, du fait que cela ne représente que
quelques jours de consommation.
Deuxièmement, je voudrais demander au ministre s'il est conscient
du fait qu'à l'heure actuelle, même si la grève des
inspecteurs céréaliers se terminait demain, il ne reste à
Thunder Bay que six navires capables de trans-
porter les grains en provenance des Grands Lacs vers Montréal, ce
qui est absolument insuffisant. En conséquence, le ministre peut-il nous
dire s'il compte faire des démarches pour que le grain soit
acheminé par voie ferroviaire?
M. TOUPIN: Oui, M. le Président. Le chef de l'Opposition dit: Le
ministre ne semble pas être conscient. Au contraire, nous avons fourni,
il n'y a pas longtemps, des statistiques publiquement pour démontrer
qu'il existait un problème réel. Il est évident que le
problème est encore plus sérieux maintenant qu'il ne
l'était il y a quinze jours et il le sera encore davantage dans six ou
sept jours si on ne parvient pas à acheminer, sous une forme ou sous une
autre, les céréales vers les provinces de l'Est.
Mais, il me paraît évident que la solution se trouve dans
le règlement de la grève des inspecteurs de
céréales. Tant et aussi longtemps que cette grève n'est
pas réglée, il n'est pas possible, ni par voie navigable, ni par
voie ferrée, d'acheminer les céréales vers l'Est.
Il y a d'autres solutions qu'on peut examiner, dont je n'ai pas encore
fait mention. Présentement on fait des vérifications et on me dit
que dans certains entrepôts de l'Est, notamment dans les provinces
maritimes, il y aurait des provendes d'entreposées pour fins
d'exportation, et qui ne sont pas encore parties pour les pays où elles
doivent être dirigées. Alors, peut-être que la Commission
canadienne du blé pourrait demander aux propriétaires de ces
céréales de les garder dans l'Est et de les acheminer des
Maritimes vers le Québec pour que nous puissions avoir au moins le
minimum au cours des prochaines semaines, d'ici à ce que la grève
se règle et que les compagnies de chemin de fer puissent acheminer des
céréales vers l'Est.
Donc, nous examinons toutes les possibilités.
C'est ce qui me faisait dire tantôt que si des contacts par
téléphone ne sont pas suffisants, nous nous rendrons
là-bas pour exposer clairement non seulement notre position mais
également des éléments de solution, dont celui dont je
viens de parler.
LE PRESIDENT: Le député de Beauce-Sud, question
additionnelle.
M. ROY: M. le Président, est-ce que le ministre se souvient que
jeudi, le 14 novembre dernier...
UNE VOIX: C'est la même question.
M. ROY: ... j'ai soulevé cette question devant l'Assemblée
nationale, soit précisément neuf jours avant le
déclenchement de la grève, puisque la grève aurait
été déclenchée le 23 novembre. J'ai demandé
alors au gouvernement quelles étaient les mesures qu'on entendait
prendre de façon à s'assurer que l'approvisionnement dans
nos...
DES VOIX: Question.
M. BERTHIAUME: Question.
M. ROY: Je demande au ministre s'il se souvient de cette
chose-là, M. le Président. Il faut quand même avoir le
temps de les formuler, nos questions.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY: M. le Président, est-ce que c'est vous qui
présidez ou les "back-benchers" en arrière?
LE PRESIDENT: Je vais vous demander... S'il vous plaît, messieurs!
A l'ordre! ... S'il vous plaît! Il est vrai qu'il y a des
députés qui interrompent un peu trop mais, également, ce
n'est pas parce qu'on dit: Est-ce que le député est conscient,
est-ce que le ministre est conscient, ou est-ce que le ministre se souvient,
qu'il s'agit d'une question. La période des questions, je pense bien,
c'est pour obtenir des renseignements plus précis sur la politique du
gouvernement et non pas sur la capacité de souvenance du ministre.
M. ROY: M. le Président, vous avez bien raison de douter de la
capacité de souvenance du ministre.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. ROY: Je suis entièrement d'accord avec vous.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY: Je suis entièrement d'accord avec vous sur ce point.
J'aimerais savoir du ministre, alors que la situation semble à
l'extrême, comment il se fait qu'aujourd'hui il se dit prêt
à rencontrer l'honorable ministre fédéral de
l'Agriculture, alors qu'il y a deux semaines le même ministre de
l'Agriculture déclarait à l'Assemblée nationale: "Ce
dernier office avec lequel nous sommes en contact de façon constante
nous affirme qu'il y a assurance que les céréales seront en
quantité suffisante dans les entrepôts de l'Est pour satisfaire
à l'ensemble des besoins de la consommation, tant pour les agriculteurs
que pour les autres secteurs de consommation''.
J'aimerais savoir pourquoi le ministre et ma question sera encore
plus précise n'a pas agi avant aujourd'hui, et pourquoi il n'a
pas pris les mesures avant, de façon à nous éviter une
situation aussi désastreuse et dangereuse que celle à laquelle
nous avons à faire face.
M. TOUPIN: M. le Président, il y a 2,000 milles qui
séparent l'Est de l'Ouest et on ne parviendra pas à remplir les
entrepôts parce que je vais aller chercher une poche de blé
à Ottawa, ou dans les provinces de l'Ouest. Il est évident
que ce que j'ai déclaré le 14, c'était net,
c'était clair, la grève n'était pas
déclenchée, les entreposages par rapport à l'année
précédente étaient moindres et j'ai déposé
un document; je l'ai d'ailleurs dit tantôt.
Si la grève n'était pas intervenue, nous n'aurions pas le
problème que nous rencontrons. Il s'ajoute un élément au
problème et c'est celui de la grève et cette grève
dépend du gouvernement fédéral. Il s'agit pour lui de la
régler. On a discuté, depuis ce temps, et avec le ministre
fédéral de l'Agriculture et avec l'Office canadien des provendes
qui a la responsabilité des entreposages vers l'Est. Voici que la
situation de jour en jour se détériore. Il est normal, voyant la
situation se détériorer, que nous agissions avec plus de
rapidité que nous ne l'avons fait dans le passé, puisqu'on nous
avait dit, à ce moment-là, qu'il n'y avait pas raison de
s'inquiéter.
La grève est un élément qu'on n'avait pas alors
prévu. On en parlait, mais on n'avait pas prévu que la
grève se déclencherait le 20 ou le 21 novembre. Les
négociations étaient en cours et nous nous retrouvons aujourd'hui
dans cette situation. Alors, je ne peux pas personnellement forcer le CPR ou le
CNR ou toute compagnie propriétaire de bateaux à acheminer des
grains vers l'Est quand les inspecteurs de l'Office canadien ou de la
Commission canadienne du blé ne veulent pas faire leur travail. Il me
paraît évident que c'est simplement la logique des choses.
LE PRESIDENT: Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, le président de
l'Association professionnelle des meuniers du Québec a adressé ce
matin un télégramme au ministre à ce sujet, justement, des
grains de provende. Est-ce que le ministre peut nous dire, en même temps,
s'il prévoit une augmentation très sensible des prix et des
coûts supplémentaires à cause de cette grève qui
paralyse maintenant tout le transport maritime et même ferroviaire de ces
grains de pro vende?
M. TOUPIN: II est évident, M. le Président, que dans une
situation comme celle-ci il y a toujours danger d'inflation. Les pressions du
marché se font sentir de façon encore plus forte et il est
parfois dangereux qu'il y ait augmentation des prix. Jusqu'à maintenant,
même si on parle du problème depuis à peu près un
mois, le prix des céréales au Québec s'est maintenu
à peu près au même niveau qu'il était il y a un mois
et demi ou deux mois, avec quelques changements très peu sensibles selon
les types de céréales.
Alors, il y a là un danger, c'est évident, mais le
télégramme que m'envoie le président de l'Association des
meuniers du Québec, je pense, ne devait pas m'être adressé
à moi. C'est un télégramme qui normalement n'aurait pas
dû m'être adressé. Il aurait dû être
adressé au gouvernement fédéral, à M. Whelan.
M. BELLEMARE (Jonhson): II l'a été, M. le
Président, à M. Whelan, à M. Trudeau et à M.
Toupin.
M. TOUPIN: Moi, c'est un télégramme que j'ai reçu
me disant de remédier à la situation et me demandant de
régler une grève, de régler ceci et cela alors que
ça n'est pas du tout ma responsabilité. Je suis prêt
à prendre en considération, bien sûr, le
télégramme des meuniers, parce qu'il dit la
vérité.
Cet après-midi même les fonctionnaires travaillent au
problème et demain et après-demain, si nécessaire, on se
rendra là-bas pour discuter du problème et demander vraiment au
gouvernement fédéral ce qu'il entend faire.
M. BELLEMARE (Johnson): ... s'il n'avait pas peur d'une inflation assez
dangereuse et coûteuse pour la montée des prix vis-à-vis
des consommateurs.
M. TOUPIN: II y a des dangers qu'il y ait pression plus grande sur les
prix et que, par conséquent, les prix montent. Jusqu'à maintenant
et depuis un mois, comme je vous le disais, les prix sont demeurés
stables. Nous espérons qu'ils le demeureront encore au cours des
prochaines semaines et des prochains mois. Il ne faut pas oublier que les
entreposages sont tellement bas qu'on se demande s'il en reste assez pour faire
de la spéculation. C'est certain que ceux qui en sont les
propriétaires actuellement essaient de respecter une partie des contrats
qu'ils ont avec les meuniers, parce que les entrepositaires
québécois sont, pour la plupart d'entre eux, des courtiers
privés qui ont des contrats avec les meuneries et chacun d'entre eux
essaie de respecter, de part et d'autre, son contrat. Donc, nous
espérons que les prix se maintiendront au niveau actuel. Ils sont
déjà assez élevés, on espère bien que les
courtiers ne profiteront pas de la situation pour égorger davantage non
seulement les agriculteurs mais aussi les autres qui ont besoin de
céréales pour l'alimentation humaine, par exemple; la fabrication
du pain en dépend, sans aucun doute.
M. MORIN: Une dernière question supplémentaire.
LE PRESIDENT: Dernière question additionnelle.
M. MORIN: ... qui, elle, porte...
UNE VOIX: S'il fallait qu'on soit séparé...
M. MORIN: ... sur le long terme. J'aimerais que le ministre profite de
cette occasion pour nous dire si la situation dramatique devant
laquelle nous nous trouvons ne le porte pas à repenser ses
politiques à long terme dans trois domaines: 1° La création
d'un office québécois des grains de provende; 2° La recherche
d'approvisionnements autres que ceux en provenance de l'Ouest, compte tenu de
l'extrême dépendance dans laquelle nous nous trouvons par rapport
à cette source; 3° N'est-ce pas de nature à lui faire
repenser ses politiques en vue d'une plus grande autosuffisance du
Québec dans le domaine des grains de provende?
M. TOUPIN: M. le Président, je vais commencer par la fin. Lorsque
nous avons lancé notre programme d'autoapprovisionnement, il y a
près de trois ans, plusieurs le mettait en doute et disaient que ce
programme n'était pas suffisamment généreux, que les
producteurs québécois ne prêteraient pas oreille à
ce programme, et ce fut le contraire. Les producteurs québécois
ont épousé le programme que nous avons mis de l'avant à ce
moment-là et la production céréalière au
Québec augmente à un rythme très intéressant non
seulement en termes de céréales comme telles mais aussi en termes
de ce qu'on appelle les fourrages, c'est-à-dire les mais à
ensilage, la luzerne, etc. Il y a eu des résultats très
intéressants.
Quant à la question intermédiaire, je l'ai
déjà dit, ma position là-dessus est connue. La Commission
canadienne du blé constitue un monopole pour l'ensemble du Canada dans
le domaine de la distribution des céréales. On ne peut acheter de
l'extérieur aucune céréale et on ne peut même pas en
acheter des provinces de l'Ouest sans passer par la Commission canadienne du
blé. C'est donc dire que c'est hermétiquement fermé.
M. TOUPIN: J'ai déjà soutenu et je soutiens encore
que les grains devraient librement circuler à l'intérieur
du pays. Et c'est là la position du gouvernement actuel et c'est
celle-là que nous avons soutenue, depuis deux ans. Il y a eu des
améliorations, parce que les prix maintenant, au Canada, sont à
peu près égaux, c'est-à-dire les utilisateurs de l'Ouest
paient à peu près le même prix que les utilisateurs de
l'Est. Mais cela ne brise pas quand même ce monopole. La Commission
canadienne du blé soutient que c'est nécessaire; les producteurs
de l'Ouest disent, eux: Ce monopole est nécessaire, si nous voulons
maintenir une commercialisation ordonnée et des bons prix pour les
producteurs de l'Ouest. Ce qui n'empêche pas que ça crée de
temps en temps des problèmes sérieux pour les producteurs de
l'Est.
Quant à ce qui a trait à la première question,
encore là, notre position est connue. Quand le Parti
québécois a mis dans son programme un office des grains de
provende, il s'est simplement inspiré de notre plan agro-alimentaire
dans lequel on dit: Une société d'initiative agricole qui pourra
commercialiser les grains au Canada. Vous n'avez rien inventé, c'est
simple- ment notre programme que vous faites connaître, et ça me
fait plaisir que vous le fassiez comme ça.
M. MORIN: Oui, mais qu'est-ce que vous attendez pour le mettre en
oeuvre?
LE PRESIDENT: Dernière question additionnelle, l'honorable
député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, comme le ministre vient d'admettre
lui-même que la Commission canadienne du blé veut maintenir son
monopole, est-ce que le ministre pourrait nous dire ce qui empêche
actuellement le gouvernement provincial de se doter d'un organisme pour
négocier avec la Commission canadienne du blé,
premièrement des prix et, deuxièmement, de l'approvisionnement
suffisant? Est-ce que ce sont les trusts, les cartels qui empêchent le
gouvernement? J'aimerais qu'on sache, M. le Président, j'aimerais que le
ministre nous dise ce qui l'empêche de se doter de cet organisme qui
serait de juridiction provinciale et pour lequel nous n'aurions pas de
permission à demander à personne pour le créer.
M. TOUPIN: M. le Président, ce ne sont ni les trusts, ni les
courtiers privés. Il existe au Québec, actuellement, une forme de
commercialisation des provendes, ce sont les courtiers qui les achètent
des provinces de l'Ouest, les entreposent et les distribuent aux producteurs.
La preuve n'a pas encore été faite qu'il y avait, de ce
côté, de l'exploitation. Le seul problème que nous
rencontrons, de temps en temps, c'est celui des entreposages. Les courtiers de
l'Est, très souvent, sont obligés de respecter à la fois
des contrats intérieurs et des contrats d'exportation. Très
souvent, ils vont répondre aux demandes des marchés d'exportation
avant de répondre à une demande intérieure. Ce qui est
important, actuellement, c'est la politique que le ministère est
à préparer et qui est connue, peut-être pas en
totalité, mais tout au moins en bonne partie, sur le plan public, c'est
de voir comment, avec les producteurs, notamment la Coopérative
fédérée qui, elle aussi, commercialise les grains et
d'autres institutions qui sont sur le territoire, comment on peut transiger
directement avec les provinces de l'Ouest, pour acheminer par nous-mêmes
les grains vers l'Est. Il faudra penser, bien sûr, à des
entreposages. Il faudra penser à mettre en place des mécanismes
nouveaux de distribution et c'est ce qui se fait, présentement, en
termes de recherches, en discussion avec les producteurs et, plus
particulièrement, les producteurs organisés.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
Prêts-bourses aux étudiants
M. CHARRON: M. le Président, dans un
tract publicitaire du ministère de l'Education, on affirme, un
peu prétentieusement, au sujet des prêts et bourses, que des
solutions sont déjà apportées aux problèmes
soulevés. Je veux demander au ministre de l'Education, qui vient de
déposer un nouveau document, si ce texte et les affirmations qui y sont
contenues constituent la position finale du ministère de l'Education sur
les problèmes soulevés à l'intérieur de ce texte,
comme sur ceux qui sont soulevés dans les propositions provenant des
étudiants.
M. CLOUTIER: M. le Président, pour répondre à la
question du député de Saint-Jacques, il me faut rappeler quelques
faits.
Le ministère a entrepris, l'année dernière, en
collaboration avec les étudiants et tous les intéressés,
une révision du programme de prêts-bourses. Il s'agissait d'une
première phase et je l'ai présentée ainsi quand j'en ai
parlé à l'Assemblée nationale.
Malheureusement, je l'ai admis volontiers, il y a eu des erreurs
administratives qui ont fait que cette première phase n'a pas
d'emblée donné les résultats escomptés. C'est la
raison pour laquelle j'ai annoncé un plan d'urgence. La brochure dont
parle le député de Saint-Jacques fait état de ce plan
d'urgence.
Je dois dire qu'il a donné, jusqu'ici, les résultats que
nous pensions, et on peut considérer que cette phase est sous
contrôle. Les étudiants ont profité de la situation
je serais le dernier à les blâmer pour se donner des
mécanismes représentatifs et, à cause du contexte, ont
fait un certain nombre de propositions. Il y a eu des pourparlers et des
rencontres au ministère de l'Education, que j'ai favorisés. Il se
trouve que la majorité des suggestions en provenance des
étudiants sont conformes aux orientations du ministère en ce qui
concerne la deuxième phase de cette évolution. Au cours de ces
discussions, nous avons pu identifier un certain nombre de propositions qui
sont contenues dans le document que j'ai déposé, lequel vient
coiffer la brochure à laquelle je faisais allusion tout à
l'heure.
Je crois qu'il a été possible de répondre à
la majorité des aspirations des étudiants mais il y a deux ou
trois demandes qui supposent que l'on mette en place, avec les
étudiants, des comités, parce que ces deux ou trois points
comportent des impératifs financiers très considérables
qui peuvent, dans la dialectique actuelle des prêts-bourses, se chiffrer
par $200 millions. Il y a également des impératifs
administratifs.
Autrement dit, les pourparlers ont permis d'aller le plus loin possible,
compte tenu de ce qui est administrable et de ce qui est réalisable. Par
conséquent, je crois qu'il n'y a strictement aucune raison pour que les
étudiants débraient et risquent de se punir eux-mêmes en
compromettant le succès de leur année scolaire. Ils ont
réussi à mettre en place le processus qui est amorcé
actuellement et ils n'ont strictement rien à gagner et tout à
perdre en continuant des pressions.
Ce que je veux clairement dire, c'est que le ministère manifeste
la plus grande ouverture. Pour ma part, je suis prêt à envisager
une révision totale des prêts-bourses à partir de
critères tout à fait différents. J'ai d'ailleurs, à
plusieurs reprises, parlé d'un crédit étudiant qui
pourrait faire le pendant au crédit agricole et qui permettrait des
prêts dans des conditions préférentielles. J'ai
également ajouté que ceci n'éliminait pas
nécessairement la possibilité d'un programme spécial de
bourses pour les plus démunis. Mais voilà des décisions
qui ne peuvent pas être prises d'emblée à moins
d'être totalement irresponsable sur le plan administratif.
En revanche, je crois que, alors que pour la première phase de la
révision en 1973/74, nous n'avions pas d'interlocuteur et avions
été obligés de prendre les étudiants que nous avons
trouvés dans les conseils d'administration des CEGEP, que nous
considérions comme les plus représentatifs dans les
circonstances, nous avons maintenant des structures qui me paraissent assez
représentatives et je souhaite qu'elles se confirment de plus en plus au
point de vue de leur représentativité.
Par conséquent, mettons immédiatement en place, une fois
les points qui sont contenus dans ce document acquis, les structures
nécessaires, de manière que l'on puisse franchir encore un pas en
avant en ce qui concerne les prêts-bourses.
Voilà, M. le Président, la position claire et nette du
ministère. Si j'ai insisté sur la nécessité pour
les étudiants de bien comprendre que leur intérêt n'est
certainement pas de débrayer, c'est parce qu'il y a, dans le domaine de
l'éducation, des investissements qui intéressent toute la
société québécoise. Les étudiants doivent,
je pense, le comprendre. Je vous remercie, M. le Président.
M. CHARRON: M. le Président, il y a une question très
importante pour les étudiants qui auront à se prononcer sur les
offres du ministère de l'Education. Est-ce qu'au chapitre de la
contribution des parents la modification annoncée dans ce document
constitue la réponse finale du ministère de l'Education,
autrement dit le ministre affirme-t-il qu'il n'ira pas, pour l'année
scolaire 1974/75, plus loin dans cette offre que ce qu'ont déjà
obtenu les étudiants?
M. CLOUTIER: M. le Président, dans notre système actuel de
bourses, faire disparaître la contribution des parents signifie une somme
de $150 millions à $200 millions pour les contribuables
québécois. Qui, dans cette Chambre, osera dire que cette
décision peut être prise et improvisée
immédiatement? Qui, dans cette Chambre, osera affirmer qu'il ne faut pas
faire d'études auxquelles les étudiants peuvent être
associés? Qui? Qu'il se lève.
M. le Président, je crois qu'il faut s'en rendre compte. En
revanche, je donne raison aux étudiants pour considérer que ce
critère ne correspond pas nécessairement à
l'évolution des
moeurs et qu'aujourd'hui, avec l'âge de la majorité
fixé à 18 ans, on peut très certainement considérer
que c'est là une contrainte discutable. Mais je ne crois pas que la
façon d'aborder le problème, c'est, dans le cadre du programme
actuel, de dire oui. C'est, au contraire de tenter de s'inscrire
peut-être dans une autre dialectique.
C'est la raison pour laquelle j'évoquais tout à l'heure la
possibilité de dissocier les prêts des bourses, ce qui nous
donnerait un système infiniment plus facile à administrer, un
système décentralisé et un système qui ne serait
pas susceptible de donner lieu aux nombreux retards que l'on a connus depuis
quelques années.
J'invite donc les étudiants à s'associer, mais dans un
esprit de réalisme et de responsabilité publique, aux efforts que
nous tentons actuellement.
M. CHARRON: Dernière question additionnelle, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Dernière.
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que je peux demander au
ministre s'il est exact qu'on a fait la proposition suivante aux
représentants des étudiants qui dialoguent avec le
ministère de l'Education, actuellement: en échange d'une garantie
du ministère établissant que ces étudiants ne seraient
victimes d'aucune représailles on leur aurait demandé de signer
un papier à partir duquel ils s'engageaient à demander à
leurs confrères le retour en classe?
M. CLOUTIER: M. le Président, est-ce que je comprends bien la
question du député de Saint-Jacques? Est-ce qu'il prétend
qu'au ministère on aurait demandé aux étudiants de
s'engager par écrit à quelque chose d'analogue? Est-ce bien la
question?
M. CHARRON: Je vous demande si on a fait la proposition aux
étudiants que le ministère s'engagerait à ne recourir
à aucunes représailles à l'égard de ces
représentants des étudiants en échange d'un engagement de
leur part à demander à leurs collègues le retour en
classe.
M. CLOUTIER: M. le Président, certainement pas à ma
connaissance et je ne serais pas d'accord sur des engagements de cet ordre. Ce
que je sais, c'est que les étudiants ont demandé aux
représentants du ministère de l'Education, que j'ai
délégués à ce comité de dialogue, qu'aucunes
représailles ne soient exercées. Les représentants du
ministère ont expliqué que ce sont les institutions locales, dans
notre système décentralisé, qui ont la
responsabilité de l'évaluation pédagogique et que, par
conséquent, il leur revient de voir jusqu'à quel point la session
peut être maintenue ou ne pas être maintenue.
Maintenant, M. le Président, je n'accepte pas le mot
représailles lorsqu'il s'agit des relations qui doivent s'instaurer
entre des étudiants et des institutions d'enseignement. Ce ne sont pas
des représailles, M. le Président, que des autorités en
place considèrent qu'un diplôme n'est pas valable, s'il est
donné, parce que les conditions n'ont pas été
remplies.
M. CHARRON: C'est autre chose.
M. CLOUTIER: C'est le bon sens même. Je crois que c'est dans
l'intérêt des étudiants de conserver à leur
diplôme sa valeur. Déjà, dans certains CEGEP où
l'année dernière, des difficultés se sont fait jour, le
diplôme est considéré d'une façon douteuse par
certaines universités et ce point n'est pas sans m'inquiéter.
Par conséquent, M. le Président, si les étudiants
rentrent maintenant et reprennent leurs activités, compte tenu du fait
que le processus de dialogue est bel et bien amorcé et je suis le
premier à m'en réjouir je crois que la plupart des
situations locales pourront être arrangées.
Mais il est bien évident que si tout cela devait se continuer
ce que je me refuse à considérer parce que je suis bien
obligé d'admettre que les premiers qui en souffriraient seraient les
étudiants eux-mêmes à ce moment-là, le
problème devra être évalué à la
lumière des circonstances.
M. ROY: M. le Président, j'aurais une question additionnelle.
LE PRESIDENT: Dernière question additionnelle.
M. ROY: Comme ce problème ne sera pas réglé avec
des promesses, mais bien avec des décisions, je demanderais au ministre
de l'Education s'il accepterait de revenir aux normes qui avaient
été établies l'an dernier et les années
précédentes, parce que... je n'ai pas terminé, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Silence, messieurs, s'il vous plaît !
M. ROY: ... selon les informations que j'ai eues et toutes les
représentations qui nous ont été faites, les grandes
difficultés proviendraient du fait que les nouvelles normes ont
restreint le nombre d'étudiants éligibles au système de
prêts et bourses cette année.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas exact, M. le Président. En fait, la
révision avec les correctifs apportés et vous savez
pourquoi, je n'y reviens pas a amené un taux de
prêts-bourses beaucoup plus élevé que l'année
dernière d'au moins 5 p.c. et dans certains milieux de 10 p.c.
et également un montant moyen légèrement plus
élevé.
Je pourrais déposer, d'ici quelques jours, des statistiques en
provenance des différentes institutions, qui indiqueront très
très clairement que la révision de l'année
dernière, malgré ses limites en fait il s'agissait d'une
modernisa-
tion des critères utilisés a donné des
résultats. Je dirais aussi que s'il n'y avait pas eu ces erreurs, que je
déplore, il n'y aurait probablement pas eu de problème cette
année.
Mais je considère que ces erreurs ont un côté
positif en ce sens qu'elles ont permis aux étudiants de nous servir
d'interlocuteurs et que, si les étudiants veulent
précisément travailler dans l'intérêt de tous, ils
n'ont pas d'autre solution que de reprendre leurs activités et de
continuer le dialogue qui s'est fait jusqu'ici sous le signe de
l'ouverture.
LE PRESIDENT: Courte question principale, le député de
Johnson et la dernière question, le député de Verdun.
Impasse à la CTCUQ
M. BELLEMARE (Johnson): A l'honorable ministre des Affaires
municipales.
Le ministre des Affaires municipales a-t-il pris connaissance de la
dernière déclaration de son honneur le maire Lamontagne de
Québec concernant le mandat d'enquêter sur les causes qui ont
conduit à une impasse administrative et particulièrement sur
l'accumulation d'un déficit de $9,500,000 et sur la démission de
l'ancien président, M. Yves Poisson?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, sans me prononcer sur une formule,
il est évident que nous devons faire un examen très
sérieux de la situation financière de la Commission de transport
de la Communauté urbaine de Québec. Nous faisons de même
pour toutes les commissions de transport parce que le transport en commun
devient un fardeau très important pour les contribuables dans chacune
des importantes agglomérations.
Justement, c'est le problème le plus important sur le plan
monétaire pour les contribuables de la Communauté urbaine de
Québec. Pour cette raison, j'ai invité les maires et conseillers
à me rencontrer et, entre-temps, le ministre des Transports et le
ministre d'Etat aux Transports collaborent avec celui qui vous parle et avec
d'autres ministres, évidemment, à la recherche d'une formule qui
nous permettrait d'aider convenablement les commissions de transport dans les
grandes agglomérations.
M. BELLEMARE (Johnson): Seulement une suggestion, M. le
Président, est-ce que c'est l'intention du ministre, à la suite
de ce déficit de $9,500,000, tel que demandé par le maire
Lamontagne, d'instituer une enquête publique ou semi-publique?
M. GOLDBLOOM: Pour l'instant, M. le Président, je vous avoue que
je n'ai pas songé à une enquête publique. J'ai voulu
commencer par une consultation des premiers responsables, c'est-à-dire
les maires et conseillers des municipalités. A la suite de cette
conversation, nous pourrons examiner l'opportunité d'aller plus loin et
de quelle façon.
LE PRESIDENT: Dernière question à l'honorable
député de Verdun.
