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(Quinze heures cinq minutes)
LE SECRETAIRE: A l'ordre, messieurs! Résultat des
élections
LE SECRETAIRE: J'ai l'honneur de déposer, sur le bureau de la
Chambre, une liste certifiée des députés qui ont
été élus aux dernières élections
générales.
Election du président
M. BOURASSA: J'ai l'honneur d'informer l'Assemblée que
l'honorable lieutenant-gouverneur l'autorise à élire un
président.
Proposition de M. Jean-Noël Lavoie
M. BOURASSA: J'ai l'honneur de proposer que M. Jean-Noël Lavoie, du
district électoral de Laval, soit élu président de
l'Assemblée et prenne place au fauteuil en cette qualité.
M. Lavoie, comme on le sait, a été le principal architecte
de la modernisation des règlements du Parlement...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BOURASSA: ... qui ont permis...
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président. Je
pense, M. le Président, en vertu de l'article 9, que chaque
député en cette Assemblée a la possibilité de faire
des propositions, et que toutes cela me semble clair les
propositions deviennent débattables en même temps. Alors, si le
premier ministre a l'intention de parler en faveur de sa motion, il pourra le
faire après. M. le Président, je vous suggère donc que
cela se fasse dans l'ordre, c'est-à-dire que les propositions se fassent
dès maintenant.
LE SECRETAIRE: D'accord. Est-ce que vous avez une autre proposition?
M. BURNS: Oui, M. le Président.
Proposition de M. Louis-Philippe Lacroix
M. BURNS: Alors, je propose...
UNE VOIX: Jean-Noël Lavoie!
UNE VOIX: René Lévesque.
M. BURNS: ... M. Louis-Philippe Lacroix, député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: M. le Président, étant donné que le
proposeur, il y a bien longtemps qu'il n'a pas fait le signe de "la croix", je
décline l'honneur qu'il veut bien me faire.
Proposition de M. Lucien Lessard
M. BURNS: M. le Président, dans ces circonstances, je propose M.
Lessard, député de Saguenay.
M. MORIN: M. le Président, il m'appartient, à titre de
chef de l'Opposition officielle, d'expliquer pourquoi le Parti
québécois propose...
LE SECRETAIRE : Faites votre proposition, si vous avez une proposition.
Nous la débattrons par la suite.
M.MORIN: Ce n'est pas une proposition. C'est l'explication de la
proposition qui précède.
M. BURNS: M. le Président, c'est tout simplement cela.
LE SECRETAIRE: Est-ce qu'il y a d'autres propositions?
M. LESSARD: Je ne sais pas si, en vertu du règlement, le
député des Iles-de-la-Madeleine a le droit de refuser. En
conséquence, M. le Président, je le repropose.
M. LACROIX: "Lessard" en est jeté! Je refuse de nouveau.
LE SECRETAIRE: Est-ce qu'il y a d'autres propositions?
M. le premier ministre.
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: M. le Président, comme je le disais tantôt,
évidemment, une nouvelle fois, le Parti québécois veut
créer des incidents à l'ouverture de la session et, en
étant disgracieux comme il l'est, d'une façon continuelle, il se
discrédite de nouveau auprès de l'opinion publique.
M. le Président, M. Jean-Noël Lavoie, comme je l'ai dit, a
été l'architecte de la modernisation des règlements du
Parlement, qui a permis d'améliorer l'efficacité des
procédures parlementaires. On a été à même de
constater le tact, l'habileté et l'intelligence avec lesquels il a
présidé les débats depuis près de quatre ans. En
raison même de cette expérience, je crois qu'il est
particulièrement qualifié et que nous sommes pleinement
justifiés de le nommer et de le proposer comme président de
l'Assemblée nationale.
M. Jacques-Yvan Morin
M. MORIN: M. le Président, il m'appartient donc de dire pourquoi
le Parti québécois a proposé une autre personne que
l'ancien prési-
dent de l'Assemblée nationale pour remplir les fonctions du
président de cette Assemblée.
DES VOIX: Hors d'ordre!
M. MORIN: L'Opposition officielle affronte depuis quelque temps
depuis l'élection, de fait une situation telle que son
efficacité dans l'exercice de ses fonctions essentielles, dans notre
démocratie, est compromise.
Dans le régime parlementaire, le rôle de l'Opposition est
essentiel et l'on peut mesurer le degré de démocratie et de
liberté qui règne dans un pays par le respect ou le manque de
respect qui est porté à l'Opposition.
Le grand spécialiste des questions constitutionnelles
britannique, Sir Ivor Jennings, disait ceci dans "The Law and the
Constitution": "The test of a free country is to examine...
LE SECRETAIRE: A l'ordre!
M. MORIN: Nous voyons bien, M. le Président, qui sont les
véritables ennemis d'une juste répartition entre les deux langues
dans cette Chambre. Sir Ivor Jennings disait donc: "The test of a free country
is to examine the status of the body that corresponds to Her Majesty's
Opposition. "
C'est donc en regardant comment l'Opposition est traitée que l'on
peut savoir si un pays est libre et démocratique ou s'il ne l'est pas.
Or, notre action comme Opposition a été entravée et
continuera de l'être si nous laissons les choses aller à
vau-l'eau, si nous laissons les choses se dérouler sans rien dire. Et
c'est pourquoi nous saisissons cette occasion de dire ce que nous avons
à dire. Comme on l'a répété bien des fois depuis un
certain auteur du dix-huitième siècle : "Seul le pouvoir peut
constituer un frein pour le pouvoir."
En régime présidentiel classique comme aux Etats-Unis, par
exemple, tout le monde sait qu'il y a un équilibre entre les pouvoirs,
l'Exécutif, le Congrès, les tribunaux. Et le Congrès,
à son tour, contient deux Chambres électives qui se font
équilibre.
En régime parlementaire de type britannique, M. le
Président (il ne faudrait pas oublier que nous sommes en régime
parlementaire de ce type), il n'en est pas ainsi. L'Exécutif, par
définition, contrôle la Chambre basse à moins d'y
être minoritaire; et même dans une situation comme celle-là,
l'Exécutif possède des prérogatives qui lui permettent de
contrôler la Chambre.
Il y a, dans un tel système parlementaire, de grave dangers pour
la liberté, surtour si l'on fait intervenir le principe de la
souveraineté du Parlement. Comme vous le savez, cela veut dire que notre
Assemblée dans les limites de sa compétence, fait ce qu'elle
veut. Fort heureusement, le régime britannique possède lui aussi
des contrepoids; ce sont avant tout le respect accordé à
l'Opposition, en particulier à l'Opposition officielle dont le
rôle coutumier le premier ministre sait de quoi je parle quand je
mentionne le droit coutumier, il se souviendra des leçons de droit
constitutionnel qu'il avait l'occasion de suivre il n'y a pas si longtemps dans
la même faculté que moi est crucial; et l'autre garantie en
régime parlementaire, c'est l'indépendance des juges.
Dans les anciennes colonies britanniques, on sait ce qui est
arrivé quand le gouvernement a méprisé l'Opposition ou lui
a tendu des embûches, des traquenards subtils. On sait ce qui s'est
passé au Ghana, on sait ce qui s'est passé au Kenya, on sait ce
qui s'est passé en Rhodésie ou encore au Pakistan. Et il s'agit,
M. le Président, d'un régime délicat; le régime
parlementaire est d'un maniement délicat. C'est un peu comme de la
porcelaine anglaise et il faut éviter à tout prix que les gros
pieds du pouvoir et je vous prie de croire que je ne fais pas allusion
aux députés de l'Opposition fracassent cette porcelaine
délicate. Il s'agit donc, M. le Président, d'une question tout
à fait primordiale; il ne s'agit pas d'une querelle inutile, il s'agit
de poser dès le départ de cette Législature, la
trentième du Québec, les principes qui s'appliqueront tout au
long des trois ou quatre années qui viennent.
Les fonctions de l'Opposition officielle sont multiples et je pense
à certains auteurs que j'ai eu l'occasion de relire récemment
pour me pénétrer de ce rôle nouveau pour moi de chef de
l'Opposition. On fait observer chez ces auteurs que, dans un régime
où la persuasion doit l'emporter sur la force, l'Opposition doit pouvoir
faire valoir tous les arguments qu'elle veut, tous les arguments qui militent
contre les projets, contre les politiques du pouvoir, du gouvernement.
Il y a un auteur, en particulier, qui va jusqu'à dire, dans "The
Purpose of Parliament", que les politiques gouvernementales sont le produit non
seulement de la volonté du gouvernement, mais d'une discussion libre et
franche entre le gouvernement, d'une part, et son opposition, l'Opposition
officielle, de l'autre. Nous faisons tout autant partie, nous de l'Opposition
officielle, du système démocratique que le gouvernement et nous
entendons faire respecter les droits que cela suppose.
En second lieu, l'Opposition officielle n'a pas pour seul rôle de
s'opposer systématiquement à toutes les mesures proposées
par le gouvernement et, rassurez-vous, nous n'avons pas l'intention de nous
opposer aux mesures qui nous paraîtront raisonnables, qui nous
paraîtront être dans l'intérêt des
Québécois et qui répondront...
UNE VOIX: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre, M. le Président.
M. MORIN: ... aux besoins réels des Québécois.
UNE VOIX: La pertinence du débat.
M.MORIN: L'Opposition a donc un rôle positif à jouer, mais
pour pouvoir jouer ce rôle positif, M. le Président, il faut que
l'Opposition ait tous les moyens à sa disposition. Enfin, dois-je vous
rappeler, M. le Président, que le dernier rôle de l'Opposition,
mais non le moindre, c'est, en régime parlementaire, de constituer un
gouvernement en puissance? Le but de l'Opposition, c'est effectivement de
devenir le gouvernement, si possible, à l'élection suivante.
M. LEVESQUE: C'est ce qu'ils ont dit il y a quatre ans.
M. MORIN: Et cela pourrait bien se produire.
UNE VOIX: A l'ordre!
M. MORIN: On ne nous opposera pas, M. le Président... J'aime
autant que les députés continuent d'essayer d'observer un certain
décorum. Nous ne sommes pas, ici, une école primaire, tout de
même, bon! Alors, on ne s'étonnera pas de nous voir remplir ce
dernier rôle à fond, mais nous sommes conscients que cela nous
impose des responsabilités. Ces responsabilités, nous voulons les
assumer entièrement, mais nous avons besoin, pour ce faire, que nos
droits soient respectés. Le gouvernement doit se rendre compte qu'il a
l'obligation, l'obligation fondamentale de jouer le jeu parlementaire jusqu'au
bout et de reconnaître pleinement les droits coutumiers de
l'Opposition.
Or, quelle a été notre expérience depuis que le
Parti québécois est devenu l'Opposition officielle à
l'Assemblée nationale du Québec, depuis le 29 octobre? Nous nous
sommes heurtés constamment à la mesquinerie systématique
du gouvernement libéral, comme s'il avait voulu M. le
Président, je pèse mes mots comme s'il avait voulu, de
manière délibérée, réduire le rôle de
l'Opposition officielle. Si nous nous étions laissés faire, nous
étions relégués aux oubliettes.
Cela a commencé, M. le Président...
UNE VOIX: Le 29 octobre.
M. MORIN: ... par mille et une petites tracasseries et se termine
aujourd'hui par la façon dont l'ancien président de cette
Assemblée a distribué les sièges à
l'Assemblée.
M. LEVESQUE: A l'ordre! A l'ordre!
M. MORIN: M. le Président, il y a, comme je vais tenter de
l'expliquer, un système derrière tout cela, une volonté
d'effacer, si faire se peut, l'Opposition officielle, une Opposition officielle
qui dois-je vous le rappeler est déjà lourdement
pénalisée par le système électoral. Si justice
était faite au Parti québécois, nous serions, dans cette
Assemblée, non pas six mais trente-deux. Je voudrais bien trouver le
mathématicien qui pourrait démontrer le contraire.
M. LACROIX: Trente-deux zéros, ça fait zéro.
M. MORIN: M. le Président, on me permettra d'expliquer, s'il vous
plaît, quelques-unes de ces tracasseries que nous avons
surmontées, pour la plupart, quelques fois après une guerre
d'usure qui n'a pas cessé depuis que nous avons mis les pieds dans ce
bâtiment.
Bien sûr, chacune de ces petites tracasseries, prise
isolément, finalement, c'est peu de chose, mais ce qui est
intolérable, c'est l'addition, c'est la guerre d'usure, c'est d'avoir
à préserver, à protéger chaque pouce carré
des droits et des privilèges de l'Opposition. L'Opposition officielle,
vous le savez, M. le Président, a toujours été
logée en entier au second étage de l'immeuble principal du
Parlement. Oui, pour le cas où il y aurait, ici, des
députés trop nouveaux pour le savoir, c'est une tradition.
Or, dès le lendemain de l'élection, M. le
Président, nous apprenions que les bureaux traditionnels de l'Opposition
seraient, désormais, occupés par des députés
libéraux et que le Parti québécois serait
relégué au troisième étage. Je pense que le
député de Saint-Jean exprime l'opinion de la plupart de ses
collègues quand il tape sur son bureau, et je le reconnais bien
là. En fait...
M. LACROIX: Les rats, ordinairement, ce n'est pas au troisième,
c'est dans la cave!
M. MORIN: ... quelques jours plus tard, sur les ordres... M. le
Président...
M. LACROIX: Au cas où vous n'auriez pas compris, je vais vous le
répéter.
M. BURNS: Règlement, M. le Président!
M. MORIN: Quelques jours plus tard, sur les ordres du
député des Iles-de-la-Madeleine, les bureaux du deuxième
étage qui auraient dû nous être réservés
commençaient déjà à recevoir des
députés libéraux. On s'installait, il n'y en avait plus
d'Opposition. C'était cela la mentalité. Comment se fait-il que
cette opération d'occupation ait pu s'engager, se poursuivre, M. le
Président, alors qu'en théorie l'allocation des bureaux
relève du président de cette Assemblée, ou est-ce que je
fais erreur?
Devant cette position cavalière, cette façon incroyable de
nous évincer, nous avons voulu réagir avec calme. Nous avons
discuté la question en long et en large avec l'ancien président
de l'Assemblée. Nous avons même accepté une situation de
compromis, en vertu de laquelle seuls nos députés et leurs
secrétaires s'installeraient au second et notre personnel de recherche
au troisième. Nous avons accepté cela. Nous
n'avons pas pu obtenir que tous nos députés soient au
second, selon la tradition; il y en a un qui se trouve lui aussi au
troisième. Espérons que sous peu on pourra corriger cette
anomalie.
Comme finalement cette situation ne nous empêchait pas de jouer
notre rôle efficacement, nous avons accepté de nous partager entre
deux étages.
M. le Président, un autre effort a été entrepris
pour essayer de priver le Parti québécois, l'Opposition
officielle des privilèges ordinaires et coutumiers de l'Opposition. Ici
encore, cela relève de la présidence de l'Assemblée. Cela
concerne des choses aussi peu importantes, mais apparemment qui tiennent
à coeur à certains députés que, par exemple, la
salle à manger privée traditionnelle de l'Opposition. Oui, oui,
nous étions en droit de penser que cette salle serait mise
automatiquement à notre disposition. Or, elle ne l'a pas
été.
M. LACROIX: Elle ne le sera pas non plus.
M. MORIN: Pourquoi?
UNE VOIX: Vous n'êtes que six.
M. MORIN: M. le Président, pourquoi cette salle à manger
ne nous a-t-elle pas été remise? Tout simplement parce que les
députés libéraux voulaient la conserver et l'occuper.
C'est très simple. Encore une fois, derrière ces tracasseries,
ces chinoiseries, cette accumulation de petites choses qui finissent pas
être intolérables, nous retrouvons le député des
Iles-de-la-Madeleine. C'est l'enchaînement des circonstances et des
tracasseries qui est révélateur, ce n'est pas chaque petite
tracasserie prise individuellement.
M. LACROIX: Vous en voulez d'autres, votre dominicain
défroqué est en haut, votre invité, Achille Hubert.
M. BURNS: A l'ordre, M. le Président!
M. MORIN: M. le Président, la mesquinerie, qui ne devrait pas
être la caractéristique d'un gouvernement qui se prétend si
fort, atteint maintenant son comble dans la façon dont les fauteuils ont
été adjugés dans cette Assemblée; oui, de
façon, M. le Président, dans la même lancée,
à nous faire sentir combien notre rôle est secondaire, combien
notre rôle est, pour ainsi dire, inutile à la poursuite des
travaux de cette Assemblée. Au lieu de nous attribuer, comme cela se
fait partout, quelques fauteuils de la rangée avant, ce qui
concrétiserait quotidiennement le face à face entre l'Opposition
et le gouvernement, on nous a coincés entre deux colonnes de
libéraux, avec seulement deux fauteuils à l'avant.
