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(Quinze heures huit minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
QUESTIONS DES DEPUTES
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
Politique énergétique
M.MORIN: M. le Président, j'aurais une question pour le ministre
des Richesses naturelles, à la suite de son exposé devant la
Chambre de commerce de Montréal, hier. Le ministre a
déclaré "qu'il n'était pas question que les provinces
cèdent au gouvernement fédéral, de façon
permanente, leurs pouvoirs constitutionnels sur les diverses formes
d'énergie". Mes questions sont les suivantes: 1) Le Québec est-il
donc prêt à céder sa compétence, ses pouvoirs de
manière provisoire? 2) En particulier, le gouvernement est-il
disposé à accepter qu'Ottawa répartisse, fût-ce
provisoirement, les formes d'énergie, y compris
l'électricité, et en réglemente le prix? 3) Si les autres
provinces acceptent les pleins pouvoirs d'Ottawa que le ministre a
dénoncés, que fera le gouvernement du Québec?
Enfin, une dernière question: le ministre trouve-t-il normal
qu'après avoir évité les questions de l'Opposition, depuis
deux semaines, sur ces questions énergétiques il aille
révéler la politique gouvernementale en dehors de la Chambre
devant une chambre de commerce?
M. MASSE: M. le Président, je ne pense pas avoir
évité de répondre aux questions de l'Opposition depuis
l'ouverture de cette Chambre. Ce n'est pas une politique qui a
été annoncée hier, mais davantage une description de la
situation telle que vue par le Québec. Il n'est pas question, dans le
projet de loi déposé par mon collègue, M. Macdonald, lundi
à Ottawa, d'inclure dans les règlements les répartitions
des volumes d'électricité, ni de toucher aux prix, à ce
que je sache.
Les intérêts du Québec ne sont pas
nécessairement contradictoires avec les intérêts canadiens
et une politique canadienne dans le secteur de l'énergie ne veut pas
nécessairement dire contre les intérêts des consommateurs
québécois. Si à cause d'une situation d'urgence qui
pourrait survenir au cours de l'hiver, le gouvernement fédéral
devait se servir de sa loi, devait restreindre d'une façon obligatoire
la consommation, je pense qu'il est dans l'intérêt de l'ensemble
des consommateurs canadiens et québécois de donner notre appui au
gouvernement fédéral.
M.LESSARD: M. le Président, dans cette optique, est-ce que le
ministre pourrait nous dire, étant donné qu'il a laissé
entendre que le Québec pouvait mieux se débrouiller seul qu'avec
le gouvernement fédéral, s'il est d'accord sur la construction
d'un oléoduc entre Sarnia et Montréal? Deuxièmement,
est-ce que le ministre pourrait nous dire quand la décision de confier
à SOQUIP le droit de négocier avec les pays arabes a-t-elle
été prise au cabinet? Quel est le mandat précis de SOQUIP?
C'est-à-dire, est-ce que la Société
québécoise d'initiatives pétrolières a reçu
comme mandat de négocier avec les pays arabes pour obtenir un
approvisionnement de pétrole qui sera raffiné par les compagnies
multinationales, ou est-ce que SOQUIP a reçu aussi le mandat, non
seulement de faire l'importation du pétrole, mais de raffiner
elle-même son pétrole et d'en faire la distribution?
M. MASSE: Le mandat donné à SOQUIP, M. le
Président, se limite à l'approvisionnement à court et
à long terme. Il n'y a pas de mandat précis donné à
SOQUIP, actuellement, quoique c'est une préoccupation du
ministère des Richesses naturelles concernant le secteur témoin
dont on parle depuis un an. SOQUIP a reçu le mandat de rencontrer, non
seulement les pays arabes, mais également toute société
pétrolière d'Etat des pays producteurs pour voir si, à
court terme, du pétrole disponible pourrait être acheminé
au Québec advenant une coupure à nos approvisionnements de la
part d'autres pays, et de négocier, si possible, des contrats
d'approvisionnement à long terme, comme les discussions que le
ministère des Richesses naturelles a déjà entreprises avec
la Société Petromines entre autres.
M. LESSARD: Une question additionnelle, M. le Président.
S'il arrivait que des contrats d'approvisionnement soient
acceptés à la fois par les pays arabes et par la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières, est-ce qu'au cabinet on a discuté de la
possibilité de faire raffiner ce pétrole et de le faire
distribuer par la Société québécoise d'initiatives
pétrolières en relation naturellement avec une raffinerie ou en
négociant un accord avec une raffinerie?
M. MASSE: Oui, M. le Président, cela a été
discuté au gouvernement.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre accepterait de déposer
il s'agit d'un arrêté ministériel
l'arrêté ministériel concernant justement le mandat
confié à SOQUIP?
M. MASSE: Non, M. le Président. Je pense qu'il ne serait pas dans
l'intérêt public de le faire maintenant.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
Vente du Soleil
M. CHARRON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
responsable du dossier de la vente du Soleil à Power Corporation. Je
voudrais demander au ministre responsable s'il a l'intention de prolonger le
moratoire au moins jusqu'à ce qu'une séance de la commission
parlementaire de la liberté de presse ait eu l'occasion d'entendre les
parties, comme lui-même en a été chargé par le
premier ministre dernièrement.
M. LALONDE: M. le Président, quant au délai, aucune
décision n'a encore été prise étant donné
que la décision dépendra de la situation au moment de la fin du
moratoire. Quant à la deuxième partie de la question, à
savoir si la commission parlementaire concernant la liberté de la presse
devrait être entendue, je crois que le leader parlementaire a
répondu à cette question vendredi dernier.
M. CHARRON: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que
le ministre responsable du dossier a fait parvenir au leader du gouvernement
une demande selon laquelle il l'informerait qu'il croit nécessaire, pour
la bonne conduite du dossier dont il a été nommé
responsable, que la commission parlementaire de la liberté de la presse
soit convoquée avant la fin du moratoire?
M. BOURASSA: M. le Président, si je peux répondre au
député, le député devrait savoir que la
Fédération des journalistes elle-même a dit qu'une telle
convocation n'apporterait pas de résultat utile.
M. CHARRON: Depuis combien de temps le premier ministre s'occupe-t-il
des demandes de la Fédération des journalistes du Québec?
Je l'ai vu tellement de fois refuser les demandes de cette
fédération que, pour une fois, il en soulève une...
M. BOURASSA: Mais quand, pour une fois,...
M. CHARRON: De toute façon, M. le Président,...
M. BOURASSA: ... la demande est justifiée.
M. CHARRON: ... je voulais avoir une réponse intelligente et
c'est au ministre responsable du dossier que j'avais posé la question et
c'est donc de lui que j'attends aussi une nouvelle réponse. Depuis qu'il
est responsable du dossier, le ministre a-t-il rencontré, à son
avis, tous les intéressés à la question, y compris ceux
qui préconisent la formule coopérative? Elle était
là ma question. Le leader du gouvernement est peut-être dur
d'oreille mais elle était sous forme de question.
M. LALONDE: M. le Président, je ne crois pas avoir encore fait le
tour de toute la question, c'est-à-dire avoir réussi à
rencontrer toutes les parties, toutes les personnes ou les institutions qui
seraient intéressées à cette question. C'est pour cela que
j'ai expliqué tantôt, lors de ma première réponse,
que la décision n'a pas encore été prise quant à la
question du moratoire, ni quant à la question de la convocation de la
commission parlementaire sur la liberté de la presse.
M. CHARRON: Une dernière question additionnelle, M. le
Président. Est-ce votre intention de convoquer ceux qui
préconisent l'utilisation de la formule coopérative, avant la fin
du moratoire, pour les entendre? Deuxièmement, est-ce que, depuis qu'il
est responsable du dossier, le ministre s'est rendu compte qu'il serait
nécessaire qu'un projet de loi-cadre sur les entreprises de presse au
Québec soit déposé le plus rapidement possible dans le cas
de ces transactions, par exemple?
M. LALONDE: Je pense que le député de Saint-Jacques n'a
pas compris ma réponse. Je n'ai pas dit que je n'avais pas
rencontré les tenants de la formule coopérative. En fait, je les
ai rencontrés, mais je n'ai pas rencontré tous ceux qui seraient
intéressés à cette question.
Quant à la deuxième partie de la question, j'aimerais que
le député de Saint-Jacques me la répète.
M. CHARRON: J'ai demandé au ministre, M. le Président, si,
depuis qu'il est responsable du dossier il en est à ses
premières armes il s'est rendu compte qu'il serait avantageux
pour le Québec d'avoir une loi-cadre sur les entreprises de presse, dans
le cas de ces transactions.
M. LALONDE: Non, pas encore, M. le Président. Je
répète, pour la troisième fois, qu'il est trop tôt
pour que je me prononce là-dessus. Lorsque la question aura
été examinée et que les documents et les rapports qui ont
été faits, à ce jour, auront été
complètement examinés, étudiés, nous serons en
mesure de faire les recommandations nécessaires.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Candidats libéraux défaits
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable premier ministre. Est-ce que le premier ministre peut nous dire
si...
M. BOURASSA: II n'a pas peur de me poser des questions, lui!
M. SAMSON: Cela ne veut pas dire que je m'attends à une bonne
réponse !
Est-ce que le premier ministre peut nous dire si le gouvernement a
conféré un statut spécial à tous les candidats
défaits du Parti libéral même s'ils ne sont pas
nombreux aux dernières élections? Si ce n'est pas à
tous, est-ce que le gouvernement a conféré un statut
spécial à quelques-uns d'entre eux?
M. BOURASSA: Je ne sais pas, M. le Président, quelle est la
définition du statut spécial. Est-ce que le député
de Rouyn-Noranda réfère au candidat libéral qui l'a
presque battu, à la dernière élection, dans son
comté?
M. SAMSON: M. le Président, je réfère au candidat
libéral qui, même avec beaucoup d'argent, n'a pas réussi
à me battre dans mon comté, à la dernière
élection.
Je voudrais poser une question supplémentaire. Puisqu'il semble
que le premier ministre ne veut pas donner une réponse là-dessus,
est-ce qu'il a, oui ou non, conféré un statut quelconque à
des candidats défaits?
M. BOURASSA: Non. J'ai eu l'occasion, après la dernière
élection, en 1970, de répondre à ce genre de questions de
la part des députés créditistes et la position du
gouvernement n'est pas changée.
M. SAMSON: Puisque le premier ministre me dit que la position du
gouvernement n'est pas changée, s'il me demande de me
référer à des questions posées en 1970, cela
veut-il dire, suivant la réponse que j'ai eue, que le premier ministre
si je comprends bien n'a conféré aucun statut aux
candidats défaits? C'est ça que vous voulez me dire. Dites-le
directement, ça m'intéresse.
M. BOURASSA: C'est ce que j'ai dit en 1970.
M. SAMSON: C'est ça que vous avez dit. Alors, est-ce que le
premier ministre accepterait de me dire s'il a été porté
à son attention que le candidat libéral défait dans le
comté de Rouyn-Noranda, M. Henri Miljour, a eu l'autorisation du
gouvernement à l'occasion d'une émission spéciale
télévisée pour annoncer, au nom du gouvernement, des
octrois, des travaux et pour déclarer qu'il avait rencontré le
conseil de la ville de Duparquet pour faire reconnaître son statut de
candidat libéral défait?
M. BOURASSA: Je vois que le candidat libéral pense
déjà à la prochaine élection, en 1977. Je vais
m'informer sur la situation qu'a évoquée le chef parlementaire
du moins jusqu'à la fin de semaine du Parti
créditiste.
M. LEGER: Les derniers mille jours du gouvernement Bourassa.
M. SAMSON: Question supplémentaire. Est-ce que le premier
ministre peut nous dire si lui, ou quelqu'un du gouvernement, a donné
des directives à des hauts fonctionnaires afin que le candidat
libéral défait reçoive des copies de ces subventions
accordées par les différents ministères avant même
que le député élu par la population dans le comté
de Rouyn-Noranda en ait eu connaissance ou ait reçu de telles
copies?
M. BOURASSA: Non.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
Conflits de travail
M. BURNS: Ma question s'adresse au ministre du Travail, et concerne un
certain nombre de conflits de travail qui, à mon humble avis,
s'éternisent actuellement. Je peux en citer quelques-uns simplement pour
au sens du règlement situer la question. Je ne peux citer
que les cas, par exemple, du foyer des Hauteurs, près de deux ans;
Canadian Gypsum, près de neuf mois; Pollack, un an et trois mois; le
Pavillon Saint-Dominique, un an et neuf mois; Seven-Up, un an et quatre mois;
Marsoui, etc. On pourrait continuer la liste.
Il y a également, depuis un certain temps, un certain nombre de
lock-out qui s'installent. J'en cite deux cas. Acton Vale et les abattoirs de
Victoriaville. Il y a un commun dénominateur et c'est le
préambule que je veux faire, M. le Président
d'ailleurs...
LE PRESIDENT: II est un peu long, votre préambule.
M. BURNS: M. le Président, je vous réfère au
premier paragraphe de l'article 168 qui me dit que je ne dois pas faire un
préambule inutile.
Mais, c'est un préambule qui, je pense, est utile pour le
ministre. Il y a un commun dénominateur à tous ces conflits:
c'est qu'il semble y avoir partout la présence de briseurs de
grève, sauf erreur, ce qu'on appelle, dans le milieu syndical, des
"scabs". Le ministre, c'est également dans mon préambule, a
déjà promis j'admets qu'il était coincé
lorsqu'il l'a fait...
LE PRESIDENT: A l'ordre! M. BURNS: ... a promis...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je reconnais
l'habileté habituelle du député de Maisonneuve. Il m'a
cité le premier paragraphe mais je vais vous citer le deuxième:
Est irrecevable une question "qui contient une hypothèse, une expression
d'opinion, une déduction, une suggestion ou une imputation de motifs."
Je pense bien que votre préambule, jusqu'à maintenant, est
amplement suffisant pour rendre votre question intelligente et
intelligible.
M. BURNS: M. le Président, j'admets que vous acceptiez que mon
préambule n'était pas inutile, c'est pour ça que je vous
citais le premier...
LE PRESIDENT: A condition qu'il soit terminé.
M. BURNS: D'accord, il est terminé. Je voulais tout simplement,
M. le Président, poser la question suivante au ministre: Est-ce que
devant cette situation, devant le fait qu'il s'est fait jusqu'à un
certain point coincer à une occasion pour déclarer qu'il y aurait
une loi anti-scabs, des démarches ont été faites de la
part du ministre soit auprès du Conseil consultatif du travail, soit
auprès du conseil des ministres pour qu'un projet de loi soit soumis
dès cette session-ci relativement aux briseurs de grève, un
projet de loi anti-briseurs de grève? Première partie de ma
question. Deuxièmement, quelle est l'action à vol d'oiseau du
ministère dans ces conflits qui deviennent inquiétants à
cause de leur durée?
M. COURNOYER: D'abord, je dois dire que le préambule du
député de Maisonneuve était exact, sauf sur un point en
particulier ; apparemment, Pollack, c'est réglé depuis
déjà un certain temps, peut-être deux semaines. Pollack en
particulier, juste...
M. BURNS: Je le citais comme un des cas qui ont duré.
M. COURNOYER: Moi je voulais vous citer que, parmi ceux que vous
mentionnez celui-là était réglé. Il y a aussi le
fait que dans le cas de la Canadian Gypsum, en particulier, vous avez
mentionné l'utilisation de scabs à Joliette, la Canadian
Gypsum est fermée depuis déjà un certain temps, sans
scabs, c'est-à-dire que nous avons obtenu après des discussions
avec la compagnie qu'elle n'ouvre pas ses portes. Je remarque cependant que la
compagnie a fait des démarches auprès de la ville de Joliette
pour obtenir que la police protège les gens...
M. BURNS: Ouais!
M. COURNOYER: ... ce que, semble-t-il, la ville de Joliette aurait
refusé de faire étant donné que les policiers ne sont pas
là pour protéger chacun des citoyens individuellement mais
collectivement.
Dans le cas du Pavillon Saint-Dominique, vous allez me permettre de
déclarer "sub episcopalis", étant donné qu'il s'agit d'une
préoccupation majeure du cardinal de cette région.
Etant donné qu'il a pris ma place, je lui laisse volontiers le
soin de régler le problème des Soeurs dominicaines. Je ne suis
pas capable de le régler moi-même, après bien des
tentatives. Dans le cas de Seven-Up, je dois avouer que rien n'a
été fait et que rien n'est envisagé, pour le moment, de la
part du ministère dans ce domaine particulier.