Elections municipales de Montréal
M. CARON: M. le Président, je voulais poser ma question au
premier ministre. En son absence, je voudrais demander au ministre des Affaires
sociales s'il peut répondre à ma question. La Voix populaire du 6
novembre 1974 écrit, page 29: "Le 10 novembre, votez RCM, Rassemblement
des citoyens de Montréal une page complète Jacques
Couture et son équipe, dans Sainte-Anne." Pour aller plus vite je ne
lirai pas tous les détails mais je vais vous dire que c'est
marqué: "Publié par la Clinique médicale communautaire de
Pointe-Saint-Charles". Si mes renseignements sont bons, c'est bien
spécifié que la clinique est subventionnée exclusivement
par le gouvernement provincial depuis trois ans.
Je voudrais savoir si le ministre...
LE PRESIDENT: Question, s'il vous plaît !
M. CARON: ... est au courant; sinon, est-ce qu'il entend faire
enquête? Est-ce que c'est dans la politique de son ministère que
l'argent des contribuables du Québec soit dépensé pour des
campagnes municipales?
DES VOIX: Ah! Ah!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous plaît!
Messieurs, s'il vous plaît ! Est-ce que vous êtes désireux
de connaf-tre la réponse?
UNE VOIX: Oui.
LE PRESIDENT: Bon. Un peu de silence, s'il vous plaît!
M. FORGET: M. le Président, je prends avis de la question du
député. Il est clair que c'est la première fois que l'on
porte à ma connaissance le fait qui a été cité. Il
est clair également qu'au plan des principes la question est presque
superflue puisqu'il est irrégulier qu'un établissement
subventionné entièrement par le ministère des Affaires
sociales, ou même seulement en partie, utilise pour des fins
électorales les fonds qui lui sont confiés. Donc, je vais faire
enquête et faire rapport à cette Assemblée des
événements qui ont été allégués.
M. MARCHAND: M. le Président, je me demande pourquoi cette
question n'a pas été posée auparavant par l'organisateur
en chef du RCM, le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT: Privilège, plutôt. Question de
privilège.
M. LEGER: M. le Président, je veux simplement dire au
député qu'en aucun cas je ne me suis occupé...
LE PRESIDENT: Ce n'est pas une question.
M. LEGER: ... de l'organisation du RCM â la grandeur de
Montréal.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: Avant de passer aux affaires du jour, M. le
Président...
LE PRESIDENT: Un instant, un instant! Je donne la permission à
l'honorable ministre des Institutions financières d'apporter une
réponse à une question posée à une séance
précédente.
M. TETLEY: Vendredi, M. le Président.
LE PRESIDENT: Brièvement, s'il vous plaît!
Champion Savings
M. TETLEY: C'est tout simplement les vendredis qu'on me pose des
questions, M. le Président; je vous demande la permission de n'assister
que les vendredis. M. le Président, vendredi dernier, le
député de Saguenay m'a posé une question au sujet de
Champion Savings. La question était la suivante: "Est-ce que le ministre
a été informé que les offres finales de cette compagnie
aux détenteurs de certificats d'épargne ne couvrent qu'une faible
partie des sommes investies...? "
Réponse du syndic et du président de la Commission des
valeurs mobilières: A ce jour, il y a une somme de $2.5 millions dont la
compagnie Guaranty Trust of Canada était fiduciaire et qui a
été distribuée entre les détenteurs de certificats
pour des montants s'échelonnant de 30 p.c. à 60 p.c. des sommes
investies. Mais il n'y a eu aucune offre finale de faite. La réalisation
de faillite n'est pas terminée.
Deuxième question: "Est-ce que le ministre a été
informé qu'une somme supplémentaire de $1 million aurait
été offerte lors d'une conférence de presse, par le
président du syndic, je pense, M. Zwaig? "
Réponse: Aucune telle offre n'a jamais été faite.
La somme de $1 million dont le député de Saguenay fait mention
est comprise dans les $2.5 millions déjà distribués. Les
sources du député de Saguenay sont mauvaises.
Troisième question: "Est-ce que le ministre, dans la lettre que
le député m'a fait parvenir, s'est aperçu qu'il y avait
une coupure de journal dans laquelle on faisait mention de la conférence
de presse du président des syndics, où on avait annoncé
une somme supplémentaire de $1 million qui devait être offerte aux
épargnants? "
M. le Président, le journal s'est trompé. Merci.
M. BIENVENUE: M. le Président... LE PRESIDENT: Oui.
M. BIENVENUE: ... est-ce que je pourrais vous demander une
directive?
LE PRESIDENT: Allez.
M. BIENVENUE: Le député de Lafontaine s'est levé
sur une question de privilège et a fait une déclaration au sujet
de sa participation ou pas à l'élection d'un parti politique
à Montréal.
Je n'ai pas saisi la déclaration qu'il a faite de son
siège comme député et je voudrais vous demander, M. le
Président, s'il y a moyen de la lui faire répéter, parce
que je ne l'ai pas saisie. Et je sais que lorsque...
M. LEGER: Lisez le journal des Débats.
M. BIENVENUE: ... un député parle de son siège, on
doit le croire sur parole. Je veux savoir s'il y a moyen qu'il la
répète. Je suis sûr...
M. LEGER: Lisez le journal des Débats.
M. BIENVENUE: ... que, comme gentilhomme, ce qu'il a dit il y a à
peine quelques minutes, il n'hésitera à le
répéter.
M. LEGER: Lisez le journal des Débats. Je n'ai pas d'objection,
M. le Président, à répéter ce que j'ai dit. J'ai
dit...
M. BIENVENUE: Répétez lentement.
M. LEGER: ... que je n'ai jamais rempli la fonction d'organisateur en
chef sur toute l'île de Montréal pour le RCM, c'est ce que j'ai
dit tantôt.
UNE VOIX: Vous êtes un menteur, ce n'est pas ça que vous
avez dit.
LE PRESIDENT: A l'ordre! S'il vous plaît!
M. BIENVENUE: M. le Président, avec votre permission toujours,
puis-je demander, via cette permission que vous m'accordez en invoquant une
directive, parce que là ce que vient de dire le député de
Lafontaine, c'est entré au journal des Débats, si ce qu'il vient
de dire, il y a vingt secondes, c'est bien ce qu'il a dit il y a à peu
près une minute ou une minute et demie et qui est toujours au journal
des Débats?
LE PRESIDENT: Cela je ne le sais pas.
M. LEGER: Quant à l'esprit c'est la même chose, si ce n'est
le mot à mot. Le mot...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, messieurs! Je crois que tous les
députés pourront vérifier, parce que moi, très
honnêtement, la première intervention non plus je ne l'ai pas
saisie dans le brouhaha général. Ce sera à vous de
vérifier, et si vous n'êtes pas satisfait...
M. BIENVENUE: ... une dernière chose sur laquelle je veux me
rassurer, M. le Président, c'est qu'on ne corrige au journal des
Débats que les erreurs de style, n'est-ce pas, et non pas le fond.
LE PRESIDENT: Oui, oui! A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
Affaires du jour.
En vertu de l'article no 34?
Travaux parlementaires
M. MORIN: En vertu de l'article 34, j'aimerais demander au leader du
gouvernement et au ministre de la Justice quelles sont leurs intentions au
sujet du projet de loi no 50 sur les droits de l'homme? Le leader et le
ministre comptent-ils donner suite à la motion de l'Opposition, à
l'effet d'entendre toutes les parties intéressées au projet de
loi sur les droits de l'homme, en appliquant les règles qui sont
utilisées d'habitude après la première lecture
plutôt que d'appliquer les règles qu'on utilise après la
deuxième lecture?
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'ai noté que le Parti
québécois a inscrit une motion au feuilleton pour que
l'Assemblée autorise la commission de la justice à convoquer
toutes les personnes, tous les groupes intéressés à venir
comparaître devant la commission de la justice à une date
ultérieure. Je n'ai pas pu faire autrement que de noter qu'il y avait
contradiction entre la motion...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! Je ne peux pas permettre,
je m'excuse, je ne suis peut-être pas gentil, mais ce n'est pas mon
rôle de permettre des débats. Et je sais que si je vous laisse
aller sur ce ton surtout, et en prévoyant le fond, la forme et le fond,
que ça va soulever un débat.
M. CHOQUETTE: Je me rends à votre invitation. Je rappellerai
seulement, M. le Président...
LE PRESIDENT: Un peu de collaboration. Cela ça ne s'adresse pas
à vous, je l'ai toujours, mais de l'Assemblée, s'il vous
plaît.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je rappellerai seulement que
lorsque cette loi fut adoptée en deuxième lecture par un vote
unanime de cette Chambre, ou par un consentement una- nime de cette Chambre, le
leader du gouvernement a invité l'Opposition à revenir aux
règles qui s'appliquent aux auditions lorsqu'un bill est envoyé
en commission après la première lecture, et le Parti
québécois et je ne dis pas ça sur le ton d'un
débat, parce que vous savez que je n'ai pas l'intention du tout d'animer
un débat à ce moment-ci mais le Parti
québécois, M. le Président, a refusé son
consentement...
M. MORIN: II fallait faire une motion annoncée.
M. CHOQUETTE: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de parole
dans cette Chambre ou est-ce qu'il n'y a que le député de Johnson
et le député de Sauvé qui l'ont? Je rappelle les
faits...
M. BELLEMARE (Johnson): Très bien! Très bien!
M. CHOQUETTE: ... les faits, M. le Président, il me semble qu'il
est important de rappeler les faits pour qu'on puisse juger des circonstances
dans lesquelles le chef de l'Opposition fait une demande au leader du
gouvernement et à moi-même quant à nos intentions. Je dirai
au chef de l'Opposition que nos intentions sont de faire en sorte que le bill
50 soit envoyé en commission de la justice. Je présenterai une
motion à la Commission de la justice qui invitera toutes les personnes
et les groupes intéressés à venir comparaître devant
la Commission, et ceci vers la fin du mois de janvier prochain, de façon
à donner tout le temps requis à nos honorables
interlocuteurs.
Par conséquent, les intentions du gouvernement sont de battre ou
de défaire la motion présentée intempestivement et
tardivement par le Parti québécois.
M. MORIN: M. le Président, sans vouloir nouer un débat sur
la question, je ferai simplement observer vous vous en souviendrez
sûrement que la motion du leader du gouvernement était
irrégulière parce qu'elle n'avait pas été
annoncée conformément au règlement. C'est la raison pour
laquelle j'ai inscrit moi-même une nouvelle motion à l'effet qu'on
sait.
J'aimerais demander au leader ou au ministre de la Justice...
LE PRESIDENT: Ce serait plutôt au leader. M. MORIN: Oui.
LE PRESIDENT: L'article 34, ça s'adresse au leader parlementaire
du gouvernement.
M. MORIN: J'aimerais demander au leader, qui pourra consulter le
ministre de la Justice, s'il a l'intention de donner les avis
nécessaires pour que les parties intéressées commencent,
dès maintenant, à se mettre au travail et à étudier
le projet de loi.
M. LEVESQUE: M. le Président, je note, tout d'abord,
d'après les récentes paroles du chef de l'Opposition, qu'il
attache plus d'importance à la forme qu'au fond. Deuxièmement,
quant à savoir si nous allons placer un avis dans la Gazette officielle
je pense que c'est ce à quoi il réfère je
n'ai pas d'objection à le faire. C'est justement l'intention que j'avais
lorsque j'ai demandé le consentement unanime. Si on est prêt
à le donner maintenant, je suis prêt à
m'exécuter.
M. MORIN: M. le Président, puis-je demander quand cet avis sera
donné, approximativement? Quand comptez-vous donner cet avis?
M. LEVESQUE: M. le Président, nous comptons donner l'avis en
temps opportun.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que vous avez une question en vertu de
l'article 34? Je ne peux pas...
M. MORIN: Oui, j'en ai une autre, M. le Président.
Conformément à vos instructions, on doit soulever la question de
l'audition des parties intéressées à un projet de loi
immédiatement après la première lecture. On nous a
proposé tout à l'heure, la première lecture du projet no
57 sur les réserves écologiques. Est-ce que le leader du
gouvernement a l'intention de convoquer les parties intéressées
à la conservation des espèces animales et
végétales, les hommes de science ou encore les parties qui
pourraient s'opposer s'il en existe au projet de loi, avant la
deuxième lecture?
M. LEVESQUE: M. le Président, dans ce cas-ci, le ministre des
Terres et Forêts me rappelle qu'une commission parlementaire a
siégé justement sur cette question.
M. MORIN: Dois-je comprendre qu'il n'y aura pas de convocation des
parties intéressées avant la deuxième lecture? C'est bien
cela?
M. LEVESQUE: M. le Président, on peut comprendre ce qu'on voudra.
Je viens de dire que les parties intéressées ont eu
déjà l'occasion de se faire entendre.
M. MORIN: M. le Président, puis-je demander si les parties ont eu
l'occasion de se faire entendre sur le projet de loi?
M. LEVESQUE: Sur le contenu du projet de loi.
M. ROY: M. le Président, une courte question...
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: ... en vertu de l'article 34, au leader du gouvernement. Nous
avons des informations à l'effet que la loi du crédit forestier
serait prête actuellement. Est-ce qu'on peut nous dire pour quelle
raison...
LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre, à l'ordre ! A l'ordre,
s'il vous plaît ! Ce n'est pas la première fois que je donne des
directives sur cette question. Si ce n'est pas au feuilleton, je ne le
permettrai pas en vertu de l'article 34. A l'ordre, messieurs!
Avant de passer aux affaires du jour, j'avais reçu un avis de
l'honorable député de Johnson, en vertu de l'article 78, pour la
tenue d'un débat d'urgence sur l'effet désastreux de la
grève des inspecteurs de grains, sur la constitution de réserves
de céréales au Québec pour cet hiver et sur les pertes
économiques importantes qui peuvent découler de cette
grève.
Je suis prêt à rendre ma décision sur cette
question. Je pense qu'il y a eu pas mal de questions et de réponses.
Très brièvement...
M. BELLEMARE (Johnson): J'accepte votre décision, M. le
Président.
LE PRESIDENT: Vous ne la connaissez pas encore.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, mais je la prévois.
LE PRESIDENT: Vous la prévoyez.
M. BELLEMARE (Johnson): Je la sens venir. Je pourrais peut-être
laisser entre vos mains cet avis et, jeudi, avant l'appel des affaires du jour,
nous pourrions revenir sur le sujet pour connaître les commentaires
qu'aura à faire à cette Chambre l'honorable ministre de
l'Agriculture, à son retour d'Ottawa.
LE PRESIDENT: Au lieu de mettre une date précise, comme jeudi, je
dois vous dire franchement que je ne pouvais pas accepter ce débat pour
différentes raisons, à cause de la compétence, de la
juridiction des différents niveaux de gouvernement.
Egalement, ces débats d'urgence sont quand même des
débats tout à fait exceptionnels. On sait que dans notre monde en
mouvement, actuellement, on pourrait facilement avoir des demandes de
débats d'urgence pratiquement tous les jours. Cela peut soulever ce
problème d'une question de crise éventuelle dans quelques
semaines, à peine, mais ces débats d'urgence doivent être
accordés dans des conditions tout à fait restrictives. Je suis
d'accord avec vous pour qu'on garde cette demande en suspens pendant quelque
temps afin de voir comment la situation ou les événements se
dérouleront d'ici quelques jours.
M. BELLEMARE: ... minidébat.
LE PRESIDENT: Vous avez le droit à un minidébat
d'ailleurs, même aujourd'hui ou jeudi.
M. BELLEMARE: M. le Président, je vais...
LE PRESIDENT: D'accord.
M. BELLEMARE: ... un minidébat.
LE PRESIDENT: En ce qui concerne la séance d'aujourd'hui, du
moins, ce débat d'urgence n'est pas accepté.
Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, à huit heures, ce soir, la
commission parlementaire des corporations professionnelles entreprendra
l'étude du projet de loi déjà déféré
à cette commission, soit le projet de loi no 39, Loi modifiant le code
des professions et autres dispositions législatives. Je fais motion
à cet effet. A huit heures, au salon rouge.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. LEGER: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Au salon rouge ou dans une autre salle disponible.
M. LEGER: Au salon rouge?
M. LEVESQUE: Au salon rouge, à moins que d'autres dispositions
aient été prises. Dans ce cas, ce sera la salle 81. On pourra le
dire dans quelques instants.
Article no 3.
Projet de loi no 76 Troisième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose la
troisième lecture du projet de loi no 76, Loi modifiant la loi
favorisant le regroupement des municipalités.
L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: Si je peux trouver mes papiers.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, étant donné que nous
sommes rendus au stade de la troisième lecture, je voudrais reprendre
certains points et en ajouter quelques autres sur la raison pour laquelle nous
nous opposons à ce projet de loi.
Nous savons que la loi 276, qui favorisait le regroupement des
municipalités, était une occasion pour décréter des
unités de regroupement permettant aux municipalités qui ont des
choses en commun de fusionner et de bénéficier, par le fait
même, des possibilités d'un accroissement de population, donc de
revenus et, consé-quemment, avec plus de revenus, d'être capables
de réaliser plus de choses selon les besoins ou les priorités de
ces municipalités.
M. le Président, le projet de loi no 76, retarde la date de
l'avis d'élection qui, normalement, devait être
décrétée dans les trois mois et l'augmente de trois autres
mois, empêchant ainsi les citoyens de ces municipalités de se
prononcer par ce geste qui aurait pu être un référendum sur
le projet de regroupement et de fusion.
Je dis que c'est un affront à la démocratie. Le projet de
loi no 76, tel qu'il est présenté, je ne puis faire autrement que
de le qualifier d'affront à la démocratie.
Les populations de nombreuses villes impliquées dans un processus
de regroupement n'ont pas le loisir de se prononcer par ce
référendum possible qu'est une élection. Et voilà
qu'une loi du gouvernement québécois leur enlève, pour une
période de trois mois additionnels, la possibilité de le faire
par élection.
C'était déjà normal de se prononcer il y a trois
mois. On a reculé cette possibilité de trois mois pour permettre
à des personnes, surtout parmi les élus, de s'opposer à un
regroupement qui ne leur conviendrait pas pour différentes raisons. Mais
la population là-dedans, est-ce qu'elle a son mot à dire?
Ce sont souvent les élus, au niveau municipal, soit les maires,
soit les échevins, qui ont discuté des avantages et
désavantages d'un regroupement. Un regroupement municipal, qui est une
première étape vers une fusion possible, a comme objectif le
mieux-être des citoyens. Qui saura que c'est mieux, si ce n'est la
population? Qu'est-ce qu'elle a eu à dire là-dessus? Rien. Les
maires, les échevins avaient l'occasion d'en discuter. Ils se sont
prononcés pour ou contre publiquement. L'occasion leur était
fournie, lors d'une élection, de se prononcer en faveur des candidats,
soit à l'échevinage, soit à la mairie, sur ce projet de
fusion des municipalités.
Le ministre leur enlève cette occasion. Ils ne pourront pas se
prononcer. En certains endroits du Québec, à Hull, dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, des procédures ont été
retardées, bloquées par ce qu'on appelle en langage juridique un
bref de mandamus...
M. HARVEY (Jonquère): C'est réglé chez nous.
M. LEGER: C'est réglé chez vous? Mais cela existe encore
dans la région de Hull.
M. HARVEY (Jonquière): ... que c'est le cas chez nous.
M. LEGER: Mais cela a eu lieu chez vous, dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. C'est une occasion pour des personnes, qui veulent se
regrouper, de procéder là-dessus et pour ceux qui ne veulent pas
le regroupement, pour des raisons personnelles ou autres, de bloquer ce projet.
Les citoyens regardent passer Ça.
On sait fort bien que plus une municipalité a des revenus, plus
elle a de population, plus elle peut acquérir des devoirs ou des
pouvoirs, donc plus elle pourra donner des services à la
communauté. Plus elles sont petites, moins elles peuvent donner de
services à la population. Les quelque 15,000 municipalités du
Québec, actuellement, n'ont pas les moyens de donner à leur
population ce qui leur est demandé par celle-ci. Elles n'ont pas les
revenus. Elles n'ont pas la densité de population, les moyens pour
donner à la population ce qu'elle désire.
Le regroupement, par le bill 276, était une occasion. Mais,
actuellement, le bill 76 veut tout simplement prolonger la date d'une
élection dans ces municipalités pour permettre peut-être de
bloquer un processus de regroupement.
Je dis que c'est une attaque à la démocratie. Le ministre
des Affaires municipales nous a affirmé, vendredi dernier, et je le
cite, en deuxième lecture, journal des Débats, le vendredi 29
novembre, page 3086: "Les élections municipales risqueraient de ne pas
permettre une expression valable de l'avis des citoyens."
Quand le ministre des Affaires municipales nous dit ça, on est en
droit de se demander où va la démocratie québécoise
sous le gouvernement Bourassa.
Si une élection n'est pas une occasion pour les citoyens
d'exprimer leur volonté, qu'est-ce qui est une expression de la
population?
Vous avez des gens, des maires, des conseillers à
l'intérieur, disons, d'une unité de regroupement qui
regrouperait, par exemple, cinq municipalités. Il y a cinq maires et
peut-être 25 ou 30 conseillers. C'est sûr que le résultat
d'un regroupement au niveau des citoyens peut être un avantage, mais il
peut être, aussi, au niveau des élus, un désavantage, en ce
sens qu'on n'aura besoin, bientôt, que d'un seul maire pour cette grande
municipalité élargie de cinq anciennes municipalités. Il y
a aussi la possibilité de n'avoir que cinq, six, huit ou neuf postes de
conseillers, alors qu'il y en avait 25 ou 30 avant. C'est sûr qu'il y en
a qui vont perdre des postes là-dedans, M. le Président.
C'est pour cela qu'il n'est pas nécessaire d'obtenir uniquement
le point de vue des intéressés, des conseillers et des maires. Il
faut aussi obtenir le point de vue réellement intéressé de
ceux qui vivront ce regroupement et cette fusion, qui sont les citoyens de ces
municipalités.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, est-ce que le
député me permettrait une question?
M. LEGER: Elle doit être "loadée", mais on va
l'écouter pareil.
M. HARVEY (Jonquière): Non, elle n'est pas "loadée".
Est-ce que le député pourrait me dire s'il a, quand il a eu du
temps libre, lu la loi 276 pour avoir des propos tels qu'il tient? Car il sait
fort bien qu'à un moment donné tous les conseillers municipaux et
les maires intéressés dans une unité de regroupement ont
non pas le privilège, mais le devoir de siéger pendant des mois
et des mois. De plus, la Commission municipale a l'obligation d'aller
siéger dans le ou les secteurs dissidents afin d'entendre les
populations et de rendre un verdict afin de permettre au ministre responsable
de l'application de cette loi de recommander ou non l'émission des
lettres patentes ou d'obtenir, selon la recommandation de la Commission
municipale, une consultation dans le ou les secteurs impliqués dans
l'unité.
A entendre le député, M. le Président, on dirait
qu'il n'a jamais lu la loi 276.
M. LEGER: M. le Président, je pense que le ministre devrait lire
les propos que j'ai tenus à l'occasion de l'étude du projet de
loi no 276. Il se renseignerait sur la compréhension, le contenu et
notre perception de ce projet de loi.
M. HARVEY (Jonquière): Vous avez voté pour. C'est pour
cela, vous êtes incohérents.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. LEGER: M. le Président, je ferais remarquer au ministre du
Revenu, qui est très sympathique, que sa question n'en était pas
une. C'était une occasion pour lui de s'exprimer et de donner son point
de vue, ce qu'il aurait pu faire facilement en intervenant dans le
débat.
M. HARVEY (Jonquière): Je n'ai pas le droit?
M. LEGER: Mais je peux quand même faire remarquer au ministre,
à propos de la fusion non voulue par une population, que la loi 276
permet quand même aux gens qui sont élus de procéder
rapidement au groupement, comme c'est possible aussi pour les élus qui
ne veulent pas de ce regroupement de le bloquer indéfiniment,
contrairement aux besoins des citoyens. Vous avez les deux. Il faut tenir
compte des intérêts, c'est normal. Il faut l'accepter; cela fait
partie du jeu démocratique. Il y a des élus qui peuvent
défendre leurs intérêts, comme il y en a d'autres, qui sont
très désintéressés, qui veulent tout simplement le
bien-être des citoyens.
La loi 276, telle quelle, permettrait les deux choses, mais, en
prolongeant la date des élections, M. le Président, on
empêche les citoyens de se prononcer démocratiquement pour ou
contre le projet de regroupement municipal ou de fusion.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, nous sommes
complètement opposés à ce prolongement, parce que nous ne
pouvons admettre qu'un prolongement indu de ce délai soit permis avec un
effet rétroactif, dans certains cas, comme à Hull.
Est-ce que le gouvernement craindrait que les citoyens des
municipalités visées ne se prononcent, lors des élections,
sur la question de la fusion? C'est ce qu'on se demande. M. le
Président, vous avez une occasion parfaite de permettre aux citoyens de
voter pour ceux qui se sont prononcés soit pour ou contre, mais selon
leur désir. Les gens, s'ils sont en majorité en faveur de la
fusion de plusieurs municipalités, voteront pour les conseillers ou les
maires qui auront prôné cette option et ceux qui sont contre la
fusion des municipalités voteront pour les maires ou les conseillers qui
se seront prononcés contre la fusion.
Je pense que c'est la façon la plus démocratique de le
faire et ce n'est pas en prolongeant indûment cette période qu'on
va régler la question. C'est la raison pour laquelle je ne veux
pas intervenir plus longtemps nous voterons, en troisième
lecture, contre ce projet de loi qui est antidémocratique.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je serai très bref. Le
projet de loi qui est devant la Chambre n'empêche pas la tenue
d'élections dans les municipalités. Sans ce projet de loi, les
citoyens n'auraient aucun choix et cela voudrait dire que les élections
municipales auraient lieu, de toute façon, que les administrateurs
municipaux soient d'accord ou non, au mois de février. La loi est ainsi
faite actuellement. Nous donnons donc une liberté de choix aux
municipalités intéressées.
Le député de Lafontaine essaie de me prêter une
interprétation qui n'est certainement pas celle que j'ai voulu donner en
signalant que, peut-être dans une élection municipale tenue
à un moment où le dossier de la fusion ne serait pas encore
complet, on ne serait pas en mesure de se prononcer en toute connaissance de
cause sur cette question et que, pour cette raison, peut-être que dans
certaines municipalités on préférera attendre que le
dossier soit complet et tenir les élections après. Ce n'est pas
plus compliqué que cela.
C'est une situation qui est un peu exceptionnelle à cause du fait
que des procédures ont été intentées par certaines
personnes. Donc, le calendrier qui avait été prévu dans ce
que l'on appelle la loi 276, c'est-à-dire dans le chapitre 53 des lois
de 1971, et il est évident que cette loi a été
votée par l'Assemblée nationale, le 13 décembre de cette
année, et il y a un certain nombre de députés qui
siégeaient en cette
Chambre sous la bannière du Parti québécois qui ont
voté pour ce projet de loi à l'époque. Je ne voudrais pas
accepter la thèse que cette loi est parfaite. Au contraire. Je pense que
l'expérience que nous sommes en train de vivre nous mènera
à repenser cette loi à plusieurs points de vue.
Alors, ce n'est pas pour bafouer la démocratie, c'est tout
simplement pour donner une plus grande liberté aux
intéressés que nous permettons le choix ou de tenir les
élections comme prévu au mois de février ou d'attendre
plus tard. Certainement qu'entre-temps le dossier sera complet et l'on pourra
se prononcer en toute connaissance de cause sur une question très
importante dans les municipalités intéressées.
M. le Président, n'en faisons pas de drame, c'est un projet qui
élargit les possibilités d'action pour les gens
intéressés et j'en recommande l'adoption à la Chambre.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard ): Cette motion de troisième
lecture du projet de loi no 76, Loi modifiant la loi favorisant le regroupement
des municipalités, est-elle adoptée?
M. LEGER: M. le Président, sur division.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Adopté sur division.
M. BIENVENUE: Article 2, M. le Président.
Projet de loi no 66 Troisième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): L'honorable ministre des Affaires
municipales propose la troisième lecture du projet de loi no 66, Loi
concernant la Communauté urbaine de Montréal.
M. GOLDBLOOM: Adopté.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Le député de
Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, nous voilà au bâton
encore une fois, sans point ni coup sûr.