M. le Président, cette mesquinerie, additionnée à
toutes les autres, à toutes ces tracasseries quotidiennes, nous pensons
que cela est susceptible d'avoir des conséquences jour après jour
dans le déroulement des affaires de ces prochaines années.
L'ancien président, auprès duquel nous avons fait une
série de démarches infructueuses depuis plus de dix jours, nous a
fait languir en nous disant: Je vais y penser, je vais y voir. Il nous a fait
languir sur une décision qui nous paraît lui avoir
été dictée, encore une fois, par le même
député libéral qui a pris sur lui de tenter de nous
réduire à l'impuissance.
M. LACROIX: Je ne pensais jamais être aussi fort que ça
!
M. MORIN: C'est pour cela, M. le Président, que nous avons
proposé que le député des Iles-de-la-Madeleine soit
nommé président de cette Assemblée. Le vrai boss du Parti
libéral, on saurait où il est. Nous l'aurions devant nous,
n'est-ce pas. C'est ça, l'objet de notre motion.
D'aucuns diront que le traitement qui nous est réservé est
celui qu'ont dû subir autrefois un certain nombre de
députés libéraux à l'époque si lointaine de
Duplessis. Sommes-nous vraiment de retour à cette époque, M. le
Président?
Nous n'avons, en tout cas, en ce qui nous concerne, aucune intention de
nous laisser faire.
M. LACROIX: Celui-là était plus intelligent, toujours.
M.MORIN: Nous n'avons pas, non plus, l'intention d'endurer le sort des
libéraux de l'après-guerre, ni de M. Marier, ni de M. Lapalme. Et
question à méditer que je propose à mes collègues
du Parti libéral: En matière d'abus de pouvoir, qu'est-il advenu
au juste, aujourd'hui, du parti qui gouvernait à cette époque?
C'est une question que l'on peut se poser.
En conclusion, M. le Président, nous pensons que l'action du
gouvernement a tendu, jusqu'ici, jour après jour, à nous priver
des moyens dont nous avons besoin pour remplir notre tâche quotidienne,
qui ne sera pas une tâche facile, entourés comme nous le sommes.
Mais nous avons l'intention de remplir cette tâche et toutes les
responsabilités qui nous incombent, à fond. Tout cela,
malheureusement, a pris la forme d'une série d'avanies enfantines, d'une
petite guerre dont l'ancien président nous paraît responsable
parce qu'il n'a pas pu ou n'a pas su résister aux pressions des membres
les plus intolérants de son parti.
C'est l'explication, M. le Président, que je désirais
donner de la proposition de mon collègue, le député de
Maisonneuve. Merci, M. le Président.
LE SECRETAIRE: A l'ordre! M. Camille Samson M. SAMSON: M. le
Président, il n'est pas de
coutume, je pense, tellement établie que nous ayons, avant le
discours inaugural, un débat sur la nomination du président.
Cependant, j'ai écouté avec beaucoup d'attention les propos
prononcés par l'honorable chef de l'Opposition officielle.
UNE VOIX: Chef parlementaire.
M. SAMSON: J'ai écouté également les propos
prononcés par l'honorable premier ministre avec beaucoup
d'intérêt. M. le Président, je puis vous dire une chose: je
partage en grande partie les propos tenus par l'honorable chef de l'Opposition
officielle.
LE SECRETAIRE: ... de manifester.
M. SAMSON: Je les partage, M. le Président, parce que, nous
aussi, nous considérons que, dans tout système parlementaire,
l'Opposition doit être respectée par les gouvernements, sinon, M.
le Président, si on n'a aucune espèce de respect pour
l'Opposition, nous risquons la dictature et personne, en cette Chambre, ne
voudrait risquer ce genre de dictature.
M. le Président, ce n'est un secret pour personne que le
gouvernement réélu a fait élire 102 députés
en cette Chambre. Ce n'est un secret pour personne, M. le Président.
Il me fait plaisir d'entendre les applaudissements des nouveaux
députés libéraux qui ont pris assez rapidement l'habitude
des anciens: taper sur les bureaux. Des tapettes à bureaux! Ne vous en
faites pas, c'est cela que vous allez faire durant quatre ans. On ne vous
donnera pas autre chose que cela à faire !
Mais, M. le Président, quand on a quitté cette
Chambre...
UNE VOIX:... Dupuis.
M. SAMSON: M. le Président, voulez-vous demander qu'on ferme les
ventilateurs? Ils font du bruit présentement!
Quand on a quitté cette Chambre, M. le Président...
UNE VOIX: Les députés font "dupuis"!
M. SAMSON: Tiens, je vois que cela s'est... M. le Président, non
seulement on en a en avant de nous autres, des libéraux, et non
seulement on en a à côté mais on en a dans le dos
aussi!
Je n'ai pas besoin de vous dire que, même si je ne vous aime pas
en avant, j'aime encore moins ceux que j'ai dans le dos!
M. le Président, je peux vous dire une chose: c'est que
l'Opposition a quand même un rôle à jouer.
Il y a une chose qui demeure, c'est que même si je partage dans
une grande proportion les propos tenus par le chef de l'Opposition officielle,
c'est justement parce que je les partage, ces propos, justement parce que l'Op-
position a le droit d'être respectée que moi je ne voudrais pas,
pour aucune considération, réduire le nombre des
députés de l'Opposition par exemple en faisant élire comme
président de cette Chambre l'honorable député de Saguenay,
ce qui réduirait de un les députés de l'Opposition qui ne
sont que huit.
Mais le chef de l'Opposition officielle avait raison de dire que notre
rôle est de faire opposition au gouvernement, de démontrer
à la population du Québec ce dont est capable le gouvernement du
Québec présentement, le gouvernement libéral. Et il nous a
dit tantôt qu'il voulait, si c'était possible, prendre le pouvoir,
c'est-à-dire remplacer le gouvernement.
Je ne surprendrai personne en disant que c'est le rôle de tous les
députés de l'Opposition et de tous les groupes de l'Opposition;
tout le monde dans l'Opposition aspire à ça. Il nous a dit
tantôt : On voudrait vous réduire. Et moi je vous dis: Oui, on
veut le réduire, le gouvernement, qui est trop nombreux devant nous.
Mais nous, on ne parlera pas seulement, on va passer aux actes, on va voter
pour le député de Laval et on va commencer tout de suite à
réduire le gouvernement de 102 à 101. '
M. le Président, je n'ai pas l'intention de profiter de
l'occasion qui nous est donnée pour faire la réplique au discours
inaugural. On va écouter ce que l'honorable lieutenant-gouverneur nous
dira tantôt. Et si c'est comme d'habitude, on n'aura pas besoin de se
casser la tête pour trouver des répliques parce que si c'est comme
d'habitude, avec le gouvernement qu'on a devant nous, le discours inaugural qui
sera lu par l'honorable lieutenant-gouverneur et qui est préparé
par le gouvernement avec tout le respect que j'ai pour le
lieutenant-gouverneur sera comme d'habitude, il sera le plus vide
possible.
Nous réserverons pour mardi prochain nos propos quant au discours
inaugural. Mais le chef de l'Opposition a raison quand il vous parle des
petites mesquineries que nous avons à endurer tous les jours de la part
du gouvernement. Bien entendu, lorsqu'on s'adresse à
l'autorité... Cela, c'est difficile de s'adresser à
l'autorité parce qu'on ne sait pas au juste à quelle place elle
est. On s'adresse à l'un, on nous reporte à l'autre. On s'adresse
à l'autre, on nous reporte à un autre et on se retrouve avec des
petites mesquineries comme a dû en endurer l'Opposition officielle.
On peut vous en parler. Nous autres aussi du Parti créditiste, on
a dû en endurer. Je suis arrivé dans mon bureau un bon matin alors
que des déménageurs, sans même demander la permission
à personne pour pénétrer dans le bureau, avaient
déjà commencé à le vider. On ne nous a même
pas demandé la permission d'entrer, alors qu'on occupait encore ce
bureau.
Je n'ai pas l'intention de venir brailler devant le gouvernement, j'ai
pris mes responsabilités sur place, je les ai mis dehors.
Quand vous les enverrez à l'avenir, vous les
enverrez en même temps avec un ordre écrit parce qu'on va
les mettre dehors encore une fois, si ça se représente. On en a
des droits, nous autres aussi, comme députés de l'Opposition.
Bien entendu, vous nous direz qu'on n'est pas un parti reconnu; non, mais on a
demandé notre reconnaissance, M. le Président, en se basant sur
les droits acquis, en se basant aussi sur le fait que l'Opposition actuellement
est déjà assez peu nombreuse que le gouvernement a des devoirs
à remplir, soit ceux de permettre que les députés de
l'Opposition aient des outils, aient quelque chose pour pouvoir travailler.
Car, M. le Président, si le gouvernement ne prend pas ses
responsabilités et si le gouvernement ne permet pas à
l'Opposition de faire son travail à l'intérieur des murs de
l'Assemblée nationale, vous aurez des groupes dans la rue qui viendront
faire de l'opposition. Et, M. le Président, je suis de ceux-là
qui veulent respecter l'autorité je pense que là-dessus je
n'apprends rien à personne, j'ai toujours été en faveur du
respect de l'autorité. Mais, M. le Président, l'autorité
sera respectée seulement si l'autorité est respectable et c'est
à vous autres, du Parti libéral et du gouvernement libéral
actuel de déterminer si l'autorité demeurera respectable dans la
province de Québec.
C'est le genre de responsabilité que vous avez. Ne vous en faites
pas, on ne vient pas aujourd'hui vous quémander, mes chers amis du Parti
libéral, une reconnaissance; on la demande parce que nous croyons que
nous avons droit à cette reconnaissance; nous avons un rôle
à jouer et nous allons le jouer pleinement en tant que
députés du Parti créditiste du Québec.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, je ne peux comprendre la
réaction des députés libéraux lorsque nous
proposons le député des Iles-de-la-Madeleine comme
président de l'Assemblée nationale. C'est pourtant l'un des
leurs, un député qu'ils respectent, un député
qu'ils applaudissent souvent en cette Chambre et aussi un député
qu'ils aiment. Si nous avions, M. le Président, comme le
député de Maisonneuve l'a fait tout à l'heure,
proposé l'un des nôtres, je pense que ç'aurait
été grave pour le parti qui a été élu avec
102 députés. Comment accepter en effet que six
députés choisissent le président de l'Assemblée
nationale? Je pense que ce serait aller au-delà des règles
parlementaires.
Non, M. le Président, nous n'avons pas voulu être aussi
irrespectueux de cette majorité de cette Chambre. Nous avons choisi l'un
des députés libéraux, le député des
Iles-de-la-Madeleine. Mais pourquoi le député des
Iles-de-la-Madeleine? Pourquoi le député des îles
plutôt qu'un autre?
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement.
M. LESSARD: M. le Président, il y a une motion...
M. LEVESQUE: Cette motion a été retirée, M. le
Président.
M. LESSARD: La motion...
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement.
J'aurais une ou deux choses à vous dire et, entre autres, je vous
référerais aux articles 65 et 67 de notre règlement.
L'article 65 nous dit que le président doit mettre en
délibération toute motion mais, dès qu'une motion lui
parait irrégulière en elle-même ou par les buts qu'elle
veut atteindre, il doit le signaler. Vous n'avez pas, M. le Président,
je pense, signalé que la motion que j'ai faite relativement à la
proposition du député des Iles-de-la-Madeleine comme
président de l'Assemblée nationale était illégale,
irrégulière.
Il faudrait que les députés sachent dans cette Chambre,
ceux qui parlent, les nouveaux surtout là, qu'ils apprennent une chose,
c'est que ce n'est plus nécessaire d'appuyer une motion. Alors
arrêtez de nous écoeurer avec des niaiseries comme ça, s'il
vous plaît. Bien, il faudrait peut-être qu'ils apprennent
ça.
Alors, M. le Président, deuxièmement, je vous
réfère à l'article 67 de notre règlement qui dit
que l'Assemblée, ce n'est pas "peut" je vous soumets le
mot qui s'en vient: "l'Assemblée doit disposer de toute motion
régulière..." Vous ne l'avez pas déclarée
irrégulière, M. le Président, la motion que j'ai faite.
J'en ai fait une autre. J'aurais pu en faire dix aussi, mais il y en a une qui
a été faite et qui s'appelle la nomination, comme
président de l'Assemblée nationale, du député des
Iles-de-la-Madeleine.
Alors reliant les articles 65 et 67, vous ne m'avez pas dit que la
motion était irrégulière, il y a seulement le
député des Iles-de-la-Madeleine, qui, d'ailleurs, lui,
irrégulièrement s'est levé pour dire qu'il n'acceptait pas
cette mise en candidature. Je vous réfère à ce moment-ci
à l'article 67 et je le lis au complet: "L'Assemblée doit
disposer de toute motion régulière, mais tant que celle-ci est en
discussion, elle peut, sauf les exceptions prévues au règlement,
être modifiée, etc." Alors c'en est une exception. Elle n'a pas
d'affaire à être modifiée. On sait qu'en vertu de l'article
9 on peut faire autant de motions que nous voulons en cette Chambre, au moment
de la nomination du président. On pourrait en avoir, plus maintenant
parce que c'est clos, mais on pourrait en avoir encore dix autres devant nous
et toutes sont considérées en même temps.
Je pense qu'il est parfaitement du droit du député de
Saguenay de parler de la nomination du député des
Iles-de-la-Madeleine et surtout d'en énoncer le pourquoi, c'est
peut-être la partie importante de ce qu'il y a à dire là.
Je pense que ce serait peut-être bon que les députés de
l'autre côté, tout le tour, en arrière, puis à
droite puis à gauche écoutent un peu, comme le
député de Sauvé l'a dit tantôt, pourquoi on est en
train de vous demander de nommer le député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: Faites attention, j'ai des dossiers, moi aussi.
M. BURNS: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
M. LACROIX: Le dominicain défroqué vous a menti ce midi
à la salle à manger.
M. BURNS: Est-ce que j'ai la parole, M. le Président?
LE SECRETAIRE: Oui.
M. BURNS: Bon, alors, est-ce que vous pouvez l'empêcher d'aboyer,
M. le Président?
LE SECRETAIRE: A l'ordre!
M. BURNS: Alors, je dis tout simplement ces choses-là. Je pense
que la motion est en délibération; premièrement, parce
qu'elle n'a pas été déclarée
irrégulière par vous; deuxièmement, n'ayant pas
été déclarée irrégulière par vous,
elle se doit, en vertu de l'article 67, d'être mise au vote
éventuellement, donc que n'importe quel député peut parler
à ce sujet.
LE SECRETAIRE: Je crois qu'elle n'était pas
irrégulière. Elle était totalement régulière
au moment où elle a été faite. Je crois qu'on ne peut la
débattre puisque le député proposé refuse
d'être mis aux voix.
M.LESSARD: Elle est irrégulière. M. le Président,
sur le point de règlement, le député des
Iles-de-la-Madeleine n'avait pas à nous dire s'il refusait ou acceptait
la proposition qui était faite puisque le député des
Iles-de-la-Madeleine n'avait pas le droit de parole à ce
moment-là. L'article 9 dit tout simplement: 1) S'il n'est proposé
qu'un seul député, le secrétaire le proclame élu.
2) S'il est proposé plus d'un député, toutes les motions
sont débattues à la fois. Il n'est pas dit, M. le
Président, que le député proposé ait la
possibilité de démissionner ou de ne pas démissionner. 3)
Le débat clos, si une motion a été proposée par le
premier ministre, elle est mise aux voix en premier lieu et, si elle est
adoptée, le député proposé est proclamé
élu.
M. le Président, si nous avons proposé le
député des Iles-de-la-Madeleine, c'est parce que nous avons des
raisons très pertinentes de proposer ce député. En effet,
c'est un député qui est respecté de ses collègues
et il est important que le président de l'Assemblée nationale
soit respecté par tous les députés. N 'a-t-il pas
été choisi, M. le Président, président du caucus de
son parti? C'est là une marque de confiance qui mérite attention
et qui mérite qu'on lui accorde, à ce député qui
prend énormément de place à l'intérieur du caucus,
un poste beaucoup plus prestigieux.
C'est aussi, M. le Président, parce que notre confrère des
Iles-de-la-Madeleine s'est imposé auprès de son chef. N'a-t-il
pas été le premier à déclarer, avec la
bénédiction du chef du Parti libéral, que le Parti
libéral ne permettrait jamais que René Lévesque
puisse...
