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(Dix heures douze minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plait !
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous aurons peut-être, un peu
plus tard, deux rapports de commissions élues. Avec le consentement
unanime, nous pourrions, à ce moment-là, déposer ces
rapports.
M. PAUL: Quels rapports?
M. LEVESQUE: Le rapport de la commission parlementaire des affaires
municipales, en particulier, au moins celui-là, sur les projets de loi
d'ordre privé.
M.PAUL: Très bien.
LE PRESIDENT:
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Climatisation de la Chambre M. Guy Leduc
M. LEDUC: M. le Président, avec le consentement de la Chambre,
j'aimerais faire motion pour que l'Assemblée nationale exprime le
souhait que le ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement
équipe la salle où siège l'Assemblée nationale, le
salon rouge et la salle 91-A d'un système de climatisation
adéquat, pour permettre aux députés d'effectuer un travail
efficace dans un climat convenable, et ceci avant le 1er avril prochain.
Avant d'élaborer, M. le Président, j'aimerais bien
m'assurer qu'il y a consentement.
LE PRESIDENT: Y a-t-il consentement? UNE VOIX: Unanime.
M.LEDUC: M. le Président, je serai très bref. J'imagine
qu'il n'est pas nécessaire d'élaborer sur ce sujet avec des
exemples frappants. Je crois que nous avons vécu, depuis quelques
années, à l'Assemblée nationale, à la fin de la
session d'été, des événements: une
atmosphère un peu plus agréable aurait peut-être
évité certaines discussions ou certaines longueurs de
débats.
Je ne citerai en exemple que le travail qui s'est accompli à la
commission parlementaire des affaires sociales, à la salle 81-A
où nous avons pu discuter, échanger des idées, mais dans
un climat qui était beaucoup plus favorable à
l'efficacité.
Vous vous souviendrez sûrement du temps, M. le Président
plusieurs d'entre nous n'étaient pas membres de cette Chambre
où des premiers ministres décidaient, vers la fin de la
session, non seulement de ne pas climatiser l'Assemblée nationale, mais
même de la chauffer, ce qui était à ce moment une
façon, d'après les chefs de parti de l'époque, de
hâter les travaux.
Je pense que ce temps est révolu. Et, comme je vous disais
tantôt, je ne veux pas m'étendre trop longtemps, j'imagine que
d'autres auront des commentaires à faire. Mais, quant à moi,
j'espère qu'avant le 1er avril de l'an prochain puisque ce serait
utopique et rêver en couleurs que de s'imaginer que l'on puisse terminer
ces travaux avant la fin de la session d'été au moins
l'été prochain, nous puissions revenir dans une salle où
il sera agréable de travailler, agréable de discuter,
agréable de voter des lois, parce que nous serons dans un climat
agréable.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, je me demande si cette motion a pour
but de dégeler les députés ministériels. Si cette
motion est faite pour assurer leur présence en Chambre et aux diverses
commissions parlementaires, je vous suggérerais une installation de deux
systèmes de climatisation.
De toute façon, je vous plains d'avoir à vous battre
contre le ministre des Travaux publics pour résoudre ce problème.
On vous a signalé le problème de l'ascenseur qui ne marchait pas,
ici tout près, à la sortie de l'Assemblée nationale, et ce
n'est pas encore amélioré. Il s'agit tout simplement de mettre un
homme en place pour faciliter le fonctionnement de cet ascenseur.
De toute façon, nous souscrivons avec empressement à la
motion de l'honorable député. Mais quand on dit que ce sera pour
permettre aux députés d'effectuer un travail efficace, je soumets
que les députés de l'Union Nationale, qui sont conscients de
leurs responsabilités et de leurs devoirs, s'occuperont quand même
de leurs responsabilités, nonobstant l'air climatisé ou pas.
Et quand on voit ce matin le ministre de l'Industrie et du Commerce avec
une corde au cou, prêt à se pendre, avec l'accoutrement qu'il a,
je crois que vous devriez, premièrement, lui signaler que ce n'est pas
décent; deuxièmement féliciter les membres de la tribune
de la presse qui sont vêtus ce matin de façon admirable, des chics
petits bonshommes. Pour toutes ces raisons, nous appuyons avec empressement et
chaleur la motion du député de Taillon.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, au nom de mes collègues,
il me fait plaisir aussi de me joindre aux propos de l'honorable
député de Maskinongé pour dire que nous souscrivons avec
empressement à cette motion.
M. le Président, je comprends que nous devons siéger de
longues heures, surtout à la fin de nos travaux avant l'ajournement de
la session pour l'été et que pendant ces longues heures de
session il ne faut pas oublier que nous avons la haute température de la
Chambre et, à certaines occasions, la haute température des
députés. Lorsque ces deux hautes températures se marient,
on se rend compte qu'il y a un manque d'objectivité et que les
débats prennent parfois des tournures qui ne sont pas à
l'avantage de l'Assemblée nationale, à l'avantage du prestige de
l'Assemblée nationale.
M. le Président, ce n'est pas la première fois que nous
soulignons ce problème qui est extrêmement important. A tous les
niveaux, dans tous les ministères du gouvernement et dans tous les
autres édifices, pour toute la fonction publique en
général les conditions de climatisation sont normales alors que
nous, à l'Assemblée nationale, nous n'avons pas
évolué depuis que l'édifice du parlement est
érigé. Je pense que cette motion mérite que nous
félicitions le député de Taillon d'avoir porté ce
problème devant l'Assemblée nationale. Quant à vous, M. le
Président, je veux vous souhaiter un dialogue fructueux, serein et je
vous inviterais à convier l'honorable ministre des Travaux publics
à votre bureau parce que vous avez l'air climatisé, pour que vous
puissiez le convaincre de procéder à ces travaux afin que
dès l'an prochain nous puissions nous organiser pour siéger.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: Nous appuyons cette motion, M. le Président.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Cette motion est-elle
adoptée?
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: M. le Président, je veux d'abord dire au
député de Taillon qu'il a soulevé évidemment une
question d'actualité; deuxièmement, je suis convaincu que le
ministre des Travaux publics prendra connaissance des discussions qu'il y a eu
ce matin autour de cette question. C'est ce qui explique que je n'ai pas voulu
intervenir avant parce que vous comprendrez fort bien qu'il s'agit là
d'une matière de finances et qu'il est assez difficile, dans nos
traditions parlementaires et selon notre droit parlementaire, de voter pour une
motion qui est un money bill. On pourrait dire...
M. PAUL: ... exprime le souhait.
M. LEVESQUE: Quand la Chambre exprime le souhait...
M. LOUBIER: C'est une question d'entretien.
M.PAUL: Quand la Chambre exprime des souhaits, le gouvernement ne s'en
occupe pas, comme lorsque le député de Bellechasse a
présenté sa motion au sujet du drapeau.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas la motion du député de
Bellechasse, c'est la motion d'amendement du député
d'Ahuntsic.
M. LOUBIER: Non, c'est...
M. LEVESQUE: De toute façon, M. le Président, je n'ai pas
eu le temps d'examiner cette motion. Je ne veux pas me prononcer sur le fond
à ce moment-ci, mais je crois que ce serait un précédent
assez inusité que la Chambre exprime des souhaits en des matières
qui impliquent aussi directement des dépenses d'argent. Dans les
circonstances, M. le Président, je crois que l'auteur de la motion a
atteint son but, que ceux qui ont participé à ce court
débat ont atteint leur but, c'est de sensibiliser le ministre des
Travaux publics sur l'importance de la climatisation. Le gouvernement, le
ministre des Finances en particulier, devra examiner les implications de cela.
D'un autre côté, je ne crois pas que nous soyons en mesure de
voter une motion qui implique directement une dépense d'argent à
moins qu'elle soit formulée en termes beaucoup plus vagues.
UNE VOIX: Vote! M.PAUL: Vote!
LE PRESIDENT: Sur la question de règlement.
M. LEDUC: Sur la recevabilité de la motion. Quant à moi,
qu'elle soit recevable ou non à ce point-ci de nos discussions,
ça me laisse pas mal indifférent. Je voulais atteindre un but,
sensibiliser les membres de l'Assemblée nationale. Si c'est pour
éviter un débat qu'officiellement je retire ma motion, je la
retirerai...
M. LOUBIER: Non, consentement.
M. PAUL: Non, non, ça prend le consentement.
M. LEDUC : Sinon, je la laisserai sur la table
du greffier. De toute façon, je pense que, comme disait le leader
tantôt, nous avons atteint l'objectif et je crois que c'est ça que
nous visions.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: M. le Président, le leader gouvernemental a
employé l'expression qu'il s'agissait d'un money bill; dans notre
optique c'est plutôt d'un sunny bill qu'il s'agit. Est-ce que le
ministère des Travaux publics n'a pas un budget d'entretien
général, dont il peut disposer assez discrétionnairement
je ne dis pas pour les députés ministériels, parce
qu'il n'y a pas de lettre en ce sens qui nous confirmerait une telle politique
pour les réfections, restaurations, aménagements,
additions, améliorations?
Est-ce qu'il n'y a pas un budget général, un article
général? A ce moment-là, nous demanderions au leader
parlementaire de tenter, par tous les moyens, de rejoindre le ministre des
Travaux publics pour lui demander s'il ne lui reste pas une certaine
réserve pour répondre au voeu et au souhait exprimés par
les membres de l'Assemblée nationale. Ensemble, nous pourrions dire avec
le député: Taillons donc dans le vif ce problème le plus
rapidement possible.
M. Raymond Garneau
M. GARNEAU: M. le Président, il existe effectivement une
réserve pour des travaux qui pourraient être urgents, dans le
budget du ministère des Travaux publics. Ce qui est un peu plus
difficile, dans le texte de la motion, c'est lorsqu'on parle de faire cela
avant le 1er avril prochain.
M. PAUL: C'est un voeu.
M. GARNEAU: C'est un voeu, mais, si la session se terminait le 15 ou le
20 juillet, ce qui est possible, et qu'elle recommençait vers le 20
septembre ou le 30 septembre, il est fort probable qu'avant que les plans
précis aient été faits et que les travaux aient
été exécutés... Les plans qui ont été
faits c'est pour la climatisa-tinon de l'ensemble de l'édifice A et les
coûts des travaux sont de l'ordre de $5 millions à $6 millions,
selon l'évaluation générale. Si on fait uniquement la
climatisation de la Chambre, du Salon rouge et de la salle 91-A, je ne sais pas
quel genre de plans il faudrait préparer. Uniquement pour ces trois
salles, je ne crois pas qu'ils aient été faits.
Il y a une question de délai. C'est clair que, s'il s'agit de
travaux de l'ordre de $500,000 ou $600,000, on peut avoir le budget dans les
réserves générales, mais, si ça dépasse cet
ordre de grandeur, il faudra avoir un budget supplémentaire ou recourir
à un mandat spécial pour le coût des travaux durant la
période de l'été.
M.PAUL: M. le Président, la demande du député de
Taillon est simple, en résumé; il veut que les
députés soient aussi bien traités que les pigeons vont
l'être, de l'autre côté de la rue, avec la construction en
cours.
LE PRESIDENT: Messieurs, étant votre humble serviteur, j'attends
les directives de la Chambre. Est-ce que je dois mettre cette motion aux
voix?
M. ROY (Beauce): Oui, M. le Président, mettez la motion aux voix.
Nous avions donné notre consentement unanime pour qu'elle soit
présentée. Alors, nous ne donnons pas notre consentement unanime
pour qu'elle soit retirée.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LOUBIER: C'est un voeu.
M. BURNS: M. le Président...
UNE VOIX: Sur division.
M. PAUL: Nous préférons le vote enregistré.
M. BURNS: Le vote enregistré.
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien
lever la main.
M. PAUL: Je vous demanderais le vote enregistré.
M. BURNS: M. le Président, c'est ça.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés. Vous êtes
prêts à voter?
DES VOIX: Oui.
Vote sur la motion de M. Leduc
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de l'honorable
député de Taillon veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
Que ceux qui sont en faveur de ce côté-ci de la Chambre
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Leduc, Perreault.
LE PRESIDENT: De l'autre côté maintenant. Un instant, il y
en a trois autres là-bas. L'honorable député de
Saint-Jean.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Veilleux, Loubier, Paul, Tremblay
(Chicoutimi), Vincent,
Russell, Croisetière, Demers, Gauthier, Roy (Beauce), Audet,
Dumont, Laurin, Burns, Joron, Masse (Montcalm).
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Lévesque, Choquette,
Castonguay, Pinard, Garneau, Goldbloom, Simard ( Richelieu ),Quenneville,
Phaneuf, Vaillancourt, Parent, Harvey (Jonquière), Lamontagne, Cloutier
(Ahuntsic), Tetley, Lacroix, Bienvenue, Saint-Pierre, Toupin, Massé
(Arthabaska): L'Allier, Cournoyer, Mailloux, Vézina.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Bien, levez-vous.
MM. Saindon, Fraser, Assad, Carpentier.
LE PRESIDENT: Quels sont les honorables députés qui
désirent s'abstenir?
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Pearson...
LE SECRETAIRE: Qu'est-ce qu'ils font là? LE SECRETAIRE ADJOINT:
Abstention.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il s'agit d'abstention?
M. HARVEY (Jonquière): Non. Nous sommes contre.
LE PRESIDENT: Contre. Quels sont les autres députés qui
désirent s'exprimer contre cette motion? Un instant, restez debout.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Pearson... Non, il se retire.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Merci, messieurs! Quelles sont les
abstentions?
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Pearson, Giasson, Bois...
LE PRESIDENT: M. Gratton.
LE SECRETAIRE ADJOINT: ... Gratton.
LE SECRETAIRE: Pour: 18
Contre: 29 Abstention: 4
LE PRESIDENT: La motion est rejetée. Présentation de
projets de loi au nom du gouvernement.
M. LEVESQUE: Article a).
Projet de loi no 31 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Fonction publique propose la
première lecture de la Loi du régime de retraite des
employés du gouvernement et des organismes publics.
M. PARENT: M. le Président, la loi concernant le régime de
retraite des employés du gouvernement et des organismes publics comporte
l'institution d'un bureau d'organisation du régime de retraite. Elle
confie à ce bureau la fonction de mettre en marche le régime de
retraite prévu aux conventions collectives ou décrets qui ont
été adoptés dans le secteur public, à la suite des
négociations qui ont eu lieu à l'échelle provinciale. Cet
article limite le mandat du bureau au 31 décembre 1973.
Les articles 3 et 4 fixent la composition de ce bureau, qui sera
formé de cinq à quinze membres nommés par le gouvernement,
et permet au gouvernement d'adopter des règlements concernant les
pouvoirs et devoirs du bureau, ainsi que son personnel.
L'article 5 permet au gouvernement de réglementer l'application
de ces conventions collectives et décrets.
L'article 6 permet de prendre, à même le fonds
consolidé du revenu, les prestations, remboursements ou tout autre
bénéfice payable en vertu du régime de retraite
prévu à ces conventions collectives et décrets.
L'article 7 augmente tout bénéfice en vertu du
régime de retraite des fonctionnaires, qui serait basé sur un
traitement moyen de moins de $5,000, en basant le calcul de cette pension sur
un traitement de $5,000.
L'article 8 permet à la Caisse de dépôt et placement
du Québec de recevoir en dépôt des sommes provenant du
régime de retraite du gouvernement et du secteur public.
L'article 9 augmente tout bénéfice en vertu du
régime de retraite des enseignants, qui serait basé sur un
traitement moyen de moins de $5,000, en basant le calcul de cette pension sur
un traitement de $5,000.
L'article 10 confie au ministre de la Fonction publique l'application du
régime de retraite des fonctionnaires et du régime de retraite
des enseignants.
L'article 11 limite l'effet de la loi au 31 décembre 1973.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce projet de loi.
First reading of this bill.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose
que le projet de loi que nous venons d'adopter en première
lecture soit adopté en deuxième lecture et
déféré à la commission, à moins que...
Alors, deuxième lecture à la prochaine séance.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce qu'on peut revenir au
dépôt de rapports de commissions élues?
LE PRESIDENT:
Dépôt de rapports de commissions élues.
L'honorable député de Limoilou.
RAPPORTS DE COMMISSIONS
Commission des affaires municipales (1)
M. HOUDE (Limoilou): M. le Président, conformément aux
dispositions des articles 123 et 161 du règlement de l'Assemblée
nationale, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission
permanente des affaires municipales, chargée de l'étude du projet
de loi privé qui lui a été déféré,
à savoir le projet de loi no 162, Loi modifiant la charte de la ville de
Québec.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chauveau.
Commission des affaires municipales (2)
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, conformément aux
mêmes dispositions du règlement, j'ai l'honneur de déposer
le rapport de la commission permanente des affaires municipales, chargée
de l'étude des projets de loi privés qui lui ont
été déférés, à savoir le projet de
loi no 150, Loi modifiant la charte de la ville de Montréal-Est; le
projet de loi no 153, Loi concernant la municipalité de la paroisse de
Saint-Raphaël-de-1'Ile-Bizard; le projet de loi no 159, Loi concernant la
ville de Saint-Hubert; le projet de loi no 164, Loi concernant la ville de
Pierrefonds; le projet de loi no 166, Loi modifiant la loi constituant en
corporation la ville du Lac-Saint-Joseph, et projet de loi no 167, Loi
modifiant la charte de la ville de Sainte-Foy.