Je voulais simplement, M. le Président, profiter de l'occasion de
la troisième lecture de ce projet de loi no 66, touchant les
délais prévus à la Loi de la communauté urbaine de
Montréal, pour demander au ministre s'il a l'intention
j'espère qu'il me répondra lors de sa réplique de
convoquer une commission parlementaire dans les plus brefs délais
possibles, ce qui veut dire d'ici une semaine ou dix jours, pour entendre les
maires des municipalités ainsi que
les représentants de la Communauté urbaine de
Montréal afin que, devant les députés de cette Chambre et
avec l'aide du ministre des Affaires municipales et des députés
de l'Opposition, on fasse un tour d'horizon sur les possibilités
d'améliorer la situation inacceptable dans laquelle vivent les
municipalités à l'intérieur de la Communauté
urbaine de Montréal. Je demande au ministre de me répondre
là-dessus tantôt, puisqu'il l'a déjà promis en
Chambre quand je lui ai posé la question. Le ministre m'a dit à
ce moment-là: Nous allons rencontrer les maires et, immédiatement
après la rencontre des maires de la Communauté urbaine de
Montréal, nous procéderons à la convocation d'une
commission parlementaire. Le ministre des Affaires municipales lui-même
nous l'a promis. J'espère qu'il va tenir sa promesse, M. le
Président, et la convoquer dans les jours qui vont suivre, de
façon que nous puissions ensemble, en plein jour, évaluer les
désavantages, les avantages, les correctifs, les améliorations
qu'on peut apporter au système de la Communauté urbaine de
Montréal, spécialement à la lueur du rapport Hanigan.
M. le Président, le bill 66 ne règle rien, absolument
rien. Parce que le bill 66, malheureusement, touche l'aspect de reporter
encore un bill cataplasme comme le bill 76 une échéance
concernant le budget de la Communauté urbaine de Montréal
à une moyenne d'à peu près un mois pour chacune des dates
citées dans la loi. Mais cela ne règle pas le problème de
fond, M. le Président. On a beau à chaque année revenir
sur la question, les gens ne peuvent plus vivre ensemble dans la
Communauté urbaine de Montréal de la façon dont cela
fonctionne. Il y a un problème de représentativité, il y a
un problème de distribution d'autorité, il y a un problème
de financement, dans le domaine de la Communauté urbaine de
Montréal, entre le géant qu'est la ville de Montréal et
les municipalités à l'intérieur de la communauté
urbaine.
M. le Président, le ministre n'a fait preuve à ce jour
d'aucune imagination. Très peu imaginatif, c'est le ministre qui essaie
de calmer les esprits, d'éteindre les feux. Mais, à ce jour, il
n'a pas prouvé qu'il avait de l'imagination pour trouver des correctifs
à la situation explosive de la Communauté urbaine de
Montréal. Les maires qui ont rencontré le premier ministre lui
ont dit: A quoi sert d'adopter un budget, à quoi sert de discuter d'un
budget de la Communauté urbaine de Montréal si, malgré
tous les correctifs, malgré tous les amendements que nous allons
proposer, il va être automatiquement adopté? M. le
Président, c'est leur faire jouer un rôle, je dirais,
d'imbéciles. On dit: Venez étudier le budget et que vous
l'adoptiez ou non, à partir de telle date, si vous ne vous êtes
pas entendus, il est adopté. Mais à quoi sert l'étude d'un
budget pour la Communauté urbaine de Montréal si on ne peut faire
aucune correction? A quoi sert d'avoir un budget de la Communauté
urbaine de Montréal quand la plus grosse partie du budget échappe
au contrôle des élus?
Le budget de la police de Montréal échappe aux
élus. Cela n'a pas d'allure! De 1972 à 1975, les
prévisions budgéraires de la Communauté urbaine de
Montréal ont été continuellement dépassées
à un rythme inacceptable et difficilement assimilable par les
contribuables de la Communauté urbaine de Montréal,
spécialement des villes environnantes. M. le Président, d'un
budget de $92 millions quand la communauté urbaine a été
créée c'était une période transitoire
on est rendu à un budget de $225 millions pour 1975.
M. le Président, je vous vois froncer les sourcils, c'est
exactement l'objet du projet de loi, M. le Président, adopter le
budget.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): L'article 126 prévoit que
vous devez vous en tenir au contenu et le contenu du projet de loi
prévoit l'abolition des délais et aussi la possibilité
d'un nouveau partage du budget supplémentaire. Alors c'est le
contenu.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je peux, sur ce point de
règlement, vous faire remarquer que l'article 120 permet aussi aux
députés de l'Opposition, sur un projet de loi, de donner les
moyens pour arriver à cette fin? Et les moyens, M. le Président,
ce n'est pas le projet de loi, c'est justement le problème à
l'intérieur du budget que nous vivons et c'est la raison pour laquelle
la situation est explosive. Est-ce que vous êtes au courant que les
maires de la Communauté urbaine de Montréal ont dit: Ce budget
non seulement on ne l'accepte pas, mais on menace même de ne pas payer
notre quote-part? Et le premier ministre a dit: Nous allons mettre les
municipalités en tutelle.
Je pense qu'il est temps que le ministre bouge. La commission
parlementaire devrait être convoquée d'une façon urgente
pour permettre d'entendre les doléances des maires. Qu'on passe au
peigne fin les problèmes majeurs que nous vivons avec la
Communauté urbaine de Montréal. Ce projet de loi, qui ne fait que
reporter d'un mois l'adoption du budget, ne règle pas le
problème. C'est la raison pour laquelle nous sommes obligés de
nous opposer à ce projet de loi. La communauté urbaine a
été formée comme une étape de transition à
une sorte de gouvernement régional où il y aurait une meilleure
répartition des pouvoirs, avec des responsabilités accrues et
avec aussi des sources de revenu personnelles devant leur être
données.
La communauté urbaine ne peut pas fonctionner avec des budgets
discrétionnaires.M. Hanigan a demandé, pour 1975, une subvention
de $90 millions. Qu'est-ce qu'on va avoir? Le ministre, à grand renfort
de publicité, dira: Le gouvernement du Parti libéral donne une
subvention de $6.5 millions à la Communauté urbaine de
Montréal. Et là je vais voir une
cinquantaine de "back-benchers" applaudir. Le problème sera
encore complètement à la même place. C'est la raison pour
laquelle nous pensons qu'une façon de régler le problème
serait peut-être de demander que les municipalités
contrôlent l'ensemble du budget, qu'elles aient la possibilité de
nommer le chef de police, avec peut-être un droit de veto pour le
gouvernement, de façon qu'on ne permette pas une erreur comme on aurait
pu en avoir une avec la nomination possible d'un chef de police qui aimait
beaucoup les téléviseurs couleurs. On en aurait vu de toutes les
couleurs, s'il avait été nommé.
On comprend, mais ce n'est pas une raison pour empêcher une
personne d'être chef de police, qu'on aura une loi dans laquelle on va
s'attacher les deux pieds dans le ciment. Personne n'est satisfait de la
façon dont fonctionne la Communauté urbaine de Montréal et
pourtant il y a une solution, à l'intérieur de la
Communauté urbaine de Montréal comme gouvernement
régional, qui devrait être trouvée avec la participation
des maires des banlieues, du maire de Montréal et du comité
exécutif de la Communauté urbaine de Montréal.
Il y a une solution là-dedans, mais la première qui est
absolument inacceptable comme situation, c'est le fait que la nomination du
chef de police de la Communauté urbaine de Montréal
échappe au contrôle de ceux qui ont à subir par la suite ce
système policier; il faut qu'ils le contrôlent. C'est la raison
pour laquelle nous faisons la suggestion que tout le conseil de
sécurité soit remis à la Communauté urbaine de
Montréal, administré et nommé par la Communauté
urbaine de Montréal. Que le gouvernement provincial se garde un droit de
veto sur la nomination du directeur de la police de la Communauté
urbaine de Montréal mais que l'essentiel vienne des instances
concernées. C'est la seule façon, je pense, de régler le
problème du conflit qui existe au niveau du conseil de
sécurité, qui coûte si cher aux municipalités
actuellement puisque le coût pour la police correspond pratiquement
à 60 p.c. du budget.
Alors je pense que c'est une chose qui est inacceptable. Il y a aussi un
autre point qu'il faut mettre de l'avant.
Il faut qu'il y ait des élections au suffrage universel au moins
d'une façon assez importante dans l'élection des élus de
la Communauté urbaine de Montréal, une élection au
suffrage universel pour une bonne proportion d'élus. Si ce n'est pas le
cas, les citoyens ne peuvent pas rejeter, lors d'une élection, le
mauvais comportement d'un maire. Le maire peut être un très bon
administrateur de sa municipalité mais un mauvais représentant
à la Communauté urbaine de Montréal. C'est une
élection indirecte et on ne peut pas battre un maire qui est très
bon pour sa municipalité parce qu'il est mauvais administrateur au
niveau de la Communauté urbaine de Montréal. La population ne
peut rien y faire. Donc, il faut une élection au suffrage universel pour
une grande proportion des élus.
Il faut donner plus de pouvoirs à la Communauté urbaine de
Montréal. Je viens d'en donner un exemple concernant le Conseil de
sécurité, la police. Il faut donner une source de financement
propre, à la Communauté urbaine de Montréal, faire
disparaftre, par étapes, la taxe foncière qui est une taxe
régressive, une taxe qui ne convient plus à notre situation
actuelle. On sait que la taxe foncière était utile dans le temps
où la richesse des maisons, des propriétés correspondait
au plus bel exemple de la valeur financière des gens. Aujourd'hui, ce
n'est plus ça; vous avez des gens qui vivent en appartement et qui
valent beaucoup plus qu'une personne qui possède une
propriété hypothéquée à 90 p.c. C'est donc
dire que la propriété n'est plus la base ou l'exemple de la
richesse d'une personne. Garder la taxe foncière, c'est contre le
fonctionnement normal d'une municipalité. C'est même une taxe sur
le logement, la taxe foncière. C'est même une façon
d'empêcher la rénovation et, la restauration des immeubles,
puisque les gens n'osent pas faire de dépenses, sachant qu'ils seront
évalués davantage s'ils font la rénovation de leur maison,
donc qu'ils paieront plus de taxes. C'est un obstacle à la
rénovation et à la restauration, M. le Président. Il faut
que, très bientôt, on passe, par étapes, à la
disparition de la taxe foncière.
Il faut, de plus, donner des revenus personnels à la
Communauté urbaine de Montréal et aux municipalités en
général et non faire en sorte qu'elles dépendent du bon
vouloir du gouvernement provincial. Le gouvernement provincial, à ce
moment-là, peut se permettre de faire du chantage, d'une part, et,
d'autre part, les municipalités et la Communauté urbaine de
Montréal ne peuvent budgéter d'avance des projets parce qu'elles
sont bloquées quant aux sources de revenu possibles leur permettant de
faire des projets à long terme. Si on veut aller de l'avant, avec des
gouvernements régionaux comme la Communauté urbaine de
Montréal et comme la Communauté urbaine de Québec, il faut
leur donner des sources de revenu propres à elles, de façon
qu'elles puissent planifier leur propre développement.
Je pense que la structure actuelle de la Communauté urbaine de
Montréal doit être repensée. Le premier geste positif que
le ministre des Affaires municipales devrait faire... J'attends dans sa
réplique sa bonne volonté et le respect de parole qu'il nous a
donnée il y a quinze jours quand il nous a dit: La commission
parlementaire des affaires municipales sera convoquée
immédiatement, après que le premier ministre aura
rencontré les maires, afin de rencontrer les maires et les
représentants de la Communauté urbaine de Montréal. On
sait qu'il les a rencontrés, on sait que les maires sont en furie; ils
ont même menacé de ne pas payer le surplus de taxes qu'on va leur
imposer pour la Communauté urbaine de Montréal parce qu'ils
ne contrôlent pas le Conseil de sécurité et qu'ils
ne contrôlent pas ce budget qui est adopté, qu'ils le veuillent ou
non.
Le premier ministre leur a dit qu'à ce moment il mettrait les
villes en tutelle et les maires ont répliqué: D'accord, faites ce
que vous voulez. Ils sont en train de boycoter la Communauté urbaine de
Montréal. Avant qu'on aille trop loin, je demande au ministre des
Affaires municipales, en concluant, qu'il convoque, dans le plus bref
délai, c'est-à-dire dans les prochains dix jours, les maires
à la commission parlementaire des affaires municipales afin qu'on
étudie, avec eux, les solutions possibles à la lueur du rapport
Hanigan ou autrement.
Je vous remercie, M, le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'honorable député
de Lafontaine, à même le texte fort restreint du projet de loi qui
est devant la Chambre, a couvert un territoire assez vaste. Il a posé
des questions, il a cité des problèmes que tout le monde
connaît, il a énoncé quelques vérités de La
Palice et...
M. LEGER: Les vérités de "la police".
M. GOLDBLOOM: ... il m'a demandé si j'ai l'intention de convoquer
la commission parlementaire.
M. le Président, vous me permettrez, sûrement de lui
répondre, puisque vous lui avez permis la question. Vraiment, je pense
que c'est tout ce que j'aurai à dire sur le projet de loi, parce que
l'on connaît les circonstances dans lesquelles il est
présenté. Là aussi, il y a un problème de
calendrier, un problème qui n'avait pas été prévu
dans la loi constitutive de la Communauté urbaine de Montréal.
Nous devons permettre à cet organisme de fonctionner. Alors, ce n'est
pas plus compliqué que cela.
Or, M. le Président, pour répondre à la question,
je voudrais souligner ceci. Devant les plaintes et revendications des maires
des municipalités dites de banlieue et de leurs contribuables, le
premier ministre a invité les maires à le rencontrer et il a
invité le ministre de la Justice et celui qui vous parle à
être à ses côtés lors de cette rencontre. Elle a eu
lieu le 18 novembre. Les maires ont demandé d'autres rencontres avec les
ministres intéressés. Parce que le problème des services
policiers et, notamment, des coûts des services policiers est le
problème le plus important, en termes financiers. La demande a
été de rencontrer le ministre de la Justice au sujet des
problèmes dans le domaine policier.
Le ministre de la Justice et moi-même avons discuté de
l'opportunité pour moi d'être présent; nous sommes venus
à la conclusion que je devais être à cette réunion.
Elle a eu lieu hier. Presque tous les maires étaient présents et,
contrairement à la première rencontre demandée par les
seuls maires de banlieue, nous avons cru bon inviter à cette
deuxième rencontre, le maire de Montréal, le président de
la communauté urbaine et les membres du conseil de
sécurité. Tout ce monde était présent. La
discussion s'est déroulée pendant approximativement deux heures
et demie. La conclusion, de nouveau à la demande des maires, a
été de constituer un comité restreint, avec quelques
maires désignés par le groupe entier et avec les fonctionnaires
des deux ministères et d'autres ministères si
nécessaire et que ce comité se penche sur des
problèmes précis. Ils chercheraient des solutions.
J'ai invité les maires à me rencontrer une autre fois pour
discuter des autres problèmes, ceux qui ne concernent pas les services
policiers qui relèvent du ministre de la Justice. Je leur ai
demandé: Est-ce que vous préféreriez une réunion
où tout le monde sera présent ou voudriez-vous inscrire cette
rencontre dans le cadre du travail du comité qui sera constitué?
Les maires ont exprimé l'avis qu'ils voudraient rencontrer tous ensemble
le ministre des Affaires municipales, et par la suite, si nécessaire,
attribuer au même comité ou à un deuxième
comité l'étude détaillée des problèmes.
Je leur ai dit, lors de la première rencontre du 18 novembre
où le premier ministre les a reçus, que j'avais donné
à l'Assemblée nationale l'engagement que la commission
parlementaire serait convoquée. Les maires ont exprimé le
désir de poursuivre le travail que je viens de décrire, avant de
se rendre à Québec devant la commission parlementaire, pour
l'instant, plutôt que de choisir ce forum pour discuter de leurs
problèmes.
Alors, je demeure à leur disposition, M. le Président. Je
n'ai pas l'intention de ne pas convoquer la commission parlementaire. Au
contraire, j'ai donné l'engagement, j'ai l'intention de le respecter.
Ils ont demandé un temps additionnel et ils ont
préféré consacrer ce temps au travail que j'ai
indiqué.
Alors, je pense que nous sommes en bonne voie au moins de faire l'examen
qu'il faut des problèmes et, espérons-le, de leur trouver une
solution.
Donc, je pense que nous devrons attendre un peu que les principaux
intéressés soient prêts à venir nous rencontrer.
Entre-temps, il y a beaucoup de travail à faire. Par comparaison avec
l'honorable député de Lafontaine et ce n'est pas
désobligeant, ce que je dis à son endroit, mais l'histoire a
voulu qu'il soit aujourd'hui député de l'Opposition et moi,
ministre des Affaires municipales je suis davantage au courant des
problèmes, conscient de leurs difficultés et
intéressé à leur trouver une solution.
Donc, de nouveau, nous avons un projet de loi devant nous qui n'est pas
dramatique, adoptons-le. Continuons notre travail dans l'in-
térêt de toute la collectivité montréalaise
pour permettre aux municipalités de vivre ensemble, de collaborer
ensemble, de gérer ensemble les services qui doivent être
gérés au niveau de la région. Trouvons les solutions aux
autres problèmes, notamment aux problèmes financiers, pour
soulager les contribuables et pour leur donner une plus grande satisfaction
dans la collaboration intermunicipale qui demeure indispensable sur l'île
de Montréal.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Cette motion de troisième
lecture du projet de loi no 66, Loi concernant la Communauté urbaine de
Montréal, est-elle adoptée?
M. LEGER: Sur division, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Adopté sur division.
M. BIENVENUE: Article 18, M. le Président.
Projet de loi no 64 Deuxième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): L'honorable ministre des Affaires
sociales propose la deuxième lecture du projet de loi no 64, Loi
modifiant le régime de rentes du Québec.
L'honorable ministre.
M. Claude Forget
M. FORGET: M. le Président, le présent projet de loi
constitue le deuxième amendement au régime de rentes que j'ai
l'honneur de présenter à titre de ministre des Affaires sociales.
Ces deux amendements s'inscrivent dans le cadre d'un processus de
révision de toutes les mesures de sécurité sociale au
Québec et au Canada.
Il convient, je crois, en ce moment, de faire le point sur cette
révision, et cela tout particulièrement à la suite des
travaux et des décisions récentes prises dans ce domaine,
décisions qui ont culminé dans les conclusions de la
conférence fédérale-provinciale des ministres du
Bien-Etre, qui s'est tenue à Ottawa les 19 et 20 novembre dernier.
Cela fait, et le régime de rentes étant ainsi situé
dans un contexte approprié, je m'attacherai à décrire les
caractéristiques majeures de l'amendement au régime qui vous est
présentement soumis.
Enfin, je me dois de vous indiquer la répercussion de ces
changements sur la caisse du régime de rentes. J'aurai, à ce
sujet, des réponses à apporter aux commentaires de certains
organismes sur les politiques gouvernementales à cet égard et je
vous ferai part de mes intentions dans ce domaine.
Faire le point sur la révision des régimes de
sécurité sociale au Canada et au Québec m'amène
inévitablement à vous parler du rôle du Québec dans
ce processus. Comme on le sait, c'est le Québec qui fut l'initiateur de
cette idée et c'est à lui que l'on doit attribuer l'existence
même du processus de révision actuellement en cours. Cette
révision implique la collaboration de l'ensemble des gouvernements des
provinces et du gouvernement fédéral dans une remise en question
fondamentale de l'ensemble des mesures de sécurité sociale au
Canada.
J'ai d'autant moins d'hésitations à vous en parler
aujourd'hui que le principe de cette révision fut acquis grâce aux
efforts de mon prédécesseur, appuyé en cela par l'ensemble
du gouvernement Bourassa.
Je dois en tout premier lieu mentionner la tranche du rapport
Castonguay-Nepveu relative à la sécurité du revenu qui fut
publiée en 1971. Ce rapport fut suivi de multiples démarches et
discussions par lesquelles l'idée d'une telle remise en question fut
inlassablement mise de l'avant comme étant la seule solution possible
aux incohérences trop souvent remarquées d'une multitude de
mesures: assurance-chômage, sécurité de la vieillesse,
accidents du travail, allocations familiales, aide sociale, régime de
rentes, mesures qui se sont développées indépendamment les
unes des autres sur une très longue période pour répondre
aux besoins de clientèles particulières mais mesures,
également, qui entretiennent les unes avec les autres des relations trop
mal définies pour prétendre constituer un véritable
système de sécurité sociale.
Non seulement le principe d'une telle révision fut-il
éventuellement accepté à l'initiative du Québec
mais les objectifs poursuivis, tels qu'ils ont été
agréés par l'ensemble des gouvernements canadiens, manifestent
également le rôle de leadership du Québec dans ce dossier
extrêmement complexe mais également extrêmement important
pour nous tous, puisqu'il touche d'une manière ou d'une autre l'ensemble
de la population québécoise.
Permettez-moi de rappeler brièvement quels sont ces objectifs qui
faisaient l'objet à Edmonton, en février dernier, d'une
approbation générale de l'ensemble des gouvernements canadiens.
Il s'agit, en premier lieu, de garantir à toutes les familles et
personnes seules un revenu adéquat, compte tenu du niveau de vie de la
collectivité où ils vivent; deuxièmement, d'encourager les
personnes à améliorer leur position socio-économique et,
finalement, de minimiser les difficultés causées par des
fluctuations brusques dans le niveau de vie, lors de la réalisation de
certains risques sociaux.
Il est, à mon avis, très significatif qu'une
conférence fédérale-provinciale ait ainsi accepté
de faire précéder ses travaux de la définition de tels
objectifs. En effet, non seulement la nature de ces objectifs doit-elle
beaucoup, sinon tout, à l'inspiration du Québec mais encore ne
faut-il pas s'étonner que nos collègues anglophones des
autres provinces aient accepté une démarche, disons-le
franchement, aussi peu conforme à leurs habitudes et, en particulier,
à leurs habitudes de pensée, pour adopter, dans l'étude de
ce dossier extrêmement complexe, une démarche qui s'apparente
beaucoup mieux aux caractéristiques qu'on attribue de façon
habituelle aux cultures québécoise et française.
Or, cette façon d'aborder le problème, c'est-à-dire
par la définition d'objectifs communs, n'a pas seulement un
intérêt culturel ou, si l'on veut, politique, si l'on pense au
rôle du Québec dans ce processus. C'est, dans une mesure
importante, à cause de l'insistance sur les principes fondamentaux qui
doivent orienter nos travaux que l'on peut attribuer la convergence
remarquable, malgré tout ce qui différencie les provinces les
unes des autres, particulièrement quant à leur niveau moyen de
revenus, vers des options communes qui sont non pas des compromis mais
véritablement l'expression d'un consensus authentique.
Durant cette dernière année, la contribution du
Québec à ce processus de révision de la
sécurité sociale a pu paraître à certains d'entre
vous avoir été mise en veilleuse. Ce serait toutefois une erreur
grave que de le croire. Ayant réussi à obtenir que cette
révision se fasse et ayant réussi à persuader nos
partenaires des objectifs qu'une telle révision devait poursuivre, nous
aurions mauvaise grâce, aujourd'hui, non seulement de soulever des
difficultés, d'ailleurs imaginaires, mais encore de vouloir mettre par
trop en relief notre contribution à la recherche d'une réponse
valable alors qu'il s'agit de développer les moyens réalistes qui
seront nécessaires pour traduire dans les faits, dans les lois, des
objectifs auxquels nous souscrivons.
En effet, cette recherche doit être faite en commun avec
l'ensemble de nos partenaires et sans vaines prétentions de notre part
à disposer de toutes les réponses à des problèmes
qui font, pour la première fois, l'objet d'un examen soutenu et attentif
au niveau gouvernemental.
Cependant, au-delà de la période actuelle de recherche qui
se poursuit, sur un plan relativement technique nécessairement, on peut
déjà discerner à l'horizon une période où
des choix devront être faits.
Il importe, lorsque le Québec aura à s'exprimer sur ces
choix, qu'il le fasse en ayant la conviction que les thèses qu'il
défend reflètent fidèlement les préférences
et les priorités du Québec car ces choix, ces
préférences et ces priorités dépasseront largement
les questions purement techniques et les modalités d'application.
Sans prétendre en épuiser nécessairement la liste
qui est fort longue, j'aimerais dès maintenant souligner à votre
attention ceux de ces choix qui me paraissent les plus significatifs de
manière à permettre, à leur sujet, une première
réflexion de votre part ainsi que, je l'espère, des suggestions
valables.
J'aimerais situer ces choix qui s'imposeront à nous dans quelques
mois, à la lumière de chacun des objectifs
précédemment décrits.
J'ai indiqué tout à l'heure que le premier objectif d'un
régime intégré de sécurité du revenu
consistait à garantir à toutes les familles et personnes seules
un revenu adéquat, compte tenu du standard de vie de la
collectivité où ils vivent.
A la conférence fédérale-provinciale qui s'est
tenue il y a quelques jours, soit les 19 et 20 novembre dernier, le
Québec a convenu avec les autres gouvernements provinciaux que, pour les
fins de déterminer ce qui constitue un revenu adéquat au sens de
cet objectif, il serait tenu compte non seulement de l'insuffisance des revenus
attribuable à la présence des enfants dans une famille mais
également de la pauvreté attribuable à toute autre
cause.
La pauvreté, M. le Président, est essentiellement une
notion relative. J'ai déjà eu l'occasion, lors d'autres
débats, de le mentionner. C'est d'ailleurs ce que reflète le
premier objectif, tel qu'exprimé et tel qu'adopté par les autres
gouvernements provinciaux, puisqu'il se réfère, dans sa
dernière partie, au niveau de vie de la collectivité où
les familles et personnes seules vivent.
En effet, si l'on voulait donner de la pauvreté une
définition absolue et valable dans tous les pays et à toutes les
époques, l'on découvrirait, peut-être avec quelque
surprise, soit que l'ensemble de l'humanité est pauvre à quelques
rares exceptions près ou encore que le Canada et même le
Québec ne comptent pratiquement aucun pauvre.
En effet, si l'on définissait la pauvreté comme
équivalent à tout niveau de revenu inférieur à
celui qui est nécessaire pour procurer à un individu ou à
une famille un standard de vie équivalent à ce que les
sociétés les plus riches de l'Occident peuvent offrir à un
petit nombre de privilégiés, alors, l'immense majorité de
l'humanité se trouverait par définition dans une situation de
pauvreté.
Si, par contre, on la définissait comme un niveau de revenu juste
suffisant pour assurer la survie et la reproduction de l'espèce humaine,
définition qui est la seule réaliste dans un très grand
nombre de pays dits sous-développés, alors assurément,
à la lumière d'une telle définition, le Québec ne
compterait pratiquement aucun pauvre.
Cependant, de telles définitions absolues de la pauvreté
sont inutiles et ne prouvent rien. On est riche ou pauvre seulement par rapport
à un certain niveau de vie généralement accessible dans la
société où l'on vit.
Si l'on se situe trop loin en deça de ce niveau
généralement accessible de consommation, l'on est
considéré comme pauvre. Combien loin devient trop loin dans ce
sens, c'est évidemment matière à jugement personnel. Dans
cette mesure, la pauvreté est non seulement relative à un certain
niveau de vie mais encore est-elle affaire de jugement personnel plus que
démonstration rigoureuse.
Afin cependant de ne pas verser dans la pure suggestivité, ceux
qui ont cherché depuis quelques années à analyser
l'importance de la pauvreté ont cherché à définir
un seuil de pauvreté, c'est-à-dire un niveau de revenu
considéré comme étant juste assez loin du standard moyen
de consommation d'une société donnée pour établir,
de façon non ambiguë, une ligne de démarcation entre les
pauvres et les non pauvres.
Pour le Québec, comme on le sait, nous continuons à nous
guider sur les seuils établis par le Montréal Diet Dispensary.
Cet organisme non gouvernemental a défini des seuils qui ont le
mérite d'être calculés spécifiquement pour la
région métropolitaine de Montréal, ce qui nous permet de
croire qu'ils sont au moins adéquats pour l'ensemble du Québec et
ils sont, de plus, ajustés périodiquement par cet organisme.
En regard des taux ainsi déterminés, il est facile
d'énumérer le niveau des barèmes d'aide sociale pour la
même année et de déterminer, par conséquent, le taux
de couverture de ces seuils de pauvreté tels qu'ils sont assurés
à l'heure actuelle par le régime de l'aide sociale.
Si l'on compare ces taux aux taux de couverture correspondants pour
l'année précédente, nous pouvons observer une fois de plus
un progrès notable dans ces taux de couverture et donc un
rétrécissement de l'écart entre le revenu garanti aux
assistés sociaux par l'aide sociale et les allocations familiales, d'une
part, et les seuils ainsi définis, d'autre part.
Toutefois, même si ce progrès est indéniable, il est
indéniable également qu'un écart persiste. Or, cette
constatation a des conséquences importantes et directes sur les choix
que le Québec sera appelé à faire durant les mois et les
années à venir relativement au système de
sécurité de revenu qui sera l'aboutissement des travaux en cours.
Coincée, pour ainsi dire, entre pauvres et riches, la classe moyenne
dans notre société se trouve à supporter presque sans aide
le fardeau de plus en plus lourd d'une organisation gouvernementale au sujet de
laquelle elle s'interroge profondément. Les pauvres, par
définition, contribuant peu ou pas du tout aux coffres de l'Etat, les
riches, pour leur part, étant trop peu nombreux pour y faire une
contribution vraiment significative même si tous leurs revenus
étaient expropriés, la classe moyenne se trouve dans la situation
de ne pas pouvoir transférer le fardeau qui est le sien à qui que
ce soit d'autre.