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement. M. le Président, nous
sommes liés par un règlement qui, dans son article 3, dit bien
que "la procédure de l'Assemblée nationale du Québec est
réglée par des lois; par le règlement; par des
règlements adoptés pour la durée d'une seule session; par
des ordres spéciaux adoptés par l'Assemblée et dont
l'effet est limité aux matières pour lesquelles ils sont
votés et par les précédents établis par suite de
l'interprétation des lois et du règlement".
Lorsque l'on parle des règles d'interprétation, on voit,
à l'article 2, que "les règles d'interprétation
prévues à la Loi d'interprétation s'appliquent au
règlement pour autant qu'elles ne sont pas incompatibles avec ses
dispositions". Il y a encore la loi du simple bon sens, M. le Président.
Nous sommes en train, présentement, de débattre une motion qui
n'a aucun corps, aucune substance parce que le député qui en fait
l'objet a lui-même décliné, formellement en cette Chambre,
l'invitation ou la proposition qui était faite à son sujet.
M. le Président, c'est complètement dilatoire, inutile,
irrégulier et vous, M. le Président, pouvez déclarer en
tout temps cette motion irrégulière. Vous nous avez dit qu'elle
était régulière au tout début, et c'est exact,
mais, tout de même, elle devient irrecevable parce qu'elle n'a plus de
substance. On discute de quelque chose, alors qu'il n'y a rien devant la
Chambre depuis le refus du député des Iles-de-la-Madeleine
d'accepter d'être mis en candidature.
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement.
Mon honorable ami d'en face ça fait longtemps que je veux l'avoir
en face; j'étais là-bas, avant; alors, là, je suis bien
content, je peux dire "mon honorable ami d'en face" oublie
peut-être je dis peut-être l'économie de ce
règlement-là et, entre autres, l'économie de l'article 9
qu'il cite, mais sans trop savoir à quoi il se réfère.
Moi, je le réfère plus précisément, M. le
Président, au paragraphe 3 de l'article 9. Le paragraphe 3 est
très clair. Je m'en remets à votre expérience, que je ne
mets pas en doute, loin de là, M. le Président, pour que vous
disiez au leader du gouvernement que c'est bien clair que, toutes ces motions
étant débattues en même temps, il y en a une qui est
prioritaire de par le texte du paragraphe 3 de l'article 9, c'est-à-dire
celle du premier ministre, c'est-à-dire qu'il est fort probable,
connaissant la docilité des députés libéraux...
M. LEVESQUE: A l'ordre!
M. BURNS: ... que la motion du premier ministre soit adoptée,
mais, en même temps, M. le Président, il est peut-être
important aussi que vous permettiez le débat sur toutes les motions,
comme le dit l'article 9, quitte à ce que notre motion, soit en faveur
du député des Iles-de-la-Madeleine ou soit en faveur du
député de Saguenay devienne caduque, mais je ne pense pas,
à moins que vous ne veuilliez qu'on fasse des espèces
d'entourloupettes et qu'on dise:
Si le député des Iles-de-la-Madeleine avait accepté
on aurait aimé que, parce que... Je pense, M. le Président, dans
l'intérêt d'un débat sain, d'un débat clair, d'un
débat qu'on veut clair et complet, que vous devez accepter que la motion
que nous avons faite et ce malgré la déclaration du
député des Iles-de-la-Madeleine soit jugée
recevable et surtout discutable dans ce débat-ci.
M. BIENVENUE: Sur la même question de règlement, M. le
Président, il est évidemment trop tôt pour lire les pages
du journal des Débats, mais je prends cette Chambre et je vous prends
vous-même à témoin, M. le Président, de ce que j'ai
cru, moi, entendre tout à l'heure. C'est que devant l'attitude du
député des Iles-de-la-Madeleine, qui s'est levé et qui a
spontanément refusé cette candidature qu'on allait proposer, un
des membres du Parti Québécois, sauf erreur, peut-être le
député de Maisonneuve, s'est levé et a reconnu
lui-même que cette motion tombait, puisqu'il a dit, on pourra le lire
dans le journal des Débats: Très bien, alors nous proposons le
député de Saguenay.
M. LESSARD: Sur un point de règlement, M. le Président. Il
est vrai que le député de Maisonneuve a fait une deuxième
proposition concernant le député de Saguenay, mais, cependant, il
est aussi vrai, M. le Président, que le député de Saguenay
avait le droit de proposer de nouveau, s'il le voulait, le député
des Iles-de-la-Madeleine, et c'est ce que j'ai fait. Que le
député migrant de Matane le sache, à un moment
donné, maintenant qu'il est rendu dans Crémazie.
M. le Président, je vous dirai, d'ailleurs...
M. LACROIX: Je refuse, M. le Président, je ne veux pas
présider parce qu'autrement vous n'auriez pas souvent le droit de faire
autant de niaiseries.
M. LESSARD: Je vous dirai d'ailleurs, M. le Président, pourquoi
le député de Saguenay n'accepte pas d'être président
de cette Assemblée nationale. C'est parce que je suis trop convaincu de
la nécessité de notre motion qui est de nommer le
député des Iles-de-la-Madeleine comme président de cette
Chambre. Je disais que le député des Iles-de-la-Madeleine avait
été le premier, avec la bénédiction de son chef, le
premier à affirmer que jamais...
LE SECRETAIRE: Je ne reconnais pas la légalité de la
motion proposant le député des Iles-de-la-Madeleine, puisqu'en
toute logique il a refusé. Il faut qu'une motion conduise à
quelque chose. Or, si le principal intéressé a refusé la
nomination, ça ne donnerait absolument rien d'entretenir un débat
qui ne mènerait à rien. Je conçois qu'il n'y a pas de
jurisprudence à cet effet, en cette Chambre non plus je n'en ai
jamais lu ailleurs parce que cela n'arrive pas très
fréquemment que l'élection d'un président soit
contestée. Il me semble qu'en toute logique une motion doit conduire
à quelque chose. Or, la motion doit conduire à l'élection
du député des Iles-de-la-Madeleine comme président, mais
il refuse cette charge. Puisqu'il refuse cette charge, le député
de Maisonneuve a fait lui-même une motion, immédiatement
après, proposant le député de Saguenay comme
président. Je reconnais que ces deux motions sont débat-tables
à l'heure actuelle. Ma décision est finale et sans appel. C'est
rendu.
M. LESSARD: M. le Président, une décision finale est
rendue, d'accord. Je pense bien que votre décision, on peut la mettre en
doute, parce que...
M. le Président, le député de Saguenay, comme l'a
proposé tout à l'heure le député de Maisonneuve, va
être dans l'obligation, étant donné la confiance que j'ai
en mes collègues, d'accepter ce poste. Si nous avons choisi d'utiliser
cette procédure, c'est parce que nous avons à affirmer devant
cette Chambre la façon dont la seule Opposition officielle a
été traitée depuis le 29 octobre. Le député
des Iles-de-la-Madeleine n'a-t-il pas été aussi le premier
à dire que les députés de la seule Opposition, depuis le
29 octobre, n'obtiendraient jamais les bureaux du deuxième étage,
bureaux traditionnellement reconnus à l'Opposition officielle?
M. BURNS: Non, on ne les a pas.
M. LESSARD: En agissant ainsi, le député des
Iles-de-la-Madeleine n'avait-il pas pressenti la motion que nous avons
proposée et qui a été refusée? Mais n'avait-il pas
pressenti que son rôle devait être de devenir président de
l'Assemblée nationale puisqu'il appartient au président de
l'Assemblée nationale de voir au confort des députés, au
président de l'Assemblée nationale de voir à la
distribution des sièges à l'intérieur de cette
Assemblée nationale et non pas au whip du parti et non pas au
député des Iles-de-la-Madeleine? C'est pourquoi, pour
protéger la liberté des députés en cette Chambre,
le député de Saguenay devra accepter d'être
président de l'Assemblée nationale.
Dans toutes les négociations que nous avons entreprises avec
l'ex-président... il faut dire que nous n'avons rien contre
l'ex-président de l'Assemblée nationale; au contraire, nous
croyons qu'il a fait un effort considérable, au cours des trois
années et demie où j'ai siégé en cette Chambre,
pour faire entendre toutes les voix des différentes oppositions. Mais,
cependant,
nous constatons, depuis quelque temps, que ce n'est pas cet
ex-président qui négocie avec les partis d'Opposition mais bien
le député des Iles-de-la-Madeleine. Dans toutes les
négociations que nous avons eues, nous avons constamment senti cette
présence cachée mais combien réelle du
député des Iles-de-la-Madeleine. Pourquoi alors ne pas avoir
accepté la première motion qui avait été
présentée dans cette Chambre par le député de
Maisonneuve, c'est-à-dire que le député des
Iles-de-la-Madeleine agisse véritablement comme président de
l'Assemblée nationale? Nous aurions su à ce moment-là avec
qui négocier. C'est pour ça, puisque maintenant il faudra
probablement négocier par-dessus la tête de l'ex-président
de l'Assemblée nationale, que nous avons décidé de
négocier avec le véritable responsable des négociations,
c'est-à-dire le député des Iles-de-la-Madeleine.
M. le Président, je comprends certains députés, je
comprends pourquoi le député des Iles-de-la-Madeleine a
refusé notre proposition. C'est pourquoi il me met malheureusement dans
l'obligation d'accepter le poste que m'offre le député de
Maisonneuve. Certains députés de cette Chambre doutaient
peut-être, même le député des Iles-de-la-Madeleine,
des compétences du député pour assumer cette fonction.
Nous croyons que le député des Iles-de-la-Madeleine et les
autres députés avaient tort. Quelles sont, en effet, les
fonctions du président de l'Assemblée nationale? En vertu de
l'article 10 des règlements, du code Lavoie, le président exerce
les fonctions suivantes, et il est important, dans le choix que nous aurons
à faire, que chacun des députés de cette Chambre soit
informé du rôle véritable et important du président
de l'Assemblée nationale. Il fait l'ouverture et annonce la
clôture des séances. Cela n'aurait certes pas été
une fonction que le député des Iles-de-la-Madeleine n'aurait pas
été capable de remplir. Je crois, au contraire, que le
député aurait très bien rempli cette fonction. Il y aurait
même avantage à le nommer à ce poste et il aurait dû
accepter ce poste.
Au nom de ses confrères libéraux, nous savons en effet
tous combien le député des Iles-de-la-Madeleine a toujours
été respectueux des membres de l'Opposition. Il pourrait ainsi
ouvrir et clôturer les séances, selon son bon plaisir, selon sa
bonne humeur qui, comme on le sait, a toujours été reconnue comme
proverbiale par tous les députés de cette Chambre et même
par les journalistes.
Deuxième fonction du président de l'Assemblée
nationale. Le président préside aussi les séances, sauf
pendant que l'Assemblée siège en commission. Mais pourquoi le
député des Iles-de-la-Madeleine n'aurait-il pas eu confiance en
lui...
M. BIENVENUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LESSARD: C'est pourquoi, malheureusement,...
M. BIENVENUE: J'invoque le règlement. Le député de
Saguenay continue de lire le discours qu'on lui avait préparé
advenant que la motion reste en vigueur, mais vous avez rendu une
décision, M. le Président.
J'invite le député à parler de lui-même et
à donner ses propres qualités, parce que c'est lui qui fait
l'objet de la nouvelle motion.
M. LESSARD: M. le Président, je pense bien qu'au cours des trois
ans et demi où j'ai siégé en cette Chambre, je n'ai jamais
eu besoin de l'ex-député de Matane qui s'est sauvé
de Matane pour venir rédiger mes discours. Je pense bien que le
député de Crémazie en est conscient.
M. BIENVENUE: Pour aller battre qui?
M. LESSARD: M. le Président, deuxième fonction...
M. MARCHAND: Parizeau est du débat.
M. LESSARD: Par exemple, il y a une chose dont je suis assuré, M.
le Président c'est que le député de Laurier n'aurait pas
la compétence nécessaire pour assumer cette fonction. D'ailleurs,
il n'a même pas la compétence, M. le Président, pour
assumer la fonction de député.
M. MARCHAND: Parlez-en à mes électeurs. Demandez cela
à votre chef!
M. LESSARD: M. le Président...
M. LEVESQUE: Le temps n'est-il pas expiré, M. le
Président?
M. LESSARD: ... le Président de l'Assemblée nationale
"préside les séances, sauf pendant que l'Assemblée
siège en commission".
M. LEVESQUE: C'est terminé. C'est terminé.
M.LESSARD: M. le Président, comme j'ai dû accepter... Je
regrette, M. le Président mais j'ai été interrompu
à maintes et maintes reprises. Deux minutes, M. le Président?
LE SECRETAIRE: Encore une minute.
M. LESSARD: Cela veut dire que vous avez calculé toutes les
interventions qu'on a faites?
LE SECRETAIRE: Oui, oui.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais passer assez vite et
aller au troisièmement de l'article 10: Le Président "maintient
l'ordre et il exerce tous les pouvoirs requis à cette fin".
Nous savons qu'encore là, M. le Président, le
député des Iles-de-la-Madeleine a toujours respecté
l'ordre, à l'intérieur de cette Chambre. M. le Président,
si j'appuie la motion du député de Maisonneuve, c'est parce que
le député des Iles-de-la-Madeleine a peut-être compris,
lorsqu'il a refusé la première motion du député de
Maisonneuve et celle que j'ai faite, qu'il ne connaissait pas les
règlements. Mais, M. le Président, nous avons eu le code Lavoie;
pourquoi n'aurions-nous pu avoir le code Lacroix, avec un seul article: Moi,
j'ai raison, les autres ont toujours tort?
LE SECRETAIRE: A l'ordre! J'invite le député de Saguenay
à conclure parce que son temps est expiré.
M. LESSARD: M. le Président, je termine en disant: Si vis pacem,
para bellum.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, tantôt vous avez dit que vous
étiez surpris de voir un événement comme celui qui se
passe aujourd'hui; c'est symptomatique d'un malaise qui s'est
créé dès la rencontre, le 30 octobre, entre le nouveau
parti de l'Opposition officielle et le gouvernement en place.
M. le Président, l'équilibre même de la
démocratie parlementaire exige, pour la protection même de la
crédibilité d'un gouvernement surreprésenté, que ce
parti d'Opposition possède tous les services pour jouer son
rôle.
M. le Président, j'ai été l'homme le plus surpris
de savoir qu'en dehors de la Chambre, avant même que soient
décidés les différents services, les différentes
banquettes, les différents bureaux, les différents personnels, et
avant même que le président de l'Assemblée nationale ne
soit élu à l'unanimité de la Chambre, cette personne avait
déjà eu le mandat de négocier avec nous.
A ce moment-là, nous connaissions la personne. Nous avions
confiance en cette personne puisque nous avons vécu avec elle durant
trois ans et demi, et nous savions que cette personne pouvait faire son
possible pour équilibrer, dans cette Chambre, ce qu'il manquait par la
surreprésentation et la sous représentation.
Par la suite, nous nous sommes aperçus que la personne
réelle, qui avait les pouvoirs, qui était capable de dire oui ou
non, ce n'était pas le président qu'on nous propose.
C'est la raison pour laquelle je combats et que je suis contre la
proposition du premier ministre parce que la personne qu'il nous propose ne
pouvait pas jouer ce rôle et que c'est un autre qui l'a joué.
Et c'est la raison pour laquelle le député de Maisonneuve
savait qu'en proposant le député des Iles-de-la-Madeleine,
plutôt que de supporter sa croix, il va falloir la porter pendant quatre
ans. Nous préférions la porter là-bas la croix
plutôt que de la supporter là-bas cachée.
M. LACROIX: Plus intelligente que légère comme vous
êtes léger.
M. LEGER: M. le Président, je voudrais simplement vous dire qu'il
ne faut pas se faire d'illusions...
M. LACROIX: ... leur.
M. LEGER: Je dois dire aux 102 députés libéraux qui
nous entourent, et spécialement aux nouveaux, qu'ils ne doivent pas se
faire d'illusions. C'est la raison pour laquelle le poste de président
est important, dans la démocratie parlementaire dans laquelle nous
vivons, il est essentiel que le parti gouvernemental présente des lois,
par ses ministres, et que l'Opposition soit en mesure de lui répondre.
Qu'ils ne se fassent pas d'illusions, dans 99 p.c. des cas ce seront des
discours qui viendront des ministres et de l'Opposition; les autres ne seront
que de simples spectateurs, à quelques exceptions près.
C'est donc dire qu'en faisant la disposition des sièges à
l'Assemblée nationale, en ne donnant que deux sièges à
l'avant au parti d'Opposition qui représente 900,000 électeurs,
il était impensable que cette démocratie se joue. Et encore plus
que cela, il était impensable que nous acceptions que cette injustice
nous soit présentée.
