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(Quinze heures sept minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Messieurs, permettez-moi de souligner la présence dans nos
galeries d'un parlementaire émérite, un de nos collègues
de récente date, l'ex-député de Bourassa, M. Georges
Tremblay.
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. LEVESQUE: Article g).
Projet de loi no 17 Première lecture
LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires municipales propose la
première lecture de la Loi modifiant la loi des dettes et emprunts
municipaux et scolaires.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'article 1 de ce projet
prévoit essentiellement que, lors du renouvellement d'émission
d'obligations d'une municipalité ou d'un organisme dont les emprunts
doivent être approuvés par la Commission municipale, le terme de
remboursement de l'emprunt peut, si le ministre des Affaires municipales y
consent, être prolongé d'au plus douze mois dans les cas où
les obligations ont été émises pour un terme plus court
que celui qui avait originalement été fixé.
L'article 2 soumet un règlement de consolidation de dettes aux
mêmes formalités qu'un règlement d'emprunt. L'article 3
soumet aux formalités d'un règlement d'emprunt un
règlement portant utilisation des deniers excédentaires d'un
règlement d'emprunt; toutefois, l'article 4 prévoit que, si
l'excédent ne dépasse pas $10,000, le règlement portant
utilisation de l'excédent exige seulement l'approbation de la Commission
municipale et celle du ministre des Affaires municipales.
L'article 5 étend la portée de l'article 12 de la loi, qui
traite uniquement des obligations émises en vertu d'un règlement,
aux obligations émises en vertu d'une résolution d'emprunt et
à tout effet négociable à être remboursé en
monnaie étrangère. Il étend également la
portée de l'article à tout organisme, sauf la ville de
Montréal, dont les emprunts doivent être approuvés par la
Commission municipale.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lec- ture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente. Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. LEVESQUE: Oui. Article h).
Projet de loi no 20 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce propose
la première lecture de la Loi modifiant la charte de la
Société générale de financement du
Québec.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, ce projet de loi autorise le
ministre des Finances à souscrire un capital additionnel de $25 millions
au fonds social de la Société générale de
financement du Québec avant le 31 décembre 1975. Bien que le
projet de loi ne le mentionne pas spécifiquement, la charte actuelle de
la Société générale de financement prévoit
qu'un tel déboursé soit soumis au lieutenant-gouverneur en
conseil pour approbation sur une base de projet par projet ou d'investissement
par investissement.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents
DEPOT DE DOCUMENTS
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
Affaires municipales
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer
le rapport du ministère des Affaires municipales pour l'exercice
1972/73.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education.
Université du Québec
M. CLOUTIER: M. le Président, j'ai l'hon-
neur de déposer le rapport annuel de l'Université du
Québec pour 1972/73.
LE PRESIDENT: Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DEPUTES
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Usine d'eau lourde
M.MORIN: M. le Président, j'avais une question pour le ministre
des Richesses naturelles mais, en son absence, je me résigne à la
poser au premier ministre.
M. BOURASSA: Résigné? C'est vous qui commencez,
là.
M.MORIN: Le ministre fédéral de l'Energie...
M. BOURASSA: C'est vous qui commencez.
M.MORIN: ... des Mines et des Ressources, M. Donald Macdonald,
annonçait vendredi dernier le projet de construction d'une usine d'eau
lourde à Gentilly. La premier ministre peut-il nous dire si le
gouvernement du Québec a été consulté par l'Atomic
Energy of Canada au sujet du site de cette usine? S'il l'a été,
quelle a été l'attitude, la position du gouvernement du
Québec quant au choix que présentaient les sites alternatifs de
Gentilly et de Montmagny?
M. BOURASSA: M. le Président, je sais qu'il y a eu plusieurs
consultations ou discussions avec le ministère fédéral.
Evidemment, la première préoccupation du Québec,
c'était que l'usine soit construite au Québec même. Nous
aurions voulu, si possible, que ça puisse favoriser davantage la
décentralisation industrielle, mais il était important pour nous,
en premier lieu, d'obtenir l'entreprise au Québec. C'est quand
même un investissement de plusieurs centaines de millions de dollars et
qui se trouve à créer plusieurs milliers d'emplois, pour les
prochaines années, c'est-à-dire les années où le
Québec en a le plus besoin. Or, ceci était important pour nous.
Il y a eu des discussions sur différents sites avec le ministère
de l'Industrie et du Commerce sur le plan de la promotion industrielle, avec
d'autres ministères. C'est le gouvernement fédéral
évidemment, comme c'est lui qui fait le financement, qui, en dernier
ressort, a pris la décision sur le site, en tenant compte de toute une
série de facteurs qui ont été mis en relief par M.
Macdonald, vendredi dernier.
M. MORIN: Une question additionnelle, M. le Président. Il faut
quand même aller plus loin là-dedans. Est-ce que le gouvernement,
suite aux représentations, aux demandes du "Comité de l'eau
lourde" de Montmagny, a fait faire des études techniques quant aux
possibilités qu'offraient les sites de Montmagny et de Gentilly? En
second lieu, le gouvernement a-t-il tenu compte, lors de son choix ou des
conseils qu'il aurait été appelé à donner au
pouvoir fédéral, de la nécessité d'utiliser des
investissements publics de cette taille comme impulsion aux régions les
plus défavorisées? Si l'on compare la région de Montmagny
avec celle de Gentilly, je pense bien que le gouvernement aurait pu opter pour
Montmagny.
M. BOURASSA: M. le Président, par rapport à
Montréal quand même, Gentilly favorise la décentralisation
industrielle. Je sais que l'Hydro-Québec a analysé
différents facteurs ou différents sites, avec les avantages et
les inconvénients respectifs de tous ces sites.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Superport pétrolier
M. LESSARD: M. le Président, à défaut de ministre
des Richesses naturelles, je devrai, moi aussi, diriger mes questions vers le
premier ministre. Elles concernent la politique énergétique du
gouvernement. Première question: Est-il vrai que le gouvernement du
Québec ne possède, actuellement, aucune étude finale
concernant la construction d'un superport pétrolier;
deuxièmement, concernant la création d'un secteur témoin
dans le raffinage et la distribution du pétrole, tel que c'était
prévu dans le livre rouge du ministère des Richesses naturelles,
concernant la politique énergétique?
M. BOURASSA: M. le Président, je ne sais pas ce que le
député entend par étude finale. C'est à peu
près comme son expression de visage plus humain pour le Parti
québécois.
C'est le député de Saguenay qui a fait une
déclaration, en fin de semaine, là-dessus.
M. LESSARD: M. le Président, réponse à la
question.
M. BOURASSA: Comme nous l'avons dit à plusieurs reprises, des
études ont été faites avec la collaboration du
ministère des Richesses naturelles, mais nous n'avons pas encore
d'étude complètement définitive, si c'est cela la question
du député.
M. LESSARD: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que
le premier ministre pourrait nous dire quelles sont les firmes qui ont fait ces
études? Je pose, M. le Président, deux autres questions
supplémentaires suite à cela. Est-il vrai que l'une des grandes
compagnies
inportatrices de pétrole du Québec serait prête ou
aurait laissé entrevoir, en tout cas, la possibilité de
s'associer à la Société québécoise
d'initiatives pétrolières pour créer un secteur
témoin dans la distribution et le raffinage du pétrole? Est-ce
que le premier ministre aurait été informé qu'en mai
dernier le Conseil général de l'industrie du Québec aurait
convoqué les ministres Garneau et Saint-Pierre pour les informer d'un
document, qui est resté secret jusqu'ici, mais d'un document dans lequel
on s'oppose aux politiques énergétiques? Est-ce que le premier
ministre a été informé de ce document dans lequel on
s'oppose aux politiques énergétiques du gouvernement du
Québec alors que le ministre des Richesses naturelles était
même absent à cette réunion?
M. BOURASSA: Bien, M. le Président, jamais je n'ai reçu de
document comme quoi on s'opposait à la politique
énergétique du Québec, tel qu'énoncé dans le
livre du ministère des Richesses naturelles.
Quant aux investissements, je l'ai dit à plusieurs reprises, de
même que le ministre, nous recevons plusieurs propositions actuellement,
que nous sommes à vérifier, dans le secteur
énergétique, notamment dans le domaine des raffineries et des
possibilités d'association avec le capital privé. Il ne serait
pas immédiatement dans l'intérêt public de donner plus de
détails sur les firmes en cause et sur les modalités de ces
propositions.
M. LESSARD: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que
le premier ministre pourrait confirmer ou nier le fait qu'en mai dernier il y a
eu réunion du Conseil général de l'industrie du
Québec avec les ministres Garneau et Saint-Pierre concernant la
politique énergétique? Est-ce que le premier ministre pourrait
accepter de rendre public ce document qui a été donné aux
ministres Garneau et Saint-Pierre? Est-ce que le premier ministre serait
prêt à demander au leader parlementaire du gouvernement de
convoquer la commission parlementaire des richesses naturelles pour
étudier ce problème important, c'est-à-dire l'instauration
d'une véritable politique énergétique au
Québec?
M. BOURASSA: M. le Président, d'abord, le ministre des Finances
me dit qu'il n'a jamais assisté à une réunion du Conseil
général de l'industrie. Alors, c'est une première
inexactitude dans la question ou dans l'affirmation du député.
Quant à des propositions qui peuvent nous être faites ou à
des représentations faites par écrit si le
député réfère à des documents
à ma connaissance, on ne m'a pas soumis de documents qui allaient
à l'encontre de la politique énergétique du gouvernement
du Québec.
Mais, même s'il y en avait eu, quelle différence cela
peut-il y avoir avec des représentations qui nous sont faites par toutes
sortes d'autres organismes?
M. LESSARD: M. le Président... LE PRESIDENT: Dernière.
M. LESSARD: ... dernière question. Etant donné que le
premier ministre parle de représentations qui sont faites par toutes
sortes d'organismes, est-ce que le premier ministre pourrait accepter de
convoquer la commission parlementaire des richesses naturelles pour discuter de
ce problème et entendre publiquement les différents organismes
qui se font entendre derrière les coulisses auprès du premier
ministre ou du ministère des Richesses naturelles, ou du
ministère de l'Industrie et du Commerce, comme on l'a fait pour le livre
blanc des terres et forêts? Est-ce que le premier ministre accepterait de
convoquer la commission parlementaire?
M. BOURASSA: M. le Président, il me semble qu'une première
étape, c'est le débat de demain. On va attendre les
représentations de l'Opposition. On respecte l'Opposition. On veut vous
donner une chance de vous exprimer demain. Pourquoi passer par-dessus la
tête de l'Opposition parlementaire et entendre des organismes?
M. LESSARD: Jeux de coulisses.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Autobus scolaires
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre de l'Education. Compte tenu des récentes
augmentations des coûts du pétrole, est-ce que le ministre de
l'Education a ordonné une étude aux fins de permettre un
ajustement dans les taux accordés aux propriétaires d'autobus
scolaires, tel qu'il a été suggéré
dernièrement par le président de l'Association des
propriétaires d'autobus scolaires du Québec, M. Jean-Guy
Audet?
M. CLOUTIER: M. le Président, cette question relève du
ministère des Transports. Je ne sais pas si le ministre des Transports
voudrait y répondre. En gros, je peux dire que le ministère de
l'Education tient toujours compte des augmentations et ajuste ses budgets en
conséquence.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce qu'il me serait permis, en
supplémentaire, tel que le suggère le ministre de l'Education, de
m'adres-ser au ministre des Transports et de lui demander si une étude a
été faite ou est en voie de se faire dans ce domaine et s'il
prévoit recomman-
der un ajustement des contrats pour propriétaires d'autobus
scolaires?
M. MAILLOUX: M. le Président, je sais que certaines demandes ont
été faites dans le sens dont parle le député de
Rouyn-Noranda.
Le ministère étudie toutes ces demandes qui nous arrivent
présentement par suite du problème occasionné par la crise
du pétrole, mais il n'est pas prêt à se prononcer dans
l'immédiat.
M. SAMSON: Question supplémentaire. Est-ce que le ministre est,
à ce moment-ci, disposé à nous fixer une date à
laquelle les propriétaires d'autobus scolaires pourront s'attendre
à avoir au moins une réponse? Est-ce que vous vous attendez
à un délai?
M. MAILLOUX: Cela m'amènerait dans un long débat parce que
le ministère des Transports et des Travaux publics donne de nombreux
contrats de transport, de construction ou autre. Il est indiscutable que le
problème du carburant est un des sujets qu'un transporteur scolaire doit
envisager quand il prend un contrat. Mais je ne sache pas que ce
problème ait une importance tellement capitale qu'il oblige le
ministère à revoir tous les contrats qu'il a pu distribuer dans
les derniers mois.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Mont-Royal.
Classification des enseignants
M. CIACCIA: M. le Président, j'ai deux questions pour le ministre
de l'Education au sujet de la classification des enseignants et du
décret de décembre 1972. Est-ce que le ministre accepte le
principe qu'il ne doit pas y avoir une baisse de salaire pour ceux qui sont
affectés par le décret prenant l'année scolaire finissant
en 1971 comme année de base, principe qui n'est pas énoncé
dans le décret?
And if the answer to this question is yes, if the principle, which in
bureaucratic terms is called red circling, is accepted, does the minister
intend to implement the principle and will it apply retroactively to 1971?
M. CLOUTIER: M. le Président, d'abord, je tiens à
remercier le député de Mont-Royal de m'avoir donné avis de
sa question. Je peux répondre de façon affirmative. En effet,
à maintes reprises, j'ai dit que pour ma part je n'acceptais pas que des
enseignants puissent perdre du salaire dans une opération comme celle de
la classification.
Ce qui ne signifie pas qu'ils ne puissent pas se retrouver à un
autre niveau de la classification. De plus, il me paraît aussi logique
si certains correctifs doivent être apportés que
l'on tienne compte également de la question de la
rétroactivité.
Cependant, je n'ai pas l'intention d'en dire davantage, étant
donné que les négociations sont actuellement en cours.
J'avais moi-même, au nom du gouvernement, ouvert cet article du
décret de manière à corriger une situation qui me
paraissait susceptible d'amélioration sur le plan de
l'équité. Je m'étais engagé à rencontrer les
présidents des Fédérations des commissions scolaires tant
anglophones que francophones ou plus exactement tant protestantes que
catholiques, ce que j'ai fait. Je m'étais également engagé
à rencontrer les présidents des divers syndicats tant
francophones qu'anglophones, ce que j'ai fait également. Il y a eu une
rencontre de la table patronale, laquelle comprend non seulement le
gouvernement mais les Fédérations des commissions scolaires, la
semaine dernière, cette rencontre ayant eu lieu avec la partie syndicale
et il y aura une autre rencontre d'ici quelques jours.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Loterie olympique
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Finances. Je voudrais poser une question concernant la loterie olympique.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si des structures spéciales
d'administration ont été mises en place pour cette loterie ou si
cette loterie est administrée par les structures ordinaires de
Loto-Québec en ce qui concerne la province de Québec?
Deuxièmement, est-ce qu'il existe une entente écrite entre
Loto-Québec et le COJO, ou la ville de Montréal, au sujet de la
loterie olympique?
M. GARNEAU: M. le Président, il s'agit d'une structure qui ne
relève en aucune façon du gouvernement du Québec ou d'un
de ses organismes. La loi qui a permis l'incorporation de cette
société qui administre la loterie olympique est une loi
fédérale, et la loterie olympique est incorporée en vertu
de cette loi, donc nous n'avons aucune juridiction, aucune autorité sur
l'administration de la loterie olympique. Cependant, il y a des discussions
présentement entre Loto-Québec et la loterie olympique quant
à des services que la loterie olympique louerait de Loto-Québec
comme, par exemple, le tirage électronique, étant donné
que la programmation existe et qu'il s'agit d'utiliser un appareil technique
qui a déjà fait ses preuves. Egalement, je pense qu'ils sont en
discussion pour ce qui est du traitement des billets par la poste. Ce seraient,
à ma connaissance, les deux seuls services sur lesquels il y a
négociation pour faciliter évidemment les travaux de la loterie
olympique, étant donné que Loto-Québec a
déjà une expérience dans ce domaine.
M. LEGER: Une question supplémentaire,
M. le Président. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si,
pour la distribution des billets de la loterie olympique au Québec on a
recours à sa connaissance d'une façon générale
je ne dis pas nécessairement dans tous les cas aux
gérants, aux responsables régionaux, aux responsables locaux, aux
concessionnaires, aux vendeurs ordinaires de Loto-Québec et de
Loto-Perfecta ou bien si on a monté un nouveau réseau de
distribution pour cette loterie?
M. GARNEAU: M. le Président, je ne voudrais pas induire la
Chambre en erreur. Je vérifierai auprès des gens, je demanderai
en fait au directeur, au président de la Société de
loterie olympique de me confirmer exactement quels sont les gestes
posés, quoiqu'on n'ait pas à répondre ici je pense bien,
mais de toute façon c'est de l'information pour le public. Tout ce que
je sais, c'est que les banques sont dans le circuit de vente, les banques, les
caisses populaires, les sociétés de fiducie, mais je ne serais
pas en mesure de dire s'il y a eu des changements ou si on a utilisé
partout sur le territoire les agences existantes. Je vais vérifier et,
si on veut me donner la réponse, je la transmettrai au
député.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre, aussitôt qu'il aura la réponse, pourrait
déposer la liste des distributeurs et en même temps nous dire
quelles seront ces banques au Québec et quelle est la banque principale?
Est-ce que c'est la Banque royale ou une autre qui est responsable de la
distribution auprès des banques, nous donner des détails et
déposer un document complet sur cette structure?
M. GARNEAU: M. le Président, évidemment, il s'agira de la
bonne foi de la Société de loterie olympique, pas de la bonne
foi, mais de sa bonne volonté, parce que je n'ai aucune juridiction et
le gouvernement du Québec n'a pas de juridiction sur l'administration de
cette loterie. Si on veut nous donner des informations, je n'aurai pas
d'objection à les transmettre à la Chambre, mais on peut refuser
de me les donner et je ne peux rien faire pour les obtenir.
LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi et après le
député d'Anjou. Le député de Chicoutimi.
Barèmes de l'aide sociale
M. BEDARD (Chicoutimi): Ma question s'adresse au ministre des Affaires
sociales. L'implantation du nouveau régime des allocations familiales
amène le gouvernement, comme on a pu le constater, à modifier
pour le 1er janvier prochain les barèmes de l'aide sociale, ce qui a
pour effet de diminuer les taux pour les familles de trois enfants et plus. La
question est la suivante: Quelles sont les raisons qui ont motivé ces
baisses pour les familles de trois enfants et plus?
M. FORGET: M. le Président, les raisons ont été
données au moins schématiquement lors de l'étude du projet
de loi des allocations familiales. Elles ont trait précisément
aux objectifs du réaménagement du régime de
sécurité du revenu qui a voulu placer une plus large part du
fardeau de la sécurité du revenu familial sur les allocations
familiales plutôt que sur l'aide sociale comme telle.
Ce qu'il faut remarquer, c'est qu'à la suite de ce
réaménagement, aucune famille ne recevra moins bien au
contraire que dans la situation actuelle, mais que toute famille au
Québec qui a des enfants recevra une somme supérieure à
compter du 1er janvier, le pourcentage d'augmentation variant de 6 p.c.
à 32 p.c.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une question supplémentaire. Est-il exact
quand même que les familles défavorisées, à savoir
celles qui bénéficient de l'aide sociale, sont les seules au
Québec qui ne recevront pas une augmentation de revenu familial
équivalente à l'augmentation des allocations familiales?
Autrement dit, ce sont les familles défavorisées de trois enfants
et plus qui vont financer en partie l'augmentation des allocations familiales
parce que dans le cas de ces familles et dans le cas des familles
monoparentales qui, la plupart du temps, sont les familles où la
mère est le seul soutien, ce sont ces familles qui font les frais, qui
financent en partie l'augmentation des allocations familiales, en raison de la
diminution des barèmes d'aide sociale.
D'une certaine façon, cela équivaut un peu à
protéger le marché du "cheap labour" québécois.
M. FORGET: M. le Président, je pense qu'il s'agit d'une
représentation des faits qui est tout à fait erronée. Il
n'y a aucune famille défavorisée qui fera les frais de ce
réaménagement puisque toutes les familles qui
bénéficient de l'aide sociale recevront des sommes
supérieures à ce qu'elles reçoivent présentement.
Ceci est particulièrement vrai pour les familles monoparentales et les
familles de deux adultes mais également vrai pour les familles qui ont
des enfants, y compris les familles nombreuses.
Le réaménagement déplace le fardeau du soutien du
revenu familial d'un régime à l'autre en majorant l'ensemble des
sommes. Les sommes sont majorées, comme on le sait et comme l'honorable
député de Chicoutimi le sait fort bien, de manière assez
substantielle, ce qui permet précisément des majorations de
l'ordre de 6 p.c. à 32 p.c. pour l'ensemble des
bénéficiaires d'aide sociale. Donc, je ne vois pas comment on
peut affirmer que des défavorisés font les frais de ce
réaménagement, pas du tout.
Ils vont bénéficier d'une augmentation fort sensible.
D'autre part, il faut remarquer et c'est un reproche qui peut
être fait au régime actuel que les familles qui se situent
juste au-dessus du niveau de pauvreté ont été
jusqu'à la période qui suit immédiatement, en janvier,
relativement défavorisées puisqu'elles
bénéficiaient d'allocations familiales fort incomplètes,
très faibles par rapport à leurs dépenses et qu'elles ne
pouvaient pas bénéficier de l'aide sociale. C'est donc cette
classe particulière de défavorisés qui
bénéficie plus que toutes les autres, bien sûr, du
réaménagement mais non pas aux dépens de ceux qui sont
encore davantage défavorisés.
M. BEDARD (Chicoutimi): Question supplémentaire. Je sais, comme
l'explique le ministre, que toutes les familles québécoises vont
recevoir plus suite à l'application de la loi des allocations
familiales. Mais ma question est la suivante: N'est-il pas vrai que les
familles qui bénéficient de la Loi de l'aide sociale, suite aux
réaménagements qui ont été faits dans les
barèmes quant aux familles qui bénéficient de l'aide
sociale, sont les seules qui vont recevoir une augmentation du revenu familial
qui ne sera pas équivalente à l'augmentation globale des
allocations familiales, ce qui est le cas pour les familles plus riches? Celles
qui se trouvent sur l'aide sociale vont recevoir moins parce que les montants
qui étaient attribués à ces familles
défavorisées ont été changés, ont
été diminués.
M. FORGET: M. le Président, dans les cas que j'ai
mentionnés et selon les situations des familles, les pourcentages
d'augmentation pour les assistés sociaux sont, dans l'ordre de grandeur
mentionné, de 6 p.c. à 32 p.c. Je ne crois pas qu'il s'agit d'une
augmentation inférieure à ce que l'on va observer dans un grand
nombre de cas de familles qui ne sont pas bénéficiaires de l'aide
sociale.
M. LESSARD: Question additionnelle, M. le Président.
LE PRESIDENT: Oui, l'honorable député de Saguenay,
question additionnelle.
M. LESSARD: Suite à ce réaménagement des
allocations familiales et du système de l'aide sociale, est-ce que le
ministre pourrait en profiter pour répondre à la question que je
lui posais hier concernant les retards dus à l'ordinateur qui ne
fonctionnerait pas, les retards dans le versement de l'aide sociale, en
particulier pour les nouvelles demandes à partir du 1er
décembre?
M. FORGET: M. le Président, j'ai falli répondre sur le
champ, hier, à cette question. J'ai voulu, cependant, vérifier et
il s'avère que des retards qui seraient imputables à la mise sur
informatique du régime d'aide sociale ne sont que des prétextes,
puisque, tant et aussi longtemps que le rodage du nouveau système
d'informatique n'est pas effectué, le système manuel,
antérieurement utilisé, continue à être
employé, ce qui empêche que l'introduction d'un nouveau
régime ne se fasse aux dépens des assistés sociaux. Donc,
dans le cas qu'a soulevé l'honorable député de Saguenay,
il s'agit d'un prétexte qui a été invoqué et rien
ne permet d'affirmer qu'un nouveau système cause quelque retard que ce
soit.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce que le ministre veut dire
que, lorsque j'ai communiqué avec le bureau local du ministère
des Affaires sociales, à Hauterive, à ce sujet, ce ne fut qu'un
prétexte pour empêcher le versement urgent d'un montant d'aide
sociale?
M. FORGET: Tout ce que je dis, c'est que, si cette explication a
été donnée ou perçue, il y avait d'autres raisons
plus significatives et celles qui pouvaient être significatives, ce sont
des retards dus à d'autres causes.
LE PRESIDENT: L'honorable député d'Anjou.
Grève à ville d'Anjou
M. TARDIF: M. le Président, j'ai une question à poser au
ministre des Affaires municipales. Cette question a trait à la
grève des fonctionnaires municipaux de la ville d'Anjou, grève
qui dure depuis maintenant plus de trois semaines. Etant donné que la
municipalité de la ville d'Anjou est en tutelle depuis plus de quatre
ans et que le Syndicat des fonctionnaires d'Anjou a communiqué avec la
Commission municipale pour régler ce problème, est-ce que le
ministre des Affaires municipales est en mesure de nous dire s'il a l'intention
d'intervenir personnellement ou par l'entremise de ses hauts fonctionnaires ou,
à défaut de ce faire, de demander à la Commission
municipale du Québec d'intervenir pour régler ce
problème?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la ville d'Anjou étant en
tutelle, cette tutelle est assurée par la Commission municipale du
Québec. La Commission municipale ne serait donc pas en mesure
d'intervenir comme arbitre dans un conflit où elle agit
déjà comme élément de la partie patronale. Il me
semble que, pour le ministre des Affaires municipales, intervenir
lui-même dans un tel conflit serait se placer dans une situation
extrêmement délicate. Par contre, normalement, les interventions
dans de tels conflits relèvent de l'autorité du ministre du
Travail. Effectivement, le conciliateur du ministère du Travail est
à l'oeuvre et en communication avec les deux parties. Donc, nous pouvons
espérer que ses efforts seront couronnés d'un certain
succès.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que le ministre des Affaires
municipales peut nous dire s'il a pris connaissance de la lettre du Syndicat
des fonctionnaires de la ville d'Anjou qui lui a été
adressée le 4 décembre? Est-ce que le ministre a fait
enquête? Et d'où vient la directive de s'opposer à
l'établissement d'échelons et de promotion par ancienneté,
qui semble être au coeur du conflit? Troisièmement, est-ce que le
ministre ne sait pas que cette clause existe déjà dans la plupart
des villes du Québec? Pourquoi n'intervient-il pas, puisque c'est une
chose de base partout? Même si la ville est sous tutelle, le ministre
peut régler le problème; c'est le coeur du problème.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense qu'il ne convient pas que
je commente le fond de la question. Le fond de la question touche des
considérations comme celles que vient d'énoncer l'honorable
député de Lafontaine, la question des échelles et de
l'intégration des fonctionnaires selon ces échelles.
Puisque c'est la matière sur laquelle se penche le conciliateur
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, je pense bien que mon
rôle est d'acheminer vers mon collègue du ministère du
Travail toute la documentation qui me parvient et de lui permettre de faire son
travail de la façon la plus efficace possible.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président. Comme
je ne puis pas poser...
LE PRESIDENT: Dernière.
M. LEGER: ... une question à son voisin, est-ce que le ministre
pourrait lui transmettre, cet après-midi, le dossier? Il est son voisin.
Comme il connaît la réponse, est-ce qu'il ne pourrait pas
régler le problème immédiatement?
M. COURNOYER: La réponse, c'est que je ne peux pas régler
le problème immédiatement!
M. LEGER: Cela, on s'en doutait.
LE PRESIDENT: Dernière question, l'honorable chef de l'Opposition
officielle.
Vente du Soleil
M. MORIN: M. le Président, en l'absence du ministre d'Etat et
député de Saint-Laurent, je vais me résigner, une fois de
plus, à poser ma question au premier ministre. Elle a trait...
M. BOURASSA: Quel mérite!
M. MORIN: ... à l'affaire du Soleil.
M. BOURASSA: Quel mérite!
M. MORIN: Est-ce que le moratoire, dans l'affaire du Soleil, va
être prolongé? Si oui, pour combien de temps?
M. BOURASSA: M. le Président, je sais que le ministre devait
aller à Ottawa cet après-midi pour remplacer le ministre de la
Justice qui revenait.
M. LESSARD: Qui revient bredouille.
M. BOURASSA: Je sais qu'il a eu plusieurs rencontres ce matin. Il doit y
en avoir d'autres demain. De toute manière, on sera en mesure de
répondre au chef de l'Opposition demain ou vendredi au plus tard. Nous
sommes, actuellement, à voir s'il est possible de former un groupe qui
serait intéressé à acheter le Soleil. Si nous voyons qu'il
est possible de former un tel groupe, je pense qu'il sera souhaitable de
prolonger le moratoire.
M.MORIN: M. le Président, une question supplémentaire.
Est-ce que le gouvernement a l'intention de convoquer devant la commission
parlementaire les parties intéressées à une telle
transaction éventuelle? Il vient d'évoquer une solution possible
au problème. Est-ce que les Québécois vont pouvoir prendre
connaissance du dossier, interroger les intéressés et être
pleinement au courant de la transaction qui, semble-t-il, est en train de se
tramer dans les couloirs du pouvoir?
M. BOURASSA: M. le Président, j'avais déjà
répondu à une question semblable du député de
Saint-Jacques en lui faisant remarquer que la Fédération des
journalistes elle-même, qui a le respect, je pense, du Parti
québécois, doutait fortement de l'utilité de la
convocation d'une commission parlementaire sur cette question.
M. MORIN: Une dernière, M. le Président? LE PRESIDENT: Une
dernière.
M. MORIN: Devant l'enquête qui vient d'être instituée
par le gouvernement fédéral dans ce dossier, en vertu de la Loi
sur les pratiques restrictives du commerce, est-ce que Québec a
l'intention d'agir ou est-ce que, une fois de plus, il va laisser le pouvoir
fédéral occuper le champ laissé libre par le gouvernement
du Québec? Est-ce que c'est cela la souveraineté culturelle du
premier ministre?
M. BOURASSA: M. le Président, ce serait facile de répondre
sur le même ton au chef de l'Opposition. Mais disons qu'on va essayer de
répondre d'une façon positive malgré le caractère
négatif des questions de l'Opposition.
M. MORIN: Essayez, essayez!
M. LESSARD: Essayer, c'est difficile.
M. BOURASSA: Je pourrais citer, M. le Président, un article du
journaliste Jacques Guay, dans le journal de Montréal d'hier, disant que
le gouvernement du Québec avait fait une étape très
importante vers la souveraineté culturelle avec l'expansion de
Radio-Québec. Cela, ce sont des résultats concrets.
M. MORIN: La question, la question.
M. BOURASSA: Chaque gouvernement, M. le Président, essaie
d'assumer ses responsabilités vis-à-vis de sa juridiction
respective. C'est ce que nous faisons de part et d'autre.
LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour, l'honorable ministre
des Affaires municipales m'a donné un préavis d'une question de
privilège.
Question de privilège
M. Victor Goldbloom
Article de journal
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'invoque mon privilège de
député pour corriger des faits et interprétations
présentés dans un article du quotidien montréalais The
Gazette, en première page d'aujourd'hui.
Selon cet article, l'ancien ministre des Affaires sociales, M. Claude
Castonguay, aurait accepté le mandat de présider une commission
spéciale pour l'étude de tout le domaine des affaires
municipales, seul le mandat resterait à préciser.
Toujours selon l'article, le ministre des Affaires municipales, celui
qui vous parle, serait totalement ignorant de cette situation.
M. le Président, les faits sont les suivants. M. Claude
Castonguay, pendant qu'il était ministre des Affaires sociales, a
discuté avec moi de la création d'un groupe de travail
interministériel pour la définition d'une politique sociale en
matière d'habitation. J'ai accepté et appuyé sa suggestion
et elle a été retenue par le conseil des ministres. Ce groupe de
travail a été constitué et a commencé à
étudier son champ d'intérêt.
M. Claude Castonguay, maintenant dans la vie privée, a
envoyé au gouvernement, au premier ministre, une offre de services
professionnels. Le premier ministre m'a remis copie de ce document, que nous
étudions présentement. La décision d'accepter ou de ne pas
accepter cette offre de services professionnels n'est pas encore prise.
Le journaliste qui m'a intercepté pendant un bref moment m'a
demandé si je pouvais confirmer cette nouvelle. J'ai répondu que
je ne pouvais la confirmer, que l'annonce d'une telle décision viendrait
du bureau du premier ministre et, tel qu'il me cite dans son article, "I could
not comment until such announcements are made".
M. le Président, d'autres personnes ont formulé des offres
de services professionnels dans divers domaines des affaires municipales et
nous étudions ces offres. Je voudrais souligner la citation dont je
viens de faire lecture et vous informer qu'à la fin de la conversation
le journaliste, qui m'avait posé quelques autres questions, m'a
demandé: "Is it 'no comment' or 'no knowledge' "? J'ai répondu:
"It is 'no comment' ".
M. le Président, voici un titre en huit colonnes, avec ce que je
dois appeler du journalisme interprétatif. J'ai voulu rétablir
les faits et je dois dire que, l'interprétation étant mauvaise,
c'est ou intentionnel, ou non intentionnel. Dans les deux cas, c'est du mauvais
journalisme.
LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LEVESQUE: M. le
Président...
M. BURNS: M. le Président, en vertu de l'article 34, est-ce que
je pourrais poser une question au leader du gouvernement sur les travaux de la
Chambre?
Lors de la dernière séance de la commission de
l'Assemblée nationale, il avait été question de la
formation d'un comité ad hoc pour l'étude du financement des
partis politiques. Je me souviens que le ministre des Affaires culturelles, le
député de Terrebonne, nous avait dit à ce moment-là
qu'il attendait le résultat de certaines consultations avant de
suggérer la formation de ce comité ad hoc.
Alors je demande au leader du gouvernement si on en est rendu,
justement, au moment où ce comité ad hoc va être
formé. Est-ce qu'on a l'intention de faire siéger ce
comité ad hoc d'ici l'ajournement des Fêtes? D'ailleurs, le
premier ministre, à plusieurs reprises durant la campagne, s'est
vanté de régler très rapidement les problèmes de
financement des partis, a dit qu'il y avait des solutions, etc. Nous avons
hâte, M. le Président, de savoir quand ce comité ad hoc va
siéger. C'est pour cela que je pose la question au leader du
gouvernement, non pas au premier ministre.
LE PRESIDENT: Je voudrais juste faire un commentaire. Normalement,
j'aurais certaines réserves sur cette question parce que je ne la
considère pas, personnellement, pour le moment du moins, comme une
question sur les travaux de la Chambre.
Je n'ai pas d'objection qu'elle soit posée mais je yeux
immédiatement déclarer ne pas vouloir établir un
précédent en la permettant. Autrement, comme je l'ai
déjà dît, on va se réveiller avec deux
périodes de questions.
Je crois que cette question aurait dû être posée
normalement à la période des trente minutes de questions,
période statutaire. Autrement, si on donne trop d'ouvertures sur les
travaux de la Chambre mais au Parlement tout est "travaux de la Chambre"
je crains
qu'on se réveille, avec l'article 34, avec une autre
période de questions.
M. BURNS: M. le Président, avec votre permission...
LE PRESIDENT: S'il n'y a pas d'objection, je n'ai ai pas.
M. BURNS: ... je veux donner la limite que j'ai moi-même
posée dans ma question, c'est-à-dire que je me suis
référé à des travaux qui ont eu lieu,
c'est-à-dire la commission de l'Assemblée nationale et une
déclaration de la part d'un ministre. Ce n'est pas une
déclaration de politique générale d'un ministère ou
quoi que ce soit.
Je suis d'accord avec vous que ça ne doive pas poser de
précédent. C'est pourquoi j'ai posé ma question à
ce moment-ci plutôt que de prendre le temps des collègues de
l'Opposition qui ont des questions à poser.
LE PRESIDENT: Je n'ai pas d'objection, mais je ne voudrais pas qu'on me
cite le fait qu'on l'a accepté aujourd'hui pour donner ouverture plus
tard à d'autres questions.
M. BURNS: Non, M. le Président.
M. LEVESQUE: M. le Président, je comprends très bien vos
réticences qui proviennent évidemment de votre connaissance
profonde du règlement. Par contre, M. le Président, je suis
très heureux de la question qui m'a été posée par
le leader parlementaire de l'Opposition officielle. En effet, le gouvernement,
non pas seulement a l'intention, mais a hâte de voir la formation de
cette sous-commission parlementaire.
Evidemment, je m'imagine que le leader parlementaire de l'Opposition n'a
pas d'objection, s'il a des questions à poser, qu'on lui en pose, par
exemple: D'où viennent les sources considérables de revenus
soudains du Parti québécois au cours de la dernière
campagne électorale, avant, pendant, etc.?
M. MORIN: Nos livres sont ouverts.
M. BURNS: Des dons de simples citoyens qui n'ont rien à faire
avec le commerce de la viande...
M. LESSARD: Opération Ressources.
M. BOURASSA: Oui, les avions dans le ciel, des centaines de
milliers...
M. LESSARD: 31,000 fournisseurs.
M. BURNS: ... qui n'ont rien à faire non plus avec la
pègre.
M. LEVESQUE: Pour répondre... M. BOURASSA: Cela fait mal.
M. MORIN: Je peux vous dire qu'on n'a pas eu de contributions
d'O'Bront.
M. LEVESQUE: ... à la question du leader parlementaire de
l'Opposition officielle, nous avons l'intention d'ici la fin de la
session...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: ... de procéder à la formation de cette
commission qui pourra probablement siéger dans l'intersession, ou entre
les deux.
M. BURNS: Ou avant la fin de la session? M. BOURASSA: On n'a rien
à cacher. M. LEVESQUE: Et si possible avant.
M. BURNS: Nous sommes à votre disposition. Je suis très
heureux de votre réponse.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. BOURASSA: On va en apprendre des belles.
UNE VOIX: Le jour de Noël.
M. LEGER: Ils vont vous dépasser.
M. LEVESQUE: La commission de la fonction' publique siégera
immédiatement au salon rouge pour entreprendre l'étude en
commission du projet de loi no 4, Régime de retraite des employés
du gouvernement et organismes publics.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: En réponse à des questions au feuilleton,
article 4. Question de M. Roy, réponse de M. Toupin.
M. TOUPIN: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Pour aller plus rapidement, articles 5,8, 9, 16, 17...
M. LEGER: On n'est pas au bingo, là.
M. LEVESQUE: ... questions de M. Roy, réponses de M. Toupin.
M. TOUPIN: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 22. Question de M. Léger...
M. BURNS: C'est une question de M. Roy au feuilleton, à moins
qu'il y ait une erreur d'impression.
M. LEVESQUE: Article 29. Est-ce que c'est mieux?
M. BURNS: C'est légèrement mieux. M. LEGER: Des grugeurs
de dunes.
M. LACROIX: Une réponse légère à une
question légère.
M. MAILLOUX: Lu et répondu. (voir annexe)
M. BURNS: Vous êtes bien mal placé pour commenter
là-dessus.
M. LACROIX: Très bien placé.
M. BURNS: La légèreté, vous avez de la
misère à soupeser ça, vous.
M. LACROIX: Votre dominicain défroqué et tous vos petits
PQ des Iles, je peux mettre tout ça dans ma poche...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: On va continuer entre adultes, M. le Président.
M. LEVESQUE: Article 50. Motion de M. Lessard, dépôt de M.
Toupin.
M. TOUPIN: Document déposé. M. LEVESQUE: Article 35.
Projet de loi no 6 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Revenu propose la deuxième
lecture du projet de loi 6, Loi modifiant de nouveau la loi sur les
impôts et certaines autres dispositions législatives d'ordre
fiscal.
M. Gérald Harvey
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce projet de loi et
il en recommande l'étude à cette Assemblée.
M. le Président, le projet de loi no 6, intitulé Loi
modifiant de nouveau la loi sur les impôts et certaines autres
dispositions législatives d'ordre fiscal, que je présente ici
aujourd'hui en deuxième lecture a pour objet, en grande partie,
d'harmoniser nos lois fiscales avec celles des autres provinces du pays. Les
autres modifications proposées sont surtout d'ordre technique. Il y a,
bien sûr, également, des amendements à la loi pour que les
dispositions annoncées dans le dernier discours du budget par le
ministre des Finances soient inscrites dans nos textes des lois fiscales.
Comme je le faisais remarquer, M. le Président, lors de la
présentation en juillet dernier du projet de loi no 22, intitulé
Loi modifiant la loi sur les impôts et certaines autres dispositions
législatives d'ordre fiscal, les vastes textes législatifs
couvrant une matière aussi complexe que la Loi sur les impôts et
la loi concernant l'application de la loi sur les impôts devraient
être surveillés constamment afin d'y apporter, au fur et à
mesure, les améliorations et les corrections qu'exigent la pratique
fiscale et les événements qui l'entourent.
Le projet de loi que nous avons devant cette Chambre s'inscrit justement
dans cette perspective. Les principes à la base des modifications
proposées sont exactement les mêmes que ceux énoncés
à l'égard de la réforme fiscale elle-même, soit
traitement plus équitable du contribuable québécois,
uniformité avec certains articles de la loi fédérale afin
de faciliter l'interprétation au même contribuable, simplification
administrative, plus grande clarté du texte et correction de quelques
expressions employées et de dates d'application de certaines
dispositions.
Je voudrais également en profiter pour vous dire que, suite au
dernier discours du budget du ministre des Finances, nous devons corriger nos
textes de loi avant la fin de la présente session. S'il y a lieu de le
faire et si la politique fiscale qu'annoncera mon collègue des Finances
au cours de la prochaine session de la Législature, nous reviendrons
avec des amendements au cours de cette prochaine session, comme nous
reviendrons probablement tous les ans afin de garder nos textes des lois
fiscales conformes au besoin et utiles également pour ceux qui sont
appelés à administrer une législation aussi complexe et
aussi difficile à interpréter, que la législation
fiscale.
Je propose donc, M. le Président, à l'Opposition
officielle, afin d'avoir le temps de discuter de façon très calme
les articles que nous amendons, d'adopter ce projet de loi en deuxième
lecture et on irait immédiatement en commission élue afin de
procéder à l'étude article par article et où nous
pourrions répondre aux questions de n'importe quel député
de cette loyale Opposition, avec l'aide de tous les fonctionnaires que nous
avons à notre disposition afin d'être bien sûrs de revenir
pour la troisième lecture avec le texte amendé ou encore avec des
amendements que je suggèrerai. Je vous remercie.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, nous constatons nous aussi qu'il n'y
a aucun principe fondamental dans ce projet de loi. Il s'agit tout simplement
d'apporter un certain nombre de précisions sur la Loi du revenu qui
existait
d'abord, alors mon collègue, le député de
Chicoutimi, représentant de ce ministère, n'a aucune opposition
à aller immédiatement en commission, pour étudier article
par article ce projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
Adopté.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: Alors, M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit maintenant déféré à la commission
parlementaire des finances, des comptes publics et du revenu. Est-ce que
l'Opposition officielle serait prête à siéger
immédiatement?
M. LESSARD: M. le Président, il y a déjà une
commission qui siège actuellement.
M. LEVESQUE: Oui, mais nous irons en commission plénière
dans quelques instants, et le député sait que lorsqu'on est en
commission plénière on peut avoir deux commissions.
M. LESSARD: D'accord. C'est ça que je voulais savoir, M. le
Président.
M. LEVESQUE: D'accord. Alors, je propose que cette commission
siège à la salle 81-A immédiatement après la
déférence en commission élue.
M. LESSARD: Nous allons tout à 'heure en commission
plénière, en Chambre, pour discuter des crédits?
M. LEVESQUE: Oui.
M. LESSARD: Des nouveaux crédits supplémentaires?
M. LEVESQUE: Voici, je sais ce que le député de Saguenay
veut dire...
M. LESSARD: II y a un problème...
M. LEVESQUE: ... c'est que lui-même va en commission élue.
Est-ce que je comprends bien?
M. LESSARD: C'est pour mon collègue; étant donné
qu'on commence par les crédits des Affaires sociales.