LE PRESIDENT: Est-ce que le projet de loi concernant la paroisse de
Saint-Raphaël-de-1'Ile-Bizard n'a pas été
déféré en commission après la première
lecture?
M. HARVEY (Chauveau): C'est indiqué dans le rapport.
LE PRESIDENT: II faudrait faire une distinction.
M. HARVEY (Chauveau): Je le dépose sans mentionner que, dans le
cas de ce projet de loi, seul...
M. LEVESQUE : Est-ce qu'on pourrait passer immédiatement à
la deuxième lecture de ce projet de loi? Non, pas la ville de
Québec. Mais vu qu'on n'a pas fait la deuxième lecture du projet
de loi no 153.
LE PRESIDENT: Qui est le proposeur de ce projet de loi?
M. HARVEY (Chauveau): C'est le député de
Robert-Baldwin.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chauveau, pour le
député de Robert-Baldwin, propose la deuxième lecture du
projet de loi no 153...
M. LEVESQUE: M. le Président, je m'excuse, mais le ministre des
Affaires municipales me souligne que le rapport lui-même indique que la
loi a été gardée en suspens. Laissons les choses comme
ça.
LE PRESIDENT: Ce projet de loi n'est pas soumis actuellement en
deuxième lecture.
Est-ce qu'il y a des troisièmes lectures de projets de loi?
M. LEVESQUE: J'aime mieux vous revoir avant de faire des
propositions.
LE PRESIDENT:
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
L'honorable chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS DES DEPUTES
M. LOUBIER: En ce vendredi matin, je veux saluer la présence
spectaculaire du premier ministre.
M. PAUL: II n'y est pas souvent.
M. LOUBIER: Est-ce qu'il y a des conflits ou des courts-circuits avec
l'Hydro-Québec du fait qu'on le retrouve ce matin?
M. BOURASSA: II n'y a pas d'air climatisé à
l'Hydro-Québec.
Pneus de mauvaise qualité
M. LOUBIER : Ma question s'adresse au ministre des Transports. Est-ce
que le ministre pourrait nous dire s'il a rencontré le Conseil
québécois de la sécurité routière
relativement à l'enquête qui est menée sur la situation peu
reluisante du pneu au Québec?
Et en second lieu, est-ce que le ministre a pris connaissance du fait
qu'une qualité de pneus qui était refusée en Ontario
était acceptée dans le Québec, et que le Conseil de la
sécurité routière a fait des représentations
à ce sujet? Donc, est-ce qu'il a rencontré les membres de ce
conseil? Et deuxièmement, est-ce qu'il entend prendre des mesures pour
éviter que les pneus de mauvaise qualité qui sont refusés
dans les autres provinces soient le lot des Québécois?
M. PINARD: Je n'ai pas rencontré le Conseil canadien de la
sécurité, non plus que l'organisme à caractère
provincial pour discuter du sujet soulevé par le député de
Bellechasse. J'en ai pris connaissance cependant par les journaux. Mes hauts
fonctionnaires étudient la situation, mais je ne peux pas dire ce matin
quelles seront les mesures concrètes qui vont être prises pour
empêcher que des pneus qui ne sont pas sûrs soient vendus sur le
marché québécois, à tout le moins.
J'imagine qu'il faudra quand même nous entretenir avec les
autorités canadiennes de façon que les normes, qui, de plus en
plus, sont uniformisées, soient respectées partout au Canada,
aussi bien dans les autres provinces qu'au Québec. Si vraiment des pneus
qui ne sont pas jugés sécuritaires dans d'autres provinces et qui
pourraient être fabriqués dans ces provinces sont vendus sur le
marché québécois, je pense qu'il pourrait y avoir une
action conjointe de deux ministères, le ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives et celui des
Transports, et possiblement aussi du ministère de la Justice, s'il
s'avérait qu'il y a vraiment des lois ou des règlements qui ne
sont pas respectés.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre a l'intention de prendre une
décision dans un avenir rapproché à ce sujet, surtout
concernant les pneus qui sont interdits spécifiquement en Ontario et qui
sont vendus ouvertement au Québec?
M. PINARD: C'est ce que l'enquête va déterminer. Je n'en ai
pas une preuve précise. Nous serons en communication avec le
ministère des Transports de l'Ontario et avec possiblement aussi
d'autres organismes qui s'occupent du respect de ces normes en Ontario. Nous
saurons si véritablement ces pneus sont manufacturés en Ontario
ou si ce sont tout simplement des manufacturiers qui essaient de faire le
dumping de ces pneus sur le marché ontarien. S'il y a des
difficultés qui se font là-bas au niveau de la vente, en gros ou
au détail, il se pourrait que le dumping soit fait sur le territoire
québécois. C'est ce qu'il faut déterminer en ce
moment.
LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
Camionneurs artisans
M.AUDET: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Transports. Le ministre est-il au courant que les camionneurs artisans, en
l'absence de réglementation sur le transport, subissent actuellement de
grandes injustices étant dans l'impossibilité de négocier
de nouveaux taux en raison de la charge réduite qu'on leur impose? M. le
Président, est-ce que le ministre a fait le calcul des revenus de ces
camionneurs en raison de cette limite de charge imposée, comparativement
aux anciens taux? Serait-il exact que ces revenus, en tenant compte des
investissements que doivent faire les camionneurs aujourd'hui, seraient
beaucoup moindres qu'il y a dix et même quinze ans? Quelles sont les
raisons de cette éternisation à produire cette
réglementation du transport et quand croyez-vous qu'il sera possible de
présenter cette réglementation?
M. PINARD: Le règlement sur le camionnage en vrac a
été discuté au conseil des ministres cette semaine et
l'honorable ministre d'Etat à la Voirie en a fait la
présentation. Je pense que le règlement a été
accrédité par le conseil des ministre. H s'agit de savoir
maintenant quelle sera la date de la mise en application des différentes
dispositions contenues dans ce règlement. Je ne m'inscris pas
complètement en faux contre la déclaration du
député d'Abitibi-Ouest mais je pense qu'il a un peu trop
généralisé la situation. De toute façon, ce que je
veux dire c'est que le problème est actuellement en discussion avec la
direction de l'Association des camionneurs artisans et avec le ministère
des Transports et de la Voirie et je pense que nous allons en venir facilement
à une entente. Je pense que ce qui fait que le député
d'Abitibi-Ouest soulève la question ce matin, c'est qu'il y en avait qui
commençaient à se montrer impatients quant à l'acceptation
ou à la présentation et à l'accréditation
officielle du contenu du règlement 12. Je laisse le soin au ministre
d'Etat à la Voirie de faire d'autres déclarations à ce
sujet s'il le désire.
M. AUDET: Est-ce que le ministre reconnaît que les artisans sont
dans l'impossibilité de négocier de nouveaux taux tant que la
réglementation ne sortira pas? Je crois que les camionneurs artisans
sont très pénalisés de ce temps-ci dû à ce
retard.
LE PRESIDENT: Oui, votre question est très compréhensible.
Est-ce que le ministre...
M. AUDET: Je n'ai pas fini, M. le Président. LE PRESIDENT: Vous
reviendrez avec une
autre question supplémentaire. Vous venez d'en poser une, est-ce
que vous désirez une réponse?
M. AUDET: Je veux la compléter.
LE PRESIDENT: C'est une autre question, j'imagine. Allez.
M. AUDET: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous dire
maintenant si la réglementation va sortir, parce que les camionneurs
artisans parlent maintenant de faire une, marche sur le Parlement? C'est vrai,
on m'a informé de cette intention.
LE PRESIDENT: Avec le consentement de la Chambre, le ministre d'Etat aux
Transports pourrait-il répondre?
M. MAILLOUX: M. le Président, quoique la réglementation
nouvelle ne soit pas encore connue, il ressort que le taux actuellement
accepté dans la province comme un taux minimum, qui est la cédule
des justes salaires, est un taux minimum au-delà duquel les camionneurs
peuvent négocier pour un contrat donné. Le taux n'est pas un taux
maximum, mais c'est un taux minimum au-delà duquel les camionneurs
peuvent négocier avant que le nouveau règlement soit connu.
LE PRESIDENT: Une question supplémentaire.
Le député de Nicolet.
M. VINCENT: Une question supplémentaire, peut-être au
ministre d'Etat à la Voirie. Est-ce que le ministre d'Etat à la
Voirie a été mis au courant qu'en ce qui concerne les camionneurs
artisans, il y a des retards inexplicables à l'heure actuelle dans le
paiement des travaux exécutés pour le ministère de la
Voirie? Si oui, quelles sont les mesures qu'il entend prendre pour corriger ces
retards qui causent un préjudice assez important aux camionneurs car
depuis le 1er avril, à ce qu'on me dit, ils n'auraient pas encore
été payés?
M. MAILLOUX: M. le Président, effectivement, des retards ont
été entraînés dans le paiement aux camionneurs
artisans, et en voici la raison. C'est que cette année une nouvelle
directive émanant des officiers du ministère obligeait les
officiers à enregistrer comme machinerie tout camion appartenant
à un artisan ou autre. Comme c'était une procédure
nouvelle, les officiers de ce service étaient obligés de faire
des heures supplémentaires et avant que la demande d'heures
supplémentaires pour pouvoir enregistrer les milliers de camions en
question soit acceptée, il a fallu que des plaintes arrivent, soient
signalées à mon bureau pour que je constate qu'il y avait trop de
retard dans le paiement à ces camionneurs artisans. Le temps
supplémentaire nécessaire a été autorisé par
le sous-ministre des Transports, afin que l'on puisse terminer l'enregistrement
de tous ces véhicules.
Je regrette infiniment, par contre, que l'Association nationale des
camionneurs artisans ne m'ait pas prévenu, à mon bureau, d'une
telle anomalie. C'est un camionneur de mon comté qui me l'a
signalée, après plusieurs semaines. C'est pourquoi il y a eu un
tel retard. Je regrette que cela se soit produit pour des gens qui,
normalement, sont des marginaux dans la société.
M. VINCENT: Juste une question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que le ministre pourrait nous dire dans combien de
jours ou combien de semaines cette situation sera rétablie?
M. MAILLOUX: Je sais que le travail d'enregistrement de tous les
véhicules a été fait, il y a quinze jours et je pourrais,
je pense, affirmer que les chèques devraient être en circulation
s'ils ne sont pas déjà arrivés.
LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
Centre hospitalier de Valleyfield
M. LAURIN: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires sociales. Est-ce que le ministre a l'intention d'accorder les
crédits que demande le Centre hospitalier de Valleyfield, pour
l'amélioration de ses services, soit un département de radiologie
moderne, le service de laboratoire agrandi, une salle d'attente vaste et
confortable, un nombre additionnel de locaux en urgence et en clinique externe
et un bloc opératoire moderne, étant donné que ces besoins
sont évidents, comme j'ai pu le constater moi-même, et que seule
l'addition que nous demandons peut hausser le taux d'occupation de
l'hôpital qui est actuellement seulement de 61.3 p.c?
M. CASTONGUAY: M. le Président, ce dossier suit son cours. Je ne
suis pas en mesure de répondre précisément sur ce qui en
est aujourd'hui par rapport aux demandes spécifiques que le
député de Bourget retransmet ici dans cette Chambre, mais je puis
l'assurer que ce dossier suit son cours normal au ministère.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que je
dois comprendre de la réponse du ministre qu'il n'est pas dans les
intentions du ministère d'annoncer la construction d'un autre complexe
hospitalier au coût éventuel de $15 millions, mais bien
d'améliorer les services actuels?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas notre intention de construire un nouvel
hôpital. Il est évidemment dans les intentions du ministère
je ne peux pas dire, de mémoire, à quelle
étape c'est rendu exactement au plan des diverses approbations,
des diverses étapes d'apporter des améliorations et cette
décision n'a jamais été modifiée. C'est pourquoi je
disais que ce dossier suit son cours normal.
M. LAURIN: Dernière question, M. le Président. Est-ce que
le ministère étudie également un plan d'intégration
des ressources de la région en soins actifs, en soins de convalescence
et en soins psychiatriques dont les pivots seraient l'hôpital de
Valleyfield, l'hôpital de Huntingdon et l'hôpital de Ormstown, de
même que les CLSC agréés?
M. CASTONGUAY: Est-ce un projet qui nous aurait été
soumis?
M. LAURIN: Non, c'est dans l'optique dont nous a parlé le
ministre, lors de l'étude des crédits pour chacune des
régions.
M. CASTONGUAY: Je vais prendre avis de la question pour voir à
quelle étape est rendu ce dossier. Je ne suis pas en mesure de donner la
réponse.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Syndicat de la construction des Laurentides
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question au ministre du Travail. Est-ce que le ministre du Travail a
reçu un télégramme du Syndicat de la construction des
Laurentides, CSN, lui demandant d'intervenir dans l'affaire de
Sainte-Scho-lastique où des hommes de la FTQ se livreraient à des
pressions, depuis quelques jours, sur les syndiqués de la CSN?
M. COURNOYER: Je reçois, d'habitude, les
télégrammes de la CSN le lendemain des journaux; alors, j'attends
le télégramme pour demain.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas très
bien entendu ce que mon excellent...
M. COURNOYER: J'attends.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... collègue d'hier et de demain m'a
dit. Il m'a dit qu'il n'avait pas reçu le télégramme?
M. COURNOYER: J'ai dit que je les reçois d'habitude le lendemain
des journaux. Comme c'est publié ce matin, je l'attends pour demain. Je
ne l'ai pas vu.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense qu'il faudrait
que le ministre fasse preuve de son sérieux habituel et qu'il me dise
s'il a, au moins, entendu parler du problème.
M. COURNOYER: Ma réponse est: Non, je n'ai pas reçu de
télégramme.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Votre réponse est non.
M. COURNOYER: Je n'ai pas reçu le télégramme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, le ministre est
informé qu'un télégramme va lui être envoyé;
il en connaît déjà la teneur par les journaux. Qu'entend
faire le ministre? Est-ce qu'il entend mener une enquête, et quelles
mesures va-t-il prendre si de telles pressions existaient?
M. COURNOYER: Si j'ai bien lu le télégramme que je devrais
recevoir demain, dans les journaux, une enquête est demandée au
ministre de la Justice, qui administre la justice au Québec. J'imagine
que c'est beaucoup plus au ministre de la Justice qu'on s'adresse, vu le genre
d'accusations que j'ai lues dans le journal ce matin, qu'au ministre du
Travail. Donc, ce serait dirigé au ministre de la Justice, que ça
ne me ferait rien du tout; ça me ferait plaisir de lui passer le
bucket.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que le ministre de la Justice a reçu tel
télégramme, dont je parlais tout à l'heure, du Syndicat de
la construction des Laurentides, CSN, lui demandant d'intervenir dans l'affaire
de Sainte-Scho-lastique où des hommes de la FTQ se livreraient à
des pressions, depuis quelques jours, sur les syndiqués de la CSN? Le
ministre a-t-il reçu tel télégramme et qu'entend-il faire?
Est-ce qu'il va mener l'enquête qu'on lui demande de mener?
M. CHOQUETTE: M. le Président, je ne sais pas si j'ai reçu
le télégramme; on ne l'a pas signalé à mon
attention à mon bureau. Toutefois, ce n'est pas la première fois
que des incidents se produisent entre les syndiqués de la construction
de la CSN et de la FTQ sur les chantiers de Sainte-Scholastique. On sait,
d'ailleurs, que des poursuites ont résulté de certains incidents
qui se sont produits à la suite d'affrontements entre ces
groupes-là. Je peux dire au député que je vais
vérifier à mon bureau, à mon retour, si j'ai bien
reçu le télégramme et que nous allons voir à
enquêter sur ces allégations.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Situation agricole
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à poser à
l'honorable ministre de l'Agriculture. Devant le nombre assez important de
personnes qui ont dû abandonner l'agriculture au cours des
dernières années et compte tenu également du fait qu'un
certain nombre d'agriculteurs marginaux doivent avoir recours à l'aide
sociale pour vivre; considérant, d'autre part, qu'il y aurait un manque
de main J'oeuvre à certaines périodes de l'année pour les
travaux agricoles, est-ce que le ministre de l'Agriculture s'est penché
sur ces problèmes?
Si oui, est-ce que le ministère de l'Agriculture a l'intention de
nous annoncer prochainement des politiques à ce sujet?
M.TOUPIN: Oui, effectivement, M. le Président, nous allons,
dès aujourd'hui, informer la presse que nous mettrons à la
disposition des agriculteurs un programme général du gouvernement
d'aide à l'intégration des assistés sociaux au
marché du travail. Ce programme comprendra, de la part du
ministère de l'Agriculture, en collaboration avec le ministère du
Travail, la mise à la disposition des agriculteurs d'environ $1 million.
Chaque agriculteur pourra embaucher un assisté social et pourra recevoir
une subvention jusqu'à $600 par année et avec un montant pouvant
se situer environ à $35 par semaine.