Dans un tel contexte, on ne doit pas se surprendre si l'on cherche
malgré tout des boucs émissaires. Parmi ces derniers, on trouve
les assistés sociaux dont on voudrait croire et faire croire qu'ils ne
sont que des paresseux, de manière à justifier peut-être
une attitude intransigeante à leur égard et minimiser ainsi un
fardeau fiscal qui semble excessif. Il importe de souligner, M. le
Président, que le nombre des ménages bénéficiaires
de l'aide sociale n'est pas plus élevé aujourd'hui qu'il ne
l'était il y a huit ans, soit en 1966, et que la part du budget de
l'Etat provincial consacrée aux dépenses d'aide sociale est
même passée de 8.5 p.c. à un peu moins de 8 p.c. durant
cette même période. Sans doute, durant ces huit années, le
budget total de l'Etat s'est-il accru de façon spectaculaire et un
pourcentage inchangé d'un total qui croît si rapidement
reflète malgré tout une augmentation très sensible du
budget consacré à l'aide sociale.
Cette augmentation très sensible explique, d'ailleurs, pourquoi
il a été possible, grâce à la stabilité dans
le nombre total des bénéficiaires, d'effectuer le rattrapage que
j'indiquais plus tôt relativement au seuil de pauvreté. Ce qui est
clair toutefois, c'est que l'on ne peut rechercher du côté de
l'aide sociale les raisons de l'accroissement rapide des dépenses
totales de l'Etat et donc du sentiment d'étouffement, si l'on peut dire,
que ressentent un si grand nombre de personnes en face du rôle
grandissant de l'appareil gouvernemental qui ne semble plus correspondre
à leurs besoins.
Il est tout à fait légitime, à mon avis, de
s'interroger profondément sur le rôle de l'Etat dans nos vies. On
peut à bon droit questionner la capacité des organismes
gouvernementaux à satisfaire nos besoins essentiels et l'on peut sans
déshonneur chercher s'il n'existe pas d'autres moyens de satisfaire ces
besoins qui soient à la fois plus efficaces et plus satisfaisants. Si
toutefois nous nous posons toutes ces questions, il faut que nous le fassions
directement et franchement et sans hypocritement attribuer l'origine des maux
dont nous prétendons souffrir aux abus présumés de l'aide
sociale. En effet, notre époque appartient aux classes moyennes dans une
très large mesure et nos gouvernements reflètent cette situation.
Il est donc inévitable qu'elles trouvent également dans les
journaux, chez les éditorialistes et même dans l'Opposition des
défenseurs et des apologistes. Ce sont les besoins exprimés par
ces classes moyennes que les services que dispense l'Etat sont conçus
pour satisfaire de façon prioritaire. Il serait donc non seulement
erroné, mais injuste de vouloir faire porter le prix de notre
insatisfaction ou de leur inefficacité sur les défavorisés
qui, par définition, sont précisément ceux auxquels ces
services, pour toutes sortes de raisons, sont les moins accessibles.
Le premier choix que le Québec devra faire relativement à
l'instauration d'un nouveau régime de sécurité de revenu
aura donc trait au niveau de sécurité économique que nous
sommes prêts à accorder à nos concitoyens et en particulier
aux plus défavorisés, aux plus handicapés d'entre
nous.
Ceci doit se faire sans préjudice aux autres questions que nous
pouvons soulever dans un autre contexte relativement au succès ou
à l'insuccès relatif de l'Etat dans la solution d'un certain
nombre d'autres problèmes. Malgré le progrès
déjà accompli, nous n'avons pas encore réussi à
assurer un niveau de vie convenable à tous les Québécois.
Il reste une tâche essentielle à compléter. Il nous faut la
compléter dans un
délai le plus court possible. Une telle décision devra
tôt ou tard être prise. Elle nous permettra de mesurer dans quelle
mesure l'idéal de justice demeure vivant parmi nous.
Le deuxième objectif qui préside à la
révision de la sécurité sociale est celui d'encourager
chez les individus et les familles une amélioration de leur statut
socio-économique. Vous aurez reconnu que cet objectif fait
référence à la nécessité d'incorporer dans
un régime de sécurité de revenu des incitations positives
à une participation de l'individu et de la famille à l'ensemble
des activités sociales sans oublier, bien entendu, leur participation
à la main-d'oeuvre productrice.
L'importance que le Québec attache à cet objectif a
déjà été illustrée par l'interrelation qui a
été instaurée ici entre le revenu de soutien que procure
l'aide sociale et le revenu découlant d'une rémunération
conforme à la législation sur le salaire minimum. Ce principe a
cependant une plus large application. Par exemple, j'ai déjà eu
plusieurs fois l'occasion de faire état de l'importance de l'idée
d'une allocation sociale forfaitaire basée sur un test de revenu
plutôt que d'allocations spécifiques basées sur
l'évaluation des besoins. Les avantages de cette première formule
sur la seconde sont intuitivement perceptibles pour tous ceux qui sont venus en
contact avec les mesures d'aide sociale et de sécurité de
revenu.
Il en va de la possibilité pour un bénéficiaire
d'aménager son budget en fonction de ses propres priorités et
préférences en imputant librement à certains types de
dépenses les sommes qui autrement seraient perdues pour lui si elles
n'étaient pas dépensées selon les normes officielles. Une
telle mesure contribue à un élargissement des possibilités
de choix du bénéficiaire et par le fait même à
maximiser pour lui l'utilité qu'il retire d'un niveau donné de
revenu.
Un tel élargissement des possibilités de choix contribue
également à renforcer le sens des responsabilités du
bénéficiaire et peut par le fait même contribuer à
favoriser sa réintégration dans le monde dit normal du travail.
Mais ces deux exemples particuliers de l'application du principe d'un
incitation positive aux bénéficiaires de la
sécurité sociale à une participation plus entière
à la société, à ses responsabilités comme
à ses avantages, ne s'arrête pas là.
Un des effets principaux de la révision des systèmes de
sécurité du revenu actuellement en cours consistera à
étendre la couverture des régimes de sécurité du
revenu au travailleur à faible revenu. Il s'agit là du
deuxième choix majeur devant lequel le Québec se trouvera d'ici
quelques mois et celui dont les implications sont peut-être les plus
profondes de toutes. Non seulement faudra-t-il envisager une majoration, dans
certains cas importants, du niveau de support du revenu dans les cas
d'insuffisance totale, mais il faudra envisager également
d'étendre une aide financière en provenance de l'Etat à
une clientèle qui en est actuellement exclue, d'où vient donc la
nécessité de ce deuxième choix.
Le moyen le plus significatif, à vrai dire d'ailleurs le
seul pour éliminer dans les régimes actuels les encouragements
effectifs à conserver une situation de dépendance
vis-à-vis de l'Etat consiste dans une réduction
significative du taux implicite d'imposition qui frappe inexorablement les
revenus d'emploi de toute personne qui bénéficie de l'aide
sociale. Il est vrai que les dispositions actuelles de la loi et des
règlements permettent à certains travailleurs à faible
revenu de cumuler l'aide sociale et les revenus de travail dans une certaine
mesure. Ainsi, un chef de famille avec deux enfants à charge peut gagner
jusqu'à $50 par mois sans réduire sa prestation d'aide sociale.
Il peut ainsi augmenter son revenu total de $320 à $370 par mois.
S'il occupe un emploi plus rémunérateur, l'aide ne lui
sera accordée que si l'agent d'aide sociale considère que le chef
de famille pourrait se trouver dans une situation qui constitue un danger pour
sa santé ou risque de le conduire au dénuement total. C'est dire
le caractère limitatif de ces mesures. Toutefois, même
au-delà de $370 par mois, le taux de réduction de l'allocation
sociale est de $1 pour chaque dollar additionnel de revenu gagné par le
travail, soit, en d'autres mots, 100 p.c. du revenu gagné
dépassant l'exemption de $50. Dans ces circonstances, il importe donc
peu que le bénéficiaire gagne $50 ou $250 par mois car son revenu
total sera toujours de $370 par mois.
Un tel taux de taxation implicite ne peut qu'inciter les
bénéficiaires à réduire au minimum leur effort de
travail; c'est là la faiblesse majeure qu'il nous faut corriger. Dans la
détermination de ce taux, ce dont il faudra se souvenir c'est que, plus
il est bas, et donc plus il est susceptible d'encourager la participation des
bénéficiaires au marché du travail, plus, en même
temps, il rejoint une couche importante de la population. Ainsi, à titre
d'exemple, si le seuil de pauvreté est établi à $5,000
pour une famille avec deux enfants et que le taux de réduction de
l'allocation sociale est de 50 p.c, le seuil d'allocation nulle atteindra
$10,000 Si, au contraire, le taux de réduction est de 33 1/3 p.c, le
seuil d'allocation nulle s'élèverait jusqu'à $15,000.
Par contre, si le taux de réduction est de 75, p.c, le seuil
d'allocation nulle ne s'élèverait qu'à $6,666. La
signification de ces seuils d'allocation nulle consiste en ce que tous les
ménages ayant un revenu inférieur à ces seuils
bénéficieraient désormais, en vertu d'un programme de
supplémentation de revenu, d'une allocation sociale décroissante.
Comme le revenu moyen des familles au Québec se situe aux environs de
$10,000, on constate aussitôt qu'un nombre considérable de
familles serait susceptible de bénéficier d'un tel régime,
ce qui est, en soi, le but recherché; mais on constate égale-
ment que ce grand nombre de bénéficiaires possible est
susceptible d'entraîner, pour un tel régime, des coûts fort
considérables.
Ce n'est pas le moment de considérer ici les diverses techniques
susceptibles de diminuer ces coûts de manière à permettre
l'introduction d'un tel régime sans sacrifier trop
considérablement l'objectif poursuivi, qui est de fournir non seulement
un supplément au revenu d'emploi mais de le faire de manière
à ne pas décourager la participation au marché du travail.
Ce qu'il importe de retenir, toutefois, c'est la nécessité pour
le Québec de définir, en face de ce problème, une
orientation claire qui reflète à la fois les ressources
financières réelles de notre gouvernement mais également
l'ordre de priorités que nous sommes disposés à accorder
à une mesure qui combine des préoccupations de justice sociale et
d'efficacité sociale par l'encouragement à l'effort et au sens
individuel des responsabilités. Par ailleurs, quel que soit le taux de
réduction des allocations sociales qui sera éventuellement
adopté, à moins qu'il ne s'approche de très près de
100 p.c, on peut observer dès maintenant que le seuil d'allocation nulle
excédera le niveau de revenu exempté d'impôt qui
s'établit présentement à $5,200 pour une famille, selon
notre régime fiscal québécois.
Ce chevauchement du régime de supplémentation du revenu et
du régime fiscal signifierait qu'un chef de famille serait susceptible
de payer une somme significative en impôt même s'il était
toujours admissible à la supplementation. Ce chevauchement serait
d'ailleurs d'autant plus considérable qu'est grande la taille des
familles puisque les régimes de supplémentation de revenu
accordent une importance plus grande aux charges familiales que ne le font les
régimes fiscaux. Or, supplémenter les revenus des personnes
déjà assujetties à l'impôt sur le revenu nous
paraît peu satisfaisant puisque l'Etat reprendrait ainsi d'une main ce
qu'il donnerait de l'autre.
De plus, les personnes qui seraient assujetties en même temps
à la supplémentation et à l'impôt sur le revenu
seraient peu incitées à augmenter leur revenu de travail.
En effet, si le revenu augmentait, elles auraient à payer plus
d'impôt et verraient en même temps leur paiement de
supplémentation baisser. Un taux élevé de réduction
pour fins de supplémentation combiné à un taux marginal
d'impôt, qui se situe au Québec à un minimum de 30 p.c,
aurait des effets confiscatoires de tout revenu additionnel. De tels taux ne
sont pas plus susceptibles, évidemment, d'inciter au travail que la
régime actuel.
Pour éviter une telle situation de chevauchement des deux
régimes, il sera nécessaire de rechercher les moyens d'une
harmonisation entre eux. Cette harmonisation devra porter, entre autres, sur
les aspects relativement techniques de la définition du revenu au titre
des deux régimes ainsi que sur la définition de l'unité
familiale qui pourrait être utilisée par l'un et par l'autre.
Au-delà toutefois de cette harmonisation plutôt technique, il sera
nécessaire, et il s'agit là d'un autre choix qui confrontera le
Québec, de déterminer, l'un par rapport à l'autre, le
niveau d'allocation nulle et le niveau d'exemption fiscale.
Il est d'ores et déjà certain qu'une telle harmonisation
des niveaux de supplémentation de taxation ne pourra être
effectuée que sur une période de transition relativement longue.
Le rythme de cette transition ou, en d'autres termes, la longueur de cette
période de transition constituera une autre des options importantes
relativement à laquelle les choix devront être faits.
Dans toute cette question de l'harmonisation du régime fiscal et
du régime de sécurité du revenu, il importe toutefois de
faire une distinction entre le régime de l'impôt sur le revenu des
particuliers et d'autres mesures fiscales dont la signification n'est pas la
même. En effet, certains prélèvements fiscaux correspondent
à des services dont bénéficie directement le contribuable.
Il en est ainsi, par exemple, d'une partie, mais d'une partie seulement, des
impôts fonciers pour fins municipales. Il en est également ainsi
pour certaines contributions à des régimes d'assurance sociale
dont le but est soit d'étaler dans le temps le revenu disponible du
bénéficiaire, soit de lui faire partager un risque social auquel
il est exposé au même titre et au même degré que
d'autres.
C'est donc dire que l'effort d'harmonisation du régime de
sécurité du revenu et du régime fiscal vise surtout
l'impôt sur le revenu, mais non pas, en principe du moins, ces autres
éléments qui continueraient de jouer un rôle
peut-être d'ailleurs accru dans la mesure où leur application
pourra se faire, en tenant pour acquis un régime intégré
de revenu garanti.
Ceci m'amène, M. le Président, tout naturellement et en
dernier lieu, à vous parler du troisième objectif du processus de
révision de la sécurité sociale et qui consiste à
minimiser les difficultés causées par les fluctuations brusques
du niveau de vie, lors de la réalisation de certains risques
socio-économiques.
Cet objectif se traduit par l'intention arrêtée de
maintenir des régimes contributoires pour la couverture de certains
risques sociaux. En vertu des régimes actuels, on sait que les risques
couverts vont du chômage aux accidents du travail, à la retraite,
au décès et à l'invalidité. Il est important de
comprendre que la discussion d'un régime intégré de
sécurité du revenu non seulement n'implique pas la disparition de
ces régimes d'assurance sociale, mais encore, elle ne comporte nullement
la nécessité, ni même le désir de fusionner en un
seul régime d'assurance la couverture de deux ou plusieurs de ces
risques isolés et, actuellement, administrés
séparément.
Comprenons bien que je ne parle pas ici de la fusion des organismes
administratifs chargés d'appliquer chacun de ces régimes, mais de
la fusion des régimes eux-mêmes.
Sur ce dernier plan, en effet, il me paraît essentiel à la
viabilité de la notion d'assurance sociale de ne pas confondre les
différents régimes mais, au contraire, de s'assurer de la
permanence d'une équivalence réelle entre les contributions
exigées des bénéficiaires et la valeur actuarielle du
risque social que chacun d'eux permet d'assurer.
Cette équivalence, sans pouvoir jamais être parfaite, doit
être la plus rapprochée possible, sous peine de voir
insensiblement se transformer ces régimes d'assurance sociale en
mécanismes involontaires de redistribtion, dont les effets pourraient
vraisemblablement contredire les buts poursuivis par un programme d'allocation
sociale pour le soutien et la supplémentation du revenu.
Cette recherche d'une équivalence peut même amener, le cas
échéant, une meilleure spécification des différents
risques sociaux ainsi assumés et des distinctions nouvelles plutôt
que des fusions.
Sans toutefois nier l'importance de ces considérations, il
demeure que c'est là une décision que concrétise le projet
de loi no 64, qui est devant vous, et qu'aucun de ces régimes
d'assurance sociale ne doit établir de distinction basée sur le
sexe des bénéficiaires. Vous savez par d'autres lois,
actuellement devant cette Assemblée également, qu'il s'agit
là d'une politique générale du gouvernement actuel.
Ces considérations confirment donc le rôle de la
Régie des rentes du Québec comme élément essentiel
d'un système de sécurité du revenu pour le Québec.
Il se peut toutefois j'aurai à ce sujet quelques remarques
à faire à la fin de mon exposé qu'il faille, dans
l'éventualité de l'établissement d'un véritable
système intégré de sécurité du revenu,
redéfinir le rôle de ce régime compte tenu du contexte
général ainsi redéfini lui-même. En d'autres termes,
l'existence future d'un système général de soutien et de
"supplémentation" du revenu nous amènera à nous interroger
sur le rôle de complémentarité des régimes
d'assurance sociale par rapport à ce régime
général. En d'autres termes, s'agirait-il pour les régimes
d'assurance sociale de compléter à la hausse les seuils de revenu
établis dans un régime d'allocations sociales
générales ou s'agit-il même d'éliminer tout objectif
de soutien du revenu de ces régimes ou d'au moins un certain nombre
d'entre eux, de manière à les orienter, par exemple, vers des
services et des activités de réadaptation, comme dans les cas
d'invalidité, ou vers des activités de recyclage professionnel
dans les cas d'un risque social qui n'est pas actuellement
considéré comme tel, mais qui consiste en la
désuétude des connaissances et de l'expérience de travail
spécifiques à certains métiers ou occupations?
Le rôle de l'Etat dans la mise en place de ces régimes
d'assurance sociale se justifie suffisamment par le besoin d'assurer à
tous les travailleurs, qu'ils soient dans la petite entreprise ou qu'ils soient
autonomes, une accessibilité à ces mesures de protection
comparable à celle que peuvent avoir, dans les meilleures circonstances,
les travailleurs de la grande entreprise ou les travailleurs de l'Etat
lui-même et de favoriser par un régime transportable d'un endroit
à l'autre une mobilité et, donc, une autonomie plus
considérable de la main-d'oeuvre relativement à un employeur
particulier.
L'amendement au régime de rentes que vous avez adopté
l'année dernière et, en particulier, celui que nous adopterons
cette année ont pour effet conjugué d'indexer le maximum des
gains admissibles en vertu du régime. Ces amendements posent donc
indirectement le problème beaucoup plus vaste des relations qui doivent
exister entre ce régime de base obligatoire pour tous et les
régimes supplémentaires de rentes qui existent sur un mode plus
ou moins facultatif dans les entreprises.
J'aurai l'honneur de déposer, dans quelques jours probablement,
un autre projet de loi qui apportera au régime supplémentaire de
rentes des modifications susceptibles d'en améliorer le fonctionnement.
Je désire cependant souligner que je suis conscient des questions plus
vastes que posent l'interrelation de ces deux types de régimes et la
nécessité d'une redéfinition de leur rôle respectif
à la lumière de l'expérience acquise.
Le projet de loi no 64, Loi modifiant le régime de rentes du
Québec, constitue donc une autre étape dans la révision de
la sécurité du revenu en général et du
régime de rentes en particulier. L'an dernier, lors de la
présentation d'un projet de loi modifiant le régime de rentes,
j'avais indiqué que les amendements alors proposés constituaient
une première étape dans une suite de modifications importantes
qui devaient être apportées à cette loi.
L'on se souviendra que les amendements adoptés l'an dernier ont
eu pour effet d'enlever le plafond de 3 p.c. sur l'indice des rentes. Depuis
l'année 1974, depuis le 1er janvier de l'année courante, l'indice
des rentes est égal à la moyenne de l'indice des prix à la
consommation, de telle sorte que chaque année les prestations sont
revalorisées pour tenir compte directement de l'augmentation du
coût de la vie.
Les rentes en cours de paiement avaient également subi un
ajustement spécial pour lui redonner leur plein pouvoir d'achat. Cette
forme de rattrapage avait augmenté les rentes selon un pourcentage
variant de 8 p.c. à 17 p.c. De plus, le maximum des gains admissibles
avait été fixé, de façon transitoire, à
$6,600 pour l'année en cours et à $7,400 pour l'année
1975, en attendant que l'on trouve une formule permanente de fixer ce maximum
pour chaque année à compter de l'année 1976.
Les principales modifications proposées dans le présent
projet de loi peuvent se résumer comme suit:
En premier lieu, il propose la reconnaissance de l'égalité
des sexes dans le régime de rentes. Ainsi, les cotisants de sexe
féminin seront
traités exactement de la même manière que les
cotisants de sexe masculin. En deuxième lieu, il propose une formule de
calcul pour déterminer, précisément à compter de
1976 et pour chaque année subséquente, le maximum des gains
admissibles en vertu du régime. Le maximum des gains admissibles est le
montant maximum des gains qui est pris en considération aux fins du
régime. Ce qui est voulu par le projet de loi, c'est que ce maximum soit
égal à la moyenne des traitements et salaires pour l'ensemble des
activités économiques du Canada. J'aurai l'occasion d'expliquer
ce point un peu plus loin dans mon intervention.
En troisième lieu, il propose la modification de la formule selon
laquelle est fixée l'exemption générale. Cette exemption
est actuellement égale à 12 p.c. du maximum des gains
admissibles, soit $700 en 1974, puisque ces chiffres sont arrondis aux $100 les
plus rapprochés. L'amendement proposé établirait la
formule à 10 p.c. du maximum des gains admissibles. Ceci permettrait
à un plus grand nombre de petits salariés de contribuer au
régime.
En quatrième lieu, le projet de loi propose également
d'abolir l'exemption spéciale qui existe pour les travailleurs
autonomes. Le travailleur autonome sera régi, à compter de l'an
prochain, par l'exemption générale, comme tous les
salariés. Encore ici, ceci permettra à un certain nombre de
travailleurs de contribuer au régime alors qu'ils en seraient
empêchés par le maintien de la formule actuelle.
En cinquième lieu, le projet de loi propose de supprimer le
paiement de la rente de veuve dans certains cas. Selon la loi actuelle,
lorsqu'une veuve, au décès de son mari, n'a pas droit à
une rente parce qu'elle n'a pas 35 ans, n'a pas d'enfant à charge et
n'est pas invalide, elle peut devenir admissible à une rente si elle
devient invalide par la suite ou lorsqu'elle atteint l'âge de 65 ans. Il
ne paraît pas logique de maintenir ces dispositions. Ainsi, l'on voit mal
pourquoi une personne qui devient veuve à l'âge de 25 ans pourrait
retirer une rente à l'âge de 65 ans, soit 40 ans après le
décès de son mari.
Enfin, sixièmement, le projet de loi propose certaines
modifications techniques en vue de corriger des anomalies, d'éliminer
certaines ambiguïtés et de permettre une meilleure administration
de la loi.
J'aimerais reprendre, M. le Président, certains des amendements
proposés afin d'en expliquer davantage la portée. En ce qui
concerne l'égalité des sexes, il importe de connaître la
situation actuelle et celle qui existera si l'amendement est apporté.
Actuellement lors du décès d'un cotisant de sexe masculin, sa
veuve, si elle a des enfants à charge, si elle est âgée
d'au moins 35 ans ou si elle est invalide, a droit automatiquement à une
rente de veuve. De même, les enfants d'un cotisant
décédé ont automatiquement droit à une rente
d'orphelins.
Lorsqu'il s'agit d'un cotisant de sexe féminin, le mari n'a droit
à une rente de veuf que s'il est invalide et à la charge de sa
femme et les enfants n'ont droit à une rente d'orphelins que si la
mère subvenait à leurs besoins entièrement ou dans une
large mesure. Cette même distinction existe pour la rente
d'invalidité. En effet, les enfants d'une cotisante invalide n'ont droit
à une prestation que dans les cas où la cotisante subvenait
elle-même à leurs besoins entièrement ou dans une large
mesure.
L'amendement proposé a pour effet de faire disparaître
toutes ces distinctions entre le cotisant de sexe masculin et le cotisant de
sexe féminin. De plus, la loi s'appliquera rétroactivement quant
à l'admissibilité des veufs et des orphelins. En effet, dans le
cas de toute cotisante décédée avant le 1er janvier 1975,
mais bien sûr depuis l'entrée en vigueur du régime, sur
demande faite à la Régie des rentes du Québec, l'on pourra
reconnaître le droit du mari à une rente de conjoint survivant et
le droit des enfants à une rente d'orphelins. Cependant, ces rentes ne
seront payables qu'à compter du 1er janvier 1975 et non pas
rétroactivement pour les années passées.
L'on m'informe que la Régie des rentes possède d'ailleurs,
dans ses dossiers, des renseignements qui permettront de communiquer avec de
nombreuses personnes qui deviendront admissibles après l'adoption des
amendements et que, de plus, une campagne d'information appropriée sera
faite pour que ceux qui ont des droits à faire valoir soumettent leurs
demandes à la régie.
En ce qui concerne le maximum des gains admissibles, j'avais
indiqué l'an dernier qu'il fallait trouver une formule collant de plus
près à la réalité économique, de sorte que
les prestations payables en tiennent compte et tiennent compte davantage du
niveau des salaires tel qu'il évolue au cours des années.
L'augmentation du maximum des gains admissibles a pour principal effet
de hausser le montant de toutes les prestations qui sont reliées aux
gains. Selon la formule proposée, l'on peut prévoir que la
prestation maximale de rente de retraite, qui se situe à environ $100
par mois, au début de 1974, pourrait atteindre une somme de $245 vers
1980 et $360 par mois en 1985.
A première vue l'on pourrait penser que la hausse du maximum des
gains admissibles ne profite qu'à ceux qui ont un revenu égal ou
supérieur à ce maximum. Bien au contraire, la hausse du maximum
des gains admissibles profite à tous les salariés, quel que soit
leur revenu, et ceci en raison de la façon dont sont calculées
les prestations payables. Sans entrer dans le détail de ces calculs, qui
sont d'ailleurs contenus dans la loi, spécifiquement aux articles 112
à 118, qu'il me suffise de mentionner qu'au moment de payer une
prestation tous les gains d'un cotisant sont ajustés en fonction du
maximum des gains admissibles pendant les dernières années
où il fut un cotisant au régime.
Cet ajustement tient compte du maximum des gains admissibles en vigueur
pour l'année où
les gains ont été réalisés et de la moyenne
de ce maximum pour l'année au cours de laquelle une prestation devient
payable et chacune des années précédentes.
Qu'il suffise de mentionner que, si, par exemple, cette moyenne est un
montant de $10,000, tous les gains d'un cotisant pour l'année 1966
seraient multipliés par deux, et non pas seulement par l'année en
cours. L'ajustement, qui dépend directement du maximum des gains
admissibles, a donc pour effet de produire des prestations beaucoup plus
élevées pour l'ensemble des bénéficiaires.
L'on constatera que, selon la formule proposée, le maximum des
gains admissibles est haussé par étapes de 12.5 p.c. par
année jusqu'à ce qu'il atteigne la moyenne des traitements et
salaires pour l'ensemble des activités économiques du Canada.
Cette moyenne se situe actuellement à environ $9,000. Pour
maintenir une certaine équité dans le régime, en effet, ce
n'est que progressivement que l'on doit chercher à atteindre cette
moyenne, autrement on donnerait aux plus hauts salariés des avantages
trop considérables eu égard aux contributions versées au
régime.
Je désirerais, en terminant, M. le Président, dire
quelques mots au sujet de l'impact de ces mesures sur la caisse du
régime de rentes, caisse qui, comme on le sait, est confiée
à l'administration de la Caisse de dépôt.
J'ai d'ailleurs déposé, lors de la présentation du
projet de loi en première lecture, l'analyse actuarielle qui permet de
saisir l'effet détaillé des amendements proposés sur cette
caisse.
J'ai parcouru avec intérêt le mémoire qu'a soumis
à ce sujet au gouvernement le Conseil du patronat en août dernier.
Ce document expose l'opinion de cet organisme sur les priorités
budgétaires que le gouvernement québécois devrait
poursuivre pour l'exercice 1975-76. Je m'attarderai tout
particulièrement à l'annexe b) du rapport, qui a reçu une
grande diffusion dans les journaux et qui portait, en particulier, sur le
rôle de la Régie des rentes du Québec dans les politiques
sociales du gouvernement et sur l'avenir de la Caisse de
dépôt.
Le Conseil du patronat reprochait au gouvernement l'utilisation des
fonds des Régies des rentes et de l'assurance-maladie aux fins des
politiques sociales du gouvernement. Ces gestes, le gouvernement les a
posés, doit-on le rappeler, avec l'approbation de l'Assemblée
nationale du Québec puisque celle-ci a adopté les lois
nécessaires en toutes les occasions au cours des années 1971,
1972 et 1973.
