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(Quinze heures sept minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
DEPOT DE DOCUMENTS Conférence
fédérale-provinciale
M. VEILLEUX: J'ai l'honneur de déposer une copie de la
déclaration du ministre des Communications, M. Jean-Paul L'Allier, lors
de la première conférence fédérale-provinciale des
ministres des Communications tenue à Ottawa, les 29 et 30 novembre
dernier, de même qu'une copie d'une pochette distribuée à
cette occasion contenant notamment un document intitulé Le Québec
maître d'oeuvre de la politique des communications sur son
territoire.
LE PRESIDENT: Questions orales des députés.
L'honorable chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS DES DEPUTES Vérificateur
général
M. MORIN: M. le Président, j'aurais une question destinée
au ministre des Finances, concernant le rapport du vérificateur
général du Québec, qui a été rendu public la
semaine dernière. A la suite des révélations qui sont
contenues dans ce rapport, en particulier en ce qui concerne l'abus des mandats
spéciaux, le ministre a-t-il l'intention de donner suite à une
importante recommandation du vérificateur à l'effet de convoquer
les commissions permanentes chargées de l'étude des
crédits des ministères pour étudier ces nouveaux
crédits octroyés par mandats spéciaux? A-t-il l'intention,
en particulier, d'appliquer cette recommandation, le cas échéant,
au cours de la période d'ajournement de Noël?
M. GARNEAU: M. le Président, je dois d'abord vous dire que le
rapport du vérificateur général, dont j'ai pris
connaissance récemment, est extrêmement intéressant. Il
s'agit du premier document qu'il ait présenté dans le cadre de
ses nouvelles attributions.
C'est un rapport qui va être extrêmement précieux non
seulement pour l'équipe ministérielle, mais, je dirais,
peut-être davantage pour les administrateurs des ministères parce
que plusieurs recommandations, qui sont faites de bonne foi et sont
techniquement valables, pourront être mises en application plus
facilement avec la pression morale des recommandations du
vérificateur.
Pour ce qui est, maintenant, des mandats spéciaux, il faudrait
apporter des amendements à la Loi de l'administration financière.
Je ne suis pas en mesure, présentement, de dire si le conseil des
ministres acceptera de présenter ces amendements et, s'il l'acceptait,
à quel moment il pourrait le faire. Chose certaine, c'est que, dans le
cadre des crédits des ministères du gouvernement, les commissions
parlementaires sont habituellement réunies et, dans un premier temps, le
débat est ouvert sur l'ensemble des activités du
ministère, de telle sorte que les mandats spéciaux, qui ont
été demandés par les ministres responsables de chacun des
ministères, pourraient faire l'objet de discussions à ces
commissions parlementaires sans qu'il soit nécessaire de réunir,
de façon spécifique, chacune des commissions au moment de la
reprise des travaux. Donc, avant de prendre une décision, je veux
analyser l'ensemble du problème et faire une recommandation, que je
jugerai utile, au conseil des ministres qui prendra la décision.
M. CLOUTIER : Une très bonne réponse.
M. MORIN: Question supplémentaire, M. le Président,
toujours au ministre des Finances et toujours au sujet de ce rapport du
vérificateur général. Compte tenu du fait que ce rapport a
été remis avec huit mois de retard au ministre ce rapport,
je le souligne au président, a été soumis au mois
d'août 1973, au lieu de décembre 1972 et qu'il
révèle, tout de même, de graves irrégularités
qui auraient été commises pendant l'année
financière 1971/72, est-ce que le ministre a envisagé des mesures
précises je sais que, la semaine dernière, il a
donné une réponse tout à fait générale
à une question qui lui a été posée à ce
sujet pour corriger ces délais qui rendent passablement
inopérante la surveillance des finances publiques par l'Assemblée
nationale, surtout qu'en l'occurrence il s'agit de sommes atteignant $64
millions.
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. GARNEAU: Le chef de l'Opposition mêle deux choses. S'il veut se
référer aux recommandations du vérificateur
général, je pense qu'il est tout à fait normal que, dans
une administration publique de $5 milliards, avec la décentralisation
que l'on connaît, il y ait des choses qu'il faille continuellement
améliorer.
Le rapport est pour l'année financière 1972, comme vous
l'avez mentionné, au 31 mars1972, et plusieurs des
éléments qui sont soûle-
vés dans ce rapport ont fait l'objet de discussions au niveau de
l'administration depuis ce temps. Il faudra donc vérifier c'est
ce que j'ai demandé au contrôleur des finances lesquelles
des recommandations ont été corrigées déjà
et lesquelles pourraient l'être.
Il y a un certain nombre de points sur lesquels le vérificateur a
droit à son opinion mais d'autres experts comptables ont aussi droit
à leur opinion et cela devient une question d'interprétation
pratique. C'est notre intention, d'ailleurs, de soulever certains de ces points
que j'appellerais plutôt de nature théorique, non pas pour engager
un débat ou une polémique avec le vérificateur mais pour
faire valoir les points de vue différents, du côté des
autres experts comptables qui travaillent au niveau de l'administration.
Pour ce qui est maintenant du deuxième aspect du commentaire du
chef de l'Opposition, en ce qui a trait aux mandats spéciaux, je pense
que j'ai donné l'indication, tout à l'heure, de l'attitude que
j'entendais prendre là-dessus.
M. MORIN: Une question additionnelle, compte tenu de ce que vient de
dire le ministre, M. le Président. Est-ce que le ministre a l'intention
de convoquer, avant l'ajournement de Noël, la commission des comptes
publics, des finances et du revenu, pour étudier le rapport qui nous a
été soumis et discuter avec le vérificateur des causes et
aussi des moyens de remédier à la situation qu'il décrit
dans son rapport?
M. GARNEAU: M. le Président, j'avais oublié de
répondre, tout à l'heure, à un aspect de la question du
chef de l'Opposition. Pour ce qui est du délai du dépôt du
rapport, ses collègues pourront lui mentionner qu'au cours de la session
dernière, j'avais déposé ici, à l'Assemblée
nationale, une lettre du vérificateur m'indi-quant qu'il ne serait pas
capable de respecter les délais que lui prescrit la loi, compte tenu du
fait que c'était la première année que cette
vérification se faisait et devait nécessiter l'implantation d'un
système qui avait été un peu plus long que
prévu.
La semaine dernière, j'ai dit, en réponse à une
question du député de Beauce, je crois, que le
vérificateur m'avait assuré que le rapport pour l'exercice
financier terminé le 31 mars 1973 serait vraisemblablement disponible
vers la fin d'avril, parce que la loi dit je parle de mémoire
qu'il doit être déposé à l'Assemblée
nationale avant le 31 décembre si celle-ci siège à cette
date, sinon dans les quinze jours qui suivent la reprise des travaux
parlementaires.
Evidemment, je ne peux pas vous dire autre chose que ce que le
vérificateur m'a dit, à l'effet que, cette année, il
serait sans doute disponible pour être déposé quelques
semaines seulement après le dépôt des compte publics.
M. MORIN: M. le Président, j'ai posé une question
précise en ce qui concerne les comptes publics, dont nous avons eu le
rapport la semaine dernière. Est-ce que le ministre va ou non convoquer
la commission avant Noël?
M. GARNEAU: J'ai répondu à cette question la semaine
dernière. Je réfère le chef de l'Opposition au journal des
Débats.
M. MORIN: C'est non, si je comprends bien.
M. GARNEAU: J'ai répondu, alors si vous avez écouté
vous avez entendu.
M. BURNS: Non, vous n'avez pas répondu. Répondez donc!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. ROY: Question additionnelle sur le même sujet. J'aimerais que
le ministre des Finances nous dise de façon bien précise si c'est
son intention, oui ou non, de convoquer la commission parlementaire des comptes
publics, parce que le ministre fait référence...
LE PRESIDENT: A l'ordre! M. ROY: M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait! A l'ordre! Si je me rappelle
bien, cette question avait été posée la semaine
dernière par l'honorable député de Beauce-Sud. Le
ministre, à ma souvenance, aurait répondu. Je ne sais pas s'il a
répondu d'une manière satisfaisante ou non.
M. MORIN: Ce que nous avons pu tirer de l'interprétation, c'est
que c'était non, mais nous voudrions que ce soit clair. Est-ce que c'est
oui ou non?
M. GARNEAU: Je croyais le chef de l'Opposition plus vif
intellectuellement. J'ai répondu d'une façon assez claire et
assez précise que d'ici la fin de la session il nous reste quinze
jours, peut-être trois semaines au maximum d'ici l'ajournement de
Noël des travaux parlementaires sont inscrits à l'ordre du
jour et il y en a d'autres qui le seront. Il s'agit d'avoir le temps
disponible. J'ai bien mentionné que l'ordre des travaux de la Chambre
était fixé par le leader parlementaire à la réunion
des leaders.
Deuxièmement, que le rapport du vérificateur
général dont on vient de prendre connaissance était un
rapport pour l'année financière terminée le 31 mars 1972
et qu'il convenait peut-être c'était là une
suggestion que je faisais pour la réflexion des députés de
cette Chambre d'attendre le rapport se terminant au 31 mars 1973, de
telle sorte que les deux documents pourraient être
déférés pour étude à la commission
parlementaire des comptes publics à la reprise des travaux au
début de 1974.
Je trouve tout à fait précise cette réponse que
j'ai donnée la semaine dernière et que je répète
pour la mémoire du chef de l'Opposition.
M. BURNS: Dernière question additionnelle, M. le
Président.
M. ROY: Si vous permettez, M. le Président, à la suite de
la question additionnelle que j'ai posée...
M. BURNS: D'accord.
M. ROY: ... lorsque j'ai posé cette question la semaine
dernière, le rapport du vérificateur n'était pas
déposé. Depuis, le rapport a été
déposé avec les recommandations que l'on connaît. Cela
change complètement la nature de la question et c'est pourquoi
j'aimerais savoir du ministre, moi, s'il ne peut pas convoquer la commission
parlementaire d'ici la fin de nos travaux pour l'ajournement des Fêtes.
Est-ce qu'il peut nous garantir que la commission siégera avant la
reprise d'une nouvelle session qui devra avoir lieu normalement vers la fin de
février 1974, de façon que nous puissions, avant l'étude
des nouveaux crédits du ministère des Finances et du nouveau
budget du gouvernement, examiner, regarder et scruter à la loupe toutes
ces recommandations pour être en mesure de juger comme nous devons
le faire parce que le vérificateur général est
responsable devant la Chambre et non pas devant le ministère?
Est-ce que le ministre peut me donner l'assurance qu'au moins la
commission parlementaire sera convoquée avant le début d'une
nouvelle session?
M. GARNEAU: J'ai répondu tout à l'heure que les
convocations de commissions étaient déterminées par le
leader parlementaire à la conférence des leaders, la plupart du
temps, et c'est à eux qu'appartient cette prise de décision.
Quant à moi, je peux vous dire que je suis extrêmement
surpris de constater que le député de Beauce, comme le chef de
l'Opposition, sera en mesure de discuter demain, par exemple, le rapport du
vérificateur général. C'est un document que j'ai pu
parcourir en fin de semaine, qui nécessite certainement, de ma part,
beaucoup plus qu'une journée d'analyse avant que je sois en mesure d'en
discuter logiquement avec le vérificateur à une réunion
d'une commission parlementaire. Peut-être que je suis sous-doué
sur le plan administratif, mais je doute que les distingués membres des
oppositions soient en mesure de discuter d'une façon
éclairée et intelligente ce document à aussi brève
échéance.
M. BURNS: Une question additionnelle, et dernière, M. le
Président. Que ce soit bien clair pour le ministre des Finances qu'on
lui demande simplement ceci: on ne lui demande pas de régler des
problèmes qui peuvent exister entre le député de
Bonaventure et le député de Maisonneuve à une
conférence de leaders; on lui demande tout simplement: Est-ce que, les
travaux de la Chambre le permettant, il est de l'intention du gouvernement de
faire siéger la commission des comptes publics relativement au rapport
du vérificateur général? C'est rien que cela qu'on lui
demande, un oui ou un non; c'est pas compliqué.
M. GARNEAU: Cela fait assez de fois que je réponds; je
réponds la même chose depuis le début.
M. BURNS: Non, M. le Président, j'invoque une question de
privilège.
M. BOURASSA: Je peux répondre au député.
M. BURNS: Une question de privilège, M. le Président.
LE PRESIDENT: Quelle est votre question de privilège?
M. BURNS: Ma question de privilège, c'est que, depuis
tantôt, comme leader de l'Opposition, on m'implique dans une chose dans
laquelle je n'ai rien à faire, c'est-à-dire...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: ... relativement aux travaux de la Chambre. Bien sûr, le
député de Bonaventure va me consulter relativement aux travaux de
la Chambre, je l'admets. Mais ça n'a strictement rien à faire
avec la question qu'on pose actuellement. Dans ce sens, je trouve qu'on brime
non seulement mes privilèges, mais les privilèges des autres
députés de la Chambre, lorsqu'on pose une question bien claire
sur une politique gouvernementale...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: ... à savoir...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS:... quelle est l'intention...
LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! A l'ordre, s'il vous plait!
Je vous ai permis d'établir la question de privilège sur
l'implication que le ministre des Finances vous donnait dans les travaux de la
Chambre, mais ça devait s'arrêter là, par contre.
M. GARNEAU: M. le Président, je comprends mal l'attitude des gens
de l'Opposition. Depuis le début, je dis qu'on n'a aucune objection
à ce que la commission des comptes publics siège, au contraire.
Pour nous, le rapport du vérificateur...
DES VOIX: Quand?
M. GARNEAU: Je ne peux vous dire: demain ou après-demain. Si je
vous disais demain et que d'autre chose était prévu à
l'ordre du jour des travaux de la Chambre, je ne serais pas en mesure de
respecter mon engagement. Alors, en termes de principe, il n'y a certainement
pas d'objection à ce que siège la commission des comptes publics.
Je l'ai dit je ne sais combien de fois.
M. BURNS: Cela commence à être plus clair, ça.
M. GARNEAU: Mais vous venez tout juste de comprendre; je pense que
j'avais raison tout à 'heure. Pour moi...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GARNEAU: ... la vivacité de l'intelligence du chef de
l'Opposition...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GARNEAU: ... n'est pas aussi grande que celle que sa
réputation lui donnait.
M. BURNS: En ce qui nous concerne, M. le Président...
LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. BURNS: ... je donne d'avance mon acceptation au gouvernement de la
faire siéger n'importe quand, le plus tôt possible, n'importe
quand.
LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
Conférence fédérale-provinciale
sur les communications
M. CHARRON: M. le Président, je déplore vivement l'absence
du ministre des Communications, parce que je serai obligé de me
contenter des réponses du premier ministre. Je vais donc lui poser une
première question. Au sujet du mémoire qui a été
déposé à une autre conférence
fédérale-provinciale, la semaine dernière, je voudrais
demander si dans l'esprit du cabinet, qui a probablement accepté ce
document, on fixait un délai quant aux discussions dans lesquelles le
ministre fédéral des Communications tente de noyer le poisson
actuellement.
Est-ce que les positions affirmées dans le document sont
également assorties d'un délai quant aux réponses que nous
devons avoir du gouvernement fédéral ou si et là le
premier ministre sera parfaitement libre de me répondre on
recommence pour une autre période de quatre ans la ronde du taponnage
fédéral-provincial?
M. BOURASSA: M. le Président, en parlant de taponnage, je
pourrais renvoyer le député de Saint-Jacques à ce qu'a dit
M. André Larocque, le chef de cabinet du député de
Maisonneuve, dans la Presse d'aujourd'hui.
M. BURNS: Est-ce qu'il y a des gens chez vous qui ont cette
liberté de s'exprimer?
M. BOURASSA: Mais, est-ce que M. Larocque parlait au nom du
député de Maisonneuve quand il traitait le chef du Parti
québécois d'effronté?
M. MORIN: La question, M. le Président!
LE PRESIDENT: A l'ordre!
Est-ce que je pourrais inviter l'honorable premier ministre à
revenir à la question du député de Saint-Jacques?
M. BURNS: J'ai quasiment le goût d'invoquer une question de
privilège, parce qu'on m'attaque directement et c'est justement ce que
je disais au premier ministre. Je n'ai pas à dicter, contrairement
à ce qu'il fait lui, l'idéologie de mes employés. C'est la
grosse différence entre le Parti libéral et le Parti
québécois.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: Vous lirez l'article dans la Presse d'aujourd'hui.
M. BURNS: Je l'ai très bien lu. Je l'ai très bien lu,
merci.
M. BOURASSA: C'est édifiant. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: Oui. Pour répondre à la question du
député de Saint-Jacques, il n'y a pas eu de délai
précis de fixé.
M. CHARRON: Une question additionnelle, M. le Président. Le
premier ministre est-il en mesure de m'expliquer pourquoi son ministre des
Communications, à la conférence
fédérale-provinciale, n'a pas revendiqué, comme le
ministre des Communications de la Colombie-Britannique, la complète
juridiction intérieure sur la société Bell Canada
fonctionnant sur le territoire du Québec?
M. BOURASSA: M. le Président, je ne sais pas si le
député a lu tout le mémoire. Quand même dans le
domaine des communications, pour ce qui a trait à l'aspect culturel, il
y avait des demandes très claires du Québec. Quant à la
situation de Bell Canada, le député est fort au courant que la
situation existant au Québec est différente de celle de la
Colombie-Britannique.
Cela n'empêche pas des négociations sur cette
question-là avec la compagnie elle-même et avec le gouvernement
fédéral, éventuellement.
M. CHARRON: Dernière question additionnelle, M. le
Président. Puis-je demander au ministre, au premier ministre
également, pourquoi, dans le mémoire présenté par
le gouvernement du Québec dans sa philosophie de séparatisme
culturel dans une dépendance économique, on n'a pas
revendiqué également la possibilité d'émettre par
Radio-Québec, les ondes publiques comme la société
Radio-Canada, plutôt que se contenter de demander un siège au
conseil d'administration d'une société
anglo-fédérale?
M. LEVESQUE: Il y a eu un débat sur cela.
M. BOURASSA: Le député de Saint-Jacques fait des jeux de
mots sur la souveraineté culturelle. Il devrait lire la Presse d'hier:
Souveraineté culturelle, Lévesque appuie Bourassa. C'est une
autre division au sein du parti, M. le Président.
M. CHARRON: C'est parce que nous sommes certains que cela, comme
ailleurs, vous ne le ferez pas.
LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Beauce-Sud.
Taxe sur les carburants
M. ROY: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable premier ministre. J'espère que l'honorable premier
ministre me répondra parce qu'il s'agit de l'intérêt
public. Est-ce que le ministre a l'intention de donner suite aux propos qu'il a
tenus à l'effet qu'il songerait à réduire les taxes sur
les carburants de façon à compenser, pour le consommateur, les
hausses excessives des prix exigées par les compagnies
pétrolières?
M. BOURASSA: J'ai dit qu'il fallait quand même que le
Québec obtienne du gouvernement fédéral les moyens de
financement à cette fin-là, puisque c'est M. Macdonald qui a fait
cette proposition. S'il veut concrétiser cette proposition, il pourrait
donner aux provinces les moyens de financement pour l'appliquer.
M. ROY: Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire s'il a eu des
entretiens avec son homologue fédéral ou s'il a entrepris des
pourparlers à ce sujet de façon à demander, à
exiger une compensation du gouvernement fédéral? Est-ce que des
entretiens ou des pourparlers ont eu lieu à ce jour?
M. BOURASSA: Nous avons continuelle- ment des entretiens avec le
gouvernement fédéral pour ce qui a trait à un transfert de
ressources pour les provinces, étant donné que nous avons un taux
de croissance de revenu qui est inférieur et que, surtout, nous avons
à tenir compte des problèmes financiers des municipalités,
notamment de la Communauté urbaine et de la ville de
Montréal.
Donc, il n'y en a pas eu sur cette question-là très
précise puisque la suggestion a été faite ces jours-ci,
mais il y en a continuellement sur l'ensemble du transfert de ressources.
M. ROY: Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire s'il a
l'intention d'avoir des entretiens, des pourparlers, de faire des demandes
précises au cours des prochains jours? Est-ce qu'il pourrait me dire
également s'il a étudié cette question avec son
collègue le ministre du Revenu de son cabinet?
M.BOURASSA: Je ne sais pas si c'est tellement compliqué pour le
député de Beauce-Sud puisqu'il s'agit tout simplement...
M. ROY: ... compliqué.
M. BOURASSA: ... de faire un calcul de ce que comporte une baisse de la
taxe sur la gazoline et il s'agit d'obtenir les ressources en
conséquence.
M. LESSARD: Question additionnelle, M. le Président.
M. ROY: Question supplémentaire à l'honorable premier
ministre, M. le Président.
LE PRESIDENT: Dernière.
M. ROY: Est-ce que le premier ministre prévoit faire des demandes
précises en ce sens et avoir des entretiens avec son homologue du
fédéral sur cette question particulière, pas sur
l'ensemble, mais sur la question qui touche présentement le
Québec plus particulièrement, la question de la crise de
l'énergie?
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre des Richesses
naturelles a dit, la semaine dernière, qu'il rencontrerait ces jours-ci
M. Macdonald. Il va lui en parler.
M. LESSARD: Une question additionnelle, M. le Président. Dans
l'optique d'une pénurie de pétrole et de la
nécessité du développement du transport en commun, est-ce
que le premier ministre, en collaboration avec le ministre du Revenu, aurait
aussi étudié la possibilité d'exempter les commissions de
transport en commun des nombreuses taxes qu'elles doivent payer sur le
carburant, l'immatriculation, etc., en vue justement de développer le
transport en commun, plutôt que laisser aux individus le soin de se
transporter eux-mêmes?
M. BOURASSA: II y a différents moyens, M. le Président.
Actuellement, nous examinons le déficit, notamment, de la Commission de
transport de la communauté urbaine de Montréal, déficit
relativement élevé, qui est de $18 millions, je crois. Si nous
diminuons les impôts nous allons tout simplement réduire les
subventions par la suite. Alors, il y a différents moyens de faire face
aux questions financières des commissions de transport.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Village olympique
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. Sur la base du dossier actuel, de la situation aujourd'hui, le
premier ministre peut-il nous dire, simplement par oui ou non, s'il a
l'intention de s'opposer à la construction d'un village permanent sur le
terrain du parc Viau? Oui ou non.
M. BOURASSA: M. le Président, je n'ai pas d'objection à ce
que les membres du parti de l'Opposition se remontent le moral avec...
M. LEGER : Je ne veux pas avoir une réponse en cassette, c'est
oui ou non.
M. BOURASSA: C'est le chef du cabinet du député de
Maisonneuve qui parlait des cassettes du Parti québécois.
M. BURNS: Vous les avez apprises par coeur.
M. BOURASSA: On en a pour quelques jours. Le ministre des Affaires
municipales a répondu à cette question dans sa réponse sur
le discours inaugural.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Comme je n'ai eu ni un oui ni un non, comme d'habitude, est-ce que le premier
ministre a discuté avec son ministre des Affaires municipales de
l'utilisation possible de l'article 53 e) de la Loi sur les biens culturels,
sur les arrondissements naturels ou bien de l'article 23 de la Loi de la
protection de l'environnement, concernant la protection des sols, pour
empêcher immédiatement l'érection d'un village permanent au
parc Viau? Je peux lui citer la loi, c'est une possibilité qu'il
pourrait utiliser.
M. BOURASSA: Non, M. le Président.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le premier ministre a l'intention de déposer incessamment une
loi spéciale pour interdire d'office la construction d'un village
permanent sur le terrain du parc
Viau dans le sens des lois spéciales comme Mirabel et
Gaspé?
M. BOURASSA: Je crois que le député est au courant des
implications financières des différentes formules. Ce n'est pas
l'intention du gouvernement, à ce jour, du moins ceci n'a pas
été soumis par le ministre des Affaires municipales à une
réunion du conseil des ministres. Il n'y a pas eu, de la part du
ministre des Affaires municipales, demande d'une loi spéciale sur cette
question.
M. LEGER: Une dernière question supplémentaire, M. le
Président.
Qu'est-ce que le premier ministre va faire pour appuyer son ministre des
Affaires municipales? Est-ce qu'il le laisse tomber, oui ou non?
M. BOURASSA: M. le Président, est-ce que le député
de Lafontaine a lu la réponse que lui a faite le ministre des Affaires
municipales, très claire, très convaincante...
M. LEGER: Elle n'était pas très convaincante, mais
très claire.
M. BOURASSA: ... et qui parlait au nom de tout le gouvernement?
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Traversiers Québec-Lévis
M. BEDARD (Chicoutimi): Ma question s'adresse au ministre des
Transports. Est-ce que le ministre peut expliquer à la population les
raisons qui font que le service de traversiers Québec-Lévis sera
interrompu pour le mois de décembre, après un service de plus en
plus ralenti dans les derniers mois? Le ministre considère-t-il qu'il
existe une mauvaise administration à la Société des
traversiers Québec-Lévis?
M. MAILLOUX: M. le Président, quelques jours après les
élections, j'ai été averti par le président de la
Société des traversiers Québec-Lévis
qu'effectivement le constructeur du quai, du côté ouest, à
Québec même, était en retard dans la livraison de quelques
semaines. J'ai, à ce moment-là, donné ordre qu'un service
d'autobus soit organisé afin que ne soient pas pénalisés
les gens qui ont à traverser de la rive sud à la rive nord du
Saint-Laurent au mois de décembre.
Je sais que les premières discussions nous ont obligés
à modifier notre décision et à discuter non pas avec les
autorités d'un service d'autobus de la rive sud du Saint-Laurent, mais
avec celles d'un autre service. Mais je veux croire que le service, qui sera
offert aux usagers durant la
période de Noël, sera suffisant afin que personne ne soit
pénalisé. J'ajoute que la compagnie qui oeuvre sur la rive nord
du Saint-Laurent a quand même à son contrat une
pénalité prévue à cet effet et, si le quai de
Québec n'est pas livré à temps, les
pénalités seront exigées de la compagnie.
M. BEDARD (Chicoutimi): Question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que le ministre peut expliquer le fait que,
malgré ces déficits d'opération, malgré le pouvoir
que lui donne sa charte, la Société des traversiers
Québec-Lévis n'a pas commencé à faire des voyages
de plaisance, tel que cela avait été recommandé?
M. MAILLOUX: M. le Président, il serait difficile de
répondre à une question en quelques mots. Je pense que toutes les
sociétés qui oeuvrent dans le transport maritime rencontrent des
difficultés assez variées. Comme le rapport de la
Société des traversiers Québec-Lévis sera
déposé prochainement, il appartiendra, à ce moment, au
député de Chicoutimi de poser les questions pertinentes.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Lait nature
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Agriculture et concerne il me semble que je l'ai vu tantôt
la demande de la Fédération des producteurs de lait nature
à la Régie des marchés agricoles d'augmenter de $0.40 les
cent livres le lait nature. Etant donné que la demande doit être
jugée demain par la Régie des marchés agricoles et
étant donné aussi que le gouvernement fédéral
accorde une subvention de $0.05 la pinte, à une certaine condition,
c'est-à-dire pour autant que les prix des produits sont gelés,
est-ce que le ministre a négocié avec le gouvernement
fédéral pour avoir la certitude que, même si la
Régie des marchés agricoles accorde l'augmentation des prix, il y
aura, en même temps, subvention de $0.05 la pinte du gouvernement
fédéral? Est-ce qu'il y a eu négociation avec le
gouvernement fédéral à ce sujet et est-ce que le ministre
a eu une réponse positive?
M. TOUPIN: M. le Président, je ne sais pas si la régie
prendra sa décision demain ou après-demain. Je n'en ai pas
d'idée. Mais les négociations se font, effectivement,
aujourd'hui. Il reste qu'on ne peut pas appeler cela des négociations;
on appelle cela des contacts permanents avec le ministère
fédéral, pour une raison très simple, c'est que
c'était une politique fédérale et nous avons, au
Québec, évidemment, pour en faire bénéficier les
consommateurs, agi les premiers dans le pays.
Il est prévu, dans l'entente, qu'il est possible pour l'une ou
l'autre des parties, en tout temps, je pense, de renégocier cette
entente.
Donc, aujourd'hui, je pense que le sous-ministre était à
Ottawa avec un des représentants de la régie ou, si ce
n'est pas aujourd'hui, c'était hier pour s'enquérir de
l'état actuel de la situation. Une fois que la régie aura pris sa
décision, je serai plus en mesure de répondre à la
deuxième question, à savoir si on va demander au
fédéral de continuer à verser les $0.05 ou si les $0.05
seront versés aux producteurs, c'est-à-dire les transférer
du consommateur au producteur.
M. LESSARD: M. le Président, une question additionnelle. Est-ce
que cela veut dire qu'actuellement, dans ces consultations éternellement
permanentes entre le fédéral et le provincial, il n'y a pas eu de
décision concernant la subvention de $0.05 la pinte du gouvernement
fédéral aux producteurs de lait nature?
M. TOUPIN: Comme je vous le disais tantôt, la décision
vient de la Régie des marchés agricoles du Québec. Donc,
je ne peux pas, personnellement, vous dire ce que sera le résultat des
rencontres avec le gouvernement fédéral tant et aussi longtemps
que la régie n'aura pas pris sa décision. Si la régie
décide de ne pas toucher au prix des producteurs, c'est clair, il n'y a
plus rien à faire. Si elle décide d'y toucher, elle va y toucher
je ne sais dans quelle proportion, $0.02, $0.03, $0.04 les cent livres. Je ne
le sais pas. Il faut que j'attende que la régie prenne sa
décision. Si elle la prenait demain, eh bien après-demain ou
vendredi je serais en mesure de répondre mais, pour le moment, ce n'est
pas possible.
M. ROY: M. le Président, j'aurais une question...
LE PRESIDENT: Dernière question. L'honorable député
de Beauce-Sud.
Officiers d'élection
M. ROY: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable premier ministre et, croyez-le ou non, je ne lui demande
pas une réponse aujourd'hui. Il pourra me répondre demain.