Plus de précisions pourront être apportées au cours
des prochains jours, mais c'est, dans l'ensemble, la politique que le
ministère de l'Agriculture tente de mettre de l'avant pour aider, d'une
part, les agriculteurs, et pour aider, d'autre part, ceux qui sont, dans
l'agriculture, des marginaux et qui peuvent s'intégrer au marché
du travail et, d'autre part, ceux qui sont des assistés sociaux qui
proviennent du milieu rural et qui pourraient travailler en agriculture.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question
additionnelle à poser à l'honorable ministre. Est-ce que, de ce
côté également, le ministère de l'Agriculture s'est
penché sur le fait qu'un certain nombre d'agriculteurs marginaux, qui
sont actuellement détenteurs de lettres patentes pour des lots de
colonisation qui leur avaient été accordées depuis 20 ans,
25 ans, voire même 30 ans, ne peuvent pas bénéficier de
subventions, ne pourraient pas non plus bénéficier des programmes
de revalorisation forestière? Est-ce que le ministre de l'Agriculture
compte se pencher également sur ce problème de façon
à éviter que ces personnes soient dans l'obligation de tout
abandonner et de devenir également des assistés sociaux? Est-ce
que le ministère de l'Agriculture a l'intention de modifier la
réglementation ou la loi concernant l'émission des lettres
patentes?
M.TOUPIN: M. le Président, un comité, au ministère,
travaille sur cette question. C'est une question assez complexe, parce que ces
politiques ont été mises de l'avant dans le cadre d'une politique
de colonisation, il y a une vingtaine d'années. Plusieurs d'entre ceux
qui se sont prévalus de cette politique n'ont pas satisfait aux
exigences prévues par les règlements. Présentement, nous
nous rendons à un bon nombre de demandes qui nous sont faites, surtout
lorsqu'il s'agit de ceux qui vivent sur la ferme et qui la cultivent sous une
forme ou sous une autre. Même si les règlements ne sont pas
respectés en totalité, nous acceptons quand même de
remettre, de temps en temps, ce qu'on appelle ces lettres patentes. Mais pour
un bon nombre d'entre les autres, c'est actuellement impossible, à moins
que nous amendions la loi ou les règlements. Il faudrait, avant
d'amender la loi et les règlements, se poser sérieusement la
question: Qu'allons-nous faire avec ces lots dont les propriétaires
demeurent soit à Montréal, soit à Québec, soit dans
d'autres villes du Québec, voire même dans des Etats
américains? Qu'est-ce qu'on va faire avec ces lots? Est-ce qu'on va les
leur donner ou est-ce qu'on va les leur vendre? Qu'est-ce qu'on va en faire? Le
comité étudie présentement cette question, en
collaboration avec le ministère des Terres et Forêts, mais je
pense qu'il y aurait avantage à attendre les résultats des
travaux de ce comité avant d'aller trop loin dans cette question.
M. ROY (Beauce): Une question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si son gouvernement
a l'intention d'apporter des mesures, le plus rapidement possible, à
l'endroit de ceux qui vivent sur les lots de colonisation mais qui ont dû
abandonner l'agriculture, l'exploitation agricole, à cause des
difficultés et de l'impossibilité pour eux de
bénéficier des subventions gouvernementales mais qui pourraient
participer à des programmes de revalorisation forestière? Je
demande au ministre s'il a l'intention d'examiner attentivement cette question
plutôt que d'attendre d'avoir une grande politique globale. Son
gouvernement a-t-il l'intention de nous apporter quelque chose à court
terme dans ce domaine, pour régler cette question, ou au moins une
partie du problème?
M. TOUPIN: M. le Président, dans le cadre des programmes qui sont
mis de l'avant, soit par le ministère des Terres et Forêts, soit
par le ministère de l'Agriculture, même si les conditions n'ont
pas été remplies intégralement, au niveau de ceux qui sont
détenteurs de billet de location, très souvent, dans presque la
majorité des cas, on consent à émettre des lettres
patentes. Ce n'est pas tellement à ce niveau que ça crée
des problèmes. C'est beaucoup plus au niveau de ceux qui sont
propriétaires de ces lots, c'est-à-dire qui détiennent des
billets de location et qui ne les exploitent pas et qui n'ont pas de programme
d'exploitation.
Par exemple, un cas bien typique: On a déjà
donné des lettres patentes dans certaines régions du
Québec, à un mois X, et, trois mois après, on s'est rendu
compte que ces lots avaient été vendus aux Américains, par
exemple, ou avaient été vendus à d'autres personnes qui
n'ont rien à voir ni avec la forêt, ni avec l'agriculture. C'est
pour cela que je vous disais tantôt qu'il faut être prudent. Je
pense que c'est important d'attendre les résultats du comité.
Même, je pourrais aller plus loin que cela, il y aurait avantage à
ce qu'on le discute plus en profondeur, ce problème, au niveau de
l'Assemblée nationale.
M. VINCENT: Question de privilège, M. le Président.
LE PRESIDENT: Question de privilège?
M. VINCENT: Oui, M. le Président. Elle intéresse tous les
députés de cette Chambre.
LE PRESIDENT: Allez-y. Je vous écoute, je suis tout oreilles.
Question de privilège
Foyers pour personnes âgées
M. Clément Vincent
M. VINCENT: Je vais terminer ma question de privilège non pas par
une motion mais par une demande de prise en considération par le leader
parlementaire. Il y a une coutume établie dans presque tous les
Parlements, lorsque la Chambre siège les déclarations
ministérielles se font à la Chambre et non pas directement
à la presse,comme vient de le souligner le ministre de l'Agriculture.
Ceci permet aux représentants des partis d'Opposition de faire des
commentaires immédiatement sur les déclarations
ministérielles, sur les politiques ministérielles.
De plus, comme vous avez pu le constater, depuis près de deux
ans, cette coutume, ici, dans ce Parlement, est en train de s'estomper
complètement. J'ai siégé dans un autre Parlement et,
à chaque fois qu'une telle chose se produisait, le gouvernement
était critiqué sévèrement, même il
s'excusait.
Ma suggestion, et non pas ma motion, est la suivante: Je demanderais au
leader parlementaire et au premier ministre de prendre en considération
que la Chambre est la première responsable de tout ce qui peut se faire
sur le plan politique au Québec. Je crois qu'il serait décent que
chacun des ministre, par exemple le ministre des Affaires sociales avec
l'annonce de foyers pour personnes âgées, prenne toujours comme
première responsabilité d'informer la Chambre des politiques
gouvernementales. Ainsi, nous pourrions commenter cette politique comme cela
s'est toujours fait dans le passé.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une
dernière...
M. DUMONT: M. le Président,... LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DUMONT: Si vous me permettez, M. le Président, j'appuie la
question de privilège...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. DUMONT: Sur la question de privilège du député
de Nicolet...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre, messieurs! Je regrette
mais on ne peut pas enchaîner sur une question de privilège.
A l'ordre! A l'ordre! C'est fait. L'honorable député de
Maison...
M. ROY (Beauce): M. le Président, une question additionnelle.
LE PRESIDENT: La dernière.
M. ROY (Beauce): On a fait une question de privilège.
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'aimerais rétablir
certains faits et j'invoque le règlement pour le faire.
LE PRESIDENT: Sur une question, comme je l'ai indiqué hier,
lorsque la conduite d'un membre de cette Chambre est mise en cause, on peut
permettre de faire certaines remarques ou commentaires.
M. CASTONGUAY: Le député de Nicolet a dit que j'avais
annoncé la politique des foyers pour personnes âgées hors
de cette Chambre. Je voudrais rappeler que, dès décembre 1970,
ici, en cette Chambre, j'annonçais cette politique. Par la suite, elle a
été discutée à deux ou trois reprises au moment de
l'étude des crédits du ministère. Et ce qui a
été annoncé dans le cadre de cette politique,
récemment, c'était une phase au plan de l'implantation de
certains foyers.
Alors, la politique, sur ce plan-là, a été
annoncée dans le cadre des règles qu'exposait, je pense bien avec
raison, le député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, je voudrais m'excuser auprès
du ministre. J'ai parlé du dernier projet des 2,400 lits en foyers. A ce
moment-là, aussi ridicule que cela puisse paraf- tre,...
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas...
M. VINCENT: ... le même jour, au moment où le ministre
déposait son communiqué de presse devant les journaux, nous, nous
posions une question en Chambre...
M. LEVESQUE: A l'ordre!
M. VINCENT: ... à savoir si...
M. CASTONGUAY: Chaque fois que la SHQ annonce qu'elle donne une
subvention pour un programme, ce n'est pas une nouvelle politique.
M. VINCENT: Non, non.
M. CASTONGUAY: Alors, pour les foyers, c'est exactement la même
chose.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. CASTONGUAY: C'est dans la phase de...
LE PRESIDENT: Dernière question supplémentaire, le
député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Question supplémentaire. Le ministre nous a
appris, tout à l'heure, qu'il entendait informer la presse, ce matin,
d'une politique. J'aimerais lui demander s'il a l'intention de nous remettre
une copie du document qu'il a en main, des politiques qu'il entend annoncer
à la presse, de façon que les députés puissent en
prendre connaissance, si on respecte encore l'Assemblée nationale.
M. TOUPIN: M. le Président, je ne crois pas qu'il s'agisse de ne
pas respecter ou de respecter l'Assemblée nationale.
Il me paraît que nous avons toujours pour ma part, en tout
cas informé l'Assemblée nationale des grandes politiques
que nous mettions de l'avant. Ce matin, je n'ai pas hésité
à répondre à la question qui me fut posée. Je ne
voulais pas, évidemment, à l'occasion de cette question, lire
tout le document. Cela aurait été fastidieux et long.
L'Assemblée nationale est au courant avant quiconque de cette
politique et maintenant, pour plus de précision, le document, la mesure
pourrait être mise à votre disposition ou vous pourrez prendre
connaissance par la voie des journaux de ce que cela contient.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'ai demandé à
l'honorable ministre s'il accepterait de déposer son document ce matin,
pour que les députés puissent en avoir des copies. Nous sommes
capables de lire les journaux, M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY (Beauce): ... on n'a pas besoin d'en discuter en Chambre.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TOUPIN: Ce n'est pas nécessaire, M. le Président.
M. ROY (Beauce): M. le Président, nous aimerions avoir une copie
de ce texte.
LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! L'honorable
député de Maisonneuve.
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas eu de réponse!
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plait! Le ministre est libre de
répondre ou non, en vertu du règlement.
A l'ordre! L'honorable député de Maisonneuve. A l'ordre,
à l'ordre!
QUESTIONS DES DEPUTES (suite)
Le français, langue de travail
M. BURNS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Affaires culturelles. Cela vous surprend, quoi?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, il n'y a pas de bobines
au ministère!
M. BURNS: M. le Président, récemment, la
Société de téléphone Bell publiait des offres
d'emploi dans des journaux de langue française et des journaux de langue
anglaise pour des postes de direction au service de traitement des
données.
Dans le texte français, on a une exigence pour les candidats:
"Les candidats doivent être bilingues et posséder de huit à
dix ans d'expérience, etc." Je vous fais grâce du reste. Dans le
texte anglais, quand on parle des exigences, on dit: "Candidates must have
eight to ten years experience, etc." On ne parle pas du bilinguisme requis,
dans les journaux anglais.
Si on compare ces deux formules d'offre d'emploi, il semble qu'on exige
le bilinguisme chez les francophones et qu'on ne l'exige pas chez les
anglophones.
Je demande tout simplement: Est-ce que le ministre songe à mettre
un terme aux efforts que l'Office de la langue française faisait
auprès de cette firme, songe-t-il à amener un nouvel accord avec
cette firme ou doit-il nous présenter bientôt une nouvelle
politique du français dans l'entreprise?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, le député
de Maisonneuve utilise certainement n'importe quel prétexte pour tenter
de susciter un débat sur le problème linguistique.
Avant de tenter de répondre et d'aller aux informations,
j'aimerais demander une précision. De quel type d'emploi et de quelle
société s'agit-il exactement?
M. BURNS: La Société Bell. La compagnie de
téléphone "cloche"!
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je veux bien aller aux renseignements, mais il
est évident que le gouvernement n'a jamais changé d'avis ni
d'orientation touchant ses différentes initiatives dans le
domaine linguistique.
Le premier ministre comme moi-même avons clairement indiqué
qu'en plus des mesures qui ont été prises depuis deux ou trois
ans et qui constituent déjà une réalisation très
imposante, nous avions l'intention d'arriver avec une définition un peu
plus globale au moment opportun.
Je vois mal la relation entre certains incidents sur lesquels je veux
bien demander des renseignements supplémentaires et l'ensemble de la
question linguistique.
M. BURNS: Pendant qu'il y est, M. le Président, peut-être
que le ministre pourrait s'informer des efforts que l'Office de la langue
française a faits auprès de cette firme relativement au droit du
français dans l'entreprise. C'est dans ce sens que je posais la question
au ministre. Je pense qu'il y a eu un certain nombre d'efforts, en tout cas, et
je pense qu'il y a même eu un accord. C'est dans ce sens que je posais la
question au ministre.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Là, je pense que c'est un peu plus
précis. Ce n'est certainement pas le lieu pour faire un bilan des
travaux de l'Office de la langue française parce que ses travaux n'ont
pas cessé et ont certainement permis une percée importante dans
plusieurs secteurs industriels.
Je ne sais pas si l'occasion me sera donnée de faire un discours
ou une conférence à ce sujet, mais je me ferai un plaisir d'y
inviter le député de Maisonneuve.
LE PRESIDENT: Je vais permettre deux courtes questions principales, sans
question supplémentaire.
L'honorable député de Shefford.
Taxe sur les carburants
M. RUSSELL: Ce sera très court, M. le Président.
Par votre entremise, je m'adresse au ministre du Revenu. En ce qui
concerne une de ses nouvelles taxes qui prend effet à partir du 1er
juillet 1973, est-ce qu'il serait vrai que les inspecteurs du ministère
du Revenu avaient donné des ordres pour que cette taxe soit
perçue durant le mois de juin? Si oui, quelles mesures entend-il prendre
pour rembourser les gens qui ont payé indûment cette taxe avant
qu'elle soit due?
M. HARVEY (Jonquière): Je regrette, je ne comprends pas du tout
la question. Voulez-vous la répéter? Je vais essayer de
l'écouter comme il faut.
M. RUSSELL: M. le Président, je m'adresse au ministre du Revenu.
C'est en ce qui concerne une de ses nouvelles taxes sur les carburants pour les
avions et bateaux de plaisance, qui devient percevable à partir du 1er
juillet 1973. Est-ce qu'il serait vrai que les inspecteurs du ministère
ont donné des ordres pour que cette taxe soit perçue avant le 1er
juillet 1973? Si oui, quelles mesures a-t-il l'intention de prendre pour
rembourser ces gens qui ont payé indûment cette taxe avant qu'elle
soit percevable?
M. HARVEY (Jonquière): Pour répondre rapidement à
la question, la loi 43 sur les carburants, qui est la fusion de deux lois, la
Loi de la manutention de la gazoline et la Loi de la taxe sur la gazoline,
entre en vigueur, comme le veut le texte de loi, le 1er juillet prochain.
Le 1er juillet, cette loi est en application. Le député de
Shefford vient d'identifier les bateaux de plaisance et les avions de
plaisance. Bien sûr, au moment où nous avons adopté cette
loi, l'an dernier, nous avons mentionné que ces deux catégories
étaient assujetties à la taxe qui existe sur ce carburant.
Les inspecteurs, cette équipe qui fait partie du système
de vérification au ministère du Revenu, ont reçu les
instructions de faire des visites éducatives afin que tous les
mandataires se conforment à cette loi dès le 1er juillet pour
éviter les pénalités-cascades. Ce sont des visites
éducatives. Personne ne paiera de taxe avant qu'elle ne soit en vigueur
et spécialement dans la catégorie que vient d'identifier le
député de Shefford.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget,
dernière question.
Comptes d'électricité en retard
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre des Richesses naturelles.
L'Hydro-Québec a coupé le courant, hier ou avant-hier, aux 200
locataires de place Apollo en banlieue de Québec et les raisons
invoquées sont que l'ancien propriétaire n'a pas payé les
huit derniers mois d'électricité.
Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a fait des
représentations auprès de l'Hydro-Québec pour que cesse
cette pratique abusive et injuste à l'endroit de ces locataires qui se
voient privés d'un service public, sans qu'il y ait faute de leur
part?
Sinon, le ministre compte-t-il faire des représentations
auprès de l'Hydro-Québec?
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Est-ce que les députés
pourraient prendre leur place durant la période des questions, s'il vous
plaît?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, concernant ce cas,
évidemment, j'ai eu un entretien hier avec des gens de
l'Hydro-Québec sur cette question. C'est un compte qui n'a pas
été payé depuis plusieurs mois, qui s'élève
à plusieurs dizaines de milliers de dollars. Je
pense que, dans les circonstances, il appartient aux locataires de
prendre des mesures contre leur propriétaire qui devait payer les
comptes pour eux. Je ne vois pas pourquoi l'Hydro-Québec ferait un
cadeau à ce propriétaire dans les circonstances. Je pense que
l'Hydro-Québec a été, d'une certaine façon,
indulgente, compte tenu des nombreux mois de retard et que, sur une vingtaine
d'immeubles, deux seulement, aux dernières nouvelles, ont eu
l'électricité suspendue.