Tout particulièrement, on nous reproche d'avoir, avec la loi 24,
sanctionnée le 8 juillet 1972, obligé la Régie des rentes
du Québec à rembourser au ministère des Affaires sociales
pour la moitié de la prestation de base versée aux personnes
bénéficiaires de rentes de veuves et d'invalidité en vertu
de la Loi de l'aide sociale, aussi longtemps qu'elles n'avaient pas 65 ans.
La rédaction de la loi 24 est quelque peu différente
toutefois de l'interprétation que place sur elle le Conseil du patronat,
puisque cette obligation se limitait uniquement aux veuves et aux personnes
invalides à qui il avait été impossible de toucher une
prestation du régime de rentes du Québec. Ainsi, les veuves
doivent l'être devenues avant 1968 pour que la Régie des rentes
soit appelée à rembourser le ministère des Affaires
sociales; pour les personnes invalides, elles doivent avoir acquis ce statut
avant 1970. Le Québec, en rendant admissibles à un régime
d'assurance sociale des personnes qui n'avaient pas eu l'occasion d'y
contribuer, ne faisait que suivre une voie tracée par plusieurs pays,
dont les Etats-Unis, dans cette matière. Par ailleurs, les
modalités retenues, c'est-à-dire le mécanisme de
remboursement ont été déterminées de façon
à ne pas priver le Québec des sommes qui lui auraient
été versées de toute façon par le gouvernement
fédéral si la loi n'avait pas été amendée.
Le gouvernement aurait agi de façon irresponsable en proposant une
mesure qui aurait eu comme conséquence de le priver d'une contribution
fédérale de l'ordre de $15 millions par année.
Lorsque cette mesure avait été présentée
à l'Assemblée nationale, mon prédécesseur l'avait
justifiée en disant que la caisse du régime de rentes
était beaucoup plus élevée à ce moment-là
que ce qui avait été originellement prévu en 1965, lors de
la mise sur pied du régime de rentes. C'est pourquoi il a
été question à ce moment-là de la situation
excédentaire de la caisse du régime de rentes. Cette distinction
n'est pas dans le mémoire du Conseil du patronat. Il demeure cependant
que les distinctions entre régime contributoire et régime de
soutien du revenu ou, en d'autres mots, entre les rentes et les allocations
sociales, sont valables. Les modalités de financement des prestations
sociales qui furent, à un certain moment, retenues comme avantageuses
peuvent toujours être remises en question, et l'actuel processus de
révision du système de sécurité du revenu constitue
d'ailleurs une invitation à le faire.
Les cotisations excédentaires des citoyens du Québec sont
confiées au titre du régime de rentes à la Caisse de
dépôt et placement du Québec. Comme celle-ci investit ces
sommes dans les obligations du gouvernement du Québec ou divers
établissements publics du Québec, ou des actions sur le
marché libre, ou encore dans des placements hypothécaires, le
rendement obtenu sur les fonds investis par la caisse diffère de celui
qui est obtenu sur les fonds du régime de pension du Canada. On sait que
les autorités fédérales sont obligées, selon la Loi
du régime de pension du Canada, de prêter ces fonds aux provinces
à un taux déterminé en fonction du taux moyen des
obligations fédérales en cours pour un terme de vingt ans au
moment où le prêt est effectué.
Depuis la mise sur pied du régime de rentes, la politique suivie
par le gouvernement du
Québec dans ce domaine a eu pour effet de produire sur les fonds
de la caisse de dépôt un rendement plus élevé que le
rendement obtenu par le régime de pension du Canada. En 1973, par
exemple, le taux d'intérêt au Québec s'est
élevé à 7.3 p.c., tandis que le taux
d'intérêt moyen des placements du régime de pension du
Canada s'élevait, au cours de la même année, à 6.9
p.c. Comme les revenus de la caisse du régime de rentes se sont
élevés à $163 millions au cours de l'année 1973,
nous sommes en mesure d'apprécier toute la signification d'une telle
différence dans le rendement des investissements.
J'aimerais citer à ce sujet, M. le Président, les
remarques de mon collègue, le ministre des Finances, remarques faites au
cours d'une allocution qu'il prononçait le 2 novembre dernier devant la
Chambre de commerce de Granby. "Les conditions auxquelles le Québec
emprunte sur les marchés des capitaux peuvent parfois paraître
défavorables par rapport aux taux d'intérêt consentis
à certaines autres provinces canadiennes. Cette constatation ne tient
pas à la situation de nos finances publiques, mais au fait que le
Québec a recours de façon plus massive aux marchés
privés que les autres gouvernements provinciaux qui, eux, utilisent 100
p.c. des épargnes accumulées sur leur territoire par le
Régime de pension du Canada, l'équivalent, comme on le sait, de
notre Caisse de dépôt. "Chez nous, la Caisse de dépôt
et placement consacre environ 50 p.c. de ses actifs à l'achat
d'obligations du Québec et de l'Hydro-Québec. La décision
de principe de ne pas placer tous les avoirs de la Caisse de dépôt
en titres du gouvernement et de l'Hydro-Québec a été prise
en 1965, au moment de l'adoption des projets de loi créant la
Régie des rentes du Québec et la Caisse de dépôt et
placement. Cette décision devrait-elle être
réévaluée dans le contexte nouveau des années
1975-1980? "Une chose est certaine, lorsque l'on compare les taux
d'intérêt payés par le Québec par rapport aux autres
provinces, il faut tenir compte de cette variante. Les autres provinces ayant
accès à la totalité des épargnes accumulées
par le résident dans le Régime de pension du Canada, elles
obtiennent ce financement à des taux privilégiés et
surtout elles ne sont pas obligées d'aller aussi fréquemment sur
les marchés de capitaux."
Ces observations, M. le Président, sont indéniablement
vraies. Cependant, il ne faut pas conclure trop rapidement que cette politique
a comme conséquence d'amener les contribuables québécois
à subventionner le régime de rentes. Comme on l'a vu plus
tôt au sujet des rentes de veuve et d'invalidité, il serait aussi
vrai de soutenir que le régime de rentes a subventionné le budget
de l'Etat en assumant le coût de mesures sociales qui n'avaient rien
à voir, en principe, avec un régime d'assurance sociale.
C'est en considérant l'ensemble des dépenses et des
sources de financement du Québec que l'on peut prononcer des jugements
sur l'opportunité de modifications aux politiques
élaborées dans le passé et suivies jusqu'à
maintenant. Le Conseil du patronat, dans ses propos auxquels je faisais
référence plus tôt, s'inquiétait enfin de ce que le
rôle du bailleur de fonds de la Régie des rentes soit
appelé à se terminer d'ici une dizaine d'années. Il
souligne même qu'il est possible que la Régie soit appelée
à se faire rembourser par le gouvernement afin de rencontrer ses
échéances. On se souviendra que des inquiétudes avaient
déjà été exprimées dans le rapport annuel de
la Caisse de dépôt sur l'impossibilité de savoir ce qu'il
adviendrait du fonds du régime de rentes au moment où celui-ci va
atteindre son sommet.
J'aimerais dire quelques mots de l'effet des amendements proposés
par le présent projet de loi sur la caisse du régime de rentes du
Québec. En même temps que le projet de loi, j'ai
déposé, comme je le rappelais tantôt, l'analyse actuarielle
que la Régie des rentes a fait préparer, conformément
à l'article 224 du régime. C'est la troisième analyse qui
est faite depuis l'analyse quinquennale de 1970, parce que les amendements
proposés en 1972 et en 1973 avaient, eux aussi, nécessité
une analyse spéciale. Selon l'analyse actuarielle spéciale, les
amendements proposés entraînent une hausse immédiate des
contributions d'environ 13 p.c, tandis que l'augmentation dans les prestations
est plus progressive pour atteindre près de 20 p.c. au bout d'une
quinzaine d'années.
Les amendements n'ont pas d'effets tellement sensibles sur le niveau de
la réserve, toutefois. Elle atteindra son sommet un an plus tôt
que ne le prévoyait l'analyse spéciale de 1973 et sa
période de décroissance sera retardée d'une année.
En ce qui concerne l'analyse actuarielle, il faut noter que la seconde analyse
actuarielle quinquennale sera publiée en 1975, reflétant la
situation au 31 décembre 1974.
Il est certain que cette analyse quinquennale contiendra les
éléments qui permettront d'avoir une idée assez nette de
la situation puisqu'à ce moment toutes les hypothèses de base
ayant servi à faire les calculs de l'analyse actuarielle de 1970 seront
reprises et réévaluées à la lumière de
l'expérience accumulée depuis cette date. L'année 1975
nous fournira donc de multiples occasions de revenir sur ces questions. D'une
part, des choix importants devront être faits dans la définition
de la nature d'un futur régime de sécurité du revenu au
Canada et au Québec. Un tel régime nous amènera à
envisager, sous un jour nouveau les rapports qui doivent exister entre les
allocations sociales et un régime contributoire d'assurance sociale tel
que le régime de rentes.
La publication de l'analyse actuarielle quinquennale de la Régie
des rentes nous amènera à nous poser, à la lumière
de l'expérience acquise, la question du financement futur du
régime qui, soit dit en passant, n'est pas en danger
et, en particulier, de l'avenir de la Caisse de dépôt,
institution proprement québécoise et à plusieurs
égards remarquable, dont la contribution à l'économie du
Québec doit être maintenue et même renforcée. Des
questions aussi importantes doivent être considérées avec
soin et avec le concours de toute l'expertise dont nous puissions nous assurer.
C'est pourquoi j'ai l'intention de suggérer au conseil des ministres,
durant les premiers mois de l'année prochaine, la création d'un
comité d'étude formé de représentants des
ministères impliqués mais aussi d'experts indépendants
pour considérer les questions suivantes ainsi que les sujets connexes
qu'il serait trop long d'énumérer ici.
Ces questions prioritaires qui devraient être soumises à un
tel comité sont, en premier lieu, le rapport à établir
entre les allocations sociales et les prestations en provenance des
régimes d'assurance sociale en vigueur au Québec;
deuxièmement, les perspectives financières à court et
à long terme des régimes d'assurance sociale et,
troisièmement, les modalités de financement à
établir pour tous ces régimes. Voilà, M. le
Président, les considérations générales que me
dicte ce projet de loi no 64 sur l'amendement au régime de rentes du
Québec.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Marc-André Bédard
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, j'ai
écouté avec beaucoup d'attention le ministre des Affaires
sociales, qui a profité de ce projet de loi pour faire un long
exposé qui ne s'attachait pas seulement à ce projet de loi mais
qui, pour la moitié, traitait d'une façon particulière des
grands choix que devrait faire la société
québécoise face au problème de la pauvreté et qui
traitait également des trois grands objectifs qu'il fallait atteindre en
formes de sécurité du revenu.
M. le Président, peut-être que le ministre des Affaires
sociales a profité de ce projet de loi pour élaborer, afin de se
débarrasser de l'image plus ou moins ternie qu'il avait pu se faire
à la suite de certaines de ses réflexions concernant le
problème de la dénatalité au Québec. On le voyait,
comme ministre des Affaires sociales, se réjouir presque, ou, tout au
moins, il ne semblait pas plus traumatisé qu'il ne fallait par ce
problème et y voyait même un moyen pour parer au problème
du chômage au Québec.
M. le Président, ce que le ministre des Affaires sociales nous a
dit cet après-midi, concernant, entre' autres, l'aide sociale, les
assistés sociaux et la nécessité que des mesures
gouvernementales soient élaborées pour subvenir à leurs
besoins et parer à leurs difficultés, tout ce que le ministre des
Affaires sociales a dit cet après-midi, je crois qu'il aurait dû
le dire également devant le congrès du Parti libéral, qui
a trouvé le moyen de dénigrer sans retenue les assistés
sociaux, l'aide sociale et beaucoup d'autres mesures sociales desquelles il
nous a parlé aujourd'hui avec beaucoup d'emphase.
Pour ma part, je me limiterai au projet de loi lui-même. Je crois
que, concernant ce projet de loi, nous ne pouvons qu'être d'accord sur
les changements qui avaient d'ailleurs été
recommandés par l'Opposition concernant les enfants nés
après la déclaration d'invalidité. Nous savons qu'entre
autres le député de Saguenay, d'une façon toute
particulière, avait fait des représentations en ce sens.
Nous savons qu'après des ententes entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement provincial, le projet de loi
naturellement s'imposait pour faire les concordances avec les amendements
apportés par le gouvernement fédéral au régime des
pensions du Canada par le bill du gouvernement fédéral, le bill
C-22.
Parmi les principaux amendements, et en cela nous sommes d'accord sur ce
qui a été explicité tout à l'heure par le ministre
des Affaires sociales, il y a les dispositions ou les amendements visant
à assurer le même statut aux hommes et aux femmes en ce qui
concerne les rentes des survivants. En effet, il est normal que le veuf de la
femme qui a cotisé soit sur le même pied que la veuve d'un
cotisant. Je crois qu'il n'y a pas nécessité d'élaborer ce
point mais simplement de voir qu'on a donné suite à certaines
recommandations des associations de femmes du Québec sur ce point.
Egalement le projet de loi propose une formule de calcul qui, à
notre humble opinion, comporte des augmentations de contribution de deux
façons. Premièrement, tel qu'on l'a dit tout à l'heure, il
y a l'exemption générale qui passe de 12 p.c. à 10 p.c. du
maximum des gains admissibles, ce que nous croyons être une
première augmentation de contribution. Il y a également
l'augmentation de maximum de gains admissibles de 12.5 p.c. par année
jusqu'à ce que l'on ait rejoint le salaire hebdomadaire moyen au Canada,
ce qui, à notre humble opinion, représente une autre augmentation
de contribution.
L'augmentation du maximum entraînera une hausse de prestations,
tandis que la diminution de l'exemption comportera nécessairement une
hausse de cotisation comme au fédéral. Mais ce que nous croyons,
c'est que puisqu'il y a cette augmentation de prestation et puisqu'il y a
également une hausse de cotisation, comme au fédéral, il
faudrait qu'ici au Québec, il y ait des avantages
équivalents.
Ce n'est pas le cas.
Par exemple, M. le Président, au fédéral, le bill
C-22 fait disparaître ce qu'on appelle l'évaluation des gains ou
le "earning test", ce qui veut dire que le retraité de 65 ans qui
continue à travailler recevra une pleine pension, alors qu'avec les
mêmes contributions, au Québec, ce même retraité
continuera à voir sa pension réduite à 50 p.c. des sommes
gagnées.
Ce que je voudrais savoir peut-être que le ministre voudra
y répondre tout à l'heure c'est quelles sont les raisons
qui ont motivé le fait que le Québec ne donne pas aux
retraités de 65 ans ce même avantage que leur donne le
fédéral en vertu du bill C-22.
M le Président, je sais qu'il est six heures. Je crois qu'il faut
ajourner.
LE PRESIDENT: Suspendre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Suspendre la séance.
M. BIENVENUE: On peut ajourner ou même suspendre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Suspendre la séance.
M. BIENVENUE: Jusqu'à huit heures quinze, M. le
Président.
LE PRESIDENT: L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à
vingt heures quinze.
M. BIENVENUE: M. le Président, je souligne qu'il y a, à
huit heures, la commission parlementaire qui étudie le code des
professions.
LE PRESIDENT: A vingt heures quinze. Elle a été
annoncée cet après-midi.
M. BIENVENUE: D'accord.
LE PRESIDENT: Egalement, je dois annoncer, je crois, un
minidébat, qui devait avoir lieu jeudi dernier à la demande du
député de Beauce-Sud, concernant une question au ministre des
Affaires municipales.
(Fin de la séance à 18 h 4)
Reprise de la séance à 20 h 19
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. MASSICOTTE: M. le Président, pourrais-je avoir une directive
à savoir s'il est permis à un député de souhaiter
la bienvenue aux membres du club Lion de Saint-Patrice accompagnés de
leurs épouses?
LE PRESIDENT: A l'ordre!
Ce n'est pas permis. Par contre, vos paroles n'étant pas
antiparlementaires, je ne vous demanderai pas de les retirer.
L'honorable député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, pour résumer
très brièvement, au niveau de l'étude du projet de loi no
64, nous faisions remarquer que la loi fédérale, par le biais du
bill C-22, a fait disparaître le "earning test" ou l'évaluation
des gains, ce qui a comme résultat que le retraité de 65 ans qui
continue à travailler recevra une pleine pension s'il reste en dehors du
Québec mais que la personne âgée qui demeure au
Québec continuera à voir sa pension réduite de 50 p.c. des
sommes gagnées.
En ce sens, je demanderais au ministre des Affaires sociales de nous
expliquer lorsqu'il en aura la possibilité, au moment de sa
réplique, pourquoi le Québec n'accepte pas de
légiférer de manière que les personnes âgées
du Québec soient sur le même pied que dans le reste du Canada. Ce
projet de loi montre d'une façon très claire que, par rapport
à celle du reste du Canada, les personnes âgées du
Québec seront défavorisées.
C'est clair qu'on peut se poser la question à savoir pourquoi nos
vieillards seraient moins bien traités que ceux du reste du Canada. Je
sais que le gouvernement libéral parle souvent d'humanisation.
Dans ce sens, je crois qu'il y aurait avantage non seulement à en
parler mais également à poser les gestes qui s'imposent. Parce
que l'humanisation, c'est quand même une manière de voir les
problèmes tels qu'ils se présentent maintenant, et penser
à ceux qui les vivent présentement. Nous savons que le
degré de civilisation d'une société s'évalue
souvent à la manière dont elle traite les plus démunis,
à la manière dont elle traite ses personnes âgées.
Alors, je pense qu'il y aurait possibilité pour le gouvernement,
puisqu'il parle d'humanisation, de poser un geste législatif qui aurait
comme résultat de placer les vieillards du Québec dans la
même situation que ceux du reste du Canada.
Autrement dit, plutôt que de parler avec emphase des grands choix
de la société québécoise face aux problèmes
de la pauvreté, pourquoi, M. le Président, ne pas poser les
gestes qui s'imposent pour faire les petits choix? C'est bien beau de parler de
grands choix, c'est bien beau de parler de grands objectifs, mais ce n'est
quand même pas pour les personnes âgées de
l'an 2000 qu'il faut programmer. Ce sont, et cela c'est le devoir du
gouvernement, les besoins des gens âgés d'aujourd'hui auxquels le
gouvernement doit apporter des solutions. A force de programmer 20 ans
d'avance, on oublie souvent les problèmes ou on oublie souvent ceux qui
sont présentement aux prises avec les problèmes.
M. le Président, on a assisté, quand on parle
d'humanisation, aux tournées électorales du Parti libéral,
genre garderies, avec les résultats que l'on sait, à savoir
qu'après seulement quelques mois d'application, on se voit dans
l'obligation, pour ne pas avoir écouté une bonne partie des
recommandations de l'Opposition, de réviser en profondeur cette
politique des garderies. Egalement, on assiste présentement à un
genre de tournées, je ne dirai pas électorales, concernant les
personnes âgées afin de pouvoir déceler leurs besoins, de
pouvoir déceler les désirs de ces gens qui ont quand même
construit le Québec.
On fait une tournée afin de savoir, à partir d'une
consultation, quelle serait la meilleure loi pour répondre aux besoins
des vieillards québécois. Mais il ne faudrait pas que toutes ces
tournées soient simplement pour aboutir à des genres de politique
de grandeur, à des genres de politique qui programment encore une fois
l'an 2,000 plutôt que de répondre d'une façon efficace aux
besoins auxquels ont à faire face, d'une part, les personnes
âgées et, également, les personnes, les foyers
québécois qui sont concernés par le problème des
garderies.
M. le Président, j'espère que le ministre des Affaires
sociales saura nous expliquer pourquoi le gouvernement n'a pas agi de
façon que les vieillards québécois soient sur le
même pied que les vieillards du reste du Canada. Il y a également
une question que nous voudrions poser au ministre des Affaires sociales au
sujet du projet de loi no 64 et cette question concerne le caractère de
rétroactivité des droits des veufs sur demande prévus par
la loi fédérale.
Dans la loi fédérale c'est clair, mais dans le projet de
loi no 64, à mon humble opinion et j'aimerais avoir des
éclaircissements du ministre là-dessus ce n'est pas clair.
Le projet de loi n'est pas clair concernant le droit à la
rétroactivité de la pension. M. le Président, je voudrais
terminer les remarques que nous avons à faire concernant le projet de
loi no 64, en mentionnant un problème qui se situe au niveau de
l'avenir, un problème spécial auquel, sans doute, le ministre des
Affaires sociales a dû penser.
Comme le ministre le sait, il y a présentement une forte
incitation à la retraite des femmes à 60 ans. Or, on sait que la
rente ne vient qu'à 65 ans, ce qui veut dire que durant cinq ans ces
personnes âgées deviennent, en quelque sorte, des assistées
sociales.
M. MERCIER: Sociaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ces personnes âgées. Si les
libéraux écoutaient, au moins. Ces vieilles personnes sont, en
quelque sorte, condamnées à être des assistées
sociales. Nous avons, à plusieurs reprises, soulevé ce
problème au ministre des Affaires sociales. Ce dernier nous a dit,
à maintes reprises, que lorsque la situation se présentait, qu'un
des conjoints avait atteint l'âge de 65 ans et pouvait
bénéficier de la pension de vieillesse alors que l'autre conjoint
n'avait pas atteint 65 ans, à ce moment-là, le conjoint qui
n'avait pas atteint l'âge de la retraite, l'âge de recevoir sa
pension de vieillesse pouvait toujours bénéficier, entre-temps,
de certaines formes d'aide sociale.
Nous soumettons respectueusement qu'il y aurait avantage à ce que
le gouvernement légifère au plus vite dans ce domaine de
manière, encore une fois, à ne pas condamner ces personnes
âgées de 60 ans à n'avoir d'autre possibilité que
celle de devenir des assistées sociales.
UNE VOIX: Sociaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'espère que le gouvernement saura...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît !
M. BEDARD (Chicoutimi): ... adopter, et ce le plus vite possible, une
loi qui serait dans le sens de la proposition que nous faisons.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres députés désirent
participer au débat? En accordant la parole à l'honorable
ministre des Affaires sociales, qui exercera son droit de réplique, le
débat de deuxième lecture sera terminé.
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. Claude Forget
M. FORGET: M. le Président, je n'ai pas l'intention de commenter
très longuement les propos qu'a tenus le député de
Chicoutimi relativement au projet de loi no 64. Mes propres commentaires
généraux, qui ont servi à introduire ce projet de loi en
deuxième lecture, contiennent déjà suffisamment
d'indications pour que je me borne à relever certain points
peut-être secondaires mais qui méritent malgré tout
d'être relevés dans les remarques du porte-parole de l'Opposition
officielle.
En premier lieu, ses affirmations relativement aux hausses implicites
dans le niveau des cotisations sont à la fois vraies et fausses. Vraies
puisqu'il se réfère à des hausses qui, en effet, auront
lieu à partir de janvier prochain et dont
l'ordre de grandeur a été décrit, par
moi-même d'ailleurs, comme étant de l'ordre de 13 p.c. Donc, ces
majorations auront lieu et les affirmations du député de
Chicoutimi sont bien fondées quant à leur
éventualité.
Cependant, il ne s'agit d'aucune manière de hausses
dissimulées ou cachées dans ce projet de loi, mais de hausses que
comportent nécessairement la révision et la bonification d'un
régime d'assurance sociale qui est un régime contribu-toire. Cela
fait partie de la nature même du régime de rentes que de voir tout
changement dans le niveau des prestations s'accompagner d'un changement
à peu près correspondant dans le niveau des cotisations.
J'ai indiqué cependant, dans mes remarques, que le niveau relatif
des cotisations et des prestations durant les années à venir
était de nature à poser au moins le problème des options
qui devront être exercées, de manière à s'assurer du
financement continu du régime et, ce qui est au moins aussi important,
de manière à assurer à la Caisse de dépôt un
fonctionnement ininterrompu et l'assurance qu'elle pourra continuer à
jouer son rôle dans l'économie du Québec.
La deuxième remarque que nous avons entendue vise l'examen des
gains. Le député a lu avec soin, je le note, les deux projets de
loi, soit le projet de loi qui a été présenté au
Parlement du Canada modifiant le régime des pensions du Canada, d'une
part, et notre propre projet de loi modifiant le régime de rentes du
Québec, d'autre part. Cette disparité entre les deux
régimes est indéniable. Ce n'est pas la seule qui existe. On
pourrait tracer dans l'histoire des deux régimes des disparités
qui s'ouvrent à des moments et qui se referment un peu plus tard,
puisque nous sommes engagés dans un dialogue constant pour que les deux
régimes, tout en conservant leur identité propre et leur
personnalité propre, puissent malgré tout évoluer de la
façon la plus parallèle possible, étant donné qu'il
existe environ un demi-million de Québécois qui, à un
moment ou l'autre de leur vie active, ont à contribuer au régime
de pension du Canada.
Cependant, la décision qui a été prise de ne pas
retenir dans notre projet de loi les amendements qui figurent dans le projet de
loi fédéral doit être attribuée à toute une
série de considérations sur lesquelles j'aimerais attirer
l'attention de cette Chambre.
La première considération est sans doute la plus
importante. C'est que, déjà en 1972, l'Assemblée nationale
a adopté un premier amendement au régime de rentes qui a permis
d'assouplir le régime d'examen des gains pour les personnes qui sont des
cotisants au régime et qui ont entre 65 et 70 ans. Antérieurement
à 1972, en effet, les personnes qui se trouvent dans cette
catégorie étaient soumises à un test du revenu en deux
parties, c'est-à-dire qu'il y avait une exemption complète des
revenus d'emploi pour les bénéficiaires potentiels du
régime de rentes jusqu'à 18 p.c. du maximum des gains admissibles
et qu'il y avait, de 18 p.c. à 30 p.c. un taux de réduction de 50
p.c. Mais, à partir de 30 p.c. du maximum du revenu des gains
admissibles, tout revenu d'emploi s'accompagnait d'une diminution exactement
équivalente dans le niveau des prestations, c'est-à-dire un taux
de réduction de 100 p.c.
En 1972, le deuxième palier a été supprimé
et on a étendu à l'ensemble des revenus supérieurs
à 18 p.c. du maximum des gains admissibles la disposition, qui est sans
aucun doute plus favorable, d'un taux de réduction de 50 p.c. C'est en
face de cette initiative du Québec, prise en 1972, que le gouvernement
fédéral et les gouvernements des autres provinces ont
été amenés à reconsidérer le problème
de l'examen des gains pour les personnes âgées de 65 à 70
ans. Et ils se sont mis d'accord sur une formule qui implique un abandon
complet de cette formule d'examen des gains.
Le Québec n'a pas jugé bon de suivre cette décision
des autres provinces et du gouvernement fédéral, ayant
déjà résolu ce problème de la manière qui
nous semblait appropriée il y a deux ans. Nous avons
préféré différer toute reconsidération de
cette question à un moment plus propice à une remise en question,
c'est-à-dire à un moment, qui s'approche de plus en plus,
où l'ensemble des mesures de sécurité du revenu pourra
être réévalué.
Il est évident que lorsque l'on transforme un test de revenus ou
un test de gains, pour une certaine partie des bénéficiaires du
régime de rentes, en un régime d'allocations forfaitaires, l'on
change fondamentalement la nature de cette couverture sociale et que l'on ne
devrait le faire que dans la mesure où l'on se satisfait qu'elle ait une
place bien déterminée dans l'ensemble des mesures de
sécurité de revenu.
Or, tel n'est pas le cas dans le moment. D'ailleurs, sur le plan de
l'opportunité même d'une telle mesure, on peut se poser plusieurs
questions. Il est assuré qu'une certaine proportion de
bénéficiaires du régime de rentes ou des personnes dans
cette catégorie, peut-être allant jusqu'à 30 p.c, serait
incitée à se retirer complètement du marché du
travail si aucune espèce de pénalité n'y était
rattachée ou si, encore, aucune incitation à conserver une source
de revenus n'était présente dans le régime.
L'opportunité d'un tel développement peut être mis
en question, d'autant plus qu'il aurait un effet redistributif certain. En
effet, qui sont ces personnes qui, au-delà de l'âge de 65 ans,
peuvent conserver un revenu d'emploi? Ce sont, dans une large mesure, des
travailleurs autonomes, des professionnels et des hommes d'affaires. Et si l'on
considère l'impact sur les coûts du régime d'une majoration
des prestations accordées à cette catégorie de la
population, l'on doit considérer également, puisqu'il s'agit d'un
régime contributoire, les hausses de cotisations qui seraient
nécessaires. Nous nous retrouverions, M. le Président, devant une
situation où,
pour majorer les revenus de personnes qui ont déjà et,
parfois, probablement, des revenus fort confortables et fort suffisants, nous
serions amenés à majorer le niveau général des
cotisations pour l'ensemble des cotisants au régime.