Le premier ministre est-il au courant que les officiers
d'élection n'auraient pas encore été payés? Est-ce
que le premier ministre pourrait nous dire également s'il est au courant
que le rapport aurait été soumis et approuvé par le
président général des élections et que le tout
serait bloqué au Conseil du trésor depuis le 11 octobre? Est-ce
que le premier ministre pourrait prendre avis de cette question et nous
répondre demain?
M. BOURASSA: M. le Président, cela me parait plus sérieux
que son 1.25 million d'appels téléphoniques auxquels il se
référait durant la campagne électorale. On va lui
répondre demain.
M. ROY: Si vous voulez que je vous parle du 1.25 million d'appels
téléphoniques, on pourrait faire un petit débat
là-dessus, M. le Président. Mais je n'ai pas parlé des
appels téléphoniques pour vous faciliter la tâche.
M. LESSARD: Les comptes publics, les comptes publics. Cela fait un an
qu'on les demande.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Avant de passer aux affaires du
jour, je donnerai la parole à l'honorable ministre des Transports, sur
une question de privilège.
Question de privilège
M. Raymond Mailloux
Article de journal
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai invoqué l'article 49 en
raison d'une publication qui a fait la manchette du quotidien La Presse le 30
novembre dernier.
Le responsable de cet article serait le journaliste Réal Bercier,
à qui mon collègue de Laprairie et moi-même avions
accordé une entrevue précédemment.
Je précise, M. le Président, que cette réunion a
été enregistrée. Il est inconcevable qu'une telle
déformation de nos réponses ait été involontaire.
On ne retrouvera aucune affirmation de notre part à l'effet que
Québec veut imposer un rationnement obligatoire mais plutôt le
souci que doit avoir un gouvernement sérieux d'inventorier les mesures
à prendre suivant les réductions des approvisionnements.
Il n'est pas non plus donné comme réponse que le
gouvernement s'apprêtait à ralentir le programme des travaux
publics mais une allusion aux effets que pourrait entraîner, sur les
chantiers, un manque d'approvisionnement.
Je proteste énergiquement contre l'affirmation à l'effet
que, à titre de ministre des Transports, je m'apprêtais à
consentir des hausses substantielles de tarifs de transport au cours des
prochaines semaines alors qu'il fut fait mention des demandes d'augmentation
que recevait la Commission des transports. J'ai mis en doute les
résultats escomptés des mesures volontaires annoncées par
le fédéral, mais je ne me rappelle pas avoir employé
l'expression "insignifiantes et ridicules". Que mon collègue et
moi-même ayons dit que le cabinet avait l'obligation d'apporter une
attention particulière à ce problème ne permet pas
d'avancer: "Durant l'entretien, M. Mailloux a indiqué que la plupart de
ces mesures avaient été discutées lors de la
réunion du conseil des ministres tenue mercredi matin et d'une
réunion des chefs des ministères à vocation
économique."
M. le Président, le conseil des ministres n'a pas
siégé mercredi matin, et je ne sache pas que les chefs des
ministères à vocation économique aient
siégé, ou je ne le savais pas, et rien de tel ne fut
avancé dans notre conversation. Qu'à titre de ministre des
Transports et des Travaux publics j'aie le souci de prendre toutes les
informations qui permettraient éventuellement des recommandations pour
une économie de quantité impressionnable dont ces
ministères ont besoin n'indique pas que mes propos et gestes contrastent
avec ceux de mon collègue, M. Massé, dont d'ailleurs il n'a pas
été question.
Qu'il me suffise de donner lecture du dernier alinéa de l'article
pour comprendre jusqu'où il n'est pas possible de retracer les
réponses que nous avons données: "A moins que le ministère
des Finances du Québec n'augmente de façon notable le budget du
ministère, le troisième en importance au Québec avec $90
millions par année alors qu'on sait qu'il est au-delà de
$700 millions il faut réduire les projets envisagés de
façon notable."
Au lieu de la citation dont je viens de donner lecture, mon
collègue de Laprairie avait fait référence au coût
du transport scolaire qui, seul, pourrait atteindre les $90 millions.
Je n'ai pas à qualifier une telle déformation. Je
comprends mieux cependant pourquoi, malgré l'enregistrement, des hommes
publics hésitent à accorder des entrevues à certains
journalistes.
DEPOT DE DOCUMENTS (suite)
M. LEVESQUE: M. le Président, pouvons-nous revenir au
dépôt de documents?
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement?
M. BURNS: Oui, consentement.
LE PRESIDENT: Dépôt de documents. L'honorable ministre du
Travail.
M. COURNOYER: J'ai l'honneur de déposer...
M. BURNS: II est revenu, c'est le fun. Bienvenue, M. le ministre!
M. COURNOYER: Vous m'avez rendu malade pendant la campagne
électorale.
M. BURNS: Votre session va être plus courte, vous avez
commencé une semaine en retard.
Puis vous, vous ne nous avez pas rendus malades?
M. COURNOYER: J'ai l'honneur de déposer...
M. CHARRON: Vous êtes député de quel
comté?
M. COURNOYER: Vous aussi, vous m'avez rendu malade pendant la campagne
électorale.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. CHARRON: Robert-Baldwin?
M. COURNOYER: M. le Président, un document intéressant
pour l'Opposition.
M. CHARRON: Saint-Jacques, ancien Chambly, envoye donc !
M. COURNOYER: J'en ai beaucoup, n'est-ce pas? J'en représente dix
fois plus que toi, là.
M. CHARRON: Vous changez de comté à chaque
législature.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. COURNOYER: M. le Président, j'aurais dû lui dire
vous.
LE PRESIDENT: Déposez, déposez!
Conseil consultatif du travail
M. COURNOYER: J'ai l'honneur de déposer le rapport du Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre pour l'année
1972/1973.
LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LEVESQUE: Article 1).
Reprise du débat sur le message
inaugural
LE PRESIDENT: L'honorable député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Paul Phaneuf
M. PHANEUF: M. le Président, vous allez me permettre, à
moi aussi, de vous transmettre mes plus sincères félicitations
pour votre nomination, et de profiter de l'occasion pour remercier les
électeurs de Vaudreuil-Soulanges d'avoir renouvelé mon mandat et
de me permettre de siéger encore une fois à l'Assemblée
nationale.
Comme j'ai pris le temps d'écouter le discours inaugural, il y a
une partie qui m'intéresse particulièrement et je pense que ce
n'est un secret pour personne que j'ai l'intention cet après-midi de
prendre quelque peu de votre temps et de vous parler du domaine des sports et
loisirs, et des activités socio-culturelles qui sont chapeautées
actuellement par le haut-commissariat.
J'ai, à plusieurs reprises, eu l'occasion de rencontrer...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Est-ce qu'on peut attendre
quelques minutes? Les galeries se vident et il y un peu de bruit. S'il vous
plaît, hâtez-vous, en haut.
Le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. PHANEUF: Merci, M. le Président. Une chance que nous ne sommes
pas en campagne électorale; si ceci m'arrivait dans une assemblée
publique, je serais fort déçu et fort inquiet.
J'ai rencontré à plusieurs reprises, depuis que j'ai la
responsabilité du haut-commissariat, les organismes de sports, de
loisirs et, malheureusement, pour certaines raisons, nous parlons encore
d'étatisation de certains pouvoirs que le haut-commissariat aurait.
Ces pouvoirs que le haut-commissariat a dans les faits maintenant ont
été, si on regarde les journaux du temps, demandés et
souhaités par tous les organismes qui étaient, à
l'époque, financés.
On déplorait justement ce manque de pouvoir, ce manque de
reconnaissance de la part du gouvernement d'un organisme aussi important et
tous et chacun souhaitaient à ce moment-là qu'une fois pour
toutes nous donnions des pouvoirs au haut-commissariat. Maintenant que certains
pouvoirs ont été donnés je ne dis pas tous les
pouvoirs on peut lire des déclarations à l'effet que le
haut-commissariat a des pouvoirs et que le monde du sport et des loisirs peut
maintenant connaître certaines craintes, avoir certaines peurs parce que
le haut-commissariat a l'intention d'étatiser le monde du sport.
Cela devient inquiétant parce qu'il faudrait peut-être
savoir ce qu'on veut exactement. Je sais que les milieux sportifs que je
côtoie, parce que je les connais bien, avaient souhaité depuis
longtemps des normes, des critères pour qu'on puisse, une fois pour
toutes, financer d'une façon logique le monde des loisirs. Nous avons
sorti des cahiers qui correspondaient exactement à ces besoins; ces
cahiers ne sont pas parfaits mais correspondaient dans un premier temps
à ce qui avait été souhaité. Des amendements ont
été apportés et je suis certain que des amendements,
encore une fois, seront apportés.
Ce qui est important pour le monde des loisirs, c'est qu'une fois pour
toutes, sans nombre d'un doute, depuis 1970 le gouvernement a su
répondre dans un premier temps aux premières aspirations que ce
domaine avait exprimées depuis fort longtemps. Je sais que le Parti
québécois, qui est aujourd'hui l'Opposition officielle, a senti
l'obligation de mettre dans son programme certaines choses dans le monde des
loisirs. On a parlé même d'un secrétariat, peut-être
que oui, peut-être que
non, et celui qui représente ici le comté de Lafontaine
nous parle constamment du domaine des loisirs mais il est attaché
à une chose je l'écoutais encore à la
période des questions le village olympique. C'est à peu
près tout ce qui s'est dit. Il faudrait peut-être qu'il ouvre un
peu ses horizons, qu'il comprenne que le village olympique est une chose et
c'est un problème pour certains mais ce n'est pas le seul
problème du domaine des loisirs au Québec actuellement et que
votre chef n'a pas été élu et qu'il a senti le besoin de
profiter de l'occasion des jeux de Rouyn-Noranda pour venir nous parler de ce
qu'on devrait faire dans ce domaine, après avoir avoué humblement
qu'il n'en connaissait absolument rien. Il faudrait peut-être à un
moment donné que quelqu'un dans votre parti fasse non seulement des
critiques mais fasse des suggestions logiques, des suggestions qui collent aux
besoins et aux réalités du domaine des loisirs du
Québec.
J'attends avec beaucoup d'impatience et j'espère qu'une fois, une
fois dans cette Chambre, j'entendrai de votre part des suggestions
logiques.
M. MORIN: Quelle est votre attitude sur le parc?
M. PHANEUF: Je ne savais pas que le nouveau chef parlementaire avait des
aspirations dans ce domaine. J'espère qu'un jour il les fera
peut-être sentir ici, il nous expliquera ce qu'il entend, lui, par le
domaine des loisirs, ce qu'il faut faire dans le domaine du sport; quelles sont
les solutions, quels sont les programmes qui collent à nos
réalités et à nos besoins. J'espère que j'aurai le
plaisir de l'entendre, je le souhaite.
De toute façon, M. le Président, malgré les
difficultés, nous sommes, je pense à trois ans des
olympiques plus prêts que jamais à faire face à nos
obligations, à nos défis. Nous avons mis sur pied un organisme
qui s'appelle Mission Québec '76 et, cette année, cet organisme
reçoit $750,000 du gouvernement pour tenter d'obtenir une fois 30 p.c.
d'athlètes québécois sur les équipes canadiennes.
C'est un nouveau défi, ça demeure un défi. Je ne sais pas
si on va l'atteindre mais je pense que ce qu'il est important de
reconnaître, c'est qu'on a mis tous les moyens possibles à la
disposition des fédérations sportives pour que ce défi
soit au moins tenté. Et si vous lisez les journaux, je pense qu'on ne
reproche pas justement au gouvernement, actuellement, de ne pas avoir rempli
ses obligations dans ce domaine. Si on a 26 p.c, ou 27 p.c, ou 28 p.c, je ne
dis pas que je serai déçu; si on a 35 p.c., je serai d'autant
plus heureux.
Il reste que dans notre domaine, beaucoup est encore à faire. Je
sais que certains députés de cette Chambre, qui sont
concernés par le problème, ont dit de l'éducation
physique, que ça ne relève pas directement du haut-commissa- riat
mais plutôt du ministère de l'Education. Je sais qu'on a aussi
discuté encore de besoins au niveau des arénas, de besoins au
niveau d'organismes sportifs. Je sais que tout le monde est touché par
ces besoins de loisirs, dans tous les comtés de la province de
Québec.
Je peux vous dire que d'une façon rationnelle, d'une façon
qui correspond aux véritables réalités que sont la
capacité de payer du Québec, la capacité de payer de tous
et chacun par le biais des impôts, nous allons tenter encore cette
année de répondre aux besoins prioritaires de vos comtés
selon un ordre de priorité qui est établi, qui est
étudié.
Je demanderais parce que j'ai beaucoup de collègues
à l'Assemblée nationale maintenant à tous et chacun
d'avoir une certaine patience.
M. BURNS: On n'est pas des collègues nous, M. le ministre?
M. PHANEUF: Sûrement. D'ailleurs, le député de
Maisonneuve sait fort bien qu'il est un de mes collègues et quand il a
demandé...
M. BURNS: C'est parce que vous disiez: J'ai beaucoup de
collègues. Maintenant, vous en avez seulement deux de plus que la
dernière fois. C'est pour ça que je me demandais si vous pensiez
que c'étaient des députés libéraux, vos
collègues.
M. PHANEUF: C'est important deux députés de plus au
Québec.
M. BURNS: Très bien. C'est bon à savoir.
M. PHANEUF: II ne faudrait pas que le député de
Maisonneuve se sente lésé, parce qu'il sait fort bien que quand
il a eu à discuter des problèmes de loisirs de son comté,
il a toujours été très bien reçu, et je suis
toujours ouvert pour des discussions futures.
M. BURNS: Je le confirme, d'accord.
M. PHANEUF: Ce que je demande à tous mes collègues, tous
et chacun dans cette Assemblée, c'est quand même de
reconnaître qu'il y a des priorités au Québec. Pour moi, le
sport, les loisirs, c'est une priorité. Il existe d'autres
priorités et il faut faire un heureux partage dans tout ça. Il y
a un taux de croissance qui est normal, il y a un taux de croissance qui peut
être acceptable, mais toujours basé sur la véritable
réalité qui est la capacité de payer des gens du
Québec. Je pense qu'il ne faut pas perdre ça de vue non plus.
Je n'ai pas l'intention de parler bien longtemps parce que tous et
chacun ici, ceux qui ont siégé avec moi, savent que ce n'est pas
mon habitude d'être très long. J'aime beaucoup mieux retourner
à mes bureaux et travailler sur certains programmes. On nous a
accusés à certaines occasions, justement, de ne pas avoir
écrit la politique gouvernementale en matière de loisirs
et de sport. Je réponds à ceux qui ont dit ceci que, pour moi, il
est beaucoup plus important de faire du sport, de faire des programmes que
seulement d'en parler et d'en écrire. Je vous remercie.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Saint-François.
M. Gérard Déziel
M. DEZIEL: M. le Président, considérant que le
passé est garant de l'avenir, il me plaît énormément
de vous voir réélu à l'auguste fonction que vous occupez
présentement. Depuis 1970, vous avez su remplir ce rôle difficile
avec dignité et efficacité. J'en profite également pour
féliciter le premier ministre qui a démontré sans
équivoque son rôle de leader du plus grand parti dans l'histoire
du Québec au cours de cette dernière élection, tout comme
il a su le faire, d'ailleurs, depuis qu'il est le premier ministre de la belle
province.
Comme tous les députés qui ont eu à s'exprimer
avant moi ont trouvé le moyen de souligner qu'ils représentaient
le plus beau comté de la province, j'aimerais revendiquer, preuves
à l'appui, ce titre pour le comté de Saint-François. En
effet, avec tout le respect que je dois à mes chers collègues,
qui d'entre eux peut se vanter de représenter deux universités,
une anglaise et une française, trois gros centres hospitaliers, dont le
centre hospitalier universitaire qui jouit d'une réputation
internationale, la moitié de la quatrième agglomération
urbaine du Québec en même temps qu'une région de culture
agricole et forestière très importante? Je n'insisterai pas sur
d'autres aspects importants tels que le fait d'être dans une
région touristique de premier ordre et de constituer un pôle de
développement industriel et commercial de premier ordre, au
bénéfice de l'ensemble de la région de l'Estrie en
particulier et de la belle province en général.
Donc, M. le Président, lorsque vous penserez au nouveau
comté de Saint-François, n'hésitez pas à y voir un
comté unique, de par la complexité et la varitété
des responsabilités de son humble représentant.
J'aimerais profiter de l'occasion des quelques minutes que vous
m'offrez, M. le Président, pour vous présenter bien modestement
le petit discours inaugural du comté de Saint-François en vous
exposant les techniques de travail que le nouveau représentant d'un
nouveau comté peut prendre pour répondre aux exigences d'une
situation aussi polyvalente que celle à laquelle j'ai à faire
face chez nous.
Comme le lieutenant-gouverneur l'a remarquablement indiqué lors
de la lecture du discours inaugural, "la croissance économique,
l'amélioration de la qualité de vie du citoyen et l'affirmation
culturelle de la collectivité consti- tuent les besoins prioritaires de
la collectivité québécoise".
Je considère que ma tâche essentielle sera de traduire cet
objectif national et fondamental en termes d'objectifs concrets pour tous les
citoyens de mon comté. Une fois que ces objectifs seront clairement et
concrètement identifiés, je suis assuré que je
possède les instruments nécessaires pour les réaliser et
que ces instruments se retrouvent dans le dynamisme inhérent à la
région de l'Estrie. On me permettra de puiser à
l'intérieur des divers ministères qui constituent notre
administration provinciale. A priori, je me dois d'apprécier à sa
juste valeur une somme immense de réflexion et de recherches qui ont
été faites dans ma région depuis l'avènement du
Parti libéral, il y a quatre ans.
Je prends à témoin de la qualité des propositions
qui émanent de ces efforts le projet du parc industriel de Sherbrooke
qui, dans une première phase, a été bien conçu par
les autorités régionales et les fonctionnaires de certains de nos
ministères et qui fut ensuite défendu, avec autant de
succès, par mon collègue représentant du comté de
Sherbrooke. Les résultats rapides obtenus par cette entreprise prouvent
bien que le patron idéal des décisions du gouvernement provincial
doit passer par la consultation avec les autorités
intéressées et que ces dernières sont encore nos leviers
les plus importants du développement intégral du Québec
comme l'a si bien exprimé l'honorable ministre des Affaires municipales
dans son exposé du 29 novembre dernier.
Essentiellement, ceci revient à dire qu'avec les organismes qui
constituent des représentants valables de la population que je
représente je me dois de faire, d'abord, un tri des demandes
innombrables qui nous sont faites et identifier, parmi ces demandes, celles qui
correspondent à des besoins réels et prioritaires. Grâce
à mon expérience au sein du conseil municipal de Sherbrooke,
à mes activités auprès des corps parapublics je peux
déjà formuler une certaine cote d'appréciation sur des
projets bien concrets dans le domaine du développement industriel, du
développement social, du développement de l'infrastructure qui
supportent des activités de transport, d'agriculture, de la forêt
aussi bien que les problèmes qui touchent au financement des
municipalités.
Au cours des quatre prochaines années je présenterai
respectueusement à votre analyse les projets suivants: Au chapitre des
infrastructures, l'agglomération de Sherbrooke souffre d'un
problème majeur, en ce qui concerne son réseau
d'approvisionnement d'eau potable, son réseau d'aqueduc et
d'égout, qui provient du fait que la ville de Sherbrooke doit fournir
l'eau potable à diverses municipalités de sa banlieue et doit
recevoir les égouts de l'ensemble du bassin qui entoure la ville, lequel
bassin se développe à un rythme accéléré. Je
n'ai pas besoin de dire que ces développements n'avaient pas
été prévus
lorsque le réseau de collecteur principal avait été
conçu il y a plus de 50 ans.
Il en va de même pour le réseau routier pour lequel le
ministère de la Voirie a fourni des efforts réels depuis quelque
temps en collaboration avec le député de Sherbrooke et qu'il doit
continuer à soutenir pour résoudre des problèmes
évidents qui sont d'ailleurs bien connus des officiers supérieurs
du ministère et qui sont inscrits à sa programmation. On peut
mentionner la voie de contournement nord pour desservir le secteur est de la
ville et les autres municipalités de mon comté ainsi que
l'hôpital universitaire. Il va de soi que l'autoroute des Cantons de
l'Est et la Transquébécoise devraient être
complétées.
Au chapitre du développement industriel, les engagements
déjà pris par notre gouvernement permettent certainement un
décollage adéquat du développement d'une structure
d'accueil essentielle à l'implantation d'industries modernes. Mais, il
faudra s'attendre à compléter ce projet en fonction d'un
développement continu et bien supporté. Ce parc industriel
métropolitain est nécessaire non seulement à la
région de Sherbrooke, pour qu'elle demeure un pôle de
développement régional, mais aussi pour que ce pôle joue
vraiment son rôle dans le développement d'un triangle industriel
québécois qui serait bordé par les axes Montréal,
Québec, Sherbrooke.
Je profite de l'occasion pour reconnaître la collaboration du
ministère de l'Industrie et du Commerce qui semble concevoir le
Sherbrooke métropolitain comme une région industrielle importante
en supportant notre commissariat industriel, et en l'inscrivant sur sa liste
pour les fins de délégations industrielles
régulières.
Dans le domaine des améliorations au bien-être social, nous
sommes à constituer quatre dossiers qui présenteront des
hypothèses de réalisation réalistes et originales, qui
deviendront probablement des modèles applicables à d'autres
régions semblables à la nôtre: premièrement, un plan
de régionalisation des services d'urgence, dans le domaine hospitalier,
qui devrait être expérimenté à titre de projet
pilote dans la région de Sherbrooke; deuxièmement, une
étude sérieuse du marché du logement à prix modique
pour personnes âgées et pour les foyers d'hébergement qui
fait présentement partie d'une étude élaborée
conjointement par la ville de Sherbrooke, l'Office municipal d'habitation et le
Centre de recherche en aménagement régional de
l'Université de Sherbrooke pour être présentée
à la Société d'habitation du Québec, ainsi
qu'à la Société centrale d'hypothèques et de
logement; finalement un projet qui tient à coeur aux
représentants du comté Saint-François; le
développement du centre hsopitalier Saint-Vincent-de-Paul, et, plus
particulièrement, du bloc opératoire et des services qui en
découlent.
Je conclus, M. le Président, en soulignant que je me permets
d'établir mon programme d'action dans mon comté, à
l'occasion de ma première intervention à l'Assemblée
nationale, pour une raison bien précise. C'est que je crois fermement
que non seulement les décisions législatives sont importantes, en
ce qui concerne l'amélioration de la qualité de la vie, pour les
citoyens du Québec, mais qu'en dehors des moyens législatifs,
seul le gouvernement supérieur à ceux des municipalités
possède les instruments financiers à la réalisation
pratique de cet objectif.
En d'autres termes, je reprends en cela une parole de l'honorable
ministre des Affaires municipales. Pour les municipalités de 50,000
âmes ou plus, il y a augmentation beaucoup plus rapide des
responsabilités financières qu'il y a augmentation des moyens
pour répondre à ces responsabilités. Comme finalement, le
parallélisme dont parle l'honorable ministre des Affaires municipales
entré l'augmentation de la population et l'augmentation des coûts
impliqués par l'administration d'une municipalité de 50,000
âmes ou plus, en l'équation essentielle et impossible à
laquelle font face les gouvernements municipaux, je crois fermement qu'il est
dans l'ordre des choses que tous les projets dont j'ai parlé plus haut,
et certainement d'autres que j'aurai l'occasion de défendre, doivent
être reçus au niveau du gouvernement provincial. On doit
évidemment se féliciter du fait que le bill 29 ait
été adopté sous un gouvernement libéral et
j'espère qu'on y voit là une indication claire des choses
à venir et que le même gouvernement libéral poursuivra ses
efforts en ce sens, à mesure que ses moyens le lui permettront Ce genre
de péréquation semble s'accorder avec une philosophie
administrative qui consiste à décentraliser les moyens
d'intervention et, de ce fait, à s'approcher non près des
demandes irréalistes de la population mais des besoins réels et
prioritaires dont j'ai parlé plus haut.
Mr President, I am grateful for the opportunity you are giving me and I
pledge to you and to my colleagues that I will do to the best of my ability in
order to remain faithful in the confidence that the people of my constituency
has bestowed in me.
M. le Président, je vous remercie pour votre bienveillante
attention et veuillez croire que je suis prêt à donner le meilleur
de moi-même afin de remplir mon mandat et de demeurer fidèle
à la confiance que mes commettants m'ont accordée en me faisant
l'honneur de les représenter à l'Assemblée nationale. Je
vous remercie beaucoup, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'honorable député de
Vanier.
M. Fernand Dufour
M. DUFOUR: M. le Président, permettez-
moi d'abord de vous féliciter de votre réélection
au poste de président de l'Assemblée nationale. Je tiens
également à transmettre mes plus sincères
félicitations ainsi que mes remerciements à l'honorable premier
ministre qui a su mener l'équipe libérale à une si
brillante victoire électorale. J'aimerais aussi profiter de l'occasion
pour remercier encore une fois mes électeurs du comté de Vanier
de m'avoir choisi pour les représenter et de m'avoir permis de venir
travailler à l'Assemblée nationale. Ils me permettent ainsi de
poursuivre à un palier supérieur la tâche entreprise en vue
de réaliser mes aspirations les plus chères qui sont de servir la
population et, plus particulièrement, d'humaniser le milieu dans lequel
nous vivons actuellement.
Ceci dit, j'aimerais adresser quelques mots aux membres de cette Chambre
au sujet de la réforme qui a été entreprise dans
l'organisation des services de soins et des services sociaux. Car, en fait, si
je suis en politique aujourd'hui, c'est avant tout à cause des
problèmes que j'ai constatés et que j'ai vécus
moi-même dans le secteur de la santé et du bien-être,
problèmes devant lesquels j'étais trop souvent impuissant.
Comme je pratique la médecine générale depuis 20
ans, j'ai acquis une connaissance pratique des besoins de la population dans ce
domaine. Ces problèmes de notre population, j'ai appris à les
connaître et à les vivre à l'hôpital, dans les foyers
pour convalescents et pour vieillards, à mon cabinet de consultation.
Chaque jour, j'en ai rencontré et j'ai été à
même de réaliser tout ce qu'il y avait encore à faire pour
améliorer le système. Cependant, en tant qu'individu, en tant que
médecin, j'ai constaté que mon action se trouvait en quelque
sorte limitée. Cest ce qui m'a amené à la politique, car
j'ai pensé qu'ici, avec tous les membres de cette Assemblée, je
pourrais peut-être faire plus pour contribuer à humaniser le
système. Ainsi, après avoir vécu les problèmes dans
mon propre milieu, après avoir côtoyé depuis des
années des malades, des défavorisés, des oubliés,
je suis particulièrement sensible aux problèmes qui se posent
actuellement et pour lesquels on propose des solutions qui ne tiennent pas
toujours compte de la réalité.
Je voudrais que cet exposé soit clair et bref. Je le diviserai
donc en trois parties. Je parlerai, d'abord, de l'accessibilité aux
soins; ensuite, de l'humanisation du système et, pour finir, de la
question des coûts.
Dans chaque cas, je décrirai brièvement la situation, pour
ensuite suggérer quelques solutions qui, on s'en rendra compte, ne
seront pas nécessairement celles qui ont été
envisagées jusqu'à présent par le ministère des
Affaires sociales et par la Régie de l'assurance-maladie.
En terminant, je dirai quelques mots des relations qui doivent exister
entre le gouvernement et les professionnels de la santé, si l'on veut
qu'une réforme, quelle qu'elle soit, puisse aboutir à des
résultats véritablement positifs.
M. le Président, il y a quelques années, on a cru
régler le problème de l'accessibilité en instaurant le
régime universel de l'assurance-maladie. On a présumé que
l'abolition du prix direct des services rendrait uniforme l'accès aux
soins pour toutes les classes de la société et dans toutes les
régions du Québec. On s'aperçoit aujourd'hui que la
question monétaire n'était pas le seul obstacle à une
accessibilité égale pour tous.
En effet, toutes sortes de facteurs socioculturels font que certaines
catégories de citoyens et l'on peut parler ici des habitants des
régions éloignées consomment moins de services que
les autres bien souvent à cause du fait que les services ne sont pas
accessibles sur le plan physique ou technique.
Face à cette situation, la réaction du ministère
des Affaires sociales a été d'instaurer une réforme de
l'organisation des services de santé au moyen de la loi 65. Or, bien que
la population dans son ensemble ait reconnu le bien-fondé des principes
qui ont donné naissance à cette loi, plusieurs restent sceptiques
face à ce réaménagement d'abord structural.
Prenons, par exemple, les centres locaux de services communautaires,
communément appelés les CLSC. Autant la création de tels
centres semble raisonnable dans certaines zones défavorisées,
autant la généralisation de cette structure paraît
hasardeuse. Je me demande si l'on n'est pas en train de transformer
l'organisation de la production des services de santé en ce que les
économistes appellent des monopoles naturels à but non lucratif.
Si la réforme imaginée par les technocrates se réalisait
et que la production des services du médecin se trouvait
centralisée pour chaque territoire en une unité de production
unique, les patients devraient recourir aux services du producteur
assigné à leur quartier. Est-ce qu'on ne sait pas que le statut
d'institution à but non lucratif mène à
l'inefficacité, c'est-à-dire à des coûts plus
élevés en raison de la suppression de la concurrence?
Cherche-t-on à recréer l'encadrement institutionnel établi
dans le domaine de l'enseignement? On en connaît pourtant certains
résultats dont l'accroissement énorme des coûts et
l'insatisfaction des consommateurs qui, en grand nombre, se tournent vers les
institutions privées.
Jusqu'à maintenant, les efforts gouvernementaux en vue de combler
certaines lacunes ont surtout porté sur la création de nouveaux
éléments à l'intérieur du secteur public. Dans le
domaine de la distribution des soins, le ministère des Affaires sociales
s'est surtout préoccupé de la réorganisation des
structures et l'exemple le plus frappant est la réforme prévue
par la loi 65 et ses règlements.
L'action du ministère s'est aussi caractérisée par
le morcellement des problèmes et des solutions. Je pense, par exemple,
à cette directive concernant la participation des médecins aux
frais d'opération des cliniques externes. Je pense également
à la mise sur pied des centres locaux de services communautaires.