M. LAURIN: Ce n'est pas la faute des locataires quand même.
M. MASSE (Arthabaska): C'est la faute du propriétaire.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Communications aimerait apporter
une réponse complémentaire.
Hausse des tarifs de Bell Canada
M. L'ALLIER: En complément à une question du chef de
l'Opposition officielle au sujet de l'augmentation de tarifs de Bell Canada,
très brièvement, je voudrais dire que Bell Canada a effectivement
comme on le sait présenté, le 10 novembre dernier,
deux demandes d'augmentation de tarifs, une de $36 millions, devant prendre
effet au 1er janvier 1973, et une deuxième, la requête b) de $85
millions, devant prendre effet au 1er janvier 1974.
Ceci s'ajoutait aux autres demandes présentées sur
lesquelles avait statué la commission en 1969, 1970 et 1972.
J'ai déposé à l'Assemblée nationale, le 14
février 1973, le plaidoyer du gouvernement québécois dans
cette demande de hausse de tarifs, et j'ai communiqué, le 6 avril 1973,
avec le ministre fédéral des Communications au moment où
le gouvernement fédéral a décidé de suspendre la
décision de la Commission des transports pour mettre à sa
disposition, s'il le jugeait utile, les textes, les études et les
expertises dont nous disposions. J'ai même suggéré que,
s'il le croyait utile, nous pourrions aussi nous rencontrer sur cette
question.
Le 16 avril 1973, nous avons comparu devant la Commission des transports
relativement à la requête b), la deuxième, dont l'audition
commencera au mois d'août ou à l'automne. On connaît le
détail de la décision du gouvernement fédéral qui
vient modifier la décision de la Commission des transports. Et
très brièvement, sur ce point, il est à noter que les
arguments invoqués par le gouvernement québécois dans son
plaidoyer ont été en partie retenus par les autorités
fédérales pour modifier la décision de la Commission des
transports, notamment en ce qui touche les incidences sociales que comportent
les hausses de tarifs de la société Bell, de même que quant
à la ventilation des coûts et des programmes de construction de la
société Bell. Il s'agissait de deux points importants sur
lesquels nous avions fondé notre plaidoyer.
Pour le reste, le maintien de la décision de la Commission
canadienne des transports, et quels que soient les motifs invoqués, nous
amène à la décision que nous devons poursuivre notre
intervention devant la commission au moment de la requête b),
c'est-à-dire à moins que la date n'en soit changée
le 1er août 1973. Nous allons à ce moment-là
continuer de fournir des arguments afin que la Commission canadienne des
transports pousse beaucoup plus loin son étude des demandes de hausses
de tarifs, fasse en sorte que la société Bell ne présume
pas, dans ses planifications, des décisions de la commission, et, si
possible, que la Commission canadienne des transports étudie non
seulement la partie qui touche strictement les tarifs de la
société Bell mais l'ensemble des opérations directes ou
indirectes de la société Bell Canada.
M. LOUBIER: Juste une petite question, M. le Président. Est-ce
que, premièrement, le ministre a l'intention de faire des protestations
et, deuxièmement, est-ce qu'il a l'intention de rencontrer très
prochainement les autorités fédérales pour faire des
représentations dans le sens qu'il nous a indiqué dans sa
déclaration?
M. L'ALLIER: Non, M. le Président, je n'ai pas l'intention de
faire de protestations parce que je ne saurais pas à qui les faire, et
surtout je ne vois pas de quelle efficacité cela pourrait être
parce que le processus de révision des décisions de la
commission, c'est précisément l'intervention du cabinet
fédéral; il est intervenu, il a statué, c'est à lui
de soutenir et de défendre sa décision.
Deuxièmement, pour ce qui est de la nouvelle hausse de tarifs, le
seul mécanisme vraiment efficace et on l'a vu en partie ou du
moins dans la dernière requête, la requête a) c'est
celui d'une comparution bien étoffée devant la Commission
canadienne des transports avec des expertises, que nous n'avons pas
présentées au cours des années passées mais qui,
à l'occasion de la dernière requête et surtout de la
prochaine requête, auront pour effet, je l'espère, d'en arriver
à faire faire des études beaucoup plus serrées des
opérations de la société Bell.
Journée du drapeau Décision du
président
LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour, je crois qu'il est
de mon devoir de donner les raisons pour lesquelles l'avis de motion de
l'honorable député de Bourget n'apparaît pas au feuilleton
de ce jour, à la suite de la question de privilège d'hier; je
dois rendre ma décision à cet effet, je vais le faire très
brièvement.
Le mercredi 30 mai dernier, l'Assemblée adoptait une motion
amendée qui se lisait comme suit: "Que cette Assemblée exprime
l'avis qu'à l'occasion du 24 juin prochain, fête de la
Saint-Jean-Baptiste, une proclamation rappelle le 25e anniversaire de
l'adoption du drapeau fleurdelisé comme emblème officiel du
Québec." En fait, il s'agissait d'une motion dûment adoptée
par la Chambre. Une motion devient, à ce moment-là, soit un ordre
de la Chambre quand celle-ci, par sa décision, requiert ses commissions,
ses membres, ses officiers de faire quelque chose; ou une motion peut devenir
également une résolution quand, par sa décision, la
Chambre exprime une opinion ou des intentions. Elle affirme des faits et des
principes, et j'ajoute, émet un avis ou exprime un voeu.
A cette occasion, la Chambre exprimait à l'égard de
l'Exécutif, du conseil des ministres un voeu qu'une telle proclamation
soit faite.
Il semble qu'il n'y ait pas eu suite, de la part de l'Exécutif,
à cet avis, cette opinion de la Chambre. Ce n'est pas à moi de
juger ni de commenter le fait qu'il n'y a pas eu de suite à une telle
demande. Hier j'acceptais la question de privilège soulevée par
le député de Maskinongé, ainsi qu'une question de
privilège semblable du député de Bourget.
M. PAUL: Je m'excuse, à tout seigneur tout honneur. La question
de privilège c'est le député de Bellechasse.
LE PRESIDENT: Je m'excuse, c'est parce que c'est vous qui m'aviez
donné l'avis, je m'excuse. C'est le chef de l'Opposition officielle.
Effectivement, ces deux membres ont invoqué cette question de
privilège hier. Le chef de l'Opposition officielle, en exposant les
faits, en signalant cette violation dont il a voulu se plaindre et se limitant
à cela. Le député de Bourget en utilisant les mêmes
termes mais avec une extension, en ajoutant qu'on devait remédier
à cette situation et en me remettant un avis de motion qui se lit comme
suit: Que, pour donner suite à sa résolution du 30 mai 1973, la
Chambre ordonne qu'une proclamation soit émise le 1er juillet prochain
pour rappeler le 25e anniversaire de l'adoption du drapeau fleurdelisé
comme emblème officiel du Québec.
Nous devons faire la distinction lorsqu'il s'agit d'un ordre de la
Chambre. La Chambre peut donner un ordre dans les limites de ses
prérogatives, de son autorité. Dans notre droit parlementaire,
l'Exécutif ou le cabinet n'est pas strictement tenu de faire suite
à une résolution du législatif.
J'ai considéré cette demande du député de
Bourget. En me prévalant de l'article 59 de notre règlement, qui
donne certains droits au président de refuser la publication d'un avis,
j'ai demandé au secrétaire général de
l'Assemblée de ne pas faire paraître cet avis de motion.
La raison de base, en plus de celle que j'ai invoquée il y a
quelques minutes, est également la suivante, et je voudrais vous
rappeler une décision que j'avais rendue le 5 mars 1973 sur les
questions de privilège, où je disais: Le concept et l'exercice
des privilèges de l'Assemblée ont bien évolué et le
mot privilège est devenu, tant au Parlement fédéral qu'ici
à l'Assemblée nationale, un mot magique, passepartout donnant
ouverture à toutes sortes d'interventions plus ou moins
régulières; le plus souvent sérieuses, pour
rétablir des faits et pour demander une directive au président;
parfois humoristiques, pour lancer une flèche à un
adversaire.
J'ajoute: II s'agit dans la presque totalité des cas
d'interventions qui ne portent pas à conséquence, le
député invoquant la question de privilège se limitant
à rétablir les faits et à protester, aucun débat
n'étant permis. Très rarement, dans des cas fort sérieux,
la question de privilège est suivie d'une motion qui peut
entraîner une mesure punitive contre un individu membre de
l'Assemblée ou étranger à celle-ci qui aurait commis une
infraction grave aux privilèges et prérogatives de
l'Assemblée ou de l'un de ses membres. On trouve des cas où des
individus auraient à faire des présents en vue d'influencer un
député dans une opération de l'Assemblée et le cas
d'un député qui avait accepté un présent ou des
honoraires pour services professionnels se rattachant à des
opérations au sein du Parlement.
En résumé, il s'agit de peser l'importance et la
gravité de la question de privilège invoquée, surtout
lorsqu'il s'agit d'interrompre les travaux normaux de l'Assemblée et
d'accuser formellement un individu d'une infraction prévue à
l'article 66 de la Loi de la Législature, à savoir voies de fait
sur la personne d'un député, injures et publication
d'écrits diffamatoires à son adresse, intimidation, tentative de
corruption, subornation de témoins, etc.
En conclusion, je pourrai dire qu'à l'extrême, dans des cas
vraiment de fond, dans des cas de principe, dans des cas d'une extrême
importance, si l'Exécutif ne voulait pas respecter l'opinion du
législatif, dans des cas vraiment d'importance majeure, de politique
majeure du gouvernement, ça pourrait à l'occasion,
peut-être donner ouverture à une motion de censure ou à une
motion de blâme, mais non pas en l'occurrence.
M. LAURIN: On la représentera, M. le Président.
LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LEVESQUE: M. le
Président...
M.PAUL: Affaires du jour? J'ai une demande de renseignements.
M. LEVESQUE: Oui.
M. PAUL: En raison de l'importante séance
du cabinet que doit tenir, en fin de semaine, l'Exécutif pour
étudier l'opportunité d'un budget supplémentaire, est-ce
que le leader du gouvernement peut nous dire si la loi 11, prévoyant des
subventions aux municipalités de 25,000 de population, sera
réimprimée, à la suite de la décision que prendra
le cabinet, avant son étude en deuxième lecture? Si oui, quand le
leader du gouvernement se propose-t-il d'appeler cette loi en deuxième
lecture?
M. LEVESQUE: Je vois que l'imagination du député de
Maskinongé est très fertile aujourd'hui.
M. PAUL: On verra.
M. LEVESQUE: Le projet de loi sera présenté en temps
opportun. Justement, nous n'avons pas préparé aujourd'hui
j'en avais, d'ailleurs, fait part à quelques collègues une
liste de projets qui seraient étudiés la semaine prochaine, parce
que c'est le feuilleton lui-même que nous essaierons de vider au cours de
la semaine qui s'annonce.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: Pour répondre à des questions au feuilleton,
si on prend le feuilleton du mercredi 27 juin, question de M. Vincent,
réponse de M. Tessier.
DES VOIX: Quel numéro?
M. LEVESQUE: No 35. Pour M. Tessier, lu et répondu, (voir
annexe)
Question no 39 de M. Latulippe, réponse de M. Pinard.
M. PINARD: Lu et répondu. (voir annexe)
Projets de loi privés Troisième
lecture
M. LEVESQUE: Puis-je suggérer à la Chambre que nous
procédions, pour fins d'efficacité, à la troisième
lecture des projets de loi suivants qui sont d'ordre privé: le projet de
loi no 150, Loi modifiant la charte de la ville de Montréal-Est; le
projet de loi 159, Loi concernant la ville de Saint-Hubert; le projet de loi
164, Loi concernant la ville de Pierrefonds; le projet de loi 166, Loi
modifiant la loi constituant en corporation la ville du Lac-Saint-Joseph, et le
projet de loi no 167, Loi modifiant la charte de la ville de Sainte-Foy?
LE PRESIDENT: 177?
M. LEVESQUE: Nos 150, 159, 164, 166 et 167.
LE PRESIDENT: Est-ce que la Chambre est d'accord pour que les motions de
troisième lecture des projets de loi nos 150, 159, 164, 166 et 167
soient adoptées? Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, si la Chambre voulait se pencher
quelques instants sur un projet de loi qui permettrait de libérer le
ministre de la Justice et qui ne semble pas soulever de débat,
j'appellerais l'article 10.
Projet de loi no 28
Deuxième lecture Commission
plénière, Troisième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
deuxième lecture du projet de loi no 28, Loi modifiant la loi de la
division territoriale.
M. CHOQUETTE: M. le Président, ce projet de loi...
UNE VOIX: Tout le monde est d'accord.
LE PRESIDENT: Est-ce que tout le monde est d'accord?
M.PAUL: Oui, adopté les écritures y comprises.
M. LEVESQUE: Oui.
LE PRESIDENT: Adopté.
M. LAURIN: Ce n'est pas aujourd'hui qu'on va soulever la question du
fédéralisme rentable.
LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
LE PRESIDENT: Les écritures en ce qui concerne la commission
plénière, adopté de consentement. Le rapport est
adopté. Troisième lecture.
M. LAURIN: Ce n'est pas là, non plus, qu'on va parler du
fédéralisme rentable.
LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, pourrais-je exprimer le même
voeu quant à l'article 2?
LE PRESIDENT: Le pain.
M. PAUL: Un autre jour.
M. VINCENT: Mais il peut exprimer le voeu.
M. PAUL: On a encore quelque chose à manger un peu.
LE PRESIDENT: L'article 2c).
M. LEVESQUE: Un instant, M. le Président, comme apparamment il y
a quelques remarques à faire sur l'article 2), est-ce que nous pourrions
procéder de la même façon avec le projet de loi no 22, avec
entente que ce projet de loi pourrait être déféré
immédiatement en commission élue?
LE PRESIDENT: Quel est ce projet de loi? M. LEVESQUE: Article 12).
LE PRESIDENT: L'article 12)?
M. ROY (Beauce): Si vous me le permettez, M. le Président...
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): ... suite aux demandes du leader du gouvernement, il
avait été entendu tout à l'heure, au cours des discussions
que nous avons eues, qu'on procéderait à l'étude de la loi
du pain en troisième lecture et que, par la suite, on procéderait
au projet de loi no 22, Loi modifiant la loi sur les impôts et certaines
autres dispositions législatives d'ordre fiscal, pour des raisons que
j'ai expliquées à l'honorable leader du gouvernement.
M. LEVESQUE: D'accord. Si on adopte la deuxième lecture du bill
22. Est-elle adoptée?
M. ROY (Beauce): non.
M. RUSSELL: Je suis bien d'accord à donner mon consentement
à la deuxième lecture du bill 22, à la condition qu'on me
permette de faire quelques remarques à l'article 1 lorsqu'on
l'étudiera en commission.
M. LEVESQUE: Oui, en commission, d'accord.
Mais nous n'irons pas en commission avant d'avoir terminé nos
remarques sur la troisième lecture de la loi 277.
M. ROY (Beauce): Je n'ai aucune objection, moi non plus. On pourra faire
nos remarques à la commission, mais que la commission siège
lorsque nous aurons disposé de la Loi concernant le commerce du
pain.
M. LEVESQUE: De la troisième lecture de la Loi concernant le
commerce du pain, d'accord.
Projet de loi no 22 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Revenu propose la deuxième
lecture du projet de loi no 22, Loi modifiant la loi sur les impôts et
certaines autres dispositions législatives d'ordre fiscal. Cette motion
est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. Formation de la...
M. LEVESQUE: Un instant.
LE PRESIDENT: Juste la formation.
M. LEVESQUE: Non, M. le Président, je fais motion... Est-ce la
deuxième lecture? Il faut lire la prière.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, le
lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce projet de loi et
il en recommande l'étude à l'Assemblée.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a lieu de former la commission
plénière?
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: Non, M. le Président, je vais faire une motion pour
déférer ce projet de loi à la commission parlementaire des
finances, des comptes publics et du revenu.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour qu'après
que nous aurons disposé du bill 277 la commission que je viens de
mentionner siège, même pendant que la Chambre siège.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Article 2).
Projet de loi no 277 Troisième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce propose
la troisième lecture du projet de loi no 277, Loi concernant le commerce
du pain.
L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, au moment où nous nous
apprêtons à adopter en troisième lecture le projet de loi
no 277, je ne voudrais pas revenir sur les principes qui nous ont conduits
à présenter cette loi à l'Assemblée nationale.