Il nous paraît qu'une telle décision, à moins
qu'elle soit inscrite dans un cadre beaucoup plus vaste et qu'elle soit,
à ce moment-là, nécessaire dans un plus large contexte,
est inappropriée, étant donné son coût et
étant donné, encore une fois, le contexte général
de la révision des mesures de sécurité du revenu sur
laquelle a porté la plus grande partie de mon exposé de cet
après-midi.
Ce sont donc là les raisons qui me poussent à dire, M. le
Président, que ce choix qu'a fait le Québec, dans
l'aménagement de son régime de rentes, choix qui introduit une
nouvelle disparité entre ce régime de rentes et le régime
des pensions du Canada, est pleinement justifié, qu'il ne
représente pas une option définitive à tous égards
mais qu'à ce moment-ci, étant donné l'ensemble des
problèmes de financement et de cohérence entre les régimes
de prestations sociales et les régimes d'assurance sociale, c'est
véritablement la seule décision qu'il me soit possible de
justifier.
Très brièvement, deux autres points ont été
soulevés, l'un ayant trait à la rétroactivité des
mesures annoncées et prévues par ce projet de loi-Cette
rétroactivité, M. le Président, joue, dans le cas de ce
nouvel élargissement pour ce qui est des conjoints survivants et des cas
d'invalidité, de manière que les cotisantes, les femmes qui ont
un revenu d'emploi et qui ont cotisé au régime, acquièrent
ces droits à des prestations pour leur survivant et pour
elles-mêmes en cas d'invalidité de la même façon que
les cotisants de sexe masculin, et ceci rétroactivement pour ce qui est
de l'admisibilité à ces prestations. Donc, s'il y a une cotisante
dont le conjoint est décédé avant la mise en vigueur de
cette loi, c'est-à-dire avant le 1er janvier 1975, ce conjoint
survivant, de sexe masculin, par définition, puisqu'il s'agit d'une
cotisante, aura droit à une rente de conjoint survivant à compter
du 1er janvier 197 5, même si le décès de la cotisante est
antérieur au 1er janvier 1975, pourvu qu'il se situe depuis la date
d'entrée en vigueur du régime lui-même, bien
évidemment.
Cependant, les prestations elles-mêmes ne sont pas
rétroactives, c'est-à-dire que nous ne paierons pas à ce
conjoint survivant ce qu'il aurait reçu entre la date du
décès et le 1er janvier 1975. C'est une
rétroactivité quant à l'admissibilité, non pas une
rétroactivité des bénéfices eux-mêmes.
Enfin, pour terminer, la question relative aux incitations à la
retraite des femmes de 60 à 65 ans. Il s'agit-là, M. le
Président, d'une question très complexe et qui nous fait
déboucher sur un problème qui n'appartient pas, comme tel, au
régime de rentes, mais qui appartient véritablement au
régime de sécurité du revenu.
Comme le député de Chicoutimi, d'ailleurs, l'a
indiqué, j'ai eu l'occasion de souligner que ces personnes sont
admissibles à des mesures de sécurité du revenu lorsque
nous sommes en présence d'un couple, par exemple, dont l'un est à
la retraite et dont l'autre a moins de 65 ans. On peut s'interroger sur le
degré de suffisance des prestations que permet le régime d'aide
sociale dans ces cas. C'est le niveau généralement payé
à tous les bénéficiaires d'aide sociale; ce n'est donc que
l'application d'un régime universel à cet égard.
Pour ce qui est de la possibilité, qui est peut-être
implicite dans la remarque du député de Chicoutimi, d'abaisser
l'âge de la retraite lui-même, cette question me paraît
déborder largement le cadre de notre débat. Malgré tout,
j'aimerais indiquer qu'il faudra s'interroger beaucoup plus longuement qu'on ne
l'a fait jusqu'à ce jour sur l'opportunité d'une modification
à la baisse dans l'âge de la retraite, étant donné
toutes les circonstances que l'on sait quant à l'évolution des
personnes qui sont à la retraite, à leur état de
santé, à la possibilité pour l'économie d'absorber
une diminution aussi considérable de la main-d'oeuvre et, enfin, au
coût même d'un tel régime qui serait prohibitif,
d'après toutes les études qui ont pu être faites
jusqu'à maintenant.
C'est l'essentiel, M. le Président, des remarques que je voulais
faire à la suite de l'intervention du député de
Chicoutimi. Je demanderais que le projet soit maintenant approuvé et lu
une deuxième fois.
LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. BEDARD (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que ce projet de loi no
64, Loi modifiant le régime de rentes du Québec, soit
déféré à la commission parlementaire des affaires
sociales pour étude article par article.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. BIENVENUE: M. le Président, avant que nous appelions l'article
suivant, quelques-uns de mes collègues ont demandé tout à
l'heure quel
serait le menu, législatif ou autre, pour demain. Comme,
habituellement, cette réponse vient de nous mais que, le mercredi, elle
vient d'autres députés, j'aimerais savoir si on s'est posé
des questions à ce sujet. J'aimerais renseigner mes
collègues.
LE PRESIDENT: Tel qu'il a été convenu, demain, mercredi,
est la journée des députés. Je pense bien on en
avait discuté la semaine dernière que demain, aux affaires
du jour, nous débattrons la motion inscrite au numéro 44 du
feuilleton de mercredi dernier, motion inscrite au nom du député
de Johnson: "Que soit convoquée la commission permanente de
l'Assemblée nationale afin d'étudier les moyens à prendre
pour qu'à l'avenir un député mis en accusation par un de
ses collègues ne puisse éviter le jugement de ses pairs".
Maintenant, on a fait une correction d'un commun accord: Cette mise en
accusation doit être faite en vertu de l'article 80 du règlement.
C'est cette motion qui sera appelée demain aux affaires du jour.
M. BIENVENUE: Est-ce que le député de Johnson aura un
discours prêt, M. le Président? Un beau et long discours à
ce sujet?
M. BELLEMARE (Johnson): Cela va même soulever le pinacle du
temple.
M. BIENVENUE: Article 15, M. le Président.
LE PRESIDENT: On peut demander s'il y a consentement? D'accord. Articles
15, 16, et 17. L'honorable ministre de la Fonction publique, s'il y a
consentement, propose que pour le projet de loi no 61, Loi modifiant le
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics, le projet de loi no 62, Loi modifiant le régime de retraite des
fonctionnaires et le projet de loi no 63, Loi modifiant le régime de
retraite des enseignants, l'étude en deuxième lecture soit
groupée. Est-ce qu'il y a consentement?
M. CHARRON: Consentement, M. le Président.
LE PRESIDENT: Bon.
M. BIENVENUE: Très bien.
Projets de loi nos 61, 62 et 63 Deuxième
lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Fonction publique propose la
deuxième lecture des projets de loi nos 61, 62 et 63.
L'honorable ministre de la Fonction publique.
M. Oswald Parent
M. PARENT: M. le Président, je voudrais remercier au tout
début les membres de l'Opposition officielle d'avoir accepté que
soient unifiés ces trois projets de loi relatifs aux régimes de
retraite. Au cours de la première session de la présente
Législature, j'ai eu l'honneur d'introduire un projet de loi qui, une
fois sanctionné, est devenu le chapitre 12 des Lois de 1973. Cette loi
établissait le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics et garantissait aux employés du
gouvernement et de ses partenaires les droits qu'ils avaient acquis lors de la
signature des conventions collectives de travail à l'automne de
1972.
Aujourd'hui, presque un an après la sanction de la loi
établissant le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics, je soumets pour étude par cette
Assemblée trois projets de loi ayant pour objet de modifier les trois
régimes de retraite établis par législation auxquels
doivent participer les employés du gouvernement et ceux de ses
partenaires dans les domaines de la fonction publique, de l'éducation,
des affaires sociales.
M. le Président, étant donné que les trois projets
de loi portant les nos 61, 62, 63 reflètent les mêmes principes et
que plusieurs articles sont identiques, je n'abuserai pas de cette
Assemblée en traitant des principes invoqués pour chaque projet
pris individuellement, mais plutôt en exposant à cette
Assemblée les raisons des modifications comme s'il s'agissait d'un seul
projet de loi, sans pour autant modifier les règles parlementaires
relatives à l'étude des projets de loi.
Les trois projets de loi portant les nos 61, 62 et 63 permettront, une
fois leur adoption, d'apporter des modifications relatives à
l'élimination de la discrimination dont souffraient les conjoints des
employés de sexe féminin, d'autoriser les fonctionnaires à
qui le régime de retraite des fonctionnaires s'applique à
bénéficier des mêmes avantages que ceux prévus dans
le régime de retraite des employés du gouvernement et des
organismes publics pendant une période de maladie donnant lieu à
l'application de l'assurance-salaire prévue aux conventions collectives
de travail, de reporter certains délais pour produire des avis ou
demandes que les employés n'ont pu soumettre dans les délais
prévus, faute d'information pertinente, et enfin de corriger certaines
lacunes que l'expérience d'une année d'activité a permis
de déceler.
Seulement deux modifications de principe sont soumises à cette
Assemblée dans ces trois projets de loi, l'une ayant trait à
l'élimination de la discrimination résultant du paiement de
rentes de survivants aux maris invalides d'un employé de sexe
féminin et l'autre ayant trait à l'exonération des
cotisations en cas de paiement d'assurance-salaire.
La première modification, qui consiste à éliminer
la discrimination dans les régimes de
retraite établis par législation en regard des paiements
payables au conjoint d'une employée qui décède, est le
résultat direct de l'intention de ce gouvernement d'éliminer
toute discrimination se rapportant à la femme.
En créant le Conseil du statut de la femme, le gouvernement du
Québec constituait un organisme consultatif responsable de
déterminer dans quelles mesures les femmes faisaient l'objet de
discrimination tant dans le domaine de l'embauche que celui de la
rémunération ou de tout autre secteur.
Suite aux recommandations de ce conseil et à l'évaluation
du contexte social actuel, nous suggérons de modifier les régimes
de retraite des fonctionnaires, des enseignants et des employés du
gouvernement et des organismes publics, afin de permettre le paiement d'une
rente de survivant au conjoint d'un employé décédé,
sans discrimination de sexe.
Ces modifications sont équivalentes à celles
suggérées au régime de rentes du Québec dans le
projet de loi no 64.
Une telle modification n'a pas été apportée lors de
l'étude de la loi établissant le régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics, par suite de l'effet
d'entraînement qu'une telle modification aurait occasionné sur le
régime de rentes du Québec au moment où
l'évaluation actuarielle des coûts résultant de cette
modification n'était pas disponible.
Maintenant que le ministre des Affaires sociales a déposé
le projet de loi no 64, modifiant le régime de rentes du Québec,
je crois de mon devoir, comme membre de cette Assemblée, comme ministre
de la Fonction publique, de vous proposer les amendements aux trois
régimes de retraite qui permettront, une fois adoptés, de payer
une rente de survivant sans égard au sexe de l'employé
décédé.
Le régime de retraite des employés du gouvernement et des
organismes publics, en 1973, lors de son établissement par
législation, a reconnu pour les employés recevant des prestations
d'assurance-salaire le droit de continuer leur participation pendant une telle
période d'invalidité, sans perte de droit, tout en obtenant une
exonération de cotisations.
Les projets de loi 62 et 63, modifiant le régime de retraire des
fonctionnaires ainsi que celui des enseignants, établissent une telle
protection pour les employés qui participent à ces deux
régimes sans qu'ils ne soient obligés d'opter pour le
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics s'ils désirent se prévaloir des avantages de ce
régime de retraite.
Les représentants des employés ont demandé que de
telles modifications soient adoptées aux régimes de retraite des
fonctionnaires et des enseignants afin de traiter sur un pied
d'égalité les employés en instance de prestations
d'assurance-salaire, quel que soit le régime de retraite auquel ils
participent.
Les modifications suggérées, si elles sont
adoptées, entreront en vigueur une fois que les représentants des
employés auront convenu de la mise en application de tels amendements,
étant donné qu'il s'agit de modifications aux conventions
collectives de travail signées en 1972.
Comme il s'agit de modifications accordant des bénéfices
additionnels, nous croyons qu'il sera possible pour ces personnes d'accepter
d'implanter le régime de protection en cas de maladie sans perte de
droit quand à la retraite, et que les modifications requises auxdites
conventions collectives de travail ne tarderont pas à être
signées par les parties concernées.
Nous avons cru préférable de prévoir le
mécanisme légal nécessaire à la mise en oeuvre de
ces bénéfices plutôt que modifier lesdites conventions
collectives sans que les lois, régissant les régimes de retraite,
soient modifiées.
La Loi établissant le régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics a été
sanctionnée le 23 décembre 1973 et prenait effet à compter
du 1er juillet 1973. Plusieurs articles de cette loi prévoient que
l'employé doit poser des gestes ou donner des avis pour
bénéficier de tel ou tel autre avantage prévu dans la Loi
établissant le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics. Il en est de même pour le
régime de retraite des fonctionnaires.
La commission administrative du régime de retraite a
été formée dans les quelques semaines qui ont suivi
l'adoption de la Loi établissant le régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics. Le personnel requis,
pour l'application de la loi, a été embauché avec
diligence, et les mécanismes nécessaires à la diffusion de
l'information ont été mis en place sans délai.
Toutefois, comme il s'agit de quelque 325,000 employés
répartis entre quelque 1,700 employeurs et qui sont localisés sur
tout le territoire de la belle province, malgré toute la bonne
volonté des employés et les nombreux efforts apportés
à la mise en oeuvre de la loi, des participants n'ont pas
été informés dans des délais justifiant une
décision à prendre en connaissance suffisante des droits et, des
devoirs de la loi.
C'est pourquoi je propose aujourd'hui des modifications dans les trois
projets de loi faisant l'objet de ce débat afin de reporter certains
délais qui permettront aux employés, maintenant qu'ils sont
renseignés, de décider de l'option qui leur est la plus
avantageuse.
Après presque une année d'application de la Loi du
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics, il a été possible de déceler certaines
ambiguïtés dans la loi, ambiguïtés que je propose de
corriger par des modifications mineures mais essentielles afin de respecter les
engagements pris envers les employés lors de la signature des
conventions collectives de travail, à l'automne de 1972.
Enfin, cette Assemblée, en adoptant la Loi
établissant le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics, a prévu qu'un certain nombre de
règlements seraient adoptés afin de compléter le travail
législatif en procédant à des définitions qui
devaient être établies à partir de consultations entre les
parties, en permettant d'assujettir des organismes qui ne pouvaient être
identifiés dans la loi, soit qu'ils n'avaient pas demandé leur
adhésion à cette date, etc.
Dans le but de minimiser les effets de ces règlements
établis par le lieutenant-gouverneur en conseil, la Loi créant le
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics a prévu que les règlements ne pourraient pas avoir
d'effet antérieur à la date de leur parution dans la Gazette
officielle du Québec.
Toutefois, je reconnais la sagesse de cette décision et je
propose, dans ce projet de loi no 61, de modifier le pouvoir de
réglementation établi dans la loi constitutrice du régime
de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics, en
permettant que certains règlements adoptés avant le 1er janvier
1975 puissent avoir effet à compter du 1er juillet 1973.
Lors de l'étude de ces amendements par les membres de la
commission parlementaire de la fonction publique, je déposerai les
règlements qui doivent être adoptés avec effet à
compter du 1er juillet 1973 afin que les membres puissent, en toute
connaissance, évaluer la portée des amendements
suggérés. Ces règlements ont été
adoptés après consultation par la commission administrative
auprès des membres du comité d'administration, comme le stipule
l'article 136 de la loi établissant le régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics.
Il ne me paraît pas opportun d'apporter des modifications en
profondeur dans les trois régimes de retraite, étant donné
que les négociations entre le gouvernement et ses employés, ainsi
que ceux de ses partenaires sont sur le point de débuter et que les
représentants des employés ont déjà fait part de
leur intention de demander des modifications quant à la formule de
calcul de la pension ou à l'admissibilité aux
bénéfices découlant desdits régimes.
J'ose espérer, M. le Président, que les modifications
prévues dans les trois projets de loi portant les numéros 61, 62
et 63 seront adoptées à l'unanimité par cette Chambre.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Le député de
Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. CHARRON: M. le Président, la tâche est relativement
facile de faire la critique de ces trois projets de loi, puisque, comme le
ministre vient de le dire lui-même dans son texte, l'essentiel pour que
l'Assemblée nationale se prononce en toute connaissance de cause est que
ces régimes et surtout les modifications à ces régimes ont
été, semble-t-il, d'emblée acceptées par les
parties directement concernées.
Il est évident que, si le ministre nous avait apporté ces
amendements ou ces modifications, quelques bonnes qu'elles aient
été, M. le Président, dans leur première apparence,
si elles n'avaient reçu l'assentiment des gens qui en seront les
bénéficiaires, tôt ou tard, à la fin de leur
carrière, la position de l'Opposition aurait pu être tout à
fait différente. Nous aurions fait, encore une fois, les mêmes
revendications qui s'imposent, je pense, dans ces circonstances.
M. le Président, ces trois lois sont acceptables non seulement
parce qu'elles ont été acceptées par les personnes
concernées et leurs représentants officiels, mais aussi parce
qu'elles interviennent avec de nouveaux principes qui, il me semble, devraient
recevoir aussi l'assentiment de l'Assemblée.
Mon collègue de Chicoutimi, en intervenant sur le dernier projet
de loi étudié par cette Assemblée en deuxième
lecture, a signalé que toute modification apportée par le
gouvernement visant à faire disparaître la discrimination dans les
régimes de retraite, dans les régimes de rentes, dans le monde du
travail en général, entre hommes et femmes au Québec
allait recevoir l'appui inconditionnel, je dirais, du parti de l'Opposition
officielle.
M. le Président, c'est un fait que, dans les trois projets de
loi, ce principe réapparaît et constitue donc un acquis important.
Quant à l'autre principe, celui de reconnaître pour les
employés recevant des prestations d'assurance-salaire le droit de
continuer leur participation durant une telle période
d'invalidité sans perdre de droits et tout en obtenant une
exonération, il paraît aussi une conséquence normale au
bout d'un an d'évolution de ce régime et un amendement
nécessaire à apporter.
Ces amendements et ces modifications au régime de retraite ont
été accueillis, semble-t-il, avec satisfaction de la part des
milieux syndicaux qui représentent ces gens, et le ministre a fait
lui-même allusion, à la fin de son discours, au fait qu'il
entreprendra très bientôt la négociation d'une nouvelle
convention collective avec les mêmes gens concernés. Il est bien
possible, à ce moment-là, que les négociations soient un
peu plus difficiles qu'elles ne l'ont été. Tout ce que nous
pouvons espérer c'est que le souci que le ministre a eu, dans ce
débat, de consulter, de s'assurer de l'assentiment des personnes
concernées le guidera lorsqu'il entamera la prochaine négociation
dans la fonction publique et para-publique. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Cette motion de
deuxième lecture est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ces projets de loi.
Second reading of these bills.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M.Séguin): Commission
plénière?
M. BIENVENUE: Non. Mais est-ce que le leader de l'Union Nationale aurait
quelque chose à dire? Non?
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): II faudrait tout de
même qu'il soit à sa place.
M. LACROIX: II est allé dire ça en arrière du
rideau.
Projets de loi déférés à la commission
M. BIENVENUE: M. le Président, je fais motion pour que ces trois
projets de loi, après la deuxième lecture qui vient d'être
adoptée, soient déférés à la commission
parlementaire de la fonction publique.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Est-ce que cette motion est
adoptée? Adopté.
M. BIENVENUE: Article 12), M. le Président.
Projet de loi no 56 Deuxième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Le ministre d'Etat aux
finances propose la deuxième lecture du projet de loi no 56, Loi
modifiant la loi de la curatelle publique et la loi de la protection du malade
mental.
Le député de Hull.
M. MAILLOUX: L'honorable.
M. Oswald Parent
M. PARENT (Hull): M. le Président, comme l'a dit le leader
adjoint du gouvernement, c'est à titre de ministre d'Etat aux Finances
que je présente cette loi de la curatelle publique.
Au mois de juin 1971, les membres de cette Assemblée examinaient
et approuvaient la loi 32, laquelle proposait une refonte complète de la
Loi de la curatelle publique. Cette loi, qui s'inspirait principalement d'un
certain nombre de recommandations de la commission Caston-guay dans le volume
IV de son rapport, tome I, page 111 et 112 a permis la mise en vigueur de
nouvelles dispositions juridiques.
Les points essentiels de la refonte de 1971, on s'en rappellera,
étaient les suivants: La juridiction du curateur public ne se limitait
plus aux hôpitaux psychiatriques et à la cure fermée mais
fut étendue à tous les malades mentaux jugés incapables
d'administrer leurs biens par le directeur des services professionnels du
centre hospitalier où ils étaient traités, le seul
critère retenu établissant la juridiction du curateur public et
l'attestation d'incapacité du malade mental d'administrer ses biens.
Le directeur des services professionnels n'a plus à
décider si les circonstances rendent cette mesure indispensable pour la
protection du patrimoine d'un malade mental. Il a semblé, en effet, que
le rôle du centre hospitalier n'était pas d'enquêter sur le
patrimoine de ses patients. D'ailleurs, ces institutions n'ont pas les moyens
de faire cette enquête, parfois longue et difficile.
Le curateur public devient non seulement curateur aux biens mais
curateur à la personne du malade mental. Une telle modification à
la loi actuelle permettrait au curateur public de représenter ses
administrés dans des causes de divorce notamment et d'obtenir pour eux
une pension et autres avantages, évitant ainsi qu'ils soient à la
charge complète de la province.
Le curateur public n'a pas cependant la garde de la personne du malade
mental, car il ne peut en avoir le contrôle, soit au centre hospitalier,
soit au foyer. Dans la pratique et malgré l'institution de la
subrogée tutelle prévue au code civil, dès qu'un curateur
ou un tuteur est nommé, tout contrôle disparaît. En effet,
il ne rend compte qu'à la fin de son administration. L'article 31,
chapitre 81 de 1971, supplée donc à cette lacune en facilitant le
contrôle de la gestion des administrateurs de biens appartenant à
des incapables.
La loi impose un système de protection des biens des incapables
administrés par un tuteur ou un curateur privé, dont la
responsabilité est confiée au curateur public.
A cette fin, le curateur public peut tenir une enquête sur les
biens placés sous tutelle ou curatelle de demander la destitution d'un
tuteur ou d'un curateur.
Le système préconisé a pour but de s'assurer que
les biens des mineurs ou des interdits ne soient dissipés,
dispersés ou laissés à l'abandon par suite de la
cupidité, de l'incompétence ou de l'ignorance des lois de ces
tuteurs ou curateurs privés.
Afin que le curateur public soit mis au courant de façon efficace
et sûre, la loi impose aux protonotaires de la cour Supérieure
l'obligation de lui transmettre tout jugement relatif à la tutelle ou
à une curatelle.
Tout en conservant l'esprit qui a présidé à la
dernière refonte de la Loi de la curatelle publique, les modifications
proposées visent à permettre au curateur public de mieux
satisfaire aux besoins de la population et de protéger de façon
plus spécifique ceux de ses membres qui
sont les moins favorisés au point de vue économique et
social.
Les changements suggérés ont également pour but
d'améliorer le fonctionnement de la curatelle publique, tout en tenant
compte des modifications de concordance apportées à la Loi de la
protection du malade mental.
Il est ainsi devenu nécessaire d'effectuer un certain nombre
d'amendements. Le gouvernement a dû créer la curatelle publique
parce que des patrimoines dépérissaient, se perdaient, soit que
les familles ne voulaient pas ou ne pouvaient pas s'occuper des biens de leurs
parents malades, absents, etc. Le curateur public, de par ses fonctions,
administre des biens qui sont du domaine privé et tenus distincts des
biens de l'Etat. En conséquence, le vérificateur ne peut
être un fonctionnaire ou un employé du gouvernement, qui a
créé la curatelle publique, puisqu'il se prendrait à
témoin lui-même. Le vérificateur général ne
peut vérifier les comptes gérés par le curateur public
parce que son rôle se limite aux biens de l'Etat. L'inspecteur des
compagnies en fidéicommis est placé dans une mauvaise situation,
puisqu'il n'est pas outillé et, en conséquence, ne peut assumer
la responsabilité pour effectuer des vérifications, son
rôle étant d'inspecter les opérations des compagnies en
fidéicommis. Il est appelé à collaborer avec le curateur
public dans différentes enquêtes couvrant leurs champs
d'activité respectifs. L'un ne peut donc vérifier l'autre puisque
les deux peuvent et travaillent ensemble, d'où danger d'accusation.
Enfin, il n'est pas normal qu'un ministère vérifie un
autre ministère ou organisme provincial. Il y a donc
nécessité d'amender la loi en prévoyant la nomination d'un
vérificateur indépendant afin d'éviter toute espèce
de conflit.
Les certificats d'incapacité d'administrer les biens sont
attestés par le directeur des services professionnels du centre
hospitalier où est traité le malade. Il est pratiquement
impossible aux directeurs des services professionnels, dans certains centres
hospitaliers, de porter toute l'attention nécessaire à ce devoir
en raison de leurs fortes responsabilités. Il s'agit de permettre
à leurs adjoints de signer ces certificats.
Les dispositions du code de procédure civile défendent au
curateur public ou à son représentant de se présenter
à ce tribunal, privant ainsi d'un excellent recours certaines personnes
parce qu'elles sont sous la juridiction du curateur public. Ainsi, le curateur
public ou son représentant pourra représenter son
administré à la cour des petites créances.
Le chapitre 44 des Lois du Québec, 1972, Loi de la protection du
malade mental, ne couvre que la santé et la sécurité d'une
personne malade ou d'autrui. Il ne couvre pas le patrimoine de ces personnes.
Ce n'est d'ailleurs pas son but. Des personnes, à cause de leur
état mental, dispersent leurs biens au point de mettre leur patrimoine
et celui d'autrui en danger, en plus de pouvoir être à la merci de
gens sans scrupules. Le rôle du curateur public est de sauvegarder les
patrimoines, entre autres personnes, de malades mentaux.
Le curateur public doit pouvoir intervenir à certaines conditions
spécifiques dans des cas où il peut être clairement
établi qu'une personne, à cause de troubles mentaux, peut mettre
en danger son patrimoine ou celui d'autrui. Le curateur public n'est pas un
psychiatre et c'est pourquoi il faut lui fournir un certificat médical
recommandant un examen clinique psychiatrique. A ce moment seulement
pourra-t-il intervenir au moyen d'une requête adressée à un
juge. Jamais il ne pourra intervenir de sa propre autorité.
En fait, il ne fera que véhiculer une procédure afin de
sauvegarder un patrimoine, la décision n'appartenant qu'au juge.
Cette procédure rejoint celle prévue dans la Loi de la
protection du malade mental, chapitre 44 des Lois du Québec 1972. Le
curateur public ou son représentant aura l'obligation d'effectuer sa
propre enquête afin de pouvoir affirmer, sous serment, les faits dont il
a connaissance.
L'administrateur provisoire de la succession. Beaucoup de
créanciers sont lésés dans leurs droits parce que les
héritiers connus d'une succession refusent ou négligent
d'accepter ou de renoncer à la succession. Puisque ces personnes sont
connues, la succession ne peut être réfutée vacante et les
juges ne peuvent la déclarer vacante à cause de la
présence d'héritiers connus qui ne bougent pas. Personne n'a les
pouvoirs d'administrer dans ces cas. Il s'agit donc de corriger une situation
qui cause de graves préjudices aux créanciers.
Tuteurs ou curateurs d'office. Notre expérience dans la
vérification des administrations des curateurs privés et des
tuteurs démontre que lorsque nous provoquons la destitution pour cause
d'un curateur privé ou d'un tuteur, les parents négligent ou
refusent de faire nommer un nouveau curateur privé ou tuteur.
Cette attitude place le curateur public dans l'impossibilité
d'agir au domaine de la vérification des administrations des curateurs
privés et des tuteurs puisque, s'il fait destituer par un juge de la
cour Supérieure un curateur privé ou un tuteur, il sait que les
biens concernés ne sont pas protégés car personne ne veut
prendre la relève.
On en conclut que le pupille est pris dans un dilemme, soit que son
curateur privé ou tuteur n'est pas à la hauteur de la situation
ou, s'il est destitué, personne ne prend la relève. Conclusion,
ses biens sont en péril.