Dans le cas de Canadian Gypsum, même si au moins une des parties
des entreprises Canadian Gypsum, celle de Joliette, n'est pas ouverte,
c'est-à-dire qu'elle ne fonctionne pas au moment où je vous parle
avec des "scabs", il est clair qu'hier après-midi il y a eu rencontre en
présence du conciliateur du ministère du Travail, qui a
été convoquée par lui, d'ailleurs.
Dans le cas de Firestone, où il n'y a pas un seul "scab", que je
sache, c'est fermé totalement.
M. BURNS: Je n'en ai pas parlé.
M. COURNOYER: Dans le cas du foyer des Hauteurs, j'ai vu une convention
signée par le président de la Fédération nationale
des services et le syndicat des employés du foyer des Hauteurs. J'avais
été laissé sous l'impression que ce problème du
foyer des Hauteurs avait été réglé, puisqu'on m'a
montré une convention signée, mais on me dit que, ce matin, il y
a une occupation. Je vais donc m'en quérir auprès des
fonctionnaires de mon ministère sur la nature des difficultés. Il
est possible que ce soit le propriétaire, comme il est possible aussi
que ce soit un manque de correspondance ou de compréhension entre la
Fédération nationale des services, qui a signé la
convention, le syndicat des employés du foyer des Hauteurs qui l'a
signée et les employés qui l'ont refusée, comme
c'était probablement leur droit de le faire. Mais vous allez comprendre
que j'étais laissé sous l'impression, jusqu'ici, que ce
problème-là était réglé.
Est-ce qu'il y en a d'autres? Quant à la loi "anti-scabs",
d'abord, je vais vous dire que je n'étais pas coincé, pas une
"sacré miette". J'ai dû répondre. Bien sûr, il y
avait du monde dans mon bureau et il faisait chaud en désespoir. Il
faisait chaud pour eux aussi, pas seulement pour moi. Il faisait
énormément chaud et puis je n'ai pas un iota à retirer de
ce que j'ai dit ce soir-là: Je ne peux pas tolérer qu'au
Québec ou ailleurs on crée délibérément des
situations qui permettent à des grèves de se prolonger
davantage.
Encore, si c'était seulement sur un côté, je
l'accepterais. J'ai dit, à toutes fins utiles, à ceux qui
étaient devant moi à ce moment-là qu'il n'y avait pas
d'autres moyens que de modifier la loi.
Vous me demandez si j'avais l'intention de
consulter le Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre sur
ce sujet en particulier?
M. BURNS: Si vous l'avez fait.
M. COURNOYER: Je réponds: Oui, j'ai l'intention de le consulter,
mais sur le projet de loi que le ministre a écrit, même s'il
s'agissait d'une chose qui aurait pu formellement être écrite par
les fonctionnaires. Comme ça semblait extrêmement difficile, j'ai
décidé de l'écrire moi-même, puis de tester
auprès du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
l'opérationnali-sation possible des élucubrations mentales du
ministre en présence d'un groupe de personnes.
M. BURNS: M. le Président, sous forme de question additionnelle,
je rappelle tout simplement au ministre qu'il n'a pas répondu à
une de mes questions, à savoir: Est-ce que le conseil des ministres,
lui, a été saisi? On me dit que le Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre a été saisi, mais est-ce que le conseil
des ministres a été saisi du projet de loi "anti-scabs" du
ministre?
M. COURNOYER: Non, le conseil des ministres n'a pas été
saisi encore du projet de loi "anti-scabs" quoique le premier ministre, dans
son optique habituelle, n'a pas cru bon de dénoncer l'attitude que j'ai
prise ce soir-là. Je ne doute donc aucunement que le premier ministre,
quand je fais des déclarations de cet ordre, soit d'accord avec moi,
parce que quand il a quelque chose à me dire, il me le dit royalement.
Là, il ne me l'a pas dit; l'affaire est correcte dans ce coin-là.
J'imagine que quand je me présenterai au conseil des ministres, ce sera
une question de détails. Je vais le faire.
M. BURNS: Quand le ministre a-t-il l'intention de soumettre cela au
conseil des ministres?
M. COURNOYER: Je vais vous dire, M. Burns, pardon, M. le
député de Maisonneuve il ne faut pas dire cela ici,
apparemment que quand sera venu le temps de le faire, je vais le
faire.
M. BURNS: Question additionnelle. LE PRESIDENT: Dernière.
M. BURNS: D'ailleurs, M. le Président, je vous souligne le sens
de mon préambule. Là, le ministre vient juste d'y donner un sens;
il n'était pas inutile, mon préambule. Est-ce que le ministre ne
trouve pas qu'il y a suffisamment de conflits qui ont duré pour que
ça devienne le temps de le soumettre au conseil des ministres? Pas dans
deux ans comme il l'a fait dans un tas d'autres affaires...
M. COURNOYER: II faudrait que le ministre je vais vous le dire
soit convaincu...
M. BURNS: ... où il a attendu que la situation pourisse.
M. COURNOYER: ... que ce n'est qu'à cause des "scabs" que les
grèves durent longtemps comme cela.
M. BURNS: II faudrait que le ministre fasse l'examen de certaines de ces
grèves pour le savoir.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. COURNOYER: Je les ai faits, les examens.
LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Portneuf.
M. LEGER: M. le Président...
LE PRESIDENT: Vous êtes le suivant.
M. LEGER: Ah! ce n'est pas le temps de le faire?
LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
Foyers nourriciers
M. PAGE: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Affaires sociales. J'aimerais savoir, faisant suite
aux nouveaux tarifs émis par le ministère des Affaires sociales
concernant les foyers nourriciers, lesquels tarifs semblent, dans certains cas,
avoir suscité du mécontentement dans certains cas
seulement, dis-je bien si l'honorable ministre entend rencontrer les
représentants de ces foyers nourriciers ou s'il entend réviser
les barèmes fournis par le ministère.
M. FORGET: M. le Président, j'aimerais corriger une impression
qui a été créée par cette question. On fait
référence à une annonce faite par mon
prédécesseur de l'intention de majorer les taux versés aux
foyers nourriciers. Les indications qui accompagnaient cette annonce ont
suscité des représentations de la part de certains groupes. Ces
représentations ont donné lieu à une
reconsidération des taux envisagés, à la suite de quoi
j'ai rencontré personnellement des groupes qui avaient fait ces
représentations de manière à les pressentir sur certaines
des réorientations que nous envisagions dans les taux prévus
devant s'appliquer en 1974.
Aucun taux n'a été officiellement annoncé comme
devant s'appliquer aux foyers nourriciers mais j'ai bonne confiance qu'à
la suite des représentations faites et des ajustements qui seront
apportés au taux envisagé pour l'an prochain la situation va
pouvoir se résoudre à la satisfaction de tous.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Bisson transport
M. LEGER: M. le Président, j'aurais aimé poser ma question
immédiatement après le député, parce qu'on venait
de dire: Le temps venu de le faire, on le fera. Alors ma question s'adresse au
ministre des Affaires municipales. Lors de l'achat de Bisson Transport par la
Commission de transport de la communauté régionale de
l'Outaouais, l'ancien ministre des Affaires municipales, M. Tessier, avait
promis une subvention de $1 million pour aider la commission à acheter
cette maison. On sait que le conseil de la Communauté régionale
de l'Outaouais a refusé d'adopter le budget que la commission de
transport avait proposé parce que le gouvernement n'a pas tenu cette
promesse. Est-ce que le ministre peut dire, comme son voisin, que c'est le
temps de le faire, de remplir cette promesse pour aider la commission de
transport à combler un déficit budgétaire de $1 million
aussi, en plus du montant de $1 million qu'ils auront à débourser
pour l'achat de la firme?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je suis certain que l'honorable
député de Lafontaine me permettra de faire enquête dans ce
dossier et de lui répondre d'ici un jour ou deux. Je ne voudrais pas me
prononcer sur les détails. Je ne suis pas au courant de la nature de
l'engagement que le député de Lafontaine dit avoir
été accepté par mon prédécesseur. Je
voudrais vérifier avant de lui répondre.
M. LEGER: Juste une question d'information: c'est une promesse faite
précisément à la commission de transport. J'espère
que le maire de cette communauté urbaine ne sera pas trop vorace.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Transport régional du Haut Saguenay
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports. Le ministre peut-il nous dire si, par
arrêté en conseil ou autrement, son ministère a
versé ou va verser incessamment une subvention à la compagnie de
transport régional du Haut Saguenay?
M. MAILLOUX: M. le Président, je prends avis de la question; je
ne suis pas au courant.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pardon? UNE VOIX: II prend avis de la
question.
Centrales nucléaires
LE PRESIDENT: Dernière question. Le chef de l'Opposition
officielle.
M. MORIN: M. le Président, l'autre jour, le ministre des
Richesses naturelles a pris avis d'une question que je lui avais posée;
je l'avais d'abord posée au ministre de l'Industrie et du Commerce et
elle a été en quelque sorte refilée au ministre des
Richesses naturelles. Cette question avait trait aux chiffres que nous avions
demandés, il y a un an et demi, concernant les centrales
nucléaires de 750 mégawatts et de 1,000 mégawatts. Le
ministre avait pris avis de la question. Nous n'avons pas eu de réponse
encore.
UNE VOIX: ... les centrales thermiques. M. MORIN: Non,
nucléaires.
M. BOURASSA: C'est parce que vous aviez parlé des centrales
thermiques.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: M. le Président, en réponse à des
questions au feuilleton, j'attire l'attention de l'honorable ami d'en face.
Réponses aux questions au feuilleton.
Article 1, motion pour transformer cette question en motion pour
dépôt de documents.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Article 7...
M. BURNS: Vous avez transformé la question en motion pour
dépôt, mais je n'ai pas vu un ministre déposer la
réponse.
M. LEVESQUE: Le ministre... M. BURNS: C'est fait?
M. LEVESQUE: ... des Transports a fait le dépôt.
M. BURNS: D'accord.
M. LEVESQUE: Article 7, question de M. Roy, réponse de M.
Mailloux.
M. MAILLOUX: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 10, question de M. Roy, réponse de M.
Cournoyer.
Pour M. Cournoyer, lu et répondu. (voir annexe)
Article 12, question de M. Roy, réponse de M.
Lévesque.
Lu et répondu. (voir annexe)
Article 19...
M.BOURASSA: On est efficace! On est efficace!
Des prix de consolation !
M. LEVESQUE: ... question de M. Roy, réponse de M. Mailloux.
M. MAILLOUX: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article 46, M. le Président.
Reprise du débat sur le message
inaugural
LE PRESIDENT: L'honorable ministre responsable de l'ODEQ.
M. Robert Quenneville
M. QUENNEVILLE: M. le Président, c'est devenu un lieu commun de
vous offrir des félicitations à l'occasion de votre nomination
comme président de l'Assemblée nationale tellement ont
été évidentes toutes les qualités dont vous avez
fait preuve durant votre premier mandat. Cette évidence s'est accrue
lors de votre nomination comme président de l'Assemblée nationale
compte tenu d'un incident. En effet, tel l'artiste peintre qui ajoute, à
l'occasion, une ombre à son tableau pour donner du relief au sujet
principal, le Parti québécois a apporté une ombre en
suggérant le nom du député de Saguenay au poste de
président de l'Assemblée nationale. Aux députés
élus, aux nouveaux membres de l'Assemblée nationale, en
particulier à l'honorable député de Bourassa, j'offre mes
plus sincères félicitations et l'assurance de ma
collaboration.
J'ai choisi entre tous les sujets abordés dans le discours
inaugural de vous dire quelques mots sur le développement
régional. Mais avant de procéder, vous me permettrez d'apporter
une correction à des chiffres exagérés que nous servait le
député de Saint-Jacques hier soir dans une
énumération euphorique des pourcentages du vote péquiste
dans les différentes régions.
Le député de Saint-Jacques a mentionné un taux de
30 p.c. de vote péquiste en Gaspésie alors que la
réalité aurait situé ce chiffre à 24.7 p.c. Ce
même chiffre plutôt correspond sensiblement au taux de diminution
du nombre des bénéficiaires d'aide sociale en Gaspésie
depuis les 18 derniers mois.
Ceci étant dit, il y a déjà nombre d'années
que l'on entend parler de développement régio- nal. Ce
développement, il a d'abord voulu s'adresser aux agriculteurs et
pêcheurs marginaux, en milieu rural. Cette lutte à la
pauvreté s'accompagnait en milieu urbain d'une politique de
décentralisation industrielle pour aider les petites et moyennes
municipalités en y implantant des usines qu'on détournait de
Montréal et des autres grands centres industriels.
Puis, ce concept du développement régional s'est
élargi. On a voulu alors tenir compte des vocations spécifiques
de chaque région, de leurs ressources particulières en richesses
naturelles et en capital humain, de leurs possibilités d'avenir. C'est
alors que se sont élaborés les plans régionaux
d'aménagement qui devaient toujours tenir compte du développement
harmonieux et progressif de l'ensemble du territoire du Québec.
L'élaboration de la carte des régions administratives du
Québec, par le conseil d'orientation économique et le
ministère de l'Industrie et du Commerce, la présentation du
rapport du BAEQ ont fait surgir, depuis 1968, des travaux de planification
régionale et ont mis en oeuvre des programmes spécifiques de
développement pour chaque région.
C'est ainsi que l'on a pu constater le travail qui s'est accompli dans
chacune des régions du Québec pour l'ensemble du territoire
régional, ou pour un projet particulier dans l'élaboration de
programmes régionaux d'aménagement du territoire.
Je veux signaler ici, M. le Président, le travail sérieux
et efficace accompli par les conseils régionaux de développement
dans l'élaboration de programmes d'aménagement. Selon les
régions et selon les budgets disponibles, les CRD ont
déployé une activité plus ou moins intense mais chacun a
abattu une besogne utile. Formés des représentants des organismes
socio-économiques, mouvements et corps publics, les CRD sont, depuis
1972, les interlocuteurs privilégiés de l'OPDQ en matière
de planification et de développement dans leurs régions
respectives. Je dois ajouter que jamais un gouvernement n'a été
aussi attentif que le gouvernement actuel aux requêtes comme aux
remarques que lui ont adressées les organismes mandatés par la
population.
Je crois que c'est le sens de la démocratie, ce respect du public
qui a fait que le gouvernement a reçu, le 29 octobre, un mandat aussi
clair et aussi net du peuple. Or, voilà que certains politiciens plus
pressés, certains représentants d'organismes, avant même
d'avoir exploité à fond toutes les possibilités de la
déconcentration administrative mise en pratique dans certaines
régions du Québec, voudraient vivre, tout de go,
l'expérience du gouvernement régional.
Personnellement, j'exprime l'opinion que nous n'en sommes pas rendus
à ce point et que l'OPDQ, sous la responsabilité du conseil
exécutif, doit garder le contrôle du développement
régional conservant des relations étroites avec
les organismes en place qui oeuvrent dans le même domaine et qui
sont appelés à donner leur avis, un avis qui, comme je viens de
l'affirmer, est écouté avec beaucoup d'attention et dans le
meilleur esprit de collaboration.
Dans quelques années peut-être, le gouvernement
régional pourra être une étape dans le développement
du Québec.
Si l'on veut maintenir le principe d'un gouvernement responsable, tel
que le nôtre, comme base de notre démocratie, il faudra
établir ces modalités plus démocratiques du choix de ces
membres des organismes socio-économiques qui feront partie du
gouvernement régional. Pour moi, ce serait la quintessence du
séparatisme que ce gouvernement régional qui pourrait un jour
s'élever contre le gouvernement central du Québec.
Je m'inscris en faux contre cette conception de créer au
Québec dix petits gouvernements régionaux sous le gouvernement
provincial. Il est préférable de continuer l'expérience
actuelle qui a donné des résultats valables, d'exploiter à
fond les possibilités des CRD, de faire produire efficacement les
organismes socio-économiques qui en font partie, de mousser l'action des
agents de développement qui oeuvrent dans une même région,
avant de penser à chambarder tout l'appareil administratif des
municipalités.
M. MORIN: C'est la fin du fédéralisme, ça.
M. QUENNEVILLE: J'admets qu'on peut apporter des correctifs à
certaines situations particulières, mais il est important que ces
changements s'effectuent non par des gestes d'autorité du gouvernement,
mais par un consentement volontaire et réfléchi de la population
en cause.
Je crois que le gouvernement actuel a prouvé qu'il croit à
la participation du peuple, à la collaboration de tous les groupes.
C'est cette manière d'agir, ce vouloir collectif qui, s'étant
manifesté d'une manière non équivoque le 29 octobre,
permettra au gouvernement, selon les termes du discours inaugural, de
réaliser un modèle de développement du Québec
axé sur les réalités et les besoins de notre
société.