M. LEVESQUE: Nous pourrions passer immédiatement les sujets qui
intéressent le député de Chicoutimi, pour le
libérer, afin qu'il puisse ensuite se rendre à la commission
élue.
M. LESSARD: Alors, je remercie le leader parlementaire de sa bonne
collaboration.
M. LEVESQUE: Vous voyez? Je crois que le député de
Sauvé commence à comprendre l'attitude du gouvernement,
même si on peut avoir des motions qui ont l'air un peu autoritaire,
à un point de vue, on voit que, dans la pratique, nous sommes toujours
disposés à essayer, du moins, dans la mesure du possible et de
façon que l'intérêt public n'en souffre pas, d'accommoder
nos amis d'en face.
M. LESSARD: Maintenant, M. le Président, il y a aussi une autre
possibilité. Est-ce que le leader parlementaire me suit? On pourrait
aussi passer les crédits des affaires municipales d'abord, puis les
affaires sociales plus tard. C'est comme vous voudrez. Il n'y a pas
d'opposition.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce serait mieux.
M. LEVESQUE: Très bien. Alors dans ce cas, M. le
Président, tel que mentionné il y a quelques instants, la
commission peut commencer à siéger, et lorsque nous serons rendus
au point où nous aurons besoin des lumières du
député de Chicoutimi, nous aviserons la commission.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de
déférence est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que vous quittiez le
fauteuil, afin que la Chambre puisse se former en commission
plénière pour procéder à l'étude des
crédits supplémentaires.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Et pendant que vous vous retirez, M. le Président,
je tiens à faire remarquer aux honorables députés de cette
Chambre que ce soir, la Chambre siégera; elle siégera
également demain matin à partir de dix heures.
Commission plénière Etude des
crédits supplémentaires
M. BLANK (président de la commission plénière):
Affaires culturelles.
M. LEGER: Est-ce que vous procédez par ordre de ministre ou par
ordre alphabétique, afin que l'on sache comment fonctionner?
M. GARNEAU: M. le Président, le ministre des Affaires culturelles
est ici de même que le ministre des Affaires intergouvernementales, le
ministre des Communications, le ministre de l'Education. Pour ces
ministères, les titulaires sont tous là et on peut commencer. Du
côté de l'Opposition, s'il y a certains ministères que
l'Opposition ne peut pas aborder maintenant, quels sont-ils?
M. LEGER: Les Affaires culturelles, si vous pouviez attendre quelques
minutes. On peut commencer les Affaires municipales, si vous êtes
d'accord, je pense que c'est le suivant.
M. GARNEAU: Est-ce que vous seriez prêts pour les Affaires
intergouvernementales? En fait, c'est tout simplement une question de taux de
change, de monnaie qui oblige...
M. MORIN: On peut commencer par cela, d'accord.
M. LEGER: Les Affaires intergouvernementales, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Blank): Les affaires intergouvernementales. La
ventilation des crédits sont à la page 12.
M. LEVESQUE: A la page 3 du bill.
M. GARNEAU: Non, dans le livre des crédits.
LE PRESIDENT (M. Blank): Dans le livre des crédits.
M. LEVESQUE: M. le Président, comme on s'en doute, ce montant est
requis pour défrayer les dépenses additionnelles dues à la
dévaluation du dollar sur le marché international. Si on veut
plus de détails sur la dévaluation, depuis l'été
1972 alors que les prévisions avaient été faites, il y a
eu une dévaluation de la monnaie qui a suivi la courbe descendante
suivante: Allemagne, 32 p.c; Belgique, 25 p.c; France, 20 p.c; Italie, 10 p.c.
Dans chacun de ces pays, comme on le sait, le gouvernement entretient soit une
délégation générale ou une Maison du Québec,
Ceci touche évidemment les articles que l'on revoit aux explications du
volume des crédits supplémentaires, à la page 12. On voit
que cela touche les contributions et pensions, communications, services,
entretien, loyers, fournitures et autres dépenses. Ce que nous
demandons, c'est la somme de $117,800 pour couvrir ces écarts.
M. SAMSON: Est-ce à ce chapitre que nous retrouverons ou que nous
devrions retrouver bientôt l'engagement de l'ancien député
de Chicoutimi?
M. LEVESQUE: Bien voici...
M. GARNEAU: Est-ce parce qu'on parle de dévaluation?
M. SAMSON: Oui, c'est pour ça.
M. LEVESQUE: L'ancien député de Chicou- timi a
certainement beaucoup de qualités, beaucoup de mérite. C'est un
type qui a rendu réellement de grands services, particulièrement
dans les travaux de l'Assemblée nationale, mais, quant à cette
question précise, elle a fait l'objet d'une rumeur qui a
été démentie par la suite.
M. SAMSON: Et que vous continuez à démentir, si je
comprends bien?
M. LEVESQUE: Elle est sans fondement, quant à moi, parce que je
n'ai fait aucune demande à M. Tremblay à ce sujet et que je n'ai
eu aucune offre de services de sa part.
M. SAMSON: Est-ce que nous retrouvons, à cet article, les
crédits qui servent à des associations d'étudiants en
France, par exemple?
M. LEVESQUE: Non, pas du tout. M. SAMSON: Pas du tout.
M. LEVESQUE: Pas à ma connaissance, du moins, parce qu'il s'agit
là, comme je l'ai indiqué, de sommes qui sont identifiées.
L'on voit qu'il s'agit d'engagements affectés par la dévaluation
du dollar. Or, les subventions n'ont pas été changées par
cette dévaluation; donc, il n'y a pas de demande de crédits
additionnels à ce chapitre.
M. SAMSON: Merci.
M. MORIN: Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer quelle est la
part qui doit être assignée à la délégation
générale du Québec à Paris dans cet ensemble?
M. LEVESQUE: Les détails que j'ai sont d'ordre global, parce
qu'ils sont à l'intérieur des crédits votés par la
Législature. En effet, dans ces articles de contributions d'employeurs
et pensions, vous avez toutes les maisons. C'est pour cela que j'ai dit que,
pour avoir une indication, on n'a qu'à prendre le budget
général et voir comment ont pu être affectés les
divers montants, si on tient compte du pourcentage de dévaluation par
pays. Ainsi, en Allemagne, c'était 32 p.c, mais, en France, c'est 20
p.c. Alors, on peut avoir une idée un peu de ce qu'a pu être
l'augmentation. Mais, dans tous ces articles, le total est de $117,500.
M. MORIN: Et, dans tous les cas, c'est essentiellement la
dévaluation du dollar canadien qui est la cause de cela?
M. LEVESQUE: C'est cela.
M.MORIN: Alors, je n'ai pas d'autre question.
M. LEVESQUE: Soit la dévaluation du dollar canadien ou la
réévaluation de monnaies étrangères.
M.MORIN: Bien sûr, bien sûr. L'un portant l'autre,
d'accord.
LE PRESIDENT (M. Blank): Les crédits des Affaires
intergouvernementales, adopté?
M. LEVESQUE: Pour compléter la réponse, il faut dire que
les traitements sont payés en dollars canadiens, tandis que ces
dépenses faites à l'étranger, évidemment, doivent
se faire avec la monnaie du pays.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
M. GARNEAU: M. le Président, on me dit qu'après une
conversation avec le ministre de l'Education les gens de l'Opposition seraient
peut-être disposés à entreprendre maintenant l'Education.
Je ne sais pas si c'est vrai.
M. LEGER: Affaires culturelles. UNE VOIX: Affaires culturelles. M.
LEGER: Affaires municipales, après.
LE PRESIDENT (M. Blank): Affaires culturelles, pages 5, 6 et 7.
Premier article: Incitation à la création et à la
recherche. Voir à 6 pour les détails.
M. CHARRON: D'accord, mais j'attends l'explication du ministre.
M. HARDY: C'est clair. Qu'est-ce que vous voulez savoir?
M. CHARRON: Pourquoi? C'est simple. M. HARDY: Pourquoi?
M. CHARRON: Est-ce qu'il faut recommencer par l'ABC?
M. HARDY: Pourquoi $300,000?
M. SAMSON: C'est une incitation à la critique.
M. HARDY: Substantiellement, il s'agit d'une subvention spéciale
qui a été accordée à la Centrale d'artisanat qui
avait certaines...
M. CHARRON: Cela me rappelle quelque chose. C'est pour ça que je
voulais vous entendre parler. Allez-y donc.
M. HARDY: Alors, la Centrale d'artisanat, a eu certaines
difficultés financières au cours de son existence, comme d'autres
organismes de ce genre, dont on parle actuellement, dans d'autres domaines de
la vie culturelle.
C'est donc pour permettre à la Centrale d'artisanat de payer en
particulier les artisans. Il est normal que ces personnes, qui avaient remis
des travaux ou des objets à la centrale, soient payées. Alors,
pour permettre à la centrale de faire face à ses obligations, de
payer ses dettes, il y a eu une demande de faite au Conseil du
trésor.
M. CHARRON: Par qui la demande a-t-elle été faite?
M. HARDY: Une demande fut formulée au Conseil du trésor
par les autorités concernées.
M. CHARRON: Par qui, dans le cas présent?
M. HARDY: C'est la Centrale d'artisanat via le ministère des
Affaires culturelles.
M. CHARRON: La demande a été signée par qui
auprès du Conseil du trésor?
M. HARDY: Comme la loi l'exige, par les responsables du ministère
des Affaires culturelles.
M. CHARRON: Le responsable,... M. HARDY: Je n'ai pas ici...
M. CHARRON: ... c'est le ministre, n'est-ce pas?
M. HARDY: ... la copie du CT. Je peux demander de la faire venir.
M. CHARRON: Tenez, je l'ai, moi.
M. HARDY: Oui? Est-ce que c'est une copie conforme ou si c'est un
faux?
M. CHARRON: C'est la copie conforme.
M. HARDY: Est-ce que c'est un document du genre de celui
présenté par certains militants péquistes pour faire
radier des citoyens...
M. CHARRON: Non, non, non! M. LEGER: Toujours aussi...
M. HARDY: ... canadiens qui avaient droit de vote?
M. LEGER: II se sent coincé déjà, le ministre!
M. CHARRON: N'essayez pas la chèvre et le chou, on va
rester...
M. LEGER: Le ministre se sent coincé et il essaie de s'en
sortir.
M. CHARRON: ... à la chèvre, elle est déjà
assez poilue comme elle est là. D'accord? Si vous ne l'avez pas, je vais
m'efforcer de la retrouver. En tout cas, c'est signé par un ministre par
intérim.
M. HARDY: Bien oui, justement, j'ai dit: les autorités
concernées. Or, à ce moment-là, le premier ministre...
M. CHARRON: D'accord.
M. HARDY: ... était ministre des Affaires culturelles par
intérim.
M. CHARRON: Je voulais simplement que vous...
M. HARDY: Donc, c'était l'autorité concernée.
M. CHARRON: D'accord.
M. HARDY: C'était la Centrale d'artisanat qui avait fait la
demande...
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: ... via le ministère des Affaires culturelles, qui,
à ce moment-là,...
M. CHARRON: Je le sais.
M. HARDY: ... avait comme titulaire le premier ministre.
M. CHARRON: C'est ça. Vous, vous n'étiez, à
l'époque, que l'aspirant "backbencher".
M. HARDY: Pardon.?
M. CHARRON: Vous, vous n'étiez, à l'époque, que
l'aspirant "backbencher".
M. HARDY: A l'époque, M. le Président, j'étais
adjoint parlementaire. Si le député de Saint-Jacques connaissait
mieux ses lois, il saurait qu'un adjoint parlementaire ne peut pas signer une
demande au Conseil...
M. CHARRON: Je le sais très bien. M. HARDY: ... du
trésor.
M. CHARRON: Je le sais très bien, je vous le rappelais tout
simplement. Je sais tout ça.
M. HARDY: Bon.
M. MARCHAND: II me semble qu'il n'est pas toujours assis au premier
banc.
M. HARDY: Je voudrais ajouter, M. le Président, une chse qui est
très importante. C'est que, lorsque cette demande de subvention
supplémentaire a été formulée, elle a
été assortie, de la part du ministère des Affaires
culturelles, de la nomination d'un contrôleur recommandé par le
vérificateur général, d'un contrôleur qui
contrôle actuellement toutes les activités de la Centrale
d'artisanat. Nous avons déjà eu un premier rapport à la
suite de cet examen.
M. CHARRON: Lorsque vous dites que la demande a été
acheminée au Conseil du trésor, elle était assortie d'une
note...
M. HARDY: Non, non, pas la demande elle-même...
M. CHARRON: Ah bon!
M. HARDY: ... mais dans les conditions. C'est que nous avons averti la
Centrale d'artisanat qu'il y aurait un contrôleur de nommé. De
fait, un contrôleur a été nommé, quelqu'un de
recommandé par le vérificateur, immédiatement dès
que la subvention a été acheminée. D'ailleurs, le montant
total n'est pas encore versé.
M. CHARRON: Oui, je le sais.
M. HARDY: Le montant total n'est pas versé, c'est suivant les
rapports que le contrôleur en question nous fera, suivant la
nécessité ou non d'aller jusqu'au montant de $300,000.
M. CHARRON: Quelle est l'utilisation qu'on a faite des $300,000?
M. HARDY: Pardon?
M. CHARRON: Quelle est l'utilisation qu'on va faire des $300,000 ou
qu'on a faite?
M. HARDY: C'est pour éponger le déficit de la Centrale
d'artisanat.
M. CHARRON: Qui était de combien au moment où la demande a
été formulée?
M. HARDY: Bien, exactement, je n'ai pas le montant du
déficit.
M. CHARRON: Je vais vous le dire.
M. HARDY: Mais j'imagine... En tout, jusqu'à présent, il y
a eu $202,750 de payés et c'était suffisant pour permettre
à la Centrale d'artisanat de continuer ses activités.
M. CHARRON: Mais je vous rappellerai qu'au moment où vous avez
versé la subvention vous avez fait le transfert de fonds du programme 4,
élément 1, du ministère des Finances au programme 4,
élément 1, du ministère des Affaires culturelles. Le
déficit de la Centrale d'artisanat, que vous essayez de sauver,
était déjà de $225,000. Donc, les $202,750 que vous donnez
ne couvrent même pas le déficit. C'est exact?
M. HARDY: C'est-à-dire au moment où la subvention a
été accordée. Mais nous surveillons l'administration et
nous espérons qu'avec une meilleure administration, par les
opérations assainies de la centrale et le fonctionnement normal de la
centrale, ce solde du déficit sera
épongé sans que nous soyons obligés de verser un
autre montant supplémentaire.
M. CHARRON: Oui. Ce n'est pourtant pas j'aurai l'occasion de vous
le rappeler un peu plus tard ce que dit le vérificateur
général dans son rapport à propos de cette subvention. Je
ne sais pas si le ministre a d'autres informations à donner à la
Chambre quant à l'origine et l'utilisation de ces $300,000. Mais, s'il a
terminé, je pourrai compléter l'information de la Chambre.
M. HARDY: Je suis prêt à répondre à vos
questions mais formulez-les.
M. CHARRON: Je vous les formule. Je veux que vous me disiez tout
à partir du cheminement de la demande jusqu'à l'utilisation des
$300,000. Vous le savez aussi bien que moi.
Je vous demande juste d'avoir le courage de le dire en Chambre, sinon je
le dirai moi-même.
M. HARDY: Si vous êtes si bien renseigné, allez-y.
M. CHARRON: Je vais le faire. Cela marque de façon très
notoire votre départ comme ministre.
M. HARDY: Cela prouve la collusion de certains députés de
cette Chambre avec certains fonctionnaires et cela met en cause
l'éthique. C'est cela que ça prouve. Cela prouve que vous
participez à des actes dérogatoires à l'éthique des
fonctionnaires. C'est cela que ça prouve.
M. CHARRON: Vous êtes exactement dans les rideaux où
j'attendais de vous voir monter.
Maintenant que le ministre des Affaires culturelles est confortablement
installé au sommet des rideaux, nous allons faire le tour, l'historique
de cette subvention...
M. MARCHAND: ... à sa place!
M. CHARRON: ... dont il est aujourd'hui, à son grand
défaut, le défenseur en cette Chambre sans même être
capable, comme première intervention de ministre des Affaires
culturelles, d'informer exactement la Chambre sur ce qui s'est passé.
C'est un très triste départ comme ministre des Affaires
culturelles, premièrement...
M. HARDY: Faites-moi pleurer!
M. CHARRON: ... de cacher des événements politiques que la
Chambre a le droit de connaf-tre puisqu'il s'agit de l'administration des fonds
publics...
M. MARCHAND: ... au sein de votre parti à la
vice-présidence !
M. CHARRON: ... et que, deuxièmement, c'est cacher aussi, comme
administrateur des fonds publics, le blâme net, clair et direct que le
vérificateur général a fait porter sur votre
administration. Pas la vôtre, celle de vos prédécesseurs,
mais que vous couvrez encore aujourd'hui, comme votre
prédécesseur avait couvert celle du ministre par intérim
d'une...
M. CLOUTIER: ... il n'y en a pas?
M. CHARRON: ... façon absolument dégoûtante et
dégueulasse pour un ministre responsable.
Allez-y, le privilège, allez-y.
M. CLOUTIER: Attendez, là.
M. CHARRON: Allez-y, le privilège.
M. CLOUTIER: M. le Président, je ne peux pas accepter ces
interventions de la part du député de Saint-Jacques.
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
M. CLOUTIER: Je sais que c'est un grossier personnage, mais au
moins...
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
M. CLOUTIER: ... qu'il respecte les règles du
parlementarisme.
M. LESSARD: M. le Président, une question de règlement.
Aucune question de privilège au moment où on est en commission
plénière. M. le Président, vous faites exprès pour
ne pas me voir.
En vertu des règlements, aucune question de privilège ne
doit se soulever en commission plénière.
M. HARDY: M. le Président, le député de Saguenay
étale à son tour son ignorance parce qu'avec les nouveaux
règlements, il y a des questions de privilège.
M. CHARRON: M. le Président...
M. HARDY: Vous êtes toujours en retard, comme d'habitude.
M. CHARRON: M. le Président...
M. HARDY: Ils sont encore à l'ancien règlement.
M. CHARRON: Etes-vous redevenu "backbencher" ou si, là, vous vous
affirmez comme ministre?
M. MARCHAND: Vous êtes un "back-bencher" vous-même! Vous
êtes le deuxième banc
en arrière. Pourquoi êtes-vous assis en avant!
Espèce de petite crotte sale!
UNE VOIX: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement. M. le
Président, le député de Laurier a proféré
des paroles qui ne sont pas acceptables en cette Chambre et je vous demande de
lui demander de retirer ses paroles. Au moins, qu'il s'assoie à son
siège. S'il veut parler, qu'il se lève et qu'il se serve d'un
langage parlementaire.
Je demande au député de retirer ses paroles.
M. MARCHAND: Le collecteur en chef!
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre!
M. LEGER: Je demande au député de Laurier de retirer ses
paroles au sujet du député de Saint-Jacques.
M. MARCHAND Le collecteur en chef du Parti québécois!
M. LEGER: M. le Président, je demande au député de
Laurier de retirer ses paroles.
M. MARCHAND: Le collecteur en chef du Parti québécois!
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! Vous avez fait une demande au député de Laurier. Je
ne sais pas s'il va acquiescer à votre demande. Je ne sais pas.
Etes-vous prêt à retirer vos paroles et vos commentaires?
M. MARCHAND: Naturellement, cela n'a peut-être pas
dépassé ma pensée, mais je les retire.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, nous sommes appelés, comme
membres de l'Assemblée nationale, à ratifier cet
après-midi, en ce budget supplémentaire présenté
par le ministre des Finances, une étrange subvention de $300,000 qui a
été octroyée à la Centrale d'artisanat du
Québec.
Le ministre actuel peut plaider, aurait pu plaider, dès le
départ, qu'il n'était pas responsable de toutes ces tractations
politiques de coulisse...
M. HARDY: M. le Président, justement, parce que je me sens
responsable, je ne fuis pas devant mes responsabilités comme le fait le
député de Saint-Jacques. Je n'ai pas plaidé
l'irresponsabilité.
M. CHARRON: Vous auriez dû.
M. HARDY: Non, je ne ferai pas ce que vous faites. Je ne poserai pas des
gestes dérogatoires comme ceux que vous posez pour après cela, me
cacher devant toutes sortes de prétextes.
M. CHARRON: Je ne me cache devant rien.
M. MARCHAND: Le député séparatiste qui ne veut plus
l'être, aujourd'hui.
UNE VOIX: Allons, allons! Procédons, s'il vous plaît.
M. CHARRON: Qu'est-ce que tu veux, toi?
UNE VOIX: Adopté.
M. CHARRON: Qu'est-ce que tu veux, toi?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LESSARD: M. le Président, article 26, s'il vous plaît.
Pourriez-vous faire appliquer l'article 26 du règlement?
LE PRESIDENT (M. Blank): C'est la même affaire des deux
côtés.
M. LESSARD: Non pas des deux côtés. Regardez de votre
côté droit, à droite.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Saint-Jacques a la
parole.
M. CHARRON: M. le Président, la première remarque que nous
pouvons faire sur cette étrange subvention de $300,000 qu'on essaie de
passer rapidement, sans explication du ministre, c'est qu'elle a suivi
et ça pourrait, à des esprits le moindrement interrogateurs,
être le bon départ habituellement le chemin inverse que
suivent toutes les demandes de cet ordre-là auprès du Conseil du
trésor.
Ce n'est pas à vous, M. le Président, que je rappellerai
les principes fondamentaux de l'administration publique. Vous êtes ici en
cette Chambre depuis suffisamment longtemps et vous avez regardé depuis
suffisamment longtemps les principes de ces gouvernements pour savoir comment
on fonctionne.
Or, cette subvention a suivi le chemin inverse. La demande est partie du
Conseil du trésor pour aboutir au ministère des Affaires
culturelles contre l'avis du ministère des Affaires culturelles...
M. CLOUTIER: Question de règlement.
M. CHARRON: ... excepté de celui qui vient de se lever
actuellement et qui s'empressait de cacher l'irrégularité du
cheminement que je vous signalais.
LE PRESIDENT (M. Blank): Une question de règlement.
M. CLOUTIER: M. le Président, j'aurais une directive à
vous demander. Est-ce qu'il est possible de corriger les faits pendant
l'intervention du député de Saint-Jacques ou s'il faut attendre
que ses élucubrations soient terminées?
LE PRESIDENT (M. Blank): Quand on a la parole, on l'a jusqu'à
vingt minutes sur cet article et vous avez le droit de répondre.
M. CLOUTIER: Je m'incline, mais je tenais à être
fixé.
M. CHARRON: Vous interviendrez par la suite, comme vous êtes
intervenu par la suite pour justifier l'irrégularité en essayant
de couvrir le premier ministre qui vous avait passé par-dessus la
tête pendant votre absence. Vous avez tout le droit de le faire encore
une fois.
Ce qui s'est passé, c'est ceci: le 1er juin de l'année
financière courante, M. Jean-Claude Lebel, du Conseil du trésor,
faisait parvenir au ministère un avis déclarant qu'une subvention
de $300,000 allait être octroyée à la Centrale d'artisanat
du Québec. Notez que, pour un ministère qui s'efforce de tenir et
d'édifier des politiques, qui s'acharne budget après budget
à aller chercher l'argent nécessaire, surtout quand on
connaît la disparité entre les moyens du gouvernement
fédéral et ceux du gouvernement provincial pour agir dans le
champ de la culture, comme le révèle le document signé par
l'ancien ministre des Affaires culturelles et qu'on connaît maintenant,
c'est assez étrange.
Et je comprends très bien la surprise qu'ont eue les
fonctionnaires fidèles et dévoués du ministère des
Affaires culturelles d'apprendre que, tout à coup, là où
ils n'attendaient même plus d'argent, le Conseil du trésor leur
signale que ce n'est pas une modique somme, mais bien $300,000 qu'on leur donne
pour couvrir les activités d'une centrale, alors que tous les
fonctionnaires à l'intérieur du ministère et tous les
artisans qui en dépendent ont signalé l'inefficacité et
l'inopérabilité d'une telle manoeuvre.
Le 1er juin, le ministère des Affaires culturelles, en l'absence
de son tuteur, mais avec, par intérim, la noble et élevée
présidence du premier ministre, reçoit l'avis d'une subvention
qui doit venir. Fidèlement et honnêtement, le sous-ministre
adjoint du ministère des Affaires culturelles s'empresse de signaler
deux choses dans une lettre en date du 5 juin, d'abord de dire: Messieurs du
Conseil du trésor, je vous remercie beaucoup, mais d'où ça
vient, tout ça? Qui vous a demandé ça? Pour autant que je
sache, comme sous-ministre adjoint responsable d'un ministère, ça
doit partir d'ici, les demandes.
C'est d'ici, avec la signature du ministre responsable qu'on doit savoir
où s'échafaude la politique et quelles sont les sommes dont on a
besoin. Première surprise légitime donc du sous-ministre des
Affaires culturelles.
La deuxième, c'est de dire: Non seulement je suis surpris de vous
voir nous envoyer de l'argent quand on n'en a pas demandé, mais vous la
mettez à un endroit où nous nous efforçons de vous dire
que nous n'en avons plus besoin.
C'est un gruge-sous et c'est un trou dans le budget du Québec que
l'administration de cette Centrale d'artisanat du Québec. D'ailleurs,
signale-t-il, vous venez vous-mêmes, messieurs les responsables du
Conseil du trésor, d'engouffrer $282,000 du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche dans cette affaire de fou conduite par un incompétent du
nom de Simard...
M. HARDY: Question de règlement.
M. CHARRON: ... qui dirige la Centrale d'artisanat du Québec.
M. HARDY: Question de règlement. Puisque le député
de Saint-Jacques se réfère à un document,
c'est-à-dire la lettre du sous-ministre adjoint, je lui demande, tel que
prévu en vertu du règlement, de déposer le document auquel
il se réfère.
M. CHARRON: Non.
M.HARDY: Ah!
M. CHARRON: Je ne le déposerai pas.
M. HARDY: Un instant, M. le Président...
M. CHARRON: Mais je vais vous le lire.
M. MARCHAND: Vous allez écouter.
M. CHARRON: Je vais vous le lire.
M. HARDY: M. le Président, les règlements sont très
clairs: Tout député qui se réfère à un
document doit, sur demande, déposer le document sur la table du
secrétaire.
M. CHARRON: Ce n'est pas vrai.
M. LESSARD: M. le Président, il s'agit d'un ministre ou d'un
député ministériel en réponse à une
question; il ne s'agit pas d'un document...
M. HARDY: M. le Président, il est dit...
M. LESSARD: Ce n'est pas nous qui sommes au gouvernement, M. le
Président.
M. HARDY: M. le Président, depuis... M. CHARRON: Voyons donc!
LE PRESIDENT (M. Blank): Je vais vérifier la loi, une minute.
M. HARDY: M. le Président, depuis quelques semaines...
M. MARCHAND: Debout!
M. HARDY: ... j'ai eu moins souvent l'occasion de fréquenter le
règlement, donc je ne me rappelle plus exactement de l'article mais je
sais très bien, connaissant bien les principes de ce règlement,
que tout membre de cette Chambre qui se réfère d'une façon
claire et précise à un document doit déposer ce document.
Alors, je demande au député de Saint-Jacques de déposer la
lettre à laquelle il vient de se référer.
M. CHARRON: Non, M. le Président, je ne déposerai pas la
lettre mais je vais la citer, par exemple, parce que ça me
dérange.
M. HARDY: M. le Président, un instant!
M. MARCHAND: On n'accepte pas.
M. HARDY: Un instant, M. le Président...
M. VEILLEUX: C'est en vertu des articles 164 et suivants.
M. HARDY: ... le député de Saint-Jacques n'est pas encore
président de la commission plénière...
M. VEILLEUX: Articles 164 et suivants.
M.HARDY: ... et j'ai soulevé une question de règlement. Le
président va rendre sa décision avant que le député
de Saint-Jacques décide ce qu'il doit faire ou ne pas faire.
M. VEILLEUX: A l'article 164, on dit: "Un député peut
poser des questions à un ministre ou à un
député..."
M. LESSARD: C'est ça.
M. VEILLEUX: "... pour obtenir des renseignements qu'il ne peut
normalement se procurer en consultant les documents publics". Article 166: "Une
question posée à un député doit se rapporter
à une affaire d'intérêt public dont l'Assemblée est
saisie et dont ce député a pris l'initiative."
S'il parle d'un document, M. le Président, en vertu de ces deux
articles, le député de Saint-Jacques est tenu de le
déposer mais je tiens à vous dire que ce n'est pas un document
officiel, c'est un article de journal qu'il a entre les mains.
M. LESSARD: M. le Président...
M. MARCHAND: M. le Président, je pense que le
député de Saint-Jacques devrait aussi dévoiler la source
de ses renseignements et des traîtres du gouvernement qui leur donnent
les renseignements et qui faussent la vérité.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, à l'ordre! A moins que je me
trompe, je pense qu'on se réfère, à l'article 177,
à un ministre. On dit: Quand un ministre cite, ne serait-ce qu'en partie
un document..." C'est le ministre qui cite un document, on ne parle pas d'un
député.
M. LESSARD: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je pense que c'est dans l'ancien
règlement.
M. LESSARD: Vous êtes deux ans en retard, ce n'était
même pas dans l'ancien règlement.
M. CHARRON: Ha, ha, ha! Et en plus de ça, M. le Président,
ce que le ténor de Saint-Jean vient d'essayer de justifier ne se
rapporte pas du tout à la commission plénière dans
laquelle nous nous trouvons, mais il s'agit de la période des
questions.
M. HARDY: M. le Président, en vertu des règlements,
actuellement, les députés d'Opposition peuvent dire n'importe
quoi.
M. MARCHAND: Ce qu'ils font, d'ailleurs.
M. CHARRON: M. le Président, est-ce que je peux continuer? Avec
toutes ces interruptions, je sens que le temps passe et il nous manque des
chapitres.
M. MARCHAND: La plus grosse maison de son comté.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. CHARRON: Je disais donc que le sous-ministre adjoint aux Affaires
culturelles j'espère que vous ne l'avez pas
congédié parce qu'il a écrit cette lettre, j'espère
qu'il est toujours en poste M. Gariépy, signalait d'abord, comme
je vous le disais, M. le Président, son étonnement; ensuite, je
le cite textuellement: "Je ne sais pas ce que cela signifie car il semble que
les opérations de la centrale étaient assainies depuis que le
ministre du Tourisme lui a versé une subvention de $282,000",
dit-il.
M. VEILLEUX: C'est un article de journal.
M. CHARRON: D'autre part, M. le Président, comme administrateur
honnête, il pose la question que ne s'est sans doute pas posée le
ministre actuel vu qu'il s'empresse de couvrir le geste de son
prédécesseur. Il se dit...
M. CLOUTIER: M. le Président... M. CHARRON: ... en vertu...
M. CLOUTIER: ... on a droit aux questions de privilège?
M. MARCHAND: M. le Président, il va retirer ses paroles.
M. CLOUTIER: J'ai posé une question de privilège tout
à l'heure. Si le règlement me le permet, j'aimerais quand
même m'expliquer une fois pour toutes.
LE PRESIDENT (M. Blank): Oui, il y a eu une question de
privilège.
M. CLOUTIER: M. le Président...
M. LESSARD: Une question de règlement, M. le
Président.
M. CLOUTIER: ... il n'est pas question pour moi de donner la
réplique à ce que dit le député de Saint-Jacques.
Le moment viendra. Cependant, je n'accepte pas et je n'accepterai pas qu'il
utilise le mot "couvrir" comme s'il s'agissait d'un geste ou d'un acte de ma
part qui aurait été irrégulier. Il y a là une
accusation contre un député. Je crois, M. le Président,
qu'en stricte responsabilité vous devez statuer et imposer au
député de Saint-Jacques non pas un langage poli, parce qu'il est
impossible de refaire toute une éducation, non pas un langage
parlementaire, parce qu'il a décidé de saboter
littéralement nos institutions, mais un langage au moins qui corresponde
à la réalité.
M. LESSARD: M. le Président, une question de règlement. Je
ne vois pas en quoi le terme "couvert" serait un terme antiparlementaire en
vertu de l'article 99 qui dit, entre autre choses...
M. MARCHAND: ... le parti séparatiste.
M. LESSARD: ... "Il est interdit à un député de
tenir des propos séditieux; de désigner le président ou un
député par son nom; d'attaquer la conduite d'un membre de
l'Assemblée." En fait, le député de Saint-Jacques parle
strictement d'un problème particulier à un ministère,
problème très sérieux qu'il a le droit de soulever puisque
nous sommes en commission parlementaire pour étudier ce
problème-là." 8. De se servir d'un langage violent ou
blessant..." A moins que le député ou le ministre se rende compte
à un moment donné qu'il est véritablement coupable dans
cette affaire, je ne vois pas en quoi les paroles du député de
Saint-Jacques sont blessantes, à moins que ses oreilles soient
très délicates.
M. CLOUTIER: Le député de Saguenay n'a pas tort s'il se
réfère uniquement à la déclaration récente
du député de Saint-Jacques, mais je me permets de vous faire
remarquer que j'avais déjà posé la question de
privilège, parce que la première fois qu'il a utilisé le
mot "couvert", il l'a fait dans un tout autre contexte et je demande
qu'on se reporte au journal des Débats où il laissait
véritablement planer un doute. J'avoue que ce n'est pas le cas cette
fois-ci, mais comme vous ne m'avez pas permis de poser cette question de
privilège parce qu'il y avait eu, semble-t-il, quelques réserves
du côté de l'Opposition, j'ai voulu unir ces deux
déclarations et tenter de mettre les choses au point.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre va avoir toute la
possibilité tout à l'heure de répondre au
député de Saint-Jacques, alors il ne faudrait pas qu'on prenne
les vingt minutes du député de Saint-Jacques pour soulever
strictement des questions de privilège et des questions de
règlement.
M. HARDY: M. le Président, il n'y a pas qu'une question de
privilège en l'occurrence, il y a même une question de
règlement. Tout député qui a le moindrement de courage
doit être capable de soutenir les accusations qu'il prétend
porter. Le règlement, au paragraphe 7 de l'article 99, se lit ainsi: "II
est interdit d'attaquer la conduite d'un membre de l'Assemblée, sauf
à l'occasion d'une motion mettant sa conduite en question." Or, si le
député de Saint-Jacques a des accusations, s'il désire
mettre en cause la conduite d'un des membres de cette Chambre, la forme qui est
prévue par notre règlement est qu'il ait le courage d'agir
suivant les prescriptions du règlement et non pas de parler à
travers son chapeau comme il le fait toujours.
M. LESSARD: Mais, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Je vais trancher le
débat. Il y a une marge entre attaquer le ministre et attaquer la
conduite d'un député. C'est assez délicat. J'essaierais de
laisser passer.
M. CHARRON: Merci beaucoup. J'étais donc à vous dire que
le sous-ministre adjoint aux afaires culturelles, en apprenant tout à
coup qu'il bénéficiait d'une subvention de $300,000 pour la
Centrale d'artisanat du Québec, avait témoigné, dans une
lettre en date du 5 juin 1973 et qu'en tout temps le ministre peut
retrouver dans ses dossiers premièrement, son étonnement
de voir une telle manoeuvre aussi irrégulière, aussi
particulière; deuxièmement, il rappelait qu'on avait
déjà engouffré dans ce trou qu'est la Centrale d'artisanat
du Québec $282,000 qui venaient du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche; il se demandait ce qui pouvait justifier une si
grosse subvention.
M. HARDY: Est-ce que le député de Saint-Jacques me permet
une question?
M. CHARRON: Non.
M. HARDY: Vous avez peur?
M. CHARRON: Oui.
M. HARDY: Voulez-vous citer textuellement la lettre? Ayez donc
l'honnêteté de la citer textuellement si vous ne voulez pas la
produire?
M. LESSARD: M. le Président...
M. HARDY: Citez-la textuellement.
M. MARCHAND: Petit lâche!
M. LESSARD: II ne l'a pas la lettre.
M. CHARRON: Je sais...
M. MARCHAND: Petit lâche!
M. CHARRON: Très bien. Vous ne m'empêcherez pas. Si c'est
ça que vous essayez de faire, j'aime autant vous le dire tout de
suite...
M. HARDY: En toute honnêteté pour le sous-ministre
adjoint.
M. CHARRON: ... vous ne m'empêcherez pas, après avoir
cité la lettre d'un haut fonctionnaire qui s'empresse d'être
fidèle à celui qui vient de commettre un geste comme
celui-là, d'interpréter, moi, comme homme politique, ce que cet
homme s'est offert comme restriction avant de dire le fond de sa pensée.
Mais je vais vous dire comment il l'a dite, sa pensée, en vous la citant
textuellement...
D'abord, je vais vous donner ce que j'ai envie de vous donner, puis vous
irez chercher le reste pour me répondre, si ça vous tente. Vous
ne m'impressionnerez pas une maudite minute, parce qu'il y a trop de patentes
en arrière de ça.
Je vous cite, M. le Président, la lettre et je vous donnerai les
explications que j'ai à vous donner après. "Je ne sais pas ce que
cela signifie, dit-il, car il semblerait que les opérations de la
centrale étaient assainies depuis que le ministre du Tourisme lui a
versé une subvention de $282,000." Et il continue, M. le
Président: "II m'apparaît prématuré d'accorder une
nouvelle subvention avant que le vérificateur général ait
terminé la vérification de l'exercice 1972/73 et, en particulier,
les opérations financées par l'ODEQ." Il ajoute: "Seule cette
vérification nous permettra de connaître la situation
financière exacte de la centrale. Pour ce qui nous concerne, je ne
pourrais présenter une demande de subvention avant de connaître
les résultats de cette vérification."
Dans la même lettre, il admet qu'une subvention de $334,500,
versée en 1972/73 pour l'Est du Québec, a servi dans une certaine
mesure à défrayer l'administration générale de la
Centrale d'artisanat du Québec et que, donc, l'argent n'a pas
été employé à l'endroit où le budget le
téléguidait en premier.
Que retenir de cette lettre du 5 juin? La suite, bien sûr. Vous
croiriez bien, comme moi, qu'un gouvernement responsable se serait
empressé de donner suite à l'avertissement sérieux qu'un
de ses hauts fonctionnaires, chargé de l'administration
financière des Affaires culturelles, venait de lui lancer. Ce ne fut pas
le cas, parce que ce n'est pas un gouvernement responsable.
Le Conseil du trésor, avec une demande de subvention de cet
ordre, dont j'ai une photocopie ici, signée en bas par le ministre des
Affaires culturelles par intérim, le premier ministre, et le ministre
des Finances qui est toujours le même, en date du 15-8-73, autorisait
donc, malgré l'avis du sous-ministre adjoint des Affaires culturelles,
l'octroi de cette subvention de $300,000. On l'a fait comment, M. le
Président? Par un truc que ni le PPBS, ni tous les "sparages" de
pseudo-économistes n'ont été capables de couvrir: un
clair, net et facile à faire transfert de fonds du programme 4,
élément 1, du ministère des Finances au programme 4,
élément 1, du ministère des Affaires culturelles.
On dit, dans l'avis du Conseil du trésor: "La somme ainsi
transférée servira au versement d'une subvention à la
Centrale d'artisanat du Québec et sera remboursée au fonds de
suppléance si le gouvernement estime opportun d'accorder au
ministère des Affaires culturelles les crédits
supplémentaires à cette fin."
C'est aujourd'hui la fin de l'épisode. C'est ce que fait le
ministre des Finances, par la voie de son ministre des Affaires culturelles. On
conclut, on boucle la petite transaction et on présente donc un budget
supplémentaire aux crédits des Affaires culturelles, de
$300,000.
M. le Président, ce qu'il y a, en plus
d'irrégularités, de particularités,
d'étrangetés à ce genre de démarches par-dessus la
tête des ministères, entre les politiciens et le "lobbying", ce
n'est pas seulement l'administration des fonds publics, mais, pour un homme
responsable, à la tête d'un si petit ministère, duquel on
ne doit, à cause de ses faiblesses financières, accepter aucune
faute et aucune emphase, il s'agissait, comme ministre des Affaires culturelles
là, je ne parle pas comme administrateur public; il sera
jugé en conséquence à un autre moment d'autoriser
une subvention qui allait complètement à l'encontre de la
politique du ministère.
M. HARDY: C'est faux!
M. CHARRON: Je vais vous la donner, à ce moment-là.
M. CLOUTIER: Qu'est-ce que c'est? C'est absolument faux !
M. HARDY: C'est faux!
M. CHARRON: Reprenons mot à mot, sans les interruptions. D'abord,
d'où pouvait-elle venir, cette subvention, puisqu'aucun officier
responsable du ministère n'en avait signlé le besoin et
qu'ils disent même, à d'autres endroits, que l'octroi de cette
subvention est à l'encontre de la politique du ministère?
M. CLOUTIER: Mais, c'est ridicule.
M. CHARRON: On a parlé, M. le Président vous me
répondrez après, vous d'un "lobbying" du président
de la Centrale d'artisanat du Québec auprès du bureau du premier
ministre, pendant qu'il occupait la charge de ministre des Affaires culturelles
par intérim. Le ministre était en vacances en Europe et la
tiédeur du premier ministre devait bénéficier à ce
moment-là.
Ce n'est pas la première fois qu'on signale le manque de
préoccupations culturelles de celui qui dirige le gouvernement. Il a vu
là l'occasion de faire une bonne affaire, que cela aille à
l'encontre ou pas de la politique du ministère, sans consultation des
officiers du ministère dont il était ministre par intérim.
Peu importe, il y avait un ami de la famille qui demandait une subvention
spéciale...
M. HARDY: Tout du "mémérage".
M. CHARRON: ... pour ce qui est considéré comme un trou
budgétaire. Et on a fait bing, bang, sans trop de tralala, du Conseil du
Trésor aux Affaires culturelles, v'lang les $300,000 se trouvaient
accordés, et c'est aujourd'hui qu'on nous demande de ratifier ça.
C'était une faveur politique, M. le Président, et on nous
demande, aujourd'hui, dans un budget supplémentaire, alors qu'on nous
donne comme excuse à tous les endroits qu'on manque d'argent, de
ratifier une fois de plus, en Chambre, une pareille manoeuvre politique.
M. le Président, des membres mêmes de la Centrale
d'artisanat du Québec, c'est-à-dire de son conseil
d'administration ont suggéré, à la table du conseil
d'administration, de refuser une pareille subvention arrachée d'une
manière aussi douteuse. Il s'agit de M. Jacques Marsot qui est
président des métiers d'art.
M. GARNEAU: Demandez au président de la corporation.
M. CHARRON: II est d'avis que la Centrale d'artisanat du Québec
est un organisme qui ne correspond plus en rien à rien. La subvention
elle-même, comme le signale le sous-ministre des Affaires culturelles et
comme le signale également le président, M. Bujold, je crois, de
la Centrale d'artisanat du Québec, n'allait pas permettre à la
Centrale d'opérer plus largement une diffusion de la culture, comme elle
est normalement appelée à le faire, mais simplement de boucher un
trou qui était déjà béant et où une
subvention du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, à
cause de la mauvaise administration, à cause de l'incompétence
qui est dénoncée en toutes lettres par le vérificateur
général dans son rapport continuait à s'engouffrer. Et ce
qu'on nous demande de faire aujourd'hui, c'est: Sacrez-y $300,000 de plus.
Ratifiez ce que nous autres, on n'a pas été capables de faire,
à un moment donné. C'est pourri, la Centrale d'artisanat du
Québec, d'un bord à l'autre. Cela ne correspond en rien à
sa fonction culturelle, et le ministre est dans les dossiers depuis assez
longtemps pour le savoir. On s'est entêté à faire de la
Centrale d'artisanat du Québec une opération de marketing qui ne
répond en rien à la préoccupation des artisans, au point
que tous les artisans du Québec...
UNE VOIX: Elle est bonne.
M. CHARRON: ... y compris de ceux qui travaillent dans l'Est du
Québec et qui attendaient un appui de cette Centrale d'artisanat, se
sont créé d'eux-mêmes un regroupement des artisans pour
fonctionner selon leurs propres modèles, n'attendant plus rien de
rien.