C'est la raison pour laquelle nous disions que c'était
symptomatique. Celui qu'on s'apprête à élire, et que l'on
vient de proposer, n'a pas pu jouer ce rôle. L'intransigeance du
gouvernement a été implacable. Et la joute parlementaire
puisqu'il faut l'appeler ainsi, entre les ministres et les députes de
l'Opposition, c'est comme une équipe qui joue au hockey; on ne met pas
sur la glace les spectateurs, qui seront les députés
back-benchers, on met sur la glace les deux partis qui s'affrontent. C'est la
raison pour laquelle il devrait y avoir sur les sièges en avant les
députés de l'Opposition.
On a voulu placer les députés créditistes,
députés indépendants. Nous n'avons rien contre le fait que
ces députés doivent recevoir, pour jouer réellement leur
rôle eux aussi, un budget de recherche. Nous avons même
proposé, et ç'a paru dans les journaux, que les
députés créditistes devraient avoir une partie du budget
de recherche.
Mais si on leur confère deux sièges à l'avant,
alors qu'ils représentent les 2/8 ou le quart des députés
de l'Opposition, à ce moment il faudrait que pratiquement tous les
députés de l'Opposition soient sur les sièges en avant
pour équilibrer. Nous ne pouvons pas accepter la proposition du premier
ministre parce qu'il est impensable que durant les quatre prochaines
années ce ne soit pas le début d'un temps nouveau. Cela va
être la fin d'un temps nouveau
qui aurait pu être créé par un gouvernement qui est
surreprésenté et qui aurait pu montrer à la population
jusqu'à quel point il était imbu de cette démocratie pour
laquelle il a tellement parlé durant la campagne électorale.
M. Fabien Roy
M. ROY: M. le Président, si je me lève à mon tour
pour prendre part à ce débat...
M.HARDY: Historique.
M. ROY: ... je tiens à dire immédiatement au gouvernement
libéral que je ne me lève pas pour parler des méthodes
utilisées durant la dernière campagne électorale. Je ne me
lève pas non plus...
M. SAMSON: Parce que ce serait long.
M. ROY: ... pour parler des méthodes utilisées lors de la
confection des listes électorales et des tripotages qui ont
existé lors des comités de révision.
Je dis que je ne me lève pas pour parler de ces choses, nous
aurons l'occasion d'y revenir plus tard. Mais, aujourd'hui, l'Opposition, le
peu d'opposition qui résulte de toutes ces méthodes qui ont
été utilisées, a été obligée d'avoir
recours à des mesures extrêmes pour pouvoir se faire entendre dans
cette Assemblée, pour pouvoir réclamer du gouvernement des
droits. Nous n'aurions pas dû être obligés aujourd'hui
d'intervenir à ce moment de nos travaux parlementaires au début
d'une nouvelle session pour demander des choses qui nous appartenaient,
auxquelles nous avions droit, si le gouvernement n'avait pas utilisé sa
victoire pour se permettre une arrogance comme jamais nous n'en avons vue au
Québec.
Alors, nous n'avons pas l'intention, en ce qui nous concerne, de
mendier. Nous n'avons pas l'intention de ramper devant le gouvernement
libéral pour obtenir les droits et privilèges que nous avons
réclamés, pour le maintien des droits et privilèges qui
nous avaient été accordés, qui nous étaient
reconnus dans l'ancien Parlement, au cours des quatre dernières
sessions.
Et je tiens à dire au gouvernement, en passant, que nous ne
sommes pas à vendre. Que le gouvernement se le tienne pour dit! M. le
Président, nous avons dû nous aussi, comme l'Opposition
officielle, nous promener d'un bureau à l'autre, faire des appels
téléphoniques d'un bureau à l'autre et, aujourd'hui,
à l'ouverture d'une nouvelle session, nous ne sommes pas plus
avancés que nous ne l'étions il y a une couple de semaines. Et
même, M. le Président vous me direz que c'est
peut-être un détail insignifiant, mais, quand même, c'est
important on a profité aujourd'hui de l'ouverture de la Chambre,
de l'ouverture d'une nouvelle session pour déménager nos bureaux,
pour nous changer de bureaux et nous priver de téléphone et de
tous les services auxquels nous avions droit.
Et cela, le jour même où une nouvelle session débute
dans la province de Québec !
M. le Président, ces méthodes sont odieuses, ces
méthodes font preuve d'une arrogance d'un gouvernement et ça
laisse déjà prévoir quelle sorte d'administration nous
aurons au Québec. M. le Président, je dis ceci au gouvernement:
C'est vrai que vous êtes 102 et que vous serez 101 tout à l'heure,
c'est vrai, M. le Président, mais n'oubliez pas une chose: il y a six
millions de Québécois qui ne sont pas prêts à
continuer à se laisser maquignonner auprès du gouvernement
fédéral de la même façon que vous maquignonnez les
députés de l'Opposition.
Vous avez tenté avec nous ce que vous faites avec le gouvernement
fédéral depuis 1970. M. le Président, je tiens à
dire au gouvernement que, sur ce point, nous ne nous laisserons pas faire, nous
ne marchanderons pas. Et nous n'avons pas l'intention, non plus, de
quémander miette par miette. Nous l'avons dit, M. le Président,
et nous le répétons: C'est un tout, c'est un tout complet ou
c'est rien. Si on veut nous reculer en arrière, on nous reculera en
arrière, M. le Président, mais il y a une chose que vous ne
reculerez pas: les droits, les besoins, les devoirs que vous avez envers la
province de Québec.
La population du Québec s'est donné un gouvernement pour
avoir une administration, pour avoir les législations qu'elle
réclame. Et, M. le Président, nous avons un devoir à
remplir en cette Chambre, c'est de surveiller l'administration gouvernementale,
c'est de réclamer au nom de cette population que les législations
qui seront présentées devant cette Assemblée soient des
législations conformes aux désirs de la population, conformes aux
besoins de la population et conformes aussi aux possibilités immenses
que nous pouvons offrir à tous les Québécois. Et, M. le
Président, pour ce faire, l'Opposition a des devoirs, mais a
également des droits. Ces droits, M. le Président, je tiens
à le dire et je le répète encore une fois, nous ne les
marchanderons pas, nous ne maquignonnerons pas. Nous avons demandé ces
choses, c'est un tout complet...
M. CADIEUX: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. ROY: Non, M. le Président, vous aurez votre tour pour prendre
la parole. Vous aurez tellement...
M. CADIEUX: Non, mais à quelle place voulez-vous être
assis? Sur les genoux du président? Voulez-vous aller vous asseoir sur
les genoux du président? Vous avez l'air de deux
bébés.
M. ROY: ... peu souvent l'occasion de la prendre, la parole, vous la
prendrez tout à l'heure.
M. le Président, je dis ceci en terminant: Nous allons
évidemment faire en sorte, par le choix que nous aurons à faire
tout à l'heure, de
ne pas affaiblir l'Opposition; nous allons plutôt tenter
d'affaiblir le gouvernement. Je pense que c'est important, M. le
Président, que l'Opposition garde toutes ses forces à l'heure
actuelle parce que nous en aurons besoin. Et que le gouvernement se le tienne
pour dit: Nous ne sommes pas à vendre, nous ne marchanderons pas. Les
droits dont nous avons besoin, nous allons y tenir et c'est un tout complet, M.
le Président.
UNE VOIX: Je voudrais vous demander quelque chose.
M. ROY: Non.
M. BURNS: M. le Président...
LE SECRETAIRE: La réplique du premier ministre mettra fin
à une motion.
M. BURNS: Ah! parce que, M. le Président, avant le droit de
réplique... Moi aussi, d'ailleurs, j'en ai un; je pense que vous allez
le reconnaître.
LE SECRETAIRE: Oui, sur votre...
M. BURNS: Je n'ai pas parlé encore sur la motion. Alors, je pense
que je devrais...
LE SECRETAIRE: Bien oui.
M. BURNS: Non, je n'ai pas parlé sur la motion.
LE SECRETAIRE: Oui, oui. Vous avez fait la motion.
M. BURNS: J'ai parlé sur la question de règlement
seulement, M. le Président.
LE SECRETAIRE: Oui, oui, oui.
M. LEVESQUE: Vous avez parlé en faisant la motion; vous avez
parlé! Voyons donc !
M. BURNS: M. le Président, je veux que vous établissiez
tout de suite et je vous demande... Je vous réfère aux
transcriptions; je n'ai pas parlé, je n'ai fait que la motion et je suis
intervenu, M. le Président, uniquement sur des questions de
règlement.
UNE VOIX: II a le droit de réplique.
M. CHARRON: Est-ce que vous statuez d'abord sur la question du
député de Maisonneuve?
LE SECRETAIRE: Non, d'accord.
M. Claude Charron
M. CHARRON: C'est clair? Alors, M. le Président, j'aborde
à mon tour l'appui à la motion du député de
Maisonneuve qui est prêt, comme leader parlementaire de l'Opposition
officielle, à sacrifier un de ses collègues.
Vous avez entendu aussi, tout à l'heure, que ce serait une perte
de poids. Il est prêt à sacrifier aussi les talents du
député de Saguenay qui ont été reconnus encore une
fois par la population du comté de Saguenay, pour un objectif qui nous
parait encore plus important à atteindre.
Je crois que le désistement du député des
Iles-de-la-Madeleine affectera tous les démocrates de la Chambre, et
chacun à son tour devra déplorer de perdre un homme si
intelligent, si ouvert d'esprit, qui a toujours contribué d'une
façon étonnamment positive, quand le règlement lui
permettait de le faire, aux travaux de la Chambre, jamais aucune interruption
pendant qu'un député parlait, toujours un modèle de
respect du règlement de la Chambre. Je crois vraiment, M. le
Président, et je le dis à l'intention des néophytes
libéraux, ceux de la dernière vague, je veux simplement leur dire
que vous ne savez pas ce que vous manquez en perdant, comme président de
cette Chambre, un homme de ce calibre.
Je sais bien que le député des Iles-de-la-Madeleine a
raison de décliner cet honneur, M. le Président. D'abord, parce
qu'il faut qu'il s'occupe sérieusement de son comté, M. le
Président. Le Parti québécois a progressé de 26
p.c. aux Iles-de-la-Madeleine, et le député s'est senti
sérieusement menacé, mais aussi, je passe là-dessus...
M. LEVESQUE: Vous avez rendu une décision.
M. CHARRON: Je passe là-dessus.
M. LACROIX: Vosu parlez de choses que vous ignorez, comme toujours. Vous
êtes un ignorant.
M. CHARRON: Surtout ne rompez pas votre bonne habitude, demeurez calme.
Je comprends donc ses raisons profondes. On sait le genre de campagne
électorale qu'il mène habituellement, mais je crois aussi, bien
honnêtement, M. le Président, que la plupart des interventions du
député des Iles-de-la-Madeleine sont un apport
considérable à nos débats et nous ne pouvons pas le
perdre.
M. BIENVENUE: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. CHARRON: Donc, M. le Président, je sais pourquoi,...
M. BIENVENUE: Si mon collègue veut s'asseoir.
M. CHARRON: Faites-le, l'émigré, faites-le. M. BIENVENUE:
La pertinence du débat.
M. le Président, vous avez le droit proprio motu de rappeler
à l'ordre le député.
M. CHARRON: II est évident que le député de
Saguenay, M. le Président, mais à regret, comme d'autres
députés qui se sont malheureusement désistés,
aurait pu faire une meilleure tâche. Au fond, ceux qui se
désistent et j'invite mon collègue de Saguenay à ne
jamais le faire ceux qui se désistent, sacrifient eux aussi
à de plus hauts intérêts, et vous avez raison de dire que
nous ne pouvons forcer un homme à accomplir des tâches pour
lesquelles sont intelligence ne l'a pas préparé. C'est bien
évident.
Mais, M. le Président, expliquons-nous ensemble, cet
après-midi, pourquoi le député des Iles-de-la-Madeleine
devrait accepter puisqu'au fond il a eu raison de se désister. C'est
pourquoi j'appuie le député de Saguenay. J'appuie le
député de Saguenay, parce que le député des
Iles-de-la-Madeleine est, depuis le 29 octobre, le président de la
Chambre, M. le Président, et sans être obligé d'aller
s'asseoir là et de rater les interventions de qualité qu'il nous
fournit sur chacun des débats nous sommes tous des
vétérans qui avons apprécié son ouverture d'esprit
sans être obligé d'aller s'asseoir sur ce trône, tout
à l'heure, où trônera pendant quelques minutes le vestige
de la monarchie, sans être obligé de faire ça, M. le
Président, il occupe ces fonctions. C'est pourquoi en même temps
je me prononce contre la motion présentée par le
député de Mercier, premier ministre du Québec, parce que,
du député de Laval et du député des
Iles-de-la-Madeleine, c'est le second qui est, depuis le 29 octobre, le
véritable président de cette Assemblée nationale.
J'appuie le député de Saguenay parce que je sais que le
député de Saguenay, lui, n'aurait jamais hésité
à reconnaître aux représentants de 36 p.c. des francophones
du Québec, à 30 p.c. de la population totale du Québec, le
minimum de décence dans les établissements parlementaires auquel
ils ont droit. J'appuie le député de Saguenay parce que je sais
qu'il n'aurait jamais cédé devant le député des
Iles-de-la-Madeleine et toutes les enfarges qu'on pouvait mettre à
remplir le rôle déjà lourd qui est sur nos épaules
depuis le 29 octobre dernier, à la suite d'un système
électoral que nous n'avons pas à juger dans ce débat. Mais
j'appuie le député de Saguenay parce que je sais que devant un
homme comme lui, le député des Iles-de-la-Madeleine aurait
frappé un mur, et c'est ça qu'il faut maintenant réprimer
à jamais.
Il a raison de se désister. H est le président de la
Chambre depuis le 29.
Même la correspondance que nous recevions du député
de Laval avait sa copie conforme envoyée au whip du Parti
libéral. Aucune relation privée entre le président neutre
de cette Assemblée et le chef de l'Opposition officielle n'a
été respectée. Le whip et de là chacun des whipets
pouvaient avoir une copie de l'échan- ge que le chef de l'Opposition
officielle peut avoir. En sommes-nous là? Pourquoi accepterait-il? ' II
a bien raison de refuser. Il est le président depuis ce
temps-là?
M. LACROIX: Est-ce que mon pote veut un peu de pot?
M. CHARRON: J'appuie le député de Saguenay, M. le
Président, parce qu'aussi...
M. COURNOYER: Une question?
M. CHARRON: Non. ... j'ai confiance que si nous n'appuyons pas ce
député et que nous devions nous rabattre, en dernier ressort, sur
le whip, le député des Iles-de-la-Madeleine, nous priverions en
même temps le gouvernement de ce que je crois être son chef
adjoint. Il a pris des positions que même le premier ministre n'a pas eu
le courage et la ténacité de réprimer qu'on attend d'un
homme appuyé aussi fortement de ceux qui nous entourent. Il a tenu un
langage que même le premier ministre n'a pas cru bon de dénoncer,
M. le Président.
Il a raison de se désister et j'appuie le député de
Saguenay parce que je sais que le député de Saguenay, lui, sera
étanche à ce genre de partisanerie. Je ne veux pas priver le
gouvernement d'un homme aussi important dans ses rouages que l'est cet affable,
sympathique, ouvert d'esprit député des Iles-de-la-Madeleine. Son
intelligence est reconnue de tous, son ouverture d'esprit est inversement
proportionnelle au nombre de ses interventions régulières en
Chambre.
M. LACROIX: Une chose qu'il a et que vous n'avez pas, il est
honnête, par exemple.
M. CHARRON: Au fond, M. le Président, je comprends très
bien le choix du gouvernement d'appuyer, à nouveau, le
député de Laval. Pourquoi? Je me prononce sur le fond de la
motion. D'abord, parce que le député de Laval n'a pas, comme le
député des Iles-de-la-Madeleine, à s'occuper de son
comté; il y a des Anglais à n'en savoir que faire dans Laval et
il a tout le loisir qu'il veut pour s'occuper de sa fonction ici.
M. CADIEUX: Les bons hommes, ce sont des Québécois.
M. CHARRON: II y a autre chose, M. le Président. Je sais aussi
que le député de Laval, avec qui, pendant trois ans, nous avons
tenu des relations cordiales, est très respectueux de l'Opposition
officielle.
M. LACROIX: ... le célibat, cette race d'innocents ne se
renouvellera pas.