Le développement du Québec doit donc se faire, tout en
respectant les objectifs régionaux, sur le plan de l'industrie, dans le
domaine de ses ressources, y compris l'agriculture et le tourisme dans le
domaine des services, afin d'assurer au citoyen une amélioration de sa
qualité de vie.
Il importe donc de continuer les négociations avec le
gouvernement canadien pour accroître l'efficacité des politiques
de développement régional. Je répète que
l'expérience de l'ODEQ dans le Bas-Saint-Laurent s'avère une
preuve de la rentabilité possible du fédéralisme et que
les ententes Canada-Québec pourraient être conclues en faveur
d'autres régions.
Cette collaboration réaliste, l'apport des citoyens du
Québec au travail des organismes socio-économiques, les efforts
efficaces des CRD, tout cela joint à l'action énergique du
gouvernement sera en mesure d'assurer le développement harmonieux de
l'ensemble du Québec. Merci, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'honorable député de
Shefford.
M. Richard Verreault
M. VERREAULT: M. le Président, mes honorables collègues
vous ont exprimé leurs félicitations à l'occasion de votre
élection à la présidence de cette Assemblée. Non
pas que je veuille déroger aux marques de respect que l'on attribue,
avec raison, à vos importantes fonctions, mais je veux que ce respect
que je porte à votre endroit soit partagé par tous mes
collègues de l'Assemblée nationale.
Au cours des quatre prochaines années, nous devrons collaborer
ensemble, légiférer ensemble, et mettre en commun nos efforts et
nos talents pour réaliser un Québec fort et socialement
humain.
Loin de moi l'idée de vouloir prétendre que je serai la
lumière de cette enceinte, mais permettez-moi de vous offrir mon humble
lanterne qui est alimentée par ma volonté sincère de bien
servir mes commettants du comté de Shefford que j'ai l'honneur de
représenter ici même.
Je ne crois pas aux déclarations fracassantes et inutiles. A
titre de membre de l'équipe ministérielle, je m'appliquerai
à accepter et à comprendre le rôle de l'Opposition dans
notre système démocratique, tout en exerçant mes fonctions
de partager avec mes collègues du parti au pouvoir la tâche
très importante de favoriser le bien commun du Québec.
Je m'en voudrais, cependant, de ne pas remercier d'une façon
très particulière les gens du comté de Shefford qui m'ont
accordé une magnifique marque de confiance lors des dernières
élections générales. Dans toutes la mesure de mes
capacités, je m'efforcerai d'être à la hauteur des
importantes responsabilités que j'assumerai, en y offrant le meilleur de
moi-même.
H y a près de 20 ans qu'un représentant du Parti
libéral n'a pas eu l'honneur et le privilège de prendre place
dans cette Assemblée, au nom du comté de Shefford. Les gens du
comté de Shefford, sans égard à leur allégeance
politique, pourront compter sur moi dans toutes les circonstances utiles.
Comme nouveau représentant de Shefford et comme tous mes
collègues, je veux apporter de nouveaux moyens et des structures
appropriées à l'évolution de notre monde actuel.
Le comté de Shefford a subi des changements importants à
cause de la nouvelle carte électorale. C'est presque essentiellement un
comté urbain qui conserve encore des municipa-
lités à vocation rurale. Shefford compte environ 32,000
électeurs dont 90 p.c. des gens vivent en milieu urbain; le reste
constitue un secteur agricole prospère. On y compte neuf
municipalités dont Granby est considérée, à juste
titre, la capitale économique et touristique de notre région.
Ceci m'amène donc à commenter le discours inaugural
prononcé lors de l'ouverture de la 30e Législature.
Différents points ont suscité mon attention et, par
conséquent, je me propose d'élaborer succinctement.
En premier lieu, nous savons que le problème majeur qui confronte
la majorité des électeurs de mon comté comme ceux de la
région des Cantons de l'Est, est le développement
économique et industriel. Le taux de chômage depuis 1970,
grâce au travail efficace de l'honorable premier ministre et de mes
collègues libéraux, est actuellement à son plus bas niveau
parmi les pays les plus industrialisés au monde.
Cependant, la moyenne des salaires est relativement peu
élevée parce que les ouvriers de mon comté, notamment de
Granby et Waterloo, détiennent des emplois dans des usines dont la
plupart se spécialisent dans la transformation des produits, comme le
textile. Je me propose, M. le Président, de faire
bénéficier cette population qui compte sur une relance
économique et sur l'utilisation rationnelle de nombreux talents que
possèdent les jeunes de mon comté.
Je veux, par ma détermination et mon travail, favoriser au
maximum l'implantation d'industries secondaires et profiter de toutes les
possibilités de mettre en commun nos ressources par
l'intermédiaire de la nouvelle vocation du progrès qui est le
régionalisme. Avec l'aide du gouvernement fédéral, depuis
le 1er juillet 1969, toute la circonscription de mon comté
bénéficie de la reconnaissance de zones désignées
par le ministère fédéral de l'Expansion économique
et régionale et en accord avec le gouvernement du Québec.
Grâce au travail bénéfique de l'équipe
libérale, dirigée par notre premier ministre, le Québec
s'est affirmé et c'est maintenant lui qui assume la
responsabilité de désigner les zones spéciales pour
favoriser la croissance économique industrielle.
Afin de mieux partager ses richesses, le gouvernement du Québec
se doit d'appliquer un programme de décentralisation relativement aux
programmes économiques et industriels. De cette façon, nous
pourrons apporter des solutions efficaces aux disparités
régionales et accorder à tous les citoyens du Québec tous
les services essentiels dans les secteurs suivants: santé,
éducation et loisirs.
Comme je le mentionnais précédemment, le
régionalisme doit s'appliquer dans tous les secteurs et nous savons que
le discours inaugural attache énormément d'importance à la
reconnaissance des régions touristiques dans les endroits les plus
valables de la belle province. Vous n'ignorez pas, sans doute, que Granby offre
des attraits innombrables, non seulement à cause de la beauté de
son environnement naturel, mais aussi par des réalisations
concrètes qui ont été forgées par des citoyens
audacieux et dynamiques. La Société zoologique de Granby a
concrétisé, dans cette ville, la réalisation d'une oeuvre
magnifique qui fait l'envie non seulement de toutes les régions du
Québec, mais de toutes les villes importantes du Canada. Nous
accueillons en effet environ 500,000 visiteurs chaque année, lesquels
apportent une contribution importante à notre vie économique.
D'autre part, l'Association des hôteliers du Québec a
reconnu Granby comme étant la troisième ville gastronomique de
notre province. A cause de ces avantages et de beaucoup d'autres, Granby doit
être considérée comme le foyer naturel de ce centre
touristique.
En troisième lieu, nous attendons depuis fort longtemps que
l'hôpital général de Shefford dispose de locaux et de
services adéquats répondant aux besoins essentiels de notre
population. Nous sommes heureux que le ministère des Affaires sociales
ait enfin approuvé une amélioration sensible par l'adoption d'un
programme en trois phases. Je veux, au nom de mes électeurs, remercier
très sincèrement tous ceux qui se sont penchés sur ce
problème et qui ont apporté une contribution tangible.
En quatrième lieu, M. le Président, le gouvernement du
Québec présentera devant cette Assemblée un projet de loi
qui permettra aux familles de voir augmenter les allocations familiales de $15
à $42 par mois. Cet avantage favorise grandement les familles à
faible revenu dans mon comté, mais je voudrais que l'on se penche
également sur le sort de ceux qui nous ont apporté une
contribution magnifique et qui sont les grands responsables de notre
présent; je parle ainsi des personnes de l'âge d'or de mon
comté. Durant mon mandat, j'aurai sûrement à vous
sensibiliser sur ce problème qui consiste à accorder un foyer
décent à ceux qui méritent notre reconnaissance. La ville
de Granby, à cause de son importance, se doit d'être dotée
d'un nouveau centre d'hébergement et ainsi combler les besoins de
centaines de personnes qui attendent.
A l'ère de l'automatisation, les heures de travail diminueront
graduellement et il faudra combler les heures de loisirs en favorisant une
politique globale dans ce secteur prépondérant.
C'est pourquoi cette Assemblée devra se pencher sur les
problèmes et considérer les aspects suivants: les sports, les
loisirs culturels et les loisirs pour les plus jeunes et les moins jeunes. M.
le Président, pour pallier tous les problèmes sociaux
qu'engendrent l'oisiveté et la solitude, nous devons appuyer
matériellement les organismes municipaux et les nombreux
bénévoles qui dépensent leurs énergies à la
promotion des loisirs et des sports.
M. le Président, nous avons obtenu la reconnaissance officielle
d'un centre d'études collégiales connu sous le nom de CEGEP de
Sher-
brooke, campus de Granby. Je suis conscient que cette heureuse
décision favorise actuellement toute la région. Eventuellement,
nous posséderons les ressources humaines capables de produire un avenir
dynamique et prospère. Cependant, les cours sont dispensés dans
des locaux qui ne répondent pas aux exigences fonctionnelles de la gent
étudiante. Je veux que nos jeunes puissent s'épanouir d'une
manière efficace.
Je préconise, en plus, que nous tous prenions les moyens concrets
qui permettront l'accessibilité du peuple à l'information. Nous
savons qu'à l'heure actuelle le gouvernement a reconnu la
nécessité de faire partager équitablement notre
système judiciaire à toute la population par la création
de l'aide juridique. Il faudrait que tous les citoyens sachent tirer profit des
nombreux avantages qu'offrent les différents ministères de notre
gouvernement au service de ces derniers. Pour ma part, je propose qu'une banque
d'information soit établie dans chacun des comtés de la province
et rende ainsi accessible à tous l'occasion de se renseigner et
d'obtenir l'assistance découlant de leurs besoins. Je tente, avec l'aide
d'une équipe principalement composée de jeunes, une
expérience qui, j'ose espérer, sera fructueuse.
Enfin, je ne voudrais pas terminer sans m'attarder quelques instants sur
un sujet fort discuté, mais qui demande une attention
particulière. Depuis plusieurs années, j'ai collaboré, par
mon travail, aux questions qui relèvent du ministère des
Transports.
Il y a un domaine où je peux parler en toute connaissance de
cause, c'est celui du transport des personnes, qu'il s'agisse du transport
d'écoliers ou d'adultes.
Le transport des personnes est un facteur de première importance
pour assurer le bien-être économique et social de la population du
Québec. Il y a certainement lieu de rechercher les meilleurs moyens afin
de permettre aux entreprises de transport de voyageurs de bien remplir leurs
obligations auprès de la collectivité
québécoise.
Les services interurbains d'autobus au Québec se sont acquis une
place prépondérante pour le transport des voyageurs entre les
différents centres économiques du Québec. Qu'il suffise de
signaler qu'il y a, au Québec, quelque huit cents municipalités
que l'autobus seul dessert. L'entreprise privée, par sa vitalité
et son efficacité, maintient des services de transport répondant
pleinement aux besoins du public voyageur, et ce sans subside public. La
construction des routes, toujours meilleures, par le gouvernement a grandement
contribué à cet essor des services interurbains d'autobus.
Cependant, dans les cités et villes du Québec, le
déplacement des masses soulève des problèmes toujours
grandissants. Nous avons assisté à la formation de commissions
urbaines de transport qui font face à des déficits
énormes.
Il y a, par ailleurs, plusieurs cités et villes où
l'entreprise privée tient encore le coup pour l'organisation des
services locaux d'autobus. Il importe, dans l'intérêt de la
population, d'adopter les mesures nécessaires pour assurer leur
viabilité. Un de ces moyens moyen d'ailleurs prévu dans la
Loi des transports (bill 23) est d'accorder en priorité le
transport scolaire aux services urbains d'autobus. Il s'agit d'une mesure qui
ne coûtera pas cher pour assurer la survie de ces services de transport
en commun. D'ailleurs, le ministre d'Etat au ministère des Transports
déclarait, lors du dernier congrès annuel de l'Association des
propriétaires d'autobus du Québec, qu'il fallait
accélérer l'intégration des transports scolaires aux
réseaux de transport en commun dans tous les centres où cela est
possible.
Dans plusieurs régions peu populeuses du Québec, seul
l'apport des revenus provenant du transport des écoliers et des adultes
peut permettre le maintien d'un service de transport à l'avantage de
toute la communauté.
Pour ce qui est du transport scolaire, en général, il faut
admettre que ce transport a pris une importance capitale dans notre
système d'éducation; il en fait partie intégrante. Il est
essentiel de voir à ce que les écoliers bénéficient
d'un service de transport répondant à des normes de
qualité et de sécurité reconnues. Pour atteindre cet
objectif, il faudra penser à des formules assurant un prix
équitable pour celui qui exploite le service; cette question d'un juste
taux a pris une dimension nouvelle, vu la période inflationniste
où nous vivons.
Relativement à la situation actuelle de crise dans le monde du
pétrole, il peut s'avérer nécessaire d'imposer un
contrôle sur la consommation d'essence.
Lors de sa dernière assemblée, le conseil d'administration
de l'APAQ m'a prié de vous faire part, M. le Président, que si
les autorités en viennent à la conclusion qu'un tel
contrôle devient indispensable, il est dans l'intérêt de la
population de prévoir que les services de transport par autobus puissent
obtenir la fourniture en carburant nécessaire pour continuer leurs
opérations normales et même absorber un surplus de voyageurs s'il
y a un contingentement de l'essence. Point n'est besoin de souligner que
l'autobus, comme mode de transport en commun, fait un usage beaucoup plus
efficace de l'énergie que l'automobile de promenade.
Il a été question aussi que vous limitiez les limites de
vitesse sur les routes canadiennes. L'APAQ me prie de vous demander qu'advenant
une telle limitation l'autobus en soit exempté. C'est un problème
sur lequel s'est penché le gouvernement et se penche encore, en
ordonnant des études du problème, de la part de
spécialistes en la matière.
Avec les instruments que s'est donné le gouvernement, par le
truchement de la loi 23, j'ai confiance qu'il y aura possibilité
d'établir des politiques en matière de transport de
personnes, écoliers comme adultes, qui seront à l'avantage
de l'ensemble de la population et qui contribueront, de ce fait, au
progrès de la province de Québec.
M. le Président, je vous remercie, ainsi que mes
collègues, pour toute la considération que vous m'avez
apportée en écoutant mes remarques. Ceci m'encourage fortement
à collaborer très étroitement avec tous et chacun d'entre
vous pour que nos délibérations nous apportent tous les fruits
anticipés. Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): The Honourable Member for Westmount.
M. Kevin Drummond
M. DRUMMOND: Merci, M. le Président. Pour ma part, j'aimerais
ajouter mes félicitations aux nominations du président et des
vice-présidents de la Chambre.
M. LAVOIE: Merci.
M. DRUMMOND: Avec plaisir. Comme tout le monde, j'ajouterai qu'ils ont
toujours travaillé avec dignité, bon sens, et, pour la plupart,
avec bonne humeur et je suis convaincu que cela va continuer. Si je me
lève pour parler cet après-midi, c'est à cause de certains
commentaires entendus dans le discours du chef de l'Opposition officielle
concernant la forêt et aussi l'installation de la compagnie ITT sur la
Côté-Nord. C'est dommage que le député de Saguenay
ne soit pas présent à ce moment-ci. Pendant les discussions
les discussions sur cette question durent depuis longtemps on a
eu beaucoup d'arguments, bien des discussions et il me semble un peu bizarre
que cela arrive encore durant ce débat sur le discours inaugural.
Si ma mémoire est fidèle, un certain bel
après-midi, dans la ville de Natashquan, pendant le lunch offert par la
ville, le député de Saguenay, encore si ma mémoire m'est
fidèle, a appuyé le projet. Ayant dit cela, je dois admettre que
le gouvernement a mis un certain montant d'argent supplémentaire pour
attirer un projet de développement sur la Côte-Nord. Pourquoi? Il
y avait plusieurs raisons, toujours discutées dans le temps. Une des
raisons primordiales c'est que c'était une forêt en voie de
perdition. Le choix était: Est-ce qu'on va exploiter cette forêt
ou non?
D'autre part, jusqu'à ce moment-là, il n'y avait eu depuis
des siècles aucun autre intéressé dans ce projet sur la
Côte-Nord. Alors, le gouvernement a fait le choix d'essayer d'attirer une
industrie valable pour servir de pierre angulaire au développement de
cette région. C'est bien facile, comme l'a fait le chef de l'Opposition
officielle, d'insister toujours sur les aspects négatifs.
Peut-être qu'il y en a quelques-uns, d'accord, mais lorsqu'on utilise des
chiffres qui sont gonflés, pour moi cela veut dire que son service de
recherche ne fait peut-être pas son travail.