Quel est donc l'intérêt qu'a trouvé le ministre par
intérim et que retrouvent aujourd'hui le vrai ministre d'alors et le
ministre de maintenant à couvrir, encore une fois, le geste du ministre
par intérim et à justifier devant la Chambre l'octroi d'une
subvention dont la démarche a été particulièrement
douteuse quant à sa régularité et dont l'efficacité
au bout de la ligne constitue purement et simplement un gaspillage des fonds
publics du Québec?
Le problème de la Centrale d'artisanat du Québec, qui s'en
va "dret" en faillite d'une façon assurée, est qu'elle a besoin
d'une orientation, comme le signale le vérificateur
général; elle a besoin d'une reprise en main complète de
son rôle. Ce n'est pas au moment où on va remettre en question un
outil qui fait faillite qu'on va y engouffrer $300,000 des taxes et des
impôts payés par les contribuables québécois. C'est
de la mauvaise administration publique. C'est douteux comme efficacité.
Comme je vous l'ai prouvé, M. le Président, c'est aussi
très douteux quant à son origine. Les Québécois
seront appelés, par la voix des média d'information, à
juger ce genre de manoeuvre. Il est certain qu'à une époque
où la plupart des Québécois sentent que leurs goussets
sont pas mal trop petits comparativement à leurs besoins, ils ne
manqueront sans doute pas de juger ce gouvernement et de dire qu'il a beaucoup
d'aisance à gaspiller $300,000, à un moment donné, dans
une subvention qui n'a ni queue ni tête.
M. le Président, ce dont souffre cette partie de la vie
culturelle du Québec, ce qu'on aurait dû espérer de la
Centrale d'artisanat du Québec, ce n'est pas du marketing. Le
problème vient de la production, et c'est là-dessus que le
ministre devrait se pencher maintenant, au lieu de nous faire passer des savons
comme ces subventions malodorantes de $300,000 à la Centrale d'artisanat
du Québec. Pour les artisans québécois, le
problème est un problème de production et d'outillage
technique pour répondre à la demande d'appareillage et
d'ateliers. Il n'est pas dans l'écoulement, à un tel point que
les artisans ont été capables de s'organiser d'eux-mêmes.
Le ministre a été en mesure de le constater en allant couper le
ruban du salon des métiers d'art. Les artisans s'organisent
d'eux-mêmes maintenant, tellement ils n'ont plus confiance en l'appui que
le ministère va leur apporter dans ce domaine pour l'écoulement
de leurs produits. Ce n'est pas là le problème des arts
plastiques et des artisans québécois, maintenant. Le ministre va
avoir l'occasion de s'en occuper, maintenant qu'il est en charge officiellement
et non simplement comme "back-bencher" de ces dossiers qu'il avait en main
depuis déjà quelque temps.
Le sous-ministre des Affaires culturelles a signalé dans une
déclaration écrite et répandue le 5 juillet 1973, en
ouvrant le pavillon du Québec à Terre des hommes, qu'il fallait
surtout créer un Conseil d'artisanat, qu'il fallait faire maintenant
l'inventaire systématique des différentes unités de
production en collaboration avec la Fédération des métiers
d'art du Québec. Il rappelait les demandes, qu'il voit d'un bon oeil, de
la prise en main par les artistes eux-mêmes de l'écoulement de
leur production. Je termine là-dessus, M. le Président, c'est
beaucoup plus là-dessus que l'Opposition officielle aurait
été consentante à voter des crédits
supplémentaires de $300,000 cet après-midi au ministre des
Affaires culturelles. Ce serait véritablement son rôle de
promouvoir l'activité culturelle du Québec. Je vous le signale en
terminant, nous ratifions une subvention qui, depuis son début
jusqu'à la fin de son épisode, que couvre aujourd'hui le ministre
des Finances dans son budget supplémentaire, sent d'un bout à
l'autre l'irrégularité, la faveur politique et le trafic en
coulisse.
M. HARDY: M. le Président, comme d'habitude, le
député de Saint-Jacques n'a pris qu'une partie des sources de
renseignements, les a interprétés à sa façon et a
été de la sorte totalement injuste pour à peu près
tout le monde dont il a parlé, y compris les hauts fonctionnaires.
La situation est beaucoup plus simple, beaucoup moins dramatique qu'a
bien voulu le faire voir le député de Saint-Jacques pour des
raisons strictement démagogiques et électorales. La situation de
la Centrale d'artisanat, c'est bien simple: C'est d'abord un organisme qui
était relativement nouveau, d'une part, et qui avait un mandat assez
difficile dans le contexte où cet organisme a dû oeuvrer. Or,
étant donné ses difficultés, il est évident qu'il y
a eu des déficits ou, en d'autres termes, que l'Etat devait y subvenir.
Lorsque le député de Saint-Jacques fait état de la prise
en main par les artisans de leurs affaires, même là le
gouvernement doit intervenir. Loin de moi l'idée de ne pas
reconnaître le mérite des artisans qui, de plus en plus, veulent
prendre en main leurs affaires, et c'est tant mieux. J'applaudis à cette
nouvelle orientation et, en tant que ministre des Affaires culturelles, je
ferai tout pour que cette nouvelle orientation se développe. Mais,
même là, il faudra que l'Etat intervienne. Même avec la
Corporation des créateurs artisans de l'Est du Québec, nous avons
dû cette année, à même le budget de l'ODEQ, leur
accorder une subvention très substantielle parce qu'il s'agit d'un
domaine nouveau. Il s'agit d'un domaine où, d'une part, il faut aider
les artisans dans leur formation technique et, également, où il
faut créer ou développer le marché. C'est absolument
stupide et aberrant d'entendre le député de Saint-Jacques dire:
Les artisans ne se préoccupent pas du marketing. Eh bien, oui.
Evidemment, c'est bien dans la ligne de pensée des péquistes. On
rêve, on navigue et on ne s'occupe pas des réalités. Selon
le député de Saint-Jacques, les artisans vont créer des
objets et ils ne les vendront pas. Ils ne se préoccupent pas du
marketing. Bien, c'est faux. Je les ai rencontrés, les artisans. M.
Marsot, président de Métiers d'art du Québec, j'ai eu
l'occasion de le rencontrer. Et les artisans du Québec, parce qu'ils
sont des gens réalistes, pas mal plus réalistes que le
député de Saint-Jacques et ses rêveurs, se
préoccupent à la fois du problème de la création
mais ils se préoccupent aussi du problème de la vente de leurs
produits parce qu'ils entendent vivre de la vente de leurs produits.
Or, dire en cette Chambre, comme l'a dit tantôt le
député de Saint-Jacques, que le marketing, cela ne les
intéresse pas, c'est faux, c'est entièrement faux.
M. CHARRON: Je vais vous corriger après.
M. HARDY: II n'y a aucune contradiction entre le fait d'accorder cette
subvention à la Centrale d'artisanat et le fait de développer une
politique de métiers d'art au Québec. Il n'y a aucune
contradiction. C'est tellement vrai qu'il n'y a pas de contradiction que nous
avons continué et que nous continuons à travailler, à
l'heure actuelle, de concert avec les artisans du Québec et
l'annonce que j'ai faite vendredi soir dernier en est une preuve
à la mise en place d'une politique de développement des
métiers d'art du Québec.
Mais cela n'a rien à voir avec la subvention que nous accordons.
Même si certaines personnes ont tenté de mettre ces deux objectifs
en contradiction, il n'y en a pas. Il n'y en a pas.
Il y avait un problème aigu et urgent à la Centrale
d'artisanat: il y avait un déficit. Nous avons dû le combler ou
laisser l'organisme faire faillite et ne pas payer ses dettes. C'est cela que
le député de Saint-Jacques voulait? Le député de
Saint-Jacques voulait que la Centrale d'artisanat ne paie pas les artisans?
C'est cela qu'il voulait? Eh bien, nous, nous avons plus de sens des
responsabilités que cela.
Nous avons dit: Même s'il y a eu des lacunes
dans l'administration de la Centrale d'artisanat je suis bien
prêt à le reconnaître il y a une
réalité bien concrète actuellement : c'est que cet
organisme doit de l'argent. Nous allons faire en sorte que cet organisme
respecte ses obligations. La centrale ne fera pas faillite. C'est cela qu'on a
fait.
Maintenant que ceci est assuré, nous avons nommé un
contrôleur qui examine de très près le fonctionnement pour
que des choses semblables ne se répètent pas à l'avenir
et, en même temps, nous travaillons à la mise sur pied d'une
véritable politique de développement des métiers d'art
dans l'ensemble du territoire de la province.
Encore une fois, M. le Président, on a fait une tempête
dans un verre d'eau. On essaie de faire de la démagogie, de
l'électoralisme. On se pense encore en campagne électorale. Quant
à moi, M. le Président, je ne suis plus en campagne
électorale. Je n'ai pas fait de démagogie en campagne
électorale et je n'en ferai pas en tant que titulaire du
ministère des Affaires culturelles. Ce que je vais faire dans le domaine
des métiers d'art, comme dans tous les domaines, c'est d'essayer de
régler les problèmes d'une façon positive et non pas d'une
façon négative, comme le fait actuellement le
député de Saint-Jacques.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. MORIN: M. le Président, je conviens avec le ministre qu'il
faudrait éviter de grimper dans les rideaux au sujet de cette question.
J'avoue que j'écoutais avec grand intérêt le
député de Saint-Jacques et je découvrais, à ma
grande surprise, des faits qui ne m'étaient pas connus.
M. HARDY: Vous avez bien des choses à découvrir.
M. MORIN: Je voudrais comprendre, M. le ministre. Je ne porte aucune
accusation; je ne fais que poser des questions. Je veux bien comprendre ce dont
il s'agit.
D'abord, je crois comprendre que cet organisme avait déjà
reçu $280,000 de subvention, par le truchement du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Déjà, voilà
un élément de surprise. Pourquoi le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, la première fois? Pourquoi votre
ministère, la seconde fois?
M. HARDY: Puis-je vous répondre immédiatement?
M. MORIN: Oui, volontiers.
M. HARDY: C'est qu'à l'époque la Centrale d'artisanat
relevait du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
M. MORIN: Bon.
UNE VOIX: Pourquoi n'y a-t-il pius de contrôle?
M. MORIN: Qui était, à ce moment-là, titulaire du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, M. le
ministre?
M. SAINT-PIERRE: Mme Casgrain.
M. MORIN: Mme Casgrain. Bon. Deuxièmement, est-ce qu'il est exact
que les fonctionnaires du ministère des Affaires culturelles
s'étaient opposés à cette subvention? Est-ce que c'est
exact, comme cela semble avoir transpiré dans les journaux? Puisque vous
voulez me répondre du tac au tac, je suis tout à fait prêt
à vous entendre.
M. HARDY: M. le Président, il y a bien des choses qui transpirent
dans les journaux.
M. LEGER: Même les ministres transpirent!
M. HARDY: Les choses qui transpirent dans les journaux ne sont pas
toujours totalement exactes.
M. LESSARD: Oui ou non?
M. MORIN: Je vous pose la question. Laissons les journaux de
côté, M. le ministre.
M. HARDY: M. le Président, devant la Chambre, c'est le ministre
qui est responsable. Ce ne sont pas les fonctionnaires. Je réponds en
tant que ministre et je n'ai pas l'intention de dévoiler ce qui se passe
à l'intérieur d'un ministère.
Le député de Sauvé, chef parlementaire de la loyale
Opposition de Sa Majesté, lui qui se prétend un
spécialiste du droit parlementaire, devrait savoir que, devant la
Chambre, ce sont les ministres qui sont responsables et j'entends prendre
toutes mes responsabilités. J'entends les prendre d'une façon
totale et absolue.
Je ne tomberai pas dans ce que les députés du Parti
québécois essaient de faire; ils essaient de faire jouer des gens
les uns contre les autres. Mes responsabilités au ministère des
Affaires culturelles, je vais les assumer et je ne dévoilerai pas quoi
que ce soit qui ne doit pas être dévoilé en cette
Chambre.
M. LEGER: II faudrait peut-être commencer tranquillement et ne pas
grimper trop vite dans les rideaux.
M. MORIN: M. le Président, j'ai demandé au ministre de ne
pas grimper dans les rideaux. Tout ce que je cherche, c'est à comprendre
ce dont il s'agit. Après tout, M. le ministre, vous admettrez qu'il est
du devoir de l'Opposition de comprendre pourquoi on nous demande l'affectation
de crédits supplémentaires. S'il y a quelque chose
d'irrégulier je ne dis pas qu'il y
a eu quelque chose d'irrégulier; je pose la question dans
cette subvention, je crois qu'il est du droit et même du devoir de
l'Opposition d'aller jusqu'au fond de l'affaire. Est-ce que vous serez d'accord
sur cela, M. le ministre?
M. HARDY: M. le Président, certainement. M. MORIN: Bon.
M. HARDY: S'il y avait quelque chose d'ir-régulier dans cette
subvention, je ne la défendrais pas actuellement. Si je la
défends, c'est parce qu'elle est totalement régulière.
UNE VOIX: D'accord.
M.MORIN: Bon, alors comment se fait-il que cette subvention soit
pilotée par le premier ministre c'est son
prédécesseur qui était absent, je crois; c'était
vous-même, M. le ministre de l'Education aujourd'hui contre l'avis
des fonctionnaires qui ont été consultés? C'est ce
qu'honnêtement nous croyons savoir. Et je pense que nous avons le droit
d'avoir...
M. HARDY: Des "mémérages."
M. MORIN: Non, je ne crois pas, d'après les textes qui sont
sortis.
DES VOIX: Ah!
M. MORIN: Et s'il fallait que, chaque fois qu'il y a une
irrégularité, le ministre se drape dans son manteau et drape avec
lui tous les fonctionnaires, on ne pourrait jamais rien savoir, on ne pourrait
pas scruter les crédits comme c'est notre devoir de le faire. Je pense
que le ministre en conviendra.
Je lui ai posé une question. Et il peut se draper dans le secret,
mais je pense qu'il aurait plutôt avantage à nous dire tout ce
qu'il en est, et on en finirait une fois pour toutes. Est-ce que, oui ou non,
ses fonctionnaires... Ou je peux poser la question à l'actuel ministre
de l'Education. S'il a une explication, je suis prêt à
l'accueillir. Est-ce que c'est clair, ça?
M. CLOUTIER: Oui, et je félicite d'ailleurs le chef de
l'Opposition d'adopter un ton qui véritablement sied à nos
délibérations. Je dois dire qu'il est extrêmement
difficile, lorsqu'on entend le député de Saint-Jacques, qui n'est
pas revenu de sa crise électorale, parler et dramatiser les
problèmes mais je crois que c'est le prix qu'il faut payer pour
être ici dans cette Assemblée ...
M. MORIN: Ne faisons pas de politique, M. le ministre.
M. CLOUTIER: ... il est extrêmement difficile, après 20
minutes d'élucubrations, de ne pas avoir envie, de temps en temps, de
mettre les choses à leur place, et d'apporter certaines mises au
point.
M. MORIN: Le député fait son métier.
M. CLOUTIER: Eh bien! je vais faire le mien, je vais tenter de le faire
sur le ton qu'a adopté le chef de l'Opposition. Je tenais uniquement
à le féliciter. Je suis étonné qu'il proteste
contre les félicitations que je lui adresse.
Je voudrais rétablir certains faits. D'abord, il est exact que
c'est le premier ministre qui a assumé la responsabilité du
ministère des Affaires culturelles en mon absence et qui a
piloté, pour ainsi dire, cette subvention. Cependant, je tiens à
dire que j'en avais discuté, à plusieurs reprises, avec lui avant
mon départ et que je lui avais donné mon accord.
Et je crois qu'il est extrêmement important que l'on ne donne pas
l'impression que le premier ministre, de façon discrétionnaire,
soit passé comme l'a laissé entendre le
député de Saint-Jacques par-dessus la tête d'un de
ses ministres. Le premier ministre a toujours respecté la
responsabilité de chacun, et j'en suis témoin dans ce cas
particulier.
Ensuite, je crois qu'il convient de dire que ce sont les ministres et le
gouvernement qui sont responsables des politiques dans un ministère. Il
va de soi que les fonctionnaires sont loin d'être toujours d'accord sur
certaines orientations que je tente de donner actuellement au ministère
de l'Education et que j'ai tenté de donner au ministère des
Affaires culturelles.
Il revient au ministre de tenter de faire évoluer les esprits
dans la direction de ce qu'il considère, lui, être sa politique.
Par conséquent, il n'est absolument pas anormal qu'il puisse y avoir des
réserves formulées par certains hauts fonctionnaires. Et pour ma
part, je les engage à le faire. Ce qui ne me pousse pas
nécessairement à toujours tenir compte de leurs avis.
Lorsqu'il a été question de ce problème de la
Centrale d'artisanat, il y a eu effectivement, de la part du sous-ministre et
du sous-ministre adjoint, certaines réserves de formulées. La
lettre qui a été citée partiellement par le
député de Saint-Jacques en fait état. Ceci ma paraît
parfaitement normal.
Mais cependant l'évaluation politique que j'avais faite avant mon
départ pour une absence de quelques semaines, l'évaluation
politique qu'a faite le premier ministre, et l'évaluation politique qu'a
faite l'actuel ministre des Affaires culturelles, qui était alors
adjoint parlementaire, a été que, dans les circonstances, il
fallait consacrer une subvention à la centrale d'artisanat.
Je ne veux pas ici entrer dans le fond du problème et faire le
procès de cette centrale. Je crois également qu'il faut revoir
tout cet ensemble de la politique des métiers d'art. C'est d'ailleurs la
raison pour laquelle nous avons tenté d'élaborer une nouvelle
formulation, au ministère des Affaires culturelles.
Cependant, j'ai cru qu'il était nécessaire que cette
subvention soit versée pour deux raisons. D'abord, parce que cette
politique n'était pas complète. Et elle ne l'est pas encore
aujourd'hui. Je crois que, récemment, le ministre des Affaires
culturelles a dit que bientôt il pourrait la rendre publique. Par
conséquent, il paraissait normal de continuer à maintenir un
organisme puisqu'il n'y avait pas encore de solution de remplacement.
Ensuite il y avait le point extrêmement important que cet
organisme, peut-être à la suite d'une administration douteuse,
à la suite d'une administration peu efficace, se trouvait dans une
position financière difficile et que le gouvernement, indirectement,
avait une responsabilité vis-à-vis des employés de cet
organisme et également vis-à-vis des artistes à qui
certaines sommes étaient dues. Par conséquent, le gouvernement
n'a fait que ce qu'il fait chaque fois qu'une opération de sauvetage
s'impose. Je dois dire que, pour beaucoup d'organismes culturels, nous avons
agi exactement de la même façon. Par conséquent, en
l'absence d'une politique établie et en l'absence d'une solution de
remplacement, devant également un problème précis qui
constituait une crise au sein de cet organisme, le ministère a tout
simplement pris ses responsabilités, même si cela ne correspondait
pas en tout point à certaines évaluations des hauts
fonctionnaires qui, eux, ne sont pas toujours placés pour tenir compte
de tous les aspects du problème.
Voilà, M. le Président, tout ce que je veux dire. Je n'ai
certainement pas l'intention de faire un discours sur un sujet aussi mineur; je
ne parle pas du fond, mais je parle de l'exploitation démagogique qu'on
tente d'en faire.
M. MORIN: M. le Président, je suis tout à fait
disposé à prendre la parole du ministre quand il nous dit qu'il a
lui-même recommandé cette subvention au premier ministre avant son
départ. Je n'hésite pas à le croire. Mais il n'en reste
pas moins qu'il reste encore un ou deux points à éclaircir pour
que j'en aie le coeur net, que nous en ayons, du côté de
l'Opposition, le coeur net.
Est-ce que le ministre peut nous dire comment, en gros, ces $300,000 ont
été répartis? On nous a dit que c'était pour payer
les dettes qui étaient dues aux artisans. Est-ce qu'il n'y a pas une
fraction de ce montant qui a été en frais administratifs,
salaires, émoluments, et, en particulier, est-ce que le ministre peut
nous dire combien a été remis personnellement au directeur
général de la centrale?
M. HARDY: M. le Président, tout d'abord, au moment où l'on
se parle, ce n'est pas $300,000 qui ont été versés
à la centrale, mais $202,750. Il est évident que c'est pour
combler l'ensemble du déficit, du moins une partie de ce déficit.
Cela comprend des montants dus aux artisans; cela comprend des montants en
salaires dus au directeur général comme à tous les
employés. Il est évident que dans l'exploitation d'un organisme
comme la Centrale d'artisanat, le déficit provient de tout ce que cet
organisme doit payer en salaires, en paiement des oeuvres qui sont vendues par
les artisans à la centrale, tout cela, mais je n'ai pas la ventilation
exacte. C'est à même le budget de la Centrale d'artisanat que l'on
peut voir exactement quelles sont toutes les composantes de ce
déficit.
M. LESSARD: Déposez le budget.
M. MORIN: J'imagine qu'avant d'approuver une chose pareille, $202,000,
vous avez dû regarder un peu le budget, le bilan de cet organisme. Vous
n'avez pas fait ça à la légère, M. le ministre.
Alors, vous pouvez peut-être nous donner au moins les fractions qui sont
allées en salaires, les fractions qui sont allées aux artisans.
Je vous ai posé une question précise: Combien a été
versé au directeur général?
M. HARDY: M. le Président, je n'ai pas devant moi actuellement
ces informations, mais je pourrai très bien les fournir au
député de Sauvé, éventuellement.
M.MORIN: "Eventuellement"? Dans les jours qui viennent, M. le ministre?
C'est parce que nous devons approuver ça maintenant, voilà le
hic! Je ne serais pas disposé à donner un chèque en blanc
comme ça au ministre, même si j'ai personnellement beaucoup
d'estime pour lui.
M. HARDY: Merci.
M. MORIN: Quand, "éventuellement"? On va nous demander
d'approuver ça maintenant.
M. HARDY: Lorsque nous aurons le rapport du vérificateur
général.
M. MORIN: C'est-à-dire à peu près quand?
M. HARDY: La vérification, actuellement, est terminée,
mais nous n'avons pas encore le rapport complet.
M. MORIN: Bon. Est-ce que le ministre a une idée du
déficit total éventuel de la centrale? On nous demande
d'approuver $300,000; on ne nous demande pas d'approuver $202,000. Il n'y a pas
eu de rapport, je ne vois pas comment on peut être appelé à
approuver ça.
M. LESSARD: M. le Président, sur quoi le ministre s'est-il
basé pour approuver $300,000 s'il nous dit que le rapport n'est pas
prêt? Sur quoi le ministre s'est-il basé?
M. HARDY: Qui est chef, là?
M. LESSARD: Bon, voici, M. le Président, à la suite des
questions du chef parlementaire du
Parti québécois, le ministre nous répond
qu'actuellement il ne peut pas nous donner la ventilation parce que le rapport
du vérificateur général n'est pas terminé. Est-ce
qu'on pourrait savoir sur quoi le ministre des Affaires culturelles s'est
basé pour dire que c'était $300,000 dont la centrale avait
besoin, suite, à part de ça, à la somme de $282,000 qui
avait déjà été donnée par le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche?
Il me semble que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche avait dû au moins, lorsqu'on accorde $282,000, comme
ça, à un organisme comme la Centrale d'artisanat, demander un
rapport des activités de cette centrale.
Alors, ce rapport, l'ex-ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche l'a-t-il reçu? Lorsqu'il a eu à étudier le
versement directement à la Centrale d'artisanat, plutôt que de
mettre, peut-être, cette centrale sous tutelle, est-ce que le ministre a
vérifié la façon dont avaient d'abord été
dépensés les $282,000 qui avaient été versés
par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche? Il
semble que ce sont là des questions fondamentales. Le ministre a
dû se baser sur quelque chose.
M. HARDY: M. le Président, on remonte pas mal loin quand on
remonte à la subvention du ministère du Tourisme.
M. LESSARD: Contrôle du gouvernement, contrôle des deniers
publics. Ce gouvernement est en place depuis 1970.
M. HARDY: Pourquoi ne parliez-vous pas de ça durant la campagne
électorale? Cela aurait été intéressant.
M. LESSARD: M. le Président, pendant la campagne
électorale, oui, on a parlé du gaspillage des fonds publics que
ce gouvernement fait depuis 1970. On a demandé à maintes et
maintes reprises la convocation de la commission des comptes publics. En effet,
nous avons dit au premier ministre que ce n'est pas au niveau de la commission
des engagements financiers que nous pouvons interroger les fonctionnaires, que
nous pouvons interroger le ministre, parce que les ministres responsables ne
sont pas présents à la commission des engagements financiers. Le
ministre des Finances, M. le Président, on va en parler si vous me le
permettez.
M. GARNEAU: Ils peuvent l'être, si vous le demandez. Vous
connaissez le procédé.
M. LESSARD: Nous avons demandé à maintes et maintes
reprises et je regrette que nos collègues créditistes ne
soient pas ici pour le confirmer ...
M. CLOUTIER: Collusion.
M. LESSARD: ... la convocation de la commission des comptes publics.
Qu'est-ce que le premier ministre Bourassa nous répondait? Une preuve.
Une preuve. Or, M. le Président, on sait très bien qu'il nous est
impossible et, actuellement, nous le constatons ici, en
commission plénière comme en commission des comptes publics, de
véritablement donner les preuves même si nous les avons, parce
qu'il nous est impossible d'interroger directement le ministre et les
fonctionnaires. Lorsque nous posons, comme tout à l'heure, par exemple,
des questions au ministre concernant certaines positions de ses fonctionnaires,
le ministre nous dit: Moi, il faut que je protège mes fonctionnaires. H
y a un fonctionnaire à côté du ministre actuellement et
j'aimerais bien qu'il puisse, aux comptes publics, par exemple, nous
répondre à certaines questions.
Or, justement ici, nous ne sommes pas capables de le faire. Sur
ça comme sur d'autres choses, tant et aussi longtemps que le
gouvernement du Québec, le gouvernement actuel se cachera ou refusera de
convoquer la commission des comptes publics, que ce soit dans le domaine du
transport, par exemple, où nous avons soulevé un problème
important...
LE PRESIDENT (M. Blank): Posez la question au ministre.
M. LESSARD: Je reviens, M. le Président. Cela en était un
cas de patronage politique. Quand le ministre nous disait, tout à
l'heure, que les fonctionnaires ne sont pas en état d'avoir tous les
éléments dans un dossier, je comprends la réponse du
ministre, c'est qu'il s'agissait d'éléments politiques, dans
cette circonstance. Il s'agissait d'amitiés personnelles...
M. CLOUTIER: Ah non! c'est hors de question.
M. LESSARD: ... entre un président, un administrateur, comme
lui-même l'a affirmé, d'ailleurs, et le premier ministre. Il
semble que là les intérêts politiques ont joué. Les
intérêts politiques ont dépassé les
intérêts réels du ministère des Affaires culturelles
et c'est là que ça devient inquiétant. C'est là que
ça devient inquiétant, parce que les réponses du ministre
actuel des Affaires culturelles ne sont pas du tout satisfaisantes.
M. CLOUTIER: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au député de Saguenay? Il a parlé des
intérêts supérieurs du ministère des Affaires
culturelles. Est-ce qu'il pourrait préciser un peu sa pensée, en
nous disant à quoi ça correspond?
M. LESSARD: M. le Président, je parle des intérêts
de la culture au ministère des Affaires culturelles, étant
donné ses limites budgétaires. Il s'agit d'utiliser le budget de
la façon la plus
efficace possible, de la façon la plus rentable possible, pour
permettre le développement de la culture au Québec.
Or, on fait du patronage avec un budget aussi émietté,
avec un budget aussi limité. C'est de cela que je parle. Ce n'est pas
strictement utiliser un budget du ministère des Affaires culturelles
pour des intérêts politiques, pour satisfaire des amis politiques.
C'est cela, M. le Président, qui est en cause. Le ministre, comme c'est
le cas actuellement, ne nous donne pas satisfaction en ce qui concerne les
questions que nous posons. Je comprends, M. le Président, qu'il est pris
avec la patate chaude et qu'il est obligé de la défendre mais il
y a une continuité logique avec les $282,000 même s'ils ont
été versés par l'ex-ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, Mme Claire Kirkland-Casgrain. Mme Claire Kirkland-Casgrain
faisait partie de ce gouvernement et le versement de $282,000 a dû
être accepté par le Conseil du trésor à moins qu'on
se foute des deniers publics dans ce gouvernement. Il semble que ce soit le
cas.
Une nouvelle demande arrive quelques semaines, quelques mois avant
l'élection, et là on demande $300,000. Le ministre nous dit: On
n'a pas le choix, il faut verser $300,000 même si on a certaines
réticences concernant l'administration financière de cette
centrale d'artisanat. Pourtant, il me semble que le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche doit demander des rapports et,
justement, le vérificateur général souligne ce point. Il
semble qu'on donne, comme cela, des subventions à un ministère ou
à un autre et on ne demande pas de rapport. C'est un cadeau du Parti
libéral. C'est comme cela qu'on le présente durant la campagne
électorale. Pas de rapport, M. le Président. Cela explique
pourquoi on demande tout à coup $300,000 et, encore là, d'accord,
on ne demande pas de rapport. Cela explique pourquoi le ministre ne peut pas
répondre à la question du chef de l'Opposition officielle en ce
qui concerne la ventilation des montants, parmi les $202,000 qui ont
été accordés.
Quels sont les montants qui vont à l'administrateur
général? Quels sont les montants qui vont aux artisans? Je veux
faire une rectification. Encore là, le ministre des Affaires culturelles
a mal compris les paroles du député de Saint-Jacques. Le
député de Saint-Jacques n'a jamais dit que les artisans ne
s'occupaient pas de marketing. Ce que le député de Saint-Jacques
a dit, c'est que le problème...
M. HARDY: Vous le relirez.
M.LESSARD: Je regrette, M. le Président. Qu'on lise bien les
paroles du député de Saint-Jacques. Il n'a jamais dit que les
artisans ne s'occupaient pas de marketing; ce que le député de
Saint-Jacques a dit, c'est qu'en ce qui concerne les artisans ce n'est pas une
question de mise en marché, c'est d'abord une question de production. La
mise en marché, actuellement, il semble qu'elle se fasse facilement.
M.HARDY: Bien, vous ne connaissez rien là-dedans.
M. LESSARD: C'est une question de production. On vend bien plus de "made
in Japan"...
M. HARDY: ... totalement ignorant.
M. LESSARD: ... justement parce que le ministère des Affaires
culturelles ne s'en occupe pas, qu'on vend des choses produites au
Québec.
M. HARDY: C'est du marketing, cela?
M. LESSARD: Si c'était payable aux artisans, puisqu'il y avait
certaines preuves et je pose la question au ministre que
l'administration financière de cette centrale d'artisanat semblait
douteuse, pourquoi le ministre des Affaires culturelles n'a-t-il pas
trouvé une forme de mise en tutelle? Il reste que c'est vrai qu'on
devait payer probablement un certain nombre d'artisans mais on voudrait savoir
quelle était la partie du budget qui allait à cette source.
Pourquoi le ministère des Affaires culturelles n'a-t-il pas
trouvé une forme de mise en tutelle pour payer directement les artisans,
pour payer directement le directeur général, si c'était le
cas? Il aurait fallu empêcher que $202,000 soient versés,
semble-t-il sans condition même si on parle d'une certaine
vérification a posteriori, comme le ministre nous a dit.
M.CLOUTIER: Oh pardon, c'est sérieux!
M. LESSARD: II aurait fallu empêcher que $202,000 soient
gaspillés, probablement, comme, en premier, les $282,000 l'ont
été et ça, sans présenter de rapport. Je voudrais
le savoir, M. le Président, si rapport il y a eu. Il me semble que, si
on a accepté de verser une subvention de $300,000, c'est que le rapport
qu'on devait normalement présenter au ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche sur l'administration des $282,000 n'a pas
été fait.
Comment se fait-il, M. le Président, que le ministre verse comme
ça des subventions et n'exige pas un rapport financier sur les sommes
d'argent qui ont d'abord été données et la façon
dont ces sommes d'argent ont été utilisées? C'est
là qu'est le problème important, et ce ne sont pas justement les
réponses, comme ça, du ministre... On refuse de donner un
chèque en blanc au ministre. On veut savoir exactement la ventilation
des $202,000, comme il serait probablement nécessaire, M. le
Président et seuls les comptes publics nous permettront de le
vérifier de savoir de quelle façon ont été
dépensés les premiers $282,000 qui ont été
versés par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, alors que moi, comme
critique de ce secteur d'activité, je constate que ce pauvre
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche n'est pas
capable d'élaborer lui-même des politiques de tourisme, de chasse
et de pêche.
M. HARDY: M. le Président, je vais tenter très calmement
d'expliquer il faut dire que le député de Saint-Jacques
avait largement donné le ton...
M. CHARRON: Oui, puis je vais vous le redonner.
M. HARDY: Ah! vous aimez ça quand il y a de la bagarre?
M. CHARRON: Vous êtes beau dans les rideaux, vous ne pouvez pas
voir comment.
M. HARDY: Vous n'aimez pas les explications calmes?
M. CHARRON: Demandez au ministre de l'Education, à chaque
question qu'on lui pose en Chambre, il monte dedans. Il connaît le
chemin.
M. CLOUTIER: M. le Président, essayez de calmer ce jeune
homme.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre ! Je veux seulement
avertir les membres de l'Opposition que, suivant nos règlements, il n'y
a que huit heures pour l'étude des crédits
supplémentaires. Nous avons passé presque deux heures sur un
montant de $300,000, et il reste $150 millions de plus...
M. CHARRON: Alors, vous vous imaginez combien de choses il nous cache en
dedans de huit heures.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je veux vous aviser, je ne veux pas qu'on
arrive à la fin des huit heures...
M. LESSARD: La commission des comptes publics, M. le
Président.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais dire ceci.
M. HARDY: Vous ne voulez pas que je réponde?
M. MORIN: Je ne soupçonne pas systématiquement le
gouvernement de cacher quoi que ce soit. Seulement, $300,000, c'est un montant
substantiel quand il vient s'ajouter à environ $280,000. Cela fait plus
d'un demi-million qui est en cause et on veut aller au fond de l'affaire. Je
pense que le ministre avait commencé à nous répondre.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je n'empêche personne de parler, vous
pouvez parler pendant huit heures sur les $300,000, mais je ne veux pas que
vous me critiquiez après, quand je ferai clore le débat.
M. LESSARD: M. le Président, en vertu des règlements, je
suis complètement d'accord avec vous, mais ça ne fait que
justifier une chose c'est que nous pourrons discuter de ces problèmes
seulement lorsque le ministre des Finances et le leader parlementaire
convoqueront la commission des comptes publics pour étudier toute
l'administration de ce gouvernement.
M. HARDY: M. le Président, le message publicitaire du
député de Saguenay est passé.
M. LESSARD: C'est le message, M. le Président, qu'on veut
transmettre aussi à la population. Si vous n'avez pas peur de convoquer
la commission des comptes publics, pourquoi ne pas l'avoir convoquée? Si
vous n'avez rien à cacher, pourquoi ne pas la convoquer?
M. CLOUTIER: Ce n'est pas pertinent.
M. LESSARD: C'est ça qu'on vous dit, on est prêt à
travailler, nous autres.
M. HARDY: M. le Président, voyez-vous, je m'apprête
à donner des explications demandées par le député
de Saguenay. La première chose qu'il trouve à faire, c'est de
quitter.
M. LEGER: Non, nous vous écoutons religieusement.
M. HARDY: C'est ça, le sérieux.
M. CLOUTIER: On n'a pas le droit de fumer. Depuis quand, M. le
Président, le député de Saguenay fume-t-il à
l'Assemblée?
M. LEGER: Nous sommes en commission plénière.
M. HARDY: M. le Président.
UNE VOIX: C'est très mauvais pour la santé.
M. CLOUTIER: II écoute les explications ou il sort.
M. LESSARD: M. le Président, depuis quand je n'ai pas le droit de
m'en aller, à un moment donné, tout en écoutant le
ministre, derrière le trône pour fumer une cigarette? Depuis quand
le ministre des Affaires culturelles devient-il aussi...?
M. HARDY: M. le Président, c'est beau...
M. CLOUTIER: II y a un certain décorum qui doit être
respecté.
M. LESSARD: J'écoute le ministre.
M. HARDY: M. le Président, je ne suis pas tuteur ni gardien de
l'âme du député de Saguenay, Dieu m'en garde, mais je pense
que s'il était aussi intéressé à recevoir des
informations qu'il semble le dire, il garderait son siège et il
écouterait ce que j'ai à dire.
Quant à ce qui a trait à la subvention du ministère
du Tourisme et on pourra aller voir le rapport de la Centrale
d'artisanat, déposé annuellement sur la table de cette Chambre
grosso modo, la subvention du ministère du Tourisme avait
été accordée à cause des services rendus par la
Centrale d'artisanat à Expo 67. C'est la raison primordiale.
C'était une opération non rentable, mais intéressante
quant à la connaissance des produits de l'artisanat. L'opération
s'est soldée par un déficit qui a été
épongé par cette subvention du ministère du Tourisme.
Quant à la ventilation de la subvention que nous avons
accordée cet été, encore une fois, je ne peux pas donner
cette ventilation précise, puisque le rapport du vérificateur
n'est pas encore déposé. Il le sera à brève
échéance. On pourra voir, à ce moment, exactement ce qui
est allé en salaires, ce qui est allé en paiements pour des
produits, etc.
M. MORIN: Est-ce qu'on peut suspendre l'étude de ce
crédit?
M. HARDY: Mais ce qui est important de savoir, c'est ceci. Et je
voudrais rappeler que le fait d'accorder cette subvention n'est pas, pour le
gouvernement ou le ministère des Affaires culturelles une reconnaissance
que les opérations de la Centrale d'artisanat ont été
impeccables. Je l'ai mentionné au début. C'est évident
qu'il y a eu des lacunes. Evidemment, pour le député de
Saint-Jacques, c'est facile de faire de la petite politique démagogique,
de laisser sous-entendre qu'il y a eu des irrégularités et qu'il
y a eu du patronage et toutes sortes d'histoires. C'est facile de faire le
petit démagogue. Mais, quand on regarde le portrait, le bilan de la
centrale, on se rend compte que la raison majeure de cette situation, c'est
en fait, il n'y a pas un véritable déficit en termes
comptables, il n'y en a pas de déficit une absence de
liquidité. Cette absence de liquidité est due au fait que l'on a
acheté des produits qui se vendent moins bien que l'on espérait.
Encore une fois, il est important de se rappeler que nous sommes dans un
domaine relativement nouveau au Québec et que, malgré leur bonne
volonté, même malgré leur expérience et
malgré leur talent, il a pu arriver aux administrateurs successifs de la
Centrale d'artisanat d'acheter des produits qui ne se vendaient pas ou qui se
vendaient moins bien.
Or, ils arrivent, à un moment donné, avec un inventaire
très considérable des objets qui sont en magasin. Cela ne leur
donne pas d'argent pour payer les salaires, cela ne leur donne pas d'argent
pour payer les artisans. Alors, fonda- mentalement, c'est une absence de
liquidité. Et quand on m'a demandé, tantôt, quels
étaient les critères sur lesquels on s'était basé
pour déterminer le montant, évidemment c'est la situation
financière d'ensemble mais c'est surtout les exigences de la banque, qui
demandait un montant X pour assurer de continuer un crédit à la
Centrale d'artisanat. C'est tout aussi simple que cela. Il n'y a pas de
mystère là-dedans. Quand on étudiera les crédits du
ministère des Affaires culturelles, vous aurez, à ce
moment-là, le rapport du vérificateur de la centrale et on pourra
répondre à toutes ces questions. Vous verrez très bien
qu'il n'y a pas de cachette, qu'il n'y a rien de mystérieux dans cette
affaire. La seule chose sur laquelle on peut être critique, c'est
qu'à cause du champ relativement neuf dans lequel agit la Centrale
d'artisanat des décisions ont été prises par les
administrateurs qui étaient peut-être plus ou moins sages sur le
plan administratif, entre autres celle d'acheter des biens qui se vendent moins
que l'on espérait. C'est cela le problème. Ce n'est pas plus
grave que cela.
M. MORIN: M. le Président, si j'ai bien compris votre
réponse, il s'agissait d'un problème de liquidité...
M. HARDY: Oui, essentiellement.
M.MORIN: ... avec un bilan essentiellement sain et
équilibré. Bien, c'est ce que vous avez dit, en somme.
M. HARDY: C'est-à-dire que, sur le plan comptable, oui.
M. MORIN: Bon, c'est bien...
M. HARDY: Le passif et l'actif, si on tient compte de
l'inventaire...
M. MORIN: Autrement dit, ils ont des inventaires.
M.HARDY: Oui, oui.
M. MORIN: Bon. J'imagine que cet organisme fait le commerce. Qu'est-ce
que l'on fait lorsqu'on est pris avec un problème d'inventaire et un
problème de liquidité? On emprunte.
M. HARDY: Bien oui, justement, ils empruntaient. Mais, à un
moment donné, la banque a dit: On ne peut plus augmenter votre marge de
crédit. Savez-vous ce qu'est la marge de crédit dans une
banque?
M. MORIN: Bien oui, bien sûr!
M. HARDY: Vous savez très bien qu'à un moment
donné...
M. MORIN: Bien oui.
M. HARDY: ... la banque dit à celui qui emprunte: Ecoutez, on ne
peut...
M. MORIN: J'ai bien compris.
M. HARDY: ... pas augmenter cette marge de crédit à moins
que vous amélioriez votre situation au point de vue liquide.
M. MORIN: Oui. Alors, si j'ai bien compris, c'était un
problème temporaire. Est-ce que vous avez prévu...
M. HARDY: C'est-à-dire qu'il est temporaire dans la mesure
où l'on réussira à vendre les produits que l'on a
actuellement en magasin.
M. MORIN: Et est-ce que le gouvernement sera remboursé le jour
où ces produits ou cet inventaire aura été
liquidé?
M. HARDY: M. le Président, quelle ignorance! Je pense que c'est
le devoir des députés de cette Chambre de poser des questions au
ministre. Mais c'est aussi élémentaire, je pense, qu'ils aient
des informations de base. L'honorable chef de l'Opposition devrait savoir,
avant de s'aventurer dans autant de questions, que la Centrale d'artisanat est
une corporation, incorporée en vertu de la troisième partie des
Lois des compagnies, donc à but non lucratif.
M. MORIN: Oui, bien sûr. Mais le ministre ne répond pas
à ma question. Il nous a présenté un problème de
liquidité, qui a été résolu par une subvention,
laquelle va donc, éventuellement, venir grossir le bilan de cet
organisme d'une somme équivalente, si je comprends bien.
Alors, que le ministre s'explique. Ou bien il y avait un besoin de
prêt, ou bien il y avait un besoin de subvention. Ce n'est pas la
même chose. Vous avez résolu le problème par une
subvention, mais vous nous avez expliqué que ce n'était pas cela
dont on avait besoin, qu'en fait, c'était d'un prêt.
C'était un problème de liquidité. Ecoutez, ayons des
notions minimums de comptabilité pour s'y retrouver.
M. HARDY: Voici que le professeur de droit constitutionnel pose au
comptable.
M. MORIN: Oh bon, bon, bon! Laissez tomber cela. Parlons
sérieusement de chiffres.
M. HARDY: M. le Président, je pense que, quand bien même je
continuerais pendant des heures et des heures à expliquer cela au
député de Sauvé et à ses collègues, ils ont
décidé de ne pas comprendre. Donc, point.
M. MORIN: Non, non. Ah, une seconde ! Je ne sais pas si je dois me lever
sur une question de privilège ou pas, mais, au contraire, je suis tout
à fait disposé à comprendre, M. le ministre. Mais vos
explications, jusqu'ici, franchement, je ne les trouve pas très
satisfaisantes. Je ne m'explique pas qu'on règle un problème de
liquidité avec une subvention. Voilà! Alors, dites-nous comment
vous résolvez ce petit problème.
M. CHARRON: Moi, ce que je vois, c'est que, dans vos "sparages"
administratifs, vous essayez surtout d'éviter de répondre aux
questions fort pertinentes que le chef de l'Opposition vous a directement
posées et qui, à tout le moins, étaient latentes à
ce que moi, je vous ai dit tout à l'heure.