M. le Président, si l'on examine l'expérience
de ces centres, on ne peut plus affirmer sérieusement qu'ils
seront la principale porte d'entrée aux soins généraux.
Certains, parce que l'on n'a pas compris l'importance d'utiliser d'abord les
effectifs du milieu, se sont même transformés en ghettos, tant
pour les médecins que pour les malades.
Quant aux cliniques externes, elles ne peuvent constituer qu'une
approche partielle qui ne peut tout régler.
Il ne pouvait en être autrement, à partir du moment
où on avait décidé de trouver une solution uniquement
à l'intérieur du système public. On s'est attaché
à des formules de type institutionnel et on a négligé les
ressources privées et individuelles.
J'aimerais signaler ici le fait que, conscients de ce problème
d'accessibilité physique aux soins, des médecins ont pris
l'initiative, dans la plupart des régions du Québec où il
y a suffisance d'effectifs, de mettre sur pied un système de
distribution des soins généraux à tous les niveaux,
c'est-à-dire domiciles, hôpitaux, cabinets privés,
polycliniques, foyers, entreprises.
Ce système qui met l'accent sur la coordination des services,
tant publics que privés, plutôt que sur une réorganisation
des structures a déjà donné d'excellents résultats.
Ceci, je le signale, car vous n'ignorez pas que l'on a essayé, par tous
les moyens, de détruire la réputation des médecins dont on
essaie chaque jour de diminuer la valeur du travail qu'ils accomplissent
auprès de la population.
Je sais qu'il existe des moutons noirs au sein de ma profession, comme
partout ailleurs. Mais la plupart de mes collègues médecins ont
assez de coeur au ventre pour continuer à travailler, et surtout pour
chercher à améliorer la pratique de la médecine en allant
toujours de l'avant.
Déjà plusieurs cabinets de groupe, polycliniques et
centres médicaux privés ont été créés
qui assurent l'accessibilité aux soins 24 heures par jour. Pour ma part,
et cela ne veut pas dire qu'il n'y en a pas d'autres, je connais un cabinet de
médecins regroupant six omnipraticiens, lequel cabinet fait publier ses
listes de garde dans le journal local. Le poste de police du secteur est au
courant des services disponibles. Un membre de l'équipe s'occupe des
soins urgents pendant que ses confrères reçoivent les malades sur
rendez-vous.
Le fonctionnement est facilité par la mise en commun des locaux,
du matériel et du personnel de soutien. Il n'y a qu'un dossier par
malade et tous les médecins y ont accès.
Parallèlement à la dispensation des soins
généraux, tant urgents que courants, le groupe s'est
préoccupé d'ajouter des services de consultation
spécialisés, chirurgical, psychiatrie, gynécologie et bien
d'autres. Ceci permet d'éliminer des frais de transport et des pertes de
temps en plus d'accroître l'accessibilité.
Par ailleurs, le centre se veut un complément aux structures
régionales déjà existantes. Il n'est pas question de
concurrencer les services déjà établis.
Une pratique communautaire de ce genre est, à mon avis, une des
formules les plus susceptibles d'améliorer l'accessibilité aux
soins. Il faut bien réaliser que ceci s'est effectué sans
bousculade, sans coercition, sans augmentation des coûts pour la
population en recourant tout simplement à la bonne volonté des
intéressés.
De tels centres devraient recevoir une aide gouvernementale leur
permettant d'atteindre encore une plus grande multidisciplinarité par
l'addition de physiothérapeutes, diététistes, travailleurs
sociaux, psychologues.
Plutôt que de penser à des mesures coerciti-ves pour
pallier l'insuffisance d'effectifs médicaux dans certaines
régions, je suggère des négociations entre le gouvernement
et les différentes fédérations. En effet, dans
l'intérêt de la population, pourquoi ne négocierait-on pas
des dispositions qui auraient pour effet de faciliter le travail des
médecins qui assurent déjà l'accessibilité aux
soins 24 heures par jour?
J'aimerais ici proposer la création d'un comité mixte qui
serait composé de représentants du ministère des Affaires
sociales et de représentants des fédérations.
Ce comité pourrait d'abord procéder à
l'identification des régions défavorisées et
favorisées et se charger d'informer les médecins et les
étudiants des endroits où l'on a besoin d'effectifs tout en les
incitant à aller s'y établir. Les finissants qui
décideraient d'aller pratiquer dans des régions suffisamment
pourvues en effectifs médicaux pourraient présenter une demande
d'autorisation qui serait évaluée par les membres du
comité. On pourrait penser sûrement à différentes
modalités pour assurer l'efficacité d'un tel comité.
Là-dessus, j'inviterais d'ailleurs mes collègues à faire
des suggestions.
Ce qu'il faut retenir, c'est que les réalisations que l'on
pourrait attendre de la formation d'un tel comité seraient le
résultat d'engagements pris par des parties responsables et non pas la
suite de décisions unilatérales prises par le gouvernement. Je
pense aussi, M. le Président, que l'une des façons d'inciter les
médecins à aller s'établir dans les régions
éloignées serait de les intéresser davantage aux besoins
de ces régions. On pourrait organiser, en collaboration avec les
fédérations et les facultés de médecine, des
programmes de stages pour les internes et les externes dans les régions
défavorisées. Les médecins qui se trouvent
déjà dans des régions éloignées pourraient
jouer un rôle important. L'expérience a démontré que
des étudiants qui avaient eu l'occasion de travailler dans une
équipe de médecins en place étaient beaucoup plus
incités à retourner ensuite dans ces endroits.
On parle également beaucoup de l'humanisation des services de
soins. Or, si l'on veut humaniser le système de distribution des soins,
il faut favoriser les niveaux où se dispensent les
soins les plus personnels, soit les consultations au cabinet du
médecin et les visites à domicile. Les cabinets de groupe
oeuvrent à ces niveaux et la personnalisation des soins est un de leurs
premiers soucis. Ainsi, les organisateurs du cabinet dont j'ai parlé
tout à l'heure ont tout fait pour revaloriser le malade. Chacun est
appelé par son nom; s'il y a une période d'attente, des
hôtesses offrent des revues et des boissons; le salon de réception
est divisé en îlots de fauteuils afin que les gens aient un peu
plus d'intimité; chaque cabine de déshabillage est munie d'une
clef que le patient transporte avec lui, laissant ainsi ses effets personnels
en sécurité.
Il ne fait aucun doute que ces exemples témoignent des efforts
qui sont déployés par les médecins d'aujourd'hui afin
d'humaniser le système de distribution des soins, et que c'est la
responsabilité du gouvernement de les aider à continuer dans
cette voie en adoptant les mesures appropriées au cours de la prochaine
ronde de négociations.
Enfin, j'aimerais attirer l'attention sur la question des coûts
des services de santé. On est porté à penser dans certains
milieux que la hausse des coûts provient des abus commis par les
bénéficiaires d'une part et par les distributeurs des soins
d'autre part. Ces abus, bien que réels dans certains cas, demeurent
marginaux. Il y a, en fait, deux grandes causes à l'augmentation du
coût des soins: d'abord, l'instauration par l'Etat d'un régime dit
universel, et l'extension de la couverture, soins hospitaliers,
médicaux, dentaires, optométriques, etc. On peut compter au
nombre des causes secondaires le vieillissement de la population et d'autres
facteurs reliés à la démographie et au sexe,
l'accroissement des effectifs et la formation d'équipes
multidisciplinaires.
On peut se poser de sérieuses questions par ailleurs sur le
coût des CLSC. Comme je l'ai dit tout à l'heure, la réforme
amorcée par la Loi 65 en fait des monopoles naturels à but non
lucratif. Or, il s'avère que l'absence de concurrence s'accompagne plus
souvent d'une absence quasi totale du souci de minimiser les coûts.
Certains ont démontré qu'un producteur de services hospitaliers
universitaires ou gouvernementaux a tout intérêt à encourir
des dépenses et des frais qui n'augmentent en rien la production
destinée au consommateur.
Il utilise les économies potentielles qu'il pourrait
réaliser pour les affecter à des dépenses
discrétionnaires qui augmentent son bien-être, son prestige, son
revenu, son statut ou son pouvoir.
Comme les CLSC, dans le régime actuel, n'ont pas ces
éléments d'incitation à l'économie, on peut
supposer qu'ils reproduisent les travers attribués jusqu'à
maintenant aux hôpitaux. Il me semble donc urgent, M. le
Président, de procéder à une enquête sur la
rentabilité des CLSC déjà établis, avant de
continuer dans cette voie qui risque d'être fort coûteuse. Il
serait bon de réfléchir, de faire une pose avant de
procéder à un gaspillage des énergies et des
ressources.
A-t-on songé, par exemple, à faire une analyse comparative
des coûts des soins dispensés dans un CLSC et dans un cabinet de
consultation du secteur privé? A ce stade, je demande à tous les
membres de cette Chambre de s'enquérir du coût réel et de
l'efficacité d'un CLSC. Il ne faut pas attendre qu'une prochaine
Assemblée vienne nous reprocher d'avoir multiplié inutilement les
CLSC, comme on a reproché à nos prédécesseurs
d'avoir construit trop d'hôpitaux. Avant de généraliser ce
que l'on avait convenu d'implanter à titre d'expérience pilote,
il faut dès maintenant analyser les résultats en les comparant
avec ce que le système actuel, que l'on travaille d'ailleurs à
améliorer, promet déjà à la population.
En terminant, je voudrais souligner la nécessité
d'instaurer un véritable dialogue entre les médecins et l'Etat.
Le manque d'information et de consultation avec les autorités
gouvernementales est flagrant. Les médecins admettent que le
système actuel est déshumanisant et rempli d'aberrations. Ils
sont les premiers à reconnaître la nécessité d'une
réforme. Il revient maintenant au gouvernement de prouver sa bonne
volonté.
C'est pourquoi, M. le Président, je fais appel à tous les
membres de cette Assemblée pour qu'ils unissent leurs efforts afin de
travailler au mieux-être de la population dans ce secteur d'importance
cruciale. J'invite tous mes collègues libéraux, péquistes,
créditistes à se pencher sérieusement sur ces
problèmes pour que nous puissions, tous ensemble, y apporter les
solutions les plus appropriées.
Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): On dit que c'est le député
de Laurentides-Labelle.
M. Roger Lapointe
M. LAPOINTE: M. le Président, mes premiers mots seront pour vous
féliciter, ainsi que les deux vice-présidents pour votre
nomination à ce poste et vous assurer de mon entière
collaboration pour la bonne marche de cette Assemblée. Je voudrais
remercier la population du comté de Laurentides-Labelle, qui m'a
accordé sa confiance pour la représenter à
l'Assemblée nationale. Je voudrais l'assurer que toutes mes
énergies seront consacrées au développement
cohérent et rationnel du comté de Laurentides- Labelle.
Je voudrais féliciter la population du comté de
Laurentides-Labelle de son réalisme, du bon sens dont elle a fait preuve
en votant pour le Parti libéral. La population du comté de
Laurentides-Labelle a compris les réalisations du gouvernement
libéral sur le plan économique et sur le plan social depuis 1970.
La population a
compris que le programme proposé en 1970 a été
réalisé presque en entier, au cours des trois dernières
années. La population a compris aussi la démagogie de certains
partis qui tentaient de laisser croire à la population que le
Québec allait pour le pire, et qui proposaient à la population
des mesures irréalistes, sans dire comment ils allaient les
réaliser et où ils allaient prendre l'argent pour les
réaliser.
La population du comté de Laurentides-Labelle a compris aussi
l'irréalisme et l'aventure proposés par un certain parti
politique.
Elle a refusé d'embarquer dans un bateau sans connaître le
port d'arrivée. Je voudrais prendre quelques minutes pous souligner
certains aspects du comté de Laurentides-Labelle qui est sûrement
le plus beau comté de la province. Le comté de
Laurentides-Labelle est un nouveau comté formé de l'ancien
comté de Labelle soit dit en passant, l'ancien comté de
Labelle était représenté par l'Union Nationale depuis
1935, soit 38 ans d'une partie de l'ancien comté de Terrebonne et
d'une partie de l'ancien comté de Papineau. Il comprend 46
municipalités, il s'étend d'une extrémité à
l'autre sur une distance de 150 milles, il touche le territoire de cinq
commissions scolaires et est parcouru par 2,500 milles de chemins principaux ou
secondaires.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que la tâche qui m'attend, comme
représentant du comté de Laurentides-Labelle, n'est pas des plus
faciles mais je suis prêt à relever le défi et à
travailler pour le bien du comté de Laurentides-Labelle. Le comté
de Laurentides-Labelle est un comté où l'industrie touristique
est de première importance. L'industrie touristique y est
développée, mais il reste beaucoup à faire pour
améliorer, pour exploiter cette industrie à fond. Des milliers de
touristes, des milliers de visiteurs, des milliers de villégiateurs ou
d'amateurs de plein air se rendent chaque année dans le comté de
Laurentides-Labelle. Il faudra prévoir un plan d'aménagement
touristique du territoire pour assurer le développement cohérent
des ressources touristiques que nous avons.
Pour faire une exploitation rationnelle de toutes ces ressources, il
faudra améliorer le fonctionnement des parcs Papineau-Labelle qui ont
été créés il y a quelques années,
améliorer le fonctionnement du parc Mont-Tremblant afin d'assurer une
plus grande accessibilité de ce parc à la population locale et
une plus grande exploitation des ressources qui y sont contenues. H faudra
continuer les efforts pour améliorer le réseau routier principal.
Il y a eu des réalisations formidables au cours des dernières
années, soit le prolongement de l'autoroute des Laurentides,
l'amélioration de la route 11 jusqu'à Saint-Jovite, mais il
faudra continuer ces travaux. Il faudra faire des efforts spéciaux quant
à la voirie rurale et apporter une aide accrue aux municipalités
qui ont la responsabilité de l'entretien de la majorité des
chemins secondaires et qui n'ont pas les moyens d'entretenir ces chemins d'une
façon convenable.
Il faudra poursuivre et accélérer les politiques de
protection de l'environnement. Des organismes ou des compagnies
forestières ont détruit des sites touristiques formidables. Il
faudra réglementer le domaine de l'exploitation forestière pour
éviter que des choses comme celles-là se reproduisent. Il faudra
poursuivre et accélérer les mesures pour protéger nos lacs
et nos cours d'eau de la pollution. Il faudra prendre des mesures pour
protéger la faune contre les prédateurs. Il faudra apporter une
aide accrue aux individus, aux groupes ou aux organismes qui s'occupent de la
mise en valeur ou de la promotion des sites touristiques, accroître aussi
l'information touristique par l'établissement de centres d'accueil
touristiques comme cela se fait déjà dans certaines
régions de la province.
Le comté de Laurentides-Labelle est aussi un comté
où de nombreux agriculteurs vivent. Il faudra, comme par les
années passées comme depuis trois ans on peut dire que les
agriculteurs ont connu une période de prospérité
que des mesures, pour assurer des revenus convenables aux agriculteurs, se
poursuivent. On devra leur apporter une aide accrue et faire en sorte que les
jeunes puissent prendre la relève et s'établir sur des
fermes.
Le comté de Laurentides-Labelle est aussi un comté
où l'industrie forestière a beaucoup d'importance. Plusieurs
compagnies forestières y font des exploitations. Il faudra à
l'avenir assurer la polyvalence des forêts. La forêt ne doit pas
servir seulement à produire du papier, mais doit aussi servir à
l'industrie touristique. Il faudra apporter de l'aide aux petites industries
qui connaissent des difficultés d'approvisionnement.
J'aurais beaucoup de choses à dire, M. le Président, dans
le domaine de l'éducation. On pourrait parler d'humanisation des
écoles. On pourrait parler de décentralisation ou de
centralisation excessive au niveau du ministère de l'Education et d'une
décentralisation qui serait nécessaire au niveau régional
et au niveau local. On pourrait parler d'une participation qui devrait
être accrue, de la part des enseignants, à la chose scolaire et
souhaiter que l'administration, à quelque niveau que ce soit, prenne les
mesures pour améliorer cette participation. On pourrait parler d'une
meilleure coordination des différentes directions
générales au ministère de l'Education afin d'éviter
que la pédagogie ne soit conduite ou dirigée par les finances et
l'équipement. On pourrait parler aussi de pouvoirs accrus à
accorder aux administrateurs pédagogiques et de services
éducatifs, alors qu'actuellement on constate, malheureusement, que
l'enseignement et la pédagogie sont au service des finances et de
l'équipement.
Il faudrait aussi penser à des mesures pour rendre accessibles
et particulièrement dans ma région, M. le Président
les études secondaires et les études collégiales.
Sur un territoire aussi grand que le mien, où la population est
très éparpillée, nous rencontrons des
difficultés
considérables. Beaucoup d'étudiants doivent loger dans des
pensionnats. Les routes sont dans un état déplorable, ce qui
exige des transports d'une heure à une heure trente, matin et soir, pour
une grande proportion des étudiants. Il faudra tenir compte, dans le
domaine de l'éducation comme dans d'autres domaines, des
particularités régionales et faire en sorte que les normes soient
assez souples pour tenir compte de ces particularités et que des
régions comme la région du comté de Laurentides-Labelle ne
soient pas défavorisées.
Je me réjouis, M. le Président, de voir que dans le
programme du Parti libéral et dans le message inaugural des mesures
précises ont été proposées pour remédier
à l'ensemble de ces problèmes.
En terminant, M. le Président, je voudrais faire part du plaisir,
de la satisfaction que je ressens de me retrouver à l'Assemblée
nationale avec des collègues aussi dynamiques, qui recherchent tous le
mieux-être des Québécois. Je voudrais aussi vous faire part
de ma déception du rôle joué par les collègues de
l'Opposition depuis l'ouverture de la présente session. Je crois que si
l'Opposition s'intéressait autant au décorum qu'au quorum,
ça pourrait aller bien.
M. LEGER: II faudrait être d'accord avec vous autres?
M. LAPOINTE: Je m'attendais que l'Opposition joue un rôle positif
de temps à autre, que l'Opposition ne soit pas toujours négative.
Je ne m'attends pas, M. le Président, que l'Opposition fasse des
courbettes devant le parti au pouvoir ou les membres du parti au pouvoir. Je
m'attends à ce que l'Opposition dise ce qu'elle pense...
M. LESSARD: C'est ça, on vient de commencer, ce n'est rien.
M. LAPOINTE: ... le dise lorsqu'elle n'est pas d'accord, mais dise aussi
les aspects positifs des projets qui seront présentés. Je pense
qu'il y a du positif dans tout.
M. LEGER: On a appuyé le ministre des Affaires municipales, mais
Bourassa ne l'accepte pas.
M. LAPOINTE: Je pense que les membres de l'Opposition pourraient, en
plus d'apporter des critiques, apporter des solutions positives aux
problèmes.
M. le Président, en terminant, je souhaite que tous ensemble nous
construisions un Québec fort dans un Canada uni. Je vous remercie, M. le
Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Dubuc.
M. Ghislain Harvey M. HARVEY (Dubuc): M. le Président, à
titre de député du comté de Dubuc, je tiens d'abord
à féliciter le président de l'Assemblée nationale
ainsi que les deux vice-présidents, dont l'un est de notre
région, l'honorable député de Roberval. Je leur offre en
outre toute ma collaboration.
Par la même occasion, il me fait plaisir de porter à votre
attention la présence de la seule femme siégeant à
l'Assemblée nationale, laquelle présence contribuera, de
façon non équivoque, à humaniser davantage au cours des
prochaines années cet amalgame un peu anonyme et froid de rouages
administratifs et législatifs que constitue le ministère des
Affaires sociales.
Il m'a semblé également opportun de noter
l'élection de six députés libéraux de moins de 30
ans, ce qui est un signe de jeunesse pour le Parti libéral et augure,
sans aucun doute, un avenir prometteur pour le Parti libéral du
Québec.
L'élection provinciale du 29 octobre dernier avait une grande
importance tant pour les citoyens que pour le gouvernement du Québec. La
grande victoire du Parti libéral, avec plus de 50 p.c. des votes, est un
précédent dans l'histoire politique du Québec; elle
signifie l'obtention d'un mandat clair de la population afin que soit
maintenue, d'une part, l'option constitutionnelle du fédéralisme
accordant une part équitable des pouvoirs aux provinces et, d'autre
part, que soit assurée la continuité des objectifs du
gouvernement en matière d'éducation, de travail, de justice, de
voirie, etc., dans tous les secteurs vitaux, en somme, qui affectent
directement ou indirectement les citoyens du Québec.
Ceci étant dit, je représente un de ces comtés
à caractère mi-urbain et mi-rural, un comté qui a, depuis
longtemps, les yeux tournés vers l'avenir et qui, en raison de sa
situation géographique particulière, du dynamisme de sa
population et de ses potentialités énormes de
développement, surtout économique, attend beaucoup de l'action de
notre gouvernement au cours des prochaines années.
Les besoins du comté sont grands et je voudrais, ici, vous
présenter schématiquement les secteurs où l'intervention
du gouvernement paraît la plus pressante. En matière de
santé, le plus fondamental me paraît d'abord être le
maintien de la vocation de nos services hospitaliers et particulièrement
de l'hôpital de La Baie. Un autre projet dont la réalisation me
tient à coeur est la création de services de santé en
milieu rural. En matière de voirie, la population rurale du comté
attend, avec une certaine impatience, l'améliroation de son
réseau routier. Enfin et cela a constitué, dans une
certaine mesure, mon objectif fondamental durant la campagne électorale
il y a le grand projet pour le comté de Dubuc et c'est un projet
qui risque de s'étendre sur une très longue période de
temps. La population de Dubuc et celui qui vous parle veulent, en raison
surtout de sa situation géographique et l'importance de ses ressources
naturelles, faire de
Dubuc un axe industriel important. Sans vouloir trop entrer dans les
détails, un des éléments importants de cet objectif
d'industrialisation maximum du secteur est le projet du lac Albanel.
Déjà, des efforts sont faits en vue de la mise en oeuvre
de développements miniers dans ce secteur. La population du comté
suit de très près l'évolution de ce projet.
Il me fait plaisir, enfin, d'endosser la politique du gouvernement
libéral dont les grandes lignes ont été exposées
lors du dernier discours inaugural. Ces deux notions de continuité dans
la priorité accordée à la croissance économique et
l'ouverture sur un problème comme l'amélioration de la
qualité de vie du citoyen, je les ferai miennes au cours des prochaines
années. Je suis entièrement d'accord sur ce qui a
été dit dans le discours inaugural à l'effet que, dans
notre monde moderne, c'est la prospérité qui donne la mesure de
la force réelle d'une collectivité en même temps qu'elle
détermine le degré de liberté et de sécurité
dont jouissent les citoyens qui y vivent. C'est à cette
prospérité que les citoyens de mon comté aspirent et c'est
avec acharnement que celui qui vous parle donnera la mesure de lui-même
afin que se concrétise, dans son comté, cette
prospérité. On voit encore dans le discours inaugural que les
objectifs majeurs de la politique économique du gouvernement sont le
renforcement de la structure industrielle, l'accroissement de la
rentabilité pour le Québec de la mise en valeur de ses richesses
naturelles, la modernisation de l'économie agricole, la promotion de
l'industrie touristique et l'amélioration de l'infrastructure
économique et des systèmes de transport.
De tels objectifs, M. le Président, ont constitué
et ce depuis le début de la campagne électorale, à
l'échelle de mon comté des centres de cristallisation des
idées maîtresses, une toile de fond sur laquelle j'engagerai toute
mon action au cours des prochaines années, tout ceci afin de procurer
à mes concitoyens ce mieux-être qu'ils sont légitimement en
droit d'attendre.
Je suis bien conscient encore de l'importance capitale pour l'avenir du
Québec des lois que mes collègues et moi-même aurons
à adopter. J'en suis d'autant plus conscient que lorsqu'on
évoque, dans le discours inaugural, les potentialités
touristiques, les richesses naturelles et le développement industriel,
je me sens impliqué à titre de député d'un
comté où ces termes deviennent presque des définitions et
ce, non pas de façon vague et lointaine mais de façon
immédiate, concrète et d'une réalité de tous les
jours.
Enfin, M. le Président, soyez assuré qu'à l'instar
de tous les collègues ici présents, je ferai au cours des
prochaines années des intérêts du Québec mes
intérêts. Merci, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. ROY: M. le Président, je veux remercier mes collègues
de leurs applaudissements, surtout d'avoir applaudi au début parce que
j'ai crainte qu'à la fin ils ne m'applaudissent pas.
M. le Président, mes premiers mots seront pour vous
féliciter bien sincèrement de votre réélection
à ce poste très important qui consiste à présider
les délibérations de l'Assemblée nationale. J'ai
été très heureux, en ce qui me concerne, d'appuyer votre
candidature à ce poste, d'autant plus que, vous connaissant à
l'avance, connaissant votre impartialité et connaissant votre
gentilhommerie, je savais à l'avance que vous étiez en mesure de
diriger nos débats avec célérité.
La deuxième raison pour laquelle je vous ai appuyé sans
aucune réserve, c'est que j'étais heureux de voir diminuer cette
majorité libérale de 102 à 101, pour pouvoir au moins
équilibrer quelque peu les forces de l'Opposition avec celles du
gouvernement, même si l'écart est encore extrêmement
grand.
M. le Président, je veux vous assurer, ainsi que vos
collègues qui ont à assumer la responsabilité de
vice-président en cette Assemblée, de notre entière
collaboration et je puis vous assurer à l'avance que l'Opposition
collaborera dans toute la mesure du possible avec vous pour que nos travaux
parlementaires fonctionnent de façon normale et pour que chacun des
députés puisse s'exprimer en toute logique, en toute
légitimité, compte tenu des responsabilités qu'ils ont
reçues de leurs électeurs.
Je voudrais aussi que le gouvernement collabore avec vous parce que, M.
le Président, j'ai crainte que vous ayez plus de difficulté du
côté ministériel à présider nos travaux
parlementaires qu'avec les membres de l'Opposition. Quand même, j'invite
les députés du côté ministériel à
collaborer avec la présidence de la Chambre de façon que chacun,
quel qu'il soit, où qu'il soit, de quelque formation politique que ce
soit, puisse représenter dignement et convenablement et se faire le
porte-parole des électeurs, de ceux qui lui ont confié un mandat
le 29 octobre dernier.
M. le Président, je vous demanderais aussi de faire preuve de
beaucoup d'impartialité, surtout en ce qui a trait à l'Opposition
parce que, vous savez, M. le Président, mon collègue de
Rouyn-Noranda a dit qu'il y avait beaucoup de "rouge" à
l'Assemblée nationale. Je vous dirai ceci: Connaissant votre souci pour
tâcher de mener à bien cette lutte que le Québec a
entamée contre la pollution, je vous demanderais, M. le
Président, d'avoir une note particulière pour le peu d'espaces
verts que nous avons à l'Assemblée nationale.
M. le Président, je veux aussi, au début de mon
intervention, remercier sincèrement tous les électeurs et
électrices du comté de Beauce-Sud qui m'ont renouvelé leur
confiance en m'accordant un nouveau mandat pour revenir
les représenter à l'Assemblée nationale du
Québec. M. le Président, je veux leur rendre cet hommage
particulier parce qu'ils ont été ceux qui ont réussi, en
quelque sorte, à enrayer cette grande marée libérale qui a
englouti, envahi le Québec, pour ne pas dire dévasté le
Québec.
M. le Président, on peut quand même avoir une lueur
d'espoir, on peut quand même regarder l'avenir avec confiance.
Il y a encore quelques petits territoires libres au Québec et je
me permets de dire que le comté de Beauce-Sud est un de ces petits
territoires libres.
M. le Président, si vous avez l'occasion de venir le
visiter...
M. VEILLEUX: Le comté de Saint-Jean.
M. ROY :... soyez assuré d'une chose: vous serez toujours le
bienvenu dans notre beau comté de Beauce-Sud.
Cette élection, qui a eu lieu le 29 octobre dernier, a
été passablement extraordinaire. Nous avons vécu des
phénomènes que le Québec n'était pas habitué
à vivre. En effet, c'était la première fois dans
l'histoire du Québec que nous voyions un courant aussi fort se
dégager chez le peuple pour faire un choix à l'occasion de cette
élection, compte tenu de la situation particulière dans laquelle
le Québec se trouvait.
Je veux dire à nos amis les ministériels que, si la
population a voté très majoritairement pour le Parti
libéral, il ne faudrait pas croire pour autant que la population vous a
donné un mandat total et qu'elle vous a renouvelé cette confiance
d'une façon absolue. Cela ne veut pas dire, non plus, que la population
du Québec, si elle a refusé de trancher la question du
séparatisme comme tel au cours d'une campagne électorale, accepte
le fédéralisme asservissant auquel nous a habitués le
gouvernement Bourassa depuis le mois de juin 1970.
Je pense que le sort n'en est pas jeté, que cette question n'a
pas été décidée par la population du Québec.
Le problème reste posé de façon totale, entière. Je
pense que le gouvernement n'a pas le droit de laisser cette question de
côté pour tenter à nouveau, au cours des élections
qui auront lieu en 1977 ou 1978, de vouloir faire un référendum
chez la population du Québec de façon à ne pas être
obligé de rendre compte de son mandat, de son administration, de sa
législation, et à ne pas porter, à l'occasion de
l'élection, devant les Québécois les véritables
problèmes qui se posent à la société
québécoise.
Les gens de Beauce-Sud ont réussi à contrer cette
marée, cette stratégie du Parti ibéral qui a voulu
amplifier en quelque sorte un problème, qui a voulu faire en sorte
d'apeurer la population je dis bien apeurer, et je vais vous en donner
des exemples pour tâcher d'aller chercher le pouvoir à tout
prix, par tous les moyens possibles.
Dans le comté de Beauce-Sud, grâce à sa
ténacité et à son courage, la population a
décidé de s'unir, de se serrer les coudes et de ne pas se laisser
influencer par la grosse caisse électorale, par les promesses
électorales, par les menaces et les intimidations de toutes sortes.
Cette population s'est serré les coudes et elle a
démontré...