M. le Président, le gouvernement a présenté ce
projet de loi à cette Assemblée afin d'apporter les solutions les
plus conformes aux besoins de la population dans ce domaine vital.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Le député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, comme il n'y a pas de
principe à discuter d'une façon spéciale dans ce projet de
loi, peut-être qu'il y aurait lieu de passer à l'étude
article par article.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Cette motion de
deuxième lecture est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
M. BIENVENUE: Commission plénière, M. le Président,
si j'ai l'assurance que ça ira vite, vite, vite.
M. BEDARD (Chicoutimi): Voici, c'est que...
M. BIENVENUE: J'ai mis un si à ma question.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, concernant cette loi, au
niveau de l'Opposition, normalement c'était le chef de l'Opposition qui
devait en assumer l'étude et la discussion. Il est présentement
à une commission parlementaire.
M. BIENVENUE: Si je comprends bien, le député de
Chicoutimi aimerait mieux qu'il n'y ait pas immédiatement de commission
plénière.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non.
M. BIENVENUE: D'accord, à cause du si, M. le Président, je
fais motion pour que l'étude de ce projet de loi soit
déférée, après la deuxième lecture qui vient
d'être adoptée, à la commission parlementaire du revenu,
des finances, et des comptes publics.
Projet de loi déféré à la
commission
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin): Alors, je pense que le
journal a compris. Cette motion de déférer l'étude de ce
projet de loi à la commission parlementaire du revenu des finances et
des comptes publics est-elle adoptée?
Adopté.
M. BIENVENUE: Article 8, M. le Président.
Projet de loi no 19 Deuxième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Séguin):
Article 8, projet de loi no 19, Loi des agents de voyage.
Le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Claude Simard
M. SIMARD: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande l'étude
à cette Chambre.
M. le Président, concernant le projet de loi no 19, je soumets
les explications suivantes aux membres de cette Assemblée: Dès
l'origine, il y a maintenant près de huit ans, le Québec s'est
imposé comme leader en Amérique du Nord en ce qui a trait
à une législation visant à réglementer la
profession d'agents de voyage.
Avec la collaboration du ministère de la Justice et celle du
ministère des Institutions financières, il nous a
été possible, dès le printemps dernier, de
présenter la première législation en Amérique du
Nord en cette matière. Le gouvernement ontarien s'est tout de suite
intéressé à notre projet et s'apprêterait à
nous imiter.
En vous proposant une loi visant à assainir la pratique
commerciale des agents de voyages, nous nous préoccupons d'abord de la
protection des touristes et des consommateurs chez nous. Nous espérons
bien que cette loi rendra impossibles les aventures du type de celles qu'ont
vécues certains de nos citoyens par le passé, en se retrouvant
seuls, sur une rive inconnue, sans aucun moyen de transport à leur
disposition, et ce après avoir défrayé le coût d'un
voyage organisé.
En tant que ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
notre préoccupation doit s'étendre à nos visiteurs. Nous
entendons, par cette loi, protéger les gens qui, de plus en plus, nous
visiteront grâce à l'action des grossistes en voyages. La loi que
nous proposons est fort simple, M. le Président. Afin de faciliter la
compréhension du texte qui nous est présenté, nous
élaborerons d'abord l'étendue des fonctions de l'agent de
voyages. Par la suite, nous examinerons attentivement les moyens de
contrôle que cette loi met à notre disposition. Aussi, nous
conclurons avec le processus décisionnel et les sanctions qui sont
prévues pour assurer la politique gouvernementale en la
matière.
Maintenant, à qui cette loi s'appliquera-t-elle? Comme vous le
savez, l'industrie touristique est dans une forte proportion constituée
d'hébergement et de transport. L'agent de voyages joue un rôle
extrêmement important dans ce secteur d'activités. Le
législateur a donc prévu que quiconque réserve ou
émet des titres d'hébergement ou de transport accomplit une
tâche qui est du ressort de l'agent de voyages. Il est entendu que
l'hôtelier ou le transporteur qui réserve ou émet un titre
pour un service dont il est le fournisseur n'agit pas comme
intermédiai-
re et n'est aucunement régi par la Loi des agents de voyages. Sa
portée, M. le Président, s'étendra à toutes les
personnes physiques et morales qui organisent des voyages individuels ou en
groupe, quel que soit le mode de paiement prévu. Ainsi, qu'il me soit
permis de souligner que les grossistes en voyages, mieux connus peut-être
sous le nom de "tour operators", sont visés par cette loi. Ils le sont,
d'ailleurs, au même titre que les agents de voyages que vous connaissez
et qui, eux, font affaires directement avec le consommateur.
Après avoir précisé l'étendue de la loi,
nous allons tenter de mettre en relief les principaux modes de contrôle
que nous voulons proposer à votre bonne attention. Le permis que nous
prévoyons émettre aux agents de voyages constitue sans aucun
doute la pièce maîtresse de cette loi, puisqu'en plus d'assurer le
contrôle gouvernemental sur l'entreprise il reste le seul témoin
apparent de la caution gouvernementale. Les conditions d'obtention de ce
permis, nous les voulons relativement sévères et, afin de
garantir notre caution, nous avons voulu que le permis soit attaché
à une personne physique. Dans ce contexte, l'expérience et les
antécédents, de même que la solvabilité du
requérant devront être sérieusement examinés. Je
crois que les articles 8, 9 et 10 sont suffisamment explicites sur le
sujet.
Il est à noter qu'un seul permis pourra être émis
à l'avantage d'une personne physique, ce qui n'empêche pas, par
ailleurs, que l'agent de voyages cautionné pourra assumer la
responsabilité d'un ou plusieurs conseillers en voyages qui, cependant,
devraient pouvoir s'identifier comme tels ou travailler à la même
place d'affaires que le détenteur de permis. Les procédures
nécessaires à l'obtention de permis seront cependant assez
souples, quoiqu'il reste à préciser au niveau de la
réglementation les différents tarifs et droits que le
ministère exigera pour étudier la formule de demande.
Afin d'assurer la bonne administration des sommes d'argent
transigées par l'agent de voyage, on a prévu la constitution d'un
compte en fidéicomrnis dans lequel devront être
déposées les acomptes perçus. Ceci est indiqué, M.
le Président, à l'article 32 et à l'article 36. Je dois
vous avouer que cette partie de la loi est celle qui préoccupe le plus
les agents de voyage, compte tenu des pratiques actuelles de leur
profession.
Nous avons fait le choix de porter quand même ces articles
à votre attention et de soumettre le tout à votre
décision, compte tenu du fait que nous croyons que les agents de voyages
en mesure de travailler, sont en mesure de le faire même avec ces
contraintes. Tout au plus croyons-nous que les fonds de roulement devront
être un peu plus importants, ce qui ne va pas sans contribuer à la
solvabilité du détenteur de permis.
Nous avons d'autre part prévu que le demandeur d'un permis devra
fournir un cautionne- ment nous garantissant la sécurité
financière de ses activités. Le montant du cautionnement ne peut,
à ce stade-ci, être suffisamment précis pour que nous
puissions statuer sur la question. Je me contenterai, M. le Président,
de vous préciser que le Bureau des assureurs du Canada estime pouvoir
préparer une police de garantie qui nécessiterait une prime
équivalant à quelque 1 p.c. ou 2 p.c. du montant du cautionnement
exigé par le gouvernement.
Afin d'assurer l'exécution des pouvoirs qui sont confiés
au ministre, il est prévu que la commission de la Fonction publique
mettra à la disposition du ministre le personnel et les inspecteurs qui
lui permettront de contrôler les livres, registres et comptes. Le
ministre pourra par ailleurs annuler, suspendre ou ne pas renouveler le permis
dans tous les cas où une infraction à la loi ou aux
règlements a été commise, ou quand un détenteur de
permis ne remplira plus les conditions requises pour l'obtention d'un
permis.
Comme la décision du ministre, quelque judicieuse qu'elle puisse
être, est susceptible de causer préjudice à la personne
visée, nous avons prévu un processus d'appel ainsi que la
nomination d'un fiduciaire responsable du compte en fidéicommis durant
la période de la contestation. C'est ainsi qu'avant de prononcer sa
décision, le ministre pourra entendre le point de vue de l'agent mis en
cause et qu'il devra par la suite confirmer sa décision par
écrit, conformément à l'article 13 et, suite à la
décision du ministre, l'agent devra confier l'administration de ses
affaires à un fiduciaire nommé par le ministre et
rétribué par l'agent de voyage ou à même son
cautionnement.
L'appel de la décision du ministre devra être entendu par
trois juges de la cour Provinciale nommés par le juge en chef de cette
même cour, après la signification de la requête à
l'autre partie, selon l'article 22. L'appel sera entendu seulement si les
motifs de fait et de droit invoqués au soutien de la décision
sont manifestement erronés, si la procédure suivie est
entachée de quelque irrégularité grave et enfin si la
décision n'a pas été rendue avec impartialité.
Par la suite, la contestation se déroulera selon les
règles communes aux différentes instances judiciaires et
précisées aux articles 18 à 30 du texte de loi. Il est
entendu que les juges peuvent confirmer ou infirmer la décision du
ministre et que leur décision est sans appel. Dans le but de faciliter
l'application du texte de loi, le législateur a d'autre part convenu de
nous accorder, par l'intermédiaire du procureur général,
certains privilèges de poursuite dont nous entendons confier la gestion
au service qui, en conformité des règlements à venir, sera
chargé d'administrer la loi.
Ces pouvoirs et les sanctions qu'ils entraîM. Claude Forget
nent sont prévus aux articles 31 et 40.
Après cet exposé, je crois pouvoir affirmer que le texte
présenté est le plus susceptible de
correspondre à nos objectifs de protection du consommateur et de
clarification des pouvoirs et devoirs qu'il est souhaitable d'imposer à
ce secteur de notre industrie touristique.
Je sollicite toutefois votre collaboration afin que ce projet de loi
puisse être soigneusement examiné et que la loi à venir
soit non seulement la première en ce domaine sur le continent mais
qu'elle soit et reste pour longtemps la meilleure à avoir jamais
été adoptée.
Je vous remercie, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. CHARRON: M. le Président, j'interviens dans ce débat
aux lieu et place du député de Saguenay, qui est retenu dans son
comté à cause des conditions atmosphériques. Je vais donc,
tout de suite, plaider clémence auprès du ministre et des autres
membres de l'Assemblée pour bien accepter les remarques que je vais
faire au nom de l'Opposition officielle.
Je crois que nous voulons tous que le tourisme devienne la
première industrie au Québec en matière de revenu. A ce
chapitre, les agences de voyages ont certainement un rôle à jouer
dans cette nouvelle poussée du tourisme. Comme tout produit de
consommation, le voyage est soumis à la loi de l'offre et de la demande
et, comme toute compagnie, l'agence de voyages peut satisfaire une demande ou
créer des besoins qui ne sont pas toujours compatibles avec les
exigences d'une société québécoise en
développement. Comme, par exemple, il n'est pas indifférent qu'au
Québec les agences orientent leurs clients vers un endroit plutôt
qu'un autre, parfois au détriment même du Québec.
Chacun sait que tous ces voyages ont un impact culturel et qu'en ce sens
les agences de voyages contribuent ou ne contribuent pas à faire que
l'on aime ou que l'on connaisse mieux le pays qu'on habite. En ce sens, les
agences de voyages commandent directement les tendances touristiques, en
provoquent l'expansion ou la récession. Une région touristique
peut être lancée comme elle peut être abandonnée de
façon concertée par des agences de voyages lorsqu'elles veulent
ou ne veulent pas faire l'effort suffisant. Donc, c'est dans cette optique que
nous allons étudier ce projet de loi puisqu'il nous semble qu'une Loi
des agents de voyages doit viser à protéger le marché
québécois des voyages et à promouvoir le tourisme
québécois.
Il faut éviter ainsi qu'une forte proportion de nos agences de
voyages ne soient que les succursales de maisons mères dont les
préoccupations sont très loin de l'essor touristique
québécois. L'affiliation à l'International Air Transport
Association ou à l'autre, mieux connue, l'American Society of Travel
Agents, l'affiliation, dis-je, de la plupart des agences
québécoises constitue, jusqu'à présent, une
mainmise ou un danger de mainmise des Américains sur les agences de
voyages québécoises, orientant leurs voyages, leur nature,
décidant du quota des billets, des tarifs. En ce sens, cette situation
est néfaste, d'abord pour le consommateur mais aussi pour les agences
elles-mêmes qui sont tributaires des décisions
étrangères.
Le principe d'une loi des agents de voyages se justifie d'abord par la
protection du public, qui s'est trop souvent vu berner, étant victime
des fraudes d'agences de voyages douteuses qui profitaient de sa
crédulité et qui faisaient, à l'occasion, miroiter
quatorze, quinze ou seize soleils à la fois. On se souvient, entre
autres un seul exemple des vacances de Noël de l'année
dernière alors qu'une trentaine de familles se sont retrouvées en
Martinique, sans réservations, alors que celles-ci avaient pourtant
été payées et confirmées. Ces mêmes familles
avaient dû prendre un autobus jusqu'à Burlington pour finalement
avoir un vol qui les ont amenées en Martinique à bord d'un avion
n'appartenant ni à Air France, ni à Air Canada, comme il avait
pourtant été convenu et comme elles avaient payé.
Cette subordination des agences de voyages aux Américains a une
implication directe sur les consommateurs québécois, qui se
voient obligés de voyager selon les meilleures conditions offertes,
c'est-à-dire vers des destinations décidées souvent par
d'autres.
Les agences de voyages ayant obtenu un permis de la corporation
chargée d'appliquer la loi, selon l'article 36 de cette loi, seront-ils
automatiquement acceptés à l'International Air Transport
Association ou à l'ASTA? Sinon, seront-elles protégées
contre la dictature de ces organismes américains, dans certains milieux?
On sait, M. le Président, que les agences de voyages qui ne sont pas
leurs affiliées ont peine à survivre au Québec,
actuellement. Le projet de loi ne prévoit rien à ce sujet.
Pourtant, il aurait dû être plus clair. Une Loi des agents de
voyages devrait aussi protéger les agences elles-mêmes. Or,
d'après les consultations que l'Opposition a effectuées
auprès de quelques agences du Québec, l'enthousiasme, à
l'endroit du projet de loi no 19 que nous sommes à discuter, est
mitigé. L'article 36 h), si vous me permettez de le nommer, suscite de
vives réactions. Car que contient-il? Au fond, le ministre acceptera
peut-être avec moi de dire que c'est une des dispositions les plus
importantes du projet de loi. Il dit, M. le Président que "le
lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements ce dont
tout le monde conviendra pour confier à une corporation
formée d'agents de voyages le mandat d'appliquer, en tout ou en partie,
aux conditions qu'il détermine, la présente loi et les
règlements adoptés en vertu du présent article." Nous
n'avons pas été appelés souvent à voter des lois
dont l'essentiel de l'application, en quelque sorte, relèvera d'une
corporation étrangère au gouvernement qui présente la loi
en question.
M. le Président, je crois qu'il sera de notre devoir, lorsque
nous étudierons le projet de loi en commission, de nous opposer
catégoriquement à cette délégation de pouvoirs
réglementaires et d'exiger que l'émission des permis soit
effectuée par l'administration publique québécoise.
L'étude des requêtes pourrait, par exemple, être
confiée à un tribunal créé pour la circonstance,
neutre, pouvant être assisté à l'occasion, par exemple, de
deux assesseurs pouvant faire partie du monde des agences de voyages. Par cette
disposition de la loi, les agents de voyages deviennent de véritables
professionnels appelés à être régis par une
corporation. Cette délégation de pouvoirs à une
corporation permettra, en fait, de parvenir à un arbitrage des conflits
internes, sans que personne ne soit garant de l'intérêt public,
comme le veut l'esprit de la loi.
M. le Président, on peut faire une analogie entre cette
corporation d'agents de voyages et les nombreuses corporations professionnelles
qui vivent au Québec. Pourquoi ne pas puiser à une source
reconnue, le rapport Castonguay-Nepveu qui, se penchant, lui, à ce
moment de son étude, sur la problématique des organismes
professionnels au Québec, avait déclaré ce qui suit: "Les
besoins de la profession et de la société ne sont pas
nécessairement identiques; il ajoutait le rôle de
représentant d'un groupe est parfois incompatible avec celui d'agent de
la collectivité". Un peu plus loin, il ajoutait: "Les corporations se
voient conférer le pouvoir de contrôler l'admission à
l'étude et à l'exercice de la profession qu'elles
régissent. La possibilité existe que cet organisme se serve de
ses pouvoirs à mauvais escient et en vienne à créer une
rareté artificielle de ses membres, de façon à les faire
bénéficier de conditions de travail plus avantageuses."
M. le Président, puis-je, dans un domaine qui m'est plus
familier, vous donner un exemple à l'appui de cette thèse? La
mainmise, le contrôle qu'ont, par exemple, les corporations
professionnelles d'ordre médical ou paramédical sur l'admission
dans les facultés, payées par tous les contribuables
québécois, dans les universités québécoises,
facultés de médecine ou de disciplines médicales ou
paramédicales est un fait connu de tous. Pourtant, il se trouvera plus
d'un député dans cette Assemblée, et à commencer
par le ministre des Affaires sociales, probablement, pour dire que le
Québec manque de médecins. Si nous soulevons cette question,
c'est que si nous acceptions d'emblée le projet de loi no 19, tel qu'il
est présenté, nous en viendrions à créer, dans le
domaine des agences de voyages, une véritable corporation
professionnelle des agences de voyages qui, je cite à nouveau le rapport
Castonguay-Nepveu: "pourrait, à l'occasion, ce n'est pas un vote
de blâme sans distinction que je porte mais je signale qu'elle
pourrait, à l'occasion, travailler comme le dit la citation que
je vous disais tout à l'heure à mauvais escient, et
plutôt dans l'intérêt de ses protégés que du
public.
Je pense que c'est la critique la plus aiguë que nous ayons
à formuler sur ce projet de loi. Confier l'émission des permis
d'exploitation, puisque ce sera son rôle, à une corporation
formée d'agents de voyages reviendrait, à notre avis, à
créer une course au monopole dans ce domaine. La corporation des agents
de voyages tentera de se garder la plus grande part du marché par le
biais d'une administration de la loi et de ses règlements qui peuvent
toujours prêter à interprétation.
On sait, par exemple, que les petites entreprises, qui essaient soit de
naître ou de survivre, ont la vie dure actuellement. On demande, par
exemple, des lettres de recommandation de trois concurrents pour
l'accréditation de nouvelles agences. C'est un secret de polichinelle
que souvent ces concurrents se font tirer l'oreille, parce que c'est
l'entrée d'un rival ou, si vous voulez, d'un concurrent sur le
marché. En particulier dans les petites villes du Québec ou dans
les villes à population moins nombreuse que les grands centres reconnus
du Québec, il existe en certains endroits de véritables monopoles
quant aux agences de voyages. L'obligation déjà incluse dans la
loi d'avoir l'appui de trois concurrents est déjà un handicap
sérieux pour des gens qui voudraient se lancer dans ce genre
d'entreprise qui est une façon de participer à une industrie
première du Québec.
Raison de plus, si nous ajoutons, comme condition à
l'émission d'un certificat, cette obligation d'obtenir
l'accréditation d'une corporation formée, si nous entendons bien
l'article 36 h) du projet de loi, uniquement d'agents de voyages sans
participation gouvernementale qui serait, à cette occasion, un peu
l'équivalent d'une neutralité bienveillante, en tout cas,
à l'égard de gens voulant participer à l'industrie
touristique québécoise.
Je sais que dans sa réplique le ministre pourra peut-être
m'expliquer que cette corporation, qu'il crée et qu'il tient à
créer de cette façon, va précisément dans le sens
des premières remarques que je formulais tout à l'heure, la
protection du public. Il est bien possible, me dira-t-il, que le fait de
restreindre encore plus l'éclosion de nouvelles agences de voyages fera
qu'effectivement celles qui réussiront à survivre à ces
conditions, seront celles dont les reins financiers seront assez solides pour
qu'on puisse croire que tous les consommateurs québécois qui s'y
rendront y mettront leur argent ou leur feront confiance pour l'organisation de
leurs vacances pourront en toute sécurité se fier à ces
entreprises.
Je crois qu'il y a possibilité, d'une manière autre que
celle prévue dans le projet de loi 19, de faire face à ces deux
objectifs: protéger le public, bien sûr, comme je le disais, ne
pas laisser exister des agences de broche à foin à travers le
Québec et, en même temps, ne pas laisser cela à une
corporation où c'est un secret évident aussi les
plus grosses, les plus puissantes, celles qui contrôlent
déjà une bonne partie du marché seraient manifestement
les
plus représentées et ainsi en viendraient
elles-mêmes à contrôler la naissance de
sociétés, disons, différentes ou rivales, à
l'occasion.
Je crois que, dans son libellé actuel, le projet de loi favorise
encore les compagnies les plus grosses, les plus puissantes aux dépens
des petites. C'est pourquoi je demande que l'application de la loi et des
règlements soit plutôt confiée à une tierce partie
indépendante et, en ce cas, la réserve de l'administration
publique nous paraît comme étant la plus importante.
J'aimerais terminer cette intervention par quelques questions
peut-être, auxquelles pourra me répondre le ministre dans sa
réplique. La corporation dont on parle à l'article 36 du projet
de loi, si vous me permettez de faire référence à un
article de la loi, M. le Président, en deuxième lecture, cette
corporation qui est, en fin de compte, un des principes du projet de loi,
est-ce qu'elle n'est pas déjà déterminée, soit par
les forces du marché actuel dans le Québec ou par la puissance
qu'ont certains groupes d'agences de voyage?
Est-ce qu'effectivement on peut exister comme agence de voyages
je ne dis pas vivoter ou fructifier, prendre de plus en plus de place,
aujourd'hui, sans être membre, par exemple, de la Quebec Association of
Travel Agents ou, si vous voulez, l'Association québécoise des
agents de voyages. Est-ce que, de fait, cette association ne remplit pas
déjà une bonne partie des tâches que le ministre voudrait
voir confiées à la corporation qui naîtra de l'adoption du
projet de loi no 19?
Si oui, M. le Président, il est évident que les agences
faisant partie de cette association seront favorisées et, en ce sens, on
peut dire que cela sent la chasse gardée.
M. le Président, le projet de loi no 19 assure les consommateurs
de la solvabilité des agences de voyage à qui ils auront affaire.
Mais est-ce qu'on n'est pas en train de négliger une politique de
développement du tourisme québécois qui nous serait
offerte dans ce projet de loi? Est-ce que le gouvernement a pensé
à créer une agence gouvernementale de voyages, comme cela existe
dans plusieurs pays européens qui ont le souci et qui se font le devoir
de promouvoir, de stimuler l'industrie touristique interne, extrêmement
favorable à l'économie?
M. le Président, la firme Sotar, en 1967, faisait
déjà une recommandation dans laquelle elle réclamait
l'arrivée d'une loi qui non seulement réglementerait
l'activité des agences de voyages mais qui, dans un deuxième
volet, créerait une agence de voyages gouvernementale. Le ministre
répond partiellement au premier volet en présentant le projet de
loi no 19, mais la deuxième dimension est complètement absente du
projet de loi.
Or, M. le Président, l'Opposition aura l'occasion de soutenir, en
commission plénière, que la conjoncture économique est
peut-être actuellement favorable à la création d'un tel
type d'organisme. L'inflation, le prix du pétrole, la hausse des prix
des billets d'avion, par exemple, pour la période des Fêtes,
favorisent, à notre avis, ou en tout cas constituent un ensemble de
conditions devant favoriser le développement d'un tourisme de plus en
plus québécois, régional, à très court
terme.
Le gouvernement du Québec a-t-il l'intention de rendre ces
voyages accessibles à la population dans un avenir rapproché?
A-t-il l'intention de favoriser l'implantation d'une information plus
étoffée sur le Québec et ses diverses régions?
A-t-il l'intention de favoriser ce nouveau type de tourisme vers lequel il
faudra se tourner à très brève échéance?
Les statistiques, M. le Président, dont dispose certainement le
ministre autant que moi, signalent que les voyages internationaux ont
diminué de 7 p.c. Or, si l'article que je vous ai mentionné tout
à l'heure constitue la principale réserve que nous ayons quant
à ce projet de loi et constituera donc l'objet des principales remarques
que nous aurons à faire en commission parlementaire, il reste
qu'à d'autres endroits du projet de loi, le député de
Saguenay, qui sera de retour pour s'occuper de ses oignons, M. le
Président ce que je fais à pied levé, ce soir,
à sa place aura l'occasion de participer encore à
l'amélioration du projet de loi, comme il essaiera de le faire, parce
que nous considérons que cette loi constitue un bon pas dans le
développement de l'industrie touristique québécoise.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, mon intervention ne sera
pas très longue, mais je crois que mes premières paroles seront
pour féliciter très sincèrement le ministre de ce projet
de loi.
Il y a manifestement, dans cette loi, deux buts bien particuliers. Je
pense premièrement, M. le Président, que cette loi veut
épurer le secteur des agents de voyages, qui a été
durement éprouvé depuis environ deux ans par des manoeuvres
frauduleuses ou des faillites spectaculaires en conférant à
certains agents de voyages un caractère professionnel comparable
à celui des courtiers en assurances ou en immeubles.
Je crois que ce premier but est véritablement bien servi par ce
qui est contenu dans les premiers articles de la loi.
Deuxièmement, je pense aussi que ce projet de loi veut, en tout
cas il le manifeste assez clairement, protéger le consommateur qui, par
naïvete ou par imprudence, a été trop souvent dans le
passé la victime innocente de gens irresponsables qui
n'hésitaient pas à laisser leurs clients abandonnés
à des milles et des milles de chez eux.
Certes, le projet de loi no 19 apporte de l'ordre à un domaine de
la vie économique qui a été longtemps soumis au
laisser-faire et au laisser-agir d'un trop grand nombre de gens
irresponsables.
Il est grand temps, par exemple, que des agents de voyages soient tenus
d'avoir, ce que dit la loi, un permis de l'Etat pour exercer, soit dit en
passant, une profession et soient ainsi soumis à une surveillance
beaucoup plus sérieuse en vue de protéger le public en
général.
En effet, je ne peux qu'être d'accord sur une loi qui oblige les
agents de voyages à déposer dans un compte en fiducie les fonds
qu'ils perçoivent pour le compte d'autrui. En vertu de l'article 33, un
agent de voyages doit déposer dans un compte en fiducie les fonds qu'il
perçoit pour le compte d'autrui et se conformer aux conditions
prescrites par règlement pour le dépôt et le retrait de ces
fonds.
Là où j'ai des réserves importantes c'est, comme
dans toutes les lois présentées par le gouvernement, sur la
partie du projet de loi consacrée particulièrement au pouvoir de
réglementation par le lieutenant-gouverneur en conseil.
A titre d'exemple j'aimerais bien que le ministre me dise
préférablement ceci dans sa réplique, car il ne m'a pas
fourni des explications suffisantes; je serai obligé d'y revenir
sûrement en commission parlementaire. Quelles seront les conditions
relatives au dépôt et au retrait des fonds qu'un agent de voyages
doit déposer dans un compte en fiducie? Je crois que ce sera contenu
dans des règlements. Pour le moment nous l'ignorons complètement
et, pourtant, de ces conditions découle, je pense, en gros,
l'efficacité des mesures prises pour protéger très
sérieusement le consommateur. Le ministre a-t-il en main ces
règlements? Est-ce qu'il les a fait étudier au préalable?
Le cas échéant, est-ce qu'il a l'intention de les déposer
en commission plénière pour que nous puissions en prendre
connaissance ou, sinon, pourrait-il nous en donner les grandes lignes?
Voici un autre point d'inquiétude pour celui qui vous parle, et
ce point est soumis à un plan de réglementation dont
l'application semble inquiéter plusieurs personnes dans les milieux de
l'industrie du voyage. C'est le pouvoir qui est donné au
lieutenant-gouverneur en conseil, en vertu de l'article 36 mon
collègue de Saint-Jacques vient d'en parler, et je pense que le
paragraphe h) est assez clair pour sonner l'alarme, selon plusieurs de
confier à une corporation formée d'agents de voyages le mandat
pas seulement la surveillance d'appliquer en tout ou en partie,
aux conditions qu'il détermine, la présente loi et les
règlements adoptés en vertu du présent article.
C'est là qu'est, je pense, le tournant de toute la loi du
ministre. Oh ! il y a d'autres modalités qui feront peut-être le
sujet d'autres discussions un peu plus tard mais je crois que la presse en
général a apporté une citation qui devrait à mon
sens faire réflichir un peu le ministre.
C'est dans la Presse du 20 juillet 1974, M. le Président, et je
voudrais vous en citer un extrait, par exemple: "Le projet de loi
prévoit qu'on peut confier à une corporation formée
d'agents de voyages le mandat d'appliquer, en tout ou en partie, aux conditions
qu'il détermine, la présente loi et les règlements
adoptés en vertu du présent article. Or, il existe une nouvelle
association des agents de voyages du Québec groupant plus de la
moitié des agences de voyages sérieuses au Québec,
c'est-à-dire les 182 agences accréditées par l'IATA.