M. CHARRON: Je me sers dé mon expérience de parlementaire
pour vous en parler, M. le
Président. En effet, pendant trois ans et demi j'ai, de cette
place qu'occupe désormais le député de Verchères,
suivi attentivement, vous le savez, tous les travaux de la Chambre. Si j'ai vu
un homme protéger l'Opposition officielle dans ses droits, ç'a
bien été le député de Laval. Avez-vous entendu
dire, M. le Président, que la défunte Union Nationale avait un
groupe de ses députés au deuxième étage et un
groupe au troisième? Jamais et ils étaient quinze
le député de Laval n'aurait accepté cela; il est
respectueux de l'Opposition officielle.
Avez-vous entendu dire, M. le Président, qu'on avait
retiré à l'Union Nationale une salle officielle pour recevoir les
gens qui venaient la rencontrer et qu'on l'avait envoyée dans un
coqueron de fond de réfectoire? Avez-vous entendu dire cela? Jamais. Le
député de Laval s'est opposé à ce qu'on traite
ainsi l'Opposition officielle. Avez-vous entendu dire, M. le Président,
que pendant les trois premières années où il a
occupé le fauteuil à l'Assemblée nationale le
député de Laval avait refusé les sièges auxquels
avait droit la défunte Union Nationale? Jamais.
Avez-vous vu le député de Laval retenir un droit de
parole, par exemple irrégulier ou pas, il était
très large d'esprit avec l'Opposition officielle, je sais qu'il la
respecte beaucoup à l'ex-député de Chicoutimi dont
mon collègue, ici, nous a enfin débarassés de cette
Chambre? L'avez-vous entendu? Jamais, il a toujours protégé
l'Opposition officielle. Je m'attends donc à la même chose,
d'autant plus que nous sommes dans une certaine situation. Mais ça n'a
pas été le cas, M. le Président. Le chef de l'Opposition
officielle a informé les backbenchers de cette Chambre et ils
sont nombreux du sort que nous avons connu depuis le 29 octobre. Ce
n'est plus le même président de l'Assemblée nationale que
j'avais connu. Il faut dire que ce n'est plus, non plus, la même
Opposition officielle qu'en 1970. Est-ce là la différence de
comportement chez le député de Laval d'avant le 29 octobre et
d'après? Si c'est cela, alors, c'est très malheureux pour le
système parlementaire et pour la démocratie
québécoise.
J'aime mieux voir choisi le député de Saguenay, quitte
à sacrifier un de nos hommes et à nous donner plus de travail, et
savoir qu'il va protéger ce système-là que de le voir
changer selon les allégeances partisanes de ceux qui se
présentent devant lui.
Je voudrais bien que le chef de l'Opposition officielle
représentant autant de Québécois, que ce groupe que nous
sommes, aussi démunis que nous sommes en nombre, soit au moins aussi
écouté par le président de l'Assemblée nationale et
ait autant les portes ouvertes que les a eues celui qui représente de
moins en moins de Québécois, mais qui se retrouve là et
qui est le véritable chef situé derrière celui qui a servi
de paravent à la dernière élection. Je veux savoir si, en
appuyant le député de Laval, je continue, pendant trois ans et
demi encore, à accepter le traitement dont nous avons été
victimes depuis dix jours. Si c'est le cas, je répète encore
à l'appui de la motion du député de Maisonneuve, que
j'appuie le député de Saguenay et que je suis prêt à
sacrifier cet homme et à entreprendre le travail à cinq ou
à six.
M. le Président, au fond, vous le sentez bien, il y a un
débat de fond à l'intérieur des motions que nous faisons.
Vous-même, M. le Président, auriez des doutes sur la
qualité des différentes nominations qui ont été
faites pour remplir ce rôle. Vous comprenez très mal comment un
parti d'opposition déjà maltraité par le système
électoral accepterait de se priver d'un de ses hommes. Vous avez donc,
vous aussi, comme, j'espère, ceux qui ont l'intelligence pour le
comprendre, la puce à l'oreille. Vous savez bien qu'au fond, c'est sous
le couvert des motions parlementaires que nous voulons traiter d'un
problème de fond. Que sera cette Assemblée nationale pour les
quatre prochaines années? Quel rôle reconnaîtrons-nous
à chacun d'entre nous? Quelle place normale et quel respect du
système, au fond, à travers lequel chacun d'entre nous avons
été élus? Je crois qu'aussi bien que n'importe qui les
libéraux qui nous entourent ici maintenant, malgré la
qualité réduite de certains, ont quand même la
possibilité de comprendre ce dont nous parlons actuellement. Il y a des
gens qui attendent sincèrement, et parmi ceux qui ont voté pour
vous aussi bien que pour nous, le comportement que vous offrirez. Car le hasard
électoral, votre travail, vos télégraphes, nous ont mis
dans une situation bien particulière au lendemain du 29 octobre. Il
n'est pas possible de revenir sur le résultat. Il faut maintenant
envisager le résultat suivant. C'est le comportement du chef du
gouvernement, d'abord, qu'il faudra suivre.
M. BOURASSA: On va vous répondre.
M. CHARRON: C'est à sa façon de contrôler ceux qui
tirent les ficelles avant même qu'ils ne prennent une décision que
nous jugerons ce gouvernement. S'il est vrai que 55 p.c. des
Québécois vous ont appuyés, c'est qu'ils avaient confiance
en vous. S'il est vrai qu'il y a 102 députés qui ont
grignoté, c'est qu'ils avaient confiance en vous. Mais à moins de
les mépriser, à moins qu'ils ne soient toujours que des porteurs
d'eau pour vous, comme vous le disiez sur les piastres que vous distribuiez,
à moins que vous n'ayez une plus haute considération pour ces
porteurs d'eau, vous savez bien qu'ils n'ont pas voté en aveugles et
qu'ils ne vous ont pas laissés là pendant quatre ans. La grosse
majorité que vous avez vous implique justement à être
encore plus surveillés. Ce sera notre rôle, à nous; ce sera
leur rôle, à eux qui sont dans les tribunes parlementaires; ce
sera le rôle de toute la population également. Mais au moindre
geste, à la moindre allure, au moindre grossissement
disproportionné que vous tenterez de donner à
votre force, vous vous mettez vous-mêmes, comme vous le rappelait
le chef de l'Opposition tout à l'heure, la corde au cou.
Il est important pour le système dans lequel nous travaillons,
dans lequel nous avons été élus, que le
député de Saguenay devienne le plus rapidement possible le
président de cette Chambre je suis convaincu, moi, que le
député de Saguenay offrira, M. le Président, en
qualité de travail... à moins que je n'aie l'assurance
immédiate par le député de Laval et par ceux qui le
porteront, tout à l'heure, avec leur écrasante majorité
sur ce fauteuil qu'il a déjà occupé pendant trois ans et
demi, qu'il sera à notre égard à notre égard
aussi respectueux, aussi pointilleux, aussi défenseur qu'il ne
l'a été pour maintenir l'artificielle Union Nationale pendant
trois ans et demi jusqu'à ce que la population la claire de la place
d'elle-même. J'espère le même comportement du même
homme, autant de qualités, autant d'ouverture d'esprit qu'effectivement
il en a démontré pendant trois ans et demi. Mais je crois
sincèrement c'est pourquoi j'appuie plutôt le
député de Saguenay que, depuis dix jours, le
député de Laval, qui s'apprête à occuper des
fonctions archi-importantes dans le Québec, surtout dans le contexte
grotesque dans lequel nous travaillons cet après-midi, des fonctions
où il retrouvera la même sérénité, où
on retrouvera la même ouverture d'esprit.
Je connais d'avance le sort des motions que nous avons faites, bien
sûr. Ce n'est qu'un prétexte, au fond, ces motions, pour rappeler
à ceux qui sont entrés triomphalement, portés par une
vague de fond qui les accompagne peut-être jusque dans les galeries,
peut-être... C'est votre droit, profitez-en, cela va être beaucoup
moins drôle au fur et à mesure que vous allez aller. Mais je
comprends très bien que ce vote, cette majorité tantôt
portera l'autre que celui que j'appuie dans ma motion au fauteuil, mais qu'il
tienne pour avis et avis sérieux que ce n'est pas notre nombre
réduit, que ce n'est surtout pas notre manque d'expérience
maintenant qui vont faire que nous endurerons des injustices comme celles que
nous ne devons plus subir.
Il y a un système électoral qui nous en a donné.
Vous avez refusé de le changer. On en subit encore les
conséquences. Ici, par exemple, cela se change, un président de
l'Assemblée. C'est exactement le débat que nous voulions obtenir
cet après-midi et que nous obtenons. Je regrette de faire attendre le
vice-roi dans le vestibule. Je regrette qu'il soit obligé de sortir de
sa petite boîte encore une fois pour nous livrer son message. Ce n'est
pas grave. On l'entendra tantôt, il repartira pour six mois et on ne le
reverra plus. Mais ce qui est important pour nous, c'est qu'un débat de
fond ait lieu dès la première journée à
l'Assemblée nationale et que les Québécois voient
immédiatement la détermination, la force et le cran que les six
membres du Parti québécois entendent mainte- nir à
l'Assemblée au cours des quatre prochaines années.
Merci, M. le Président.
M. Marc-André Bédard
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, un député
qui en est à sa première expérience, motivé par le
désir de servir les électeurs de son comté et de les
représenter efficacement, peut s'attendre à des conditions
décentes qui lui permettent de commencer à travailler et à
servir immédiatement. On s'en vient au supposé Parlement de la
nation en espérant voir un gouvernement disposé,
démocratiquement, à fournir au moins les conditions
matérielles nécessaires à l'Opposition pour jouer son
rôle pleinement.
Mes collègues ont énuméré les griefs
fondés de l'Opposition. J'ai eu à les vivre solidairement avec
eux. Je n'ai pas l'intention de les répéter. Dans une entrevue
avec la Presse, hier, l'honorable ministre des Affaires sociales parlait
d'humaniser les lois sociales. Je souscris à cet objectif. Devant
l'attitude d'intolérance et d'arrogance du gouvernement, je lui
demanderais seulement s'il serait possible de consacrer un peu de ses efforts
pour humaniser l'attitude du gouvernement envers l'Opposition officielle. Dans
une entrevue au journal Le Devoir, il y a quelques jours l'attitude du
gouvernement envers l'Opposition me permet de faire une constatation
l'ancien ministre libéral des Affaires sociales, M. Claude Castonguay,
indiquait son appréhension...
M. BOURASSA: Oh! Vous y avez goûté! Vous y avez
goûté !
M. BEDARD (Chicoutimi): ... du danger que s'installe un esprit
d'intolérance au niveau du gouvernement au pouvoir et de l'Opposition.
Avec le traitement que reçoit l'Opposition officielle depuis les
élections, il a déjà sa réponse concernant le
gouvernement au pouvoir. En effet, son attitude montre très clairement
que l'esprit d'intolérance s'y est installé confortablement.
Malgré cette attitude, le Parti québécois, l'Opposition
officielle, continuera à batailler selon sa tradition
démocratique pour le peuple québécois.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, c'est vraiment et je demande
à mes collègues de la Chambre de me croire quand je le dis
à regret que j'ai formulé la proposition qui, à n'en pas
douter, est un vote, dans le fond, contre l'ex-président de
l'Assemblée nationale, le député de Laval. C'est
véritablement, je dirais, avec énormément de regret que
j'ai été obligé de le faire.
M. le Président, mes collègues et je n'ai pas
l'intention de répéter tous et chacun de nos griefs ont
énuméré ces griefs. On a parlé, par exemple, des
bureaux; on a parlé de l'occupa-
tion des bureaux de l'Opposition, au deuxième étage, de
l'ex-Opposition officielle, qui était représentée par
l'Union Nationale et qui est maintenant représentée par le Parti
québécois; on a parlé de toute cette série de
tracasseries, y compris et à aller jusqu'à la façon dont
on a déterminé la position des sièges, en Chambre.
Cela peut paraître, aux yeux d'un tas de gens, des
enfantillages.
UNE VOIX: C'est vrai.
M. BURNS: Je m'attendais que le premier ministre, se sentant visé
par le mot "enfantillage", me dise automatiquement, comme il l'a fait: C'est
vrai. C'est tout à fait sa façon d'intervenir dans un
débat et je m'aperçois que la campagne électorale ne l'a
pas changé. Bon, tant mieux. On va savoir comment...
M. BOURASSA: ... un peu plus de monde!
M. BURNS: ... filer avec lui, on va savoir comment fonctionner avec
lui.
M. BOURASSA: II y a un peu plus de monde, à l'Assemblée
nationale, qu'il n'y en avait avant.
M. BURNS: Je reviens à ce que je disais tantôt. Cela peut
sembler être des enfantillages. Voulez-vous répéter que
c'est vrai? Est-ce que cela vous tente? Non?
M. BOURASSA: Je vais vous parler tantôt.
M. BURNS: Cependant, M. le Président, je tiens à vous dire
et à dire à tout le monde, ici, et à tout le monde aussi,
surtout, à l'extérieur, que ce ne sont pas des enfantillages; que
pour nous autres cela a un sens, ce geste que nous posons aujourd'hui, et qu'en
ce qui concerne la personne qui parle, ce geste a peut-être, dans le
fond, causé plus de tiraillements qu'à qui que ce soit d'autre,
en cette Chambre.
Je m'explique, M. le Président. Comme leader parlementaire du
Parti québécois, au cours des trois dernières
années et demie, qui, à l'époque, était le leader
parlementaire d'un simple parti reconnu et non pas de l'Opposition officielle,
j'ai eu non pas l'avantage, M. le Président, mais j'ai eu le
privilège de travailler main dans la main et de très près
avec le président de l'Assemblée nationale de l'ancienne
Législature, c'est-à-dire le député de Laval, M.
Jean-Noël Lavoie. Je dis que j'ai eu non seulement cet avantage mais ce
privilège parce qu'au contact du député de Laval, je me
suis aperçu, dans l'ancienne Législature, qu'il avait comme
principale préoccupation, à un moment où il fallait
véritablement mettre un peu d'ordre dans ce nouveau système
où il y avait quatre partis, en Chambre, dont trois dans l'Opposition,
qu'il avait comme véritable préoccupation, dis-je, de sauvegarder
les droits de l'Opposition, un peu comme mes collègues de Beauce-Sud et
de Rouyn-Noranda l'ont mentionné tantôt. Je pense qu'on l'a
remarqué, particulièrement le député de Beauce-Sud,
lui aussi, leader parlementaire de son parti dans le temps, qui a eu cet
avantage et ce privilège de travailler avec le président.
Ensemble, M. le Président, et dans une espèce
d'atmosphère que faisait naître la personnalité même
du député de Laval, nous avons eu la chance de refaire ce
règlement. C'est uniquement grâce à cette atmosphère
qu'il faisait régner lui-même qu'on a réussi à avoir
un règlement qui est quand même passable, avec lequel on peut
quand même travailler.
Tout à coup, M. le Président, arrive une situation
absolument drôle, dans l'esprit de bien des gens. Tout à coup, le
29 octobre, 102 députés libéraux sont portés au
pouvoir et six députés du Parti québécois forment
la seule Opposition officielle et, n'en déplaise à mes amis de
droite pour une fois, ils sont bien placés le seul parti
reconnu à l'Assemblée nationale. Peu importe, je ne veux pas
entrer dans le détail de ce problème auquel je fais
référence.
Qu'est-ce qui arrive? Arrive un changement total dans l'attitude du
président. Et, je le dis tout de suite, ce n'est pas le président
que je blâme dans cela. Ce n'est pas le député de Laval que
je blâme dans cela.
Je blâme le premier ministre, le député de Mercier,
qui est censé être le chef de ce parti, d'avoir laissé agir
ainsi un député, qui détient, je l'avoue, une fonction
importante, c'est-à-dire qu'il est le whip, celui qui mène, sur
le plan matériel, sur le plan du déplacement et sur le plan de la
discipline, la députation. D'accord!
Mais ce n'est quand même pas le chef du parti en face duquel on se
trouve actuellement. Je blâme le premier ministre et c'est uniquement
et je prie le député de Laval de bien comprendre les
paroles que je vais dire et c'est uniquement pour cette raison que la
Parti québécois va voter contre la motion du député
de Mercier.
C'est uniquement parce qu'on veut dire une fois pour toutes au premier
ministre et on espère que ce geste qu'on pose aujourd'hui on
n'aura plus besoin de le poser à l'avenir de débarrasser
le futur président de l'Assemblée qui, je n'en doute pas,
va être le député de Laval du député
des Iles-de-la-Madeleine. C'est ça qu'on vous demande de faire.