M. VEILLEUX: Dans Saint-Jean, on n'a pas eu ça, des menaces.
M. ROY: ... que, lorsqu'une population a décidé de s'unir,
il n'y a pas de machine électorale assez puissante, de caisse
électorale assez grosse pour pouvoir contrer ses désirs.
Je pense que nous avons eu un exemple frappant qu'il est encore possible
au Québec de penser nos problèmes, de regarder
l'intérêt de notre nation, du Québec, avec
sérénité.
Je tiens à dire au gouvernement libéral qu'au cours de
cette campagne électorale tous les moyens ont été
utilisés. Lorsqu'on a parlé de faire peur à la population,
dans mon comté...
M. VEILLEUX: Dans Saint-Jean...
M. ROY: Si vous voulez les rappeler à l'ordre, M. le
Président; je comprends que c'est agaçant. H y a même eu
une manifestation péquiste, organisée, payée et
commanditée par le Parti libéral, pour venir saboter une
assemblée de créditistes. On a même organisé
ça, et les jeunes étaient payés $20 chacun. Et ça
s'est fait ailleurs, dans d'autres régions de la province de
Québec.
On a profité de cette situation...
M. BACON: Prouvez4e.
M. ROY: ... on a engagé des jeunes, on les a payés pour
faire en sorte...
M. BACON: Prouvez-le. M. ROY: ... justement...
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
J'inviterais les honorables députés à laisser le
député de Beauce-Sud continuer son exposé. Ceux qui n'ont
pas encore pris la parole pourront la prendre facilement après lui.
UNE VOIX: Avec plaisir.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: Merci, M. le Président. Je disais donc qu'on a
organisé toutes sortes de petites manifestations payées et
commanditées par le Parti libéral pour faire peur à
là population et fausser le débat, de façon à
éviter au gouvernement d'avoir à rendre compte de son mandat,
à parler de ses dettes, de ses taxes, de ses déficits, du
socialisme dans lequel le gouvernement nous
a enlisés depuis qu'il est au pouvoir, depuis avril 1970.
En face de tous les problèmes auxquels nous avons à faire
face, M. le Président, je veux dire ceci à l'adresse de tous les
députés libéraux qui sont ici dans cette Chambre: Je les
ai écoutés depuis le début du débat sur le discours
inaugural et j'ai été étonné et agréablement
surpris de constater le dynamisme, le courage, les idées sincères
et les voeux qu'ont exprimés ces députés devant cette
Assemblée. Mais, M. le Président, je dois dire ceci: Que de
déceptions les attendent, que de déceptions les guettent! et
combien ces gens seront déçus tout à l'heure...
M. BACON: ... déception, vous.
M. ROY: ... dans un an, dans deux ans, de constater que dans le Parti
libéral ils n'ont à peu près aucune influence, qu'ils ne
sont pratiquement jamais consultés et que le dépôt des
projets de loi se fait bien avant qu'ils soient consultés et bien avant
qu'ils le sachent. Ils l'apprennent en même temps que nous. Nous avons au
moins, dans l'Opposition, le privilège de nous lever à
l'Assemblée nationale et dire au gouvernement, en face, quelles sont les
lacunes dans le projet de loi et quelles sont les conséquences de ce
projet de loi alors qu'eux-mêmes sont liés par l'obligation de se
donner la main dans un parti politique.
M. BACON: ... créditiste là, vous.
M. ROY: Ils sont liés par le secret du caucus, ils sont
liés par toutes sortes de moyens qui font qu'ils sont obligés de
défendre les positions du gouvernement, que ça fasse leur affaire
ou non.
M. le Président, je pourrais même rappeler quelques petites
anecdotes qui se sont produites à l'Assemblée nationale au cours
de certains débats sur certains projets de loi alors que les
députés de l'Opposition recevaient de petites notes sur leurs
bureaux pour suggérer des choses à dire parce que ces
gens-là n'étaient pas capables de les dire. Ce n'est pas nouveau
et ce n'est pas un secret pour personne. Nous savons, M. le Président,
que ces choses vont continuer.
Nous commençons la première session de cette
trentième Législature. M. le Président, je disais tout
à l'heure que la population du Québec n'accepte pas le statu quo
du fédéralisme actuel. Si la population du Québec a
rejeté le séparatisme comme tel, ce n'est pas pour autant que la
population du Québec se situe dans une extrémité ou dans
l'autre. Je pense que la place du Québec est au centre, au juste milieu,
et je pense que toutes ces questions devront être discutées non
pas dans des conférences à huit clos, non pas dans des
conférences dans lesquelles aucun parlementaire de l'Opposition n'est
admis, non pas non plus dans des conférences auxquelles même les
gens de la presse ne sont pas admis, ces personnes devant simplement se
contenter de petits communiqués de presse qu'on leur émet
à l'issue de ces conférences. M. le Président...
M. VEILLEUX: Nous autres, on n'assiste pas à vos
assemblées.
M. ROY: ... je dis ceci aussi au gouvernement: Si le Québec
n'accepte pas le statu quo actuel, le Québec n'a pas accepté pour
autant le genre d'endettement pyramidal auquel nous a habitués, dans
lequel nous a entraînés l'équipe libérale du
gouvernement actuel depuis 1970. M. le Président, la population du
Québec n'accepte pas non plus d'aller à l'heure actuelle vers les
contrôles d'Etat de plus en plus grands, par le fait que tout le monde
perd sa liberté chaque jour et que de plus en plus de gens se retrouvent
à la solde du gouvernement provincial.
Nous avons vu quelques phénomènes au cours de la
dernière Législature; nous avons vu l'apparition de la
"castonguette"; nous avons vu l'apparition de la "choquette" et nous avons vu
l'apparition de la "toupinette". Trois choses qui font en sorte qu'à
l'heure actuelle, avec ces petits appareils, ces petites machines, nous avons
des gens qui se facturent des salaires et qui envoient le compte à
l'Etat. Je ne serais pas surpris d'en voir apparaître d'autres au cours
de la présente session. Je ne serais pas surpris de voir
apparaître en quelque sorte une nouvelle "massette" ou encore une
"garnette", M. le Président, pour faire en sorte qu'encore un plus grand
nombre de personnes se retrouvent à la solde du gouvernement provincial,
travaillent comme fonctionnaires du gouvernement provincial, ayant perdu toute
initiative, perdu toute liberté, vivant autrement dit avec les deniers
des contribuables.
Je pense que toutes ces choses et tous ces faits font en sorte que, dans
toute cette stratégie et cette politique organisées et
orchestrées par le gouvernement libéral, nous nous trouvons
aujourd'hui avec les problèmes que nous connaissons. M. le
Président, je pense que le gouvernement qui vient de recevoir un nouveau
mandat, qui vient de recevoir la confiance du peuple du Québec par les
moyens discutables qu'il a pris, je pense que le gouvernement a d'immenses
responsabilités devant lui. Parmi celles-ci, M. le Président, il
a à faire en sorte que les Québécois puissent
bénéficier des immenses ressources et des richesses qu'ils ont
chez eux.
Les Québécois ont le droit de participer au
développement économique de leur province. Qu'ils puissent y
participer mais qu'ils puissent profiter également du
développement économique de leur province en étant des
citoyens à part entière.
Et le gouvernement a pour fonction et pour mandat, M. le
Président, de faire en sorte également que nos institutions
scolaires, muni-
cipales ou hospitalières, soient en mesure de remplir leur mandat
et d'être capables de donner à la population du Québec les
meilleurs services, de la meilleure qualité et au meilleur prix
possible, de façon que chacun des Québécois puisse
bénéficier de ces services.
Et je pense qu'encore là nous avons l'exemple, si nous nous
référons à la dernière administration du
gouvernement, que ceci n'a pas été dans le meilleur des mondes,
que ceci ne s'est pas fait en fonction du meilleur intérêt des
Québécois, parce que justement on a assisté, au cours des
dernières sessions, au cours de la dernière Législature,
à l'endettement pyramidal du Québec, on a assisté à
la dépossession collective des Québécois, on a
assisté à l'asservissement de nos organismes municipaux,
supra-municipaux, des organismes scolaires et hospitaliers, de sorte que tous
ces gens-là, à l'heure actuelle, se retrouvent pris,
enrégimentés...
M. LESSARD: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue de Beauce-Sud, qui fait un exposé formidable, mais nous
n'avons pas encore quorum, malgré 102 députés
libéraux, 28 députés, M. le Président dans cette
Chambre. Vingt-huit députés sur 102.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés !
M. LESSARD: 110. Non, non, vous êtes 102, c'est à vous
autres à faire le quorum; ce n'est pas nous qui allons faire le quorum,
soyez-en assurés. Même si on le voulait, on ne le pourrait
pas.
M. CARON: On a le quorum, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, quant au rôle que l'Opposition a
joué dans ce gouvernement, il est extrêmement important, compte
tenu de notre nombre limité, et compte tenu également du fait que
nous devons encore batailler et réclamer du gouvernement les services et
les budgets dont nous avons besoin pour être en mesure de nous acquitter
adéquatement de nos responsabilités.
On sait, M. le Président, que l'Opposition a été
réduite au cours de cette élection, mais le gouvernement devrait
être conscient du fait que dans un vrai régime
démocratique, on doit permettre à l'Opposition de s'acquitter de
ses responsabilités, on doit permettre à l'Opposition de
s'acquitter de sa tâche et on doit permettre à l'Opposition
d'être en mesure, en lui offrant les services nécessaires, de le
faire de la meilleure façon possible.
En ce qui nous concerne, M. le Président, que nous soyons
à la deuxième semaine de nos travaux parlementaires, c'est encore
le statu quo, il n'y a absolument rien de réglé de ce
côté et nous ne savons absolument rien, nous ne connaissons pas
les intentions du gouvernement en ce qui a trait à notre statut à
l'Assemblée nationale du Québec.
Le gouvernement se fait fort de sa grande victoire et de sa grande
majorité, le gouvernement analyse des chiffres, des résultats
électoraux, et si on prend les mêmes chiffres que le gouvernement
prend à l'heure actuelle pour essayer de se justifier, en quelque sorte
de bâillonner ou limiter les moyens ou limiter le rôle de
l'Opposition dans l'Assemblée nationale, j'aimerais quand même lui
rappeler certains chiffres, à lui rappeler certains faits, pour
démontrer, si nous faisons l'analyse à l'inverse, ce que
ça pourrait donner.
M. le Président, en ce qui nous concerne, notre parti a obtenu,
au cours de la dernière campagne électorale il me manque
les résultats de deux comtés évidemment 281,245
votes, soit près de 10 p.c. du vote et nous sommes deux
députés à l'Assemblée nationale, ce qui veut dire
que nous représentons chacun 140,000 électeurs qui ont
voté pour le Parti créditiste.
M. le Président, si on ajoute à cela ceux qui n'ont pas
voté pour le Parti québécois, ceux qui n'ont pas
voté non plus pour le Parti libéral...
UNE VOIX: Ceux qui n'ont pas voté du tout.
M. ROY: ... mais qui ont quand même exercé leur droit de
vote au cours de la dernière campagne électorale et qui se
situent au centre et dont le programme les rapprochait du programme du Parti
créditiste, on retrouve également là 144,000
électeurs.
Si on fait une moyenne, si on regarde les votes d'électeurs qu'a
reçus le Parti libéral, 1,595,626, si on divise par le nombre de
députés, cela veut dire que chaque député
libéral qui siège à l'Assemblée nationale du
Québec représente 15,643 électeurs qui ont choisi le Parti
libéral alors que nous représentons chacun 213,000
électeurs...
M. BACON: C'est faux, c'est faux!
M. ROY: ... qui n'ont pas voté pour le Parti libéral.
M. BACON: C'est faux, c'est faux!
M. ROY: Si on représentait le même nombre
d'électeurs...
M. BACON: C'est faux, vous n'êtes même pas
créditistes.
M. ROY: ... si les créditistes représentaient le
même nombre d'électeurs que le Parti libéral
représente à l'Assemblée nationale, cela nous donnerait
dix députés. Si on ajoute à cela les
autres qui n'ont pas de représentants à l'Assemblée
nationale, cela veut dire qu'il y aurait quinze députés de
l'Opposition de plus...
M. BACON: Dupuis ne sera pas là non plus.
M. ROY: ... qui ne seraient pas du Parti québécois,
évidemment, pour siéger à l'Assemblée nationale du
Québec. Par contre, si on prend le même nombre d'électeurs
qui ont voté créditiste pour obtenir le nombre de
députés libéraux qu'il pourrait y avoir à
l'Assemblée nationale, les libéraux se retrouveraient tout
simplement avec onze députés à l'Assemblée
nationale du Québec. Ce qui veut dire que dans notre mode
électoral il y a beaucoup de changements à faire si nous voulons
respecter l'opinion publique, si nous voulons respecter l'électeur
québécois et si nous voulons permettre à l'électeur
québécois d'être représenté par la meilleure
méthode possible à l'Assemblée nationale du
Québec.
M. BELLEMARE: II y a trop de chefs, chez vous.
M. ROY : Devant ces faits, dans ces circonstances, le Parti
libéral n'a pas à se vanter de sa trop grande majorité et
de sa trop grande victoire. Je pense que le Parti libéral devrait tout
simplement regarder la réalité bien en face, il devrait
s'humilier en quelque sorte. Avec un peu d'humilité, il pourrait
commencer à voir clair, à voir les vrais problèmes dont
souffrent les Québécois, à voir les changements que
réclame la société québécoise; elle
réclame des modifications, des correctifs le plus tôt
possible.
Si nous voulons accéder à une vraie démocratie au
Québec, il faut que cette démocratie permette au peuple
d'être consulté. Je pense que c'est un premier point, permettre au
peuple d'être consulté. Il faut que ce peuple soit
également respecté. Il faut que nos lois, que l'administration
gouvernementale c'est une chose qui n'a pas été dite
souvent à l'Assemblée nationale du Québec fassent
en sorte que les citoyens du Québec soient héritiers dans la
société québécoise. Si on regarde la
démocratie de façade que nous avons, la fausse démocratie
que nous avons, nous sommes plutôt en lieu de constater que le peuple est
complètement ignoré, que le peuple n'est pas suffisamment
consulté.
Nous sommes en mesure de constater également que le peuple du
Québec est contrôlé de plus en plus par des lois, par des
réglementations gouvernementales. On se retrouve en face du fait que de
plus en plus de Québécois sont conditionnés, sont
comprimés, sont contrôlés et ne peuvent plus exercer
librement leur métier, leur profession en vue d'être un actif dans
la société québécoise, en vue de pouvoir gagner
leur vie et la vie de leur famille. Le Québécois, au lieu
d'être un héritier dans la société
québécoise, est un citoyen de plus en plus
dépossédé; dépossédé de son salaire,
d'abord, dépossédé de sa propriété et,
ensuite, dépossédé de son patrimoine national.
Je pense qu'on a vu de multiples exemples, au cours des quatre
dernières années, de ce phénomène qui va en
s'accentuant. Encore une fois, dans le discours inaugural de cette
année, je n'ai absolument rien vu je dis bien absolument rien vu
qui nous permette de conclure ou de déduire que le gouvernement a
l'intention de prendre les moyens réels pour donner aux
Québécois ce qu'il se propose de donner en façade dans
tout son discours inaugural. On se trouvera en face du fait que le
Québécois, pour bénéficier d'une soi-disant
société, d'une économie d'abondance, d'un peu d'abondance,
si vous voulez, devra continuer à transférer ses
propriétés aux étrangers, aux Américains ou encore
aux Européens, devra continuer à se déposséder de
son patrimoine national et céder ses richesses naturelles et tous ses
droits aux entreprises multinationales. On leur accorde de
généreuses subventions, on leur fait bénéficier de
généreuses exemptions d'impôts, comme on l'a vu dans les
cas de la société Rayonier ou de Falconbridge. On pourrait citer
d'autres exemples.
C'est là, je pense, le point important. Je pense que le
gouvernement a comme responsabilité première et je le
répète pour que ce soit bien compris de consulter la
population du Québec pour savoir ce qu'elle veut, de respecter cette
population une fois qu'on l'aura consultée et de permettre à
chacun de ces Québécois d'être les héritiers de ce
patrimoine national et de ce pays immensément riche que nous avons
l'avantage de posséder.
M. le Président, quand on regarde toutes ces choses et qu'on
regarde de quelle façon, encore une fois je reviens sur ce point
on a orienté l'économie québécoise depuis un
certain nombre d'années, on constate, encore là, que, devant
cette dépossession, on fait en sorte par les lois, que ce soit au
ministère de l'Industrie et du Commerce, que ce soit au ministère
des Richesses naturelles, que ce soit encore au ministère de
l'Agriculture, d'éliminer de plus en plus de propriétaires. En
regroupant de plus en plus les industries pour qu'elles deviennent de plus en
plus grosses, on fait en sorte que les Québécois ne pourront pas
s'en porter acquéreurs si, à un moment donné, les
propriétaires décident de vendre. On les livre pieds et mains
liés aux entreprises multinationales, à la finance internationale
et on fait en sorte de déposséder les ruraux des services publics
auxquels ils ont droit et qu'ils s'étaient donnés, depuis
quelques générations, et on assasine ainsi l'économie
rurale du Québec.
M le Président, quelques mots sur l'économie rurale du
Québec. Etant donné que, comme député de
l'Opposition dans cette Assemblée, je suis le seul qui représente
la rive sud du Saint-Laurent, de Gaspé à Montréal,
représen-
tant un comté rural du Québec, je voudrais, pendant les
quelques minutes qu'il me reste, me faire le porte-parole de ces populations
rurales pour dire au gouvernement ce que les ruraux ressentent, à
l'heure actuelle, face à leur gouvernement, ce que les ruraux
ressentent, à l'heure actuelle, face à cette situation dans
laquelle on les a placés et face aussi à l'avenir qu'on leur
réserve.
M. le Président, ce n'est un secret pour personne qu'on a tout
fait, depuis une quinzaine d'années, pour saboter l'économie
rurale du Québec, et même on a réussi à la saborder
complètement.
DES VOIX: C'est faux!
M. ROY: J'inviterais ceux qui disent que c'est faux à s'ouvrir
les yeux et à regarder à côté d'eux lorsqu'ils ont
l'occasion de parcourir le Québec, si jamais ils en ont la permission.
Qu'ils regardent ce qui se passe et ils verront dans quelle situation se
trouvent les régions agricoles, nos belles régions
prospères du Québec. Des milliers de fermes sont
abandonnées et des milliers de fermes seront abandonnées au cours
des prochains mois, au cours des deux prochaines années. On se retrouve
dans cette situation au niveau de l'agriculture, alors que, dans le Canada, la
province de Québec était considérée comme la
province agricole par excellence, la province de l'industrie laitière et
que la culture mixte était en quelque sorte la marque de commerce de la
société québécoise.
M. le Président, quelques statistiques seulement pour montrer au
gouvernement jusqu'à quel point, à l'heure actuelle, nous nous
dirigeons vers la servitude la plus complète, la servitude la plus
absolue, parce que le gouvernement a les pieds et les mains liés et ne
peut pas prendre ses responsabilités.
M. le Président, si on regarde les statistiques publiées
par le ministère de l'Industrie et du Commerce de la province de
Québec, pour ce qui a trait à la production des produits
laitiers, dans le beurre de crèmerie, on constate qu'à la fin
d'août la production était de 91 p.c. de l'année
précédente, cette année, et qu'au Canada la production
était de 86 p.c. Comme il y a une diminution au Canada, nous aurions
dû faire en sorte, dans la province de Québec, de combler cette
différence de façon à pouvoir permettre aux agriculteurs
du Québec de conserver leurs fermes, d'avoir des revenus décents
et d'être en mesure d'y vivre. Dans la production du fromage,
c'était 96 p.c. Je pourrais y aller de multiples exemples, mais je me
contenterai simplement de souligner un point, parce que c'est la production
agricole numéro 1, au Québec, dans l'industrie laitière.
Le stock de beurre au Québec, au 31 août cette année,
n'était que de 77 p.c. de ce qu'il était l'année
dernière, alors qu'au Canada il est plus élevé que dans la
province de Québec.
M. le Président, toutes ces statistiques je pourrais en
citer plusieurs autres démontrent clairement dans quelle
situation le Québec est rendu présentement. Je dis que, face
à tous ces faits et à toutes ces circonstances, l'avenir de la
nation est en danger.
Il n'y a rien dans le discours inaugural qui puisse nous donner l'espoir
d'un redressement. Ce qui est tragique à constater, c'est que tout ce
qui nous a permis de survivre et d'être ce que nous sommes a
été complètement renié, complètement
bafoué. L'économie rurale du Québec, c'est une chose qui
ne compte plus pour ce gouvernement, ce n'est plus dans ses
préoccupations. On se trouve à faire en sorte qu'au lieu que nos
centres urbains se développent par de la main-d'oeuvre qui nous arrive
des milieux ruraux, à l'heure actuelle les centres urbains sont
obligés de se développer en ayant recours à l'immigration
avec les problèmes que nous connaissons.
Ces problèmes, j'en serais le premier heureux si nous pouvions
les régler par une petite loi à l'Assemblée nationale du
Québec. Je serais heureux d'approuver une loi qui nous permettrait de
régler dans cette Assemblée ou en dehors de la Chambre la survie
du Canada français, la survie du Canadien français dans la
province de Québec. Mais je ne sache pas que personne ait la formule
magique. Si personne n'a la formule magique, cela veut dire que la formule
magique n'existe pas. Ce n'est pas une chose aussi facile que cela à
régler. Il va nous falloir un ensemble de mesures qui, en
développant une économie authentiquement
québécoise, permettra aux Québécois d'être
des Québécois, d'être propriétaires dans leur
province et d'être des citoyens à part entière, et aussi
que nous ayons des politiques sociales je vois le nouveau titulaire du
ministère des Affaires sociales que nous ayons des politiques
familiales au Québec qui permettent à nos familles
québécoises de vivre dans des conditions humaines, de vivre dans
des conditions normales, que nos lois sociales cessent d'être
discriminatoires comme elles le sont à l'heure actuelle alors qu'elles
persécutent les gens qui ont le malheur d'être malades, les gens
qui ont le malheur d'être invalides ou encore les femmes qui ont le
malheur de perdre leur mari. Qu'elles cessent de les persécuter comme on
les persécute à l'heure actuelle dans la province de
Québec.
Si l'honorable ministre des Affaires sociales avait l'occasion de venir
faire du bureau dans mon comté ou dans n'importe quel bureau de ses
collègues libéraux pour entendre les témoignages que nous
avons des gens, de nos mères de famille du Québec, de nos gens
défavorisés, de nos gens qui ont connu le malheur dans la
province de Québec, il serait surpris. Je pense que la
responsabilité qu'a le ministre des Affaires sociales est une
responsabilité énorme, une responsabilité immense parce
que sur lui repose, je dirais, une partie très grande de l'avenir de la
nation parce qu'il va falloir que nous nous décidions, à un
moment donné, de donner au
Québec et aux Québécois des lois humaines, des lois
qui respectent l'individu, des lois qui respectent le citoyen. Qu'on
tâche donc que dans ces lois sociales on ne fasse pas en sorte de
contribuer à établir un régime de pauvreté garanti
et permanent. Quand on rencontre des gens et lorsque nous réclamons, par
exemple, d'abaisser l'âge de la pension de sécurité de la
vieillesse, il est évident que le gouvernement provincial pourrait faire
quelque chose de ce côté. Lorsqu'on demande qu'on accorde la
pension de sécurité à la personne, il y aurait des
amendements à apporter à la Loi de l'aide sociale qui est de
juridiction provinciale. H y aurait des amendements à apporter
également à la Loi de la Régie des rentes du Québec
de façon à donner à l'épouse la même
allocation que l'on peut donner à son mari, même si elle n'a pas
65 ans.
M. VEILLEUX: C'est assez.
M. ROY: Lorsque des personnes sont rendues invalides, lorsque des
personnes sont rendues dans cette situation après avoir travaillé
40 ou 45 ans, parce qu'il y a beaucoup de gens au Québec qui ont
travaillé, qui ont dû entrer sur le marché du travail
à l'âge de 14 ou 15 ans, ces personnes, rendues à 60 ans,
ont donné 40 et 45 ans de leur vie à travailler pour leur
province, à travailler pour leur famille, à travailler pour leur
patron.
M. le Président, je termine là-dessus. Je comprends que le
député de Saint-Jean est extrêmement nerveux. D'abord,
c'est une personne qui a toujours fait cela à l'Assemblée
nationale...
M. VEILLEUX: M. le Président, je...
M. ROY: ... interrompre ses collègues et taper sur les
bureaux.
M. VEILLEUX: M. le Président, j'en appelle au
règlement.
M. ROY: J'aimerais dire quand même, M. le Président...
M. VEILLEUX: M. le Président, j'en appelle au
règlement.
M. ROY: ... que je vais appuyer, sans réserve...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Question de règlement.
M. VEILLEUX: Le temps est écoulé, M. le Président,
selon notre règlement. Veuillez rappeler à l'ordre le
député de Beauce.
LE PRESIDENT: Le temps est écoulé. Est-ce qu'il y a...
M. ROY: 30 secondes, M. le Président.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce demande 30
secondes.
DES VOIX: Non.
UNE VOIX: D'accord, d'accord.
LE PRESIDENT: Un instant. Est-ce qu'il y a consentement unanime?
M. VEILLEUX: Non.
M. LESSARD: Consentement, M. le Président.
M. VEILLEUX: Non. LE PRESIDENT: Non.
UNE VOIX: C'est le député de Saint-Jean, M. le
Président.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Messieurs, il n'y a pas
consentement. L'honorable député de Sainte-Marie.
M. Jean-Claude Malépart
M. MALEPART: M. le Président, tout comme mes collègues, je
tiens à vous féliciter pour votre élection ainsi
qu'à féliciter vos deux vice-présidents. Je profite
également de l'occasion pour féliciter tous les
députés de cette Assemblée et spécialement le
député de Mercier, l'honorable Robert Bourassa.
M. le Président, le discours inaugural, à mon avis,
démontre le sens des responsabilités du gouvernement
libéral envers la population du Québec par le
développement des politiques économiques et sociales, par
l'amélioration des services dans le domaine de la santé et dans
le domaine des services sociaux, par l'humanisation du système
d'éducation, par le développement des activités sportives
et des services de loisirs, et j'en passe.
M. le Président, le résultat de l'élection du 29
octobre dernier démontre, à mon avis, que la population du
Québec a grandement confiance dans le Parti libéral. Cette marque
de confiance nous a été démontrée non seulement par
l'élection des 102 députés mais surtout par la
réélection de tous les députés sortants du Parti
libéral, alors qu'en même temps cette même population
démontrait sa non-confiance à l'endroit des trois autres
formations politiques en ne réélisant aucun des
députés sortants de l'Union Nationale, ni la grande
majorité des députés sortants du Parti créditiste
et près de 50 p.c. des députés sortants du Parti
québécois.
M. le Président, le portrait de la population du comté de
Sainte-Marie se lit comme suit: 32,000 électeurs, 98 p.c. de
francophones, 33 p.c. de la population sont âgés de 51 ans et
plus, 44 p.c. se situent entre 26 et 50 ans et 23 p.c. entre 18 et 25 ans, 30
p.c. de cette population sont des employés de bureaux ou
exercent des métiers spécialisés, 30 p.c. sont des
dames au foyer, 25 p.c. des journaliers, 10 p.c. des pensionnés, 4 p.c.
des étudiants, 1 p.c. des professionnels.
M. le Président, vous comprendrez que cette population, qui se
regroupe dans huit paroisses de l'est de Montréal, a les besoins
suivants: construction de résidences pour personnes âgées,
développement des services de soins à domicile, rénovation
de logements, construction de logements à prix modique,
amélioration de l'aide sociale non seulement par la hausse des
subventions mais par la continuité et l'amélioration des ateliers
protégés, développement des loisirs communautaires, tant
dans le domaine culturel que dans le domaine des sports et ouverture de
garderies populaires.
M. le Président, je tiens à assurer cette population du
comté de Sainte-Marie que, malgré toutes les accusations de mes
adversaires, je continuerai comme par le passé à travailler avec
les groupements populaires tels que le Centre d'information communautaire et de
dépannage, la conférence Saint-Vincent-de-Paul, les loisirs
paroissiaux, les clubs de l'âge d'or, comités de parents et
comités d'élèves, le CLSC et tous les clubs sociaux qui
font partie de la vie du comté de Sainte-Marie. Soyez assuré, M.
le Président, que j'inciterai ces groupements à participer
à tous les programmes que les différents gouvernements, tant
fédéral, provincial que municipal, mettront à leur
disposition.
En terminant, M. le Président, je me suis réjoui, la
semaine dernière, de l'annonce faite par le député de
Iles-de-la-Madeleine à l'effet que les députés
libéraux auraient comme mandat d'informer la population. On sait que
cette population manque énormément d'information. Je me permets
de faire à cette Assemblée la suggestion que tous les
députés de cette Assemblée aient droit, une ou deux fois
par année, de faire parvenir à tous leurs électeurs du
courrier par la poste pour mieux les informer. Ceci nous permettrait de mieux
les consulter. Merci.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Mille-Iles.
M. Bernard Lachance
M. LACHANCE: M. le Président, me joignant aux autres
collègues qui m'ont précédé, je profite de la
première occasion qui m'est donnée de m'adresser à
l'Assemblée nationale pour vous féliciter, au nom de la
population du comté de Mille-Iles, de votre élection au poste de
président de cette Chambre. Par extension, j'adresse des
félicitations aux vice-présidents de la Chambre, le
député de Roberval et le député de Saint-Louis,
pour leur nomination.
M. le Président, depuis plusieurs années
déjà, je m'occupe de la chose publique, tant par ma participation
active aux côtés de mon collègue, le député
de Fabre, que par le rôle que j'ai joué au Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports. J'ai acquis une
expérience que je veux mettre à profit pour la population du
comté de Mille-Iles d'abord et pour l'ensemble de la collectivité
québécoise.
Les collègues qui m'ont précédé ont
contribué, par leurs témoignages, à mettre en relief les
aspects négatifs du parti séparatiste. Je souscris
entièrement aux démonstrations de mes collègues. En plus,
j'ajouterai des éléments à ce dossier.