Il me semble que je dois apporter certaines clarifications. D'abord,
dans son discours, le chef de l'Opposition officielle a remarqué qu'on a
perdu des droits de coupe d'environ une soixantaine de millions de dollars, je
pense.
M. le Président, on n'a jamais touché un droit de coupe
dans cette région. Comment peut-on perdre les droits de coupe lorsqu'on
n'a jamais rien touché? Pour arriver à son chiffre, je suis
convaincu aussi qu'il a utilisé le chiffre magique encore de $2.50 la
corde et il dit qu'en utilisant ça on perd la différence entre
$0.50 et ça, et que voilà une autre subvention du gouvernement.
Ce n'est pas vrai. Dans cette région, la forêt domaniale de
Saguenay, la forêt domaniale de Duplessis, le droit de coupe moyen est de
$0.85. Alors, si on veut discuter de chiffres, discutons des vrais chiffres. Au
lieu d'essayer de détruire quelque chose avec démagogie,
regardons les choses d'une façon intelligente.
Je peux faire mention aussi des frais de protection où il parle,
je pense, d'une dizaine de millions de dollars perdus à cause du fait
qu'on ne demande que $0.08 1/2 la corde. Je ne sais pas d'où viennent
ces chiffres, mais il est probable qu'il a pris les montants pour la protection
des concessions forestières, qui sont basés sur la superficie.
Mais il n'a pas pris les taux normaux, en ce qui concerne l'exploitation des
forêts domaniales, ceux qui sont basés sur la coupe, au niveau de
$0.10 la corde. D'accord, il y a un certain écart entre $0.10 la corde
et $0.08 1/2, mais ce n'est pas une dizaine de millions de dollars; c'est
peut-être $300,000, c'est tout. Alors,il faut analyser toutes ces
questions avant de faire un discours et d'avancer des chiffres gonflés
comme ça. Je ne comprends rien. Cela sert à quoi? Tout ce qu'a
fait le gouvernement, c'est d'attirer un investissement qui va aider la
population; des milliers d'emplois pour les trois étapes de
construction, les travaux permanents et dans l'usine et dans la
forêt.
M. MORIN: Personne d'autre ne peut développer la Côte-Nord,
n'est-ce pas?
M. DRUMMOND: Je parle. Il est question ici d'aider le
développement de toute la région. C'est cela qu'on fait; c'est un
développement de $500 millions. Le gouvernement travaille pour aider le
développement régional. Voici un autre cas. Je ne sais pas encore
pourquoi ce n'était pas signalé, mais, moi, je vais signaler ce
que le gouvernement a fait pour aider le développement régional
dans la région de Témiscamingue. Lorsque la compagnie CIP a
fermé son usine dans cette ville, on a mis le paquet là-dedans.
Pourquoi? Parce que, ces jours-ci, on ne peut pas fermer une ville. Alors, nous
avons pris nos responsabilités, comme nous l'avons fait pour la
Côte-Nord pour voir à ce que la
région soit développée et, dans ce cas, pour sauver
toute une ville. Pourquoi ne pas faire mention de ces choses-là dans le
discours? Moi, je vais le faire.
M. MORIN: Développé par d'autres et pour d'autres; pas
pour les Québécois.
M. DRUMMOND: Moi, je parle pour les Québécois, je
travaille pour les Québécois. Je le fais depuis quatre ans et je
travaille autant pour le Québec que le chef de l'Opposition
officielle.
M. MORIN: Pour l'ITT, voilà pour qui vous travaillez.
M. DRUMMOND: M. le Président, une minute.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre!
M. DRUMMOND: M. le Président, le chef de l'Opposition officielle
a touché aussi certains aspects de la politique forestière, une
politique cohérente qui est en marche. Il a pris certains aspects de
ça pour dire qu'on détruit la philosophie de toute l'affaire. Il
a cité le fait qu'on retire notre suggestion d'une société
de gestion, ce qui était censé être une étape
d'avant-garde. Oui, je l'ai retirée après analyse. Pourquoi?
Parce que la gestion des forêts publiques relève
déjà du ministère des Terres et Forêts et que, dans
mon optique, ça doit rester là, au lieu de créer toute une
autre société pour nommer des directeurs, des
administrateurs.
Nous allons prendre nos responsabilités, au ministère des
Terres et Forêts, pour la gestion des forêts publiques.
Il a parlé du fait qu'on n'utilise pas REX-FOR de la meilleure
façon pour faire avancer les choses. Je dois dire qu'on vient d'adopter
une loi pour donner à REXFOR tous les pouvoirs de travailler dans
l'exploitation forestière et aussi d'investir dans des entreprises de
valeur. Comme on a fait dans le cas de TEMBEC, qui est vraiment une formule
originale où le gouvernement travaille avec les fondateurs et avec les
travailleurs, afin d'arriver ensemble à un projet rentable.
J'espère bien qu'on sera en mesure d'annoncer un autre projet semblable
où l'on participe avec la population pour arriver encore à un
autre projet forestier intégré.
En ce qui concerne encore la politique forestière, il a fait
mention du fait qu'on n'a pas déposé la Loi sur le crédit
forestier. C'est vrai. Mais, pendant toutes les discussions et depuis
longtemps, j'ai toujours dit que l'aide à la forêt privée,
c'est une des priorités fondamentales de mon ministère. Pour
arriver avec un bill sur le crédit forestier, il fallait travailler avec
les propriétaires forestiers pour arriver à des solutions
valables en trouvant les moyens de travailler ensemble pour régler ce
problème. C'est ce que l'on fait. On le fait avec la
Fédération des producteurs de bois et on est en train de
développer le cadre nécessaire. De plus, on a mis sur pied 18
groupements forestiers pour essayer vraiment de trouver le moyen d'arriver
à une formule où l'on peut aider les gars à faire des
travaux sylvicoles et de travailler ensemble pour arriver aux économies
d'échelle.
Tout cela veut dire que dans tous les aspects de la politique
forestière, cela progresse. Il a dit que cela progressait, je pense,
comme la tortue ou quelque chose comme ça. Je ne dis pas que c'est vrai
mais, selon ce que j'ai lu, c'est la tortue qui a gagné la course et
l'on va gagner la course de cette façon-là.
On peut s'arrêter sur une affaire où c'est peut-être
le seul point où l'on a reculé dans la mise en vigueur de la
politique forestière: c'est peut-être le fait que, pour le moment,
on a retiré l'idée d'une Régie des produits forestiers.
Cela a été fait parce que toute notre clientèle et les
producteurs de bois, l'industrie du sciage, l'industrie des pâtes et
papiers, tout le monde était contre, à ce moment-là. Je
veux dire, à ce moment-ci quand même, que je suis convaincu que,
dans un avenir assez rapproché, l'on va avoir une Régie de
produits forestiers et le contingentement qui est vraiment nécessaire
pour la meilleure utilisation de notre matière ligneuse.
Merci, M. le Président.
M. LESSARD: M. le Président, une question de règlement en
vertu de l'article 96. Je n'étais pas ici au début de
l'allocution du ministre.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Si vous voulez nier
les déclarations du député de Westmount, ce n'est pas
l'article 96. L'article 96 se réfère à des discours qui
ont déjà été prononcés en Chambre. C'est une
question de privilège en ce qui vous concerne. D'accord.
M. LESSARD: M. le Président, en vertu de l'article 96,...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Oui, mais l'article 96...
M. LESSARD: ... sur un discours que j'ai pu prononcer parce que...
Voici. Un député, qui prend...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): M. le député de Saguenay,
les propos que le député de Westmount attribuait au
député de Saguenay n'étaient pas dans un discours.
C'était au cours d'un dîner dans la ville de Natashquan.
M. LESSARD: M. le Président, je soulève une question de
privilège.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): D'accord. Maintenant, vous avez le
droit.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. On m'a informé, M. le
Président, que le ministre aurait dit que lors d'un voyage à
Natashquan, dans la basse Côte-Nord, j'aurais approuvé le projet
de Rayonier-Québec.
M. le Président, ce que j'ai dit, comme ce que j'ai dit à
Port-Cartier, lors d'un voyage que j'ai fait en compagnie du ministre et
d'autres représentants des différentes Oppositions qui
étaient ici avant 1973, est ceci: "Maintenant qu'il y ' a une
décision de prise concernant Rayonier-Québec, il faut, pour les
gens de la basse Côte-Nord et les gens de la Côte-Nord, se demander
de quelle façon on peut le mieux en profiter."
Je pense, M. le Président, que ce n'est pas approuver un projet
mais c'est bien, maintenant, une fois que le mal est fait, comment on peut en
profiter de la façon la plus efficace possible.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): D'accord.
Le député de Mégantic-Compton.
M. LESSARD: Est-ce que le député était à
Natashquan?
M. J.-Omer Dionne
M. DIONNE: Permettez-moi, M. le Président, de vous
féliciter d'avoir accepté le poste, la fonction peut-être
la plus onéreuse et honorifique, de président de cette
Chambre.
Je tiens à féliciter tous les députés et
leur présenter les voeux de succès dans leurs nouvelles
responsabilités qui leur permettront de travailler pour l'avancement de
notre province.
M. le Président, avec mes 101 collègues, j'ai encore le
plaisir de siéger du côté du bonheur, car comme le disait
un illustre écrivain: "Du côté où il y a le plus de
joie, c'est là qu'il y a le plus de vérité". C'est dans
cet esprit et ce climat que je servirai, dans les quatre prochaines
années, les électeurs du nouveau comté de
Mégantic-Compton, qui m'ont fait l'honneur de leur confiance en
m'élisant avec la plus grosse majorité des comtés à
prédominance rurale.
Mégantic-Compton est un des plus grands de la province qui
englobe des parties territoriales des anciens comtés de Wolfe, Compton,
Frontenac et Stanstead, avec une population d'au-delà de 60,000
habitants et un réseau routier de près de 2,000 milles.
Inutile de vous dire qu'avec le nouveau remaniement de ce comté,
mes adversaires appréhendaient avec beaucoup de crainte l'issue du
scrutin du 29 octobre. Même si la compilation des résultats des
élections de 1970 dans cette nouvelle circonscription avantageait, au
départ, le parti de l'Union Nationale, j'étais sans contredit le
seul candidat qui possédait, tout au long de la campagne, l'espoir et
l'assurance de remporter la victoire. Le résultat que vous connaissez,
M. le Président, confirme que rien ne peut avoir raison de la
compétence et de l'expérience.
J'ai été fort satisfait de constater, dans le discours
inaugural, que le gouvernement entendait mettre tout en oeuvre, durant la
présente session, pour améliorer particulièrement trois
sections qui me tiennent à coeur, soit la décentralisation
industrielle, le développement touristique et l'amélioration de
notre réseau routier.
A ce stade-ci de mon discours, M. le Président, j'aimerais
attirer l'attention de l'honorable ministre de la Voirie afin qu'il soit
généreux envers les électeurs de Mégantic-Compton,
qui possède de belles possibilités touristiques, avec ses beaux
lacs et ses belles montagnes, sans oublier le majestueux lac
Mégantic.
Je déplore le fait que les routes actuelles ne favorisent pas la
promotion touristique de ce secteur.
Il est impérieux, M. le ministre de la Voirie, pour obtenir le
succès, que ce soit dans le domaine touristique, industriel ou
commercial, que le réseau routier de mon comté soit
aménagé de façon à favoriser l'essor de ces
différents domaines.
Mon comté est surtout agricole. Nous avons des terres très
fertiles qui conviennent à n'importe quelle culture, mais nos fermes ont
besoin de drainage aussi. Toutefois, avec notre nouvelle politique, il se fait
un beau travail de ce côté.
Les Cantons de l'Est sont reconnus pour l'élevage d'animaux de
race pur sang et de boucherie aussi, soit les races Hereford, Shorthorn,
Aberdeen-Angus. On vient des Etats-Unis, même de l'Europe chercher nos
animaux.
Il est question d'avoir deux ou trois centres de santé
communautaires dans mon comté. J'espère que le ministère
va apporter une attention toute spéciale à ces projets, car la
chose est urgente.
Je termine en espérant que mon exposé sera pris en
considération, le but de mon intervention n'étant pas de faire
perdre du temps à mes honorables collègues. Je vous remercie.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'honorable député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fernand Cornellier
M. CORNELLIER: M. le Président, je veux joindre ma voix à
celles de tous vos collègues qui vous ont offert leurs
félicitations pour votre nomination comme vice-président de cette
Chambre. Votre nomination a été faite à l'unanimité
de tous les députés et nous devons regretter que cette même
unanimité ne se soit pas faite autour de la nomination du
président, le député de Laval. Nous avons vu, dans cette
obstruction qui a été faite par les députés de
l'Opposition, l'illogisme qu'ils ont toujours dé-
montré. D'une part si vous vous le rappelez, M. le
Président le député de Maisonneuve disait: Nous
nous opposons à la nomination du député de Laval, mais
nous reconnaissons qu'il a été un président de très
haute compétence et qu'il saura continuer, avec la même
compétence, à remplir la fonction que la Chambre voulait bien lui
confier. Cependant, ils ont voté contre.
Je veux aussi féliciter le premier ministre de la victoire
exceptionnelle qu'il a remportée le 29 octobre dernier. Cette victoire,
qui a pu surprendre certaines personnes, était certes
méritée quand on regardait le bilan du gouvernement au cours des
trois dernières années.
La population s'est prononcée d'une façon non
équivoque pour la stabilité politique, pour la
prospérité économique et la sécurité
sociale. C'est ça que le gouvernement du premier ministre actuel avait
fait au cours des trois années précédentes: assurer
à la province de Québec la stabilité politique,
malgré toutes les crises que le gouvernement avait pu
connaître.
La population a aussi reconnu qu'avec le gouvernement de 1970 la
province avait connu la prospérité économique et la
sécurité sociale. Il ne faut donc pas se surprendre si la
population s'est prononcée avec autant d'enthousiasme et de façon
aussi affirmative en faveur de 102 députés qui sauront continuer,
avec le premier ministre, à assurer le progrès de la province de
Québec.
Dans le discours inaugural, d'ailleurs, le gouvernement a bien
affirmé qu'il avait l'intention d'assumer pleinement la
responsabilité qui lui revient, c'est-à-dire de gouverner dans le
respect des engagements pris et avec la participation de tous les
Québécois. Cette participation des Québécois, nous
l'avons puisque nous sommes ici 102 au sein du gouvernement pour continuer
l'action qui avait été commencée en 1970.
Parmi les objectifs majeurs de la politique économique du
gouvernement, on peut remarquer qu'il y a le renforcement de la structure
industrielle. Ici, M. le Président, je veux rapprocher cet objectif des
objectifs que nous poursuivons à l'intérieur de mon comté
où nous avons l'intention de continuer les efforts qui ont
été commencés au cours des dernières années
afin de renforcer la structure industrielle des entreprises de Saint-Hyacinthe
et surtout d'apporter une diversification dans de nouvelles entreprises.
Saint-Hyacinthe, actuellement, compte en majeure partie des industries du
textile. Des efforts sont faits par le ministère de l'Industrie et du
Commerce, ainsi que par la Corporation de promotion industrielle de
Saint-Hyacinthe afin d'implanter à Saint-Hyacinthe de nouvelles
industries, des industries qui sortiraient des industries traditionnelles que
nous connaissons chez nous, soit le textile.
Toujours dans la politique du gouvernement, il est question
d'accroître aussi l'efficacité de nos politiques de
développement régional avec la collaboration du gouvernement
fédéral. Nous devons féliciter le gouvernement actuel de
vouloir continuer à faire disparaître ces différences qui
peuvent exister entre les régions. C'est bien servir le Québec
que de chercher à faire disparaître ces disparités
régionales sur le territoire.
M. le Président, le comté de Saint-Hyacinthe est un
comté mi-urbain, mi-rural. Dans le secteur industriel j'en disais
deux mots tantôt des efforts considérables ont
été entrepris au cours des dernières années afin
d'augmenter les investissements, mais il y a aussi un autre secteur que
j'appelle, moi, peut-être un autre secteur industriel: l'industrie
agricole. Saint-Hyacinthe est au coeur même de la vallée du
Richelieu; les fermes de la région de Saint-Hyacinthe sont
considérées comme les plus prospères, les plus
productives, et nous devons certainement féliciter les cultivateurs de
ma région d'être toujours à l'avant-garde du progrès
dans le domaine de l'agriculture. Saint-Hyacinthe est d'ailleurs la capitale de
l'agriculture.