Personnellement, j'espère que notre message sera compris à
l'extérieur de l'Assemblée nationale, à l'intérieur
surtout de l'Assemblée nationale, parce que ce sera drôlement
important dans les années qui vont venir d'avoir une Opposition qui non
seulement soit là, mais qu'elle ait un président de
l'Assemblée nationale, dont nous, de l'Opposition que ce soit les
membres du Parti créditiste ou les membres du Parti
québécois ne douterons pas de la liberté
d'agir.
Personnellement, je n'ai pas l'intention de vous raconter toutes les
négociations auxquelles j'ai participé depuis le 29 octobre avec
le président, et dans une atmosphère, encore une fois,
très agréable. Mais j'ai été étonné
je ne peux pas m'empêcher de le dire publiquement que dans
des conversations, dans des discussions avec le Parti québécois,
le parti de l'Opposition officielle, on sente constamment l'obligation de faire
rapport, de la part du cabinet du président de l'Assemblée
nationale, au whip en chef du Parti libéral.
J'ai été étonné, par exemple, que dans des
échanges de correspondance avec le Parti québécois
concernant les droits du Parti québécois, la pression soit
devenue tellement forte sur le député de Laval qu'il a
été obligé d'envoyer une copie de la correspondance
adressée au Parti québécois au député des
Iles-de-la-Madeleine.
Cela, c'est un avertissement, M. le Président, qu'on vous donne
aujourd'hui. D'une part, c'est un avertissement. C'est, d'autre part, aussi une
espèce de voeu, d'acte de foi qu'on fait dans cette espèce de
situation un peu spéciale dans laquelle on va se trouver durant' les
quatre prochaines années, un acte de foi dans une personne. Et si ce
n'était que ça qu'on avait gagné même si on
n'a pas les bureaux adéquats, les sièges qu'on voudrait avoir,
même si on a subi des frustrations rendre les mains libres au
président de l'Assemblée nationale, à ce moment, je dirai
qu'on n'a pas eu tort de poser le geste qu'on a posé aujourd'hui.
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai écouté dans un
esprit très démocratique les députés de
l'Opposition. Ils se sont référés, dans la plupart de
leurs exposés, aux discussions entre la présidence de
l'Assemblée et les responsables de leurs partis pour l'allocation des
bureaux et d'autres services. J'ai écouté tous les
députés de l'Opposition, même ceux qui parlaient de la
deuxième banquette ou de la troisième. On les entendait
très bien, même s'ils n'étaient pas sur la première
banquette.
M. le Président, je voudrais d'abord clarifier pour ce qui a
trait au Parti créditiste. Le Parti créditiste doit se rendre
compte que la loi est très claire et que le gouvernement, comme les
partis d'Opposition, se doit de respecter la loi tant qu'elle n'est pas
amendée. A l'intérieur du cadre de la loi, le gouvernement ne
peut reconnaître le Parti créditiste. Si l'Assemblée
nationale décidait de le reconnaître, elle devrait quand
même, avant de poser ce geste, examiner toutes les implications de cette
reconnaissance. A première vue, nos conseillers juridiques nous ont
signalé qu'avec seulement deux députés la reconnaissance
officielle du Parti créditiste pourrait facilement paralyser le travail
de l'Assemblée nationale.
Or, il est normal de la part d'un gouvernement responsable d'examiner
les implications de cette reconnaissance, avec seulement deux
députés, et à l'intérieur du cadre de la loi de
faire preuve du maximum de flexibilité comme nous en avons fait preuve,
je pense, depuis quelques jours.
J'entendais le député de Lafontaine signaler qu'il n'avait
pas d'opposition à ce qu'un budget de recherche soit remis au Parti
créditiste, c'est plus ou moins en contradiction avec la demande du
Parti québécois d'avoir les trois budgets de recherche des trois
partis d'Opposition à la dernière Assemblée nationale.
C'est une contradiction!
Pour ce qui a trait au Parti québécois, M. le
Président, ils ont les locaux de l'Opposition officielle. On a
comparé avec l'Union Nationale, je ne suis pas au courant, et on le
comprendra très bien, de tous les détails des
négociations. Ils ont les locaux de l'Union Nationale; c'est vrai que
certains membres de leur personnel doivent être au troisième
étage. Je m'excuse d'avoir à citer ces faits concrets, c'est
quand même eux qui ont amené le débat sur cette question.
Mais il faut quand même ne pas oublier que l'Union Nationale avait
élu 17 députés, contre six. C'est quand même une
différence avec la situation actuelle.
Malgré cela, selon les informations qui m'ont été
soumises, le Parti québécois a 22 bureaux pour six
députés. Et le Parti créditiste, même s'il n'est pas
reconnu, a neuf bureaux pour deux députés. Egalement, M. le
Président, je peux souligner que même ce matin un grand nombre de
députés libéraux n'avaient pas encore pu trouver de local,
même ce matin. Alors je pense que là-dessus vous ne pouvez pas
vous plaindre du traitement qui vous a été accordé.
Il y a un budget de recherche, c'est connu, qui a été
accordé au Parti québécois; il y a toutes sortes d'autres
services également qui ont été offerts, à ce qu'on
m'a dit, et acceptés; notamment une limousine pour le chef de
l'Opposition. C'est un fait, M. le Président, je ne le reproche pas au
chef de l'Opposition, il y a droit. On me dit que ce matin il s'est rendu pour
la réclamer, il a absolument le droit de la réclamer. Et je ne
pense pas qu'on doive lui reprocher d'exercer les droits du chef de
l'Opposition officielle.
Mais tout ceci pour démontrer à des gens qui jouent aux
martyrs qu'ils cherchent tout simplement, par tous les moyens possibles,
à chaque ouverture de session, à créer des incidents,
comme ils l'ont fait encore aujourd'hui...
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. BOURASSA: ... comme ils l'ont fait l'an dernier.
M. BURNS: J'invoque le règlement. Non, non, je lui demande.
UNE VOIX: Cela fait mal!
M.BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président, et
j'invoque plus particulièrement, si on peut cesser d'aboyer autour de
moi, la règle de la pertinence du débat. On est en train de
décider qui va être le président de l'Assemblée
nationale.
M. LEVESQUE: Vous parliez de tout ça. C'est une
réplique.
M. BURNS: II y a du monde qui va trouver que ça fait plus mal que
ça tantôt, monsieur.
M. LEVESQUE: Cela fait mal.
M. BURNS: J'avertis M. le président qu'au-delà de mon
immunité parlementaire il y a des choses qui vont se passer avant
longtemps derrière moi ici.
M. BOURASSA: Cela fait donc mal, M. le Président! M. le
Président, cette attitude, comme je l'ai dit tantôt, disgracieuse
du Parti québécois s'ajoute aux propos qu'a dits le
député de Saint-Jacques tantôt lorsqu'il s'est
référé aux anglophones du comté de Laval. Cela
s'ajoute également à l'attitude qu'a prise le Parti
québécois sur la radiation...
M. CHARRON: II y a des greffes dans le comté de Mercier.
M. BOURASSA: ... de citoyens québécois depuis plus de cent
ans sur des listes électorales, durant la campagne électorale.
C'est ça qui a causé la perte...
Si votre chef, actuellement, traverse des crises de conscience, il doit
se présenter à l'Assemblée nationale. C'est là l'un
des facteurs principaux de sa défaite dans le comté de Dorion.
C'est le racisme dont ses collaborateurs ont fait preuve.
M. le Président, il est quand même un peu ridicule de se
plaindre du rôle de l'Opposition au Québec. Il y a quand
même une liberté politique complète pour les partis de
l'Opposition. On en a la preuve cet après-midi: liberté
financière, liberté même de choisir des candidats parmi les
hauts fonctionnaires du gouvernement qui peuvent réintégrer leur
poste. Il n'y a pas un endroit dans le monde où il y a autant de
liberté d'expression qu'au Québec.
M. le Président, j'entendais le député de
Maisonneuve, il y a quelques semaines, comparer le Québec au Chili, dans
une assemblée dans l'Est de Montréal. Il sait fort bien que s'il
était au Chili, il serait probablement au parc Jarry actuellement, au
stade, en instance d'être fusillé ou d'être jugé
sommairement.
Nous avons cet après-midi l'exemple le plus frappant
d'infantilisme qu'a jamais fait un parti politique au Québec, et c'est
le Parti québécois qui l'a fait. La population va juger.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, je veux vous dire tout de suite que je
ne m'embarquerai pas dans le style de réplique que le
député de...
M. TETLEY: ... aucun droit.
M. BURNS: ... Mercier m'a invité à faire. Je ne le ferai
pas.
UNE VOIX: Parlez-nous du Chili.
M. BURNS: Je vous parlerais bien du Chili, M. le Président, mais
vous me rappelleriez à l'ordre, parce que vous demanderiez où est
la pertinence du débat, et c'est une chose qu'on aurait pu dire aussi au
premier ministre. Quand il voudra parler du Chili, je suis bien prêt
à lui en parler, n'importe quand. Je veux tout simplement dire, M. le
Président, que la réplique du premier ministre est justement
typique de cette mesquinerie dont nous avons été l'objet depuis
le 29 octobre. Ce n'est que ça que j'ai à dire, M. le
Président. Quand le premier ministre, à grand renfort de "tapeux
de tablettes", nous dit: Une limousine, ils ont une limousine, imaginez-vous
donc! Puis là, ç'a dû taper, puis ils ont dit: Ah! ils ont
une limousine!
UNE VOIX: Vous en avez le droit.
M. BURNS: Vous avez oublié de dire que c'était une voiture
tout à fait ordinaire. Je n'ai même pas le goût d'entrer
là-dedans tellement je trouve ça stupide et mesquin.
M. BOURASSA: Vous êtes bien placé pour en parler.
M. BURNS: Cela vous donne à peu près, M. le
Président, une voiture. Pour ceux qui ne le savent pas, c'est une
"Marquis" 1973. Une limousine, ça! Hein? Et si vous voulez nous donner
une Renault, on va être bien d'accord, M. le Président.
Ce problème, qu'il soit réglé, c'est la voiture que
M. Loubier avait avant. Bon, ce n'est que ça. Alors, les oh! puis les
ah! bien envoyez, faites-en encore. Je vous dis tout simplement que c'est
justement, et je le répète, cette attitude mesquine
caractérisée par le député de Mercier, son absence
d'intervention, les pressions et ça, je le dis sans que le
député de Laval me l'ait dit que je suis sûr que le
député de Laval a subies a subies, je pèse bien mes
mots depuis le 29 octobre qui nous ont amenés à cette
situation. C'est justement dans cette absence d'intervention là
où vraiment il aurait dû intervenir que je retrouve cette
même mesquinerie du premier ministre, la même mesquinerie qu'il
nous reproche: 22 bureaux pour six députés puis une limousine
pour le chef de l'Opposition. C'est tout ce que je veux dire, parce que pour le
reste, je vous avoue que je...
LE SECRETAIRE: A l'ordre! Le débat est clos.
M. BURNS: Je demande le vote, M. le Président.
LE SECRETAIRE: Oui. Je mets aux voix la première motion du
premier ministre proposant M. Jean-Noël Lavoie, député du
district électoral de Laval, au poste de président de
l'Assemblée nationale.
UNE VOIX: Qu'on appelle les députés!
LE SECRETAIRE: Qu'on appelle les députés!
Vote sur l'élection du président
LE SECRETAIRE: A l'ordre! Que ceux qui sont en faveur de la motion du
premier ministre veuillent bien se lever, s'il vous plait.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Choquette,
Garneau, Cloutier, Phaneuf, Lalonde, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom, Simard,
Quenneville, Mlle Bacon, MM. Hardy, Tetley, Drummond, Lacroix, Bienvenue,
Forget, Toupin, L'Allier, Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Cadieux,
Arsenault, Houde (Fabre), Houde (Abitibi-Est), Desjardins, Giasson, Perreault,
Brown, Fortier, Kennedy, Bacon, Blank, Lamontagne, Bédard (Montmorency),
Veilleux, Saint-Hilaire, Brisson, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance,
Pilote, Ostiguy, Fraser, Picard, Gratton, Carpentier, Dionne, Faucher,
Marchand, Harvey (Charlesbourg), Pelletier, Shanks, Springate, Pépin,
Beauregard, Bellemare, Bérard, Bonnier, Boudreault, Boutin (Johnson),
Boutin (Abitibi-Ouest), Chagnon, Caron, Ciaccia, Côté, Denis,
Déorn, Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe,
Lecours, Malépart, Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Parent
(Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallières,
Verreault, Samson, Roy.
LE SECRETAIRE: Que ceux qui sont contre la motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard,
Bédard (Chicoutimi).
M. LAVOIE: S'il vous plaît, pourriez-vous inscrire mon
abstention?
LE SECRETAIRE: J'ai l'honneur de déclarer et de proclamer que M.
Jean-Noël Lavoie, député du district électoral de
Laval, est élu président de l'Assemblée nationale du
Québec.
Pour: 90
Contre: 6
Abstention: 1
M. Jean-Noël Lavoie
M. LAVOIE: Madame, messieurs, chers col- lègues, mes
premières paroles sont pour vous remercier du grand honneur que vous me
faites en me renouvelant la confiance que l'Assemblée m'avait
témoignée, le 9 juin 1970, alors qu'elle m'élisait pour la
première fois au poste de président.
Les Législatures se succèdent, mais ne se ressemblent pas.
Depuis 1960, le taux de renouvellement de l'Assemblée varie entre 35
p.c. et 50 p.c. à la suite de chaque élection
générale. Je voudrais souligner qu'il ne reste, aujourd'hui, en
cette Chambre, que trois survivants de l'élection de 1956 et huit
seulement d'une certaine équipe de 1960, et cela après treize
courtes années. Ce n'est sans doute pas ici que l'on trouve la
sécurité d'emploi.
Personnellement, je ressens un serrement de coeur de voir
disparaître, au lendemain d'une élection générale,
certains collègues ou plutôt certains amis; non seulement ces
députés avec qui nous partagions une même philosophie
politique, mais aussi les autres appelés communément des
adversaires politiques, avec qui nous avions appris à vivre et à
travailler tout en étant d'opinion carrément opposée.
Nous sommes les participants d'une très grande institution, le
Parlement, institution qui, un peu partout, est mise en question. Il faut
reconnaître qu'elle fut trop longtemps immuable et stationnaire.
Heureusement que nous assistons, depuis récemment, à un certain
mouvement de progrès, particulièrement ici, au Québec. En
effet, la dernière Législature a donné naissance à
des réformes: premièrement, la reconnaissance légale des
partis reconnus, en leur fournissant des ressources additionnelles et en
octroyant à leur chef, leader parlementaire et whip, un personnel de
soutien mieux rémunéré. Egalement l'attribution aux partis
reconnus et aux membres de l'Assemblée de conditions et d'outils de
travail plus élaborés. Il n'y a pas si longtemps, il y a à
peine sept ans, je me rappelle que deux et même quatre
députés partageaient le même bureau. Egalement l'adoption
d'un nouveau règlement plus fonctionnel et accessible, confiant aux
commissions parlementaires un rôle prioritaire. Le Parlement du
Québec est un des rares, sinon le seul au monde, qui invite les
citoyens, leurs représentants et les corps intermédiaires
à participer à l'élaboration des lois.
Le Parlement doit conserver ce mouvement de progrès et de
nombreuses autres étapes devront être franchies. C'est pourquoi je
voudrais suggérer la mise en application de certaines mesures, entre
autres, l'attribution aux membres de l'Assemblée de moyens accrus de
documentation par un service de recherche mieux ou bien structuré
à la bibliothèque de la Législature; rendre aussi le
Parlement plus accessible à la population, en collaboration avec les
media d'information et les courriéristes parlementaires, entre
autres.
J'en saisirai les membres de cette Chambre par la diffusion
télévisée des séances de commissions
parlementaires. La mise en place égale-
ment d'un programme de vulgarisation des institutions parlementaires et
du rôle des députés, tant dans leur circonscription qu'ici
au Parlement, au moyen d'un film documentaire diffusé tant au public que
dans nos institutions d'enseignement. La valorisation du Parlement sera acquise
par la valorisation de ses participants. Cette dernière se
réalisera autant par la base, par les députés
eux-mêmes, que par le haut de la hiérarchie de chacun des partis
politiques.
Vous me pardonnerez peut-être cette longue digression. Je l'ai
faite pour souligner l'importance et le respect que j'attache aux institutions
parlementaires.
Quant au rôle proprement dit de président de notre
Assemblée, je chercherai constamment à y maintenir l'ordre et le
décorum dans le respect de notre règlement avec
objectivité et impartialité, sans perdre de vue toutefois que
notre Assemblée nationale est un forum populaire. Pour atteindre ce but,
je n'entends pas jouer constamment au policier à la recherche de
coupables. J'ai réalisé qu'un président se devait
d'être toujours peu loquace, souvent sourd et aveugle. Je l'ai
été parfois pendant près de quatre ans et je le serai sans
doute encore à l'occasion.