Expliquez-nous l'origine de la subvention, également, comme
ministre responsable, sans attaques à l'ancienne profession du chef de
l'Opposition ou n'importe quoi, en essayant d'imiter le député de
Mercier. Vous n'êtes pas de sa taille dans ce domaine, admettez-le
dès le départ. Vous n'avez pas encore assez de force dans ce
domaine pour éviter les questions.
M. MORIN: D'ailleurs, c'est un compliment, je crois.
M. CHARRON: Ne vous prenez pas pour un autre, parce que vous
commenceriez fort mal comme ministre.
On vous demande, comme question bien simple et bien nette, au
départ, de nous expliquer l'origine irrégulière de ce
genre de subvention, de nous expliquer l'état financier que vous avez vu
et l'utilisation des fonds. Qui plus est, nous voulons nous assurer que vous
allez désormais, si mes informations sont encore bonnes, exiger la
même garantie de l'Orchestre symphonique de Montréal, dans les
démarches que vous êtes en train de faire. Qui nous dit que, dans
quelques semaines, alors que le ministre des Finances nous soumettra le budget
de l'année financière 1974/75, on ne demandera pas à
nouveau une subvention pour boucher un trou et qu'on ne sera pas soumis,
à la fin de décembre 1974, à un autre budget
supplémentaire pour nous dire: II faut comprendre, ce sont des
administrateurs; ils ont bien du stock?
Comment expliquez-vous que la Centrale d'artisanat du Québec
vous avez dû être informé de cela, vous ait
payé à un M. Claude Saint-Jacques, qui était à
l'emploi de la compagnie Gulf Oil, directeur du marketing de la Gulf Oil,
$4,000 de dédommagement pour l'amener de Toronto à
Montréal, travailler pour la centrale? Pour une centrale en
difficultés financières au point de courir après les
prêts et les subventions à tout bout de champ expliquez-moi donc
comment il se fait qu'elle paie un loyer de $17,000 pour un
établissement de la Centrale d'artisanat du Québec, où il
n'y a à peu près pas de produits à vendre? Le
problème n'est pas qu'ils en ont qui ne se vendent pas; c'est que, pour
le local qu'ils ont loué, ils paient $17,000.
Un ministre responsable, qui ne fait pas de "sparages" pour
éviter les questions, devrait
être capable de nous expliquer cela. La plupart des
Québécois, aujourd'hui, s'ils suivaient nos débats
mais ils ne le font pas, bien évidemment s'étonneraient de
voir une somme aussi... Elle est très relative, je l'admets, par rapport
au budget total du Québec, mais un Québécois moyen, face
à cette somme, dont il est en partie responsable puisque c'est
soutiré de ses poches, s'étonne de voir un ministre qui dit:
Ecoutez, c'est mal administré, je l'admets. Ils paient des loyers de
fous, je l'admets. Ils ont du stock en trop, je l'admets. Dans d'autres coins,
ils manquent de stock, je l'admets. Il y a des artisans de l'Est du
Québec qui ne veulent plus rien savoir de la Centrale d'artisanat et ils
se sont organisés eux-mêmes parce qu'ils disent: Cela ne sert
pas.
M. HARDY: Avec une subvention plantureuse.
M. CHARRON: D'accord. Je l'admets.
M.HARDY: Dites donc tout! Dites donc tout!
M. CHARRON: Le président de la Fédération des
métiers d'art du Québec dit: Je ne veux plus rien savoir de la
Centrale d'artisanat du Québec, cela ne sert à rien. Les
critiques de l'Opposition les trois partis à la
dernière séance de la commission des affaires culturelles, ont
fait la même remarque. Le ministre en face nous disait: Je prends note,
je l'admets.
Aujourd'hui, on nous arrive avec $300,000 dans ce trou-là. Voyons
donc! Il y a toujours bien une limite. Simplement, il s'agit de nous expliquer
cela, parce qu'on a le droit de le savoir. Si on avait autant de chances de
savoir la différence entre les dimensions culturelles des fonctionnaires
et les dimensions politiques du ministre, dans d'autres articles du budget,
probablement que le débat, M. le Président, durerait plus
longtemps que huit heures.
Evidemment, il va se rebiffer derrière la draperie de sa
virginité. J'aurais bien envie quand même de demander à
l'ancien ministre des Affaires culturelles de nous expliquer en dehors
de ses patinages artistiques auxquels il soumet la Chambre
périodiquement quelles étaient donc ces dimensions
qu'avait le ministre de plus que ses fonctionnaires qui s'acharnent depuis
quatre ans, avec un budget réduit, à bâtir une politique
pour les arts plastiques au Québec et la diffusion de l'artisanat
québécois.
Quelles étaient donc ces grandes dimensions que le
député d'Ahuntsic avait un jour découvertes et qu'il a
suggérées au premier ministre avant de s'en aller en vacances et
en lui disant: Le Simard...
M. CLOUTIER: M. le Président...
M. CHARRON: ... directeur général de la Centrale
d'artisanat du Québec, que vous connaissez bien, M. le premier ministre,
parce qu'il est votre parent, lorsqu'il viendra vous voir pour demander une
subvention, je vous en prie, accordez-la lui.
M. HARDY: C'est entièrement...
M. CHARRON: Expliquez-nous donc les dimensions si larges que vous
avez.
M. CLOUTIER: Avec plaisir. Je l'ai fait, mais le député de
Saint-Jacques, étant surtout intéressé à s'entendre
parler, n'a pas pris la peine de m'écouter. J'ai dit que cette
subvention était une opération de sauvetage, comme,
malheureusement, il est assez souvent nécessaire d'en pratiquer.
M. CHARRON: Pourquoi les fonctionnaires la refusaient-ils?
M. CLOUTIER: J'ai dit que nous avions tenu compte de deux faits.
Voulez-vous m'écouter, oui ou non?
M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER: Alors, taisez-vous.
M. CHARRON: Je vous avertis, je vais vous poser d'autres questions.
M. CLOUTIER: Le premier de ces faits, c'est que la politique que nous
étions en train d'élaborer, qui était une politique
globale des métiers d'art, n'était pas encore prête. Par
conséquent, même si nous avions des réserves sur la
centrale d'artisanat et même si, pour ma part, je souhaitais la mise en
place d'organismes d'autres titres, il convenait d'attendre d'avoir l'ensemble
de la situation.
Deuxièmement, il y avait un déficit important à la
banque qu'il convenait de couvrir, comme nous l'avons fait pour un bon nombre
d'organismes. Et je n'ai jamais dit que nous allions nécessairement
maintenir la centrale d'artisanat. Personnellement, je crois qu'il faut
évoluer vers d'autres formules, et c'est d'ailleurs la raison pour
laquelle j'ai mis en train cette politique que l'actuel ministre des Affaires
culturelles aura, je l'espère, le loisir d'appliquer. Cela, je peux le
dire clairement. Je n'ai jamais changé d'idée.
Mais devant un problème précis, il fallait prendre une
décision, et c'est la décision que nous avons prise.
M. CHARRON: Très bien, j'apprécie la réponse du
ministre de l'Education. Je signalerai même, à son crédit,
que, lors de l'étude des crédits des Affaires culturelles de
l'année dernière, il m'avait fait à peu près la
même réponse j'avais le texte avec moi, je pourrais
même le citer, mais je lui rends cette honnêteté il
avait dit: Je n'endosse pas "at large", comme on dit, la Centrale d'artisanat
du Québec. Très bien.
Je ne sais pas si je dois forcer le secret encore
une fois, mais puisque le ministre est bien parti pour répondre,
je vais lui demander pourquoi il a fait cela, à l'intérieur de
son ministère, alors que, probablement, il faisait valoir, avec ses
hauts fonctionnaires, j'imagine bien, les arguments qu'il vient d'apporter pour
convaincre l'Opposition.
Comment se fait-il que cela ait été accordé,
malgré tous ces arguments à votre appui, en votre faveur, quand,
même les gens les plus responsables à l'intérieur du
ministère, d'un sous-ministre adjoint au directeur du programme en
question, vous ont recommandé de ne pas engouffrer $300,000
là-dedans, même si vous plaidiez devant eux qu'il fallait
supporter ci, supporter ça, et que le programme que le ministère
était à échafauder n'était pas encore prêt et
qu'en attendant il fallait le faire?
Je suis convaincu que les fonctionnaires en question ont
déjà été soumis à de pareils appels. Sans
sortir du débat, M. le Président, mais pour donner un exemple, et
attendre une réponse plus précise du ministre: hier le ministre
d'Etat aux affaires sociales nous disait : Le programme des garderies
populaires n'est pas prêt. Et je pense que les fonctionnaires se rendent
à ce genre d'arguments.
Vous disiez à vos fonctionnaires: Notre programme n'est pas
prêt, alors engouffrons encore $300,000 là-dedans temporairement,
parce que je ne l'endosse pas jusqu'à la fin. Et quand même,
malgré votre appel, ces gens responsables qui travaillent avec vous
d'arrachepied, qui ont travaillé avec vous pour édifier cette
politique vous disaient: Non, n'engagez pas $300,000 quand même. Sur quoi
portait la différence d'opinion?
M. CLOUTIER: D'abord, les choses ne sont pas aussi claires que vous le
pensez. Il me paraît parfaitement normal qu'un haut fonctionnaire puisse
présenter son opinion. Mais c'est au ministre, en définitive,
qui, lui, est élu par le peuple et qui a une responsabilité
vis-à-vis de l'Assemblée, d'évaluer la situation et de
prendre ses responsabilités.
Il m'arrive très fréquemment, au ministère de
l'Education, d'être confronté avec certaines politiques qui ont
été élaborées, et il est bien certain que je tiens
à y imprimer ma marque. Les politiques au ministère de
l'Education, c'est moi qui les fais, et tant que j'y serai, c'est moi qui les
ferai.
Et je considère qu'il y a très certainement une
dialectique avec les fonctionnaires. Je tente de les impliquer. Mais les
orientations viennent du sommet. Et c'est exactement ce qui s'est passé
dans ce cas particulier.
Je pourrais vous donner toute une série d'exemples, même
aux Affaires culturelles, où des opérations de sauvetage de cet
ordre ont été faites exactement dans le même contexte.
M. CHARRON: M. le Président, je reviens avec ma question, ce sera
probablement la dernière. Le ministre était bien parti pour
répondre, et là il est parti sur la théorie qui
mène dans les ministères; ça, je le sais d'avance. Quels
étaient exactement les arguments que vous faisaient valoir vos
principaux conseillers pour que, malgré toute la justification que vous
tentez d'apporter à votre geste, on ne demande pas au Conseil du
trésor une subvention supplémentaire de $300,000? Quels
étaient leurs arguments? Etait-ce parce qu'il semble que cet argent soit
utilisé d'une toute autre façon que le ministère se
prépare à l'utiliser? C'est donc un gaspillage puisque dans six
mois on tentera de faire le contraire. Qu'est-ce qu'on vous faisait valoir? Je
suis convaincu que, plusieurs fois, de vos conseillers ont reconnu votre
autorité politique et, quand vous leur disiez: Je crois qu'il faut faire
ça, ils s'y pliaient. A plusieurs endroits, on disait: II faut
subventionner temporairement encore tel organisme avant qu'on le remplace; ils
s'y pliaient. Mais sur ce cas précis dont nous faisons état et
dont le ministre se souvient très bien, ils vous recommandaient quand
même, malgré les arguments politiques de votre autorité que
vous apportiez, de ne pas le faire; ils devaient sentir...
M. CLOUTIER: Ce n'est pas du tout ainsi... M. CHARRON: ... quelque
chose.
M. CLOUTIER: Ce n'est pas du tout ainsi que les choses se sont
passées. Je ne sais pas qui vous donne des renseignements aux Affaires
culturelles. Il est fort heureux d'ailleurs que je ne le sache pas parce que
soyez convaincu que j'interviendrais; je dénonce depuis deux jours le
manque d'éthique professionnelle de certains fonctionnaires qui jouent
un jeu étrange, et j'ose espérer qu'ils ne sont pas
télécommandés. J'ose espérer, au nom de la
démocratie, qu'ils ne sont pas télécommandés par le
Parti québécois.
Ceci dit, j'ai eu une seule conversation...
M. MORIN: Question de privilège, M. le Président. Le
ministre...
M. CARPENTIER: II n'a jamais rien compris.
M. MORIN: ... vient de faire une insinuation qui, je crois, est
très grave.
M. CARPENTIER: D n'y a pas d'insinuation là-dedans...
M. MORIN: Je sais que le ministre est trop honnête
intellectuellement pour accorder le moindre crédit à ce qu'il
vient de dire.
M. CARPENTIER: Quand donc allez-vous comprendre?
M.MORIN: S'il accordait... M. le Président,
voulez-vous empêcher ces braiments derrière moi, s'il vous
plaît? M. le Président...
M. CARPENTIER: Quand donc allez-vous comprendre?
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît, à
l'ordre!
M. CARPENTIER: Quand donc allez-vous comprendre?
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, à l'ordre!
M. MORIN: Je crains que nous ne comprenions trop bien dans ce cas-ci et
que ça vous fatigue; je comprends très bien.
M. CARPENTIER: Ah! Ah!
M. LESSARD: Est-ce qu'on pourrait demander au député
d'aller à la salle de lecture? Probablement que ça va nous
permettre de nous occuper davantage des Affaires culturelles.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais demander au ministre s'il
est sérieux lorsqu'il insinue que nous télécommandons qui
que ce soit dans la fonction publique. Est-ce vraiment sérieux, M. le
ministre?
M. CLOUTIER: Mais, M. le Président...
M. HARDY: ... les intentions de votre bureau de recherche.
M. MORIN: Vous allez nous entraîner dans un débat où
il va falloir monter dans les rideaux, de part et d'autre.
M. CLOUTIER: II n'y a pas de rideaux, alors changeons d'expression.
M. CARPENTIER: Nous autres, on est sérieux, M. le
Président.
M. MORIN: Jusqu'à nouvel ordre, je vais tenir pour acquis que les
développements du ministre dans les phrases qu'il a eues étaient
plutôt l'effet de la rhétorique que les conséquences d'une
opinion bien articulée. Je voudrais revenir à la question que je
posais tout à l'heure à l'actuel ministre. Est-ce qu'il voudrait
me donner, s'il vous plaît, une réponse précise à la
question suivante: Quelle est la part de salaires dans cette subvention? Vous
m'avez dit que c'était des invendus. Je vous ai demandé quelle
est la part de salaires et en particulier quelle est la part de salaires
dévolue au directeur de cet organisme?
Vous devez le savoir, puisque vous avez accordé $202,000
déjà. Vous ne venez pas à l'aveuglette nous demander
$300,000 quand même!
M. HARDY: M. le Président, d'abord, je dois souligner que j'ai
déjà répondu à toutes ces questions.
M. MORIN: Pas à celle-là.
M. HARDY: Toutes ces questions, qui ont été posées
sous des formes différentes, sont des variations sur un même
thème.
M. MORIN: Pouvez-vous répondre à celle-là, M. le
Président?
M. HARDY: Je ne peux pas dire que c'est attribué à tel
salaire de tel individu plutôt qu'à tel autre. Prenez les rapports
de la Centrale d'artisanat des années précédentes, vous
allez voir exactement quel est le montant qui a été payé
en salaires, et là... Deuxièmement, quant à la
dernière année, nous n'avons pas encore le rapport. Nous allons
le déposer dès qu'il nous sera remis. Je ne le garderai pas dans
mon bureau. De même que pour les années précédentes
on l'a déposé, je le déposerai immédiatement et
vous aurez exactement la ventilation.
M. MORIN: Cela étant dit, vous nous demandez d'approuver $300,000
de crédits supplémentaires et nous nageons dans la brume. On ne
voit pas très bien pourquoi ni comment. Est-ce que je peux faire une
proposition, M. le Président, parce que, personnellement, de cette
question-là, je commence à en avoir ad nauseam? Est-ce qu'on ne
pourrait pas suspendre jusqu'à ce que le ministre donne les
explications...?
M. HARDY: Non, non, non.
M. le Président, j'ai donné toutes les explications
possibles. D'ailleurs, c'est, je pense, un précédent au niveau
d'une somme semblable dans un budget supplémentaire. Il n'y a jamais eu
de débat aussi prolongé, et si les honorables membres de
l'Opposition officielle de Sa Majesté ne l'ont pas compris, je ne pense
pas que le fait de suspendre améliorerait leur pouvoir de
compréhension.
M. MORIN: Mais, M. le Président, vous nous avez dit tout à
l'heure que vous-même vous ne connaissez pas toutes les réponses.
Vous nous avez dit que vous ne connaissez pas vous-même toutes les
réponses, alors comment voulez-vous qu'on les connaisse mieux que vous?
Si vous vouliez vous engager à nous donner ces chiffres on pourrait
suspendre ça, puis dès qu'on aura les chiffres il n'y aura plus
de difficultés. Mais je ne veux pas donner un chèque en blanc au
ministre, non pas parce que je n'ai pas confiance, mais je...
M. HARDY: On a demandé, on demande un crédit pour
éponger un déficit dans sa totalité.
M. MORIN: Oui.
M. HARDY: On ne demande pas un crédit
pour payer le salaire de M. X, M. Y, M. Z. C'est une totalité.
Or, votez donc ce que l'on vous demande de voter et non pas ce que vous
voudriez voter.
M. MORIN: Vous voulez qu'on vote à l'aveuglette?
M. HARDY: Non, votez dans le cadre où c'est
présenté.
M. MORIN: Non, donnez-nous les explications complètes et on
votera avec plaisir en faveur de ces crédits supplémentaires.
M. HARDY: M. le Président, dans le cadre du crédit tel
qu'il est présenté, j'ai donné toutes les explications
qu'il était possible humainement de donner.
M. MORIN: Eh oui, et vous ne pouvez pas expliquer vraiment, à
quoi cet argent va servir. Décidément, M. le Président, je
pense que vous vous payez notre tête.
M. LESSARD: M. le Président, en conclusion de tout ça, le
ministre nous dit que c'est un montant très minime, $300,000, parmi un
budget supplémentaire de $158,037,600. Peut-être que c'est un
budget très minime, mais si on pouvait voir partout, dans les $158
millions, les incidences politiques qu'on a justement dans ce budget,
peut-être que ça prendrait plus de huit heures pour l'adopter.
C'est là que les comptes publics deviennent nécessaires.
Le ministre nous dit, M. le Président, qu'on adopte comme
ça un budget de $300,000 globalement. Bien, moi, je dis que c'est de
l'irresponsabilité si le ministre a accepté ça
globalement. J'ai eu connaissance l'autre jour, dans mon comté,
où on demandait une petite subvention de $5,000, au cours des
années précédentes au Centre d'art de Manicouagan.
Là, le ministère nous a dit: Présentez-nous un
rapport de vos activités de l'année, etc. Je suis bien d'accord
sur cela. Là, pour $5,000, on demande un rapport; pour $5,000, on fait
un contrôle très rigide parce qu'il s'agit d'un petit organisme
et, pour $300,000, le ministre n'est pas capable de répondre aux
questions que lui pose le chef parlementaire de l'Opposition. La réponse
du ministre nous dit: II y en avait une partie pour les administrateurs, il y
en avait une partie pour les artisans et il y en avait une autre partie...
M. CARPENTIER: (Micro hors d'usage).
M. LESSARD: M. le Président, pourriez-vous, en vertu des articles
26 et 100, faire taire cet énergumène qui vient probablement de
la salle de lecture et qui devrait continuer d'aller se renseigner à la
salle de lecture?
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. GARNEAU: Vous la connaissez bien. M. CARPENTIER: (Micro hors
d'usage).
M. LESSARD: Cela se voit. Le député ne lit pas beaucoup,
M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, A l'ordre!
M. CARPENTIER: Je tiens à dire tranquillement pas vite, au
député de Saguenay que cela ne m'énerve pas du tout; je
n'ai jamais été à la salle de lecture.
M. CHARRON: Oui, ça paraît. UNE VOIX: Tant de
sincérité!
M. LESSARD: Ce qui prouve, M. le Président, que le
député ne lit pas beaucoup; donc, le député...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, à l'ordre!
M. LESSARD: ... ne devrait pas parler d'affaires culturelles.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît! D'accord, le
député de Laviolette a expliqué son affaire. Le
député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, ceci prouve que le
député ne lit pas beaucoup; donc, il ne devrait pas parler des
affaires culturelles. C'est une question qui me paraît simple pour un
ministre ou un ex-ministre des Affaires culturelles, qui a eu à accorder
la somme de $300,000 en subvention. Il me semble que le ministre a dû se
dire, suite à la demande: Ecoutez, présentez-moi un rapport,
dites-moi et je suis assuré que certains députés
administrateurs, ici, auraient fait la même chose, même s'ils ne
sont pas compétents pour être ministres qu'est-ce que vous
devez?
M. SAINT-HILAIRE: II l'a, le rapport; il a dit qu'il l'avait.
M. LESSARD: Bien, qu'on nous le donne, s'il a le rapport. Je suis
assuré que le député de Rimouski, un administrateur comme
lui, n'accepterait jamais, comme je le connais, de verser $300,000 comme cela,
les yeux fermés, ce qui semble être le cas puisque le ministre ne
veut pas répondre à nos questions. Je pense que le
député de Rimouski, lui qui a bien réussi en affaires,
aurait très mal réussi en affaires s'il avait agi comme cela. Ce
qu'on dit simplement au ministre, c'est qu'il nous semble que le ministre
aurait dû demander: Vous devez $300,000. Vous avez besoin d'une
subvention de $300,000, mais vous allez me prouver que vous avez besoin d'une
subvention de
$300,000. Vous allez me présenter un rapport dans lequel je peux
constater, par exemple, que nous devons la somme de X à l'administrateur
général, la somme de X, par exemple, aux artisans, la somme de X
à l'administration, que ce soit pour les loyers, les voyages à
payer, etc.
Il me semble que, si le ministre voulait nous déposer un
document, il n'y aurait pas eu cette discussion aussi longue. C'est ça,
le problème; on pose des questions concrètes au ministre des
Affaires culturelles et il nous répond dans les nuées. Il nous
répond vaguement. Il nous dit: Acceptez donc cela globalement.
Je regrette, M. le Président, on est dans l'Opposition pour
surveiller les dépenses des deniers publics de ce gouvernement.
Justement, nous voulons savoir, avant d'accepter de voter $300,000. J'estime
que nous devrons voter contre si nous n'avons pas les réponses à
ces questions. Il me semble que c'est simple de donner une réponse comme
celle-là. Si le ministre nous avait donné cette réponse
que nous lui demandons depuis près d'une heure, il me semble que la
discussion serait arrêtée.
M. HARDY: On ne peut pas, justement...
M. LESSARD: Est-ce que le ministre a décidé de
répondre?
M. HARDY: Pour satisfaire vos préoccupations d'ordre partisan,
vous laissez entendre... C'est ça, l'honorable député de
Sauvé... Je regrette, M. le Président, il faut appeler les choses
par leur nom.
M. CARPENTIER: (Micro hors d'usage).
M. LESSARD: M. le Président, vous avez appliqué les
articles prévus dans le règlement. M. le Président, une
question de règlement. Quand un député refuse à
deux reprises de se soumettre à l'ordre du président, vous avez
le droit, en vertu des règlements, comme cela m'est arrivé
à deux reprises, depuis 1970, de lui enveler son droit de parole. Est-ce
que je pourrais, bien calmement, vous demander ou bien d'appliquer le
règlement, les articles 26 et 100, ou bien de lui enlever son droit de
parole? Ceci ne nuira pas, M. le Président, aux
délibérations de cette Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. CARPENTIER: M. le Président... Vous êtes
précisément un de ceux-là.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. CARPENTIER: Vous devriez être un peu moins...
LE PRESIDENT (M. Blank): Je rappelle le député de
Laviolette, s'il vous plaît, à l'ordre!
M. HARDY: La question formulée par le député de
Saguenay comme celle formulée tantôt par le député
de Sauvé ou le député de Saint-Jacques servaient leur
grande hypothèse de laisser sous-entendre que, lorsque nous avons
décidé de payer une subvention, c'était pour payer
nommément les salaires de personnes. Ce n'est pas cela, les salaires
avaient été payés. La subvention était rendue
nécessaire parce qu'il y avait des emprunts à la banque, au 30
juin 1973, de $266,300 et que le compte courant de la centrale était
à découvert de $87,500.
Nous n'avons pas décidé de donner une subvention parce que
nous voulions absolument payer le salaire d'un tel ou d'un tel. Les
employés, c'est évident, au moment où on a donné la
subvention, avaient leur salaire. Mais, si nous n'avions pas
régularisé la situation financière de la centrale
vis-à-vis de la banque, nous n'aurions pas pu continuer à payer
les salaires. Il n'y a pas eu de décision arbitraire pour sauver
quelqu'un en particulier. C'est à l'ensemble du fonctionnement d'un
organisme qui s'appelle la Centrale d'artisanat que nous avons permis de
continuer avec cette subvention spéciale. Nous avons un cas absolument
identique avec les Grands Ballets. J'imagine que vous allez faire un
débat aussi sérieux avec les Grands Ballets canadiens. C'est
exactement la même chose que l'on a fait. Les Grands Ballets sont
arrivés et nous ont dit: Voici, nous avons une situation
financière qui est telle que, si vous ne nous assurez pas un montant
supplémentaire de subvention, nous ne pouvons pas continuer à
fonctionner. Nous avons accepté de donner une subvention
supplémentaire aux Grands Ballets canadiens.
M. MORIN: M. le Président, j'ose espérer que, lorsque
viendra le moment de subventionner les Grands Ballets ou encore l'Orchestre
symphonique de Montréal, vous allez procéder selon les formes et
que vous ne vous mettrez pas dans un pétrin comme celui-ci, avec nous
tous d'ailleurs.
M. HARDY: Je soulève une question de règlement, M. le
Président. Le député de Sauvé, de nouveau, trompe,
j'espère, inconsciemment...
M. MORIN: Allons donc! M. HARDY: ... la Chambre. M. MORIN: Allons
donc!
M. HARDY: Le député de Sauvé trompe,
j'espère, inconsciemment la Chambre à cause de son manque
d'expérience.
M. MORIN: Allons donc ! C'est vous qui ne répondez pas aux
questions.
M. HARDY: Assoyez-vous, là. Evidemment, quand c'est le
député de Saint-Jacques, c'est
moins important; on est habitué, on le connaît depuis un
certain nombre d'années.
UNE VOIX: On est habitué à sa démagogie.
M. HARDY: On sait que le député de Saint-Jacques est
habitué à parler d'une façon irresponsable...
M. CHARRON: Répondez donc à la question.
M. MORIN: A la question.
UNE VOIX: Dans ses hallucinations.
M. HARDY: Je vais répondre à la question suivant la forme
que je déciderai.
M. LESSARD: II y a une forme, mais il n'y a pas de fond.
M. HARDY: M. le Président, je disais donc que nous sommes
habitués...
M. LESSARD: C'est le fond que l'on veut.
M. HARDY: ... à l'irresponsabilité du député
de Saint-Jacques et que nous n'accordons pas plus d'importance qu'il ne faut
à certaines de ses élucubrations. Mais, de la part du
député de Sauvé, qui occupe un poste extrêmement
important dans l'institution parlementaire, celui de chef de l'Opposition
officielle...
M. MORIN: Eh oui! Et vous aussi, vous occupez un poste important.
M. HARDY: ... on devrait s'attendre à plus de sens de
responsabilités et on devrait lui demander de ne pas tromper
grossièrement la Chambre, comme il le fait lorsqu'il dit que cette
subvention a été accordée d'une façon
irrégulière.
C'est totalement faux. Le processus normal, pour cette subvention, a
été intégralement suivi, c'est-à-dire que le
ministre intérimaire des Affaires culturelles a fait une demande au
Conseil du trésor, demande justifiée, avec un mémoire, et
cette demande a été acceptée par le Conseil du
trésor. Il n'y a absolument rien d'irrégulier dans le processus
qui a été suivi.
Encore une fois, quand le député de Sauvé et ses
collègues laissent entendre qu'il y a eu irrégularité, ils
trompent grossièrement la Chambre et le public.
M. MORIN: M. le ministre, il faudrait bien que vous compreniez la
question que je vous ai posée tout à l'heure parce que vous
m'avez semblé vouloir passer à côté.
Je ne vous ai pas demandé, tout à l'heure, exactement de
combien étaient les emprunts ou le déficit de cet organisme. Je
voulais savoir ceci: Au moment où vous avez accordé la
subvention, on ne vous a pas dit seulement: J'ai $87,000 d'emprunt à
payer à la banque, ou: Je suis dans le rouge d'environ $200,000. On vous
a dit pourquoi, en détail. Autrement, je suis sûr qu'un homme
comme vous, qui a le sens des responsabilités, ou votre
prédécesseur, qui l'a également, n'aurait pas
approuvé la subvention.
Donc, on a dû vous montrer un document avec détails, tous
les détails requis. C'est cela qu'on vous demande. Ce n'est pas plus que
cela. Donnez-nous les détails.
M. HARDY: Mais quels détails?
M. MORIN: Je vous l'ai dit. Où était allé l'argent
qui a fait l'objet de ces emprunts?
M. HARDY: Regardez le dernier rapport de la Centrale d'artisanat et vous
allez le voir, si vous savez lire.
M. MORIN: M. le ministre! Ecoutez, M. le ministre! Vous savez bien que
les états financiers montrent tous les revenus et les dépenses de
l'année, avec le bilan, etc.
M. le ministre, on vous demande simplement ceci. On a dû justifier
à vos yeux, j'en suis sûr, la subvention avec des chiffres.
Donnez-nous donc ces chiffres. C'est tout.
M. LESSARD: Il est six heures, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La commission ajourne ses travaux
jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 17
M. PILOTE (président de la commission plénière): A
l'ordre, messieurs!
La parole est au député de Crémazie.
M. BIENVENUE: M. le Président, je vous demande de faire
rapport.
M. PILOTE (président de la commission plénière): M.
le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la commission
plénière n'a pas fini de délibérer et qu'elle
demande la permission de siéger à nouveau.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Quand siégera-t-elle?
Prochaine séance?
M. BIENVENUE: Très bientôt. Article 33), M. le
Président.
Projet de loi no 5 Troisième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de la Justice
propose la troisième lecture du projet de loi no 5, Loi modifiant la loi
de l'expropriation, la loi des tribunaux judiciaires et d'autres lois
connexes.
L'honorable ministre de la Justice.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, ce projet de loi a subi la
deuxième lecture et a été discuté en commission
plénière il y a déjà quelques jours; en fait,
c'était à la fin de la semaine dernière. C'était
surtout le député de Maisonneuve qui s'était
intéressé à ce projet de loi. Le député de
Maisonneuve avec un souci de prudence auquel je n'ai aucun reproche
à adresser avait demandé que la troisième lecture
de cette loi ne se fasse pas ce jour-là, mais soit reportée
à une séance ultérieure.
Je ne crois pas qu'à la réflexion nos honorables amis d'en
face aient des observations à nous communiquer qui indiqueraient qu'ils
désireraient modifier la position favorable qu'ils ont exprimée,
l'autre jour en deuxième lecture, ainsi qu'en commission
plénière. Je prends la liberté de présenter en
troisième lecture ce projet de loi pour adoption, et je n'ai rien
d'autre à ajouter. On se rappellera et je m'adresse aux
honorables députés du Parti québécois qui sont
présents ici que les buts de cette loi sont plutôt
d'apporter des corrections à la Loi de l'expropriation, ainsi
qu'à certaines dispositions de la Loi des tribunaux judiciaires qui
méritaient d'être corrigées par voie de concordance.
Je remercie les honorables députés de leur collaboration;
ils peuvent être assurés que je leur en saurai gré en
d'autres circonstances.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, il n'y a aucun problème; nous
sommes prêts à accepter la troisième lecture de ce projet
de loi, d'autant plus que notre collègue, le député de
Maisonneuve, a eu l'occasion, au cours de la commission, de faire valoir les
points qu'il voulait faire valoir concernant cette loi. Nous sommes d'accord
pour accepter le projet de loi en troisième lecture, en espérant
que le ministre respectera l'engagement qu'il vient de prendre concernant la
collaboration qu'il veut bien nous accorder.
M. CHOQUETTE: Certainement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de troisième
lecture est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
M. BIENVENUE: Article 32, M. le Président.
Etude des crédits supplémentaires
(suite)
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Finances
propose que je quitte maintenant le fauteuil et que la commission
plénière se forme pour l'étude des crédits.
M. PILOTE (président de la commission plénière):
L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, avant de reprendre l'étude
des crédits du ministère des Affaires culturelles, est-ce que je
pourrais demander au leader adjoint de la Chambre, pour le gouvernement, s'il
peut nous indiquer l'ordre des travaux de la Chambre pour ce soir, de sorte que
les députés de l'Opposition puissent se préparer? Je vous
signale avant qu'en ce qui me concerne, pour les ministères dont j'ai
à exercer la surveillance pour l'Opposition officielle, je serais
prêt à procéder immédiatement en ce qui concerne les
Affaires culturelles, ou à l'étude des crédits
demandés par le ministre de l'Education; et le ministre des
Communications m'a dit qu'il serait ici à 8 h 15, de toute façon.
D'accord? Et par la suite, pouvez-vous indiquer, pour qu'on signale à
mon collègue de l'Opposition responsable de...
M. BIENVENUE: J'ignore la suite mais dès que je la saurai, je
peux assurer le député que je vais la lui dire.
M. CHARRON: Merci, M. le Président. Je remercie le leader adjoint
également.
Le débat qui nous a occupés cet après-midi, M. le
Président qui n'a pas fait perdre le sourire au nouveau ministre
des Affaires culturelles quant à moi, je n'ai aucun
intérêt à le poursuivre parce que je crois que, outre une
nouvelle démonstration de la vigilance de l'Opposition qu'il ne saurait
minimiser au cours des quatre prochaines années même si le nombre
en est réduit le ministre des Affaires culturelles a pris
connaissance, au cours de ce débat autour de cette subvention de
$300,000 à la Centrale d'artisanat du Québec, qu'il vaut mieux
et sans attacher d'accusation d'honnêteté ou de
malhonnêteté, de régularité ou
d'irrégularité, de favoritisme politique ou non pour le
mieux-être de l'administration publique que les règles
normales qui, je le regrette, je répète encore ma conviction, ne
semblent pas avoir été suivies dans le cas actuel, le soient
désormais, et que chacun des investissements publics dans les
différentes corporations que soutient le gouvernement du Québec,
comme dans le cas de la Centrale d'artisanat du Québec qui nous a
occupés pendant deux heures et demie cet après-midi, se fasse
dans les normes.
Je rappelle en terminant, au ministre des Affaires culturelles, une
chose dont il est parfaitement conscient depuis qu'il est adjoint
parlementaire, probablement encore plus depuis qu'il est ministre. Je lui
rappelle ce que lui rappelait son prédécesseur dans un document
rendu public hier, c'est qu'il est titulaire d'un ministère à
vocation extrêmement importante. Son prédécesseur sera
d'accord avec moi aussi pour dire, parce qu'on s'est toujours entendu au moment
où nous avons travaillé ensemble, que malheureusement ce
ministère fonctionne avec des moyens financiers fort limités.
Il doit faire face à une concurrence fédérale
parfaitement décrite par la main du ministre de l'Education dans le
document rendu public hier. Donc, la moindre somme peut paraître
insignifiante quand on la place dans le contexte total du budget
québécois; mais la moindre somme de ce ministère doit
être utilisée à bonne fin. Avant de signer une demande au
Conseil du trésor pour un budget supplémentaire ou une subvention
supplémentaire, il faut comme nous avons voulu cet
après-midi qu'il nous fasse la preuve qu'il l'avait fait dans le cas
actuel s'assurer que la moindre somme arrachée au budget de ce
ministère ait la réussite et l'efficacité
désirées par tous ceux qui espèrent que la vocation du
ministère que dirige le député de Terrebonne atteigne
pleinement son but.
Si l'Opposition, cet après-midi, s'est montrée non
seulement vigilante mais à certains moments vorace quant aux besoins
d'informations que nous devions avoir et je ne dis pas ça pour
m'excuser, je dis ça comme avertissement quant aux quatre prochaines
années c'est que nous avons cette conviction que les $300,000, en
plus du doute que nous pouvons avoir quant à l'origine de leur
apparition dans le budget supplémentaire, nous paraissent être
engouffrés dans un endroit où ils n'obtiendraient pas le
résultat que nous pouvons espérer d'eux. C'est tout.
M. HARDY: M. le Président, je dois vous dire que je souscris aux
grands principes d'administration publique que vient d'énoncer le
député de Saint-Jacques, mais je lui rappelle que la subvention
accordée à la Centrale d'artisanat a respecté
intégralement ces grands principes. Je rappelle au député
de Saint-Jacques, tout simplement je ne veux pas soulever un
débat que tout au cours de l'après-midi j'ai trouvé
étrange le soudain souci manifesté par son parti alors que, pas
plus tard qu'au mois de juin dernier, celui qui était alors
député du comté de Gouin me demandait d'accorder une
subvention supplémentaire aux Grands Ballets canadiens avant même
que j'aie eu les états certifiés de cet organisme.
J'ai dit à plusieurs reprises au député de Gouin,
à ce moment-là, que j'attends, avant de prendre une
décision, d'avoir des documents officiels. Le député de
Gouin me disait que ce n'était pas nécessaire, qu'il fallait
absolument, sans tenir compte de documents officiels, sauver les Grands Ballets
canadiens. Il y a une certaine discontinuité dans la pensée de
nos honorables amis d'en face.
M. CHARRON: M. le Président, ce n'est pas moi qui ai
commencé ce soir; c'est le ministre des Affaires culturelles et il
m'oblige à lui répondre. J'avais moi-même, à ce
moment-là, participé à la période des questions et
au débat quant aux Grands Ballets canadiens. Ce que demandait le
député de Gouin, puisque c'était la position que nous
avions élaborée ensemble, c'est que, sans attendre l'état
certifié que devait attendre, pour d'autres raisons, le ministre
des Affaires culturelles ou l'adjoint parlementaire à l'époque
il assure immédiatement les Grands Ballets canadiens que le
gouvernement allait assurer leur survie.
M. HARDY: Cela avait été fait.
M. CHARRON: Voilà, c'est ce que demandait le député
de Gouin et c'est...
M. HARDY: Non, non, non.
M. CHARRON: ... exactement ce que fait actuellement...
M. HARDY: Non, non.
M. CHARRON: D'accord, on vérifiera.
M. HARDY: Ah, non.
M. CHARRON: On vérifiera. En vous don-
nant le bénéfice du doute là-dessus, je maintiens
mon affirmation. Je vous dirai, quand même, que le cas des Grands Balets
canadiens comme celui de l'Orchestre symphonique de Montréal est une
chose bien différente de celui de la Centrale d'artisanat du
Québec. En effet, je suis convaincu que le ministre lui-même a
plusieurs doutes quant à l'efficacité du rôle de cette
centrale, doutes qu'il n'a pas sur le rôle d'un orchestre symphonique
dans une métropole comme Montréal ou des Grands Ballets canadiens
pour l'ensemble du territoire québécois. Je pense que son
prédécesseur lui-même, en juin dernier, au moment de
l'étude des crédits des Affaires culturelles le ministre,
qui était alors adjoint parlementaire et qui a assisté aux
travaux se le rappelle bien avait exprimé beaucoup plus de doutes
quant au maintien de la Centrale d'artisanat du Québec qu'envers les
Grands Ballets canadiens. Avant d'engouffrer $300,000, alors qu'il a fallu
faire des pieds et des mains pour aller en chercher pour les Grands Ballets
canadiens, il était normal que l'Opposition se pose de sérieuses
questions. En tout cas, quant au débat, c'est fini, M. le
Président, mais, quant au dossier, il demeure perpétuellement
ouvert. C'est adopté, les $300,000.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est l'élément 1.
M. CHARRON: Sur division, cependant.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Sur division.
M. CHARRON: Oui.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Elément 2, conservation et
diffusion des arts plastiques.
M. CHARRON: D'où provient cette demande de $147,000?
M. HARDY: Pardon?
M. CHARRON: D'où provient cette demande de $147,000?
M. HARDY: C'est dans le cadre de la nouvelle politique des musées
associés. Cette politique, qui est d'ailleurs une innovation dans le
cadre du fédéralisme rentable, permet d'avoir des fonds du
gouvernement fédéral, alors que c'est nous qui déterminons
les grandes lignes de la politique.
En d'autres termes, l'objectif poursuivi par cette politique est
d'assurer une plus grande diffusion sur le territoire des oeuvres qui sont
conservées dans les musées. Le fédéral a des sommes
d'argent mises à la disposition des musées existants dans les
provinces, mais aucun montant ne peut être attribué aux
différents musées sans qu'il y ait eu approbation de la part du
ministère des Affaires culturelles.
M. CHARRON: M. le Président, c'est probablement ce que, dans le
document rendu public hier dans le journal de la capitale, l'ancien ministre
des Affaires culturelles appelait les cas frontières. Est-ce exact?
M. HARDY: Pardon?
M. CHARRON: Dans le document qui a été rendu public, hier,
par un journaliste à l'emploi du journal Le Soleil, on faisait mention
du document mémoire qu'a remis l'ancien ministre des Affaires
culturelles...
M. HARDY: Est-ce que le député de Saint-Jacques fait
état d'un autre cas de dérogation flagrante à
l'éthique? C'est à ça que vous faites allusion?
M. CHARRON: Si vous voulez toujours vous draper là-dedans peu
importe. Nous, ce qui nous intéresse, c'est ce qui a été
révélé.
M. HARDY: Je sais que pour le député de Saint-Jacques, le
vol c'est quelque chose d'assez superficiel.
M. LESSARD: L'administration publique, c'est pour qui? Les fonds publics
c'est pour qui? La population a le droit de savoir.
M. CHARRON: Peu importe.
M. LESSARD: Si vous chachez tout, la population...
M. CHARRON: En admettant l'indignation et en la soulignant afin que tous
les média d'information transportent en dehors l'indignation
éhontée du ministre des Affaires culturelles, je poserai quand
même la question que j'ai envie de vous poser. Je dis que selon le
document révélé hier, le ministre des Affaires culturelles
faisait état, au comité interministériel, de
l'impossibilité d'établir une politique culturelle à cause
de la disproportion des moyens entre le fédéral et le provincial,
de cette miniréussite qu'il appelait les cas frontières et qui
serait l'entente, à laquelle vient de faire allusion le nouveau ministre
des Affaires culturelles, parvenue sur les musées. Est-ce que le
ministre peut expliquer pourquoi cette entente nécessite maintenant un
déboursé supplémentaire de $147,000?
M. HARDY: Elle ne nécessite aucun déboursé, M. le
Président. C'est une technique uniquement, les $1,000 qui vont retourner
dans le fonds consolidé. Les programmes comprennent $35,000 pour
préparation d'expositions itinérantes, $81,000 pour les projets
en éducation; et $30,000 pour un projet d'étude de
l'agrandissement du musée du Québec, ce qui fait au total
$146,000, c'est-à-dire que les montants qui seront réellement
déboursés sont de $146,000 et la subvention
fédérale est de $146,000.
Donc, il n'y a aucun déboursé net de la part du
ministère des Affaires culturelles.
M. CHARRON: D'accord, mais...
M. HARDY: Ce qui est important, justement, c'est toute la
différence entre des subventions directes que le gouvernement
fédéral peut donner et qui causent des problèmes, je le
reconnais bien honnêtement et ce genre de collaboration entre les
gouvernements fédéral et provincial, que l'on retrouve
également dans le cas des zones spéciales où c'est
vraiment nous qui déterminons les programmes, le contenu. C'est cela qui
est important.
M. LESSARD: Pas les zones spéciales.
M. HARDY: C'est cela qui est important dans le cas de la
souveraineté culturelle.
M. LESSARD: Ne vous embarquez pas dans les zones spéciales,
restez au niveau culturel. Les zones spéciales, on pourra en discuter en
temps et lieu.
M. HARDY: Le député de Saguenay ne sait même
pas...
M. LESSARD: Vous ne connaissez rien là-dedans.
M. HARDY: ... que dans les zones spéciales, à la place
Royale, par exemple, il y a des interventions d'ordre culturel. Le
député de Saguenay ne sait pas ça. Bon, très bien.