Au cours de la dernière campagne électorale, dans mon
comté, nous avons vu les partisans de l'organisation du Parti
québécois se ficher éper-dument des lois et des
règlements municipaux en affichant, sur les panneaux de signalisation
routière et les poteaux de l'Hydro-Québec.
Nous avons assisté à l'opération sabotage du parti
séparatiste qui déchirait et arrachait nos banderoles et
pancartes au fur et à mesure qu'on les posait. Et par deux fois, ils ont
mis le feu à nos roulottes placées dans des centres d'achat.
Nous avons assisté aussi à d'autres tactiques sournoises
du parti séparatiste qui a essayé de nous voler
l'élection...
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LACHANCE: ... par ses équipes de commandos qui se
spécialisent dans la radiation d'électeurs dont les noms ont des
consonnan-ces ethniques et dans l'addition massive de noms sur des listes
électorales. Cela, je l'ai vécu en 1970, pour votre information,
MM. les péquistes.
A ce sujet, j'aimerais rappeler à cette Chambre qu'en 1970,
à l'élection générale, une enquête
menée par le journaliste, feu Teddy Chevalot, avait mis en
lumière le fait troublant que le nombre de noms ajoutés à
certaines listes électorales des comtés de Fabre et de
Saint-Jacques étaient identiques. C'était là l'oeuvre de
séparatistes qui élisaient domicile dans les deux comtés,
et assez paradoxalement avant l'ouverture des bureaux de dépôt.
Cette enquête a été passée sous silence à
cause de la pression que des personnages influents du parti séparatiste
exerçaient sur les journalistes en ce temps-là.
M. BACON: Y avait-il du monde influent là-dedans?
M. LACHANCE: Quelques-uns. UNE VOIX: Péquistes. UNE VOIX:
Séparatistes.
M. LACHANCE: Dans un compte rendu du journal Montréal-Matin, dans
l'édition du dimanche 2 décembre, au sujet d'une interview
accordée par le chef séparatiste, René Lévesque,
à la Presse canadienne, ce dernier a déclaré: "Si
on s'adresse à la classe bourgeoise, je me demande pourquoi dans
Ahuntsic et Mille-Iles par exemple, deux comtés qui sont essentiellement
des comtés francophones, une bonne bourgeoisie moyenne
québécoise a réagi en panique et diminué le vote du
PQ par rapport à 1970."
Eh bien, René Lévesque, chef du parti séparatiste,
vous mentez effrontément à la population de mon comté.
M. LESSARD: C'est fini, les élections!
M. LACHANCE: Et c'est un affront à l'intelligence de
l'électeur de mon comté que de justifier votre échec en
disant que les gens ont eu peur et ont pris panique lors de la dernière
élection. Vous vous donnez trop facilement bonne conscience en mettant
sur la faute des autres tous les échecs que vous devriez prendre
à votre compte.
Je vais vous dire à vous, M. René Lévesque,
pourquoi le PQ a perdu pied dans Mille-Iles et pourquoi nous avons gagné
par une forte majorité. C'est parce que le Parti
québécois, son organisation, ses penseurs, cherchent à
détruire les liens de l'individu avec la société dans
laquelle il vit.
C'est à cause de la frénésie destructive de vos
intellectuels qui proposent la séparation du Québec du reste du
pays. C'est la passion que vous avez de jouer un rôle à
l'échelle mondiale. C'est à cause de votre action politique par
l'irrationnel au point de perdre complètement de vue les
réalités.
C'est à cause du goût de l'aventure que vous proposez
à la population. Je prends comme témoin de ce que je
déclare le fameux budget de l'an 1 que le Parti québécois
a présenté. C'est à cause du terrorisme politique que vous
pratiquez.
A vous entendre, il n'y a que les séparatistes qui sont en
possession de la vérité pure. Le langage que vous utilisez pour
parler des autres partis politiques et la rhétorique des bas-fond dont
vous faites monnaie courante pour décrire le fond de votre pensée
politique démontrent jusqu'à quel point vous n'avez pas le
respect de la population, et elle vous le rend bien.
Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es. Durant la
dernière campagne électorale, on a voulu refaire l'image du chef
séparatiste.
M. LESSARD: Di Iorio, Dasti, Vic Cotroni. Allez-y !
M. LACHANCE: On l'a montré, dit-on, sous le jour nouveau de
l'homme serein avec un "new-look".
UNE VOIX: A l'ordre, messieurs!
M. LACHANCE: Je constate. Je pense que le député de
Saguenay n'est pas à sa place. Il aimerait mieux se voir en Arabie
Saoudite, comme il dit si bien. C'est Séoudite.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait! L'honorable
député des Mille-Iles.
M. LACHANCE: Puis-je continuer là? On a voulu...
M. BURNS: On peut vous demander qui vous hantez, vous aussi.
M. LACHANCE: ... refaire l'image du chef séparatiste. La
vérité fâche? On l'a montré, dit-on, sous un jour
nouveau, de l'homme serein avec un "new look". La population du Québec
n'a pas marché. Pas bête! Elle s'est aperçue que la photo
était truquée. Le PQ a même voulu truquer sa
publicité vers la fin de la campagne en disant que la séparation
du Québec se ferait peut-être mais plus tard. Derrière une
façade sereine, les mêmes idées destructrices mises de
l'avant par le PQ ont transpiré. Les missions impossibles, la population
n'en veut pas, et elle l'a dit clairement lors de la dernière
élection. Et si aujourd'hui le PQ est le seul parti de l'Opposition, ne
nous trompons pas, c'est par défaut, parce que les deux autres factions
politiques n'ont pas su canaliser l'électorat de la façon
appropriée.
M. BURNS: Cela, ça vous fait de la peine! M. LACHANCE: Pas
tellement. M. BURNS: Ah oui!
M. LACHANCE: J'aimerais signaler à cette Chambre...
M. BURNS: Cela parait. Allez-vous augmenter notre caisse
électorale? C'est sérieux.
M. LACHANCE: J'aimerais signaler à cette Chambre que le
comté des Mille-Iles, selon le recensement de 1971, Statistique Canada,
produit en 1973, est l'endroit où le degré d'instruction est le
plus élevé au Canada. C'est aussi le plus politisé au
Québec. Les citoyens du comté des Mille-Iles sont des gens qui se
sont aperçus que le programme du PQ est une utopie, extrêmement
stérile; ils l'ont dit sans équivoque.
Aujourd'hui, la panique s'est emparée de ces pseudo-intellectuels
séparatistes qui sont tourmentés par la peur et la crainte de
finir dans les poubelles de l'histoire. En conclusion, le Parti
québécois est donc un pot-pourri d'idées éparses et
c'est ce qui fit en grande partie sa défaite du 29 octobre dernier.
M. le Président, nos adversaires et principalement le PQ ont mis
en doute le thème majeur de la campagne électorale de notre
parti: "Bourassa construit". J'aimerais vous signaler pour votre gouverne les
principales réalisations du gouvernement dans les comtés de
l'île Jésus, à Laval, et principalement dans le
comté des Mille-Iles depuis les trois dernières années:
l'autoroute 25 et le doublage du pont Pie-IX, le
prolongement de l'autoroute Papineau-Leblanc, le prolongement et
l'élargissement du boulevard Saint-Martin, la construction de
l'école Vanier, la Cité de la santé, type d'hôpital
complètement nouveau, la première au Québec, le Centre de
la nature, subventionné par le haut-commissariat, le CEGEP Montmorency,
l'autoroute Chomedey ou autoroute 50, à la suite d'une entente
fédérale-provinciale, qui reliera l'aéroport de Dorval
à Mirabel, l'autoroute Laval, qui relie l'autoroute Chomedey à
l'autoroute 25, et qui permettra de développer le centre-ville, le
boulevard Labelle à Fabreville.
Tous ces travaux sont en majorité complétés ou en
voie d'être réalisés. C'est un investissement qui se
chiffre par au-delà de $150 millions par notre gouvernement. Par
ailleurs, parmi les perspectives nouvelles pour la ville de Laval et le
comté des Mille-Iles, et en qualité de député de ce
comté, j'ai placé les priorités suivantes: l'abolition du
poste de péage à Laval-des-Rapides. Suite à maintes
demandes formulées dans le passé par mes collègues des
comtés de Laval et Fabre et ici je m'adresse au ministre des
Transports je désire vous exposer un état de fait qui
crée un déséquilibre fiscal dans différentes
régions du Québec et qui pénalise injustement les
contribuables de la ville de Laval. Je demande officiellement aujourd'hui au
ministre des Transports d'instituer au sein de son ministère un
comité pour réévaluer globalement le système qui
existe. Ce comité pourra vous faire rapport dans un délai utile,
après avoir entendu les représentations de toutes les personnes
intéressées.
L'on sait que présentement l'autoroute des Laurentides comprend
un poste de péage sur l'île Jésus et que l'autoroute 50
sera aussi dotée d'un poste de péage.
Signalons ici que la ville de Québec est dotée d'un
magnifique réseau routier comprenant, entre autres, les boulevards de la
Capitale, Champlain, Charest et des Laurentides, ainsi que l'autoroute
Dufferin-Montmorency, où aucun poste de péage n'existe. Outre le
projet de loi 29 qui accorde aux municipalités de 25,000 âmes et
plus une subvention spéciale, afin d'alléger le fardeau fiscal
des contribuables et dont bénéficie la ville de Laval d'un
montant de $2,280,100, je m'adresse au ministre des Affaires municipales et de
l'environnement pour qu'il accentue l'aide financière à Laval,
afin d'harmoniser son développement.
Parmi les priorités, Laval a un besoin pressant d'aide. Je pense
en particulier au transport en commun, à la dépollution de nos
plans d'eau, rivière des Prairies, rivière des Mille-Iles, et
aussi, au métro. Laval sera dotée prochainement d'un CEGEP
moderne où l'enseignement sera d'un type nouveau, tel que
préconisé par le ministère de l'Education. Non pas que je
sois réfractaire à l'essai de nouvelles techniques et
méthodes d'enseignement, je demande au ministre de l'Education, de bien
vouloir réviser globalement le système pédagogique du
CEGEP
Montmorency, pour bien s'assurer que ce système correspond au
meilleur épanouissement de notre jeunesse étudiante.
Grâce, je l'espère, à une subvention du
gouvernement, la ville de Laval pourrait être dotée d'un
aréna pour faciliter l'enseignement du patinage artistique. Cet
aréna pourrait être érigé dans le comté de
Mille-Iles. Cette subvention soulignerait le caractère spécial de
la ville de Laval, qui est le centre du patinage artistique le mieux
structuré au Canada, grâce à la participation de la
population et des commissions scolaires.
La construction de la cité de la santé continue de
progresser normalement. Ce centre de la santé sera doté de tous
les services médicaux conformément aux nouvelles directives du
ministère des Affaires sociales. Dans un autre ordre d'idées, je
rappelle au ministre des Affaires sociales, que le comté de Mille-Iles
est très en retard dans l'établissement de maisons pour personnes
âgées. Même si notre comté est un comté jeune,
nous avons aussi nos personnes âgées dont il faut assurer un
âge d'or heureux.
M. le Président, contrairement à ce que l'Opposition
officielle pense, les nouveaux députés élus ne sont pas et
ne seront pas des "back-benchers". Ils ont un rôle positif à
jouer. Ils participeront aux travaux de la Chambre, travailleront au niveau de
toutes les commissions et ils seront présents à
l'Assemblée nationale, comme représentants d'une population qui
regarde fièrement vers l'avenir.
LE PRESIDENT: Le député de Verdun.
M. Lucien Caron
M. CARON: II me fait grand plaisir, M. le Président, d'apporter
ma contribution à la discussion sur l'adresse en réponse au
discours inaugural. Un discours inaugural qui, soit dit en passant,
reflète pleinement l'image positive et dynamique du parti au
pouvoir.
Mais, avant de m'engager plus profondément dans mes commentaires,
j'aimerais, M. le Président, profiter de l'occasion qui m'est offerte,
aujourd'hui, pour témoigner à mes électeurs du
comté de Verdun ma plus sincère reconnaissance pour la confiance
qu'ils m'ont manifestée le 29 octobre dernier, alors qu'ils m'ont offert
une majorité écrasante.
C'est là une preuve irréfutable qu'ils ont
apprécié pleinement le travail constant que j'ai
déployé ici même, dans cette enceinte, et aussi celui que
j'ai accompli auprès d'eux. Je les remercie profondément et
veuillez croire que je poursuivrai ce que j'ai commencé en 1970 avec la
même sincérité.
Le discours inaugural, M. le Président, nous permet de constater
que la province de Québec n'a cessé d'évoluer depuis 1970,
date à laquelle notre jeune gouvernement libéral a pris en main
les destinées de la province. Une quantité
considérable de lois ont été votées afin de
doter le Québec de moyens d'action efficaces lui permettant d'atteindre
des objectifs jusque là inespérés. Dans divers domaines,
le gouvernement libéral n'a pas craint d'affronter les
difficultés et, à chaque occasion, il a trouvé la solution
requise. Le domaine économique, pour sa part, a reçu une
attention particulière du gouvernement. Aujourd'hui, le Québec
peut se glorifier de posséder une économie
équilibrée et continuellement en progression. C'est
peut-être dans ce secteur que le gouvernement libéral a
démontré le plus sa valeur et sa force réelle.
Là où ses prédécesseurs avaient subi des
échecs, le gouvernement libéral a réussi de façon
brillante. Les résultats majeurs sont que le Québec se trouve
aujourd'hui au travail dans un climat sain et serein. Sachez, M. le
Président, que le gouvernement libéral n'arrêtera pas
là son action jugée si efficace par la population le 29 octobre
dernier; rien non plus ne l'empêchera vis-à-vis de
l'économie, et cela quel que soit le contexte. Des mesures positives,
réalistes et d'envergure vous seront bientôt annoncées vous
démontrant que de 1973 à 1977 le Québec présentera
l'image de la province la plus prospère, la plus florissante de toute la
confédération canadienne.
L'économie, nous l'avons dit si souvent, est le point de
départ de toute activité gouvernementale. Le gouvernement
libéral s'acharnera à le démontrer. Le domaine social, lui
non plus, n'a pas échappé à l'intérêt du
gouvernement de 1970 à 1973.
Je profite de cette occasion pour rendre un hommage particulier au
ministre responsable, à l'époque, de ce ministère, qui a
fait preuve de travail sérieux et assidu durant son mandat. Son oeuvre a
marqué cette Chambre d'une façon remarquable. Je n'ai nul doute,
cependant, que le nouveau ministre, le ministre actuel en Chambre, le
député de Saint-Laurent, remplira de façon adéquate
les énormes tâches de ce ministère. Le responsable des
Affaires sociales a déclaré que l'année 1973 permettra
davantage à la population d'évaluer concrètement la
portée des mesures législatives, administratives et
financières adoptées dans ce même secteur depuis trois ans
et demi.
J'ose croire, M. le Président, que la réponse
donnée par la population, le 29 octobre, révèle vraiment
qu'elle a évalué concrètement tout ce que le gouvernement
libéral a accompli dans ce domaine. Et, là encore, ce n'est qu'un
début. Si notre gouvernement a donné, depuis trois ans et demi,
à la population du Québec le droit à la santé, il
veut maintenant lui transmettre la possibilité d'avoir ce même
droit dans un climat plus humain encore. Plusieurs personnes de mon
comté n'ont pas manqué de me rappeler la justesse de cet
élément du programme libéral. Les électeurs du
Québec le veulent; le gouvernement libéral le leur donnera.
Le gouvernement libéral annonce aussi un programme universel
d'allocations familiales.
Voilà, M. le Président, de quoi réjouir toutes les
classes de la société québécoise. Il y a
déjà quelque temps que la population du Québec attend un
tel régime. Les gouvernements précédents ont craint de
fournir un tel appui à chaque famille. Encore ici, il a fallu que le
Parti libéral prenne le pouvoir pour que la famille soit vraiment
aidée et protégée au Québec.
Des projets pour garderies d'enfants sont actuellement à
l'étude et seront en opération pendant notre mandat. Que penser
aussi, M. le Président, de l'attention que porte le gouvernement
libéral au respect de la liberté de chaque citoyen du
Québec, en adoptant une charte québécoise des droits de
l'homme? C'est déjà assurer à chaque citoyen la protection
de ses libertés fondamentales. Pour appuyer une telle politique, notre
gouvernement entend réformer les tribunaux, la magistrature et
créer un tribunal de la famille. N'est-ce pas là, M. le
Président, le vrai gouvernement pour le peuple, que représente si
bien le gouvernement libéral?
Parlant de la réforme des tribunaux, j'ose espérer que le
ministre de la Justice, en coopération avec son personnel, assouplira
certaines lois et invitera MM. les juges à faire preuve de
compréhension lors de la comparution des accusés qui en seraient
à leur premier délit. Ces accusés, pour la plupart des
jeunes, seront peut-être faciles à réhabiliter si, à
leur premier faux pas, ils n'ont pas été écrasés
par une sentence trop forte qui, forcément, les obligera à vivre
dans un milieu où ils ne verront que désespoir et
agressivité.
Les libérations conditionnelles surveillées ont plusieurs
fois donné des résultats encourageants. On parle très
souvent de récidivistes, mais on oublie toujours de faire mention de
ceux qui ont su profiter de la chance qui leur a été
donnée. Ma suggestion vaut sûrement la peine qu'on s'y
arrête.
Le domaine du logement en est un autre que le gouvernement
libéral n'oublie pas. En effet, le gouvernement a répondu
adéquatement aux appels de ses électeurs et a lui-même
dépassé leurs aspirations. Nous lisons dans le discours inaugural
que le gouvernement libéral entend créer une chambre des loyers
à la cour Provinciale de façon à assurer un
équilibre plus sain entre les droits des locateurs et des locataires.
C'est là une autre preuve qui démontre, de façon
pertinente, que le secteur du logement sera une première
préoccupation du gouvernement libéral dans les quatre prochaines
années.
Dans le domaine des loisirs, le gouvernement libéral entend faire
sa large part comme, d'ailleurs, il l'a si bien fait depuis 1970. La tenue
prochaine des Jeux olympiques à Montréal et tout l'appui que le
gouvernement libéral leur a apporté et leur apportera
démontrent que ce domaine est privilégié au Québec.
De plus en plus, le public québécois est conscient de la
nécessité de l'éducation physique et du besoin de loisirs
dans notre société qui s'achemine à grands pas dans une
civilisation dite de loisir. Le
ministre responsable du Haut-Comisssariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports, le député de Vaudreuil-Soulanges, un homme
dont le dévouement et la compétence sont reconnus de tous,
donnera, nous en sommes persuadés, un élan encore jamais vu
à toutes les formes d'activités physiques et de loisirs.
En somme, le gouvernement libéral veut continuer ce qu'il a si
bien fait depuis 1970.
Les 102 membres qui forment notre nouvelle équipe prouveront
à toute la population du Québec qu'ils seront à la hauteur
de la confiance que chaque comté porte à son
représentant.
Il y a aujourd'hui, parmi nous, des hommes de valeur, à ma droite
et à ma gauche, qui sont de la nouvelle portée, qui ne demandent
pas mieux que de travailler au bien-être et au progrès de notre
province. Chacun d'eux nous sera précieux avec ses talents, ses
capacités et ses expériences.
M. le Président, je profite de l'occasion, à titre de whip
adjoint, pour leur souhaiter la bienvenue, assuré d'avance de leur
sincérité et de leur collaboration. N'en déplaise à
mes collègues de l'Opposition, les "back-benchers" ne sont pas parmi les
députés libéraux. Le défi que notre parti doit
relever durant le présent mandat est trop grand. Nous avons besoin de
tous nos élus, sans exception aucune, pour continuer l'évolution
de notre beau Québec.
D'ailleurs, une famille unie ne compte jamais trop de membres et c'est
sous le signe de la continuité dans le progrès que s'ouvre cette
session et c'est guidé par ces principes que le gouvernement
libéral transmettra aux Québécois la
prospérité dans la paix et la stabilité.
Prospérité économique, bien sûr, mais
prospérité sociale aussi, en protégeant les citoyens du
Québec contre tout abus de la société. Assurer la
qualité de la vie économique et de la vie sociale, voilà
l'objectif du gouvernement libéral à l'ouverture de cette
première session de la 30e Législature. Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. Jacques Veilleux
M. VEILLEUX: M. le Président, permettez-moi, d'abord, de
remercier les électeurs du comté de Saint-Jean, soit francophones
ou anglophones, d'origine italienne, grecque ou autre, qui ont accordé
leur appui à celui qui vous parle.
Permettez-moi aussi de remercier bien sincèrement les nombreux
bénévoles du comté de Saint-Jean qui ont collaboré,
en 1973, à battre pour une deuxième fois le parti
séparatiste, et, pour une première fois, à faire
disparaître le chef contesté du Parti créditiste.
Comme je le disais pendant ma campagne électorale, à la
fin de la session, en juin dernier, je faisais un promesse au
député de Rouyn-Noranda. Sachant qu'il aimait les batailles
épiques et qu'il aspirait à conserver son poste de chef du Parti
créditiste, je lui promettais de battre celui qui se présentait
sous l'étiquette de futur premier ministre du Québec.
En effet, grâce à la collaboration des
bénévoles et des électeurs du comté de Saint-Jean,
celui qui se présentait sous l'étiquette, comme je le disais tout
à l'heure, de futur premier ministre du Québec, est devenu,
depuis, l'ex-futur premier ministre du Québec.
La semaine passée, compte tenu du fameux congrès ou
réunion à Brassard, dans le comté de mon collègue
de Laprairie, je disais au député de Rouyn-Noranda: J'ai fait
tout ce qu'il m'était possible de faire pour battre le chef du Parti
créditiste; maintenant, tu ne me demanderas quand même pas d'aller
jouer à l'intérieur du Parti créditiste pour t'aider
à te faire élire comme chef. A lui maintenant de jouer.
Mais si le chef du Parti créditiste s'est fait battre dans le
comté de Saint-Jean et ça, je tiens à le
répéter c'est grâce au travail extraordinaire des
nombreux bénévoles, grâce au vote massif des
électeurs du comté de Saint-Jean pour le Parti libéral,
pour le premier ministre du Québec, Robert Bourassa.
Un, sinon le principal rôle d'un député de quelque
parti politique qu'il soit, c'est d'être présent dans son
comté entre les périodes électorales, d'être dans le
comté à l'affût des problèmes que la population
rencontre. Vous pouvez être persuadé que mon premier devoir comme
représentant du comté de Saint-Jean sera de continuer à
être présent dans mon comté. Lors des élections dans
le comté de Saint-Jean, sauf pour le Parti libéral parce qu'il
s'est toujours caractérisé par un travail d'équipe,
c'était la course aux vedettes ou de gens qui se croyaient vedettes dans
les partis d'Opposition. Sous prétexte qu'ils étaient des fils
d'anciens premiers ministres du Québec, Marc Johnson et
Jean-François Bertrand se prenaient pour des vedettes.
D'ailleurs, je tiens à vous dire qu'il y a un an et demi environ,
à grand renfort de publicité, le parti séparatiste
annonçait à l'ensemble de la population l'adhésion dans
les rangs du parti séparatiste de Marc Johnson. Le parti
séparatiste a oublié de vous dire, a oublié de dire
à l'ensemble de la population du Québec que ce
dénommé Johnson était déjà pour le parti
séparatiste dans le comté de Saint-Jean le 29 avril 1970. Son
adhésion il y a un an ou un an et demi n'était quand même
pas nouvelle.
On reproche au représentant du Parti libéral, celui qui
vous parle, le député de Saint-Jean, d'avoir fait sa campagne
électorale à coup de millions, d'avoir parlé pendant
seulement dix minutes et d'être parti en vacances. Il faut vous dire, M.
le Président, que celui qui s'est exprimé de cette façon
dans le journal local, c'est celui qui s'est fait battre par deux fois par
celui qui vous parle. Il n'a pas compris pendant la campagne électorale
que parler pour ne rien dire ça donnait tout simplement, comme
résul-
tat, zéro. Et le résultat du parti séparatiste dans
le comté de Saint-Jean est le suivant: De 29 p.c. des votes que ce parti
avait ramassés dans le comté de Saint-Jean en 1970, il se
retrouve après le 29 octobre 1973 avec 28 p.c, tandis que le Parti
libéral, lui, a augmenté de 8 p.c.
Malgré tout ça, M. le Président, malgré
cette baisse du pourcentage du parti séparatiste, ce parti-là
criait encore à la victoire le soir du 29 octobre.
D'ailleurs, le député de Beauce-Sud n'a fait tout à
l'heure que reprendre les schèmes de pensée qu'ils essayaient
d'exprimer à la population en cette Chambre en 1970 et 1973. C'est ce
qu'il a fait tout à l'heure comme c'est ce qu'a fait tout le Parti
créditiste pendant la dernière campagne électorale. Et
vous savez la réponse qu'a donnée la population du Québec
à ce genre de discours, à ce genre de démagogie: on se
retrouve aujourd'hui avec 102 députés du Parti
libéral.
Si le Parti créditiste, jusqu'au 29 octobre, a réussi
à survivre dans le comté de Beauce-Sud, c'est certainement
dû à la brillante et rationnelle intervention du
député de Beauce-Sud, lors de la discussion à la
télévision de l'ex-budget de l'ex-an I.
M. le Président, je demande la suspension des travaux
jusqu'à...
M. BIENVENUE: Huit heures et quinze.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures et quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 21
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!' L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Je terminais, M. le Président, en vous disant que ce
qui avait fait gagner le député de Beauce-Sud le
député de Beauce-Sud mentionnait qu'il était le seul
député de l'Opposition de Gaspé à Montréal,
sur la rive sud c'était certainement sa brillante et rationnelle
intervention lors de la discussion de l'ex-budget de l'ex-an 1, à la
télévision.
Le député de Beauce-Sud a mentionné les
méthodes ténébreuses employées lors de la
dernière élection par le Parti libéral. C'est vrai que le
député de Beauce-Sud est venu faire son tour dans le comté
de Saint-Jean, mais il n'est pas resté assez longtemps pour se rendre
compte que certaines personnes de l'organisation de son parti, dans le
comté de Saint-Jean, employaient, elles aussi, des méthodes assez
ténébreuses qui allaient, à certains moments,
jusqu'à l'intimidation on ne prenait pas les grosses personnes du
Parti libéral vis-à-vis des femmes bénévoles
du Parti libéral dans le comté de Saint-Jean.
On reproche au premier ministre et au Parti libéral un boycottage
de la presse et de s'être servi de cassettes pour annoncer
différentes mesures gouvernementales. Le Parti libéral n'a jamais
mis à la porte de ses assemblées publiques la presse, comme l'a
fait, pendant la campagne électorale, un certain parti politique.
Même le premier ministre, lorsqu'il est venu à Saint-Jean, a
été à même de constater la pleine et entière
liberté de fonctionnement des journalistes, lors de l'assemblée
libérale à Saint-Jean où toutes les lumières
étaient allumées, où les journalistes pouvaient filmer ce
qu'ils voulaient et tout le temps qu'ils voulaient. D'ailleurs, les
journalistes qui suivaient un certain chef de parti, qui venait assez souvent
dans le comté de Saint-Jean...
M. BERTHIAUME: Nommez-les, nommez-les!
M. VEILLEUX: ... pendant que les gens le cherchaient à
Thetford Mines, ce chef de parti faisait du porte-à-porte dans le
comté de Saint-Jean étaient très malvenus au
comité central du parti en question. Les journalistes venaient dialoguer
et rencontrer les personnes qui donnaient la liberté aux journalistes,
c'est-à-dire les gens qui travaillaient pour le Parti libéral;
ils venaient passer la journée au comité central du Parti
libéral à Saint-Jean. Je pense qu'on n'a pas de leçon de
démocratie à recevoir de ce parti et du député de
Beauce-Sud, comme des différents chefs de son parti politique.
On parle, depuis qu'on est arrivé en cette Chambre, de
reconnaître à une opposition marginale un statut d'Opposition.
M. le Président, combien, le 30 octobre? Ils étaient deux
du Parti créditiste. La semaine passée, au début de la
semaine, il n'y en avait qu'un, le député de Beauce-Sud. Cela a
tout l'air que lundi prochain, il n'y en aura plus, parce que le
député de Beauce-Sud va à un autre congrès
régional et cela a tout l'air qu'on va y expulser l'ex-futur premier
ministre du Québec qui s'est fait battre dans le comté de
Saint-Jean. Là, on va retrouver un autre parti politique, le Ralliement
des créditistes qui n'a pas fait l'élection sous cette
étiquette, mais sous l'étiquette du Parti créditiste.
Pour assurer une bonne représentativité, je pourrais
suggérer au premier ministre et au leader du gouvernement de prendre un
article du programme du Parti créditiste avec six députés
qui n'avaient pas à passer par l'élection. A ce moment-là,
on pourrait peut-être prendre la même idée et demander
notamment au Parti créditiste, si on peut réussir à s'y
entendre, de déléguer un de ses chefs pour venir siéger
ici en cette Chambre. Si les deux députés en question ne sont pas
capables de parler au nom d'un parti politique, M. le Président, il
serait peut-être bon qu'un des deux cède sa place au chef qui sera
élu s'il peut y en avoir un un jour pour venir
siéger et parler réellement au nom des créditistes. Je
pense que nous, ici, nous avons eu beaucoup de gens qui ont voté
créditiste en 1970 et qui ont appuyé sans contredit le Parti
libéral en 1973, et nous sommes capables, à 102, de les
représenter efficacement à l'Assemblée nationale et dans
l'appareil gouvernemental.
On reproche au Parti libéral d'avoir tué, depuis 1970,
l'agriculture au Québec mais j'ai dit pendant le discours du
député de Beauce que c'était faux, et je le redis, M. le
Président. Quand le député de Beauce-Sud est venu à
Saint-Jean, il aurait dû prendre la peine de visiter quelques fermes du
comté. On se rend compte facilement que le ministère de
l'Agriculture a apporté, depuis 1970, notamment pour l'agriculture, dans
le centre du Québec, des palliatifs. Il n'a pas réglé tous
les problèmes, c'est sûr, mais il y a un commencement à
tout et je peux vous dire que si le ministère de l'Agriculture continue
dans ce sens et je ne doute pas qu'il continue dans ce sens d'ici
trois ans, d'ici quatre ans, d'ici cinq ans parce que le premier
ministre peut déclencher les élections en 1978 je suis
perduadé que la très très grande majorité des
problèmes agricoles qu'on connaît et le
député de Laprairie en est témoin dans notre
région seront efficacement réglés.