Nous avons chez nous l'Ecole de médecine
vétérinaire; nous avons un Institut de technologie agricole; nous
avons le Centre d'insémination artificielle; nous avons des laboratoires
de recherche. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles
l'agriculture est chez nous tellement florissante. Ce qui ne veut pas dire
cependant qu'il n'existe pas de problèmes; il existe encore des
problèmes. Je dois féliciter le ministre de l'Agriculture de tous
les efforts qu'il a faits au cours des trois dernières années et
qu'il entend poursuivre dans les quatre années à venir afin de
faire en sorte que l'agriculture devienne de plus en plus rentable, de plus en
plus profitable, non seulement aux cultivateurs mêmes mais à la
population du Québec.
Il y a des problèmes de drainage plusieurs de mes
collègues en ont parlé; le ministre de l'Agriculture en est bien
conscient souterrain mais le principal problème chez nous, j'en
ai parlé récemment avec le ministre de l'Agriculture, est
certainement le drainage des cours d'eau. La région de Saint-Hyacinthe
est la plus avancée en drainage souterrain. Chaque année, ce sont
des millions de pieds de conduits souterrains qui sont posés.
Malheureusement, les cours d'eau ne peuvent pas suffire actuellement pour
permettre à ce drainage souterrain de donner son plein rendement.
J'insiste beaucoup, comme je l'ai fait dans le passé, comme tous
mes collègues du secteur agricole l'ont fait, auprès du ministre
de l'Agriculture afin que le gouvernement accorde une attention de plus en plus
importante au drainage des cours d'eau car c'est là qu'est le
succès de l'agriculture.
M. le Président, dans l'action que le gouvernement a entreprise
au cours des dernières années dans le développement, la
croissance économique, il y a eu cet effort un peu surhumain en faveur
des étudiants.
Le placement étudiant dans la région de Saint-Hyacinthe,
dans le beau comté de Saint-Hyacinthe, a réussi à
permettre à plusieurs centaines d'étudiants, l'été
dernier, de trouver un emploi, un emploi qui dans la plupart des cas
correspondait exactement à leurs aptitudes, qui était un
complément à leurs études. Je dois, sur ce point
particulier, féliciter de nouveau le gouvernement.
M. le Président, la population du Québec nous a
confié un mandat de continuer pendant les prochaines années
l'oeuvre magnifique, il faut bien le dire, que nous avions accomplie au cours
des trois dernières années. Nous sommes 102, il nous en manque
huit, nous aurions dû être 110; mais à 102, nous saurons
continuer, M. le Président, à assurer la stabilité
politique de la province de Québec. Nous saurons continuer à
assurer la prospérité économique, nous saurons continuer
à assurer la sécurité sociale...
M. BURNS: II n'en demande pas trop, non!
M. SAMSON: 102, c'est quasiment être orphelin.
M. BURNS: II est pire que son chef, il en veut 110.
M. SAMSON: Allez le consoler, il se sent orphelin avec 102.
M. BOURASSA: C'est l'objectif pour la prochaine.
M.CORNELLIER: Vous savez, M. le Président, je n'ai pas à
retirer ce que je viens de dire, parce que devant la faiblesse de l'Opposition
actuelle, non pas la faiblesse numérique, mais la faiblesse qualitative
de l'Opposition, on est surpris de ne pas être 110.
M. le Président, la province de Québec, qui avait connu
des moments difficiles dans le passé, avait besoin d'un gouvernement
capable d'administrer dans le calme, dans la paix, dans l'ordre, les affaires
de l'Etat. Et la population de la province, le 29 octobre dernier, a
été majoritairement j'allais dire presque à
l'unanimité en faveur de reconnaître qu'un seul parti
politique, qu'un seul gouvernement était capable d'administrer les
affaires de l'Etat, pour maintenir les objectifs dont je parlais tantôt,
à savoir, la stabilité politique, la prospérité
économique et la sécurité sociale.
Et ce parti, M. le Président, vous le connaissez, vous en
êtes membre vous-même, c'est le Parti libéral. La population
du Québec nous a fait confiance le 29 octobre, la population du
Québec avait raison de nous faire confiance. L'action que le
gouvernement entend prendre au cours de notre mandat qui vient de
débuter, prouvera au Québec que seul le gouvernement du premier
ministre actuel était capable de servir réellement les
intérêts de toute la population québécoise.
Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT: Le député de Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, je vois que le premier ministre
attendait ce dessert depuis longtemps...
M. BOURASSA: Les réponses à mes questions.
M. BURNS: M. le Président, le premier ministre commencera
à avoir des réponses à ses questions, le jour où il
se mettra à répondre aux nôtres. Cela fait à peu
près trois ans et demi que je dis, M. le Président, que le
premier ministre se fait une spécialité de ne pas répondre
aux questions. Ce n'est pas mauvais qu'il soulève ce propos au tout
début de mon intervention. Je pense que c'est même bon à
l'occasion d'un discours inaugural que je fasse au moins ce reproche au premier
ministre.
M. BOURASSA: Le seul?
M. BURNS: Ce reproche... non, il y en a plusieurs autres que je pourrais
lui faire. Quant à moi, je me dis que j'ai quelques minutes pour
répondre, au cours du débat sur le discours inaugural, c'est
peut-être le bon moment, d'ailleurs. Je suis content que le premier
ministre m'ait interrompu au début là-dessus, pour lui dire que,
dans le fond, ce n'est pas seulement à l'Opposition officielle, ou
même à l'Opposition du Parti créditiste qui est à
notre droite ici, qu'il offense quand il ne répond pas à nos
questions. Je pense qu'il offense l'ensemble de la population, et je le dis
très sincèrement au premier ministre.
Je pense que s'il y a une chose il y en a bien d'autres,
remarquez qu'il doit corriger dans son comportement en Chambre, c'est de
démontrer par son attitude qu'il y respecte l'Opposition. La meilleure
façon de le démontrer, c'est en répondant aux questions et
en ne trouvant pas comme il le fait, semble-t-il, par son attitude, que c'est
un grand jeu de passe-passe, de cape et d'épée qui se passe en
cette Chambre-ci. Il y a quand même il y a bien des
députés libéraux qui, semble-t-il, ont eu tendance
à l'oublier près d'un million de personnes au
Québec qui ont voté contre ce gouvernement-là. Il est
évident que ce gouvernement-là a été porté
au pouvoir.
J'entendais le député de Saint-Hyacinthe qui semblait se
péter les bretelles avec ses 102 députés et qui trouvait
qu'il n'y en avait pas assez. C'est de l'inconscience totale. C'est ne pas
comprendre ce qui se passe actuellement au Québec que de prendre cette
attitude. Malheureusement, le premier ministre donne prise à ce genre
d'attitude de la part de ses députés d'arrière banc, ou
même des députés de premier banc comme le
député de Saint-Hyacinthe qui agit comme un député
d'arrière banc.
M. BOURASSA: Le député de Maisonneuve, s'il me le permet,
m'a promis hier qu'il répondrait à une question. Il me l'a promis
hier, justifiant ou tentant d'expliquer la contradiction entre le
dépliant du Parti québécois disant qu'il n'y aurait aucune
augmentation de taxes et les $430 millions qui ont été
annoncés par le même parti. Je l'ai attendu depuis quatre heures.
C'est $430 millions; vous avez dit, le 16 octobre, à Joliette que vous
taxeriez l'aide sociale. M. Parizeau parlait au nom du Parti
québécois. Est-ce que le député de Maisonneuve
pourrait tenir la promesse formelle qu'il m'a faite hier?
M. BURNS: M. le Président, j'ai dit au premier ministre hier
je ne me cache pas de le dire qu'on lui répondra, comme
tous ses ministres et lui-même le disent, en temps et lieu. Je ne pense
pas que ce soit le moment de lui répondre, en ce qui me concerne.
M.LESSARD: Ce sont de fausses affirmations.
M. BURNS: Je vais plus loin que cela, M. le Président. Avec toute
l'humilité nécessaire, je vais dire que je ne pense pas
être la personne la plus compétente pour lui répondre
là-dessus. J'ai dit: On va lui répondre. On va lui
répondre, vous verrez bien, M. le Président.
M. BOURASSA: Quand?
M. LESSARD: La réponse: C'est faux.
M. BURNS: La meilleure réponse, c'est ce que le
député de Saguenay est en train de vous dire. C'est qu'il est
absolument faux que cela ait été dit.
M. BOURASSA: Oui, mais c'est écrit en toutes lettres en page 3 du
fascicule.
M. BURNS: C'est absolument faux, ce n'est pas cela, c'est votre
façon de l'interpréter.
M. BOURASSA: Est-ce qu'il y a un page? Allez porter cela au
député.
M. BURNS: D'ailleurs, c'est votre façon d'avoir mené cette
dernière campagne, M. le premier ministre. Vous l'avez menée en
tentant et en vous forçant constamment de cacher les véritables
choses à la population alors qu'un parti politique...
M. LEVESQUE: Cela, c'est faux.
M. BURNS: Je répète, en mentant à la population et
en cachant à la population les choses essentielles... Je l'ai vu, ce
dépliant-là... Entre autres, en jouant avec des choses auxquelles
le premier ministre ne croit pas, ce que tout le monde sait. Je l'ai vu dans
ses émissions en cassettes, dans ses émissions en canettes
préparées à l'avance dans des studios avec public
approprié, désigné d'avance et avec pratiquement une liste
des bons moments où il fallait applaudir. M. le Président, je
n'ai aucun respect pour ce type de campagne; je n'ai aucun respect, d'ailleurs,
pour l'attitude du premier ministre qui semble vouloir continuer ce type de
gérance provinciale. J'ose à peine dire provinciale.
M. BOURASSA: Votre chef m'a dit qu'il était d'accord sur la
souveraineté culturelle.
M. LESSARD: A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, je ne m'arrêterai pas à
ces propos de digression venant du premier ministre. Il aimerait bien m'amener
sur un autre sujet; il aimerait bien ne pas entendre un certain nombre de
choses que j'aurai à dire dans mon intervention que je vais faire la
plus courte possible parce qu'elle est la dernière de mon parti. Je
pense que nous aurons à voter, d'abord, sur la motion du
député de Rouyn-Noranda et, ensuite, sur le discours
inaugural.
Je veux tout simplement limiter mes propos à trois points
particuliers. Ces trois points concernent la politique de travail de ce
gouvernement-là, une certaine je dis bien une certaine
politique de justice de ce gouvernement-là et, enfin, j'aimerais
très brièvement vous parler des affaires indiennes en ce qui
concerne la juridiction québécoise.
Je suis tenté, au moment de la discussion qui est tenue
actuellement sur le discours inaugural ou sur le débat relatif au
discours inaugural, de faire constamment des parallèles entre l'ancien
gouvernement, c'est-à-dire celui de la Législature qui a
précédé le 29 octobre, et celui qu'on a devant nous, pour
une raison bien simple, c'est qu'il n'a pas sensiblement changé.
Son nombre a augmenté le groupe ministériel a
augmenté, il n'y a pas de doute; de 72, ils se sont retrouvés,
à 30 de plus, à 102 mais, au fond, aucun ministère
important n'a changé, soit dans le titre ou soit dans l'approche que le
gouvernement a tenté d'y faire.
Je me sens donc en toute liberté d'examiner, au début de
ce nouveau gouvernement, l'attitude du gouvernement antérieur et de lui
dire: II y a peut-être un certain nombre de choses que vous avez faites
dans le passé que je vous recommande je pense que c'est, entre
autres, un de mes rôles, comme membre de l'Opposition de ne pas
répéter dans la prochaine Législature. Bien des gens ont
tenté de voir dans toutes les actions du Parti québécois
une action destructive de l'autorité, une action négative
à l'égard du gouvernement, mais je pense que, si on regarde en
arrière, on va voir, à plusieurs reprises, des actions qui ont
été carrément et absolument honnêtement et
franchement des actions positives à l'égard du gouvernement. Je
peux en citer quelques-unes. Nous avons ap-
puyé le gouvernement à de nombreuses occasions, lorsque
nous trouvions que le gouvernement était dans une bonne voie. Si je le
fais aujourd'hui de façon un peu négative, c'est pour que ce soit
positif pour demain, M. le Président.
Dans le domaine du travail en particulier je pense bien que tout
le monde va reconnaître l'intérêt que j'ai manifesté
à ce milieu, tant par goût que par formation et par
préparation j'ai trouvé que, dans l'ancien gouvernement,
dans le gouvernement précédent, il y avait deux principales
caractéristiques. Dieu sait qu'on l'a répétée,
cette critique à l'égard du ministre en titre actuel, qui
était le ministre en titre antérieur. Les deux principales
caractéristiques ont été que toutes les lois
j'insiste sur le mot "toutes" que nous avons vues et qui
émanaient du ministère du Travail, étaient des lois
répressives en matière de travail. Cela est la première
caractéristique. La deuxième caractéristique c'est
peut-être un pendant de ce que je viens de dire il n'y a eu aucune
loi positive en matière de travail, et Dieu sait qu'il y a des domaines
où il y aurait dû y en avoir.
Si je parcours rapidement l'état de la législation du
gouvernement antérieur, je me retrouve avec six lois, à toutes
fins pratiques, qui ont été adoptées. Quand je dis six
lois, il y en a eu plus que ça; effectivement, il y en a eu exactement
dix, mais il y en a qui sont des amendements aux lois répressives que
j'ai l'intention de vous citer. La première de toutes, qui a
été adoptée le 17 juillet 1970, était la Loi
concernant l'industrie de la construction. Qu'est-ce que c'était, ce
projet de loi? C'était la loi qui s'appliquait aux employés de la
construction, légalement en grève, c'est-à-dire qui
avaient suivi les prescriptions du code du travail en ce qui les concerne,
c'est-à-dire la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de la
construction et qui l'avait déclenchée, cette
grève-là. Or, cette loi arrivait en plein milieu du conflit et
disait tranquillement vous allez voir qu'il y a un commun
dénominateur dans toutes ces lois-là aux gens de la
construction qui étaient en grève légalement: Vous allez,
sous peine d'amende, sous peine d'emprisonnement, retourner au travail. Je ne
fais pas plus de commentaires qu'il ne faut là-dessus, parce qu'on les a
déjà faits, à l'occasion du bill 38, ces
commentaires-là.
Par la suite, M. le Président, on a eu la Loi concernant les
conventions collectives ou, si vous voulez, les négociations collectives
dans le secteur de l'éducation et des hôpitaux. Mon
collègue de Saint-Jacques et moi-même avons tenté de faire
comprendre au gouvernement, à cette occasion-là, qu'encore une
fois il s'agissait d'une loi répressive, c'est-à-dire d'une loi
qui imposait, sans que les parties en jeu ne soient d'accord, le système
de négociation sectorielle. Tout le monde qui est du milieu, tout le
monde qui a un minimum de connaissances sur la négociation collective
sait fort bien qu'on n'im- pose pas à un milieu de relations de travail
des façons de parler, sinon selon le cadre juridique actuel,
c'est-à-dire qu'il faut que vous vous parliez. Les façons de le
faire, les modalités de le faire, M. le Président, je ne suis pas
d'accord et je n'ai jamais été d'accord qu'on les impose de cette
façon-là.
Autre loi que l'on a vu adopter sous les auspices du ministère du
Travail précédent: la Loi assurant la reprise des services dans
le secteur public, qui a été adoptée le 21 avril 1972.
Tout le monde l'a mieux connue sous le nom de bill 19. Encore une fois, c'est
une loi qui intervenait en plein milieu d'un conflit, et qui disait aux
employés du domaine public et parapublic: Vous avez légalement
exercé votre droit de grève. Vous avez commencé une
grève qui était efficace. Soit dit en passant, j'ouvre une
parenthèse, c'est qu'une grève efficace, cela existe; c'est
même conçu comme cela dans la législation du Travail. Une
grève efficace je m'excuse c'est une grève qui fait
mal. Il ne faut pas se gêner pour le dire. Or, cela en était une
qui faisait mal. Malgré tous les avertissements qu'on avait
antérieurement donnés au gouvernement en disant: "Faites donc une
pré négociation sur la masse salariale, faites donc une
prénégociation sur le contenu de ce que vous allez distribuer aux
divers groupes à l'intérieur de la Fonction publique et du
secteur parapublic, la caractéristique fondamentale du ministère
du Travail et de la Fonction publique au Québec s'est
révélée exacte, c'est-à-dire laisser pourrir le
problème pour qu'une fois que tout le monde sera véritablement
"tanné" on impose une loi répressive.
Je veux tout simplement vous citer un autre cas, deux autres cas si vous
voulez. La Loi des services essentiels de l'Hydro-Québec. Encore une
fois, on a imposé une Loi des services essentiels qui, à toutes
fins pratiques, était une loi de retour au travail. Pourquoi? Parce que,
encore avec cette espèce d'accessoire au domaine de la fonction publique
en matière de relations de travail, qui s'appellent des
négociations à l'Hydro-Québec, on avait laissé
aller le problème. C'était complètement sorti des mains du
gouvernement. H ne s'agissait plus que de faire une chose: imposer le retour au
travail par voie de législation.