Il est plus fort sur les clubs de chasse et de pêche.
M. LESSARD: Restez dans le domaine culturel et pas ailleurs.
M. HARDY: Ce que je veux dire, c'est que, dans le cadre d'une politique
de souveraineté culturelle, ce qui est primordial, c'est que
l'autorité provinciale, en l'occurrence le ministère des Affaires
culturelles, détermine elle-même le contenu et les
priorités de la politique culturelle. C'est exactement ce qui se fait
dans le cadre de la politique des musées associés, comme c'est ce
qui se fait dans le cadre des zones spéciales puisque c'est nous qui
élaborons les programmes. Et le gouvernement fédéral paie
selon la note qu'on lui présente.
M. LESSARD: Ce n'est pas partout.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre a déjà c'est ma
dernière question là-dessus ...
UNE VOIX: Debout.
M. CHARRON: Non, pas en commission plénière. Ce n'est pas
obligatoire mais je peux bien, cela ne me dérange pas. Est-ce que le
ministre a déjà songé à déposer à la
Chambre cette entente avec le gouvernement fédéral?
M. HARDY: Bien, M. le Président, j'imagine que si la demande en
est faite suivant les voies régulières, le ministre n'aura aucune
objection à déposer cette entente.
M. CHARRON: D'accord. Alors, nous le ferons. Merci pour l'information.
Pour ce qui concerne le programme 4, M. le Président, c'est
adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Elément 2, adopté. Programme
4, adopté.
Programme 5, Arts d'interprétation; élément 1,
Enseignement des arts d'interprétation.
M. HARDY: Adopté. M. CHARRON: Bien?
M.HARDY: Voici, M. le Président. On a acheté des
instruments. On a des conservatoires. Or, pour ces conservatoires, il faut des
instruments. J'imagine bien que le député de Saint-Jacques
comprend la chose. Alors, le montant demandé, c'est pour payer des
instruments, des pianos.
M. CHARRON: Est-ce que le ministre peut me dire si cela a un rapport
avec le conservatoire de Hull?
M.HARDY: Non. A Hull, le problème n'était pas au niveau
des instruments, c'était au niveau de l'espace. Et grâce à
l'excellente collaboration que nous avons eue du ministère des Travaux
publics et du Conseil du trésor, nous avons réussi à
régler ce problème à l'entière satisfaction des
étudiants qui sont très heureux de la solution
adoptée.
M. CHARRON: Je reconnais là-dessus l'excellent travail d'un
fonctionnaire du ministère des Affaires culturelles qui a
décidé de lui-même de passer tout le temps qu'il fallait
pour régler ce problème.
M. HARDY: Ce ne sont pas nécessairement les mêmes qui ont
fourni des renseignements au député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Mais c'est toujours avec le même souci de
développer la culture des Québécois, ce que n'a pas
toujours le ministre des Affaires culturelles.
Finalement, pour le programme 5, M. le Président, ça
va.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Programme 5, adopté.
Crédits supplémentaires des Affaires culturelles,
adopté.
M. CHARRON: Oui, M. le Président. Merci. M. HARDY: A la
prochaine!
M. CHARRON: A la prochaine, M. le ministre!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Crédits supplémentaires du
ministère de l'Education, à la page 61.
Programme 6: Fonctionnement de l'enseignement élémentaire
public.
M. CLOUTIER: M. le Président, d'abord je me permettrais de
suggérer que l'on discute en même temps le programme 6 et le
programme 10. La même explication vaut dans les deux cas.
Il s'agit du coût d'intégration du personnel et de
l'indexation des salaires, pour tenir compte de l'augmentation du coût de
la vie. Le total est de $41 millions.
M. CHARRON: Autrement dit, ce sont les conséquences du
décret.
M. CLOUTIER: Ce sont les conséquences de la convention
collective, des dispositions de la convention collective.
M. CHARRON: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Programme 6, adopté. Programme 10,
adopté.
Programme 13: Enseignement secondaire privé.
M. CHARRON: Ah!
M. CLOUTIER: Je sais que le député de Saint-Jacques
attendait avec intérêt ce moment parce que chaque année,
depuis deux ans, depuis que je suis au ministère de l'Education, il aime
bien engager le débat là-dessus.
La justification des $2 millions s'explique par trois raisons.
Premièrement, l'augmentation de la clientèle du secteur
privé. Cette augmentation de la clientèle est de 2,953
élèves. La clientèle effective est passée, de 1972
au 30 septembre 1973, de 38,954 nous avions prévu 44,300
à 47,253.
M. CHARRON: Le ministre veut-il me rappeler combien le budget
prévoit déjà à l'enseignement secondaire
privé? Autrement dit, à combien le portons-nous maintenant, si
nous adoptons ces $2 millions?
M. CLOUTIER: Sur l'année scolaire? M. CHARRON: Oui.
M. CLOUTIER: Nous l'augmentons sur l'année scolaire de $2
millions. Il était à l'origine de... Il suffit de s'en rapporter
au rapport annuel ou à la discussion des crédits. Je ne sais pas
si nous avons ici le livre des crédits. Le renseignement va nous
être fourni dans quelques instants. $33,679,200.
M. CHARRON: Le ministre avait prévu un accroissement, il vient de
le dire, de la clientèle du secteur privé du niveau secondaire de
quelque 5,000 peut-être.
M. CLOUTIER: C'est exact, oui.
M. CHARRON: Et elle est de près de 3,000 plus
élevée.
M. CLOUTIER: C'est ça.
M. CHARRON: Quelle est la projection démographique de
l'accroissement du secteur secondaire privé prévu pour
l'année prochaine, de sorte que, tout de suite, le ministre puisse en
tenir compte pour le prochain budget soumis au début de l'année
financière 1974/75 et qu'il puisse immédiatement ajuster ses
flûtes sans être obligé de nous revenir avec des budgets
supplémentaires, parce qu'une fois de plus il aura mal
évalué la croissance de la clientèle?
M. CLOUTIER: Pardon. Je n'accepte pas ce jugement de valeur, parce que,
dans ce secteur, il est impossible d'évaluer de façon
précise l'accroissement de clientèle. Autant nous pouvons le
faire dans le secteur public, alors que nous nous adressons à un
accroissement démographique, autant, dans le secteur privé, il y
a des facteurs particuliers qui interviennent.
Il y en a trois, entre autres, que je tiens à citer: d'abord, le
choix des parents qui se fait en septembre et qui constitue une décision
individuelle qu'il est impossible de prévoir. Ensuite, le fait qu'il y a
encore un certain nombre d'écoles associées qui ont quitté
le secteur public il s'agissait, comme s'en souvient le
député de Saint-Jacques, d'un statut spécial et qui
se retrouvent maintenant dans le secteur privé sous l'empire de cette
loi.
Enfin, il y a chaque année un certain nombre d'écoles qui,
satisfaisant aux exigences du ministère, se qualifient en quelque sorte
pour des subventions et entrent dans le cadre de la loi.
Par conséquent, nos prévisions doivent toujours faire
l'objet d'ajustements qui peuvent varier d'une année à
l'autre.
M. CHARRON: Y a-t-il de nouvelles écoles privées au niveau
secondaire ouvertes en date du 30 septembre 1973 qui ne fonctionnaient pas
l'année dernière ou si c'est simplement l'accroissement de la
clientèle dans les écoles déjà existantes?
M. CLOUTIER: C'est l'accroissement de la clientèle dans les
écoles déjà existantes plus les autres facteurs dont j'ai
parlé: le fait qu'il y a des écoles qui se sont qualifiées
pour l'obtention de subventions et qui ne l'étaient pas
antérieurement et le fait que certaines écoles associées
sont tombées sous la loi des institutions privées.
M. CHARRON: Puisque nous parlons des écoles privées, M. le
Président, est-ce qu'on en a fini ou est-ce qu'on a entamé
d'autres procédures contre des écoles privées qui
pourraient fonctionner sans permis du ministère de l'Education au cours
de l'année financière en cours?
M. CLOUTIER: M. le Président, l'opération est permanente;
nous avons mis en place des mécanismes de surveillance. J'étais
à ce moment-là ministre de l'Education; je pensais que
c'était antérieurement mais c'est bien dans cette période
que nous avons eu le débat sur les institutions qui fonctionnaient sans
permis et que nous avons parlé des dispositifs que nous mettrions en
place. Il semble que ces dispositifs soient efficaces.
M. CHARRON: Je ne reprends pas ici cette opinion sur le fonctionnement
du secteur privé de l'éducation puisqu'on en a déjà
suffisamment parlé. Je veux simplement demander au ministre si
l'accroissement de la clientèle dans le secteur privé est
supérieur à celui que le ministère avait prévu.
Ceci exigerait donc des crédits supplémentaires votés par
l'Assemblée ce soir. Cela a-t-il une contrepartie dans le secteur
public? J'imagine bien que ces 9,000 étudiants de plus qui sont
maintenant dans le secteur privé étaient auparavant dans le
secteur public à moins que ce soient des étudiants qui soient en
première année du secondaire. Mais est-ce que la fuite vers le
secteur privé a occasionné des économies dans le secteur
public?
M. CLOUTIER: Non, M. le Président, c'est vraiment des chiffres
extrêmement faibles parce que nous discutons actuellement d'un secteur
qui compte 47,000 élèves au 30 septembre 1973, et ceci comprend
l'élémentaire et le secondaire, alors que la population totale
est de 1,500,000. C'est donc une fraction. Mais, pour d'autres raisons, il y a
une diminution effective au niveau du secondaire, diminution d'à peu
près 4 p.c. dans le secteur public. H s'agit là d'un autre
phénomène d'ordre démographique.
M. CHARRON: Cela va, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Programme 13, adopté. Programme 22:
Amélioration et promotion du français.
M. CHARRON: Après vous, cher ami.
M. CLOUTIER: M. le Président, il s'agit tout simplement de
dépenses afférentes à la mise à jour du fichier de
terminologie de l'Office de la langue française dans le cadre de ses
opérations habituelles pour la refrancisation dans les entreprises.
M. CHARRON: M. le Président, je suis déçu. Je
pensais que les $100,000 étaient le début d'une politique
linguistique globale promise depuis à peu près quatre ans par ce
gouvernement, ou étaient à tout le moins le coût qu'avait
occasionné au ministère de l'Education la recherche qui a
prouvé que 25,000 étudiants francophones avaient désormais
fui vers le secteur anglais. Je ne saurais faire une lutte contre un fichier de
terminologie.
Je serais bien volontiers prêt à voter des crédits
supplémentaires beaucoup plus élevés que $100,000 si
ça devait être dans le cadre d'une politique linguistique globale
et efficace d'un gouvernement duquel, M. le Président, je ne vous le
cacherai pas, je n'attends plus rien dans ce domaine.
M. CLOUTIER: M. le Président, je remercie le député
de Saint-Jacques de sa collaboration et je peux lui prédire qu'il aura
le plaisir de voter en temps et lieu des crédits à cette fin.
M. CHARRON: J'attends ça.
M. CLOUTIER: Je lui rappelle que la politique globale du gouvernement a
commencé en 1970, que le gouvernement a multiplié les initiatives
dans le domaine linguistique, initiatives sectorielles mais également
initiatives visant à mettre en place des structures, je le
répéterai inlassablement, des structures absolument
indispensables dans le domaine du français langue de travail, dans le
domaine de la langue d'enseignement. S'il devient nécessaire de coiffer
ces structures d'une législation, nous aurons, précisément
parce que nous avons su évaluer la situation et montrer un sens
élevé des responsabilités, mis en place les conditions
indispensables pour aller au-delà.
M. CHARRON: M. le Président, il y a une information plus
technique que je voudrais avoir. Est-ce que ces $100.00 vont à l'Office
de la langue française? C'est ça?
M. CLOUTIER: Oui, M. le Président. En fait, ce qui s'est
passé, c'est qu'il y a eu un virement à même les
crédits du ministère de l'Education et le remboursement se fait
à ce moment-là. Si nous n'avions pas procédé de
cette façon, nous aurions enregistré un retard dans ce programme
de refrancisation de l'entreprise qui donne des résultats satisfaisants
et même très satisfaisants.
M. CHARRON: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté. Crédits
supplémentaires du ministère de l'Education, adopté.
M. CHARRON: Est-ce qu'on peut passer aux affaires municipales? On peut
demander au leader, parce que... Est-ce que le ministre de la Justice attend
aussi pour passer ses crédits?
M. CHOQUETTE: Je suis prêt.
M. CHARRON: C'est parce que le député de Maisonneuve est
à la commission parlementaire, alors que mon collègue de
Lafontaine est disponible pour les affaires municipales.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le ministre des Finances.
M. GARNEAU: De ce côté-ci on m'a assuré que les
ministères des Affaires sociales, de la Justice, des Affaires
municipales, des Communications dès que le ministre sera
là et de l'Agriculture étaient prêts à
passer.
M. CHARRON: Les Affaires sociales aussi.
M. GARNEAU: Après les Affaires municipales, on pourra
peut-être prendre les Affaires sociales.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Crédits supplémentaires du
ministère des Affaires municipales.
Programme 2, Aide et surveillance administratives et financières.
Elément 3, Evaluation foncière.
M. LEGER: M. le Président, on voit à cet article $30,000,
si je ne me trompe. Ce sont des dépenses afférentes aux
expertises faites par les communautés urbaines de Québec et de
Montréal ainsi que la ville de Laval. Est-ce qu'un document est ressorti
de cette expérience d'évaluation foncière?
M. GOLDBLOOM: Tout ceci, M. le Président, est en fonction de la
publication du Manuel de l'évaluation qui sera effectivement un
règlement adopté en vertu de la Loi de l'évaluation
foncière. Une partie de cette somme de $30,000 sert à une
première impression d'une première version, qui sera tirée
en nombre limité, mais qui sera disponible pour consultation avec les
municipalités pour qu'ensuite nous ayons un document définitif
qui pourra être publié en général et discuté
à la commission parlementaire.
Certaines consultations doivent être entreprises qui
nécessitent l'impression, tirage limité, d'un document
préliminaire.
M. LEGER: Mais ce sont quand même trois expériences
différentes, dans trois villes différentes. Ce sont trois
expériences différentes que vous voulez résumer et avec
lesquels vous voulez préparer un document de base.
M. GOLDBLOOM: Ce sont trois expériences différentes,
effectivement, et puisque ce sont les endroits, dans la province, où les
problèmes sont nécessairement les plus complexes, nous avons
dû poursuivre des études un peu plus poussées, avec la
collaboration des fonctionnaires de ces municipalités. Des
dépenses ont été encourues et nous les avons
assumées.
M. LEGER: II y a eu des ententes avec les villes pour leur donner un
montant. C'était quoi? Trois fois $10,000 ou...
M. GOLDBLOOM: Non, pas autant que cela parce qu'il y a eu la partie pour
l'impression du texte préliminaire. Excusez-moi. M. le Président,
je regrette, je n'ai pas la ventilation précise de ce chiffre quant aux
montants payés à chaque municipalité. La demande a
été différente dans chaque cas et, en l'occurrence, c'est
la communauté urbaine de Québec qui a eu le montant le plus
important.
M. LEGER: Combien?
M. GOLDBLOOM: II y a ici un montant de $5,000 seulement qui ira à
la Communauté urbaine de Québec, mais il y a au total à
peu près $60,000 qui devront être versés. C'est pour cela
que je dis que c'est la Communauté urbaine de Québec qui a eu la
part la plus importante du montant en général; pour être
précis, c'est approximativement entre $5,000 et $6,000 pour la
Communauté urbaine de Québec, présentement, et je dirai
à peu près $10,000 pour les deux autres organismes
municipaux.
M. LEGER: Vous dites qu'il y aura une dépense totale
bientôt de $60,000; à quel titre? Est-ce juste pour la
Communauté urbaine de Québec ou pour la Communauté urbaine
de Québec touchant l'évaluation foncière?
M. GOLDBLOOM: Oui, à cause des problèmes particuliers qui
se présentent dans un tel milieu.
M. LEGER: Est-ce que des montants sont prévus aussi pour la
Communauté urbaine de Montréal et la Communauté
régionale de l'Outaouais ou de la ville de Laval? Est-ce que vous le
prévoyez dans le même sens?
M. GOLDBLOOM: Pas nécessairement, M. le Président. Il
s'agit tout simplement de l'obtention, par le gouvernement, de certaines
expériences et certaines données un peu particulières. Ce
n'est pas une subvention qui est donnée à ces
municipalités ou organismes, c'est simplement le remboursement des
dépenses afférentes au travail qui a été accompli
pour nous par ces municipalités.
M. LEGER: Pour conclure sur l'évaluation foncière, quand
prévoyez-vous que le manuel sera en vigueur, c'est-à-dire qu'il
sera prêt à être présenté soit à la
commission parlementaire ou autrement?
M. GOLDBLOOM: Nous avons maintenant, je viens de le dire, un texte
préliminaire qui servira aux dernières consultations et qui est
en route vers l'imprimeur, ces jours-ci. Cela, veut dire que dans les tout
premiers mois de 1974
nous devrions être en mesure d'inviter la commission parlementaire
à se pencher sur un texte utile qui sera déposé par
tranches, parce que c'est quand même un volume assez imposant. Nous
avions eu le désir de tout déposer en même temps; ce ne
sera pas possible de le faire sans faire attendre tout le monde trop longtemps;
donc, ce sera par tranches. Nous recevons déjà certains documents
préliminaires du groupe de travail. Il y aura donc une première
tranche qui sera prête dans les premiers mois de 1974.
M. LEGER: Est-ce que ce sera une sorte d'amendement au bill 48 ou si ce
sera tout simplement une réglementation du bill 48?
M. GOLDBLOOM: La réglementation du bill 48.
M. LEGER: Est-ce que cela comprendra aussi l'aspect rural, les
municipalités rurales, ou si ça ne touchera que l'aspect
urbain?
M. GOLDBLOOM: Certainement, M. le Président.
M. LEGER: A l'échelle de toute la province?
M. GOLDBLOOM: Oui, il va sans dire que tout en voulant uniformiser
l'application de l'évaluation foncière sur une base scientifique
à l'échelle de la province, il faut tenir compte des
différences régionales, des différences de milieux.
Il y aura donc des chapitres ou même des volumes particuliers sur
certains aspects de l'évaluation foncière dans certains
milieux.
M. LEGER: En ce qui me concerne, élément 3,
adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Elément 3, adopté.
Elément 5, aide financière aux municipalités?
M. LEGER: Dans cet élément 5, aide aux
municipalités, il y a $13 millions. Premièrement, combien de
municipalités ont été concernées par cette aide
financière?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, comme le député de
Lafontaine le constatera à la lecture des notes explicatives qu'il a
entre les mains, la très grande partie de cette somme est attribuable
à la ville de Montréal, $12,100,000. C'est une subvention qui
permettra de réduire, dans cette mesure, le déficit de la
ville.
La somme de $900,000 représente une opération comptable
entre le ministère du Revenu et le ministère des Affaires
municipales. Il y a deux éléments. Il y a le fait que certaines
sommes sont perçues pour des municipalités de caractère un
peu spécial, comme Saint-Jean-de-
Dieu, et ne peuvent être redistribuées de la façon
normale à cause de cela. Donc, elle sont en la possession du
gouvernement et doivent être utilisées pour le bien commun. Il y
a, entre-temps, certaines municipalités qui, pour des raisons
techniques, doivent certaines sommes au gouvernement. Je n'ai pas la liste
complète. C'est, en effet, le ministre du Revenu qui a ce dossier. Par
ce procédé de transfert parce qu'il s'agit effectivement
d'un transfert du ministère du Revenu vers le ministère des
Affaires municipales l'opération comptable se fait et des
subventions sont inscrites aux livres pour laver les dettes de ces
municipalités.
M. LEGER: Les $12 millions, c'était une somme pour la ville de
Montréal. Est-ce que cela touchait un projet particulier ou simplement
un déficit quelconque? Est-ce qu'il y a dans ça les $5 millions
qui sont donnés pour combler le déficit de Terre des Hommes?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. Il s'agit d'un examen que
nous avons fait de la situation financière de la ville de
Montréal. La ville nous a fait part de sa situation et de ses
problèmes. Nous avons reconnu que, dans deux ans, il y avait un
problème dont le gouvernement était, au moins partiellement,
responsable. Nous avons modifié le régime d'évaluation
foncière et la ville a connu une diminution de ses revenus à
cause de cela. Il y a eu un jugement rendu par la Commission municipale en ce
qui concerne la taxe d'eau perçue par Montréal dans les
municipalités de Côte-Saint-Luc, Westmount et Outremont. Il y a
eu, à cause de ce jugement, une diminution des revenus de
Montréal. Nous avons accepté de combler ces écarts. Il y a
d'autres sommes qui devront être financées par la ville de
Montréal, dont elle parlera elle-même en temps et lieu.
M. LEGER: Maintenant, quand vous dites que vous avez vu les livres de
Montréal est-ce que cela a été assez facile? En effet,
dans le budget présenté par le maire Drapeau, ses conseillers
disaient qu'ils ne pouvaient absolument pas comprendre les sommes et voir
comment est-ce que c'était affecté. Vous êtes au courant de
cette situation?
M. GOLDBLOOM: Nous avons, évidemment, examiné ce qui nous
a été présenté. Je dirai que nous avons
examiné surtout les états financiers et que nous avons fait
certaines vérifications par rapport aux sommes que nous avons
accepté de verser. Je ne dirai pas que nous avons fait une
vérification comme un vérificateur professionnel l'aurait faite,
et l'a faite, j'espère, dans les livres de la ville de
Montréal.
M. LEGER: Mais n'est-ce pas le rôle de la Commission municipale,
avant de verser $12 millions pour un déficit? Les $12 millions, ce
n'est pas quand même la totalité du déficit
provenant du changement de la taxe d'eau de Westmount, Outremont et
Côte-Saint-Luc?
C'est pour d'autre chose aussi. Quel était le coût de cette
perte de revenus provenant de ces trois municipalités?
M. GOLDBLOOM: $2 millions, M. le Président, et...
M. LEGER: $9 millions?
M. GOLDBLOOM: $2 millions.
M. LEGER: $2 millions.
M. GOLDBLOOM: $2 millions attribuables au jugement de la Commission
municipale et $10 millions attribuables aux effets de la Loi de
l'évaluation foncière sur la ville de Montréal. Et, dans
ces deux domaines, nous avons accepté de combler la
différence.
M. LEGER: C'est quand même une décision que le
ministère pouvait prendre à ce moment-là ou ne pas
prendre.
M. GOLDBLOOM: Certainement. Mais je rappelle aux honorables
députés de cette Chambre que, dans d'autres cas, le gouvernement,
le ministère des Affaires municipales a accepté de verser des
subventions à des villes qui ont subi une baisse de revenus à
cause de l'application de la Loi de l'évaluation foncière. Nous
l'avons fait de façon précise dans le cas de la détaxation
de la machinerie industrielle et il y a déjà un nombre restreint,
mais il y en aura d'autres, de villes qui ont reçu une subvention. Nous
avons donné l'engagement de le faire selon les besoins de la
municipalité. Je souligne cela. C'est toujours selon l'effort fiscal
fourni par les contribuables, le fardeau qu'ils supportent. Ce n'est pas parce
qu'une municipalité connaît une baisse de revenus à un
poste en particulier que le gouvernement verse automatiquement cette somme. Si
le taux de taxe est relativement bas, est inférieur à la moyenne,
nous demandons à la municipalité de faire l'effort additionnel
pour arriver à la moyenne plutôt que de lui fournir une
subvention.
Mais, avec cette restriction, nous avons donné cet engagement et
je tiens à souligner que non seulement la ville de Montréal, mais
l'Union des municipalités, a demandé l'occasion de déposer
devant le ministre un mémoire sur les effets de la Loi de
l'évaluation foncière. J'ai accueilli ces initiatives parce que,
après tout, nous sommes au début de l'application de cette loi et
je voudrais connaître ses vrais effets dans les municipalités
affectées.
M. LEGER: Le ministre vient de me dire que, dans les $12 millions, $2
millions provenaient d'un manque à gagner à la suite du
changement de la taxe d'eau des trois municipa- lités. Il reste $10
millions. Les $10 millions, c'est encore Montréal qui les a eus. Et sous
quelle loi cela s'intègre? Est-ce sous la Loi de l'évaluation
foncière avec une perte de revenus?
M. GOLDBLOOM: Oui. C'est à cause des effets de la Loi de
l'évaluation foncière.
M. LEGER: Mais sous quels critères vous êtes vous
basé pour dire que c'est $10 millions? Vous avez pris les chiffres de la
ville et...
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, parce que, après tout,
les biens en question sont inscrits au rôle et la vérification
peut se faire assez facilement. Il y a certaines propriétés,
certains immeubles qui ont été éliminés du
rôle ou diminués quant à leur valeur. Donc, les calculs se
font assez facilement.
M. LEGER: Le ministre, j'espère, s'est assuré par ses
représentants qu'il ne s'est pas fait jouer de tour avec ces
chiffres.
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, je pense bien, parce que nous
nous sommes limités à ces deux domaines.
M. LEGER: Le ministre et moi, souvent on s'est rencontré et on
parlait du pouvoir moral du ministre devant le maire de Montréal pour
différents projets. Cela est un exemple précis où il faut
réellement que vous alliez au fond des choses pour vous assurer que les
$10 millions que le ministère des Affaires municipales donne
correspondent réellement à la réalité. Lorsque
j'entends les conseillers dire qu'ils ne peuvent même pas comprendre le
système de comptabilité qu'ils sont appelés à
voter, je me demande si le ministre peut nous assurer qu'il a fait une
expertise plus en profondeur. J'ai entendu le ministre dire: On nous a
présenté des chiffres et on a affecté la somme.
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. Il y a des haut
fonctionnaires du ministère des Finances, du Conseil du trésor et
du ministère des Affaires municipales qui se sont rendus sur place, qui
ont fait l'examen et qui ont formulé les recommandations que nous avons
suivies.
M. LEGER: En ce qui nous concerne, M. le Président,...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Elément 5, adopté.
Elément 6, aide financière aux Communautés urbaines de
Québec et de Montréal.
M. LEGER: M. le Président, à cet élément 6,
on parle de l'aide financière aux Communautés urbaines de
Québec et de Montréal. Est-ce que ce sont les deux
communautés ou si c'est seulement celle de Québec ou celle de
Montréal?
M. GOLDBLOOM: Dans ce cas particulier, M. le Président le
titre est celui qui est imprimé dans le cahier et sur les notes
explicatives la somme est attribuée à la Communauté
urbaine de Montréal seulement.
M. LEGER: Alors, c'est à elle.
M. GOLDBLOOM: Je tiens à souligner, M. le Président, que
la Communauté urbaine de Québec a reçu des renseignements
sur les intentions du gouvernement qui lui ont permis d'adopter son budget
cette semaine.
M. LEGER: Pour quelle raison n'y a-t-il pas eu de montants pour la
Communauté urbaine de Québec qui a quand même ses
problèmes à envisager? Il y a un déficit qu'on
prévoit à la Commission de transport.
M. GOLDBLOOM: Simplement, M. le Président, parce que ce budget
supplémentaire s'applique à notre exercice financier 1973/74.
L'exercice financier de la communauté urbaine, dans chaque cas, suivant
l'année du calendrier, il y a un chevauchement. Les sommes qui ne
paraissent pas ici paraîtront au budget du ministère des Affaires
municipales, qui sera déposé par le ministre des Finances pour
l'an prochain.
M. LEGER: Cette aide financière, est-ce qu'elle touche surtout
les déficits de la Commission de transport?
M. GOLDBLOOM: Dans ce cas particulier, non, M. le Président, mais
nous nous sommes penchés sur le problème du transport en commun.
Le député sait que c'est un groupe de travail, qui comprend tous
les ministères intéressés, qui se penche là-dessus
et qui doit formuler des recommandations d'ordre général.
Donc, ce que nous effectuons dans chacun des cas, c'est une
opération de soulagement du contribuable, sans prétendre que nous
avons ici, dans le moment, une politique générale dans le domaine
du transport en commun. Cette politique est à venir.
M. LEGER: Maintenant, M. le Président, est-ce qu'actuellement le
ministre a l'intention, concernant justement les Commissions de transport, avec
le problème du pétrole, de penser, peut-être, à ne
pas taxer les autobus qui achètent leur pétrole pour les
Commissions de transport? Au lieu de donner une subvention directement à
une Commission de transport, n'y aurait-il pas des possibilités de
limiter ou d'enlever complètement les taxes concernant le pétrole
que les autobus doivent employer? Je pense qu'il a été
proposé même, avec la compagnie SOMA qui est en train d'avoir un
projet de construction d'autobus, de donner une subvention aux Commissions de
transport qui achèteraient des autobus de cette compa- gnie. Je pense
que c'est 25 p.c. ou quelque chose du genre. Est-ce qu'on ne devrait pas
penser, plutôt que de donner des subventions dans ce sens,
peut-être à détaxer les Commissions de transport? Ce sont
tous les gens qui auront cela de moins à payer.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense bien que la suggestion du
député de Lafontaine est valable et mérite une
considération sérieuse. Justement, le ministre des Transports
il en a parlé brièvement au début de notre
séance d'aujourd'hui se penche sur cet ensemble de
problèmes. Dans un sens, on peut dire que l'argent, c'est l'argent. Si
on le place à un poste ou à un autre, quand il s'agit d'un budget
comme celui de la Communauté urbaine de Montréal, les
bénéfices sont essentiellement les mêmes, tandis qu'une
politique de détaxation ou d'exemption de taxes pour certaines
substances a d'autres implications qui doivent être examinées et
prévues.
Pour cette raison, je trouve la suggestion valable. Elle est
déjà à l'étude. Mais je ne peux répondre
pour le gouvernement sur ce point précis.
M. LEGER: Le ministre comprend quand même que donner des
subventions, ce n'est pas une politique. C'est tout simplement vérifier
que telle ou telle administration a des difficultés et qu'on l'aide.
Tandis que prendre une décision de détaxer ou de réduire
des coûts d'achat, cela, c'est une politique qui tient compte d'un
ensemble de circonstances. Autrement, des subventions, cela dépend. Si
le maire ou les différents maires des différents endroits ont le
tour de présenter leur projet, ils vont l'avoir, alors que d'autres ne
l'auront pas. Ce n'est pas statutaire. Une subvention, ce n'est pas une
politique.
M. GOLDBLOOM: D'accord, mais quand même on doit se réserver
une certaine marge de manoeuvre, on ne peut tout faire. C'est le ministre des
Finances, en fin de compte, qui doit décider comment utiliser les sommes
qui sont entre ses mains. Il doit, lui, décider s'il continue d'en
percevoir pour pouvoir les redistribuer par la suite, ou s'il peut se permettre
de ne pas en percevoir, de ne pas les avoir et de s'engager de cette
façon à donner tant d'argent à tel organisme.
Donc, c'est une décision qui est un peu plus complexe que de dire
tout simplement: On donnera l'exemption parce que c'est plus simple de faire
cela que de verser la subvention par la suite.
Le député de Lafontaine a mis le doigt sur un aspect
important de la question, tout à l'heure. Il n'est pas facile de faire
la distinction entre l'administration hautement compétente qui a connu
une mauvaise année et l'administration moins compétente qui
aurait pu connaître une meilleure année. Nous essayons de ne
pas
gaspiller les deniers publics en accordant des subventions. Nous ne
voudrions pas récompenser la mauvaise administration.
Mais il faut, à un moment donné, prendre une
décision, reconnaître un état de fait et juger de la valeur
de l'administration. En fin de compte, c'est le contribuable qui paie. Mais
c'est le gouvernement qui est responsable de l'utilisation au meilleur escient
possible de l'argent des contribuables.
M. LEGER: Puisqu'on est à l'article des transports en commun
urbains, est-ce que le ministre a quelque chose à dire, comme son
homologue le ministre des Transports, sur la gratuité ou la baisse du
prix pour les personnes âgées? Et qui devrait en assumer le
coût? Le maire Drapeau dit que ce n'est pas lui. Et est-ce que le
ministre des Affaires municipales a discuté avec son homologue des
Transports pour voir s'il peut y avoir une politique pour que les personnes
âgées ne paient pas ou qu'elles soient remboursées?
M. GOLDBLOOM: II va sans dire que c'est un élément
important de l'étude qui se fait présentement C'est une chose
dont nous avons parlé pendant la campagne électorale et qui
devrait être réalisée.
M. LEGER: Et que vous avez quatre ans ou trois ans pour réaliser.
Vous ne voyez pas ça dans l'immédiat ou dans un avenir
rapproché?
M. GOLDBLOOM: Je pense que le député de Lafontaine va
à la pêche. Je ne le suis pas.
M. LESSARD: Cela ne mord pas.
M. LEGER: De toute façon, est-ce que le ministre a quand
même un mot à dire là-dedans ou si ça ne
relève que du ministre des Transports?
M. BERTHIAUME: Les membres du cabinet.
M. LEGER: A part d'être membre du cabinet.
M. GOLDBLOOM: Oui, tous les ministres qui sont responsables des diverses
facettes du problème ont nécessairement un mot à dire.
M. LEGER: Alors, comme ministre des Affaires municipales, vous n'avez
pas une sorte de pouvoir persuasif, moral ou autre, ou même à
cause de votre responsabilité aux Affaires municipales. C'est une
politique, je pense bien, qui touche deux ministères ensemble.
M. GOLDBLOOM: II y a des gens qui cherchent toujours à identifier
un ministre qui peut avoir autorité sur tous les autres. Cela ne se fait
pas.
M. LEGER : Ma question n'est pas là, c'est la suivante. Le
ministre des Affaires municipales a à voir à des déficits
possibles des commissions de transport des communautés urbaines qui
relèvent de son ministère.
Le transport relève aussi d'un ministère des Transports.
Je pense que ce sont les deux ministres qui sont les mieux placés pour
toucher à l'aspect du transport en commun dans les communautés
urbaines. Je ne parle pas de l'ensemble du cabinet. Je me demande si le
ministre actuel a une politique dans ce sens qu'il peut faire valoir, et est-ce
qu'il semble y avoir une solution qui s'en vient avec les deux ministres qui
vont présenter ça au cabinet.
M. GOLDBLOOM: Oui, certainement, mais ce n'est pas encore le moment de
discuter de cela publiquement, donc il faudra que le député soit
patient.
M. LEGER: Les personnes ne sont pas assez âgées.
D'accord pour l'élément 6.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Elément 6, adopté.
Elément 7, compensation en guise d'impôt municipal.
M. LEGER: Ici, ce sont des crédits additionnels requis pour aide
financière à accorder aux municipalités à titre de
compensation en guise d'impôt foncier pour les immeubles gouvernementaux.
Les immeubles gouvernementaux qui échappent à une taxe donnent un
montant pour compenser. Mais quels sont les critères précis,
définis? Est-ce que ça dépend des régions, des
municipalités? Ou si le gouvernement dit on donne tel montant.
M. GOLDBLOOM: Ce que l'on fait, M. le Président, c'est ventiler
les taux de taxes et arriver à un taux de taxes moyen plutôt que
de faire des calculs individuels dans chaque cas. C'est une façon
d'arriver à une solution qui, dans l'ensemble, est équitable, je
pense bien.
M. LEGER: C'est une réponse sibylline. Voici ce que je demande.
Il y a des grandes municipalités, des petites municipalités qui
arrivent ou qui n'arrivent pas dans leur taxation et il y a des bâtisses,
des immeubles. Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir dans ce nouveau manuel
d'évaluation foncière des critères de grosseur, d'espace,
de terrain, de milieu, de région? Est-ce qu'il y a des critères
là-dessus?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, il va sans dire que les
critères de l'évaluation foncière s'appliquent et que ces
critères sont utilisés par le ministère des Travaux
publics pour arriver à un chiffre. Mais avec un chiffre de valeur, il
faut appliquer un taux de taxes à cette valeur et ce taux de taxes, dans
certains cas, comprend des taxes spéciales, dans d'autres cas ne les
com-
prend pas. Plutôt que d'aller dans la ventilation du
système de taxation de chaque municipalité, on établit la
valeur selon les critères normaux de l'évaluation foncière
et l'on applique un taux moyen pour arriver à un chiffre de
remboursement à la municipalité.
M. LEGER: Est-ce que le ministère des Affaires municipales a une
liste des édifices gouvernementaux pour lesquels sont établies
les valeurs pour établir un taux?
M. GOLDBLOOM: Certainement, M. le Président.
M. LEGER: Tous les édifices gouvernementaux...
M. GOLDBLOOM: Autrement, comment fonctionner?
M. LEGER: Alors, c'est basé là-dessus. Donc, les
municipalités savent que dans leur ville telle bâtisse
gouvernementale a telle valeur, est évaluée à tel
montant?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Et si dans le reste de la ville, tout à coup
c'est une ville champignon la valeur devenant plus forte pour les
résidents, on augmente l'évaluation foncière des
différentes maisons, l'évalutation gouvernementale demeure
conforme aux critères du livre de la Commission municipale?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, nous avons, comme je viens de le
dire, une liste, nécessairement, et la municipalité connaît
la valeur qui est attribuée à un édifice gouvernemental.
Si la municipalité est obligée d'augmenter son taux de taxes et
si cette action se généralise, le taux moyen qui est
utilisé pour calculer la valeur est augmenté autant.
M. LEGER: Est-ce que cela veut dire que si une municipalité doit
augmenter son taux dans le reste de la ville et que la bâtisse
gouvernementale elle-même doit avoir une augmentation, c'est le
ministère qui détermine lui-même le montant, ou si c'est la
municipalité qui envoie une facture au gouvernement?
M. GOLDBLOOM: Non, c'est une décision gouvernementale, M. le
Président, ce n'est pas la municipalité qui envoie une facture.
Mais est-ce que, derrière les questions du député de
Lafontaine, il y a un cas particulier qu'il aimerait soumettre où une
municipalité a été lésée parce qu'elle a
dû augmenter son taux de taxes pour les autres contribuables et que le
gouvernement n'a pas fourni un montant suffisant?
M. LESSARD: M. le Président, ça me fait plaisir de parler
de ce problème. Je pense que je peux donner un cas j'ai eu
l'occasion d'en discuter avec l'ex-ministre des Affaires municipales
où une compagnie privée qui s'appelait la Domtar payait 50 p.c.
des taxes municipales dans la municipalité de Baie-Trinité. Par
la suite, il y a eu échange de territoires, de concessions
forestières entre le ministère des Terres et Forêts et la
compagnie Domtar et, normalement, le ministère des Terres et
Forêts a dû reprendre les édifices de la compagnie Domtar.
La différence a été passablement forte par rapport
à ce que la compagnie payait auparavant et cela a posé un
problème considérable à la petite municipalité de
Baie-Trinité.
Si le gouvernement avait voulu faire des efforts pour régler un
autre problème, il aurait pu avoir possibilité de compensation.
Là je vois le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche;
malheureusement ça n'a pas été le cas. J'ai
étudié passablement ce dossier, mais en parlant ça me
revient. Je pense que la Domtar payait près de $6,000 de taxes.
Actuellement, avec les bâtisses existantes qui appartiennent au
ministère des Terres et Forêts parce que dans vos normes il
y a pas mal de limites sur les différentes bâtisses
ç'a réduit le budget je pense, comparativement à Domtar,
de 60 p.c. à 75 p.c.
D'ailleurs, il a fallu se battre et je pense que la municipalité
a même perdu deux ans. Je ne pensais pas qu'on allait parler de ça
ce soir du tout, il faudrait que je revois le dossier. Je sais que
l'ex-ministre des Affaires municipales m'avait envoyé au
ministère des Finances et c'est le ministère des Finances qui est
responsable de ça. En tout cas, heureusement on a trouvé une
solution, mais la solution a été très difficile à
trouver. D'ailleurs, les municipalités doivent vous faire un rapport.
C'est parce que ce n'est pas le ministère des Affaires municipales qui
détermine, sans discussion avec la municipalité, à lui
seul les taxes.
Vous avez des critères et des normes et c'est à partir de
là que vous déterminez des taxes, mais je pense que ça
pose des problèmes pour certaines municipalités.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il est évident que
l'application d'une formule à l'échelle de la province risque de
créer des injustices locales et il faut en tenir compte après le
fait. Il va sans dire que la municipalité devra, si elle ne l'a pas
déjà fait, prendre l'initiative d'en discuter avec le
ministère des Affaires municipales. Autrefois c'était aux
Finances que ces problèmes se réglaient mais maintenant c'est aux
Affaires municipales. Je serai tout aussi heureux d'étudier ce
problème avec Baie-Trinité qu'avec la ville de Montréal,
parce que le principe est le même; les montants peuvent
différer.
Nous examinerons la situation financière de la
municipalité. Si déjà les contribuables payent au moins la
moyenne provinciale par rapport à leur revenu moyen, nous allons
sûrement don-
ner une compensation sous forme de subvention d'équilibre
budgétaire.
M. LESSARD: M. le Président, une chose que je n'accepte pas dans
la réponse du ministre, c'est que, lorsqu'une compagnie est
établie dans une municipalité, elle doit payer selon les normes
établies par les municipalités, les normes de taxation. Une chose
m'inquiète moi. Lorsque le ministère des Terres et Forêts
ou un autre ministère a des bâtisses sur lesquelles il retire des
revenus c'est vrai actuellement concernant un cas explicite de
Baie-Trinité il me semble, que ce soit le ministère ou une
compagnie ou un particulier, qu'on devrait appliquer exactement les mêmes
normes, d'autant plus que c'était plutôt des maisons
d'appartements. Le ministère, en louant ces maisons d'appartements
à ses propres employés, faisait donc des revenus ou du moins,
s'il n'en faisait pas, permettait à ces employés de pouvoir en
profiter. En fait c'était un revenu indirect.
Si c'est le gouvernement du Québec ou une compagnie, il ne me
semble pas qu'on doive faire une différence. Si la maison est
évaluée à tant par exemple en vertu des critères et
des normes de la municipalité, je ne vois pas pourquoi le
ministère des Affaires municipales et je suis bien content de le
savoir déciderait qu'on paye 50 p.c. de l'évaluation. A ce
moment-là il me semble que c'est de la mauvaise administration. J'ai eu
l'occasion d'en discuter, c'est faire payer à une petite
municipalité ou à d'autres municipalités le fait que le
gouvernement puis j'ai discuté les questions de
l'Hydro-Québec a décidé justement de profiter des
services de cette municipalité-là.
Si on établit des critères on en a parlé
justement quand on a discuté du bill 48 si on oblige, par
exemple, les municipalités à avoir une évaluation
uniforme, je ne voudrais pas voir des exceptions tant pour le gouvernement que
pour l'Hydro-Québec ou pour tout autre organisme.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il y a aussi le cas où une
industrie ferme ses portes et s'en va. Il n'y a aucun remplacement et l'on doit
venir en aide à la municipalité si le besoin existe. Je pense que
le député de Saguenay a raison, M. le Président, de dire
que, si l'utilisation que l'on fait de l'immeuble en question est exactement la
même, le revenu devrait, en principe, être le même. Mais,
s'il y a des différences surtout dans le cas particulier qui
semble unique dans la province en ce moment, à ma connaissance je
pense que la solution la plus logique, plutôt que de se pencher sur le
principe général pour régler le cas particulier, c'est de
se pencher immédiatement sur le cas particulier. Je retiens les
commentaires du député de Saguenay en rapport avec la politique
générale que nous allons réexaminer.
Justement, j'ai fait mention de l'intention de l'Union des
municipalités de m'envoyer un mémoire sur les impacts de la Loi
de l'évaluation foncière.
M. LESSARD: Est-ce qu'il y a une politique générale?
Quelle est-elle? Le ministre me dit: Si l'utilisation est différente de
l'utilisation précédente, c'est-à-dire par exemple, si le
ministère des Terres et Forêts utilise des bâtisses pour les
mêmes buts qu'une compagnie. Il me semble que ce n'est pas cela, le
critère d'évaluation municipale. Le critère
d'évaluation municipale, c'est d'aller évaluer une
propriété et de dire qu'une propriété vaut tant. A
partir de cela, on paie $1 ou $1.25 par $100. C'est cela, l'évaluation
municipale, c'est dire que la propriété vaut tant. Je comprends
qu'il peut y avoir modification en vertu de l'utilisation qu'on fait de la
propriété ou pas, d'accord.