Je voudrais terminer en disant que la semaine passée, il s'est
tenu, à Ottawa, la première conférence
fédérale-provinciale qui réunissait tous les ministres des
Communications ou responsables des communications au niveau des onze
gouvernements. L'on peut dire que cette conférence est le cheminement
logique de la conférence des premiers ministres qui s'est tenue à
Halifax le 4 août 1972, et la suite aussi des trois conférences
interprovinciales qui se sont tenues soit à Québec, Moncton ou
Calgary. C'est la suite aussi et c'est le départ d'une
négociation qui fait suite à la parution du livre vert
intitulé "Pour une politique québécoise des
communications." Je peux vous dire que, la semaine passée, les onze
gouvernements ont accepté cela était important pour la
délégation du Québec de discuter du problème
entier des communications, c'est-à-dire de négocier, de remettre
en cause l'ensemble du secteur des communications. L'esprit qui régnait,
tant chez les représentants des dix gouvernements provinciaux que chez
le représentant du gouvernement fédéral, laisse
présager, hors de tout doute, que des résultats concrets en
découleront et ce dans un avenir assez rapproché.
M. le Président, je termine en rappelant que je suis heureux
d'avoir comme confrère en cette Assemblée nationale le
député de Bourassa, qui a "bourrassé" un fonctionnaire du
gouvernement qui a osé faire face à la présidente du Parti
libéral du Québec, et grâce au dynamisme que la
présidente a su apporter au Parti libéral lors des trois
dernières années, ce dynamisme, elle l'a mis en pratique dans son
comté où elle a eu une victoire très éclatante, et
je crois que tous les collègues, notamment du Parti libéral, sont
très heureux de saluer la présence de Mme Bacon,
député de Bourassa. Merci M. le Président.
LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre.
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: M. le Président, je voudrais vous féliciter,
en premier lieu, pour votre élection pour un nouveau mandat comme
président de l'Assemblée nationale. J'avais eu l'occasion, lors
de la première journée de la session de signaler vos très
grandes qualités, votre expérience pour remplir ce poste. Je suis
convaincu que, quels que soient les incidents qui ont marqué la
première journée de la session, tous les députés
à l'unanimité étaient au fond heureux de votre
réélection comme président de l'Assemblée
nationale.
Je voudrais également féliciter le chef de l'Opposition.
Il est normal que je le fasse mais je le fais en toute sincérité.
Il s'est adapté relativement rapidement à son nouveau poste de
chef de l'Opposition parlementaire, avec une expérience forcément
limitée. Evidemment, on a été mis au courant aujourd'hui
de la façon dont il a été élu chef de l'Opposition
mais je veux l'assurer quand même, au nom du député de
Maisonneuve, que je connais bien, de sa sincérité, de sa
loyauté, de son dévouement. Il
peut avoir peut-être quelques sautes d'humeur de temps à
autre, on le connaît bien, mais avec un peu de patience je suis convaincu
que le chef de l'Opposition saura très bien travailler avec le leader
parlementaire, le député de Maisonneuve.
Je veux féliciter également tous les participants à
ce débat. Même si je n'ai pas pu assister à toutes les
séances, je me suis efforcé de lire toutes les allocutions, la
plupart des allocutions et j'ai remarqué la très grande
qualité de cette participation et les suggestions très positives
qui ont été faites.
Il est normal, M. le Président, à la suite de
l'élection du 29 octobre, de dire quelques mots sur
l'interprétation de cette victoire électorale qui est la plus
importante dans l'histoire parlementaire du Québec. Nous pouvons
examiner et donner plusieurs raisons. Je pense bien que la raison principale a
été rendue publique par des sondages et des études
scientifiques qui ont été faits au début de la campagne.
Tous ces sondages, quelle que soit leur origine, quels que soient les groupes
ou les personnes qui les ont faits, arrivaient à une même
conclusion. Dans ce sens, ces sondages révélaient une certaine
authenticité, arrivaient à une même conclusion,
c'est-à-dire que 57 p.c. des gens, parmi ceux qui se prononçaient
cela veut dire peut-être un pourcentage plus élevé
au total étaient satisfaits du gouvernement.
Ils étaient satisfaits des 400 lois que nous avons
adoptées, étaient satisfaits de notre attitude dans les
épreuves que nous avons dû traverser, à la fois de cette
souplesse, de cette prudence et de cette fermeté quand c'était
nécessaire pour faire face aux crises que vous connaissez,
étaient satisfaits également de la façon dont nous avons
fait fonctionner le régime fédéral avec les
résultats économiques qui sont bien connus.
En 1970, les Québécois étaient évidemment et
visiblement fatigués des querelles stériles, des affrontements,
de la réthorique creuse qui leur avait été servie trop
souvent. Les Québécois, en 1970, voulaient une bonne gestion, ils
l'ont eue avec le gouvernement actuel.
Ces sondages et ces études scientifiques qui concordaient tous
ont révélé que dans toutes les régions, dans tous
les groupes et dans toutes les classes, dans l'ensemble il y avait une
très nette majorité pour le Parti libéral, y compris dans
les groupes de jeunes. On voit, par exemple, que dans cette Assemblée
nationale il y a sept députés dans la vingtaine. Il y a plus de
députés dans la vingtaine dans le Parti libéral qu'il y a
de membres du Parti québécois.
Si nous examinons comment le vote toujours d'après ces
mêmes études a été distribué, nous
voyons que dans toutes les classes de la société, sauf une, nous
avions une nette avance sur tous les autres partis politiques, que ce soit les
ouvriers ou travailleurs de toutes catégories, les étudiants, les
ménagères, les rentiers, les employés de bureau, les
administrateurs, les commerçants, dans toutes les classes de la
société nous avions une nette avance. C'est seulement dans les
classes bourgeoises où le Parti québécois nous a
dépassés.
Nous pourrions analyser ces résultats de différentes
façons. Par exemple, même si nous répugnons quelque peu
à faire ces distinctions pour les groupes ethniques mais on a
tellement dit que le Parti québécois était sur le point de
devenir le premier parti francophone au Québec on peut examiner
les résultats à la lumière de la dernière
élection et constater que si l'on tient compte que le Parti
québécois a doublé son vote anglophone, que le vote dans
ces comtés a été quelque peu moins fort que dans les
autres comtés, le Parti libéral du Québec a près de
50 p.c. des voix de la population francophone contre un peu plus du tiers pour
le Parti québécois.
Le résultat est donc clair pour ce qui a trait à l'appui
donné au Parti libéral par toutes les classes de la
société, sauf la bourgeoisie, et tous les groupes de toutes les
régions.
On pourra expliquer ça de différentes façons; je
pense que le député de Maisonneuve s'en souvient. Lui-même
se pose peut-être des questions; je comprends que sa majorité a
baissé dans son comté, mais il se pose peut-être des
questions. Qu'est-ce qui explique cela? Je pense que nous avons adopté
plusieurs lois dans...
M. BURNS: 51 p.c.
M. BOURASSA: Pardon?
M. BURNS: 51 p.c. est-ce que ça vous intéresse?
M. BOURASSA: 54 p.c. pour mon comté.
M. BURNS: Bien oui!
M. BOURASSA: C'est plus.
M. BURNS: C'est même pas fort pour un premier ministre.
M. BOURASSA: Bien, la moyenne, c'est 55 p.c.
M. BURNS: C'est même inquiétant pour un premier
ministre.
M. BOURASSA: Bien, je peux vous parler de votre chef, dans le
comté de Dorion.
M. BURNS: II va en entendre parler, du comté de Dorion.
M. BOURASSA: M. le Président, on peut rapidement donner dix
exemples d'une bonne gestion, celle que nous avons donnée au
Québec, en passant très rapidement, puisque j'ai eu l'occasion,
durant la campagne électorale, d'en faire état: réduction
des taxes, réduction du
déficit, réduction du coût des emprunts, baisse des
assistés sociaux, le succès de l'opération placement; taux
de croissance des dépenses de fonctionnement, qui a été
réduit au profit d'une augmentation des dépenses de capital, de
manière à stimuler l'économie; hausse du taux de
croissance des investissements privés, quand on sait jusqu'à quel
point c'est important d'avoir cette croissance des investissements
privés, 20 p.c. d'augmentation en 1972 et 25 p.c. d'augmentation en
1973. Ce sont quand même des chiffres qui parlent par eux-mêmes et
qui sont tellement importants pour la vraie force du Québec.
Quelles alternatives offraient les partis d'Opposition? C'est beau de
critiquer les investissements étrangers, de critiquer le capital
privé, mais quelles solutions de rechange étaient offertes aux
Québécois pour tenir compte de cette nécessité
pressante d'avoir un niveau d'activités économiques qui
était absolument indispensable pour trouver des débouchés
aux travailleurs du Québec? On peut comparer également la dette
par tête avec les autres provinces ou l'évolution de cette dette
par tête. Voyez les résultats que nous avons obtenus dans le
domaine des nouveaux emplois, 130,000. Alors que les autres chefs de partis ou
les autres partis se fixaient comme objectif 75,000 emplois par année,
on en a eu 130,000 cette année.
Vous avez là une dizaine d'exemples: réduction des taxes,
du déficit, du coût des emprunts.
Ce sont des résultats concrets et qui révèlent, par
l'immense appui que la population nous a donné, la lucidité, la
maturité et le bon sens de la population, puisque ce sont ces
résultats qui, en fin de compte, donnent la vraie force à la
population du Québec.
Tout cela, M. le Président, est évidemment lié,
tout cela est lié avec comme point de départ, la croissance
économique. Il n'y a pas un homme politique, je pense, qui a autant
insisté que je l'ai fait depuis que je suis en politique sur
l'importance de la croissance économique, non pas en elle-même,
mais comme point de départ pour le dynamisme de toute
société. Je ne suis évidemment pas le seul. Je pourrais
citer combien d'hommes politiques au Québec ou à
l'extérieur qui l'ont également dit à plusieurs reprises.
Je lisais il y a quelques jours un exposé du ministre français
des Finances, M. Valéry Giscard d'Estaing qui écrivait: "Une
société, même intellectuellement très
avancée, ne peut connaître la justice sans un accroissement de la
ressource; à toutes fins pratiques, sans croissance économique,
le débat sur la justice devient un débat creux et comme le
premier objectif, à mon sens, de tout homme politique est de rechercher
la justice sous toutes ses formes, il est essentiel, pour pouvoir l'appliquer,
d'avoir cette croissance économique."
On voit les résultats que cela donne également en France.
Cette insistance sur la croissance économique par le gouvernement
français fait que la France est actuellement devenue la troisième
puissance sur le plan du commerce international, immédiatement
après l'Allemagne et les Etats-Unis, alors qu'elle a une population
considérablement inférieure à plusieurs autres pays. Ceci
permet à ce pays, comme aux autres pays qui ont la croissance
économique, l'Allemagne, la Suède et d'autres pays, ceci permet
à ces pays, dis-je, de pouvoir appliquer des politiques de justice
sociale. C'est ce que nous avons fait depuis quatre ans et c'est ce que la
population a compris le 29 octobre. La dernière élection se
trouve à relancer le débat sur la question de la réforme
électorale. On en a beaucoup parlé; on en parlera beaucoup. C'est
vrai qu'il y a encore des choses à faire mais il faut quand même
tenir compte que nous avions une nouvelle carte. La première fois depuis
1853, une réforme fondamentale. On parle beaucoup du mode de scrutin.
Nous sommes prêts à étudier des réformes au mode de
scrutin, mais nous voulons être prudents à cause des
conséquences très importantes. Le chef de l'Opposition, je crois,
faisait l'éloge de M. Meynaud dans son exposé ou à un
autre moment. Or, c'est M. Meynaud lui-même qui mettait en relief les
inconvénients très sérieux du scrutin proportionnel qui se
trouve à établir deux classes de députés: ceux qui
peuvent se faire élire et ceux qui ne peuvent pas se faire
élire.
Comme député de Mercier, j'ai eu une expérience
irremplaçable. Evidemment, comme premier ministre, j'avais beaucoup
moins de temps pour rencontrer mes électeurs, pour des raisons que vous
comprenez. Mais, lorsque j'étais député, j'ai pu
rencontrer des centaines et des milliers de personnes dans mon comté qui
m'ont fait voir, d'une façon très concrète et très
réelle, les problèmes des travailleurs québécois.
Cela a été certainement un élément dans
l'insistance que nous avons mise, quelles que soient les circonstances que nous
avions à traverser, pour établir l'assurance-maladie et beaucoup
d'autres mesures sociales.
Il faut également tenir compte des changements au mode de
scrutin, des effets que cela peut impliquer pour l'instabilité
politique. Je pourrais donner des dizaines et des dizaines d'exemples de pays
avec un scrutin proportionnel où l'instabilité politique implique
et comporte des désavantages autrement sérieux. Je pourrais
parler également de la situation que nous avons connue au Québec,
avec le scrutin que nous avons, où le Parti libéral a
été très souvent défavorisé sans crier au
viol de la démocratie, en acceptant les règles du jeu comme
semble le faire, du moins un peu soudainement, le Parti québécois
depuis quelques jours.
Nous sommes prêts à étudier, dans
l'intérêt des Québécois, dans l'intérêt
du système, des changements s'ils nous paraissent valables. Je pense
qu'il est essentiel, dans des réformes aussi fondamentales et qui ont
autant d'implications
pour l'avenir politique des Québécois, d'être
prudent. Il ne faudrait quand même pas faire comme le Parti
québécois l'a fait dans son propre programme, alors qu'il a
changé de système pour le régime présidentiel une
ou deux fois. Je me souviens qu'à la suite d'une suggestion du chef de
l'Opposition, l'an dernier, on a changé complètement la formule
de régime présidentiel proposée par le Parti
québécois parce qu'on avait lu un sondage dans le journal Le
Figaro qui disait que la gauche était pour gagner les élections.
Tout de suite, le député de Sauvé...
M. MORIN: Cela n'avait aucun rapport et le premier ministre le sait fort
bien.
M. BOURASSA: M. le Président, je pourrai trouver l'extrait du
journal qui dit que le député de Sauvé, à ce
moment-là, a fait une proposition invoquant le danger qui pouvait
exister en France avec un gouvernement contrôlé par la gauche et
avec un président de la république qui ne l'était pas. Il
parlait des dangers que cela pouvait impliquer pour le régime
présidentiel. Le député de Sauvé avait
invoqué un sondage qui, de fait, à ce moment-là, mettait
la gauche en avant, et le résultat a été le contraire. Je
ne sais pas si, à son prochain congrès, le Parti
québécois va revenir à la formule du régime
présidentiel français. Tout cela pour vous montrer le peu de
sérieux ou le danger de bouleverser, sur des résultats ou sur des
incidents ou sur des données, un régime qui est quand même
aussi important, de le bouleverser avec des réformes qui peuvent avoir
des implications extrêmement importantes pour l'avenir.
Nous pourrions parler longuement de tout ce que nous avons fait; je n'ai
pas l'intention de le faire très longuement puisque les
députés, les participants l'ont fait à plusieurs reprises
et j'ai plusieurs collègues qui vont parler également que ce soit
à l'occasion de ce débat-ci ou à l'occasion d'autres
débats. A la suite des attaques qui ont été faites et qui
seront peut-être faites tantôt par les membres du Parti
québécois, puisqu'ils ont la chance de pouvoir répliquer
ce que l'on permet très généreusement je
veux simplement leur montrer en quelques mots ce que nous avons fait dans les
domaines de l'assurance-maladie, de l'assistance-médicaments, de la Loi
des petites créances, de l'assistance juridique, de l'élimination
de l'impôt pour 125,000 travailleurs, de la hausse considérable
des allocations pour les familles à revenu modeste.
Je donne comme ça, un peu au hasard, une demi-douzaine de mesures
sociales très concrètes qui ont favorisé principalement
les travailleurs du Québec et qui nous permettent de dire que le Parti
libéral, avec le gouvernement actuel, est celui qui, dans les faits et
concrètement, a le plus contribué à la vraie
social-démocratie.
M. le Président, je voudrais réfuter certaines
affirmations du chef de l'Opposition. Notamment, quand il accuse le
gouvernement de ne pas respecter ou de ne pas favoriser la participation, je
voudrais lui faire part de données qu'il ne connaît
peut-être pas. Lui qui dit dans son exposé que, pour le
gouvernement, la participation est purement quelque chose de symbolique et
n'est pas reconnue par le gouvernement, je voudrais lui rappeler, pour lui
rafraîchir la mémoire, qu'il y a eu, par exemple, en 1971, 1972 et
1973 et l'année 1973 n'est pas terminée 510
séances de travaux en commissions parlementaires où 1,295
mémoires et documents et 637 communications orales ont été
soumis. On pourrait discourir longuement, mais ces trois chiffres montrent que
le gouvernement du Québec n'a pas hésité et
n'hésitera pas à recourir au maximum aux commissions
parlementaires, de manière à entendre les représentations
des différents groupes de la société
québécoise. Même, nous étions prêts, dans le
cas du financement des partis, à écouter les chefs de parti ou
à permettre aux chefs de parti qui n'étaient pas
députés de participer aux délibérations de la
commission. Je pense que nous avons fait preuve, dans le passé et que
nous sommes prêts à faire preuve dans le futur du maximum de
flexibilité et de souplesse dans un outil aussi important pour la
démocratie parlementaire.
Le chef de l'Opposition a également commenté la
révolution tranquille. Pour le chef de l'Opposition, le mouvement
extraordinaire qu'a vécu le Québec, au début des
années soixante, s'est limité presque exclusivement à la
mise sur pied d'instruments collectifs de développement
économique, tels la Société générale de
financement, la Régie des rentes, SOQUEM et d'autres organismes. C'est
là une interprétation bien courte de la signification du travail
accompli par le Parti libéral, au cours des années soixante. En
fait, la révolution tranquille a été bien d'autres choses
que cela. Cette période a permis au Québec de devenir, dans la
plénitude du terme, une société moderne et dynamique. Pour
les individus, ce fut l'apprentissage d'une nouvelle liberté; pour la
collectivité québécoise, ce fut l'apparition d'une
nouvelle fierté. Cette période a permis au Québec de
devenir une société plus saine, plus ouverte et plus
démocratique. Cette période fut celle de la construction d'une
fonction publique compétente et de l'expansion considérable des
services gouvernementaux. La valeur de cette période pour le
développement du Québec demeure incontestable. On a
été cependant, peut-être trop porté à croire
que la mise en place de structures équivalait à la
définition d'une politique. On a confondu trop facilement structures et
politiques. Très tôt, on a dû se rendre compte qu'il
s'agissait là, en fait, de choses très différentes. C'est
ce que nous a appris, entre autres, l'expérience de la
Société générale de financement.
Pour les membres de l'Opposition officielle, qui conçoivent le
développement futur du Québec dans la stricte perspective d'un
changement au niveau des structures politiques, il n'est pas surprenant de les
voir, par la voix, du chef de l'Opposition, commettre la même erreur en
laissant entendre que la solution au problème du développement
économique du Québec est d'abord une question de structure.
Les besoins de développement économique du Québec
commandent bien d'autres choses que cela. Une politique économique
réaliste et efficace pour le Québec comporte bien d'autres
dimensions. Nous croyons, nous aussi, à l'importance de doter le
Québec d'instruments collectifs de développement
économique. Nous y croyons davantage qu'en paroles. Nous avons agi. Le
développement de la baie James a permis d'accroître le rôle
économique de l'Hydro-Québec. Il a été aussi
l'occasion de créer une nouvelle société d'Etat, la
Société de développement de la baie James et ses filiales,
et de permettre à des entreprises publiques comme SOQUEM, SOQUIP et
REXFOR de participer à un gigantesque projet de
développement.
Dans le domaine minier, nous avons accru le rôle de SOQUEM en
haussant le capital-actions de cette société de $15 millions, ce
qui permet à SOQUEM de progresser considérablement, contrairement
à ce qu'a dit le chef de l'Opposition.
Dans le domaine industriel, nous avons créé la
Société de développement industriel pour nous attaquer au
problème fondamental de notre économie, c'est-à-dire le
renforcement de la structure industrielle du Québec et la
création d'emplois.
Dans le domaine forestier, des moyens et des pouvoirs additionnels ont
été octroyés à REXFOR pour lui permettre de
participer directement au développement de l'industrie forestière
québécoise.
Enfin, la Caisse de dépôt et placement a vu ses pouvoirs de
placement accrus afin de renforcer son rôle dans l'économie.
Je pourrais mentionner toutes les autres lois pour SIDBEC, pour
accroître les pouvoirs des caisses populaires et montrer tout ce qui a
été fait sur le plan des nouvelles lois et sur le plan
administratif par le gouvernement.
Nous n'avons pas négligé d'accroître le rôle
de l'Etat lorsque c'était souhaitable. Bien au contraire, l'attitude
dont nous faisons preuve dans cette action est une attitude essentiellement
pragmatique et non une attitude dogmatique. C'est la volonté des
Québécois, à toutes fins pratiques, qui nous guide pour ce
qui a trait au rôle de l'Etat dans l'économie du Québec.
Sous ce rapport, nous n'avons pas de leçon à recevoir des
petits-bourgeois ou des pseudo-socialistes du Parti
québécois.
Il faut tenir compte de la capacité de payer de l'Etat
québécois, de la capacité de payer des contribuables
québécois. C'est vrai que la Caisse de dépôt et
placement fonctionne très bien et nous pouvons nous en féliciter.
Mais elle est alimentée quand même par des contributions
obligatoires des travailleurs du Québec. L'Hydro-Québec
fonctionne très bien mais je pense que dans son secteur elle a une
situation de monopole qui lui permet de faire face à la concurrence avec
beaucoup plus de facilité que d'autres entreprises d'Etat comme SIDBEC
et la SGF.
Nous sommes prêts à aider au maximum les entreprises d'Etat
à accroiître leur importance, mais quand c'est justifié.
Nous sommes prêts à le faire, d'autant plus quand des milliers
d'emplois sont en cause. Mais il faut tenir compte de l'ensemble des
priorités du gouvernement du Québec et, encore une fois, de la
capacité de payer des contribuables québécois.
Le chef de l'Opposition a, une nouvelle fois, critiqué les
décisions qu'a prises le gouvernement dans l'investissement de ITT. Je
crois que le ministre des Terres et Forêts va répondre, en
détail, au chef de l'Opposition. Il va répondre une nouvelle fois
à une vieille rengaine du Parti québécois et montrer les
avantages de cet investissement exceptionnellement important. Je vois le
député de Saguenay qui est encore sceptique sur cet
investissement. Je voudrais qu'il considère l'attitude de son chef
vis-à-vis des investissements sur la Côte-Nord. René
Lévesque avait la même attitude que le député de
Saguenay il y a quinze ans. Il y a six mois, il a dit qu'il s'était
trompé et que le gouvernement Duplessis avait eu raison d'adopter
l'attitude qu'il a adoptée sur les investissements de la
Côte-Nord, autrement il n'y aurait aucun développement sur la
Côte-Nord. Alors, qu'il réfléchisse sur l'attitude de son
chef, René Lévesque, vis-à-vis du développement de
la Côte Nord.
Peut-être que dans quelques années, à
l'extérieur de la Chambre, évidemment, le député de
Saguenay fera l'éloge du gouvernement pour l'audace et l'initiative dont
il a fait preuve dans le cas de l'investissement de ITT.
Il aurait été plus facile de ne rien faire, M. le
Président, parce que personne n'a proposé de solutions de
rechange pour cet investissement. Je l'ai demandé aux
députés du Parti québécois durant la campagne
électorale. Tantôt, le député de Maisonneuve doit me
répondre. J'espère qu'il va apporter une solution de rechange
pour l'investissement de ITT, et me dire où, lui, il aurait
trouvé les $500 millions. Est-ce que les centrales syndicales auraient
été prêtes à investir dans ITT?
M. LESSARD: II n'y a jamais eu d'investissement de $500 millions!
DES VOIX: Ah! Ah!
M.LESSARD: Charriez, mais pas trop!
M. BOURASSA: M. le Président, le député
est au courant que l'investissement est réparti sur une dizaine
d'années.
M. LESSARD: Avec l'autofinancement.
M. BOURASSA: La première tranche est de $160 millions mais
même là...
M. LESSARD: Avec $40 millions du gouvernement.
DES VOIX: A l'ordre!
M. BOURASSA: ... quels organismes auraient pu investir cette somme avec
le capital de risque que cela comporte?
Il aurait été plus facile de ne rien faire. On ne se
serait pas fait critiquer. Mais je pense que le choix du gouvernement
était un choix lucide. Le ministre des Terres et Forêts, quand
même, a pris sa décision, avec l'appui du cabinet, avec
compétence. Cela a pris plusieurs années de négociation.
Cela n'a pas été négocié rapidement. Cela a
commencé avec l'ancien gouvernement, des négociations très
serrées qui ont abouti à cet investissement qui, j'en suis
convaincu, avec tous les effets indirects qu'il comporte, a
empêché des centaines et des centaines de jeunes de quitter le
Québec pour aller enrichir nos concurrents. C'est cela qu'était
notre objectif.
Si vous avez d'autres solutions, nous sommes prêts à vous
écouter. Est-ce que les caisses populaires étaient prêtes
à investir dans du capital de risque comme celui-là? Elles
hésitent et je respecte leurs raisons. Elles ont quand même leur
autonomie vis-à-vis du gouvernement, elles ont leurs
responsabilités vis-à-vis des épargnants. Elles
hésitent même à contribuer à l'achat du journal Le
Soleil, où les sommes impliquées sont considérablement
moindres. Pensez-vous qu'elles auraient été prêtes à
investir des dizaines de millions dans une entreprise de risque comme
celle-là?
Ce sont des questions, je pense, honnêtement on est quand
même à quatre ans d'une élection qu'on peut se
poser. Et si on n'a pas de solution de rechange, on devrait admettre que le
gouvernement a pris une bonne décision pour que les jeunes travailleurs
du Québec restent et travaillent au Québec. C'est cela
qu'était notre objectif.
Même chose sur la baie James, M. le Président. Evidemment,
je vais en parler avec un peu plus de prudence, étant donné que
la cause est devant les tribunaux, même si j'ai l'immunité
parlementaire.
M. BURNS: Cela prend du temps à comprendre.
M. BOURASSA: Attention, le député de Maisonneuve se trouve
à interférer dans l'administration de la justice.
M. BURNS: Non, non. Je dis que cela prend du temps à comprendre,
c'est tout.
M. BOURASSA: Oui mais on m'a poursuivi parce que j'avais parlé de
la crise de l'énergie dans mon livre.
M. BURNS: Bien oui mais vous porterez une plainte, si vous pensez que je
n'ai pas le droit de dire: Cela prend du temps à comprendre.
M. BOURASSA: Non mais j'invite le député à
être prudent...
M. BURNS: Je suis très... Je sais ce que c'est qu'un outrage au
tribunal, moi.
M. BOURASSA: ... dans son propre intérêt.
M. BELLEMARE: Le député de Saguenay n'est grand que
lorsqu'il est assis!
M. BOURASSA: M. le Président, dans le cas de la baie James, le
ministre de l'Industrie et du Commerce, le ministre des Richesses naturelles,
combien de fois nous avons donné tous les chiffres, démontrant
les coûts, les chiffres étaient publiés, je peux donner le
volume: commission parlementaire, tome 6, page B-1722, session 1972, tous les
chiffres, sur le plan des coûts, sur le plan des retombées
économiques, les avantages pour les Québécois, sur le plan
de l'écologie.
Je suis d'accord et cela a été dit dans le jugement
que cela cause des problèmes écologiques, la question de
la baie James, mais nous y voyons au maximum, pour ce qui a trait à la
faune, aux oiseaux, aux poissons, à 600 milles de Montréal. Mais
il reste quand même qu'avec 18 centrales nucléaires sur le fleuve
Saint-Laurent, cela aussi créerait des problèmes
écologiques, 18 centrales nucléaires dans la région
densément peuplée qu'est la région de Montréal et
la région de Québec. Et encore là, c'est un choix que nous
avions à faire.
Est-ce que le chef de l'Opposition prétend que les 18 centrales
nucléaires ne créeraient pas d'effets écologiques? Est-ce
que cela serait accepté facilement par la population, la construction de
18 centrales nucléaires? Je peux référer...
M. MORIN: Dans des conditions de sécurité.
M. SAINT-PIERRE: Allez voir aux Etats-Unis ce que cela fait!
M. BOURASSA: Oui. Comme dit le ministre de l'Industrie et du Commerce,
allez voir la situation aux Etats-Unis, où vous avez peut-être 25
centrales nucléaires qui ne peuvent pas obtenir les permis
nécessaires pour fonctionner.
M. MORIN: Mais il y en a combien qui fonctionnent aussi?
M. BOURASSA: Oui, les réserves d'électricité sont
de 2 p.c, alors qu'elles doivent être de 25p.c.
M. MORIN: Et en Europe?
M. BOURASSA: Le chef de l'Opposition a d'excellents recherchistes, comme
le député de Maisonneuve, d'ailleurs. Qu'il demande à ses
recherchistes de vérifier la situation qui existe aux Etats-Unis avec
les centrales nucléaires. Nous avons un grand privilège ici, nous
sommes l'une des seules régions au monde à avoir des ressources
hydrauliques, à pouvoir produire de l'énergie propre à bon
marché. C'est vrai que ça pose des problèmes sur
l'endroit. Nous voulons négocier de la façon la plus rapide
possible avec les Indiens. Nous voulons tenir compte des problèmes
écologiques, mais il faut quand même tenir compte des solutions de
rechange pour l'ensemble de la population québécoise. C'est
pourquoi je voudrais que le chef de l'Opposition, avant de nous critiquer sur
le développement de la baie James, tienne compte des effets des 18
centrales nucléaires.