Qu'il me soit seulement permis de réaffirmer ma conviction, ma certitude
qu'il s'agit là d'une mesure nécessaire qui assurera à
long terme la protection du consommateur québécois, aussi bien
que la survie de la petite et de la moyenne entreprises de boulangerie au
Québec dont la production vitale est le pain blanc tranché. Les
conséquences d'avoir eu une politique de laisser-faire, de n'être
pas intervenu, parce que le bien commun était en danger auraient
été nombreuses. D'une part, cela aurait signifié, à
plus ou moins longue échéance, la disparition d'un réseau
complet de production et de distribution de pain, qui est axé sur les
moyennes entreprises de boulangerie pour la distribution tant aux
épiceries qu'aux citoyens eux-mêmes.
Deuxièmement, au niveau des économies régionales,
je pense qu'il y aurait eu non seulement perte d'emplois, mais perturbation
profonde dans toutes les régions du Québec car on comprendra
facilement que si c'est d'une façon axé sur les très
grandes boulangeries, les très grandes chaînes d'alimentation,
où la production émane souvent de la région
montréalaise et est distribuée par des camions, ce sont des
emplois qui ne sont peut-être pas complètement perdus, mais tout
au moins des emplois qui sont déplacés vers la région de
Montréal aux dépens des régions excentriques.
Troisièmement, à plus long terme, je pense comme
j'ai tenté de le démontrer à la fois en deuxième
lecture et dans l'étude article par article que c'est le
consommateur québécois qui aurait eu à payer un prix
beaucoup plus élevé qu'actuellement. Ce qui a permis au
Québec, jusqu'ici, d'avoir le pain à un coût
inférieur, et de beaucoup, à la moyenne nationale,
inférieur, et de beaucoup, à tous les Etats américains, ce
n'est pas que nos coûts de revient ou nos coûts de production
soient moindres que dans ces autres Etats, ce n'est pas que nous avons quelques
avantages naturels qui nous permettraient d'offrir au consommateur du
Québec un prix de $0.05 ou $0.06 plus bas que le prix canadien. C'est
plutôt parce qu'au Québec et uniquement au Québec nous
avions, jusqu'ici, réussi à sauvegarder l'existence de deux
réseaux de concurrence, de deux réseaux de production, à
savoir la grande boulangerie et les grandes chaînes d'alimentation et,
d'autre part, les petites boulangeries et leur réseau de
distribution.
Si nous devons assurer la protection du consommateur, assurer que la
concurrence existe véritablement, nous ne devons pas tenter de
rechercher une concurrence entre les grandes chaînes d'alimentation entre
elles. Car l'exem- ple des autres provinces et des autres pays nous a
prouvé que dès qu'on a réduit, d'une façon
draconienne, le nombre de boulangeries, les grands monopoles sont alors devenus
presque rois et maîtres dans ce secteur essentiel.
Qu'on se rappelle qu'il se consomme plus de six millions de pains au
Québec. C'est une denrée importante dans toutes les familles. Je
pense que l'on doit se réjouir que le pain soit moins cher ici que dans
d'autres régions.
A plus long terme, également, il faudra se rappeler que, d'une
façon sournoise, d'une façon habile, les politiques commerciales
abusives pratiquées par certaines chaînes d'alimentation ont
détourné une large part du marché, dans les régions
excentriques, des petites épiceries à la chafne d'alimentation.
C'est non seulement le commerce du pain qui était affecté par ces
pratiques commerciales abusives, mais également, l'épicerie qui,
dans bien des régions du Québec, représente plus de 60
p.c. du commerce de l'alimentation. Je pense que nous avons donné des
exemples que lorsque les grandes chaînes qu'elles appartiennent
à des Québécois ou à d'autres personnes
offrent le pain à des prix ridicules, nettement en bas du coût de
production, ce qui représente un dumping sur les marchés
intérieurs, eh bien, indirectement l'épicerie
québécoise, que nous avons convenu d'appeler la petite
épicerie, en subit les contrecoups puisque la clientèle ne va pas
à la grande chafne uniquement pour s'approvisionner en pain. Dès
qu'on l'a attirée à l'intérieur de la grande chafne
d'alimentation, elle y reste pour y faire le marché hebdomadaire.
Tel que je l'ai mentionné, le projet de loi no 277 n'est pas une
panacée aux problèmes des boulangeries québécoises.
Ce n'est pas non plus la seule mesure que le gouvernement a retenue.
Déjà, depuis plus d'un an et demi, nous avons mis en application
nombre des mesures qui avaient été recommandées dans le
rapport sur les boulangeries, terminé il y a quelque temps. Que ce soit
au niveau des fusions d'entreprises, au niveau de la rationalisation de la
production, au niveau de l'aide technique pour assainir la gestion des
boulangeries, au niveau de la recherche, au niveau de l'emballage et du
marketing, les services de mon ministère, particulièrement l'aide
à la petite et moyenne entreprises, ont mis de l'avant nombre de
programmes spécifiquement conçus en fonction des problèmes
des boulangers eux-mêmes.
Bien sûr, en dehors des lois, en dehors des programmes
gouvernementaux, en dehors même des subventions, il faudra que les
boulangers eux-mêmes soient prêts à relever le défi.
Mais je pense que, compte tenu de l'évolution très rapide des
douze derniers mois, compte tenu également des difficultés qui
ont fait disparaître nombre de boulangers, ceux qui ont réussi
à survivre jusqu'à ce jour sont prêts à faire
l'effort d'adaptation à des conditions nouvelles pour satisfaire le
consommateur, offrant un produit de qualité à un prix le plus bas
possible.
A maintes reprises nous avons eu cette conviction que ce n'était
pas au niveau des coûts de revient que les petites et moyennes
boulangeries étaient désavantagées; que c'était
beaucoup plus au niveau des pratiques commerciales abusives pratiquées
par certaines chaînes d'alimentation. Le gouvernement dont je fais partie
est nettement derrière l'entreprise privée comme étant le
meilleur, agent économique pour créer la richesse dans notre
milieu, mais ce gouvernement n'est pas dogmatique.
Lorsque l'intérêt commun l'exige, nous n'hésitons
pas, comme dans la loi 277, à créer peut-être un
précédent, à établir un seuil minimum, parce que le
bien commun l'exige.
IL semblerait simpliste, pour nous, d'avoir une doctrine axée sur
l'entreprise privée et de laisser croire qu'un laisser-faire complet est
à la fois salutaire pour l'entreprise privée et pour les
consommateurs.
D'ailleurs, il est intéressant, M. le Président, de voir
quels ont été les appuis que nous avons reçus
vis-à-vis du projet de loi no 277. En plus de tous les
députés ministériels, nous avons eu les appuis à
100 p.c. des boulangeries québécoises, les 250 qui existent, et
des 15,000 personnes qui se trouvent derrière ces boulangeries. Les
télégrammes n'ont pas arrêté d'affluer à mon
bureau, au cours des derniers jours, pour demander au gouvernement de ne pas
lâcher, que ce projet de loi était essentiel pour leur survie,
qu'il leur paraît nécessaire dans l'intérêt
commun.
Egalement, il faut se rappeler qu'à la commission parlementaire,
nous avions reçu un télégramme de l'Institut de protection
des intérêts des consommateurs, qui nous mettait en garde
justement, contre une politique de laisser-faire, de laisser les gros manger
les petits, de ne pas intervenir car, disaient-ils, les monopoles feront vite
payer aux consommateurs eux-mêmes le prix de ce laisser-faire, le prix de
ce monopole qu'ils auront.
Il est également intéressant de remarquer qui était
contre le projet de loi, c'est-à-dire les trois partis de l'Opposition,
pour des raisons qui m'ont énormément surpris, également
des firmes comme la firme Steinberg, qui est venue à la commission
parlementaire. On peut difficilement, lorsqu'on prône
l'intérêt des consommateurs et la survie des petites boulangeries,
voter contre ce projet de loi, alors qu'eux-mêmes, les consommateurs et
les petites boulangeries, nous ont appuyés et que les grands trusts,
eux, ou les grandes chafnes d'alimentation, dans certains cas mais
peut-être pas d'une façon des plus marquées pour Steinberg,
se prononçaient contre la réglementation.
Je vous fais remarquer également, M. le Président, que ce
projet de loi contient des dispositions, essentielles il me semble pour la
protection du consommateur en dehors des prix de revient. Je parle en
particulier des questions qui touchent la réglementation sur le poids,
sur l'emballage et sur la vente du pain rassis. Je veux bien croire qu'on
aimerait que le pain rassis soit accessible à des secteurs de la
population qui veulent bien le prendre, souvent des secteurs
défavorisés, mais je pense que si on accepte ce principe, il faut
accepter également qu'on ne peut le pousser à l'extrême,
lui non plus, sans aucune intervention. Je pense que les consommateurs,
même ceux qui sont défavorisés, ont droit à une
protection et ont le droit de savoir qu'il y a une certaine
réglementation, qu'on n'offre pas en pâturage du pain qui pourrait
représenter des difficultés sur le plan de la consommation
humaine.
Or, dans le moment, il y a très peu de pouvoirs de
réglementation aux deux niveaux de gouvernement en ce qui touche non pas
la production du pain mais la façon dont il est présenté
et offert aux consommateurs, la période de temps qui peut s'être
écoulée depuis la production au point que souvent
d'ailleurs, c'est une expérience dans des jours de chaleur du
pain qui a commencé à moisir est offert aux consommateurs sans
qu'on puisse intervenir.
Nous avons abordé ce sera mon dernier point la
question de la vente dans le gros. J'ai expliqué qu'entre les deux
réseaux de production que nous avons, c'est-à-dire la grande
boulangerie axée sur la grande chafne d'alimentation, et l'autre
réseau, qui est la petite boulangerie dont la distribution est faite par
les épiceries ou à domicile, il n'existait pas de
différence marquée au niveau du prix du gros, qu'il n'y avait pas
d'abus marqués au niveau des ventes en gros qui sont faites soit
à des établissements, soit entre les producteurs eux-mêmes.
D'ailleurs, même lorsque les chaînes d'alimentation se procurent
leur pain de petites boulangeries, ils paient, dans le gros, un prix
raisonnable.
Mais la difficulté, la pratique commerciale abusive, c'est
lorsqu'ayant payé dans le gros un prix raisonnable, on l'offre à
un prix dérisoire au consommateur pour, enfin, utiliser la technique du
loss leader.
Il me semble que dans ces deux cheminements, compte tenu de ce que j'ai
dit, l'Etat ne doit pas intervenir indûment, puisque certains des points
que nous avons vus impliquent des rationalisations. Dès qu'on parle de
rationalisation entre producteurs, on parle d'échange de productions, on
parle d'escomptes de toutes sortes, soit sous forme de paiement ou de types de
production. Il deviendrait extrêmement complexe pour l'Etat de tenter
d'intervenir dans un endroit où la preuve en a été
faite il n'y a pas de problème. D'autant plus que nous avions la
conviction que, s'il n'y a pas d'abus au niveau du consommateur, les deux
réseaux sont capables d'être en concurrence loyale entre eux,
d'autant plus que, pour les grandes institutions, il me parait dans
l'intérêt des contribuables qu'on puisse demander des appels
d'offre, qu'on puisse mettre en concurrence les différentes
méthodes de production, les différents magasins. Je pense que ce
serait
abusif, autrement, de fixer le prix du gros et, par après,
être obligé un peu de le donner à des gens parce que le
prix a déjà été fixé d'une façon
arbitraire.
La présente loi vise un secteur vital où le Québec
est largement représenté encore, comme dans d'autres domaines
alimentaires, la production laitière ou celui des oeufs notamment.
La loi ne fixe pas de vente au détail mais tente de mettre fin
à des pratiques largement décriées et à la longue
néfastes et pour le consommateur et pour l'industrie
québécoise. Nous avons voulu que cette loi soit aussi restrictive
que possible, car nous ne voulons pas intervenir directement à tous les
niveaux du commerce au Québec.
Cependant, nous avons cru nécessaire dans ce cas d'agir parce que
la pratique visée menaçait la stabilité d'un secteur
commercial au Québec. Il existe peu de secteurs où nous puissions
appréhender une situation comparable à celle-là. Mais,
même ici, je suis certain que dans l'immédiat le consommateur,
dans plus de 95 p.c. des cas, ne ressentira aucun effet à la fixation
d'un prix minimum temporairement inscrit dans la loi.
Et à plus long terme lorsqu'à la commission parlementaire
nous pourrons, par des paramètres de prix de revient, par des
études détaillées, proposer de nouveaux prix, je suis
certain qu'alors et les partis d'Opposition et des consommateurs et les
boulangeries seront contents de réaliser la stabilité des prix du
pain au Québec. Comme on aura préservé ces deux
réseaux en concurrence, ces deux réseaux de production et de
distribution, ils pourront continuer de bénéficier, au niveau du
consommateur, de l'avantage que le Québec a dans le moment,
c'est-à-dire d'avoir des prix du pain qui sont substantiellement plus
bas que dans toute autre région du pays ou même dans toute autre
partie de l'Amérique du Nord.
Je crois d'ailleurs et je l'ai mentionné en
deuxième lecture qu'on ne peut parler d'inflation dans le cas du
prix du pain. Je pense que comme je l'ai montré il y a des
pratiques abusives et qu'on offre le pain à $0.09. On pourrait citer
bien des députés dans cette Chambre qui ne se rappellent pas
qu'il y a 20, 25 ou 30 ans le pain se vendait à $0.09.
D s'agit de reculer dans le temps, et le pain se vendait souvent plus
cher à l'époque. C'est sûrement une des denrées qui
n'a pas subi d'inflation, particulièrement dans des pratiques
abusives.
Je crois que la loi 277, sans être une panacée, est un
geste responsable posé avec une certaine modération par un
gouvernement qui, quelles que soient les situations, agit sans excès, en
ayant à coeur les intérêts véritables des
consommateurs québécois et non leur intérêt à
court terme, peu importe le jeu électoral qu'on pourrait y
retrouver.
Merci, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, je viens d'écouter aussi
religieusement que possible le ministre de l'Industrie et du Commerce, qui
vient de nous faire l'apologie de sa loi. Il a fallu qu'il ait certaines
inquiétudes pour entrer dans des détails, et il s'est
questionné très sérieusement avant de nous apporter ce
discours de troisième lecture.
On voit et ça se sent que le discours de cet
honorable député est celui d'un homme qui a été
sensibilisé, qui aurait été même
ébranlé et qui, dans son âme et conscience, se dit: La loi
que nous adoptons en voulant viser un objectif passe à côté
du problème parce que le gouvernement a crée un faux
problème. Il vote une loi pour régler un problème qui n'en
est pas un et il le règle de la mauvaise façon, s'il y en a
un.
Nous avons, il me semble, les partis de l'Opposition, fait
l'unanimité. On nous a tantôt prêté des raisons pour
avoir gardé cette conduite; je pense que c'est de mauvaise guerre de
nous avoir imputé des motifs. Je crois que nous, les trois partis de
l'Opposition, sans avoir à faire plaisir à qui que ce soit, avons
oeuvré dans le sens d'une protection du consommateur.
C'est, je crois, le seul motif qui nous a forcés, pour ne pas
dire astreints, à demander que cette loi soit rappelée et
modifiée dans le sens que nous avons suggéré. Le ministre
n'a accepté aucune de nos modifications. Il portera lui-même, non
pas l'odieux, mais toute la responsabilité de l'application de cette
loi. Actuellement, il réglera je le confesse
peut-être le problème du petit fabricant et du livreur de pain,
qui passe de porte en porte. Il réglera ce problème pour combien
de temps? Pour combien de temps? Il peut, pour quelques mois, avoir bonne
conscience et s'en préparer une, mais le problème demeurera
complet.
Nous avions dit au ministre dans le temps que, dès que ces petits
seront disparus du marché et c'est ce qui va arriver, parce
qu'ils s'en vont à un rythme de 2 p.c. à 5 p.c. par année
et que le gros sera seul sur le marché, avec le prix minimum
fixé par ce gouvernement qui vient de créer un
précédent malheureux, le consommateur n'aura qu'une
possibilité: toujours payer le prix maximum pour le pain. Je pense que
c'est là le noeud du problème.
Nous avons réalisé, M. le Président, qu'il y avait
une baisse dans la consommation du pain. Nous avons réalisé
aussi, et nous l'avons dit, que le pain tranché est devenu un produit
industriel. Le ministre semble avoir oublié ça. Les gens
achètent de plus en plus dans les chafnes d'alimentation; c'est la
situation actuelle. Le gouvernement a pris un faux moyen en contrôlant
les prix et il provoquera la hausse du prix du pain. On a fixé un
minimum, principe contre
lequel nous nous sommes insurgés. Il aurait fallu fixer un
maximum; cela aurait été plus sécuritaire. De toute
façon, le maximum viendra et le ministre ne pourra pas
l'arrêter.
Nous allons voter contre cette loi, M. le Président, parce
qu'elle va amener une hausse arbitraire du prix du pain qui est une
denrée essentielle. Cela va être une hausse arbitraire. On n'a pas
besoin d'avoir réfléchi longtemps pour ne pas épouser cet
avancé et cette politique. Je me demande comment le ministre et le
gouvernement se sont installés devant ce problème pour en venir
à une conclusion aussi aberrante que celle qu'ils viennent d'apporter.