M. GOLDBLOOM: Exactement, M. le Président. Il y a des immeubles
qui servent à des fins résidentielles et qui sont convertis en
usines, et l'évaluation n'est pas du tout la même.
M. LESSARD: A ce moment-là, vous avez donné, en vertu du
bill 48 ou maintenant du bill 33, des pouvoirs à la municipalité.
Ces pouvoirs-là existaient d'ailleurs et la municipalité pouvait
faire l'évaluation municipale. Si la municipalité, en vertu
justement de ces nouvelles utilisations, évalue la bâtisse
à $10,000 ou $15,000 et que le pourcentage de l'évaluation soit
$1 ou $1.25 ou $1.75 par $100, je ne comprends pas pourquoi, parce que c'est
une bâtisse du gouvernement, qui appartient au gouvernement, on devrait
payer un montant différent. En tout cas, le principe global, je ne
l'accepte pas et le bill 33, je ne l'ai pas accepté.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la raison est simplement que nos
lois prévoient que les édifices gouvernementaux ne sont pas
taxables et il faut arriver...
M. LESSARD: Je ne l'accepte pas.
M. GOLDBLOOM: ... avec l'initiative gouvernementale pour leur donner une
valeur. Le cas souligné par le député de Saguenay est
quand même un peu spécial. Je comprends que, s'il y a une
différence, elle est difficilement explicable. C'est pour cela que je
voudrais me pencher sur le cas particulier.
M. LEGER: La raison pour laquelle j'avais soulevé la question,
c'est que justement il n'y a pas d'évaluation des bâtisses
gouvernementales; il y a une compensation fiscale permettant de remettre
à la municipalité ce qu'elle aurait recueilli si cette
bâtisse-là n'avait pas appartenue à la reine. Vous parlez
de cas particuliers et moi, je parle de critères généraux.
Si une municipalité doit augmenter son taux pour le reste des
propriétaires, quel est le critère? Sur quoi vous base-vous,
étant donné qu'il n'y a pas
d'évaluation pour la bâtisse? C'est un montant fixé
dans un volume, sur des papiers ou des formules du gouvernement pour dire que
telle bâtisse, dans telle ville, c'est tel montant.
S'il y a une augmentation, sur quel critère vous basez-vous pour
dire: On va payer $10,000 ou $20,000 de plus?
M. GOLDBLOOM: II aurait été impensable jusqu'à
maintenant, certainement, que le gouvernement se fasse prisonnier de
l'évaluation faite par une municipalité. La Loi de
l'évaluation foncière entre en application et aura,
éventuellement, l'effet d'uniformiser l'évaluation à
travers la province. Ce n'est pas encore chose faite. Donc, l'évaluation
est faite par le gouvernement. La municipalité peut selon sa propre
évaluation attribuer une valeur à un immeuble gouvernemental,
mais le gouvernement n'est pas encore prêt à accepter cela comme
la valeur réelle, parce qu'il y a toujours trop de variations. Quand
nous aurons l'application scientifique d'une évaluation professionnelle
à l'échelle de la province, la situation sera différente.
Je pense bien que les difficultés disparaîtront au fur et à
mesure.
M. LEGER: Je comprends le ministre, parce que c'est sûr que les
municipalités auraient pu simplement dire: Cela est la bâtisse du
gouvernement, on va l'évaluer, il va payer et les autres ne paieront
pas. Mais maintenant que, comme vous le dites, avec le bill 48 il y aura une
évaluation normale, homogène à travers tout le
Québec, est-ce que le ministre veut dire par là qu'il sera
maintenant possible, maintenant que l'évaluation de toutes les
bâtisses du gouvernement sera faite d'une façon homogène
avec le reste des autres types de maisons, que les municipalités
pourront augmenter leur taux basé sur cette évaluation des
bâtisses gouvernementales?
M. GOLDBLOOM: En général, oui, M. le Président,
parce que si tout est scientifique, on arrive au même résultat,
essentiellement. Mais je ne dirai pas que le gouvernement s'engagerait à
payer l'augmentation de taxe imposée par chaque municipalité. Ce
sera une négociation qui devra se faire. Le gouvernement devra se
réserver le droit de dire: Nous évaluons l'édifice
à tant et nous allons payer, selon nos critères qui s'appliquent
à l'échelle de la province, tant pour cette bâtisse.
M. LEGER: Oui, mais si elle est évaluée, selon le bill 48,
d'une façon homogène à travers le Québec, si dans
une municipalité on a besoin d'un taux plus élevé pour des
raisons bien précises, à ce moment, on ne pourrait pas exiger un
montant du gouvernement pour cette bâtisse qui a été
évaluée par vous autres?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, je ne pense pas qu'il
revienne à la municipalité d'exiger un montant du gouvernement.
Les municipalités sont quand même les créatures de la
province, la province en a la responsabilité. Je pense bien que les
raisons peuvent être parfaitement justifiées et le gouvernement
devra en tenir compte. Justement, il est difficile de concevoir une situation,
surtout après la normalisation de l'évaluation comme telle,
où la différence serait telle entre le taux de taxe une
année et le taux l'année suivante que les contribuables seraient
surtaxés simplement parce que le gouvernement n'aurait pas
augmenté sa contribution pour ses édifices dans la
municipalité en question. Mais si tel était le cas, et si les
raisons motivant l'augmentation du taux de taxe étaient
justifiées, reconnues par le gouvernement, cette reconnaissance ferait
que le gouvernement augmenterait sa contribution à la
municipalité, soit sous forme d'une remise additionnelle pour
l'édifice, mais plus probablement sous forme d'une subvention
d'équilibre budgétaire pour soulager les contribuables de cette
augmentation de taxe.
M. LEGER: C'est quand même un drôle de principe et
même un faux principe de dire que, selon les cas, le gouvernement
décidera. C'est encore laisser la discrétion à chaque
municipalité, suivant les pélérinages annuels pour venir
voir, pour dire: On ne fonctionne pas; l'année dernière vous avez
payé tant de taxes, on a augmenté notre taux. C'est quand
même tout un système de comptabilité à tenir. Si
vous avez un rôle à travers tout le Québec, si tous les
autres citoyens, dans une municipalité, voient leurs taxes augmenter et
si le rôle est vraiment bien fait, spécialement pour la
bâtisse gouvernementale, est-ce que ce n'est pas normal que la
bâtisse du gouvernement paie le même taux que le reste de la
population?
M. GOLDBLOOM: Même...
M. LEGER: Vous suivez l'administration de la municipalité quand
même.
M. GOLDBLOOM; ... si l'augmentation du taux de taxe est attribuable
à une mauvaise administration municipale?
M. LEGER: C'est ça, vous avez le contrôle de cette mauvaise
administration municipale. Alors il faut que la municipalité soit bien
administrée et non pas laissée en tutelle pendant trop
d'années, comme la ville D'Anjou. Il faut le régler, le
problème, un jour ou l'autre. Mais, quand même, quand vous avez la
surveillance d'une administration municipale, est-ce que, si la situation est
normale, c'est anormal que le gouvernement, qui y a un édifice, ne paie
pas un taux équivalent à ce que les autres citoyens de cette
même municipalité paient?
M. LESSARD: C'est une question de contribuables, M. le Président.
Je comprends qu'à un
moment donné, par exemple, il peut bien arriver qu'une
municipalité s'administre très bien et fasse des surplus. Mais
pourquoi une municipalité, parce qu'elle s'administre très bien
et fait des surplus, serait-elle pénalisée par le gouvernement du
fait qu'il y a des édifices qui appartiennent au gouvernement provincial
et, parce que cette municipalité s'administre bien, que le taux de
taxation est moins élevé? Je me dis que le gouvernement, qui a
des bâtiments, à un moment donné, dans une
municipalité, est un contribuable comme un autre...
M. GOLDBLOOM: Non, je m'excuse...
M. LESSARD: ... est un contribuable comme un autre.
M. GOLDBLOOM: ... M. le Président. Le gouvernement n'est pas un
contribuable comme un autre. Il y a quand même...
M. LESSARD: Bien, au niveau de la propriété...
M. GOLDBLOOM: ... une différence.
M. LESSARD: ... des petites municipalités, parce qu'il y a des
municipalités qui, en vertu de ce principe, se trouvent
pénalisées. Il y a des municipalités qui n'ont pas
d'édifice du gouvernement...
M. GOLDBLOOM: Non.
M. LESSARD: ... et d'autres municipalités qui en ont. Parce qu'il
arrive que, par suite d'un échange entre ministères, etc., ou
compagnies, parce qu il arrive, à un moment donné, qu'une
municipalité a des bâtiments provinciaux, elle ne peut pas les
taxer selon les mêmes critères parce le gouvernement est une
personne morale, mais une personne morale, en fait, qui doit payer, comme une
compagnie, les mêmes taxes.
M. GOLDBLOOM: Bon.
M. LESSARD: Parce que c'est la propriété du gouvernement,
leurs revenus sont inférieurs.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense...
M. LESSARD: C'est le principe que je n'accepte pas.
M. GOLDBLOOM: ... bien qu'il n'y a pas vraiment, foncièrement, de
divergence de vues. Le gouvernement va jouer son rôle de bon citoyen
à l'endroit des municipalités. Mais ce n'est pas
nécessairement en acceptant de recevoir une note additionnelle de la
municipalité et de payer cette note sans examen et de la payer
simplement sur le compte de taxe foncière que le gouvernement va jouer
son rôle de bon citoyen.
M. LEGER: C'est que...
M. GOLDBLOOM: Je me permets de dire une chose, si vous me permettez,
pendant quelques secondes seulement et pour la première fois
depuis le début de la discussion, le député de Lafontaine
charriait un peu, il y a quelques minutes.
Quand il a parlé des pèlerinages annuels comme moyens
d'obtenir des subventions, il a raison dans une seule mesure, dans une seule
faible mesure. C'est que si la municipalité ne demande pas, on n'est pas
au courant de ses besoins. Mais une fois la demande formulée, les
barèmes sont les mêmes pour toutes les municipalités, et
j'essaie de les raffiner pour les rendre plus sensibles à la
réalité du fardeau financier du contribuable. Alors, ce n'est pas
une question de pèlerinage et là ce n'est pas
nécessaire de le faire par pèlerinage, une simple lettre suffit.
Si je suis informé du problème, je me penche là-dessus et
j'applique les barèmes uniformes. Donc, le pèlerinage n'a aucun
effet.
M. LEGER: M. le Président, le ministre ne semble pas... Quand
j'ai parlé de pèlerinages, c'est un exemple que j'ai voulu donner
pour démontrer que c'est à la discrétion de. C'est cela
que je voulais dire. Le critère de base, c'est cela qui n'existe pas.
Plus le ministre me parle, plus je vois qu'il n'y a pas de critère de
base. Je répète ceci: un édifice dans une
municipalité, qu'il appartienne au gouvernement ou à un simple
citoyen, à une manufacture ou à une industrie, s'il paie des
taxes, c'est parce que la ville lui donne des services. Alors, en
réalité, l'édifice du gouvernement reçoit des
services des municipalités. Si ces services coûtent plus cher
à la municipalité et qu'elle doit augmenter ses taxes pour le
reste des citoyens, celles de l'édifice du gouvernement devraient aussi
être augmentées. Mais j'ai demandé, tantôt, les
critères. Vous avez, actuellement, établi que vous avez une liste
disant qu'à travers le Québec, il y a une moyenne et que, pour
les édifices, c'est tel montant. Oui. Mais si, dans une
municipalité, les besoins augmentent et que tous les citoyens vont voir
leur fardeau augmenter, l'édifice gouvernemental, il n'y a pas de
critère qui définit comment on l'augmente.
Si la ville fait une demande, que ce soit par lettre ou en visite
c'est ce que j'appelais un pélérinage c'est à la
discrétion du ministère. Alors comment procéder,
étant donné que vous surveillez vous-même l'administration
des municipalités ou, du moins, vous devriez le faire, vous avez un
service pour le faire. Si elle est mal administrée, c'est là que
vous la tenez mais, si elle est bien administrée, le propriétaire
de la bâtisse devrait payer ses taxes comme n'importe quel contribuable.
Je ne pense pas que je charrie là.
M. GOLDBLOOM: Mais, M. le Président, est-ce que le
député de Lafontaine est réellement sérieux quand
il suggère que le gouvernement du Québec ne devrait pas avoir de
discrétion dans l'administration de ses affaires et des deniers publics?
H faut que quelqu'un ait de la discrétion.
M. LEGER: Je n'ai jamais dit cela. Là, le ministre charrie. Je
n'ai jamais dit cela.
M. LESSARD: Là, le ministre charrie.
M. LEGER: Je n'ai jamais dit cela. J'ai tout simplement dit que la
bâtisse gouvernementale, dans une municipalité, si la
municipalité doit augmenter ses taxes parce que ses services
coûtent plus cher, quel est le critère? Il n'en existe pas. C'est
une compensation à la discrétion du ministre. C'est cela, le
problème.
M. LESSARD: M. le Président, on a discuté d'un projet de
loi, le projet de loi no 48, qui est devenu par la suite le projet de loi no
33, qui concernait l'uniformité de l'évaluation municipale. Je
suis bien d'accord. J'ai dit que je suis bien d'accord sur le principe. Mais,
si on l'applique pour l'ensemble des municipalités, il faut aussi
l'appliquer pour l'ensemble des contribuables québécois,
indirectement. Si on applique l'uniformité de l'évaluation
municipale, cela va s'appliquer à tous les contribuables.
Pourquoi le gouvernement, lorsqu'il est propriétaire d'une
bâtisse au niveau de la municipalité, ne serait-il pas soumis lui
aussi à l'uniformité de l'évaluation municipale, tel que
prévu par l'ex-bill 48, devenu le bill 33? On ne vous dit pas que vous
ne devez pas avoir un contrôle sur l'administration financière des
municipalités. On vous dit simplement que si on veut appliquer des
principes uniformes pour l'ensemble des municipalités, en ce qui
concerne les taux de taxation, il faut aussi que cela s'applique sur les
bâtisses gouvernementales. C'est cela qu'on dit.
M. le Président, vous avez été très
tolérant. Je pense que cela met en cause un principe que le ministre,
justement, a élaboré tout à l'heure, un principe d'une
autre loi, qui ne taxe pas les bâtisses du gouvernement,
c'est-à-dire que ce sont des compensations que le gouvernement accorde.
Mais, ce principe, je ne l'ai pas accepté quand on en a discuté
et je ne l'accepte pas encore.
M. GOLDBLOOM: Non mais, M. le Président, il y a...
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député d'Abitibi-Ouest a
demandé la parole.
M. BOUTIN (Abitibi-Ouest): J'aurais deux questions, M. le
Président. Avec la Loi de l'évaluation foncière, lorsque
les nouveaux barèmes seront établis, j'imagine que tout le monde
sera sur le même pied à travers la province. Deuxièmement,
lorsqu'il y a des services supplémentaires nécessaires aux
municipalités, est-ce qu'il y a une formule de prêts aux
municipalités ou d'aide pour les services municipaux?
M. GOLDBLOOM: C'est essentiellement ce que je voulais dire tout à
l'heure, M. le Président. C'est que nous discutons ici d'une bien petite
partie de la responsabilité financière du gouvernement à
l'endroit des municipalités. Il est clair que le gouvernement, de
façon générale et pas simplement à ce petit
chapitre des compensations au lieu de taxes, ne peut, en toute justice,
permettre aux contribuables d'une municipalité d'être
surtaxés, d'être taxés de façon
exagérée. Il faut que le gouvernement, en administrant les
deniers publics, en conserve en réserve pour pouvoir verser des
subventions importantes.
C'est à cause de cela que le gouvernement ne peut, de
façon générale, accorder à d'autres le droit de
déterminer les montants qu'il va payer.
M. LESSARD: Mais, M. le Président, quand le ministre me parle de
subventions, si on avait une autre façon de taxer les
municipalités en ce qui concerne, par exemple, les bâtisses
gouvernementales, peut-être qu'on n'aurait pas besoin de subventions.
Je dis que les subventions, c'est lorsqu'une municipalité a des
problèmes particuliers, construction d'aqueduc, etc. Mais une
municipalité, normalement, à l'intérieur des cadres
ordinaires, doit être capable de se financer à partir des
bâtiments, à partir de l'évaluation immobilière.
Justement, le gouvernement fait en sorte que, dans certaines
municipalités, parce qu'il existe des bâtisses gouvernementales,
on est obligé de se diriger vers le gouvernement et de dire: Maintenant,
on n'est pas capable de s'administrer parce que le gouvernement ne paie pas
assez cher.
M. GOLDBLOOM: Si l'on met à part le cas de Baie-Trinité,
il est difficile de s'imaginer le genre de situation que cite le
député de Saguenay. Prenons une municipalité qui a un
budget annuel de $200,000, au sein duquel il y a une contribution de $40,000 du
gouvernement, parce qu'il y a d'importants édifices gouvernementaux
là-dedans. Ce n'est pas parce que la municipalité, en augmentant
son taux de taxe pourrait augmenter son revenu gouvernemental de $40,000
à $60,000 qu'elle pourrait bâtir un réseau d'aqueduc et
d'égouts. Et ce n'est pas avec un budget annuel de $200,000 qu'elle
pourrait accomplir un projet de $500,000 j'essaie de ne pas
exagérer sans aide gouvernementale. Il faut que le gouvernement
ait la somme globale nécessaire pour pouvoir verser à une telle
municipalité peut-être $200,000 ou $300,000.
M. LESSARD: En vertu des normes ordinaires, elle perd $20,000 quand
même.
M. GOLDBLOOM: Je m'excuse, je n'ai pas saisi.
M. LESSARD: Vous avez parlé de l'augmentation des services qui
pouvait passer pour le gouvernement provincial parce qu'il existe des
bâtisses provinciales qui donnent des revenus à la
municipalité de $40,000.
M. GOLDBLOOM: Revenus; je n'ai pas parlé d'évaluation.
J'ai mis un chiffre très fort.
M. LESSARD: C'est ça. Vous avez parlé
d'évaluation.
M. GOLDBLOOM: Non, j'ai parlé de revenus, j'ai
parlé...
M. LESSARD: C'est ça que je dis: "Qui donnent des revenus."
M. GOLDBLOOM: ... d'un revenu global de $200,000 et de $40,000 à
l'intérieur de cela.
M. LESSARD: D'accord. Et vous avez dit, par suite du fait qu'il y a
augmentation des services, que ce n'est pas parce que les revenus du
gouvernement passeraient de $40,000 à $60,000 que ça
réglerait le problème de la municipalité. Je suis d'accord
avec le ministre sur ça, mais il reste que la municipalité perd
quand même, en vertu de ce principe, $20,000 de revenu en vertu de
l'évaluation. C'est le principe que je n'accepte pas.
De toute façon, ça vient d'un problème
constitutionnel encore que les bâtisses du gouvernement
fédéral ne doivent pas être comprises dans cela.
M. GOLDBLOOM: Ecoutez, je pense que nous parlons d'une chose...
M. LEGER: C'est la même règle. M. LESSARD: C'est la
même règle.
M. GOLDBLOOM: ... relativement petite qui va se corriger de plus en plus
avec l'application de la Loi de l'évaluation foncière.
M. LEGER: Pour terminer, de toute façon, ce sujet, il y a des
critères actuellement pour les bâtisses du gouvernement, mais il
n'y a pas de critères pour des augmentations de taxes dans les
municipalités; c'est à la discrétion du gouvernement.
C'est ce qu'on peut conclure.
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Bon. Alors, M. le ministre, je prends note. En ce qui nous
concerne, M. le Président j'espère qu'on ne vous
dérange pas on l'adopte.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Programme 3?
M. LEGER: Aide à la rénovation urbaine, acquisition
d'immeubles jugés dangereux par le ministère des Richesses
naturelles et les frais connexes. Où est-ce qu'on est rendu? Vous avez
$385,000? Je veux en profiter pour parler des conséquences de la
conférence fédérale-provinciale sur la rénovation
urbaine et de votre rencontre prochaine avec le ministre Basford.
M. GOLDBLOOM: Je pense bien que l'on force la note un peu, parce que le
montant qui est indiqué ici est simplement le montant rendu
nécessaire par des décisions du ministère des Richesses
naturelles selon lesquelles un danger de glissement de terrain existe. C'est
pour pouvoir évacuer les résidents.
M. LEGER: A quel endroit?
M. GOLDBLOOM: II y a eu plusieurs endroits, Saint-Casimir, Hauterive,
Touraine; ce sont les principaux endroits. Il y en a eu d'autres au cours de
l'exercice financier précédent.
M. LESSARD: Hauterive?
M. GOLDBLOOM: Je viens de le mentionner.
M. LESSARD: C'est réglé?
M. GOLDBLOOM: Le montant est ici.
M. LESSARD: Merci, M. le Président.
M. LEGER: A Touraine, près de Hull, quel montant a
été donné?
M. GOLDBLOOM: Touraine, c'est $250,000.
M. LEGER: $250,000. Mais, par la même occasion, est-ce que le
ministre prévoit pour bientôt une politique d'aide à la
rénovation urbaine? Est-ce qu'il a eu une rencontre dernièrement
avec le ministre Basford ou est-ce qu'il doit le rencontrer?
M. GOLDBLOOM: J'ai eu plusieurs rencontres avec M. Basford, mais nous ne
sommes pas encore à la rencontre qui devra porter sur l'entente entre
les deux paliers de gouvernement.
M. LEGER: Vous allez le rencontrer quand? Est-ce qu'il y a une
réunion fixée pour bientôt?
M. GOLDBLOOM: Prochainement. Une rencontre a été
prévue et remise.
Il est possible que d'ici une semaine nous ayons une autre
rencontre.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut m'assurer que les montants qu'il
veut récupérer à l'aide de la loi sur la rénovation
et l'habitation
nationale vont être affectés directement à la
Société d'habitation du Québec?
M. GOLDBLOOM: Oui...
M. LEGER: Ou est-ce que ce seront tout simplement des projets mis de
l'avant par d'autres?
M. GOLDBLOOM: Non, non, M. le Président, le principe de la
politique du gouvernement est que la province est responsable de
l'administration de ce secteur d'activité, et la province doit
déterminer les projets qui sont acceptés.
M. LEGER: Est-ce que ce sont des projets mis de l'avant par le
Québec? Le ministre m'a fait la même réponse l'autre fois,
sans répondre à ma question. Est-ce que les sommes que vous allez
avoir, parce qu'il y a une somme prévue pour le Québec, seront
affectées directement à la Société d'habitation du
Québec qui, elle, prendra l'initiative des projets, ou si ce sont des
projets fédéraux ou des projets individuels que le gouvernement
du Québec "va payer?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, dans les faits, c'est
généralement la municipalité qui prend l'initiative et qui
fait approuver son projet par le gouvernement de la province, par la
Société d'habitation du Québec et c'est celle-ci qui
administre cela. Le gouvernement fédéral fournit l'argent que
nous utilisons en grande mesure pour cela et les relations sont, à mon
avis, tout à fait normales. C'est la Société d'habitation
du Québec qui a la responsabilité administrative.
M. LEGER: Quelle est la somme totale à laquelle le Québec
a droit d'après le programme fédéral pour la
rénovation urbaine?
M. GOLDBLOOM: C'est une négociation annuelle...
M. LEGER: II y a un projet de loi fédéral qui a
été proposé il y a...
M. GOLDBLOOM: Il y a eu des modifications à la Loi nationale de
l'habitation, et des règlements ont été modifiés
par la suite. Depuis ce temps, nous n'avons pas de rencontre pour examiner avec
le gouvernement fédéral l'impact de ces modifications ni pour
négocier la somme globale pour le prochain exercice financier.
M. LEGER: Quand vous dites négocier, cela veut dire quoi? Il n'y
a pas de somme précise pour le Québec? Il y a une somme globale
pour le Canada, n'y a-t-il pas une somme précise pour le
Québec?
M. GOLDBLOOM: La plupart des provinces concluent annuellement une
entente avec le gouvernement fédéral et il est normal que l'on
présente un besoin pour obtenir de l'argent. Le besoin est certainement
important au Québec et les sommes ont été importantes.
Mais il n'est pas possible de demander à n'importe qui de fournir de
l'argent sans présenter au moins les grandes lignes d'un programme et
démontrer que cet argent sera effectivement utilisé.
M. LEGER: Mais ces besoins que le ministre des Affaires municipales
je sais qu'il est trépignant sur son siège, cette question
le fatigue va prouver dans sa négociation avec le
fédéral représentent quelle somme? Y a-t-il des projets
précis de la Société d'habitation du Québec?
M. GOLDBLOOM: Pour l'exercice qui tire à sa fin, c'était
$80 millions. Ce sera une somme comparable.
M. LEGER: Pour un an? M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: Mais la Loi nationale de l'habitation proposait un montant
beaucoup plus gros que ça. C'était dans les $200 millions, $300
millions, si je me rappelle?
M. GOLDBLOOM: Il y a dans le programme de la Société
centrale d'hypothèques et de logement non seulement l'habitation, mais
également l'aide à la construction de réseaux
d'égouts d'importants éléments des réseaux
et d'usines d'épuration. C'est à ce chapitre que nous
irons chercher d'autres sommes, certainement.
M. LEGER: Maintenant, quand vous dites "ça dépend des
besoins", ça veut dire que vous pourriez, si vous aviez un projet
précis provenant de la SHQ, avoir plus de $80 millions?
M. GOLDBLOOM: Oh! oui! sûrement, M. le Président, il n'y a
pas eu de difficulté à avoir le financement des projets. Je
répète ce que j'ai dit il y a quelques instants, ce sont les
municipalités qui prennent l'initiative et c'est normal qu'elles le
fassent. Il est vrai que dans quelques cas nous devons prendre certaines
initiatives nous-mêmes.
Cela aussi fait partie de la responsabilité gouvernementale mais,
grosso modo, les besoins du Québec constituent la somme des besoins des
municipalités, dont nous sommes saisis, que nous étudions avec
les municipalités, que nous approuvons.
M. LEGER: Le ministre comprend fort bien ce que je veux dire mais il
passe toujours à côté de ma question. La question bien
précise que je lui pose depuis trois ans et demi, c'est: Quand est-ce
qu'il y aura une politique d'habitation du Québec faite par la
Société d'habitation du
Québec? Je sais qu'on est en train d'en préparer une, mais
le ministre n'est pas prêt à la présenter. Elle
représenterait des sommes très importantes. Vous dites que vous
présentez les besoins au gouvernement fédéral et que vous
êtes prêts à avoir les sommes; est-ce qu'il y a une
politique d'habitation amorcée par la Société d'habitation
du Québec qui permettait d'obtenir des sommes globales? La
Société centrale d'hypothèques et de logement vous
remettrait les sommes et le Québec déterminerait ce qu'il veut
bâtir. C'est cette question à laquelle je désire obtenir
une réponse.
M. GOLDBLOOM: II va sans dire, M. le Président, qu'une telle
politique, qui implique un éventail important de problèmes et de
responsabilités, ne peut se bâtir en un seul mois. Le travail est
maintenant engagé, j'en ai parlé plus tôt dans la
journée, et sera poursuivi jusqu'à la détermination d'une
telle politique.
Quand je suis devenu ministre des Affaires municipales, j'ai
convoqué les hauts fonctionnaires du ministère pour faire un tour
d'horizon des programmes et des politiques. A ce moment-là, j'ai dit:
Nous avons besoin d'une politique d'habitation. C'est pour cela qu'avec
l'ancien ministre des Affaires sociales nous avons déterminé la
nécessité d'intégrer la responsabilité du
ministère des Affaires sociales, en soutenant la situation
financière des familles et des individus, à une politique
d'habitation sur le plan financier et technique dont le ministère des
Affaires municipales est toujours responsable.
M. LEGER: Et quand le village olympique sera terminé et que les
olympiques seront passées, la politique d'habitation, le plan
d'aménagement, etc., est-ce que ce sera conforme à ce que vous
prévoyez? Est-ce que vous n'avez pas actuellement les pouvoirs pour
présenter cette politique d'habitation qu'on réclame depuis trois
ans et demi, autant le ministre précédent que le ministre
actuel?
M. GOLDBLOOM: A n'importe quel moment, un ministre peut se lever, faire
une déclaration ministérielle et énoncer une politique,
mais il faut que cette politique soit mûrie, autrement la
crédibilité du ministre et du gouvernement ne serait pas
maintenue. Ce n'est pas une chose simple. S'il s'agissait seulement d'aller
chercher plus d'argent et bâtir plus de maisons, ce ne serait pas un
problème. D'autres problèmes de cette nature ont
été résolus et assez rapidement. C'est justement parce
qu'il y a des gens dans la société qui ne sont pas en mesure de
s'adresser librement au marché et d'obtenir le logement dont ils ont
besoin qu'il y a un besoin d'aide du gouvernement par le truchement du
ministère des Affaires sociales. Mais dans d'autres cas c'est à
cause du faible revenu de la famille qu'une aide indirecte est
nécessaire par le truchement d'une politique d'habitation parce que
cette famille n'est quand même pas admissible au régime
d'allocations sociales.
Alors c'est tout cela qu'il faut déterminer et ce n'est pas
simple. Connaissant le député de Lafontaine, je suis sûr
qu'il ne prétend pas que c'est simple.
M. LEGER: Non ce n'est pas simple, c'est sûr. Mais c'est vous qui
avez les dossiers, c'est vous qui avez le ministère et c'est nous qui
réclamons quelque chose en ce sens. Il y a le conseiller dont on vous
parlait ce matin; dans combien de temps allez-vous déterminer si
l'ancien ministre des Affaires sociales deviendra votre conseiller dans ce
domaine? Lui ou un autre. La décision va être prise quand?
M. GOLDBLOOM: Je reviens à ce que j'ai dit cet après-midi,
M. le Président; nous avons reçu une offre de services
professionnels et je pense que la décision sera prise d'ici quelques
jours. Nous avons l'offre depuis relativement peu de temps. Je ne voudrais pas
m'aventurer sur la date précise, mais c'est il y a sûrement trois
semaines que le premier ministre m'a remis le dossier. Nous allons prendre une
décision sur cette offre et sur certaines autres offres au cours des
prochains jours.
M. LEGER: Quel sera le rôle exact de ce comité?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, je pense que jusqu'au moment
où on l'aura accepté.
M. LEGER: Je ne parle pas de la personne. M. GOLDBLOOM: Pardon?
M. LEGER: Je ne parle pas de la personne; je parle du rôle qu'elle
sera appelée à jouer dans le domaine de l'habitation humaine dont
le ministre a parlé tantôt, de l'habitation sociale. Puisque vous
faites appel aux services de spécialistes dans ce domaine-là,
entre autres, avec la compétence du ministre des Affaires sociales ou
d'une autre personne, ce rôle-là, ce sera un rôle de
conseiller? En quoi consistera exactement ce service que vous voulez
créer?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président. Je dois me limiter à
répéter que, suivant une décision prise par l'ancien
ministre des Affaires sociales et moi-même, et entérinée
par le conseil des ministres, un groupe de travail interministériel a
été créé pour étudier une politique sociale
d'habitation. Voici ce qui pourra s'ajouter à cela. Il y a d'autres
domaines où je sens le besoin de m'adresser à des experts pour
être conseillé; c'est normal, on ne possède pas toutes les
connaissances et toute la vérité simplement parce que l'on
siège à l'Assemblée nationale. Il faut donc chercher les
compétences et les
retenir dans la mesure de ses moyens. Je ne pourrai aller plus loin que
cela, pour l'instant.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui nous concerne, le programme
3 est adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Programme no 4,
élément 2?
M. LEGER: Elément 2, dépenses afférentes à
l'extension du mandat de la Commission de refonte des lois municipales.
D'après le ministre, quand cette refonte-là doit-elle être
terminée? Cela fait longtemps que cela dure.
M. GOLDBLOOM: Oui, mais cet article concerne des additions que je me
suis permis de faire au mandat de la commission. Je pense que nous commencerons
à recevoir des documents de la commission. Nous avons déjà
reçu certaines compilations, mais il faudra commencer à recevoir
des recommandations pour nous permettre de légiférer dans ce
domaine. C'est certainement au cours de 1974 que nous recevrons les
premières tranches de ces recommandations et que nous pourrons commencer
à en discuter avec les députés, avec les
municipalités et avec le public.
M. LEGER: En parlant d'en discuter avec les députés,
est-ce que le ministre prévoit qu'entre les deux sessions il y aura des
commissions parlementaires sur différents aspects soit de
l'aménagement du territoire, soit de l'urbanisme, soit de la refonte des
lois municipales?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président, parce qu'il y a des
mémoires qui n'ont pas encore été entendus sur
l'avant-projet de loi de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire.
Il y aura d'autres raisons de faire siéger la commission parlementaire
aussi, je crois bien.
M. LEGER: En ce qui nous concerne, M. le Président,
adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Elément 3?
M. LEGER: Elément 3. Les services quasi judiciaires, deux
personnes supplémentaires. Quelles sont ces personnes-là et
est-ce qu'elles ont chacune $20,000? C'est quoi?
M. GOLDBLOOM: Approximativement. Ce sont deux commissaires qui ont
été ajoutés à la Commission municipale du
Québec où il y a encore deux ou trois postes vacants qui doivent
être comblés. Nous étudions des candidatures possibles.
M. LEGER: Quel serait leur rôle?
M. GOLDBLOOM: Ce sont des commissaires au même titre que les
autres. Ils doivent se partager la tâche, nécessairement avec une
certaine variation selon la formation de chacun. Un avocat peut traiter de
questions juridiques et un évaluateur ne peut le faire. Nous avons tout
l'éventail des responsabilités de la commission et, pour la
plupart des questions, il y a une équipe restreinte de deux ou trois
commissaires qui est affectée à l'étude du dossier.
M. LEGER: Ce sont de nouveaux membres dans le sens d'un rajout en nombre
ou si ce sont des membres qui en remplacent d'autres?
M. GOLDBLOOM: Non, ce sont des membres additionnels. Je m'excuse, non,
ils ne remplacent pas d'autres, parce que nous avons, au moment de la fusion de
l'ancienne Régie des eaux du Québec avec la Commission
municipale, créé cinq postes nouveaux.
Il y avait cinq postes à la Régie des eaux, mais il n'y
avait que quatre régisseurs qui étaient en fonction, à
l'époque. Il y en a un qui est devenu haut fonctionnaire aux Services de
protection de l'environnement, les trois autres sont allés à la
Commission municipale. Il y avait quand même des postes vacants que nous
nous occupons de combler, présentement.
M. LEGER: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Programme no 10.
M. LEGER: Concernant le programme 10, la gestion des déchets.
Etant donné qu'il n'y a pas de politique de gestion de déchets,
le ministre en convient, il y a un livre blanc que le ministre a proposé
et a présenté sur la gestion des déchets solides. Combien
y a-t-il, actuellement, d'employés dans le domaine de la qualité
de l'environnement?
M. GOLDBLOOM: Nous sommes rendus à pas loin de 400 à ce
service, M. le Président.
M. LEGER: Quatre cents personnes qui travaillent à plein temps
pour le service de l'environnement?
M. GOLDBLOOM: C'est un peu moins de 400. Je ne m'attendais pas à
recevoir cette question, donc je n'ai pas le chiffre précis, mais je
pourrais le fournir au député sûrement.
M. LEGER: Pour la gestion des déchets, cela veut dire simplement
une étude supplémentaire?
M. GOLDBLOOM: Cela veut dire deux choses, M. le Président. Cela
veut dire que nous avons dû entreprendre certains travaux d'urgence, et
que, nous devons maintenant fournir les sommes d'argent nécessaires pour
les payer. Cela veut dire également qu'il y a des problèmes qui
nous font face et que nous devons régler. Il
faudra entreprendre l'action nécessaire pour déterminer la
solution régionale.
Le député de Lafontaine a raison, dans une certaine
mesure, de dire qu'une politique générale n'a pas encore
été définie, mais ce n'est pas totalement vrai, parce que
nous travaillons présentement vers la création d'un
système assez complet de récupération et de recyclage des
déchets. C'est nécessairement la pierre angulaire d'une politique
de gestion des déchets. Il faudra voir dans quelle mesure nous pouvons
recycler des déchets, parce que ce n'est pas rentable partout dans la
province. Il faut quand même un certain volume et un certain
marché. C'est ce que nous sommes après déterminer
présentement. Dans les cas où il ne sera pas possible d'installer
un système industriel de récupération, il faudra choisir
entre l'incinération et l'enfouissement sanitaire ou peut-être,
dans certains cas, une forme spéciale de recyclage, comme le compostage,
mais la rentabilité de cela n'est pas encore clairement
déterminée. Il faut, pour chaque région, déterminer
la meilleure solution.
M. LEGER: Maintenant, pour la région de Saint-Isidore, si je ne
m'abuse, étant donné qu'on récidive, pour la gestion des
déchets, est-ce que le ministre a réellement les pouvoirs en main
pour empêcher une personne de brûler ses déchets à
ciel ouvert?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. Mais le problème
à cet endroit est beaucoup plus complexe que cela. La fermeture d'un
dépotoir exige une solution de rechange, exige un autre endroit
où l'on peut déposer ses déchets. Il n'y en a simplement
pas dans la région; il y a un autre dépotoir qui est
déjà comblé à plusieurs pieds dans l'air et il y a
un problème assez complexe qui se présente dans cette
région. Ce n'est pas du jour au lendemain que l'on peut bâtir un
incinérateur ou une autre sorte d'usine. Nous sommes allés
chercher des terrains pour l'enfouissement sanitaire. Nous avons maintenant
pris l'habitude de pratiquer les études nécessaires, les
études hydrogéologiques pour savoir quel sera l'effet sur les
eaux souterraines et les eaux de surface. Au fur et à mesure que nous
poursuivons de telles études, nous sommes obligés
d'éliminer terrain après terrain qui ne convient pas. C'est pour
cela que le problème est beaucoup plus complexe qu'il peut
peut-être le paraître à certains moments.
M. LEGER: C'est parce que vous n'avez pas trouvé de solution de
rechange que la personne peut continuer à faire son travail?
M. GOLDBLOOM: La personne ne continue pas de faire son travail, dans le
moment, et c'est à l'autre terrain, celui qui est surcomblé,
présentement, que les déchets de Saint-Isidore sont
dirigés.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté?
M. LEGER: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté?
M. LEGER: Adopté, M. le Président.
Au sujet du programme 11, Aide financière à la
construction de réseaux d'aqueducs et d'égouts, est-ce que l'on
peut me dire de quelle date à quelle date le montant de $1,200,000 a
été payé?
M. GOLDBLOOM: C'est payé au cours de l'exercice courant parce que
les sommes qui ne sont pas utilisées retournent au fonds
consolidé de la province.
M. LEGER : Non, mais là vous demandez des crédits
supplémentaires, c'est parce que vous avez dépensé
$1,200,000 de trop. A ce moment-là...
M. GOLDBLOOM: Non, pas encore, M. le Président. Il reste encore
trois mois et demi de l'exercice financier et les besoins des
municipalités sont à ce chiffre-là.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté?
M. LEGER: Un instant, M. le Président. Est-ce que vous avez une
réponse supplémentaire? J'ai demandé, en ce qui concerne
les $1,200,000, de quelle date à quelle date cela a été
payé ou encore si c'est ce-qu'il reste à payer dans les trois
prochains mois.
M. GARNEAU: C'est sans doute la délicatesse du ministre des
Affaires municipales qui l'empêche de répondre. C'est que lorsque
l'on a imprimé le budget, l'an dernier le budget principal, parce
que, évidemment, cela se fait assez longtemps à l'avance
on s'est aperçu qu'il y avait eu une erreur en ce qui regardait les
estimations que le ministère avait faites. Comme on ne pouvait pas
modifier les documents qui étaient déjà imprimés,
on a dit au ministre des Affaires municipales que, compte tenu des besoins qui
avaient été exposés à ce moment-là, on
présenterait les crédits nécessaires dans un budget
supplémentaire au cours de l'année. C'est ce qu'on a fait. C'est
un peu une erreur...
M. LEGER: Les $1,200,000 ne sont pas encore dépensés.
M. GARNEAU: Non. Pour être dépensés, il faut qu'ils
soient engagés et comme les crédits n'étaient pas
votés, ils ne peuvent pas être engagés. Mais, quand
même, le ministère a pu, avec cette assurance
c'était une erreur technique de notre part procéder plus
rapidement à même les crédits qui avaient
déjà été votés en sachant qu'à partir
de cette période-ci le mon-
tant serait renfloué de telle sorte qu'il pourrait poursuivre ses
activités au cours de l'année.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
M. LEGER: Au programme 12, lutte contre la pollution de l'eau, il y a un
coût de $200,000 pour la présentation de l'environnement à
la Biosphère. Je veux savoir en quoi consiste les $200,000. Est-ce que
vous avez été conseillé par Son Excellence, le
chéri des dieux, qui était justement présent et qui
recevait gentiment tout le personnel? Cette personne a fait beaucoup de
dépenses de photographie à cette occasion pour ses
élections provinciales. Est-ce qu'il y a des dépenses
là-dedans qui étaient affectées à ce chéri
des dieux?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président.
M. LEGER: Tout le monde connaît ce chéri des dieux, c'est
le député de Saint-Henri.
M. GOLDBLOOM: Non. Cette somme a servi à payer
l'équipement, notamment de nature audiovisuelle, qui a été
utilisé dans le pavillon et, évidemment, lès services
professionnels qui étaient nécessaires pour le montage de
l'exposition et pour sa coordination. Il n'y a aucune dépense de nature
personnelle là-dedans.
M. LEGER: Mais en ce qui concerne le pavillon de la Biosphère
comme tel, est-ce que vous aviez une location ou si c'était
prêté par la ville de Montréal?
M. GOLDBLOOM: C'était fourni par la ville de Montréal et
les dépenses d'exploitation ont été partagées par
l'Hydro-Québec et le gouvernement.
M. LEGER: Et la part du gouvernement était de $200,000?
M. GOLDBLOOM: La part du gouvernement était de $200,000.
M. LEGER: Est-ce que vous avez des détails? Je ne veux pas dire
dollar par dollar, mais est-ce que cela se divise, par exemple, en tant pour
l'audiovisuel? Avez-vous des chiffres sur ces $200,000? Autrement dit, la
journée des députés, est-ce qu'elle comporte un montant
important?
M. GOLDBLOOM: Je ne pense pas les avoir ici, M. le Président, je
m'excuse. Voyez-vous, nous avons accepté l'offre d'une compagnie qui
s'appelle Atlantic Film, qui a présenté des pavillons à
l'Expo 67 et qui a fait, avec la collaboration d'un de nos consultants, un
scénario. Elle nous a présenté les factures pour le
travail qu'elle a accompli.
M. LEGER: ... $200,000. M. GOLDBLOOM: Oui.
M. LEGER: ... est-ce que vous jugez que le scénario...
J'étais présent, on était ensemble; on s'est
rencontré, à cette occasion, avec quelques autres
députés et avec Son Excellence, le commissaire. Avez-vous
l'impression que le scénario a été compris par la
population et que ça valait réellement la somme de $200,000? Moi,
j'ai trouvé cela très beau, mais il y avait tellement
d'explications que je me demandais s'il n'y aurait pas eu une meilleure
façon de dépenser cet argent au niveau de l'éducation de
la population, au point de vue, je ne sais pas, de la radio, de la
télévision, à l'école, par des programmes
précis d'éducation sur l'environnement. Je vois $200,000 pour un
pavillon comme celui-là et une facture à une compagnie; cela me
surprend.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quant à la facture qui
provient d'une seule compagnie, sans doute que cette compagnie, si elle en a eu
besoin, a eu recours à des sous-traitants. Mais c'était quand
même la compagnie maîtresse d'oeuvre de l'exposition.
Le personnel était quand même assez restreint. Il y avait
un nombre restreint d'hôtesses et d'autre personnel. Je pense qu'il
s'agit d'une opinion que chacun peut exprimer. Aurait-on pu obtenir un meilleur
rendement en utilisant cette somme ailleurs, dans les écoles, à
la radio ou à la télévision? C'est difficile de le savoir.
Je pense bien que la télévision rejoint plus de monde que
n'importe quelle autre forme de communication, de nos jours, mais elle
coûte cher et $200,000 auraient été rapidement
dépensés.