Je pense, M. le Président, que cette citation mérite que
l'on retienne cet allégué. Il continue cependant: "II faut noter
que, depuis sa création, c'est-à-dire il y a déjà
plusieurs mois, cette association semble éprouver certaines
difficultés à recruter ses membres dans le secteur
français de l'industrie du voyage et qu'elle est mieux connue sous le
nom de Quebec Association of Travel Agents. Néanmoins, il semble que les
fondateurs de Quebec Association of Travel Agents n'hésiteraient pas
à faire le nécessaire pour utiliser plus fréquemment son
appellation française, Association des agents de voyage du
Québec. Il y a tout lieu de prévoir que l'Association des agents
de voyage du Québec groupera à peu près tous les agents de
voyage du Québec dans un avenir prochain. D'ailleurs, les
inquiétudes des personnes les plus réticentes à l'adoption
intégrale de ce projet de loi viennent surtout du fait que la loi no 19
pourrait accorder une trop grande influence à cette association. Ainsi
on se demande, par exemple, si un citoyen québécois ordinaire
pourrait obtenir un permis d'agent de voyage sans être
nécessairement membre de l'Association des agents de voyage du
Québec. On s'interroge aussi sur les chances que pourrait avoir un
employé d'agence de voyage d'obtenir ses lettres de noblesse pour lancer
sa propre agence si son juge est son ancien employeur".
M. le Président, lorsque j'ai parcouru ce projet de loi, cet
article 36, paragraphe h) contient beaucoup d'inquiétudes de la part de
tous ceux qui ont écrit dans les différents journaux de la
province. Est-ce que le ministre est conscient je le crois, M. le
Président de ce pouvoir étendu de donner, en vertu de
certains règlements que nous ne connaissons pas, que nous
connaîtrons seulement lorsqu'ils auront été
édictés et auront paru dans la Gazette officielle, de donner
à une corporation formée d'agents de voyage le mandat de les
appliquer. Si nous allons voir un peu plus loin dans cette loi, vous verrez que
les amendes sont très légères. Aux articles 39 et 40, le
ministre se rendra compte que celui qui a lésé les droits de la
province mériterait un châtiment beaucoup plus
sévère. Je comprends sa générosité et son
tempérament qui n'est pas très malin mais je crois que... C'est
comme, par exemple, aussi M. le Président, ceux qui auront à
établir leurs lettres de noblesse, qui auront eu une accusation
criminelle ou qui auront été traduits devant certaines cours de
justice. Dans cette
profession, cela devrait être très sévère et
exclu complètement de l'admissibilité de ces gens-là.
Maintenant, je me demande aussi comment on va se conformer à
cette loi qui dit, à l'article 2 : Doit se conformer à la
présente dans les trois mois qui suivent la date de l'entrée en
vigueur de cette loi. Je ne sais pas si le ministre croit que c'est suffisant
comme délai, mais quelques personnes nous ont fait la
représentation que le délai était très court.
Peut-être qu'en commission plénière, cela pourra être
de nouveau discuté.
A toutes fins pratiques, je ne serai certainement pas contre le projet
de loi qui, d'une manière générale, améliore
énormément la situation dans la province et apporte une loi qui,
sûrement, va accorder et aux agents de voyages personnellement et aux
consommateurs qui auront à se prémunir contre les abus une
meilleure protection.
LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre désirerait exercer son droit
de réplique, qui mettra fin au débat de deuxième
lecture?
M. Claude Simard
M. SIMARD: Très brièvement, je dois vous dire que les
oignons, pour employer le terme du député de Saint-Jacques, ont
été très bien cultivés, même si le
député de Saguenay n'est pas présent en cette Chambre.
Maintenant, les questions qui se posent sont toujours dirigées vers
l'article 36 h). Le député de Johnson semble avoir certaines
oppositions encore à cet article. D'un autre côté, je suis
très heureux de réaliser une chose, c'est qu'en principe je crois
que les partis d'Opposition sont d'accord pour reconnaître qu'une fois
pour toutes il est temps pour le gouvernement du Québec de
légiférer sur les agents de voyages, grossistes et, enfin, sur
tout le secteur qui est très important à l'intérieur de
l'industrie touristique du Québec.
Comme vous le savez, cette industrie est peut-être la
première au moment où on se parle. C'est bien sûr, M. le
Président, que le projet de loi en deuxième lecture n'est pas
parfait. Je vois tout de suite les gens de l'Opposition trouver peut-être
excusez l'anglicisme certains "loop-holes", mais je crois qu'en
commission parlementaire ou lorsque nous discuterons article par article il y
aura moyen de s'expliquer et de voir si on doit laisser l'article 36 h)
là. Comme le député de Saint-Jacques en a laissé
planer le doute, je dois vous dire qu'il n'y a pas eu d'intervention de
l'Association des agents de voyages du Québec à savoir si
c'étaient eux, oui ou non, qui étaient pour diriger ou, enfin,
être responsables de cette loi.
J'aimerais corriger ça immédiatement. A part ça, je
ne vois pas d'autres notes qui touchent directement le principe du bill 19. Je
vais me contenter, tout simplement, d'être très satisfait de la
position de l'Opposition et nous allons attendre le temps où nous
étudierons le projet de loi article par article. Je vous remercie.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que le ministre me permettrait juste une
question avant qu'il reprenne son siège? J'ai fait porter un peu ma
critique sur la réglementation qui doit régir cette loi, parce
qu'à un article du bill il est dit que le ministre...
M. VEILLEUX: Question de règlement. Je sais que et le ministre du
Tourisme et le député de Saint-Jacques et le député
de Johnson ont soulevé des points particuliers du projet de loi en
parlant de l'article 36 h). Est-ce qu'il est permis, M. le Président, en
deuxième lecture, de faire mention d'articles bien précis dans un
projet de loi ou si on ne doit discuter que du principe du projet de loi,
à savoir si on était en faveur ou contre la protection des
citoyens du Québec en acceptant la Loi des agents de voyages? C'est une
directive que je vous demande.
M. BACON: M. le Président, pourriez-vous me dire si le
député de Saint-Jean a la robe nuptiale?
LE PRESIDENT: La robe nuptiale?
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je l'ai
réveillé, je m'excuse, parce qu'il est dix heures.
M. BACON: Est-ce que le député de Johnson me permettrait
d'attendre au moins la directive du président, à savoir s'il
investit le député de Saint-Jean de la robe nuptiale?
LE PRESIDENT: Est-ce que vous préféreriez qu'il porte un
noeud papillon?
M. BACON: II y a de la jurisprudence, M. le Président, à
ce sujet-là.
LE PRESIDENT: Oui, d'un autre Parlement. M. BACON: C'est de la
jurisprudence.
LE PRESIDENT: Revenant à la question du député de
Saint-Jean, je crois que sa demande est à propos. Il y a eu une certaine
latitude de la part du ministre, du député de Saint-Jacques et du
député de Johnson. Par contre, j'ai pensé plusieurs fois
à me lever pour intervenir soit lorsque le député de
Saint-Jacques parlait ou le député de Johnson; je n'étais
pas là quand le ministre parlait.
C'est vrai que le respect de notre règlement demande qu'on ne
parle que du principe en deuxième lecture. Si on va au fond de la
question de tous les détails du bill, surtout l'article 36, concernant
la réglementation, de quoi pourra-t-on parler en commission
parlementaire lorsqu'on étudiera le projet de loi
article par article si on épuise son droit de parole sur le
débat de deuxième lecture?
M. BELLEMARE (Johnson): Ma question, M. le Président,
était très simple. Le député s'est
réveillé tout à coup et il s'est aperçu qu'il
était en Chambre. Ce n'est pas ça du tout.
M. VEILLEUX: Question de privilège. LE PRESIDENT: Question de
privilège.
M. BELLEMARE (Johnson): L'honorable ministre...
M. VEILLEUX: Question de privilège. LE PRESIDENT: Question de
privilège.
M. BELLEMARE (Johnson): Je pense, M. le Président...
LE PRESIDENT: Un instant! Question de privilège.
M. BELLEMARE (Johnson): II devrait avoir une cravate, M. le
Président.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. VEILLEUX: Question de
privilège.
M. BELLEMARE (Johnson): II devrait avoir une cravate.
M. VEILLEUX: M. le Président, je ne sais pas si le
député de Johnson est jaloux de moi. Moi, j'ai la corpulence pour
porter un col roulé. Peut-être qu'il ne l'a pas. Le
député de Johnson vient de dire qu'il m'a réveillé.
Je tiens à dire au député de Johnson que je suis
présent ici depuis trois heures, cet après-midi. J'écoute
les débats et je peux vous dire, M. le Président, que je dors
beaucoup moins souvent que peut dormir le député de Johnson
depuis qu'il a été élu député.
UNE VOIX: II a dormi dans le temps de Duplessis.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Pauvre bidon! M. le Président, je disais
à l'honorable ministre... On parlait de choses sérieuses et les
enfants sont venus nous déranger un peu. Pour l'affaire du sommeil, je
l'invite à me suivre; il ne fera pas bien vieux avec la peau et les os.
Il ne fera pas bien vieux.
Je disais donc à l'honorable ministre que dans mon intervention
il était question surtout, dans un passage, de la réglementation.
S'il l'avait, ça nous aiderait énormément. Il pourrait
nous donner quelques détails pour nous explici- ter quelle sera la
réglementation. Je comprends que nous aurons l'avantage, M. le
Président...
M. SIMARD: M. le Président, lorsque nous étudierons,
article par article...
LE PRESIDENT: Je ne voudrais pas que vous détailliez. J'aimerais
mieux que vous réserviez votre réponse lorsque, en commission
plénière ou en commission parlementaire, nous arriverons à
l'article 36 qui prévoit la réglementation.
M. SIMARD: D'accord, M. le Président. Maintenant, si le
député de Johnson, de par ma réponse, était
prêt à ce que nous votions immédiatement le bill en
troisième lecture, je serais bien prêt à répondre
à ses questions.
LE PRESIDENT: En deuxième lecture.
M. SIMARD: Non, en troisième, immédiatement.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, une minute!
M. SIMARD: Je dois dire, très brièvement, que je serai
prêt lors de l'étude, article par article, à donner
certaines explications en ce qui a trait à la réglementation.
Maintenant, étant donné le sérieux de cette loi,
étant donné que c'est la première fois, en Amérique
du Nord, que nous avons une loi pour les agents de voyages, les grossistes de
voyages, bien sûr, il faut être très prudent et il faut
laisser un certain espace et assez d'oxygène à la
réglementation pour voir comment cette loi fonctionnera dans les
années à venir.
LE PRESIDENT: Est-ce que cette motion de deuxième lecture est
adoptée?
M. BELLEMARE (Johnson): Adopté.
M. CHARRON: Adopté. LE PRESIDENT: Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que ce projet de loi
soit maintenant déféré à la commission
parlementaire de l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la
pêche...
M. CHARRON: C'est cela. Aux affaires sociales, peut-être.
M. LEVESQUE: ... pour être étudié article par
article.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. CHARRON: Adopté. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BIENVENUE: M. le Président, plus tôt au cours de cette
soirée j'avais fait une motion, qui a été adoptée
unanimement par la Chambre, pour déférer le projet de loi no 56,
sur la curatelle publique, à la commission parlementaire, à la
commission élue...
M. PARENT: Des finances, des comptes publics et du revenu.
M. BIENVENUE: ... des finances, des comptes publics et du revenu. Avec
le consentement unanime de cette Chambre, M. le Président, je fais
motion pour que nous révoquions cela et que nous ramenions de cette
commission qui n'a pas encore siégé le projet de loi pour
l'entendre ici, en commission plénière.
LE PRESIDENT: Cette motion de révocation de l'ordre de
déférence du projet de loi à une commission élue
est-elle adoptée?
M. CHARRON: Adopté.
M. BELLEMARE (Johnson): Adopté.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a une nouvelle motion pour la formation de
la commission plénière?
M. BIENVENUE: Oui, M. le Président.
Commission plénière pour l'étude
du projet de loi no 56
LE PRESIDENT: Cette motion pour la formation de la commission
plénière est-elle adoptée?
M. CHARRON: Adopté.
M. BELLEMARE (Johnson): Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. L'honorable député de
Saint-Louis.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs! Article no 1.
M. PARENT (Hull): L'article no 1, M. le Président, est un effet
de concordance avec le projet de loi no 65; au lieu d'appeler cela un
hôpital, comme nous l'avions dans le chapitre 81, cela devient un centre
hospitalier.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article no 2.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le gouvernement pourrait nous dire ce
qui l'a motivé dans le fait d'exiger qu'à l'avenir, comme
vérificateur des livres du curateur public, ce soit un
vérificateur indépendant?
M. PARENT (Hull): M. le Président, j'ai bien souligné, au
cours du débat de deuxième lecture, les raisons. D'abord, le
vérificateur général des comptes du gouvernement ne peut
le faire. Selon son mandat, le vérificateur général du
Québec a comme fonction spécifique la vérification des
biens de l'Etat. Or la curatelle publique c'est le patrimoine d'individus. En
vertu de la loi actuelle, la vérification était effectuée
par le ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives...
M. BEDARD (Chicoutimi): Du gouvernement.
M. PARENT (Hull): ...qui était un inspecteur qui faisait la
vérification des compagnies de fidéicommis, de fiducie, ainsi de
suite. Comme il s'agit de biens appartenant à des individus, que nous
avons 20,000 dossiers qui constituent le patrimoine de 20,000 personnes qui
sont en cure ou qui sont sous traitements pour soins mentaux et que nous avons,
de plus, à exercer la vérification sur 40,000 dossiers de tuteurs
ou curateurs privés, à ce moment nous croyons qu'il n'y aurait
pas de conflit d'intérêts, comme il en existe présentement
avec le ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives. C'est la raison de demander que ce soit un
vérificateur privé qui fasse la vérification des livres de
la curatelle publique. C'est la raison de l'amendement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans le passé, lorsqu'il y avait un
conflit d'intérêts entre le patrimoine d'un individu en
particulier et le gouvernement, qu'est-ce qui le tranchait?
M. PARENT (Hull): Cela pouvait être...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'était l'inspecteur, c'était le
gouvernement lui-même?
M. PARENT (Hull): Cela pouvait être dans plusieurs sens. C'est la
raison pour laquelle nous voulons l'éclaircir et permettre qu'il y ait
une vérification des comptes. D'ailleurs on dit dans l'alinéa
suivant que les honoraires seront payés à même les
honoraires qui nous sont versés pour l'administration et la gestion des
patrimoines.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté? M. CHARRON: Oui, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 3.
M. BEDARD (Chicoutimi): Article 3, une seconde.
M. PARENT (Hull): L'article 3, c'est pour permettre à l'adjoint
d'un centre hospitalier de signer les attestations quant à
l'incapacité d'un malade mental, le certificat d'incapacité.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté? M. BEDARD (Chicoutimi): Oui. M.
CHARRON: Oui, M. le Président. LE PRESIDENT (M. Blank): Article 4.
M. BEDARD (Chicoutimi): Au nouvel article 7 a) vous indiquez: Le
curateur public peut, à la manière prévue par les articles
13 à 19 de la Loi de la protection du malade mental... Est-ce par voie
de requête judiciaire?
M. PARENT (Hull): Oui, toujours par voie de requête
judiciaire.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
M. PARENT (Hull): L'article 5, c'est la concordance avec le projet de
loi no 65. Pardon, excusez-moi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Adopté, l'article 4.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Article 5.
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 6.
M. CHARRON: A l'article 6, M. le Président, si je comprends bien
l'article 11 et si vous me permettez l'article 7 en même temps,
parce que c'est l'abrogation de deux articles cela concernait auparavant
les personnes condamnées à mort ou les personnes avec une
sentence de prison à vie. Que je sache, ces deux peines ne sont pas
complètement disparues. La condamnation à mort existe toujours
pour des cas maintenant beaucoup plus limités et l'emprisonnement
à vie existe encore de façon très répandue dans le
code.
Or, si vous abrogez ces articles, qu'arrivera-t-il donc de ces gens qui
étaient concernés par ces articles?
M. PARENT (Hull): La dégradation civique et la mort civile ont
été abolies par le code civil. C'est une concordance que l'on
fait avec le code civil.
M. CHARRON: Dépendamment du code civil, où je ne veux pas
me perdre, ces articles s'adressaient à des gens qui pouvaient
être condamnés à vie. Il se trouve toujours aujourd'hui,
même si c'est disparu du code, qu'il y a encore des gens qui sont
condamnés à la prison à vie et qui peuvent être sous
l'empire de la Loi de la curatelle publique.
M. PARENT (Hull): Ceux, qui sont dans les prisons, ont les pouvoirs
légaux pour agir seuls. Ils n'ont plus besoin du curateur en vertu de la
loi.
M. CHARRON: Tous?
M. BEDARD (Chicoutimi): Même les personnes...
M. PARENT (Hull): Ceux-là, ceux qui sont visés à
l'article 11.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... condamnées à mort?
M. PARENT (Hull): Ceux qui sont visés à l'article 11. Les
condamnés à mort et les condamnés à vie, ils ont
maintenant les pouvoirs légaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant leurs biens?
M. PARENT (Hull): Oui. Parce qu'étant donné qu'il y a eu
l'abolition de la mort civile. Ils ont tous les droits maintenant, ils ne sont
plus dépendants de la curatelle.
M. CHARRON: Ils ont été donnés comment, ces
droits.
M. PARENT (Hull): Maintenant que le code civil prévoit la
dégradation civique...
M. CHARRON: ... modifications-là. J'ai, à mes
côtés, un des plus brillants juristes du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
puis...
M. PARENT (Hull): On est à vérifier pour avoir la
date...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je m'interroge sur la date de l'amendement dont
le ministre parle.
M. PARENT (Hull): On est à vérifier la date exacte, mais
il y a environ deux ans que cela a été aboli.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez un code civil là, j'imagine
que...
M. PARENT (Hull): Oui. Mes fonctionnaires sont à le
vérifier. Mais il y a environ deux ans que cela a été
aboli.
M. BEDARD (Chicoutimi): On pourrait avoir disons le contenu de l'article
comme tel.
... de ce côté-ci mais il y en a plusieurs de l'autre
côté et je pense qu'on s'interroge de la même
manière. On cherche.
M. PARENT (Hull): M. le Président, c'est surprenant que le
député de Chicoutimi pose des questions quant à la date,
quand il sait que la mort civile a été abolie. S'il pratique le
moindrement le droit, il doit le savoir mieux que moi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pardon?
M. PARENT (Hull): Je me demande pourquoi le député de
Chicoutimi pose une question semblable. Etant avocat, il doit sûrement
savoir que la mort civile a été abolie.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela fait déjà au-delà de
cinq minutes que je vous la pose. Je remarque que vous êtes
entouré d'au moins six ou sept avocats et je n'ai pas encore la
réponse, non plus.
M. PARENT (Hull): Je viens de vous la donner là.
M. BIENVENUE: Avocat et brillant avocat, par surcroft. Le
député de Chicoutimi est un brillant avocat.
M. BEDARD (Chicoutimi): Puisque le ministre de l'Immigration semble si
brillant, il pourrait nous répondre!
Non, mais là, on n'en fait pas un débat.
M. CHARRON: M. le Président, l'important, ce n'est pas de savoir
la date et l'heure où cela a été adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non.
M. CHARRON: C'est de savoir si, effectivement, l'abrogation de la mort
civile dans le code civil rétablit les droits que vous avez
affirmés, qui se trouvent maintenant existants, de sorte qu'on puisse
abroger...
M. PARENT (Hull): Ces personnes ont même le droit d'ester en
justice. Ils ont tous les privilèges. Je ne suis pas avocat, mais on me
dit que l'article, c'est très court. On dit: La mort civile est
abolie.
M. CHARRON: Dans le code. Je ne suis pas avocat, mais je ne me ferai pas
passer celle-là non plus!
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a une différence. C'est que vous
avez un code civil entre les mains et que nous, nous n'en avons pas.
M. CHARRON: Abolir la mort, c'est aussi difficile que de faire le
fédéralisme rentable!
M. PARENT (Hull): Dans le code civil qu'a mon fonctionnaire de la
curatelle publique...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez de la difficulté à
retrouver l'article.
M. PARENT (Hull): Non. C'est qu'il a de la difficulté à
retrouver la date que vous cherchez, parce que dans son code civil, qui est sur
anneaux mobiles, comme cela n'existe plus, ce n'est plus dans le code.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais vous savez bien que ce n'est pas la date
qu'on cherche, c'est l'article. A ce moment-là, on sera bien capable de
situer la date.
M. PARENT (Hull): C'est ça. Dans le code civil qu'il a, l'article
étant disparu, il n'y est plus.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bien non.
M. PARENT (Hull): S'il a été abrogé, il n'est plus
dans le code.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bien non, voyons donc. Il a été
remplacé par un article que vous venez d'expliciter, qui est très
court, à l'effet que la mort civile est disparue.
M. PARENT (Hull): Article 986.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bon.
M. PARENT (Hull): Comme exemple, 986.
M. CHARRON: 986.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai pas le code.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 7, adopté?
Article 8, adopté?
M. CHARRON: Oui, M. le Président. LE PRESIDENT (M. Blank):
Article 9?
M. BEDARD (Chicoutimi): A l'article 9, est-ce que le ministre pourrait
nous dire pourquoi on exclut la possibilité de représentation par
un avocat ou un agent de recouvrement?
M. PARENT (Hull): C'est qu'en étant curateur public, nous
représentons l'intérêt d'un malade mental. Alors, comment
peut-il se présenter devant la cour des petites créances? On fait
subir préjudice à un incapable parce qu'il n'est pas en mesure de
se défendre devant la cour des petites créances. S'il n'a pas le
droit de se faire représenter...
Ce n'est pas par voie d'avocat, c'est par voie de fiduciaire,
c'est-à-dire soit le curateur ou le
fonctionnaire sous ses ordres qui serait, à ce moment-là,
représentant de la personne incapable.
Mais, actuellement, le malade mental est privé de tous ses droits
devant la cour des petites créances parce qu'il n'est pas en mesure de
se défendre.
M. CHARRON: Ce n'est pas à cela que nous en avons, ce n'est pas
au fait d'interdire au malade mental de se présenter ou d'être
représenté par le curateur public devant la cour des petites
créances, par exemple.
Mais pourquoi, lorsqu'on dit que le curateur public pourra s'y
présenter ou s'y faire représenter par un membre de son
personnel, l'exclusion d'un avocat?
M. PARENT (Hull): C'est qu'à la cour des petites créances,
il n'y a pas d'avocat.
M. BEDARD (Chicoutimi): A la cour des petites créances, les
avocats ne sont pas acceptés.
M. CHARRON: Ah bon.
LE PRESIDENT (M. Blank): ...la curatelle publique.
M. BEDARD (Chicoutimi): ...une compagnie ou le...
M. PARENT (Hull): Non, ce sera un fiduciaire. La curatelle n'est pas une
compagnie. Il faudrait bien remarquer cela, nous administrons des biens
d'individus.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 9, adopté.
Article 10?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 10, adopté.
Article 11?
M. CHARRON: L'indexation.
M. PARENT (Hull): C'est pour permettre au curateur d'avoir le droit de
faire des règlements de gré à gré pour porter le
montant de $1,200 à $1,500 sans être obligé de se
présenter devant le juge. Pour le bien, le patrimoine d'un individu.
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 11, adopté.
Article 12?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 12, adopté.
Article 13?
M. CHARRON: ...pour un contrôle plus rigide.
M. PARENT (Hull): II arrive, pour l'article 13, que sur demande du
curateur public, pour mauvaise gestion, on fasse destituer un curateur
privé ou un tuteur, mais il y a un laps de temps qui surgit à ce
moment-là parce qu'il faudrait que le conseil de famille se
réunisse pour nommer un autre curateur privé ou un tuteur. Or,
pendant le délai où le curateur privé ou le tuteur aura
été révoqué, la curatelle deviendra d'office
curateur.
M. CHARRON: D'accord. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 13, adopté.
Article 14?
M. CHARRON: Adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concordance, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 14, adopté.
Article 15?
M. BEDARD (Chicoutimi): Concordance. M. CHARRON: Adopté, article
15.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 15, adopté.
Article 16?
M. CHARRON: Adopté aussi.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 16, adopté.
Article 17?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 17, adopté.
Article 18?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 18, adopté.
Article 19?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 19, adopté.
Article 20?
M. CHARRON: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Article 20, adopté.
Le projet de loi est adopté sans amendement.
M. BLANK (Président de la commission plénière): M.
le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la commission
plénière a adopté le projet de loi no 56 sans
amendement.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Cette motion est-elle
adoptée?
M. CHARRON: Adopté.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce qu'il y a une troisième
lecture de ce bill?
M. CHARRON: Non.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Prochaine séance ou séance
subséquente.
M. LEVESQUE: M. le Président, la commission parlementaire des
corporations professionnelles, si elle ne termine pas son travail ce soir,
ajournera sans doute ses travaux à demain matin, neuf heures trente,
jusqu'à midi. Est-ce qu'il y a un minidébat?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce qu'il y a un minidébat?
M. CHARRON: Pas de notre côté, M. le Président.
M. LEVESQUE: Alors, M. le Président, nous annoncerons les
commissions demain après-midi.
M. CHARRON: Est-ce que je peux vous demander, puisqu'on sait que demain
nous procédons à l'étude de la motion du
député de Johnson, si le budget supplémentaire que nous
devons étudier tôt ou tard sera appelé jeudi,
probablement?
M. LEVESQUE: II y aura peut-être jeudi quelques lois que je
pourrai annoncer demain mais nous pourrons sans doute entreprendre
également l'étude du budget supplémentaire, jeudi. Il y
aura peut-être des lois à terminer, enfin je préciserai
demain. Nous avons une séance du cabinet demain matin et je serai en
meilleure posture pour être plus précis demain, soit
personnellement, soit que le ministre de l'Immigration puisse donner des
détails.
M. CHARRON: Est-ce que le leader du gouvernement peut me dire comment il
entrevoit procéder pour l'étude du budget supplémentaire?
Je vous pose cette question parce qu'elle a de l'importance dans la
préparation du travail. Est-ce que vous avez l'intention, par exemple,
de procéder selon les ministères tels qu'ils apparaissent par
ordre alphabétique, comme on a déjà fait, je pense, lors
de l'étude d'un budget supplémentaire?
M. LEVESQUE: Pas nécessairement. Peut-être que le ministre
des Finances voudra ajouter quelques commentaires.
M. GARNEAU: M. le Président, je pense que, un peu comme les
années passées, on peut s'entendre avec les gens de l'Opposition,
essayer de rendre service à tout le monde, pour appeler les
ministères. Si un de votre groupe s'occupe des ministères
à vocation économique, on peut les passer tous ensemble...
M. CHARRON: Cela serait parfait.
M. GARNEAU: On va essayer de trouver une méthode pour que cela
convienne le plus possible à tout le monde. Il y en a qui ont des
budgets restreints et je pense qu'il y a moyen de s'entendre comme on a fait.
Ce ne sera pas nécessairement par ordre alphabétique.
M. CHARRON: M. le Président, si nous parvenions à cet
arrangement, ce serait parfait, en tout cas pour la préparation du
travail.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce le leader parlementaire pourrait nous
dire, ou qu'on sera sûrement à la fin de la session dans une
dizaine de jours, quinze jours, peut-être trois semaines, si c'est
l'intention du gouvernement d'apporter des lois d'un contenu assez
considérable d'ici à la fin de la session?
M. LEVESQUE: M. le Président, je serai en mesure d'être
plus précis d'ici très peu. Je peux dire immédiatement au
député de Johnson qu'il y a plusieurs lois d'ordre fiscal qui
font suite au budget du ministre des Finances et qui devront être
déposées et adoptées avant la fin de la présente
session. Il y a huit projets de loi de cette nature, mais je
préférerais attendre, pas tellement longtemps, avant de
préciser d'une façon plus définie les intentions du
gouvernement quant à d'autres lois qui sont déjà
prêtes à être déposées ou à
l'impression.
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce l'intention du leader du gouvernement de
faire siéger la commission des richesses naturelles très
prochainement pour entendre l'Hydro-Québec?
M. LEVESQUE: Oui, M. le Président. Le premier ministre a fait
part à cette Chambre que, dès son retour, il indiquerait
l'endroit et l'heure d'une telle convocation.
M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre à
demain, quinze heures.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La Chambre ajourne ses travaux à
demain, quinze heures.
(Fin de la séance à 22 h 30)