La loi va frapper proportionnellement plus les pauvres et les petits, c'est
ça. C'est tellement ça qu'on a tout fait pour que le petit ne
paie plus le pain à tel prix et pour enlever les journées
où le petit pouvait remplir son congélateur. C'est fini, c'est
révolu. Il va se faire un transfert de $4 millions à $5 millions
par année des consommateurs aux grandes chaînes alimentaires.
C'est capital, M. le Président, mais le ministre dit que ça ne se
fera pas.
Je me demande ce que ça veut dire. Nous des parties de
l'Opposition, sans être des phénix, nous avons des raisonnements
qui se tiennent, il me semble que c'est présentable. Nous avons des
têtes peut-être pas tout à fait aussi bien
charpentées que les illustres cerveaux de nos hommes en face, mais, dans
nos délires, il y a peut-être des moments où nous
raisonnons avec sens. Je me demande pourquoi il ne s'est pas trouvé un
argument de ce côté-ci pour faire modifier cette loi. Il n'y a
rien eu qui a tenu; rien de bon dans tout ce qu'on a proposé.
Le gouvernement s'est fixé des oeillères, il s'est
enligné dans un petit chemin étroit et il n'a pas
dévié d'un pouce, ni d'un côté ni de l'autre. Il
s'en va au bout du corridor et il va s'assommer sur le mur.
On l'a dit. Cela riait puis on ne connaissait rien dans le pain. M. le
Président, on a eu le problème. Si ç'avait
été une mesure salvatrice, l'Opposition aurait embarqué
automatiquement derrière le gouvernement, on n'aurait pas eu ce
débat. Cela devait être une toute petite loi dans le temps, on
s'en rappelle, ça devait se passer un, deux, trois. On a eu un
débat qui a duré quasi deux semaines et demie et cela aurait pu
durer encore, n'eût été la température de ce
four.
La loi ne changera pas le rapport de forces entre les petites
boulangeries, d'une part, et les grands magasins, d'autre part. Le petit
producteur n'entrera pas plus dans le grand magasin c'est là
qu'est le débit du pain parce que la loi ne touche pas le prix du
gros.
M. le Président, nous avons essayé par tous les moyens de
convaincre le ministre qu'il fallait, si on voulait faire quelque chose de
constructif, fixer le prix de gros. Pas nécessaire! Pensons-y un
instant, le prix du gros n'étant pas fixé, les petits et tous
ceux qui font le commerce du pain vont acheter au prix du gros, à
n'importe quel prix, puis là il va se faire du loss leader quand
même dans le gros. On ne l'empêche pas, on l'arrête dans le
détail, mais il va se faire dans le gros. Les gens vont s'approvisionner
de pain. C'est le gros qui va faire la piastre, puis c'est le petit qui va
payer. Faux problème, faux remède. Gouvernement à
oeillères, gouvernement enligné sur un objectif qui est le
cataplasme sur la jambe de bois, comme dirait l'illustre député
de Rouyn-Noranda.
M. le Président, il y a un autre article que j'allais oublier, la
domination de l'industrie par les grandes boulangeries non
canadiennes-françaises et par les grandes chaînes; on s'en va
là, c'est là qu'on va, un point c'est tout. C'est final, on n'en
sortira plus. On avait proposé, notre parti, de subventionner le
regroupement des boulangeries avec un fonds de $4 millions à $5
millions. Pas bon! Le ministre va être obligé de les payer
tantôt, les petites boulangeries, pour les fusionner, puis c'est le
consommateur qui va payer indirectement, puis qui aura payé. On a
même suggéré, s'il fallait sauver le porte-à-porte,
de le subventionner, donner $0.02 par pain; ç'aurait coûté
$1.5 million. Pas bon, M. le Président.
On a proposé de ne pas hausser le prix aux consommateurs. Ah, le
ministre a dit: On ne le hausse pas, pas directement, mais il aurait
adopté une loi strictement avec l'idée fixe de hausser le prix
qu'il n'aurait pas mieux réussi. Politique, j'allais dire de l'autruche,
ce n'est peut-être pas parlementaire, M. le Président, mais on
s'est rentré le bec puis le nez dans le sable jusqu'aux épaules,
le gouvernement va étouffer. Ah les députés sont revenus,
ils étaient allés dans leur comté, ils se faisaient taper
dans le dos par deux ou trois gars. Mais ils vont se faire taper dans le dos
par les consommateurs, il y a beaucoup plus de consommateurs qu'il y a de
livreurs de pain. Et, comme on ne règle pas le problème du
livreur de pain, puis qu'on ne règle pas celui du consommateur, on
aurait été mieux de ne pas légiférer.
M. le Président, c'est le sens de mon intervention. Je demeure
convaincu que, si on ne vote pas pour cette loi, ce n'est pas pour
réagir et essayer de venir en conflit avec le petit boulanger, c'est
pour le sauver malgré lui. C'est simplement pour ça.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Beauce.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'ai écouté
attentivement le ministre de l'Industrie et Commerce tout à l'heure dans
son discours de troisième lecture relativement à son projet de
loi no 277, Loi concernant le commerce du pain.
Le ministre a commencé par nous présenter son projet de
loi comme ayant pour principal
objectif de protéger le consommateur québécois.
C'est ce que j'ai bien entendu tout à l'heure. Le ministre a
ajouté, par la suite, qu'il faut protéger la petite et la moyenne
boulangerie. Il faut s'assurer de la concurrence. Si le ministre prend la peine
de regarder les arguments qu'il nous a apportés ce matin dans le
discours qu'il a fait tout à l'heure, s'il prend la peine de les
analyser, il va se rendre compte qu'il s'est contredit. On ne peut pas
protéger le commerce avec des lois exceptionnelles et protéger le
consommateur en même temps; je pense que ce sont deux principes
absolument faux, absolument contradictoires.
Je sais que le ministre dans sa loi, à l'heure actuelle, sous
prétexte je dis bien que c'est un prétexte de
vouloir sauver la petite et la moyenne boulangerie, veut
légiférer sur les prix de détail. Pour protéger le
commerce du pain contre qui? Je pense que cela n'a pas été
tellement dit. Pour protéger le commerce du pain contre qui? Contre le
consommateur. Comment voulez-vous qu'on puisse présenter une loi pour
protéger le consommateur alors qu'on présente une loi pour
protéger justement le commerce contre le consommateur? S'il y a une
contradiction aussi flagrante, c'en est une; nous n'en avons jamais entendu
d'aussi grande à l'Assemblée nationale que celle que vient de
nous servir l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce le sait parce qu'il n'est pas
tellement convaincu de sa loi. Cela paraît; cela se sent, M. le
Président. Le ministre de l'Industrie et du Commerce parle de la fusion
des boulangeries. Nous aurions pu lui citer des cas de fusions de boulangeries
remarquez bien subventionnées par le gouvernement. Je
pourrais nommer au ministre des régions où, immédiatement
après la fusion, le consommateur s'est trouvé dans la situation
où il a dû payer $0.02 de plus pour le pain; dans d'autres
localités avoisinantes, il y a eu augmentation de $0.04. C'est
ça, protéger le consommateur dans la province de Québec?
Est-ce que les boulangeries se sont trouvées mieux? E y a des
boulangeries qui sont fermées le ministre le sait à
l'heure actuelle. Le ministre sait qu'il y a une grande quantité de
petites boulangeries, de petites industries locales qui sont fermées
à l'heure actuelle.
Le ministre arrive pour légiférer uniquement sur le prix
de détail pour protéger le commerce contre le consommateur. Mais
pour protéger les trusts, pour protéger les abus des trusts
à l'endroit des petites boulangeries, des moyennes boulangeries de la
province de Québec, absolument rien! Le commerce du pain, la vente du
pain pour les petites et les moyennes boulangeries va se faire de plus en plus
au niveau du prix de gros. Cela, le ministre le sait. Cela va se faire au
niveau du prix de gros, il le sait très bien. Qu'est-ce que le
gouvernement fait au niveau du prix de gros? Absolument rien. Ce que le
gouvernement fait à l'heure actuelle, c'est assu- rer des profits
beaucoup plus grands, à ceux qui font le commerce au
détail...
M. BERTHIAUME: Pas si fort.
M. ROY (Beauce): On me dit, M. le Président, que j'empêche
le député de Napierville-Laprairie de dormir sous prétexte
que je parlerais trop fort. Il y a des dortoirs ici, il y a des fumoirs.
J'inviterais l'honorable député de Na-pierville-Laprairie, s'il
veut dormir, à se retirer tout simplement dans les fumoirs.
M. BERTHIAUME: Question de privilège, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Question de privilège du
député de Napierville-Laprairie.
M. ROY (Beauce): M. le Président, l'honorable
député de Napierville-Laprairie a passé son temps à
chuchoter et à dire toutes sortes de choses pour essayer de
déranger.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre! Question de privilège du député de
Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: Merci, M. le Président. J'aimerais faire remarquer
au député de Beauce que je ne dormais pas; tout ce que je lui ai
demandé, c'est de parler moins fort. Le député de Beauce
crie tout le temps en Chambre. C'est la seule remarque que je voulais faire, M.
le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, comme je constate qu'il y a
toujours quelques back benchers libéraux qui dorment, je vais tenter de
baisser la voix afin de ne pas déranger ces illustres personnages.
M. LACROIX: Vous êtes assez ennuyant pour cela.
M. ROY (Beauce): Ces illustres personnages.
M. LACROIX: Vous êtes assez ennuyant pour endormir toute une
foule.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que j'empêche
également le député des Iles-de-la-Madeleine de
dormir?
M. LACRODC: Non, c'est rare que je dorme.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Je disais donc que l'on
parle de survie de la concurrence. On veut permettre à la
concurrence de survivre. C'est effrayant, M. le Président, d'entendre
autant de propos et entendre autant de contradictions de la part d'un
gouvernement. Le gouvernement fait tout, à l'heure actuelle, pour
éliminer la concurrence. Le ministre de l'Industrie et du Commerce n'a
qu'à consulter son collègue voisin de pupitre, l'honorable
ministre de l'Agriculture, qui subventionne à coups de primes la fusion
des meuneries, qui fusionne à coups de primes gouvernementales la fusion
des usines laitières, qui fusionne à coups de primes les usines
de transformation, qui fusionne à coups de primes toutes sortes de
choses, et qui favorise même la fusion des fermes pour organiser des
grandes entreprises qui, tout à l'heure, seront entre les mains des
grandes compagnies, des grands trusts. C'est le gouvernement qui vient nous
raconter des histoires, vient tenter de nous émouvoir, même avec
des trémolos dans la voix, un moment donné, tenter de nous
émouvoir en disant que ce pauvre et bon gouvernement veut assurer la
survie de la concurrence et qu'il est contre les monopoles, qu'il est contre
les cartels.
M. le Président, j'inviterais l'honorable ministre de l'Industrie
et du Commerce, s'il est contre les cartels, contre les monopoles, à
regarder exactement ce qui se passe dans les autres politiques
gouvernementales, à regarder ce qui se passe au niveau de certaines
industries, au niveau du commerce pour voir si, réellement, le
gouvernement veut assurer la survie de la concurrence et si le gouvernement est
contre les monopoles.
M. le Président, l'honorable ministre de l'Industrie et du
Commerce et c'est par analogie que je le fais pourrait regarder
dans le domaine du textile, dans le domaine de la chaussure ce qu'il a fait
à l'endroit des entreprises québécoises. Je pense que nous
aurions des bonnes réponses et nous aurions des exemples...
M. AUDET: Dans le domaine de la forêt.
M. ROY (Beauce): ... qui ne seraient pas tellement édifiants pour
le gouvernement, et dans le domaine de la forêt, comme le souligne mon
collègue, l'honorable député d'Abitibi-Ouest. Si le
gouvernement est contre les monopoles; qu'est-ce que ce gouvernement a fait
contre le plus grand des monopoles que nous ayons au Canada, que nous ayons au
Québec? Et qu'est-ce que son collègue des Finances a fait contre
le plus gros cartel, le plus gros monopole que nous ayons au Québec?
Qu'est-ce que le gouvernement a fait dans le domaine des finances? Je parle des
banques qui ont le contrôle, le monopole, l'exclusivité de tout le
crédit, qui sont les propriétaires et les maîtres absolus
de tout le crédit, crédit de la confiance d'un peuple, de la
capacité d'un peuple à réaliser ses biens. Qu'est-ce que
le gouvernement a fait là-dedans? Absolument rien, il est muet. Il
préfère ridiculiser nos propos. M. le Président, on n'est
pas sur la question du monopole de la finance, on est sur la question du prix
du pain. Que le gouvernement ne vienne pas nous raconter des histoires, que le
gouvernement ne vienne pas nous faire accroire, ce matin, qu'il est contre les
cartels, qu'il est contre les monopoles et qu'il favorise la concurrence. Nous
aurions trop d'exemples, il y aurait trop de domaines sur lesquels...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permet une
question?
M. ROY (Beauce): M. le Président, l'honorable ministre de
l'Industrie et du Commerce aura un droit de réplique, tout à
l'heure, je ne veux pas qu'il se serve de mon droit de parole pour m
empêcher de compléter mon intervention.
M. SAINT-PIERRE: J'ai compris que les banques étaient
maîtresses du crédit social. Avez-vous dit que les banques
étaient maîtresses du crédit social?
M. ROY (Beauce): Non, du crédit bancaire. Le crédit de la
société est devenu la propriété et
l'exclusivité des banques. C'est la seule chose qui existe, à
l'heure actuelle, au pays, il n'y a pas de crédit provincial, il n'y a
pas de crédit municipal, vous n'avez que le crédit bancaire.
C'est là que nous proposons que le crédit, qui est
déjà la propriété de la société,
revienne à la société. Alors on aura un crédit
vraiment social dans la province de Québec et on pourra l'utiliser pour
des fins sociales.
M. le Président, le gouvernement...
M. SAINT-PIERRE: Le crédit social.
M. ROY (Beauce): M. le Président, voulez-vous rappeler
l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce à l'ordre.
UNE VOIX: II est nerveux.
M. ROY (Beauce): Voulez-vous rappeler à l'ordre l'honorable
ministre de l'Industrie et du Commerce M. le Président?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauce. A l'ordre, messieurs! Laissez l'honorable député de
Beauce continuer son exposé.
M. ROY (Beauce): M. le Président, aujourd'hui, l'honorable
ministre de l'Industrie et du Commerce se présente devant la Chambre et
devant la population du Québec comme étant le protecteur du
commerce du pain, sous prétexte, pour sauver l'entreprise, qu'il faut
fixer des prix minima. Auparavant, c'étaient les consommateurs du
Québec qui bénéficiaient, en quelque sorte, des
réductions ou des promotions qui pouvaient se faire dans certains
domaines. Le
ministre lui-même l'a déclaré, dans trois
régions du Québec, le consommateur va être obligé de
payer plus cher pour le pain.
On se souviendra que, devant les hausses constantes du coût de la
vie, hausse effarante des prix, au cours de l'année, dans tous les
domaines, alors qu'il y a une quantité importante de citoyens du
Québec, de gens de chez nous qui, à l'heure actuelle, sont
limités, plafonnés par des maximums avec les politiques du
gouvernement provincial au niveau de leurs revenus. Ces gens n'ont même
pas un pourcentage d'augmentation annuel de leurs allocations,
représentant la hausse moyenne du coût de la vie. Or, le
gouvernement, à l'heure actuelle, en plus de voir ces personnes
obligées de faire face à une hausse constante des prix au niveau
de la consommation, en est rendu à fixer des prix minimums.
Si le ministre de l'Industrie et du Commerce veut se faire le protecteur
du commerce du pain parce que justement on s'est servi du pain, dans certains
domaines, pour faire de la promotion commerciale, on sait très bien
qu'il y a énormément d'autres produits qui servent â faire
de la promotion commerciale. Je ne serais même pas surpris, pour prouver
au ministre jusqu'à quel point la loi gouvernementale est ridicule si on
pousse le principe, que le gouvernement amène lui-même, un peu
plus tard, devant l'Assemblée nationale, un projet de loi pour
protéger le commerce des bas-culottes. Alors, cette année, c'est
le ministre protecteur du commerce du pain; l'an prochain, on risque d'avoir le
ministre protecteur du commerce des bas-culottes, parce que, justement, c'est
un autre produit qui est fabriqué au Québec, qui, à
l'heure actuelle, sert à faire énormément de
publicité.
Alors, si le principe du ministre est vrai dans le domaine du commerce
du pain, pour quelle raison ne serait-il pas vrai dans l'autre domaine? Le
ministre sourit. C'est vrai, il a raison de sourire; c'est ridicule au dernier
degré. Alors, le projet de loi que nous a présenté le
gouvernement, que nous a présenté le ministre, est un projet de
loi hypocrite, comme on l'a dit, et je le répète. C'est un projet
de loi qui fausse le problème. C'est tout simplement une couche de
peinture. Cela pourrait se comparer, dis-je, à une couche de peinture
pour camoufler une situation ou pour camoufler des tableaux.