Nous avons eu une exposition qui a attiré plus de monde que
n'importe quel autre pavillon à Terre des hommes, et de loin. Nous avons
eu une exposition qui, contrairement aux autres pavillons, est demeurée
ouverte jusqu'à la fête de l'Action de grâces, pour
justement permettre à des groupes d'écoliers de venir visiter le
pavillon, recevoir des explications.
Nous avons dû refuser de nombreuses écoles qui auraient
voulu envoyer leurs étudiants visiter le pavillon. Pour cette raison,
sans pouvoir donner un engagement au gouvernement, je peux dire que nous nous
penchons sur l'avenir de ce pavillon d'une façon positive, si nous
pouvons trouver l'argent de nouveau cette année. Mais nous étions
essentiellement satisfaits du rendement du pavillon.
Le député de Lafontaine a fait allusion au
scénario. Je l'ai trouvé relativement bien fait, mais, comme dans
presque toute chose, il y a de la place pour de l'amélioration. Il y a
des éléments dont je n'étais pas parfaitement satisfait et
j'espère que nous pourrons les améliorer, si le pavillon est
appelé à rouvrir ses portes et à revivre.
M. LEGER: Qui a donné le contrat à la compagnie Atlantic
Film? Est-ce que c'était Son Excellence le commissaire,
député de Saint-Henri, ou le ministère des Affaires
municipales?
M. GOLDBLOOM: C'est le gouvernement, conjointement avec
l'Hydro-Québec. Il y a eu un député, mais il y a aussi eu
des fonctionnaires qui ont suivi le développement et la
présentation. Il y a eu aussi un haut fonctionnaire de
l'Hydro-Québec, qui a assumé la responsabilité pour cet
organisme et qui a suivi le déroulement de toute l'affaire de
façon très assidue.
M. LEGER: Est-ce que le député de Saint-Henri avait des
honoraires pour ce travail?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président.
M. LEGER: En ce qui nous concerne, M. le Président,
adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Les Communications.
M. L'ALLIER: M. le Président, le ministère des
Communications requiert des crédits supplémentaires de l'ordre de
$2,133,500, essentiellement pour deux secteurs d'activité, soit le
réseau gouvernemental, qui comporte la téléphonie, la
transmission des données et la radiotéléphonie. Pour
l'édition gouvernementale et les communications, il y a $800,000 qui
touchent essentiellement la Gazette officielle, les exemplaires
supplémentaires de la Gazette officielle, la réimpression des
lois et des règlements, et l'application d'une directive du Conseil du
trésor, laquelle porte sur le fait que l'éditeur, pour
rééditer des lois ou des documents, doit obtenir des fonds
supplémentaires, alors qu'autrement il procédait via les fonds
consolidés.
Je peux donner des détails sur chacun de ces deux articles.
LE PRESIDENT (M. Blank): Programme 1, élément 1, services
téléphoniques.
M. CHARRON: Je n'ai pas l'intention, au chapitre des communications, de
mener le même débat intéressant que j'ai eu avec le
député de Terrebonne, puisque les crédits qui nous sont
demandés ici me paraissent justifiés par l'activité
normale du gouvernement.
Je m'en voudrais quand même de ne pas saluer l'arrivée de
ce premier débat avec le ministre des Communications sur un budget
supplémentaire sans me joindre aux milliers de Québécois
qui ont apprécié le triomphe qu'il a remporté il y a
quelques jours à une conférence
fédérale-provinciale et le succès immense qu'il a
remporté pour le programme de séparatisme culturel dans une
dépendance économique.
Je pense que l'ensemble des Québécois était
derrière le ministre des Communications. Et le fait qu'il ait
réussi sur toute la ligne à gagner tous les points qu'il avait
présentés dans un sérieux document invite l'Opposition
officielle à s'incliner bien bas devant la tactique du gouvernement en
place et à admettre, une fois de plus, cette vérité que le
fédéralisme, comme l'a expérimenté le ministre des
Communications lui-même, est certainement la forme des plus rentables
dans le domaine des communications que nous puissions espérer pour le
Québec.
Ceci dit, je voudrais quand même ajouter des mots plus
sincères à ceux que je viens d'avoir et signaler au ministre des
Communications que, dans ce chapitre particulier des communications, dans toute
la philosophie de la sécurité culturelle des
Québécois, puisque c'est désormais une expression
consacrée, il avait probablement plus qu'il ne l'avait de son
propre parti l'appui officiel et complet sur à peu près
l'ensemble des points qu'il a suscités à Ottawa. Et nous nous
perdons nous aussi probablement comme lui en conjectures sur
l'avenir qui est réservé à ce genre de démarches
qui, pour la nième fois, se sont avérées
infructueuses.
Je n'oblige pas le ministre, ce soir puisque ce n'est d'ailleurs
pas le temps à nous faire le bilan de son expérience et de
son nouvel échec, ou de cette nouvelle ronde de discussions qui
équivaut à un échec, il doit commencer à
l'admettre. Un autre temps viendra pour ce genre de démarches.
Je l'incite quand même à poursuivre, à
l'intérieur de son parti et du cabinet, le genre de positions qu'il a
toujours défendues, et à espérer aussi ne pas entrer trop
en contradiction avec ce qu'il a lui-même énoncé dans le
livre des communications et dans le document qu'il a déposé
à la table de la conférence
fédérale-provinciale.
D'ailleurs, je vous signalerai ça va directement avec le
budget du ministère des Communications que, quelques jours
à peine après cette prise de position et cette demande
d'allure ferme, comme le ministre a voulu faire de la
quasi-totalité de juridiction du Québec sur le domaine des
communications je pourrais faire abondance de citations puisées
à même le texte que le ministre a déposé à
Ottawa ce n'est pas sans ironie que quelques jours à peine,
dis-je, après cet énoncé de principes, on voyait la radio
québécoise, notre propre station de radio et de
télévision québécoise, Radio-Québec, qui
figure au budget des Communications, se faufiler dignement jusqu'à la
table du CRTC pour demander la permission d'utiliser les ondes publiques
québécoises, après que le même ministre responsable
du même budget eut annoncé qu'il ne voyait pas pourquoi, dans le
domaine des communications, les ondes québécoises ne seraient pas
réglementées par des institutions québécoises. Ce
que n'est pas le CRTC, je n'ai pas besoin de vous le dire.
Donc, pour ce qui est du réseau gouvernemental des crédits
supplémentaires demandés au chapitre des
téléphones, je voudrais simplement poser une question qui a,
d'ailleurs, un rapport avec le document présenté par le ministre.
Ce sont, je crois, des dépenses occasionnées par une utilisation
plus grande que prévue du réseau téléphonique.
Or, le député de Deux-Montagnes, ministre des
Communications, dans son document faisait état de la
nécessité pour l'Etat québécois, mais en des termes
beaucoup plus dilués que son collègue de Colombie-Britannique, de
contrôler entièrement au Québec l'utilisation du
réseau téléphonique. Je voudrais profiter du budget du
gouvernement pour demander au ministre des Communications d'expliquer cet
article d'abord et, en même temps, de nous donner la politique
générale de son ministère, comme il l'a défendue
à Ottawa, de la livrer à l'Assemblée nationale, concernant
l'avenir de la société Bell Canada sur le territoire
québécois, par exemple.
M. L'ALLIER: M. le Président, je ne voudrais pas reprendre le
débat ici parce que ça pourrait être long. On aura
l'occasion, comme l'a souligné le député de Saint-Jacques,
de voir ça en détail, de discuter effectivement de la position du
Québec à la conférence fédérale-provinciale.
Je veux tout simplement souligner que nous étions partis avec un
objectif qui était, comme il le constate, à la fois limité
et quand même, pour nous, important, celui d'engager l'ensemble des
provinces canadiennes et le gouvernement fédéral à une
négociation qui n'excluait aucun secteur d'activité de
communication intéressant l'un ou l'autre des gouvernements en question.
Nous sommes revenus de cette conférence avec l'assurance que cette
négociation aura lieu. Il est impossible d'en faire d'avance la biopsie,
si je peux employer l'expression. Quoi qu'il en soit, la position qui a
été énoncée par le gouvernement à la
conférence d'Ottawa reprend le globalisme si je peux employer
l'expression que nous avons employée jusqu'ici mais en même
temps est précise et porte sur un certain nombre de sujets.
Pour ce qui est de Radio-Québec, ce n'est pas illogique à
ce moment-ci que Radio-Québec se présente devant le CRTC pour
obtenir l'autorisation technique de diffuser sur ondes UHF. La demande de
Radio-Québec a été déposée devant le CRTC en
juin dernier. Dans la mesure où nous proposons un document de travail
aux fins de négocier suivant l'objectif que connaît le
député de Saint-Jacques, dans la même mesure il ne faudrait
pas que ces négociations, qui peuvent durer quand même plusieurs
mois, empêchent le développement normal d'un instrument qui me
paraît, quant à moi, essentiel. A partir de là, nous avons
été, dans la présentation faite par Radio-Québec au
CRTC, à la fois attentifs et respectueux des responsabilités
québécoises, en ce sens que la demande faite au CRTC comportait
essentiellement une description technique des moyens nécessaires
à la diffusion sans que soit présenté devant le CRTC
l'ensemble des contenus pour autorisation ou pour évaluation.
Le président du CRTC a d'ailleurs lui-même reconnu que
Radio-Québec est un organisme de télévision
éducative, qu'il n'était pas du ressort du CRTC de se pencher sur
son contenu.
Je vais donc immédiatement, M. le Président, si vous
êtes d'accord, répondre en détail à la question
relative au compte téléphonique du gouvernement. Le compte
téléphonique du gouvernement, pour ce qui est de l'augmentation
de crédits qui est demandée, à savoir $1,267,500, on peut
le répartir en trois catégories: à la fois la
consolidation du compte gouvernemental en termes de téléphonie,
la correction sur la base des comptes mensuels et aussi l'augmentation de
budget qui fait suite à la hausse de tarif accordée à Bell
Canada. Le détail est le suivant: Pour ce qui est de la consolidation du
compte gouvernemental, comme je l'ai annoncé à l'occasion de la
présentation du budget, le ministère des Communications
procède actuellement au regroupement des comptes
téléphoniques de l'ensemble des ministères du
gouvernement. Ce processus est en cours et à ce moment-ci, dans ce
regroupement, on évalue à $180,000 les comptes
téléphoniques qui ne peuvent être directement
imputés à tel ou tel service de tel ministère ou organisme
et qui doivent donc être supportés par le ministère des
Communications.
Pour ce qui est de la correction sur la base des comptes mensuels,
l'évaluation que nous avions faite au début, au moment de la
présentation du budget, était sur une base de $800,000 par mois.
L'augmentation des services téléphoniques due à
l'augmentation du personnel et à l'augmentation générale
des services téléphoniques nous amène à constater
que, sur la base des quatre premiers mois de l'année, les comptes ne
sont pas de $800,000 mais de $835,000, ce qui fait une évaluation de
$400,000 pour l'année en cours.
Enfin la hausse de tarif accordée à Bell Canada nous
amène à demander un budget supplémentaire de l'ordre de
$519,000.
On se souviendra que Bell Canada demandait une hausse de tarif de
l'ordre d'environ $30 millions pour cette année, et le gouvernement du
Québec est intervenu, comme le gouvernement de l'Ontario, devant la
Commission des transports. A la suite de cette intervention et des autres qui
ont été faites, la demande de Bell n'a pas été
accordée entièrement, mais elle a été
accordée partiellement, ce qui se traduit pour nous au Québec,
pour l'année en cours, par une augmentation globale du compte de
téléphone de $500,000. C'est ça pour le détail des
$1,200,000 qui sont demandés pour le service
téléphonique.
Quant à la question de savoir quelles sont les intentions du
gouvernement du Québec face à la Société Bell
Canada c'est la question
posée il en est fait mention dans le document que nous
avons déposé au gouvernement fédéral, en ce sens
qu'il nous paraît absolument nécessaire, dans l'optique d'un
regroupement au niveau du gouvernement du Québec de la
responsabilité de juridiction en matière de communications, que
la juridiction sur les activités du téléphone, sans
exclure Bell Canada, soit de responsabilité
québécoise.
Ceci dit, la situation qui se pose au Québec est
légèrement différente de celle qui se pose en
Colombie-Britannique. Pour ce qui est de la Colombie-Britannique, il y a une
compagnie de téléphone qui est réglementée par le
gouvernement fédéral, mais elle ne dessert que la
Colombie-Britannique. Bell Canada, en ce qui nous concerne, dessert à la
fois et principalement le Québec et l'Ontario, de sorte qu'une
réglementation provinciale de Bell Canada suppose une forme ou une autre
de répartition soit des actifs, soit des activités. Avant de nous
engager dans le détail d'une telle opération, on veut bien
s'assurer que le Québec n'en sortira pas finalement perdant, face
à la Société Bell Canada, et au bénéfice du
gouvernement de l'Ontario.
C'est donc une question que nous discutons sur deux plans: d'abord avec
le gouvernement de l'Ontario et ensuite au sein même de l'administration
du ministère pour évaluer l'ensemble des modalités
possibles de répartition de fonctionnement de Bell
Québec-Ontario, alors que la Colombie-Britannique, elle, fonctionne avec
une société sur son territoire. En d'autres mots, si Bell avait
ses activités sur le territoire du Québec, le problème
serait relativement simple. Dans la mesure où on demande une chose
à une société qui a aussi des activités en Ontario,
il faut presque conclure finalement que l'Ontario devra assumer la
contre-partie ou une situation identique à celle du Québec. C'est
ça qui est le problème.
M. CHARRON: Le problème est peut-être aussi, M. le
Président, du fait que si des compagnies téléphoniques
devaient s'incorporer et obtenir leur charte d'exploitation d'une juridiction
provinciale plutôt que d'une juridiction fédérale, comme
dans le cas actuel, si nous obtenions ça, parmi toutes les discussions
qui tournent alentour du chapitre des communications, le fait que cette
compagnie ait des activités dans plusieurs provinces à la fois
aurait finalement peu d'importance à la longue puisqu'il y a plusieurs
compagnies qui fonctionnent dans plusieurs provinces mais que la loi oblige
à une incorporation provinciale pour certains types d'activités.
Si les compagnies téléphoniques devaient obtenir un tel statut,
à la suite des longues discussions, des négociations dans
lesquelles on vient de s'embarquer à nouveau, l'accroc que voit dans les
négociations le ministre des Communications pourrait être
partiellement contourné.
J'admets que ce n'est pas toujours facile à obtenir. Surtout sur
ce chapitre-là, je pense que la Société Bell Canada a
suffisamment de puissance auprès du gouvernement central pour que jamais
celui-ci ne cède à l'autorité québécoise la
possibilité d'avoir complète juridiction sur ses activités
sur le territoire québécois. J'ai de la difficulté
à éviter le débat de fond que nous aurons en autre temps,
mais le genre de réponse que vient de fournir le ministre est
sincère et je l'accepte comme étant sa parole donnée. Cela
nous ramène cependant à une série de réponses de ce
genre qui sont toujours une prise de position théorique suivie
immédiatement par l'affirmation de l'impossibilité pratique de
cette affirmation.
Cela a été souvent la marque de commerce des gouvernements
québécois que de partir en grande tribu au complet, monter
à Ottawa en disant : On va leur dire aux Anglais puis on va se faire
comprendre, etc., et puis revenir, comme le ministre de la Justice est revenu
cet après-midi même et comme reviendra bientôt je ne sais
plus lequel qui est rendu là, je crois que c'est le ministre d'Etat. Il
y en a toujours un qui est là-bas puis qui revient toujours
bredouille.
L'important est l'image, n'est-ce pas, et j'ai l'impression que le
ministre des Communications est pour le gouvernement la caution nationaliste
actuellement.
Je ne doute pas de sa sincérité et de son engagement, mais
je considère que le premier ministre l'utilise tout simplement pour
être cette espèce de porte-étendard de la philosophie du
séparatisme culturel et qu'actuellement toute la conviction, toute
l'énergie que le ministre et les hauts fonctionnaires de son
ministère peuvent y mettre ne servent qu'à remplir les pages des
journaux. En fin de compte, le bilan des trois années et demie du
député de Deux-Montagnes à la tête du
ministère des Communications est peut-être très positif en
d'autres domaines nous l'avons amplement reconnu à chaque
occasion mais, sur le chapitre du déblocage dans les relations
fédérales-provinciales, il admettra avec moi qu'il s'est plus
souvent heurté à un mur qu'autre chose.
Ce que je regrette, c'est qu'un régime comme celui-là,
justement, finisse par épuiser les hommes de qualité et je
reconnais amplement ce titre au ministre des Communications. De toute
façon, M. le Président, ce débat est un peu trop vaste et
élevé pour se tenir à l'intérieur de l'étude
de crédits supplémentaires. Nous aurons amplement le temps de
faire de bonnes discussions, que je voudrais les plus franches et, autant que
possible, intelligentes, au moment de l'étude du budget de
l'année financière 1974/75. En ce qui me concerne, le budget
supplémentaire du ministre des Communications est adopté, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Programme no 2, adopté?
Adopté. Affaires sociales, page 31. Programme 1: Soutien du revenu
familial?
UNE VOIX: Adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, à la page 31,
c'est la facturation de la Régie des rentes du Québec pour les
frais de conception et d'implantation d'un nouveau système de traitement
des données pour l'application de nouvelles lois dans le domaine des
allocations familiales. Il y a également le coût d'informations
diffusées par le réseau des bureaux régionaux de la
régie en regard de l'administration des lois d'allocations familiales et
scolaires et d'autres frais connexes. Est-ce qu'on peut savoir quelle sorte
d'études ont été faites ou ont été
commandées par le gouvernement à cet article?
M. FORGET: J'imagine qu'on parle du premier article, des frais de
conception et d'implantation d'un nouveau système de traitement des
données. Je peux donner les détails si vous êtes
intéressé à cette ventilation. Il y a deux
éléments principaux, ici, qui sont constitués
respectivement par les frais de mécanographie, au montant de $250,000,
et par les salaires des employés de la Régie des rentes pour
mettre en oeuvre le nouveau régime d'allocations familiales. On
prévoit, au titre justement des employés mêmes de la
régie, 399 hommes-semaine pour le temps consacré par les
employés du service à l'implantation, dont 250 hommes-semaine
consacrés à la formation de tous les employés et 149
hommes-semaine pour la participation des gestionnaires à
l'élaboration et à l'implantation du système.
L'autre élément, qui est les frais de
mécanographie, $250,000, s'explique de la façon suivante. Le
temps d'analyse et de programmation: 506 hommes-semaine et les coûts
d'ordinateurs pour compilation et épreuves, 210 heures à $110,
$23,100. Ce sont les éléments principaux. Il y a aussi
différents éléments, comme honoraires professionnels
d'actuaires au montant de $4,000; frais de voyages, $2,000; équipement
de bureau, $22,000. Il s'agit, dans ce cas-ci, d'une inséreuse
supplémentaire pour l'expédition des chèques et d'un
montant de $50,000 pour l'information et la publicité relatives au
nouveau programme d'allocations familiales.
Enfin, un montant de $18,000 pour la réconciliation bancaire des
chèques, 12 millions de chèques qu'il s'agit d'émettre et
de traiter.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord.
LE PRESIDENT (M. Blank): Programme no 3.
M. CHARRON; M. le Président, est-ce qu'on peut demander au
ministre s'il peut de lui-même, au départ, donner une explication
plus grande que ne le donne le livre des crédits?
M. BEDARD (Chicoutimi): On n'a qu'un montant.
M. CHARRON: Plusieurs de nos questions se trouveraient
évitées par le fait même.
M. FORGET: Je le veux bien. Vous avez déjà un certain
nombre d'indications. Pour ce qui est du programme no 3, il s'agit ici d'une
réévaluation du coût du programme. L'exercice 1973/74, les
dépenses réelles pour les sept premiers mois de l'année se
sont établies à $11,156,000, pour une moyenne mensuelle de
$1,593,000. Les dépenses à prévoir pour les cinq mois de
l'année sont à un rythme mensuel de $1,768,000. Il y a une hausse
non anticipée devant les paiements qui porte le coût pour les cinq
derniers mois à $8,650,000, donc des dépenses probables pour
l'ensemble de l'année financière de $20 millions pour le
programme d'assistance-médicaments. Le budget voté à
l'été était de $17,500,000, ce qui crée un
déficit prévisible de $2,500,000 pour le programme.
M. BEDARD (Chicoutimi): De combien avez-vous sous-évalué
le coût du programme? Je comprends qu'il y avait l'augmentation normale
dont on pouvait s'attendre. Normalement, cela avait été
prévu. Maintenant, de combien aviez-vous sous-évalué?
M. FORGET: Du montant qui est demandé effectivement, $2,500,000.
Il y a eu une hausse dans les derniers mois. Je peux donner une indication
rapide ici des montants absolus pour chacun des mois, en commençant en
avril et successivement jusqu'en octobre. On voit assez bien le profit de la
hausse. En avril, $1,471,000; en mai, $1,449,000; et je pourrais continuer
comme ça; en novembre, par exemple, $1,900,000. Les sommes
subséquentes, poux décembre $1,500,000; pour janvier, $1,650,000;
$1,950,000 pour février; $1,650,000 pour mars.
M. CHARRON: Est-ce que je peux demander au ministre si la
différence essentielle dans la sous-évaluation qu'il
s'était faite porte sur une plus grande quantité de
médicaments qui a été consommée, sur le coût
des médicaments consommés ou si c'est sur le nombre de
bénéficiaires?
M. FORGET: Effectivement, la hausse observée est une hausse dans
la consommation, dans la quantité, dans le volume. Il est assez
intéressant d'observer d'ailleurs que le programme a
réalisé une assez remarquable stabilité des prix, depuis
le début du régime, et, même mieux qu'une stabilité
des prix, un très léger déclin. Un indice
pondéré a été calculé des prix effectivement
payés pour les médicaments qui sont sur la liste.
La valeur d'indice, à des dates qui m'échappent mais qui
correspondent environ à des intervalles de six mois, enfin qui
correspondent aux listes. Effectivement, la date de publication
des listes, c'est-à-dire juillet de cette année et janvier
de cette année et juillet de 1972, montre que l'indice actuellement est
parti d'un niveau de 100 pour s'établir, en juillet, à un niveau
d'environ quatre-vingt-dix-sept point quelque chose. Donc, il y a eu une
légère baisse des prix moyens des médicaments. Nous sommes
absolument certains que les prix payés durant le premier semestre de
1974 se maintiendront également et même diminueront encore puisque
nous avons introduit, dans la liste des médicaments, des prix
réels pondérés pour un certain produit courant qui auront
pour effet plus que de freiner la hausse mais de réduire davantage le
prix unitaire des médicaments.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais est-ce que la quantité des
bénéficiaires a augmenté?
M. FORGET: La quantité des bénéficiaires n'a pas
augmenté puisque, durant la même période, il y a eu une
diminution assez sensible du nombre des assistés sociaux qui sont,
à l'heure actuelle, comme vous le savez, les seuls
bénéficiaires du régime. Il y a eu une diminution qui, de
mémoire, depuis le début de 1971, est de l'ordre de 18 p.c. et
qui se décompose, selon les périodes, en pourcentage
évidemment inférieur mais qui a été soutenue durant
toute la période et qui se maintient d'ailleurs. Nous prévoyons
une diminution continue durant les mois courants.
M. CHARRON: Est-ce que j'ai bien compris le ministre, dans sa
réponse à la précédente question que j'avais
moi-même posée? Est-ce qu'une nouvelle liste des
médicaments, couverts par l'assistance-médicaments, une liste
élargie ou devant s'étendre à d'autres médicaments,
est en voie de préparation ou devra venir?
M. FORGET: La liste des médicaments est en révision
perpétuelle. Comme vous le savez sans doute, le comité
consultatif de pharmacologie, dès qu'une liste est publiée, et
avant même sa publication, dès qu'elle est rendue chez
l'imprimeur, est déjà au travail sur une nouvelle liste ou sur
une liste révisée. Il y a déjà trois
éditions successives de la liste, la dernière en date
s'appliquera à compter du 1er janvier 1974. Elle constitue la
troisième révision semestrielle. Le nombre de produits, qui sont
inclus sur la liste, est en expansion continuelle. Plusieurs
représentations sont faites, bien évidemment, par les
professionnels et par les bénéficiaires relativement à des
médicaments qui ne figuraient pas originellement sur la liste.
Evidemment, les fabricants aussi introduisent de nouveaux produits qui sont
soumis pour inclusion.
Les seuls produits qui ont été retirés sont,
effectivement, des produits qui ne sont plus sur le marché, sauf erreur,
peut-être, dans le cas de quelques-uns, d'un nombre inférieur
à dix, très certainement, puisque je cite tout cela de
mémoire. Mais, essentiellement, il y a une augmentation continuelle.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous dites qu'il y a seulement les
assistés sociaux qui sont bénéficiaires. Est-ce que les
personnes âgées, qui jouissent d'un supplément de revenu
mensuel garanti, ne jouissent pas également de
l'assistance-médicaments?
M. FORGET: Ils n'en jouissent pas actuellement mais ils en jouiront
à compter de janvier 1974. Ceci est reflété dans les
prévisions budgétaires, bien entendu. La réglementation
à cet effet a été adoptée par le conseil des
ministres à la fin de novembre, et les mécanismes sont en marche
de manière à émettre les cartes. D'ailleurs, les cartes
sont en voie d'être émises à tous les
bénéficiaires de la sécurité de la vieillesse qui
bénéficient du maximum de la sécurité de
revenu.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais est-ce qu'on peut dire que toutes les
personnes âgées pourront jouir des avantages de
l'assistance-médicaments, même celles qui n'ont pas, autrement
dit, le supplément du revenu mensuel garanti?
M. FORGET: Non. Pour l'instant, il s'agit seulement de ceux qui sont
bénéficiaires du maximum du supplément du revenu garanti.
Les autres n'auront pas accès à la gratuité des
médicaments.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce l'intention du ministère de voir
à ce que même les autres personnes âgées puissent
profiter de l'assistance-médicaments?
M. FORGET: Pour le moment, non. Pour le moment, le gouvernement
n'envisage pas d'étendre la couverture de
l'assistance-médicaments à d'autres bénéficiaires.
Il va falloir, en premier lieu, digérer cette augmentation de la
couverture et aussi analyser peut-être davantage les profils de
consommation. C'est une question que j'ai discutée avec à la fois
la présidente et directrice générale du Comité
consultatif de pharmacologie et le président de la Régie de
l'assurance-maladie, qui administre ce programme, de manière que des
données soient de plus en plus disponibles sur les profils de
consommation.
C'est une étape, je pense, qu'il faudra franchir avant de
considérer l'expansion de la couverture.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'aurais pas d'autres questions au niveau du
programme 3.
LE PRESIDENT (M. Blank): Adopté. Programme 5: Services en milieu
scolaire.
M. FORGET: Ici il s'agit, très brièvement,
d'un phénomène que nous avons déjà
remarqué lors de l'étude des crédits du ministère
de l'Education, c'est-à-dire l'effet de l'indexation des traitements au
1er juillet de cette année, en vertu de la convention collective, dans
le secteur des affaires sociales.
Comme on le sait, l'augmentation du coût de la vie, au-delà
d'un pourcentage qui, je crois, était de 2.8 p.c, devait se
refléter dans le niveau des traitements. Ce pourcentage a
été déterminé à 1.7 p.c. Dans ce programme
comme dans les autres, on voit réapparaître, dans chaque
programme, les montants nécessaires pour couvrir l'indexation des
traitements au 1er juillet 1973.
M. CHARRON: M. le Président, c'est un domaine qui m'est un peu
plus familier, non seulement à cause du comté que je
représente mais aussi des intérêts que j'ai eus à ce
ministère de l'Education.
Le nouveau ministre des Affaires sociales est au courant du rapport que
le Conseil supérieur de l'Education avait émis, en 1971, sur
l'école en milieu défavorisé. Une des recommandations
était je crois qu'elle a été suivie la
création d'un comité interministériel entre le
ministère des Affaires sociales et le ministère de l'Education,
parce qu'il reconnaissait que le problème du milieu
défavorisé n'était pas strictement à
l'intérieur des murs de l'école mais qu'il devait
s'étendre ailleurs.
Il suggérait, entre autres, que ce comité, que ce soit des
affaires sociales ou de l'éducation, parvienne le plus rapidement
possible à établir ses priorités d'action. Cette
recommandation du Conseil supérieur de l'éducation avait
été, au niveau du ministère de l'Education, retenue, avec
promesse d'engagement, de suites. Je veux demander au ministre des Affaires
sociales si, en arrivant au ministère il y était
déjà mais en prenant la direction du ministère, il
s'est occupé de voir si ces priorités avaient été
effectivement fixées. Quelles sont-elles, en fin de compte, pour la
prochaine année?
M. FORGET: Effectivement, j'ai rencontré mon collègue de
l'Education à ce sujet et nous avons discuté de la
nécessité d'établir un mécanisme de coordination
quant aux enfants des milieux défavorisés.
Bien entendu, mon ministère, traditionnellement, s'occupe des
milieux défavorisés, c'est un peu sa vocation. J'ai donc
accepté avec un très grand enthousiasme l'offre de collaboration
venant de l'Education et un comité de travail ayant
spécifiquement ce mandat se mettra sous peu à l'oeuvre.
D'ailleurs, le ministre de l'Education en a fait l'annonce
récemment, si ma mémoire me sert convenablement.
M. CHARRON: C'est interministériel.
M. FORGET: C'est interministériel.
M. CHARRON: Est-ce que, là-dessus, le ministère des
Affaires sociales a fait des premiers contacts avec, par exemple, la nouvelle
structure scolaire de l'île de Montréal, c'est-à-dire le
Conseil scolaire de l'île, à qui cette Assemblée a
indiqué, dans la loi qui créait le Conseil scolaire de
l'île, en toutes lettres, à la suite d'un amendement
proposé par le Parti québécois, que sa première
mission soit de s'occuper de ce qu'on appelait le rattrapage des milieux
défavorisés?
Ils s'y appliquent dans la structure boiteuse qui est la leur
maintenant, mais peu importe du mieux qu'ils peuvent et ils vont
nécessairement avoir besoin de l'appui direct du ministre des Affaires
sociales, puisque je pense que le maximum qu'ils pourront faire, ce sera de
faire des suggestions, mais que l'appui financier, ils devront l'obtenir du
gouvernement du Québec.
Je veux savoir si le ministre a, de lui-même ou par fonctionnaires
interposés, rencontré les dirigeants du Conseil scolaire de
l'île de Montréal. A-t-il été sollicité par
les dirigeants du Conseil scolaire de l'île de Montréal, via le
ministre de l'Education, peut-être? Je n'en sais rien.
M. FORGET: Non. La réponse à cette double question est
doublement négative. En premier lieu, je n'ai pas encore eu le loisir
à part les travaux de la Chambre et la préparation de la
législation de voir à ces questions. Mais, de façon
plus fondamentale, je pense qu'il revient au ministre de l'Education, soit de
prendre l'initiative de ces contacts ou d'être le principal porte-parole
du gouvernement envers le conseil scolaire, de manière à
éviter le manque de coordination ou les dédoublements
d'efforts.
D'ailleurs, tout me porte à croire que le groupe de travail qui
sera formé auquel mon ministère participera sera
probablement le canal idéal pour envisager la suite à donner, le
moment venu, à des représentations ou à des demandes
émanant du Conseil scolaire de Montréal. Donc, tout ça va
tomber dans le mandat de ce groupe de travail.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre sait qu'en fait les derniers
rapports de santé dans le milieu scolaire qui ont été
présentés étaient très mauvais. Est-ce qu'on doit
conclure que le ministère n'a pas fixé encore ses
priorités concernant les milieux défavorisés du point de
vue scolaire?
M. FORGET: Non, bien entendu, nous n'avons pas fixé nos
priorités dans le cadre assez étroit de la question de votre
collègue d'une action spécifique avec l'éducation dans les
milieux défavorisés. Cependant, l'action du ministère
comme je l'ai dit au tout début se tourne naturellement et
presque nécessairement de préférence vers les milieux
dévaforisés dans tout le secteur des services sociaux,
évi-
demment sans parler des programmes de soutien du revenu.
De ce côté, nous avons, bien entendu, des priorités
fixées de longue date. Dans le domaine précis d'une action
conjointe avec l'Education, comme le groupe de travail est sur le point de se
mettre à l'oeuvre, il est bien entendu qu'on n'a pas anticipé ses
conclusions à cet égard.
Mais le travail qui se fait en milieu scolaire, à bien des
égards, est orienté par la nature des choses de façon
assez importante dans les milieux défavorisés. Il y a
également deux subventions qui sont traditionnellement versées
par mon ministère à la Commission enfin, ça
l'était anciennement, ça doit l'être toujours des
écoles catholiques de Montréal et à celle de Québec
pour des suppléments alimentaires dans les écoles, dans les
milieux défavorisés.
Ce genre de subvention devra être reconsidéré, bien
sûr, dans le contexte de l'aide aux milieux défavorisés. Ce
n'est qu'un élément, sans aucun doute, d'un programme à
venir d'aide aux milieux défavorisés.
M. CHARRON: M. le Président, je terminerai, pour ma part, mes
interventions sur ce programme par deux remarques que je veux très
claires à l'intention du nouveau ministre des Affaires sociales.
D'abord, sur cet article précis de la santé dans les milieux
défavorisés au niveau scolaire, il peut être assuré
de l'appui complet et total de l'Opposition officielle en ce domaine; il n'a
qu'à prendre connaissance des différents débats de la
précédente Législature pour voir qu'aussi bien aux
Affaires sociales qu'à l'Education on n'avait pas manqué de faire
valoir notre opinion là-dessus.
La deuxième chose, c'est que je regrette que le comité
interministériel, Affaires sociales-Education, n'en soit qu'à
l'étape de la formation puisque il y a quand même deux ans bien
comptés maintenant que le Conseil supérieur de l'éducation
avait urgemment signalé au ministre de l'Education qu'il fallait
créer ce comité. D'autre part, en souhaitant toute la chance
possible à ce comité de fonctionner et tout l'appui possible des
deux ministres à l'arrière dans les recommandations qu'il aura
à faire éventuellement, ce que je me mets à espérer
et si j'espère à vive voix c'est que j'espère que
le ministre en sera le porte-parole auprès du comité c'est
qu'il ne se lance pas de lui-même dans des études à n'en
plus finir sur le décorticage du défavorisé. Je crois que
les bibliothèques, les centres de documentation de chacun des deux
ministères concernés abondent dans ce domaine. La Commission des
écoles catholiques de Montréal, à laquelle vient de faire
allusion le ministre, comme celle de Québec ont aussi amplement de
statistiques. Les groupes populaires oeuvrant dans ces milieux en ont fourni
amplement, à tour de bras, à n'en plus savoir que faire. Ce
serait donc plutôt, avant de faire table rase de toute la documentation
qui est déjà entrée, de dire: Bon, ce
comité-là va aller chercher la réalité
lui-même. Je pense qu'il aurait intérêt à faire
preuve d'humilité parce qu'il y a urgence à utiliser la
documentation et les informations déjà présentes et
à s'appliquer au rôle que, je pense, l'ensemble des
Québécois attendent de lui: la présentation et la
préparation de solutions qui, j'espère, apparaîtront
déjà je le dis tout de suite à l'intention du
ministre des Finances dans le budget 1974/75, non plus simplement sous
la forme d'un comité interministériel devant vaquer à ce
sujet-là mais sous le thème de programmes bien précis
devant s'opérer dans le milieu.
Pour ma part, j'ai terminé sur ce chapitre.
M. FORGET: Je vais prendre note de l'observation qui est faite. Je
rappelle qu'il s'agit là, le programme de services en milieux scolaires,
d'un des quelques programmes favoris de mon ministère et du gouvernement
d'ailleurs comme on peut le remarquer à la progression des budgets
à ce titre durant les deux dernières années.
L'ensemble des sommes, du budget de 1972/73, pour les services en milieu
scolaire s'élevait à $3,974,000 et, en 1973/74, à $7
millions. Donc, on a presque doublé les budgets consacrés aux
services en milieu scolaire. Pour ce qui est d'utiliser les études
déjà faites, c'est le ferme propos des deux ministres
concernés de ne pas chercher à réinventer la roue et de
déboucher très vite sur des propositions concrètes.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le programme 5, adopté. Programme
7, consultation psycho-sociale?
M. FORGET: De ce côté, c'est aussi la suite de la
convention collective de 1.7, pour un montant de $448,000. Quant au montant de
$182,000, ce sont certains des frais afférents à
l'intégration des agences sociales à un réseau
régional de centres de services sociaux. Il y a eu des problèmes
juridiques, des problèmes financiers, des problèmes
d'incorporation, enfin une liste très longue de problèmes qu'il a
fallu résoudre rapidement et, je pense, à la satisfaction de
tous, puisque toutes les fusions et les réorganisations ont
été faites de façon volontaire. Alors, c'est le coût
de $182,000 qu'on retrouve ici.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, l'intégration. Le programme 7,
ça va.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté. Programme 11, soins
spécialisés et ultra-spécialisés. Deux
éléments: soins des maladies physiques et soins des maladies
mentales.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour poser des questions, est-ce qu'on pourrait
avoir, de la part du ministre, le détail un peu de ce montant de $32
millions?
M. FORGET: Je m'excuse, je n'ai pas compris.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce qu'on pourrait avoir le
détail?
M. FORGET: Alors, de ce côté-là, il y a quatre
éléments qui totalisent une somme de $32 millions à
l'élément 1, soins des maladies physiques. Il y a, pour passer
par le connu d'abord, un montant de $10 millions pratiquement pour l'indexation
des traitements. Il y a un montant de $9 millions pour des révisions de
budgets aux établissements. Il s'est agi d'une série de cas
d'espèce où soit le volume d'augmentation des services ou des
nécessités proprement médicales de regroupement et de
formation, par exemple, d'unité de soins intensifs, soit la nature aussi
"open-ended" en quelque sorte de certains programmes comme celui des cliniques
externes et des laboratoires où les composantes techniques et
professionnelles doivent être remboursées, souvent sans
contrôle possible, puisqu'il s'agit d'un service
généralement accessible à la population, entraînent
des hausses véritables des budgets.
Au sujet des services externes, on a à peu près le
même phénomène d'indexation des traitements,
également les suites de la convention collective pour $7 millions et,
enfin, un montant de $7 millions également, $6,900,000 pour être
exact, qui représente le coût des modifications aux
règlements de l'assurance-hospitalisation intervenus le 25 avril
dernier.
A ce moment, la limite traditionnelle de $25, qui s'appliquait au
remboursement du coût des hospitalisations intervenues à
l'extérieur du Québec et à l'étranger, à
l'extérieur du Canada a été levée dans trois
circonstances spécifiques, c'est-à-dire lorsqu'il s'agit d'une
urgence ou d'une maladie subite survenue à l'étranger, lorsqu'il
s'agit d'un cas de référence médicale ou lorsqu'il s'agit
d'une spécialité qui ne se retrouve pas au Québec et qui
doit faire l'objet d'une référence tout à fait
spécialisée.
En plus, le remboursement pour les services externes reçus
à l'extérieur du Canada par des résidents du Québec
a été admis pour la première fois; les coûts de ce
programme sont plus élevés qu'on l'anticipait à cause de
la hausse très rapide des frais d'hospitalisation dans l'ensemble du
monde le Québec n'est pas le seul frappé par ce
phénomène particulièrement aux Etats-Unis où
la plupart des résidents du Québec sont hospitalisés quand
ils ont à l'être.
Pour ce qui est de l'élément no 2, Soins des maladies
mentales, il y a également le même phénomène de
révision inévitable de certains budgets pour des raisons d'ordre
professionnel, l'indexation des traitements pour un montant de $2 millions et
l'impact d'une convention collective intervenue avec les omnipraticiens qui
travaillent dans les institutions psychiatriques, pour un montant de $661,000.
Il s'agit ici d'un paiement de rétroactivité fait à ces
médecins en vertu de l'entente intervenue durant l'année.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord. Maintenant, le ministre a parlé
de certaines sommes qui devaient être consacrées aux services
externes, aux services d'urgence ou aux réfections de laboratoires.
Est-ce que je pourrais savoir s'il y a certains montants... Le ministre est
sûrement au courant des problèmes au niveau de la région du
Saguenay-Lac Saint-Jean, comme d'autres, d'ailleurs. Il est normal,
étant député de Chicoutimi, que je pense à la
région du Saguenay-Lac Saint-Jean. Le ministre est sûrement au
courant des difficultés qu'il y a à l'heure actuelle et de la
nécessité d'un réaménagement au niveau des
cliniques externes, des cliniques d'urgence et des laboratoires. Les listes
d'attente sont de plus en plus chargées et au niveau des cliniques
externes, on oblige presque les gens à être entassés comme
du bétail avant d'être reçus au niveau de la consultation
ou des soins nécessaires.
Tout cela, en fait, est de nature à créer une sorte
d'état d'incertitude je suis convaincu que le ministre en est
conscient au niveau de toute la population concernant l'avenir des
services hospitaliers. La même chose concernant les
ultra-spécialités. Je voudrais savoir si, dans les crédits
qu'on nous soumets, il y a certaines sommes prévues en fonction
justement des besoins urgents concernant l'hôpital de Chicoutimi, entre
autres, ou concernant d'autres hôpitaux de la région du
Saguenay-Lac Saint-Jean.
M. FORGET: J'aimerais pouvoir donner une réponse satisfaisante au
député de Chicoutimi sur ce point-là. Cependant, il s'agit
ici du programme de soins spécialisés,
ultra-spécialisés et seules les dépenses de fonctionnement
apparaissent à ces crédits.
Les dépenses de nature immobilière, en quelque sorte, de
rénovation, de réfection se retrouve dans un autre programme qui
ne fait pas l'objet d'un budget supplémentaire, malheureusement,
peut-être, à son avis, mais il s'agit de
réaménagements dans les effectifs, dans le personnel,
essentiellement accroissement de personnel. Il s'agit de dépenses de
personnel, honoraires professionnels, etc., dans les hôpitaux.
Maintenant, il me faudrait une information que je n'ai pas ici pour lui dire si
l'hôpital de Chicoutimi est impliqué dans les révisions de
budget; je n'en sais rien de mémoire, mais un très grand nombre
d'établissements seront affectés. Un montant comme
celui-là est le produit d'un très grand nombre d'ajustements en
somme assez minimes, dans un très grand nombre d'hôpitaux. Cela
peut être $50,000 ou $120,000, très rarement une somme qui
dépasse $200,000. D s'agit d'un très grand nombre d'ajustements
mineurs dans le fonctionnement de plusieurs établissements.
M. BEDARD (Chicoutimi): En fouillant dans ce mémoire, est-ce que
le ministre est d'accord sur la nécessité de certaines sommes
devant être affectées au niveau des services hospitaliers de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean?
M. FORGET: II n'y a pas de doute.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le ministre est au courant que c'est
aujourd'hui même qu'il devait y avoir une rencontre entre le CRSSS...
M. FORGET: C'est le 13, c'est demain... M. BEDARD (Chicoutimi): C'est
demain.