La dernière, qui est peut-être encore la plus flagrante et
peut-être la plus dangereuse parce que, dans un domaine où c'est
absolument explosif, dans le domaine des relations de travail de la
construction, on a adopté le bill 9, le 1er juin 1973, il n'y a pas
tellement longtemps, alors que les règles du jeu je le
répète, même si on l'a dit à cette
occasion-là de la négociation entre les parties patronales
et syndicales et, également, entre les parties syndicales
elles-mêmes, avaient été fixées avant le
début de la partie de hockey. Et, en plein milieu de la partie de
hockey, on vient changer, encore une fois, les règles du jeu. C'est ce
que j'appelle le bilan des lois répressives de ce
gouvernement antérieur, de ce gouvernement qui, à toutes
fins pratiques, est un carbone, une copie fidèle du gouvernement auquel
on a à faire face aujourd'hui.
Je lui souligne ces choses pour qu'il se dise, maintenant, au
début d'un mandat, qu'il y a peut-être lieu d'avoir une nouvelle
approche, d'avoir une approche qui soit un peu plus passez-moi le mot
"planificatrice", un peu plus à long terme. On a l'exemple qui va
nous arriver encore une fois en pleine face d'ici quelques années si on
ne prend pas cette attitude, on aura à nouveau une négociation
dans la fonction publique. Encore une fois, je n'ai entendu ni le ministre de
la Fonction publique, ni le ministre du Travail nous dire ce qu'il avait
l'intention de faire à l'égard de la future négociation
des employés du secteur public. Pourtant, on devrait avoir appris
beaucoup de ce mandat absolument pauvre au point de vue de la
législation du travail, de ce mandat qui est allé de 1970
à 1973 sans aucune, et je le mentionne, loi positive en matière
de relations de travail.
Là-dessus, je vais appuyer mon collègue, le
député de Frontenac, dont j'ai écouté, avec
beaucoup d'intérêt, le discours, je vais l'appuyer
entièrement. Je l'invite, le député de Frontenac, à
être présent toutes les fois que le ministère du Travail
siégera en commission pour étudier les crédits de ce
ministère. Je l'invite aussi, avant qu'il aille siéger, non
seulement à relire le discours qu'il a fait, mais à lire
également les interventions que les représentants du Parti
québécois et de l'Union Nationale et du Ralliement
créditiste ont faites au cours du mandat antérieur du ministre du
Travail et, en particulier, relativement à la Loi des accidents du
travail.
Le problème de l'amiantose est d'une acuité telle qu'il
faut qu'il soit réglé, bien sûr, mais il s'agit de toute la
Loi des accidents du travail. Et j'invite le député de Frontenac
à voir tranquillement les interventions là-dessus et à
nous aider c'est dans ce sens que je fais cette invitation au
député de Frontenac à convaincre le ministre que
c'est urgent de faire une réforme fondamentale de la Loi des accidents
du travail. L'amiantose et les autres maladies industrielles, qui ne sont pas
considérées actuellement, devraient être rapidement mises
dans la loi. Mais il y a aussi une autre philosophie de la Loi des accidents du
travail qui devrait être présente à l'esprit du ministre.
Entre autres, c'est de cesser de penser à la Commission des accidents du
travail comme à une espèce de compagnie d'assurances. Ce n'est
pas une compagnie d'assurances. Ce n'est pas quelque chose qui doit faire des
profits, ce n'est pas quelque chose qui doit avoir, cachés dans ses
coffres, des millions et des millions de dollars de surplus, alors que vous
avez des gens qui, depuis vingt ans, sont bénéficiaires de la Loi
des accidents du travail sans avoir vu leurs prestations ajustées,
même pas suivant l'augmentation normale du coût de la vie.
M. le Président, voilà des choses fondamentales auxquelles
il faudra penser. Je suis particulièrement content d'avoir vu le
député de Frontenac s'intéresser à cela. Je lui en
rends hommage et je lui offre ma collaboration pour les années qui
viennent, ainsi qu'à tous les autres députés qui voudront
fonctionner dans ce genre de réclamations auprès du
ministère du Travail.
Vous avez également un domaine que non seulement on a
perturbé par des mesures législatives que j'ai
mentionnées, dans le domaine du travail, mais dans lequel on n'a pas
réglé de problèmes, c'est-à-dire le domaine de la
construction. De jour en jour et je pense que mon collègue de
Saguenay est en mesure de confirmer mes dires là-dessus, en plus de
plusieurs autres députés qui ont des problèmes
régionaux au point de vue de l'emploi il y a de moins en moins de
sécurité d'emploi, dans le domaine de la construction,
malgré des arrêtés en conseil qu'on adopte, qu'on retire,
qu'on met au panier et qu'on remplace par d'autres.
Ce qui est plus grave, M. le Président, c'est que non seulement
il n'y a pas de sécurité d'emploi, non seulement on n'accorde pas
de priorité régionale à l'embauchage des travailleurs de
la construction, mais il n'y a même pas de sécurité du tout
en matière de construction, dans le domaine de la construction. H se tue
régulièrement une ou deux personnes par semaine dans le milieu de
la construction. Qu'est-ce qu'on dit? On dit: Le code criminel est absolument
incapable de régler ces problèmes.
Entre-temps, du côté ministériel, du
côté du ministère du Travail, on accepte facilement, sans
trop trop maugréer, qu'on ait une série de lois éparses
qui ne forment même pas une codification du travail. On accepte que la
Loi des entrepreneurs en réfrigération, que la Loi des
électriciens et la Loi des plombiers, où il y a des bouts de
sécurité à gauche et à droite, qui sont absolument
inapplicables malgré les promesses du ministre, malgré
l'augmentation du personnel qu'on a fourni à ce domaine venant de la
Commission du salaire minimum...
M. le Président, voilà un domaine où il est urgent
de légiférer, un domaine qui est absolument connexe à
celui dont je parlais tantôt, parce que lorsqu'il ne crée pas des
morts, il crée des accidents de travail. Là-dessus aussi, il est
important de légiférer, et rapidement.
Il y a un autre domaine que nous avons soulevé à plusieurs
reprises en matière de relations de travail et qui reste lettre morte,
sinon qu'il reste comme une espèce de provocation au milieu syndical.
C'est celui des services essentiels.
Tout monde sait, M. le Président, que dans le code du travail
actuel, il n'y a aucune disposition sérieuse, sinon une espèce
d'expression d'opinion, qui incite les parties à une négociation
en matière de relations de travail dans la fonction publique, à
déterminer quels sont les services essentiels. Il n'y a rien, M. le
Président, qui dise cela.
Or, depuis trois ans nous disons au ministre: II serait temps que vous y
voyiez. Au fédéral, ils ne sont pas plus caves et pas moins caves
que nous autres et ils l'ont réglé. Ils ont des dispositions
législatives dans la Loi de la fonction publique fédérale
qui règlent le problème crucial des services essentiels avant
qu'une grève n'intervienne.
Il n'y a rien dans notre législation actuelle, sinon c'est
ça que j'appelle la provocation le dépôt d'un projet
de loi il n'est évidemment plus devant nous, parce qu'on est dans
une nouvelle Législature qui a été connu dans
l'ancienne Législature comme le projet de loi no 89 et qui s'appelait,
entre autres de façon absolument démagogique, à mon
avis loi assurant le bien-être, la santé et la
sécurité du public en cas de grève.
Bien, M. le Président, si vous le lisez, ce projet de loi, comme,
j'en suis sûr, vous l'avez fait, vous allez vous apercevoir que c'est une
loi qui ne porte pas le bon titre. Si on la ramène, en tout cas, nous
voterons contre, comme vous avez déjà dit en première
lecture que c'était possible de le faire, parce que je pense que cette
loi ne porte pas le bon titre.
Il faudrait l'appeler "loi permettant au gouvernement de déclarer
illégale quelque grève que ce soit". Cela, c'est bien important
qu'on se le dise. C'est ça que j'appelle un geste de provocation. Et
c'en est une des lois que le ministère du Travail a
déposées antérieurement.
J'espère qu'on prendra la partie de ce projet de loi, qui est
située aux alentours des articles 3, 4 et 5, qui est essentielle et qui
veut régler le problème du maintien des services essentiels en
cas de grève. J'espère qu'on aura l'humilité, du
côté gouvernemental, malgré leur grand nombre, de dire: II
va falloir régler ce problème et enlever cette espèce
d'aspect discrétionnaire qu'on a semblé vouloir inscrire dans le
projet de loi no 89, aspect discrétionnaire permettant au gouvernement
de dire tout simplement: Cette grève nuit au bien-être
c'est quoi, le bien-être? soit dit en passant à la
santé, à la sécurité du public, alors je la
déclare illégale.
Je pense qu'il va falloir que le ministre du Travail se penche
très sérieusement sur ces problèmes.
J'aurais un tas de choses à dire en matière de relations
de travail; ce ne sont que des exemples que je vous ai cités. Comme le
temps qui m'est alloué est assez limité, j'aimerais
immédiatement passer à un autre domaine qui m'intéresse
particulièrement à l'Assemblée nationale, non pas que les
autres ne m'intéressent pas, soit celui de l'administration de la
justice.
Je dois dire au départ ça va faire plaisir au
ministre de la Justice, qui n'est pas présent actuellement; je sais
qu'il est occupé ailleurs qu'au point de vue législatif le
ministre de la Justice a un bilan assez respectable en ce qui concerne la
Législature antérieure.
Je suis prêt à admettre que, entre autres, des lois comme
la Loi favorisant l'accès à la justice, la Loi de l'aide
juridique, la loi des petites créances, qui est la Loi favorisant
l'accès à la justice, sont des lois qui ont
amélioré le système d'administration de la justice.
Je suis prêt à admettre également qu'un certain
nombre de projets énoncés par le ministre de la Justice nous
donnent une certaine lueur d'espoir quant à l'administration de la
justice et ce n'est sûrement pas dans ce domaine que je vais critiquer le
ministère de la Justice.
C'est justement dans le domaine où il n'y en a pas de lois
écrites ou, du moins, dans un domaine où il y a surtout des
institutions de justice que le ministère a été d'une
faiblesse et, surtout, qu'il a été inquiétant. Il l'est
encore de jour en jour.
Je pense à tout le domaine de la protection des droits
individuels ou des libertés fondamentales. Je pense que, s'il y a une
faiblesse à reprocher au ministre actuel et à son
ministère, toujours dans le sens positif, on doit lui dire: Tentez donc
de corriger cette situation dans le domaine des libertés civiles.
Depuis quelque temps, on entend parler tout le monde est rendu
pratiquement para-noihaque au Québec à cause de ça
d'une installation à outrance de systèmes d'écoute
électronique, et vous avez, de la part du ministère de la
Justice, une espèce d'attitude qui est absolument
incompréhensible. Sans développer cet aspect, j'ai toujours
pensé qu'un ministre de la Justice, c'est un peu l'être protecteur
et généreux. C'est un peu la personnification de cette
générosité et de cette protection qu'un gouvernement doit
avoir à l'égard de la population.
Or, dans l'attitude du ministre de la Justice, je n'ai pas reconnu
je le lui ai reproché également à quelques reprises
cette espèce de sentiment de générosité et
de protection à l'endroit du citoyen, particulièrement dans un
domaine où son intimité ou sa vie privée est
menacée, celui où on peut l'écouter
régulièrement dans les moindres mouvements de sa vie intime. Et
ça, M. le Président, ça commence à être grave
quand vous avez un ministre de la Justice qui dit, d'une part: C'est
parfaitement normal que ça existe. Regardez ce qu'on a fait avec la
pègre. Regardez, on a écouté la pègre. D'autre
part, on se rend compte que des gens d'organisations absolument
légitimes comme la Société Saint-Jean-Baptiste je
ne pense pas que les gens de la Société Saint-Jean-Baptiste
soient des révolutionnaires sont l'objet d'écoute, des
gens comme M. Groulx, M. Caron. Quand on voit qu'en plus de ça c'en est
rendu aux avocats, je dis à ce moment-là qu'il y a quelque chose
d'inquiétant de la part du ministre de la Justice, lorsqu'il nous laisse
dans cette incertitude à l'égard de son attitude. Il dit: II va y
avoir une loi fédérale qui va nous dire quoi faire et moi je vais
imposer des règlements qui vont s'appliquer; et, entre-temps j'ai
donné des directives pour que ça ne s'applique pas aux
députés, aux hauts fonctionnaires, aux juges. Bondance! M.
le Président, même s'il a donné ces directives-là,
il reste quand même qu'il est assez clair et le ministre l'a admis
en cette Chambre qu'il y a au moins deux bureaux d'avocats je dis
au moins deux, parce que le ministre peut-être ne le sait pas, je prends
sa parole, peut-être qu'il ne sait pas qu'il y en a d'autres qui
ont été l'objet d'écoute électronique,
d'initiatives, M. le Président. On a vu dans les publications qui ont
suivi l'affaire de l'écoute électronique dont ont
été l'objet deux officiers de la Société
Saint-Jean-Baptiste que ce n'étaient pas des initiatives du dernier
arrivé, du cadet sorti de l'école de Nicolet, ces
histoires-là. Quand la police installe des systèmes
d'écoute, l'autorisation est venue de haut et c'est ça qui est
inquiétant.
L'ambiguïté dans laquelle nous entretient le ministre actuel
de la Justice est inquiétante. Je dis qu'il va falloir qu'il corrige
cela et très rapidement. Ce n'est pas possible, M. le Président,
qu'on fasse fi, entre autres, du secret professionnel des avocats parce que,
tantôt, ça sera le secret professionnel des médecins
peut-être. Peut-être qu'on va vouloir savoir au Québec
ce serait peut-être intéressant pour la police qui
souffre de maladies vénériennes au Québec et, comme voie
de conséquence, qu'on se mette à écouter les cabinets de
médecins spécialisés en neurologie. C'est fort possible,
ça M. le Président. Une fois que c'est arrivé dans le
domaine où vous avez des criminalistes et qu'on veut savoir quel genre
de procès ils préparent, avec leurs clients, n'importe quoi est
possible. Les psychiatres, M. le Président, peut-être. On a vu des
cas aux Etats-Unis. A un moment donné, demain, certains dirigeants de la
police seront peut-être intéressés à savoir si le
ministre des Affaires sociales est parfaitement équilibré pour
administrer son budget. Nous autres, remarquez qu'on est prêt d'avance
à dire qu'il est équilibré, mais c'est possible je
veux dire, jusqu'à preuve du contraire évidemment que ces
choses arrivent. N'importe quelle hypothèse est possible à partir
de ce moment-là.
C'est là-dessus, M. le Président, que j'engage le ministre
de la Justice à clarifier la position, à nous dire une fois pour
toutes quelle est l'attitude du ministère de la Justice pour que
je m'excuse de l'expression un peu grossière, M. le Président
on sache le cul de qui on botte, pour savoir à qui on met des
coups de pied au derrière. C'est ça, M. le Président, la
question de fond. Si on est rendu avec un ministère de la Justice qui
dit: Ce n'est pas moi qui ai ordonné ça, j'ai même dit le
contraire; bien, on ne sait plus à qui s'en plaindre. Et cette
ambiguité-là est malsaine, elle doit être
réglée très rapidement.
Dernier point, M. le Président, en terminant. Contrairement
à ce que certains de mes collègues vont peut-être tenter de
me dire, je n'entrerai pas dans le domaine privilégié du sub
judice, je ne ferai pas outrage au tribunal en
Chambre. J'ai dit au premier ministre l'autre jour que, moi, je
connaissais le domaine de l'outrage au tribunal. Si lui ne le sait pas, c'est
son problème. Je veux parler quand même des droits des Indiens et
en parler très brièvement à la suite du projet de
développement de la baie James adopté par le bill 50 que nous
avons sanctionné, je pense, au mois de juillet 1971.
Permettez-moi, M. le Président, très brièvement, de
vous dire que nous vous avions prédit un certain nombre de
problèmes qui pourraient arriver relativement aux droits des Indiens. Et
c'est cet aspect-là que je veux détacher de la question. Je ne
veux pas parler des droits des Indiens comme tels, de la cause devant la cour
Suprême ni de la cause devant la cour Supérieure, ni encore moins
devant la cour d'Appel.