Même si les petits boulangers et les moyennes boulangeries sont
convaincus que cette loi peut apporter une solution à leurs
problèmes, je suis convaincu, en ce qui me concerne, que ces gens vont
se retrouver, demain, dans quelques jours ou dans quelques semaines, en face
d'une situation qui n'est aucunement réglée, devant des
problèmes encore beaucoup plus grands parce que la loi ne sera pas celle
qu'ils avaient espéré avoir. Lorsqu'ils se verront soumis
à toute la réglementation qui découlera des pouvoirs de
réglementation que le ministre s'est donnés dans sa loi, les
boulangers du Québec vont s'apercevoir, encore une fois, qu'au lieu
d'avancer ils ont reculé.
Le problème de sauver les petites et moyennes boulangeries se
situe au niveau de la vente en gros, du pain, parce que les boulangers vendent
de moins en moins en détail. A ce moment-là, je dis au ministre
qu'il se fait le protecteur des grandes chaînes de magasins qui vont
pouvoir obtenir de plus grands profits, parce que, du fait qu'il y aura des
prix minimums pour le pain, ils ne seront pas limités et pourront
demander aux boulangers de leur faire des soumissions, pour la vente en gros du
pain, â des prix dérisoires. C'est une pratique qui se fait,
à l'heure actuelle, au niveau des grandes chaînes de magasins.
C'est une pratique qui se faisait il y a quelque temps. C'est une pratique qui
augmente. Le ministre le sait et il ne touche pas à cette question du
tout.
Alors, que le gouvernement et le ministre de l'Industrie et du Commerce
ne viennent pas nous faire croire, ce matin, qu'ils veulent protéger le
consommateur; qu'ils ne viennent surtout pas nous faire croire qu'ils veulent
protéger les petites et moyennes boulangeries dans la province de
Québec.
Dans le domaine de la consommation du pain, il n'y a rien qui se fait
à l'heure actuelle. Nous savons qu'il y a des gens, au Québec,
qui n'ont même pas les moyens d'en manger trois fois par jour. Je pense
que l'honorable ministre des Affaires sociales a suffisamment de dossiers
â son ministère qu'il serait capable d'informer
adéquatement l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce.
En terminant, je veux dire ceci: Le gouvernement a
présenté une loi pour protéger les consommateurs au
Québec. Comment concilier la loi de la protection du consommateur, que
nous avons adoptée au Québec, avec le projet de loi 277
concernant les prix minimums pour le pain?
Je laisse le ministre et le gouvernement sur ces brèves
réflexions.
Je les invite à réexaminer la question, parce qu'il y a
toujours la possibilité de retirer un projet de loi, de l'amender
à bien tenir compte de nos propos, à bien les examiner,
à les analyser et à revenir sur une décision arbitraire,
ridicule et inacceptable dans une province comme la province de
Québec.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Gouin.
M. Guy Joron
M. JORON : M. le Président, on a l'impression que les fins de
session ou les approches d'ajournements ne sont pas bien bien favorables au
ministre de l'Industrie et du Commerce. Si d'autres ont mentionné avant
moi que, dans la défense de son projet de loi, le ministre paraissait un
homme ébranlé, moi il me paraît à la fois un homme
ébranlé mais surtout un homme discrédité, dont la
crédibilité vient d'en prendre toute une.
II y a eu un bill, à un moment donné, alors que l'actuel
ministre de l'Industrie et du Commerce était ministre de l'Education,
qui s'appelait le bill 28 et qui a mis fin à sa carrière de
ministre de l'Education. J'ai l'impression que le bill 277 va peut-être
mettre fin à sa carrière comme ministre de l'Industrie et du
Commerce.
Il nous avait habitués, en matière économique et en
matière d'industrie ou de commerce, à une façon de
discuter ou d'argumenter plutôt serrée. Même si je n'ai pas
toujours été d'accord avec lui, il reste qu'on discutait, me
semblait-il, sérieusement et sur la base de fondements
économiques valables.
Mais, aujourd'hui, il défend le bill 277. J'ignore toujours ce
qui a pu pousser le ministre à appuyer un projet de loi aussi boiteux et
aussi indéfendable, non seulement d'un point de vue social, parce qu'il
concerne le consommateur, par exemple, mais également d'un point de vue
économique. Qu'il ait appuyé un tel projet de loi, cela me
dépasse. Il en restera une chose certaine, c'est que son crédit
comme interlocuteur valable en matière économique sera
probablement épuisé suite à l'argumentation qu'il nous a
tenue pendant l'étude du bill 277.
Incapable de soutenir son bill par des arguments économiques
fondés, il a dû fabriquer, à défaut d'arguments, un
tissus de contradictions, d'énormités et souvent même de
faussetés. J'ai l'intention d'en relever quelques-unes.
Il nous a dit d'abord que, si on n'adoptait pas le projet de loi no 277,
le consommateur, éventuellement, payerait le pain plus cher qu'il ne le
payera à la suite de l'adoption du bill. D'autre part, il concède
aussi qu'en adoptant ce bill le prix du pain va augmenter. Il y a quelque chose
qui semble ne pas être coordonné là-dedans.
Il brandit à long terme le spectre d'éventuels monopoles
par des gros fabricants sur le marché, situation qui permettrait un
cartel ou.un oligopole éventuellement, que le ministre dessine dans une
espèce de vision apocalyptique. Il nous dit: Si on n'aide pas
immédiatement le petit boulanger pour le faire survivre aujourd'hui, on
va en venir à un marché du pain qui va être dominé
par une, deux, trois ou quatre énormes compagnies. A ce
moment-là, elles s'entendront entre elles et fixeront un prix du pain.
Nous payerons $0.30 et $0.40 le pain.
Je dis que c'est ridicule. Aucun fait à l'heure actuelle ne
permet au ministre d'affirmer une telle énormité. Il ne doit pas
être sans savoir qu'à l'heure actuelle au Québec, le plus
gros fabricant de pain du Québec contrôle quelque part entre 10
p.c. et 15 p.c. du marché, pas plus, et que les dix plus grosses
entreprises en matière de boulangerie au Québec,
additionnées ensemble, ont une part du marché équivalente
à 25 p.c. à 30 p.c.
On est très très loin d'une situation de monopole. Et je
dirai aussi au ministre que si jamais ce n'est pas un argument pour
défendre le projet de loi aujourd'hui dans X années,
ça en arrivait quand même à une telle situation, il y
aurait moyen d'introduire un projet de loi pour fixer un prix maximum du pain
pour protéger le consommateur.
Il y aurait moyen aussi d'utiliser toutes les lois antitrust ou
anticartel qui permettent peut-être pas nécessairement au
gouvernement du Québec, parce que souvent, c'est en dehors de ses
juridictions au gouvernement central d'agir. Il y a toute une panoplie
de moyens. Ce n'est pas ça la situation devant laquelle nous sommes
placés aujourd'hui.
Ce qui amène le ministre à présenter ce projet de
loi, ce n'est pas que le prix du pain aujourd'hui au Québec est trop
cher, c'est qu'il ne l'est pas assez.C'est ça qui le fait agir. Il n'est
pas assez cher.
Je vois difficilement comment on peut concilier une argumentation
semblable avec l'intérêt des consommateurs. C'est inconciliable.
Et le ministre s'est appuyé sur un soi-disant télégramme
de l'IPIC pour nous dire que les consommateurs eux-mêmes, à
travers une association quelconque... Ce ne sont pas les 6 millions de mangeurs
de pain au Québec qui l'ont envoyé, ce télégramme.
Et ce n'est peut-être pas non plus ceux des régions où le
prix du pain va augmenter qui l'ont envoyé.
En tout cas, l'IPIC envoie un télégramme. Ce n'est pas en
soi une preuve ou un fondement à une argumentation. Je dirais au
ministre que l'IPIC, ils peuvent bien se tromper. S'ils ne connaissent pas la
situation de l'industrie du pain au Québec, s'ils ne savent pas qu'il
n'y a pas de monopole, qu'il n'y a pas d'oligopole, qu'il n'y a pas de cartel,
et que le plus gros fabricant de pain n'a pas plus que 10 p.c. du
marché, peut-être que l'IPIC ne le savait pas.
S'ils avaient eu cette information, je vois difficilement comment ils
auraient pu envoyer un tel télégramme. Je comprends encore moins
bien le ministre qui l'a lui, cette information, s'appuyer sur un tel
télégramme pour défendre son projet de loi.
De toute façon, lui-même concède que le prix du pain
va augmenter. Il nous dit: Cela va augmenter juste d'une couple de cents, $0.01
ou $0.02 et dans trois régions, pas plus.
Cela, c'est faux aussi, parce que le ministre se base sur des prix
relevés dans un certain nombre de régions, de supermarchés
à un moment donné. Il est peut-être possible qu'à un
moment donné, les écarts entre les nouveaux prix minimums que
propose le ministre et que nous n'acceptons pas et la situation
et les prix auxquels le pain était vendu, disons le 3 juin 1973, que
l'écart soit peut-être tel que le ministre le mentionne.
Mais le ministre se souviendra que ça varie dans le temps. Et
ça varie tous les jours. Et que s'il faisait la moyenne du prix auquel
le pain s'est vendu dans les différentes régions du Québec
depuis quelques années, par opposition au prix minimum dans la loi, il
ne pourrait plus nous parler d'une petite augmentation de $0.01 ou $0.02
limitée à trois régions.
Parce qu'il s'apercevrait, s'il prenait des relevés faits en
février, les derniers qu'on avait, que les écarts touchaient, pas
deux ou trois régions, mais sept ou huit régions du
Québec, et rejoignaient la majorité en tout cas des consommateurs
au Québec et qu'il y avait des écarts qui n'étaient pas de
l'ordre de $0.01 ou $0.02 à ce moment, mais de l'ordre de $0.10.
Le ministre ne peut pas savoir quels auraient été les
écarts s'il n'y avait pas eu ce projet de loi demain, le mois prochain
et dans six mois non plus. Qu'il ne vienne pas nous dire que temporairement,
ça ne fait que produire une petite hausse de $0.01 ou $0.02 dans deux ou
trois régions. C'est sur une longue période qu'il faut mesurer
l'effet de ce projet de loi.
Et sur cette période, il est clair et indiscutable que cela a
pour effet de faire monter le prix du pain au Québec.
Nous trouvons ça inacceptable.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue, l'honorable député de Gouin, pourriez-vous
rappeler à l'ordre l'honorable député de Napierville qui
tape sur son bureau, un tapette à bureau d'ailleurs, ça fait
longtemps que c'est connu; il fait tout ce qu'il peut pour interrompre ou
encore nous empêcher de comprendre nos collègues.
Je vous inviterais donc, M. le Président, à rappeler
l'honorable député de Napierville à l'ordre pour la
troisième fois ce matin.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Kennedy): Je demanderais au
député de Napierville de retenir son enthousiasme jusqu'à
la fin du discours du député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, je disais qu'un projet de loi comme
celui que nous propose le ministre aujourd'hui, qui va avoir pour effet certain
de faire augmenter le coût du pain au Québec, à l'heure
même et dans une année où on est en train de
connaître le pire taux d'inflation qu'on a connu depuis douze ans,
à l'heure même où les prix, le mois où nous sommes,
ou plutôt, mai 1973, par rapport à mai de l'année
passée, la moyenne dans la région de Montréal,
d'augmentation de l'indice moyen du coût des denrées alimentaires
a augmenté de 13 p.c. alors que les consommateurs sont dans la plus
mauvaise année à cet égard qu'ils n'ont jamais connu
depuis au moins une quinzaine ou une vingtaine d'années, il me semble
que ce n'est certainement pas le moment de venir attiser le feu de l'inflation
en proposant un projet de loi qui a pour effet d'ajouter à cela en
faisant, en plus, comme si on n'en avait déjà pas assez,
augmenter le prix du pain par-dessus tout ça.
C'est un projet de loi qui est socialement inacceptable dans les
circonstances. Il est aussi économiquement inacceptable et
indéfendable. Le ministre nous dit: Si on ne fait pas ça, la
petite boulangerie va disparaître. Là, j'avoue qu'il y a
peut-être une situation de conflits possibles entre
l'intérêt, comme l'a souligné le député de
Beauce, de maintenir en vie de petites boulangeries et l'intérêt,
plus large et socialement plus important et qui est notre responsabilité
collective comme législateurs, de l'ensemble de la population,
c'est-à-dire des consommateurs de pain.
Je ferai remarquer au ministre que dans un sens, les petites
boulangeries sont en disparition, on sait que le nombre de petites boulangeries
au Québec, comme dans tous les pays du monde, diminue continuellement et
ce, depuis 20 ans, depuis 30 ans. Il y a des raisons à cela et la
situation aujourd'hui, quelle est-elle par rapport aux petites, aux moyennes et
aux grosses? Des chiffres qui nous sont fournis par le ministère de
l'Industrie et du Commerce nous disent que les petites boulangeries,
c'est-à-dire celles qui font moins de 50,000 pains par semaine
c'est la définition d'une petite boulangerie
représentent en nombre d'entreprises 86 p.c. des boulangeries du
Québec. Mais ces 86 p.c. en nombre n'assurent que 6 p.c. de la
production. Les moyennes ne sont que 10 p.c. en tant que nombre d'entreprises
mais elles fournissent par contre 39 p.c. de la production de pain au
Québec. Ce qu'on appelle moyennes, ce sont celles dont la production par
semaine varie de 50,000 à 200,000 pains. Alors que les grosses
entreprises, celles qui fabriquent plus de 200,000 pains par semaine ne sont
que, en nombre d'entreprises, 4 p.c. au Québec du nombre total de
boulangeries mais elles assurent 55 p.c. de la production.
Alors la petite entreprise qu'on veut sauver, c'est vrai que c'est un
grand nombre de petites entreprises mais qui, au total, ne représentent
plus que 6 p.c. de ce marché au Québec. Le ministre nous dit
qu'il faut la sauver à tout prix. C'est une des raisons, c'est sa
deuxième raison au soutien de son projet de loi. Nous en doutons; il y a
peut-être des situations qui sont inévitables et la
rationalisation de ce secteur de l'industrie comme dans bien d'autres en-trame
nécessairement la disparition d'un certain nombre d'entreprises.
On aurait préféré j'y reviendrai dans un
moment des mesures qui auraient eu pour effet, non pas d'assurer la
survie des petites entreprises comme telles, mais de muter ces petites
entreprises en moyennes ou en grosses par des incitations à la fusion,
par l'aide technique, fournie par des prêts ou des subventions au besoin,
enfin il y a toute une panoplie d'instruments à la disposition du
gouvernement et plus particulièrement du ministère de l'Industrie
et du Commerce, pour permettre de rationaliser un secteur industriel
semblable.
Le ministre nous a dit une autre fausseté, que la survie de ces
petites entreprises, de ces petites boulangeries, était compromise par
le fait que les supermarchés pratiquaient du dumping. C'est donc bien
curieux de lire ceci, dans le rapport du ministère de l'Industrie et
du
Commerce le rapport Tessier l'enquête sur l'industrie et le
commerce des produits de boulangerie au Québec: "En raison de la
concurrence, une faible part de la population des boulangers est vendue
à des prix officiels. Le boulanger emballe son pain sous des enveloppes
différentes et abaisse les prix." Ce ne sont pas les magasins à
succursales, le boulanger abaisse les prix de ces marques privées. Un
peu plus loin on lit ceci: "Les commandes de pain de marque privée sont
tellement importantes que les boulangers se les arrachent pour maintenir ou
accroître leur volume. Les systèmes de prix de revient
étant généralement inadéquats, on joue à
l'enchère jusqu'à des limites douteuses quant à la
rentabilité." Ce sont les petites entreprises elles-mêmes, parce
qu'elles courent après la clientèle des supermarchés, qui
se coupent le cou entre elles. Et pourquoi sont-elles obligées de faire
ça? Parce qu'elles sont trop petites ou trop nombreuses ou qu'il y en a
tout simplement trop. Et qu'à un moment donné il faut qu'il y en
ait une qui disparaisse.
La faute là-dedans n'est pas aux supermarchés, comme le
prétend le ministre. La seule argumentation qui aurait pu servir de base
à l'argumentation du ministre, et il l'a manquée
complètement celle-là, ç'aurait été de dire
que si on fixe un prix minimum où le supermarché ne pourrait plus
vendre son pain à un prix tellement inférieur, où on
réduirait la marge par opposition au prix où le pain est vendu de
porte en porte, par les petites ou les moyennes boulangeries, ce que l'on
verra, et alors, ce serait une croissance de cette part du marché du
pain, c'est-à-dire la part qui est vendue sur des runs, de porte en
porte, et une diminution correspondante de la vente d'un volume de pain dans
les supermarchés.
C'est rêver en couleurs que de penser ça. De toute
façon, le ministre ne l'a pas prouvé, il n'a apporté aucun
argument ni aucun fait ni aucune étude, ni aucun document, ni quoi que
ce soit, au soutien de cette thèse.
On sait que le phénomène des supermarchés n'est pas
lié uniquement à la question du pain. C'est un
phénomène qui se greffe, si vous voulez, sur toute
l'évolution de l'urbanisation des méthodes, des façons
dont les citoyens préfèrent aujourd'hui faire leurs emplettes.