M. FORGET: ... qu'il y a une rencontre. Le Conseil régional de la
région no 2 sera reçu au ministère pour nous faire part de
ses recommandations quant à l'organisatiqn des soins dans la
région immédiate de Chicoutimi. Il y a, bien entendu, des besoins
un peu partout dans la province. D'ailleurs, pour ce qui est des cliniques
externes, des services d'urgence, des laboratoires, il est important de
souligner que, depuis trois ou quatre ans, des sommes très
considérables, presque tout le budget d'immobilisation du
ministère des Affaires sociales, ont été consacrées
au réaménagement des cliniques d'urgence, des cliniques externes
et à l'aménagement de blocs de services, donc laboratoires et
radiologie. Il n'y a eu aucune addition de lits dans le secteur hospitalier et
tout ce budget a été consacré au
réaménagement de ces services. Evidemment, on en retrouve les
incidences budgétaires au niveau des budgets de fonctionnement. Il se
trouve dans ces réaménagements budgétaires un certain
nombre de cliniques externes et de services d'urgence qui en ont
bénéficié. D'ailleurs services externes, centres
hospitaliers, on voit un ajustement de $7 millions qui n'est pas
étranger à ce phénomène. Donc il y a très
certainement un besoin. Sur un point plus spécifique, je pense qu'il
faudra attendre la conclusion de la rencontre avec le conseil régional
de Chicoutimi, de la région no 2.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends, pour la conclusion, qu'il faut
quand même attendre la réunion. Mais pour cette réunion
très importante, en tout cas pour les citoyens de la région
Saguenay-Lac-Saint-Jean qui doit avoir lieu demain, j'imagine que le
ministère s'est quand même préparé. Une certaine
politique, ou certaines recommandations très précises, dont le
ministre doit sûrement être au courant, étant donné
que la réunion a lieu demain, devront être faites demain au niveau
de la réunion qui aura lieu. Est-ce qu'on peut savoir du ministre, au
moins, sinon la position de ceux qu'il doit rencontrer je comprends
qu'il puisse l'ignorer ou encore au moins l'appréhender un peu la
politique de son ministère?
M. FORGET: La politique de mon ministère à ce sujet a
déjà été élaborée dans un document
même aussi récent que celui que j'ai déposé à
l'Assemblée nationale, la semaine dernière, et qui traitait de la
périnatalité. C'est, sans aucun doute, un des
éléments de la politique qui doit se refléter au niveau
des aménagements et de la distribution des services.
Pour ce qui est d'autres éléments de la politique de notre
ministère, il y a eu, dans les années passées, plusieurs
travaux auxquels des fonctionnaires du ministère des Affaires sociales
ont participé, qui ont donné lieu, d'ailleurs, à beaucoup
de consultations et de discussions au niveau de la région. C'est un peu
à la suite de ces propositions faites par le ministère que le
conseil régional a procédé à ses propres
consultations et qu'il viendra nous présenter ses conclusions. Je pense
qu'il ne serait pas dans l'ordre, ni même courtois envers le conseil
régional d'annoncer que nous avons déjà un esprit
fermé vis-à-vis de toute discussion. Notre position demeure
flexible et ouverte.
Cependant, les orientations prises ont déjà
été soulignées aux organismes intéressés.
Elles ont, d'ailleurs, reçu une forte publicité dans les journaux
de l'époque qui ont peut-être exagéré certains des
éléments de notre politique qui était
présentée pour fins de discussion. Donc, tout ceci va se
préciser au cours des semaines à venir.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que la politique du
ministère je suis très heureux de l'entendre dire par le
ministre peut être flexible et peut changer face aux
représentations qui peuvent être faites par le CRSSS ou par des
corps intermédiaires. Mais est-ce que la politique du ministère
est restée la même que celle qui avait été, en fait,
présentée aux autorités de l'administration de
l'hôpital de Chicoutimi, il y a environ un mois?
M. FORGET: A titre de proposition...
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant les lits, concernant les...
M. FORGET: ... et de base de discussion, oui, sans doute.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... superspécialités, etc.
M. FORGET: Comme base de discussion, oui, sans doute. Mais, encore une
fois, ce sont des bases de discussion; ce ne sont pas des décisions
finales.
M. LESSARD: M. le Président...
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous me le permettez. Si j'ai bien compris,
tout à l'heure, vous avez laissé entendre que, dans les $7
millions, dont il est fait état dans le détail que vous nous avez
donné, il pourrait y avoir des prévisions en fonction de demandes
dans le genre de celles de notre région ou d'autres régions du
Québec?
M. FORGET: Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu indiquer. J'ai voulu
indiquer la possibilité que les ajustements de budget, que l'on retrouve
ici, contiennent des sommes qui bénéficient directement aux
hôpitaux de la région no 2 et â ceux de Chicoutimi en
particulier. Mais, pour ce qui est des conséquences à donner sur
le plan budgétaire à des discussions qui sont encore à
venir étant donné que l'année financière se termine
le 31 mars, je pense que ce serait anticiper de les avoir
insérées dans le budget.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre parle de choses à venir ou de
ne pas trop anticiper, mais, devant l'état d'urgence ou d'incertitude,
encore une fois, dans lequel se trouve la population concernant les services
hospitaliers, dans quels délais peut-on s'attendre à une
réponse?
M. FORGET: Les délais, c'est une question, lorsqu'il s'agit de
consultations, qu'il est prudent de ne pas déterminer trop
précisément. En effet, ce genre de décision affecte un
très grand nombre d'individus et d'organismes.
Il faut s'assurer que les solutions qui sont retenues reçoivent
un assentiment assez général avant de les mettre en oeuvre,
d'autant plus que, très souvent, elles nécessitent des
aménagements sur le plan physique, sur le plan des installations
matérielles qui ajoutent, si vous voulez, au délai effectif de
mise en application, puisque ces aménagements doivent se faire dans le
temps.
C'est pourquoi je pense qu'il serait, encore une fois,
prématuré de conclure. Ces discussions n'ont pas lieu pour rien.
Bien entendu, on entend donner suite aux conclusions qu'on pourrait en tirer
soit dans l'avenir très prochain, soit, s'il n'y a pas entente, dans un
avenir un peu plus éloigné, lorsque l'entente sera faite.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre avait promis une réponse
concernant l'avenir de l'obstétrique et de la pédiatrie, à
l'hôpital de Jonquière. Le ministre avait promis une
réponse pour ce temps-ci, vers le milieu de décembre. Est-ce que
cette réponse peut être donnée maintenant?
M. FORGET: Elle va venir avant Noël, telle que promise.
J'espère bien que la rencontre de demain sera de nature à
éclairer notre décision.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je comprends que cela va dépasser le
milieu de décembre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, très brièvement,
à mon tour, même si le ministre a indiqué que ses
crédits étaient plutôt pour l'augmentation du personnel
à l'intérieur des différents hôpitaux, est-ce que je
pourrais demander au ministre s'il a l'intention, dans un bref délai, de
donner suite aussi à la question que je lui posais l'autre jour
concernant la régionalisation des services de santé, en
particulier dans la région de Hauterive, Baie-Comeau, qui devient de
plus en plus un problème dans la région?
On sait qu'il est impossible, actuellement, pour le ministère, de
faire de la planification. Les budgets sont à peu près
gelés depuis une période de deux ans, deux ans et demi à
trois ans, parce que le ministère dit: Commencez par régler vos
problèmes et après cela, on pourra penser à donner des
budgets d'amélioration. De plus, comme c'est dans une région
éloignée, une région qui ne possède
déjà pas tellement de services hospitaliers, cela pose des
problèmes considérables, parce que nous autres, on ne discute
même pas de superspécialités. On discute au niveau des
quelques petites spécialités dont on a besoin, strictement au
point de vue élémentaire pour ne pas crever.
Tout cela, justement, vient peut-être du fait qu'on n'en arrive
pas et je suis bien d'accord avec le ministre que la décision est
fort délicateà une solution. La décision est fort
délicate pour le député, et la décision est aussi
fort délicate pour le ministère des Affaires sociales. En
particulier, elle l'a été pour l'ex-ministre des Affaires
sociales, et le nouveau ministre se ramasse un peu avec la patate chaude.
Mais il reste une chose. Il reste qu'un jour ou l'autre, il faudra
prendre une décision, soit entre les deux hôpitaux actuels qui
existent ou prendre une décision, peut-être pour construire un
nouvel hôpital, ce qui empêcherait peut-être les discussions.
Il y a là une question de budgets, je suis bien d'accord, mais il me
paraît que, très brièvement, il va falloir prendre une
décision.
Je sais qu'on avait analysé, en particulier avec l'ex-ministre
des Affaires sociales, la possibilité de remettre le dossier à
une firme d'experts extérieure au ministère des Affaires sociales
et extérieure à la région. En tout cas, d'après les
informations que j'ai, cette proposition, à laquelle j'avais
acquiescé, semble avoir été rejetée par un bureau
d'administration.
On a mis le problème entre les mains un peu du comité
régional de santé, ce qui semble être arrivé encore
à un échec. Alors, là on arrive toujours au ministre des
Affaires sociales.
Est-ce qu'on peut espérer il semble, d'après
certaines informations, qu'il y a eu certaines décisions de prises
pour le bien des malades j'ai toujours dit que l'important ce
n'est pas d'avoir un hôpital à côté de la maison de
chez nous, mais d'avoir un véritable hôpital que le
ministère va, non pas se pencher sur ce problème, parce que je
sais que le ministère s'est penché considérablement sur ce
problème depuis au moins deux ans et demi, mais prendre une
décision, qui ne sera certainement pas acceptée par tous les
citoyens? Il reste qu'il s'agit de déterminer un hôpital
régional et il va falloir, à un moment donné, en arriver
à cette décision.
M. FORGET: Je veux rassurer mon honorable collègue d'en face que
non seulement, comme il le sait lui-même et comme il l'a dit, nous nous
sommes penchés sur le problème, mais, quant à moi, je suis
satisfait qu'une solution ait été trouvée et qu'une
décision ait été prise.
M. LESSARD: Excusez, est-ce que le ministre parle de la décision
qui avait été prise et qui a été annoncée en
janvier dernier par l'ex-ministre des Affaires sociales?
M. FORGET: D'une décision que j'ai prise moi-même,
après une nouvelle étude du dossier. Je pense qu'il est important
dans le moment que les parties principalement intéressées
à cette très délicate question soient d'abord saisies de
notre point de vue, aient le temps de le considérer et de
considérer la réaction qu'elles feront à cette
décision avant que l'opinion publique en soit saisie. Je pense qu'il
faut tout faire maintenant dans l'intérêt même de la
population pour inviter tous les intéressés à bien y
penser, parce qu'il est bien évident qu'on n'y pensera pas tous les uns
et les autres pendant des années.
Et c'est ce délai qui va un peu coïncider avec la
période des Fêtes que tout le monde va espérons-le du
moins utiliser à bon escient. Dès que cette période
de réflexion sera écoulée, il sera temps de le dire
publiquement et sans surprendre personne.
C'est la seule raison de mon mutisme actuel sur la décision qu'on
a effectivement prise.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord avec le ministre. Ceci veut dire que
vous avez l'intention, d'ici en tout cas quelques semaines, en particulier au
cours de la période des Fêtes, peut-être au cours du mois de
janvier, de faire part de cette nouvelle décision du ministre actuel des
Affaires sociales concernant la régionalisation des services de
santé.
Un souhait, c'est que j'espère en tout cas parce que quand
on gouverne il faut prendre des décisions, il faut l'accepter, et je ne
suis pas informé de la nouvelle décision, je ne suis pas dans les
secrets du nouveau ministre des Affaires sociales que cette nouvelle
décision qui a été prise par le ministre, il
réussira à la vendre non seulement aux deux conseils
d'administration, mais surtout à la population. Parce que la question
des hôpitaux, ce n'est pas d'abord une question, je le lui ai dit, de
deux maires ou de deux conseils d'administration, mais d'abord de la population
et des services hospitaliers qu'il faut donner à la population. C'est
ça qui est important.
M. FORGET: Je remercie l'honorable député de ses bons
voeux, j'en aurai sans doute besoin.
M. LESSARD: Soyez assuré que vous aurez mon appui, c'est
important qu'on prenne une décision.
M. BEDARD (Chicoutimi): On espère pour ma région que vous
soyez rendu au même processus de décision que pour la
région de mon confrère.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Programme 11, adopté.
Programme 16: Direction et gestion du ministère.
M. BEDARD (Chicoutimi): Un instant, au programme 11, il y a $10 millions
là, il y a $32 millions... D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Programme 16: Direction et gestion du
ministère. Deux éléments: élément 3,
Administration; élément 9, Relations professionnelles.
M. BEDARD (Chicoutimi) : Si le ministre veut donner simplement un
exposé sommaire de ce que ça représente, je ne crois pas
que la discussion soit longue là-dessus.
M. FORGET: Volontiers. Pour la plus grande partie de cet article, il
s'agit d'un accroissement du budget pour les fournitures et approvisionnements.
Les changements apportés au niveau de la réglementation de la Loi
de l'aide sociale et la mise sur pied du système de
télé-informatique dans tous les bureaux locaux et
régionaux ont entrafné la création de plusieurs nouvelles
formules. Ceci nécessite, lors de la première année,
l'achat de formules pour la consommation courante et l'établissement
d'un stock de base. En outre, l'augmentation de la capacité de
l'ordinateur par le nombre accru de rapports émis nécessite une
consommation cinq fois plus élevée du papier à imprimer.
Troisièmement, une augmentation importante du coût unitaire de
certaines formules à gros tirage; il s'agit ici, par exemple, des
formules H101 ou H85 qui sont utilisées dans tous les hôpitaux au
moment de l'admission, que l'on imprime à plusieurs millions
d'exemplaires et dont le coût par mille est passé, par exemple, de
$150 à $225 d'une année à l'autre.
Enfin, l'intégration du service de bien-être de la ville de
Montréal au système de télé-informatique du
ministère entraînera une augmentation importante soit de 30
p.c. dans le volume actuel des opérations du centre de calcul.
Tout ceci se chiffre à un montant de $550,000. Il existe enfin un
montant de $75,000 pour des services administratifs et honoraires
professionnels relatifs à la préparation des conventions ou des
discussions avec les fédérations médicales, entre autres,
de même qu'avec la nouvelle fédération des cadres dans le
secteur des affaires sociales.
UNE VOIX: Adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous n'avons pas d'autres questions concernant
se programme 16.
M. BOURASSA: On pourrait féliciter le ministre.
M. LESSARD: M. le Président, il va gagner d'abord ses
épaulettes puis on aura l'occasion de le féliciter par la suite.
Il vient juste de commencer.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Programme 16...
M. BEDARD (Chicoutimi): On va attendre les décisions...
M. BOURASSA: Avec tout ce qu'on donne à la population.
M. LESSARD: Ah, il nous présente un budget supplémentaire
puis il vient juste de commencer, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Programme 16, adopté?
M. BEDARD (Chicoutimi): ...qui doivent être prises dans un avenir
rapproché.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Crédits supplémentaires des
Affaires sociales, adopté. Agriculture? Agriculture et Colonisation?
M. TOUPIN: Non, il y a eu une erreur, c'est seulement Agriculture.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Programme 3: Aide à la production
agricole. Elément 3, Mise en valeur des productions animales.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre va donner certaines explications, il
s'agit de quoi?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Mise en valeur des productions
animales.
M. TOUPIN: Vous voulez avoir des explications sur ce
chapitre-là?
M. LESSARD: Non, mais à prestation de médicaments, est-ce
que le ministre pourrait nous donner certaines explications concernant ce
projet de $2.5 millions?
M. TOUPIN: Alors, cet élément 3 comporte des
crédits pour...
M. LESSARD: Je m'excuse, c'est à la page 43, d'accord. Je suis
encore au ministère des Affaires sociales, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Page 45.
M. LESSARD: M. le Président, je m'excuse, très bien. Mise
en valeur des productions animales, $1,713,000. Il semble que c'est sur- tout
pour des services professionnels qui ont été accrus de $1
million. Pourquoi a-t-on besoin de cette augmentation actuellement?
M. TOUPIN: Oui, ce sont des services professionnels dans le cadre de ce
qu'on a appelé le programme d'assurance-santé animale. Plus de
médecins vétérinaires se sont ajoutés au programme
et, par conséquent, des montants plus substantiels d'honoraires ont
dû être versés. C'est la raison qui nous a amenés
à demander là-dessus un budget supplémentaire.
M. LESSARD: Alors, est-ce que ça touche un peu le centre
d'insémination artificielle?
M. TOUPIN: Cela touche exclusivement le programme
d'assurance-santé animale où on verse aux médecins
vétérinaires une partie des honoraires, alors que l'agriculteur
en paie, lui, une autre partie. On avait prévu un budget X,
évidemment, pour cette section, prévoyant que 25 ou 30 nouveaux
médecins vétérinaires se joindraient au programme, mais il
y en a eu plus que ça. Il y en a eu une cinquantaine, je pense, et c'est
ce qui a fait que les honoraires ont augmenté et qu'on demande ce budget
supplémentaire. Cela concerne seulement ce programme-là, pour cet
aspect.
M. LESSARD: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté, élément 3.
Elément 4, mise en valeur des productions végétales?
M. LESSARD: Est-ce qu'il s'agit d'un transfert? En fait, mise en valeur
des productions végétales, quels sont les programmes nouveaux ou
les programmes qui exigent plus de dépenses du ministère?
M. TOUPIN: Au fond, les $1,450,000 se répartissent en deux
points. Il y a $1.2 million qui sont versés aux producteurs de produits
céréaliers, notamment à cause des pertes subies par la
température.
M. LESSARD: Alors, transfert. L'assurance-récolte?
M. TOUPIN: C'est-à-dire que ce sont des productions qui ne sont
pas assurées...
M. LESSARD: Oui, d'accord.
M. TOUPIN: ... qui sont difficiles à assurer à cause d'une
incapacité actuelle de contrôler les coûts et la
rentabilité. Tous les ans ou presque, on revient avec un programme comme
celui-là qui est, cette année, de l'ordre de $1.2 million pour
les pertes de récolte. Il y a $250,000 qu'on verse, en plus, pour le
transport de la pierre à chaux. En effet, les programmes que nous avons
mis de l'avant il y a deux ans, qu'on
a appelés l'auto-approvisionnement, dans le but de produire plus
de céréales, ont produit effectivement des effets, mais cela a
amené les agriculteurs à utiliser plus d'engrais et, notamment,
de la pierre à chaux. Etant donné que le ministère paye le
transport de la pierre à chaux, une plus grande utilisation a
amené le ministère à payer $250,000 de plus et c'est ce
qui est au budget supplémentaire.
M. LESSARD: Le ministre parle de productions végétales qui
ne sont pas couvertes par l'assurance-récolte.
Mais, est-ce que le ministre envisage une réforme ou une
modification de l'assurance-récolte pour couvrir l'ensemble des
productions des agriculteurs? Je pense que le ministre a déjà
fait part un peu de ses intentions.
M. TOUPIN: Sous peu, peut-être pas à la présente
session mais à l'autre session, des projets de loi particuliers seront
soumis à l'Assemblée nationale relativement à cette
question d'assurance. Nous ne parviendrons peut-être pas encore à
couvrir toutes les productions mais au moins nous arriverons peut-être
à offrir des programmes de base qui soient plus acceptables que ceux qui
sont offerts présentement.
Comme je vous disais tantôt, il y a un certain nombre de
productions, peut-être pas céréa-lières mais
plutôt maraîchères, où, actuellement, il est presque
impossible de penser à l'établissement de programmes. Si on
pense, par exemple, à la production des fraises, ce n'est pas possible
actuellement, on n'a absolument aucun contrôle sur les coûts de
production, sur les rendements à l'acre, etc., quoique des études
se poursuivent présentement. Notre objectif est de couvrir les
principales productions céréaliè-res et fouragères
au Québec pour, après, nous orienter vers peut-être
certaines productions maraîchères. Nous avons commencé un
programme l'an dernier, par exemple, dans la pomme de terre et nous avons
commencé un programme aussi dans la pomme de table, la pomme de
consommation. Ces deux programmes-là vont assez bien; il en reste un
certain nombre d'autres encore où il faudra, bien sûr, penser des
programmes nouveaux.
M. LESSARD: Accepté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté. Elément no 6.
Amélioration forestière, assainissement des sols et conservation
des eaux.
M. LESSARD: Est-ce qu'il s'agit ici d'hydraulique agricole? Est-ce que
le gouvernement a l'intention, à ce sujet-là, de modifier son
système? On sait que le rapport du vérificateur
général soulignait certaines choses dans ce domaine-là.
Par exemple, on lisait, à la page 269, qu'il n'y a plus d'effort de
perception quant aux redevances des municipalités pour des travaux de
drainage. Le ministère considère comme une perte totale les
montants à recevoir pour travaux mécanisés puisqu'il a
établi une provision à 100 p.c.
On sait que le ministère s'est même fait jouer par les
agriculteurs et surtout par les non-agriculteurs, c'est-à-dire des gens
qui faisaient partiellement de l'agriculture, étant donné la
fameuse loi des quarante heures où on s'organisait avec l'entrepreneur.
Cela a été bien souvent du patronage et je sais que le ministre
j'en ai eu connaissance et même j'en ai eu des conséquences
dans mon comté a fait certains efforts, a exigé que les
inspecteurs soumettent des rapports précis. Des entrepreneurs ont
été fort mécontents mais il reste que ça demeure un
problème, pour le ministère de l'Agriculture; problème au
niveau des contrats, problème au niveau du travail. Il faut faire en
sorte que ce soit les véritables agriculteurs qui en profitent. Il y a
aussi un problème au niveau de la perception et de la surveillance des
travaux.
Est-ce que le ministre a l'intention je ne sais pas, je n'ai pas
de formule toute faite de soumettre un nouveau programme qui permettrait
aux véritables agriculteurs de profiter je pense qu'il y a eu une
modification jusqu'aux cent heures maintenant de ces travaux-là?
Bien souvent, en tout cas dans certains comtés, ce ne sont pas les
véritables agriculteurs qui en profitent. Bien souvent, c'est
l'entrepreneur qui en profite et bien souvent, je dois le dire au ministre, il
y a un accord entre l'entrepreneur, l'agriculteur et le patroneux du coin
à tant l'heure pour pouvoir faire des travaux.
Je vois l'honorable président de commission qui vient de
Roberval, et je pense bien, il a l'air d'appuyer ce que je dis et est fort
passablement au courant de ce qui se passe aussi.
M. TOUPIN: Je ne pense pas qu'on doive aller jusque là, mais des
efforts, comme vous le disiez tantôt, ont été consentis de
la part du ministère et cela a produit de bons effets, parce qu'avec des
budgets réduits par rapport aux années antérieures, nous
sommes parvenus à faire plus de travaux que nous en faisions auparavant.
C'est l'indice évident qu'il se perd beaucoup moins d'argent et que
l'argent dépensé se traduit en travaux véritables.
Ce qui est mentionné dans le rapport du vérificateur
général, c'est qu'au cours des années antérieures,
trop souvent le ministère laissait les entrepreneurs faire des heures
sans qu'ils en aient le permis, et à cause des règlements, il
était obligé de demander aux entrepreneurs de rembourser au
ministère ces heures faites sans permis. Alors c'est extrêmement
difficile à récupérer, parce que quand, nous, nous
demandons à l'entrepreneur de rembourser le ministère,
l'entrepreneur demande au producteur de payer la totalité de la part.
Donc, cela crée des problèmes, cela en a créé dans
le passé, cela en crée moins maintenant, parce qu'on est
très strict là-dessus. A un entrepreneur qui n'a pas son permis,
on dit
purement et simplement: Non seulement on ne te paie pas les heures que
tu as faites en plus, mais on t'enlève ton permis puis tu ne pourras pas
en faire du tout. C'est ça probablement les problèmes que les
entrepreneurs chez vous ont dû avoir. C'est draconien, c'est
sévère, mais c'est la seule façon de régler ce
problème, je pense.
Quant aux municipalités, ce dont également fait mention le
rapport, ce sont des vieilles dettes. Avant que le ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation s'occupe du drainage en entier, ce drainage
était fait par les municipalités et payé par le
ministère, lesquelles municipalités devaient, par la suite,
rembourser le ministère pour les sommes déboursées. Il y a
plusieurs municipalités qui ne l'ont pas fait. Maintenant, on tente de
récupérer ces comptes et, encore là, je vous dis que c'est
extrêmement difficile. On discute avec le ministère des Finances
et avec les municipalités pour savoir comment on peut les
récupérer.
M. LESSARD: Le ministre parlait tout à l'heure des entrepreneurs
qui avaient un permis. Actuellement c'est le ministère de l'Agriculture
et de la Colonisation qui accorde ce permis, mais je constate que ces permis
changent bien souvent d'année en année. Quels sont les
critères et les normes du ministère pour accorder ce permis ou
l'autorisation de faire des travaux?
M. TOUPIN: II y a plusieurs critères. Evidemment, il y a d'abord
un critère d'équipement. Cela prend un équipement X de
telle grosseur et cet équipement doit comporter des équipements
additionnels, tels une pelle arrière, une pelle avant, selon les types
de travaux qui doivent être faits. Il y a aussi un critère de
rentabilité. On a établi, au ministère, qu'un
équipement mécanique qui ne parvient pas à faire 1,000
heures de travaux dans une année n'est pas rentable. Donc, on doit tenir
compte, dans le comté ou dans la région, du nombre d'heures
possibles et donner des permis à autant de machines qu'il y a d'heures
disponibles, mais pas trop, pour que les entrepreneurs puissent faire un bon
travail. Si l'entreprise n'est pas rentable, le travail ne se fera pas bien, se
fera plutôt mal. Ce sont au fond les principaux critères.
Maintenant...
M. LESSARD: La lettre du patronneux n'est pas un critère
important.
M. TOUPIN: Ecoutez, on a dit beaucoup de choses là-dessus,
patronneux ici, patronneux là, moi, je peux vous dire en toute
honnêteté que le critère qu'on prend à la base,
c'est un critère d'efficacité.
Il y a plusieurs entrepreneurs qui ont été
suggérés par plusieurs autres députés qui ne sont
même pas de ce côté-ci, dans les années
passées, et qu'on a acceptés volontiers. D'au- tres, qui venaient
de notre côté, n'ont pas obtenu l'adhésion du
ministère parce qu'on ne présentait pas les
caractéristiques requises et on ne répondait pas aux
critères établis.
M. LESSARD: Alors, je prends la parole...
M. TOUPIN: C'est un mythe, un peu, le patronage.
M. LESSARD: ... du ministre pour le moment. Mais pourquoi l'augmentation
de $3 millions?
M. TOUPIN: D'abord, pour les cours d'eau comme tels, c'est qu'on a, en
fait, plus de cours que l'an dernier; on a creusé plus de cours d'eau,
on a nettoyé plus de cours d'eau l'an dernier qu'on en avait
prévus au budget. Aussi à cause d'une saison meilleure que
l'année dernière, les travaux mécanisés, en tant
que tels, ont été plus élevés en nombre d'heures
que par les années passées. C'est simplement pour ces deux
raisons.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Elément 6, adopté. Programme
3, adopté.
Programme 4, Commercialisation agricole.
M. LESSARD: II s'agit du développement et de la transformation
des produits agricoles. Est-ce qu'on pourrait savoir quels sont les nouveaux
programmes ou les subventions? Est-ce qu'il s'agit de subventions? S'il s'agit
de subventions, à qui ces subventions doivent-elles être
données? Est-ce qu'il s'agit de coopératives ou de producteurs
privés ou autres? Est-ce que le ministre pourrait nous donner quelques
explications sur ces $600,000?
M. TOUPIN: Les $600,000 que vous voyez s'appliquent à la
raffinerie de sucre de Saint-Hilaire. Au cours des années
antérieures, les subventions étaient parfois de $1 million ou de
$900,000. L'an dernier, on est parvenu à boucler, si on peut s'exprimer
ainsi, avec un déficit moindre, c'est-à-dire de $600,000. Cette
année, nous prévoyons être capables de joindre les deux
bouts. C'était notre objectif. On s'était fixé un objectif
de deux ans pour atteindre sinon la rentabilité du moins l'absence de
déficit. Je crois que l'an prochain, si on n'atteint pas cela, on sera
proche en tout cas. Ces $600,000 servent à cette fin.
M. LESSARD: Depuis sa fondation, la raffinerie de sucre est
continuellement en déficit. En tout cas, actuellement...
M. TOUPIN: II y a eu seulement une année où elle a fait un
profit, je ne me rappelle pas quelle année, mais c'était au
début. Présentement, le déficit de cette année est
moins élevé
que le déficit moyen des années antérieures. Comme
je vous le disais tantôt, en vertu du programme qu'on avait de
rationaliser l'administration et la mise en marché et surtout d'utiliser
l'équipement à l'intérieur de l'entreprise, on
présume que cette année, en 1973/74, on arrivera à 50-50,
c'est-à-dire...
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: ... que les ventes compenseront au moins les
dépenses.
M. LESSARD: On le souhaite, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Programme 4, adopté. Programme 5,
deux éléments. Elément no 2, Soutien administratif et
technique.
M. LESSARD: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Elément 2, adopté.
Elément 3, Contributions aux taxes municipales et scolaires sur les
fermes.
M. LESSARD: M. le Président, concernant l'élément
3, le ministre se rappelle qu'en vertu du bill 48, qui devait être mis en
vigueur en 1972, il y avait un nouveau rôle d'évaluation
municipale. Ce bill s'intitulait, je pense, Loi d'uniformisation municipale.
Certaines municipalités ont appliqué les normes du bill 48 en
1972. D'autres ne l'ont pas fait. On m'informe qu'en 1973 certaines
municipalités, rétroactivement, demanderaient les taxes
prévues, enfin les taxes qui auraient dû normalement être
payées en 1972. Lorsque nous arrivons, par exemple, à
l'élément 3, Contributions aux taxes municipales et scolaires sur
les fermes, est-ce que, justement, le ministre s'est informé s'il s'agit
des taxes de 1972 et de 1973, pour certains agriculteurs où il s'agit
strictement des taxes de 1973, en vertu de la loi no 33, qui a remplacé
le bill no 48.
M. TOUPIN: Ce qui est prévu au budget, ici, c'est pour rembourser
les 40 p.c, tel que prévu dans la Loi...
M. LESSARD: 33.
M. TOUPIN: ...de l'évaluation foncière; oui, 40 p.c. de
l'impôt foncier municipal et scolaire pour l'année 1972/73.
M. LESSARD: Pour l'année 1972/73.
M. TOUPIN: Pour l'année 1971/72, évidemment,
c'était l'ancienne politique qui s'appliquait, c'est-à-dire 35
p.c. seulement de remise sur l'impôt foncier scolaire.
M. LESSARD: Est-ce que toutes les munici- palités ont
prévu cette rétroactivité de taxes municipales sur
l'année 1972 ou certaines municipalité demandent, en fait, le
paiement de leurs taxes strictement pour 1973?
M. TOUPIN: Cela ne crée pas de problème pour le
ministère parce que le remboursement que nous faisons est
distribué directement au producteur lui-même.
M. LESSARD: Cela a des conséquences pour l'agriculteur, par
exemple.
M. TOUPIN: C'est l'agriculteur qui, après, s'arrange avec sa
municipalité pour équilibrer son budget de taxes.
M. LESSARD: D'accord.
M. TOUPIN: Si la municipalité lui a chargé en trop des
taxes, elle devra le rembourser. Si la municipalité a retenu
déjà, sur ses taxes, les 40 p.c. qui devaient lui être
versés, l'individu devra le reverser à la
municipalité.
M. LESSARD: Cela a quand même des conséquences sur
l'agriculteur.
M. TOUPIN: Non, cela ne peut pas avoir des conséquences sur
l'agriculteur. Cela peut avoir plus de conséquences sur les budgets des
municipalités. Tout dépend comment les municipalités ont
planifié leur administration. Mais, au niveau de l'agriculteur, il ne
peut que gagner, c'est-à-dire qu'il peut bénéficier
pleinement de la politique.
M. LESSARD: D'accord, mais je veux dire que, dans certaines
municipalités, par exemple, on a réclamé les taxes en
vertu de la modification du bill 48, devenu par la suite le bill 33. On a
exigé le paiement de la rétroactivité, en ce qui concerne
les agriculteurs. Dans d'autres municipalités, on ne l'a pas
exigé; cela fait des différences,
M. TOUPIN: Dans certaines municipalités, ces problèmes que
vous soulevez ont existé. Mais les agriculteurs, par
l'intermédiaire de leur association professionnelle, en ont
discuté avec l'Union des conseils de comté, je pense, en ont
discuté également avec certaines municipalités, par
exemple Bécancour; on a discuté de certains problèmes
particuliers. La plupart des situations se sont normalisées, de telle
sorte qu'aucun producteur, à notre connaissance, n'a été
pénalisé.
M. LESSARD: A ma connaissance, il ne semble pas que la situation se soit
normalisée et l'Union des producteurs agricoles, justement, se pose
encore certaines questions à ce sujet, en particulier: Combien de
municipalités ont exigé la rétroactivité? Combien
de municipalités ne l'ont pas exigée? Combien ont
appliqué, par
exemple, l'ex-bill 48? Combien de municipalités ont
appliqué le bill 33, etc.?
En tout cas, je pense qu'il va falloir poser la question au ministre des
Affaires municipales, lorsque cela viendra.
M. TOUPIN: Pour les agriculteurs, cela ne crée pas tellement
tellement de problèmes. C'est plus une relation entre producteurs,
c'est-à-dire entre, comment on appelle cela? un payeur de taxes...
M, LESSARD: Un contribuable.
M. TOUPIN: ... un contribuable et sa municipalité.
M. LESSARD: Vous ne le savez pas? D'accord, M. le Président.
M. CHARRON: Une chance qu'ils ne vous entendent pas!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Elément 3, adopté. Programme
5, adopté. Crédits supplémentaires du ministère de
l'Agriculture, adopté.
M. GARNEAU: Tourisme, Chasse et Pêche.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche. Programme 1, maintien et amélioration de la
faune?
M. LESSARD: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer quels sont
les nouveaux programmes? Est-ce qu'il s'agit simplement de montants
supplémentaires qui ont été nécessaires en vue de
l'application des anciens programmes?
M. SIMARD: Non, ce ne sont pas, en fait, de nouveaux programmes.
D'ailleurs, la somme de $288,000 est répartie en deux secteurs
très bien distincts, dans le sens qu'il y en a un de $88,000 et un autre
de $200,000.
M. LESSARD: Ce n'est pas cela que je vous demande.
M. SIMARD: Nous pourrions peut-être...
M. LESSARD: J'étais rendu à celui de $88,000.
M. SIMARD: D'accord.
M. LESSARD: Programme 1.
M. SIMARD: Le premier programme est de $30,000. Nous avons
demandé au Conseil du trésor d'autoriser le présent
revirement de $30,000 afin d'autoriser cette dépense qui sera
remboursée au gouvernement par la Société de
développement de la baie James.
C'est remboursé en totalité dans les deux programmes.
M. LESSARD: II s'agit d'inventaires et de recherches qui se font sur le
territoire de la baie James.
M. SIMARD: Exactement. Si vous prenez le premier programme...
M. LESSARD: Est-ce que ce sont les seules recherches qui se font
actuellement par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche concernant l'inventaire de la faune dans le territoire de la baie
James?
M. SIMARD: Nous avions déjà un programme. Avec
l'avènement du développement de la région de la baie
James, nous avons eu une entente avec le gouvernement fédéral et
avec la Société de développement de la baie James pour
augmenter la concentration de nos effectifs. Comme il est reconnu la
Société de développement de la baie James l'a reconnu elle
aussi que nous possédions à peu près la seule
équipe qui avait les compétences pour faire ces études, ce
sont des montants qui nous reviennent de toute façon. Ce n'est pas un
"money-bill". Ces sommes reviennent automatiquement au gouvernement
provincial.
M. LESSARD: Je posais la question tout à l'heure: Est-ce que ce
sont les seuls montants qui sont dépensés par le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche concernant l'inventaire et la
recherche sur la faune dans la baie James? Le ministre me répondait
qu'il avait un nouveau programme à ce sujet. Quels sont les montants qui
sont prévus dans cet ancien programme?
M. SIMARD: Je ne veux pas en fait discuter. Je dis que c'est un nouveau
programme et c'est sur le budget 1974/75. Etant donné que le budget
n'est pas' déposé en cette Assemblée, je ne peux pas en
discuter.
M. LESSARD: Vous conviendrez que $88,000 pour faire une étude sur
un territoire aussi vaste, qui représente près de 50 p.c. de tout
le territoire, ce n'est pas beaucoup, pas grand-chose, d'autant plus qu'il se
fait des travaux là dont les conséquences écologiques
peuvent être très importantes sur les ressources
cynégétiques et halieutiques.
M. SIMARD: J'attendais ces mots, parce qu'on sait que le
député de Saguenay se spécialise à toujours
répéter ces termes scientifiques.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre ne les comprendrait pas? Est-ce qu'il
voudrait que je les lui explique?
M. SIMARD: Non, je suis très conscient de ce vocabulaire.
Non, en fait pour répondre à votre question, c'est que,
bien sûr, nous procédons avec l'aide du gouvernement
fédéral et la Société de développement de la
baie James, mais nous avons aussi d'autres programmes, bien sûr, parce
que, comme vous venez de le dire, ça représente quand même
un territoire très vaste. En raison de l'accessibilité que
représentent maintenant les développements dans la région,
il faut certainement ajouter quelque chose à l'intérieur
même de notre budget pour voir exactement ce qui se passe au point de vue
chasse et pêche dans ce territoire.
M. LESSARD: Je ne comprends pas pourquoi le ministre ne me répond
pas. Ajouter quelque chose à l'ex-budget. Alors qu'est-ce qui
était prévu dans l'ex-budget en ce qui concerne cette
région? $88,000 ça s'ajoute à quoi ça?
M. SIMARD: Au programme, en fait, puis je pense qu'on discute...
M. LESSARD: Toujours, mais ça s'ajoute à quoi? Le ministre
me dit: il y a un nouveau programme de $88,000 concernant la région de
la baie James. Moi, je dis: si c'est seulement pour ce programme où on
fait l'inventaire des ressources fauniques, je trouve ça ridicule.
Est-ce qu'il y a d'autres montants qui ont été prévus au
cours du budget 1973/74, et quels sont ces montants?
M. SIMARD: M. le Président, je pense que le député
de Saguenay a de la difficulté à comprendre. Cela fait
peut-être deux, trois fois que je me répète; le
gouvernement fédéral fait aussi des études, nous faisions
des études...
M. LESSARD: Qui coordonne les études du gouvernement
fédéral?
M. SIMARD: Nous avons une liaison entre notre ministère et le
fédéral, comme nous avons un trait d'union, si vous voulez, avec
la Société de développement de la baie James. Et avant que
le projet de la baie James soit en place, nous avions aussi des biologistes,
enfin des gens qui oeuvraient dans ce secteur, à savoir quelles
étaient les populations, par exemple, le caribou, enfin tout l'aspect
faunique du territoire.
Nous l'avons fait bien avant que je sois ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. Nous avons un contrôle sur tout ce
territoire; nous avons des statistiques qui ont été faites par un
des services du ministère que je dirige. Maintenant, ça c'est
nouveau, étant donné que c'est tripartite, c'est-à-dire le
gouvernement fédéral, la Société de
développement de la baie James et aussi le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, parce que, justement, que nous avons
maintenant des routes, que nous avons une accessibilité qui devient de
plus en plus grande et ça demande, bien sûr, une promotion
nouvelle afin qu'on contrôle d'une façon beaucoup plus positive
nos populations de cheptel.
M. LESSARD: Donc, c'est le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche qui fait ces inventaires, et le montant de $88,000 lui est
remboursé par la Société de développement de la
baie James exclusivement, ou par le gouvernement fédéral
exclusivement?
M. SIMARD: C'est-à-dire que le gouvernement fédéral
paie la Société de développement de la baie James et la
Société de développement de la baie James nous paie, nous,
au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. LESSARD: Cela en fait, des références. Pourquoi le
gouvernement fédéral n'a pas payé?
M. SIMARD: Je me demande bien pourquoi on discute de ça, M. le
Président, étant donné que ça ne touche absolument
pas d'une façon directe le budget du ministère que je
représente.
M. LESSARD: Une autre société inutile parce qu'elle n'est
même pas capable de faire ses propres études. C'est le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui les fait.
Très bien, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Programme 1, adopté. Programme 6,
Réseau de parcs et réserves et d'établissements
touristiques et récréatifs.
M. SIMARD: M. le Président, c'est qu'au mois de juillet l'an
passé, à cause de la crue des eaux dans les secteurs
mentionnés, nous avons quatre ponts qui ont tout simplement
sauté, si je peux me permettre ce verbe. Etant donné que
c'était absolument imprévisible, il y a une somme de $200,000 que
nous avons dû mettre à ce chapitre.
Je peux vous donner, si vous voulez, les détails. Un instant.
M. CHARRON: Qui a fait sauter les ponts? M. LESSARD: La crue. UNE VOIX:
Act of God.
M. CHARRON: Les communistes? Est-ce que ce sont encore les
communistes?
M. SIMARD: Pardon?
M. CHARRON: Est-ce que ce sont encore les communistes qui commencent
à sacrer les ponts à terre?
M. SIMARD: Bien, je ne sais pas si c'est le pont, ou Duplessis, ou
enfin...
M. LESSARD: Le pont Simard. Mais dans quel parc?
M. SIMARD: Réserve Port-Daniel, un pont de 65 pieds, si vous
voulez avoir des détails supplémentaires, dont la construction
est évaluée à $50,000; pont de la rivière Batiscan,
situé dans le parc de Portneuf, dont la construction est
évaluée à $60,000; pont sur les ruisseaux Grondin, dans le
parc de Joliette, évalué à $35,000 et, dans le parc de la
Vérendrye, pont évalué à $55,000.
M. LESSARD: Pas le choix, M. le Président...
M. CHARRON: II faut qu'il y ait des ponts. M. LESSARD: D'accord, on
n'est pas...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté. Crédits
supplémentaires du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, adopté.
M. SIMARD: Merci, M. le Président.
M. GARNEAU: Je ne sais pas si le député de Saguenay qui,
d'habitude, est le critique de l'Opposition pour les Terres et Forêts,
serait prêt à regarder ces crédits, même si le
ministre n'y est pas. C'est un montant relativement minime. Le budget a
été nécessité par le fait que ce programme est une
étude sur des peupliers visant à développer un hybride
à croissance rapide.
M. LESSARD: Adopté, M. le Président.
M. GARNEAU: Cette étude devait être payée à
même des crédits de l'ODEQ, mais une révision
détaillée a montré que l'ODEQ ne pouvait pas fournir les
fonds et nous procédons par budget supplémentaire.
Il s'agit, au niveau de l'emploi d'ouvriers, de $10,500;
d'étudiants, de $2,000. Il y a eu $500 de temps supplémentaire.
Les services de transport et de communications...
M. CHARRON: Oui, oui. Mais le ministre veut-il répéter le
titre du programme?
M. GARNEAU: Etude sur des peupliers visant à développer un
hybride à croissance rapide.
M. CHARRON: Si je comprends bien ce que cela veut dire, sans être
aussi spécialiste que mon collègue de Saguenay dans les terres et
forêts, c'est pour faire croître plus rapidement une certaine
catégorie d'arbres?
M. GARNEAU: C'est cela.
M. CHARRON: Mais pourquoi ce program- me-là ne figure-t-il pas
aux Affaires municipales où l'honorable ministre s'occupe de planter des
arbres à Montréal pendant qu'un autre s'occupe de les
abattre?
M. GARNEAU: C'est justement pour cela qu'on veut avoir des arbres qui
poussent vite.
M. CHARRON: Ah, voilà! Comme cela, le ministre n'a pas
été complètement abandonné par le cabinet?
M. GARNEAU: Non.
M. CHARRON: II y avait aussi le ministre des Terres et Forêts qui
s'occupait de replanter les arbres par en arrière. Est-ce que le
ministre des Finances est au courant que le maire de Montréal s'est
trouvé une façon originale de contrecarrer la crise de
l'énergie? Devant la difficulté d'obtenir l'huile à
chauffage, il recommande aux Québécois de chauffer au bois sur
l'île de Montréal. Il est en train de nous en fournir pour
à peu près le reste de l'année.
M. GARNEAU: De l'orme vert.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Les crédits supplémentaires
du ministère des Terres et Forêts sont adoptés.
M. GARNEAU: M. le Président, il est minuit moins une minute.
M. BOURASSA: On peut en faire un autre, peut-être.
M. CHARRON: II n'y a pas consentement unanime.
M. LAMONTAGNE (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que votre commission plénière n'a pas terminé
l'étude des crédits supplémentaires pour 1973/74 et
qu'elle demande la permission de siéger à nouveau.
LE PRESIDENT: Quand siégera-t-elle? Prochaine séance.
M. CHARRON: C'est parce qu'il y avait des subventions
irrégulières qui ont occupé l'attention de
l'Opposition.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain, dix heures.
M. BOURASSA: Dix heures, demain matin.
LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à demain,
dix heures.
(Fin de la séance à 0 h 1 )
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