Je l'entendais à la télévision, dimanche, exposer
brillamment, quant à la forme...
M. BURNS: Enfin, une admission. M. BOURASSA: Attendez.
M. MORIN: Attendez, je parie qu'elle est venimeuse.
M. BURNS: Tout le reste va détruire ce qu'il vient de dire.
M. BOURASSA: ... exposer brillamment quant à la forme ses
arguments sur cette question, mais le fond du problème... Quand il
propose de construire des centrales thermiques, est-ce que le chef de
l'Opposition se rend compte...
M. MORIN: Pas des centrales thermiques.
M. BOURASSA: Oui, vous l'avez dit et je l'ai retenu. Vous avez dit
centrales nucléaires voire thermiques.
M. MORIN: Oui, bien sûr, avec accent sur le nucléaire.
M. BOURASSA: Vous l'avez dit. M. MORIN: Allons, allons.
M. BOURASSA: Les centrales thermiques, avec la hausse du coût du
pétrole et avec les effets de pollution encore plus considérables
que dans le cas des centrales nucléaires.
M. MORIN: Vous déformez mes paroles. M.BOURASSA: Je cite
textuellement le chef de l'Opposition qui a dit qu'il préférait
la construction de centrales nucléaires et thermiques. Je lui demande de
relire son texte. J'en suis convaincu, je l'ai noté. Il pourra
vérifier et s'excuser demain après-midi.
Est-ce que le chef de l'Opposition se rend compte du coût, dans le
cas des centrales thermiques, qui augmente très rapidement et surtout
des effets de la pollution et des retombées économiques?
M. MORIN: Bien sûr.
M. BOURASSA: Alors que, dans le cas des centrales hydrauliques, les
retombées économiques sont de l'ordre de 80 p.c, dans le cas des
centrales nucléaires, c'est 60 p.c. Et tout ça se trouve dans les
chiffres que je vous ai mentionnés tantôt et la
référence aux débats de la commission parlementaire.
Dans le cas des centrales thermiques, les retombées
économiques pour le Québec sont encore moindres que dans le cas
des centrales nucléaires et des centrales hydrauliques, avec plus de
pollution et un coût plus élevé. Et c'est ça que
propose le Parti québécois comme alternative à la baie
James.
M. MORIN: Non, non, non.
M. BOURASSA: L'objectif du gouvernement et du Parti libéral sous
ma direction est de faire du Québec un Etat moderne c'est
ça, notre objectif et de prendre les moyens nécessaires.
Dans cette optique, le fédéralisme pour nous est une technique de
gestion d'un Etat moderne, plus qu'une option idéologique.
Je ne dis pas que la formule soit parfaite, mais elle est autrement plus
efficace et moins risquée pour les autres formules qui ont
été proposées à l'électorat
québécois.
J'entendais également le chef de l'Opposition dire que, si nous
étions indépendants, nous pourrions discuter d'égal
à égal c'est ce qu'il a dit avec les Etats-Unis,
avec le reste du Canada, avec le Marché commun. Mais est-ce qu'il se
rend compte que les Etats-Unis sont 40 fois plus peuplés que le
Québec et 60 fois plus forts économiquement?
M. BURNS: Impuissant que vous êtes, impuissant. Manifestation
impuissante.
M. BOURASSA: Laissez-moi terminer. C'est une manifestation de
réalisme et de bon sens.
M. BURNS: Vous avez l'air d'un impuissant.
M. BOURASSA: C'est une stupéfiante naïveté dont fait
preuve le député de Maisonneuve. S'imaginer qu'on peut
négocier...
M. BURNS: Vous avez l'air d'un impuissant.
M. BOURASSA: ... d'égal à égal avec les Etats-Unis!
Il me semble que la population du
Québec va très bien comprendre que nous ne sommes pas
aussi forts que les Etats-Unis.
Avec le Canada, le reste du Canada trois fois plus populeux que le
Québec, trois fois plus fort économiquement, je serais heureux
d'entendre les explications du député de Maisonneuve; qu'est-ce
qu'il entend par discuter d'égal à égal? Dans le
régime fédéral, dont l'une des principales raisons
d'être est la redistribution de la richesse, nous avons au départ
un avantage très net. Alors que le revenu par tête du
Québec est inférieur sensiblement à celui de l'Ontario,
nous avons un avantage très net à vivre dans un régime
fédéral dont l'une des raisons d'être est de redistribuer
les ressources, de réduire les disparités régionales. Nous
avons également avantage puisque nous avons quand même des
Canadiens français, des Québécois qui siègent au
gouvernement fédéral. Je ne crois pas que ça ait nui au
Québec d'avoir Jean Marchand comme ministre québécois
à Ottawa. Je ne crois pas que ça ait nui à l'industrie du
textile d'avoir M. Jean-Luc Pépin comme ministre de l'Industrie et du
Commerce à Ottawa.
Dans le domaine de la recherche scientifique, nous avons actuellement
Mme Sauvé, qui est consciente des disparités actuelles. C'est
quand même un atout, avec le régime fédéral qui
redistribue les richesses, les Québécois qui sont là. Ce
sont quand même des avantages qui sont évidents par rapport
à l'indépendance théorique et risquée que propose
le Parti québécois. Est-ce que, par exemple, en faisant partie du
Canada le Québec ne participe pas à la richesse économique
du Canada? On n'a pas de nickel au Québec, il est en Ontario. On n'a pas
de pétrole, on n'a pas de blé, c'est dans d'autres provinces. Il
y a là une participation à une richesse qui peut nous profiter.
Quand on regarde cette question sous l'angle pratique, sous l'angle réel
à toutes fins pratiques, nous voyons qu'il y a là des avantages
sur le plan économique qui dépassent largement les
inconvénients, sans compter d'autres avantages comme l'union
monétaire parce qu'il faut un régime fédéral pour
l'union monétaire. Et le Parti québécois en a
été tellement convaincu qu'il a proposé une monnaie
québécoise; il l'a fait en pleine campagne électorale.
C'est sa responsabilité s'il a fait des erreurs de stratégie, ce
n'est pas ma faute.
Combien de fois, M. le Président, j'avais proposé au Parti
québécois de publier son budget avant la campagne
électorale. Combien de fois je lui ai dit, depuis un an: Publiez-le
avant la campagne électorale. Il n'a pas voulu m'écouter, il a
payé pour, M. le Président. Il est clair que le marché
commun permet cette union monétaire et permet évidemment d'avoir
des risques beaucoup moindres pour ce qui est fondamental dans toute
économie, la stabilité d'une monnaie. On pourra en parler
longuement à l'occasion de débats que nous pourrons tenir sur ces
questions. Mais je pense que ce qui a paru évident est encore
évident, c'est que tant que nous voudrons avoir cette union
monétaire et j'ai l'impression que l'immense majorité des
Québécois ne veut pas de séparatisme économique,
même une bonne partie de ceux qui ont appuyé le Parti
québécois aux dernières élections tant que
l'immense majorité des Québécois sera contre le
séparatisme économique, elle sera pour une union monétaire
et elle sera pour un lien fédéral parce que l'un ne peut pas
aller sans l'autre.
Si nous revenons au discours du chef de l'Opposition, on voit qu'il
n'hésite pas à sombrer dans le ridicule pour essayer de trouver
des arguments appuyant sa thèse. Si le Québec avait
été indépendant il l'a répété
à la télévision il aurait pu prévoir la
guerre au Moyen-Orient, si le Québec avait été
indépendant il aurait pu prévoir l'embargo des pays arabes. Le
Quai d'Orsay ne l'a pas prévu, le Foreign Office ne l'a pas
prévu, le State Department ne l'a pas prévu mais eux l'auraient
prévu. Encore là, il aurait discuté d'égal à
égal avec les pays arabes, et c'est textuel.
Le président Nixon, le président Pompidou, M. Heath n'ont
pas réussi, à ce jour, mais le député de
Sauvé, qui aurait probablement été ministre des Affaires
étrangères dans un gouvernement péquiste pure
hypothèse évidemment aurait réussi à
convaincre les pays arabes!
Actuellement on pourrait en faire rénumération
la plupart des pays, tous les pays d'Occident ont des problèmes
énormes avec cette question. Et, quand on voit le chef de l'Opposition,
avec le respect que je lui dois, dire que, si le Parti québécois
avait été au pouvoir, le Québec aurait été
exempté de ces problèmes, je pense que ce n'est absolument pas
réaliste; c'est rire de la population du Québec. Il l'a dit
lui-même à la télévision. C'est le seul moment
où il m'a fait rire à son émission.
C'est cette absence de réalisme, c'est cette nai'veté,
c'est cette inconscience dont fait preuve le Parti québécois,
même après l'élection, et dont il a fait preuve durant
l'élection qui expliquent qu'aujourd'hui, comme le chef de l'Opposition
l'a dit lui-même, le parti est coincé entre deux colonnes de
libéraux.
Encore plus que la pauvreté désolante des arguments
avancés et dont nous avons donné quelques exemples, nous pouvons
mettre en relief surtout les omissions qu'il a faites dans son discours et qui
sont révélatrices de l'attitude du Parti québécois.
C'est surtout cela qui ressort du discours du chef de l'Opposition puisque,
dans plusieurs autres cas, c'étaient des vieilles rengaines. Dans son
discours de deux heures, pas un mot sur l'agriculture, rien. Rien sur les
problèmes des agriculteurs québécois et je sens que le
chef de l'Opposition a honte. Je sens qu'il est prêt à s'excuser
immédiatement.
M. MORIN: J'en ai parlé en dehors de la Chambre.
M. BOURASSA: Oui. Oh! Pas un mot sur les problèmes agricoles,
durant deux heures.
M. LEGER: II y a tellement de problèmes au Québec!
M. BOURASSA: Je comprends que pas un comté rural n'a élu
un membre du Parti québécois, mais le député de
Sauvé, le chef de l'Opposition, n'avait aucune excuse, puisque nous en
faisions mention dans le discours inaugural qui est, quand même, un
discours de 25 minutes, alors que son discours était de deux heures. Il
est quand même assez étonnant et révélateur, je
dirais, qu'il n'y ait absolument rien sur les problèmes agricoles dans
son discours. Pas un mot sur l'administration financière.
Evidemment, le Parti québécois est un parti
essentiellement littéraire, mais les finances, c'est quand même
quelque chose d'essentiel dans toute nation. Enfin, comment s'attendre à
des propos sérieux sur cette question, quand on sait que, durant la
campagne électorale, on a annoncé une dévaluation
d'avance? Cela ne s'était jamais fait je l'ai dit dans la plupart
de mes discours qu'un parti politique annonce d'avance une
dévaluation à telle date.
Je n'ai pas besoin de donner des cours au chef de l'Opposition, mais
ça veut dire quoi, ça? On vous parlera dans quelques instants de
leur référendum. Cela veut dire quoi, ça, annoncer
d'avance une dévaluation? Quels effets sur les travailleurs
québécois? La question du référendum. Est-ce que
vous vous rendez compte, en proposant un référendum dans deux
ans, de ce que ça veut dire? Dans quelles conditions va se tenir ce
référendum? Est-ce que vous vous en rendez compte, quand M.
Lévesque et M. Parizeau disent eux-mêmes et on pourrait me
répondre là-dessus qu'il va y avoir une fuite de capitaux
mobiles.
C'est évident que, pour les capitaux immobiles, il n'y aura pas
de fuite, par définition, mais, quand M. Lévesque et M. Parizeau
disent qu'il va y avoir une fuite de capitaux mobiles d'ici le
référendum, ça veut dire quoi? Cela veut dire quoi, une
fuite de capitaux mobiles? C'est moins d'investissements, moins de capitaux,
moins d'emplois. Cela veut dire que le référendum va se tenir
dans les pires conditions, après deux ans, avec la période
intermédiaire ou incertaine. C'est ça que vous avez
proposé, toute une stratégie, une stratégie combien
maladroite et combien coûteuse! Mais qui dirige votre
stratégie?
Je vois le député de Lafontaine, il ne devait pas
être trop d'accord. On lui a dit de se tenir tranquille, puis d'aller
gagner son comté, ce qu'il a fait, d'ailleurs.
Mais quand on voit les conséquences de ces gestes, proposer un
référendum dans deux ans, en sachant fort bien que durant ces
deux ans il y aura une incertitude à son maximum, avec tous les effets
économiques que cela comporte, c'est placer les Québécois
dans une position impossible pour faire leur option et dans la pire du
point de vue du Parti québécois des positions. Il faudrait
quand même qu'ils s'expliquent là-dessus.
Il y aune autre omission du chef de l'Opposition qui a trait à
l'attitude du Parti québécois durant la campagne
électorale. Là, il n'est pas question de naiveté, il est
plutôt question de cynisme, et cela a trait à la radiation de
milliers de Québécois sur les listes électorales. Dans
certains cas, même des francophones avec des noms qui ne l'étaient
pas ont été rayés. C'est très franchement l'un des
gestes les plus honteux qui aient été posés depuis
très longtemps dans une campagne électorale. Ils n'en parlent
pas, de cette question, le chef de l'Opposition n'en a pas dit un mot.
On parle de télégraphes comme Camilien Houde parlait de
télégraphes quand il a été défait il y a
quelques années, sans même donner un cas; on parle de
télégraphes, sans preuve. Si vous en avez, poursuivez. C'est
aussi simple que cela.
M. MORIN: C'est cela qui va arriver. M. BURNS: C'est cela qui va
arriver.
M. BOURASSA: C'est là non seulement un geste honteux, mais c'est
également un geste qui a été coûteux pour le parti
lui-même. Ces milliers de Québécois qui ont
été défranchisés à cause des tactiques du
Parti québécois, il n'est pas étonnant qu'ils aient
décidé de travailler au maximum et de toutes leurs forces dans
des comtés clefs, notamment, de manière à faire battre les
chefs du Parti québécois, les vedettes du Parti
québécois, les dirigeants du parti. Ces gens-là, qui
avaient été rayés ou qui étaient menacés de
l'être ont travaillé de toutes leurs forces et on les
comprend de manière à faire battre les dirigeants d'un
parti qui, s'ils prenaient le pouvoir, les considéreraient comme des
citoyens de deuxième classe. C'est là l'une des causes
principales, je l'ai dit le premier jour de la session, de la défaite de
votre chef et de plusieurs autres dirigeants du Parti québécois,
cette discrimination honteuse dont vous avez fait preuve durant la campagne
électorale.
Comme dirait Talleyrand, c'est pire qu'une faute, c'est une erreur. Dans
la même veine, le chef de l'Opposition n'a pas parlé des mensonges
flagrants du Parti québécois dans sa publicité officielle;
je ne parle pas de ce que peuvent faire des candidats dans un ou l'autre
comté, mais dans sa publicité officielle. Le député
de Maisonneuve va me répondre tantôt, ou le député
de Saint-Jacques. J'aimerais qu'ils répondent à cette question
que je me permets de poser. Comment se fait-il que, dans la publicité
officielle du Parti québécois sur le budget, c'est écrit
"sans augmentation de taxes" alors que le 18 octobre M. Parizeau disait,
à Joliette, dans une déclaration officielle, qu'il y aurait $430
millions d'augmentation de taxes, y compris la taxation de l'aide sociale?
Est-ce que le député de Maisonneuve pourrait me répondre
là-dessus?
M. BURNS: Je vais vous répondre.
M. BOURASSA: Comment se fait-il vous ayez écrit "sans
augmentation de taxes"? Comment concilier cela avec la déclaration?
M. BURNS: Attendez.
M. BOURASSA: J'ai demandé quinze ou vingt fois aux membres du
Parti québécois, durant la campagne électorale, les
journalistes sont témoins, comment ils s'organiseraient pour financer
les Jeux olympiques. Je l'ai demandé 19 fois, et même dans le
comté de Dorion. Je n'ai pas eu de réponse. Si le
député de Lafontaine a une solution, il pourra la donner au
député de Maisonneuve ou bien au député de
Saint-Jacques. Je ne parle pas de déficits, je parle du financement des
Jeux olympiques avec la Banque du Canada et la loterie dans tout le Canada.
C'est dans le comté du député de Maisonneuve, c'est quand
même important pour ses électeurs. S'il avait répondu comme
je le lui ai demandé, sa majorité n'aurait pas baissé
comme elle a baissé substantiellement.
On pourrait parler également de certains candidats du Parti
québécois.
Je peux parler du candidat dans mon comté, un prêtre qui a
recouru à des attaques bassement personnelles, laissant tomber
complètement pour la campagne électorale l'esprit
évan-gélique, excitant la haine de mes électeurs dans le
comté de Mercier. Je pense que comme prêtre il a une lourde
responsabilité en agissant de la sorte et c'est bon que cela soit
dit.
M. MORIN : Vous avez vous-même une lourde responsabilité de
dire des choses semblables, M. le premier ministre.
M. BOURASSA: Je peux donner des exemples concrets au chef de
l'Opposition.
M. MORIN: Donnez-les donc.
M. BOURASSA: Je peux donner des exemples concrets au chef de
l'Opposition.
M. MARCHAND: ... côté à part ça.
M. BOURASSA: Je pourrai donner des exemples concrets qui ont
été rapportés dans les journaux.
M. MARCHAND: ... ses prières.
M. MORIN: Donnez-les.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que le chef de
l'Opposition peut se référer à un article qu'a
signé l'abbé O'Neil lui-même dans la Presse, il y a
quelques jours, et qui a été vertement critiqué par un
éditorialiste. Je pense qu'il peut relire l'article avant de
m'interrom-pre. Je peux lui faire lire d'autres articles, d'autres affirmations
qu'a faites l'abbé O'Neil. Quand on voit cela, M. le
Président...
M. MORIN: Je les ai lus et cela n'enlève aucunement la
responsabilité du premier ministre de faire une affirmation comme
celle-là.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. BOURASSA: Quand on voit cela, on n'est pas étonné des
divisions, des démissions, des contradictions, des remises en question
que l'on a actuellement au sein du Parti québécois. J'ai eu
l'occasion d'en parler à quelques reprises, cet après-midi, je
n'ai pas quand même à tourner le couteau dans la plaie et à
répéter toutes les déclarations qui ont été
faites par M. André Larocque, porte-parole du député de
Maisonneuve ou chef de cabinet, sur la suffisance, l'incompétence et
l'étroitesse d'esprit des dirigeants du Parti
québécois.
Il y a même des candidats du Parti québécois qui ont
compris le lendemain de l'élection et qui ont dit publiquement que la
vraie solution c'était la souveraineté culturelle dans le
fédéralisme économique, le candidat du Parti
québécois dans le comté de Mont-Royal. Le
député de Lafontaine a parlé d'un
fédéralisme à deux, le candidat dans Louis-Hébert a
parlé d'indépendance par étapes. René
Lévesque dit maintenant que la souveraineté culturelle va
retarder l'indépendance si elle est acquise. Entre les lignes, ça
veut dire quoi? C'est que le parti est en train de réviser très
sérieusement son option. C'est son droit et c'est même son devoir.
Mais ceci révèle quand même pourquoi la population nous a
donné un tel appui.
D'ailleurs, les commentateurs, même la presse internationale,
vis-à-vis de cette option de la souveraineté culturelle, dans un
fédéralisme économique, tous les journaux, la plupart des
grands journaux, du New York Times à un journal que le
député de Maisonneuve et moi-même lisons de temps à
autre, l'Humanité, journal français...
M. BURNS: Cela ne fait pas votre affaire, hein?
M. BOURASSA: Du New York Times à l'Humanité, tous les
grands journaux sont d'accord pour dire que l'appui électoral qui a
été donné au gouvernement libéral est un appui
à la souveraineté culturelle, dans un fédéralisme
économique. Ils l'ont interprété de cette façon. Le
ministre de l'Education, le ministre des Communications, le ministre des
Affaires culturelles ont eu l'occasion ou auront l'occasion d'expliciter, dans
les détails, tous les aspects de cette souveraineté culturelle.
Nous pourrions
parler très longtemps, très longtemps encore du programme
du Parti libéral énoncé à l'occasion de la campagne
électorale ou énoncé dans le discours inaugural. Nous
l'avons fait et nous le ferons encore. Mais je pense que j'ai suffisamment
donné, ce soir, de raisons positives en examinant plusieurs aspects
positifs de notre programme social et économique, et de raisons disons
moins positives en mettant en relief les faiblesses du Parti
québécois, en mettant en relief les faiblesses du chef de
l'Opposition dans son discours. J'ai suffisamment donné de raisons pour
justifier la population du Québec de nous avoir donné le mandat
le plus éloquent de toute son histoire. Merci.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. CHARRON: M. le Président, vous, comme moi, venez d'entendre ce
qui devait être le message d'un chef de gouvernement à l'ouverture
d'une législature qui, normalement, à moins d'essoufflement comme
la précédente, devait remplir son mandat.
Vous, comme moi, avez probablement regretté, l'espace d'un
moment, de ne pas entendre le matamore de la campagne électorale. Je
n'ai pas eu le plaisir d'assister aux assemblées du Parti libéral
qui ont marqué le début de la campagne électorale
où, sur le conseil de ses techniciens bien payés, le
député de Mercier, chef de ce gouvernement, s'appliquait à
corriger la faiblesse lamentable de son image qu'avait perçue l'ensemble
des Québécois, son manque de décision et son manque de
leadership. C'est donc sur le dos des travailleurs et sur le dos des centrales
syndicales, en particulier...
DES VOIX: Ah! Ah!
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre!
M. CHARRON: C'est donc sur le dos des travailleurs, organisés
dans les centrales syndicales en particulier, qu'il avait choisi de corriger
cette image. Elle était simple à faire. Elle était
maniérée en quelque sorte et tout avait été
prévu. Ce n'est pas, hélas! ce matamore de campagne
électorale que nous avons vu ce sou-mais nous avons retrouvé
efficacement et au même endroit, sans avoir évolué d'un
seul pouce, le même politicien qui s'esquive entre les problèmes,
qui sursaute devant les demandes de la population et qui se cabre
derrière un vocabulaire qui ne cache plus rien.
M. le Président, nous devons reconnaître vous et moi
maintenant, puisque son message a été livré avec un
si petit général et une armée si grosse qu'elle en est
grotesque avec un cabinet si vieux, que le Québec, durant les
quatre prochaines années, devra, tant bien que mal, assurer sa survie et
son piétinement.
Je me disais, en entendant la nouvelle portée de "back-benchers"
jusqu'au discours du premier ministre, que le Québec aura bien
passé par tous les endroits avant d'aboutir à être
lui-même. Cette dernière étape puisqu'il est
maintenant clair, de la place que nous occupons en cette Chambre, qu'il s'agit
vraiment de la dernière étape du Québec provincial
cette dernière étape sera probablement aussi la plus
pénible et la plus triste, celle du cirque qu'offre le Parti
libéral, où les bouffons sont plus nombreux que les spectateurs
et où se multiplient, dans l'insolence du nombre et dans la
défaillance de l'esprit, tous ces...
DES VOIX: Ah! Ah!
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: ... funambules du vocabulaire...
DES VOIX: Ah! Ah!
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: ... tous ces trapézistes des questions
économiques, tous ces bras forts contre les syndicats, ces souleveurs de
masses réactionnaires, les nains de la réforme sociale, les
géants de la soumission, les dompteurs de la dignité, les
charmeurs de serpents anglais, les avaleurs de capital étranger et les
vendeurs de territoires. Nous aurons eu le temps, au cours de ce débat,
de nous faire une idée première et vous l'avez subi encore
plus longtemps...
UNE VOIX: ... Saint-Jacques.
M. CHARRON: ... que moi M. le Président sur la nouvelle
députation libérale. La première impression, c'est
qu'aucune amélioration de qualité n'a accompagné la
maladie du nombre et que nous nous trouvons devant le même stérile
piétinement.
J'ai écouté, forcément, quelques-uns des discours
où, à part les félicitations d'usage à la
belle-mère et à la grand-mère, rien de concret
n'était apporté à l'analyse du Québec. Je fais
exception, toutefois, d'une intervention du nouveau député de
Taschereau, dont certaines remarques quant aux coopératives vont
certainement profiter au développement du programme économique du
Parti québécois. Il y a aussi une remarque du
député de Frontenac, je crois, qui a souligné certains
aspects de la maladie de l'amiantose que les députés du Parti
québécois avaient soulevés lors de la
précédente Législature.
Même je vous dirais, M. le Président, que je suis plus
déçu que lors de la précédente Législature.
Comme l'a rappelé le chef de ce gouvernement, cette députation,
dit-on, compte
cinq députés en bas de trente ans. De ceux que j'ai
entendus, je crois que je dois me faire une idée ferme et précise
pour le reste de la Législature: ils raisonnent comme s'ils en avaient
deux fois plus et ils sont plus traditionnels que tout ce qu'on avait pu
imaginer.
Et dire, M. le Président, que ce cirque loufoque avait pour
fonction de rassurer la population lors de la dernière élection!
C'est curieux de voir comment le maquillage fourni par la caisse
électorale peut à ce point transformer l'image d'hommes aussi
faibles. L'argent, véritablement, cela aide beaucoup. Le
député de Richelieu comprend certainement ce que je veux dire.
L'argent aide beaucoup, et c'est probablement pour cela que le Parti
libéral avait choisi comme thème principal d'expliquer
clairement, précisément, avec chiffres à l'appui, tableaux
devant s'adresser à l'intelligence de la population, comment une
dévaluation de la monnaie devait arriver.
M. le Président, est-ce mon rôle, puisque je suis dans
l'Opposition, de remercier le premier ministre de nous avoir prévenus,
au cours de la campagne électorale, que nous n'étions pas un
peuple normal? A l'heure où certains d'entres nous et nous sommes
quand même assez nombreux, maintenant, parmi les Québécois
commençaient à croire que là où une balance
commerciale est favorable et là où un pays se permet d'exporter
les capitaux, il est aussi permissible de croire qu'il peut avoir une monnaie
qui se fixe au même rendement que les autres, le premier ministre,
économiste par correspondance, s'est chargé, pendant la campagne
électorale, de nous aviser et de nous rappeler encore une fois, selon la
plus vieille tradition du plus vieux parti traditionnel, que nous étions
des malchanceux, que nous étions nés pour un petit pain et, comme
le rappelait cet évangélique message qu'on distribuait à
travers tout le Québec, que nous n'étions qu'un peuple de
porteurs d'eau, que nous devions donc nous résigner et ne pas assumer
nous-mêmes le rôle normal que tant d'autres sociétés
bien moins dotées que nous, avec une balance commerciale bien moins
favorable que la nôtre, avec des capitaux bien moins nombreux que les
nôtres, ont quand même été capables d'assumer.
M. le Président, quelle campagne propre, honnête,
évangélique et élevée a mené le Parti
libéral tout au long de la campagne! Ils auraient pu, M. le
Président, s'adresser aux citoyens, activer leur peur, leur inventer des
chiffres pour les énerver. Non! A leur bonne marque traditionnelle de
vieux parti croupissant, ils ont continué, tout au long de la campagne
électorale, à s'adresser à l'intelligence des
Québécois, à leur vendre le fédéralisme
rentable, à leur prouver d'un coin à l'autre qu'aucune aventure
n'était plus sérieuse que celle dans laquelle le Québec
achève de s'enfoncer depuis maintenant plus de cent ans.
M. le Président, si on avait été démagogues
et si on avait été menteurs comme certains membres de cette
Chambre, on aurait pu, comme l'a fait évangéliquement le
député de Sainte-Marie, qui siège ici, en cette Chambre,
M. le Président, s'adresser, dans une propagande
dégoûtante, à la population et lui affirmer que, si le
choix normal du Québec devait se faire comme ces citoyens
l'avaient déjà choisi et comme, n'eussent été
certaines manoeuvres, ils l'auraient encore choisi en 1973 ils allaient
perdre leur pension de vieillesse, leur bien-être social, qu'ils
deviendraient un numéro dans la société, que la nourriture
serait rationnée, que l'Etat socialiste s'instaurerait. Toutes ces
manoeuvres, combien elles étaient élevées, M. le
Président, combien elles étaient pures, lorsqu'elles
s'adressaient aux citoyens démunis du bas de la ville de
Montréal, qu'un fonctionnaire fédéral, payé
à temps plein depuis quelque temps, était chargé de
manipuler au nom de la machine libérale de Paul Desrochers!
Comme elle a été élevée la campagne
électorale du Parti libéral! Non, on aurait pu peut-être
faire peur aux citoyens. On s'est contenté de nous rappeler, selon notre
bonne vieille formule, que nous étions faibles nous, les
Québécois, sans consistance, braillards.
Et comme l'a rappelé, même un député
anglophone, tragiquement latin, on est remonté à chacun des
endroits, on a écorché notre âme collective jusqu'au point
où nous puissions nous démontrer à nous-mêmes, une
fois en miettes, que nous ne pouvions plus nous rassembler et que nous devions
subir puisque c'était la loi un grotesque gouvernement
comme celui qui achevait de paralyser le développement du
Québec.
Somme toute, on nous a rappelés comme ç'a toujours
été la marque de ce parti et des deux trognons qui se sont
accrochés à lui au cours de la campagne électorale
que nous étions des anormaux. Il fallait avertir les citoyens.
C'était la fonction d'un chef de gouvernement responsable. Et il l'a
fait avec une telle dignité, n'est-ce pas? Avec une telle hauteur de
débat, n'est-ce pas?
Tous les moyens étaient bons pour avertir les citoyens. J'en note
un, que j'ai trouvé le plus ridicule et que j'ai réentendu cet
après-midi en cette Chambre de quelque "back-bencher" de je ne sais plus
quel coin, qui rappelait le parti séparatiste. On nous a appelés
au cours de la campagne électorale, le parti séparatiste. Les
moins évolués des "back-benchers" continuent à maintenir
ce langage depuis le début de la session.
Des ministres plus responsables ont repris le tempo que nous avions au
cours de la précédente Législature, et ont reconnu le nom
que nous avions. Peu importe, je dis qu'un parti gouvernemental, fort comme il
l'était, qui est obligé de recourir à des techniques aussi
insidieuses, aussi "niaiseuses" que celles d'évoquer de sombres
souvenirs à certains moments, est un parti qui est nerveux, qui est sur
la défensive, même à 102. Et c'est encourageant.