Plusieurs sont portés à croire j'avais pris ces
notes avant la séance de cet après-midi que cette
Législature en sera une facile devant une majorité
gouvernementale aussi imposante. Quant à moi, j'avais et j'ai encore
beaucoup d'appréhension. Notre système veut que le
président émane de la majorité tout en lui imposant
l'obligation de se porter le défenseur des groupes minoritaires.
Même si je sais fort bien que les membres de ces groupes minoritaires
sauront fort bien se défendre et faire valoir leurs droits, j'entends
que cette tradition soit scrupuleusement respectée.
En terminant, je voudrais remercier mon proposeur, l'honorable premier
ministre, tous mes collègues de la Chambre et, Madame, Messieurs,
j'essaierai d'être digne de votre confiance. Je désire vous servir
et vous représenter de mon mieux. En retour, permettez-moi de solliciter
votre collaboration et votre compréhension pour que nos travaux soient
des plus fructueux dans l'intérêt de tous les
Québécois.
L'Assemblée suspend ses travaux pour quelques minutes.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! L'honorable
lieutenant-gouverneur va faire son entrée. Veuillez vous lever, s'il
vous plaît.
Discours inaugural M. Hugues Lapointe
LE LIEUTENANT-GOUVERNEUR: Madame et messieurs de l'Assemblée
nationale, Madam and Gentlemen of the National Assembly,
Le Québec partage avec toutes les autres sociétés
modernes une même ambition, celle du développement.
Cet objectif constitue maintenant la raison première de la
politique des Etats. Le développement est devenu la condition
nécessaire du progrès des collectivités et de
l'amélioration de la qualité de vie des citoyens.
Cette loi inéluctable de notre époque comporte pour toutes
les nations, petites ou grandes, des exigences d'ouverture, de
flexibilité et d'imagination qui ont depuis longtemps
relégué au second plan la valeur accordée jadis aux
systèmes économiques établis et aux formes traditionnelles
d'organisation politique des Etats.
Vous êtes précisément réunis en cette
Assemblée pour assumer la responsabilité de développer le
Québec d'une façon dynamique et équilibrée. Rien
n'est plus important pour vous que d'approfondir votre connaissance du monde
dans lequel nous vivons pour pouvoir bâtir le Québec sur des bases
vraiment solides.
C'est en cherchant toujours à privilégier les voies du
développement que vous pourrez vous montrer dignes de la confiance que
le peuple du Québec a mise en vous et que vous témoignerez le
mieux de votre bonne compréhension des exigences de notre époque
et de la responsabilité que vous avez vis-à-vis du Québec
et ceux qui l'habitent.
Your constant effort to favour the way of development will be the surest
means to repay the confidence placed in you by the people of Québec and
to demonstrate your clear understanding of the demands of our time and of your
responsibilities to the Province of Quebec and its inhabitants.
Au début de cette première session de la trentième
Législature du Québec, j'offre mes plus sincères
félicitations à tous et chacun des membres de cette
Assemblée. La tâche qui vous attend n'est pas facile, elle
comporte en ces années cruciales pour l'avenir du Québec le
devoir impérieux de donner en toutes circonstances le meilleur de
vous-mêmes.
Le gouvernement entend assumer pleinement la responsabilité qui
lui revient, c'est-à-dire gouverner le Québec dans le respect des
engagements pris et avec la participation de tous les
Québécois.
Fondamentalement, l'action du gouvernement en sera une de
continuité et d'ouverture, continuité dans cette priorité
accordée à la croissance économique qui est absolument
essentielle à la sécurité et à la
prospérité des Québécois et au progrès
social et culturel de la collectivité.
Continuité, et en même temps une plus grande ouverture sur
des problèmes comme ceux de l'amélioration de la qualité
de vie du citoyen et de la sécurité culturelle des
Québécois francophones.
Le Québec est une terre d'Amérique avec qui il partage un
très grand nombre de valeurs qui
ont depuis longtemps façonné une solidarité qui
apporte au développement de notre société une contribution
particulière positive. Une solidarité encore plus grande nous lie
à l'ensemble fédéral canadien.
Le gouvernement entend continuer de chercher dans la
réalité de cette double solidarité du Québec avec
le continent nord-américain et le Canada un appui à ses
politiques de développement économique et social.
La croissance économique, l'amélioration de la
qualité de vie du citoyen et l'affirmation culturelle de la
collectivité constituent les besoins prioritaires de la
société québécoise.
Economic growth, improvement of the quality of life of the citizen and
cultural assertion of the people as a whole are the first requirements of
Quebec society.
Tout modèle de développement du Québec doit
être axé sur les réalités et les besoins de notre
société. C'est un tel modèle que le gouvernement entend
suivre et vous proposer de réaliser au cours de cette
Législature.
La croissance de la main-d'oeuvre et l'arrivée des jeunes sur le
marché du travail se poursuivront encore quelque temps à un
rythme accéléré et conditionneront la politique
économique du gouvernement. Ainsi, le gouvernement développera sa
politique de promotion des investissements publics et privés
précisément pour répondre à ce besoin
particulièrement pressant du Québec.
Dans notre monde moderne, c'est la prospérité qui donne la
mesure de la force réelle d'une collectivité en même temps
qu'elle détermine le degré de liberté et de
sécurité dont jouissent les citoyens qui y vivent. C'est de cette
même prospérité que dépend l'élargissement
véritable de la marge de manoeuvre dont dispose l'Etat pour
répondre aux besoins sociaux et culturels de la société.
Toute politique de développement pour être menée à
bien suppose des ressources financières suffisantes que seule la
prospérité peut garantir.
Les objectifs majeurs de la politique économique du gouvernement
qui seront soumis à votre attention au cours des prochaines
années seront les suivants: le renforcement de la structure
industrielle, l'accroissement de la rentabilité pour le Québec de
la mise en valeur de ses richesses naturelles, la modernisation de
l'économie agricole, la promotion de l'industrie touristique et
l'amélioration de l'infrastructure économique et des
systèmes de transport.
Dans le domaine du développement industriel, vous aurez
l'occasion d'adopter des mesures visant à accroître la
participation de l'épargne des Québécois au progrès
économique du Québec de façon à maintenir un juste
équilibre entre les investissements québécois et les
investissements étrangers. Le gouvernement entend également
mettre davantage à contribution l'ensemble des instruments collectifs et
publics de développement économique ainsi que des institutions
québécoises tel le mouvement coopéra- tif. Des programmes
nouveaux seront élaborés pour améliorer la qualité
de la formation économique des Québécois, la recherche
économique et industrielle et d'une façon générale,
l'ensemble des services techniques fournis à la petite et moyenne
entreprise ainsi qu'aux commerçants et artisans.
Le Québec est un territoire privilégié tant par
l'abondance que par la diversité de ses ressources. Cette
Législature sera appelée à prendre des mesures
extrêmement importantes, afin de réévaluer et de moderniser
les politiques de mise en valeur des richesses naturelles. Vous aurez
l'occasion d'adopter une nouvelle politique forestière afin d'obtenir
une utilisation maximale des ressources de la forêt pour le plus grand
avantage des Québécois. Vous aurez à étudier le
problème de la transformation en produits finis du minerai extrait sur
le territoire québécois et celui de la participation des
Québécois au sein des entreprises multinationales engagées
dans la mise en valeur de nos ressources naturelles.
Le gouvernement entend également répondre aux besoins
pressants de l'agriculture québécoise afin de l'adapter aux
conditions de notre monde moderne et de permettre aux agriculteurs de disposer
d'un revenu suffisant. Le gouvernement vous soumettra, à cette fin, un
programme complet et cohérant de développement de l'agriculture
comprenant, entre autres, un plan de zonage du territoire agricole, la
révision globale des politiques de crédit agricole, la
diversification des productions et le développement du secteur
agro-alimentaire. Une attention particulière sera accordée au
problème de la sécurité économique de l'agriculteur
et de sa famille et à la question de la formation de la main-d'oeuvre
agricole et de l'établissement des jeunes sur les fermes.
Le tourisme constitue la deuxième plus grande industrie du
Québec. Le gouvernement entend reconnaître d'une façon non
équivoque la richesse du potentiel touristique du Québec, en vous
proposant de nouvelles mesures de développement de cet important secteur
économique.
Le problème de la diffusion de la prospérité sur
l'ensemble du territoire constitue l'une des grandes responsabilités des
Etats modernes. Des négociations sont actuellement menées avec le
gouvernement fédéral afin d'accroître l'efficacité
de nos politiques de développement régional et, au terme de ces
rencontres, cette Assemblée sera appelée à étudier
les nouveaux programmes qui seront élaborés, avec la
participation de tous les intéressés, en vue de réduire
les disparités régionales sur le territoire
québécois.
Un modèle de développement axé sur la croissance
économique favorise nécessairement l'amélioration de la
qualité de vie du citoyen. La prospérité ne peut toutefois
pas répondre à elle seule à l'ensemble des besoins des
individus, non plus qu'à la nécessité qu'il y a de
maintenir
un juste équilibre dans le développement de la
collectivité.
Sur le plan de la qualité de la vie démocratique, cette
Législature sera appelée à continuer la réforme de
l'ensemble de notre système électoral, à reconnaître
aux partis politiques un statut véritable dans la société
et à leur fournir les ressources nécessaires pour les aider
à assumer la responsabilité d'assurer la permanence de la
participation du citoyen à la vie démocratique.
Le gouvernement soumettra à votre attention une charte
québécoise des droits de l'homme, qui assurera la protection des
libertés fondamentales du citoyen. Vous serez également
appelés à adopter une réforme importante des tribunaux et
de la magistrature, à créer un tribunal de la famille et à
améliorer la qualité des services policiers.
Dans le monde moderne, ce sont surtout les droits économiques et
sociaux qui déterminent la qualité de vie du citoyen. Les
politiques de justice et de promotion sociale donnent désormais la
mesure du respect qu'une société porte à la liberté
et à la dignité humaine.
In the modern world, the quality of life of the citizen is mainly
determined by economic and social rights. Henceforth, the respect in which
freedom and human dignity are held by a society will be measured by its
policies for social justice and advancement.
Cette Législature aura l'occasion de poursuivre et de consolider
l'imposante réforme de la politique sociale du Québec entreprise
depuis quelques années. Vous serez appelés à poser des
gestes décisifs afin de doter le Québec d'une politique
cohérente et dynamique de sécurité du revenu pour
répondre aux besoins des citoyens et des familles
québécoises. Dans le domaine des services de santé et des
services sociaux, vous aurez à adopter des mesures pour accroître
la qualité, l'efficacité et l'accessibilité de tous les
Québécois à l'ensemble de ces services. De nouveaux
programmes sociaux viendront répondre à des besoins
spécifiques du milieu québécois, telles que les garderies
d'enfants. La protection offerte aux consommateurs sera accrue et
étendue à des domaines comme ceux des activités
financières et immobilières, de l'assurance-automobile et des
produits alimentaires. Les mécanismes et les règlements de
protection du consommateur seront réévalués dans la
perspective d'une plus grande efficacité.
Le système d'éducation du Québec est maintenant en
place depuis près d'une dizaine d'années. Vous aurez à
voir à ce que les structures que la société
québécoise s'est données en matière
d'éducation ne fassent pas perdre de vue l'objectif fondamental de la
réforme de l'éducation, c'est-à-dire la formation de
l'étudiant. Aussi, vous serez appelés à humaniser
davantage notre système d'éducation par une plus grande
décentralisation et l'instauration d'un type nouveau de relations entre
les étudiants, enseignants, administrateurs scolaires et parents.
La tenue, à Montréal, des Jeux olympiques de 1976 vous
amènera à porter une attention particulière au
développement des activités sportives et des services de loisirs
pour toutes les catégories de citoyens et dans toutes les régions
du Québec. Le gouvernement entend maintenir un sain équilibre
entre les objectifs de croissance et de protection de l'environnement.
The Government intends to maintain a healthy equilibrium between the
objectives of economic growth and protection of the environment.
Loin de se contredire, ces deux objectifs sont, en fait,
complémentaires puisqu'ils cherchent, l'un et l'autre, à
humaniser l'ensemble des conditions de vie des individus. La présente
Législature sera appelée à s'intéresser de
très près à ces problèmes de protection de
l'environnement physique et humain et qui prennent de plus en plus d'importance
dans notre société industrielle. Dans cette même
perspective, vous aurez à adopter des mesures importantes pour
résoudre les problèmes pressants des municipalités et
développer la politique d'habitation, de logement et d'urbanisme du
Québec.
Les programmes de formation professionnelle de la main-d'oeuvre seront
accrus et mieux intégrés aux autres éléments de la
politique sociale afin de faciliter l'adaptation des travailleurs
québécois aux conditions changeantes du marché du travail.
Vous serez également appelés à réévaluer
notre législation en matière de relations de travail autant dans
le secteur privé que dans le secteur public.
Le problème de la sécurité culturelle des
Québécois francophones est, depuis quelques années, au
coeur du débat politique.
L'avenir culturel des Québécois francophones commande que
le gouvernement apporte sans tarder les réponses pertinentes. La
présente Législature sera appelée à adopter des
mesures qui garantiront le respect des droits de la majorité
linguistique tout en assurant à la minorité un traitement juste
et équitable.
Le français se verra reconnaître un statut conforme
à l'importance de la population francophone du Québec, et cela
dans toutes et chacune des sphères d'activité de la
collectivité.
Dans la poursuite de son objectif de souveraineté culturelle, le
gouvernement intensifiera son action dans trois autres domaines vitaux de
l'avenir culturel des Québécois.
Premièrement, le développement des relations du
Québec avec les pays de la communauté francophone et
particulièrement le renforcement des échanges culturels et
techniques avec la France. Deuxièmement, l'accroissement substantiel des
programmes et des ressources financières consacrés à la
création artistique et à la diffusion de la culture.
Troisièmement, la reconnaissance, par le reste du Canada, de la
responsabilité particulière du Québec en ce qui concerne
la permanence et le développement de la langue et de la culture
françaises. Le Québec ne peut abandonner à d'autres cette
responsabilité et il doit obtenir les garanties constitu-
tionnelles nécessaires à cette fin. Dans les questions
culturelles, les centres de décision dont le Québec a besoin pour
sa sécurité culturelle doivent lui être
transférés, notamment dans le secteur des communications.
Flexible quant à la forme, la position du Québec sera ferme et
déterminée quant au fond, et le gouvernement compte sur la
collaboration de cette Assemblée pour mener à-terme sa politique
d'indépendance culturelle.
Le gouvernement s'est préoccupé, au cours des
dernières années, de tirer avantage des possibilités du
fédéralisme sur le plan du développement du Québec.
L'amélioration générale de la situation économique
et sociale témoigne de la capacité du fédéralisme
canadien de se faire un instrument privilégié de
développement pour le Québec.
Au cours de la présente Législature, le gouvernement, dans
ses relations avec le gouvernement fédéral, placera au premier
rang de ses préoccupations les questions suivantes: 1. le financement de
la fédération et l'instauration d'un meilleur équilibre
fiscal; 2. le respect par le gouvernement fédéral de la
juridiction des provinces et des situations et priorités propres
à chacune des régions du pays, et, singulièrement pour le
Québec, une reconnaissance réelle de sa personnalité
culturelle particulière; 3. l'amélioration des mécanismes
de concertation et de consultation entre les différents niveaux de
gouvernement surtout en matière économique et sociale, et 4. la
modernisation et la révision de la constitution canadienne.
Cette première session de la trentième Législature
vous permettra d'étudier un nombre restreint de projets de loi qui
revêtent, cependant, pour les Québécois, une importance
exceptionnelle.
This first session of the thirtieth Legislature will enable you to study
a limited number of bills, which are, however, of exceptional importance for
the population of Quebec.
Le Québec a réalisé, au cours des dernières
années, une réforme imposante de l'ensemble de sa politique
sociale. L'adoption des lois de l'assurance-hospitalisation et du régime
de rentes, la création du ministère des Affaires sociales, la
mise en place d'un régime d'assurance-maladie, et
d'assurance-médicaments, la Loi de l'aide sociale et la
réorganisation des services de santé et des services sociaux ont
été les éléments majeurs de cette réforme
sociale.