J'avais cité à cette époque, et plus
particulièrement le 14 juillet 1971, M. le Président, à
l'occasion de la discussion de l'article 43 du projet de loi no 50, certains
extraits de la Loi d'extension des frontières de 1912. J'avais
également cité à cette occasion des extraits du rapport de
la commission Dorion et je veux juste répéter les deux extraits
de la commission Dorion, sans faire de commentaires qui pourraient être
interprétés comme une insertion de ma part dans une bataille
entre justiciables.
A la page 3849, le mercredi 14 juillet 1971, du journal des
Débats, je citais les deux recommandations suivantes de la commission
Dorion : "Que le gouvernement du Québec prenne sans délai les
dispositions pour honorer les obligations contractées envers les Indiens
par les lois d'extension des frontières du Québec de 1912."
Deuxième recommandation: "Que l'accomplissement de cette
obligation prenne la forme d'une entente entre le gouvernement du Québec
et les représentants dûment mandatés des bandes indiennes
du Québec, entérinée par le gouvernement du Canada."
Sans entrer dans le débat juridique qui actuellement oppose les
bandes indiennes représentées par leur association et le
gouvernement ainsi que les entrepreneurs importants mêlés à
l'affaire, j'en appelle au gouvernement. Je lui demande simplement de faire ce
qu'on lui demandait en 1971 de faire. Je lui demande simplement de mettre de
côté cette espèce d'attitude arrogante qui jusqu'à
maintenant l'a empêché de négocier avec les Indiens. Si,
comme le ministre des Richesses naturelles me l'a admis, à la suite
d'une de mes questions, le 8 mars 1972, les Indiens ont des droits et si le
moindrement ces droits peuvent être touchés par la mise en vigueur
du projet d'aménagement de la baie James, si ça existe, M. le
Président, on doit clairement s'asseoir à la table de
négociations et discuter avec les représentants autorisés
des Indiens et des Inuits au Québec et leur dire: Peu importe les
procédures c'est pour ça que je ne pense pas que je
m'insère dans le débat juridique qui est devant les tribunaux
peu
importe les procédures, et leur dire que c'est un minimum de
justice.
C'est un minimum d'humanisme à l'égard de ces 3,000 ou
4,000 Indiens et Inuits qui sont visés actuellement par ce projet, de
s'asseoir puis de leur dire: Quelle façon pourrions-nous trouver pour
nous accommoder ensemble? Nous, d'une part, on veut mettre le projet du
siècle en vigueur; vous, d'autre part, vous n'avez pas de raison de vous
faire organiser, parce que vous êtes un petit nombre, devant la force
représentée par un gouvernement qui se dit représentant de
l'intérêt public.
Je demande à ce gouvernement un minimum d'humilité, un
minimum d'acceptation d'une situation de fait qui va aller jusqu'à dire:
On ne marchera pas sur la tête des Indiens et des Inuits puis on va
négocier vos droits. Et ça, le jour où ce gouvernement qui
est fort de 102 députés sur 110, dira que, malgré les
procédures, il va s'asseoir à la table des négociations,
il y aura peut-être un certain espoir et ce que le premier ministre
disait le lendemain de l'élection serait vrai.
Je me rappelle que le premier ministre disait : Malgré nos 102
députés, on va gouverner comme si on en avait 60. Je n'ai pas
compris, depuis le début de la session, que ça se traduisait
rapidement dans des attitudes de jour en jour, des attitudes quotidiennes. Je
n'ai pas compris ça encore, mais une des façons qui nous
permettraient de comprendre que c'est possible, ce serait, entre autres,
d'aller voir un groupe numériquement très faible au
Québec, il n'y a pas de doute, qui financièrement,
économiquement, est très faible aussi.
Ce serait d'aller le voir, lui comme gros gouvernement et dire: Vous
avez un certain nombre de droits, je suis prêt à m'asseoir et
à discuter avec vous autres d'égal à égal. Cela
coûte combien pour racheter vos droits? Parce que tôt ou tard, ce
sera une question de piastres et de cents, probablement de millions de piastres
et de cents, peut-être plus que cela, je ne veux pas anticiper ces
négociations-là mais il va falloir qu'on le fasse, il va falloir
qu'on s'asseoie. Je pense qu'à ce moment-là moi, j'en
prends l'engagement, en tout cas, du côté de l'Opposition, au nom
de mon parti puisque je suis le dernier à parler à ce
sujet-là quand le gouvernement posera des gestes de cette
nature-là, je prends l'engagement qu'on l'appuiera comme on l'appuiera
dans toute autre attitude normale d'un gouvernement civilisé, dans toute
attitude d'un gouvernement qui ne veut pas se servir de sa force au-delà
des rapports de force qui existent.
En ce qui me concerne, je ne plaide pas en faveur de notre groupe, M. le
Président, je peux vous dire qu'on est seulement six mais on a,
cependant, l'intention d'être présents, d'être de tous les
débats, d'être aussi vigoureux qu'on l'a été dans le
passé même si, à l'occasion, certaines de nos critiques
n'ont pas eu l'heure de plaire au gouvernement et surtout pas aux
députés qui ne participent jamais aux débats. En tout cas,
c'est leur problème, ce n'est pas le mien. En ce qui me concerne, la
critique que nous allons faire sera constructive et elle ira même
jusqu'à appuyer le gouvernement, même jusqu'à adopter des
projets à l'unanimité lorsque ces projets de loi seront d'une
valeur que nous reconnaîtrons.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Laviolette.
M. Prudent Carpentier
M. CARPENTIER : M. le Président, contrairement à ce que
les membres de l'Opposition officielle n'ont pas cru bon de faire, je veux me
joindre à ceux de mes collègues qui m'ont
précédé pour vous offrir mes plus sincères
félicitations pour votre nomination à la présidence de
cette Chambre ainsi qu'aux deux vice-présidents qui ont accepté
la lourde tâche de vous assister dans vos fonctions. Evidemment, nous
comprendrons facilement que le parti d'Opposition, le parti séparatiste
a voulu continuer ce genre de débat qu'il avait entamé au cours
de la campagne électorale et c'est pourquoi nous avons vu s'instaurer,
ici en cette Chambre, ce genre de débat lors de votre mise en nomination
pour la présidence de cette Chambre.
Nous les excusons, nous leur pardonnons car, franchement, ce n'est que
la continuation de ce qu'ils ont voulu tenter de faire croire à la
province de Québec, aux citoyens de la province; ils ont tenté,
par tous les moyens possibles, de le faire dans cette Chambre, dans cette
enceinte, lors du discours inaugural. Par contre, je voudrais profiter de
l'occasion pour remercier bien sincèrement tous les électeurs de
mon comté qui m'ont renouvelé, encore cette année, leur
confiance en renouvelant le mandat qu'ils ont bien voulu me confier. Soyez
assuré, M. le Président, qu'à l'endroit de ces derniers
j'essaierai, par tous les moyens possibles, de leur rendre justice en
travaillant comme je l'ai fait durant les trois dernières années
en essayant de réaliser du mieux que je pourrai des projets concrets non
pas pour un groupe d'individus particulier mais bien pour l'ensemble des
citoyens que je représente, soit la circonscription électorale de
Laviolette.
Je voudrais également mentionner qu'au cours de la
dernière campagne électorale les partis de l'Opposition ont
tenté... Je remarquais hier soir, lors d'un discours prononcé par
un des membres de l'Opposition, qu'on a accusé le gouvernement
libéral d'à peu près tous les péchés
capitaux qui peuvent exister lors d'une campagne électorale. Pour ma
part, je puis vous dire que dans la circonscription que je représente,
ces derniers n'ont pas hésité un seul moment à essayer de
faire valoir toutes sortes de trucs malhonnêtes au cours de cette
campagne. On a
même essayé de faire croire à l'ensemble de la
population qu'ils réaliseraient déjà des travaux
exécutés ou en voie d'exécution. N'est-ce pas là
des trucs malhonnêtes au cours d'une campagne électorale? Cela
s'est répété à maintes reprises.
On a même essayé d'organiser une marche sur un de nos
hôpitaux dans la région de la Mauricie, afin d'essayer de tromper
l'attention de la population, face aux nombreux problèmes qui existent.
C'est pourquoi je redis bien sérieusement et bien sincèrement,
avec toute la loyauté que j'y avais mise, que ces problèmes ne se
régleront pas dans la rue, mais, bien au contraire, par des discussions
valables, par des discussions sérieuses, pour essayer de trouver des
solutions qui répondraient non seulement à un groupe de
séparatistes, dans mon comté, mais bien à l'ensemble de la
population. C'est ce à quoi j'ai travaillé et ce que je
continuerai de faire avec la remarquable collaboration du nouveau ministre des
Affaires sociales. Je voudrais aussi mentionner la collaboration très
étroite que j'ai eue de son prédécesseur. Je suis
persuadé qu'avec sa compréhension des problèmes qui
existent actuellement, non seulement dans la circonscription de Laviolette,
mais peut-être dans d'autres coins dans la province de Québec,
c'est par la discussion honnête, franche et loyale que nous serons
capables de trouver des solutions qui répondront vraiment aux besoins de
l'ensemble de la population. Ce ne sont là que de simples exemples.
Lorsqu'on a vu certains membres de l'Opposition essayer d'accuser constamment
le Parti libéral, au cours de la dernière campagne
électorale, je dis que ces gens... Je ne sais pas de quelle façon
il faudrait les qualifier, mais je vous pose la question, M. le
Président, et ce sera à vous d'en juger. Est-ce vraiment
honnête, ces trucs que je qualifie personnellement de malhonnêtes
à l'endroit de la population?
Je veux également féliciter tous les élus qui, avec
moi, se sont fait élire dans les différentes circonscriptions de
la province de Québec. Je crois que la lourde responsabilité qui
leur incombe aujourd'hui repose entièrement sur leur loyauté de
servir de la façon la plus adéquate l'ensemble de la population.
Même si nous recevons des attaques parfois pernicieuses de l'adversaire,
qui ne sait plus où se jeter, je crois que nous devons calmement, dans
la sérénité la plus exquise, continuer à travailler
et à donner à l'ensemble de la population ce qu'elle requiert de
nos services. C'est ça, M. le Président. Je vois des membres de
l'Opposition me regarder avec un malin sourire. Je n'ai pas peur de les
envisager, parce que lorsque j'analyse les trucs vraiment malhonnêtes
qu'ils ont osé essayer d'instaurer dans la circonscription que je
représente, je n'ai pas peur de les regarder et de leur dire bien
franchement que même malgré ces attaques malhonnêtes, nous
n'avons pas hésité un seul moment de collaborer avec l'ensemble
des ministères au développement de ce comté. Je veux
féliciter également tous les autres de mes collègues qui,
eux aussi, ont eu à faire face à ces nombreuses attaques et qui
n'hésiteront jamais, devant cette si faible opposition, de continuer de
travailler pour le mieux-être de l'ensemble des citoyens de la province
de Québec.
J'aurais aimé vous faire un bref historique des
réalisations que nous avons connues au cours des dernières
années dans cette circonscription, mais, malheureusement, le temps me
manque. J'aurai l'occasion d'y revenir, M. le Président. J'aurais
également aimé, de façon tout à fait
particulière, parler de la baie James, mais comme cette question est
encore devant les tribunaux, je crois que j'aurai l'occasion d'y revenir.
Dans la réforme de la carte électorale, on m'a
donné, en plus des paroisses qu'on a bien voulu m'octroyer dans ce
comté, deux réserves indiennes. Je ne crois pas que plusieurs
députés puissent se vanter d'avoir à transiger avec les
Indiens. Je l'ai fait de bonne foi. Considérant les bienfaits qu'ils ont
reçus, tant du fédéral que du provincial, tant du
côté éducationnel, construction de routes, construction
d'écoles, construction d'infirmeries pour leur venir en aide et essayer
d'établir chez eux, Québécois comme n'importe qui de nous,
des services vraiment valables pour l'ensemble des citoyens, lorsque l'on voit
toutes sortes d'arguments qui sont vraiment malhonnêtes à la face
de la population, considérant les problèmes qui existent
actuellement à la baie James, allez donc demander à ces gens
s'ils seraient prêts à retrouver la situation qu'ils avaient il y
a cinq ans ou dix ans.
Allez donc fermer leurs écoles, allez donc fermer leurs
hôpitaux, allez donc fermer leurs routes. Je pense que vous allez sortir
les premiers de ce vaste territoire. Ces gens sont vraiment contents de pouvoir
participer à ce projet au même titre que n'importe quel citoyen du
Québec. Ces gens sont aussi Québécois que nous pouvons
l'être. Mais, peut-être ignorants de certaines lois qui existent
présentement pour leur venir en aide, certains groupes essaient, par
tous les moyens possibles, de les tromper, de tromper leur attention. Avec le
consentement et surtout l'effort loyal de tous les députés
libéraux en cette Chambre je compte également sur la
participation de l'Opposition j'ose croire qu'un jour ils comprendront
enfin leurs responsabilités devant les nombreux problèmes qui se
posent à eux. A ce moment-là, je suis persuadé que, tous
ensemble, selon les responsabilités qui nous incombent à tous et
à chacun d'entre nous, nous serons capables de réaliser de
très grandes choses dans notre province et que nous serons capables de
dire ensemble que nous sommes fiers de travailler pour un Québec uni
dans un Canada toujours plus fort. Je vous remercie, M. le
Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (Picard): L'honorable ministre de
l'Immigration.
M. Jean Bienvenue
M. BIENVENUE: M. le Président, à la suite d'un des sujets
qu'a traité brièvement le député de Maisonneuve,
dûment mandaté que je suis par le gouvernement auquel
j'appartiens, je voudrais d'abord faire une courte mise au point au cours de
laquelle je respecterai parfaitement, comme l'a fait le député de
Maisonneuve, le subjudice qui intéresse cette question de la baie
James.
Je veux donc dire que le gouvernement a négocié durant un
an, soit de septembre 1971 à octobre 1972, sur une base mensuelle, avec
les Indiens, soit jusqu'au moment où ces négociations ont
été rompues à la suite des poursuites intentées
contre le gouvernement.
Deuxièmement, ces négociations ont été
reprises par l'actuel gouvernement qui a même désigné,
comme interlocuteur fort valable pour le représenter, le
député de Mont-Royal.
M. le Président, je veux, tout d'abord, par votre
intermédiaire, comme mes collègues, offrir mes
félicitations au président de la Chambre et à ceux qui ont
été désignés pour l'assister. Je veux
également souhaiter la plus cordiale et la plus sincère bienvenue
à tous les nouveaux membres de l'équipe libérale qui se
sont joints à nous, le 29 octobre dernier.
Pour ma part, ce même 29 octobre 1973, je devenais le premier
député du nouveau comté de Crémazie.
C'était, je pense, de mémoire d'homme et sauf erreur, la
première fois qu'un Québécois pure laine se faisait
élire député sur l'île de Montréal, surtout
après deux mandats à l'autre bout du Québec, soit en
Gaspésie. Je veux remercier la sympathique population du comté de
Crémazie qui, après m'avoir d'abord invité à me
porter candidat du gouvernement, m'a ensuite élu avec un appui que je ne
suis pas prêt d'oublier. Mes organisateurs m'ont avoué, le soir du
scrutin, qu'au début de ma campagne tardive, qui a duré à
peine trois semaines, j'avais à faire face à un déficit de
l'ordre de 3,000 à 4,000 voix.
Ce fut donc une lutte de chaque instant face à un adversaire de
taille, qui était une tête d'affiche du Parti
québécois, donc c'était au surplus la deuxième
campagne dans ce comté, et qui possédait, m'a-t-on dit je
l'ai constaté, d'ailleurs une des meilleures organisations au
Québec.
Je lui rends publiquement le témoignage qu'il s'est conduit comme
le grand gentilhomme qu'il a toujours été à mes yeux.
Aussi étais-je fier, à juste titre, de la victoire du Parti
libéral dans Crémazie, avec une majorité substantiellement
accrue sur celle de 1970, sans oublier évidemment que l'ancien
comté d'Ahuntsic avait vu détacher de son territoire la partie
ouest, soit celle où habitait une forte concentration d'anglophones et
de groupes ethniques.
En effet, M. le Président, par une coincidence que je ne regrette
pas et que j'ai presque souhaitée, alors que j'étais et suis
resté titulaire du portefeuille de l'Immigration, j'ai été
élu par un des comtés les plus francophones de l'est de
Montréal, alors qu'il compte une proportion de francophones de l'ordre
de 90 p.c.
Avec toute la modestie dont je suis capable et malgré un travail
personnel inlassable, je suis assez homme, M. le Président, pour
reconnaître que c'est la victoire de mon parti et celle de mon chef, le
premier ministre du Québec. Me contentant tout au plus, au cours de
cette campagne, de faire partager par mes électeurs les craintes et
l'inquiétude que j'éprouvais sincèrement devant
l'éventuelle séparation économique du Québec, je me
suis beaucoup plus et de façon positive et non partisane
employé à leur rappeler le bilan impressionnant de notre
gouvernement depuis près de quatre ans, n'hésitant jamais,
à l'occasion, à reconnaître nos erreurs.