M. BOURASSA: On ne dormira pas ce soir.
M. CHARRON: Qu'est-ce que l'on visait quand les stratèges du
Parti libéral ont donné le mot d'ordre à leur caucus
et comme d'habitude le caucus a suivi de désormais appeler
le Parti québécois, le parti séparatiste? C'est simple, M.
le Président, vous êtes d'un âge où vous pouvez vous
rappeler comme moi certains événements qui ont marqué
notre histoire.
Il s'agissait d'évoquer les débuts du mouvement. Alors que
le mouvement est devenu le porte-parole d'une majorité de citoyens dans
certains territoires du Québec et d'une minorité croissante de
citoyens, il fallait, pour stopper cette évolution, rappeler les
débuts qui ont marqué ce mouvement, rattacher la mauvaise image
qui avait été, à l'époque, si bien maintenue. Les
séparatistes avec trois s les communistes, les
socialistes. Il s'agissait de redescendre aussi bas que ça. Ils
étaient tellement nerveux et ils avaient tellement peur, nous
étions tellement peu attaquables sur d'autres champs, qu'ils se sont
sentis obligés de recourir à d'aussi basses manoeuvres.
Je profite de ces tactiques justement pour évoquer un certain
point. Ces artifices de peur dégradants, ridicules, certes nous
rappellent quand même quelque chose. Le "parti séparatiste,"
"être séparatiste," "les séparatistes," c'est une
époque de 1963 à peu près. Vous rappelez-vous, M. le
Président? Vous étiez vous-même ici en cette Chambre. Ici,
c'était le combat tranquille des deux bons vieux partis. On ne changeait
rien. On s'assoyait l'un devant l'autre, on s'encensait en attendant d'avoir
l'assiette au beurre à son tour.
C'était patroneux pour patroneux, télégraphe pour
télégraphe. Tout tournait rond, tout marchait bien. Ici, il y
avait un gouvernement qui venait de sortir d'une campagne électorale
menée par un homme dynamique et qui insistait pour reprendre en main ce
secteur vital de notre économie, l'électricité. On
s'apprêtait ici à effectuer la nationalisation de
l'électricité.
Mais dehors les honorables parlementaires qui pourrissent sur
leur fauteuil ne regardent pas souvent dehors qu'est-ce qui se passait?
On a bien eu le samedi de la matraque qui est venu tout près d'ici. Mais
jusqu'à ce que ça monte ici, c'était quoi être
séparatiste? C'était effectivement être, comme le rappelait
je ne sais plus lequel, barbu, poilu, intellectuel, instruit. C'était
péché que d'être instruit, c'était dangereux.
UNE VOIX: Botteux, barbeux.
M. CHARRON: L'instruction, c'est comme la boisson, il y en a qui ne
portent pas ça. Et qui étaient tout simplement là et qui
s'écrasaient dans leur coin.
C'est vrai, vous avez bien fait de nous rappeler pendant la campagne
électorale qu'en 1963, être séparatiste, c'était
ça. J'avais 17 ans,
M. le Président, à l'époque et je me rappelle
très bien que, comme étudiants, nos réunions
étaient secrètes parce que, automatiquement, nous étions
identifiés au FLQ; automatiquement les chemins de la démocratie
étaient tellement bloqués, tellement pourris par les deux vieux
partis que les plus jeunes des générations devaient tenter
à ce moment-là, à ce tragique moment-là, M. le
Président, de choisir d'autres voies. Mais l'époque dont je vous
parle, l'époque des caves sombres, l'époque des réunions
secrètes, l'époque des échanges de documents,
l'époque du harcèlement de la police, où le seul fait de
s'afficher comme voulant vivre dans un Québec qui nous appartenait nous
mettait automatiquement sur les fichiers de la Gendarmerie royale, ce n'est pas
d'il y a cent ans que je vous parle, M. le Président, c'est de dix ans
seulement. Depuis dix ans, ce mouvement est sorti des caves, et sorti des
universités, et sorti des collèges, et sorti des coeurs des vieux
Québécois qui, dans toutes les régions, tranquillement,
continuaient à espérer depuis toujours d'avoir un pays à
eux autres avant de mourir. En dix ans, M. le Président! Ce n'est pas
long dans la vie d'un peuple. En dix ans, ce mouvement c'est presque
légendaire et incroyable est devenu aujourd'hui, ici,
l'Opposition officielle: 900,000 Québécois qui veulent
l'indépendance du Québec. En dix ans, M. le Président,
l'idée est sortie des caves où d'ailleurs elle aurait pourri
comme toutes les idées pourrissent dans les caves. Elle a dû
être bruyante à certaine époque, elle a
dérangé des gens, mais elle a conquis aussi des gens parce que
nous savions que cette idée parle au coeur et à la tête de
chacun des Québécois. Elle s'est même parfaite en s'en
allant, M. le Président. Son cheminement continuel entre le coeur et la
tête des Québécois l'a solidifiée, valorisée,
et en quelque sorte consacrée. Elle s'est développée au
point, M. le Président, d'un jour pouvoir se donner il n'y a que
cinq ans de cela et elle reçoit aujourd'hui 30 p.c. des votes
déjà. Il n'y a que cinq ans de cela, un parti politique pour
incarner cette idée de l'indépendance du Québec. Et
encore, M. le Président, elle n'a pas choisi les chemins les plus
faciles, je vous le répète. Elle aurait pu, elle aussi, se donner
un bon vieux parti politique où toutes les idées viennent d'en
haut, où tous les membres sont simplement des porte-parole des autres
qui ont dénoncé avant eux les idées et où le
financement est assuré par des sources aussi secrètes que
nauséabondes.
Elle aurait pu, elle aussi, M. le Président; elle a choisi le
chemin le plus dur, celui de confier le développement de son programme
uniquement, totalement, d'un couvert à l'autre par les militants de
cette idée. Et c'est cette même idée qui s'est
véhiculée au cours de la campagne électorale. Et elle a
choisi de se financer elle-même aussi. Pour la première fois dans
l'histoire politique de notre pays et de notre Québec, une idée
qui a germé dans le coeur des
Québécois, qui était latente depuis le jour
où nous sommes arrivés sur cette terre d'Amérique, depuis
ce jour-là...
M. BOSSE: ... arrêté à Dorion.
M. CHARRON: ... cette idée s'est financée elle-même
et a assuré son propre gouvernement. Aujourd'hui, ce petit groupe
parlementaire, tronqué par un système électoral
désuet, il va sans dire, M. le Président, mais quelle que soit sa
taille, représente 900,000 Québécois, des jeunes, des
vieux, des ouvriers, des syndiqués, des travailleurs...
M. BOSSE: Bien des jeunes, surtout des jeunes.
M. CHARRON: ... des cols bleus, des cols blancs, des professionnels, des
hommes d'affaires aussi, des retraités, des chômeurs, des
femmes...
M. BOSSE: Laissez les chômeurs!
M. CHARRON: ... dont l'essentiel de leur métier est
d'élever des familles, comme d'autres qui sont devenues des femmes de
carrière.
Des gens de tous les coins, les rejetés de 1963, les mis à
l'index d'il y a dix ans, les péchés capitaux d'il y a dix ans,
M. le Président, les séparatistes, communistes, felquistes d'il y
a dix ans, avec lesquels on essayait encore, au cours de la campagne
électorale, de faire peur à ma grand-mère.
M. BOSSE: Les racistes d'aujourd'hui.
M. CHARRON: ... Savez-vous ce qu'ils sont devenus en dix ans seulement
et ce n'est pas long dans la vie d'un peuple, M. le Président
la deuxième force politique dans douze régions sur
quatorze, 45.7 p.c. sur la Côte Nord,...
M. BOSSE: Bien petit.
M. CHARRON: ... 44.1 p.c. dans Montréal-Est, 35 p.c. dans cette
capitale nationale des Québécois, près de 30 p.c. en
Gaspésie et dans le Bas-du-Fleuve, 35 p.c. au Saguenay-Lac Saint-Jean,
plus de 60 p.c. de francophones, indistinctement des classes sociales, puisque
nous avons 60 p.c. du vote aussi bien français, aussi bien dans
Outremont que dans Saint-Henri, M. le Président...
M. BOSSE: 90 p.c. de professeurs.
M. CHARRON: ... et nous sommes à 777 votes d'arracher le bastion
libéral de Louis-Hébert à la vieille formation politique
qui siège à votre droite. Au cours des seules trois
dernières années de cette vie de notre peuple, M. le
Président, l'idée de l'indépendance a augmenté de
10 p.c. en Gaspésie, 15 p.c. dans le
Québec métropolitain, 11 p.c. dans le Québec
extramétropolitain, 10 p.c. sur la rive sudde Montréal et
11 p.c. dans l'Outaouais, cette région la plus prisonnière
peut-être de notre régime.
M. le Président, je comprends bien...
M. BOSSE : Pas encore assez.
M. CHARRON: ... qu'on ait même encore peur de l'idée de
l'indépendance, d'autant plus que cette peur est si habilement
menée et financée par le parti qui siège à votre
droite. Mais les Québécois comprennent vite, M. le
Président. Dix ans, qu'est-ce que c'est dans la vie d'un peuple?
Puis-je vous donner simplement, M. le Président, l'exemple des
citoyens de Saint-Jacques, qui, devant la mer de mensonges et de trucs dont on
essayait de recouvrir la misère qui est le lot de la plupart d'entre
eux, ont réitéré leur confiance en l'équipe du
Parti québécois, avec une majorité accrue de 7 p.c. et la
majorité absolue sur le territoire de Saint-Jacques, M. le
Président?
Cet électorat le plus fidèle, comme on l'analyse partout,
n'est pas celui des vieux partis, il devient notre meilleure arme. Plus nous
sommes nombreux, moins il en reste à convaincre par le fait même.
Nous sommes donc plus de militants, plus de convaincus, pour aller chercher,
retrouver en quelque sorte, puisque chacun le sent, ce message-là, le
reste des Québécois qu'il nous reste à convaincre; et
parmi ces gens-là qui viennent de se regrouper à nous, au point
de nous donner 36 p.c. du vote de ceux qui parlent la langue dans laquelle nous
nous comprenons, et qui est la nôtre ce soir, qui est celle du
Québec, M. le Président, dans ceux-là qui viennent de se
grouper, il y a certainement des voisins des honorables députés
libéraux.
Il y a probablement des irréductibles de 1970, ceux dont on
disait qu'ils resteraient toujours libéraux et qui, dès 1973,
leur avaient faussé compagnie. Chacun a connu dans son comté des
défections aux rangs du Parti québécois. Ces
fidèles, mais ça va venir, ça viendra même encore
plus de vos familles. Les enfants vont grandir, M. le Président et on ne
les maintiendra pas toujours dans le même régime.
M. le Président, devrais-je ajouter que nous ne sommes pas
pressés? Comme le disaient justement en 1963, les Rolling Stones, "Time
is on our side". C'est bien certain que ce gouvernement-là va passer. Ce
gouvernement-là va mourir. Ces idées-là vont mourir un
jour. Nous ne sommes pas pressés, M. le Président. Ce qui se
passe maintenant, autour de l'idée d'indépendance, c'est la
rencontre de deux générations. C'est le meilleur gage en fin de
compte.
Je ne suis plus, M. le Président, Dieu merci, le plus jeune de
cette Assemblée.
Bientôt, je franchirai le cap de la trentaine; je ne suis pas
pressé. Dans huit ans j'aurai 35 ans
et je suis convaincu que je vais voir l'indépendance plus jeune
que le premier ministre ne l'était quand il a atteint le poste qu'il
occupe actuellement. Puis-je rappeler simplement...
M. BOURASSA: Votre chef a dit dans dix ans.
M. CHARRON: ... au député de Mercier, qui intervient comme
un "back-bencher", l'exemple du vieux dinosaure de Diefenbaker en 1958?
M. BOURASSA: ... dit que vous diriez cela.
M. CHARRON: M. le Président, 210 sièges sur 260.
M. HARVEY (Jonquière): 208.
M. CHARRON: 208, peu importe, cela fait longtemps que cela ne
m'intéresse plus. Savez-vous ce qui est arrivé de ce grotesque
gouvernement comme celui qui m'entoure, ces innombrables "back-benchers" qui
coûtent une fortune au Québec? Le savez-vous, M. le
Président, ce qui est arrivé à ce gouvernement à
l'élection suivante, pas quinze ans après? Le plus fort
gouvernement de l'histoire du Canada devenait minoritaire et l'année
suivante, un an après, il était renversé. Depuis ce
temps-là, les conservateurs n'ont jamais repris le pouvoir à
Ottawa. Nous ne sommes pas pressés.
M. BOURASSA: Encouragez-vous! Encouragez-vous avec cela!
M. CHARRON: Nous avons tout le temps devant nous pour savoir ce qu'ils
vont nousservir. Au fond, tous les députés
libéraux qui sont ici doivent bien s'en douter, politiciens comme ils
sont et attentifs qu'ils ont été à monter leur machine
électorale pour le jour du vote. Puis-je leur rappeler que nous ne
serons pas toujours malchanceux...
M. BOURASSA: Toujours?.
M. CHARRON: ... comme nous l'avons été depuis le
début de cette existence, que le système électoral que le
député de Mercier vient de s'engager à défendre,
encore une fois, passé le cap des 30 p.c, finit par jouer pour le parti
d'Opposition et que c'est finalement à notre tour, un jour, que nous
bénéficierons des lacunes de ce système injuste avant de
le changer le jour où nous arriverons? Puis-je leur rappeler
également, à tous ces députés fiers et assis sur
une majorité qu'ils affirment confortable ce n'est pas moi qui
voudrait les faire changer d'idée aussi qu'il y a 110,000 membres
du Parti québécois maintenant qui, au moment où nous
travaillons du mieux que nous pouvons dans cette enceinte, sont
déjà à pied d'oeuvre pour la prochaine
élection?
M. BOURASSA: On a vu cela aujourd'hui.
M. CHARRON: Je vous rappellerai, M. le Président, qu'en 1970 le
lendemain de l'élection avait peut-être été plus
pénible que celui-ci. Pourquoi, au lendemain de 1973, alors que pour une
deuxième fois des militants aussi généreux et aussi
bénévoles que ceux qui ont marqué l'histoire du Parti
québécois se sont retrouvés avec un résultat aussi
injuste que celui qui vous entoure, M. le Président, le même
affaissement qui avait marqué nos troupes au lendemain de 1970, nos
jeunes troupes de 1970, n'a pas marqué l'existence du Parti
québécois maintenant et que nous pouvons nous livrer en toute
honnêteté à une analyse de notre orientation et de nos
fautes au cours de la campagne électorale sans avoir aucune crainte de
mettre en péril la barque dans laquelle nous sommes?
C'est qu'il y a au coeur de chacun des militants du Parti
québécois et je dirais au coeur de chacun de ses
électeurs une certitude, depuis le 29 octobre. Il nous en reste
moins à faire que nous n'en avons fait.
M. BOSSE: Vous allez en radier moins que vous en avez radié.
M. CHARRON: Et ce n'est pas possible, M. le Président, que nous
perdions aussi souvent par malchance que nous l'avons fait au cours de la
dernière campagne électorale. Surtout, quelle est l'autre
certitude qui peut mener notre travail et qui mènera le groupe
parlementaire duquel je fais partie? C'est la certitude aussi, sans remise en
question inutile, quelles que soient les tentations auxquelles les
éditorialistes libéraux voudraient nous faire succomber, de ne
pas remettre en question le fondement même de notre option, puisque ce
serait remettre en question le fondement même du peuple auquel nous
appartenons. Ce peuple-là est normal, ce peuple-là est mieux
équipé que bien d'autres peuples du monde lorsqu'ils ont pris
leur décision de peuple adulte. Ce sera notre tour un jour et au fond,
peut-être, plus nous attendrons, mieux nous serons
préparés, et les gages d'une réussite, peut-être,
deviendront plus forts.
Sous la croûte de confort qu'a apportée la
société américaine, malgré tous les avatars que
nous a laissés le fait que la génération qui nous
précède a un niveau de scolarité aussi peu
élevé qu'une septième année, malgré tous les
défauts que nous a laissés notre passé économique
d'être, comme le rappelait le Parti libéral, uniquement des
porteurs d'eau et des scieurs de bois, malgré tous ces avatars du
passé, nous sommes convaincus qu'au coeur de chaque
Québécois, comme au coeur de chacun des membres de cette Chambre,
il y a la conviction que nous appartenons à un groupe différent,
pas meilleur et pas pire. J'entendais tout à l'heure des
députés libéraux qui disaient: Vous vous prenez pour
d'autres. On ne se prend pas
pour d'autres, mais c'est fini le temps où on se prend pour moins
que ce que nous sommes.
Nous sommes aussi une société industrielle prête
à accomplir, à sa façon, selon son propre modèle,
avec ses défauts et avec ses qualités, l'orientation de sa vie
à elle. Tous les moyens sont là à nous. Il ne manque que
la volonté. Et, pour que la volonté arrive et
s'épanouisse, il faudra, un moment donné, que craque et que se
fissure de partout le dernier ramassis de la peur et le dernier ramassis
colonial que représente actuellement le vieux gouvernement qui est
à votre droite, M. le Président. Il passera comme tous les
gouvernements précédents ont passé. C'est maintenant
clair, depuis le 29 octobre, que les prochains à aller de l'autre
côté, il n'en reste qu'un groupe, c'est le groupe qui a choisi le
chemin le plus dur et l'option la plus difficile.
On nous a dit partout: Si vous n'étiez pas
indépendantistes, vous auriez été élus le 29
octobre, car dès trois ans et demi après l'existence de ce
gouvernement...
M. BOSSE: Des promesses électorales.
M. CHARRON: ... dirigé par le député de Mercier, il
existait un dégoût tel de ce parti politique que nous aurions pu
le remplacer simplement en fignolant, comme ils l'ont fait, un programme de
dernière minute. Il y avait tellement de qualité à
l'intérieur de l'équipe que nous étions prêts,
dès le 29 octobre, à les remplacer. Nous aurions pu. Nous ne
l'avons pas fait parce que, au fond de nous et de façon
indéniable, il reste cette volonté d'être le premier vrai
gouvernement national des Québécois. Et c'est parce que nous
savons que tous les Québécois, au fond, espèrent un jour
avoir un pays à eux et qu'il n'en dépend que de nous, contre les
artifices que la vieille machine fournira avant de s'éteindre, il n'en
tient qu'à nous, par notre travail, par le financement
démocratique que nous assurons à l'épanouissement de cette
idée, de lui assurer son développement. Les rigolades de cette
majorité, dont le quotient intellectuel est à votre
discrétion, peu importe, je suis prêt à les subir pendant
encore quatre ans, huit ans s'il le faut...
M. BOURASSA: C'est suffisant. M. CHARRON: Ce que je sais... M. BOURASSA:
C'est suffisant.
M. CHARRON: ... c'est qu'en dehors de ces murs, cette idée qui,
en 1963, n'était que celle d'une poignée, est maintenant celle
des citoyens les plus éveillés, les plus attentifs, les plus
politisés aussi que nous trouvions dans le Québec et aussi des
plus jeunes et des plus prêts à assumer la relève
lorsqu'elle viendra. Le Québec aura son tour comme toutes les autres
sociétés du monde l'ont eu. Merci, M. le Président.
M. BOURASSA: Des mots, ça.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Revenu.
UNE VOIX: Des mots, des mots!
M. Gérald Harvey
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, permettez-moi, au
début de cette courte intervention, de vous féliciter
chaleureusement d'avoir été nommé, de nouveau,
président de cette Assemblée, car votre sincérité,
votre dévouement et votre compétence vous permettront d'agir
encore plusieurs années comme président de cette Chambre.
Je profite de cette occasion également pour féliciter vos
deux vice-présidents de leur nomination, un de mes collègues de
la région, le député de Roberval, et le
député de Saint-Louis.
Mes félicitations également à mes collègues
députés qui ont été nommés de nouveau
à leurs postes respectifs au sein du cabinet, de même qu'aux
nouveaux venus et à la seule dame élue à
l'Assemblée nationale, le député de Bourassa, qui a
été nommée à l'exécutif.
M. le Président, vendredi dernier, les membres de
l'Assemblée nationale ont été très charitables
lorsqu'ils ont écouté sans broncher l'exposé du
député de Chicoutimi. Après avoir fait un portrait des
plus pessimistes de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le
député de Chicoutimi a tenu à énoncer une liste des
secteurs d'activité qui, selon lui, mériteraient plus d'attention
de la part du gouvernement du Québec.
Pour ma part, M. le Président, je répondrai au
député de Chicoutimi que ce n'est pas d'aujourd'hui que nous, les
libéraux, sommes conscients des besoins de notre région. Nous
n'avons pas attendu au mois de novembre 1973 pour préconiser le
développement du Saguenay-Lac-Saint-Jean selon une planification
ordonnée mise à jour régulièrement, suite aux
consultations avec les corps intermédiaires, le conseil régional
de développement et l'Office de planification du Québec.
M. le Président, le relèvement de l'agriculture et
l'exploitation rationnelle de nos forêts, au Saguenay-Lac-Saint-Jean,
sont les résultantes du programme agro-forestier mis de l'avant par le
gouvernement du Québec en collaboration avec le gouvernement
fédéral grâce à l'entente ARDA 3. Ce premier plan de
développement régional, dont nous commencerons la
troisième année, sur un plan de cinq ans, dans quelques mois, a
été mis de l'avant à la demande des forces du milieu,
après une étude de fond préparée par les gens du
milieu et également par une mission de planification gouvernementale
dont le rapport final et l'esquisse du plan ont été
déposés en novembre 1969 au gouvernement du Québec.
Dès la prise du pouvoir, au mois d'avril 1970, et grâce
à l'intervention des députés de la région, le
programme agro-forestier a été converti dans un programme de
développement régional appelé Programme de
développement intégré des ressources, puisque nous y avons
ajouté le secteur du développement touristique par la mise en
place de l'exploitation des sites exceptionnels du Saguenay et du
Lac-Saint-Jean, en y comprenant également l'équipement d'accueil
pour avoir un circuit touristique répondant non seulement aux besoins
interrégionaux, mais aux besoins du tourisme qui vient de
l'extérieur.
En ce qui concerne les ressources minières de notre
région, je crois que le député de Chicoutimi devrait
être le premier à reconnaître les efforts du gouvernement du
Québec pour développer le Moyen-Nord. La collaboration entre les
députés du Saguenay-Lac-Saint-Jean et le CRD à ce sujet
s'est établie dans un climat de franchise, sous l'habile direction de
mon collègue, ministre responsable de l'ODEQ et de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, le député de Joliette.
La mise de l'avant du projet du lac Albanel fait l'objet d'études
et de négociations des plus sérieuses de la part des
autorités gouvernementales. Les autorités de l'OPDQ, sous les
recommandations du ministre responsable, sont conscientes des
répercussions favorables à notre région tant au niveau de
la création de nouveaux emplois, dont le nombre ne peut être
établi à l'heure actuelle, que des retombées
économiques qui ne seraient certainement pas des plus
négligeables.
En réponse à l'assertion du député de
Chicoutimi à l'effet que la décision à prendre au sujet du
développement du projet du lac Albanel est d'un ordre politique, je peux
affirmer que c'en est une non pas de politicaillerie qui sera prise, mais bien
une de politique de planification.
Le cas de l'exploitation de la mine de colombium de Saint-Honoré
est, dans mon esprit, identique à celui posé par le
développement du lac Albanel.
Quant à l'industrie du tourisme, l'élaboration
d'infrastructures à l'intérieur des plans conjoints actuels ARDA
se concrétise par la réalisation par étapes, bien entendu,
de l'exploitation des sites exceptionnels: le projet du lac Kénogami,
ainsi que plusieurs autres projets au Lac-Saint-Jean.
Je m'inscris en faux contre l'affirmation du député de
Chicoutimi qui ose prétendre que le député de
Jonquière a fait tout récemment de l'idée d'une autoroute
régionale une de ses priorités.
Le député de Chicoutimi, qui croit que nous sommes venus
au monde en 1973, devrait savoir que nous, nous n'avons pas sorti trois sortes
de plans de développement de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Celui de 1970 du défunt candidat séparatiste Gilles
Grégoire, nous l'avons jeté au panier après la campagne
puisque nous avions fini de le critiquer. Celui de 1973, un de ses
collègues candidats défaits, concernant le regroupement
municipal, il devrait le jeter également. Cela fait plusieurs
années, c'est-à-dire depuis la publication de l'esquisse du plan,
soit en novembre 1969, qu'on y revoit, comme grande priorité
régionale de développement entre le port de mer de Port-Alfred et
la ville d'Alma, une autoroute à quatre voies qu'il sera possible de
réaliser si nous réussissons grâce au ministre responsable
de l'OPDQ, à obtenir de l'argent additionnel en plus des ententes
actuelles pour l'élaboration et le développement au niveau
régional d'un des dossiers moteurs.
Ce que j'ai toujours préconisé pour le mieux-être de
la population et pour accélérer le développement de notre
région, M. le Président, c'est une réorganisation des
transports et des voies de communication. L'élargissement du boulevard
Talbot et sa réfection étaient et sont encore des plus
justifiés sur une bonne partie de son parcours. Cependant, je ne suis
pas prêt à admettre que nous ayons les moyens aujourd'hui de nous
payer une autoroute Québec-Saguenay. Ce serait rêver en couleur
comme ils ont rêvé tous ensemble durant la période
électorale et crié longtemps. Nous avons
préféré insister auprès de mon collègue, le
ministre des Transports qui, dès cette année, a
dépensé plusieurs millions de dollars pour améliorer la
sécurité sur le boulevard Talbot en construisant une
troisième voie dans les courbes et dans les côtes et en refaisant
le revêtement bitumineux sur une longueur de plus de 80 milles.
En ce qui concerne les communications intermunicipales au Haut-Saguenay,
la mise en chantier au cours des prochains mois d'une route à voie
rapide entre la Baie des Ha-Ha et Jonquière concrétisera les
efforts que notre gouvernement fait pour doter la région d'un
équipement adéquat.
Le député de Chicoutimi a, au cours de son exposé,
utilisé, M. le Président, les termes "renaissance municipale".
C'est un grand mot.
Pour ma part, j'aime mieux employer une expression plus réaliste,
soit regroupement municipal, non pas parce que je suis contre une formule dite
de renaissance des villes, mais plutôt parce que je suis d'avis qu'avant
de parler de renouveau idéologique il faut regrouper les efforts et
consolider les biens et les services à offrir à nos populations
urbaines vivant dans des villes collées les unes sur les autres.
En terminant, j'aimerais souligner au député de Chicoutimi
que, dès le mois de février 1973, le député de
Jonquière, le député de Roberval du temps et
d'aujourd'hui, le député du Lac-Saint-Jean et maintenant le
député de Dubuc, nous prenions position face aux problèmes
des services de santé et nous préconisions le maintien des
services essentiels.
Suite aux représentations des députés de notre
région concernant le réseau hospitalier, il ne fait aucun doute,
dans mon esprit, que le ministre des Affaires sociales est conscient que les
normes établies pour les très grands centres urbains comme
Québec et Montréal sont difficilement applicables au Saguenay-Lac
Saint-Jean et qu'elles doivent être réajustées selon nos
besoins précis.
M. le Président, en terminant, je dirai au député
de Chicoutimi que la philosophie dégagée et mise en pratique par
celui qui vous parle, étant responsable à l'OPDQ d'une
région plan, et mes collègues, les députés de
Joliette, de D'Arcy-McGee, d'Arthabaska et de Bonaventure, c'est la
théorie de Nehru. Planifier, on dit que c'est examiner les faits et les
choses, se servir de son intelligence et régler les problèmes.
Pour eux, planifier c'est rêver. Qu'ils continuent de rêver avec
leurs 30 p.c. et leurs six députés; nous avec nos 55 p.c, nous
allons appliquer la philosophie de Nehru, nous allons examiner les faits, les
situations et les choses et nous allons continuer à régler les
problèmes y compris ceux du Saguenay-Lac Saint-Jean. Merci.
LE PRESIDENT: Le ministre responsable à l'OPDQ.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je propose l'ajournement du
débat.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain quinze heures.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Adopté également.
LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à demain
quinze heures.
(Fin de la séance à 22 h 10)
ANNEXE Commissions parlementaires instituées le 27 novembre
1973
COMMISSION DES AFFAIRES MUNICIPALES COMMITEE ON
MUNICIPAL AFFAIRS
MM. Bédard (Chicoutimi), Boutin (Abitibi-Ouest), Caron (Verdun),
Chagnon (Lévis), Goldbloom (D'Arcy-McGee), Leduc (Taillon), Léger
(Lafontaine), Ostiguy (Verchères), Parent (Prévost), Picotte
(Maskinongé), Roy (Beauce-sud), Saint-Germain (Jacques-Cartier),
Vaillancourt (Orford).
Nombre de membres (Number of members:) - 13 Quorum: 7
COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES COMMITTEE ON SOCIAL
AFFAIRS
MM. Bacon (Bourassa), Bédard (Chicoutimi), Bellemare (Rosemont),
Bonnier (Taschereau), Boudreault (Bourget), Charron (St-Jacques), Dufour
(Vanier), Forget (St-Laurent), Fortier (Gaspé), Harvey (Dubuc), Lecours
(Frontenac), Saint-Germain (Jacques-Cartier), Samson (Rouyn-Noranda).
Nombre de membres (Number of members:) -13 Quorum: 7
COMMISSION DE L'AGRICULTURE ET DE LA COLONISATION
COMMITTEE ON AGRICULTURE AND COLONIZATION
MM. Burns (Maisonneuve), Carpentier (Laviolette), Denis (Berthier),
Dionne (Mégantic-Compton), Faucher (Nicolet-Yamaska), Fraser
(Huntingdon), Lessard (Saguenay), Massicotte (Lotbinière), Ostiguy
(Verchères), Pagé (Portneuf), Roy (Beauce-sud), Toupin
(Champlain), Tremblay (Iberville).
Nombre de membres (Number of members:) -13 Quorum: 7
SUITE DES ANNEXES Référer à la version PDF page 217
À 219