L'époque du pain livré à domicile, de porte en porte,
comme dans bien d'autres secteurs, c'est révolu. C'est révolu. La
mode aux supermarchés si vous voulez, c'est là qu'on est
resté, non pas parce que c'est une mode, mais que ça fait partie
de l'évolution sociologique, de l'évolution de la façon de
faire, qu'on a de vivre en société aujourd'hui, de construire nos
villes, ça fait partie des habitudes, des moeurs, des valeurs
culturelles des gens. S'opposer à ça, c'est faire marche
arrière, c'est vouloir lutter contre l'horloge du progrès,
l'horloge du temps. C'est à ce sujet, c'est à cet égard
que le ministre est le plus à blâmer, parce que...
M. LEVESQUE: ... présentement...
M. JORON: ... se faisant le défenseur d'un projet de loi qui,
d'une part, pénalise le consommateur et qui, d'autre part...
M. LEVESQUE: C'est bon...
M. JORON: ... n'assume en rien la rationalisation de l'industrie du
pain, il n'apporte aucune aide réelle aux petites boulangeries.
H se fait le défenseur d'une époque, d'une philosophie ou
d'idées économiques révolues. Il fait marche
arrière. Il aurait mieux fait de rechercher, en même temps qu'il
aurait pu protéger l'intérêt des consommateurs, des
solutions modernes pour un gouvernement qui se piquait, au point de vue de la
publicité, de modernisme, de dynamisme et d'efficacité. On se
serait attendu qu'il aurait comme on dit en anglais delivered the
merchandise et il ne nous a pas servis à cet égard.
D nous présente aujourd'hui, dans le domaine du pain, un projet
de loi rétrograde qui ne tient pas compte du tout des données
modernes de l'industrie et du commerce. C'est à cet égard
qu'à mes yeux, en tout cas, le ministre s'est le plus
discrédité. Il aurait pu rechercher d'autres solutions je
ne veux pas répéter celles que d'autres ont mentionnées
avant moi la création d'un fonds spécial, des mesures
d'incitation, de fusion ou de regroupement, etc., enfin, il y en a toute une
panoplie et je n'ai pas l'intention de les répéter. Cela aurait
été des solutions modernes. Pas cette loi rétrograde,
qu'il est obligé d'apporter au détriment des consommateurs en
plus de cela.
Enfin, je terminerai sur cette note. Le ministre a dit, en terminant son
discours de troisième lecture, que les partis d'Opposition qui
s'opposent à ce projet de loi font de l'électoralisme parce
qu'ils se présentent comme défenseurs des consommateurs. Moi, je
ne trouve pas que c'est faire de l'électoralisme que de défendre
le bien commun. C'est notre rôle et on est là pour cela. Si vous
appelez cela de l'électoralisme, c'est votre problème. Moi, en
tout cas, ça ne me gênera pas pour continuer à
protéger les consommateurs. Ce que j'appelle de l'électoralisme,
c'est quand vous brandissez le spectre des 15,000 travailleurs de l'industrie
du pain qui vont se retrouver en chômage. Cela, c'est de la
démagogie, c'est faire croire aux gens que si on n'adopte pas ce projet
de loi il y a 15,000 personnes qui vont tomber en chômage parce qu'il ne
se fera plus de pain au Québec, parce que du jour au lendemain on va
arrêter d'en manger. Voyons donc! Soyez un peu plus sérieux et un
peu moins démagogique?
Je pense que le ministre fait de l'électoralisme d'une
façon beaucoup plus pernicieuse, par contre, parce qu'il nous
présente un projet de loi qui a pour seule et unique conséquence
je l'ai déjà dit de pénaliser le
consommateur et que cela n'aidait pas la petite boulangerie.
Est-ce qu'il y a un bénéfice pour quelqu'un dans ce projet
de loi? Oui, il y en a un, parce que le ministre a refusé justement de
réglementer le prix de la vente au gros. Qui va empocher ce qui sera
volé aux consommateurs dans ce projet de loi? C'est celui qui vend le
pain, c'est le supermarché dont parle le ministre, ou c'est le
détaillant, en tout cas. Ce projet de loi s'appelle : Projet de loi sur
le commerce du pain. On aurait mieux fait d'être moins hypocrite et plus
honnête et l'appeler: Projet de loi subventionnant les
supermarchés. Cela aurait été plus honnête. C'est
là où le ministre fait peut-être de l'électoralisme.
Pourquoi a-t-on, avec les deniers publics, un cadeau à faire aux
supermarchés? Est-ce dans l'intérêt de la population
d'aller voler dans les poches des consommateurs pour envoyer cela dans les
caisses des supermarchés? Il ne peut rester qu'une explication dans mon
esprit sur un projet de loi semblable : Vous grossissez la caisse des
supermarchés pour que ceux-ci, à leur tour, grossissent la caisse
électorale de votre parti, il n'y a pas d'autre explication.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Un instant, s'il vous plaît. Je
voudrais informer...
M.PAUL: M. le Président, vous avez reconnu l'honorable
député de Beauharnois.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je lui ai demandé si c'était
un rappel au règlement et il m'a dit non.
M. CADIEUX: Non, c'est pour parler en troisième lecture, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous n'avez pas le droit de parles gn
troisième lecture, c'est seulement un discours par parti.
M. PAUL: Cela ne fait rien.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Mais sur une question de règlement,
je peux...
M. CADIEUX: Non, ce n'est pas sur une question de règlement.
M. PAUL: Nous sommes prêts.
M. CADIEUX: Est-ce que je pourrais avoir le consentement unanime pour
parler à peu près trois ou quatre minutes?
M. PAUL: Au nom de l'Union Nationale, M. le Président, je donne
mon acquiescement à la demande bien logique de l'honorable
député de Beauharnois.
M. ROY (Beauce): Je vous ferai remarquer M. le Président, que le
fait, pour le député de
Beauharnois, d'intervenir à ce stade-ci est une violation de
notre règlement, mais nous serons heureux, en ce qui nous concerne,
d'entendre l'honorable député de Beauharnois.
M. BURNS: Même chose, M. le Président, nous donnons notre
consentement, même s'il n'est pas permis à d'autres
députés que le représentant officiel des partis de parler
en troisième lecture.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Malgré le consentement
unanime, il faudra permettre la réplique de l'honorable ministre de
l'Industrie et du Commerce après.
M. LAFONTAINE: ... a donné son accord.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Beauharnois quelques minutes seulement.
M. Gérard Cadieux
M. CADIEUX: M. le Président, il y a déjà quelque
temps, le ministre de l'Industrie et du Commerce m'a demandé
d'étudier le rapport Tessier et de lui en présenter un
résumé. Je l'ai fait et je suis heureux d'avoir contribué
à cette loi no 277. Il y a deux raisons fondamentales: la protection de
la petite et moyenne entreprises dans le domaine de la boulangerie, et ce dont
on parle tellement, la protection du consommateur. Les boulangeries ont
lancé un SOS. Elles ont été entendues par le ministre de
l'Industrie et du Commerce, elles ont été entendues par le
gouvernement, et par cette loi 277, on nous dit qu'on les sauve parce que,
justement, elles étaient appelée à disparaître.
C'est un des buts de la loi 277.
L'autre est de protéger, justement, le consommateur qui ne voyait
pas venir les coûts. Le rapport Tessier, tout de même, a du sens.
Combien de députés de cette Chambre l'ont lu? C'est justement ce
que dit le rapport Tessier: Si le gouvernement n'intervient pas
immédiatement, ce sera la disparition des petites et moyennes
boulangeries et ce sera, à brève échéance,
l'augmentation du prix du pain. Je l'ai dit en deuxième lecture,
gouverner c'est prévoir, c'est prévoir pour le consommateur,
parce que du pain à $0.09 à $0.12, à $0.14 si celle loi
n'est pas adoptée, il n'y en aura plus dans quelque temps, parce que
seules les grosses entreprises, les super grosses boulangeries produiront du
pain et fixeront elles-mêmes le prix. Cela a été
prouvé dans des Etats américains, cela a été
prouvé dans des provinces canadiennes et c'est justement pour que cela
n'arrive pas au Québec, justement parce qu'on a conscience qu'il faut
protéger le consommateur qui n'est pas au courant de tout le
problème, que nous votons aujourd'hui, ce bill 277. J'en suis
très heureux, je voterai pour le bill 277.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre de l'Industrie
et du Commerce.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je n'avais pas l'intention, au
départ, de donner une réplique en troisième lecture.
Cependant les dernières phrases du député de Gouin m'ont
un peu piqué au vif. Je reconnais que, dans un projet de loi comme
celui-là, on peut avoir des divergences d'opinion, au départ. Je
reconnais même qu'avec le recul du temps, il sera possible pour chacun de
savoir si les consommateurs ont été protégés, si
les boulangeries, c'était nécessaire, si les trusts, ça
fait leur affaire, ayant fait de l'argent ou non. Peut-être que dans un
an on pourra quantifier tout ça. Mais je n'accepterai jamais qu'un
député m'impute que la seule raison qui m'a motivé
à présenter ce projet de loi que j'appuie
complètement, convaincu que ça répond à la fois aux
besoins des consommateurs, à long terme, et à la fois aux besoins
des petites boulangeries c'est une question de caisse électorale
qui me fait profiter de cela.
D'autant plus que, justement, à la commission parlementaire,
ceux, qu'on voudrait voir près de la caisse électorale du Parti
libéral, étaient contre le projet de loi, mais que les
consommateurs et les petites boulangeries étaient avec le
gouvernement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion en troisième
lecture est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. VINCENT: Sur division.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Sur division. Adopté sur
division.
M. BIENVENUE: M. le Président, il a été convenu que
la commission des finances et du revenu siégerait en bas.
M. LAFONTAINE: M. le Président, il est une heure moins quart, le
temps de descendre en bas et de commencer, il va être une heure.
M. BIENVENUE: Qu'on se rende en bas et il y aura terrain d'entente, j'en
suis convaincu.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que ce doit être une
motion? Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Elle a déjà été
adoptée.
M. BIENVENUE: Elle a été adoptée. Quant à
ici, M. le Président, je ne sais plus quoi vous dire.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Bon. On pourrait peut-être
suggérer de suspendre pour attendre le retour des leaders
parlementaires.
M. PINARD: M. le Président, si je peux intervenir, je pense qu'il
avait été entendu, entre les leaders parlementaires, que nous
continuerions l'étude du bill 88.
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, à
continuer l'étude du bill 88, mais je ne suis pas seul dans
l'Opposition. Je vois que le chef du Parti québécois a une
réticence.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Alors, nous suspendons pour quelques
instants en attendant le retour des leaders parlementaires.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. BIENVENUE: M. le Président, nous demandons l'ajournement de la
Chambre à mardi, dix heures. Ce matin-là, après la
période des questions, la commission parlementaire des finances et du
revenu siégera, mais je ne sais pas à quelle salle, M. le
Président.
M. VINCENT: Est-ce la seule commission qui doit siéger?
M. BIENVENUE: Je n'ai pas dit cela; j'ai dit que celle-là
siégerait. Je n'en sais rien de plus.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Richmond.
M. BROCHU: Est-ce qu'au point de vue du travail de la Chambre le leader
adjoint peut nous informer de ce qui va se passer à l'Assemblée
nationale?
M. BIENVENUE : Tout ce qui apparaît comme législation et
qui n'a pas été appelé à ce jour sera susceptible
de venir...
M. BROCHU: Susceptible de venir.
M. BIENVENUE: ...jusqu'à épuisement et du feuilleton et
des députés!
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): La motion pour la commission
parlementaire est-elle adoptée?
Adopté.
L'Assemblée ajourne ses travaux à mardi dix heures.
(Fin de la séance à 12 h 54)
ANNEXE Question de M. Vincent 1. A quelle agence de
sécurité a été confiée la surveillance du
complexe scientifique situé sur le Boulevard Henri IV à
Québec? 2. Quand? 3. Quand a-t-elle été incorporée?
4. Quel est le montant total du contrat? 5. Pour une durée de combien
d'années? 6. Quels sont les administrateurs de cette agence? 7. Quel est
le salaire horaire qui est payé aux agents de sécurité? 8.
Quel est le salaire horaire remboursé par le gouvernement? 9. Quels sont
les autres obligations du gouvernement? 10. L'agence de sécurité
qui a obtenu ce contrat a-t-elle déjà perdu son permis? 11. Pour
combien de temps? 12. Pour quelle raison?
Réponse de M. Tessier 1. Agence de Sécurité
Générale Inc. 3,700, boul. de la Chaudière, Ste-Foy 2.
Contrat effectif à compter du 9 octobre 1972. 3. Incorporée le 12
octobre 1966. 4. Il s'agit d'un contrat à taux horaire et le montant
total prévu pour la période du 9 octobre 1972 au 31 mars 1974 est
de l'ordre de $132,000. 5. L'échéance du contrat est le 31 mars
1974. Elle peut cependant se prolonger de mois en mois à moins d'avis
contraire donné par l'une ou l'autre des parties. 6. Les administrateurs
actuels sont: Président: M. Benoit Goudreault, Ste-Foy
Vice-prés.: M. Raymond Drouin, Granby Secrétaire: M.
Léonard Jacques, Sherbrooke Trésorier: M. Gaston Beaudoin,
Sherbrooke 7. Le salaire horaire payé aux agents est le taux du salaire
minimum. 8. Les taux horaires payés par le Gouvernement sont les
suivants: A compter duAg.-surveillants Ag.-GardiensAg.-Constables 1 août 1972 $2.60 $2.85 $3.10 1 novembre 1972 2.70
2.95 3.20 1 mai 1973 2.80 3.05 3.30 1 novembre 1973 2.95 3.20 3.45 1 mai 1974
3.10 3.35 3.60 1 novembre 1974 3.25 3.50 3.75 9. Le Gouvernement n'a aucune
autre obligation. 10. L'agence n'a jamais perdu son permis, lequel a
été renouvelé le 17 avril 1973. 11. Nil. 12. Nil.
Question de M. Latulippe 1. Quel est le montant total des
subventions accordées aux clubs de motoneige en 1970, 1971 et 1972? 2.
Pour chacune de ces trois années, quel est, par comté, le nom des
clubs de motoneige, ainsi que le montant reçu par chacun d'eux, et pour
quelles fins, dans chacun des cas? 3. Quelle sont les conditions
générales exigées par le ministère à
l'égard des clubs de motoneige pour que leur soient versées de
telles subventions?
Réponse de M. Pinard 1. Le ministère des transports
a accordé $302,760.00 à 182 clubs de motoneigistes
agréés en 1972-73 à travers toute la province.
Le Règlement 7 sur la motoneige ayant été
adopté le 28 septembre 1972, c'est la première année que
le ministère des transports accorde des subventions aux clubs de
motoneigistes.
2. Une liste dss 182 clubs de motoneigistes agréés en
1972-73 est en préparation. Elle sera bientôt
expédiée à tous les clubs et sera disponible sur demande
en s'adressant à M. Robert Carpentier de la Division de la motoneige au
ministère des transports.
Cette liste répartit les clubs par région sportive et
donne plusieurs informations tels que les noms et adresses du président
et du secrétaire du club, le nom du comté où se situe le
réseau de sentiers du club, le millage des sentiers, le nombre de
membres du club et de motoneiges leur appartenant, de même que le montant
exact de la subvention accordée à chaque club agréé
en 1972-73.
Ces subventions sont accordées annuellement à chaque club
agréé qui s'engage à affecter le montant reçu
à des frais d'administration du club dans une proportion de pas plus de
20 p.c. et surtout à la construction et l'entretien des sentiers
agréés et des refuges dans une proportion d'au moins 80 p.c.
Un rapport financier des opérations de l'année
précédente est exigé avec chaque demande de subventions.
3. Les conditions générales exigées par le
ministère des Transports à l'égard de chaque club de
motoneigistes, pour obtenir leur certificat d'agrément pour
l'année en cours et pour présenter leur demande de subventions
sont celles prévues dans le Règlement 7 sur la motoneige
adopté par l'arrêté en conseil 2876-72 du 28 septembre
1972.
Les conditions d'agrément d'un club sont comprises dans la
définition même d'un club de motoneigistes au sens du
Règlement 7 et dans le chapitre VIII de ce règlement. D s'agit
tout particulièrement de l'incorporation sans but lucratif aux fins de
promouvoir, d'organiser et de contrôler l'utilisation de la motoneige, de
détenir une assurance responsabilité publique d'au moins
$100,000.00, d'aménager, entretenir et faire agréer un
réseau de sentiers selon les normes prévues, présenter un
état financier de l'année écoulée et une liste des
membres de club avec la mention du numéro d'immatriculation pour chaque
propriétaire de motoneigt. etc..
Quant à la demande de subventions les conditions en sont
fixées au chapitre IX du même ■Règlement. Le club
doit détenir son certificat d'agrément pour l'année en
cours, utiliser » formule prévue dans le règlement,
présenter cette demande avant la date limite du 15
janvic■>■ de chaque année, etc.. Le taux de subventions
est fixé uniformément pour tous les clubs à $5.00 pour
chaque motoneige immatriculée au nom d'un membre d'un club
agréé donné.