J'ai dit que M. Jacques Parizeau avait mené une campagne digne et
propre. Je regrette cependant que certains de ses soldats, comme d'ailleurs ce
fut le cas dans d'autres comtés, aient opté pour cette voie
méprisable qu'au cours d'une conférence de presse à
l'échelle provinciale, durant la campagne, je n'ai pas
hésité, preuves à l'appui, à qualifier de racisme
envers ceux qui par choix et non par naissance ont décidé un jour
de vivre au Canada et au Québec.
Le Parti québécois se flatte d'être toujours
à l'avant-garde des idées et des attitudes au Québec.
J'affirme qu'en octobre 1973, il a posé des gestes qui l'ont fait
reculer de 25 ans, à cette époque un peu honteuse au sujet de
laquelle M. Petit-Martinon écrivait avec justesse, il y a à peine
quelques jours: "C'est le mépris qu'affichent les
Québécois envers l'immigrant. Si d'ailleurs l'immigrant est un
apport pour l'économie du Québec, il sert surtout d'exutoire et
de bouc émissaire qu'on charge de tous les péchés
d'Israël. "Depuis quelques années, les Québécois ont
découvert qu'il y avait des immigrants au Québec et qu'ils
représentaient une force à la fois économique et humaine
mais malheureusement c'était un peu tard. "D'autre part, les
Québécois ne tenaient pas tellement "à ces maudits
importés ou à ces maudits DP", expression courante dans les
années cinquante pour désigner autant une personne
déplacée qu'un immigrant volontaire. Ce genre de mépris ne
s'oublie pas."
M. le Président, cela m'amène à traiter, pour la
première fois en cette Chambre, de ce sujet qui constitue à mes
yeux un enjeu capital pour le Québec de la fin du 20e siècle,
l'immigration.
Plus que jamais, M. le Président, il est nécessaire de
rappeler l'importance pour le Québec d'une immigration vigoureuse et
sélective. Parmi bien des raisons, on en retiendra trois qui sont
fondamentales.
En premier lieu, le Québec, comme les autres provinces
canadiennes et sans doute davantage, affronte un grave problème de
dénatalité, ce
que les démographes appellent communément la croissance
zéro.
En second lieu, sur le plan du développement économique,
le Québec a tout avantage à voir sa population augmenter. Plus de
producteurs et plus de consommateurs, c'est aussi plus d'emplois et plus de
contribuables.
Accueillir des adultes déjà formés présente
un double avantage. D'une part, l'économie des coûts de formation;
d'autre part, l'utilité économique immédiate des nouveaux
arrivants, à condition bien sûr que ceux-ci soient judicieusement
choisis et qu'ils ne viennent pas renforcer le bataillon des sans-emplois. En
d'autres termes, au plan économique, une immigration cohérente
doit venir combler les pénuries du marché du travail et
créer de nouveaux emplois.
Enfin, aux plans culturel et linguistique, une immigration
sélective et intelligente devrait, à terme, renforcer le groupe
francophone et participer efficacement à sa survie comme telle.
Engagée réellement depuis 1970, c'est-à-dire depuis trois
années seulement, la politique québécoise d'immigration
repose sur un principe fondamental dans le respect des valeurs culturelles
d'origine, valeurs qui, à mes yeux, constituent pour le Québec un
enrichissement inestimable; il s'agit d'inciter par des moyens variés,
et non par la contrainte, les nouveaux arrivants à rejoindre le groupe
majoritaire, c'est-à-dire la communauté francophone et à
s'y intégrer harmonieusement.
Quels que soient le passé immédiat et le présent,
l'on pourrait s'interroger longuement on pourrait longuement faire un
examen de conscience collectif, comme le suggérait mon nouveau
compagnon, le député d'Anjou sur nos
responsabilités collectives au niveau de l'attraction et en
matière d'accueil, mais là n'est pas mon propos. Il est des
signes récents et auxquels j'espère ne pas être
complètement étranger d'un avenir réconfortant.
Je signalerai, entre autres, la prise de position claire et sans
ambiguïté de la Fédération des associations
italiennes du Québec en ce qui concerne la langue française,
l'orientation des écoles grecques et juives où le français
est devenu prioritaire, l'inscription massive des enfants dans les maternelles
spéciales et les classes d'accueil, et, d'une manière
générale, la prise de conscience de tous les groupes ethniques
sans exception à l'endroit de leurs obligations et de leurs devoirs
à l'égard du groupe majoritaire en cette province.
Comme le précisait le premier ministre, Pierre Elliott Trudeau,
dans l'entrevue qu'il accordait au journal Le Devoir le 24 septembre dernier:
"Les provinces elles-mêmes doivent se charger de cette tâche
d'accueillir les immigrants, de leur faciliter l'intégration à un
milieu linguistique plutôt qu'à un autre, de créer
l'infrastructure autant matérielle que psychologique qui fera que les
gens voudront être francophones".
Si jeune soit-il, le ministère de l'Immigration n'a pas attendu
pour mettre sur pied cette infrastructure: cours de langues à temps
plein dispensés dans les centres d'orientation et de formation des
immigrants, qu'on appelle communément les COFI, où l'enseignement
du français représente 70 p.c. du volume; cours de langues
à temps partiel; classes d'accueil exclusivement en français et
transférées depuis peu au ministère de l'Education pour y
être intégrées sur le plan de développement des
langues; financement partiel des garderies en français pour les enfants
des nouveaux arrivants; activités parascolaires en français
durant les fins de semaine et les périodes de vacances, facilitant les
relations entre enfants québécois et enfants immigrants;
application rigoureuse de la Loi modifiant la loi de l'admission à
l'étude des professions l'ancien bill 64 qui permet aux
nouveaux arrivants d'exercer leur profession avant d'avoir obtenu leur
citoyenneté canadienne, sous réserve qu'ils justifient une
connaissance d'usage de la langue française.
Ainsi, je suis heureux de dire qu'entre le 1er mars 1971 et le 30
novembre 1973, des 1,850 personnes qui ont demandé à se
prévaloir du bénéfice de cette loi, près de 1,650
d'entre elles ont subi avec succès l'examen du ministère que je
dirige, ce qui leur permet dorénavant d'exercer librement leur
profession avant même que d'avoir acquis la citoyenneté
canadienne.
Il convient de souligner ici un fait, passé jusqu'à
présent inaperçu, qui mérite cependant d'être
signalé parce qu'il peut faire figure de précédent.
Dès la mise en oeuvre des COFI, le ministère de l'Immigration a
statué, d'une part, que le personnel de direction de ces institutions
devrait être de langue française et, d'autre part, que la langue
de communication utilisée à l'intérieur des COFI par
l'administration, les professeurs et les élèves, devrait
être le français. Ces directives ont été
confirmées dans le cahier des politiques et des normes publié par
mon ministère en décembre 1972. Cependant, même si des
efforts très importants ont été accomplis par le
gouvernement depuis trois ans et après une longue période
où seules les institutions privées semblaient avoir
l'exclusivité de l'action, il reste encore du chemin à parcourir
pour atteindre l'objectif de l'intégration harmonieuse des immigrants
à la communauté francophone.
Nous sommes désormais en mesure de faire un premier bilan de
l'action des COFI. Dès l'origine, il a été clairement
établi qu'un immigrant ne pourrait bénéficier de cours
d'anglais qu'après avoir fait la preuve de sa connaissance du
français. Ce qui signifiait concrètement qu'un immigrant qui ne
connaissait ni l'une ni l'autre des deux langues officielles devait d'abord
suivre un cours de français de 20 semaines. Des études
statistiques et des mesures rigoureuses au double plan de la linguistique et de
la docimologie viennent de révéler que 20 semaines
d'apprentissage sont insuffisantes pour avoir une connaissance du
français courant, c'est-à-dire le comprendre quand il est
parlé, le parler pour être compris, le lire et l'écrire
convenablement. C'est pourquoi dès le 1er avril
prochain, M. le Président, la durée de l'enseignement du
français sera portée, à titre expérimental, de 20
à 30 semaines.
Par ailleurs, il est de plus en plus évident que le cadre dans
lequel est administré ce programme est inadéquat à
l'objectif prioritaire du Québec. En effet, l'enseignement des langues
aux immigrants fait partie intégrante de l'entente
fédérale-provinciale sur la Loi de la formation professionnelle
des adultes, la FPA. Or, il est certain que l'acquisition de l'une ou l'autre
des deux langues officielles est un prérequis à la formation
professionnelle et à l'entrée sur le marché du travail.
Les mécanismes actuels ne nous permettent pas de rejoindre tous les
immigrants; ils sont ainsi un obstacle important à l'intégration
linguistique. Mon ministère songe donc sérieusement à des
procédures plus adéquates pour administrer ce programme.
Dans le même ordre de préoccupations, je voudrais rappeler
que lorsque le premier ministre Trudeau a annoncé, le 8 octobre 1971, le
programme fédéral de multiculturalisme, le Québec, par la
plume de son premier ministre, avait souligné, le 4 novembre de la
même année, que le programme tel que proposé paraissait
difficilement compatible avec la réalité
québécoise. Qu'on ne s'y méprenne pas, nous estimons que
l'apport culturel des groupes ethniques je viens à peine de le
dire est une richesse inestimable pour le Québec. Cela correspond
d'ailleurs à l'article 4 de la loi organique de mon ministère
où il est dit que le ministre a aussi pour fonction de favoriser la
conservation des coutumes ethniques.
Ce que nous souhaitons, c'est ce développement des
mécanismes de concertation comme il s'en est instauré ailleurs
soit celui du type des Perspectives-Jeunesse et des Projets d'initiatives
locales.
Dans un tout autre ordre d'idée, il est évident que
l'intégration linguistique des immigrants à la communauté
francophone est profondément reliée aux problèmes de la
langue utilisée dans les services publics et parapublics. Au moment
où se mettent en place des structures nouvelles dans le secteur de la
santé et dans la vie communautaire, à défaut de pouvoir
servir chacun dans sa langue maternelle, ce qui n'est concevable dans aucun
pays du monde, il conviendra de veiller à ce que le français
reçoive, sans équivoque, un statut qui réserve l'usage de
l'anglais à ceux-là seuls dont c'est la langue maternelle.
Une telle politique est d'ailleurs cohérente avec l'exigence qui
est faite à tous les professionnels d'avoir, à partir de 1976,
une connaissance d'usage du français, afin de pouvoir exercer leur
profession. Il restera encore un problème important à
régler, d'autant plus important qu'il est préalable à tous
les autres. Tout le monde, tant à Québec qu'à Ottawa
et je songe entre autres à mon homologue fédéral,
l'honorable Robert Andras, avec qui j'ai correspondu, que je dois rencontrer
bientôt tous ces gens sont préoccupés de
l'évolution actuelle du mouvement de l'immigration.
Pour la deuxième année consécutive, le
Québec a perdu la seconde place au Canada, au profit de la
Colombie-Britannique. Plus inquiétante encore est la répartition
des immigrants selon leur origine linguistique. Au cours des neuf premiers mois
de l'année 1973, 58 p.c. des immigrants reçus au Canada
provenaient d'un pays de dernière résidence de langue anglaise et
seulement 3.7 p.c., d'un pays de dernière résidence de langue
française.
Quelle que soit l'apparente bonne volonté de nos partenaires,
force nous est de constater que, contrairement à l'Ontario, le
Québec a été absent du champ de l'immigration que pourtant
l'article 95 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique décrit
comme un champ de compétence partagée. Même si nous avons
depuis trois ans quelques agents en poste à l'étranger pour
accompagner la sélection et le recrutement des candidats à
l'immigration, cette présence est beaucoup trop légère
pour être efficace et les pouvoirs de ces agents trop faibles pour
permettre une immigration sélective et satisfaisante pour le
Québec.
Le moment semble donc venu, M. le Président, pour repenser les
politiques et les modalités d'information, de sélection et de
recrutement des immigrants que le Québec souhaite accueillir. Le
ministère de l'Immigration du Québec est désormais
outillé pour traiter l'information pertinente à sa
clientèle, mais il faudrait qu'il puisse y avoir normalement et
intégralement accès, ce qui ne devrait pas être impossible.
Même si le nombre des nouveaux arrivants se situe, bon an mal an, aux
environs de 20,000 personnes, chiffre modeste d'ailleurs, tout le monde est
désormais persuadé de l'importance de l'immigration en ce qui
touche à la culture québécoise et à sa survie.
Encore faut-il que soient remplies un certain nombre de conditions, une
attitude non équivoque d'accueil et d'ouverture des Canadiens
français envers les nouveaux venus, une attitude coopérative et
non ambiguë de ceux qui ont quitté leur patrie et ont choisi de
devenir des Canadiens vivant au Québec, une collaboration harmonieuse
des paliers de gouvernement pour que le Québec ait réellement les
possibilités de créer cette infrastructure que suggérait
le premier ministre Trudeau qui fera que les gens voudront être
francophones.
Modestement, à l'image de la réalité, et
énergiquement, à la taille de cet enjeu dont j'ai parlé,
le ministère de l'Immigration du Québec apportera sa pierre
à la construction de la souveraineté culturelle, gage de la
survie du Québec et de la pérennité du Canada.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres membres de l'Assemblée
qui désireraient participer à ce débat sur le message
inaugural?
DES VOIX: Vote! Vote!
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que je pourrais demander le
vote enregistré sur la motion? Je pense que j'ai l'approbation de quatre
autres députés.
M. BURNS: Avec notre collaboration, M. le Président.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion de blâme de M. Samson
LE PRESIDENT: La motion de blâme proposée par l'honorable
député de Rouyn-Noranda, qui est mise aux voix
présentement, se lit comme suit: "Que le gouvernement est à
blâmer pour avoir omis de prendre les mesures nécessaires pour
enrayer l'inflation galopante qui déprécie la valeur des
économies des petits épargnants et frappe plus lourdement encore
les petits salariés et les assistés sociaux".
Que ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever,
s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Samson, Morin, Burns, Léger, Charron,
Lessard, Bédard (Chicoutimi).
LE PRESIDENT: Que celle et ceux qui sont contre cette motion, veuillent
bien se lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Mailloux,
Choquette, Garneau, Cloutier, Phaneuf, Berthiaume, Cournoyer, Goldbloom, Mme
Bacon, MM. Tetley, Drummond, Bienvenue, Forget, Massé, Harvey
(Jonquière), Vaillancourt, Arsenault, Houde (Fabre), Houde
(Abitibi-Est), Desjardins, Giasson, Perreault, Brown, Fortier, Bossé,
Kennedy, Lamontagne, Bédard (Montmorency), Saint-Hilaire, Brisson,
Séguin, Houde (Limoilou), Pilote, Ostiguy, Fraser, Picard, Carpentier,
Dionne, Faucher, Marchand, Harvey (Charlesbourg), Larivière, Pelletier,
Springate, Beauregard, Bérard, Bonnier, Boudreault, Boutin
(Johnson), Boutin (Abitibi-Ouest), Caron, Côté, Denis,
Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours, Malouin,
Massicotte, Mercier, Pagé, Parent (Prévost), Picotte, Sylvain,
Tardif, Tremblay, Vallières, Verreault.
LE SECRETAIRE: Pour: 7 Contre :7 2
LE PRESIDENT: La motion est rejetée.
M. LEVESQUE: M. le Président, afin que les députés
puissent prendre les dispositions qu'ils jugent à propos, nous n'avons
pas l'intention de faire siéger la Chambre vendredi. Il y a une
séance du conseil des ministres qui doit commencer dans la
matinée. J'en ai, d'ailleurs, prévenu le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
LE PRESIDENT: Est-ce que cela devient un ordre de la Chambre?
M. BURNS: Consentement, Votre Seigneurie. Nous sommes d'accord.
M. LEVESQUE: Votre Seigneurie!
M. BURNS: Votre Seigneurie! Moi aussi, je vais être obligé
de me débarrasser de ça.
M. BOURASSA: Vous viendrez me défendre.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous pourrons entreprendre,
dès demain, l'étude de la législation. Nous pourrons
débuter par l'étude du projet de loi relatif aux amendements
à la Loi de l'expropriation et des tribunaux judiciaires et
procéder, immédiatement après, à l'étude du
projet de loi relatif aux allocations familiale.
M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre à
demain, quinze heures.
LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à demain,
quinze heures.
ANNEXE Référer à la version PDF page 247 À
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(Fin de la séance à 17 h 59)