Le gouvernement vous proposera de réaliser, au cours de cette
première session, une étape majeure de la politique
québécoise de sécurité du revenu. Un nouveau
programme universel d'allocations familiales sera soumis à votre
attention, afin que les familles québécoises puissent profiter,
dès le 1er janvier 1974, des sommes d'argent considérables qui y
sont consacrées. Ce nouveau régime d'allocations familiales
comporte également des modifications importantes au programme d'aide
sociale et instaure un meilleur équilibre entre les prestations d'aide
sociale et le salaire minimum.
Par cette nouvelle politique, le gouvernement cherche à garantir
à chaque citoyen les ressources minimales pour satisfaire à ses
besoins essentiels, à compenser plus adéquatement les charges
familiales reliées à la présence des enfants et à
améliorer les perspectives de promotion des individus et des
familles.
Cette réforme impliquant un budget global de plus d'un milliard
de dollars par année donne suite à une entente intervenue avec le
gouvernement fédéral. C'est le gouvernement du Québec qui
déterminera lui-même la façon dont seront
dépensées les sommes consacrées au programme d'allocations
familiales et d'aide sociale et ce, en fonction des conditions propres et des
besoins particuliers des Québécois.
Un projet de loi vous sera également présenté en
vue d'établir le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics. Les conventions collectives de travail
1972-1975 et certains décrets tenant lieu de conventions collectives
prévoient qu'il y aura un tel régime de retraite.
Un protocole d'entente en date du 4 mai 1973 a été conclu
avec les représentants des employés établissant les
modalités du régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics.
Vous serez appelés à adopter une loi concernant le louage
de choses et la création d'une Chambre des loyers à la cour
Provinciale de façon à assurer un équilibre plus sain
entre les droits des locateurs et des locataires.
Cette première session de la présente Législature
vous permettra également d'adopter d'autres projets de loi qui, bien que
de portée plus limitée, doivent néanmoins être
étudiés maintenant: telles les lois modifiant certaines lois
fiscales, la Loi de l'expropriation, la Loi des tribunaux judiciaires, la Loi
du régime de rentes et la Loi de l'Hydro-Québec.
Le gouvernement souhaite que la commission permanente de
l'Assemblée nationale sur la réforme électorale reprenne
ses travaux afin d'en arriver le plus tôt possible à des
propositions concrètes et pratiques de modernisation de notre
système électoral, notamment en ce qui concerne la Loi
électorale proprement dite, les modalités du financement des
partis politiques, les questions liées au mode de scrutin, le statut des
officiers d'élections, la confection et la révision des listes
électorales permanentes, la contestation des élections et
l'ensemble des mécanismes de contrôle et de surveillance.
Le gouvernement poursuit les efforts entrepris dans le passé de
manière à appliquer les objectifs qu'il s'est fixés pour
sa politique énergétique que ce soit du point de vue de la
sécurité d'approvisionnement, des diverses formes
d'énergie disponible ou du développement de ce secteur avec les
effets d'entraînement qu'il suscite.
Dans les mois qui viennent, le gouvernement tentera par tous les moyens
d'assurer que le Québec dispose notamment de pétrole brut et de
produits pétroliers en quantité suffisante, compte tenu de la
situation actuelle. A cette fin, des dispositions sont et seront prises en
collaboration avec les autres gouvernements au Canada et avec l'industrie pour
satisfaire les besoins essentiels de tous les consommateurs.
Il nous apparaît essentiel, avec l'évolution des
disponibilités des ressources énergétiques en
Amérique du Nord et dans le monde, de développer au maximum les
ressources québécoises et c'est ce que le gouvernement a
entrepris en proposant et en réalisant la mise en valeur du potentiel
hydroélectrique du Québec.
Dans un autre ordre d'idées, le gouvernement est
présentement saisi d'un dossier auquel il attache une importance
particulière: celui de la liberté d'information.
Les questions liées à la liberté d'information dans
une société moderne sont toujours extrêmement complexes
tant est vital pour la qualité de vie démocratique dans une
société le rôle de la presse.
Au cours de cette première session, cette Assemblée sera
appelée à suivre de près l'évolution de ces deux
dossiers prioritaires du gouvernement sur les questions
énergétiques et sur celui de la liberté d'information.
This Assembly will be asked during this first session to keep very close
abreast of developments in these two matters of foremost concern to the
Government, namely the energy problem and the freedom of information.
Je sais que vous ne ménagerez aucun effort pour faire en sorte
que la présente Législature permette au Québec de
progresser et de se développer afin d'accroître la qualité
de vie de l'ensemble de ses citoyens et de permettre à notre
collectivité de continuer de s'affirmer.
I am confident that you will spare no effort to see that this
Legislature will enable Quebec to progress and develop for the improvement of
the quality of life of all its citizens and to enable our society to continue
to assert itself.
Madam and Gentlemen of the National Assembly, may God enlighten you in
your deliberations and bless Quebec and its people.
Madame et messieurs de l'Assemblée nationale, je prie Dieu de
vous éclairer dans vos délibérations et de répandre
l'abondance de ses bienfaits sur le Québec et sur ceux qui
l'habitent.
Election des vice-présidents
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai l'hon- neur de proposer que M.
Harry Blank, député du district électoral de Saint-Louis,
soit élu vice-président de l'Assemblée nationale.
M. BURNS: M. le Président, nous sommes d'accord.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Cette motion est-elle
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai l'honneur de proposer que M.
Robert Lamontagne, député du district électoral de
Roberval, soit élu vice-président de l'Assemblée
nationale.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Formation de la commission de l'Assemblée
nationale
M. LEVESQUE: Conformément aux articles 22 et 136 du
règlement, je propose que la commission de l'Assemblée nationale
soit instituée et que MM. Bienvenue, Blank, Brown, Burns, Caron,
Desjardins, Giasson, Hardy, Lacroix, Lamontagne, Lavoie, Léger, Lessard,
Lévesque, Ostiguy, Roy et Séguin en soient les membres, et que
cette commission se réunisse mardi le 27 novembre 1973 à onze
heures de l'avant-midi à la salle 93-A.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Ajournement
M. LEVESQUE: Je propose que, pour la prise en considération du
message inaugural, l'Assemblée ajourne ses travaux à mardi 27
novembre 1973 à quinze heures.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
L'Assemblée ajourne ses travaux à mardi prochain, quinze
heures.
(Fin de la séance à 17 h 51)
MEMBRES DU CABINET PROVINCIAL À L'OUVERTURE DE
LA Ire SESSION DE LA 30e LÉGISLATURE
M. Robert Bourassa Premier ministre
M. Gérard D. Levesque Vice-Premier ministre et ministre des
Affaires intergouvernementales
M. Jérôme Choquette Ministre de la Justice
M. Guy Saint-Pierre Ministre de l'Industrie et du Commerce
M. Raymond Garneau Ministre des Finances
M. William Tetley Ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives
M. Normand Toupin Ministre de l'Agriculture
M. Gilles Massé Ministre des Richesses naturelles
M. Kevin Drummond Ministre des Terres et Forêts
M. François Cloutier Ministre de l'Education
M. Jean-Paul L'Allier Ministre des Communications
M. Gérald Harvey Ministre du Revenu
M. Jean Cournoyer Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
M. Jean Bienvenue Ministre de l'Immigration
M. Claude Simard Ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche
M. Oswald Parent Ministre de la Fonction publique
Ministre d'Etat aux Affaires intergouvernementales Ministre d'Etat aux
finances
M. Victor C. Goldbloom Ministre des Affaires municipales et de
l'Environnement
M. Raymond Mailloux Ministre des Transports
Ministre des Travaux publics et de l'Approvisionnement
M. Claude Forget Ministre des Affaires sociales
M. Denis Hardy Ministre des Affaires culturelles
M. Robert Quenneville Ministre d'Etat responsable de l'ODEQ
M. Georges Vaillancourt Ministre d'Etat aux Affaires municipales
M. Paul Phaneuf Ministre d'Etat responsable de la Jeunesse, des Loisirs
et des Sports
Mlle Lise Bacon Ministre d'Etat aux Affaires sociales
M. Fernand Lalonde Ministre d'Etat au Conseil exécutif
M. Bernard Lachapelle Ministre d'Etat responsable de l'OPDQ
M. Paul Berthiaume Ministre d'Etat aux Transports
DÉPUTÉS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
À L'OUVERTURE DE LA Ire SESSION DE LA 30e LÉGISLATURE
Affiliation
District électoral Nom
Profession
politique
Abitibi-Est Roger Houde Conseiller en relations Lib. industrielles
Abitibi-Ouest Jean-Hugues Boutin Administrateur Lib.
Anjou Yves Tardif Avocat Lib.
Argenteuil Zoël Saindon Médecin chirurgien Lib.
Arthabaska J.-Gilles Massé Administrateur Lib.
Beauce-Nord Denis Sylvain Avocat Lib.
Beauce-Sud Fabien Roy Administrateur R.C.
Beauharnois Gérard Cadieux Homme d'affaires Lib.
Bellechasse Pierre Mercier Administrateur Lib.
Berthier Michel Denis Gérant Lib.
Bonaventure Gérard-D. Levesque Avocat et administrateur Lib.
Bourassa Lise Bacon Gérante de service Lib.
Bourget Jean Boudreault Entrepreneur spécialisé Lib.
Brôme-Missisquoi Glen Brown Cultivateur Lib.
Chambly Guy Saint-Pierre Ingénieur Lib.
Champlain Normand Toupin Directeur Lib.
Charlesbourg André Harvey Publicitaire conseil Lib.
Charlevoix Raymond Mailloux Homme d'affaires Lib.
Châteauguay George Kennedy Comptable agréé Lib.
Chauveau Bernard Lachapelle Ingénieur Lib.
Chicoutimi Marc-André Bédard Avocat P.Q.
Crémazie Jean Bienvenue Avocat Lib.
D'Arcy McGee Victor Charles Goldbloom Médecin Lib.
Deux-Montagnes Jean-Paul L'Allier Avocat Lib.
Dorion Alfred Bossé Conseiller technique Lib.
Drummond Robert Malouin Ingénieur Lib.
Dubuc Ghislain Harvey Bachelier en sciences Lib. humaines
Duplessis Donald Gallienne Gérant Lib.
Fabre Gilles Houde Educateur Lib.
Frontenac Henri Lecours Médecin Lib.
Gaspé Guy Fortier Médecin Lib.
Gatineau Michel Gratton Ingénieur Lib.
Gouin Jean-M. Beauregard Administrateur Lib.
Hull Oswald Parent Administrateur Lib.
Huntingdon Kenneth Fraser Cultivateur Lib.
Iberville Jacques-R. Tremblay Administrateur en Lib. relations
publiques
Iles-de-la-Madeleine Louis-Philippe Lacroix Comptable Lib.
Jacques-Cartier Noël St-Germain Optométriste Lib.
Jeanne-Mance Aimé Brisson Comptable agréé Lib.
Jean-Talon Raymond Garneau Economiste Lib.
Johnson Jean-Claude Boutin Avocat Lib.
Joliette-Montcalm Robert Quenneville Médecin Lib.
Jonquière Gérald Harvey Comptable Lib.
Kamouraska-Témiscouata Jean-Marie Pelletier Commerçant
Lib.
L'Acadie François Cloutier Médecin Lib.
Lac-Saint-Jean Roger Pilote Administrateur lib.
Lafontaine Marcel Léger Administrateur P.Q.
Laporte André Déom Conseiller en administration Lib.
Laprairie Paul Berthiaume Conseiller en informatique Lib.
L'Assomption Jean Perreault Ingénieur Lib.
Laurentides-Labelle Roger Lapointe Administrateur scolaire Lib.
Laurier André Marchand Imprimeur Lib.
Laval Jean-Noël Lavoie Notaire Lib.
Laviolette Prudent Carpentier Surintendant Lib.
Lévis Vincent Chagnon Administrateur Lib.
Limoilou Fernand Houde Comptable Lib.
Affiliation District électoral NomProfessionpolitique
Lotbinière Georges-J.-P. Massicotte Agronome Lib.
Louis-Hébert Gaston Desjardins Avocat Lib.
Maisonneuve Robert Burns Avocat syndicaliste P.Q.
Marguerite-Bourgeoys Fernand Lalonde Avocat Lib.
Maskinongé Yvon Picotte Principal d'école Lib.
Matane Marc-Yvan Côté Professeur Lib.
Matapédia Bona Arsenault Auteur et généalogiste
Lib.
Mégantic-Compton J.-Omer Dionne Cutlivateur Lib.
Mercier Robert Bourassa Avocat et économiste Lib.
Mille-Iles Bernard Lachance Administrateur Lib.
Montmagny-L'Islet Julien Giasson Courtier d'assurances Lib.
Montmorency Marcel Bédard Ingénieur conseil Lib.
Mont-Royal John Ciaccia Avocat Lib.
Nicolet-Yamaska Benjamin Faucher Vétérinaire Lib.
Notre-Dame-de-Grâce William Tetley Avocat Lib.
Orford Georges Vaillancourt Marchand Lib.
Outremont Jérôme Choquette Avocat Lib.
Papineau Mark Assad Professeur Lib.
Pointe-Claire Arthur-E. Séguin Administrateur Lib.
Pontiac-Témiscamingue Jean-Guy Larivière Commerçant
Lib.
Portneuf Michel Pagé Secrétaire-particulier Lib.
Prévost Bernard-A. Parent Administrateur Lib.
Richelieu Claude Simard Industriel Lib.
Richmond Yvon Vallières Professeur Lib.
Rimouski Claude St-Hilaire Ingénieur Lib.
Rivière-du-Loup Paul Lafrance Chirurgien-dentiste Lib.
Robert Baldwin Jean Cournoyer Avocat Lib.
Roberval Robert Lamontagne Notaire Lib.
Rosemont Gilles Bellemare Gérant de district Lib.
Rouyn-Noranda Camille Samson Vendeur R.C.
Saguenay Lucien Lessard Professeur P.Q.
Sainte-Anne George P. Springate Sportif et homme Lib. d'affaires
Saint-François Gérard Déziel
Maître-électricien Lib.
Saint-Henri Gérard Shanks Relationniste Lib.
Saint-Hyacinthe Fernand Cornellier Administrateur Lib.
Saint-Jacques Claude Charron Enseignant P.Q.
Saint-Jean Jacques Veilleux Professeur Lib.
Saint-Laurent Claude-E. Forget Economiste Lib.
Saint-Louis Harry Blank Avocat Lib.
Sainte-Marie Jean-Claude Malepart Administrateur-animateur Lib.
Saint-Maurice Marcel Bérard Professeur Lib.
Sauvé Jacques-Yvan Morin Avocat et professeur P.Q.
Shefford Richard Verreault Administrateur Lib.
Sherbrooke Jean-Paul Pépin Représentant des ventes
Lib.
Taillon Guy Leduc Publicitaire Lib.
Taschereau Irénée Bonnier Directeur du
développement Lib.
Terrebonne Denis Hardy Avocat Lib.
Trois-Rivières Guy Bacon Relationniste Lib.
Vanier Fernand Dufour Médecin Lib.
Vaudreuil-Soulanges Paul Phaneuf Administrateur Lib.
Verchères Marcel Ostiguy Industriel Lib.
Verdun Lucien Caron Administrateur Lib.
Viau Fernand Picard Industriel Lib.
Westmount Thomas Kevin Drummond Administrateur Lib.
Lib. Libéral
P.Q. Parti québécois
R.C. Ralliement des créditistes
ADJOINTS PARLEMENTAIRES À L'OUVERTURE DE LA Ire
SESSION DE LA 30e LEGISLATURE
M. Gérard Cadieux Député de Beauharnois et
Adjoint parlementaire du ministre de l'Industrie et du Commerce
M. Gilles Houde Député de Fabre et
Adjoint parlementaire du ministre du Tourisme de la Chasse et de la
Pêche
M. Jean Perreault Député de L'Assomption et
Adjoint parlementaire du ministre des Richesses naturelles
M. Guy Fortier Député de Gaspé et
Adjoint parlementaire du ministre des Affaires sociales
M. Alfred Bossé Député de Dorion et
Adjoint parlementaire du ministre des Affaires intergouvernementales
M. Guy Leduc Député de Taillon et
Adjoint parlementaire du ministre des Affaires municipales
M. Guy Bacon Député de Trois-Rivières et
Adjoint parlementaire du ministre des Finances
M. Jacques Veilleux Député de Saint-Jean et
Adjoint parlementaire du ministre des Communications
M. Roger Houde Député d'Abitibi-Est et
Adjoint parlementaire du ministre des Terres et Forêts
M. Gaston Desjardins Député de Louis-Hébert et
Adjoint parlementaire du ministre de la Justice
M. Claude Saint-Hilaire Député de Rimouski et
Adjoint parlementaire du ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement
M. Marcel Bédard Député de Montmorency et
Adjoint parlementaire du ministre des Transports